Traité de la force des bois
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- 8°~ & H"
- T R A I T Ê
- DE LA FORCE
- DES B O I S.
- Ouvrage essentiel3 qui donne les moyens de procurer plus de folidité aux Edifices } de connaître la bonne & la mauvaife qualité des Bois de calculer leur Force s & déménager près de moitié fur ceux qu’on emploie ordinairement. Il enfeïgne aujji la maniéré la plus avantageufe d’exploiter les forets ^ d’en faire l’ejlimation fur pied j &c.
- Par M. Le Camus de Mézieres, ArchitedeJ
- Eft modus in rebus 3 funt certi denique fines.
- Ho R AT. Sat. i. lib. I.
- G--*" ’ i-r ' ' ' . SS!------’--r;---r-ssg-j-'u,y.
- M. D C C. L X X X I I. 'Avec Approbation i & Privilège du Rok
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- SON ALTESSE
- SÉRÉNISSIME ET ËMINENTISSIME MONSEIGNEUR
- LE PRINCE DE ROHAN,
- Cardinal de la Sainte Églife Romaine* Évêque & Prince de Strafbourg , Landgrave d’Alface , Prince - État d’Empire 9 Grand - Aumônier de France 9 Stc. &c. &c.
- Monseigneur,
- S i je voulais Jacrifiêr aux grands noms 9 aux titres les plus précieux *
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- 4 É P I T R E.
- pourrais - je mieux faire que de Vous adreffer mon hommage ? Votre illufre naijfance ? les Places éminentes auxquelles Vous êtes élevé ; la Pourpre dont vous êtes décoré y fer oient affuré-ment des motifs pour décider mon choix ; mais > Monseigneur ; ' Vous en offres encore de lien plus puif fans : les dons que la nature Vous a prodigués, votre mérite perfonnel * les belles qualités de votre ame * celles de votre efprit, la fupériorité de votre génie > votre affabilité 9 la nobleffe SG la dignité qui les accompagnent > attirent les regards > infpirent le refpecl• La fugacité avec laquelle Son Éminence çnalyfe les Ouvrages quelle a parcourus t femble les lui approprier„ Pofe
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- le dire, Monseigneur, on dirait que Votre Altesse Sérénissime imagine les productions dont elle s'entretient ; elle les difcute , Içs raifonne P SC enchérit meme fur l'Auteur, J'ai eu le bonheur d'en être témoin , & mon admiration efi fans égale*
- Je fuis avec un profond refpecî>
- DE VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME ET ÉMINENTISSIME,
- Le trës-hutnbîe ëc très-* obéiflfant ferviteur Le Camus de.Mézieres*
- a'3 .
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- PRÉFACE.
- jl'ourquoi ninftruirois-je pas le Public de l'origine de cet Ouvrage ? Tout Auteur doit compte de fa conduite ; & moi ^ en mon particulier 3 j’y fuis engagé pour la mémoire d’un ami ( i ) que je ne puis trop regretter. Qu’il me foit permis , en paflant, de répandre fur fa tombe , Ôt des larmes & des fleurs ; le tribut lui en eft dû.
- Depuis long-temps nous contemplions l’un & l’autre ^ avec le zèle patriotique qui appartient à tout bon citoyen 5 le peu de durée ôc la grande dépenfe qu’occafionnent dans nos édifices les bois de Charpente. Les poutres de l’Ecole-Royale-Militaire qu’on fe trouvoit obligé de changer , en 1762 ? fix ou fept ans après qu’elles avoient été pofées, excitèrent nos réflexions, & nous engagèrent à des recherches. Nous lûmes les différents Auteurs qui avoient traité des Bois ; les Mémoires de
- (1) M. Babuti Desgodets, mon confrère, mort en ijé-é*
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- rt P R Ê F A C E.
- l’Académie nous fervirent de bouffole ; ôc nous en fîmes , mon ami êt moi, l’objet de différentes conférences. Nous cherchâmes le moyen de connoître le vice du bois, de le rendre fenfible & d’y remédier. Dans le cours de nos obfervations., nous examinâmes l’avantage de la refente des bois ; nous la calculâmes, à l’aide des expériences des Duhamel , des Parent , des Buffon , &c. Nous ne pûmes nous empêcher d’en admirer les avantages , & de former des vœux pour que le Public eût affez de force pour vaincre les préjugés , de fçût mettre à profit une pareille découverte* M. Coupart de la Touche , alors Contrôleur de l’Ecole-Royale-Militaire, , & d’ailleurs notre Confrère / comme Expert , eut con** noiffance de nos obfervations. Plein d’ardeur pour les intérêts de l’Ecole , il vint nous trouver. Il entra dans les détails ; & fur nos ré-ponfes, nous engagea à les donner par écrit, Nousdkitîmes toute l’étendue, & de fa po-liteffe , ôc de l’importance de l’objet. Nous lui proposâmes d’en référer à notre Bureau , êc de profiter des lumières de nos fages Confrères* De fon côté , il en parla à M. Paris
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- PRÉFACE. §
- Duverney 5 Intendant de l’Ecole , & fit uii Mémoire(i) furies différents objets de de* mandes qu’il crut néceffaires. Il l’adreffa à M. Chauveau, notre Doyen qui convoqua une Affemblée. M. Babuti Defgodet^ & moi $ nous eûmes l’honneur d’être choifis pour en rédiger la Réponfe (2) ; le Bureau jugea à propos de la faire imprimer à fes dépens ^ en nous chargeant} ainfi que M. Poirin y alors Syndic > de la préfenter à M. Duverney, au nom de la Compagnie. Les principes en furent reçus & mis en pratique ; & jufqu’à pré-fent on s’en eft applaudi.
- Les recherches que nous fûmes obligés de faire alors > m’enhardirent dans une autre opération à peu-près du même genre. On me chargea ^ en 1765* , de bâtir une Caferne 3
- (1) Ce Mémoire , en date du 14 Août xj6i 3 eft configné dans l’Eflai fur les Bois de charpente imprimé en 1763.
- (2,) Sous le titre d’EJfai fur les Bois de Charpente 3 ou Dif-fertationde la Compagnie des Archite&es-Experts des Bâtimens à Paris, en réponfe au Mémoire de M. Paris Duverney, Con-feiller d’Etat, Intendant de l’Ecole - Royale Militaire fur la théorie & la pratique des gros Bois de charpente , dans leur exploitation & dans leur, emploi, rédigée par les Sieurs Babuti Desgodetz & le Canuts de Mézieres , en 1763,
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- ïô T R É F A C E:
- Fauxbourg Saint-Marceau, rue MoufFetard^ la première qui fut faite à Paris 5 pour le fer-vice des Gardes-Françoifes. On ne vouloit pas y faire beaucoup de dépenfe. Il falloit cependant du lieu pour loger une Compagnie entière , en y obfervant tous les détails & ménageant toutes les commodités relatives» Je propofai au Propriétaire de faire refendre les bois des planchers qu’on pourroit y conf-truire. Je ne donnois que deux pouces d’épaif feur à chaque folive > fix pouces de hauteur 9 neuf pieds de longueur ; & je les pofois de champ y de forte que je ménageois près des deux tiers des bois y en obfervant même que j’évitois les faulfes mefures pour les ufages» Les poutres avaient vingt 6c un pieds de portée dans oeuvre; & je me fervois de bois de douze à treize pouces de gros y refendu en deux. Conféquemment, mes poutres en avoient fix à treize y pofées de champ ; & je les avois armées de lambourdes de chaque côté y fuivant l’ufage. Je gagnois alors moitié» Tous les autres bois du Bâtiment étoient en conféquence. L’économie fur la totalité de-venoit confidérable ôc méritoit attention*
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- PRÉFACE. ir
- On exécutoit le projet. Mon ami & moi5 nous étions contens de notre heureufe découverte : elle alloit fe réalifer. Nos principes de-venoient sûrs , la méthode certaine : le Public alloit cefTer d’être la viêtime de la cupidité. Mais les bonnes chofes ne font pas toujours aufli accueillies quelles font avantageufes* Celles-ci éprouvèrent le fort de la contradiction. Le vil intérêt vint à la traverfe : il forma cabale. On chercha à détruire un projet qui portoit avec lui l’empreinte de l’économie. Les mauvaifes caufes réuffiffent fouvent } parce qu’elles font follicitées fous des apparences trompeufes. Quelhommem’y feroit pas furprisl La calomnie a toujours des couleurs féduifan-tes. Le Magiftrat le plus éclairé a beau fe mettre en garde 9 ç’efl prefque toujours celui qui crie le plus fort qui l’emporte. Il fait imprefc lion ; il intérelfe $ il a gain de caufe. En effet 9 îes Maîtres Charpentiers 9 inftruits de ce qui fe paffoit 9 s’imaginent qu’ils vont perdre leur état 9 parce que l’on produifoit aux Bâtiffeurs des moyens d’épargner cent pour cent. Ils ne font pas attention , que c’étoit au contraire pour eux un véritable avantage ; puifque 3 de
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- TÉ P RÉ F AC E.
- tette maniéré ils évitoient nombre de ban^ queroutes qu’occafionne leur avidité en fourniflant des bois qui doublent & triplent la dépenfe. L’efprit échauffé de leur fyftême s '& fans autre réflexion ^ ils pourfuivent en Juftice le Propriétaire ^ fous le fpécieux prétexte de la sûreté publique. Ils annoncent qu’une pareille charpente n’eft pas fuffifante pour pouvoir foutenir le fardeau qu’un plan-cher efl fouvent obligé d’effuyer. Ils s’ameu» tent ^ délibèrent ^ forment demande en démolition ÿ oppofition ^ &c. Le Magiftrat invoque le fecours des Académies : celle des Sciences fournit MM. de Parcieux & Perro-net y celle d’Architecture , MM. Camus ÔC jDejmaifons , tous quatre du premier mérite s ôc qu’il fufîit de nommer pour en faire l’éloge. Auflî y eft-ce d’après leur avis que j’établis en partie mes principes pour l’économie des bois. Il efl bon de faire parler de pareils oracles. Leur Procès-verbal me fervira de guide. En peut-on choifir de meilleur, de mieux auto-rifé f de plus certain ? Qu’il me foit donc permis de rapporter le Procès - verbal de ces fçavans Açadémiciens P quoique ; dans quel*»
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- 'PRÉFACE. t%
- tjues points, ils ne me donnent pas gain de eaufe, par rapport à ma trop grande économie. Ils auroient voulu les bois un peu plus forts à caufe de la main d’œuvre : je ne peux que les applaudir ; mais , je le répété 3 mon objet étoit la plus grande épargne. Je voulois d’ailleurs me pratiquer des moyens de recherches , d’obfervations y d’expériences y flambeaux utiles & même efîentiels pour le progrès des Arts. C’eft donc à ces Maîtres que je dois en partie le Traité que je préfente au Public, Je m’eftimerai heureux s’il répond à mes vues, & fl l’on en retire les avantages que mon zèle patriotique me fait defirer.
- Le relie du Procès-verbal roule fur quel-* ques vices d’exécution : à cela j’ai à répondre , on le fçait, que l’Artifte n’eft pas toujours le maître jufqu’à un certain point. Dès le commencement de l’Ouvrage, j’eus le malheur d’être détenu au lit par une fievre maligne , & conféquemment hors d’état de veiller comme j’aurois pu le defirer. Ce n’eft pas que j’aie à me plaindre du Maître Charpentier ( i ). Je lui dois cette juftice , & je
- (i) Claude de Pelagot*
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- 14 'PRÉFACE.
- connols fes intentions dignes d’un bon citoyen. Il pbftede fupérieurement fon état ^ & il y fait honneur. Il eft honnête-homme 3 a&if^ vigilant, plein de zèle ; mais peut-être alors trop occupé 3 il s’en eft rapporté ^ un peu indifcrettement 3 à des Compagnons négii-gens. Quoi qu’il en foit 3 il fufïit de connoître le mal pour chercher à l’éviter. C’eft la chofe en elle-même qu’on doit confidérer; ce font les principes qu’il faut pefer 3 ôt l’intention qu’il convient d’analyfer. Eloignez donc tous préjugés 3 voyez 3 examinez ; ne craignez pas de parcourir la route nouvelle qui fe pré fente. Elle eft certaine ; elle eft belle 3 favorable 3 & elle produit tous les avantages qu’on peut délirer. Elle offre une économie de plus de moitié fur les bois de charpente qu’on emploie dans les Bâtimens ; & conféquemment j le fardeau que les murs ont à fupporter 3 diminue d’autant. S’il fe rencontre de petits écueils 3 ils ne font ni fréquens 3 ni de confé-quence. C’eft 3 à la vérité 3 un nouvel ufage à contrarier : avec de l’attention ôc de l’habitude 3 on en triomphera aifément. Pourquoi ne le pratiquer oit-on pas ? Il diminue la dé-
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- PRÉFACE. |*
- penfe du Bâtiment. Ceux qui veulent conf* truire ne courront plus les rifques d’être rui-nés. L’Ouvrier même , comme nous l’avons dit, y trouvera fon compte y puifqu’il fera payé y & que fouvent il ne l’étoit pas. La dépenfe furpaffe-t-elle les forces de celui qui bâtit ? le feu fe met dans fes affaires ; les frais de Juftice emportent tout. C’eft une vérité à laquelle on ne fait pas affez d’attention. Au furplus y fe trouve-t-il quelque léger inconvénient dans la méthode propofée ? je fournis toutes les armes néceffaires pour s’en défendre. J’ai puifé dans tous les tréfors que j’ai rencontrés : j’en répands les richelfes. Que puis-je faire de mieux ?
- Qu’il me foit permis y pour le moment % d’analyfer les Procès-verbaux des deux Académies Royales des Sciences & d’Architec-ture. J’en ai trop profité dans ce Traité pour ne pas les faire connoître ; je ferois un ingrat.
- EXTRAIT
- l'Académie des S c ien ces;
- M • de Sartine 3 Maître des Requêtes & Lieutenant-Général de Police ayant ^ par Lettre du 5 Mars 1766* prié 1JAcadémie de vouloir bien lui donner fon avis fur la
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- $<* 'Extrait âê t Academie des Sciences* conftru&ion des planchers d'une nouvelle Cazerne , Faux-* bourg Saint - Marceau l'Académie a nommé MM. de Parcieux & Camus pour examiner lefdits planchers ^ force des bois alfemblages & charges à porter. En conféquence ces deux Académiciens s'y font tranfportés le 14 dudit mois 3 & ont reconnu que le bâtiment entre les deux cours , & dont il s'agit 3 a dans oeuvre 48 pieds de long fur 11 de largeur ^ & qu'il eft élevé de quatre étages.
- Chaque plancher eft divifé en cinq travées dont quatre de neuf pieds de portée 5 & la cinquième qui eft biaife t contient onze pieds d'un côté fur huit de l'autre.
- Ces planchers font foutenus par des poutres de douze â treize pouces de haut fur fîx pouces d'épailfeur , accompagnées de; côté & d'autre de lambourdes de fîx pouces de hauteur fur quatre pouces d'épailfeur ,, retenues par trois étriers de fer. La travée contient trente-trois folives mé-plattes en bois de fciage de fîx pouces de hauteur fur deux pouces d’épailfeur réduite neuf pieds de longueur ^ & efpa-cées les unes des autres à huit pouces de milieu en milieu. Les épailfeurs cependant varient: quelques-unes ont deux pouces 3 d'autres deux pouces un quart, deux pouces &c demi ,, un pouce trois quarts quelques-unes trois poucess & quelques autres dix-huit lignes, mais fort peu.
- Ces folives ont été débitées dans des pièces de douze à treize pouces, & enfuite refendues fur la hauteur -, & > dans la pofe 3 le trait de fcie eft placé par-delfus pour avoir par-deffous les bois moins tranchés.
- On a remarqué que les poutres ont fléchi 3 les unes de quatorze lignes ^ d'autres de quinze ,, dix-huit & vingt-quatre lignes, & une entre autres de trois pouces deux lignes me* furée au milieu.
- Cette opération faîte 3 Meilleurs ont confîdéré ce quf' peut intéreftej l'art de charpenterie & le bien public par
- rapport
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- 'Extrait de VAcadémie des Sdencesi i / ïâpport au genre de Conftruéüon dont les planchers en question paroiffent être un effai 3 afin d’éviter les Surcharges inutiles fur les murs & prévenir une dépenfe qui augmente tous les jours par la rareté des bois de charpente.
- Pour être en état de fe décider,, il faut confîdérer difent-ils 3 la force dont les bois font fufceptibles.
- On fçait par les expériences que la réfiftance des pièces de bois pofées horifontalëment} & chargées dans letir milieu 3 fe fait dans la raifon compofée de la direéte du quarré de leur hauteur par leur largeur & de l’inverfe de leur longueur. Mais quelques caufes phyfîques peuvent occ.afîonner des variétés à cette réglé 3 Suivant la qualité des bois & la difpofition de leurs fibres.
- Il fuit de ce principe qu’il eft avantageux de placer ^ Comme on l’a pratiqué 5 les plus grandes dimenfions de la groffeut des pièces dans le Sens vertical. Ainfî une pièce qui auroit pour hauteur le double de fa largeur feroit plus forte du double étant pofée de champ ^ que fi la plus grande face fe trouvoit placée horifontalement 9 ce qui 3 pour une force égale 3 donneroit dans la première Situation de la folive ^ une diminution de la moitié fur la quantité du bois; Cette dirai** nution feroit du triple 3 du quadruple &c. pour des pièces dont les hauteurs feraient aufli triples ou quadruples de leur largeur. On conçoit dès-lors combien il eit avantageux de donner pareilles proportions aux Solives 5 en les plaçant dé champ , comme on l’a pratiqué. Mais cet avantage a Ses bornes & fes inconvéniens 3 ainfi que l’on va le faire ccn-noître.
- Les différentes pièces de bois de brin 5 de droit fil & faines y provenantes d’une feule pièce j qui auroit été refendue dans le fens de fes fibres par tranchés parallèles Soit d’égale ©u d’inégale épaiffeur , n’auront pas toutes enfeffible plus
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- Ëx trait de VAcadémie des Sciences. dê force que n'emauroit eue la première pièce , en les fup-.pofant toutes placées horifontalement & du même fens. Pas «exemple, trois folives, chacune de fix pouces de hauteur deux pouces d’épaiffeur , mifes de champ , n'auroient pas enfemhle, pour porter, plus de force que la feule foliye de jix pouces en quarré dont elles auront pu provenir. La force de chacune de ces petites folives fera en proportion de fon dpailfeurle tiers de la force totale.
- Les bois font rarement de droit fil : le fciage en tranche ordinairement les fibres plus ou moins > les affoiblit néceffai-rement ; & cet inconvénient aura d'autant plus lieu , que les pièces feront fciées de deux fens. Des folives trop minces & d'une trop grande longueur pourroient aufli fe voiler en s'écartant vers le milieu de la fituation verticale.
- On allégué en faveur des pièces ainfi refendues qu'elles font plus aifées à fe flécher * & que l'on en connoît mieux Jes vices intérieurs du bois j mais aufli les vices qu’on laifîe-roit fubfîfter font plus dangereux pour la folidité.
- En comparant les folives de même hauteur mais d’épaiffeur différente , & en les efpaçant en raifon de leur épaifi-feur a on n'emploie pas plus de bois dans les planchers > la force même de ceux qui feront compofés des folives les plus larges fera plus grande , par fuite du même principe.
- Ainfi des folives de quatre pouces de largeur , qui feroient efpacées à feize pouces étant comparées à celles de deux pouces qui feraient efpacées à huit pouces , le tout de milieu en milieu , feroient des planchers plus forts avec même quantité de bois $ enforte q.u'en éloignant plus ou moins les folives , on pourvoit donner aux planchers le degré de force .& d’économie convenable, fuivant les circonftances.
- Mais cet écartement a fes limites : c'efl: la longueur des lattes.,, auxquelles on donne ordinairement quatre pieds, qui
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- Extrait de t Académie des Sciences* 19
- {doit le déterminer ; & on ne fçauroit guères efpacer lés fo-Üves à plus de feize pouces de milieu en milieu pour foute nir l'aire de plâtre & le carnau., ainfi que les plafonds eu plâtre.
- L'ufage eft de donner cinq à fept pouces de grofTeur aux Yolives de dix à douze pieds au plus de longueur & de les efpacer d'un pied de milieu à milieu ,, ce qui doit rendre les planchers & trop lourds & trop forts. Les folives de quatre à fix pouces 3 & efpacées à un pied de diftance en leur •milieu ^ feraient plus que fuffifantes ; les expériences de M. de Buffon y rapportées dans les Mémoires de l'Académie de 1741 y ayant fait connoître qu'une pièce de bois de cinq pouces en quarré & de quatorze pieds de longueur 5 laquelle devoir être moins forte que celle dont il s'agit n'avoit pas ployé fenfîblement fous une première charge à'nn millier placé au milieu de fa longueur : 8c l’on fçair que deux milliers dillribués dans fa longueur n'auraient pas fait plus d'effet. Mais fi l'on confidere les changemens qu'on eft dans l’ufage de faire dans la diftribution des maifons lorfqu'elles changent de Propriétaires ou de Locataires on connoîtra k néceflité de rendre les planchers plus forts qu'il ne paraît d'abord néceffaire , foit pour recevoir de nouvelles cloifons^ ainfi que d'autres objets extraordinaires 5 foit pour fuppléer à ^altération inévitable que le bois éprouve avec le temps y ce qui influe fur leur qualité & par conféquent fur leur force.
- Une folive de dix pouces de haut fur deux pouces & demi de large auroit la même force à peu près qu 'unè de cinq à fept pouces, abltraélion faite de raffoibliffement que doit donner le fciage & autres confidérations énoncées ci-deffus. Cependant la quantité des bois ferait moins grande dans le rapport de cinq à fept 3 ce qui fait connoître qu'il y a de l’avantagea difpofer les folives de la forte ^ pourvu qu'on les choififfe bien. 3 z
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- Extrait de VAcadémie des Sciences.
- D'après ces fages-réflexions / on pafle au calcul de 1b force des bois employés dans les planchers dont il eft quef-tion» On fuppofe que la charge de chaque plancher 3 relativement à Ton plafond , aire de plâtre & carreau a porte fis pouces de haut., quoiqu'il y en ait moins en beaucoup d'en-^droits.
- On calcule enfuite quelle eft-la charge de chaque poutre. Elles portent chacune la valeur d'une travée. La travée contient vingt-un pieds de long fur neuf de largeur 3 qui 3 à Sx pouces d'épaifleur de charge , produit quatre-vingt-quatorze pieds & demi cubes 3 lesquels pefent pour , la plupart 50 livres le pied cube 3 ce qui fait pour la travée entière s 8^05 livres.
- Les trente-trois folives de neuf pieds de longueur 3 fix pouces de hauteur & de deux pouces d'épaifleur ., l'une dans l'autre-3 valent vingt-cinq pieds cubes de bois ou environ 3 -qui j àfoixante livres le pied 3 font quinze cents livres.
- Le plancher le plus chargé fera celui où les Soldats font l'exercice (1). Il faut qu'ils manoeuvrent 3 & pour cela., il faut deux pieds d'un fens fur trois de l'autre 3 ou fix pieds quarrés pour chacun. Ainfî la poutre pourra être chargée de -trente-deux hommes pefant enfemble environ quatre mille huit cents -livres > & ce n'eft que momentanément. Mais iuppofant le poids conftamment en place ., ces trois charges font enfemble quatorze mille huit cents cinq livres diftribuées également dans toute la longueur de la poutre. On fçait que c'eft la même chofe que fl on-en mettoit la moitié fept mille quatre cents deux livres & demi au feul point du milieu. Ce principe établi ., on compare l'effet-de cette charge aux expériences de M. de Bujfon.
- {j ) C’eft une fupp.oficion : .car fi on fait l’Exercice , on palfe dans k| cour. On ne jpeuc même faire autrement à caufcde l’étendue.
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- F, xtrait de VAcadémie des Sciencesi z-t
- Selon la Table des réfultats moyens de Tes expériences- ère. Ï741 , pag. 333., il fautpour faire rompre une pièce de Bois de cinq pouces en quarré & de vingt pieds- de long s une charge de trois mille deux cents, vingt-cinq livres & de deux mille neuf cents foixante-quinze livres _,,fi elle a. vingt-deux pieds de long, ce qui fait aux environs de trois mille, cents livres, pour faire rompre une pièce de vingt-un pieds-, de long.
- Si au lieu de cinq pouces de largeur, on en donnoit fis s laiffant les cinq pouces de hauteur 3 la pièce ' porterait un-cinquième de plus r c’eft-à-dire. trois mille fept cent vingt , livres. Et fi, au lieu de n’avoir que cinq pouces de hauteur ,, on lui en donnoit treize poucesj comme ont les poutres dit bâtiment-dont, il s’agit avec la même largeur, dedix pouces », les forces, feraient comme les quarrés. de % & de treize p & l’on trouve:, qu’il faudrait une? charge de vingt-cinq mille cent quarante-fept livres placées à fon miliep, pqur la faire, rompre x li .aucune fibre gérait tranchée-M,. de-Buffan dit qu’on ne doit s dans d'emploi les charger tout au. plus que de la moitié du poids qui les fait. rompre. Cette moitié,.ferait:, de,douze, mille cinq, cents livres au plus,„ On a :V,u;rque la charge ^ue pquyoit,fupporter la poutre dont il-eft qqeftion * était de fe-pt mille quatre cents. deux Lyres demi j qui eft bien ^oîns.'qup Ja,moitié.,;dp#zç.;mille cinq cents livres». Mais les poudres du,bâtimen.îy dont il s’agit ne. font, pas de, Bpis.de brin .>> elles ont étépefendues >. beaucoup défibrés fon.t,,t^j^héç$^quelq^s-pjii|ÇS. <Je§:, .poutres ont fléchi.- Les-expériences de^ îyjl,. de Buffot^$nt| été faites , avec du . bois y.e.r:d!p,.qui?eii t^jpprSipl..us?)t^p^x,,.qiie du bqis,feccet;
- cad^m.icijefi^dit:^ pagj, 4.^5 des, Mcmpirp,<^..^749 3,p .que. » des pièces; ^cjTjargé#^devdeux? tiers, .dp., poids, qui les. fait
- rompues aii
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- 21 Extrait de VAcadémie des Sciences»
- *=> bout de fîx mois. « En conféquence on penfe qu’on ne doit pas charger les bois au-delà du quart du poids qui les fait rompre étant encore verts. D’après ces principes 3 les poutres du bâtiment en queftion n’ont pas été trouvées alfez fortes pour leur portée .3 fans mettre fous chacune un poteau en forme de colonne. C’efi ce qu’on a pratiqué ; auffi le bâtiment dont U s’agit fubfifie fans aucun effet 3 & fubfiflera autant & meme plus que ceux qui font chargés de gros bois.
- On a paffé enfuite à l’examen de la force des1 folives; Le poids - de la- charge, d’une' travée èft de huit mille fîx cents livres 3 laquelle ^ divifée par- des trente-trois folives 3 fait deux cents cinquante-huit pour chacune. Suppofons que cette folive foit chargée de quatrë hommes 3 comme cela pourroitêtre ^ mais rarement & momentanément : les quatre hommes peféfroient environ fîx cents livres 3 ce qui fait huit cents cinquantë-huit livres dë charge diftribuée dans toute' la longueur des1 fôlivési.
- Suivant Mi de Buffon ^ même Table que ci-deffüs, une pièce <ïë-bdis'Jide neuf‘pieds de long & de fîx pouces dé gros, n’a càlfé que fous une charge de treize mille cent-’ cinquante livres , qtijon doit réduire à trois mi lle deux cents quatre-vingt-fèpt livres & démi a faifânt le...quart’pour les' raifons dônnéés. Cette folïvë rêfertdue en quatre., fait quatre ' folives dê fîx pouces fiir dix.hüit lignes j qui ne doivent être chargées dans leur milieu qud du quart du poids précédent qui donne à peu près hiïif cents vingt-deùx livres , du du double féize cénts quararité-qUatre livres étant diÜfibiiées dans toute la longueur de là folive : enforte qü’uhë pàreill'ë folive paroîtroit; avoir pfes dü ddublë dé ' K1 Fçke 'ri&felfaire'' pour fa delfinationi Mais c’ëft du bois- de brin dont pn entend parler V & non du boîstrefèndü à la,'fcié. où4!! y a nécefîaiïemènt beaucoup dé fîkès traudié&f ©h h&peojt'
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- Extrait de VAcademie d* Architecture* partir d'un calcul certain. C'elt pourquoi ^ & eu égard aux vices qui fe rencontrent dans les bois 3 on ne peut s'empêcher d'obfërver que 3 malgré l'avantage qu'il y' auroit de réformer l'abus des trop gros bois 3 on doit être âifez cir-confpëét pour ne pas tomber dans un extrême , én ëm* ploÿant des bois de fciage réduits à une trop foiblë éçr. dëur Les grandes Villes oà -les inaifons font fujëttës à changer de défoliation 3 exigent ce foin ^ en obfervant dans l'ef-pecé: a&üëlle 3 que les calculs de compàraifoîî bnt été: faitè fur l'a moindre épaiffeür des fèlives prifës fêtilés' & ifôiéêS'-ÿ. & que j dans le fait j elles font accompagnées >dë‘droite •de ganbhëdë pl'ulîeurs autfes folivès plus fortëS'jduxdüêllél elles font liées par un double lattis , ce qUi'fâir^uëdes tneâ participent de la force des autres <k s'entr'âMëntf dîutüëlv jement. •
- Signé, de Pargieux et Peronnet.
- È X'’T"R A I T 1 p p
- E-m’ARCH I<TEC$!
- ;Ï-PÀca d.,é M-i e d'Architecture 3 en conférence d^une; Lettre de' M.J dé Sartme'” ' Lieuténant-GënèfaL de Police par iaqüëlle'ëlle étôlriiiVitéé de dbhfrèr fëïf a^ï:s:fuflës:plan-cBëïs jd3iiné; hô’uvéllé GâfeiSiê 5"&c. ayafttf ekôlÉiîillMbî&fô-müsiI&DïPçJïïmfiésztyQvmeWi foirer je fap]port3.rj?es!Meffi«urs
- ontig|4-j4e fueme^ayis ;qu^M^*,;4^r^f?rc^ff
- de l'Académie Royale des Sciences y avec lefquels ils fe font *'" ^ %*npi jlta ttî : prnov '->) ‘Jl-c /Æo i. rjp tranfportes fur le lieu 3 & onpajoute que fuivant- 1 examen;
- par euxLait "de cëtfe hdüvéïfè1 foçoh d^ CO'hWmiré p ils pefo
- ItèWtrt qué'fidèë; d^dlégéhlÿckarfénté^fed'é^iit iPécènomï!
- B 4
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- z 4 Extrait de l’Académie'd>Architecture. ne dejvo.ient. pas être rejettes ; que fi on a pouffe l'excès delà diminution des bois dans les nouveaux planchers, on ne devoir pas pour cela blâmer l'intention de l'Architecte qui en.a donné les deffms. Car fi, par de nouvelles tentatives faites; avec -plus de foin .on pouvoit empêcher l'abus fréquent d'employer de trop gros bois , il en réfulteroit un très-grand; bien j.-On fç ait combien les bois deviennent rares en France fur-tout ceux de bonne qualité. On fçait que leur- trop de^gtoffetir occafionne non-feulement une dépenfe inutile , mais encore qu'il en réfulte un fardeau fur les murs qui fouveat)contribue à leur ruine. Mais s'il y a abus de la part-des.Charpentiers , il y en auroit un autre non moins dangere'ux:/de;;fi? fervir de bois d'auffi foible épaiffeur que c.eux d@mifM.5eft fervb , ; , ,
- Signé, Camus et Desmaisons.
- Depuis cette époque , on a fait refendre en ’deiSb ' daff? nombres • ^Édifices 3 les folivès ' ordinaires & de rempliffage. On a. confiervé la plus grande hauteur, en la pofant de champ. Les planchers fe^ëiib bien confervés , n*ont fait aucuns^ mauvais effets. On en pourroit citer nombre d’exemplesf: c*eft mêmèf aujourd’hui la manière cTppérer.
- ^ Jj^-prpgrj^de?; .Arts, 41e fe -fait., que pa.r ripe ip.uî-tkîadè/idiobfefvarions, qui. ne peuventuêire Lpuyrage
- d’üh1 homme feul ni d un temps borné* : aufti les obfëïVâtioriS ne paffent-éllès guères poui: certaines que lorfquelles ont été combinées, prâtiquées^‘répétées j>aç différents Ârtiifes.Ôri ne doit point rougir 3 fi/pj* ne rppffit pas dè§Ja première, fois. Coi%-
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- Extrait de VAcadémie d* Architecture. 1$
- Lien d’écoles n’a-t-on pas faites pour parvenir à des connoiiïances qui nous femblent aujourd’hui n’avoir jamais pu former de. doutes ? ce n’eft qu’en étudiant, ce n’eft qu’en confultant & la nature & les fçavans qui en ont écrit qu’on peut parvenir au but d’être utile. Dans ce cas, mon zele eft infatigable J rien ne m’arrête : ma réçompenfe fera fans égate û je puis y atteindre.
- X-X X X X. rk
- X X X X X X^ï X X X 5*- y
- 4; , r
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- DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
- U» fe plaint journellement de la grande dépenfe que l’on fait en bâtiflant. On y ajoute encore que ms Édifices ne font pas d’une auflî longue durée que ceux des fiecles précédents. D’où vient ce reproche ? doit-il s’appliquer au défaut d’attention ou de fçavoir de la part de ceux qui préfident aux travaux? tire-1 -il fon origine du vice des matériaux ? ne feroit - ce pas l’un & l’autre ? examinons ce problème : une fois réfolu , cherchons le reme-de. Apportons à l’art de bâtir le degré de folidité qu’on a le droit d’attèndre. Tâchons de découvrir en meme temps lës lÉbyenfc de diminuer la dé-penfe : c’eft fe devoir d’un bon. citoyen j c’eft à nous â ne pâs nous èn écartet
- L’Architecture en» Tîance éff un des Arts qui approchent le plus 'Ée'"Ta peifeétîbn Li beauté de fes proportions, la pureté de fes profils, le bel en-femble des malfes excitent nos fenfations. L’œil eft content j notre ame eft émue. Tel eft le reftbtr de ce que nous appelions décoration. Jette-ton les yeux fur la partie de diftribution ? on verra l’homme le plus fenfuel goûter une douce fatisfac-non. Son air annonce que fes vues font remplies ; il jouit j il trouve fout ce qui peut contribuer â
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- Difcours préliminaire. 'Vf.
- fes aifes ; il rencontre dans le moindre Appartement ce qui répond à fes caprices, à fes fantaifies. Le luxe le plus fomptueux, le goût le plus rafiné font leur féjour de fa demeure délicieufe. L’art , imitateur de la belle nature, les y fixe, les y enchaîne» La théorie 8z la pratique de l’Architeéture font corn*» plettes dans ces deux genres , il éft- difficile d’y ajouter* Il n’en efi pas. de même de là conftru&ion* Soyons de bonne foi : les Artiftes ont négligé cette branché j ils l’ont dédaignée , comme une partie mé-chanique qui ne demandoit que des foins grof-fiers, La regardant au - defTous d’ëux , ils l’ont dé-laifféè a-' des përfônnes fouvenc peu intelligentes prefque toujours avides; & mercénaires' , fuite:malheu-reufe du peu d’éducation ... * ih eft inutile d’aller aü-dëlL Ne cherchons pas d'autres1 caufes des er^ tours de la bâtifie : tel eft fabusï<& telle dL la fouree du reproché' qu’on eft en droit de faire. '
- La Charpente en; effe le principal:objet,-suffi -ferai t’ellê celui de nos:; dbfervâdons. C’eftr elfe feule qui oceafionine la deÉruébion de la plupart de nos; Edil fibeSi En éfièë; lé Lois fait une partie; majeure: dé nOs; bâtimens- :on Ifemplbie peut fep plaudfers;* pour léâ é&tnbifespô'üï tes cloifoïfsp'pndecfiibfiituemêmé de face* Rien - ne: trâtàïlfe cependant • d^antage; que -feibojtsj:Onrpetit dire : quÏÏ ^--'tOfijours-^n? mouvement. J1 foitvfèsî intempépés
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- '1$ Dîfcours préliminaire*
- de l’air ; il joue, fe voile , diminue, s’énfle',ted$ font fes effets \ comment une bâtiffe n’en feroit-ellé--pas affeétée ? Joignez- y les efforts occafîonnés par la ^longueur des bras de leviers toujours agiffans ajoutez - y les grofféurs trop conlidéràbles & inutiles* des bois qu’on emploie j calculez leur pefanteur en raifon de leur trop gros équariffage. Bien - tôt vous* ferez convaincu de la vérité \ vous avouerez notre proportion. ;
- - Les bois fans doute n’ont pas changé de nature.' Ils font ce qu’ils étoient lors de la création. La; Charpente eft. l’art qui date de plus loin. Mais cou-fidérez que la plupart des arbres dont vous vous fer-vez ont fou.vent été coupés dans une faifon. peu con< venable • qu’alors ils font encore remplis d’une feve-qui fermenteÿ qui.-les échauffe & ;lés détruit j que fouyent auffi ces bois abbatus trop jeunes ne font-point parvenus au degré de 'maturité convenable; : faites auffi attention qu’on if apporte pas affez de foin pour les mettre bas, pour les équarir , & pour; les attaquer au vif:, en les dépouillant/, deleur; aun bier.^ Au furplus leur affemblage eft-il toujours bien-combiné ? celui qui les emploie cohnoît:-,il , où plutpft foaic- il mettre a- profit la coiiftitution , propre def l’àrbre & la ' réftftance de : fes fibre:S; )longitud:i-n)-aleS ;l l^pus n’avons qué trop d’exemples du çohtrairiqvÇ’eft d’après ces réflexions que nous ayons/pris la [plum^
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- 'Difcours préRminaire. ï'%
- D’autres obfervations non moins intéreflantes font venues à l’appui , 8c nous ont décidés à croire que, s’il étoit néceflàire de connoître la bonne 8c la maü-* vaife qualité des bois 8c de ne pas ignorer leurs vices , leurs défauts , il n’étoit pas moins effendel de calculer la force de ces mêmes bois , foit pour en tirer les plus grands avantages , foit pour n’eiî employer que ce qui eft néceflàire. C’eft le feui moyen d’éviter des fardeaux inutiles pour la folidité, dangereux pour la furcharge , 8c difpendieux par la quantité fuperflue de leur compofé.
- Cherchons donc à connoître cette force effeéHve des bois. C’eft le fublime de la théorie. Gouvernons» nous par les expériences des Parent, des Buffon des le Bojfu 3 &c., qu’ils foient le flambeau de nos opérations : bien - tôt nous délivrerons nos Édifices de près de moitié du fardeau fous lequel ils fuc-combent. Quels avantages n’en tirerons - nous pas a’ fl nous confidérons les foibles épaifleurs qu’on eft quelquefois néceflîté de donner aux murs mitoyens ? >
- Nous avons dans Paris des Maifons élevées de fix à fept étages j 8c nos murs , toujours relatifs à nos eonftru&ions anciennes 5 formées d’un rez - de - chauffée 8c d’un premier, n’ont que dix à douze pouces d’épaifleur. Il eft vrai que , dans le cas de réconf-tru&ion , 8c lorfque ce font des Architectes qui donnent les allignemenrs ^ Ils augmentent ces épaifleurs
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- £>ifcours préliminaire.
- fufqu*à quinze ou feize pouces. Souvent c’eft avec beaucoup de peine qu on peut l’obtenir. L’ignorance 8c la cupidité en font les caufes. Chaque propriétaire abandonne à regret deux ou trois pouces de £o.n terrein. Mais en fuppofant qu’on porte les murs à feize pouces, cette épaifleur eft-elle fuffi-ifante pour ré fi (1er au poids énorme de huit à neuf planchers , à celui de cheminées adofifées 8c élevées beaucoup plus que le comble , dont le fardeau augmente la charge d’un mur fouvent conftruit fort légèrement en moilons , quelque fois en piatras, 8c criblé de différents trous néceffaires pour les celle-•ments ? heureux encore fi ces mêmes percemens font pratiqués 8c rebouchés fuivant les réglés de l’art!
- D’après ce tableau effrayant mais fidele , que d’évenemens à craindre ! comment ne pas trembler fur l’état de bâtiffe de la plupart des murs, eu égard au fardeau qu’ils ont à fupporter ? Cefïbns donc d’être étonnés fi tous les jours ces murs fe tourmentent eu différens fens, s’ils fortent de leur aplomb , s’ils fe déverfent 8c entraînent dans leur ruine inactendue la fortune d’un pere de famille dont la feule reffource étoit dans la maifon qu’il fe trouve obligé de reconfi cruire. **'
- On objeétera peut-être que les bâtimens de cette capitale s’appuient réciproquement, 8c que cela fuffit pour prévenir le deverfement, Admettons un inftant
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- Difcours préliminaire. J |
- tint fuppofition : nous n’y trouverons aucun avantage. Ce foutien réciproque n’empêchera point les murs de s’écrafer j n’obviera pas à la force des bras de levier que produit la longueur des folives ; ne remédiera pas enfin à la mafle des planchers qui devient énorme , par les groffeurs démefurées des bois qu’on y emploie. Les furcharges de gravois dont on fait ufage pour regagner des niveaux néceffités par la marche des paliers} les différentes groffeurs de folives 8c les taffements des murs furcharges en font les caufes décidées. Neutrons pas dans de plus grands détails. Ce que nous venons de dire doit être fuffifant pour faire appercevoir combien nous avons befoin des reffources de l’art. La pratique eft bonne pour la main - d’œuvre : elle eft même néceffaire 5 mais elle eft infuffifante pour la marche raifonnée de l’exécution. Ses tâtonnçmens ne vont pas toujours au but. Si quelquefois ils y parviennent , ce n’eft que par fuite du hasard. La fcience des média-1 niques feule peut guider , elle a fes loix, fes principes j elle feule affine qu’on eft dans le vrai çhe. min : elle y remet 5 fi l’on vient, à s’égarer. Elle, frappe au vrai but ; elle indique la fplidité, l’économie -, elle emploie vidorieufement les forces convenables. Celui qui n’a que la pratique en partage n’a pas les mêmes reffources : toutes fes opérations font incertaines j il n’agit que par conjecture, par
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- Difcours préliminaire.
- tâtonnemens : fes inductions 5 fes raifonnemens de-comparaifon font pris d’après les ouvrages qu’il a' vu conftruire 3 qu’il a pu étudier fans en fentir toutes les conféquences. Mais en eft-il plus avancé, fi l’on conlidere que chacune des opérations qu’il peut prendre pour modèle font autant de cas particuliers ? Les cir-confiances viennent elles à changer , à varier ? on ne fçait plus que faire 3 on fe trouve dans un carefour où abotitifïènt plufieurs chemins. Lequel prendre ? comment ne fe pas égarer ? Nous en avons un exemple bien frappant que nous cite M, Frézier dans le troilieme Volume de fa Stéréotomie \ fans être dans l’efpece de la Charpente, il n’en fera pas moins con-noître qu’en vain on aura pratiqué pendant nombre d’années, li l’on n’a pas, pour fe conduire, des réglés certaines, des principes avoués.
- On propofa, en 173 a , d’exécuter dans une ville frontière un Magafîn à Poudre d’une dimenfion au -defius de l’ordinaire. Il devoir avoir trente pieds dans oeuvre. Le quarré des murs , cette partie qui s’élève à plomp jufqu’à l’endroit où commence la courbure de la voûte j devoit avoir treize pieds 8c demi de hauteur.
- Quarante lix ans de routine donnèrent de la har„ diefTe à l’ingénieur , mais non des principes. Il fe contenta de donner neuf pieds d’épailfeur à fes murs. Il les appuia d’ailleurs par des contreforts ou éperons de quatre pieds de longueur 8c efpacés de dix - huit
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- Di/coufs prélimiiïcùfèl 5
- pieds €ii dix- huit pieds-. Cés buttées lui parurent beaucoup au-delTus de celles qu’il croyoit néceflàires pour foutenir la poulTée de là voûte. Mais malheureufément^ dès qu’elle fut décintrée , malgré les foins & les attentions qu’on avoit apportés à fa conftrudion , le bâtiment s’écroula. Cela ne pouvoir pas être autrement. Les murs n’étoient pas allés épais pour foutenir la poulfée. Si cet Ingénieur eût fuivi les principes de M. de la Hire 3 il auroit donné onze pieds 8c demi au lieu de neuf „ 8c fou édifice auroit été fiable 8c folide»
- Nous aurions encore des exemples de voûtes 8c de murs recommencés à plufieurs reprifes, 8c tombés autant de fois j mais ils font trop récens pour être cités.
- U y a des loix : la méchanique nous les donne» Pourquoi ne pas nous y ioumettre ? la pratique , ou plutôt la main d’œuvre non éclairée de la théorie, eft remplie d’erreurs, 8c fujette aux plus grands écarts» N’allons donc rien entreprendre làns calculer. Appuyons-nous des loix de la phyfique 8c des vérités mathématiques. Mettons en ufage les heureufes découvertes de ces génies bienfaifans, qui fouvent y ont facrifié 8c leurs veilles, 8c une partie de leur fortune. Profitons des lumières dont ils nous ont fait part. Lifons les ouvrages de M. du Bamel 3 ce fça-¥ant Académicien, Suivons-le dans fes ellàis, dans
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- ^ JJ-ifcours 'prélimmaïrel
- les expériences. Jettons lés yeux fur Buffon occupé .à connofcre la réfiftance des bois de Charpente. Quels foins ! quelle attention ! quel appareil ! c’eft lui-même qui parle.
- Il abbat dans fes bois cent chênes fains 8c vigoureux : les plus petits de deux pieds & demi , 8c les plus gros de cinq pieds de circonférence. Il les fait conduire à l’endroit deftiné pour les expériences. On les débite en pièces de longueur } on les équarit s on les drefle à la varlope j on leur donne les dimen-lions qu’exigent des expériences aulîi intérefifantes.
- Pour y parvenir, il fait préparer deux forts tréteaux de fx pouces d’équariflage , de trois pieds de hauteur & autant de largeur. îl fait foutenir la traverfe du milieu par un montant de bois de chêne .pour lui donner plus de force, & lui faire foute-nir les pièces qu’il veut éprouver & rompre fous le làrdeau.
- Il fait provifion de frettes quarrées de différentes ouvertures , fuivant la greffent des pièces : le fer de .quelques-unes de ces frettes porte Jufqu’a trois pouce de calibre.
- Sous la partie fupérieure de chacune de ces frette -eft un relief de deux à trois lignes de largeur & exactement dreffé à la lime , tant pour empêcher la frette de s’incliner que pour connoître la largeur «du fer qui porte fur le bois à rompre.
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- Dijcours préliminaire. j £
- Â la partie inférieure de la frette font adaptés deux; crochets de fer de même grofteur que celui de la frette. Ces deux crochets fe féparent à leur extrémité fe referment l’un fur l’autre , & font percés d’une ouverture ronde d’environ neuf pouces de diamètre fervant à recevoir une clef de bois de même groffeur Se de quatre pieds de longueur.
- Cette clef fert à porter une table de quatorze pieds de longueur, fur fx de largeur formée par des folives de cinq pouces d’équarilfage placées les unes à coté des autres, & retenues par de fortes barres.
- Il fufpend cette table aux crochets de la frette , par le moyen de la clef de bois ; Se fur cette table il place les poids fervant à fes expériences. Pour former ces poids , il a fait tailler Se préparer trois cents quartiers de pierres tous numérotés , Se pefant les uns vingt - cinq , cinquante , cent, Se les autres cent cinquante Se deux cents livres.
- Ü fait mettre de niveau les trétaux Se k pièce de bois fervant à l’expérience. Le tout eft crampon© en fer avec foin, pour prévenir accident.
- Huit hommes chargent continuellement la table* Ils placent d’abord les poids de deux cents j enfuite ceux de cent - cinquante : le troifieme rang eft pour ceux de cent, Sec.
- Deux autres placés fur un échafaud volant, Sc foutenus en l’air par des cordes , placent les poids
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- 'yiS jDiJcours prélitninàire.,
- de cinquante & de vingt-cinq, fans courir par ce
- moyen aucun rifque d’être écrafés.
- Pendant le temps de la charge , quatre autres maintiennent la table par les quatre angles, pour l’empêcher de vaciller 8c lui conferver fon repos®
- Un autre homme , avec une longue réglé de bois, obferve combien la pièce ploie à mefure qu’on la chargée
- Enfin un dernier marque le temps de la durée de la charge, 8c écrit la quantité des poids.
- Nous 'avons pris cet exemple entre tous ceux des autres Obfervateurs , comme étant d’autant plus frappant qu’il nous -eft rapporté par Fauteur avec toutes fes circonftances.
- Qui peut douter de la vérité dun fydême établi fur de pareilles expériences ? quel eft l’infenfé qui pourrait mettre en parallèle les moyens que peuvent di&er les tâtonnemens d’une pratique , ou plutôt d’une main - d’œuvre groffiere & fans principe. Les partifans de .telles opérations s’imaginent qu’il fuffit , pour la Charpente , de tailler proprement le bois* de le placer & de le foutenir en l’air , fuivant la routine qu’ils >ont prife dans leur enfance, qu’un jugement borné , .qu’ils .prennent pour le bon fens , peut leur di&er , & que trop fouvent leur infpire ie vil intérêt. Dans ce cas les plus gros bois font les meilleurs. Plus d egard pour les fuites funeftes qui
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- Difcours préliminaire 57*
- en peuvent réfulter j plus de- calcul que celui dæ bénéfice \ point d’antre combinaifon que celle dœv gain. Gémiflons fur un pareil procédé penfons plus-noblement ; occupons - nous à faire le bien \ mettons a profit les lumières des fçavants qui nous ont précédés^ raffemblons les richeflfes qu’ils nous préfentent ; participons à l’avantage, qu’ils ont eu d’avoir travaillé généreufement pour le Public.
- En- eonnoifiant la force que les fibres longitudinales des bois peuvent oppofer à la fradure des pièces de Charpente, qui font le compolé & l’ademblage général de ces fibres , nous éviterons les- dépenfes fuperflues. de la. Charpente ; nos Edifices en feront plus folides-^ & nous ménagerons k . confommation des bois fur laquelle. M. de Réaumur avoit femblé jetter l’allarme par un Mémoire qu’il fit imprimer en 172.1. Cet Académicien y annonçait que les bois de Charpente-étoient rares} que ceux pour le. chauffage diminuoient, & qu’il étoit à craindre que les établifiTements des Forges , des.. Fourneaux à, feu & les, Verreries 11e tombafientfaine de bois. Mais- .M, Tdle\ £Acofta. s.. Grand-Maître des Eaux ôr Forêts, de. Champagne, vient de nous ralfuuer à cet égard de la façon la plus. fatisfaifante , dans, fon excellente In fi: ru dion fur les bois de marine , qu’il vient de donner. Cependant ce bon Citoyen fe croit obligé d’avouer qu’on, ne peut ufer de trop, de précaution, pour
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- 3 S Dljcours prêliminaireo
- ne pas prodiguer les bois. L objet eft important. Il mérite la plus férieufe attention. Profitons donc d’un avis aufli prudent. Pour y parvenir , commençons par la voie des expériencesj ayons recours aux Mathématiques : nous leur devons la perfection des arts. De combien de merveilles ne fommes - nous pas redevables à la Géométrie , aux Méchaniques , aux Calculs ? tel eft le fort de l’humanité : ce font nos fens qui nous affeCtent d’abord } & tant que nous nous y abandonnons aveuglément, l’intelligence refte dans l’inaéHon , dans i’aftoupiflement.
- Combien avons - nous été de temps à n’avoir que des idées confufes fur ce qui fe prélentoit? Avouons-le, de bonne-foi : à peine y a-t-il un fiecîe que nombre d’objets intéreftans étoient dans la plus grande imperfection, Les défauts fe tranfmettoient. C’eft ainfî que penfoient nos peres, difoit-on pieufement. Quelqu’un de ces génies fupérieurs & privilégiés s’apper-cèvoit-il de l’erreur, s’avifoit - il de la faire remarquer ? aufti-tôt on fe récrioit j on prononçoit anathème. Le fameux Galilée fe déroba à peine des. prifons de l’In-quifition, où il étoit renfermé depuis plusieurs années, parce qu’il avoir eu la témérité d’avancer qu’il y avoir des Antipodes 3 & que le globe de la terre tournoi t autour de celui du fol-eil. Que ne dit - on pas de Torricelli 3 lorfqu’il eut la hardiefte d’abjurer l’horreur du vuide, en préfence des Fomainiers du Grand-
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- Difcours préliminaire ^
- Duc de Tofcatie, & d’y fubftituer la pefanteur de l’air ?;•
- Si l’on peut comparer les petites chofes aux grandes 3,, quel bruit ne fit pas en iy6i la refente des bois? |e voulois la mettre en pratique- Auffi-tot procès,, condamnations aux dépens, &c. Aujourd’hui Ion commence a l’adifiettre dans l’ufagemais on agit par conjecture &: par une combinaifon groffiere. Itablifions donc des principes. Ne nous laifibns pas entraîner par la prévention } fecouons le joug des préjugés voyons fans partialité y étudions la nature j tâchons,., s’il eft poflible , de. la furprendre fur le fait : fuivons fa:-m arche.
- Confidérons le bois dans fou origine j dans fa formaction , dans fes progrès. Développons fa contexture j corm binons-en la trame j tirons-en les conféquences, & éprouvons, par des expériences répétées, fi nous avons:, vraiment atteint le but.
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- OBSERVATION.
- Si Von vouloit regarder comme furabondants & la Préface & le Difcours Préliminaire ; quonfajfe attention que dans la -première s fai établi le Plan de mon Ouvrage 3 & que le Difcours Préliminaire en fait voir la néceffité & les avantages„ Comme Citoyen fai cherché a les indiquer au Public. Je msejlime heureux Ji U fuccès répond à mes vues».
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- TRAITÉ
- SUR LA FORCE
- DES BOIS
- DE CHARPENTE.
- üoique nous ne puifîïons entrer dans de trop grands détails pour connoître la force des bois de charpente, & pénétrer à cet égard le fecret de la nature , nous laiderons de côté cette agréable fraîcheur «qu’on éprouve en entrant dans une forêtj cette tendre émotion qu’on y reflent 8c qui plaît ; cet air de grandeur 8c de majefté qui frappe d’abord , qui porte au recueillement & nous invite à penfer, à réfléchir» Çes différentes fenfations font caufées fans doute pat la lumière du jour affoiblie , 8c occafionnées par le fombre des feuillages, la teinte de leur verdure, la multiplicité , la hauteur des arbres, 8c le filence pro-
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- ^2 Traité fur la jorce ,
- fond qui régné de toute part. Sommes-nous dans î@: fond d’un bois ? le vent agite-t-il quelques feuilles ? notre ame audi-tôt eft émue,inquiété\ nous relfentons mie forte de friflbnnement, nous éprouvons l’horreur facrée des bois. Pourquoi ces effets ? quels en font les caufes ? quel en eft le principe ? On les trouvera ai-jfément dans le contrafte de la grande tranquillité & de la paix majeftueufe qui faifoient nos délices, avec le bruit confus des feuilles 8c le froidement plaintif des arbres en mouvement.
- Quel agrément, quel charme ne goùte-t-on pas , £ l’on pénétré de grand matin en ces lieux ! quelle odeur plus fuave , plus délieieufe ! On feroit incliné à croire que nous faifons la découverte d’un fixieme, fens., 8c que nous en reffentons les premières faveurs.. Toutes les merveilles de la nature contribuent à cet ênchantement. La rofée pénétré les pores des feuilles , en ranime les parfums : la fraîcheur de la terre les eon-denfe 8c les rend plus fenfibles j L’Aurore les met en mouvement, 8c les répand dans les airs. Un poëte diroit que c’eft l’ambroifie des Dieux qui fe prépare. Entre-t-on dans un endroit renfermant des arbres abattus , épars ou rangés en piles , tel que dans un chantier ? on eft frappé d’une fraîcheur particulière : il femble que l’air de ce lieu foit différent de celui du voifinage où il n’y a pas de bois. La raifon de cette efpece de phénomène s’explique naturellement > lorfque l’on.
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- des Bols de Charpente. 4,3
- confidere l’humide dont le bois eft pénétré. ïl faut fept ans au moins , dit M. de BufFon, pour deflféchec des folives de huit à neuf pouces de grofieur j 8c il faudrait beaucoup plus du double de temps, c’eft-a-dire plus de quinze ans pour defteche'r une poutre de feize à dix-huit pouces d’équarriftage.
- Abandonnons ces fortes de phénomènes , ils ne peuvent qu’exciter la curiofité. Occupons-nous de la partie qui conftitue la nature des bois propres à la charpente. Connoilïons-en l’organifation, l’efpece, les qualités j analyfons celles des terrains, combinons-en la propriété , les vertus , les exportions.
- Le fol contribue plus qu’on ne penfe a la qualité première de la charpente. Tous les terrains ne font pas indifférens pour le chêne. C’eft l’arbre dont on fie fert le plus communément pour la conftruétion de nos édifices, notamment celle des planchers : c’eft le feu! même qu’on y emploie , & c’eft le feul qui nous occupera. Il y en a de deux efpeces : ceux qui portent des glands à longs pédicules , & ceux dont les glands Hipt prefques collés à la branche. Chacune de l|t efpeces en donne deux autres : les chênes qui portent de très gros glands., 8c ceux dont les glands font très petits. Les Botaniftes 11e fe contenteraient pas d’une femblable divifion. (1) mais elle fuftit aux Foreftiers.
- (l ) Sebaftien Vaillant,Botanîcon Parijienfé3 ne compte que fept efpeces de chenes, Pittonde Tournefort, înfiitutioncs, e»
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- Traité fur la force
- du Bots de Ch ê n e.
- Nous nous contenterons donc de diftinguer deux efpeces de chêne, ou plutôt deux variétés remarquables 6c différentes Tune de l’autre à plufieurs égards. La première eft le chêne à gros glands qui ne font qu’un a un ou tout au plus deux à deux fur la branche: il porte une écorce blanche ôc lifte , fa feuille eft grande 6c large , le bois en eft blanc , liant, très-ferme , & néanmoins très-aifé à fendre. Telle eft la définition de M. deBuffon;& voici celle qu’il donne de la fécondé efpece portant fes bouquets ou Trpchets comme le noifetier, de trois, quatre ou cinq enfemble. L’écorce en eft plus brune ôc toujours gercée, le bois suffi plus coloré, la feuille plus petite ôc l’accroiftW ment plus lent. Dans les terreins peu profonds & dans les terres maigres, on ne trouve que des chênes à petits glands : ceux à gros glands n’occupent au contraire que de bons terreins.
- Le bois de ces derniers reftemble fi fort à celui du châtaignier par la texture ôc par la couleur, qu’onlc.Sj a pris long-temps ôc jufqu’à ce moment l’un pipi
- a rapporté vingt; & l’on allure que dans le jardin de Boerhave, il y en avoit foixante & dix. Il peut même s’en trouver davantage ; car il eft difficile de rencontrer dans un bois deux chênes qui Ce reffemblent exactement par leurs feuilles j leur fruit 8c leur port.
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- Inutre. C’eft fur cette reflemblance^ qui n’avoit pas été indiquée avant M. de Bufïon, qu’eft fondée l’opinion que la charpente de nos anciennes Eglifes eft de bois de châtaignier. Mais qu’on ne s’y trompe point : ces bois font du chêne blanc à gros glands. Il étoic autrefois plus commun qu’il ne l’eft aujourd’hui. La raifou en eft fimple. Avant que la France fût auftî peuplée qu’elle l’eft à-préfent, il exiftoit une bien plus grande quantité de bons terreins en bois, 8c confé-quemment une bien plus grande quantité de ces chê-; nés, qui font préférables en tous points aux autres * ayant conftamment plus de coeur 8c moins d’aubier t d’ailleurs le bois eft non-feulement plus plein, plus fort, mais encore plus élaftique. Le trou fait par une balle de moufquet dans une planche de ce chêne Ce rétrécit par le relfort du bois d’un tiers de plus que dans le chêne commun. Ce n’eft pas un petit avantage pour la conftrudion , fur-tout celle des vaiifeaux : le boulet de canon ne le fait pas éclater, 8c le trou eft plus aifé à boucher. ,
- Toutes les autres efpeces de bois de chêne, qui font en très-grand nombre , rentrent pour la qualité dans ces clalfes : elles font abfolument femblables. Un plus grand nombre de divifions feroit donc entièrement fuperflu „ 8c jetteroit dans la confufion, il fauç éviter ce défaut. Les principes f mples , clairs 8c ners fpnt les feuls moyens de s’expliquer pour les Arts;
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- Suivons la marche qu’ils nous enfeignent 5 confidérons
- la progreftion de la nature.
- Si les obfervations de Grew, Maîpighi, Réaumur , Duhamel , 8c fur-tout de Haies , nous ont donné de grandes lumières fur l’économie végétale , les expériences du Comte de BufFon ne nous ont pas moins enrichis. Nous devons à ces Savans prefque toutes les connoilfances que nous avons à ce fujet. Il faut cependant l’avouer 5 & notre Pline moderne ne rougit point de le dire, dans ce genre 5 comme dans bien d'autres, on ignore beaucoup plus de choies qu’on n’en fait.
- De l’Arbre et de son Bois.
- L’Arbre eft un corps organifé dont la ftru&ure îfeft pas encore complettement connue. Tout ce que nous favons , c’eft que ce que l’on appelle bois , eft compofé de fibres longitudinales & tranfverfales , de trachées, de tilfu cellulaire, de moelle. Il eft extérieurement recouvert d’une enveloppe que l’on appelle écorce, & lorfqu’il eft encore fur pied , la feve alimente intérieurement toutes les parties, & forme les couches ligneufes du tronc & des branches. De-la fa eroiftànce , par l’irruption des bourgeons dont la nature eft de s’élever , en obfervant qu’un arbre de cinq ans près de fes racines n’a qu’un an à fon fômmet, & eût-il cent ans 8c plus3 fon extrémité n’éna qu’un»
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- De-là cette végétation qui forme ces cernes 8c cercles concentriques de deux ou trois lignes d’épaiffeur d’un bois dur & folide , dont la progreffionannuelle forme fa groffeur. De-là cette cohérence de libres longâtudi-«aies; de-là cette difpolition qu’on appelle le fil d« bois provenant de la fituation des longs tuyaux qui étant couchés dans toute la longueur de l’arbre les uns contre les autres , 8c liés par les fibres tranfver-fales, donnent la facilité de fendre fur la longueur les plus gros chênes , 8c d’en faire de? bois de débit très-minces, tels que des lattes, de la boiffellerie des échalats 8cc. De-là aulïi les fibres longitudinales étant pour l’ordinaire affez droites, lorsqu’elles font bien nourries, épaiffies , fortifiées les unes contre les autres, & qu’elles font enfin parvenues à leur degré de force, forment-elles, par le concours d’une même direction, une malTe fi folide 8c fi ferme dans la longueur , qu’un bâton de chêne d’un pouce en quarré pofé à plomb, peut porter huit milliers pefant, 8c que deux ou trois morceaux de bois de fix à fept pouces de gros , vont foutenir pendant quelque-temps le poids énorme de tout un édifice. De-là encore ces memes canaux longitudinaux qui fe ramifient, qui pouffent de petits filamens produifant d’un côté l’é-corce , 8c de l’autre s’attachant au bois de Tanné© précédente, forment entre les deux couches de bois un tiffu cellulaire qui eft fpongieux 8c d’environ un©
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- demi-ligne d’épailfeur. Cette dimenfion eft à-peu£ près la meme dans tous les chênes } mais il n’en eft pas ainfi des couches ligneufes : elles font plus ou moins épailfes. Il y en a quelquefois de trois lignes 8c demie, 8c d’autres d’une demi-ligne.
- Le corps ligneux n’eft pas feulement formé de l’en* trelacement des vailfeaux lymphatiques avec le tilfu cellulaire ouïes productions médullaires, dont l’en*» femble compofe les fibres ligneufes qui font longitudinales } on apperçoit encore dans cette fubftance une autre efpece de vailfeaux, que l’on nomme vaijfeaux propres du bois.
- Vaisseaux propres nu Bois;
- On ne peut douter de l’exiftence de ces vailfeaux % ils fe font connoître dans le bois comme dans l’écorce par l’efFulion des fucs qu’ils contiennent. Ils font fitués à-peu-près comme les vailfeaux lymphatiques 8c font beaucoup plus fins que ceux de l’écorce, fans doute parce qu’ils font comprimés , ainfi que les productions médullaires, par les vailfeaux lymphatiques. Quand les pores d’une piece de bois font fort ferrés* il eft toujours avantageux que les couches ligneufes „ qui indiquent l’accroilfement d’une année , fe trouvent épailfes. L’épailfeur de ces couches, quand elle ne provient pas de l’humidité du terrein , eft un ligne infaillible que l’arbre, lorfqu’il étoit fur pied , étoit
- vigoureux *
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- vigoureux, & qu'il végétoit avec grande forcé, fur-tout Ci ces couches font bien ferrées les unes contre les autres. Il en eft de même pour la pefanteur. Dans une même efpece , les bois les plus lourds , fur-touc quand ils font fecs * font les meilleurs. Plufieurscau-fes y influent ; le terrein & l’etfpofition où ils ont pris naiffance , l’âge, ainfl que le degré de féchereffe. En général le chêne doit pefer depuis 65 jufqu’à 75 livres le pied cube.
- Les bois de bonne qualité doivent avoir leurs fibres fortes & fouples , rapprochées les unes des autres y lors même qu’ils font devenus fecs. Les copeaux qu’on coupe à la coignèe ne doivent pas fe rompre quand on les plie \ ou, fl ôn les plie au point de les rompre * ils doivent fe féparer par de grandes filandres. Le bon chêne a lès pores petits *. il fe polit fous la varlope , ôc il devient brillant. Lorfqu’on le travaille avant qu’il foit fec , il eft d’ün rouge-pâle ; mais cette couleur fe paffe quand il devient fec , & il devitnt alors couleur de paille. Si on l’examine avec une loupe & au grand jour, on apperçoit dans les pores une efpece de vernis qui, joinc à cè que les fibres font fort ferrées , lui donne du brillant. Si au contraire on apperçoit une efpece d’aridité , qui n’offre rien de fatisfaifant, c’eft un bois gras ; il n’eft pas propre â la charpente : évitez-le. On en fait cependant de belle menuiferie j ôc celui qu’on nomme impropre-
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- ment bois de Hollande eft fore gras. Nous obferveron& en palfant que tout arbre qui aura cru dans un terrein fabloneux 8c humide eft aufli gras que celui des plus vieux arbres.
- Telle eft en général la formation du bois , c’eft de fes textures 8c de fes combinaifons que nous devons prendre des leçons pour tirer tous les avantages poffî-bles de celui dont nous avons à nous fervir. C’eft par la connoilïànce de fon méchanifme que nous pouvons trouver les feuls moyens de pratiquer le bois fans l’énerver- , fans interrompre les principes de fon organi-fation. Audi n’eft-ce que d’après les développemens faits en conféquence 5 que nous procurerons la vraie économie , 8c que nous trouverons les tréfors des forces relatives aux charpentes que nous délirons employer. Nous n’écraferons plus nos édifices par un fardeau inutile &fuperfïu; nous éviterons les dépendes -ruineufes qui font les fuites ordinaires de l’ignorance &♦d’une prodigalité mal entendue. Mais lailïbns ce dernier article : nous en avons déjà parlé. Nous nous contenterons donc d’obferver , avec M. de Buffon, que j de la maniéré dont les arbres croilfent 8c dont le bois fe. forme , la cohérence longitudinale eft plus conlidérable, plus réliftante que l’union tranf-verfale ; que, dans le mêmeterrein, le chêne qui croît le plus vîte eft le plus fort, 8c que le plus denfe l’emporte fur le plus poreux. Nous remarquerons auffî
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- qu’il y a un quinzième de différence entre la pefan-teur fpécifique du cœur de chêne & celle de fori aubier , de forte qu’elle décroît, à très - peu près , en îraifon arithmétique depuis le centre jufqu’à la circonférence de l’arbre.
