Rapports du jury international
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- RAPPORTS DU JURY INTERNATIONAL
- L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900
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- i° Oùu sfr - ZJ
- MINISTÈRE DU COMMERCE, DE L’INDUSTRIE DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900
- À PARIS
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- RAPPORTS
- DU JURY INTERNATIONAL
- Groupe X. — Aliments
- DEUXIÈME PARTIE. — CLASSES 60 À 62
- PARIS
- IM P R T M E RIE N AT IO N AL E
- MCMII
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- CLASSE 60
- Vins et Eaux-de-vie de vin
- RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
- PAR
- M. PAUL LE SOURD
- PRÉSIDENT DU SYNDICAT DES JOURNAUX SPECIAUX ET PROFESSIONNELS DE FRANCE DIRECTEUR DU MONITEUR VJNICOfÆ
- Ch. X. — Cl. 60.
- I.MPIIIMEIUE NATIONALE.
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- COMPOSITION DU JURY.
- BUREAU.
- MM. Kester (Gustave), vins et spiritueux, président honoraire du Syndicat des vins en gros (Président des Comités, Paris 1900), membre de la Chambre de commerce de Paris, président........................................ France.
- Galitzine (le prince), vice-président du Jury des vins, Paris, 1889, vice-
- président.............................................................. Russie.
- Le Sourd (Paul), directeur du Moniteur vinicole, président du Syndicat des journaux spéciaux et professionnels de France (Comité d’admission,
- Paris 1900), rapporteur.................................................. France.
- Ciiandon de Briailles (Raoul), vins de Champagne (maison Moët et Chan-don) [Grand prix, Paris 1889, secrétaire des Comités, Paris 1900], président du Tribunal de commerce d’Epernay, secrétaire................... France.
- JURÉS FRANÇAIS TITULAIRES.
- MM. AllAin (Alfred), vins, juge au Tribunal de commerce de la Seine (Jury,
- Paris, 1889; Comité d’admission, 1900)................................... France.
- Arnould (Ch.), vins de Champagne (maison Saint-Marceaux de Reims), conseiller général de la Marne, vice-président du Syndicat du commerce des vins de Champagne (Comité d’admission, Paris 1900).................... France.
- Aubert (Paul), vins mousseux (maison Akermann-Laurance), membre de
- la Chambre de commerce de Saumur....................................... France.
- Augé , député de l’Hérault, viticulteur.................................. France.
- Bastide (Joseph), expert du Ministère des Colonies (Jury 1889, Comité
- d’admission 1900)........................................................ France.
- Besson-Perrault, propriétaire viticulteur à la Réghaïa (Algérie)........... France.
- Blonde (Jules), président de la Chambre syndicale des vins et spiritueux en
- gros de Paris............................................................ France.
- Bruneton (Fernand), viticulteur à Nimes, président du Syndicat agricole
- du Gard (Comité d’admission, Paris 1900)................................. France.
- Buuan (Eugène), vins, président de la Société philomathique de Bordeaux
- (Jury, Paris 1889)..................................................... France.
- Calvet (Auguste), sénateur, président du Syndicat des viticulteurs des
- Charentes.............................................................. France.
- Cazeaux-Cazalet (Georges), président du Comice agricole et marne de
- Cadillac (Comités, Paris 1900)......................................... France.
- Charton (Claude), vins, secrétaire de la Chambre de commerce de Beaune. France.
- Chevalier, vins, à Bordeaux.............................................. France.
- Convert (François), professeur d’économie rurale à l’Institut national agronomique , directeur de la Revue de viticulture............................ France.
- Cros-Bonnel, ancien député, viticulteur.................................. France.
- Darlan (Jean), viticulteur, ancien député, ancien Ministre de la justice (Président d’honneur des Comités)............................................. France.
- Delcous, vins et eaux-de-vie, secrétaire général honoraire de T Union du
- commerce en gros des vins et spiritueux................................ France.
- Dumas (Francisque), vice-président de la Chambre de commerce de Ville-franche (Rhône) et de la Chambre syndicale des vins en gros du Beaujolais................................................................ France.
- Duras (Eugène), eaux-de-vie (Jury, Paris 1889, Comité d’admission, Paris
- 1900), à Cognac........................................................ France.
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- IMPOSITION UN IV PUS ELLE 1N TE UN AT IONALE DE 1900.
- . Folliot (Jules), vins, vice-président du Conseil général de l’Yonne, maire de Chablis......................................................................
- Gaiîriel (Louis), vins (Comités, Jury, Paris 1889).........................
- Génie (Joseph), ancien secrétaire du Syndicat général du commerce des vins et spiritueux de France, membre du Tribunal de commerce de
- Carcassonne (Comité d’admission, Paris 1900)............................
- (Juillet, viticulteur (maison Uouycr el Guillet), à Saintes................
- Girardin (Louis), président de la Chambre syndicale des débitants de vins
- du département de la Seine..............................................
- Couvert (Joseph), négociant en vins à Paris..............,.................
- J anneau (Pierre-Louis), eaux-de-vie d’Armagnac, vice-président du Syndicat national du commerce en gros des vins, spiritueux et ligueurs. . . . Jarlauld (François), négociant en vins à Bercy, président honoraire du Syndicat national et de la Chambre syndicale..................................
- Josseiiand (Alexandre), vins (maisons Champy et Cic), à Beau ne..........
- Krug (Paul), président du Syndicat du commerce des vins de Champagne
- (Comité d’installation, Paris 1900).....................................
- Lalande (Armand), propriétaire-viticulteur et négociant, à Bordeaux........
- Laporte-Bisquit ( Maurice ), sénateur de la Charente, eaux-de-vie (Jury 1889). Larcher, président honoraire du Syndicat national des vins et spiritueux de
- France..................................................................
- Latour (Louis), viticulteur, président honoraire de la Chambre syndicale des vins de Beaune, ancien président du Tribunal de commerce, vice-
- président honoraire de la Chambre de commerce de Beaune.................
- Laurent ( Auguste), président de la Société d’encouragement à l’agriculture de l’Hérault...............................................................
- Leenhardt-Pomier, président de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault.....................................................................
- Letellier, ancien distillateur, vice-président du Comité central des distillateurs et fabricants de spiritueux de France el des colonies.............
- Lévèque (Frédéric), ancien député de la Côte-d’Or, propriétaire-viticulteur
- à Corgoloin (Côte-d’Or)................................................
- Malaquin, syndic des Courtiers-Gourmets...................................
- Marguery (Jean), président du Comité de l’alimentation parisienne, membre
- de la Chambre de commerce de Paris (Comités, Jury, Paris 1889).........
- Martell (Edouard), sénateur, conseiller général de la Charente, eaux-de-vie, président de la Chambre de commerce de Cognac et de la Société
- d’agriculture de la Charente...........................................
- Mauvigney (Gérôme, maison Marceau), vice-président de la Chambre syndicale du commerce en gros des vins et spiritueux de la Gironde...........
- Messine (Hippolyte), vins et spiritueux, membre de la Chambre de commerce de .Montpellier.....................................................
- Mugnier (Frédéric), propriétaire-viticulteur et distillateur à Dijon......
- Raguin (Léon), secrétaire de la Chambre syndicale du commerce en gros des
- vins et spiritueux, Paris (Comité de 1900).............................
- Régnier (Théodore), ancien président du Tribunal de commerce et membre
- de la Chambre de commerce de Dijon (Comité d’admission 1900)...........
- Rémy-Martin (Paul), membre de la Chambre de commerce d’Angouléme, à
- Rouillac (Charente)....................................................
- Ricard (le docteur Henri), député de la Côte-d’Or, viticulteur (Comité de
- 1900)................................................;.................
- Rorin (Armand), eaux-de-vie (maison Jules Robin et G'c), membre de la Chambre de commerce de Cognac, vice-président de la Société des industriels et commerçants de France........................................
- Rouget (Paul), viticulteur à La Garde (Var)................................
- Roy-Chevrier (Joseph), vins, à Bourgneuf-Val-d’Or (Saône-et-Loire). . . .
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
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- France.
- France.
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- France.
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- France.
- France.
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- France.
- France.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- MM. Savignon (Henri), propriétaire viticulteur à Bir-Kassaa (Tunisie). .......
- Taquet (Paul), directeur de la Revue vinicole..........................
- Termes-Dubroca, propriétaire-viticulteur à Bazas.......................
- Thomas-Bassot père (Augustin), viticulteur, ancien négociant en vins à
- Gevrey-Chamberlin ( Côte-d’Or ).....................................
- Thuillier (Henri), conseiller général, propriétaire à Meurad (Algérie).. . . Vert (Jean-Baptiste), négociant en eaux-de-vie à Jarnac (Jury, Lyon 189Ô).
- JURÉS FRANÇAIS SUPPLÉANTS.
- MM. Ciiapuis (Louis), vins, membre de la Chambre syndicale de la Seine, juge
- suppléant au Tribunal de commerce de la Seine.........................
- Croizet (Léon), eaux-de-vie (médailles d’or, Paris 1878; Jury, Paris
- 1889; Comité d’admission, Paris 1900).................................
- Denuziêres (Charles), membre de la Chambre de commerce de Saint-
- Etienne...............................................................
- Ferrer (Léon), viticulteur, président de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, membre du Comité de direction de la Société des viticulteurs de France (Comité d’admission, Paris 1900). . Fortin (Gabriel), courtier-gourmet en vins, assermenté près le Tribunal de
- commerce de la Seine, juge au Tribunal de commerce de la Seine........
- Frette, membre de la Chambre de commerce d’Oran.........................
- Gaucher (Bernard), propriétaire-viticulteur à Montlouis ( fndre-ol-Loire). . Gaud (Joseph), président de la Chambre syndicale des représentants en vins et spiritueux et du Syndicat général des courtiers représentants de commerce et d’industrie de France et des colonies.......................
- Gfes, viticulteur à Saint-Genis-des-Fontaines (Pyrénées-Orientales)......
- Girard (J.-B.), négociant en vins, membre de la Chambre syndicale de la
- Seine, à Paris.........................................................
- Laciiambeaudie (Louis), ancien syndic, courtier-gourmet de Paris.........
- Levillain (Armand), président honoraire du Syndicat national du commerce en gros des vins, spiritueux et liqueurs de France (Comité d’admission, Paris 1900)......................................................
- Martinet (Jules) [maison Martinel, Pial et Cloulurier], à Mâcon..........
- Méjanelle (Albert), ingénieur des arts et manufactures, viticulteur à Nîmes.....................................................................
- Petit (Paul), président du Syndicat des négociants en vins et spiritueux de
- l’Yonne................................................................
- Sabot (Albert), vins en gros, adjoint au maire du xuc arrondissement,
- membre de la Chambre syndicale.........................................
- Vivarès (Frédéric), viticulteur à Fronlignan (Hérault)...................
- JURÉS ÉTRANGERS TITULAIRES.
- MM. Leiden, consul, Cologne-sur-Rhin.........................................
- Dahlen (II. W.), conseiller royal, secrétaire général de la Société allemande
- de viticulture à Wiesbaden...........................................
- Schlumberger (R. de), à Vienne..........................................
- Athanasoff (V.).........................................................
- Romero Valdespino (Sébastian), producteur-exportateur de vins...........
- Santarelli (Julio), président de la Chambre de commerce espagnole à
- Paris................................................................
- Wiley (H. W.), chimiste en chef du Département de l’Agriculture.........
- Pheysey, directeur au département des vins de la Société coopérative des armées.................................................................
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- France.
- F rance.
- France.
- France.
- France.
- Allemagne.
- Allemagne.
- Autriche.
- Bulgarie.
- Espagne.
- Espagne.
- Etats-Unis.
- Grande-Bretagne.
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- 6 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- MM. Pappa (G.), négociant..................................................... Grèce.
- Agoston de Kis-Joka (Joseph), député.................................... Hongrie.
- Ottavi (Edouard), docteur, député....................................... Italie.
- Pavoncelli (Joseph), commandeur, ancien ministre, député................ Italie.
- Ayulo (Alfredo), consul général du Pérou, à Paris....................... Pérou.
- Samodaes (le comte de), ancien ministre des finances, pair du royaume, directeur de la Compagnie royale vinicole du Nord.......................... Portugal.
- Gincinnato da Costa (B. G.), professeur à l'Institut agronomique de L:s-
- bonne, ancien député, membre de la Commission exécutive............... Portugal
- Troubetzkoï (le prince), vice-président du Jury des vins à Nijni-Nogovrod. Russie.
- Carissy (A.-G.)............................................................ Roumanie.
- Salomon (Georges), négociant............................................ Serbie.
- Fonjallaz (Eugène), député à Epesses (Vaud)............................. Suisse.
- Bouvier (Eugène), de la maison Bouvier frères, à Neufchàtel............. Suisse.
- Baudouy (René)............................................................. Turquie.
- JURÉS ÉTRANGERS SUPPLÉANTS.
- MM, Steenackers (Raymond), sénateur, négociant en vins à Anvers............... Belgique.
- Vance (L. J.), rédacteur en chef de la Wine Press....................... Etats-Unis.
- Miroslaw de Kulmer (le comte)........................................... Hongrie.
- EXPERTS.
- MM. Allard (Jules), courtier en vins, Paris................................... France.
- Aubin (D.), négociant en eaux-de-vie, Paris............................. France.
- Aumoine , propriétaire à Jarnioux (Rhône)............................... France.
- Aurignac (Emile d’), propriétaire, à Paris.............................. France.
- Balaresque , négociant à Bordeaux.......................................... France.
- Barre (Ernest), négociant en vins, à \illeneuve-Sainl-Georgcs........... France.
- Beaudet (A.), ancien président du Tribunal de commerce de Beaune........ France.
- Bédiiet, négociant en vins à Paris...................................... France.
- Bédout (Louis), propriétaire-viticulteur à Cazaubon (Gers).............. France.
- Bellonnet (Henri), négociant en vins à Paris............................ France.
- Bertiiault, rédacteur en chef de la Revue vinicole, à Paris............. France.
- Bessière (Henri), négociant, à Charenton................................ France.
- Bianciii (Joseph), à Soudac (Grimée).................................... Russie.
- Bidouze (Denis), propriétaire-viticulteur à Monlezun-d’Armagnac ^Gers). . France.
- Blondeau (Louis), propriétaire à Beaune................................. France.
- Bonnet, négociant en vins à Montrouge................................... France.
- Bordas (le docteur), sous-directeur du Laboratoire municipal à Paris.... France.
- Bouchard, secrétaire général de la Société industrielle d’Angers........ France.
- Bourne , négociant en eaux-de-vie à Paris............................... France.
- Brisson (Jules), viticulteur, maire de Blois............................ France.
- Broca , négociant en vins à Vincennes................................... France.
- Buhan (E.-J.) fils, négociant en vins à Bordeaux........................ France.
- Buisneau, viticulteur, maire de Vouvray-sur-Loir (Sarthe)............... France.
- Cadot, courtier à Paris................................................. France.
- Cambuzat-Roy, propriétaire-viticulteur à Auxerre....................... France.
- Carles (Edouard), viticulteur à Narbonne................................ France.
- Carré (B.), négociant en eaux-de-vie à Paris............................ France.
- Cassat, courtier à Libourne............................................. France.
- Chalut-Voiry, à Rochecorbon (Indre-et-Loire)............................ France.
- Chapelle, professeur départemental d’agriculture du Var................. France.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- MM. Cotillon, négociant en vins à Paris...................................... France.
- Coulon (Anatole), négociant en spiritueux à Bordeaux................... France.
- Cuvillier, négociant en vins à Paris................................... France,
- Dalbanne, vice-président de la Société vigneronne à Auxerre............ France.
- Danglade, président du Tribunal de commerce de Libourne................ France.
- Deromas, courtier à Blaye.............................................. France.
- Derozier, négociant en vins à Paris.................................... France.
- Descas (Camille), vins à Bordeaux...................................... France.
- Desclozeaux, avocat à la Cour, rédacteur au Moniteur vinicole à Paris.. France.
- Desgroux (J.), négociant en eaux-de-vie à Montrouge.................... France.
- Desplace, négociant à Lyon............................................. France.
- Dourland, propriétaire viticulteur à Sèvres............................ France.
- Dumas-Fillion, président du Syndicat des vins de Lyon.................. France.
- Dupard, propriétaire à Puligny-Montrachet (Côte-d’Or).................. France.
- Durouciioüx (E.), négociant en vins à Paris............................ France.
- Dutemple (Gustave), courtier en vins à Beims........................... France.
- Duvergey-Taboureau, négociant en vins à Meursault (Côte-d’Or).......... France.
- Duvernay, propriétaire viticulteur à Lyon.............................. France.
- Favreaü , négociant à Jarnac........................................... France.
- Ferret, viticulteur à Foulés (Hérault)................................. France.
- Fleury (Emile), viticulteur à Vincuil (Indre-et-Loire)................. France.
- Fournier (Maximin), courtier en vins à Florensac (Hérault)............. France.
- Franc , professeur départemental d’agriculture à Bourges............... France.
- Fulcrand -Coste , juge au Tribunal de commerce de Béziers.............. France.
- Gardelle............................................................... Belgique.
- Garnier (P.), négociant en eaux-de-vie à Clioisy-le-Roi................ France.
- Gaclnes (de), viticulteur, maire de Langoiran (Gironde)................ France.
- Gauthier (J.), négociant à Saint-Mandé................................. France.
- Girard (Alexandre), à Beaulieu (Maine-et-Loire)........................ France.
- Goerg , courtier en vins à Reims....................................... France.
- Gouaux (Léon), négociant en vins à Paris............................... France.
- Goubault (Edmond), courtier en vins à Épernay.......................... France.
- Goulet (Emile), négociant en vins à Paris.............................. France.
- Gouroux, maire de Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or)........................ France.
- Giuvet, négociant en vins à Bercy...................................... France.
- Giuvault (Albert), propriétaire à Meursault (Côte-d’Or)................ France.
- Griveau (A.), négociant à Levallois-Perret............................. France.
- Guénier, président de la Société d’agriculture d’Auxerre............... France.
- Halphen , chimiste au Ministère du commerce............................ France.
- Huet, vins, h Libourne................................................. France.
- Imrault (Alfred), propriétaire à Meursault (Côte-d’Or)................. France.
- Imbert (Oronce).......................................................... Belgique.
- Ivanoff (Alexandre), attaché au Ministère de l’agriculture............. Russie.
- Jacquet (E.), négociant en vins à Paris................................ France.
- Jobard-Jobard, à Meursault (Côte-d’Or)................................. France.
- Joninon , négociant à Paris............................................ France.
- Josset (Ernest), vins, à Villeneuve-Saint-Georges...................... France.
- Joubert, à Bourg (Gironde)............................................. France.
- Karrer, négociant à Saint-Denis........................................ France.
- Rester (Lucien), négociant à Saint-Mandé............................... France.
- Lafaye (Ch.), négociant à Gastelnau-d’Auzan (Gers).................... France.
- Lagardère (le docteur), viticulteur à Caslelnau-d’Auzan (Gers)......... France.
- Lambert, négociant à Paris............................................. France.
- Laxeyrie (Paul), vins, à Charenton..................................... France.
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- 8 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- MM. Lanneluc-Sanson, courtier à Bourg (Gironde)................................ France.
- Lari\un , courtier en eaux-de-vie à Pai’is.............................. France.
- Lasserre (Ernest), négociant à Bordeaux................................. France.
- Legrand, négociant à Paris.............................................. France.
- Louvet (G.), négociant à Paris.......................................... France.
- Lung, maison Eschenauer, à Bordeaux..................................... France.
- Magnien................................................................. France.
- Marc, négociant à Paris................................................. France.
- Mathieu (André), négociant à Gaillac.................................... France.
- Mi'deville-Numa , vice-président du Syndical de Cadillac (Gironde)...... France.
- Mégret, négociant à Paris............................................... France.
- Méric, secrétaire général du Comice de Podensac (Gironde)............... France.
- Messener-Blanciiet, courtier à Paris................................. France.
- Mestrezat, négociant à Bordeaux......................................... France.
- Meunier, vins, au Pradet (Var).......................................... France.
- Mommessin, distillateur à Charnay-les-Màcon (Saône-et-Loire)............ France.
- Monnet (J.-G.), à Cognac................................................ France.
- Montané, vins, à Toulouse............................................... France.
- Moureaux (L.), négociant à Paris........................................ France.
- Nasse, à Campagne-Armagnac (Gers)....................................... France.
- Nélis, négociant à Bruxelles, juge au Tribunal de commerce.............. Belgique.
- Nicolas, négociant en vins à Paris...................................... France.
- Passemard, président du Syndicat de Saint-Emilion....................... France.
- Pernet.................................................................. France.
- Picard, négociant en eaux-de-vie à Pantin............................... France.
- Poupon, propriétaire-viticulteur à Meursault (Côte-d'Or)................ France.
- Pradai, , président du Tribunal de commerce de Béziers.................. France.
- Prost (Alexis), courtier à Paris........................................ France.
- Proust (G.), négociant à Paris.......................................... France.
- Bameuot, courtier en vins, au Havre..................................... France.
- Bateau (F.),' courtier à Fontenay-sous-Bois............................. France.
- Raynau (Charles), négoc ant à Narbonne.................................. France.
- Riciion (Fernand), vins, à Bordeaux..................................... France.
- Roche, négociant à Paris................................................ France.
- Rogée, à Sainl-Jean-d’Angély............................................ France.
- Roumengon (Jean), président du Comice agricole de Toulouse.............. France.
- Savignon , négociant à Paris............................................ France.
- Sgamet, à Paris......................................................... France.
- Senard, propriétaire à Aloxe-Corton (Côte-d’Or)......................... France.
- Simon (L.), négociant à Paris........................................... France.
- Taberne-Franck, Hérault................................................. France.
- Tarbouriech, juge au Tribunal de commerce de Pézenas (Hérault).......... France.
- Tiiévenet, président de la Chambre syndicale des vins de Lyon........... France.
- Tiiierriat, vins, à Saint-Mandé......................................... France.
- Uiilmann, courtier à Bordeaux........................................... France.
- Van den Bussche-Niiiouls, à Anvers...................................... Belgique.
- Van der Kelen, sénateur à Louvain......................................... Belgique.
- Van Rompaye, vins, à Bruxelles.......................................... Belgique.
- Vavasseur, secrétaire général de l’Union vinicolc d’Indre et-Loire...... France.
- Viai.ar (E.), négociant en vins à Paris................................. France.
- Villeneuve (Le comte de), propriétaire-viticulteur à Cognien (Savoie). . . . France. Vincens, sous-directeur du laboratoire municipal de Toulouse............ France.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- PREMIÈRE PARTIE.
- LES BOISSONS AUX EXPOSITIONS UNIVERSELLES.
- L’Exposition de 1900 a obtenu, dans son ensemble, un succès dont on entend encore les échos de toutes parts.
- Au point de vue spécial des vins et des spiritueux elle a présenté un intérêt exceptionnel, qui a dépassé celui des précédentes expositions universelles.
- A l’Exposition universelle de Paris, en 1855, la viticulture et le commerce français se trouvèrent, pour la première fois, en présence de leurs concurrents étrangers. Ce fut pour nous une magnifique victoire, par le nombre des exposants, l’affluence des visiteurs, le chiffre des récompenses que nous attribua le jury international.
- A Londres, en 1862, la production et le commerce des vins de France obtinrent encore une part légitime de succès. On remarqua, outre les distinctions accordées à nos produits bordelais, bourguignons, maçonnais, angevins et méridionaux, des médailles décernées à des vins et à des eaux-de-vie d’Algérie. Cependant, comme le disait le rapporteur, c’était encore, pour notre jeune colonie, «l’enfance de l’art 55. Mais, ajoutait-il : «par l’expérience, le choix des cépages, l’amélioration de l’outillage, on arrivera à produire de bons vins ordinaires et des vins de liqueur 5). Notre viticulture algérienne a heureusement réalisé aujourd’hui l’espoir exprimé ainsi en 1862.
- Beaucoup plus importante que toutes les précédentes, l’Exposition universelle de 1867, à Paris, réunit dans la classe des boissons fermentées, présidée par M. Pasteur, un nombre croissant d’exposants venus d’Allemagne, d’Autriche, d’Espagne, du Portugal, d’Italie, de Suisse, etc., présenter leurs vins, leurs cidres, leurs eaux-de-vie, leurs rhums, leurs kirschs, leurs liqueurs, comparativement aux nôtres. Le nombre des récompenses, et surtout des médailles d’or, que le jury international attribua aux exposants français, est le meilleur témoignage de la supériorité dont nous fîmes preuve sur nos concurrents de tous pays.
- Nous ne citerons que pour mémoire les expositions universelles de Vienne en 1873, de Philadelphie en 1876. La France, malgré ses malheurs, alla y moissonner une belle part de récompenses, car les produits de ses vignerons et de ses distilleries y furent représentés dignement.
- L’Exposition universelle de 1878 réussit au delà de toutes les espérances. Au point de vue vinicole, elle offrit cet intérêt spécial de démontrer à l’étranger que le phylloxéra
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- n’avait pas encore tout détruit. Viticulteurs et négociants présentèrent aux visiteurs les produits des vignobles encore existants, et les fruits des efforts qu’on commençait à faire pour vaincre le fléau. Echantillons et récompenses furent très nombreux. Le jury reconnut que de sérieuses améliorations s’étaient introduites dans la vinification et que, malgré le phylloxéra, la France était encore la première pour la qualité, et même pour la quantité de ses produits. Ce rang, elle ne le perdra jamais, car elle le doit non seulement à l’énergie de ses viticulteurs, à l’intelligence de ses négociants, à l’habileté de ses distillateurs-liquoristes, mais encore à son climat et à la nature de son sol. 11 y a là des privilèges naturels qu’aucune autre nation ne saurait nous ravir.
- Les expositions internationales d’Amsterdam en 1883, d’Anvers en 1885 et surtout de Paris en 1889 ont confirmé notre suprématie. Dans cette dernière exposition, nos grands crus ont montré la même excellence que précédemment : « On les a revus tels à peu près qu’en 1 855 », disait le rapporteur. Mais c’est surtout dans les qualités secondaires que le progrès se manifesta, en dépit du phylloxéra et des cryptogames. De médiocres elles étaient devenues bonnes, quelquefois excellentes, grâce aux soins ingénieux des producteurs et à la science des négociants. En 1889, près de (1,000 exposants avaient envoyé à la classe 7.3 de 2/1,000 à 26,000 échantillons de vins, et l’on en comptait encore environ 5,000 dans les classes qk et 7b (spécimens d’exploitation rurale et de viticulture). Quant aux spiritueux de toutes sortes, ils ne représentaient pas moins de i,AAo exposants. Nos cognacs, nos armagnacs, nos kirschs, nos rhums, nos eaux-de-vie de cidre recueillirent des récompenses méritées.
- Enfin, l’Exposition de 1900 vient de montrer à l’univers la France victorieuse du phylloxéra et des autres maladies de la vigne, ayant reconstitué ses vignobles et reconquis intégralement son antique splendeur. Ce ne sont plus les efforts de notre lutte qu’on a admirés, comme en 1878 ou en 1889 ; ce sont les merveilleux résultats de notre succès définitif. Près de 35,000 échantillons de vins et d’eaux-de-vie de vin, envoyés par environ 10,000 exposants, faisaient de la Classe 60 le musée œnologique le plus complet et le plus varié qui se puisse imaginer. A côté des crus illustres de tous les pays, figuraient les produits plus modestes de grande consommation, produits dont l’importance commerciale est si grande et qui présentaient, en conséquence, tant d’intérêt pour le Jury. Celui-ci a pu constater que, si la France a conservé les grands vins et les célèbres eaux-de-vie qui font sa renommée universelle, elle dispose, aussi, en abondance et plus que jamais, d’excellents produits courants, de parfaite constitution, de qualité irréprochable et de prix très abordable. A tous égards, nous sommes en mesure de soutenir la lutte contre la concurrence étrangère.
- Ce triomphe est dû également à la viticulture et au commerce français, qui, chacun dans sa| sphère, ont accompli d’admirables progrès. La réunion des Classes 36 (viticulture) et 60 (vins et eaux-de-vie) dans la partie Est de la Galerie des Machines a donc été une idée très heureuse, puisqu’elle a mis côte à côte des collaborateurs qui, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, auront toujours besoin les uns des autres et sont indissolublement liés par leurs propres intérêts. C’est pourquoi nous nous honorons d’avoir
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- toujours ardemment travaillé à leur bonne entente, et nous nous félicitons que l’Exposition universelle de 1900 ait de nouveau mis en lumière leur solidarité naturelle.
- CARACTÉRISTIQUE DE L’EXPOSITION DES VINS EN 1900.
- Quatre Classes intéressaient la production et le commerce des boissons à l’Exposition universelle de îqoo :
- La Classe 36 : Matériel et procédés de la viticulture;
- La Classe 60 : Produits alimentaires d’origine viticole, vins et eaux-de-vie de vin;
- La Classe 61 : Sirops et liqueurs, spiritueux divers, alcools d’industrie;
- Enfin, la Classe 62 : Boissons diverses, qui comprenait les cidres, la bière et les boissons gazeuses.
- Le trait caractéristique, que nous avons eu plaisir à relever, a été la réunion des Classes 36 et 60 dans la Galerie des Machines, aussi bien pour la France que pour les pays étrangers. On a pu voir entremêlés par une disposition des plus heureuses : la viticulture et le commerce; les instruments aratoires, les outils du vigneron, les appareils de la vinification, ceux de l’œnologie et de la distillerie. La cave des producteurs était voisine du chai des négociants. Les rustiques demeures de nos paysans étaient reproduites avec fidélité, non loin des merveilleux pavillons où fraternisaient les expositions des propriétaires et des négociants du Bordelais, de la Bourgogne, de la Champagne. Nous avons vu, dans cette organisation, un symbole des rapports amicaux qui doivent unir la viticulture et le commerce, dont les intérêts seront toujours solidaires, par la nature même des choses. L’inimitié entre eux serait deux fois déplorable, car ils sont des collaborateurs nécessaires, concourant également au même but. Le négociant achève ce que le viticulteur a commencé. Ils ne peuvent rien l’un sans l’autre. Us peuvent tout en étant amis. Qu’ils veuillent donc oublier à jamais les dissensions passagères qui les ont parfois séparés et conserver désormais précieusement les sentiments de bonne entente que l’Exposition de 1900 a si bien manifestés !
- Cette idée, qui nous tient au cœur et sur laquelle nous revenons sans cesse depuis de longues années, a été exprimée aussi par M. Jean Cazelles, secrétaire général adjoint de la Société de Viticulture, dans un banquet qui avait lieu justement à la veille de l’ouverture de l’Exposition. S’adressant aux représentants du commerce invités à cette fête, M. Gazelles s’exprimait ainsi :
- «Combien sont vaines les préventions que les viticulteurs, au dire de certains mauvais esprits, éprouveraient à l’égard du commerce des vins !
- «Nous avons des ennemis communs, redoutables pour nous, producteurs, autant que pour vos confrères du commerce et pour le trésor public : ce sont les fraudeurs et les falsificateurs, gens habiles, audacieux, subtils, que rien n’effraie, que rien ne rebute, dépourvus de scrupules, tels enfin que devaient être ces Grecs de l’antiquité qui vénéraient Hermès à la fois comme le dieu du négoce et celui des voleurs.
- « Nulle part, vous ne trouverez des encouragements plus chaleureux qu’ici dans la lutte
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- que vous soutenez contre ces malfaiteurs; nulle part, on n’applaudira davantage à vos efforts pour assurer la répression efficace de leurs méfaits.
- «Vous voulez vendre du vrai vin, du vin pur; seuls les viticulteurs peuvent vous en fournir; nos intérêts et les vôtres sont étroitement liés, si bien que, quand votre commerce chôme, notre industrie languit. Réserver le marché aux produits naturels de la vigne, en même temps développer de plus en plus la consommation, c’est plus que notre désir commun, c’est notre commun besoin. La loyauté, la probité, ces vertus françaises, que nous nous faisons honneur de pratiquer, si, dans la viticulture et dans le commerce, tout le monde sans exception les pratiquait comme nous, nos affaires et les vôtres iraient certainement beaucoup mieux. Ne désespérons pas, cependant, du succès que nous poursuivons ensemble; nos efforts associés le préparent; nous l’atteindrons.
- «Cette union féconde du commerce et de la viticulture va du reste se manifester bientôt dans une occasion solennelle, avec un éclat particulier.
- «Je ne crains pas de m’aventurer en annonçant que notre exposition des vins et eaux-de-vie assurera, dans ce grand concours international, dans ce champ clos où les rivalités de l’univers entier se donneront rendez-vous, une incontestable primauté à notre patrie bien-aimée ; soyons fiers, Messieurs, de conserver à sa couronne de gloire cet inimitable joyau ! »
- Nous avons tenu à rappeler ces paroles, parce qu’elles démontrent une fois de plus que les représentants les plus éclairés, les plus autorisés de la propriété, se rendent compte que le commerce, trop souvent honni par ceux qui ne comprennent pas son rôle, est cependant et sera toujours l’intermédiaire indispensable de l’écoulement des produits de l’agriculture.
- Que le viticulteur arrive à préparer son vin aussi parfaitement que possible, c’est là sa fonction normale. Mais il n’a ni le temps, ni les moyens, ni les aptitudes voulues, pour rechercher les débouchés; présenter les marchandises sous la forme la plus propre à satisfaire les goûts, si divers et si changeants, de la consommation de tous les pays; réunir les types variés que réclame la clientèle, qui devient chaque jour plus exigeante, on peut même dire plus capricieuse, à mesure qu’on s’ingénie davantage à la flatter et à lui complaire.
- Enfin, au point de vue du crédit, il est évident que le commerce est, par définition même, mieux placé pour réussir que la propriété. Chacun doit donc se cantonner dans ses attributions propres; mais, pour leur mutuel avantage, qu’ils continuent à marcher la main dans la main, comme nous les avons vus à l’Exposition de 1900 !
- Les heureux résultats constatés à l’Exposition de 1900 ne pouvaient être obtenus que par l’union du viticulteur et du négociant. Il est nécessaire d’insister sur cet accord indispensable, car si le commerce ne peut se passer de la viticulture, jamais la viticulture n’a eu plus besoin du commerce qu’à notre époque, où elle doit écouler des récoltes dont l’abondance va toujours croissant.
- Absorbé par les soins incessants que réclame son exploitation agricole, le viticulteur ne peut pas s’occuper de détailler ses produits, de rechercher des débouchés, d’aller
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- solliciter la consommation, de voyager ou d’envoyer des voyageurs, de se mettre en relations avec des représentants, des commissionnaires ou des courtiers, partout où ses vins auraient chance d’être vendus. Le viticulteur, habitant le plus souvent loin des grands centres, ignore les besoins de la consommation, ses exigences, ses caprices, ses goûts parfois changeants comme la mode. Au contraire, le négociant, n’ayant pas les soucis quotidiens de l’agriculture, peut se consacrer à cette tâche multiple, délicate, infiniment variée, qui veut une attention sans cesse en éveil et, pour ainsi dire, «le flair75 que peut seul acquérir un spécialiste. Il fait plus : non content de satisfaire les besoins existants, il cherche à en faire naître de nouveaux, de façon à faciliter l’écoulement des marchandises disponibles. C’est ainsi qu’en présentant des échantillons avec l’art nécessaire, il parviendra à susciter le goût et l’habitude de telle qualité de vin, dans une région où elle était ignorée.
- Ce n’est pas tout. Il faut tenir compte des faits : or le fait est, qu’à tort ou à raison, le consommateur exige que son vin courant varie le moins possible comme saveur et comme couleur. La nature ne s’inquiète nullement de cette exigence, et, selon les années, les conditions climatériques, le progrès ou l’absence des maladies, etc., fournit des produits très variables à tous égards. Notre commerce, qui suit de près la qualité des récoltes successives, sait quelles différences et même quelles «sautes» brusques elles présentent, comme degré alcoolique, comme bouquet, comme richesse de coloration, comme goût, comme solidité, etc. Il est évident que le viticulteur, qui ne peut vendre que ce qu’il récolte, ne saurait remédier à ces inégalités aussi constantes qu’inévitables, malgré les soins culturaux les plus minutieux. Le rôle du commerce est d’obvier à cet inconvénient capital. Le négociant achète et réunit des vins qui se complètent, de manière à corriger les imperfections des uns par les qualités des autres, et à marier, dans la proportion la plus convenable, les diverses sortes qui se prêtent le mieux à constituer des mélanges de qualité et de valeurs constantes. Certes, c’est là un art véritable, que seul le négociant sait et peut pratiquer. Seul, en effet, il peut aller choisir, dans des contrées, souvent éloignées, les éléments utiles à ses combinaisons; seul aussi il possède l’expérience particulière qui permet d’arriver à l’uniformité que désire le consommateur en déterminant avec exactitude le degré d’alcool et de couleur, le titre acide, la dose d’extrait sec, etc., de chacun des produits destinés à s’allier pour former un tout harmonieux, hygiénique, de bon goût et de prix abordable. Telle est la vérité; telles sont les opérations commerciales nécessaires pour l’immense majorité des vins, car si les vins fins échappent à la règle, même dans un pays aussi favorisé que le nôtre ils seront toujours l’exception.
- Les coupages, ainsi pratiqués, ont encore cette utilité inestimable de rendre marchands des vins dont le producteur ne pourrait tirer aucun parti si le négociant n’était pas là pour effectuer ces habiles combinaisons par lesquelles il bonifie les produits médiocres, les remonte sans les alcooliser, donne de la fraîcheur, du fruité, du corps ou de la couleur à ceux qui en manquent, fait disparaître les saveurs désagréables; enfin rend propres à la consommation des vins qui, pris isolément chez le producteur, se-
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- raient inacceptables. On peut ajouter que, même pour les vins réussis et dans les années heureuses, le concours du négociant est indispensable afin d’assurer la qualité. En effet, même dans ce cas, il ne joue pas le personnage d’un intermédiaire passif : c’est lui qui donne au produit brut d’une excellente récolte le fini exigé par le goût si susceptible du consommateur; c’est dans ses chais que le vin reçoit les soins incessants qu’il réclame pour se perfectionner. Sa limpidité, sa conservation, son amélioration progressive, le développement de son bouquet, sont en grande partie l’œuvre du négociant. La moindre négligence de celui-ci pourrait amener un amoindrissement sensible de la qualité et, par conséquent, de la valeur vénale. Le vin est un produit délicat qui ne saurait acquérir tout son mérite que par la science consommée du commerce venant achever l’œuvre commencée par le viticulteur.
- A un autre point de vue essentiel, celui du crédit, le commerce n’est pas moins indispensable à la propriété. On a osé dire parfois que le moment est plus proche qu’il ne croit, où il sera appelé à disparaître et où la propriété devra, soit en transformant, soit en faisant appel à des éléments nouveaux, se passer d’un intermédiaire, qui ne fait qu’entraver l’écoulement de ses produits sans pouvoir justifier son existence par des services rendus. s Pas d’intermédiaire ! n Il faut n’avoir aucune idée des phénomènes éco nomiques pour émettre une pareille opinion. Nous voudrions bien voir où en seraient réduits les producteurs s’il leur fallait écouler eux-mêmes leurs récoltes. Rien n’est plus difficile que d’avoir affaire directement au consommateur. Pour le satisfaire, il n’v a pas seulement à lui livrer de bonne marchandise, à peu près toujours égale de qualité comme nous le disions, il est nécessaire encore de lui accorder du crédit et un crédit assez long. De plus, on doit compter avec les pertes de tout genre auxquelles la propriété serait incapable de résister et que le commerce supporte cependant. Le négociant est celui qui garantit le plus le producteur contre la mauvaise fortune et lui assure la possibilité de continuer ses cultures, en lui enlevant tous les soucis vis-à-vis de la clientèle; ce ne sont pas là de minces services. L’intermédiaire a donc sa raison d’être, et, dans nulle branche de l’agriculture, on ne saurait s’en dispenser.
- Mais que rêvent ceux qui parlent de le supprimer? Comme ils comprennent que la propriété a besoin de son argent de suite, ils songent à demander à des banques l’avance indispensable. Cette avance serait gagée sur la récolte, nécessairement. Us pensent que les grandes institutions de crédit, ne sachant que faire de leurs capitaux, ne demandent qu’à les leur prêter. Certes, les établissements qu’on vise ont de l’argent, l’argent de leurs actionnaires, mais pense-t-on qu’il soit si facile de leur faire consentir des prêts? Il leur faut des garanties sérieuses, en dehors des récoltes qui peuvent s’altérer pendant le temps que dure l’emprunt. Enfin, ce genre d’opération serait-il si favorable à ceux au secours desquels on voudrait venir? On a accusé des acheteurs de mettre le couteau sous la gorge de leurs vendeurs : que serait-ce s’il s’agissait de prêts effectués par une banque que ne retiendrait aucune considération, n’ayant en vue que la défense des intérêts des actionnaires? Ce serait une exécution en règle qui suivrait le non-payement aux échéances prévues, et bientôt les ventes de vins aux enchères sur-
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- viendraient qui pèseraient lourdement sur les cours et les aviliraient, causant la ruine el des propriétaires eux-mêmes et des négociants. Nous ne voulons pour preuve que ce qui se passe avec le Crédit foncier; celui-ci s’empare des propriétés sur lesquelles il a prêté aussitôt qu’il a des craintes pour ses actionnaires. Les sociétés financières agiront de même à l’égard des récoltes sur lesquelles elles auront fait des avances. Ainsi, afin d’éviter le commerce, avec lequel il est cependant aisé de s’entendre, la propriété tomberait entre les mains de la finance, avec laquelle on ne peut jamais faire de sentiment.
- Au fond, la grande erreur est de croire que le commerce réalise des bénéfices excessifs et de les lui reprocher. Il est évident que le négociant revend le vin plus cher qu’il ne l’a acheté au propriétaire. Mais qu’on suppute un instant les frais auxquels il est tenu, et l’on verra que, en dehors de son profit légitime, il est obligé de grever la marchandise d’une foule de dépenses que nécessite son écoulement même. La conservation, les traitements du vin sont onéreux. La manutention occasionne des pertes sensibles : il y a l’évaporation, les soutirages, les coulages, les accidents; il y a l’intérêt de l’argent qui dort, parfois longtemps; il y a les frais généraux de loyer, de personnel, de transports, etc. Si le propriétaire supporte l’impôt foncier, le négociant est comptable vis-à-vis du Trésor des impôts indirects; il subit toutes les tracasseries de la Régie et tous les frais qui en sont la conséquence. Enfin, quand un client est mauvais, il faut bien que le négociant passe son compte par profits et pertes. On ne doit donc pas lui reprocher des bénéfices, souvent bien modestes relativement au travail et aux soucis qu’ils ont exigés. Loin de voir dans le commerce un ennemi, que le viticulteur se rappelle toujours de quel prix est pour lui le concours des capitaux, des locaux, des relations et de la science de cet habile et précieux auxiliaire.
- Puisse l’Exposition de 1900 être le point de départ de relations de plus en plus cordiales entre deux éléments indispensables au développement de notre richesse nationale aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Nous souhaitons que la meilleure entente règne désormais entre le viticulteur et le négociant, qui ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre.
- ORGANISATION DE L’EXPOSITION DES VINS ET DES EAUX-DE-VIE DE 1900, AU POINT DE VUE ARCHITECTURAL.
- Conformément au programme depuis longtemps arrêté, l’Exposition universelle de 1900 a été inaugurée par le Chef de l’Etat, entouré des pouvoirs publics et des représentants de toutes les nations, le îk avril. L’ouverture, pour le public, en a été faite le lendemain.
- C’est dans la Galerie des Machines de 1889, partie Est, celle dont l’entrée se trouve près de l’avenue de la Bourdonnais, qu’étaient installées les Classes 36 (viticulture), 60 (vins et eaux-de-vie) et 61 (liqueurs et spiritueux).
- On s’est enfin aperçu, après nombre d’essais dans les expositions précédentes, que la
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- vue de bouteilles alignées n’avait rien de réjouissant pour l’œil et que leur groupement, quelque ingénieux qu’il fut, ne parvenait pas à retenir les spectateurs. Grâce au concours d’architectes habiles (l) auxquels les comités d’installation des diverses classes de l’alimentation se sont adressés, on est parvenu à faire quelque chose de neuf, d’un aspect agréable, et de véritablement instructif. Au lieu de représenter les diverses régions qui prennent part à ce grand concours par des tonneaux ou des flacons, on a exprimé ces régions par des édifices rappelant le lieu d’origine des vins présentés. On a reproduit, à cet effet, des parties de monuments historiques parmi les plus originaux de chacune des provinces vinicoles.
- Si Ton entre par la grande porte de l’avenue de la Bourdonnais, en passant sous la proue d’un navire, fac-similé de celui qui a apporté jadis le premier cacao en France, on a à sa droite le groupe bourguignon, T Armagnac, les Charentes, l’Anjou; à gauche, le Nantais, le groupe de la Seine, les exposants du Midi (Pyrénées-Orientales, Hérault, Aude, le Gard, le Languedoc); enfin le chai modèle. Le centre est occupé par l’exposition centennale, et à la suite se dresse un grand pavillon circulaire pour le Bordelais. Celui-ci fait face ainsi à la grande salle des fêtes.
- Les divers morceaux architecturaux qui ont servi à caractériser chacun des pays de production ont été heureusement choisis. Ainsi, pour la Bourgogne, sur Tune des façades du groupe, adossée à un pignon du xve siècle, c’est une échauguette en encorbellement de la rue de la Vannerie, à Dijon; puis, dans un angle rentrant, une tourelle de l’hôtel de Vogüé, avec un bout d’escalier extérieur du palais ducal. Le tout très exactement reproduit, le plus souvent de grandeur de l’exécution, parfois un peu plus petit, avec des dispositions très adroites pour la soudure entre eux des motifs provenant des divers édifices.
- «D’autres fois, comme sur la façade antérieure de ce groupe, écrit M. L.-C. Boileau, dans une spirituelle causerie publiée par l’Architecture, c’est une bâtisse composée par l’artiste de îqoo, mais si gentiment traitée dans le style du xv“ siècle bourguignon que le petit porche et la niche sur Tangle, pris à des maisons du temps, semblent avoir été conçus pour occuper la place où ils sont. Tout à côté, M. Lallillée y accole une façade de maison romane dessinée par Viollet-le-Duc et que j’avais remarquée dans une excursion à Cluny, en Saône-et-Loire. En retour viennent quelques travées d’un cloître de Semur, encore données par Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire : de grandes arcades ogivales divisées par des meneaux et des roses d’un très beau dessin du xme siècle. On aperçoit, émergeant des toitures, au-dessus des édifices de Dijon, une tour avec un carillon; sonneurs : un jacquemart, sa femme et leurs enfants, des statuettes de plomb que Ton rhabille, paraît-il, de temps à autre, avec de véritables vêtements de couleurs voyantes.
- «Voilà, certes, un joli nid pour les dix-sept sociétés qui y exposent les crus du pays : Clos-Vougeot, Beaune, Nuits, Pomard, Corton et cent autres. . .
- MM. LaffiHée, J. Hermant. Gervais.
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- «Dans les découpures des fenestrages, sous les ogives, les poutres ou les voûtes des porticpies, s’épanouit, touffue, pittoresque et verdoyante, une végétation de vigne, artificielle il est vrai, mais très joliment imitée et, à coup sûr, d’un effet décoratif des plus réussis. Les patines des matériaux et leurs accidents de vieillesse sont rendus avec beaucoup d’esprit. Le raccourci des expressions artistiques et leur groupement, joints à l’idée de bien-être qu’éveille le jus authentique de nos treilles nationales, donnent à ces décors d’autrefois un charme spécial, véritablement heureux. C’est aimable, vif et vrai, comme la vieille France. 55
- Passons aux Charentes et à l’Armagnac.
- A l’angle du groupe, un puits de la Renaissance, qu’un viticulteur a reconstitué en vraie pierre de son pays. Ce groupe contient l’abbaye de Chastres, un clocher de la ville de Cognac, un très joli morceau de façade du logis de garde-épée : du Henri II touchant à la Renaissance, très délicat. On a fait des moulages de toutes les parties sculptées ou moulurées des édifices anciens, et on les a montés, dans l’Exposition, avec un soin, une habileté et une intelligence rares. Le fait est que ces reconstitutions seraient dignes de prendre place dans un musée.
- Le logis de garde-épée a la date 1567 et, sur sa porte, on lit cette inscription naïve en six lignes : Le Seigneur — soict la — garde de — lantree — et de la — sortie.
- Sur une autre face du groupe se voient de jolis créneaux, très caractéristiques, une grande salamandre en bas-relief que les bonnes gens du pays disent la nourrice de François Ier, à cause de l’inscription Nutrisco et extingo; puis une vieille maison du xv° siècle, dont les parties de pans de bois historiés sont encore moulées sur nature; dans le bas, une vraie boutique et un alambic de l’époque, ce qui prouve qu’il y a déjà bien longtemps qu’on produit, dans cette partie de la France, l’eau-de-vie si renommée.
- A la suite, encore une façade romane; en revenant sur le devant, une réduction du clocher de Fleurance (Gers), car nous sommes ici dans TArmagnac. Villes : Condom, Lectoure, etc.
- Enfin, un petit chai composé par l’architecte, avec boutique de dégustation pour vins de Bordeaux, au compte de la Société coopérative de vente des propriétaires-viticulteurs de la Gironde, crus dissidents de la grande exposition bordelaise.
- Au bout de la rangée des groupes ci-dessus, un pavillon de ML Bouvet-Ladubay, où l’architecte a copié un coin de l’hôtel de ville de Saumur, architecture de l’Anjou au xv° siècle.
- La région angevine est aussi figurée par un très curieux pavillon tournant, de style Renaissance, monté sur rails circulaires qui permettaient de présenter chaque jour, sur l’allée principale, un des bars installés dans les six faces du pavillon.
- Nous passons à l’autre rangée des groupes vinicoles, en commençant du côté de la salle des fêtes.
- C’est d’abord un chai supposé pour un propriétaire récoltant 10,000 hectolitres. Installation modèle par M. Simoneton, organisateur. Fosse à vendange, élévateur-Gn. X. — Cl. 60. a
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- noria, lbuloir-égrappoir, cuve en ciment pour vin blanc, foudre, en Lois pour vin rouge, enlin appareils de filtration, pasteurisation, etc.
- Voici maintenant quelques étages réduits d’un clocher bâti en brique, à Toulouse.
- Deux travées d’un cloître du xive siècle et, à côté, un bout de façade romaine, dit porte d’Auguste, que l’on voit à Nîmes. Il y a là de bien jolis chapiteaux de pilastres. La reconstitution est faite avec des moulages sur nature.
- Le groupe comprend, cette fois, des producteurs de la Haute-Garonne, du Gard, de l’Hérault,
- Nous passons à la tour des Pins de Montpellier, à l’abside de la célèbre abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert, à une porte romane (celle de l’église de Maguelonne), puis à l’Aude, avec la porte narbonnaise de Carcassonne; enfin, dans les régions diverses, nous notons un beau coin roman pour l’Auvergne.
- Nous voici maintenant tout près de l’entrée de la Galerie des Machines, — nous arrivons au groupe des Chambres syndicales de la Seine.
- Beaucoup de morceaux de la Renaissance, des bas-reliefs de Jean Goujon, une échau-guette qui existe près l’hôtel Carnavalet, moulée et reconstituée.
- Enfin, le clocher breton en tête de cette rangée de groupes, une très jolie composition de M. Lallillée dans le genre Henri III ou Henri IV, à l’instar du clocher de Roscoff, traitée dans le style local parfaitement interprété, rendue dans toutes les règles comme une construction de granit. On a remarqué la tourelle accolée à la grosse tour, complément logique des clochers du bon vieux temps. Ce morceau nous rappelle nos vignobles de l’Ouest, nantais et vendéens.
- L’architecture des pays vignobles, conclut M. L.-C. Boileau résumant ses impressions sur toutes ces constructions, est spirituelle, surtout ingénieuse, avec des trouvailles charmantes, à toutes les époques de l’art français, aussi bien au xie siècle qu’au moyen âge, que pendant la Renaissance et dans les siècles suivants. Je ne crois pas qu’on rencontre, dans d’autres pays où l’on ne boit pas de vin, des formes aussi aimables, si bien adaptées à une construction intelligente et rationnelle.
- Les reconstitutions de M. Lallillée sont très consciencieuses, vues avec des yeux d’artiste, bien dans le caractère. Des motifs heureusement choisis, groupés avec art, liés par des morceaux composés de toutes pièces avec une adresse remarquable. M. Lallillée descend vraisemblablement d’une lignée de bons buveurs des crus français, Il a peut-être oublié ses ancêtres, mais leur sang n’en coule pas moins dans scs veines et revivifie incessamment sa verve.
- M. Gervais avait construit pour le vin de Bordeaux, né sous un ciel méridional, boisson du foyer aussi bien que des fêtes, un kiosque léger à quatre arceaux, de forme circulaire, construit en treillage de fer, devant l’entrée de la salle des fêtes. Les colon-nettes sont entrelacées de pampres et de raisins artificiels. Le kiosque est de forme polygonale; sur sa couverture des tiges s’élancent en courbes élégantes, entrelacées de couronnes de verdure. L’enceinte est percée de quatre entrées identiques ornées de draperies de velours rouge. La couleur générale de l’armature est du reste symbolique, elle est lie de vin. Au couronnement qui s’étend sur tout le pourtour, les noms des grandes régions viticoles du Bordelais avec les armes de chaque ville.
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- Sur chaque face du polygone on aperçoit la vue des principaux châteaux. La façade est peinte, soit de profil soit de face, avec une perspective plus ou moins étendue sur le paysage.
- Ceux qui pénètrent dans le pavillon d’un seul coup d’œil circulaire voient les vignobles de la Gironde se présenter selon leur groupement réel dans les quatre panoramas qui se déroulent à l’intérieur du pavillon. L’un des tableaux représente leMédoc; l’autre le Blayais, le Bourgeais et le Libournais; le troisième les Graves, le Sauternais et les côtes qui produisent des vins similaires; enfin le quatrième panneau représente la ville de Bordeaux.
- Au devant, des bouteilles disposées avec art permettent de connaître les noms des crus qui se trouvent en face dans les contrées représentées sur les tableaux.
- Un beau plan en relief des vignobles girondins et placé au centre du pavillon offre le moyen de se rendre un compte plus exact de la topographie des diverses régions viticoles du département.
- Enfin, des comptoirs de dégustation, installés dans les portes latérales, offrent l’occasion de faire une étude des produits de tous les crus.
- Dans le coin gauche, près de la salle des fêtes, monte du sol jusqu’au faîte comme une énorme envolée de mousse, un motif rocaille Louis XV représentant l’apothéose du vin de Champagne; au-dessous, une sorte de voûte crayeuse fait songer aux caves champenoises. A droite une construction spéciale pour la cidrerie et, derrière, celle de la brasserie.
- Vous voudriez que je m’appesantisse sur les données architectoniques du pavillon du champagne , écrit M. L.-C. Boileau, que j’y cherchasse une ordonnance, des formes logiquement construites, une pondération savante des divers éléments du décor! Fi donc! on me croirait un fâcheux personnage!
- La composition mousse; il suffit que ce soit dans des nuances passant du verdinet le plus tendre à la crème légèrement rosée. Les lignes sont cascadeuses, les encorbellements délirants : c’est bien! Le Ilot s’élève avec des rondeurs qui s’étalent au-dessus de la galerie du premier étage, s’élève encore sous le grand arc de la galerie des machines avec des silhouettes dissymétriques; le statuaire, M. Peynot, met sur les fonds gondolés des figures de femmes souples, hardies, échevelées, autour d’une gigantesque bouteille; le bouchon saute; on le voit, plus haut, suspendu dans l’espace : c’est absolument parfait.
- Un escalier intérieur donne accès au premier étage d’abord à une salle où se voient des modèles à petite échelle représentant la culture de la précieuse vigne à ses différentes phases et un diorama représentant la vigne de Verzenay, un clos renommé entre Reims et Epernay, qui se chauffe au soleil levant, comme un vert lézard, à l’instar de la vigne de Pierre Dupont. C’est ensuite la loggia d’honneur où se trouve le comptoir de la dégustation. Sur de grands tableaux de marbre incrustés dans les trumeaux, sont inscrits en lettres d’or les noms déjà légendaires que l’on connaît, ces noms des grandes marques qui traverseront les siècles à venir aussi bien que ceux des hommes de génie, empereurs, savants ou artistes illustres, A côté, la mention des principales nations clientes : Angleterre, Russie, Allemagne, Belgique, Autriche, Hollande, États-Unis. La décoration sculptée est de Julien, le di-oroma de Deconchy, les décorations murales de Tollaud et Riom, le groupe qui représente, sur la balustrade de la loggia, un vigneron et une vigneronne au-devant d’une cuve remplie de raisin, est de M. Peynot.
- Le pavillon occupe 5oo mètres superficiels. Vu de près, il apparaît tout à fait grandiose. L’étude
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- en était difficile à cause des pieds des fermes et des grands arcs métalliques qu’il a fallu dissimuler. MM. Bègue et Kalas se sont tirés avec honneur de leur programme.
- Le vin de Champagne était représenté d’une façon non moins gracieuse et plus distinguée par le pavillon Louis XVI de la maison Moët et Chandon. Ce ravissant édifice, d’un style très pur, simple, élégant et de bon goût, dû au maître architecte M. Frantz Jourdain, était orné de médaillons, de bas-reliefs enguirlandés, de groupes d’amours du plus séduisant effet. Sur la terrasse, une treille fleurie est décorée de verdure. A l’intérieur, des bouteilles de toutes dimensions, des modèles de vignes et des documents précieux sur l’histoire du vin de Champagne, le tout dans une installation à la fois confortable et très artistique
- Au flanc nord se trouvait accroché, comme un large décor, montant jusqu’au-dessus de la galerie, un portique sur lequel se détachait l’intérieur d’un vieux laboratoire de distillation. En bas, tous les alambics, grands et petits, se trouvaient réunis, tandis que le premier étage était occupé par de nombreuses vitrines où se trouvaient rangées quantité de bouteilles de liqueurs.
- Les visiteurs ont été vivement intéressés par cette organisation très pittoresque et ont passé de longues heures à étudier cette partie de l’Exposition, non seulement à cause de ses monuments, mais aussi pour la diversité des produits qu’on pouvait leur offrir.
- Les vins et les eaux-de-vie des pays étrangers étaient aussi exposés, avec des installations variées et pittoresques, dans la Galerie des Machines. Une des plus réussies de ces expositions était celle du Portugal, avec ses bâtiments agricoles, ses instruments de culture, ses servantes en costume national. Les organisateurs avaient montré un vif souci de la couleur locale, en édifiant, sous la blanche lumière tombant des vitres de la Galerie, de gaies tonnelles de pampres auxquelles donnaient accès des portes rustiques encadrées de faïences de couleur. Autour de cette installation, courait un petit mur garni de ces jougs finement travaillés, en usage dans le nord du pays, où l’on rencontre ces exubérantes vignes en fourches, dont un beau spécimen était aussi présenté.
- Debout près d’une cuve, une vendangeuse presse le raisin de ses bras nus; plus loin, un attelage de bœufs roux à longues cornes traîne un tonneau juché sur un char; ailleurs, le bar de dégustation, logé dans un foudre de belles dimensions, attire les regards, que sollicitent également des monuments de bouteilles. Abstraction faite des intéressantes manifestations commerciales quelle englobait, cette section a rappelé, dans son ensemble, aux visiteurs portugais, les « quintas m de la province du Minho. Tout y célébrait le triomphe de la vigne. Près de là, des pyramides de fûts confectionnés avec un art parfait et renfermant des vins de Porto avaient été dressées par la maison Offley et Forrester.
- L’île de Madère était brillamment représentée par de charmantes constructions blanches à toits rouges, ornées de treilles et de pampres verts. La maison Blandy rrotiiers
- Des photogravures et des croquis représentant tecture, journal de la Société centrale des architectes tous les édifices vinicoles de l’Exposition universelle français, qui a M. A. Dupuis, pour secrétaire de la internationale de 1900 ont été publiés par VArchi- rédaction.
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- avait abrité ses fûts et ses bouteilles sous une tonnelle de vignes couvertes de raisins et disposées de la façon la plus heureuse.
- Les autres nations avaient installé leurs échantillons de vins et d’eaux-de-vie soit en colonnes sur des tablettes circulaires, soit en longues rangées sur des dressoirs ornementés de feuilles de vigne et de raisins.
- L’exposition de l’Espagne était fort réussie. Elle a charmé les visiteurs, qui ont admiré une série de gracieux pavillons, rappelant l’architecture originale des Maures et renfermant des vins de Cadix, de Jerez, de Malaga, de Logrono, de Manzanilla, de Huesca, de la Manche, etc. Signalons, entre autres, un véritable bijou architectural, dû à M. Sang-bœuf : la petite exposition des vins de Jerez de M. Aurelio Segovia, pavillon gothique d’une extrême richesse, orné de fines sculptures et de mosaïques éclatantes. Il est toutefois regrettable qu’on n’ait pas donné un peu plus de cohésion à cette brillante exposition espagnole et qu’on ne l’ait pas accompagnée de cartes, de tableaux et de gravures, car il y avait là des éléments pour constituer l’une des manifestations les plus importantes de la viticulture étrangère.
- L’Italie a présenté ses grands vins de liqueurs et ses vins du Piémont d’une façon très luxueuse et très méthodique.
- La Roumanie a disposé un lot de vins très important, comparativement à l’ensemble de son exposition d’alimentation.
- La Russie avait envoyé quelques bouteilles de vins, mais aucun renseignement, aucune indication n’accompagnaient ces bouteilles qui constituaient un ensemble bien restreint à côté des envois si importants de la Hongrie, de l’Italie, de l’Espagne, de la Roumanie. Ce fait prouve que la viticulture russe n’est pas encore en situation de répondre aux besoins des habitants et que le Gouvernement s’est peut-être trop pressé en voulant protéger cette industrie naissante par l’application des droits de douane sur les vins étrangers qui atteignent 3oo francs par barrique.
- Les vins et les spiritueux de nos colonies et des autres pays étrangers étaient placés dans les pavillons réservés à chacun d’eux, soit au Trocadéro, soit le long de la Seine.
- La dégustation des vins et des spiritueux s’est effectuée à l’entrepôt Saint-Rernard, dans un local agréablement installé sous la vaste toiture qui recouvre la grande plateforme de la Rutte aux eaux-de-vie. Là, en face de la place Jussieu, se trouvait aménagé, d’une façon très heureuse, un enclos dont les murs ornés de tentures et de drapeaux de toutes les nations, constituait ^l’annexe de la Classe 60 de l’Exposition universelle55. L’intérieur était divisé en deux parties : la première renfermait un joli salon d’entrée, dont l’ameublement était très artistique, pour les moments de repos des jurés, un cabinet spécial pour le secrétariat et un autre pour le président; la seconde, la plus importante, était réservée à une cinquantaine de tables autour desquelles ont pris place, par section, jurés et experts. Ces derniers étaient fort nombreux, car on avait désiré mener rapidement les travaux et on sait qu’il y avait des quantités considérables d’échantillons à déguster. Tous les vins, au fur et à mesure de leur arrivée, étaient descendus dans des
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- locaux parfaitement organisés, où ils se trouvaient à l’abri de la chaleur et clans les meilleures conditions pour se bien présenter à la dégustation. Ces dispositions font grand honneur à la commission chargée, par la Chambre syndicale de Paris, de préparer cette partie de notre Exposition.
- LA PRODUCTION DES VINS EN FRANCE.
- L’Exposition de 1900, ayant clôturé le siècle, a eu naturellement le caractère d’un centenaire; elle a montré au monde entier les progrès accomplis en France durant les cent dernières années, par l’agriculture, l’industrie et le commerce. Nous jetterons donc un coup d’œil d’ensemble sur cette période, en nous plaçant au point de vue spécial de nos viticulteurs et de nos négociants, et en prenant, comme étapes successives, les précédentes expositions universelles.
- Lors de la première de ces solennités, en 1855, le vignoble français traversait une crise terrible. En effet, l’oïdium l’a ravagé de 1862 à 1857, au point qu’on est alors descendu aux plus faibles récoltes qui aient été notées :
- hectolitres. hectolitres.
- 1853.................... 22,662,000 1855.................... 15,175,000
- 18 5 ù.................. 10,824,000 1856.................... 21,294,000
- Ni le mildew, ni le phylloxéra n’ont jamais causé, depuis, une pareille pénurie de vin.
- Enfin, l’oïdium est vaincu, et, dès 1860, s’ouvre une ère merveilleuse pour la culture de la vigne. On plante avec sagesse et succès. L’Exposition universelle de 1867 a eu lieu dans cette période d’exceptionnelle prospérité, où les surfaces plantées ont passé de 2,2o5,Aoq hectares (1860) à 2,35o,io4 hectares (1869). A cette époque, la moyenne du rendement dépassa 5o millions d’hectolitres. Il n’y a qu’une défaillance, l’année même de l’Exposition de 1867 (38,869,000 hectolitres).
- La marche en avant continue ensuite. Le vignoble atteint 2, A A 6,8 6 2 hectares en 187A. L’année suivante fournit la plus grosse récolte du siècle : 83,632,391 hectolitres ! Mais, à partir de ce moment, le phylloxéra sévit avec une intensité croissante. Les surfaces plantées diminuent régulièrement. De 1871 à 1878, la moyenne de la production s’abaisse, malgré les forts rendements de 187A et de 187b. L’Exposition universelle de 1878 arrive donc en pleine crise phylloxérique ; du moins, elle présente cet intérêt spécial de démontrer à l’étranger que le fléau n’a pas tout détruit. Viticulteurs et négociants offrent aux visiteurs les produits des vignobles encore existants, et les fruits des efforts qu’on commençait à faire pour vaincre le mal. Au lendemain de cette Exposition, l’invasion du puceron s’étend avec une telle rapidité que nous revenons en 1879 aux rendements des tristes années qui suivirent 1862, avec moins de 26 millions d’hectolitres.
- Malgré une reconstitution très active, le vignoble, qui était encore de 2 millions d’hectares en 1881, tombe à 1,730,4.01 hectares en 1890, perdant ainsi 200,000 hectares
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- en dix ans. L’année de l’Exposition de 188g, on ne récolte que 23,223,572 hectolitres. Les surfaces plantées diminuent encore de plus de 100,000 hectares jusqu’en 1897. Puis, nous entrons dans une ère meilleure, grâce aux efforts de nos vignerons, et l’Exposition de 1900 vient de montrer la France victorieuse du phylloxéra et des autres maladies de la vigne, ayant reconstitué ses vignobles et reconquis intégralement son antique splendeur. Déjà, en 1899, les 1,697,734 hectares de vignes existant en France ont donné une récolte évaluée à 47,907,680 hectolitres, non compris la Corse et l’Algérie. La qualité a été généralement très satisfaisante. Grâce aux prodigieux efforts déployés par les viticulteurs, nous approchons des rendements antérieurs à l’invasion phylloxérique, qui s’élevaient, en moyenne, à 5o millions d’hectolitres. En 1900 , on dépasse 67 millions d’hectolitres. Depuis l’invasion phylloxérique, près de 1 million d’hectares ont été replantés sur racines américaines résistantes. En 1881, le total des vignes américaines replantées était de 8,qo4 hectares dans 17 départements ; en 1 889, de 229,801 hectares dans 48 départements; il est aujourd’hui de 961,768 hectares dans 64 départements. Le vignoble du département de l’Hérault, qui n’était autrefois que de 180,000 hectares, en compte maintenant 191,352, dont 175,482 hectares reconstitués en cépages américains, et 15,870 hectares de vignes françaises se décomposant ainsi : 6,659 hectares de vignes anciennes résistant encore; 4,039 hectares de vignes plantées dans les sables ; 4,634 hectares soumises à la submersion ; 538 hectares à l’irrigation estivale. La récolte de l’Hérault a été de i2,36o,ooo hectolitres en 1899 et de 11,490,000 hectolitres en 1900. Or la récolte la plus importante des quinze dernières années n’avait été que de 10,097,796 hectolitres. La Gironde suit avec un vignoble de 187,023 hectares, dont 54,4oo hectares reconstitués et une récolte dépassant la moyenne ancienne (5 millions d’hectolitres). L’Aude compte actuellement 133,568 hectares de vignobles; le Gard, 74,000 hectares; les Pyrénées-Orientales, 63,ooo hectares; la Gôte-d’Or, 28,000 hectares (30,000 avant le phylloxéra); la Marne, i5,ioo hectares (1 2,300 antérieurement), etc.
- La submersion est appliquée à 36,200 hectares; on traite 35,874 hectares au sulfure de carbone et 13,848 au sulfo-carbonate de potassium.
- La situation de la viticulture française est donc redevenue prospère. La France, qui avait toujours conservé sa suprématie pour la qualité des produits, a reconquis, par l’étendue de son vignoble, la première place quelle avait perdue un instant.
- LES RÉCOLTES VINICOLES DE 1788 À 1901.
- On a récolté en France, vins rouges et blancs de toute qualité:
- hectolitres.
- 26,476,000 45,486,000 3o,i4o,ooo 54,3i6,ooo 45,266.000
- 1788 hectolitres. 25,000,000 1835..
- 1808 28,000,000 1840..
- 1827 36,819,000 1845..
- 1829 30,973,000 1847..
- 1830 15,282,000 1850..
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- 1852 (oïdium) hectolitres. ... 28,636,000
- 1853 (oïdium) , . . . 22,662,000
- 1854 (oïdium) . . . 10,824,000
- 1855 (oïdium) , . . . 15,175,000
- 1856 (oïdium) , . . . 21,294,000
- 1857 . . . . 35,4io,ooo
- 1858 . . . . 45,8o5,ooo
- 1859 . . . . 53,910,000
- 1860 .... 39,558,45o
- 1861 ... . 29,788,243
- 1862 .. .. 37,110,080
- 1863 .... 51,371,875
- 1864 .... 5o,653,364
- 1865 ... . 68,924,961
- 1866 . . . . 63,917,341
- 1867 . . .. 38,869,479
- 1868 . . . . 5o,io9,5o4
- 1869 . . . . 71,375,965
- 1870 . . . . 53,537,942
- 1871 . . . . 57,o84,o54
- 1872 . . . . 50,528,182
- 1873 . . . . 35,769,617
- 1874 . . . . 63,i46,i25
- 1875 . . . . 83,632,391
- 1876 . . . . 4i,846,748
- hectolitres.
- 1877 ................... 56,4o5,363
- 1878 ................ 48,720,553
- 1879 ................ 25,769,552
- 1880 ................ 29,677,472
- 1881 ................ 34,i 38,715
- 1882 ................ 3o,886,35a
- 1883 ................ 36,029,182
- 1884 ................ 34,780,726
- 1885 ................ 98,536,i5i
- 1886 ................ 95,o63,345
- 1887 ................ 24,333,284
- 1888 ................ 3o,io2,i5i
- 1889 ................ 23,223,572
- 1890 ................ 27,416,327
- 1891 ................ 3o,i39,555
- 1892 ................ 29,082,134
- 1893 ................ 50,069,770
- 1894 ................ 39,052,809
- 1895 ................ 26,687,575
- 1896 ................ 44,656,i53
- 1897 ................ 32,350,722
- 1898 ................ 32,282,369
- 1899 ................ 47,907,680
- 1900 ................. 67,352,661
- 1901 ................ 57,964,5i4
- Nous donnons ci-après la statistique détaillée des récoltes vinicoles, par département, à partir de i863, d’après les relevés effectués par TAdministration des Contributions indirectes au Ministère des finances :
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- STATISTIQUE DÉTAILLÉE DES RÉCOLTES VINICOLES PAR DÉPARTEMENTS
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- DÉPARTEMENTS. 1 8 6 3. 1 864. 1865. DÉPARTEMENTS. 1 8 6 3. 1864. 1 8 G 5.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 556,089 474,54o 6l 2,74 2 Report 34,643,8ii 35,g32,4o4 48,4 1 g, 131
- Aisne 25g,364 178,l33 235,789 Lot-et-Garonne... . i,ii 7,467 960,219 l,4g 1,1 96
- Allier 302,279 299>695 271,915 Lozère... 5,713 7,154 8,79°
- Alpes (Basses-).... 59,087 07,498 85,060 Maine-et-Loire 416,973 715/129 881,287
- Alpes (Hautes-). . . io5,i5i 1 o3,oi g 1 g 3,316 Manche ... II // II
- Alpes-Maritimes. . . 50,178 5g, 48 4 1 8,2o5 Marne 563,028 889,080 65o,60i
- Ardèche 181,093 2 0 2,243 254,6o3 Marne ( Haute-) 626,028 4o4,i 11 738,740
- Ardennes 68,780 24,896 5o,31 2 Mayenne 2,070 2,902 5,2 20
- Ariège 66,602 5i,329 12.3,210 Meurthe 1 ,o41,162 705,714 925,900
- Aube 727,171 290,256 646,338 Meurthe-et-Moselle. . II St II
- Aude 1,641,571 Meuse . .
- Aveyron 288,980 4 oo.o5o Morbihan.. 24,073 2 7,808
- Bouches-du-Rhône.. 379,053 4i g,3oo 594,582 Moselle 199,690 170,900 24g,541
- Calvados // 3 3 Nièvre 382,089 223,997 315,992
- Cantal 4,123 1 o,36o Nord ....
- Charente 3,055,987 2,796,852 4,847,5io Oise 15,6oo 1 3,385 1 7,100
- Charente-Inférieure. 4,458,5oo 5,413,170 8,o38,7g5 Orne // // //
- Cher 352,14 4 196,952 390,292 Pas-de-Calais. . . . . // // il
- Corrèze 225,964 22.3,225 281,099 Puy-de-Dôme 860,698 641,274 861,807
- Côte-d’Or i,oi5,o8i 776,341 1,016,5o5 Pyrénées ( Basses-).. . 68,767 66,791 180,494
- Côtes-du-Nord // II // Pyrénées (Hautes-)... 160,58 4 103,827 272,097
- Creuse 11 // // Pyrénées-Orientales.. 624,706 439,874 515,8g5
- Dordogne 710,300 792,803 1,195,875 Rhin (Bas-) 520,5oo 46g,8oo 669,400
- Doubs 262,435 14g,424 175,646 Rhin (Haut-) 468,848 494,297 449,436
- Drôme 312,486 373,555 400,875 Rhône 762,818 859,729 868,769
- Eure 24,gi3 11,877 18,01 7 Saône (Haute-).. . . 478,916 320,209 394,750
- Eure-et-Loir 94,6i5 83,615 112,3l1 Saône-et-Loire 1,320,989 1,297,128 1,3 41,611
- Finistère // // U Sarthe 127,113 i3o,3gi 181,314
- Gard i,45o,ooo 1,702,000 2,445,000 Savoie 335,700 3io,32Ô 237,402
- Garonne (Haute-).. 616,661 . 532,46i 1,235,074 Savoie (Haute-) 2 1 3,728 247,436 249,638
- Gers 1,887,818 1,304,070 2,088,686 Seine 70,372 7 1,42 1 81,497
- Gironde 2,213,671 3,068,000 Seine-et-Marne . . .
- Hérault 6,718,329 7,121,453 9,022,945 Seine-et-Oise 354,54g 315,410 448,141
- Ille-et-Vilaine 1,000 i,97° 1,670 Seine-Inférieure 478,544 409,472 496,335
- Indre 357,43o 232,748 416,522 Sèvres (Deux-) 365,168 491,95° 710,257
- Indre-et-Loire 847,842 83Q,8og 1,208,1 44 Somme // //
- Isère 397,273 412,217 543,7i3 Tarn 462,945 436,i 45 848,625
- Jura 485,433 452,547 532,5g 4 Tarn-et-Garonne.... 351,853 320,918 575,889
- Landes 290,866 373,247 Var 738,993 886,85i 1,111,808
- Loire QIC),618 801,24o 1,016,87 4 Vaucluse 438,i 71 466,456 556,214
- Loir-et-Cher 278,41 0 356,477 35o,024 Vendée 648,i 5g 729,858 979,184
- Loire (Haute-).. . . 83,3oo 69,323 94,493 Vienne 699,400 6i5,32o 946,783
- Loire-Inférieure.. . . 1,520,700 2,454,156 2,358,096 Vienne (Haute-) 28,43i 2 4,201 37,883
- Loiret 943,776 876,048 1,199,143 Vosges 244,696 182,896 222,545
- Lot 429,438 467,500 58o,ioo Yonne 206,971 895,266 1,200,821
- À reporter.... 34,643,811 35,932,4o4 48,4ig,i3i Totaux 5i,37 1,875 5o,653,364 68,924,961
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN. 27
- DÉPARTEMENTS. 1 866. 186 7. 1868. DÉPARTEMENTS. 1 86 6. 1867. 1 868.
- Ain Aisne Allier Alpes (Basses-). . . Alpes (Hautes-). . . Alpes-Maritimes. . . Ardèche Ardennes Ariège Aube Aude Aveyron Bouches-du-Rhône . Calvados Cantal Charente Charente-Inférieure. Cher.. . . Corrèze Côte-d’Or Cotes-du-Nord... Creuse. . . . Dordogne Doubs. . . Drôme. . . . 1 Eure . . . Eure-et-Loir.. . . Finistère.. . . Gard.... Garonne (Haute-).. Gers... . Gironde . . . Hérault.. . . Ille-et-Vilaine.... Indre. . . Indre-et-Loire. Isère.. . . Jura. . Landes. . .. Loir-et-Cher Loire .... Loire (Haute-) .... Loire-Inférieure . Loiret. . Lot.. . . A reporter .... hectolitres. 692,020 311,885 332,294 6g,o55 110,265 49,256 264,620 106,111 76,541 961,544 1,280,815 366,174 402,082 // 7,635 4,2 55,g3i 6,903,704 4o4,i 35 307,4oo 1,001,745 // // i,i85,2i4 194,637 43o,og8 32,127 84,933 11 1,820,000 700,017 1,695,882 3,2i 4,8e4 6,137,153 1,627 426,970 1,294,194 565,802 715,oi 1 3 i5,8o7 1,016,015 5i 8,384 96,906 1,866,355 925,782 554,334 hectolitres. 3l,742 90,076 1 i3,i6o 25,694 29,744 42,724 187,561 3o,548 67,460 11 8,624 i,4 98,351 237,385 3 G1,8 4 4 1/ 1,823 1,872,763 3>g33,oo2 198,463 2 i2,4o4 525,438 u H 7 2 9’ ^19 87,079 2.54,766 11,290 38,175 n 1,761,680 525,435 i,432,5g4 1,869,028 6,771,415 1,900 209,945 695,379 346,4o3 388,o5i 24o,o45 216,791 456,421 93,718 i,76i,5o4 475,629 496,98 4 hectolitres. 5o5,071 203,3l 1 258,853 60,697 86,079 53,009 228,117 58,i 58 93,376 396,433 i,5o5,541 365,5o4 416,115 u 10,970 1,373,943 3,958,2 4 9 333,739 323,272 1,162,5o5 n n 1,042,695 183,564 357,599 1 2,i85 86,o4e u 1,732,685 530,998 1,383,443 3,711,341 5,3g3,35o 1,960 289,347 872,827 688,477 3gi,43g 3i6,i2i 368,946 795,186 176,316 820,823 i,o33,24i 574,274 Report Lot-et-Garonne. . . . Lozère Maine-et-Loire Manche Marne Marne (Haute ) . . . . Mayenne Meurthe Meurthe-et-Moselle. . Meuse Morbihan Moselle Nièvre Nord Oise Orne Pas-de-Calais Puy-de-Dôme Pyrénées (Basses-). . Pyrénées (Hautes-). . Pyrénées-Orientales . Rhin (Bas-) Rhin (Haut-) Rhône Saône (Haute-) Saône-et-Loire Sarthe Savoie Savoie (Haute-) Seine Seine-Inférieure. . . . Seine-et-Marne Seine-et-Oise Sèvres (Deux-) Somme Tarn Tarn-et-Garonne. . . . Var Vaucluse Vendée Vienne Vienne (Haute-) . . . Vosges Yonne Totaux hectolitres. 4i ,700,284 1 ,2o4,432 7,638 76^991 // 884,080 800,15o 3,069 1,338,257 // 65o,434 31,293 302,239 375,121 n 25,68o 11 H 927,l63 125,553 198,393 600,608 903,600 762,897 i,514,4g8 543,573 1,848,962 89,934 308,478 2.59,973 110,102 u 656,284 601,143 539,402 n 751,835 44o,oôg 811,097 5o2,o46 86i,334 672,480 28,o46 322,680 i,5o8,646 hectolitres. 28,442,957 917,287 2,373 472,828 n 176,788 36,209 n 190,687 n 139,329 21,088 93,090 138,735 n 8,645 u n 52 8,526 84,i 44 73,928 487,658 357,200 446,6o5 776,984 148,884 736,6o3 97,274 173,2q5 h'n 61,752 n 188,565 304.1 11 288,3o3 u 379,880 264,776 735,223 420,062 566.1 56 483,272 12,897 39,554 517,934 hectolitres. 32,o55,73 1 i,a84,4o4 6,199 5g8,ooo n 359,85o 4 9 8,180 4,968 1,026,670 n 490/181 e5,3g6 211,807 244,777 n 25/192 n n i,o4i,i64 179,858 204,449 46g,3i9 743,200 477.113 i,365,681 372,123 1,255,8i8 84,225 336,65o 226.113 67,473 n 518,4 69 400,887 4o6,220 // 609,749 316,947 942,018 411,019 494,573 715,420 34,728 21 6,g84 1,095,232
- 41,700,284 28,442,957 32,o55,73i 63,gi 7,3 41 88,869,479 5o,iog,5o4
- p.dbl.26 - vue 30/554
-
-
-
- 28
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- DÉPARTEMENTS. 1869. 1 870. 1 871. DÉPARTEMENTS. 1 86 9. 1870. 1871.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. > hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain . 676,1 43 400,557 547,452 Report 53,539,919 40,791,099 42,78l,488
- Aisne
- Allier 225,080 1 80 ni 1 Lozère
- Alpes (Basses-).. . . 72,726 66,o58 y V’ / ^A 76,879 Maine-et-Loire 788,609 429,53o 820,772
- Alpes (Hautes-). . . 100,869 87,806 102,828 Manche II II //
- Alpes-Maritimes. . . 56,4o5 58,ooo 53,i i3 Marne 388,3i3 325,455 248,423
- Ardèche 185,i 71 240,579 218,872 Marne (Haute-) .... 5 4 5,5 51 471,333 674,607
- Ardennes 19,112 24,120 19,200 Mayenne 3,705 2,414 4,190
- Ariège iÔ2,ôg8 98,4o5 98,127 Meurlhe 905,652 // II
- Aube 596,705 297,600 42 0,325 Meurthe-et-Moselle.. II 377,160 602,4g5
- Aude 345 343
- Aveyron
- Bouches-du-Rhône. 058,700 379,734 277,495 Moselle 128,301 II II
- Calvados 11 II 11 Nièvre 258,736 167,525 302,281
- Cantal o,3o5 n. 0 3 0 Nord ....
- Charente 5,286,768 y *uuy 3,4i 3,984 3,796,362 Oise 32,924 16,617 8,474
- Charente-Inférieure. 7,117,0/19 4,600,466 6,865,4e 3 Orne II II //
- Cher 328,855 164,320 2 96,138 Pas-de-Calais II n II
- Corrèze 4 1 3,002 246,314 3o5,54i Puy-de-Dôme 6 4 5,4 g 5 453,245 446,494
- Côte-d’Or 377’792 662,768 662,788 Pyrénées (Basses-). . 179,072 235,852 212,4go
- Côtes-du-Nord. . . . II II II Pyrénées (Hautes-).. 273,637 285,800 244,75o
- Creuse II 11 II Pyrénées-Orientales. 431,27b 8 4 9,80 4 875,660
- Dordogne 1,136,2 48 857,760 571,626 Rhin ( Bas- ) 350,700 n U
- Doubs 23o,345 158,926 209,111 Rhin (Haut-) 294,845 II II
- Drôme 614,391 291,728 285,748 Rhône i,42i,568 859,783 586,5o5
- Eure 1 2,260 ii,324 8,53o Saône (Haute-) .... 5o4,9i 6 5o4,i 28 364,268
- Eure-et-Loir 70, 44i 54,4o6 3i,437 Saône-et-Loire 1,336,862 1,237,358 949,284
- Finistère 11 Sarthe 268 o85
- Gard 2,011,485 2,172,018 i,799,i58 Savoie 3c)4,344 223,022 355,667
- Garonne (Haute-).. 755,129 710,229 627,935 Savoie (Haute-).... 346,753 164,654 278,602
- Gers 1 ,go5,465 1,1 70,943 1,804,981 62 563
- Gironde 4,540,289 3,399,o34 2,578,979 Seine-Inférieure. . . . U 11 ^17 n
- Hérault i5,236,956 i3,84g,o36 12,692,895 Seine-et-Marne 350,272 330,290 90,063
- Ille-et Vilaine 2,243 2,208 2,745 Seine-et-Oise 373,713 i5i,8oi 168,069
- Indre 4i 0,728 229,739 a 31,514 Sèvres (Deux-) 573,746 33o,7i 1 702,532
- Indre-et-Loire 890,778 7 4 7. Q 4 2 Somme
- Isère 66i,553 558,go4
- Jura 49M99 408,002 328,o45 Tarn-et-Garonne.. . . 484,683 298,736 272,100
- Landes 461,631 365,33g 4i 4,6oo Var 1,002,262 968,02g 1,005,090
- Loir-et-Cher 256,o36 240,746 178,212 Vaucluse 397*197 245,4oi 182,887
- Loire 943,347 6o5,ooo 760,166 Vendée 857,583 383,474 986,235
- Loire (Haute-).... 167,004 65,688 62,764 Vienne 869,864 690,381 880,544
- Loire Inférieure . . . 1,644,877 668,814 1,679,548 Vienne (Haute-).... 3i,o54 23,595 19,247
- Loiret 716,808 556,3o3 295,841 Vosges 254,6i3 176,69.5 161,484
- Lot 568,595 344,771 263,225 Yonne 713,011 477,078 i,o36,o5o
- A reporter.... 62,539,919 ^0,791,099 42,781,488 Totaux 71,375,965 53,537,942 57,o84,o54
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 29
- DÉPARTEMENTS, 1872. 1 873. 18 74.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain i85,373 1 26,624 545*991
- Aisne 12,183 42,5oo 4g,844
- Allier 63,5o7 92,128 164,645
- Alpes (Basses-).. . . 75,449 52,028 94,955
- Alpes (Hautes-).. . . 82,073 56,885 56,3o4
- Alpes-Maritimes. . . 52,210 4i,og8 53,177
- Ardèche 961,909 i38,26i 278,526
- Ardennes 24,777 2,755 7*127
- Ariège 83,788 129,029 i36,68o
- Aube 286,100 49,224 262,800
- Aude 2,255,827 2,944,798 3,322,24 1
- Aveyron 336,736 193,1 24 5o8,o86
- Bouches-du-Rhône. 280,585 196,900 346,225
- Calvados II // II
- Cantal 6,212 3,585 10,059
- Charente 3,317,856 620,255 4,52o,g46
- Charente-Inférieure. 5,353,25i 1,825,582 7,277,156
- Cher 18,808 5o,38o 157,987
- Corrèze 176,769 50,092 227,045
- Côte-d’Or 4o6,3o6 368,352 486,838
- Côtes-du-Nord .... u 11 II
- Creuse II II 4o
- Dordogne 751,266 31.0,707 1,581,629
- Doubs 139,829 5,85o 86,563
- Drôme 203,806 170,995 2i4,585
- Eure 5,23o 9*889 i5,io3
- Eure-et-Loir 4,i66 43,699 8*959
- Finistère II n II
- Gard.... 2,365,i63 i,4i8,25i i,739*5o7
- Garonne (Haute-). . 619,916 565,707 784,328
- Gers i,738,3io 817,729 2,oi4,358
- Gironde. . . . 2,798,855 1,241,389 5,123,643
- Hérault 14,929,165 i3,454,673 13,071,342
- Ille-et-Vilaine i,63o 838 75o
- Indre. . . . 71 » ^ 19 142,752 157,967
- Indre-et-Loire .... 458,292 599»994 g65,5o5
- Isère. ... 332,961 268,082 547,021
- Jura 248,956 18,785 564,702
- Landes. . .. 485,4 00 144,260 589,941
- Loir-et-Cher 247,31g 86,923 516,42 4
- Loire.. . . i3o,q58 696,152 223,563
- Loire (Haute-). . . . 70,146 52,060 51,4 01
- Loire-Inférieure . . . 838,838 548,646 1,914,427
- Loiret.. . . 1 23,073 561,631 122,151
- Lot 221,808 i53,63o 453,236
- A reporter. . . . 40,766,225 28,3oo,542 49,253,676
- DÉPARTEMENTS. 1 87 2. 1 873. 187 k.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Report 40,766,226 28,300,542 4g,253,676
- Lot-et-Garonne 834,700 4g8,5oo 1,5 19,100
- Lozère 4,1 24 471 1 0,720
- Maine-et-Loire 460,762 389,749 609,393
- Manche II II II
- Marne 2o3,68o 142,669 37 1,762
- Marne (Haute-) .... 423,453 35,315 100,000
- Mayenne 3,588 4o4 1,342
- Meurlhe II 11 II
- Meurthe-et-Moselle.. 56i,23i 102,873 337,267
- Meuse 4.66,474 63,835 254,989
- Morbihan 11,15 7 18,575 38,512
- Moselle // // //
- Nièvre 61,578 30,991 78,047
- Nord // // II
- Oise 8,857 6,128 6,260
- Orne II II 11
- Pas-de-Calais n u II
- Puy-de-Dôme 618,945 613,5 89 5g3,824
- Pyrénées (Basses-). . 190,811 153,817 229,166
- Pyrénées (Hautes-).. 205,357 166,652 219,689
- Pyrénées-Orientales.. 75l*773 i,23i,83i £T- O O GO <0
- Rhin (Bas-) n II fl
- Rhin (Haut-) II 11 II
- Rhône 780/120 36o,i4o 1,003,788
- Saône (Haute-) 247,237 i3.999 67,762
- Saône-et-Loire 8o3,iog 359,279 892,366
- Sarthe 81,570 35,625 160,539
- Savoie i5i,023 82,3o5 264,5o4
- Savoie (Haute-).... 160,179 73,538 123,639
- Seine 11,779 35,oi 0 28,416
- Seine-et-Marne .... II II //
- Seine-et-Oise 33,333 101,316 75,45o
- Seine-Inférieure.. . . 102,664 221,667 3 2 2,2 7 2
- Sèvres (Deux-) 364,4o3 3i3 668
- Somme II 11 11
- Tarn 454,586 2.53,742 742,449
- Tarn-el-Garonne . . . 242,788 167,146 4 8 4,9 31
- Var 942,147 854,4g8 i,324,25i
- Vaucluse 125,32.3 89*671 101,021
- Vendée 254,672 23i,588 324,o66
- Vienne 632,5o3 710,263 797,068
- Vienne (Haute-).. . . 10,199 4,354 42,584
- Vosges 163,567 21,219 69,370
- Yonne a9,J*979 157,698 413,166
- Totaux 50,528,182 35,769,619 63,i46,i25
- p.dbl.28 - vue 31/554
-
-
-
- 30
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- DÉPARTEMENTS. 1875. 187 6. 1 87 7. DÉPARTEMENTS. 187 5. 1 87 6. 18 77.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 773,l83 409,070 655,521 Report. . . . 57,781,714 27,316,182 3g,482,i35
- Aisne Ailier 229,83o 5i 1,750 1 52,502 365,476 90,383 3o5,48i Lot-et-Garonne .... Lozère i,3g3,8oo 6,97° 768,900 9,4oo i,n9,900 9,352
- Alpes (Basses-) 121,42g 84,254 72,997 Maine-et-Loire 1,163 371 748,48g 909,339
- Alpes (Hautes-). . . . 107,549 11 i,5o8 78,452 Manche // II II
- Alpes-Maritimes. . . 83,967 6o,2o5 39,689 Marne 987,243 732,763 473,077
- Ardèche 220,436 168,402 i64,go3 Marne (Haute-). . . 1,190,000 43o,ooo 638,22 1
- Ardennes 39,870 58,158 48,765 Mayenne 56o 53o 853
- Ariège 155,688 93,936 100,947 Meurthe // n II
- Aube 1,468,833 324,822 5o5,o4g Meurthe-et-Moselle.. i,483,878 879,531 792,286
- Aude 3,719,049 2,626/113 3,i 68,464 Meuse 805,720 33o,oo8 359,611
- Aveyron 5i7,9*9 347,990 346,891 Morbihan 21,082 31,110 i8,i4o
- Bouches-du-Rhône. 289,092 i82,334 157,359 Moselle II II //
- Calvados n // II Nièvre 595,317 260,794 249,424
- Cantal 11,705 9->3 79 11,758 Nord // II II
- Charente 5,439,757 1,729,896 3,568,424 Oise 8,686 to,i3i g,6n
- Charente-Inférieure. 8,694,334 2,875,582 4,989,339 Orne II II II
- Cher 73o,566 346,45g 445,4n Pas-de-Calais II II //
- Corrèze 384,444 269,084 2i4,38g Puy-de-Dôme 1,800,997 1,079,704 982,376
- Côte-d’Or 2,088,814 936,253 1,190,415 Pyrénées (Basses-).. . 15g,245 120,249 169,612
- Côtes-du-Nord II // u Pyrénées (Hautes-).. 148,726 91,984 290,244
- Creuse 208 208 110 Pyrénées-Orientales . 1,452,178 978,411 i,4o3,25o
- Dordogne 1,347,496 643,008 1,161,184 Rhin (Bas-) // . II II
- Doubs 534,828 197,44° 249,148 Rhin (Haut-) il II II
- Drôme 237,o48 127,447 111,897 Rhône 1,291,883 764,180 1,066,846
- Eure 25,3oo 17,634 18,368 Saône (Haute-) .... 966,463 248,727 4o5,6g4
- Eure-et-Loir 82,63g 56,934 58,410 Saône-et-Loire 2,220,872 1,164,627 1,407,216
- Finistère II // U Sarthe 189,867 13g,658 15g,o83
- Gard 943,966 241,275 233,882 Savoie 279,662 206,879 216,612
- Garonne (Haute-). . 1,078,003 602,5g3 797,108 Savoie (Haute-) .... 196,821 156,458 160,309
- Gers 1,195,o33 747,184 1,928,634 Seine 62,125 22,213 4i,o37
- Gironde 5,279,410 1,961,045 3,511,094 Seine-Inférieure.... // II II
- Hérault 9,428,19.3 6,464,789 6,842,167 Seme-et-Marnc 664,225 309,660 270,034
- Ille-et-Vilaine 775 446 915 Seine-et-Oise 413,i 55 i63,g42 256,882
- Indre 586,718 292,169 36i,ooo Sèvres (Deux-) 520,58o 343,698 4a 4,581
- Indre-et-Loire. . . . 2,171,086 844,i 55 1,567,224 Somme II II II
- Isère 789,133 454,4i9 679,769 Tarn 847,390 584,46o 768,370
- Jura 849,126 19 9 ’ 7 3 9 4 5 0,7 41 Tarn-et-Garonue. . . 456,877 233,i5o 3i 2,800
- Landes 387,378 323,846 472,997 Var 1,4 0 3,7 5 4 710,942 540,667
- Loir-et-Cher 448,42/ 3o5,71 g 350,174 Vaucluse 58,220 *9,97* 63,a47
- Loire 1,969,496 458,626 1,626,476 Vendée 1,01.5,982 490,812 528,982
- Loire ( Haute- ). . . . 102,000 106,877 97,538 Vienne 1,536,762 1,024,345 1,631,115
- Loire-Inférieure . . . 2,635,499 1,090,762 1,875,029 Vienne ( Haute-).. . . 24,233 28,962 23,55a
- Loiret 1,515,274 676,401 87.5,5o4 Vosges 3:’.0,6o6 200,169 181,668
- Lot 591,433 352,913 559,129 Yonne 2,862,833 1,245,717 i,o48,38o
- J A reporter. . . 67,781,714 27,316,182 3g,482,i35 Totaux 83,632,391 41,8 46,7 48 56,4o5,363
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 31
- DÉPARTEMENTS. 1 8 78. 1879. 1 880.
- Ain hectolitres. 427,5l8 hectolitres, 186,o36 hectolitres. 169,01 6
- Aisne 1 26,281 i,524 16,656
- Allier 280,942 1 04,952 41,746
- Alpes (Basses-) .... 62,374 58,067 47,435
- Alpes (Hautes-).... 80,171 74,166 59,766
- Alpes-Maritimes. .. 53,53a 61,113 72,462
- Ardèche i23,56i 92,53o 87,291
- Ardennes 3p,i 01 1,824 129
- Ariège 102,168 83,g32 98,334
- Aube i,i4g,48i 186,275 86,970
- Aude 2,4ao,865 3,477,412 4,3oo,34a
- Aveyron 386,061 202,3ag 339,902
- Bouches-du-Rhône . 44,645 62,534 74,46i
- Calvados II II II
- Cantal 6,639 4,129 8,992
- Charente 2,o54,5 10 5 4 g, 14 a 835,807
- Charente-Inférieure 4,631,761 1,307,368 1,873,944
- Cher 406,397 114,990 91 ,o46
- Corrèze 160,113 108,516 1 27,674
- Côte-d’Or i,55i,668 4 8 4,913 729,184
- Côles-du-Nord .... II // II
- Creuse 3o 113 79
- Dordogne 675,100 4a3,53o 376,676
- Doubs 306,162 5o,i44 45,269
- Drôme 101,191 65,i 20 60,178
- Eure 13,118 2,216 343
- Eure-et-Loir 4 7,613 *>799 5,746
- Finistère II u II
- Gard 124,741 i3g,64o 298,068
- Garonne (Haute-J. . 712,244 63o,668 1,008,219
- Gers 1,180,966 910,921 1,237,031
- Giroiid '. . . 2,2 10,114 1,567,506 i,66o,235
- Hérault .... 4,094,199 4,706,371 5,066,899
- Ille-et-Vilaine. . . . 721 210 182
- Indre 41 2,778 186,087 73,562
- Indre-et-Loire.. . 1,279,035 271,847 233,689
- Isère 825,269 224,920 345,169
- Jura 5 2 6,64 0 103,574 4i,656
- Landes 386,841 24o,8ao 818,674
- Loir-et-Cher. . . . i,4o2,368 24i,g38 3ig,i i3
- Loire. . . . 3o4,2Ô6 424,747 167,782
- Loire ( Haute).. . 60,703 5o,537 4o,a3a
- Loire-Inférieure . . Loiret.. . . Lot 1,667,001 151,766 329,615
- 872,252 16 8,9 5 8 96,058
- 318,372 273,260 380,275
- A reporter . . . 81,229,4 81 i8,ooo,434 21,100,896
- DÉPARTEMENTS, 1878. 1879. 1880.
- Report.... hectolitres. 31,2 2 9,4 8 1 hectolitres. l8,000,434 hectolitres. 21,100,896
- Lot-et-Garonne 670,400 642,5oo 667,200
- Lozère 8,643 9,327 8,7 3 8
- Maine-et-Loire 5i 4,367 107,877 121,547
- Manche II II II
- Marne 54o,843 91,308 110,148
- Marne ( Haute-).... 1,082,322 76,525 209,5o5
- Mayenne 631 336 1,166
- Meurthe // 11 II
- Meurthe-et-Moselle . 1,211,219 143,841 128,999
- Meuse ... 649,397 7,899 io3,436
- Morbihan 16,675 485 11,900
- Moselle II II II
- Nièvre 321,835 59,697 87,610
- Nord II fl U
- Oise 6,4og i,486 429
- Orne II II //
- Pas-de-Calais II II II
- Puy-de-Dôme 1,171,126 827,733 262,724
- Pyrénées (Basses-) . . 196,588 139,176 99,5*7
- Pyrénées (Hautes-). . 192,392 ig5,24i i4i,a37
- Pyrénées-Orientales . 991,820 1,488,200 1,732,000
- Rhin (Bas-) II II II
- Rhin (Haut-) II II II
- Rhône 1,063,948 54o,838 379,760
- Saône (Haute-) 623,747 91,402 1 i3,4oo
- Saône-et-Loire 1,435,809 690,695 647,922
- Sarthe. 72,280 7>193 9,978
- Savoie 145,846 111,716 i65,434
- Savoie (Haute-) 14o,6go 62,601 201,476
- Seine 29,785 3,678 4,3o6
- Seine-Inférieure. . . . II II U
- Seine-et-Marne 336,814 33,973 44,o3a
- Seine-et-Oisc 258,362 55,761 O CO O O»
- Sèvres (Deux-) 434,726 io6,531 9*,3gi
- Somme.... // // II
- Tarn 702,451 685,178 978,005
- Tarn-et-Garonne. . . . i55,24o 198,352 l"** iO OO O O
- Var 48o,646 38g,466 287,646
- Vaucluse 46,53o 60,448 58,334
- Vendée 5o5,i34 79,939 104,288
- Vienne i,5o4,o48 493,524 872,708
- Vienne (Haute-). . . . O CO E>* 4,129 ii,4g5
- Vosges 269,150 22,176 345,413
- Yonne i,843,060 322,862 194,755
- Totaux 48,720,553 26,769,552 29,677 472
- p.dbl.30 - vue 32/554
-
-
-
- 32
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- DÉPARTEMENTS. 1881. 1 882. 1883. DÉPARTEMENTS. 1881. 1882.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 236,588 353,600 376,027 Report.... 22,007,281 20,o4o,1 45
- Aisne
- Allier 144,6oo
- Alpes (Basses-)- • • - 51,925 y nA’J 1 61,667 63,410 Maine-et-Loire !° 636,470 321,212
- Alpes (Hautes-).. .. 75,728 76,533 83,270 Manche n //
- Alpes-Maritimes. . . 61,562 68,998 79,643 Marne 664,870 32 0,844
- Ardèche 74,720 61,982 73,448 Marne (Haute-) 369,223 300,367
- Ardennes 29,716 13,145 12,598 Mayenne 975 854
- Ariège 66,955 1 in.nSn
- Aube 495,770 35o,347 622,887 Meurlhe- et-Moselle. 761,262 4o8,598
- Aude 4,794,620 5,844,441 Mphsp . .
- Aveyron 186,470 368,672 358,201 Morbihan 46,691 11,011
- Bouches-du-Rhône. 84,874 101,961 i54,668 Moselle // //
- Calvados // Nièvre
- Cantal 4,715 g,33o 8,63o Nord
- Charente 574,230 246,961 306,379 Oise 4,415 3,i 48
- Charente-Inférieure. 1,706,729 1,477,261 1,463,884 Orne // //
- Cher 3l7>977 182,367 199,043 Pas-de-Calais...... // 11
- Corrèze 63,5o5 13g, 138 206,361 Puy-de-Dôme 593,293 900,248
- Côte-d’Or 860,744 568,906 i,ooi,6g3 Pyrénées (Basses-) . . 119,200 176,331
- Côtes-du-Nord .... n // n Pyrénées (Hautes-). . 9a>794 3o2,o56
- Creuse 54 70 l52 Pyrénées-Orientales. 1,762,000 1,4 3 0,4 6 5
- Dordogne 242,225 155,813 296,750 Rhin (Bas-) II U
- Doubs 39,817 43,353 206, l52 Rhin (Haut-) // fl
- Drôme 51,810 Rhône
- Eure 10,397 1,682 2,660 Saône (Haute-) n3,353 11 7,122
- Eure-et-Loir 27,895 13,972 7,848 Saône-et-Loire 54o,436 553,968
- Finistère II II // Sarthe 94,068 4 8,8 3 7
- Gard 2q8,o6o
- Garonne (Haute-). . 4 21,1 4 7 i,o5i,6i 3 1,278,938 Savoie (Haute-) .... i53,86o 144,955
- Gers 670,899 Seine
- Gironde , . 1,276,000 1,114,932 1,867,669 Seine-Inférieure .... // II
- Hérault 3,792,980 3,199,819 2,715,037 Seine-et-Marne .... 219,607 1 28,966
- Ille-et-Vilaine 962 290 48o Seine-et-Oise 2o5,o64 i44,o3i
- Indre 245,145 117,815 235,497 Sèvres (Deux-) . . . . 202,549 129,996
- Indre-et-Loire 976,423 455,268 Somme
- Isère 371,7.02 423,25o 359,329 Tarn 43g,64o 923/166
- Jura 103,889 180,1 34 25o,857 Tarn-et-Garonne.. . . 219,271 528,864
- Landes 166,492 263,682 251,527 Var 3o5,332 367,027
- Loir-et-Cher
- Loire 124,655 228,61 5 307,625 Vendée 497,956 228,962
- Loire (Haute-).... 32,522 77,623 7o,o3g Vienne i,i58,44o 697,339
- Loire-Inférieure . . . 1,174,713 613,677 1,347,829 Vienne (Haute-)... . 12,795 5,85o
- Loiret 663,952 3g4,i34 451,702 Vosges 196,061 78,709
- Lot 2o5,254 2i3,448 226,34 4 Yonne 1,1.81,060 695,292
- A reporter. . . 22,007,281 2o,o4o,i 45 23,g54,83o Totaux 34,i38,7i5 3o,886,352
- 1883.
- hectolitres.
- 33,954,83c 5o4,45o 11,857 543,644 »
- 4i i,43o 4i 3,a43 q°6 n
- 615,921
- 320,28/1
- 40,882
- n
- 175,443
- n
- 3,423
- n
- n
- 894,780
- 184,701
- 303,771
- 1,874,517
- u
- u
- 54i,i85
- 222,166
- 1,028,038
- 45,334
- 177,068
- 14 6,4 7
- 15,84 8
- n
- 127,637
- i42,3gi
- i84,o5i
- n
- i,i5o,2 55 628,725 436,900 156,543 365,474
- 91^l9& 11,192 1 i6,o5i 831,389
- 36,029,182
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 33
- DÉPARTEMENTS. 18 84. 1885. 1886. DÉPARTEMENTS. 18 8 4. 1 88 5. 1 886.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 3e4,126 468,62 1 32 1,85o Report. .. . 22,074,620 1 7,009,819 16,067,064
- Aisne 91,744 78,605 55,194 Lot-et-Garonne. . . . 523,2 1 1 343,022 323,753
- Allier 135,790 38g,313 181,o5i Lozère 10,447 1 2,695 10,746
- Alpes (Basses-). .. 66,292 62,275 56,o43 Maine-et-Loire 853,3oo 896,100 467,l3l
- Alpes (Hautes-). . . 74,686 45,1 74 83,097 Manche II II fl
- Alpes-Maritimes. . . 47,409 60,945 63,871 Marne 5 2 4,0 4 3 372,685 296,609
- Ardèche 92,218 1 o4,264 106,224 Marne (Haute-) .... 4o3,5o8 256,008 i65,3og
- Ardennes 16,923 6,273 1 5,555 Mayenne 9,98! 3,542 3,296
- Ariège 161,994 30,874 42,i5i Meurthe // II //
- Aube 392,128 454,oi8 264,167 Meurthe-et-Moselle.. 654,320 476,981 21 7,802
- Aude 4,3 7 1 .T *7 2 » s 3 « 3 rt 4 r,Qi
- Aveyron 354,637 260,714 21 o,64g Morbihan 53,384 34,669 35/127
- Bouches-du-Rhône. 156,58g 145,210 286,386 Moselle 11 // fi
- Calvados II // II Nièvre 174,295 369,696 245,i35
- Cantal 8,473
- Charente 216,790 112,690 />4 /u 75/112 Oise 4,669 3,25i 5,179
- Charente-Inférieure 1,144,819 609,162 698,802 Orne // // fl
- Cher 209,453
- Corrèze 163,317 ^y /’ /1 y 123,089 108/100 Puy-de-Dôme 713,559 i,63o,665 1,126,842
- Côte-d’Or 551,529 1,102,082 629,373 Pyrénées (Basses-).. . 121,737 42,21g 55,291
- Côtes-du-Nord. . . . fl n // Pyrénées (Hautes-). . 227,64i 4o,gi8 73,446
- Creuse 146 i4o 117 Pyrénées-Orientales.. 1,407/177 806,307 1,175,209
- Dordogne 282,571 167,696 125,15 5 Rhin (Bas-) // II II
- Doubs 41,10 0 162,000 87,156 Rhin (Haut-) // II fl
- Drôme 8q,235 o5.751 468 8P0
- Eure 10,738 11,075 9,134 Saône (Haute-) 99,235 187,S65 io9,g97
- Eure-et-Loir 21,746 20,990 16,780 Saône-et-Loire 534,565 843,763 584,272
- Finistère fl // // Sarthe 200,891 182,966 5o,738
- Gard 655,o 10 456,190 749,383 Savoie 2 48,go3 297/174 268,279
- Garonne (Haute-) . 1,266,643 575,968 765,298 Savoie (Haute-) .... 196,708 207,469 221,909
- Gers 1,907,580 443,581 733,865 Seine 16,749 28,673 9>l59
- Gironde i,338, i83 1,076,056 1,108,685 Seine-Inférieure. . . . U u //
- Hérault 2,676,704 2,i48,i3o 2,996,126 Seine-et-Marne. . . . 116,792 194,187 138,664
- Ille-et-Vilaine .... 1,010 615 9 4 5 Seine-et-Oise 182,514 178,816 129,666
- Indre 2 4 5,5 g 3 279,072 169,626 Sèvres (Deux-) 187,596 128,174 72,875
- Indre-et-Loire.. . . 9 0 4,0 0 0 1 ,oo3,244
- Isère. . . 4o4,o56 5l0,021 409,287 749,474 794,182 337,g58
- Jura 67,970 247,243 n8,858 Tarn-et-Garonne. . . . 418,882 290,722 3o5,o28
- Landes. .. 220,390 52,129 56,660 Var 322,334 229,374 260,859
- Loir-et-Cher. . . 985,799 1,2 i8,4o3 786,876 Vaucluse 167,908 165,897 180,699
- noire. . . 280 188 331 634
- Lo're (Haute-). . . . 57/180 222,oo4 1 i4,o88 Vienne 1,227,740 705,56o 433,935
- Loire-Inférieure . . . i,3g5,ooo 527,000 713,ooo Vienne (Haute-). . . . x 3,183 15,35o 9,93?
- Loiret... T rxf 587,929 868,217 354,819 Vosges 129,245 181,776 83,733
- u-ot. , t 209 860 145,769 112,222 Yonne 688,037 98 4,31 4 700,798
- A reporter.. . 22,074,620 17,009,819 16,067,064 Totaux 34,780,726 28,536,151 25,o63,345
- Gb. x. — Cl. 60. 3
- IIU>HMER1E NATIONALE.
- p.dbl.32 - vue 33/554
-
-
-
- 34
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- DÉPARTEMENTS. 1 88 7. 188 8. 188 9. DÉPARTEMENTS. 1 88 7. 1 888. 1 88 9.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 2 i2,38o 157,762 118,15 3 Report 15,248,923 2 1,757,864 i7,i4o,o45
- Aisne 63,744 38,o5o 44,800 Lot-et-Garonne. . . . 266,698 265,270 224,998
- Allier 172,546 269,420 114,090 Lozère 9.467 2,588 2,0l3
- Alpes (Basses-). . . . 55,965 87,075 18,632 Maine-et-Loire 869,827 660,558 437,900
- Alpes (Hautes-).. . . 67,750 32,835 29,339 Manche // II ff
- Alpes-Maritimes. . . 59,172 71,287 3o,84o Marne 473,1 49 210,459 277,727
- Ardèche Ardennes 9i>677 î 8,8 i 5 78,190 3,870 87,576 6,079 Marne (Haute-) .... Mayenne 299,554 2,959 284,5i8 3,629 319,467 4,310
- Ariège 43,352 99,612 42,o4o Meurthe II II n
- Aube 315,o43 311,6 5 2 422,5g 1 Meurthe-et-Moselle. . 546,552 414,127 4g3,2oo
- A ude 1,896,843 2,861 ,o56 2,376,601 Meuse 309,397 148,476 253,o84
- Aveyron 1 39,073 43,816 4i,233 Morbihan 56,780 32,53o 26,165
- Bouches-du-Rhône. 35i,557 996,035 652,057 Moselle II // U
- Calvados 1 32,^77 II 72,428 II 96,161 II
- Cantal 4,3o4 959 590 Nord
- Charente 70,769 118,429 1 o4,328 Oise 3,878 2 18 3 3,o8i
- Charente-Inférieure. 602,674 495,269 4o4,5o5 Orne II II II
- Cher i34,444 110,738 io4,4i2 Pas-de-Calais II U n
- Corrèze 34,995 34,434 22,847 Puy-de-Dôme..... 817,669 1,097,680 545,7.55
- Côte-d’Or 543,i 38 701,016 Soi,357 Pyrénées ( Basses-). . 100,975 367,943 134,743
- Côtes-du-Nord. . . . // II // Pyrénées (Hautes-). . 65,786 86,299 66,754
- Creuse 102 ï37 II Pyrénées-Orientales.. 887,213 1 ,1 2 1,822 781,487
- Dordogne 95,139 io5,ooo 101,716 Rhône 284,587 367,26l 250,708
- Doubs 98,881 115,55o 53,262 Rhin (Bas-) II II n
- Drôme 110,982 98,742 74,635 Rhin (Haut-) II II 11
- Eure 8,945 8,180 5,364 Saône (Haute-) .... 113,o 15 i44,2og 70,810
- Eure-et-Loir 17,352 18,987 17,866 Saône-et-Loire 425,6o6 668,882 465,234
- Finistère // II II Sarlhe 72,357 109,926 8o,38o
- Gard 9al>96° 1,465,310 1,109,016 Savoie 1 55,202 85,848
- Garonne (Haute-).. 460,691 760,286 391,329 Savoie (Haute-).... 163,387 96,762 8o,ig5
- Gers 63 9,14 5 932,605 943,387 Seine 14,896 15,755 15,662
- Gironde 1,139,367 3,ooo,ooo 2,148,5i6 Seine-Inférieure.... II II n
- Hérault 3,746,989 4,507,775 4,418,496 Seine-el-Marne 89.972 4 i,5oo 53,060
- Ille-et-Vilaine 178 65g 3o8 Seine-et-Oise i5o,35o 118,079 138,2 51
- Indre 102,001 122,110 66,287 Sèvres (Deux-) 1 26,908 70,768 5o,5o8
- Indre-et-Loire 58g,o33 620,83o 416,620 Somme II II H
- Isère 356,596 356,107 206,961 Tarn 206,289 100,047 55,474
- Jura 221,566 308,269 94,25g Tarn-et-Garonne . . . 192,595 254,53g 217,371
- Landes 98,932 276,968 281,289 Var 363,3o2 329,740 216,473
- Loir-et-Cher 381,919 724,598 519,620 Vaucluse 193,705 168,315 io3,023
- Loire 217,045 261,197 23g,006 Vendée 559,729 223,076 179,461
- Loire (Haute-).... 102,898 96,270 46,g36 Vienne 48o,g3i 247,358 156,o56
- Loire-Inférieure. . . 775,000 1,116,000 372,000 Vienne (Haute-). . . . 5,i 45 1,052 385
- Loiret Lot 206,3o4 79>857 272,261 73,428 152,796 68,38o Vosges Yonne 180,920 521,5i1 157,107 3o4,329 170,085 337,618
- A reporter. . . . 15,248,923 21,757,864 i7,i4o,o45 Totaux 24,333,284 3o,io2,i5i 23,223,672
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 35
- DÉPARTEMENTS. 189 0. 1891. 1 892. DÉPARTEMENTS. 1890. 1891. 18 92.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 167,346 13 8,638 226,041 Report ig,486,55i 21,524,102 2 1,11 1,372
- Aisne 5o,3ü2 17,292 14,060 Lot-et-Garonne 23o,83i 322,2 l3 271,800
- Allier 189,919 125,379 189,281 Lozère 3,621 2 1,872 3,95l
- Alpes ( Basses-).... 44,209 51,964 46,835 Maine-et-Loire 499,368 897,162 3 31,185
- Alpes (Hautes-)., . . 26,554 2.3,964 40,919 Manche // II II
- Alpes-Maritimes. . . 43,643 43,352 51,073 Marne 253,348 l6l,286 127,716
- Ardèche 102,680 133,9o5 159,524 Marne (Haute-) 175,760 to3,no 71,842
- Ardennes 5,4o2 2,121 i,367 Mayenne 2,121 3,947 1,900
- Ariège 57,358 61,202 4g 65g Meurthe II II II
- Aube a77>°97 229,446 124,672 Meurthe-et-Moselle.. 3o4,7 12 3i2,i37 364,528
- Aude 2,856,38o 2,711,097 3,297,400 Meuse 160,54i 96,094 174,931
- Aveyron 84,908 89,341 90,688 Morbihan 7,843 22,226 21,106
- Boucbes-du-Rhône.. 99o,972 1,012,398 1,102,909 Moselle II II //
- Calvados II 52,620
- Cantal 3,396 4,3, 1
- Charente 84,442
- Charente-Inférieure. 378,666 567,341 3g9>95° Orne II // 9O7 n
- Cher iii,445
- Corrèze 13,4 31 1 2,o33 u y 1 1,718 Puy-de-Dôme 885,ooo i,i65,35o 1,180,000
- Côte-d’Or 026,791 457,938 3o2,5oo Pyrénées (Basses-). . 144,720 202,761 153,121
- Côtes-du-Nord .... II II h Pyrénées (Hautes-). . 91,735 136,789 71,560
- Creuse 48 36 54 Pyrénées-Orientales . 1,261,380 i,o63,349 1,653,236
- Dordogne 90,623 161,664 15o,i 46 Rhin (Bas-) // II II
- Doubs 45,327 8,25i i4,432 Rhin (Haut-) II II n
- Drôme 125,879 i43,943 189,881 Rhône 426,628 433,656 390,207
- Eure 9,744 5,i45 3,572 Saône (Haute-) 54,i 37 24,260 20,062
- Eure-et-Loir 11,185 8,768 5,923 Saône-et-Loire 562,928 359,474 409,587
- Finistère 54,485 4q,i 28
- Gard 1,626,462 1,027,612 1,923,805 Savoie 170,357 13 4,7 35 237,241
- Garonne (Haute-). . 386, i58 4o3,932 3o5,527 Savoie (Haute-) .... 126,o5o 63,581 160,585
- Gers 897,073 1,538,393 65o,ooo Seine 18,170 8,8g3 1,778
- Gironde 1,593,941 2,448,i3g 1,8 4 3,8 0 5 Seine-lnlerieure. . . . II II //
- Hérault 6,o45,743 5,201,564 7,o54,353 Seine-et-Marne 51,617 43,i68 17,848
- Ulo-et—Vilaine 36o 362 Spinp.-pt.-Oise 155,878 01,762 2Q.7/IQ
- Indre.. . 65,814 106,957 84,557 Sèvres (Deux-) 66,664 i54,36o 62,903
- Indre-et-Loire 439,497 868,000 456,735 Somme II n //
- Isère.. 42,889 281,286 447,688 Tarn 54,6i3 79,188 88,200
- Jura,. n5,332 6o,5i5 13 3,67 5 Tarn-et-Garonne.. . . 217,011 260,922 230,000
- Landes. 274,801 371,650 245,8oo Var 4oo,i38 521,992 660,670
- Loir-et-Cher 458,196 453,416 Vaucluse 1 73,602 212,714 284,1 3i
- Loire. . 376,575 302,628 298,445 Vendée 262,618 4 87,386 116,599
- Loire (Haute-) .... 3g,55o 85,750 74,700 Vienne 262,387 534,674 391,870
- Loire-Inférieure. . . 620,000 gi3,ooo 334 000 Vienne (Haute-).. . . 452 516 4 41
- Loiret.. i38 676 64 816 83 235 6i,43o
- Lot. 67,938 78,085 7 8,18 9 Yonne 372,702 465,628 278,087
- I 4 reporter. . . . i9,486,55i 2 1,524,102 21,111,372 Totaux 27,416,327 3o,i3g,555 29,082,134
- ^ j
- 3.
- p.dbl.34 - vue 34/554
-
-
-
- 36
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- DÉPARTEMENTS. 1893. 1894. 1 895.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 272,53o 262,454 191,909
- Aisne 86,618 62,220 83,579
- Allier 322,007 802,34o 267,571
- Aipes (Basses-).... 5o,228 4 4,19 4 38,768
- Alpes ( Hautes-) . . . 56,85/1 43,479 25,392
- Alpes-Maritimes. . . 29,33/1 36,298 42,355
- Ardèche 198,55/1 199,908 '19W9
- Ardennes 7,5/17 4,i 5g 5,172
- Ariègc 86,156 65,846 63,6ig
- Aube 370,592 676,228 177,1/16
- Aude A/iA,6oi 4,785,387 2,186,97/1
- Aveyron 1 02,773 56,165 65,796
- Bouches-du-Rhône. 1,210,117 1,192,766 817,593
- Calvados II II II
- Cantal 5,562 3,768 3,o45
- Charente 184,70g 1 2 0,3 1 2 151,336
- Charente-Inférieure. 91 o,636 508,179 592,006
- Cher 287,876 209,876 1 43,385
- Corrèze 3g,367 l8,194 10,89/1
- Côte-d’Or 623,177 452,537 387,538
- Côtes-du-Nord. . . . II II ,,
- Creuse 2.5 14 16
- Dordogne 278,898 116,287 162,510
- Doubs 63,287 48,63o 4/1,067
- Drôme 216,7/13 201,g3o 149,395
- Eure 12,282 13,2 0 2 5.793
- Eure-et-Loir 16,082 12,097 io,345
- Finistère II II U
- Gard 2,045,722 2,228,297 1,108,4/18
- Garonne (Haute-).. 69/1,882 860,628 23i,485
- Gers 2,oo2,838 667,880 200,730
- Gironde M97>897 2,333,996 2,09/1,87.3
- Hérault 7,i88,o32 8,806,526 4,o88,o4o
- Ille-et-Vilaine 1,027 115 207
- Indre 151,189 90,368 96,060
- Indre-et-Loire .... i,415,i38 808,762 716,677
- Isère 439,019 397,713 373,432
- J ura 204,627 i5o,4i6 118,125
- Landes 799>899 467,451 254,307
- Loir-et-Cher 971>798 711,267 624,2.00
- Loire 490,677 409,3/12 336,925
- Loire ( Haute-). . . . 87,507 56,7.09 11/1,079
- Loire-Inférieure. . . 2,58o,ooo 75/1,000 1,176,000
- Loiret 281,2 4 0 208,166 144/176
- Lot 135,887 101,07/1 68,1 24
- À reporter. . . . 34,097,329 27,934,040 17,50/1,371
- DÉPARTEMENTS. 1 893. 189/i. 18 9 5.
- Report hectolitres. 3/1,097,329 hectolitres. 27,g34,o4o hectolitres. 17,50/1,871
- Lot-et-Garonne 607,600 345,2o6 3o5,537
- Lozère 3,567 2,634 4,3 7 3
- Maine-et-Loire 835,821 43/1,677 4 7 0,894
- Manche II II //
- Marne 740,107 393,888 382,637
- Marne (Haute-). . . . 21 s,58o 821,765 170,133
- Mayenne 11,629 166 162
- Meurthe II II II
- Meurthe-et-Moselle. . 546,509 376,701 161,986
- Meuse 297,898 186, o5o 130,241
- Morbihan 52,4 48 1 4,658 27/112
- Moselle II // II
- Nièvre 3g3,465 267,196 109,674
- Nord fl II //
- Oise 3,626 2,667 986
- Orne II II //
- Pas-de-Calais II II II
- Puy-de-Dôme 1,200,000 1,015,958 1,204,017
- Pyrénées (Basses-). . 562,637 CO 207,332
- Pyrénées (Hautes-). . 365,395 97>99° 61,996
- Pyrénées-Orientales.. i,84 i,552 1,9/10,790 1,807,292
- Rhône 1,011,219 810,218 687,717
- Rhin (Bas-) II II //
- Rhin (Haut-) II II //
- Saône (Haute-) 45,39/1 80,269 69,007
- Saône-et-Loire 780/62 605,972 496,825
- Sarthe 386,660 go,885 61,593
- Savoie 300,689 192,080 157,372
- Savoie (Haute-). . . . 31/1,77/1 282,852 158,796
- Seine 17/122 14,7/13 9.3i9
- Seine-Inférieure. . . . II II n
- Seine-et-Marne 184,316 88,905 52,4î5
- Seine-et-Oise 198,228 19.3,854 99>/|57
- Sèvres (Deux-) 207,241 10/1,608 67,202
- Somme // II II
- Tarn 19/1,754 l42,l 19 121,656
- Tarn-et-Garonne.. . . 566,35o 33o,5oo i63,ooo
- Var 620,585 5i 9,208 , 548,686
- Vaucluse 383,4o3 873,918 283,279
- Vendée i,o5i,436 22/1,597 352,486
- Vienne 5 21,5 21 288,676 3/16,901
- Vienne (Haute-).. . . 1,627 1,016 623
- Vosges 187,623 135,656 97,587
- Yonne 1,314,4o3 947’9jo 5i 6,602
- Totaux . 50,069,770 39,062,809 26,687,575
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 37
- DÉPARTEMENTS. 1896. 1897. 1898. DÉPARTEMENTS. 1896. 1897. 1898.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. heclolitres.
- Ain 377,809 25g,624 232,574 A reporter .... 28,698,043 2/l,33l,329 22,324,534
- Aisne 63,519 l/l, 600 49,980 Lot-et-Garonne .... 492,000 273,740 382,562
- Allier 470,011 27,201 166,957 Lozère 3,898 8,01 5 6,966
- Alpes (Basses-).. . . 48,5o6 54,88l 45,566 Maine-et-Loire 455,698 120,229 245,858
- Alpes (Hautes-) . . . 30,76/1 32,646 23,334 Manche // II //
- Alpes-Maritimes.. . 54,i46 62,626 36,25g Marne 720,093 289,334 4o6/u3
- Ardèche 226,1/12 253,i 4 5 165,670 Marne (Haute-). . . . 43o, 1 o3 57,293 326,180
- Ardennes i3,54o 9,9/j9 8,999 Mayenne 166 620 2/75
- Àriège 48,801 4o,35.2 60,591 Meurthe II II II
- Aube 608,852 81,4 7 9 476,920 Meurthe-et-Moselle.. 855,526 366,91 5 395/86
- Aude 3,6o8,958 4,028,372 3,o56,i86 Meuse 428,993 154,8o6 168,751
- Aveyron nn 54o 86,11/1 Morbihan
- Bouches-du-Rhône. 91/1,52/1 1,200,882 915,45g Moselle II II II
- Calvados Nièvre
- Cantal 3,17/1 756 2,039 Nord II II U
- Charenle 233,968 53,895 182,679 Oise 2,og4 1,028 876
- Charente-Inférieure. 9/18,945 253,863 662,913 Orne II II //
- Cher Pas-de-Calais
- Corrèze 31,3 a 3 2 1,o32 16/132 Puy-de-Dôme 1,290,267 528,352 1,1/10,027
- Côte-d’Or 842,886 53o,o4g 772,390 Pyrénées (Basses-). . 17/1,961 75,463 2o4,i38
- Côtes-du-Nord.... II II II Pyrénées (Hautes-). . 49,3/17 20,9/12 5i,36o
- Creuse 3i II 12 Pyrénées-Orientales.. 2,038,07g 2,143,o68 1,100/70
- Dordogne 369,639 i65,88i 268,318 Rhin (Bas-) II II II
- Doubs 72/19 i7,899 42,og5 Rhin (Haut-) // II II
- Drôme 212,443 255,222 1 /i g, 115 Rhône i,967,722 8i8,75'i 792,626
- Eure 10,810 6,926 2,9 7 Saône (Haute-).... i56,464 18/196 123/54
- Eure-et-Loir 15,901 5,582 9,9l6 Saône-et-Loire 1,53o,og5 3/12,1 3i 97/1,013
- Finistère // II II Sarthe 215,534 38,558 95,889
- Gard 1,718,5/17 2,739,083 1/98,598 Savoie 155,626 14 7,156 128/23
- Garonne (Haute-). . 582,288 5i 1,000 46i,448 Savoie (Haute-). . . . 168,288 211/07 176,962
- Gers 770,5o5 191,89° 860,870 Seine 16,976 1 2,g52 7,656
- Gironde.. . 3,354,552 1,330,277 2,355,645 Seine-Inférieure. . . . II // II
- Hérault 7,623,059 1°,°97,79(i 6,7/15,000 Seine-et-Marne 97,806 32,871 4/1,127
- Ille-el-A liai no 16/1 Seine-et-Oise 1 26/70
- Indre.. . Sèvres ( Deux-) 1V; / ’z J0 51,415
- Indre-et-Loire. . . . 965,558 A /,°1 y 172,980 477,952 Somme n fl II
- hère .... 448,786 477,308 4o8,2o5 Tarn 27/1,111 283,998 312,10/1
- Jura.. . . i5a,444 34,23g 75,609 Tarn-el-Garomie. . . 3o5,62g 233,960 281/160
- Landes.. . Var 8o4 853
- Loir-et-Cher 906,502 199,082 559,621 Vaucluse 369,753 5oo,864 44o,8i2
- Loire.... N RR RRo «RR RoR Vendée
- Loire (Haute-). . . . 99,373 20,5o8 84,815 Vienne 415,912 91//18 4oo,8i 6
- Loire-Inférieure . . . i,3oo,ooo 675,000 557,000 Vienne (Haute-). . . . 848 281 606
- Loiret 229,290 34,769 120/189 Vosges 280/62 5g,537 120,o85
- Lot.. . 113,617 99,082 1 o6,833 Yonne 1,076,359 109,866 435,3oi
- A reporter. . . . 28,698,0/43 2/1,331,329 22,324,534 Totaux 44,656,i53 32,350,722 32,282/69
- p.dbl.36 - vue 35/554
-
-
-
- 38
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- DÉPARTEMENTS. 1 899. 1 900. NOMBRE D’HECTARES plantés en vignes. DÉPARTEMENTS. 1899. 1900. NOMBRE D’HECTARES plantés en vignes.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 267,7 1 4 475,663 16,1 21 A reporter. . . . 35,7o8,l8o 46,657/i39 i,i54,3og
- Aisne 54,8oo 82,885 2,4g8 Lot-et- Garonne .... 522,370 8o5,24o 53,453
- Allier 1 1 0,280 434,4e8 Lozère
- Alpes (Basses-). • • • 44,32 3 54,912 6,373 Maine-el-Loire 391,916 744,335 19,374
- Alpes ( Hantes-). • • . 18,601 32,26g 2,6e5 Manche H // II
- Alpes-Maritimes. . . 49,170 47,449 16,790 Marne 263,906 579,103 15/190
- Ardèche 217,233 359,807 17,641 Marne (Haute-). . . . 1 g5,325 331,517 11,156
- Ardennes 8,987 5,423 355 Mayenne 353 5,690 56g
- Ariège Meurthe
- Aube 2oi,34i 399,725 16,643 Meurthe-et-Moselle.. 429,214 359,923 14,897
- Aude 5,330,781 13 3,5 6 8 Meuse
- Aveyron 93,014 158,166 12,458 Morbihan 38,34o
- Bouches-du-Rhône . 1 ,324,4o3 1,720,010 28,888 Moselle // II II
- Calvados // II II Nièvre 73,534 2 51,013 6,772
- Cantal 1,1 n 1 3,458 Nord l}
- Charente 277,540 473,242 13,276 Oise 908 2,001 134
- Charente-Inférieure. i,o38,g49 1,648,853 46,882 Orne n n //
- Cher 70.102 184,451 Pas-de-Calais n
- Corrèze 36,722 58,922 7,138 Puv-de-Dôme 713,037 1,146,265 3g,355
- Côte-d’Or 525,831 1,5i 2,165 27,947 Pyrénées (Basses-). . 313,075 459,929 15,662
- Côtes-du-Nord. . . . // 7/ II Pyrénées (Hautes-). . 80,024 98,886 13,774
- Creuse 16 74 8 Pyrénées-Orientales.. 2,gi5,4o3 2,891,878 63,449
- Dordogne 592,104 i,o5g,i8o 27 620 Rhin (Bas-) // // II
- Doubs 33,571 129,372 4,9 3 6 Rhin (Haut-) II n II
- Drôme 136,378 207,4 1 6 19,353 Rhône
- Eure 4,564 8,o5g 326 Saône (Haute-) 7M93 143,607 5.795
- Eure-et-Loir 9,7.82 1 6,293 Saône-et-Loire 466,700 36 754
- Finistère II II // Sarthe 145,i 19 274,411 9,o64
- Gard 3,656,363 3,7q4.i7q6 74 133 Savoie
- Garonne ( Haute-).. 686,782 1,107,793 35,619 Savoie (Haute-). . . . 166,384 284,769 7,102
- Gers 89 1,200 1,535,770 49,690 Seine 7,o42 2i,8o3 432
- Gironde 3,478,708 5,738/107 137,023 Seine-Inférieure. . . // // N
- Hérault i2,36o,4oo 11,493,728 191,352 Seine-et-Marne. . . . 42,333 81,275 3,191
- Ille-et-Vilaine 278 710 *9 Seine-et-Oise 82,985 247,632 5,448
- Indre 107,262 265,5g5 1 o,65o Sèvres (Deux-) 66,701 85,719 5,094
- Indre-et-Loir. . . . 686,915 1,479,185 4g,85o Somme 6 25 5
- Isère ... 475,995 718,108 26,328 Tarn 367,772 698,363 21,901
- Jura 137,980 3l9-937 10/178 Tarn-et-Garonne . . . 4oi,5i 0 697,84o 28,286
- Landes 402,282 706,518 20,2 20 Var 1,234,968 1,729,3,68 45,34 1
- Loir-et-Cher 783,119 1.74,769 34,027 Vaucluse 494,032 780,074 25,966
- Loire 182,296 524,993 16,693 Vendée 432,2.67 704,600 13,734
- Loire (Haute-). . . . 34,091 78,985 6,507 Vienne 679,308 975,5oo !7’95o
- Loire-Inférieure . . . 999.93o 1,5io,65o 26,722 Vienne ( Haute-).. . . 856 2,061 206
- Loiret i55,i i3 38g, 418 11,288 Vosges 124,534 260,093 5,263
- Lot 131,187 218,309 21,300 Yonne « OO « g63,436 17,374
- A reporter. . . . 35,708,180 46,667,439 1,1 54,3o9 Totaux 47,907,680 67,352,661 i,73o,45i
- p.38 - vue 36/554
-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 39
- LE RENDEMENT À L’HECTARE DES DÉPARTEMENTS FRANÇAIS.
- Nous présentons, ci-après, le produit en 1900, par hectare et par hectolitre, des soixante-dix-sept départements de la France continentale où la vigne est cultivée.
- Jusqu’à présent une comparaison équitable, au point de vue du rendement, ne pouvait guère être faite entre les diverses régions viticoles, car le degré variable d’envahissement ou de reconstitution des vignobles phylloxérés eût singulièrement faussé les rapprochements sur lesquels on aurait voulu s’arrêter.
- Mais aujourd’hui, à part quelques rares exceptions, l’œuvre de reconstitution générale approche de sa fin; et nous entrevoyons l’heure où le terrible fléau n’apparaîtra plus que comme un douloureux souvenir et comme un mauvais rêve évanoui. Désormais Usera donc plus facile d’établir la comparaison sérieuse, qui deviendra pour toutes nos populations un puissant motif d’émulation, en même temps qu’elle fera ressortir les énergiques efforts qu’elles déploient, afin de rendre à la vigne française la splendeur et la prospérité d’autrefois. Le tableau qui suit démontre clairement l’extrême importance du progrès déjà réalisé :
- HECTARES QUANTITES RÉCOLTÉES dans HECTO- LITRES
- en chaque par
- VIGNES. département. HECTARE.
- hectolitres.
- Saône-et-Loire . . 36,756 2,56l,56o 70
- Hérault 191,352 1 1,693,628 60
- Bouches-du-Rhône 28,888 1,720,010 60
- Loire-Inférieure 26,722 7,5io,65o 57
- Vienne 17.950 975,5oo 56
- Côte-d’Or 27,967 i,5i2,i65 56
- Morbihan 1,761 92,670 52
- Vendée 13,7 3 A 706,600 5i
- Gard 74,i33 3>79^796 5i
- Seine 632 2i,8o3 5i
- Vosges 5,263 260,096 *9
- Aude 133,568 6,3i3,ioi 67
- Rhône 60,252 1,865,261 66
- Pyrénées-Orientales 63,669 2,891,878 66
- Seine-et-Oise 5.668 267,632 65
- Gironde ....... 137,023 5,738,6o7 62
- Savoie (Haute-) 7,102 286,769 60
- Maine-et-Loire i9>374 766,335 38
- Dordogne 27,620 1,059,180 38
- Var 65,361 1,729,358 38
- Marne i5,6go 579,103 37
- Ille-et-Vilaine 19 770 37
- Nièvre 6,772 25i,oi3 37
- Charente 13,276 673,262 36
- Charente-Inférieure 66,882 1,668,853 35
- p.39 - vue 37/554
-
-
-
- 40
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Yonne .............
- Lozère.............
- Landes.............
- Loir-et-Cher.......
- Loiret.............
- Aisne..............
- Tarn...............
- Loire..............
- Allier.............
- Garonne (Haute-). .
- Gers...............
- Jura...............
- Saillie............
- Vaucluse...........
- Marne ( Haute-)
- Ain................
- Indre-et-Loire.....
- Pyrénées (Basses-) .
- Puy-de-Dôme........
- Isère .............
- Doubs .............
- Savoie.............
- Cher...............
- Seine-et-Marne ....
- Indre..............
- Saône (Haute-). . . .
- Eure...............
- Tarn-et-Garonne . . . Meurthe-et-Moselle.
- Aube...............
- Meuse..............
- Ardèche ...........
- Sèvres (Deux-). . . .
- Drôme..............
- Eure-et-Loir.......
- Ardennes...........
- Lot-et-Garonne
- Oise............
- Ariège.............
- Cantal.............
- Aveyron ...........
- Alpes (Hautes-) . . . Loire (Haute-). . . . Lot................
- quantités l'.ECOLTBBS HECTO-
- HECTARES dans LITRES
- en chaque par
- VIGNES. département. HECTARE.
- hectolitres.
- 27,374 963,436 35
- 700 24,5oo .35
- 20,220 706,518 35
- 34,027 1,17 4,7°9 35
- 11,288 389,418 34
- 2,498 82,885 - 33
- 21,901 698,363 32
- 1 G,69.3 524,993 3i
- 13,84o 434,428 3i
- 35,619 1,107,79.3 3i
- 49,590 1,535,770 3i
- 10/178 3l9>937 3i
- 9,064 274,4i 1 3o
- 25,966 780,074 3o
- 11,156 331,517 3o
- 16,121 4 7 5,6 6 3 3o
- 49,85o 1,479,185 29
- 15,662 459,929 29
- 39,355 1,146,265 29
- 26,-828 718,10.3 28
- 4,936 129,372 26
- 1 2,i38 314,4 24 26
- 7,212 18 4,4 51 26
- 3,191 81,275 25
- io,65o 265,595 25
- 5,795 143,607 25
- 326 8,o59 2.5
- 28,286 697,840 2 5
- 14,897 359,923 2 4
- 16,643 399,725 2 4
- 9,210 210,740 23
- 17,641 359,807 20
- 5,094 85,719 17
- 19,353 297,416 i5
- 1,060 16,293 i5
- 355 5,42.3 i5
- 53,453 8o5,24o i5
- 134 2,001 i5
- 8,692 124,45o i4
- 260 3,458 i3
- 12,458 i58,i66 i3
- 2,625 32,269 12
- 6,507 78,98.5 12
- 21,300 218,309 10
- p.40 - vue 38/554
-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-YIE DE VIN.
- 41
- HECTARES QUANTITÉS RECOLTEES dans HECTO- LITRES
- eu chaque par
- VIGNES. département. HECTARE.
- hectolitres.
- Mayenne 56g 5,690 10
- Vienne (Haute-) 206 2,o6l 10
- Creuse 8 7/l 9
- Alpes (Basses-) 6,373 54,91 2 9
- Corrèze 7,i38 58,922 8
- Pyrénées (Hautes-) 13,774 98,886 7
- Somme 5 2 5 5
- Alpes-Maritimes i5,79° 67,4/19 3
- Totaux...................i,73o,/i5i 67,352,661
- Le rendement moyen par hectare pour toute la France, en 1900, s’est élevé à 39 hectolitres; il avait été, en 1899, de 28 hectolitres; en 1898, de 19 hectolitres; en 1897, f^e 1 9 hectolitres, en 1896, de 26 hectolitres; en 1895, de i5 hectolitres; en 189/1, de 22 hectolitres; en 1893, de 28 hectolitres.
- IA VALEUR DES VINS DE FRANCE.
- L’Administration des contributions indirectes a donné à la récolte vinicole de 1900 une valeur approximative de 1,26/1,258,000 francs, dont 128,197,236 francs pour les vins de qualité supérieure (ceux dépassant 5o francs l’hectolitre chez les récoltants) et 1,1/11,060,680 francs pour les autres.
- Voici comment serait effectué le classement de ces différents vins :
- VINS SUPÉRIEURS.
- QUANTITÉS. VALEURS.
- hectolitres. francs.
- Ain uSgo 76,450
- Aisne 1,090 76,000
- Alpes-Maritimes 3,170 206,o5o
- Ardèche 5,6oo 3o8,ooo
- Aube 15,700 i,256,ooo
- Côte-d’Or 24i,o88 17,057,440
- Dordogne 4,24o 233,200
- Doubs U969 101,45o
- Drôme 4,686 210,3oo
- Gard 2,000 120,000
- Gironde 823,286 48,i 2i,36o
- Hérault 23,010 1,610,700
- Indre-et-Loire 87,280 7,303,920
- Jura 17,517 1,080,720
- Landes 1,270 88,900
- Maine-et-Loire 80,820 5,o38,734
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- 42
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- VINS SUPÉRIEURS.
- QUANTITES. VALEURS.
- hectolitres. francs.
- Marne 348,a4o 36,668,358
- Meurthe-et-Moselle 900 63,ooo
- Meuse 10 75o
- Nièvre 33o i8,i5o
- Saône-et-Loire 10,200 6o4,ooo
- Sarthe i8,3q5 998,155
- Savoie 600 48,ooo
- Savoie (Haute-) 3,200 1 92,000
- Vaucluse 19>977 757,174
- Yonne i6,5i5 i,oi8,42.5
- Totaux 1,825/173 123,197,2.36
- D’après les chiffres ci-dessus, l’hectolitre des vins classés dans la catégorie des supérieurs atteindrait en moyenne 67 fr. 5o. En 1899, on les avait estimés à 95 fr. 3o et en 1898 on les comptait à 84 fr. o5. La différence en moins pour 1900 est, on le voit, très importante. Elle n’est relativement pas moindre pour les vins ordinaires, dont voici le relevé :
- VINS ORDINAIRES.
- QUANTITES. VALEURS.
- hectolitres. francs.
- Ain 474,273 10,627,194
- Aisne 8i,8o5 2,64i ,220
- Allier 434,428 10,860,700
- Alpes (Basses-) 54,912 i,3oi,83i
- Alpes (Hautes-) 32,269 8o6,243
- Alpes-Maritimes 44,279 1,638,323
- Ardèche 354,207 7,084,14o
- Ardennes 5,423 260,3o4
- Ariège 124,45o 2,253,000
- Aube 384,025 9,600,625
- Aude 6,3i3,ioi 94,696,515
- Aveyron 158,166 4,096,42.5
- Bouches-du-Rhône 1,720,010 19,604,808
- Cantal 3,458 io4,45o
- Charente 473,242 12,228,745
- Charente-Inférieure i,648,853 29,050,768
- Cher i84,45i 5,367,570
- Corrèze 58,922 1,296,284
- Côte-d’Or 1,271,077 27,611,195
- Creuse lk 2,960
- Dordogne i,o54,94o i9,358,5o6
- Doubs 127,4o3 4,409,296
- Drôme 292,730 5,465,284
- Eure 8,o59 388,55o
- Eure-et-Loir 16,293 651,720
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 43
- VINS ORDINAIRES.
- QUANTITÉS. VALEURS.
- hectolitres. francs.
- Gard 3,792,796 41,012,371
- Garonne (Haute-) 1,107,793 16,957,755
- Gers 1,535,770 21,500,780
- Gironde 4,915,121 94,071,202
- Hérault V* 0 •^3 00 137,648,616
- lüe-et-Vilaine 710 21,300
- Indre 265,595 6,542,595
- Tndre-et-Loire 1,291,905 27,i3o,oo5
- Isère 7l8,103 18,173,278
- Jura 302,420 7,654,915
- Landes 705,248 11,942,016
- Loir-et-Cher G17^769 22,270,700
- Loire 524,993 10,499,860
- Loire (Haute-) 78,985 1,957,800
- Loire-Inférieure i,5io,65o 33,232,6oo
- Loiret 389,418 10,671,386
- Lot 218,309 5,457,725
- Lot-et-Garonne 8o5,24o 14,183,760
- Lozère 24,5oo 732,645
- Maine-et-Loire 663,3i5 i6,823,25o
- Marne 23o,863 9,281,128
- Marne (Haute-) 33i,5i7 6,719,180
- Mayenne 5,690 l42,25o
- Meurthe-et-Moselle 359,023 11,845,180
- Meuse 210,730 6,201,107
- Morbihan 92,410 924,100
- Nièvre 25o,683 8,021,856
- Oise 2,001 65,752
- Puy-de-Dôme i,i46,265 27,783,755
- Pyrénées (Basses-) ^9,929 10,118,438
- Pyrénées (Hautes-) 98,886 2,330,020
- Pyrénées-Orientales 2,891,878 42,136,620
- Rhône i,865,24i 43,637,268
- Saône (Haute-) 143,607 4,548,179
- Saône-et-Loire 2,55i,36o 52,669,000
- Sarthe 256,016 6,464,4oo
- Savoie 3i3,824 8,117,230
- Savoie (Haute-) 281,569
- Seine., • 2i,8o3 699>6o9
- Seine-et-Marne 81,275 2,568,4oo
- Seine-et-Oise 247,632 8,667,120
- Sèvres (Deux-) 85,719 1,882,325
- Somme 25 5o
- Tarn 698,363 11,671,846
- Tarn-et-Garonne 697,840 11,459,580
- Var 1,729,358 27,567,495
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- 44
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- VINS ORDINAIRES.
- QUANTITES. VALEURS.
- hectolitres. francs.
- Vaucluse........................................... 767,097 13,514,55g
- Vendée............................................. 704,600 10,004,760
- Vienne...................................... 975,5oo 1,961,000
- Vienne (Hante-)...................................... 2,061 41,220
- Vosges............................................. 260,094 6,443,391
- Yonne.............................................. 946,921 24,703,017
- Totaux
- 65,527,188 i,i4i,o6o,68o
- Ces totaux font ressortir le prix de l’hectolitre de vin de la dernière récolte à 1 7 fr. 40. En 1899, l’hectolitre était estimé valoir 24 fr. 3o; en 1898, on le portait à 28 fr. i5, et en 1897, à 23 fr. 70. En additionnant les chiffres des deux tableaux ci-dessus, les vins de la France continentale représenteraient :
- Vins supérieurs. Vins ordinaires.
- Totaux.
- QUANTITES.
- VALBURS.
- hectolitres.
- 1,825,473 65,527,188
- 67,352,661
- francs.
- 126,197,2.36 1,14i ,060,680
- 1,264,257,916
- Il convient d’ajouter à ces résultats ceux de la Corse, de l’Algérie et de la Tunisie, afin d’avoir l’ensemble de la valeur des récoltes dont nous disposons. En calculant sur le taux de 17 fr. 4o le nombre d’hectolitres produits par ces divers vignobles, nous aurons comme total général :
- quantite's. valeurs.
- hectolitres. , francs.
- France......................................... 67,351,661 1,264,267,916
- Corse............................................. i5o,ooo 2,610,000
- Algérie......................................... 5,444,179 94,728,715
- Tunisie........................................... 25o,ooo 4,35o,ooo
- Totaox.......................... 73,195,840 i,365,g46,63i
- La production vinicole de la France et de ses colonies représente donc un total de 1,365,946,631 francs. Ce chiffre est inférieur à celui de l’année précédente, malgré l’énorme production de 1900. Cela tient au fléchissement des cours des vins de la dernière récolte. Voici, pour comparaison, les résultats des années antérieures, y compris 1893 qui avait donné un rendement de 5o millions d’hectolitres :
- * QUANTITÉS. VALEURS.
- hectolitres. francs.
- 1893 ................................... 50,069,770 1,256,527,529
- 1894 .................................. 3q,o52,8oq q28,q2q,qq5
- 1895 .................................. 26,687,575 953,719,020
- 1896 .................................. 44,656,i53 1,296,946,600
- 1897 .................................. 32,350,722 919,840,274
- 1898 .................................. 32,282,359 1,119,166,341
- 1899 .................................. 47,907,680 1,373,388,817
- 1900 .................................. 73,i95,84o i,365,946,63i
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- Ab
- On voit l’importance qu’a, pour notre pays, la culture de la vigne; c’est, bon an mal an, un revenu brut de plus de 1 milliard sur lequel il nous est permis de compter. Tous nos efforts doivent tendre à développer encore cette richesse surtout par l’amélioration de la culture, afin d’obtenir des vins de bonne qualité pouvant être bien payés.
- LES VINS ARTIFICIELS.
- La production des vins artificiels que toutes les lois Griffe, Brousse et Turrel n’étaient pas parvenues à enrayer, bien au contraire, se trouve en voie de diminution par la force même des choses, en raison de l’abondance de la dernière récolte : cela résulte des statistiques les plus récentes.
- La Direction générale des contributions indirectes a donné, dans le Bulletin de statistique du Ministère des finances, en regard des chiffres de la récolte des vins, ceux de la production des vins de raisins secs, des piquettes et des vins d’eau sucrée. Nous résumons ces renseignements dans le tableau ci-dessous :
- VINS de PIQDETTES VINS
- RAISINS SECS. SIMPLES. D'EAU SUCKÉE.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Ain 9*2 «O CO 15,654
- Aisne 5,196 // 19,356
- Allier 53 886 6,870
- Alpes (Basses-) 6 6,789 16
- Alpes (Hautes-) 66 337 2 5
- Alpes-Maritimes 3,531 1,598
- Ardèche i4i 933
- Ardennes i,o4i // 2,45i
- Ariège A 99 5,i 16
- Aube 239 5,39o 20,3i4
- Aude // 100,395 4
- Aveyron 19° 22,059 3o4
- Bouches-du-Rhône 22,922 l32
- Cantal 7° 3o
- Charente 33,020 17,986
- Charente-Inférieure 1,688 26,765 31,807
- Cher , 3,675 12,671
- Corrèze 10 7^59 i,518
- Côte-d’Or i,o35 2,725 53,701
- Dordogne 29,043 8,3og
- Doubs 564 4,466 i7,i34
- Drôme 6 // 5o3
- Gard 7° i5,o46 i65
- Garonne (Haute-) 43,176 2,756
- Gers 189 26,930 11,969
- Gironde 127,194 19,948
- Hérault 103,470 //
- Indre 100 1,890 6,878
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- 46
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- de PIQUETTES VliNS
- 11AIS1NS SECS. SIMPLES. D'EAU SUCRÉE,
- hectolitres. hectolilres. hectolitres.
- Indre-et-Loire il 18,62 1 24,800
- Isère 4 1 5,2 10 21,690
- Jura 1,011 7,824 34,634
- Landes // 9>7°8 178
- Loir-et-Cher 223 24,754 21,591
- Loire // 3,906 i,645
- Loire (Haute-) 7,200 523
- Loire-Inférieure 2,693 u 1,216
- Loiret 7>95/l 3,517 3°.779
- Lot u 29,788 2,353
- Lot-et-Garonne i3o // 6,669
- Lozère 1,552 12
- Maine-et-Loire 16,388 4,i64
- Marne 7’8/l(.) 7.38g 90,046
- Marne (Haute-) 52 24,497 47,049
- Meurthe-et-Moselle 13,257 9,284 5i,o44
- Meuse 44 3 921 30,764
- Nièvre 287 1,218 i6,318
- Oise i4 25 44
- Puy-de-Dôme 220 3,748 16,148
- Pyrénées (Basses-) // n 4ü2
- Pyrénées (Hautes-) // 1,90° 3,098
- Pyrénées-Orientales i2,85o H
- Rhin ( Haut-) 292 u //
- Rhône 629 2,l3l 32,o52
- Saône (Haute-) 332 14,900 26,566
- Saône-et-Loire 485 690 13,490
- Sarthe 3oo II 205
- Savoie 4o 1,072 5,411
- Savoie (Haute-) 268 1,570 8,286
- Seine 786 133 597
- Seine-et-Marne 4,555 3.497 17,282
- Seine-et-OLe 5,64o *.9°7 27,463
- Sèvres (Deux-) 1,324 6.993 11,802
- Somme 225 u u
- Tarn // 16,661 93
- Tarn-et-Garonne 25 1,120 1,169
- Var // 24,791 445
- Vaucluse Il 4,i 15 //
- Vendée 282 496 18,357
- Vienne Il 9,385 i5,o86
- Vosges 30,672 9*9 1,194
- Yonne 2,060 i,85o 6 3,515
- Total s
- 9 3, A 51 1,015,71.3 906,068
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN,
- Dans ce tableau, la première colonne, celle des vins de raisins secs, comprend toutes les boissons de l’espèce, aussi bien celles qui ont été préparées par les fabricants que celles qui sont produites chez les simples particuliers pour la consommation de la famille, avec des fruits secs circulant sous le lien d’acquits-à-caution.