- 11 eft encore bon de fâvoir que le bois du pied d’un arbre pefe plus que celui du milieu, & celui du milieu plus que celui du fommet. C’eft une conféq.uence de ce que nous avons déjà obfervé. Les arbres viennent-ils à cefferde croître ? cette proportion commence à varier. Le cœur des chênes au-defïus de l’âge de cent ou cent dix ans ne prend plus de nouvelle pefanteurs Ôc la nature de l’aubier croît en rapport} de forte que l’aubier des vieux arbres eft plus folide que celui des Jeunes. On peut donc avancer avec jufte raifon que l’âge de la perfection du bois eft l’âge moyen, où les différentes parties de l’arbre font à-peu-près d’égal poids. Et fi nous voyons fouvent les poutres s’échauffer & tomber en poudre dans leur épaiffeur intérieure 3 c’eft que le bois, en eft d’une extrême vieilleffe , & que le cœur, bien loin d’être le plus pe-fant, eft par-fois plus léger que l’aubier même. C’eft' une des raifons pour laquelle, dans un même terrein, il fe trouve dés arbres dont le bois eft très différent en pefanteur & en réfîftance. Souvent aufïi c’eft l’humidité plus ou moins grande du terrein qui fe trouve au pied de l’arbre, qui peut caufer cette différence. Ce font dés
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- 5*2 Traité far la force
- caufes particulières qu’il eft toujours mtéreiïànt de
- fa voir.
- Fibres longitudinales & tranfverfales.
- Nous avons fait connoître l’organifation des fibres longitudinales 8c tranfverfales en parlant des fibres ligneufes.
- Moelle et tissu cellulaire.
- Nous n’avons pas parlé de la moelle, qui forme? l’axe de l’arbre. Elle femble conftituer eftentiellement le corps végétal, 8c fe defleche à mefure que l’arbre vieillit. En effet dans les jeunes pouffes, c’eft l’origine du tiflfu cellulaire. Elle eft tendre, fucculente 8c de couleur verte \ mais bientôt les couches ligneufes l’eii-durciflfent, 8c forment une enveloppe dans laquelle la moelle eft renfermée. Elle garde encore quelque temps fa couleur, enfuite elle change 8c devient blanchâtre, fe deflfeche, 8c même le canal médullaire diminue peu-à-peu; de forte que, dans les grands arbres, ceux même qui dans leur jeunelfe ont le plus de moelle , on ne voit plus ni canal ni fubftance médullaire. Fend-on un morceau de bois de chêne fec fuivant la direction des fibres ? on apperçoit dans les pores une fubftance grenue qui font les fragmens de la moelle devenus tiffu cellulaire. Si l’on examine à la loupe la coupe tranfverfale de certains bois, on apperçoit entre
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- les fibres longitudinales l’épaifTeur des lames du tifiu cellulaire , qui s’étendent en ligne droite du centre à la circonférence } ôc fi l’on fend ce morceau de bois fuivant le plan de ces lames, le tiiîii cellulaire femontre fous la forme d’un feuillet, qui femble compofé de fibres dont la direction eft aufli du centre à la circonférence.
- Cœur du Bois.
- Nous dirons encore que ce qu’on appelle le cœur du bois n’eft pas la partie de la moelle qui fe trouve au centre de l’arbre, mais c’eft tout le bois parfait qui le eonftitue, & qui eft au-deflous de la couche d’aubier recouverte de l’écorce, & eft formé par les fibres longitudinales & tranfverfales.
- Aubier,
- A l’égard de l’aubier, c’eft , après l'écorce, la couronne de bois tendre qui n’a point acquis toute fa fo~ Üdité , mais qui en eft fufceptible ; ce qui le fait nommer bois imparfait. Il a les mêmes organes que le cœur : il n’en différé, pas effentiellement, puifqu’avec le temps il le devient. 11 fe rencontre , comme nous l’avons remarqué, immédiatement après l’écorce. Il eft adhérent au cœur, ^auquel il s’incorpore §c s’identifie infènfiblement, en devenant parfait. Ce font les dernieres productions de la feve qui forment annuel»
- Dj,
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- îement de jeunes couches molles 8c ligneufes , dont on compte, fuivant la différence des terreins , depuis cinq jufqu’à vingt. L’épaiffeur eft prefque toujours plus forte d’un coté que de l’autre. La difpofition des racines 8c la diftribution des flics nourriciers en font les feules .caiifes. L’expofition n’y entre pour rien, fuivant les expériences de M. de Buffon. Quelquefois dans différentes parties du corps d’un arbre , on voit des cernes d’aubier qui n’ont pas pris de confiftance 3 quoiqu’ils foient recouverts d'une couronne de bois parfait. C’eft une fuite des acçidens qui ont interrompu la circulation de la feve lprs de l’accroiffement, C’eft un défaut contre lequel on doit être en garde : nous donnerons les moyens de s’en appercevoir.
- Lorfquon équarrit le bois , on doit en ôter tout î’aubier , autrement il lie feroic pas de vente. On en apperçoit d’autant plus la nécellité non-feulement - parce qu’il eft tendre, qu’il s’échauffe 8c fe déçom-pofe en peu de temps, mais parce que les vers 8c les infedes fe nourriflent de ce bois imparfait, 8c que par fuite ils détruifent & percent le cœur. L’aubier les a attirés ; U les fixe, ainfi que les fuçs de la feve;
- S E V E*
- On ne peut coutelier que la feve ne foit un des prin-*cipaux agens de l’arganifation 8c de la formation du bois. Quelle en eft donc la nature 9 8c quelles font fes
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- des Bois de Charpente* fondions? D’après nos Obfervateurs Phyficiens^ nous dirons que c’eft une liqueur aqueufe qui nourrit les plantes, & qui fait dans le régné végétal les mêmes fondions que le chile dans l’animal. Ce font les particules de fel j d’huile, d’eau , de feu , de terre, 8c tous autres principes , foit limples foit compotes , que l’air met en mouvement, fait fermenter, 8c que les racines, ou plutôt les pores placés à l’extrémité de chaque chevelu, failiflent, abforbent relativement à la nature 8c au genre de la plante dont ils dépendent, pour les refouler 8c les tranfmettre enfuite dans le corps de l’arbre , qui, à fon tour , comme une ef-pece d’eftomac , les triture, les digéré, les prépare 8c les diftribue de nouveau aux corps des racines, de l’arbre, des branches 8cc. La germination du gland juftifie cet ordre. La jeune racine ne profite pas, du premier inftant, des fucs quelle tire de la terre : elle les fait paffer dans les lobes pour les préparer , 8c les lobes les rendent aux racines.
- Ces opérations faites, la feve eft-elle fubtiîifée par l’air 8c par la chaleur ? elle change de couleur, dénaturé même, elle devient fuc propre , elle s’affimile aux anciennes parties de l’arbre , elle s’y incorpore , elle en augmente le volume. Sa confîftance gélatineufe paffe à l’état d’écorce , à celui d’aubier , qui remplace celui de l’année antérieure, d’autant qu’infenfiblement il s’eft conformé en nature 8c cœur de bois ; c’eft une
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- cerne de plus à l’arbre. Auffi eft-ce par fes couches concentriques qu’on peut favoir lage d’un arbre & de chaque branche même. En comptant les cercles, on a le nombre des années. Mais dans ce cas, après ce que nous avons obfervé fur l’accroilTement de l’arbre , on ne doit partir que des cernes qui font au pied de l’arbre ou à la naiflance de fa branche , autrement on n’auroit que le nombre des années depuis la naiflance de la partie dont on compteroit les cernes.
- Revenons à la nature de la feve. Elle peut être regardée comme une fubftance compofée de parties ré-fineufes , muqueufes ôc gommeufes , étendues dans beaucoup de flegmes. Si le flegme eft abondant , la feve tend à la fermentation , & enfuite à la putréfaction. Mais fl l’humidité a été en grande partie diffi-pée, les fubftances moins volatiles s’épaifliflent & fe métamorphofent alors en baume confervateur : elles empêchent les fibres ligneufes de fe corrompre $ & deviennent une efpece de maftic qui les fortifie & les unit les unes aux autres. Cependant comme la feve eft plus difpofée à fe corrompre qu’autrement, on ne doit pas employer le bois lorfqu’il eft encore rempli de feve , ou qu’il eft encore pénétré de l’eau du flottage qu’il aura éprouvé } il faut attendre qu’il fait fec , mais quel eft ce degré de deiféchement ? il peut varier dans le même efpace de temps fuivant la nature du bois 5 fuivant le lieu, fuivant aufli les endroits où
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- le foleil a plus d’aétion que dans d’autres. Ce qu’on peut dire en général, c’eft que , pour les charpentes ordinaires, il faut éviter d’employer les bois avant qu’ils aient effuyé deux ou trois printems depuis leur abattage, & près d’un mois après qu’il aura été flotté. Il n’en eftpas de même pour la menuiferie : ces bois ne feroient pas à beaucoup près allez fecs , ils ne peuvent être d’une trop ancienne coupe ni trop fecs 5 autrement le bois fe tourmente & fe fend en fe delféchant*
- A l’égard des bois de charpente , s’ils font trop verts 5 c’eft-à-dire , trop fraîchement abattus \ fi 011 les recouvre en plâtre, ils s’échauffent, fe décompo-fent 8c tombent en pouflîere. Il eft donc d’expérience que l’évaporation de la feve dans un arbre abattu eft avantageufe à la confervation du bois.
- La trop grande abondance de feve eft dangereufe. Si l’on coupe un arbre dans le temps où toutes les liqueurs font exaltées vers les parties fupérieures, tel qu’au mois de Mai ou en Août, elles y font dans une trop grande quantité , & les fucs greffiers & aqueux, qui ne font pas encore defeendus , demeurent dans le tronc, & n’y peuvent qu’occaflonner une fermentation préjudiciable. Alors la feve devient néceffairement, comme nous l’avons déjà obfervé s un germe de corruption dans les arbres abbatus. Il ne faut pas s’imaginer que la plénitude exceflive des fucs dans les fibres dç l’arbre en. augmente la force. Les fibres du foin ne
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- ÿ 8 Traité fur la force
- font jamais plus remplies de leurs liqueurs que lorsqu’il vient d’être coupé ; & l’on voit tous les jours une meule de foin empilé trop verd, s’échauffer & même prendre feu.
- 11 y a un remede contre cette trop grande abondance de feve qui peut refter dans le bois , c’eft de le faire flotter avant l’emploi j par ce moyen il dégorgera les fiics trop grofliers qui, n’ayant plus après la coupe la circulation néceflaire, donneroient lieu à la corruption , fuite d’une trop grande fermentation excitée par ces fucs.
- Flottage.
- Le flottage du bois doit effedivement laver , diflbu-dre & emporter une partie des liqueurs trop fermen-tatives , ainfi que les Tels 8c les foufres les plus dangereux. On éprouve tous les jours que le bois neuf rend plus de chaleur au feu que le bois flotté , & le bois verd plus que le bois fec $ c’eft qu’ils font fournis les uns plus que les autres des liqueurs expanfîves qui forment la chaleur,
- Nous obferverons cependant qu’il ne faut pas laifler le bois trop long-temps à flot. L’efpace de fix femaine& doit être le plus long terme : plus de temps feroit dommageable y les canaux exportatifs des fucs feroient dépouillés de leurs fels & de leur huile & ne feroient plus gonflés que de parties aqueufes j les fibres de l’arbre îiauroient plus la même roideur.
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- Il n’eft: pas à craindre que le flottage préjudicie à la qualité du bois : il lui devient au contraire une préparation utile & même] néceflaire. Auffi, lorfqu’on nsa pas l’avantage d’en avoir de flotté, devroit-on y fup-piéer en le mettant dans une eau vive & pure pendant un mois environ ; & on l’en retireroit fix femaines au moins avant de l’employer. Mais autant cette opération eft favorable pour donner au bois la qualité re-quife, autant elle lui feroit préjudiciable fl l’eau dans laquelle on le placerait étoit croupiflante & bour-beufe. Le bois s’imprégnant alors de fels hétérogènes , il en réfulteroit une fermentation forcée qui dégénérerait infailliblement en corruption.
- Une autre raifon qui doit encore favorifer la méthode de mettre quelque temps le bois dans l’eau s au défaut du flottage , c’eft l’obiervation qu’on a faite que les bois 5 qui avoientété quelque temps dans l’eau, étoient moins fujets à être piqués des vers que ceux qu’on avoit toujours confervés à l’air. On ne peut al» léguer contre cette obfervation les vers qui détruifent les digues de la Hollande : 1 °. parce que ces vers redoutables n’exiftent pas dans l’eau douce \ i°. parce qu’ils n attaquent les bois que dans les mois de Juin, Juillet & Août , ôc conféquemment qu’on a neuf mois pour les laifler a ou plutôt les faire pafler à l’eau, fans rien craindre.
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- P h l e g m e ou Lymphe.
- Les bois ont la feve pour agent d’organifation. ; ainfi que nous l’avons obfervé ; mais ils contiennent a-uffi beaucoup de flegme. Cette lymphe, mêlée en abondance avec toutes les autres fubftances, tient les gommes 8c les réfines dans un état de liquidité convenable ; 8cà mefure quelle s’évapore , ces fubftances deviennent foiides } la partie ligneufe prend confif-tance, & les racines remplies de fucs prennent la même marche.
- Le phlegme fe defleche plus aifément que la feve., étant chargé de beaucoup moins de fels 8c de parties grades 8c réfineufes; aufli fon a&ion eft-elîe moins dangereufe. Elle occafionne plus rarement la corrupr-tion du bois , étant de fa nature peu fujette à la fermentation. Elle n’eft, à proprement parler j qu’une eau fimpîe 8c fans faveur, 8c qui s’évapore ainfi que toute autre eau qui peut pénétrer le bois. Cette évaporation cependant ne fe fait qu a un degré } car, malgré tout deflechement, on tire encore du bois beaucoup de phlegme , fi on vient à le diftiller ; en le brûlant, ojî en apperçoit encore plus : la fumée l’indique.
- Vaisseaux lymphatiques
- Les vaifteaux lymphatiques fervent à châtier k lymphe 8c la porter dans les endroits qu’exige la végé-
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- des Bois de Charpente. 6 f
- tation, à. raifon de la liquidité nécelTaire pour les lues de la feve. Ces vaifleaüx exiftent dans le bois comme dans l’écorce : ils partent du centre à la circonférence en fe ramifiant.
- Trachées.
- Il exifte auffi dans le bois des vaifleaüx, tels que des filamens très-déliés & roulés en fpirale, en forme de tire-bourre, aboutiflant à l’épiderme, 8c transmettant l’air néceffaire k la préparation & au mouvement des humeurs : on les nomme Trachées. Jîales prétend que l’air renfermé dans le bois de chêne en contient 2.16 fois le volume \ 8c que fon poids eft environ le quart de celui de la fubftance. C’eft un apperçu, qui cependant peut faire queftion : je la laifle à réfoudre à plus habile que moi. J’obferverai feulement que l’air eft un fluide aufli néceflaire à l’exiftence des végétaux; qu’a celle des animaux. Les feuilles, les branches, le tronc, l’écorce ont une force de fuccion qui détermine l’air à monter dans l’arbre précifément comme la feve^ & c’eft l’office des vaifleaüx dont il s’agit.
- Ecorce.
- L’écorce eft l’enveloppe qui couvre le bois. Toute grofliere quelle peut paroître aux yeux du vulgaire, elle 11’eft pas indifférente aux Phyficiens : elle mérite
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- leur attention. Son rapport eft intime avec les difFé-rentes parties de lorganifation du bois. Parent dit que les couches ligneufes font formées par l’écorce, Hijloire de VAcadémie 3 17n. Malpighi lui recon-noît deux fondions eflentielles : la préparation & coc-tion de la feve , 8c l’addition des couches ligneufes s qui produifent l’accroilTement des arbres qui fe fait chaque année j d’ou l’on peut conclure que la principale partie des arbres eft cette portion de l’écorce qui touche immédiatement le bois, puifque c’eft par fon moyen que les arbres confervent leur vie, 8c qu’ils augmentent de groffeur. Voyons fa contexture : elle eft compofée de différentes couches, qu’on nomme corticales. On y diftingue les vaifleaux ou fibres longitudinales de l’écorce , les vaifieaux propres , le tiffu cellulaire, le liber 8c l’épiderme.
- Vaijfeaux, ou Fibres longitudinales de Vécorce»
- C’eft dans les vaiftèaux ou fibres longitudinales de lecdrce que coule la feve. Ils font unis les uns aux autres , de manière qu’ils forment un tiffu cellulaire de petits faifceaux ou rofeaux, dont les mailles font plus longues que larges.
- Va l S S E AU X PROPRES.
- Ce font des tubes longitudinaux droits, collés con-w
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- Ere les fibres où coule la feve, de remplis d’un fuc propre ? qui eft une efpece de lait.
- Tissu cellulaire.
- Le tiflu cellulaire eft placé fous l’épiderme* C’eft une fubftance d’un verd très-foncé , qui eft prefque toujours fucculente & herbacée. Elle eft formée d’un très-grand nombre de nlamens très-fins, entrelacés les uns avec les autres , de de petits fragmens de moelle. Certe fubftance peut fervir à garantir du def-féchement les parties qu’elle recouvre , de à la réparation de l’épiderme.
- D U L I B E R.
- Le liber eft la partie intérieure de l’écorce qui touche à l’aubier , de reftemble aux feuillets d’un livre. C’eft une membrane fine, qui, fuivant Malpighi, fe détache tous les ans de l’écorce, pour s’unir à l’aubiet de s’identifier avec lui. Alors le liber eft remplacé de formé de nouveau par la feve du Printemps.
- De l’Ebiherme,
- L’épiderme eft l’enveloppe générale dont tous les arbres font recouverts extérieurement. C’eft une membrane mince, feche de aride, qui fe détache aifémenc des parties quelle recouvre dans les tems de la pleine
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- feve. Elle eft plus adhérente fur les branches que fur le tronc. Elle fe rompt, lorfque l’arbre augmente en groffeur,quoiqu’elle foit capable d’extenfion dans toutes fes dimenfions : alors elle tombe par lambeaux deffécjiés.
- Telles font les différentes parties qui compofent l’écorce. En peut - on faire quelque ufage, quand l’arbre eft abattu ? Eft-il plus utile , pour la perfection du bois, d’en enlever l’écorce que de la laiffer ? Ne feroit-il pas même avantageux d’écorcer l’arbre fur pied, quelque temps avant que de l’abattre ? Tâchons de fatisfaire à ces différentes queftions.
- Quel ejl Vufage qu’on fait de Vécorce ^ furtout de celle de chêne ? En quel temps & comment fe fait l’écor~ cernent f
- L’écorce des arbres eft la partie qui contient, de l’aveu des Phyficiens, le plus de fel &.d’huile, fans doute à caufe de la feve qui monte par les fibres du bois , & qui retombe par cette derniere enveloppe. L’abondance de ces principes végétaux fe fait affez connoître par la bonté des cendres qui.proviennent des écorces brûlées. Elles font préférables de beaucoup a celles des bois pelards, qui font les bois écorcés.
- L’écorce de chêne poffede un avantage fur toutes celles des autres arbres î étant pulvérifiée, elle fe nomme Tan, d’où les Tanneurs ont pris leur nom, parce qu’ils
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- 5*èn fervent pour façonner les peaux. Elle eft aftrin* genre 8c defficative , furrouc celle des jeunes chênes £ car quand ils ont plus de vingt années, l’écorce devient feche, &perd infenfiblement fa qualité ; les fels fe dilfolvent, & les parties balfamiques s’enlevent ÿ s’évaporent ( i ) : c’eft à leur feule abondance que nous devons la préparation des cuirs dont l’ufage nous eft fi intéreftant. En effet a-t-on poudré de tan ( z ) chaque
- Ç i ) Voyez l’Art du Tanneur par M. de la Lande, de l'Académie Royale des Sciences de Paris, de celles de Londres, de Berlin , de Pétersbourg, &c.
- (z) On fait l’écorcement pour le Tan au mois de Mai ou d’Août, lorfque la feve eft dans fa force : et foiit les Bûcherons qui s’en occupent. Ils prennent l’écorce des taillis donc l’effence eft en chênes , & qui font à abattre : ils la fendent fur la longueur, après l’avoir cernée à trois pieds environ; ils î’enlevent par le moyen d’ün morceau de bois taillé en forme de Spatule, qu’ils inlïnuent entre l’arbre 8c l’écorce. Ils commencent l’opération par les parties des branches , & finiffenc par attaquer le tronc. On met ces écorces en bottes ; & pour eu faire un cent, il faut, faivant l’âge des arbres , fix à huit cordes de bois : plus ils font jeunes , moins il en faut. On paie poùr la façon de chaque cent de bottes une vingtaine de francs. Si la corde de bois fe vend douze liv., le cent de bottes produira foixante liv. ; & ainfi à proportion , félon les dilférens endroits & le cours des marchandifes. Les uns font broyer les écorces avec de grofles meules verticales ; les autres la pulvé-rifent avec des pilons, fuivant que les moulins font compofés. De la poudre qui en provient, &qui eft appellée Tan, on eu
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- lit des peaux dont on a ôté le poil, 6c qui font dans les folfes. Le fel qui les pénétre de toutes parts , en fortifie le cuir, & l’empêche de fe corrompre. L’huile qui s’y infinue partout, l’aflouplit, 6c le difpofe à fe prêter à tous les mouvemens. Elle fait plus : elle le rend impénétrable à l’eau. Mais en voilà aflez fur cet article : qu’on me pardonne la digreffioiij 6c palfons aux branches.
- Des Branches.
- Les branches partent du tronc de l’arbre 6c prennent une direéHon latérale : delà même le nom de branche. Elles font en continuation des fibres longitudinales r elies ont la même organifation 6c la même
- couvre les peaux dont on a ôté le poil, & qui font dans les folles, &c.
- Le Tan fert auffi pour les ferres chaudes ; on en fait des couches chaudes, dans lefquelles on enfonce les pots de fleurs ou d’autres plantes qu’on veut avancer ou tenir chaudement.
- Quand le cuir eft façonné, le Tan n’eft pas encore une matière de rebut : on en fait des mottes en forme de petites meules 3 & lorfqu’elles font bien féchées, elles fervent à chauffer les pauvres gens.
- Pour produire cinquante milliers de ces mottes, qui fe vendent une cinquantaine d’écus, il faut deux mille pefant d’écorce ; & par cette opération , on retire à peu près un treizième du prix de l'achat de l’écorce.
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- eroiffance. A l’égard de leur vigueur plus ou moins grande, elle femble dépendre des racines \ en effet font chacune en raifon de la force des racines qui font du même côté, & qui y correfpondenr. Elles aban» donnent, ainfi que les racines , la direétion de la tige pour s’écarter ; & elles s’étendent parallèlement au ter-rein , lors même qu’il eft en pente. C’eft fans doute un effet de l’air, ainfi que la pondération égale durpëür* tour naturel des branches dans un arbre de bellë ve-nue : l’arbufte qui fort dès mains de la nature , 8c qui n’eft pas encore vicié , nous le fait Connoîttë.
- Nous obferverons aufii que les branches ne font ni. mie portion, ni une divifion du tronc. Sort-il une jeune branche d’un affez gros tronc ? on voit que les fibres font forcées de s’écarter pour- laiffer fortir cette branche, 8c qu’enfuite elles fe rejoignent au-deffus de la jeune branche pour fuivre lèur direction. Delà les nœuds qui fie trouvent dans le Corps du bois, ainfi que d’autres vices provenant de branches rompues5 8C brifées. ' —
- On apperçoit dès le mois de Juillet fur Les nouvelles branches j quelquefois fùr les greffes ; y’& rarement fur le tronc, des excrefcences en forme de petits cônes. Ce font de jeunes boutons a la fin de l’automne : ils ont pris alors toute leur croiffance^ mâisilè paffent l'hyver fans s’ouvrir ; ce n’eft qu’au printemps qu’ils commencent à éclorre. En ce temps les écailles
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- 4ont ils font couverts, &qui font enduites d’une li-queur ÿifqueufe qui les unit les unes aux autres, s’en-•trouvent. Bientôt on voit la naiflance des branches, les fleurs & les feuilles payoiflent.
- Des Feuilles»
- , M Nous ne dirons rien de la fleur des arbres \ elle eft étrangère à la matière que nous traitons : nous ne parlerons que des feuilles. Elles font liées intimément à lvprganifation j elles ne font pas un (impie ornement , elles font partie de la végétation. Combien a-t-il péri d’arbres pour avoir été effeuillés ? Les chenilles fe mettent-elles fur les feuilles ? l’arbre foufre, & quelquefois périt. Audi peut-on avancer avec certitude que Igs feuilles font, à proprement parler, les poumons des plantes. Elles reçoivent l’air ainfi que les fël$ yiyifians qu’il charrie, Introduits , ils produifent fur îa feve un, effet pareil à celui que l’air refpiré par les animaux produit fur la mafTe du fang.,
- Si la chaleur du jour fatigue les arbres, en faifanr exhaler en trop grande abondance les liqueurs qui lui font propres , elles font réparées promptement par la rpfée 8c par les fucs répandus dans fatmofphere, que les feuilles pompent la nuit» Quel plaiflr de voir la yerdum ;4^ triatin ! Les teintes en font plus claires, plus nettes » moins foncées les feuilles reprennent ]eiir vigueur.
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- I! régné entre les feuilles 8c les branches un commerce continuel de végétation. Si on renverfe une branche en fens contraire de fa fituation, bientôt les feuilles fe reploient, 8c reprennent leur afped, de façon que la furface fupérieure de la feuille fe trouve toujours regarder le ciel, & l’inférieure la terre. Le premier côté eft ordinairement lifte 8c d’un verd foncé ; l’autre eft en relief : fon verd eft plus blanchâtre 8c moins vif.
- La feuille décide en partie de la qualité du bois. C’eft par fa couleur qu’on reconnoît fi un arbre eft malade ou non : c’eft par fa vigueur qu’on juge de fes befoins. En général une feuille nette 8c fou-tenue annonce un arbre bien conformé, vigoureux , 8c fur la force duquel on peut compter. :
- Mais en voilà a fiez fur cet article : confidérons les racines.
- Des R A c ï nés.
- Nous avons parlé du bois, de fa texture, de fotl organifation ; nous avons vu les fondions de la tige ©u tronc de l’arbre , celles des branches, ainfi que les opérations & les propriétés des feuilles. Voyons actuellement Ce que font les racines : développons leurs fondions 8c leurs rapports.
- Les racines font les premiers agens de la nutrition. Ce font les orifices des vaifteâiux de l’arbre qui rem-
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- plifferit les fondions de bouche & d’æfophage. Elles tranfmettent dans les vaiJTeaux les focs nourriciers quelles pompent &: cirent de la terre. La première racine , qui eft à plomb de la tige, fe nomme pivot, 8c s’enfonce profondément fi la terre eft bonne & abondante en focs qui puiftent lui convenir. Il y a tel chêne qui dans Ton origine n’avoit qu’une tige de fix pouces de haut, dont le pivot étoit de plus de quatre pieds y une fois coupé, le pivot ne s’allonge plus. Les racines d’ailleurs près du tronc fe partagent de fe fob-divifent à l’infini, & forment des chevelus qui s’im-mifce.m dans les molécules terreftres , & y ramalTens: les focs différens, qui font propres à la nutrition de l’arbre. Elles fervent aufli à maintenir la tige dans une pofition perpendiculaire , 8c à l’empêcher d’être ren-yerfée»
- Les racines 8c les branchés ont des rapports intimes : elles fe ramifient 8c fe fubdivifent à peu près uniformément. Un arbre qui n’a que de petites branches mal nourries, a fes racines grêles, foibles 8c peu abondantes.
- Au forplus, l’organifation des racines eft la même que celle de la tige & des branches. Elles font formées de moelle, de corps ligneux, de couches corticales , avec cette différence cependant , que ces dernieres font toujours focculentes.
- Nous venons de développer l’organifation, latex-
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- ture & la formation du bois. Nous favons qu’un arbre eft compofé de racines, d’une tige 8c de branches. Nous avons confidéré que chacune de ces parties étoit formée particulièrement de fibres longitudinales 8c tranfverfales, qui en faifoient la contexture, à laquelle on ne peut faire trop attention dans l’emploi des bois„ pour en tirer avantage, 8c profiter de toute leur force. Rien de mieux ; 8c nous en aurions dit allez , fi la nature j qui a toujours la même marche, au moins pour les mêmes objets , ne rencontrait pas d’obftacles qui l’obligent à varier. Telle que Prothée, elle s’afifu-jett.it aux accidens ; 8c delà ces compofés bizarres : delà aulîi les bonnes 8c les mauvaifes qualités. Tâchons d’en découvrir les caufes : examinons le bois dans fon origine. Prenons le gland : femons-le ; paf-fons en revue les différens terrains ; choififions celui qui peut lui être le plus favorable : plantons-le ; fai-fous toutes les opérations convenables; pefons les différantes expofitions ; confidérons-en les réfultats ainfi que ceux de la végétation 8c ceux de la feve : parcourons les taillis, les futaies : voyons s’il eft des moyens de remédier à certains vices de bois dont nous aurons découvert les caufes, récorcement par exemple, &c. Telle eft la marche que nous allons tenir. Nous rapporterons enfuite les expériences des plus habiles Phv-ficiens fur la force des Bois de Charpente ; nous en peferons les réfultats. Nous établirons des principes
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- far la refente des bois, fur la maniéré de les employer, 8c fur la main-d’œuvre la plus favorable. Nous mettrons à contribution tous les Phyficiens, 8c nous ne rougirons pas d’annoncer que nous avons trouvé les plus grandes lumières dans la pratique de quelques-uns de nos Charpentiers. Le bon fens, l’ufage 8c une grand® routine leur infpirent par fois d’excellens moyens.
- Du Gland.
- Le gland eft le fruit du chêne 8c fa femence. Il eft ovale, porte un pouce environ de long fur fept à huit lignes d’épailfeiir. Nos premiers Peres s’en font fervis pour nourriture : il faut avouer cependant que fou goût eft bien acre 8c peu fuave. Le meilleur pour fe • mer eft celui du chêne blanc. Nous l’avons déjà ob-fervé ; c’eft l’efpece qui vient la plus forte, la plus belle, 8c la plus propre pour nos Charpentes. Les glands qui tombent dans les premiers inftans, 8c d’eux-mêmes , ne valent rien : ils font pour l’ordinaire piqués des vers } 8c quand on veut avoir de bonnes fe-mences, il convient prendre des précautions pour les recueillir : il s’agit d’un peu de foin 8c de propreté. Lorfque la faifon avance , que l’on voit le gland jaunir, 8c qu’il tient peu dans fa coupe, c’eft un ligne de maturité j il en faut faiftr le moment, 8c le récolter. On doit alors choifir les chênes les plus beaux 8c d’environ une centaine d’années. On préparera la place
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- au-deftbus , en la faifant balayer pour recevoir 8c ra-malfer plus proprement le gland que l’on abattra avec des gaules ; 8c l’on fecouera doucement les branches, afin de ne pas meurtrir le fruit.
- Pour enfemencer un arpent compofé de cent perches, à vingt-deux pieds par perche, qui eft la melure des bois du Roi, il faut dix-huit boilfeaux de glands, mefure de Paris. Chaque boiifeau revient en général depuis quinze fols jufqu’à trente , félon le temps , le lieu , fuivant aufli que le fruit en eft plus ou moins bien choifi ; 8c qu’il n’eft pas mêlé avec d’autres efpeces : mais, dans tous les cas, il éft mieux d’en faire la récolte foi-même, 8c d’après fon choix : on eft au moins sûr de fon opération.
- Quelques Foreftiersemployentuneplusgrande quantité de femence par arpent que nous n’avons avancée ÿ d’autres en veulent moins : celle que nous propofons j eft la moyenne proportionnelle d’après les expériences réitérées des meilleurs Cultivateurs. Le terrein plus ou moins bon peut y apporter des nuances : d’un côté il fe perd bien des femences par les bêtes fauves, les oifeaux, la vermine, les intempéries de l’air : mais de l’autre, les foins 8c la vigilance peuvent obvier à bien des inconvé-niens. C’efi à la prudence à jouir de fon empire, à faire valoir fes droits : il n’y a pas de réglé fans exception.
- Revenons au choix du gland. Il faut , comme nous l’avons dit, que l’arbre qui le porte ait une cen-
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- tame d’années, qu’il foit bien fain, vif &C vigoureux * & que ce foie aufti un chêne blanc, à caufe de la beauté de l’efpece. Le fruit d’un trop jeune chêne ou d’un trop vieux tient de la foiblefte de l’âge; ôc, quelque beaux que foient en apparence le fruit de pareils arbres , vous ferez la viétime de leur produit s 11 vous vous y confiez. L’expérience nous le prouve : nous le voyons dans l’efpece humaine. Il faut être formé , ôc n’être ni décrépit, ni trop jeune, pour produire des corps robuftes,v& fur la fanté defquels on puilTe compter. Obfervez la nature , ôc fuivez la route qu’elle vous trace. Tout fruit prématuré ou trop tardif perd beaucoup de fa qualité. Au furpîus , nous obferverons encore , que le chêne ne porte pas de gland avant feize à dix-huit ans : quand il eft produit avant ce temps, c’eft une exception à la réglé.
- Maniéré de semer le Gland.
- Le gland fe feme dans deux faifons , le printemps ôc l’automne. Si c’eft dans le printemps , en Février ou Mars , la terre doit être préparée d’un labour pendant fhyver, Ôc d’un fécond avant de femer. Le gland qu’on defirera employer, fera rnis pendant l’hyver dans un endroit à couvert. On le placera par lits dans du fable , ou de la terre bien feche. Alors il fe développera infenftblement fous fon enveloppe ; ôc préparera (on germe à la percer. On fera attention qu’il ne
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- jette pas de racines : il s’épuiferoit.Jl faut même empêcher qu’il ne germe trop, pour érôter que le chevelu ne s’entrelace : on rifqueroit de le cafler en fé parant le gland. Apportez donc tous vos foins à cette première préparation , ils font eflentiels. Le gland abandonné à lui-même dans un endroit trop chaud , fe deiféche j dans un humide il moifit : les lieux frais 8c fecs font les plus propres pour fa confervation.
- S eme-t-on en automne , c’eft-à-dire, en Novembre 8c Décembre ? un labour fuffit : mais il faut plus de glands alors , à caufe des animaux de toute efpece qui ont befoin de pâture, 8c qui fe rejettent fur les femences.
- Dans l’une 8c l’autre faifon, vous fernerez votre gland dans les raies que nous avons prefcrites, faites à la cha-rue, à un pied environ de diftance l’une de l’autre, 8c de trois pouces de profondeur, peu plus ou peu moins. A fix pouces , il faut l’avouer , le germe perceroit, mais il ferait tardif} 8c pour peu qu’il rencontrât d’obftacle , il avorterait. S’il étpit couvert de neuf: pouces de terre , il ferait étouffé} 8c perdu. Quel eft le terme ?
- La qualité feule des terres doit décider de la profondeur à laquelle le gland doit être placé. Plus une terre fera légère , plus on aura foin de l’enfoncer. Dans une terre forte trois pouces fuffifent > dans une
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- terre moyenne, quatre pouces j dans une terre légère £
- cinq pouces.
- On fent que, pour le mettre dans les raies, il ne faut pas le jetter à la volée, comme le bled ou autres femailles : on le répand à la main , ainfi que les Jardiniers font pour leurs graines.
- il eft encore bon d’obferver que nombre de Foref-tîers , pour prévenir le delTéchement des femences , les abriter, & fe réditner en partie des frais de labour ou autres faux frais, fernent de l’orge ou de l’avoine, la première année, le gland étant recouvert. L’herbe qu’ils produifent, empêche l’aélion du foleil , retient la rofée : alors même les racines & le chaume fervent d’engrais pour l’année fuivante. On ne peut qu’applaudir à cette pratique \ mais il faut avoir foin de femer en ce cas un peu clair, même à demiefemencej & il convient déporter fon attention à faucher moins près de terre qu’on ne fait ordinairement. Il n’en eft pas de même pour le gland : nous dirons qu’il eft toujours plus avantageux de femer plus épais que moins, non-feulement à caufe des accidens , mais aufti parce qu’un fends ne fait que languir , jufqu’à ce que les petits arbres foient parve^* nus à étouffer l’herbe qui croît à leurs pieds ; il eft d’expérience que la quantité de plant en vient à bout* Au furplus, fi les nouveaux arbres fe nuifent pour être trop près les uns des autres, on les fait éclaircit : on
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- en cire partie pour des pépinières j les élagages en font plus abondans, & rapportent en conféquence.
- O11 peut également établir les bois, ou en femanc ou en [plantant. Nous parlerons de ce fécond moyen : mais pour le moment, nous obferverons que femer eft de beaucoup plus économique que planter ; 8c que même c’eft la feule façon d’opérer par la plus grande partie des propriétaires, lorfqu’il eft queftion d’objets de quelqu’importance.
- Terrein s.
- Les pays montueux font deftinés aux bois. C’eft prefque le feul moyen d’en tirer un parti favorable, à moins qu’ils ne foient fitués dans des provinces peuplées , 8c propres à produire de bons vins. La culture des terres dans les plaines eft fi facile, que communément on 11e les deftine pour les bois, que lorfque le fol fe trouve d’une qualité très-médiocre, 8c fe refufe à la production des vignes ou des prés.
- Les terres légères font convenables pour les femis : les terres fortes font préférables pour PaccroiiTement des arbres. Ces dernieres cependant portent avec elles un grand inconvénient} mais avec de l’attention on en triomphe. Quand l’hyver eft humide , 8c que le printemps eft fec, cette forte de terre, battue par les pluies, furprife 8c defiechée par le foleil, forme une croûte qui empêche fouvent la jeune tige de fortir de terre.
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- Paroit-elle ? ferrée ôc meurtrie fouvent par les efforts de fon accroifTement ôc de la dureté du terrein qu’elle veut percer, elle eft arrêtée dans fes progrès, elle languit, fes bleffures fe convertirent en maladies j elle ne peut éviter les ulcérés, les chancres. Mais le remede eft prompt} il eft eflfentiel de faire herfer alors pour rompre cette croûte : mais il faut agir prudemment, & avant que les têtes des nouveaux arbres Portent de terre, en fe montrant au-dehors. D’ailleurs, le chêne fe plaît de préférence dans les terres fortes, quoiqu’en général il s’accommode de toutes fortes de terreins. Mais la nature du bois participe du fol dans lequel il fe trouve. Il devient tendre ôc gras dans les terres humides ôc dans les fonds de glaife. Dans un terrein caillouteux, avec des veines de bonne terre, il eft dur ôc fier. Dans la bonne terre franche Ôc fans humidité, le bois eft beau, plein, fort, robufte ôc d’une qualité parfaite. Sous la terre fertile fe rencontre-t-il du gravier? il eft ferme & de bon emploi. Il ne pourra fournir que du taillis, fi le tuf, la craie, ou la carrière font à peu de profondeur.
- En effet un pied d’épaifteur de bonne terre ne peut nourrir que de foibles taillis. Pour de bons taillis, il faut plus de deux pieds. Aux arbres qui doivent être une demi-futaie, il fuffit de trois pieds ; ôc il faut au moins quatre pieds'pour une haute futaie. Au furplus, le plus ou moins de hauteur peut varier de quelques
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- degrés , en conféquence des fels 8c des fubftances des terreins.
- Le bois d’un chêne élevé dans des terres aquariques 8c marécageufes , avec un fond de tourbe , fera très-léger :fes fibres feront molles, fes pores larges. On si’y trouvera pas le. vernis du bois de chêne crû. dans un bon terrein. On s’apperçevra aifément qu’il eft dénué des parties gélatineufes, qui conftituent la bonne qualité du bois. Si on fait attention aux copeaux qu’on enlèvera à la coignée ou à la varlope, on les trouvera fe détacher par parcelles, 8c ne pas former de rubans, fuite de l’union 8c de l’intenftté du corps du bois. La couleur en fera jaune , foncée, terne 8c tirant fur le roux : à la partie près des racines, on le trouvera noir & reffemblant à de l’ébene.
- Dans les terres maigres, légères ou arides, abdique dans les fables où l’eau paffe aifément, le bois tiendra des défauts des terres marécageufes. Peu de liaifon, point de confîftance^ point de force. Ces terres font de différentes couleurs : il y en a de jaunes., de rouges , de grifes 8c de cendrées.
- Les terres légères, dont quelques-unes font rouges, les autres noirâtres, dont le fond eft en quelque forte mouvant, ne peuvent conftituer de beaux arbres. Ils font fees , maigres , 8c pour l’ordinaire chargés de chancres, qui les appauvriffent & les altèrent.
- Les arbres deviennent très-beaux, 8c de bonne qua-*
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- îité dans les gîaifes mêlées d’autres terres , qm én diminuent la ténacité. Mais le bois en eft tendre comme celui qui croît dans les marécages. Il y a différentes couleurs de glaife : il y en a de bleue, dé rouge, de blanche, de jaune, de verte & de nombre d’autres nuances, par le mélange des grains métalliques. Les glaifes vitrioliques font les moins propres à la végétation.
- Les terres franches , limoneufes & ferrugineufes font fertiles. Elles font de différentes couleurs : mais, pour les arbres , leur qualité eft égale ; elle eft même excellente , & ils y deviennent très-grands, fi la profondeur du terrein le permet, comme nous l’avons obfervé.
- Lorfque ces terres font plus feches qu’humides, les bois en font ordinairement d’une couleur jaune-pâle, vif& brillant, le grain ferré & d’une texture uniforme. Dès les premiers inftans, & avant que l’arbre foie parvenu à fa grofTeur, le bois a acquis de la dureté : coupé, il fe féche aifément, n’eft pas fujet aux vers, & pefe alors deuxfeptiemes de plus que celui d’un terrein trop humide. 11 eft fort par fon organisation : il eft en état de porter de grands fardeaux j & s’il rompt, c’eft par éclats, en faifant beauconp de bruit. Il n’en eft pas de même du bois gras & tendre : fui-vant l’expreffion du vulgaire , il fe brife & fe caflè comme un navet. Quant aux bois du tèrrein dont
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- nous parlons, ils font fujetsàfe gercer & fe tourmenter ne fe delfcchant : c’eft une fuite des parties fixes qui y rélident.
- Le chêne qui croît dans les terres où il y a des mines de fer, eft dur , fort, ruftique, 8c propre à la Charpente.
- Le terrein humide n’eft pas fi prejudiciable dans les provinces méridionales , que dans les climats moins chauds ; mais celui qui eft marécageux, eft toujours mauvais.
- Les arbres ne peuvent croître dans la pierre ni dans le tuf , la craie, la marne, ou même le fable pur. $f Ton en voit quelques-uns de beaux dans des terreins de roche , c’eft que ces malles ne fe touchent pas ? qu’il y a de la terre entr’elles ; & que les racines de ces arbres ont atteint des endroits du fol où il fe trouve des amas de terre alfez confidérables pour les nourrir. Au furplus, il eft indifférent que la terre foie noirâtre, grife, rouge, blanchâtre, ou de toute autre Couleur. Qu’elle foit franche ou limoneufe, forte ouf légère, humide ou feehe, il n’importe : pourvu qu’il y en ait alfez pour permettre aux racines de s’étendre, on y pourra élever des bois ; il ne s’agit que de l’ef-pece i mais conarde nous ne parlons que dû chêne , nous difons que cet arbre a fes terres plus ou moins favorables, & qu’on ne peut y apporter trop d’at? tendon. :
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- $2 Traité fur la force
- Climat.
- La température de l’air influe fur la qualité du bois : celui des pays chauds eft plus dur, plus folide; & CQîiféquemment plus pefant que celui des pays froids. Quoi qu’il en foit, la chaleur excéflive eft contraire à la produdion du chêne : on ne trouve point de ces bois fous la Zone torride : fl l’on en voit, c’eft fur les montagnes a l’expofition du nord, ou l’air eft par fois allez tempéré. Les froids extrêmes ne font pas plus favorables à ces arbres : on n’en rencontre point pafle Stokolm ; il n’y en a pas en Laponie. Il faut donc au chêne un climat tempéré ; le degré de chaleur de l’Efpagne & de la Provence femble lui être propice. Les chênes dans ces £ays font beaux, d’une belle venue , bien filés , forts &:robuftes : mais ils font fujets à fe gercer j en fe fléchant; 6c il faut beaucoup de précautions pour les en empêcher.
- Expositions.
- Sans entrer dans aucune difcuflion fur le côté le plus fort d’un a’rbre, relativement à fon expofition , ainfi que que l’ont fait plufieurs Sçavans , fans cependant avoir rien décidé, nous nous contenterons d’ob-jferver la conftitution entière de l’arbre, relativement à l’afped dont il eft frappé.
- Orient.
- Les arbres qui font à l’expofition de l’orient, reçois
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- vent les premiers rayons au foleil. La ttanfpiration s’ÿ établit au degré convenable, les vaiftèaux de l’arbre étant remplis de fev'e, la végétation eft des plus heu-reufe. Ces arbres d’ailleurs font rarement endommagés , foit par les vents, foit par les coups de foleil, foit enfin par les fortes gelées. Mais ils fouïfrent volontiers de celles du printems , furtout *quand la glace eft fondue par le foleil} car fi elle eft réduite en eau avant le lever de l’aurore j il n’y a plus le même effet à craindre. C’eft pour cela qu’on trouve quelquefois dans les forêts les jeunes pouffes de chêne entièrement brûlées de ce côté, pendant qu’elles confer-vent leur verdure aux autres expofitions. Quoi qu’il en foit j dans cette fituation, les arbres font beaux, droits & d’une belle venue.
- Occident.
- Les arbres qui font frappés de cet afpeét, font pour l’ordinaire endommagés par les vents du fud-oueft , qui font durs & violens. Souvent les branches en font rompues} quelquefois même le corps de l’arbre eft déraciné, renverfé. Le foleil n’y paroiffant que fur les trois heures après midi > les arbres ne jouiffent presque pas de cet aftre pendant l’hyver. Auffi les verglas n’y font-ils pas à craindre, de le foleil n’y peut-il 'augmenter les gelées du printems : mais , comme nous venons de l’obferver , c’eft cette expofition qui fouffre le plus des ouragans & des grêles de l’été &
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- du printems. Les arbres y font fatigués , grêles, mais de bon fervice ; par fois cependant ils font roulés, ont des chancres & des goutieres.
- Nord,
- L’expofition du nord eft abfolumerît privée pendant î’hyver des rayons bienfaifans de l’aftre du jour. La neige s’y accumule > 8c y fond difficilement. Dans les grands jours, le foleil l’éclaire obliquement pendant quelques heures du matin 8c du foir. Le vent qui la frappe,j eft le plus fec 8c le plus froid de tous. Néanmoins la tranfpiration des arbres eft fi foible , que l’humidité n’y manque pas. Les fibres du bois font dures 8c ferrées : les arbres y font droits 8c bien filés , mais ils croiffent lentement, parce qu’ils font peu frappés du foleil, qui eft le grand moteur de la feve.
- Midi,
- Lé foleil ne commence à frapper cette expofitîôn * que vers les dix heures. Les gelées du printemps font alors communément réfolues en eau. A midi les arbres font échauffés par le foleil ; & ils font fouvent humeétés par les pluies des orages qui fe forment fréquemment de ce côté. Pour peu que la terre foit forte , on les voit pouffer avec vigueur. Si la terre eft légère y 8c que l’année foit feche, les arbres foùffriront d’autant plus ? que leur tranfpiration &
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- celle de la terre font plus violentes. En général cependant , l’a&iondu foleil eft toujours avantageufe , quand l’humidité ne manque point. Les arbres y font beaux, d’une belle venue , 8c leur bois d’une bonne eonfiftance.
- Il réfulte donc de ces obfervations fur les différentes exportions, que celles du nord 8c du levant font préférables pour les terres feches 8c légères, parce que la cranfpiration eft modérée. Au contraire, pour les terres fortes, froides 8c humides , où la feve eft plus abondante, en ce que la tranfpiration eft plus fréquente , l’expofition du midi eft à préférer , 8c celle du couchant eflr la moindre ; elle n’a aucun attrait.
- Des Vents.
- Le vent opéré beaucoup fur la qualité du bois ; il eft plus ou moins dangereux, plus ou moins violent, plus ou moins favorable; 8c le chêne en éprouve les variétés dans fa croiffance. S’il eft expofé à un vent modéré, le mouvement de fa feve eft ranimé par une douce agitation. La tranfpiration, qui agit par l’adion de l’air, du foleil, & qui eft effentielle à la végétation , augmente 8c devient précieufe. Si le vent eft chaud 8c modéré au printems , il defféche la rofée 8c empêche les effets de la gelée. Ce font les vents de l’eft 8c du fud-oueft qui defféchent les feuilles, fatiguent les jeunes arbres, 8c les brifent.
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- Tels font les effets des vents. Quelles en font le-? conféquences ? C’eft qu’ils font néçeffaires à la végétation , à la tranfpiration, qu’ils donnent le mouvement à la feve} mais qu’il eft un terme, & que le trop eft excès. Un arbre abrité des grands vents., eft pour l’ordinaire d’une belle venue, eft bien filé , 8c fait l’honneur du canton. Celui au contraire qui en eft battu ,,devient tortueux, rabougri, roulé , tranché , couvert, d’ulceres & de chancres.. U eft expofé à toutes les maladies que la trop grande fatigue, les efforts 8c les bîeffures différentes peuvent occasionner.
- De la Situation des Arbres.
- Le même raifonnement fe fera pour la fituation des arbres, relativement à leur plantation. Des montagnes aux vaffons, &c. mêmes degrés de nuances pour les qualités ou pour les défauts.
- Les arbres qui couronnent le fommet des montagnes font pour l’ordinaire battus des vents, frappés de la foudre , & fujets à éprouver les effets funeftes de la grêle 8c des ouragans. Ils courent les mêmes rif-ques, 8c fubiffênt les mêmes iticonvéniens que ceux qui font expofés aux grands vents.
- La mi-côte & la colline ont de grands avantages. Les arbres occupent plus d’efpaçe -y ils ont plus d’air, & ils tranfpirent fuflSfamment. Les racines ont plus de jeu : elles fuivent la pente du côteaii j leur nourri-
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- tu're 'eft plus abondante, l’ombre des branches né les empêchant pas de s’abreuver des pluies, des rofées, 8c de recevoir les rayons du foleil. Ils font d’ailleurs moins fujets à la gelée, que ceux qui font en plaine ou dans l’intérieur des forêts. Les bois de ces cantons ne peuvent qu’être d’une qualité parfaite : ils font droits , forts & robuftes.
- Les bois qui croiffent dans les vallées feches font d’une bonne qualité } 8c y viennent en abondance. Le fond de la vallée tient-il du marécage ? la nature du bois en eft médiocre , mais la quantité s’y rencontre.
- Les plaines ne font pas battues des vents. Les arbres y font ferrés, droits, bien filés, d’une belle venue ; mais le bois en eft tendre 8c gras. La plaine qui a un peu de pente, eft fans difficulté la meilleure fittiation. n
- Les arbres ifolés s’étendent en branches 8c font fujets à être tranchés , roulés. Ils ne s’élèvent pas droits pour l’ordinaire : mais comme l’air les frappe de tous côtés, ils font fermes 8c de bonne qualité.
- Il en eft de même des arbres venant fur les lifieres des forêts, en y ajoutant encore les effets des différentes exppfitions.
- Les arbres renfermés dans l’épaifteur des futaies font plus tendres que ceux des lifieres : leur corps <eft beau , bien filé , 8c produit de belles 8c longues pièces de Charpente,
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- Les valions font-ils trop renfermés par la chaîne des montagnes ? l’arbre n’y vient pas comme il faut : il efl rabougri ; fa croiffance & fes pouffes font pref-que toujours arrêtées par les gelées fréquentes de tous les mois de l’année.
- Intempéries jd e l’A'I r.
- Pafïons aux intempéries de l’air : parcourons les dé-fordres quelles peuvent occafionner. Confidérons les gelées, les trop grandes chaleurs, les pluies & la fé~ cherefTe»
- Les Gelées.
- Celles du printemps caufent beaucoup de dommages dans les terres légères , dans les vallons à l’abri du vent, & fur les collines expofées au levant & au midi. L’humidité qui régné ordinairement dans ces lieux, Se le foleil qui frappe fur les arbres avant que la glace foit fondue, en font les caufes. Les bourgeons & les jeunes pouffes fouffrent beaucoup de ces effets funeftes.
- Souvent par les grandes Sc fortes gelées les arbres éclatent avec grand bruit, & fe fendent en leur longueur. En 1709 on en fit une trille expérience. Le temps étoit humide, une gelée violente prit tout-à-éôup : en falloir-il davantage ? Revenons aux gelées du printemps.
- Cette gelée agit plus vivement fur les bois taillis s> l’expofition du midi qu’à l’expofition du nord ; on m
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- des Bols de Charpente. fent la caufe , on la voit dans l’humidité. Elle fait périr les parties qui font à l’abri du vent, 8c elle épargne tout dans les endroits où il peut paffer librement. La gelée fe fait auffi fentir plus fouvènt 8c plus vivement dans les endroits bas où il régné des brouillards. Auffi dans ces cantons le bois n’eft-il jamais d’une belle venue, ni d’une qualité fupérieure, quoique fouvent ces vallons foient fur un fond meilleur que le relie du terrein. Le taillis n’eft jamais beau dans les terreins bas, à caufe de la fraîcheur qui y eft toujours concentrée. Quoique le bois y poulfe plus tard que dans les parties plus élevées, les pouftès y font endommagées par la gelée, qui, en gâtant les principaux jets, oblige les arbres à pouffer des branches latérales j ce qui rend les taillis rabougris, 8c hors d’état de faire jamais de beaux arbres.
- Les trop grandes Chaleurs.
- Les trop grandes chaleurs excitent les fermentations, les épuifent, defféchent la feve, précipitent la tranfpiration. Plus d’humide, plus de végétation : tout eft en fouffrance j 8c le chene en eft plus fatigué que biej,i d’autres arbres. Nous avons vit qju’il lui falloir un climat tempéré ; & que, fous la Zone torride, on n’y en rencontroit point. Par trop de chaleur ies feuilles fe defféchent \ l’écorce devient aride ,, cet arbre ne fait pas de progrès.
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- Les 'Pluies.
- La rofée, une pluie douce font amies des arbres : elles les vivifient. A leur douce influence ils reprennent la verdure que la chaleur leur avoit enlevée. Les pluies ordinaires deviennent favorables pour diffoudre les fels , répandre-un humide que la terre faifit , & qu’en bonne mere elle fait répartir à propos. Les pluies trop abondantes font aufli préjudiciables que les autres font falutaires. Elles occafionnent des ravines, forment des torrens, qui enlevenc les fucs nourriciers,. & fou vent déracinent les arbres. Tels font les effets qu’en éprouvent les collines..Les vallées font noyées, 8c la trop grande humidité eft contraire à l’arbre dont nous parlons. Il ne faut pas que la terre où il croît foit trop rafraîchie, ni que les fels foient trop diffous; la qualité en fouffre.
- La fécherejfe.
- La féchereffe porte avec elle les memes inconvé-niens que les trop grandes chaleurs. La nature eft , pour bien dire, dans une efpece de pâme , d’inertie, La fermentation de la feve eft fufpendue : les pores font ouverts j la tranfpiration eft trop abondante \ les feuilles ne reçoivent plus de nourriture , elles jaunif-fent, l’arbjre languit. Les fibres manquant de fucs nourriciers, la qualité du bois eft fouffrante j Sc delà: voyons-nous dans un arbre, par l’examen des couches
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- Jigneufes, la différence des années plus ou moins fechas : en raifon des temps, nous trouvons ces couches plus ou moins ferrées, plus ou moins épaifïès , plus ou moins vigoureufes. Avec un examen férieux, lesnuances s’en apperçoivent. Ce qu’on attribue aux caufes premières de la végétation ne viendroit-il pas en partie de ce principe? Je laide à plus favant que moi à le décider.
- Les réfultats des exportions, des fituations, des intempéries de l’air font les mêmes, puifqu’ils ont les mêmes principes. Voyons à préfent les maladie^ des arbres, ou plutôt les vices du bois. Cet Ouvrage doit les indiquer d’autant plus exactement ,* que les défauts qui fe rencontrent dans les bois, font les vrais deftruç-teurs de fes forces, & que les forces font l’objet de cet Ouvrage. Parcourons fes maladies : examinons les caufes : développons les principes} ce font les feuls moyens de pouvoir découvrir les vrais remedes nécef-faires. Si nous ne réunifions pas dans nos recherches , au moins ofons-nous dire que c’eft une des meilleures maniérés de connoître la bonne & la mauvaife qualité des bois.
- Abeilles. Les Abeilles ainfi que 1 tsFourmis font fou-vent attirées par la liqueur fermentante de la feve , 8c alléchées par la faveur mielleufe : elles y fixent leur demeure, s’y attachent, 8c font périr l’arbre en trois ou quatre ans , après l’avoir exténué & privé de fa fubf-tance 8c de fes fels. Il n’eft plus propre au moins à la
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- Charpente : on toléré les pauvres gens à le ramafler
- comme bois inutile.
- S’apperçoit-on dans l’origine de quelques ruches, ou fourmillieres? il faut les détruire : Ci elles font avancées, faites & formées, mettez-y le feu: obfervez cependant de ne pas attaquer l’arbre dans aucune partie, de le ménager, & de le garantir des fuites funeftes de la flamme. Quelques torches de paille ou d’herbes feches fuffifent pour cette opération.
- Abreuvoirs. Les abreuvoirs fe forment pour l’ordinaire aux aiflelles, qui font la réunion de deux ou trois branches. Le poids du givre ou les grands vents fépa-rent & détachent quelquefois ces branches d’avec le tronc. L’eau y perce, pénétré le cœur de l’arbre , elle le corrompt, 8c occafionne une pourriture intérieure de la naiflance de l’abreuvoir aux racines. On peut re-connoître ce défaut , l’arbre étant fur pied , lorfque fon écorce a de grandes taches blanches ou rouflès du haut-en-bas. Ces taches, comme on le fçait, font produites par l’altération de l’écorce, occafionnée par la pourriture intérieure. Ce bois ne peut s’employer à la Charpente : en peu d’années il s’échaufferait', & fe réduirait en poufliere.
- Agaric. L’agaric eft une plante parafite, ou plutôt une efpece de champignon , qui croît fur le chêne, 11 annonce un vice, quelque pourriture, ou que Tarbre eft ufé de vieillefle.
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- Le meilleur Agaric eft celui qui croît fur les vieux chênes : il eft aftringent j il arrête le fang dans les amputations. On fe fert alors, par préférence, de fa fubf-tance intérieure , qui eft plus fibreufe, plus ligneufe & plus molle que la fuperficie, qui au contraire eft rude & raboteufe.
- C amadoue , qui nous eft fi utile pour avoir du feu promptement, fe fait avec VAgaric.
- On l’emploie auiïi dans la teinture pour le noir.
- Aubier. L’Aubier eft la couronne du bois tendre qui fe trouve au-deffous de l’écorce, 8c qui n’a pas encore îa folidité requife. On doiç l’ôter quand on équarric le bois : autrement il ne feroit pas de vente. L’aubier s’échauffe , attire les vers, 8c fe décompofe.
- Bois de bonne xpialité. Un tel bois a fes fibres fortes 5 fouples, bien filées, vigoureufes 8c rapprochées les unes des autres. Les copeaux qui s’en font, lorfqu’on le taille, font lians , ne fe rompent pas féchement a mais fe féparent par filandres.
- Bois courbe. Ce bois eft précieux pour la Marine 5 il eft néceffaire pour la conftruéHon des vaiffeaux. La partie fupérieure de ces arbres fouffre beaucoup quand ils font chargés de givre : le poids les entraîne j 8c pour l’ordinaire la partie convexe eft chargée d’une rnouffe épaiffe qui y fomente des défauts, y conferve ,pne humidité perfide, qui entretient le bois plus tendre en cet endroit} 8c fouvent y occafionne des gouttières*
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- Double Aubier. Ce font les cernes d’aubier entremêlées avec celles de bon bois. Le défaut eft effentiel : en effet, ce double aubier tombe prefque toujours en pourriture , étant très-rare qu’il reprenne fa nature de bois y Ôc fi toutefois la vigueur de l’arbre luifaifoit fur-monter le vice dont il pourrait être entiché , il lui ref-teroit toujours une altération qui empêcherait qu’on le pût mettre au rang du bon bois , pour être employé en entier. Les terreins maigres ôc fecs occafîonnent cette maladie.
- Bois gras. Les pores de ce bois font grands de ouverts ; les fibres font feches, la couleur eft terne : elle eft d’un roux tirant fur le fauvage. Les copeaux font âpres ôc fe caffent net, au lieu de former le ruban ; ils fe réduifent en parcelles, lorfqu’on les froide dans les doigts. En examinant ce bois à la loupe,on le voit d’une aridité qui n’offre rien de fatisfaifant. Auffi fe rompt-il fous la moindre charge , ôc fans faire d’éclat. L’humidité le pénétré aifément ; ôc une futaille faite de ce bois, dépenfe beaucoup plus de liqueur que celle dont lès douves feraient d’autre bois.
- C’eft mal-à-propos qu’on le riomme gras: il devrait â’àppeîler Bois maigre. On en peut juger par la def-èriprioii que nous venons d’en donner. Cependant ïiôüs dirons que fi ce bois n’eft pas propre pour la Charpente , il eft utile pour la Menuiferie : il s’en fait de beaux ouvrages dans les intérieurs. En effet le bois
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- que nous appelions improprement Bois de Hollande n’eft autre chofe que du bois fort gras.
- Bois gélïf. La gélivure eft une fente qui s’étend du centre de l’arbre à la circonférence. Cette maladie eft occafionnée par les fortes gelées qui font fendre les arbres , & féparent les fibres ligneufes.
- Bois gélif entrelardé. Quand il y a dans un arbre de l'écorce morte j qui fe trouve recouverte par de bon bois , ou même de 1 aubier mort j c’eft une gelivure entrelardée. Les ar >res plantés fur les coteaux y font plus fujets que les autres par l’aétion du foleil , du verglas 8c des gelées. On reconnoît qu’un arbre eft entiché de cette maladie, par un cercle blanc ou jaunâtre qu’on voit dans les bouts de ce bois, lorfqu’il eft abattu. Lors de la refente on s’en apperçoit encore mieux par des bandes blanches 8c jaunes, qui font vergetées comme du marbre. C’eft une fuite des rigueurs de l’hyver , qui d’abord a fait fendre le bois, & qui a gelé l’aubier au-deffous de l’écorce. Alors l’aubier ne pouvant participer à la feve du printemps , la laifife échapper : ce qui occafionne l’inferfion de l’écorce. En effet, l’abondance de la feve la recouvre infen-fiblement, & forme naturellement un nouveau bois par-deffus. Il eft aifé d'en appercevoir la marche dans
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- Bois mort. Le bois mort fur pied ne vaut rien. Il eft privé de toute Ta fubfiance : il ne peut que le décompofer, & tomber en pourriture.
- Bois noueux. Ce bois en général n’eft pas propre pour la Charpente. Les veines en font tendres , les nœuds pénètrent dans le corps de la piece, &: la tranchent. Elle pÿlit d’autant moins réfifter au fardeau que la quantité des nœuds détruit les fibres , & que quelquefois les nœuds mêmes font vicieux. Un tel morceau de bois ne peut fer*vir.
- Une piece cependant de bois noueux à laquelle les nœuds n’apporteroient pas une grande altération, par la maniéré dont ils la pénétreroient, qui d’ailleurs fe-roit faine \ , comme difent les ouvriers, rujlïque &
- rebours , une telle piece réfifteroit longtems aux intempéries de l’air. Aufii employe-t-on fans difficulté un pareil bois pour former des, digues, des éclufes, ou d’autres ouvrages expofés aux injures du tems, <k qui ne demandent pas grande propreté. Ces arbres font aufii excellens pour réfifter aux frottemens ; & on ne les dédaigne pas toutefois pour la conftru&iosn des vaifieaux.
- Bois rehour. C’eft un bois dur & fin, dont les fibres, quoique dirigées en différens fens, font fortes, vigou-reufes & ruftiques. On ne peut le travailler proprement : mais il réfifte au fardeau.
- Bois rouge. Lorfque la couleur du bois eft rouge,
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- elle annonce un arbre qui eft fur le retour, qui dégénéré 8c manque de fubftance. Lorfque le bois eft fur pied , on peut le foupçonner de ce défaut, quand le long de la tige on trouve des amas de petites branches , chargées de feuilles vertes, alors il n’eft pas d’un bon uiage : il faut le rejetter.
- Bols pouilleux : c’eft un arbre couvert d’ulceres 8c de chancres qui en altèrent l’écorce, 8c dont le bois eft piqueté de taches brunes»
- Bols roulé : eft un bois, dont les cercles concentriques ne font pas unis & adhérens les uns aux autres.’ Ce vice augmente , quand l’arbre fe delféçhe. On voit alors une couronne de bois vif, qui entoure un noyau de bois qu’on peut faire fortir à coup de malfe, lorf» que le défaut s’étend en toute la circonférence. Souvent même, lorfque la pourriture s’en eft mêlée, peut-on les défunir avec la main fans aucun effort : on diroit que c’eft un couteau qui fort de fa gaine. Les vents qui furviennent dans les temps de feve, occàfionnent cette maladie , en dérangeant l’adhérence de la nouvelle couche ligneufe avec les précédentes.
- Bols Roux. Le bois roux, terne, tirant fur le fauve» eft un fïgne certain de retour & d’un commencement d’altération dans le bois. 11 ne faut pas l’employer : il fe pourrit, 8c fe décompofe aifément.
- Bols tendre eft le même que le bois gras. On le re~ connoît fur pied, lorfque l’on voit une écorce épaifï®
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- ôc blanche fur un chêne qui eft encore' en état de croître.
- Bois tranché eft un bois dont les fibres font altérées par les nœuds fréquens, ou bien dont les fibres font mal filées, ôc ne font pas droites. Ce bois étant débité j n’a pas de confiftance : il cede au moindre fardeau j il rompt fous fon propre poids.
- Bois verdy eft un bois nouvellement abattu. On ne peut s’en fervir qu’au bout de trois ou quatre ans qu’il a été coupé : autrement, rempli de feve, cette liqueur ne tarderoit pas à fermenter, s’échauffer, & à faire périr le bois. En deux ou trois ans, il tomberait en poufïiere, furtout s’il étoit recouvert.
- Blanc de chapon. On appelle blanc de chapon des veines blanchâtres & vergetées qui fe trouvent dans le bois. Ce figne indique un commencement de pourriture, ou d’autres vices, tels que gantières, ou gelivure,, ou roulure, ou double aubier, qui ne tarderont pas à paraître, lorfque le bois aura perdu fa feve.
- Bourlet : les bourlets & les élévations en forme de cordes, qui fui vent la diredion des fibres du bois p indiquent une gelivure intérieure.
- Cadranure : la cadranure eft une gelivure dans le cœur du bois. Elle reffemble aux lignes horaires d’un cadran , & provient de l’altération dm cœur du bois. Les arbres qui font fur le retour en font volontiers attaqués. On peut employer ce bois à la fente , en ôtant la cadranure.