- Jadis, la statistique officielle confondait les piquettes ordinaires, faites parle lavage des marcs, avec les piquettes additionnées de sucre. Aujourd’hui ces deux sortes de boissons étant soumises à des régimes différents, il est nécessaire de les distinguer en deux catégories, comme dans le tableau ci-dessus. La seconde colonne (piquettes simples) ne représente donc que les piquettes obtenues par épuisement des marcs au moyen de l’eau pure, sans aucune addition de sucre, d’alcool et de matières sucrées, et destinées exclusivement à la consommation familiale. La troisième colonne (vins d’eau sucrée) comprend les vins obtenus par addition aux marcs d’eau et de sucre.
- Quant aux vins purs simplement procédés, c’est-à-dire additionnés de sucre sans eau, ils sont compris dans les vins de vendange et ne figurent pas dans les piquettes. Il n’existe pas pour eux de statistique spéciale.
- Nous n’insisterons pas sur les vins de raisins secs. La législation du 6 avril 1897 en a réduit la fabrication à des quantités de plus en plus minimes. D’une part, la fabrication industrielle, la circulation et la vente des vins de raisins secs sont exclues du régime fiscal des vins et soumises aux droits et régime de l’alcool pour leur richesse alcoolique totale, acquise ou en puissance. D’autre part, les raisins secs à boisson ne peuvent circuler qu’en vertu d’acquits-à-caution garantissant le payement du droit général de consommation, à raison de 3o litres d’alcool par 100 kilogrammes s’ils sont à destination des fabricants, et le payement des droits de circulation, à raison de 6 francs par 100 kilogrammes s’ils sont à destination des particuliers pour leur consommation de famille. Aussi, la production des vins de raisins secs, qui était encore de 45i,4a2 hectolitres en 1897, est descendue :
- A 12 8,885 hectolitres en 1898;
- A 108,065 hectolitres en 1899;
- A 93,451 hectolitres en 1900. Sur cette quantité, 20,938 hectolitres seulement ont été fournis par la fabrication industrielle comptée de novembre à novembre. Le reste a été préparé chez les particuliers. On le voit, la diminution est constante.
- Pour les vins de marcs, sucrés ou non, leur progression était croissante les précédentes années. Elle marque enfin un temps d’arrêt en 1900. Nous avons, en effet :
- PIQUETTES VINS
- SIMPLES. D’EAU SUCREE.
- 1897 ........................................ 1,742,188 1,049,061
- 1898 ........................................ 1/162,019 1,751,596
- 1899 ........................................ 1,764,109 1,855,320
- 1900 ........................................ i,oi5,7i3 906,368
- On remarquera donc que les vins d’eau sucrée ont été en progression continue lorsque la loi a voulu les interdire. Il y a là un phénomène qui démontre, une fois de plus,
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- 48
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- l’impuissance d’une législation dont nous avons si souvent critiqué les vices. Le fait brutal prouve, mieux que tous les raisonnements, que la loi Turrel était inefficace, puisqu’on préparait chaque année davantage des vins d’eau sucrée et que la grosse récolte de 1900 a seule pu enrayer leur multiplication incessante!
- Pour les piquettes simples, aussi bien que pour les vins d’eau sucrée, la fabrication et la circulation, en vue de la vente, sont interdites. La détention, à un titre quelconque, de ces liquides est aussi défendue à tout négociant, entrepositaire ou débitant. Néanmoins cette détention n’est pas interdite lorsqu’elle n’a pas lieu en vue de la vente. La circulation des piquettes provenant de l’épuisement des marcs par l’eau pure est autorisée, si ces boissons sont à destination de particuliers pour consommation familiale; elles ne sont soumises qu’à un droit de circulation de 1 franc par hectolitre. Donc, interdiction absolue, même pour les propriétaires, de vendre des vins d’eau sucrée; permission , pour les seuls propriétaires, de vendre des vins de marc aux consommateurs, ce qui, malheureusement, peut créer une concurrence désastreuse au préjudice des négociants.
- Nous avons eu connaissance d’un grand nombre de vœux des syndicats viticoles qui considèrent, comme le commerce, que la réduction de taxe pour les sucres employés aux vendanges est devenue partout une source de fraude; qu’elle n’a plus de raison d’être depuis la reconstitution des vignobles; et qui demandent, en conséquence, l’abrogation pure et simple de l’article 2 de la loi du 29 juillet 1884, qui a dégrevé ces sucres. La nouvelle loi, sur la réforme du régime des boissons, a décidé, par son article 16, que le bénéfice du droit réduit de 2 4 francs par 100 kilogrammes, déterminé par la loi du 27 mai 1897, serait limité aux quantités de sucres bruts ou raffinés employés au sucrage des vins, cidres ou poirés, nécessaires à la consommation familiale des producteurs et jusqu’à concurrence d’un maximum de 4o kilogrammes par membre de la famille et domestique attaché à la personne. C’est une réforme insuffisante.
- A côté des vins de sucre dont la Régie a connaissance, il ne faut pas oublier non plus les vins glucosés, dont la production ne peut être évaluée, parce quelle est toujours clandestine, attendu que les glucoses ne peuvent jouir du dégrèvement accordé par la loi aux véritables sucres et que, dès lors, leur emploi n’est jamais déclaré à l’Administration. Nous comptons que le législateur accédera enfin aux vœux unanimes de la viticulture et du commerce, en supprimant le dégrèvement des sucres pour vendange et en édictant des mesures énergiques contre le glucosage !
- STATISTIQUE DU COMMERCE DES VINS ET DES EAUX-DE-VIE.
- Le commerce des boissons en général, des vins en particulier, a subi, bien entendu, le contre-coup des épreuves de la viticulture. Mais il s’est perfectionné dans la lutte; il a acquis plus de science, plus d’activité, plus de cohésion. Enfin, il se trouve aujourd’hui plus nombreux et plus fort que jamais.
- Les négociants en gros, avant l’Exposition de 1878, étaient environ 2Ô,ooo, et les
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- VINS ET EAEX-DE-VIE DE VIN.
- 49
- débitants 342,000. Depuis, ces chiffres se sont accrus, car nous trouvons, au lendemain de l’Exposition de 1878 :
- Négociants en gros................................................ 2/1,895
- Débitants......................................................... 354,852
- 379,767
- Lors de l’Exposition universelle de 1889, il y avait en France :
- Négociants en gros............................................ 27>777
- Débitants..................................................... 410,069
- 437,846
- Malgré les difficultés de toutes sortes, l’augmentation a été ensuite presque continue, sauf quelques intermittences, pour les négociants en gros, et absolument constante pour les débitants :
- NÉGOCIANTS. DÉBITANTS.
- 1890.............................................. 27,354 413,7/11
- 1892.............................................. 27,6o3 417,568
- 1894 ............................................ 27,480 422,i64
- 1895 ............................................ 28,486 424,575
- 1897.............................................. 28,o36 425,5o7
- A la veille de l’Exposition de 1900, le nombre des négociants en gros dépassait, d’après les plus récentes statistiques, 29,970 et celui des débitants, 431,990, soit au total 461,960.
- L’union et la vitalité du commerce des vins en gros se sont manifestées d’une façon éclatante en 1900, non seulement à l’Exposition meme, mais aussi au Congrès international des boissons qui s’est tenu pendant le mois de juillet 1900, sur l’initiative du Syndicat national du commerce en gros des vins et spiritueux de France. Les travaux de ce Congrès, touchant la statistique, les systèmes fiscaux, les transports, la législation et l’hygiène, ont présenté un très grand intérêt et sont venus compléter, de la manière la plus heureuse, les beaux résultats constatés à la Galerie des Machines.
- L’IMPORTATION ET L’EXPORTATION DE NOS VINS.
- Le mouvement de l’importation et de l’exportation des vins est une sorte de baromètre très intéressant à consulter, car il est influencé par les progrès ou les reculs de notre production, par l’état de notre législation fiscale et douanière, de nos relations avec l’étranger, etc.
- Les tableaux suivants présentent les variations de l’importation et de l’exportation depuis i864, époque où le phylloxéra a commencé à paraître dans notre pays.
- Gr. X. — Cl. GO. h
- II'IUUEIUE NATIONALE.
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- 50
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Période de grande production. Vins importés et exportés de 186/4 à 18
- 79
- 186 A
- 1865
- 1866
- 1867
- 1868
- 1869
- 1870
- 1871
- 1872
- 1873
- 1874
- 1875
- 1876
- 1877
- 1878
- 1879
- IMPORTATION.
- hcclolilres.
- 94,000 74,000 5i ,000 171,000 36o,ooo 333,ooo 100,000 112,000 ^82,000 654,ooo 681,000 292,000 676,000 707,000 i,6o3,ooo 2,938,000
- EXPORTATION.
- hectolitres.
- 2,337,000 2,768,000 3,162,000 2,486,ooo 2,706,000 2,943,000 2,745,000 3,172,000 3,24o,ooo 3,980,000 3,2.3.2,ooo 3,731,000 3,331,000 3,102,000 2,795,000 3,0/17,000
- Période des ravages du phylloxéra. Vins importés et exportés de 1880 à 189
- IMPORTATION. EXPORTATION,
- hectolitres. hectolitres.
- 1880 ......................................... 7,221,000 2,488,000
- 1881 .......................................... 7,889,000 2,672,000
- 1882 .......................................... 7,537,000 2,618,000
- 1883 .......................................... 8,981,000 2,538,ooo
- 1884 ...................................... 8,1 3o,000 2,472,000
- 1885 .......................................... 8,i84,ooo 2,593,000
- 1886 .......................................... h,o42,ooo 2,602,000
- 1887 ....................................... 12,282,000 2,4o 2,000
- 1888 ......................................... 12,064,000 2,118,000
- 1889 ......................................... 10,470,000 2,167,000
- 1890 ......................................... io,83o,ooo 2,162,000
- 1891 ........................................ 12,278,000 2,o44,ooo
- Période de la reconstitution des vignobles. Vins importés ou exportés de à 1900 :
- IMPORTATION. EXPORTATION,
- hectolitres. hectolitres.
- 1892
- 1893
- 1894
- 1895
- 1896
- 1897
- 1898
- 1899
- 1900
- 9,4oo,ooo i,845,ooo
- 5,890,000 1,659,000
- 4,492,000 1,72/1,000
- 6,337,000 1,697,000
- 8,8i4,ooo 1,784,000
- 7,53i,ooo 1,776,000
- 8,6o3,ooo 1,636,ooo
- 8,465,ooo 1,716,000
- 5,398,000 1,904,000
- Importation. — C’est le chiffre de la production qui influe d’une façon dominante sur nos importations. Ainsi, pendant Ta période du premier tableau, où les importations
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-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 51
- sont si minimes, la production a souvent dépassé 5o, 60 et même 70 millions d’hectolitres. Elle a atteint le maximum (83,632,000) en 1875.
- Pendant la période du deuxième tableau, la production descend à 35, 30 et même 2 5 millions d’hectolitres. Elle tombe à 23 millions en 1889. Afin de subvenir à une consommation qui continue à être d’environ 5o millions d’hectolitres, les importations s’élèvent brusquement dès 1880 et se maintiennent à un taux élevé.
- Jusqu’à 1880 la France n’importait guère qu’une moyenne annuelle de A millions d’hectolitres de vins étrangers, surtout d’Espagne, qui lui servaient pour les coupages avec ses petits vins de plaines ou de montagnes. Mais, à partir de cette date, le déficit croissant de notre production nous a obligés à recourir à la ressource de l’importation. Tandis que, par suite de la rupture de nos relations commerciales avec l’Italie, l’importation de ses vins, de 2,703,000 hectolitres en 1887, tombe à 19,800 en 1890, celle de l’Espagne s’accroît d’année en année jusqu’à plus de 8 millions d’hectolitres en 1887. Depuis elle tend à s’abaisser au profit de l’Algérie.
- Nos importations décroissent pendant la période du troisième tableau à mesure que la reconstitution ramène des récoltes, inégales sans doute, mais dépassant parfois 3o et h 0 millions d’hectolitres, atteignant 5o millions en 1893 et plus de 67 millions en 1900.
- Les modifications de notre tarif douanier n’exercent qu’une influence secondaire sur le chiffre de nos importations. En effet, le droit de douane était seulement de 2 5 centimes par hectolitre avant 1866. Il fut alors porté à 3o centimes. En 1871, on l’éleva à 5 francs pour les vins ordinaires et à 20 francs pour les vins de liqueur au tarif générai, les uns et les autres continuant à ne payer que 3o centimes au tarif conventionnel. En 1881-1882, au renouvellement des conventions commerciales, les droits furent ramenés à h fr. 50 au tarif général pour tous les vins jusqu’à 15 degrés, et 2 francs au tarif conventionnel.
- En 1892, on taxa à 70 centimes par degré jusqu’à 12 degrés au tarif conventionnel et à 1 fr. 20 au tarif général, en ajoutant le droit de consommation de l’alcool pour les degrés supplémentaires.
- En 1899, on frappe tous les vins indistinctement jusqu’à 1 2 degrés de 1 2 francs par hectolitre au tarif conventionnel et de 2 5 francs au tarif général, toujours en ajoutant le droit de consommation de l’alcool pour les degrés supplémentaires.
- On voit que ces variations de tarifs douaniers ne correspondent pas aux variations de nos importations. C’est sur les exportations, comme nous le verrons plus loin, quelles exercent indirectement leur influence.
- Nos importations n’ont commencé à prendre de l’importance qu’en 1880, époque à laquelle elles se sont élevées à 7 millions d’hectolitres pour se maintenir ensuite constamment au-dessus de ce chiffre et dépasser même 12 millions en 1887, en 1888 et en 1891. Elles ont diminué de moitié au moins depuis cette dernière date.
- Il convient de tenir compte que les chiffres de nos tableaux comprennent les vins de notre colonie algérienne introduits sur le territoire français. Alors qu’il y a vingt-cinq
- h.
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- 52
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- ans à peine la métropole envoyait encore en Algérie de 300,000 à 600,000 hectolitres de vin, elle en reçoit maintenant des quantités de plus en plus considérables. Rien que pendant l’année 1899, il nous en est venu A millions et demi d’hectolitres, qui sont compris dans le chiffre de 8 millions et demi de vins importés en France, ce qui réduit réellement de plus de moitié la quantité de vins véritablement étrangers.
- Le tableau suivant présente la distinction entre les vins d’Algérie et les vins de l’étranger importés en France depuis 188 5 (la Douane ne distinguait pas auparavant les deux catégories) :
- ETRANGER. ALGERIE. TOTAL.
- 1885
- 1886
- 1887
- 1888
- 1889
- 1890
- 1891
- 1892
- 1893
- 1894 1895, 1896
- 1897.
- 1898.
- 1899,
- 1900,
- hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- 7,860,000 326,000 OO 00 O O O
- 10,552,000 690,000 1 1,062,000
- 1 1,526,000 758,000 1 2,282,000
- 10,832,000 1,232,000 1 2,066,000
- 8,878,000 1,592,000 10,670,000
- 8,858,000 1,972,000 io,83o,ooo
- 10,617,000 l,86l,000 12,278,000
- 6,55o,ooo 2,85o,ooo 9,600,000
- 6,067,000 1,828,000 5,895,000
- 2,688,000 2,006,000 6,692,000
- 3,635,ooo 2,902,000 6,337,000
- 5,678,000 3,136,000 8,816,000
- 3,931,000 3,6oo,ooo 7,53i,ooo
- 5,260,000 3,363,ooo 8,6o3,ooo
- 3,789,000 6,676,000 8,665,ooo
- 3,067,000 2,351,000 5,398,000
- Exportation. — Si elle ne porte que sur une faible partie de notre production, un dixième, par contre notre exportation représente une grande valeur (2 5o millions de francs environ), un quart de celle de notre production et balance ainsi, à peu de choses près, celle de notre importation. C’est que ce sont surtout nos vins et eaux-de-vie de luxe qui ont ce débouché. Leur réputation universelle les fait rechercher partout. Nos meilleurs clients sont :
- Angleterre (de la Gironde, 200,000 hectol.)...................... 3oo,ooo hectol.
- Allemagne (de la Gironde, i5o,ooo hectol.)...................... 25o,ooo
- Belgique........................................................ 25o,ooo
- Suisse.......................................................... 160,000
- République Argentine............................................... 80,000
- États-Unis........................................................ 60,000
- Un fait sensible dans notre mouvement d’exportation est la hausse continue de notre exportation de vins mousseux passée de j 1 millions de bouteilles en 1860 à 28 millions aujourd’hui.
- Ainsi qu’on peut en juger par nos tableaux, le chiffre des exportations, qui était à
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-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 53
- peine de 2 millions d’hectolitres en 186A, a augmenté, grâce aux traités de commerce, jusqu’en 1871, époque à laquelle il a dépassé 3 millions pour atteindre son maximum de 3,980,000 hectolitres en 1873. A partir de ce moment, les exportations ont diminué successivement, et depuis 1892 elles ont toujours été inférieures à 2 millions d’hectolitres, avec une tendance fâcheuse à se restreindre.
- Il est certain que le phylloxéra est pour beaucoup dans ce recul. Les pays étrangers ont planté des étendues considérables pendant que notre vignoble périclitait ; aujourd’hui beaucoup de ces pays sont de gros producteurs ; ils nous font concurrence non seulement chez eux, mais encore au dehors. En Europe, en plus de l’Espagne, de l’Italie, du Portugal, de T Autriche-Hongrie et de l’Allemagne, qui avaient des vignobles depuis les temps les plus anciens et les ont sensiblement développés pendant notre période phylloxérique, il nous faut compter avec ceux de création récente, en Serbie, en Rou-manie, en Russie, en Turquie, etc. En Amérique : le Chili, la République Argentine, les Etats-Unis ont fait aussi des plantations ; nous voyons l’Australie se créer également une industrie vinicole importante.
- Certes, les vins de tous ces pays ne valent pas les nôtres, mais la clientèle ordinaire demande surtout du bon marché et prend ce quelle a sous la main, évitant ainsi des frais de transport et particulièrement des droits de douane de plus en plus forts.
- Notre tarif douanier élevé n’a pas été sans exercer une influence fâcheuse sur nos exportations. Les nations, auxquelles nous expédiions nos vins, se sont parfois vengées sur eux des taxes nouvelles que nous imposions à quelques-uns de leurs produits. C’est ainsi que l’Autriche et l’Angleterre, malgré nos protestations, maintiennent leur régime actuel et que nous sommes condamnés à voir encore nos expéditions fléchir, sans pouvoir espérer que nos réclamations viennent modifier quoi que ce soit.
- Nous avons, par des mesures de prohibition, auxquelles nous sommes pour le moment fortement attachés, fermé notre marché aux vins d’Espagne et d’Italie. Ces vins exotiques ont, par une marche logique, concurrencé les nôtres sur les marchés de l’Autriche, de la Suisse, de l’Allemagne, qui nous appartenaient autrefois. Les idées protectionnistes à outrance devaient inévitablement amener des représailles contre nos vins, nous faire fermer bien des portes et, en même temps, obliger les autres pays vinicoles à chercher les moyens d’écouler leurs produits sur des marchés qui nous appartenaient et où ils nous ont supplantés.
- Ajoutons que même beaucoup de nos colonies ont frappé nos vins de droits de consommation ou d’octroi de mer, ainsi qu’on peut en juger par le tableau qui suit :
- ALGÉRIE.
- Droits d’octroi de mer.
- Vins............................. exempts.
- Vinaigres...... .................. exempts.
- Cidres............................ exempts.
- Alcool pur contenu dans les eaux-de-vie el esprits, li-
- queurs et fruits à l’eau-de-vie ; alcool pur contenu dans les vins de composition, les vins de raisins secs, les vins mutés à l’alcool ; les vins artificiels et les liquides alcooliques provenant de la fermentation des figues, caroubes, dattes, graines et
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-
-
-
- 54
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- toutes substances sacchari-fères ou similaires autres que les raisins frais, les pommes, les poires et le miel; alcool pur excédent i5°9 contenu dans les vins. 5or oo l’hectol.
- Droits de consommation.
- Pour les alcools introduits.... 1 oor oo Alcools dénaturés........ . . 060
- TUNISIE.
- Taxe fiscale.
- Vins de raisins frais (ad valorem) ......................... 1 0 p. 100
- Cidres, poirés, vinaigres (ad
- valorem)................... 8 p. 1 00
- Droits de consommation.
- Alcools des eaux-de-vie, liqueurs, etc., en cercles et en bouteilles, des vins de raisin sec, vins vinés, vins de marcs, vins mutés à l'alcool , absinthes par liectolilre d’alcool pur.................. 5or 00 l’hectol.
- SÉNÉGAL.
- Taxe de consommation.
- Vins ordinaires en fûts........ 3f 00 l’hectol.
- Vins ordinaires en bouteilles.. 3o 00
- Vins de liqueur (vermout
- compris).................... 3o 00
- Eaux-de-vie ayant plus de 65 degrés (alcool et absinthe compris)................... Ao 00
- Eaux-de-vie ayant moins de
- 65 degrés...................... 3o 00
- Liqueurs de toutes sortes et
- fruits à l’eau-de-vie.......... Ao 00
- Cidres et poirés (ad valorem). 7 p. 100
- A Saint-Louis : taxes d’octroi municipales.
- Vins en barriques.............. 6f 00 la barr.
- Vins en bouteilles (par caisse
- de 12 bouteilles)............ 9. Ao la caisse
- Vins de liqueur, vermout, etc. 3o 00l’hectol.
- Cidre............................. 10 00
- Eaux-de-vie de 65 degrés et
- au-dessus, alcool, absinthe. 60 00
- Eaux-de-vie au-dessous de
- 65 degrés................... 3of 00 l’hectol.
- Liqueurs........................ Ao 00
- Champagne (12 bouteilles).. . 6 00 la caisse
- En Gorée : taxes d’octroi municipales.
- Vins en futailles.............. i2foolabarr.
- Vins, cidres, poirés en caisses ou en paniers de 12 bouteilles ou 2 A 1/2............... 1 00 la caisse
- Cidres, poirés en cercles .... A 00 l’hectol.
- Alcools, eaux-de-vie, liqueurs, vermout en cercles ou en
- bouteilles.................... i3 00
- Absinthe.......................... 3o 00
- Fruits à l’eau-de-vie en caisses
- de 12 bouteilles ou 2 A 1/2. 2 00 la caisse
- A Dakar : taxes d’octroi municipales.
- Vins en cercles................ 6r 00 la barr.
- Vins, cidres, poirés en paniers ou en caisses de 12 bouteilles ou 2 A 1/2............... o 55 la caisse
- Cidres, poirés en cercles.. . . 2 20l’hectol.
- Alcool, eaux-de-vie, liqueurs, vermout en cercles ou en
- bouteilles.................... 10 00
- Absinthe en cercles ou en bouteilles .......................... 20 00
- Fruits à l’eau-de-vie, en caisses de 12 bouteilles ou aA i/a............................. 1 90 la caisse
- SOUDAN FRANÇAIS.
- Mêmes droits qu’au Sénégal.
- GUINÉE FRANÇAISE.
- Taxe de consommation.
- Vins, cidres et poirés en cercles .........................
- Vins, cidres et poirés en bouteilles ......................
- Alcool, eau-de-vie, rhum, genièvre , whisky, liqueurs, vermout, absinthe, fruits à
- l’eau-de-vie, etc.........
- — avec un minimum de perception de.................... 25 00 p. hect.
- 5f 00 l’hectol. 7 00
- 1 A op. degré
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-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- COTE D’IVOIRE. Taxe de consommation.
- Cidres, limonades (la bouteille compte pour un litre). i5f ool’hectol. Vins tirant moins de 16 degrés. 5 oo
- Vins tirant 16 degrés et au-
- dessus..................... i5 oo
- Vermout, vins aromatisés, liqueurs ........................... ko oo
- Vins mousseux eu bouteilles.. 6o oo
- Alcool à 5 o degrés et au-dessus.......................... 100 oo
- Alcool de a5 à degrés.... 70 oo
- Eaux-de-vie et liqueurs de traite
- titrant moins de 2 5 degrés. 5o 00 Genièvre de 25 à A 9 degrés.. 70 00 Autres liqueurs............. 60 00
- DAHOMEY ET DEPENDANCES. Taxe de consommation.
- Vins, droit (ad valorem)....... k p. 100
- Alcools, rhums, spiritueux en
- fûts par degré.............. or 90 Thectol.
- Alcools, rhums, spiritueux en
- bouteille, même tarif, plus. o 0 5 par litre
- Vins artificiels, régime de l’alcool.
- CONGO FRANÇAIS.
- Taxe de consommation.
- Spiritueux à 5o degrés et au-
- dessus par 100 degrés.. . . i6of ool’hectol. Spiritueux de 25 à 49 degrés
- par hectolitre de liquide.. . 36 00
- Les alcools réservés dans le Protocole du 8 avril 1892 restent régis parle chapitre VI, article 92 de l’Acte général de Bruxelles et acquittent de ce chef un droit d’entrée de 70 francs par hectolitre d’alcool pur.
- COTE FRANÇAISE DES SOMALIS.
- Vins en fûts.................. 5foo l’hectol.
- Alcool au-dessous de 5o degrés. 3o 00
- MADAGASCAR.
- Taxes de consommation.
- Vin 1 k degrés et au-dessous en
- fûts....................... 5foo l’hectol.
- 55
- Vin 1 k degrés et au-dessous en
- bouteilles................. of o5 la bout.
- Vin au-dessus de 1 k degrés en
- fûts.......................... i5 ool’hectol.
- Vin au-dessus de iû degrés en
- bouteilles.................... 0 15 la bout.
- Vin mousseux, en bouteilles.. 0 251a 1/2b.
- Cidres et poirés................... o 10 la bout.
- Liqueurs en fûts.................. 3o 00 l’hectol.
- Liqueurs en bouteilles............. o 5o la bout.
- Rhums, eaux-de-vie, alcools, vins mouillés, vins de raisins secs, par 100 degrés.. 120 00 l’hectol.
- DIEGO SUAREZ.
- Même tarif que Madagascar, plus une taxe municipale de 1 p. 100 (ad valorem).
- SAINTE-MARIE DE MADAGASCAR.
- Même tarif que Madagascar.
- NOSSI-BÉ.
- Même tarif que Madagascar.
- NOUVELLE-CALÉDONIE.
- Droits de consommation.
- Vin rouge jusqu’à i5 degrés.. 17e 00 la barr. Vin rouge de i5 à 25 degrés
- inclus....................... 17 00
- Vin blanc........................ 20 00
- Vin rouge en caisse de 12 bouteilles .................. .. 6 00 la caisse
- Vin blanc..................... 600
- Vin blanc doux.................. 100 ool’hectol.
- Vin du Rhin..................... 100 00
- Vin de Saint-Raphaël............ 100 00
- Champagne ou vin mousseux
- en caisse de 12 bouteilles.. 20 00 la caisse
- Vins de dessert fins............ 100 ool’hectol.
- Gin............................. i33 00
- Gin, la grande caisse de 18 litres en i5 flacons............ 2k 00 la caisse
- Gin, la caisse ordinaire de
- i5 litres en i5 flacons.. . . 20 00
- Gin, la petite caisse de 9 litres
- en 12 flacons................ 12 00
- Alcool pur, cognacs, eaux-de-vie, rhums, tafias, kirschs, 3 cent, par litre et par degré centésimal.
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-
-
-
- 56 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Alcoolat et essence, la caisse
- de 12 litres on bouteilles.. 4of oo la caisse Alcoolat d’absinthe, la caisse
- de 12 litres ou bouteilles. . 25o oo Essences d’absinthe, la caisse
- de 12 litres ou bouteilles. . 5oo oo Gop;nacs, eaux-de-vie, rhums, tafias, kirschs, la caisse de
- 12 litres.................... 2/1 00
- — la caisse de 12 bouteilles. 18 00 Liqueurs assorties : guignolet,
- cassis, bitter, anisette, curaçao, fruits à l’eau-de-vie, 1/2 sirops, etc., la caisse
- de 12 litres..................... 24 00
- — la caisse de 12 bouteilles. 18 00
- Absinthe........................... 3oo 00 Theclol.
- Absinthe, la caisse de 12 bouteilles............................ 36 00 la caisse
- Whisky, la caisse de 12 litres. 24 00 Whisky, la caisse de 12 bouteilles ............................ 18 00
- Droits d’octroi de mer.
- Vins en fûts (jusqu’à 228 lit.). 6f 5o la barr. Vins en 1/2 fûts (114 lit.). 3 35 la 1/2 b. Vins en bouteilles............. exempts.
- TAHITI ET DÉPENDANCES. Droits de consommation.
- Sur les rhums................ of 80 par litre
- Droits d’octroi de mer.
- Vins rouges en barrique...... 5f 00 la barr.
- Vins encaisse................... 6 00 la caisse
- Vins de Champagne.............. 16 00
- Vins mousseux.................. 10 00
- Vins de liqueur en bouteilles. i4 00
- Vins de liqueur en fûts.... 115 00 la barr.
- Sirops assortis................. o 3o le litre.
- Genièvre, whisky................ 2 5o
- Eaux-de-vie au-dessous de 56
- degrés....................... 1 75
- Eaux-de-vie au-dessus de 56
- degrés....................... o o32p.deg.
- Taxe supplémentaire par litre.
- Eaux-de-vie, kirschs, kummel. if 75 le litre. Absinthe........................ 2 25
- Vermout....................... 1f 2 5 le litre.
- Chartreuse..................... 2 00
- Liqueurs diverses, bitter .... 1 75
- Cassis, guignolet, apéritifs.. . 1 5o
- Cidres......................... 0 i5
- Vinaigre...................... 10 ool’hectol.
- Alcools, rhums, tafias, limonade .......................... exempts.
- LA RÉUNION. Droits d’octi'oi de mer.
- Eaux-de-vie.................... exemptes.
- Vinaigre....................... 4f ool’hectol.
- Vins ordinaires en fûts........ 7 00
- Vins ordinaires en bouteilles . 20 00
- Vins, liqueurs, vermout et guignolets en fûts................ 2 4 00
- — en bouteilles.................... 3o 00
- Autres en fûts..................... 3o 00
- Autres en bouteilles............... 4o 00
- Rhums.......................... prohibés.
- Taxe de consommation.
- Spiritueux indigènes et exotiques , par litre d’alcool pur.......................... 3f ool’hectol.
- Liqueurs douces, de table,
- par hectolitre de liquide.. . 3o 00
- Alcools dénaturés. . 5 p. 100 sur la val. du litre
- augmentée de 10 p. 100.
- INDO-CHINE.
- (Cochinchine, Tonkin, Annam, Cambodge et
- Laos. )
- Droits de consommation.
- Alcool pur provenant de la
- métropole................ 2f 5o le litre.
- Avec minimum de perception fixé comme suit : 1,75, i,5o, 0,75 ou 0,60 par litre de liquide, suivant la catégorie.
- Boissons hygiéniques........ exemptes.
- Alcools dénaturés (100 deg.). 2of 00 l’hectol. Alcools à Brûler (100 deg.).. 10 00
- INDES FRANÇAISES.
- Spiritueux et vins.......... exempts.
- p.56 - vue 54/554
-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 57
- MARTINIQUE. Octroi de mer.
- Vins ordinaires.............. 5f oo Thectol.
- Vins mousseux (de Champagne
- et autres)................... 20 00
- Vins de liqueur (vermout
- compris)..................... 16 00
- Vinaigre de toute sorte..... h 00
- Rhum ou tafia............j.. 25 00
- Alcool de vin, de genièvre, de
- pomme de terre et de grains. 15 00 Alcools autres de toutes sortes,
- purs ou aromatisés........... 3o 00
- Liqueurs de toutes sortes. ... 3o 00
- GUADELOUPE.
- Droits de consommation.
- Spiritueux (alcool pur)...... if 5o le litre.
- Droits d’octroi de mer.
- Vins ordinaires en fûts :
- De Bordeaux..................... 9f 00 Thectol.
- De Provence ou similaires.... 675
- Vins ordinaires en verre :
- De Bordeaux.................... 3i 00
- De Provence ou similaires.... 3i 00
- Vermout et guignolet........... 29 00
- Vins de liqueur................ 60 00
- Vins de liqueur d’imitation.. . 36 00
- Vins de Champagne.............. 62 00
- Vinaigres....................... 3 00
- Cidre........................... 5 00
- Eaux-de-vie.................... i5 00
- Liqueurs....................... i5 00
- GUYANE FRANÇAISE.
- Droits de consommation.
- Spiritueux contenant plus de 21 centièmes d’alcool pur :
- En cercles par litre d’alcool à
- 56 degrés................... if 10 le litre.
- En bouteilles à tous degrés... 1 1 o la bout.
- Liqueurs en cercles ou en bouteilles par litre de liquide.. if 10
- Vins de Bordeaux.................. 2 20
- Vins ordinaires................... 1 95
- Vins de liqueur............... 5 20
- Droits d’octroi de mer.
- Vins de Bordeaux en fûts. ... 2 75Thectol.
- Vins de Provence ou similaires. 2 4o
- Vins de liqueur : vermouts.. . 6 5o
- Autres boissons (ad valorem).. 5 p. 100
- Vinaigres (ad valorem)........ 5 p. 100
- Eaux-de-vie, rhum, tafia .... 2 70Thectol.
- Eaux-de-vie de cerise......... 9f 20
- Eaux-de-vie d’industrie....... k 5o
- Liqueurs......................... i5 00
- Autres boissons distillées .... 12 00
- SAINT-PIERRE ET MIQUELON.
- Droits de consommation.
- Alcools de tous genres, eaux-de-vie, liqueurs, absinthe, amer, par hectolitre de liquide à 89 degrés et proportionnellement à leur force alcoolique pour Ls liquides inférieurs à ce dernier. ... i5f 00Thectol.
- Droits d’octroi de mer.
- Cidre, poiré, en futailles,
- caisses ou paniers.......... 2f 00 Thectol.
- Vins ordinaires en fûts....... 5 00
- Vermout, madère, etc., en
- fûts............................ 5 00
- Vermout, madère, etc., en caisses ou paniers de 12
- bouteilles.................. 1 00 la caisse
- Liqueurs de toutes sortes autres
- que les sirops, en fûts. ... i5 00Thectol.
- Liqueurs de toutes sortes en caisses ou paniers de 12 bouteilles .......................... 3 00 la caisse
- Cognac, en fûts................... 9 00 Thectol.
- Cognac, en caisses ou paniers de 12 bouteilles, 1 franc
- par caisse, plus................ k 00
- Alcool dit 3/6, eau-de-vie,
- kirsch, par hectolitre...... k 00
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Il serait à désirer qu’un revirement se fit en faveur d’une réduction de nos tarifs douaniers. On pourrait facilement, aujourd’hui, renoncer aux droits excessifs dont nous avons frappé nos concurrents. N’est-ce pas M. Méline lui-même qui a dit : «Il y a telles circonstances où le droit de douane ne sert à rien et ne peut servir à rien : c’est le cas où l’accroissement de la production a tellement abaissé les cours à l’intérieur que les prix se nivellent entre la France et l’étranger. »
- LE RÉGIME DOUANIER DES VINS ET DES EAUX-DE-VIE.
- Au Congrès international du commerce des vins, spiritueux et liqueurs, qui s’est tenu à Paris, à l’occasion de l’Exposition, M. Desclozeaux, avocat à la Cour d’appel, rédacteur au Moniteur vinicole, dont la haute compétence est connue, a présenté un rapport approfondi sur le régime douanier des boissons; les modes de perception des droits de douane sur les vins et les spiritueux dans les divers pays; les méthodes de vérification par les douanes, leur uniformisation; enfin les facilités à donner au commerce d’exportation. Ce travail a réuni l’unanimité des suffrages du Congrès. Nous en publions ci-dessous les passages qui concernent spécialement les vins et les eaux-de-vie:
- La question du régime douanier des boissons, intéressant tous les peuples, aussi bien ceux qui produisent des vins et spiritueux que ceux qui en achètent, présente un caractère essentiellement international et se place, en conséquence, au premier rang des problèmes que le Congrès est appelé à étudier. S’il peut y avoir des désaccords sur les tarifs, selon les intérêts particuliers de chaque pays, en revanche aucun conflit ne devrait exister sur la meilleure manière de recouvrer l’impôt.
- La perception des droits de douane, c’est-à-dire des taxes établies sur les marchandises à l’entrée de chaque territoire, peut affecter, pour les boissons, des modalités diverses : au volume, au poids, au degré , ad valorem.
- MODES DIVERS DE TAXATION.
- En France, les droits sur les vins et spiritueux sont perçus au volume, mais en tenant compte du degré, les vins payant un supplément de droits par dixième de degré au-dessus de 12 jusqu’à 15 degrés et par degré au-dessus de 15 degrés et les alcools et eaux-de-vie en fûts étant taxés au degré hectolitre. (Seules les eaux-de-vie en bouteilles et les liqueurs sont taxées exclusivement au volume, c’est-à-dire à l’hectolitre en liquide, sans tenir compte du degré.)
- En conséquence, la déclaration du degré, est obligatoire et le service vérifie ce degré par la distillation à l’alambic d’essai pour les vins et les liqueurs, et par l’alcoomètre rectifié de Gay-Lussac pour les eaux-de-vie.
- Nous avons résumé, dans le tableau suivant, les modes de taxation adoptés par les douanes des divers pays étrangers, tout en faisant remarquer que les mentions de ce tableau ne sont pas absolues et comportent parfois des exceptions. Notre tableau indique seulement le système prédominant dans chaque pays pour la taxation des boissons par la Douane.
- Pays taxant les vins et les spiritueux :
- i° Au volume: Chili, États-Unis, Guatémala, Haïti, Indes Néerlandaises, Portugal;
- 2° Au volume et en tenant compte du degré : Angleterre, Belgique, Bolivie (pour les spiritueux), Canada (plus une taxe ad valorem), Danemark, Espagne, France, Italie, Japon (plus un droit ad valorem), Norvège, Pays-Bas, République Argentine, République Dominicaine, Suède, Transvaal, Uruguay ;
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- 3° Au poids : Allemagne, Autriche-Hongrie, Colombie, Gosta-Rica, Équateur, Mexique, Monténégro, Nicaragua, Roumanie, Russie, Serbie, Venezuela;
- h° Au poids en tenant compte du degré : Brésil, Grèce, Suisse;
- 5° Ad valorem: Abyssinie, Rolivie (pour les vins), Bulgarie, Chine, Égypte, Maroc, Paraguay, Pérou, Perse, Turquie.
- QUEL EST LE MEILLEUR MODE DE TAXATION?
- Taxes rrad valorem n au poids, au volume, au degré. — En théorie, le meilleur mode de taxation est, sans conteste, celui ad valorem, puisqu’il est proportionnel à la valeur exacte des boissons. Mais cet impôt, supérieur à tous les autres au point de vue théorique, présente bien des vices au point de vue pratique. Son application est extrêmement délicate et hérissée de difficultés. Il ressemble à l’impôt sur le revenu dont nul ne discute l’excellence en principe, mais dont la mise en vigueur donne lieu à de si nombreuses controverses et à de si vives protestations.
- Pour asseoir un impôt, il faut quelque chose de tangible, de « matériellement appréciable », si j’ose m’exprimer ainsi. Or la valeur des marchandises déclarées à la douane ne présente pas ce caractère. On conçoit que l’impôt ad valorem puisse fonctionner quand il s’agit, par exemple, des droits d’enregistrement prélevés lors des contrats de vente, sur le prix effectivement payé. (Et l’on sait qu’il y a encore souvent des fraudes par dissimulation d’une partie du prix, dans ces contrats.) Mais, en douane, il est beaucoup plus pratique de baser la taxe sur ce qu’on peut voir et constater réellement : le poids, le volume, le degré.
- Aussi remarquons-nous, dans le tableau précédent, que l’immense majorité des pays civilisés, chez lesquels l’administration fiscale perfectionne ses modes de taxation, ne pratiquent guère ou abandonnent l’impôt ad valorem. Ce sont les peuples les moins avancés (Abyssinie, Bolivie, Chine, Maroc, Perse, etc.) qui le conservent.
- Les Douanes des pays les plus intéressants, au point de vue de l’importance des transactions, se montreraient donc hostiles à la taxe ad valorem. Elles disent que ce mode de perception engendre fatalement des fraudes nombreuses par fausse déclaration, les expéditeurs établissant deux factures : une exacte pour l’acheteur, une réduite pour la Douane. Il peut bien y avoir une sanction à ces fraudes, dans un droit de préemption accordé à l’administration sur les marchandises dont la déclaration paraît au-dessous de la vérité. Mais ce droit de préemption est facilement illusoire, car la Douane revend les marchandises quelle a ainsi achetées dans des conditions déplorables, et souvent l’expéditeur peut lui-même les faire racheter à bas prix.
- Tels sont les principaux motifs pour lesquels un vœu en faveur du droit ad valorem serait mal accueili par les administrations douanières. Ajoutons qu’au point de vue des intérêts que le Congrès a mission de défendre, ceux du commerce international, ce droit présente de multiples et graves inconvénients.
- D’abord celui d’obliger les expéditeurs à divulguer le prix de leurs marchandises.
- Ensuite celui d’occasionner de fréquentes difficultés et des procès avec la douane.
- Enfin, l’on peut redouter avec raison que l’établissement de droits de douane ad valorem n'entraîne comme corollaire l’organisation de taxes intérieures ad valorem, et, en conséquence, la majoration de l’impôt de circulation, de consommation ou d’octroi sur certaines boissons. On comprendrait, en effet, difficilement, qu’un vin ou qu’une liqueur payant à l’entrée en France un droit ad valorem très élevé ne fût ensuite soumis, par exemple à l’octroi, qu’aux mêmes taxes que les autres vins ou liqueurs.
- Nous concluons donc que la taxation au volume (comme en France) ou au poids (comme en Allemagne) est le mode le plus pratique.
- Taxe au poids. — La différence entre ces deux dernières formes n’est pas considérable. Cependant, la taxation au poids semblerait préférable pour le motif que la vérification du poids est toujours lacile, tandis que celle du volume ne peut être effectuée, d’une façon exacte, que par l’opéra-
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- lion du clapotement qui est difficile, coûteuse, compliquée et qui présente des inconvénients, surtout pour les boissons de line qualité.
- Ajoutons qu’on ne devrait taxer qu’au poids net et non au poids brut, c’est-à-dire le récipient non compris.
- (Le Congrès a préféré la taxe au volume, avec tableaux indiquant la contenance moyenne des récipients. La taxe au volume étant déjà pratiquée par la majorité des nations, on espère arriver ainsi plus facilement à l’unification.)
- Mais convient-il de tenir compte du degré des boissons en même temps que de leur poids ou de leur volume?
- Dans quelle mesure faut-il tenir compte du degré ? — On doit distinguer entre les vins et les spiritueux.
- Pour les vins, la taxation au degré à partir de 12 degrés et même au dixième de degré, selon le régime actuel français, a soulevé de très justes réclamations, parce qu’il est bien délicat de fixer à un dixième près la richesse alcoolique d’un vin et que cette exigence peut être la source de difficultés.
- Nous concluons que tous les pays doivent considérer comme naturels les vins qui ne dépassent pas 15 degrés, attendu que le Bordelais, la Bourgogne, plusieurs contrées de l’Espagne, de l’Italie , etc., produisent cLs vins titrant naturellement plus de 12 degrés. On devrait donc établir une taxe fixe, au poids ou au volume, sur tous les vins qui ne dépassent pas i5 degrés. A partir de i5 degrés, on ferait payer une taxe supplémentaire, non par dixième de degré, mais par degré.
- Pour les spiritueux, dont la valeur réside, en grande partie, dans le degré alcoolique, il est logique de taxer au degré. C’est ce qui se fait habituellement. Cependant, certains pays, notamment la France, n’imposent au degré que les alcools et eaux-de-vie en fûts, et frappent à l’hectolitre, sans tenir compte du degré, les eaux-de-vie en bouteilles.
- Pourquoi ne pas tenir compte du degré effectif de ces dernières? L’intérêt du commerce serait que les taxes douanières sur les spiritueux fussent uniformisées et qu’on payât pour tous, au poids ou au volume, et au degré, quitte à adopter, pour les liqueurs, un autre tarif que pour les alcools ordinaires. Rappelons en passant, à ce sujet, que les eaux-de-vie légèrement sirupées ne devraient jamais être confondues avec les véritables liqueurs, ainsi que le font les douanes belges et allemandes.
- DECLARATION DU DEGRE.
- Adoption de l’alcoomètre centésimal.
- Malgré des bonnes volontés très nombreuses, malgré les relations de plus en plus fréquentes entre les peuples, nous sommes encore loin du jour où les poids et mesures seront unifiés dans le monde entier. Mais nous croyons que cette unification pourrait au moins commencer par se faire en douane, puisque cette administration, par son rôle même, affecte un caractère international.
- Ainsi, en ce qui concerne les boissons spiritueuses, il serait d’abord nécessaire que les douanes de tous pays adoptassent le même système de titrage pour le degré alcoolique. L’Angleterre compte à l’alcoomètre Sykes; la France, la Belgique, l’Autriche et l’Italie à l’alcoomètre de Gay-Lussac, l’Allemagne et la Suisse à l’alcoomètre de Tralles; l’Espagne à l’alcoomètre de Gay-Lussac et à l’alcoomètre de Cartier, etc. Il y aurait intérêt à l’adoption d’un seul et même alcoomètre.
- En France, l’unification a été faite à l’intérieur, par une loi de 1881 mise en vigueur le 26 décembre 1884, loi qui a imposé l’obligation de la vérification officielle, suivie de poinçonnage, à tous les alcoomètres, vendus dans notre pays et dont la concordance se trouve, de cette façon, aussi parfaite que possible. 11 est à souhaiter qu’une convention internationale amène de même l’unification des alcoomètres de toutes les douanes. Déjà, un mouvement se dessine dans ce sens, puisque la Belgique, l’Italie, l’Australie, plusieurs Républiques sud-américaines ont adopté l’alcoomètre centé-
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- simal français, que les États-Unis étudient, à l’heure présente, l’introduction du même appareil chez eux et que l’Espagne tend à substituer de plus en plus l’alcoomètre centésimal à celui de Cartier.
- Uniformisation des méthodes de vérification. — L’uniformisation des méthodes d’analyse des boissons serait non moins intéressante, attendu que des conflits trop fréquents entre les importateurs et les douanes n’ont d’autre cause que les différences qui existent dans les procédés d’analyse.
- Uniformisation générale des méthodes destinées a contrôler la 'pureté des vins et des eaux-de-vie. — La question est trop étendue pour que nous puissions la traiter ici, elle doit d’ailleurs être exposée par un de nos collègues de Russie. Il est évident que cette uniformisation, si nécessaire à l’intérieur, ne l’est pas moins en ce qui concerne le commerce d’exportation et qu’il y a une importance majeure à ce qu’une marchandise reconnue pure au départ, par les laboratoires du pays d’origine, ne soit pas déclarée falsifiée par le laboratoire de la Douane du pays d’importation. Selon nous, le premier pas à faire dans cette œuvre d’unification serait un accord douanier international pour la détermination des substances qu’il est licite d’introduire dans les boissons et sur la dose permise de ces substances. Il semble que, pour commencer, cet accord serait assez facile à effectuer en ce qui concerne les quantités de sulfate de potasse ou de soude, de chlorure de sodium, d’acide sulfureux, etc., que peuvent contenir les vins normaux, d’impuretés que peuvent renfermer les spiritueux, etc.
- Vérif cation du degré des vins. — Selon que le dosage de l’alcool dans les vins se fait par la distillation ou par l’ébullition, on a des différences de degré de plusieurs dixièmes. Des vins d’Espagne, titrés à l’ébulliomètre par l’expéditeur et à l’alambic par la Douane française, ont donné jusqu’à 4 dixièmes de degré d’écart en moins sur la déclaration, Il y aurait donc avantage à titrer l’alcool par un procédé unique. Le plus sûr de tous est la distillation à l’alambic d’essai, En France, les administrations, les laboratoires officiels, les tribunaux dans leurs expertises, les établissements publics dans leurs cahiers des charges de fourniture, l’ont adoptée comme critérium.
- Vérif cation de l’acidité. — Le dosage de l’acidité est une opération préliminaire indispensable quand la Douane recherche si un vin a été mouillé. Ce dosage s’effectue au moyen de liqueurs alcalines titrées. On peut évaluer l’acidité totale d’un vin en acide sulfurique, ou tartrique, ou citrique, ou acétique, etc., c’est-à-dire en prenant pour terme de comparaison l’un de ces acides. L’uniformisation que nous réclamons exigerait que l’on évaluât toujours l’acidité des vins en prenant pour équivalent le même acide, soit l’acide sulfurique qui est adopté par tous les laboratoires officiels de France selon les indications du Comité des arts et manufactures ; soit l’acide tartrique qui est adopté par d’autres pays, notamment l’Allemagne, et qui a l’avantage de correspondre à un des éléments du vin.
- Dosage de l’extrait. — La connaissance de l’extrait sec, c’est-à-dire de la somme des matières fixes contenues dans le vin, n’est pas moins nécessaire pour savoir si un produit présenté à la Douane est naturel(l).
- Quelques pays (la République Argentine, par exemple) tiennent même compte de la teneur en extrait sec dans la taxation des vins importés.
- w Quand la fermentation n’est pas achevée, ce qui est fréquent pour les vins nouveaux, on ne peut comprendre, dans l’extrait, les substances qui sont destinées à disparaître. De même si une matière étrangère a été introduite, frauduleusement ou non, dans un vin, il faut la défalquer dans l’évaluation de 1 exlrait. On détermine ainsi Vextrait réduit, c'est-à-
- dire celui qu’on obtient en déduisant la quantité de sucre supérieure à celle existant dans la moyenne des vins faits et la proportion de sulfate de potasse supérieure à î gramme par litre. C’est sur la valeur de cet extrait réduit, et non sur celle de l’extrait brut, qu’on se base pour déceler le mouillage et le vinage.
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- Or il y a plusieurs manières de déterminer l’extrait : i° dans le vide à la température ordinaire; *2° à îoo degrés et sous la pression ordinaire; 3°au moyen de l’œnobaromètre. Prenez un échantillon de vin, faites la recherche de l’extrait simultanément par ces trois procédés, vous n’aurez pas de résultats concordants; ces résultats ne seront pas meme susceptibles d’être reliés entre eux par une formule permettant de les ramener à une unité déterminée. Vous obtiendrez trois dosages, trois nombres, sans savoir lequel est le vrai,
- Bien plus, dans l’œnobaromélrie, les résultats n’indiquent qu'une teneur momentanée, pour ainsi dire accidentelle, et les difficultés douanières qui se sont produites, il y a quelques années, pour des vins d’Italie arrêtés à la frontière allemande comme trop pauvres en extrait, ont prouvé que si l’œno-baromètre est rapide, pratique, à la portée des gens peu exercés aux manipulations chimiques, ses résultats varient fréquemment sur les vins jeunes et les vins liquoreux.
- Pour l’obtention absolument sérieuse de l’extrait sec, il n’y a qu’un moyen : l’analyse par évaporation, soit à l’étuve, soit dans le vide. Quant à l’œnobaromélrie elle est surtout commode. En tout cas, il est indispensable, pour la sécurité des importateurs, que toutes les douanes adoptent le même procédé de dosages de l’extrait sec. Ici, encore, il est à souhaiter qu’un accord intervienne en faveur soit de l’œnobarométrie, soit, de préférence, de l’analyse par évaporation.
- FACILITÉS À ACCORDER AU COMMERCE D’EXPORTATION.
- Régime des entrepôts spèciaux. — L’Espagne, en vertu d’un décret royal du h avril 1899, et l’Italie, depuis de longues années, possèdent des entrepôts spéciaux, c’est-à-dire des locaux où les vins étrangers peuvent séjourner sans payer les droits, sous la surveillance de la Douane, qui s’assure de leur réexpédition, après mélange avec une certaine quantité de vin indigène.
- Le port de Hambourg jouit d’un régime analogue.
- Les entrepôts spéciaux prospéraient aussi autrefois en France : à Cette et à Bordeaux, où ils fournissaient un débouché important aux petits vins du pays. Une loi du 2 février 1899 a supprimé ces entrepôts spéciaux en consacrant un amendement de M. Piou, député de la Haute-Garonne, amendement ainsi conçu : «Sont prohibés à l’entrée, exclus de l’entrepôt, du transit et de la circulation, tous vins étrangers ne portant pas sur les récipients une marque indélébile, indicatrice du pays d’origine. Les vins étrangers entrant en franchise ne pourront être en France coupés ou mélangés, ni faire l’objet d’aucune manipulation.» C’est l’interdiction des mélanges en entrepôt, parla suppression des entrepôts spéciaux et par celle des coupages dans les entrepôts réels, comme à Marseille.
- D’une façon générale le commerce international des vins a intérêt à ce que la Douane mette à sa disposition des entrepôts spéciaux. En effet, à côté de la clientèle qui achète les vins lins à l’état nature, des eaux-de-vie de cru, il en est une plus nombreuse encore, plus importante, qui demande des spiritueux à bon marché et fies vins ordinafres d’exportation, vins dont le type est constitué, par exemple dans notre pays, à l’aide de petits vins français, coupés de revins médecins» provenant de l’étranger. Pour que le coupage puisse être établi à un prix avantageux, permettant de soutenir la concurrence étrangère, il est indispensable que les revins médecins» puissent être employés en franchise , dans les entrepôts spéciaux, sans avoir à subir les droits élevés de l’importation.
- On comprend difficilement ce que les viticulteurs ont à perdre à voir des vins étrangers venir sur des points neutralisés du territoire subir des préparations conformes au goût des consommateurs d’outre-mer, et repartir. Au contraire, cette admission dans une zone franche de vins étrangers qui repartiraient pour l’étranger ne ferait qu’aider la vente au dehors des vins du pays. Elle permettrait de les mieux utiliser, en les appropriant, par les coupages, au goût des consommateurs. Elle ouvrirait ainsi à la viticulture de nouveaux débouchés.
- Bien entendu la surveillance de la Douane devrait empêcher rigoureusement toute fraude dans les entrepôts spéciaux.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN. 63
- Pour remédier à la situation actuelle, on réclame aujourd’hui en France l’organisation de rf ports francs» notamment à Bordeaux et à Alger.
- Bureaux de sortie. — Les douanes n’autorisent la sortie des boissons qu’expédient les négociants que par un certain nombre de bureaux, nombre trop restreint et qui devait être accru pour les facilités du commerce, ce qui lui éviterait bien souvent des frais supplémentaires de transport. Les douanes font des recettes assez considérables pour effectuer les dépenses nécessaires à la création de nouveaux bureaux de sortie.
- Vérification des boissons de retour. — Les boissons françaises, restées invendues à l’étranger, peuvent être réadmises en franchise pendant un délai de deux'ans, sur la demande des producteurs, distillateurs ou négociants, pour le compte et au nom de qui les boissons ont été exportées, lorsque la sortie antérieure en est dûment justifiée et que leur origine nationale est établie par la vérification du service ou par l’expertise légale.
- Les vins peuvent participer au bénéfice du retour, mais avec la distinction suivante :
- i° Pour les vins de cru de la Gironde et les vins de Bourgogne, il suffit que l’origine en soit respectivement constatée par un jury spécial siégeant à Bordeaux et à Beaune ;
- 2° Pour les vins de tout cru, français ou algérien, il faut qu’ils reviennent accompagnés des certificats des douanes étrangères, visés par nos consuls constatant que, pendant leur séjour à l’étranger, ces vins sont restés sous la surveillance de la Douane sans avoir été l’objet d’aucune manipulation.
- Il y a là une différence de traitement préjudiciable à tous les vins qui ne proviennent pas du Bordelais ou de la Bourgogne. Il serait cependant possible de constater l’origine de tous les produits, soit par l’institution des jurys spéciaux siégeant dans les centres vinicoles les plus importants, soit en demandant aux associations syndicales de ces centres d’opérer la vérification nécessaire. Ainsi les expéditeurs de tous vins restés invendus pourraient participer également au bénéfice du retour, en présentant les justifications voulues.
- Tous les pays producteurs de vin ont un égal intérêt à l’adoption de mesures analogues à celles que nous venons de proposer pour le nôtre.
- Le Congrès international des vins et des spiritueux a émis les vœux :
- 1. Que les douanes des divers pays unifient autant que possible le mode de perception des taxes sur les boissons importées;
- IL Quelles adoptent de préférence la taxation au volume;
- III. Que les vins ne soient pas tarifés au degré, mais qu’on leur applique le tarif du vin jusqu’à i5 degrés, en ajoutant, au besoin, une taxe supplémentaire par degré plein au-dessus de i5 degrés;
- IV. Que tous les spiritueux : eaux-de-vie en fûts et en bouteilles, etc., soient également tarifés au degré, en admettant, toutefois, un tarif supérieur et fixe pour les eaux-de-vie en bouteilles;
- V. Que toutes les douanes adoptent l’alcoomètre centésimal pour la mesure du degré alcoolique;
- VI. Qu’elles s’accordent sur la nomenclature et le dosage des substances dont la présence dans les boissons peut être considérée comme licite;
- VII. Qu’elles uniformisent les méthodes d’analyse et adoptent notamment :
- a. Pour le dosage de l’alcool dans les vins, l’alambic d’essai exclusivement;
- b. Pour le dosage de l’acidité, l’évaluation en acide sulfurique ou en acide lartrique, et, en tout cas, par le même acide ;
- c. Pour le dosage de l’extrait sec, l’évaporation à l’étuve.
- VIII. Que le régime des entrepôts spéciaux, tel qu’il existait en France avant 1899 et tel qu’il existe en Espagne et en Italie, soit organisé dans les pays producteurs, selon l’intérêt manifeste du commerce et conformément aussi à l’intérêt bien entendu de la viticulture;
- IX. . Que les douanes de tous pays facilitent au commerce la vérification des boissons dites trde retour» et augmentent le nombre des bureaux d’entrée et de sortie.
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- Nous donnons ci-dessous les divers tarifs douaniers des pays étrangers, pour les vins et les eaux-de-vie :
- ALLEMAGNE.
- Vin et moût de raisin, en fûts : 2 5 francs les îoo kilogrammes; vins ronges et moûts de vin rouge pour le coupage, sous contrôle, 12 fr. 5o les îoo kilogrammes.
- En bouteilles: vins mousseux, i5o francs les îoo kilogrammes; autres, 6o francs les îoo kilogrammes.
- Eaux-de-vie de toute sorte, arack, rhum, eau-de-vie de France et eaux-de-vie composées :
- En fûts: 200 francs les îoo kilogrammes.
- En bouteilles, cruchons et autres récipients : 3oo francs les îoo kilogrammes.
- Liqueurs: 3oo francs par îoo kilogrammes.
- AUTRICHE-HONGRIE.
- Vins et ses succédanés, ainsi que le moût de raisin et de fruits. En tonneaux ou en bouteilles: 5o francs par îoo kilogrammes.
- Vins mousseux, îoo francs par îoo kilogrammes.
- Raisin foulé et raisin en grappes destinés à la fabrication du vin, i5 francs par îoo kilogrammes.
- Liqueurs, essence de punch et autres liquides spiritueux distillés, mélangés avec du sucre ou d’autres matières : arack, rhum, eau-de-vie de France, cognac : i5o francs par îoo kilogrammes.
- Autres liquides spiritueux distillés : 11 o francs par îoo kilogrammes.
- Indépendamment du droit de douane, ces boissons doivent acquitter la taxe de consommation la plus élevée, applicable dans le pays aux boissons de même espèce.
- RELGIQUE.
- Pas de droit de douane, mais droit d’accise: 20 francs l’hectolitre pour les vins qui ne sont pas en bouteilles ; 6o francs pour les vins en bouteilles.
- Sont considérés comme liqueurs les vins contenant plus de 21 p. îoo d’alcool.
- Les vins importés autrement qu’en bouteilles titrant plus de i5 degrés à l’alcoomètre de Gay-Lussac, à la température 15 degrés centigrades , acquittent, outre le droit de 2 o francs par hectolitre, un droit de 3 francs par degré sur la quantité d’alcool excédant i5 degrés.
- Eau-de vie en cercles, de 5o degrés au moins de l’alcoomètre centésimal de Gay-Lussac, à la température de i5 degrés centigrades : i5o francs l’hectolitre.
- Pour chaque degré au-dessus de 5o degrés : 3 francs par hectolitre.
- Les mêmes, en bouteilles, ainsi que les liqueurs, sans distinction de degré : 3oo francs l’hectolitre.
- Autres liquides alcooliques, alcools méthylique et amylique et alcools homologues : 200 francs l’hectolitre.
- Liqueurs sans distinction de degré: 300 francs l’hectolitre.
- Sont considérées comme liqueurs toutes les eaux de-vie ayant subi une préparation quelconque.
- Toutefois les eaux-de-vie préparées, autres que les préparations à l’absinthe, importées autrement qu’en bouteilles, dont la force alcoolique réelle n’est pas supérieure de plus de 2 degrés à la force alcoolique apparente peuvent être admises au régime des eaux-de-vie de toute espèce en cercles, à la condition que l’importateur déclare, outre le degré apparent, le degré réel qui servira de base au calcul des droits.
- BULGARIE.
- Vins : droit de 1 4 p. 100 ad valorem.
- Plus un droit d’octroi de 4 francs par hectolitre pour les vins en cercles, et de 0 fr. 5o par bouteille cachetée de 3/4 de litre.
- Alcool : 12 fr. 60 par hectolitre.
- Eaux-de-vie de raisins et de prunes, arack, rhum, cognac, et autres eaux-de-vie en barriques : droit de 18 p. 100 ad valorem.
- Sans que la taxe puisse être inférieure à 36 francs l’hectolitre.
- Cognacs, liqueurs et boissons spiritueuses de toutes sortes, en bouteilles : droit de 18 p. 100 ad valorem.
- Sans que la taxe puisse être inférieure à 45 francs l’hectolitre.
- DANEMARK.
- Vin et lie de vin liquide, vins de raisins secs et autres vins de fruits :
- En bouteilles : 47 fr. 95 par hectolitre.
- En contenants autres: 16 fr. 82 par 100 kilogrammes.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- En plus, une surtaxe de 5o p. 100.
- Spiritueux : quand le degré de force peut être détermine' :
- En bouteilles : hr] fr. 95 par hectolitre.
- En contenants autres, de 8 degrés de force et moins: 22 fr. 48 l’hectolitre.
- Pour chaque quart de degré de force en plus :
- 0 fr. 70 par hectolitre.
- Quand, par suite d’addition de matières sucrées, d’épices ou d’autres ingrédients, le degré de force ne peut être déterminé, comme pour l’eau-de-vie, la liqueur, l’extrait de punch :
- En bouteilles: 47 fr. 95 par hectolitre.
- En contenants autres : 35 fr. 96 par hectolitre.
- Avec surtaxe de 5o p. 100 comme centimes additionnels de guerre.
- ESPAGNE.
- Vins généreux ou de liqueur, en fûts ou contenants similaires: 100 francs l’hectolitre; en bouteilles: 125 francs l’hectolitre.
- Vins autres, en fûts, 5o francs l’hectolitre; en bouteilles, 62 francs l’hectolitre.
- Vins mousseux, i5o francs l’hectolitre.
- Les vins titrant plus de i5 degrés centésimaux sont assujettis au payement d’un impôt de 0 fr. 37b par degré excédant la limite sus-indiquée et par hectolitre de liquide.
- Alcools et eaux-de-vie: 160 francs par hectolitre.
- Liqueurs, cognacs et autres eaux-de-vie composées : 260 francs par hectolitre.
- Les alcools, eaux-de-vie, liqueurs et produits industriels à hase d’alcool sont assujettis, en outre, à un impôt de 37 fr. 5o par hectolitre de liquide, quelle que soit leur teneur en alcool.
- Rhum et genièvre titrant jusqu’à 22 degrés Cartier : 160 francs par hectolitre.
- GRANDE-BRETAGNE.
- Vins n’ayant pas plus de 3o degrés d’esprit de preuve (l’esprit de preuve : 57° 47 de l’alcoomètre centésimal): le gallon, 1 fr 56.
- Vins ayant plus de 3o degrés, mais pas plus de 42 degrés d’esprit de preuve : le gallon, 3 fr. 75 et pour chaque degré ou fraction de degré au-dessus de 42 degrés, droit .ddi-tionnnel de 0 fi*. 31 par gallon.
- Vins non mousseux importés en bouteilles : droit additionnel de 1 fr. 2 5 par gallon.
- Vins mousseux importés en bouteilles: droit additionnel de 3 fr. 63 par gallon.
- Gn. \. — Cl. 60.
- Le gallon vaut 4 litres 543.
- Spiritueux de toute sorte (autres que les spiritueux parfumés), y compris le naphte ou alcool méthylique, purifiés de manière à être potables, et mélanges et préparations contenant des spiritueux :
- Gallon de preuve calculé à l’hydromètre : i4 fr. 17.
- Spiritueux importés en bouteilles, dénommés, et dont la force est connue, et spiritueux édulcorés importés en bouteilles, non dénommés et dont la force est connue :
- Droit additionnel : par gallon de preuve : 1 fr. 2 5.
- Liqueurs, cordiaux et autres préparations contenant des spiritueux, importés en bouteilles et dont la force, d’après la déclaration, ne doit pas être vérifiée :
- Le gallon : 20 francs, et en proportion pour toute quantité inférieure.
- GRÈCE.
- Vins de toute sorte, exempts de droits.
- Alcools et boissons alcooliques :
- De plus de 70 degrés à l’alcoomètre centésimal: i4p fr. 26 par hectolitre.
- De moins de 70 degrés à l’alcoomètre centésimal (y compris l’alcool non purifié): 111 fr. 96 par hectolitre.
- En plus, une surtaxe de consommation de 1 fr. 12 par litre sur l’alcool au-dessus de 70 degrés, et de o fr. 75 par litre d’alcool au-dessous de 70 degrés.
- Liqueurs de toute sorte: 1 fr. 4g par litre.
- ITALIE.
- Vins en fûts: 5 fr. 77 l’hectolitre.
- Vins en bouteilles: 20 francs les 100 bouteilles.
- Le vin naturel titrant plus de i5 degrés acquitte, en plus du droit du tarif et pour chaque degré en plus, la surtaxe applicable à l’alcool, à raison d’un litre d’alcool anhydre par degré et par hectolitre.
- Cognac en fûts: 60 francs l’hectolitre.
- Cognac en bouteilles contenant plus d’un demi-litre et moins d’un litre : 60 francs les 100 bouteilles.
- Cognac en bouteilles d’un demi-litre ou moins : 45 francs les 100 bouteilles.
- Alcool pur, en tonneaux ou en barils : 14 francs l’hectolitre.
- L’alcool acquitte eu plus une taxe de fabrication
- IPR1METUE NATIONALE.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- de 180 francs par hectolitre d’alcool anhydre à la température de i5°56 centigrades.
- PAYS-BAS.
- Droit d’accise de 42 fr. 20 par hectolitre quand la force alcoolique ne dépasse pas 22 à 15 degrés centigrades.
- Si la force alcoolique est supérieure, la taxe croit en proportion.
- Alcool et tous liquides dans la fabrication desquels l’alcool a été employé ou a été mélangé : 242 fr. 65 .par hectolitre.
- Spiritueux, liqueurs, amers et autres boissons distillées analogues, pourvu que ces liquides contiennent plus de 5 litres d’alcool par hectolitre à la température de i5° centigrades : 7 fr. 885 l’hectolitre ramené à 5o p. 100 d’alcool à i5 degrés; plus un droit d’accise de 132 fr. 93 par hectolitre ramené à 50 p. 100 d’alcool pur à la température de 15 degrés.
- PORTUGAL.
- Vins en fuis : 200 francs par hectolitre.
- Vins en bouteilles : 2 fr. 77 par bouteille d’un litre.
- Eaux-de-vie et alcools simples en fûts ou en dames-jeannes : le décalitre d’alcool pur : 10 fr. 722.
- En bouteilles, cruchons ou contenants semblables : le décalitre de liquide : 13 fr. 11.
- Boissons alcooliques non dénommées : le décalitre de liquide : i3 fr. 88.
- ROUMANIE.
- Vins de toutes sortes et succédanés du viu : 100 francs les 100 kilogrammes.
- Alcools de toutes sortes : 120 francs les 100 kilogrammes.
- Spiritueux distillés de toutes sortes, en contenants de toutes sortes autres que bouteilles, cruchons et récipients de fer-blanc : 100 fr. les 100 kilogrammes.
- Spiritueux distillés de toutes sortes, en bouteilles, en cruchons ou en récipients de fer-blanc : 120 francs les 100 kilogrammes.
- RUSSIE.
- Vins de raisins, jusqu’à i3 degrés inclusivement, 98 fr. 16 les 100 kilogrammes brut; titrant plus de i3 degrés : 147 fr. 2 4 les 100 kilogrammes bruts.
- Les vins soumis aux droits contenant plus de
- 16 degrés d’alcool acquittent une surtaxe de 0 fr. 48 par poids brut pour chaque degré en sus.
- Vins mousseux : 4 fr. 76 la bouteille.
- Eaux-de-vie, esprits et liqueurs, arack, rhum, eau-de-vie de France ( de raisin), cognac, eaux-de-vie de prunes, kirsch, gin, wisky, alcool de grains et eaux-de-vie de grains, sans mélanges améliorants :
- En fûts ou en barils : 263 fr. 74 les 100 kilogrammes brut.
- En bouteilles, ainsi que les liqueurs et infusions spirilueuses, avec ou sans sucre, importées en récipients de toutes sortes : 3 fr. 4o la bouteille.
- SERBIE.
- Vins eu cercles : 5o francs les 100 kilogrammes.
- En bouteilles, y compris les vins mousseux : 100 francs les 100 kilogrammes.
- Eaux-de-vie, rhum, liqueurs, esprit-de-vin et liquides similaires en luis : 3o francs les 100 kilogrammes.
- Autres : 100 francs les 100 kilogrammes.
- En bouteilles : i5o francs les 100 kilogrammes.
- SUEDE.
- Vins en fûts, contenant jusqu’à 20 p. 100 d'alcool inclusivement : 0 fr. 70 le kilogramme.
- Vins en récipients autres : mousseux, 2 fr. 08 le litre; non mousseux, 1 fr. 11 le litre.
- Eaux-de-vie et spiritueux en futailles : par litre, au litre de 5o p. 100 d’alcool à i5 degrés centigrades : 1 fr. 02.
- En antres récipients de toutes sortes, par litre, quelle qu’en soit la teneur alcoolique : 1 fr. 88.
- NORVÈGE.
- Vins en fûts et en bouteilles, jusqu’à 23 p. 100 d’alcool, 16 francs par hectolitre; vins contenant plus de 23 p. 100, ruais moins de 25 p. 100 d’alcool, 5o francs par hectolitre.
- Vins titrant plus de 25 degrés, régime des eaux-de-vie.
- Spiritueux de toutes sortes : en bouteilles ou cruchons et autres récipients de moins de 5o litres, quel que soit le degré : le litre, 3 fr. 34.
- En autres contenants, taxe calculée par litre d’une force alcoolique de 100 degrés : le litre. 3 fr. 54.
- Si les spiritueux sont mélangés de sucres ou d’autres matières qui empêchent d’en cou-
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- VINS ET EAUX-J
- stater exactement la force, ils acquittent an droit de 4 fr. 38 par kilogramme.
- SUISSE.
- Vins naturels, en fûts, 3 fr. 5o le quintal. Les vins naturels titrant plus de i5 degrés d’alcool sont soumis, pour chaque degré en sus, à une finance de monopole de o fr. 8o et à un droit supplémentaire de o fr. 20 par quintal.
- En bouteilles : 25 francs par quintal.
- Vins artificiels, en fûts : 1*2 francs le quintal;
- E11 bouteilles : 5o francs le quintal.
- Vins mousseux, en bouteilles : 4o francs le quintal.
- Esprit-de-vin, alcool en fûts, par degré centésimal d’alcool pur mesuré à l’alcoomètre de Tralies.
- Eau-de-vie et autres boissons spiritueuses, telles que cognac, rhum, arack, en fûts, par degré d’alcool pur mesuré à l’alcoomètre de Tralies, par degré et par quintal : 0 fr. 20.
- En bouteilles ou cruchons, quelle que soit la force alcoolique : o fr. 3o par quintal et par degré.
- Liqueurs en fûts, bouteilles et cruchons, titrant jusqu’à 18 degrés d’alcool : 3o francs par quintal.
- TURQUIE.
- Droit de 8 p. 100 ad valorem sur les vins et spiritueux.
- ÉTATS-UNIS.
- Vin non mousseux et vermout en fûts, 47 fr. 90 l’hectolitre.
- En bouteilles ou cruchons, par caisse de 12 bouteilles ou cruchons, chaque bouteille ou cruchon ne contenant pas plus d’un quart et plus d’une pinte, ou par caisse de 2 4 bouteilles ou cruchons, chaque bouteille ou cruchon ne contenant pas plus d’une pinte : 6 fr. 48 la caisse. Tout excédent sur ces quantités est soumis à un droit de 0 fr. 21 par pinte ou fraction de pinte.
- Champagnes et autres vins mousseux, en bouteilles ne contenant pas plus d’un quart, mais plus d’une pinte : 4i fr. 44 la douzaine; ne contenant pas plus d'une pinte, mais plus d’une demi-pinte : 20 fr. 72 la douzaine; contenant une clemi-pinte et moins : 10 fr. 36 la douzaine; en bouteilles ou autres récipients contenant plus cl’un quart, en plus des 4i fr. 44 par 12 bouteilles, sur la quantité supérieure à un quart, un droit additionnel de 13 fi-. 96 par gallon.
- DE-VIE DE VIN. 67
- Le gallon, 3 litres 785 ; le quart, 0 litre g46 ; la pinte, 0 litre 437.
- Eaux-de-vie et autres spiritueux distillés ou fabriqués avec des grains ou d’autres matières : 1 dollar 75 ( 9 fr. o65 ), par gallon de preuve.
- Le gallon : 4 litres 4o5 ou 416 fr. 71 par hectolitre d’alcool pur.
- En vertu de la Convention du 2 4 juillet 1899, les liqueurs bénéficieraient d’une réduction de 10 p. 100 sur le montant des droits.
- RÉPUBLIQUE ARGENTINE.
- Vins en bouteilles ne contenant pas plus d’un litre : 1 fr. 2 5 la bouteille.
- Vins en fûts ou dames-jeannes : 1 fr. 2 5 le-litre; les vins doux et de desserts et autres vins de qualité demi-fine : o fr. 60 le litre.
- Vins ordinaires, en fûts ou en dames-jeannes, n’avant pas plus de 15 degrés centésimaux de force alcoolique et ne contenant pas plus de 45 p. 100 d’extrait sec, déterminé par l’évaporation à 100 degrés : 0 fr. 4o le litre.
- Vin ou moût alcoolisé ou concentré ; 5 francs le litre. Les vins et autres boissons d’une teneur alcoolique supérieure à celle indiquée payeront 0 fr. o5 par chaque degré ou fraction de degré d’excédent et par litre.
- Eaux-de-vie ne dépassant pas 79 degrés centésimaux, en fûts ou dames-jeannes : 0 fr. 3o le litre.
- Les mêmes, en bouteilles de 5oi millilitres à 1 litre : 1 fr. 2 5 1a bouteille.
- Absinthe ne dépassant pas 68 degrés centésimaux, en fûts ou dames-jeannes : i fr. 45 le litre.
- Les mêmes, en bouteilles : 1 fr. 70 la bouteille.
- Eaux-de-vie à l’anis, arack, cognac, kirsch, rhum, ne dépassant pas 5o degrés centésimaux, en fûts ou dames-jeannes : 1 fr. 4o le litre.
- Les mêmes, en bouteilles : 1 fr. 65 la bouteille.
- Eau-de-vie de marc ne dépassant pas 68 degrés centésimaux, en fûts ou dames-jeannes : 1 franc le litre.
- Les mêmes, en bouteilles : 1 fr. 2 5 la bouteille.
- Bitter Angostura titrant jusqu’à 68 degrés centésimaux, en bouteilles : 2 fr. 70 la bouteille.
- Le même, en demi-bouteilles : 1 fr. 35 la demi-bouteille.
- Bitter d’autres marques, y compris le Fernet, titrant jusqu a 68 degrés centésimaux : 1 fr. 35 la bouteille.
- Liqueurs usqu’à 5o degrés : 1 fr. 75 la bouteille.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- En fûts ou dames-jeannes : 1 fr. 45 le litre.
- Vermout en fûts ou dames-jeannes : o fr. 75 le litre.
- En bouteilles ne dépassant pas 1 litre : o fr. 80 la bouteille.
- Wisky ne dépassant pas 5o degrés centésimaux, en fûts ou dames-jeannes : 0 fr. 5o le litre.
- En bouteilles : 1 fr. 5o la bouteille.
- PÉROU.
- Vins de Champagne et autres vins mousseux, y compris le vin d’Asti en bouteilles ordinaires : 48 fr. 7b les 12 bouteilles.
- Vin de Bourgogne blanc et rouge, Chypre, Xérès, Madère, Porto, vins de cerises, Frontignan, Parajele, Malaga, Malvoisie, Muscat, Pedro Jimenez, Péralta, Val de Pena et autres vins généreux ou leurs imitations, en bouteilles ordinaires : .82 fr. 5o les 12 bouteilles.
- Les mêmes, en contenants autres : 1 fr. 96 le litre.
- Vins de Barsac, Marsala, vins du Rhin, Graves, Sauterne, vermout et autres vins blancs non dénommés ou leurs imitations, en bouteilles ordinaires : 26 francs les 12 bouteilles.
- Les mêmes, en contenants autres : i fr. 95 le litre.
- Vins de Bordeaux de toutes sortes et autres vins rouges non dénommés et leurs imitations : 16 fr. 2 b les 12 bouteilles.
- Les mêmes, en contenants autres : 0 fr. 65 le litre.
- Spiritueux de toutes sortes, tels que : absinthe, anisette, cognac, kirsch ou autres boissons alcooliques titrant jusqu’à 3o degrés, en bouteilles ordinaires : 32 fr. 5o la douzaine.
- Les mêmes, en conlenants autres : 2 fr. 3o le litre.
- Wisky : 22 fr. 75 les 12 bouteilles.
- En contenants autres : 1 fr. 60 le litre.
- Eau-de-vie chinoise, en bouteilles ordinaires : 19 fr. 5o les 12 bouteilles.
- En contenants autres : 1 fr. 60 le litre.
- Alcool titrant plus de 3o degrés : 4 fr. 90 le litre.
- Amers et bitters de toutes sortes, en bouteilles ordinaires : 22 fr. 75 les 12 bouteilles.
- En contenants autres : t fr. 60 le litre.
- Genièvre et old, tous en bouteilles ordinaires: 16 fr. 25 les 12 bouteilles.
- En contenants autres : 1 fr. 3o le litre.
- Liqueurs douces ou mistelas, telles que chartreuse, curaçao, crème de cacao, bénédic-
- tine, etc., en bouteilles ordinaires ou cruchons : 32 fr. 5o les 12 bouteilles.
- En conlenants de verre autres : à évaluer.
- ÉQUATEUR.
- Vins rouges ou blancs ordinaires : 25 francs les
- ' 100 kilogrammes.
- Vins demi-fins : 5o francs les 100 kilogrammes.
- Vins fins et vins mousseux autres que le champagne : 75 francs les 100 kilogrammes.
- Vins de Champagne : 25o francs les 100 kilogrammes.
- Les vins autres que le champagne acquittent, en outre, un droit de consommation de 60 francs par 100 kilogrammes.
- Les vins de Champagne et vins mousseux acquittent un droit de consommation de 125 fr. par 100 kilogrammes.
- Alcools : droit de 2 5o francs par 100 kilogrammes.
- Eaux-de-vie, amers et liqueurs de toutes sortes : 125 francs les 100 kilogrammes.
- En outre, il est perçu un droit additionnel de consommation de 75 francs par 100 kilogrammes bruts sur les cognacs, eaux-de-vie et autres liqueurs spiritueuses.
- BRÉSIL.
- Vins mousseux: 7 francs le kilogramme (5 op. 100 ad valorem).
- Vins autres : 5o p. 100 ad valorem.
- Liquides et boissons alcooliques (absinthe, kirsch, cognac, rhum, wisky, eau-de-vie de France): 4 fr. 20 le kilogramme (60 p. 100 ad valorem).
- Genièvre : 2 fr. 2 4 le kilogramme (60 p. 100 ad valorem).
- Alcool rectifié : 1 fr. 4o le kilogramme (60 p. 100 ad valorem ).
- Liqueurs : 7 francs le kilogramme (60 p. 100 ad valorem).
- Indépendamment des droits de consommation.
- CANADA.
- Vins de toutes espèces, excepté les vins mousseux, y compris les vins d’orange, citron, fraise, framboise, sureau et groseille, contenant 26 p. 100 au moins de spiritueux de la force de preuve, importés en fûts ou en bouteilles : 1 fr. 3o le gallon.
- Pour chaque degré ou fraction de degré au-dessus de 26 p. 100 excédant 26 p. 100 de
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- spiritueux comme susdit, jusqu’à ce que la force de preuve atteigne ho p. 100 de spiritueux , un droit additionnel de o fr. 15 1/2 par gallon.
- Vins de Champagne et tous autres vins mousseux en bouteilles, ne contenant chacune pas plus d’une pinte, mais plus d’une chopine : 17 fr. 1 o la douzaine.
- Ne contenant pas plus d’une chopine, mais plus d’une demi-pinte : 8 fr. 55 la douzaine.
- Contenant une demi-chopine chacune ou moins : h fr. 2 5 la douzaine.
- Les bouteilles contenant plus d’une pinte chacune payeront, pour les excédents, en plus du droit de 17 fr. 10 par douzaine, un droit de 8 fr. 55 par gallon et 3o p. 100 ad valorem.
- Alcool éthylique, genièvre de toutes espèces, wislcy et toutes liqueurs spiritueuses ou alcooliques , esprit ou huile de pommes de terre,
- esprit de bois et alcool méthylique, absinthe, arack ou esprit de palme, eaux-de-vie, y compris l’eau-de-vie artificielle, les imitations d’eau-de-vie, cordiaux et liqueurs de toutes espèces, amers et breuvages alcooliques de tous genres : 12 fr. kk le gallon.
- Vermout ne titrant pas plus de 36 p. 100 et vin de gingembre ne titrant pas plus de 26 p. 100 d’esprit de preuve : h fr. 66 le gallon.
- Vermout contenant plus que ces proportions de preuve : 12 fr. kk le gallon.
- Les liquides importés sous le nom de vins, renfermant plus de ko p. 100 d’esprit de preuve, suivront, au point de vue des droits, le régime des spiritueux non dénommés, c’est-à-dire payeront 12 fr. 44 par gallon et 3o p. 100 ad valorem.
- Le gallon : 4 litres 543.
- LES VINS ET LES EAUX-DE-VIE DEVANT LA LÉGISLATION SUR LES FRAUDES.
- Le Parlement est saisi d’un projet de loi concernant la répression des fraudes dans la vente des marchandises et des falsifications des denrées alimentaires et des produits agricoles.
- Ce projet de loi, par ses dispositions, tantôt vagues et laissant place à l’arbitraire, tantôt d’une rigueur excessive, a soulevé une légitime émotion dans toutes les branches du commerce.
- Présenté au Sénat le 6 avril 1898, par AI. Méline, alors ministre de l’agriculture, adopté par la haute Assemblée dans ses séances des 24 janvier et 2 février 1899, il est soumis aujourd’hui à la discussion de la Chambre des députés.
- Les règles fondamentales sur la matière se trouvent dans l’article 423 du Code pénal et dans les lois des 27 mars 1851 et 5 mai 1805. Cette remarquable législation réprime d’une façon complète et efficace la tromperie sur la nature, la substance, l’origine ou la quantité des marchandises ; elle punit les falsifications et les pesages ou mesurages inexacts. Sur tous ces points, elle fixe clairement les principes, laissant avec raison aux juges le soin d’entrer dans le détail et de déterminer les cas d’application. Ceux-ci sont, en effet, du ressort de la jurisprudence, et il est toujours périlleux de vouloir d’une part les définir d’avance et d’une manière absolue, car ils peuvent varier avec les progrès de la science, les perfectionnements de l’industrie et les nécessités commerciales, et, d’autre part, leur définition, si difficilement complète, limite l’appréciation des tribunaux et laissent ceux-ci impuissants devant des cas imprévus. Nous voyons la preuve de cet état de choses dans la série des lois spéciales qu’on a cru devoir ajouter à la législation déjà suffisante des falsifications.
- La législation de 1851-1855 présente encore ce mérite d’avoir érigé en délit la
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- falsification jusque-là réprimée seulement comme contravention. Elle a ainsi assuré la punition des vrais coupables, en même temps que la sécurité des vendeurs de bonne foi.
- Le projet de loi, pendant aujourd’hui devant la Chambre des députés, constitue la seconde tentative faite pour modifier les règlements en vigueur. Un premier essai dans ce sens n’a pas abouti. Son histoire est instructive et mérite qu’on s’y arrête.
- Le 12 juin 1888, M. Salis, député de l’Hérault, déposait à la Chambre une proposition «tendant à réprimer la sophistications des produits alimentaires». Elle comprenait trois articles ainsi conçus :
- Art. 1er. Nul ne pourra mettre en vente, sous sa dénomination primitive, un produit alimentaire modifié d’une manière quelconque, à moins qu’il n’ait fait suivre cette dénomination du mot : * Factice».
- Art. 2. Toute publicité et toute manœuvre, quelles qu’elles puissent être, tendant à propager une substance destinée à la sophistication des aliments, seront assimilées à la sophistication elle-même et passibles des mêmes peines.
- Art. 3. Les pénalités frappant les tromperies sur les qualités des marchandises seront applicables en ce qui concerne les infractions à l’article icr de la présente loi.
- Sans doute, le but que se proposait l’auteur était des plus louables, mais le projet, élargissant le cercle des délits, rattachait à la falsification des procédés non pas seulement tolérés, mais encore pratiqués ouvertement de tout temps, des manipulations d’un usage universel et immémorial, d’une utilité reconnue par tous, d’une nécessité incontestable et incontestée, préconisées par la science, consacrées par la pratique.
- D’un trait de plume, le projet supprimait les résultats acquis par l’expérience des siècles; or, si le législateur doit constamment s’appliquer à défendre contre la sophistication les produits de notre agriculture et de notre industrie, il ne doit jamais confondre les mélanges de produits naturels et inoffensifs, qui ont pour objet leur amélioration et leur transformation suivant les préférences des consommateurs, avec des combinaisons occultes basées sur des éléments hétérogènes ou nuisibles, dont le but exclusif est de réaliser un gain illicite en trompant la confiance des acheteurs.
- A cet égard, de nombreux procès attestent la vigilance des parquets, et les condamnations prononcées montrent évidemment que la justice n’est pas désarmée. Ce n’est donc point dans un nouveau texte de loi que la répression puiserait une énergie plus grande.
- Le projet de 1888 a suscité, comme celui d’aujourd’hui, de telles critiques, qu’il a été abandonné par son auteur avant d’avoir affronté la discussion parlementaire.
- Mais, si cette tentative de refonte générale de la législation sur la matière a échoué, les Chambres, à diverses reprises, ont voté un grand nombre de lois de détail, destinées à préciser, sur des points spéciaux, les dispositions des lois de 185 1-1 855 (1> ;
- Loi Griffe du îh août 1889 sur les vins;
- Loi Griffe ou Brousse du 11 juillet 1891 sur les vins ;
- M On trouvera tous ces textes dans le Code des falsification» agricoles, industrielles et commerciales, do M. J. Desdozeaux.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Lois du 2 à juillet 18q/t et du 6 avril 1897 sur les vins.
- Ainsi s’est constituée une législation compliquée et hétéroclite que le Parlement est sans cesse obligé de reprendre en sous-œuvre pour la compléter ou la rectifier.
- 11 est à remarquer que la plupart de ces lois, votées moins dans le but de réprimer des fraudes particulières que dans celui d’être agréable à quelques régions, ont été complètement inutiles. Leur multiplicité même est la meilleure preuve de leur inefficacité. Souvent aussi elles ont produit des résultats inattendus allant à l’encontre des espérances qu’on fondait sur elles. II en a été ainsi de la loi de 1896 qui avait supprimé le vinage. Il est assez piquant, en effet, de constater que ceux-là mêmes qui ont provoqué cette interdiction sont les premiers à la regretter et à réclamer le droit de viner comme autrefois, parce que l’ère des récoltes abondantes semblant revenue et la nature ne donnant guère à la fois quantité et qualité, les vins manquent de degré et les viticulteurs voudraient, avec juste raison, pouvoir remédier à ce défaut par une légère alcoolisation (1).
- Le projet de loi soumis à la Chambre des députés a surtout été déposé en vue de réprimer les fraudes dans la vente des engrais chimiques. Si la loi de 1888 sur ce sujet paraît insuffisante, pourquoi ne pas l’abroger pour la refondre comme on l’a déjà fait pour la loi de 1867, qui a été remplacée par celle de 1888? Mais est-il admissible de venir, à propos d’opérations illicites, portant sur un produit spécial, toucher sans discrétion toute la législation des'falsifications par une réforme qui n’a de général que le nom et qui aboutira en fait à entraver toutes les transactions, et à mettre producteurs et commerçants sous le coup d’une loi draconienne et de nouveaux règlements dont le besoin ne s’était pas fait sentir jusqu’ici.
- Donc l’ensemble du nouveau projet de loi devrait être purement et simplement rejeté, car l’expérience du passé doit être la leçon de l’avenir, et cette expérience montre que l’adjonction de textes successifs à la législation fondamentale sur la matière est la plupart du temps inefficace et souvent dangereuse.
- Si l’on veut absolument une réforme (et nous le répétons, sa nécessité ne nous apparaît pas dès lors que l’autorité judiciaire se fait un devoir d’appliquer régulièrement les lois existantes), il faut qu’on reprenne complètement cette matière et qu’on refonde entièrement tous les textes de manière à constituer un code homogène et uniforme. A tout prix, il faut renoncer à accumuler des dispositions obscures et parfois contradictoires, qui ne peuvent que jeter la confusion dans l’esprit du juge, comme dans celui des producteurs, des commerçants et des consommateurs.
- La Chambre de commerce de Paris et, après elle, la plupart des Chambres de commerce de France ont adopté, sur le nouveau projet de loi, les conclusions d’un important rapport de M. Kester, dont nous reproduisons ci-après les passages essentiels.
- (1) M. Augé, député de Béziers, dans une lettre vins du Midi jusqu’à 12 degrés. La lettre de M. Augé
- d’octobre 1900, demandait à M. le Ministre des a été publiée dans le Moniteur vinicole, du 5 octobre
- finances d’autoriser exceptionnellement le vinage des 1900.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- L’article ier est ainsi conçu :
- Quiconque aura tenté de tromper l'acheteur :
- Soit sur la nature, les qualités substantielles, la composition et la teneur en principes utiles de toutes marchandises ;
- Soit sur leur espèce ou leur origine lorsque, d’après la convention ou les usages, la désigna lion de l'espèce ou de l’origine, faussement attribuées aux marchandises, devra être considérée comme la cause principale de la vente ;
- Soit sur la quantité des choses livrées ou sur leur identité par la livraison d’une marchandise autre que la chose déterminée qui a fait l’objet du contrat,
- Sera puni de l’emprisonnement pendant trois mois au moins, un an au plus et d’une amende de 100 francs au plus;
- Ou de l’une de ces deux peines seulement.
- Les exigences de cet article icr semblent des plus dangereuses pour le commerce, en raison de la généralité des termes et de l’absence de toute définition précise de la nature et des qualités substantielles des diverses marchandises.
- Quelles doivent être la nature, la qualité substantielle, la composition et la teneur en principes utiles d’un produit alimentaire ? Nul ne saurait le dire ; non seulement ces définitions n’existent pas, mais elles ne sauraient exister. En effet, il est inadmissible, à moins de prétendre réglementer la nature, qu’il y ait des marchandises-types, des produits alimentaires-types, dont la composition soit déterminée d’avance d’une manière officielle et légale. Et si l’on admettait ces types, que deviendrait la concurrence, qui permet au consommateur de s’approvisionner des qualités en rapport avec les prix qu’il veut payer? Elle disparaîtrait et avec elle la liberté du commerce.
- Au point de vue de l’origine des marchandises, comment le négociant, qui achète directement au producteur, obtiendra-t-il la garantie et la certitude que le produit à lui vendu est bien issu du sol même dont il a pris le nom ? Cette garantie sera encore plus difficile à obtenir lorsque le négociant achètera de seconde ou de troisième main à des intermédiaires, ce qui est très fréquent.
- Art. 2. L’emprisonnemeut pourra être porté à deux ans si le délit ou la tentative de délit prévus par l’article précédent ont été commis :
- Soit à l’aide de poids, mesures et autres instruments faux on inexacts, employés en connaissance de cause;
- Soit à l’aide de manœuvres ou procédés tendant à fausser les opérations de l’analyse ou du dosage, du pesage ou du mesurage ou bien h modifier frauduleusement la composition, le poids ou le volume des marchandises, même avant ces opérations;
- Soit enfin à l’aide d’indications frauduleuses tendant à faire croire à une opération antérieure el exacte.
- Ce texte manque évidemment de clarté et de précision. D’abord qu’entend le rédacteur du projet par les expressions de «manœuvres ou de procédés tendant à fausser les opérations de l’analyse ou du dosage»?
- Voilà le vendeur à la merci des conclusions d’un expert, qui peut cependant être fa il-
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- libie. Le -voilà à la merci des résultats d’une analyse qui peut être mal faite, et dont les règles scientifiques sont très rarement déterminées à l’avance. On sait en effet que, malgré les vœux du commerce et de beaucoup de chimistes, l’uniformité des méthodes d’analyses est encore très loin de devenir un fait accompli.
- Il pourra arriver, par exemple, que le négociant qui vendra des vins de Bourgogne, sucrés ou procédés par le viticulteur, selon une pratique courante admise depuis longtemps dans cette région, sera incriminé si le vin est soumis à l’analyse. Le chimiste pourra, en effet, prétendre qu’on a cherché à fausser les opérations de l’analyse ou du dosage, puisque l’addition de sucre cristallisé à la vendange augmente les proportions d’alcool et de glycérine, modifie le rapport alcool-extrait et la somme acide-alcool.
- Art. 3. Seront punis des peines portées par l’article ier : i° ceux qui falsifieront des denrées servant à l’alimentation de l’homme et des animaux, des substances médicamenteuses, des boissons et des produits agricoles ou naturels destinés à être vendus ;
- 2° Ceux qui exposeront, mettront en vente ou vendront des denrées servant à l’alimentation de l’homme ou des animaux, des substances médicamenteuses, des boissons et des produits agricoles ou naturels qu’ils sauront être falsifiés ou corrompus.
- Pourront être réputés avoir connu la falsification de la marchandise ceux qui ne fourniront pas les renseignements nécessaires de nature à permettre la poursuite du vendeur ou de l’expéditeur.
- Si la substance falsifiée ou corrompue est nuisible à la santé de l’homme et des animaux, l’emprisonnement devra être appliqué. Il sera de trois mois à deux ans et l’amende de 5oo francs à 10,000 francs. Ces peines seront applicables même au cas où la falsification nuisible serait connue de l’acheteur ou du consommateur.
- Les clauses de cet article, qui vise la falsification, ne peuvent qu’augmenter la grande obscurité qui, comme nous l’avons montré, caractérise déjà la législation sur la matière. Il ne faudrait pas qu’on vînt entraver, en les qualifiant de « falsifications n de produits agricoles ou naturels, les opérations légitimes du commerce, les manipulations inoffensives et licites consacrées par l’usage et les nécessités de la consommation, les mélanges, les coupages, etc., qui n’ont d’autre but que d’obtenir des résultats supérieurs à ceux de la nature, de satisfaire au goût si varié de la clientèle, tout en lui livrant des marchandises loyales à un prix plus abordable.
- Nous insisterons encore davantage sur la disposition qui punit ceux qui vendront des produits agricoles ou naturels qu’ils sauront être falsifiés ou corrompus.
- Votre Commission vous propose de demander la suppression du mot «corrompu»: ce terme est, en effet, trop vague pour des denrées alimentaires périssables : il est bien difficile de définir le moment précis où commence la corruption et où, par suite, l’agent de l’Administration sera autorisé à saisir et à dresser procès-verbal. Puis, des marchandises expédiées ont pu se corrompre après l’expédition et antérieurement à la réception, soit par manque de soins pendant le transport, soit en raison des influences climatériques. D’autre part, si l’acheteur a besoin detre protégé contre la falsification qui consiste à introduire dans un produit une autre substance qui en modifie les qualités sans en changer l’aspect, il est par contre, lorsqu’il s’agit de corruption, prévenu par la denrée elle-même, et d’une façon manifeste, de la modification survenue.
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- En ce qui concerne les vins, peut-on admettre qu’on considérera comme corrompus et assimilés à des produits falsifiés les vins atteints de piqûre, de casse, de tourne, etc? Ces maladies sont toujours indépendantes de la volonté du commerçant et il serait excessif de le condamner de ce fait, surtout lorsque la marchandise n’est pas encore mise en vente. Cela serait d’autant plus inique que ces vins peuvent être soignés et souvent guéris, ou du moins améliorés suffisamment pour que le produit puisse être consommé en nature ou après un coupage. En raison des progrès de la science œnologique, il serait aussi absurde de mettre un vin en interdit parce qu’il est piqué ou tourné que d’enterrer un homme parce qu’il est malade(1).
- D’ailleurs, ces liquides devenus définitivement impropres à la consommation directe peuvent être vendus pour être utilisés industriellement, soit convertis en vinaigre, soit distillés.
- Si cet article devait être maintenu, nous demanderions du moins qu’on ajoutât au paragraphe 2 de l’article 3, à la suite des mots «ceux qui exposeront, mettront en vente ou vendront» les mots, : «comme sains ou naturels».
- Enfin l’article 3 frappe ceux qui ne fourniront pas les renseignements nécessaires de nature à permettre la poursuite du vendeur ou de l’expéditeur. Mais, outre qu’il sera souvent très difficile, sinon impossible, d’établir la filière des vendeurs successifs, cette disposition arbitraire et abusive forcerait à impliquer dans la poursuite des personnes étrangères au délit visé et obligerait à la délation sous peine d’un procès correctionnel ! C’est une clause immorale et périlleuse pour la sécurité des transactions et votre Commission en propose la suppression. Il est indispensable, en tout cas, que la complicité de la fraude, qui ne se présume pas, soit au moins rendue certaine, par un fait précis.
- Art. A. Seront punis d’une amende et de l’emprisonnement ceux qui, sans motifs légitimes, seront trouvés détenteurs dans leurs magasins, boutiques, ateliers où maisons de commerce, ainsi que dans les entrepôts, abattoirs et leurs dépendances et dans les gares ou dans les halles, foires et marchés, soit de poids ou mesures faux ou autres appareils inexacts servant au pesage ou mesurage des marchandises ; soit de denrées servant à l’alimentation de l’homme et des animaux ; de substances médicamenteuses, de boissons, de produits agricoles ou naturels qu’ils savaient être falsifiés ou corrompus; si la substance falsifiée ou corrompue est nuisible à la santé de l’homme ou des animaux, l’emprisonnement devra être appliqué, il sera de trois mois à un an et l’amende de 100 à 5,000 francs.
- Mais quels seront les motifs légitimes qui pourront innocenter les délinquants? Quand une marchandise en gare aura été l’objet d’un prélèvement dont l’analyse aura démontré la falsification ou la corruption, comment prouver si le destinataire savait que cette marchandise était falsifiée ou corrompue ? Et si la marchandise expédiée par un producteur étranger, considéré par le commerçant comme loyal, est reconnue falsifiée ou corrompue, l’Administration ira-t-elle à l’étranger exercer ses poursuites ? Certains produits naturels peuvent s’altérer sous l’influence de variations atmosphériques, soit en cours de
- W Voir à ce sujet le Moniteur vinicole, année 1900, passim.
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- transport, soit en magasin : le commerçant, simple détenteur qui ne les a pas cependant mis en vente, doit-il être responsable?
- Pour les mêmes raisons développées au sujet de l’article 3 , nous demandons la suppression du mot «corrompus» dans l’article A.
- L’article 5 punit, avec une rigueur excessive comme récidiviste, d’emprisonnement et d’affichages, toute personne qui tombe sous le coup de la nouvelle loi, moins de cinq ans après avoir été condamnée pour infraction aux lois spéciales sur les fraudes des vins, etc.
- Il y aura évidemment bien des circonstances où cette grave pénalité dépassera la mesure. Aussi sommes-nous d’avis que la peine d’emprisonnement ne doit pas être appliquée obligatoirement par les tribunaux qu’il faut laisser libres de prononcer l’amende ou l’emprisonnement suivant les cas.
- D’après l’article 7 :
- Le tribunal pourra ordonner, dans tous les cas, que le jugement de condamnation sera publié intégralement ou par extraits dans les journaux qu’il désignera et affiché dans les lieux qu’il indiquera, et notamment aux portes du domicile, des magasins, usines ou ateliers du condamné, le tout aux frais du condamné, sans toutefois que les frais de cette publication puissent dépasser le maximum de l’amende encourue.
- En ce cas et dans tous les autres où les tribunaax sont autorisés à ordonner l’affichage de leur jugement à titre de pénalité pour la répression des fraudes, ils pourront fixer le temps pendant lequel cet affichage devra être maintenu, sans que la durée en puisse excéder sept jours.
- Au cas de suppression ou de lacération totale ou partielle des affiches ordonnées sur le jugement de condamnation, il sera procédé de nouveau h l’exécution intégrale des dispositions du jugement relatives à l’affichage.
- Lorsque la suppression ou la lacération totale ou partielle aura été opérée volontairement par le condamné, à son instigation ou par ses ordres, elle entraînera contre celui-ci l’application d’une peine d’amende de 5o francs à 100 francs.
- La récidive de suppression ou de lacération volontaires d’affiches par le condamné, à son instigation ou par ses ordres, sera punie d’un emprisonnement de six jours à un mois et d’une amende de 100 francs à 2,000 francs.
- Lorsque l’affichage aura été ordonné à la porte des magasins du condamné, l’exécution du jugement ne pourra être entravée par la vente du fonds de commerce réalisée postérieurement à la perpétration du délit.
- Les détails de cet, article démontrent mieux que tous les arguments combien la loi est draconienne et à quel point elle frappe les fraudes ou les prétendues fraudes de pénalités disproportionnées au délit. Autant vaudrait ordonner la fermeture de la maison de commerce. Car une condamnation, motivée parfois par une imprudence ou par une erreur, affichée à la porte du négociant, dans les termes de l’article 7, ferait perdre la clientèle. L’article dit, au début, que l’affichage pourra être ordonné : dans tous les cas. Nous demandons au moins que ces mots soient remplacés par ceux-ci : en cas de rêcicîke. Il est manifeste, en effet, (pie la plus dure des pénalités doit être réservée aux cas les plus graves.
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- Votre Commission propose la suppression du dernier paragraphe de l’article 7. L’acquéreur de bonne foi ne saurait, sans iniquité, être rendu responsable des actes de son prédécesseur. Si la mesure permettant l’affichage à la porte de l’établissement du jugement qui a condamné ce prédécesseur était maintenue, l’acquéreur deviendrait la victime d’un délit auquel il a été absolument étranger, car les poursuites ne sont très souvent exercées que plusieurs mois après les prélèvements, sans qu’il y ait aucun moyen de les connaître.
- Toujours dans le même esprit de sévérité excessive et injustifiée, l’article 8 prive du bénéfice de la loi du 26 mars i8pi les personnes condamnées à l’amende en vertu de la nouvelle loi. Il est cependant impossible qu’on les mette ainsi hors du droit commun et qu’on interdise aux tribunaux de leur appliquer, à l’occasion, la loi bienfaisante du sursis (loi Bérenger) qu’on ne refuse pas aux voleurs.
- Nous arrivons à l’article 10 qui n’entrait pas dans le projet primitif déposé par M. Mélinele 6 avril 1898, et que le Sénat a ajouté. Cet article est ainsi conçu :
- En cas de vente de marchandises à expédier par les soins du vendeur en un lieu désigné, les poursuites exercées en vertu de la présente loi pourront, malgré toutes stipulations contraires, être portées devant le tribunal du lieu de destination si, antérieurement à leur expédition, lesdites marchandises n’ont pas été l’objet d’une réception effective par l’acheteur.
- Les vendeurs se réservent presque toujours la faculté de recourir, en cas de contestations, nées de leurs opérations commerciales, aux tribunaux de leur domicile, et les factures portent des stipulations tout imprimées qui déterminent dans ce sens la juridiction compétente. Mais, en matière de délit, ce qui est l’espèce, un commerçant qui aurait expédié en même temps des marchandises de même qualité sur plusieurs points du territoire, et a fortiori en Algérie ou aux colonies, se trouverait dans l’impossibilité matérielle de répondre à la fois à toutes les citations qui l’obligeraient à comparaître en personne, puisqu’il s’agit de poursuites correctionnelles. Ajoutons que, si ces poursuites étaient intentées à tort, ni le Tribunal, ni l’Administration n’indemniseraient le commerçant de la grosse dépense quelles lui auraient imposée en dehors du préjudice moral.
- L’exercice des poursuites au domicile du vendeur, contrairement à la théorie de l’article 10, présenterait bien des avantages. Puisqu’on tient à punir très rigoureusement les fraudes, une condamnation correctionnelle, si elle est prononcée dans un lieu éloigné, où le vendeur n’est pas personnellement connu, sera moins redoutable, moins efficace qu’au domicile du vendeur où elle aura une bien plus grande portée. On évite-terait ainsi en même temps les jugements contradictoires qui, dans une matière aussi délicate que la distinction entre les manipulations licites et les véritables fraudes, ne manqueraient pas de se produire si un lot de marchandises ayant été fractionné entre plusieurs acheteurs éloignés, le vendeur se trouvait, de ce chef, assigné simultanément devant plusieurs tribunaux, fonctionnant dans des régions différentes et par conséquent sous l’influence d’idées diverses, souvent même opposées. On n’a pas oublié que le plâ-
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- trage des vins a été condamné à Paris, pendant qu’il était absous et même préconisé à Montpellier(1).
- Enfin, le procès au tribunal du vendeur assure une plus juste appréciation des faits. En matière d’expertise, il est trop souvent difficile de trouver au lieu de destination deux experts assez désintéressés et suffisamment aptes à reconnaître la qualité d’une denrée et à déterminer les causes réelles de la détérioration, tandis qu’au point de départ, c’est-à-dire dans la généralité des cas, sur les lieux mêmes de production ou d’importation, cette difficulté disparaîtrait, les hommes compétents ne manquant pas.
- Or si l’impartialité et la compétence des experts sont indispensables quand il s’agit d’intérêts purement commerciaux, ces deux conditions doivent être plus rigoureusement exigées lorsque l’honneur d’un commerçant est en jeu et que le résultat de l’expertise peut aboutir à des poursuites correctionnelles; l’article 10 supprime ces garanties.
- Ce même article peut entraîner des conséquences bizarres par la possibilité de décisions contradictoires entre la juridiction consulaire, saisie en vertu du contrat de vente, et la juridiction correctionnelle, saisie par le ministère public en vertu de la loi nouvelle. Où sera la vérité ? Le tribunal correctionnel pourra condamner à l’amende et à la prison l’expéditeur qui aura triomphé devant le tribunal de commerce, et il arrivera que le destinataire pourra être contraint à prendre livraison d’une denrée reconnue impropre à la consommation par les tribunaux de répression.
- A l’appui de ce qui a été dit, nous pouvons rappeler un exemple intéressant cité par la Chambre de commerce de Bordeaux dans un rapport du 28 juin 1899 :
- Savoir déterminer la nature, la qualité substantielle d’un vin et son origine, n’est pas chose facile ; les courtiers les plus réputés, les experts les plus habiles s’y sont bien souvent trompés et, quand il s’agit d’indiquer par l’analyse la composition et la teneur en principes utiles de cette boisson, les difficultés doivent être sans doute plus grandes, si l’on en juge par les résultats le plus souvent contradictoires obtenus par deux opérateurs sur le contenu d’un même flacon. Parfois même, deux opérations successives, faites à quelques heures d’intervalle, donnent des dosages différents.Les laboratoires les mieux organisés, dirigés par les savants les plus consciencieux, n’échappent ni à ces erreurs, ni à ces contradictions.
- On comprend, dès lors, combien il serait grave de subordonner exclusivement l’action de la justice à la décision d’experts pris, un peu au hasard au lieu de destination, et inexpérimentés dans la plupart des cas.
- Cet article 10 aura enfin pour résultat forcé de surcharger les parquets des grandes villes, surtout de Paris, d’une foule d’affaires litigieuses, ce qui rendra les solutions encore plus tardives qu’actuellement. Il obligera à de nombreuses commissions rogatoires, déplacements d’experts, car, dans la majorité des cas, la fraude ne pourra être établie qu’après enquête chez l’expéditeur, vérification des livres, marchandises, etc.
- Votre Commission vous propose, en conséquence, de supprimer l’article 10 et de
- (1) A Paris la Cour de cassation (arrêt du i3 dé- que la Cour d’appel de Montpellier se prononçait cembre 1861) et la Cour d’appel (arrêt du 18 mai en faveur du plâtrage les 11 août i856 et i4 mai
- 1870) se sont prononcées contre le plâtrage, pendant 1875.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- laisser ainsi, en la circonstance, appliquer le droit commun, qu’il s’agisse de l’action publique ou de l’action civile, conformément d’ailleurs, comme il a été dit plus haut, à ce qu’avaient décidé les auteurs du projet de loi dans leur texte primitif.
- L’article 1 1 est ainsi conçu :
- Des décrets rendus dans la forme des règlements d'administration publique prescriront les mesures à prendre pour assurer l’exécution de la présente loi en ce qui concerne les ventes et falsifications des denrées servant à l’alimentation de l’homme et des animaux, des substances médicamenteuses, des boissons et des produits agricoles et naturels.
- Suivant ces différentes applications, les décrets fixeront les formalités relatives aux prélèvements et aux expertises des échantillons des marchandises suspectes.
- Ils indiqueront, sur l’avis du Comité consultatif des stations agronomiques et des laboratoires agricoles, la procédure à suivre pour fixer les méthodes d’analyses propres à déterminer les éléments constitutifs, la teneur en principes utiles des marchandises et à reconnaître les fraudes.
- Ils désigneront le personnel qui devra être chargé de la surveillance à exercer et des expertises auxquelles il devra être procédé.
- Ils pourront prescrire, dans le cas où ces mesures seraient pratiques et utiles, soit la remise obligatoire aux acheteurs de factures leur faisant connaître la composition, la teneur en principes utiles et la provenance des marchandises;
- Soit aussi l’apposition, sur les marchandises, des indications extérieures et apparentes nécessaires pour assurer la loyauté de la vente et de la mise en vente.
- Cet article nécessite plusieurs amendements importants.
- Votre Commission considère qu’il n’y a aucun motif pour demander exclusivement l’avis des stations agronomiques et des laboratoires agricoles. Il nous paraît de toute nécessité que les décrets ne soient rendus qu’après consultation des Chambres de commerce et des Chambres syndicales des industries et commerce visés, parce que chaque industrie, chaque commerce a ses usages et ses nécessités spéciales et qu’il faut en tenir compte pour la saine interprétation de la loi.
- Ajoutons que les progrès de la science font que des méthodes d’analyses considérées comme justes viennent à être trouvées inexactes ou insuffisantes, à la suite de travaux plus récents. S’il est indispensable que des règlements d’administration publique prescrivent la procédure à suivre et fixent les méthodes d’analyses que devront observer les agents qui ont la charge de rechercher les fraudes, le commerçant accusé doit pouvoir se défendre librement, et le tribunal, qui a à apprécier la fraude, ne doit être hé dans son jugement par aucune formule administrative. Les formules rigides ont servi trop souvent de refuge aux fraudeurs.
- Votre Commission demande, en conséquence, que le troisième paragraphe de l’article 11 soit ainsi rectifié :
- Ils indiqueront, sur l’avis du Comité consultalif des stations agronomiques, des laboratoires agricoles, des Chambres de commerce et des Chambres syndicales des industries et commerce visés, la procédure à suivre pour fixer les méthodes d’analyse propres à permettre aux agents de l’administration de déterminer les éléments constitutifs, la teneur en principes utiles des marchandises, et à reconnaître les fraudes.
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- Dans le meme esprit , votre Commission propose que le paragraphe h de l’article 1 t soit complété par les mots : «contradictoirement avec les intéressés qui pourront opposer toutes autres méthodes d’analyse que le tribunal appréciera».
- Cette addition permettrait au commerçant honnête de prouver par exemple que le produit qu’il a vendu est naturel, alors même qu’il ne répondrait pas aux formules chimiques de l’administration.
- Enlin ce paragraphe devrait être complété par des clauses :
- ]° Autorisant tout négociant incriminé à se faire représenter aux expertises dans les termes du projet de loi sur les expertises médico-légales déposé par M. Cruppi, député ;
- •?° Prescrivant aux agents de laisser entre les mains du commerçant autant d’échantillons qu’ils en emporteront.
- Votre Commission demande aussi la suppression des deux derniers paragraphes de l’arlicle 1 i.
- Ilcsl \raiment vexatoire de vouloir imposer aux commerçants de semblables obligations. Un distillateur iiquoriste, par exemple, qui a tous les jours des factures comportant vingt et trente articles différents par minimes quantités, pourra-t-il arriver à établir en regard de chaque liqueur, sa composition, sa teneur en principes utiles et sa provenance? De pareilles complications finiraient par rendre les transactions commerciales absolument impossibles.
- LA CONSOMMATION DU VIN.
- La consommation du vin semble devoir prendre aujourd’hui une extension nouvelle, après avoir subi parfois, ces dernières années, une dépression dont on a d’ailleurs exagéré l’importance. L’Exposition universelle de 1900 marquerait le point séparant la période descendante de la période ascendante.
- D’après les plus récentes statistiques, la consommation du vin en France représenterait les chiffres du tableau suivant. La première colonne donne les quantités de vin réellement imposées par département; la seconde colonne donne la quotité de la consommation imposée par habitant, quotité obtenue en divisant le nombre d’hectolitres par celui des habitants. Il va sans dire que les quantités de vin qui sont consommées chez le propriétaire récoltant et ne payent par conséquent aucun impôt échappent à la statistique :
- QUANTITÉS QUOTITÉ
- IMPOSÉES. PAU HABITANT.
- hectolitres. h. 1.
- Ain 398,951 1 l3
- Aisne 335,00^1 0 61
- Allier 66l,221 1 O9
- Alpes (Basses-) 53,826 0 69
- Alpes (Hautes-) 99>32’2 O 93
- Alpes-Maritimes 38i,7Zi3 1 66
- Ardèche 233,572 0 66
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- 80
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Ardennes..........
- Ariège............
- Aube..............
- An de.............
- Aveyron...........
- Bouches-du-Rhône.
- Calvados..........
- Cantal............
- Charente..........
- Charente-Inférieure.
- Cher..............
- Corrèze...........
- Côte-d’Or.........
- Côtes-du-Nord. . . .
- Creuse............
- Dordogne..........
- Doubs.............
- Drôme.............
- Eure..............
- Eure-et-Loir......
- Finistère.........
- Gard..............
- Garonne (Haute-). .
- Gers..............
- Gironde...........
- Hérault...........
- Ille-et-Vilaine. . . .
- Indre.............
- Indre-et-Loire. . . .
- Isère.............
- Jura..............
- Landes............
- Loir-et-Cher......
- Loire.............
- Loire (H^ate-).. . . Loire-Inférieure.. .
- Loiret............
- Lot...............
- Lot-et-Garonne. . .
- Lozère............
- Maine-et-Loire
- Manche............
- Marne.............
- Marne (Haute-).. .
- Mayenne...........
- Meurthe-et-Moselle
- QUANTITÉS QUOTITÉ
- IMPOSÉE. PAR HABIT \ÎST.
- hectolitres. h. I.
- io4,o8i 0 33
- 1 55,^90 0 76
- 339,64i 1 35
- 287,329 0 76
- 567,784 1 46
- 1,088,886 1 60
- 4i,933 0 i5
- 196,101 0 83
- 346, i4o 0 97
- 456,514 1 06
- 3o8,i55 0 88
- 176,266 0 54
- 404,390 1 10
- 45,634 0 07
- 38o,46i 1 36
- 3i6,io3 o 69
- 351,761 1 16
- 218,979 0 72
- 74,869 0 22
- 212,578 0 76
- 126,889 0 17
- 273,858 0 66
- 686,731 1 49
- 219,95° 0 88
- 1,826,717 1 63
- 664,900 1 4i
- 105,784 0 17
- 282,528 0 80
- 3oo,oi3 0 89
- 475/178 0 84
- 816,260 1 19
- 222,664 0 76
- 188,427 0 68
- i,o34,io8 1 65
- 346,209 1 09
- 477,555 0 74
- 409,841 1 10
- 201,824 0 83
- 238,827 0 83
- 143,517 1 08
- 823,761 0 63
- 4o,994 0 08
- 611,953 1 4i
- 294,988 1 27
- 42,681 0 i3
- 58o,33i 1 24
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-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 81
- QUANTITÉS QUOTITÉ
- IMPOSÉES. Pin HABITANT.
- hectolitres. h. 1.
- Meuse . . . 340,062 1 17
- Morbihan 85,010 0 i5
- Nièvre 293,884 0 88
- Nord 237,753 0 i3
- Oise ... 247,188 0 61
- Orne 34,723 0 12
- Pas-de-Calais 106,988 0 12
- Puy-de-Dôme . 438,595 0 78
- Pyrénées (Basses-) 4oi,io5 0 95
- Pyrénées (Hautes-) 220,799 1 01
- Pyrénées-Orientales . . . . 151,982 0 73
- Bhin (Haut-) , . . . i4i,i25 1 60
- Bhône . . . . 1,422,047 1 69
- Saône (Haute-) . . . . 36o,4i4 1 32
- Saône-et-Loire 5 7 4,4 6 3 0 92
- Sarthe .... 173,036 0 4i
- Savoie . ... 189,822 0 73
- Savoie (Haute-) . .. . i58,i 12 0 60
- Seine (Paris non compris) .. .. 2,191,517 2 78
- Seine-Inférieure . .. . 175,900 021
- Seine-et-Marne .. .. 564,061 1 55
- Seine-et-Oise. .... 1,115,951 1 66
- Sèvres (Deux-) . ... 291,369 «ïj 00 0
- Somme. . . . 100,914 0 19
- Tarn . .. 435,197 1 28
- Tarn-et-Garonne ... . 168,179 0 84
- Var .... 224,i64 0 73
- Vaucluse . . . . 126,3g4 0 53
- Vendée . . .. 260,004 0 5g
- Vienne . . . . 281,597 0 84
- Vienne (Haute-) . . . . 399,042 1 06
- Vosges . . .. 434,95i 1 o3
- Yonne .... *73’899 0 55
- Total pour la France . ... 34,937,619 0 91
- Pour compléter ces renseignements, nous donnons ci-dessous les chiffres de la consommation du vin dans les principales villes (quantités imposées en 1899) avec la consommation moyenne par tête d’habitant :
- Paris........
- Lyon.........
- Marseille. .. . Bordeaux. . . Lille...... .
- Toulouse.. . . Saint-Étienne. Le Havrei. ^.
- CONSOMMATION
- POPULATION. VINS. MOYENNE.
- hectolitres. h. 1.
- 2,48l,223 5,217,688 2 10
- 398,867 712,683 1 78
- 332-,5i5 538,437 1 6l
- 239,806 500,647 2 08
- 160,723 47,732 o 29
- 124,187 274,093 2 20
- 120,3oo 3i3,247 2 60
- 117,009 4o,52g 0 34
- Gb. X. — Ci.. 60.
- 6
- nil>niME!UE NATIONALE.
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-
-
-
- 82
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- COPULATION. VINS. hectolitres. CONSOMMATION MOÏENNE. h. 1.
- Roubaix ...... 1 18,899 19,810 0 17
- Nantes 107,l37 i64,489 1 53
- Rouen 106,825 89,876 0 37
- Reims 99’001 11 i,3o6 1 12
- Nancy 83,668 i44,o52 1 72
- Amiens 74,808 2g,84i 0 3g
- Toulon 70,843 115,436 1 62
- Angers 69,484 93,716 '1 34
- Nice 69,140 191,297 2 76
- Nîmes 66,905 87,338 1 3o
- Limoges 64,715 120,155 1 85
- Bresl 6 4,14 4 38,686 0 60
- Montpellier 62,717 121,4o4 1 93
- Dijon 58,355 1 i3,g42 1 95
- Rennes 57,249 19,512 0 34
- Orléans 56,915 79-695 1 4o
- Tours 56,706 ioi,865 1 79
- Tourcoing 54,849 9>788 0 17
- Saint-Denis 52,53i 117,537 2 23
- Calais-Saint-Pierrc 5o,8i8 1 2,342 0 2 4
- Troyes 50,676 91,430 1 80
- Grenoble 5o,o84 104,768 2 09
- Le Mans 49,665 42,719 0 86
- Levallois-Perrcl 46,886 107,448 2 29
- Boulogne-sur-Mer 45,588 i3,3o6 0 29
- Saint-Quentin 44,912 16,980 0 37
- Versailles 42,812 82,324 1 92
- Béziers . 41,706 65,733 1 58
- Clermont-Ferrand 88,913 81,698 2 09
- Dunkerque 37,860 9,812 0 27
- Caen 37,457 11,279 0 3o
- Boulogne-sur-Seine 36,942 90,810 2 44
- Besançon 36,984 68,38o 1 85
- Lorient 36,434 19,385 0 54
- Clicby 33,742 75,670 2 27
- Bourges 33,257 57,260 1 72
- Cherbourg 32,46i i3,523 0 42
- Roanne 32,321 72,297 2 24
- Avignon 32,i56 51,7 33 1 60
- Cette 3l,422 51,472 1 64
- Neuilly 30,784 68,763 3 23
- Angoulême 3o,6i6 64,613 2 12
- Saint-Ouen 3o,6oi 71,095 2 32
- Poitiers 30,572 59,852 0 95
- Nous croyons qu’on peut classer comme suit les faits qui exercent la plus notable influence sur la consommation du vin :
- i° Maladies de la vigne diminuant la quantité et la qualité des récoltes;
- 2° Extension de la production des cidres;
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-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 83
- 3° Situation de la fabrication et de l’importance de la bière;
- h° Accroissement de la consommation des spiritueux, notamment de l’absinthe;
- 5° Opinions émises par le corps médical, pour ou contre les effets hygiéniques du vin ;
- 6° Action de la mode;
- 7° Influence exercée par fa législation sur les boissons et surtout par le taux des impôts.
- Nous examinerons successivement ces diverses causes; nous déterminerons leur part respective; nous dirons surtout ce qu’il faut penser de leurs résultats avant 1900 et ce qu’on doit en augurer pour le siècle nouveau.
- MALADIES DE LA VIGNE DIMINUANT LA QUANTITÉ ET LA QUALITÉ DES RÉCOLTES.
- La crise phylloxérique et l’invasion des maladies cryptogamiques ont diminué la quantité et la qualité des vins d’une façon très marquée à la fin du second tiers du xixe siècle. Ces dernières années, toutefois, la production a commencé à se relever progressivement ainsi que l’établissent les moyennes suivantes :
- Récolte moyenne de la France :
- De 1886 à 1890
- De 1891 à 1895
- De 1896 à 1900
- Ajoutons que :
- 1898 a produit....................................... 32,282,359 hectolitres.
- 1899 a produit........................................ 47,907,680
- 1900 a produit........................................ 67,352,661
- On voit que l’ascension est constante et rapide. Aussi les populations des pays vignobles, surtout du Midi, que la disette avait contraintes à renoncer à l’usage du vin, ont pu reprendre déjà, comme autrefois, la consommation du précieux liquide. De grands efforts sont même faits en ce moment pour étendre l’aire de sa consommation, et écouler les fortes quantités de la dernière récolte jusque dans les pays à bière et à cidre. Par des articles de journaux, des conférences, des affiches, des brochures, on mène une active campagne, afin de faire connaître partout les avantages de la consommation du vin. Nous croyons que, pour réussir dans cette voie, il est indispensable de pouvoir expédier des produits solides, corsés et agréables. Le Midi Ta compris, car il est en train de renoncer aux cultures intensives et aux cépages à gros rendement : Aramons ou Petits-Bouschet, pour revenir aux conditions de production qui assurent avant tout la qualité, puisque la quantité semble maintenant chose acquise.
- 26,017,736 hectolitres.
- 35,006,369
- 44,509,715
- 6.
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-
-
-
- 84
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- LA CONCURRENCE DU CIDRE.
- La consommation du vin a rencontré une concurrence dans le cidre. On peut s’en rendre un compte facile en considérant les progrès accomplis, soit dans la quantité, soit dans la qualité des cidres produits.
- La récolte des cidres a été évaluée en 1900 à 29,408,848 hectolitres; elle a dépassé de 8,573,280 hectolitres celle de 1899 et de 13,949,983 la moyenne des dix années antérieures. Depuis i83o la plus forte production (3i,608,585 hectolitres) a été fournie par l’année 1898; celle de 1900 vient en second rang. Le tableau ci-après résume le mouvement de la production des cidres depuis 1890 :
- hectolitres.
- 1890 .................... 11,095,000
- 1891 ..................... 9,280,000
- 1892 .................... i5,i4i,ooo
- 1893 .................... 31,609,000
- 1894 .................... i5,5/n,ooo
- 1895 .................... 25,587,000
- hectolitres.
- 1896 ..................... 8,074,000
- 1897 ..................... 6,789,000
- 1898 .................... 10,637,000
- 1899 .................... 20,805,000
- 1900 .................... 29,409,000
- 1901 .................... 12,733,860
- On voit que les récoltes du cidre, tout en présentant des inégalités considérables, comme celles du vin, atteignent souvent des chiffres très élevés.
- Les producteurs s’occupent de relever la qualité.
- Le Syndicat de l’Industrie cidricole, fondé en novembre 1900, pour améliorer la préparation et le commerce des cidres, a fait, après l’Exposition, une campagne auprès des sénateurs, députés et conseillers des départements de l’Ouest pour les décidera constituer un comité d’action qui aurait pour but de protéger les propriétaires et fermiers récoltant des pommes à cidre et de faire progresser leur fabrication. Le bureau du Syndicat a rédigé, à ce sujet, une pétition dont nous extrayons les passages suivants :
- k Pendant les quinze années qui viennent de s’écouler, la Normandie, la Bretagne et la Picardie ont vendu leurs fruits et leurs cidres un prix assez rémunérateur, ce qui leur a permis de combler le déficit provenant du mauvais rendement de la culture proprement dite et de l’élevage des bestiaux en particulier.
- « Pour répondre aux demandes croissantes des acheteurs et subvenir à la pénurie des récoltes des vignobles ruinés par le phylloxéra, tous les départements récoltant des pommes à cidre ont non seulement reconstitué leurs productions amoindries par le rigoureux hiver de 1879, mais encore tous les nouveaux herbages et les bordures des champs ont été largement pourvus de pommiers. Actuellement, on peut dire que cette augmentation de pommiers produit annuellement des récoltes presque doubles comparativement à celles antérieures à 1879.
- « Cet état de prospérité relatif pour les cultivateurs de pommiers est, hélas ! disparu par suite des récoltes abondantes de vins dans les vignobles du Midi complètement reconstitués.
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-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 85
- « Il résulte de cette production abondante un avilissement complet du prix des fruits de pressoir et une vente difficile, sinon impossible des cidres, mévente qui ne pourra que s’accentuer dans l’avenir par suite de la récolte de plus en plus importante des vins.
- « Pour lutter contre cette mévente certaine et ne pas voir disparaître à bref délai le cidre de la consommation courante, pour maintenir les résultats pécuniaires de la vente des pommes et ne pas rester seul à consommer le jus de nos fruits, il faut que les cidres, au lieu d’être plus ou moins bons et d’un transport difficile, deviennent, comme la bière et le vin, une boisson plaisant aux consommateurs, susceptible d’être transportée et même exportée dans de bonnes conditions de conservation.
- «Pour arriver à ce résultat, il faut qu’on fasse pour le cidre’ ce qu’on a fait pour la bière, autrefois si mal fabriquée, et que, par des moyens scientifiques à trouver, nous soyons amenés à bref délai à abandonner les errements actuels pour employer une nouvelle technique pratique qui nous permettra, à coup sûr, d’obtenir toujours du bon cidre limpide, fruité, doux ou sec à volonté, suivant le goût de la clientèle.
- « Les enseignements ne manqueront pas si nous savons intéresser à la question les apôtres et les propagateurs des théories de Pasteur, pouvant étudier les pommes et les cidres, comme leur maître s’est occupé de la bière.
- « A ces chimistes et à ces chercheurs, nous demanderons les méthodes rationnelles de fabrication, le moyen de régulariser les fermentations, soit naturellement, soit à l’aide de levures pures, sélectionnées et spéciales, appropriées aux cidres, pour produire des cidres clairs, d’un goût apprécié et régulier comme le vin et la bière. »
- D’autre part, sur la proposition de deux représentants des départements cidriers au Sénat et à la Chambre des députés, MM. Tiilaye et de Saint-Quentin, l’Etat a reconnu, en 19 o o, la nécessité de créer un laboratoire de cidrerie ; laboratoire qui a été réclamé par le Congrès pomologique tenu à l’occasion de l’Exposition universelle. Toutefois cet établissement n’existe pas encore, malgré les promesses du Ministre de l’agriculture.
- Quoiqu’il en soit, d’après les plus récentes statistiques, la consommation du cidre se maintient à peu près. Le tableau suivant montre quel est actuellement l’état de la consommation des cidres dans les principales villes :
- QUANTITÉS QUOTITÉ
- IMPOSÉES. PAR HABITANT.
- heclol. hect. lit.
- 90,811 O o3
- 42 2 //
- 88 //
- 4 60 H
- o38 //
- 98 //
- 136 //
- 101,8i5 0 87
- 439 //
- 21,072 O 23
- Paris.........
- Lyon..........
- Marseille
- Bordeaux
- Lille........
- Toulouse.. . . Saint-Etienne Le Havre. Roubaix. Nantes.......
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-
-
-
- 86
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Rouen.............
- Reims.............
- Nancy.............
- Amiens............
- Toulon............
- Angers............
- Nice..............
- Nîmes.............
- Limoges.......
- Brest.............
- Montpellier.......
- Dijon. . .........
- Rennes............
- Orléans...........
- Tours.............
- Tourcoing.........
- Saint-Denis.......
- Calais-Saint-Pierre .
- Troyes............
- Grenoble..........
- Le Mans...........
- Levallois-Perret.. . . Boulogne-sur-Mer. .
- Saint-Quentin.....
- Versailles........
- Béziers...........
- Clermont-Ferrand. ,
- Dunkerque.........
- Caen..............
- Boulogne-sur-Seine
- Besançon..........
- Lorient..............
- Clichy............
- Bourges...........
- Cherbourg.........
- Roanne ...........
- Avignon...........
- Cette.............
- Neuilly...........
- Angoulême.........
- Saint-Ouen........
- QUANTITÉS QUOTITÉ
- IMPOSEES. PAR HABITANT
- hectolitres. h. 1.
- 136,856 1 27
- 5,516 0 o5
- 268 H
- 15,928 0 21
- 113 H
- 00 0 10
- 66 //
- 11 //
- i,635 0 02
- 5,295 0 08
- 25 II
- 169 II
- 254,685 4 44
- 2,937 0 o3
- 4,021 0 07
- 275 //
- 2,759 0 o5
- 6o3 0 81
- 2,32 1 0 06
- 249 h
- 107,772 2 16
- 3,725 0 07
- 2,634 0 o5
- 5,321 0 11
- 9,742 0 22
- 6 //
- 151 h
- 126 h
- 91,868 2 45
- 4,392 0 11
- 53 h
- 2,911 0 63
- 3,886 0 11
- 1,209 0 o3
- 100,447 3 09
- 182 h
- 10 h
- 4 u
- 2,397 0 07
- 1,137 0 o3
- i,o94 0 o5
- Nous ne croyons pas que le vin, s’il est préparé avec science et avec soin, ait à redouter de se voir supplanté par le cidre; et cela, pour deux raisons :
- D’abord, il ne faut pas s’exagérer les quantités de cidres livrées à la consommation.
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-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 87
- Le petit tableau qui suit montre que si l’exportation est des plus faibles, l’importation est généralement tout à fait insignifiante :
- IMPORTATION. EXPORTATION.
- 1890.
- 1891.
- 1892.
- 1893.
- 1894.
- 1895.
- 1896.
- 1897.
- 1898.
- 1899.
- 1900.
- hectol. heclol.
- 7,o35 9,000
- 684 10,000
- 402 10,600
- 845 i4,537
- 744 18,172
- 577 23,028
- 4o2 25,707
- 3o5 23,36o
- 4,524 17,881
- 5o8 27,028
- 587 31,269
- Ensuite, lorsque la récolte est plus abondante, on boit davantage à la campagne, dans les régions cidricoles, et Ton distille beaucoup plus chez les bouilleurs de cm, mais l’usage du cidre ne se répand pas, pour cela, davantage en France. Les personnes qui n’ont pas, dès l’enfance, l’habitude du cidre comme boisson usuelle, ne s’y font que difficilement. L’échec des tentatives faites sous nos yeux, notamment à Paris, pour substituer le cidre au vin, dans les familles et les restaurants, établit le bien fondé de notre appréciation.
- LA CONCURRENCE DE LA RIÈRE.
- La concurrence de la bière a pu avoir aussi, depuis quelques années, une influence dépressive sur la consommation du vin. La production annuelle de cette boisson est, en effet, devenue considérable dans notre pays, surtout depuis i8So. Qu’on en juge par
- les chiffres qui suivent :
- 1880 hectol. 8,227,005
- 1881.. 8,626,786
- 1882 8,3o5,7o3
- 1883 8,4io,65o
- 1884 8,692,853
- 1885 8,009,922
- 1886 7,978,860
- 1887 8,233,667
- 1888 7,952,670
- hectol.
- 1889 ...................... 8,382,954
- 1890 ...................... 8,690,511
- 1891 ...................... 8,3o5,53o
- 1892 ...................... 8.939,454
- 1893 ...................... 8,937,750
- 1894 ...................... 8,443,685
- 1895 ...................... 8,867,320
- 1896 ...................... 8,991,293
- 1897 .................... 9,233,278
- Nous en sommes donc aux chiffres les plus élevés que la brasserie française ait jamais connus.
- Ajoutons que la bière fabriquée en France y est presque toute consommée; notre exportation est peu considérable; en revanche, l’importation est relativement forte, bien que décroissante depuis 1893. C’est dans le département du Nord que Ton boit le plus
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-
-
-
- 88
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- de bière. La consommation y est en effet de 252 litres par habitant, puis viennent : Ardennes, avec 158 litres; Pas-de-Calais iA5; Aisne 77; Meurthe-et-Moselle 78; Somme Ag; Meuse A8; Vosges Ao; Ariège 37; Marne 3o.
- Pour empêcher la hière de se substituer au vin, et même pour substituer le vin à la bière, on a attaqué cette dernière sur son propre terrain, en lançant l’idée du « bock de vin » dont le mérite revient au Moniteur vinicole qui l’a le premier formulée et préconisée. 11 s’agit d’offrir au consommateur un vin léger, rafraîchissant, agréable, pétillant ou même mousseux, peu alcoolique, présentant en un mot les mêmes qualités, le même agrément qu’on demande à la bière, entre les repas. Cette intéressante tentative a pris corps au début du xxe siècle par des essais pratiques qui se sont multipliés. Sous les auspices de la Société départementale d’encouragement à l’agriculture de l’Hérault, il a été créé entre tous les viticulteurs des régions méridionales et les industriels qui n’emploient que les cépages de la région un concours pour la production d’un vin mousseux à bon marché, destiné à être consommé dans les cafés, concurremment avec le hock de bière. Ne peuvent prendre part au concours que les vins d’Aramon, de Carignan, de Pique-poul, de Bourret et de Clairette. Pour être admis, chaque concurrent doit produire deux types: i° l’un fait exclusivement avec l’Aramon; 20 l’autre fait avec l’un des cépages désignés ci-dessus, soit séparément, soit mélangés entre eux. Le vin mousseux ne doit contenir que du vin naturel, c’est-à-dire produit exclusivement par la fermentation du jus des raisins frais admis au concours et rendus mousseux par des procédés licites.
- On voit que la lutte est vivement engagée par le Bacchus gaulois, rajeuni et plus fort que jamais, contre le Gambrinus germain qui commençait à pénétrer dans notre Midi, désolé par le phylloxéra !
- LA CONSOMMATION DES SPIRITUEUX.
- Nous avons placé au nombre des causes qui ont pu exercer une influence dépressive sur la consommation du vin l’accroissement de la consommation des spiritueux, notamment d’absinthes inférieures et de certains apéritifs de mauvaise qualité. Voici quel était, à la fin du xix° siècle, l’état de la consommation des alcools dans les principales villes de France, avec la consommation moyenne par tête d’habitant :
- QUANTITÉS QUOTITÉ
- IMPOSÉES. FAB HABITANT,
- heclol. lit. C.
- Paris i5a,aA9 6 i3
- Lyon 22,435 5 62
- Marseille 25,437 7 65
- Bordeaux 10,967 4 57
- Lille 12,586 7 83
- Toulouse 5,i63 4 i5
- Saint-Étienne 7,343 6 10
- Le Havre 20,400 17 43
- Roubaix 8,243 7 23
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-
-
-
- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 89
- Nantes............
- Rouen ............
- Reims.............
- Nancy.............
- Amiens............
- Toulon............
- Angers............
- Nice..............
- Nîmes.............
- Limoges...........
- Brest.............
- Montpellier.......
- Dijon.............
- Rennes............
- Orléans...........
- Tours.............
- Tourcoing.........
- Saint-Denis.......
- Calais-Saint.-Pierre..
- Troyes............
- Grenoble..........
- Le Mans...........
- Levallois-Perret. . . Boulogne-sur-Mer. .
- Saint-Quentin.....
- Versailles........
- Béziers...........
- Clermont-Ferrand.
- Dunkerque.........
- Caen..............
- Boulogne-sur-Seine
- Besançon..........
- Lorient...........
- Clicliy...........
- Bourges...........
- Cherbourg.........
- Roanne............
- Avignon...........
- Cette.............
- Neuilly...........
- Angoulême.........
- Saint-Ouen........
- QUANTITÉS QUOTITÉ
- IMPOSEES. PAR HABITANT.
- hectolitres. lit. C.
- 6,38g 5 95
- 17,334 16 22
- 6,898 6 96
- 4,290 5 12
- 8,900 11 89
- 5,822 8 21
- 4,000 5 75
- 3,624 5 24
- 3,7 41 5 54
- 9>79° 4 33
- 7,362 11 47
- 3,4oi 5 42
- 3,096 5 3o
- 3.987 8 71
- 3,o43 5 34
- 2,951 5 20
- 4,491 8 18
- 3,187 6 07
- 5,214 10 24
- 2,955 5 83
- 3,473 6 93
- 5,645 11 36
- 2,835 6 o4
- 6,i32 i3 45
- 4,524 10 07
- 3,786 8 84
- 998 2 39
- 2,112 5 47
- 3,490 9 27
- 5,3i2 i4 18
- 2,376 6 4o
- 2,8o3 7 58
- 3,882 10 65
- 1I971 5 84
- 1,866 5 61
- 5,320 16 39
- 1,283 3 91
- 2,3l 2 7 18
- 2,555 8 i3
- i,5i3 4 91
- i,238 4 o3
- 1,900 8 20
- Pour toutes les boissons, les consommations moyennes présentent, de ville à ville, de sensibles variations. Pour les vins, les cidres et la bière, ces inégalités sont la consé-
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- quence naturelle du genre de production spécial à chaque contrée. L’une ou l’autre de ces boissons entre usuellement dans la consommation sur les points où elle est produite, tandis que les autres n’y arrivent qu’à titres d’exception ou d’objet de luxe.
- Mais, pour l’alcool, la consommation est très inégale, suivant le genre de vie des populations, la nature de leurs occupations et le climat sous lequel elles vivent.
- Voici maintenant la liste des départements qui consomment le plus d’alcool :
- PAR PAR
- HABITANT. HABITANT.
- Seine-Inférieure. . . . (moyenne) lit, i5 C. 88 Seine-et-Marne.. . . . (moyenne) lit. 8 c. 62
- Calvados — i4 12 Seine-et-Oise — 8 o3
- Eure — 12 i4 Seine (banlieue) . . — 7 9*
- Somme — 11 77 Mayenne — 7 4i
- Oise — 10 64 Finistère — 6 83
- Eure-et-Loir — 9 23 Sarthe — 6 23
- Manche . . — 9 00 Ille-et-Vilaine . . . . — 6 °9
- Paris — 8 72 Vosges — 6 08
- La moyenne de la consommation totale de l’alcool pur en France étant de 5 lit. 08 par habitant, on voit combien elle est réduite pour la majorité des autres départements ; dans beaucoup, elle ne dépasse pas 2 litres.
- De 617,000 hectolitres, en 1853, la production de l’alcool en France s’était élevée déjà, en 1870, à 1,600,000 hectolitres. En 1899, la quantité d’alcool produite en France par les distillateurs et bouilleurs de profession a atteint, d’après les relevés otFicieis de l’administration des Contributions indirectes, 2,5o8,583 hectolitres; c’est-à-dire qu’en moins de cinquante ans la production de l’alcool a plus que quadruplé. Or il est à remarquer que cette augmentation porte surtout sur les alcools d’industrie, sur les alcools de betteraves et de pommes de terre en particulier. Il faut ajouter aussi la production croissante des bouilleurs de cru. Quant à l’absinthe, sa consommation en France s’est élevée de 6,173 hectolitres, en 1873, à plus de 200,000 hectolitres en i8cjq.
- Quoi qu’il en soit, l’extension des apéritifs communs dont nous parlions a certainement diminué l’usage du vin. Ainsi, pour Paris, le préfet de la Seine a fait dresser une statistique comparée de la consommation du vin et de l’alcool pendant les dix dernières années du siècle. Or voici les chiffres qu’il a publiés :
- VIN. ALCOOL.
- heclol. hcctol.
- 1890 ...................................... 4,47^,000 170,000
- 1891 ...................................... 4,5o3,ooo 173,000
- 1892 ...................................... 4,5o8,ooo 206,000
- 1893 ...................................... 4,649,000 167,000
- 1894 ...................................... 4,762,000 179,000
- 1895 ......................................... 5,010,000 180,000
- 1896 ...................................... 4,8 41,000 182,005
- 1897 ......................................... 4,900,000 180,090
- 1898 ........................................ 4,494,000 204,090
- 1899 ..................................... 5,200,000 i52,ooo
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Cette statistique montre que la consommation de Talcool décroît en raison directe de la consommation du vin, et réciproquement.
- La campagne poursuivie contre l’alcoolisme a eu pour effet de diminuer Tahus des spiritueux de qualité inférieure. En même temps, l’application des lois de 1897 et de 1899 sur les octrois et le régime des boissons a accru le taux de l’impôt sur Talcool et amené le commerce à réduire le degré des spiritueux mis en vente. Pendant ce temps, de grands efforts ont été faits pour étendre la consommation du vin, efforts favorisés par l’abondance de la production et la diminution des taxes.
- La conclusion de tous ces faits est que la consommation du vin, qui diminuait avant l’Exposition universelle, pendant que celle des alcools augmentait, tend à s’accroître aujourd’hui et à restreindre celle des spiritueux, du moins des spiritueux à bas prix.
- LE VIN ET LA MÉDECINE MODERNE.
- Vers la fin du xixe siècle, les médecins ont, d’une façon à peu près générale, déconseillé Tusage du vin, surtout du vin rouge.
- M. Lancereaux,médecin des hôpitaux de Paris, membre de l’Académie de médecine, a lu, à la séance du 7 septembre 1897, un travail dans lequel il a cherché à démontrer que la cirrhose du foie était surtout la conséquence de Tahus du vin et particulièrement des vins plâtrés.
- En Angleterre, cette maladie est attribuée au gin, au brandy, au whisky; en Allemagne, à Talcool contenu dans la bière; en Russie, à Teau-de-vie, car la cirrhose existe dans tous ces pays où Ton boit fort peu de vin.
- M. Lancereaux explique la fréquence de la cirrhose chez les buveurs de vin à Paris, par ce fait «que cette boisson, généralement plâtrée, renferme de k à 6 grammes de sulfate de potasse par litre !» Or une loi du 11 juillet 1891 a interdit en France le plâtrage au-dessus de 2 grammes. Les expertises faites au laboratoire municipal ne signalent plus que très rarement dans les vins saisis (dix fois sur un million) le dépassement de 2 grammes de plâtre.
- Enfin, les vins de Bordeaux et de Bourgogne ne sont jamais plâtrés, et il y a cependant des cirrhotiques dans ces pays comme ailleurs.
- Ce qui ruine la théorie de M. Lancereaux, c’est la fréquence bien constatée de la cirrhose dans les pays où Tusage du vin est presque inconnu. Dans une note lue à l’Académie le 12 octobre 1897, M. le professeur Vallin, médecin inspecteur de l’armée, a apporté des preuves de la nullité du rôle joué par le vin dans la genèse de la cirrhose. Le docteur Dupuy, qui pendant dix ans a exercé dans l’Amérique du Nord, dit qu’aux États-Unis si on ne boit que de Teau en mangeant, et si le vin est rare, on boit beaucoup de whisky dans l’intervalle des repas;il a constaté la fréquence de la cirrhose. Un médecin de la Vendée, le docteur Terrien, a vu un nombre considérable de buveurs qui absorbent 5 à 6 litres par jour de vin du pays et n’a, pour ainsi dire,
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- jamais constaté la cirrhose. Les rares cas de cirrhose hépatique ne frappaient que les coureurs de cabarets qui buvaient de mauvais alcools.
- Le docteur Roché, de Toury (Yonne), a envoyé à l’Académie de médecine, le 8 mars 1898, un mémoire dans lequel il résume l’opinion des médecins de cette contrée de la façon suivante :
- La cirrhose vineuse est exceptionnelle dans l’Yonne. Dans les cas observés, les malades ne paraissent pas avoir fait usage de vins plâtrés. Elle atteint presque exclusivement les buveurs de spiritueux et d’apéritifs. Elle est rare chez les grands buveurs de vin et de cidre.
- Le docteur Britto, professeur de clinique médicale à la Faculté de médecine de Bahia (Brésil), a fait cette déclaration «que l’usage du vin est inconnu dans sa province, et que cependant la cirrhose du foie est très fréquente chez les ivrognes qui font un grand abus de rhums fabriqués avec la canne à sucre».
- D’après le docteur Mauriac, dans la Gironde où l’on boit beaucoup de vin, la cirrhose du foie est une maladie relativement rare. Tous les cas qu’il a eu personnellement à soigner, dans une pratique de vingt-cinq années, ont été observés chez des personnes qui abusaient de l’alcool et de certains apéritifs.
- Pour lui comme pour les docteurs Lahorde, Huchard, Rendu, Vallin, Biche, tous membres de l’Académie de médecine, c’est l’abus de l’alcool qui provoque la cirrhose, et le rôle des vins plâtrés ou non est nul ou insignifiant dans la genèse de cette maladie.
- Les médecins les plus éminents ont heureusement réagi contre la suspicion que leurs collègues jetaient sur le vin.
- M. Duclaux, directeur de l’Institut Pasteur, en résumant les travaux de la Section d’hygiène de la Commission extra-parlementaire de l’alcool, a écrit :
- L’usage modéré du vin est sans inconvénients. La science, en effet, ne montre dans le vin bien préparé aucun principe nocif, et l’expérience, pendant des siècles, a témoigné que l’usage modéré de cette boisson était inolfensif.
- Le docteur Bouchardat, professeur à la Faculté de Paris, a écrit dans son Traité d’hygiène :
- Le vin est, parmi les boissons fermentées, la plus importante, la plus utile, quand son emploi est bien réglé, et la moins nuisible à certains égards, même quand on en abuse.
- Selon le docteur Proust, professeur d’hygiène à la Faculté de Paris :
- Le vin est un excitant du tube digestif et des centres nerveux. Par ses sels, dont la quantité est de k à 5 grammes par litre, il contribue à réparer les pertes de l’organisme.
- D’après le docteur Arnould, professeur d’hygiène à la Faculté de Lille :
- Le vin est la plus louable des boissons alcooliques. La stimulation qu’il produit est moins offensive que celle de l'alcool, fût-il dilué au même point que l’alcool du vin l’est naturellement. Beaucoup de vins parfaitement stimulants sont moins riches en alcool que d’autres qui stimulent peu. 11 y a dans le vin naturel une complexité merveilleuse de substances utiles, bien équilibrées, que rien ne remplace.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Le docteur Brouardel, doyen de la Faculté de médecine de Paris, a formulé son opinion dans les lignes suivantes ;
- La proportion des matières albuminoïdes dans le vin est trop faible pour qu’on puisse le considérer comme un aliment dans le sens rigoureux du mot. Cependant, il garde sous ce rapport une grande supériorité sur les alcools, qui ne renferment rien de ces substances albuminoïdes, non plus que des acides ou sels organiques du vin, dont l’utilité est incontestable.
- Les grands vins, écrit le docteur Monin, sont très riches en matières minérales : fer, chaux, potasse, phosphore surtout; or on sait combien les sels acides du phosphore sont stimulants et nutritifs.
- Le docteur A. Layet, professeur à la Faculté de Bordeaux, dans La vie matérielle des campagnards en Europe, s’exprime en ces termes sur le vin :
- C’est la boisson la plus franchement fortifiante et la mieux appropriée aux besoins du campagnard. Elle a cela pour elle, et ce n’est pas une de ses moindres qualités, de prévenir jusqu’à un certain point l’ivrognerie dans les pays où les populations en font usage.
- L’ingestion du vin, dit le professeur Riche, produit des effets différents suivant sa nature, et personne en France n’ignore l’action tonique, cordiale, d’un vin de Bordeaux naturel, et l’action excitante des vins de l’Anjou, de la Moselle.
- Les vins de Bordeaux surtout, ceux de Bourgogne, de Mâcon, du Beaujolais ensuite, doivent à leur richesse moyenne en alcool (8 à 11 p. ioo),à une dose notable de tanin, à leur faible acidité, à leur extrait moyen souvent ferrugineux et phosphaté, d’être plus ou moins toniques et reconstituants , sans être excitants ni fatigants pour l’estomac.
- Ce sont ces vins qui sont bienfaisants, qu’on a nommés le lait des vieillards et dont tant de poètes ont pu chanter à juste titre les louanges.
- Plus loin, le professeur Riche ajoute :
- L’homme qui boit exclusivement du vin à l’état naturel est rarement frappé d’alcoolisme.
- Il émet ensuite l’opinion que les buveurs de cidre et les buveurs de bière ont l’habitude de corriger ces boissons froides par une consommation considérable d’alcool. La statistique ne laisse aucune incertitude sur ces habitudes, et l’alcoolisme fait au moins autant de ravages dans les pays à cidre que dans les pays à bière.
- Voici, pour compléter la défense du vin au point de vue hygiénique, quelques extraits d’un travail dû à la plume du docteur Arnozan, professeur à la Faculté de médecine et médecin des hôpitaux de Bordeaux :
- Introduit dans noire organisme, le vin exerce son action d’abord sur les voies digestives, puis sur le système nerveux, sur les grandes sécrétions, et, enfin, sur la nutrition .. A son contact, l’estomac devient le siège d’une légère sensation de chaleur agréable, et donne à celui qui l’éprouve le sentiment d’une force nouvelle. . .
- On peut affirmer que le vin rouge active la digestion à l’état physiologique, qu’il est dans toute la force du terme un agent eupeptique.
- Après le tube digestif, le système nerveux est le premier à ressentir les effets du vin.. .
- A côté de l’alcool, il y a toute une série d’acides et d’éthers volatils dont le système nerveux reçoit l’impression plus vile encore que celle de l’alcool même. Or, dans beaucoup de boissons, ces éléments
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- accessoires ont une influence nocive bien étudiée depuis longtemps; dans le vin, au contraire, ils sont bien différents et paraissent ou inoffensifs ou même parfois salutaires.
- Le docteur Charrin, médecin des hôpitaux de Paris, a réagi contre la fausse conception du rôle du vin dans la genèse de l’alcoolisme. Dans une intéressante communication faite au Congrès international de viticulture (Paris, juin 1900), il s’est exprimé en ces termes :
- Le coupable le plus habituel n’est pas le vin, qu’on charge pourtant si communément des péchés d’Israël. Lorsque, en effet, on examine les choses de près, sans parti pris, on reconnaît que le mal doit être attribué à d’autres éléments.
- Il suffit, d’ailleurs, pour s’en convaincre, de comparer, au point de vue clinique, les troubles aigus ou chroniques provoqués par l’alcoolisme vinique rapprochés de ceux que cause l’intoxication par les liqueurs.
- L’hygiène n’a donc pas à s’alarmer de voir le vin naturel reprendre la place usurpée par une série de liqueurs, dont les influences nuisibles ne sauraient être mises en doute. L’hygiène n’a rien à perdre de cette extension de la consommation modérée de ce vin naturel,
- Loin de favoriser les hideux progrès de cet alcoolisme, on leur barre dans quelque mesure la route en recommandant l’usage modéré du vin naturel.
- Le docteur V. Laborde, membre de l’Académie de médecine, un des champions les plus ardents dans la lutte contre l’alcoolisme, a écrit le 2y juin 1900 :
- La diminution progressive, l’abandon relatif de la consommation du vin constituent un important facteur de causalité dans la genèse et les progrès de l’alcoolisme actuel. Il y aurait un incontestable avantage à rétablir, autant que possible, la consommation du vin.
- Pour le docteur Mauriac :
- Levin naturel, le bon vin rouge surtout, joue un rôle très important dans l’alimentation, quels que soient les raisonnements théoriques ou les expériences de laboratoire qu’on puisse invoquer à l’encontre de cette opinion. La constatation des faits entraîne mieux la conviction en pareille matière que les réactions artificielles des cornues.
- L’action du vin est des plus favorables dans l’alimentation, à la condition qu’il soit naturel et qu’on n’en boive pas chaque jour de trop grandes quantités.
- On voit que les maîtres de la science ne partagent pas les préjugés de beaucoup de médecins contre la consommation du vin. Nous croyons qu’il y a eu là une sorte de mode hygiénique qui a fait son temps, comme toute mode, et qui ne continuera pas au cours du siècle nouveau !
- LE VIN ET LA MODE.
- Le vin a aussi des concurrents redoutables dans les eaux minérales pures ou impures, et dans les produits exotiques.
- Des boissons prônées comme étant les seules hygiéniques par certains docteurs : café et thé, cette dernière est de beaucoup la plus importante, actuellement, au point de vue qui nous intéresse. C’est le thé, en effet, qui, avec les eaux minérales, a tendu de plus en plus, depuis quelques années, à se substituer aux produits si variés de nos vignes.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Les Anglais savent fort bien qu’il ne suffit pas de produire du thé pour le vendre. Il fallait créer la consommation; ils y sont parvenus. Nous ne pouvons mieux faire, pour montrer aux viticulteurs français comment on s’y est pris, afin de recruter des consommateurs, que de reproduire des extraits d’une notice sur le thé de Ceylan publiée par la Nature le 29 décembre mjoo :
- Si ce n’était peut-être un peu exagérer les choses, on pourrait dire que le thé de Ceylan a eu un des principaux succès de l’Exposition universelle de 1900 : tout le monde a aperçu et la plupart des gens ont fréquenté cet élégant pavillon que la possession anglaise avait installé dans les jardins du Trocadéro. Du malin au soir on y débitait des tasses de thé, et il en est résulté pour le thé de Ceylan une réclame formidable qui lui vaudra certainement des acheteurs innombrables un peu dans tous les pays.
- Empressons-nous de faire remarquer que ce qui a valu au thé de Ceylan la réputation dont il jouit un peu partout et la clientèle considérable qu’il possède en Angleterre, ce n’est certes pas seulement et exclusivement sa qualité : il ne vaut assurément pas, pour les vrais amateurs, les thés les plus fins de Chine. En fait, il a été lancé de la manière la plus habile, et son histoire vaut la peine d’être contée, parce qu’elle montre comment on doit s’y prendre pour faire réussir une tentative agricole au point de vue commercial, et aussi parce qu’elle prouve bien qu’avec de la volonté un pays peut parfaitement sortir d’une crise résultant de la ruine de son industrie principale.
- En effet, si la production du thé constitue la plus importante ressource de file de Ceylan à l’heure actuelle, l’introduction de cette culture n’est que de date toute récente !
- Et maintenant, comment les planteurs, favorisés par le climat, ont-ils pu foire connaître et apprécier leur thé sur des marchés où, comme en Angleterre, on 11e jurait que par le thé chinois? C’est là qu’ils ont fait preuve d’ingéniosité et de persévérance. Ils ont formé un corps constitué presque aussi puissant que le conseil législatif même de file, puis, naturellement, ils ont constitué à frais communs un budget important pour cette association : ce budget était destiné à être dépensé en réclame et en publicité variées pour mettre en valeur le thé de file, et payer notamment des agents spéciaux sur les marchés étrangers, agents qui avaient et qui ont encore pour seule mission d’implanter le thé cynghalais dans les pays les plus réfractaires à ce changement. L’association a fait distribuer gratuitement des quantités importantes de thé de Ceylan dans les localités où ce produit n’était pas connu, et la création de la fameuse maison de thé de l’Exposition de 1900 faisait précisément partie du programme étudié par les planteurs de Ceylan pour lancer définitivement leur produit sur les marchés d’Europe.
- Le résultat n’est-il pas merveilleux? D’autant plus extraordinaire que ce thé de Ceylan ne serait rien moins que bon , s’il faut en croire bien des connaisseurs.
- En Russie, comme en Angleterre, la lutte contre l’alcoolisme a servi de prétexte à une campagne très vive contre nos vins et à une propagande effrénée en faveur du thé. De nombreuses sociétés de tempérance, encouragées par le Gouvernement, ont créé partout des établissements spéciaùx désignés sous le nom de thés, où l’on ne consomme que du thé, du café, etc., et où l’on s’efforce d’attirer le public par toutes sortes d’avantages et de distractions. Pourquoi cette propagande en faveur du thé à l’exclusion du vin?
- N’oublions pas que la Russie d’Asie est frontière de la Chine, que la Chine est un des principaux pays producteurs de thé, que les Russes sont de gros acheteurs directs des thés chinois, que leur chemin de fer transsibérien va bientôt remplacer les caravanes pour le transport des thés chinois en Russie, et favorisera ainsi, dans une très large
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- mesure, l’écoulement de ce produit. Dans ces conditions, il est permis de croire que la défense des intérêts commerciaux des marchands de thé russes a joué un rôle prépondérant dans l’établissement des tarifs douaniers excessifs qui s’opposent à l’entrée de nos vins en Russie.
- La lutte contre l’alcoolisme n’a été qu’un prétexte pour justifier la prohibition des vins étrangers, et elle a été en même temps un excellent moyen pour favoriser la consommation du thé dont la vente procure de très gros bénéfices au commerce russe.
- Ne nous lassons pas de redire que le thé et le café, qui, si on les prend à doses modérées , sont des boissons bienfaisantes, pris à fortes doses, déterminent l’insomnie en excitant le cerveau, suppriment l’appétit et, par leur action sur la moelle épinière, produisent des crampes, des douleurs à l’estomac, des troubles dans l’intestin, des palpi-pations, des intermittences du pouls, et, d’après quelques auteurs, l’affaiblissement progressif des fonctions de la génération.
- Pour ce qui est de la valeur alimentaire et hygiénique de ces boissons aromatiques, que les uns considèrent comme des aliments cVépargne et d’autres comme des aliments de dépense, il est certain, selon M. le docteur Mauriac, quelle est loin d’égaler celle du vin.
- Quant aux altérations et aux falsifications, il ne faut pas croire que le thé et le café en soient plus exempts que le vin. C’est le contraire qui a lieu.
- Heureusement, en France, on n’a aucun besoin du thé pour combattre l’alcoolisme. Nous sommes producteurs de vins et l’on n’a pas de meilleure arme que cette boisson et l’eau-de-vie naturelle , prise à dose normale, pour lutter contre l’abus des spiritueux de qualité inférieure et des apéritifs à bas prix.
- Favorisons donc par tous les moyens possibles la consommation de notre bon vin naturel, que rien ne peut remplacer et dont l’usage régulier est plus favorable à la santé que celui de la bière, du cidre, des eaux minérales et du thé !
- LA NOUVELLE LÉGISLATION DES VINS ET DES EAUX-DE-VIE.
- Le septième élément que nous avons déterminé comme agissant sur la consommation du vin est l’« influence exercée par la législation sur les boissons et surtout par le taux des impôts 55.
- L’année de l’Exposition a marqué à cet égard une date des plus importantes. On sait en effet que la loi du 29 décembre 1900 a supprimé:
- Le droit de détail de i2.5o p. 0/0 sur le montant des ventes de vin chez les débitants;
- Les droits d’entrée perçus sur la même boisson au profit de l’Etat, aux portes des villes ayant au moins h,o 00 habitants dépopulation agglomérée;
- Les droits de taxe unique qui étaient perçus au profit de l’Etat dans les villes ayant plus de 10,000 habitants, lesquelles étaient, depuis 1875, rédimées, c’est-à-dire rachetées de l’exercice, toute la population payant une même taxe, généralement égale au triple du droit d’entrée.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Les vins en cercles ou en bouteilles ne supportent plus, en tous lieux et quelle qu’en soit la quantité, qu’un droit unique qui est le droit de circulation. Ce droit est fixé à 1 fr. 5 o par hectolitre en volume. Pour la perception, toute bouteille de contenance inférieure à 1/2 litre est comptée pour cette quantité. Celle d’une contenance inférieure au litre, mais supérieure au 1/2 litre est comptée pour un litre.
- Toutefois, il reste entendu que ce droit se trouve augmenté des taxes d’octroi que les villes ont pu conserver, en vertu de l’article 2 de la loi de 1897.
- On espère que la réforme de l’impôt des boissons amènera rapidement toutes les villes à supprimer les droits d’octroi sur les vins.
- La loi de 1897, en ce qui concerne les octrois, recevant dès le ier janvier 1901 sa pleine exécution, sauf pour les villes de Marseille, Lille, Roubaix, la Souterraine, Saint-Omer, Montreuil-sur-Mer, Lillers, Rumilly et Moutiers, qui ont eu jusqu’au 3i mars pour prendre leurs dispositions en vue de la suppression des droits d’octroi sur les boissons hygiéniques, et Lyon qui a eu jusqu’au 30 juin, sauf pour ces villes, disons-nous, les taxes d’entrée et d’octroi sont abolies sur les vins, dès le ier janvier 1901, ou tout au moins diminuées dans les conditions de l’article 2 de ladite loi.
- En ce qui concerne Paris, qui a supprimé complètement son impôt sur les boissons hygiéniques, le droit est donc réduit à 1 fr. 5o par hectolitre de vin.
- Les vendanges fraîches circulant hors de l’arrondissement de récolte et des cantons limitrophes, en quantités supérieures à 10 hectolitres, sont passibles du même droit que les vins, à raison de 2 hectolitres de vin par 3 hectolitres de vendange.
- Pour la circulation des vins, en dehors des transports effectués par les récoltants de chez eux, chez eux, dans les limites du rayon de franchise, les expéditions à prendre sont désormais :
- Un acquit à caution pour les envois à destination des marchands en gros en tous lieux et des débitants de boissons établis dans les agglomérations de moins de 4,ooo habitants; un congé dans tous les autres cas.
- Tel est le résumé du nouveau régime fiscal des vins inauguré avec le xxe siècle.
- En même temps, la concurrence des apéritifs de qualité inférieure et des spiritueux à bas prix se trouve enrayée, car le droit de consommation de l’alcool passe de 15 6 fr. 2 5 à 220 francs; l’impôt augmente donc de la différence : 63 fr. 75. Au chiffre de 220fr. il y a lieu d’ajouter les droits d’entrée dans les villes qui n’ont subi aucun changement. En conséquence, il faut voir comme suit les taxes perçues au profit de l’Etat par hectolitre d’alcool pur dans les villes :
- DROITS D'ENTREE. à L-ETA.T.
- fr. C. fr. c.
- De 4,ooo à 6,000 habitants 7 5o 227 5o
- De 6,001 à 10,000 11 24 23l 25
- De 10,001 à 15,ooo i5 00 235 00
- De i5,ooi à 20,000 18 75 238 75
- De 20,001 à 3o,ooo 22 5o 242 5o
- De 3o,ooi à 5o,ooo 26 25 246 5o
- Au-dessus de5o,ooo Gp. X. — Cl. 60. 3o 00 25o 00
- IMMUMEIUE NATIONALE.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- A ces droits peuvent s’ajouter ceux de l’octroi, les communes ayant la faculté de les porter au double de ceux d’entrée.
- Pour Paris, les taxes diverses sur l’alcool font que celui-ci arrive à payer Ai 5 francs par hectolitre à îoo degrés. Ce taux de Ai 5 francs se décompose comme suit :
- droit de consommation.
- droit d’entrée...........
- A la Ville, droit d’octroi.......
- 220 francs. 3o
- i65
- Total
- Ai5
- C’est, pour un litre de cognac, de rhum, de kirsch, etc., à 5o degrés un impôt de 2 fr. 075; et pour un litre d’absinthe à 72 degrés, 2 fr. 988.
- Dans le département de la Seine, le droit dit «de banlieue» frappe toujours les alcools dans toutes les communes. Il est de 66 fr. 5o l’hectolitre, ce qui porte l’impôt, dans la plus petite commune des environs immédiats de Paris, à 286 fr. 5o, sans l’octroi municipal.
- Maintenant qu’une législation fiscale favorable à l’extension de l’usage du vin a été mise en vigueur, nous pouvons dire que cette extension ne dépend plus que de l’intelligence des viticulteurs. Il ne faut plus que ceux-ci offrent au commerce trop de vins et trop de mauvais vins. De même que les lois de circonstance doivent être abrogées, de même les vignobles de circonstance doivent disparaître. La fabrication des vins de raisins secs et des piquettes, au moment de la crise phylloxérique, a cessé devant la production des vins légers donnés par les terrains à grand rendement. Aujourd’hui, ces derniers vins sont condamnés à être délaissés pour des vins plus corsés. Les vignes fournissant des produits inférieurs doivent donc disparaître devant l’impossibilité d’écouler ceux-ci à un prix rémunérateur.
- Nous donnons ci-dessous le texte complet des nouvelles lois sur les boissons et les octrois qui, ainsi que nous venons de l’expliquer, concourent également à augmenter la consommation du vin.
- LOI DU 29 DÉCEMBRE I9OO SUR LE REGIME DES BOISSONS.
- Art 1er. Les droits de détail, d’entrée et de taxe unique, actuellement perçus sur les vins, cidres, poirés et hydromels, sont supprimés.
- Le droit de fabrication sur les bières est abaissé à 0 fr. 25 par degré-hectolitre.
- Les vins, cidres, poirés et hydromels restent, quelle que soit la quantité, soumis au droit général de circulation, dont le taux, décimes compris, est fixé uniformément à 1 fr. 5o par hectolitre poulies vins et à 0 fr. 80 par hectolitre pour les cidres, poirés et hydromels. Ce droit s’étend aux quantités expédiées aux débitants.
- Les vendanges fraîches circulant hors de l’arrondissement de récolte et des cantons limitrophes en quantités supérieures à 10 hectolitres sont soumises aux mêmes formalités à la circulation que les vins et passibles du même droit, à raison de 2 hectolitres de vin par 3 hectolitres de vendange.
- Le droit de consommation sur les eaux-de-vie, esprits, liqueurs, fruits à l’eau-de-vie, absinthes
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- et autres liquides alcooliques non dénommés, est fixé à 220 francs par hectolitre d’alcool pur, décimes compris.
- Les licences des débitants et marchands en gros de boissons, des brasseurs, des bouilleurs et distillateurs sont réglées conformément au tarif ci-après :
- DROIT DE LICENCE, PAR TRIMESTRE, EXIGIBLE DANS LES COMMUNES DE
- CATÉGORIES D’ASSUJETTIS.
- 1° Débitants lorsqu’ils sont rangés pour
- l’application des droits de patente
- 17” et 8° classes........
- 6° classe...............
- 5e classe...............
- 4» classe..............
- iro, 2” et 3° classes.. dans un autre tableau.................
- TOUTES \ CATÉGORIES. ' 1 500 HABITANTS et au-dessous. 501 | h 1,000 I HABITANTS. | 1,001 1 à 4,000 | | HABITANTS. | 4,001 h 10,000 ' HABITANTS. O W s 0 'v < cT0 B •« s 20,001 I à 50,000 1 HABITANTS. | 50,001 h 100,000 HABITANTS. 100,001 HABITANTS et au-dessus. /
- fr. c. fl’, c. fp. C. fr. 0. fr. C. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c.
- « UX O O CTï O O 7 5o 11 20 O O L© 18 75 21 25 25 00
- n 5 5o 7 00 8 75 12 00 17 5o 2125 26 25 31 25
- .. 6 s5 00 0 © 10 00 i5 00 20 00 25 00 3o 00 37 5o
- » Il 25 15 00 17 5o 26 25 CO en 0 43 75 5s 5o 65 00
- .. 18 75 2D OO 3o 00 ©x O O 0 0 O (£> 75 00 90 00 112 5o
- 112 5o " " " « " « " »
- 2° Marchands en gros.
- 3° Brasseurs.
- 4° Bouilleurs et distillateurs
- 5o 00
- 7a 00
- I 25
- 00
- 37 5o 62 5o 125 00 10 00 i5 00 3o 00
- Lorsqu’ils ne vendent pas annuellement plus de 100 hectolitres d’alcool, ou plus de 1,000 hectolitres de vin, ou plus de 2,000 hectolitres de cidre ou poiré.
- Lorsqu’ils vendent annuellement de 101 à a5o hectolitres d’alcool, ou de 1,001 à 2,5oo hectolitres de vin, ou de 2,001 h 5,000 hectolitres de cidre ou poiré.
- Lorsqu’ils vendent annuellement plus de s5o hectolitres d’alcool, ou plus de 2,5oo hectolitres de vin, ou plus de 5,000 hectolitres de cidre ou poiré.
- Lorsqu’ils ne brassent pas plus de douze fois par an.
- Lorsqu’ils ne brassent pas plus de cinquante fois par an.
- Lorsqu’ils brassent plus de cinquante fois par an.
- Lorsqu’ils ne fabriquent pas plus de 5o hectolitres par an.
- Lorsqu’ils fabriquent de 5i 5 i5o hectolitres par an.
- Lorsqu'ils fabriquent plus de i5o hectolitres par an.
- Le commerçant de boissons qui, exerçant plusieurs professions dans son établissement, est assujetti au droit fixe de patente pour une profession qui ne comporte pas la vente de boissons, doit la licence de la classe qui correspond à la patente dont il serait redevable pour son commerce de boissons, s’il n’exerçait que cette seule profession.
- Les propriétaires vendant exclusivement les boissons de leur cru et les autres commerçants de boissons qui ne seraient pas passibles de la patente sont, pour l’application de la licence, classés par assimilation d’après la nature de leurs opérations.
- Dans les cas prévus aux deux paragraphes qui précèdent, les réclamations auxquelles donnerait lieu le classement de la profession soumise à la licence seront présentées, instruites et jugées comme en matière de contributions directes.
- Dans les communes de plus de 4,ooo habitants, les débitants, établis hors de l’agglomération, seront imposés au tarif applicable à la population non agglomérée.
- Les débitants extraordinaires ou forains payeront le droit applicable aux communes de 5oo habitants et au-dessous.
- A Paris, k défaut de déclaration par le contribuable, l’Administration, sans être tenue de recourir aux poursuites correctionnelles prévues par l’article 171 de la loi du 28 avril 1816, aura la faculté d’imposer d’office la licence à toute personne inscrite au rôle des patentes pour une profession impliquant le commerce des boissons. Dans ce cas, l’imposition aura lieu au moyen de l’émission d’un rôle rendu exécutoire par le préfet, et les contestations seront présentées, instruites et jugées comme en matière de contributions directes; elles seront recevables pendant trois mois à partir du jour du payement du premier terme de la licence de l’année.
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- Les maxima des licences municipales, instituées par la loi du 29 de'cembre 1897 e*; décret du 16 juin 1898, continueront d’être calculés d’après les tarifs en vigueur avant la promulgation de la présente loi.
- Art. 2. Les vins, cidres, poirés et hydromels continuent à circuler sous acquit lorsqu’ils sont à destination de personnes jouissant du crédit des droits et, en outre, dans les agglomérations de moins de 4,ooo habitants, quand ils sont à destination des débitants; les droits garantis par les acquits, en cas de non-décharge, sont réduits au double de la taxe de circulation.
- Pour les transports de vins, cidres, poirés, effectués de leur pressoir ou d’un pressoir public à leurs caves et celliers, ou de l’une à l’autre de leurs caves, dans le canton de récolte et les communes limitrophes de ce canton, les récoltants sont admis à détacher eux-mêmes d’un registre à souche, mis à leur disposition et contrôlé par les agents de la régie, des laissez-passer dont le coût est fixé à o fr. 10 ; les petites quantités transportées à bras ou à dos d’homme circuleront librement.
- En dehors des cas prévus aux paragraphes précédents, les vins, cidres, poirés et hydromels ne pourront circuler qu’accompagnés d’un congé constatant le payement du droit.
- Art. 3. Pour les spiritueux, l’obligation de l’acquit-à-caulion est étendue à tous les transports à destination des villes d’une population agglomérée de 4,000 habitants et au-dessus et des localités où il existe des taxes d’octroi sur l’alcool.
- Les acquits-à-caution accompagnant les spiritueux pourront être recommandés, moyennant le payement d’un droit supplémentaire de o fr. 5o par expédition. Dans ce cas, la responsabilité du soumissionnaire ne demeurera engagéeque pendant un délai de quarante jours après l’expiration du délai fixé pour le transport.
- Art. 4. Les droits de circulation et de consommation sur les boissons expédiées sous acquit aux débitants, et le droit de consommation sur les spiritueux expédiés aux consommateurs dans les conditions prévues à l’article précédent, doivent être acquittés, savoir :
- Dans les localités ayant une population agglomérée de 4,000 habitants et au-dessus ou pourvues d’un octroi, au moment de l’introduction ;
- Partout ailleurs, dans les quinze jours qui suivront l’expiration du délai fixé pour le transport;
- Pour les débitants qui vendent accidentellement des boissons les jours de fête ou de foire, les droits sont exigibles immédiatement.
- Art. 5. L’exercice des débits de boissons est supprimé.
- Dans les communes où il n’existe pas de surveillance effective et permanente aux entrées, toute personne, qui vend en détail des boissons, reste seulement assujettie dans ses caves, magasins et autres locaux affectés au commerce, aux visites des employés de la régie, qui pourront effectuer les vérifications et prélèvements nécessaires pour l’application des lois concernant les fraudes commerciales et les fraudes fiscales.
- Art. 6. Dans les mêmes communes, il est tenu, pour les débitants, le même compte de spiritueux que pour les marchands en gros ; les décharges sont établies d’après les enlèvements effectués en vertu d’expéditions et les manquants reconnus lors des vérifications; les excédents sont saisissables dans les mêmes conditions.
- Art. 7. Lors des recensements effectués chez les marchands en gros, les quantités de vins, cidres , poirés et hydromels reconnues manquantes en sus de la déduction légale seront frappées du droit de circulation et, s’il y a lieu, des taxes d’octroi.
- Tout excédent de boissons et spiritueux constaté à la balance finale du compte donne lieu à un procès-verbal.
- Art. 8. Tout propriétaire récoltant, qui désire vendre au détail les boissons provenant de sa récolte, est tenu d’en faire préalablement la déclaration au bureau de la régie, d’acquitter la licence de débitant et les taxes générales et locales sur les boissons destinées à la vente , et de se soumettre à toutes les obligations des débitants.
- Toute personne autre qu’un propriétaire récoltant qui, en vue de la vente en gros ou en détail, fa-
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- brique des vins, cidres, poirés ou hydromels, est tenue d’en faire préalablement la déclaration au bureau de la régie et d’acquitter la licence de marchand en gros ou de débitant. Elle doit, de plus, acquitter les droits immédiatement après chaque fabrication, si la boisson est destinée à la vente au détail.
- Les vendanges, expédiées en vue de ces fabrications, pourront être reçues sous acquit-à-caution.
- Art. 9. Les boissons autres que les spiritueux introduites sous acquit-à-caution ou fabriquées dans les distilleries y seront prises en charges comme matières premières, à la fois pour leur volume et pour la quantité d’alcool pur qu’elles renferment.
- Nul ne peut, en vue de la distillation, préparer des macérations de grains, de matières farineuses ou amylacées, ou mettre en fermentation des matières sucrées, ni procéder à aucune opération chimique ayant pour conséquence directe ou indirecte une production d’alcool, sans en avoir préalablement fait la déclaration au bureau de la régie.
- Des décrets en forme de règlements d’administration publique détermineront, suivant la nature des industries, le délai dans lequel cette déclaration devra être effectuée.
- Les bouilleur.; de cru, qui distillent exclusivement les eaux-de-vies désignées par la loi du 1 à décembre 1875, continuent à être affranchis de la déclaration de leur fabrication, sauf les exceptions prévues à l’article 10 ci-après.
- Art. 10. Sont soumis au régime des bouilleurs de profession les bouilleurs de cru qui, dans le rayon déterminé par l’article 20 du décret du 17 mars i852, exercent par eux-mêmes ou par l’intermédiaire d’associés la profession de débitant ou de marchand en gros de boissons.
- Sont également soumis au régime des bouilleurs de profession les bouilleurs de cru qui font usage d'appareils à marche continue pouvant distiller par vingt-quatre heures plus de 200 litres de liquide fermenté, d’appareils chauffés à la vapeur ou d’alambics ordinaires d’une contenance totale supérieure à 5 hectolitres. Il leur est, toutefois, accordé une allocation en franchise de 20 litres d’alcool pur par producteur et par an pour consommation de famille.
- Par dérogation au paragraphe précédent, les alambics ambulants peuvent avoir une contenance de plus de 5 hectolitres, sans que les producteurs qui en font usage perdent le privilège des bouilleurs de cru.
- Les bouilleurs de cru convaincus d’avoir enlevé ou laissé enlever de chez eux des spiritueux sans expédition ou avec une expédition inapplicable, indépendamment des peines principales dont ils sont passibles, perdront leur privilège et deviendront soumis au régime des bouilleurs de profession pour toute la durée de la campagne en cours et de la campagne suivante.
- Art. 11. Tout loueur d’alambic ambulant est tenu, indépendamment des obligations qui lui sont imposées parle règlement du i5 avril 1881, de consigner sur un cahier-journal, dont la remise lui sera faite par la régie, le jour, l’heure et le lieu où commence et s’achève chacune de ses distillations , les quantités et espèces de matières mises en œuvre par lui et leurs produits à la fin de chaque journée. Ce carnet doit être présenté à toute réquisition des employés.
- En cas de non-accomplissement des dispositions qui précèdent, le carnet de distillation cessera de produire ses effets et le loueur ne pourra en obtenir un nouveau avant un délai de six mois et d’un an en cas de récidive.
- Art. 12. Tout détenteur d’appareils ou de portions d’appareils propres à la distillation d’eau-de-vie ou d’esprit est tenu, dans le mois qui suivra la promulgation de la présente loi, de faire au bureau de la régie une déclaration énonçant le nombre, la nature et la capacité de ces appareils ou portions d’appareils.
- Seront dispensées de cette déclaration les personnes qui ont une licence de bouilleur ou distillateur.
- Tout fabricant ou marchand d’appareils propres à la distillation d’eau-de-vie ou d’esprits est tenu d’inscrire à un registre spécial, dont la présentation pourra être exigée par les employés des contributions indirectes, les noms et demeure des personnes auxquelles il aura livré, à quelque titre que
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- ce soit, des appareils ou portions d’appareils. Il devra, de plus, dans les quinze jours de vente, faire connaître au bureau de la régie de sa résidence le nom et le domicile des personnes à qui ces livraisons ont été faites. Cette dernière disposition est applicable aux cessions faites accidentellement par des particuliers non commerçants.
- Les appareils seront poinçonnés par les employés des contributions indirectes, moyennant un droit de 1 franc perçu immédiatement.
- Art. 13. Le Gouvernement interdira par décrets la fabrication, la circulation et la vente de toute essence reconnue dangereuse et déclai’ée telle par l’Académie de médecine.
- Art. 14. Les contraventions aux prescriptions des articles 5, 6, 7 et 8 de la présente loi sont punies des peines édictées par l’article ier de la loi du 28 février 1872 lorsqu’elles ont pour objet des spiritueux, et par l’article 7 de la loi du 21 juin 1873 lorsqu’elles concernent des vins, cidres, poirés et hydromels.
- Les contraventions aux articles 9, 10, 11 et 12 sont punies d’une amende de 5oo à 1,000 francs, indépendamment de la confiscation des appareils et boissons saisis et du remboursement des droits fraudés.
- En cas de récidive l’amende sera doublée.
- Les mêmes peines seront applicables à toute personne convaincue d’avoir facilité la fraude ou procuré sciemment les moyens de la commettre.
- Les dispositions des articles 222, 223, üüà et 2 25 de la loi du 28 avril 1816, relatives à l’arrestation et h la détention des contrevenants, sont applicables à toute personne cpii aura été surprise fabriquant de l’alcool en fraude et à tout individu transportant de l’alcool sans expédition ou avec une expédition altérée ou obtenue frauduleusement.
- Dans tous les cas, l’article 463 du code pénal pourra être appliqué en faveur des délinquants dans les conditions prévues par l’article 19 de la loi du 29 mars 1897.
- Art. 15. La taxe de dénaturation de 3 francs par hectolitre d’alcool pur établie parla loi du 16 décembre 1897 est supprimée. Elle est remplacée par un droit de statistique de 25 centimes.
- Art. 16. Le bénéfice du droit réduit de 2 4 francs par 100 kilogrammes déterminé par la loi du 27 mai 1887 sera limité aux quantités de sucres bruts ou raffinés employés au sucrage des vins, cidres ou poirés nécessaires h la consommation familiale des producteurs, et jusqu’à concurrence d’un maximum de 4o kilogrammes par membre de la famille et domestique attaché à la personne.
- Art. 17. Dès la mise en vigueur de la présente loi, les commerçants et dépositaires d’alcools établis en tous lieux, Paris compris, seront tenus de déclarer au bureau de la Régie les quantités d’alcool existant en leur possession.
- Ces quantités seront ensuite reprises par voie d’inventaire; les assujettis, qui auront chez eux de l’alcool dont les droits ne seront pas acquittés, pourront les régler sur la base des nouveaux tarifs au moyen d’obligations cautionnées d’un à trois mois de terme; les non-entrepositaires pourront également être admis à présenter, pour l'acquittement des taxes complémentaires résultant de l’application des nouveaux tarifs, des obligations dûment cautionnées, lorsque la somme à payer, d’après chaque décompte, s’élèvera à 3oo francs au moins. Les obligations seront souscrites dans les conditions déterminées par la loi du i5 février 1875.
- Toute quantité qui n’aura pas été déclarée donnera lieu, en sus, au payement d’une amende égale au double des taxes exigibles.
- En ce qui concerne les vins, cidres, poirés et hydromels, chez tous les débitants, les droits afférents aux quantités constatées en restes seront immédiatement exigibles, les abonnements étant pour les abonnés résiliés de plein droit à la date de la mise en vigueur de la loi.
- Art. 18. Sont maintenues toutes les dispositions des lois en vigueur qui ne sont pas contraires à celles de la présente loi.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- LOI DU 2() DÉCEMBRE 1 8 9 *7 SUR LES OCTROIS.
- Art. 1er. Les communes seront autorisées à supprimer leurs droits d’octroi sur les boissons hygiéniques (vins, cidres, poirés, hydromels, bières et eaux minérales), h partir du 3i décembre de l’année qui suivra celle au cours de laquelle la présente loi sera promulguée.
- Adéfaut de suppression totale, les communes seront obligées d’abaisser les droits existants dans la limite des tarifs prévus à l’article 2.
- Art. 2. Dans les communes qui continueront à imposer les boissons hygiéniques, les droits ne pourront excéder le tarif suivant :
- POPULATION AGGLOMÉRÉE DES COMMUNES.
- De moins de 6,000 habitants.
- De 6,001 à 10,000...........
- De 10,001 à 16,000..........
- De i5,ooi à 20,000..........
- De 20,001 à 3o,ooo..........
- De 3o,ooi à 5o,ooo..........
- Au-dessus de 5o,ooo.........
- Paris.......................
- VINS EN CERCLES et en
- BOUTEILLES ,
- par hectolitre, fr. c.
- .. o 55
- .. o 85
- .. 1 i5
- .. 1/10
- 1 70
- . . 2 00
- . . 2 25
- . . 4 00
- CIDRES, POIRÉS, HtDROMELS, EAUX MINÉRALES,
- par hectolitre, fr. c.
- 0 35 0 5o 0 60 0 85 o q5 1 i5 1 25 1 5o
- En ce qui concerne les bières, le maximum du droit imposable est fixé à 5 francs, sauf dans les départements ci-après : Aisne, Ardennes, Nord, Pas-de-Calais et Somme, où le maximum ne pourra dépasser 1 fr. 5o par hectolitre.
- Pour les vins titrant plus de i5 degrés, il n’est pas dérogé aux dispositions de l’article 3 de la loi du ier septembre 1871.
- Art. 3. Pour remplacer le produit des taxes supprimées, les communes pourront avoir recours aux taxes prévues dans l’article 4, ou demander l’établissement de taxes spéciales dans les conditions spécifiées à l’article 5.
- Art. 4. Les taxes auxquelles les communes peuvent, en vertu de l’article précédent, recourir sous la seule réserve de l’approbation préfectorale sont les suivantes :
- i° Elévation du droit sur l’alcool jusqu’au double des droits d’entrée, décimes compris. Pour la ville de Paris, le droit pourra être, en addition du droit actuel de 24 francs, augmenté au maximum de 85 fr. 20.
- Dans les communes d’une population agglomérée inférieure à 4,ooo âmes, le tarif d’octroi sur l’alcool ne pourra pas dépasser le maximum applicable aux villes de 4,000 à 6,000 âmes.
- Une loi pourra autoriser des taxes supérieures.
- 20 Etablissement à la charge des commerçants de boisson, en addition du droit de licence perçu pour le compte du Trésor, d’une licence municipale composée d’un droit fixe, qui pourra comporter deux tarifs, suivant que les établissements des commerçants de boissons vendront exclusivement des boissons hygiéniques ou des alcools avec ou sans boissons hygiéniques, et d’un droit proportionnel basé sur la valeur locative de l’ensemble des locaux occupés. Lorsque le commerce des boissons sera exercé cumulativement avec un autre commerce ou industrie, les locaux exclusivement occupés par ce dernier commerce ou cette dernière industrie seront exempts du droit proportionnel. Un règlement d’administration publique déterminera les conditions dans lesquelles ladite taxe sera assise et perçue.
- 3° Perception d’une taxe maxima de 3o centimes par bouteille sur tous les vins en bouteilles, qui ne se cumulera pas avec celle applicable aux vins en cercles.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
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- 4° Création de taxes égales, au maximum, aux taxes en principal établies, déduction faite des majorations résultant des pénalités :
- a. Sur les chevaux, mules et mulets, voitures, voitures automobiles.
- Les personnes ayant plusieurs résidences sont, pour les chevaux, voitures, voitures automobiles, mules et mulets, qui les suivent habituellement à Paris, passibles desdiles taxes en cette ville, nonobstant les dispositions de l’article îo de la loi du 2 juillet 18G2;
- b. Sur les billards publics et privés;
- c. Sur les cercles, sociétés et lieux de réunion ;
- d. Sur les chiens.
- Enfin, les communes pourront établir, dans les conditions de la loi du 5 avril 1 884, des centimes additionnels dont le chiffre ne pourra pas dépasser vingt.
- Art. 5. Les communes pourront également pourvoir au remplacement de leurs taxes d’octroi en établissant, selon les formes et conditions prévues par l’article 107 de la loi du 5 avril, et sous réserve de l’approbation législative, des taxes directes ou indirectes. Les taxes directes ne seront prélevées que sur les propriétés ou objets situés dans la commune; elles s’appliqueront à toutes les propriétés ou à tous les objets de même nature ; elles seront proportionnelles.
- Art. 6. Tous les tarifs d’octroi sur les boissons hygiéniques seront, en conséquence, révisés dans un délai de deux ans à partir du 1" janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, ou, s’ils viennent à expiration avant ce délai, à la fin de la période pour laquelle ils ont été approuvés.
- Toutefois, les communes dont les tarifs expireront dans l’année qui suivra la promulgation de la loi auront un délai d’un an, à partir du 1cr janvier suivant, pour ramener lesdites taxes aux maxima fixés par les articles précédents et voter, s’il y a lieu, les taxes de remplacement.
- Lorsque les taxes de remplacement autorisées dépasseront le montant du dégrèvement total sur les boisssons hygiéniques, l’excédent pourra être employé au dégrèvement d’autres objets soumis au tarif d’octroi.
- Art. 7. Les communes qui, actuellement, ne perçoivent pas de taxes d’octroi sur les vins, cidres, poirés, hydromels, bières et eaux minérales, pourront être autorisées à établir un droit de licence municipale ou à percevoir des taxes sur l’alcool, conformément aux dispositions de l’article 4 de la présente loi.
- Art. 8. A partir de la promulgation de la présente loi, il ne pourra plus être établi de taxes d’octroi sur les vins, cidres, poirés et hydromels, sur les bières et sur les eaux minérales, dans les villes où il n’en existe pas aujourd’hui, et ces taxes, dans les villes où elles existent, ne pourront pas être surélevées.
- Toutefois, dans des cas exceptionnels, sur la demande des conseils municipaux et en vertu de décrets rendus en Conseil d’Etat, les communes dont les tarifs actuels sur les boissons hygiéniques n’atteignent pas le maximum prévu par la présente loi pourront être autorisées à les porter à ce maximum.
- Dans les villes à octroi qui, au point de vue des droits du Trésor, sont actuellement comprises dans la 8e classe, les surtaxes actuelles pourront, dans les conditions de l’article 187 de la loi de 1884, être maintenues en vertu de lois spéciales pour des périodes qui ne dépasseront pas cinq ans.
- Art. 9. Les villes qui supprimeront leurs droits d’octroi sur les boissons hygiéniques obtiendront dans les conditions indiquées par l’article i o de l’ordonnance du 5 août 1818, pour le payement des frais de casernement, une réduction égale, pour chaque homme de troupe, au montant des droits dégrevés, en prenant pour base les deux tiers du taux de la consommation moyenne de la population soumise à l’octroi.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- LES TARIFS DE TRANSPORT DES VINS.
- Nous avons indiqué les diverses causes qui influent sur la consommation du vin; terminons par la question des transports, dont l’importance est capitale par les frais grevant la marchandise. Les chemins de fer ont compris que leur intérêt était de réduire, autant que possible, les tarifs, et les vins se trouvent actuellement, de ce chef, dans des conditions infiniment plus avantageuses.
- En i8q4, les conditions de transport des vins par nos voies ferrées ont été modifiées d’une façon profonde et sensiblement abaissées, surtout pour certaines régions comme le Midi, par exemple. Nos grandes compagnies de chemins de fer, sauf l’Est, après de longs pourparlers et des enquêtes multiples, furent autorisées par le Gouvernement à appliquer le tarif commun P. V. n° 106, le tarif spécial P. V. n° 6 pour les vins et spiritueux, et le tarif commun P. V. n° 126 pour le retour de la futaille vide.
- Le tarif P. V. 106 (chapitre ier) comprend trois barèmes selon la nature des boissons (vins, vinaigres, vermout, alcool, eaux-de-vie, liqueurs, etc., en fûts ou en caisses, vendange en fûts) et aussi selon l’importance des expéditions : d’une part, la taxe est fixée «sans condition de tonnager>; de l’autre, elle est établie «par expédition de 5,ooo kilogrammes ou payant pour ce poidsw. Le minimum de parcours sur l’un quelconque des réseaux des compagnies mentionnées est de 3oo kilomètres, et chaque expédition est frappée d’un droit additionnel de î fr. 5 o pour les envois sans condition de tonnage, ou de î franc pour les envois de 5,ooo kilogrammes, droit représentant les frais de chargement, de déchargement et de gare tant à l’arrivée qu’au départ.
- En ce qui concerne les vins en fûts voici, pour quelques distances, les prix à la tonne :
- SANS CONDITION PAR
- DE TONNAGE. B,000 KILOGR.
- 300 kilomètres
- 400..........
- 500..........
- 600..........
- 700..........
- 800..........
- 900..........
- 1,000.........
- 1,100.........
- 1,200.........
- 1,300.........
- 1,400.........
- 1,500.........
- 28 francs. 28 francs.
- 33 32
- ^7 35
- 4i 38
- 45 4i
- 46 42
- 47 43
- 48 44
- *9 45
- 5o 46
- 5i 47
- 52 48
- 53 h
- De 3oo à 36o kilomètres, les distances intermédiaires sont de 10 kilomètres et l’augmentation des frais de transport varie entre o fr. 4o et o fr. 5o. De 36o à i,5oo ki-
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- lomètres, les distances intermédiaires sont de 2 0 kilomètres et l’augmentation du prix oscille entre 0 fr. ho et 0 fr. 80.
- Pour toute fraction de parcours inférieure, la taxe est celle du parcours immédiatement supérieur.
- Le chapitre 2 du même tarif P. V. 106 contient des prix exceptionnels par 1,000 kilogrammes et pour un certain nombre de localités déterminé.
- Le chapitre 3 ne visait autrefois que les vins en fûts du Midi à destination de Paris par expédition de 7,000 kilogrammes « adressée par un expéditeur unique à un destinataire unique, accompagnée d’une pièce unique de régie et composée de fûts de même type, ne portant que des marques identiques imprimées sur le corps même des fûts». Mais aujourd’hui, sauf la Compagnie de l’Est, qui reste encore réfractaire à ces tarifs communs, toutes les autres ont accepté le P. V. 106 en permettant, de plus, que les expéditions puissent comprendre des pièces de régie différentes, pourvu quelles ne portent pas sur des quantités inférieures à 1 8 hectolitres de fûts de même type ne présentant que des marques identiques imprimées sur le corps même des fûts.
- Par wagon complet de 7,000 kilogrammes le tarif est comme suit :
- De Lézignan (Aude), de Courniou, de Bertholène et de toutes les gares du réseau du Midi situées à Touest des trois gares précitées à toutes les stations du réseau du Nord dont les relations s’établissent normalement par la grande ou la petite Ceinture de Paris : taxes du barème A ci-après.
- De Villedaigne, de Saint-Pons, de Laissac et de toutes les gares du réseau du Midi situées à l’est des trois gares précitées ainsi que de toutes les gares du réseau de Paris-Lyon-Méditerranée à toutes les stations du réseau du Nord dont les relations s’établissent normalement par la grande ou petite Ceinture de Paris : taxes du barème B ci-après
- BAREMES DES P1\IX DE TRANSPORT PAR 1000 KILOGRAMMES.
- DISTANCES.
- __ BAREME A. BAREME B.
- kilomètres. — —
- 600................................... s5f5o' 26r ooc
- 620................................... 2 5 90 2 G 3o
- 640................................... 26 3o 26 60
- 660................................... 26 70 26 90
- 680................................... 27 10 27 20
- 700................................... 27 5o 27 5o
- 720.
- 740.
- 760.
- 780.
- 800.
- 820.
- 840.
- 27f 70e
- 27 90
- 28 10 28 3o 28 5o 28 70 28 90
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- DISTANCES, kilomètres.
- 860 880 900 920 940 960 980 1,000 1,020 1,040 1,060 1,080 1,100 1,120 1,140 1,160 1,180 1,200 1,220 1,240 1,260 1,280 1,300
- Pour tout parcours intermédiaire, la taxe est celle du parcours immédiatement supérieur.
- Les prix des barèmes comprennent les frais de chargement, de gare et de transmission. Us sont calculés par l’itinéraire le plus court, tel qu’il résulte de l’édition en vigueur du tableau des distances de réseau à réseau, dont l’établissement a été approuvé par la décision ministérielle du i5 janvier 1892 , pourvu que cet itinéraire emprunte exclusivement les voies des réseaux participant aux barèmes A et B ci-dessus. S’il en est autrement, la taxe est établie par l’itinéraire le plus direct calculé d’après les tableaux des distances particulières à chacun des réseaux participants, y compris la ceinture s’il y a lieu, et, dans ce dernier cas, par l’itinéraire le plus court, via Grande ou Petite Ceinture.
- Pour les relations des chemins de fer de l’État, de l’Ouest, d’Orléans, du Nord et des Ceintures de Paris, on inscrit les dispositions ci-après : vins en fûts, par wagon complet d’au moins 7,000 kilogrammes ou par rame d’au moins trois wagons chargés à 7,000 kilogrammes au minimum, adressés par un expéditeur unique à un destinataire unique, composés de fûts de même type, ne portant que des marques imprimées sur le corps même des fûts et accompagnés de pièces de régie (en blanc ou avec nom de destinataire) ne comportant pas de quantités inférieures à 18 hectolitres par acquit.
- i° Par wagon complet de 7,000 kilogrammes au minimum ou payant pour ce poids,
- 2Ç)f 10e
- 9 9 3 0 29 5o
- 29 70
- 99 9°
- 30 10 3o 3o 3o 5o 3o 70
- 30 90
- 31 10 3i 3o 3i 5o 3i 70
- 31 9°
- 32 10 32 3o 32 5o 32 70
- 32 90
- 33 10 33 3o 33 5o
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- d’une gare quelconque du réseau d’Orléans ou de l’État à une gare quelconque du réseau du Nord, en transit, le cas échéant, par le réseau de l’Ouest ou par le réseau d’Orléans :
- Jusqu’à 4oo kilomètres.............................................. igf 5o°
- Par kilomètre en excédant au delà de :
- àoo jusqu’à 600 kilomètres........................................... of o3°
- 600 jusqu’à 700 kilomètres........................................... o 02
- 700 kilomètres....................................................... o 01
- Par tonne, y compris les frais de chargement, de déchargement, de gare et de transmission.
- 20 Par rame d’au moins trois wagons chargés à 7,000 kilogrammes chacun au minimum ou payant pour ce poids, de Bordeaux, Blaye, Tonnay-Charente, Rochefort, la Rochelle, la Pallice-Rochelle et les Sables-d’Olonne à une gare quelconque du réseau du Nord, en transit, le cas échéant, par le réseau de l’Ouest ou par le réseau d’Orléans, taxes du harème ci-dessus diminuées de 5 francs par tonne.
- Une disposition nouvelle réduit le minimum de chargement par wagon de 7,000 à 5,ooo kilogrammes pour les expéditions de vins faites des réseaux d’Orléans et de l’Etat sur celui du Nord et sur Paris.
- Pour le retour des fûts vides, on accorde six mois de délai, et une classe spéciale a été faite pour les barriques de 2 5o litres au plus, classe dans laquelle le prix de transport est environ la moitié de celui imposé aux demi-muids.
- La Compagnie des chemins de fer de l’Est n’a accepté qu’en partie les hases de ces tarifs pour les alcools, eaux-de-vie, trois-six, vins, vinaigres en fûts, par expédition de 5o kilogrammes, au minimum, ou payant pour ce poids :
- D’une gare quelconque de l’un des réseaux d’Orléans et de l’Etat à une gare quelconque du réseau de l’Est, et vice versa, en transit, le cas échéant, par les réseaux de Paris-Lyon-Méditerranée, de l’Ouest et du Nord; d’une gare quelconque des réseaux du Nord, et vice versa.
- DISTANCES. PRIX. DISTANCES. PRIX.
- kilomètres. kilomètres. —
- 300 28f 00 460 35f 4o
- 310 28 5o 480 36 20
- 320 99 00 500 37 00
- 330 29 5o 520 37 80
- 340 3o 00 540 38 60
- 350 3o 5o 560 39 4o
- 360 3i 00 580 C- O & O
- 380 32 00 600 4i 00
- 400 33 00 620 4i 80
- 420 33 80 640 42 60
- 440 34 60 660 43 4o
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- DISTANCES.
- _ P«IX.
- kilomètres.
- 680......................... 44f 20
- 700......................... 45 00
- 720......................... 45 8o
- 740...'..................... 46 6o
- 760....................... hj ho
- 780......................... 48 20
- 800......................... 49 00
- 820......................... 49 80
- 840............................ 5o 60
- 860......................... 5i 4o
- 880......................... 52f 20
- 900......................... 53 00
- 920......................... 53 80
- 940......................... 54 60
- 960......................... 55 4o
- 980......................... 56 20
- 1,000......................... 57 00
- 1,020......................... 57 80
- 1,040............................ 58 60
- 1,060......................... 59 4o
- 1,080......................... 60 20
- DISTANCES. PRIX.
- kilomètres. —
- 1,100 6ifoo
- 1,120 61 80
- 1,140 62 60
- 1,160 63 4o
- 1,180 64 20
- 1,200 65 00
- 1,220 65 80
- 1,240 66 60
- 1,260 67 4o
- 1,280 68 20
- 1,300 69 00
- 1,320 69 80
- 1,340 70 60
- 1,360 71 4o
- 1,380 72 20
- 1,400 73 00
- 1,420 73 80
- 1,440 74 60
- 1,460 75 4o
- 1,480 76 20
- 1,500 0 0 r-
- Pour tout le parcours intermédiaire, le prix est celui du parcours immédiatement supérieur.
- Prix exceptionnels par expédition de 5o kilogrammes au minimum ou payant pour ce poids.
- Vins en fûts. — Relations Orléans, État, Paris-Lyon-Méditerranée, Ceintures, Est :
- PARCOURS.
- DISTANCES MAXIMA. PRIX.
- D’Épernay, Reims, Ay, Cludons - sur - Marne, Jalons - les - Vignes, Oiry et Saint-Hilaire-au-Temple, aux gares ci - contre, et vice versa.....................
- I Orléans.........
- Blois............
- Tours............
- Saumur...........
- I Bordeaux-Bastide. La Palice-Rochelle
- Rochelle ........
- Rochefort........
- 290 kilomètres. i5 francs
- 347 20
- 4o3 24
- 465 27
- Notre commerce désirerait maintenant que des simplifications fussent apportées dans la pratique à ces divers barèmes, notamment pour la clause du tarif réduit.
- En étudiant, au cours de cette première partie, la situation vinicole de la France au moment où TExposition universelle a clos le xixc siècle, nous avons mis en relief
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- tous les éléments qui peuvent influer sur le développement de la consommation du vin. La conclusion qui ressort nécessairement de cet examen détaillé est des plus rassurantes.
- Nous avons vu la viticulture, cruellement éprouvée, triompher de graves périls et renaître plus brillante qu’auparavant. Le nouveau siècle s’ouvre avec la perspective des plus abondantes productions de vin qui furent jamais. Non seulement la France agricole n’a pas perdu le plus beau fleuron de sa couronne, mais ce fleuron s’est encore épanoui davantage.
- Vainement le cidre, la bière, les spiritueux à bas prix ont tenté de concurrencer le produit de la vigne; vainement des médecins, oubliant que le vin faisait la gaieté, la santé, la vaillance de nos pères, ont attaqué ses vertus hygiéniques; vainement le thé et les eaux minérales ont essayé de le remplacer; vainement la mode a voulu un instant le proscrire des tables les plus délicates. Le sang des vieilles vignes gauloises coule toujours aussi généreux; il a triomphé de ses ennemis. Sachons le conserver et développer toutes ses qualités selon les préceptes de la science œnologique; sachons étendre la clientèle du vin de France : à l’intérieur, par une sage législation; à l’extérieur, par un régime douanier établi avec prudence; faisons l’union indispensable entre le producteur et le négociant; ne surchargeons pas d’impôts les agents de cette richesse inestimable que constituent nos vins et nos eaux-de-vie.
- A ce prix le xxe siècle verra encore grandir leur réputation et la fortune qu’ils apportent à la France !
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- DEUXIÈME PARTIE.
- LES TRAVAUX DU JURY. — LA DÉGUSTATION. — LES RÉCOMPENSES.
- LES TRAVAUX DU JURY.
- Le zèle du Jury de la Classe 60 en 1900 a été au-dessus de tous les éloges. Pendant un mois et demi, la tâche difficile de goûter et d’apprécier les innombrables envois d’échantillons de vins et d’eaux-de-vie de tous pays a été conduite avec un entrain et une assiduité des plus remarquables.
- C’est encore pour nous un devoir de proclamer spécialement la gratitude du Jury à l’égard des experts (jurés associés) qui l’ont aidé si utilement dans ses longs travaux, car la plupart des experts, présents à toutes les séances de dégustation, ont dû faire les frais d’un voyage, cl’une absence de plus d’un mois pendant laquelle ils ont été obligés de négliger leurs affaires. Aussi 11e saurions-nous trop leur exprimer notre reconnaissance et celle des exposants.
- LA DÉGUSTATION.
- Pour montrer combien était délicat le travail confié aux jurés et aux experts, quelle compétence spéciale, quel soin et quelle attention soutenue il exigeait, nous croyons intéressant de rappeler en quoi consiste la dégustation des vins et des eaux-de-vie. On reconnaîtra facilement, en lisant les lignes qui suivent, dues à la haute compétence d’un dégustateur de grand mérite, M. A.-M. Desmoulins, rédacteur au Moniteur vinicole, que, dans aucune autre classe de l’Exposition universelle, il n’a été demandé au Jury plus d’intelligence et de labeur.
- Ajoutons enfin que dans aucune autre les produits à étudier n’étaient aussi variés, ni aussi nombreux.
- Bien que, rigoureusement, le mot dégustation ne paraisse pas s’appliquer à l’ensemble de tous les éléments naturels d’appréciation des boissons, il est généralement admis qu’il les comprend tous, et on est convenu de désigner ainsi Y art délicat qui consiste à reconnaître à la vue, à l’odorat et au goût la valeur intrinsèque des vins et des eaux-de-vie.
- Il peut paraître étrange aux profanes d’appliquer le mot « art » en pareille matière ; cependant, c’est bien ainsi que nous devons envisager l’opération subtile à laquelle président les yeux, le nez et la bouche pour la recherche des qualités des boissons.
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- 112 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- D’ailleurs, comme tous les arts, celui-ci ne s’apprend pas par la théorie ou la pratique seule.
- Pour être bon dégustateur, il faut avoir reçu de la nature un don particulier de finesse des organes.
- L’œil est le premier appelé à former l’opinion du dégustateur sur la qualité des produits. Des organes de nos sens, c’est celui qui s’habitue le plus facilement à ces analyses sommaires et qui s’exerce avec le plus de rapidité.
- Les vins surtout se trahissent facilement. S’ils sont nouveaux, leur couleur n’est pas limpide; diverses matières organiques sont en suspension dans le liquide, et des collages, des soutirages sont nécessaires ; mais il se peut également que l’aspect louche de la robe soit dû à des fermentations secondaires, que différentes maladies se soient déterminées : parmi celles-ci, nous reconnaissons assez aisément l’acescence, la graisse, la pousse, la tourne, etc. Evidemment, la vue seule ne peut déterminer le caractère propre de chacun de ces états morbides; pourtant, dans maintes circonstances, elle suffit et évite une inspection plus minutieuse. Lorsqu’un dégustateur a de nombreux échantillons à examiner, il lui arrive fréquemment d’en éliminer rien qu’en les versant dans son verre ou dans sa tasse.
- La tasse est un petit instrument merveilleux pour ces sortes d’opérations. Avec ses facettes, ses bosses et ses creux, elle donne une juste valeur aux vins qu’on y recueille. Elle fait miroiter, briller sous les jours les plus divers la pourpre superbe et rompt, casse la couleur indécise. En vain essaye-t-on de multiplier les chatoiements des rayons lumineux, en vain cherche-t-on à provoquer l’œil par des mouvements de rotation imprimés de la main, le vin malade ne rend pas, il reste terne; il ne peut plaire.
- Que le vin soit rouge foncé, rose, jaune ou blanc, pour satisfaire la vue, il doit être d’une limpidité parfaite, être franc de couleur, selon l’expression consacrée. Seuls les vins encore très jeunes ont la permission de présenter des nuances douteuses, mais les experts peuvent prédire qu’avec l’âge tel produit s’éclaircira, tandis que tel autre conservera une couleur qui lui nuira perpétuellement.
- On reconnaît facilement un produit fort d’un plus léger; la couleur rouge foncé du premier tranche avec le rubis du second. Un vin vieux se distingue aisément aussi d’un vin jeune : l’un possède encore ce hleuté propre à la pellicule du raisin noir, l’autre a perdu cette coloration particulière; il s’est oxydé peu à peu et a pris une teinte dite pelure d’oignon.
- Pour certains vins blancs, la franche couleur blanche est recherchée, tandis que, pour d’autres, on préfère une teinte un peu ambrée.
- Quant aux spiritueux, la vue ne donne, relativement aux vins, que des indications par trop insuffisantes.
- On reconnaîtra bien l’alcool de l’eau-de-vie ou du rhum, mais il sera à peu près impossible, sans recourir à l’odorat et au goût, de donner une opinion sur les mérites particuliers de ces produits. Il en est de même des liqueurs colorées par les substances diverses qui les composent ou qu’on y ajoute.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Les fosses nasales communiquent non seulement avec l’extérieur, mais encore avec la bouche, et cette particularité complète, de la meilleure façon, l’appareil de la dégustation.
- «Sans la participation de l’odorat, il n’y a point de dégustationv, dit Brillat-Sava-rin, qui va meme jusqu’à croire que l’odorat et le goût ne forment qu’un seul et même sens.
- Différents moyens facilitent la tâche de l’odorat au moment de la dégustation.
- En plus de la tasse, l’expert doit avoir à sa disposition un verre en cristal léger, genre tulipe, assez étranglé à la partie supérieure et bien renflé vers le milieu. Cette forme, qui peut paraître bizarre, est cependant essentielle pour le dégustateur, qui veut bien connaître les parfums dégagés par un vin ou un spiritueux.
- Le liquide à expérimenter, versé dans un verre de ce genre, à peu près jusqu’à la moitié, se trouvera dans les conditions les plus favorables pour développer ses principes odorants. En effet, la surface qu’il présente à l’air est assez considérable, puisque à la moitié du verre correspond le diamètre le plus large de ce récipient, l’évaporation des éthers est donc plus grande; mais ces vapeurs délicates, au lieu de se répandre immédiatement dans l’espace, sont pour ainsi dire emprisonnées dans l’étranglement du verre et montent comme dans une cheminée. Le nez les recueille et les conduit à l’organe sensitif qui les distille et les juge.
- Les vins et les spiritueux surtout, soumis à une expérience de ce genre, donnent déjà, au point de vue de l’ensemble de l’expertise, de précieux renseignements quant à leur qualité, bien que souvent la tasse soit suffisante.
- Un vin piqué se reconnaîtra facilement; notre muqueuse nasale sera désagréablement impressionnée par une sensation aigre qui nous mettra en garde contre ce breuvage, que nous nous empresserons de jeter sans même le goûter. Il pourrait gâter la finesse de notre bouche. Le verre du dégustateur est particulièrement destiné à l’examen du bouquet des bons vins, des bonnes eaux-de-vie, la tasse n’a fait connaître que Y arôme.
- C’est que, pour l’homme de l’art, il y a une différence.notable entre l’arome et le bouquet; le premier est cette odeur particulière qui se dégage du liquide et qui est due aux gommes ou résines dissoutes naturellement; l’arome fait distinguer le vin de Bordeaux du vin de Bourgogne. Mais le second est une émanation d’une finesse bien plus exquise, plus fugace, plus déliée et plus variable; le bouquet, pour les vrais connaisseurs, détermine les crus; il est formé dans les vins et les eaux-de-vie par les éthers œnantbiques qui s’en échappent, et dont on provoque même le dégagement par l’agitation qu’on imprime, des doigts, au verre, avant de le porter au nez, ou, mieux encore, en chauffant légèrement, entre les deux mains fermées, les parois du verre.
- Les bourgognes, dont les bouquets se perçoivent immédiatement, n’ont pas besoin de ces moyens artificiels pour se faire apprécier; mais les bordeaux sont, dès l’abord, moins expansifs; il faut aller chercher les merveilleuses senteurs qu’ils détiennent; une légère élévation de température les fait épanouir.
- Gr. X. — Cl. GO. 8
- IE NATIONALE.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- L’odorat sert également, mais à un moindre degré, pour les eaux-de-vie. Souvent cependant, pour se rendre compte de leur parfum, on en verse quelques gouttes dans les mains, qu’on frotte Tune contre l’autre, et les émanations qui se dégagent suffisent pour affirmer la qualité.
- La bouche tout entière, depuis les gencives jusqu’à son extrémité opposée, à la naissance de l'oesophage, est le véritable organe du goût, de la dégustation. Mais ce n’est pas la cavité buccale seule qui est intéressante clans cette fonction; la surface interne des joues, le palais et enfin surtout la langue sont les organes essentiels du sens dont nous nous occupons.
- La langue est le principal acteur dans cette délicate opération; c’est là que les saveurs se répandent et se développent; c’est là que la plupart des impressions gustatives viennent s’analyser avant d’ètre conduites par les nerfs lingual et glosso-pharyn-gien à notre cerveau qui juge et apprécie.
- Les petits appareils qui perçoivent les premiers les qualités sapides des corps, qui les distillent pour ainsi dire, sont les papilles dont est tapissée la membrane recouvrant la langue, en communication directe avec les nerfs sensitifs par des ramifications multiples.
- Longtemps on a pensé que la langue possédait seule tout pouvoir gustatif; on a inconnu aujourd’hui que les joues, les gencives et le palais jouissent aussi, à un degré moindre il est vrai, d’une faculté d’appréciation qui a également son importance.
- Certes le jugement du dégustateur n’est pas commode à rendre : s’il s’agit de vins, non seulement il lui faudra en reconnaître la saveur bonne ou mauvaise, mais il devra pouvoir en déterminer le cru, Tannée et presque la composition.
- On voit l’horizon qui s’ouvre devant l’expert: il est extrêmement large. Du reste, en dehors de la finesse de goût dont sont doués naturellement les bons dégustateurs, il faut, pour qu’ils puissent arriver à une connaissance parfaite de leur art, une habitude très grande, une pratique continue; tel expert, remarquable jadis, s’il a cessé, pendant un temps trop prolongé d’exercer ses facultés dégustatives, perd sa netteté de goût et sa justesse d’appréciation.
- Souvent nous avons entendu mettre en doute les qualités expertes d’une personne autrefois très écoutée en ces matières, parce quelle avait abandonné les affaires qui, chaque jour, l’appelaient à déguster.
- Des dégustateurs habiles ne sont pas moins nécessaires que les chimistes; c’est que, si les instruments de ces derniers permettent de préciser la composition d’une boisson, ils sont impuissants à analyser les saveurs bonnes ou mauvaises qui la rendent agréable ou désagréable.
- La bouche peut seule servir dans ces circonstances; elle remplace tous les appareils, elle ne donne jamais de faux renseignements. Un vin qui ne lui plaira pas ne pourra jamais être considéré comme bon, alors même que sa composition chimique et les proportions de ses différents éléments seraient conformes aux données de la science.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Les différentes parties de l’orifice buccal ont chacune un rôle particulier. Suivant que le liquide à expérimenter est placé à l’extrémité antérieure de la langue ou, au contraire, près de l’œsophage, les sensations ne sont pas les memes, et la façon dont elles sont perçues et analysées ne peut laisser aucun doute sur la spécialisation de chaque nerf.
- Si nous approchons de notre bouche une boisson quelconque et que nous plongions dans ce liquide l’extrémité de la langue, de manière que les bords lisses trempent seuls, la sensation produite est des plus faibles, c’est à peine si nous pouvons reconnaître la nature du breuvage. Mais cependant nous en saisissons l’acerbe, le piquant ou le doux; avant d’aller plus loin nous sommes déjà avertis.
- Admettons que jusqu’ici rien ne soit venu nous impressionner d’une manière défavorable et introduisons franchement maintenant, sans hésitation, un peu du liquide dans notre bouche et, au moyen de nos joues, que nous creuserons de l’extérieur à l’intérieur, de manière à rendre la cavité buccale plus petite, laissons-le pendant quelques instants sur le milieu de la langue. De nouvelles saveurs ne tarderont pas à se dégager, la chaleur propre de tout l’organe, environ 35 à 37 degrés, contribuera à produire ce résultat assez rapidement.
- Ces saveurs sont bien différentes de celles découvertes au début ; les éléments divers qui constituent le liquide expérimenté se fondent peu à peu, se décomposent, les essences développent leur sapidité particulière, et, grâce à des papilles plus grosses que les précédentes, les papilles fongiformes, nous arrivons à analyser chacun des caractères du breuvage.
- La prolongation de l’expérience dégustative jusque dans l’arrière-bouche est des plus intéressantes; au moment, en effet, où les aliments arrivent à cet endroit, toutes les senteurs qu’ils peuvent dégager, provoquées par la mastication ou par la chaleur, trouvent un passage particulier qui les fait remonter dans les fosses nasales, où, à leur tour, elles viennent s’analyser.
- C’est cette dernière particularité qui complète la dégustation. Si nous parvenions à boucher complètement nos arrière-narines, c’est-à-dire les deux conduits qui font communiquer le nez avec l’arrière-bouche, et que nous cherchions à manger ou à boire dans ces conditions, tous les aliments nous paraîtraient fades, sans saveur bien appréciable. Un gourmand, enrhumé du cerveau, ne goûte que fort peu les bonnes choses qu’il avale, parce que la membrane pituitaire, malade, est incapable de percevoir les senteurs que développent les mets présentés. Un dégustateur, qui se trouve dans de pareilles conditions, doit remettre ses travaux à plus tard.
- Dans la pratique, lorsque les experts ont des quantités d’échantillons à goûter, chaque introduction du liquide dans la bouche est suivie de son rejet. Il n’est pas possible d’absorber tous les breuvages à expérimenter, l’estomac n’y résisterait pas; mais il est important, pour bien se rendre compte de leur valeur, de les amener jusque dans barrière-bouche, ou aussi près que possible de cet endroit, afin de permettre aux éthers qui se sont dégagés de remonter dans les fosses nasales et de s’y faire apprécier
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- Dans certaines circonstances, nous recommandons même, à la fin d’une séance et pour Lien fixer les idées, de boire, ne serait-ce qu’une gorgée. Alors tous les éléments de l’appareil dégustatif auront participé à la recherche qui doit assurer le mérite du produit; le jugement rendu sera précis et définitif, la langue, l’arrière-houche et, intérieurement, les fosses nasales ayant fourni chacune leur avis.
- Après un pareil examen on pourra dire d’un vin, par exemple, qu’il a de la sève; la sève, dans cette acception, s’entendant de la force vineuse et de la saveur aromatique, qui se développent lors de la dégustation; elles embaument la bouche et continuent à se faire sentir après le passage de la liqueur.
- Les tasses et les verres dont se servent les experts-dégustateurs ont une grande importance dans l’appréciation des boissons.
- La tasse, qui peut affecter diverses formes, doit, autant que possible, être en argent. On en fait en ruolz ; mais, outre que ce métal peut s’oxyder à la longue, se pointiller de taches cpii troublent la transparence du liquide, la teinte particulière du plaqué a une fâcheuse influence à l’œil sur la pourpre du vin.
- Les orfèvres ont à la disposition du commerce des tasses de vendeur et des tasses d’acheteur.
- Le vendeur a besoin de parer sa marchandise, il ne doit rien négliger pour en faire ressortir les qualités. Un tableau médiocre dans un superbe cadre est souvent admiré. Le cadre ici, c’est la tasse, avec ses méplats polis et brillants, avec ses bords élevés, sur lesquels viennent se rompre, en foule, les rayons lumineux.
- Les hauts bords, la teinte un peu jaune donnée par le fabricant «à l’argent qu’il emploie à la confection de quelques-unes de ses tasses, constituent l’appareil du vendeur.
- Tout autre sera celui de l’acheteur. L’argent aura sa couleur blanche habituelle, les dimensions des bords ne seront pas exagérées, rien ne devra modifier le produit à examiner.
- Les Bordelais, qui sont, en général, de fins dégustateurs, qui ont besoin de bien se rendre compte de la valeur d’un vin, qui Tétudient sous toutes ses faces, ont mis en usage une tasse particulière, à surface absolument unie. Elle ne donne donc pas de miroitements trompeurs. De bord, il n’y en a pas; c’est, en somme, une simple soucoupe avec un centre légèrement convexe. Le vin apparaît alors sous son vrai jour, sans le moindre artifice optique.
- Les dégustateurs de la Gironde ont également mis à la mode deux tasses jumelles, renfermées Tune dans l’autre et se dédoublant facilement par une simple volte sur un pivot. Ce système permet d’avoir sous les yeux, en même temps et, à très peu de chose près, dans le même foyer de lumière, deux produits à comparer.
- Ces différences entre les tasses à vin indiquent suffisamment l’importance de ce petit appareil, dont le choix demande encore la connaissance exacte des services qu’on veut en tirer.
- Outre la tasse, des verres de cristal fin sont nécessaires. Les verres coniques sont les
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- seuls bons, relativement à la couleur : grâce à leur forme, ils facilitent le jugement de la nuance des vins, qui, suivant les hauteurs, apparaît d’une façon plus ou moins intense, l’épaisseur de la couche liquide à faire traverser par le rayon visuel étant plus faible à la hase et, au contraire, plus grande à la partie supérieure. Entre ces deux extrêmes, la différence de tons, la gamme allant presque du rose au rouge pour les vins de raisins noirs, et du blanc pur au topaze pour les vins de raisins blancs, est intéressante à étudier, et donne quelquefois de précieuses indications.
- Enfin le verre tulipe, dont nous avons déjà dit un mot, complète le matériel du dégustateur. Lui aussi est de cristal fin; son principal rôle est de servir à développer les éthers œnanthiques, à les concentrer à la surface du liquide et à les conserver à la disposition du nez qui vient les humer.
- Tous ces verres, comme bien on pense, doivent être unis, purs de toute tache, sans la moindre irisation et le plus minces possible.
- Il ne suffit pas d’être bon dégustateur pour que l’appréciation donnée sur une boisson soit juste, il faut encore que les fonctions gustatives de l’expert jouissent, au moment utile, de la plénitude de leur valeur.
- En général, tous les malaises modifient les pouvoirs enregistreurs des odeurs et des saveurs; les membranes du nez et les papilles de la bouche étant affectées, on sent peu et on goûte mal; enfin, on peut perdre à tout jamais l’odorat ou le goût.
- Mais ce ne sont là que des cas heureusement fort rares; le rhume seul est, de tous les maux, celui qui se présente le plus souvent; il fausse absolument l’appréciation et, pendant toute sa durée, on fera bien de s’abstenir.
- Ce n’est donc qu’en parfait état de santé qu’on devra se permettre de formuler un jugement. Une cause quelconque vient-elle égarer ou diminuer les facultés de l’expert, il devra déclarer qu’il n’est pas en bouche et se retirer.
- Autant que possible, la dégustation doit se faire à jeun; alors tout l’organisme est dans les meilleures conditions; aucun aliment n’a laissé trace de son passage sur la langue, dans l’arrière-boucbe; ni saveurs, ni senteurs étrangères ne viennent modifier les principes éthérés des boissons à juger.
- Comme les virtuoses du chant, qui sont obligés de prendre de grandes précautions pour leur gorge, le dégustateur, un virtuose aussi en son genre, se soumettra à un régime constant pour conserver à ses organes du goût et de Todorat la délicatesse nécessaire. Il n’abusera jamais des liqueurs alcooliques, des mets trop épicés; il se gardera de fumer; enfin il se refusera, surtout avant une expertise, tout ce qui pourrait irriter la membrane pituitaire ou émousser les papilles gustatives.
- Ces appareils se fatiguent, du reste, très facilement, il ne faut pas en abuser, si on veut les garder en bon état. On ne doit pas goûter plus d’une cinquantaine d’échantillons dans une même séance; encore ce chiffre est-il très élevé et, si ce sont des vins de différente nature qu’il s’agit d’examiner, il sera bon de les classer par année et par force, de commencer l’opération par les plus secs, les plus maigres, les plus verts,
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- pour terminer par les plus moelleux. Le palais et la langue s’accommoderaient mal d’une gymnastique à rebours.
- On doit éviter, à plus forte raison, de goûter en même temps des vins de liqueur et des vins secs, des vins blancs et des vins rouges; jamais on ne doit apprécier des boissons différentes dans une même journée : vins et eaux-de-vie ne peuvent pas plus aller ensemble que cidres et bières.
- Déguster des vins, même d’une seule région, n’est déjà pas besogne si facile, leurs mérites respectifs ne sont pas si aisés à reconnaître, et il faut beaucoup d’expérience pour attribuer à chacun d’eux la note vraie.
- Souvent, au bout de quelques instants, la langue fatiguée ne rend plus les services qu’on réclame d’elle; les houppes qui la garnissent, irritées par le liquide, n’analysent plus distinctement les saveurs; toutes se confondent, et on n’éprouve plus qu’une sensation chaude et piquante assez désagréable. Il faut alors se reposer, et, si on le croit possible, se refaire la bouche, c’est-à-dire remettre cet organe en bon état, le débarrasser de tous les corpuscules étrangers qui peuvent en modifier les fonctions, enfin le préparer à une nouvelle opération.
- Un gargarisme à l’eau fraîche suffit généralement; on a proposé aussi certains aliments auxquels on attribue des qualités réparatrices. A l’Exposition de 1900, les tables des jurés étaient largement approvisionnées de carafes d’eau pure, d’eau de Vichy (dont le bicarbonate sature bien Lucidité du vin qui imprègne la muqueuse buccale), et, comme [aliments solides, de biscuits secs, de croissants et de fromage de gruyère.
- Nous rappellerons ici les termes les plus usités pour déterminer les qualités des vins, en résumant leur signification.
- D’abord, à l’œil, le vin rouge ou blanc est franc de couleur; puis à l’odorat, il a de Yarôme ou du bouquet; c’est l’odeur agréable qui s’exhale du liquide et qui est due aux gommes ou résines dissoutes naturellement. On fait parfois une différence entre l’arome et le bouquet : ce dernier est plus délicat et s’applique pour quelques-uns au parfum qui se dégage des liqueurs spiritueuses au moment de la dégustation, il continue à se faire sentir après le passage de la liqueur; cependant le plus souvent dans ce cas on l’appelle sève. La sève, à proprement parler, est la force vineuse et la saveur aromatique qui se développent lors de l’introduction du liquide spiritueux dans la bouche et surtout dans le gosier; elle embaume toute la cavité buccale et les fosses nasales. Si le bouquet est l’agrément de l’odorat avant le goûter, la sève est celui de la bouche, de l’estomac et du nez après le boire.
- Le mot bouquet s’applique aussi quelquefois pour désigner l’odeur particulière qui distingue les vins fins.
- Un vin est charnu lorsqu’il a une certaine consistance; on dit aussi dans ce cas qu’il a de la mâche, mais ce dernier mot ne doit s’employer que pour les produits nouveaux épais, souvent pâteux, qui remplissent bien la bouche et semblent pouvoir être mâchés.
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- Après les premiers soutirages, en abandonnant leur lie, ces vins deviennent charnus. S’ils ont une force vineuse, spiritueuse, suffisante, un goût prononcé, s’ils remplissent bien la bouche, on dit qu’ils sont corsés, qu’ils ont du corps.
- Un vin léger, mais spiritueux cependant, dont tous les éléments sont en harmonie, est un vin délicat, il est généralement peu chargé en sels, d’une couleur peu foncée, il n’est ni âpre ni piquant, il a du corps et même du grain; pour être véritablement délicat et que cette délicatesse soit considérée comme une qualité, il faut qu’aucun des principes constitutifs du liquide ne domine les autres.
- Le mot grain sert à désigner une sorte d’âpreté agréable qui se fait plus ou moins sentir dans la plupart des bons vins, lorsqu’ils ne sont pas très vieux; cette qualité leur permet de relever les vins faibles dans les mélanges.
- Le dégustateur se sert de quantité de termes empruntés au vocabulaire des trafiquants en étoffe : soyeux, s’applique au vin dont le contact, avec le palais, fait éprouver une sensation agréable, qui n’est altérée par aucune âpreté; étoffé, qui se dit d’un produit communiquant dans la bouche une sensation de solidité, d’ampleur et de bonne constitution.
- Un vin qui a de Xétoffe présente à la dégustation une homogénéité robuste dans toutes ses parties, et est généralement plein de promesses pour l’avenir. Ce n’est pas toutefois la fermeté.
- La fermeté s’appl ique plus volontiers aux vins qui n’ont pas encore acquis toute leur maturité, mais qui réunissent à beaucoup de corps du nerf et du mordant.
- Un vin nerveux est celui dont la force lui permettra de se maintenir longtemps au même degré de qualités, tant au point de vue de ses principes spiritueux que de ses éléments constitutifs; un vin qui a du mordant communique son goût à ceux auxquels on le mélange; il doit avoir une force alcoolique, une saveur et un bouquet prépondérants dans les coupages, afin de les améliorer.
- La vivacité s’entend d’un vin de goût agréable et léger et de belle couleur franche, brillante, nif comme on dit à Paris; ce vin n’est ni doux, ni piquant, il est d’une bonne force spiritueuse; la finesse est la qualité d’un vin délicat, distingué, elle réunit un goût agréable à un bouquet charmant; la précocité est la faculté qu’ont certains produits d’acquérir rapidement leur maturité; cette qualité est quelquefois peu appréciée et ce n’est pas sans raison ; la vinosité s’entend d’un vin qui a beaucoup de force et de spiritueux.
- Généralement, un bon vin qui a de la vinosité a aussi du montant, qualité qu’on peut apprécier lorsque les parties aromatiques et spiritueuses qui se dégagent du liquide montent agréablement au cerveau; le mot fumeux, employé dans certaines contrées, n’est pas si complet, il ne se comprend guère que pour indiquer que les parties spiritueuses d’un vin se volatilisent promptement et portent à la tête, celles-ci abandonnent en route le bouquet et toutes les essences odorantes qui font véritablement goûter; c’est bien souvent un défaut.
- Toutes ces qualités se trouvent quelquefois condensées en une seule expression; ainsi
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- quand on dira, en appuyant spécialement sur le mot «bon» : «Voilà un bon vin», on comprendra que tous les éléments qui le composent sont en harmonie, et que la couleur, le bouquet, le goût sont parfaits et constituent véritablement toutes les qualités d’un excellent produit. Ce produit n’aura d’autres saveurs que celles que doit lui donner le raisin, c’est-à-dire qu’il sera franc de goût ou droit de goût et, en meme temps, franc de qualité. Il pourra être généreux, si ses éléments le rendent chaud (pourvu de beaucoup de spiritueux), balsamique, et lui permettent de donner du ton à l’estomac.
- Un vin bien en bouche est encore une locution fort usitée; elle n’a besoin d’aucune explication. Nous en dirions autant pour cette autre expression : un vin qui finit bien, si elle n’était employée dans deux cas différents.
- Voici le premier sens, le plus fréquent : au moment de la dégustation, après le passage du liquide dans Tarrière-bouche, toute la cavité buccale et les fosses nasales sont encore imprégnées de ses senteurs délicates; celles-ci s’évaporent peu à peu et se perçoivent encore, même après que la liqueur est arrivée dans l’estomac, et prolongent le charme. Dieu, qu’elle fnit bien! pouvons-nous nous écrier.
- Un vin qui fuit bien, pour d’autres, est un produit qui gagne en vieillissant, et qui arrive, sans accident, au point où tous ses principes constitutifs parviennent heureusement à leur complet développement.
- Dans la dégustation, cette dernière qualité ne peut que se présumer pour les vins jeunes, on peut dire alors qu’ils ont de l’avenir; dans les vins vieux, elle peut se constater.
- Nous préférons réserver à l’expression finir bien le sens que nous avons exposé en premier lieu. C’est le plus exact au point de vue de la dégustation.
- On dit d’un vin, s’il n’est pas d’une couleur franche, qu’il est louche; s’il est jeune, que sa clarification ne soit pas complète, on le dira bourru. Cependant, il y a une différence entre ces deux termes. Un vin louche est en état de maladie, il est cassé, et sa teinte fausse est due à une dégénérescence quelconque; un vin bourru ne se trouve pas dans les mêmes conditions; si sa couleur n’est pas nette, c’est que sa lie n’a pas encore été précipitée par le froid. A proprement parler, ce n’est pas un défaut, cette particularité n’est que passagère et l’expert saura reconnaître le louche, qui peut durer aussi longtemps que le vin, du bourru qui est temporaire.
- Quelquefois, on remplace l’expression bourru par celle de grossier, quand il s’agit surtout de vins qui ne sont pas encore dépouillés. Lorsque ceux-ci vieillissent, ils se débarrassent des matières organiques en suspension qui masquaient leurs qualités et deviennent agréables. Pourtant, on entend plus généralement par vin grossier tout produit ayant de la dureté, un goût pâteux qui le rend lourd, épais et sans agrément. En somme, ce mot convient plutôt aux vins communs qu’aux vins fins.
- Un produit vraiment grossier le sera toujours; il ne pourra être amélioré que par le coupage avec des vins légers ou blancs; nous préférons donc le mot bourru pour désigner l’apparence d’un vin de cru, qui ne s’est pas encore clarifié.
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- Apre, dur, acerbe, vert, sont des expressions qui offrent entre elles une certaine synonymie, mais néanmoins il est nécessaire de faire quelques distinctions.
- Le plus souvent, d’un vin déjà vieux on dira qu’il a de Y âpreté, voulant ainsi caractériser sa rudesse désagréable au palais.
- Au contraire, la dureté est réservée aux vins nouveaux, dont la richesse en tartre et en tanin est trop grande. Il y a des chances pour qu’avec le collage et le soutirage ces sels diminuent et que la sensation désagréable que fait éprouver leur trop grande abondance disparaisse.
- Un vin acerbe est celui généralement tiré de mauvais raisins et de grappes insuffisamment mûries. Ce concours de circonstances rend le produit de la vinification en même temps âpre, dur et piquant.
- La verdeur peut être prise en mauvaise ou en bonne part. Un vin vert, cru, est le produit d’une vigne vendangée trop tôt, qui n’a pas eu le temps de mûrir; c’est un grave défaut qui peut engendrer de nombreuses maladies.
- Mais, si on reconnaît qu’un vin jeune a de la fraîcheur, de la verdeur, on pourra considérer qu’il présente une certaine qualité de conservation, qu’il a de l’avenir. Pour éviter toute confusion, nous voudrions que la verdeur, si elle n’est précédée dans le langage d’un adverbe de quantité, comme trop, par exemple, ne pût constituer un défaut, tandis que nous appliquerions volontiers ce caractère au seul mot «vert». A notre avis, la verdeur est nécessaire aux vins nouveaux, c’est elle qui leur assure une bonne fin.
- Les vins dits vins faibles par opposition aux vins forts, qui n’ont pas beaucoup de corps, de spiritueux, facilement accessibles à tous les dépérissements, se sauvent, s’ils ont eu de la verdeur dans leur jeunesse; dans le cas contraire, ils sont plats, dénués de saveur, ils peuvent être colorés, mais ils n’ont aucun spiritueux; enfin, ils sont sujets à la décomposition.
- Le mot mou peut encore servir à désigner ces sortes de vins, mais il est moins sévère que plat. Pâteux est encore un mot employé quelquefois dans ce même sens, mais il atténue encore le défaut. Du reste, plus justement, un vin pâteux est celui dont la consistance épaisse empâte la bouche et dont les molécules semblent s’attacher au palais. Ses éléments paraissent ne pas s’être complètement fondus dans la masse du liquide et la saveur reste incertaine.
- Signalons encore quelques expressions, telles que goût de terroir, goût d'herbage, goût de fut, etc., dont le sens se devine suffisamment, et terminons par cette locution fort en usage dans le Bordelais pour disqualifier un vin : on dit qu’il finit mal et plus particulièrement qu’il finit court. On entend par là un produit qui ne laisse plus traces de son passage dans la bouche au bout de peu d’instants; le palais, la langue, le nez cherchent encore à en saisir le caractère, la saveur et le bouquet que déjà tout cela a fui et s’est évanoui.
- Généralement les vins qui sont d’une couleur louche subissent des fermentations secondaires qui peuvent entraîner leur perte; alors, non seulement ils ont une apparence défectueuse, mais le plus souvent, à l’odorat et au goût, ils dénoncent une situation
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- fâcheuse; c’est ainsi que la pousse, la piqûre, \et goût de fût, Yévent, la graisse constituent le groupe des vices qu’on rencontre généralement dans le produit de la fermentation du raisin qui a été mal soigné.
- Les maladies que nous venons d’énumérer, en meme temps quelles peuvent avoir pour cause une faiblesse constitutive, doivent être imputées, en partie, à une mauvaise conduite de la vinification ou à un manque de soins. Les premiers sont des défauts naturels, tels que les goûts de terroir, de sauvage, d’herbage, la verdeur, l’âpreté; les seconds sont des vices accidentels.
- ~ La pousse, qui se détermine sur les vins de mauvaise année qu’on tarde trop longtemps à séparer de leur première lie, se décèle à Tœil par le changement de couleur du vin; celui-ci se trouble, devient jaune brun, prend des tons violacés et noirâtres. Au goût, il est plat, amer, fade et comme échauffé. Ce sont particulièrement les vins rouges qui sont atteints par cette altération.
- Les vins piqués présentent une pointe d’acidité. Dans ce cas le vin prend une couleur indécise, il a une odeur de vinaigre et sa saveur est piquante. Il a un goût sui generis désagréable ; si la piqûre s’accentue, le bouquet s’amaigrit et même peut disparaître tout à fait. Enfin, dans la dernière période, on constate que le vin perd une partie de ses matières extractives et colorantes et dépose du tartre. Il est possible de reconnaître à la dégustation le vin qui fermente, qui travaille; cette fermentation secondaire se produit sur les vins jeunes, soit que leur vinification ait été mal terminée, soit que le transport ou une température élevée ait rendu de l’activité aux ferments. Au nez cette altération donne comme une sensation de chaleur acerbe et au goût on perçoit sur la langue un léger frissonnement dû à l’acide carbonique qui se dégage. On dit quelquefois à ce propos que le vin moustille; cela ne signifie pas qu’il mousse, mais qu’il continue à fermenter plus ou moins sensiblement ; enfin s’il conserve de la douceur, elle est mêlée à une saveur très légèrement pinçante.
- Au contraire le vin piqué pique véritablement et Todeur qu’il dégage est franchement analogue à celle du vinaigre.
- Le contact de l’air peut déterminer Yévent. Ce sont les moisissures qui se forment à la surface du vin qui engendrent alors de désagréables senteurs; elles se développent peu à peu et des vapeurs ammoniacales se dégagent; toute la masse ne tarde pas à gagner une odeur nauséabonde de pourri.
- La graisse se reconnaît aisément à la simple inspection : la couleur est lourde, le vin a des apparences huileuses; quant au goût, il n’a pas sensiblement changé, le liquide est cependant un peu pâteux.
- Quand le vin tourne, la couleur se rompt totalement; de terne elle devient brunâtre, l’odeur se transforme et on se croirait en présence de matières organiques en putréfaction; enfin la saveur est à l’avenant. Le vin tourné qu’on nomme aussi vin sauté est imbuvable, il n’est plus bon qu’à la chaudière.
- Les goûts de fût, de moisi, de lie, d’amertume, se reconnaissent facilement. Le dégustateur, au bout de fort peu de temps, les déterminera sans hésitation et saura faire
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- la distinction entre les maladies incurables et les simples malaises qu’il sera facile de faire disparaître.
- Un consommateur peut choisir, parmi plusieurs espèces de vins vieux, celle qui convient à son goût, mais il ne saurait apprécier les vins nouveaux qu’il aurait intention de laisser vieillir en cave.
- C’est cet avenir, dont les profanes en, dégustation ne se rendent pas un compte exact, que l’expert peut prévoir justement. Habitué à goûter des vins à toutes les époques de leur existence, il connaît les transformations successives qui s’opéreront avec les années; il déterminera l’époque à laquelle les produits auront atteint leur complet développement, enfin il prédira que ces liquides alimentaires se conserveront longtemps, qu’ils finiront bien, ou, au contraire, qu’ils n’ont aucun avenir.
- Ces finesses de jugement sont précieuses pour l’achat des boissons en général et des vins en particulier.
- Des vins qui peuvent paraître bons ne sont pas toujours acceptables; avant de se prononcer sur la carrière qu’ils sont susceptibles de fournir, il est nécessaire d’en déterminer l’âge, afin d’apprécier si leur fruité, leur âpreté, leur douceur, leur couleur foncée ou claire sont des qualités ou des défauts.
- A côté de ces particularités, qui s’appliquent plus spécialement au produit qui doit être employé seul, il est d’autres remarques qu’il importe de faire lorsque le vin est destiné à entrer dans la composition des coupages.
- Dans le premier cas, le vin, soutiré, mis en fûts, en bouteilles, est toujours lui, et le temps seul a pu modifier ses éléments, le bonifier. Il plaît tel qu’il est, sa force alcoolique est suffisante, son odeur est nette et agréable, sa saveur est aimable, enfin il se digère facilement; c’est un vin en nature.
- Dans le second cas, il s’agit de gros ou de petits vins, qui, bus séparément, seraient peu considérés, tandis que mélangés dans certaines proportions, coupés les uns par les autres, ils donnent naissance à un produit nouveau : le vin dit de coupage ou de soutirage qui peut s’améliorer à son tour, lui aussi, en fûts et en bouteilles.
- Mais, pour qu’il en soit ainsi, pour que le mariage de ces sortes différentes donne de bons résultats, il faut que les choix qu’on fera de ces qualités diverses soient judicieux, que le goût qu’on voudra maintenir soit demandé à un vin ayant le mordant nécessaire et que les éléments se fondent régulièrement.
- L’appréciation devra donc porter sur la coloration, la faiblesse, la platitude, la dureté, la grossièreté, la verdeur, l’âpreté, le grain, la mâche, les goûts particuliers, les bouquets, la force alcoolique, les qualités et les défauts des uns et des autres, de manière à désigner les vins qui se marient bien.
- La précaution qu’on doit prendre de ne pas goûter les vins avant de les avoir disposés suivant un ordre particulier, suivant une gamme ascendante de qualité, nécessite une classification des produits.
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- Les vins diffèrent principalement entre eux par la consistance et par la couleur.
- La consistance présente trois genres distincts : les vins secs, les vins de liqueur et les vins moelleux.
- Les vins secs se caractérisent par un goût piquant, et quoique dépourvu de moelleux et de velouté, ceux des premiers crus ont du bouquet, de la sève, du spiritueux et une saveur agréable.
- Les vins de liqueur sont ceux qui, après avoir complété leur fermentation spiritueuse, conservent beaucoup de douceur, meme jusqu’à leur extrême vieillesse.
- Les vins moelleux tiennent le milieu entre les vins secs et ceux de liqueur, ils n’ont ni le piquant des premiers, ni l’extrême douceur des derniers.
- Voilà quant à la consislance; pour la couleur, après avoir séparé les vins en rouges et blancs, on subdivise les premiers suivant leur teinte plus ou moins foncée, ils sont alors vins noirs, rouges, rosés, paillets et gris; les seconds sont blancs ou ont une teinte ambrée.
- Il est bien entendu toutefois que ce système n’exclut pas la division par vins de même région. Nous pensons que, pour déguster d’une façon sérieuse, il faut autant que possible opérer par produits semblables et ne pas passer d’un vignoble à un autre sous prétexte de vouloir goûter des vins de mérite égal.
- Nous préférons, dans le cas où l’on a des bourgognes et des bordeaux à déguster, conduire cette double opération en deux séances que de faire dans notre bouche un mélange de saveurs préjudiciable aux derniers jugés.
- Ajoutons que l’habitude de goûter les vins cl’une même contrée rend le palais apte à apprécier les plus petites nuances qui peuvent distinguer les produits de ses vignobles.
- On ne saurait trop insister sur l’utilité de déguster les vins par cru.
- Leurs qualités et leurs défauts sont si divers, la vinification et la viniculture dans chaque vignoble sont quelquefois si différentes, qu’il est nécessaire, dans l’examen d’une série d’échantillons, de tenir compte des procédés employés pour la conduite de la vendange et pour sa conservation.
- Ces multiples préparations, qui ont une influence considérable sur le résultat final, doivent être prises en considération par l’expert, qui devra se trouver au courant des usages de chaque contrée.
- Cette connaissance universelle est difficile à acquérir; aussi certains dégustateurs se cantonnent-ils dans l’appréciation des seuls produits d’un vignoble quils finissent par savoir ssur le bout de la langue v.
- Dans les bons crus du Bordelais, de la Bourgogne, on rencontre des commissionnaires qui ne recherchent absolument que les beaux vins d’un arrondissement, par exemple, et servent d’intermédiaires entre le producteur et le négociant. Ce dernier a pleine confiance en ces représentants qui sont au courant des moindres particularités et des moindres circonstances qui ont présidé à la préparation de telle ou telle cuvée.
- C’est que quand il s’agit de faire un achat de vins chers, on ne saurait prendre trop de précautions.
- Ces principes s’appliquent surtout aux produits rouges et blancs de choix de nos crus
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- classés; mais à côté de ceux-ci, il y en a une quantité d’autres moins précieux qui ne sont pas destinés à fournir de si longues et de si honorables carrières, qui entrent rapidement dans la consommation courante, soit en « nature », soit dans les «coupages?). Pour ceux-là, pas n’est besoin de connaître les détails de la vinification et des soins apportés, il suffit qu’on apprécie en eux un certain nombre de qualités : franchise de goût, belle couleur, solidité et sève particulière au pays d’oii ils proviennent.
- On voit la délicatesse qu’il faut apporter dans toute l’opération aussi bien au moment du goûter qu’à l’instant ou on devra émettre son jugement. On doit seulement se décider après qu’on a eu le temps de se remettre en mémoire les vins similaires qui ont pu être examinés précédemment. C’est cet appel à la mémoire du goût qui impose l’obligation de n’apprécier en même temps que les produits de même espèce.
- En îqoo, comme aux précédentes Expositions, la dégustation des vins et des eaux-de-vie s’est effectuée par région. Ce système, à côté de quelques inconvénients, présente de grands avantages.
- Son principal mérite est un étalonnage comparatif, aussi parfait que possible, des produits cl’un vignoble, en même temps qu’une compétence plus spéciale des dégustateurs appelés à se prononcer.
- La caractéristique des travaux du Jury de dégustation en 1 qoo a été la façon remarquable dont les échantillons de beaucoup de pays ont été présentés par leurs nationaux. Les délégués officiels de l’Allemagne notamment ont offert leurs vins à l’étude du Jury dans un ordre savamment calculé de façon à faire ressortir tous les mérites des produits exposés, selon la gamme logique de leur valeur. En même temps, des renseignements spéciaux, nombreux et détaillés, étaient fournis sur les diverses sortes.
- Le résultat de cette façon très habile de procéder a été l’attribution d’une grande quantité de récompenses aux pays qui ont su faire ainsi valoir leurs produits. Nous citions l’Allemagne. Pour qi exposants seulement et 37a échantillons, cette nation n’a pas obtenu moins de 3 grands prix, de 8 médailles d’or et de 27 médailles d’argent.
- Si, après avoir considéré la méthode générale d’après laquelle on a procédé et la manière dont les échantillons étaient présentés, nous passons à la dégustation elle-même, nous constaterons d’abord combien est délicate la tâche qui incombait au Jury international. Outre la difficulté extrême d’apprécier comparativement avec justice un nombre considérable d’échantillons, bien des problèmes, épineux à résoudre, se posaient devant lui.
- D’abord faut-il tenir compte, dans l’appréciation d’un vin ou d’une eau-de-vie, de l’importance de l’exploitation dont proviennent les échantillons? Faut-il faire entrer aussi en ligne les efforts méritoires, les sacrifices accomplis par le producteur, pour la reconstitution du vignoble, pour le perfectionnement de l’outillage? Doit-on, au contraire, juger l’échantillon en lui-même, en le considérant isolément d’après son mérite intrinsèque, sans se soucier d’aucune circonstance extérieure?
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- Il est évident, selon nous, que les médailles de l’Exposition universelle 11e sont pas destinées à récompenser ceux qui font de la viticulture, de l’œnologie ou de la distillation en miniature, comme un travail de jardinage ou de laboratoire, avec des soins qu’il serait impossible d’appliquer dans une exploitation d’étendue normale.
- Aussi trouverions-nous excellent, et Ton pourrait tenir compte de ce vœu aux expositions futures, que les concurrents lissent connaître par une note spéciale (comme quelques-uns, un très petit nombre il est vrai, l’ont déjà fait) la quantité d’bectares plantés, les méthodes de culture, les frais d’exploitation, le chiffre de la production, la nature de l’outillage, l’ancienneté de la maison, les prix de vente, etc.
- Ces petites monographies permettraient une organisation plus logique des travaux de dégustation. La perfection, selon nous, serait que le Jury décernât une première note aux échantillons, d’après leur seule valeur, sans meme connaître le nom du producteur. Cette première note serait ensuite modifiée par un coefficient représentant l’importance de l’exploitation et les progrès de l’outillage.
- Autre point d’interrogation auquel la réponse est encore plus difficile : faut-il apprécier un produit relativement aux seuls produits similaires de la même région, ou relativement aux produits analogues du monde entier? Ainsi est-il possible qu’011 décerne la plus haute récompense à un vin commun de consommation courante, ou même à un élément de coupage, parfaitement réussi, solide, très droit de goût, vinifié avec soin et provenant d’une exploitation modèle? Ce serait le mettre sur le même pied qu’un grand vin et beaucoup le trouveraient inadmissible. C’est donc une question bien délicate et qui prête à controverse; nous opinons pour la négative.
- Autre difficulté, faut-il récompenser l’ensemble des envois d’un même exposant ou, au contraire, doit-on ne pas tenir compte des produits inférieurs que comporteraient ces envois et accorder une récompense élevée, même s’il n’y avait que quelques échantillons, voire un seul, dont la qualité exceptionnelle motivât cette faveur?
- Dans le même ordre d’idées, est-il équitable d’abaisser la note élevée justement due aux produits d’un exposant, si parmi ceux-ci se trouvaient des échantillons altérés?
- Selon nous, il y a lieu de distinguer si l’état morbide provient de la vinification défectueuse, de la composition incomplète, de la constitution trop faible des produits, ou si elle résulte d’un simple accident: transport pendant les chaleurs,bouchage vicieux, etc. Dans le premier cas, on peut admettre qu’il faille abaisser la note. Dans le second, ce serait illogique et injuste. Mais nous nous empresserons d’ajouter que la distinction entre les deux natures d’altération n’est pas toujours facile à établir.
- LES COLLECTIVITÉS À L’EXPOSITION.
- On avait organisé pour 1900 un nombre d’expositions collectives plus considérable qu autrefois.
- Reaucoup de comices, de syndicats, d’unions, avaient groupé leurs échantillons et nous devons dire que ces collectivités, en amenant une foule d’adhérents, ont puissam-
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- ment contribué au succès de l’Exposition universelle. Mais les récompenses décernées à ces groupements soulèvent des difficultés assez sérieuses et peuvent même engendrer des abus.
- En effet, la question s’est posée de savoir si chaque exposant faisant partie d’une collectivité à laquelle il a été accordé une médaille est en droit de considérer cette médaille comme sienne? Lui est-il loisible de s’en attribuer le mérite, au moins partiel? Tel négociant qui, comme exposant individuel, a obtenu une médaille d’argent, mais qui faisait partie d’un syndicat auquel a été accordée une médaille d’or, a-t-il un droit quelconque sur cette dernière distinction ?
- Voici le texte même de la législation sur la matière, en date du 3o avril 1886 :
- Art. 1er. L’usage de médailles, diplômes, mentions, récompenses ou distinctions honoriliques quelconques décernés dans des expositions ou concours, soit en France, soit à l’étranger, n’est permis qu’à ceux qui les ont obtenus personnellement et à la maison de commerce en considération de laquelle ils ont été décernés.
- Celui qui s’en sert doit faire connaître leur date et leur nature, l’exposition 011 le concours où ils ont été obtenus et l’objet récompensé.
- Art. 2. Seront punis d’une amende de cinquante à six mille francs et d’un emprisonnement de trois mois à deux ans, ou de l’une de ces deux peines seulement : i° ceux qui, sans droit et frauduleusement, se sont attribué publiquement les récompenses ou distinctions mentionnées à l’article précédent; 20 ceux qui, dans les mêmes conditions, les auront appliquées à d’autres objets que ceux pour lesquels elles avaient été obtenues ou qui s’en seront attribué d’imaginaires; 3° ceux qui les auront indiquées mensongèrement sur leurs enseignes, annonces, prospectus, factures, lettres ou papiers de commerce; 4° ceux qui s’en seront indûment prévalus auprès des jurys des expositions ou concours.
- Art. 3. Seront punis des mêmes peines ceux qui, sans droit et frauduleusement, se seront prévalus publiquement de récompenses, distinctions ou approbations accordées par des corps savants ou des sociétés scientifiques.
- Art. 4. L’omission des indications énumérées dans le second paragraphe de l’article 1e1' sera punie d’une amende de vingt-cinq à trois mille francs.
- Art. 5. Les tribunaux pourront prononcer la destruction ou la confiscation, au profit des parties lésées, des objets sur lesquels les fausses indications auront été appliquées.
- Ils pourront prononcer l’affichage et l’insertion de leurs jugements.
- Art. 6. L’article 463 du Gode pénal est applicable aux délits prévus et punis par la présente loi.
- Art. 7. La présente loi est applicable à l’Algérie et aux colonies.
- On le voit, dès son premier article, la loi spécifie que l’usage des médailles n’est permis qu’à ceux qui les ont obtenues personnellement. Il semble résulter de cette expression que si une collectivité : réunion d’exposants, société agricole ou syndicat de négociants, a le droit incontestable de se prévaloir des médailles qui lui ont été données, chaque membre de la collectivité ne possède pas ce droit au même degré, attendu que les médailles ne lui ont pas été personnellement attribuées. A l’appui de cette opinion, nous pouvons citer un jugement rendu en 1890 par le tribunal de la Seine, dans un
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- cas, non pas identique sans doute, mais très analogue : une maison de commerce avait obtenu, à l’Exposition de 1889, une médaille d’or. Les associés qui dirigeaient cette maison s’étant séparés, l’un des anciens directeurs prétendit, une fois la société dissoute, continuer à mentionner sur les en-têtes de ses papiers de commerce la médaille d’or que la maison avait obtenue pendant qu’il la dirigeait encore. Le tribunal de la Seine le condamna, attendu, ont dit les juges, qu’il n’avait pas été personnellement médaillé et que c’était la maison de commerce, à proprement parler, que le jury avait voulu récompenser.
- Il nous semble que ce raisonnement doit s’appliquer a fortiori aux membres d’une collectivité d’exposants. Ajoutons toutefois qu’à notre avis, s’il n’est pas permis à chacun d’eux de se prévaloir personnellement de la médaille ainsi décernée, il a cependant le droit de mentionner, sous telle forme qui lui conviendra, en se conformant aux prescriptions de la loi, qu’il faisait partie de la Société récompensée, et d’écrire, par exemple :
- Exposant en 1900 dans le Syndicat de X. . . , qui a obtenu une médaille d’or pour ses vins ou toute mention analogue.
- Le Règlement général de l’Exposition de 1900 confirme notre avis, car d s’exprime comme suit dans son article 9 3 :
- Le Jury aura le droit de réunir en collectivités un certain nombre d’exposants, dans les groupes de l’agriculture, des aliments, etc., et d’attribuer un diplôme unique aux personnes morales représentant ces groupements.
- 11 ne sera attribué qu’une récompense aux expositions collectives. Toutefois, lorsque ces expositions seront plurinominales, chacun des membres participants recevra un diplôme portant tous les noms.
- Nous appelons, en même temps, l’attention des exposants médaillés sur la nécessité d’indiquer exactement la date et la nature de la récompense, ainsi que l’objet récompensé. La loi est sévère sur ce point, car elle considère un simple oubli comme une contravention.
- ATTRIBUTION DES RÉCOMPENSES.
- Le Jury international avait à choisir entre deux systèmes pour la distribution des récompenses :
- Ou primer seulement les vins et les eaux-de-vie présentant un mérite exceptionnel,
- Ou récompenser tous les produits présentant quelque mérite.
- Les deux méthodes peuvent se défendre. C’est la seconde qui a prévalu à l’Exposition de 1900. Son avantage incontestable est de faire beaucoup d’heureux. Son seul inconvénient est de diminuer la valeur des récompenses en raison même de leur nombre.
- Une excellente innovation de la dernière Exposition universelle a été de distribuer largement les récompenses aux collaborateurs, d’après les instructions mêmes de M. le Ministre du commerce et de l’industrie. Selon nous, on eût pu être plus large encore,
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- surtout pour la France, qui n’a pas eu un seul grand prix de collaborateur, tandis que 1 etranger en a eu un, qui a été décerné à M. le vicomte Villar d’Allen, gérant technique de la Real Companhia Vinicola de Portugal.
- Cependant on eût bien pu trouver, étant données nos vastes exploitations viticoles ou oenologiques du Bordelais, de la Bourgogne, de la Champagne, du Midi, etc., et nos importantes maisons d’eaux-de-vie des Charentes et de l’Armagnac, matière à un ou plusieurs grands prix de collaborateurs français. Il faut croire que ce genre de récompense n’est pas encore entré tout à fait dans nos mœurs. Il est cependant très logique, très équitable; il peut servir à honorer de grands et remarquables efforts; aussi nous souhaitons qu’il se généralise aux expositions futures.
- Une question a vivement préoccupé le Jury de la Classe 60 : celle des étiquettes apposées sur quelques bouteilles étrangères, étiquettes portant les noms de grands crus.
- Dès le mois de juin, M. du Périer de Larsan, député de la Gironde, écrivait à ce sujet à M. Kester, président de la Classe 60, une lettre où nous lisons :
- C’est ainsi qu’on voit des bouteilles de vins exotiques sur les étiquettes desquelles se trouvent ces noms : Bordeaux, Médoc, Chambertin, Chablis, Saulerne, Château-Yquem, etc.
- 11 y a là une fraude, pour ne pas dire plus, d’autant plus condamnable quelle a pour but de discréditer nos vrais vins de France, en attribuant leurs noms à des produits toujours de qualité inférieure.
- Les grands vins étrangers, en effet, n’ont pas besoin de ces supercheries pour faire valoir leurs mérites. Aussi, au nom du groupe viticole de la Chambre, dont j’ai l’honneur d'être le président, au nom des viticulteurs de France dont les intérêts nous ont été confiés pour les défendre devant le Parlement, et j’en suis convaincu, d’accord avec le grand commerce français, vraiment digne de ce nom, je dépose entre vos mains une protestation contre toute récompense qui viendrait à être distribuée aux coupables de manœuvres aussi déloyales, si, ce que je me refuse à croire, le Jury, qui a l’honneur de vous avoir pour président, venait à en décerner à ces usurpateurs de noms et de titres qui ne leur appartiennent pas.
- Déjà, en 1889, pareil fait s’était présenté et des protestations analogues à celles de M. du Périer de Larsan avaient été adressées au Jurv.
- Nous reproduisons ci-dessous le texte de la résolution prise sur la question, en 1 900 :
- Groupe X, Classe 60.
- Jury international.
- Réunion du 19 juin 1900.
- L’an dix-neuf cent, le dix-neuf juin, le Jury international de la Classe 60, réuni sous la présidence de M. Kester, consulté sur l’opportunité d’émettre son opinion au sujet de la dégustation des produits français ou étrangers qui lui seraient présentés avec une fausse indication de provenance,
- A décidé, a l’unanimité, que les vins ou eaux-de-vie de vin de France ou de l’étranger revêtus d’étiquettes portant une fausse indication d’origine ne seraient pas examinés par lui et, par suite, ne pourraient concourir à aucune récompense ;
- A l’unanimité, il a ensuite exprimé le vœu que les échantillons desdits produits figurant dans les différentes sections de l’Exposition universelle de 1900 soient retirés des installations, par respect de Gn. X. — Cl. 60. 0
- nationale.
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- 130 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- la loyauté et clans l’intérêt des consommateurs, des producteurs et des négociants de toutes les régions viticoles.
- Le Président : Kester,
- Le Rapporteur : Paul Le Sourd,
- Le Secrétaire : Raoul Chandon.
- Cette protestation a naturellement amené de très nombreux commentaires, aussi bien en France qu’à l’étranger.
- Le New York Times s’est exprimé comme suit à son sujet :
- Si le Jury des vins à l’Exposition de Paris persiste à éliminer tous les vins de Californie qui ont été exposés sous des noms français, les faiseurs de liquides travestis s’eu trouveront certainement froissés; mais il est peu probable qu’ils rencontrent quelque sympathie, même parmi leurs propres compatriotes.
- Il est vrai que beaucoup de noms des vins français ont perdu, depuis longtemps, leur signification géographique. On pouvait donc, à la rigueur, excuser dans une certaine mesure l’emploi de quelques-uns de ces noms universellement connus pour désigner des vins récoltés en Amérique.
- Cependant il y a trop de raisons de croire que très souvent les noms étrangers ont été employés dans le but de tromper le public, et il n’est que trop évident que cette facilité d’induire en erreur a été fréquemment utilisée par des intermédiaires peu scrupuleux.
- Les propriétaires de vignobles français ont souffert de cette façon de faire, et le Jury de l’Exposition agira très naturellement en s’efforçant de protéger l’industrie du pays contre une concurrence déloyale.
- Nous sommes heureux de l’approbation du journal des Etats-Unis ; nous lui rappellerons, toutefois, que les noms que nous avons donnés à nos crus n’ont perdu aucune de leur signification et que les produits du Bordelais, de la Bourgogne, de la Champagne , etc., ont bien conservé toute leur valeur.
- Il est cependant arrivé que des abus regrettables se sont produits et que des exposants étrangers peu scrupuleux, comme nous l’avons constaté de nos yeux, ont attribué à l’ensemble de leur lot ou même à des bouteilles de vins américains, australiens, etc., portant les mots : Bourgogne, Sauterne, etc., les récompenses qui leur avaient été décernées pour des produits dont l’étiquette n’avait rien de frauduleux.
- Il nous semble que la seule façon d’éviter, à l’avenir, que de pareils faits se reproduisent serait de refuser impitoyablement tout exposant dont l’envoi comprendrait fût-ce un seul échantillon revêtu d’une marque frauduleuse. Il faudrait, bien entendu, prévenir d’avance les exposants de cette mesure. On eût dû commencer par proscrire du catalogue, et par conséquent des vitrines de l’Exposition même, tous les produits portant des étiquettes usurpées, élimination qui n’a pas été faite davantage en 1900 qu’en 1889. O11 a même dégusté, non pas en vue de leur attribuer des récompenses, mais à titre d’indication et d’étude, certains échantillons ainsi marqués. C’est là une manière de procéder dangereuse et qui peut faciliter les abus.
- En terminant cette étude sur les travaux du Jury de dégustation, nous devons constater que plusieurs des délicates questions que nous venons d’exposer dans ce chapitre
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- sont susceptibles de solutions diverses et que, dans bien des cas, le pour et le contre peuvent se soutenir avec des arguments intéressants. Aussi n’est-il pas surprenant que, de table à table, les méthodes aient varié et que, dans leur conscience, les Jurés soient arrivés, selon les régions, à des conclusions différentes. En tout cas, ce qui est incontestable, c’est qu’il faudrait adopter, dans l’intérêt général, pour tous les problèmes que nous avons discutés, une solution uniforme. Le Code a déterminé de quelle façon et sur quelles bases les Jurys des cours d’assises doivent former leur conviction, les considérations qu’ils doivent retenir et celles qu’ils doivent écarter. A cet égard, le législateur a établi un véritable guide qui tranche d’une façon générale et uniforme les difficultés qui peuvent s’élever chez les Jurés sur les éléments de leur décision.
- De même, il serait indispensable que les spécialistes en matière de dégustation et d’expositions se réunissent pour fixer les principes devant servir de critérium aux Jurys chargés d’apprécier les boissons dans nos grands concours internationaux.
- Ce serait là une tâche très utile qui simplifierait le travail, supprimerait bien des hésitations et des difficultés et assurerait une plus juste répartition des récompenses.
- Nous concluons en formant le vœu, qu’instruits par l’expérience du passé, les intéressés reprennent l’étude des problèmes que nous venons d’examiner et en arrêtent la solution définitive pour nos Expositions futures.
- L’ANALYSE DES ÉCHANTILLONS EXPOSÉS.
- La dégustation des produits de la vigne dans tous les pays laisse un résultat durable : elle permet de fixer l’opinion de la production, du commerce et de la consommation, sur la valeur actuelle des vins et des eaux-de-vie ; d’apprécier les qualités récoltées dans les diverses régions ; enfin et surtout de tirer de ces données des conclusions pratiques sur le choix des cépages, sur les meilleures méthodes de vinification et de distillation à adopter.
- Ces données et ces conclusions sont développées dans l’étude officielle que nous consacrons ici à l’exposition des vins et eaux-de-vie en 1900. Mais il a semblé à plusieurs syndicats viticoles qu’ils pouvaient effectuer des recherches propres à compléter, d’une façon très intéressante, les résultats de la dégustation effectuée par le Jury : nous voulons parler de l’analyse des boissons exposées. Ces syndicats ont eu sous la main un ensemble d’échantillons de vins et d’eaux-de-vie présentant toutes les garanties d’authenticité. C’était une occasion unique de procéder à leur analyse.
- Le vin est un mélange complexe de diverses matières dont les proportions respectives varient avec le climat, la nature du sol, le cépage, l’exposition, le mode de culture et les changements atmosphériques. Parmi ces substances, les unes sont volatilisables sans décomposition, les autres sont fixes à une température plus ou moins élevée. La réunion de ces dernières substances, séparées par volatilisation de celles que la chaleur peut éliminer, se nomme extrait sec.
- Les matières volatiles du vin sont : l’alcool et l’eau, puis quelques acides (acétique,
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- œnanthique, butyrique), l’alcléhyde, les éthers et les bouquets; la glycérine, qui peut être volatilisée au moins partiellement ou rester dans l’extrait suivant la température à laquelle on a produit cet extrait.
- Les matériaux fixes du vin sont : le sucre réducteur, le tartre, un peu de tartrate de chaux, les acides tartrique, malique, phosphorique (soit libres, soit combinés à la potasse, à la chaux, à des traces de soude, d’alumine, de magnésie, d’oxyde de fer et d’oxyde de manganèse), Tacide succinique; les sels minéraux comprenant un peu de sulfates alcalins et alcalino-terreux, de petites quantités de chlorures, mais surtout du phosphate de chaux ; des traces de matières grasses et pectiques ; du tanin ; des matières colorantes.
- Quelles sont, parmi ces substances, celles sur lesquelles doit se porter spécialement l’attention ?
- L’alcool d’abord, dont la plus ou moins grande quantité est l’indice de la force des vins ; puis l’extrait sec, soit à 100 degrés, soit à la température ordinaire; les cendres qui donnent la somme des matières minérales préexistantes ou formées pendant l’incinération de l’extrait sec ; l’eau enfin qui sera déterminée par différence.
- Ainsi l’alcool, l’extrait, les cendres et l’eau, voilà les premiers dosages qui devront être effectués. Il est bien évident que chacun de ces dosages sera discuté par les chimistes; car, comme d arrive toujours lorsqu’on fait les grandes divisions scientifiques, chacune de ces divisions n’est pas mathématiquement délimitée. Tel corps pourra rester partiellement dans l’extrait ou être entraîné avec les matières volatiles, suivant les circonstances de l’évaporation ; c’est le cas cité plus haut de la glycérine. Telles substances minérales facilement volatiles, comme les chlorures, pourront être éliminées avec les matières organiques et ne pas se retrouver intégralement dans les cendres.
- Le poids de l’eau, déterminé par différence, comprendra celui des matières organiques volatiles autres que l’alcool. Enfin, l’alcool pourra entraîner certains principes volatils qui distilleront avec lui et qui auront une influence plus ou moins sensible sur le degré alcoolique trouvé.
- Il faut étudier toutes les quantités, même celles qui sont négligeables, afin de s’assurer qu’on peut les négliger sans altérer sensiblement les résultats que To^ doit obtenir.
- Le 2 5 août 1878, M. Boussingault avait été chargé, par décision ministérielle, d’a nalyser les vins admis à l’Exposition de 1878, pour déterminer leur densité, leur teneur en alcool, en substances fixes et en sucre ; leur degré d’acidité, leur dose de glycérine et d’acide succinique. Aidé de M. Aubin, M. Boussingault préleva, à l’Exposition, les échantillons nécessaires, les réunit dans de vastes celliers à l’abri des variations de la température, et effectua les analyses indispensables pour fixer la constitution des divers types de vin. 11 est intéressant de rappeler que l’urgence d’opérer ainsi, dans un délai limité, un très grand nombre d’analyses, amena les chimistes à des simplifications de méthodes et à des progrès de manipulation dont la science a profité.
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- Depuis cette époque, la nature fies cépages, les procédés de culture ont varié; les qualités ne sont plus les memes; certaines régions, dévastées par le phylloxéra, puis reconstituées, produisent maintenant beaucoup de vins dont la composition n’est plus identique à celle des produits récoltés avant le désastre phylloxérique. Il est donc intéressant de fixer la constitution des vins, tels que les fournissent les nouveaux vignobles.
- Chacun comprendra l’importance de cette détermination des types vinicoles au point de vue des transactions et des expertises. Il suffit, à cet égard, de rappeler les prescriptions si sages publiées il y a quelques années :
- Avant de conclure d’après les résultats fournis par une méthode, écrivaient Portes et Ruyssen, il faudra que le chimiste s’assure que d’autres procédés indiquent aussi l’altération ou la falsification trouvée; et si celte méthode est seule h parler il devra la contrôler en l’essayant sur des vins auxquels il aura ajouté lui-même des substances suspectes. Quand une longue expérience, basée sur de nombreuses analyses, ne lui permettra pas de comparer le vin analysé avec des produits similaires, il ne devra pas hésiter à faire venir des termes de comparaison absolument authentiques. S’il lui est impossible d’en obtenir, et dans ce cas seulement, il aura recours aux analyses déjà publiées sur le même sujet et, même alors, il ne devra conclure que s’il est absolument certain que les analyses devant servir de terme de comparaison ont été faites avec soin et sont dignes de foi. En formulant son verdict, il devra toujours se rappeler que, non seulement le vin est le résultat du climat, du sol, du cépage, mais qu’il l'est aussi de la taille, des intempéries et de la vinification, prise dans son sens le plus général.
- De ce qu’une année, le vin aura présenté ici ou là une composition déterminée, il ne s’ensuit pas qu’il en sera de même l’année ou les années suivantes ; de ce que, dans un pays, on aura habituellement des vins riches et corsés, il ne s’ensuit pas non plus qu’il n’y ait pas en même temps des vins pauvres et faibles, etc., etc. Le vin est fonction de la nature et du vigneron, il ne faut pas l’oublier.
- Ce sont ces analyses « devant servir cle termes de comparaison », ces analyses « authentiques, faites avec soin et dignes de foi», que plusieurs associations exposantes ont effectuées.
- C’est ainsi que le Jury de dégustation a eu entre les mains des brochures et des tableaux présentant les analyses détaillées des vins envoyés à l’Exposition par des collectivités de la Touraine, de l’Anjou, par la Société centrale d’agriculture de l’Hérault, etc.
- A un autre point de vue, les analyses présentent encore une importance capitale. On sait combien souvent le commerce vinicole a dû combattre les chiffres établis par le Comité des arts et manufactures. A plusieurs reprises, on a prouvé que la règle alcool-acide était en défaut et amené les tribunaux à le reconnaître.
- Récemment encore, le tribunal de Mâcon acquittait un honorable négociant dont les produits mis en vente ne répondaient pas à la règle alcool-acide du Comité. Une analyse méthodique démontre que cette règle n’a pas la valeur qu’on lui attribue.
- Quant au rapport alcool-extrait, la loi elle-même reconnaît qu’il ne constitue qu’une présomption de vinage, et qu’il peut être confirmé ou combattu par «la comparaison des
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- différents éléments constitutifs des vins et le lieu de leur provenance». Ce sont ces éléments que des analyses, faites à l’occasion de l’Exposition, par les associations dont nous venons de parler, ont fourni pour un certain nombre de vignobles.
- Ainsi, en face des règles trop générales de la chimie officielle, on établit la vérité pratique. Au programme que le Comité des arts et manufactures a tracé pour la composition des vins on oppose les résultats que la nature fournit en réalité. Il y a là le plus précieux des enseignements.
- LES RÉCOMPENSES DÉCERNÉES.
- Le nombre de types soumis au Jury pour la France et ses colonies s’élevait à 1 2,769 se répartissant comme suit :
- Seine, Seine-et-Oise................ 180
- ( Champagne) Marne.................. 186
- Ardennes, Haute-Marne, Haute-
- Saône , Meurthe-et-Moselle.... 15
- (Bourgogne) Côte-d’Or, Saône-et-
- Loire, Rhône, Yonne............ 1,706
- Ain, Jura....................... 133
- Savoie.......................... 12 3
- Alpes-Maritimes, Ardèche, Basses-Alpes, Bouches-du-Rhône, Corse,
- Drôme, Var....................... 223
- (Midi) Aude, Gard, Hérault, Pyrénées-Orientales.............. 2,671
- Haute-Garonne, Lot, Lot-et-Ga-
- ronne, Tarn, Tarn-et-Garonne. 384
- A reporter......... 5,521
- Report................ 5,521
- Basses-Pyrénées, Gers........... 331
- (Bordelais) Gironde................ 2,069
- Charentes.......................... 2,o33
- Deux-Sèvres, Vienne................... 4i
- Loire-Inférieure, Maine-et-Loire,
- Sarlhe............................. joh
- Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret................................ 611
- Nièvre, Cantal, Indre, Puy-de-
- Dôme, Haute-Loire, Cher.. . . 459
- Algérie............................ 1,000
- Tunisie.............................. 100
- Total................ 12,869
- Voici, ci-contre, le tableau de la répartition des diverses récompenses, par département, pour la France et pour ses colonies :
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- DÉPARTEMENTS. NOMBRE D’EXPOSANTS. GRANDS PRIX. MÉDAILLES D’OR. MÉDAILLES D’ARGENT. MÉDAILLES de BRONZE. MENTIONS HONORABLES.
- Ain 1 II n // // //
- Aisne U II II II // II
- Ailier II II // U H II
- Alpes (Basses-) 1 n // u U //
- Alpes (Hautes-) II n U II // //
- Alpes-Maritimes 1 u tt II n II
- Ardèche 2 n 1 II n 1
- Ardennes 1 11 u u n 1
- Ariège II // II n // II
- Aube 2 u u u // il
- Aude 2q5 1 3i 10Ô 46 *7
- Avevron U // // // n II
- Bouches-du-Rhône 3 11 2 1 n //
- Calvados II n // n // //
- Cantal 1 fl // u // //
- Charente ,.3.,8 3 85 309 no 43
- Charente-Inférieure 3 bi 200 81 3i
- Cher 97 H 9 36 20 22
- Corrèze II n // n // II
- Côte-d’Or 3 A 7 7 7/1 78 53 3o
- Côtes-du-Nord II n // // n //
- Creuse // n 1/ // // II
- Dordogne 4 // n 11 // II
- Doubs II // u n // II
- Drôme 2 u // 1 // li
- Eure // II n // // II
- Eure-et-Loir // H u // // II
- Finistère II II // u n II
- Gard. 121 1 6 3i 99 10
- Garonne (Haute-) 205 1 2 2,5 34 3i
- Gers 286 1 15 Ô2 28 23
- Gironde 1,602 11 102 16 A 193 91
- Hérault 723 2 5/i 153 85 32
- Ille-et-Vilaine fl // // // fl II
- Indre 33 II U 8 15 5
- Indre-et-Loire 112 1 18 33 32 8
- Isère II // // // // II
- Jura 33 // II 1/1 2 4
- Landes fl // n n // n
- Loir-et-Cher 85 n 3 \h 19 28
- Loire II // » » // u
- Loire (Haute-) 8 // il U 1 2
- Loire-Inférieurt; 10 u 1 k 1 1
- Loiret 2 // n 2 // H
- Lot ü n 1 1 II
- Lot-et-Garonne ... 2 H n 1 1 II
- A reporter 5,3og 3i hh% 1,261 751 38o
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- 136
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- DÉPARTEMENTS. NOMBRE D’EXPOSANTS. GRANDS PRIX. MÉDAILLES D’OK. MÉDAILLES D’ARGENT. MÉDAILLES do BRONZE. MENTIONS HONORABLES.
- Report 5,009 3) 4Ô6 1 ,2Gl 75l 38o
- Lozère // n // // // //
- Maine-et-Loire 15a 2 1 2 35 34 36
- Manche 1 n H fl u ff
- Ma me 35 1 3 8 9 4
- Marne (Haute-) 2 u // 1 1 fl
- Mayenne fl n // // // fl
- Meurthe-et-Moselie 1 n // fl // n
- Meuse // n // n tf n
- Morbihan 1 n // 1 n n
- Nièvre 1 // fl n t n
- Nord n // fl n n u
- Oise ... it // n u n u
- Orne n // n n n n
- Pas-de-Caiais n // n n n n
- Puy-de-Dôme 70 // h 1G 24 14
- Pyrénées (Basses-) 3 // n 2 // 11
- Pyrénées (Hautes-) // u n fl // n
- Pyrénées-Orientales 138 1 15 2 4 13 1G
- Rhône 15o 1 13 29 22 d 4
- Saône (Haute-) // n // // // //
- Saône-et-Loire 1 o4 1 16 22 33 27
- Sarlhe h h // 7 10 14 11
- Savoie 3o n 5 11 G 2
- Savoie (Haute-) U u n fl // fl
- Seine 61 1 1 14 4 ff
- Seine-Inférieure 2 // n 1 // 1
- Seine-et-Marne 2 // n fl 2 fl
- Seine-et-Oise 2 // . 1 1 // n
- Sèvres (Deux-) 1 // // 1 fl n
- Somme // // n fl ff n
- Tarn 1 // n 1 n u
- Tarn-et-Garonne 26 u n 1 7 14
- Var 60 1 5 i3 2.3 4
- Vaucluse // // // fl // n
- Vendée II // // // // n
- Vienne 12 // 1 1 2 n
- Vienne (Haute-) // n // II n ff
- Vosges U u u If n u
- Yonne 9li 1 8 28 3o 11
- Corse 1 // fl n 1 u
- 1 Alger 2 21 h9 46 47
- Algérie. . 1 Constantine . . . 729 n 5 28 38 48
- J Oran n 5 52 41 31
- Tunisie 5A 1 G 9 7 4
- Totaux 7,i86 Ô3 58o 1 ’Gi 9 1,109 6G4
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 137
- Le tableau ci-dessous présente le détail des récompenses obtenues par chacune des nations qui ont exposé des vins et des eaux-de-vie :
- NOMBRE NOMBRE de GRANDS MÉDAILLES MÉDAILLES MÉDAILLES
- NATIONS. D’EX- de MENTIONS.
- POSANTS. TYPES paix. D’OR. D’ARGENT. BRONZE.
- SOUMIS.
- France Algérie 7,l86 12,769 A3 58o 1,619 MO9 66A
- Tunisie
- Allemagne 91 379 3 8 27 0 2 6
- Autriche 29 39 170 108 // 9 8 6 1
- Belgique 2 A fl
- Bosnie-Herzégovine 5 6 1 2 II // //
- Bulgarie A 6 100 379 1 5 i3 18 11 8
- Espagne 3o A 5 22 22
- Etats-Unis 73 2 10 1 6 i3 20 A
- Grande-Brrlagne (Australie, Canada) 1A 53 // II 2 5 5
- Grèce 76 1 27 3 9 11 8
- Hrmgrip 16A 621 16 A 2 32 20
- Italie 2oA 7°7 !9 5 36 ^9 3 Ai A 35 1
- Mexique *9 II II
- Pérou 1 0 4 2 H 2 h
- Portugal 568 590 8 35 66 65 67
- Boumanie 83 21A 2 13 33 18 i5
- Russie b 9 23 A 1 10 13 1 3 9
- S^Marin (République) . . 5 13 // // 3 2 II
- Serbie *9 161 il 2 13 9 1 0
- Suisse 36 89 2 3 >7 8 1
- Turquie 19 16 // 3 2 // *
- Les récompenses accordées à des collaborateurs se répartissent ainsi par pays :
- NATIONS. GRANDS PRIX. MÉDAILLES D'OR. MÉDAILLES D’ARGENT. MÉDAILLES de BRONZE. MENTIONS.
- France Il 2 A 60 18 3
- Allemagne // 2 20 6 //
- Bulgarie // 1 II II //
- Espagne // 1 II II //
- États-Unis II // 1 ♦ " //
- Hongrie II 1 2 // //
- Italie II fl A 1 //
- Portugal 1 A 6 n n
- Russie // A 5 2 u
- Gomme exposants hors concours, on comptait : France, i3o; Autriche, 1; Belgique, 3; Espagne, 1; Hongrie, 5; Italie, 2; Portugal, 3; Russie, 5; Suisse, 1.
- Soit en tout i5e personnes, membres du Jury ou experts de la Classe 60.
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- TROISIÈME PARTIE.
- LES VINS.
- FRANCE. — ALGÉRIE. — TUNISIE.
- FRANCE.
- Ve RÉGION. — SEINE ET SEINE-ET-OISE.
- Nous ne suivrons pas l’ordre dans lequel les opérations du Jury ont eu lieu; d’ailleurs, celles-ci n’ont pu se faire qu’au fur et à mesure de l’arrivée des échantillons. Nous prendrons les régions les unes après les autres, telles quelles ont été inscrites au catalogue, bien quelles n’y aient pas été placées par ordre d’importance, tant s’en faut, puisque nous commençons ainsi par la région parisienne.
- L’exposition de la Chambre syndicale du commerce en gros des vins et spiritueux de la Seine compte une soixantaine de négociants, qui ont exposé des produits soignés chez eux. La plupart sont des vins fins du Bordelais, de la Bourgogne, du Maçonnais et aussi des produits de consommation courante. La franchise de goût de ces liquides, leur limpidité montrent que les négociants parisiens connaissent admirablement la viniculture et savent faire valoir les qualités des vins qu’ils présentent. Dans la Galerie des Machines , le pavillon réservé à la Chambre syndicale se trouvait près de l’entrée par l’avenue de La Bourdonnais, et formait une sorte de quadrilatère au centre duquel on remarquait un plan en relief du parc de Bercy où peuvent être emmagasinées des quantités importantes de vins.
- Le commerce des vins en gros à Paris est exercé par environ 2,000 négociants, réunis dans les entrepôts Saint-Bernard, de Bercy et Nicolaï (Charenton). Un certain nombre ont leurs magasins dans les environs immédiats de la capitale : Ivry, Pantin, les Lilas, Saint-Denis, Suresnes, Boulogne, etc. Ces négociants fournissent les 26,000 débitants de Paris et nombre de ceux de la banlieue et de la grande banlieue, surtout vers le Nord. Une partie assez importante de la clientèle bourgeoise s’approvisionne également près des entrepositaires parisiens.
- Les quantités de vin livrées à la consommation par les entrepôts de Bercy et du quai Saint-Bernard ont été de 2,17Ù,761 hectolitres, en 1900, contre 2,251,1-71 hectolitres en 1899, S°B une diminution de 76,/u 0 hectolitres au cours du dernier exercice, comparativement au précédent.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Voici, du reste, quel a été le mouvement général annuel et total des entrepôts de Bercy et de Saint-Bernard, pour les vins, de 1895 à 1900 :
- INTRODUCTIONS. SORTIES.
- hectolitres. hectolitres.
- 1895 3,i48,825 2,295,075
- 1896... 2,557,011 2.2 5o,32 0
- 1897 2,988,610 2,194,019
- 1898 2,546,490 2,065,382
- 1899 2,795,563 2,25l,171
- 1900 2,i54,oi3 2,174,761
- La consommation parisienne, pendant cette même période des six dernières années, a atteint les chiffres suivants pour les vins :
- CONSOMMATION
- PARISIENNE.
- hectolitres.
- 1895 .......................... 5,oio,455
- 1896 .......................... 4,839,55i
- 1897 .......................... 4,900,555
- CONSOMMATION
- PARISIENNE.
- hectolitres.
- 1898 ............................. 4,494,63a
- 1899 ............................. 5,090,443
- 1900 ............................. 5,178,321
- Le mouvement des alcools chez les négociants entrepositaires de Bercy et Saint-Bernard a été :
- INTRODUCTIONS. SORTIES.
- hectolitres. hectolitres.
- 1895 ............................................. ioo,488 78,308
- 1896 .............................................. 103,507 77*763
- 1897 ...................................... 99,161 75,601
- 1898 .............................................. 114,878 85,963
- 1899 ........................................... 93,875 61,633
- 1900 ............................................... no,533 81,975
- Les introductions totales des alcools dans la capitale ont été de 204,552 hectolitres à 100 degrés.
- D’après ces chiffres, un habitant de la grande ville consommerait par an : 20A litres de vin et 8 litres d’alcool pur.
- Les négociants en vins et spiritueux de Paris et du département ont constitué, pour défendre leurs intérêts professionnels, divers groupements syndicaux. Les plus importants sont : la Chambre syndicale du commerce en gros des vins et spiritueux de Paris et du département de la Seine; l’Union du commerce en gros des vins et spiritueux.
- Les auxiliaires précieux de nos négociants sont les courtiers et les représentants. Ce sont eux qui recherchent les affaires à traiter et les ventes à effectuer. Ces intermédiaires sont également organisés en syndicats spéciaux à Paris. Le plus ancien de ces syndicats est celui des Courtiers-Gourmets, anciennement Courtiers-Gourmets-Piqueurs de vins,
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- dont la création remonte à 181 5. Notons encore le Syndicat des représentants du commerce de gros, qui existe depuis quelques années seulement, mais réunit un chiffre d’affaires fort important.
- La collection de vins soumis au Jury par les négociants parisiens ne renfermait que les échantillons de 6 î exposants. Ceux-ci ont obtenu 7 médailles d’or, 1 h médailles d’argent et A médailles de hronze.
- Il convient d’enregistrer ici le grand prix accordé à la Société des viticulteurs de France dont le siège est à Paris. Cette importante société a largement contribué à enrichir l’exposition des vins par les nombreux adhérents quelle a amenés de toutes les régions de la France.
- Le département de Seine-et-Oise, qui, d’ordinaire, envoie dans les concours agricoles à Paris de nombreux échantillons de vins légers, s’est abstenu cette fois et n’a qu’une très maigre exposition. On ne compte que deux exposants. Comme récompense, on note 1 médaille d’or et 1 médaille d’argent.
- 2e RÉGION. — CHAMPAGNE.
- La deuxième région portée au catalogue est celle comprenant la Champagne. Ici, la collection des produits présentés est superbe. Le Syndicat du commerce des vins de Champagne, de Reims, qui a installé à la Galerie des Machines l’élégant palais se trouvant le long de la face Sud, près de la salle des fêtes, a réuni de nombreuses maisons qui toutes ont envoyé ce quelles avaient de meilleur; le public a pu se rendre compte, par la dégustation, delà perfection de ces merveilleux produits.
- La plus grande partie des vins récoltés dans le département de la Marne est transformée en vins mousseux, dits de Champagne. Ce sont les arrondissements de Reims, d’Epernay et de Châlons qui fournissent les meilleurs.
- C’est à une culture très soignée d’une part, d’autre part à la situation climatérique de la Champagne, à la nature spéciale du sol, que sont dues les qualités essentielles qui distinguent son vin.
- La Montagne de Reims, et ses principaux crus : Rouzy, Ambonnav, Verzy, Verzenay, Sillery, Mailly et Rilly, ont, comme qualités distinctives, la vinosité et la fraîcheur. A la côte d’Avize, spéciale par ses vins blancs, et où sont Cramant, Avize, le Mesnil-Oger, Grauves et Cuis, au sud d’Epernay, on reconnaît une grande finesse et une exquise délicatesse; enfin, la vallée de la Marne, avec Ay, Mareuil, Champillon, Hautvillers, Dizy, Epernay, Pierry et Cumières, a des crus au bouquet délicieux.
- Plus le vin est doux, moins il est facile de reconnaître les défauts du liquide primitif, aussi les vrais amateurs accordent-ils plus de faveur au vin sec. L’« extra dry n est surtout demandé par les peuples du Nord : Anglais, Allemands, Américains des Etats-Unis. En France où le vin de Champagne se boit après le repas, au dessert, nous aimons au contraire qu’il soit légèrement sucré.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Les imitations, à côté de ces beaux vins, font le plus souvent mauvaise figure. Elles sont maigres, sans ce montant distingué qui caractérise les vins de Champagne dignes de ce nom. Leur mousse est de mauvaise apparence, elle monte rapidement en petites bulles pressées à la surface du vin au moment où on verse celui-ci dans le verre, et tout dégagement d’acide carbonique cesse bientôt, tandis que dans le véritable champagne, les bulles sont fortes, elles montent lentement et se produisent depuis le fond du verre aussi longtemps qu’il contient encore un peu de l’excellent breuvage.
- La plupart des négociants d’Êpernay, contrairement à ceux de Reims, paraissent avoir exposé individuellement. Ainsi, la maison Chandon et C‘e (ancienne maison Moët et Cbandon), dont le chef, M. Raoul Chandon de Briailles, était membre du Jury et secrétaire de notre Classe, avait installé un ravissant pavillon Louis XVI près de la salle des fêtes, au pied du grand escalier. Ce pavillon renfermait les documents les plus intéressants sur l’origine des vins de Champagne et nous devons à l’obligeance de M. Chandon de Briailles l’analyse que nous publions ci-après des cahiers, notes, manuscrits que comporte l’incomparable collection de la maison.
- Origine du vignoble champenois. — A en juger par les empreintes très distinctes de feuilles trouvées dans les tufs des environs de Sézanne, la vigne en Champagne serait contemporaine de la faune primordiale des mammifères de l’époque tertiaire. Saporta en a fait le vitis Sezannensis. Elle est parfaitement caractérisée par ses feuilles, ses sarments et ses vrilles. Les feuilles étant plus ou moins profondément dentelées, on a dédoublé l’espèce : Munier-Chalmas a créé le vitis Dutaillyi et Lemoine le vitis Balbiani à feuilles plus arrondies et moins découpées.
- Comme vigne indigène, je n’en trouve aucune trace, nous écrit M. Chandon de Briailles, avant le vie siècle. Elle m’est fournie alors par la légende de saint Trésain d’Avenay :
- Un jour, dit-elle, les vignerons d’Ay, sachant que saint Remy était à Ville-en-Selve, allèrent le trouver et se plaignirent de Trésain qui avait, disaient-ils, laissé les pourceaux dévaster les vignes de la côte.
- En 58ô, écrit Lacatte-Joltrois dans son manuscrit, conservé à la Bibliothèque de Reims, «-la vigne poussa de nouvelles branches et les arbres des fruits en décembre *.
- Au siècle suivant, à la date du 20 octobre 637, le monastère de Saint-Pierre-les-Dames a Reims hérite à la mort de Sounace, évêque de cette ville, d’une vigne à Ger-migny; en 55o, l’abbaye d’Hautvillers où devait naître l’industrie du vin de Champagne mousseux, plus de mille ans après, possédait déjà un vignoble. Au vme siècle, Flodoard mentionne également des vignes situées à Chambrecy, parmi les donations faites à l’église de Reims par Landemar. De Tan 800 à 900, je trouve dans les écrits de Hincmar et de Flodoard, ainsi que dans le polyptique de l’abbaye de Saint-Rémy de Reims * le nom d’une trentaine de vignobles, dont quelques-uns, comme Epernay, Rilly-la-Montagne, Mailly, Hermonville, Monthelon et Reims, ont conservé leur réputation.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Ajoutons qu’à cette époque les vignes appartenaient en grande partie, sinon en totalité, aux couvents et aux dignitaires de l’Eglise.
- A dater du xne siècle, le vignoble champenois a une importance à peu près égale à celle d’aujourd’hui, non au point de vue du nombre d’hectares de vignes en culture, mais au point de vue du nombre des crus ou localités où se récolte le vin. De Dormans, ville située aux confins des départements de l’Aisne et de la Marne, à Vitry-le-François, de Bergère-les-Vertus à Fismes, on cultive la vigne ainsi qu’il résulte des obits et des documents de l’époque.
- On arrive ainsi au xvf siècle avec le nom de 2 32 communes groupées aujourd’hui dans le département de la Marne.
- D’un tableau statistique des prix des vignes d’Ay, on peut voir que la valeur de l’are a varié au xviii6 siècle de 16 fr. 46 (en 1719) à 7A fr. Ao en 1799.
- Au moment des assignats, en 17 9 4, le prix est monté à 2 6 7 fr. A A et en 1795 à 572 fr. 10. Au xixe siècle, cette valeur a subi une hausse constante de 75 francs à 516 fr. 05.
- Qualité des vins. — Les vins provenant de la Champagne ont été réputés à l’égal des vins des autres contrées bien avant l’invention des vins moussêux.
- La chronique de Flod'oard fait mention de l’année 977 où le vin fut très bon. Au xue siècle, deux années, 1185 et 1187, sont rapportées : la première comme ayant fourni un vin exquis, et la seconde comme ayant donné un mauvais vin.
- Le xiif siècle est un peu plus riche en renseignements.
- En l’an 1291, le vin fut très bon; les années 1269,1279, 128/1, 1 287 et 1 293 donnèrent du bon vin.
- Dans le xiv° siècle, je n’ai encore trouvé que deux dates : 1315 et 1385, dont la récolte fut mauvaise.
- Les documents recueillis sur le xve siècle ne me fournissent que trois dates : 1/1/17 et 1/179, donnèrent du bon vin, et 1/121, dont le vin fut déclaré mauvais.
- Grâce au journalier du Rémois Pussot, j’ai pu avoir des notes précieuses sur les dernières années du xvi° siècle.
- Il relate deux années, 1690 et 1692, dont le vin fut «très bon55; sept années : 1577, 1585, 1 588, 1589, 1595, 1599 et 1600, dont le vin fut «assez bon»; huit années dont le vin fut «médiocre» : 1575, 1576, 1579, 1^7» 1^91> 1596, 1597 et 1598, et enfin 1586 dont le vin fut «mauvais», et 1870, dont le produit est déclaré «très mauvais».
- Le commencement du xvii® siècle s’annonce avec cinq années exceptionnelles comme qualité : 1606, 1607, 1610, i6i5et 162/1; puis, en i6o3, le vin fut «bon»; en 1602, 1606, 1608, 1612, 1 613, 161A, 1618, 1622, 1623, il fut « assez bon » ; viennent ensuite cinq années « médiocres »: 1601,1616,1617,1620, 1621 et 1625, et une année « mauvaise », 1619.
- Les renseignements me font encore défaut pour la seconde moitié de ce siècle. Je
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- n’enregistre pour cette période que : deux «Donnes» années, 16 5 8 et 1666 : une «assez bonne», 16 51, et deux « mauvaises », 1687 et 1698.
- Le xvine siècle nous offre vingt et une dates pour sa première moitié : trois années «très bonnes» : 1717, 1787, 1760.
- Cinq années « bonnes » : 1707, 1712, 1723, 1781, 1748.
- Cinq années « assez bonnes » : 1704, 1727, 1738, 1741, 17/19.
- Trois années «médiocres» : 1708, 1710, 1747.
- Quatre années « mauvaises » : 1726, 1739, 1740, 1742.
- Une année «très mauvaise» : 1725.
- De 1761 à 1800, on relève quarante-cinq appréciations
- Quatre années «très bonnes» : 1754, 1765, 1775, 179/1.
- Douze années « bonnes »: 1763, 1766, 1760, 1764, 1773, 1774, 1778,1780, 1783, 1791, 1798, 1800.
- Quinze années «assez bonnes» : 175,8, 1762, 1766,1769, 1773, 1776,1709, 1781, 1784, 1785, 1786, 1793, 1795, 1797, 1799.
- Huit années « médiocres » : 1762, 1768, 1769, 1768, 1771, 1772, 17 7 7 » 1782.
- Cinq années « mauvaises » : 1761, 1767, 1789, 1792, 1796.
- Une année «très mauvaise» : 1763.
- Je n’ai relevé que la première moitié du xixe siècle, afin de laisser à mes recherches leur intérêt rétrospectif et pour ne soulever aucune polémique.
- De 1801 à 18 5 0, le vin fut « très bon » pendant onze années : 1802, 1806,1811, 1818, 1822, 1825, i834, 1839, 1842, 1846, 1848.
- «Bon» pendant six années . 1807, 1810, 1815, 1819, 1837, 1859.
- «Assez bon» pendant sept années : i8o4, 1812, 181 3, 18,82, 18 3 3 , 183 5, 183 6.
- «Médiocre» pendant vingt années : 1801, i8o3, 1808, 1809, i8i4, 1817, 1820, 1823, 1826, 1827,1828,1831, i838,i84o,i84i, i843, i844,i845, 1847, i85o.
- « Mauvais » pendant cinq années: 1816, 1821,1824,1829, i83o.
- *Très mauvais» une année : 1805.
- Tel est le résumé de mon graphique indiquant la qualité du vin.
- Au xviii0 siècle, la vendange a été commencée deux fois, du ier au i5 septembre : en 1727,1e i5 septembre; en 1781, le 10 septembre.
- Du 16 au 30 septembre, sept fois : en 1784, le 20 septembre; en 1788, le 20septembre; en 1794, le 25 septembre; en 1758, le 26 septembre; en 1785, le 26 septembre; en 1779, le 27 septembre; en 1786, le 28 septembre.
- Du ier au i5 octobre, vingt-trois fois : en 1780, le 2 octobre; en 1787, le 4 octobre; en 1743, le 5 octobre; en 1757, le 5 octobre; en 1762, le 5 octobre: en 1778, le 5 octobre; en 1760, le 6 octobre; en 1790, le 6 octobre; en 1765, le 7 octobre ; en 17 4 0, le 8 octobre ; en 17 5 9, le 8 octobre ; en 1772, le 8 octobre ; en 1789, le 8 octobre; en 1782, le 9 octobre; en 1774, le 10 octobre; en 1756,
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- 1 AA
- le 11 octobre ; en 17 9 8, le 1 2 octobre ; en 17 6 A, le 1A octobre ; en 1 7 7 0, le 15 octobre ;
- en 1777, le i5 octobre; en 1800, le i5 octobre; en 1773, le i5 octobre.
- Du 16 au 31 octobre, sept fois : en 17AA, le 16 octobre; en 1768, le 17 octobre;
- en 1766, le 19 octobre; en 1799, le 20 octobre; en 1771, le 21 octobre, en 1763,
- le 2A octobre; en 177b, le 29 octobre.
- En novembre, une fois : en 1767, le 2 novembre.
- Les prix du vin de Champagne. — Il est difficile de trouver des traces d’échanges commerciaux à une époque où les guerres dévastaient les provinces et où les marchandises étaient grevées de droits d’entrée prohibitifs d’une province, voire meme d’une ville à l’autre. Puis les communautés religieuses possédaient la plupart des vignobles et consommaient les vins sur place.
- J’ai cependant le prix de l’hectolitre de vin payé en 976, qui fut de 9 fr. 3o.
- Il faut ensuite remonter au xme siècle : en 1281, le vin vaut 5o fr. 70 la pièce de
- 2 hectolitres.’
- Au xive siècle, les prix de cinq années seulement nous sont connus. (Les prix ont été convertis en monnaie actuelle et les muids ou autres vases à vin en pièces de 2 hectolitres.) Du prix de 8 francs en i38q, on s’élève progressivement à 26 fr. Ao la pièce en i3q2, 7A fr. 10 en 1387, 112 fr. 10 en i3Ao, pour arriver à 133 fr. 5o en 1328.
- Au xve siècle, le prix le plus bas est de 25 fr. 36 en t A08 ; il s’élève à 66 fr. 68 en 1 A37, puis à 109 fr. Ao en 1A2A; il est de 136 fr. 70 en iA5o, puis, dans les dernières années du siècle, il augmente sensiblement : en 1A99, il est de 233 fr. 10, en 1 A95, de A96 francs, après avoir atteint dix ans auparavant, — en 1A80 — le prix de 538 francs, prix très beau pour l’époque.
- Le \vi° siècle m’a fourni trente-trois documents.
- Huit années ont fourni du vin variant de 20 à 5o francs la pièce; dix-neuf années de 5o à 100 francs; trois années, i5AA, 1669 et 1687 de 100 à 200 francs.
- Les plus gros prix atteints à cette époque sont de :
- 201 fr. 10 en 1617, 2A3 fr. 90 en i5i2 et 299 fr. 3o en 1 57/1.
- Au xvne siècle, les prix se maintiennent a peu près au même taux.
- On relève quatorze années de 10 à 5o francs la pièce, quatorze autres de 5o à 100 francs, cinq de 100 à 200 francs.
- On paye, en 1609 : 2 19 fr. 60 les 2 hectolitres, mais, comme dans le siècle précédent, les plus beaux prix sont atteints dans les dernières années. Le vin vaut 5o5 fr. 5o en 1692; en 1693 et 16 9 A, la pièce est payée goo francs.
- Notons qu’à cette époque le vin rouge de Champagne faisait une concurrence sérieuse aux vins de Bourgogne et que le vin blanc mousseux n’avait pas encore vu le jour.
- Au xvme siècle, le prix le plus haut atteint seulement 581 francs en 1762. Parmi les années où le vin est payé 3oo à 500 francs, nous voyons figurer : 179A pour 311 francs; 1711, 36o francs; 173A, 3go francs, et 17A5, A15 francs.
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- En suivant un ordre décroissant, on compte : huit années de 200 à 3oo francs, dix-sept de 100 à 200 francs, vingt et une de 5o à 100 francs, huit de 5o francs à 16 fr. 60 qui est le plus bas prix (année 1759); les renseignements me manquent pour les autres années.
- En 1743, la queue de vin valait 110 livres ou 45 fr. 65 l’hectolitre; le poinçon de 200 litres environ de première taille était vendu par les gros propriétaires au prix de 67 livres ou 47 fr. 3i l’hectolitre dans l’année qui suivait la récolte. On voit qu’à cette époque, comme de nos jours, les vins de raisins blancs étaient déjà appréciés. En 1744, l’hectolitre de vin d’Ay est payé 5i fr. 87; celui de Dizy, 38 fr. 18; celui d’Epernay,
- 49 fr. 80.
- L’année suivante, le vin d’Ay n’est plus payé que 60 livres la queue ou 2 4 fr. 90 l’hectolitre.
- Les religieux de l’abhaye d’Hautvillers vendent àM. Moët le vin delà récolte, 1745,
- 1 2 1 francs l’hectolitre.
- En 1766, la récolte s’annonce comme fort petite, les vins vieux augmentent de prix et les vins de Tannée sont fort chers.
- Le vin nouveau de M. Claude Pioche, à Ay, lui est payé i44 fr. 42 ; Tahbé de Ri-couart vend ses tailles i85 fr. 26; un sieur Vol, d’Ay, cède sa récolte au prix de 174 fr. 30. Le vin de la récolte 1743 de Tabbé Ricouart est payé 249 francs l’hectolitre.
- L’année 1747 semble encore plus onéreuse que la précédente. On paye 4i fr. 5o l’hectolitre à Mardeuil. Les Ursulines d’Epernay reçoivent 199 fr. 20. La récolte du frère de M. Claude Moët lui est payée 220 fr. 3o l’hectolitre, — 290 livres la queue. — La première taille d’Epernay vaut 99 fr. 60, les secondes et troisièmes tailles mélangées, 87 fr. i5; un bon propriétaire du petit cru de Mardeuil, M. Gourdier, vend 71 fr. 36 l’hectolitre.
- A Ay le vin nouveau coûte 128 francs l’hectolitre, i5o livres le poinçon. Ces prix sont très élevés relativement à la qualité du vin qui fut médiocre.
- L’année suivante donna des vins de bonne qualité. Le vin de Dizy coûte 59 fr. 56 l’hectolitre; la cuvée de M. Maisoncelle et ses tailles, comprenant en tout i3 poinçons, revient en bloc à 88 fr. 10 la pièce ou 44 fr. fr. o5 l’hectolitre. Le vin vieux reste cher. M. Collet vend sa cuvée R de 1747 à 199 fr. 5o l’hectolitre, mais il est vrai de dire quelle est tachée, c’est-à-dire légèrement rosée et de toute première qualité.
- E11 1769, mentionne le manuscrit Roland de la bibliothèque de Reims, il a fait une nuée dans le mois d’août avec beaucoup de grêle. Les vignes furent gelées par endroits, surtout les jardins. Les orges et les avoines furent égrenées.
- Il n’y eût pas beaucoup de vin et l’hectolitre revint à M. Moët à 62 fr. 2 5.
- En 1760, les religieux de T abbaye d’Hautvillers vendent leur première cuvée à 600 livres le poinçon, soit 3oo francs l’hectolitre. Le vin de cette année fut très bon, dit M. Brice-Tambour, d’Ay, dans son journal, de là le prix excessif demandé par les Gn. X. — Cl. 60. 10
- lurniMnun natioxai.f..
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- successeurs de Doni Pérignon, et cependant les Ursulines d’Épernay ne vendirent leur récolte qu’au prix de qp fr. 60.
- On voit, par ces chiffres éloquents dans leur simplicité, que le commerce existait bien réellement dans la première moitié du xvme siècle et que le négociant avait des sacrifices à faire pour maintenir la qualité de ses vins ; cette affirmation se prouve par les traces laissées par les industries qui gravitaient autour du commerce des vins de Champagne.
- Les prix atteints dans les siècles précédents semblent se maintenir dans la première moitié du xixc : douze années de 4o francs (prix le plus bas en 180/1) à 100 francs; années à 100 francs, douze; de 100 à i5o francs, quatorze; de i5o à 900 francs, six; de a00 à 2 5o francs, neuf. Ce n’est que depuis 1800 que les prix se sont élevés et que les vignerons ont touché dans certaines années 1,200 et meme près de i,/ioo francs pour les 2 hectolitres.