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- 'Carie : la carie eft une efpece'de moififture, prove-hant du vice des racines mai-faines & pourries. Cette maladie arrive auiïi lorfque le bas du tronc de l’arbre eft affe&é par les intempéries de l’air, telles que le grand froid & le chaud exceftîf. Le fé'jour même d’une eau ftagnante &e corrompue au pied de l’arbre, peut occasionner ce défaut : la carie entraîne pour l’ordinaire l’exfoliation ; & jamais la plaie ne peut fe guérir tant qu’il en fuinte une humeur fanieufe. Mais lî cet écoulement peut cefifer, la cicatrice ne tarde pas à fe former.
- Champignon : le champignon eft une excreftence qui, ainfi que l’agaric, annonce la vétufté de la décomposition de l’arbre qui le porte.
- Chancre y ou le nœud pouilleux , qu’on nomme quelquefois grijette, eft une efpece d’ulcere qui altéré de l’écorce & le bois. 11 fuinte en tout temps, même pendant la féchereiïe, une eau roulîe , âcre 8c corrompue. Une branche arrachée fans précaution, & caftee par éclat, eft le principe de ce mal, qui fouvent fait de grands progrès dans le cœur de l’arbre, fous la forme d’une queue de vache. Pour s’affurer du progrès & de la*profondeur de la maladie, on découvre le nœud vicieux le plus près de la cime : on le fonde j & fi on en tire du bois vergeté ou rouge , l’arbre doit être rebuté ; il eft même inutile de fonder d’autres àiœuds j celui-ci fuffît.
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- Chute précipitée des feuilles : une telle révolution annonce qu’un arbre eft affeété de quelque vice, qui! perd fa fubftance, que fes racines ne font pas famés, qu’elles ne peuvent s’étendre dans le terrein , que la végétation eft fufpendue, & qu’enfin l’arbre eft fur le point de périr. Un coup de foleil peut quelquefois occalîonner tout ce mal.
- Cicatrice : la cicatrice eft la marque d’une ancienne plaie. Une branche caftée trop près du tronc en eft fouvent le principe. Si l’on apperçoit feulement une levre ou une petite roulure, l’arbre peut erre fain : mais il eft gâté, s’il fe trouve à l’endroit de la cicatrice une grande ouverture qu’on appelle œil de bœuf.
- Cirons : ce font de petits vers qui fe nourriffent dé la matière ligneufe , naturellement alfez tendre. Avec le temps, le bois tombe en poufîiere : il eft vermoulu j 8c dès-lors il eft privé de fbn élafticité.
- Couleur. A la couleur on peut prononcer fur la bonne ou fur la mauvaife qualité du bois. Le jaune-clair , ou couleur de paille, ainfi qu’une teinte couleur de rofe , annonce une bonne qualité. Ces couleurs uniformes , & qui deviennent plus foncées , a mefure quelles approchent du coeur, indiquent des arbres bien conditionnés. Si la différence n’eft pas fenfible, & la nuance non interrompue, le bois^eft d’une qualité parfaite. Y remarque-t-on des change-mens fubits de couleur, des veines blanchâtres, ver-
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- getées nommées aufli blanc de chapon ; c’eft un indice de pourriture. Quand les veines font ronfles, & femblent plus humides que le relie du bois vergeté de cette teinte, on doit y reconnoître un arbre fur le retour, &qui menace ruine. Mais nous en avons aflez dit fur cet article. Nous ne pourrions que nous répéter.
- Couronne : on appelle ainfi les branches de la tête d’un arbre. Si les feuilles en font jaunes , 8c fi les branches les plus élevées*font mortes ou languiflantes, alors l’arbre eft ce qu’on appelle couronné, il eft lue fon retour, & dépérit.
- Ecoulemens : les écoulemens de feve par les gerces de l’écorce annoncent le plus prompt dépériflement. Un arbre attaqué de cette maladie ne peut durer longtemps.
- Etoilé : arbre étoilé ou cadrané eft le même : il eft affeélé du même vice. Ce font, comme on l’a dit, des fentes qui partent du centre, qui fe croifent fous différens angles, &qui, par leur combinaifon irrégulière , altèrent la qualité du bois, êc annoncent en même temps que l’arbre qui en- eft entiché, devient fur le retour.
- Excrefcences : les excrefcences de la partie îigneufe, quelles quelles puiflent être, doivent rendre un arbre fufpeél de bien des défauts. On- peut regarder ces excrefcences locales comme des exoftofes. En général elles font d’un bois très’-dur : leurs fibres ont des di-
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- re&ions très-bifarres. C’eft un développement de îa partie ligneufe qui s’eO; fait dans cet endroit avec plus d’abondance qu’ailleurs. Il y a encore des exoftofes d’une autre efpece : au lieu de former une groffeur que l’on pourroit comparer à une loupe, elles produi-fent j dans toute la longueur de la tige, une éminence qui dérange la forme ronde de l’arbre. C’eft l’effet d’un coup de foleil ou d’une forte gelée, qui aura altéré les couches ligneufes nouvellement formées > 8c l’effet de la feve, qui tendant à réparer l’altération, occafionne ce bourfouflement. Cette définition eft d’autant plus naturelle, que l’on a vu tous les arbres d’une avenue être affe&és du même coté de ce reniflement. •
- Fibres torjes. Voyez Bois torfe.
- Flotage : le bois, pour être bon, doit être doté. Il ne faut pas qu’il foit trop long-temps dans l’eau % trois femaines fuffifent pour le dégorger de tous les fucs greffiers d’une feve mal digérée. Au défaut du flotage, il faudrait mettre le bois, avant que de l’employer , dans une eau claire 8c pure , pendant environ un mois, & ne s’en fervir de même qu’un mois ou deux après avoir été tiré de l’eau.
- Gelées : les gelées font de grands torts au bois ; elles produifent bien des maladies. Celles qui font occafionnées, par les gelées du printemps font bièn différentes de celles que les froids exceffifs ôc les fri-
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- des Bols de Charpente105 mats rigoureux de l’hyver peuvent amener avec eux. Dans la première faifon, comme les froids ne font pas de beaucoup au-deffous de la glace, les bourgeons feuls en peuvent fouffrir. C’eft un retard pour les pouffes de l’année , il eft vrai : mais auflî toutes efpé-rances ne font-elles pas détruites. Les gelées de l’hy-ver entraînent Couvent avec elles le plus grand défor-dre. Si l’été a été frais & humide, les jeunes branches 11’ayant pu parvenir à leur degré de maturité, ne peuvent réfifter aux gelées, même affez médiocres. Quand les gelées font extrêmement fortes, 8c précédées de pluies ou d’un temps humide feulement, les arbres périffent tout-à-fait, ou du moins ils reftent affedés de vices qui ne fe corrigent jamais. Tantôt ce font les gerces, ou les gelivures qui fuivent la diredion des fibres , ou les gelivures entrelardées j tantôt c’eft l’aubier double , c’eft l’arbre même qui éclate 8c fe fend avec un bruit extraordinaire j tantôt des branches endommagées , tandis que le tronc refte affez fain : d’autres fois c’eft un tronc qui périt pendant que les racines font faines & en état de faire de nouvelles produdions, &c»
- Gdivure : fente occafionnée par la gelée. Voye| Sois gélif.
- Gerfes : ce font les fentes qui font fur l’écorce du bois.
- Gerfure fe dit des petites fentes répandues fur la furface d’une pie^e de bois équarde»
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- fi 04 Traité fur la force
- Goutieres : les goutieres procèdent d’une altération intérieure des fibres ligneufes , qui occafionne des cicatrices par lefquelles la feve s’épanche & fe perd. Elles proviennent auflî quelquefois des nids d’oifeaux, des branches fourchues, des plantes parafites qui reçoivent l’eau, fomentent un humide qui perce, qui pénétre du haut de l’arbre aux racines, & le fait périr par les écoulemens d’eau & de feve qui pourriflent le bois intérieurement.
- Guy : c’eft une plante très-commune, & qui ne fe trouve jamais attachée à la terre. On ne la voit que fur des branches d’arbre dont elle fe nourrit, par des racines qu’elle jette dans l’écorce & dans le bois même de l’arbre auquel elle eft inhérente, 8c dont elle s’approprie la fubftance. Aufli la met-on dans la claffe des plantes parafites. Ses feuilles reflemblent à celles du pourpier : fes fleurs produifent des fruits ou baies dont les grives font fort avides.
- On tire de ces grains une glu fort tenace, qui eft à toute épreuve , 8c fait fon effet même dans l’eau. Les Druides attribuoient beaucoup de vertus à cette plante. Le premier jour de l’an, le Prince des Druides alloit, avec un nombreux cortege j fuivi du peuple s cueillir le Guy facré, que l’on coupoit avec une faucille d’or. Cette fête a été très-long-temps en ufage ; les Synodes l’ont abolie.
- Grêle ; les grandes grêles occafionnées par un vent
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- des Bois de Charpente, lof «la nord un peu violent, font beaucoup de tort aux arbres , furtout fi l’on n’a pas foin de couper les jeunes branches meurtries, & d’élaguer les branches les plus endommagées des grands arbres.
- Grume : fe dit d’un arbre abattu j qui n’eft pas encore équarri. Si l’on eft long-temps fans enlever l’aubier , le bois s’échauffe, les vers s’y mettent , pénétrent au cœur j & l’on perd fouvent une belle piece de bois, par défaut de précaution.
- Heurre : on appelle heurre le mal qui fe trouve a î’endroit de l’arbre, dont l’écorce a été enlevée en partie par quelque accident.
- Inégalité de grojjeur : un arbre devient inutile pour beaucoup d’ouvrages, lorfqu il elt fort gros par le bas & très-mince par le haut. Les arbres fort branchus font fujets à ce défaut.
- Infectes ; il y en a une très-grande quantité de différentes fortes. Ils mangent les feuilles, les fleurs, les fruits, s’ils en trouvent j & caufent aux arbres de véritables maladies dans les années où ils font abondans. Les hannetons, les chenilles font beaucoup de dégâts. Les gros vers blancs, qui deviennent aufli hannetons, rongent l’écorce des racines, 8c font périr les jeunes arbres. Il y a encore un ver rouge qui perce le bois, au point de faire périr la tige. On trouve aufli dans les forêts de beaucoup plus gros vers qui fe méramorpho-fent en fcarabées, ôc font dans le bois des trous à y
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- ’ioé» Traité fur la force
- mettre le doigt. Il y a de plus les fourmis, les guêpes 6c nombre d’autres infe&es , dont nous ne finirions pas de faire les descriptions, ce qui d’ailleurs devien-droit inutile pour le Traité que nous offrons.
- Kermès : c’eft un infeéte qu’on appelle Galle-in-fecle j qui produit le Kermès qu’on trouve fur le chêne. Cet animal a la forme d’une petite boule dont on a tiroir ôté un fegment. Vers la fin de Mai , au lever du foleil, les femmes vont faire la récolte du Kermès ? qu$ font de petits oeufs remplis d’un rouge pâle qu'elles enîeventavec leurs ongles. Le même infe&e en produit jufqu a deux mille. Ce Kermès fert à la teinture du rouge j il entre aufii dans la composition de drogues 8c Sirops. C’eft en Provence qu’on en fait la plus belle récolte.
- Lapin : les lapins font beaucoup de tort aux arbres. Ils fouillent la terre auprès des racines, 8c mangent l’écorce du pied de l’arbre 3 Surtout dans les temps de neiges, où ils ne trouvent point d’autre nourriture.
- Lardoire : c’eft un éclat de bois de trois à quatre pieds de longueur, qui refte quelquefois fur la Souche , & qui fait partie de l’arbre qu’on abat. C’eft en général l’inattention d’un Bûcheron mal-adroit, qui fait perdre un beau morceau de boi|| pour n’avoir pas fait avec la hache Son entaille allez profonde d’un côté, afin qu’elle pafle -le centre de l’arbre , ainfl qu’îl eft d’ufage. Cette pratique même eft d’autant plus
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- néceftaire 3 que 3 par ce moyen 3 on fait tomber l’arbre du coté que l’on veut.
- Lèvre : eft une petite roulure à l’extérieur du bois formant cicatrice d’une ancienne plaie»
- Lichen : c’eft une plante parafite 3 qui vient fur les arbres : elle annonce qu’ils font languiflans.
- Lievre : les lievres 3 dans les temps de neiges, font au moins autant de dégâts que les lapins.
- Loupe : c’eft une grofteur qui fe forme fur la tige d’un arbre. Elle eft caufée par une extravafion de feve <Se d’excrefcence ligneufe : les loupes fréquentes annoncent un arbre qui peut avoir bien des vices de bois. Voyez Excrefcences.
- Malandre : on donne ce nom aux nœuds vicieux qui fe trouvent dans les bois de charpente.
- Mouliné : c’eft un bois piqué de vers &c qui fe réduit en pouftiere. Voyez Cirons.
- Moujfe eft une plante paraftte qui dénote un arbre malade 3 & qui tend a la pourriture.
- Noix de galle : ce font des excrefcences qui viennent fur le chêne. Elles proviennent de la piquûre de certains moucherons qui y dépofent leurs œufs : elles ont la forme d’une noix 3 mais la grofteur d’une petite feulement. On en fait de l’encre. Elles fervent pour la teinture en foie 3 & notamment pour le noir écru.
- Noueux : voyez Bois noueux.
- Oifeaux ; les oifeaux font préjudiciables à la belle
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- 'ïo8 Traité fur la forcé
- venue des arbres. Les nids retiennent l’intmidité, o£-cafionnent des ulcérés, des goutieres , fur-tout s’ils font pofés entre de groffes branches. Les corneilles s’affemblent en fi grande quantité dans de certains bois & fur certains arbres quelles affeétionnent, que, foit par leur propre poids, foit auflî par leurs excré-mens, elles les font périr. On a vu & ion voit des avenues entières détruites par l’affemblage de ces oi-féaux. Aufii Virgile difoit-il : f&pè Jinijlra cavâ pr&-, dixit ab ilice cornix.
- Pourriture : la pourriture ordinaire creufe les arbres par le haut , 8c defcend jufqu’aux racines. Elle eft occafionnée par les goutieres.
- Putréfaction : la putréfaction eft la fuite d’une effet-vefcence extraordinaire' 8c trop abondante. Les fibres ligneufes , par cette grande fermentation , perdent leur folidité. Il ne fubfifte plus alors d’adhérence entre les parties dont elles font compofées} 8c ces fibres fe changent en une pulpe friable.
- Rabougri : fe dit d’un arbre d’une vilaine venue „ tout tortueux , noueux 8c de peu d’ufage. La caufe de ces défauts vient de ce que les arbres étant jeunes ont été broutés par le bétail ou par les bêtes fauves.
- Raffau eft le .même que rabougri. Le tronc d’un arbre raffau eft court, mal tourné , fourchu , chargé de branches , 8c pour l’ordinaire noueux. Tous ces défauts vont prefque toujours enfemble, Malheureu-
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- des Bois de Charpente. i o <?
- fement le chêne eft de tous les arbres de forêts le plus jfujet à être afFeélé de toutes les caufes qui rendent les arbres rafiaux ou rabougris. On s’en fert quelquefois pour les bois de marine, à caufe des courbes qu’ils s groduifent.
- Hebour. Voyez Bois rebour.
- Retour : on appelle un bois fur le retour celui qui dépérit par vieilleffe. Tous les arbres qui font depuis long-temps fur le retour font altérés au cœur, & leur bois eft gras. On reconnoît quun arbre eft affedé de ce mal, quand il forme par les branches de fa cime une tête arrondie ; & de quelque groffeur qu’il foits il a peu de vigueur. Il eft dans le même cas auiïi lorfqu’il fe garnit de bonne heure de feuilles au printemps, & fur-tout lorfqu’en automne fes feuilles tombent avant les autres , & que celles du bas font alors plus vertes que celles du haut. C’eft un ligne encore qu’un arbre eft en retour quand il fe couronne , & qu’on s’apperçoit que les branches du haut meurent & périffent. On le reconnoît auffi quand l’écorce fe détache du bois & qu’elle fe fépare de diftance en diftance par des gerces qui fe font en travers : alors même c’eft une marque de dégradation confidérable. Un arbre annonce encore qu’il eft fur le retour, lorfqu’il eft chargé de moufle , de lichen , d’agaric, de champignons ou d’autres plantes parafites. Eft-il marqué de taches noires ou touffes ? Ces lignes de grande altéra-
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- î î o Traité fur la force
- tidn dans l’écorce pronoftiquent qu’elle n’eft pas moindre dans le bois. Lorfque les jets font très-courts 9 que les couches de l’aubier font minces, ainfi que les couches ligneufes dernièrement formées , foyez per-fuadé que l’arbre languit s dépérit & tire à fa fin. Les écoulemens de feve par les gerces de l’écorce font des lignes de la prochaine deftruétion d’un arbre.
- Roulure. Voyez Bois roulé.
- Sangliers : ces animaux caufent beaucoup de dégâts 3 fur-tout dans les ferais.
- Tonnerre : un arbre frappé du tonnerre eft perdu fans reifource. Si cependant il n’y a que quelques branches d’arrachées & mutilées 5 il en peut revenir, pourvu qu’on ait foin de couper à fleur du tronc les branches rompues. Autrement , l’eau s'introduirait dans 1@ chicot, 8c porteroit dans l’intérieur de la tige une voie de pourriture qui rendrait l’arbre inutile , incapable d’aucun fervice.
- Tranché. Y oyez Bois tranché,
- Veines roujjes : les veines ronfles dans le cœur du bois font de mauvais augure. L’arbre eft entiché de quelques défauts.
- Verglas ; la gelée , qui reprend avec force après un dégel j glace non-feulement l’eau qui eft à la fuper-ficie des branches ? mais encore l’humidité qui a pénétré l’écorce & l’aubier • c’eft alors un verglas plus pernicieux aux arbres que les plus fortes gelées^
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- Uécorce Se l’aubier pénlTent dans la partie expofée au foleil, pendant que les cotés oppofés , qui font reliés fortement gelés , font fai ns 8c faufs. Les arbres ex-pofés au Midi font fujets à cet accident ; 8c c’eft une des caufes de ce qu’on appelle gelivure entrelardée,
- Vermine : ce font les rats, les loirs , &c. qui mangent les fruits 8c quelquefois les jeunes branches, les mulots qui dévorent les bulbes 8c les racines tendres.
- Vers. Voyez Infectes.
- Tels font les défauts, les vices 8c les maladies des arbres, ainli que leurs caufes. Nous avons cru devoir les repréfentér par ordre alphabétique , pour donner plus de facilité à les faire connoître, 8c faifir en même temps les renfeignemens néceffaires qui conftatent les bonnes 8c les mauvaifes qualités des Bois de charpente qu’on peut avoir à employer.
- Il s’agit actuellement de parcourir les moyens par lefquels , lors 8c avant l’abattage , on peut procurer aux charpentes quelques degrés de perfection. L’art feul a pu les indiquer : palfons-les en revue, 8c con-fidérons les meilleures maniérés dont on doit s’y prendre pour abattre le bois.
- Sans entrer dans aucune difcuffîon, 8c fans embraf-fer aucun fyftême fur le vrai temps d’abattre le bois, nous dirons qu’il y a des Ordonnances que nous a didées la prudence de nos Rois, 8c qu’il eft de notre fagelfe de fuivre. Nous obferverons cependant que
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- 112 Traité fur la forcé
- toutes les années ne fe relfemblent point. Il y en a de? plus hâtives les unes que les autres. Mais quelle eft cette différence ? Une quinzaine de jours la confti-tuent } & , il faut l’avouer, un tel laps de temps ne p.eut apporter aucun préjudice aux opérations de la coupe & de l’abattage des bois. Lailfons donc pour un inftant ces obfervations de côté, & difons que, pour le moment, il eft un objet bien plus important dont on ne peut trop s’occuper ; c’eft: de chercher à profiter , dans l’année que vous aurez à faire votre coupe, de tous les moyens poflibles pour donner à vos bois la confiftance, la force & la durée dont ils font fufceptibles.
- Depuis une cinquantaine d’années nous avons fait des découvertes} tâchons de les mettre à profit. Rendons hommage aux Buffon , aux du Hamel, & à nombre d’autres Phyficiens qui ont bien voulu, comme bons citoyens, en faire les expériences 3 pour nous en donner le fruit â recueillir.
- Écorcement.
- Écorcer les chênes dans toute leur hauteur au temps de la feve j ôc les laifîèr fécher fur pied, eft un des plus heureux moyens qu’on ait trouvé jufqu aujourd'hui. Les étrangers le mettent en ufagg. C’eft àinfi que, depuis que M. de Buffon en a écrit 3 en 175$ 3 on le pratique dans la plus grande partie dé
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- des Bois de Charpente* 113
- l’Angleterre , & que l’on y trouve des reffources im~ menfes d’économie ( 1 ). Cette maniéré d’opérer s’dl établie aufïi en Allemagne ( 1 ) 3 & les arbres s’en vendent plus cher aux Hollandois. En effet cetre opération en augmente la qualité : le bois en devient plus dur 3 on fe fert de l’aubier, 8c l’écorce eft toute enlevée pour faire le Tan ( 3 ). M. de Buffon , qui a fenti un des premiers toute l’étendue de ces avantages, a fait les expériences les plus complettes fur cette méthode. M. du Hamel de fon côté n’a rien négligé 3 8c l’on 11e peut trop applaudir à fa façon d’opérer pour l’écorcement (4) : c’eft la feule qu’on doive pratiquer. Dans les taillis qu’il fait exploiter l’hyver , il réferve fur pied les chênes qui font propres à la Charpente 3
- { 1 ) Hiftoire Naturelle du Dodeur Plot, Angiois.
- ( z ) Dictionnaire d’Hiftoire Naturelle, par Bomare * art. Bois
- ( 3 ) En Allemagne , ainlî qu’en Angleterre , on emploie î’dcorce du vieux chêne, ainfi que celle des jeûnes, pour faire du Tan. On a le foin d’en retirer ce qui eft mort , defleché & couvert de mouffe. Pourquoi, en France , ne feroit-on pas üfage du même expédient? C’eft un des vœux de M. de la Lande, dans fon Art du Tannèur : il eft digne d’un bon Citoyen. Ce feroit en effet un moyen d’épargner les jeunes chênes, & de procurer l’abondance du Tan.
- (4) Voyez ce que nous avons dit fur là maniéré de faire l’écorcement pour le T an. C’éft le même travail pour enlever l’écorce.
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- I Traitéfar la force
- 8c les fait écbrcer dans la force de la feve du mois de Mai ; 8c, dans le mois d’O&obre fuivant , il les fait mettre à bas. Cette méthode eft fage : elle prévient toute objeéïion \ & remplit entièrement les conditions néceflaires, pour former de bons bois , pour les avoir d’une grande force 8c d’une longue durée. En effet la feve deftinée à produire le nouvel aubier, fe trouve fùrprife dans fa circulation interceptée, & retenue comme en arrêt. Les parties humides expofées aux impreffions de l’air fe volatilifent & fe diffipent. Les autres fubftances , qui font la bafe & la vigueur de la fevê, ainfi que fa cohérence, fe dépofent, fe fixent, fe coagulent, 8c s’idéntifient dans tous les vuides de l’aubier de l’année précédente. Ce corps fpongieux une fois pénétré & imbibé, le gluten le fait refluer dans le cœur dé l’arbre} 8c par ce moyen il en chafle la plus grande partie de l’humide. C’eft ce qui fait que l’aubier d’un an prend autant de folidité, que le bois parfait qui n’éft pas écôrcé. Il éft aifé d’en fentir la caufe. Plus poreux, il reçoit plus de feve que tout le corps de l’arbre^ encore cette feve eft-elle épurée, puifque recevant dirê&ement les impreffions de l’air , les parties gélatinôufes fe coagulent , 8c l’humide le diflipe. Aufli eft-il d’expérience que, par l’écorcement, l’aubier fe mûrie , 8c acquiert en un an la folidité 8c la force d’ne quinzaine d’années j on gagne d’ailleurs plus d’un fixieme fur la grofleur de l’arbre.
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- des Bois de Charpente. î i y Veut-on être convaincu de cette vérité ? lettons les yeux fur les expériences faites par M. de BufFon en 1733 ; nous verrons qu’il fit couper huit arbres de mêmes dimenfions , dont il fit écorcer & fécher fur pied quatre. Les quatre autres , il les fit abattre pareillement , ôc les laifta dans leur écorce. Après qu’ils eurent tous été mis à bas ôc préparés en conféquence de l’opération, on en fit l’expérience : on en examina le réfultat 3 ôc l’on vit que, moyenne proportionnelle, la folive écorcée pefoit 245 liv.|, & rompit fous 8101 h îa folive non écorcée pefoit 2.3 5 liv., &c rompit fous 7352 liv. i-.
- D’après ces épreuves répétées, ôc faites avec la plus grande attention, n’eft-on pas en droit .d’établir pour principe, que le bois eft d’autant plus fort qu’il eft plus lourd 3 ôc que la force des bois écorcés l’emporte fur celle des j^s non écorcés, dans la raifon de- 11 à 10. Par fuite des expériences de ce favant Phyficien, nous reconnoîtrons encore que le bois du pied d’un arbre pefe plus que celui du fommet 3 mais que fi ce bois eft écorcé Ôc féché fur pied fuivant toujours la même condition, alors la propofition change 3 c’eft celui du haut qui eft le plus lourd : ôc, par le principe établi que le plus lourd eft le plus fort, l’aubier du bois qui a fubi l’écorcemenc, eft plus fort que l’aubier ordinaire. On ne peut pas tirer d’autre conféquence.
- Suivons ces épreuves intéreflantes, ôc comparons
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- '1 ï 6 Traité fur la forcé
- des barreaux d’aubier d’arbres écorces avec des bar-* reaux de cœur de chêne non écorces. C’eft l’opération même de M. de BufFon. Prenons des barreaux de chacun trois pieds de long fur un pouce de groffieur, le£ uns d’aubier de chêne écorcéj & les autres de cœur de bois non écorcé. Nous verrons que les barreaux d’aubier pefoient, à poids moyen, 2 5 onces f, & qu’ils fe font rompus fous la charge de. . . « 2.87 L
- Que ceux de cœur de chêne pefoient 2 5 onces j , suffi à poids moyen, & ont cédé au fardeau de 256 L Donc les barreaux d’aubier , quoique plus légers que ceux de cœur de chêne, font les plus forts. Donc l’aubier de bois écorcé 8c féché fur pied , eft plus fore que le cœur du meilleur chêne non écorcé. En effet, nous avons reconnu, en parlant de l’organifation, de la nourriture & de l’accroiffiement de l’arbre, qu’entre les parties ligneufes 8c .’écorce , il f^prme chaque année de nouvelles couches qu’on nomme Aubier, qui deviennent bois à leur tour. Dans l’arbre écorcé, ces nouvelles couches ne peuvent plus fe former, attendu l’a&ion immédiate de l’air fur ces parties tendres & délicates, qui ne font plus défendues par leur enveloppe : l’humide s’en évapore promptement } elles le reffierrent, fe deffiéchent 8c fe durciffient. A l’égard de l’aubier, il abforbe comme un éponge les fucs les plus fubftantiels, les plus vivifians , ainfi que nous l’avons obfervé. Les utriciiles 8c les fibres gorgés de ces fucs
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- des Bois de Charpente. î 17
- fe ferment fuccefïîvement les uns après les autres ; 6c enfin la nature de l’aubier fe corrobore devient compare, ferrée, uniforme, fans aucun refte d’humide j & furpaffe en force le cœur du meilleur bois.
- Ces principes établis d’après la marche de la nature, les avantages de la découverte de l’écorcement, 11e peuvent être révoqués. Ne craignez point que dans de tels chênes il y ait par la fuite aucune fermentation qui puiffe y attirer & fixer les vers. Ce bois ne peut s’échauffer par les fels qui y font renfermés : l’humide-qui feul auroit la puiffanee de les agiter, eft dillipé ; tous les pores de l’arbre font remplis d’une liqueur defféchée qui les a baignés 6c imbibés : ils font gorgés 6c de fon huile 6c de fon efience réfineufe ennemie de toute corruption.
- M. du Hamel vient à l’appui, 6c ne permet pas de douter du degré de denfité & de la force des' bois qui ont fubi l’écorcement fur ceux qui ne font pas écor-cés. Le réfultat de fes expériences faites fur quatre arbres écorcés, 6c quatre qui ne l’étoient pas eft, fa voir ÿ le poids comme 100 à 9 j moyenne, la force comme 100 à 8 6 ± auflî moyenne.
- Et une obfervation que fait ce Savant confirme bien les raifons phyfiques que nous avons tâché de développer , ainfi que les conféquences que nous en avons déduites. 11 avance en effet que le bois d’un arbre qui a fubi l’écorcement, 6c qui conferve le plus long-temps
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- I iS Traite fur la force
- fa verdure fans fie faner , augmente de denfité 8c de force, en raifon de ce qu’il fe foutient plus longtemps.
- Suivons d’autres épreuves fur le même objet. En 1738 , le Comte de Gallowin, Amiral RulTe, ayant entendu parier des expériences de M. de BufFon fur î’écorcement, fit faire différentes tentatives pendant trois ans fur des arbres de la forêt de Cafan, en Ruffie»
- II trouva les pareils réfultats 3 mais fes vues ne furent pas remplies pour les courbes. On ne pouvoir plus en former 8c ceintrér par le moyen du feu, fuivant l’ufage ordinaire. Le bois écorce a perdu la flexibilité 8c le liant qui fe rencontrent dans le bois qu’on a coupé avec fon écorce : c’eft un obftacle pour la Marine. Il faut donc fe contenter de cette opération pour les bois droits ordinaires.
- Les Anciens avoient un moyen à peu près fembla-ble à celui de l’écorcement 5 pour donner plus de den-fité 8c de force aux bois qu’ils vouloient employer* Vitruve 5 8c plufieurs autres après lui , ont écrit que 3 pour y parvenir 3 il falloir faire mourir l’arbre fur pied en le cernant par le bas, 8c faifant avec la coignée une entaille plus ou moins profonde 5 fuivant la grofïètir de l’arbre , mais en l’attaquant au moins des deux tiers dans tout fon pourtour. A cette oçcafion le P. Fournier obferve que la méthode de Vitruve a été fui vie par Duillins, quoiqu’il ne mît que foixanre
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- des Bois de Charpente, 119 jours à prendre les arbres dans la forer, à les faire exploiter, à conftruire fes vailfeaux & à fe mettre en mer. Il raconte encore qu’Hieron fit plus ; puifqu’eii quarante-cinq jours, après avoir fait cerner les bois fur pied, il les fit couper; & monta une Hotte de deux cents navires. Scipion fit un autre prodige de célérité,: il ne fut que quarante jours pour faire couper fes bois, conftruire & lancer fes vailfeaux à la mer.: En fuppo-fant ces opérations ( car il eft permis quelquefois, d’être incrédules) il faut avouer qu’il 11’éft pas pqifiblequ’elles n’enrraînent avec elles,un grand nombre d’inconvér niens : regardons-les comme des-prodiges de célérité ; mais ne les prenons pas pour exemples, de bonne çpnf-trudion , ni des modèles dont 011 puilfe tirer avantage pour le fyftème de féedreement , quoique ces conftruéleurs enflent foin dé faire perdre le gros de la feve aux arbres qu’ils voulpient employer ,, en les cernant d’une profonde entaille par le bas, & les kilfant quelques jours, fur pied. , ;; i
- M; de Bnffon, à qui; rien ifécfiappe, fit en 17,38 des èxpéfiences relatives à cetfe; méthode des Anciens, en laiflant toutefois au bois plus de temps pour fe purger des parties des plus grollieres de la feve, que ne faifoient les grands & expéditifs Eabricateurs donc nous venons de parler. Le réfultat n’en a pas été auffi favorable qu’on durait pu le defirer, ôc en confé-jqueiice il avoue •quil vaut beaucoup mieux écorcer
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- ï 20 Traité fur la force
- l’arbre du haut en bas dans le temps de la feve, ÔC le îaififer fur pied avant que de l’abattre. Les cernes au pied jufqu’à la profondeur de la moelle entraînent d’ailleurs de grands inconvéniens. Un des plus confi-dérabîes , eft la difficulté de foutenir les arbres, qui hé portent que fur un foible pivot, qui peuvent être renverfés au moindre vent, s’éclater, former des lar-doiires & fe perdre. Un autre inconvénient qui ne cede en rien au premier, c’eft que l’humeur aqueufe ôc roufsâtre qui tombe du tronc de l’arbre fe répand fur la fouche, la pénétré ôc lui devient mortelle. La mêmé difficulté s’élève, il eft vrai, pour les bois écorcés. La feve s’exrravàfe au dehors} elle fe perd lorfqu’elle ne trouve plus d’écorce où elle ptiilfe être contenue & la- fohehê en périt prefque toujours. MM. dé Buffion ôc Duhamel ont fenti l’étendue de cette objection : mais ils prétendent que les Louches en général ne font pas a conferver. Ils proposent encan-» féquence une îiouvelle maniéré d’exploiteri Nous ne pouvons quy^pjplàu'dfc ; ;etï invitant à prendre toutes les précautions néceflfaires contre les abus-& des Adjudicataires 8c de ceux âquila garde des forêts peut être confiée» Qbferyons d’ailleurs que lès Adj udicataires y gagneraient deux à trois pieds 4e plus de hauteur fur chaque arbre, mais que la vente doit fefaire en confé-quence. Au furplus, le bois venu de femis eft toujours plus beau ;> plus fort & plus- îebùftq’que^elaf iqwi vieîit
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- des Bois de Charpentei fi 21
- «defouche. Une autre raifon encore, & qui paroît déterminante , c’eft que quand les futaies fe trouvent reproduites fur de vieilles fouches, elles ne fe foutiennenr pas comme les arbres plantés ou femés. Elles dépé-riffent promptement, indépendamment du climat de la nature du fol ôc de leur fituation. II ne peut être autrement. A-t-on abattu une futaie ? Les racines des groffès fouches n’ont plus à nourrir, que quelques rejets qui ne peuvent dépenfer la totalité de la feve qui leur eft apportée par les racines. Audi cette abondance de nourriture occafîonne-t-elle le plus grand préjudice. Souvent ces racines trop gorgées de fucs en meurent pourrilTent en terre, entraînent dans leur ruine les fouches, ou au moins produifent dans les rejets des défauts, des vices, des maladies, dont fou-vent on cherche la caufe, fans faire attention que c’eft un bois fur fouche qui, 11e pouvant abforber tous les fucs qui lui étoient préfentés, en a été fuffoqué, ainfi qu’un gourmand périt pour avoir accordé trop à fon eftomac vorace.
- Nous pourrions encore alléguer bien des raifons pour engager à deffoucher $ mais alors nous paierions les bornes que nous nous fommes prefcrites. Nous ne dirons rien non plus des différentes épreuves que plusieurs Savans ont tentées pour rendre le bois non-inflammable : car de le rendre incombuftible, comme on pourroit le defirçr3 ce feroit demander l’impoflible.
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- Tî2 Traité fur la force
- On ne peur changer le bois de nature : il eft de fois
- eflènce d’être combuftible.
- Naturam expellas furcâ, tatnen ufque recurret.
- Les moyens d’ailleurs dont on s’eft fervi pour faire ces épreuves, ont été jufqu’à ce jour infiiffifans : ils font incertains 8c d’une très-grande dépenfe. En \66 3, MM. Faggot 8c Salberg tentèrent en Suede des épreuves qui n’ont pas réuflî, mais dont nous ne leur avons pas moins d’obligation. Ces Savans préteu-r doient que les bois imprégnés d’alun n’étoient pas inflammables, ce qui eft bien différent d’incombuf-tibles.
- Le 7 Odobre 1779 , M. Domafchuew, de Peterf-bourg,fit une expérience publique fur un édifice conf-truit en bois, & préparé de maniéré à réfifter au feu : elle réuflît j les bois ne furent pas endommagés. Quoique les flammes fuflent très - vives pendant une demi-heure , elles s’amortirent" dans l’efpace d’une heure quarante minutes. D’après cette épreuve, 011 voulut opérer en grand, mais ce fut en vain : tant il eft vrai que ce qui réuflît en petit, n’a pas toujours les mêmes avantages en grand.
- îl 11 y a pas long-tems ( cétbit vers le mois d’Août de cette préfente année 1781) qu’on annonça dans les Journaux des épreuves qui feroient faites vers l’Ecole Militaire fur un Edifice prétendu incombuftible. Quel en fut le réfultat? t Auteur en a été pour fa courte honte*.
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- des Bois de Charpente. ‘123
- On dit qu’en Angleterre, moyennant un cinquième de plus pour I3, conftruétion, on a un édifice non-inflammable. On fe fert d’un enduit fait avec un fixieme de chaux, deux fixiemes de fable & trois fixiemes de foin haché. On prétend que c’eft Milord Mahon qui .en eft l’inventeur. Voilà donc une efpece de torchi qui recouvre les bois j mais ces bois n’en font pas pour cela incombuftibles, pas même non-inflammables. Nos enduits de plâtre dont nos cloifons font recouvertes ont les mêmes avantages, & alors il faut avouer de bonne-foi qu’examen fait, c’eft une efpece d’affurance , mais qui ne décide nullement la queftion du bois incombuftible.
- Ne nous appefantiffons point fur cet objet. Paf-fons à l’exploitation & à la coupe des bois : cette opération eft des plus précieufes. Un bois abattu avec plus ou moins d’intelligence, plus ou moins de précaution eft bien différent à la coupe fuivante , foit pour fon produit, foit pour fa qualité. Le produit même du moment en éprouve les avantages. Chaque arbre a fa destination. Sa nature & fa qualité en décident. C’eft au coup-d’œil connoifTeur à trancher fur tous ces objets & à fa voir en tirer parti. Mais avant que d’entrer dans ces détails intéreflàns d’exploitation & de coupe de bois, il convient que nous faf-fions connoître ce que c’eft que Taillis , que Futaie, Ce font des préliminaires par lefquels il femble que
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- nous aurions dû commencer. Cependant fi Ton cohfi-dere la marche que nous avons tenue peut-être changera-t-on de fentiment.
- Taillis.
- On appelle taillis tous les bois qui font en coupe régi ée pour être abattus au delTous de quarante ans. DifFérens noms défignent leur degré d’âge. On les nomme taillis jufqu’i l’âge de dix ans, jeune taille jufqu’ a vingt, taille jufqu’à trente, 8c haute taille juf-qu’â quarante.
- L âge de la coupe du taillis a été fixé â dix ans par l’Ordonnance de 1669. Mais comme la qualité 8c la force d’un taillis dépendent du terrein plus ou moins bon j ainfi que de la nature ou plutôt de l’eftence du bois , on 11e peut fuivre cette loi à la lettre j il eft même intérefiant d’y déroger quelquefois , d’autant qu’il y a de certains taillis que, toutes chofes corn-penfées, il eft plus avantageux de couper à 30 ou 40 ans qu’à dix. 11 faut en excepter cependant ceux qui, fe trouvant dans un bon fonds, feraient plus forts à vingt ans que ne le feraient â trente-cinq ou quarante ceux qui fe rencontreraient dans un mauvais fonds, 11 y en a même de cette efpece qui cefient de croître au bout de huit à neuf ans j 8c , dans ce cas , il n’y aurait qu’à perdre en les laiftant fubfifter plus longtemps. A legard de ceux qui croilTent plus ou moins
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- vite 5 plus ou moins abondamment , les Marchands fa vent bien les diftinguer 3 & , à égalité de force , ils donnent la préférence aux plus jeunes , parce que les bois venus en bon terrein font toujours de défaite par leur belle apparence , par leur qualité effective , 8e que d’ailleurs ils peuvent fervir à placeurs ufages auxquels on ne pourroit pas employer les bois languiflans 8c d’une mauvaife venue.
- En 171 y il a été ordonné que les taillis de Gens de main-morte ne feroient coupés qu’à vingt-cinq ans, fans doute pour prévenir la cupidité & pour mettre dés bornes aux defirs de jouilîànce qui ne pourroienc qu’être préjudiciables au bien public.
- Lorfqu’on exploite un taillis à vingt ans, on y peut aifément choifir les baliveaux , qui font les bois de réferve pour former les futaies , 8c la coupe en eft beaucoup plus avantageufe qu’à dix, où. les baliveaux, trop foibles pour fe foutenir contre les vents, deviennent tous tortueux 8c mal fains. De belles coupes feroient celles de taillis de 30 ou 40 ans , fur-tout h l’eflènce étoit de chêne 3 les brins feroient forts & vigoureux , & d’un excellent débit. Les arbres du taillis en feroient d’ailleurs moins tourmentés 3 les bourgeons ne feroient point fatigués & abattus 3 la dent des bêtes fauves feroit moins fujette à caufer des dommages 3 les animaux qu’on envoie aux pâtures ne feroient plus à. craindre : conféquemment les coupes en
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- feroient plus favorables. Le retard de la coupe des taillis eft avantageux , foit pour l’intérêt, foit pour l’économie 8c le ménagement des futaies à venir. Mais d’un autre côté 5 la vie de l’homme eft courte,, 8c l’on veut jouir de fon travail. A cela point de réplique.
- Nous nous contenterons de quelques réflexions fur l’accroiflement des taillis par chaque année. Nous profiterons à cet égard des lumières de M. du' Hamel : elles font curieufes 8c intéreflantes.
- Ce favant Académicien a obfervé que les taillis „ dans un bon fond , pouvaient croître chaque année d’un pied de hauteur jufqu’à foixante 8c quatre-vingt ans, & qu’enfuite ils s’élèvent peu , mais s’étendent en branches. Il y a toujours chaque année des arbres qui périflent, gourmandés par leurs voiflns ; 8c les plus forts profitent fans partage des fucs nourriciers que la terre 8c l’air peuvent leur fournir. A l’égard de la groffeur 5 elle eft à peu près de fix lignes par chaque année. En Champagne , l’accroifTement eft plus fort, 8c monte par fois jufqu’à 15 ou 16 lignes par année } mais c’eft un avantage particulier à cette Province. Contentons - nous de parler du général 8c d’un réfultat commun 3 d’après les Mémoires des Savans que nous avons fous les yeux, & d’ob-ferver que, dans l’article fuivant, quand nous annoncerons l’accroiflement en groffeur, la mefure doit
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- s’en prendre à quatre ou cinq pieds de terre : 8c comme nous penfons que cette progreflion de hauteur & de pourtour, repréfentée dans un même tableau, peut êcie intéreflfante, nous allons le mettre fous les yeux, en ob-fervant que telle eft la marche de la nature dans les différentes Provinces , 8c non dans la Champagne feulement où les arbres croiflent avec plus d’abondance qu’ailleurs.
- Un taillis de 20 ans porte en général des brins de 10 pouces de circonférence fur 20 pieds de haut.
- U11 de 25 ans , 13 pouces de circonférence, & 25 pieds de haut.
- U11 de 30 ans, 15 pouces de circonférence 8c 30 pieds de haut.
- Un de 35 ans, iS pouces de circonférence 8c pieds de haut.
- Un de 40 ans, 21 pouces de circonférence 8c 42 pieds de haut.
- Il n’y a aucun de ce s échantillons qui foit bon pour îa charpente : au moins ne conviennent-ils pas pour Paris , où le moindre bois quarré eft de cinq à fept pouces de gros3 8c le plus fort, de ceux dont nous avons parlé, eft de cinq pouces de groffeur.
- Nous remarquerons encore, que l’éqiiarriftage d’un arbre eft le cinquième de fa circonférence. Ainfi un arbre de 60 pouces de pourtour produira un morceau de bois de 12 pouces de gros. D’après ce principe,
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- on doit s’appercevoir que le bois de 3 5 à 40 ans, qui pourroit fe réduire en chevrons, ne vaudrait pas à peine les frais : il faut donc le mettre en corde. Le bois de cette efpece n’eft plus relatif au Traité quê nous donnons : il n’eft intérelfant qu’à caufe des baliveaux , qui font le germe dès futaies. Cependant pour fatisfaire la curiolité , 8c pour avoir une idée générale du produit des bois, jettons les yeux fur ce qu’un arpent de taillis de vingt ans peut produire.
- Taillis de 10 ans.
- (1) 8 cordes de bois, 800 fagots, où un demi-muid de charbon.
- De 25 ans.
- 12 cordes de bois, 12.00 fagots, ou 2 muids f de charbon.
- De 30 ans.
- 18 cordes de bois, 1800 fagots, ou 3 muids | de charbon.
- * De 3 5 ans.
- 27 cordes de bois ,2700 fagots, ou 4 muids j de charbon.
- De 40 ans.
- 40 cordes de bois, 4000 fagots, ou 5 muids £ de charbon.
- ( x ) 8 Cordes de bois à 111. 800 Fagots, à 3 1. le f, .
- 96L1 *4 J
- 120 L
- De
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- des Bois de Charpente'* t'zgi.
- De forte qu’un arpent à 2.0 ans étant vendu 120 I.
- Il vaut à 25 ans . . •. . .. 1801*
- A 30 a 11s . . . . . . .. 270 U
- A 35 ans ... . • , . : 4051.
- A 40 ans . . . ... . , 66j î.
- Dans cette progreiïïon d’augmentation , le prix des arbres de réferve n’eft pas compris 3 mais il convient de déduire l’intérêt-de l’argent qui auroit pu fe rece-Voir à la coupe de 20 ans , plus fon intérêt pour lès-20 années fuivantes, ainfi que le loyer, cé qui produit en total. ... . . . ... . $6Lq;1*o\'
- à déduire des 60 7 liv. vente des 40 ans., V foj il refte donc pour bénéfice net. . ; . 247 h 3
- Encore ne comprend-on pas les arbres de réferve.-D’après cet expofé, on doit sappercevoir de i’ayan-, tage réel qu’il y a à retarder la coupe des taillis. Mais en voilà allez fur cet article. Pafions aux futaies* .
- Futaie s.
- On entend par futaies : i°. les baliveaux , qui font, les brins des taillis qu’011 réferve à chaque exploita^ tion , & qu’on doit regarder comme efieunels pour conferver ôc former les futaie^. 20. Les arbres 4e dif-férens âges qui font épars 8f fe trouvent, dansi- les,, taillis. 30. Les forêts confervées en malfif, ainfi rqu®| les lifieres, depuis l’âge de_3p ans jufqu a 80. Un "tel
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- fl 3$ Traité fur la force
- bois, dont les coupes du taillis ont été faites y te nomme demi - futaie & depuis cet âge jufqu’à deux &c trois cents ans, on l’appelle haute-futaie.
- . M. du Hamel obferve que les baliveaux modernes,' aïnfi que les anciens, croiffent peu en hauteur, après l'exploitation du taillis, & qu’ils ont été découverts. En effet le tronc demeure à peu près dans la même hauteur. Il eflaifé de s’en convaincre en mefurant, depuis le ter-rein jufqu’aux branches, l’efpace que le baliveau occu-poit quand on a abattu le taillis : ce qui vient fans doute de la facilité que l’arbre trouve à s’étendre horifonta-lement j & dans ce cas, les branches feules profitent* Aufii notre Académicien obferve-t -il que ces me* mes baliveaux grofiiifent environ moitié plus que les Brins de taillis, leur accroiffement étant de neuf lignes de circonférence par année, à compter depuis le temps de la coupe où ces baliveaüx ont été réfervés pour croître en futaie. D’après ces obfervations , qui font le fruit des expériences les plus réitérées, on peut établir jpour principe :
- Baliveaux de 40 ans,
- Qu tin baliveau moderne de 40 ans & d’un taillis de ‘Il o ans , ayant alors 10 pouces dé circonférence 8c 10 pieds de haut, doit avoir , en terrein ordinaire , ôc à
- -f*A:! ' ' • '
- *age
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- Sois 'de Charpente'.
- De 40 ans,
- 15 pouces de circonférence, 5 pouces d’équarriffagç & ne porter que 2 o pieds de haut.
- Un de 6o ans 3 ayant trois âges.
- 30 pouces de circonférence, 8 pouces d’équarrif» fage, ledit 20 pieds de haut.
- Un de 80 ans ayant 4 âges.
- 55 pouces de circonférence, 11 pouces de groffeurÿ & ledit 10 pieds de haut.
- Le taillis a-t-il été coupé à 2 5 ans ? Il avoir alors lï 3 pouces de circonférence fur 2 5 pieds de haut.
- Ledit à 5 .0 ans, porte
- 3 2 pouces de circonférence , 5 à 6 pouces d’équaf^ îiflage, fur 2 5 pieds de haut.
- Ledit ans porte :
- 50 pouces de tour, 10 pouces d’équarriflage, fui 2 5 pieds de haut.
- Ledit à 100 ans, porte
- pouces de circonférence, 13a 14 pouces d’ê-5» cjuarriÆage, fur 2 5 pieds de haut.
- Un. baliveau d’un taillis coupé a 30 ans $ avoiî iï 5 pouces de tour ÿ Sc étok élevé de 3 o qkeds»
- I \
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- & $a( Traité fur IcL forcé "
- Ledit à 6o ans moderne.
- 3 6 pouces de tour , 13 à 14 pouces d’équarrilTage J 1$: 3 a pieds de haut.
- Ledit à 90 ans 3 deux âges.
- €0 pouces de circonférence, 12 pouces d’équarrif» fage j fur toujours 30 pieds de haut.
- Ledit à 120 ans y trois âges.
- 84 pouces de circonférence , 16 à 17 pouces d’é-? quarrifïage j fur toujours 30 pieds de haut.
- Tels font les accroiffemens. On doit obferver en--’ «rore qu’il n’y a en général que les arbres en pleine futaie, qui fournilïènt les belles & longues pièces de charpente , quoiqu’on leur reproche d’avoir ordinairement le bois plus tendre que celui des lifieres.
- Le bois de futaie propre pour la Charpente fe rc~ iduit en pièces qui font trois pieds cubes3 8c l’arbre porte plus ou moins de pièces, fuiyant fa grofleut & fa hauteur. Les branches & les rames font à peu près les frais de l’exploitation. Âinli il n’y a que le tronc à efti-aner , après l’avoir réduit en pièces , qui valent chacune trente à trente-cinq fols , fuivant l’éloignement, Je lieu & la confommation.
- Si ce meme bois n’efl: pas propre pour la Charpente, on le débite en, corde 3 & on l’eftimeà vue 4’œil, a peu près fur le calcul fuivant.
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- des Bois de Charpentei ff.
- Un arbre de 12 pieds de haut, 8c de 42 pouces ds groffeur , produira. .... . „ de corde.;
- Unarbre aufïi de 11 pieds de haut, 8c de 48 pouces de gros, produit. . . \ corde.
- Un de x 8 pieds & de 3 o pouces. . - de corde*
- Un de 2i pieds, fur 50 pouces. » £ de corde.
- Un de 24 pieds-, fur 35) pouces. . | de corde.
- Un de 27 pieds, fur 72 pouces de tour........................ 2 cordes
- Un de 30 pieds , fur 90 pouces. . 3 cordes.
- Quoiqu’une pareille évaluation foit vague, elle peut fervir d’eftimation provilionnelle pour un bois à vendre ou à acheter.
- L’appréciation de la valeur d’un arpent de futaie* eft bien différente de celle d’un taillis. Il eft bien vrai que, par les âges on voit, 8c l’on fait â peu près ce qu’un arbre peut produire 3 mais la nature du terreiri., les circonftances des temps , lors des accroiffemens, la lituation, l’expofition, l’ufage qu’011 peut faire de chacun des arbres , fuivant fa grandeur , fa force , fa qualité, peuvent varier à l’infini 3 8c doivent entrer pour beaucoup dans cette combinaifon. On peut s’en tenir quelquefois au coup d’oeil 8c à l’habitude. Quoi qu’il en foit, établiffons des principes, parcourons les. moyens.
- Pour évaluer un bouquet d’une demie futaie, d’une haute futaie , il faut avoir un arpentage bien exaéfc
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- ,t '54 Traité fur la force
- de toute l’étendue du terrein. Après cette connoif-fance , il faut traverfer le bouquet dans tous les fens, examiner fi tout le bois eft de même nature, reconnoître s’il eft également garni, s’il n’y a point dê clarieres , fi les arbres font d’une même force : 8e comme il y en a & de plus vigoureux 8c de plus foi-blés, 8c des parties plus ferrées les unes que les autres , on divifera le total en plufieurs lots , 8c on fera de chacun une évaluation particulière. Pour opérer avec ordre 8c prudemment , on mefurera dans chaque lot un demi arpent , un arpent même. On en comptera les arbres j on les diftinguera en trois claffes, beaux , médiocres 8c fcibles. On fera même une clafle des défe&ueux j 8c après l’examen des arbres de chacune de ces claflès, on fera l’eftimation de chaque efpece. On n’aura égard qu’aux principales branches ; 8c on eftimera en gros ce que la rame peut fournir de cordes.
- A l’égard des fagots, quoiqu’ils ne faflent pas un grand objet, & qu’en général on ne doive les regarder que pour remplir des faux frais , il eft bon d’en tirer une note pour s’en rendre compte avec foi-même,, Cette appréciation faite, on aflemblera les différentes clafles } on en formera une fomme totale , dont on déduira, pour les frais d’exploitation , le tiers, 8c même quelquefois la moitié, fuivant les circonftances.» la fituation de l’endroit 5 fon éloignement plus ou
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- moins grand des rivières & des villes ; fuivant enfin les débouchés que l’on peur avoir s la facilité d’avoir des ouvriers, des bûcherons & le genre d’exploitation. Ce font des chofes qu’il faut connoître : elles demandent beaucoup de prudence , ôc une grande con-noifiance du pays. Paftbns donc actuellement à la coupe ôc à l’abattage des bois, en obfervant toujours que c’eft du feul chêne que nous parlons.
- De la Coupe & de VAbattage du Bois.
- Ce n’eft pas a fiez de connoître les bois, de les efti-pier j il faut encore favoir les abattre ôc les exploiter* Ces opérations demandent de l’attention, des foins ôc de la vigilance : elles feules peuvent faire la perte on le bénéfice. Un ouvrage bien entendu eft toujours in-îérefiant, ôc donne de la valeur à la marchandife. La: négligence au contraire y, apporte des obftaclesy 8c empêche de profiter de tous les avantages qu’011 en pourroit retirer. En affaires d’une certaine conféquence s il n’y a pas de petites fautes y fi elles font multipliées: tout doit être combiné ; on en doit voir le terme du* premier coup d’œil. Dans ce cas , la théorie eft favorable \ mais il faut de plus l’ufage ôc l’expérience-Laifions à part cette digrefiion : nous n’entrerôns pas» dans le détail des raifons, pour le choix du temps qu’il convient de prendre: y relativement à l’abattage des-fais. On n’a déjà formé à ,cet égard que: trop de. fyftêr-
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- \x%6 Traité fur la force
- mes. Les moyens des uns & des autres font fort ingé^ lîieux , fpécieux même : mais, comme nous l’avons déjà dit, il y a des Ordonnances fages ôc prudentes, & qui certainement n’ont été établies que d’après les expériences reconnues & l’ufage le plus certain. Pourquoi ne les pas fuivre ? Les arbres les plus lourds étant féchés, font les meilleurs. Les arbres abattus dans les temps prefcrits par l’ordonnance, relient toujours plus pefans que ceux qui font abattus dans d’autres faifons s ce doit donc être un grand moyen pour décider la queftion. D’ailleurs les mois de Novembre , Décembre & Janvier, font le temps où les autres travaux de la campagne font rallentis, fufpendus, où les ouvriers fe trouvent plus aifément. C’eft la faifon auiïi où il y a le moins à craindre de caufer du dommage aux arbres que l’on veut conferver. On ne craint pas d’en faire tomber les boutons , 8c de détruire l’efpérance des plus beaux jets.
- Les temps prefcrits par l’Ordonnance arrivés, rien ne doit arrêter pour abattre. Les vents n’ont aucune influence fur les bois : celui du nord ne les conferve pas , comme on le prétendoit j celui du midi ne les fait point tendre à la pourriture. La Lune ne fait rien non: plus à leur bonne ou mauvaife qualité. On eft revenu des influences des aftres : on eft guéri du préjugé y l’expérience en a fait connoître l’abus.
- On doit feulement cefler les abattages pendant les
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- des Bols de Charpente, fî| f
- grands vents, de peur que les arbres à moitié coupés ne foient renverfés , & ne s’éclatent. Ils pourroient auffi tomber les uns fur les autres, & s’encrouer } ce qui empêcherait d’en tirer tout le fervice auquel on devoir s’attendre.
- Il convient auffi d’éviter de travailler à la coupe pendant les trop grandes gelées. Les fouches en pourroient fouffrir ; le bois feroit dans le cas de fe fendre dans ce temps. Il eft alors trop dur ; & les Bûcherons même , par cette raifon , font peu d’ouvrage.
- La maniéré dont on doit fe comporter pour abattre les grands arbres , fans les endommager , eft trop in-téreftante , pour la paffier fous filence. On ne fauroit trop ménager des pièces de conféquence, qui, par défaut de précautions convenables , deviendroient inutiles, ou du moins perdraient Tavantage de leur belle qualité. Il faut examiner de quel côté l’arbre penche 5 8c où eft le plus grand poids de fes branches, pour éviter qu’il ne tombe du côté où le porte fon propre poids. Il éclateroit : il faut encore porter attention, & recon-noître s’il n’y a pas quelques branches , qui par leur contour , peuvent être plus précieufes pour la Marine que le tronc même. Un habile Bûcheron doit déterminer la chute du côté qu’il juge le plus convenable.
- On ne peut trop auffi prendre garde , en abattant un arbre de conféquence, s’il n’y en a pas aux environs quelques-uns qui peuvent nuire à fa chute & s’en-
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- !t 3 § Traité fur la forcé
- crouer. Dans ce cas , on doit redoubler d’attentioii pour qu’aucun ne foit endommagé j Ôc même il eft prudent de commencer par abattre les arbres du vok finage, s’ils font partie de l’exploitation,
- Pour opérer, comme il convient, il faut commencer par couper le pied des arbres le plus près de terre qu’il eft poffîble : l’Ordonnance l’exige j 8c comme un arbre , furtout s’il eft de quelque conféquence, doit tomber du côté oppofé où il penche} ce qui évite les éclats & les lardoires : il faut, pour y parvenir f faire de ce côté une entaille qui pafle de beaucoup le centre de l’arbre, 8c du côté oppofé faire une fécondé entaille qui dirige la chute. Un Bûcheron habile ne s’y trompe pas : il fait tomber fou arbre à l’endroit où il veut.
- On ne peut apporter trop d’attention à faire tomber fur fon plat un arbre fourchu, afin de ne pas rompre les branches, 8c même de ne pas faire fendre le tronc dans une longueur allez grande, ce qui le rendroit inutile» Ces efpecesde fourches font d’ailleurs avantageufespour la Marine. Au furplus, ces obfervations ne font que pour les arbres extrêmement gros, 8c que l’on veut ménager ; car pour l’ordinaire on abat les arbres par un côté de la futaie, ce qu’on appelle une arne ; 8c même, quand ils ne font pas bien gros, on les fait tomber les uns fur les autres, afin que les troncs ne foient pas endommagés , fur-tout dans les demi-fo*
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- taies , parce que leurs branches ne fervant pour l’ordinaire qu’à faire du bois à brûler , on ne craint pas quelles fe rompent ou quelles foient forcées. Il y à encore une autre maniéré d’abattre, qui eft de pivoter. Pour faire cette opération, on enleve la terre du tour 'de l’arbre ; on en coupe toutes les racines , afin qui!' tombe avec fon pivot. S’il s’en trouve qui foient trop profondément enracinés pour pouvoir être abattus facilement , on en enleve les racines avec des crics, 8c on les coupe lorfqu’elles font tirées de terre. Gette opération eft moins expéditive que celle d’abattre à la coignée, conféquemment plus coûteufe ; mais elle donne deux , deux pieds 8c demi de coupe de plus , 8c d’ailleurs 1© pivot de trois à quatre pieds. Malgré ces avantages , elle eft défendue par l’Ordonnance : on détruiroit alors toutes les fouches. Cependant, lorsque les Officiers des Eaux 8c Forêts veulent favorifer, ils permettent, fuivant les circonftances 8c la quantité de gros arbres qui fe trouvent dans la vente , de faire pivoter fix, huit, 6c même quelquefois dix arbres par arpent. On ne peut qu’applaudir à cette tolérance, 8c l’on doit même s’y prêter d’autant plus volontiers que la plus grande partie des fouches des gros arbres pourriifent en terre , quelles ne peuvent jamais produire de bon recru, que d’ailleurs les Marchands eh tirent parti, 8c que c’eft pour eux le feul moyen de pouvoir fournir de certaines pièces de bois, telles
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- $4$ Traité fur la force
- que des tournans de moulins, des jumelles de pref-foir} &c. il feroit à fouhaiter que cette façon d’abattre en pivotant fût plus commune : elle eft bien préférable à celle d’abattre avec la coignée ^ qui ne devroir pas être préférée à la fcie , malgré ce que l’on prétend que la pratique de la fcie fait trop de tort à la fouche. Le préjugé , fuite de l’habitude , ne fetnble pas favo-rifer cette pratique , je le fais : mais qu’il me foie permis de faire à cet égard une obfervation} c’eût qu indépendamment des exemples qui militent en fa-; veur de cette façon d’opérer , on économiferoit 1© bois qui fe perd à la coignée, & eft réduit en copeaux. Huit ou dix pouces , quelquefois même un pied fur une hauteur } font une différence. Nous l’avons dit : il n’y a pas de petits objets dans les grands détails, s’ils font multipliés.
- Mais ne nous écartons pas en differrations : contentons-nous d’obferver que le bois une fois abattu 3 on ne doit pas tarder à en retrancher les branches : il convient encore de les équarir huit à dix jours après. En effet, ce qui peut précipiter l’évaporation de la feve eft favorable pour leur confervation „ & leur enlever l’écorce, l’aubier , c’eft le moyen d’en tirer tous les avantages pofïibles. Alors rien ne retient de ne captive cette trartfpiration : les pores font ouverts & le bois fe feche. D’ailleurs , il eft aufti important de ménager les recrues des Touches que
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- louches même, & on ne peut le faire que par la célérité qu’on apporte au travail. Aufli les abattages des taillis doivent-ils cefler à la mi-Avril : autrement,' c’eft une année que l’on perd , & fouvent le bois en eft-il encore fatigué l’année fuivante. On ne peut, donc apporter trop de vigilance ôc de promptitude à faire l’enlevement du bois ôc à vuider la forêt. 11 ne nous eft guere poflible de prefcriré un temps fixe. C’eft le feul débit, c’eft la facilité de tirer le bois. qui peut en décider. L’intelligence en femblable cas eft néceflaire, & l’ufage du pays fait la loi. Il eft d’ailleurs eflentiel, quand on a fait une vente ôc qu’on ne fait pas exploiter par foi-même, de fixer un temps : aufli a-t-on foin de le pratiquer } autrement on en fe-jtoit la vi&ime.
- Nous dirons encore que les tranchées ou laies que font les Arpenteurs, pour lever les plans ôc prendre leurs mefures d’eftimation de fuperficie, font en général de trois pieds de largeur, que le - bois qu’on ÿ abat refte fur la place , de fait partie de l’adjudica-îion.
- Nous obferverons aufli que , fuivant les Ordon-, nances, les taillis ne peuvent être mis en coupe ré-* glée, à moins qu’ils n’aient atteint l’âge de dix ans,' Sc à la charge de laifler feize baliveaux par arpent de !’age du bois, outre 'les.anciens ôc les modernes. A l’é*
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- v ^ 0 F f f
- fïqâ lraite Jur La jorce
- gard des taillis des Gens de main-morte, îa coupe 6$ a été réglée à vingt-cinq ans, avec un quart de réferve ®n bon fonds, pour croître en futaie.
- Telles font les obfervations fur la nature du bois de chêne, fur fa végétation , fa croiflànce, fes maladies j fur l’expofition , la lîtuation & les terreins ou il peutfe trouver, & fur fes qualités en conféquence^ fur la maniéré de l’abattre & de l’exploiter, & enfin fur les réglemens que les Ordonnances ont fixés pour' les taillis 8c pour les futaies. Il ne s’agit donc plus que de la connoiflance du degré des forces rélatives aux bois de charpente, en raifon de leur longueur ëc de leur grofleur. Mais avant que de palfer aux ex-* périences qu’ont faites à cet égard les plus habiles Phyficiens, nous penfons qu’on ne nous faura pas mauvais gré de nous arrêter un mitant a tracer en abrégé ce qu’en général peut coûter l’exploitation. Semblables à des voyageurs, ce font des fleurs qué nous trouvons fur la route , & que nous ne dédaignons pas de cueillir. C’eft une digreflïon, il eft vrai * mais elle peut avoir fon avantage. Il faut en profiter ; de c’eft avec plaifir que nous faififlons cette efpece d’épifode.
- Le travail des Bûcherons fe paie, favoir :
- La corde de taillis , quinze à dix-huit fols. Nous ayons dit ce que l’arpent contenoit de cordes relative-
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- tnent à fon âge : il eft aifé d’en faire le calcul.
- On paie la corde de bois fciés & fendus vingt-cinq à trente fols.
- La corde de bois fe vend douze livres : elle contient huit pieds de couche fur quatre de hauteur, & la bûche trois pieds & demi de long. L’abattage du cent d’arbres des demi-futaies , gros Sc petits, fe paie cinquante fols.
- Celui des hautes futaies coûte le double , quelques fois le triple, & meme davantage, â proportion de là grofteur des arbres.
- A l’égard des arbres qu’on fait pivoter, on les paies par chaque arbre dix, douze & quinze fols : la grof* feur en décide.
- L’arpent eft de cent perches, & la perche de vingt-’ cinq pieds pour les bois du Roi.
- Un arpent de taillis de vingt-cinq ans de coupe f@ vend environ cent vingt livres fur pied , plus ou moins, fuivant qu’il eft garni, que fon bois eft vt* goitreux & d’une belle venue, fuivant auflî qu’il eft £tué le long des rivières navigables, qu’il eft à la portée des endroits où le prix dubois eft à peu près? le même qu’à Paris. Avec ces deux dernieres conditions , fi dans le taillis il y a des baliveaux, le bois s’en réduit à la piece , ainfi que celui des futaies.
- La piece contient trois pieds cubes, 8c elle fe vend Soute équarie une trentaine de fols*
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- ^44 *Fr aite fur la force
- Nous ne donnons pas ce précis démonftratifcommé lin tarif décidé : ce n’eft qu’un tableau pour fer vit d’induétion. Quand on parle d’un objet , on eft curieux d’avoir au moins une connoiflance générale de fon enfemble. Nous nous eftimons heureux fi nous avons atteint ce but par notre foible efquifle. Au Surplus , l’intelligence du Leéteur y fuppléera. Il eft temps de traiter actuellement de la force & de la réfiftance des bois de charpente \ c’eft notre objet principal. Cette matière intérefle l’économie : elle mérite d’autant plus notre attention & nos foins, quelle peut ménager près de moitié des bois qui entrent dans la conftruétion de nos édifices. Appelions à notre fecours ces Spéculateurs intelligens, ces Savans du premier ordre qui s’en font occupés. Parcourons leurs ouvrages ; entrons dans le détail de leurs Opérations ; pefons-en les circonftances, les réfultats ; imitons les abeilles qui volent de fleurs en fleurs pour en extraire le miel. Feuilletons les Mémoires, les Annales de l’Académie. Écoutons ce que nous difent Galilée 8c les autres Phyficiens célébrés (i). Raflem-blons leurs découvertes éparfes : mettons-en fous les
- ( i ) Leibnitz nous en adonné des leçons en 1684. Mariotte nous a fait part de fes découvertes à peu près 4an.s le même temps j Varignon eii 1701 5 Parent en 1704, 1707 & 1708 3 Bernouilli en 1705 5 Belidor exi 1715» 5 Couplet en 17 31 3 de Buffon en 1740 $ du Hamel eiv 1741 j Mufchenbroeck en 176^:
- yeux
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- "des Bois de Charpente. yeux dès Leéteurs les objets les plus importans, & ne cherchons pas à les fatiguer par des répétitions. Une .partie de ces Savans ont profité des lumières de ceux qui les avoient devancés } & comme ils ont poufie plus loin leurs expériences , qui ne font que la confirmation du travail de leurs prédécefieurs, nous nous contenterons de les rapporter & d’en faire i’analyfe.