- A l’Exposition universelle de îqoo, dans le ravissant pavillon Louis XVI élevé par la maison Moût et Ciiandon et placés dans une vitrine spéciale, se trouvaient plusieurs documents parmi lesquels se distinguait un registre de commerce de 17 h 3.
- Sur les feuillets jaunis par le temps on pouvait puiser des renseignements authentiques sur les débuts du commerce des vins mousseux de Champagne et sur les frais de culture de la vigne à cette époque.
- Une partie de ce livre est écrite de la main meme de i\l. Claude Moët qui mourut le 7 mars 1760, laissant à ses descendants une maison déjà renommée.
- Si l’on considère que Dom Pérignon, le célèbre bénédictin de l’abbaye d’Hautvillers, l’inventeur du vin mousseux, mourut en 1715, il faut en conclure que son secret fut vite connu et apprécié.
- Le mélange des raisins des différents crus, l’époque à laquelle il convenait de mettre le vin en bouteilles pour y achever sa fermentation, durent être enseignés par les moines eux-mêmes qui, ainsi qu’il appert du livre de M. Moët, vendaient leurs vins blancs et l'ouges au commerce.
- Il en était ainsi des propriétaires de vignes, comme nous le verrons plus loin.
- Ce n’est guère que vers la fin du xvmc siècle que les maisons dites «de vins de Champagne» fonctionnèrent telles que nous les voyons aujourd’hui.
- Au début, les bouteilles de vins mousseux tirées par les producteurs eux-mêmes étaient vendues à des commissionnaires patentés qui, en même temps que la commission, faisaient eux-mêmes le commerce. C’est ainsi que M. Moët, propriétaire de vignes, ne se contentant pas de sa propre récolte, dont il tirait la meilleure partie en mousseux, achetait dans la région les produits qui lui étaient nécessaires.
- A cette époque, la clarification des vins par le remuage était inconnue, on se contentait de donner aux bouteilles leur bouchage définitif et de les conditionner pour le voyage en France ou à l’étranger. La fermentation des vins, mal tempérée, donnait lieu à des mécomptes : non seulement la casse était à craindre dans les caves du négociant, mais elle avait lieu dans le cours du transport et les clients ne recevaient pas toujours
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- leur commande au complet. Les marchandises expédiées étaient dues cependant et payées par le consommateur, mais le lise, peut-être moins sévère qu’aujourd’hui, recevait fréquemment des déclarations incomplètes.
- A ce sujet, M. Claude Moët écrit le ier mai 1743 :
- Payé 42 sols pour contrôle des lettres de voiture des vins partis de ce jour pour. . . pour Paris 3g 1 bouteilles dans trois paniers à Ch. Gauthier, Pun des douze : le congé et la lettre de voiture ne stipulent (pie 38 0 bouteilles pour épargner d’un peu les entrées de Paris aux marchands.
- Le 7 avril 1845 011 envoie 3,4.76 bouteilles en 22 paniers et 10 demi-paniers, néanmoins la lettre de voiture ne stipule que 3,305 bouteilles: «pour empêcher que les marchands ne paient l’entrée de celles qui sont déjà cassées et qui casseront encore jusqu’à l’arrivée chez eux, étant vin mousseux très susceptible de casser en cette saison que la sève donne».
- Le transport des vins était donc chose délicate : aussi prenait-on les mesures les plus propres à en assurer la conservation en n’expédiant ni par les grands froids ni par la chaleur et en choisissant le mode le plus frais, c’est-à-dire le transport par eau.
- M. Claude Moët nous donne ce détail à la date du 11 janvier 174g :
- Délivré les congés et lettres de voitures notariés et contrôlés au sieur Salmon, fils de la veuve Adam, associé de son frère Claude-Adam Salmon et de BilcartLejeune, leurs beaux-frères, mariniers, demeurant à Mareuil-sur-Ay et Dormans, par lesquels ils reconnaissent nous avoir chargé sur leurs bateaux aux ports d’Ay, d’Epernay, Cumières et Damery 381 poinçons, un caque, vin en cercles et 200 bouteilles dans un panier et demi : la voilure à 7 1. la queue pour Paris.
- Emballées avec de la paille, dans des paniers en osier que l’on recouvrait parfois de toile, les bouteilles descendaient la rivière de Marne jusqu’à Charenton ou empruntaient aux canaux les différentes routes qu’il leur fallait suivre.
- En dehors des droits d’«aydes», etc., qu’il leur fallait payer, les vins de Champagne, comme les autres vins, avaient à acquitter une taxe lorsqu’ils allaient à l’étranger. Nous sommes au 19 mai 1743 :
- Payé au bureau des traites foraines d’Epernay, à M. Lochet, receveur, 167 livres 7 sols pour acquit de sortie du Royaume de 11 pièces et 2 4o bouteilles en deux paniers et droits du passavant.
- Dans la première moitié et au milieu du xvmc siècle, les envois les plus considérables de vins mousseux paraissent avoir été faits à Paris et dans ses environs. Je relève cependant les expéditions faites à Nantes en 1743 et quelques-unes à l’étranger.
- L’année suivante, M. Claude Moët mentionne un envoi de 200 bouteilles de vin mousseux à M. le marquis de la Chastre, à l’armée du Rhin.
- Les paniers sont, écrit-il, adressés en passe-debout à Strasbourg, au sieur de Berne, secrétaire de l’Intendance, qui paiera la voiture à 42 livres du panier, attendu l’extrême rareté des voituriers.
- En 1744, le 21 mai, 618 bouteilles de vin mousseux sont dirigées sur Strasbourg.
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- L’année suivante, 1,025 bouteilles partent pour Gand, des envois sont faits à Lille et à Auxerre. En 1745, 3,476 bouteilles sont demandées pour Paris en un seid envoi; les années suivantes, les demandes sont plus nombreuses et en 1760 le vin de Champagne semble être à la mode.
- Le i3 mai de cette même année, M. Claude Moët expédie 2 45 bouteilles en deux paniers à Mrae de Pompadour, à Compiègne. La marquise trouve sans doute le vin à son gré, car elle renouvelle sa provision en 1751 et par l’entremise de Doutant, voiturier à Soissons, elle reçoit 260 bouteilles. L’année suivante, en cliente fidèle, elle redemande du vin mousseux et se fait envoyer 160 bouteilles.
- A dater de ce moment, le vin de Champagne se répand : en 1753, le port de Toulon arrime des paniers de Champagne; le duc d’Ayen et le comte de Noailles, lieutenants généraux, se font envoyer 500 bouteilles à Dusseldorf où campe l’armée du Bas-Rhin (12 avril 1757).
- La guerre en dentelles devient la guerre au champagne!
- En 1759, ce sont à leur tour les pages de la Grande Ecurie du roi, à Versailles qui réclament du vin.
- En 1760, année de sa mort, l’un des premiers négociants en vins de Champagne, si ce n’est le premier, envoie des vins de sa marque à Hambourg et à Rotterdam.
- Le commerce des vins de Champagne, s’il ne possède pas encore toute son ampleur, est néanmoins créé et une industrie d’exportation réellement et purement française vient de naître.
- M. Claude Moët, le fondateur de la célèbre maison de vins de Champagne, était propriétaire et tirait lui-même son vin en mousseux. Quelques feuillets pris dans un registre où sont consignées les notes des cuvées se trouvaient au pavillon de la maison Moët et Chandon à l’Exposition universelle. On y trouve l’historique et la composition d’une cuvée de vin de 1745 tirée les 29 et 3o mars 1746. Il entre dans le mélange des vins cinq provenances différentes :
- Des dits vins j’ay fait placer pour l’espreuve, et voir la différence, s’ils mousseront mieux, ou plutost s’ils casseront plus dans mes souterrains qu’à la cave, et dedans la loge du côté de madame Gentil, sçavoir 3oo flacons.
- A cette époque on cherchait à régulariser la prise de mousse par la différence de la température et à atténuer l’effet de la chaleur qui provoquait une casse assez sensible.
- On peut se faire une idée de l’importance des pertes subies par le compte suivant dressé pour une cuvée de la récolte 1744, mise en bouteille le 5 avril 1745.
- La cuvée A, dite de la Vallée, consistait en 16 pièces, 3 casques ou demi-pièces. Elle avait fourni 3,5oo bouteilles. Sur ce nombre, écrit M. Claude Moët:
- Il ne s’y en est trouvé que douze cents bouteilles bonnes et auxquelles il n’a pas esté besoin de toucher, lesquelles M. Mayette, de Rbeims, a fait enlever le 3 novembre 17 4 5 ;
- Cy.......................................................... 1,200 )
- Qui ont esté recoullées d’un plus grand nombre en widange, cependant > 2,oo5 bouleüles.
- bonnes................................................... 8o5 )
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- De perle par la widange dont les bouteilles sont restées wides.......... /ioo
- Et de cassées entièrement............................................... 964
- Recoullées qui ne moussent point et sont en bouteilles ordinaires....... 100
- Plus qui sont à la cave de la Folie..................................... 3i
- 3,5oo
- On voit, par cet exposé, (jue le négociant perdait à cette époque près d’un tiers de son vin, sans compter les accidents qu’avait à subir le client au cours du transport de ses marchandises.
- Comme propriétaire de vignes, M. Moët était-il plus heureux? Voici ce qu’il écrit à la date du 5 décembre 1750 :
- Donné 5o livres — (83 francs) — à M. Hézet et pour payer des journées à arracher une vigne d’un cartier du Vaudidon, aussi pour les chevaux à ramener ici des lioques, terres de la cullée à remonter au chevet de celte vigne et autres façons en icelle. Et aussi pour fumiers et façons aux vignes de Partelaine, ce qui continue toujours à me convaincre de plus en plus que nos dites vignes nous coûtent plus quelles ne nous produisent; beaucoup d’autres sont dans le môme cas, néanmoins l’habitude fait qu’011 y persiste, notre commerce de commission devrait néanmoins nous les rendre moins à charge qu’à bien d’autres, et si je vois qu’elles nous sont absolument onéreuses, elles le sont pour le courant des bourgeois.
- Les seuls gros gros bourgeois à lots très choisis d’icelles vignes et qui les suivent de très près, et qui savent acquérir et ménager des connaissances favorables à la vente de leur vin, en profitent peu favorablement; ceux qui n’emploient pas ces talents à la lettre y sont aussi à résoudre.
- Malgré les mauvaises années, M. Moët, vigneron endurci, ne se contenta pas seulement de conserver son lot de vignes ; il l’augmenta et ses descendants l’imitèrent en se constituant une propriété d’une valeur inestimable aujourd’hui.
- On trouve dans les archives de AI. Claude Moët une mention relative aux prix des bouchons qui lui étaient vendus en 1745 à AA fr. 82 le mille. En mars 17A3 il reçoit de Paris 6,000 bouchons en trois sacs pour le prix de 190 fr. 2 3. Le port de Paris à Epernay se monte à 2 fr. A 9 et le camionnage dans Paris lui est revenu à 0 fr. 99. En additionnant ces sommes, le mille de bouchons lui est donc ressorti à 32 fr. 26.
- La ficelle était fabriquée à Châlons-sur-Marne ; on l’appelait : ficelle à ficeler les bouteilles , la livre coûtait 2 fr. 3 2.
- Lors de l’expédition, on devait déjà donner au bouchon la protection de la cire employée aujourd’hui, car, sur son livre, M. Claude Moët note à la date du 10 décembre 17 A A une dépense de 6 livres 18 sols pour journées à ficeler, mastiquer et empailler (emballer) des bouteilles.
- La journée du ficcleur et de l’empailleur était de 1 fr. 66 en 17 A6 ; l’emballage et le baguage ou fermeture du panier en osier de 5o ou 60 bouteilles. revenait à cette époque à 0 fr. 67.
- En 177 A la journée de femme employée à rincer les bouteilles destinées au tirage, c’est-à-dire à la mise en bouteilles avant la fermentation, se montait à 0 fr. 83.
- Les premières bouteilles employées par AI. Claude Aloët furent les bouteilles dites
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- Tkévenottes. Ces bouteilles provenaient de la verrerie de Follembray (Aisne), propriété actuelle de M. le comte de Brigode.
- Cet établissement était dirigé par M. Thévenot, son fondateur, qui souffla lui-même la première bouteille destinée à subir la pression des vins mousseux. Il est probable, étant donné la proximité de l’abbaye d’Hautvillers, que Dom Pérignon dût s’adresser à cet industriel et lui signaler les qualités de résistance et de transparence du verre que réclamait le vin mousseux, et c’est ainsi que furent fabriqués, en 1709, les premiers flacons, dont l’honneur revient à un Français.
- Dans la seconde partie du xvme siècle, d’autres gentilshommes verriers se mirent à l’œuvre et, parmi eux, la famille de Grandrut, qui possédait plusieurs fours et dans l’Ar-gonne et dans les environs de Paris.
- L’aune de toile qui servait à recouvrir les paniers ou les fûts se vendait, en avril 17/1G, 1 fr. 07, elle protégeait le vin contre la gelée et la curiosité ou la gourmandise des voituriers qui, à cette époque comme de nos jours, s’exerce un peu trop souvent surtout à l’approche des fêtes de Noël et de Pâques.
- C’est également dans la première moitié du xvm° siècle que l’usage de frapper le vin se répandit. M. Moët le conseillait à ses clients.
- Depuis cette époque reculée la consommation du vin de Champagne dans le monde a pris un énorme développement. Le tableau ci-dessous, établi par la Chambre de commerce de Reims et d’Epernav, donne une statistique des pins intéressantes pour chaque année, d’avril à avril, depuis i8û/i-i8û5 :
- AN Nli ES. NOMBRE do BOUTEILLES existant on charge au compte dos marchands on gros. 101' avril de clia |ue année. REPRÉ- SENTANT en HECTOLITRES. QUAN- TITÉS en PI* TS. T O T A L des EXISTENCES. NOMBRE de BOUTEILLES expédiées h l’étranger. NOMBRE de BOUTEIIiEES expédiées en France aux marchands en gros, aux débitants et aux consom- mateurs. IMPOR- TANCE REELLE du commerce. EXPEDI- TION de négociant à négociant dans le département. TOTAL du MOUVEMENT.
- heclnlilres. hectolitres. hectolitres. bouteilles. bouteilles. bouteilles.
- I 1844-1845.. 3.3,385,8i8 194,04g 3o » " 4,38o,214 2,255,438 6,635,652 2,577,738 9,2i3,3go
- 1 1845-1846,. 22,847,971 190,399 99 " " 4,5o5,3o8 2,5io,6o5 7,015,g 13 2,153,607 9,169,620
- | 1840-1847.. 18,816,367 156,780 80 4,711 ,g 15 2,355,366 7,067,281 1,708,204 8,776,486
- | 1847-1848.. 23,212,99! 192,692 61 " 4,859,625 9,092,571 6,962,1 g6 1,234,678 8,186,874
- 1848-1849.. 21,290,185 177,418 99 " 5,686,484 1,476,966 7,i6c,45o 884,095 8,044/176
- 1849-1850.. 20,499,199 170,827 11 " 5,ooi ,o44 1,705,735 6,706,779 1,130,960 7,837.789
- 1850-1851.. 20,444,91.5 170,376 15 5,866,971 3,122,569 7,989,54° 1,920,435 9i9J9CJ75
- 1851-1852.. 2i,905,479 183,545 4s 5,957,552 9,162,880 8,120,432 3,234,985 11,355,417
- 1852-1853.. 19,876,967 161,639 35 » 6,355,574 2,385,217 8,740,790 4,158,718 13,897,509
- 1853-1854.. i7>757,769 147,783 67 " » ^,878,320 2,528,719 10,407,039 0,791,180 16,098,219
- | 1851-1855.. 20,922,959 174,35g 10 " " 6,895,773 2,452,743 g,348,5i6 l,l97,°g4 i4,545,6i0
- B 1855-1856.. 15, g 5 7,141 i33,o68 00 « 7,137,001 2,562,039 9,699,04° 4,262,263 13,g6i,5o5
- 1856-1857.. 15,228,29! 126,903 34 « 8,490,198 2,468,818 10,950,016 4,669,683 15,628,699
- 1857-1858.. 21,628,778 180,94o 27 7,368,3io 2,421,454 9i789-764 3,764,445 13,554,309
- 1858-1859.. 28,328, j5i 236,069 00 « " 7,666,633 2,8o5,416 10,472,049 3,281,010 13,753,059
- 1859-1860.. 35,648,124 297,067 35 " 8,265,390 3,039,621 11,3o5,oi6 4,4o3,83o 1,5,708,846
- 1860-1861.. 3o,a35,26o 35i.g6i 89 " 8,488,223 9,697,508 11,185,731 5,415,599 i6,6oi,33o
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- A N XK ES. NOMBRE de BOUTEILLES existant en charge au compta des marchands en gros. ior avril de chaque année. REPRÉ- SENTANT en HECTOLITRES. QUAN- TITÉS eu rrrs. T O T A L des EXISTENCES. NOMBRE de BOUTEILLES expédiées à l’étranger. NOMBRE de BOUTEILLES expédiées en Krance aux marchands en gros, aux débitants et aux consom- mateurs. IMPOR- TANCE RÉELLE du commerce. EXPÉ- DITION de négociant h négociant dans le département. TOTAL du MOUVEMENT.
- 18(51-1862.. 3o,355,agi hectolitres. a5a,i21 38 hectolitres. Il hectolitres. 6,90/1,916 2,592,870 bouteilles. 9i/l97>79° bouteilles. 3,977,886 bouteilles. i3,475,676
- g 18(32-1863.. a8,o 13,189 933,555 61 II Il 7,987,836 2,767,371 10,705,207 4,3i6,2.4g i5,02i,456
- 1 1863-186/1.. 28,566,976 237,205 99 II II 9,851,138 2,93/1,996 12,786,104 5,685,484 18,471,618
- 186A-1865.. 33,998,672 277,251 85 II II g,ioi,55i 2,801,626 11,903,067 5,429,663 17,339,73°
- 1865-1866.. 35,i 7.5,529 38/1,795 77 II 10./113,555 2,782,777 i3,ig6,i32 4,7/12,761 ‘7i938>793
- 1866-1867.. 37,608,716 3i3,5o5 5g II 10,283,886 3,218,353 13,502,229 7,675,430 21,077,669
- 1867-1868.. 37,969,219 399,755 03 II II 10.876,585 9,92/1,968 13,8oo,853 6,077,752 19,878,605
- 1868-1869,. 3a,5go.88i 270,7.67 35 II 12,810,1g5 3,i 05,596 15, g j 4,690 6,462,83g 22,377,529
- 1869-1870.. 39,272,562 327,271 35 H II 13,858,83g 3,628,561 17,487,300 7,870,964 95,358,264
- 1870-1871.. 09,98/1,00.3 333,201 00 II II 7,555,323 1,631,9 A1 9,178,264 3,209,489 12,387,753
- 1871-1872.. 50,099,2/13 335,1C0 36 II 17,001,12/1 3,367,537 20,368,661 1 1,522,665 3i ,891,326
- 1872-1873.. 55,329,5go 377,7/15 g5 II n 18,917,779 3,565,o5g 22,38i,838 io,38i ,07g 32,762,917
- 1873-187/1.. 56,573,975 3g3,G55 61 II II iS,i°G,3io aii91i759 20,598.06g 12,545,076 33,143,145
- 187/.-1875.. 03,733,675 53g,558 23 II 15,318,3/15 3,517,182 18,835,527 8,709,809 27,5g5,336
- 1875-1876.. 65,658,767 538,825 35 II 16,705,719 2,539,762 19,14 5,4 81 7,458,562 26,604,043
- 1876-1877.. 71,398,726 ôg/i.ggo 19 n II 15,882,96/1 3,127,9g1 19,010,955 7,71/1,84/1 26,725,799
- 1877-1878.. 7o,iS3,863 585.865 99 « II 15,71 i,65i 2,550,983 18,162,63/1 9,515,123 a7>677r757
- 1878-1879.. 65,813,195 5/17,55/1 55 II II 15,85 5,i8i 2,5g6,356 17,4/10,537 7,4°3,7t>7 24,844,942
- 1879-1880.. 68,55o,668 571,178 60 II II i6.5a/i,5g3 2,666,561 i9,i9|,i54 11,518,33g 3oi7"9d'93
- 1880-1881.. 55,5o5.g65 555,2*16 58 II .1 18,220,980 2,399,994 20,620,90/1 12,332,527 S2,g53,43i
- 1881-1882.. 00,071 ,g33 517,267 29 II II 17,671,366 3,190.869 20,862,235 9,09/1,285 29,906,52°
- 1882-1883. 57,5i1,a 5 5 578,677 62 U II 17,652,821 2,869,231 20,5l9,o52 9^96,951 3o,oog,oo3
- 1883-1884.. 57,089,627 57.5,7/17 3i 11 II 18,206,956 2,676,578 20,889,534 5,601,778 26,484,3i2
- 1885-1885.. 62,268,955 506,262 65 II 18,189,256 2,822,601 21,011,854 4,706,496 26,718,283
- 1885-1886.. 83,366,953 666,g5i 3o 11 II i5,g23,5go 2,752,184 171675,67/1 3,22/1,738 20,900,412
- 1886-1887.. 82,935,678 663,5o5 79 11 II 16,922,903 2,861,971 19,084,87/1 3,3i6,i44 22,401,018
- 1887-1888.. 75,218,07/1 601,755 80 3°i ,57/1 26 903,219 o5 17,257,685 3,076,63g 20,334,324 4,986,65/1 26,320,978
- 1888-1889.. 75,576,239 Go5,585 85 3193,616 6 798,202 5o 18,90/1,569 3,653,615 22,558,o84 7,116,97° 26,676,05/1
- 1889-1890.. 63,769,719 510,373 70 566,232 25 826,606 00 ig,i58,389 1,176,189 23,324,571 4,759,55/1 28,08/1,125
- 1890-1891.. 60,273,990 /182,191 97 399,852 62 882,o55 5g 21,699 111 4,077,083 25,776,194 8,386,57i 34,162,765
- 1891-1892.. 69,218,56/1 553,7/17 61 398,817 37 952,565 96 19,685,115 4,558,881 24,243,996 18,375,201 37'3l9’197
- 1892-1893.. 65.683,077 525,665 78 577,907 75 1,002,572,53 16,600,678 4,487,535 21,088,213 5,333,32.3 26,41)1,536
- 1893-1895.. 86,771,99/1 69/1,175 g5 66i,355 70 i,355,52o 65 17,359,3/19 4,876,518 22,2.35,867 4,011,597 26,2/17,46/1
- 1895-1895.. 108,581,393 868,2 51 12 02/1,789 32 1,293,05° 55 16,129,37/1 4,908,281 21 ,o37,655 3,4o9,2g3 2/i,43g,g48
- 1895-1896.. 109,320,77/1 875,565 81 89/1,555 27 1,96g,021 08 17,966,850 6,o65,845 9/i,o39,685 3,612,981 27,645,666
- 1896-1897.. 111,181,681 889,553 55 361,282 °5 1,250,735 58 22,155,798 6,2o4,i i5 28,359,913 4,290,926 3a,65o,838
- 1897-1898.. ioi,65i,636 113,133 °8 3/17,87/1 73 1,161,007 31 21,697,188 5,690,599 27,387,787 11,039,367 38,4 27,13 A
- 1898-1899.. 106,571,755 3.61,775 o3 513,°53 58 1,26/1,827 61 20,987,897 8,370,570 29,358,467 8,039,029 37>397>996
- 1899-1900.. 99,019,659 792,167 26 383,33o,75 1,175,588,00 21,773,513 6,680,923 28,454,436 7,029,618 33,483,g54
- 1900-1901.. 100,6/10,967 805,127 72 576,075 55 1,281,202,97 20,628,261 7,426,794 28,o55,o45 6,672,208 34,797,253
- La Chambre de commerce de Reims et d’Épernay fait suivre ce relevé des réflexions suivantes :
- Le mouvement des vins de Champagne pour l’an 1900-1901 n’est pas aussi satisfaisant qu’on l’espérait; le nombre des bouteilles envoyées à l’étranger a faibli de 1,145,262, ce qui est assez appréciable. Ce résultat donne raison à uu certain nombre de négociants qui trouvent que la consommation chez nos voisins d’outre-Manche, qui sont nos principaux clients, s’est ralentie et qu’elle tend à l’ester stationnaire durant un certain temps encore.
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- La guerre du Transvaal n’est pas étrangère à cet état de choses.
- Les expéditions de bouteilles en France ont augmenté de près de 800,000. En revanche, les expéditions de négociant à négociant, dans le département, ont baissé de 1 million et demi de bouteilles , ce qui annonce un état stationnaire.
- Du reste, le stock de bouteilles existant n’a pas sensiblement augmenté, et, si l’on considère qu’en matière commerciale rester stationnaire équivaut à un recul, nous ne sommes pas en ce moment en progrès.
- 11 est vrai que les droits de douane sont excessifs partout, et il appartient à nos gouvernants de faire cesser cet état de choses quand ils en trouveront l’occasion, ce qui, nous l’espérons, ne pourra tarder beaucoup.
- On voit néanmoins que la vente peut s’effectuer sur une large échelle, et elle ne manquera pas de se développer, pensons-nous, malgré les imitations et les fraudes qui se commettent dans tous les pays. A cet égard, le Syndicat des négociants en vins de Champagne fait des efforts, souvent couronnés de succès, pour défendre partout la marque champenoise.
- Pendant longtemps, en France, on a préféré les champagnes doux; puis la mode s’est tournée, comme en Angleterre, en Allemagne, en Russie, vers les champagnes secs dry et extra-dry; on a fait aussi des champagnes bruts. On estimait qu’ainsi on pouvait mieux apprécier la qualité du vin, le sucre pouvant masquer certains défauts. Aujourd’hui, une légère réaction semble se faire. La mode parait être maintenant pour le champagne demi-sec ou demi-doux.
- Un pavillon intéressant, placé en dehors de la Galerie des Machines, face à l’Ecole militaire, était celui de la maison E. Mercier et C,c. Dans le sous-sol et au rez-de-chaussée, grâce à des dioramas très artistiquement disposés, on put assister à la préparation du vin de Champagne et à toutes les manipulations qu’il doit subir pour arriver à l’état parfait au consommateur. A l’étage supérieur auquel on avait accès par un escalier, se trouvait un bar où il était possible d’apprécier les excellents produits de la maison sparnacienne si connue.
- Une mention spéciale doit être faite ici pour la Cooperative vinicole champenoise et la Société agricole et viticole de Coürdemanges, qui ont montré des produits bruis et champagnisés bien appréciés.
- Les vignes de Coürdemanges sont situées sur la rive gauche de la Marne, à 3 kilomètres environ de cette rivière et à 7 kilomètres de Vitry-le-François. Elles se trouvent sur deux versants d’une colline, plantées en un sol calcaire. C’est le commencement de la Champagne au sortir du Perthois. Le cépage appelé le Puiseau-Blanc fournit un vin ressemblant beaucoup aux produits célèbres de la Champagne, et tous les ans les vignerons en vendent une grande quantité à des acheteurs des grandes maisons champenoises. Il est sucré et pétille. Dans la contrée, il est fort recherché.
- En raison de la collectivité organisée par le Syndicat des vins de Champagne, collectivité qui ne comptait que pour une unité, le nombre des exposants a été peu impor-
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- tant : il ne s’est élevé qu’à 35, ayant soumis 186 types. Le département de la Marne a obtenu 1 grand prix, 3 médailles d’or, 8 d’argent, 9 de bronze et k mentions honorables.
- Le département de l’Aube est classé sous le titre « Champagne 11 ; il nous paraît plutôt appartenir à la Basse-Bourgogne, surtout avec les vins des Riceys, qui sont des vins rouges dans le genre de ceux de l’Yonne, vifs et agréables de goût. Du reste, ce département n’avait à l’Exposition que deux concurrents.
- 3° RÉGION. — ARDENNES, HAUTE-SAONE, HAUTE-MARNE ET MEURTHE-ET-MOSELLE.
- Dans la troisième région figurent les départements des Ardennes, de la Haute-Marne, de la Haute-Saône et de la Meurthe-et-Moselle. Ils ne sont représentés chacun que par un seul exposant ayant envoyé quelques produits légers, vins blancs, vins rosés et des eaux-de-vie de marc, en tout une quinzaine de types auxquels ont été décernés une médaille d’argent, une de bronze et une mention honorable.
- Aucune société viticole, aucun comice n’a cru possible de concourir; cependant, il y a dans ces régions de petits vins ordinaires qui ne manquent pas d’intérêt. Ainsi, la Meurthe-et-Moselle a des produits légers, fort agréables, récoltés aux environs de Toul, et on en rencontre aussi dans la Haute-Saône et la Haute-Marne qui ont encore une certaine finesse. Ces régions se sont cependant à peu près abstenues.
- 4e RÉGION. — BOURGOGNE.
- La Bourgogne, qui est placée dans la quatrième région, a eu une exposition des plus complètes et, comme bien on pense, des plus remarquables. L’union des Chambres de commerce, des comités d’agriculture et de viticulture, des sociétés vigneronnes, des syndicats vinicoles et viticoles des départements de la Côte-d’or, du Rhône, de Saône-et-Loire et de l’Yonne a permis de composer un ensemble merveilleux à tous égards. Les vins les plus fins, dont s’enorgueillit, ajuste titre, notre pays, étaient représentés dans cette incomparable collection par des types d’années différentes : quelques vieilles bouteilles, ayant vingt-cinq, trente et quarante ans d’âge, ont montré ce que deviennent ces produits, robustes et bien constitués, lorsqu’ils sont conservés avec le soin qui convient.
- Le Jury international a pu admirer, dans tout leur développement, les Romanée-Conti, Chambertin, la Tache, Clos-Vougeot, Saint-Georges, Vosnes, Richebourg, Nuits, Chambolle, Musigny, Premeau, Morev, etc., de la côte de Nuits; les Corton, Pommard, Volnay, Beaune, Chassagne, Savigny, de la côte de Beaune, etc., qui ont pour caractère une extrême finesse et un goût délicieux. Ils réunissent toutes les qualités constituant les vins parfaits ; on y trouve en même temps du corps, du moelleux, de la vigueur
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- et de la sève, du bouquet, de la force alcoolique, enfin une couleur rubis qui ravit les yeux.
- Indépendamment de ces grands vins, on a admiré quantité d’autres excellents produits de ces mêmes régions et cpii constituent une belle série de deuxièmes crus. Ces territoires ou « climats » fournissent, on le sait, après les vins fins, des «grands ordinaires n et des «bons ordinaires» qui sont fort appréciés.
- Les vins de troisième et quatrième classes qui composent les produits « ordinaires » ont montré une échelle bien variée. Les passe-tout-grain, corsés et bien constitués, sans avoir la distinction que produit le pineau seul, ont montré de bonnes qualités.
- Quelques produits bourguignons, trop fortement procédés, c’est-à—dire additionnés de sucre à la vendange, en vue d’augmenter le degré alcoolique et de hâter le vieillissement, ont paru parfois amers.
- Les vins blancs n’ont pas été inférieurs aux vins rouges. Le Puligny-Montrachet, le plus estimé, a du corps, de la finesse et une bonne force alcoolique; il a, de plus, une sève et un bouquet distingués. Les Meursault ont été fort prisés pour leur parfum et leur ampleur.
- Pour donner une idée complète du vignoble bourguignon, nous ne saurions mieux faire que d’emprunter les détails suivants à l’étude sur le Vin de Bourgogne, coordonnée par M. A. Savot, président du Syndicat viticole de la Côte dijonnaise :
- La Bourgogne est un des plus beaux fleurons de la couronne vinicole de France.
- Ses vins ont une renommée aussi ancienne qu’universelle.
- Tout porte à croire que, bien avant la conquête romaine, ses coteaux avaient déjà leur parure de pampres verdoyants.
- Ainsi, Jules César, qui avait établi son quartier général dans la petite ville d’Anse et qui chaque jour était harcelé par nos ancêtres, déclarait que c’était au vin qu’ils devaient leur force de résistance et leur caractère indomptable.
- La prospérité de la culture de la vigne dans nos contrées ne tarda pas à exciter la jalousie des vainqueurs. En l’an q6 de notre ère, l’empereur Domitien, pour débarrasser les vins italiens d’une concurrence gênante, atteignit d’un coup le comble du protectionisme en ordonnant d’arracher les vignes des Gaules.
- Mais deux siècles après, avec l’empereur Probus (281), la prospérité viticole renaît.
- Dès le ive siècle, Eumène, dans son éloquent discours à Constantin, vante les mérites des vins de nos contrées.
- Dès le vi° siècle, Grégoire de Tours raconte «qu’à l’occident de Dijon sont des montagnes fertiles qui fournissent aux habitants du vin aussi noble que le falerne».
- Puis, les rois, les ducs de Bourgogne, fiers de leurs clos de Chenôve-lès-Dijon, de Vosne, de Pommard, de Volnay, s’intitulent: «Seigneurs immédiats des meilleurs vins de la chrétienté, à cause de leur bon pays de Bourgogne, plus famé et renommé que tout autre où croît le vin».
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- Et les rois d’Europe s’inclinent devant cette royauté en appelant le duc de Bourgogne « le prince des bons vins» (1 2 34).
- Et le bourgogne devient la boisson des rois. C’est ce que, au temps du bon Froissard, disait du vin d’Auxerre une chanson que chantait le roi Louis XI, qui cependant ne chantait guère.
- La cérémonie du sacre de nos rois ne pouvait se faire à Reims sans vin de Bour-gogne.
- Louis XIV, qui aimait tout ce qui est grand, devait aimer le vin de Bourgogne. On raconte qu’un dimanche de l’année 1GG0, pendant la messe de la Cour, dans la chapelle de Versailles, alors que tout le monde était à genoux, les yeux du roi aperçurent un homme qui dépassait de la tête et des épaules tous les assistants. Croyant qu’il était resté debout, Louis XIV envoya un de ses officiers pour le rappeler aux convenances; mais enquête faite, on lui assura que l’homme était agenouillé. Curieux de voir de près ce géant, à l’issue de la cérémonie, il se le lit amener et le questionna. C’était un vigneron maçonnais, Claude Brosse, venu de sa province avec un char traîné par deux bœufs et chargé de vin bourguignon qu’il voulait présenter à la Cour. Le roi dégusta le maçon, l’apprécia, et Claude Brosse devint le fournisseur de sa Majesté le Roi-Soleil.
- Louis XIV, dans l’arrêt de son conseil de 1G62, fait le plus grand éloge des vins de Beaune. La Faculté de Médecine de Paris l’appuie et déclare, en 1685, que «le vin de Beaunc est de tous les vins le plus agréable et le plus salutaire». C’est encore aux vins de Bourgogne qu’en 1 G80, Fagon, l’illustre médecin du roi, donne la préférence et le pas sur le vin de Champagne, pour rétablir les forces du roi, épuisées par une longue maladie.
- Qui ne sait que l’empereur Napoléon Ier mettait nos vins au premier rang et affectionnait, avant tout, le chambertin dont la force allait à sa force ?
- Dans toutes les cours étrangères, on retrouve les vins de Bourgogne : au xvnc siècle, on les boit à la table du roi de Pologne et à celle du roi de Perse.
- D’ailleurs, il n’y a pas que les rois qui les apprécient, ils font les délices des gens d’église, et au dire de Pétrarque (i3o8), les vins de Bourgogne ne sont pas étrangers à la persistance du schisme d’Avignon :
- «Si les cardinaux veulent rester au delà des monts, c’est qu’il n’y a pas de vin de Beaune en Italie, et qu’ils ne croient pas mener une vie heureuse sans cette liqueur; ils regardent ce vin comme un second élément et comme le nectar des dieux. »
- Les savants ne restent pas davantage insensibles aux charmes du bourgogne. C’est encore le vin de Beaune qui attire Erasme en France et le fait s’écrier:
- «Ô heureuse Bourgogne, qui mérite d’être appelée la mère des hommes, puisqu’elle leur fournit, de ses mamelles, un si bon lait !» (1622).
- Enfin, depuis la Révolution, le vin de Bourgogne s’est démocratisé; grâce aux facilités de communication, grâce aussi aux persévérants et intelligents efforts de puissantes maisons de commerce, son usage s’est partout répandu; en Belgique, en Angleterre, en Russie, en Amérique, dans toutes les parties du monde, on célèbre ses vertus.
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- Le vignoble de la Bourgogne comprend les vignobles de TYonne, de la Côte-d’Or, de la Côte chalonnaise, du Maçonnais et du Beaujolais.
- Vignobles de l’Yonne. — Le vignoble de TYonne compte environ â0,000 hectares de vignes, produisant en moyenne 600,000 hectolitres. La récolte, rendue assez irrégulière par suite des gelées printanières qui sont un des fléaux de cette contrée déjà un peu septentrionale, dépasse un million d’hectolitres dans les bonnes années, comme celles de 1852, 1862, 18 9 3, 1896.
- Jusqu’au xive siècle le département de TYonne a joui, au point de vue de la renommée et de la vente de ses vins, d’une situation absolument privilégiée.
- C’était le temps où les vignes étaient aux mains des nobles, des monastères, des abbayes et de quelques riches bourgeois, soucieux avant tout de la qualité et conservant avec un soin jaloux le vieux plan de Pinot qui donne « le breuvage de nobles et de chanoines n.
- C’était le temps où la cave destinée à recevoir ce précieux dépôt était construite avec les soins qu’on apporte à l’édification des palais et des temples.
- A Auxerre, à Joigny, à Tonnerre, on trouve encore en grand nombre ces caves superbes, à piliers de crypte,
- Voûtées comme une vieille église,
- dit notre populaire Nadaud, aujourd’hui témoins silencieux des splendeurs passées.
- C’était le temps où les riches récoltes, confiées aux attelages tintinabulants des rou-liers ou au cours lent de TYonne, descendaient à longues journées sur Paris; point de chemin de fer alors, point de canaux pour faciliter l’accès dans la capitale des vins du Midi.
- Et cependant malgré la concurrence créée par la prodigieuse évolution économique de notre époque, les vins de TYonne ont conservé leur marché de Paris. Et ils le méritent.
- Placé au point de jonction de trois grandes formations géologiques, le département de TYonne présente des terrains absolument différents dans leur composition :
- Au Sud, des terrains primitifs ou d’éruption, caractérisés par les granits et les gneiss de TAvalonnais;
- Dans la partie centrale, une large bande de terrain qui, prenant naissance au pied des Alpes, traverse le Jura, le Doubs, la Côte-d’Or, TYonne et la Nièvre; c’est sur ces formations jurassiques que sont assis les arrondissements de Tonnerre et d’Auxerre;
- Enfin, au Nord, le crétacé, large et puissant banc de craie, au sommet duquel le diluvium marin a déposé une couche d’argiles sableuses et sur lequel reposent les arrondissements de Joigny et de Sens.
- L’échelle des vins de TYonne se dresse de la façon suivante par ordre décroissant de qualité :
- i° Vins du jurassique ;
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- 2° Vins du crétacé ;
- 3° Vins des terrains granitiques.
- Comme vins rouges, en dehors des ordinaires qui sont légers, frais, fruités, l’Yonne produit de grands ordinaires, corsés, nerveux, d’une constitution solide, comme sont principalement ceux de Coulange-la-Vineuse et d’Irancy, et des grands vins qui ont fait la réputation de ce beau vignoble. On les trouve à Avallon, à Joigny, et surtout à Auxerre, à Tonnerre, à Epineuil. Ce sont des vins généreux, à titre alcoolique dépassant souvent î 2 degrés, doués d’une finesse particulière et d’un bouquet très relevé.
- Toutefois, c’est surtout avec ses vins blancs que l’Yonne triomphe. Ses blancs ordinaires, à saveur franche, relevée, secs et ne laissant jamais sur le palais l’impression de sucre non interverti, sont, avant tous autres, recherchés sur le marché parisien.
- Mais tout s’efface devant l’universelle renommée du chablis qui résume, dans l’Yonne, l’expression de grand vin blanc.
- C’est le type des grands vins blancs secs: dans cette classe, le second vin du monde après les inimitables meursault et montrachet. « Spiritueux sans que l’esprit se fasse sentir, dit J. Guyot, il a du corps, de la finesse et un parfum charmant, sa blancheur et sa limpidité sont remarquables. Il se distingue surtout par ses qualités hygiéniques et digestives, par l’excitation vive, bienveillante, et pleine de lucidité qu’il donne à l’intelligence. » Si l’odorat le hume avec complaisance, au passage, le palais le retient et le garde, tellement est variée la gamme de ses nuances. Il est étonnamment robuste, il peut faire le tour du monde, stationner dans les ports de glace ou faire escale dans une station torride sans aucune atteinte à sa merveilleuse solidité.
- Vignobles de la Côte-d’Or. — En Côte-d’Or, la vigne couvre environ 30,000 hectares, répartis dans les régions que l’on peut dénommer: la Côte, l’Arrière-Côte, la Plaine, le Val-de-Saône, l’Auxois et le Chàtillonnais.
- Ces cinq dernières régions produisent des vins ordinaires, rouges et blancs, qui ont de très sérieuses qualités: ils se distinguent par une grande franchise, un agréable fruité, une remarquable fraîcheur.
- Mais, pour réels qu’ils soient, ces mérites pâlissent, ils sont éclipsés par l’auréole de gloire qui entoure les grands vins de la «Côte», si bien que ces grands vins accaparent, absorbent totalement la pensée quand on veut parler des vins de la Côte-d’Or.
- Elle n’est pas longue cependant cette «Côte» qui a valu à la montagne qui l’abrite le fier nom de Côte-d’Or. Elle étend ses pentes sur une longueur de 60 kilomètres, avec une largeur moyenne de 500 mètres, ce qui donne une superficie de 3,ooo hectares, mais combien la qualité fait oublier la quantité.
- En tous temps et en tous lieux, l’analyse des savants, l’enthousiasme des gourmets, la lyre des poètes se sont essayés à préciser et à vanter les perfections des grands vins de la Côte-d’Or. Contentons-nous de dire avec le Dr Lavalle, un de leurs meilleurs biographes, que «à une couleur vermeille, une limpidité parfaite, une action bienfaisante sur les organes de la digestion, ils joignent une exquise finesse dans le bouquet,
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- une saveur à la fois chaude et délicate qui se prolonge quelques instants et laisse après elle une haleine douce et embaumée ». C’est la réunion de ce bouquet et de cette chaleur qui fait des vins de la Côte-d’Or les premiers vins du monde.
- La «Côte» qui les produit comprend les versants sud et sud-est des montagnes de la Côte-d’Or, entre Dijon au nord et Santenay au sud. C’est sur les coteaux de ces versants que s’étagent les grands vignobles. Aucun d’eux ne descend jusqu’à la hase des collines, aucun non plus ne s’élève jusqu’à leur sommet; leur hauteur absolue, au-dessus du niveau de la mer, varie entre 2Ô0 et 020 mètres. Ils sont donc merveilleusement placés pour être à l’abri des vents d’Ouest et recevoir les premiers rayons du soleil levant, d’autant plus qu’à leur pied s’étend une vaste plaine, d’une largeur de plus de 60 kilomètres, qui des derniers plis de la Côte-d’Or va jusqu’aux premiers contreforts du Jura.
- La «Côte77 se divise en trois parties: côte de Reaune sur l’oolithe supérieur et l’oxfordien; côte de Nuits sur l’oolithe inférieur et l’oolithe moyen ou grand oolithe; côte dijonnaise située dans le prolongement des deux premières.
- i° Côte dijonnaise. — La côte dijonnaise, formée essentiellement des vignobles des environs de Dijon, comprend par extension tous ceux du nord de l’arrondissement, c’est-à-dire en dehors des territoires de Dijon, Chenôve-Marsannay et Couchey, les communes de Fontaine, Talant, Ahuy, Daix, Gémeaux, Selongey, etc.
- Les vignes de Dijon et de ses environs directs, jouissant de la même exposition que les côtes de Nuits et de Beaune, ont produit pendant longtemps des vins très estimés. Les ducs de Bourgogne, puis les rois de France, eurent à Chenôve-lès-Dijon un domaine dont les produits avaient une haute réputation. Au xviT siècle, les vins de Dijon et de Chenôve étaient taxés à un prix supérieur à celui des meilleurs de Gevrey, et au siècle dernier Courtépée les considérait encore comme comparables à ceux de Nuits. Mais peu à peu on a préféré la quantité à la qualité, le déloyal Gamay, père des vins ordinaires, a détrôné le noble Pinot, ancêtre des grands vins. De nos jours cependant il y a une louable tendance à réintégrer l’antique cépage dans les bons climats des Marcs-d’Or, des Montrecul, des Violettes, du Chapitre.
- 20 Côte de Nuits. — La côte de Nuits commence àFixin et finit à Ladoix. Elle s’étend sur les territoires des communes de Fixin, Brochon, Gevrey-Chambertin, Morey, Cham-bolle-Musigny, Vougeot, Flagey-Echézeaux, Vosne-Romanée, Nuits-Saint-Georges, Premeaux, Prissey, Comblanchien, Corgoloin, Serrigny.
- Devant quelques-uns de ces noms connus du monde entier, comment ne pas s’incliner, se recueillir!
- Ils sont nombreux les joyaux de cette couronne, c’est-à-dire les crus de cette contrée privilégiée, et chacun d’eux mériterait une mention et un examen spécial. Contentons-nous d’en saluer quelques-uns au passage, au risque d’oublis regrettables et sans désir de classification, parfois délicate.
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- Saluons :
- A Fixin : le clos cle la Perrière, le Chapitre, les Arvelets;
- A Brochon : le Crais Billon ;
- A Gevrey (et ici pour aller jusqu’au Sud de Nuits, nous entrons dans une mine de purs diamants) : le Chambertin et le clos de Bèze, devant lesquels il faut s’incliner bien bas, les Charmes, les Mazis, le clos Saint-Jacques;
- A Morey : le clos de Tart, les Bonnes-Mares, les Lambrays;
- A Chambolle : les Bonnes-Mares, les Amoureuses, les Musigny auxquels certains décernent le premier rang;
- A Vougeot : l’illustre clos des Cisterciens, auquel, comme le colonel de l’Empire, en marche vers le Rhin, nous devons présenter les armes, non pas que son vin soit supérieur à certains autres, mais parce que son nom pour beaucoup et surtout à l’étranger symbolise le bourgogne. Honneur qu’il doit à son antique origine, à la constante et merveilleuse tenue de son vignoble et surtout à son étendue; dans un pays où la propriété atteint et dépasse le prix de y0,000 francs l’hectare et par suite est très morcelée, les 50 hectares du clos Vougeot représentent un immense domaine;
- A Flagey : les Grands Echézeaux;
- A Vosne (riche entre les riches) : les Malconsorts, la Tâche, les Richebourg, la Ro-manée-Saint-Vivant, la Romanée-Conti qui partage avec le diamant le privilège d’être rare ;
- A Nuits : les Vaucrains, le fameux Saint-Georges;
- A Premeaux : les Corvées, lesForests.
- 3° Côte de Beaune — La côte nuitonne est noblement continuée par la côte beau-noise qui associe ses noms glorieux à ceux que nous venons de rappeler.
- Elle comprend les communes d’Aloxe-Corton, Pernand, Savigny, Beaune, Pommard, Volnay, Monthelie, Auxey, Meursault, Puligny, Chassagne, Santenay.
- On y remarque entre cent autres crus :
- A Aloxe : le Charlemagne, le Corton, si plein de corps, de chaleur et de finesse;
- A Savigny : les Vergelesses, les Marconnet.
- Quant à Beaune, l’étendue de son magnifique vignoble le classe au premier rang des communes viticoles de la Cote-d’Or; ses multiples climats de grands vins se réunissent dans un nom qui dit tout : Beaune irc.
- De même, les noms de Pommard, de Volnay synthéthisent un ensemble de crus de premier ordre, exquis parleur finesse, leur pureté de goût et de bouquet, qui justifient ce vieux proverbe :
- Et sine Volnæo gaudia nulla mero.
- Ensuite vient Meursault qui a le privilège de cumuler, par ses Santenots, les grands vins rouges avec les grands vins blancs des Perrières, des Charmes, de la Goutte-d’Or.
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- Et puis éclate, comme le bouquet final d’un feu d’artifice, le nom de Montrachet, le premier des vins blancs du monde, cette merveille qui atteint la divine perfection.
- Enfin dernière fusée, et pour graduer la descente comme la côte dijonnaise et le commencement de la côte de Nuits avaient gradué l’ascension, nous trouvons le riant vignoble de Santenay, aux crus féconds, parmi lesquels le clos Tavanne, les Gravièreset les Brussanes.
- Vignobles de la Côte chalonnaise. — Il est des hauteurs auxquelles on ne peut se tenir sans vertige. Avec la Côte chalonnaise, nous descendons un degré, en restant toutefois à un rang plus qu’honorable.
- Prolongement naturel de la Côte-d’Or, dont elle reproduit les principales formations géologiques et dont elle emprunte les cépages, la Côte chalonnaise mériterait, par sa vieille réputation et l’abondance de ses produits, le surnom de côte d’argent.
- De Chagny à Saint-Gengoux, de la Dheune à la Grosne, elle s’étend formée d’une série de collines présentant selon le sol, les cépages et l’exposition des crus de valeur très variée. Cette chaîne est coupée de vallées qui conduisent à d’autres petites côtes, ou arrières-côtes, moins bien orientées sans doute que celles du premier plan, mais souvent plus fraîches, plus fertiles et donnant avec le cépage de Camay des rendements fabuleux.
- Le premier étage de collines constitué par le corallien, le callovien et l’oxfordien, couronné çà et là par le calcaire à entroque, porte des plants fins; l’arrière-côte et la plaine, assises sur le lias* finfra-lias, les marnes irisées, parfois aussi l’argile à silex, sont consacrées aux cépage grossiers et fertiles.
- Comme dans l’Yonne, comme en Côte-d’Or, on trouve dans la Côte chalonnaise des vins rouges et des vins blancs.
- En dehors des vins rouges ordinaires que de nombreuses communes, comme Chagny, Chaudenay, Saint-Denis-de-Vaux, Saint-Léger-sur-Dheune, Saint-Sernin-du-Plain, Sennecey-le-Grand, donnent en abondance, des vins plus délicats sont fournis par les territoires de certaines localités, comme Saint-Désert, Mellecey, Jambles, Aluze, Buxy, Cheilly; puis viennent des vins qui méritent le nom de premiers crus et soutiennent sans trop de désavantage la comparaison avec les grandes cuvées moyennes de la Côte-d’Or.
- Ces bons vins se trouvent : à Dezize qui, d’ailleurs œnologiquement, sinon administrativement, se rattache à la côte de Beaune, et dont les meilleurs climats sont les Ma-ranges, le clos Domelle, le clos Linon, les Boutières.
- A Givry, où on remarque le Cellier aux Moines, le clos Saint-Pierre, le clos Saint-Paul, le clos Salomon,
- Et surtout à Mercurey, cru composé du vignoble des deux communes de Mercurey et de Bourgneuf-Val-d’Or. Le mercurey n’a pas l’ampleur, le corps, la mâche des grands vins de la Côte-d’Or, il est plus léger; mais il possède une finesse exquise et un bouquet particulier qui a le précieux avantage de se développer rapidement.
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- A Rully, certains climats en sols argilo-calcaires donnent des vins rouges pouvant rivaliser avec ceux de Mercurey. Mais ce qui a fait la réputation de Rully et la maintiendra, ce sont ses vins blancs, pleins de feu et de bouquet, dont, en 1629, les Chalonnais offrirent à Louis XIII vingt-deux feuillettes prises dans la cave du baron de Rully.
- Vignoble du Maçonnais. — Comme la Côte chalonnaise à laquelle il fait suite, le vignoble du Maçonnais s’étend du Nord au Sud sur une longueur de ho kilomètres et sur une largeur de 25 à 3o kilomètres, dans une région limitée à l’Est par la Saône, et à l’Ouest par les derniers contreforts des Cévennes. Cette portion du vignoble, sensiblement plus accidentée que la précédente, est en grande partie à flanc de coteau.
- Abrité ainsi contre les vents d’Ouest, face à l’Orient et exposée tout le jour aux chauds rayons du soleil, elle est dans les meilleures conditions pour mûrir ses raisins et donner d’excellents vins.
- Ce beau vignoble compte environ h0,000 hectares dont la production moyenne de 800,000 hectolitres s’élève bien au delà dans les bonnes années, comme en 18y6 où elle a atteint le double.
- Ee Maçonnais se subdivise en Haut-Mâconnais, région des vins ordinaires, située au Nord et Nord-Ouest dans les environs de Tournus et de Cluny, et en Maçonnais proprement dit, comprenant tous les vignobles situés dans les environs mêmes de Mâcon; c’est la région des grands ordinaires rouges et des meilleurs vins blancs.
- La caractéristique des vins blancs du Maçonnais est d’être des vins secs. Les ordinaires sont verts, fruités et des plus agréables pour la consommation journalière.
- On les rencontre à Chardonnay, Viré, Saint-Martin-Belle-Roche, Sancé.
- Les grands crus sont remarquables par leur bouquet, leur richesse alcoolique et méritent d’être classés parmi les plus grands vins blancs de la Bourgogne. Les meilleurs sont ceux deFuissé, Solutré, Vergisson, Chaintré, Vinzelles et surtout Pouilly, digne émule des montracliets, des meursaults et des plus lins chablis.
- Les vins rouges, bons ordinaires, sont pleins de sève et de goût séduisant; la fermeté qu’ils ont au début et qui est une garantie de bonne conservation s’atténue au bout de la première année et leur donne ce grain particulier qui rend leur consommation si agréable et les fait universellement apprécier. Ce sont les vins de table par excellence, et ils ont depuis longtemps l’honneur de donner ce nom générique de maçon à tout le bourgogne qu’on boit ou qu’011 est censé boire à Paris.
- D’Ucliizy à la Chapelle-de-Guinchay et à Romanèche-Thorins, nombre de communes donnent en quantité ces excellents produits, tous issus de Gamays soigneusement sélectionnés et cultivés dans des terrains à base de calcaire qui conviennent parfaitement à ce cépage.
- Parmi ces localités, Hurigny, Gharnay, Saint-Jean-le-Priche et son clos des Teppes, Sennecé, Saint-Sorlin, Azé, Frissé méritent une mention toute spéciale.
- Quant aux grands vins, ils se récoltent surtout dans le Sud du Maçonnais, vers la Gii. X. — Ci.. 60. 1 1
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- limite du Beaujolais. Le hameau de Thorins, à cheval sur le Beaujolais et le Maçonnais, pourrait suflire avec son Moulin-à-Vent à la gloire des deux vignobles. Le grand maçon est ainsi un intermédiaire entre le bourgogne, dont il a la chaleur et la spirituosité, et et le beaujolais, auquel nous arrivons, et dont il a la légèreté, la douceur, la saveur line et la couleur vermeille.
- Les vins du Maçonnais sont, en général, de bonnes conservation. Ils supportent les plus longs voyages. Leur richesse en tanin leur donne beaucoup de corps, et le vigneron, qui est l’associé du propriétaire dans toute cette région comme dans le Beaujolais, apporte un soin particulier à la culture aussi bien qu’à la vinification.
- Le vignoble maçonnais qui avait été complètement détruit par le phylloxéra peut être considéré aujourd’hui comme entièrement reconstitué, et a i,5oo,ooo hectolitres, sa puissance de production ne saurait être considérée comme exagérée.
- Vignoble du Beaujolais. — Le Beaujolais, qui doit son nom à la vieille maison des sires de Beaujeu dont il était l’apanage, a pour capitale Villefranche-sur-Saône (Rhône). Belleville, Beaujeu, Anse en sont les centres importants.
- Limité au levant par la Saône, il s’étage sur ses bords en une infinité de coteaux qui, s’élevant graduellement, forment, sur une surface de 45 kilomètres de longueur et a5 kilomètres de largeur, la plus jolie chaîne de montagnes, les plus frais, les plus ravissants paysages qu’on puisse imaginer.
- Le sol est riche et semble composé à merveille pour favoriser la végétation de la vigne, elle couvre 4o,ooo hectares de ces magnifiques coteaux où elle s’étale luxuriante et robuste, en rangs pressés, disciplinés et contenus par la main intelligente et active du vigneron beaujolais.
- Féconde, elle paie les durs labeurs quelle impose par une production qui a été de î million d’hectolitres pendant ces cinq dernières années, et qui va monter à î million et demi, maintenant que le vignoble, entièrement reconstitué, est en plein rapport.
- Quelle puise sa vie dans le sol granitique et schisteux, imprégné d’oxyde de fer, qui forme en partie le Haut-Beaujolais, ou dans les terrains calcaires du Bas-Beaujolais, ses vins ont toujours un bouquet particulier, un caractère de distinction remarquable, une constitution qui les rend toniques, digestifs et leur permet de voyager sous toutes les latitudes.
- Les grands vins du Beaujolais peuvent se classer ainsi :
- Vins fins, tendres et précoces représentés par les Thorins, Fleurie, Cliénas, Sainl-Etienne-la-Varenne.
- Vins fins, corsés et de plus longue durée, tels sont les Brouilly, Morgon, Juliénas, Lachassagne.
- Plusieurs caractères spéciaux distinguent le Beaujolais des autres vignobles de la Bourgogne :
- i° Tandis que presque partout ailleurs les bons vins sont fournis par des sols abondamment pourvus de calcaires, ici la majeure partie des grands crus repose sur une
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- roche de granit presque pur et clans un sol dont la chaux est presque totalement absente ;
- 2° Autre part, c’est exclusivement le Pinot qui donne les grands vins; ici, le Pinot rouge est inconnu, et c’est au Gamay seul qu’on doit les vins dont le bouquet approche de celui des grandes cuvées de la Côte-d’Or;
- 3° A côté des vins rouges et blancs, le Beaujolais a une heureuse spécialité, ce sont les vins gris qui, obtenus par une très courte fermentation en cuve, prennent en vieillissant une belle teinte à reflets dorés et sont d’une légèreté, d’une délicatesse exquises ;
- l\° La culture par vigneronnage qui, dans les autres régions de la Bourgogne, sauf en Maçonnais, est une exception, est ici la règle. Le principe de l’association du capital et de la main-d’œuvre y est appliqué depuis des siècles. Le propriétaire fournit le sol, le vigneron fournit le travail, et les fruits sont exactement partagés en nature au moment de la récolte.
- L’application de ce principe, adopté par le Maçonnais et par le Beaujolais, produit les plus heureux résultats. Elle a été le levier de cette œuvre gigantesque de la reconstitution si rapidement et si vaillamment opérée dans ces deux régions. Elle attache le travailleur au sol, en sorte que, dans cet heureux pays, elles ne sont pas rares les familles de vignerons qui cultivent la même terre de père en fils depuis plus d’un siècle.
- De cette trop rapide excursion à travers les vignobles de la Bourgogne, il résulte que cette province fournit la plus riche variété des vins qu’on puisse imaginer.
- Deux catégories : vins rouges et vins blancs ;
- Et dans chacune d’elles : vins ordinaires, grands ordinaires, grands vins.
- Si on ajoute que les marcs, c’est-à-dire le résidu de la grappe, distillés avec des soins de plus en plus minutieux, avec des appareils de plus en plus perfectionnés, donnent une eau-de-vie dont la finesse, le moelleux, l’arome particulier séduisent les amateurs de plus en plus nombreux, on verra que la Bourgogne est assez riche pour procurer à elle seule tous les liquides qu’on est en droit de demander à une table bien servie.^
- Ordinaires, tous légers à souhait, blancs, roses ou rouges, suivant les goûts de chacun, et selon que l’on sacrifie plus ou moins à la mode de la médecine contemporaine; des vins de rôti généreux; des vins fins aux nuances les plus variées, finesse extrême, ample velouté, enivrant arôme; puis une coupe de bourgogne ou de beaujolais mousseux, fait avec ces grands vins dont il dilate les qualités en même temps qu’il dilate les cœurs; enfin, pour couronner le tout, un verre de vieux marc de Bourgogne, voilà ce que les Bourguignons ont chez eux et qu’ils peuvent fournir à tous les gourmets.
- D’où vient cette qualité supérieure et en même temps cette variété infinie dans les vins bourguignons? Il n’est peut-être pas sans intérêt de le faire connaître.
- Les soins culturaux d’abord n’y sont pas étrangers. Presque partout en Bourgogne ils sont extrêmes et en rapport avec les produits que donne la vigne; non ingrat, le Bourguignon aime sa vigne comme un père aime son enfant. Si par hasard il y a quel-
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- que négligence clans ces soins; si, d’autre part, on cherche par une taille plus généreuse, par l’apport d’engrais trop abondant, ou mal approprié, à augmenter la quantité, la qualité immédiatement s’en ressent.
- Egalement, l’exposition du vignoble joue un rôle important. Les coteaux bourguignons, heureusement placés sous un climat tempéré, à l’abri des chaleurs torrides du Midi comme des intempéries des contrées plus septentrionales, jouissant en général d’une exposition Sud-Est qui concentre sur le raisin tous les rayons bienfaisants du soleil, favorisés enfin de magnifiques automnes qui enveloppent le grain d’une bonne chaleur humide, en même temps qu’ils fournissent les conditions les plus favorables d’une excellente vinification, les coteaux bourguignons, disons-nous, se trouvent dans la meilleure situation que peut souhaiter l’œnologue. Si la vigne descend dans la plaine ou si elle escalade la montagne, immédiatement la qualité de son produit diminue.
- Puis il y a la nature du cépage. Des coteaux également bien exposés donneront des produits tout différents, suivant qu’on leur aura confié tel ou tel plant. A ce titre, les cépages de Bourgogne méritent au moins d’être cités ici, sinon d’être étudiés dans tous leurs détails ampélographiques.
- Dans les vins blancs, les grands crus sont obtenus par le Chardonnet, les grands ordinaires par Y Aligoté, les ordinaires par le Melon, auquel, dans l’Yonne surtout, s’adjoignent un certain nombre d’autres cépages secondaires.
- Pour les vins rouges, exception faite encore pour l’Yonne , où les variétés de plants sont nombreuses, les seuls cépages producteurs sont le Pinot et le Gamay. Avec le premier, la qualité, mais une infime quantité; avec le second, une qualité inférieure, mais une généreuse abondance. Entre ces deux cépages, la lutte s’est ouverte, lutte mémorable qui remonte au xmc siècle et pour l’issue de laquelle nos princes n’ont pas craint de jeter dans la balance le poids de leur autorité souveraine. En i 3q5, une ordonnance de Philippe le Hardi prescrivait dans tout le duché l’arrachage immédiat du «très mauvais et très déloyal?? Gamay qui tentait d’usurper la place du noble Pinot. Bien d’autres prescriptions semblables intervinrent pendant six siècles, et cependant le Gamay survécut à toutes les persécutions. Les extirpations ne se firent pas sans des résistances parfois violentes de la part du peuple et toujours furent suivies de replantations. La lutte ne cessa que quand la Révolution de 179a apporta au Gamay, comme à tout autre, la liberté et l’égalité légale , sinon naturelle, qui, pas plus là qu’ailleurs, n’existera jamais. Dès lors la fraternité régna entre les deux plants ennemis, et durant le cours du xix° siècle cette bonne harmonie ne fut jamais sérieusement rompue. C’est que l’un et l’autre ont leurs mérites divers : s’il faut à la table des rois et des riches des vins exquis, il faut au peuple une boisson agréable, fortifiante et saine, et la Bourgogne est fière de pouvoir fournir tous deux.
- A côté de l’exposition, de la nature du cépage, il y a encore un autre facteur du vin qui joue un rôle considérable. C’est la constitution du sol. Pour certains même, ce rôle serait prépondérant, et Polacci dit : «La place d’honneur, pour décider des qualités du vin, appartient au terrain et non au vignoble.» Des données de la science œnologique
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- moderne, il semble résulter que, dans le vin, l’alcool est du à la chaux, que la colora-ration est fille du fer, que le moelleux vient de l’alumine et que le bouquet est donné par la silice. Là nous trouvons l’explication de ce phénomène, au premier abord extraordinaire, que dans le Beaujolais les grands vins sont obtenus avec le Camay et non avec le Pinot, comme dans la Côte-d’Or. Les sols du Haut-Beaujolais sont dépourvus de calcaire et extrêmement riches en silice; au contraire, les terrains de la Côte-d’Or sont, en général, calcaires et, du moins ceux cpii sont consacrés au Gamay, assez pauvres en silice. Les vins du Beaujolais doivent donc avoir moins de feu que ceux de la Côte-d’Or; mais le Gamay doit y acquérir une finesse qu’il n’a nulle part ailleurs.
- Si on analyse les terrains qui produisent les grands vins de Bourgogne, on y rencontre en abondance — en dehors des qualités physiques du sol, couleur, légèreté, siccité, etc., si favorables à la vigne, •— tous les éléments chimiques qui sont la cause et la source des qualités du vin. Ces terrains constituent un sol-type, tel que la science eût pu l’établir artificiellement. Comment, dès lors, s’étonner que le vin qu’ils enfantent réunisse tous les éléments clc la perfection ?
- C’est forte de la conviction de cette perfection que la Bourgogne a saisi avec empressement l’occasion de l’Exposition universelle de ipoo pour faire une exposition collective de tous ses produits. Chambres de commerce, associations viticoles, propriétaires et vignerons se sont unis pour cette grande œuvre, et tous sont persuadés qu’en l’accomplissant, qu’en montrant au monde cette collection unique, non seulement ils manifestent leur filiale reconnaissance à leur vieille et illustre province, mais qu’ils méritent bien de la France, dont la Bourgogne a toujours été et restera une des grandes gloires viticoles.
- Dans une très intéressante étude sur les grands vins de Bourgogne, plus spécialement ceux de la Côte-d’Or, M. Josserand (maison Champy et C'e), un de nos collègues du Jury, s’exprime ainsi :
- Au cœur de la vaste province de Bourgogne se trouve le célèbre département de la Côte-d’Or, qui doit son nom à une chaîne de coteaux abrités contre le Nord-Ouest par des montagnes plus élevées.
- Cette chaîne, qui s’étend depuis Dijon jusqu’au Santenay, en passant par Nuits et Beaune, se déroule sur une longueur de plus de 60 kilomètres.
- C’est ce vaste panorama presque tout couvert de vignes fines qu’on appelle Côte-d’Or à cause de la richesse de ses produits.
- Beaune, centre vinicole le plus important de la province et siège du haut commerce bourguignon , commande l’arrondissement où se récolte la plus grande partie de ces vins célèbres connus sous le nom da garnis vins de Bourgogne.
- La vigne existe dans ce pays privilégié de temps immémorial, sans que l’on possède d’indices certains de son importation. D’après les documents de l’histoire, d’accord avec les données delà science, l’on est parfaitement autorisé à penser que la vigne bourguignonne est originaire du pays même.
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- Sa culture y était déjà fort importante en Gaule avant l’occupation romaine et, dès le icr siècle de Père chrétienne, elle atteignit un degré de perfectionnement tel que les pratiques alors en usage se sont perpétuées jusqu’à nos jours.
- Cependant, pour ce qui regarde la Côte-d’Or en particulier, elle doit aux monastères, véritables créateurs de ses grands vignobles, sa richesse incomparable et sa glorieuse réputation.
- Au vf siècle, Grégoire de Tours exalte le vin de Beaune et, — ce qui était hardi pour les préjugés de l’époque, — le pose en rival du fameux falerne, de si antique renommée.
- Il est à remarquer, en passant, que la célébrité des vins de l’arrondissement de Beaune a précédé de beaucoup celle des vins des autres parties de la Côte-d’Or.
- Mais voici un fait autrement curieux. Alors que le vin de Bourgogne n’était connu en France que d’un petit nombre de riches gourmets, les pays étrangers en étaient les admirateurs coutumiers et les principaux consommateurs.
- La réputation du bourgogne n’en est pas moins la plus ancienne des vins de France, et le bordeaux et le champagne ne sont entrés que péniblement à sa suite dans la consommation.
- Toutefois, son véritable triomphe date du règne de Louis XIV, alors que le « Grand Roi» faisait sa boisson favorite, — comme plus tard Napoléon Ier du chambertin, — du vin récolté par les moines de Saint-Vivant, lequel mérita de la part du célèbre Erasme les appellations enthousiastes de «rosée céleste» et «rosée de vie».
- Les caractères distinctifs du bourgogne sont connus, mais on ne sait pas assez ce qui en altère les qualités bienfaisantes.
- Ce vin qui se conserve si merveilleusement, pouvant atteindre à une vieillesse où tous les autres succombent, est celui de tous aussi qui se prête le moins aux mélanges et aux fraudes.
- Chaque cru de la Bourgogne, quand il est à son état naturel, possède son bouquet et sa saveur propres qui se développent au bout de trois ans environ.
- Alors il répondra à la définition si exacte qu’en a donnée un médecin œnologue, une autorité en matière vinicole, le savant docteur Jules Guyot, dont l’appréciation, corroborée par tant d’autres, terminera à souhait cette courte notice :
- Les vins de Bourgogne, écrit-il dans un de ses remarquables ouvrages, joignent à une belle couleur beaucoup de parfum et un goût délicieux : ils sont à la fois corsés, fins et délicats. Ils donnent du ton à l’estomac et facilitent la digestion. J’ajouterai qu’ils donnent la force du corps, la chaleur du cœur et la vivacité de l’esprit au plus haut degré. C’est en ces trois points que les grands vins de Bourgogne l’emportent de beaucoup sur les grands vins du Médoc.
- Nomenclature des principaux crus, avec appréciation. — Caractères distinctifs. — La classification des vins de Bourgogne, commencée par les moines, s’est maintenue à travers les âges sans presque subir de modifications, et les auteurs qui ont traité ce sujet, naturellement enclins à réformer plus ou moins, selon leur propre
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- goût, l’opinion consacrée ou les jugements de leurs devanciers, ne varient entre eux, malgré cela, que sur des points sans importance.
- Il s’est trouvé pourtant que l’opinion publique a eu exceptionnellement œuvre de justice à faire à l’égard de crus de premier ordre dont la renommée, au-dessous de leur mérite, fut longtemps éclipsée par des rivales plus tapageuses. C’est ainsi que, pour beaucoup de gens est comme sorti de l’ombre, il n’y a pas longtemps, le glorieux mu-signy qui, aujourd’hui, brille à sa vraie place à côté des romanées, des clos de Tart et des cbambertins.
- Le vignoble de la Côte-d’Or est divisé en une multitude de pièces de vigne portant chacune leur nom distinctif dont l’origine est des plus lointaines. C’est ce que l’on appelle des climats.
- Autant de climats, autant, on peut dire, de différences de qualités ou de nuances dans la valeur du produit.
- Le nom de cru est une dénomination tantôt individuelle, tantôt générique, désignant soit un climat isolé, soit un groupe de climats voisins et similaires, dont le type fortement caractérisé les différencie des autres d’une manière absolument tranchée.
- Il s’ensuit que certains climats ont l’honneur de porter seuls, en toute et exclusive propriété, un nom de cru, — comme le Musigny, le Clos de Tart, la Romanée-Conti, la Romanée-Saint-Vivant, le Clos-Vougeot, etc., — tandis que les crus de Pommard, de Reaune, de Savigny, de Chassagne, par exemple, comportent une grande quantité de climats inégaux en qualité et ayant quand même tous droits à la même dénomination qui les désigne en commun.
- Ainsi le cru de Reaune est multiple; les crus de Romanée-Conti, de Clos de Tart sont uniques. Il n’y a qu’un seul de ceux-ci, il y a une infinie variété de celui-là.
- De la sorte, le nom de cru est pour les uns une distinction possédée en commun, pour les autres une marque honorifique individuelle qu’ils détiennent en propre comme un privilège.
- Ainsi Ta voulu la tradition.
- Nous ferons remarquer toutefois que ces deux applications de cru et de climat sont très fréquemment et presque couramment confondues dans le langage.
- En ce qui touche plus spécialement la classification des grands vins de la Côte-d’Or, M. Josserand poursuit ainsi son intéressante étude :
- A Gevrey commence véritablement le bouquet caractéristique du grand vin de Bourgogne.
- Les crus de Gevrey sont très renommés pour leur franchise de goût, leur solidité et leur couleur. Le bouquet y est en général moins caractérisé que chez leurs rivaux, mais le chambcrtin n’en est pas moins un des trois ou quatre plus fameux crus bourguignons. Chacun de ceux-ci ayant son cachet particulier, le chambcrtin se distingue par le corps et la couleur.
- Les vins de Morey sont ceux de la Côte-d’Or qui possèdent la plus grande aptitude
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- à se conserver longtemps. Un peu plus durs peut-être en primeur que ceux de Gevrey, ils présentent les mêmes qualités avec plus de rondeur et un bouquet plus accentué.
- Le Clos de Tart est célèbre entre tous. C’est qu’il possède au plus haut degré toutes les qualités qui constituent le vin parfait : corps, couleur, bouquet, finesse. Par chacune de ces qualités, il se met de pair avec les plus grands crus, il en est comme la synthèse, car s’il a le corps robuste et la couleur brillante du chambertin, il joint au bouquet délicieux du musigny le velouté et l’exquise finesse de la romanée. . .
- Le vignoble de Chambolle est beaucoup moins productif que les précédents et surtout que son voisin de Morey, mais ses vins, très bouquetés et riches en éther, sont d’une délicatesse extrême. On sait déjà par les mentions qui en ont été faites précédemment ce qu’est, en particulier, son admirable musigny, une de nos gloires les plus éclatantes.
- Par la qualité de ses vins autant que par sa petite étendue, le vignoble de Vougeot occuperait un rang très secondaire sans le clos fameux qui porte son nom et l’a illustré.
- Le Clos Vougeot est le plus vaste de la Côte-d’Or, Outre l’imposante étendue de sa vigne, l’intéressante installation de ses pressoirs et de ses cuveries par les moines de Cîteaux lui marque une place originale parmi nos autres célébrités. Son vin se caractérise par un ensemble très complet des qualités maîtresses des grands crus. S’il le cède à celui-ci pour la finesse, à celui-là pour le bouquet, il est d’une délicatesse parfaite. Son trait distinctif n’est pas comme pour d’autres de ses rivaux dans un cachet spécial, une qualité prédominante, mais dans une séduisante harmonie.
- Le type des vins de Fiagey-Echézeaux se rapproche tellement de celui des vins de Vosne, que nous reportons le lecteur à l’appréciation ci-après, formulée sur l’ensemble de ces derniers.
- Le magnifique vignoble de A^osne est celui qui comporte le plus de noms fameux, parmi lesquels la Romanée brille d’un suprême éclat.
- Les crus de A^osne sont très soyeux et très moelleux, d’un bouquet élevé et d’une finesse incomparable.
- Le plus célèbre des crus de la Romanée est celui qui, au xvine siècle, prit le nom de Romanée-Conli, parce qu’il avait été acquis en 1760 par les princes de ce nom à une famille Croonembourg, qui le tenait depuis plusieurs siècles des moines de 'Saint-Vivant, ses créateurs. Le prince de Conti, pour s’en rendre acquéreur, dut déjouer auprès du propriétaire les intrigues de Mmc de Pompadour, qui convoitait pour elle-même ce cru si fameux.
- La réputation, à la cour de France d’abord, puis dans le monde entier, des vins de Romanée, date de la longue maladie que fit Louis XIV en 1 686 , et, de fait, rapportent les chroniques du temps : «La santé du Roi fut promptement rétablie. Le vin de la Romanée opère, sans contredit, les plus grandes merveilles.»
- Il a été dit très spirituellement de la Romanée que c’est à la fois «du velours et du satin en bouteille ».
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- A la suite de la Romanée-Conti et de la Romanée-Saint-Vivant, une mention spéciale est due à leur digne et noble voisin le Ricbebourg, dont le renom est également universel.
- Une grande spirituosité, de la finesse, un boucpiet un peu spécial, telle est la caractéristique des vins de Nuits. Moins fermes que ceux de Gevrey, ils ont plus de corps et de couleur que les Chambolle et ressemblent aux vins de Vosne, sans cependant prétendre approcher de la Romanée et du Richebourg.
- Le plus réputé des vins de Nuits, pour sa distinction et son charme particuliers, est le Saint-Georges. Ce cru occupe dans la Côte-d’Or une place si éminente, que la ville de Nuits a tenu à honneur de se parer de son nom en le joignant au sien.
- Les premiers crus de Premeaux peuvent aller de front avec les vins de Nuits. Un peu moins spiritueux, toutefois, et plus lents à se faire, mais acquérant à la longue beaucoup de finesse et un bouquet particulier.
- De Premeaux à Corgoloin la côte ne présente point de vins classés parmi les grands crus et, par conséquent, dignes d’être mentionnés ici. Us n’en sont pas moins fort recherchés par le commerce à cause de leur belle couleur, de leur fermeté et de leur richesse en tartre.
- Le caractère des grands vins réapparaît sur le territoire de la .commune de Corgoloin, dont les produits sont recommandables par leur corps, une certaine vinosité et une jolie robe.
- On leur accorde un rang honorable.
- Ladoix offre, par rapport aux autres communes, une production minime, mais qui n’est pas sans valeur. Elle se ressent un peu de son voisinage avec le corton.
- Le corton jouit d’une très légitime célébrité. Sa place est à côté de nos plus grands vins. Il n’en est pas, en effet, de plus ferme ni de plus franc. Il a du corps et de la chaleur. Supérieurement résistant, mais assez dur au début, il se transforme peu à peu, devient moelleux et prend une rondeur remarquable. On lui trouve une certaine analogie avec le chambertin. C’est le vin de toute la Rourgogne qui contient le plus de tanin.
- Tous les vins d’Aloxe participent plus ou moins de la nature de leur grand cru de Corton.
- Pernand, vignoble peu étendu, produit un vin plus ferme qu’Aloxe, mais inférieur par le bouquet.
- Parfumé, moelleux et ne manquant pas de force, le Savigny excelle surtout par la finesse. Ainsi s’explique son énorme réputation dans les siècles derniers, où celte précieuse qualité était recherchée par-dessus tout.
- Il convient néanmoins d’observer que ce vignoble, fort étendu, produit aussi un certain nombre de vins de qualité très secondaire.
- Par l’importance de son vignoble, Reaune occupe le premier rang des communes vinicoles de la Côte-d’Or.
- Son vin ferme, coloré, plein de feu et de bouquet, est d’une très grande pureté de
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- goût et d’une franchise parfaite. Il en est peu d’aussi séduisants, même parmi les plus flatteurs, ni qui soient de meilleure garde.
- Mais l’étendue du territoire de Beaune comporte une grande variété de climats différemment appréciés. Nous avons donné seulement la nomenclature des principaux dans les qualités extra.
- On a fait de tous temps un tel cas du vin de Beaune qu’en i652 il se publia un mémoire qui eut un immense retentissement. Ce mémoire sensationnel avait pour but de prouver que «le beaune» était «le roi des vins».
- Quand nous aurons proclamé, avec les experts les plus autorisés, après les plus grands maîtres en la matière, que les produits des premiers climats de Pommard peuvent soutenir la comparaison avec ceux des meilleurs crus de la Côte-d’Or, il sera superflu de détailler les qualités de ce vin superbe, l’un des plus justement populaires de Bour-gogne.
- Nul n’atteint peut-être comme lui, en vieillissant, un aussi rapide et aussi prodigieux développement de sa sève, de sa saveur et de son arôme. «Vin loyal et vermeil», disaient nos aïeux. Il convient d’ajouter : vin de garde et résistant au suprême degré.
- Volnayest, avec Beaune, une des communes qui produisent le plus grand nombre d’excellents vins.
- Le volnay -est aussi célèbre que le pommard, et on l’a dénommé au dernier siècle son «frère jumeau».
- Moins nerveux que lui, mais plus léger et plus vif, remarquable de finesse, d’une suavité exquise, c’est le vin délicat par excellence.
- Les vins de Monthelie, malgré leur infériorité sur ceux de Volnay, leur bouquet moins développé, méritent d’être signalés pour leur corps et leur belle couleur. Ils sont excessivement agréables.
- Meursault a un vignoble très vaste, produisant des vins généreux, de beaucoup de corps et de chair. Toutefois, une grande partie de ses vins rouges est de qualité secondaire; mais il s’enorgueillit de posséder le Santenot, cru hors ligne qui l’emporte sur le Volnay même par sa finesse à laquelle il joint une richesse merveilleuse.
- Les vins blancs, d’un parfum exquis, d’un cachet distingué, sont remarquables.
- Quelques vins rouges de cette partie peuvent aller de pair avec les plus appréciés de la région.
- Les vins blancs sont en général vifs, légers, d’une saveur charmante, rivalisant avec ceux de Meursault.
- Mais celui qui les prime tous de beaucoup, au point d’être un des plus beaux fleurons de la couronne vinicole de Bourgogne, c’est le célèbre Monlrachet, proclamé par les plus grands dégustateurs de tous les temps «le premier vin blanc du monde entier». A lui fut décernée, comme suprême éloge, lepitbète de «divin».
- Elle résume à souhait les qualités incomparables de ce vin parfait : sa couleur splendide, sa rondeur, son velouté, sa finesse et surtout son arôme délicieux entre tous et sa valeur sans rivale. «O Montrachet, divin Montrachet! s’écriait jadis M. de Cussy dans
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- un élan d’enthousiasme, le premier, le plus fin des vins blancs que produit notre riche France, je te salue avec admiration ! r>
- Le vin de Chassagne a de la couleur et beaucoup de corps. Il se rapproche un peu du vin de la région de Nuits, bien qu’en différant par le bouquet. Il se conserve à merveille.
- «%
- Ferme, moelleux, généreux et franc, d’une jolie couleur et de bonne conservation aussi, le Santenay acquiert avec Tâge un bouquet très fin. Néanmoins, il est classé un peu au-dessous du précédent.
- Ici s’arrête la côte des grands vins de Bourgogne proprement dits.
- Nous ne saurions passer sous silence la vente des vins fins des Hospices de Beaune, qui a lieu, tous les ans, dans la jolie cité bourguignonne et qui règle, pour ainsi dire, les prix des vins de ce grand vignoble.
- C’est en 1859 clue ^es Hospices de Beaune ont commencé à vendre leurs vins aux enchères; avant cette époque, l’adjudication avait lieu sur soumissions cachetées; chaque soumission était renfermée dans une enveloppe portant pour toute suscription le prix de l’offre qui était faite; celle portant l’offre la plus élevée était seule ouverte, et, dans le cas seulement où l’adjudication serait tranchée, c’est-à-dire si le prix offert atteignait celui fixé par la Commission.
- Dans le tableau que nous publions ci-dessous, il ne faut pas toujours considérer le chiffre porté en regard de chaque année comme le produit exact de la récolte, car certaines cuvées, qui n’ont pas trouvé preneur, sont vendues l’année suivante, dont elles viennent grossir le produit.
- Ainsi, par exemple, en 1859, comme dans la plupart des années du reste, plusieurs cuvées, n’ayant pas été adjugées, ont été remises en vente en 1860, et, comme les prix fixés par la Commission n’ont pas encore été atteints, elles n’ont été vendues qu’en 1861 et 1862 , avec les vins de la récolte de 1860, pour lesquels aucune cuvée n’avait trouvé preneur le jour de la première mise en vente. Il n’y avait pas lieu d’en être surpris, du reste, car l’année 1860, ayant été très pluvieuse, avait donné des vins de très mauvaise qualité. De plus, cette récolte succédait à celles de 1857, 1858 et 1859, années de très grande qualité, et ces deux dernières très abondantes.
- Voici, pour chaque année, le résultat de ces ventes :
- fr. c.
- 1859........................ 5o,542 59
- 1860.. .............. Pas de résultats.
- 1861 ...................... 63,448 75
- 1862 ..................... 43,o3o 00
- 1863 ..................... 55,o5o 00
- 1864 ..................... 70,907 5o
- 1865 .................... 112,960 00
- 1866 ..................... 15,272 5o
- 1867 ..................... 41,170 00
- 1868.
- 1869.
- 1870.
- 1871.
- fr. c.
- ................. 106,023 75
- ................... 78,l35 00
- ............... Pas de vente.
- ................... 9,559 5o
- 1872 ...................... 17,084 58
- 1873 ...................... 23,483 76
- 1874 ...................... 63,942 5o
- 1875 .................... 131,942 5o
- 1876 ...................... 75,695 00
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- fr. c.
- 1877 42,407 5o
- 1878 . .. 5 3,315 3o
- 1879 18,490 00
- 1880 21,392 5o
- 1881 85,900 00
- 1882 10,793 25
- 1883 102,442 5o
- 1884 ... 35,708 99
- 1885 134,026 2 5
- 1886 58,298 75
- 1887 90,391 2 5
- 1888 59,047 5o
- 1889 71,126 2 5
- fr. 0.
- 1890 52,372 5o
- 1891 52,435 00
- 1892 54,o56 2 5
- 1893 113,90.3 15
- 1894 49,132 r DO
- 1895 48,175 00
- 1896 4 3,919 00
- 1897 48,65o 00
- 1898 i 22,810 00
- 1899 48,65o 0 0
- 1900 (moitié vendue seule-
- ment) 47,000 00
- Puisque nous parlons des vins des Hospices de Reaune, il ne sera pas sans intérêt de donner, sur les vignobles qui produisent ces vins, les très intéressants renseignements historiques suivants qu’a recueillis AT. Paul Latour, receveur des Hospices, président de la Société vigneronne :
- Les exploitations viticoles des Hospices comprennent une surface d’environ 35 hectares, situés sur les communes de Meursault (Charmes, Santenot, Genevrières), de Monthelie (Duresses), de Volnay (Champons, Village, Ormeau), de Pommard (Rugiens haut et bas, Arvelets, Epeneaux), de Beaune (clos des ATouches , Aigrots, Arvaux, Mignoltes, Cros, Bressandes, Grèves), de Savigny ( Vergelesses, Lavières, les Guettes au vin théologique et morbifiige du marquis de Migien), de Pernand (Charlemagne) et d’Aloxe-Corton (Brenaudes, clos du Roi), point intermédiaire entre la côte de Beaune et la côte de Nuits.
- Ces domaines sont tous reconstitués, sinon tous productifs.
- Leur origine n’est pas nettement établie : presque tous, néanmoins, proviennent de donations au profit des pauvres malades. La plus grande partie de Meursault provient de Mâlain et des Massol.
- Les produits, au point de vue des prix et des quantités, ont une variation déroutant toutes les prévisions.
- Une statistique portant sur trente années, qui ont précédé l’invasion phylloxérique, montre les années 1854 et 1871 comme ayant rendu 18 pièces et 4i pièces de vin et les années 1855 et 1858 en ayant rendu 4i5 pièces et 464 pièces ( 1858 est l’année la plus abondante du siècle, si on excepte 1900; la qualité était égale à la quantité).
- Le montant des années 1871 et 1854 a été de 9,000 francs et de 10,000 francs, tandis que les années 1876 et 1885 ont donné i32,ooo et i34,ooo francs. Enfin, le prix de l’unité (la queue de 450 litres ou deux pièces) varie de 25o à 44o francs en 1882 pour arriver en 1878 à 1,925 francs et en 1881 à 3,3oo francs, chiffre que notre pays n’avait jamais obtenu. Ce prix a été dépassé depuis et a atteint 3,600 francs en 1893. II est vrai que la cuvée ne comporte qu’une feuillette, premier vin provenant de vignes greffées.
- La récolte de 1900 est de 54o pièces 9 feuillettes.
- H convient d’indiquer que l’exploitation des vignes est faite à moitié fruit et que la moitié du prix des ventes revient aux vignerons chargés des frais de culture et de récolte.
- L’époque transitoire de la reconstitution 11e permet guère d’établir de comparaison ; force est donc d’attendre encore quelques années pour opérer d’une façon sufîisamment concluante.
- Ces indications sont précieuses pour ceux qui s’intéressent non seulement aux origines des vignes
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- si renommées des Hospices, mais aussi à l’état présent de ces vignes cl à l’avenir qui s’ouvre devant elles comme devant toutes celles de la Bourgogne, du reste.
- Nous tenons encore à extraire d’un rapport présenté à l’Exposition par le Comité d’agriculture de l’arrondissement de Beaune et de viticulture de la Côte-d’Or quelques passages qui montreront combien il est important, pour les propriétaires, de suivre les indications de la science, afin d’arriver à maintenir leurs vignobles. Rendant compte des services rendus par le Comité, son rapporteur écrit :
- En 1877, nous voyons le Comité s'occuper d’une invasion considérable dans les vignobles bourguignons de la pvraie et de la cochylis. 11 se met en devoir de diriger la défense contre le fléau. Il porte à son ordre du jour l’étude du mode de propagation de ces insectes, de leurs mœurs et de leur transformation, pour choisir sur quel point il conviendra de les attaquer. C’est au gîte de la larve hibernante, sous les esquilles des échalas et sous les écorces du cep qu’on poursuivra l’ennemi par l'eau bouillante, procédé Raclel.
- Ce qui avait fait échouer dans les invasions antérieures ce même moyen de destruction c’est :
- i° Qu’on avait négligé d’expurger les échalas;
- 2° Qu’on n’avait pas d’appareils propres à donner sur place, dans la vigne, de l’eau à 100 degrés.
- On imagina des chaudières portatives à même de produire l’eau bouillante et un jet de vapeur, tant pour l’ébouillantage des ceps que pour échauder par la vapeur surchauffée les échalas placés dans des caisses, et tout cela à pied d’œuvre dans la vigne.
- Le Comité, ayant fait construire ces appareils, les mit à la disposition des viticulteurs. Le procédé était bon, le fléau fut rapidement enrayé et il 11e tarda pas à disparaître.
- Mais à peine délivré des vers, noire vignoble recevait les premières atteintes du phylloxéra (1878). Le Comité 11e voulut pas rester inférieur à sa mission et se mit courageusement à l’étude des moyens de résistance indiqués par divers savants, baron Paul Thénard, docteur Balbiani et autres. Il envoie une mission pour étudier la question dans une région déjà phylloxérée depuis plusieurs années, et bientôt nous le voyons indécis, devant la marche victorieuse de l’invasion, dans l’option entre deux partis à prendre : lutter pour conserver nos vieux ceps ou les abandonner pour les remplacer par d’autres greffés sur souches américaines.
- Il étudie concurremment les deux modes d’actions qui rencontrent des partisans dans son sein, mais on le voit d’une manière évidente pencher pour la conservation par les traitements au sulfure de carbone. Une de ses grandes préoccupations était la crainte certainement exagérée d’altérer la qualité du vin par la substitution du plant greffé au plan direct.
- 11 rencontra malheureusement dans la défiance et l’ignorance du vigneron et, il faut bien le dire aussi, dans l’apathie du propriétaire, un obstacle qui fit en partie échouer ses efforts dirigés en vue de la conservation du vignoble. Là où il eût fallu un travail d’ensemble et persévérant, on vit se disséminer les forces et le vignoble succomber sous l’invasion. Toutefois, cette résistance permit de prolonger la vie du vignoble et de faire des récoltes qui furent une aide à la reconstitution, et aujourd’hui nous pouvons montrer des domaines absolument conservés en vieilles vignes françaises.
- Le comité, forcé d’abandonner son système de défense, dut, dans l’intérêt général, s’occuper de la reconstitution par les plants sur souches américaines et se mit avec ardeur à l’étude des questions si complexes qui s’y rattachent : préparation du sol, choix des porte-greffes, adaptation, procédés de greffage, etc,, etc.; aucun des éléments du problème n’échappe à ses investigations; aucune solution n’évite son contrôle; son action n’a pas été sans importance sur la reconstitution aujourd’hui à peu près achevée. En 1884 , une nouvelle maladie dont les légers prodromes, en 1882 et 1883 , avaient passé inaperçus, vint fondre sur nous par une irruption soudaine et formidable. E11 quelques jours
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- tout le vignoble, de Beaujeu à Tonnerre, fut complètement effeuillé : c’était le mildew. Mais voilà qu'on observe à Beaunc qu’au milieu du désastre il existe une tache ou plutôt une oasis restée verte et feuillée. Cette portion de vignes était pourvue d’échalas neufs et récemment sulfatés, comme c’est ici l’usage, en vue de leur conservation. L’agent thérapeutique, le sel cuivreux, était découvert, mais comment l’appliquer?
- Le Comité met aussitôt la question à l’étude; il institue des expériences nombreuses et variées et bientôt il fut établi un premier point, c’est que le sulfate de cuivre n’était pas un remède curatif, mais un remède préventif.
- C’était le point capital à mettre en lumière et, dès lors, parlant de ce principe, les expériences commencèrent à donner des résultats favorables, notamment l’accolement opéré avec de la paille trempée dans une solution forte de sulfate de cuivre (8 à 10 kilogrammes de sulfate par hectolitre d’eau ) suffit à une préservation très satisfaisante.
- Toutes ces expériences suivies avec persévérance, soigneusement contrôlées, aboutissent à fixer définitivement la méthode de traitement préventif qui devait finalement triompher du mal : la pulvérisation de la bouillie bourguignonne (mélange d’eau, de sulfate de cuivre avec addition de chaux ou de carbonate de soude). Les proportions économiques furent expérimentalement définies. Aujourd’hui les viticulteurs sont en possession d’un traitement efficace contre le mildew et ses congénères et d’appareils pour l’appliquer.
- L’attention du Comité s’est portée aussi sur les moyens de vulgariser l’emploi des engrais chimiques comme complément de fumier de ferme, afin d’augmenter économiquement les rendements de la culture. Il a, dans ce but, institué et subventionné les champs d’expériences, de démonstration, qui ont donné des indications plus ou moins favorables, mais en somme suffisamment concluantes pour en recommander la pratique, concurremment avec l’emploi des semences sélectionnées avec soin.
- Terminons par les renseignements tout actuels que nous fournit le Comité central cfétudes viticoles de la Côte-d’Or dans son enquête pour 1900 auprès des municipalités sur la situation du vignoble de son département.
- L’étendue plantée en vigne avant l’invasion phylloxérique était évaluée à 3/t,(j(jo hectares; elle n’était, en 1898, que de 2 3,ooo hectares en nombre rond. Depuis, le mal 11’a cessé de s’étendre, emportant 609 hectares en 1899, et 538 en 1900. Mais, en même temps que disparaissaient d’anciens vignobles, d’autres se reconstituaient, sur pieds américains pour la presque totalité, à raison de 1,72/1 hectares pour la campagne 1897-1898, de 1,696 hectares'pour la campagne 1898-1899, et enfin 1,331 hectares pour la campagne 1899-1900; en producteurs directs, pour une quarantaine d’hectares seulement par an; et en cépages français sur quelques hectares isolés. Les traitements au sulfure de carbone se sont étendus de 912 hectares en 1898 à 1,216 en 1899, pour redescendre à 8Ai hectares en 1900.
- Tout compte fait, la surface occupée par la vigne s’est relevée, dans ces trois dernières années, d’un millier d’hectares par an. Elle représenté actuellement 25,37/1 hectares, dont 6,0/1A en vignes françaises qui, pour la plupart, résistent tant bien que mal, si ce n’est plus mal que bien, 18,90A en cépages français greffés sur pieds américains et A2A en producteurs directs. L’Administration des finances compte 27,9/17 hectares.
- L’enquête du Comité a porté sur la valeur des plantations avant l’invasion phylloxérique et aujourd’hui. Si on constate une légère dépression pour les communes de
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- Beaune, de Comblanchien, des Echézeaux, par exemple, les prix de la terre complantée en vignes n’ont rien perdu de leur ancien niveau à Gevrey-Chambertin, à Chambolle-Musigny, à Savigny-lès-Beaune, à Vaulnay; ils ont même passé de i3,ooo francs à 1/4,000 francs par hectare à Vosne-Romanée, et de 27,300 à 30,000 francs à Vou-geot.
- Nous avons vu que la Chambre de commerce de Beaune, la commune de Chassagne-Montrachet, le Comité d’agriculture de l’arrondissement de Beaune et de viticulture de la Côte-d’Or, la Société vigneronne de l’arrondissement de Beaune, le Syndicat des vins de Beaune, la Société vigneronne du canton de Nuits-Saint-Georges, par le nombre de leurs adhérents qui ont exposé, ont contribué à enrichir, dans une large mesure, la belle collection de la Côte-d’Or.
- Les Chambres syndicales des vins en gros de Villefranche et Mâcon, l’Union agricole et viticole de Chalon-sur-Saône ainsi que le Syndicat agricole, sous le patronage delà Chambre de commerce de Chalon-sur-Saône, Louhans et Autun, le Syndicat agricole et viticole d’Ampuis, le Syndicat des vins, spiritueux et liqueurs de Lyon, ont réuni également un nombre important d’exposants du Beaujolais-Mâconnais et du Lyonnais, auxquels sont venus se joindre des concurrents individuels.
- On sait qu’une partie du département de Saône-et-Loire est franchement comprise dans la Bourgogne, c’est celle qui compose l’arrondissement de Chalon-sur-Saône. Les vins rouges de Mercurey, de Givry, de Saint-Martin, de Rully sont les principaux, puis viennent les Buxy, les Jambles, etc. Les premiers se distinguent par l’agrément de leur goût, leur légèreté, leur vivacité et leur parfum. Comme tous les vins de Bourgogne, ils ont une couleur rubis qui les caractérise. Les vins de la Côte chalonnaise sont plus secs que ceux de la Haute-Bourgogne. Parmi les vins blancs il faut citer quelques crus de Buxy légers et pétillants; ceux de Givry, moins délicats cependant. En Maçonnais, ainsi qu’en Beaujolais, la reconstitution a fait revivre les vignobles détruits par le phylloxéra; ils entrent aujourd’hui en pleine production et fournissent à nouveau ces vins vifs, fruités et agréables, si appréciés des gourmets. Ceux présentés à la dégustation ont été justement récompensés.
- Le Comité départemental de l’Yonne et la Société vigneronne de ce même département ont réuni tous les vins de la Basse-Bourgogne. Les rouges n’ont pas les grandes qualités de ceux de la Haute-Bourgogne, mais ils ont aussi leur cachet. Les meilleurs crus sont ceux de l’Auxerrois et du Tonnerrois; ils sont d’une belle couleur, frais, délicats; ils ont de la sève et un excellent bouquet. Les vins de Dannemoine possèdent un parfum très agréable et de la fermeté. Ceux du territoire de Tonnerre proprement dit ont moins de délicatesse et de fondu. Dans l’Auxerrois, on trouve également de jolis spécimens, mais ils ont moins de bouquet. Le vignoble d’Épineuil, à quelques kilomètres de Tonnerre, a des petits vins fort agréables. Des propriétaires ont eu le tort de sacrifier à la quantité, aussi certains vins rouges de l’Yonne sont plus maigres que jadis. Le vin blanc de l’Yonne, par excellence le chablis, est bien représenté. A côté de lui viennent des quan-
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- tités de produits un peu maigres mais bien nets, vifs et limpides. On a fort remarqué des vins très vieux de ce département qui se sont conservés merveilleusement.
- Dans toute la Bourgogne, on fera bien de ne pas trop se laisser entraîner à la quantité. C’est surtout par la qualité que cette région si importante doit continuer à briller.
- Nous placerons ici quelques considérations sur le vignoble de Côte-Rôtie, qui appartient administrativement au département du Rhône, mais qui, géographiquement, ferait plutôt partie, par la nature des vins qu’il produit, de la région des côtes du Rhône.
- Ce vignoble de Côte-Rotie est situé sur la rive droite du Rhône, dans la commune d’Ampuis, à k kilomètres de Condrieu et G kilomètres de Vienne. Les coteaux qui produisent les vins de premier cru sont ceux dits de la Brune et de la Blonde; ils sont situés à l’arrière de l'agglomération du bourg d’Ampuis. Ceux qui produisent les vins de
- cru sont situés au levant et au couchant des premiers. Les uns et les autres ont une orientation sud et sud-est.
- Ce vignoble est en grande partie reconstitué : sa récolte annuelle est actuellement de 3,5oo hectolitres environ, d’un vin lin et recherché, produit par les anciens cépages qui ont fondé sa réputation, soit : la Serine noire d’Ampuis et le Viognier doré.
- De tous les vins de France, le Côte-Rotie est celui qui a la plus ancienne renommée. 11 a été célébré, au premier siècle de notre ère, par Pline, par Columelle, etc. Le poète Martial, Plutarque en ont fait mention.
- A l’époque reculée où la Gaule dépendait de l’empire romain, il faisait les délices des patriciens de Rome, et pendant les siècles derniers, il était l’un des vins favoris des cours de l’Europe et de la noblesse française. Au xixe siècle, Cochard, Jules Janin ont exalté les mérites du vin de la Côte-Rotie.
- Ce vin se distingue par sa finesse, son bouquet spécial, qui en fait Tun des plus délirais, des plus exquis. Son parfum est caractérisé par une odeur suave qui rappelle colle de la violette. Quoique spiritueux, il a cependant la propriété de rafraîchir le palais. Il est également stomachique et extrêmement bienfaisant ; enfin, il est spécialement recommandé par les médecins aux personnes faibles ou anémiques.
- Le vin de Côte-Rotie ne se consomme pas avant qu’il ait atteint deux et trois années d’àge; il acquiert généralement de la qualité pendant huit à dix ans, et, mis en bouteilles avec les précautions requises, placé dans une bonne cave, il peut se conserver vingt ans et plus, en bonifiant toujours sa qualité.
- La Bourgogne a envoyé en tout 1,706 types de vins présentés par 3/17 exposants de la Côte-d’Or, 104 de Saône-et-Loire, i5o du Rhône et qA de l’Yonne, Chacun de ces départements a remporté les récompenses suivantes :
- Côte-d’Or...... 7 grands prix, 7h médailles d’or, 78 d’argent, 53 de bronze
- et 3o mentions.
- Saône-et-Loire. . 1 grand prix, 16 médailles d’or, 22 d’argent, 33 de bronze
- et 27 mentions.
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- VINS ET KAliX-DE-YIE DE \I\. 177
- h lame........ 1 grand prix, 10 médailles d’or, a 9 d’argent, a a de bronze
- et 1 h mentions.
- Yonne......... 1 grand prix, 8 médailles d'or, a8 d’argent, do de bronze
- et 11 mentions.
- 5e RÉGION. — AIl\, JURA.
- Lu cinquième région comprend, officiellement, l’Ain et le Jura. Le premier de ces départements n’a que quelques faibles échantillons de vins rouges et blancs. Le Jura, grâce aux efforts des sociétés agricoles et viticoles de ce département, a réuni une série de bouteilles intéressantes de vins rouges d’Arbois, de vins rosés, vins de paille et vins blancs secs et mousseux généralement assez réussis.
- Le vignoble du Jura occupe tout l’entre-deux de la montagne et de la plaine, 80 kilomètres de long sur 5 ou 6 de large entre Salins et Saint-Amour. Ce ruban produit, suivant les années, environ de 3oo,ooo à 800,000 hectolitres devin. Les meilleurs crus sont ceux qui se trouvent aux flancs des coteaux sur un banc de calcaire marneux qui tient presque toute la longueur du vignoble.
- Les vins rouges du Jura sont pelure d’oignon et très agréables dans les vignobles de Salins, les Arsures, Arbois, Menetru-le-Vignoble, Sainl-Laurent-la-Roche, Crusse, Rolalier et Lavigny.
- Les vins blancs sont plus renommés et les plus appréciés sont divisés en trois catégories : les vins de garde, les vins mousseux et les vins ordinaires secs.
- Les vins jaunes, dit de garde, sont produits par le raisin appelé Savagnin à Châleau-Chalon et Nature à Arbois, ils ont quelque ressemblance avec le xérès. On a vu chez certains propriétaires des vins jaunes de cent ans, parfaitement conservés, et on en trouve couramment n’ayant pas moins de quinze à vingt-cinq ans d’àge. Chateau-Chalon, Nevy, Menetru sont le berceau de ce vin précieux. Arbois, Pupillin ont aussi ce genre de vin; mais, soit différence de terrain, soit différence de climat, il est moins moelleux et, tout en ayant plus de bouquet, ne lui ressemble pas tout à fait. Il tire plutôt sur le madère sec.
- Arrivons maintenant à la production des vins mousseux qui l’emporte de beaucoup par son importance sur les autres vins, en écartant toutefois les vins rouges ordinaires dont la production est la plus forte. Le centre le plus important est Lons-le-Saulnier ; viennent ensuite Arbois, Salins et ses environs. Le vin blanc le plus recherché pour la fabrication de ces mousseux est produit par le Puisard noir et le Gamay blanc. Les crus les plus renommés pour ces vins sont : Grusse, Vincelles, Saint-Laurent-la-Roche, Ro-talier, Cesancey, Lavigny, Quintigny et l’Etoile. Tous les vins mousseux sont expédiés sous la rubrique vins mousseux de l’Etoile^, parce que c’est probablement là d’où sont sortis les premiers vins blancs destinés à la mousse, alors qu’on n’en connaissait qu’im-
- O L’Etoile, dit-on, doit son nom à de petites pierres en forme d’étoiles que l’on trouve dans le solde ses vignes.
- Gu. X. — Cl 00. j a
- nti'imtcniE national!;.
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- parfaitement la fabrication et que la consommation ne s’étendait guère qu’à la Franche-Comté.
- Nous ne saurions oublier le vin de paille, qui, malheureusement, n’est pas dans le commerce, vu son prix fort élevé et la petite quantité qui s’en fait, mais qui est digne des connaisseurs. Les meilleurs raisins, choisis à la vendange, sont délicatement étendus tout l’hiver sur des lits de paille ou suspendus dans des appartements bien secs, et, au printemps, alors que la grappe est presque desséchée, on presse ces raisins sur de petits pressoirs faits exprès, et le jus liquoreux qui en sort est ce qu’on appelle le vin de paille qui ne se consomme guère qu’une dizaine d’années plus tard.
- Le département du Jura réunissait 1 33 échantillons de vins, présentés par 33 concurrents qui ont obtenu ih médailles d’argent, a de bronze et h mentions.
- 6° RÉGION. — SAVOIE.
- La sixième région est consacrée à la Savoie ; c’est la Société centrale d’agriculture qui l’a organisée ; elle compte des vins rouges et blancs des environs de Chambéry, de Chignin et de Montmélian. Ce dernier a du corps, de la couleur et un goût agréable se rapprochant des produits des côtes du Rhône. Les vins blancs sont généralement maigres.
- Les principaux centres vinicoles de la Savoie se trouvent dans la vallée de l’Isère, aux environs de Montmélian, Chambéry, Albertville; dans la vallée de l’Are, jusqu’à Saint-Michel-en-Maurienne, et dans la vallée du Rhône. Ces vignobles occupent les premiers lianes des montagnes, jusqu’à 3oo et Aoo mètres d’altitude.
- Les meilleurs vins rouges produits par la Moncleuse, le Cot, le Persan, se trouvent aux environs de Chambéry; citons ceux de Montmélian, Cruet, Arbin, Saint-Jean-de-la-Porte, Conllans, Saint-Jeoire, Chanlagne, Rufïieux, etc.; puis, en seconde ligne, Bonne-Nouvelle, Alton, Saint-Jean, Saint-Julien, Saint-Martin, Prinscens, etc., dans l’arrondissement de Saint-Jean-de-Maurienne.
- Tous ces vins, obtenus après quelques jours de cuvage, ont une saveur douce et veloutée, mais peu de corps. Cependant ils se tiennent bien et se conservent de longues années.
- Les vins blancs proviennent principalement de vignes situées à gauche du lac du Bourget; les meilleurs sont ceux du coteau de l’Altesse; ils sont spiritueux, assez doux et agréables ; on en a parfois de mousseux.
- Les vins des coteaux de Marétel, de Saint-Innocent, de Lasserez, près Chambéry, sont également assez estimés.
- La Savoie comptait, à l’Exposition, 3o exposants ayant présenté 123 échantillons. Us ont recueilli 5 médailles d’or, î î médailles d’argent, G médailles de bronze et 2 mentions.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- T RÉGION. — PROVENCE, DAUPHINÉ, V1VARAIS, CORSE.
- La septième région comprend la Provence, le Dauphiné et le Vivarais.
- Le Syndicat des propriétaires et négociants des vignobles de l’Hermitage, Saint-Peray, Cornas, Crozes, Saint-Joseph, Mauves et Châssis (Ardèche, et Drôme) a présenté une belle collection des vins des côtes du Rhône.
- Le vignoble des côtes du Rhône a été, un des premiers, dévasté par le phylloxéra ; reconstitué en partie, une première fois, avec des cépages français, il a été détruit; maintenant, nous voyons de nouvelles vignes, celles-là américaines grelTées, redonner peu à peu au sol l’apparence qu’il avait jadis.
- Le territoire de Tain, sur lequel se trouve le célèbre cru de l’Hermitage, dans la Drôme, fournit des vins qui, sans avoir la solidité de leurs ainés, ni leur grand cachet, possèdent cependant de bonnes qualités; il y a lieu d’espérer, en présence des résultats acquis, qu’on retrouvera les magnifiques vins d’antan. A Valence et plus loin, à Romans, on a reconstitué aussi sur une large échelle.
- L’Ardèche, qui s’est trouvée dans une situation pareille à celle de la Drôme, fournit de nouveau des Tournon, des Mauves, des Cornas, des Saint-Peray, etc. Ces vins n’ont pas toujours les grandes qualités d’autrefois, mais ils s’en rapprochent beaucoup et, si quelques-uns sont plus faibles, ils ne manquent pas de mérite.
- Les Châteauneuf-du-Pape n’ont pas encore tout le bouquet et la vigueur d’avant l’invasion phylloxérique. Il faut attendre que les vignes replantées aient un peu vieilli, mais déjà on peut prévoir que bientôt ils les atteindront.
- Le Syndicat des propriétaires et négociants des vignobles de l’Hermitage, Saint-Peray, Cornas, Crozes, Saint-Joseph, Mauves et Châssis avait organisé une très importante exposition collective de grands vins des côtes du Rhône, laquelle a remporté une médaille d’or des mieux méritées. Il y avait là des vins vieux et des produits plus récents, fort remarquables par leur bon goût, leur richesse de couleur, de parfum, et leur distinction.
- Dans la Drôme, on fait des vins de clairette et du muscat mousseux qui ne manquent pas de charme.
- Le Var a une exposition beaucoup plus importante. Là, toutes les sociétés agricoles de Draguignan, de la Garde, de Toulon, d’Hyères, etc., se sont entendues pour réunir le plus d’échantillons possible et elles ont obtenu de très heureux résultats.
- Nous devons aussi une mention spéciale au Cercle de l’agriculture et du commerce de la Garde, près Toulon, qui avait une belle exposition collective. Il a obtenu un vrai succès.
- Cette partie de la Provence fait maintenant plus de vins qu’avant le phylloxéra, et nous nous plaisons à reconnaître qu’ils sont d’une bonne qualité courante. Ils ont de la couleur, du degré, de l’extrait sec avec un bon fruité.
- Dans les régions environnantes, c’est-à-dire les départements des Hautes-Alpes, des
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- Basses-Alpes, des Alpes-Maritimes, de même que dans le Var et les Bouches-du-Rhône, on a replanté activement; les Jacquez y produisent des vins de forte couleur. Les autres vins servent, en général, à la consommation locale. Le Var avait autrefois ses Bandols et des vins de liqueur. Les Bouches-du-Rhône produisaient, à Cassis, un vin blanc liquoreux très renommé. Tout cela a été détruit par le phylloxéra, mais avec les nouveaux cépages ce beau pays commence à revoir d’heureuses récoltes.
- Toutefois, ces départements n’ont presque rien envoyé. La Société départementale d’agriculture des Bouches-du-Rhône, seule, a présenté une petite collection de vins fort bien réussis.
- La Corse a été rattachée à cette région. Notre île méditerranéenne n’a pris qu’une très petite part à l’Exposition. Un seul exposant a présenté des vins rouges et des vins blancs ; il a obtenu une médaille de bronze.
- Par suite du mélange de différents cépages en proportions variées, les environs de Bastia ne produisent pas, en général, des vins de qualité constante, et la vinilication laisse aussi beaucoup à désirer. On remarque surtout de grandes différences dans les vins rouges; les meilleurs quartiers du cru sont ceux de Bassanèse, Machionc, Sprelo, Cervione, Vescovato. Quant aux blancs, ils sont, en général, supérieurs. On fait de très bons vins secs au cap Corse pour vermout; on fait aussi, çà et là, d’excellents muscats. Les meilleurs vins blancs de l’arrondissement sont ceux du cap Corse, façon madère, ceux de liqueur, façon malaga, et le muscat. Les vins blancs secs de Pistro Nera (San Martino) sont aussi assez estimés.
- La Corse expédie la plupart de ses raisins et de ses vins sur Nice et sur Marseille, pour quelques centaines de mille francs.
- Malgré sa faible production, la vigne reste encore, en Corse, une des cultures les plus avantageuses, et elle est susceptible d’une grande amélioration.
- Dans cette septième région, qui a présenté en tout 1228 échantillons de vins, fournis par G5 exposants, les récompenses se sont réparties comme suit par département :
- Ardèche............ 1 médaille d’or, 1 mention honorable.
- Bouclm-du-tthône . 2 médailles d’or, 1 médaille d’argent.
- (]orse............. 1 médaille de bronze.
- Drôme.............. 1 médaille d’argent.
- Var................ 1 grand prix, 5 médaiüts d'or, 10 médailles d’argent,
- 2 3 médailles de bronze et h mentions.
- 8e RÉGION. — LANGUEDOC, ROUSSILLON.
- La huitième région est la plus importante par le nombre des exposants et des échantillons envoyés; elle comprend le Languedoc et le Roussillon, c’est-à-dire les départements du Midi grands producteurs. Tous les vins qu’ils fournissent sont connus aujourd’hui et 11’ont plus rien à nous apprendre, mais on aurait dû 11e pas soumettre au Jury autant de produits légers et parfois maigres; ce n’est pas la quantité qui intéresse, niais bien plutôt la qualité.
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- VINS RT E4UX-DE-VIE DE VI\.
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- Cependant, dans l’Aude, on a pu déguster de beaux Corbières, de jolis Minervois, des Narbonne très réussis et pouvant, les uns aller directement à la consommation, les autres, servir dans les coupages pour remonter les produits trop faibles. La Société centrale d’agriculture de l’Aude et le Comice agricole de Narbonne ont réuni, à côté des vins rouges, blancs et rosés, de consommation courante, des types de vins de liqueur remarquables trouvés chez quelques-uns de leurs adhérents : grenache vieux, muscat, etc.
- Dans le Gard, c’est la Société centrale d’agriculture qui a réuni la plupart des exposants. Les vins de ce département sont plus légers de couleur et de degré ; les Aramons, les Petits-Bouschet y donnent de fortes récoltes de produits droits de goût et vifs, mais qui ont besoin d’être remontés. Les vins blancs provenant de raisins rouges sont frais et, nerveux; ils sont bien faits. On a noté aussi des vins rosés et quelques muscats.
- L’Hérault a la plus nombreuse collection d’échantillons, présentés par la Société centrale d’agriculture de ce département , par la Société départementale d’encouragement à l’agriculture et par d’autres syndicats adhérents. Là, nous rencontrons de beaux Montagne, des Alicante-Bouschet, des Aramons plus solides que dans le Gard, mais n’atteignant pas toujours la belle couleur des produits de l’Aude. Ce département, placé entre les deux autres, a des produits se rapprochant des types de chacun d’eux. Les Aramons y ont une meilleure tenue; ceux des coteaux ont une fermeté suffisante et beaucoup de fraîcheur. Les vins blancs de Terret-Bourret, de Picpoul, de Clairette sont bien réussis, de même que les vins rosés. Beaucoup de bons vins liquoreux aussi, muscats surtout jeunes et vieux, fins, veloutés et distigués.
- L’exposition des Pyrénées-Orientales est également importante ; elle réunit, sous les auspices de la Société agricole et du Syndicat agricole du département, de bons échantillons de vins de belle couleur et de bonne tenue.
- Ce département qui formait autrefois un vignoble bien à part, celui du Roussillon, peut être classé, en raison de la similitude de ses produits, avec les autres départements méridionaux. Les moyens de reconstitution sont les mêmes et donnent des vins à peu près semblables. On ne voit plus beaucoup les Banyuls, les Collioure, les Rancio, les Cosperon, les Espira de l’Agli, de ces Rivesaltes, de ces Grenache, de ces Muscats de jadis. Les vins des plantations nouvelles n’ont pas les qualités de ceux que nous venons de nommer; ils sont plus maigres et n’ont pas leur riche couleur; ils sont cependant nets de goût et bien frais. Dans les bonnes années, ils ont de la couleur et du degré.
- Le Jury a bien apprécié des vins vieux et liquoreux très fins.
- Les départements qui constituent le vignoble méridional ne possèdent plus guère d’anciennes plantations; aussi les vins qu’on y rencontre n’ont-ils pas grande analogie avec ceux qu’on produisait avant l’invasion phylloxérique. Mais l’œuvre de reconstitution a marché à grands pas dans cette région où, maintenant, on arrive à produire plus de vin qu’autrefois. Ces vins proviennent de cépages américains greffés ou producteurs directs et de cépages français plantés dans les sables : Aramon et Bouschet principalement. Il y a aussi quelques vignes de submersion. Enfin on fait l’essai de cépages obtenus par l’hybridation, qui résistent au phylloxéra par leurs racines, à certaines mala-
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- clies cryplogamiques par leurs feuilles et fournissent des raisins se rapprochant des anciennes espèces françaises.
- On a obtenu avec le greffage des plants du pays et des hybrides Bouschet sur Riparia, Rupestris monticola, Solonis et Jacquez, des résultats heureux. Les vignes greffées donnent des vins très intéressants. Cependant, on n’a pas encore retrouvé les produits corsés et alcooliques qui étaient si recherchés pour les opérations, mais il est permis de supposer qu’on atteindra le but, surtout si on revient un peu au Mourvèdre, à la Cari-gnane et autres plants à production plus faible que les Aramons.
- Le Petit-Bouschet constitue un vin très frais et très coloré, d’un heureux effet dans les coupages. L’Alicante-Bouschet a une fort jolie couleur; on lui reproche cependant de ne pas très bien se tenir.
- Parmi les plants américains producteurs directs, il n’y a guère que le Jacquez qui puisse offrir quelque intérêt pour la viticulture méridionale, mais il faudrait arriver à le vinifier avec grand soin pour consolider sa couleur, qui est intense, mais difficile à fixer et qui tourne volontiers au violet, puis au jaune; certains propriétaires ont fini par l’abandonner. L’Herbernont et l’Otbello, qu’on a essayés aussi comme producteurs directs, ne réussissent que dans peu d’endroits; le premier donne un produit assez agréable, qu’on offre parfois comme vin de table, mais qui est maigre; le second fournit un vin d’une belle nuance rouge, mais d’un goût assez foxé.
- Les vins de vignes françaises plantées dans les sables du littoral méditerranéen ou des plaines, le long des rivières, et par conséquent résistantes au phylloxéra, sont généralement légers comme alcool et comme couleur ; ils ont beaucoup de fraîcheur, assez de fruité ; quelques-uns même possèdent de la finesse et du bouquet : cela tient évidemment à la silice du sol.
- Nous ne saurions mieux faire, à propos du vignoble méridional et de son importance, que de rappeler ici une étude effectuée à l’occasion de l’Exposition, par un de nos collègues du Jury, M. Leenhardt-Pomier, président de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault, pour son département. Il s’exprime ainsi :
- Au double point de vue de la culture de la vigne et de la production du vin, le département de l’Hérault est, à beaucoup près, le plus important des 77 départements de la France où la vigne est cultivée. On peut même dire qu’il n’est pas de contrée au monde qui lui soit comparable à cet égard.
- De ce grand vignoble, la presque totalité a été replantée pendant les vingt-cinq dernières années; car le phylloxéra avait si bien détruit les anciennes vignes européennes que c’est à peine si, sur ses 188,000 hectares actuels de vigne, il en est resté 6,65o survivant des 226,000 hectares qui constituaient primitivement l’importance du vignoble de l’Hérault, en 1869, avant l’invasion du puceron. Les autres 182,800 hectares récemment plantés sont, presque tous, greffés sur racines américaines résistant au phylloxéra.
- Puis notre éminent collègue, voulant donner quelques indications sur cet important vignoble et ses vins, poursuit :
- Nous ne remonterons pourtant pas de dix-neuf à vingt siècles en arrière, jusqu’à Fépoque où une
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- pléiade d’illustres auteurs agricoles et de poètes latins célébraient à l’envi la vigne, les raisins ou le vin, qui étaient en si grand honneur, dans ces temps reculés, sur tout le littoral de la Méditerranée, depuis l’Asie Mineure jusqu’à l’Océan. Nous trouverions difficilement des chiffres dignes de foi, dans les ouvrages des temps où on était si loin de s’en préoccuper, comme aujourd’hui. Nous nous bornerons, pour citer des données viticoles un peu sérieuses, à remonter à la fin du siècle dernier, quand le Ministre d’alors, François de Neufchâteau, favorisa la création des sociétés d’agriculture, dont les travaux fournissent, depuis cette époque, des indications plus exactes.
- Notre département, particulièrement favorisé à cot égard, possède trois importantes sociétés agricoles :
- La Société centrale d’agriculture de l’Hérault;
- La Société départementale d’encouragement à l’agriculture de l’Hérault;
- Le Comice agricole de l’arrondissement de Béziers.
- La création de la première d’entre elles remonte justement à cette époque, à l’an vii (1798).
- En relisant les bulletins depuis le début de ses travaux, on voit combien la viticulture occupait déjà une place importante dans les diverses branches de l’agriculture du département. La plus ancienne notice (qui remonte à sa création, et qui est reproduite dans le Livre d’or publié par cette Société à l’occasion de son centenaire) précise l’étendue, la nature du sol, les différentes productions du département de l’Hérault. 11 y est dit que, sur les 6,3oo myriares ou kilomètres carrés (63o,ooo hectares) de l’Hérault, la vigne en couvrait les trois quinzièmes (ou pour mieux dire un cinquième), soit 125,000 hectares.
- Plus tard, eu 1824, pendant qu’un des préfets les plus distingués de l’Hérault, le baron Creuzé de Lesser, se trouvait être président de cette Société, son fils Hippolyte (dont les travaux furent couronnés par l’Institut) dressait, avec le plus grand soin, le document le plus remarquable qui ait paru sur les statistiques et l’agriculture de l’Hérault. Il constatait qu’il existait alors 96,787 hectares o3 de vignes.
- Comme on le voit, dès cette époque une modification, encore légère, s’était pourtant déjà produite.
- C’était, en 182 4, moins du sixième de la surface totale du département qui était cultivé en vignes. Ces 96,000 hectares (sur les 266,000 cultivables) constituaient environ le tiers de cette portion utilisable du sol; car les 35o,ooo autres hectares ne se composaient que de rochers, terrains vagues, étangs, cours d’eau, chemins.
- Autrefois, les plaines fertiles qui sont fécondées par les alluvions des rivières (leVidourle, le Lez, l’Hérault, l’Orb, l’Aude, et quelques autres petits cours d’eau) étaient consacrées à la culture des plantes fourragères et des céréales. La vigne était exclusivement cultivée sur les coteaux, appelés Soubergues, suivant l’ancien adage latin : Aperlos amat colles Bacchus. Ce sont, en effet, ces collines qui produisent d’ordinaire les meilleurs vins ; et la sécheresse de nos étés n’y permettait du reste pas d’autres cultures que celles de la vigne, de l’olivier, de l’amandier ou du mûrier. Les choses ont bien changé depuis lors. L’accroissement du bien-être et de la fortune publique (qui ont considérablement accru la consommation du vin), les facilités bien plus grandes pour les transports vers les pays de consommation, et surtout la hausse des prix du vin provoquée par les crises de Yoïdium et du phylloxéra, avaient amené les agriculteurs, quand ils ont dû planter de nouvelles vignes, à abandonner toutes les autres productions moins rémunératrices pour ne cultiver presque partout que la vigne.
- Si l’on compare les surfaces qui se sont ainsi trouvées plantées en vignes à des époques très diverses, on constate des variations surprenantes.
- 1 Nous avons dit qu’au commencement du siècle l’Hérault en comptait 125,000 hectares; en 1824 , c’était 97,000; en 1860, 160,000; en 1869 {le maximum) 226,000; en i883 (le minimum), 47,5oo; en 1892, le chiffre se relevait à 163,000; enfin, en 1899, il est remonté à 188,000 hectares.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE J 900.
- Ces 188,387 hectares (pins exactement) comprennent:
- Comme vignes américaines, 178,000 hectares et, comme vignes françaises, 10,213 hectares,
- dont :
- Dans les terrains de sable........................................................ fi,o39 hectares.
- Soumis à la submersion............................................................ fi,634
- Soumis à l’irrigation................................................................... 538
- Traité au sulfure de carbone............................................................ 333
- Traité au sulfocarbonate................................................................. 35
- L’écart considérable de certains de ces chiffres (par exemple de 226,000 hectares de vigne de 1869 comparés aux 45,5oo de 1883, dénotant une réduction dans le vignoble des quatre cinquièmes de sa surface) serait inexplicable si l’on ne savait que la vigne a subi deux fléaux destructeurs pendant ce dernier demi-siècle : d’abord Voïdium (une cryptogame), plus tard le phylloxéra (un puceron des racines).
- La production qui était, en i85o, de h millions d’hectolitres descendait, du fait de Y oïdium, en 1854, à 1 million. Elle a progressé et elle a atteint, en 1869, i5 millions; le phylloxéra l’a réduite, en i885, à 2 millions; la reconstitution l’a relevée déjà, en 1899, à 12 millions. La moyenne de ces cinquante ans a été de 7 millions d’hectolitres.
- Dans ces variations, allant de 12 ou 16 millions d’hectolitres comme maximum jusqu’à 1 ou 2 millions comme minimum pour le département de l’Hérault, celui-ci a subi, dans ces deux crises, des pertes incalculables. Celle due au phylloxéra est évaluée à plus d’un milliard et demi de francs, dans le Livre d’or du centenaire de la Société centrale d’agriculture.
- Dans la lutte contre ces terribles fléaux, où la viticulture a failli périra deux reprises dans le cours de ce dernier demi-siècle, c’est l’Hérault qui a eu le mérite et le privilège d’apporter le salut. Si le soufre triomphe désormais de Y oïdium, si le cuivre préserve la vigne du mildem et si le vignoble est reconstitué sur des racines américaines résistant au phylloxéra, c’est bien à nos agriculteurs, à nos savants qui se sont consacrés à résoudre ces grands problèmes que nous le devons. Et nous pouvons, sans trop de vanité, nous réjouir d’avoir vu leurs efforts conserver à la France l’une des branches les plus importantes de la fortune publique et privée (car on n’évalue pas à moins de 7 milliards de francs la valeur vénale de ses 1,800,000 hectares de vignes).
- Si nos sociétés agricoles ont fait et font toujours une œuvre utile, nous tenons à dire qu’elles y sont admirablement secondées, depuis une vingtaine d’années, par l’excellent personnel enseignant de Y 11 cole nationale d’agriculture de Montpellier.
- C’est là, en effet, que sur l’initiative de la Société centrale d’agriculture, ont été tenues, aux heures les plus critiques, ces assises agricoles où les praticiens et les savants de la France et de l’étranger venaient en foule apporter les résultats de leurs expériences individuelles et de leurs travaux. Ensemble on a pu généralement résoudre les problèmes si nombreux et si complexes qui surgissent chaque jour dans cette lutte incessante pour la vie que soutient la viticulture; car si l’observateur superficiel ne voit que ses avantages, on peut dire pourtant qu’il n’est pas de culture qui n’ait plus d’ennemis et n’offre plus de risques. 11 suffit de traverser cette région, où, de l’embouchure du Rhône aux Pyrénées, on ne voit que de la vigne, pour comprendre combien cette extension du vignoble constitue un foyer aussi vaste que favorable à la multiplication de tous ses ennemis.
- Dans le sein de nos sociétés agricoles, l’amélioration de la culture de la vigne et la défense de ses produits sont constamment à l’ordre du jour; il en est de même à l’Ecole d’agriculture de Montpellier, devenue le centre des études viticoles scientifiques pour toute la France et pour l’étranger.
- On ne cesse pas d’y étudier des questions aussi multiples que difficiles : les mérites et les défauts des innombrables variétés de vignes et de terrains si divers, les adaptations, les modes de greffage, la vinification perfectionnée, l’outillage vinaire, la défense contre les gelées ou les orages. .. On y étudie aussi les innombrables ennemis de la vigne; les uns, comme Y oïdium, le mildem, Y anlhracnose,
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- VINS ET EA11X.-DE-YIE DE VTN.
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- le blach-rol, appartiennent à la famille des cryptogames et réclament des soins, pour les uns, curatifs, pour d’autres préventifs; les autres, tels que le phylloxéra, Yattise, la pyrale, la cochylis, la noctuelle, etc., sont des insectes qui demandent h être combattus, soit de jour, soit de nuit, par des moyens très divers. C’est avec le concours d’un de ses professeurs et du Directeur de la Station œnologique de l’Hérault que la Société d'encouragement à l’agriculture réalise son heureuse pensée de publier les cartes agronomiques de certaines communes du département.
- On ne saurait trop se féliciter du concours que la science et l’étude apportent au travail manuel et à la pratique, ainsi que des heureux résultats qui sont dus à leur parfait accord. C'est bien en cela que s’est trouvé victorieusement démontré, en dépit des préventions et des utopies contraires, ce que peut l’entente la plus intime de l’intelligence, du capital et du travail. On y a vn que par leur accord absolu on peut tout, tandis que sans lui on ne peut rien fonder de durable. Aussi, n’est-il plus un seul de ces petits viticulteurs (si ignorants et si sceptiques autrefois à l’égard des choses de la science) qui ne soit revenu de son ancienne incrédulité et qui ne tienne désormais à demande]1 des conseils pour la lutte qu’il doit soutenir chaque jour.
- Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les grands propriétaires, ou de puissantes compagnies (récoltant 10,000, 20,000 et jusqu’à 100,000 hectolitres de vin ) qui, après les désastres, ont repris courage et remis toute leur confiance dans la vigne; mais c’est la myriade de petits vignerons qui marchent tout aussi hardiment dans la voie du progrès, n’hésitant plus à consacrer toutes leurs ressources et tous leurs efforts à la culture de la vigne, apportant ainsi, à leur tour, une pierre tout aussi utile à l’édifice commun.
- Insistons maintenant un peu plus sur les enseignements que nous devons retirer des statistiques. Leurs chiffres nous ont toujours laissé bien sceptiques, quand il s’est agi de simples évaluations. Les premières hases en émanent trop souvent de gens bien peu aptes à les connaître et à en comprendre l’importance. De simples gardes champêtres, ou même des maires illettrés de toutes petites communes rurales, risquent trop souvent, alors même qu’ils y mettraient toute leur conscience, de confondre la mesure légale de surface (l'hectare) avec celle qui n’est encore que trop usitée dans les campagnes, la sètérée, valant, suivant les villages, de quatre à sept fois moins; de même, pour les quantités, le paysan, au lieu (Yhectolitres, parle encore volontiers du muid, qui vaut sept fois plus. Une virgule qu’on avance ou recule décuple une erreur; on a commis ainsi, dans bien des villages, des fautes d’appréciation ou même d’addition.
- Depuis que nous avons pu finalement obtenir un sérieux moyen de contrôle, nous avons constaté (pie les erreurs les plus grandes s’étaient produites dans les évaluations des communes, même les plus importantes et les mieux en mesure d’être exactement renseignées. Ainsi, Montpellier déclarait, en 1897, 32 3,ooo hectolitres et en livrait 175,667; en 1898, 2Ô5,ooo et en livrait 125,712. Béziers déclarait, en 1897, 210,000 hectolitres, et en livrait 390,000; en 1898, 260,000 et livrait 36o,ooo hectolitres.
- Erreurs en plus, à Montpellier, de i5o,ooo et 120,000 hectolitres; erreurs eu moins, à Béziers, de 170,000 et 120,000 hectolitres.
- Montpellier croyait avoir récolté le double, et Béziers la moitié de la réalité : et l’on peut bien supposer qu’il doit en être ainsi partout. 11 arrive pourtant que ces erreurs en plus et en moins se compensent souvent assez pour rapprocher sensiblement l’évaluation totale de la réalité. Ainsi, pour la récolte de l’entier département de l’Hérault, on a eu :
- ÉVALUATION. LIVRAISONS.
- hectolitres. hectolitres.
- En 1897 ..................................................... 10,067,796 9,598,297
- En 1898 ..................................................... 6,761,000 7,963,165
- 11 faut ajouter la consommation en franchise chez le propriétaire, évaluée par l’Administration, en 1897, à 5o6,6oo et, en outre, tenir compte de bien des éléments inconnus. Ainsi, nul 11e
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- peut connaître les quantités de vin brûlées par les propriétaires, car ceux-ci distillaient librement leurs vins sans être exercés par la Régie comme le sont les distillateurs de profession.
- Par la même raison on ignore absolument quelles quantités de vin il peut rester des années antérieures au commencement d’une campagne dans les caves des propriétaires, comme aussi celles qui resteront de l’année courante au début de l’année suivante, pour n’être vendues ou livrées qu’ultérieurement.
- Nos statistiques ne peuvent avoir la précision de produits, tels que les sucres, les tabacs, les alcools, que l’Administration exerce complètement dès leur origine, car on ignore par exemple à la Régie quelles quantités de raisins partent chaque année du vignoble pour des départements voisins en vue d’y être jetés à la cuve, pour produire du vin, aussi bien que ceux qui sont destinés à la table et sont consommés en nature à Paris et dans toute la France. Et ce ne sont pas là pourtant des quantités négligeables, car, grâce à son climat méridional, et à aussi ses variétés précoces, mûrissant tôt sur le littoral, comme par les plus tardives qui mûrissent tard à de pins hautes altitudes, notre département expédie des raisins de bouche infiniment plus longtemps et en bien plus grande quantité qu’aucun autre.
- L’une des remarques les plus frappantes est l’importance de la production des vins dans certaines communes. En 1897, par exemple:
- RÉCOLTE. SURFACE.
- hectolitres. hectares.
- Béziers a livré 390,532 6,800
- Marsillargucs 2^2,850 1,818
- Agde O O 3,000
- Ce sont là pour de simples communes des productions extraordi noires bien su périeures à celles
- de bon nombre de départements entiers et de gros rendements ; mais combien de nos communes, par
- contre, n’ont produit que de i5 à 20 hectolitres à l’hectare.
- RÉCOLTE. SURFACE.
- hectolitres. hectares.
- Béziers, dans ses deux cantons, a livré 1,661,49/1 19,171
- Montpellier, dans ses trois cantons, a livré 808,927 1 7’997
- Chacun des cantons de Murviel, Montagnac, Servian a livré plus de 5oo,ooo hectolitres.
- Les chiffres de la récolte de 1889 seraient bien plus significatifs encore, car on y aurait récolté :
- RÉCOLTE. SURFACE.
- hectolitres. hectares.
- Béziers (2 cantons) 1,100,000 23,800
- Capestang, 1,110,000 1 2,200
- Montpellier (3 cantons) 911,000 1 7,800
- Murviel O O O O g,5oo
- Servian 685,ooo 10,200
- Agde 6/12,000 O O 00
- Lodève 52,000 2,000
- Le Caylar 2,000 1 00
- Quant aux arrondissements, celui de Béziers a livré 5,657,092 hectolitres en 1897, et l’évaluation officielle de sa récolte pour 1899 est de 7,208,000, soit, pour un simple arrondissement, bien plus qu’aucune nation viticole (sauf l’Italie et l’Espagne). L’Algérie elle-même, dont il est si souvent question, n’a jamais produit plus de 2 à 5 millions d’hectolitres de vin.
- Cette production algérienne et tunisienne a été :
- 1890.................................................................... 2,844,oooheclolilres.
- 1898.................................................................... 5,220,000
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Les trois sociétés agricoles du département viennent d’élever, à l’Exposition universelle de Paris, un joli Pavillon de l’Hérault, avec le concours du Conseil général et de la plupart des communes du département, des chambres de commerce, des syndicats, etc. Elles y ont mis en évidence ces chiffres dans des tableaux graphiques. L’un d’eux (de 8 mètres de largeur) donne les chiffres de la production des vins, des surfaces en vigne, des moyennes de rendement de cette dernière année, pour tous les départements de France où la vigne est cultivée.
- La partie supérieure du tableau fait ressortir, à une échelle très exacte, l’importance proportionnelle de chaque département quant à la production de vins. Pour qu’il reste intelligible, il n’a pas-été possible d’y faire figurer isolément tous ces 77 départements. Les a5 plus importants y figurent individuellement; les 5a moindres sont groupés en un seul tout. L’Hérault dépasse, à lui seul, le double du plus important des départements après lui. Ainsi on y trouve par rang d’importance :
- PRODUCTION. SURFACE. RENDEMENT MOYEN.
- hectolitres. hectares. hectolitres.
- Hérault ia,33o,4oo l88,000 66
- Aude 5,33o,28l 1 25,l3o 42
- Gard 3,656,363 71,o43 5i
- Gironde (Bordelais) 3/178,708 i38,32o 25
- Pyrénées-Orientales 2,9i5,4o3 61,943 4?
- encore comme assez intéressants : PRODUCTION. SURFACE. RENDEMENT MOYEN
- hectolitres. hectares. hectolitres.
- Côte-d’Or (Bourgogne) 52 5,83i 2 6,4l6 20
- Saône-et-Loire (Maçonnais) 466,700 34,583 l5
- Quant aux 62 derniers de ces départements viticoles, leur ensemble donne 5,38o,44q hectolitres sur 470,234 hectares; soit une production moyenne, à l’hectare, de 11 hectolitres seulement.
- L’Hérault a donc produit à lui seul plus du double de ces 5 2 départements réunis.
- Mais il ne faudrait pas considérer comme normal le rendement de celte récolte assez exceptionnelle. Bien des gens ont une tendance fort habituelle à généraliser et à exagérer les productions les plus extraordinaires : et ils croient même, dé bonne foi, qu’il suffit de posséder des vignes dans l’Hérault pour pouvoir compter sur des récoltes de 100 à i5o hectolitres à l’hectare, si ce n’est même de 200 à 3oo dans les plaines irrigables les plus fertiles. De là, souvent de bien dures déceptions. II suffit, pour savoir la vérité, de relever les superficies de vignes et l’importance des récoltes pendant les dix dernières années et établir la moyenne exacte. Celle-ci a été :
- PROPORTION
- SURFACE. RÉCOLTE. I l’hkCTAHK.
- hectares. hectolitres. hectolitres.
- Pour ta France..................................... 1,940,000 33,496,000 17 à 18
- Pour l’Hérault..................................... 169,863 6,849,584 4a à 43
- Le maximum avait été de 55 hectolitres en 1897.
- Le minimum avait été de 2 3 hectolitres seulement en 1895 (chiffre qui paraîtrait peu croyable à bien des personnes, tant la légende a d’empire).
- Comme il est très vrai, en effet, que sur le littoral et dans les plaines très fertiles, bien des vignes produisent de 100 à i5o hectolitres, et même quelques hectares, bien rares, de 3oo à 4oo hectolitres, il faut convenir qu’il y en a au moins dix fois plus dont la production moyenne ne doit pas dès lors atteindre 20 hectolitres à l’hectare. Il importe peut-être de s’en rendre compte pour éviter à beaucoup d’irréparables mécomptes.
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- Après ces observations sur la première partie du tableau (celle des vins), il n’est pas moins curieux d’éludier la seconde (celle relative aux vignes). Nous avons conservé le même ordre pour les départements de 1 à a5, et les 52 derniers sont encore groupés en un seul chiffre pour plus de simplicité. L’Hérault y mériterait, du reste, encore la première place pour la surface de son vignoble, tandis que le Gard y passerait du 3e au 5e rang.
- SURFACE PLANTÉE. SITI1FACK TOTALE. RAPPORT X LA SUIIFAGK TOTAUi.
- hectares. hectares. p. 100.
- i° Hérault i88,387 61 9,800 3o
- Aude 926,13o 631,324 9 0
- 3° Gard 7i,o43 583,5oo 1 2
- 4° Gironde i38,32o 97/4,000 1 4
- 5° Pyrénées-Orientales 61,949 412,376 1 5
- 18° Côte-d’Or a6,4i6 876,260 3
- Saône-et-Loire 35,583 855,678 3
- Les 5a départements réunis 470,2.34 3o,197,931 .3 1/2
- Enfin, la partie inférieure de ce même tableau est consacrée aux quatre arrondissements de l’Hérault (toujours dans l’ordre de leur importance vinicole, qui concorde du reste ici avec leur importance viticole). Les observations qu’il permet de faire ne sont pas moins intéressantes.
- L’arrondissement de Béziers (le plus important qui soit au monde à ce double point de vue) y ressort avec une production de 7,208,000 hectolitres produils par les 92,000 hectares consacrés à la vigne sur les 179,000 hectares formant cet arrondissement (soit un rendement de 78 hectolitres à l’hectare et une surface en vignoble de 5o p. 100 de la surface totale)!
- L’arrondissement de Montpellier vient ensuite, avec 3,617,000 hectolitres de vin et fio,ooo hectares de vignes sur 197,000, soit un rendement de 60 hectolitres, et une proportionnalité en vigne de 3o p. 100.
- Les deux derniers arrondissements (Lodève et Saint-Pons) ont une situation plus modeste et une assez grande égalité entre eux, avec des productions de 735,000 et 798,000 hectolitres et des surfaces de 18,000 hectares de vignes chacun, sur des superficies assez égales de 12/1,000 et 120,000 hectares, ce qui correspond à des rendements de 4o et A4 hectolitres par hectare; et i5 p. 100 pour chacun d’eux, comme proportionnalité de leur vignoble par rapport à la superficie totale.
- Un simple coup d’œil jeté sur la carte viticole du département suffît pour expliquer ces différences si marquées entre ces deux arrondissements et celui de Béziers par exemple. Tandis que ce dernier, sur une très grande largeur, s’abaisse doucement vers le littoral fertile de la mer et comprend de vastes et riches plaines et des coteaux d’altitude moyenne très favorables à la vigne, ceux de Lodève et de Saint-Pons sont surtout formés par des rochers et d’assez hautes montagnes qui ne permettent de cultiver la vigne que dans le fond de quelques étroites vallées...
- Les voies ferrées et la navigation trouvent dans nos vins les éléments du plus important trafic; et cet élément a d’autant plus de valeur pour elles qu’ils sont généralement destinés à de très longs parcours (de 700 à 800 kilomètres, du vignoble à la capitale); il leur procure, par conséquent, les plus fortes recettes. Ainsi il a été expédié, en vins de l’Hérault, par les Compagnies suivantes :
- 1897. 1898.
- Compagnies
- Paris-Lyon-Méditerranée Midi et intérêt local. . .
- kilogrammes.
- 3gi,l 19,000
- 597,87/1,000
- kilogrammes.
- 467,1 l6,000
- 647,559,000
- Soit ensemble
- 988,993,000 1,11/1,67.5,000
- représentant de 9 à 10 millions d’hectolitres de vin.
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- Nous ne rechercherons pas ici la part récoltée en vins rouges et celle en vins hlancs pour l'Hérault. Nous inclinerions à croire quelles sont de vingt à trente fois plus considérables en rouge qu’en blanc, niais c’est une simple appréciation sans contrôle. Cette proportion varie quelquefois avec les prescriptions médicales, qui ont alternativement préconisé des vins rouges, tels que le bordeaux, ou des vins blancs divers. On ne récoltait guère autrefois, en fait de vins blancs, que des Terrets, des Pique-pouls, des Clairettes, sur les bords de l’étang de Thau ou dans la région montagneuse de Paulhan. Aujourd’hui, la demande plus générale de vins blancs ou rosés a engagé bien des propriétaires à consacrer une assez grande quantité de raisins rouges d’Aramon à une vinification en blanc, selon l’usage de la Champagne.
- Les vins de l’Hérault sont destinés surtout à la consommation courante, mais on doit pourtant citer dans ce vignoble quelques crus recommandables. Tels sont les vins de Saint-Georges, Saint-Drézéry, des coteaux qui sont au-dessus de Béziers et de Sainl-Clnnian, etc., pour les vins rouges; ceux de Eronlignan, Lunel, Maraussan, pour les muscats; ceux de Marseillan, Adissan, etc., pour les vins blancs secs ou doux.
- Du vignoble de l’Hérault, on retire donc à la fois des vins bourgeois renommés et, en plus grande quantité, des vins ordinaires destinés à fournir une boisson d’un prix modéré, saine et fortifiante, pour la masse des consommateurs.
- Les prix de vente de nos vins sont un des côtés essentiels de notre sujet. Ces prix ont varié autant, si ce n’est plus, que l’importance des récoltes. Les vins ordinaires ont atteint jusqu’à A3 et 5o francs l’hectolitre nu, quand la récolte était réduite à 20 ou 20 millions d'hectolitres; les prix se sontabaissés jusqu’à 5 ou 6 francs l’hectolitre dans des années où l’abondance a été telle qu’011 ne pouvait loger la récolte. On a vu alors la surproduction devenir ruineuse pour la propriété, quand les recettes ne pouvaient absolument pas couvrir les dépenses indispensables à l’entretien des vignes durant toute l’année. Ce serait encore plus vrai actuellement, carie coût des cultures a presque doublé par le renchérissement de la main-d’œuvre, comme aussi des nombreux et onéreux traitements au soufre, au cuivre, etc., désormais indispensables à la défense du vignoble.
- La propriété est heureusement très morcelée dans l’Hérault. Il y a bien des propriétaires possédant 20, 5o, 100 et meme exceptionnellement jusqu’à 200 hectares de vignes; mais ceux qui possèdent de 1 à 5 hectares sont innombrables. De nos deux à trois cents villages, dont beaucoup sont très populeux, il n’est même que peu d’habitants qui ne possèdent au moins une fraction d’hectare.C’est ainsi que l’on compte :
- Individus possédai)!
- moins de 1 hectare. • de 1 à 10 hectares. . de 10 à ko hectares, plus de ko hectares .
- 175,783 5G,2/i 1 5,q/i 5 3,o37
- Soit 62 p. 100 de très petits propriétaires, 33 p. 100 de petits, 3 1/2 de moyens et 1 p. 100 de grands propriétaires.
- 11 est très rare que la propriété, quelle soit grande ou petite, soit affermée; elle est presque toujours exploitée par le propriétaire lui-même.
- Le commerce des vins a forcément ici une réelle importance pour écouler d'aussi grandes quantités; mais ce commerce s’est beaucoup transformé par suite de la reconstitution du vignoble. Il avait autrefois, dans ses vastes chais, de larges approvisionnements de vins vieux et nouveaux, les plus divers (souvent similaires de crus réputés d’Espagne ou de Portugal), provenant ici de cépages, de conditions générales et même de traitements identiques.
- Aujourd’hui, quoique les maisons de commerce soient vingt ou (renie fois plus nombreuses qu’alors, et qu’il s’en soit créé jusque dans les moindres villages, les stocks commerciaux sont’bien moindres.
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- D’une moyenne de plus de 2 millions d’hectolitres, ils se sont réduits, pour l’ensemble du département, à 800,000 ou 900,000 hectolitres.
- Moyenne clés dix. dernières années...................................... 1,788/108 lieclolitres.
- 1896 (maximum)........................................................ 2,383,261
- 1900 (minimum)......................................................... 821,00/1
- A côté cle ces maisons de commerce, bien des propriétaires expédient directement leurs récoltes à la consommation, et l’on en voit même, dans les années de mévente, qui vont offrir leurs vins jusque dans toutes les villes du Nord.
- Le commerce expédiait autrefois la majeure partie des vins à l’extérieur, usant pour cela delà mer, des canaux, du Rhône et de la Saône. Par leur importance, ces expéditions plaçaient le port de Cette au premier rang après Marseille, Bordeaux et le Havre. Etant pourvu de quais et de canaux nombreux, des chais et de la vaisselle vinaire la plus importante, ce port expédiait nos vins en Allemagne, en Russie, dans les deux Amériques, en Algérie (avant la création de ce vignoble). De grand exportateur, le commerce de Cette est devenu le centre le plus important des importations Quand notre vignoble a été détruit, les vins ont afflué de tout le bassin de la Méditerranée, de tous les pays qui n’ont été envahis que plus lard parle phylloxéra (tels que l’Espagne, l’Italie, l’Algérie, la Grèce, la Dalmatie, la Turquie, l’Asie Mineure). Quelques petits arrivages sont même venus de la Californie, du Chili, de l’Australie et d’autres contrées nouvelles qui essaient de devenir viticoles.
- Les importations de vins étrangers en France ont atteint :
- 1891 (maximum)
- 1894 (minimum)
- ' Les exportations ont été bien moindres :
- 1889 (maximum)...................................................... 2,166,000hectolitres.
- 1899 (minimum)...................................................... 1,636,000
- 11 est vrai que les vins français exportés sont de qualité et de valeur supérieures, tandis que les vins étrangers importés ne consistent, à peu près tous, qu’en vins communs ou de coupage pour la consommation populaire.
- Bien des propriétaires se sont élevés contre ces grands arrivages de vins étrangers (que la nouvelle importance de notre production et l’élévation des droits d’entrée ont, du reste, considérablement réduits maintenant). Nous ne partageons guère ce sentiment. Nous estimons que, pendant les grandes crises de la vigne, alors que notre production restait absolument insuffisante pour les besoins de la consommation, il a été fort heureux que, grâce à ce concours, nous ayons pu maintenir le goût et Yusage du vin, car la bière et le cidre auraient eu vite fait de le remplacer, et nous savons combien, par la suite, on revient peu sur des habitudes prises. Mais nous avons bien moins à nous préoccuper, à cette heure, de l’insuffisance des récoltes, car le vignoble français produit désormais assez pour répondre à tous les besoins de la consommation........
- En ce qui concerne la culture de la vigne proprement dite dans l’Hérault, M. L. Ravaz, professeur de viticulture à l’Ecole d’agriculture de Montpellier, fournit les renseignements suivants :
- La vigne est très ancienne dans le département de l’Hérault. Elle y a même existé, presque sous la forme actuelle, avant l’apparition de l’homme. Les tufs de Castelnau, près de Montpellier, contiennent de nombreuses empreintes de feuilles de vignes qui ont les caractères de nos variétés
- 1 2,278,000 hectolitres
- /|,/|Q2,000
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 191
- actuelles. On trouve (Tailleurs, dans les bois ou sur les montagnes, des formes (lambrusques) qui y vivent à l’état sauvage depuis très longtemps. Et c’est une opinion, acceptée par tous, que la vigne est indigène à toute la région méditerranéenne.
- il n’en est pas de meme de sa culture. C’est du moins l’avis de Chaptal, de meme que de M. Henri Marès, auquel il faut toujours se référer quand il s’agit de la viticulture méridionale. Suivant ces auteurs, la culture de la vigne aurait été introduite par les Phéniciens aux environs de Marseille ; et de là, elle se serait étendue à toutes les régions. C’est bien possible. En tout cas, le vin était connu ici bien avant l’époque romaine; et, peu après, la province de Béziers produisait déjà, en grande quantité, des vins réputés pour leur «goût de poix» — qu’ils ont heureusement perdu — et pour d’autres qualités — qu’ils ont conservées.
- Depuis lors, la culture de la vigne a occupé des étendues de plus en plus grandes. Mais elle reste longtemps plutôt secondaire. Aux environs de Montpellier, le blé, l’olivier, etc., sont longtemps les cultures dominantes. Les comptes rendus des séances de la Société centrale d’agriculture en font foi ; jusqu’au commencement de ce siècle, la vigne reste au second plan.
- A ce moment, les choses changent. De nouveaux cépages sont introduits, plus fertiles ou de meilleure qualité. Les vignobles prennent de plus en plus la place des autres cultures, de l’olivier d’abord, du blé ensuite; des coteaux ensoleillés, maigres et secs, ils s’étendent dans les plaines fertiles et fraîches. Vers 1852-1853, l’oïdium, qui vient d’envahir le Midi de la France, en ralentit momentanément l’extension. La découverte des propriétés curatives du soufre et des moyens de l’utiliser sauve les vignes. De nouvelles plantations sont faites. En 1860, l’Hérault possède 160,000 hectares de vignes et 226,000 en 1869.
- C’est le point culminant. La vigne occupe, à ce moment, tous les sols qui peuvent la nourrir ; elle 11e peut plus guère gagner du terrain. Une très grave et nouvelle maladie va d’ailleurs la faire disparaître presque de partout. Le phylloxéra, découvert, en 1868, dans le Gard, où il a déjà causé des dommages importants, envahit l’Hérault avec une intensité telle qu’en moins de dix ans le vignoble est détruit presque en entier. La maladie apparaît si soudainement et marche si vite qu’aucun moyen de défense ne peut être employé à temps. Seules résistent les vignes plantées dans les sables marins ou dans les plaines fertiles et fraîches. Et en i883, l’Hérault ne possède plus que Ô7,5oo hectares de vignes.
- Si les moyens de défense employés — trop tard — contre la maladie ont été impuissants à empêcher la destruction du vignoble, ils ont été plus efficaces pour sa réfection.
- \é immunité des sables est mise à profit dès qu’elle est établie d’une manière certaine; et les bords de la mer se couvrent en peu de temps de vastes et beaux vignobles.
- Les plaines arrosables reçoivent également de nouvelles plantations qui sont défendues avec plein succès par la submersion.
- En quelques points, malheureusement peu importants, les insecticides donnent d’excellents résultats.
- Mais ce sont surtout les vignes d’origine américaine qui ont la préférence des vignerons, et leur emploi se généralise avec une rapidité prodigieuse. En même temps, en effet, que le phylloxéra est signalé en France, la « résistance-n des vignes américaines est établie par de nombreux faits d’obser-\alion. De là, l’idée de les utiliser en leur demandant soit leurs fruits, soit leurs racines seulement. O11 expérimente d’abord toutes les variétés cultivées en Amérique: Clinton, Taylor, Concord, Isabelle, York-Madeira, Jacquez, Delaware, etc., puis les variétés sauvages de ses forêts : V. Æslivalis, V. Ri-paria, V. Cordi/olia, V. Rupeslris, etc.