- Après avoir confidéré les forces dont font capables les fibres ligneufes dans une fuperficie fuppofée fans épailfeur , nous ferons en état d’apprécier les forces de ces mêmes fibres dans une fuperficie avec épaifieur5 autrement dans un folide, tels que font les pièces de charpente que nous mettons en ufage.
- Dans toute piece de bois qui fe rompt , il y a fix chofes à confidérer : deux plans qui fe forment après la rupture & feétion des fibres continues, le nombre de ces fibres, leur dire&ion ou alignement, leurgroffeur, le terme de leur tenfion avant que. de fe calfer& les leviers par lefquels elles agiffent* Ç^eft en effet ce compofé total qui forme ce qu’on-appelfa.rçfiftançe dans les bois» Suppofons une planche pofée de champ fur un point d’appui placé au milieu de fa longueur - imagi-,‘nons-la extrêmement mince, ou plutôt faifons tota-Jement abftraéHon de fon épaifieur.
- Plaçons à chacune de fes extrémités une puillance qui agifife de haut en bas pour la rompre j la réfiftance oppofée .par le point d’appui empêche le point mt
- K ........."
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- ï4# 'Traité fur laforce
- lieu de defc-endre, pendant que ces deux puiffances placées aux deux extrémités s’efforcent de les faire descendre. Les chofes en cet état , voyons ce qu’il en pourra réfulter.
- Chacun Sait que ce qui compoSe cette planche eft la réunion des fibres longitudinales du bois, 8c que cette planche n’eft autre chofe que la Suite de ces fibres ligneufes jointes 8c collées, pour ainfi dire, ensemble.
- Cette planche ne caffera que lorfque ces fibres Seront rompues. Ces fibres ne fè rompent pas dès le premier inftant : elles font donc une réfiftance. Cette réfiftance des fibres doit par conséquent être regardée comme un lien qui retient cette planche contre la cafliire du milieu, objet de l’effet des deux puiffances.
- Dès que ces puiffances placées aux deux extrémités commenceront à agir, les fibres delà partie Supérieure de la planche commenceront à s’allonger : celles du milieu de la hauteur le feront auffi , mais un peu moins } celles qui feront voifines du point d’appui ne s’allongeront prefque pas; 8c la derniere ne s’allongera en aucune façon. Elles ne peuvent s’allonger Sans s’étendre : elles feront donc tendues plus ou moins , à proportion de ce quelles feront plus ou moins éloignées du point d’appui.
- La partie fupérieure de la planche commencera à fe courber 8c à Sortir de Son alignement foorifontal
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- des^ôis de Charpente147
- Cet effet fera plus fenfible, à mefure que les deux puiflances agiront plus fortement -, & enfin la plancha fe féparera en deux, lorfque l’aétion des deux puifian-ces fe trouvera fupérieure à la réfiftance que peuvent apporter les fibres.
- La hauteur de la planche étant compofée de fibres collées les unes fur les autres, 8c ces fibres étant allongées 8c tendues plus ou moins félon quelles font plus ou moins éloignées du point d’appui, leur tenfion fera donc en progrefiion arithmétique, les excédens des allongemens ou de la tenfion des tines fur les autres étant égaux entr’eux.
- La femme de leur tenfion ou réfiftance fera la Tomme de cette progrefiion arithmétique, par confé^ quent la moitié du nombre de fes fibres, multiplié© par la longueur de la fibre fupérieure, qui eft la plus longue 8c la plus tendue, ou, ce qui revient au meme, la moitié de la longueur de eejte fibre fupérieure multipliée par le nombre des fibres, ou la hauteur de là planche exprimera en meme temps 8c la folidité dê ces fibres, 8c la totalité de leurs réfiftances.
- Pour mieux entendre ce méchanifme,, connaître plus particulièrement les proportions que nous recherchons, 8c parvenir plus facilement à nos calculs, empruntons le fecours de la figure.
- Soit une planche D j B j C 3 F y G 3 A3E > pofée fur un point d’appui K. A chaque extrémité G $
- Ki
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- font appliquées deux puilTances L3 M 3 dont, TaéHori eft de haut en bas. Cette planche eft fuppofée avoir déjà cédé à l’effort de ces deux puilTances L3 M. Les lignes B3C3 H3 I3 8c toutes les autres lignes intermédiaires repréfentent lés fibres longitudinales dubois , plus ou moins allongées 8c tendues , fuivant qu’elles font plus ou moins di-ftantes du point d’appui. Elles repréfentent ainfi* par leur plus ou moins d’aL longement& de tenlion, un triangle A 3 H3B 3 C 3
- 8c chacune d’entr’elles font les élémens de ce trian°le«
- o
- . 11 y a ici deux leviers recourbés C3 A 3G ; B 3 A3 E s ayant, chacun le même point d’appui K. Les bras de levier A 3 E ; A 3 G 3 répondent aux puilTances I3 M ; lès bras de levier A 3 B 8c, A3 C3 répondent au pre-. rnier lien ou fibre B 3 Cde même que les bras du levier H^ A 8c I3 A 3 répondent à la fibre H 3 13 8c généralement tous. les bras de levier intermédiaires entre B 3 C 8c H 3 I • M3I8c A 3 répondent aux différentes fibres intermédiaires plus ou moins longues, à proportion de ce quelles font plus ou moins éloignées du point d’appui A, I
- Les fibres B 3 C 8c II3 13 ainfi que toutes les autres,, font enj progreflion arithmétique. Les bras de levier B 3 A 8c H3 A 3 fonta.uffi en progreffion arithmétique ; & ces progreffions viennent de part & d’autrefe terminer à Zéro , au point d’appui A3 fomniet du triangle. , .
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- des- -S'ois- de Charpente. f 4
- Les trianglesB-j A> C; H3.A3 /_, écart* femblables,, leurs côtés feront proportionnels. Ain fi dans les triangles A j B j C & A, Hj /j nous aurons A, B. Bs Cp.A.H.HsL '
- Suppofons que A s H foit moitié de A ^ E 3 & que' Ej 1 foit moitié de Z? C Si A 3 B vaut 6 , A 3H vaudra 3 : f B j C vaut 8 , H 3 / vaudra 43 & Ton aiiræ cette proportion en nombre 6. 8:13. 4. Prenant le produit des extrêmes & des moyens , on aura 6x4’ ==24= 8x3. Ainfi le produit des extrêmes eft-égab à celui des moyens, $c les termes font en proportion géométrique.
- Nous avons vaque les fibres B3 C & H, / font les fibres les plus grandes des triangles A' 3 B > C\ & A j H j Ij & que. toutes, çesAfites. font en progref-fion arithmétique, fe terminant à Zéro ^aii point on fommité A des triangles. Nous favons que dans toute-progrefiion arithmétique ,, la fompie des termes de là, progrefiion eft le produit de la.moitié des deux extrê.-v mes par le nombre des termes- ;
- •' Les lignes B C & Hj / font deux des extrêmes de la progrellion des fibres. L’autre extrême eft communaux deux triangles A > B 3 C-ôc pA--j //> /> &• eft-* le-point A égal a Zéro. . î ^ ’
- D’un autre côté, -Ay B'iêo'-A’p-'H’Côht le- nombre-des termes , ou des fibres. :;Airtâ 1$ fonSme des termes.
- ‘ ' , K. 3,
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- fl 5* o Traité Jur la force
- ou des fibres répandues dans les deux triangles A3 B 3 C
- & A, H, I fera A.B xlS S< aJhx-, & en même
- temps la valeur abfolue des fibres réfiftant à rupture dans les deux triangles.
- Nous avons vu auflî que la valeur relative d’une puiflance eft fon produit par le bras de levier auquel elle répond. A 3 B 3 A 3 H font les bras de levier auxquels répondent les valeurs abfolues C3 A3 B3x 8c A 3 Hx SJ dès fibres réfiftantës des deux trian-
- 2. » a
- gles.
- Nous avons donc pour valeur relative dès fibres ré-Mantes defdits triangles A 3 Bx A 3 BxÊJ Sc A3 Hx
- t
- À 3 Hx SI ou ce qui revient au même A3 B 1 S9
- 2 ) X Z
- Ttïï^sjT
- Ge qui nous donnera, à caufe des cotés prôportioii-îiels, dans les triangles femblables, l’analogie fui-
- vante B3 B* bç Âfti * ni. . JfB 1 ÏÏfJ *
- * a ' x 2 * * • • .9
- c’eft-à-dire, que dans deux planches de hauteurs différentes, , ( ces planches confidérées fans épaifleur ) les forces réfiftantës de leurs fibres feront entr’elles comme le qnarré des hauteuçs defdites planches.
- En voilà affez pont le rapport de la réfiftance des
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- des Bois de Charpentei i $$ fibres des planches en elles - mêmes. Voyons a&uelle-ment leur rapport avec la puiffance contre laquelle elles employent cette réfiftancè.
- Chacun fait que plus un bras de levier èft grand * plus la puilfance qpi lui eft appliquée a davantage;, que plus ce bras de levier eft court , plus cette puif-fance perd de fa force abfolue ; il s’enfuit donc que plus la planche a de longueur, moins elle a de force* Si cette planche ayant réfifté a uh fardeau* on vient à lui donner une longueur double, elle aura une forcé* fous-double. Si au contraire on la reftreint à une longueur fous-double, fa forte fera doublé.
- L’on fait encore qué deux puiftances différentes, font en équilibre autour de leur point d’appui, lorf-qu’elles font en raifon réciproque de leurs diftànces à ee point d’appui.
- Ainli, en fuppofant avant réquilibre la réfiftancè des fibres A 3 B égale au poids Ly leüt réfiftancè fera au poids L j comme le bras dé levier Ây B èft àu bras de levier A y E. Si la ligne A 3 B eft le quart de la ligne A y E y la réfiftancè des fibres ne fera que le quart dé leur réfiftancè abfoliie.
- Cette force relative dépehd donc de k maniera dont la ligne A 3 B eft contenue dans la ligne A y L’on ne fait que par k divifion combien une grandeur eft contenue dans uiie autre. L’expreftion de k
- K*
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- rï f 2 Traité fur la force
- réfiftance des fibres fera donc dans la première analogie éJL2, 8c dans la fécondé £LI2. au a E
- Mais Aj JE n’étant que la.moitié de la planche, 8c les parties prifes enfemble étant égales à leur tout , on peut indifféremment prendre Ta longueur entière ÿ çe qui fera d’autant plus commode , qu’on évitera ainfi l’embarras des fraéHons.
- D’où il fuit, que la force relative d’une planche, confidérée fans épaifteur , eft le quarré de fa hauteur divifée par fa longueur.
- Pour faire nos comparaifons, & établir nos rapports , nous prendrons des planches de différentes hauteurs. On peut, pour même raifon, leur donner auffi des longueurs différentes; & nous aurons les deux planches PJ, C> F> G, A, E & N, HX I, Ry Qj A, p. -
- A cet effet donnons Aj E pour longueur à la hauteur A j B 8c A j P pour longueur à la hauteur A _, H;
- 8c nous aurons cetre proportion. £_Ë 2 eft à la première planche, comme âJé2 eft a la deuxieme planche.
- Ainfi la réfiftance,de la première planche fera à la réfiftance de la fécondé planche, comme le quarré de ' la hauteur de la première divifée par fa longueur, eft au quarré de la hauteur de la fécondé divifée aufîi par fa longueur.
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- des Bols de Charpente„ ’iff
- Il faut obferver que, pour Amplifier les idées, de ne les point accumuler avec confufion dans l’efprit,’ nous avons d’abord regardé ces planches comme n’ayant ancune épaifleur. Notre marche en a été plus claire 8c plus méthodique.
- Actuellement nous fournies en état de les confidé-rer avec leurs épai(leurs. Planches, membrures, foli-: ves, poutres, tout va être l’objet d’un feul 8c même" calcul; & la force de la vérité fe fera aifément fentir dans tout fon jour, ainfi que l’utilité à en retirer par le public, tant pour l’économie que pour la folidité.
- Il s’agit de favoir la quantité de fibres dont eft eom-jbofé le cube d’une piecè de charpente quelconque, 8c la valeur de leur ténacité contre le fardeau.
- Nous avons vu que, comme une fuperficie n’eft formée que par plusieurs lignés couchées les unes fur les autres fans intervalles , de même un foîide n’eft formé à fon tour que par plufieürs fupërficies adaptées exactement les unes fur les autres:, comme autant de lames. n
- Les fibres d’une piece de bois font ces lignes. La fuperficie formée par ces lignes fera la hauteur verticale de la piece le folide ou la réunion de plufieurs de ces fuperficies fera la largeur horifontale de la même piece. rr .d ;
- Ainfi , le nombre des fibres' compofant la largeur horifontale de la piece donnera la totalité des fibres
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- 1$4 'Traite fur la force
- réfiftantes. Donc, en multipliant le quarté de la hauteur verticale de la piece par fa largeur horifontale a on aura la valeur abfolue de la réfiftance des fibres s êc leur force relative fera le quotient de ce produit ÿ divifé par la longueur de la piece. Donc les réfiftances de deux pièces de bois quelconques feront entr’elles comme le quarré de la hauteur verticale de la première , multiplié par fa largeur horifontale, 8c divifé par la moitié de fa longueur, eft au quarré de la hauteur verticale de la fécondé , multiplié par fa largeur horifontale, 8c divifé par la moitié de fa longueur.
- Soient, par exemple, deux pièces de bois, une 6 8c 7 pouces 8c de neuf pieds de long, 8c une autre de 8c i o pouces 8c de 16 pieds de longueur > toutes les deux pofées de champ : il faut avoir le rapport de là réfiftance ou force de ces deux pièces entr elles.
- On multipliera , pour la première, la hauteur verticale 7 pouces par elle-même, ce qui donnera poür fon quarré 49 : ce produit ou ce quarré 49 fe miilti» pliera encore par 6 poüces , largeur horiforitale , 8c Fon aura pour fon fécond produit 343 à, divifer pat 4 pieds |, moitié de la longueur de la piece, dont le quotient 19 -§- fera lexpreffion de ladite piece.
- Enfuite, pour la fécondé piece, on multipliera fa hauteur Verticale 10 poucês par ellè-mêmë, dont le produit fera ioo. Ge produit 100, multiplié par $
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- pouces, largeur horifontale , donnera 900 pour fécond produit, lequel produit 900, divifé par 8 pieds 4 moitié de la longueur de la piece , on aura pour quotient 2.8 ~ , expreffîon de la force de cette fécondé piece de bois.
- Ainfi \0 j 8c 2 8 -f§• feront le rapport des forces dé ces deux piecès , ou, ce qui revient au même, les forces ou réfiftances de ces deux pièces feront entr’elies comme 19 ~ eft à 28 -j.
- Dans les calculs que nous venons d’établir, nous avons, pour plus de facilité de démonftration , appliqué les deux forces agilfantes aux extrémités dè la piece de bois, & placé le point d’appui dans le milieu y au lieu que dans une poutre qui fe rompt fous le fardeau > la force agi [fan te eft dans le milieu , & il y a deux points d’appui , un à chaque extrémité.
- Cette différence pourra peut-être caufer de l’embarras à quelques perfonnes : elles pourroient mêmë penfer que notre démonftration péeheroit par cët én-drbit, notre principe leur paroilfant contraire à ce qu’on voit tous les jours.
- Toute cette difficulté difparoîtra auffî-tôt quelles auront emprunté un œil mathématicien. Elles n’ont qu a fe reffouvenir qüe nos pièces de bpis font dès leviers \ que dans tout levier on confidere trois points y qu’à chacun dé ces points eft appliquée une pmfftoéëj
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- 'rt$6 Traité fur la force '
- que ces puifTances font agiftantes ou ré liftantes ; que çelle qui eft au point d’appui eft toujours réfiftante 5 enfin qu’il 11e faut confîdérer les puifTances foit agif-fàntesffoit réfiftantes, qu’à raifon de leurs dirëdions*
- Dans notre hypothèfe, la diredion des deux puif-fànces qui forcent les extrémités de notre planche eft de haut en bas j & la diredion de la puiftance du point? d’appui eft du bas en haut.
- Dans nos poutres , lorfqu’elles fe caftent, la direction des puifTances du point d’appui eft de bas en haut, & la diredion de la puiftance du fardeau .eft de: liaut en bas.
- Ainfi dans une hypothèfe comme dans l’antre, la diredion des puifTances, qui font aux deux extrémités de la piece de bois, font en fens contraire de la direction de la puiftance appliquée au point milieu de la,’ piece.
- . Il ÿ a donc même rapport entre les puifTances des deux côtés. Elles font toujours puifTances dans un cas comme dans l’autre : elles ne font que changer de nom. Elles feront toujours dans la même raifon & la même analogie j & leur énergie dépendra toujours du. quàrré de la hauteur verticale & de la bafe horifon-tale.
- Avant que de quitter cet article, nous obferverons avec Galilée, Leibnitz, Mariotte, Varignon, Ber-/ nouilli & Belidor que lorfque.la, poutre fe rompt ? les»-
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- des Bols de Charpente. ï y j
- fibres fnpérieures s’étendent, & les fibres inférieures fë compriment j qu’ainfiil y a un centre d’extenfion & dë compreffion ; enfin, que ce centre d’extenfion & de com-preflion refte au centre de gravité de la poutre, lorsqu’elle n’eft chargée que de fon propre poids ; qu’il change de place, lorfqu’un fardeau commence à le comprimer ; qu’il varie à mefure que la compreffion augmente, 8e que les fibres inférieures commencent ou font prêtes à fe caffier, jufqti’au moment de la rupture entière de la poutre.
- Tous ces cas ne changent rien a notre théorie. Que l’on confidere ce centre d’extenfion & de compreffion au centre de gravité de la poutre ; qu’il foit plus haut ou plus bas , les diftances à ce centre, les leviers de téfiilance feront toujours de même efpece & de même matière, & dans la raifon des quarrés des hauteurs. Il en réfultera même plus d’avantage dans notre hypo thèfe , qui fera celle de Galilée, où il faut plus de force pour rompre la piece que dans toutes les autres.
- On nous dira peut-être que, dans notre démonftra--don, nous avons regardé & calculé la force des fibres comme fi elles étoient fur une ligne droite; que cependant , dans le cas de rupture , elles décrivent chacune des arcs de cercle plus ou moins grands, à raifon de ce que la piece a plus ou moins de hauteur.
- Centre difficulté s’évanouit auffi-tôt qu’on fait attention que notre calcul eft. établi dans i’mftanc où corn-
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- I j B Traité fur la force
- jnence l’effet de la rupture, où les fibres commencent à s’étendre, où leur allongement eft prefqu’infenfible; enfin quand on fe refTouviendra qu’il eft démontré en Géométrie , que la partie infiniment petite d’une courbe eft une ligne droite.
- A l’égard de la figure dont nous avons repréfenté les fibres, fous une grandeur fenfible 8c même forcée, on en doit fentir la raifon, lorfque l’on considérera que les infiniment petits échappent à nos yeux , & que notre objet eft de leur parler pour le moment.
- Au Surplus, les élémens que nous venons de donner de la maniéré la plus fimple 8c la plus concife, font de la plus grande fécondité : l’ufage le fera con-noître. C’eft un fil par le moyen duquel on peut parcourir tout le labyrinthe, dans lequel la nature a fem-blé fe renfermer • 8c comme Théfée, en fortir victorieux. On connoîtra le rapport des puiffances réfi(tantes des fibres longitudinales du bois : on les calculera ainfi que tous les degrés des forces deftruétives : on faura exactement la groffeur des charpentes qu’on peut employer, ainfi que la maniéré la plus avantageufe 8c la plus économique de les mettre en ufage , relativement aux fardeaux à fupporter. tes bois refendus ne 'paraîtront plus des moyens extraordinaires. Les avantages en feront connus ; 8c l’exécution ceflera d’être douteufe. On aura une marche certaine} on ménagera fa bourfe 6c les reffources de l’état. Paffons aux Expériences.
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- des Bois de Charpente, ri yp
- EXPÉRIENCES DEPARENT.
- Icrt. Expérience sur le chêne tendre.
- Un morceau de bois de chêne moyennement dur & fec j large de cinq lignes , épais de hx, & long de cinq pouces 8c demi, étant pofé de champ, & retenu par un de Tes bouts , a foutenu à l’autre extrémité un poids de vingt-trois livres 3 avant que de fe rompre,
- 11. Expérience sur le cjhêne tendre.
- Un autre morceau pareil en grolTeur, mais double en longueur, pofé de champ fur deux appuis, a fou-tenu dans fon milieu trente-quatre livres & demie avant fa rupture.
- J IL Expérience sur le chêne tendre»
- Un troifieme morceau, femblable au précédent , pofé de même , & ferré par les deux bouts, a Ibutenu dans fon milieu cinquante-une livres avant, que de fe rompre.
- IF. Expérience sur le chêne plu$ durI
- Un quatrième, égal en tout au premier, & retenu de même ? a foutenu cinquante-deux livres avant là ruptures
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- \i6o , 'Traite fur la for ce
- V. Expérience sur du chêne plus dur;
- Un cinquième , parfaitement femblable au fécond pour les dimenfions & pofé de même, a foute nu quatre-vingt-douye livres avant fa rupture.
- FL Expérience sur le sapin
- MOYENNEMENT DUR.
- Un fixieme morceau de bois de fa-pin , égal en tout au premier, aufïi pour les dimenfions, pofé & retenu dé .même, a foutenu trente-fept livres, avant que de fe rompre , &c après s’être beaucoup plus courbé que celui du chêne.
- FIL Expérience sur le sapin.
- Un feptieme morceau de fapin, pareil au précédent, 8c égal en tout à celui de la deuxieme Expérience ^ pofé & chargé de même, a foutenu foixante-huit livrés avant fa rupture.
- FIIL Expérience sur le sapin.
- Un huitième, aufiî de fapin, parfaitement femblable à celui de la troifieme Expérience , pofé & chargé de même, a foutenu dans fon milieu cent Jïx livres avant fa rupture.
- D’après ces différentes épreuves, on établit trois principes.
- i°. Que la force d’un folide retenu par un bout , 8c
- chargé
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- des Bois de Chàrpèhtel î 6 i
- chargé par l’autre perpendiculairement à fa longueur, eft à la force d’un folide double en longueur, pofé lut deux appuis j & chargé dans fon milieu, à peu près comme 7 eft à 12.
- i°. Que cette première force eft a celle d’un autre folide 3 en tout égal au deuxieme , pofé ôc chargé de même ôc de même matières comme 7 eft à 18.
- 3°. Que les réliftances des deux dernieres forces font entr’elles , tout étant égal d’ailleurs , environ comme n eft à 18.
- Remarquons en paftânt que , dans les folides retenus par un bout, la courbure accourcit le levier , environ de fa quarante-cinquième partie } Ôc que dans ceux qui font retenus pat les deux bouts, elle 11e raccourcit que d’un foixantieme environ.
- iX Expérience sur le chêne dur.
- Un neuvième morceau de chêne fort dur & fec, de trois lignes ôc demi d’épaiflfeur, treize lignes deux tiers de largeur, & lix pouces ôc demi de longeur, retenu par un bout fur le plat, ôc chargé perpendiculairement , a foutenu , avant que de fe rompre, trente-huit livres & demie*
- X, Expérience sur le chêne tenï>re«
- Un dixième morceau , bien moins dur que le, pré-cèdent? ayant quatre lignes un tiers d’épaiffeur , cinq
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- lignes un cinquième de largeur, 8c dix pouces de longueur, pofé de même, 8c retenu par les deux bouts, a .Contenu vingt-cinq livres avant la rupture.
- XL Expérience sur le chêne tendre.
- Un onzième morceau de même bois que le précédent , de quatre lignes deux tiers d’épaifïèur , de cinq lignes deux tiers de largeur, ëc de quatorze pouces de longueur, pofé fur deux appuis, à plat, 8c horifonta-lement, a foutenu dans fon milieu, avant que de fe rompre , vingt-huit livres un tiers.
- XIL Expérience sur le chêne tendre.
- Un douzième morceau de même bois, ayant un pouce d’équarrilTage 8c deux pieds de longueur, pofé fur deux appuis de niveau, 8i chargé à plomb, a fou-tenu trois cents livres jujle, avant que de fe rompre.
- Cette expérience peut aifément fervir de modèle pour toutes les autres fur le même bois, à caufe de fa Simplicité.
- XIII. Expérience sur le chêne tendre.
- Un treizième morceau de quatorze pouces de longueur, de cinq lignes deux tiers depaifleur, & de quatre lignes un tiers de largeur, pofé de champ 8c fur deux points d’appui , a fupporté , avant que de fe rompre , vingt-cinq livres , comme celui de ,1a dixième Expérience.-
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- des Bois de Charpente* i 63
- JîF Expérience sur le chêne tendre.
- Un quatorzième morceau de chêne tendre , de même longueur que le précédent, fupporté & pofé de même , ayant fix lignes d’épaifleur & cinq lignes de largeur, a foutenu trente-fept livres & demie avant fa rupture.
- XF, Expérience sur le chêne tendre.
- Un quinzième morceau, de même qualité & longueur , épais de quatre lignes & demi, large de cinq lignes & demi , pofé fur le plat, a foutenu vingt-deux livres dans fon milieu.
- XFL Expérience sur le chêne tendre.
- Un feizieme morceau de même bois & longueur, ayant cinq lignes deux tiers d’épailfeur, & quatre lignes trois quarts de largeur, appuié &" chargé comme le précédent, a foutenu vingt-fept livres un quart dans fon milieu, avant que de fe rompre.
- En comparant toutes les expériences faites fur différentes efpeces de chêne, & en fe fouvenant que les téfiftances proportionnelles font entr’elles comme les produits des quarrés de leur hauteur par leur largeur, ainlî que Parent l’avoit démontré à l’Académie en 1704 , on trouvera que le modèle du chêne de la douzième Expérience auroit dû foutenir^x cents quatre-
- L z
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- 16" 4 Traité fur la force
- yingt-feqe livres 3 au lieu de trois cents , ce qui confirme cette proportion.
- De même, fi l’on compare les expériences faites fur le fapin , on trouvera qu’un pareil modèle de ce bois devoir foutenir trois cents cinquante-huit livres ; ôc qu’aind la force moyenne du fapin eft à celle du chêne, environ comme 358 eft à 300, ou comme 119 eft à 100.
- EXPÉRIENCES DE BELIDOR.
- Première Expérience.
- IL e folîve de dix-huit pouces de longueur & d’un pouce en quarré , pofée fur deux appuis, fans être ferrée par fes extrémités, a porté dans fou milieu avant que de fe rompre. . . 4001.
- une fécondé pofée de même. 415!. une troifieme femblable. . 4051.
- Cette expérience s’accorde allez bien avec la douzième de Parent, il y eft rapporté qu’une piece de bois de chêne , de vingt-quatre pouces de longueur fur un pouce d’équarriftage , a porté trois cents livres dans fou milieu avant la rupture. Comme celle-ci, qui a dix-huit pouces de longueur, eft les trois quarts de celle de Parent , elle doit porter cent livres de plus ;
- V 4 0<j1. terme f moyen„
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- des Bois de Charpente» 16$
- au fil ne s’eft-elle rompue que par Taélion du poids d’environ quatre cents livres.
- I I. Expérience.
- Une folive de dix-huit pouces de longueur fur un pouce en quatre, ferrée par fes deux extrémités , a avant que de fe rompre. . . 6001.
- une fécondé de même. . . 6001.
- une troifieme. . . . . . 62.41.
- Dans cette fécondé expérience , çhaque folive étoit arrècée par les deux bouts , & la queftion étoit de fa-voir fi elle romproit en trois endroits. On fut furpris de voir que la première, qui avoit cafie avec le poids de fix cents livres, n’avoit été rompue que dans le milieu, & que les deux bouts étoient feulement un peu courbés} mais on s’apperçut après coup que les valets qui ferroient cette folive avoient obéi tant foit peu , n’ayant pu foutenir un fi grand poids.
- En conféquence, on fit retenir la fécondé folive par deux valets au lieu d’un, à chaque extrémité, & après avoir été chargée jufqu’à la pefanteur de fix cents livres, elle fut rompue net dans le milieu & aux deux extrémités, ôc les deux morceaux tombèrent à terre en même temps que le poids.
- La troifieme folive fut aulfi calfée de la même maniéré > ainfi que plufieurs autres qui furent foumifes à la rupture par curiofité.
- >6o8l.
- terme
- moyens
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- i 66 Traité fur la force
- il réfnlte de-là qu’une poutre arrêtée 8c bien ferrée par les deux bouts, eft capable de porter un poids beaucoup plus fort que celle qui n’eft pofée que fur deux appuis j que la différence en eft comme 3 eft à 2, c’eft-à-dire que la poutre ferrée par les deux bouts eft plus forte d’un tiers que celle qui ne l’eft pas.
- Obfervons encore que ces deux expériences de Be~ lidor font conformes à la fécondé & à la troifteme de Parent.
- En effet, Parent nous dit qu’une piece de bois de chêne, longue de douze pouces fur cinq lignes de largeur 8c fix d’épaiffeur, pofée de champ fur deux appuis j fans être ferrée par fes extrémités, a porté trente-quatre liv. & demie avant l’inftant de fa rupture, 8c qu’une autre piece toute femblable à celle-ci, mais ferrée par les deux bouts, a porté cinquante-une livres; ce qui donne le rapport de 3 à 1. Cette proportion fe trouve encoure prouvée par la feptieme 8c la huitiem® expérience de Parent.
- I I L Expérience.
- Une folive de dix-huit pouces de longueur, 8c de deux pouces fur un poucedequarriffage, pofée à plat, fans être arrêtée par fes extrémités, a porté avant que de fe rompre. . . . . . 8 x o h
- une fécondé pofée de même. . 79 31.
- une troifteme femblable. , . 8111.
- 805 L
- terme
- moyen.
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- des Bois de Charpente» iGf
- Ce qui s’accorde avec la premier© expérience 5 ou-las?, foiive de dix-huit pouces de longueur fur un pouce e® quarré , pofée fur deux appuis , fans être:, ferrée, apporté quatre cents livres. La ra-ifon veut en effet qu’une: autre foiive de même longueur 8c de même hauteur^ pareillement pofée, mais qui auroit le double de lam geur , fupporte un poids double.
- Audi cette troifîeme expérience donnê-t-elle huit cents cinq pour la force moyenne * au lieu de huit cents. Cette différence eft trop légère pour mérites: attention.
- / F* Ex P È R 1 E N' C -K-
- Une foiive de même dimenfion que dans l’expérience précédente , pofée de champ & fans être arrêtée par les bouts , a porté , avant que de fe romprei . . ... . 15701. ^
- une fécondé pareille.- . . 15 p o 1. > 15 8° L moyen,
- une troifîeme. . ... . ... . 1590I.J.
- D’ou l’on conclut que deux poutres de même longueur , & dont la largeur des bafes eft égale, ont leurs forces dans la raifon, des quartés de leur hauteur'.
- En effet, dans cette expérience , la force moyenne d’une foiive qui a une hauteur double de celle de la première expérience,. 8c dont-tout le refte eft égal
- 1L 4
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- \l~6S Traité fur la force
- eft de quinze cents quatre-vingt, qui eft un nombre a
- peu près quadruple de quatre cents.
- On voit encore , par cette expérience, que la force d’une poutre pofée à plat eft à celle qu’on auroit pofée de champ * comme le plus petit côté de la bafe eft au plus grand»
- F. Expérience,
- Ünô foîive de trois pieds de longueur 8c d’un pouce cnn quatre , n’étant pas ferrée par fes extrémités, a porté. . . . . « . . . 185!.^
- une fécondé de même. . „ 195 I >i87l. terme
- ' ' \ moyen;
- une tromeme. . . . . » 180I.J
- Gette expérience prouve que de deux poutres qui ont leurs bafes égales, 8c qüi font pofées fur le même côté j la plus longue' 'a moins de force que la plus courte dans la raifon de fa longueur»
- ‘ Dans la première expérience , une foîive de dix-huit pouces de longueur & d’un pouce en quarré, a porté quatre cents livres ; & dans cette cinquième expérience 5 la force moyenne d’une foîive de trois pieds de longueur 8c de même bafe, eft de cent quatre-vingt-fept livres.
- La différence de ces cent quatre-vingt-fept livres, tu Heu de deux cents que donne le raifoiinemenc, vient; de ce que îe bois de la-cinquième expérience
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- des Bois de Charpente. 169
- tfétoit pas tout-à-fait fi bon que celui de la première»
- FL Expérience.
- Une folive de trois pieds de long & d’un pouce en quarré, arrêtée par les deux bouts, a porté avant fa rupture. . . » . . . . 2 8 5 L1
- une fécondé arrêtée de même. 2801. >283!. terme
- . „ t ? moyen*
- une rroiiieme pareille. . . 285 h j
- Dans cette expérience, les folives fe font rompues en trois endroits , comme dans la fécondé. Leur force moyenne n’a été que de deux cents quatre-vingt-trois livres, au lieu de trois cents pour être en rapport avec la fécondé expérience. Cela vient de ce qu’il n’eft, prefque pas poflible qu’un nombre d’expériences puif-fent être entr’elles dans un rapport parfaitement exaéh Cependant on doit faire attention que la force moyenne des folives de cette fixieme expérience efl; à celle des folives de la cinquième à peu près comme 3 eft à 2 ; & qu’enfin c’eft un furcroît de preuves que les poutres , qui ne font pofées feulement que fur leurs appuis, ©nt moins de force que celles qui font ferrées par les deux bouts.
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- î70 Traité fur la force
- Vil, Expérience:
- Une folive de trois pieds de long fur deux pouces en quarré , non-arrêtée par les deux bouts , a porté
- avant fa rupture.........15.501.^
- «ne autre femblable. . . . 16^2.01. > 15 S 5 î. terme
- . r . i moyen'.
- une tromeme. . . . . .12501.3
- La première & la fécondé folive s de cette expérience ont porté à peu près le poids que devoir exprimer leur force par rapport à la première & à la cinquième expérience. La première folive a porté cinquante livres de moins, & la fécondé vingt livres de plus , le poids devant être de feize cents livres. A l’égard de la troifieme folive, il s’en faut de beaucoup quelle ait eu toute fa force. Mais il faut favoir quelle avoir paru défe&ueufe avant même qu’on en fît ufages, ôc qu’on ne s’eft déterminé à l’employer que parce qu’il ne reftoit plus de bois débité fuivant les dimen-fions nécelTaires. En conféquence, 011 a fuppofé , pour trouver la force moyenne de cette troifieme folive , qu’elle auroit porté la fomitie moyenne de la première de la fécondé.
- VIII. Expérience;
- Une folive de trois pieds de longueur, fur vingt a
- vingt-huit lignes d’équatriflTage, pofée de champ s a
- porté....................1665!.^
- une fécondé pofée de même. . 167 51. > 1 <>© 1. terme .r , , i moyen,
- une troifieme............16401.3
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- des Bois de Charpente, 171]
- ïl s’agiffoit de voir, par cette expérience, combien à peu près une folive, qui auroit les dimenfioiïs de fa bafe dans le rapport de 5 à 7, auroit plus de force qu’une autre dont la bafe feroit quarrée, comme dans la feptieme expérience.
- La force moyenne des folives de la feptieme expérience n’étant que de quinze cents quatre-vingt-cinq livres celle des folives de la huitième de fci^e cents foixante j & leur différence de foixante - quinze cela ne fait pas le rapport au jufte de deux cents quarante-cinq à deux cents feize , mais fuffit cependant pour la juftification de la théorie.
- Nous obferverons ici, que Belidor n’a point fait d’épreuves fur les folives arrêtées par un bout, celles que nous venons de rapporter lui ayant paru fuffifantes pour établir fa théorie, & qu’il n’en a point fait non plus fur d’autre bois que le chêne. Mais , de fon aveu,’ il réfulte des expériences de Parent fur le fapin , que la force moyenne du chêne eft à la force moyenne du fapin comme 119 eft à 100, ou environ comme 6, eft à 5 \ de forte que lorfqu’une folive de chêne por-; tera cinq cents livres avant que de fe rompre, une autre de fapin, en tout femblable à celle-là, en portera ftx cens. Ainfi il fera aifé de calculer la force du fapin par la connoiffance que les expériences de Belidor nous donnent fur ie chêne.
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- Traité fur la force
- EXPÉRIENCES DE BUFFON.
- P A s s o n s actuellement aux expériences de M. de Buffon, & faifons l’analyfe des Mémoires qu’il a donnés à l’Académie à ce fujet.
- Cet ingénieux Sc infatigable Académicien , occupé du defir d’être utile aux Conftraéteurs & aux Charpentiers ( ce font fes termes ) , a fait rompre plufîeurs poutres & folives de différentes longueurs : il a réitéré fes expériences fur des pièces de bois de io, 12, 141 16, 18,20, n, 24, & 18 pieds de longueur.
- Leurs grofTeurs étoient depuis quatre jufqu’à huit pouces d’équarriffage. Les fardeaux dont il les a chargés fe font trouvés monter jufqu’à vingt, vingt-cinq &: même vingt-fept milliers. Pour une même longueur il a fait rompre trois à quatre pièces pareilles , ainfi qu’a fait Belidor ; c’eft le moyen de s’affurer de leur force. ïl ajoute avoir opéré fiir plus de cent pièces de bois, tant poutres que folives, fans compter les barreaux ou échalats.
- Il a recherché quelle eft la denfité & quel eft le poids du bois dans fes différens âges : quelle proportion fe trouve entre la pefanteur du bois du centre de l’arbre, ôc la pefanteur du bois de la circonférence extérieure encore entre la pefanteur du bois par-
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- des Bois de Charpente* 17 J
- fait & celle de l’aubier. Pour faire fes opérations avec plus de méthode 3 il s’eft fervi de balances hydrofta-tiques.
- Il a reconnu en conféquence qu’il y a environ un quinzième de différence entre les poids du bois du cœur & de l’aubier , & que} depuis le centre jufqua la derniere circonférence à l’aubier, le poids diminue de denlité en progreffion arithmétique.
- Il a trouvé, par des épreuves femblables , que le bois du pied de l’arbre pefe plus que le bois du tronc au milieu de fa hauteur, que celui-ci pefe plus que celui du fommet, ôc cela en progreffion arithmétique, tant que l’arbre prend de raccroiffiement. Il ajoute qu’il arrive un temps où les bois de centre & celui de la circonférence pefent à peu près également, & que c’eft l’âge où le bois prend fa perfeétion ; qu’il y a encore un temps où le cœur n’eft plus la partie folide de l’arbre, & que l’aubier alors eft plus pefant & plus folide que dans les jeunes arbres ; d’où nous pouvons conclure en paffiant, qu’il eft très-préjudiciable à l’Etat de trop employer de jeunes baliveaux, &que par con-féquent la refente eft d’une grande relfource pour éco-nomifer les bois.
- Les expériences de M. de Buffon ont' été faites fur des arbres de trente-trois à quarante-lix ans, fur d’autres d une foixantaine d’années environ , & fur des arbres enfin de cent à cent dix ans.
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- fi 74 Traité fur la force
- Ce Phyficien a reconnu auffi que, dans les diffé» rens climats, dans les difFérens terreins , 8c même dans un terrein pareil, il y a dans les arbres une variété prodigieufe} qu’on peut trouver des arbres placés affez avantageufement pour prendre encore de l’ac-croiffement en hauteur à l’âge de cent cinquante ans.
- Que cette variété dépend de la profondeur, de la diftance du terrein, 8c d’une infinité d’autres circonf-tances , qui concourent â prolonger ou à raccourcir le terme de l’accroiffement des arbres.
- Mais qu’en général il eft toujours confiant que le bois augmente de pefanteur jufqu’à un certain âge dans la progreffion arithmétique -, qu’après cet âge le bois des différentes parties de l’arbre devient à peu près d’égale pefanteur } que c’eft alors qu’il eft dans fa perfeétion. Enfin que, dans fon déclin, le centre de l’arbre venant à s’obftruer, le bois du cœur fe feche, faute de nourriture fuffifante, 8c qu’ainfi il devient plus léger que le bois de la circonférence extérieure. Nous avons déjà traité tous ces .objets en particulier, 8c nous croyons être entrés fur chacun d’eux dans des détails fatisfaifans.
- M. de Buffon , foupçonnant que la force du bois pourroit bien être auffi proportionnelle à fa pefanteur, a tenté lâ-deffus de nouvelles expériences. 11 a fait tirer de plufieurs arbres, tous de même âge, 8c environ de foixante ans, nombre de barreaux, tous d’un pouce
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- des Bois de Charpente; 17 J
- dequarrilfage 3 les uns de crois pieds & de deux pieds s les autres de dix-huit pouces 8c douze pouces de longueur.
- Expérience fur quatre barreaux de trois pieds de long & d’un pouce d’équarrijfage pris au centre«
- Ils pefoient.
- Le premier, I Le fécond, ILe troifieme ,|Le quatrième J
- 2.6 onces j-f. [26 onces .yf.|z6' onces yf.|-2tf onces
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier, I Le fécond, ILe troifieme ,|Le quatrième# Sous 301 liv.jSous 28^ liv.jSous 272 liv.jSous 171 liv.
- Expérience fur quatre barreaux de même longueur & équarrijfage 3 pris à la circonférence.
- Ils pefoienr.
- Le premier, | Le fëcond, ILe troifieme , Le quatrième 9 2.j onces onces 2.5 onces ÿf. 25 onces
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier, | Le fécond, ILe troifieme ,]Le quatrième 9 Sous 16z liv.jSous 258 liv.jSous zjj liv.jSous 2.53 liv.
- EXPÉRIENCE fur quatre barreaux de même longueur & équarrijfage 3 pris dans Vaubier.
- Ils pefoient.
- Le premier, î Le fécond, 6$ onces onces {j.
- Le troifieme ,ILe quatrième* 24 onces onces f-f»
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier, J Le fécond, J Le troifieme , j Le quatrième 9 Sous 248 liv.jSous 242 liv.jSous 241 liv.jSous 250 liv.
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- ‘ij6 Traité fur la forcé
- Expérience fur quatre barreaux de deux pieds de long, & d’un pouce dééquarrijfage 3pris au centre„
- Ils pefoient.
- Le premier, | Le fécond, [Le troifieme JLe quatrième, 17 onces onces \i6 onces . J16^ onces
- lis ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier, I Le fécond, jLe troifieme JLe quatrième, Sous 43? liv.jSous 4x8 iiv.|Sous 41; liv.jSous 405 liv<*
- •EXPÉRIENCE fur quatre barreaux de même longueur & équarrijfage pris à. la circonférence.
- ils pefoient.
- Le premier, j Le fécond, [Le troifieme JLe quatrième, 1; onces yf.jij onces onces -f-|.] 15 onces jf,
- v îls ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier, Le fécond, [Le troifieme JLe quatrième, Sous 356 liv. Sous 350 liv.jSous 346 liv.ISous 346 liv.
- Expérience fur quatre barreaux de même longueur & équarrijfage j pris dans Vaubier.
- Ils pefoient.
- Le premier, J Le fécond, jLe troifieme ,{Le quatrième, ,Ï4 onces fi-JH onces ff.ji4 onces ff.] 14 onces
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier , J Le fécond, [Le troifieme JLe quatrième, Sous 340 liv.jSous 334 liv.jSous 315 liv.jSous 316 liv.
- Expérience
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- *77.
- des Bois de Charpente*
- Expérience fur quatre barreaux de dix-huit pouces de long & d’un pouce d’équarrijfage ÿ pris au centre.
- Ils pefoient.
- Le premier, I Le fécond., [Le troifîeme ,|Le quatrième» Ï3 onces f-fi1? onces 113 onces -^.J 13 onces.
- Ils ont rompu fous la charge fuivante,,
- Le premier, I Le fécond, Le troifîeme ,!Le quatrième , Sous 488 liv.jSous 486' liv. Sous 478 liv.jSous 477 liv.
- Expérience fur quatre barreaux de meme longueur •& équarrijfage, pris à la circonférence.
- Ils pefoient.
- Le premier, | Le fécond, JLe troifîeme ,|Le quatrième-, ïz onces -|-f. j. x 2, onces ff-l12- onces ^.J iz onces
- Ils ont rompu fous la charge fuivante»
- Le premier, J Le fécond, jLe troifîeme ,JLe quatrième» Seus 460 liv.jSous 451 liv.jSous 443 liv.jSous 441 iiv.
- EXPÉRIENCE fur quatre barreaux de meme l&ngueut & équarrijfage 3 pris dans l’aubier,
- Ils pefoient»
- Le premier,, | Le fécond, JLe troifîeme ,|Le quatrième, îî oncés f^.Jiî onces —11 onces ff-111 onces ff.
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier , 1 Le fécond , I Le troifîeme , | Le quatrième » Sous 43? liv.jSous 438 liv.|Sous 4x8 liv.jSous 43,8 liv,.
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- ijS »Traité fur la force
- EXP ÉRIE N CE fur quatre barreaux d'un pied & d'un pouce d'équarrljjage _> pris au centre.
- Ils pefoient.
- Le premier, J Le fécond, |Le troifieme ,[Lc quatrième, 8 onces ]-f. j 8 onces f\. J 8 onces j 8 onces ff.
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier, I Le fécond, jLe troifieme ,[Le quatrième, Soüs 764 liv.[Sous 761 liv.jSous 750 liv.jSous 751 liv.
- Expérience fur quatre barreaux de même longueur & équarrijfage , pris a la circonférence.
- Ils pefoient.
- Le premier, j Le fécond, [Le troifieme ,ÏLe quatrième, 7 onces ff. j 7 onces ff. I 7 onces ff.
- onces
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- Le premier, Sous 7x1 liv.
- Le fécond, JLe troifieme , Sous 700 liv.jSous 693 liv.
- Le quatrième, Sous 6518 liv.
- EXPÉRIENCE fur quatre barreaux de même longueur & 'équarrijfage pris dans l'aubier,
- Ils pefoient.
- Le premier, [ Le fécond, jLe troifieme , jLe quatrième, y onces ff. j 7 onces -f. j 7 onces. J 6 onces ff.
- Ils ont rompu fous la charge fuivante.
- .Le premier, J Le fécond, jLe troifieme JLe quatrième, Sous 668 liv.jSous 6$tu liv.jSous 6$i liv.jSous 643 liv.
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- des Bois de Charpente• s *73?'
- Ce$ expériences prouvent que, quoique la force du bois n’y fuive pas bien exactement la même proportion que fa pefanteur, Cependant cette pefanteur diminue du centre à la circonférence.
- D’où il réfulte que les barreaux tirés du centre de l’arbre, font autrement compofés que ceux de la circonférence, 6c que Ceux tirés, de l’aubier. En effet on remarque plufieurs différences entre la forme.6c la fi-tuation des couches ligneufes dans les uns 6c dans les autres ; les barreaux tirés du centre contiennent «dans le milieu un cône ligneux de bois rond, qui n’eft tranché qu’aux arrêtes j ceux de la circonférence forment des plans circulaires prefque parallèles entr’eux, , avec une courbure affez fenfible.; 6c ceux de l’aubier peuvent être regardés comme plus abfolument parallèles avec une courbure infenfible.
- De plus, le nombre, des Couches ligneufes varie confidérablement dans les différons barreaux, de forte qu’il y en a qui n’ont que fept couches ligneufes * tandis que d’autres en ont quatorze dans la même épaiffeur d’un pouce. Enfin la pofîtion dexes couches, 6c le fens où elles fe trouvent lors de la rupture du barreau , font encore varier leur réfiftance.
- M. de Bufion vouhit en conséquence. chercher les moyens de connoîcre au jufte là proportion de cette variation.. . . r . ... . ; • j..
- Ma’
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- :iSo Traité fur la force
- Il fit tirer d’un pied d’arbre, à la circonfêrenc du centre, deux barreaux de trois pieds de longueur fur un pouce & demi d’équarrifiage. Il obferva que chacun de ces barreaux contenoit quatorze couches li-gneüfes prefque parallèles entr’elles. Le premier pefoit 3 livres 2 onces j} le fécond, 3 livres 1 onces Il pofa horifontalement les couches ligneufes dans le premier , & il rompit fous la charge de 8 3 2 livres 3 il pofa verticalement les couches ligneufes du fécond, Sc il rompit fous celle de 971 livres.
- Il fit encore préparer d’autres barreaux d’un pouce 'd’équarrifiage fur un pied de longueur : il en prit deux qui coiïtenoient chacun douze couches ligneufes Le premier pefoit 7 onces , & il rompit fous 784, fes couches pofées horifontalement. Le fécond pefoit 8 onces , & ne rompit que fous la charge de 860 , fes couches pofées verticalement.
- De deux autres barreaux, contenant chacun huit couches ligneufes 3 le premier, pefant 7 onces \ , rompit fous 778 les couches pofées horifontalement 3 ôc l’autre , dont les couches ligneufes étoient pofées verticalement, rompit fous 828 livres.
- Il prépara encore deux autres barreaux de deux pieds de longueur fur un pouce & demi d’équarrifiage, contenant chacun douze couches ligneufes. Le premier , pefant z livres 7 onces rompit fous 1217,
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- des Bois de Chargé me* i£f
- fes couches pofées horifontalement \ 8c le fécond, pe« fant 2 livres 7 onces f, rompit fous 1294 /fes couches pofées verticalement.
- Toutes ces expériences concourent à prouver qu’un barreau ou une folive rélifte bien davantage lorfque les couches ligneufes font dans une polition verticale, que lorfqu’elles font dans une pofition horifantale» Elles prouvent aulïi que plus il y a de courbes ligneufes dans les barreaux qu’on compare, plus la différence delà force de ces barreaux eft grande dans chacune des deux polirions.
- Cependant, regardant comme incomplette ces premières connoiffances, l’Obfervateur chercha à en acquérir de plus précifes : il voulut s’affurer encore fi , de deux morceaux de meme longueur 8c figuremais dont le premier feroit double du fécond pour la grof-feur, celui-là auroit une réfiftance double.
- A cet effet, 'il choifit plufieurs morceaux de boi# pris dans les mêmes arbres , ayant même nombre d’années , à. la même diftance du centre, 8c fituées de la même maniéré. En un mot, il tâcha de n’oublier aucune des circonftances. néceflaires pour établir une jufte comparaifon.
- Quatre de ces morceaux , de vingt- quatre lignes d’équarriffage. fur dix-huit pouces delongueur, pris dans du bois parfait, rompirent fous 3226 livres,, 3062-,
- M)
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- î§2 Traité fur la force
- 2.983 8c 2890, c’eft-à-dire fous la charge moyenne
- de 3040 livres.
- Quatre autres morceaux, de dix-fept lignes d’é-quarriftage , fur même longueur que les précédens s ce qui fait, à très-peu de chofe près, la moitié du cube des quatre morceaux ci-deftiis, rompirent fous 1304 livres, 1274 ,1231, 1198 livres, c’eft-à-dire fous la charge moyenne de 1252 livres.
- Quatre autres morceaux de douze lignes d’équar-rififage, & de même longueur que les quatre premiers morceaux, ce qui fait le ^ jufte du cube de ceux-ci, rompirent fous 526 livres, 517 , joo & 496, c’eft-à-dire fous la charge moyenne d’environ 510 livres»
- Il fuivroit de ces expériences, que les forces dès pièces ne font pas exa&ement proportionnelles à leurs groffeurs ; elles font entr’elles comme 1,2,4. Les charges ont'été 510 , 1252 , 3040, 8c elles auraient du'être 510 , 1020,2040»
- Après avoir fait ainfi fès expériences fur les groffeurs , l’illüftre Académicien en-fit fur les longueurs ; il voulut s’afturer auffi fi la réfiftance des pièces dirai-» nuoit dans la même raifon que la longueur augmen-roit. Il prit donc plufieurs barreaux d’un pied, d’un pied 8c demi, de deux pieds 8c de trois pieds de longueur. Ceux d’un pied caftèrent, en terme-moyen, fous 7^5 livres 3 ceux d un pied 8c demi fous :$qq 1î-
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- des Bois de Charpente« 185
- vres ; ceux de deux pieds fous 369 livres, & ceux de trois pieds fous 230 livres.
- Il voulue connoître encore quelle étoit la force du bois, en fuppofant la piece inégale dans fes dimen-fions : par exemple, d’un pouce & d’un pouce & demi d’équarriffage, 8c en la plaçant fur.l’une 8c l’autre de fes dimenlions 3 il trouva que quatre barreaux de dix-huit pouces de longueur fur un pouce 8c demi d’é-quarrilfage , pris dans l’aubier , pofés à plat , ont rompus, en terme moyen, fous 723 , 8c que quatre autres barreaux pareils en tout& de même bois, pofés de champ , caflferent, en terme moyen, fous 9 3 5 livres
- Quatre autres de bois parfait, de même dimenfion ÿ pofés à plat, calferent, en terme moyen , fous 9 9 S-livres.
- Il eut l’attention, dans toutes ces expériences, de choifir des morceaux de bois de même pelanteur a contenant le même nombre de couches ligneufes, 8c de pofer les. couches du même fens.
- Malgré toutes ces précautions & tous ces foins , il s’apperçut qu’il y avoit quelquefois des variations 8c des irrégularités qui l’auroient pu déranger dans les conféquences qu’il vouloir tirer de fes expériences; que , n’ayant opéré que fur des morceaux de bois d’un pouce, un pouce 8c demi 8c deux pouces d’équarrif-fage, il fallpit une exactitude: très: ferupuleuie dans
- M 4.
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- '1 §4 Traité fur la force
- îe choix du bois , une égalité prefque parfaite dans fa pefanteur, & un même nombre de couches ligneufes dans chacun ; qu’en outre il y avoir un inconvénient prefque inévitable, favoir l’obliquité dans la direction des fibres ; qu’en conféquence ces morceaux de bois étoient tranchés tantôt d’une couche, tantôt d’une demi-couche.
- Quoiqu’il eût plus de mille expériences de cette nature, infcrites fur un regiftre fuivant l’ordre qu’elles soient été faites, il ne fe crut pas fuffifamment fa-tisfait, pour toutes les confidérations ci-defius énoncées , & il fe détermina à entreprendre des expériences en grand, malgré les difficultés que préfentoit cette entreprife, comme nous le verrons par la fuite. Voici ces expériences dans l’ordre ou elles font rapportées.
- Premiers Expérience.
- Deux pièces de fept pieds de longueur chacune, fur deux pouces d’équarriffage, font prifes dans un chêne de trois pieds de circonférence 8c de vingt-cinq pieds de hauteur, droit, & fans branches jufqu’à la hauteur de quinze à feize pieds. La partie du pied de l’arbre pefoit 6q livres, 8c la partie fupérieure du tronc pefoit 5 6 livres.
- On emploie 29 minutes à charger la première, provenant du pied de l’arbre : elle ploie dans fon milieu de trois pouces 8c demi avant que d éclater. Du
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- des Bois de Charpente. î§£
- moment qu’elle éclate on ceffe de la charger : elle continue d’éclater avec grand bruit pendant vingt-deux minutes 3 enfin elle baifie dans fon milieu de quatre pouces 8c demi, & rompt fous la charge de 5350 livres.
- La fécondé piece de bois, provenant de la partie fupérieure du tronc, elb chargée en vingt-deux minutes , elle ploie de quatre pouces huit lignes avant que d’éclater : on celle alors de la charger. Elle continue d’éclater pendant huit minutes, baifie dans fou milieu de fix pouces fix lignes, & rompt fous la charge de 52.75 livres.
- IL Expérience.
- On choifit un arbre dans le meme terrein que le précédent, un peu moins gros, un peu plus élevé, la tige droite, avec plufieurs petites branches de la grof-feur d’un, doigt dans la partie fupérieure , & fe divi— fant, à la hauteur de fept pieds , en deux grofies branches. On en fait tirer deux folives de huit pieds} de longueur fur quatre pouces d’équarrifiage. La première folive, provenant du pied de l’arbre , pefoit 68 livres3 la fécondé , tirée de la partie fupérieure de la tige , pefoit 6 3 livres.
- La première folive eft chargée en quinze minutes, ploie dans fon milieu de trois pouces neuf lignes avanc que d’éclater : on cefie de la charger ; elle continue
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- i 86 Traité fur la Jorce
- d’éclater pendant fix minutes. Elle baille dans fon milieu de huit pouces , 8c rompt enfin avec un grand bruit fous le poids de 4600 livres.
- La deuxieme folive eft chargée en treize minutes : elle ploie de quatre pouces huit lignes avant que d’é*-clater. Après un premier éclat, qui fe fait à trois pieds deux pouces de fon milieu} elle baille de onze pouces en fix minutes & rompt enfin fous le poids de 4500 livres.
- III. Expérience.
- On abat un chêne voifin des deux autres : on en fait fcier la tige par le milieu } 011 en tire deux folives de neuf pieds chacune fur quatre pouces d’équarrif-fage : celle du pied pefe 77 livres} celle du fotomet 71 livres.
- La première eft chargée en quatorze minutes : elle ploie de quatre pouces dix lignes avant que d’éclater 5 enfuite elle baille de fept pouces 8c demi, 8c rompt fous la charge de 4100 livres.
- La fécondé folive eft chargée en douze minutes : elle ploie de cinq pouces 8c demi, éclate , baille jùf~ qu’à neuf pouces , 8c rompt net fous la charge de 35^50 livres,
- Il réfulte de ces expériences, que le bois du pied de l’arbre eft plus pefant que celui de la tige, 8c que le bois du pied eft plus fort 8c moins flexible que celui du fommet.
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- des 'Bois de Charpente, 187
- IV. Expérience.
- On prend dans le même canton deux chênes de même efpece, de même grolTeur , Ôc à peu près fem-blables en tout. Leur tige a trois pieds de tour, ôc n’a guère que onze à douze pieds de hauteur jufqu’aux premières branches. On tire de chacun une folive de dix pieds de longueur fur quatre pouces d’équarriHage; l’une de ces folives pefe 84 livres, & l’autre 82 livres.
- La première rompt fous la charge de 3625 livres, "& l’autre fous celle de 3600 livres.
- On ôbfervera qu’elles ont été chargées en un temps égal y qu’elles ont éclaté toutes deux au bout de quinze minutes j que la plus légère a ployé un peu plus que l’autre , c’eft-à-dire de fix pouces & demi, Ôc l’autrê feulement de cinq pouces dix lignes.
- V. Expérience.'
- On a fait abattre dans le même endroit deux chênes de deux pieds dix pouces à deux pieds onze pouces de grofleur , ôc d’environ quinze pieds de tige. On en a tiré deux folives de douze pieds de longueur ôc de quatre pouces d’équarrilfage : la première pefoit ïoo livres, & la fécondé 98. La plus pefante a rompu fous la charge de 3050 livres, & l’autre fous celle de •2, <? 2 5 livres : elles ont ployé dans leur milieu j la pte-
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- 188 Traité fur la forcé
- miere jufqu’à fept pouces , 8c la fécondé jufqu’à huit
- pouces.
- Ces expériences nont été faites que fur des foliées de quatre pouces d’équarriffage, & l’on n’a pas cru devoir aller au-delà, parce qu’il eft aflfez rare 3 dans l’ufage ordinaire, d’employer des folives de douze pieds fur quatre pouces d’équarrilfage.
- Résultat des Expériences précédentes;
- Après avoir comparé les différentes pefanteur's des folives de ces cinq expériences, M. de Buffon obfer-vè que, dans la première , le pied cube de bois pe-foit 74 livres |3 dans la fécondé, 7 3 livres 13 dans la troifieme, 74 livres 3 dans la quatrième, 74 livres • & dans la cinquième , 74 livres ce qui donne, en terme moyen, 74 livres
- 11 compare etifuite les différentes charges de ces pièces relativement à leur longueur, 8c il obferve que les pièces de fept pieds de longueur fupportent 5315 livres 3 celles de huit pieds, 4550 3 celles de neuf pieds , 4025 , 8c enfin celles de douze pieds, 1987 livres.
- Il en conclut, que la force du bois décroît plus qu’en raifon inverfe de fa longueur. En effet, fuivant les réglés ordinaires de la méchanique, les folives de fept pieds ayant fupporté 5513 livresj celles de huit
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- des Bols de Charpente, 'i 8
- pieds autoient du fupporter 4649 ; celles de neuf pieds, 4111 } celles de dix pieds, 3719, &: celles de douze pieds, 5099.
- Ce fut ce qui le détermina, pour acquérir une certitude entière fur un fait auffi important , de faire d’autres expériences fur des folives de cinq pouces d’équarrilfage, depuis fept pieds jufqu’à vingt-huit.
- Fl. Expérience,
- On prend deux arbres, dont la tige a vingt-huit pieds de longueur , fans groiïes branches, & tout au, plus quarante à cinquante pieds en totalité. Ces chênes ont près de cinq pieds de circonférence. On tire de chacun une folive de vingt-huit pieds de longueur fur cinq pouces d’équarrilfage : la première pefe 3 64 livres 'y la deuxieme, 3 60.
- La plus pefante , au bout de cinq minutes fous la charge de 500 livres, ploie de trois pouces dans fou milieu : au bout de cinq autres minutes, fous la charge de 1000 livres, elle ploie de fept pouces : elle ploie de quatorze pouces au bout de cinq autres minutes, fous la charge de 1500 livres} enfin, deux à trois minutes après, fous la charge de 1800 livres , elle commence à éclater violemment} elle continue à éclater pendant quatorze minutes, baille de quinze pouces 8c rompt net dans fon milieu / fous la même charge de 1.800 livres.
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- tp& Traité fur la force
- La deuxieme folive ôc la plus légère, chargée-'pareillement de joo livres3 ploie de cinq pouces en cinq minutes ; dans les cinq minutes fuivantes , ôc fous la charge de 1000 livres, elle ploie de onze pouces ôc demi : au bout de cinq autres minutes , ôc fous la charge de 1500 livres , elle ploie de dix-huit pouces, ôc deux minutes après, fous la charge de 17 50 livres, elle éclate Ôc ploie de vingt-deux pouces. On cefte de la charger : elle continue d’éclater pendant fix minutes , baifte jufqu’à vingt-huit pouces, ôc rompt enfin fous la charge de 1750 livres.
- Obfervons que la plus pefanre de ces deux pièces avoit rompu net dans le milieu, & que le bois n’étoit ni éclaté , ni fendu dans les parties voifines de la rupture.
- Vil. Expérience.
- D’après la remarque précédente , M. de Buftbra penfa que les deux morceaux de cette piece rompue pourroient lui fervir à faire des expériences dans la longueur de quatorze pieds. Il prévoyoit bien que la partie fupérieure de cette piece peferoit moins , ôc qu’elle romproit plus aifément que celle qui prove-noit de la partie inférieure du tronc * ôc il comptoir qu’en prenant le terme moyen entre la réfiftance de ces deux folives, il auroit un réfultat qui ne s’éloigne-roit pas de la réfiftance réelle d’une piece de quatorze
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- des Bois de Charpente» î$ i
- pieds, prife dans un arbre de cette hauteur ou environ.
- Il fit donc fcier le relie des fibres qui unifioient encore les deux parties. Celle qui prenoit du pied de larbre fe trouva pefer 185 liv. 8c celle du fommec ï 7 8 liv. 7.
- La première fut chargée de 1000 liv. dans les cinq premières minutes : elle 11e ploya pas fenfiblement fous la charge. On l’augmenta d’un fécond millier de livres dans les cinq minutes fuivantes : alors le poids de deux milliers la fit ployer d’un pouce dans fon milieu. Un troifieme la fit ployer de deux pouces en cinq autres minutes. Un quatrième millier, de trois pouces 8c demi , & un cinquième jufqu’à cinq pouces 8c demi : on continua de la charger. On ajouta 2 50 liv. aux cinq milliers dont elle étoit déjà chargée. Il fe & un éclat aux arrêtes inférieures. On difcontinua la charge : les éclats .continuèrent} la piece bailla dans fon milieu jufqu’à dix pouces , 8c enfin rompit entièrement fous cette charge de 5250 liv. qu’elle avoiç fupportée pendant quarante 8c une minute.
- On chargea la deuxieme folive, comme on avoir chargé la première, c’eft-à-dire, d’un millier par cinq minutes. Le premier millier k fit ployer detrois lignes , le fécond d’un pouce quatre lignes, le troifieme de trois pouces, le quatrième de cinq pouces neuf lignes. On commença à la charger du cinquième millier. La
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- ipl Traitefur la force
- piece éclata tout-à-coup fous la charge de 4650 livres'* après avoir ployé de huit pouces. On difcontinua alors de la charger : elle continua d éclater pendant une demie heure, baifia jufqu’à treize pouces 3 8c rompit entièrement fous cette charge de 4650 liv.
- Cette différence de charge parut trop grande à notre Auteur, pour pouvoir ftatuer fur cette expérience. Il jugea à propos dé réitérer, & de fe.fervir à cet effet de la fécondé piece de vingt-huit, pieds de la fixieme expérience.
- Il obferva quelle avoit rotnpü en éclatant à deux pieds du milieu, du côté de la partie fupérieure de la tige 3 que la partie inférieure 11e paroiffoit pas avoir beaucoup fouffert de la rupture ; que cette partie étoic feulement fendue de quatre à cinq pieds de longueur* que la fente n’avoit pas un quart de la ligne d’ouverture 3 qu’elle pénétrait jufqu’à la moitié ou environ de l’épailTeur de la piece. Il réfolut, malgré ce petit défaut, de la mettre à l’épreuve. Il la pefa, 8c trouva que fon poids étoit de 18 3 liv.
- Il la fit charger comme les précédentes. Le premier millier la fit ployer de près d’un pouce 3 le deuxieme de deux pouces dix lignes, le troifieme de cinq pouces trois lignes. Un poids de deux cents cinquante ajouté aux trois milliers, la fit éclater avec grande force. L’éclat alla rejoindre la fente occafiorinée par la première rupture. La piece baiffa de quinze pouces; 8c
- rompit
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- Ses Boîs de Charpente, lÿf
- Rompît entièrement fous cette charge de-3150 liv.
- Il conclud de cette expérience qu’il faut fe défier beaucoup des pièces qui auroient été rompués ou chargées auparavant. En effet il fe trouve ici une différence dans la charge de près de deux milliers fur cinq ; & cette différence ne peut être attribuée qu’à la fente de la première rupture qui avoir déjà affaibli la piece.
- Notre Savant ne fe trouve pas toutefois plus fatif-fait de cette troifieme épreuve que des deux précédentes. Audi prend-il le parti de chercher toujours dans le même terrein deux arbres dont la tige puifTe lui fournir deux folives de quatorze pieds de longueur, fur cinq pouces d’équarriffagev
- La première ne ploya pas fous le premier millier 5 elle ploya d’un pouce fous le fécond, de deux pouces 8c demi fous le troifieme, de quatre pouces &c demi fous le quatrième, de fepc pouces un quart fous le cinquième* Alors on la chargea de 400 liv. : elle fit un éclat violent , continua d’éclater pendant vingt-une minutes * baiffa jufqu’à treize pouces , & rompit enfin fous la charge de 5400 liv.
- La deuxieme folive ploya un peu fous fe premier, millier : elle ploya d’un pouce trois lignes fous Je fe-; cond, de trois pouces fous le troifieme, de cinq.pouces fous le quatrième, de près de huit pouces fous le, cinquième. Deux cents livres, de charge de plus la firent éclater ; elle continua de faire du bruit, de
- N " '
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- i_94 Traite fur la force
- baiffer-pendant dix-huit minutes , 8c rompit au bout
- dé‘ce’ temps fous la charge de 5 zoo liv.
- Ces deùx dernieres épreuves le convainquirent par-fai te nient'que les pièces de quatorze pieds de longueur fût cinq pouces d’équarriffage, peuvent fup-portet au moins cinq milliers , tandis que, par la loi dû ; l'eviéï, elles îi’auroient dû porter que le double des pièces de vingt-huit pieds, c’eft-à-dire , 3600 livres^ au plus.