- Les premières sont pour la plupart bientôt reconnues insuffisamment résistantes. D’autre part, leurs fruits, très différents des fruits de nos variétés indigènes, ne donnent qu’un vin de qualité médiocre. Seul, le Jacquez est cultivé avec succès sur des étendues relativement importantes.
- Les vignes américaines, cultivées comme producteurs directs, n’ont donc été à peu près d’aucun secours pour la reconstitution du vignoble. 11 n’eu a pas été de même quand on n’a utilisé que leurs
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- racines. Réduites au rôle de support, de -porte-greffes de nos variétés locales, elles en assurent la conservation et la culture dans les memes conditions qu’auparavant. Actuellement, la presque totalité du vignoble du département de l’Hérault, soit 178,17/1 hectares sur 188,000, est établie sur racines américaines résistantes au phylloxéra.
- Ce brillant résultat n’a pas été obtenu sans difficultés. Il a fallu d’abord avoir foi dans le succès, et la foi n’a pas manqué aux viticulteurs de ce pays. Il a fallu aussi choisir, parmi la multitude des variétés envoyées d’Amérique, les meilleures ou même les suffisantes, et, conséquemment, expérimenter chacune d’elles, connaître d’abord leur degré de résistance au phylloxéra — car toutes ne résistent pas également, — leurs facultés cl 'adaptation au sol, car elles ne se plaisent pas également dans tous nos terrains; il a fallu les greffer avec nos variétés locales et transformer ainsi une pratique culturale exceptionnelle en une pratique générale : rechercher les meilleurs systèmes et les meilleurs instruments de greffage, préciser les conditions qui assurent le succès de cette opération. El, afin d’assurer la durée et la prospérité de ces nouveaux vignobles, il a fallu encore transformer les méthodes culturales, presque assimiler la vigne à une plante de jardin.
- Tout cela a été accompli avec un si grand succès par les viticulteurs de l’Hérault que les méthodes de reconstitution, qui sont le fruit de leurs efforts, de leur expérience, sont adoptées et appliquées dans tous les pays où l’on procède à la réfection des vignobles détruits par le phylloxéra.
- Les porte-greffes utilisés d’abord sont : Clinton, Taylor, York-Madeira, Solonis, Hcrhcmonl, Jacquet. Tous ont disparu de nos vignobles, leur résistance au phylloxéra étant insuffisante. Actuellement 011 emploie, avec plein succès d’ailleurs, Hiparia gloire de Montpellier, Hiparia grand glabre, Hupestris du Lot et quelques hybrides obtenus récemment.
- Les variétés locales les plus anciennement cultivées pour le vin sont : Cinsaut, Œillades, Aspiran, Piquepouls, Terrets, Clairettes, Muscats, etc. A la fin du siècle dernier, on introduit, d’une part, YAramon, venu de la Provence; d’autre part, la Carignane, le Grenache, le Mourvèdre, venus d'Espagne ou du Roussillon. Mais ces variétés nouvelles 11e donnent pas tout d’abord pleine satisfaction. On leur reproche de dépérir en beaucoup d’endroits, ou de produire irrégulièrement. La culture en est même proscrite. Mais il paraît que ces inconvénients ne persistent pas, car ces nouveaux venus prennent peu à peu la place des anciennes vignes de pays. Actuellement c’est YAramon dans les plaines, la Carignane sur les coteaux, qui dominent. A côté d’eux, les variétés d’autrefois ; Cinsaut, Piquepouls, Terrets, Clairettes, Muscats, etc., et quelques variétés obtenues par MM. Bouschet de Bernard : Petit-Bouschet, Alicante-Bouschet, Grand-Noir.
- En somme, les variétés cultivées pour le vin sont les mêmes qu'autrefois.
- La planlation d’une vigne est toujours précédée d’un ameublissement profond du sol (0 m. 5o à 0 m. 80), exécuté soit avec des charrues défonceuses mues par la vapeur, soit à la main. Le sol est ensuite débarrassé des mauvaises herbes, nivelé, ameubli superficiellement et rayonné.
- L’emplacement de chaque cep est indiqué par le point de croisement de lignes tracées par le rayon-neur ou par un piquet. Les jeunes plants, racinés ou boutures, sont plantés dans des trous de om.3o à o m. ho de profondeur, et distants les uns des autres de 1 m. 5o dans tous les sens. La première année, le sol reçoit les labours nécessaires pour le maintenir meuble, c’est-à-dire frais et exempt de mauvaises herbes.
- Au printemps de la deuxième année, les jeunes ceps sont greffés sur place ; on pratique d’ordinaire la greffe en fente ou la greffe anglaise. Si les conditions météorologiques sont favorables, la reprise est très bonne : elle atteint 85 ou 99 p. 100; si elles sont défavorables, elle peut s’abaisser à 5o, 3o, a5 p. 100, mais cela est rare, En général, la greffe sur place réussit bien, et la vigne est complète dès la troisième année. La vigueur des greffes varie, bien entendu, avec la fertilité du sol, la puissance du sujet: il 11’est pas rare de les voir porter des fruits l’année même de leur exécution. Elles donnent une bonne récolte dès la troisième année de plantation.
- La vigne est cultivée dans la région méridionale en souches basses, le plus souvent également espacées entre elles. Tel est le caractère distinctif de cette culture. Les échalas, tuteurs et autres sup-
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- porls n’y sont point employés. La vigne se soutient elle-même, et végète librement sans être liée, rognée (H. Mares).
- Cette manière de cultiver la vigne implique nécessairement la taille courte et les souches sont formées, suivant leur âge et leur puissance, avec h, Ô et même i5 bras, terminés chacun parmi cour-son à deux yeux francs. Le nombre des yeux à fruits réservés à la taille varie par suite de 3o,ooo à 100,000 et au delà par hectare; on voit les différences de production qui doivent en être la conséquence.
- La taille est exécutée, pendant tout l’iiiver, à l’aide de sécateurs spéciaux. La serpe est abandonnée depuis longtemps.
- A partir de la troisième année, les vignes sont régulièrement fumées, soit chaque année, soit tous les 2, 3 ou k ans. Toutes les matières fertilisantes sont utilisées : fumier d’écurie, crottin de moutons, boues de ville, etc., et, depuis quelques années, les engrais chimiques. Les doses employées varient beaucoup. En général, on évalue les frais de fumure à 200 francs par hectare et par an; mais ce chiffre est quelquefois doublé.
- Les labours sont donnés à la charrue; autant que possible ils sont croisés. Le labour d’automne ou d’hiver sert à recouvrir les engrais : c’est d’ordinaire un chaussage. Le labour de printemps est un déchaussage. Les labours d’été sont aussi nombreux que possible : les derniers sont donnés à la main.
- Les maladies sont combattues avec le plus grand soin. La chlorose est évitée par le badigeonnage des plaies de taille avec une solution concentrée de sulfate de fer, procédé du à M. le docteur Rassi-guier: Yanthracnose, par le même traitement; l'oïdium, par des soufrages répétés et donnés en temps opportun; le milden, par des applications de bouillies et de poudres cupriques.
- Depuis quelques années, surtout dans les terres riches et fraîches, la vigne est parfois conduite sur lil de fer à la taille longue (taille de Quarante).
- En résumé, le vignoble actuel de l’Hérault est semblable au vignoble d’autrefois : mêmes cépages occupant les mêmes sols ; mêmes systèmes de plantation, de taille, de conduite de la vigne, de culture, etc., et, par conséquent, mêmes vins. 11 n’en diffère, en somme, que par sa partie souterraine. Au lieu des racines françaises, ce sont des racines américaines qui le nourrissent.
- Mais, plus qu’autrefois, il est l’objet de toute la sollicitude des viticulteurs; les autres cultures sont reléguées au second plan. Tout est mis en oeuvre pour en retirer le maximum de profits. Les labours, 011 ne les compte plus. Les fumures sont aussi copieuses que possible; où la sécheresse est à craindre, on arrose.
- Les maladies sont l’objet d’une surveillance attentive. Pour en préserver la vigne, ses feuilles sont maintenues couvertes de bouillies, de poudres diverses pendant toute la végétation. Les insectes sont chassés, même pendant la nuit.
- Tous ces soins de culture ou de défense contre les maladies nécessitent une organisation et un matériel d’exploitation inconnus autrefois. La serpe et la pioche ne suffisent plus. Et la culture de la vigne est devenue très compliquée et surtout très onéreuse. Elle nécessite actuellement de 800 à 1,200 francs de frais par hectare contre 200 à 3oo francs jadis; et comme, pour être rémunératrice, elle doit être bien conduite, elle nécessite, en outre, chez les viticulteurs, une intelligence et des connaissances qui ne manquent pas aux viticulteurs de l’Hérault.
- Relativement à la nature et à la composition des vins de l’Hérault, voici ce cpTécrit M. L. Roos, directeur de la station œnologique de ce département :
- Le département de l’Hérault, le plus grand producteur de vins, ne donne pas, suivant la croyance générale des consommateurs, les vins dits du Midi, épais, chargés en couleur, en extrait, en alcool, imbuvables en nature.
- C’est, en effet, une opinion très répandue, prépondérante même dans le Nord, que le Languedoc Gn. X. — Cl. 60. i3
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- ne fournit que des vins grossiers à employer seulement en coupages. La réalité est tout autre. Dans l’Hérault, on trouve :
- Eu fait de vins de liqueur, des types de tout premier ordre, tels que les muscats de Frontignau et de Lunel ne redoutant aucune comparaison au monde. Les muscats de Samos et de divers points de l’Asie Mineure, les moscatels d’Espagne, ont du parfum sans doute, mais ils n’ont ni la linesse, ni le velouté, ni le plein de ceux que je viens de citer. Ils sont souvent substitués aux premiers et baptisés de leur nom, mais ils ne trompent jamais un palais exercé.
- En fait de vins de table, des crus de choix pouvant aisément faire le grand ordinaire, récoltés sur les divers coteaux du département avec des cépages fins dans lesquels figure toujours le Cinsaut en proportion notable. Celte sorte de vin ne constitue qu’une très faible partie de la récolte totale, mais on obtient en quantité considérable, représentant les huit dixièmes de la production, des vins légers, fins, fruités, très agréables au palais, constituant un excellent vin de table ordinaire sans mélange aucun. Pour les vins rouges, les cépages dominants sont l’Aramon et le Carignan; pour les vins blancs, le Picpoul et le Bourret.
- Enfin, les régions montagneuses du département fournissent quelques milliers d’hectolitres répondant à peu près à l’opinion erronée qu’on se fait des vins du Midi de la France, bonne pour les gros vins d’Espagne, non pour les nôtres, et qu’il serait désirable de voir disparaître.
- Par l’importance de sa production, le département de l’Hérault est la première région vinicole du monde. Les vins ordinaires tiennent dans celte production une place prépondérante; cependant nulle part les procédés de vinification ne sont aussi étudiés et aussi perfectionnés que dans l’Hérault.
- Depuis la reconstitution du vignoble, depuis l’extension des moyens de transport, depuis la disparition de l’industrie des eaux-de-vie de Montpellier, les sociétés agricoles, les professeurs, les viticulteurs se sont ingéniés à obtenir des vins droits de goût, solides, agréables au palais, pouvant aller seuls, c’est-à-dire susceptibles d’aller directement à la consommation sans coupage ou non, comme autrefois, à la chaudière en vue de la production d’alcool.
- C’est dans l’Hérault que se sont édifiés les premiers grands celliers modernes, où la mécanique intervient si heureusement pour une élaboration propre, rapide et économique du raisin. C’est encore dans l’Hérault qu’on peut trouver aujourd’hui les mieux agencés, les plus ingénieux, et cela aussi bien dans la petite et la moyenne propriété que dans la grande. C’est enfin dans l’Hérault que se sont faites les plus importantes études en vinification, comme c’est de là que sont parties les plus précieuses leçons pour la reconstitution du vignoble.
- Tous ces efforts ont porté leurs fruits ; il n’y a pas aujourd’hui de région viticole dans laquelle la proportion de vins défectueux, sur la récolte totale, soit plus faible que dans l’Hérault, et cela est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’une région à hivers peu rigoureux, à étés très chauds, ne produisant que des vins légers, c’est-à-dire de conditions très défavorables.
- Avec le précieux concours de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault et de divers collaborateurs, je me suis livré, de 1889 à 1898, à une étude analytique suivie des vins des divers points du département de l’Hérault. Les mémoires publiés à la suite de ces travaux sont tous insérés dans le Bulletin de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault, et nulle part ailleurs on ne trouverait une mine de documents aussi riche pour les vins d’une région.
- Il m’est facile, en résumant très brièvement ces études, en citant ici quelques-unes des moyennes auxquelles je suis arrivé, de détruire l’opinion qu’on se fait bien à tort des vins du Languedoc. Mes analyses ont porté tous les ans sur des centaines d’échantillons dont l’authenticité était absolue, prélevés, soit par moi-meme, soit par une commission de la Société cenlrale d'agriculture de l’Hérault, commission à laquelle était adjoint un délégué nommé par M. le Préfet de l’Hérault. Il s’agit donc de résultats auxquels on doit accorder toute confiance.
- Je parlerai tout d’abord du plâtrage que l’on croit si répandu dans le Midi, que l’on croyait meme tout à fait général avant l’interdiction légale de cette pratique.
- J’ai souvent soutenu que le dlâtrage de la vendange n’avait qu’une utilité relative, qu’on pouvait
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- non seulement s’en passer, mais faire mieux qu’avec lui en soignant tous les détails de la vinification.
- En soutenant cette thèse, en 1889 et avant, je ne me doutais pas moi-même combien il était peu fréquent dans le Languedoc dès cette époque. Je ne relève, en effet, sur mes analyses, que 2 p. 100 de vins plâtrés en 1889 et 1 p. 100 seulement en 1890. Pour toutes les autres années étudiées, prises dans leur ensemble, la proportion des vins plâtrés ne dépasse pas 1.2 p. 100. Le plâtrage n’existe donc pas, dans l’Hérault au moins, si ce n’est à l’état de légende, et si cette légende s’est répandue , cela tient bien certainement à ce que des coupages, dans lesquels les vins d’Espagne entraient en quantité importante, ont été et sont encore très fréquemment présentés à la consommation comme vins du Midi.
- Quant aux degrés alcooliques, nous allons voir qu’ils ne caractérisent pas non plus des gros vins, mais bien des vins de consommation courante.
- Les degrés moyens par année, relevés de 1889a 1898, sont compris entre 8° 70 (chiffre de 1890) et io° 2 (chiffre de 1896), et ces chiffres expriment bien chaque année la richesse moyenne, car très rares sont les types qui s’écartent d’eux de plus d’une unité en plus ou en moins.
- L’extrait sec est un Licteur très important du vin au point de vue du goût. C’est lui qui communique au vin, quand il est particulièrement abondant, cette qualité que les dégustateurs appellent la mâche, très recherchée par le commerce, parce quelle permet le coupage avec toutes sortes de dilutions alcooliques faibles. Un bon vin de table 11e doit pas être chargé en extrait sec au delà de 18 à 22 grammes par litre, sinon il est lourd et peu digestible. Les chiffres moyens exprimant l’extrait sec des vins de l’Hérault, de 1889 à 1898, oscillent tous autour de 20 grammes, chiffres s’accordant d’ailleurs très bien avec les titres alcooliques moyens des diverses années.
- Les qualités de fraîcheur et de fruit, si générales dans les vins de l’Hérault, tiennent surtout à l’acidité sans excès et à l’abondance du tartre. L’acidité est exprimée, en effet, par un chiffre oscillant entre 4,5o et 5, évaluant l’acidité complète du vin comme si elle était fournie par k gr. 5o ou 5 grammes d’acide sulfurique par litre. Le tartre existe toujours en quantité relativement forte, comprise entre 3 gr. 59 pour 1889 et 3 gr. 99 pour 1898. Ces proportions d’acidité et de tartre sont d’excellents indices de qualité. On peut, au moment de boire de pareils vins, les étendre d’eau sans qu’ils perdent leur saveur vineuse, sans qu’ils deviennent plats comme les gros vins d’Espagne, et ces proportions d’acidité et de tartre expliquent encore la légèreté des vins, leurs qualités stimulantes et leur digestibilité.
- On voit aisément, par les quelques chiffres que je viens de citer, représentant les facteurs les plus importants dans la constitution des vins, combien les produits de l’Hérault sont aptes à entrer dans la grande consommation tels que la nature nous les fournit. D’après une étude récente due à M. Ma-zure, sur les «qualités hygiéniques des vins naturels», les vins de l’Hérault doivent être classés parmi ceux que M. Mazure dénomme les vins équilibrés, c’est-à-dire les vins d’une constitution répondant parfaitement aux besoins de l’hygiène.
- Enfin, pour les celliers, M. P. Ferrouillat, directeur de l’Ecole d’agriculture de Montpellier, fournit les indications suivantes :
- Le vignoble du département de l’Hérault est caractérisé par sa grande fertilité et l’abondance de sa production. Ses vins, quoique étant de bons ordinaires, n’ont pas une valeur marchande élevée. Ils sont généralement vendus et expédiés dans le courant de l’année, avant la récolte suivante. Enfin, la vendange doit pouvoir être vinifiée soit en rouge, soit en blanc, ou partiellement en rouge et en blanc, suivant la demande des acheteurs et la tendance du commerce.
- Les bâtiments vinaires sont donc installés et outillés pour traiter le plus rapidement et le plus économiquement possible de grandes quantités de raisins, pour loger des récoltes importantes, mais sans la préoccupation d’une longue conservation, et aménagés pour satisfaire aux conditions de la vinification en rouge ou en blanc, à la volonté du producteur.
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- Pendant longtemps, les operations de la vinification sont restées très rudimentaires : on ramassait le raisin, on le jetait foulé ou non dans un récipient approprié et on laissait à la fermentation abandonnée à elle-même le soin de le transformer en vin. Cette méthode très simple ne donnait pas toujours d’excellents résultats; mais les conditions économiques étaient si favorables que les vins trouvaient facilement acheteurs, même si leur qualité n’était pas irréprochable, et les viticulteurs n’éprouvaient pas le besoin de lui en substituer une meilleure.
- La crise phylloxérique et les nombreux fléaux qui se sont abattus sur le vignoble ont modifié profondément les conditions de la culture et ont eu leur répercussion sur le marché des vins. Le commerce s’est montré plus exigeant et il a fallu perfectionner les procédés de vinification pour assurer l’écoulement des produits à un prix rémunérateur.
- Une transformation de l’aménagement et de l'outillage des celliers a été la conséquence de celte situation nouvelle : les batiments, mieux installés au point de vue de l’hygiène des vins, ont été munis d’un matériel perfectionné. Le fouloir, la pompe à vin, le pressoir, ont subi d’heureuses modifications. Le filtre, le pasteurisaleur, ont pris place dans le mobilier de la cuverie. La distillerie a été annexée à la cave pour l’utilisation et le complet épuisement des marcs.
- Dans les plus grands domaines, le moteur à vapeur ou à pétrole remplace souvent la main-d’œuvre des ouvriers et a abaissé les frais de vinification tout en permettant l’emploi de machines plus puissantes et propres à effectuer un bon travail.
- Nulle part, peut-être, l’installation vinaire n’est plus parfaite aujourd’hui que dans la région méditerranéenne, et en particulier dans le département de l’Hérault. Les petits viticulteurs ont suivi l’exemple qui leur était donné par les grands propriétaires et, dans un récent concours ouvert par la Société centrale d’agriculture de l’Hérault entre les celliers de la petite culture, le jury avait la satisfaction de constater que les caves les plus modestes ne le cédaient en rien aux plus grandioses au point de vue du traitement méthodique de la vendange et de la conservation rationnelle du vin.
- Ces transformations n’ont d’ailleurs pas enlevé aux celliers leur caractère de très grande simplicité. Le plus souvent un seul bâtiment sert à la fois à la fermentation de la vendange et au logement du vin fait. Les pressoirs sont placés dans le cellier même, ou sous un appentis, voire même parfois en plein air. Toutes les fois que la configuration du sol le permet, le cellier est adossé à un talus ou bordé d’une rampe qui protège le bâtiment contre la chaleur extérieure et qui facilite l’élévation de la vendange au-dessus des vases vinaires.
- Ceux-ci sont généralement des foudres en bois. La cuve en ciment est réservée au débourbage des moûts blancs ou au lavage des piquettes. Elle ne sert qu’exceptionnellement au logement du vin.
- Nous avons tenu à publier ces différents documents, contenus dans une sorte de monographie du vignoble de l’Hérault, éditée par les soins de la Commission départementale de l’Exposition de la Société centrale d’agriculture, parce que la plupart des renseignements qui y sont fournis s’appliquent à tous les autres départements méridionaux et donnent, par conséquent, une opinion d’ensemble sur notre vignoble méditerranéen. Cependant nous devons faire quelques réserves sur certains points. Ainsi, nous ne saurions accepter, avec M. Ravaz, que le vignoble actuel de l’Hérault soit semblable au vignoble d’autrefois, avec les mêmes cépages et les mêmes genres de culture. On a, au contraire, trop abondonné les plants de jadis pour donner le pas à l’Aramon qui ne produit généralement que des vins maigres et peu alcooliques. Rien plus, pour avoir des récoltes très abondantes, on a taillé long, on a employé des fumures spéciales et le résultat a été l’obtention de quantités exagérées de vins manquant des qualités qu’on leur reconnaissait avant l’invasion phylloxérique. L’année 1 qoo a été, à cet égard,
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- la démonstration fâcheuse de ce que peut donner la culture intensive et en partie sa condamnation pour les vins.
- Nous formulerons aussi des réserves à propos de l’opinion émise par M. Roos, directeur de la station œnologique de Montpellier, et dont nous avons cité les appréciations.
- Les vins du Midi d’autrefois étaient, en grande partie, de forte couleur, riches en extrait et en alcool. Ils servaient d’une façon très heureuse dans les coupages du commerce pour remonter les petits vins de pays. C’est leur disparition à peu près complète qui a obligé nos négociants à aller chercher des similaires en Espagne, en Italie. Maintenant l’Algérie nous en donne. Certes, à côté d’eux, il y avait des vins pouvant aller seuls sur la tahle, mais ce n’était pas là ce qui faisait le succès du vignoble méridional. Les autres régions produisant des vins légers, il leur en fallait de plus solides poulies remonter et leur fournir de la tenue; c’est le Midi qui en était le grand pourvoyeur.
- Maintenant que le vignoble français est reconstitué, il nous paraît que c’est cette situation qu’il convient de reprendre et si M. Roos veüt consulter les analyses des produits de jadis, il verra que le titre alcoolique ne variait pas, comme ces dernières années, de 8° 7 à io°2, mais était rarement inférieur à g degrés pour les vins les plus légers, et atteignait 12, 13, 1A degrés, quelquefois davantage même. La moyenne était plutôt vers 11 degrés. L’extrait sec était à l’avenant; on enregistrait plus fréquemment des doses de 22 et 2 A grammes par litre et non pas 18 et 20 comme aujourd’hui.
- Ces diverses observations s’appliquent non seulement à l’Hérault, mais aussi aux autres départements du Midi : Pyrénées-Orientales, Aude et Gard. Ce dernier surtout, qui compte beaucoup de vignes dans les sables, récolte maintenant de nombreux raisins d’aramon donnant souvent des vins très légers et manquant de tenue. Ajoutons que, dans certains endroits, les rendements ont été si importants parfois que nombre de propriétaires n’ayant pas pris la précaution de développer en proportion leur matériel vinaire et leurs locaux, il en est résulté des difficultés de logement qui ont eu une répercussion fâcheuse sur les cours et sur les transactions.
- Le commerce demande aujourd’hui au vignoble méridional reconstitué des produits de qualité régulière et solide. Pour y arriver l’expérience montre qu’il ne faut pas tendre vers les gros rendements, car de ce côté il pourrait y avoir de sérieuses déceptions.
- Le Midi avait envoyé à l’Exposition 2,571 échantillons de vins, présentés par 2 g5 propriétaires de l’Aude, 121 du Gard, 723 de l’Hérault et 1 38 des Pyrénées-Orientales. Les récompenses suivantes ont été décernées :
- Aude................ 1 grand prix, 3i médailles d’or, 10A médailles d’argent,
- 46 médailles de bronze et 17 mentions honorables.
- Gard................ 1 grand prix, 6 médailles d’01-, 3i médailles d’argent,
- 29 médailles de bronze et 10 mentions honorables.
- Hérault............. 2 grands prix, 54 médailles d’01-, 153 médailles d’argent,
- 85 médailles de bronze et 32 mentions honorables. Pyrénées-Orientales. 1 grand prix, d 5 médailles d’or, 2 4 médailles d’argent, i3 médailles de bronze et 16 mentions honorables.
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- 9e RÉGION. — HAUTE-GARONNE, LOT, LOT-ET-GARONNE, TARN ET TARN-ET-GARONNE.
- La neuvième région est consacrée au Centre-Sud, comprenant la Haute-Garonne, le Lot-et-Garonne, le Tarn et le Tarn-et-Garonne. Les collectivités de ces départements exposent sous le patronage de la Société des viticulteurs de France et d’ampélographie, avec le concours des Sociétés d’agriculture de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne. Le premier de ces départements avait une belle collection de vins; la reconstitution a marché très heureusement dans les vignobles de Fronton, de Villaudric, et les vins soumis au Jury, des années 1898 et 1899, avaient une franchise de goût très intéressante, avec du corps et de la finesse. Citons encore de bons vins blancs frais et nerveux. Presque rien du Lot-et-Garonne ni du Tarn.
- A propos du vignoble de la Haute-Garonne, la Société centrale de ce département écrit dans un rapport sommaire présenté au Jury de la Classe 60 :
- A l’heure actuelle, le vingtième environ de la surface totale du département est planté en vignes, mais quoique les terrains qui portent la vigne aujourd’hui n’occupent pas tout l’emplacement des anciens vignobles, il est à peu près certain que cette culture s’étendra encore notablement.
- Les cépages cultivés autrefois étaient surtout la négrette, le maurastel, le bouchalès, le redonval, le mauzac blanc, la chalosse, la mérille et la merterille.
- Au début de la reconstitution des vignobles, les hybrides Bouschet ont eu un moment la faveur des viticulteurs. Puis successivement et sans grande méthode on a introduit la plupart des cépages renommés et connus, surtout les cabernets et le malbec pour le Bordelais, le gamay et le pinot pour la Bourgogne, la petite syrah de la Drôme, l’aramon, le durif, le valdéguer, le tannat, etc.
- De même pour les cépages blancs, le sémillon, le sauvignon et d’autres cépages sont venus se placer à côté du mauzac et de la chalosse.
- A l’heure actuelle, il y a une tendance manifeste à revenir aux anciens cépages du pays et principalement à la négrette qui, pendant longtemps, a fait la réputation des vins du département.
- Autrefois, la culture était des plus simples. La vigne, conduite en gobelets avec trois ou quatre bras portant chacun deux yeux, recevait rarement plus de deux labours et les frais de culture étaient évalués à 12 francs l’arpent (57 ares).
- Après la reconstitution, qui a été faite sur riparia gloire de Montpellier, et quelquefois, dans ces derniers temps, sur rupestris du Lot, la plupart des vignes ont été mises sur fil de fer, pratique rendue nécessaire par les pluies d’été assez fréquentes dans la région, pluies qui font développer les mauvaises herbes.
- La conduite des vignes en cordons annuels ou permanents, uni ou bilatéral, se pratique assez généralement, mais l’emploi exclusif des cordons annuels paraît être en faveur depuis quelques temps, surtout pour certains cépages qui exigent la taille longue.
- Le rendement des vignes du département a plus que doublé depuis le commencement du siècle. 11 était évalué :
- PAR HECTARE.
- 1812.......................................................................... 10,59 hectolitres.
- 1842......................................................................... 10,00
- 1852 ........................................................................... i5,oo
- 1899............................................................................ 28,32
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- Mais il faut bien reconnaître qu’à l’heure actuelle ces moyennes ne signifient pas grand’chose, car si on trouve dans le département des vignes qui ne rapportent pas 10 hectolitres de vin à l'hectare, il y a des vignes de plus de 5o hectares qui produisent en moyenne de 90 à 100 hectolitres de vin avec des maxima partiels très supérieurs.
- La qualité des vins ne peut être que variable dans un département aussi varié comme sol et comme exposition que l’est celui de la Haute-Garonne.
- Anciennement, on connaissait seulement deux crus : celui de Fronton et celui de Cugnaux-Saint-Simon. Le premier, dont la réputation s’étendait assez loin, passait pour se conserver en s’améliorant jusqu’à vingt ans environ.
- De nos jours, la région de Frcmton-Villaudric, où se trouvent encore quelques vieilles vignes, donne des vins qui, lorsqu’ils sont bien réussis, sont tout à fait remarquables. Jeunes, ils sont alcooliques, neutres, riches en couleur, ayant du corps et conviennent parfaitement aux négociants de Bordeaux. Conservés, ils acquièrent une grande finesse et un bouquet délicieux; mais ils s’usent quelquefois, et faute de soins judicieux, avec une trop grande rapidité.
- Dans la vallée de la Garonne, les vignes reconstituées depuis quelques années déjà recommencen à donner les types de vin que le commerce recherchait beaucoup autrefois : les Cugnaux-Saint-Simon, les Longages et les Haut-Longages, produits dans la région qui avoisine ces localités.
- Le vin de Longages, parfaitement neutre, convient très bien pour toutes sortes de coupages. D’une richesse alcoolique qui, suivant les années, varie de 9 à 10, 11 degrés, il est riche en extrait, d’une belle couleur, et possède une vinosité et un moelleux qui en font un excellent vin de table.
- Les vins de Gugnaux-Saint-Simon et du Haut-Longages présentent à peu près les mêmes caractères, les premiers un peu plus ordinaires et les seconds plus fruités.
- E11 dehors de ces quatre crus, ou trouve dans l’arrondissement de Toulouse et dans celui de Muret des qualités variables, mais quelques vignobles produisent des vins pouvant lutter sans conteste avec les précédents.
- Les arrondissements de Viïlefranche et de Saint-Gaudens ne produisent pas assez de vin pour leur consommation. Les produits de leurs vignes ne possèdent pas de caractères généraux bien certains.
- Sur le même vignoble, M. Louis Fite, membre de la Société centrale d’agriculture de la Haute-Garonne, établit, dans une notice qu’il a publiée pour l’Exposition, que les viticulteurs de ce département se sont imposé de très lourds sacrifices pour reconstituer les anciens vignobles disparus, et qu’aujourd’hui le résultat est à peu près atteint. L’œuvre se poursuit sans cesse, laissant entrevoir un avenir où la vigne occupera la plus grande partie des surfaces cultivées. Le vin donné par les vignes nouvelles est au moins l’égal de son ancien; il lui est même supérieur dans beaucoup de cas en finesse et en puissance colorante. Voici comment s’exprime M. Fite :
- Avant le phylloxéra. — La vigne occupait autrefois une place importante dans les cultures de notre département et tout favorisait cette culture; 011 plantait au hasard, pêle-mêle, des ceps appartenant à un grand nombre de variétés, dans les sols les plus ingrats; on négligeait les soins les plus élémentaires; le raisin, prématurément cueilli et grossièrement foulé sous les pieds des vendangeurs, séjournait des mois entiers dans la cuve pour donner ensuite un vin généreux apprécié par le commerce.
- La statistique de 1812 (archives) nous apprend que, sur près de 5o,ooo hectares plantés dans la Haute-Garonne, on récoltait à peine 10 hectolitres à l’hectare.
- Cependant, malgré les vicissitudes que subissaient la vente des vins et la viticulture, la quantité de vignes plantées allait en augmentant; en i852, le département possédait 55,000 hectares de
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- vignes. Sur ce nombre, l’arrondissement de Toulouse en comptait près de 23,ooo; l’arrondissement de Muret possédait 18,000 hectares, celui de Saint-Gaudens, 8,000, et celui de Villefranche, 6,672.
- A cette époque, le vignoble de la Haute-Garonne était planté surtout avec le cépage connu sous le nom de négrette, auquel se trouvaient associés le bouclialès (cot), le morrastel, le redondal, la mérille, le mauzac blanc et rose, et la chalosse.
- Aux deux Expositions universelles de Paris, en 1867 et 1878, les vins de la Haute-Garonne obtinrent un certain nombre de récompenses accordées aux vins de Fronton, de Villaudric, de Cugnaux, de Longages, etc.
- A partir de 1878, la vigne est progressivement ravagée par le phylloxéra. Si l’apparition de ce parasite, qui a détruit près de 70,000 hectares de vignes dans notre département, a été une cause de ruine pour certains, il est incontestable qu’elle a singulièrement contribué à perfectionner la culture de la vigne et à améliorer les procédés de vinification.
- Le département de la Haute-Garonne est d’ailleurs tout particulièrement favorisé pour la culture de la vigne : par la nature du sol, du climat et la situation géographique, Toulouse se trouve à peu près à égale distance de l’Hérault, producteur de quantité, et de la Gironde, remarquable par la qualité.
- Aujourd’hui, grâce aux progrès réalisés, le commerce, la clientèle bourgeoise, tous ceux, en un mot, qui veulent consommer nos bons vins de France, peuvent venir vers nous; mieux que partout ailleurs, ils trouveront des vins remarquables dus à notre climat spécial, au choix des cépages, au progrès de la vinification, produits qu’il leur serait impossible de se procurer dans d’autres régions à des prix aussi réduits.
- Depuis la reconstitution. — Principaux cépages cultivés. — Le choix des cépages préoccupa d’abord les viticulteurs, les professeurs et les sociétés d’agriculture ; des champs d’expériences furent créés dans les divers centres viticoles du département. On reconnut vite la nécessité de conserver les principales variétés indigènes, surtout la nègrette ou le négret, qui donnaient aux anciens vins les qualités essentielles recherchées par le commerce. Pour remédier aux défauts inliéreuts à ce cépage, on fit appel à des plants du Bordelais, de la Bourgogne, de la Champagne et du Midi.
- La sélection se fit rapidement sous l’influence des résultats, et du chaos primitif sortit bientôt un choix judicieux adapté aux circonstances, que l’avenir se chargera encore d’améliorer.
- Aujourd’hui, les principaux cépages cultivés sont, comme raisins de cuve : la négrette formant la base, le morrastel, la merille, la morterille, le mauzac blanc, le mauzac rose, le malbec, la chalosse, la folle blanche, le cabernet sauvignon, le merlot, le pinot, le gamay, la mondeuse, la petite syrah, l’aramon, la carignane.
- Il existe également des teinturiers, tels que l’alicante H. Bouschet, l’otbello, le jacquez et autres variétés qui tendent à disparaître à mesure que le vignoble se reconstitue, et ce, pour le plus grand bien de la réputation dont jouissent nos vins.
- Étendue du nouveau vignoble. — L’étendue du nouveau vignoble de la Haute-Garonne se trouve indiquée dans le tableau ci-dessous, emprunté aux documents qui ont servi à l’édification de la carte viticole du département :
- SUPERFICIE. VIGNOBLES EXISTANT
- ARRONDISSEMENTS. par
- ARRONDISSEMENTS. en 1889. en 1899.
- hectares. • hectares. hectares.
- Toulouse l59>977 1 2,762 16,688
- Muret 162,690 9,853 9^7
- Villefranche 96,362 1,066 1,518
- Saint-Gaudens » 212,771 â,937 00
- Totaux 629,600 28,576 3G79^
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- Production. — La production en vins dans la Hante-Garonne était, en 1899. d’environ 890,607 hectolitres pour une surface plantée de 31,79^ hectares.
- Les arrondissements de Toulouse et de Muret sont essentiellement vinicoles. Celui de Toulouse, qui comprend les crus bien connus de Fronton, Villaudric et Cugnaux, récoltait l’année dernière 423,201 hectolitres. Celui de Muret, qui possède à son actif les communes de Longages, Carbonne, Lavernose, Bérat, Le Lherm, Lavelanet, Auterive, Cazères, etc., apporte une production de 39.5,000 hectolitres environ.
- Les arrondissements de Villefranche et de Saint-Gaudens produisent la différence, soit ensemble 142,37/1 hectolitres.
- ARRONDISSES! ENTS.
- Toulouse......
- Muret.........
- Villefranche... Saint-Gaudens
- Excédent évalué en hectolitres à vendre Totai, égal à la production................
- PRODUCTION
- ANNUELLE.
- hectolitres.
- 42 3,201 324,982 5i,4o8 90,966
- 890,607
- CONSOMMATION
- MOYENNE.
- hectolitres.
- i55,55a 104,966 59,823 119,808
- 44o,i 4 9
- 4 5 o,4 5 8
- 890,607
- Vins rouges. — Les vins rouges récoltés ont des qualités distinctes suivant les cépages; ils peuvent être classés en trois catégories :
- irc catégorie. — Vins bourgeois;
- 2e catégorie. — Vins de coupage;
- 3e catégorie. — Vins ordinaire de table.
- Les prix des vins de la première catégorie, suivant âge, sont de 3o à 5o francs l’hectolitre.
- Ceux de la deuxième catégorie, issus des anciens cépages du pays, auxquels on a adjoint les ca-bernets, pinots, gamays, etc., sont des vins admirablement constitués, d’un rouge vif, ayant du corps et de la finesse. Leur titre alcoolique varie, suivant les années, entre 10 et 12 degrés; ils sont demandés par les maisons de commerce du Bordelais et de la Bourgogne, parce qu’ils sont frais au palais (malgré le titre alcoolique io°-t2 degrés) et qu’ils s’assimilent très bien aux vins des deux crus que nous venons de citer,
- Les vins de cette catégorie s’emploient avec succès dans les coupes des vins de commerce, étant donné surtout les prix auxquels on peut.les acquérir, soit 23 à 25 francs l’hectolitre,
- La troisième catégorie comprend des vins issus de cépages divers. Ils sont frais et droits de goût; leur couleur et leur titre alcoolique sont moindres. Ils sont destinés à la niasse des consommateurs, en raison du prix relativement modique auquel 011 les achète : 15 à 1 8 francs l’hectolitre.
- Vins blancs. — Les vins blancs sont le produit des raisins blancs ou le produit des raisins rouges à jus incolore dont on a fait fermenter le moût après en avoir préalablement séparé les rafles et les pellicules. Les principaux cépages blancs cultivés sont le sémilion, le mauzac, la chalosse et la mus-cadelle. Ils sont l’objet de traitements spéciaux.
- Les producteurs de vins blancs sont encore peu nombreux dans notre région, et, bien que l’initiative des premiers viticulteurs ait été couronnée d’un légitime succès, tant au point de vue du rendement , de la qualité et du prix de vente, la majorité des propriétaires hésite à s’adonner à cette production, en raison des soins spéciaux qu’elle demande et du matériel qu’elle nécessite.
- Les vins que l’on obtient sont ou moelleux ou secs, suivant les procédés de vinification. Ces vins
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- sont devenus d’une vente facile depuis que les médecins en ont prescrit, en bien des cas, la consommation.
- Le prix pour notre région, suivant qualité, est de 25 à 5o francs l'hectolitre.
- Résumé. — En résumé, la production du vin est une des principales richesses agricoles du département de la Haute-Garonne, lequel a reconquis le rang qui lui était assigné avant l’invasion pliyl-îoxérique.
- Ainsique nous l’avons déjà indiqué, la production totale a été, l’année dernière, d'environ 890,607 hectolitres; et la consommation ayant été de 440,1^9 hectolitres, il reste un excédent disponible de 45o,458 hectolitres., représentant un valeur réelle de io,3o5,28i francs.
- Dans le Tarn-et-Garonne, nous notons des vins qui offrent quelques mérites; ils ont une jolie couleur, un goût Lien net et possèdent une force alcoolique régulière; citons particulièrement les Lavilledieu, les Moissac et environs.
- Le Lot, qui avait jadis des vignes produisant des vins très colorés, a beaucoup souffert du phylloxéra; les Cahors, les Pravssac, les Souillac d’aujourd’hui n’ont plus la forte couleur ni la bonne tenue de leurs aînés.
- Pour le Lot-et-Garonne, il faut placer en première ligne les vins de Layrac, ordinaires de goût, mais qui se tiennent fermement.
- Cette région a présenté à l’Exposition un ensemble de 384 échantillons répartis entre 2û5 exposants de la Haute-Garonne, 2 du Lot, 2 du Lot-et-Garonne, 1 du Tarn et 26 du Tarn-et-Garonne. Les récompenses décernées ont été les suivantes :
- Haute-Garonne.. .
- Lot..............
- Lot-et-Garonne.. . Tarn-et-Garonne. .
- 1 grand prix, 2 médailles d’or, 2 5 médailles d’argent;
- 34 médailles de bronze et 3i mentions honorables.
- 1 médaille d’argent et 1 médaille de bronze.
- 1 médaille d’argent et 1 médaille de bronze.
- 1 médaille d’argent, 7 médailles de bronze et 14 mentions honorables.
- 10e RÉGION. -- ARMAGNAC, BASSES-PYRÉNÉES.
- Dans la dixième région se trouvent placés les vins de la Ténarèze, du Haut et Bas-Armagnac et toutes les eaux-de-vie si justement appréciées de ces pays. Nous nous occuperons plus loin de ces eaux-de-vie. Les vins rouges ont peu de mérite, mais les blancs ont du bouquet et une quantité importante de ceux-ci, depuis nombre d’années, est vendue pour la consommation. Ces vins sont vifs, nerveux et d’un bouquet assez distingué.
- On a rattaché à cette section les quelques exposants des Basses-Pyrénées présentés par le Syndicat agricole et viticole de Jurançon. A propos de Jurançon, ses coteaux et ses vins, le Président de ce syndicat a écrit l’intéressant note monographique suivante :
- Jurançon, premier plan du panorama incomparable, féérique, qui se déroule de Pau, de cet horizon merveilleux, de ce tableau plein de magnificences qui le rend inoubliable, qui engendre le besoin de le voir toujours et qui fait dire en quelque lieu superbe qu’on se trouve : oui, c’est très beau,
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- mais les Pyrénées manquent, est aussi célèbre par ses coteaux délicieux, à la verdure luxuriante, que par la production de ses vins.
- Cette célébrité des vins a existé dans tous les temps, une légende bien connue suffirait à l’accréditer.
- Henri d’Albret ne présenta-t-il pas aux lèvres de son petit-fils naissant quelque gouttes de Jurançon qui firent, par ma foi, dit-on, merveille : l’enfant cessa les cris qui annonçaient son existence et accueillit béatement cette liqueur exquise.
- L’enfant devait être Henri IV.
- Au xviii0 siècle, cette renommée des vins s’étendait dans presque tout le Nord de l’Europe.
- En 1718, le Parlement des Etats du Béarn, dans l’intention de conserver au vin de Jurançon tout son privilège, prend un arrêt qui a pour but, à propos d’une fausse marque de Jurançon, la rrdéfense de marquer les vins avec d’autres marques que celle des lieux où ils sont récoltés, et ce à la peine de 1,000 livres d’amende pour la première contravention et de punitions corporelles en cas de récidive».
- En 1780, le Parlement prend un arrêt pour réglementer le commerce des vins et les Etats prennent en considération la requête présentée par le syndic juré et les députés de diverses communautés et homologuent la délibération par eux prise d’imposer pendant six ou sept années consécutives au prix de 5 livres chaque barrique qui se consommera dans les maisons particulières et de 3 livres chaque barrique qui se débitera à pot et à pinte.
- En 1737, les syndics du Béarn déposent un mémoire sur le même objet.
- En 1758, étant donné l’exportation importante des vins de Jurançon faite en Brabant, en Hollande , en Allemagne, en Suède, les Etats du Béarn se voient dans l’obligation de prendre une délibération par laquelle ils viennent assurer de tout leur appui le commerce des vins qui est une richesse pour le pays.
- En 1775, les marchands de vins de Brabant adressent aux Etats du Béarn une plainte sur la contenance, sur la capacité des barriques de vins du Béarn et demandent que, pour les bonnes relations commerciales, les barriques soient estampillées, et que leur confection soit donnée à un homme connu, en quelque sorte contrôlé, de façon à ne laisser aucun doute sur leur contenance.
- Les Etals obligent les producteurs à ramener leurs barriques à la contenance adoptée par les syndics du Béarn, c’est-à-dire à la capacité de 4o verges ou 160 pots, mesure de Morlaas. Un pot valait deux pintes, une pinte valait 46 pouces cubes ou 93 centilitres, ce qui donnait pour une barrique 297 lit. 60 qui, à 2 lit. l\0 près, se trouve être la représentation de la barrique de 3oo litres encore en usage à Jurançon.
- En 1779, les syndics de Béarn ont une correspondance suivie avec une compagnie établie à Slral-sund (Suède) qui propose la création d’un entrepôt qui alimenterait tous les ports de mer de la Baltique de vins de Béarn.
- En 1781, une compagnie puissante s’établit à Pau, elle prend le nom de Compagnie patriotique du Béarn en vue du commerce des vins dont Jurançon tient la tête ; déjà le grand souffle libérateur pénétrait en Béarn, déjà germait le besoin de la solidarité, de la collectivité, de l’union, de l’association pour la défense des intérêts communs.
- Cette compagnie comprenait dans son sein, à côté des négociants, d’hommes aux professions libérales , les notabilités de l’époque. Ainsi :
- MM. de Péborde, syndic général des Etats, était administrateur-né, de Beauregard, de Monse'gu, chevalier de Saint-Louis, de Brussant, de Fescheux, de Fauchet, de Barbet étaient administrateurs.
- Chevalier d’Espalunque d’Arras, le baron Bauture de Montât, de Navailles, baron Dangeais, de Laffargue, de Bordenave, Abève, de Malluquer, de Saint-Martin, de Duffaut, Cazeaux, Dauchet, négociants; Larrude, avocat ; Daugelot, notaire; Etienne, curé de Montpezat, et le chevalier Sassu s apportaient, avec leurs noms et leur autorité, leur participation pécuniaire aux frais de la Compagnie dont le pouvoir se faisait sentir jusqu’à l’étranger.
- En 1786, l’évêque de Lescar fait la proposition de faire don aux ministres, baron de Breteuil, duc
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- et duchesse de Grammont, de 600 bouteilles de vins des meilleurs crus, afin de faire constater à nouveau la qualité des vins et d’attirer la sollicitude des Etats pour la protection d’un commerce qui est la principale richesse de la région.
- Les frais de dégustation et d’envoi de ce don se sont élevés à la somme relativement importante de 1,672 livres 8 sols 1 denier, suivant mandat porté aux dépenses des Etats.
- En outre, ils adressèrent une plainte plus grave. Ils avisèrent les Etats du Béarn que les agents hollandais chargés d’embarquer à Bayonne le vin acheté en Béarn falsifiaient ce vin et en altéraient la qualité si recherchée en faisant des coupages avec des vins inférieurs, tout en laissant une marque rendue illusoire.
- Les Etats assurent que les syndics veillent suffisamment à la production, qu’il est fâcheux que de pareils actes soient signalés et que les coupables doivent être recherchés; mais, pour ne pas laisser porter atteinte à la renommée des vins, ils décident l’envoi d’un homme de confiance avec un petit chargement à seule fin de faire constater que la qualité des vins est toujours la même, ne laisse rien à désirer et que la fraude ne pouvait être imputée qu’à des personnes étrangères à la production.
- Il résulte de ces relations que la célébrité des vins de Jurançon, en particulier, était bien assise; mais la renommée qui a ses caprices injustifiables a paru abandonner un produit qui lui faisait cependant le plus honneur.
- D’un autre côté, la rareté relative du produit qui permettait depuis un certain nombre d’années de le consommer surplace, le manque de publicité, le défaut de communication, peut-être aussi un peu d’insouciance dans les soins de la vinification, quand les autres centres viticoles y apportaient un grand perfectionnement, peuvent expliquer la mise à l’écart de cet excellent vin.
- Mais, depuis quelques années, les producteurs ont compris qu’il fallait faire des efforts, qu’il fallait mettre à profit l’intelligence native remarquable dans ce merveilleux pays du Béarn et qu’il fallait reconquérir une réputation si méritée.
- Ils se sont unis, ils ont fait un syndicat avec le but de la défense des produits, par la publicité, l’analyse, les expositions, de l’application des procédés scientifiques pour lutter contre les cryptogames et de l’emploi de la science de la vinification, enfin de l’obtention, à meilleur compte, des matières premières.
- Déjà quelques producteurs apportent dans la vendange, dans la vinification, un soin égal à celui apporté dans les grands crus du Médoc et de la Bourgogne, en sorte que le vin touche à la perfection.
- Ainsi, ces producteurs soucieux de faire des vins supérieurs, et c’est maintenant la majorité, s’emploient à ne cueillir le raisin que lorsqu’il est parfaitement mûr et distraient les grains secs, pourris, trop verts.
- La vaisselle vinaire appelle de plus en plus le parfait état de propreté.
- Le dérapage ou le déraflage a lieu pour le vin rouge.
- Le cuvage est très surveillé et le syndicat a conseillé l’immersion complète et constante du chapeau, c’est-à-dire de la masse de pellicules qui s’élève au-dessus de la liqueur pendant tout le temps que dure la fermentation.
- Après le cuvage les séparations s’opèrent; le vin qui sort de la cuve, véritable liqueur, est mis à part; le vin de presse ou de treuillis et le vin extrait de la grappe se mettent également à part.
- C’est indiquer quels progrès se sont accomplis et s’accomplissent journellement.
- Le vin a une valeur commerciale appréciable : il est pris sur place dans les bonnes années de 4o à 60 francs l’hectolitre suivant les crus ou les climats.
- Les membres du syndicat de Jurançon peuvent fournir de 500 à 600 barriques de vin de 3 hectolitres chacune.
- Le sol de Jurançon est graveleux, pierreux et très chargé d’oxyde de fer et par suite très favorable à la bonne qualité du vin.
- Le vin de Jurançon est fin, distingué, d’un fumet agréable, souvent liquoreux, très alcoolique, moins cependant que d’autres vins qui n’ont pas la même vertu capiteuse.
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- Il pèse 12, 13, i4 et i5 degrés et est assuré d’une conservation de très longue durée, s’il est bien soigné et s’il provient des propriétaires soucieux de leur production et des climats bien exposés.
- Le syndical de Jurançon, avec le concours de personnes autorisées, compétentes, a l’intention d’arriver à un classement des crus. A cet égard, la marque de Vin de Jurançon ne devrait être donnée qu’aux vins récoltés dans certains territoires, grâce à la similitude de la composition du sol. C’est-à-dire territoire compris depuis la côte de Péhaut jusqu’à Laroins et depuis Bastarrous et le quartier de Rousse jusqu’à Laroins.
- Enfin, il n’est pas besoin de dire (pie les meilleurs crus ou ceux qui devraient l’être sont exposés en plein Midi et à l’abri des vents d’Ouest.
- La propriété est suffisamment divisée, la moyenne des propriétés compte à peine 20 hectares, dont 5 hectares sont en vigne.
- La plupart des exposants de l’Armagnac, comprenant le Gers et une partie des Landes, ont présenté en même temps des vins et des eaux-de-vie, mais c’est surtout pour ces dernières qu’ils ont été récompensés. On trouvera donc, au chapitre des eaux-de-vie, le relevé de ces récompenses.
- Le département des Basses-Pyrénées a obtenu 2 médailles d’argent.
- 11° RÉGION. — BORDELAIS.
- Le Bordelais compose la onzième région. La plupart des échantillons ont été présentés par des collectivités réunies à la Galerie des Machines dans la rotonde d’un si gracieux effet, toute entreillagée et garnie de grappes et de feuilles, d’un si grand intérêt avec ses panoramas et ses dioramas montrant la tenue des vignes girondines et la disposition des vignobles par rapport au fleuve.
- Le Syndicat du commerce des vins en gros de la Gironde, la Société d’agriculture, le Comité d’études et de vigilance de Blaye et du canton de Saint-André-de-Cubzac, le Syndicat viticole de Saint-Emilion, le Comice agricole et viticole de Libourne, le Comice agricole du Médoc, l’Union des Comices de l’arrondissement de Bazas, le Syndicat régional agricole de Cadillac, Podensac et des cantons limitrophes, le Syndicat viticole des Graves, les Comices de Créon et de l’Entre-cleux-Mers, de la Réole, le Comité départemental ont réuni leurs efforts et facilité à tous, propriétaires et négociants, l’exposition de leurs meilleurs produits.
- Cet ensemble offre une superbe variété des vins, dont les grands crus tiennent si haut la réputation de notre pays. Ils sont riches en sève, en bouquet et d’une finesse extrême. Les premiers : Châteaux-Latour, Haut-Brion, Margaux, Lafite, possèdent une étoffe soyeuse et ample qui donne à la bouche une sensation exquise. Les seconds ont moins de plénitude peut-être, moins de cette large enveloppe qui caractérise les premiers crus, mais ils en approchent de très près, peut-être même quelques-uns les atteignent-ils. Nommons les Léoville-Barton, les Durfort, les Branne-Cantenac, les Lascombes, les Rauzan-Ségla, les Cos d’Estournel, les Gruaud-Larose-Faurc, les Ducru-Beaucaillou, les Pichon-Longueville-Lalahde, les Léoville-Poyferré, les Léoville-Las-Cases, les Pi-chon-Longueville, les Rauzan-Gassier, les Mouton-Rothschild, les Gruaud-Larose-Sarget
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- et les Montrose. Dans les troisièmes crus, citons les Châteaux-Langon, les Malescot-Saint-Exupéry, les Chateau-Lagrange, etc. Dans les quatrièmes, nommons les Duhart-Milon, les Ileyclievelle, les Branaires, etc. Dans les cinquièmes, notons les Lyncli-Boyes, les Pontet-Canet, les Mouton-cTArmailhacq, les Gos-Labory, etc.
- Viennent ensuite tous les vins du Médoc non classés; ce sont, pour la plupart, des «Bons Bourgeois», produits par les communes de Margaux, Pauillac, Pessac, Cantenae, Saint-Estèplie, Saint-Julien, Saint-Lambert, Laborde, Saint-Laurent, Ludon, Macau, Saint-Sauveur, Soussans, Gussac, etc. Ils ont une belle couleur, de la plénitude et du moelleux; leur bouquet et leur sève sont bien développés. Les vins rouges des Graves suivent; ils ont assez de corps, une belle couleur, de la finesse et de la sève; mais ils sont inférieurs aux médocs par leur bouquet, qui n’est pas aussi prononcé. Dans cette partie, on rencontre plus de produits maigres que dans la précédente. Gepcndant les vins de Pessac, de Gradignan, de Barsac, de Portets ne manquent pas de distinction; ils ont assez de moelleux et une bonne fermeté. Nous voyons ensuite les vins de Saint-Emilion, de Pomerol, de Fronsac, puis les vins du Bourgeais et du Blayais; certains de ceux-ci, assez colorés et corsés, ont de la souplesse. Les vins de côtes et de palus viennent après. Les coteaux qui bornent la Garonne donnent encore de bons vins ordinaires, d’une jolie couleur et suffisamment fermes. Dans les palus, les cépages plantés actuellement ne donnent plus les vins solides d’autrefois; les produits d’aujourd’hui sont plus mous.
- Pour les vins blancs, dans le Bordelais, c’est le pays de Sauternes qui produit les meilleurs. Cette région compte les communes de Sauternes, Bommes, Barsac, Prcignac, Saint-Pierre-de-Mons, Fargues. Tous les vins de cette partie du Bordelais sont formés par le sémillon et le sauvignon. G’est là que se trouve le Château-Yquem, ce nectar sans rival dans le monde : doré, fin, délicat, liquoreux, savoureux et très parfumé, il résume en lui toutes les qualités qu’on peut désirer; malheureusement il n’a pas été exposé cette fois. En somme, les vins de toute cette partie de vignobles ont du moelleux, de l’élégance, un parfum et une sève véritablement remarquables ; le bouquet est merveilleux ; nous ne connaissons pas de pays qui soit en situation de donner des vins plus exquis. Les vins de la région de Barsac sont aussi fort bons ; les Haut-Barsac sont d’une grande finesse ; ils ont de la sève, du bouquet et beaucoup de parfum. Le territoire de Preignac offre aussi de délicieux vins, ils ont une bonne sève, une excellente douceur et beaucoup de fruit, de l'arôme, de l’onctuosité, et se distinguent par leur finesse de goût et leur charpente. A côté de ces superbes vins, le vignoble blanc bordelais en produit de moindre qualité : Petits Graves et Cotes, assez agréables, mais manquant un peu de sève; enfin il fournit les Entre-deux-Mers, vins à bon marché, qui servent surtout au commerce pour faire des coupages.
- Les exposants du Bordelais étaient extrêmement nombreux et, nous le répétons, l’ensemble des produits qu’ils ont présentés était on ne peut plus remarquable. Les étrangers qui ont dégusté ces vins ont pu voir que notre grand vignoble est toujours à la hauleur de sa réputation et qu’on peut y trouver des produits vieux et nouveaux dignes de figurer
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- sur les meilleures tables. Nous ne cloutons pas que cette manifestation de la Gironde ne lui amène de brillantes affaires.
- Le département de la Dordogne figure encore dans la onzième région avec seulement quelques échantillons de vins rouges et blancs.
- Le département de la Gironde, composant tout le vignoble bordelais, compte environ 1/10,000 hectares de vignes répartis selon différentes régions limitées par divers cours d’eau qui arrosent le territoire.
- Dans son travail, présenté au Jury de la Classe 60, au nom du Comité départemental, M. G. Cazeaux-Cazalet, président du comice de Cadillac, a fait la description suivante du vignoble girondin :
- Eu pénétrant dans l’estuaire de la Gironde, on voit, sur la rive gauche, les coteaux légèrement ondulés du Médoc recouverts de leurs vignes basses, épaisses, vertes, faisant à distance l’effet d’un tapis de gazon très fourni, très beau et parfaitement entretenu. Au milieu de ces vignobles, l’œil est attiré par les châteaux élégants et riches qui ne sont pas le moindre attrait de cette rive.
- Sur la rive droite du fleuve, on distingue très nettement les vignobles plus vigoureux, plus arborescents , à rangs plus espacés du Blayais, du Bourgeais.
- A partir du Bec d’Ambès, laissons la Dordogne à gauche pendant quelques heures et pénétrons dans la Garonne. Sur la rive gauche, c’est toujours le Médoc qui apparaît moins ondulé, car les palus séparent les coteaux de la rivière, et les vignobles des palus sont plus vigoureux, plus espacés.
- Sur la rive droite, les fertiles palus d’Ambès, Saint-Vincent et Montferrand, puis le commencement des coteaux qui forment une chaîne ininterrompue jusqu’à l’extrémité Sud du département et qui donnent, sous le nom de vins de Côtes, de remarquables vins rouges en face de Bordeaux et à Quinsac, à Tabanac, à Langoiran, à Paillet, à liions jusqu’à Cadillac; puis des vins blancs excellents dans le canton de Cadillac, et, enfin, de Saint-Macaire à la Béole, des vins rouges de consommation courante vendus comme vins d’Entre-deux-Mers.
- Comme dans le Blayais et dans le Bourgeais, les vignes des côtes acquièrent une végétation remarquable. Palissées sur des fils de fer, elles ont 1 m. 75 de haut. Leurs rangs sont espacés de 1 m. 75 à 2 mètres. Elles sont taillées à long bois et produisent beaucoup.
- Occupant tout le sol des côtes, d’aspect très régulier depuis que leur reconstitution est terminée, ces vignobles donnent l’impression d’une fertilité incomparable et d’une culture parfaite.
- En face de ces coteaux, sur l’autre rive de la Garonne (rive gauche), 011 trouve, en quittant Bordeaux, d’abord les grandes Graves, dont les vins rouges sont universellement recherchés, puis les petites Graves qui vont jusqu’à Barsac et qui produisent un vin rouge estimé et des vins blancs ordinaires et supérieurs.
- Plus loin, le pays de Sauternes qui va de Barsac à Langon; et, enfin, après cette dernière ville, les côtes de Saint-Pierre-de-Mons et de quelques communes voisines qui produisent des vins blancs de grande valeur.
- On trouve néanmoins, dans toute cette contrée, des vins rouges ordinaires de graves et de palus de consommation courante......................................................................
- Sur la rive gauche de la Dordogne, c’est une succession presque ininterrompue de vignobles de palus, semblables à ceux des côtes, dont l’aspect n'indique pas tout d’abord une grande vigueur, mais qui sont cependant très productifs. Un peu plus haut que les vignobles des palus sont ceux des premiers coteaux qui produisent un vin rouge très corsé.
- Sur la rive droite, encore des vignobles de palus, puis, sur les coteaux, les remarquables vignobles de Fronsac, Pomerol, Saint-Emilion, dont les vins rouges sont aussi célèbres que ceux du Médoc.
- Enfin, à l’extrémité, les vignobles de Castillon et de Sainte-Foy-la-Grande, qui produisent, en
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- quantité considérable, des vins rouges el blancs très appréciés. A l’exception des vignes du Saint-Emilionnais qui ont, selon leur âge, l’aspect du Médoc ou celui des vignobles anciens du Sauternois, toutes les vignes des rives de la Dordogne ressemblent à celles des côtes de la Garonne.
- Les vignobles qui viennent d’être énumérés comprennent tous les crus les plus célèbres de la Gironde. On les voit ainsi groupés autour des grandes artères fluviales de ce département. Nous pouvons dire que jamais on ne les trouve à plus de 10 ou 12 kilomètres de leurs cours. En dehors de ces zones étroites, on ne rencontre, en effet, cpie les vignobles du Bazadais et d’une partie du Blayais; ceux des rives de l’Isle, affluent de la Dordogne, et ceux de l’Entre-deux-Mcrs, contrées insérées comme un triangle entre les coteaux de la rive droite de la Garonne et les coteaux de la rive gauche de la Dordogne.
- Mais les meilleurs crus de ces territoires se trouvent aussi à de faibles distances des petits cours d’eau qui les sillonnent.
- Le vignoble de l’Entre-deux-Mers, qui est beaucoup plus important que les autres vignobles secondaires, comprend une portion du canton de Créon, le canton de Sauveterre, celui de Monségnr, celui de Pellegrue et une partie de celui de La Réole; mais les vignobles sont loin d'en recouvrir toute la superficie; la culture des céréales et l’élevage du bétail y dominent. C’est sur les coteaux seuls que, dans tous ces cantons, la vigne est cultivée presque exclusivement pour produire, avec l’En-rageat ou Folle-Blanche, et avec une culture spéciale simplifiée, les vins blancs de coupage connus sous les noms de vins blancs d’Enlre-deux-Mers, du Blayais et du Bazadais.
- Les vignes de ces contrées avaient autrefois l’aspect des vignes méridionales non palissées.
- Les nouvelles plantations sont installées comme celles du Médoc ou celles des côtes selon leur vigueur.
- C’est en somme ces deux types d’installation et de conduite de la vigne qui dominent dans la Gironde et qu’on choisit selon la fertilité du sol et la qualité de vin que l’on veut obtenir.
- Nous ne saurions mieux faire, pour compléter l’examen du vignoble girondin, que de rappeler ici les appréciations fournies par MM. Ch. Cocks et Ecl. Feret dans leur livre sur Bordeaux el ses vins.
- Médoc. — La grande diversité des qualités de vins de Médoc a amené nécessairement, par la suite des temps, une classification dans laquelle 011 les a divisés en crus paysans, crus artisans, crus bourgeois ordinaires, bons bourgeois, bourgeois supérieurs et grands crus; puis on a groupé ces derniers en cinq catégories, auxquelles est spécialement réservé la dénomination de vin classé ou de cru classé; les crus bourgeois, malgré leur mérite réel, ne sont pas considérés et appelés crus classés.
- Pour ces cinq catégories de grands crus, nous avons suivi textuellement le dernier document officiel établi par la Chambre syndicale des courtiers en 1855.
- Celle classification sert de base à la plupart des achats qui se font dans les grandes communes du Médoc. Elle n’est pas le résultat de l’appréciation personnelle des courtiers qui se sont réunis en 1855 ; elle est la consécration d’usages établis, acceptés depuis longtemps, le fruit de longues observations et du calcul de la moyenne des prix obtenus par les principaux crus dans un très grand nombre d’années.
- Du reste, la classification des vins de Médoc remonte au xvmc siècle, et la dernière a eu pour base ses aînées, qui ont été modifiées selon les perfectionnements ou le dépérissement qu’ont subi les vignobles classés.
- Comme toutes les institutions humaines, celle-là est soumise aux lois du temps et doit nécessairement, à certaines époques, être rajeunie, mise au niveau du progrès. Tel cru, négligé par un propriétaire insouciant ou obéré, peut tomber dans les mains d’un homme riche, actif et intelligent, et par cela même donner de meilleurs produits. Le contraire peut aussi arriver; il a donc fallu, en
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- 1855, modifier les anciennes classifications..........................................................
- Entrons d’abord dans les grands crus classés, où nous trouvons, à n’en pas douter, le premier vin rouge de France, je pourrais dire du monde. Je n’aurai besoin de prouver à personne que les vins du Médoc sont partout appelés pour recevoir sur la table des rois et des grands de la terre les honneurs dus à leurs mérites si variés. Les prix auxquels on les paye et l’empressement qu’on met partout à acheter les bonnes années suffisent pour démontrer qu’on les considère comme les premiers vins du globe.
- Du reste, une belle couleur de rubis, du corps, une finesse et un moelleux qui ne sont en aucun autre vin aussi prononcés et aussi agréables; une sève pleine de délicatesse et de distinction, un arôme pt un bouquet qui leur donnent un cachet unique, et qui, en se développant avec les années, les font s’améliorer en vieillissant; alcool et tannin en proportions convenables pour leur permettre de vieillir sans sécher, sans perdre leur belle couleur et leur influence fortifiante sur l’organisme humain, telles sont les qualités principales qui font la gloire des vins du Médoc. Mais il en est une autre qui leur donne au plus haut degré une valeur hygiénique qu’on ne retrouve dans aucun autre vin : c’est l’élément ferrugineux qui existe, dans les vins du Médoc, sous la forme de tartrate de fer ou d’autres sels de fer. C’est par ce principe fortifiant et tonique que les vins du Médoc ont acquis depuis quelques années, à côté de leur antique renommée comme vins des rois et des favoris de la fortune, celle tout aussi noble et tout aussi glorieuse de vin hygiénique, renommées dues à leur double mérite de procurer le plaisir et la santé.
- Ajoutons que, dans toutes les expositions internationales où ils ont figuré depuis quelques années, les récompenses les plus hautes ont été décernées aux vins du Médoc.
- Les vignes blanches étaient, il y a quelques années, presque milles en Médoc, après avoir été cultivées par nos aïeux en grand à Blanquefort. Dans presque toutes les communes, on mettait en cuve avec les raisins rouges une petite proportion de raisins blancs.
- Cet usage est abandonné, mais la laveur dont jouissent les vins blancs de la Gironde a poussé quelques Médocains à cultiver les vignes blanches sauvignon, sémillon, muscadelie et un peu de folle-blanche en Bas-Médoc, et à faire des vins blancs à côté des vins rouges.
- Ces vins blancs, partout où dominent les cépages fins, sont délicats, parfumés et très recherchés comme vins blancs de Graves.
- Loin de chercher à faire des sauternes, les vignerons médocains visent à produire ces anciens vins blancs de Graves qui se boivent après le poisson et les huîtres, à déjeuner, évitant même, au lieu de la chercher, la douceur, qui n’est pas agréable dans certains cas.
- Cette nature de vins blancs, très appréciée depuis quelque temps, a le caractère mûr, mais sec, dans la bonne acception du mot.
- Nous les signalerons à Blanquefort, à Listrac, à Saint-Laurent, à Pauillac, à Saint-Sauveur et dans le canton de Saint-Vivien où Soulac en produit beaucoup.
- Le Médoc possède aussi des vins mousseux, grâce à M. Natli. Johnston, propriétaire du Clmteau-Beaucaillou, du Château-Dauzac, Ghâteau-Médoc, de Cantegrive, de la Maqueline, etc. Les vins de ces derniers crus surtout sont champanisés dans les souterrains immenses de l’ancienne forteresse de Bourg; ils ont déjà acquis une grande et bonne renommée et obtenu des médailles à plusieurs expositions.
- Les crus bourgeois du Médoc ont été divisés en bourgeois supérieurs, bons bourgeois et bourgeois ordinaires. Les bourgeois supérieurs ne se trouvent que dans les communes supérieures. C’est ainsi qu’ils sont classés dans l’ouvrage de M. d’Armailhacq paru en 1858, et où nous trouvons : 34 bourgeois supérieurs, 64 bons bourgeois et environ i5o bourgeois ordinaires.
- Depuis quarante ans des perfectionnements considérables ont été apportés dans un grand nombre de crus. En attendant qu’on rectifie officiellement la classification des vins du Médoc, nous avons dû nous borner à diviser les bourgeois, ne pouvant seul faire ce travail difficile, en deux classes :
- i° Crus bourgeois supérieurs, comprenant les bourgeois supérieurs et les bons bourgeois, soit
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- environ 100 crus. Nous avons constaté que quelquefois les prix de celte dernière catégorie atteignent à peu près les prix des crus bourgeois supérieurs.
- 2° Crus bourgeois, dont le nombre a dépassé beaucoup celui de M. d’Armailhacq.
- Nous devons rappeler que quelques-uns des premiers crus bourgeois supérieurs des meilleures communes obtiennent toujours une faveur et des prix de primeur qui approchent souvent et égalent quelquefois ceux des cinquièmes crus classés.
- Vins rouges de Graves. — On donne le nom de vins rouges de Graves aux vins récoltés dans les vignobles qui s’étendent depuis Bordeaux jusqu’à 20 kilomètres environ du côté Sud, et 8 kilomètres du côté Ouest de la ville.
- Ces vins ont du corps, une belle couleur, de la finesse, une sève très prononcée et sont agréables dans les bons crus. Ils se conservent longtemps et rivalisent avec les vins du Médoc, qui ne leur sont supérieurs cpie par leur bouquet suave, unique et merveilleux.
- La culture a fait depuis quelques années de grands progrès dans les Graves. Les vignes y sont mieux soignées, et les cépages médiocres (pie l’on cultivait autrefois ont été remplacés par des cépages fins.
- Les meilleurs résultats ont été la conséquence des efforts faits par les propriétaires des Graves de bordeaux, pour perfectionner l’encépagement et la culture du vignoble ainsi que les soins du cellier. Leur sol excellent, particulièrement favorable à la viticulture, donne des vins dont la finesse et la bonne tenue sont tous les jours de plus en plus appréciées.
- Le Chàteau-Haut-Brion, premier grand cru, classé en 1855 au rang de trois grands crus du Médoc, Cbalcau-Lafite, Chateau-Margaux, Château-La-Tour, obtient depuis quelques années une prime sur les prix accordés à ces grands rois de l’aristocratie vinicole du monde.
- La plupart des propriétaires ont abandonné l’ancien mode de labour à bras et cultivent leurs vignes à la charrue: plusieurs même, délaissant l’ancienne taille à trois ou quatre bras groupés autour d’un grand échalas, les ont établies d’après la méthode du Médoc; quelques-uns emploient le système des fils de fer.
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- Les cépages de vignes rouges répandus dans les Graves sont, par ordre de mérite : la vidure-sauvignonne (cabernet-sauvigiion), la petite-vidcre ( petit-cabernet), la grosse-vidure (gros-ca-bernet), le petit-verdot, le carbouet (carmenère), le merlot et le malbec
- Les cépages de vignes blanches les plus répandus sont : le sauvignon, le sémillon, la muscadelle, le blanc-verdet.
- Les meilleures communes de Graves sont : Pessac (qui renferme le Château-Haut-Brion, l’un des quatre premiers grands crus de la Gironde), Talence, Mérignac, Léognan, Gradignan, Villenavc-d’Ornon, Martillac.
- Viennent ensuite les deuxièmes communes de Graves de Bordeaux qui nous conduisent, en remontant la rive gauche du lleuve, au pays de Sauternes.
- Secondes graves. — La région dans laquelle nous entrons s’étend au sud de Bordeaux depuis Villeneuve, Léognan et Martillac jusqu’à Bazas en laissant à l’est le pays de Sauternes.
- Les cépages cultivés dans cette région sont aussi variés que les terrains : d’où des vins aussi très variés rouges ou blancs.
- Les cépages rouges cultivés dans tous les bons crus de graves sont : le malbeg , le merlot, les vi-
- D LIRES OU CABERNETS.
- On trouve en outre dans les crus ordinaires : le iiourcat ou balouzat, la barde, le mercier ou lau-
- RIVET, le JURANÇON NOIR, etc.
- Les vins rouges se divisent en vins de graves et en vins de palus.
- Les premiers sont depuis quelques années déplus en jilus recherchés, car non seulement les vignobles anéantis par l’oïdium ou le phylloxéra sont presque tous reconstitués, mais ils l’ont été en
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- cépages fins; aussi les premiers crus de Labrède, Cadaujac, Porlels, etc., donnent-ils des vins fins très recherchés.
- Ces vins ont, comme ceux des premières graves, beaucoup de corps et de finesse, un joli bouquet, du moelleux et de l’agrément et sont depuis quelques années en grande faveur.
- Si des crus supérieurs de cette région on va dans les crus ordinaires, on y trouve de très bons vins rouges de graves constituant d’excellents vins de grand ordinaire.
- Les vins de palus sont plus ou moins colorés et corsés suivant les cépages et le sol qui les produit.
- Les vins blancs récoltés dans les graves légères ou dans les graves fortes et quelquefois dans les sols argilo-calcaires sont aussi de qualités très différentes suivant les terrains ou les cépages, comprenant presque exclusivement le sauvignon, le sémillon , la muscadelle , enrageât. Les trois premiers forment tout l’encépagemcnt des bons crus du canton de Poclensac que nous pouvons présenter comme le prolongement du pays de Sauternes , qui compte deux de ses communes les plus importantes : Barsac et Prcignac.
- Dans le canton de Labrède on trouve un peu plus souvent l’enrageat mêlé aux cépages fins et quelquefois les dominant, mais donnant des vins relativement bons quand on le laisse bien mûrir.
- Ces deux cantons nous offrent toute la gamme qui va des vins secs et verts d’enrageât pur aux vins fins, moelleux, bouquetés, charmant à la fois l’œil, l’odorat et le goût, surpassant de finesse et de distinction tous les vins blancs eL qu’on appelle sauternes.
- Bazadais. — Mais, dans l’ensemble, l’encépagemenl des vignes rouges est, en moyenne, un tiers malbec et autres plants fins, deux tiers bouchedès, grapput, coéna , enrageât rouge, pardc (tripet), mancin , moustouyère, picard, etc. Les vins rouges ont généralement du corps et de la couleur, et se vendent en primeur, selon les années, de 2Ôo à 35o francs. Ces prix se sont élevés jusqu’à 5oo francs pour les premiers crus des meilleures communes : Lados, Aillas, Auros, Coimères, Saint-Cûme, Sigalens, où l’on trouve des vins qui ont aussi de la finesse et de l’agrément.
- Les vins blancs sont produits par l’enrageat et une petite proportion de jurançon, sémillon et sauvignon : dans les crus oit ces derniers cépages dominent et où l’on apporte un grand soin à la cueillette, les vins ont de la sève, du moelleux et du corps et peuvent être classés à côté des petits bar sacs.
- Dans les crus où l’enrageat domine, chez les petits propriétaires, les vins blancs sont vendus de i5o à q5o francs le tonneau, nu.
- Dans les crus où dominent les cépages fins , ils atteignent et dépassent même quelquefois 5oo francs par tonneau.
- Landes. — Le vin qu’on y récolte en petites quantités est consommé sur place et vendu à des prix rémunérateurs ; il acquerrait à coup sur une plus grande valeur intrinsèque si les procédés de vinification et de conservation ne laissaient à désirer.
- Les vins rouges sont généralement peu corsés et peu colorés, mais agréables, quand ils sont faits avec soin. Les vins blancs manquent un peu de corps, mais ils ont de l’agrément.
- Sauternais. — Nous voici arrivés dans la contrée privilégiée d’oii sort le nectar précieux connu dans tout l’univers sous le nom de Vin de Sauternes, comme le premier des vins blancs du monde Nous sommes dans le pays qui produit le célèbre vin du Châleau-Yquem, entourés d’autres châteaux vini-coles aussi très renommés.
- Le pays de Sauternes, situé pour la majeure partie sur les coteaux de la rive droite du Giron,comprend une partie des cinq communes limitrophes ci-après : Bomrnes Fargues, Barsac, Preignac et Sauternes. On peut y ajouter quelques crus de Saint-Pierre-de-Mons.
- Il offre un terrain accidenté, où les collines semblent s’être complaisamment exposées aux rayons du soleil et où les étroits vallons sont parés de fraîches et riantes prairies.
- Le sol, plus ou moins graveleux, y est argilo-silico-calcaire. A Barsac, il est plutôt argilo-calcaire
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- avec sous-sol calcaire; ailleurs plutôt si!ico-graveleux avec sous-sol d’argile. Les hauteurs y sont en général les parties les plus argileuses.
- C’est le choix bien compris des cépages, une vinification spéciale et surtout la nature de ce sol privilégié, qui, de tout temps, ont valu à ses produits cette couleur limpide et merveilleuse, ce parfum particulier, ce moelleux et celte sève spéciale, unique, incomparable qui font du vin de Sauternes plus que du vin, une liqueur, une essence, un nectar qu’on ne peut comparer à rien, sinon à d’autres vins de Sauternes.
- Un poète adonné du vin de Sauternes cette définition heureuse : «Un rayon de soleil concentré dans un verre. «
- Comme ceux donnés aux vendanges, les soins apportés à la vinification participent dans une large mesure à la valeur du produit.
- De ceci on ne peut que conclure que si la nature du sol et le choix des cépages exercent dans le pays de Sauternes, comme partout, une influence capitale sur la qualité du vin, les soins et le savoir du viticulteur y entrent pour une plus large part qu’ailleurs. Le sol le meilleur, les cépages les plus lins, y veulent leur influence secondée par une direction intelligente, active et suivie.
- Malgré la fixité des sols, toute classification est donc susceptible d’être modifiée. Des changements dans les cépages, une gestion nouvelle peuvent obliger à la remanier. L’histoire du passé le prouve, le présent le montre pareillement.
- Il n’y aurait donc rien d’élonnant à ce qu’un classement qui date de quarante ans eût besoin d’être modifié; néanmoins, comme ce travail n’a pas été refait officiellement, tenons-nous en encore à celui de 1855.
- La qualité et le prix des grands vins blancs de Sauternes varient selon les années. Pour la période des quarante dernières années, les premiers crus se sont vendus, selon les années, de 8oo francs à fi,ooo francs le tonneau. — Le Chateau-Yquem obtient ordinairement i/4 ou i/3 en sus des autres premiers crus. Les deuxièmes crus obtiennent les 3/4 ou les 4/5 du prix accordé aux premiers crus. Ajoutons qu’il n’y a pas de règle absolue dans ces proportions, car pour une même année il peut arriver qu’un premier cru (vendangé, par exemple, trop tôt ou trop tard, trop vite ou trop lentement, etc.) aura, dans son ensemble, moins bien réussi que tel second cru. qui aura été vendangé dans de meilleures conditions ; ce second cru se vendra aussi cher, sinon plus que ce premier cru. L’acheteur devra donc ne pas s’en rapporte]', pour les vins blancs, uniquement aux classifications, mais à sa dégustation et aux avis de son courtier qui, connaissant le vin depuis son origine, pourra prédire son avenir et bien juger ses qualités.
- La vigne rouge est peu cultivée dans le pays des grands vins blancs ; cependant on en trouve même dans les premiers crus, où elles servent, d’ancienne date, à utiliser tles parcelles de terre qu’on regarde comme susceptibles de produire des vins blancs d’une perfection moindre que celle à laquelle réputation oblige.
- Les procédés culturaux employés sont les mêmes que pour les vignes blanches, si ce n’est toutefois qu’on y ménage moins la production. Un des cépages les plus employés était autrefois la pnrdolte (petit tripet ou petit pignon du Médoc). On cultive aujourd’hui davantage les cabernets, merlot, malbec et autres cépages fins depuis, surtout, que des essais de taille à verge annuelle substituée à celle à coursons ont montré qu’il était facile d’en retirer, non greffés (à plus forte raison greffés), un rendement plus considérable.
- Ces vins constituent, dans certains crus, d’excellents ordinaires.
- Là ne se bornent pas les richesses vinicoles de la Gironde en vins blancs. Si nous traversons la Garonne, à Langon, nous trouvons sur la rive droite de ce fleuve quelques communes produisant des vins blancs très agréables. Nous devons citer d’abord Sainle-Croix-du-Mont, Loupiac, Haux, où plusieurs crus bourgeois produisent des vins blancs gras, liquoreux et fins, excellents vins d’entremets qui ont un bouquet tout particulier et très agréable. Ces vins se vendent en primeur, selon les crus et les années, de 5oo à 8oo francs le tonneau, et atteignent en vieux jusqu’à i,6oo francs.
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- Après ces communes, les plus estimées de la rive droite pour les vins blancs, nous citerons comme produisant des vins analogues et très agréables dans les crus bien encépagés : Baurech, Tabanac, Lan-goiran, le Tourne, Lestiac, Paillet, Rions, baroque, Béguey, Cadillac, etc.
- Libournais. — L’arrondissement de Libourne produit des vins de qualités les plus variées, et le gourmet peut y trouver en vins rouges et en vins blancs de quoi garnir une grande partie des rayons de son caveau.
- Comme vins rouges, nous trouvons d'abord un choix considérable d’excellents vins d’ordinaire . vins de palus pleins, très colorés, moelleux ou corsés ; vins de côtes à teinte brillante, d’une constitution robuste; excellents vins de ménage, vins des terres douces sablo-argileuses, moins corsés que les précédents, mais plus souples, plus coulants, plus vite buvables.
- Si des vins ordinaires nous passons aux vins grands ordinaires, aux vins d’entremets, nous les trouvons dans plus de dix communes sous le nom de deuxièmes et troisièmes crus Saint-Emilion ou Pomerol, ainsi que sur les beaux coteaux du Fronsadais, où mûrissent les cépages fins et où l’on récolte des vins corsés, généreux, de jour en jour plus estimés.
- Quand, pour le milieu du repas, il faudra accompagner les pièces de viande rôtie d’un vin chaud , capiteux et fin, on le trouvera dans une vieille bouteille d’un des premiers crus de Saint-Emilion qu’on a appelé les bourgognes de la Gironde. On peut dire qu’ils constituent la plus haute expression des vins de côtes et le meilleur régal qu’on sert au meilleur de ses amis. Quand les convives sont arrivés peu à peu à cet état de satisfaction où l’estomac, docile encore, ne manifeste plus d’impérieuses exigences, où le goût, préparé par une savante gradation de sensations, est susceptible des impressions les plus délicates, les grands vins rouges du Médoc ou les premiers crus de Pomerol feront leur apparition.
- Nous plaçons ici à dessein les premiers crus de Pomerol h côté des grands vins rouges du Médoc, parce qu’en effet beaucoup de similitude les rapproche; les vins de Pomerol, récoltés sur un sol graveleux et avec des cépages semblables à ceux du Médoc, leur ressemblent par la finesse, le bouquet, l’agrément et le moelleux ; leur faveur est de jour en jour plus grande ; ils sont maintenant payés au taux des premiers crus Saint-Emilion et, dans certaines années, ils ont atteint des prix plus élevés.
- Si des vins rouges nous passons aux vins blancs, nous trouvons dans plusieurs cantons indiqués ci-après de nombreux vignobles blancs, au milieu desquels nous devons signaler et recommander ceux de Sainte-Foy, que nous appellerons les petits sauternes de l’arrondissement de Libourne. Les soins avec lesquels ces vins sont récoltés depuis quelques années leur donnent un moelleux, une finesse, une délicatesse de sève remarquables. Et sans vouloir leur attribuer le parfum, l’arome inimitable, la distinction des sauternes, nous pouvons dire que les premiers crus de Sainte-Foy forment d’excellentes bouteilles qu’on peut servir comme vin blanc de dessert.
- Les vins de Saint-Émilion sont un type dont nous ne pouvons mieux donner une idée qu’en mettant sous les yeux de nos lecteurs l’appréciation de M. V. Rendu, inspecteur général de l’agriculture: rrLe saint-émilion, dit-il, est sans contredit la plus haute expression des vins de côtes. 11 a du corps, une belle couleur, une sève agréable, de la générosité et un bouquet tout particulier qu’on trouve surtout dans les meilleurs quartiers de ce vignoble distingué. Le bon vin de Saint-Emilion, après les premières années, doit avoir une couleur foncée, brillante et veloutée, et un cachet d’amertume qui flatte le palais ; il faut, en outre, qu’il ait du corps, ce qui ne l’empêche pas de devenir plus tard très coulant. Après six mois de bouteille, il gagne considérablement en finesse ; il est dans toute sa perfection de dix à vingt ans. »
- Depuis que M. Rendu a écrit ces lignes, les perfectionnements apportés à la vinification font que les vins de Saint-Émilion ont le plus souvent acquis leur perfection avant l’âge de dix ans, après lequel les bonnes années peuvent se conserver plus longtemps qu’autrefois. Suivant leurs caractères et le nombre de soutirages, les vins peuvent être mis en bouteilles dès trois ou quatre ans, et ils ont acquis dès f âge de cinq, six ou huit ans, toute leur perfection.
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- Les vins de Saint-Émilion et des communes voisines sont généralement rangés en trois classes par le commerce et les propriétaires.
- Ce classement découle des prix obtenus par les propriétaires des différents crus, et ces prix sont naturellement basés sur la qualité des produits qui, à son tour, ressort, là comme ailleurs, delà situation et de l’exposition du vignoble, du choix des cépages, des soins portés à la culture, à la vendange, à la vinification, au choix des barriques et à toutes les opérations de chai qui ont une influence réelle sur la qualité des vins.
- Les vins de Saint-Emilion obtiennent en primeur, selon les années :
- 11e" crus, de..................................... i/joo à 9/100 francs.
- 2e’ crus, de...................................... 1,000 à 1,600
- 3e5 crus, de....................................... 600 à 1,000
- Au bout de quelque temps, ces prix augmentent rapidement et arrivent, pour les années très bonnes, à être presque doublés quand ils sont bons à entrer dans la consommation.
- Sainte-Foy. — De Caslillon, nous passons sur la rive gauche de la Dordogne dans le canton de Sainte-Foy. On y trouve des vins blancs, produits par le sémillon, la muscade, le sauvignon. Leurs qualités varient beaucoup selon la nature des terrains et l’encépagement des vignobles. Ceux des communes de Saint-André, les Lèves et Saint-Quentin sont des meilleurs. Dans les premiers crus de ces communes, ils ont une belle couleur jaune pâle, de la douceur, beaucoup de finesse, parfois
- du moelleux et un bouquet fort agréable. En primeur, ces vins se vendent 35o à Goo francs le ton-
- neau, logés. Les deuxièmes crus se vendent,- en primeur, 3oo à 5oo francs; les crus ordinaires, 25o à 4oo francs, suivant les années et leur réussite. Ces vins tendent chaque jour à s’améliorer par les soins qu’on apporte à la cueillette; tels qu’ils sont aujourd’hui, on peut les classer parmi les vins blancs fins de la Gironde, et nous ne doutons pas que, le jour où ils seront plus connus, leur prix ne s’élève sensiblement. Nous les appellerons les petits sauternes de l’arrondissement de Libourne. En effet, les premiers crus de Sainte-Foy présentent, comme ceux de Sauternes, une sève particulière, du moelleux et de la douceur, de la finesse, de l’agrément, un ensemble de qualités qui les met beaucoup au-dessus des autres vins blancs de cet arrondissement.
- Les vins rouges sont ordinaires, corsés et très colorés, droits de goût et assez agréables dans les crus où ils sont bien soignés; ils sont produits par un tiers de malbec (côte rouge), un tiers de cabernet, un tiers de merlot, verdot et autres cépages; prix de primeur, 3oo à 55o francs. Quelques crus de la commune de Pineuilh, de Saint-Quentin, des Lèves et d’Eynesse, oii l’on a multiplié les cépages fins et donné des soins bien compris à la vinification, produisent des vins supérieurs à ceux de l’ensemble du canton; ils gagnent beaucoup en bouteille et peuvent devenir en vieillissant des vins grands ordinaires.
- Saint-Avit-du-Moiron et Saint-Nazaire ont plusieurs vignobles établis sur un fonds de graves dont les vins se distinguent par la finesse.
- Pujois, — Du canton de Sainte-Foy, nous entrons dans le canton de Pujols en suivant les bords de la rive gauche de la Dordogne. Les vins rouges sont produits par un tiers de malbec (côte rouge), un tiers de cabernet, grapput, un tiers de merlot, fer et autres cépages greffés sur riparia, solonis ou tailors, généralement colorés et assez corsés, classés dans les bons ordinaires, supportant très bien l’eau, droits de goût et coulants partout où ils sont récoltés avec soin; prix de primeur, 35o à Goo francs le tonneau, logés. Quelques propriétaires bourgeois, qui augmentent la proportion des cépages fins, ont donné assez d’agrément à leurs vins et obtiennent une faveur assez sensible sur les prix des crus ordinaires.
- Ce canton est en bonne voie de reconstitution en américains greffés de nos cépages fins. On y fait disparaître les cépages très productifs du Midi qui, au début, avaient attiré l’attention de quelques propriétaires.
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- Les vins blancs, autrefois peu importants, le deviennent tous les jours davantage; ils sont produits par moitié d’enrageat, un quart de sémillon, un quart de sauvignon, muscadelle, jurançon, etc., généralement corsés, plus ou moins fins et agréables selon les crus et les communes; prix de primeur, a5o à 45o francs le tonneau, logés.
- Branne. — Du canton de Pujols, nous passons dans le canton de Branne, qui lui ressemble beaucoup au point de vue vinicole. Les vins rouges y sont divisés en vins de côtes et en vins de palus; ces derniers, les plus considérables, se distinguent par une belle couleur et se vendent, en primeur, de 3oo à 45o francs. Les vins rouges de côtes prennent tous les jours plus d’importance; ils forment de très bons ordinaires, se recommandant dans les meilleurs crus par leur finesse, et se vendent, en primeur, de 35o à 5oo francs, selon les années et selon les crus. Les meilleurs se récoltent du côté de Génissac, Grézillac et Moulon; ils sont généralement produits par moitié malbec (noir-do-pressac), moitié merlot, cabcrnel, mancin et divers autres cépages. Dans les palus, le malbec est en plus grande proportion. Dans les nouvelles plantations des crus bourgeois, le cabernet comprend au moins un tiers de l’encépagement; le malbec et le merlot forment les deux autres tiers.
- Les vins blancs, produits par un tiers d’enrageat, un tiers de sémillon et un tiers de cépages divers, étaient employés autrefois aux coupages; ils sont aujourd’hui bus en nature et recherchés pour les restaurants de Paris; ils se vendent, en primeur, de 225 à 35o francs le tonneau, logés. Quelques-uns, récoltés sur des coteaux bien exposés et avec quelques cépages fins, obtiennent jusqu’à 45o francs. Ces derniers peuvent être classés, au point de vue de la qualité, à la suite des vins blancs du canton de Cadillac.
- Fronsadais. — Sur la rive droite de la Dordogne, dans l’arrondissement de Libourne, nous trouvons le Fronsadais. Les vins rouges sont produits généralement par deux cinquièmes de malbec (noir-dc-pressac), un cinquième de merlot, un cinquième de mancin, un cinquième de cabcrncls (bouchels), verdot, etc., divisés en vins de palus et en vins de côtes ou de plateau. La proportion des cabernets et autres cépages fins tend à augmenter surtout dans les nouvelles plantations, toutes faites en américains, greffés, où le bon encépagement a déjà produit une amélioration dans la qu alité.
- Les vins de côtes offrent une grande variété de vins d’ordinaire, échelonnés depuis les vins récoltés sur les plateaux sableux, qu’on paye 35o à 700, francs le tonneau, jusqu’aux vins de premières côtes, Canon-Fronsac, qui atteignent en primeur jusqu’à 1,100 francs et ont été payés en vieux jusqu’à 2,000 francs.
- Dans les années bien réussies, les vins de Canon-Fronsac sont plus que de grands ordinaires; ils acquièrent en vieillissant beaucoup de finesse, un joli bouquet et peuvent être considérés comme vins fins.
- Les vins de premières côtes ont une riche couleur et acquièrent assez vile la teinte topazée des vins vieux. Ils se conservent très longtemps en bouteille. Le célèbre cru de Canon produit des vins remarquables, cpii obtiennent en primeur de 800 à i,5oo francs.
- Les vins de palus, très recherchés pour la Hollande et la Belgique, sont très couverts, assez corsés et constituent, dans certains crus bien encépagés, d’excellents ordinaires qui acquièrent en vieillissant de l’agrément; prix de primeur, selon les années et selon les crus, 3oo à 600 francs.
- Les vins blancs, récoltés sur les plateaux au centre et au nord du canton, sont produits à peu près exclusivement par l’enrageat (folle-blanche). Suivant les terrains et les expositions, ils sont plus ou moins alcoolisés et liquoreux. Ils sont généralement destinés aux opérations et se vendent en primeur, selon les années et les crus, de 2 5o à 400 francs le tonneau, logés; mais il est d’usage à peu près général de les vendre nus. Il faut, dans ce cas, rabattre des prix ci-dessus de 4o à 5 0 francs.
- Quelques petits vignobles, très bien exposés, ont été complantés, à titre d’essai, en cépages fins
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- (sanvignon, sémillon, inuscadelle, etc.) et ont donné d’excellents vins, analogues à ceux de Bergerac, se rapprochant même de ceux de Barsac.
- Guîtres. — Le canton de Guitres produit, sur les coteaux de Bonzac, de Saint-Martin-de-Lave et de Savignac, de très bons vins rouges, classés dans la catégorie des vins de côtes du Fronsadais, et, sur les plateaux graveleux de Saint-Denis-de-Pile, des vins analogues aux petits Pomerol.
- Les autres communes du canton, Guitres, Bayas, Lagorce, Lapouyade, Maransin, Saint-Ciers-d’Abzac, Saint-Martin-du-Bois, Savignac-sur-l’Isle, Tizac-de-Galgon, Sablons, produisent des vins rouges ordinaires et des vins blancs d’enrageat, qui s’améliorent chaque jour par suite des plantations d’américains greffés de cépages fins, rouges ou blancs.
- Les vins rouges, produits par trois cinquièmes de malbec, un cinquième de merlot, un cinquième de mancin, cabernet (bouchet), etc., sont bien colorés et assez corsés; ils constituent, dans les crus où ils sont bien soignés, de bons ordinaires ; prix de primeur, selon les années .et les crus, 35o à 55o francs. Les premiers crus de Saint-Denis, et surtout ceux de Bonzac et de Saint-Martin-de-Laye, atteignent jusqu’à 1,000 francs et peuvent entrer dans la catégorie des vins de côtes du Fronsadais; les vignes rouges y sont cultivées en plein et avec beaucoup de soin.
- Les vins blancs, produits autrefois dans tous les vignobles par l’enrageat et un peu de jurançon, étaient recherchés pour la brûlerie; prix de primeur, 25o à koo francs le tonneau, logés. Aujourd’hui, presque toutes les nouvelles plantations sont faites avec le sauvignon et le sémillon, et produisent des vins blancs excellents, qui se vendent de 3oo à 5oo francs le tonneau et obtiennent en vieux jusqu’à 8oo francs.
- Coutras. — Nous terminerons l’arrondissement de Libourne par le canton de Coutras. Les vins blancs d’enrageat, le sémillon, la chalosse et le jurançon, sont très recherchés pour les opérations; prix de primeur, 2Ôo à 3y5 francs le tonneau, logés, atteignant jusqu’à ûoo francs dans les meilleurs crus du pays de Double.
- Les vins rouges, produits par quatre cinquièmes de malbec, un cinquième de merlot, mancin, cabernet et autres cépages, sont généralement ordinaires, vendus en primeurs de 3oo à 6oo francs; sur quelques coteaux argilo-calcaires ou graveleux, on trouve plusieurs crus bien encépagés en américains greffés par tiers en malbec, merlot et cabernet, qui produisent des vins grands ordinaires faisant exception, comme qualité, à l’ensemble des vins du canton.
- Les communes de Coutras, Le Fieu, les Peintures, Porchères, Saint-Médard-de-Guizières, Saint-Seurin-sur-l’Isle sont celles où l’on trouve les chais de vins blancs les plus importants. La commune de Saint-Christophe-de-Double, dont le sol est si accidenté, et celle du Fieu sont les meilleures, comme qualité; cette dernière produit, surtout au lieu de la Bombarde, les vins blancs les meilleurs du canton.
- Cubzadais. — Ce canton est, pour ainsi dire, l’introduction aux cantons de Bourg et de Blaye. Son vignoble, presque entièrement détruit par le phylloxéra, a été reconstitué en américains, greffés avec nos meilleurs cépages, de façon que nous pouvons dire que la production de ce canton a repris son ancienne importance et que la qualité de ses vins s’est beaucoup améliorée.
- Les vins rouges, produits par un quart de malbec, un quart de cabernet, un quart de merlot, un quart de cépages divers, sont divisés en vins de palus et vins de côtes. Ces derniers, légers, agréables et vite buvables, se vendent, en primeur, de koo à 8oo francs. Les vins de palus, moins fins et plus couverts, se vendent, en primeur, 3oo à 6oo francs le tonneau.
- Les vins blancs, autrefois produits par l’enrageat, recherchés pour les opérations, tendent à disparaître; ils sont remplacés par les vignes rouges ou par des cépages blancs fins, tels que le sauvignon et le sémillon; prix de primeur, aoo à 35o francs le tonneau, nu, ou a5o à koo francs logé, mais l’usage le plus fréquent est le premier.
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- Bourgeais. — Dans le canton de Bourg, les vins rouges sont produits par un tiers de malbec (teinturin), un tiers de merlot, un tiers de cabernet, prolongeai!, verdot, caliors. Dans les nouvelles plantations et dans les premiers crus, ces trois derniers cépages n’existent pas; le cabernet forme à lui seul un tiers de l’encépagement et quelquefois plus. En côtes, dans presque toutes les nouvelles plantations, ces trois cépages (cabernet, malbec et merlot) sont greffés sur riparias ou soionis. Dans les palus, on plante franc de pied. Ces vins constituent, dans la majeure partie du canton, de très bons vins d’ordinaire, très colorés et très corsés, se rapprochant des vins célèbres de Saint-Emilion et des vins de Bourgogne, se distinguant de ces derniers par plus de finesse et de légèreté. Ils gagnent longtemps en bouteille et se conservent très bien trente ou quarante ans.
- Ils devaient autrefois, comme les vins de côtes de Saint-Emilion, attendre sept ou huit ans pour entrer dans la consommation. Aujourd’hui, le commerce demandant des vins vite faits, les propriétaires de cette contrée ont du. changer certains cépages; modifier leur plantation, qui est faite aujourd’hui en plein au lieu d’être en joualles; améliorer leur vinification, en y pratiquant l’égrappage, et ils sont arrivés à obtenir des vins qui n’ont rien perdu de leur finesse, de leur bouquet et de leur agrément, mais qui ont acquis l’avantage de pouvoir être mis en bouteilles et entrer dans la consommation dès la troisième ou la quatrième année. Se conserveront-ils aussi longtemps ? C’est ce que nous saurons plus tard. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils vivront plus longtemps que les vins du Médoc, leurs illustres voisins.
- Nous croyons convenable, pour mettre nos renseignements au niveau du progrès, de diviser les crus du Bourgeais en crus bourgeois, en crus artisans et paysans :
- Premiers bourgeois, qui vendent en primeur, selon les années, de 45o à 900 francs, et qui ont obtenu, au bout de deux ou trois ans, jusqu’à 1,900 francs le tonneau pour certaines années très bien réussies ;
- Deuxièmes bourgeois, qui obtiennent en primeur de 35o à 760 francs;
- Artisans et paysans payés de 3oo à 5oo francs en primeur ;
- Les vins de palus obtiennent à peu près les mêmes prix que les vins des deuxièmes bourgeois.
- Les vins blancs sont produits par l’enrageat, la chalosse, le jurançon, très alcoolisés, recherchés pour la consommation en nature, le coupage, et surtout pour la fabrication des eaux-de-vie, alors que les Charentes manquaient de vin. Ils se vendent, en primeur, selon les crus et selon le degré alcoolique, de a5o à 45o francs le tonneau, logé.
- Blayais. — Le Blayais, situé sur la rive droite de la Gironde, à 48 kilomètres de Bordeaux, en face des communes de Lamarque, Cussac et Saint-Julien-du-Médoc, dont il est séparé par un magnifique fleuve de 3,900 mètres de largeur, est une contrée riche et pittoresque.
- Les vins rouges jouissent d’une faveur chaque jour de plus en plus grande. Ils présentent une belle couleur, beaucoup de fruit et de maturité, de souplesse et de moelleux. Mis promptement en bouteilles, ils sont buvables dès la deuxième année et se conservent assez longtemps. Ils constituent alors des vins grand ordinaire, et l’on peut même dire des vins fins dans les premiers crus, qui acquièrent en vieillissant un petit bouquet fort agréable. Ces vins, qui possèdent en moyenne 10 degrés et demi d’alcool, contiennent une certaine proportion de tanin et de fer qui les rend très hygiéniques et moins durs que ceux du Bourgeais. Mais leurs qualités principales sont : la chair, la souplesse et l’absence complète de terroir pour la majeure partie des vins du canton, on peut même dire l’absence de sève particulière qui les rend neutres et essentiellement propres à donner du corps et du moelleux aux vins de graves trop légers, sans dénaturer en rien leur sève et leur bouquet. Ces vins sont généralement produits par le malbec (teinturin), le cabernet, le merlot.
- Les vins blancs sont produits par l’enrageat, servant anx opérations ou à la consommation des paysans; prix de primeur, de 3oo à 4oo francs le tonneau. Les vins blancs, presque insignifiants dans le canton de Blaye, sont, dans l’ensemble des cantons de Saint-Ciers-la-Lande et de Saint-Savin, plus importants que les vins rouges.
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- La reconstitution des vignobles du Rlayais par les vignes américaines (surtout ri paria et solonis, greffée avec les cépages fins du pays, est sortie, depuis 188A et 1885, de la période de tâtonnement, d’expérimentation. Aujourd’hui, nous pouvons dire que presque tous les propriétaires ont replanté leurs vignobles en américains greffés, le plus souvent greffés sur table, et que ce canton est, au point de vue viticole, un des plus beaux et des plus avancés dans la reconstitution.
- Entre-deux-Mers. — On appelle Entre-deux-Mers celte partie du département de la Gironde comprise entre la Garonne et la Dordogne, formant une espèce de presqu’île comprenant tout l’arrondissement de la Réole, le sud de l’arrondissement de Libourne et l’est de l’arrondissement de Bordeaux.
- Au point de vue vinicole, nous ferons quatre divisions dans celte presqu’île. La première comprendra le canton du Carbon-Blanc et le sud du canton de Créon. La deuxième comprendra toutes les communes situées sur les coteaux et dans les palus de la rive droite de la Garonne, depuis Langoiron jusqu’à la Réole. La troisième comprendra les communes situées sur la rive gauche de la Dordogne et formant les cantons de Sainte-Foy, Pujols, Bran ne et Libourne que nous venons d’étudier. La quatrième comprendra le centre de la presqu’île.
- Celle dernière partie, beaucoup plus grande (pie les autres, ne produit, relativement à son étendue, que peu de vins rouges, mais une grande quantité de vins blancs d’enrageat, généralement chargés en alcool et dépourvus d’agrément, servant aux coupages, transformés en excellente eau-de-vie ou bus en nature dans certains crus bien exposés et où la vinification est bien faite, vendus de 25o à 4oo francs le tonneau, logés, selon les années. L’usage le plus fréquent est de les vendre nus de 200 à 35o francs.
- Le phylloxéra ayant détruit presque tous les vignobles de côtes de l’Entre-deux-Mers, nos viticulteurs travaillent depuis quelques années à sa reconstitution en américains greffés et améliorent beaucoup le choix des cépages.
- Dans notre deuxième division (rive droite de la Garonne), nous trouvons, sur les limites des cantons de Saint-Macaire et de Cadillac, des crus de vins blancs très renommés, pleins de moelleux, de finesse, d’arôme et de distinction; ces vins sont généralement produits par le sauvignon el le sémillon; ils ont obtenu jusqu’à 1,200 et i,5oo francs le tonneau dans certaines années. Nous voulons parler des vins de Sainte-Croix-du-Mont, commune heureusement située et séparée seulement par la Garonne du pays de Sauternes. Le Château-La-Taste a obtenu 1,800 francs pour sa récolte de 1876.
- Eu nous rapprochant de Bordeaux, toutes les communes que nous trouvons sur les coteaux aux pieds desquels coule la Garonne produisent des vins rouges et des vins blancs.
- Les vins blancs de ces communes sont généralement plus estimés que les vins rouges. Les plus renommés, après ceux de Sainte-Croix-du-Mont, sont ceux de Loupiac, Haux, Langoiran, Tabanac et Baurech. Après avoir passé devant Baurcch, la valeur des vins blancs diminue, mais en même temps la valeur des vins rouges augmente, et nous ne tarderons pas à trouver les communes de Quinsac et de Camblanes, qui produisent les meilleurs vins de côtes de 1’arrondisscinent de Bordeaux et des vins de palus classés, avec ceux de Baurech, Lalresne, Bouliac et Fioirac, au rang de seconds palus du département.
- Dans notre première division, nous trouvons encore des vins rouges de côtes et de palus et des vins blancs; ces derniers, d’enrageat, très ordinaires. Quant aux vins rouges, au contraire, ils sont, dans les palus, en grande partie, au rang des premiers du département, et sur les côtes, au rang- des plus estimés; surtout ceux de Genou, Lormont, Bassens, Carbon-Blanc et Sainle-Eulalie. Du reste, nous allons passer en revue chaque commune de nos deux premières divisions, en nous efforçant de donner pour chacune d’elles une idée aussi exacte que possible de ses vins.
- Les prix moyens de primeur que nous indiquons ci-après sont quelquefois dépassés par certains crus qui jouissent de la faveur du commerce. Ils l’ont été pour l’ensemble des vins dans les années bien réussies, par suite de la disette des dernières récoltes, causée en grande partie par le phylloxéra.
- Celle disette tend à disparaître par suite de la reconstitution de nos vignobles en américains greffés.
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- Le canton de Monségur a des vins rouges produits par : le malbec (queue rouge, cote rouge), le grapput (bouchères), le peTigord, le fer, le piquepout, le picard, le merlot, le sirrah (de l’Ermitage). Les plants américains greffés contribuent à la reconstitution de presque tous les vignobles rouges, qui tendent à remplacer les blancs. Ces vins, assez colorés et corsés en primeur, vieillissent très vite. Quelques propriétaires sont arrivés à produire de très bons vins d’ordinaire, qu’ils vendent en primeur, de 3oo à 45 o francs.
- Les vins blancs qui sont produits par l’enrageat, autrefois transformés en eau-de-vie, dans quelques contrées, ont beaucoup de bouquet, d’agrément, surtout du côté de Sainte-Gemme et de Saint-Sulpice; 9,5o à 4oo francs le tonneau, logés.
- Dans le canton de Sauveterre on trouve des vins blancs, produits par l’enrageat et 1/10 ou 1/90 jurançon, généralement destinés aux opérations. Quelques crus font des vins assez doux pour être bus en nature; les vins blancs de ce canton ne sont brûlés que très rarement; prix de primeur, selon les années et les crus, de 200 à 3oo francs le tonneau, nus; les vins doux obtiennent jusqu’à 4oo francs. Les meilleurs sont ceux qu’on récolte à Casevert, à Daubèze et à Coirac.
- Depuis quelques années, plusieurs propriétaires du canton, surtout à Mourens, Gornac et Coirac, ont replanté leurs vignes blanches avec plus de 5o p. 100 de cépages fins: sémillon, sauvignon, mus-cadelle, et obtiennent une forte prime sur les prix ci-dessus.
- Les vins rouges sont peu importants, le plus souvent produits par le fer (hère), le malbec (queue rouge ou côte rouge), le grapput, le piquepoul, etc.; ils se vendent de 3oo à 5oo francs le tonneau. Le vin rouge pourrait donner de bien meilleurs résultats; quelques propriétaires des communes de Blasimon, Rucli, Mérignas, Coirac, Mauriac et Mourens, où le terrain n’est pas exceptionnel, ont obtenu, en plantant les malbec, merlot, cabernet, par tiers, sur les coteaux argilo-calcaires, et en soignant la vinification, de très bons vins d’ordinaire, coulants, droits de goût et relativement fins, vendus en primeur de 35o à 600 francs le tonneau, logés. Ces prix ont même été dépassés au château de Mauriac.
- Le canton de Pellegrue a des vins blancs produits par l’enrageat et une très faible proportion de jurançon. Dans les jeunes plantations on trouve les cépages fins : sémillon, sauvignon, muscadellc, formant au moins laînoitié de l’encépagement; prix de primeur, 300 à 400 francs le tonneau, logés, selon les années et les crus. Les crus, dont les vins récoltés avec un peu de sémillon sont assez doux pour être bus en primeur, comme vins blancs doux, obtiennent de 35o à 45o francs le tonneau, logés; ceux où les cépages fins dominent sont très agréables et obtiennent jusqu’à 5 00 francs dans les bonnes années. Ils gagnent en bouteille et peuvent très bien remplacer nos petits vins blancs de Graves.
- O11 trouve dans ce canton quelques-uns des meilleurs crus de vins blancs de l’arrondissement de la Réole. Nous citerons entre autres : le Château-de-Laforest, à Pellegrue : les premiers crus des communes de Massugas, Saint-Antoine, Soussac.
- Les vins rouges sont produits dans les anciennes plantations : par i/3 malbec, i/3 grapput, i/3 périgord, bouchcrés, fer et autres cépages; dans les nouvelles : par malbec, merlot et cabernet, greffés sur américains ri paria ou herbemont. Ges vins sont très colorés et assez corsés; ils constituent, dans les crus où ils sont bien vinifiés et bien soignés, de bons ordinaires, prix de primeur, selon les années et les crus, de 3oo à 550 francs le tonneau.
- Enfin la commune d’Omet nous conduit dans le pays appelé la Benauge, qui a pour centre Targon. Les vins blancs y sont produits par g/10 enrageât, 1/10 jurançon, pellagarie ou pellagaris, sémillon et muscadelie, très recherchés pour opérations; prix de primeur, 9 25 à 350 francs le tonneau, logés. Certains propriétaires récoltent des vins blancs doux, bus en nature et payés jusqu’à 35o francs. Quelques viticulteurs qui ont introduit dans leurs vignobles une proportion notable de muscadelie et de sémillon sont arrivés à produire des vins liquoreux fort agréables, qui se vendent comme les deuxièmes côtes de Capian.
- Les vins rouges produits par le malbec (queue rouge), le merlot, le panereuil, le grapput, le cas-
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- têts et un peu de cabernet dans les jeunes plantations, atteignent en primeur a5o à 4oo francs le tonneau.
- Les cantons de Targon et de Saint-Macairc ont été très éprouvés par le phylloxéra. Un grand nombre de propriétaires travaillent à la reconstitution de leurs vignobles par les vignes américaines greffées généralement avec des cépages fins.
- Par ces documents, on voit toute l’importance de notre grand vignoble bordelais. Il fournit, à côté des vins les plus illustres, des produits de moindre qualité, il est vrai, mais jouissant aussi d’une renommée justement méritée. Tous sont connus du monde entier et si le phylloxéra a fait craindre un moment pour leur avenir, maintenant que nos viticulteurs ont triomphé de cet ennemi redoutable, on peut affirmer qu’ils continueront à faire la gloire de notre pays.
- Le département de la Gironde a eu, en 1900, la plus abondante récolte qu’il ait jamais obtenue. Les grands crus classés et bon nombre de crus bourgeois ont bénéficié cl’une énorme plus-value dans le rendement. Les propriétaires de grands crus ont récolté dans le vignoble blanc 1 5,ooo barriques de plus que l’an passé et deux fois plus qu’en 1898.
- Certains châteaux ont fait une vendange plus abondante que celle de 1875 : tels le Château-Lafite, qui dépasse aussi en 1900 sa récolte de 1893.
- Dans le vignoble blanc, le Château-Yqueni, qui avait récolté 960 barriques en 1 893 , n’en a fait que 836 en 1900.
- Voici la liste des crus classés avec la récolte en barriques de l’année 1 qoo :
- VIGNOBLE ROUGE.
- Premiers crus.
- Barriques.
- Château-Lafite................ 1,120
- Château-Margau x.............. 1,080
- Château-Latour................ 600
- Château-Haut-Brion............ A80
- Totaux........... 3, <280
- Seconds crus.
- Mouton-Rothschild............... 4 00
- Rauzan-Ségla......................... 4oo
- Rauzan-Gassies.................. 3 2 0
- Léoville-Lescases............... 64 0
- Léoville-Poyferré.................... 800
- Léo ville-Barton..................... 760
- Durfort-Vivens....................... 600
- Lascombes............................ 166
- Larose-Sarget........................ 720
- Larose-Bethmann...................... 600
- Brane-Cantenac....................... 56o
- Bichon-Longueville Barriques. 4 80
- Pichon-Lalande 64o
- Ducrû-Beaucaillou 700
- Montrose i,3oo
- Cos d’Estournel 1,3oo
- Totaux io,386
- Troisièmes crus.
- Château-K invan 720
- Château-d’Issan 48o
- Château-Lagrange 1,700
- Langoa 9°o
- Giscours 64o
- Malescot 680
- Brown-Cantenac 800
- Château-Palmer 64o
- La Lagune Aoo
- Desmirail 280
- Calon-Ségur 9°o
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
- 221
- barriques.
- Ferrière........................ 4o
- Becker.......................... 120
- Totaux............ 8,3 00
- Quatrièmes crus.
- Saint-Pierre Bonlemps................ 3oo
- Saint-Pierre Luelkens................ 3ao
- Branaire-üucru.................. 800
- Talbot-d’Aux......................... 64o
- Üuhart-Milon.................... i,o4o
- Château-Poujet....................... i4o
- Lalour-Ganet......................... 44o
- Lafon-Rochet......................... 36o
- Beychevelle..................... 900
- Le Prieuré........................... 200
- Marquis de Thermo............... 54 0
- Iota in......... 5,G8o
- Cinquièmes crus.
- Pontet-Canet..................... i,44o
- Batailley.......................... 600
- Grand-Puy-Lacoste.................. G4o
- Ducassc-Grand-Puy.................. 800
- Lynch-Bages...................... 1,000
- Ly nch-Moussas................. 3 0 0
- Dauzac............................. 720
- Mouton-d’Arniailliacq.......... 1 ,Goo
- Le Tertre.......................... 880
- Haut-Bages......................... 120
- Pédesclaux......................... 160
- Belgrave....................... 2 4o
- Camensac........................... 220
- Cos Labory..................... 2 4o
- Clerc-Milon........................ i4o
- Croizet-Bages...................... 48o
- Cantemerle......................... q4o
- Totaux......... 10,520
- Crus bourgeois.
- barriques.
- C Iiàteau- Abel-Laurent........ 260
- Châleau-Angludet............... 800
- Chàteau-d’Arcins............... Goo
- Chàteau-Baury.................. 3oo
- Château-Beaumont.............. 1,720
- Château-Bourgade, Lachapelle.. 320
- Château-Brillettes, du Périer.. . . 200
- Château-Brillette, Astien ainé.. . 180
- Château-Brillette, Astien jeune. . 100
- Château-Cap-de-Haut........... 1,000
- Château-Capbern................ 600
- Cliâteau-Cartillon . . .............. 4oo
- Chàleau-Les Cbalels-Taillel'er. . .. 4oo
- Chàleau-Chasse-Spleen.......... 4oo
- Château-Citran, Héritiers Clauzel. 1,680
- Château-Citran, Marcelin Clauzel. 720
- Cru de Corne......................... 120
- Cru Conslanl-Bagcs................... 5Go
- Cru du Mont, Saint-Seurin de
- Cadourne.................... 5oo
- Cru Duplessis-Delor.................. 4oo
- Cru Falin............................ 1G0
- Cru Fondpetites...................... 800
- Cru Fleurennes................... 24o
- Cru Ladouys.................... 920
- Cru Lalande-Celerier............ . 7G0
- Cru Lamarque......................... 24o
- Cru Lanessan....................... 1,200
- Cru Larose-Perganson................. 800
- Cru Liversan....................... 1,200
- Cru Mauvezin,........................ 900
- Cru Meyney........................... Goo
- Cru Poinys......................... 1,000
- Cru Poujeaux-Clauzel............ 48o
- Cru Poujeaux-Clavière........... 24o
- Cru Poujeaux-Castaing........... 2 4o
- Cru Rose-la-Biche............... 4oo
- Cru Siran....................... 2 4o
- Cru Tastins-Malecot.................. 48o
- Cru La Tour-dc-Mons................ i,56o
- Cru La Tour-Sieujau.................. 36o
- Totaux............ i4,o8o
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- VIGNOBLE BLANC.
- Premiers crus.
- barriques.
- Châleau-Yquem...................... 836
- Château-Latour Blanche............. 020
- Châleau-Peyraguey.................. 128
- Château-Haut-Peyraguey........ 96
- Château-Vigneau.................... 280
- Château-Suduirau t................. 020
- Château-Cou tet.................... 160
- Château-Climens.................... 160
- Châ teau-G niraïul............ GA 0
- Ghâleau-Rieusscc................... 100
- Château-Sigalas-Rahaud......... h 00
- Totaux............ 3,6 h o
- Seconds crus.
- barriques.
- Chàleau-Doisy........................ 6 A
- Château-Fihol.................. 5 00
- Château d’Arche, Lacoste........ 36
- Château d’Arche, Lafaurie....... 120
- Château d’Arche, Pugneau........ 88
- Château-Caillou...................... 88
- Château-Lamothe...................... 72
- Piada................................ 72
- Pernaud.............................. 112
- V extraies......................... 6 A
- Closiol.............................. 38
- Totaux............ 1,9.5 A
- Le commerce des grands vins doit surtout se préoccuper de la qualité. En général, elle est excellente, les circonstances atmosphériques ayant été favorables. Nul doute ([lie les acheteurs habituels des vins de Bordeaux au dedans et au dehors ne soient satisfaits des qualités qu’ils continueront à rencontrer dans ce superbe vignoble, disputé pied à pied au phylloxéra et aujourd’hui complètement régénéré.
- La Gironde avait envoyé à l’Exposition 2,o33 échantillons de vins, présentés par 1,602 propriétaires. Ils ont obtenu : 11 grands prix, 102 médailles d’or, 1G A médailles d’argent, iq3 médailles de bronze et 91 mentions honorables.
- 12e RÉGION. — CHARENTES.
- La douzième région comprend les Charentes; les échantillons d’eaux-de-vie ont été très nombreux, mais il y avait, par contre, très peu de vins. Les récompenses ont été surtout attribuées aux produits de la distillation de ces vins; nous renvoyons donc le lecteur, pour tout ce qui concerne cette importante exposition, au chapitre des eaux-de-vie.
- Les vins rouges et blancs des Charentes ne sont généralement pas recherchés pour la table. Les derniers sont presque exclusivement destinés à l’alambic où ils donnent de si merveilleuses eaux-de-vie.
- Le département de la Charente a des vins rouges assez colorés qui s’améliorent souvent en vieillissant. Dans la Charente-Inférieure, les vins rouges sont supérieurs à ceux de la Charente; ceux de Saintes, Saint-Romain (canton de Saujon), etc., ont une saveur agréable et un certain petit bouquet.
- Quant aux vins blancs, les plus estimés sont ceux provenant du cépage appelé la Folle-Blanche; ils sont vifs, avec une saveur légère, au fond de laquelle on trouve ce
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- VINS HT EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- parfum spécial (pii, concentré dans i’eau-de-vic, détermine le bouquet si agréable des cognacs.
- Voici, du reste, comment ont été classés les vins des Charcntes :
- Vins rouges. — Sainte-Radegonde, canton de Baigncs-Sainte-Radegonde, arrondissement deBarbezieux (Charente); La Pinelle, commune d’Haimps, canton de Matlia, arrondissement deSaint-Jean-d’Angély (Charente-Inférieure); Neuvicq-sur-Matha, canton de Matlia, arrondissement de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Inférieure). Ce cru comprend Ballans, Reauvais-sur-Matha, le Petit-Bordeaux, Brie, le Fresneau, les Latines, Haimps, Louzignac, Macqueville, Matha, Peugay, Siecq, les Touches-de-Périgny et en général la canton de Matha; Plaizac-Rou finie, canton de Rouillac, arrondissement d’Angoulême (Charente); Sigogne, Chassors, Foussignac, Julienne, Nercillac : ces cinq communes relèvent du canton de Jarnac, arrondissement de Cognac (Charente). On cite notamment les fiefs de la Cantinerie, le Grand et le Petit-Roudard, les Bequettes, la Borderic, Champrunier, les Bois-Michauds, Boisfaucon, etc.; le Brissonneau, village appartenant à la commune de Bréville, canton et arrondissement de Cognac (Charente) ; Saint-Romain-de-Benet, canton de Saujon, arrondissement de Saintes (Charente-Inférieure); Chaniers, canton de Saintes Nord, arrondissement de Saintes (Charente-Inférieure) [l’un des fiefs en renom est celui de Senouche] ; Saint-Sauvant, canton de Burie, arrondissement de Saintes (Charente-Inférieure); Ecoyeux, canton de Burie, arrondissement de Saintes (Charente-Inférieure); Saint-Savinicn, canton dudit, arrondissement de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Inférieure); Saint-Hilaire-de-Villcfranche, arrondissement de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Inférieure).
- Vins blancs. — Médis (entre Saujon et Royan), arrondissement de Saintes (Charente-Inférieure); Ballans, canton de Matha (Charente-Inférieure); Sainte-Sévère, canton de Jarnac, arrondissement de Cognac (Charente); Champagne, canton deBlanzac, arrondissement d’Angoulême (Charente); La Perse, commune de Gensac-Lapallue, canton de Segonzac, arrondissement de Cognac (Charente); le Pérou, près Dampierre, canton de Burie, arrondissement de Saintes (Charente-Inférieure); les Borderies, près Cognac (Charente), comprenant les communes de Javrczac, Richemont, Saint-André, etc.
- Les cépages qui fournissent ces vins sont: parmi les noirs, le balzac, le saint-rabier, la folle noire, la canne, le marocain, le prunellé, le teinturier et le pineau noir; parmi les blancs la folle, le saint-émilion, le saint-pierre, le blanc limousin, le colombard, la chalosse, le bouillaud, la donne, le balzac blanc, le pineau blanc et le sauvignon.
- Le balzac est de tous les plants à raisins noirs le plus répandu dans les Charentes. Le vin qu’il fournit est fort coloré, d’un goût généralement âpre la première année; mais peu à peu il perd de sa rudesse et peut atteindre h une grande longévité. Traité avec soin, il arrive à posséder d’assez hautes qualités de goût. Les sols gras et humides in 11 lient notablement sur les propriétés de ce liquide. Quand le balzac végète sur un sol
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- humide, marneux, le vin qui en provient manque de corps et tend à tourner. Au contraire, quand ce cépage se développe sur un terrain sec et pierreux, le produit vineux qu’il donne présente une certaine âpreté et devient apte à se conserver longtemps. C’est ainsi que les calcaires marneux du hassin du Né produisent un vin rouge peu corsé et de difficile conservation. On le greffe aujourd’hui sur américain et on réussit assez bien. La folle noire, par sa souche et ses grappes, a une analogie marquée avec la folle blanche. Les grains sont ronds, d’un noir foncé, d’un volume ordinaire, moins serrés que ceux de la folle blanche. Leur saveur est douce, mais non parfumée. Ils donnent un vin haut en couleur, de bonne conservation, mais sans bouquet. Ce cépage est fertile, mais il demande, lors de sa plantation, à être choisi avec soin.
- La folle blanche est le cépage le plus répandu dans les deux départements charen-tais. Elle est fertile, vigoureuse, très rustique et s’accommode de tous les terrains, de toutes les tailles. Elle résiste parfaitement à l’oïdium. Sa sève fougueuse développe à tous les yeux de taille des sarments qui donnent au cep une apparence buissonneuse. C’est à cette végétation exubérante, désordonnée, qu’est dû probablement son nom de folie. Dans l’arrondissement de Libourne, dans cette terre de palus appelée YEnlre-Deux-Mers, on le désigne sous le nom d’enrageat. C’est le cépage d’abondance de la contrée. Dans le Lot-et-Garonne, on le nomme plant de dame blanc. Dans le Gers, les Pyrénées, on l’appelle picpoule. Cette dénomination lui vient vraisemblablement de ce que la vigne restant basse, les poules peuvent facilement en piquer les grains. Sa souche est, en effet, difficile à élever à cause de la disposition des bourgeons à pousser dès la base, ras le sol. Ce cépage réussit très bien comme greffon sur certains plants américains ou hybrides spéciaux pour les terrains calcaires.
- En général, le vin que produit la folle est de qualité médiocre, d’un aspect souvent louche et disposé à contracter la maladie appelée graisse. C’est de lui qu’on tire les eaux-de-vie les plus justement célèbres. Toutefois, lorsque les ceps sont vieux, végètent sur un sol sec et rocailleux, et que les raisins, au moment de la cueillette, sont arrivés à leur entière maturité, le vin qui en résulte est de qualité bien supérieure, surtout si on a soin de le soumettre aux opérations essentielles du collage et du soutirage.
- Le colombard ou colombier n’est autre que le scmillon du Lot et de la Gironde. C’est à lui surtout que les vins de Graves et de Sauternes doivent leur célébrité. Il a été introduit d’abord dans la Charente-Inférieure, puis de là est arrivé dans la Charente, où il s’est cantonné çà et là. Il conserve l’appellation de colombard dans tout l’arrondissement de Cognac et dans le canton de Rouillac, mais dans les environs d’Angoulême on le désigne vulgairement sous le nom de chiné, expression probablement tirée de l’industrie des étoffes, car l’épiderme des sarments de ce cépage est blanc et parsemé de points gris noirâtres. Ailleurs encore, il est connu sous la dénomination de blanc-doux, à cause de ses qualités sapides. Il produit assez abondamment quand il a pu surmonter les intempéries de la saison; mais il est très sujet à la coulure. Partout il donne un vin généreux, riche en bouquet et de facile conservation. L’eau-de-vie, au contraire, qui en résulte manque d’arome et de moelleux. Du reste pour donner de bons produits
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE MX.
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- à la distillation, les vins ne demandent ni grande richesse alcoolique, ni arôme développé, ni disposition à la longévité. Loin de là, l’expérience montre que les vins dépourvus de ces qualités, peu chargés d’alcool, d’une conservation difficile, sont la source des meilleurs spiritueux. Ainsi, dans les lieux et les années où les vins blancs sont presque désagréables à boire, d’un goût séveux, d’une teinte louche, d’une disposition marquée à contracter la maladie de la graisse, on obtient, par la distillation, l’eau-de-vie la plus line et la plus délicate, celle qui a le plus d’arome et de moelleux. D’autre part aussi l’observation apprend que la qualité des eaux-de-vie est en raison inverse de la richesse alcoolique des vins. Lorsqu’il faut, en effet, soumettre à la distillation i'2 hectolitres de vin blanc pour obtenir un hectolitre d’eau-de-vie, celle-ci manifeste à l’odorat et au goût bien plus de délicatesse que lorsqu’elle résulte d’une niasse de liquide vineux moitié moindre. Donc, quand on voudra produire des \ins pour être convertis en eau-de-vie, il faudra choisir des cépages non pas de distinction, mais, au contraire, des plants qui fournissent des produits communs, médiocres, d’un goût peu relevé. A cet égard, la folle blanche ligure au premier plan. Sa suprématie est incontestable. Ni le colombard, ni la chalosse, ni la donne, ni Je saint-émilion, ni le pineau, ni le sauvignon 11e peuvent être mis en parallèle avec elle. Ajoutons encore que, toutes choses égales d’ailleurs, les vignes jeunes, vigoureuses, très fécondes sont celles qui engendrent les spiritueux les plus estimés.
- A côté du cépage, le sol exerce sur la qualité des vins destinés à la chaudière une influence incontestable qu’il importe aussi de déterminer avec soin. Lorsqu’on examine les terrains qui produisent les eaux-de-vie les plus justement célèbres des Charentes on voit qu’ils dérivent d’un calcaire marneux, blanc plus ou moins nuancé de gris, doux au toucher, tachant les doigts, de consistance tendre, friable, prompt à se déliter à la gelée. Jamais la roche qui constitue ce calcaire n’apparait à l’air par bancs épais, mais par couches lamellaires, faciles à détacher du sol. Exposée à l’action des agents atmosphériques, elle se réduit rapidement, en effet, en feuillets plus ou moins minces, et lina-lement en poussière, qui, délayée par la pluie, se change en une pâte cohérente, disposée à adhérer avec force aux chaussures et aux instruments qui la remuent.
- Ce soi, formé de craie et d’argile unies cl’unemanière intime et homogène, ne craint ni les excès d’humidité, ru les excès de sécheresse, parce que, d’une part, l’eau pluviale surabondante trouve un écoulement facile à travers les interstices nombreux de la pierre, et, de l’autre, parce que la présence de l’argile conserve au terrain une quantité suffisante d’humidité pendant les fortes chaleurs. Avant l’invasion phylloxérique divers cépages, et en particulier la folie, végétaient avec vigueur dans ce milieu, où ils pouvaient asseoir et étendre leurs racines. Le phylloxéra a détruit, en trois ans, toutes les vignes en ces terrains; il a fallu reconstituer avec des plants américains, capables de vivre dans un sol aussi pauvre. M. Couderc, cl’Aubenas, M. Millardet, de Bordeaux, etc., se sont adonnés à cette étude et maintenant, grâce à leurs recherches, on a pu replanter, avec succès, partie des terrains crayeux si riches autrefois. L’œuvre continue et, avant longtemps , on aura rnis en culture et en rapporL les terres qui faisaient la prospérité des Gn. X. — Cl. 00. i5
- tUI’MUKIllE NATIONALE,
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900,
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- Charcutes. Les caractères minéralogiques que nous venons d’indiquer se montrent identiques dans tous les terrains qui nourrissent des vignes dont le suc produit ces eaux-de-vie à saveur douce et onctueuse, à arôme délicat, qui rappelle celui de la violette et du jasmin mélangés. De loin, on reconnaît ces sols privilégiés à leurs coteaux à cimes arrondies, à leurs vallons à pente douce et régulière; tandis que les terrains à calcaire résistant, où les Lords des plateaux se terminent en corniches saillantes surplombant les vallées à flancs taillés à pic, engendrent des eaux-de-vie médiocres, sèches au palais, manquant d’arome et de moelleux.
- Mais quelle que soit la composition chimique et géologique du sol, craie, argile ou sable, quel que soit le degré d’arome et de moelleux des eaux-de-vies du «bassin Cha-rentais??, quel que soit le cépage cl’où elles proviennent, quelle que soit l’exposition, le climat local, leur caractéristique spéciale, inimitable, est le «bouquet charenlais ??, ce parfum suave, subtil, s’attachant au verre pour une longue durée, que la chaleur de la main suffit à évoquer après plusieurs heures et plusieurs jours dans le verre vide. Ce bouquet est véritablement le don du sol privilégié du bassin géologique des Charentes et c’est ce don, unique au monde jusqu’ici, qui permet de réserver exclusivement à nos eaux-de-vie vraies le nom de «cognac??.
- Telles sont, au point de vue des meilleurs vins à eaux-de-vie, les conditions de cépages et de sols qui doivent être remplies. Les Charentes seules les offrent toutes à la fois. On trouvera le relevé des récompenses au chapitre des Eaux-de-vie.
- 13e RÉGION. — DEUX-SÈVRES, VIENNE.
- La treizième région est celle de l’Ouest, renfermant seulement les Deux-Sèvres et la Vienne ; mais ces deux départements n’ont (pie peu d’exposants. Le Comice agricole de l’arrondissement de Châtellerault a réuni une vingtaine de types de vins rouges et blancs plutôt maigres. Beaucoup de ces derniers servent à préparer des eaux-de-vie.
- Le vignoble occupait une surface considérable de l’arrondissement, lors de l’invasion du phylloxéra, dont la présence fut constatée en 1880. Malgré les traitements insecticides recommandés par le Comice, tels que le sulfure de carbone, les plantations furent rapidement détruites, notamment en terrains calcaires et crayeux.
- Le Comice se mit rapidement à l’œuvre, en préconisant l’emploi des cépages américains greffés, en créant des concours spéciaux et des expositions pour la vigne greffée et ses produits; grâce à ses constants efforts, à sa direction suivie, aux exemples donnés par le Bureau et la plupart de ses membres, le vignoble chûteileraudais, qui en moins de vingt ans a, au prix des plus grands sacrifices, reconstitué une surface presque égale à celle détruite par le phylloxéra, tend à devenir très important et sera d’ici peu d’années considérable, notamment dans les cantons de Lencloitre, Châtellerault, Vouneuil-sur-Vienne.
- Les terrains replantés sont argileux et argilo-siliceux ; ils sont défoncés et cultivés d’après les meilleures méthodes, les plants américains greffés principalement en folle
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- blanche des Gharenles produisent des vins appréciés pour la mise en bouledles, les coupages et la distillation,
- La production varie de 5o à 80 hectolitres à l’hectare.
- Les vignobles sont situés partie en plaine, partie en coteaux; leur importance est très variable de 5 à 60 hectares. Parmi les plus meilleurs figurent ceux des membres du Comice qui prennent part à l’exposition des vins.
- Les Deux-Sèvres et la Vienne n’avaient envoyé que k 1 échantillons présentés par un seul exposant du premier département et 1 9 du second. Les récompenses ont été les suivantes :
- Deux-Sèvres............... 1 médaille d’argent.
- Vienne.................... 1 médaille d’or, 1 d’argent et -2 de bronze.
- 14e RÉGION. — LOIRE-INFÉRIEURE, MAINE-ET-LOIRE, SARTHE.
- La quatorzième région est celle du Nord-Ouest, dans laquelle on a inscrit la Loire-Inférieure, le Maine-et-Loire et la Sarthe. La Chambre syndicale des négociants en vins et spiritueux de la Loire-Inférieure a fait une exposition collective de vins de muscadet, de gros-plants et d’eaux-cle-vie de ces vins.
- Pour le Maine-et-Loire, la Société industrielle et agricole d’Angers, la commune de Chalonnes-sur-Loire, le Syndicat central des vins du Layon, la commune de Montjean, le Comice agricole du canton de Saint-Georges-sur-Loire, le Syndicat agricole et viticole de Thouarcé, l’Association des négociants en vins mousseux de Saumur ont réuni des collections diverses de vins rouges et blancs très connus et très justement appréciés. Les meilleurs proviennent des coteaux du Layon, de ceux de la Loire et de ceux de Saumur; parmi ces derniers, les blancs sont spécialement employés sous forme de vins mousseux ; ils ne manquent pas de délicatesse ; ils sont suffisamment corsés, ont du bouquet et de la finesse.
- Pour la Sarthe, l’Association viticole de ce département a réuni un certain nombre de propriétaires, qui ont envoyé des échantillons de vins rouges et blancs, ainsi que quelques eaux-de-vie de vin et de marc. Ces vins se rapprochent de ceux de Maine-et-Loire, dans certaines parties, comme ceux de Cliâleau-clu-Loir, par exemple, mais les autres sont souvent maigres.
- Les vins blancs de la Loire-Inférieure, muscadet et gros-plants, sont assez frais; ils ont du corps et un fruité qui 11e manquent pas d’agrément. Les vins de muscadet sont plus corsés et plus fins; le gros-plant ou folle blanche donne des produits ayant de la légèreté et du parfum.
- En ce qui concerne le vin d’Anjou, une notice, publiée à l’occasion de l’Exposition par la Société industrielle et agricole d’Angers, contient les renseignements suivants :
- En 1881, au moment de la constatation du phylloxéra dans les vignobles du Layon, le département de Maine-et-Loire possédait 55,000 hectares de vignes sur les terrains des formations géologiques primaires et secondaires.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
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- Désormais il conserve :
- En vieux cépages francs de pied....................................................... 6,000 iiectares.
- Eu vignes greffées à leurs seconde el première feuilles............................... 6,000
- En vignes greffées en rapport......................................................... 18,000
- Soit au total..................................................... 80,000
- Sollicités par les encouragements de la Société industrielle et agricole et par le Conseil général, qui ont créé des pépinières de démonstration de la résistance des porte-greffes américains et franco-américains , et des cours de greffage communaux publics, les v ignerons se sont mis courageusement à l’œuvre onéreuse de la replautation de leurs héritages et ont su demeurer fidèles à leurs anciens cépages :
- Le cltenin blanc, qui produit les grands vins blancs de 1 Anjou:
- Les cabevnets, d’ancienne introduction, qui fout les grands vins rouges du Saumurois;
- Les gamaxjs du Beaujolais et le g vos lot de Touraine, introduits en i85o dans les vignobles du Maine-et-Loire, qui fournissent les vins rouges ordinaires et les vins gris, récoltés sur les plateaux des arrondissements de Saumur, d’Angers, de Baugé ;
- Le muscadet ou gamay blanc (melon), qui produit les vins blancs ordinaires de la Basse-Loire. Le muscadet était le cépage des vignes à quart de recolle de l’éjloque féodale.
- La production géographique des vins du département de Maine-et-Loire peut s’établir de la façon suivante :
- .1° Vins du Saumurois. — A. Grands vins blancs et ronges : Rive gauche de la Loire; coteaux du Thouet.
- B. Vins (a* tête) blancs et rouges : Rive droite de la Loire.
- 2° Vins de l’arrondissement de Baugé. — Vins rouges ordinaires; vins blancs ordinaires.
- 3° Vins d’Anjou. —A. Grands vins blancs : Coteaux du Layon; rive gauche de la Loire ; groupe de Saint-Barthélémy; Trélazé; rive droite île la Loire; coteaux du Loir.
- B. Vins rouges et vins blancs bourgeois : Plateaux conquis entre la rive gauche de la Loire et le Layon; coteaux de la Mayenne et de la Sarthe.
- 4° Vins blancs ordinaires. — De la région du muscadet : arrondissement de Cholet.
- Gargantua disait qu’avec eux on s'attarde volontiers au jeu de «pipée h flaccons».
- 11 disait encore, en bon juge qu’il en était : «0 le gentil vin blanc! et par mon àme, ce 11’est que vin de taffetas. Heu, lieu, il est à une oreille, bien drapé et de bonne laine.»
- Les grands vins produits par les cabernels, qui sont cultivés en foule sous le nom de leur introducteur l’abbé Breton, prêtre de l’abbaye de Fonlevrault, sont bouquetés du parfum de framboise, frais et bien vêtus d’une éclatante robe couleur de rubis, corsés, de longue garde dans les caves creusées dans l’étage turonien.
- Avant l’importation des cépages de la Guyenne dans la généralité de Touraine et d’Anjou, en 1631-1635, les vins rouges étaient donnés par les fruits du cheuin noir, aujourd’hui cantonné dans la Sarthe et le Vendômois.
- C’était du vin de clienin noir que le roi Henri 1H Plantagenet faisait venir en Angleterre en 19 A 6 ; (pie Charles VII offrit à Jean V, duc de Bretagne, quand il vint à Saumur en 1A25 ; (pie les Bretons de Bretagne venaient chercher dans le Verrou et que plus lard Rabelais aimait à «boyre ou son bréviaire», autant que vin de «franc pineau».
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- VINS RT EAUX-DE-YTE DE VIN.
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- Les gamays du Beaujolais, introduits en Anjou, en i85o, par M. Guillory aine, fondateur de la Société industrielle et agricole d’Angers, font des vins rouges légèrement vêtus, mais très frais et fruités, agréables dès leur sortie de la cuve. Ils constituent les vins rouges bourgeois de l’arrondissement d’Angers, récoltés sur les terrains de l’âge primaire.
- Le groslot de Touraine, dit de Cinq-Mars, bien qu’il soit originaire de la commune de Mazières, produit en Anjou les vins dits rougets et gris. Vins frais, très recherchés par le commerce et l’industrie.
- Les vins rougets sont aussi très prisés des consommateurs à notre époque : ils sont à la «mode».
- Mais cette «mode» n’est qu’un retour du goût vers le passé. En effet, Diane de Poitiers se faisait envoyer de son vignoble de Ghenonceaux a son château d’Annet, en i55a, «quatre poinzeons» de «vin clairet», pour son usage personnel.
- On appelait «vin clairet» à cette époque, nous apprend Legrand d’Aussy, dans la Vie privée des Français (t. III, p. 7), «le vin qui n’était ni rouge ni blanc, il y en avait de plusieurs nuances, gris, paillet, œil de perdrix. On estimait beaucoup ces couleurs bâtardes».
- Les vins du Maine-et-Loire sont généreux, riches en alcool, en extrait sec, parfois un peu pauvres en acidité, ce qui vient de ce que les raisins sont souvent cueillis en extrême maturité.
- Le vignoble de l’Anjou, fortement atteint par le. phylloxéra, est. aujourd’hui reconstitué et. fournit de fortes quantités d’excellents vins.
- Le commerce a déjà pris contact avec les nouveaux produits du Maine-et-Loire, et il a pu les apprécier assez pour frapper à la porte des propriétaires. Cette région avait jadis des relations avec la Belgicpie et la Hollande, que le terrible puceron a dénouées, et il importe que ces pays sachent qu’ils peuvent revenir sur les coteaux de la Loire, du Layon, du Loir, de la région du muscadet, et cpi’ils y retrouveront la «douceur angevine» à laquelle ils étaient accoutumés.
- Dans une étude sur la nature des vins d’Anjou, M. A. Bouchard, professeur de viticulture en Maine-et-Loire, s’exprime ainsi :
- Il résulte des premières recherches que j’ai faites sur les grands vins d’Anjou en 1882, à la suite de l’Exposition internationale de Bordeaux, et dans laquelle ils avaient obtenu l’un des trois grands diplômes décernés aux vins de France, que leur titre alcoolique moyen — la moyenne étant prise sur dix-huit échantillons pour chaque groupe — était de :
- i° Vins blancs delà côte du Layon (années 186A-1881)............... îa
- 20 Vins blancs de la rive droite de la Loire (années 1858-1881).... 12
- 3° Vins rouges (années i858-i88i).................................. 10
- Mais ce que les vins de vignes greffées n’ont pas encore conquis, c’est la richesse extractive que possédaient les produits des anciennes vignes franches de pied, qui s’élevait à :
- i° Vins blancs de la côte du Layon (années 186A-1881).............. 32.66 p. 100.
- 20 Vins blancs de la rive droite delà Loire (années 1858-1881 ).... 29.90
- 3° Vins rouges (années 1858-i881).................................. 22.29
- Cependant, on entrevoit déjà dans les vins des vignes greffées les plus âgées, — celles de dix
- ans, — tels par exemple les vins n05 16, 17, 86, 89, une sorte de redressement des fonctions physiologiques des ceps.
- Seule, l’acidité est encore souvent faible et parfois aussi même pauvre dans les vignes taillées selon l’antique méthode du pays d’Anjou.
- . 80 p. 100.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Dans les vins ordinaires, blancs ou rouges, l’assemblage de leurs éléments constitutifs est moins discordant. Si le titre alcoolique est plus réservé, l’extrait un peu faible, l’acidité totale est, par contre, un tant soit peu exagérée.
- A vrai dire, j’aime mieux cela, parce que le ferment travaille et fonctionne avec plus d’énergie régulière dans un moût acide que dans un jus quasi neutre; que d’autre part, le groupe des acides s’atténue avec l’âge du vin et qu’au fur et à mesure qu’il se transforme, on voit naître et grandir le f'bouquetn.
- Or, ce qui a toujours fait rechercher les vins d’Anjou, c’est leur fraîcheur fruitée et leur saveur bouquetée qui, réunies, constituaient ce que les vieux vignerons appelaient leur « amabilité».
- Ce bouquet de raisin, on le retrouvait avec des tonalités différentes — des modulations, dirais-je volontiers, — dans tous les vins d’Anjou, quel que fut l’état géologique qui les produisait.
- Il est donc important de raviver — si je puis dire — la source des acides dans nos jeunes vins.
- En couvrant les ceps greffés d’un peu plus d’yeux à fruits, en leur donnant trois boulons fructifères sur chaque membre au lieu de deux et meme un seul, comme on le pratique encore dans le Saumurois et la cote du Layon, on produirait bientôt des grands vins, parce que avec la taille sur trois yeux, non compris le rrpou» ou la «puce», c’est-à-dire le bourgeon rudimentaire, on ne sortirait pas de la zone des boutons à fruits qui, sur les rameaux du chenin blanc, produisent les meilleurs raisins.
- En donnant aux jeunes ceps une plus grande surface d’absorption, en les mettant à même d’épancher dans un plus grand nombre de raisins mieux répartis par la taille le sucre qui se construit dans les pampres, le vigneron arriverait, je crois, par voie de conséquence, à produire des vins mieux équilibrés en alcool, en extrait et en acidité.
- Dans une petite monographie, préparée pour l’Exposition, par le Syndicat agricole et viticole deThouarcé, nous lisons :
- Les vins produits dans la région où s’étend l’action des syndicats peuvent se classer en trois catégories :
- i° Vins blancs de coteau, vins supérieurs.
- 2° Vins blancs de plaine, vins de table.
- 3° Vins gris, dits rougets, vins bon marché et de consommation courante.
- Les deux premières catégories sont produites par le chenin blanc ou pinot de la Loire, la troisième est produite par un mélange de gamay, groslot, pinot ronge généralement tirés en blanc, ce qui donne des vins un peu teintés.
- Les vins rouges sont peu produits dans la région et sont presque tous consommés dans le pays.
- La petite rivière du Layon est bordée à droite par une ligne de coteaux s’étendant sur une longueur d’environ ho kilomètres de Doué-la-Fontaine à Chalonnes, exposés au midi. Ces coteaux sont depuis des siècles couverts de vignes de chenin blanc qui donnent en petite quantité — sept ou huit pièces de 2 3o litres à l’hectare — des vins fins très fruités et d’une conservation presque indéfinie.
- Les crus les plus renommés de la côte sont ceux de Bonnezeaux, Faye et Beaulieu; ces vins se vendent de i5o à 25o francs la barrique de 23o litres, suivant la qualité qui varie d’une année à l’autre selon que la maturation s’est plus ou moins bien faite.
- Les vins blancs produits dans la plaine ressemblent aux précédents, moins la finesse; ils ont une teneur en alcool inférieure et, par suite, se conservent moins longtemps ; leur production est plus régulière et plus abondante, et leur prix moyen est de îoo à i5o francs la barrique.
- Les vins gris, dits rougets, faits avec des raisins rouges pressurés immédiatement après la vendange, sont très recherchés par le commerce et principalement par les fabricants de vins champa-
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN. 231
- gnisés de Saumur, leur prix varie de 4o à 70 francs la barrique et la production à l’hectare est de 25 à 3o barriques.
- Depuis que le phylloxéra en 1888 et années suivantes a détruit les vignobles, la reconstitution s’est faite assez rapidement avec des soins et des précautions inusités jusqu’alors.
- La Sarthe avait une exposition d’ensemble intéressante de vins rouges et blancs d’années diverses. Ces produits récoltés à Chenu, Marçon, Château-du-Loir, Fiée, Ba-zonnais, Chahaignes, etc., sont droits de goût, ont une certaine vivacité et de la fraîcheur. Les vins blancs des Jasnières sont particulièrement agréables. La vigne est redevenue très en faveur dans cette région oîi la reconstitution est en excellente voie et les résultats obtenus sont de bon augure. L’Association viticole de la Sarthe a remporté de beaux succès et mérite des éloges.
- Les trois départements réunis, faisant partie de la même classification, avaient présenté 70/1 échantillons de vins, répartis entre 10 exposants de la Loire-Inférieure, i5fî de Maine-et-Loire et 44 de la Sarthe. Les récompenses ont été les suivantes :
- Loire-Inférieure.. 1 médaille d’or, 4 d’argent, 1 de bronze et 1 mention
- honorable.
- Maine-et-Loire. . . 2 grands prix, 12 médailles d’or, 35 d’argent, 34 de
- bronze et 3G mentions honorables.
- Sarthe.......... 7 médailles d’or, 10 d’argent, 1 4 de bronze et 11 mentions
- honorables.
- 15° RÉGION. — TOURAINE, ORLÉANAIS.
- La quinzième région comprend la Touraine et l’Orléanais. Pour l’Indre-et-Loire, l’Union vinicole des propriétaires, le Comice agricole de l’arrondissement de Loches et quelques exposants individuels ont présenté un ensemble d’échantillons fort remarquables. Les vins rouges sont fins et agréables avec leur bouquet spécial ; les blancs ont été très justement appréciés. Les vouvrays vieux, qui sont présentés avec raison comme vins fins, ont du moelleux et une grande distinction.
- Le Loir-et-Cher a une belle exposition grâce au concours de l’Association des viticulteurs. Ce département est connu pour ses « gros noirs » dits du Cher, récoltés sur les bords de la rivière et qui constituent une excellente matière première pour les coupages. Il y en a des types très réussis. On trouve aussi des vins rouges ordinaires qui ont de la fraîcheur, quoique un peu faibles et maigres. Quelques vins vieux ont été présentés comme curiosité ; ils se sont assez bien conservés.
- L’Union vinicole des propriétaires d’Indre-et-Loire avait tenu à envoyer à l’Exposition universelle de 1900 une collection complète des divers produits du vignoble tourangeau. Cette collection montre que la Touraine est un pays producteur de vins, qui présente à l’acheteur tout ce qu’il peut désirer depuis les vins ordinaires à lias prix jusqu’aux vins les plus délicats et les plus distingués.
- Grâce à son altitude peu élevée, grâce aux brises maritimes qui caressent de leurs tièdes haleines ses larges vallées inclinées vers TOuest, la Touraine jouit d’un climat
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- tempéré, (pii ne connaît ni la rigueur fies froids du Nord, ni les ardeurs du soleil du
- Midi.
- Il semble que cette nature calme et peu tourmentée ait exercé son influence harmonieuse sur toutes ses productions. A portée du placide Tourangeau, ennemi de tout excès, mais plein de finesse et de bon sens, elle a placé des fruits parfaits, savoureux, imprégnés du parfum le plus délicat.
- C’est par un ensemble harmonieux, par un juste équilibre de toutes leurs qualités, que se font apprécier les vins de la Touraine. Ils ont cette saveur exquise, ce goût de fruit qui laisse une sensation de fraîcheur, le bouquet délicat, distingué, de bon aloi, que peut seul apprécier un vrai gourmet.
- Le parfum qui charme l’odorat, avant de flatter le goût, c’est, bien là le cachet personnel qu’impriment, à ces vins le sol plantureux et. le doux climat de Touraine.
- Depuis le plus léger des vins de groslot, jusqu’au plus capiteux vouvray, tous ont cette note et. on peut parcourir en les dégustant la gamme la plus riche et la plus étendue.
- Le plateau nord de la Loire, les cantons de Langeais, Tours-Nord, Neuvy-le-Roy, Neuillé-Pont-Pierre, Chateaurenault, Chàteau-la-Vallière, Vouvray (partie Nord), offrent surtout ces petits vins frais, fruités, légers, d’un goût agréable, qui peuvent orner la table du consommateur le plus modeste.
- Tours-Sud présente des produits légers d’une couleur de rubis, qui vieillissent vile et font ces vins de dames que les estomacs les plus souffrants peuvent affronter sans crainte.
- Amboise, Montbazon, Montrésor, Sainte-Maure, Il lé ré, ITle-Boucbard, Azay-le-Rideau, l’arrondissement de Loches, et encore Tours-Sud donnent le bon vin de côt, particulièrement connu sous le nom de vin du Cher, plein de sève, d’une couleur riche, contenant une forte proportion de tanin.
- Les cantons de Bourgueil et de Chinon offrent leur vin de breton. Ce produit a un parfum de framboise subtil et fin. 11 faut., comme Chicanous de Rabelais, avoir dégou-zillé une grande tasse de vin breton pour comprendre ce qu’a d’alléchant cette promesse de Grandgousier à Gargantua :
- «Par ma barbe, pour un bussart, tu auras soixante pipes, j’entends ce bon vin breton, lequel ne croît pas en Bretagne, mais en ce bon pays de Verrou. »
- Ce cépage, le breton, est le même (pii, sous le nom de cabernet. (ou cabernet franc), donne aux crus fameux de la Gironde le goût, qui les caractérise; et il n’est pas rare de trouver dans les caves des plus modestes vignerons tourangeaux des vins de ce cépage qui rivaliseraient avec les meilleurs vins du Médoc..
- Comme vins blancs, les coteaux du canton de Vouvray donnent, leurs produit dorés, au léger goût de pierre à fusil, pétillants comme le champagne le plus vif, ou liquoreux comme le vin d’Espagne le plus riche. Ce sont des rayons de soleil mis en bouteilles.
- Saint-Martin-le-Beau, Montlouis, Lussault, Sainte-Maure, Saché, Bueil, Saint-
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- VINS ET LADY-RE-VIE DE VTN.
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- Christophe, etc., ont aussi de ces mêmes vins de pineau qui ont reçu de Rabelais leurs titres de noblesse.
- .Après les vins de pineau, il ne faut pas oublier les vins du Ric.helais (canton de Richelieu), si vifs et si blancs, sans goût de terroir. Très bons vins de consommation, ils donnent encore d’excellentes eaux-de-vie.
- Partout, en Touraine, dans tous les cantons, presque dans toutes les communes, même dans celles classées comme produisant des vins ordinaires, se rencontrent des «climats» donnant des vins supérieurs.
- Le sol, le sous-sol et l’exposition changent pour ainsi dire à chaque pas ; ce qui explique la variété des produits comme la variété des paysages.
- Le phylloxéra a fait, certes, des brèches dans ce beau domaine. Liais le vigneron tourangeau s’est consacré, avec un courage et une ardeur extraordinaires, à la reconstitution de son vignoble. Il se montre jaloux de ses cépages nobles qui ont fait la réputation de son vin et la richesse du pays. Il met tout en œuvre pour les conserver, et actuellement. il est facile de prévoir que sa production ne subira pas d’interruption.
- L’Union vinicole des propriétaires d’Indre-et-Loire a fait paraître, pour l’Exposition, une sorte de classification des vins du département. Nous en extrayons les pages suivantes :
- La Touraine, comme circonscription géographique, correspond, à peu de chose près, au déparlement actuel d’Indre-et-Loire.
- Traversée par de nombreux et importants cours d’eau, tourmentée et découpée dans sa configuration physique, qui change pour ainsi dire à chaque pas, morcelée à l’infini, cette contrée se distingue naturellement par la diversité de ses produits.
- Pour ce qui est en particulier des vignobles, la nature du sol et du sous-sol, l’exposition, les soins de culture et de vinification varient d’une commune à une autre et, dans la même commune, d’une propriété à une autre, d’un morceau de terre à un autre.
- 11 ne s’agit donc point, dans cette notice, d’une classification de vignobles, de la répartition invariable, dans des classes bien déterminées, de chaque commune ou de chaque vignoble de la Touraine. — La chose est impossible.
- Telle commune, réputée pour ses grands vins de bouteille, peut produire aussi les plus petits vins de commerce.
- Telle autre commune, connue pour produire des vins tout à fait ordinaires, produit en certains points ou certaines années des vins tout à fait supérieurs.
- Mais ce qu’on ne peut pour les vignobles, on le peut pour les vins.
- Tous les vins produits dans notre région peuvent être répartis en un certain nombre de catégories, se distinguant nettement les unes des autres et formant des classes.
- Parmi ces classes, les unes correspondent à des unités géographiques assez nettement circonscrites et déterminées : telle la classe des Grands vins de Vouvray , produits uniquement sur les coteaux de Vouvray et de Rocheeorbon.
- D'autres, au contraire, ne correspondent à aucune circonscription géographique particulière : telle la classe des Vins de tarde d’Indre-et-Loire, qui se produisent dans tout le département, ici en petite quantité, là en quantité plus grande.
- En développant notre classification, nous aurons soin d’établir, à cet égard, les distinctions nécessaires.
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- Nous répétons, avant de commencer, qu’il ne saurait être ici question d’une classification des vignobles.
- Il s’agit uniquement d’une classification des vins, autrement dit, de la détermination et dénomination des diverses catégories dans lesquelles peuvent être répartis tous les vins produits en Touraine, avec indication de leurs caractères particuliers.
- Après avoir donné aussi rapidement que possible le caractère saillant des vins de chacune de ces catégories, nous nommerons les communes produisant plus particulièrement ces vins. Nous citerons les noms de quelques-uns des principaux producteurs et dirons un mot de leurs vignobles.
- Vins rouges. — Grands vins de bouteille. — Dans cette classe ne figurent que des vins provenant exclusivement de cépages fins. Les vins produits dans les localités à grands vins, mais de cépages communs, rentrent, suivant le cas, dans les vins de table ou les vins de commerce.
- Vins de Bourgueil. — Récoltés dans la région de Bourgueil, ces vins sont obtenus du cahernel franc, le plus fin des cépages du Bordelais, appelé «breton» dans le pays.
- Vins nerveux au léger bouquet de framboise se dégageant sous l’action d’une chaleur modérée; excellents pour la bouteille, ils n’acquièrent toutes leurs qualités qu’au bout de quelques années. Ils se conservent fort longtemps et gagnent en vieillissant.
- Les types les plus parfaits se trouvent dans les communes de Saint-Nicolas-de-Bour-gucil, Bourgueil, Bestigné, Benais, Ingrandes.
- Vins de Chinon. — Chinon, petite ville, grand renom. Tel a été le vieil adage qui nous a été transmis par nos pères. Cette petite cité a eu, en effet, son heure de célébrité, et les ruines de son vieux château, que le temps ne peut achever de démolir, sont toujours là pour attester son ancienne splendeur.
- Plusieurs rois de France, et notamment Charles VII, y ont résidé. Un événement, qui a été le point de départ de la libération de notre territoire, s’y est produit : c’est, en effet, à Chinon, le 6 mars îâaq, que Jeanne d’Arc la Pucelle est venue trouver le roi Charles VII, et c’est de notre vieux château qu’elle est partie combattre l’Anglais et chasser l’étranger de notre beau pays de France.
- Chinon est aussi le berceau d’une des gloires de notre Touraine, de l’immortel Rabelais, au rire large et puissant, et dont les écrits satiriques ont si bien flagellé les abus de son temps. Il fut le vigneron par excellence et personne mieux que lui ne sut apprécier le vin pineau et le vin breton, qui réjouissent le cœur.
- Le Chinonais récolte des vins blancs, mais surtout d’excellents vins rouges ; ces derniers sont d’une qualité supérieure et sont produits par un cépage appelé breton. Us sont légers, parfumés et leur caractéristique est un goût de framboise très prononcé.
- La rive droite de la Vienne fournit des vins tendres qui ont du moelleux et sont bons à boire de suite.
- Ils sont produits principalement par les communes de Cravant, Beaumont, Avoine et Huismes.
- Les vins de la rive gauche sont généralement un peu plus durs et ont besoin de
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- vieillir davantage, mais en revanche ils sont plus nerveux et d’une plus longue conservation ; leur boucpiet se développe beaucoup en vieillissant ; on les trouve dans les communes d’Anché, Rivière, Ligré, la Pioche-Clermault.
- La commune de Ligré est celle qui fournit des vins vraiment supérieurs qui ont, au plus haut degré, bouquet et finesse.
- On trouve des types de ce vin dans quatre cantons : Ckinon, l’Isle-Bouchard, Richelieu et Saint-Maure. Les communes de Ligré et de Chinon passent pour produire les types les mieux caractérisés.
- Il est assez difficile d’établir une distinction bien marquée entre les Bourgueil et les Chinon, les uns et les autres bien réussis.
- On s’accorde généralement à reconnaître moins de nerf au Chinon, mais plus de moelleux et un bouquet de framboise plus prononcé.
- En dehors des communes déjà nommées, on cite celles de Cinais, Panzoull, Saint-Epain, Sazilly, Savigny-en-Véron, qui produisent d’excellents vins assimilés aux meilleurs Chinon.
- Vins fins de bouteille. —- Moins nettement caractérisés que les précédents, les vins fins d’Indre-et-Loire, qui sont aussi des vins de bouteille, se récoltent particulièrement dans les communes de Joué et de Saint-Avertin et dans quelques communes voisines.
- Le vin de Joué est le produit des « plants nobles v : pjneau noir de Bourgogne, gris meusnier et malvoisie. Le côt peut y entrer en certaines proportions; le pineau noir, ainsi que la malvoisie tendent de plus en plus à en disparaître.
- Plus tendres que les Bourgueil et les Chinon, les Joué se font généralement très vite en bouteille ; ils sont délicats et bouquetés.
- Les Saint-Avertin, plus durs que les Joué, quoique très estimés, n’en ont pas la finesse. Ils sont obtenus presque uniquement avec le côt.
- Bien qu’on ait coutume de localiser les vins fins d’Indre-et-Loire dans les communes de Joué, Saint-Avertin et le voisinage, certains propriétaires obtiennent, sur divers points du département, des vins qu’on peut parfaitement ranger dans cette catégorie. Elle peut être divisée en deux groupes distincts :
- Le premier groupe comprenant les communes de Ballon, Chambourg, Esvres, Joué, Jjarçay, Saint-Avertin et Sainte-Radegonde ;
- Le second groupe comprenant les communes de Cheillé, Montbazon, Montlouis et Monts.
- Vins de table d’Indre-et-Loire. — Pour cette classe , il est impossible de désigner des communes, la raison est que les vins de table d’Indre-et-Loire se produisent dans toutes les communes du département, mais particulièrement au midi de la Loire.
- On considère comme tels les vins de côt pur ou les vins dans lesquels prédomine généralement le côt — allié dans des proportions variables, soit avec d’autres cépages fins, soit avec des cépages communs (groslot, gros noir, etc.), et ne présentant pas les conditions du lieu ou les caractères particuliers qui les feraient ranger, soit dans la
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- classe des vins fins, soit dans celle des vins du Cher. Le côt, qui fait la hase de ces vins, n’est autre que le malbec du Bordelais.
- Frais, colorés, très agréables, les vins de table d’Indre-et-Loire forment d’excellents vins de consommation courante, pouvant assez souvent donner des vins de petite bouteille.
- Vins de commerce dits « du Cher». — Les vins de commerce sont récoltés dans toutes les parties du département , et il est assez difficile d’en déterminer le centre.
- Les vins du Cher proviennent des rives du Cher et ont pour caractère particulier d’étre très colorés et frais en meme temps. C’est encore le eût qui en forme le fonds, mais allié en proportions généralement assez fortes an teinturier, parfois aussi à quelques autres cépages.
- Très recherchés par le commerce comme vins de coupage, ils font néanmoins de bons vins de consommation courante. Une grande partie des vins du Lochois peuvent être classés dans cette catégorie.
- Les principales communes produisant ces vins sont : Athée, Azaij-sur-Cher, Bléré, Civray-sur-Clier, Chambourg, Chenonccau.r, Chccigny, Chisseaux, Dierres, Epeigné-les-Vi8 nés, Francucil, Genillé, La Croix, Le Liège, Loches, Luziilé, Mon trésor, Perrusson, Saint-Germain, Saint-Jean, Sain l-Mar tin-ïe-Beau.
- Vins de commerce dits zde Touraine». — Comme les vins de table d'Indre-et-Loire, ces vins se récoltent dans toute l’étendue du département, particulièrement cependant sur le plateau nord de la Loire.
- La commune de Cinq-Mars peut être considérée comme présentant le type le plus pur de ces vins, obtenus avec le groslot de Cinq-Mars, tantôt cultivé seul, tantôt allié en proportions diverses avec d’autres cépages.
- Frais, légers, fruités, de petite couleur, les vins dits «de Touraine » sont appréciés comme vins de consommation, pouvant même rivaliser, dans les bonnes années, avec les vins de côt.
- Le commerce les recherche comme vins de coupage pour rafraîchir les gros vins du Midi ; depuis quelques années, on en enlève d’assez grandes quantités pressées en blanc pour la champagnisation.
- Vins blancs. — Grands vins de bouteille. — Vins de Vouvray. — Vins de Côte. — Les coteaux de Vouvray et de Rochecorbon produisent des grands vins blancs dont la finesse, la limpidité et la distinction sont de tout point remarquables. Les vins des grands crus tiennent à la fois du vin de liqueur et du vin sec, du sauterne et du champagne. Ils ont, malgré cela, leur caractère propre et un cachet spécial qui les fait si justement apprécier par les Hollandais et les Belges qui les accaparent souvent avant la récolte, comme les Anglais le font pour certains grands vins du Médoc.
- L éloge des vins des coteaux de Vouvray n’est plus à faire : voici d’ailleurs en quels
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- VINS ET EAUX-DE-YJE DE VIN.
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- termes Édouard Féret en parle dans le Dictionnaire-Manuel des Négociants en vins et spiritueux :
- Les vins blancs des coteaux de Vouvray, produits par le gros et le menu pineau de la Loire, donnent des vins dorés au léger goût de pierre à fusil, pétillants comme le champagne ou liquoreux comme le vin d’Espagne le plus riche. Ils donnent d’excellents échantillons de ces vins blancs dont Rabelais (que nous aimons particulièrement à citer) parlait ainsi: «O Lacryma Chrisii! C’est de la Devinière, rc’est vin de pineau ! O le gentil vin blanc et, par mon âme! ce n’est que vin de taffetas, u
- Cette expression caractérise bien sa principale qualité.
- Ce vin de taffetas, de soie, qui donne à l’estomac la sensation de velours, au lieu de laisser après lui les ardeurs des vins blancs alcooliques, est bien, comme celui de Bordeaux, le vin que l’école médicale moderne recherche pour les dyspeptiques.
- Même dans les plus mauvaises années, les grands crus donnent des vins qui méritent la bouteille et sont très goûtés.
- En résumé, les vins des coteaux de Vouvray sont légers, limpides, lins et d’une conservation indéfinie. Les Belges, qui sont en vins de fins connaisseurs, leur ont donné, un nom spécial, celui de «vins de curé », ce qui semble prouver qu’en Belgique comme en France le clergé sait apprécier les bonnes choses.
- Il n’v a qu’un reproche à adresser à ces vins : c’est d’être insuffisamment connus, bien que partout l’on vende beaucoup de vouvray, notamment des vouvrays mousseux, mais qui n’ont jamais vu ni connu les beaux coteaux ensoleillés de la Loire.
- Vins d’arrière-côte. — Les arrière-cotes donnent des vins blancs de table très fins qui peuvent même faire, à l’occasion, une bonne bouteille. Comme leurs frères des coteaux ils ne sont faits qu’avec les raisins des pineaux de la Loire.
- VinsJins de bouteille. — Pour cette catégorie, impossible de localiser la production. On trouve des vins blancs fins d’excellente bouteille dans un grand nombre de communes, particulièrement sur les coteaux de la Loire, en amont de Tours.
- Ces vins se font souvent plus rapidement que les vouvrays; Montlouis, Sachéet Vernou fournissent des vins qui peuvent , dans certaines années, lutter avec certains vouvrays. Les communes d’Azay-le-Rideau, Bueil, Chançay, Larçay, Lussault, Noizny, Reugny, Saint-Christophe, Saint-Martm-le-Bcau, Sainte-Badegonde, Villebourg produisent également des vins très remarquables et peuvent être rangées dans la même catégorie.
- Vins de table. — Les bons vins blancs de table, pouvant faire au besoin de la petite bouteille, se récoltent dans toutes les parties du département. Ils ne sont obtenus que de cépages fins (gros et menu pineau), mais en sols inférieurs ou en exposition défectueuse. Parmi les autres plants entrant parfois dans la composition de nos vins blancs de table, on peut citer le meslier du Gâtinais, surtout dans le nord du département.
- Récoltés principalement dans les communes suivantes : Arlannes, Chambray, Cheillé, Crolelles, Nazellcs, Neuillé-le-Lierre, Ports, Ponl-de-Ruan, Rilly, Saché, Saint-Jean-Saint-Ccrmain, Saint-Paterne, Senevières, Véretz, Villedômer.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Vins de commerce. — On range dans cette catégorie les vins Lianes obtenus de cépages communs, particulièrement de la folle blanche, dans la région de Richelieu et de la rivière la Vienne.
- Ces vins, qui font de bons petits ordinaires, neutres de goût et frais, sont enlevés en assez grande quantité par les négociants de Cognac pour la distillation.
- Vins gris. — Depuis quelques années, ces vins sont beaucoup demandés et très appréciés, surtout du public parisien qui les aime à cause de leur goût agréable. Ils sont légers et fruités. Obtenus en pressant en blancs tous les cépages rouges depuis le breton et le eût jusqu’au modeste groslot, on en récolte dans toutes les communes du département. Les vins gris de groslot sont particulièrement demandés pour la champagnisation qui en prend chaque année une grosse quantité quelle transforme, suivant le cas, en saumur premier choix ou grand ay mousseux.
- Dans le Loir-et-Cher on trouve aussi des vins foncés en couleur, dits gros-noirs du Cher; ils sont assez épais et d’une couleur intense; ils ont beaucoup d’âpreté et manquent parfois de fraîcheur. Mais ils conviennent parfaitement pour les coupages et avec des produits plus légers ils fournissent un mélange très satisfaisant. Dans ce genre les vignobles de Jorday, Villesecron, Villeboroux, etc., sont particulièrement connus. Du côté de Blois on récolte des vins rouges légers ayant du corps et se conservant bien.
- Les arrondissements de Vendôme, de Romorantin, de Mer fournissent d’assez bons produits, mais souvent inégaux.
- Les vins blancs sont meilleurs que les rouges. Mer en a de bon goût, d’une force alcoolique suffisante dans les années favorables. Cour-Cheverny est également réputé. La Sologne récolte quantité de petits vins blancs, nets de goût et vifs. Tous ces vins étaient représentés dans la collection de l’Association des viticulteurs de Loir-et-Cher. On y a fort remarqué des vins vieux des années 1865, 1870, 187/1 et 188Ô, en rouges, d’une limpidité parfaite, et des années 1887, 1893, 18 9 5 , en blancs demeurés très nerveux et nets.
- L’Indre-et-Loire avait 112 exposants, le Loir-et-Cher 85; ils ont soumis au Jury 611 échantillons et ont obtenu les récompenses suivantes :
- Indre-et-Loire. . . 1 grand prix, 18 médailles d’or, 33 médailles d’argent,
- 3a médailles de bronze et 8 mentions honorables.
- Loir-et-Cher.. . . 3 médailles d’or, 1A médailles d’argent, kj médailles de
- bronze et a8 mentions honorables. .
- 16e RÉGION. — NIÈVRE, CANTAL, INDRE, PUY-DE-DÔME, HAUTE-LOIRE, CHER.
- La seizième région a été réservée au Centre et au Centre-Nord, comprenant la Nièvre, le Cantal, l’Indre, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et le Cher. Les deux premiers dé-
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- parlements 11e sont, pour ainsi dire, pas représentés, il n’y a qu’un ou deux exposants. L’Indre, avec le Syndicat de Saint-Vincent d’Issoudun et la Société d’agriculture, nous montre des vins rouges assez frais et des vins rosés qui ont du montant et du nerf; mais beaucoup d’autres sont faibles.
- Le Puy-de-Dôme a des vins frais, vifs et de couleur satisfaisante, mais peu alcooliques. Le Syndicat départemental agricole montre une bonne réunion de produits de diverses localités assez bien choisis et des eaux-de-vie de marc soigneusement distillées.
- La Haute-Loire, sous le patronage du Comité départemental, présente quelques vins de bonne couleur, mais un peu communs.
- Pour le Cher, le Comité départemental a réuni une belle collection. Les vins rouges de cette région sont assez jolis, quelques-uns ont une belle couleur, surtout ceux du Sancerrois; ils ont un bon goût et du spiritueux; d’autres, plus délicats, d’une nuance plus légère, se rapprochent des vins de l’Yonne par leur fraîcheur. Les vignes blanches de cette région fournissent des vins qui ne manquent pas d’agrément, mais il ne faudrait pas les comparer à des vins de cru; pour quelques-unes, comme celles de Sancerre qui ont du cachet, il en est beaucoup d’autres maigres qui ne peuvent que servir comme produits communs ou aller à l’alambic.
- Les vins du Centre jouent un rôle important dans le commerce des boissons, soit comme vins rouges, soit comme vins blancs; les uns et les autres servent dans les coupages pour donner aux cuvées plus de vigueur, plus de fraîcheur et parfois, mais rarement maintenant, plus de couleur. Quelques-uns de ces produits ont de la linesse, de l’élégance et vont directement à la consommation.
- Comme partout, le phylloxéra a causé de nombreux ravages dans ces régions et on 11e retrouve plus les vins qui faisaient la fortune de ces pays. Cependant, la reconstitution aidant, nous avons revu parmi les types soumis au Jury des produits qui ne sont pas dénués d’intérêt.
- L’Allier, qui a cependant des vins de Saint-Pourçain, assez agréables par leur bon goût, n’avait rien envoyé. La Nièvre n’avait pas davantage présenté ses pouillys blancs, qui ont pourtant un certain cachet. Le Cantal n’avait qu’un type de vin plutôt grossier. La Haute-Loire avait des produits assez forts en couleur, mais sans cachet et un peu communs. Le Puy-de-Dôme a montré des vins vieux relativement bien conservés; toutefois , on ne saurait encourager les propriétaires à laisser vieillir leurs cuvées. Les vins d’Auvergne, lorsqu’ils sont nouveaux, ont du fruité, de la fraîcheur et une couleur vive très agréables ; ces qualités s’atténuent et disparaissent même avec Page et alors leur caractère spécial n’existe plus.
- Les produits récoltés dans le Cher sont tout différents, et ceux des arrondissements de Sancerre, de Bourges, de Saint-Amand, le premier surtout, sont d’un goût agréable. Les vins blancs ont de la fraîcheur et du montant.
- Toute cette région, comprise sous le titre de Centre et Centre-Nord, était représentée par ô5<j échantillons soumis par 1 exposant du Cantal, 33 de l’Indre, 70 du Puy-de-Dôme, 8 de la Haute-Loire et y 7 du Cher.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900. Les récompenses ont été les suivantes :
- Indre........... 8 médailles d’argent, 15 de bronze et 5 mentions honorables.
- Puy-de-Dôme . . . k médailles d’or, 16 d’argent, 2h de bronze et îh mentions honorables.
- Haute-Loire .... î médaille de bronze et 2 mentions honorables.
- Cher............ g médailles d’or, 8(j d’argent, 20 de bronze et 22 mentions
- honorables.
- Nous terminons ici l’exposition du vignoble français. Il a présenté de merveilleux produits et l’ensemble est tout à fait remarquable. Nous regrettons cependant que certaines sociétés de propriétaires n’aient pas suffisamment examiné les vins envoyés sous leurs auspices; quelques-uns se sont mal présentés devant le Jury et sans ordre de mérite. Il eut été préférable de ne pas les admettre. Ce n’est pas par la quantité qu’il faut briller, mais bien plutôt par la qualité.
- ALGERIE.
- L’exposition vinicole de l’Algérie se trouvait installée au Trocadéro, dans le palais spécial de cette colonie, palais construit sur le modèle arabe bien entendu, avec cour et jardin intérieurs.
- Probablement à cause du manque de réussite de la récolte 1899, le nombre de-concurrents en 1900 a été moindre qu’à la précédente Exposition. 11 11’y en avait que '2 9 contre i,636, il y a onze ans. La province d’Alger était la mieux représentée, puis venait celle de Constantine et enfin celle d’Oran. Le tout comprenait environ 1,000 échantillons de vins divers: rouges, blancs et de liqueur.
- La culture de la vigne a pris en Algérie un rapide développement depuis vingt ans. L’étendue des vignobles est de près de 100,000 hectares et la production dépasse aujourd’hui 5 millions d’hectolitres. La province d’Oran est celle qui contient Je plus grand nombre d’hectares en rapport; vient ensuite celle d’Alger, puis enfin celle de Constantine.
- Les premiers vignerons venus en Algérie de toutes les régions viticoles de la France ont apporté, avec eux, les plants de leur pays : les cépages fins de la Gironde, le caber-net, le malbec, le sauvignon; puis ceux de la Bourgogne, le pinot, le gamay. Cependant il ne suffit pas de cultiver en Algérie, ni ailleurs du reste, les plants des grands crus français pour obtenir ces produits d’une finesse exquise et incomparable qui distingue les grands vins de Bordeaux et de Bourgogne; si, dans une certaine mesure, la qualité d’un vin est influencée par le choix du cépage, elle est aussi tributaire du sol et du climat. Indépendamment des plants indigènes, qui entrent pour une faible part dans la constitution du vignoble, ce sont surtout les cépages du midi de la France et de l’Espagne qu’on rencontre dans notre colonie. Parmi les cépages rouges, ceux qui l’emportent par le nombre sont le carignan, le mourvèdre, le grenache, le morastel, l’œillade, le cinsault, etc.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- L’aramon commence à se répandre ( il y est moins productif que dans le midi de la France, mais il fournit un vin plus alcoolique).
- Les plants à raisins très colorés, comme lepetit-bouschet, entrent aussi dans la composition de certains vignobles et donnent des vins foncés.
- Les raisins blancs employés à la fabrication des vins blancs, en Algérie, sont la clairette, Tugni blanc et deux cépages indigènes, Taïn-kelb et le farana.
- Voici, d’après le relevé statistique de 1900, le nombre d’hectares de vignes com-plantés en Algérie :
- DÉ PARTEMENT d’Alger.
- Département
- d’Oran.
- Département
- de
- CoNSTANTINE.
- Alger 47,864h 79“
- Médea 2>794 12
- Miliana 3,372 47
- Orléansviüe 932 08
- Tizi-Ouzou 1,837 20
- Oran 28,753 63
- Mascara 3,o54 24
- Mostaganem 15,oo8 64
- Bel-Abbès 10,170 83
- Tlemcen 3,282 00
- Conslantine 2,157 3t
- Batna 186 5o
- Sétif. 361 4o 96
- Bougie 0,900
- Guelma 1,841 45
- Bône 6,476 22
- Philippeville 2,648 54
- 56,8oi!' 20“
- 68,269 34
- 17,572 83
- Total général
- i44,642 92
- Depuis 1880, les quantités de vins produites ont été les suivantes :
- heclolilres.
- 1880 455,35o
- 1881 486,275
- 1882 681,845
- 1883 821,584
- 1884 890,899
- 1885 967>924
- 1886 1,665,395
- 1887 1.902,407
- 1888 2,728,872
- 1889 2,512,198
- 1890 2,844,13o
- heclolilres.
- 1891 ....................... 4,o58,5i2
- 1892 ....................... 2,866,870
- 1893 ....................... 8,987,182
- 1894 ....................... 3,642,ooo
- 1895 ....................... 8,796,698
- 1896 ....................... 4,o5o,ooo
- 1897 ....................... 4,367,758
- 1898 ....................... 5,221,700
- 1899 ....................... 4,648,007
- 1900 ....................... 5,444,179
- 1901 ...................... 5,563,o3-i
- Les terres, qui constituent les vignobles algériens, sont de natures très diverses, en raison du relief très mouvementé de la zone du Tell et aussi par suite de la variabilité incessante des couches et des liions sur des étendues assez restreintes.
- Le Tell, où se trouvent tous les vignobles de l’Afrique du Nord, est une bande monta-Gn. X. — Cl. 60. 16
- IMI-niMLIUE NATIONALE.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
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- gneuse, large de 100 à aoo kilomètres, qui s’étend parallèlement à la côte du Maroc jusqu’à la pointe de la Tunisie.
- Cette région comprend des plaines : l’Habra, la Mitidija, Bône; des plateaux élevés : Mascara, Tlemcen, Médéa, Sétif; des montagnes de sable : le Sahel; des massifs montagneux : la Kabylie, le vignoble de Constantine; le tout entrecoupé de plissements, de fractures, dont l’ensemble représente assez bien les marches d’un gigantesque escalier donnant accès à la région des plateaux.
- La majeure partie du sol algérien est formée de grès et d’argiles et, à des profondeurs diverses, d’éléments calcaires.
- Dans les plaines de l’Habra, de Bône et dans certaines parties de la Mitidja, on trouve des cuvettes à sous-sol glaiseux peu perméable. Les vins rouges récoltés dans ces parties basses ont, en général, un excès d’acidité; ils sont maigres, incomplets et tuilent rapidement.
- Dans les parties basses des terrains à sous-sol perméable, les produits sont moins acides et déjà plus complets; ils prennent plus de corps et plus de couleur. C’est ainsi que dans les plaines de Mostagancm et dans celles de la Mitidja et dans les environs de Rouïba, on trouve des vins très complets, solides, assez rouges et fruités.
- Les vins de la province d’Alger sont généralement bien cotés. Les bons centres de Miiiana, de Médéa, jouissent d’une juste renommée. Ces lieux élevés sont excessivement propices à une bonne vinification. Les environs d’Alger, Cherchel, Novi, Gouyara, etc., ont également de jolis vins, droits de goût, d’une belle couleur, assez nerveux et d’une force alcoolique normale.
- Les vins de la plaine sont maigres, mais quelques-uns ont encore de la vivacité et sont suffisamment rouges. On rencontre encore des goûts de terroir, d’herbage; nos colons doivent surveiller avec soin leur vinification à cet égard. Les vins blancs sont remarquables.
- Dans le vignoble de Miiiana, on trouve des vins rouges de 12 et i3 degrés pleins, corsés, robustes, très colorés, nerveux, solides, sans douceur, tendres, très bouquetés, avec plus de montant et du corps.
- Dans celui de Médéa, on rencontre des produits de 11 à 1 2 degrés, frais, fruités, tendres et moelleux, sans douceur, mais un peu violacés et vieillissant assez vite.
- On obtient aussi de bonnes cuvées à Aumale, à Aïn-Bessem, à Saint-Ferdinand, à Chéragas. Ce sont des vins de 11 à 12 degrés, corsés, pleins, très colorés, avec parfois un peu de douceur les premiers mois; conservant longtemps leur fraîcheur et leur couleur, lorsqu’ils sont bien soignés.
- Dans le vignoble du littoral, citons des vins de choix à Novi, Fouka, Guyotville, Cas-tiglione, vins de io°5 à 11 degrés, frais, fruités, très droits de goût, d’une coloration vive et franche, d’une bonne tenue.
- A signaler encore les meilleurs types de iMeurad, de Marengo, de Rouïba, Rcghaïa, Saint-Pierre et Saint-Paul, se rapprochant des précédents avec plus de plein et de corps, mais moins de fraîcheur et de vivacité.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- Dans le Sahel intérieur, il faut noter Birkadem, Birmandreïs, Douera, Koléa, Kouba, El-Achour et Draria, Ouled-Fayet et Staoueli, avec des vins du même type, ayant un peu de terroir.
- A l’extrémité du littoral Est, Gouraya, Villebourg et Tenès ont des vins corsés, colorés, 11 à 12 degrés, un peu communs, mais de bonne garde.
- Ben-Chicao a des produits de 12 degrés, colorés, corsés, mais mous et communs; Bouïra, Ben-Aroum, Thiers et Palestro, vignobles situés en coteaux, offrent des vins de 11 à 12 degrés, d’une bonne coloration, assez fermes.
- A Ménerville, Belle-Fontaine, Souk-el-Kaad, on obtient des vins de 11 degrés, assez rouges, mais mous.
- A Berrouaghia, on a des vins de 12 degrés assez colorés, mais sans caractère bien défini.
- Mouzaïa, la Chiffa, Beni-Méred, Blida et Oued-el-Afleug, constituant le haut de la plaine de la Mitidja, ont des vins de io°5 à 11°5, généralement très droits de goût, de coloration moyenne, vive et brillante, avec assez de solidité et de fond.
- Amoura-Djendel, Adélia, Bou-Medja, Vezoul-Benian, Affreville, Carnot, Duperré et Littré ont des vins de 11 degrés, de qualité moyenne.
- Quelques vins de Montebello et du Nador sont assez complets, de bonne tenue.
- Les vins récoltés à Dellys et Azzefroun sont généralement petits.
- L’Alma, Marengo et Bourkika font des vins de 1 0 à 11 degrés, colorés, assez fruités dans les bonnes années, parfois un peu mous.
- Maison-Carrée, Birtouta, Attatba, Chebli, Bouffarde, Baba-Ali, Soumac donnent des vins de 10 à 11 degrés, assez colorés, ayant encore au début assez de fruité et de fraîcheur, mais passant assez vite.
- Bovigo et Bivet, Fondouk-l’Arba, Sidi-Moussa offrent des vins de 10 degrés à io° 5, maigres et un peu creux.
- On trouve de bons vins blancs à Marengo, Oued-el-Alieug, Zéralda, Rouïba, Maison-Carrée, à Médéa, Blida, etc. Certains vins de liqueur sont remarquables par leur finesse et leur élégance. On y rencontre d’excellents muscats.
- Les vignobles oranais sont importants : Saint-Cloud, Arcole, Tlemcen, etc., sont des lieux de production déjà connus.
- La province d’Oran donne, en général, de gros vins très bons pour les coupages. Les vins blancs ne présentent pas les qualités de ceux de la province d’Alger, mais ils ne sont pas sans mérite.
- Mansourah, Tlemcen, Aïn-Fezza, Hennaya, Bréa et Négrier ont des vins de 11 à 12 degrés, robustes, solides, assez pleins, très souples, frais, fruités, coloration vive et brillante.
- Dans les vignobles de Mascara, Saint-Hippolytc, Saint-André, Thiersville, Cacherou, Dublineau, on trouve des vins de 12 à i3 degrés corsés, gras, colorés, mais un peu doux la première année, très bouquetés en vieux.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- ‘Ihk
- Les vins blancs récoltés dans le vignoble de Mascara sont corsés, alcooliques, souples et parfumés.
- Les vins de Sainte-Clotilde, près d’Oran, rappellent ceux de Tiemcen avec plus de
- Dans le vignoble dit cVOran: Aïn-el-Turk et Bou-Sfer, Saint-Lucien, Arcole, Lamo-ricière, on obtient des vins de 11 à 1 a degrés corsés, pleins, solides, souples, sans douceur, très fruités, d’une belle coloration vive et franche.
- A Mostaganem, Rivoli, Renault, Bosquet, Gaissaigne, dans les environs de Bel-Abbès, à Saint-Cloud, Kléber, Fleurus, on voit des vins frais, fruités, sans douceur.
- Arzew, les Andalouses, Saint-Louis, Assi-bou-Nif, Assi-Okba, Sainte-Léonie, Saint-Leu, Sidi-Chamy, Saint-Rémy, Legrand, Oued-Imbert, Boukanélîs, Aïn-el-Trid, Témouchent, Aïn-Kial, Hamann-bou-Hadjar, Aboukir, Pélissier, Aïn-Tedelès, Bled-Thouaria, Aïn-Nouissy offrent des vins pesant de 11 à 1 a degrés, très colorés, mais un peu mous; leur coloration n’est pas toujours franche, parfois elle est violacée, le goût de terroir est assez accusé.
- A laSénia, au-dessus d’Oran, on rencontre des vins droits, vifs, nets, ayant la qualité que l’on rencontre fréquemment dans la plupart des fermes du plateau d’Oran, jusqu’à Misserghin etLourmel. Les produits de Er-Rabel, Rio-Salado, Valmy, Arbal, etc., ont du fruité et du plein.
- Les vins de Chabetel-Leham, Tamzoura, Aïn-el-Arba, Saint-Aimé, Relizane, Saint-Denis-du-Sig ont de la vivacité, de la fraîcheur, mais jaunissent vite comme tous les vins de la plaine environnante. Ils ne pèsent pas moins de (j° 5, beaucoup vont à 1 o° 5, ils sont tendres, souples et tiennent bonne place dans les coupages.
- Les vins blancs des environs d’Oran, de Mostaganem sont assez fins et généreux.
- Les vignes de la province de Constantine ne donnent pas des vins aussi complets que ceux des régions d’Alger et d’Oran. Ils sont plus légers d’alcool, de couleur et d’extrait. Bône, Soukahras, Guelma, Constantine, Philippeville sont déjà des centres connus et appréciés.
- Les vins blancs sont supérieurs aux vins rouges.
- Les coteaux de Beni-Melek, qui dominent Philippeville, ont des vins de 1t à t e degrés, frais, vifs, nerveux, solides, de bonne conservation, sans terroir.
- Souk-Arhas, le vignoble environnant Constantine, Le Hamma, quelques cuvées de Ratna, Lambèse, ont des vins pesant ia degrés, qui possèdent une forte couleur, du gras, du plein, de la souplesse, sans douceur.
- A Herbillon, sur les mamelons du littoral Ouest de Bône, on trouve des vins de 11 degrés, frais, assez fruités, d’une coloration vive et franche, de bonne conservation.
- A Zarouria, Aïn-Smara, Bizot, au Kroubs se rencontrent des vins de ta degrés, à coloration forte, mais souvent noirâtre; vins gras, corsés, mais durcissant un peu.
- Rouffach, Smendu, Guelma, Clauzel, la Verdure, Aïn-Seymour, Héliopolis et Petit, Aïn-Kerma ont, dans les bonnes années, des vins titrant i ^ degrés environ, d’une forte
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- VTNS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- couleur, mais manquant souvent de vivacité et de brillant; ils sont un peu mous et ont presque toujours du terroir.
- Pentbièvre, El-Maten, El-Kseur, Akbou, Chekfa, Djidjelli ont des vins de io°5 à 11 degrés, assez colorés, assez fruités, mais parfois un peu maigres.
- Jemmapes, Djendel, Robertsau, Aïn-Cherchad, Sidi-Nassar, El-Arrouch ont des vins de î o à 11 degrés, colorés, un peu mous.
- Les meilleurs types des mamelons dominant la plaine de Bône: Oued-Maria, Oued-Amizour, la Réunion, Talier, Saint-Charles, Damrémont, Vallée, Saint-Joseph, Mon-dovi, Randon, produisent des vins de q à îo degrés, peu colorés, mais vifs et brillants dans les bonnes années, sans goût de terroir bien accusé, parfois un peu verts et généralement maigres.
- On récolte, comme nous l’avons dit, de bons vins blancs dans ce département, Bougie, Souk-Ahrras, Bône en ont de jolis spécimens.
- Tous ces vins proviennent des cépages ordinaires; ceux obtenus de cabernets, de pinots, de syrrah, de malbec ou cot, du sémillon, arrivent à des qualités un peu supérieures, sans toutefois dépasser la valeur des produits récoltés sur les plants courants, dans les bons vignobles de Tlemcen, de Miliana, de Médéa, etc.
- Certains raisins noirs sont employés à la préparation des vins blancs, qui ont assez de nerf et de montant. L’aramon, sous cette forme, réussit assez bien. Notons aussi des vins rosés, vifs et fruités et enfin des vins mousseux bien faits, mais manquant un peu de fraîcheur.
- Nous avons dit cpie l’année 1899 n’a pas été très bonne pour le vignoble algérien, aussi l’exposition de notre colonie s’en est ressentie. On aurait pu, croyons-nous, surveiller davantage les envois et faire plus de choix dans les catégories exposées. Un certain nombre d’échantillons ont fait mauvaise impression.
- Néanmoins les récompenses obtenues ont été importantes. Elles se sont ainsi réparties :
- Département d’Alger....... 2 grands prix, 21 médailles d’or, A9 d’argent,
- 46 de bronze et A7 mentions honorables. Département de Constantinc. 5 médailles d’or, 28 d’argent, 38 de bronze et 48 mentions honorables.
- Département d’Oran........ 5 médailles d’or, 52 d’argent, Ai de bronze et
- 3i mentions honorables.
- Un des grands prix a été décerné au Comice agricole de Médéa, qui avait une collection remarquable; l’autre au Gouvernement général de l’Algérie.
- TUNISIE.
- La Tunisie avait une collection fort complète de vins rouges et blancs; ces derniers sont supérieurs, mais on peut regretter que la qualité de la vendange dernière n’ait pas été plus satisfaisante. Tous ces vins étaient exposés dans le pavillon spécial de la Tunisie situé au Trocadéro, Il serait difficile de les comparer à ceux de France, chaque
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- 2 4 G
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- propriétaire ayant agi un peu à sa guise et expérimenté des cépages divers, mais il est sûr qu’ils peuvent entrer dans la composition de bonnes cuvées et se marient bien avec certains vins français, de la Gironde particulièrement. Les vins blancs sont d’ordinaire bien faits, quoiqu’il y ait des goûts de terroir peu agréables. Ceux de Bizerte égalent les meilleures qualités de Médéa et de Mascara. Les vins rouges sont limpides et brillants. Depuis que la réfrigération des moûts a été mise en pratique, on obtient des produits sans sucre en excès et ne contenant pas de dose exagérée d’acidité volatile. Aux environs de Tunis, dans la Haute-Medjerda, puis au cap Bon, on a des vins robustes et bien constitués, du type Rouiba.
- On a même fait quelques essais heureux devins fins avec des cabernets, des pineaux et des syrrahs. On a mieux réussi encore en préparant des vins de liqueur avec des muscats, des clairettes et des cépages de Marsala. Les vins muscats de Carthage sont tout à fait excellents. Le Jury les a fort appréciés, ainsi que divers vins de dessert, genre Malaga.
- Le vignoble tunisien, qui occupait 5,200 hectares en 1888 et 8,069 hectares en 1893, couvre aujourd’hui une superficie de 11,374 hectares 76 ares se décomposant de la façon suivante :
- Vignoble européen, 9,708 hectares 76 ares;
- Vignoble indigène, 1,666 hectares.
- Le vignoble européen s’est accru en 1900 de 2,1 o5 hectares 76. Jamais on n’avait eu à constater une augmentation d’étendue aussi forte, ainsi qu’en témoigne le tableau ci-dessous qui reproduit les augmentations annuelles du vignoble depuis 1882.
- hectares.
- 1882 100
- 1883 i4o
- 1884 200
- 1885 374
- 1886 7l4
- 1887 858
- 1888 64i
- 1889 844
- 1890 629
- 1891 639
- hectares.
- 1892 3i6
- 1893 335
- 1894 44
- 1895 218
- 1896 181
- 1897 3oo
- 1898 35o
- 1899 742
- 1900 2,lo5
- Comme on le voit, le chiffre des augmentations a, cette année, dépassé le double de celui relatif à 1887, année qui jusque-là venait au premier rang pour l’importance des plantations nouvelles. Le tableau ci-dessus montre en outre que depuis 1896 1 accroissement annuel du vignoble a été sans cesse en augmentant, mais que cette année l’étendue des plantations nouvelles va jusqu’à dépasser le total des augmentations constatées chaque année depuis 1896.
- La répartition du vignoble européen entre les diverses circonscriptions de contrôle
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- VINS ET EAUX-DË-VIE DE VIN. 247
- en 1900, comparée à celte même répartition en 1899, fournit les résultats suivants :
- 1899- 1900. AUGMENTATION,
- h- a- h. a. h. a.
- Béja et Medjez-el-Bab 334 4i 448 4o n3 99
- Bizerte 22112 3o5 10 83 98
- Gabès, Djerba et Zarzis .... 18 16 20 00 1 84
- Grombalia 1,082 17 1,260 00 CO 00 C''
- Kairouan et Mactar . . // 5 o5 5 o5
- Kef et Teboursouk 5o 46 60 00 9 54
- Sfax 211 28 273 i5 61 87
- Souk-el-Arba et Tabarca.. . . 280 92 295 00 i4 08
- Sousse 609 68 657 06 47 38
- Thaï a .. // 5 00 5 00
- Tunis .. 4,795 00 6,38o 20 i,585 20
- Totaüx 7,6o3 20 9,708 96 2,io5 76
- De ce tableau comparatif, il résulte que toutes les circonscriptions ont vu leurs plantations s’accroître, que cette augmentation est surtout importante pour les contrôles de Tunis, de Grombalia, de Béja, de Medjez-el-Bab et de Bizerte.
- Pour ce qui est de l’étendue des plantations, le vignoble tunisien se répartit de la façon suivante :
- 90 propriétaires ont au moins...................................... 20 hectares.
- 4o — 5o
- 17 — . ................................... 100
- 6 — i5o
- 4 — 200
- Voici le tableau des récoltes vinicoles de la Tunisie depuis 1888 :
- hectolitres.
- 1888 .......................... i4,393
- 1889 ........................... 32,600
- 1890 ........................... 60,000
- 1891 .......................... io5,i42
- 1892 ............................ 94,859
- 1893 .......................... 120,000
- 1894 .......................... 100,000
- hectolitres.
- 179,80° 195,200 l8o,000 210,000 171,000 225,000
- 1901...............»............ 170,000
- 1895
- 1896
- 1897
- 1898
- 1899
- 1900
- Dans le chiffre de 1900, les vignobles du contrôle de Tunis entrent pour une production de 155,ooo hectolitres; ceux de Grombalia pour 35,ooo hectolitres; ceux de Sousse pour i3,ooo hectolitres.
- Les cours des vins ont été, en 1900, inférieurs à ceux des années précédentes. Ils ont oscillé entre i4 et 16 francs l’hectolitre, alors qu’en 1899 ils avaient atteint 18 et 19 francs. Cette baisse, duc en partie à ce que la production de la Tunisie a étéimpor-
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- 248 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- tante, trouve surtout son explication dans l’abondance exceptionnelle de la récolte en France.
- Les principaux cépages qui forment le fonds du vignoble tunisien sont le carignan, le mourvèdre et le morastel. Le carignan donne aux vins de la finesse, les deux autres cépages lui donnent du corps et de la finesse. L’aramon végète assez mal dans certaines expositions et craint le siroco. Le petit-bouschet, l’œillade et le cinsaut procurent d’assez bons résultats. Gomme plants fins, on rencontre aussi le cabernet, le cot, la la petite-syrrab et le pineau. Les variétés de raisins blancs sont la clairette, le pique-poul, la folle-blanche et l’ugni blanc.
- Les maladies acclimatées, auxquelles la vigne tunisienne est sujette, sont : l’oïdium, l’anthracnose et le peronosposa. La chlorose est assez fréquente dans les terres froides.
- La Tunisie avait 54 exposants, ayant soumis 100 échantillons. Elle a obtenu î grand prix, G médailles d’or, (j d’argent, 7 de bronze et 4 mentions honorables.
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- QUATRIÈME PARTIE.
- LES VINS DE L’ÉTRANGER.
- ALLEMAGNE.
- L’Allemagne, qui se trouve entête, clans l’ordre alphabétique suivi par le Catalogue, a une fort belle collection de vins du Rhin et de la Moselle. Celle-ci a été soumise au Jury, avec beaucoup de soins et de compétence, par des délégués fort au courant de l’origine et de la dégustation de ces produits. Elle a remporté de beaux succès, grâce «à cette collaboration éclairée, savante même, qui a su faire apprécier comme il convenait, par la progression suivie, le Johannisberg, le Rudesheimer, le Steinberger, les divers Riesling, les Hochheim, les Markobrunner, le Liebfraumilch, etc. Tous ces vins blancs, choisis très sérieusement par le comité chargé de l’exposition allemande, ont été bien appréciés. Les vins rouges n’étaient qu’en petit nombre; ils manquent le plus souvent d’intérêt.
- La production totale des vins en Allemagne ne dépasse pas beaucoup, en moyenne annuelle, 3 millions d’hectolitres et atteint donc seulement le dixième de la moyenne annuelle de France, d’Espagne et d’Italie. Mais ces vins allemands se sont acquis une belle renommée à côté des crus de ces pays d’une production célèbre.
- Les vins blancs allemands, dans leur genre, sont incomparables. Tellement prisée même est la spécialité excellente de ces produits que d’autres pays vinicoles se sont mis «à les imiter : on y plante des cépages allemands, on étudie les procédés de viticulture, de vinification et des traitements en cave, sans qu’on ait réussi jusqu’ici à les égaler. Le caractère spécial de ces vins ne réussit que sur le sol et dans le climat allemands. On ne saurait dire certainement que ce climat soit bien favorable à la vigne. La viticulture dans ce pays est la plus septentrionale de la terre, puisque le terme Nord de la zone de la vigne traverse le centre de l’Allemagne. Mais c’est peut-être une bonne fortune pour la production allemande que d’avoir à compter avec des circonstances de climat peu favorables. On est forcé de planter des ceps blancs, qui soient en état de supporter les humidités automnales du Nord mieux que les espèces rouges.
- Le vin rouge, en général, par rapport à sa préparation particulière, ne saurait développer autant de caractère que le vin blanc. Il en est de même avec le peu de vins rouges allemands. Il y a cependant quelques crus marquants comme le Assmanshauser, le Ingelheimer, le Affenthaler et les vins de l’Ahr, qui se sont acquis une bonne renommée; mais ils ne se distinguent pas d’une façon aussi frappante que les sortes blanches.
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- Le vin blanc est préparé par fermentation du moût sans contact avec les peaux. Ainsi se maintient Tarome précieux du raisin. Cette circonstance réserve à ce produit une originalité bien particulière. La vigne puise dans le sol allemand les matières inconnues par lesquelles se développent Tarome du raisin et le bouquet du vin. Si Ton peut dire des fruits allemands, en général, qu’ils sont plus fermes et plus aromatiques que ceux des pays du sud, on peut en dire de même du raisin. Le vin blanc allemand a du caractère, qu’il soit des petites sortes à 600 marks les 1,200 litres, ou qu’il compte entre les premiers crus, que les amateurs payent de bon cœur 35,ooo marks les 1,200 litres.
- Le climat amène une très grande inégalité dans la qualité des récoltes. On approche de très près en comptant en moyenne sur un tiers de mauvaises récoltes, un tiers de moyennes et un tiers de bonnes. Les bonnes années sont vendues au dehors et les autres se consomment plutôt dans le pays. Des grands crus, les 1893 riches, généreux et les 1895 élégants avec un bouquet excellent sont actuellement encore dans le commerce en assez grande quantité.
- Les chiffres suivants montreront comment l’exportation allemande s’est développée depuis la fondation du « Zollverein 55 en 183 A, qui non seulement abolissait des entraves à l’intérieur, mais amenait aussi des traités de commerce et de navigation favorables.
- Moyennes des vins exportés en cinq ans :
- 1836-1840, presque....................................... 66,000 cent kilogr.
- 1856-1860, plus de.................................... 14a,000
- 1896-1899, presque...................................... 223,000
- Le «Riesling55 est un des raisins les plus généreux du monde. Il se prête à ces choix remarquables qui sont payés jusqu’à 35,000 marks la pièce de 1,200 litres.
- L’« Oestreicher » donne des vins ronds, pleins, mais qui pour le bouquet le cèdent aux vins de Riesling. Il convient moins bien à des choix que le Riesling; il fournit cependant en certaines contrées des crus tout aussi éminents.
- Le « Bourguignon 55 donne des vins rouges de belle couleur, qui ressemblent au Bourgogne. L’arome spécial en fait toutefois reconnaître l’origine allemande.
- A côté de ces cépages qui font la principale plantation du Rhin central, on cultive en d’autres endroits d’autres sortes, d’où Ton obtient de bons vins de table et des qualités moyennes.
- A l’exception des petits terrains de production, isolés dans les provinces prussiennes de Saxe, de Brandebourg, de Silésie et de Posen, ainsi que dans le royaume de Saxe, où Ton cultive plutôt pour les besoins locaux, le pays vinicole appartient au domaine fluvial du Rhin. Le partage naturel en divers terrains de production est indiqué par le Rhin et ses affluents, partage qui d’ailleurs ne correspond pas toujours aux limites politiques des territoires. En suivant le cours du Rhin, et en considérant ses affluents, voici la liste des contrées vinicoles :
- 1, Bade; 2, Alsace; 3, Wurtemberg; A, Franconie; 5, Bergslrasse; 6, Palatinat
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN. 251
- rhénan; 7, Hesse rhénane ; 8,Rheingau; q,Nahe; 10, Lorraine; 1 1, Moselle; 12, vallée du Rhin.
- Dans toutes ces contrées, le vigneron allemand, d’une expérience éprouvée en viticulture et dans les traitements du vin, accomplit partout sa tâche avec le même soin. C’est, pour lui un point d’honneur d’arriver à une production parfaite au possible.
- Duché de Bade. — C’est près du lac de Constance que commence la viticulture allemande. A l’extrémité Nord-Ouest, le lac se divise en lac d’Ueberlingen et Untersee. Voilà le domaine des vins hadois dits « Seeweine n, dont la production annuelle s’élève en moyenne à 26,000 hectolitres de vin blanc, i5,ooo hectolitres de vin rouge, 700 hectolitres de clairet. Les «Seeweinea sont, sans exception, forts et meilleurs que n’est leur renom, surtout les vins rouges, que l’on obtient des ceps «Bodenseeur-gunder » et qui se distinguent par une bonne couleur et une saveur particulière. Les vins rouges de Hagenau, Maurac et Meersburg sont estimés aussi en dehors de ces localités. En sortant du Untersee, le Rhin marque la frontière entre la Suisse et l’Allemagne et coule de l’Est à l’Ouest jusqu’à Bâle. Près de Waldshut, il côtoie un autre district vinicole badois, petit en vérité, mais qui mérite pourtant d’être mentionné avec sa production moyenne de 12,000 hectolitres dont environ deux tiers en vins blancs et un tiers en vins rouges ou clairets.
- Près de Bâle, le Rhin baigne l’angle sud-ouest de la Forêt Noire et prend sa course vers le Nord dans la vallée du Rhin bien élargie à droite et à gauche. Sur la droite la Forêt Noire et, plus au-dessous, le Odenwald bordent la plaine du Rhin fertile et luxuriante. Au bord ouest de ces chaînes de montagnes imposantes se développe en toute richesse la production badoise du Margraviat, du Brisgau, de l’Ortenau et du territoire central de Bade. Isolé près de Fribourg, s’élève de la plaine du Rhin le Kaiser-thul, dont la production est d’importance. Entre Wyhlen, un peu au-dessus de Bâle et de Fribourg, poussent les margraviats, les mieux connus en dehors du pays badois. Ladite région, dont le cœur est Müllheim, produit annuellement en tout un peu plus de 100,000 hectolitres de vin dont seulement i,5oo hectolitres en vins rouges. Les ceps prédominants sont le «Gutedelw, c’est-à-dire une variété nommée «Krachmost», mêlé çà et là de Elbling. Le «Markgraflcr» est un vin tendre, doux et qui est bien accueilli dans le commerce. Dans le pays même, on estime tellement les vins vieux que nulle part ailleurs, dans les pays vinicoles allemands, il ne s’en trouve si fréquemment et en si grande quantité chez les cultivateurs. Aux environs de Fribourg commence le Brisgau qui s’étend jusqu’à Lhar. Les vins du Brisgau sont récoltés sur les pentes de la Forêt Noire et sur les collines de la vallée du Rhin, à l’ouest de Fribourg, dite le «Tuniberg», dans une moyenne annuelle d’à peu près 60,000 hectolitres dont environ quatre cinquièmes en vins blancs et un cinquième en vins rouge et clairet. Aux sortes blanches qui se cultivent là, les «Gutedel» et « Elbling w, s’associent les «Oestreicherv, «Tramincr» et «Riesling», grâce auxquelles beaucoup de vins deviennent plus riches. Des vins rouges et blancs excellents sont produits à Fribourg et
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- des vins vifs dans le Glotterthal. Le Kaisertuhl, massif volcanique avec quelques coteaux isolés vers le Rilin, a une viticulture importante qui donne une moyenne d’environ 1/j5,ooo hectolitres, dont quelques i3o,ooo hectolitres de vin blanc et i.5,ooo hectolitres de vins rouge et clairet. Une très grande partie des vignobles sont sur le basalte et ce sont les meilleures qualités. Les vins du Kaisertuhl, qui peut-être ressemblent le plus aux vins du Rhin central, sont très estimés comme vins de table. On presse beaucoup de clairet pour les fabriques de vins mousseux. Dans l’Ortenau, entre Lalir et Baden-Baden, sont produits de bons vins blancs et des vins rouges excellents. C’est l’endroit du fameux Affenthalcr, vin rouge dont le renom s’est répandu au delà des frontières badoises. De même le rouge de Zell s’est fait un nom. Parmi les vins blancs excelle le Klingelberger, tellement qu’on l’appelle le Riesling dans le pays; isolément se récolte aussi un excellent Bourguignon blanc. L’Ortenau produit en moyenne à peu près 100,000 hectolitres de vin, dont 70,000 hectolitres de vin blanc et 3o,ooo devin rouge ou clairet.
- Dans la région badoise moyenne, de Baden-Baden jusqu’à Wiesloch, il y a encore une production de 50,000 hectolitres environ, mais le vin se consomme pour la plus grande part dans le pays. Environ la moitié de la récolte consiste en clairet, un peu plus d’un quart en vin rouge et moins d’un quart en vin blanc.
- Le reste des vins badois appartient aux régions de Bergstrasse et de Franconie.
- Alsace. — La viticulture d’Alsace-Lorraine n’est pas de caractère uniforme. La production alsacienne, en elle-même, est de qualité tout autre que la production lorraine.
- Pareillement au pays de Bade, sur le côté opposé, les vignobles de l’Alsace se serrent contre les pentes d’une forte chaîne de montagnes s’étendant du Sud au Nord, les Vosges. Les conditions du terrain sont si favorables à la culture de la vigne que, parmi toutes les régions viticoles de l’Empire, l’Alsace tient la première place dans la production, autant par rapport au terrain planté que par la quantité du produit annuel. Les régions vinicoles de l’Alsace fournissent en moyenne plus de 700,000 hectolitres de vins, la plupart blancs.
- La production alsacienne se répartit sur deux régions : l’Alsace supérieure et l’Alsace inférieure, qui va jusqu’à Schlettstadt. L’Alsace inférieure possède, en vignes, environ un tiers de plus que l’Alsace supérieure qui fournit les meilleures qualités; cependant, plusieurs endroits dans l’Alsace inférieure ont une excellente renommée. En Alsace, on distingue, selon les sortes de raisin, le vin de qualité et le vin ordinaire. Comme raisins qui donnent du vin de qualité comptent le «Rieslingr>, le «Traminer» (ou «Eder»), le «Klevner», «Bourguignons» blancs, gris et noirs, ainsi que les Muscats. Les autres ceps sont «Gutedel», «Kniperle», «Sylvaner», « Oesterreicher 51, «Elbling», «Olwer» et autres encore.
- Le gros du produit alsacien consiste en de bons vins de table nerveux et frais; cependant les vignobles où Ton plante de bons ceps fournissent des qualités excellentes, ayant du feu et du bouquet. Le haut rang est pris par les vins de Riesling, que Ton cultive en
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- maints endroits dans l’Alsace supérieure et par ci par là dans l’Alsace inférieure. Puis viennent les Traminer et les Klevner. Ils se cultivent très bien et se forment bien en bouteille. Le Muscat, (pii, en cave, perd de son parfum spécial, est surtout estimé jeune.
- De célèbres vins blancs de la haute Alsace sont ceux de Thann (Rangen), Gebweiler (Kitlcrle et Wanne), Türkbeim (Brand), Reiclienweier (Sporen), Zellenberg (Mantel-kragen), Hunaweier (Rosacker et Miihlforst), Rappoltsweiler (Zhan et Trottackcr), Rergheim. Ensuite ceux de Uflholz, Rufach, Hattstatt, Haeusseren, Egisbeim, Win-zenbeim, Ammcrschweier, Kienzbeim, Sigolsbeim, Kaysersberg, Mittelheim, Behlen-beim et Ingersbeim sont de bonnes renommées.
- D’assez bons vins rouges dans l’Alsace supérieure sont ceux de Türkbeim, de Rodern et de St. Pilt.
- Les célèbres vins blancs de l’Alsace inférieure sont les Riesling et Traminer de Wolx-heiin et de Martenheim, le Fink de Molsheim, le Klevner de Heiligenstein. La production importante d’Oberebnbeiin fournit aussi de bons Riesling. Comme vignobles, citons encore Dambach, Andlau, Eichhorn, Mittelbergheim, Barr avec le Kirchberg, Bischofs-lieim avec le Biscbcnberg, Rosbeim, Mutzig, Sulzbad, Wangen, ainsi (pie Ballbronn.
- D’assez bons vins rouges sont produits dans l’Alsace inférieure à Ottroltet à Mar-tenbeim ; le rouge de St. Leonhard, près d’Oberehnheim, est aussi très estimé.
- Pestent à mentionner le «vin de paille» et le «vin des Rois» qui, en de bonnes années, sont tirés en quelques endroits de l’Alsace supérieure de raisins qu’on laisse sécher sur de la paille. Ce sont des vins liquoreux comparables à ceux de France. Des vins semblables se fabriquent exceptionnellement à Heiligenstein et à Wolxheim, dans l’Alsace inférieure.
- Le Wurtemberg. — La production wurtembergeoise atteint le chiffre important de ü5o,ooo hectolitres environ. La plus grande quantité croît dans le domaine fluvial du Neckar, sur les bords mêmes du fleuve aussi bien que dans les vallons de quelques affluents. En outre entrent en ligne le domaine du lac de Constance et la vallée du Tau-ber, cette dernière appartenant sous le rapport viticole à la Franconie.
- On emploie plutôt des plantations mixtes. En cépages blancs, on a surtout l’Elbling et l’Oesterrcicher (Sylvaner), mais aussi du Riesling; en cépages rouges, le Spætbur-gunder (Klevner noir), Trollinger, Portugais et Limberger; par endroits aussi on voit le précoce raisin dit «meunier», comme dans le Zabergau et dans le cours inférieur du Neckar. Ce pays produit plus de vins blancs que de vins rouges et beaucoup de vins clairets, très aimés en Wurtemberg.
- Les vins blancs wurtembergeois sont pour la plupart des vins de table bons et vigoureux; les vins rouges ont souvent beaucoup de couleur et une qualité ronde, mais on tire aussi d’excellentes sortes de vins blancs du Riesling et des vins rouges du Spæt-burgunder.
- Le Wurtemberg n’étant pas seulement un pays de production capitale, mais aussi
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- de grande consommation, les vins se boivent pour la plupart dans le pays. Le produit y est si prisé qu’il obtient en moyenne des prix plus élevés que les vins de Rade et d’Alsace. Aucun pays vinicole, en Allemagne, n’offre, au temps de la vendange, un commerce aussi actif que le Wurtemberg, où les deux tiers de la récolte sont déjà vendus au pressoir. Donc ce n’est qu’une petite partie des vins qui se met en cave de première main.
- Les divers districts vinicoles se rangent comme suit : le lac de Constance , le Nectar supérieur et l’Albtrauf, le Neckar inférieur, la vallée du Rems, le Enzthal, le Za-bergæu et les vallées du Kocber et du Jagst.
- La production du lac de Constance s’étend surtout sur les vallées des fleuves tributaires, tels que le Nonnenbach, l’Argen, le Scbussen et TAcli. La viticulture n’est pas étendue, mais très productive.
- Dans le Neckar supérieur et l’Albtrauf, la viticulture a déjà une plus grande étendue; mais on y cultive aussi des vins de qualité.
- Le domaine du Neckar inférieur, que du reste on distingue aussi en vallée centrale et inférieure, s’étend de Plochingcn jusqu’à la frontière politique près de Gundelshcim. On y compte les vignobles des vallées de Murr, de Bottwar, de Schotzach et de Sulm.
- Voilà la production capitale du Wurtemberg en quantité aussi bien qu’en qualité. On y récolte presque autant que dans les autres régions prises ensemble. Les crus d’Un-tertürkheim, Fellbach, Cannstatt, Stuttgart, Mundelsbeim, Walheim, Besigheim, Heilbronn, Neckarsulm, Weinsberg et de Klein-Bottwar sont des meilleurs.
- La vallée du Rems, qui a son embouchure dans la vallée du Neckar près de Neekar-ems, fournit des vins que Ton aime à boire jeunes. Bons aussi sont ceux de Neu-stadt, Korb et Kleinbeppach. Les vins de TEnzthal, où Ton plante des vignes d’Enzberg jusqu’à Besigheim, suivent de près ceux de la vallée du Neckar. Les vins de Rossvvag et de Mühlhausen ont bonne renommée et celui du coteau d’Eilling, dont les environs de Maulbronn, compris dans cette région, est également célèbre.
- Dans le Zabergæu, on vendange partout entre le Heuchelberg et le Strumberg. La qualité des vins de Stockheim est appréciée.
- Les vins des vallées du Hocher et du Jagst, se ressemblant entre eux, se distinguent un peu des autres vins du Wurtemberg. Ils fout la transition entre les vins du Tauber dont il sera parlé plus tard.
- Sont à nommer encore les vins de la petite vallée de Breltach, surtout le Ucrrcn-berger et le Bretzfelcler.
- La Franconie. — La viticulture franconienne, d’antique renom, fournit en moyenne environ ia5,ooo hectolitres, la plupart provenant de la Franconie inférieure, attendu cpic la Franconie supérieure et la centrale n’ont que peu de vignes.
- Dans la Franconie supérieure, le pays de Bamberg seul produit quelque chose et la Franconie centrale ne cultive qu’en quelques Images, parmi lesquels Ipfhofen,
- se si-
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- gnalant tant par la richesse tpie par la valeur du produit. On vante le vin Liane d’Ipf— hofen comme bon et très vigoureux.
- La viticulture de la Franconie inférieure est surtout dans la vallée du Mein; elle commence au-dessus de Schweinfurt et s’étend jusqu’aux environs d’Aschaffenburg. En outre y appartiennent les vins des vallées du Werrn, de la Saale et du Tauber.
- Les plantations mêlées comprennent : les Riesling, Traminer, Oestreicher (Sylvaner), Gutedel et Elbling pour les vins blancs : les Bourguignons tardif et précoce, le Saint-Laurent et Portugais pour les vins rouges. Dans les meilleurs vignobles, on a des plantations pures de Riesling.
- Les vins blancs franconiens sont, en général, de bonnedurée; ils conservent aussi bien leur fond vigoureux que leur bouquet et sont souvent plus estimés vieux que jeunes. Ils montrent un caractère prononcé, surtout ceux du Mein central, tandis que ceux du Mein inférieur, qui commencent à Wertheim, se rapprochent en quelque sorte des vins du Rhin. Les vins rouges, qui viennent très bien, surtout à Bürgstadt, Miltenberg et Klingenberg, touchent par leur qualité aux vins de Bourgogne. Le vin rouge de Freudenbcrg, provenant de Bourguignon précoce, a aussi bonne renommée.
- La viticulture, au-dessus de Schweinfurt, est plutôt tournée vers la quantité; elle fournit par endroits.de grands rendements. Jusqu’à Schweinfurt on 11e saurait nommer que la «Mainleite». Après on a, en aval du Mein, une série de noms fameux : Uolkach avec la Halburg, Escherndorf avec la Vogelsburg, Sommerach avec le Katzenkopf, Dct-telbach, Buchbrunn, Kitzingen et dans le voisinage, mais latéralement au Mein, Rœ-clelsee. Des vins excellents, d’une finesse et d’une saveur particulières, sont produits à Ranclersacker du vignoble renommé -de Pfülben et de Hohenbuch, Læmmerberg et Teufelskeller.
- Le pays de Würzburg forme le centre de la viticulture franconienne et ses produits sont supérieurs en quantité et en qualité. C’est là que sont les crus culminants de la Franconie, les rivaux Stein et Leistein très appréciés des gourmets. Au Stein on prise davantage le bouquet, le corps et le feu; au Leistein la moelle, la saveur et la délicatesse. Les vins de ces vignobles sont payés jusqu’à 20 marks la bouteille. Le vin du clos de Harfe ne le cède pas de beaucoup à ces deux derniers; il est surtout estimé pour son arôme. De même le Schalksberg produit une qualité excellente.
- Au-dessous de Würzbourg croissent encore des vins assez bons à Thüngersheim et dans le Callmuth près de Homburg.
- Dans le Mein inférieur, Hœrstein ferme glorieusement la série des grands vins avec les excellents produits de l’Abtsberg.
- Les vins de la vallée du Werrn, qui a son embouchure dans la vallée du Mein au-dessous de Karlstaclt, sont plus tendres et gagnent plus vite en bouteilles que les vins du Mein. Rs sont plutôt appréciés jeunes et se distinguent par une certaine saveur.
- R en est de même des vins de la vallée de la Saale, plus clairs en couleur et particulièrement aromatiques et délicieux dans leur jeunesse. Des vins de Riesling excellents croissent au château de Saaleck près de Hammelburg, et encore d’autres vignobles de
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- ccs pacages récoltent de bons produits. A citer encore les finages de Wirmsthal, de Romsthal et de Feuerthal.
- La vallée du Tauber, gui a son embouchure sur la rive gauche du Mein à Wertheim, appartient, au point de vue politique, aux Etats de Bavière, de Wurtemberg et de Bade, au point de vue vinicole à la Franconie. Les vins blancs du Tauber sont des vins de table assez substantiels; les Markelsheimer, les Weikcrsheimer, Mergenthcimer, Marbacher, Gerlachsheimer et Unterbalbacher ont réputation d’assez bons vins. Cette région produit aussi un peu de vin rouge et de clairet.
- La Bergstrasse et le Neckar inférieur. — La continuation au Nord de la Foret Noire s’appelle Odenwald, dont la pente Ouest forme la célèbre Bergstrasse. Près de Heidelberg, centre de cette région, la vallée du Neckar se confond avec la grande et large vallée du Rhin, et un peu plus au Nord la frontière court entre les grands-duchés de Bade et de Hesse. On cultive la vigne aussi bien sur les parties badoises que hcs-soiscs de la Bergstrasse; on récolte en tout en moyenne quelques h0,000 hectolitres de vin, dont environ deux tiers de production badoise pour un tiers de hessoise.
- On produit surtout des vins blancs de table; quelques régions cependant ont des vins rouges de qualité, les clairets ne donnant qu’en quantité minime. Pour les vins blancs entrent en ligne de compte surtout les Riesling et Oestreicher, par endroits aussi TElbiing; pour les vins rouges les Bourguignons et le Trollinger, isolément aussi les Portugais.
- De la Bergstrasse badoise, où d’assez bons vins sont obtenus au nord d’Heidelberg, les vins blancs de Schriesheim, Weinheim et Hemsbach ont bonne renommée. Weinheim, le plus grand finage de cette région, a un bon vin rouge apprécié. Très connu aussi est le rouge de Lützelsachsen.
- Dans la Bergstrasse hessoise les districts de Heppenheim et Bensheim ont une viticulture remarquable. La majeure partie de vin se récolte dans le district de Heppenheim; mais les vins du voisinage de Bensheim sont plus connus, non seulement pour leur qualité meilleure, mais aussi à cause de l’activité commerciale de la ville de Bensheim.
- De très bons vins, mais en moindre quantité, sont produits dans le district badois de Mosbach sur le Neckar inférieur. Ce sont en général des clairets et des vins blancs, mais peu de vins rouges. Les vins blancs de Ncc.karzimmern, Stein et Diedesheim sont vantés. On y plante des Riesling, mais souvent mêlés d’autres sortes.
- Le Rheingau. — Le Rheingau est le pays classique de la culture du Riesling. Il n’y a pas d’autre région où l’on ait plus soin de ce raisin, et aucune autre ne saurait rivaliser avec les grands crus du Rheingau. Les vins de choix que Ton fait dans le Rheingau sont sans pareils dans les bonnes années.
- Assurément les vins de ce pays ne sont pas tous également fins, mais ces vins ne démentent jamais leur noble origine du raisin de Riesling, que l’année ait été bonne ou mauvaise. Même aux vins des mauvaises années, le connaisseur devine quelles splen-
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- (leurs l’arome et le bouquet des vins du Rheingau peuvent développer si le raisin a mûri et si la récolte s’est faite dans des circonstances favorables.
- Le renom incontesté du Riesling a déjà souvent engagé l’étranger à faire des essais de culture (Grèce, presqu’île de Crimée, Australie, Robême, Basse-Autricbc, Transylvanie, Haute-Alsace, Wurtemberg, Bade supérieur, Hesse rhénane, Nalie, Moselle, Franconie, Haardt, Rheingau). Ces essais démontrent que les Riesling développent leur bouquet particulier surtout dans les régions du Nord, et, plus la vigne est cultivée dans le Sud, plus elle perd de caractère. Les Riesling de Grèce, de Crimée et d’Australie sont chauds, mais ont peule caractère du Riesling. On accorde la palme aux Riesling du Rheingau.
- C’est au climat de ce pays, dont les automnes brumeux sont favorables au raisin, c’est ensuite à l’excellence des terrains même, que les ceps de Riesling doivent ces qualités qui produisent un jus précieux. Des prix de 3o,ooo jusqu’à 35,ooo marks la pièce de 1,200 litres n’ont pas encore été payés pour d’autres vins. Le plus haut prix obtenu jusqu’ici a été aux enchères pour vin de choix de 18<)3, 35,iào marks les 1,200 litres. Les marques meilleur marché se vendent déjà 1,000 marks la pièce et, comme les degrés intermédiaires sont tous représentés, la gamme des vins de Rheingau est très riche.
- On plante encore quelques autres vignes blanches dans les régions secondaires, mais cela est sans importance. A Assmannsliausen et Lorchhausen, on cultive le Bourguignon tardif pour les vins rouges.
- Comme les vendanges de Riesling et de Bourguignon tardif sont sujettes à de grandes lluctuations, on 11e saurait bien préciser la moyenne annuelle des récoltes. Les bonnes années produisent de 70,000 jusqu’à 8.0,000 hectolitres; il y a grande déception dans les années malheureuses comme, par exemple, en 1898, où Ton n’eut que 9,000 hectolitres.
- La viticulture, la vinification sont exemplaires. Les modèles sont les grandes propriétés qui dans le Rheingau occupent presque le quart.
- Le Rheingau viticole est presque entièrement dans le Rheinaukreis de la province Hesse-Nassau, et s’étend vers l’Est un peu en dehors du district de Wiesbaden. Sont à nommer Hochheim et les environs. De longue date, le vin de Hochheim compte parmi les vins du Rheingau et son nom est tellement connu qu’on appelle « bock r> en Angleterre tous les vins du Rhin. Le finage très étendu de Hochheim a quelques clos de grande renommée : Domdeehanei, H in ter der Kirclie, Holle, Stein, Daubhaus.
- Immédiatement près de Wiesbaben est le Neroberg dont le produit est très estimé dans la région même, mais qui est moins connu au dehors.
- Près de Schierstein, sur la rive droite du Rhin, commence le Rheingau proprement dit, qui s’étend jusqu’à Rüdesheim. Les terrains viticoles montent peu à peu vers les hauteurs couvertes de forêts des montagnes du Rheingau, comme on appelle cette partie du Taunus. Schierstein et Frauenstein cultivent le vin. Puis viennent Nieder et Ober-walluf et, après, les deux grandes productions de Neudorf et de Rauenthal. Les Rauen-Gn. X. — Cl. f>0. 17
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- tlialer se sont fait un grand nom de nos jours. Excellents sont les clos de Gehrcn, Wisshell, Pfafï'enberg, Nonnenberg; Eltville a aussi une grande production. Bons aussi sont les clos de Taubenberg et Sonnenberg; Kiedricb produit un peu moins, mais les vins y sont bons, surtout le Grafenberger. Au-dessous d’Eltville viennent Erbacb avec les nobles clos de Markobrunnen et Siegelsberg, puis Hattenbeim avec les excellents clos de Nussbrunnen, Wieselbrunnen et Mannberg. Du finage de Hattenheim fait partie le Steinberg de renom universel, domaine de l’Etat prussien, célèbre surtout pour ses qualités de premier ordre. Beaucoup de vin de race provient des finages de Oestrich, Mittelheim et Winkel, villages presque contigus. Les meilleurs crus de Oestrich sont ceux de Eiserberg, Lohnchen, Deez, Doosberg; excellents clos de Winkel sont Hasens-prung et Dachsberg. En arrière, le château de Vollrads avec des clos renommés et le village Johannisberg avec le célèbre château de Johannisberg en haut du coteau viticole, le plus mémorable du Rheingau. A Geisenheim et à Rüdesheim avec Eibingen, il y a une production toute éminente tant en qualité qu’en quantité. Les clos de Geisenheim, Rothenberg, Kosackenberg, Morschberg ont excellent renom; les meilleurs clos de Rüdesheim sont Rottland, Hinterhaus, Engerweg, Bichofsberg. Le nom de Rüdeshcimer-berg s’applique collectivement à plusieurs sites.
- Près de Rüdesheim, commence la vallée étroite du Rhin. Les Assmannshauser, Lor-cher et Lorchhauser comptent encore parmi les vins du Rheingau. Assmannhausen produit le meilleur vin rouge allemand; il se distingue par sa maturité et une noble saveur particulière, mais ressemble en général au bourgogne. Lorch a une production très importante et les bons clos sont Bodenthal et Pfaffenwiese.
- La Nahe. — La région de la Nabe remplit une place très honorable dans la production du Rhin central. Le domaine n’est pas très étendu, mais en beaucoup d’endroits on cultive si intensivement que le total de cette production devient très considérable; elle est en moyenne de 90,000 à 100,000 hectolitres de vin. Commençant par le Mar-tinstcin près de Kirn, la viticulture suit la rivière jusqu’à son embouchure près de Bingen. Dans ces derniers temps, il est vrai, on a produit des vins sur la rive droite en aval de Kreuznach, oü la Nahe forme la frontière entre la Hesse et la Prusse rhénane : ainsi le Scharlachberger renommé vient de la pente sud du Rochusberg. Avant qu’il y ait eu une province, dite Hesse rhénane, les Scharlachberger faisaient partie des vins de la Nahe. Les vallées de l’Alsenz, du Glan et du Lauter, ayant leurs embouchures dans la vallée de la Nahe, cultivent aussi la vigne, et la pente est du Hunsrück a même une production importante, non seulement dans les vallées du Fischbach, Grafenbach et Guldenbach, mais aussi en maintes places en dehors de ces vallées.
- Dans la Nahe, on cultive presque exclusivement des vins blancs, la plupart en plantation mixte, les Oesterreicber prédominent. On a aussi des Riesling, qui se distinguent par une race fine et de la substance. Les bonnes années se font bien en bouteille.
- En général les vins de la Nahe sont de deux qualités : vins pleins, chaleureux et vins légers, faciles de caractère et clairement colorés. Les uns se rapprochent des vins du
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- Rhin, les autres plutôt de ceux de la Moselle. Les vins riches proviennent de la région inférieure, les vins légers de la région supérieure. C’est là que les vins d’Alsenz et Clan ont de la réputation connue vins forts et corsés.
- Les vins de la Nahe sont bien vus dans le commerce.
- La vigne se retrouve vers Kreuznach. Cette ville a une production toute importante et ses grands dépôts de commerce réunissent des quantités considérables des autres linages. Kreuznach a un commerce très vif, surtout au temps des vendanges. Cette ville est aussi en grande renommée pour les ventes à l’enchère. Le meilleur cru de Kreuznach provient du Kauzenberg.
- En amont de Kreuznach sont produites d’excellentes qualités à Traisen, Münster am Stein avec le Rothenfels, Norhcim avec le Ilinterfels et le Kafelz, Niederhausen, Thal-hockelheim, Schlossbockelheim et Sojiernheim. De meme est à nommer Odernheim sur le Clan avec les vignobles du Dissibodenberg. En aval de Kreuznach, sont assez connues les localités de Winzenheim, Langenlonsheim, Laubenheim, Sarmsheim avec le Miilil-berg, Münster près de Bingerbrück et Bingcrbrück lui-même. Une culture considérable se fait dans le Guldenbachthal, où Ton produit d’assez bons vins moyens à Heddesheim et Waldliilhersheim.
- La Lorraine. — Dans ce pays les vins rouges prédominent : la moyenne annuelle est de 900,000 hectolitres. On obtient ces vins dans les districts de Bolchen, Forbach, Saarburg, Saargemünd, Metz, Château-Salins et Diedenhofen; la culture en est moins étendue dans les quatre premiers districts; celui de Metz est éminent; vient ensuite le district de Château-Salins, puis celui de Diedenhofen.
- Dans les districts de Metz et de Château-Salins ainsi que dans la partie sud du district de Diedenhofen on produit en général des vins rouges de plantations mixtes. On regarde comme meilleur le Bourguignon, qu’on appelle Pinot, à côté duquel on a aussi le Miillerrebe, le Camay, le Liverdun et quelques autres.
- Les petits vins rouges sont légers, pas très colorés et acides, mais on les apprécie comme vins de table et pour des coupages. Les endroits principaux pour la production de vins rouges de table sont Ancy et Ars dans le district de Metz, de même que Vie dans celui de Château-Salins. Les bonnes qualités rouges ont bon arôme et ont en général un genre bourguignon. Lorry-Mardigny, Dornot, Arry, Augny, Jouy, Jussy, Sainte-RuHine, Scy, Lessy, Vallières, Van toux, dans le district de Metz, sont renommés pour les bonnes qualités; Vie, Château-Salival, Marsal, Harraucourt, Château-Sainte Marie, dans le district de Diedenhofen, Dornot, Gentringen et Klangen sont renommés pour leurs vins blancs.
- Le raisin lorrain convient très bien pour les clairets et la fabrication des mousseux; de grandes quantités sont achetées en automne par les fabricants allemands.
- On appelle clairet le vin blanc ou rouge clair que Ton pressure de raisins colorés. Le pressurage est si accéléré que le jus qui n’est pas coloré lui-même n’a pas le temps de prendre beaucoup de couleur des peaux, et coule du pressoir presque incolore. IL y
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- a à citer pour le clairet dans le district de Metz : Lorry, Mardigny, Arry, Scy et Lessy, puis Novéant, Corny, Jouy, Jussy, Sainte-Rufïine, Langeville, Plappeville, Devant-les-Ponts; dans le district de Château-Salins : Vie, Château-Salival et Château-lVlarimont, puis Marsal, Harraucourt, Brülingen et le chef-lieu lui-même.
- Dans le district de Diedenhofen la production change de caractère. La culture des vins rouges cesse, et dans la partie nord du district on ne produit guère que des vins blancs, ressemblant en général aux vins de la Moselle supérieure, prussienne et luxembourgeoise et employés pour tels.
- Une particularité de la Lorraine est le «vin gris77 mousseux. Un clairet jeune est tiré en bouteille; on y ajoute encore un peu de moût nouveau qui, en fermentant, produit de l’acide carbonique. Le «vin gris v n’a qu’un intérêt local et ne joue aucun rôle dans le commerce.
- Le Palatinat rhénan. — La région viticole du Palatinat rhénan prend une place prépondérante comme abondance et qualité de ses produits. La moyenne annuelle peut bien s’élever à A50,000 hectolitres.
- Dans le Palatinat rhénan, on cultive la vigne dans le Ilaardt et dans le Zcllcrthal, aussi clans le Lauter, le Glan etl’Alsenz; mais ces derniers domaines sont de la région de la Nahe. Dans les coteaux du Haardt se récolte toute une collection de vins : des petits à bon marché, des vins moyens à tous prix, et enfin de grands crus avec triages superlins payés 1 5,000 marcks le foudre de 1,000 litres et parfois plus encore. Les plus hauts prix atteints jusqu’ici étaient 17,000 et 1 7,7200 marcks, en particulier Deidesheim. Le pays est tellement favorisé par le climat que les vins des mauvaises années surpassent toutefois en maturité ceux des autres régions, tandis que les bonnes années se distinguent par une richesse et une douceur hors ligne. Pour les vins du Haardt, regardés autrefois plutôt comme des vins de coupage, leur propre renom marchand s’est, grâce aux soins appliqués dans la culture, la préparation et les traitements en cave, énormément accru depuis un demi-siècle. Tous les vins du Haardt ont une originalité bien appréciée de beaucoup de connaisseurs.
- Le cep Oestrcicher, communément appelé Franken, est la vigne principale du Palatinat rhénan, où on s’entend d’ailleurs à en faire de bonnes vendanges soigneusement triées. Pour les plus grands crus on tient cependant comme partout, dans les premiers endroits de production allemands, à ne planter que des Riesling purs.
- Une particularité du Palatinat rhénan est la plantation des Gewürztraminer qui donnent des vins très aromatiques, très aimés dans l’Allemagne du Sud. O11 a planté beaucoup aussi des Portugais colorés dans les vignobles situés immédiatement dans la plaine, ou dans des terrains parfois onduleux en avant des grands coteaux de vignes.
- Les récoltes de cette sorte sont généralement vendues en raisins et sont aussi consommées en vin nouveau dans l’Allemagne du Sud. On en fait aussi de petits vins rouges.
- Le domaine vinicole du Haardt se borne à la pente est de la chaîne des montagnes et
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- les environs. On distingue le Ilaardt supérieur, central et inférieur, aussi appelés la haute, moyenne et basse montagne. Le Haardt supérieur s’étend de la frontière de l’Alsace et du Palatinat jusqu’à Neustadt. Ici prédomine la quantité; par endroits on produit aussi de passables vins moyens.
- Dans le Haardt central, de Neustadt jusqu’à Ungstein, croissentles qualités moyennes, fines et surfines. On y obtient des produits célèbres. En première ligne sont à citer les lieux de Forst avec les coteaux Kirchenstück, Jesuitengarten, Ungeheuer; Deidesheim avec les vignobles Grain, Kisselberg ; Wachenheim avec les sites Gerümpel, Schekenbühel ; Ruppertsberg avec le coteau de Hohenburg; Konigsbach avec les vignes Idig; Dürkheim avec le Spielberg et le Feuerberg; Ungstein avec plusieurs bonnes places. Neustadt, Dorf Haardt, Mussbach et Gimmeldingen produisent de bons vins moyens.
- Dans le Haardt inférieur comptent tous les vignobles au nord de Ungtein, où l’on fait en général de petits vins ou des qualités moyennes passables. Un bon endroit est celui de Kallstadt, où on fait en majeure partie du vin blanc, et aussi quelques vins rouges.
- La vallée de Zell est située toute au nord du Palatinat sur la frontière entre ce pays et la Hesse. Ces vins n’ont pas l’originalité prononcée des vins du Haardt; ils forment la transition avec les vins voisins de la Hesse rhénane. Ce sont, pour la plupart, des vins de bas prix; mais à Zell, localité dont la vallée a pris le nom, se trouvent aussi des vins moyens passables.
- La Hesse rhénane. — La Hesse rhénane est une des plus importantes régions de la viticulture allemande, non seulement pour la production de crus renommés et universellement connus, mais aussi pour des qualités petites et moyennes qui toutes se distinguent par une fermentation pure et qui toutes entrent dans le commerce sous leur propre étiquette. La quantité aussi est importante, elle est en moyenne de 270,000 hectolitres.
- La Hesse rhénane vinicole correspond assez exactement par son étendue avec la province dite du Rhin et il n’y a qu’un petit nombre de villages qui ne s’occupent pas de viticulture. A l’exception des deux villages de Cassel et de Kostheim sur la rive droite du Rhin, et qui appartiennent à la région de Hochheim, la production de la Hesse rhénane est entièrement sur la rive gauche. C’est un plateau qui se termine en collines descendant vers le Rhin à l’est et au nord. Le Rhin décrit à Mayence un grand arc vers l’Ouest, entourant ainsi la moitié du pays. Sur ce bord extrême de la Hesse rhénane ne se récoltent pas seulement ses meilleurs vins, mais aussi les qualités moyennes en grand nombre, tandis que l’intérieur de la région donne plutôt les vins de moindre qualité, que dans le pays même on nomme «Pfalzer», une grande partie des finages ayant appartenu à l’électorat palatin. Par contre, de longue date les produits de quelques lieux de la lisière extrême comptent parmi les vins du Rhin proprement dits. La viticulture, la préparation et le traitement des vins sont d’une grande perfection dans la Hesse rhénane. Il n’y a pas de marchandise qui se vende mal ou pas. Tout ce que le vigneron pressure
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- et met on cave lui-même entre dans le commerce. La culture des vignes blanches est de beaucoup prépondérante. La principale est le Oesterreiclier (Sylvaner) qui n’est pas seulement planté dans les meilleurs sites, mais aussi dans les moindres où il a presque entièrement éliminé les petites sortes moins bonnes. Pour les vins moyens le Ruland et, comme plantation surfine, le Riesling, qui développe ici ses bonnes qualités de façon spéciale, sont pris en considération. Si le bouquet des vins du Rhcingau n’est pas entièrement égalé, en revanche, les meilleurs crus de la Hesse rhénane, qui se payent 1 2,000 marks la pièce et plus, se distinguent par une noble ampleur et par leur maturité. Le prix le plus haut, jusqu’à présent, étaitde î 3,66o marks la pièce de 1,200 litres, Niersteiner de 18 ç) 3.
- Pour les bons vins rouges, on cultive surtout le «Bourguignon tardif 11 à côté duquel on doit mentionner les «Bourguignons précoces» et les Portugais, dont la récolte est généralement achetée sur souche.
- En suivant le cours du Rhin, parmi les meilleurs crus, il faut nommer d’abord la Liebfraumilch de renom universel, qui se trouve près de l’église de Notre Dame, à Worms. Après les villages d’Ostliofen, Mettenheim, Alsheim, Guntersblum, Ludwigshohe, qui produisent des vins moyens passables, viennent des finages d’antique renom: Oppen-lieim avec Dienheim et les bons sites de Sacktrager, Kreuz, Krotenbrunnen, Goldberg, Guldenmorgen; Nierstein avec ceux de Glock, Auflangen, Rehbach; Nackenheim avec le Rothenberg; Bodenheim, Laubenheim. Près de Mayence, le terrain viticole est interrompu sur une petite étendue. Viennent alors Heidesheim, les deux Ingelheim, dont surtout Ober-Ingelheim s’est fait un nom par ses vins rouges, ressemblant à de bons vins de Bourgogne; Gaualgesheim, Ockenheim, Kempten et Bingen avec les vignobles fameux Eisel, Mainzervveg et Schlossberg. La pente sud du Rochusberg, près de Bingen, est entièrement couverte de vignes qui en partie appartiennent à Rüdesheim. C’est ici que se récolte le célèbre Scharlachberger.
- Dans l’intérieur de la contrée la vallée du Selz, aboutissant près d’Ingelheim, a une production considérable. Des finages intérieurs, il n’en est que peu dont les noms se soient plus généralement fait connaître. A nommer Hahnheim avec 1e. coteau Knopf, Gaubischofsheim, Lorzvveiler, Harxheim, Ebersheim, Zornheim, Selzen, Westhofen, Bechtheim, Pfaffenschwabenheim et Bosenheim avec les vignobles sur le Bosenberg, Gaubickelheim, Grosswinternheim avec le Bockstein. Un bon vin rouge est celui de Gundersheim; mais la production n’en est pas abondante.
- Les deux places de Bingen et de Mayence sont de grande importance pour le marché hessois rhénan, non seulement à cause de leur commerce local, mais aussi parce que les produits de premier et de second rang se vendent aux enchères.
- La Moselle. — La région de la Moselle est remarquable sous deux rapports. En premier lieu, la viticulture dans ce pays, en haute floraison déjà du temps des empereurs romains et peut-être même avant, est la plus ancienne de l’Allemagne; en second lieu, les vins de la Mosellç ont extrêmement gagné en renommée ces derniers temps. La
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- Moselle, avec ses affluents la Saar et le Ruwer, produit environ 180,000 hectolitres, moyenne annuelle.
- Dans le sens moderne, on comprend par vin de la Moselle seulement celui produit dans la province prussienne du Rhin. Rien qu’on parle déjà en Lorraine d’un cours de Moselle supérieur et inférieur, on distingue pourtant de nouveau, dans la province rhénane prussienne, Moselle supérieure, centrale et inférieure. C’est ici que la Moselle supérieure commence à la frontière entre la Prusse et la Lorraine et s’étend jusqu’à l’embouchure de la Saar, près de Trêves; vient ensuite la Moselle centrale de Trêves jusqu’à Cochem; puis la Moselle inférieure, de Cochem jusqu’à son embouchure dans le. Rhin. Donc, trois régions viticoles : Moselle supérieure, Moselle centrale, avec la Saar et le Ruwer, et Moselle inférieure.
- La Moselle supérieure produit près du huitième du total, rien que de petits vins qui entrent dans le commerce sous l’appellation collective de « Obermoseler 55 et qui s’emploient en partie comme vins de table, en partie pour des coupages. La Moselle centrale, avec la Saar et le Ruwer, produit par ses vendanges plus de la moitié des vins de la Moselle, et il y a là toute une série de marques connues et célèbres.
- La Moselle inférieure fournit un cinquième du produit total, avec un nombre considérable de bons crus.
- La Moselle centrale et la Moselle inférieure comprennent la production du « moselle » proprement dit. On n’y cultive que les sortes de raisin dites dures, principalement le Riesling, qui donne les meilleurs crus ici comme ailleurs. L’Oesterreicher, raisin mou qui prédomine dans beaucoup d’autres régions, se rencontre isolément dans la Moselle. Voilà probablement la raison principale de ce que les «moselles», grande famille par eux-mêmes, se distinguent nettement de la plupart des autres vins allemands. Toutefois le bon terrain schisteux des vignobles peut être pour beaucoup aussi. Dans la Moselle, on n’attache pas beaucoup de prix à produire des vins riches et sucrés. On veut de Tarome, du caractère et du bouquet, toutes choses qui se prononcent mieux, on le conçoit, chez les vins subtils et légers que dans des qualités molles et lourdes. De quels succès les cultivateurs ont vu leurs efforts couronnés, la floraison du commerce des vins de Moselle dans les dernières vingt années en est une preuve. Les vins de la Moselle sont si répandus qu’ils sont vendus à des prix de plus en plus élevés.
- Des prix aux enchères de 7,970 marcs, 8,0a0 marcs, 9,060 marcs, 12,700 marcs par foudre pour des 1898, de 7,000 marcs, 7,060 pour des 1896, et de 7,5.80 marcs, 7,970 marcs, 8,500 marcs, 8,610 et 9,070 marcs pour des 1897, n’auraient pas autrefois été crus possibles. Les qualités petites et moyennes, qui comme partout forment le produit capital, ne sont nulle part si bien payées.
- Les vins de la Saar, en caractère général tout à fait ressemblant aux «moselles», quoique cependant encore peut-être un peu plus subtils et légers, croissent pour la plupart sur la rive droite de la Saar. Les vignobles commencent près de Staad, proche de Saarburg, et finissent à Conz, lieu où la Saar se jette dans la Moselle. A nommer Ockfen, avec les clos excellents de Rockstein et de Geisberg; Ayl, avec le clos Herrenberg; Wil-
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- tingen, où sont les clos célèbres de Scharzhofberg etScharzberg; Canzen, avec le Kelter-berg; Wawern, avec le fameux Herrenberg. La vallée d’Oberemmel, sur la rive droite de la Saar, contient des places connues : Rosenberg, Agritiusberg, Raul, Grettnach, Ober et Niedermenning, avec Euchariusberg et Zuckerberg. Conen cultive un vin rouge très goûté.
- Trêves, sur la Moselle centrale, est éminente comme vraie ville à vin, non seulement pour sa culture importante, mais aussi pour ses ventes à l’enchère des grands crus de la Moselle. Dans le voisinage de Trêves, mûrissent les Thiergartner, Avelsbacher et Pichter.
- Dans la vallée de Ruwer, qui se joint à la Moselle un peu en aval de Trêves, les vignes commencent en haut de Waldrach. De très bons vins se récoltent à Casel et ;\ Eitelsbach, et tout près sont les célèbres Karthauserbofberg et Grünhaus.
- Suit une longue série de bons endroits sur les bords mêmes de la Moselle; Tritten-heim est excellent par l’abondance de sa production. Près de Neumagen est situé Dhron qui récolte le renommé «Dhronerhofbergw. Viennent ensuite bien des noms célèbres : Piesport, Niederemmel, Minheim avec le Rosenberg, Winterich avec Ohligsberg, la ferme Geiersiey, Kesten avec le Paulinenberg, Dusemond, et, sur l’autre rive, Mühlheim , Lieser avec le Brauneberg, ce qui estime appellation collective pour un certain nombre de bons endroits, enfin Bernkastel. Nous voici au cœur de la Moselle centrale. C’est ici que se pressent à vrai dire les finages renommés. Près de Bernkastel, les clos Doktor, Graben, Schwanen, Rosenberg; près de Graach, les clos Himmelreicli et Kirchberg, et tout près le célèbre Josefshof. Suivent Zeltingen, Rachtig, Uerzig, Erden avec le clos connu de Treppchen, Kinheim. Les deux villes, unies par un pont, Trarbach et Traben, ont une importante production et sont renommées comme entrepôts importants pour les vins de la Moselle centrale. Proche est Enkirch avec les clos de Steffansberg, Hinterberg et Montaneubel. Un grand nombre de lieux qui produisent des vins petits et moyens ferment la série de noms à citer dans la Moselle centrale.
- La Moselle inférieure commence avec Cochem. C’est ici que se vendangent plutôt de petits vins. Mais nous y trouvons aussi quelques endroits de renom spécial. Cochem et Gond, qui lui est opposé, ont une considérable production et quelques clos en sont très bons.
- A nommer encore Hatzenport avec le Tafelgutberg, qui est assez bon, Cobern avec le Fahrberg et le Rosenberg, Winningen avec le Rœttchen. Le bon coteau d’Uhlen appartient en partie à Cobern, en partie à Winningen. Lehmen est connu pour ses vins rouges.
- Les environs de Coblence ferment la production de la Moselle. Coblence n’a pas de culture, mais a une excellente renommée comme entrepôt des vins du Rhin et de la Moselle.
- La vallée du Rhin. — Le Rhin, entre Bingen et Coblence, coule resserré dans une vallée étroite. Près de Coblence, la vallée s’élargit et forme le bassin de Neuvvied; près d’Andernach, les pentes des montagnes s’avancent de nouveau très près du fleuve. On
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- cultive aussi bien dans la vallée étroite, entre Bingen et Coblence, qu’en aval d’Ander-nach. Les pentes abruptes empêchent cependant que la culture prenne une plus grande extension. Toutefois, la production de ce pays, qui comprend aussi la vallée de l’Abr, près de Remagen, pourrait bien s’évaluer à une moyenne annuelle de 50,000 hectolitres de vin.
- Le vin blanc prédomine dans la haute, le vin rouge dans la basse vallée. On plante de préférence le Riesling, qui donne de très bonnes vendanges sur les montagnes schisteuses. Pour l’arome et le bouquet, on ne saurait méconnaître leur parenté avec le «moselle», qu’il s surpassent même en force et en corps. Les vins rouges sont faits de raisins de Bourguignon tardif et hâtif. Cette dernière sorte donne une très jolie qualité. Les vins de Bourguignon tardif les surpassent pourtant.
- La production de Bacharach et de Gaub est éminente en quantité et en qualité.
- Bacharach a un ancien renom comme place à vin. Moins en cause est pourtant le vin du cru que le vin du Rheingau, pour lequel autrefois c’était un entrepôt capital.
- Le bon vin de Manubach croît tout près de là. Le petit Blücherthal, près de Bacharach, avec Steeg, endroit fameux pour son vin, cultive le Riesling.
- Le vin rouge de Steeg a aussi bon renom. Près d’Oberwesel, le vallon latéral d’En-gehœll vendange un Riesling: excellent. Les vins de Salzig, Kamp, Osterspay de Bourguignon hâtif, et plus en aval ceux de Horcheim, sont également à nommer. On estime le Riesling de Hamm, près de Boppard.
- Vis-à-vis d’Andernach est Leutesdorf, où l’on vendange le Riesling du Forstberg; Hœnningen et Linz, qui comprennent le Dattenberg, se distinguent par leurs vins rouges, ainsi que Erpel. Vis-à-vis de Remagen, on récolte un vin rouge très aimé de Bourguignon précoce.
- Excellente est la renommée des vins rouges de la vallée de l’Abr, qui a son embouchure dans la vallée du Rhin, à Remagen. Ils ont gardé leur étiquette de « Ahrbleichertn, que l’on dit venir de ce que ces vins venaient autrefois dans le commerce avec peu de couleur. Aujourd’hui, ce sont des vins rouges des mieux colorés. Comme ils sont pressurés du Bourguignon tardif, ils ont en général le caractère bourguignon; cependant, grâce au terroir schisteux, ils montrent une saveur à eux.
- Walporzheim est fameux avec le clos Domlay. Altenahr, Mayschoss avec le Mœnchen-berg, et Ahrweiler avec le Silberberg et Thurmberg, ont très bonne renommée.
- A Dernau et à Rech, dans l’Abr thaï, se récolte aussi du vin blanc.
- Vins mousseux. — La préparation du vin mousseux fleurit en Allemagne depuis quelque soixante ans.
- En 18A0, on ne produisait en Allemagne qu’environ 2 5 0,0 00 bouteilles de mousseux, en 1886 près de 6 millions, en 1892 près de 9 millions et en 1899 près de 1 2 millions. L’industrie allemande des vins mousseux prend rang directement après celle de la France, qui est la plus considérable.
- La majeure partie de ces mousseux se consomme en Allemagne même. Le développe-
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- ment rapide de cette industrie est du surtout à ce qu’elle a su conquérir le marché intérieur. On ne saurait douter que la politique douanière de l’Empire y ait été pour beaucoup, car en 1 SBA on a prélevé des droits protecteurs très hauts sur les mousseux du dehors.
- Le mousseux se prépare en Allemagne de clairet, c’est-à-dire de raisins colorés pressurés en blanc, et aussi de vins blancs de caractère marqué. Ce dernier produit entre en commerce comme vin du Rhin ou de la Moselle mousseux, en partie sous les noms des finages. Il doit donc répondre en qualité aux particularités de l’un ou de l’autre de ces vins. Le «Sparkling Hockw, c’est ainsi que les Anglais appellent les mousseux du Rhin, et le «Sparkling Moselle a sont populaires en Angleterre.
- Le mousseux préparé de clairet, lequel fait très agréablement ressortir la saveur des raisins colorés, ressemble plus aux champagnes français tirés aussi de clairet. Il est. vendu sous les marques de fabrique ou sous des marques de fantaisie.
- L’industrie des mousseux fleurit surtout dans le centre du Rhin, à Mayence, Hocheim, Schierstein, Eltville, Geisenheim et Rüdesheim. Elle est représentée aussi d’ailleurs à Coblence, Kreuznach, Würzburg, Esslingen, Neustadt sur le Haardt, Freyburg sur l’Unstrut, aux bords de la Moselle, en Alsace, en Lorraine et en Silésie.
- L’Allemagne occupe une situation toute spéciale parmi les pays viticoles. C’est en même temps un centre de production et un centre de commerce international. Aussi le mouvement de ses échanges avec l’étranger présente-t-il un intérêt particulier.
- D’apr ès les publications officielles du service de la statistique impériale, les importations de vins et moûts en fûts se sont élevées, en 1900, à 62.3,621 quintaux contre 694,689 quintaux en 1899; celles de vins rouges de coupage ont atteint 117,212 qx en 1900 contre 112,293 quintaux en 1899; celles des vins destinés à la préparation de l’eau-de-vie, 12,166 quintaux en 1900 contre 9,248 quintaux en 1899; celles des vins mousseux, à 42,o83 quintaux en 1900 contre 27,891 quintaux en 1899. L’importation des autres vins en bouteilles a été de 7,882 quintaux. Sur toutes les catégories, il y a eu augmentation.
- Les principaux pays fournisseurs de l’Allemagne ont été en 1900, pour les vins et moûts en fûts : la France, 306,490 qx; l’Espagne, 98,909 qx; l’Autriche-Hongrie, 73,857 qx; l’Italie, 38,899 cf ? Turquie d’Asie, 37,721 qx; le Portugal, 29,966 qx; la Grèce, 10,910 qx; la Turquie d’Europe, 4,457 cl ’ Suisse, 2,932 qx; les Etats-Unis d’Amérique, 5,284 qx ; l’Algérie, 3,672 qxet le Chili 1,866. Les vins étrangers de coupage sont venus surtout de l’Italie, 47,881 qx; de l’Espagne, 34,782 qx; de la France, i3,i86 qx; delà Grèce, 13,720 qx ; de l’Autriche-Hongrie, 4,878 qx. C’est la France qui fournit à l’Allemagne à peu près tous ses vins destinés à la préparation de l’eau-de-vie,. 9,2 48 quintaux sur 12,166 ; tous ses vins mousseux, 4 1,847 quintaux sur 42,083 et la plus grande partie de ses vins en bouteilles.
- On rencontre ici les noms de certains pays qui commencent à envoyer en Allemagne des quantités de vins appréciables. A remarquer, en particulier, la place qu’occupent sur le marché allemand les vins de la Turquie d’Asie, ceux des Etats-Unis d’Amérique et
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- même ceux, du Chili. Les vins des Etats-Unis et du Chili sont expédiés directement, par les viticulteurs ou les commerçants de ces centres producteurs; la France a servi d’intermédiaire dans la négociation de nombreuses affaires avec la Turquie d’Asie.
- L’Allemagne, qui a acheté, en 1900, un peu plus de 800,000 quintaux de vins à l’étranger, a expédié, en compensation, en dehors de ses frontières, 2/10,000 qx environ, dont 1A 1,220 qx de vins et moûts en fûts, 2 0,45o qx de vins mousseux et 80,766 qx de vins en bouteilles. Ses principaux clients ont été, pour les vins en fûts, les Etats-Unis d’Amérique du Nord, 82,988 qx; la Suisse, 2/4,766 qx; l’Angleterre, 22,625 qx; la Hollande, 10,557 ff*-; la France, 7,175 q\, etc.; pour les vins en bouteilles, l’Angleterre, 2/4,786 quintaux de vins non mousseux et 11,192 de vins mousseux; les Etats-Unis i6,535 qx;la France, 4,176 qx; divers pays d’Europe, et enfin, pour des quantités relativement faibles, les Indes britanniques, les colonies anglaises de l’Ouest de l’Afrique, les colonies allemandes de l’Afrique. Le port libre de Hambourg a expédié directement, en outre, sur les points les plus divers du globe, 2,565 quintaux.
- Les livraisons de l’Allemagne aux Etats-Unis vont en augmentant sensiblement. C’est ainsi que New-York seulement a reçu de ce pays, en 1900, 653,000 gallons (le gallon vaut A lit. 5A) et 65,ooo caisses de vin, quand il n’est entré dans son port que 896,000 gallons de vins d’Espagne, et particulièrement de sherry,et 275,000 gallons avec 81,000 caisses seulement de vins de France. Les exportations d’Italie à même destination sont arrivées, de progrès enprogi*ès, à 3o5,ooo gallons, grâce surtout aux efforts des représentants du Gouvernement italien.
- En dehors des vins quelle a demandés à l’étranger, l’Allemagne a importé, en 1900, 1,166,925 quintaux de raisins de cuve dont 63,353 quintaux de France.
- Voici des chiffres relatifs aux années antérieures à 1899. Durant cette période, la production du vin en Allemagne a été :
- QUANTITÉS. VALEURS.
- hectolitres. marks.
- 1893...................................... 3,820,35?. i32,i38,667
- 189/i..................................... 2,82/4,422 67,060,000
- 1895 .................................... 2,011,673 92,513,726
- 1896 .................................... 5,o5o,8o8 109,581,098
- 1897 .................................... 2,775,576 84,462,442
- 1898 .................................... i,4o6,8i8 51,319,000
- La valeur des importations de vins s’est élevée, en 1898, à 42,118,000 marks et colle des eaux-de-vie à 7,3i3,ooo marks; ensemble 49,43i,ooo marks. En 1897, elle avait été, pour les vins, de 4i,554,000 marks et, pour les eaux-de-vie, de 7,565,ooo, soit une différence de 312,000 marks en faveur de 1898. Toutefois, l’importation des vins abaissé, l’année dernière, de près de 56o,ooo marks et, si les résultats de Tannée dépassent encoi'e ceux de 1897, c’est grâce à l’accroissement des importations de vins de Champagne (-f- 497,000 marks) et de vins de coupage
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- (-f-3i3,ooo marks). En francs, la montant des sommes que paye l’Allemagne à l’étranger s’élève annuellement à près de 61 millions. Si à ce chiffre on ajoute celui de sa propre production, qui a été, en moyenne, de 111 millions et demi île francs pendant les six dernières années, on voit que cette branche du commerce représente brute une somme de 172 millions.
- Les importations se sont élevées, en 1898, à 56,683 tonnes, dont 28,299 tonnes de vins français, les exportations à 23,370 tonnes.
- Voici quelle est, en marks, la valeur des importations :
- 1897. 1898.
- Vins en fûts ,82,008,000 .81,969,000
- Vins rouges de coupage 9,587,000 9,900,000
- Vins servant à la fabrication de l’eau-de-vie. 114,ooo 1 00,000
- Vins en bouteilles 1,817,000 1,12 4,000
- Vins mousseux 5,528,ooo 6,09,5,000
- Eaux-de-vie en fûts 6,869,000 6,548,000
- Eaux-de-vie en bouteilles 696,000 765,000
- Totaux...................... 49,119,000 49,4.81,000
- Voici le tableau de l’importation des vins mousseux et de champagne :
- 1894,
- 1895,
- 1896,
- 1897,
- 1898,
- TOTAL DES VINS MOUSSEUX. VINS DE CHAMPAGNE SEULS.
- IMPORTATION « VALEUR. IMPORTATION. VALEUR.
- tonnes. millions de marks. tonnes. millions île marks.
- 1,851 4,2 1,824 4,1
- 2,102 4,8 2,109 z»>7
- 2,32,5 5,3 2,809 6,2
- 2,457 5,5 2,434 5,5
- 2,678 6,0 2,656 6,0
- 91 exposants allemands avaient soumis au Jury 372 types de vins. Ceux-ci n’ont pas obtenu moins de 3 grands prix, 8 médailles d’or, 27 médailles d’argent, 32 médailles de bronze et 6 mentions honorables, proportion très élevée relativement au nombre des exposants.
- AUTRICHE.
- L’Autriche avait envoyé à l’Exposition quelques bons échantillons de ses vins. Le Ty-rol, la Dalmatie, l’Istrie, la Moravie, la Styrie étaient peu représentés par des produits rouges et blancs, les uns plutôt durs et les autres maigres.
- Le plus célèbre de tous les vins austro-hongrois est le Tokai; ce vin, très liquoreux, fin et distingué, exhale un bouquet vraiment délicieux. Malheureusement la présence du phylloxéra a été constatée dans tout l’ancien vignoble de Tokai et en a bien réduit la production.
- La Dalmatie occupe le premier rang parmi les pays vinicoles de l’Autriche ; les vins
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- dalmates sont utilisés par notre commerce, qui les emploie avec succès dans certains coupages; ceux qui se prêtent le mieux à l’exportation proviennent de l’arrondissement de Spalato; ils sont très foncés et titrent de ta à i3 degrés. Les vins de Brazza, de Solta, de Lezina, de Guzzola, de Sebenico et de Zara sont moins noirs et n’ont que 9 à 11 degrés ; aussi leur exportation est plus limitée.
- Certains vins d’Islric, provenant de cépages qui ont une extrême ressemblance avec notre Pinot bourguignon, sont assez remarquables. Ils ont du feu et de l’agrément. Les vins de la Basse-Autriche se divisent en rouges ordinaires de bonne garde et blancs assez moelleux et délicats. Nous ne parlerons pas des vins du Danube qui se conservent trop difficilement. Il y a quelques bons vins rouges en Moravie.
- Les vins rouges et blancs de Styrie rappellent d’une façon frappante les vins italiens. Les produits du Tyrol sont ordinaires, si on en excepte certains Vernatscher rouges que les négociants français ont quelquefois recherchés.
- Voici quelques renseignements sur la situation actuelle de certains de ces vignobles :
- Dans le territoire de Trieste, la superficie cultivée en vignes est de î, 2 A A hectares. La surface envahie par le phylloxéra ne saurait être déterminée avec précision ; on peut cependant l’évaluer à 60 p. 100 environ de l’étendue des vignobles. Toutefois, le territoire de Trieste a été déclaré entièrement contaminé. Les vignobles situés à Test de la ville, du côté de Servola, de Chiarbola, de Sainte-Marie-Madeleine et de Chiadino, ont été les plus éprouvés; c’est, du reste, de ce côté que le fléau fit sa première apparition.
- Il n’y a pas, dans la région, de grandes étendues de terrains complantés en vignes; le vignoble y est, au contraire, très morcelé. Ilest, par suite, aussi difficile de se rendre compte de l’étendue des vignobles détruits que de la surface envahie; on peut cependant évaluer la première à un quart de la superficie totale. Il convient de remarquer que les plantations détruites ont été presque partout reconstituées à l’aide de plants américains.
- La production annuelle a diminué de 75 p. 100.
- La Société agraire de Trieste a obtenu du Gouvernement des plants greffés de vignes américaines quelle distribue aux agriculteurs pauvres : elle est en mesure de leur fournir, annuellement , e o,0 00 plants greffés. D’autre part, des professeurs d’agriculture donnent tous les ans des leçons de greffe et le Gouvernement accorde des prix aux petits vignerons qui ont obtenu les meilleurs résultats des plants américains greffés. Enfin, la plupart des vi ticulteurs entretiennent une petite pépinière de plants américains pour le remplacement des vignes qui périssent.
- Dans le Frioul, la superficie des vignobles est de G,y 7G hectares; la moitié est envahie par le phylloxéra et Tétait déjà en 1895. L’année dernière cet insecte a fait son apparition dans sept localités nouvelles. La rive droite de TIsouza est encore indemne, mais ses vignerons se voient menacés par ces récentes invasions. Le remède adopté est Tarrachage, le remplacement par des plants américains et la greffe de ceux-ci avec des vignes du pays.
- La superficie cultivée en vignes, en Istrie, est de A0,73G hectares, sur lesquels
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- y8,685 hectares sont actuellement phylloxérés, i3,ooo l’étaient déjà en j. 8(j5. Le district de Pyrano a été envahi depuis lors, ceux de Pola et de Volosca sont encore épargnés.
- L’étendue des vignobles détruits serait d’un tiers environ du vignoble total.
- Les moyens employés pour combattre le phylloxéra semblent avoir été les mêmes qu’à Trieste : on a eu d’abord recours au sulfure de carbone, puis, à partir de 1886, aux vignes américaines.
- La surface du vignoble de la Dalmatie serait de 77,799 hectares et non de 81,802 hectares comme l’indiquent certaines publications officielles.
- La surface envahie par le phylloxéra est de 13,91 5 hectares.
- Les vignobles détruits auraient été reconstitués sur toute leur étendue, à l’aide de cépages américains provenant de la station agricole de Novaglia.
- En ce moment, trois districts dalmates sont entièrement envahis : ce sont ceux de Biokovo, de Sébénieo et de Zara.
- Le sulfure de carbone , qui avait été adopté comme remède avant que Ton se fut résolu à l’arrachage, a été abandonné, en Dalmatie comme ailleurs, à cause de son prix élevé.
- Dans les îles orientales delà Dalmatie, Arbe, Pago, Novaglia, etc., où les vignobles avaient été complètement détruits, on a de suite eu recours à Tarracbage et au remplacement par les plants américains greffés.
- L’oïdium et le peronospora ont apparu en Dalmatie en 1898; ils y sont énergiquement combattus; néanmoins, le peronospora a pris un certain développement Tannée dernière.
- La superficie cultivée en vignes dans le Trentin est de 16,5G3 hectares. Tous les vignobles du Tyrol sont encore indemnes, mais le phylloxéra, qui vient d’Italie, s’approche rapidement de la frontière, d’01'1 il ne serait plus qu’à une trentaine de kilomètres.
- Il y a, en Carniole, 77 localités contaminées formant une étendue de 1 o,Go5 hectares, soit 91 p. 100 de la surface du vignoble, qui est de 11 ,G3o hectares.
- Pour l’ensemble de la Basse-Autriche, une grande partie des vignes détruites a été remplacée. Mais le vin que produisent les plants américains greffés est loin de posséder les qualités de celui que Ton récoltait sur le littoral avant l’invasion du phylloxéra. Il n’a ni sa richesse alcoolique, ni sa saveur, ni son bouquet, ni, souvent même, la forte couleur qui le faisait apprécier pour les coupages.
- Voici, pour les seize dernières années, la production des vins en Autriche :
- hectolitres.
- 1885 .................... 6,ooo,85o
- 1886 ...................... 3,722,i35
- 1887 ...................... 6,701,933
- 1888 ...................... 6,156,760
- 1889 ...................... 4,106,370
- 1890 ...................... 3,623,36o
- 1891 ...................... 2,998,180
- 1892 ...................... 3,659,936
- • hectolitres.
- 1893.......................... 6,535,o85
- 1896......................... 3,776,917
- 1895 ....................... 3,582,771
- 1896 ....................... 3,685,i2i
- 1897 ...................... 2,776,969
- 1898 ....................... 6,226,075
- 1899 ....................... 2,355,25o
- 1900 ....................... i,85o,ooo
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- L’exposition autrichienne était peu importante, elle comprenait seulement 29 concurrents avec 170 échantillons cle vins divers de la Basse-Autriche, de Styrie, de Dalmatie, du Tyrol, de la Bohême, etc.
- Les récompenses décernées ont été les suivantes : y médailles d’or, 22 médailles d’argent, G médailles de bronze et 1 mention honorable.
- BELGIQUE.
- L’exposition belge, qui comprend une trentaine de concurrents, est constituée par des types de vins français soignés dans les celliers à Bruxelles, à Liège, à Anvers, à Mons et autres villes de la Belgique. Nos voisins, qui possèdent d’excellentes caves, sont de très bons éducateurs de vins; aussi les bordeaux, les bourgognes, etc., qu’ils ont soumis au Jury ont-ils remporté de hautes récompenses.
- Autrefois la Belgique possédait un certain vignoble, aujourd’hui on ne rencontre plus guère de vignes que dans les environs de Huy et le vin produit est maigre. Il n’a pas paru dans la collection envoyée par les négociants belges au Champ de Mars. Cette collection ne renferme, pour ainsi dire, que des vins français soignés en Belgique et arrivés à un développement merveilleux.
- Ainsi que l’écrivait dans son rapport sur les vins exposés à Anvers, en 189 A, un de nos collègues du Jury, M. Steenackers, sénateur, négociant en vins à Anvers :
- Les Belges n’ont rien à apprendre des pays étrangers pour ce qui concerne l’art cle soigner les vins. Nos négociants en vin possèdent tous des caves excellement aménagées où le vin est traité avec habileté et se bonifie remarquablement.
- Cependant il semble que ces caves disparaissent. Au Congrès des boissons tenu en 1900a Paris, M. Pierre Peyrot fils, d’Anvers^ a signalé, parmi les causes qui influent sur la diminution de la consommation des vins en Belgique, la mauvaise organisation des caves dans les nouveaux immeubles. Il écrit dans son mémoire sur cette question :
- Je désire vous entretenir de la façon défectueuse dont les sous-sols des habitations sont construits actuellement en Belgique, en opposition avec la façon dont ces sous-sols étaient construits autrefois.
- Il faut vous dire qu’en Belgique, il y a quelques vingt ou vingt-cinq ans, le consommateur de vins fins, grâce aux sous-sols dont il disposait, aimait à se faire une cave et achetait, pour ce faire, périodiquement, aux bonnes époques, quelques pièces de vin, qu’il 11e consommait que lorsque ces vins avaient acquis toutes leurs qualités. C’était le moyen de boire du bon vin sans le payer cher.
- Aujourd’hui, ce système est complètement bouleversé, et cela parla raison que les caves modernes ne se prêtent plus à la conservation du vin. Les sous-sols, aujourd’hui, servent de cuisine, de lavan-deries, voir même de chambre de bains, on y trouve des fourneaux et ils sont traversés par des conduites de chaleur; une petite partie est bien réservée à des caveaux à bouteilles, mais la chaleur ambiante est tout naturellement si élevée que le malheureux occupant doit se rendre bientôt compte que sa cave ne vaut rien pour y conserver du vin. Il se résout alors à n’acheter que le strict nécessaire à sa consommation courante, et lorsqu’il lui arrive de devoir servir des vins fins, il a recours aux commerçants de vins et n’achète le plus souvent que tout juste ce dont il a besoin.
- Les vins fins qui se consomment dans ces conditions ont rarement acquis toutes les qualités que
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- pont seul leur donner un très long développement, et de plus ils ont en à souffrir dans bien des cas d’un transport récent.
- Est-il étonnant que, dans ces conditions, on apprécie mal la qualité des vins fins et qu’on leur préfère, dans bien des cas, des vins plus ordinaires?
- Ce serait rendre un grand service aux intérêts communs que nous représentons ici que d’appeler l’attention intelligente des constructeurs et des architectes sur les défauts que présente le système actuel pour la construction des sous-sols. Le Congrès, réuni à l’occasion de celte grande Exposition française, a, me semble-t-il, toute l’autorité voulue pour faire entendre des conseils éclairés à cet égard, qui auraient, n’en doutons pas, de l’écho dans tous les pays oii l’on consomme des vins de France.
- Je voudrais, par surcroît, que les journaux spécialistes tels que : Le Moniteur vinicole (de Paris), La Feuille vinicole de la Gironde, qui ont de nombreux lecteurs en Belgique, appellent périodiquement l’attention de leurs lecteurs sur ces points et qu’ils fixent de temps à autre, comme ils l’ont déjà fait du reste, les règles à observer dans la construction des sous-sols.
- Je pense que ces moyens seront le point de départ d’une campagne de réformes en ce qui concerne les constructions des sous-sols; campagne dont le public consommateur est appelé à recueillir les précieux avantages.
- Il n’y a pas qu’en Belgique que les caves sont mal construites. En France, dans les grandes villes surtout, on y a établi des calorifères, des machines diverses qui élèvent la température outre mesure, ou amènent des trépidations nuisibles à la bonne tenue des vins.
- Néanmoins il est bon de noter que les échantillons de vins français élevés en Belgique et soumis au Jury ont été trouvés remarquables. Les négociants de la région flamande avaient surtout exposé des produits du Bordelais; ceux de la région ualloue des \ins de Bourgogne. Les vins de Champagne seuls étaient présentés indistinctement par des négociants d’Anvers, de Bruxelles, de Louvain, de Liège, etc. De tous temps les consommateurs de l’Ouest de la Belgique, partie qui est plus à proximité de la mer, ont préféré les bordeaux. II est probable que cela tient à la grande facilité des transports par eau, de la Gironde à l’Escaut. Le Bourgogne avait jadis par les routes, les rivières et les canaux de meilleurs moyens de pénétrer dans la partie Est de la Belgique.
- Nous avons dit que le Jury avait trouvé nos vins retour de Belgique très bien soignés et à point. Les récompenses accordées en sont la preuve.
- Les 3*2 exposants ayant présenté îo8 types de vins ont obtenu : 2 grands prix, 8 médailles cl’or, h d’argent et 1 mention honorable.
- Le Syndicat des négociants en vins de la Belgique avait exposé collectivement, il a obtenu un des grands prix mentionnés ci-dessus.
- Les relevés statistiques de la Belgique portent pour la moyenne des dix dernières années les chiffres suivants :
- QUANTITÉS. VALEUR.
- Vins i Importation. .
- et } Consommation
- vins de liqueurs. ( Exportation . .
- hectolitres. francs.
- 253,594 27,85fi,95o
- 252,054 27,022,070
- 94 0 204,87b
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- BOSNIE-HERZÉGOVINE.
- La Bosnie-Herzégovine a présenté quelques bouteilles de vins rouges et blancs ordinaires manquant plutôt de finesse. Us sont assez alcooliques et ont de la couleur.
- Ce pays a obtenu comme récompenses pour ces 5 exposants présentant 5 types de vins : î grand prix, a médailles d’or et i d’argent.
- Le grand prix a été décerné au Département de l’Agriculture de Serajevo qui avait exposé des vins rouges et blancs des stations viticoles de Darvent, Moster et Lastva.
- BULGARIE.
- L’exposition vinicole de la Bulgarie comprenait des vins rouges et blancs assez bien présentés. La culture de la vigne est répandue dans toute la principauté.
- Quelques vins bulgares bien préparés et conservés peuvent se comparer aux vins du Midi de la France épais et forts. Les vins les plus remarquables sont produits dans les régions suivantes :
- Depuis la frontière serbe (dans le voisinage des vignes de Negotin) jusqu’à Varna, tout le long du Danube et surtout dans les districts de Svicbtov, Roustchouk (des vins blancs), districts de Pleven, Vratza, Tirnovo et Varna (vins rouges).
- Pied des Balkans et de la Sredna-Gora, de Tatar-Pazardjik à Mesemvria (principalement excellents vins rouges) : districts de Tatar-Pazardjik, Stara-Zagora et Sliven.
- Versants nord des Rhodopes : Stanimaka (vins épais rouges) et Peroutchtitza, département de Philippopoli.
- Le rendement est très inconstant, à cause des sensibles variations climatériques que l’on rencontre dans ce pays : sur le plateau de Sofia, à 6oo mètres au-dessus de la mer, bien qu’on soit dans la zone tempérée, il n’est pas rare en effet d’avoir en hiver 3i et 3q degrés au-dessous de zéro. C’est ainsi qu’en 189/1 on a récolté a,i68,5oo hectolitres de vin correspondant à une moyenne de 2 t hectolitres par hectare. En 1896 à cause de la saison favorable qui entrava les maladies, on récolta 5 millions d’hectolitres.
- La Bulgarie, avec une population de 3,31 5,000 habitants, consomme environ 3 millions d’hectolitres de vin par an : elle aurait donc assez souvent une surproduction qui constitue un stock pour les années de déficit, le pays n’étant pas encore bien préparé pour l’exportation.
- Il est arrivé que dans les années où le produit était abondant, mais non de qualité supérieure, on a payé le moût à raison de 3 fr. 5o le quintal au lieu de G à 7 francs en moyenne, et ce surtout dans les provinces où la récolte était la plus forte. D’autres années, le vin nouveau se payait 35 francs l'hectolitre. Dans des régions on a payé le vin jusqu’à 70 et 80 francs à cause de la difficulté des communications avec l’intérieur du pays. Le phylloxéra parait être très énergiquement combattu. Tous les ans, au priil-(Jn. X. Cl. 00. 18
- IM I-111 Mi. U : C NATIONALE»
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- temps, on fait de nombreuses recherches et on cherche à isoler autant (pie possible les nouveaux centres d’infection découverts.
- Les meilleurs vins qui se produisent en Bulgarie sont les vins rouges de Plewna, Varna et Sonhindol. On rencontre du vin de Plewna vieux, de couleur rouge rubis, déjà légèrement dépouillé, avec tendance à la nuance pelure d’oignon, bien connue dans les vins fins français : il est parfaitement sain, bien conditionné, excellent comme vin demi-fin de table : la teneur alcoolique s’élève jusqu’à 12,5 p. 100. Ce vin est fait avec un raisin du pays dit gamsa; on le laisse fermenter un peu avec la vinasse, jusqu’à ce qu’on trouve cpie la couleur est suffisante.
- Le vin de Sonhindol acquiert, en vieillissant, un bouquet assez lin et délicat, mais une légère saveur de marc en diminue souvent le prix. Il est certain, toutefois, que ce vin, ainsi que celui de Plewna, si on les prépare avec soin, peuvent devenir des produits capables de faire concurrence dans le pays aux bordeaux ordinaires d’exportation.
- Le vin de Sandrow vient d’une propriété voisine de Varna, qui appartenait au prince de Battenberg et appartient maintenant à l’Etat. Ce vin est mis dans le commerce sous le nom pompeux de Château Sandrow et il constitue certes un bon vin qui rappelle quelques-uns des types fabriqués dans l’Italie centrale avec le raisin Picot. A Sofia, on le vend au détail 3 fr. 2 5 la bouteille, ce qui est un peu cher, mais cela tient à ce que les communications entre Varna et Sofia sont peu aisées.
- A signaler aussi un vin blanc de Tchirpan, d’une couleur paille foncée, légèrement parfumé, mais un peu trop corsé et tannique pour un vin blanc lin.
- Jusqu’ici la Bulgarie n’a qu’une faible importation de vin qui se compose presque exclusivement de vin turc, des environs d’Andrinople, utilisé pour les coupages.
- Il est en général sain, assez tannique et a une richesse alcoolique de 12 à 14 degrés. Il est incontestablement meilleur que le vin de Macédoine qui envahit actuellement les marchés serbes voisins, mais il a aussi un arrière-goût étrange, on croirait qu’il a été mis auprès du fromage en fermentation. Le prix en est de 7 à 1 2 francs l’hectolitre suivant la qualité et sur place.
- Le droit de douane sur les vins est de 20 p. 100 ad valorem, calculé en général d’après les factures ou les connaissements : le prix des vins turcs est évalué à raison de 2 5 à 35 centimes le litre.
- Dans ces conditions l’importation sur une vaste échelle des \ins étrangers en Bulgarie 11e paraît pas possible. Il y a lieu toutefois de tenir compte de la difficulté des transports à l’intérieur, laquelle a pour résultat de faire qu’un hectolitre de vin paye moins comme frais de transport pour venir de Grèce et d’Italie par mer aux .bouches du Danube et de là remonter jusqu’aux divers ports bulgares que pour venir du centre de la Bulgarie aux rives du fleuve. Or c’est précisément sur ces rives que se trouvent les districts phylloxérés qui ont le plus besoin de vin : par suite, il est possible qu’une certaine quantité de vin français y trouve un débouché. Un grand nombre de bâtiments remontent le Danube pour y charger des grains et beaucoup arrivent souvent sur lest; ils auront plus d’avantage à pouvoir apporter des cargaisons de vin. Le problème se résout
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- dans une question de prix, il faut donc tâcher de trouver les moyens de fournir un bon vin cle demi-coupage à un prix inférieur à celui qui est demandé par les producteurs indigènes.
- D’ailleurs l’industrie vinicole se développe sans cesse dans le pays, en partie grâce à l’Etat qui y pousse par la création d’écoles théoriques et pratiques de viticulture et par faveurs spéciales accordées aux commerçants en vins.
- AG exposants avaient présenté une centaine d’échantillons. Les récompenses ont été les suivantes : 1 grand prix, 5 médailles d’or, i3 d’argent, 11 de bronze et 11 mentions honorables.
- Ce sont les vignobles princiers d’Euxinograde qui ont obtenu le grand prix.
- CROATIE-SLAVONIE.
- La Croatie-Slavonie avait 5 exposants qui ont présenté des vins rouges et blancs de Zalcnika, de Grascoïna, de Ranina, de Moslas et des vins mousseux.
- ÉQUATEUR.
- Le Comité d’organisation de l’Equateur pour l’Exposition a présenté trois ou quatre échantillons de vin. On ne signale pas de récompenses.
- Ni la République Argentine, ni le Chili, qui avaient, en 1889, envoyé de nombreux échantillons de bons vins, n’ont exposé cette fois. Le Brésil s’est également abstenu.
- ESPAGNE
- L’Espagne a réuni, pour la soumettre au Jury, une superbe collection, surtout en ce qui concerne les vins de liqueur. Nous avons retrouvé le malaga si chaud, avec son bouquet si pénétrant; le pedro ximénès absolument exquis par le moelleux, le velouté, le fondu, la finesse, la suavité, la pureté et l’intensité du bouquet; les xérès liquoreux et parfumés ou secs, à bouquet très suave; les moscatels divers, très savoureux et d’une franchise de goût remarquable; des malvoisies; des vins de Rota, rouges et liquoreux; l’alicante, etc. A côté de ces vins sucrés, nous avons vu des vins de consommation courante, bien faits, et de gros vins colorés et alcooliques, servant de matière première pour les coupages. C’est ainsi que les provinces d’Alicante, d’Alava, de Logrono et de Valence ont de très beaux produits. Parmi les vins de consommation courante, c’est celui de Valdep enas que, d’un commun accord, nos voisins d’au delà les Pyrénées placent au premier rang. Par sa fraîcheur et son fruité, il mérite cet honneur. Au point de vue français, nous considérons comme les meilleurs les vins rouges de la Catalogne (Barce-
- (l) Nous avons reçu de M. J. Sanlarelli, président de la Chambre de commerce espagnol à Paris, ta plus grande partie des documents que nous publions ici sur l’Espagne,
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- lonc, Tarragone, Lérida, Gerone, etc.), des provinces d’Alicante et de Valence, de celles de Zamora, des Riojas et de la Manche. Les contrées où Ton trouve le plus de vins blancs de coupage sont la Catalogne, les deux Castilles, TEstraraadure et l’Andalousie.
- La production vinicole de l’Espagne et des îles adjacentes comprend tout d’abord deux catégories de produits :
- i° Les vins généreux ou vins de liqueur ;
- Les vins ordinaires ou de consommation courante,
- Vins de liqueur. — Cette catégorie de vins, qui constitue l’un des commerces les plus importants de l’Espagne, comprend les vins généreux de l’Andalousie, et notamment ceux de Jerez et de Malaga : la dénomination de vins généreux, dont la valeur n’est pas équivalente de celle de vins de liqueur, appartient exclusivement aux produits de ces deux dernières régions. Cependant le développement de l’exportation et les besoins des marchés extérieurs en rapport avec l’évolution qui, périodiquement, se produit dans la consommation de chaque pays, ont fait naître, depuis un laps de temps relativement court, d’autres catégories de vins de liqueur d’ailleurs que de l’Andalousie, et qui, tout en faisant maintenant partie de la branche en question, ne constituent pas cependant des vins généreux proprement dits. Tels sont, par exemple, divers types de la Catalogne dont il sera question plus loin.
- Les besoins auxquels nous faisons allusion ont fait également naître les mistellcs qui, tout en n’étant pas admises en général à l’importation sous le même régime que les vins de liqueur, ne peuvent cependant être écartées de la même catégorie, quoique le système suivi pour leur élaboration soit différent.
- Cependant, les vins généreux les plus renommés, ceux qui, à eux seuls, ont constitué à un moment donné l’une des principales richesses de l’Espagne, sont les vins de Jerez, dont les vignobles comprennent la partie la plus importante de la province de Cadix; le vignoble de Jerez produit des vins secs et des vins doux. Les principaux types de vins secs sont :
- Les jérès Finos, les jérès Amontillados, les jérès Olorosos.
- Ces types constituent la catégorie qu’on peut appeler des grands vins, et c’est à eux, notamment, qu’il faut attribuer la renommée dans le monde entier des vins de Jerez.
- La production des vins doux des vignobles de Jerez comprend le pedro ximénès et le moscatel.
- Ce sont des vins exquis justement appréciés sur les principaux marchés et dont le pedro ximénès a souvent mérité le nom de roi des vins doux.
- En outre, nous devons mentionner deux types différents qui se récoltent dans la province de Cadix et qui sont aussi des plus estimés sur les marchés vinicoles : l’un est le manzanilla, vin très fin et pâle, originaire de San Lucar de Barrameda, une véritable spécialité par son bouquet exquis et son faible degré alcoolique de 15, qui lui permet néanmoins de se conserver; ce vin se consomme en forte proportion dans les provinces de Cadix et de Séville ; il s’exporte en Angleterre et vers les ports de l’Amérique du Sud.
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- L’autre type, dont il est question ici, est le tintilla de Rota, vin très liquoreux, de couleur très foncée et de peu de degré; il se récolte presque exclusivement à Rota (province de Cadix), d’où il tire son nom. Il provient d’un raisin à petit grain et très noir appelé tintilla, dont on récolle une faible quantité; les lieux de sa consommation principale sont en F rance et en Angleterre ; c’est un vin qui arrive à obtenir des prix très «•levés.
- Les vins de Jerez sont produits par des cépages dont les variétés, beaucoup moins nombreuses aujourd’hui qu’autrefois, sont encore assez diverses. Cependant, on peut dire qu’en dehors de six variétés pour les vins secs et de trois pour les vins doux, il n’y a plus d’intérêt matériel à étudier ou à désigner les autres, car les neuf principales constituent la presque totalité du vignoble.
- On remarque le palomino blanco (cépage qui produit la majeure partie des vins secs de premier cru), le mantuo de Pila, le casteliane (cépages dont les variétés produisent de bons vins de classe courante), enfin le perruno et l’albillo (ces variétés produisent des vins secs très estimés aussi).
- Pour les vins doux : pedro ximénès, moscatel (cépages d’où proviennent les vins doux supérieurs).
- Des études très intéressantes faites en vue de la classification des terrains sur lesquels se trouvent les divers crus de Jerez, il résulterait qu’en réalité on ne peut considérer que comme appartenant à deux types l’ensemble du vignoble : les terrains calcaires et les terrains argileux.
- On a, jusqu’à ces temps derniers, considéré comme type sablonneux une extension assez grande du vignoble, mais en réalité le fond de ces terrains n’est autre qu’argileux, la partie sablonneuse ne constituant qu’une couche superficielle plus ou moins épaisse, suivant les endroits.
- Les terrains calcaires produisent les vins du premier cru, vins qui atteignent les plus hauts prix que puissent obtenir le produit de la vigne et dont Macharnudo est le plus renommé.
- Les terrains argileux produisent des vins secs et doux de classe courante, mais, par contre, la production est supérieure d’un tiers environ par hectare à celle des terrains calcaires.
- On vendange tard à Jerez : on attend en effet que le fruit atteigne le maximum de maturité. En outre, le raisin ne va pas immédiatement au pressoir, mais il est étendu sur des paillassons où on le laisse exposé au soleil : suivant le type qu’on désire obtenir, les grappes restent ainsi exposées à la chaleur pendant un ou plusieurs jours.
- Les moûts sont mis dès le premier moment dans des pipes (botas) de 5 hectolitres et immédiatement emmagasinés dans les chais (bodegas). C’est là que la fermentation se produit ; elle n’est en général terminée que vers le quatrième mois après les vendanges. On soutire vers fin janvier, ou commencement février, et dès ce moment commence la fermentation lente qui ne finit que vers la troisième année après la récolte. Ceci explique pourquoi les vins de Jerez ne sont jamais exportés avant la troisième année. Comme
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- règle générale, ils ne le sont plutôt qu’entre la quatrième et la cinquième, pour peu qu’il s’agisse de vins pouvant obtenir un prix moyen au moins.
- D’après les dernières statistiques officielles, la superficie du vignoble de Jerez, en 1899, était de 9 0,51 4 hectares dont la production moyenne a été de 23,70 quintaux métriques de raisins par hectare. La récolte de 1899 a été de à86,120 quintaux de raisins sur lesquels /(/17,33/1 furent destinés à la vinification, et le restant à la consommation directe ou à tout autre emploi.
- Cette quantité de raisins a produit 3 5 2,4 5 9 hectolitres de vin, et si, on ne peut qualifier réellement de très bonne une pareille récolte, elle peut être considérée au moins comme moyenne, alors que la même année, sur /19 provinces espagnoles, 17 ont été qualifiées respectivement de mauvaises.
- La deuxième région d’Espagne produisant des vins notoirement généreux est celle de Malaga. Là ce sont les vins doux qui dominent et tout le monde sait jusqu’à quel point leur exportation dans tous les pays du monde a été importante depuis des temps immémoriaux. Certes, les exportations se sont beaucoup restreintes dans les pays d’Amérique, principaux débouchés d’autrefois, mais, par contre, l’extension prise par ces vins dans l’intérieur de l’Europe a compensé, sinon totalement, du moins dans une bonne proportion , les pertes des anciens marchés.
- Suivant les derniers renseignements du Ministère d’agriculture d’Espagne, en 1889 le vignoble de Malaga comprenait 10,434 hectares, ayant produit une moyenne de 2 5 quintaux métriques par hectare, soit un total de 208,92 1 quintaux de raisins, dont seulement 45,927 ont été destinés à la vinification; le reste, en dehors d’une proportion relativement faible destinée à la consommation immédiate, est consacré à ce grand commerce de raisins secs de table qui a valu à Malaga une renommée justement méritée. Ces 45,927 quintaux de raisins destinés à la vinification ont produit 21,129 hectolitres.
- Nous avons parlé plus haut des types de vins de liqueur que les besoins du commerce ont fait naître et que principalement la Catalogne s’est consacrée à produire. Aujourd’hui, cette région exporte, sur des marchés importants, les vins dits de Tarragone, plus spécialement appelés en France porto de Tarragone, et, en outre, des quantités considérables de grenaches bien fruités et de finesse remarquable, ainsi que des muscats récoltés notamment à Sitjès, lesquels, sans avoir le cachet des moscatels du Midi de l’Espagne ou de la France, ne manquent cependant ni de finesse, ni de fruit.
- Puis enfin, aussi bien dans cette région de la Catalogne que dans celle de Valence et de la Manche, on fait des quantités importantes de mistelles rouges et blanches. Ce sont des vins mutés à l’alcool. On emploie, en général, d’excellents trois-six de vin, qui produisent des mistelles dont la supériorité est bien connue en France et dont le degré de liqueur atteint en moyenne de 10 à 11 ; et s’il est vrai que ces vins ne prennent le nom de liqueur que par cette opération spéciale de concentration du sucre, la fermentation ayant été empêchée ou du moins arrêtée dès son premier mouvement, nous croyons qu’en réalité ces vins doivent être inclus dans la même catégorie que les autres, du
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- moment surtout, qu’il est fait une distinction entre les vins de liqueur en général et les vins généreux.
- Vins ordinaires. — Les vins rouges et blancs du vignoble espagnol ont été justement appréciés dans tous les pays de consommation, et notamment en France où les besoins de ces dernières années ont permis d’apprécier leurs qualités.
- Ce sont des vins dont les types diffèrent beaucoup suivant les régions qui les produisent, mais dont, en général, on remarque la beauté en couleur, la richesse en alcool et en extrait sec. Ce sont des vins à chair et à terroir, mais le terroir, en général, ne provient que d’une vinification insuffisante, moins négligée par ignorance ou manque de soins que pour permettre d’exporter la marchandise à des prix appropriés aux besoins des marchés destinataires.
- La principale classification qui peut être faite des vins ordinaires est la suivante :
- Vins rouges. — Les Rioja sont des vins fruités, de couleur rouge vif, dont le degré en moyenne ne dépasse pas 12; ils peuvent être considérés jusqu’à un certain point comme frais, et ils se prêtent plus que tous autres à faire, par une simple bonne méthode de vinification et de soins, des produits absolument supérieurs et se rapprochant plus que tous autres d’Espagne des vins français.
- Ces vins étaient, il y a quelques années, exportés facilement en France et à des prix modérés, tant que les arrangements entre la France et l’Espagne ne faisaient pas sentir aux producteurs et aux négociants espagnols la nécessité, éprouvée depuis, de rechercher de nouveaux débouchés.
- Les Aragon, dans une région où l’on remarque principalement les vins de Huesca, atteignent souvent de 1 à à 1 5 degrés et leur type peut être qualifié de bon vin, vineux, droit de goût : c’est l’un des vins d’Espagne qui s’est le mieux prêté pour le coupage avec les vins français.
- Les Benicarlo, l’un des premiers types qui furent introduits en France, ne constituent plus pour ainsi dire comme alors une marque et se confondent avec l’ensemble des vins de Murcie, Alicante, Valence.
- Les Alicante ont une tenue et un degré qui, en rapport avec leur prix modeste, les ont toujours fait rechercher de l’importateur européen.
- Les Valence proviennent de la région du même nom dont la récolte a atteint le maximum obtenu dans une province quelconque et dont le vignoble a une superficie de ioà,/ip9 hectares ayant produit, en 1899, 2,968,960 hectolitres.
- Les Priorato et, en général, les vins de la Catalogne, par la diversité de leurs types, ont permis à cette contrée d’Espagne d’étendre ses exportations à tous les pays du monde ; ces produits sont intelligemment travaillés et élaborés au goût de chaque pays. Le débouché de la Catalogne a pris de telles proportions quelle peut aujourd’hui, ou plutôt depuis de longues années déjà, importer des quantités considérables de vin des provinces limitrophes pour ses propres besoins, ceci indépendamment des quantités
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- fabuleuses qui traversent la région pour être embarquées dans les ports de Barcelone et de Tarragone, ou pour être mises en chemin de fer pour profiter des tarifs réduits de pénétration.
- Les Navarre et les Castille, et autres de moindre importance, sont également des vins estimés, mais dont le mouvement d’exportation est toujours resté relativement restreint, par suite ou de leur emploi dans le pays ou de la cherté des transports.
- Nous avons cité les principaux types, mais nous devons ajouter que pas une seule des quarante-neuf provinces de l’Espagne n’est sans produire du vin.
- L’étude des vins rouges de certains départements offre pour les œnologues le plus grand intérêt, leur nature et leur composition sont véritablement remarquables, tout en offrant moins d’intérêt au commerce étranger qui tient avant tout à des types suivis et bon marché et qui par conséquent donne toujours sa préférence aux types des provinces qui produisent des quantités importantes.
- Vins blancs. — La production des vins blancs, qui a toujours été importante en Espagne, a pris un développement considérable par suite des demandes, d’abord du marché français, ensuite de l’Amérique, et tout dernièrement de la Suisse. Des quantités considérables de ces vins ont toujours été consacrées à la distillation, et notamment depuis que les exportations d’eaux-de-vie de vin, intelligemment élaborées et vieillies, ont pris tant d’extension. Aussi, l’importance du vignoble s’est considérablement accrue depuis quelques années.
- La production est représentée par quatre types principaux qui sont :
- Les vins de la Manche, au centre de l’Espagne; les vins de Séville et de Huelva, dans l’Andalousie, et ceux de Vilafranca de Panades, à l’Est.
- En réalité, ceux de Séville et de Huelva ont toujours formé un ensemble, dont les qualificatifs de Séville ou de Huelva ont plutôt suivi le type et le prix que l’origine.
- En effet, sous le nom de Séville, ont été vendus des vins possédant plus de finesse et moins chargés en couleur.
- Ceux appelés Huelva, sans différer très essentiellement des premiers, ont subi plutôt une cote inférieure et ont été représentés par des types un peu plus lourds, de bonne tenue, mais se madérisant facilement.
- Les vins de la Manche, comme ceux de l’Andalousie, ont trouvé en France un écoulement considérable, alors que ceux de Vilafranca sont presque exclusivement exportés en Suisse, ces vins s’assimilant mieux que tous les autres aux vins blancs suisses en général et, notamment, à ceux du canton de Vaucl.
- Les exportations qui, depuis longtemps ont été faites en France, ont été destinées non seulement à la consommation, mais aussi dans une forte proportion à la fabrication des vermouts et les principales marques françaises de ce produit ont toujours donné leurs préférences aux vins de l’Andalousie qui, corsés et de plus de degrés que ceux des autres
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- régions, possèdent l’avantage, comme nous l’avons déjà dit, de se madériser relativement vite.
- La production espagnole de la récolte de 1899 a été de ri i, 1 5sî,9cj 1 hectolitres et à la meme époque la superficie totale plantée en vignes était de 1,459,768 hectares. L’Espagne a exporté aux différents marchés d’Europe et d’Amérique des quantités considérables de raisins. Ces envois ont atteint, cette meme année, la quantité de 178,716 quintaux métriques.
- L’archipel des Baléares a son importance particulière; il est essentiellement agricole; son isolement et l’absence de matières premières, aussi bien que de gisement de houille, le mettent, d’ailleurs, dans une situation peu propice à un grand développement industriel.
- La culture la plus importante de l’archipel, tant pour l’étendue des terrains qui lui étaient consacrés que par les bénéfices qu’en retirait le cultivateur, a été celle de la vigne. Mais à dater de l’expiration, en 1899, du traité de commerce franco-espagnol, le grand mouvement d’exportation vers la France des vins de Majorque s’est arreté brusquement. Enfin, la reconstitution du vignoble français coïncidant avec l’invasion rapide des vignes majorquines par le phylloxéra, la viticulture passe ici par une terrible épreuve. Des 28,000 hectares plantés en vigne i2,5oo sont détruits complètement, q,500 produisent encore, 1,000 seulement sont indemnes. La production totale des Baléares, qui atteignait presque 1 million d’hectolitres de vin, ne s’est pas élevée, en 1899, à plus de 65,ooo hectolitres, dont 5,ooo à peine ont été exportés. Cette année l’Archipel a donné 15/1,093 hectolitres. Il faut remarquer que cette production restreinte dépasse la consommation locale, le viticulteur se voit donc dans la nécessité de livrer son vin à la distillerie.
- Parmi les nombreuses variétés de vignes cultivées dans les Baléares, les plus connues sont les suivantes :
- Le moscatel et moscatel romain, le malvoisie, le mollar, le montona, le pedro jime-» nez, le giro, le pampolrodat et l’aigomel qui donnent des vins liquoreux et généreux.
- Le batista, l’escursach, le garnache, le juanillo et le vinater qui, avec le gorgollona et le valent blanc, produisent les vins de table.
- Enfin, les variétés à grand rendement, tels le jogonen qui donne jusqu’à 15o hectolitres par hectare, le valent noir riche en couleur, le lopez, l’œil de lièvre, l’arga-musa, le sabater, l’aleluya, etc.
- Le rendement de ces divers cépages varie naturellement selon l’espèce et, aussi, selon la qualité du sol où il est planté.
- Le gorgollona, hase des vins rouges de Majorque, produit, dans les districts de Palma et d’Inca, de 1,600 à 2,200 kilogrammes de vendanges par hectare dans les années ordinaires, tandis que le jogonen, dans un bon terrain et dans une bonne année, arrive à donner dix fois plus, soit 16,000 kilogrammes de raisins par hectare.
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- Voici par province, d’après le Ministère de l’agriculture, la statistique vinicole de l899 :
- SUPERFICIE PLANTÉE. PRODUCTION.
- hectares. hectolitres.
- Valence 1 o4,499 2,968,960
- Alicante io4,i8i 1,743,976
- Barcelone 44,756 i,5o6,438
- Saragosse 95,200 i,48o,34o
- Tarragone 109,350 1,977,092
- Castellon 5i,36a 860,082
- Logrono 47,363 848,oio
- Huelva 9-llS 839,202
- Albacete 43,362 835,811
- Lérida 39,800 834,081
- Valladolicl 107,279 693,968
- Huesca 52,837 660,750
- Murcie 32,309 5i 1,766
- Navarre . 42,950 5o5,86i
- Ciudad Réal 64,83q 484,253
- Teruel 97,100 48or553
- Pontevedra 6,356 469,365
- Madrid 63,iq3 421,611
- Zamora 52,969 407,890
- Burgos 38,ooo 395,4i3
- Orense n,9o4 335,774
- Seville 10,001 282,187
- Cadiz 2o,5i4 2 52,451
- Avila 13,445 916,001
- Salamanque 14,645 909,167
- Baléares io,685 981,228
- Tolède 49,810 900,515
- Léon 2o,56i 141,39 8
- Palencia 22,948 1 i8,58o
- Gérone 8,515 114,6i 7
- Badajoz 17,806 113,069
- Guadalajara 23,4oo 112,368
- Canaries 33,i 14 io5,578
- Alava i4,4oo 79>910
- Lugo 2,435 77,011
- Cnenca 24,o83 76,980
- Cacérès 11,260 60,086
- Cordoue 12,461 4o,3o5
- Alméria 2,572 33,477
- Oviedo 2,320 98,624
- Ségovie io,438 27,174
- Malaga io,434 21,129
- Soria 4,024 20,116
- Corogne 786 17,412
- Grenade . 4,620 14,579
- Biscaye 728 13,939
- Santander 83i 7,89.5
- Guipuzcoa 625 1,090
- Jaen 578 664
- Totaux................. 1,459,768 91,162,991
- En ce qui concerne la production de 1900, la statistique établie par la junte consul-
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- 283
- tative agronomique, d’après les données recueillies par les ingénieurs du service agronomique national, nous permet d’en dresser, par province, le tableau suivant :
- Alava hectolitres. 121,348
- Albacete . . . . 228,322
- Alicante 1,874,954
- Alméria 28,285
- Avila 333,712
- Badajoz 118,227
- Baléares . . . . 154,093
- Barcelone 1,147,252
- Burgos 1,212,591
- Cacérès 7°>925
- Cadix 94,684
- Canaries 125,710
- Gastellon 820,120
- Ciudad Beal 534,458
- Cordoue 58,720
- Corogne 24,811
- Cuenca 480,429
- Gérone 186,24o
- Grenade 15,266
- Guadalajara 9^738
- Guipuscoa i,o3o
- Huesca 903,160
- Léon 260,023
- Lérida 906,104
- Logrono hectolitres. . . . . 1,522,523
- Lugo 35,546
- Madrid 161,348
- Malaga . .. . 16,983
- Murcie .... 424,161
- NaArarre .... 616,777
- Palencia .. .. 500,879
- Pontevedra . .. . 518,216
- Salamanque 2.56,363
- Santander . . . . 6,5o8
- Segovie . . . . 32,660
- Séville .. . . 249,906
- Soria 82,852
- Tarragone .... 1,418,534
- Teruel 36o,668
- Tolède .... 3o3,284
- Valence .... 2,452,678
- Valladolid .. .. 1,009,483
- Biscaye 15,935
- Zamora.. .=• 357,93.7
- Saragosse .... 1,3 5 3,3 7 3
- Total . . . . 22,55q,o33
- Cette quantité a été fournie par une étendue vignoble de 1,407,3/13 hectares.
- On commence fortement à se plaindre. La pénurie des affaires sur tous les marchés espagnols et les bas cours qui se pratiquent maintenant pour les divers types de vin ne stimulent pas le viticulteur à soigner sa production que la distillerie absorbe en majeure partie. Cependant il y a quelques maisons qui exportent encore sur les marchés de la Plata et qui peuvent payer 2 et 3 pesetas de plus par hectolitre que la distillerie. En admettant que le supplément de récolte trouve sortie sur les autres marchés d’exportation et alimente la consommation intérieure, il est bien difficile aux commerçants de payer 1 peseta ou 1 pes. 5 0 par hectolitre au-dessus des cours pratiqués par les distillateurs. Toutefois cette majoration ne suffit pas à couvrir les frais spéciaux que les cultivateurs ont à supporter, soit pour le sulfatage, le soufrage et les autres soins si nombreux dont la vigne a besoin. En ce cas, le propriétaire se désintéressant de la qualité s’attache plutôt à produire la quantité. Par suite, on craint que les beaux vins rouges corsés, de bonne tenue et de conservation, ne disparaissent complètement des régions où on les trouvait jadis en abondance. Il faudra compter davantage sur les événements atmosphériques, qui peuvent dans beaucoup de cas avoir une certaine influence sur la nature des vins, que sur les soins apportés par le producteur. Cependant actuellement il
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- y aurait avantage à avoir de beaux vins de coupage, car ce sont les seuls qui peuvent donner lieu à quelques transactions.