- - V II /. Ex P Ê R I E N CE,
- Gn ht choix de deux arbres dont la tige avoit environ feize à dix-fept pieds de hauteur fans branches 5 &: on les fit fcier en deux parties égales, qui donnèrent chacune deux folives- de fept pieds de longueur, fur cinq ptmceS d’équartiffage. Des quatre on fut obligé dun rebuter une pour raifon de vices efientiels* Les trois autres étoient faines, & n’a voient d’aùtres différences entr’elles, que d'être tirées de la tige ou dii fomniet de l’arbre, comme il eft aifé d’en juger par les différences des poids. La pièce qui provenoit' du pied , pefoit 94 liv. 3 8c des deux autres tirées du fomniet , Tuile pefoit 90 liv., 8c fautre 88 liv.
- On employa près d’une heure à charger la première. On Commença par lui faire fupporter un poids : de deiux milliers , dans les cinq premières minutes. Enfuice on fefervitd’un gros équipage, qui pefoit a
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- kl féal 2500 liv. Au bout de quinze minutes , elle fe trouva chargée de fept milliers. Cependant elle n’avoit ployé jufques-là que de cinq lignes. La difficulté de la charge augmentoit : dans les cinq minutes fuivantes, on ne put la charger que de 1500 liv. de plus, ce qui la fit ployer de neuf lignes. E11 cinq au-' très minutes, elle fut chargée d’un nouveau milliers elle ploya d’un pouce trois lignes. Une nouvelle charge de mille livres dans les cinq minutes fuivantes la fit ployer d’un pouce onze lignes *, un autre millier ajouté* de deux pouces fix lignes : on continua la charge , alors elle éclata tout-à-coup , & très - violemment fous celle de 1 r77 5 La-"pièce continua d’éclater avec grande violence pendant dix minutes, baifla jufqu’a trois ponces trois lignes, & rompit net dans le milieu.
- La deuxieme folive pefant 90 liv. , fut chargée comme la première. Elle ploya plus aifément , & rompit au bout de trente cinq minutes, fous la charge de Ï0950 liv. On remarqua qu’il y avoit un petit nœud: à la face inférieure , qui sûfem’eiït avoir contribué à la faire rompre.
- Là troifiercte pièce, pefant 88 liv. \, ayant été chargée en cinquante-trois minutes, rompit fous la charge de 1 i-iy 5 liv. If fut obfêrvé qu’elle avoir encore pins ployé que les autres.
- Il refulte de ces trois expériences , que la force dune pièce de bois de fept pieds de longueur, qui ne
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- Îif6 Traite fur la forcé
- devroit être que quadruple d’une piece de bois de
- vingt-huit pieds de long, feroit néanmoins à peu près
- fextuple.
- IX. Expérience.
- Pour s apurer de cette augmentation de force en détail, & dans toutes les longueurs des pièces de bois, on fait abattre de nouveau deux chênes fort clairs, portant tige de vingt cinq pieds fans aucune grofle branche. On en fait tirer deux folives de vingt-quatre pieds fur cinq pouces d’équarriflage.
- La première fe trouve pefer 310 liv. La fécondé 307 liv. : on les fait charger de 500 liv. par cinq minutes.
- La première ploie de deux pouces fous une charge de 500 liv. 3 de quatre pouces 8c demi fous celle de ;iooo liv. 3 defept pouces & demi fous celle de 1500 1.3 de près de onze pouces fous celle de 2000 liv. : elle éclate fous 2200 liv., & rompt fous cette charge, au bout de cinq minutes, après avoir bailfé de quinze pouces. La fécondé ploie de trois pouces, fix pouces, neuf pouces & demi 8c treize pouces, fous les charges fuccelîîves 8c accumulées de 500 liv. 1000 1. 1500 1. 2.000 h, 8c rompt fous 2125 liv., après avoir bailf® jufquà feize pouces.
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- X. Expérience.
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- Dans cette expérience il s’agit de comparer la force des pièces de vingt-quatre pieds de longueur de l’expérience précédente., avec deux autres pièces de douze pieds de long. On prépare deux arbres de vingt-deux pieds de tige 3 on en. dre deux folives de douze pieds de longueur, fur cinq pouces d’équarrilTage.
- Il fe trouve que Tune de ces folives pefe 1 56 liv*.» & l’autre 13 8 liv. Cette différence frappe Sc étonne. On penfe d’abord que Tune de ces deux pièces eft trop forte j 8c l’autre trop foible d’équarrilTage.. En confé-quence on les mefure bien exactement dans toute leur longueur , d’abordavec un troufquin de Menuifier. * enfuiteavec un compas courbe :. on les. reconnoîc parfaitement égales, faines & fans défauts.
- On veut approfondir ce phénomène, & chercher les raifons pour lefquelles dans un même terrein il fe trouve des arbres li différens en pefanteur. On vifite les endroits où ils ont été abattus : on en fonde le. ter-rein : 011 eft étonné de ne pas trouver la terre d’une qualité différente : nouvelle épreuve, femblable r.é-fultat. Enfin à force de recherches 8c d’examens, 011 reconnut qu’il y avoit un peu d’humidité au pied de l’arbre, qui avoit fourni la folive légère. On remarqua en outre qu’il y avoit une pente dans le terrein syu-deffus de cet. arbre 3 & que cette pente pouvoît
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- ip8 Traité fur'la force
- occafionner Peau d’y féjourner ; ce qui fit attribuer ïa
- foiblefie de cet arbre au terrein humide où il étoit crû.
- Cette -découverte une fois conftatée-, on fit charger les deux pièces de la même façon que les autres, c’eft-à-dire, d’un millier par cinq minutes. La plus pefante ploya de trois lignes, neuf lignes, un pouce & demi5 deux pouces trois quarts , quatre pouces & cinq pouces dans les cinq, dix, quinze, vingt, vingt-cinq & trente minutes employées à la charge. Elle éclata fous le poids de 60 50 liv., bailla de treize pouces, & rompit enfuite. L’autre moins pefante ploya de trois lignes, un pouce, deux pouces, trois pouces & demi, cinq pouces un quart dans les dix, quinze, vingt, vingt-cinq minutes employées à la charger. Au bout de vingt-cinq minutes, elle éclata fous la charge de 5225 liv., & rompit entièrement fous cette charge au bout de fept à huit autres minutes.
- On voit ici que la piece la plus légère étoit très-foible j & que la différence étoit à-peu-près aufîï grande dans les charges que dans les poids. Cette expérience lailfoit encore des doutes : pour les lever parfaitement, on fit aulïitôt préparer un' autre arbre, d’où l’on tira une folive dé douze pieds de longueur fur cinq pouces d’équarriffage. Elle fe trouva pefer 154 1. de éclata, après avoir ployé de cinq pouces neuf lignes,, fous la charge de 6100 liv.
- Ces expériences prouvent que les pièces de douze
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- pieds de long & de cinq pouces d’équarriffage pouvant fupporter 6100 liv., ce poids eft beaucoup plus fout que le double de 220o liv., quelles auroient du porter par la loi du leviez En effet, dans la neuvième Expérience, les pièces de vingt-quatre pieds de longueur &: de cinq pouces d’équarriffage ont porté 2 100 L
- XL Expérience.
- Elle a été faite à deffein de prouver que la différence des terreins produit des bois qui font^quelquefois de pefanteur 8c de force encore plus inégales que dans la précédente expérience.
- Dans le même terrein où l’on avoit pris les arbres des expériences précédentes, on choifit un arbre à-peu-puès de la guoffeur de ceux de la derniere expérience. On chercha en même temps un autre arbre à-peu-près femblable dans un terrein. différent. Le terrein du premier arbre étoit une terre forte, mêlée de glaifej 8c le terrein du fécond n’étoit qu’un fableprefque fans, aucun mélange de terre. *
- On fit tirer de chacun dé ces arbres une foîive de: vingt-deux pieds de. longueur fur cinq pouces d’équarriffage,, La folive qui venoit du aerrein fort, pefoit 181 liv. : celle qui venoit du terrein fabloiîeux, ne pefoit que 2 3 2 liv. ce qui faifoit près d’un fixieme- de différence. ::J. ,u.: :
- La plus pefatstç de ces. pièces ploya de orne potiées.
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- 10 0 Traité fur la force
- trois lignes avant que d’éclater : elle bailla jufqua dix-neuf pouces, avant que de rompre abfolumentj 8c fupporta pendant dix-huit minutes une charge de 2.975 liv. La plus légère de cés pièces ne ploya que de cinq pouces avant que d’éclater} 8c rompit au bout de trois minutes fous la charge de 23 50 liv., ce qui fait une différence de plus d’un cinquième dans la charge. M. de Buffon nous promet dans la fuite quelques autres expériences à ce fujet.
- XII. Expérience.
- De deux folives de vingt pieds de longueur fur cinq pouces d’équarriffage, prifes dans le même ter-rein , la première pefant 2 6"3 liv., fupporte pendant dix minutes une charge de 3275 liv. j 8c ne rompt qu’après avoir ployé dans fon milieu de feize pouces deux lignes -, ôc la fécondé pefant 159 liv., fupporte pendant huit minutes une charge de 3175 liv. , 8c rompt après avoir ployé de vingt pouces 8c demi.
- X I I I. Expérience.
- De trois folives de dix pieds de longueur, du même équarriffage de cinq pouces, la première pefant 131!. rompt fous la charge de 7225 liv:, au bout de vingt-une minutes, après avoir baiffé de fepr pouces 8c demi. La fécondé pefant 13 o liv., rompt au bout de vingt minutes fous la charge de 7050 liv., après avoir
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- des Bois de Charpente. 20 ï Laide de fix pouces neuf lignes. La troifieme pefant 128 liv. \, rompt au bout de dix-huit minutes fous îa charge de 7100 liv., après avoir bailfé de dix-huit pouces dix lignes.
- La comparaifon de la préfente expérience avec la précédente, fait voir que les pièces de vingt pieds, fur cinq pouces d’équarrifiage, peuvent porter une charge de 712 5 liv., au lieu que, par les réglés de Mécanique, elles n’auroient dû. porter que 6450 liv.
- XI K Expérience.
- De deux folives de dix-huit pieds de longueur, fur cinq pouces d’équarrilfage, la première pefant 2 3 2 1.,. fupporte pendant onze minutes une charge de 3 7 5 o 1., & baifle de dix-fept pouces. La fécondé pefant 231 1., fupporte une charge de 3650 liv. pendant dix minutes , & ne rompt qu’après avoir baille de quinze pouces.
- X F. Expérience.
- De trois folives de neuf pieds de longueur , fur cinq pouces d’équarriiTage, la première pefant 118 1. , porte pendant cinquante-huit minutes une charge de 8400 üv., après avoir ployé dans fon milieu de fix pouces. La fécondé pefant 116 liv., fupporte pendant quarante-fix minutes une charge de 8325 liv., après avoir ployé dans fon milieu de cinq pouces quatre lignes. La troifieme pefant 115 liv., fupporte pendant
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- Sa o 2 Traité jur la force
- .quarante minutes une charge de 8200 liv. , Sc ployé
- dans fon milieu de cinq pouces.
- Par la comparaifon de cette expérience avec la précédente , on voit que les pièces de dix-huit pieds de longueur , fur ciuq pouces d’équarrilfage , portent 5700 liv., & que celles de neuf pieds , de même cquarrjlfage , portenc 8308 liv. | , au lieu qu’elles n’auroient dû porter, félon les réglés , que 7400 liv.
- XVI. Expérience.
- De deux folives de feize pieds de longueur , fur -les mêmes cinq pouces d’équarrilfage, la première pefant 209 liv. , porte pendant dix-fept minutes une charge de 442 5 liv., & rompt après avoir bailfé de feize pouces. La fécondé pefant 205 liv. , jporte pendant quinze minute* une charge de 42.75 liv., ôc rompt après avoir bailfé de douze pouces & demi.
- XVII. Expérience.
- De deux folives de huit pieds de longueur fur le même équarrilfage, la première pefant 104 liv., porte pendant quarante minutes une charge de 9900 liv., ôc rompt après avoir bailfé de cinq pouces. La fécondé pefant 102 liv., porte pendant trente-neuf minutes une charge de 9675 liv., ôc rompt après avoir bailfé ,de quatre pouces fept lignes.
- Ces deux deniieres expériences cpi,îiparées i on voit
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- des Bols de Charpente•' 20$
- que la charge moyenne des pièces de feize pieds de longueur, fur cinq pouces d’équarrilTage eft 43 50 b, & que celle des pièces de huit pieds & du même équarriftage , eft de 97 87 liv. au lieu que, par dû réglé du levier , elle devrait être de 8700 liv.
- X F 11 I. Expérience.
- De deux folives de vingt-pieds de longueur, fur ftx pouces d’équarriftage, l’une pefant 377 liv., & l’autre 3 75 liv., la plus pefante rompt au bout de douze minutes, fous la charge de 502 5 liv., après avoir ployé de dix-fept pouces. La fécondé, qui étoit la moins pefante, rompt en onze minutes fous la charge de 4875 liv., ap 'ès avoir ployé de quatorze pouces.
- De deux folives de dix pieds de longueur fur le même équarriftage de iix pouces, la première, qui pefoit 188 liv., a fupporté pendant quarante-ftx minutes une charge de \147 5 ^v* » & n’a rompu qu’en fe fendant jufqu’à une de fes extrémités , & en ployant de huit pouces. La fécondé qui pefoit x 8 8 1., a fupporté pendant quarante - quatre minutes une charge de 11023 Liv., & a ployé de ftx pouces avant que de fe rompre.
- XIX. Expérience.
- De deux folives de dix-huit pieds de longueur , fur dix poijces d’équàréftage, la première pelant 3 3 idiv.,
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- ^04 Traité fur la force
- fupporte pendant quatorze minutes la charge de 5500 liv. , & rompt après avoir ployé de dix pouces* La fécondé pefant 334 liv. , porte pendant feize minutes une charge de 562.5 liv.; elle avoir éclaté déjà » mais on ne pouvoir s’appercevoir de rupture dans les fibres : au bout de deux heures 8c demi elle étoit toujours au même point ; elle ne baifloit plus dans fon milieu, où elle avoit ployé de deux pouces trois lignes*
- On voulut voir fi elle pourroit fe redreflèr. On ôta peu à peu tous les poids ; 8c quand ils furent tous en-» levés, elle ne demeura courbe que de deux pouces. Le lendemain elle s’étoit redreflèe, au point qu’il n’y avoir plus que cinq lignes de courbure dans fon milieu. On la fit recharger tout de fuite , 8c elle rompit au bout de quinze minutes, fous une charge de 547 51., tandis qii’elle avoit réfifté le jour précédent à une charge plus forte de z 5 o liv.
- Cette expérience, qui s’accorde avec la précédente ; démontre qu’une piece, qui a fupporte un grand fardeau pendant quelque temps, perd de fa force, 8c fe rompt fans avertir 8c fans éclater.
- La même expérience prouve aufii, que le bois a un reflbrt qui fe rétablit jufqu’à un certain point : mais que fi ce reflort eft bandé, autant qu’il eft poflîble, même fans rompre, il ne peut plus alors fe rétablir parfaitement. *
- De deux folives de neuf pieds de longueur, fur le
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- 4es Bois de Charpentel àof
- teème équarrilfage de fix pouces , la première pefanc 166 liv., fupporte pendant cinquante-fix minutes la charge de 13450 liv., 6c rompt après avoir ployé de cinq pouces. La fécondé pefant 164 liv., fupporte pendant cinquante-deux minutes la charge de 1 342.5 liv., 6c rompt après avoir ployé de cinq pouces fix lignes.
- XX. Expérience.
- De deux folives de onze pieds de longueur, fur fix pouces d’équarriifage, la première pefant 2.5)4 liv.,. fupporte pendant vingt-fix minutes une charge de> 6250 liv., 6c rompt après avoir ployé de huit pouces; La fécondé pefant 293 liv., fupporte pendant vingt-deux minutes une charge de 6475 ^v*> & rompt après avoir ployé de dix pouces.
- De deux folives de huit-pieds de longueur 6c du meme équarriflage de fix pouces, la première pefant 194 liv., fupporte pendant une heure vingt minutes,’ une charge de 15700 liv., 6c rompt après avoir baifle de trois pouces fept lignes. La fécondé pefant 146 1., porte pendant deux heures cinq minutes une charge de 15350 liv., 6c rompt après avoir ployé dans le milieu de quatre‘pouces deux lignes.
- XXL Expérience.
- De deux folives de quatorze pieds dé longueur, fur fix pouces dequarritfage , la première pefant 255 1.,
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- Traité fur la force
- fapporte pendant quarante-fix minutes la charge de •7-450 liv., &r rompt après avoir baitfe de dix pouces dans fon milieu. La fécondé pefant 274 liv., fupporte pendant une heure quatorze minutes l'a charge de 7,5.00 liv., & rompt après avoir ployé de once pouces quatre lignes.
- De deux folives de fept pieds de longueur & de fix pouces d’équarrilfage, la première pefant 12& liv., fupporte pendant deux heures dix minutes une charge de 19150 liv., & rompt après avoir ployé dans fou! milieu dé deux pouces huit lignes. La fécondé pefant 1*2 6 liv., fupporte pendant une heure quarante-huit minutes une charge cle 18-6 50 liv., & rompt après-avoir ployé de deux- pouces.
- XXII. Expérience.
- De deux folives; de douze pieds de longueur & du même équarriffage de frx pouces, la première pefant 224 liv., a fupporté pendant quarante-fix minutes1 une charge de 9200 liv., & a rompu après avoir ployé de fept pouces. La fécondé pefant 22 r liv., a fupporté pendant cinquante-trois minutes la charge de 9000 1. •& a rompu après avoir ployé de cinq pouces dix lignes.;
- XXIII. Expérience.
- De deux folives de vingt pieds de longueur, fur fept pouces d’équarrilTage/la première pefant 5 0 5 I.,
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- des Bois de Charpente. nà'f fupporte pendant vingt minutes une charge de 8000 h, & rompt après avoir baide de douze pouces fept lignes. La fécondé pefant 500 liv., fupporte pendant vingt minutes une charge de 8000 liv. , 8c rompe après avoir baide de douze pouces.
- De deux folives de dix pieds de longueur^ fur fept pouces d’équarridage , la première pefant 254 liv* ,• fupporte pendant deux heures dx minutes une charge de 196 50 liv., baide de deux pouces fept lignes avant que d’éclater, 8c de treize pouces avant que de rom-, pre abfolument.
- XXIV1 Expérience.
- De deux folives de dix-huit pieds de longueur, fur fept pouces d’équarridage, la première pefant 454 1. fupporte pendant une heure huit minutes une chargé' de 9450 liv., & ployé de cinq pouces dx lignes avant que de rompre. La fécondé pefant 450 liv., fupporté5 pendant cinquante - quatre minutes une charge de' 94.00 liv. , 8c ployé de cinq pouces dix lignes avant que d’éclater , & de neuf pouces dx lignes avant quèf de rompre abfolument.
- De deux folives de neuf pieds de longueur, fur ler même équarridage de fept pouces, la première pefant-2,17 liv., fupporte pendant deux heures quarante-cinq: minutes une charge de 22.800 liv., 8c ployé de trois!
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- loS Traité fur la force
- pouces une ligne avant que d’éclater, & de cinq pou» ces fix lignes avant que de rompre abfolument. La fécondé pefant 215 liv., fupporte pendant deux heures dix-huit minutes une charge de 21900 liv., a ployé de deux pouces onze lignes avant que d’éclater, 8c de cinq pouces deux lignes avant que de rompre abfolument.
- X X F. Expérience.
- De deux folives de feize pieds de longueur, fur fept pouces d’équarrifTage, la première pefant 406 liv., fupporte pendant quarante-fept minutes une charge de 11 100 liv. , ployé de quatre pouces dix lignes avant que d’éclater, & de dix pouces ayant que de rompre abfolument. La fécondé pefant 40 3 liv., fupporte pendant cinquante-cinq minutes une charge de 10900 liv., ployé de cinq pouces trois lignes avant que d’éclater, & de onze pouces cinq lignes avant que de rompre abfolument.
- De deux folives de huit pieds de longueur, fur le rnème équatrilfage de fept pouces, la première pefant 204 liv., fupporte pendant trois heures dix minutes -une charge de z6i 50 liv., ployé de deux pouces neuf lignes avant que d’éclater, 8c de quatre pouces avant que de rompre. La fécondé pefant 201 liv. |, fupporte pendant trois heures quatre minutes une charge
- de
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- des Bois de Charpentée iop'
- de 2.5950 liv., ôc ployé de deux pouces fix lignes, avant: que d’éclater, ôc de trois pouces neuf lignes , avant que de rompre entièrement.
- X X F L Expérience.
- De deux folives de quatorze pieds de longueur ; fur fept pouces d’équarrilfage , la première pefant 351 liv., fupporte pendant quarante-une minutes une charge de 1360a liv., ployé de quatre pouces deux lignes avant que d’éclater, ôc de fept pouces trois? lignes avant que de rompre abfolument. La deuxieme pefant 351 liv., fupporte pendant cinquante-huit minutes une charge de 12850 liv., ployé de trois pouces neuf lignes, avant que d’éclater, ôc de huit pouces' une ligne avant que de rompre.
- XXVII. Expérience.
- De deux folives de douze pieds de longueur, fur fept ponces d’équarrilfage, la première pefant 302 l,/ fupporte pendant une heure deux minutes la charge de 16800 liv. , ôc ployé de deux pouces onze lignes , avant que d’éclater , ôc de fept pouces fix lignes , avant que de rompre totalement. La fécondé pefant 301 üv., fupporte pendant cinquante-cinq minutes une charge de 15550 liv., ployé de trois pouces quatre lignes avant que d’éclater, & de feptpouCes avant que de rompre entièrement,
- ' G
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- â î 0 Traité fur la fotcé
- XXVIII. Expérience.
- De deux folives de vingt pieds de longueur fur huit pouces d’équatrifiage , la première pefant 664 liv. , fupporte pendant quarante-fept minutes une charge de 11775 liv. ploie de fix pouces 5c demi avant que d’éclater, 5c de onze pouces avant que de rompre La fécondé pefant 66o livres j-, fupporte pendant quarante-quatre minutes une charge de 11200 livres, ployé de fix pouces avant que d’éclater, 5c de neuf pouces trois lignes avant que de fe caffer abfolumenr.
- De deux folives de dix pieds de longueur, fur huit pouces d’équarrifiage , la première pefant 331 1., fupporte pendant trois heures vingt minutes la charge •énorme de 27 8 00 1. ployé de trois pouces avant que d’éclater , 5c de cinq pouces neuf lignes avant que de æompre abfolument. La fécondé pefant 3 3 o 1. fupporte pendant quatre heures cinq à, fix minutes la charge de 27700 liv. ployé de deux pouces trois lignes avant que d’éclater, 5c de quatre pouces cinq lignes avant que de rompre.
- On obferva que ces deux pièces firent un bruit terrible en rompant, 5c que c’étoit comme autant de coups de piftolets à chaque éclat quelles faifoient. Pour être plus sûr de l’expérience fous un fardeau auflï confidérable , 5c être certain de tous les alentours qui
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- Ses Bois de Charpente* s î fi
- pouvoient contribuer à fa perfeéHon , on mefura la hauteur de la boucle de fer avant & après la charge ; elle ne s’étoit aucunement allongée, ayant douze pouces & demi de longueur comme auparavant , & les angles toujours également droits.
- XXIX. Expérience;
- De deux folives de dix-huit pieds de longueur-fur huit pouces d’équartilfage, la première, pefant 594 livres, fupporte pendant cinquante -quatre minutes là charge de 13600 livres, & ployé de quatre pouces & demi avant que d’éclater, & de dix pouces deux lignes avant que de rompre. La fécondé ; pefant: 593 livres, fupporte pendant quarante-huit minutes la charge de 12900 livres, & ployé de quatre pouces une ligne avant que d’éclater, & de fept pouces neuf lignes avant que de rompre abfolument.
- XXX. Expérience^
- De deux folives de feiz-e pieds de longueur fur huit pouces d’équarrilfage , la première, pefant 528 livres » fupporte pendant une heure huit minute la charge de 16800 livres, ployé de cinq pouces deux lignes avant que d’éclater, & de dix pouces avant que de rompre» La fécondé , pefant 5 24 livres, fupporte' pendant quarante-huit minutes,une charge de 15950 livres, ployé de trois pouces neuf lignes avant que d’éclater, 8c de
- O *
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- 212 Traité fur la force
- fept pouces trois lignes avant que de fe calfer totale-»
- ment.
- XXXI. Expérience.
- De deux folives de quatre pieds de longueur fur huit pouces déquarriflfage. La première , pefant 461, livres , fupporte pendant une heure vingt-fix minutes une charge de 20050 livres , ploie de trois pouces dix lignes avant que d’éclater, & de huit pouces & demi avant que de rompre abfolument : la fécondé, pefant 439 livres , fupporte pendant une heure 8c demie la charge de 19500 livres, ploie de trois pouces deux lignes avant que d’éclater, 8c de huit pouces avant que de rompre entièrement.
- XXXII. Expérience.
- De deux folives de douze pieds de longueur fur huit pouces d’équarriiTage. La première, pefant 397 livres, fupporte pendant deux heures cinq minutes la charge de 2.3900 livres, ploie de trois pouces juftes avant que d’éclater , 8c de fîx pouces trois lignes avant que de rompre : la fécondé, pefant 395 livres \ , fupporte pendant deux heures quarante-neuf minutes la charge de 23000 livres, & ploie de deux pouces onze lignes avant que d’éclater, & de lix pouces huit lignes avant que de rompre abfolument.
- Il eft à préfumer qu’une piece de fept pieds de Ion*
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- des Bois de Charpente. a i $
- gueur fur huit pouces d’équarriftage, auroit porté plus de quarante-cinq milliers. -
- M. de Buffon ne s’eft pas contenté de chercher ainfi quel fardeau peut faire rompre telle ou telle piece, il a encore voulu connoître la diminution de force caufée par les nœuds , & il a trouvé le moyen ingénieux d’eftimer, à peu de chofe près y la diminution de force occasionnée par ces nœuds. Il remarque qu'un nœud eft une efpece de cheville adhérente à l’intérieur du bois , & qu’on peut, par le nombre des cercles annuels qu’il contient, connoître a peu-près la
- profondeur à laquelle il pénètre., ... / ;
- En conféquence, il a fait percer des trous en forme de cônes & de même profondeur dans des pièces fans nœuds, dont il avoir éprouvé la force auparavant ; il a rempli ces trous avec des chevillés de même figure, & a fait rompre enfuite ces mêmes pièces. C’eft ainfi qu’il eft parvenu à connoître combien les nœuds ôtent de force, au boisq ce qui eft beaucoup au-delà de ce qu’on peut imaginer. Un nœud qui fe trouve ou une cheville qu’on met à îa face inférieure,. &• fur-tout à une des arrêtes-, diminue quelquefois d’un quart la force de la piece. ^
- Le vuide de la mortoife peut être affimilé à la place occupée par le nœud dans le corps d’une piece j & l’on peut inférer de-là, de remarquer en paftant.&
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- 'à i q Traité fur la force
- qu’une mortoife doit aftoiblir de beaucoup la force;
- d’un linçoir ou d’un chevêcre.
- : Notre iilaftre Académicien a étendu fes recherches jufqu’à reconnoître , par plusieurs expériences , la diminution de force caufée par le fil tranché du bois, ïl a encore été plus loin : il a étudié le rapport de la cohérence longitudinale du bois avec la force de fou union j,: oif la cohérence tranfyerfalej ou, pour mieux y.ire , quelle force il faut pour rompre, & quelle force 'il faut .pour fendre une pièce de bois.
- Parcourons les raifons phyfiques de ces rapports. Un gros arbre eft compte»fé d’un grand nombre de cônes ligneux qui s’enveloppent & fe recouvrent fuc-» cefliyement à rnefure que l’arbre croît 8c grofiir.
- En effet, dès la première année le jet tendre 8f herbacé s venu du gland jette en terre, contient déjà un petit cône de fubftançe ligneufe. A l’extrémité de ce petit jet ou arbre eft un bouton qui s’épanouit Tannée fui .vante : il en fort alors un fécond jet tout femblable au premier, mais plus vigoureux , qui fe groftitj s’étend ^davantage , durcit dans le même temps, •& produit à foxa extrémité ixn autre boiiLton, origine du jet de la troifieme année , aipû dp fuite, jufqu’à ce que l’arbre foit parvenu à toute fa hauteur.
- C’eft ainfi qu’il croît en hauteur, 8c que fe formé
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- des Bois de Charpente. 21 f
- en même temps fon accroiffement en groffeur. C’eft d’après ce s principes, ainfi que de la texture du bois, que M. de Buffon fait voir que la cohérence longitudinale dpic être plus conlidérable que la cohérence tranfverfale. ,
- A l’exemple de Parent , il a étendu fes expérience? fur les trois maniérés de pofer une piece de charpente, ou retenue par les deux bouts, ou feulement par un bout, ou pofée fur deux points d’appui.
- Il paroît même avoir épuifé dans toutes fes branches la queftion des bois , en faifant entrer auffi dans fes obfervations les effets du temps fur leur réfiftançe, Ôc combien on peut eftimer qu’il diminue de leux force.
- Il réfulte de fes expériences, que de lix pièces de bois pareilles, les deux premières chargées d’un certain poids , ont caffé au bout d’une heure j que les deux autres, chargées feulement des deux tiers de ce poids, ont été environ fix mois à fe caffer ; enfin que les deux dernières, chargées de la moitié du premier poids , ont refté deux ans fous la charge „ & quelles n’ont fait que ployer fans fe caffer.
- Quelques réflexious ferviront à autorifer les expériences faites avant cet habile Phyficien. Comme elles 11’ont été pratiquées que fur des barreaux de bois, ou échalats proprement dits, qu’il eft aifé d’affurer & de retenir fixement par l.e§ deux bouts, leur Ion»
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- a\6 Traité fur la force
- gueur 8c groffeur n’étant pas confidérable, il en doit réfulcer des effets totalement différens dans les grandes pièces. En effet, une piece de vingt-quatre pieds de longueur , qui baiffera de fix pouces dans fon milieu ( ce qui eft plus qu’il ne faut pour la rompre ), ne hauffe que d’un demi pouce à chaque bout : fort fouvent même elle ne hauffe que de trois lignes. La charge entraîne plutôt'le bout de la piece hors le mur quelle ne la fait hauffer. Enfin cette charge, qui fait rompre les poutres ou les oblige de ployer dans leur milieu , eft cent fois plus confidérable que celle des plâtres & des mortiers, qui cedent 8c fe dégradent ai-fément.
- M. de Buffon affûte en même tems avoir éprouvé la différence d’une piece pofée fur deux points d’appui 8c libre par les deux bouts, de celle qui eft arrêtée par ces mêmes bouts dans un mur bâti à l’ordinaire, 8c il avance que cette différence eft fi petite , quelle ne mérite pas qu’on y faffe attention.
- Il ajoute cependant, qu’en retenant une piece par des ancres de fer, en la pofant fur des pierres 8c la chargeant par-deffus d’autres pierres de taille, la pe-fanteur de cette charge fupérieure augmenteroit con-fidérablemenc fa force.
- Déplus, fi une piece étoit invinciblement retenue 8c hiébranlablement contenue par des encaftremens d’une matière inflexible & parfaitement dure fil fau-
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- droit une force prefqu’infinie pour la rompre.
- Enfin , dans nos conftru&ions ordinaires , les pièces dé charpente font chargées dans toute leur longueur & en différons points ; au lieu que, dans- toutes les expériences qui ont été faites, foitparM. de Buffon, foit par les autres Savans, la charge eft réunie dans une feule partie & au milieu.
- Concluons donc , avec M. de Buffon & tous les autres Phyficiens Sc Géomètres, qu’il ne faut prudemment donner aux pièces de charpente que la moitié de la charge qui peut les faire rompre } que le Bois verd rompt plus- difficilement que le bois fec ; qu’un bois jeune eft moins fort qu’un plus âgé} que la force du bois n’eft pas proportionnelle à fon volume, mais bien à fa pefanteur} que , relativement a cette pefanteur, une pièce de bois de même grof-ïètfr & longueur , mais plus pefante qu’une autre piece, fera auffi plus forte à proportiôn } qu’à l’égard “de la groffieur fur même longueur une piece double ou quadruple en groffeur portera plus du double ou du quadruple } que pour la longueur fur même grof-fëur, celle qui a moitié de longueur portera plus du double de celle qui eft plus longue. Relativement à "la réfentë , après avoir femblé la profcrire en termes très-précis, il ajoute que toute piece menue , comme Barreaux , échalats *& petites folives, tirée d’ün gros arbre, eft plus foible que les pièces d’un plus gros
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- Si? Traité fur la force
- équarriilage prifes dans le même arbre ; que les portions des cônes ligneux font plus entre-coupées dans les échalats & petites folives, relativement au fciage; que toutefois il y a deux maniérés de les pofer, ou de façon que leurs plans foient dans une pofition ho-Jtifontale , 8c alors la piece eft foible j ou de façon que ces plans foient dans une pofition verticale , 8c alors la piece conferve toute fa force. En effet, fi l’on veut rompre plufieurs planches à la fois , on en viendra facilement à bout en pofition horifontale ^ au lieu que , fî l’on cherche à les rompre en pofition verticale, elles ne fe rompront que très-difficilement.
- Toutes ces obfervations peuvent être aifément appliquées aux bois de refente j car il faut diftinguer deux fortes de réfiftançes : la réfiftance abfolue du bois avant la première refente y fa réfiftance relative après la refente.
- Il eft certain que plus ou moins de fibres tranchées par la refente peuvent altérer plus ou moins la réfiftance de la piece. Mais * dans la conftruéjtion ? nous n’avons befoin que de la réfiftance aux fardeaux ou aux chocs : que cette réfiftance foit une fois trouvée dans la piece entière ou dans la piece refendre , on aura |atteint le but propofé. C’eft de cette quotité de réfiftance que nous allons déduire de§ principes.
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- des Bois de Charpente. ù. 10
- Nous ne pouvons nous difpenfer de rapporte!: avant, ce que nous dit à ce fujet Mufchenbroeck, Profeflèur de Mathématiques à Utrecht. Son Ouvrage , compofé en hollandois , a été traduit en François en 1751. Cet Auteur fait la defcription dp différentes expériences fur la réfiftance des bois dans Je chapitre XIX, où il traite de l’adhérence & de la cohéfion des corps.
- Il diftingue deux fortes d’adhérences : l’adhérence abfolue, & l’adhérence relative. Il appelle adhérence abfplue , la réfiftance que fait à fa rupture un corps forcé par un poids fur fa longueur} & adhérence relative , la réfiftance que fait à fa rupture un corp.s forcé par un poids qui agit perpendiculairement contre la direction de fes fibres.
- La forcp avec laquelle une planche réfifte au poids agiffant perpendiculairement contre la direction <de fes fibres , çonfifte dans l’adhérence relative } 8f la force avec laquelle cette même planche réfifte au fardeau agiffant fur elle dans la direction de fes fibres jeft l’adhérence abfolue.
- Il cite des expériences faites fur les bois le plus en ufage dans fon pays , coiume tilleul, aune , chêne, fapin à réfine , fapin rougeâtre, orme , hêtre, frêne., .Iioyer, olivier, peuplier , pommier , & même fur 4*autres bois rares §c extraordinaires , comme cedre ,
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- Î220 Traité Jur la force
- bois de Bréfil, bois de vinaigre , bois madré , âcti
- Il établit fes principes, & rapporte les expériences qu’il a faites , ainli que nos autres Obfervateurs, fur des pièces de bois, ou fufpendues par un bout feulement, ou pofées par les deux bouts librement fur deux points d’appui, ou enclavées par les deux extrémités dans les murs.
- Les pièces fur lefquelles ont été faites les expériences étoient toutes de bois refendu , de forte que tous leurs cotés fe rrouvoient de droit fil ; mais notre Auteur obferve que , fi l’on fe fert de bois de qualité inférieure, les pièces ne doivent pas être auffi chargées que celles de fes expériences.
- Il avertit en outre , qu’il n’eft pas poffible de déterminer au jufte la valeur des réfiftances, parce que la force du bois différé fuivant la qualité du terrein, la température de l’air , le pays ou l’arbre prend fa croiflance & fa nourriture , & de plus, félon le temps auquel il aura été coupé.
- Comme l’uniformité régné entre fes principes, fes expériences , & les principes & les expériences de nos autres Obfervateurs & Académiciens , nous avons jugé inutile d’en faire un extrait plus ample.
- Pafibns aux expériences de M. du Hamel, Académicien auffi infatigable dans fes recherches que M. dq
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- des Bois de Charpente1. 22 11 Buffon. Chacun fait les fommes exorbitantes qu’il a confacrées à fes épreuves fur les bois , combien ces mêmes épreuves ôc recherches font précieufes, ôc quel avantage étonnant il en doit réfulter pour le bien des Conftructeurs.
- Dans fon Mémoire de 1741 , il fait précéder quelques réflexions avant que de rapporter fes expériences.
- Il regarde d’abord une piece de bois compofée de deux parallélépipèdes unis au droit de la rupture : il fuppofe que fi les deux extrémités viennent à bailler par les poids appliqués en deflus , les bafes des parallélépipèdes relieront toujours unies par le défions au droit du point d’appui qui fe trouve dans le milieu.
- 11 fuppofe enfuite ces deux parallélépipèdes extrêmement durs ôc un lien inextenhble qui les unit en deflus. Alors les poids appliqués aux deux extrémités tendront, fnivant lui, à rompre ce lien, pendant que les bafes des parallélépipèdes feront exactement appliquées l’une fur l’autre ; ôc, attendu leur dureté, le point d’appui effectif fera au-deffus du point d’appui qui fupporte nos deux parallélépipèdes.
- Il remarque aufli que les libres ligneufes font exten-hbles} ôc il paffe de-U à une autre fuppoficion. Il confidere ces deux mêmes parallélépides comme rete^
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- ÿi'Æ Trait é fur la force
- ritis par une multitude de liens ou relforts, tous également dilatables. Il en conclud que lorfque les puilfan-ces ou poids viendront à agir , toüs les relforts entreront en dilatation \ que ceux qui feront les plus éloignés du point d’appui, feront les plus dilatés j que ceux qui en feront les plus proches le feront beaucoup ïhoins : en un mot, que tous ces relforts feront dans un degré de dilatation proportionnel à leur éloigne* ment du point d’appui. Il dit encore que les puilfan-ces agilfent fur les relforts par des bras de levier dont là longueur eft la moitié de la longueur de la piece ; que les bafes des parallélépipèdes fe brifent l’une fur fautre au droit du point d’appui, que les leviers de réfiftance font la hauteur de la piece ; qu ainfi les ref-forts agiront d’autant plus, qu’ils feront plus éloignés du point d’appui, ou que leur réfiftance augmentera en raifon de la hauteur de la piece.
- De ce que la fibre la plus tendue eft la plus éloignée du point d’appui, & celle par conféquent qui eft à l’extrémité du levier de réfiftance} & de ce que les fibres ligneufes réfiftent à proportion de ce qu’elles font plus allongées par leur tenfion, il fuit que le maximum de cette réfiftance eft le point où elles font prêtes à fe rompre \ mais une fibre une fois trop tendue perd de fa réadion : dès-lors elle peut n’être plus dans l’é* XU de la plus grande réfiftance, pendant que lçs autre*
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- des Bois de Charpente! peuvent encore jouir de leur propriété de reflrort}& ainfi il peut être difficile de décider laquelle des fibres feroit capable de la plus grande réfiftance.
- Après avoir fuppofé les deux parallélépipèdes extrêmement durs , & en avoir tiré des corollaires & des inductions préliminaires , notre Académicien rentre dans l’hypothefe naturelle de la qualité du bois. Il reconnoît qu’il n’eft pas parfaitement dur, que fes fibres font extenfibles & comprefîibles même, fuivant leur longueur.
- Il confidere en conféquence les deux parallélépipèdes comme écartés l’un de l'autre \ 8e feulement joints enfemble par dés reflbrts femblables, indifférens à fe contracter & à fe dilater.
- D’ ou il conclud que , lorfque les puiflancés viendront à agir, les reflbrts qui font vers le point d appui fe contracteront ; que ceux qui en font les plus éloignés fe dilateront. Il en trouve l’exemple dans un bâton de cire molle que l’on courbe. Il y voit fe développer l’effet de la condenfation à l’intérieur de la. couche par le bourfouflement de la cire, & celui dé la dilatation à l’extérieur, par Tapplatiflement de cette même cire.
- Comme il y a des fibres en condenfation 8c des fibres en dilatation, la quantité des fibres qui foht en condenfation ou en dilatation dans un inorceau de bois que l’on charge, doit varier, fuivant que lés fibres
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- Traité fur la force
- font plus dilatables que compreflibles, ou plus com-preflîbles que dilatables : de forte que fi les fibres étoient plus contra&ibles qu’extenfibles , il y autoic beaucoup de fibres en condenfation 8c peu en dilatation \ 8c au contraire fi les fibres étoient plus extenfi-bles que contra&ibles, il y auroit beaucoup de fibres en dilatation, 8c peu en condenfation.
- Notre Académicien appuie fur une circonftance efientielle. Lorfque les puiftances agiftent, les reflorts qui font vers le point d’appui, entrent en condenfation , 8c ceux qui font du côté oppofé font en dilatation. Les refïorts en condenfation tendent par leur réaétion à écarter lés parallélépipèdes ; & ceux qui font en dilatation tendent à les rapprocher : & fi les parallélépipèdes étoient divifés en deux fur leur hauteur, 8c avoient feulement leurs parties jointes avec quelque matière vifqueufe, ces deux portions glilïeroient rime fur l’autre.
- Il en rapporte des exemples. Ce gliflfement eft fen-fible dans un jeu de cartes qu’on ployé , dans des planches pofées de plat qu’on charge. Ayant fait des expériences à ce fujet fur des barreaux de chêne bien durs & bien fecs, il s’eft trouvé que ces barreaux ont réfifté long-temps fans ployer , 8c qu’avant que de rompre à la partie convexe, il s’eft détaché à la partie concave un grand éclat quia gliffé, 8c que fur le champ Je barreau a rompu,
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- Ce qui prouve i°. qu’il y a une allez grande quantité de libres en condenfation j i°. que la force de cohéfion des fibres ligneufes les unes fur les autres influe beaucoup fur la force du bois.
- Aufli une piece de bois, dont les couches des cônes ligneux feroient très-fortes , mais peu adhérentes en-tr’elles , romproit fous un poids que fupporteroit ai-fément une autre piece de bois dont les memes couches feroient plus foibles , mais mieux unies.
- En effet, le bois roulé, qui n’eft autre chofe que des cônes ligneux , dont toutes les couches font fans liaifon ni adhérence entr elles , eft profcrit dans la. bâtilfe pour raifon de foiblelfe.
- Il en réfulte une efpece de queftion , que la partie qui fouffre le plus n’eft pas celle qui eft en dilatation, mais bien celle qui eft en contraéfion 8c qui fe rompt la première. C’eft ce que M. du Hamel a reconnu dans toutes fes expériences, rapportées dans fes Ouvrages , au nombre de vingt-quatre.
- Ayant ainfi remarqué qu’il y a une partie des fibres en condenfation , 8c une autre partie en dilatation , notre Académicien en a tiré une conjecture, 8c a fait le raifonnement fuivant.
- Si, dans des barreaux d’un pouce 8c demi d’équar-riffage 8c de trois pieds de longueur, la fomme des libres en compreflion s’étendoic jufqu’au tiers de leur \ P
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- hauteur, on pourrait, fans diminuer leur force, en fcier
- cette portion.
- 11 obferve en même temps, qu’il faut avoir l’attention de remplir le trait de la fcie par un morceau ou coin de bois , qui fupplée à ce que l’épaifleur du trait de la fcie aura emporté , & qui fournifiê un point d’appui auffi folide.
- L’expérience a été conforme à cette conjecture. Des barreaux fciés dans cette proportion du tiers ont porté 551 livres, & par conféquent 27 de plus que d’autres non fciés , qui n’ont fupporté que 524 livres.
- Il voulut enfuite efiayer li les fibres qui étoient en comprefiion 11’excédoient pas le tiers de la hauteur des barreaux. Il en fit fcier à moitié de leur épaiffeur, de ils portèrent feulement 18 livres de plus que ceux ci-detïiis, qui n’avoient pas été fciés. Il pouffa fa cu-riofité plus loin : il en fit fcier d’autres aux trois quarts de leur épaiffeur, & il trouva qu’ils ne portoient feulement que 6 livres de plus que ceux ci-deffus refiés dens leur entier fans être fciés aucunement. Ces expériences prouvent bien clairement que les fibres qui font en condenfation occupent une grande partie de la hauteur de la piece qu’on veut rompre.
- De-là un autre paradoxe aufli étonnant, & même plus encore que celui que nous venons d’expofer. Pour fortifier une piece de bois, il ne s’agit que de la
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- fcier au tiers, à demi , ou aux trois quarts de fou épaifleur par le dellus. C’eft le réfultat des expériences citées, & conformes d’ailleurs à celles de Mufchen-broeck y c’eft enfin ce qui va être pleinement démontré par une réflexion de M. du Hamel.
- L’épaifleur de la fcie fait une ouverture égale dans toute la hauteur du trait. Le coin dont nous avons parlé , 8c qui doit remplir cette ouverture, eft nécef-fairement un peu plus large en haut qu’en bas : c’eft à la partie fupérieure du barreau où les fibres font le plus foulées y c’eft à cet endroit , extrémité du plus grand bras de levier de réfiftance j que fe trouvent placés le point d’appui 8c notre coin en meme temps. Si l’on force le coin, on refoule d’un coté les fibres qui dévoient être en compreflion * 8c l’on fait d’un autre coté tirer plus direéfement les fibres qui fouffrent la dilatation. Les fibres dilarées, 8c qui font en tenfton, font celles qui s’oppofent à la rupture de la piece. Elles font ici preique dans le même degré de tenfionq il y a donc augmentation de force. Le barreau eft donc capable d’ une plus grande réfiftance. Il prétend en outre que le trait de la fcie s’élargit par le refoulement des fibres y 8c pour le démontrer, il fait deux hypothèfes.
- Il fuppofe i°. les [deux parallélépipèdes parfaitement durs, un peu écartés l’un de l’autre, joints enfemble par un lien duétile de plomb : par exemple, l’efpace entre les deux paralléélpipedes rempli par un coin re-
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- 22 S Traitéfur 1a. force
- gardé comme incomprellible, de même que les paral-lélipipedes. Cela pofé, quand les puilfances agiront, le lien s’étendera, les parties fupérieures de la bafe des parallélépipèdes s’écarteront du coin } 8c la partie inférieure des bafes reliera appliquée fur le coin : 8c li Ton rétablilïoit enfuite les deux parallélépipèdes dans leur lituation horifontale , comme ils étoient avant l’effort des puilfances, les bafes deviendroient parallèles.
- Il fuppofe i°. que le lien 8c le coin ne peuvent prêter , mais que les parallélépipèdes font comme prelîi-bles. En conféquence , les puilfances venant à agir , la partie fupérieure des parallélépipèdes reliera appliquée fur le coin , 8c les parties inférieures fe contrarieront; 8c li l’on rétablit les parallélépipèdes dans la lituation horifontale, les parties fupérieures n’auront pas abandonné le coin, <$t* les parties inférieures en relieront écartées.
- C’ell ce qui ell arrivé dans toutes les expériences qu’il a faites là-deffus, 8c ce qui ell conforme en même temps aux expériences de Mufchenbroeck à ce même fujet. Il s’enfuit que les libres ligneufes font contradi-bles, 8c que l’élargiUement du trait de fcie vient de la contradion des libres : d’où l’on doit conclure que, par le fciage, toutes les libres ligneufes font contractées, 8c que cette contradion doit donner une folidité au parement de fciage.
- M. du Hamel a fait encore quantité d’expériences
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- des Bols de Charpente. 22g
- fui' les poutres, 8e tous les autres bois généralement quelconques. Il en a fait atiffi beaucoup d'autres , comme M. de Buffon, pour reconnoître la pefanteur 8e la denfité du bois du pied des arbres 8e de celui de la cime, du bois du cœur 8e de celui de la circonférence. Ces épreuves font rapportées dans le premier volume de fon Ouvrage fur Y Exploitation des Bois, 8e s’y trouvent détaillées au nombre de deux cents quarante-fix, toutes fuivies avec exa&itude 8e intelligence. Comme nous en avons déjà rapporté un grand nombre, & les fuccès étant toujours les mêmes, nous nous contenterons d’en faire l’expofé, 8e nous en déduirons feulement les conféquences fuivantes.
- 1 °. Si les. bois font parfaitement fains, ils font plus pefans au centre qu’à la circonférence.
- i°. Le contraire arrive, lorfque les bois fout fur le retour.
- 30. Les plaies recouvertes, ainfi que les nœuds, rendent les bois plus pefans.
- 4°. Au contraire les gelivures rendent les bois plus légers.
- 50. Le bois du pied des arbres qui eft en pleine crue eft meilleur que celui de la circonférence.
- 6°. C’eft pécher contre les vues économiques, que d’abattre un arbre encore jeune, 8e avant qu’il ait acquis fa perfe&ion 3 non - feulement parce que cet arbte pourrait croître, mais encore parce qu’il ne fera
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- 230 Traité fur la force
- pas d’an aufli bon ufage qu’il pourrait être par la fuite,"
- ayant acquis fon degré de maturité.
- 70. On ne peut trop économifer les bois dans nos conftru&ions, & ménager l’efpece dans nos forêts.
- Ce font les avis unanimes des vrais Scrutateurs de la Nature, de ces Etres privilégiés qui fe font voués au bien public.
- Tant d’expériences répétées & réitérées par différentes perfonnes , & en différens pays, ne peuvent être fufpeétes. Cherchons donc à les mettre à profit.
- Nous venons de rapporter les foins &c les précautions prifes par MM. de Buffon, du Hamel, Parent ÔC Mufchenbroeck. L’Europe favante & policée a Toujours reconnu l’intelligence & l’exacftitude de ces eftimables indagateurs des faits phyfiques & des vérités arithmétiques.
- Mais Parent, du Hamel, Buffon, Mufchenbroeck, Bélidor ne font ni les feuls ni les premiers que cet objet ait occupés. D’autres Mathématiciens y avoient travaillé avant eux. Cette matière, il eft vrai, fut d’abord traitée d’une maniéré générale , & on ne penfa qu’à chercher la réliftance des folides quelconques. Mais ce ne font pas ici , difent les Mémoires de l’Académie , de vaines fpéculations, qui ne fervent qu’à exercer la fubtilité des Géomètres. 11 eft aifé de voir que la Méchanique-Pratique, l’Architeâure, ainfi que tous les autres Ans ont été enrichis par ces découvertes;
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- des Bols de Charpente, 23 1
- Réjijlance des Solides.
- C’eft à Galilée, qui vivoit dans le fiecle dernier , que l’on doit la naiflance de ces belles & utiles recherches fur la réfiftance des folides. Peut-être ne fera-t-on pas fâché de fçavoir ce qui le détermina à ce travail : le voici.
- Il avoit remarqué que fort fouvent une machine qui réuffit en petit, 11’a pas des fuccès aufli heureux étant exécutée en grand. Il avoit obfervé aufii que les épreuves donnent toute la fatisfaétion pofiible dans le modèle d’une machine où. il eft queftion de la réfiftance qu’apporteroient à leur fracture des pièces po-fées horifpntalement, ou bien de la force qu’il leur faudro.it pour foutenir un certain poids : mais que ces mêmes pièces fe trouvent plus foibles dans la machine finie, quoique très-exaélement proportionnée au modèle , il avoit enfin reconnu qu’il y avoit dans la pratique , des inconvéniens & des imperfections qui pa-roilfoient démentir la théorie.
- Il fe mit donc à chercher ; il y réfléchit plufieurs années : enfin, de méditation en méditation , il eut le dénouement qu’il défiroit , <k il établit le fyftême de la réfiftance des folides , inconnu jufqu’alors.
- Il confidéra toutes les fibres des corps qui fè rompent comme coufues & liées enfemble. Il regarda ces fibres comme fe calfant toutes à-la-fois j il chercha ert
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- fi 31 Traité fur la force
- meme temps quelle force étcit nécelTaire pour rompre un corps folide , en tirant fes fibres directement fur fa longueur , & quelle force il falloit pour les rompre transverfalement. Selon lui, ce corps réfifte de toute fa force abfolue, c’eft-à-dire, de la force entière delà fournie des fibres à l’endroit où il doit fe rompre de quelque maniéré qu’on s’y prenne.
- Sur ce fyftême de Galilée , Mariotte étendit fes ré* flexions ; il remarqua que, dans un corps fufpendu verticalement , les fibres fe cafloient bien toutes au meme inftant 3 mais que dans la pofition horifontale ces memes fibres étoient capables de fe prêter & de s’étendre jufqu’à un certain point 3 que celles qui font plus près de l’axe d’équilibre s’étendent moins que celles qui en font plus [éloignées 3 qu’ainfi il y avoir une différence entre la fufpenfion verticale & la pofition horifontale.
- Leibnitz , dans les a des de Leipfik ( en Juillet 1684 , pag. 223 & 325 ) fe joignit à Mariotte , & ils pouffèrent plus loin cette fpéculation. En retenant la même hypothèfe de levier, ils conçurent dans les fo-lides une infinité de fibres, lefquelles , avant que ces corps ploient ou rompent tranfverfalement, doivent être tendues plus ou moins 3 & ils confiderent en outre ces fibres comme capables de prêter peu-à-peu, 8c comme autant de petits relforts &: filets ridés qui ne fe cafTent qu’après s’être extrêmement déployés. C’é-?
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- des Bois de Charpente. 233
- toit déjà un moyen de décider par les expériences la-, quelle de ces deux hypothèfes, celle de Galilée , ou celle de Mariocte , étoit la plus conforme à la nature. C’eft ce que fit particulièrement ce dernier , & ce qu’il nous détaille depuis la page 348 jufqu’à la page 376, dans fon Traité du Mouvement des Eaux, à l’édition duquel la H ire a donné tous fes foins.
- Il y entame cette queftion à l’occafion des tuyaux de conduite , & relativement à la force & à l’épaifteur qui leur font nécelfaires pour réfifterà la charge de l’eau. Il y diftingue deux fortes de corps folides ; les uns rigides comme le bois fec , le verre , le marbre, le fer, ôcc. :
- les autres fouples, comme le fer blanc , les cordes, les papiers, &c. Il rapporte une multitude d’expériences fur les uns & fur les autres de ces corps, réitérées en préfence de Carcawy , Roberval, Huyghens* Il reconnoît i°. que le bois entr’autres eft com-pofé de fibres & de parties rameufes qui ne peuvent fe féparer que par une certaine force , & dont lecom-pofé total eft la fermeté & la réfiftance de ces corps } 20. que ces fibres ôc parties rameufes peuvent être étendues plus ou moins par différens poidsjqu’en-fin il y a une exenfion qu’elles ne peuvent fupporter fans fe rompre, que par conféquent il faut qu’une fibre foit tendue de deux lignes pour être tendue , & qu’un poids de cinq cents livres produife cette tenfion Un poids moindre de moitié ne la fera étendre que
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- -2 34 Traité Jur la force
- d’une ligne ; & un encore plus foible, & en même ration, ne la fera étendre que d’un quart de ligne.
- Varignon vient enfuite : ce Géomètre réunit les deux hypothèfes de Galilée 8c de Matiotte. Il trouva que celle de Mariotte ajoutoit à l’hypothèfe de Galilée, & il découvrit dans celle de Mariette ce que Mariotte lui-même n’y avoit pas vu.
- Il vit dans l’hypothèfe de Galilée les centres de gravité 8c les centres de percuflïon. 11 reconnut que , dans l’une comme dans l’autre de ces hypothèfes , le plan de la fe&ion , par lequel le corps fe rompt, eft mû fur un axe d’équilibre ; que cependant dans la fécondé , les fibres de cette bafe de fraction vont toujours en s’étendant de plus en plus. Il convient en outre avec M. Blondel de l’Académie des Sciences, que ces extenfions inégales dévoient avoir, comme toutes les autres forces, un centre où elles fe réunifloient que le centre d’extenfion de la feétion par laquelle le corps fe rompt ou tend à fe rompre, doit être le même que le centre de percuflïon.
- Cette formule que Varignon avoit donnée fur Ja xéfiftaAce des folides , étoit générale; mais Bernouilli lailla de côté cette généralité vafte , 8c s’attacha à une hypothèfe particulière, qu’il regarda comme conforme a la nature.
- Il nous dit que les fibres d’une poutre pofée hori-fomalement, avec point d’appui dans le milieu &
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- puifiances aux extrémités, s’étendent 8c fe rompent vers le haut 8c fe compriment vers le bas ; qu’il y a un point milieu qui ne fouffre ni extenfion ni cotn-prelfion , 8c que de ce point les extenfions & les comprenions vont toujours en augmentant de part & d’autre, ce qui lui donne un centre d’une nouvelle efpece, 8c qui n’avoit pas encore été confidéré.
- Enfin , il lait entrer dans fon hypothèfe toutes les conditions que la plus exaéte phyfique puifie defirer, 8c il pafle enfuite au calcul algébrique , dont il avoit établi , comme nous venons de le dire , la bafe 8c les principes, ce que nous fupprimerons , ainfi que les calculs de Parent, de Coupel, de du Hamel 8c autres Mathématiciens, pour n’être pas trop prolixes , 8c de peur d’être à charge à quelqu’un de nos Lecteurs.
- L’on voit dans le travail de ces Géomètres, par quel art, quels foins 8c quelle méthode ils ont approfondi la queltion de la réfiftance des folides, qui renferme en elle-même une étendue confidérable de connoif-fances. On reconnoît dans leurs ouvrages qu’ils ont traité cette queftion fi univerfeilement 8c fi particu-lierement qu’aucun détail& aucun cas n’efi échappé a leur vue générale. Ce ne font pas, difent les Mémoires de l’Académie les routes les plus commodes pour tout le monde : mais il faut, ajoutent ces Mémoires , être placé bien haut pour découvrir tout à-la-Lois mie grande étendue.
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- '23 6 Traité fur la force
- Nous avons cité tous ces Savants avec plaifir : peut-être ces autorités & ces lumières, peut-être cette fuite non interrompue de recherches, d’expériences & de découvertes, de raifonnements , de calculs & de dé-monftrations pourront-ils réduire ( s’il y en avoir encore ) des perfonnes qui auraient une prédiledion marquée pour tout ce qui eft gros bois, qui tiendraient plus au préjugé qu’aux connoiflances phyfiques & mathématiques , qui fe rejetteraient toujours fur la prétendue infuffifance du calcul, le regardant comme incompatible avec l’exécution , qui prodigueraient encore avec profufion le nom de calcul à tout ce qu’ils rencontreraient fous leur main, jufqu’aux expériences même, qui ne font autre chofe que des faits totalement étrangers à l’opération des calculs, &c qui enfin regarderaient comme fyftême tout ce qui vient contredire une routine dont ils 11e peuvent donner aucune raifon quelle qu’elle foit : car ce n’eft pas une raifon de dire qu’une piece eft foible parce qu’elle eft foible.
- Il eft vrai que ces perfonnes pourront encore nous objeéfer qu’une partie de ces épreuves ont été faites en petit ; qu’il y a bien de la différence du petit au grand : que tout réufïit dans le petit, & qu’il n’en eft pas de même dans les volumes un peu confidérables.
- A de pareilles réflexions, nous ne pouvons nous empêcher de dire que ces perfonnes oublient bien promptement les expériences de M. de Buffon, que nous
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- des Bois de Charpente, lyj
- venons de rapporter. En effet, les épreuves font faites fur des pièces de charpente de io, 12 , 14, 16, 18, 20, 22, 24, 16 & 2 8 pieds de long , depuis quatre pouces jufqu’a huit pouces d’équarilfage, 8c chargées de 20 , 25 , 8c même vingt-fept 8c vingt-huit milliers. Mais j de la difficulté propofée , naît la folution,1 ce qui met ces perfonnes ( à qui les expériences de M. de de Buffon 8c celles de M. du Hamel étoient fans doute inconnues) dans le foupçon de folidité pour les grands volumes, c’eft que les fibres ne s’allignent prefque jamais dans toute la longueur d’une piece de bois, qu’en conféquence ces fibres doivent être tranchées par la refente, ce qui leur bte leur réfiftance ; 8c par cette raifon , plus la piece de bois eft rendue méplate par la refente , plus elle devient foible, 8c moins elle a de folidité.
- En fuppofant ( ce qui n’eft pas comme on, vient de le voir ) que les expériences n’ont été faites que fur de petits volumes : voyons ce qu’on en doit conclure.
- Du propre aveu de ces perfonnes, il s’enfuit que plus le bois fera débité mince, plus il y aura de fibres tranchées, 8c moins il y aura de folidité.
- Il s’enfuivra en même temps que nos petites foli-ves d’expériences font des plus minces pofiîbles, qu’elles ont le plus de fibres tranchées poilibie, 8c qu’elles ont le moins de folidité poilibie. C’eft ce que M. de
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- ^2 3 8 Traité Jiir ta force
- BufFon nous a fi bien fait connoître par le détail phy-
- fique de la texture de l’arbre.
- Cependant, quoique les plus minces , quoique avec le pl us de fibres tranchées, & le moins de foiidité , elles ont réfifté à un fardeau rapporté dans nos expériences : à plus forte raifon un plus grand volume ayant moins de fibres tranchées, 8c par confisquent plus de foiidité , portera-1-il aifément le poids proportionnel à celui réfui tant de nos expériences ^ s’il n’en porte pas un plus fort.
- C’eft ce que nous dit encore M. de BufFon. Il a reconnu par fes expériences, qu’à l’égard de la grof-feur fur même longueur, une piece double ou quadruple en grofFeur porte plus du double ou quadruple.
- Indépendamment des expériences en grand de M. de BufFon , nous avons encore à oppofer d’autres expériences en grand de conftru&ion entière.
- Les charpentes, de beaucoup plus légères que celles que nous employons aujourd’hui , 8c qui font en ufage depuis des fiecles dans toutes nos Provinces(i ) , dépofent unanimement contre ces craintes , fondées moins fur des principes que fur le préjugé. Si toutes
- ( i ) Entr’autres, dans le pays Chartrain, dans la Beauce, dans le Blaifois, la Toinraine, l’Anjou, la Picardie, la Flandre, le Brabant , l'Allemagne 3 l’Italie, la ville d’Avignon & le Comtat Venailfin.
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- des Bois de Charpente, ajÿ Ces charpentes euffent été contre l’art & la folidité, fi certe conftru&ion eût été caduque, auroient-elles fubJ fifté jufqu’à nos jours, & ne fe feroient-elles pas écroulées fuccefïivement? Ce qui fait bien voir que la pratique ne démentira jamais les calculs d’une fage théorie appuyée fur les expériences.
- Par les extraits que nous venons de rapporter de la théorie de nos Géomètres, par l’expofé que nous avons fait des expériences de nos Phyficiens les plus célébrés , & par les différentes branches de Géométrie, de Phyfique ôc de Méchanique, auxquelles nous ferons encore obligés d’avoir recours parla fuite, on conviendra aifément, avec les Mémoires de l’Académie, que la connoiiïance de la réfiftance des folides eft unfe fcience qui en renferme beaucoup d’autres, il eft vrai: mais il ne faut pas l’abandonner pour cette raifon ; elle influe trop fur le bien de la fociété «5c fur l’utilité journalière : nous devons redoubler nos efforts.
- On a dû reconnoître que toutes ces expériences faites en différens temps, en différens pays, & par diffé-rens Savans, ne fe font aucunement démenties ni ies unes ni les autres.
- Les dernieres en petit comme en grand font venues à l’appui des fécondés , comme les fécondés étoient venues à l’appui des premiers j 8c le fuccès a toujours été égal.
- La généralité des réfiftances s’eft toujours trouvée
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- à 4 0 Traitéfur la force
- à peu près dans la raifon inverfe des longueurs, dans Ja raifon des largeurs 8c des quarrés des hauteurs, 8c les pièces non fcellées ont toujours perdu le tiers de la réfiftance quelles avpient étant fcellées 8c arrêtées par les bouts.
- Cette étude précieufe avoit été malheureufement négligée prefque jrtfqu’à nos jours. Nous le répétons encore : ce n’efl: que dans le fiecle dernier, que nos Savans ont jetté les yeux fur cette partie de leur domaine négligée avant eux ; 8c il leur a fallu plus d’un fiecle pour l’amener a un point de perfection.
- La Nature eft toujours alîife à nos côtés : mais ca-pricieufe, elle prend plaifir à nous échapper. Ce n’eft que par degrés qu’on parvient à la connoître, 8c qu’à force d’afliduité qu’on peut efpérer de la faifir.
- Nos premiers Géomètres ont frayé le chemin ; d’autres, en leur fuccédant, ont profité de leurs lumières , 8c les derniers ont mis le fceau à leurs découvertes.
- Les premiers calculèrent théoriquement, 8c commencèrent à tenter certains genres d’expériences. Les féconds particulariferent un peu plus leur travail, 8c le firent d’une maniéré plus utile, du moins relativement à l’objet qui nous occupe ici, qui font les bois de conftru&ion.
- Cependant ni les uns ni les autres ne firent leurs épreuves fur des volumes affez grands. Ils fe bornèrent,
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- des Bols de Charpèntel 241
- ïent, pour plus de facilité fans doute , à n’opérer que fur des morceaux de 5 à & |z à 1 3 lignes de grof-feur , 8c d’une longueur aufti peu confidérable en proportion : il y en eut néanmoins quelques-uns qui , dans les derniers temps , mirent en œuvre des barreaux de bois de grolfeur & de longueur plus forte» Enfin , après eux M. de Buffon tenta l’impollible, pour ainfi dire , mit les grands volumes en œuvre, 8c les affujettit à des poids énormes. Il fentoit, d’un coté , combien des expériences faites fur des volumes confidérables étoient nécelfaires pour tariffer les ré-filfances des différentes pièces \ 8c d’un aurrexoté, il connoifFoic toute l’étendue 8c la force du préjugé. Il favoit que fon Partifan eft autant attentif à fe roidic contre tout ce qui peut lui être défavorable, qu’il eft intelligent 8c fubtil à profiter de tout ce qu’il croie trouver infuffifant à pouvoir le combattre. Il voulut donc le mettre dans l’impoflibilité de la réplique.
- Ces expériences effentielles nous ont en même-temps procuré des connoiftances particulières échappées aux premiers Obfervateurs, connoiftances d’autant plus exaétes, qu’elles font conformes au génie de la nature 8c aux effets phyfiques.
- La nature régulière dans fa marche eft fujette dans cette même marche à des irrégularités régulières dans leur genre. C’eft ce qu’on a fi bien remarqué dans toutes les parties qui compofent ce vafte .uni--
- Q
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- 242 Traité fur la force.
- vers j c’eft ce qu’on voit entr’autres dans îe fyftême célefte : les révolutions journalières des aftres, quoi-qu’afFujetties à des réglés confiantes, géométriques &c méchaniques , foufFrent cependant des irrégularités, 8c ce s mêmes irrégularités ont aufli leurs réglés confiantes.
- Ce font ces irrégularités dans les proportions de la réfiftance des bois, que M. de BufFon a découvertes par ces grandes &c fameufes expériences, 8c qui font d’une conféquence bien avantageufe pour la pratique.
- Il a trouvé une augmentation ou diminution de poids 8c de réfiftance en progreftion arithmétique entre les parties du bois avoifinant le centre, celles avoifinant la circonférence, 8c celles entre le centre 8c la circonférence. Il a trouvé cette même augmentation ou diminution progrefFionnelle dans les différentes longueurs, 8c encore cette même diminution ou augmentation , fuivant le plus ou le moins de grof-fèur du volume. En un mot, il fuit encore de fes expériences , que dans les pièces de même groffeur la réglé de la réfiftance n’eft pas tout-à-fait en raifon in-verfe des longueurs, & que cette réfiftance n’eft pas non plus exactement en raifon direéte de la largeur 8c du quarré de la hauteur. Bernouilli, dans les Mémoires de l’Académie de 1765 , établit ces principes.
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- des Bois de Charpenté*
- Ën effet, la réglé adoptée , que la réfiftance des fiolides eft en raifon inverfe de la longueur , en rai-fon dire&e de la largeur, 8c en raifon double de la hauteur , a toujours lieu dans les corps à parties inflexibles ÿ mais elle ne peut avoir lieu dans les corps a parties élaftiques, 8c cela d’autant plus, que ces corps auront plus de longueur 8c plus de grolfeur.
- Plus la pièce aura d’épaiffeur , plus les centres d’extenfion 8c de compreflion , qui font les mêmes au premier abord que les centres de gravité , feront éloignés de la circonférence \ 8c alors les diftances des centres augmenteront en même raifon. Ces diftances doivent être regardées comme autant de leviers de réfiftance} dans ce cas, ces leviers de réfiftance augmentent en conféquence»
- Comme aufli plus la pieceaurade longueur, plus les fibres auront d’étendue. Ces fibres étant confidérées comme compofées d’une multitude de reflbrts ou filets ridés : plus alors ces parties de reftorts ou filets ridés auront de foiblefîe pour la reftitution, plus s’allongent aufli les leviers des puiflances deftruétives, 8c plus par con-féquent font favorifés l’aâion 8c l’effort de ces puif-fances*
- On voit en effet par les expériences de M. de Buffon , que la réfiftance du bois décroît très-confi-dérablement à mefure 'que la longueur des pièces augmente , 8c que cette réfiftance augmente coiïfidé-
- Qv
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- 244 Traite fur la force
- rablement auflî à mefure que la longueur des pièces
- diminue.
- Cet illuftre Académicien fe fait une objection , &e fuppofe qu’on vienne à lui dire que cette réglé de l’augmentation de réfiftance -, qui croît de plus en plus à mefure que les pièces font moins longues, ne s’ob-ferve pas au-delà de la longueur de vingt pieds , Ôc quô les expériences rapportées ci-delfus fur des pièces de vingt-quatre & vingt-huit pieds patoîtroient prouver que la réfiftance du bois augmente plus dans une piece de quatorze pieds comparée avec une piece de vingt-huit pieds, que dans une piece de fept pieds comparée avec une de quatorze pieds.
- 11 trouve qu’il n’y a rien là qui fe contrarie} que cela n’arrive que par un effet bien naturel 3 que les pièces de vingt-huit & de vingt-quatre pieds , de cinq pouces d’équarriffage, ont des dimenfions trop dif-proportionnées avec les pièces de moindre longueur , & que le poids feul de ces longues pièces eft une partie confidérable de la charge qui les fait rompre. Il en donne pour exemple la piece de vingt-huit pieds qui caffe fous 1775 Üvres ? de fait remarquer qu’elle pefe 36z livres, qui eft environ le ~ & — de 1775 livres. Il dit que ces longues pièces ployent beaucoup avant que de rompre, & que les plus petits défauts du bois , & fur-tout les fibres tranchées , contribuent infiniment à leur rupture. Il ajoute , qu’il eft aifé de
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- des Bois de Charpente1 24 f
- Faite voir qu’une piece peut rompre par fon propre poids j 8c que la longueur qu’on pourrait donner à une piece proportionnellement à fa grolfeur, n’eft pas à beaucoup près auiïi grande qu’on fe l’imagine. Il part à cet effet de la connoiffance acquife par fes expériences \ 8c fait voir qu’on fe tromperait lourdement , ft de ce que la charge d’une piece de. fept pieds de longueur 8c de cinq pouces d’équarriffage eft de 11515 liy., on concluoit que celle d’une piece de vingt-huit pieds devrait être 2,881 liv», & celle d’une piece de cinquante-fix pieds de 1440 liv. Il réfulte.au contraire des expériences, que la réfiftance d’une piece de quatorze pieds n’eft que de 5300 liv., celle d’une piece de vingt-huit pieds n’eft que de 17753 & il préfume que la piece de cinquante - fix pieds romprait fous ce fardeau.
- C’eft ici l’endroit d’expofer le tableau des variations dans les réliftances des pièces, d’après fes expériences.,
- PIECES de cinq pouces d’équarriffage portent.
- Sur Sur Sur 7 poyces.............. H Z8 “-5M h 5100
- Sur S ; . * * * 1 / / )
- Sur 16. >7°7 T 4HO
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- 24 6 Traité fur la force 8308 L 3700 714? L
- .Sur 18.... Çnr in ... .
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- PIECES de Jix pouces d’équarrijfage portent.
- Sur 7 pouces............................ 185)50 L
- Sur 14. . ................................. 7475
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- Sur 16..........*...................... 6361 1.
- Sur 5).................................. 13150 L
- Sur 18 . .,................................. 5561 1.
- Sur io.................................... 11150 L
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- PIECES de fept pouces ds equarrijfage portent.
- Sur 7 pouces.............................. 31100 1,
- Sur 14.................................. 13115
- Sur 8................................. 16050 L
- Sur 16................................. 11000
- Sur 9.................................. 11350 L
- Sar 18................................ .94M
- Sur i©........................ .......... . 1^475 L
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- des Bois de Charpente.
- 2*%
- PIECES de huit pouces d’equarrijffage portent.
- Sur 7 pouces Sur 14..... .
- Sur 8.
- Sur 16.
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- Sur 18.
- Sur xo.
- Sur 2.0.
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- 397JO r.
- i6y1S
- 31800 I. 13100
- 17750 l. 11487 \
- de
- On voit par cette Table, que
- La charge d’une piece de 1 o pieds eft double, «Sc £ de celle de 20 pieds.
- Celle d’une piece de 9 p. eft double 8c environ .§ de celle de 18 p.
- Celle d’une piece de 8 p. eft double & { prefque jufte de celle de 15 p.
- Celle d’une piece de 7 p. eft le double 8c beaucoup plus de { de celle de
- U4 P-
- Dans Vé-quarrijfage J 5 pouces^
- Dans l’é- |
- I
- quarri
- de 6 pouces
- La charge d’une piece de 1 o p. eft le double & 7 de plus de celle de 10 p.
- Celle d’une piece de 9 p. eft le double 8c beaucoup plus de de celle de 18 p.
- Celle d’une piece dè 8 p. eft le dou-
- Q 4
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- 2^8 Traité fur la force
- ble & beaucoup plus de j de celle de
- 16 p.
- Celle d’une pièce de 7 p. eft le double 6c beaucoup plus de y de celle de V4P-
- Dans /V-quarrijjage f de 7 pouces.
- Dans Vê quarrijfagef pouces.
- 'de 8
- La charge d’une piece de 10 p. eft le double & y de plus de celle de 20 p.
- Celle d’une piece de 9 p. eït le double , 6c près de ÿ de celle de 1 8 p.
- Celle d’une piece de 8 p. eft le double , 6c beaucoup plus de ~ de celle de 16 p.
- Celle d’une piece de 7 pouces eft fe double 6c près d’y de celle de 14 p.
- f La charge d’une piece de 1 o p. eft le double j 6c prefque j de celle de 20 p.
- Celle d’une piece de 9 p. eft le double 6c f environ de celle de 1 8 p.
- Celle d’une piece de 8 p. eft le double & f à peu près de celle de 16 p.
- Celle d’une piece de 7 p. eft le double 6c un peu plus d’y de celle de 14 p.
- Notre Académicien a auffi reconnu que plus les pièces font courtes , 6c plus elles approchent de la réglé que nous venons d’expofer j qu’elles s’en éloignent:
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- des Bois de Charpente, 24 9 étant plus longues, comme dans celles de 18 & 20 p.; que cependant cela ne doit pas empêcher de fe fervir de la réglé générale, pour calculer la réfiftance des pièces de bois plus longues 8c plus groftes que celles dont il a éprouvé la réfiftance } qu’il y a toujours un grand accord entre les expériences , la réglé 8c les variations pour les différentes grofteurs, & qu’il régné un ordre aftez confiant, par rapport aux longueurs 8c aux grofteurs, pour juger de la modification à apporter à la réglé.
- Il ajoute que les pièces de cinq pouces d’équarriftage font celles fur lefquelles il a fait le plus d’expériences \ qi’fainfi toutes les fois qu’on aura à chercher la réfiftance d’une piece de bois de grofteur 8c de longueur donnée , l’on établira le calcul de comparaifon fur les pièces de cinq pouces d’équarriftage } 8c fui vaut les longueurs 8c les grofteurs, on y fera les modifications relatives aux variations trouvées extrêmement eftentiel* les pour la pratique, 8c dont il a fi bien mis à portée de profiter.
- Telle eft la réfiftance que la nature a mis dans des pièces de bois déterminées fous des fardeaux déterminés. Telles font les obligations que nous avons à la fagacité 8c amt louables recherches de ces hommes animés du vrai zele patriotique.
- Nous pourrions placer ici la Table que Parent a calculée des poids fous lefquels différentes pièces de
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- a^o Traité fur la force
- bois retenues par les deux bouts viendroient à fe çafler • mais nous ne ferons que renvoyer aux Mémoires de l’Académie les perfonues qui en feroient cu> rieules, notre intention n’étant pas de charger inutilement ce volume. Cette Table ne regarde que les pièces dont les groflfeurs 8c longueurs font d’ufage ordinaire. Il commence par celles de io'poucesd’é-quarrifiage , 8c finit par celles de quinze 8c vingt-un pouces.
- Il parcourt toutes les longueurs poflibles, depuis lîx pieds jufqu a trente pieds ^ par progrefiion de deux pieds en deux pieds.
- De femblables détails ; de pareilles recherches font bien voir que le but des vrais Savants eft d’être utiles à leur patrie, 8c qu’ils quittent avec autant de plai-fir la plus fubiime théorie, qu’ils favent defcendre avec fatisfa&ion dans les moindres détails * dès qu’ils peuvent contribuer au bien-être de leurs concitoyens.
- Quelles obligations ne leur avons-nous pas ! Qu’il feroit à fouhaiter que de tels hommes eulfent fouvent des femblables : fi l’on eût eu dans tous les fiecles le pareil foin 8c la même délicatefle , nous nous verrions délivrés des malheureux préjugés fi contraires à l’économie qu’un bon Gouvernement doit toujours rechercher dans la police des Etats. L’Architedure, doit être particuliérement jaloufe de cette économie, 8c voir avec peine les frais immenfes, 8c la grande
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- des Bois de Charpente,
- confommation de bois de charpente qu’entraîne avec elle les conftru&ions mêmes les plus ordinaires. Sans doute elle aurait ouvert les yeux , elle auroit abandonné une vieille coutume, Sc cherché les moyens de tirer avantage de découvertes aufïi précieufes} elle auroit déchiré le voile dans lequel s’enveloppe la cupidité j elle aurait arrêté & donné des loix, elle les auroit prefcrites à ces âmes viles 8c intéreftées d’une partie des conftru&eurs qui n’ont d’autres buts que de s’enrichir aux dépens de ceux qui les emploient. C’eft la cupidité qui fe fert du manteau du préjugé , il n’y a pas de doute : pourquoi donc ne pas chercher à mettre un frein à pareil vice ? Si comme nouveau Prothée il prend différentes formes, tel qu’Ariftée, reiïerrons les liens, ne nous lailfons pas furprendre par fes Mé-tamorphofes : ne lâchons pas prife ; il ne faut que du courage, 8c nous en viendrons â bout. L’avantage public en eft le terme, 8c la gloire en eft réfervée au fiede de Louis XVI. le Bienfaifant, le véritable ami de fon peuple. Le chemin nous en eft ouvert par tous les Savants du premier ordre j nous avons vu leurs expériences intéreftantes : nous fommes pénétrés de la vérité de leurs calculs fur la réfiftance des bois} nous en reconnoiftons tout l’avantage , foit du côté de la plus grande durée de nos édifices , foit du côté de l’économie particulière, foit enfin pour l’intérêt général 8c le bien public. Pourquoi donc ne profiterions-
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- nous pas de découvertes aufii précieufes ? Pourquoi ne. les mettrions-nous pas en ufage ? Tout nous y- invite; l’efpece de bois pourroit fouffrir 8c peut-être même manquer en France , fi l’on ne remédie aux abus de la trop grolfe charpente : dans ce cas, la marine , nos bâtiments, notre chauffage que deviendroient-ils? N’y fommes-nous pas intérefTés d’ailleurs par les vices 8c les inconvénients qu’entraîne avec elle la conftru&ion , telle que nous la pratiquons depuis une foixantaine d’années ? Pour nous en convaincre, comparons-la , ainfi que nous l’avons déjà obfervé avec celle des Peuples nos voifins ; mettons-la en parallèle avec ce qui fe pratique dans nos Provinces, & nous verrons dans nos charpentes une prodigalité finguüere qui ne tend qu’à écrafer les murs qui les portent. Comment y remédier ? Pour difcuter cette queftion, voyons les avantages 8c les défagréments de l’une 8c de l’autre maniéré : établirons des principes. Voyons fi nous ne pouvons pas éviter les inconvénients, 8c profiter toutefois des avantages. Reffouve-nons-nous à cet effet de ce que nous avons dit fur l’emploi des bois dans leur plus grande force, avec le plus d’économie : établirons les moyens d’une conftruétion plus favorable, 8c moins coûteufe que celle que nous pratiquons ordinairement ; pour y parvenir voyons les principescherchons-les dans la nature de la chofe même : confidérons deux poutres ; 8c d’après ce que nous avons déjà démontré , difons que fi les bafes da
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- ccs deux poutres font égales en longueur 8c en largeur horifontales, 8c qu’il n’y air de différence que dans les hauteurs , leur réfiftance fous le fardeau fera dans la raifon des quarrés de ces hauteurs.
- ïl eft certain auffi que deux poutres d’un cube égal peuvent avoir des différences fans nombre, tant qu’on pourra varier les rapports de leurs hauteurs verticales , 8c de leurs bafes horifontales.
- Par fuite des mêmes principes, fi dans une poutre la largeur horifontale étoit infiniment petite, & qu’elle pût avoir une hauteur infinie 3 & que, dans une autre la largeur horifontale pût être infinie, 8c la hauteur verticale infiniment petite , la réfiftance de la première feroit infiniment plus grande que celle de la fécondé.
- Avançons , & difons en conféquence , pour rendre la chofe plus palpable , qne , comme il 11’y a guere de piece de bois au-deffus de trente pouces d’équarrif-fage, nous prendrons ce terme pour le maximum, le plus grand poffible d’un des cotés de lequarriffage. A l’égard de l’autre côté , on voit aifément qu’on ne peut prendre au-deffous de l’épaiffeur ordinaire d’une plan-chet
- Suppofons donc une piece de bois d’un pouce de bafe 8c de trente pouces de hauteur 8c une autre de trente pouces de bafe fur un pouce de hauteur , nous aurons, pour la réfiftance de la première, 30 multiplié par 3 o , &r encore par 1 3 8c pour la réfiftance de
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- la fécondé, i muliplié par i ôc encore par 30, ce qui donnera 900 livres pour l’exprelfion de la réfiftance de la première, Ôc 30 pour l’exprelfion de la réfiftance de la fécondé. Ainli la réfiftance de la première po-fée de champ fera à la réfiftance de la fécondé pofée à plat, comme 900 livres font à 30. On aura 870 degrés de force de plus : doù il fuit qu’une piece avec le même cube peut avoir la réfiftance 29 fois plus con-fidérable.
- Plus les pièces de charpente font quarrées, moins elles ont de réfiftance relativement à leur cube 3 dans ce cas alors, plus elles coûtent, de moins elles valent pour les bâtiments. 11 eft donc plus avantageux de n’employer que des bois méplats, ôc de les pofer de champ 3 puifq.ue, fans en augmenter le cube ôc le prix, on augmente leur force dans le rapport de la largeur a la hauteur : il faut cependant en tout une fage modération. Les extrêmes font dangereux , ôc tendent au vice.
- Parent fait à ce fujet une remarque fort importante pour la fociété. Les marchands de bois , dit-il , coupent les poutres les plus quarrées qu’ils peuvent dans un arbre. Ils n’ont d’autre intention, que de bénéficier dans leurs coupes 3 ôc le bien public qu’ils feignent de ne pas connoître , n’eft aucunement le principe qui les conduit 3 par conféquent il y a plus
- cube ôc moins de réfiftance dans leur maniéré de
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- débiter : inconvénient qui va doublement contre l’utilité publique.
- Il ajoute , par exclamation , qu’il eft fâcheux que ces inconvénients ne foient encore connus que des Géomètres, 8c qu’ils ne foient pas arretés par des réglements &: des ordonnances.
- Pour y remédier, il voudroir que les marchands vendirent leurs poutres à raifon de leurs réfiftances, 8c non à raifon de leurs cubes, 8c il finit par engager ceux qui font bâtir à profiter de fon avis 8c de foa confeil.
- Nous avons trouvé fur cette derniere queftion une fécondé Table qu’il a donnée dans les Mémoires de l’Académie de 1708 , 8c qui a été inférée depuis dans le Traité de Charpenterie de Meflangers. Nous croyons à propos de la rapporter ici : il y fait voir la différence des réfiftances & des cubes des différentes pièces de bois. Il difpofe les côtés de leurs équarriftages de façon que la fomme de ces côtés donne toujours le meme nombre.
- Nous y joindrons une autre Table calculée fur les mêmes principes, avec cette différence que les produits de ces mêmes côtés donneront toujours le même cube.
- On verra dans celle de notre Académicien la différence des côtés 8c des réfiftances avec variété dans les cubes j dedans la nôtre la différence des côtés de des
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- réfiftances, les cubes reliant toujours les mêmes. Enfin on trouvera dans toutes les deux la médiocrité du cube avec l’augmentation des réfiftances.
- Table de M. Parent,
- A raifon de l’égalité de la fomme.
- Dimenfion des Superficie de Réjijiance en côtés. Véquarriffage ré- raifon des fuper-
- pondant aux ficies 3abjlraction cubes. faite des Ion-,
- gucurs.
- . 17x8 *8 59 i960
- ZQZ$ IO48 XOXJ
- 19 44 1 80J 1600 131} .968
- .;xp
- ii lur ix...................144
- ix fur 13...............143.
- 10 fur 14...............140.
- 9 fur 15...............135 -
- 2 fur 16................ix8,
- 7 fur 17................iip.
- 6 fur 18................108 .
- 5 fi^ l9...............95 • •
- 4 fur xo...............80. .
- 3 fur zi...............63..
- 2. fur xi......^...........44••
- 1 fur 23................23. .
- TABLE
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- des Bois de Charpentes
- TABLE que nous avons calculée, à raifon de l'égalité des cubes dans le produit des côtés de l’équar-rilfage, abftraétion des différences reconnues par M. de Buffon.
- Dimenjiondes Superficie de Réfifiance en cotes, Véquarrijfage ré- raifon desfiuper-
- pondant aux ficies, abfiraction,
- cubes. faite des lon-
- gueurs.
- ïx fur iz.............. 144
- U fur 13 \............144'
- Il o fur 14 f.,.. ........144
- 9 fur 16...... .........144
- 8 fur 18...............144.
- 7 fur zo f.............I44.
- 6 fur 14...............144.
- 5 fur 18 f........... 144.
- . 17ZS
- 107 3 f .1304
- .2J5>Z
- ^ï4
- M*
- .4147
- Nous observerons que nous n’avons pas defcendu au-delïous de l’équarrilfage de 5 fur 2 8 |, étant très-rare de trouver une piece de 3 6 pouces fur 3 6 pouces, nous donnant 144, aïnfî que nous donnent tous les côtés des autres pièces.
- On voit ici par la confrontation des deux Tables, que dans celle de Parent les réfiftances commencent ordinairement à l’équarrilfage de 7 ôc 17, & que dans la nôtre les réliftances vont toujours en augmentant,
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- jufqu’au dernier équarriflàge ordinaire de 5 à 28 f. En faifant réflexion fur l’avantage des deux Tables précédentes, nous avons conçu le projet d’en calculer par la fuite une complette dans la forme de la première de Parent, que nous n’avons fait qu’indiquer, ôc dans le goût de celle dont nous venons de donner une efquifle, d’après les lumières des Buffon, des du Hamel, ôcc. mais les bornes que nous nous fommes prefcrites nous arrêtent. Ce fera la matière d’un autre Ouvrage : contentons-nous, pour le préfent, d’o'b-ferver que nous y fuivrons la progreffion des longueurs de deux pieds en deux pieds, depuis fix juf-qu’à trentre pieds : elle feroit conféquemment plus étendue que la fienne j elle doit l’être, fon utilité le demande : on y trouverait le cube ôc le poids de toutes pièces d’équarriflàge quelconques, fuivant les rapports de notre Table, ôc les longueurs de celle de Parent : on y verrait les termes de la derniere réflf-tance de chaque piece de bois, ôc fa réfiftance d’af-furance. Enfin l’on aurait très-aifément, par ce moyen, la force ôc la réfiftance de toutes les pièces de bois poflible fous différens fardeaux j ôc en jettant un Ample coup-d’œil fur cette table , on y reconnoîtroit la vraie folidité économique praticable dans la feule refente méplate des bois de conftruétion. On va peut-être nous demander pourquoi, paroiflant n’admettre que des bois méplats, nous donnerions cette Table
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- «calculée fur tout équarriflage quelconque ? L’on verra plus bas qu’il peut y avoir des cas qui donnent lieu à quelques variétés.
- De plus, jufqu’à ce qu’on ait fixé une méthode de conftruétion plus parfaite , l’on fera toujours dans la pofition d’approcher à peu près de la conftru&ion aétuelle. Dans ce cas, nos Tables ferviront à con-noître direélement, félon leur différent équarriflage ; la force des pièces à employer.
- Mais revenons à la folidité des bois de conftruc-cion que nous avons établie jufqu’ici, folidité qui a fait toujours notre point de vue , ainfi que l’économie & le bien public. Il nous refte à faire voir l’application de ces principes à i’ufage & à l’accord parfait de la pratique éclairée par une théorie prudente dans fes corollaires.
- Cette derniere 11e regarde les chofes que fpécula-tivement : elle tire fes indu&ions tant des vérités géométriquement démontrées , que des expériences dans le genre phyfique. Après avoir fixé généralement le rapport qu’ont entr’elles les forces deftruéHves & les forces réfiftantes, elle détermine, par les expériences en grand & en petit volume , la quotité de réfiftances que l’Auteur de la nature a mife dans les corps fo-lides.
- Par-là elle éclaire la pratique, appuie fes démarches , ôc calcule les réfiftftances ôc les mouvemens ;
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- «lie îaifïè cependant encore a cette pratique l’application de certaines obfervations qui font particuliérement de fon reffort. C’eft ce que nous allons voir.
- S’il ne s’agifïbit dans les conftru&ions que d’avoir des,pièces de charpente les plus capables de ré-fifter à de grandes charges, 8c qui euflènt en même temps le moins de cube poffible , il eft évident, par toutes les démonftrations qui ont précédé , 8c par toutes les obfervations 8c expériences que nous avons rapportées, que les poutres 8c les folives devroient être pofées de champ, 8c minces comme des ais ou des planches.
- Néanmoins il faut, pour la perfe&ion de la foli-dité que ces pièces aient une certaine afliette pour pouvoir repofer fur leurs bafes;. C’eft ici où l’Archi-teéte 8c le Praticien éclairés doivent prévenir 8c modérer les excès. La théorie 8c la pratique doivent donc s’entraider 8c fe prêter des lumières 8c des fe-cours réciproques. On ne peut être trop prudent pour déterminer la bafe des pièces de charpente. En effet, faute de cetre précaution , les bois méplats peuvent ou voiler ou fe courber en différens fens. Alors, comme l’obfervent tous nos Auteurs, les fibres longitudinales perdraient de leur force} 8c Mufchen-broeck , entr’autres, a établi par fes expériences le déchet 8c la réfiftance d’une piece de charpente en raifon des côtés qui fe courbent 8c de ceux qui ne fe
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- des-Bois âè Charpente dét. courbent pas. En partant des principes de ceSçavant ^ii faut donner aux pièces de charpente depuis trois jufqa’à Ex pieds de longueur , environ deux pouces de bafes environ trois pouces depuis' fix pieds jufqu a douze 9 environ quatre pouces depuis douze pieds jufqu a dix-huit, environ cinq pouces depuis dix-huit pieds jufqu’à vingt-quatre, environ fix pouces depuis vingt-quatre pieds jufqu a vingt-fept, & enfin environ fept pouces depuis vingt-feptjufqu’à trente j de telle façon qu’elles aient environ le tiers de la hauteur. Gar il eftà propos d’obferver que ces dimenfions générales ne font pas tellement invariables, qu’on ne puifle y changer. L’occurence feule & la deftination de l’édifice en doivent décider.
- En général nos planchers font defimés ou à recevoir le fimple poids des meubles & des locataires , ou à fuppprter des fardeaux extrêmement pefans, tels que grains ou marchandifes*
- Alors nos mefures varieront nécelTàirement, foit pour les poutres 6c lambourdes, foit pour les folives. Dans la première pofition & la plus ordinaire, les bafes que nous venons d’énoncer feront plus que ftif-fifantes. Dans la fécondé pofition, i°. les folives qui compofent le plancher peuvent aifément recevoir encore fur la largeur des bafes déterminées ci - delfus , telles hauteurs qu’on voudra, fi ce n’eft dans des cas de charges totalement extraordinaires ; i°. les fortes
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- pièces portant elks feules le fardeau des folives, font
- ou ifolées ou appliquées contre un mur.
- Celles qui font appliquées contre un mur, comme font nos lambourdes, peuvent aufïi, fur les dimen-fions de bafe énoncées, recevoir telle ou telle hauteur : elles font retenues par le point de contaéfc d’un de leurs côtés.
- A l’égard de celles qui font ifolées, comme nos poutres j elles demandent plus d’attention. Peut-être pourroit-il arriver , dans le cas d’un fardeau énorme s qu’en leur donnant toute la hauteur poffible , on n’eût pas cependant encore toute la réfiftance defirée. Dans cette polition on pourroit donner à leur bafe jufqu’à un tiers de la hauteur de la piece. Si même la hauteur la plus conlidérable qu’il fût polfible de donner n’étoit pas jugée fuffifante, il vaudrait mieux adapter enfemble deux pièces méplates, que d’augmenter la largeur de la piece , nous en avons fuffifamment déduit les rail'ons, pour nous faire relfouvenir que plus l’on augmente la bafe d’une piece aux dépens de fa hauteur, plus fa force diminue de valeur en même temps que fon cube augmente. En outre, les bois méplats & refendus ont l’avantage de parer à tous inconvéniens de carie & de pourriture intérieure.
- Avant de pafler plus loin, nous dirons aufîi que quoique nous ayions prouvé dans tout ce Traité l’a-yantage & meme la néceffité d’employer des bois
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- méplats dans laconftruéfcion , 8c que nous ayîons fait; eonnoîcre leur préférence fur ceux qui font exactement quarrés cependant nous fommes bien aifes de réfuter deux objeétions que pourroient peut-être nous faire encore quelques perfonnes, accordant plutôt au préjugé qu’à la lumière des démonftrations.
- Première objection. Le. bois de refente eft trop foi-’ ble pour la conftruéMon.
- Seconde objection. Il eft plus aifé à le pourrir.
- Nous avons déjà fait voir le faux de la première' objeélion , en rapportant les expériences & les principes de M. de BufFon. Il eft par conféquent inutile de répéter ce qui a été dit à ce fujer.
- Pour la fécondé obje&ion , rien n’eft plus futile. Les exemples autant que les raifonnemens vont fe réunir enfemble. pour. dépofer contre cette terreur pa» nique..
- Nos anciens pans de bois étoient tous de bois de fciage : il? réfiftent cependant à découvert depuis trois à quatre cents ans} ils font cependant expofés à toutes les intempéries des faifons , du chaud, du froid , de la fécherelfe, de l’humidité. Nous ne les trouvons altérés en aucune façon, 8c nous voyons au contraire tons les jours nos pans de bois modernes conftruits avec poteaux ou bois de brin fe. carier très-prompte^ ment.
- La raifon de cette différence de durée eft Bien fèn*
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- fible, pour peu qu’on veuille faire attention à la caufe
- d’effets fi oppofés.
- Le bois de brin , pour la majeure partie , eft mai équarri 8c porte des Haches confidérables j une partie des arrêtes, bien loin d’être un bois vif, fe trouve encore formée de tout l’aubier de l’arbre. De plus, la partie ligneufe qui eft à la derniere fuperficie , eft toujours d’un âge extrêmement tendre , 8c par con-féquent d’une contexture moins parfaite j M. de jBuffon la très-bien remarqué.
- Aucun de ces défavantages ne fe trouve dans nos bois de fciage. Aujourd’hui chacun fait, fans avoir fait une étude particulière de la phyfique, qùe la feve du bois, cette humeur graffe 8c vifqueufe, que nous voyons quelquefois couler du tronc de nos arbres , 8c qui eft répandue dans toute leur partie, dont elle eft la nourriture 8c l’aliment, eft néceffairement échauffée 8c fondue par le mouvement du fciage. Les fibresligneufes fe trouvent ferrées 8c réunies par le frottement de l’allée 8c du retour de la fcie, 8c font en même temps imbibées particuliérement de cette humeur échauffée 8c devenue plus pénétrante par la chaleur. Nous ne parlerons pas de la graiffe que porte avec elle la lame de la fcie , qui eft toujours enduite de fuif : peut-être toutefois devroit-on la compter pour quelque chofe. De plus, nous avons vu par les expériences réitérées des Mufchenbroeck 8c des du Hamel
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- que par le fciage toutes les fibres ligneufes font contractées j & il n’y a pas lieu de croire que cette con-traéHon puifte exifter fans donner plus de folidité au parement de fciage.
- C’eft fans doute la raifon pour laquelle réfiftent fi long-temps les anciens pans de bois en poteaux de fciage ; ôc c’eft auiïi ce qui achevé de démontrer que le parement de fciage a une fupériorité de durée fur le parement de bois de brin. De-là aufti nos anciens planchers en bois de fciage durent depuis plufteurs fiecles j de-là ne les voit-on pas endommagés de carie comme les bois de brin de nos planchers modernes qui en font attaqués en des laps de temps bien plus courts.
- Quelques raifonnemens vont militer encore en faveur du peu de crainte qu’on doit avoir d’une plus prompte pourriture dans les folives de fciage.
- D’un côté, pourquoi pourriroient-elles plus promptement ? Seroit-ce parce quelles ont une trop mince épaifteur ? Le tenon d’un pouce ôc demi, ou la lame folide qui fait le deffous de la mortoife de nos che-vetres ou linçoirs fe pourriffent-ils jamais ? Ils font cependant plus allégés, plus appauvris Ôc plus minces encore 5 ou du moins autant que des folives qui n’au-roient que deux pouces d’épaiffeur.
- D’un autre côté , eft-ce l’humidité qui doit les endommager ? Mais il faut diftinguer ici deux cho-
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- s~66 Traité fur la force
- jfes, l’humide qui refte ordinairement dans le bois^
- 8c l’humidité nouvelle dont on l’environne dans W
- conflm&ion.
- Il eft démontré que la refente eft le feul expédient pour extirper l’humide qui eft refté dans l’inté-lieur du bois, & qui en avance la diftblution.
- En effet, plus un corps a d’epaifleur, a de cube, 8c eft pénétré d’un humide intérieur, moins aifé-ment il eft débarrafle de cet humide. Que l’on ait une piece d’étoffe à faire fécher, on fe gardera bien de la laiffer amoncelée en un tas ou repliée à plufieurs-fois fur elle-même ; elle fe piquerait ou s’échauffe-roit bien promptement : au contraire on la développera en fon entier, 8c on l’étendra pour la faire fécher. Le bois quarré eft cette étoffe amoncelée en un> tas. Le bois de refente eft ce cube d’étoffe dépliée 8c étendue en fon entier pour fe déffecher plus prompte* ment.
- Ce fentiment eft adopté généralement; e’eft le feu! adopté par les Académies, 8c e’eft aufli (i) celui de la Compagnie des Archite&es-Experts, dont j’ai l’honneur d'être un des Membres.
- A legard de l’humidité que les bois d’un plancher peuvent recevoir extérieurement des plâtres environnants , elle eft aufli peu de chofe en réalité
- ) Voyez la Diflertation fur les Bois de Charpente.
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- qu’une imagination préoccupée l’amplifie. En effet, les folives portent de quatre pouces fur des lambourdes ; le vuide entre chacune s’appelle folirt, qui fe maçonne en plâtre avec platras fecs par eux-mêmes, puifqu’ils proviennent prefque toujours d’anciens tuyaux de cheminées. Les folives , d’ailleurs , reçoivent par-defius un couchis de lattes & un aire de plâtre de deux pouces d’épaifteur à peu près. Par le delïbus de ces folives eft un autre lattis pour recevoir les plâtres du plafond , dont l’épaifTeur eft d’un pouce ou environ. Quelquefois au deffus de ce lattis inférieur on fait entre les folives une maçonnerie , ap-pellée auget, cercée de deux pouces & demi environ j mais au plus d’un demi-pouce d’épaiffeur réduite.
- Que peut produire d’humidité une pareille maçonnerie ?
- Ce 11’eft prefque qu’une fuperficie très-mince, qui eft totalement expofée à l’acftion defféchante de l’air en deffus ou en deftbus. Encore faut-il obferver que prefque toujours les plafonds du deftbus & les aires du deffus fe font en des temps fort éloignés les uns des autres, ce qui donne doublement lieu à toute l’aélion de l’air.
- De plus, ceux qui pratiquent le bâtiment, ne peuvent s’empêcher de convenir que ce qu’ils ont trouvé endommagé par la carie à l’extérieur de quelques folives, 11’ait été occafionné que par deux caufes étrangères >
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- relies que l’aubier refté fur les faces extérieures deé
- folives , ou l’humidité du lieu.
- La première de cescaufes ne devroit jamais exifter, puifque ces fortes de bois font profcrits par tous les devis : à l’égard de la fécondé , on n’en peut rien conclure pour le général. C’eft un de ces cas particuliers qui doivent entrer dans les exceptions, relativement aux grolfeurs dont nous avons parlé.
- Maniéré de procéder au Sciage de refente des Bois.
- Nous avons traité il y a un inftant de la folidite, relativement à l’alTiete & à la largeur des bafes des poutres ôc des folives. Il nous refte a&uellement à parler de la maniéré dont on doit procéder dans le fciage de refente , à l’emploi de ce bois refendu, & à l’efpece de réliftance qu’on doit lui conferver.
- Il eft manifefte , d’après les obfervations de nos Naturaliftes, & d’après la contexture de l’arbre, telle que nous l’avons rapportée au commencement de cer Onvrage, qu’il y a néceflairement des précautions à prendra dans la refente, pour que cette refente n ote pas à une piece la folidité qu’on en doit tirer, & pour qu’elle en foit plus utile fous le fardeau.
- Il ne peut qu’être extrêmement avantageux de refendre par le milieu les bois équarris. On peut même les refendre en pluheurs tranches, ainfi qu’on débite
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- des Bois de Charpente, les bois françois j mais on aura attention de n’employer jamais en folives la partie du centre ou du cœur de l’arbre.
- La réfiftance des bois refendus dépend de deux chofes; de la dire&ion des fibres ligneufes, 8c de ce qu’on -embrafie plus ou moins de circonférence de cônes ligneux , dont le cercle entier forme le corps de l’arbre. La tranche du milieu n’embrafle que des portions très-petites de la circonférence de ces cônes li-: gneux. Ces portions font toutes dans le fens horifon-tal de la piece 8c parallèles a fa bafe * 8c en outre elles renferment dans leur milieu le corps médullaire qui eft toujours fpongieux, 8c par conféquent eft une matière tendre 8c imparfaite. Aufiî eft-ce une raifon pour laquelle elle doit être rebutée. Les autres tranches intermé-' diaires font toutes de bois vif, 8c embraftent plus de circonférence de nos cônes ligneux. Ces portions de circonférence font toutes dans le fens vertical 8c à, angles droits fur la bafe de la piece. On doit donc les confidérer comme parfaites fous le fardeau, en apportant les précautions dont nous venons de parler, 8c qui font une fuite des expériences de M. de BufFon.
- Quoique les tranches extérieures aient leur utilité ; foit en planches , foit en fourures , on peut cependant en faire emploi en folives, en faifant attention qu’elles foient bien équarries, & que tout L’aubier ou
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- 'à 7 o Traité Jiir la force
- le bois jeune a voisinant l’aubier de trop près, en foie
- fupprimé totalement.
- Il eft encore à obferver qu’il ne faut jamais employer de pièces refendues en deux fur la hauteur , 8c en même temps en deux fur la largeur. Si l’on a be-foin d’une piece de fix pouces de hauteur, il faut la choifîr dans une piece de fix pouces d’équarriffage. Si l’on a befoin d’une piece de douze pouces de hauteur, il faut la prendre dans une piece de douze pouces de haut, ôc non dans une piece de vingt-quatre.
- C’eft une fuite des principes que nous venons de voir il y a un inftant. La piece de fix pouces de hauteur, débitée dans une piece de fix pouces d’équarriffage , ôc celle de douze pouces de hauteur prife dans celle de douze pouces d’équarriffage, contiennent le demi cercle entier des cônes ligneux dont toutes les couches s’entretiennent ÿ au lieu que dans les pièces refendues en tous fens on n’embraffe que des quarts de cercles des couches ligneufes, qui ne font pas capables d’avoir la réfiftance requife.
- Il feroit à fouhaiter que l’on n’employât en folives que du fix, du neuf, du douze, Ôc même du quinze pieds j par ce moyen on éviteroit le défaut d’alligne-ment dans la diredion des fibres : ce défaut préjudiciant toujours à la force des bois.
- A ce fujet il y a une diftindion à faire entre cor-
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- des Bols de Charpente, 27 f
- tuonté dans le tronc de l’arbre, & tortuofité dans les -libres.
- La tortuofité dans le tronc de l’arbre ( néceftaire parfois dans nos bâtiments , & prefque toujours dans la marine) feroit fauvée, en n’employant que les longueurs ci-delfiis, n’étant pas fenfible dans d’aufli petites étendues \ & où elle feroit plus confidérable, elle doit être rebutée, ainfi quelle l’eft par les devis ôc marchés. O11 a le foin d’y fpécifier qu’il ne fera employé aucun bois tranché, qui n’eft autre chofe qu’une piece de bois drefTée, & équarrie fans foin fur fes faces par un Bûcheron mal adroit.
- A l’égard de la tortuofité des fibres, ou défaut de dire&ion dans leur allignement, défaut qu’on ne peut parer , & qui fe trouve dans toutes les pièces de bois quelconques du plus au moins, elle fera encore moins fenfible dans les petites que dans les grandes longueurs.
- D’après ce que nous venons de dire fur la réfiftance des bois, & d’après les remarques que nous avons faites au commencement de cet Ouvrage, fur la foibleflè des tenons ôc des lames folides du defious de nos lin-çoirs ôc chevêtres, qui font les feules parties chargées,’ ne nous feroit-il pas permis de defirer qu’on re&ifiâc cette forte de conftru&ion , qui ne date que d’une foixantaine d’années , qui eft dangereufe ôc contraire â la folidité par fa pefanteur démefurée , qui eft d’ailleurs fujette à nombre d’inconvénients,ôc qui enfin eft
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- 2 7 2 Traité fur la force
- tout-à-fait oppofée à la bâtiffe fage 8c raifonnée des anciens édifices, dont la durée eft le ligne certain d’une bonne conftruétion ? N’y auroit-il pas des moyens de nous rapprocher de l’ancien ufage ? Prenons le bon de l’une & de l’autre pratique} combinons le tout avec les expériences dont nous venons de voir les réfultats : nous ne pouvons qu’y gagner. Abandonnons tous préjugés , toute routine j partons de principes, & nos murs ne feront ni écrafés ni déverfés par les longueurs dé-mefurées des travées d’autant plus pefantes , quelles ne partagent pas le poids, 8c que tout le fardeau fe trouve en un point} il ne peut être autrement dans ce genre d’opérer. Les grandes longueurs de linçoirs entraînent cet inconvénient : heureux encore quand il n’y a pas de porte-à-faux fouvent caché par les différents planchers qui font au-delTous j on n’y fait pas alfez d’attention. Tous les jours nous voyons des cre-vaffes&des lézards dans des murs de face, de pignon, de refend ; la maçonnerie en eft bonne, ils font bien conftruits : nous fommes étonnés de ces effets, n’en cherchons pas d’autres caufes que dans celle de nos chàrpentes. Les parties de maçonnerie qui les foutien-nent, s’affaiffent fous le poids, tandis que les voifines qui n’ont que leur propre pefanteur à fupporter, fe foutiennent fans aucun taffement. L’équilibre eft perdu, il ne peut être autrement j toute la charge fe trouve fur un même point. C’eft un vice de conftru&ion première ,
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- des Bois de Charpentel imiere, il n’y a pas de remede : il n’eft pas de moyen pour vraiment réparer ce mal fans qu’il y paroiffe. Les foins, les dépenfes font fuperflus, on ne peut que le mafquerj la caufe fubfiftante, l’effet fubfifte. Le feul expédient, c’eft de fournir de nouveaux points d’appui, tels que des poteaux , des chaînes en pierre : mais, quelle opération ! Que des poteaux font défagréables à voir 1
- Cherchons donc des moyens pour éviter un genre de bâtilfe qui entraîne de fi grands inconvénients : on ne les connoiffoit pas autrefois} la raifon en eft (impie, c’eft qu’on n’employoit pas ces longues pièces d’enchevêtrure , dans lefquelles fe raftemble tout le poids immenfe d’une travée confidérable de planches qui ne porte que fur un feul point. Nos anciens ne met-toient en œuvre que des folives d’un cube moitié moins confidérable que celles que nous employons, encore avoient-ils le foin que le fardeau fe trouvât partagé : aufli leurs édifices étoient-ils beaucoup plus folides 8c bien moins fujets aux accidents du fardeau que les nôtres. Pourquoi ne les imiterions- nous pas ? Pourquoi ne pas chercher des expédients qui puiffent au moins compenfer leur pratique dans la maniéré de conftruire leurs planchers, en évitant cependant la difformité des poutres en contre - bas ? Le bien de la fociété nous y engage , en cherchant à ne nous fervir que de folives de neuf, dou^e 8c quinze pieds de longueur,
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- peut-être pourrions nous y parvenir. Les groiïèurs fe~ soient analogues aux longueurs; & relativementaux principes que nous avons reconnus, elles feroientmoitic plus foihles, de la moitié moins de dépenfe, & il y aurok moitié moins de charge fur les murs. Les baliveaux feront mieux confervés; on en abattra beaucoup moins par fuite d’abondance. La marine fera mieux fervie; on aura plus facilement de beaux & forts arbres pour nos bâtiments : on trouvera plus aifément des bois de qualité, ils feront moins rares ; les poutres ne feront plus portées par les fuites à des prix fous & exorbitans , tels que ceux de quatorze cents livres, au lieu de fix à fept cents francs quelles valoient. Nos forêts , par défaut de confommation de moitié, fe repeupleront„ & le chauffage qui nous eft effentiel, fera plus certain & à bien meilleur marché. L’autorité des Magiftrats fera néceffaire ; elle n’eft jamais refufée quand la juf-tice y a recours : c’eft le bien commun, c’eft celui de l’Etat qu’on fe propofe. Pourquoi fe refuferoit-on à fa défenfe? Cherchons donc avec avidité les détails de ces moyens; &r, pour y parvenir,commençons par nous pénétrer & à bien connoître la réfiftance qu’on doit fup-pofer& qui fe trouve réellement dans les bois que nous pouvons employer : ce premier pas eft d’une confé-quence infinie pour la pratique ; procédons-y avec cir-confpeétion, 8c cherchons à nous en procurer la certitude en combinant nos découvertes, 8c en faifant
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- l'application des épreuves que nous venons de voir. En effet, la réfiftance fous laquelle nos pièces d’expériences ont cédé , doit nous fervir de guide , 6e nous diriger dans l’emploi de nos bois. On 11e pofe pas de la charpente pour la voir cafter fous le fardeau, foie dans le temps de la pofe , foit même quelques années après. Les expériences nous ont fait connoître le terme, ; c’eft à notre prudence à faire le refte. Nous favons que les épreuves ont été faites «Se fur folives retenues par les deux bouts, 6e fur folives pofées feulement fur deux points d’appui. Il en réfulte qu’une folive pofée feulement fur ces deux points d’appui, a un tiers moins de force qu’une folive retenue par fes deux extrémités.
- Mais nous obferverons en même temps , avec M. de Buffon, qu’il ne faut pas regarder nos pièces encadrées 6e fcelléesdans nos murs , comme y étant aufti ftriétement attachées que les pièces de bois de nos expériences. Notre maçonnerie n’étant pas auffi indifto-luble, 6e ne retenant pas auffi fixement nos folives dans notre ..conftruétion,-que les valets qui ferrenc les abouts des pièces dans nos expériences \ qu’ainfi i[ faut ranger dans la même claffe toutes nos pièces., foit quelles foie nt pofées fimplement fur des lambourdes , foit qu elles foient fcellées dans les murs, 6e par confisquent les regarder toutes comme feulement ap„ puyées.
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- A cet effet,nous établirons , avec nos Obfervateurs 7 la réfiftance derniere , fous laquelle nos pièces doivent -cèder, pour premier terme de comparaifon.
- Nous ©bferverons avec eux j & en profitant de leurs lumières :
- ï°. Qu’il ne faut prendre que la moitié de ce premier terme , à caufe de la difficulté à trouver des bois d’une ténacité égale, non-feulement relativement aux différents terrains, mais encore dans le même fol,âr -caufe de l’impoffibilité d’avoir des pièces, dont les fibres non-tortueufes foient exactement dirigées en ligne droite dans leur longueur ; & enfin à raifon de ce qu’elles ont plus ou moins de réfiftance , félon que les pièces de charpente auraient été prifes dans le pied de l’arbre, ou dans la partie fupérieure du tronc, félon que ces pièces proviendront d’un arbre fait, ou d’un arbre furie retour, ou d’un arbre dont le bois trop jeune n’auroit pas encore atteint fa maturité.
- z°. Que de cette moitié du premier terme, il ne faut prendre que les deux tiers, d’autant qu’il faut regarder toutes nos pièces de charpente comme non arrêtées , étant impoffible de les fceller invinciblement.
- 3°. Qu’il faut encore prendre la moitié de ces deux tiers, à raifon du laps de temps qui, fuivant les expériences , affoiblit les réfiftances de moitié.
- 4°. Qu’il faut enfin prendre pour le véritable ter-
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- me d’affurance les trois quarts de cette dernière moitié , c’eft-à-dire le huitième de la charge totale fous laquelle nos pièces de charpente devroient céder relativement aux expériences , attendu que l’affoiblif— fement produit par le laps de. temps ne met pas, il, eft vrai 3 nos pièces dans le cas d’être rompues, mais> bien dans le cas de ployer , dernier inconvénient qu’iL faut encore éviter.
- Le terme d’affiirance que nous avons cru devoir prendre, eft bien plus considérable que celui dont 011, s’eft fervi jufqifau moment. Les uns le portèrent à> moitiéq les autres au quart , & nous, nous le portons au huitième.
- Cette force que nous1 avons prife pour terme d’af-furance , paraîtra peut-être furabondante , 8c l’effet d’une crainte mai fondée } point du tout. Nous nous imaginons qu’on penfera comme nous , lorf-qtu’on fera attention que nous propofons de n’employer que des bois de refente, afin de gagner les réfiftances du coté du quarré des hauteurs, fans employer des cubes plus forts, 8c qu’il eft néceftaire, en outre des précautions relatives aux.directions des fibres , aux longueurs des pièces 8c â la. différente ténacité de leurs bois,, de. parer encore i’aftoibliftement de ces-mêmes fibres coupées ou tranchées par le fciage^
- Il nous refte deux articles effentieis à difcuter ÿ le premier eft de faire voir la maniéré de. calculer Les
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- charges éparfes dans l’aétion abfolue, 8c répandues dans la fuperiïcie totale d’un plancher , en réunifiant les différentes actions relatives de ces charges au point milieu de la piece de charpente qui doit y réfifter j le fécond eft de démontrer l’économie de la charpente méplate, en la comparant avec nos planchers actuels de bois de brin employés dans leurs quarrés. Sur ce dernier article nous choifirons deux exemples ; l’un dans un plancher d’une étendue ordinaire, comme font nos chambres ; l’autre, dans de grands planchers, tels que font ceux de nos grands fallons.
- La méchanique nous donnera les moyens de calculer les charges du plancher, 8c de les réunir au milieu de la piece dont on veut connoître la réfiftance, l’opération eft auflî curieufe quelle eft importante.
- Elle nous fait connoître :
- i°. Que deux puiftances /ou deux poids font en équilibre aux deux extrémités des bras de levier , toutes les fois que les poids ou bras de levier font égaux entre eux. Ainfi io 1. fufpenduesà l’extrémité d’unbrasde levier de fix pieds de long , font en équilibre avec dix livres fufpendues aufti à l’extrémité d’un autre bras de levier aufti de fix pieds de long. C’eft ce que nous voyons tous les jours dans les balances , où les bras de levier 8c les poids font égaux entr’eux.
- 2°. Que fi les bras de levier font inégaux, il faut, pour avoir ce meme équilibre, que les poids foienc
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- des Bois de Charpente. 27.9
- en raifon réciproque de la longueur de leurs bras de. levier. Ainfi une livre fufpendue à un bras de levier de fix pieds de long,fera en équilibre avec un poids de fix livres, fufpendu à un bras de levier d’un pied de long. C’eft ce qu’on remarque aifément. dans nos pefons ou romaines.
- 30. Que quoique la valeur abfolue d’un poids refie toujours la meme, cependant cette valeur abfolue eft égale à une autre valeur appellée relative qui eft proportionnée au plus ou au moins de longueur du bras de levier auquel il eft fufpendu, & qu’011 nomme moment de la puijfance dans une machine.
- D’après ces exemples on ne peut fe refufer d’avouer que quoique le poids d’une livre & celui de fix liv. foient extrêmement difFérens entr’eux , cependant le poids d’une livre, fans devenir plus pelant, Sc celui de fix livres, fans devenir plus léger, fe trouvent néanmoins en équilibre , relativement aux diverfes longueurs des bras de levier, à l’extrémité defquels ils étoient appuiés.
- 40. On conviendra encore qu’à poids égaux, fi un bras de levier eft double d’un autre, le même poids aura une valeur relative double 3 fi le bras de levier eft triple , fa force relative fera, triple ; fi le bras de levier eft quadruple, fa force relative fera quadruple, <k ainfi de fuite. C’eft une conféquence de la proposition précédente»
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- 5°. Que par raifon inverfe , fi, à poids égaux , un bras de levier eft le quart de la longueur d’un autre , la valeur relative du poids fera plusfoible d’un quart; fi le bras du levier eft d’un tiers plus court , la valeur fera du tiers : s’il eft de moitié , elle fera aufti de moitié plus foible qu’elle ne feroit à l’extrémité du bras de levier entier qui lui eft comparé.
- 6°. Qu’au-lieu d’avoir des bras de levier de différentes longueurs , ce fera la même çhofe de prendre un feul bras de levier , de faire plufieurs divifions fur fa longueur, & d’appliquer fucceffivement le même poids à chacune de ces divifions.
- Suppofons une longueur de bras de levier divifée en fix parties égales , de pied en pied par exemple : nous aurons alors fix longueurs différentes de bras de levier , d’un pied , de deux pieds, de trois pieds, de quatre pieds , de cinq pieds 8c de fix pieds.
- Le poids qui fera fufpendu à cinq pieds, aura, à cette diftance _, un fixieme moins de pefanteur relative que s’il écoit fufpendu à l’extrémité du bras de levier entier de fix pieds ; le même poids aura deux fixiemes ou un tiers moins de pefanteur relative à quatre pieds qu’à l’extrémité de fix pieds ; il aura trois fixiemes ou moitié moins de valeur à trois pieds ; 8c enfin il perdra à un pied les cinq fixiemes de la valeur abfoîue qu’il auroit à l’extrémité de fix pieds, 8c nous aurons cette pro-greflîon arithmétique pour les bras de levier ; ~, i j
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- des Bois de Charpente; a 81
- 2,3,4, 5 , 6" ; & cette autre pour les expreflions de valeurs relatives : °0°, £, t, £, £, £•
- Ces principes auront leur application dans un instant, lorfque nous étudierons la charge de chaque travée de plancher fur le morceau de bois qui le fup-porte. Il faut d’abord trouver le fardeau dont un plancher peut être chargé , & dont chaque folive peut être chargée en particulier , chacune dans fon milieu, qui eft l’endroit où les pièces de charpente ploient 8e fe cafient ordinairement.
- Pour fçavoir la charge qui peut fatiguer ou cette poutre ou cette folive , il fautconnoître dans les charges ordinaires les poids de chaque piece de charpente ÿ le poids de faire de maçonnerie, celui du carreau , enfin le poids des perfonnes qui peuvent charger un plancher ou des cloifons portant des charges fupé-rieures} 8c dans les charges extraordinaires, comme grains 8c marchandifes , on cherchera en outre leur pefanteur, relativement à cette deftination particulière de planchers, 8c à leur application en magafins ou en diftribution de cloifons.
- Nous fixerons, d’après les expériences les plus ré-
- pétées , le pied cube de bois fec à..........6o ife
- celui de la maçonnerie à....................86
- celui du carreau à.................. . .127
- En conféquence le pied fuperficiel de maçonnerie,
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- fuppofé a cinq pouces d’épaifteur, y compris aire , plafond , auget, clous , lattes ou bardeaux , fera eftimé............................................36 1b
- Le pied fuperficiel de carreaux , fuppofé de neuf lignes d’épaifteur, fera eftimé. ... 8
- Totalité de la rnafte. ... 44
- Nous eftimerons , pour la charge des per-fonnes, le pied fuperficiel, charge de. . .17
- Total de la charge. . . .,61
- Nous 11e dirons rien du poids des cloifons portant charge fupérieure. Il fera aifé de l’apprécier à quiconque voudra s’en donner la peine.
- Nous n’avons pas encore parlé du poids de la charpente , parce que ce poids ne peut être évalué en pied fuperficiel d’une maniéré générale. Il dépend de ce que les pièces font plus ou moins fortes d’équarriftage; 8c elles font plus ou moins fortes d’équarriftage , à raifon de ce quelles ont plus ou moins de longueur. Ainfi il faut en calculer le cube à. part, fixer les poids de ce cube 8c divifer la totalité du poids qui en proviendra par la fuperficie du plancher quelles com-pofent.
- Pour bénéfice de sûreté dans la pratique , nous avons jugé à propos de forcer un peu le poids. En effet îa charpente peut pefer quelquefois moins de foixante
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- des Bols de Charpente. 283
- livres le pied cube. La maçonnerie que nous comptons pour aire , auget, plafond , clous, lattes ou bardeaux de cinq pouces d’épaiffeur, peut fort fouvent n’aller qu’à quatre pouces. Nous avons donné au carreau le meme poids que la tuile : il pefe moins certainement. Enfin en établiffant le poids d’une perfonne à dix-fept livres par pied fuperficiel, nous avons fuppofé toutes perfonnes, l’une dans l’autre , pefer cent cinquante-trois livres , & occuper trois pieds fur trois pieds, ( neuf pieds fuperficiels par conféquent ) charges chacune de dix-fept livres , neuvième partie de cent cinquante-trois livres.
- Par fuite de ces excédens de pefanteur , on peut fort bien être difpenfé de calculer le poids ordinaire des meubles. En effet, la fuperficie de plancher étant cenfée chargée de perfonnes les unes à coté des autres , autant qu’il peut en contenir , ce qui ne peut arriver } une telle compenfation eft fort au-deffus de la pefanteur des meubles j aulli fera-ce le calcul à obfer-ver lorfqu’on 11’aura pas à appréhender de choc. Mais toutes les fois que ce même plancher fe trouvera encore attaqué par le choc d’un corps tombant, il conviendra employer des réglés particulières & plus étendues dans leurs principes. Nous diftinguerons en con-féquence les charges gravitantes fur un plancher. Les unes n’agiffent directement que par leur poids } nous: les nommerons à cet effet forces mortes, & les for-
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- ces des cotps tombant fur ces memes planchers , nous leur donnerons le nom de forces vives. Cherchons pour l’inftant à connoître ces valeurs.
- Les forces de choc ou de percuflion font plus ou moins agitantes , 8c augmentent en conféquence le poids abfolil-d’un corps quelconque. Elles font de deux fortes : tel i°. que le choc des fardeaux qu’on peut décharger d’une certaine hauteur , ainfi que font des b a-lots, des facs de marchandées qu’on culbute du haut d’une pile en bas, ou qu’un homme de faix jette de fes épaules fur un plancher j tel i° que le choc d’un homme qui, après s’ètre élancé en l’air à une certaine hauteur , retombe en bas, comme font les danfeurs & fauteurs. Cet article de choc efb. intéreiTant fans; doute , mais en meme-temps il eft des plus difficiles-à éclaircir. Il nous engagera dans une longue difcuf-fïon , qui d’abord paroîtra étrangère à notre objet ^ & peut-être même un peu trop étendue:} mais on. feradédommagédeeet écart nécelfaire, lorfqu’on verra. Futilité 8c l’application des principes , 8c l’impoffibi-lité de parvenir autrement à la, folution de la queftion» Les chocs font direébs ou obliques. Nous ne parlerons que des chocs dire&s, ce font les feuls dont nous avons befoin*
- Dans le choc il y a trois chofes à confidérer : far réfiftance réciproque des corps, la communication du, mouvement 8c la force du choc*
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- 11 ne faut pas d’explication pour entendre ce qu’eft la réfiftance d’un corps. Cette réfiftance eft le repos où il relie jufqu’à ce qu’il ait reçu la quantité de mouvement qui lui eft nécelTaire pour fe mouvoir.
- Lorfqu’un corps en choque un autre en repos, la force du choc fait des imprellions égales fur l’un ôc l’autre en fens contraire. Cette réfiftance ne détruit pas le mouvement} elle eft feulement le moyen de fa communication.
- Cette communication de mouvement varie fuivant la nature des corps. Ils font ou fluides , ou durs , ou mois , ou élaftiques ; ôc ces derniers font ou à reflorts parfaits , ou à reflorts imparfaits.
- On appelle refldrt dans un corps la force avec laquelle il fe rétablit dans fa première forme, après qu’elle a été comprimée ou chargée par une force extérieure. Ainfi font nos reflorts de montres ôc de pendules , ces ballons dont s’amufent nos jeunes écoliers, ôcc.
- Commençons par examiner comment, dans les corps durs ôc non-élaftiques, la communication de mouvement s’opère. Dans les corps durs ôc non-élafti-ques, la quantité de mouvement du corps choquant fe partage avec le corps choqué ôc en repos , en raifon des mafles. Si les mafles des deux corps font égales , le corps choquant perd moitié de fou mouvement. Si le corps choqué eft double du corps choquant, ce
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- dernier perd les deux tiers de fa quantité de mouvement.
- Dans les corps à refiort parfait , voici comme s’établit la communication de mouvement. Il fe diftribue & fe partage de maniéré que non-feulement les parties d’attouchement font dérangées , mais même la totalité des deux corps en eft affeétée étonnée , ébranlée.
- Les parties par lefquelles les corps fe font touchés s’approchent du centre : celles qui y font oppofées reviennent fur le corps, au-lieu d’en fuivre la direction j & celles qui font à droite & à gauche s’écartent chacune de leur côté , de forte que Ci le corps eft fphérique , il prend dans cet inftant de compreftion la figure d’un fphéroïde ou d’un œuf. C’eft ce que Mariotte prouve .par fes expériences , dans fon Traité de la Percujjion. Partie I, propof. 27.
- Pour parvenir à cotinoître la force du choc & l’efti-mer fuivant les loix de la méchanique, nous fuppo-ferons deux corps à refiort parfait, l’un en repos & l'autre en mouvement, placés tous les deux fur un plan horifontal.
- i°. La force que le corps en mouvement perd dans le.choc eft en raifon des mafies des deux corps. Nous l’avons dit.
- 2°. La force appliquée au refiort eft celle que le corps choquant a perdue dans le choc.
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- des Bois de Charpente287
- 3°. Le reflort fe comprime avec la force qui lut eft appliquée.
- 4°. Lorfque le reffort fe rétablit , il communique aux deux corps une quantité de mouvement égale a celle que le corps en mouvement a perdue dans le choc.
- 50. Après le choc , la quantité de mouvement ref-tante dans le corps choqué eft compofée , tant de la force du choc que de celle du reflort.
- 6°. Cette quantité de mouvement eft double de celle que le corps choquant a perdue dans le choc , les malles fuppofées égales.
- 70. Les deux quantités de mouvement que reçoit le corps choqué , font dans le même fens , 8c celle que le corps choquant reçoit des reflorts eft contraire à fou mouvement primitif. Voilà pourquoi les ballons re-bondiflent à plusieurs fois fur un plancher , 8c pourquoi un danfeur s’élève plus aifément fur des planches libres que par-tout ailleurs 3 en effet ces corps font renvoyés en fens contraire de leurs directions par le reflort du plancher.
- Ces propofitions bien fendes & bien vues , obfer-vons ce qui doit arriver dans notre hypothèfe, qui eft celle des folives ou poutres, foit appuiées, foit retenues par les deux extrémités. La réfiftance de leuts points d’appui facilite leur reflort. Ainfi les deux cher
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- 288 Traité fur la force
- valets fur Iefquels eft montée la corde d’un luth ou d’un
- clavecin en favorifent la vibration.
- Si les pièces de charpente dont il s’agit étoient libres, elles defcendroient avec le fardeau , après avoir répondu à fou choc par la reftitution de leur relTort. Elles font retenues par les deux points d’appui \ leur redore doit donc fe bander fur leurs deux extrémités avec plus de roideur : elles doivent donc repoulTer le corps tombant avec une force fupérieure à celle qui a comprimé leurs refforts, ou à celle que le corps tombant a dû perdre en raifon des madès.
- Audi tous les Savans qui ont fait des expériences fur les bois , ont trouvé unanimement que la piece de bois fcellée par les deux bouts a un tiers plus de force , comme nous Pavons dit, que celle qui n’eft pofée fimplement que fur deux points d’appui.
- Nous ne chercherons point la différence du reffort d’un corps élaftique libre 8c d’un corps élaftique retenu par fes deux extrémités dans le temps du choc. Cette difeudion demande un trop grand détail, 8c fe-roit étrangère à notre objet.
- Il nous fuffit, dans notre hypothèfe préfente, de favoir qu’il ne nous faut pas employer ici, pour le choc du corps heurtant fur nos folives, le double de la force qu’il a dû perdre par le choc } mais fimplement une fois 8c demie, lorfqu’il fera queftion de
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- deS Bois de Charpenté'. 289' balots tombants , ôc un fixieme feulement lorfqu’il s’agira de danfeurs , d’autant que, dans nos démonf-rrations , nous avons confidéré les corps comme parfaitement éîaftiques, & que nous favons qu’il n’y en a aucun qui le foit parfaitement.
- Mais il n’y en a aufli aucun qui n ait quelque élaf-ticité plus ou moins : il ne s’agit donc que du plus ou du moins de relfort} & plus il y en aura , plus la force du choc diminuera. C’eft ce qui fuie clairement des principes que nous venons d’établir.
- Par conféquent, de ce que nous avons fuppofé î’élaflicité parfaite dans nos deux corps , il en réfuf-tera encore un bénéfice pour notre calcul relativement a la folidité, les forces acquifes par le choc étant moins fortes que nous 11e les avons appréciées.
- D’après cet expofé , pour connoître cette force de choc, il n’y a plus que trois chofes a déterminer: le poids abfolu du corps qui tombe, l’accélération des vîtelfes acquifes , ou les efpaces parcourus pendant la durée de fa chute , enfin fon poids relatif, ou la force qu’il a acquife à la fin de cette même chute.
- Il n’y a pas de difficulté à connoître le poids ab-foîu d’un corps, puifqu’avant fa chûte il y a un poids déterminé.
- A l’égard de l’accélération de vîtefie acquife pendant les inftans de la chute du corps, il faut favoir d’abord que la vîteffe d’un corps eft le plus ou moins
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- 2'pQ Traité fur la, force
- cPefpaces parcourus pendant la duree de fon mouve-ornent \ que les efpaces parcourus , ou les hauteurs def-quelles tombent les corps, font entr’eux comme les quartés des temps ou des vîtefles , 8c que ces vite (Tes ou ces temps font entr’eux comme les racines quar-rées des hauteurs ou des efpaces parcourus.
- Il faut donc chercher en conféquence de combien de hauteurs 8c en combien de temps un corps pefant peut tomber depuis le commencement de fa chute , pour avoir le rapport déterminé des efpaces parcourus» ou des vîtelïès ou des temps avec lefquels ces efpaces auront été parcourus.
- Nous allons rapporter le travail des Phyficiens & des Géomètres à ce fujet, d’autant plus que cela nous fervira à lever une difficulté qu’on pourrait nous op-pofer.
- Ils ont répété là-deffius des expériences fans nombre. Galilée a trouvé qu’une baie de plomb parcourt douze pieds dans la première fécondé de la chute. Le Pere Sébaftien 8c Mariotte ont trouvé que cette baie parcourt treize pieds ; de la Hire, par les expériences qu’il a faites, a trouvé quelle en parcourait quatorze ; Huyghens prétend par les fiennes, que cette baie parcourait quinze pieds dans cette première fécondé de la chute.
- C’eft auffi le réfultat des expériences de Newton, 8c ce qui s’eft trouvé le plus conforme avec toutes
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- celles qui ont été faites à ce fujet : elles ont été fui-viesavec la plus grande précifion imaginable, réitérées 8c vérifiées fur les pendules qui battent les fécondés en différentes parties de notre globe , en Europe, dans l’Afrique , dans l’Amérique , à la Cayenne 8c à rifle de Gorée.
- A la Cayenne, les corps parcourent pendant la première fécondé de leur chute quinze pieds neuf lignes} à l’Ifle de Gorée , pendant le meme temps, quatorze pieds quatre pouces trois lignes ÿ 8c à l’Ob-fervatoire de Paris quinze pieds.
- On a remarqué que ces différences ne provenoienc que de ce que les pays font plus ou moins proches de l’Equateur • 8c plufieurs Mathématiciens ont trouvé dans une profonde phyfique la caufe de ces variétés.
- Enfin, l’opinion qui donne quinze pieds de hauteur de chute pendant la première fécondé eft affez conforme à la théorie des Cycloïdes, qui nous donne par le calcul quinze pieds trois lignes, 8c qui confirme la validité de ces exprefïions qu’on auroit pu regarder comme douteufes.
- La plupart de ceux qui ne jugent que par les fens croiroient nous arrêter ici, 8c pourroient nous faire une objeétion ( c’eft cette objeélion que nous avions prévue il y a un inftant ) ; ils s’imaginent que deux corps inégaux 8c de pefanteur différente doivent tom-
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- ber 5 l’un avec plus l’autre avec moins de vîteife , I
- 'raifon de ce qu’ils font plus ou moins pefans.
- Ils nous diront en conféquence , qu’inutilemeht mous aurons trouvé la vîteife d’un corps de poids con-mu } que la vîteife d’un autre poids infiniment fupé-rieur nous fera toujours inconnue, & que tous les •corps étant de poids plus ou moins forts, nous ne pouvons rien déterminer de fixe à ce fujet.
- ils ne favent pas que la force accélératrice des corps •graves dans leur chute eft toujours la même ; que les corps foient plus ou moins pefans , fuivant toutes les expériences qui ont été faites dans la machine du vuide, les corps les plus légers comme les plus pefans font tous tombés en même temps.