- La difficulté pour se créer aujourd’hui de nouveaux débouchés est excessivement grande. L’Espagne, comptant surtout sur le grand marché français pour se soulager du trop plein que pourraient produire ses récoltes, se laissa devancer sur les autres centres de consommation par l’Italie qui prit des mesures radicales, dès que la France lui ferma ses portes et créa des primes d’exportation qui stimulèrent le commerce et lui permirent de se créer des débouchés en Amérique où les nombreuses colonies italiennes qui y sont installées furent des auxiliaires très précieux pour la propagation de la consommation des vins italiens. Le traité avec l’Autriche favorisant spécialement l’entrée des vins d’Italie fut le couronnement de l’œuvre.
- Quelques maisons de Valence expédient sur les marchés de l’Amérique du Sud, principalement à Montévideo et Buenos-Ayres. Au Brésil on n’envoie plus que quelques petits lots sans importance. Cuba et Porto-Rico font l’objet de quelques transactions, cependant les quantités expédiées ne représentent pas le do p. 100 de ce que recevaient ces deux îles avant la séparation de TEspagne.
- En Europe, la situation est tout aussi critique. L’exportation vers la France n’atteint plus qu’un chiffre très réduit; à peine si l’on arrivera à 1 million d’hectolitres.
- Les demandes de Suisse n’ont plus l’importance des années précédentes à cause du bon marché des vins français. En ce qui concerne la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, la Russie, la Norvège, etc., les lots que reçoivent ces pays sont de trop minime importance pour avoir une influence quelconque sur les cours.
- L’exportation des vins espagnols pendant l’année 1900 a été de 3,818,1 11 hectolitres évalués à 7 G,3 G 2,2 2 0 pesetas. En 18 9 9, l’exportation avait été de 4,7 94,0 81 liecto-litrès pour 95.881,623 pesetas, soit une différence contre 1900 de 975,970 hectolitres et 19,519,4o3 pesetas. Dans cette différence, la France est comprise pour 90 A,(> A 5 hectolitres, le restant de l’Europe et l’Afrique pour 88,976, Cuba et Porto-Rico 8,2 43, l’Amérique 29,619 hectolitres. L’Angleterre offre une consommation plus élevée de 37,072 hectolitres, l’Asie et l’Océanie i8,44i. En vins de Jerez et similaires l’exportation a été de 44,376 hectolitres en 1900, évalués à 5,325,120 pesetas contre 47,019 en 1899 et 5,642,336 pesetas. La France présente une augmentation de 4,559 hectolitres et l’Angleterre une baisse de 3,281. Comme on le voit les viticulteurs ont le droit de s’alarmer de cet état de choses.
- 372 types avaient été envoyés par 3o4 exposants; le Jury leur a décerné 5 grands prix, 22 médailles d’or, 18 d’argent, 22 de bronze et 8 mentions honorables.
- ÉTATS-UNIS.
- Les vignobles des États-Unis, la plupart situés en Californie, ont envoyé nombre d’imitations devins français, allemands et italiens, ainsi que des eaux-de-vie étiquetées
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- cognac. Beaucoup de ces produits n’ont pas grande valeur, ils ont des goiits particuliers cpii ne conviennent pas à nos palais. Cependant quelques-uns, plus nets, ont obtenu divers succès.
- D’après Y American Winc Press de New-York, la récolte des vins aux Etats-Unis se serait élevée, pour l’année i<joo,à i,/i3o,ooo hectolitres, fournis dans les proportions suivantes par les différents États de l’Union :
- gallons. lirclolilres.
- Etats du Sud..................................... 3,000,000 106,200
- New-York......................................... 5,000,000 227,000
- Ohio.................................................. 0,000,000 106,200
- Etats de rOuesI....................................... i,5oo,ooo 68,100
- Californie........................................... 17,500,000 79/1,600
- Autres Etals.......................................... i,5oo,ooo 68,100
- Total
- 3i,5oo,ooo i,43o,ioo
- La viticulture 11’a, en définitive, qu’une importance très secondaire aux États-Unis. Cependant, le développement de l’industrie viticole, en Californie, dit un rapport de consul français, a été remarquable depuis vingt ans.
- Des horticulteurs ont été envoyés en Europe pour y recueillir les meilleurs cépages du Médoc, de la Bourgogne, du Rhin, d’Italie, etc. Ces cépages ont été distribués dans les comtés viticoles de la Californie, mais le sol particulier de ce pays a changé la nature de ces plants qui, en général, donnent aujourd’hui des vins très alcoolisés et sans bouquet.
- Les vignerons californiens ne conservent qu’une quantité restreinte de vins dans leurs caves, et cela pour deux raisons : la première, c’est qu’ils ont généralement besoin d’argent, et la seconde, c’est que les vins de cette côte se conservent difficilement.
- La superficie des vignobles atteint actuellement 80,000 acres; leur production est en moyenne de 2 5o,ooo tonnes de raisin par an. Le rendement serait généralement de h tonnes à l’acre.
- Le vignoble Stanford situé à Vina (comté de Theama) comprend /t,ooo acres et celui de la colonie suisse-italien ne situé à Asti (comté de Sonoma) environ 2,000 acres.
- La récolte totale du premier de ces vignobles est estimée à 10,000 tonnes, environ, de raisin qui produisent i,5oo,ooo gallons devins. A l’époque des vendanges, on écrase dans le cellier jusqu’à 5 00 tonnes de raisins par jour. La distillerie installée sur cette exploitation fabrique 75,000 gallons d’eau-de-vie.
- C’est à Asti qu’a été construite une énorme citerne en ciment de la contenance de 000,000 gallons pour y emmagasiner la production de l’année. La vigne n’est cultivée que dans cet État de l’Union américaine et cependant le placement des vins de Californie est laborieux. L’Américain n’est pas amateur de vin (un demi-gallon par an et par tête).
- Le phylloxéra a causé de grands ravages en Californie. Dans le comté de Sonoma, infesté le premier, cette maladie s’est propagée lentement, mais, néanmoins, dans toutes
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- les sections. Ce n’est qu’en 1897 que sa présence a été constatée dans la vallée de Santa Clara, et, depuis cette époque, la production de ce district a été de beaucoup réduite.
- Un grand nombre de vignobles ont été reconstitués au moyen de plants résistants. Nombre de vignerons ont été tellement éprouvés qu’ils n’ont plus les moyens de faire arracher les vieux plants et de les remplacer par des nouveaux.
- Le phylloxéra a presque entièrement ruiné le comté de Napa qui produisait autrefois de A à 5 millions de gallons de vin contre 3/A de million aujourd’hui.
- La production du vin qui n’était que de 2,000,000 gallons en 1867 (exportation, 2A5,ooo gallons) a atteint son maximum en 1897, 35 millions de gallons (exportation, 15,i55,33o gallons).
- Par suite de la sécheresse qui a régné à la lin de Tannée 1898, les rameaux de vignes n’ont pu se développer suffisamment en 1899, et la récolte de cette dernière année ayant mûri très rapidement, une grande quantité de raisins ont été séchés sur pied : les gelées de printemps et différents insectes (araignées rouges, vers blancs, etc.) ont également causé des dommages. Ce sont les raisons pour lesquelles la récolte n’a pas été normale. En effet, la production, en 1899, ne s’est élevée qu’à 16 millions de gallons, soit 10 millions de gallons de vin sec blanc et rouge et 6 millions de gallon de vin doux (muscat, porto, angélique, sherry, etc.).
- Les médiocres récoltes des années 1898 et 1899 ont prévenu une accumulation des stocks de vins secs, qui sont très réduits et ne comprennent que des vins de deux ans.
- Les prix élevés des raisins, qui de 10 dollars la tonne, en 1898, ont monté à 16 et 18 dollars en 1899, ont fourni une compensation aux vignerons, et étaient considérés comme très satisfaisants.
- L’industrie vinicole est divisée en trois branches : la culture de la vigne, la fabrication du vin et la vente du vin.
- L’association des Wine Malœrs, qui s’occupent de la fabrication du vin, a été dissoute et la plus grande partie de son stock, qui comprenait 3 millions de gallons et s’était altérée, a dû être distillée. Cette détermination pourra retarder le mouvement général de coopération qui semble nécessaire pour assurer la prospérité des exploitations agricoles et horticoles en ce pays.
- La sophistication des vins s’est pratiquée sur une vaste échelle dans tous les Etats-Unis. Des vins adultérés, expédiés au Mexique, ont été retournés; on demande qu’une loi restrictive soit votée par la législature et que les vins expédiés soient analysés par des chimistes assermentés.
- A la Nouvelle-Orléans, pendant quatre ans, le prix des vins ordinaires (clarets) s’est maintenu de 1 à 3 cents plus bas que dans les autres villes des Etats-Unis, en raison de la concurrence existant sur le marché de San Francisco entre la Société des producteurs et celle des marchands de vins.
- Actuellement, les prix sont encore très réduits dans la capitale de la Louisiane qui offre des débouchés assez importants. 11 est vrai que les qualités supérieures de vins 11’y sont généralement pas expédiées.
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- On estime que le total général des exportations par voie maritime et voie ferrée (60,000 fr.) aurait atteint i6,5oo,ooo gallons, c’est-à-dire dépassé la production. Les expéditions générales s’étaient élevées en 1898 à 16,610,982 gallons avec une production de 18,529,000 gallons. Les envois directs à destination de l’Europe ont diminué en 1899, malgré la publicité tapageuse faite parles exportateurs californiens. De 82,25/1 dollars en 1898, leur valeur est tombée à 56,695 dollars en 1899 (167,07/1 gallons et 21 caisses). L’envoi de trois caisses d’échantillons, en France, au cours de l’année 1898, n’a pas été renouvelé.
- Les marchés de l’Est étant en condition favorable pour l’écoulement des vins et les prix de transport devant être augmentés à courte échéance par les compagnies de chemins de fer, les exportations se sont accrues, vers la fin de l’année.
- Les marchands de vins ont lutté, autant qu’il était en leur pouvoir, pour faire échouer la prise en considération d’une loi présentée à la commission du commerce intérieur à Washington, laquelle n’aurait permis la vente que sous les noms des districts où ils auraient été récoltés. Les marchands prétendent que le vote de cette loi serait de nature à nuire à leurs intérêts, car il faudrait remplacer les noms de Champagne, Cahernet, Sauvignon, Chablis, Château-Yquem, Château-Margaux, Château-Ladite, etc., par ceux de Cloverdale, Napa, Santa Clara, etc., qui ne jouissent pas d’une même faveur auprès du public.
- Il est utile de faire remarquer que les appellations Sauterne et Riesling désignent maintenant ici deux qualités de vins blancs, comme les noms Zinfandel, Claret désignent des qualités de vins rouges.
- Les marchands californiens qui, récemment, semblaient très indisposés contre certains horticulteurs de l’Est de l’Union qui avaient apposé des étiquettes portant les mots California Peachcs (pêches de Californie) sur des caisses de fruits récoltés sur la côte de l’Atlantique, ainsi que contre des producteurs de prunes de l’Etat d’Orégon qui expédiaient des caisses de fruits revêtues de l’inscription Santa Clara, trouvent tout naturel et même flatteur pour les Français de leur emprunter le nom de leurs crus renommés.
- La plus grande partie des vins exposés venaient de la Californie; mais d’autres régions vinicoles des Etats-Unis ont été aussi représentées. Il y a eu des vins sucrés de Floride et des produits de la Géorgie avec un raisin spécial à l’Amérique ; des vins provenant des vignobles de Charlottesville et Manassas, en Virginie; des échantillons des divers vins de la région du lac Keuka, y compris les vins champanisés, des vins mousseux et non mousseux de l’Ohio, etc.
- D’une façon générale les vins ordinaires sont assez nets de goût, mais, loin de gagner en vieillissant, ils semblent perdre plutôt de leurs qualités. Ce ne sont pas des vins de garde ; ils ont acquis toute leur valeur au bout de deux ans. Les rouges sont peut-être préférables aux blancs, ce qui ne saurait surprendre, car la plupart de ces derniers sont faits avec des raisins blancs et cuvent avec la grappe absolument comme les vins rouges. Le Zinfandel possède des qualités de fraîcheur qu’on ne retrouve pas dans certains autres cépages communs. Quant aux vins de luxe, obtenus avec les cépages importés de la
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- Bourgogne et du Bordelais, ils ne manquent ni d’arome ni de limpidité, mais ils n’ont pas le bouquet de nos grands crus. S’ils flattent de prime abord l’odorat, ils réservent des déceptions au palais. Ce sont des vins qui ne laissent pas une impression durable, qui ne disent rien une fois bus. Ils sont durs et apres. Ce n’est pas là ce que recherchent les gourmets.
- Les vins mousseux n’ont aucune élégance; bien cpie leur mousse soit assez agréable et dénote une préparation soignée, ils n’ont ni la finesse ni le cachet qui caractérisent nos champagnes.
- On prête à M. Wiley, chimiste en chef du Département de l’agriculture à Washington, membre du Jury, et qui s’est occupé du classement des vins des États-Unis, le langage suivant :
- Les vins américains ne sont pas appréciés chez nous comme ils devraient Têtrc. Vous pouvez chercher des crus américains sur les cartes des principaux hôtels et restaurants de New-York et des autres grandes villes, vous n’en trouverez pas un seul. Il est vrai que les Américains ne boivent pas de vin comme les Européens, et même à l’hôtel Waldorf-Astoria, si vous regardez dans la salle à manger remplie de convives, vous ne verrez probablement pas, sur le quart des tables, une bouteille de vin. Lorsque, dans des établissements de ce genre, on demande du vin, c’est toujours du vin importé ; les clients ne peuvent pas en commander d’autres.
- Le but principal de l’exposition des vins américains à Paris est moins de leur ouvrir un marché eu France, ce qui équivaudrait à porter du charbon à Newcastle, que de démontrer aux Américains que leurs propres produits sont dignes d’être patronnés par eux. En ma qualité de membre du Jury des vins à l’Exposition de Chicago, j’ai été frappé du bien résultant pour les vins américains de la mise en parallèle avec les produits étrangers. Il est vrai que cela n’a pas produit grand effet sur le consommateur américain, mais le membre anglais du Jury a conçu une opinion si favorable des vins de Californie, qu’il en a fait l’objet d’un rapport spécial engageant ses compatriotes à en faire usage, et c’est principalement grâce à ce rapport que la consommation des vins américains a augmenté à Londres. Les vins américains ne seront pas exposés à Paris comme produits de tel vignoble ou de telle maison, mais comme groupe présenté par les Etats-Unis. Cependant, si les exposants le désirent, chaque vin particulier sera présenté au Jury des récompenses, de sorte que non seulement les Etats-Unis pourront obtenir une récompense pour l’ensemble de l’exposition, mais un grand nombre d’exposants pourront, individuellement, recevoir une mention spéciale.
- Plusieurs de ces vins portaient des étiquettes avec des noms de crus français; ils ont dû être écartés. Les Etats-Unis comptaient 7a exposants ayant présenté 210 échantillons de vins et eaux-de-vie.
- Les récompenses ont été les suivantes : 1 grand prix, G médailles d’or, i3 médailles d’argent, 20 médailles de bronze et k mentions honorables.
- Le grand prix a été décerné au Département de l’agriculture de Washington pour l’ensemble des intéressants documents viticoles et vinicoles exposés.
- GRANDE-BRETAGNE.
- L’Angleterre n’était représentée dans la Classe 60 que par quelques échantillons de vins d’Auslralie et du Canada. Mais on sait que la Grande-Bretagne importe chez elle
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- d’assez fortes quantités de vins des grands pays vinicoies et quelle en exporte une certaine proportion dans les régions d’outre-mer.
- Au commencement du xvnu siècle, les vins légers de la Gironde et du Rhin tenaient la première place en Angleterre. En modifiant les droits perçus à l’importation, le traité de Methuen entre l’Angleterre et le Portugal (1 -y o3 ) a donné aux vins de cette dernière provenance un avantage marqué cjui leur a permis de disputer la place aux « claret » et de les supplanter. Les vins d’Espagne aussi ont acquis, à ce même moment, une grande popularité chez nos voisins. La paix de 1814 a rendu aux vins de France une partie de leur ancienne faveur en réduisant la demande du côté du Portugal. Mais les consommateurs ont continué à rechercher les vins d’Espagne et ils se sont tournés aussi vers les vins du Cap, des types porto et sherry, admis à demi-droit comme produits des colonies. Les traités de 1860, qui ont inauguré une nouvelle politique commerciale, ont profité largement ensuite aux vins légers comme les bordeaux et les moselles. Depuis, le goût s’est tourné vers les vins plus corsés de France et d’Australie; il s’est prononcé surtout en faveur du porto.
- Toutefois, la France qui ne venait, au commencement du siècle, qu’au troisième rang dans le nombre des pays exportateurs de vins en Angleterre, avec 5 p. îoo seulement de l’approvisionnement total, alors que le Portugal y intervenait pour 75 p. 100 et l’Espagne pour 20 p. 100, s’est placée maintenant à leur tête. Nous envoyons, en moyenne, par an, 270,000 hectolitres de vins en Angleterre, quand l’Espagne en importe 180,000 hectolitres; le Portugal, 170,000 hectolitres; l’Italie, 70,000 hectolitres, et l’Australie, 3o,ooo hectolitres.
- La consommation des vins en Angleterre 11’est que d’un demi-gallon (A litres 5A) par tête et par an, quand celle des spiritueux est de plus d’un gallon et celle de la bière de 3A gallons.
- Pour développer la consommation du vin chez nos voisins d’outre-Manche, il faudrait dissiper les préventions des sociétés de tempérance contre lui, en leur démontrant que cette boisson ne peut être, pour elles, qu’un auxiliaire; il faudrait aussi obtenir une réduction de droits.
- Pour la Grande-Bretagne, nous avons, dans les dix dernières années, les chiffres moyens suivants, réduits conformément au système métrique :
- 0UAXT4TES. VALEURS.
- Iiectoliüvs. francs.
- Importation 700,000 1 45,600,000
- Exportation 5o,ooo 1 0,200,000
- Consommation 680,000 //
- AUSTRALIE.
- En 188<j, l’Australie avait organisé, au Trocadéro, une exposition très complète de ses vins. Cette fois, le nombre des exposants a été fort réduit, une dizaine au plus, et Gr. X. — Cl. 60. 19
- ri’niMERir. nationale.
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- ils jK3 ligurcnt même pas au catalogue. On ne trouve trace de ces vins que par les procès-verbaux de dégustation et les indications du palmarès.
- Cependant le vignoble australien a une certaine importance, la culture de la vigne s’y poursuit depuis nombre d’années et on y rencontre des cliais fort bien organisés, mais le phylloxéra sévit aussi dans ce pays.
- En 1896, année de la plus forte récolte, on a obtenu 0,761,000 gallons de \in, soit 361,000 hectolitres, sur 58,000 acres de vignes. La campagne 1897 a donné i<)6,2<)7 hectolitres de vin, vendangés sur environ 09,000 acres de vignes en pleine, période de production. L’étendue totale complantée de 1899 était de 60,519 acres, soit 2/1,208 hectares, et la récolte est montée à environ 2o5,ooo lier toi i très de vins. Le rendement moyen par hectare n’atteint pas 11 hectolitres. Une forte partie de la production 11’est pas consommée dans le pays, ni même dans l’Océanie britannique. Elle s’evporte dans le Royaume-Uni, où les vins australiens viennent concurrencer les bordeaux.
- Les vins australiens sont déjà très connus en Angleterre. Us se vendent , à raison de 1 shilling ou 1 fr. 2 5 la bouteille, à la bourgeoisie aisée, en concurrence avec les bordeaux ordinaires et avec les vins d’Espagne dits Tnrragona. Leur teneur alcoolique leur permet de 11e subir cpie le droit de 1 sh. 3 d. par gallon. La réclame et, peut-être aussi, le chauvinisme impérial ont favorisé les marques spéciales de ces vins: le boomerang, l’arme des indigènes, l’émou, animal particulier à l’Australie. O11 ne compte pas, à Londres, moins de 17 maisons ou agences qui s’occupent du placement de ces vins, sans compter les succursales d’Ecosse, d’Irlande et de la province.
- La partie de l’Australie qui semble la plus importante au point de vue de la plantation de la vigne est certainement celle de Victoria.
- Les vins produits dans cette région peuvent se diviser en deux classes distinctes : ceux imitant les vins d’Espagne, ou vins de liqueur, et nos gros vins alcooliques du Roussillon; ceux qui se rapprochent de nos bordeaux, de nos bourgognes et des vins blancs d’Allemagne et de Hongrie.
- En ce qui concerne les vins ordinaires, épais et forts en alcool, Victoria pourra peut-être (*ii exporter plus tard.
- On a essayé de faire des vins blancs mousseux, mais les résultats n’ont pas été satisfaisants.
- Dans la région de Victoria, on distingue depuis quelque temps déjà les vins d’Yering, ceux des districts d’Yvanhoc, de Gastlemaine, qui sont agréables; les vins blancs 11’y font point non plus défaut. L’Australie du Sud et Queensland ont aussi des produits dignes d’attention. La Nouvelle-Galles du Sud a des façons madère. Mais la plupart de ces vins manquent de fraîcheur.
- CANADA.
- La Grande-Bretagne a exposé quelques vins et des eaux-de-vie du Canada, sans grand intérêt. D’ailleurs, la culture de la \igne est fort restreinte dans ce pays. U n’existe de
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- vignobles que dans le sud-est du Canada, dans le district de Toronto, sur les bords des lacs Ontario et Erié. Les vins de cépages indigènes tels que les Catawba, les Isabelle, n’ont aucun avenir. Ceux provenant de cépages français transportés là-bas fournissent des vins passables, mais ils sont loin d’approcher nos bordeaux qu’on essaye d’y imiter.
- II n’y avait à l’Exposition que h concurrents, qui ont présenté qu échantillons de vins et aussi des eaux-de-vie.
- elq ues faibles
- Les récompenses accordées à la Grande-Bretagne, pour ses colonies, ont été les suivantes : a médailles d’argent, 5 médailles de bronze et 5 mentions honorables.
- On comptait i 4 exposants ayant présenté 53 échantillons.
- GRECE.
- La Grèce a des vins de liqueur et des vins ordinaires. Parmi les premiers, citons ceux de l’ile de Santorin, agréables et d’une sève originale ; les muscats doux de Samos et de Cépbalonie.
- Mais ce sont les vins rouges courants sur lesquels se porte particulièrement l’atlen-tion du commerce. Plusieurs rendent des services pour les coupages. Signalons les vins rouges courants de Fatras, de Kalavryta, du Parnasse, de Pamès, des rives du Céphise et des îles Ioniennes; puis les vins blancs et rouges de l’A ttique, très alcooliques et très corsés.
- En général, les vins de Grèce, sauf ceux destinés à être bus au début ou à la lin fin repas, resteront plutôt des éléments de coupage. Ils ont rarement de la fraîcheur.
- La superficie des vignobles de la Grèce peut être évaluée à 1,960,000 stremmata. Le stremma est une mesure de superficie équivalant à 1,000 mètres carrés. La production \inicole, excessivement réduite cette année par les ravages du mildew, n’a pu être estimée à plus de qoo,ooo hectolitres pour le royaume cl pour les îles qui en dépendent. G’est l’année la plus faible de la dernière période décennale. Voici d’ailleurs le tableau des dix dernières années antérieures à 1 poo, tel qu’il a été dressé d’après les évaluations oflicielles :
- OliAiVrlTES.
- VA LE LUS.
- ocqucs. francs.
- 1890 ...................................... 101,700,000 28/176,000
- 1891 ................................... là 1,000,000 09/180,000
- 1892 ...................................... 122,800,000 34,384,000
- 1893 ...................................... i33,4oo,ooo 37,326,000
- 1894 ...................................... i5o,5oo,ooo Aa,iAo,ooo
- 1895 ...................................... i38,8oo,ooo 38,864,000
- 1896 ...................................... 129,000,000 36,120,000
- 1897 ....................................... 82,800,000 23,oA4,ooo
- 1898 ...................................... 129,000,000 36,i9o,ooo
- 1899 ....................................... 98,000,000 27/1^10,000
- Mo VEiX'iX E 1) É(J E N -X AI.E
- 122,650,000 34,342,000
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- Quoique la mesure officielle en Grèce soit la mesure française, en fait les estimations se font par ocque qui vaut t kilogr. *280.
- La réduction des ocques en hectolitres donne comme moyenne décennale une production de 1,569,9-20 hectolitres : on voit de combien le chiffre de 1900 est resté en dessous. Comme cause de la réduction, nous avons déjà signalé le mildew; il convient d’ajouter accessoirement la coulure.
- C’est pour parer à cet énorme déficit que le Gouvernement, peu de temps après les vendanges, autorisa les producteurs à employer à la fabrication des vins de toutes sortes les raisins secs provenant du prélèvement légal dénommé «la retenue» et déposés dans les magasins de la Banque viticole.
- En temps normal, ces stocks de raisins secs, dont le retrait du marché a pour objet d’empêcher l’avilissement des prix dus à la surproduction, ne peuvent être employés qu’à la fabrication de l’alcool ou de sirops dénommés «mistels».
- Par suite de cette décision, la direction de la Banque viticole espérait obtenir en même temps des prix plus élevés qu’à l’ordinaire pour le placement du stock de la «retenue» des raisins secs.
- On estime que 1,000 livres vénitiennes (la livre vénitienne vaut 0 kilogr. ^80) de raisins secs donnent environ 1,-200 ocques de vin à 10 degrés et on évalue les frais de fabrication à -20 drachmes par 1,000 livres vénitiennes.
- D’autre part, le produit de la retenue légale, constitué, comme on sait, par les raisins de la qualité la moins recherchée sur le marché, obtient d’ordinaire, pour l’allécta-tion à la fabrication dos alcools et des mistels, de 60 à 80 drachmes les 1,000 livres vénitiennes.
- En estimant à o dr. -20 par ocque le prix de vente du vin fabriqué avec ce raisin sec, les 1,000 livres vénitiennes ont dû fournir une quantité de vin représentant une valeur de aAo drachmes, et 011 présume, par suite, que les stocks provenant du prélèvement en nature ont pu atteindre le prix de -200 drachmes les 1,000 livres vénitiennes.
- L’industrie des raisins secs a pris du développement depuis 1896, époque à laquelle a été mis en vigueur le mode de perception de l’impôt en nature sur les raisins secs exportés.
- La récolte de cet article a été diminuée dans la même proportion que celle du vin et pour les mêmes causes. La quantité disponible pour l’exportation a été évaluée seulement à 5o,ooo tonnes, alors qu’elle s’élève en temps normal à 1 5o,ooo tonnes.Néanmoins, par suite d’une hausse considérable des raisins de Corinthe, les revenus fournis seront même supérieurs de 5oo,ooo livres sterling au revenu de l’année dernière, qui a atteint 2 millions de livres sterling. En c<§ qui concerne le commerce des raisins en Grèce, les transactions ont été relativement limitées. Cependant les stocks sont à peu près épuisés et les cours atteignent de 65o à 700 diaclimes les /180 kilogrammes, soit, en tenant compte du change, de A35 à A69 francs les A80 kilogrammes. Pendant le dernier semestre de l’année'1900 la Grèce a exporté A A,3^3 tonnes, contre 76,695 tonnes pendant la période correspondante de 1899
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- La Grèce avait réuni à l’Exposition une belle collection de ses divers produits vinicoles. Des vins de liqueur ont été particulièrement remarqués, ainsi que des vins blancs assez fins, mais ils ont souvent un peu trop de chaleur, ils manquent de cette fraîcheur qui plaît tant au goût français.
- Les Santorin doux et secs, les vins de Patras et de Corfou ont été particulièrement prisés.
- Certains vins rouges ont une belle couleur, mais ils sont un peu durs et âpres.
- Néanmoins, l’exposition grecque a eu un réel succès. Elle comptait y fi concurrents ayant présenté 197 échantillons. Elle a remporté les récompenses suivantes : 3 grands prix, C) médailles d’or, 95 médailles d’argent, 11 médailles de bronze et 8 mentions honorables.
- HONGRIE.
- La Hongrie avait, à la Galerie des Machines, une exposition vinicole brillante et instructive. Son pavillon octogonal était original et décoré suivant les coutumes locales. Quatre côtés non consécutifs de l’octogone étaient occupés par des panoramas qui représentaient les principales régions viticoles, notamment Menés, Moar, Porsony, Tokay, la Transylvanie. Un autre côté, qui pouvait être considéré comme le fond du pavillon, était tapissé d’une carte viticole de la Hongrie montrant ses trois districts d’inspection générale divisés en vingt-sept districts d’inspection, ses écoles nationales, ses écoles privées de vignerons, son dépôt national de sulfure de carbone.
- Le Ministère de l’agriculture et les institutions viticoles exposaient des cartes, des tableaux graphiques, les plans de la cave modèle de Budapest. Le docteur Kosütany présentait des photographies donnant les résultats de ses études microscopiques sur le raisin, le vin et l’anatomie de la vigne. M. Kovessy exposait les cépages américains répandus dans son pays. MM. Linhardt et Kosütany groupaient dans une brillante exposition œnologique des descriptions très intéressantes de l’outillage et de la vinification. M. Festette avait envoyé les tables de la culture qu’il a peintes d’après Enjelbrecht. Ce travail est très remarquable, et en le parcourant on apprend toutes les mœurs viticoles de la Hongrie; il serait à souhaiter que des tables analogues fussent faites dans toutes les régions agricoles. Le peintre Néogrady montrait les aquarelles des cépages qui enrichissent sa patrie. Enfin, au centre de la salle et sur les côtés, des bouteilles présentaient les vins de grande consommation blancs et rouges de Badacsony, Neszmely, Ermelleck, Menés, Magyarad;les vins fins, issus de sols rocailleux, de Sombyo, Tokay, Badacsathy ; les vins de dessert de Szamorodni, de Ménès, d’Orad.
- La Hongrie a donné les chiffres moyens suivants pour les dix années 1 8qo-i 8qq :
- QUANTITÉS. VALEüIIS.
- hectolitres. francs.
- 1,706,480 54,94i,5o5
- 876,433 17,443,607 i,8i5,ios //
- 766,760 30,699,998
- Production. . . , yjns 1 Importation.. . Consommation. Exportation.. .
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Avant l’année 1890, la récolte du vin en Hongrie a atteint G millions d’hectolitres en moyenne par an. La forte diminution qui s’accuse à partir de 1891 (988,878 hectolitres récoltés dans l’année 1892) est due aux ravages du phylloxéra. Dans les dernières années la reconstitution des vignobles détruits a pris une telle proportion qu’on peut s’attendre pour les prochaines années à des récoltes très considérables.
- Voici le tableau détaillé de la production des vins en Hongrie, depuis 1 885 :
- hectolitres.
- 1885 ................... 6,619,585
- 1886 ...................... 5,525,617
- 1887 ...................... 6,234,864
- 1888 ...................... 4,997,936
- 1889 ...................... 5,139,979
- 1890 ...................... 3,376,812
- 1891 ...................... i,48i,244
- 1892 ........................ 983,378
- hectolitres.
- 1893 ...................... 1,110,212
- 1894 ...................... 1,607,711
- 1895 ...................... 2,191,359
- 1896 ...................... 1,571,723
- 1897 ...................... 1,307,823
- 1898 ...................... 1,304,749
- 1899 ........................ 950,000
- 1900 ..................... 1,9.50,000
- La Hongrie avait soumis au Jury une belle collection de vins blancs et quelques produits rouges et rosés ou schiller. Les vins blancs les plus renommés sont ceux du lac Ralaton, dont les principaux types sont le Somlau et le Badacson ; ceux del’Ermellek, de Grosswardein, de Magyarad, de Transylvanie; ceux des provinces du Nord et ceux de l’Hegyalja. Les vins rouges les mieux classés sont ceux de Vilanyi, de Bude, d’Erlau, de Gyongy et de Visonta. Les vins de Tokai, de Menés, de Sarlovitzer sont doux et sucrés. Les régions de Presbourg et d’OEdenbourg produisent aussi des vins blancs et des vins rouges. Signalons encore quelques vins mousseux et des eaux-de-vie.
- La Croatie-Slavonie a quelques types de vins assez durs et des mousseux sans grand cachet.
- Le climat particulièrement favorable de la Hongrie la place en bon rang parmi les pays vinicoles. La superficie de ses vignes, avant l’invasion du phylloxéra, était de 2 5o,ooo hectares, et sa récolte annuelle s’élevait à 5,2 5o,000 hectolitres.
- Les Romains avaient déjà reconnu les conditions particulièrement favorables que présente la Hongrie pour la culture de la vigne, et ce sont eux qui en jetèrent les bases dans la Pannonie. Dans la Dacie aussi, il existait dans l’antiquité une viticulture florissante et, lors de la conquête du pays, on trouva dans la plupart des contrées des vignobles prospères, dont on continua la culture sous la direction de missionnaires venus d’Italie. Les années tumultueuses du moyen âge et les ravages des Turcs arrêtèrent souvent la culture de la vigne, mais pendant les périodes de paix les pampres des coteaux florissaient de plus belle.
- La renommée des vins de Hongrie allait loin à l’étranger, et en 1662, au Concile de Trente, Georges Draskovics, évêque de Pécs, ayant offert au pape du vin de Tallya, celui-ci le déclara un nectar supérieur à tout autre vin et s’écria : et Summum Pontijïcem Taha vina clecent. 11
- Le phylloxéra a porté un coup terrible à la viticulture. Les sacrifices que cette
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- VINS ET EAIJX-DE-VTE DE VIN.
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- catastrophe a imposés ont été considérables, mais la culture sort triomphante de cette lutte et la reconstitution avance vigoureusement sur toute la ligne, partie au moyen de greffes de cépages américains, là où les conditions du sol le permettent, partie au moyen du sulfurage avec les espèces indigènes, partie enfin par la plantation, actuellement dans de grandes proportions, des terrains sablonneux.
- En général, on consacre à la culture de la vigne les collines et le contrefort des montagnes. Dans les régions du centre, du midi et meme du nord-est, les flancs des montagnes jusqu’à une altitude de 3oo mètres, sont prescpie partout couverts de vignes et produisent des vins généreux et d’un délicat arôme ; le climat, la situation, la sélection des espèces et la culture exercent sur la qualité de ces vins une influence favorable. Les sols de roches éruptives jouent , à ce point de vue, un rôle de première importance, comme le prouvent les vins incomparables de Tokaj, de Badacsony et de Somlyo, mais les autres terrains rocheux et les alluvions ne laissent rien à désirer non plus.
- Les contrées de plaines, avec leurs raisins de sable ou de jardins, produisent plutôt du vin de grande consommation et leurs vins blancs et rouges (clairette) sont des vins de table légers et très agréables.
- La Hongrie peut se diviser, selon le caractère des vins, en vingt-deux contrées. En première ligne figurent les côtes de Tokai qui produisent le vin de liqueur si universellement connu et réputé, d’une qualité incomparable, auquel son arôme exquis, sa douceur, son haut, degré d’alcool, ses propriétés curatives dues à sa teneur en acide phosphorique et surtout à la parfaite harmonie de ses éléments, ont valu la dénomination de «roi des vins». Le Jury en a dégusté une nombreuse et admirable collection. Le vin de liqueur de Tokai est produit principalement par le Furmint qui, par une saison favorable, ayant atteint sa maturité dans la première moitié d’octobre et laissé sur le cep, commence à se flétrir, à se rider, et est cueilli à fin d’octobre; les grains choisis pour faire du vin de liqueur sont versés dans une cuve munie à sa base d’un petit robinet ; sous sa propre pression le raisin laisse écouler un jus sirupeux, qui, ayant fermenté plusieurs années, se transforme en un breuvage qui plonge dans l’extase tous ceux qui y goûtent. Le vin de liqueur proprement dit est obtenu par le mélange des grains choisis restés dans la cuve avec le moût de grains non choisis, et selon le nombre de «puttons» (brante, environ i 5 litres) de raisins mélangés à un tonneau de Goncz de i3o litres de moût ordinaire, on obtient du vin de liqueur à î, 9, 3, h, 5 «puttons».
- Dans les années où il ne s’est pas formé suffisamment de grains à «asszu », on ne les recueille pas séparément, mais simplement; en même temps que les grains non flétris et l’on produit alors le vin dit «szamorodni», un vin de dessert., sec, excellent et excessivement fort.
- On produit encore des vins de liqueur, en proportions moindres, dans les vignobles de Ruszt-Sopron et dans quelques vignobles de Transylvanie; sur les côtes d’Arad, le «Kadarka» donne le vin de liqueur rouge de Menés, que Schwartner a comparé au nectar d’Homère et dont l’agréable goût de girofle et l’arome exquis ont donné lieu à l’axiome populaire : « Du Tokai pour les impotents, du Menés pour les bien portants. »
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Au rang des vignobles de premier ordre, nous trouvons encore : Badacsony, Somlyo, Neszmély, Ermellek, Mènes-Alagyarad et la Transylvanie avec leurs vins de bouteille ardents et pleins d’arome; puis Eger Szegszard, Mènes et Villany avec leurs excellents vins rouges; le Mènes, entre autres, par son bouquet et sa belle couleur est considéré comme le premier vin rouge du pays.
- La viticulture représentant, pour la Hongrie, un intérêt de première importance, le'Ministre de l'agriculture lui a consacré, dans son budget pour 1900, une somme dp 9,098,390 couronnes.
- L’enseignement technique est exercé par un cours supérieur de viticulture et d’œnologie et par huit écoles de vignerons ; en outre, de nombreux cours pour ouvriers vignerons, des cours temporaires de greffe, de taille et des cours d’hiver propagent les nouvelles connaissances scientifiques et pratiques intéressant la culture de la vigne ; enfin une «Station d’essais viticoles??, qui vient d’être créée à Budapest, a pour tâche principale d’élucider les questions non résolues encore qui se présentent dans le domaine de la viticulture.
- Cinquante-trois pépinières de cépages américains livrent les greffes et les boutures nécessaires à la reconstitution, et le clos Miklos à Kecskemèt (900 arpents cadastraux) donne l’exemple de la culture sur sable.
- A côté de nombreuses autres dispositions bienfaisantes, la loi V de 1896a assuré au Ministère de l’agriculture les moyens de procurer à la viticulture une somme de 00 millions de couronnes; c’est la Banque hongroise agraire et de rentes qui consent aux propriétaires des vignes ravagées par le phylloxéra les prêts nécessaires pour la reconstitution de leurs vignes.
- Les bureaux du Ministère royal hongrois de l’agriculture et les institutions ayant pour objet la viticulture ont exposé, comme nous l’avons dit, une collection imposante et très instructive de cartes, de tableaux graphiques et d’autres documents.
- Les viticulteurs austro-hongrois veulent protéger leur vignoble, en voie de reconstitution, contre l’importation des vins. C’est l’Italie qui a profité de la pénurie des récoltes de TAutriche-Hongrie en envoyant dans ce pays de fortes quantités sous le bénéfice d’un traitement douanier de faveur.
- Les Chambres de commerce des régions viticoles d’Autriche-Hongrie ont été invitées par la Chambre de commerce de Vienne à adresser au Gouvernement austro-hongrois un projet de tarif général de douane et de tarif conventionnel devant être appliqué à l’expiration du traité avec l’Italie. Les Chambres intéressées ont proposé des droits en augmentation sur les droits actuels. Le rapporteur de la commission de viticulture a conclu que, lors du renouvellement des traités de commerce, on maintienne pour les vins de tous pays le droit actuel du tarif général, qui est de 90 florins or, soit 5o francs par hectolitre. Or les vins italiens ne payent que 8 francs. Ce serait pour eux une augmentation de Aq francs par hectolitre. Toutefois, si le Gouvernement austro-hongrois était dans l’impossibilité d’agir ainsi envers l’Italie, le droit pour une quantité déterminée de vins destinés aux coupages ne serait, en aucun cas, pour l’Italie, inférieur à
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- 1 2 florins, soit 3o francs par hectolitre. Nul autre État ne pourrait réclamer un traitement de faveur en excipant du titre d’Etat soumis au régime de la nation la plus favorisée. Si, en favorisant ainsi l’Italie, on ne pouvait pas exclure les autres États de ce régime spécial, il faudrait appliquer à l’Italie elle-même le droit de 20 florins, soit 5 0 francs.
- D’ici iqo3, époque à laquelle expire le traité qui nous occupe, la France devra agir afin d’obtenir le traitement de la nation la plus favorisée.
- Cent soixante-quatre exposants hongrois avaient envoyé à Paris, en îqoo, environ G20 échantillons. Ceux-ci ont obtenu 2 grands prix, 16 médailles d’or, h 2 d’argent, 3 e de bronze et 20 mentions honorables.
- ITALIE.
- L’Italie a présenté une certaine quantité de vins de liqueur et quelques vins secs de qualités diverses. En fait de vins de luxe, citons le Marsala, dont la saveur et l’arome rappellent le Xérès; le Lacrvma Chrisli, d’une finesse exquise; le délicieux Zucco; le Malvoisie; le Vernaccia. Au-dessus de tous les vins rouges secs, on place le Chianti di Brolio, qui a de la délicatesse, du parfum et de la fraîcheur; d’autres Chianti viennent ensuite, ils se rapprochent du premier sans en avoir la finesse. Notons encore le vin cl’Asti, le Grignolino, le Barolo, le Nebbiolo, etc.; les produits riches et corsés de Bari, de Barletta, etc.; et ceux de Sicile, les Scoglielti, qui sont aussi forts en couleur et servent dans les coupages. Au nombre des vins blancs signalons les Capri.
- L’Italie arrive à produire aujourd’hui près de 3o millions d’hectolitres.
- Voici les chiffres moyens pour l’Italie dans les dix années 1 890-99 :
- QUANTITÉS. VALEURS,
- hectolitres. francs.
- Production............................... 00,289,666 817,820,982
- Importation.................................. 77,769 2,099,760
- Consommation ............................ 28/127,349 767,538,822
- Exportation............................... 1,940,086 52,882,822
- Les chiffres de la production sont pris dans la statistique des produits agricoles publiée par le Ministère de l’agriculture d’Italie, et ceux de Y importation et de Yexportation dans la statistique publiée par la Direction générale des douanes italiennes. Les chiffres de la consommation sont établis par l’addition de la production et de l’importation, et en soustrayant du produit l’exportation. Les chiffres de la valeur sont établis chaque année par une commission spéciale qui siège au Ministère des finances. L’exportation des vins italiens donne les chiffres suivants pour les trois dernières années :
- 1897 ...................................................... 2,886,-876 liectol.
- 1898 ....................................................... 2,432,521
- 1899 ....................................................... 2,354,570
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Les résultats de la récolte de 1900 sont les suivants, par provinces et par compa-
- raison avec 1899:
- Piémont.....................
- Lombardie...................
- Vénétie.....................
- Ligurie.....................
- Emilie......................
- Marche et Ombrie............
- Toscane.....................
- Latium......................
- Méridionale Adriatique......
- Méridionale Méditerranéenne .
- Sicile......................
- Sardaigne...................
- Totaux
- 1899. 1900.
- hectolitres. hectolitres.
- 3,s5o,ooo 0,730,000
- 1 ,1 80,000 9,600,000
- 1,990,000 1,970,000
- 3i 0,000 33o,ooo
- 9,000,000 3,290,000
- 9,800,000 9,280,000
- 3,730,000 3,260,000
- 1,100,000 900,000
- 7,800,000 3,6oo,ooo
- 3,780,000 9,38o,ooo
- 6,46o,ooo 9,880,000
- 1,3oo,ooo 900,000
- 3îî,5oo,ooo 99,900,000
- dette quantité est fournie par une étendue vignoble de 3,ù6i,56i hectares, comprise dans une superficie géographique totale de 28,658,000 hectares que contient la péninsule tout entière, en y ajoutant la Sicile et la Sardaigne. En 1870, le vignoble italien ne comptait que 1,926,882 hectares ; ce chiffre est à peu près doublé aujourd’hui comme 011 le voit. C’est depuis cette date, en effet, que nos voisins d’au delà des Alpes ont fait les plus grands efforts pour donner de l’extension à leur viticulture. La France, envahie par le phylloxéra, menaçait de ne plus produire suffisamment pour les besoins de sa consommation et ceux de son commerce d’exportation. II y avait donc en perspective un bon rang à prendre parmi les pays producteurs de vin. C’est l’objectif constant où marcha l’Italie depuis ce jour. On pourra se convaincre des progrès réalisés en ce sens par la lecture du tableau suivant. On y donne les étendues vinicoles par région, chiffrées d’après des moyennes quinquennales depuis 1870 jusqu’en 1900.
- RÉGIONS. SUPERFICIE CULTIVÉE EN VIGNES ÉVALUÉE EN HECTAUES.
- 1870-187/1 1879-1883. 1890-189/.. 1896-1900.
- Piémont 117,809 265,697 245,643 267,585
- Lombardie 1^9,751 118,889 190,929 199,595
- Vénétie 962,987 392,190 621,695 628,3o5
- Ligurie 66,326 42,85o 52,699 53,829
- Émilie 168,662 628,268 692,126 696,606
- Marche ombrienne i58,6yo 292,137 358,128 367,019
- Toscane 221,623 36o,438 384,703 601,866
- Latium 63,996 io3,684 102,800 100,813
- Méridionale Adriatique 3oo,ooo 266,210 343,45g 346,161
- Méridionale Méditerranéenne 266,455 268,867 307,338 3i i,684
- Sicile 211,656 270,118 275,809 262,226
- Sardaigne 26,186 55,965 70,128 75,095
- Totaux 1,926,832 3,095,993 3,445,957 3,461,561
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- En 1879, était envahie à son tour par le phylloxéra. La présence de l’insecte
- était reconnue clans 3 communes et sur une superficie totale de 2 A h. 5o; en 1898 il y avait 356,726 h. 3o de contaminés, répartis entre 702 communes. Tout récemment le Ministère de l’agriculture et du commerce à Rome a consacré un numéro entier du Bulletin des notices agraires à la liste des communes phylloxérées ou suspectes cl’infection phylloxérique, à la date du 31 décembre 1900, et du territoire desquelles il est interdit d’exporter toute espèce de végétaux. Cette liste comprend 95Ai communes réparties entre 35 provinces. C’est en Lombardie que le fléau sévit avec le plus d’intensité (iq5 communes), ainsi que dans les provinces napolitaines (i3o), la Sicile (32 3) et en Sardaigne ( 1 02). A ce jour on compte en Italie près de 600,000 hectares infectés, soit le huitième du vignoble. Les explorations sont faites par les délégués du Ministre de l’agriculture ainsi que par les inspecteurs provinciaux. Les différents comices agricoles et sociétés viticoles ont aussi, de leur côté, pris une part active à la recherche des foyers d’infection. En ce qui concerne la province de Florence, la situation qui, en 1898, semblait s’être améliorée, se trouve au contraire notablement aggravée par la découverte de nouveaux centres d’infection dens les communes de S. Croce, Fucecchio, S. Maria à Monte, San Miniato et Vinci. En effet, on a relevé dans ces communes 86 nouveaux foyers avec un nombre total de vignes atteintes de 18,961. La situation est rendue encore plus alarmante par le voisinage de la province de Pise où la lutte contre le phylloxéra a dû être abandonnée, les propriétaires bornant désormais leurs efforts à la reconstitution des vignobles au moyen de vignes américaines.
- Dans la province d’Arezzo, 32 nouveaux foyers d’infection ont été découverts sur le territoire des communes de Subbiano, Arezzo, Capolona et Givitella, avec un total de 588 ceps atteints. En général, la maladie s’étend lentement dans cette province, à cause du système de culture mixte qui y est adopté.
- La plus grande partie' du territoire de l’Emilie continue à rester indemne. Dans les provinces de Bologne et de Ravenne on a découvert quelques petits foyers d’infection et 800 pieds de vigne ont été détruits. Dans les provinces de Pezaro et d’Ancone le phylloxéra n’a pas encore fait son apparition.
- L’inspection phylloxérique qui vient de se terminer en Sardaigne pour l’année 1900 s’est uniquement portée sur le territoire de la province de Cagliari, car celle de Sassari, complètement infectée , ne peut plus être défendue. La découverte faite chaque année de nouvelles taches phylloxériques indique que si la marche du fléau s’est un peu ralentie dans l’île, elle n’est pas arrêtée, et il est à craindre qu’avant longtemps la Sardaigne ne soit entièrement infectée.
- Les diverses méthodes usitées pour combattre le fléau ont été employées : destruction des vignobles phylloxérés, traitement au sulfure de carbone et par la submersion, introduction des vignes américaines. Elles ont donné des résultats divers suivant les régions. C’est ainsi que la méthode destructive a donné de bons résultats dans la Toscane, les Marches, l’Ombrie,le Latium, la Ligurie, la Lombardie, tandis qu’en Sicile, en Sardaigne, dans l’île d’Elbe, dans la Calabre, la même méthode échouait complètement.
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- Mais le procédé est coûteux. Il en est de même du traitement par submersion et par l’emploi du sulfure de carbone, qui reste nécessairement d’un emploi limité. C’est par l’introduction des plants américains, suivant l’exemple de la France, que l’Italie compte sauver son vignoble. A cet effet, des crédits toujours plus considérables sont accordés au Ministère de l’agriculture pour lutter contre le fléau. Ces crédits ont passé de 60,000 à 600,000 francs.
- Les autres maladies contre lesquelles le vigneron italien a régulièrement à lutter tous les ans sont :
- Le mildew ou peronospora, qui n’est pas toujours suffisamment combattu partout. Certaines années les ravages causés par ce parasite ont été fort considérables. Dans les plaines surtout les vignes trop négligées aoûtent mal leur bois, ce qui entraîne quelquefois de fortes diminutions de récoltes;
- L’oïdium dont les dommages ont été assez souvent sérieux par suite de la négligence apportée dans les soufrages;
- La cochylis cpii détermine parfois la pourriture. Dans beaucoup de régions, aucun remède pratique n’a été appliqué jusqu’ici contre cet insecte qui commence à préoccuper sérieusement les viticulteurs.
- Le blackrot qui sévit dans quelques centres.
- Les vins ont laissé longtemps à désirer sous beaucoup de rapports. Mais on a fait de grands progrès et, maintenant, l’Italie est à même d’offrir des types bien vinifiés, bien neutres, droits de goût et parfaitement uniformes.
- La province de Cuneo comprend plusieurs districts bons producteurs. Ceux de Cuneo et Saluzzo fournissent des vins rouges de tables assez bons, quelques vins fins et le muscat blanc. Dans l’arrondissement de Mondovi, où prédomine le dolcetto, on trouve un vin de table fin bouqueté et de jolie couleur. L’arrondissement d’Albe contient les communes de Barolo, Serratunga et Barbareno. Ce sont le nêbbiolo et le barbero qui donnent les fines qualités.
- Dans la basse vallée du district d’Aoste, dans la province de Turin, on distingue un vin rouge léger, très bon pour la table. Parmi les vins de liqueur de cette provenance, on remarque un malvoisie blanc de Nus et un muscat d’Aoste. L’arrondissement de Pi-nerolo fournit surtout des vins de consommation peu colorés et peu acides ; ceux de l’arrondissement de Suza sont d’un plus beau rouge. L’arrondissement d’Ivrea possède un vin de bouteille fait avec le nêbbiolo, le neretto et l’erbaluce mélangés. Carema cultive à peu près exclusivement le nêbbiolo, cpii donne un vin de table et de bouteille. ALessolo, c’est le nêbbiolo et l’erbaluce pour vins rouges de table et vins blancs de bouteille. A Perosa et Machignano, la freisa et les neirani donnent un vin de table. A Caliera, l’erbaluce produit un vin de luxe, les neirani, les nebbioli et la freisa servent pour les vins rouges. A Chiaverano, les nebbioli et les neirani produisent un liquide léger et acide. A Barolo etBolengo, on trouve les nebbioli, les neirani et la freisa pour vins rouges recherchés par le commerce. A Palazza, Piverone et Viverone, ce sont des cépages blancs et noirs dont les produits sont meilleurs que les précédents. Settimo-Bot-
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- taro, avec ses erbaluce, a des vins de dessert. La bonarda prédomine à Borgo-Masino et dans les environs, avec la freisà; le vin de cette provenance est l’nn des seuls qui n’excède pas l’acidité normale.
- La province d’Alexandrie a des vins très colorés. Pecetto produit des vins se rapprochant du type barbera, Vlontecartello des vins de consommation, Valence des vins bons pour le coupage, mais de richesse alcoolique moyenne, de bonne conservation. L’arrondissement d’Asti est éminemment vinicole et a conquis une grande importance par son type spécial de barbera, universellement connu. Le muscat donne beaucoup dans toute la province: 1,000 kilogrammes de raisin fournissent y h 0 litres de vin dont yo5 de première qualité et 35 de deuxième. On prépare divers types de muscat : le moscato spumante, le moscato uso champagne; puis les muscats non mousseux; le sec (genre sautcrne), le passito, et le muscat pour \ermout. L’arrondissement de Casale fournit des vins courants fabriqués avec le barbera et le grignolino. L’arrondissement de Ror-lona fait grand commerce de raisins. Y prédominent : barbera, dolcetti, grignolino et moretlo. On y rencontre beaucoup de cépages français, principalement de la variété cabernet. On remarque surtout dans les parties hautes des vins blancs légers; 011 les vend aussitôt après les vendanges, encore troubles, d’oii leur nom de turbolini.
- Dans la province de Novarre, on distingue des vins lins pour la bouteille du type de
- raisin spanna.
- Dans la province de Pavie, les vins de consommation courante doivent être bus généralement dans l’année. Les vins d’au delà du Pô sont les plus remarquables.
- La province de Corne donne surtout des qualités faibles, peu colorées; on les coupe avec des vins du Midi et du Piémont.
- Le cépage ehiavennasca, genre nebbiolo, dans la province de Sondrio, produit les vins lins de Sassalia, de Grumelio, d’Inferno, de Martagna et de Grigioni. 11 y a beaucoup de sortes communes.
- Dans la province de Milan, l’oïdium a occasionné la perte d’une grande partie du vignoble; le cépage américain isabella y ligure à peu près seul; il donne un vin sans valeur. Seules, les collines de S. Colombano donnent encore un vin en renom, produit par le pignolo.
- La province de Bergame a de bons \ins de table, clairs et fruités, à Bosciate, Scanso et Predore; des produits robustes dans la vallée de Calepio.
- Dans la province de Brescia, le bergamino, le groppello, le trebbiano, la sebiava et le pigliano, d’origine ancienne, produisent par leur mélange un type de vin constant, de qualité plus ou moins réussie, selon que la maturité se fait plus ou moins
- Les vins de la province de Crémone sont souvent communs, acides, de faible degré; beaucoup peuvent servir pour les coupages à cause de leur couleur, la seule de leurs qualités appréciée par le commerce.
- Les hauteurs, dans la province de Mantoue, donnent de bons vins de table quand ils sont bien vinifiés ; la plaine est très productive en raisins de qualité inférieure.
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- A Soavc, dans la province de Verone, on rencontre le trebbiano pour vin blanc. Certaines localités, Negrar, Furaane et Grolla in Valpolicella, se prêtent à la production de vins fins.
- Dans la province deVicence, le cépage corbina fournit un vin âpre, de facile conservation. La marzeminia et la négrara, (pii se vinifient ensemble, donnent le inarze-mino, vin aimable. La durellaetla garganega produisent des vins blancs. Les meilleurs vins rouges sont sur les collines de Berici, à Cortoza et Castagnero. Le long du Bacchi-glione sont les bons vins de table; le long de TAstico les bons vins blancs appelés vins Torcolati ou de Breganze.
- Dans la province de Vénétie, on rencontre le raboso veronese et le raboso di piane. Le premier de ces cépages est le meilleur, son vin est plus alcoolique, moins coloré il est vrai, mais velouté, harmonieux; le vin du deuxième est très lâche en couleur et en acidité. Depuis quelques années on cultive dans cette région le pinot, le cabernet et le riesling italien.
- Les plaines de la province de Trévise sont plantées avec les deux sortes de raboso, mais les collines produisent un vin blanc commun, tiré du verdiso, et un vin blanc fin provenant du prosecco, du verdiso gentile et du bianchetto, ([lie Ton mélange à la récolte. A Conegliano, Ton rencontre un vin mousseux artificiel qui a quelque réputation.
- Dans la province d’Udine, on trouve le ribolle des collines de Buttrio et San Giovanni, le verduzzo de Ramandolo et les vins blancs de Ganera. Les vins de la plaine et de la rive droite du Tagliamento, parmi les rouges, offrent un type assez remarquable et constant. Trouvant en Italie même des prix rémunérateurs, ils ne sont pas exportés.
- Levin rouge-noir de la province de Bellune a de l’importance commerciale; le vin blanc a une qualité modeste.
- La province de Gênes a d’abord des vins blancs. Geux dits dette cinque terre sont célèbres; ils ont de l’alcool, ils sont de bon usage, assez fins, de couleur jaune d’or, aromatiques, recherchés par le commerce. Le Vermcnteno de Pietraligure est également très bon ; des types très fins sont offerts par la commune d’Accamo. On estime aussi les vins de Polcevera et des collines jusqu’à Pontedecimo; ils sont de couleur paille, de titre modéré et pleins de saveur. En montagne, les vins sont plus légers et plus jaunes, moins fins. Sur les collines les plus élevées, il y a des \ins alcooliques et parfumés. A noter ceux de Feglino, Murta et Rivarole-Ligure. Il y » des vins légers et acides à S.-Margherita Ligure, Rapallo, Sestrilevante, Ghiavari, etc. H y a aussi en ([nantité de petits vins acides, verts et de faible degré. Les vins cerise (cerasuoli) se font dans la partie basse vers le golfe de Spezzia, à Bruguato, Ricco, etc. Parmi les vins rouges, on note le brachetto d’Albenga, les vins de Pietraligure et Sarzana.
- La province de Porto-Maurizio présente des vins de couleur rosée ou rouge clair et des vins jaune pâle.
- La province de Plaisance donne des vins rouges de 10 à 1 y degrés, riches en matière colorante, mais de vinification assez négligée. 11 y a de bonnes qualités à Garpa-
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- neto, Castel-S-Giovanni, Fiorenzuala d’Arda, etc. Il y a aussi des vins blancs assez bons, à consommer rapidement.
- Ges vins de Panne sont divers comme types et servent à la consommation locale; un vin santo se produit à Soragna; il est en renom; il y a aussi un sauvignon réputé à Fe-lino.
- Dans la province de Reggio-Emilia, les vins blancs de Scandiano ont une certaine importance. Dans les communes de Fabbnco et de Rio se produit un excellent vin de Lambrusco; à Albinea, on trouve le lambrusco de Monterico.
- Le lambrusco de Sorbara', dans la province de Modène, est le plus renommé des vins de ce genre, il se distingue par un léger parfum de violette, sa finesse et une mousse rouge abondante; il titre de q à 1 a degrés d’alcool. A Carpi, à Campogalliano et àNovi il y a des vins de coupage faits avec le lambrusco salamino. Dans la région de Miran-dole prédominent les vins d’Uva d’oro, peu alcooliques et peu colorés. Les vins sont plus alcooliques sur les collines, ont plus de goût et de corps. Les vallées du Panaro et de la Secchia exportent pour la Suisse et l’Allemagne des bons vins blancs de prix modérés.
- L’œnologie a fait peu de progrès dans la province de Bologne. 11 y a pourtant de bons vins blancs et rouges de consommation, ayant un degré normal.
- Le vin de la province de Fer rare est plutôt âpre, acide, titrant g degrés en moyenne, peu coloré. Ce vin ne fait pas d’écume ou , pour être plus exact, la résorbe immédiatement.
- lai province de Ravenne a de l’importance. Le centre du commerce vinicole de la Ro-magne est Lugo, où se font en quantité les filtrali blanchi (filtrés blancs), qui sont achetés pour le coupage par les négociants lombards-vénitiens et piémontais. Un bon vin blanc sec de 10 degrés trouve son débouché en Suisse, en Allemagne et en Autriche-Hongrie; il provient généralement du trebbiano. La vigne blanche dite Alhana fournit des vins fins. Le raisin rouge le plus marchand est l’Uva d’oro, dont on fait les fltrati rossi (Ml rés rouges). La se trouve aussi la fameuse Canina de la Romagne qui se vend «à grand prix, d’un goût, tout à fait spécial.
- La province de Pesaro-Urbino produit quelques bons vins, non cuits et choisis. Sur les collines on imite le genre toscan. Il y a beaucoup de vins à boire immédiatement, peu alcooliques et avant de la saveur, peu de corps mais une belle couleur rubis. On trouve aussi des vins blancs fins de couleur paille ou légèrement verte, avec un petit bouquet et une saveur un peu amère assez agréable. Les vins cuits sont préférés par les ouvriers.
- Les vins blancs de la province d’Ancône sont généralement à base de verclicchio, Tun des meilleurs parmi les bons cépages des Marches. Aujourd’hui les vins sont crus en grande majorité, car la méthode de la cuisson des moûts est délaissée. Les produits des collines sont les plus renommés; ce sont des vins peu colorés, jaune paille, assez alcooliques et savoureux, agréables et parfumés; on cite le villefranche et le valmusone. Les vins rouges, de consommation directe, sont de vrais vins de table, principalement à base de sangiovese, mélangé à d’autres bonnes qualités rouges et blanches. Il y a aussi
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- les vins spéciaux de Balsamina, de Vernaccia et autres. Ce sont des liquides d’un beau rubis, ayant du corps et du degré, qui, par beaucoup de caractères, ressemblent aux produits toscans, tels le valmusone et le montesicuro.
- La province de Macerata donne des vins cuits. Un peu de vin blanc bien fait s’expédie en Autriche-Hongrie. Le terrain paraît favorable aux bons vins de table rouges et blancs.
- Le vin blanc prédomine dans la province d’Ascolei Piceno. La production des vins cuits et demi-cuits tend à diminuer. Les vins rouges ont le type toscan; ils ontun rouge grenat, de la saveur, du degré et sont agréables. On les range parmi les meilleurs produits des Alarcbes. Les blancs sont paillés, ont du degré et de la fraîcheur.
- Dans la province de Perugia on rencontre des vins blancs de plaine, de faible couleur jaune, ayant peu d’alcool et d’extrait, peu de parfum, de l’âpreté et de l’acidité; des vins de montagne, couleur verdâtre comme les vins du Rhin, pauvres d’alcool, mais d’une acidité qui plaît, de bonne conservation. Les meilleurs vins s’obtiennent sur les collines; ils sont jaune d’or, limpides, peu parfumés, mais francs de goût. Les vins cuits tendent à disparaître. A noter le vin d’Onieto, alcoolique, d’une douceur agréable, d’un or pâle, obtenu par fermentation incomplète de raisins bien murs. Todi produit un vin de dessert, provenant d’une vigne grecque. Les vins rouges sont bons, francs, sapides, ils vieillissent promptement. Quelques-uns rappellent le ebianti. Il y a des vins cerise à Ternano.
- La province de Lucque fournit des vins de table et de luxe; des vins blancs dans la vallée du Sercliio.
- Il y a de bons types de vins de table dans la province de Dise, qui se rapprochent du ebianti. Dans la Maremme, il y a des vins de coupage.
- Dans la province de Livourne on distingue les vins de l’ile d’Elbe. Les blancs sont très alcooliques, ont du corps et une belle couleur jaune. Les rouges sont moins alcooliques, mais riches en tanin, bouquetés et toniques; ils ont le genre bourgogne.
- La province de Florence exporte des vins de table. Les collines de la Grève, le long de la voie du Chianti, sont très bons, plus colorés et plus rudes que le ebianti; ils sont limpides et ont une couleur grenat, du parfum et de la saveur. Le vin de la Rullina, dans la vallée de Sieve, de Carmignano et de Pomino, est plus parfumé que le ebianti , a plus d’intensité colorante; il est plus austère et moins velouté. Il devient lin après quelques années de bouteille. Le carmignano, qui ressemble au rullina, a plus de saveur encore et de couleur. Le commerce le recherche beaucoup. Le pomino a plus de corps que le rullina. Les vins de Vinci et de Samontana sont les plus riches en alcool et en couleur de la province de Florence; ils s’exportent en grande partie par le port de Livourne. Beaucoup de vins légers dans les plaines. Peu de vins blancs, mais assez bons. Les vins blancs de Pomino sont remarquables; ils proviennent du pinot blanc et de la roussanne.
- Les vins de la province d’Arezzio sont, pour la plupart, des noirs communs destinés à la table. A Valdichiana, on produit le «bianco vergine».
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- Les vins de la province de Sienne sont des rouges de table; à Montalcino seulement se prépare le moscadello. Le sangioveto est le cépage dominant. Le vin de Chianti est généralement préparé avec 7 dixièmes de sangioveto, 2 dixièmes de canaiulo et 1 dixième de malvasia. Sont réputés le chianti de Biolo, le vin de Montefollonico, le vin noble de Montepulciano, le vin de San Biagio, le Montalbuccio des collines de Sienne.
- La province de Grossetto donne de bons vins de table, non inférieurs aux produits toscans, sauf le chianti. Les vins des collines de Scansano et Massa sont exquis, bien alcoolicjues, un peu parfumés, veloutés et savoureux. En plaine, les vins sont plus colorés, acides, assez alcoolicpies pour servir aux coupages, quelque peu saumâtres comme tous les produits de la Maremme toscane. Les vins blancs ressemblent à ceux du Latium, ils ont un degré modéré, une couleur jaune, ils sont agréables et frais. On estime beaucoup les vins du Mont Argentario et de Elle du Giglio, ressemblant à ceux de Elle d’Elbe, surtout les blancs. On réputé aussi le riminese de Port’Ercole et Eansonica de Elle du Giglio et de Porto Santo Stefano. Leur limpidité, leur degré, leur couleur ambrée, leur douceur et leur arôme font penser aux vins méridionaux.
- Dans la province de Borne, les vins blancs et rouges se divisent en secs et doux. Les secs sont limpides, brillants, sapides, alcooliques s’ils proviennent des vignobles bas; légers et acides, s’ils viennent des vignobles élevés. Les vins doux se prennent en dehors des repas. Il y a aussi des vins de dessert liquoreux.
- La province de Terramo donne des vins rouges de table, ayant de la fraîcheur, du corps, un titre peu élevé, un certain bouquet, une vive couleur rubis. Les vins cuits sont de moins en moins en faveur. Les vins blancs crus sont peu colorés, peu alcooliques, légers et pas très savoureux. H y a aussi des vins de coupage, de couleur grenat intense avec une mousse d’un rouge vif, de beaucoup de corps et assez alcooliques.
- Dans la province de Gliieti, on trouve des vins rouges de table non cuits, fermentés avec les vinasses, bons par l’harmonie de leurs éléments et la vinosité. Les vins blancs non cuits ne sont pas fermentés avec les vinasses; ils sont légers, peu alcooliques, savoureux, mais de peu de tenue. La faveur des vins cuits diminue chaque jour. Sur le littoral on rencontre de bons vins de coupage. Le mélange des raisins noirs et blancs donne des vins cerise.
- La province d’Aquila fournit des vins cuits et des rouges crus. Le commerce y trouve aussi des vins de coupage noirs, ayant les caractères du barbera.
- La vinification est arriérée dans la province de Campobasso. Quelques communes fournissent du bon vin blanc.
- Les vins de coupage de la province de Foggia sont très alcooliques, riches en matière colorante et en extrait. Les vins blancs pour l’exportation sont jaune paille, limpides, savoureux, d’un goût franc et titrent 12 degrés.
- Dans la province de Bari, on remarque le barletta, qui parfois titre jusqu’à i5 degrés, dont la matière extractive s’élève jusqu’à 3o ou 5o p. 1000, d’une fraîcheur et d’un moelleux très marqués. Il y a aussi des vins blancs.
- Les sortes de raisins et les types de vins sont très variés dans la province de Lecce;
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- les terrains sont très divers aussi. Les terres marécageuses, noires, profondes et fertiles, fournissent des produits très colorés et très alcooliques, mais avec tendance à la douceur, avec peu d’acidité. Les terres rouges et calcaires par excellence fournissent des vins secs, très limpides, contenant une forte proportion de fer. Les terres sableuses produisent des vins secs, de peu de force et de couleur. Tous ces vins portent généralement le nom de galipoli. Les acheteurs de raisins se dirigent plus spécialement vers Galipoli, Alezio, Nardo, San Nicola, Galatone, communes situées sur la voie ferrée. On recherche les raisins de Casarano, Alezio, Matino, Parabita et les moûts de Melissano, Racale, Ugento, Taviano.
- Dans la province de Caserta, on trouve à Sessa et Gaeta de bons vins lins de table, avec les meilleurs raisins; à Sessa et Formia, des vins blancs excellents. La fanghina donne un vin liquoreux. On réputé Tasprinio d’Aversa, de couleur paillée, verdâtre, riche cTacide, titrant 5 à 6 degrés d’alcool; très agréable comme boisson d’été. Il devient aisément mousseux. A Piedimonte on récolte un vin robuste et alcoolique, le pal— lagrello, pour la table ou pour le coupage. Il y a des vins fins à Atina et Cassino.
- 11 y a dans la province de Naples, aux Campi Flegrei, des vins de coupage, riches en couleur, tanin, alcool et extrait: le territoire de Gragnano offre de très bons vins de table, alcooliques, fournis en couleur et en extrait. Dans Pile d’ischia, on récolte du vin blanc très alcoolique, très parfumé, de couleur ambré clair. Les produits très colorés et rudes de la Tintora sont recherchés pour relever les liquides faibles. L’ile de Capri a de très bons vins blancs et rouges. Le premier, tiré des raisins « greco et fiano r> a un parfum délicat. La plage vésuvienne produit d’excellents vins rouges de table, sapides, de bonne conservation, à Ottajano et à Somma; des vins rouges excellents, légers, fins, à bouquet de violette, à Tore del Greco et à Boscotrecase. Là, se rencontrent aussi d’excellents vins blancs, plus alcooliques que les autres; parmi eux l’on remarque le lacrima christi, provenant du raisin greca délia Torre. Sur les versants méridional et oriental du Vésuve, se produisent beaucoup de «lambiccati ou filtrati» obtenus en arrêtant de la 9Ûe à la 36e heure la fermentation du moût par la filtration à la toile.
- Les vins de la province de Bénévent ressemblent beaucoup à ceux d’Avellino. Ce sont comme ceux-ci, soit des vins de coupage, soit des vins blancs un peu verdâtres.
- Dans la province de Salerne, le marché de S. Severino fournit des vins pour la consommation, titrant de g*à îo degrés d’alcool. Noceradei Pagani a des vins de 8 à 9 degrés. Salerne approche de 11 degrés; ce dernier vignoble a aussi des vins de coupage bien colorés de 12 à i3 degrés. Geuxde Forie sont surtout recherchés. Ponte Gagnano a des produits de 10 à 11 degrés.
- Dans la province de Gosenza, il y a des vins de coupage à Marzi, des muscats et des vins de table à Saracena. Ces derniers sont bons, parfumés et légèrement alcooliques. Le savuto vieux de Rogliano est renommé. Le provitaro de Bogliano est réputé parmi les blancs.
- Dans la province de Potenza, le district de Melfi, et plus spécialement la plage del Vulture qui comprend les communes de Rionero, Barde, Rapolla, Atella, Ripacandida,
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- a la plus grande importance vinicole. Les vins de cette provenance, connus sous le nom de rionero ou de barile, sont riches en tanin et en extrait, ont une teinte rouge grenat brillante, une écume rouge vif, un goût fin, frais, beaucoup de corps, de la saveur et un bon degré alcoolique. On trouve quelques vins de table moins forts en couleur et en extrait. H y a aussi en dehors de la plage del Vulture de bons produits à Marchito et Forenza. On obtient des vins cerise à Sanfele. Dans la circonscription de Potenza on récolte des vins de couleur vive, à écume rose, moins riches en extrait que les précédents, mais frais et de bon goût. Le vin de Ruoli est très bon. Les vins du district de Matera ressemblent au rionero.
- Les communes de Nicastro, de Sambiase et de Gizzeria, dans la province de Catanzaro, fournissent d’excellents vins de coupage.
- Dans la province de Reggio Calabria, parmi la quantité des vins insignifiants, ceux de Gioia et de Palmi ont le meilleur renom.
- Les régions de la partie occidentale de la Sicile, comprises dans la province de Païenne, produisent spécialement des vins blancs destinés à être exportés en Autriche, de couleur blanche, francs de goût et d’acidité normale. Sur le versant oriental au contraire, on fait des vins blancs et des vins rouges pour la consommation locale ou pour la capitale de File. Le cépage perricone nero donne des vins de coupage. Des vins de marsala se font dans les vignobles limitrophes de la province de Trapani. Comme crus on cite : Castel, Calalubo et Corvo.
- La province de Trapani comprend les communes importantes de Alcamo, Castella-mare del Golfo, Marsala, Mazzara, Gastelvetrano, Campobello. Là aussi abondent les vins blancs pour l’exportation en Autriche. Ajoutez des vins crus à l’usage des fabricants de marsala; des vins rouges, des «cerasoli» et des «ribollitew pour l’exportation, quelques rares vins fins de table. Tous les ans, les petits propriétaires s’engagent à fournir des quantités déterminées de moût aux négociants en vins de Marsala qui leur font des avances de fonds. Tout le monde connaît le marsala, vin foncé, sec, ayant quelque analogie avec le madère et le xérès, et dont l’amertume n’a rien de désagréable.
- La province de Gatane produit, en plaine, des vins de coupage et des vins de table en demi-montagne et en haute montagne. On y compte les importantes communes et marchés de Riposto, Picdeimonte, Mascali, Linguaglossa, Castiglione, etc., pour les vins rouges; Nicolosi, pour les blancs; Trecastagni, Pedara et autres sur le versant oriental de l’Etna pour les rouges et les blancs.
- La province de Syracuse a son importance et son originalité : sous le nom de pachino, le commerce comprend tous les vins des plaines de Noto, Avola et Pachino. Ils proviennent exclusivement du nerello d’Anolla et du calabrese; et leur vinification présente des difficultés à cause de l’inégale époque de maturité des cépages employés. Leur couleur est rouge grenat, avec une belle écume violacée, ce sont d’excellents vins de coupage, riches en alcool, ayant du corps et une saveur caractéristique. Le port de Gênes en reçoit beaucoup pour l’usage de la Ligurie, du Piémont et de la Lombardie.
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- On réserve le nom de vittoria aux produits de la vaste plaine comprise dans le territoire de Ghiaramonte, Comiso, Vittoria et Scoglitti. Dans le commerce, ils passent aussi sous le nom de Scoglitti, d’où ils sont expédiés. Ils viennent du frappato et du cala-Rrese. Ceux qui sont faits exclusivement avec ce dernier cépage (qui n’est pas celui de Syracuse) sont préférables. L’écume de tous ces vins se distingue des pachino en ce qu’elle n’a pas la teinte violette; ils n’en sont que plus recherchés. Ils ont du bouquet, une saveur caractéristique, une couleur rouge grenat, ils sont très alcooliques et corsés. Ils étaient autrefois bien appréciés en France. Aujourd’hui on les expédie vers Gènes et Naples.
- Le vin de Syracuse est renommé comme vin de coupage, surtout celui de la plage d’Isola. Il provient du calabrese et du ncro d’Isola. Encore plus alcoolique et plus coloré que les précédents, il contient, comme eux, du sucre indécomposé. Par sa couleur, sa constitution robuste, sa saveur et son parfum, il compte parmi les meilleurs de la Sicile. Il titre là degrés d’alcool et contient souvent 28 grammes d’extrait sec par litre.
- Les vins blancs sont produits, pour la plupart, par le cépage catarratto, auquel se joignent d’autres raisins en proportions variées dont une partie est destinée à la fabrication du marsala.
- L’albanello sec se tire des raisins de ce nom, mis en cuve aussitôt la cueillette; le doux s’obtient des memes raisins exposés huit jours sur des claies. Le premier ressemble au marsala, il a la couleur plus claire, moins d’alcool, une saveur moins tranchée.
- Le muscat de Syracuse a une saveur et un arôme exquis. Il est le produit du raisin blanc de Moscatell que Ton cultive plus ou moins dans tous les vignobles de la province. Le meilleur se fait sur le territoire de Syracuse, principalement à Isola, Fanusa, Santa Tresa et surtout sur les collines argilo-calcaires situées entre Syracuse et Fiori-dia. Le véritable muscat de Syracuse est très limpide, de couleur jaune doré, aimable et velouté, avec un joli parfum, il est très riche en matières extractives et en sucre.
- Les vins rosés proviennent du calabrese et du frappato. Les raisins se foulent aux pieds dans les fouloirs en maçonnerie; le moût, à mesure qu’il se produit, est entonné; le marc est pressé tout de suite, et le produit ajouté au premier moût. Les vins rosés ou schiller, ainsi produits, sont limpides et délicats d’un titre alcoolique normal, de goût franc.
- Dans la province de Messine, on remarque, pour les vins de coupage, la plaine de Milazzo avec la commune du meme nom, Santa Lucia, Filippo del Mêla et autres; pour les vins de table : Messine, Faro, Ganzieri. Les produits de Milazzo proviennent du cépage nocera d’un rouge grenat très chargé, avec une écume rouge, de T alcool, une acidité normale et beaucoup d’extrait. Les vins de Faro sont rubis, et, en vieillissant, font une bouteille. Le malvoisie de Lipari est connu pour sa couleur jaune doré, son parfum et son arôme exquis. Les vins de Salina sont lourds, rudes, riches en tanin, en couleur et arrivent parfois à titrer jusqu’à 18 degrés.
- La plaine deTerranuova dans la province de Caltanisetta fournit des vins de coupage
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- du même type que ceux de Vittoria, quoique plus ordinaires. On rencontre aussi des vins rosés faits avec des raisins noirs et des ceruasoli avec un mélange de blancs et de noirs.
- Le vignoble de la province de Girgenti manque d’unité. Il ne présente guère de types uniformes et bons pour le commerce. Une partie sert pour la fabrication du marsala.
- La province de Cagliari, en Sardaigne, est remarquable. Dans le district de Cagliari, il y a des vins ordinaires : le vin blanc del Campidano, alcoolique, jaune paille ou verdâtre; le rouge du même nom, de belle couleur, franc de goût, prenant du bouquet avec l’âge. Les vins de Villasalto et de San Vito font bien dans les coupages.
- Comme vins fins, à citer le malvoisie et le semidano, blancs, secs et doux; le muscat blanc, doux, riche en arôme et en saveur, jaune paille, parfois sirupeux; le nasco, plus suave; le malvoisie de Sinnai et de Quarto, sec, frais, légèrement acide.
- Parmi les vins d’Iglesias, il y en a qui, par leur rouge intense, font bien dans les coupages.
- Le malvoisie de Bosa titre de 1 h à 17 degrés d’alcool. La Vernaccia va jusqu’à 2 0 degrés h.
- Le district de Lanusei, en plaine et dans la vallée, produit de bons vins de coupage, très colorés, assez doux, d’écume rouge, titrant de 1 3 à 1 A degrés.
- Dans la province de Sassari, les vins de coupage ont une écume rouge vif; ils sont riches en extrait. Les vins de table des parties élevées ont une belle couleur rubis et du parfum.
- La crise du commerce des vins qui s’est manifestée en France par suite de la surproduction s’est également fait sentir dans le nord de l’Italie. La récolte excessivement abondante en Piémont, mais médiocre dans les provinces méridionales, en Sardaigne et en Sicile, a été au total, comme nous l’avons vu, de 28 à 3o millions d’hectolitres pour tout le royaume. Les producteurs piémontais, qui avaient encore en cave d’importantes provisions de l’année dernière, se demandent avec inquiétude comment ils écouleront leurs stocks, et la presse se fait lecho de leurs doléances.
- L’Italie, dont l’exportation a été en 1896 d’environ 1 million d’hectolitres dont 33,ooo ont été achetés par la France, appréhende la concurrence des vins français sur ses propres marchés. La France ayant obtenu, par la convention commerciale de 1899, le traitement de la nation la plus favorisée, ses vins, comme ceux de la Suisse, de l’Au-triche-Hongrie et de l’Allemagne, payent à l’entrée en Italie un droit de douane de 5 fr. 77 par hectolitre. Le droit que payent les vins italiens, de même que les vins espagnols, pour entrer en France est de 12 francs jusqu’à 12 degrés avec une augmentation de 2 fr. 20 pour chaque degré ou fraction de degré au-dessus. Pour que les vins d’Italie puissent être exportés en France et y faire concurrence aux vins français de 10 à 1 2 degrés d’alcool, on calcule, en tenant compte des dépenses de transports, de douane, de commission et des déchets, qu’il faudrait les vendre sur place à raison de 6 à 8 francs l’hectolitre; les propriétaires seraient ainsi bien loin de couvrir leurs frais.
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- L’exportation italienne pourrait être alimentée par les vins de coupage, tels cpie ceux de Bari, Barlctta, Lecce, Otrante, dans l’Italie méridionale adriaticpie; deRiposto, Sco-glietti, Vittoria et Pachino, en Sicile, et par ceux de Sardaigne et de Piémont; mais l’exportation des vins fins et des vins de table ordinaires sera toujours minime en France, en raison de la préférence que nous accordons à nos vins.
- L’Italie ne peut pas non plus, sur les marchés français, soutenir la concurrence des vins espagnols qui payent bien le même droit de douane que les vins italiens, mais cpii sont favorisés par le change.
- Le marché suisse est surtout alimenté par les vins français et espagnols (ces derniers, en 1899, ont fourni à ce pays 6o3,ooo hectolitres, alors que l’Italie ne lui en livrait que 348,ooo), et l’on estime que l’exportation italienne en Suisse ne dépassera guère cette année i5o,ooo hectolitres.
- L’Allemagne a accordé à l’Espagne, le 1er juillet 1899, le régime de la nation la plus favorisée et l’importation des vins espagnols dans l’empire allemand s’est élevée, en un an, de 71,000 à 121,000 hectolitres; dans le même temps, l’importation des vins italiens est descendue de 117,000 à 88,000 hectolitres.
- En Autriche-Hongrie, l’Italie envoie une certaine quantité de vins de coupage provenant de ses régions méridionales, mais pas de vins de table; leur préparation ne répondant pas au goût des consommateurs.
- Il faut également remarquer que la crise dont souffre le Piémont serait encore beaucoup plus grave si les provinces méridionales, la Sardaigne et la Sicile, avaient donné, cette année, leur contingent normal de production.
- Les remèdes qu’on propose à cette situation sont : i° suppression des droits d’octroi des villes, ce qui augmenterait la consommation intérieure; 20 loi favorisant la distillation des vins et des lies; 3° formation de caves coopératives, ce qui permettrait la vente en commun des produits au grand avantage des petits propriétaires.
- D’une façon générale, le Gouvernement italien emploie les moyens les plus divers pour faciliter le commerce du raisin et du vin. A citer la mulliplication des expositions vinicoles, des foires œnologiques, des marchés de raisins et de vins, les faveurs ou facilités accordées aux associations, aux cantines, aux syndicats formés en vue de la vente, aux distilleries coopératives ou autres; la fondation de stations œnotechniques, la constitution de chambres de commerce et d’agences commerciales italiennes à l’extérieur.
- Nous devons à l’extrême obligeance de M. le commandeur Pavoncelli, ancien ministre et député au Parlement italien, l’étude suivante. Fin lettré, véritable érudit, nourri de l’antiquité classique qui a illustré son pays, M. Pavoncelli écrit à la fois comme un œnologue et comme un fils de Virgile :
- L’Italie possède, plus que tout autre pays, un climat et un sol propres à la culture delà vigne. L’hiver y est doux; dans la partie méridionale, il est rare qu’il gèle ; dès les premières tiédeurs de mars, la température est telle que la végétation se développe régulièrement. Le seul ennemi de la vigne au midi est la sécheresse; mais, d’autre
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- part, la chaleur de Tété est tempérée par les vents marins. Jusqu’en décembre, les pampres verts, qui doivent leur couleur au soleil d’automne, réjouissent la campagne. Dans la partie septentrionale, ces avantages sont moins communs et moins accentués, mais là même, le vigneron a peu de chose à redouter du climat.
- L’Italie a porté le nom à’OEnotria et tout permet de croire et d’espérer que ce nom lui reviendra; ses collines, en effet, se prêtent merveilleusement à la culture des cépages, qui, seule, peut employer un grand nombre de bras condamnés à l’inertie sans la vigne et le verger de noble tradition italienne. Sur les 8,2 53 communes du royaume, y,202 cultivent la vigne; tous les districts en possèdent, moins ceux d’Agordo, Aurenzo et Siève del Cadore dont l’altitude s’y oppose. Cela fait que l’Italie, quoique la totalité de son territoire cultivable soit moitié seulement de celui de la France, est le second pays du monde pour la production du vin. Il sera même capable d’une production plus grande lorsque sa viticulture aura reçu les améliorations dont elle est susceptible.
- L’heureuse révolution qui a réalisé l’unité de direction de tant de provinces éparses trouva la culture de la vigne réduite aux besoins de la consommation de chaque Etat particulier. Entravé par d’insurmontables barrières douanières et par le manque de communications, le commerce des produits du sol et particulièrement du vin, impuissant à mettre en contact les diverses parties entre elles et avec l’extérieur, s’étendait rarement au delà des frontières régionales.
- Quelques hectares de vigne suffisaient à donner le vin selon les besoins locaux.
- C’est à la succession séculaire d’un tel ordre de choses qu’est due l’inévitable et nombreuse variété des cépages plantés en Italie ; ou du moins c’est à ce fait autant qu’à la configuration géographique spéciale de la péninsule que tient une si grande variété de types devin, différents l’un de l’autre par la composition et par la saveur, de vallée à vallée, de côte à côte.
- Avant la résurrection politique, il était fréquent de trouver, dans un même vignoble, ou dans les mêmes rangées de vignes, soit basses, soit en hautain, un mélange de vignes précoces et tardives, de raisins noirs, rouges et blancs, cultivés en promiscuité sans aucun choix rationnel. La vendange était faite sans distinction de produit et de maturité.
- Il est certain que dans la première période de la constitution du royaume cette production était à peu près négligée.
- Les conditions nouvelles faites à l’Italie activèrent le commerce et les échanges entre les diverses régions et stimulèrent l’énergie sommeillante. La culture de la terre en reçut de l’avantage en même temps qu’une impulsion progressive. La vigne fut particulièrement en honneur. Les procédés culturaux et la vinification furent améliorés. On peut dire que le nombre des ceps plantés tous les ans s’augmenta selon une progression géométrique. Ces cépages furent mieux choisis et adaptés aux conditions variées du climat et du sol. On en importa aussi de l’étranger et certaines de ces espèces, bien acclimatées et adaptées, produisirent de bons résultats.
- L’augmentation de la superficie assignée à la vigne fut sensible dans toute la région
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- des Alpes jusqu’à l’extrémité de la Sicile. Mais l’extension la plus grande fut dans la région méridionale adriatique, en Sicile et dans le Piémont; viennent ensuite les Marches, l’Ombrie, la Toscane, le Latium dont les progrès compensèrent les diminutions éprouvées en Vénétie, en Ligurie, en Emilie et portèrent la superficie totale cultivée en vignes de 1,927,000 hectares, qu’elle était dans la période de 1870-187/1, au chiffre de 3,167,000 dans la période de 1880-1883 et à 3,4 4 5,2 5 q hectares en 1890-189/1.
- L’Italie, qui autrefois consommait sa production vinicolc restreinte et de qualité parfois peu généreuse, exporte aujourd’hui des types divers (1k
- Voici quelques indications statistiques :
- ANNÉES. MOYENNE. IMPORTATION. EXPORTATION.
- — hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- 1870-187A .... 27,539,000 Il //
- 1879-1883 .... 36,760,000 n II
- 1890 .... 29,457,000 i4,48o 904,327
- 1891 .... 36,992,000 8,495 i,i58,54o
- 1892. .... 33,972,000 7,785 2,417,166
- 1893 .... 32,164,000 2 2,376 2,328,993
- 189à .... 25,817,000 55,619 1,911,987
- 1895 ... 24,246,000 104,223 1,675,023
- 1896 .... 28,600,000 12i,54o 1,609,070
- 1897. .... 28.35o,ooo 205,295 2,386,376
- 1898 .... 32,940,000 76,887 2,432,521
- 1899 .... 31,800,000 139,257 2,354,570
- Ce progrès sensible de la viticulture et de l’œnologie italiennes fut encouragé par la coopération habile et constante du Gouvernement, qui sut guider et stimuler l’initiative privée.
- Son action consista, d’une part, à rendre plus faciles les moyens de transports, à favoriser le commerce avec l’extérieur par des traités opportuns et, d’autre part, à patronner des concours, à décerner des récompenses, à fonder des écoles et des cours spéciaux. Citons: la Commission royale d’œnologie, constituée depuis l’Exposition universelle de Londres en 1862; la Commission centrale de viticulture et d’œnologie; les Commissions provinciales de viticulture et d’œnologie; les écoles œnologiques de Cone-gliano, d’Avellino, de Catane, d’Albe et de Cagliari; les cantines expérimentales de Barletta, de Riposto, de Noto et de Velietri ; la station œnologique d’Asti, les stations œnotechniques italiennes instituées à l’étranger et nommément à Zurich, à Berlin, à Trieste, à Fiume, à Buenos-Ayres, à New-York; les chaires ambulantes de viticulture et d’œnologie de Gattinara, de Rionero in Vulturi, Cupramontana, Campobasso, Cas-trovillari.
- Mille causes concomitantes secondèrent le mouvement, d’une intensité fébrile à la fin
- (l) Les principaux pays qui importent aujourd’hui la Suisse. l’Allemagne, l’ile de Malte, les pays afri-des vins italiens sont par ordre d’importance : l’Au- cains, la France, la Grande-Bretagne, l’Amérique
- triche-Hongrie, l’Amérique centrale et méridionale, septentrionale.
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- de 1887; la première entre tontes fut la pénible situation faite au vignoble français par l'invasion phylloxérique.
- Ensuite ce progrès fut entravé par le développement du peronospora, qui rendit plus coûteuse la production du vin, et qui, depuis 1888-1889 jusqu’à ce jour, sévit dans la péninsule avec plus ou moins de violence, bien qu’il soit combattu par tous les procédés scientifiques les plus rationnels et les plus éprouvés. Une autre cause d’arrêt, se trouve dans la longue crise commerciale, dans la mévente du vin due à l’instabilité des traités de commerce et enfin dans l’invasion croissante du phylloxéra. Il y a là un ensemble d’obstacles à de nouvelles et considérables plantations de vignes.
- Comme tous les pays où la vigne se cultive, l’Italie a sa triste histoire phylloxérique. Découvert en 1878 à Valmadrera en Lombardie, et reconnu en 1879 c^ans ^ro^s com~ mîmes sur une surface de 2A hectares environ, le fléau a poursuivi sa marche destructrice, malgré tous les efforts du Gouvernement, malgré tous les soins des associations agraires et des particuliers et ainsi, depuis vingt ans, date de son apparition, le chiffre des communes infectées s’est élevé à 816, avec une aire suspecte ou surveillée, ou abandonnée, de 350,948 hectares.
- En tenant compte de la rapidité de l’infection, on peut dire que c’est une chance que le dommage n’ait pas été plus considérable encore. Mais le Gouvernement ne se fatigue pas dans la lutte, soutenu par les propriétaires les plus directement intéressés.
- On a voté une loi, proposée par les députés des Pouilles, qui oblige toute commune à constituer un comité de défense contre le phylloxéra, chargé de veiller, par des visites attentives, à la découverte de foyers possibles d’infection et au trafic des plants, comme aussi de pourvoir à la constitution de pépinières de cépages américains, pour en expérimenter l’adaptation, et enfin d’instruire les viticulteurs qui appliquent toutes leurs ressources à leur vignoble, au moyen de conférences, de réunions et d’enseignements spéciaux.
- L’Etat a déjà fondé des pépinières de cépages américains à Palerme, à Milazzo, à Gatane, à Noto, à Nicastro, à Velletri, à Rome, à Portoferraio, à Macomer, à Asti, à Arizzano, à Porto-Maurizio et, en outre, il donne des subsides aux pépinières de toutes les écoles pratiques et spéciales d’agriculture. Tout récemment, il a établi une grande pépinière entourée d’un fossé de désinfection dans les îles de Tremiti, où Ton a employé les qualités de cépages que la pratique et l’expérience, tant en France qu’en Italie, ont reconnus les meilleurs pour être destinés en temps utile aux territoires encore indemnes de phylloxéra.
- Le Gouvernement 11’a pas dépensé moins de 11 millions de lires, dans ces dernières années, pour soutenir la lutte contre le fléau. A présent, les provinces formées en consortium apportent, elles aussi, de nouveaux fonds et de nouvelles forces. On peut espérer dorénavant que la marche du fléau s’est bien ralentie et qu’un sûr remède se trouve dans les espèces cultivées et dans les variétés de cépages américains existant dans le royaume.
- La production du vin est faible, si on la considère par rapport au nombre d’hectares
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- occupés par la vigne. Mais il ne faut pas perdre de vue que la majeure partie du vignoble italien est mise en œuvre par association de diverses cultures à celle de la vigne. Ici l’ormeau ou le peuplier l’accompagne pour lui permettre de se soutenir en hauteur, tandis que tout autour les céréales ou d’autres produits fournissent au vigneron un supplément de ressource, en même temps quelles donnent à la famille agricole l’occasion d’un travail suivi. Cet état de choses est, en tous cas, un effet des temps malheureux pendant lesquels l’agriculteur n’avait pas de moyens de communication.
- Alors l’agriculteur devait tirer d’une même terre tout ce qui était nécessaire à lui-même et aux siens, remplir toutes les conditions pour profiter d’un climat si variable, et récolter tout ce qu’il était obligé de fournir comme payement au citadin propriétaire du sol. C’est un usage ancien que conserve avec un soin religieux le viticulteur des régions moyennes et septentrionales de l’Italie. Dans les régions méridionales, c’est le figuier, le poirier, l’olivier que l’on marie plus volontiers à la vigne, quoique ce mariage ait pour conséquence de diminuer la durée d’existence de celle-ci. Qui sait si, dans les régions les plus méridionales, la rareté de la pluie ne nous enseigne pas à donner la préférence à l’olivier qui a besoin de peu d’eau, même sur la vigne à qui les pluies d’été sont si nécessaires pour donner une bonne récolte.
- La plus forte production fut obtenue en 1891, et elle est évaluée à 38 millions d’hectolitres, quoique la statistique officielle l’ait fixée au chiffre de 36 millions. La plus faible correspond à l’année i884 et est officiellement estimée 019 millions d’hectolitres. La dernière récolte, celle de 1900, sera marquée d’un point noir pour la viticulture de l’Italie méridionale; par suite, en effet, d’une invasion violente du peronospora, toutes les régions du midi de la péninsule furent réduites à un contingent restreint ou nul.
- Il n’est pas à croire, par conséquent, que l’amélioration viticole et œnologique, très notable selon ce qui a été dit, puisse répondre aux desiderata généraux et suffire à tout : il reste encore autre chose à faire,
- Dans beaucoup de districts viticoles, l’antique forme de culture purement régionale et encore immuable, par suite de conditions locales particulières, est la cause principale du grand nombre de types; d’où la grande difficulté de produire, je ne dirai pas le type unique, — ce qui est impossible ou à peu près, — mais un nombre restreint de types constants dans les principales régions. On ne peut dire jusqu’ici qu’en Italie l’œno-technie ait progressé autant que la viticulture ; elle a été cependant beaucoup améliorée, elle aussi.
- Parmi les produits italiens, on considère surtout les vins de coupage comme des plus importants; on les préfère, sous tous les rapports, aux qualités similaires d’origine portugaise, espagnole, grecque et turque, à cause de leur richesse alcoolique, de leur couleur, du degré élevé de leur matière extractive. A ces éléments, il faut ajouter un goût neutre et une fermentation parfaite.
- La Pouille, la Sicile, la Calabre, la Sardaigne et la Basilicate sont les régions qui produisent, en plus forte quantité, les vins de coupage.
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- On appelle de ce nom les vins qui joignent à une écume d’un rouge foncé plus ou moins vif un degré alcoolique qui n’est pas inférieur à i2°5 et qui, parfois, s’élève jusqu’à 16 degrés, et une proportion de matière extractive d’au moins 20 grammes par litre (quelques produits atteignent et dépassent i5o grammes). Ils contiennent aussi du glucose dans une proportion de 19 à 22 p. 1000.
- La Fouille tient le premier rang pour cette production; elle fournit un vin de coupage robuste, alcoolique et de couleur intense. Cela explique la faveur dont jouissent à l’étranger les vins de Barletta, Cerignola, S. Ferdinando, Corato, Trani, Andria, Brin-disi, Gallipoli, Tarente, concurremment aux qualités estimées de la côte calabraise et de la province de Messine.
- La Fouille, qui comprend les provinces de Foggia, de Bari et de Lecce, a su, mieux que les autres régions de la péninsule, profiter du nouvel ordre de choses; elle accrut et améliora sa production; ses vins ont figuré en bonne place sur les marchés nationaux et étrangers, et ils ont remporté un grand prix à l’Exposition universelle de 1900, prix décerné particulièrement à M. le baron Luciano Personk di Nardo, pour ses excellents vins de coupage de Lecce.
- Outre les vins rouges de coupage et de demi-coupage, qui ont fait connaître, non seulement par toute l’Italie, mais encore à l’étranger, les noms de Barletta, de Cerignola, de Lecce, de Gallipoli et du vin Primilivo, la Pouille produit encore d’excellents vins blancs légèrement colorés (couleur suc de limon), très limpides, parfumés et assez agréables au palais. Parmi ses types se fait remarquer le vin blanc de Sansevero, recherché spécialement par les négociants de l’Autriche et de la Hongrie.
- La Pouille produit en outre des vins rosés et des vins liquoreux assez estimés comme le Muscat, l’Aleatico, le Malvoisie et le Zagarese.
- Dans la Basilicate, qui est formée par la seule province de Potenza, on rencontre d’excellents vins de coupage fournis par le cépage d’Aglianico. Les vins de Rionero et deBarite, les deux communes les plus importantes de cette zone viticole, sont riches en tanin et en extrait. Ils ont une teinte rouge grenat, vive, beaucoup de corps, de la saveur et un bon degré alcoolique. La Basilicate donne encore des vins plus légers en couleur et en extrait, qui font aisément une excellente bouteille. Ajoutez un bon vin liquoreux très aromatique, connu généralement sous le nom d’Aleatico.
- La Calabre, qui embrasse les trois provinces de Catanzaro, de Gosenza et de Reggio de Calabre, produit de bons vins rouges de coupage, de demi-coupage et de table. Les plus célèbres sont les vins de coupage de Sambiase, de Nicastro et de Ciro, communément connus dans le commerce sous le nom de vins de S. Eufemia et de Gioia de Tauro. Dans cette région, il y a aussi de bons vins blancs, liquoreux principalement, parmi lesquels le Muscat, le Provitaro et le Greco di Gerace.
- Dans la Napolitaine et dans les diverses provinces méridionales du versant thyrré- ~ nien, telles que les provinces de Naples, de Salerne, d’Avellino, de Benevento et de Caserta, les vins ont été perfectionnés de manière à être bien accueillis, parce qu’ils répondent aux exigences des marchés.
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- La province de Naples est Tune des plus importantes par la variété de sa production vinaire. Des vins rouges de coupage qui s’obtiennent spécialement dans Tîle d’ischia, au Mont di Procida, sur le territoire de Pozzuoli et au pied du Vésuve, la gamme se déroule jusqu’aux vins de table blancs et rouges que Ton trouve surtout dans les îles d’ischia et de Gapri et dans la zone vésuvienne où le Lacryma Christi est des plus célèbres.
- On peut dire que la province de Caserte a la spécialité des vins de table. Ce sont les vins blancs renommés, légèrement verdâtres, tirés du cépage asprinio, qui pousse, marié à des arbres très élevés, dans le district d’Aversa; ce sont d’excellents vins de tables, robustes et alcooliques, qu’on rencontre principalement sur le territoire de Pie-dimonte d’Alèfe, et sur les côtes de la mer Thyrrénienne, à Formie, à Gaète et à Mon-dragone. C’est dans cette zone et plus précisément vers Falciano de Carinola qu’on croit trouver le fameux coteau Faustiano célébré comme le pays d’origine du meilleur salerne.
- On peut dire que les provinces d’Avellino, de Benevent et de Salerne produisent des types de vin de table, surtout de couleur rouge, très semblables entre eux, parce qu’ils ont le meme climat, le même sol et proviennent généralement d’un seul cépage : Taglia-nico. Ces qualités, connues dans le commerce sous les noms de Tauraso, Pannarano, Mercato S. Severino et Avellino, sont très recherchées, surtout des consommateurs de la Haute-Italie.
- Les deux régions des Abruzzes et du Molise sont formées des provinces d’Aquila, de Chieti, de Teramo et de Campobasso; grâce à l’exposition variée de leur terrain, puisque de la haute montagne elles descendent jusqu’au littoral de l’Adriatique, elles produisent des vins de nature variée. Bien quelles donnent une petite quantité de vins de coupage, leur principale production consiste en vins blancs et rouges de table. C’était, dans ces contrées, un ancien usage d’effectuer la concentration des moûts en les faisant bouillir dans de grands chaudrons de cuivre, ce qui favorisait l’évaporation d’une grande quantité d’eau contenue dans ces monts. Aujourd’hui, ces vins, appelés cuits, ont, pour ainsi dire, â peu près disparu du commerce. D’ailleurs, les vignerons des Abruzzes ont perfectionné leur vinification, et ils tirent du cépage prédominant, le montepulciano, de bons types de vins rouges suffisamment alcooliques et appréciés du commerce.
- Ce que nous venons d’écrire relativement aux Abruzzes s’applique aussi aux Marches, région qui comprend les provinces d’Ancone, de Macerata, d’Ascoli Piceno, de Pesaro et d’Urbino.
- La région ombrienne, formée de la seule province de Perugia, produit, en majeure partie, comme les précédentes, des vins blancs à base principale du cépage trebbiano. Le type le plus connu est le vin d’Orvieto, suffisamment alcoolique, d’une douceur agréable et d’une couleur jaune d’or pâle. On apprécie également les vins rouges ombriens tirés des deux cépages le sagrantino et le sangiovese.
- Le Latium donne exclusivement des vins de table blancs et rouges qui sont presque
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- tous consommés dans la ville de Rome. Ils ont un caractère tranché qui les fait aimer du consommateur romain. Les types peuvent se réduire à deux, comprenant des vins dits asciutli (secs) et des vins pastosi (doucereux). Un groupe de communes de la province de Rome, composé de Marino, Frascati, Grottaferrata, Albano, Castel Gandolfo, Ariccia, Genzano, Givita Lavinia, Zagarolo, Velletri et autres, forme les Castelli Romani dont le vin est le plus apprécié. Le cépage cesanese est la base des vins rouges; les cépages trebbiano jaune et trebbiano vert, la base des vins blancs de ce territoire.
- Ces dernières années, on a introduit avec succès, dans la province, des cépages étrangers et particulièrement le cabernet, le pinot, le sauvignon, le sémillon et le riesling. La preuve de cette réussite a été faite à l’Exposition universelle de Paris en i ()00, où le principal introducteur de ces cépages, M. le chevalier Giuseppe Balestra, a obtenu le grand prix pour ses vins.
- La Toscane est la région qui produit le type de vin rouge de table le mieux accueilli des consommateurs italiens et étrangers. Le chianti est un type de vin désormais connu partout. A la base de ce vin se trouve en majeure partie le cépage dit sangiovese, auquel s’ajoutent en moindre proportion le canaiolo, le mammolo, la malvasia et le trebbiano. La zone appelée Chianti va de la province de Florence à celle de Sienne et, plus précisément, s’étend de Radda jusque vers Grève, au Nord, et au Sud jusqu’à Sienne, Borolio et Gastellina. Logiquement on ne devrait donner le nom de chianti qu’aux produits de cette zone, mais généralement, dans le commerce, on appelle chianti les vins de table dans d’autres bonnes zones des provinces de Florence et de Sienne. Le type rufina est aussi un excellent vin de table qui s’obtient dans le district de Val-darno. Les provinces d’Arezzo, de Pise et de Lucque fournissent aussi de bons produits à la consommation directe. Les vins de la province de Grosseto et de l’îlc d’Elbe sont plus robustes et plus alcooliques. La première de ces régions arrive aussi à donner des vins de coupage; la seconde, de très bons vins de liqueur. La Toscane offre encore, quoique en petite quantité, d’excellents vins blancs, soit communs, soit fins. Sont réputés surtout les vins blancs vierges du val de Chiana.
- La région Emilienne est assez vaste, car elle comprend huit provinces : celles de Plaisance, Parme, Reggio Emilia, Modène, Ferrare, Bologne, Ravenne et Forli. Quant à la nature du produit vinicole, on peut la diviser en deux parties distinctes, l’une formée des penchants de l’Apennin et des collines qui en côtoient la base, et l’autre, à l’Est, comprenant la large plaine du Pô. Sur les hauteurs, il y a des vins rouges et blancs, en plaine, à peu près uniquement des vins rouges. Dans la portion la plus voisine de la mer, du côté de Ravenne, de Forli et à l’orient de Bologne, les vins blancs sont en bonne proportion.Les vins des côtes sont, en général, légèrement alcooliques, savoureux et de conservation; ceux de la plaine sont un peu plus ordinaires, avec moins d’intensité colorante et d’extrait. L’industrie œnologique, dans cette région, est en progrès constant. Parmi les types de vins les plus connus, Ton peut citer le sangiovese de Romagnc, les vins blancs de Lugo que donne le cépage Talbana, et les vins rouges de table des provinces de Reggio, de Modène et de Parme.
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- La région vénitienne, qui comprend les provinces de Verone, de Vicenee, d’Udine, de Trévise, de Venise et de Padoue, produit de très bons vins de table blancs et rouges. On en peut citer comme preuve le grand prix décerné à l’Exposition de 1 qoo aux comtes ConiNALDi, pour leurs vins récoltés sur les collines de Lispida, et provenant surtout des cépages cabernet et pinot. Sont aussi renommés les vins de Valpolicella, de Valpantcna et de la Rivera del Garda pour leur fondu et leur parfum. Ajoutons les produits du district de Conegliano et, plus particulièrement, le prosecco et le raboso.
- La Lombardie, quoi qu’elle n’offre pas un terrain très propre à la culture de la vigne pour des raisons d’ordre climatologique et tellurique à la fois, a cependant des vignobles dans toutes ses provinces. La seule province de Sandrio, plus connue sous le nom de Valtelline, a des conditions plus favorables à la viticulture. En fait, le commerce estime les vins delà Valtelline qui portent la marque de Sassella, Inferno et Grumello.
- Le Piémont est Tune des régions les plus viticoles de l’Italie; on y rencontre des types variés de vins de table, rouges et blancs, communs et fins, et même des vins doux. Parmi les types assez caractérisés, Ton peut citer : le barolo, le nebiolo, le gattinara, le dolcetto, le barbera, le ghemme, le grignolino et le muscat. Le barolo, le barbera et le muscat sont les plus répandus, et le premier jouit de la plus grande renommée. Ge vin généreux, austère et sec, a une belle couleur rubis et un bouquet délicat, et il est très recherché des fins gourmets, surtout quand il est vieux. Le muscat a beaucoup d’importance. Soit qu’on le consomme à l’état naturel comme vin doux, soit qu’on le transforme en vin mousseux selon la méthode champenoise et qu’on le livre au commerce sous le nom à'asti spumante. Ce produit est destiné à un bon avenir auprès du commerce international. Le muscat sert aussi de base à la préparation du vrai et typique vermout de Turin. Certains viticulteurs piémontais tirent, en outre, des vins fins de cépages français estimés qu’ils ont introduits dans leurs vignobles. Entre autres méritent d’être cités les frères Pinelli Gentile qui ont obtenu le grand prix à l’Exposition universelle.
- La Ligurie a peu d’importance au point de vue viticole, bien quelle ait de très beaux vignobles sur ses collines riantes baignées par la mer Thyrrénienne. Sont connus les vins blancs du Polcevera et ceux des Cinq-Terres, ainsi que les vins rouges fournis en général par le cépage dolcetto.
- La Sicile, la plus grande des îles de la Méditerranée, mérite le nom de véritable terre de Bacchus, car, dans chacune de ses six provinces, la vigne se cultive largement et y végète bien, grâce à un climat généralement sec et à une terre fertile. On peut dire sans exagération que tous les types de vin se trouvent en Sicile, depuis les vins légers de table, très sapides, de faible degré alcoolique et de couleur rubis clair, que fournissent les hautes collines, surtout aux alentours de TEtna, jusqu’aux vins de coupage très colorés de Milazzo, de Riposto et de Vittoria, et jusqu’aux vins de liqueur très connus, tels que le marsala, le muscat de Syracuse et le malvoisie de Lipari. Les vins blancs de TEtna et d’Alcamo sont surtout recherchés par le commerce international. Ils ont une couleur paillée caractéristique, tirant un peu au verdâtre, et ils acquièrent avec l’âge un parfum agréable. Le type de vin qui a la plus grande importance commerciale et qui
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- est Tune des gloires de l’œnologie sicilienne est le marsala, assez alcoolique pour rappeler les vins de Xérès et de Madère; il a une teinte jaunâtre un peu plus intense que le xérès; il est très limpide, et possède une saveur caractéristique et un parfum bien tranché. Le Jury de l’Exposition universelle de 1 900 a reconnu le mérite du marsala en accordant le grand prix à l’un de ses producteurs les plus importants, la maison Ingham Withakek et C'°.
- La Sardaigne, autre grande île du royaume d’Italie, a, elle aussi, une importance marquée pour sa production vinicole et pour la variété de ses types de vins. Sur les hauteurs de la partie centrale, dans la province de Cagliari, Ton trouve des vins légers, sapides, de couleur rouge rubis, ayant un parfum très agréable. Dans les Campidani 011 obtient des vins riches en alcool et corsés, pouvant servir soit à la consommation directe, soit aux coupages et aux demi-coupages. La Sardaigne possède, en outre, des vins blancs de très bonne qualité, secs pour la plupart, assez alcooliques, de conservation, limpides et de couleur paillée tendant au verdâtre.
- Il y a aussi en Sardaigne, mais en assez petite quantité, des vins de liqueur ou de dessert. Méritent une mention spéciale le vernaccia, le malvoisie et le muscat.
- L’augmentation de la consommation nationale, l’agglomération croissante dans les cités industrielles, l’amélioration du goût chez le consommateur, sont des causes occasionnelles qui donnent de l’activité aux transactions à l’intérieur du pays; en même temps (pie les rapports de plus en plus fréquents et le développement croissant de l’éducation commerciale du peuple favorisent les affaires avec l’extérieur.
- L’importation du vin de provenance étrangère est généralement peu considérable. Elle suit les fluctuations de la production vinicole de l’Italie, plus forte dans les années de faible rendement, elle diminue dans les années d’abondante récolte.
- En fait, pendant la période embrassant les vingt années comprises entre 1881 et 1 q00, on trouve dans l’importation des vins en cercles un minimum de 7,785 hectolitres en 1892 et un maximum de 312,000 hectolitres en 1885.
- Par contre, l’exportation qui, en 187A, atteignait seulement le chiffre de 2Û3,i2i hectolitres, monte en 1878 à 536,833, et parvient successivement à des chiffres élevés jusqu’à celui de 3,6o3,o8A hectolitres en 1887. La rupture des relations commerciales avec la France lui porta un coup. Mais la décadence fut bientôt suivie d’une reprise. Depuis 1892, en effet, le commerce de l’Italie avec tous les pays importateurs indistinctement suit une voie ascendante.
- En fait, pendant les neuf dernières années comprises entre 1892 et 1900, Texpor-lalion des vins italiens en cercles a oscillé entre un maximum de 2,h62,854 hectolitres en 1898 et un minimum de 1,609,070 hectolitres en 1896, et il présente, pendant tonte cette période, une moyenne'annuelle de 2,106,0.17 hectolitres.
- Il n’est pas douteux que l’Italie ne doive à la rupture de ses rapports commerciaux avec la France les grands progrès obtenus dans l’œnologie depuis lors : la diffusion des meilleurs procédés de vinification et l’amélioration de toutes les industries qui se rattachent à la production vinicole. Les cantines, les établissements œnologiques, la ton-
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- neiterie, en lin mot rien de ce qui a trait à la conservation du vin et aux moyens de transport ne laisse plus guère à désirer aujourd’hui. Sur plus d’un point, l’Italie fait concurrence aux nations viticoles les plus avancées, spécialement dans tout ce qui a trait au commerce d’outre-mer.
- On peut dire que l’Italie retire environ un milliard de lires de cette production de son sol, la deuxième par son importance après la soie; ce qui appelle les soins attentifs du Gouvernement et de la population à l’effet de répandre de plus en plus la connaissance et la pratique des préceptes rationnels de viticulture et de vinilication.
- L’Italie était représentée par 20A exposants, ayant soumis 707 échantillons de vins divers. Ces produits ont été récompensés comme suit: 5 grands prix, 36 médailles d’or, 4g médailles d’argent, Ai de hronze et 35 mentions.
- Les plus hautes récompenses ont été attribuées à des vins de liqueur et notamment des marsalas exquis de finesse et d’ampleur, puis à des vins ordinaires de superbe couleur, très nets de goût et indiquant une vinification très soignée. Des vins de Chianti plus légers ont été aussi bien appréciés; toutefois, certains de ces produits ont paru maigres.
- MEXIQUE.
- Le Mexique avait, le long de la rive gauche de la Seine, sur le quai d’Orsay, un pavillon où se trouvaient disposés tous les objets qu’il avait envoyés à l’Exposition. Cette exposition comprenait des vins et surtout des liqueurs.
- Bien que la vigne soit cultivée depuis quelque temps au Mexique et que certains établissements vinicoles aient été fondés, la récolte mexicaine ne dépasse pas, encore dans les meilleures années, 100,000 hectolitres; ordinairement elle est bien au-dessous et reste insuffisante pour la consommation, qui est présentement d’environ 160,000 hectolitres par an. C’est donc une soixantaine de mille hectolitres et plus qu’on est obligé de faire venir de l’étranger.
- Jusqu’ici cette fourniture a été faite par l’Espagne, la France et la Californie, la moyenne de leurs expéditions pour la période décennale prenant fin en 188g s’étant élevée pour l’Espagne à 3g,5oo hectolitres, à i6,a5o pour la France et à 2,000 hectolitres pour la Californie. La valeur globale du vin importé est de 800,000 piastres mexicaines, ou d’environ A2 5,000 dollars américains en or.
- Le Mexique, qui a une population de plus de 11 millions d’habitants, habitués pour la plupart à boire du vin, n’est pas à dédaigner ni pour les viticulteurs ni pour les négociants en vins. C’est ce que les récoltants de la Californie comprennent très bien en s’efforçant de développer autant que possible leurs relations avec ce pays, qui a l’avantage d’être assez rapproché. Leurs efforts se portent notamment sur l’obtention de conditions de transport plus favorables sur les voies ferrées mexicaines. La commission de viticulture de la Californie s’occupe constamment d’améliorer les relations entre les producteurs américains et les consommateurs mexicains et, dans ce but, elle a fait publier,
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- à diverses reprises, d’utiles renseignements sur le commerce des vins au Mexique. Il importe donc aux exportateurs européens de ne pas rester indifférents en présence de l’activité de leurs rivaux de la Californie, qui, ont l’avantage d’être plus rapprochés, mais doivent acquitter les mêmes droits douaniers dans les ports mexicains.
- La consommation porte surtout sur les vins rouges de provenance espagnole, et les consommateurs de ces vins appartiennent pour la plupart aux classes moyennes. Les vins de provenance française sont consommés presque exclusivement par les classes riches qui boivent aussi des vins alcoolisés, dont la provenance est espagnole.
- La rapidité avec laquelle la vigne se développe au Mexique est surprenante. Dans certaines localités ce développement de la plante est complet en deux ans.
- La vigne est cultivée dans plusieurs Etats, notamment dans ceux du Nord, dans le Chihuahua, le Zacatecas, Coahuiîa, ainsi que dans plusieurs Etats du Centre, moins favorables à cette culture.
- Malheureusement, si les récoltes sont bonnes au point de vue de la quantité, elles laissent encore à désirer pour la qualité, les vignerons mexicains ignorant encore, pour la plupart, l’art de la vinification.
- Les vins rouges du Mexique sont, en général, peu colorés et ressemblent assez à nos anciens vins de Tavel; ils ont un peu de liqueur et soutiennent la vidange. Les vins blancs de l’Etat de Durango ont une robe jaune brillante et une amertume prononcée. Mais la boisson nationale est le pulque, liqueur provenant d’un genre particulier d’aloès.
- Le Mexique avait 1 g exposants ayant soumis 19 types de vins et eaux-de-vie. Ces produits ont obtenu 3 médailles d’argent, k de bronze et 1 mention honorable.
- PÉROU.
- Le Pérou était représenté par 10 exposants ayant envoyé h 2 échantillons de vins divers rouges et blancs.
- Les premiers ont une couleur assez foncée et se rapprochent des vins d’Espagne. Quelques vins blancs secs étaient assez nets de goût. Notons aussi un vin doux agréable.
- Les récompenses ont été : 2 médailles d’or, à d’argent et 2 de bronze.
- PORTUGAL.
- Les vins du Portugal présentés à l’Exposition ont offert un vif intérêt. Au-dessus des nombreux vins rouges ou blancs, de qualité courante, brillait un cru illustre : le porto. Ce vin a un parfum pénétrant et une saveur des plus délicates, avec de la vivacité, de la fermeté et du corps dans la jeunesse. En vieillissant, il perd sa couleur rouge, prend une nuance ambrée et un arôme de plus en plus spiritueux. Nous en avons dégusté d’admirables.
- Gn. X. — Cl. 60.
- tMlMIMICnie NATIONALE.
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- A côté des vins de Porto, il faut placer ceux de Pile de Madère : le Verdelho, blanc, doré ou ambré, d’une saveur riebe et pleine; le Tinta, d’un goût exc[uis; le Malvoisie, très savoureux et liquoreux, d’un bouquet tout particulier; le Ruai, doux, délicat et moelleux; le Sercial, sec, corsé et des plus distingués. Les vins rouges et blancs de qualité ordinaire, produits par le Portugal, sont destinés soit, le plus souvent, à entrer dans les coupages, soit, quelquefois, à aller directement sur la table du consommateur. L’ensemble de l’exposition portugaise a été très remarquable à tous égards.
- Le Portugal est un pays favorisé pour la culture de la vigne. Placé entre 36°5o' et /120 8' de latitude Nord, et 8° a G' et 11 n h rj! de longitude Ouest du méridien de Paris, il est dans une région très propice à la viticulture. Pas de grandes chaleurs et pas cl’hivers rigoureux.
- De renseignements recueillis tout récemment par la Direction générale de l’agriculture du Portugal, il résulte cpie sur une superficie de q3j,5oo hectares de vignes cultivées, tant sur le continent que dans les îles adjacentes, 1/11,090 hectares sont entièrement phylloxérés, ^,4io sont suspects et 7,000 seulement demeurent jusqu’à présent complètement indemnes.
- Cette superficie se répartit de la sorte par arrondissement viticole :
- Aveiro, 8,000 hectares, sur lesquels 2,280 sont phylloxérés et 5,720 suspects.
- Beja, 12,000 hectares, sur lesquels 8,020 sont phylloxérés et 3,(j8o suspects.
- Braga, 2 3,ooo hectares, sur lesquels ii,(j20 sont phylloxérés et i3,o8o suspects.
- Bragança, dont le territoire comprend 5,500 hectares entièrement phylloxérés.
- Castello-Branco, 6,000 hectares, sur lesquels 3,260 sont phylloxérés et 2,7/10 suspects.
- Coimbra, 5,o00 hectares, sur lesquels 2,380 sont phylloxérés et 2,630 suspects.
- Evora, dont le territoire comprend i5,ooo hectares entièrement phylloxérés.
- Faro, dont le territoire comprend 7,000 hectares jusqu’alors indemnes.
- Guarda, 8,000 hectares entièrement phylloxérés.
- Leiria, 8,000 hectares, dont 2,980 sont phylloxérés et 5,070 suspects.
- Lisboà, 3o,ooo hectares, sur lesquels 19,870 sont phylloxérés et 10,1 3o suspects.
- Portalegre, 2,000 hectares entièrement phylloxérés.
- Porto, 20,000 hectares, dont 8,120 sont phylloxérés et 11,880 suspects.
- Santarem, 16,000 hectares entièrement contaminés.
- Vianna do Castello, i5,ooo hectares, dont 7,580 sont phylloxérés et 7/120 suspects.
- Villa-Réal, 18,000 hectares, dont 1 5,070 phylloxérés et 2,980 suspects.
- Viseu, 20,000 hectares, dont 1 3,780 sont phylloxérés et 6,270 suspects.
- Angra do Hervismo, 1,000 hectares, dont ôoo phylloxérés et 600 suspects.
- Funchal, i,5oo hectares, dont 970 sont phylloxérés et 53o suspects.
- Ilorta, û,ooo hectares entièrement phylloxérés.
- Ponta Delgada, ô,5oo hectares, dont 60 sont phylloxérés et /i/j/io suspects.
- Le pays est divisé administrativement en 17 départements, qui se sont formés des
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- 8 provinces de l’ancien régime. Mais cette division administrative ne s’accorde pas avec la division ampélographique M.
- Avant d’entrer dans cette division, il convient de faire connaître le chiffre de la production vinicole, selon la moyenne de cinq ans, 1895 à 1899. Nous présentons les calculs en milliers d’hectolitres. Chaque unité représente 100,000 litres, ou 200 pipes de 500 litres.
- La pipe de Porto, pour l’exportation, est évaluée à 534 litres, du Douro, 55o litres. Il y a d’autres mesures. Pour simplifier, la pipe sera de 500 litres, plus petite que celle employée pour les usages ordinaires.
- La production vinicole ci-dessous est par départements. Il faut remarquer que le Portugal produit du vin partout. Il n’y a que deux communes qui n’en ont pas. Ce sont Barramos et Mertota, à l’extrémité Est de l’Alemtejo, touchant l’Espagne. Tout le reste du pays est vinicole.
- Voici la production par départements :
- USITÉS
- de
- 1 ,000 llECTOt.
- Vianna do Gastello................................................. 442
- Braga.................................................................. 766
- Porto......................................................... ... 645
- Villa-Real......................................................... 631
- Bragance........................................................... 138
- Aveiro................................................................. 287
- Coimbre............................................................ i35
- Vizeu.................................................................. 685
- Guarda............................................................. 23o
- Castello-Branco.................................................... 12 3
- Leiria............................................................. 284
- Santarem.. ........................................................ 386
- Lisbonne........................................................... 1,114
- Porlalegre.............................................................. 53
- Evora.............................................................. 146
- Beja................................................................... 124
- Faro............................................................... 2 45
- Total........................ 6,364
- Soit : 6,364 milliers d’hectolitres ou 636,4oo,ooo litres.
- Cette production actuelle est différente de celle qui existait avant l’invasion des maladies. Des terrains, qui avaient une grande production, sont à présent abandonnés; d’autres qui produisaient des céréales sont peuplés de vignobles. Des premiers on a re-
- (1) La très intéressante élude qu’on va lire est due à notre éminent ami M. le comte de Samodaês, ancien ministre des finances du Portugal, pair du royaume, l’un des directeurs de la a Real Compania
- vinicola do Norle do Portugal», membre du Jury à l’Exposition universelle de 1900 et, par conséquent, mieux placé que personne pour connaître les vignobles et les vins portugais».
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- constitué une partie. De toutes les affections c’est le phylloxéra qui a fait le plus de ravage dans les vignes de cru supérieur, le mildew dans celles de qualité inférieure.
- La division du pays en régions vinicoles est quelque peu arbitraire; cependant la plus rationnelle est celle qui partage le pays en sept régions :
- ire Minho ou Vonga; 2eDouro; 3eTrasmontaine; 4eBeira; 5e Estremadura; 6e Alem-tejo; 70 Algarve.
- Région vinicole du Minho ou Vonga. — Ainsi appelée du nom des deux rivières qui limitent au Nord et au Sud la région; l'Océan est à l’Ouest; du côté de l’Est, d’autres régions vinicoles; l’Espagne est du côté droit du Minho. Cette région est caractérisée par le système de culture de la vigne et par le vin, qui ne peut se confondre avec aucun autre, soit portugais, soit étranger.
- Sa production moyenne des cinq dernières années est de 2,322,000 hectolitres.
- La culture consiste à laisser la vigne se développer, appuyée sur des arbres de diverses espèces; ou en treilles ou en claies; rarement en vigne basse, qui ne réussit guère. On qualifiait autrefois le vin d’enforcado (pendu) parce que les branches et les raisins sont suspendus et semblent pendus.
- Le terrain n’est pas exclusivement destiné à la vigne; au contraire, celle-ci entoure seulement l’enclos, ou Ton cultive des pommes de terre, des haricots et, principalement, le maïs, base de l’alimentation de la population.
- Le pays est montagneux et la propriété divisée en petites parcelles de terrain, presque toutes d’origine granitique.
- Les vins ont une saveur spéciale. Ils sont riches en acides et en tanin; leur force alcoolique varie entre 8 et 1 2 degrés p. 100 en volume. Ils gardent toujours une saveur prononcée de fruit. Il y en a de deux qualités : les plus acides et tanniques sont bons à couper avec d’autres vins neutres; les moins acides, à demi mûrs, sont excellents pour la consommation, spécialement dans les pays chauds. La plupart de ces vins sont rouges; mais il y en a de blancs qui sont très bons et peuvent être encore bonifiés par addition d’eau-de-vie.
- Cette grande région comprend des sous-régions assez caractérisées. Ce sont Basto, Monçâo et Amarante.
- Les vins de ces trois provenances varient par la force alcoolique qui est de q°5 à 1 20 p. 100 en volume, par l’acidité, calculée en acide sulfurique, de 5 à 6 grammes par litre. Outre ces différences, la dégustation les distingue encore. La Compagnie vinicole les livre au marché sous leur nom et en obtient un grand succès.
- La sous-région de Monçâo est au nord du Portugal; elle est arrosée par la rivière Minho. C’est un terrain d’alluvion ; il comprend les communes du même nom et celle de Melgaço. Sa production est d’environ 55,ooo hectolitres. L’exportation pour l’Angleterre commença par ces vins avant les portos (Douro), qui sont venus plus tard. A présent, on n’exporte plus de cette région pour l’Angleterre.
- La sous-région de Basto est comprise dans trois communes, Cellorrio, Cabecciras et
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- Mondim; elle est arrosée par la rivière Tamega, affluent du Douro. Production 100,000 hectolitres. Terrain granitique et schiste. Grandes montagnes et vallées superbes.
- La sous-région d’Amarante est aussi arrosée par la Tamega dans sa partie inférieure et séparée de la province de Tras-os-Montes par de hautes montagnes. Elle comprend les communes d’Amarante et Mario de Ganavezes. Le terrain est granitique, la production à peu près comme celle de Basto. Les vins sont excellents et quelques-uns deviennent naturellement mousseux.
- Les espèces de raisins varient énormément d’un endroit à l’autre. 11 y en a qui sont connues dans toutes les régions, mais d’autres sont particulières à chaque commune. Voici leurs noms en portugais : Azal ou Amaral, Avesso, Boirraçal, Cainho, Doçar, Es-padeiro, Labrusca, Maurisco, Padeira, Souzaô, Verdelho.
- Les vins ont une grande consommation au Brésil, en Afrique et même pendant l’été en Portugal, car ils sont très frais; comme ils sont légers, on peut en boire beaucoup sans danger.
- Ces vins ont été présentés à l’Exposition. On les a considérés comme de qualité inférieure , ce qui est juste en théorie; mais vu le rôle qu’ils représentent dans l’exportation au Brésil, on ne peut laisser de voir dans cette branche de la viticulture portugaise un facteur important, puisqu’on les goûte là-bas et qu’on les échange pour de bon or, qui a été une des ressources du Portugal dans la crise qu’il a traversée il y a dix ans. L’exportation au Brésil est faite en fûts de i/5 et 1/10 de pipe (brésilienne), c’est-à-dire 90 litres et Ô5 litres.
- Région vinicole du Douro. — C’est dans cette région qu’on récolte et prépare les célèbres vins du Porto (Port), de renommée universelle. Ce nom de Porto provient du port d’exportation, car au Porto et dans ses environs il n’y a pas de vin qui puisse prendre son nom. Les vins du Porto et des environs appartiennent à la première région et y sont les plus inférieurs.
- Le vin généreux du Porto n’est produit que dans la région du Douro ; il y a de faux portos, qui ne sont que des imitations, quelques-unes très bonnes, qui font illusion, mais à la fin elles montrent qu’elles ont pris un nom qui n’est pas justifié par la qualité.
- La région du Douro commence à 80 kilomètres du Porto, à la station du chemin de fer nommée Barqueiros et finit à la frontière d’Espagne, à Barca d’Alva, à 200 kilomètres du Porto et de la mer. Ce sont ses limites à l’Est et à l’Ouest. Il est difficile d’indiquer les limites Nord et Sud. C’est une bande de terrain traversée par la rivière Douro; des deux côtés se trouve la région qui appartient aux départements de Villa-Real et Bragança, rive droite, Viren et Guarda, rive gauche. Sa largeur est variable; car la bande s’éloigne plus ou moins du thalweg du Douro, limitée par une altitude qui ne dépasse pas h 00 mètres. Autrefois il y avait une délimitation officielle indiquée par des bornes en pierre, mais elle était assez arbitraire, et une loi de 1865 l’a abolie.
- La production moyenne de cette région est de 782,000 hectolitres, y comprenant
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- les vins très fins, les moyens et les inférieurs, qui sont destinés à la consommation. Le phylloxéra a sévi de préférence sur ses vignobles d’une noblesse reconnue, de manière que, ravagés par la maladie, beaucoup restent encore abandonnés, plusieurs ont été replantés. L’ancienne production était cependant plus forte qu’actuellement.
- Il y a différentes manières de diviser la région : Douro inférieur, Douro moyen, Douro supérieur, mais cela n’a rien de commun avec la loi administrative, ni même avec l’excellence des vins.
- On peut dire, en général, que les vins les plus fins sont produits au Douro central, c’est-à-dire entre Régoa et Fua; mais il y a d’excellents vins hors de cette zone et d’inférieurs au dedans.
- Les vins fins sont sur les collines qui bordent le Douro et ses affluents; et ceux moins délicats dans les vallées et terrains plus féconds.
- Les terrains des vins les plus fins sont schisteux; il y en a de granitiques, mais ceux-ci ne se comparent pas aux autres pour la qualité.
- Celle-ci a une propriété remarquable; c’est que les vins se développent toujours avec l’âge. La décrépitude ne leur arrive jamais. Ils ont une longue vie, dont la limite n’est pas encore définie. On a goûté, à l’Exposition, du vin de 1810, qui était superbe avec quatre-vingt-dix ans. Les vins de la région entre Minho et Vonga, même en bouteille, ne résistent que quatre à cinq ans. Ceux du Douro (Porto) sont encore bons en bouteille depuis le milieu du xvm° siècle.
- La culture de ces vignobles est difficile et clière. Elle est tout entière à bras; le terrain est soutenu par des murs de distance en distance. En été, la chaleur arrive quelquefois à ko degrés centigrades pendant les heures de soleil.
- La température en hiver tombe difficilement à zéro. Les travaux d’hiver sont les plus lourds.
- On reconstitue les vignes par des cépages américains résistants greffés en européennes.
- Les espèces les plus communes sont : alvarelhâo, bastardo, casculho, codega, go-malo, pires, donzelhino, gouveio, malvasia, mouriscopreto, mureto, muscatel branco, rabo de ovelha, souzaô, tinta-amarella (jaune), carvalha, francisca, touriga, verdelho.
- On fait des vins choisis de malvoisie, muscat, batard, alvaralhaô, touriga, sou-zâo, etc.
- En général, on mêle les raisins dans les cuves, mais d’autres fois 011 les sépare, pour faire des spécialités.
- Les vins fins sont traités par l’excellente eau-de-vie; jamais avec l’alcool industriel. Celui-ci ne réussirait pas. On peut l’employer dans un vin ordinaire, pour une vie courte; jamais pour les vrais portos, qui doivent rester en cave pendant de longues années.
- La plupart des douro sont en vins rouges; c’est pour ceux-ci la spécialité. Les vins blancs d’autres régions peuvent rivaliser avec les vins blancs du Douro; mais jamais avec les vins rouges. C’est un privilège du pays, qui finit à la frontière portugaise du côté de l’Est.
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- Région trasmontaine. — Cette région est limitée au Sud par celle du Douro, à l’Ouest par la région du Minlio ou Vonga, au Nord et à l’Est par l’Espagne.
- Pille comprend les départements de Villa Real et Bragance; la production est de 1 59,000 hectolitres.
- La région a beaucoup de ressemblance avec celle du Douro; terrain de schiste, en général. Il y a encore peu de communications avec la ville du Porto, malgré le chemin de fer de Mirandella au Tua, qui s’embranche à celui du Porto à la frontière. Il y a des types très variés de vins; cependant on peut les diviser en trois : l’un de la terre chaude, qui s’approche dë celui du douro (et les blancs lui sont égaux); l’autre de la terre tempérée, moins délicat; le troisième de région froide, qui ressemble au vert de la région Vlinho, quoique du côté de Bragance le caractère soit opposé; peu de couleur, faible acidité.
- Excepté les vins de la terre chaude, les autres n’entrent pas dans les magasins d’exportation du Porto; mais les blancs y ont entrée, car ils sont très fins et se développent beaucoup, comme ceux du Douro; il y a des propriétaires qui soignent très bien ces qualités.
- Région de Beira. — C’est la quatrième en descendant du Nord au Sud. Elle a pour limites au Nord la région du Minho ou Vonga et celle du Douro; à l’Ouest, la mer; à l’Est, l’Espagne; au Sud, TEstremadura. Elle occupe une partie des départements de Viren (excepté ce qui appartient au Douro) et Guarda, ainsi qu’une partie de Aveiro et Castello Branco et entre dans la plus grande partie de Coimbra. Sa production moyenne est de ^03,000 hectolitres.
- Le phylloxéra a ravagé cette région, principalement la sous-région de Bairrada, dont la capitale est Anadia. La replantation avec les américains résistants va reconstituer cette sous-région qui a souffert énormément.
- Les vins de la région sont assez connus et estimés. On y distingue deux sous-régions plus renommées, la Bairrada, dont il vient d’être parlé, et le Dao, du nom d’une rivière confluente du Mondego, rivière qui baigne Coimbra et va se jeter à la mer à Figueira. Là on embarque les vins, qui ont leur principal débouché au Brésil. Cette sous-région est comprise entre la rive gauche du Dao et la droite du Mondego, et ne passe pas les montagnes qui séparent ce bassin hydrographique de celui du Douro. Sa production est de 220,000 hectolitres. Les vignobles, qui sont près du Dao, produisent un vin rouge, très foncé, ayant du corps et du parfum. Il sert pour l’exportation, mais presque toujours en coupage avec ceux du Douro; il y a des vignobles qui produisent un vin, rouge aussi, mais léger, paillet, savoureux, bon pour la consommation directe.
- La Compagnie vinicole fait le commerce de ces vins sous le nom de la sous-région : vins du Dao.
- La sous-région de la Bairrada est arrosée par le Mondego, inférieurement à l’autre; elle produit A5,ooo hectolitres. Ses vins sont très foncés en couleur, doivent être mélangés, parce qu’ils ont besoin de bouquet, mais donnent la couleur et le corps. L’espèce
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- de raisin qui possède une couleur exceptionnelle est nommée Baga de Couro. Dans la région du Daô, c’est la Touriga qui prédomine.
- Il serait long de faire la nomenclature des autres espèces de raisin, cependant nous signalerons : alvarelliaô, arintho, bastardo, cercial, codcga, dona branca, fernao pires, malvasia, mourisco noir, rabo de ovellia (guerre de brebis), verdelbo, mureto, tinta amarella, xara.
- Région de l’Estremadura. — L’ancienne province de Estremadura comprend la région vinicole du même nom et une partie au sud du Tage qui appartient à l’Alem-tejo. Elle produit 1,752,000 hectolitres devin.
- Dans cette région, la variété des vins est considérable. La partie centrale, Leiria et les communes de ce département produisent des vins de qualité inférieure qui vont à la distillerie.
- D’autres sont neutres et donnent de bons résultats en les mélangeant avec ceux du Nord; tels les vins de Torres-Novas, Alemquer et Cartaxo. La commune de Cartaxo produit des vins qu’on consomme à Lisbonne.
- Les vins de Collares, rouges, et de Burellas blancs sont renommés. Ils ont du caractère et sont consommés sans mélange. Les vins de Carcavellos et Lauradio sont généreux, mais surtout les muscats de Setubal sont très fins et délicats. La sous-région de Torres-Vedras donne de bons vins pour la consommation. Ainsi, dans cette région, il y a les vins généreux de Carcavellos, Burellas et Setubal, qui sont blancs. D’autres, excellents pour une consommation directe : Lauradio; presque généreux : Collare, Torres-Vedras; à mélanger : Torres-Novas, Alemquer, Cartaxo, etc.; le reste, la plus grande partie à distiller.
- Tandis que dans les régions du Nord la propriété est très divisée et que les grands vignobles ne se rencontrent pas, ici c’est le contraire; il y a des propriétaires qui récoltent 5 0,000 hectolitres et plus.
- Les espèces de raisins sont encore plus variées ici que dans le Nord. Les excellents muscats blanc et violet pour le vin de ce type, avec une quantité d’autres, font varier les qualités des vins, ainsi que les terrains et leur exposition. On y voit les espèces suivantes : touriga, roupeiro, tamaver, thalia, gallego, zampal, castellao, cachudo, arintho, bar-tarolo, fernao pires, dona branca, malvasia, etc.
- Région de l’Alemtejo. —- Les départements de Evora et Beja, avec une grande partie de ceux de Portalegre et de Lisbonne, constituent cette grande région qui ne produit cependant que 355,ooo hectolitres. Les terrains de l’époque carbonifère inférieure ne sont pas propres à la vigne. La province est peu peuplée, et les principales cultures sont l’olivier, le chêne-liège, le blé, etc. C’est une province riche, mais qui ne peut pas être appelée vinicole. On fait des efforts pour que la vigne se répande, et on a formé des syndicats qui ont perfectionné non seulement la viticulture, mais encore la préparation des vins.
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- Les communes de Cartello de Vide, de Campo-Mayor, produisent de bons vins de consommation ; le reste est très pauvre en acides et riche en alcool.
- Région de Algarve. — Cette région est bien limitée au Nord par les hautes montagnes de Monchique et Caldeiraa, au Sud et à l’Ouest par la mer, à l’Est par l’Espagne.
- Abritée et protégée parles montagnes du Nord et regardant l’Afrique, c’est presque une région méditerranéenne, splendide de climat et douée de toutes les productions du sol. La vigne y fleurit et donne de bons vins, avec un certain caractère; quelques-uns arrivent à la classification de généreux, spécialement ceux de Othâo. On sous-divise cette région en deux, pour ce qui regarde la vigne; à l’Est : Faro, Olhao, Tavira, Villea-Real de Santo-Antonio et Castro-Marim, vins plus délicats; à l’Ouest : Lagos, Lagoa, Silves et Villa Nova de Portimâo.
- La production est de âA5,ooo hectolitres.
- Ces vins sont très alcooliques, d’une couleur pailletée, aromatiques et sucrés. Pour le coupage ils sont excellents, et on les fait venir au Porto afin de préparer des vins fins dans le genre de ceux du Douro.
- Les espèces les plus répandues sont : alicante, crato blanc et noir, mantendo, pari ferro, pexem et tamavez.
- Les raisins sont très bons, doux et précoces. L’Algarve, autrefois siège des rois maures, est une province de ressources, mais arriérée encore. Elle est reliée à Lisbonne par une ligne de chemin de fer; mais la navigation est le moyen le moins cher pour les transports entre la province et le nord du pays.
- La Compagnie vinicole débite des vins pour la consommation qui a pris une grande extension. Ce sont des vins rouges bien préparés, bien clairs, légers et savoureux. Outre cela, elle a ses vins de région, et les fins, les généreux, etc.
- Les vins de grande consommation sont très répandus dans tout le pays, en Afrique et en Amérique.
- Madère. — Le département de Macleira comprend deux îles habitées : Madeira et Porto Santo, outre d’autres, nommées désertes. Les deux qui sont habitées ont un terrain fertile, jouissent d’un climat admirable et produisent du vin partout. Ces vins ont été connus en Europe presque aussitôt après la découverte qui a été faite par les expéditions envoyées par le prince don Henrique, un des fils du roi Jean Ier.
- La France importait ces vins du temps de François Ier en 1 5 2 5. Une si lointaine renommée s’est maintenue durant les quatre siècles écoulés. Cependant file a éprouvé des catastrophes pendant la dernière moitié du xix° siècle, et la culture de la vigne y est tombée presque à zéro, l’oïdium ayant sévi de manière à décourager les viticulteurs. L’exportation des vins de Madère, qui était montée à plus de iG,ooo pipes, est descendue en 1865 à 536 pipes, minimum.
- La culture de la vigne était presque éteinte et l’on tournait la vue vers la canne à sucre et la fabrication du sucre; mais cette industrie n’a pas bien réussi, et quand on
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- a su qu’il y avait des moyens de combattre les maladies de la vigne, on a repris courage et la replantation de la vigne, accompagnée des soins indispensables, a rétabli en partie la production et, comme conséquence l’exportation. Cependant la solution de continuité a assez nui aux intérêts de l’île.
- Il est naturel que dans une région assez étendue et montagneuse comme celle-là les vins ne soient pas tous également bons. Ceux de Porto Santo et du nord de Madeira sont assez inférieurs en qualité à d’autres du sud, qui sont les plus délicats. Le malvoisie est le plus célèbre, mais le madeira sec, fait du sercial, ne l’est pas moins. Les vins de cette région mûrissent lentement; il faut les laisser pendant des années dans les fûts; ce n’est qu’au bout de cinq ou six ans qu’on peut les mettre en bouteilles; mais ils n’acquièrent leurs qualités spéciales qu’après une autre période égale dans le verre. Ces conditions les font revenir cher dans les crus de premier rang. Les vins ordinaires sont consommés par la population, mais les bons madères ne sont pas abordables aux petites bourses.
- Le temps prolongé qu’il faut attendre, avant d’embarquer le vin, a suscité le traitement par les étuves. On avait remarqué que les vins expédiés par des navires à voile, qui faisaient de longues traversées de plusieurs mois, toujours en cale, gagnaient des qualités qu’on n’obtenait pas en les gardant en magasin pendant des années. On eut alors l’idée d’obtenir le même résultat sans entreprendre le voyage, en mettant les vins en étuve pendant des mois. Dans ce but, on a construit des bâtiments spéciaux où l’on met le vin, et l’on chauffe pendant six mois au moins. Après on retire le vin, on le clarifie, on lui fait des additions d’eau-de-vie et on le laisse reposer. Ce système, adopté vers la fin du xviii0 siècle, a continué pendant tout le xix°.
- Les vins ainsi préparés vieillissent rapidement, gagnent en âge, mais ils perdent de leurs qualités spéciales, le bouquet fin et inimitable cpii les distingue. Au contraire, ils gagnent un goût de cuil désagréable qui dénonce de suite le traitement par l’étuve (eslufa), qui rend le vin inaltérable, parce que tous les ferments sont tués.
- L’abus de ce traitement a contribué à discréditer les vins de Madère.
- Il y a donc des causes diverses qui ont arrêté le développement de la culture de la vigne dans la Jleur de l’Océan comme les voyageurs appellent l’île :
- Les ravages des maladies ;
- L’abus du chauffage par les étuves ;
- La fabrication de vins de divers fruits, imitation de celui de raisins;
- Le mélange avec ceux des Açores, parce que toutes ces îles produisent du vin et spécialement l’île des Pins, vis-à-vis le Fayat. L’exportation s’est ralentie, et l’île a été longtemps en proie à une crise économique très sérieuse, manifestée par une émigration importante, en particulier pour le Brésil. Cette émigration a augmenté dans les départements insulaires, mais Madeira est en tête de tous, et la raison principale est la décadence commerciale.
- Malgré cela, l’île a repris meilleur aspect dans les dernières années et ses vins conservent leur vieille renommée, mais seulement ceux qui mûrissent sur chantier, et qu’on ne force pas à devenir vieux dans les étuves.
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- Le système Pasteur est déjà employé. Le chauffage se fait rapidement et le vin devient indemne; mais l’étuve, qui a besoin de plusieurs jours pour chauffer et qui conserve les vins pendant des mois à liante température, ne sert qu’à les gâter en leur imprimant un goût qu’on reconnaît facilement.
- Les espèces de raisins qu’on cultive dans l’île sont : verdelho, bual, sercial, malva-sia, tinta.
- Les vins les plus estimés sont : huai, sercial, malvoisie. On nomme simplement ma-deira le vin de toutes les espèces, mais lorsqu’on n’en emploie qu’une seule on ajoute son nom qui marque le caractère de la boisson.
- L’exportation principale est pour l’Angleterre. La Russie importe assez.
- Le Portugal (continent) importait fort peu il y a vingt ans; mais dans les dernières années, le goût pour le madère s’est répandu. La France elle-même, quoique faible en consommation de vins étrangers, reçoit cependant annuellement de 3oo à Aoo pipes de madère.
- Le prix varie énormément, depuis 1 Ao livres sterling jusqu’à 22 livres. Il y a comme partout des marques qui sont plus connues; entre celles-ci on peut nommer: Campa-nario, Camara de Lobos, Guinta da Paz, Saint-Martinho, Santo Antonio, etc.
- L’île, quoique portugaise d’origine, est depuis longtemps britannisée.
- Presque à la fin du xvue siècle, l’Angleterre a créé des consulats à Madère; mais ce fut pendant les guerres entre la France et l’Angleterre que les Anglais y ont établi des maisons importantes. Ils sont arrivés à prendre possession de l’archipel pendant sept ans, de 1807 à 181 A, et quoique l’île ait été restituée à qui de droit, les Anglais ont conservé leur influence qui se manifeste encore aujourd’hui, et le principal commerce le montre.
- L’île a un grand avenir devant elle, mais on remarque qu’il lui manque de l’initiative; on y est moins énergique que sur le continent.
- Son commerce traîne ; on n’y forme pas de ces associations qui puissent exploiter les grandes ressources dont file dispose.
- On a tenté la formation d’une compagnie vinicole comme celles qui existent sur le continent, mais la tentative a échoué.
- Le coupage qu’on faisait avec les vins de l’île du Piro (Açores) ne peut se conserver. Dans cette île, la culture de la vigne est presque réduite aux américains de production directe. Si, en général, la culture de l’américain greffé a porté dommage à la qualité des vins, à Madère comme partout, le vin de producteur direct est inacceptable. Les vignerons du Piro, au lieu d’employer l’américain comme base pour greffer, se contentent de l’Isabelle, à laquelle ils se sont habitués.
- La surface de l’archipel, c’est-à-dire des deux îles, est de 81 5 kilomètres carrés ; la capitale et le port principal de l’île est la ville de Funchal, siège de l’évêché, de l’administration et du gouvernement.
- Le nombre des vins de Madère envoyés à l’Exposition universelle de 1900 n’a pas
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- été suffisant pour bien représenter les ressources cle la région; mais plusieurs types étaient excellents, aussi le Jury les a bien accueillis et récompensés comme il était juste.
- 568 exposants avaient soumis 590 échantillons au Jury qui leur a décerné huit grands prix (chiffre le plus élevé qui ait été accordé à aucun pays étranger); 35 médailles d’or, 66 d’argent, 65 de bronze et 67 mentions honorables.
- RÉPUBLIQUE DE SAINT-MARIN.
- Ce pays, enclavé dans la péninsule italienne, avait 5 exposants ayant présenté des vins blancs et rouges assez semblables à ceux du Piémont. 11 y avait en tout 1 3 échantillons.
- Les récompenses ont été les suivantes : 3 médailles d’argent, 2 de bronze.
- ROUMANIE W.
- La collection des vins de la Roumanie est importante et assez belle. Les meilleurs sont récoltés sur les pentes des Karpatbes, les rives du Danube, à Cotnar dans le district de Iassy et à Dragasani dans celui de Nalias. Il y avait parmi les échantillons dégustés des produits droits de goût et vinifiés avec soin. Le Jury a pu apprécier que les vins blancs de Cotnar sont justement renommés.
- Le Service de la statistique générale au Ministère de l’agriculture, de l’industrie, du commerce et des domaines de Roumanie a publié les évaluations des superficies et productions des vignes de la récolte de 1900.
- Ces évaluations sont les suivantes au total :
- Superficie de vignobles. .'..................... 168,21 6 hectares.
- Production...................................... 3,541,700 hectolitres.
- Voici les résultats des années précédentes :
- SUPERFICIE PRODUCTION.
- hectares. hectolitres.
- 1896 ............................................... 1/15,760 6,627,800
- 1897 ............................................. 153,8oo 269,600
- 1898 ................................................ 139,220 517,200
- 1899 ................................................ 168,066 2,060,800
- En 1900, la production de 8,5/11,700 hectolitres représente 28,9 p. 100 par hectare. La production moyenne, pendant la période de cinq ans, 1896 à 1900, a été de 2,199,600 hectolitres, avec un rendement moyen de i5 p. 100 par hectare.
- W Nous avons eu le vif plaisir d’être en relation documents que nous publions nous ont été fournis
- avec Son Excellence M. Ollanesco, ministre pléuipo- par lui et son collaborateur, M. Carissy, membre du
- tenliaire et commissaire général de Roumanie; les Jury.
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- Dans les cultures diverses de la Roumanie, celle de la vigne occupe le septième rang, mais elle a, comme valeur pour le pays, une importance particulière, car il est certain (|u’un hectare de vignes se paye et rapporte plus qu’un hectare de terre destiné à une autre culture agricole quelconque.
- Suivant la carte viticole publiée par le service du Ministère des domaines, on compte actuellement dans le royaume 61,597 hectares de vignes phylloxérées et i36,83o hectares indemnes. On compte de plus 12 3 hectares de vignes complantées en cépages américains.
- Les vignobles peuvent être divisés en trois catégories : petits vignobles, dont Téten-due ne dépasse pas 2 hectares 1/2; moyens vignobles, dont Tétendue se trouve entre 2 hectares 1/2 et 8 hectares, et grands vignobles, dont l’étendue dépasse 8 hectares. Les petits vignobles prédominent. Les vignobles d’étendues moyennes et les grands vignobles sont dans de meilleures conditions pour produire à meilleur compte que les petits, vu qu’on y applique tous les progrès du jour.
- La tendance générale est d’étendre de plus en plus les plantations de la vigne. La valeur foncière de tous les vignobles non phylloxérés et phylloxérés du pays est la suivante :
- SUPERFICIE. VALEURS,
- hectares. francs.
- Vignobles non phylloxérés, à 1,000 francs l’hectare. 136,921 136,921,000
- Vignobles phylloxérés, à 600 francs l’hectare.. 61,507 36,90^,200
- Totaox.................. 198,428 173,825,200
- La vigne représente donc un capital de presque 1 7 h millions de francs, chiffre assez important, qui n’attend que les progrès des viticulteurs pour atteindre une valeur encore supérieure.
- Le travail que réclame la culture annuelle de la vigne dans toute la Roumanie représente une somme de i6,45o,520 francs, soit à peu près 121 francs l’hectare,qui chaque année reviennent aux travailleurs, contribuant ainsi d’une manière efficace à l’augmentation de leurs moyens d’existence.
- Depuis 1862 la viticulture roumaine a fait d’importants progrès, tant comme production totale que comme production moyenne par hectare. En 1865, la production moyenne la plus minime par hectare a été celle du département de Neamtz avec i,36 hectolitre. En 1892, c’est le Muscel qui produit le maximum avec 58,09 hectolitres par hectare, et le minimum, le Mehedintzi, avec 7,69 hectolitres; pour Tannée 1898, le maximum est le Iassy, avec 2 6,3i hectolitres, et le minimum, les Romanatzi et Valcea, avec 1,29 et 1,2 3 hectolitre par hectare.
- 11 est important, au point de vue économique, de connaître les sortes de vins produits. Les meilleurs se récoltent, en assez grande quantité, sur les pentes des Kar-pathes, les rives du Danube, à Cotnari, dans le district de Iassy, et à Dragasani, dans celui de Nalias. Il y a, parmi eux, beaucoup de produits nets, droits de goût, vinifiés avec
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- soin. La région de Cotnari est le centre de la production de crus blancs roumains renommés.
- Odobesti donne aussi de bons vins blancs et des vins rouges foncés, de même Praliova, Nicoresti; Druncea et Orevitza ont surtout des vins rouges. Dans les départements de Dolj, Vlasca, Oltu, Tutova, Falcin, La Dobroudja, on rencontre encore de bons vins, de crus secondaires toutefois. Parmi les bons produits du pays, il faut encore citer le Tamososa, genre muscat, très apprécié.
- L’Administration a établi qu’en 1S 6 5 la récolte vinicole de la Roumanie s’élevait à 599,885 hectolitres, et qu’en 1892 elle atteignait 3,121,716 hectolitres. En 1898 on est arrivé au chiffre de 4,627,800 hectolitres, en comptant les rendements des vignobles de La Dobroudja, Constanieza, Tulau, qui, en 1865 , n’appartenaient pas au territoire roumain.
- La production du vin blanc dépasse de beaucoup celle du vin rouge : deux, trois fois plus environ, selon les années. Dans certains départements, le vin blanc est produit presque seul ou dépasse quantitativement le vin rouge; dans d’autres, c’est le vin rouge qui prédomine et enfin, dans quelques-uns, les deux sortes devin sont produites en quantités presque égales.