- Des expériences faites avec le plus grand foin par le fameux Newton, font voir que le moindre brin de duvet fe précipite de haut en bas dans un long récipient avec autant de vîteife qu’une baie de plomb.
- Il eft vrai que l’expérience nous apprend qu’il y a
- «
- des cas ou les corps que nous jettons en bas fe précipitent dans des temps différent Qu’on lailfe effe&i-vetnent tomber un globe de liege & un globe de plomb de même diamètre, de hauteur confidérable, on trouvera qu’ils ne tomberont pas à terre fenfible-ment dans le même tempsq mais il n’eft pas moins ^confiant aulli que dans l’air , les corps légers 3c les -corps pefans qui defcendent de hauteur peu confidé-
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- rable. ont la même vîteffe , du moins en certain* temps.
- Galilée dit que les deux globes en queftion tom-i bent avec une égale vitelfe de deux pieds de hauteur, & qu’enfuite le globe de plomb devance beaucoup, le globe de liège. Mariotte a fait pareille expérience : il lailfa tomber de quatre - vingt pieds de hauteur une. boule de mail&.un boulet de canon de même grolTeur : il remarqua qu’ils defcendirent jufqu’à 85 pieds égale* ment vite } qu’à cinquante pieds le boulet de canon dépafla de deux pieds la boule de mail , & qu’au bas, de la chiite il la dépafla de plus de quatre pieds.
- 11 réfui te en général de toutes les expériences faites à, ce fujet, que. ces différences dans la chiite des, corps graves ne commencent à être fenfibles que dans de grandes hauteurs. C/eft ce que prétend particu-^ liérement le Do&eur Défaguliers : il a fait fes expériences dans l’Eglife de faint Paul de Londres, où iL a laille tomber des corps de deux cents foixante-douze pieds de hauteur. C’efl à cette diftanca qu’il nous rapporte avoir commencé à appercevoir des différences fenfibles 'f & beaucoup de Sa-vans difent avoir éprouvé nombre de fois qivà fo.i.xanie-donze pieds une baie de fufd & un boulet de canon de vingt-quatre livres tombaient à terre fenfiblement dans le même temps.
- Audi dans l’hvpochèfe préfente , où les hauteurs de
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- chute font bien au deflous de celles que nous venons de rapporter , nous regarderons les corps quelconques comme tombant à terre en même temps.
- Obfervons cependant que dans les grandes hauteurs où ces corps defcendent avec plus ou moins de rapidité , ce n’eft pas à raifon de leurs pefanteurs, mais à raifon de leurs furfaces.
- Tout corps folidequi traverfe un milieu, ou un fluide quelconque, y éprouve une réfiftance. Que l’on mette fa main dans l’eau , 8c qu’on la fafle mouvoir , on éprouvera une réflftance qu’on ne fentira pas en la faifant mouvoir dans l’air.
- Cette réfiftance ne fe fait qu’à raifon des furfaces 8c non des pefanteurs. Si l’on met une planche dans l’eau 8c qu’on la fafle mouvoir fur fa largeur , on fentira beaucoup plus de réflftance , que lorfqu’on la fait mouvoir fur fon épaifleur. C’eft ce que nos Mariniers appellent faire nager une rame: il faut l’élever de champ pour la faire fortir de l’eau , 8c la rabattre fur le plat pour appuyer fur l’eau avec force, & faire de cette forte avancer le bateau.
- Cependant cette planche 8c cette rame font toujours les mêmes , & n’augmentent point de poids dans une pofition plus que dans l’autre , étant toujours également foutenues par la main ou le bord du bateau.
- Walis eft le premier qui ait entrepris de réduire au calcul la réfiftance de l’air au mouvement des corps,
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- ïl a trouvé que ces réfulances font entr’elles comme lequarré de vîteiïe de ces corps. Sa démonftrationa été adoptée par Newton, & par tous les autres Géomètres après lui.
- En effet, que le corps en mouvement choque le fluide, ou que le fluide choque un corps en repos, la force du choc eft toujours la même. Cette force dépend des vîteffes> & les vîteffes font toujours les mêmes , foit que le fluide choque le corps, foit que le corps choque le fluide. Les chocs des fluides fur les corps folides oppofés font en raifon des quarrés des vîteffes de ces fluidesj donc les chocs des corps fur les fluides font en raifon des quarrés des vîteffes de ces. corps.
- Les chocs d’un corps fur un fluide ou la. réiïftance qu’il éprouve de la part du fluide , font une feule ôc même chofe : donc les réfi-ftances du fluide font pareillement en raifon des quarrés des vîteffes de ce même corps.
- Les réfift'ances des fluides ne font en même temps qu’en raifon des furfacesdes corps. Newton (dans fês principes , prop. 6 , liv. 23) rapporte à ce fujet une expérience qui fert a prouver que tous les corps reçoivent de- la pefanteur une même vîtelfe ; que cette vî-teffe ferait toujours confervée égale dans tous les corps fans la réfiftance de l’air, & que cette réflftance ne provient que des furfaces*
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- Il fit faire deux boîtes de bois rondes «Se égales \ il mit dans l’une un morceau d’or , «Se dans l’autre fuc-ceflîvement un poids égal d’eau, de froment, de fable., &c., toutes matières moins pefantes que l’or. Il fuf-pendit ces boîtes à des fils d’égales longueurs : ces boîtes ainfi fufpendues formoient des pendules de onze pieds de long. Ces pendules furent également éloignées du point de repos ; il trouva qu’elles alloient «Se revenoient enfemble pendant un temps confidérabie, & qu’elles faifoient leurs vibrations pareilles ; que les matières qu’on y renferma , quoique fort inégales en. volume, ne changèrent pas dans l’expérience l’égalité des vibrations, parce qu’elles ne changeoient pas l’égalité des furfaces de ces boîtes.
- Il en conclut que, fi ces matières étoient mues feules en pendules dans un milieu fans réfiftance, elles iraient «Se retourneraient enfemble. En effet, par la préparation de l’expérience , il avoir écarté cette ré-fiftance, ou du moins il avoir fait enforte que la ré-fiftance de l’air fût égale pour toutes les matières. C’eft pour cela que les boîtes alloient & revenoient de même, & que leurs vibrations étoient égales. Ce qui démontre bien clairement que la pefanteur imprime a tous les corps la même vîteife ; «Se que , fans la réfiftance de l’air «Se la différence des volumes, ils, tomberaient tous avec une vîtelle égale.
- La différence que nous avons rapportée entre la
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- chute du globe de liège & celle du globe de plomb, du même diamètre, ne vient que de la réfîftance que les furfaces de leurs volumes éprouvent dans l’air. II eft effectivement certain que le globe de liège a plus de volume & de furface par conféquent, que le globe, de plomb relativement à la maffe.
- Car il ne faut pas confondre le volume d’un corps avec la maffe. Le volume eft l’efpace qu’il occupe en longueur, largeur & épaiffeur; &. la maffe eft la quantité de matière ou de poids que le volume contient en plus ou en moins. C’eft à quoi Newton a bien fait attention dans fon expérience. Par l’expédient de ces boules creufes , il a rendu les volumes extérieurs égaux entre eux , quoique les volumes des maffes renfermées fuf-fent extrêmement inégaux, relativement aux matières plus ou moins légères qu’il avoit renfermées dans la capacité intérieure de ces boules.
- Nous connoiffons actuellement quelle eft l’accélération des vîteffes, ou quels font les efpaces parcourus pendant les inftans de chute. Nous avons vu qu’un corps ou un poids quelconque parcourt quinze pieds pendant la première fécondé de fa chute, que les efpaces parcourus font entr’eux comme les quarrés des temps ou des vîteffes} 8e que ces vîteffes font entre elles comme les racines quarréesdes hauteurs de chute ou des efpaces parcourus.
- Nous avons donc le rapport des vîteffes entr’elles
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- reconnu par des poids quelconques. Nous avons aufft le rapport déterminé des efpaces parcourus dans un temps déterminé} mais il nous manque encore la quotité de vîteffe, ou les quantités des mouvements d’un corps ou d’un poids tombant d’une hauteur donnée. Le principe établi, on fera en état de fçavoir la proportion de fon choc avec celui d’un poids ou d’un corps tombant d’une hauteur différente, 8c nous aurons la force de percuffion de tout corps au bas de fa chute. Nous avons à ce fujet tenté une expérience , pour nous mettre en état d’opérer d’une maniéré certaine.
- Nous avons fair préparer une barre de fer de quatre pieds de longueur 8c de douze lignes de groffeur. Nous l’avons établie en équilibre fur un fer rond de fix lignes de diamètre, afin qu’il y eût moins de frottement,. 8c que le balancement de la barre fût plus libre dans fon mouvement.
- Le fer rond fervoit d’appui au point milieu de notre barre. Il a été pofé fur un quartier de pierre dure, pour qu’il n’y eût aucun reffort dans le corps fo-lide qui devoir le fupporter. Il y a été encaftré environ du quart de fa groffeur , afin qu’il ne pût > dans le temps du choc, fe dévoyer d’un coté ou d’un autre.
- Nous n’avons pas voulu encaftrer ce morceau de fer rond dans la barre de quatre pieds. Il y aurait en
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- im frottement à craindre entre cette barre Se fon point d’appui, ce qu’il falloir éviter } le poids d’un choc étant très-différent d’un poids mis dans une balance ou à l’extrémité d’un pefon. Le frottement du point de fufpenfion n’y fait pas un obftacle affez confidéra-ble pour préjudicier à la connoiffance des pefanteurs qu’on cherche par leur moyen , fur-tout dans les grands poids. Mais , en fait d’expérience , il faut plus de précifion, d’autant qu’il s’agit ici de la valeur du choc ou de la percuffion.
- Nous avons enfuite fuccefïivement fufpendu diffé-rens poids à la hauteur de deux pieds ôe demi du deffus d’une des extrémités delà barre. Cette barre étant parfaitement en équilibre } a été toujours , dans ce meme état, appuyée à l’autre extrémité, pour que les poids qui dévoient y être attachés n’enlevafïent pas l’extrémité de la barre qui étoit du côté du poids fufpendu au-deffusi
- Ce poids fufpendu , qui devoit tomber de la hauteur de deux pieds Sc demi, a été retenu à cette hauteur par une ficelle ; enfuite on a mis le feu à cette ficelle avec une bougie , afin qu’aucun mouvement étranger ne fe communiquât au poids qui devoit tomber.
- Pendant qu’une perfonne mettoit le feu à la ficelle, j’obfervois quand l’extrémité de la barre où étoient les poids commenceroit à fe lever par le choc du corps
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- tombant, & un ami prenoit garde que la barre ne fe dérangeât dans fon milieu fur le point d’appui de fer rond. ’
- Les poids à enlever étoient arrêtés, à l’extrémité de la barre de fer & fur fon arrête, avec une ficelle très-mince. Ceux qui dévoient tomber étoient d’une livre, de deux livres, quatre livres & huit, livres. Nous les avons pris ainfi en progrefiion géométrique, afin que les quantités de mouvemens étant toujours égales aux mafles , nos expériences pulfent fe fervir de preuves les unes aux autres.
- Elles ont cté répétées nombre de fois fur le même corps, & nous avons toujours trouvé que le choc du poids d’une livre , avoir foulevé i o liv. ~ , que celui de i liv. avoir foulevé 11 liv. ; que celui de 4 liv. avoir foulevé 41 liv., & que celui du poids de 8 liv* avoit foulevé 84 liv.
- Nous difons foulevé , parce que, dans l’inftant du choc, le poids tombant ne faifoit que foulever d’une ligne à une ligne ôc demie l’extrémité de la barre de fer ou étoient attachés les poids.
- D’un coté le corps tombant n’a pu produire ce foiir-levement qu’à raifon d’une force prépondérante} 6c d’un autre côté cette force prépondérante ne peut être que peu de chofe au-delà des poids foulevés, ne produifant pas un enlevement entier, mais un ftmple foulevement d’une ligne à une ligne Sc demie*
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- C’eft pourquoi le choc du poids d’une livre foule-vaiit 10 liv. \ fera cenfé erre de 10 liv. | , celui du poids de z liv. foulevant zi Jiv. fera cenfé être de 2 1 hv. ~ , celui du poids de 4 liv. foulevant 4Z liv. fera cenfé être de 4Z liv. |, & celui du poids de 8 liv.’ foulevant 84 liv. fera cenfé être de 85 liv. j. Ces chocs des poids de 1 , z, 4 , 8 , tombant de deux pieds Sc demi de hauteur , feront donc , en valeur de livres ,ioj-,zij,4Zy,85f. Nous ne nous arrêterons pas à faire remarquer que ces grandeurs fractionnaires font le réfultat d’une force uniformément accélérée, & que chacun de ces poids parcourt d’un mouvement uniforme avec la vîrelfe acquife au derniec inftant de fa chute , le double de l’efpace qu’il a parcouru depuis le premier inftant de fa même chute.' Cela eft étranger à notre queftion. Cependant cette réflexion nous fervira dans la comparaifon que nous allons eflayer d’établir dans un inftant entre les forces vives & les forces mortes. Réfumons, & difons que d’un côté, ces grandeurs étant la quantité de mouvement qui exifte dans chacun de ces corps au dernier inftant de fa chute, & l’expreiïion du choc produit par cette quantité de mouvement j ôc , d’un autre côté , la quantité de mouvement d’un corps étant le produit de fa mafle par fa vîtefle , nous diviferons cette quantité par la mafle , & nous aurons la vîtefle cherchée.
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- Ainfi, dans le premier cas, la quantité de mouvement io y, divifée par i livre , donnera au quotient
- i o liv. |, pour la vîteffe de ce poids tombant de deux pieds 8c demi de hauteur.
- Dans le fécond cas, la quantité de mouvement
- ii ÿ, divifée par i, maffedu poids de i liv., donnera au quotient i o liv. y pour la vîteffe de ce poids tombé de la hauteur énoncée.
- Dans le troifieme cas la quantité de mouvement 41 y, divifée par 4 , maffe du poids de 4 liv., donnera au quotient 1 o liv. y , pour la vîteffe de ce poids tombé de la même hauteur.
- Et dans le quatrième cas, la quantité de mouvement 8 5 liv. y , divifée par 8 , maffe du poids de 8 liv., donnera encore au quotient 10 liv.y, pour la vîteffe de ce poids tombé pareillement de deux pieds & demi de haut.
- D ’ou il fuit que la quotité de vîteffe , ou la quantité de mouvement d’j.111 corps tombant de deux pieds & demi de haut, eft 10 fois & y la valeur du poids abfolu qu’il avoit avant fa chiite. Cela ne fuffit pas encore pour fixer la valeur du choc , que nous rangeons, ainfi que tous nos Géomètres, dans la claffe des forces vives.
- Il y a une autre difficulté à furmonter. Chacun fait qu’on ne peut comparer enfemble des grandeurs hétérogènes y qu’il ne peut y avoir d’analogie entre la
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- diftance d’une. Ville à une autre , 8e la diftance d’un jour à un autre ; qu’il n’eft pas aifé par confisquent de comparer entr’elles l’a&ion des forces vives & celle des forces mortes , la différence étant auffi grande entr’elles qu’entre les lieux 8e les jours.
- Nous demanderons cependant qu’il nous foit permis d’examiner en quoi confifte l’elTence de ces forces,1 de chercher quels font leurs effets différens, & d’emprunter , s’il eft poffible, dans la phyfique 8e dans la méchanique les fecours néceffaires pour effayer une comparaifon auffi difficile.
- Suppofons que l’effence de la force morte du corps grave avant fa chute foit une gravitation fans vîteffe 8e que l’effence de la force vive de ce corps tombant foit une gravitation avec vîteffe.
- Cette hypotbèfe admife, la valeur des forces mor--tes ne fera autre chofe que la pefanteur ; 8e celle des forces vives fera la quotité de vîteffe de la fin de la chute , ou la quantité de mouvement communiqué à cette pefanteur } auffi à la fin de la chute.
- La valeur des forces vives du corps tombant fe mefurera donc par le rapport qu’il y aura entre l’ex-preffion de fon poids avant fa chute, 8e l’expreffion du poids de choc après la chute. Que le corps pefe 8 liv. avant la chute , ce fera fa force morte , 8e en même temps fa force abfolue. Que ce corps frappe à la fin d’une chute de deux pieds 8e demi, avec 8 5
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- liv. j de force; ces 85 liv. j feront fa force vive &
- en même temps fa force relative.
- Ce n’eft que cette force relative, produit des vîteftes acquifes par la chute, qui fait celle du choc. Un clou chargé de deux à trois milliers ne pourra prefque pas s’inlmuer dans une planche, pendant que le moindre coup d’un marteau bien léger le fera enfoncer fen-fiblement. C’eft que la force de gravitation des deux ou trois milliers eft fans vîtefte, 8c que dans la per-cufiion du marteau il y a une vîtefte quelconque.
- Ce même clou de matière dure 8c de forme pointue , quoique chafte par le plus fort marteau , ne pourra pénétrer une planche ni fi promptement ni fi facilement , qu’une chandelle chaftee par un fufil à vent, quoique cette chandelle foit d’une matière tendre & de figure émouffée : c’eft qu’il y a beaucoup plus de vîtefte communiquée ici au corps choquant par le fufil à vent, 8c beaucoup moins par le coup de marteau.
- D’où il fuit que cetre force n’eft autre chofe que le produit d’une mafte quelconque , & que ce n’eft que la quotité de vîtefte acquife à la fin de la chute , 8c comptée au dernier inftant de cette chute, qui confti-tue l’eftence des forces vives de nos corps tombants.
- Nous venons de confidérer ces forces en elles-mêmes : confidérons-les encore quant à leurs effets.
- Les forces mortes , ou les charges qui gravitent
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- des Bois de Charpente'* 305*
- fur un plancher , ne forcent pas également les fibres de nos pièces de charpente. Ce n’eft que dans un nombre d’inftants fucceffifs, & après que les premières ont cédé, que les Cuvantes fe trouvent bandées avec la meme force que celles-là l’ont été. Audi nos Géomètres ont reconnu admis dans ce cas des centres de gravité 8c de percuflîon , d’extenfion 8c de compref-fion. Aucun d’entr’eux , excepté Galilée , n’a jamais regardé les fibres comme également tendues , 8c com-me devant fe rompre à-la-fois : nous avons fait l’expofé de leurs différentes hypothèfes.
- Au contraire, les forces vives du corps tombant fut un plancher forcent prefque également ces memes fibres , 8c prefque tout-à-la-fois , du moins fenfible-ment , vu la vivacité de leur aéfion 8c la brièveté du temps de fa durée. Elles attaquent alors la totalité des fibres du corps choqué , ébranlent toute fa contexture , & caufent un tel ravage en une portion de temps fi courte, qu’on ne peut pour ainfi dire en afligner la différentielle, du moins dans la pratique. Ainfi , quant aux effets, il y a dans l’aétion des forces vives deux excès d’a&ion fur les forces mortes ; l’un dans la brièveté du temps de l’ébranlement, 8c l’autre dans une violence faite également, 8c prefque en meme temps à toutes les fibres.
- Par conféquent, toutes les fois qtfion voudra afïî-miler en quelque forte la force vive du corps tombant:
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- à la force morte des corps gravitants fur nos planchers, on demandera avec toute sûreté , pour la pratique „ qu’il foit permis de fe contenter des réflexions fui-vantes.
- Il ne Vagit que de fe reflouvenir que la figure qui a fervi à notre démonftration de l’aélion des forces mortes, nous repréfente par un triangle la progref-fion arithmétique du plus ou moins de tenfion de nos fibres j que la bafe de ce triangle exprime le degré ou la force de tenfion de celle qui eft la première force ; que cette force de tenfion diminue jufqu’au fommet du triangle où elle eft zéro ; que dans l’aélion des forces vives, les fibres peuvent être confidérées comme ayant la même tenfion que celle qui eft à la bafe de notre triangle ; qu’ainfi , au lieu de zéro, expreflion de celle qui eft au fommet du triangle , on aura une ligne égale à celle de la bafe du triangle } qu’alors on aura un parallélogramme fubftitué au triangle ; que le parallélogramme eft double du triangle renfermé entre fa bafe & fa hauteur ; qu’ainfi l’aétion de la force vive pourra être regardée comme double de l’aélion de la force morte } de , par une fuite néceflaire , en doublant la valeur de la quotité de vîtefle de la force vive5 on aura à peu près une approximation de fon aélion fur les fibres longitudinales du bois.
- Voilà déjà un acheminement vers la comparaifon de nos deux forces. Faifons enfin un dernier effort,
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- afin d’être en état de faire cette comparaifon le moins imparfaitement qu’il fera polhble. Voyons à cet effet la marche que nous avons tenue en cherchant le terme d’alfurance pour les forces mortes ; & tenons la même marche à fêtard des forces vives-
- Pour les forces mortes, nous avons pris ^ i°. la moitié du terme de la derniere réfiftance de nos pièces de bois, pour parer l’inégalité de la contexture & de la direction de leurs fibres \ 20. les deux tiers de cette moitié , ou le tiers de la derniere réfiftance, attendu que, dans notre bâtilfe , nos pièces ne font pas, comme dans les expériences, exactement retenues par les deux extrémités} 30. le fixieme delà derniere réfiftance „ ou la moitié du tiers ci-deffus , à raifon du laps de temps qui diminue la réhflance des pièces de moitié* 40. le huitième de la derniere réfiftance, ou les trois quarts du fixieme ci-deftus, pour empêcher même les pièces de ployer , ce qui nous avoit fixé pour terme d’affurance le huitième de la derniere réfiftance : ôc c’eft de-là que nous avons calculé les charges ou les forces qui gravitent fur un plancher.
- Mais dans les forces vives il n’y a aucun laps de temps à apprécier. Nous venons de voir que tout fe fait dans un feul & même inftant : ainfi, dans l’action des forces vives , la raifon du laps de temps ne doit entrer pour quoi que ce foit, & il ne faut prendre que le tiers de la derniere réfiftance.
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- Dans le cas fimple des forces mortes, nous avons eu égard au temps, 8c nous avons employé en entier la valeur de ces forces, 8c cette valeur pour le terme d’alfurance au huitième du terme de la derniere rcfif-tanc-e : au contraire, nous venons de voir que dans le cas des forces vives le temps ne doit pas entrer en con-fidération; donc en employant la force vive en entier pour le huitième du terme de la derniere réfiftance, nous emploierons une fomme trop forte , puifqu’en faifant abftra&ion du temps , elle ne doit être que le tiers du terme de derniere réfiftance; donc il faut la diminuer de ce que dans cette comparaifon elle auroitde trop fur la force morte : par ce moyen on fera en état de les faire entrer toutes les deux dans une feule 8c même comparaifon.
- Nous avons ici deux expreffions différentes pour le terme d’alfurance ; un huitième du terme de la derniere réfiftance dans le ca's des forces mortes, 8c un tiers de ce même terme dans le cas des forces vives. L’un de ces termes a excès fur l’autre; connoilfons cet excès : réduifons ce huitième 8c ce tiers à la même dénomination ; nous découvrirons alors l’excès, 8c nous aurons ces deux raifons ~r 8c ~ * dont — fera l’excès de l’une fur l’autre..
- Pour les rendre égales, diminuons cet excès de l’expreflion du choc; 8c l’expreflion d’alfurance contre la force du choc fera ~ grandeur négative , c’eft-à-
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- dire., que la grandeur ou le nombre qui exprime la valeur du choc , fera trop forte de doit être
- diminuée defdits Nous avons trouvé i o | pour la valeur abfolue du choc en lui-même d’un corps tonir bant de deux pieds ôc demi de hauteur , dont l^dou.-ble 11 y eft fa valeur relative fur les fibres de la piece. Donc de 21 ÿ, ôtant -7^,011 bien ce qui eft la même chofe fi ôc le fi du fi , il nous, viendra 16 fi pour lexpreftion de la force vive du. choc., non abfolument en elle-même, ôc eu égard à fes effets,. mais comparativement au terme d’afturance que nous avons pris pour les forces mortes.
- L’on pourra même prendre 17 au lieu de 16 fi. On évitera par ce moyen l’embarras des calculs des. fractions : il y aura, en outre un petit bénéfice d’afturance de plus pour la-folidité.
- C’eft la méthode que nous comptons qiron voudra bien nous permettre de fuivre , jufqu a ce que nos Sa-vans nous aient donné un code d’expériences complet fur cette matière. Nos Phyficiens n’ayant jufqu’ici fiait leurs expériences que fur les forces mortes ne nous en ayant donné aucune fur les forces vives parfaitement convainquante & généralement avouées de tous les Géomètres : ce qui eft cependant à defirer, pour fixer par les expériences la quotité exa&e de ces deux forces dans notre hypothèfe.
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- ^ i o Traité fur la force
- L’expérience que nous venons de rapporter , peut 'avoir des applications plus étendues : elle peut être d’une grande utilité dans le jet de nos bombes. On en fait fouvent ufage pour enfoncer des magafins à poudré , brifer des ponts de communication , ou rompre des piles d’éclufes. On s’eft quelquefois fervi en conféquence de bombes appellées comminges, de feize à dix - huit pouces de diamètre \ mais on pouvoir avec le même fuccès, employer des bombes de moindre diamètre, étant alluré de la force du choc avec laquelle elles iraient frapper les malTes fur lefquelles elles feraient dirigées. Lailfons cet article ; & difons que nous voilà parvenus au point de pouvoir fixer la valeur du choc d’un corps quelconque tombant fur Un plancher de hauteur quelconque. Voyons donc quelle eft la force de percuffion que peut recevoir un plancher dans les deux hypothèfes, ou de gens qui fautent Sc danfent, ou de fardeaux qu’on décharge d’une hauteur quelconque.
- Les fardeaux qu’on peut jetter de hauteur ne fontque pour les planchers deftinés à des charges extraordinaires. Nous n’en pourrons etomer l’aélion en général : cela dépend des circonftances &c des de.ftinations particulières, qui varient fuivant le poids * l’efpece de marchandifes , & la différente maniéré de décharger les fardeaux à hauteur d’homme ou à hauteur
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- des Bois de Charpente. % i
- de pile. Ainli l’on ne peut établir d’une maniéré générale & la pefanteur de ces marchandifes 8c la. b auteur d’où elles peuvent tomber.
- Cependant nous ne pouvons nous difpenfer de dira un mot fur la méthode générale d’y parvenir.
- Nous ferons relïbuvenir auparavant i°. que la força du choc, ou, ce qui revient au meme, la force perdue dans le choc eft en raifon des malfes y.i°. que la force appliquée au relTort, eft celle perdue dans le choc^, 3°. que dans un corps parfaitement élaftique, la quantité du mouvement qui refte après le choc dans le corps choqué, eft compofée & de la force du choc & de celle du reftort ; 40. qu’en conféquence la quantité de mouvement du corps choqué , eft le double de. celle que le corps tombant a perdue dans le choc, les malfes fuppofées égales; 50. que moins les corps font élaftiques, plus la force du relfort eft affoiblie; 6°. qu’il n’y a aucun corps parfaitement élaftique parmi ceux qui nous environnent; 70, qu’on peut en conféquence les regarder tout au plus comme demi-élaftiques, Sc prefque toujours au-delfous; 8°. que par une fuite né-celfaire , 011 doit, dans l’hypothefe préfente, au lieu du double, 11 employer qu’une fois Sc demie la force perdue dans les corps tombans, pour tous les baiots , Sc un dixième pour tous danfeurs ; 90. qu’il faut apprêt cier les malles de part & d’autre, pour faire entr’elles le partage de la quantité de. mouvement du corps
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- tombant ; io°. que pour cela , il faut connoître le poids abfolu tant du corps tombant que des parties de plancher correfpondant au choc, &divifer leur fomme par les vîtelTes proportionnellement aux malles ; ;i i°. que notre expérience nous a donné 10 degrés y de vîtelfe pour un corps tombant de deux pieds & demi de hauteur j 12°. qu’il faut doubler cette vîtelfe, en fouft taire y~ pour avoir la force relative du choc, quant a fes effets fur une piece de Charpente “ 13 °. qu’il eft aifé en conféquence de faire l’application du principe reconnu, que les vîtelTes des corps graves dans leur chute font entr’elles comme les racines quar-rées des hauteurs, ou bien, pour éviter les extradions des racines fur petites parties incommenfurables, que les hauteurs font entr’elles comme les quarrés des vîtelTes.
- Procédons aduellement à l’opération. Suppofons un corps de cent livres pefant, tombant de cinq pieds de hauteur : nous établirons la proportion fuivante : 10
- l y. ‘j/ 5°j 011 bien, en faifant évanouir les
- lignes radicaux, en quarrant tes grandeurs qui ne font pas fous les lignes 1 o y 3. 2 y ; : x 2. 5. prenant le produit des extrêmes &c des moyens 10^X5 = 2 ~ Xx2. Faifant palTer l’inconnu d’un feul côté 1 o f2 x 5
- a-2 = 2 27 £ quarré de la vîtelfe cherchée.
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- En extrayant la racine quarrée, nous aurons 15,~ environ , pour la vîtefie d’un corps de cent livres * tombant de cinq pieds de haut 3 mais il faut doubler lefdits 15 pour les raifons alléguées ci-defflis, 8e
- en ôter les Il nous reliera 23 ~ , par lefquels il
- faudra multiplier 100 liv., poids abfolu du corps 3 8c nous aurons 2400 liv. pour la quantité de mouvement de ce corps qui relie à partager entre les malles.
- Cherchons à connoître ces malles. Le corps tombant frappe ou fur le milieu d’une folive ou entre deux fo-lives. S’il frappe entre deux, elles fupportent ce choc a elles deux. S’il frappe fur le milieu d’une folive, elle fupportera le choc à elle feule, du moins plus particulièrement que les autres. C’ell ce qui va être agité à l’inllant. Pour bénéfice defolidité, nous fuppoferons une folive feule frappée dans fon milieu.
- Sur quoi il faut remarquer, que quoique cette folive porte la partie la plus confidérable du fardeau, elle effc cependant foulagée par les folives circonvoifi-nes, 8e même par prefque tout le plancher en entier. C’eft ce que nous voyons tous les jours 3 8e nous nous appercevons que , par des chocs pareils, la commotion fe fait refientir dans toute l’étendue d’un plancher, même de celui dont les folives font fcellées dans les murs, 8e ne portent pas fur les poutres 3 ce qui ne peut arriver fans communication de mouvement, 8e par confisquent fans partage de mouvement primitif.
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- 314 Traité fur la force
- Il n’y a rien au furplus d’étonnant. La maçonnerie des plafonds , celle des aires , celle des augets cintrés entre les folives, les lattis clouées des plafonds & des aires partagent la commotion : tout fe bande 8c fe contrebande enfemble.
- Avant de parvenir à démontrer le partage de cette, commotion dans les différentes parties du plancher il faut faire quelques réflexions. La quantité de mouvement ou la commotion ne peut fe partager qu’à rai-fon des mafles.
- Un plancher efi: fuppofé ordinairement de douze pouces d’épaifleur , y compris les épaifl'eurs des aires , augets & plafonds. On a vu que nous avons pris quatre pouces pour cette épaiflfeur y d’où l’on peut conclure , qu’il doit relier deux tiers de la force de choc dans la folive attaquée, 8c que l’autre tiers efl: celui qui fe communique 8c fe partage à droite 8c à gauche entre les folives circonvoiflnes.
- Ce qui nous ddïme lieu d’établir avec vraifemblance, 8c ainfi qu’il fuit, la proportion de communication de mouvement de proche en proche, de chaque côté de la folive qui reçoit le choc : la folive attaquée f, les, deux fui vantes enfemble £ , 8c de fuite pour les autres-tty ifï y jh > tï~> zirr* & à chacune en particu-Iier § » 77 y Tin > 777 > TiTj > zjôl r & nous auions cette fuite v 8748. 1458. 486. i6z. 54. 18'. 6. z.
- X 3 I 2 2*.
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- des Bols de Charpente, 31 £
- Le premier nombre de la fuite exprime la valeur dont eft chargée la folive choquée, & les autres la valeur de la charge de fept folives voifines.
- Cette fuppofition peut être légitimement admife d’après de nouvelles réflexions, qui feront voir, que les folives circonvoifines foutiennent par leur reflort h folive attaquée. C’eft ce qu’il eft aifé de déterminer, en difcutant la nature des chocs 3e des corps qui en font ébranlés. Ils font légers ou violens.
- Dans un choc léger, chaque fibre élaftique jouit de tous fes droits, oppofe la vivacité de fon reflort à la violence qui lui eft faite, repou lie le corps qui veut la fubjuguer, avec une force au moins égale à celle que ce corps déploie contre fon élafticité j & cette force de répulfion eft même d’autant fupérieure, que le corps tombant eft moins élaftique.
- Les folives voifines de celles qui font attaquées, 11e reçoivent jamais qu’un choc très-léger. Elles font dans le cas d’aider par leur élafticité la folive du milieu, & de la foutenir contre la force du choc. Cette folive ne fe trouve plus fupporter à elle feule le poids d’un choc violent, où toutes les fibres font ployées au-delà de leur reflort, fans pouvoir fe reftituer.
- En examinant cette nature de chocs, nous avons vu qu’il y a en même temps deux différences dans les effets du reflort fous le choc} Ôc ces différences font à
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- 3 i é> Traité fier la force
- confidérer avec attention. Une expérience va nous en
- faire appercevoir toutes les nuances.
- Que l’on cafife une larme batavique dans un verre plein d’eau, la larme fe réduit en pouffiere; à l’inftant Le verre eft brife. Que l’on cafte cette même larme dans un verre vuide, le verre relie fain & entier.
- i°. Dans les deux cas, la violence de l’explofion du bruit de la larme écarte les parois du verre j & fa capacité intérieure fe trouve élargie..
- i°. Dans le premier cas , la capacité du verre efl élargie. L’eau defeend par fa pefanteur, fe met de niveau , ainft que font tous les liquides. Elle occupe moins de hauteur , à raifon de ce qu’elle vient de gagner en étendue, par l’élargiffement de la capacité intérieure du verre : defeendue une fois par fa pefaiir-teur, elle ne peut plus remonter} & fa gravitation devient fupérieure au reffort des parties qui compofent le verre } alors le verte eft calfé , le poids de l’air qui l’environne n’étant pas fuffifant pour contrebalancer le poids de l’eau qui eft dans le verre. Audi la pefau-teur de l’air eft à la pefanteur de. l’eau , comme i e.ft à 640.
- 30. Dans le fécond cas le verre fe reftitue en un in£-tant, ôc fe remet au même état où il étoit avant l’ex-plolion. Il 11’y a aucune force étrangère qui contrebalance l’élafticité de ces parties : le poids de l’air en.-
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- vfconnant le verre, 8c le poids de l’air qui y eft contenu, font équilibre entr’euxj <k le verre fe conferve fain 8c entier.
- Une autre expérience va nous confirmer la vérité de ces phénomènes j 8c c’eft l’explication que nous leur avons donnée. Si l’on plonge le verre plein d’eau dans un feau d’eau, 8c qu’on brife dans le verre la larme batarique , le verre ne fera pas brifé. Il y a un liquide ambiant , qui pefe avec un égal poids au-dedans 8c au-dehors du verre.
- Il eft donc bien reconuu qu’il y a deux fortes de forces de choc,.& que chacune d’elles a un effet différent fur les corps : les unes fupérieures 8c violentes détruifent tous les reflorts des parties formant la contexture du corps, leur impofent un filence abfolu, leur interdifent jufqu’à la moindre apparence de réliftance, 8c occafionnent en conféquence leur défunion.
- La feptieme& la dix-neuvieme expérience de M. de Buffbn , que nous avons rapportées, nous apprennent suffi cette vérité. Elles prouvent chacune que le ref-fort du bois ayant été une fois bandé, même autant qu’il faut l’être , fans rompre , ne peut plus fe rétablir parfaitement.. Les autres moins considérables 8c plus légères agiffènt plus doucement & moins impérieufe-ment , laiffant un jeu libre à l’élafticité vigoureufe de ces mêmes parties : ce qui diminue l’impreffion du choc, félon les loix que fui vent les corps élaftiques.
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- 518 Traité fur ta force
- Nous avons donc eu raifon de fuppofer que la fo-live frappée, ne porte tout au plus que les | du choc, ou ne fatigue que de y de la force de ce choc • i°. à raifon du partage qui fe fait entre les folives circonvoi-finesj 2°. à raifon du foulagement que lui procurent, par la réa&ion de leur relfort non maîtrifé du choc., ces mêmes folives circonvoilines.
- Il ne s’agit plus que de trouver les malfes aflujetties au choc, pour répartir -À chacune la quantité de mouvement qui a dû. leur être communiquée par le choc* Pour la malle de la Charpente prenons une folive de neuf pieds de long, entre fes portées, & de cinq & fept pouces d’équarrilfage : c’eft la grolfeur que nos Charpentiers donnent ordinairement dans cette longueur y 8c nous aurons deux pieds deux pouces trois lignes cube, qui, à raifon de foixante livres le pied cube, nous donnent 13 i 1. ci. . . * i 3 i 1.
- Pour la malfe de la maçonnerie, les folives efpa-céesde pied en pied, de milieu en milieu, nous aurons neuf pieds de long fur un pied de largeur, ce qui nous donnera neuf pieds fuperficiels} qui, à raifon de 44 1. pefant chaque pied fuperficiel *, fuivant l’évaluation d’ufage , nous donneront.................396 1.
- Totalité des poids de malfe. . . 52.7 1. -i.
- auxquels 527 1. f malfe de la maçonnerie 8c de la charpente ( ou bien 527 1. jufte, pour éviter les frac-
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- des Bois de Charpente. 5 1 y
- tions ) ajoutons 100, mafife fuppofée du corps tombant, nous aurons 6vj pour la malle entière des deux corps, le plancher & le corps tombant, entre lefquels il faut partager la quantité de mouvement 2400 1., tonalité de la force du choc, ainfi que nous l’avons déjà trouvé 3 & nous aurons 3 f environ de vîtelfe ac-quife à ladite folive, pour chacun des neuf pieds courant de fa longueur. Cette vîtelfe multipliée par 527 nous donnera 2020 1. ’ environ, à quoi ajoutant 189 ~ s pour demi-élafticité du corps tombant , nous aurons 2210 1. pour la fomme totale de la force du choc fur la folive : mais, comme nous venons de dire il y a un inftant, la folive ne porte que les 7 ou j du choc. Ainfi nous n’aurons que 1472 1. ^ pour la valeur effedive de ce qu’elle a à fupporter.
- Suivant notre méthode de ne prendre que le huH tieme dn terme de la plus grande réfiftance d’une piece de bois, la folive dont il s’agit, qui eft félon les grolfeurs que les Charpentiers emploient depuis une foixantaine d’années, porteroit avec sûreté 3053 liv. environ 3 que par conféquent elle a 1581 liv. de plus qu’il ne faut.
- Telles font les obfervations que nous avions à faire en général fur le choc des fardeaux qu’on peut jet ter de hauteur d’homme. 11 nous refte maintenant à traiter du choc de perculfion que peut occafionner le choc de nos danfeurs. C’eft la partie la plus intérelfante #
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- 32Ô Traite fur la force
- étant d’une ufage ordinaire, d’autant plus que ce choc peut bien être regardé comme équivalent à celui des bûches qu’on jetteroit de hauteur fur un plancher.
- Pour avoir le bénéfice de la folidité , nous fuppofe-rons qu’ils s’enlevent â douze pouces du plancher , quoique pour l’ordinaire le danfeur le plus agile ne s’élève gueres qu a cinq ou fix pouces. Nous fuppofe-rons en outre la pefanteur d’un homme être de cent cinquante - trois livres : c’eft plus que fa pefanteur moyenne j un fujet d’une taille médiocre & d’une force ordinaire, pefant communément cent - quarante liv. ôc un danfeur pefe d’autant moins , qu’il a plus de foupleffe & de légèreté : c’eft même cecte foupleffe qui conftitue le grand danfeur , & fans laquelle il ne pourrait s’élever.
- Il faut encore obferver que les danfes où l’on pourrait s’élever à une hauteur plus confidérable, ne font que des danfes de cara&ere, où une ou deux perfonnes au plus danfent à la fois, ôc fur des planchers de planches deftinées à cet ufage , comme font nos Théâtres. Nous fuppoferons cependant pour bénéfice dans la pratique, ce qui n’arrive jamais, que l’on peut s’élever â la hauteur de douze pouces dans nos contredanfes â huit figurans. Dans ces fortes de contredanfes, il faut au moins douze pieds d’efpace pour la liberté des figures. Il faut donc une chambre ou falle de quinze pieds de largeur, attendu que dans nos pièces ordinaires il
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- des Bois de Charpente'. 321 y a quelques meubles le long des murs. La longueur eft indifférente. Enfin il peut y avoir deux danfeurs à la fois fur la même piece de bois. Nous calculerons donc notre folive , chargée de deux danfeurs, à raifon de quinze pieds de longueur dans œuvre , non compris les portées, fur fix à fept pouces de groffeur fui-vant l’ufage.
- Nous fuppoferons le poids d’un homme de cent cinquante-trois liv. 3 & la plus grande élévation du danfeur à douze pouces. Nous trouverons , en confé-quence , que le corps tombant de cette hauteur aura 10 — de vîteffe.
- Multiplions 306, poids abfolu des deux danfeurs , par 10 7^, ou par bénéfice 11 juftej & nous aurons 33 66 pour la quantité de mouvement du poids de 306 liv. qu’il faudra partager entre les malles.
- f pour la Charpente. . . 16 z L 7.
- Les majfes feront < . x ^ 1
- ^pour la Maçonnerie. . 66o
- ç>iz 1.
- À quoi ajoutant le poids abfolu de
- deux danfeurs........................ 30 6
- nous aurons pour les malles entières des
- deux corps, le choquant & le choqué. 1228 1. i.
- Entre lefquels il faudra partager la quanrité de mouvement 33 66 & nous aurons z £ environ pour
- vîteffe acquife à la folive, par chacun de fes quinze
- X
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- 322 Traite fur la force
- pieds de longueur , laquelle vîtelfe étant multipliée par c)22 nous donnera 2527 environ ; & ajoutant Je-j de l’élafticité du corps tombant, 138 environ, nous aurons 2675 pour fomme totale de la force du choc fur la folive. Mais comme elle n’eft chargée «pie des * du choc , nous aurons en dernier lieu pour choc effectif 1784 environ.
- Nous ferons encore ici la meme réflexion fur le rapport de la réfiftance de la piece de charpente ( telles *que nos Charpentiers les mettent en ufage aujourd’hui ) au fardeau qu’elle a à fupporter. Nous trouverons qu’elle porteroit à un huitième de fa derniere réfiftance , le poids de 1918 liv. environ. Elle a donc fur 1918 de réfiftance 13 4 environ de trop.
- Prenons encore un fécond exemple dans le même genre 3 & voyons quel effet feroit un danfeur fur une folive de deux à fix pouces de gros de de neuf pieds •de long dans oeuvre.
- fpour la Charpente. ... 45b
- Les majfes feront < , x /l
- (pour la Maçonnerie. . . 396
- 441 1.
- Plus le poids du danfeur. . . . . 153
- Totalité des mafles. ..... 594 h
- Entre lefquelles il faut partager la quantité de mouvement 168 3 y & nous aurons environ 2 { pour vîteflè acquife par le choc, dans chacun des neuf pieds d@
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- des Bols de Charpente323 longueur, laquelle vîteflfe multipliée par 441 , nous donnera 1149 à quoi ajoutant 73 environ pour £ d’élafticité du corps tombant, nous aurons 1 311 \ pour fomme totale de la force du choc fur cette folive* Mais comme elle n’eft chargée que de y, nous n’au-rons plus que 882 environ.
- Notre calcul fur un huitième du terme de la derniers réfiftance nous donnera 897. Elle a donc fur 897 dé réfiftance 15 liv. plus qu’il ne faut.
- Nous ferons remarquer que nous n’avons pris dans cet exemple qu’un feul danfeur, au lieu de deux que nous avions employés dans l’exemple précédent : car il eft impoflible que deux danfeurs puiflfent prendre enfemble leur eflfor fur une fi petite longueur.
- Quand même ils s’élanceroient de côté pour retomber fur cette folive, ils n’y pourraient agir que fur des points très-éloignés de fon milieu 3 & leurs deux ac-, tions plus foibles, à raifon de leurs leviers plus courts, reviendraient à l’aétion d’un feul danfeur, agiflfantfur le milieu de la folive, ainfi que nous l’avons ftippofé. Récapitulons ces opération^, & difons qu’il faut ï i°. Connoître le poids ou la maflfe du corps tombant, & fa derniere vîteflfe à l’inftant du choc.
- 20. Doubler cette vîteflfe, & en fouftraire les 30. Multiplier fon poids par cette derniere vîteflfe * ce qui donnera fa quantité de mouvement.
- X 2
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- $ 2$ Traité fur la force
- 4°. Connoîcre aulTi les malTes ou les poids de la Oharpente &c de la Maçonnerie adujetties au choc.
- 5°. Additionner enfemble ces deux malles, & joindre leurs malles à celle du corps tombant.
- 6°. Divifer par cette Comme des malTes la derniere vîtelTe du corps tombant, à Titillant du choc, pour avoir l’exprelïion d’une vîtelTe commune a toutes les malTes.
- 7°. Multiplier feulement la Comme des mafles de la Charpente 6c de la Maçonnerie- par cette vîtelTe , pour avoir leur quantité de mouvement après le choc.
- 8°. Ajouter à ce produit, à caufe du relTort des corps, le ~ de la quantité de mouvement reliée après le choc dans le corps tombant pour tous danfeurs, & la moitié pour les balots, ce qui donnera la force ef-fedive du choc.
- Il eft à propos de remarquer ici que nous fuppo-fons le relTort a d elallicité dans la malTe de nos danfeurs, qui eft certainement bien éloigné de ce degré. Ce fera par conféquent un nouveau bénéfice afiez con-üdérable dans la pratique.
- ç)°. Pour avoir la quantité de mouvement relié après le choc., dans le corps tombant, foullraire de la quantité de mouvement, qui,eft avant le choc dans le corps tombant, la quantité de mouvement des malTes de Charpente 6c de Maçonnerie après le choc. Le .ré*
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- des Bols de Charpente, 325*
- fâdu fera cette quantité de mouvement en queflion:
- io°. Ne prendre que les \ de cette fomme pous? avoir la charge effective de la folive.
- i i°. Faire attention que cette charge, ou le nombre qui la repréfente , ne doit être que le huitième de la derniere réfiflanee de la folive ou du poids fous» lequel elle cafferoir.
- Nous avons déjà donné la maniéré de trouver cette derniere réfiftance des folives.
- Voyons à préfent l’article des poutres.
- Nous n’avons confidéré jufqu’alors que l’effort qui* le fait fur la folive. Voyons actuellement les efforts de toutes les folives fur une poutre. A cet effet rafïem-blons l’adiion o-énérale de toutes les folives de deux
- O
- travées de planche:, portant fur une poutre 3 & voyons les, efforts de toutes les folives fur cette poutre. Réu-nilfons l’aélion générale de toutes les folives des deux travées 3 &c confidérons leur aélion relative fur la poutre.
- Suppofons un plancher de trente-hurt pieds quatre pouces dans œuvre, fur trente pieds de longueur aufîi dans œuvre. Ce plancher fera formé de deux travées, affemblées fuivant la méthode 8c la grofTeur ufitée par nos Charpentiers.
- Il fera compofé d’une poutre dans le milieu dé 20 à 21 pouces d’équarrifîage , & de 3 o pieds dans œuvre j non compris portées de deux lambourdes de:
- x ?
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- 326 Traité fur la force
- même longueur de 8 & 24 pouces de gros couturées.
- fur la poutre, de huit foiives d’enchevêture de 14 &
- 15 pouces de gros 8c de dix-huit pieds de long , non compris la portée dans les murs, de vingt foiives de rempliflage, de 11 & 12 pouces d’équarriffage, 8c de feize pieds 8c demi de long} non compris aufli la portée , 8c de fix linçoirs de 14 & 15 pouces de gros 5 deux de fept pieds dix pouces, 8c quatre d’environ fept pieds, le tout dans œuvre.
- Suppofons aulîi vingt danfeurs s’élevant en danfes irrégulières, chacun à douze pouces de haut, 8c retombant tous enfemble , 8c en même temps fur ce ‘plancher : c’eft le plus grand nombre qu’on en puilfe admettre fur cette fuperficie, attendu qu’il leur faut à chacun un certain efpace pour prendre leur efïor 8c s’enlever. Les 1150 pieds de fuperficie que contient notre plancher, divifés par 20, donnent au quotient 57 pouces 8c demi, produit de fept pieds huit pouces par 7 pieds 6 pouces, efpace deftiné pour l’aifance du mouvement de nos danfeurs.
- Nous diviferons en quatre parties les 30 pieds de largeur du plancher ( fens de la poutre ), 8c en cinq les 3 8 pieds quatre pouces de longueur du plancher ( fens des foiives ), ce qui nous donnera 20 parties répondant à nos vingt danfeurs, 8c ce qui formera 4 bandes, renfermant chacune cinq de ces parties.
- De ces quatre bandes, il y en aura deux joignant
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- des Bols de Charpente, 3 27*
- lès murs, & deux vers le milieu de la poutre, & chacune des cinq parties compofant une des bandes , ferai chargée de fon danfeur.
- Prenons fur chacune de ces parties 1 5.3 , poids ab-folu d’un danfeur , lequel multiplié par 11 , vîtede des danfeurs, tombant d’un pied de hauteur, donnera au produit 1683 pour la quantité de mouvement à divifer par les mades.
- Prenons d’abord ces mades fur toute la fuperficie du plancher, pour plus de commodité.
- fpour la Charpente........ 34-5.70 1-.
- Les majes feront < t > r
- Qxmr la Maçonnerie. . . ... 50600
- 85170 1.
- Divifant cette fomme par 20, nombre des parties renfermées dans nos quatre bandes, nous aurons pour la made de chacune de ces parties 4258 , a quoi
- ajoutant 153, madfe d’un de nos danfeurs, nous aurons 4411 7, entre lefquels il faudra partager la quantité de mouvement du danfeur 16833 & nous aurons
- pour vîtede acquife aux mades après le choc du danfeur, laquelle vîtede multipliée par 425 8. \ , made de la Charpente ôc de la Maçonnerie , donnera 3611 ^ environ, à quoi ajoutant 24 pour ’ delafti-cité du corps tombant, nous aurons 1623 J environ v pour la fomme totale de la force du choc fur chacune des cinq parties..
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- 328 Traité fur la force
- Nos 4 bandes font chargées chacune de 5 de ces parties 3 la valeur du choc fur chacune eft de 1613 | environ , comme nous venons de le voir. Ainfi il efl aifé de connoître le choc entier de la bande, en multipliant 1623 ^ par 5, dont le produit fera 8117 8c dont nous ne prendrons que la moitié 4058 ,
- attendu qu’il n’y a que la moitié de chacune des bandes qui porte fur la poutre.
- Cherchons la valeur de l’aétion de chaque bande fur la poutre, relativement aux différens bras de levier où elle agit ; 8c réunifions la totalité de l’a&ion au point milieu de la poutre.
- D’après les divifions de nos bandes, il fe trouve que le point milieu de chacune, fur laquelle le danfeur doit tomber, fera pour les deux bandes qui joignent les murs à 3 pieds 9 pouces de diftance de ces murs, 8c pour les deux autres enfui te, vers le milieu de fa poutre, à 11 pieds trois pouces de ces mêmes murs.
- 11 faut remarquer que des murs au milieu de la poutre, if y a 15 pieds, valeur entière du plus grand bras de levier 3 que nous avons quatre autres bras de levier plus courts, deux de trois pieds neuf pouces, & deux de onze pieds trois pouces; 8c attendu que trois pouces font le quart d’un pied, nous ferons obligés, pour avoir le rapport de nos bras de levier entr’eux , de prendre quarte leviers dans un pied de longueur; ce qui nous donnera 60 bras de levier dans les 15
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- des Bois de Charpente. 3 29
- pieds du milieu de la poutre aux murs ; & nous aurons les deux proportions arithmétiques fuivantes.
- Pour Vexprejjion des bras de levier,
- : . 1. 2. 3. 4. 5. 6, 7. 8. 5). 10 ... 20... 30.. .40
- ... 50 ... (30
- £Y pour Vexprejjion des valeurs des puijjances relatives aux bras de levier.
- . . J_ js_3_ 4 J_ JL _z_ 9 i_9 U 40 t o 60
- •* 6o*Go<Jo*6o"6o6o60Go6o oo*' ’6'J"*Co,,'i;o*',Oo*,,6o*
- D’où il fuit que la bande, le long des murs , répond aux 15 pouces, bras de levier de 3 pieds 9 pouces de longueur, & à ~ pour l’expreflion de la valeur relative de la puiflance qui lui efl: appliquée 3 que par conféquent la bande le long des murs ne charge le milieu de la poutre que de 1014 ^ , qui font le quart de 4058 valeur abfolue de la moitié de cette bande , & que la bande fuivante ne charge de meme le milieu de la poutre que de 3043 ~, qui font les trois quarts de 4058 , valeur abfolue de la moitié
- de certe bande. Ainfi la charge totale du choc de cette poutre, fera pour les 4 bandes 8117 J.
- Nous venons de calculer l’adion relative du choc : il nous relie à faire le calcul de celle qui efl: relative aux charges gravitantes fur le plancher. Notre poutre en effet efl: chargée & de la pefanteur ou gravitation
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- 3^0 Traité fur la force
- des folives choquées, 8c de la quantité de mouvement acquife par le choc.
- Il s’agit pour cela de réunir la fomme 81177, quntité de mouvement acquife aux travées par le choc, avec l’a&ion de la pefanteur de ces mêmes travées fur la poutre, ce que l’on trouvera aifément par la méthode que nous venons de donner.
- La malfe de la Charpente & de la Maçonnerie elt ici de 8 5170 1., dont il n’y a que la moitié 42585,, qui agilfe fur la poutre , l’autre charge étant totalement fupportée par les murs. Mais cette a&ion efl: dans la raifon des bras de levier. Nous avons pris trois pouces pour chaque longueur de bras de levier 3 nous, aurons donc pour les 3 o pieds, longueur totale de la poutre, 120 bras de levier, dont nous ne prendrons d’abord que 60 pour la moitié de la longueur de la poutre 3 Ôz nous aurons en même temps 212 5^2 \ pour laéfcion de la moitié de la pefanteur des travées fur la moitié de la poutre, lefquels 21292 i divifés par 60 > nombre des bras de levier, donneront 354-5- pour les charges fur chaque bras de levier : ces charges feront, ainli que leurs bras de levier, en progrefîion arithmétique, dont le premier terme nous donnera 5 ~ envi-? ron pour fon aétion relative 3 & le dernier au droit des 15 pieds , aura fon a&ion abfolue 3547.
- Nous avons vu ci-defîus que la fomme de toute progrefîion arithmétique en nombre pair, eft le pre?-
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- des Bois de Charpente, 331
- mîer Sc le dernier terme j multipliés par la moitié du nombre des termes. Ainfi le premier terme 5 ff, & le dernier terme 3 54 f, faifant enfemble 360 — multipliés par 30, moitié des 60 termes de notre progref-fion , nous aurons 10813 f Pour l’a&ion des travées fur la moitié de la poutre 3 & doublant cette lomme, l’on aura 216477 pour l’a&ion entière delà moitié de la pefanteur des travées fur la totalité de la longueur de la poutre : à quoi ajoutant 8117 - , aétion du choc fur les quatre bandes, nous aurons 2.9764 fi pour la charge entière de la poutre.
- La poutre, avec fes deux lambourdes, aura 126181 environ de réfiftance , à un huitième du dernier terme de fa réfiftance. Elle n’eft ici chargée que de 29764 ff. Elle a donc dans cette forte de conftruétion fur 126181 de réfiftance 96417 de force plus qu’il ne faut, fomme prodigieufe & totalement fuperflue.
- Cet exemple fuffit pour indiquer la méthode de calculer les charges répandues fur différens points d’un plancher , & les réunir au point milieu de la piece chargée.
- Paftons au dernier article de ce Traité.
- Nous avons parlé des inconvéniens des planchers modernes, aftemblés à tenons & mortoifes, ce qui fait leur peu de folidité. On fait qu’aucun de ces inconvéniens ne peut fe rencontrer dans un plancher à folives, portant fur les lambourdes. Quand même les
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- '332 Traité fur la force
- lambourdes feroient entaillées, il y aura toujours dans ce cas plus de folidité que dans un fimple tenon &. dans le peu de réfiftance de la lame folide qui fait le deflTous de la mortoife. C’eft la première partie qui? manque ordinairement dans ces fortes de conftruétion , 8c à laquelle on eft le plus fouvent obligé de remédier, de l’aveu de tous les Architectes.
- Ils voient journellement avec tout le monde Ies> chevêtres 8c. les linçoirs fe fendre 8c s’éclater au droic de ces mortoifes. Ce qui doit les engager à remédier à ce vice, 8c à n’employer, du moins jufqu’au temps de la découverte du remede 8c d’une meilleure conf-tru&ion , que le cube de charpente néeeflaire pour les réfiftances fous le fardeau, cube que l’on peut aifémens. trouver d’après les principes établis-
- Âinfi , relativement à la folidité, les planchers portant fur lambourdes , doivent avoir la préférence fur nos planchers, de date récente, aftemblés à tenons 8c mortoifes. De toute façon ils font infiniment fupé-rieurs, eu égard à la réfiftance , au cube, à la pe-fanteur 8c à la dépenfe : c’eft déjà une découverte des plus avantageufes. Pourfuivons y mais, avant que d’entrer en matière, qu’il nous foit permis de répéter 8c d’obferver , i°. que la conftruCtion en gros bois quar-rés, fi ufitée depuis environ foixante ans, 8c qui dégénéré aujourd’hui en abus extrêmement dangereux 8c difpendieux, n’eft fondée fur aucuns principes : on
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- des Bois de Charpente. 3 33’
- ivy rencontre quune dépenfe excefiive, inutile, 8c une charge extraordinaire qui ne fait qu’écrafer nos murs 3 20. que les expériences & les épreuves fans nombre que nous avons citées, les raifonnements phyfiquesque nous avons rapportés, & les principes de la plus exacte géométrie que nous avons expofés, démontrent invinciblement la maniéré de connoître la réfiftance des bois 8c la charge des planchers. Au moins li nous ne ommes convaincus jufqu’au moment, foyons dociles aux avis : examinons laqueftion , procédons aux com-paraifons. Prenons d’abord l’exemple de dernier plancher; nous en connoifTons les charges fur les folives* 8c nous fournies certains de celles qu’elles ont a leuc tour fur la poutre.
- Cherchons donc à préfent ce qui doit réfulter d’une conftruéHon en bois méplats fur la même dimenfion de plancher ; calculons même tout bonnement d’apfcès le fyftême d’aflemblage ufité aujourd’hui. Nous ne tarderons pas à être convaincus de l’avantage réel qui s’y rencontrera peut-être : cependant y anroit il amant de folidité, pour ne rien dire de plus , fi l’on aflem-bloit les folivaux à queue d’hironde fur les ünçoirs, dans le goût du plancher de Wallis, dont parlent Mau-conis 8c Sorbiere dans leurs Voyages d’Angleterre. Dans ce cas on pourroit diminuer la largeur de la bafe de la folived’enchevetrure; 8c on le peut d’autant mieux qu’elle fejoit moins affoiblie par la queue d’hironde ,
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- 3 2 4- Traité fur la force
- que parles mortoifes , qui obligent de lui donner plus de largeur, pour réparer par cet excédent le défaut de refouillement des mortoifes.
- Peut-être pourroit-on encore fubftituer à ces folives d’enchevêtrure , des filets méplats avec de petites lambourdes de chaque côté} & il y auroit alors beaucoup plus d’économie dans les cubes, 8c autant de folidité fous le fardeau : on doit le fentir fuffifamment, d’après ce que nous avons dit jufqu’alors.
- On obfervera aufli que dans l’opération propofée pour être exa&e 8c faire connoître la marche de l’exécution > nous nous fommes trouvés obligés dedonner desbafes 8c des hauteurs plus confidérables aux linçoirs 8c aux che-vêtres, en conféquence des mortoifes qui affoibliflent la piece. La raifonen eft conforme à ce que nous avons établi, en difant que nos dimenfions générales n’étoient pas tellement invariables, cju’on ne pût y changer fuivant l’occurence, fur-tout pour les pièces d’affembjage ; car nous n’avons entendu parler dans les mefures con-feillées, que des folives de rempliflage feulement, ainfi que de celles qui ne reçoivent pas des mortoifes. Remarquons encore que le cube des folives de rempliflage étant diminué, il s’enfuivra que le faîteau ou l’adion de ces folives, fous la lame du deflous de la mortoife , fera bien moins confidérable , 8c par con-féquent moins à craindre pour les effets. Ces réflexions tine fois bien fenties, établiflons un plancher en bois
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- des Bois de Charpente. 3 3 £
- méplats j prenons les mêmes dimenfions que nous avons déjà mifes en ufage : la poutre aura 30 pieds dans œuvre, ôc feulement 7 à 21 pouces d’équariflage. Les deux lambourdes feront chacune de même longueur , & de 5 à 15 pouces d’équarrilfage. Il y aura 5 9 folives de chaque coté, 4 folives d’enchevêtrure de ï 8 pieds 10 pouces de long, ôc de 10 à 15 pouces de gros \ 5 5 folives de 17 pieds 4 pouces de long, Ôc de 3 à 9 pouces de gjtoflfeur , ôc 6 linçoirs de 10 à 15 pouces de gros, 2 de 7 pieds 10 pouces, ôc 4 de^ pieds environ.
- fpour la Charpente. . . 22805 l.
- Les majes feront < . .. ,
- (j30ur la Maçonnerie. . . 50600
- 73495 1-
- Divifant cette fomme par 20, comme nous l’avons dit, nous aurons 3674 7, à quoi ajoutant la malle d’un danfeur 153, l’on aura 3S27 7, entre lefquels il faudra partager la quantité de mouvement du danfeur 1683, ce qui donnera pour vîtefle environ 5 qui, multipliés par 3 674. 7, malfe de la charpente ôc de la maçonnerie, donneront 1397 77 environ : y ajoutant 14 environ pour £ d’élafticité du danfeur , il viendra 1611 £ pour la fomme totale du choc fur chacune des cinq parties.
- Nos 4 bandes renferment chacune 5 de ces parties.
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- 33 Traitéfur la force
- La valeur du choc fera pour chaque bande 8059 donc nous ne prendrons que la moitié 40 S9 , at-
- tendu qu’il n’y que la moitié de chacune de ces bandes qui porte fur la poutre.
- Nous avons vu par le calcul précédent que la valeur relative du choc des deux bandes, tant celle fur le mur que celle vers le milieu de la poutre, étoit, eû égard aux différentes longueurs de bras de levier , d’un quart pour celle fur le mur, de trois quarts pour celle vers le milieu de la poutre, équivalants à un entier : ainfi nous aurons 8059 £4 pour la force totale du choc fur la poutre.
- Ajoutons a&uellement l’a&ion de la moitié de la pefanteur des traveées fur la poutre.
- Ce fera pour la mafTè de la charpente 8c de la maçonnerie 73495 , dont il n’y a que la moitié 36747 -} qui agifïe fur la poutre , l’autre étant totalement portée par les murs. Nous avons, ainfi qu’il eft obfervé ci-deffus, 60 bras de levier pour moitié de la longueur de la poutre , 8c l’aétion des travées fur cette moitié eft de 1S 3 7 3 7, qui, divifée par 60, nombre des bras de levier, nous donnera 306 pour les charges fur chaque bras de levier. Nous trouverons en conféquence pour l’aétion relative fur le premier bras de levier qui eft le plus court 5 ~- , 8c 306 p pour valeur abfolue à l’extrémité du quinzième bras de levier qui eft le plus long , lefquelles étant ajoutées enfemble donneront
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- des Bols de Charpente'. 337
- '311 3 & b produit étant multiplié par 30, moitié
- du nombre des bras de levier , donnera la quantité de 9343 g j ce qui fera avec 8059 ~y force totale du choc , celle de 17402 —f,
- Cette poutre , avec fes deux lambourdes , à un huitième du terme de fa derniere réfiftance, fe trouve avoir 19959. Elle a donc, quoique avec bois méplats, fur 19954 de réfiftance , 2552 —• environ de force plus qu’il ne faut 3 d’où l’on doit conclure que cette conftru&ion étant d’une réfiftance plus que fuffifante , doit être préférée à celle de l’ufage moderne : voilà encore une vérité connue.
- Paflons a&uellement à.la comparaifon des cubes,1 <&: à celle delà dépenfe d’un plancher en bois quarrés avec un autre en bois méplats. Celui que nous avons cités, pour la travée de 3 o pieds fur 3 8 pieds 4 pouces , donnerait en bois quarrés 1068 pièces cubes environ , ou 3 5 fi pièces réduit. Celui dont nous venons de faire le calcul des réfiftances fur la même dimen-fion, produira fi20 pieds cubes, ou 20fi pièces j : différence en pieds cubes 448 3 8c en pièces, 149 pièces Qu’on fuppofe le prix de cette charpente, eu égard au cours du temps, être de 7 liv. la piece , cela ferait pour le plancher en bois quarrés une fomme de 2492 3 êc pour le plancher en bois méplats, à 7 liv. la piece, 1446 liv. 13 f. 4 d. différence 8c bénéfice en bois méplats 1045 liv. fi f. 8 d.
- Y
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- 3 3 S Traité fur la force
- Prenons encore pour comparaifon un exemple dans tin plancher d’une chambre ordinaire, fans âtre ni paflage, que nous fuppoferons être de 12 pieds de large fur 15 pieds de long ; nous aurons en bois quarré 15 folives de 12 pieds de long, 8c de 6 ou 8 pouces de gros, ce qui donnera 60 pieds cubes ou 20 pièces } & en bois méplats 2 3 folives de 12 pieds aufli, ôc de 2 pouces \ & 7 pouces de gros , ce qui produira 2 3 pieds cubes ou 11 pièces : différence fur un plancher •d’une aufli petite étendue, 27 pieds cubes ou 9 pièces.
- Si l’on fixe, comme ci-deffus, le prix de la piece de charpente du plancher en bois quarré à 7 liv., la dé-penfe fera de 140 liv. Si l’on portoit le prix de la piece de Charpente du plancher en bois méplat à 7 1., la dépenfe feroit de 77 1. : différence fur de pareils planchers, 63 liv.
- A l’égard des pefanteurs, nous trouverons que le
- grand plancher en bois quarré, pefe. . . <34080
- Que le même bois méplat pefe........... 37200
- Différence............. 26880 1.
- Nous trouverons de même que le petit plancher en bois quarré, pefe. ..... 3600 1.
- Que le même en bois méplat, pefe. ... 1980
- Différence........... . 1620
- Un précis de ces opérations ne peut qu’être intérêt
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- des Bois de Charpentei 5
- fini. Pormons-en donc un tableau abrégé *. c’eft uiî moyen convainquant pour faire connoître l’avantage des bois méplats refendus.
- Conftru&ion en b ois quarré du grand plancher;
- Réjïjlances inutiles. Cubes. Poids. Dépenfe;
- 96417 4- 356 64080 2492
- Conftru&ion en bois méplat du même plancher;
- Réfflancesfuperflues. Cubes. Poids. Dépenfe»
- 2551 ^ 206 f- 37200 1446b 13.4;
- Excès dans les bois quarrés , totalement inutile ôc contre l’économie,
- en Réfflance. en Cubes. en Poids, en Dépenfe;
- 93865 ii 149 7 ^8go 1045 1.6.8;
- Les expériences, les combinaifons ôc les comparai-fons d’objets font utiles , ôc même elTentiels, pour éviter les tâconnemens, ôc opérer d’une maniéré cer* taine. C’eft un moyen de fe rendre compte du projet que l’on médite. On calcule féverement la route que l’on doit parcourir pour atteindre au but qu’on peut fe propofer : mais il faut avoir continuellement la
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- '54° Traité fur la force
- -piunie-à la main. Pour éviter cette peine, j’ai cm «qu’un tableau drelfé d’après la pratique, l’ufage habituel & les principes émanés de la fuite des expériences que nous venons de palier en revue, feroit d’un grand avantage. Je l’ai fait en conféquence pour les pièces principales qui reçoivent alfemblage. Quant aux autres bois qui ne fervent que de rempliffiage , c’eft ordinairement le tiers de leur hauteur qui en donne la bafe. Ainli point de difficulté de ce côté. Contentons-nous donc d’obferver pour le moment, que dans les conftrudions ordinaires, les pièces d’alïemblage portent le fardeau , & que le plus fouvent elles font fatiguées par les entailles fréquentes qu’on eh: obligé de faire pour les mortoifes qui les traverfent de part en partfur tout lorfqu’il y en a des deux côtés. Dans ce cas, qui eft ordinaire, &: qu’on ne peut éviter, de la façon que l’on forme aujourd’hui les planchers } il ne refte qu’nne très foible épaiffieur , pour rélifter a toute la force d’un bras de levier, d’autant plus im-menfe , quil ëft formé par des linçoirs ou des chevê-tres d’une très-grande longueur, qui fupportent eux-mèmes des .fardeaux conlidérables. C’eft le cas cependant ou fe trouvent-toutes les pièces qui portent alfem-blage , & fervent de points d’appui, comme font les folives d’enchevêtrure, linçoirs, ôcc.
- Pour éviter ces difficultés, & pour abréger toute opération & calcul de ce genre, nous donnerons un
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- dès Bois de CEarpentei 34s tableau pour les poutres, & un pour les foiives, dans lefquels on trouvera les groilèurs relatives aux longueurs; & nous reviendrons toujours’-à obferver que fui van t les circonftances „ ces bois font fufcepdbles de la refente, 8c fe rédüifent fbuvent pour là dimenfion. de leur bafe, au tiers de ce qu’ils portent de hauteur furtout s’ils 11e fervent que de rempliflage. La prudence doit nous guider ; les principes font établis, c’elfc à nous à les mettre en ufage. Confidérons d’abord les
- dimenfions des poutres relativement à leur longueur,, POUTRES.
- Longueur. Largeur. Hauteur:
- Vnep outre de 11 pieds > Aura 10 pou. Surizpou.
- *5 1-1. 13-
- 1.8 12.
- 21 13 16
- I4: 1.8
- z7 M *9
- 30 16 ZI
- 35 '7 2.2.
- 3* 18 23.
- 3^ *5t 24
- 42, 20. 2 5
- En difant ï 2 pieds > 8cc. nous avons entendu parler des termes moyens entre ce nombre 8c celui.de 15
- *3;
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- $242 Traité fur la force
- pieds, 8t ainfi des autres. Cette obfervation fervira aufiï
- pour les folives. SOL I V E S.
- Longueur. Largeur. Hauteur,
- Une Jolïvz de il pieds 9 Aura 6 pou. Sur 7pou,
- x5 7 8
- 18 8 9
- 19 7 9 IQ
- 21 ÏO I I
- 24 11 12
- 27 12 x5
- Mais encore une fois ces dimenfions font pour lés pièces qui fervent d’affemblage. On peut même , pafie 15 pieds, leur donner un pouce de moins de grofieur, & les remplifiages doivent être de ces mêmes groffeurs de bois refendus en deux.
- Tel eft le réfultat des expériences, tel eft le fruit: des épreuves des différens Auteurs qui ont écrit fur les bois. Les principes en font lumineux, certains. Il ne s’agit que de les appliquer, & d’en tirer parti. En avons-nous fu profiter jufqua ce moment? il s’en faut beaucoup, comme nous l’avons déjà obfervé. En effet dans tous les bâtimens, depuis une foixantaine d’années, nous avons employé moitié plus de bois qu’il ne convenoit j il faut l’avouer à notre honte, nous
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- des Bois de. Charpente', 3^ f j
- avons eu l’art de les rendre beaucoup moins folidês, foitv par le fardeau.du bois inutile, foir par fuite des aftém-blages avec mortoifes , qui détruifent entièrement, la... force qu’on peut defirer pour un plancher*.
- Qu’on jette les yeux fur l’expérience de M.deBurfon ^ que nous avons citée page ri 3. On fera convaincu du fait, en obfervant que les pièces principales d’aftem-blage font percées de plufieurs mortoifes, que chaque mortoife diminue de près d’un quart la force du bois,, & que dèsdors lagrofteur, telle quelle puilfe être, eft, fuperflue. Quittons donc, fans autre détail, la conf-truétion des planchers aéhièls. Tout y eft contraire à l’Art de Bâtir : mais nous en avons aiïez dit à cet égard 3 quel eft donc, le moyen d’y.remédier?
- Les planchers avec poutre & lambourdes font plus dans l’ordre de la bâtifte raifonnée, & folide : mais ils ont leur inconvénient. Le bandeau qu’ils forment en contre-bas de. la poutre , eft des plus défagréables, & interrompt toute l’harmonie d’une piece couronnée d’un beau plafond, avec, corniche .élégante, & que l’on defireroit décorée.
- On peut faire perdre ces poutres dans lepaifteur des planchers, me dira-t-on. Cela eft vrai : mais le moyen eft difpendieux; & il ne peut être autrement. 11 faut un faux, plancher, ou au moins des fourures, une lambourde de chaque, côté de là poutre refendue, les ferrures &c. Voyez /e Guide de Ceux qu't veulent
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- 344 Traité fur la force
- bâtir3 que j’ai donné an Public l’année derniere (r); Vous y trouverez, Tom. I^pag. 215 & fuiv.y tous les renfeignemens néceftaires pour conftruire les planchers avec poutres. Vous y trouverez en général tout ce qui' concerne la Charpente, notamment les poutres, leur emploi , la néceflité de les refendre, & les moyens d’en tirer la plus grande fotce poftible.
- Ce n’eft pas que nous voulions trop applaudir à cette maniéré de conftruire. Elle eft d’ailleurs fujette \ & elle engage à des chaînes en pierre : mais il y a des occa-fions oîi il femble qu’on ne puifle fe difpenfer d’employer des poutres, à caufe de la grandeur des pièces.; Une falle, unfallon de 30 à 36 pieds vous y contraindront. Jufqu’à préfent, on n’a pas produit d’autres moyens \ au moins n’a-t on pas ofé les hafarder. Mais 11e perdons point efpérance : avec le temps on y parviendra. Opérons avec précaution : fuivons les principes que nous avons développés, & que nous tenons des plus illuftresSavans. Bientôt le voile de la prévention fera levé \ & le mafque de la cupidité fera arraché. Nous refendons les bois : c’eft déjà une opération inté»
- { 1 ) Le Guide de Ceux qui •veulent bâtir fe vend
- L’Auteur, rue du Foin S. Jacques, au College de Maître Gcrvais.
- Chez K „ „ ,. _ T
- 1 Benoit Morin, Imprimeur-Libraire, rue S. Jacques
- à la Vérité. 1781.
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- des Bois de Charpente* 34^
- reffante 8c une épargne de moitié. Il y a une quinzaine d’années qu’on regardoit ce moyen comme une chimère. Nous avons ofé des premiers en faire ufage • 8e nous avons été condamnés (1) : mais la vérité a percé heureufement, les yeux fe font défilés} 8c depuis quelques années, nous voyons avec la plus grande fatislaction qu’on embrafle notre fyftême. Encore un pas} nous nous paierons dans bien des occafions de ces poutres énormes en équaradage; 8c d’une feule nous en ferons deux 8c trois. Qu’on me pardonne ces vœux. Je fuis Citoyen : mon but eft de chercher à procurer au Public le plus grand avantage poflible ; 8c de lui découvrir enfin toute la magie de l’Art que j’exerce, 8c que j’étudie depuis plus de quarante ans.
- Animés d’un femblable zele , en fuivant les principes dont nous devons être pénétrés après l’examen réfléchi des épreuves 8c des différentes expériences des Savans les plus illuftres, pourquoi ne chercherions-nous pas la maniéré de former u.n plancher, de l’économie duquel on n’auroit pas lieu de douter , 8c qu’on pour-roir réputer de la plus grande folidité ? Pour y parvenir , évitons l’inconvénient des poutres} fuyons le vice dangereux des tenons 8c des mortoifes qui détruifent la force des Bois, 8c dont la plupart des pièces d’en-
- ( 1 ) Voyei la Préface de eet Ouvrage, pages n & 12..
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- ^'4^ Traite fur la force
- chevêtrure font criblées. Faifons nos affemblages â queue d’hironde : nous aurons plus de force ^ plus de folidicé j 8c il nous en coûtera près de moitié moins que dans nos conftru&ions ordinaires.
- Le moyen eft poffible : la.difficulté peut être vaincue y n’en doutons pas. C’eftce qu’il s’agit de prouver par l’exécution : prenons pour exemple lé plancher d’un fallon de 2 5 pieds de largeur dans œuvre. A l’égard de la longueur, elle eft indifférente, la poutre des longues pièces de bois ne devant être que dans le fens le plus étroit.
- Faifons le plan {figure z ) : admettons trois croifées. A pour éclairer ce fallon. Elles occafionneroncpourk: conftruéfcion de maçonnerie deux trumeaux B, & deux moitié de trumeaux ou écoinçons C. Les trumeaux B feront égaux en largeurs aux bayes des croifées A qui feront de fix pieds.
- D’après cette convention, il faudra, pour former ce plancher, quatre folives d’enchevêture D, chacune de 27 pieds de long , compris 12 pouces de portée par chaque bout, & elles auront 11 à 12 pouces de gros ; trois linçoirs E de chaque coté, à trois pouces de dif-tance des murs , lefdits linçoirs de 6 à 12 pouces de grosj 6 liernes F de 8 à 12 pouces, afïemblés comme il fera dit à queue d’hironde , dans les pièces d’enchevêture , à diftance de chaque coté d’un quart du.vuide de la piece ; quatre coyers G de 6 à 12. pouces ,,abo.ur
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- des Bois de Charpente. 347
- tiffant d’une part proche les linçoirs, 8c de l’autre portant fur la tête des trumeaux 3 le tout, comme nous avons dit, affemblé à queue d’hironde : fçavoir , la queue d’hironde de 3 pouces de hauteur & de 2 pouces de longueur, d’autant que par delTous il y aura, comme renfort un quarré de 7 pouces de hauteur, qui portera d’un pouce & demi dans la piece d’enchevê-ture, entaillée en conféquence à deux pouces près de fon deffous, pour recevoir 8c porter ce renfort d’un pouce 8c demi de longueur fur 7 à 8 de largeurs. Par ce moyen les entailles ne font pas préjudiciables à la piece 3 c’eft le cran de fcie remplacé par un morceau ou coin de bois, Voye^pag. 225 &fuiv. D’ailleurs tout l’alfemblage s’entretient par lui-même 3 le fardeau eft divifé , 8c il y a différents points d’appui.
- Les folives de remplitfage H > de 3 à 12 pouces de gros , feront aufïi affemblée à queue d’hironde, avec entaille au-deffous, pour que lafolive puiffe defcendre aufîi bas que les autres pièces, 8c s’aligner.
- Si l’on tend à l’économie, on pourra fupprimer dans la folive de rempliffage ces deux pouces en contre-bas, 8c l’on y fuppléera par des fourures. La folidité de l’ouvrage fera à peu-près la même 3 mais la propreté fera bien différente.
- Tel eft le plancher que nous propofons, 8c fur lequel nous penfons qu’on ne peut rien contefter. Les réglés de la conftruétion la plus fevere font fuivies 3 la
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- '34, 8 Traité fur la force
- folidicé s’y trouve jointe à l’économie. Que peut-on defirer de plus ? Nous en devons la découverte aux Sa4-vans les plus célébrés. Il feroit difficile de s’écarter en fuivant de fi bons euides.
- O
- Obfervons encore que, parcer afiemblage, nous évitons les fers des étriers , ce qui eft une grande épargne , fur-tout dans le temps préfent où cette marchan-dife augmente de jour en jour. On fient qu’on pourroit faire de la même maniéré des planchers beaucoup plus étendus , 8c aller même jufqu’à 4a pieds , en refendant les poutres , s’en fervant comme de pièces d’enchevêtrure ; 8c donnant même hauteur alors aux1 linçoirs. Dans ce cas , les fiolives de rempliflage n’auront que la hauteur 8c la largeur de bafie convenables à leur longueur, ce qui diminuera la dépenfe, 8c fuppléra à celle qu’on fera obligé de faire pour le faux plancher 3 qui deviendra alors néceffaire.
- On comprend avec quelle facilité on peut opérer par le moyen de ces découvertes. Ce font des efpeces de prodiges à mettre en œuvre. L’Artifte habile s’en fera un jeu} & l’Entrepreneur, quoique n’aimant pas les in?-novations, ne pourra s’empêcher de l’adopter. Le feui regret qu’il aura , ce fera de n’avoir plus à fournir de gros bois : mais les prix qu’on donnera pour façon » doivent être proportionnels, 8c le dédommager. Alors que ne gagnera-t-on pas pour l’économie 8c l’épargne des bois, des fers., &c ?
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- des Bois de Charpenté'. 349 11 éft ai'fé de concevoir qu’il faudra plus de foins pour l’exécution, plus d’attention fur la propreté de l’ouvrage, plus de vigilance & de précifion fur les affem-blages. Mais quels avantanges n’en réfultera-t-il pas ? Nous trouverons plus de folidité , plus d’économie ; la charpente deviendra un art, où l’adrelfe & le goût prendront la place de la grofliereté 8c de la négligence qu’on y apperçoit aujourd’hui, fmvtout dans cette Capitale où l’on place les bois des planchers tels qu’ils font fortis des mains des bûcherons.
- Une pareille réforme entraînera celle des combles , qui, par la pefanteur des trop gros bois qu’on y entafte , écrafent nos édifices. Cet abus eft fenfi-bie; on en convient , 8c l’on ne cherche pas à le fupprimer. De temps à autre on voit des efiais ; mais ils font rares. Il ne faut qu’un pas, 8c vouloir, pour donner l’eftor à l’Art de la Charpente , qui déjà éleve fa tête du bourbier dans lequel il eft plongé*
- En effet nous avons le comble de la Comédie Fran-çoife , près le Luxembourg’, exécuté fur les defleins 8c fous la conduite de MM. Wailly 8c Peyre,dont on ne peut faire trop l’éloge, &qui fait honneur à nos jours. On trouve dans ce morceau de charpente la plus grande intelligence , la précifion la plus complette , rien de négligé , rien d’inutile. Tout y eft prévu pour l’équilibre , les points d’appui 9 les réfiftances. Les bois bien choifisj drelTés avec foin, font affemblés avec exac-
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- ^ 5*0 Traité fur la force
- titude ; les groffeurs 8c les longueurs font calculées 8c combinées avec févérité. On y voit regner cette économie fage 8c entendue qui fait plaifir, faifit l’ame & ravit. Je devois cette juftice à ces Artiftes , 8c je ne puis m’empêcher de former des vœux pour qu’on fuive d’aufîi beaux exemples. Le Propriétaire > l’Ar-tifte 8c le Charpentier même y trouyeront leur compte ÿ on en tirera le grand avantage de ménager l’efpece des bois qui de plus en plus nous devient pré-cieufe pour la marine , pour la charpente des bâtiments 8c pour le chauffage.
- Au furplus, ce que nous demandons eft d’autant plus aifé , que nous ne manquons pas d’ouvriers habiles. Qu’on faffe attention à l’art 8c à l’adrefïequi font employés pour l’exécution des efcaliers que nous avons vu faire depuis une vingtaine d’années. On diroit, en confidérant leur légéreté, en examinant l’élégance du trait qui forme leurs courbes , qu’ils font d’une matière particulière. On a peine â concevoir comment le bois peut fi bien fe travailler en grand.
- De tels ouvrages annoncent que , lorfqu’on voudra apporter des foins pour former des planchers aufïi avantageux que ceux dont nous venons de dé-monftrer la conftru&ion , on ne pourra manquer de réufïir. Mais s’il fe trouve des ouvriers intelligents 8c remplis de la meilleure volonté ,fouvent auffi font-ils arrêtés par la crainte de la jaloufie de Confrères,
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- des Bois de Charpente^ f f •dont îa cupidité eft le feul mobile. Que faire donc pour éviter cet écueil auiïi perfide que celui de Ca-ribde &c de Sylla , dont parlent les Poètes ? La fagefle feule du Miniftere peut y obvier, ôc donner carrière au zele patriotique , en impofant filence aux brigues & aux cabales , vrais fléaux de la fociété. Alors on verra renaître l’émulation. L’habile Artifte ne craindra plus de mettre en exécution les moyens que lui auront fuggérés les études, les expériences, les calculs, & qui, jufqu’à ce moment avoient été fufpendus , arrêtés par de vains prétextes colorés du nom faftueux de sûreté publique. Une telle révolution , dont il réfulte de fl grands avantages, eft digne du flecle éclairé dans lequel nous vivons.
- FIN.
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- TABLE
- A LPHABÉTl QU
- v
- Des Matières contenues dans cet Ouvrage.
- A.... âge des Bois „ page 13 5 ; la faifon ou il doit fc faire j 136
- Abeilles, préjudiciables aux arbres, 91
- Abreuvoirs , efpece de maladie des arbres , 92-
- Académie des Sciences, Le Magiflrat invoque Tes lumières ^ 12. Extrait des Regiftres de cette Compagnie, 1 y, 1617, 18. —‘à!Architecture, nomme des Commiflai-res, 12. Extrait de cette Compagnie, 23, 24
- Accélération de vîtelfes acquifes par les corps tombans, 289 *
- & 290
- Accroijfement des Taillis,, par qui calculé ? 126 ; Plus fort en Champagne, Ibidem.— Des Baliveaux par chaque année ,
- 130
- Allés de Leipfic cités, ^ ^232
- Agaric , efpece de champignon qui croît fur le chêne, 92.
- Ses vertus, 93. Son ufage, _
- Air, nécefîaire à la formation du Bois , 61. Sa quantité évaluée, Ibid. Son influence fur la qualité du bois, 82. Ses intempéries, 88, 90. Sa réfîftance calculée , 294
- Amadoue, avec quoi fe fait-elle? 95
- Arbre, fa définition & fa ftruéture, 46. Sa croiffance & fa végétation, Ibid. & fûiv. Situation des arbres, 86, 87, 88. Leurs maladies, 91
- Architecture, progrès de cet Art en France,, 26, 27
- Arpent de taillis : ce qu il peut produire fuivant fes différens âges, 128, 129. Sa valeur en argent, 129, 143.
- Aubier} ce que c'eft; comment il fe forme, 53, 54, 93-Double Aubier, 94
- Avidité des Charpentiers, 12, 30
- &ABUTI
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- DES MATIERES.
- B.
- m;
- J5a but i Desgodet z, né à Paris en 1714 , & mort en 1764, neveu du côté de fa mere , du favant Antoine Defgodetz, à qui nous fommes redevables des Mefures exactes des Edifices antiques de Rome, des Loix des Bât R mens y fuivant la Coutume de Paris , &c. En 1762 , jJeuS Ehonneiir d'être cjiargé par la Compagnie des Architectes experts des Bâtimens , de rédiger avec lui la Differtation fur les Bois de Charpente, en réponfe au Mémoire de M. Paris du Verney, imprimée en 1763. Ce fut dans ce temps auffi , que nous conçûmes enfemble les premiers rudimens du Traité que j'offre aujourd'hui au Public» Je dois cette juftice à mon Ami, • 7, 8, 9
- Baliveaux, ce que c'elt, 12y $ font les germes des futaies, 128. Leur accroiffement annuel j 130, 131
- Banqueroutes , moyen de les éviter dans la Bâtiffe , 12
- Bâtijfe , mauvaife &dangereufe, 30
- Bélidor [ Bernard Foreftc de ] 3 Mathématicien célébré, Inf-peCteur de l'Artillerie , des Académies des Sciences de Paris & de Berlin, mort en 176$ 3 âgé de 69 ans envi-* ron. Il a compofé des cours fur Y Architecture militaire, la civile & Y hydraulique ; il a fait un Traité des Fortifications > lin Dictionnaire portatif de 1‘Ingénieur. Cet Auteur a beaucoup de clarté, de méthode & de précifîon, 144. Ses Expériences fur la Force des Bois, 164
- Bernouilli [Jacques], célébré Géomètre, né à Bâle en Suiffe, l'an 1654 , apprit la Géométrie prefque fans le fecours des Maîtres. A dix-huit ans, il réfolut le fameux Problème de la Période Julienne 5 & peu de temps après il ouvrit à Bâle un College d'Expériences mêlées de Phy-lique & de Méchanique. On a de lui deux Ouvrages effi-més, l'un fur la Comete de 1680 , & le fécond fur lapefan-teur de l’air 3 144. Son hypothefe fur la réfiftance des folides, 23 a
- Blanc de chapon , maladie du Bois t. 98
- Blondel [ François ] , Profefleur royal de Mathématiques &: d'Architecture, de l'Académie des Sciences, & Directeur -de l'Académie d'Architecture, mort à Paris, en 1686, âgé de 68 ans. On a de lui un Cours dé Architecture & de
- Z
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- m
- ..Mathématiques
- T AELE
- Il a donne aulîi Y Art de jetter les Bombes 3
- *5,4
- Boerhave [Herman'],} grand Médecin & Mathématicien cé* lebre j né à Voorhuot près de Leyde-, en 1668. La moit de fon pere, Paifeur du lieu, le laiffa fans fecours & fans biens. Il étudia la Théologie, & donna des leçons de Mathématiques,, pour fubfiifer. Son mérite tranfeendant le fit nommer prefqu'en même temps à trois places confî-dérables > i°. de Profefifeur -en Médecine , i°. de Profef-feur en Chymie, 30. de Profelfeur en Botanique. Il fut Affocié à l'Académie des Sciences eu 1731 ; & mourut en 1738. Ses ..principaux Ouvrages font les Infiitutions de Médecine s qui ont été traduites en Arabe à Conftantino-plo, les Aphorifmes 3 la Matière médicale , &c. Ce que Ton dit des chênes de fon jardin , 44
- Bois de Charpente : leur rareté, 37. Bois de chauffage : fa diminution , Ibid. Précaution dont il faut ufer à ce fujet, 38, 252. Bois en piles ou épars : efpece de phénomène qu'ils occafîonnent, 42 , 43. Bois de chêne : fes efpeces fes qualités, 44, 45. Sa nature, 46. Sa ftruéture & fes fibres, 47,48. Indices pour reconnoître s'il eft bon ou mauvais, 49. Bois de Hollande : ce que c'ell, 49 , 50. Pefanteur fpécifique du Bois, 51. Il participe des bonnes & mauvaifes qualités des terreins, 78,79 ; de celles des climats, 825 de celles des vents, 8y. Bois de bonne qualité, 73. Bois courbe, ibid. J3oAgras,94, 9y. Bois gélif, ibid. Bois mort, 96. Bois noueux, ibid. Bois re-bour , ibid. Bois rouge , ibid. 97. Bois pouilleux , 97. Bois roulé , ibid. Bois roux , ibid. Bois tendre , ibid. Bois tranché, 98. Bois verd, ibid. Bois plus ou moins pefant, 229, Bois méplats : leurs avantages & leur nécelfité , 262, 263. Bois de feiage préférable au bois de brin, 264,
- 161
- Bomare [ Valmont de ], Auteur d'un Di&ionnaire eftimé d'Hilloire naturelle , . 113
- Bombes appellées Comminges , 310
- Bouquet de futaie, fon évaluation, 133, 134
- Bourlet ; çe que c'ell, 98
- Bojfu [ le P. le 2 3 Chanoine-Régulier, puis Bibliothécaire de fainte Genevieve, étoitné à Paris en 1631. Il mourut en 1680, connu par plufieurs Ouvrages de Littérature, nommément par un Parallèle de la Philofophie de Def-cartes & d'Arifiote, 29
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- DES MATIERES.
- MS
- Branches de l'arbre, leur direction, 66. Leur formation,
- 67, 63
- Bûcheron i Ton travail 137. Comment fepaie, 142, 143 Bujfon £ Georges - Louis Leclerc , Comte de ] 3 Intendant du Jardin Royal des Plantes, de l'Académie Françoife & de celle des Sciences, dont il eff Tréforier perpétuel, né à Montbart en Bourgogne, en 17 . C'eff à cet Inter-
- prète de la Nature que nous devons le goût pour le progrès de la Phyfique. Il fait attacher l'efprit & ravir l'imagination. Tous les fujets , tous les genres prennent fous fa plume éloquente les traits qui leur font propres. Les différentes Nations s'empreflent de recueillir les Ouvrages de ce Pline moderne. Quelle gloire pour le fiecle, de voir paffer chez l'étranger, la Langue Françoife, avec les richeffes du favoir ! Ses Expériences citées dans l'extrait de l'Académie des Sciences, 19, 20, 21. Ses travaux pour connoître la réfiffance des Bois de Charpente, 34, 3y, 36. Comment il définit les efpeces de chêne, 44. Ses Expériences fur l'écorcement, 113, 114, 119. Ses Expériences faites fur différentes grolfeurs de Bois, au nombre de XII, 173,174,173, &c. Autres, faites fur les longueurs, 182, 184, 187, &c. Autres en grand fur la réfiffance des Bois, 241, 245, 245
- C.
- 18
- C, draxure3 maladie du Bois, c
- Calculs géométriques fur la réfiffance des fibres, 147, 148^ 149. Autres, de la réfiffance des Bois de Charpente, 245 \ 246. Autres, des charges des planchers, 278,279, 318, 319. Calcul de FaCtion relative du choc fur les planchers,
- _ . 329j 33°i 33r
- Camus , Examinateur des Ingénieurs, Profefleur & Secrétaire-Perpétuel de l'Académie Royale d'Architecture, & de l'Académie des Sciences, fut du voyage de MM. Clai-raut, Maupertuis > &c. pour prendre la hauteur du pôle. Il opéra en Laponie. De retour il compofa un Cours de Mathématiques qui lui a fait honneur, & dont on s'eft: fervi dans la plupart des Ecoles du Génie ; il fut nommé par l'Académie d’ArchiteCture , pour examiner une nouvelle conftruCtion économique, 12, 23, 24
- Carcavi £ Pierre de } , natif de Lyon, Confeiller au Parle-
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- $$6 T Â B L E
- ment de Touloufe, & Garde de la Bibliothèque du Roi,' cultiva les Mathématiques. Il mourut à Paris en 1684.
- 'Carie des arbres , 99
- Cafeme, la première qui fut faite à Paris , comment, & par qui conftruite, 9, iù3 16, 11,23
- Chaleurs exceflives font nuifibles aux arbres, 89
- Champignon, ligne de vétufté , 99
- Chancre , maladie des arbres , 99
- Chantier : lenfation particulière qu'on éprouve en entrant dans ces fortes de lieux, 42
- Charge des planchers foumife au calcul, 278 , 280, 318,
- Charpente : fource de la defiru&ion de nos Edifices, 27 , 272. Ses vices , 28. Charpentes folides, quoique légères,
- 238
- Charpentiers s'ameutent contre l'Auteur, par quel motif? 11, 12, 13. Leur avidité, 12, 30, 251. Leur ignorance , 30. N'ont en vue que le bénéfice , au détriment du bien public, 254
- Châtaignier, arbre : fa relfemblance avec le chêne, indiquée par M. de Buffon , 44, 45
- Chauveau [ M. ] , Doyen des Experts , en convoque YAf-femblée, 9
- Chêne, arbre qui fournit la charpente : fes efpeces & va
- netes, 43 , 44
- Choc des corps, 284 ; des corps durs . 28 f5 des corps élaf-tiques, 206. Choc des corps fur un fluide, 29)" j des corps tombant fur un plancher, 310,3115 de percuflion • . des danfeurs, 319 , 3 20
- Chute des corps, par qui, & comment obfervée, 289, 292.
- Chute des feuilles, mauvais pronollic , 100
- Cicatrice : fa caule, 100
- Cirons, infedtes, 100
- Climat, fes influences fur la qualité du Bois, 98
- Cœur du bois, y3
- Comédie Ffühfûife, nouvelle Salle, par qui conftruite ? 349 Conjlruéiiàn vicieufe, 29, 30, 33-, 252,271,272. Moyen de la reérifier, Ibid.
- Cordes de bois : combien en produit un arpent de taillis ,
- 128 , 129. Combien en donnent les baliveaux. 132,133. Prix de là corde du taillis, 129, 142. Prix de la corde des hautes futaies, 143. Prix de la corde de bois fciés, Ibid.
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- DES MATIERE S, 3$T
- Couleur du Bois indique fa bonne ou fa mauvaife qualité, ico,.
- i io
- Coupe du Bois, 135'. Quand il faut la commencer, 136. Quand il faut l'interrompre > ibid. 137. Coupe réglée, fui-vant les-Ordonnances, 141
- Couplet [ Claude - Antoine ] , né à Paris en ié.42 ; d'abord Avocat , quitta fa profeflion pour les Mathématiques. Buhot 3 fon maître, Cofmographe & Ingénieur du Roi, lui donna fa fille en mariage en 1665, Se lui vendit en en 1670, fa charge de ProfelTeur de Mathématiques de la grande Ecurie. Couplet étoit très-expert dans la découverte & le nivellement des eaux ; & fut beaucoup employé à l'un & à l'autre par Louis XIV : il mourut en 1722.
- Couronne d'un,arbre 101. Arbre couronné, ibid..
- D.
- D
- an s e u r s : choc de percufïion qu'ils impriment fur le planchers, 319, 326
- De Haies , voyez Haies.
- De la Lande , voyez la Lande.
- Defaguliers y (avant Mathématicien. Ses Expériences fur la chute des corps, 293
- Defmaifons [Pierre Ecuyer , Chevalier des Ordres du Roi, de l'Académie d'Architecture, né à Paris en 1711 , a été chargé de grandes & belles opérations par le Minif-tere, notamment aujourd'hui de la conltruétion du Palais de Juftice & du Pont de Chatcu , &c. nommé par fa compagnie pour Commiffaire avec M. Camus, 12. 23 ,
- Deftination des planchers, 261
- Dimenfions que doivent avoir en général les pièces de Charpente, 261
- Difette des Bois pronoftiquée, 37. On eft raffûté à cet égard, . Ibid.
- Domafchue w,, favant Ruffe, fait une expérience fur un Edifice conftruit en bois, & propre à réfiiter au feu , 122
- Duhamel Du Monceau [ Henri - Louis ] , de l'Académie des Sciences, de la Société royale de Londres, des Académies de Païenne, &c. né à Paris, en 1709. Cet Auteur a confie ré fa plume & fes travaux à des objets d'un ihté-
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- 358 TABLE
- rêt efïentiel pour la fociété. Il écrit avec méthode, pré» cifion. Ses recherches font profondes & fuivies; fes dif-cuffions favantes, juftes & lumineufes. Ses obfervations fur les Rois font intéreflfantes. Il a écrit fur la marine , fur diverfes parties d'Agriculture, fur plufieurs branches de commerce , fur les Arts méchaniques, &c. Qu'un bon Citoyen ert un être précieux. Ses effais & fes expériences doivent fervir de guide , 33. Ses épreuves fur l'é-corcement, 117} fur l'accroiffement des taillis 3 1265 fur l'accroiffement annuel des baliveaux 3 130 5 fur la réfîftance des Bois, 221 3 221 > fur la pefanteur & la den-fité du Bois, 229
- Duillius 3 furnommé Nepos3 Conful Romain, fut le premier de tous les Capitaines de la République, qui remporta une viétoire navale fur les Carthaginois 3 l'an de Rome 494, &260 avant Jefus-Chrift, 119
- E.
- JlL c o z e Royale Militaire : on eft obligé d'en changer les poutres en 1762. . 7
- Economie confidérable fur les Bois, 10, 14
- Ecorce : fa définition ,61. Ses fonctions, 61. Sa contexture, ibid. 3 63, 64. Ufage qu'on en peut faire, 64. Ses qualités, 65. Préparation & prix de Xécorce 3 ibid. GG, Ecorcement : fon utilité , 112. Pratiqué en Angleterre & en Allemagne, 113. Dans quelle faifon on doit le faire, 114. Expériences à ce fujet, 111 & fuiv.
- Edifice non inflammable , 122. Autre prétendu incombufti-ble, Ibid.
- Emploi des Bois refendus, 268 , 270
- Enduit particulier pour garantir les Edifices du feu, 123 Epiderme 3 partie extérieure de l'écorce , 63, 64
- Equarrijfage d'un arbre : fon évaluation, 127
- Ejfai fur les Bois de Charpente , 9
- Etoilé [ arbre ] ce que c'efi, 101
- Evaluation d'un arpent de taillis, 1283 d'une corde de Bois, ibid. ; d'un cent de fagots , Ibid.
- Excrejfences , IOI , 102.
- Exemple frappant d'ignorance, 31
- Expériences de M. de Buflfon, 19, 20, 2ï > 34, 35, 56. Autres du même fut i'écorcement, 115, n6.——De
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- DES M- À T L ERES. 55p<
- M. du Hamel ,i 17.------du Comte Gailowin, nS.Expé*
- rience de MM. Faggot & Salberg , pour rendre le Bois non-inflammable 122. Autre de M. Domafchuew pour le rendre incornbuflible. Expériences de Parent fur le chêne ^ 159 5 fur le fapin, 160, [ en tout XVI Expériences ] j 164.---«de Bélidor fur la force des bois, 164
- L en tout VIII. ]. —de Buffon, concernant la force des bois, faites fur lesgrolfeurs [en toutXII. ] , 173 , 174 178. Autres de Mufchenbroeck fur. le même objet , 21 9, 210. Autres de du Hamel , 121, . 222. Autres du même pour connoître là pefanteur du. bois, 229. Autres faites en grand fur la réfiffance par Buffon, 241 , 246, 246* Autres fur Paccélération des vîtelfes par Galilée, 290. Autres furie même objets par le P. Sébaltien, Mariotte, la Hire , Huygens, Newton, ibid. Autres par le Dodeur Defaguliers, 293. Expérience curieufe de Newton fur la réflitance des fluides , 295 , 296. Autre de PAuteur pou? connaître les quantités de mouvement d’un corps tombant d’une hauteur donnée, 298,.300. Autres pour connoître le reffort des corps i 3 ï 6 ^ 317
- Expofition différentes ou afpeds des arbres , 82, 83
- Extrait de l’Academie des Sciences, 13 , 16 ,17.------de
- l’Académie d’Architedure, 23 , 24
- F...
- F.oon , menu bois. Combien de cent en produit un arpent de taillis, 128, 129
- Faggot 3 favant Suédois., effaye de rendre le bois non-inflammable, 122
- Fardeaux énormes que les murs ont à {Apporter, 29, 30, 31.
- Ceux que peuvent fupporter les planchers , 310,311
- Feuilles de Parbre : leur utilité, 68 ; fervent à connoître la-qualité du bois, 69. Leur chute précipitée,, 100
- Fibres ligneufesdu bois, longitudinales & tranfverfales,, 47,
- 48, 52. Fibres torfes, 102. Tenfion ou réfiffance des Fibres ligneufes , 146, 147 j foumifes au calcul géométrique, ibid, 148, I49
- Flottage y invention utile pour la perfedion du,bois,, 58, 39.
- Sa durée, 102
- Flotte de 200 Navires, conftruite en 43 jours , 119» Autre conlbuite eia 40 jours.,. ibidà
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- 3 (jo TABLE
- Forces mortes & forces vives des corps : leur théorie , 303» Leurs effets j 305, 306
- Forêt en général ; idées, émotions quelle fait naître , 41
- Fournies préjudiciables aux arbres, 91
- Fournier [ Guillaume ], habile Critique au XVI. fiecle, étoit de Paris. On a de lur divers ouvrages. Obfervation de ce Savant fur une méthode de Vitruve , 118
- Fréter, Ingénieur en chef à LandaW, nous a donné un excellent Traité de la Théorie & de la Pratique de la coupe des pierres & des bois , en 3 vol. in-40. avec 120 planches. Sa Stéréotomie citée, 32
- Futaies, ce qui les conlfitue, 129. Leurs dénominations en demi futaies & hautes futaies , 130
- a
- G.
- ya l t l é f. 3 Galilei, noble Florentin, né à Florence en 15T4, & Fun des plus célébrés Mathématiciens de fon temps. On dit quJétant à Venife , il y vit une de ces lunettes, que Jacques Metius avoit inventées en Hollande en 1608, & qu'il rêva avec tant d'application fur la dif-pofïtion de ce nouvel Infiniment qu'il en fit un fembla-ble la nuit fuivante. Galilee fut Mathématicien du Duc de Tofcane. Ayant embraffé le fyftême de Copernic , qui fixe le Soleil, & fait mouvoir la Terre, il l'enfeigna de bouche & par écrit, ce qui révolta l'ignorance du temps ; & le fit mettre à l'Inquifition , où il fut tenu en prifon y à 6 ans. Ce grand homme mourut en 1642, âgé de 78 ans. Ses principaux Ouvrages font : Nuncius fydereus ; F Ufo deL compajfo geometrico e miiitare ; Difcorfo intorno le cofe sii l’acque y Dimojlratione delle Machie folari, &c. 38. Son fyfiême fur la réfiftance des bolides, 231 Galle [ Noix de ] , I07
- Galle-infecte, voyez Kermcs.
- Gallowin [ le Comte de], Seigneur Ruffe, fait des tentatives fur l'écorcement des arbres, 118
- Gelées : celles du Printems furtout font pernicieufes aux arbres, 88, 89, ioz
- Gelivure , ce que c'eft? 103
- Gerces, voyez Gerçure 3 103
- Glaife, fes différentes couleurs, 8°
- Glandâ le fruit du chêne : fes différentes efpeces, 43 > 44 3
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- DES MATIERES. 36ï\
- 4f j a fervi de nourriture à l'homme 3 72. Quel eft le meilleur pour femence,, ibid. 73, 74. Maniéré de la récolter, ibid. ; de l'enfemencer., 74^ 75 j 76. Précautions nécelfaires à ce fujetj 76
- Glu3 voyez Guy.
- Goutieres 3 maladie du boiSj 104
- Grêle fait du tort aux arbres 3 104 5 ioy
- Gre w [ Néhémie ] 3 Médecin Anglois, fils d' Abdias Grew , minilire Presbytérien 3 mort en 1689. Néhémie Grew eut une place dans le College des Médecins} & une dans la Société royale de Londres dont il fut Secrétaire : c'étoit un excellent Botaniile. Entre fes Ouvrages on dillingue Y Anatomie des Plantes 3 in-folio 3 avec figures, IG
- Gmme : ce que c'ell „ io^y
- Guy 3 plante parafite 104; fert à faire la glue^ ibid. Cérémonie du Guy facré 3 ibid.
- H.
- s [^Mathieu ] favant Ecrivain Anglois, né en 1609 & mort en 167b. On a de lui des Obfervations fur les Principes des Mouvemens noturel. 3 & furtout de la Raréfaction & de la condenfation, 46. Son fentiment fur le volume d'air que contient le bois^ 61
- Hamel [ du ] voye\_ du Hamel.
- Haute-futaie 3 voyez Futaie.
- Heurre, maladie du bois ^ ioy
- Hieron, Roi de Syracufe fait conllruire une flotte en quarante-cinq jours j 119
- Hire [ Philippe de la ] 3 né à Paris en 1640, fut un des plus grands Géomètres de fon temps. Il établit fa réputation , en donnant au Public la fécondé partie du Traité de la Coupe des pierres que M. Bolfe lit imprimer en 1672. II fut reçu de l'Académie des Sciences en 1678 j & publia l'année fuivante les nouveaux Elé'mens des fections coniques 3 les Lieux géométriques , la Conflruction ou ejfeclion des Equations. Son Traité de Gnomonipue parut en 1682, & en 1689 fa Géométrie-Pratique fous le titre de Y Ecole des Arpenteurs. Il mourut en 1718. Ses principes méconnus j 33. Ses Expériences fur l'accélération des vîtelfes 3
- 290
- Huygens [Chrétien]j grand Mathématicien & Aftronomej.
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- TABLE
- né à la Haye en 1629 , de la Société royale de Londres en 1663, & de T Académie Royale des Sciences en 1667, pendant Ton féjour à Paris , où l'avoit attiré M. Colbert. Ses principaux Ouvrages ont été imprimés fous le titre & Opéra varia in-40. On a aufli de lui un Traité de la pluralité des Mondes. Il mourut dans fa Patrie en 169 y , 231. Ses Expériences fur l'accélération du mouvement d'un corps tombant j 29a
- Hypothefe de Galilée fur la rélîftance des folides, 231. celle de Mariotte & de Leibnitz, 232 , 233. Celle de Varignon, 234. Autre de Bernouilli. Autre fur les forces mortes & les forces vives * 303. Autre d'un plancher de 38 pieds 4 pouces dans œuvre , 3,25
- Jl d é e générale du produit des bois, 128
- Jncombuflible [bois], fyftême ridicule, 121. Tantives in-frudueufes à ce fujet, 12z
- Indices d'une bonne ou d'une mauvaife qualité de bois, 491
- Inégalité, défaut,
- Influence des aftres, pur préjugé, Ingénieur fans principes,
- Infectes nuifibles aux arbres, Inflruction fur les Bois de Marinex Intempéries de l'air ,
- 105
- 12,6
- . 33
- 106
- 3 T
- 88, 89, 90
- 3'2 j IGJj
- K.
- K
- erm è s y infede qu'on trouve fur le chêne *
- 106.
- L.
- J-j A H1 r e ,. voyez Hire [ la ]
- La Lande [ Jérome de ] , Ledeur Royal en Mathématiques » Cenfeur Royal, de l'Academie Royale des Sciences de Paris, de celles de Londres, de Berlin, &c. né à Bourg en Brelfe, le n Juillet 1734, éleve de M. de l'Ifle. Il a donné un Traité d'Aftronomie en 3 vol. in-4®., qui fait honneur à fes connoiffances, plufieurs excellens Mémoires inférés dans les volumes de l'Académie ; les Tables aftronomiques de M. Halley augmentées j fes Ephé-
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- DES MATIERES. -fa
- mérides, &c. &c. Ce font de vrais fecours aux Aftro-mes. Il vient de remettre au jour en 4 vol. in-40. fon Aftro-nomie remplie de recherches , de connoiffances , de vues , & de fagacité. Un tel homme & de tels Ouvrages font rares, &c, Mémoire de cet Académicien fur Y Art dit
- Tanneur y 113
- Lambourdes, préférables aux mortoifes dans la conftruâion des planchers, 332, 343
- Lapin: ton que cet animal fait aux arbres, 106
- Lardoire : ce que c'efl, 106
- Larme batavique $ fes effets , 3 \6, 317
- Leibnit£ [Godefroi Guillaume de] né à Leîpfick en 1646, cultiva les Belles - Lettres, enfuite la Jurifprudence , 8c enfin les Mathématiques dans lefquelles il fit tant de progrès, qu'il entrevit d'abord le calcul différentiel dont il a été regardé depuis comme l'inventeur. Il fit plufieurs voyages, & vint à Paris où il fut reçu en 1700 de l’Académie des Sciences. Il mourût à Hanovre en 1716, âgé de 70 ans. On a de ce Savant un grand nombre d'ouvrages dont nous ne citerons que le Codex Juris gen-tium diplomaticus , in-fol., & lesEJfais de Théodicée , in-l 2 , 2 vol., 144. Ses Réflexions fur la réliftance des So-
- lides 232
- Leyre} cicatrice, 107
- Liber, partie de l'écorce, 63
- Lichen, plante parafite , 107
- Lievre y animal nuifible aux arbres, 107
- Loix du mouvement dans le choc des corps, 286, 287 Loupe} défeétuofité du bois, 107
- Lymphe , voyez phlegme.
- M.
- ]\Æagastn à poudre écroulé, 31
- Mahon, [Milord] auteur d'un édifice non inflammable , 123 Maifons de fept étages, comment confluâtes, 29
- Maladies des arbres, 913 92, 93
- Malandre , nœud : 107
- Malpighy, [Marcel] né près de Bologne en Italie, l'aa 1628; s'attacha à la Médecine & à l'Anatomie, dans lefquelles il fit de grands progrès ; fes principaux ouvrages font : de Pulmonibus EpifioU dus,-; de vijcerum ÿruclurâ exer-
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- 3<j4 TABLE
- citatio Anatomica ; Anatoms. Plantarum, pars prima & pars féconda , Londini, in-fol. Malpighy moürût en 1694 à l'âge de 67 ans , 46. Ce qu'il dit de la Seve, 61 , du Liber, 6;
- Mariotte 3 [Edme, Phyficien célébré, étoit Bourguignon; J1 fut reçu de l'Académie des Sciences en 1666, & mourût en 1684. Ses ouvrages , recueillis en 2 vol. in-40. y comprennent plufieurs Traités, tels que le Traité de la percujfion des Corps 3 EJfais de Phyfique, &C. ; Traité dit mouvement des Eaux: Traité du nivellement; Traité du mouvement des Pendules, &c. 144. Ses réflexions fur la réfiftance des Solides, 232. SonHypothefe fur la même réfiftance ibid. Son Traité de la percuffion, cité 286. Ses expériences fur l'accélération des vîteffes , 290
- MaJ, Tes des Corps : moyen de les connoître, 313. Mane de Charpente & de Maçonnerie calculée, 318, 319 Mémoire concernant les bois de charpente : par qui drefle, & par qui répondu, , 8,9
- Mefange, [N. de] a donné un Traité des bois de Charpente , avec un tarif du toifé des Bois, & un Dictionnaire fort ample, 2 vol. 255-
- Midi ; expolition favorable des Arbres, 84, 8^
- Moelle de l'Arbre , y 2
- Mortoifes à rejetter dans la conftruétion des planchers,
- 332 j 343
- Mouliné, [Bois] piqué de vers 107
- Moujfe 3\ndice de maladie, 107
- Murs mitoyens: leurs foibles épailfeurs , 29 * 30
- Mufchenbroeck, Profelfeur de Mathématiques à Utrecht, 144. Ses expériences fur la réfiftance des Bois, 219,220
- N.
- Vjewton3 [Ifaac ] le plus grand Philofophe de fon fiecle, né en Angleterre, dans la province de Lincoln en 1642, Académicien aflfocié de l'Académie des Sciences de Paris, de la Société royale de Londres. 8cc. y n'étant encore qu'enfant, il entendit en peu de tems Euclide, & à l'âge de vingt-quatre ans 5 il avoit déjà pofé les fonde-mens des deux ouvrages qui l'ont rendu fi célébré : les principes mathématiques de la Philofophie naturelle & T Optique. C'eft dans le premier de ces ouvrages qu'il deve-
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- DES MATIERES. fgf
- Jappe les principes de l’Attraction. 11 mourut à Londres en 1727, & fut enterré dans l’Abbaye de Weftminller. Outre fes principes & fon optique , il publia une Arithmétique univerj'eUe. Nous ne parlerons pas de fa Chronologie j qui nJelL point fon chef-d’œuvre 5 réfultat de fes expériences fur l'accélération des vîteflfes , 290 , 192. Expérience curieufe de ce Savant fur la réfiftance des fluides ,
- 295,296
- Noix de Galle, excreffence du chêne , 107. Son ufage, ibid. Nord : les Arbres frappés de cet afpeét font durs & bien filés, 84
- O.
- Objection importante, 120. Autres contre la méthode de la refente des Bois, 263- Elles font réfutées, 264, 265 , 266. Autre fur la force accélératrice des corps tombans, 291, 292
- Obfervations furies Baliveaux, 130. Autres appliquées aux Bois de refente, 218
- Occident : Arbres frappés de cet afpeétj fujets aux grêles & aux ouragans, 85
- Oifeaux, préjudiciables aux Arbres, 107 , 108
- Ordonnance de 1669, fur les Taillis , 124. Autre de 1719* concernant les Taillis des gens de main-morte., 12J Orient-, expofition favorable pour les Arbres , 82, 85
- Origine du< Traité de la force des Bois , 7
- Orne ; ce que c’eft, 136
- P.
- JParcteux , [N-., de] de l’Académie des Sciences, û connu par les Mémoires de l’excellent projet de faire paffer par Paris la petite riviere d’Yvette ; qu’il feroit à fouhaiter qu’une telle opération fut exécutée 5 il n’y a pas d’avantages que notre Capitale n’en eût retirée, de l’eau en abondance, & point d’entretien ; que defirer de plus ? cette Riviere eût débouchée par la Porte S. Jacques. Nommé pour examiner les principes de l’Auteur au fujet de la refente des Bois, 12, 15, 16, 23
- .Parement de fciage, fupérieur au parement de bois de Brin, 2 6y
- Parent, [Antoine] né à Paris en 16665 fut delliné par fon^
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- $66 TABLE
- pere à l’étude du Droit ; mais il avoit pris goût aux Mathématiques & il alloit les étudier au College Royal fous M. de la Hire j quand il fe fentit allez fort, il prit des écoliers. M. des Bellettes étant entré à l’Académie des Sciences en 1679 avec Ie titre de Méchanicien, nomma M* Parent pour fon Eleve en 1716 ; il fut nommé Adjoint pour la Géométrie , mais il mourut cette année de la petite vérole à l’àge de yo ans. On a de ce Savant des Elémens de Méchanique & de Phyjique ; & parmi beaucoup de Mémoires inférés dans les volumes de l’Académie des Sciences , un troilieme entr’autres des Réfifiances des poutres , par rapport a leur longueur ou portée , 6'c. Son fenti-ment fur la formation des couches ligneufes , 62. Ses Expériences fur la force des Bois, 159 , 160 3 164. Ses Tables calculées des Réfïftances, 2yo, 256. Remarque du même fur la cupidité des Charpentiers, 251
- Parts du Verney 3 Confeiller d’Etat, Intendant de l’Ecole Royale-Militaire. C’eft un des quatre MM. Paris , li connus par leurs richeffes & par leur intelligence. Us eurent long-tnmps l’entreprile des Vivres de l’Armée , 8c furent employés avec honneur dans nombre d’affaires, 8 ,
- 9
- Pelagot [ Claude de ] , Me. Charpentier. Juftice que l’Auteur rend à fes talens, 13 3 14
- Perronet [ N. ] , Chevalier de l’Ordre du Roi , premier Ingénieur des Ponts & Chauffées , de l’Académie royale des Sciences , de celle d’Agriculture , de celle de Stockolm, &c. C’eft fur fes deffins, & fous fa conduite que le Pont de Neuilly a été exécuté. Ce morceau digne des anciens Romains, honore le fiecle dans lequel nous vivons ; nommé Commiffaire par l’Académie des Sciences, avec M. de Parcieux, 12, iy, 2$
- Pefanteur & denfité du bois reconnue par les Expériences ,
- 229
- Peyre [ M. ] , Infpeéleur des Bâtimens , reçu de l’Académie Royale d’Architecture en 1767.
- Phénomène fingulier, 41 &fuiv. Autres, 316
- Phlegme ou lymphe, liqueur dubois différente de la feve,
- 60
- Pivot 3 première & principale racine de l’Arbre , 70
- Pivoter [ faire ] , ce que c’eft , 139
- Planchers, leur deftination^ 261. Ceux qu’on doit rejetter *
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- DES MATIERES. }€7.
- Srceux qu'on doit admettre , 332 , 333. Plancher de Walis, ibid. Autre de l'Auteur, 3 2.5. Planchers portant fur lambourdes j préférables aux autres , 322
- Plot [ le Doéteur ] , fon Hilloire naturelle citée, 113
- Pluies 3 leurs effets fur les arbres, 90
- Poids relatif & abfolu d'un corps : maniéré de le connoître ,
- 289, 290
- Poirin [Michel], né en 169J, Syndic des Archite&es-Experts en 1762, 9
- Pourriture 3 fes effets , 108
- Pratique fans Théorie, fujette à erreurs, 31, 35
- Précautions importantes, 133, I34j I37
- Prix d'un arpent de taillis, 129, 143 j d'un arpent de haute-futaie , ibid.
- Procès fufcité à l'Auteur, 11,12,39
- Procès-verbal des Académiciens , nommés pour examiner la méthode de l'Auteur, 12, 15, 16, 22.—des Archi-tedesde l'Académie nommés pour le même fujet, 12, 23 Prodiges de célérité , 118, 119
- Projet utile & économique, 10, 11. Par qui traverfé, 12.
- —D'une Table complette fur la réfiftance des bois, 25-8
- Putréfaftion, comment occafîonnée, 108
- R.
- b o v g ri ( Arbre ] , 108
- Racines premiers agens delà nutrition des arbres, 69 , Leur organifation, 70
- Raffau le même que Rabougri.
- Réaumur [ René-Antoine Ferchault Sieur de] , célébré Na-turalifte né à la Rochelle en 1683 , s'applique par goût aux Mathématiques & à l'Hiftoire naturelle. Il fit dans cette derniere un grand nombre de découvertes importantes , dont il enrichit les Arts & le Commerce. On a de ce Sçavant quantité de Mémoires & d'Obfervations fur diffé-rens points d'hiftoire naturelle. Son principal Ouvrage elt VHiftoire naturelle des Infecies , 6 vol. in-40. M. de Réau-mur, de l'Académie des Sciences , de la Société Royale de Londres, &c. mourut en 1757. Mémoire de ce Physicien fur les Bois de charpente, 37 5 fes obfervations, 46 Rebour, voye% Bois rebour.
- Refente des bois j quand & par qui mife en ufage, 10. Donne'
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- 3** TABLE
- lieu à une économie confîdérable , ibid. Eli l'origine d'un procès fîngulier, ii3 12 , 39. On adopte cette méthode utile, 24. Son avantage & fa néceflité , 262, 66$ , 264 , feul moyen pour extirper l'humidité des bois , 266. Maniéré de procéder au fciage de refente , 268. Emploi qu'on doit faire des bois refendus 3 ibid»
- Remarque importante fur la grolfeur des bois qu'emploient les Charpentiers 3 254
- Réfiftance du bois : ce qui la conrtitue 3 145. Soumife aux; expériences par Parent 159 3 par Belidor , 164 3 par de Buf-fon, 172, 173 3 187 3 par Mufchenbroeck, 219 , 220, par du Hamel , 221 , 222. Réfiftance des folides 3 251,
- - examinée par Galilée , 232 3 par Mariotte & Leibnitz 3 233, parvarignon, 234, par Bernouilli 3 ibid. Réfiftance à conferver aux bois refendus 3 iGy. Réfiftance derniere des folives , 176, 176 3 — de l'air foumife au calcul, 294, '-i— des fluides j 29 y , des poutres, 3 2 y , 3 26
- Refiort des corps & les loix de leur mouvement 3 286 , 287 Retour : ce que c'eft qu'un arbre fur le retour, 109
- Roberval [ Gilles Perfonne 4e] Mathématicien célébré 3 né à Roberval au Diocèfe 4e Beauvais en 1602, fut Pro-fejTeur de Mathématiques à Paris , au College de Maître-Gervais , & fucceda à Morin , Profeflfeur de Mathématiques , au College Royal. Il mourut en 1675 * Auteur d'un Traité de Méchanique très-eftimé , 231
- Roulure 3 ce que c'efl, no
- S.
- alberg 3 fçavant Suédois, prétend que les bois imprégnés d'alun ne font pas inflammables , 122
- Sangliers, dégâts de ces animaux , n©
- Sartine [ M. de ] , Lieutenant-Général de Police , a recours aux Académies des Sciences & d'Architecture , 12 , iy.,
- ri . H
- Sciage .[ bois de ] préférable au bois de brin, 263 , 264.
- Sciage de refente des bois : maniéré d'y procéder , 268
- Scipion 3 Général Romain, fait conflruire une Flotte en quarante jours, 119
- Sébafiien [ le Pere ] : fes expériences fur Paccélération des vîtefles, ^9°
- Sécherejfe y pernicieufe aux arbres, 9°
- Semis préférable au plan, 120, 121
- Seye :
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- DES MATIERES, -fo
- Sevt: fa nature & fes fondions, 54, yj, Avantage de fon évaporation , 57. Danger de fon abondance, ibid* Remede contre ce danger ,58. Son extravafion , 120
- Situation des arbres , 86,87, 8S
- Sol 3 terrein , une des premières caufes de la qualité du bois, 45
- Stérétomie de M. Frezier citée , 32.
- Syflêtne de Galilée fur la réfiftance des folides t 231
- T.
- Â ab ls des réfultàts des expériences de M. de Buffofl* 21 , 22. Table du même pour calculer les réfiftances * 245 , 246. Table de Parent indiquée , 250. Autre du même, 256. Autre de T Auteur , 257. Autre projettée *
- 25S
- Tableau effrayant, 29, 30. Tableau des dimenfîons des poutres , 341:
- Taillis: à quelle forte de bois on donne ce nom, 124. Les différentes dénominations que reçoivent les taillis fuivane leur âge, ibid. A quel âge on doit les couper, 125, 141, Leur accroilfement par chaque année , 126 , 127. Leurs différens produits, 28 , 129. Leur eftimation, 123,
- Tan: ce que c’eft, 64. Maniéré de le faire , 65. Ses ufages ^ ibid. Se fait aufli avec l’écorce des vieux chênes , 113
- Tarif général des réfiftances des pièces de bois , 245 , 246 Télés [ Dominique-Antoine d’Acofta ] , Chevalier , Sei-gneurde l’Etang , Grand-Maître, Enquêteur &: Général-Réformateur des Eaux & Forêts de France, au Departement de Champagne , a donné en 1781 une excellente Inf* firuciion fur les Bois de Marine 3 Termes d’alfurance pour les réfiftances, 308, 309
- Terreins : tous ne font pas propres au chêne, 43. Les bons étoient autrefois communs en France, 45. Leurs différences & leurs bonnes ou mauvaifes qualités, 77 , 78*. Terrein marécageux, 79. Terres maigres, terres légères* ibid, Terres glaifes , 80. Terres franches , ibid, Terreitt humide, 81
- Théorie de la réfiftance des fibres longitudinales , 144 * 145- ^
- 146, 147
- Tijfu cellulaire , 52. Sa définition , 63
- Tolérance avantageufe * 133
- A a
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- '^ yo 1 A B L E
- Torricelli [ Evangélille ] 3 Mathématicien , né à Faen^a en Italie en 160B, fut difciple de Galilée, & lui fuccéda dans îa Chaire de Mathématiques à Florence. Il fit le premier des Microfcopes & inventa les expériences du vif argent avec le tuyau de verre dont on fe fert pour les faire 3 8c qui portent fon nom. On a de lui un Traité du Mouvement. Il mourut à Florence en 1647. Il abjure l'horreur du vuide,
- 38
- Touche [ Coupart de !a ] 3 né en 17.19 * Contrôleur de l'Ecole Royale Militaire. Son ardeur pour les intérêts de FEcole 3 & fon Mémoire en conféquence 3 6
- Tournefort [ Jofeph Pitton de ] 3 fçavant Naturalifte 3 né à Aix en Provence en 3 fe fentit en quelque forte Bo-tanifte dès qu'il apperçut des plantes : on lui fit étudier la Théologie 5 mais il lailfa là cette étude pour aller her-borifer. S'étant perfectionné à Montpellier dans la Botanique & la Médecine 3 il vint à Paris & fut reçu en 1691 de l'Académie des Sciences. Son premier Ouvrage 3 intitulé : Elémens de Botanique, fut imprimé au Louvre en 3 vol. in-8°. En 1698 il publia fon Hiftoire des Plantes qui croijfent aux environs de Paris , avec leurs ufages dans la Médecine. 11 mourut en 1708 après plufîeurs voyages qu'il fit en Grece & en Afie par ordre de Louis XIV pour y faire des obfervations fur l'hiftoire naturelle 3 43 Traité de la percuflion de Mariotte cité 3 * T86
- Tranché [ bois j 3 1 iç>
- V.
- aillant [ Sébaftien ] 3 Botanifte célébré 3 né en 1669 à Vigni j près de Pontoife, fit éclater fon inclination poulies plantes dès l'âge de cinq ans. Après avoir exercé la Chirurgie à Evreux & à la fuite des armées j il vint à Paris pour afïifl’er aux leçons que Tournefort donnoit fur les plantes au Jardin du Roi. M. Fagon , premier Médecin le nomma en 1708 Profeffeur & Sous-Démonftrateur des plantes du Jardin Royal. Il mourut en 1711. Ses principaux Ouvrages font Sebafliani Vaillant Botanicon Pari-fievfe y operis majoris perdituri prodromus , & Botanicon Parijienfe, ou dénombrement par ordre alphabétique des plantes qui fe trouvent aux environs de Paris j 43
- Vaiffeaux lymphatiques du b ois 3 47 3 48 3 60 3 O. Vaijfeaux propres du bois,, 48 3 613 65
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- DES MATIERE S. 37-i>
- Valeur relative du choc des mafTes fur les planchers 3 3 29
- Varignon [Pierre ] , célébré Géomètre 3 ne a Caen en 16545 étant enfant, des cadrans qu’il vit taire à des Maçons le frappèrent ,, & il apprit d'eux finon la théorie 3 du moins la pratique la plus groffiere. On le mit au College des Jé-fuites pour y faire fes études. Un jour il entra chez un Libraire 3 & étant tombé fur un Euclide il fut enchanté de Tordre & de l'enchaînement des idées. Il Temporta aufli-tôt3 & le goût qu'il y prit joint à Tobfcurité de la Philo-fophie qu'on lui enfeignoit, le décida pour la Géométrie. Amené à Paris par M. l'Abbé de Saint-Pierre fon ami intime il s'y fit connoître avantageufement par fon Projet d'une nouvelle Méchanique qu'il publia en 1667 , & qui lui valut une place de Géomètre dans l'Académie des Sciences & une de Profefieur de Mathématiques au College Mazarin. Il fut aufli Profefieur de Mathématiques au College Royal. M. Varignon mourut en 1721. Outre l'Ouvrage ci-deifus 3 il donna de Nouvelles conjectures fur la pef auteur 5 des éclaircijfemens fur l'analyfe des itifinimens petits 3 144. Son hypothèfe fur la réfiftance des folides ,
- Veinesïouftts , mauvais indice
- Vents : leurs différens effets fur les arbres 3
- Verglas , nuifîble aux arbres ,
- Vermine,
- M4
- 110 no no
- 111
- Vers 3 voyez Infectes.
- Vices des charpentes modernes y 27 , 28 , 272
- Vitejfes des corps : leur accélération 289 , 290. Leur rapport entre elles , 293- 3 297. Leur quotité , 298, 300
- Vitruve [ M. Vitruvius Pollis ] 3 célébré Architefte du régné d'Augufte, naquit à Verone, il compofa en dix Livres un excellent Ouvrage d'Architeélure 3 qui a été réduit & enrichi de notes par Claude Perrault. Sa méthode pour durcir les bois , 118
- Volume, d'un corps différent de fa maffe ,, 267
- AILLY [M. ] , ancien Contrôleur des Bâtimens du Roi, reçu de l'Académie Royale d'Architecture en 1767„
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- ;37î TABLE DES MATIERES.
- Le godt & la beauté de fes deflins lui ont mérité uné place à l'Académie de Peinture & de Sculpture.
- Walis, entreprend le premier de calculer la réfiftance de l'air au mouvement des corps ,, 294. Son plancher 3 3 3 £
- Fin de la Table des Matières,
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- APPROBATION.
- «J5A I examiné par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux j un Traité de La Force des Bois de Charpente 3 par M. le Camus de Mézieres. Cet Ouvrage très-bien fait & très-utile m'a paru très - digne d'imprelfion. A Paris , le 28 Août 1781.
- De la Lande, Cenfeur-Royal.
- P RI FI LE G E DU ROI
- Ï_J OUÏS, PAR LAGRACE DE DlEU.Rol DE FRANCE Eï DE Navarre; A nos amés Sc féaux Conleillers , les Gens ce-; •nans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil , Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux , leurs Lieutenants Civils , & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra : SALUT. Notre aine le Sieur l.n Camus de Mézieres Nous a fait expoler qu’il délîreroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage de fa corn* polîcion intitulé : Traité de la Force des Bois, s’il nous plaitou lui accorder nos Lettres de Privilegeàce néceffaires, A CES CAUSES, voulant favorablement traiter l’Expof. Nous lui avons permis & permettons défaire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui ieniblera , & de le vendre „ faire vendre par tout norre Royaume. Voulons qu’il jouilTe dudit privilège pour lui & fes hoirs à perpétuité,pourvu qu’il ne !e rétrocédé à perfonne ;&li cependant il jugeoic a propos d’en faire une ceffion, l’Acfe qui la contiendra fera enregiftré en la Chambre Syndicale de Pans, â peine de nullité , tanc du Privilège que de la ceiîion ; &r alors par le fait feu! de la ceflîon enregiftrée , la durée du préienc Privilège fera réduite à celle de la vie de l’Expofanc , ou à celle de dix années , à compter de ce jour, fi l’Expofanc décédé avant l’expiration defdites dix années. Le tour conformément aux articles IV 6c V de l’Arrêt du Conieil du traire Août 1777 , portant Réglement fur la durée des Privilèges en Librairie. Faisons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes , de quelque qualité &c condition qu’elles foient , d’en introduire d’im-preffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiflance ; comme aulG d’imprimer, ou faire imprimer, vendre, faire vendre , débiter ni contrefaire ledit Ouvrage , tous quelque prétexte que ce puilïè être, fans la permiffion exprelîe &c par écrit dudit Expofant. ou de celui qui la reprefentera, à peine de faille &c de confifcation des Exemplaires contrefaits, de (Ix mille livres d’amende, qui ne pourra être modérée t pour la première fois ; de pareille amende &c déchéance d’état en cas de récidivé, &c de tous dépens, dommages <k intérêts , conformément a l’Arrêt du Conieil du trente Août 1777, concernant les contrefaçons. A la charge que ces Préfentes feront enregitirées tout au long fur le Kcgiûre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans
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- trois mois deda date d’îce.lles ; que l’imprefiîon dudit Ouvrage fera faîtfi dans notre Royaume &' nüïï ailleurs, en Beau papier 8c beau caractère t conformément aux Régleftiens de la Librairie , à peine de déchéance du préfent Privilège: qu’avant de l’expsfer en vente, le Manufcrit qui aura fervi de copie à l’imprefiîon dudit Ouvrage fera remis dans le même état où l’Approbation y aura été donnée, es mains de notre très-cher & féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur H UE DE MlROMENIL; qu’il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de nocre Château du Louvre , un dans celle de notre très-cher 8c féal Chevalier Chancelier de France le fleur DE MaupEOU, & uti dans celle dudit Sieur H U E DE Miromenil : Le tout à peine de nullité des Préfentes. Du contenu defquelles vous mandons 8c enjoignons de faire jouir ledit Expo-fant 8c les hoirs pleinement & paifiblement, fans fouffïir qu’il leur foie fait aucun trouble ou empêchement. V o U L o N s que la copie des Pré-lentes , qui fera imprimée tout au long au commencement où à la fin dudit Ouvrage , foit tenue pour duement fignifiée , 8c qu’aux copies collationnées par l’un de nos amés Se féaux Confeillers-Secrétaires, foi foie ajoutée comme à l’original. Commandons au premier notre Huif-fier ou Sergent lur ce requis , de faire , pour l’exécution d’icelles , tous Aétes requis 8c néceflaires , fans demander autre permiffion, 8c non-oblfant clameur de Haro , Charte Normande , Sc Lettres à ce contraires. Car tel efl: notre plaifir. Donné à Paris le feizieme jour du mois de Janvier , l’an de grâce mil fept cent quatre-vingt-deux, 8c de notre Règne le huitième. Par le Roi en fon Confeil.
- LE BEGUE.
- Régifiré furie Regijlre XXI de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris, N°. 1170, fol. 614 , conformé* ment au Réglement. Paris , ce 18 Janvier 1781.
- Signé j LECLERC, Syndic.
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