- Les départements qui fournissent le plus de vins blancs sont au nombre de vingt, dans l’ordre d’importance suivant : Putna, R. Sarat, le Fecuciu, le Bacau, le Valcea, le Iassy, le Tutova, le Covurlui, le Tulcea, le Muscel, le Vasliu, le Dâmbovitza, le Gorj, l’Olt, l’Arœsh, le Brada, le Roman, la Suceava, le Dorohoui et le Neamtz.
- Pour les départements qui produisent le plus de vins rouges on en compte huit, savoir : le Dolj, le Falciu, le Teleorman, le Mehedintzi, le Romanatzi, le Buzeu, la Yalomitza et la Gonstantza.
- Les départements qui produisent de ces deux vins en quantité presque égale sont au nombre de quatre : l’Ilfov, le Washca, la Prahova et le Botoshani.
- 11 est à noter que dans certains départements, quoique la production du vin blanc prédomine, on trouve des vignobles comme Vicoreshti, dans le département de Fecuciu, dont la production de vin rouge a une plus grande réputation que celle du vin blanc.
- Le département de Putna occupe la première place dans la production quantitative et, avec celui-ci, les départements de R. Sarat, Fecuciu, Dolj, Bacau et Valcea ont plus que la moitié de la production entière du pays.
- Cette production, répartie entre le nombre des habitants de chaque département, nous donne le chiffre de 4,028 litres de vin pour chaque habitant du département de Putna, dans lequel on arrive ainsi au maximum, et seulement 7 litres par habitant dans le département de Neamtz qui est le moins vinicole. La moyenne, pour toute la population du pays qui est de 5,o38,342 habitants, revient à 62 litres de vin pour chaque habitant.
- On estime que si les vignobles étaient bien soignés ils pourraient donner une production annuelle de près de 60 hectolitres à l’hectare; actuellement, elle n’est que de 37 hectolitres environ.
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- Le maximum de la production d’un hectare pour les vignobles fertiles de plaine et du pied de la montagne peut atteindre, dans les meilleures années, 120 hectolitres à l’hectare, et les vignobles sur les sommets et coteaux peuvent produire 5o hectolitres. Avec la moyenne de 37 hectolitres par hectare, la production totale moyenne par an du pays sur une surface de i36,83o hectares de vignobles non phylloxérés serait de 5,068,710 hectolitres de vin, ou en chiffres ronds 5 millions d’hectolitres.
- Il est incontestable que la valeur de cette production est soumise à toutes les oscillations auxquelles sont exposés aussi les prix auxquels on vend le vin. En général, dans toute l’Europe, on subit depuis quelques années une grande baisse dans les cours des produits ordinaires, en dépit des ravages que fait le phylloxéra; seuls, les vins tout à fait supérieurs se maintiennent mieux.
- En 1897 et en 1898, les prix, en général, ont été assez bons, environ 1.00 leï le décalitre ou 1 5 leï l’hectolitre de vin. Avec ce prix moyen, la valeur de la production moyenne de 5 millions d’hectolitres s’élève à 7 5 millions de leï en moyenne par an. Cette valeur est toutefois sujette à des variations assez grandes suivant les fluctuations des prix.
- On peut ajouter aussi à ce chiffre la valeur de l’eau-de-vie de marc et de lies, ainsi que celle du tartre qu’on produit actuellement.
- La production du vin varie dans des limites assez grandes d’une année à l’autre. Une bonne administration viticole demanderait que les vignerons disposassent de la vaisselle vinaire suffisante pour pouvoir loger le maximum de récolte. Il arrive souvent, surtout dans les vignobles à grande production comme Odobesti, que les futailles manquent.
- Pour mieux classer les centres vinicoles de la Roumanie, nous croyons utile de garder la division naturelle et régionale, pour ainsi dire, du pays même, soit : régions de la Moldavie, de la Munténie, de TOlténie, de la Dobroudja. Chacune a ses crus plus ou moins distincts, soit par la qualité des vins qu’elle produit, soit par les faits culturaux et les variétés des cépages intéressant la région entière ou seulement une de ses parties.
- Dans la Moldavie se trouvent des vignobles importants. Odobesti, un des plus vieux, est très auciennement connu par le commerce auquel il donnait lieu avec la Russie, la Turquie et même avec l’Occident. Il peut être considéré comme le noyau principal et le plus important de la basse Moldavie. Par sa situation au centre d’une grande région viticole qui rayonne très loin à gauche dans le département de R. Sarat, de l’autre côté de Panciu jusqu a Nicoresti, Odobesti constitue le centre de production le plus renommé du pays.
- Si la qualité de ses vins n’est pas tout à fait supérieure, il n’est pas moins vrai que pour les produits courants, de grande consommation, à des prix abordables pour la majorité des bourses, Odobesti, avec ses environs, constitue pour le grand commerce une source inépuisable de vins. Les anciens clos plantés en variétés fines, situés sur des coteaux bien exposés, donnent des vins supérieurs; aussi sont-ils payés relativement
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- assez cher, deux et quatre fois plus que les vins du même cru, obtenus dans les vignes situées en plaine, ou l’abondance de la production ne peut jamais fournir une qualité sans reproche.
- Les vignes les mieux situées comme altitude sont celles qui se trouvent sur les collines de Sarba et de Padureni, produisant un vin plus alcoolique et de beaucoup supérieur aux vins produits par les plantations qui se trouvent à Cazaclia, Patesti, etc.
- Les vins de Panciu sont tout aussi bons que ceux que produit Odobesti, et naturellement leur qualité varie sensiblement selon le clos, la situation, la vieillesse de la plan -tation, ainsi que les variétés dont elle se compose.
- Paunesli, peu important par rapport aux autres, produit les mêmes vins que Strao-nele-de-Sus et de Jos. Ils sont généralement blancs, car le vin rouge est rare, de même que le vin rose connu sous le nom de Ravac.
- Vers 1886-1891, de grandes exportations furent faites à l’étranger et notamment en France. Plusieurs compagnies étrangères ont acheté pour l’exportation de très grandes quantités; depuis 1892, ce trafic a commencé à diminuer à cause de la baisse de la production et de la hausse du prix du vin, conséquence des ravages faits dans le pays par le lléau phylloxérique.
- Odobesti fait encore aujourd’hui beaucoup d’affaires importantes avec la haute Moldavie et avec la Bucovine (Autriche) où, chaque année, de grandes quantités de vin ou de raisins passent la frontière.
- Nicoresti et ses environs, dans le département de Tecuci, donnent, en général, du vin rouge léger ; en vieillissant, il acquiert des qualités supérieures, ce qui le fait préférer par beaucoup de consommateurs aux vins rouges alcooliques de Mehedintzi et Doljiu, qui sont plus lourds et plus convenables pour le dessert et pour les palais qui aiment les vins capiteux.
- Le département de Corvului, assez important comme étendue vignoble, produit des vins qui sont consommés sur place ou dans les régions voisines qui n’ont pas de vignes.
- Les vignobles de Falciu, connus en général sous le nom de région viticole de Houchi, sont surtout renommés pour leur grande production et le bon marché de leurs vins qui ressemblent beaucoup à ceux d’Odobesti, mais surtout à ceux de Panciu. Ils sont en majorité blancs, légers et de consommation courante.
- Pahnesti peut être considérée comme une des localités les plus renommées pour la qualité des vins que produit la région qui a Houchi pour centre. Cette localité mérite sa réputation parce qu’on y cultive les meilleures variétés de cépage. La région de Houchi faisait anciennement des transactions importantes avec la Russie et le nord de la Moldavie. Ses vins sont, en général, blancs, mais on y trouve aussi des produits rouges en assez grande quantité. Les vins blancs sont presque incolores, comme ceux d’Odobesti, mais en vieillissant ils prennent un aspect verdâtre; les vins rouges sont peu chargés en couleur.
- Le département de Vasliu n’est pas très important par sa production. Les vins ressemblent beaucoup à ceux de Houchi. Les meilleurs vins blancs s’obtiennent dans
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- les localités comme Tacuta, Rediu, Harsova, Tibanesti, etc., et les meilleurs vins rouges dans les localités de Brodoc, Cosmesti, etc.
- Dans le département de Bacau et de Tuteva (centre de la Moldavie), les vins ressemblent à ceux de Vasliu et de Houcbi.
- En montant dans la haute Moldavie, nous arrivons à deux centres importants à tous les points de vue. Comme histoire cTabord, et comme qualité de vins, le cru de Cotnar est connu aujourd’hui dans le monde entier.
- Tous les voyageurs, chroniqueurs ou viticulteurs s’occupant de viticulture européenne ont parlé de Cotnar; la cause en est fort légitime, c’est, la qualité de ses vins généreux; ils en ont été frappés à tel point que les uns, comme Jullien, en écrivant son œuvre classique, vers i832, Topographie de tous les vignobles connus, dit à la page h46, en parlant des vins de Cotnar, qu’ils «peuvent figurer parmi les meilleurs vins du globe», car, ajoute-t-il, si ces «vins ont été conservés trois ans dans une cave profonde et bien voûtée, ils sont presque aussi forts que la bonne eau-de-vie».
- Marcus Baudinus, qui voyagea dans le pays vers i6/r6, nous dit que les vins de Cotnar de son temps étaient excellents.
- Le prince Cantemir, dans ses œuvres publiées en 1700, en parlant de la région viticole comprise entre Cotnar et le Danube, signale que les meilleurs vins se trouvent à Cotnar, près de Harlau.
- Il écrit :
- J’ose le regarder comme meilleur que le vin de Tokai, parce que plus il vieillit plus il devient fort, et qu’il peut même brûler comme la bonne eau-de-vie. Il faudrait un solide buveur pour pouvoir en supporter trois verres sans s’enivrer, mais il ne cause jamais de mal de tête. La couleur de ce vin se distingue des autres parce que plus il est vieux plus il devient vert.
- De même le prince Nicolas Soutzo, dans ses notices sur la Moldavie (i85o), estime le vin de Cotnar tout aussi bon, sinon meilleur, que le vin supérieur du Rhin, et le dénomme à juste titre la « fleur de la Roumanie et la perle de la Moldavie ».
- Le cru de Cotnar n’est pas bien grand. Il couvre à peine 557 hectares de vignes, auxquelles on peut encore ajouter comme voisins les crus de Balceni, de Badeni, de Ceplenitza produisant de très bons vins blancs et ayant quelque ressemblance avec les vins de Cotnar. Ces vins, en général, sont blancs et vieillissent difficilement à cause de leur richesse en alcool et en matières extractives. Par voie naturelle, à peine après quatre ou cinq ans arrivent-ils à une limpidité parfaite, parce que, étant riches en sucre, leur fermentation lente, surtout dans les caves profondes, soit de Cotnar, soit des villes moldaves, se fait petit à petit, d’où il résulte que la masse est presque toujours en agitation.
- Le vin de Cotnar est capiteux et ne convient, dans la majorité des cas, que comme vin de dessert; aussi est-il très recherché à ce titre. Pour que ces vins atteignent leur maximum de qualité, il leur faut au moins huit à dix ans de tonneau en ayant soin de faire des ouillages et des soutirages réguliers.
- Gu. X. — Cl. 60. 22
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- Les vins rouges de Cotnar n’ont pas du tout la finesse qu’on pourrait leur supposer, si on se rapporte aux qualités des vins blancs du meme cru. Ils n’ont ni la richesse en alcool, ni le bouquet, ni l’arome et la finesse des vins blancs qui ont un goût caractéristique de pommes. De couleur rouge clair, ils sont légers, un peu acides, et ne peuvent être classés qu’à un rang inférieur à celui des bons vins rouges d’Uricani, ou des autres localités, qui forment les charmants environs cflassy, cette jolie ville, ancienne capitale de la Moldavie.
- Comme second centre viticole important après Cotnar, dans la Haute Moldavie, nous avons les vignobles éparpillés sur les belles et pittoresques positions où nous trouvons certains anciens monastères comme celui de Socola, Galata, Cetatuia et autres, ainsi qu’une bande plus ou moins large et éloignée formant presque un demi-cercle convergeant vers Iassy. Tous les vignobles qui font face à la ville d’Iassy produisent des vins blancs en grande majorité, et ils entrent pour plus de 80 p. 1 oo par rapport aux vins rouges et roses.
- Les vins d’Uricani, ainsi que ceux qui sont récoltés aux environs mêmes d’Iassy, ont des qualités qui les font estimer par tous les gourmets. Ils sont supérieurs à ceux de Nicoresti et n’ont aucune ressemblance avec ceux de Mehedintzi. Le vin d’Uricani, à part son coloris rubis qui est chatoyant, a un goût très caractéristique, un bouquet bien prononcé qui se développe avec l’àge en même temps que son arôme; il est velouté et très engageant à boire.
- Dans la région de la Munténie, nous trouvons deux crus bien distincts, ceux du département de Romnicul-Sarat qui touchent à leur extrémité septentrionale ceux d’Odo-besti, où la culture et même les cépages ne sont pas très différents; puis, ceux de Buzeu qui servent d’intermédiaires et même de limite à un autre genre de culture, d’autres cépages et même d’autres vins supérieurs, plus riches en alcool, que nous trouverons de là vers l’Olténie.
- Les vins obtenus sur les collines de Vertescoi, de Faraoane, Bontesti, Timboesti, Jicleni, etc., sont meilleurs que ceux que l’on récolte au pied des collines comme celles de Popesti, Urechiesti ou ailleurs. Ce sont pour la plupart des vins blancs; cependant on y trouve un peu plus de vin rouge que dans le cru d’Odobesti qui a la spécialité des vins blancs.
- Dans le département de Buzeu, la physionomie générale des vignobles change et avec elle aussi la production et même'la qualité des vins. Ils sont plus alcooliques, plus fins et de meilleure garde que ceux du département voisin et de la région de la Moldavie.
- Buzeu partage à peu près ses vins, comme réputation, la moitié en blancs et la moitié en rouges. Aujourd’hui, par suite du phylloxéra, on ne trouve presque plus de ces vins.
- Dans le centre de la Munténie, nous trouvons le plus beau vignoble de la Roumanie, tant sous le rapport de la qualité de ses produits que par sa situation. C’est le Dealut-Mare, ancien cru connu pour ses produits en vin et en raisins; malheureusement il a perdu complètement ses vignes par le fait du phylloxéra. La majorité des produits de
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- cette région étaient blancs, mais les rouges avaient aussi leur part, quoique restant au second plan. Ils étaient très délicats, bouquetés et pleins d’arome et de finesse. Ils constituaient les meilleurs vins de table et étaient de beaucoup supérieurs à ceux de Moldavie. Leur richesse en alcool dépassait 10 degrés et, en vieillissant, ils acquéraient de hautes qualités, et de plus leur conservation était très facile. Les crus d’ordre secondaire dans ce département se trouvaient dans une région un peu plus éloignée que la précédente et produisaient néanmoins de bons vins, inférieurs aux premiers.
- Un département viticole encore très important pour la production quantitative c’est celui de Dambovitza. Le vin qui se récoltait avant l’invasion phylloxérique était en majorité de cépages blancs; il n’était pas très fin et se conservait assez difficilement.
- Dans l’Ouest, il existe une région se composant de tous les vignobles appartenant aux départements de Muscel, d’Arges et de l’Olt. Parmi les deux premiers, c’est le département de Muscel qui a quelque réputation pour les vins produits dans la «Podgoria».
- Dans la partie méridionale se trouvent plusieurs départements qui ont aussi des vignobles comme les départements de Brada, Ilfov, Vlasca, Ialomita et Teleorman. Le vin n’est pas de première qualité.
- L’Olténie peut être divisée en deux autres sous-régions, la septentrionale et la méridionale.
- ' Dans la région septentrionale existe un des crus importants pour la production des vins blancs, celui de Dragachani. Situé dans le département de Vêlcea, il comprend tous les vignobles qui avoisinent la petite ville de Dragachani, située dans la vallée de l’Olt et principalement ceux de Dealul-Oltului qui produisent les meilleurs vins blancs, très riches en alcool et en matières extractives; en vieillissant ils prennent un goût de terroir très caractéristique, beaucoup de bouquet et constituent aujourd’hui le meilleur vin de table.
- Il existe encore un autre assez grand centre viticole pour les vins blancs, inférieur cependant, c’est celui qui est constitué par les vignes des environs de Têrgul-Jiu.
- Par opposition aux vins blancs supérieurs de Dragachani, on rencontre dans la partie méridionale les crus produisant les vins fins et rouges de Mehedintzi et Doljiu. Dans cette partie, le pays possédait, avant l’invasion phylloxérique, les meilleurs crus pour la production des vins rouges et roses. C’était pour les vins rouges ce que Dealul Mare, Gotnari et Dragachani étaient pour les vins blancs.
- Dans le département de Mehedintzi les vins étaient plutôt roses, alcooliques. Regova constitue un cru de toute première marque situé au-dessus d’Hivona. Orevitza constitue le premier cru non seulement de la région, mais aussi du pays entier pour la qualité des vins qu’il produisait. Golul Drincea, de même qu’Orevitza, était un vignoble très en renom dans le pays pour la haute qualité de ses vins. Ces produits ressemblaient beaucoup à ceux d’Orevitza, mais ils étaient plus colorés encore et un peu plus corsés.
- Le département de Doljiu était classé au premier rang, mais le phylloxéra ayant fait des ravages considérables, son importance comme production a beaucoup diminué.
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- Le vin cle presque tous les crus de Doljiu était très coloré et très alcoolique, et en vieillissant il prenait la couleur de pelure d’oignon avec un arôme très prononcé de rancio, surtout si le vin était fait avec des raisins un peu passerillés. Les crus de Vulcanesti et ses environs produisaient des vins excellents, plus légers et moins colorés.
- Romanatz dont une partie des vignobles, celle de Cepari, Carlogani, etc., touche dans la partie septentrionale aux vignobles de Dragachani, produit des vins assez bons. Le reste des vignobles se trouve dans la plaine jusque vers le Danube.
- La Dobroudja comprend les vignes appartenant à deux départements. Les vignes sont très anciennes et constituent une culture assez rémunératrice. La Dobroudja, ancienne province turque, qui a passé à la Roumanie depuis la dernière guerre russo-turque (1877), ne cultivait auparavant la vigne que pour les raisins de table. Les vins produits ne sont ni très fins, ni supérieurs, et ils ressemblent beaucoup à ceux d’Odo-besti, avec la seule différence qu’ils sont plus alcooliques. On trouve des vins blancs, rouges et roses dans des proportions presque égales.
- L’Autriche-Hongrie a été et est la cliente la plus constante pour les vins de la Roumanie; après viennent la France, accidentellement, puis l’Allemagne et la Turquie.
- La Roumanie comptait 83 exposants, n’ayant pas envoyé moins de 2 1 4 échantillons. Le Jury leur a décerné 2 grands prix, i3 médailles d’or, 33 médailles d’argent, 18 médailles de bronze, 15 mentions honorables.
- RUSSIE.
- La Russie montre des vins rouges et blancs ordinaires de Crimée qui, malgré un léger goût de terroir, sont bons comme saveur et parfum, ils ont du corps, de l’alcool, beaucoup de fermeté. Le vin de Kakhétie est fort en couleur, ferme, très corsé. Les vins rouges de Bessarabie ont un goût plein, assez frais, bien savoureux; on peut leur reprocher du terroir. Quant aux vins du Caucase, ils ont beaucoup d’alcool, de fermeté, un arôme prononcé. Ce sont, pour la plupart, de gros vins de coupage qu’on emploie en les mélangeant avec des vins de Bessarabie. Signalons aussi quelques bons vins blancs rappelant les vins de la Moselle et du Rhin et des mousseux agréables.
- La surface couverte de vignes et la production du vin par région sont données ci-dessous , d’après les chiffres officiels les plus récents :
- ÉTENDUE PnODUCTION
- DES VIGNOULK'-î. DU VIN.
- hcctarcj. hectolitre:).
- Caucase 117,500 1,157,000
- Bessarabie 74,200 1,476,000
- Turkestan 2i,5oo 6,000
- District de Novorossiisk 13,900 195,000
- Crimée 6,900 1 i5,ooo
- Région du Don 3,3oo 3,8oo
- Région d1 Astrakan 1,000 3,ooo
- Total..................... 238,3oo 2,955,800
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- 11 est à remarquer que, depuis 1890, la production du vin en Russie n’a pas augmenté; elle a même subi une légère diminution dans ces derniers temps. En effet, on évaluait, il y a dix ans, la surface complantée en vignes à 196,660 hectares et la production du vin à 5,32 1,000 hectolitres. Depuis cette époque, il y a eu diminution dans la quantité de vin obtenue, bien que l’étendue des vignes ait augmenté. Cette circonstance doit être attribuée aux ravages causés dans les vignobles russes par le phylloxéra, qui ne cesse de s’étendre en Russie, et en outre par les maladies cryptogamiques.
- La limite septentrionale de la culture de la vigne dans la Russie d’Europe est formée par une ligne qui part de Mohilev, ville située sur le Dniester, par 48° 27'de latitude nord, passe à Schpola, dans le gouvernement de Kiew, à Alexandrovsk sur le Dnieper, à Ekaterinoslav par 48° 27', traverse le Don à Piatiisbinskaïa Stanitsa et la Volga à Sarepta par 47° 3 de latitude et se dirige ensuite vers l’embouchure de l’Oural. Comme on le voit, la limite extrême de la vigne ne dépasse pas au nord la latitude de 49 degrés et elle se confond, à peu de chose près, avec les lignes isothermes de mars et de septembre qui correspondent à 16 degrés centigrades.
- Le Caucase figure au premier rang parmi les régions viticoles de la Russie, sinon pour la production du vin, du moins pour la surface plantée en vignes. La chaîne du Caucase divise cette région en deux parties : la Caucasie au nord et la Transcaucasie au sud. La première comprend les districts de Kouban et de Tersk et le gouvernement de Stavropol, et la seconde, la région de la mer Noire, les gouvernements de Koutaïs, de Tiflis, d’Elisabethpol, d’Erivan et de Bakou, et les districts de Kars et du Daghestan.
- Dans le district de Kouban, la surface des vignobles est légèrement supérieure à 000 hectares et la production du vin ne dépasse pas, année moyenne, 3,500 hectolitres. Il est à remarquer que le tiers des raisins récoltés est seulement employé à la fabrication, les deux autres tiers sont consommés à l’état frais. Le terrain consacré à la vigne est en général sablonneux, mais, par place, domine l’argile. Dans la steppe, c’est la terre noire que l’on rencontre le plus souvent. Les boutures de la vigne sont plantées en lignes et, pendant les deux premières années, elles sont coupées près de terre. Ce n’est que la troisième année qu’on les laisse monter à une hauteur de 35 centimètres environ au-dessus du sol; la quatrième année on les laisse monter plus haut encore, puis, les années suivantes, on les attache à des perches. — Dans le district de Tersk, il y a environ une surface de 17,000 hectares plantée en vignes qui produisent, année moyenne, environ 32 5,000 hectolitres de vin, soit, à peu de chose près, 1 9 hectolitres à l’hectare. Les deux tiers du vin obtenu sont transformés en alcool. La vigne est plantée de préférence dans les sols argileux, et les ceps sont, pendant l’hiver, recouverts de terre afin de résister à la rigueur de la température. Le vin préparé dans ce district est connu sous le nom de vin de Kisliar, du nom de la ville d’où il est expédié. Ce vin est principalement vendu à la foire de Nijni-Novgorod et sur les principaux marchés de la Russie méridionale.— La surface recouverte par les vignobles dans le gouvernement de Stavropol s’élève à 3,700 hectares et la récolte annuelle de vin est évaluée à 66,000 hectolitres. Le principal centre de la fabrication du vin est le
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- village de Praskoïarsk, aussi le vin du gouvernement de Stavropol est-il généralement connu sous le nom de praskovéisk. Gomme dans la région précédente, les ceps sont recouverts de terre en hiver.
- En résumé, on voit par les chiffres donnés ci-dessus que l’étendue des vignobles dans le Caucase s’élève à environ 25,700 hectares produisant, année moyenne, 394,500 hectolitres de vin.
- D’après AL Basile Tairoff, dans la Transcaucasie, la première place, pour la viticulture, était récemment occupée par le gouvernement de Koutaïs, dont les cinq districts avaient une étendue de vignobles de 38,i5o hectares avec une production de 6i5,ooo hectolitres. Mais, par suite du développement du phylloxéra et autres maladies de la vigne, la surface des vignobles et la quantité du vin récolté diminuent tous les ans, et la première place, dans la région viticole de la Transcaucasie, est actuellement occupée par le gouvernement de Tillis. Les dernières statistiques montrent que dans le gouvernement de Koutaïs l’étendue des vignobles est encore de 29,000 hectares produisant annuellement 52 0,000 hectolitres de vin. Le plus estimé est appelé svirsk et est fourni par le village de Soir.
- Dans les districts de Batoum et d’Artvvin, situés dans le gouvernement de Koutaïs, la vigne croît spontanément, et elle est cultivée partout où l’altitude de la localité et l’escarpement des montagnes ne rendent pas la culture impossible. Les statistiques manquent pour ces deux districts, tant pour l’étendue des vignobles que pour la quantité du vin qui est récolté. Les vignobles des régions de la mer Noire et de Soukhoum occupent une étendue de près de 2,000 hectares et fournissent environ 10,000 hectolitres de vin. Le gouvernement de Tiflis fournit les vins de Gahetie qui sont très estimés. On évalue à environ 55,o00 hectares la surface des vignobles et la production annuelle dépasse 520,000 hectolitres.
- Les principaux centres de viticulture sont situés sur les bords de l’Alazan qui traverse la Gahétie : Tsinoudaly, Kardanakh, Aloukouzan et Moukran.
- A peine le tiers des vins récoltés est vendu hors du gouvernement, le reste est consommé sur place, ce qui explique le grand désir de reconstituer, l’habitant ne pouvant guère se passer de boire du vin.
- Les prix de vente sur place varient entre 80 kopecs et 3 roubles le vedro, mais ce dernier prix n’est atteint qu’accidentellement et pendant les grandes chaleurs de la fin d’été. Les vignerons n’ayant pas de caves et conservant le vin dans des amphores, puis,
- . d’autre part, le faisant mal, faute de connaissances suffisantes, cherchent à le vendre de bonne heure, dans la crainte de le voir se gâter.
- Le gouvernement de la mer Noire étant très montagneux et couvert de forêts, moins de 10 p. 100 de son territoire peut être cultivé avantageusement en vignes, et encore faut-il ajouter que presque la moitié, au Sud-Est, ne pourra jamais produire que des vins médiocres, par suite de l’excès d’humidité. Dans la région de Novorossisk, mieux favorisée à cet égard, règne souvent un vent violent du Nord-Est séchant ou gelant une partie des vignes, suivant les saisons. Le sol et le sous-sol sont formés de couches très
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- obliques, quelquefois verticales, de schistes gris et blancs très calcaires et sans silice, sur lesquels il n’y a presque pas d’humus. La culture n’y est possible qu’à la main. Les cépages cultivés sont: portugais bleu, gamay, riesling, cabernet, sémillon, traminer, muscats, pinots, alligotés. Le riesling et le cabernet paraissent avoir donné les meilleurs résultats; ils sont suffisamment alcooliques, mais creux et manquent de moelleux, de velouté, de couleur et de bouquet, ce qui s’explique par la composition du sol.
- De cet examen on peut bien conclure que les vins du gouvernement de la mer Noire n’égaleront jamais en qualités ceux du Bordelais et du Rheingau. On fait, du reste, tout ce qu’il faut pour cela, car on paraît éviter de planter la vigne sur les veines de terrains assez profonds, d’un rouge brun, contenant beaucoup plus d’alumine, de silice et de fer que les précédents et situés sur les flancs ou au bas des coteaux, pour ne rechercher que des pierres et du calcaire.
- Les vendanges et la vinification ne s’y font pas non plus rationnellement. Quelles que soient les années, chaudes et sèches ou pluvieuses ou froides, on veut atteindre le maximum d’alcool sans s’occuper de l’acidité, d’où mauvaise fermentation et vins médiocres, plats ou malades.
- Depuis quelques années, les pinots, ayant été vendangés et pressés (pour faire des vins mousseux) avec soin, et suivant la méthode champenoise, ont produit de beaux vins frais et délicats, quoique manquant d’étoffe et de bouquet, pour les raisons exposées plus haut. Ce succès relatif a donné l’idée à certains œnologues de vendanger de cette façon les rieslings et les sémillons, ce qui est tout à fait contraire aux méthodes employées dans le Rheingau et le Saumurois, ces types de vin devant posséder des qualités presque opposées à celles des vins mousseux. C’est donc courir à un nouvel insuccès. Ce n’est pas en changeant le mode de vinification qu’on ajoutera ce que le sol ne peut pas donner. On pourra produire des vins plus légers et plus frais, mais inférieurs et ne possédant ni le caractère ni la qualité des types qu’on voulait obtenir.
- Les Apanages impériaux vendent un vin mousseux d’Abrau-Dursau (et non pas un champagne) qui, certes, ne peut avoir la prétention de lutter avec les bonnes marques champenoises; mais, de l’avis même de plusieurs experts, il peut faire une concurrence sérieuse aux vins préparés à Varsovie et à Saint-Pétersbourg, et présentés au public russe comme champagne véritable, importé en fûts.
- De ce qui précède, on peut conclure que, pendant longtemps, les vignobles du gouvernement de la mer Noire ne produiront tout au plus que de bons ordinaires; qu’en changeant de méthodes, on pourra arriver à produire des vins de bonne qualité moyenne, mais que, quoi qu’on fasse, on n’y récoltera pas des types pouvant lutter avec nos grands vins.
- La Crimée, qui n’est qu’au quatrième rang des régions vinicoles de la Russie par le chiffre de sa production, est l’une des plus remarquables par le caractère et la qualité de ses vins. La côte Sud, protégée par la chaîne Taurique contre les rigueurs excessives du froid, est la plus favorable à la culture de la vigne, qui florissait déjà du temps des Grecs. Au milieu du xvi° siècle, Soudakh avait de grands vignobles qui donnaient le meil-
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- leur vin de Crimée. Dans les vallées septentrionales le vin était abondant. Depuis le début de notre siècle, la viticulture fit des progrès, mais les vignerons commirent la faute de viser souvent à la quantité plus qu’à la qualité.
- A côté des cépages indigènes on planta des cépages de Alalaga, du pinot fleuri de Bourgogne et du riesling; ce fut ensuite le tour du cabernet, du sauvignon, du fur-mint, du sercial et du mourisco; puis furent acclimatés le muscat, l’isabelle et le caillaba.
- Les vins de la côte du Sud sont très chauds ; ils n’ont pas la délicatesse et le bouquet qui appartiennent exclusivement aux produits des climats tempérés. En revanche, ils conviennent très bien comme vins de dessert ou de liqueur. Certaines bouteilles rappellent soit le malaga, soit le madère. Il y a aussi des vins blancs remarquables, tirant sur certains bourgognes et des produits faciles à champagniser.
- A Théodosie, à une exposition encore méridionale, mais au delà de la côte et en dehors de la chaîne qui lui fait écran, on rencontre des vins rouges d’une certaine finesse, d’un titre alcoolique beaucoup moins élevé que les précédents, plus comparables au type de nos bordeaux. Il y a beaucoup de cabernets par là.
- Dans les terrains schisteux, tels que Goursouf, Livadia, Massandra, dominent les produits ayant du corps, mais assez grossiers. Les terrains d’alluvion fournissent de grands rendements, mais des liquides ordinaires, dont la qualité diminue plutôt que d’augmenter avec l’âge.
- D’une manière générale les plants européens qui réussissent le mieux dans la région sont le cabernet et le mourvèdre, le premier donnant le corps et le bouquet, le second un peu de cette fraîcheur qui manque toujours aux vins des pays trop chauds.
- Normalement les vins de Crimée ne devraient pas être mis en bouteille avant trois ans à partir de la récolte et seulement après avoir subi de nombreux soutirages. Mais la mise en bouteille n’a lieu que trop souvent après une année. Il y a même des maisons importantes qui n’attendent pas plus de six mois. Aussi n’existe-t-il guère dans le commerce de ces vins soignés, parfaits, constituant un type bien défini, tels que nous en offrent à foison nos caves du Médoc, de la Bourgogne et de la Champagne. Quelques producteurs d’élite parviennent seuls à en présenter des échantillons vraiment beaux.
- Le gouvernement de Bessarabie confine à l’Ouest à la Roumanie, dont il est séparé par le Pruth; au Midi, il s’étend jusqu’au Danube; au Nord et à l’Est il est borné par le Dniester et par la mer Noire. On voit donc que la Bessarabie a de tous côtés des limites naturelles, excepté au Nord-Ouest, où elle touche à l’Autriche par une frontière artificielle. Au point de vue géologique, le sol est composé de terre végétale mêlée d’argile ou de sable; le bord des rivières est formé de couches sablonneuses couvertes de fange, sur lesquelles croissent des roseaux nommés «plawni». Le climat est assez rigoureux. En été la pluie fait totalement défaut et la chaleur s’élève de 3 o et même jusqu’à 4o degrés à l’ombre. En hiver les gelées atteignent de î o à 15 degrés et quelquefois la température baisse à 2 5 degrés; il neige rarement et souvent pas du tout comme les années 1891 et 1893 le montrent.
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- Au printemps et à l’automne l’affaissement atmosphérique est peu sensible; en revanche, les gelées matinales et sidérales sont rares.
- La culture de la vigne était pratiquée en Bessarabie depuis les temps les plus reculés, c’est-à-dire vers le ive ou ve siècle avant J.-C., lorsque les colonies grecques se répandirent sur les bords septentrionaux de la mer Noire. A partir du xne siècle et après une période de barbarie, les Génois et les Turcs favorisèrent tour à tour la viticulture. Depuis le début du siècle dernier, grâce à l’initiative des csars, la Bessarabie a beaucoup progressé. C’est principalement à Chabag que les vignobles prospérèrent, lorsque le débit du vin s’étendit jusqu’à Odessa. A l’exemple des colons étrangers, les propriétaires de vignobles d’Akkerman donnèrent de l’extension à leurs plantations et*améliorèrent le système de la fabrication du vin. Plusieurs colons cultivateurs de Chabag se transportèrent sur les bords du Dniester, à Pourkari et Leontieff, et donnèrent de la célébrité à ces localités par un vin exquis obtenu du cépage des vignes du pays: pomarara negra (séréxia, malvoisie rouge). A Chabag, la préparation des vins obtint les résultats les plus inespérés et les plus brillants et les produits de cette région se débitent dans tout l’Empire russe sous différentes marques, selon entente mutuelle entre les négociants.
- Le dernier recensement du comité phylioxérique d’Odessa indique une superficie de 66,000 arpents de terrains viticoles, les jardins et les vignobles formant un chiffre de 170,000 pour à peu près 1,307 villages. Pour le territoire du gouvernement, les vignobles se classifient autrement que ceux des districts septentrionaux; notamment Hotin, Bieletz, Sorok, moins propices à la viticulture. Les districts viticoles sont les cinq suivants : 2 districts centraux, Kichinieff et Orcheff, et 3 méridionaux, Akkerman, Ismaïl, Bender. C’est dans le district d’Akkerman que la culture de la vigne est la plus développée.
- NOMBRE
- tle de de
- VILLAGES. JARDINS. PLANTS DE VIGNE.
- Hotin 102 759 217,652
- Bieletz 188 1 i,o3i 2,437,772
- Sorok 163 3,^99 871,918
- Kichinieff. *7* 38,o4i 11,972,053
- Orcheff 2l5 3i,2i6 9,482,828
- Bender 127 25,749 i3,i8o,936
- Ismaïl 189 28,691 25,102,325
- Akkerman 1 5 2 38,093 5o,112,880
- Totaüx 1,307 *77>°79 1 i3,428,364
- D’après les nombres ci-dessus de jardins et de plants de vigne, il est facile de juger du développement de la viticulture dans le district d’Akkerman. Rappelons que la production totale du vin en Bessarabie est environ de 12 millions de vedros (à peu près 1 million et demi d’hectolitres).
- On cultive en Bessarabie des cépages de la Crimée, de l’étranger et du pays; quant
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- à ceux introduits dans les temps reculés ils s’acclimatèrent rapidement aux conditions du terroir. Les cépages des diverses espèces bessarabiennes se distinguent des autres cépages locaux par une grande variété de formes. Depuis peu on en a commencé la classification, travail cpii offre de grandes difficultés, vu les différentes dénominations dans diverses parties du gouvernement, pour une même variété de formes. Lesdits cépages se font remarquer surtout par leur haute taille et l’abondance de leurs fruits qui mûrissent assez tard; ils contiennent beaucoup d’acide et pourrissent facilement lorsque la pluie tombe avant leur complète maturité.
- Pour les vins rouges, on planta les espèces cabernet et alicante, pour les blancs : saint-émilion, pedro ximénès, différentes qualités de chasselas et de muscat.
- L’obstacle qui s’oppose au développement des cépages français provient de ce qu’ils sont très susceptibles de geler et, malgré l’énergie et les efforts des viticulteurs, on n’arrive pas à répandre toutes les qualités voulues. Grâce à la fertilité du sol, chaque parcelle de terrain est utilisée à la culture de la vigne, mais les endroits privilégiés sont les coteaux sablonneux du Sud et du Sud-Est.
- Le vin de Bessarabie bien préparé se distingue par un goût spécial, très moelleux, et par son absence d’aigreur. Le rouge ressemble beaucoup au vin français, et le blanc, au vin du Rhin, surtout à celui de la Moselle. La couleur rouge n’est cependant pas durable; il faut remarquer qu’elle pâlit au bout de peu de temps. Pour y remédier, les négociants font des coupages avec du vin de Caucase de couleur foncée. Les meilleures espèces de vins blancs de Bessarabie se vendent quelquefois sous le nom de vin de Crimée.
- L’état actuel de la viticulture en Bessarabie est loin d’être satisfaisant. Abstraction faite des sécheresses, des hivers sans neige, des parasites végétaux, etc., ce sont principalement les procédés primitifs appliqués à la culture des vignobles et la négligence des propriétaires qui opposèrent de sérieux obstacles au développement de la vigne. Bien qu’on ait agrandi l’étendue des vignobles de 70,000 arpents de terrain, le nombre de ceps a de beaucoup diminué comparativement aux années précédentes.
- En somme, toute la Russie méridionale souffre déjà depuis deux ans de la crise viticole; le vin ne trouve pas de débouchés et, par suite, les prix ont fléchi d’une manière sensible. Aussi la situation des vignerons dans la Bessarabie et dans le gouvernement de Kherson est-elle compromise. Cet état de choses a pour cause, prétend-on, la surproduction. Cette explication peut paraître étrange, si l’on considère l’étendue de l’Empire russe et surtout si l’on songe que la Roumanie, avec une population de 6 millions d’habitants, produit plus de vin que la Russie. Ce qui manque, en réalité, ce sont les facilités et les conditions favorables pour la vente. Mais Ton ne doit pas s’attendre à l’extension des débouchés tant que la surface plantée en vignes continuera à s’accroître, comme elle s’est accrue dans ces dernières années sous l’influence des mesures favorables prises par le Gouvernement russe pour développer la viticulture. La cause véritable de la crise dans cette région provient du fait que rien n’a été fait par les propriétaires pour améliorer la qualité des vins russes, qui est toujours médiocre. Dans l’Europe occiden-
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- taie, les négociants achètent leur vin aux vignerons et le transportent clans des caves où il subit les manipulations nécessaires pour l’améliorer. Rien de semblable en Russie. C’est en vain que le Gouvernement russe, pour permettre aux vignerons d’améliorer leurs produits, leur a offert à des conditions avantageuses les capitaux nécessaires pour construire des caves ; les propriétaires n’ont pas répondu à l’appel du Gouvernement. Peut-être la misère des vignerons les incitera-t-elle à montrer plus d’initiative et d’énergie pour l’amélioration de leurs produits.
- Ces considérations sur les causes de la crise sont tirées de la Weinlaube, organe allemand important. Mais le point de vue est tout autre en Russie , principalement sur les remèdes à apporter à la situation.
- Dans la dernière séance du comité viticole de la Société d’agriculture de la Russie méridionale, tenue à Odessa le 13/26 février dernier, AI. Stylos, docteur en chimie, a présenté un important rapport sur la crise que traversent en ce moment la viticulture et la vinification de cette région.
- La culture de la vigne, a-t-il dit, commençait à peine à se développer quand, sous l’influence de causes diverses, elle s’est trouvée compromise subitement à un tel point que clés mesures énergiques prises immédiatement peuvent seules remédier à la crise actuelle et empêcher cette industrie de disparaître. Déjà, non seulement en Ressarabie, mais en Crimée, et jusque dans le voisinage des grands centres, il arrive assez souvent aux cultivateurs d’abandonner leurs vignobles; non loin de Jalta, dans le village tartare de Dereminkoï, les viticulteurs vont même jusqu’à arracher leurs ceps.
- C’est aux défauts de la viticulture et aux mesures de restriction apportées au placement des vins de raisin qu’il faut attribuer les causes de cette crise.
- Avant l’apparition des maladies cryptogamiques, la culture de la vigne pouvait encore être considérée comme avantageuse; il n’en est plus ainsi. Voici plus de quinze ans que Toïdium et le mildew ravagent les vignobles, sans qu’aucune mesure soit prise pour enrayer le fléau qui va grandissant, en présence de l’ignorance et de l’incrédulité de la plupart des paysans.
- Il est donc indispensable d’organiser le traitement collectif des vignobles appartenant aux classes rurales et surtout de fixer autant que possible par les soins d’une commission spéciale l’époque des vendanges et ne pas en laisser le choix aux paysans qui, trop souvent, les font dès la moitié du mois d’août et obtiennent alors un produit aigre et aqueux.
- Ensuite il faut songer à l’installation de cuves et de caves dans les grandes propriétés. Quant aux paysans, il serait à souhaiter qu’ils trouvassent des cuves guilloires et des caves communes pour préparer et conserver leurs récoltes. En effet, la fermentation du vin se fait simplement dans les jardins et dans les cours, non seulement chez le paysan, mais aussi chez de gros propriétaires dont les récoltes produisent de 10,000 à 12,000 ve-dros(1) par an, et, pendant les nuits froides de septembre et d’octobre, la fermentation
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- s’arrête, cle sorte que les vins ainsi fabriqués sont sujets à maladies et impossibles à conserver.
- C’est en ayant recours à l’association qu’on pourrait arriver à installer dans chaque village des caves où les paysans prépareraient leurs vins sous la surveillance cl’un vigneron expérimenté. Les vins seraient ainsi mieux faits et les acheteurs auraient de plus la possibilité de se procurer des lots importants de vins identiques, ce qui n’arrive pas aujourd’hui.
- L’auteur du rapport préconise, en outre, une exposition annuelle des vins nouveaux dans le centre de chaque région viticole ; ensuite, pour favoriser le placement des vins vieux, la publication, dans l’organe local de viticulture et de vinification, du résultat des transactions avec indication des prix et des quantités disponibles. Les pépinières actuelles étant insuffisantes, il serait nécessaire d’en créer de nouvelles. D’autre part, la réduction des tarifs de transport des vins par voie ferrée s’impose également. L’installation de wagons chauffés pour le transport des vins en hiver, comme il en a été établi pour les fruits, est de toute nécessité. Un point important est encore la lutte contre la falsification.
- Avec l’introduction en Russie du monopole sur les vins et spiritueux, le Gouvernement a inauguré dans le commerce de ces produits toute une série de restrictions. Mais ce n’est pas au moyen de ces restrictions qu’on parviendra à diminuer les habitudes d’intempérance ; non seulement on ne devrait pas mettre le moindre empêchement à la vente de vin, mais on devrait au contraire en favoriser la consommation sur place sous une certaine surveillance, dans des locaux sains où le public ne trouverait que des produits naturels et non falsifiés. Enfin le développement de la fabrication de l’eau-de-vie avec des vins légers qui ne peuvent se conserver ajouterait aussi une ressource nouvelle à l’économie rurale. Telles sont les mesures à prendre pour donner une extension nouvelle à la fabrication et au commerce des vins russes.
- Une commission a été nommée en vue d’examiner ces mesures pour lesquelles on réclamera la sanction gouvernementale et l’appui indispensable des autorités compétentes. Sauf pour l’époque des vendanges, les principales dispositions ci-dessus mentionnées ont été approuvées.
- L’exposition russe, très intéressante par la qualité des types soumis au Jury : vins rouges, vins blancs, vins de liqueur et vins mousseux, comportait 2 34 échantillons divers présentés par 5 9 concurrents. Ils ont été récompensés comme suit : 1 grand prix, 10 médailles d’or, 1 3 d’argent, i3 de bronze et 9 mentions honorables.
- SERBIE.
- L’exposition de la Serbie contient une petite quantité de vins assez francs. Les principaux sont ceux de Negotin et de Smederevo, qui ont beaucoup de rapport avec les petits vins espagnols. Certains ont des goûts d’herbage ou s’altèrent facilement. Les vins de
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- Nisch sont peu alcooliques, mais d’une riche nuance rouge, assez tannifères; ils possèdent souvent un parfum agréable.
- Les vignes occupent, en ce pays, une superficie de 68,32 0 hectares, qui produisent annuellement en moyenne environ 900,000 hectolitres de vins. Ils se consomment sur place, sauf y0,000 hectolitres qui s’exportent, surtout en Autriche.
- La production d’eaux-de-vie de vin est à peu près de 11 2,000 hectolitres.
- Tels sont les chiffres qui ont été fournis par le commissaire général de l’exposition serbe. Il en résulte que les efforts constants du Gouvernement serbe tendant à la reconstitution du vignoble ont été couronnés de succès. La replantation a marché à grands pas depuis quelques années. En effet, en 1889 la superficie des vignobles en Serbie était estimée à k3,30k hectares, produisant environ 800,000 hectolitres de vin. En 1892, près de 10,000 hectares étaient complètement détruits par le phylloxéra et 11,000 étaient atteints. Il ne restait donc plus à cette époque que 22,000 hectares indemnes.
- La Serbie, qui pouvait en 1889 exporter une valeur de 1,500,000 francs de vins, se trouvait obligée, en 1892, d’en recevoir de l’étranger pour subvenir aux besoins de sa propre consommation. En 189/1, son importation s’élevait encore à 51,000 hectolitres. Voilà maintenant ce pays en état de se suffire à lui-même.
- L’exposition serbe contenait 1 61 échantillons de vins divers présentés par 1 9 exposants.
- Les récompenses obtenues ont été : 2 médailles d’or, 10 mentions honorables.
- i3 d’argent, 9 de bronze et
- SUISSE.
- Le vignoble suisse était représenté d’une façon très intéressante à l’Exposition universelle.
- Le canton de Vaud possède des vins dont la saveur est droite, le parfum agréable, avec de la légèreté. Ils n’ont toutefois ni grand corps, ni charpente, ni ampleur.
- Les vins rouges de la région de Schaffouse sont bons, droits et parfois assez fins. Même note pour ceux de Bâle, de Soleure, de Berne, d’Argovie. La Valteline donne des vins rouges foncés ayant du mérite, quoique manquant de distinction.
- Les vins rouges de Neuchâtel ont de la couleur, de l’éclat, une saveur agréable, un peu de bouquet, parfois de la finesse. Les blancs sont moins bons que les rouges.
- Les régions qui avaient exposé les échantillons les plus nombreux et les mieux réussis étaient le canton de Vaud et le vignoble de Neuchâtel. L’exposition collective du Syndicat des encaveurs neuchâtelois avait réuni une série très variée de vins blancs et rouges et de vins mousseux. Le Jury a apprécié dans cette collection des vins très vieux admirablement développés et conservés, possédant presque le cachet d’un grand cru. Le Syndicat des vins vaüdois avait aussi une exposition remarquable. Ces deux collectivités ont obtenu chacune un grand prix.
- En dépit de l’invasion pbylloxérique, la Suisse possède encore un vignoble assez im-
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- portant. Nos voisins en tirent bon parti, grâce à une culture soignée, à la sélection des boutures et à une défense très bien organisée contre toutes les maladies de la vigne.
- La production du vin en Suisse est de 1,200,000 hectolitres en moyenne. Elle accuse des variations très fortes allant de 865,000 hectolitres (1898) jusqu’à 1,685,000 (1893). La valeur moyenne de l’hectolitre peut être évaluée 5 37 francs. Ces vins sont presque entièrement absorbés par la consommation locale, très considérable en été à cause du nombre énorme des visiteurs étrangers. L’exportation est insignifiante : 7,000 hectolitres en moyenne. Quant à l’importation, elle atteint 1,150,000 hectolitres d’une valeur d’environ 3o francs.
- La Suisse avait réuni 36 exposants ayant soumis 161 échantillons, qui ont obtenu 2 grands prix, 3 médailles d’or, 17 médailles d’argent, 8 de bronze et 1 mention.
- TURQUIE.
- La Turquie n’a que quelques exposants; ses vins rouges sont hauts en couleur et fournissent une bonne matière première pour les coupages. Ils sont nets de goût.
- La Syrie a des vins rouges ressemblant à ceux d’Algérie. Mais les produits les plus remarquables présentés au Jury sont des muscats de Samos, très fins et d’un parfum exquis.
- Les principaux groupes vinicoles de la Turquie sont :
- i° Les vins de Kirkilissé et environs d’Andrinople, lourds, très alcooliques, très colorés, recherchés pour les coupages;
- 20 Les vins de l’Archipel, analogues aux précédents, et les bons crus de Ténédos;
- 3° Les vins de Samos, Malvoisie, etc.;
- A0 Les vins de Chypre;
- 5° Les vins d’or du Liban, très doux, mais peu transportables; parmi eux, les vins de Sehtora sont très appréciés ;
- 6° Les vins de Palestine, un des groupes les plus importants.
- Autour du golfe d’Ismidt s’étendent des vignobles très considérables, mais où l’on cultive surtout le raisin de table, le délicieux tchaouck; quelques Européens, entre autres les Frères de la Doctrine chrétienne, y ont introduit la fabrication du vin à l’européenne avec des cépages français.
- C’est là que le phylloxéra fut découvert en 1886. Une commission antiphylloxérique fut constituée, comprenant Ahmed Djemal Bey, Chesnel-Effendi, Nichan Autréassian et Selim Bey, sous le patronage de S. E. Munir Bey, alors secrétaire général de l’Agriculture, aujourd’hui ambassadeur à Paris.
- Ce comité ne put faire entreprendre les traitements à cause des dépenses qu’ils nécessitent; on s’est tourné du côté des vignes américaines, et la Dette publique ottomane a créé des pépinières de reconstitution.
- Il y a trente ans la consommation du vin était plus réduite en Turquie qu’actuelle-ment. Les Européens et les rares indigènes fortunés, qui faisaient usage du vin, ache-
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- talent des vins de France. Pour 60 francs la barrique de 220 litres, dite bordelaise, on avait un bon vin du Midi rendu franco Marseille. Avec 1 0 francs de plus, on pouvait se procurer un excellent vin du Languedoc, et les petits bordeaux des côtes se payaient de 90 a 100 francs.
- Le goût des produits locaux existait cependant, et les habitants de Constantinople, qui buvaient du vin, consommaient les produits des meilleurs vignobles des environs : Pacha-Liman, Afissia, Marmara, la presqu’île de Cyzique, Gallipoli, Dardanelles, sur les côtes ou dans les îles de la Marmara; Kirkilissé et ses environs, sur la frontière de la Roumélie orientale, plus quelques vins doux de Chypre et de Samos. Notons encore le vin cuit de Pacha-Liman (1 epropalio ou Pacha-limmjotico), vin blanc qu’on faisait réduire à moitié, qui avait une couleur très jaune et une grande force alcoolique.
- Dans tous les vignobles où les vins sont trop durs pour être consommés, c’est-à-dire dans la région de Ganos-Kora, qui produit les meilleurs vins de coupage, le produit des vendanges était exclusivement employé à faire de Teau-de-vie. C’était la grande industrie du pays, et toutes les distilleries de la Roumélie sont sorties de là. Ces eaux-de-vie naturelles étaient expédiées à Chio, où on en faisait le fameux raki parfumé qui portait le nom de cette île. Actuellement il est presque totalement fabriqué avec des alcools de grains.
- Le phylloxéra ravagea le vignoble français, et notre pays manquait de vins pour servir son immense clientèle, dit M. de Raymond, dans le Bulletin de la Chambre de commerce française de Constantinople. Il fallait donc du vin à tout prix en France. Nos compatriotes allèrent le chercher en Italie, en Espagne et en Turquie. Dans la région Ganos-Kora, ils trouvèrent d’admirables vins de coupages d’une couleur rouge splendide, pesant 1 h et 15 degrés d’alcool, quelquefois 16 degrés, ayant ho à à5 grammes d’extrait sec, ainsi que de magnifiques vins blancs. Ils les achetèrent à des prix très élevés, jusqu’à i/h de livre turque (5 fr. y5) la mesure de 11 ocques, soit 1A litres, et, ne se bornant pas à cette région, enlevèrent tout le vin disponible se trouvant en Turquie. C’était l’âge d’or pour les vignerons ottomans; cela dura plusieurs années, avec des alternatives de hausse et de baisse, suivant que les récoltes espagnoles et italiennes étaient plus ou moins abondantes, mais avec une moyenne de prix splendide. De nouvelles plantations se firent; elles étaient nombreuses. A Miriofito, les grands propriétaires de vignes et surtout les courtiers construisaient de belles maisons; ces beaux jours furent courts. Le vignoble français se reconstitua : les tarifs protecteurs firent perdre à la Turquie une partie de sa clientèle vinicole, et ses vins, qui supportaient 2 francs de droit de douane par hectolitre en entrant en France, durent acquitter une moyenne de îh francs. On a payé depuis 100 paras (2 piastres 1/2) la mesure de vin qui avait valu 27 piastres ; cette année, elle a été vendue à h piastres, prix moyen.
- Nous jetterons un coup d’œil sur les localités produisant des vins qui sont les plus connues des acheteurs français.
- Partant de Constantinople en longeant la côte d’Europe de la mer de Marmara, nous nous arrêtons à Héraclée de Marmara, dont la récolte totale tient dans cinquante fûts.
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- A proximité de ce port, se trouve le domaine d’Omourdja, qui est un souvenir français. Après le phylloxéra, des Perpignanais se dirent que, puisqu’il n’était plus possible de produire du vin dans le Roussillon, on devait en faire ailleurs avec les méthodes françaises. L’idée était excellente ; elle fut mise en pratique avec inexpérience. Au lieu de se renseigner auprès des autorités consulaires françaises et des Français résidant à Constantinople, on acheta, en les payant cinq fois leur valeur, des terres impropres à la vigne. On les planta en partie, sans les purger au préalable des chiendents qui les infestaient, de plants de Médoc, deRourgogne, de Quarante-Eglises, de Karalakana de Ganos. Le vin produit par ce vignoble était à peu près impropre à la consommation et bon à distiller. C’est à quoi il sert encore principalement aujourd’hui.
- Nous rencontrons, après Héraclée, Xastros, Epivatès et Deliyonès. Ce sont des vignobles produisant de bons raisins blancs (le yapindjak) qui sont consommés en grande quantité à Constantinople. A la première pluie, on est forcé de cesser cette vente, bien plus rémunératrice que le vin, et l’on fait un vin blanc doucereux, assez plat, pesant 11 à 12 degrés.
- Vient ensuite le vignoble Ganos-Kora, dont fait partie Miriophito et qui s’étend jusqu’à Rodosto. Il produit les plus beaux vins de coupage du monde, rouges et blancs. Le cep qui forme ce vignoble est appelé chou-noir [kara-lakana), sans doute à cause de la grosseur de la grappe et de sa couleur foncée.
- Gallipoli possède le vignoble de Cheitan-Keny, dont les vins, assez estimés, acquièrent une certaine finesse de goût en vieillissant.
- Lampsaqui et les Dardanelles forment un seul vignoble qui produit un vin rouge très fort, îâ h î 5 degrés, agréable au goût, mais très pauvre en extrait sec et en couleur (la douane française l’a refusé, le croyant viné).
- Enfin les îles de Marmara et les autres vignobles de la côte asiatique de cette mer donnent des vins, rouges et blancs, de tout temps appréciés par la consommation locale, ainsi que nous l’avons indiqué. Ces vins sont également achetés pour l’exportation.
- Un souvenir français existe aussi dans l’île de Pacha-Liman. Avec de l’argent en grande partie français, on a construit dans cette île, vers 187 5, un magnifique chai, richement aménagé, avec distillerie, maison d’habitation et tout le confort possible. Le but de cet établissement était de faire du bon vin pour la consommation de la Turquie et de la France ; seulement il était installé sur une île où il n’y a presque pas de raisins. Le chai est depuis bien longtemps désert et cette tentative infructueuse a coûté près d’un demi-million.
- Brousse produit des vins blancs qui sont célèbres ici et méritent en partie leur réputation. Seulement ils sont plâtrés à outrance, sans mesure. Le vignoble de Brousse donne aussi quelques rares vins rouges pour les coupages.
- En dehors des Dardanelles, l’île de Ténédos donne un vin rouge riche en extrait sec, pauvre en couleur, mais d’un degré alcoolique très élevé, le plus élevé de la Turquie, — il atteint jusqu’à 1 7 et 18 degrés, — qui lui a fait donner le nom de tétanos.
- Dans le golfe d’Ismidt, le vignoble de Daridja produit un vin rouge, dur, manquant
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- de finesse, pesant 12 à 1 3 degrés d’alcool, mais pauvre en extrait, ce qui le rend peu propre à l’exportation.
- Arrivons au grand vignoble de Kirkilissé (Quarante-Eglises). Ses vignes donnent énormément de raisins; tous sont rouges. Cependant la production des vins blancs est supérieure à celle des rouges. Voici la façon tlont on fait le vin : les charrettes servant à transporter le raisin ont, au fond, un espèce de coffre étanche qui recueille le premier jus; ce moût, mis à fermenter à part, sans la pulpe, formera le vin blanc ; le second jus, qui fermente avec la pulpe et la grappe, garde une odeur cle marc; il a, en effet, deux fois trop de pulpe et de grappe, puisqu’on a enlevé, au préalable, la moitié ou plus du jus. Le vin manque de teneur et doit être employé jeune ; sa coloration est jolie, il pèse de 1 2 à 1 k degrés d’alcool et a 28 grammes d’extrait sec. Très employés pour la consommation locale de Constantinople, les vins de Kirkilissé sont aussi exportés en Bulgarie, en Egypte et en France. Dans les bonnes années, ce vignoble produit 120,000 à 1/10,000 hectolitres.
- Les prix y sont généralement très bas, mais il sont grevés d’énormes frais de transport. D’abord ils doivent subir un trajet de /10 kilomètres en charrettes, par des routes en assez mauvais état, pour trouver la voie ferrée à Baba-Eski. Là, les chemins de fer leur appliquent un tarif excessivement élevé, augmenté de frais de chargement sur wagon et de déchargement. Dans les années de sécheresse, lorsque les routes sont praticables, il est plus économique de renoncer à la voie ferrée et d’expédier par chariots à bœufs jusqu’au port de Rodosto.
- Aux environs d’Andrinople, les vignobles d’Aslan et de Zalouf donnent des vins rouges d’une certaine finesse, très riches en alcool ( 15 à 16 degrés) et susceptibles de vieillir en acquérant bouquet et finesse. Ils sont consommés à Andrinople.
- A peu près dans la même région, Soufïli, qui est une station du chemin de fer Andri-nople-Dédéagh, produit un bon vin rouge pesant i3 à là degrés d’alcool et ayant 28 à 3o grammes d’extrait sec. Production limitée, dont le quart est consommé sur les lieux et aux environs ; le reste est exporté à l’étranger.
- Enfin, de Gumuldjina à Salonique et jusqu’à Monastir se trouvent une série de vignobles, dont celui de Niaousta qui est célèbre. Ils produisent des vins rouges et blancs ne manquant pas de finesse, ayant beaucoup de bouquet, mais malheureusement presque tous plâtrés, ce qui éloigne les acheteurs étrangers. Us sont consommés à Salonique, à Constantinople et en Egypte.
- Citons les vins de Chypre, dont on fait une certaine consommation sous les noms de comandaria; de Sainos; ceux produits par les colonies israélites de la Palestine et enfin les vins du vilayet de Smyrne.
- Bien que le sol de Samos soit de tout l’Orient l’un des plus favorables à la viticulture, les paysans se voyaient jadis contraints de convertir en raisins secs toute leur récolte, parce qu’ils ne trouvaient aucun débouché pour leurs vins si souvent chantés, et ajuste titre, par les poètes de l’antiquité la plus reculée.
- Seules, quelques maisons étrangères faisaient des affaires. Les raisins aussi subis-Gr. X. — Ci.. 60. 23
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- saient sur le marché des variations si déplorables qu’en certaines années leur valeur était même inférieure au prix de la paille destinée aux chevaux.
- Aujourd’hui, on fait, par des méthodes en rapport avec la nature du raisin et du climat de Samos, des vins naturels destinés à être livrés à la consommation directe. Les vins de Samos, qui n’étaient pas même inscrits autrefois aux tarifs des douanes françaises, sont aujourd’hui universellement connus.
- De nombreuses maisons se disputent, à Samos, la récolte de chaque année, et le paysan de cette île a trouvé l’aisance, et le commerce une grosse source de revenus. Ce sont des missionnaires français qui ont été les premiers à présenter les vins de Samos à nos consommateurs.
- En Turquie, les vins se vendent à la mesure (métro) qui, suivant les localités, contient 8 (Epivatès), 11 (Ganos-Kora) et 18 ocques (Ténédos). Lorsque l’état des chemins le permet, on emplit les fûts à la cave; dans le cas contraire, on transporte le vin dans des outres et sur des chevaux de bât. Chaque installation vinaire a son alambic intermittent qui permet de distiller les marcs, les lies et les mauvais vins. A Quarante-Eglises, où le bois esta bon marché, on fait des cristaux d’alambic, que Ton exporte, avec le résidu de la distillation des lies.
- La France, la première, avait acheté des vins en Turquie et, durant quelques années, avait tout enlevé. L’Italie en achète de plus en plus. La Suisse et l’Allemagne se pourvoient dans ce pays des vins qui leur venaient autrefois de Cette. Cependant, la France achète encore de certaines quantités; elle recherche les très beaux vins de coupage.
- Les compagnies de navigation font arrêter leurs paquebots devant les échelles de la Marmara, qui desservent les vignobles, pour débarquer les fûts vides et pour charger les fûts pleins. Comme les ports n’existent pas et que les vapeurs doivent mouiller au large, on met à la mer les fûts vides ou pleins par chapelets de 15 à 2 5, et une barque les conduit le long du bord, en se halant sur une corde attachée au navire. Le treuil les met à bord. S’il fait un fort vent, les fûts vont s’éparpiller le long de la côte.
- Les vins sont acquis en l’état où ils se trouvent dans les caves des vignerons, c’est-à-dire sans être réunis pour former un lot unique et sans être fdtrés.
- Il n’y avait à l’Exposition universelle que 16 types de vins de Turquie, envoyés par 12 exposants. Le Jury leur a décerné 3 médailles d’or, 2 médailles d’argent et î mention honorable.
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- CINQUIÈME PARTIE.
- LES EAUX-DE-VIE.
- EAUX-DE-VIE DE VINS.
- LES CHARENTES.
- Depuis nos désastres phylloxériques, nos concurrents étrangers ont souvent répété que nos eaux-de-vie de vin n’existaient plus, que nos cognacs avaient disparu, ainsi que nos armagnacs, etc., etc. La superbe exposition des produits distillés dans les Charentes, dans le Gers et dans bien d’autres départements viticoles vient donner un démenti à ces allégations et montrer que nous sommes en mesure de fournir des vieilles et des jeunes eaux-de-vie comme jadis.
- Rarement un jury a pu déguster d’aussi magnifiques fines champagnes, et en aussi grand nombre, que celui qui a fonctionné pendant plus d’un mois dans le hall réservé de l’entrepôt Saint-Bernard. Il y avait là des merveilles, et tous les jurés français et étrangers leur ont rendu hommage.
- Certes, le phylloxéra a causé bien des pertes chez nous ; nous ne sommes pas au-dessus de la vérité en les estimant à près de 1 o milliards, tant par la destruction des vignobles, la diminution de la valeur des terres que par les frais de reconstitution, les achats de vins au dehors et la réduction de nos exportations. Mais, aujourd’hui, tout cela est passé, et nous sommes prêts à répondre aux demandes du monde entier pour nos meilleures eaux-de-vie.
- Nous n’en voulons pour preuve que le nombre considérable de concurrents qui ont pris part à notre Exposition. Les Charentes n’ont pas présenté moins de 2,033 échantillons divers provenant de 1,326 propriétaires ou négociants; le Gers avait 4oo types présentés par 286 exposants. Dans quantité d’autres départements, la Côte-d’Or, l’Aube, l’Isère, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, la Saône-et-Loire, le Rhône, la Savoie, la région méridionale, etc., on a rencontré des eaux-de-vie de marc, qui ont remporté de nombreuses et justes récompenses.
- Le vin a été le premier liquide alcoolique soumis à la distillation. Au xve siècle, on n’employait l’«espritn qu’on en extrayait, par l’alambic, que pour la médecine et la pharmacie; ce n’est que vers la lin du xvic qu’on commença à se livrer à sa consommation comme boisson et que sa fabrication se répandit.
- Depuis, la distillation du vin a fait de grands progrès, et le commerce des eaux-de-
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- vie s’est considérablement développé ; en même temps s’est établie une classification pour désigner les produits des différentes régions vinicoles. C’est ainsi qu’on a eu, par ordre de mérite : dans les Charentes, sous le nom générique de cognac, ville où se tient le plus important marché d’eaux-de-vie : les grandes champagnes ou fines champagnes, les champagnes ou petites champagnes, les borderies, les bons bois, les saintonges, les rochelles; sous le nom d'armagnac] on a eu : les bas armagnacs, les tcnarèzes, les haut armagnacs, du Gers et d’une partie des Landes; puis les marmandes et les eaux-de-vie de pays, de la Gironde et du Lot-et-Garonne, les eaux-de-vie de Montpellier et les eaux-de-vie ordinaires. Certaines eaux-de-vie ont été concentrées et sont devenues des trois-six de vin ou trois-six bon goût. Enfin, on a employé les résidus de la vinification et on a fait des eaux-de-vie de marcs, des trois-six de marcs, des eaux-de-vie de lies et, en dernier lieu, des eaux-de-vie de vinasses provenant des matières restant de l’alambic.
- Les départements des Charentes étaient catalogués dans la douzième région; nous ne les avons signalés qu’incidemment pour les vins, leur réservant leur place ici tout naturellement pour le chapitre des eaux-de-vie.
- Leur exposition collective était placée sous le patronage de la Société des viticulteurs de France et d’ampélographie. Y ont pris part l’arrondissement de Cognac et la Chambre de commerce de cette ville, l’Association des producteurs, les négociants en eaux-de-vie des deux Charentes, le Comice et le Syndicat de l’arrondissement de Barbezieux, le Comice agricole et viticole de Cognac, le Comice et la Société d’agriculture de Jonzac, le Syndicat agricole et viticole d’Aigre et de Voisin, le Comité de viticulture de l’arrondissement de Cognac, le syndicat agricole de Saintes, le Comice agricole de Tunion des propriétaires de Saint-Jean-d’Angély, la Société vinicole de Cognac, le Groupe des communes de Saint-Même, Gondeville et Mainx, le Syndicat agricole et viticole de Ségonzac, le Syndicat des viticulteurs des Charentes, le Syndicat des eaux-de-vie du cru de Cognac et, enfin, quelques exposants individuels.
- Plus de deux mille échantillons d’eau-de-vie les plus fines se trouvaient ainsi réunis.
- Les conditions nécessaires à la bonne qualité de l’eau-de-vie résultent de la nature du sol, du climat, des circonstances atmosphériques qui amènent le vin à maturité, du cépage, du pressurage du raisin, du logement du vin, du temps accordé à la fermentation, de l’élimination des lies, du mode de distillation, des soins donnés à celle-ci, de la force de l’eau-de-vie et de sa conservation.
- Il existe en Charentes plusieurs sortes de vignes, notamment la folle blanche, qui a toujours été l’essence dominante; le colombar, le jurançon, le noir de Chartres, le balzac, le saint-émilion, le dégouttant, le pinot, etc. Après distillation comparative de ces différents cépages, la folle blanche mérite les préférences, son raisin n’a aucun goût de terroir; il est, toutefois, légèrement aromatisé du parfum de la Heur de vigne, si légèrement qu’on le distingue à peine, mais ce parfum se retrouve concentré dans le bouquet de Teau-de-vie, et c’est là surtout ce qui caractérise le cépage.
- Au moment de la préparation du vin, il importe que le pressurage s’opère rapidement. Si l’action est lente, il y a macération, la fermentation commence, le moût séjour-
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- nant avec la rafle devient âpre et, par suite, donne une eau-de-vie dure. Lorsque les pépins sont écrasés par le pressoir, il v a aussi manque de finesse. A cet égard, on a remarqué que les pressoirs continus, donnant un serrage trop énergique, fournissaient des moûts un peu acerbes. Les vins obtenus paraissent moins bons pour la distillation : ils donnent une eau-de-vie moins fine.
- Dans tous les cas, la plupart des eaux-de-vie soumises au Jury par les deux départements cbarentais ont présenté les plus exquises qualités de finesse et de bouquet. On a pu déguster des produits jeunes et vieux absolument remarquables.
- Le rôle prépondérant du climat, de la nature du sol, du cépage, fait comprendre combien il est impossible d’atteindre avec des eaux-de-vie, même bien faites, la perfection de celles préparées dans le vignoble cbarenlais. Ni l’Espagne, ni l’Italie, ni aucun autre pays ne peut réunir tous les éléments nécessaires à un produit aussi remarquable. Encore moins les fabrications avec des alcools d’industrie et des essences, qui se pratiquent si largement en Allemagne, en Autriche, en Russie, ne sauraient-elles être mises en parallèle avec les eaux-de-vie des Charentes.
- Ce sont les alambics composés d’un fourneau avec sa chaudière ou cucurbite, surmontée d’un chapiteau à tête de maure ou relié par un col de cygne au serpentin contenu dans un seau réfrigérant, qui ont servi à distiller les premières eaux-de-vie. A ces alambics primitifs on a adjoint parfois un chauffe-vin. Entre la chaudière simple et celle à chauffe-vin il y a, selon certains praticiens, une différence énorme ; sans doute ils ont reconnu que ce dernier système offre une économie assez importante de calorique, mais ils lui reprochent de chauffer le vin plusieurs heures avant ébullition, ce qui le rend âpre à l’excès et, par suite, ne permettrait pas de faire de l’eau-de-vie douce. La chaudière simple ordinaire, selon eux, n’aurait pas ce grave inconvénient. Après l’avoir remplie de vin, on la chauffe de manière à déterminer une prompte ébullition, puis on modère le feu pour que les vapeurs du vin aient le temps de se condenser en traversant le réfrigérant, et, par ce procédé, on arrive à un excellent résultat.
- Dans les Charentes, on se servait souvent aussi d’un alambic, qui était composé d’une chaudière, d’un chauffe-vin et d’un réfrigérant avec son serpentin, le tout disposé sur un bâti en maçonnerie. Avec cet appareil on n’obtenait encore du premier jet que des produits à faible degré ou brouillis qu’il était nécessaire de repasser ensuite une ou deux fois.
- Pour éviter ce double ou triple travail, on a pensé à adapter à ces alambics des recti-ficateurs. Mais, fréquemment, ces rectificateurs sont mal installés et la rétrogradation des vapeurs alcooliques se fait dans des conditions défectueuses; aussi l’eau-de-vie, préparée de cette manière, est loin de valoir celle qui a été obtenue par repasses successives; c’est ce qui a fait croire longtemps que le seul moyen d’avoir de bon cognac était de se servir des vieux alambics.
- Le chauffage se fait au charbon de terre ou au bois ; si Ton s’en rapporte à l’opinion des distillateurs, l’eau-de-vie préparée au bois, comme combustible, serait plus agréable que celle distillée au charbon.
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- Bien que les anciens appareils soient encore très appréciés dans les Charentes, aujourd’hui on commence à admettre des systèmes perfectionnés permettant d’obtenir du premier jet de bonnes eaux-de-vie.
- La distillation dans les Charentes s’effectue dès que la fermentation est complètement terminée, c’est-à-dire en novembre et décembre. En se servant de l’alambic primitif de A à 5 hectolitres, l’opérateur doit, la chaudière chargée, pousser à l’ébullition aussi rapidement que possible, afin que le vin n’ait pas le temps de prendre d’âpreté ; il règle ensuite le feu, de façon à obtenir une quantité régulière de litres par heure, quantité qui est déterminée par la contenance de l’alambic. Le produit de cette première distillation est appelée brouillis; c’est en distillant une ou deux fois ce brouillis qu’on a la véritable eau-de-vie.
- Dans le brouillis, on distingue deux parties : la tête, ce qui sort en premier, et la queue, ce qui sort en dernier. Si l’on devait distiller la tête et la queue ensemble, trois brouillis suffiraient pour une chauffe, mais il est indispensable, pour faire bon, de brûler quatre têtes. A cet effet, on reçoit, d’une part, le quart du brouillis que l’on conserve et, d’autre part, la différence entre le quart et le tiers, soit un douzième, que Ton repasse à Talambic avec le vin. Avant de soumettre à la distillation les quatre têtes obtenues par cette opération, quatre fois répétée, on lave à l’eau claire tout l’appareil : chaudière, serpentins, tuyaux conducteurs, entonnoir, etc., puis on charge, on chauffe, et dès que l’alcool commence à couler, on s’empresse d’en régler le courant et de le maintenir d’une manière constante en entretenant, du commencement à la fin, le même degré de chaleur, pour éviter le coup de feu.
- L’eau-de-vie destinée à être consommée jeune doit se rapprocher de 67 degrés; celle, au contraire, qui est destinée à s’affaiblir naturellement en vieillissant, de 70 à 7 A et même 7 8 degrés, sans quoi, à trente ans, elle n’aurait plus de corps ; elle serait passée, avant d’avoir acquis le rancio nécessaire pour la rendre agréable.
- Dans les alambics à plateau ou à lentille de rectification, on obtient du premier jet des eaux-de-vie à 60 et 70 degrés.
- L’eau-de-vie ainsi distillée est logée dans des tierçons ou fûts d’environ 5 hectolitres ; ces récipients, en beau chêne, doivent être lavés à l’eau bouillante s’ils n’ont pas encore servi, afin que les principes solubles du bois ne donnent pas à Teau-de-vie un goût âpre. Le liquide spiritueux s’évapore pendant le temps de son logement en futailles. On a constaté que 5 hectolitres d’eau-de-vie à 70 degrés, conservés vingt-cinq ans dans le même tonneau, n’ont plus donné, après ce temps, que 3 hectolitres et demi d’une eau-de-vie à 5 0 degrés. Les eaux-de-vie vieilles doivent être placées dans un lieu sec et les nouvelles dans un lieu humide ; dans le premier cas, c’est l’eau qui disparaît : dans le second, c’est l’alcool qui s’évapore le plus.
- La futaille ne sera bonne qu’à la condition d’être en chêne. Autrefois, on voulait que ce bois vînt du Limousin et qu’il eut quatre-vingts à cent ans au moment de l’abattu, enfin, qu’après avoir été tronçonné et fendu, il séchât pendant cinq ans avant d’être employé. Depuis que ces sortes de chêne, pour cause d’épuisement, ont augmenté de
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- prix, le commerce s’est approvisionné dans d’autres régions françaises, puis en Autriche, en Amérique, etc. Ces bois, quoique inférieurs, suffisent pour faire une expédition d’eau-de-vie qui sera consommée de suite, mais pour loger une eau-de-vie pendant trente ou quarante ans, jusqu’à ce quelle soit bien fondue, que le bois du Limousin soit à n’importe quel taux, on lui donnera la préférence.
- Les tierçons sont les meilleurs vaisseaux. Pour les quartauts de 100 litres, on prend des bois de vingt-cinq à trente ans; pour les barriques, du bois de quarante à cinquante ans. Les bois, trop jeunes, n’ont qu’un cœur mou dont le tanin rend l’eau-de-vie amère. Au contraire, pour les tierçons d’une contenance de 5 à 6 hectolitres, les douves longues et larges doivent être prises dans de vieux et gros arbres, tout cœur, dont le bois serré dégage lentement son tanin doux qui, en se combinant avec l’eau-de-vie, lui donne un rancio agréable se rapprochant quelque peu du goût de la noisette. Les tierçons doivent être fabriqués au moins un an avant d’être employés.
- Nous avons tenu à rappeler ici les procédés employés dans les Charentes, pour la distillation et la conservation des eaux-de-vie de cette importante région ; ils font comprendre toute la valeur des produits qu’ils permettent d’obtenir.
- M. Benjamin Bérault a publié des documents intéressants, qui montrent bien le développement du commerce des eaux-de-vie dans les Charentes et que nous avons largement mis à profit ci-dessous :
- On ne sait pas au juste l’époque précise où le commerce des eaux-de-vie de Cognac a débuté, ses origines ayant été subordonnées au développement en France de la pratique de la distillation. Les deux premières maisons ayant dates certaines remontent à 16.37. A la fin du règne de Louis XVI, l’eau-de-vie de Cognac passait déjà pour la meilleure du monde et tous les personnages du temps qui ont écrit sur les provinces de Saintonge et d’Angoumois, tels que Corlieu, Jean Gervais, Bignon, Bégon, de Bernage, constatent que ce commerce procurait, dès lors, de bons revenus à tous les habitants des cantons de l’Election de Cognac où l’on fabriquait l’eau-de-vie.
- D’après les indications que nous avons pu recueillir, il y avait seulement à Cognac, en i65o, cinq ou six maisons qui s’occupaient à la fois du commerce des eaux-de-vie et des vins blancs. On citait alors les Augier, les Lallemand, les Volprecht, etc. La maison Martell fut fondée en 1780 ; la maison Hennessy en 1762; la maison Otard, Dupuy et Gie, en 1796; la maison Pinet, Castillon et Cic, en 1815. Parmi les plus anciens négociants de notre ville, après ces derniers, on remarque : MM. Jules Caminade et C:° établis en 1818; Ed. Bobin, en 1821 ; Arbouin-Marett et Cio, en 1825 ; Planat et Cio, en 1828; Lecoq frères, en 1828; A. Renault et Cio, en 1835; J. Denis, Henry Mounié et Gio, en i84o; Jules Robin et Cio, en 1846, etc. En i65o, on comptait à Cognac six maisons de commerce; dix en 1779; seize en 1820; vingt-cinq en i836; soixante en i85o; quatre-vingt-huit en 186 ; cent quatre en 1869; cent trente-quatre en 1877 et cent vingt-huit en 1882.
- En 1775, la marque de Cognac était la première sur les marchés étrangers, et c’est de 1780 que date la fondation des principales maisons anglaises qui ont adopté la spécialité d’acheter nos produits et de leur assurer ainsi un débouché toujours sérieux et régulier ; puis l’activité des transactions ayant bientôt motivé la création de nouveaux établissements, l’extension des affaires sur notre place a pris, dans le laps d’un-demi siècle environ, des proportions grandioses et fait affluer dans les coffres-forts du commerce cognaçais l’or et l’argent des cinq parties du monde.
- Aujourd’hui le nom de Cognac, grâce à ses produits sans pareils, est répété sur les plages les plus lointaines des deux mondes. Pas une peuplade sauvage ou civilisée, pas un coin de terre habité où
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- l'eau-de-vie de Cognac n’ait pénétré, et on pourrait dire d’elle que c’est un pur esprit qui est présent partout. Les reporters fantaisistes ont souvent dit que «si un Canadien, un Indien ou un Océanien sait deux mots de français, ces deux mots sont Cognac et Paris, et s’il n’en sait qu’un c’est Cognac». Il n’y a là rien d’exagéré; c’est la vérité dans toute son ampleur. Mffr Gousseau, ancien évêque d’An-goulême, aimait à raconter que, rrdînant un jour à Rome avec des cardinaux, il fut interrogé sur la situation de son diocèse : Je suis évêque d’Angoulême; évêque de la Charente, dit-il; mais personne ne comprenait : Je suis évêque de Cognac, ajouta-t-il. A ce nom : Cognac! Cognac! Cognac! s’écrièrent tous les convives, oli ! le superbe évêché ! « — L’anecdote est charmante et si elle fait honneur au palais délicat des prélats romains, elle prouve aussi la renommée universelle du nectar cognaçais.
- Le coin de terre fortuné sur lequel se récoltent les eaux-de-vie de Cognac est pour ainsi dire à cheval sur les départements de la Charente et de la Charente-Inférieure; mais c’est la Charente qui possède les meilleures et les plus nombreuses localités de production. Le sol et le sous-sol permettent de les classer en six catégories ou crus : grande champagne ou fine champagne, petite champagne, borderies ou fins bois, très bons bois, bons bois ordinaires et troisièmes bois ou derniers bois; à vrai dire, ces six divisions n’en font que deux grandes : champagne et bois, chacune comportant des nuances.
- Ces crus se figurent d’une façon assez singulière sur les cartes du vignoble. Au centre se trouve la fine champagne(Segonzac) ; immédiatement autour de ce noyau, règne une zone, ou pour mieux dire, un anneau qui est la petite champagne; un troisième anneau représente les grands bois, un quatrième les bois ordinaires, etc., tellement que si l’on teinte diversement le noyau et ses zones concentriques, on obtient une sorte de cocarde irrégulière.
- Grande champagne ou Fine champagne. — Champagne (campus ou campama des Romains) signifie plaine cultivée en vignes ou en céréales par opposition à bois ou bocage, lieu planté d’arbres ; cl’où champanais et boiseliers, mots saintongeais servant à désigner les habitants de l’un et de l’autre cru. La grande champagne resserrée entre la rivière du Né et le fleuve la Charente comprend 9 1 communes seulement. Le sous-sol est une craie blanche, friable, fraîche, gelive, nommée chaple dans l’idiome local et analogue dans sa texture à la craie de Meudon. Les racines de la vigne vont y puiser cette sève et ce bouquet moelleux qui ont valu sa brillante renommée à l’arrondissement de Cognac. Le cépage qui produit le meilleur vin de distillation est la folle blanche.
- Voici la nomenclature des 9 1 communes :
- Ambleville, canton de Segonzac; Angeac-Cbampagne, canton de Segonzac.
- Bonneuil, canton de Châteauneuf; Bourg-Charente, canton de Segonzac; Bouteville, canton de Ghâteauneuf.
- Châteaubernard, canton de Cognac; Cognac, canton dudit; Criteuil-la-Madeleine, canton de Segonzac.
- Gensac-Lapallue, canton de Segonzac; Genté, canton de Segonzac; Gimeux, canton de Cognac.
- Juillac-le-Coq, canton de Segonzac.
- Lignères-Sonneville, canton de Segonzac.
- Mainxe, canton de Segonzac; Merpins, canton de Cognac.
- Salles-d’Angles, canton de Segonzac; Saint-Fort, canton de Segonzac; Saint-Preuil, canton de Châteauneuf; Segonzac, canton dudit.
- Touzac, canton de Châteauneuf.
- Verrières, canton de Segonzac.
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- Après trente ou quarante ans de séjour en bons fûts, la grande champagne a atteint son plus haut degré à’exquisité, c’est alors une liqueur incomparable; aussi obtient-elle jusqu à 1,800 et 2,5oo francs l’hectolitre.
- Petite champagne. — La petite champagne embrasse un rayon assez étendu ; elle repose sur un terrain moins tendre, moins pénétrable et offrant ça et là du caillou ou du moellon ; elle fournit par suite une eau-de-vie moins distinguée, moins complète. Comme dans le cru précédent, les vins blancs ont une tendance à tourner à la graisse. L’eau-de-vie qui en provient est très douce de sa nature et prend en vieillissant le cachet de rancio, mais à un degré plus faible que la fine champagne ; son prix lui est inférieur de 6 à 10 p. 100 suivant que les localités sont plus ou moins éloignées. Cinquante-quatre communes composent la circonscription de la petite champagne, dont vingt-six fournies par la Charente et vingt-huit par la Charente-Inférieure :
- Alias-Champagne, canton cl’Archiac; Angeac-Charente, canton de Châteauneuf; Archiac, canton dudit; Arthenac, canton d’Archiac; Ars, canton de Cognac.
- Barbezieux nord, canton dudit; Barret, canton de Barbezieux; Birac, canton de Châteauneuf; Biron, canton de Pons; Bougnaud, canton de Pons; Brives, canton de Pons; Brie-sous-Archiac, canton d’Archiac.
- Celles, canton d’Archiac; Chadenac, canton de Pons; Châteauneuf, canton dudit, partie ouest; Cierzac, canton d’Archiac; Coulonges, canton de Pons.
- Echebrune, canton de Pons ; Eraville, canton de Châteauneuf.
- Germignac, canton d’Archiac; Gondevilie, canton de Segonzac; Graves, canton de Châteauneuf; Guimps, canton de Barbezieux.
- Jarnac-Champagne, canton d’Archiac; Jurignac, canton deBlanzac.
- La Chaise, canton de Barbezieux; La Garde-sur-le-Né, canton de Barbezieux; Ladiville, canton de Barbezieux ; Lonzac, canton d’Archiac.
- Malaviile, canton de Châteauneuf; Moings, canton de Jonzac; Montils, canton de Pons; Mosnac, canton de Châteauneuf.
- Neuillac, canton d’Archiac ; Neulles, canton d’Archiac; Nonaville, canton de Châteauneuf.
- Pérignac, canton de Pons.
- fiéaux, canton de Jonzac; Bouffiac, canton de Pons.
- Saint-Amand-de-Graves, canton de Châteauneuf; Saint-Bonnet, canton de Barbezieux; Saint-Ciers-Champagne, canton d’Archiac; Saint-Eugène, canton d’Archiac ; Saint-Hilaire, canton de Barbezieux; Saint-Martial-de-Cocnlet, canton d’Archiac; Saint-Maurice-de-Tavernolles, canton de Jonzac; Saint-Médard, canton de Barbezieux; Saint-Même, canton de Segonzac; Saint-Palais-du-Né, canton de Barbezieux; Saint-Sever, canton de Pons; Saint-Seurin-de-Palenne, canton de Pons; Sainte-Leurinne, canton d’Archiac.
- Vignolles, canton de Barbezieux; Vivifie, canton de Châteauneuf.
- Borderies. — Au siècle dernier, les Borderies étaient célèbres par leurs vins blancs de Colombar, Coulombar ou Coulombier, dont les communes de Saint-Laurent, Saint-André, Louzac, Richemont, Javrezac, Crouin, etc., faisaient un commerce important avec les Anglais et les Hollandais qui venaient les acheter sur place, les dirigeaient sur Nantes où ils les embarquaient ensuite à destination de l’étranger. Ce cru est entiè-
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- rement situé sur la rive droite de la Charente ; le sous-sol est une pierre assez dure, offrant par intervalles des gisements de calcaire, des traces d’alluvions et parfois du caillou.
- L’eau-de-vie a du nerf et du ton et son séjour dans les vieux logements dont le tannin est en partie dissous lui donne beaucoup de douceur; elle se cote 5 fr. p. îoo au-dessous de la petite champagne. Les Borderies comprennent seulement les communes de :
- Saint-André, canton de Cognac; la partie est de Chérac, canton de Burie; Cherves, canton de Cognac; Cognac-Cronin, canton de Cognac; Javrezac, canton de Cognac; Saint-Laurent, canton de Cognac; Louzac, canton de Cognac; Richemont, canton de Cognac; Saint-Sulpice, canton de Cognac.
- Fins bois. — La circonscription des fins bois est assez variable et irrégulière. L’eau-de-vie qui en provient est un peu plus sèche, plus courte, selon l’expression locale, que celle des Borderies et se vend quelques francs au-dessous. Le sous-sol est un calcaire résistant et sur certains points l’argile est l’élément dominant.
- Agudelles, canton de Jonzac; Angeduc, canton de Barbezieux : Asnières, canton d’Hiersac; Aube-ville, canton de Blanzac; Aulais-la-Chapelle-Conzac, canton de Barbezieux; Avy, canton de Pons, Aignes-et-Puypéroux, canton de Blanzac,
- Baignes-Sainte-Radegonde, canton de Baignes ; Barbezieux, canton dudit sud; Bassac, canton de Jar-nac; Bécheresse, canton de Blanzac; Belluire, canton de Pons; Berneuil, canton de Gemozac; Bessac, canton de Montmoreau; Blanzac, canton dudit ; Bors, canton de Baignes ; Boutiers-Saint-Trojan, canton de Cognac, partie haute et partie basse ; Bréville, canton de Cognac; Brie-sous-Barbezieux, canton de Barbezieux; Burie, canton dudit.
- Chadurie, canton de Blanzac; Challignac, canton de Barbezieux; Champagnac, canton de Jonzac; Champagne, canton de Blanzac; Champmillon, canton d’Hiersac, partie sud; le surplus; Chassors, canton de Jarnac; Chaunac, canton de Jonzac; Chérac, canton de Burie, parties ouest et sud; Cherves, canton de Cognac, partie basse ; Claix, canton de Blanzac ; Clam, canton de Saint-Genis ; Colombiers, canton de Saintes sud; Condéon, canton de Baignes; Courcoury, canton de Saintes sud; Cressac, canton de Blanzac; Chantillac, canton de Baignes.
- Deviac, canton de Montmoreau; Dompierre-sur-Charente, canton de Burie; Douzat, canton d’Hiersac.
- Ecballat, canton d’Hiersac; Etriac, canton de Blanzac.
- Fléac, canton de Pons; Fleurac, canton de Jarnac; Fontaines-d’Ozillac, canton de Jonzac; Fous-signac, canton de Jarnac.
- Les Gonds, canton de Saintes sud; Guitinières, canton de Jonzac.
- Hiersac, canton dudit; Houlette, canton de Jarnac.
- Jarnac, canton dudit; La Jard, canton de Saintes sud; Jonzac, canton dudit ; Julienne, canton de Jarnac ; Jurignac, canton de Blanzac.
- Léoville, canton de Jonzac; Linars, canton d’Hiersac; Lamérac, canton de Baignes.
- Mainfonds, canton de Blanzac; Mérignac, canton de Jarnac; Mesmac, canton de Cognac; Les Métairies, canton de Jarnac; Meux, canton de Jonzac; Migron, canton de Burie; Mons, canton de Matha; Montchaude, canton de Barbezieux ; Mortiers, canton de Jonzac; Moulidars, canton d’Hiersac; Mouthiers, canton de Blanzac.
- Nercillac, canton de Jarnac; Nonac, canton de Montmoreau.
- Ozillac, canton de Jonzac.
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- Péreuil, canton de Blanzac; Pérignac, canton de Blanzac; Plassac, canton de Blanzac; Pons, canton dudit, partie nord, partie sud; Porclieresse, canton de Blanzac; Poullignac, canton de Mont-moreau.
- Reignac, canton de Baignes; Réparsac, canton de Jarnac; Roullet, ier canton d’Angoulême.
- Saint-Amant-de-Nouère, canton d’Hiersac; Saint-Brice, canton de Cognac; Saint-Brie-des-Bois, canton de Burie; Saint-Césaire, canton de Burie; Saint-Estéphe, icr canton d’Angoulême; Saint-Genis, canton de Blanzac; Saint-Genis, canton d’Hiersac; Saint-Germain-de-Lusignan, canton de Jonzac; Saint-Germain-de-Vibrac, canton d’Archiac; Saint-Léger, canton de Blanzac; Saint-Léger, canton de Pons; Saint-Maigrin, canton d’Archiac; Saint-Martial-de-Vitaterne, canton de Jonzac; Saint-Saturnin, canton d’Hiersac; Saint-Sauvant, canton de Burie; Sainte-Sévère, canton de Jarnac; Saint-Simeux, canton de Châteauneuf; Saint-Simon, canton de Châteauneuf; Saint-Simon-de-Bordes, canton de Jonzac; Saintes, canton dudit, Salles-de-Barbezieux, canton de Barbezieux; Le Seure, canton de Burie; Sigogne, canton de Jarnac; Sireuil, canton d’Hiersac.
- Triac, canton de Jarnac; Trois-Palis, canton d’Hiersac; Le Tâtre, canton de Baignes; Touvérac, canton de Baignes.
- Vibrac, canton de Châteauneuf; Vibrac, canton de Jonzac; Villars-les-Bois, canton de Burie; Ville-xavier, canton de Jonzac; Vindelle, canton d’Hiersac; Voulgézac, canton de Blanzac.
- Bons bois ou deuxièmes bois. — La nature géologique du sol qui forme la circonscription des bons bois est très variée. On y trouve souvent associés dans des proportions différentes l’alluvion, l’argile, le caillou, le sable, le calcaire. . . On y rencontre des vignes plantées en cépages noirs « balzac et dégouttant » qui donnent un vin corsé, se gardant longtemps généreux et coloré. . . Le nombre des communes constituant le périmètre des bons bois ordinaires est de 35o dont 111 pour la Charente et 13 9 pour la Charente-Inférieure, savoir :
- Aigre, canton d’Aigre; AIlas-Bocage, canton de Mirambeau; Ambérac, canton de Saint-Amant-de-Boixe; Anais, canton de Saint-Amant-de-Boixe; Angoulême, canton dudit; Antezant, canton de Saint-Jean-d’Angély ; Antignac, canton de Saint-Genis; Anville, canton de Rouillac, Arces, canton de Cozes; Asnières, canton de Saint-Jean-d’Angely ; Auge, canton de Rouillac; Aujac, canton de Saint-Hilaire; Aulnay, canton dudit; Aumagne, canton de Saint-Hilaire; Aussac, canton de Saint-Amant-de-Boixe; Authon, canton de Saint-Hilaire.
- Bagnizeau, canton de Matha; Balanzac, canton de Saujon; Ballans, canton de Matba; Balzac, 2° canton d’Angoulême; Barbezières, canton d’Aigre; La Barde, canton de Montguyon; Bardenac, canton de Chalais; Barzan, canton de Cozes; Bazac, canton de Chalais; Bazauges, canton de Matha; Beauvais-sur-Matha, canton de Matha; Bédenac, canton de Montlieu; La Benâte, canton de Saint-Jean-d’Angely; Bercloux, canton de Saint-Hilaire; Bernay, canton de Loulay; Berneuil, canton de Barbezieux, Bessé, canton d’Aigre; Bignac, canton de Rouillac; Bignay, canton de Saint-Jean-d’Angély; Blanzay, canton d’Aulnay; Bois, canton de Saint-Genis; Boisbreteau, canton de Brossac; Bois-redon, canton de Mirambeau; Bonneville, canton de Rouillac; Boresse-et-Martron, canton de Montguyon, Bors, canton de Montmoreau; Boscamnant, canton de Montguyon; Bouex, 2° canton d’Angoulême; Boutenac, canton de Cozes; Bran, canton de Montendre; Bresdon, canton de Matha; Brie-sous-Chalais, canton de Chalais; Brie-sous-Matha, canton de Matba; Brie-sous-Mortagne, canton de Cozes; Brizambourg, canton de Saint-Hilaire; Brossac, canton de Brossac; Bussac, canton de Montlieu; Bussac, canton de Saintes nord.
- Cercoux, canton de Montguyon; Chalais, canton dudit; Chamouillac, canton de Montendre; Cham-pagnoües, canton de Saint-Genis; Champniers, 2° canton d’Angoulême; Chaniers, canton de Saintes nord; La Chapelle, canton de Saint-Amant-de-Boixe; La Chapelle-Bâton, canton de Saint-Jean-d’An-
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- gély; La Cliapelle-des-Pots, canton de Saintes nord; Chardes, canton de Montendre; Charmé, canton d’Aigre; Cliartuzac, canton de Montendre; Cliatenet, canton de Montlieu; Chatignac-et-Saint-Cyprien, canton de Brossac; Le Cliay, canton de Sanjon; Ghebrac, canton de Saint-Amant-de-Bolxe; Clienac, canton de Cozes; Chepniers, canton de Montlieu; Cherbonnières, canton d’Aulnay; Gher-mignac, canton de Saintes sud; Chevanceaux, canton de Montlieu; Ghillac, canton de Brossac; Chives, canton d’Aulnay; Glérac, canton de Montguyon; Clion, canton de Saint-Genis; La Clisse, canton de Saujon; La Glotte, canton de Montguyon; Goivert, canton de Loulav; Consac, canton de Mirambeau; Contré, canton d’Aulnay; Gorignac, canton de Montendre; Corme-Ecluse, canton de Saujon; Corme-Royal, canton de Saujon; Coulonges, canton de Saint-Amant-de-Boixe; Courant, canton de Loulay; Courbillac, canton de Rouillac; Courcelles, canton de Saint-Jean-d’Angély ; Cour cerac, canton de Matlia; Courgeac, canton de Montmoreau; Courlac, canton de Clialais; Cour-pignac, canton de Mirambeau; Coux, canton de Montendre; Cozes, canton dudit; Cravans, canton de Gemozac; Cressé, canton de Matlia; La Croix-Comtesse, canton de Loulay; Curac, canton de Ghalais.
- Dampierre, canton d’Aulnay ; Dirac, icr canton d’Angoulême ; Dœuil, canton de Loulay ; Le Douhet, canton de Saintes nord.
- Ebéon, canton de Saint-Hilaire; Ebréon, canton d’Aigre; Ecoyeux, canton de Burie; Les Eduls, canton d’Aulnay; Les Eglises-d’Argenteuil, canton de Saint-Jean-d’Angély; Epargnes, canton de Cozes; Expiremont, canton de Montendre.
- Fléac, 2e canton d’Angoulême; Floirac, canton de Cozes; Fontaine-Chalandray, canton d’Aulnay; Fontcouverte, canton de Saintes nord; Fontenet, canton de Sain t-Jean-d’Angel y ; Le Fouilloux, canton de Montguyon; Fouqueure, canton d’Aigre; La Fredière, canton de Saint-Hilaire.
- Garat, a6 canton d’Angoulême; La Garde, canton de Montlieu; Gemozac, canton de Gemozac; Genac, canton de Rouillac; La Genétouze, canton de Montguyon; Gibourne, canton de Matha; Le Gicq, canton d’Aulnay; Givresac, canton de Saint-Genis; Les Gours, canton d’Aigre; Gourville, canton de Rouillac; Gourvillette, canton de Matha; Grézac, canton de Cozes; Guizengeard, canton de Brossac.
- Haimps, canton de Matha.
- L’Isle-d’Espagnac, 2e canton d’Angoulême.
- La Jarrie-Audouin, canton de Loulay; Jazennes, canton de Gemozac; Juignac, canlon de Montmoreau; Jussas, canton de Montendre; Juicq, canton de Saint-Hilaire.
- Labrousse, canlon de Matlia; La Couronne, icr canton d’Angoulême; Landes, canton de Saint-Jean-d’Angély ; Ligné, canton d’Aigre; Loiré-sur-la-Nie, canlon d’Aulnay; Lorignac, canton de Saint-Genis; Loulay, canton dudit: Louzignac, canton de Matha; Lozay, canlon de Loulay ; Luchat, canton de Saujon; Lupsault, canton d’Aigrc; Lussac, canton de Jonzac; Luxé, canton d’Aigre; Lhoumeau-Pontouvre, 2e canton d’Angoulême.
- Macqueville, canton de Matha; Magnac-sur-Touvre, 2e canlon d’Angoulême; Maine-de-Boixe, canton de Saint-Amant-de-Boixe; Marcillac-Lanville, canton de Rouillac; Mareuil, canton de Rouillac; Marsac, canton de Saint-Amant-de-Boixe ; Massac, canton de Matlia; Matha, canlon dudit; Mazeray, cantou de Saint-Jean-d’Angély ; Mazerolles, canton de Pons; Médillac, canton de Clialais; Médis, canton de Saujou; Mérignac, canton de Montlieu; Mescbers, canton de Cozes; Messac, canton de Montendre; Meursac, canlon de Gemozac; Migré, canton de Loulay; Mirambeau, canton dudit; Mons, canlon de Rouillac; Montboyer, canton de Clialais; Montendre, canton dudit; Montguyon, canton dudit; Montignac-Charente, canton de Saint-Amant-de-Boixe; Montigné, canton de Rouillac; Montlieu , canton dudit; Montmoreau, canton dudit; Montpellier, canton de Gemozac; Mornac, canton d’Angoulême; Mortagne, canton de Cozes; Mosnac, canton de Saint-Genis; Moulons, canton de Montendre.
- Nanclars, canton de Saint-Amant-de-Boixe; Nancras, canton de Saujon; Nantillé, canton de Saint-Hilaire; Néré, canton d’Aulnay; Nersac, icr canton d’Angoulême; Neuvicq-sous-Matha, canton de
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- . ' ' " VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN. 365
- Matha; Neuvicq-sur-Montguyon, canton de Montguvon; Nieul-lès-Saintes, canton de Saintes sud; Nieul-Ie-Virouilh, canton de Mirambeau; Nonac, canton de Montmoreau.
- Oradour, canton d’Aigre; Orignolles, canton de Montlieu; Oriolles, canton de Brossac; Orival, canton de Ghalais.
- Paillé, canton d’Aulnay; Palluaud, canton de Montmoreau ; Passirac, canton de Brossac; Pessines, canton de Saintes sud; Le Pin-sur-Seugne, canton de Montlieu; Le Pin-Saint-Denis, canton de Saint-Jean-d’Angély ; Pisany, canton de Saujon; Plaizac-Roulliac, canton de Rouillac; Plassac, canton de Saint-Genis; Pollignac, canton de Montlieu; Pommiers, canton de Montendre; PouiHac, canton de Montlieu; Poullignac, canton de Montmoreau; Poursay-Garnaud, canton de Saint-Jean-d’Angély; Préguillac, canton de Saintes sud; Prignac, canton de Matha ; Puymoyen, 1cr canton d’Angouléme.
- Ranville-Breuillaud, canton d’Aigre; Rétaud, canton de Gemozac; Rioux, canton de Gemozac; Rioux-Martin, canton de Chalais; Romazières, canton d’Aulnay; Rouffignac, canton de Montendre; Rouillac, canton dudit; Ruelle, 2e canton d’Angouléme.
- Saint-Aigulin, canton de Montguyon; Saint-Amant-de-Boixe, canton dudit; Saint-Amant-de-Mont-moreau, canton de Montmoreau; Saint-André-de-Lidon, canton de Gemozac; Saint-Avit, canton de Chalais; Saint-Bonnet, canton de Mirambeau; Saint-Christophe, canton de Chalais; Saint-Ciers-du-Taillon, canton de Mirambeau ; Saint-Cybard, canton de Montmoreau; Saint-Cybardeau, canton de Rouillac; Saint-Dizant-du-Bois, canton de Mirambeau; Saint-Dizant du-Gua, canton de Saint-Genis; Saint-Fstèplie, ier canton d’Angouléme; Saint-Eutrope, canton de Montmoreau; Saint-Félix, canton de Brossac; Saint-Félix, canton de Loulay; Saint-Fort-sur-Gironde, canton de Saint-Genis; Saint-Fraigne, canton d’Aigre; Saint-Genis, canton dudit; Saint-Georges-des-Agouts, canton de Miram-beau; Saint-Georges-de-Cubillac, canton de Saint-Genis; Saint-Georges-des-Coteaux, canton de Saintes sud; Saint-Georges-de-Didonne, canton de Saujon; Saint-Georges-de-Longue-Pierre, canton d’Aulnay; Saint-Germain-du-Seudre, canton de Saint-Genis; Saint-Grégoire-d’Ardennes, canton de Saint-Genis.
- Saint-lIilaire-du-Bois, canton de Mirambeau; Saint-Ililaire-de-Villefranche, canton dudit; Saint-Jean-d’Angély, canton dudit; Saint-Julien-de-Lescap, canton de Saint-Jean-d’Angély; Saint-Laurent-des-Combes, canton de Brossac; Saint-Laurent-de-Belzagot, canton de Montmoreau.
- Saint-Mandé, canton d’Aulnay; Saint-Martial-de-Loulay, canton de Loulay, Saint-Martial-de-Mi-rambeau, canton de Mirambeau; Saint-Martial-de-Montmoreau, canton de Montmoreau; Saint-Martin-d’Arv, canton de Mont-Guyon; Saint-Marlin-de-la-Coudre, canton de Loulay; Saint-Martin-de-Coux, canton de Montguyon; Saint-Martin-de-Jui!lers, canton d’Aulnay, Saint-Maurice-de-Laurançanne, canton de Montendre; Saint-Médard-de-Rouillac, canton de Rouil'ac; Saint-Michel, canton d’An-goulême ; Saint-Ouen, canton de Matha.
- Saint-Palais-de-Négrignac, canton de Montlieu; Saint-Palais-de-Phiolin, canton.de Saint-Genis: Saint-Pardoul, canton de Saint-Jean-d’Angély; Saint-Pierre-de-l’lsle, canton de Loulay; Saint-Pierre-de-Juillers, canton d’Aulnay ; Saint-Pierre-du-Palais, canton de Montguyon; Saint-Quentin-de-Ran-çanne, canton de Gemozac, Saint-Quentin, canton de Chalais.
- Saint-Romain-de-Beaumont, canton de Cozes; Saint-Romain-de-Benet, canton de-Saujon; Saint-Seurin-d’Uzet, canton de Cozes; Saint-Séverin, canton de Loulay; Saint-Sigismond-de-Clermont, canton de Saint-Genis; Saint-Simon-de-Pellouaille, canton de Gemozac; Saint-Sorlin-de Conac, canton de Mirambeau.
- Saint-Thomas-de-Conac, canton de Mirambeau ; Saint-Vaize, canton de Saintes nord; Saint-Vallier, canton de Brossac; Saint-Yrieix, 2e canton d’Angouléme,
- Sainte-Colombe, canton de Montlieu; Sainte-Marie, canlon de Chalais; Sainte-Méme, canton de Saint-Hilaire; Sainte-Ramée, canton de Mirambeau; Sainte-Souline, canlon de Brossac.
- Sablonceaux, canton de Saujon; Saleignes, canton d’Aulnay; SaMgnac, canton de Mirambeau; Salles-d’Au’nay, canton d’Aulnay; Salles-la-Valette, canlon de Montmoreau, Saujon, canton dudit; Sauvignac, canton de Brossac; Seigné, canton d’Aulnay ; Semillac, canton de Mirambeau; Semoussac, canton de Mirambeau; Semussac, canton de Cozes; Sérignac, canton de Chalais; Siecq, canton de
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- Matha; Sonnac, canton de Matha; Sonneville, canton de Rouillac; Soubran, canton de Mirambeau; Soumeras, canton de Montendre; Sousmoulins, canton de Montendre; Soyaux, a0 canton d’An-goulême.
- Talmont, canton de Cozes; Tanzac, canton de Gemozac; Ternant, canton de Saint-Jean-d’Angély; Tesson, canton de Gemozac; Thaims, canton de Gemozac; Thenac, canton de Saintes sud; Thézac, canton de Saujon, Thors, canton de Matha; Les-Touches-de-Périgny, canton de Matha; Tourriers, canton de Saint-Amand-de-Boixe; Touvre, canton d’Angoulëme ; Tugeras, canton de Montendre,
- Vallet, canton de Montendre ; Vanzac, canton de Montendre ; Varaize, canton de Saint-Jean-d’Angély; Vars, canton de Saint-Amand-de-Boixe; Varzay, canton de Saintes sud; Vaux-Rouillac, canton de Rouillac; Vénérand, canton de Saintes nord; Verdiile, canton d’Aigre; La Vergne, canton de Saint-Jean-d’Angély; Vergcé, canton de Loulay ; Vervant, canton de Saint-Jean-d’Angély ; Vervant, canton de Saint-Amand-de-Boixe; Villars-en-Pons, canton de Gemozac; La Villedieu, canton d’Aulnay; Villejésus, canton d’Aigre; Villejouberl, canton de Saint-Amand-de-Boixe.
- Villemorin, canton d’Aulnay ; Villeneuve-la-Comtesse, canton de Loulay ; Villenouvelle, canton de Loulay; Villepouge, canton de Saint-Hilaire; Villiers-Gouture, canton d’Aulnay; Vinax, canton d’Aulnay; Virollet, canton de Gemozac; Vœuil-et-Giget, ior canton d’Angoulëme; Voissay, canton de Saint-Jean-d’Angély ; Vouharte, canton de Saint-Amand-de-Boixe.
- Xambes, canton de Saint-Amand-de-Boixe.
- Yviers, canton de Chalais.
- Troisièmes bois ou derniers bois. — Les cantons de Surgères et Aigrefeuille, arrondissement de Rochefort-sur-Mer ; de Tonnay-Boutonne et Saint-Savinien, arrondissement de Saint-Jean-d’Angély; et de Saint-Porchaire, arrondissement de Saintes, sont la Heur de ce dernier cru, dont le littoral de la Rochelle à Royan, plus les îles de Ré et d’Oléron, produisent les types les moins prisés. Le sous-sol se compose en général de calcaire très dur, d’argile et de dépôts de sable. L’eau-de-vie en est caractérisée par un goût amer de terroir et gagne peu ou point à vieillir.
- Voilà, telle quelle est adoptée par le commerce cognaçais, la classification qualificative des eaux-de-vie des deux Charentes.
- Cette classification commerciale est antérieure à 1875, date à laquelle s’est accentuée la destruction du vignoble charentais par le phylloxéra. Depuis cette époque, la reconstitution du vignoble de distillation, par voie de greffage, a rapidement progressé sans arrêt et l’assiette de certaines zones de plantations a été un peu modifiée. Aussi le Syndicat central des viticulteurs des Charentes a-t-il jugé utile d’étudier, au fur et à mesure de la reconstitution, les eaux-de-vie des divers crus. Cette étude a eu pour conséquence l’édition d’une carte syndicale des crus, en 1895. L’identité de qualité des nouvelles eaux-de-vie à bouquet avec les anciennes a été démontrée. Leur classification, d’après la dégustation et la base géologique du sol, ne diffère pas sensiblement de la classification du commerce cognaçais. La carte du Syndicat des viticulteurs a été consultée utilement en plusieurs circonstances par le Jury de la Classe 60.
- Nous devions mentionner cette étude de classification par les soins de la propriété, qui confirme les appréciations antérieures du commerce régional.
- De ces différents crus sortent, en année moyenne, de 3oo,ooo à 35o,ooo hectolitres de produits expédiés par nos négociants aux quatre coins du globe et représentant, suivant les prix, de 60 à 90 millions.
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- Le tableau statistique suivant en donne le relevé officiel pour une période de trente années :
- TABLEAU DES VINS RECOLTES, DES QUANTITES DISTILLEES ET DES EXPEDITIONS D’EAUX-DE-VIE DE COGNAC, DES ANNEES 1861 À 1891.
- ANNÉES. VINS EAUX-DE-VIE.
- RÉCOLTÉS. MIS EN DISTILLATION. PRODUIT DE LA DISTILLATION de l'année. EXPÉDIÉES DANS L’ANNEE.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- CHARENTES.
- 1861 2,322,44o I,l6l ,2 25 l65,888 i38,o35
- 1862 7,729,200 4,633,200 661,885 153,963
- 1863 7,524,487 4,514,922 644,988 244,88l
- 1864 8,210,022 4,926,013 703,716 320,621
- 1865 1 2,886,296 6,7 31,7 7 7 961,682 34o,l82
- 1866 11 ,i5g,635 6,696,771 956,538 421,336
- 1867 5,800,760 3,483,45g 497,637 36i,528
- 1868 5,332,192 3,i99,3i5 457,o45 33i,24i
- 1869 12,383,817 6,668,671 952,667 294,750
- 1870 8,013,45o 4,820,700 688,671 392,5io
- 1871 10,661,784 5,425,ooo 775,000 229,741
- 1872 8,671,107 4,628,500 661,2l4 174,741
- 1873 2,445,837 i,644,35o 234,907 232,643
- 1874 1 1,798,1 °2 6,781,320 968,460 16o,3io
- 1875 14,124,091 7,798,79° 1,114,112 238,726
- 1876 4,6o5,478 2,697,980 385,425 388,58o
- 1877 8,557,763 6,215,920 887,988 180,882
- 1878 6,686,261 4,oi 1,706 573,108 433,66o
- 1879 1,856,510 i,i3g,o6o 169,115 478,382
- 1880 2,709,751 i,625,4oo 232,200 404,769
- Totaux 1 53,483,987 88,8iB,ia4 12,682,246 5,921,48o
- CHARENTES ET VIGNOBLES LIMITROPHES.
- 1881 3,937,355 2,086,299 a3i,8i 1 246,ioo
- 1882 2,648,442 i,588,ooo 176,444 248,976
- 1883 3,i 11,908 1,867,144 207,460 222,880
- 1884 3,294,267 1,976,560 219,618 233,io8
- 1885 1,802,002 1,081,201 120,133 266,586
- 1886 1,658,206 99^9s3 1 io,558 268,076
- 1887 i,654,io3 1,157,872 i38,a56 257,081
- 1888 i,384,i 32 830,479 92,275 24o,336
- 1889 i,oig,35o 611,610 67,956 274,410
- 1890 1,163,012 697,807 77,534 280,769
- 1891 2,766,566 2,260,000 260,000 297,253
- Totaux généraux 177,993,330 io3,955,oi 9 14,374,687 8,757,063
- Expéditions 8,757,063
- Restait dans les chais cliarentais.. 5,617,624
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Depuis 18 9 2 , les récoltes dans les Charentes ont été de :
- hectolitres. lieCloIllK:.'.
- 1892 465,864 1897 307,758
- 1893.. 1,095,345 1898 845,592
- 1894 628,491 1899 1,316,4 8 9
- 1895 643,342 1900 2,122,095
- 1896 1,182,913 j 1901 2,197,092
- Il ressort de ces chiffres qu’il existe encore des quantités importantes d’eaux-de-vie vieilles dans le pays du vrai cognac et que les jeunes viennent facilement combler les vides qui se sont faits. La distillation peut donner actuellement de 3oo,ooo à 4oo,ooo hectolitres d’eau-de-vie dans le seul pays charentais, dont la reconstitution s’effectue d’une façon régulière, ainsi que le constatait M. James Hennessy, président du Comité de viticulture de l’arrondissement de Cognac :
- L’année 1900 qui vient de se terminer s’est signalée par une récolte abondante, principalement dans les régions auxquelles nous nous intéressons le plus.
- Comme toujours, cette abondance amène un nouvel élan de la replantation. La reconstitution marche à grands pas dans les champagnes de Segonzac et de Chàteauneuf. Nos voisins des cantons d’Archiac, de Barbezieux, et même d’Hiersac suivent aussi les exemples donnés par notre arrondissement avec un entrain grandissant. Le canton de Jarnac, dans sa partie la plus élevée, replante moins rapidement des vignes américaines, mais déjà d’importants vignobles y sont en pleine production et la petite propriété se prépare à suivre le mouvement général.
- Il est à observer que les eaux-de-vie des nouvelles plantations ne le cèdent en rien, comme qualité, à celles d’autrefois.
- Cette prospérité renaissante invite davantage encore nos propriétaires et négociants charentais à défendre par tous les moyens en leur pouvoir leur marque «cognac». On distille aujourd’hui en Espagne, en Italie, en Hongrie, en Grèce, en Serbie, voire en Turquie les vins de ces pays, et le produit qu’on obtient de cette distillation est néanmoins qualifié de «cognac» comme s’il provenait de nos Charentes. Evidemment, les distillateurs de ces produits exotiques ont grand intérêt à en dissimuler l’origine, aussi presque tous font-ils suivre leurs raisons sociales du nom de «cognac» qui, placé dans cette condition, a une double signification : indiquer le produit, puis surtout faire croire qu’il vient du pays de Cognac, trompant ainsi doublement les acheteurs.
- Notre commerce des Charentes, devenu moins tolérant, cherche aujourd’hui à défendre ses droits contre des étrangers qui, non contents d’avilir la marque «Cognac» en l’employant à couvrir des produits similaires sans valeur, ne craignent pas non plus de contrefaire toutes les marques de notre pays. Il n’est donc pas surprenant que l’on se soit ému de toutes ces usurpations, et que des syndicats se soient constitués pour poursuivre devant les tribunaux compétents ceux qui inscrivent sur leurs fûts et leurs caisses le mot «cognac», de façon à faire croire, non seulement qu’il est l’indication spécifique du produit connu sous ce nom, mais surtout le lieu de leur domicile réel, ce qui constitue une véritable fraude.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- La Cour de cassation a rendu deux arrêts utiles à consulter à ce sujet : le premier, à la date du 7 janvier 188A, le second, à la date du 2 juillet 1888.
- A propos de ces imitations frauduleuses, nous ne saurions mieux faire que de rapporter ici la circulaire que le Ministre des affaires étrangères vient d’adresser à tous les représentants de la France à l’étranger :
- Vous n’ignorez pas qu’à la suite de l’invasion phylloxérique en Europe, la viticulture française a Ira versé, il y a quelques années, une crise très sérieuse. Les pays producteurs de vins, tels que l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal, la Californie, etc., en ont profité pour faire une active propagande sur tous les marchés du monde. Les fabricants d’alcool de tous genres ont notamment cherché, par tous les moyens possibles, à substituer leurs produits aux eaux-de-vie françaises ; 011 a même écrit ou répété, dans certaines contrées, que les vignes de France avaient été presque complètement détruites par le phylloxéra et que notre pays 11e pouvait plus livrer à la consommation qu’une quantité insignifiante d’eaux-de-vie naturelles.
- Ces erreurs, intentionnellement répandues par des concurrents peu scrupuleux, peuvent causer à une des principales branches de notre exportation un dommage sur lequel mon attention vient d’être appelée de divers côtés.
- Je vous serais donc obligé de vouloir bien, en ce qui concerne le pays de votre résidence, user des moyens dont vous pouvez disposer pour faire connaître la véritable situation de la viticulture française. 11 serait utile, à ce point de vue, qu'on u’ignorat pas, dans les milieux commerciaux de votre circonscription, cpie l’œuvre de reconstitution du vignoble français peut être considérée comme achevée, et que les départements des Charentes notamment, par suite des plantations importantes (pii ont été elïectuées au cours de ces dernières années, produisent en abondance et sont en mesure de livrer, comme il y a vingt-cinq ans, à des prix modérés, de cognacs naturels d’excellente qualité.
- Je vous ai déjà, par une circulaire en date du 3o août 1898, adressé, à la demande du Syndicat des viticulteurs des Charentes, un certain nombre de documents relatifs au commerce des cognacs. Veuillez, eu utilisant les indications contenues dans ces documents et ceux que renferme la présente circulaire, faire tout ce qui dépendra de vous pour seconder les efforts que font les viticulteurs des Charentes et de l’Armagnac, eu vue du développement de leurs relations d’affaires avec les marchés étrangers. (Avril igoi.)
- Il faut espérer que, grâce aux efforts de nos agents au dehors, nous retrouverons bientôt nos clients d’autrefois.
- Sur les 1,328 exposants charentais, ceux du département de la Charente ont obtenu : grands prix, 3; médailles d’or, 85; médailles d’argent, 309; médailles de bronze, 110; mentions honorables, A3. Ceux de la Charente-Inférieure : grands prix, 3; médailles d’or, Ai; médailles d’argent, 2A0; médailles de bronze, 81; mentions honorables, 3i.
- ARMAGNAC.
- Dans la section des vins, 011 a vu que l’Armagnac constituait la dixième.région. Nous avons montré que les exposants, qui y figuraient, avaient surtout présenté des eaux-de-vie et nous avons réservé, par conséquent, nos observations pour ce chapitre spécial.
- Rien (pie les armagnacs ne possèdent pas le fondu, le parfum et la distinction des produits charentais, ils ont une réelle valeur et tiennent une excellente place par leur Gn. X. — Cl. 60. ai
- IMPtUMBIUE KÀTIOXALf.,
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- finesse et leur bouquet. On l’a bien reconnu à l’Exposition où ces produits ont été très appréciés par le Jury.
- La production des eaux-de-vie de l’Armagnac s’étend sur les parties limitrophes de trois départements : le Gers, les Landes, le Lot-et-Garonne. Mais la moitié au moins du territoire où se distillent ces produits appartient au premier de ces départements.
- Ces eaux-de-vie sont classées ainsi par ordre de mérite :
- I. Bas-Armagnac, comprenant : i° le Grand-Bas-Armagnac, qui occupe les deux tiers de la zone à l’Ouest (types : Le Houga, Saint-Gein, Montlczun, Castex, Artez, îMontciar, etc.); 9° Moyens ou Fins-Bas-Armagnac comprenant une bande formant le tiers du reste de la zone du Nord au Sud (type Gazaubon, Gampenne, Gabanet, etc.); 3° Petit-Bas-Armagnac (types : Nogaro, Manciet, etc.).
- IL Ténarèze (types : Labarrère, Gastelneau, Eauze, Bretagne, Lannepax, Gaze-neuve, Montréal, etc.).
- III. Haut-Armagnac (types : Condom, Valence, Vic-Fézenzac, etc.).
- La finesse et le moelleux des belles qualités, la rudesse et la sécheresse des produits inférieurs tiennent évidemment à la fois au terrain qui a produit les raisins et à la distillation du vin qu’ils, ont fourni. Mais le climat , le sol ont une influence marquée. C’est avec raison qu’un professeur de viticulture à l’Ecole de Montpellier a écrit :
- Le cépage peut être cultivé partout et d’après les mêmes méthodes que dans les Chareutes; la distillation peut être faite partout comme à Cognac et avec les mêmes alambics; l’eau-de-vie peut être logée dans des fûts identiques à ceux qu’on emploie dans la région. Mais le terrain, le climat et le cépage ne peuvent nulle part ailleurs se présenter ensemble , et avec les mêmes caractères que dans les Charentes. La plus légère différence dans le climat, dans le sol, etc., suffit à modifier du tout au tout la nature des eaux-de-vie produites. Aussi, tous les essais de production d'eau-de-vie de Cognac, qui ont été faits un peu partout avec les cépages et les méthodes charentaises, n’ont-ils abouti qu’à des échecs. Et ces insuccès auraient pu être prévus.
- Pour l’Armagnac, il n’y a pas eu insuccès, car ses eaux-de-vie ont de très réelles qualités, mais, et c’est sur ce point que nous attirons l’attention, bien que le cépage produisant les vins qu’on y distille soit exactement le même que celui des Charentes, la folle blanche, qu’on appelle dans le pays jrâpepoM/, le résultat est différent, le bouquet, le parfum ne sont pas les mêmes et personne ne pourra prendre un cognac pour un armagnac et vice versa.
- En France, on ne peut obtenir de véritable cognac, en dehors des Charentes, ni de vrai armagnac en dehors de la région que nous avons délimitée plus haut; à plus forte raison est-il impossible aux pays vinicoles étrangers, malgré le choix des cépages et malgré les soins de la distillation, de produire des eaux-de-vie semblables aux nôtres.
- Le mode de distillation dans l’Armagnac diffère de celui des Charentes ; il s’effectue à l’aide d’alambic semi-continu. Celui-ci se compose de deux chaudières superposées ou d’une double chaudière rectangulaire. La chaudière supérieure est surmontée de trois ou quatre plateaux servant à la rectification ; chaque plateau est formé d’une partie centrale surélevée, antour de laquelle circule le vin, dans une vingtaine de cases qui
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- contiennent chacune un tube de barbotage. Cet appareil produit une eau-de-vie spéciale ayant peu de bouquet de queue.
- Les eaux-de-vie d’Armagnac se conservent et vieillissent dans les mêmes conditions <pie celles des Charentes. Leur degré de fabrication est de 52 à 54 degrés.
- Le département du Gers avait 286 exposants; ils ont obtenu : grand prix, 1; médailles d’or, 15 ; médailles d’argent, A2; médailles de bronze, 28; mentions honorables, 2 3.
- EAUX-DE-VIE DIVERSES.
- Les départements du Centre-Ouest se livrent à la distillation d’une partie de leurs vins et obtiennent de bons résultats.
- Ainsi, dans la Loire-Inférieure, une certaine quantité de vins du Nantais, beaucoup de gros-plants notamment, sont transformés en eau-de-vie; les muscadets en moins grande quantité, car on réserve davantage ces vins pour la table. La chambre syndicale des négociants en vins et spiritueux de ce département avait présenté une belle collection de ces eaux-de-vie, ayant de la finesse et une certaine élégance.
- La Sarthe avait aussi quelques spécimens bien francs de goût. Les Deux-Sèvres n’avaient qu’un exposant d’eau-de-vie de vin.
- Le comice agricole de l’arrondissement de Châtellerault (Vienne) a présenté aussi quelques échantillons d’eaux-de-vie. Certaines ont des défauts de distillation.
- Les départements de Seine-et-Oise, de l’Aube, de la Marne, de Meurthe-et-Moselle, du Cher, du Loiret, de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, etc., ont présenté aussi des eaux-de-vie de vin; la plupart de ces produits ne sortent pas de l’ordinaire, ils sont plus ou moins bien distillés, mais les vins qui les ont donnés n’engendrent pas de qualités spéciales.
- Les régions méridionales ont envoyé peu d’eaux-de-vie ; depuis l’invasion phylloxé-rique la distillation avait été assez abandonnée dans le Gard, l’Hérault, l’Aude, les Pyrénées-Orientales, le Tarn-et-Garonne, le Lot, etc.; les vins allaient surtout à la consommation. Mais, maintenant qu’il y a des récoltes abondantes, on se préoccupe défaire à nouveau des eaux-de-vie. Nous n’en voulons pour preuve que l’extrait suivant d’un procès-verbal de séance de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault à propos d’une communication d’un de ses membres :
- M. Coste-Floret présente à la Société une étude, fort intéressante, sur la distillation des vins et son influence sur la prospérité des vignobles du Midi. Après avoir fait l’historique de la transformation de la distillerie, due principalemeut aux savants de notre région, qui, depuis Arnaud de Villeneuve jusqu’à Ghaptal, ont successivement amélioré les procédés autrefois en usage dans le Languedoc pour obtenir des eaux-de-vie amiables recherchées par les consommateurs et faisant alors l’objet d’un trafic très important; après avoir parlé des inventions dues à Paulin, de Montpellier, et Bories, de Cette, qui, pour notre région, ont inventé des instruments propres à distinguer les degrés des liquides alcooliques, M. Coste-Floret démontre que la transformation des anciennes distilleries en fabriques de trois-six due à Edouard Adam, étudiant à l’Ecole de médecine de Montpellier, fut l’objet de per-
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- fectionnements par divers distillateurs locaux. Dans le sein de la Société centrale, l’étude de la distillation fut l’objet constant de ses membres, et les nombreux mémoires qui furent publiés dans nos bulletins démontrent l’importance de la distillation pour notre région. Il en résulta une grande extension de l’industrie de la distillerie qui servait à écouler nos récoltes à une époque où la difficulté des transports rendait plus difficile l’exportation des vins. Cetle était, il y a cent ans, une place réservée aux exportations des eaux-de-vie; Montpellier, Pézenas, Béziers devinrent successivement les marchés les plus importants pour leur vente. Cette industrie a périclité, par suite du développement considérable de la fabrication des alcools du Nord.
- M. Coste-Floret conclut en engageant les vignerons à entreprendre la fabrication des eaux-de-vie fines pour servir d’écoulement aux excédents de leur récolte et signale que Ynmiabilité des anciennes eaux-de-vie du Languedoc était due à ce qu’elles provenaient des vignobles plantés en Terret, cépage qui, comme i’aramon de nos jours, produisait des vins légers (au contraire, les vins corsés donneraient des eaux-de-vie grossières à goût de terroir). Avec des appareils tels que ceux que l’on a pu examiner à Béziers, pendant l’Exposition organisée par le Comice, les vignerons pourront, à peu de frais, entreprendre la préparation des eaux-de-vie en choisissant les types d’appareils dont on use dans d’autres centres, sans perdre le privilège de bouilleur de cru.
- Il est donc à présumer que les eaux-de-vie de vin du Languedoc, qui occupaient jadis une place importante sur le marché français, vont bientôt revenir; déjà, depuis les vendanges, plus de ko0,000 hectolitres de vin ont été distillés dans le seul département de l’Aude. C’est un des motifs qui imposent la nécessité de créer de nouveaux débouchés pour l’alcool industriel.
- Les quelques échantillons d’eaux-de-vie présentés par les départements du Midi avaient peu d’intérêt; on en a rencontré ayant de la sécheresse et de la dureté.
- Dans l’exposition de la Chambre svndicale de Paris, on a pu voir de bonnes eaux-de-vie, fine-champagne et autres.
- Notre colonie algérienne a présenté des types assez variés d’eaux-de-vie de vin. La distillation a pris un certain développement dans ce vignoble. E11 général, les produits obtenus sont de goût satisfaisant. On note cependant un peu de sécheresse. Ces eaux-de-vie manquent de profondeur. Parfois aussi quelques défauts indiquent une conduite peu régulière de la distillation. On perçoit à la dégustation des goûts de chaudière et de brûlé.
- Les mêmes observations s’appliquent à la Tunisie, qui a envoyé quelques échantillons.
- EAUX-DE-VIE DE MARC.
- Dans beaucoup de nos départements vinicoles on 11e distille pas le vin, celui-ci allant à la consommation ; mais 011 produit de l’eau-de-vie avec les marcs non pressés ou pressés. La Bourgogne est particulièrement réputée pour cette sorte d’eau-de-vie qui doit ses qualités spéciales au résidu mis en œuvre.
- Celui-ci recèle encore, en effet, du vin, de l’alcool, des acides, des sels, des huiles essentielles, des matières grasses et résineuses, enfin des matières solides : rafles, pellicules et pépins, etc.
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- Chacune de ces substances contribue à imprimer à l’alcool une partie de ses caractères. C’est ainsi que l’esprit de marc est imprégné d’odeurs et de goûts composés, bien différents de l’odeur et du goût de l’alcool d’une pureté absolue et de l’esprit de vin.
- La grappe distillée seule ne produit qu’une liqueur légèrement alcoolique, n’ayant ni l’odeur, ni la saveur de l’eau-de-vie de marc. Les pépins, distillés avec de l’alcool ou avec de beau, donnent une liqueur d’un goût agréable. Ils sont donc étrangers au goût spécial de l’alcool de marc. Les matières grasses ne distillent pas avec l’alcool, on les retrouve dans la vinasse, ainsi que les sels, les tartrates de potasse et de cbaux.
- Le rôle des pellicules est considérable dans la distillation du marc, en raison des huiles essentielles qu’elles contiennent ; ces huiles y sont préexistantes et ne se forment pas pendant la distillation, comme on le croyait, caries pellicules fermentées, soumises à la distillation, donnent une eau-de-vie exactement semblable à celle de marc.
- Tous les produits de la fermentation vineuse, alcoolique, sont acides. Le marc de raisin, imbibé de liquides fermentés, n’écbappe pas à cette loi; il contient plusieurs acides, les uns préexistants dans le raisin, d’autres engendrés par la fermentation aux dépens du sucre ou de l’alcool. Sous l’influence de la chaleur des cuves de fermentation, une petite partie de l’alcool se combine avec les acides libres et forme avec eux des aldéhydes et des éthers qui influent beaucoup sur le goût et le bouquet des vins et des eaux-de-vie.
- Dans la distillation, les acides forment aussi avec l’alcool des combinaisons éthérées, (pii communiquent au produit, avec lequel ils distillent, leur odeur, leur goût et leurs caractères propres. Les acides du marc, entraînés mécaniquement par les vapeurs en distillation, se condensent avec elles. On les considère comme la cause du goût piquant de quelques eaux-de-vie.
- Indépendamment des huiles essentielles du marc, des éthers, des acides communs à toutes les liqueurs fermentées, l’eau-de-vie de marc est presque toujours entachée du goût d’empyreume quelle doit à la présence d’un produit pyrogéné qui se constitue pendant la distillation.
- Les efforts du distillateur tendent à neutraliser les causes infectantes de l’alcool afin d’obtenir de l’eau-de-vie de marc de bonne qualité.
- Il y a deux manières de distiller le marc de raisin; la première consiste à le distiller en nature, la seconde à le laver pour lui enlever son alcbol au moyen de l’eau et. à distiller ensuite celle-ci de la meme manière que le vin.
- La distillation des marcs en nature se fait le plus généralement à feu nu. Le marc émietté est. versé dans la chaudière, on y ajoute de l’eau pour qu’il baigne largement et afin que les parties solides ne brûlent pas au fond ou contre les parois du récipient. Il est bon d’agiter la masse pour que le marc n’attache pas au fond de la chaudière. Une lois le chapiteau placé, on ajuste le serpentin, et le réservoir de celui-ci étant rempli d’eau froide par la condensation des vapeurs, on allume le feu dans le fourneau. Tous
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- les joints de Talambic sont soigneusement lutés avec du papier et de la pâte de farine ou de l’argile, en vue d’éviter toute déperdition des vapeurs spiritueuses
- Peu de temps après que la chauffe a commencé, les vapeurs partant de la chaudière vont se condenser dans le serpentin et sortent sous forme d’une espèce d’eau-de-vie laiteuse à odeur forte et âcre, d’un faihle degré alcoolique. On recueille ce produit jusqu’à ce que son degré soit descendu à o; alors on éteint le feu, on enlève le chapeau de l’alambic, et Ton retire de la chaudière le marc épuisé de l’alcool. L’eau de la chaudière est évacuée par le robinet de vidange. On nettoie avec un balai pour ne rien laisser au fond de la chaudière, et Ton procède à un nouveau chargement avec du marc et de l’eau. L’opération se conduit comme précédemment.
- Lorsque le liquide obtenu de plusieurs distillations réunies est suffisant pour une charge de la chaudière, on le repasse afin d’obtenir de l’eau-de-vie commerciale. Cette repasse, qui constitue une rectification, demande quelques soins. Il faut procéder à cette distillation avec douceur et ménagement. Si le feu était poussé trop vivement sous la chaudière, il se dégagerait plus de vapeurs alcooliques que le serpentin n’en pourrait condenser; les vapeurs alcooliques se répandraient au dehors en pure perte, pouvant causer même quelques accidents.
- Aussitôt que le feu est allumé sous la chaudière, le liquide à distiller à nouveau s’échauffe et commence à dégager d’abord des produits gazeux d’une odeur très forte et très désagréable, puis ensuite s’élèvent les vapeurs alcooliques mêlées de vapeurs d’eau; ces vapeurs mélangées arrivent au serpentin et s’y condensent sous forme d’eau-de-vie. Les premiers filets de liquide alcoolique qui sortent du serpentin sont odorants, âcres, laiteux, quelquefois tachés de vert par le vert-de-gris formé dans l’appareil. On reçoit ces premiers produits à part, dans un vase quelconque; ce sont les produits de tête. Au bout de dix à quinze minutes, ces produits font place à un liquide alcoolique plus fort en degré et de meilleure qualité. Ce liquide est le cœur, il marque de 600-70 degrés à l’alcoomètre de Gay-Lussac. Si le feu est modéré, le degré se maintient assez longtemps, quoiqu’il diminue peu à peu à mesure que la chaudière s’épuise de son alcool. Tant, que le titre ne fléchit pas au-dessous de 3o degrés centésimaux, on laisse couler le filet dans le récipient à eau-de-vie : mais lorsque la chaudière, appauvrie d’alcool, n’envoie plus que des vapeurs peu spiritueuses, le produit s’affaiblit de plus en plus, et ces dernières parties de la rectification constituent les produits de queue ou de fin d’opération. Cette eau-de-vie devient alors laiteuse et blanche, et son jet finit par tomber à zéro de l’alcoomètre. Dans ce cas, la chaudière a rendu tout son alcool; on arrête le feu et l’opération est terminée.
- Les produits de tête et de queue sont réunis pour une rectification suivante. Le produit du milieu, dont la force alcoolique moyenne varie de 5a à 60 degrés centésimaux, constitue Teau-de-vie de marc.
- Ce repassage est une opération indispensable quand on ne possède qu’un alambic simple. Elle est dispendieuse de combustible, de temps et de main-d’œuvre; aussi a-t-on substitué maintenant à ces appareils des alambics munis de plateaux de rectification
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- qui permettent d’obtenir, du premier jet, de l’eau-de-vie a 65 et 70 degrés. Ils sont, par conséquent, plus économiques.
- Au lieu de distiller les marcs en eau-de-vie, on peut en faire du trois-six. Ce produit est à Teau-de-vie de marc ce que le trois-six de vin est à l’eau-de-vie de vin. C’est donc un alcool de marc concentré à 86 degrés minimum, titre marchand. On distille directement le marc en vue de la production du troix-six ou on rectifie les eaux-de-vie de marc de manière à obtenir du trois-six titrant 90 et 95 degrés.
- Souvent encore le troix-six de marcs se prépare, avec la piquette provenant du lavage de ceux-ci à l’eau chaude; on traite par la méthode de déplacement, dans des appareils de distillation continue avec rectification simultanée. Le chauffage se fait à feu nu, ou à la vapeur. Comme on n’opère qu’avec des liquides, on a moins à craindre les coups de feu. L’alambic est pourvu d’une chaudière, d’une colonne à plusieurs plateaux de distillation, surmontés de plateaux de rectification superposés, d’un chauffe-vin condensateur, de tuyaux de rétrogadation ramenant du condensateur à la colonne les vapeurs condensées, faibles en alcool. La conduite de ces appareils réclame des systèmes de régularisation de la température, de la pression intérieure des vapeurs, de distribution de la piquette pour l’alimentation de la colonne et de la distribution méthodique de l’eau dans le condenseur et le réfrigérant.
- L’esprit de marc, comme l’eau-de-vie de marc, est d’autant plus fin que la matière qui les contient est plus pure. On a reconnu que l’épuration des marcs par la saturation de l’excès des acides qu’ils contiennent était favorable à la bonne qualité du produit. La saturation, non intégrale, mais seulement des trois quarts des acides, donne des résultats très appréciés.
- Le rendement alcoolique de marc distillé en trois-six est très variable suivant la nature, l’espèce et la richesse du raisin, en raison de son état de conservation. Les marcs du Midi rendent plus que ceux des autres vignobles de France; ceux qui ont séjourné plus longtemps avec le vin dans la cuve de vendange fournissent plus que ceux qui n’ont eu qu’une courte durée de cuvaison. En moyenne, on peut évaluer le rendement a k litres d’alcool à 86 degrés par 100 kilogrammes de marc.
- Dans le Midi, 011 les raisins très sucrés fournissent beaucoup d’alcool, on obtient généralement 12 à 1 h litres d’eau-de-vie à 5o degrés centésimaux en distillant 100 kilogrammes de marc. Dans le centre de la France, et dans de bonnes années, 100 kilogrammes de marcs rendent 6 à 8 litres d’eau-de-vie.
- Mais, comme nous l’avons dit, c’est dans la région bourguignonne que se trouvent les meilleures eaux-de-vie de marc. Elles ont un parfum original et un goût très savoureux; c’est que les bons vins de ce pays possèdent tous les éléments propres à fournir ces qualités. On rencontre, dans les eaux-de-vie qui proviennent d’une telle matière première, des principes éthérés amples et merveilleusement développés, un goût d’une extraordinaire franchise, sans sécheresse, ni âcreté; un arôme pénétrant, sans être trop fort, s’étalant agréablement dans la bouche en même temps qu’il impressionne favorablement l’odorat. Ce sont là les qualités de produits vraiment supérieurs, tels qu’on en
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- trouve surtout dans la Côte-d’Or. On en fait aussi dans les départements du Rhône, de Saône-et-Loire, de TYonne et de T Aube qui ont de très intéressantes qualités également.
- L’Exposition en renfermait des échantillons variés, indiquant une distillation bien soignée et judicieusement conduite.
- On a beaucoup remarqué des eaux-de-vie de marc vieilles ayant acquis une grande finesse et un fondu parfait.
- Nombre d’autres départements se servent encore de leurs marcs pour en faire de l’eau-de-vie : la Marne, le Jura, l’Indre-et-Loire, le Cher, le Puy-de-Dôme, l’Ardèche, etc., avaient envoyé des spécimens de leur fabrication; plusieurs de ces produits présentaient, à des degrés divers, certains défauts de distillation, nous ne nous y arrêterons pas.
- L’Algérie et la Tunisie avaient aussi exposé des eaux-de-vie de marc assez réussies. Cependant quelques-unes avaient des saveurs trop fortes d’huiles essentielles.
- ÉTRANGER.
- Beaucoup de pays étrangers distillent aujourd’hui les produits de leur vignoble. L’Espagne, le Portugal, l’Italie, l’Allemagne, la Bulgarie, la Serbie, etc., font des eaux-de-vie de vin que leurs détenteurs essaient de vendre sous les noms de «Cognac» ou « Kognac».
- On sait que le Jury international a refusé officiellement d’examiner ces imitations frauduleuses et a décidé qu’aucune récompense ne serait accordée aux exposants propriétaires de ces produits.
- L’Allemagne n’a présenté que des eaux-de-vies étiquetées «Cognac» et qui ne pouvaient concourir aux récompenses, conformément aux décisions du Jury international.
- Les exportations de nos cognacs, par suite des imitations faites dans ce pays, perdent chaque année un peu de terrain, bien que la valeur, par suite de l’élévation des prix, n’ait pas subi de grands changements, comme il résulte des chiffres suivants :
- QUANTITÉS. VALEURS.
- tonnes. millions de marks.
- 1894 ..................................................... 2,664 5,7
- 1895 ..................................................... 2,657 6,3
- 1896 .................................................. 2,541 5î7
- 1897 ..................................................... 2,497 5,6
- 1898 ..................................................... 2,487 5,5
- A Hambourg, 011 le cognac français occupe le premier rang dans le commerce des eaux-de-vie, nos exportations ont été de 11,679 hectolitres valant 9,798,860 marks en 1897, contre 13,588 hectolitres représentant 3,119,990 marks en 1898.
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- VINS ET EAUX-DE-VIE 1)E VIN.
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- Le consul français à Hambourg s’exprime ainsi dans un de ses derniers rapports : Voici quels ont été les chiffres exacts de nos envois durant les sept dernières années :
- 1899
- 1898
- 1897
- 1896
- 1895
- 1894
- 1893
- QUANTITÉS. VALEURS.
- hectolitres. milliers de franc
- 10,726 3,i3i
- 1 J’®79 3,698
- 13,558 3,8(ji
- 15,i 18 4,394
- i4,45t 4,324
- 13,2/17 4,819
- 15,776 ^987
- La décroissance est, on le voit, continue, et en rapport direct avec l’activité de l’industrie de l’alcool dans la région; bientôt nos cognacs ne serviront plus qu’à donner du bouquet aux produits, du reste, que la distillerie allemande livre à la consommation sous cette appellation.
- La Bulgarie avait aussi exposé quelques eaux-de-vie dont la majeure partie sous la dénomination de « Cognac. r> Une note officieuse du catalogue spécial de ce pays porte à ce sujet :
- La production du cognac commence à se développer, surtout depuis ces dernières années. On prépare aussi le raid (rakia), l’eau-de-vie tirée des marcs de raisin et de vin nouveau par distillation.
- En général, ces prétendus cognacs sont durs et chauds, sans élégance.
- L’exposition espagnole comportait de simples eaux-de-vie, des «brandies » et des eaux-de-vie anisées. La distillation des vins a pris un assez grand développement chez nos voisins des Pyrénées et ils arrivent à fournir des produits nets de goût. Les eaux-de-vie anisées sont lines, mais elles ne paraissent pas intéresser le goût français.
- r
- Les Etats-Unis ont présenté surtout des « Cognacs » qui pour les motifs déjà relatés n’ont pas été examinés.
- La Grèce avait des eaux-de-vie assez lines, cependant celles-ci offrent au palais une certaine sécheresse; ce pays fournit aujourd’hui environ 16,000 hectolitres d’eau-de-vie représentant une valeur de 1,600,000 francs.
- La Hongrie, à côté de « Cognacs n, a présenté des eaux-de-vie de vins, de marcs et de lies qui ont assez d’agrément, elles indiquent une bonne distillation; mais elles manquent généralement de bouquet.
- En Italie, nous trouvons peu d’eaux-de-vie de vin, ce sont surtout des eaux-de-vie de marcs qui ont été exposées; elles ont des saveurs empyreumatiques prononcées. Ce pays fournit tous les ans environ 78,000 hectolitres d’alcool de marcs et de vin.
- Le Mexique, le Pérou ont envoyé quelques spécimens de leurs produits distillés. Jusqu’ici ils n’ont rien de remarquable.
- En Portugal, par contre, nous trouvons de lines eaux-de-vie, bien préparées, franches
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- et suffisamment agréables. L’une d’elles a obtenu une médaille d’or. Notons encore des eaux-de-vie anisées.
- La Roumanie livre aussi quelques centaines d’hectolitres de ses vins à la chaudière. Le produit est souvent dur et sans parfum. Une eau-de-vie de marc mousseuse a été signalée; c’est une fantaisie sans intérêt. Le mot k Cognac 5^ est encore souvent employé dans ce pays. De même en Russie, où l’on semble peu tenir du reste à ce que l’alcool ait une saveur quelconque. C’est surtout l’alcool d’industrie réduit en eau-de-vie, par mouillage, qui est demandé.
- En Serbie, nous avons observé quelques bons types de vins qui, distillés, donnent des résultats assez satisfaisants; également en Croatie-Slavonie. Mais, en général, tout cela manque de finesse et de cachet. Dans aucune de ces eaux-de-vie on ne retrouve le charme et la distinction de nos fine-champagne, ni de nos armagnacs.
- A notre avis il eût été désirable qu’une distinction fût établie entre les récompenses accordées dans la Classe 60, pour les vins d’une part et pour les eaux-de-vie de l’autre.-
- Ces produits sont absolument difîêrents et les deux sections auraient dû être bien définies et séparées. Il est impossible de savoir, en parcourant la liste des récompenses, si tel exposant a été primé pour son vin ou pour son eau-de-vie et le doute peut avoir des inconvénients aussi bien pour le commerce que pour le consommateur.
- Nous ne saurions clore ce rapport sans remplir un devoir qui nous est infiniment agréable : celui de remercier ici nos collaborateurs, qui nous ont apporté le concours de leur compétence et de leur travail. Voici bientôt vingt ans qu’ils étudient auprès de nous toutes les questions intéressant les vins et les spiritueux. Nous ne pouvions trouver des auxiliaires plus sûrs, ni plus dévoués, pour mener à bien la tâche délicate que le Jury nous avait fait l’honneur de nous confier.
- Nous exprimons notre gratitude, d’une manière toute particulière, à M. J. Desclo-zeaux, le jurisconsulte éminent dont le monde vinicole a, depuis longtemps, apprécié la haute compétence et qui nous a donné un précieux concours pour les questions d’économie vinicole, de statistique et de législation.
- Nous remercions non moins chaleureusement M. A.-M. Desmoulins, pour qui la science pratique de l’œnologie et de la distillerie n’a plus de secrets et dont les remarquables travaux sont trop connus de tous pour qu’il soit utile d’insister. Dans ce rapport même, on a pu apprécier toute la valeur des observations qu’il a consacrées à l’art délicat de la dégustation dans lequel il est passé maître.
- A côté de nos collaborateurs immédiats, la galanterie française nous fait un devoir de placer d’abord, dans l’expression de notre reconnaissance, les amis étrangers; ils ont compris tout l’intérêt qui s’attache à une œuvre comme la nôtre et nous en ont facilité l’élaboration.
- M. le commandeur Pavoncelli, ancien ministre, membre de la Chambre des députés,
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- VINS ET EAUX-DE-VIE DE VIN.
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- représentait avec éclat le plus grand pays vinicole du monde après la France. Les jurés se rappellent la courtoisie, la science et l’éloquence de M. Pavoncelli, dont les discours, dans les réunions de la Classe 60, ont excité un véritable enthousiasme. Nous lui devons de précieux documents sur l’Italie.
- M. le comte de Samodaes, ancien ministre et pair du royaume, l’un des directeurs de la Real Companhia de Norte do Portugal, ne nous a pas renseignés avec moins d’obligeance et de science sur l’état actuel de la viticulture dans son pays. Grâce à lui le Portugal et Tîle de Madère seront aussi bien connus en France que nos propres vignobles.
- Nous en dirons autant de M. J. Santarelli, président de la Chambre de commerce espagnole à Paris, associé de la maison Manuel Misa, et grand importateur de vins de Xérès. Ses études sur l’Espagne nous ont été des plus précieuses.
- Tous nos meilleurs remerciements à S. E. M. Ollanesco, ministre plénipotentiaire et commissaire général de Roumanie, et à son aimable collaborateur, M. Carissy, dont les documents sur la Roumanie vinicole nous ont permis de faire connaître ce beau pays.
- MM. Dahlen et Leiden, délégués de l’Allemagne; M. de Schlumberger, délégué de l’Autriche; M. Sacilly, commissaire général de la Grèce, nous ont fourni les renseignements les plus complets sur leur pays et nous les en remercions.
- Avons-nous besoin d’ajouter que nombre de jurés français nous ont spontanément offert leur collaboration de la façon la plus gracieuse?
- Nous devons un remerciement tout particulier à notre collègue du bureau, M. Chan-don de Rriailles, qui nous a fait part des trésors inestimables de documents qu’il possède sur la Champagne. Nous ne saurions assez rendre hommage à son amabilité et â sa haute science.
- Pour chacun de nos grands vignobles, nous avons trouvé des spécialistes éminents, prêts à nous aider de leurs connaissances et â nous faciliter nos recherches. Nous ne pouvons trop remercier MM. Josserand, Latour, Rouchard, Lenhardt-Pomier, Vavas-scur et tant d’autres qui méritent la reconnaissance de tous nos producteurs et négociants, pour le contingent d’utiles et intéressantes observations qu’ils ont fournies au rapporteur de la Classe 60.
- A tous nous disons donc merci au nom de la France vinicole.
- Paul Le So ÜRD.
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- CLASSE 61
- Sirops et liqueurs, spiritueux divers et alcools d’industrie
- RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
- PAR
- M. ÉDOUARD REQUIER
- DISTILLATEUR—L1QU0RISTE
- CONSEILLER GENERAL DE LA DORDOGNE POUR LE CANTON DE PÉRJGUEUX JUGE AU TRIBUNAL DE COMMERCE DE PERIGUEUX YICE-PRÉSIDENT de la chambre de commerce MEMBRE DES COMITES D’ADMISSION ET D’INSTALLATION
- 20
- Gn. X. — Cl. 61.
- iSiPRIMERIE NATIONALE.
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- COMPOSITION DU JURY.
- BUREAU.
- MM. Cusenier (Elisée), distillateur, président du Syndicat central des négociants en liqueurs et spiritueux de France et des colonies (comités, jury, Paris 1889 ; comités, Paris 1900), président....................................... France.
- Garcia del Salto (Rafael), vins, vice-président................................... Espagne.
- Reqiier (Edouard), conseiller général de la Dordogne, distillateur (médaille d’or, Paris 1889; comités, Paris 1900), juge au Tribunal de commerce, membre de la Chambre de commerce, rapporteur. ...........................Fiance.
- Bardin (Louis dit Henri), distillateur [ancienne maison Constant Duval,
- Moineaux et Bardin, successeurs] (hors concours, Paris 1878, 1889), secrétaire..................................................................... France.
- JURÉS TITULAIRES FRANÇAIS.
- MM. Aymard (Jules), distillateur-liquorisle.......................................... France.
- Beauchamps (Louis), distillateur-ralïineur d’alcool (jury, Paris 1889). • • France.
- Blanchard (Pierre), distillateur (jury, Paris 1889)........................... France.
- Boverat (Maurice), courtier assermenté (comité d’admission, Paris 1900), membre de la Chambre de commerce, président de l’Association syndicale du commerce des alcools de Paris.. . .................................... France.
- Clacqüesin-Lefèvre (Paul), distillateur (médaille d’or, Paris 1889; comités, Paris 1900)............................................................ France.
- Cointreau (Edouard), distillateur (médaille d’or, Paris 1889; comités,
- Paris 1900), juge au Tribunal de commerce d’Angers......................... France.
- Coiilon (Anatole), importateur de rhums, conseiller du commerce extérieur de la France............................................................. France.
- Codlon (Charles), rhums [maison Ch. Coulon et frères] (comités, jury,
- Paris 1889; vice-président des comités, Paris 1900)........................ France.
- Gourtiiial (Siméon), vins...................................................... France.
- Delaune (Marcel), député, conseiller général du Nord, distillateur d’alcool
- (comités, Paris 1900)....................................................... France.
- Doisteau (Félix), distillateur [maison Delizy et Doisteau] (hors concours,
- Paris 1878, 1889; comités, Paris 1900)..................................... France.
- Fontronne (Jean dit Louis), ancien président du tribunal de commerce de Dijon, président du Syndicat du commerce en gros des vins, spiritueux et vinaigres de la Côte-d’Or................................................... France.
- Galland (Jules), distillateur (médaille d’or, Paris 1889 ; vice-président des comités, Paris 1900), président de la Chambre de Commerce, ancien président du Tribunal de commerce............................................ France,
- Glotin (Edouard), distillateur [maison Les héritiers de Marie Brizard et Roger] (médailles d’or, Paris 1878, 1889; comité d’admission, Paris 1900).......................................................................... France.
- Guy (Louis), distillateur [maison Guy et Grasset] (comités, jury, Paris 1889; comité d’admission, Paris 1900), président honoraire de la Chambre syndicale des distillateurs............................................. France.
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- 38a EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- 1\LM. Hartmann (Georges ), président du Syndicat national des vins, spiritueux et liqueurs de France, de l’Union des syndicats de l’alimentation en gros et delà Chambre syndicale des distillateurs en gros (comités, jury,
- Paris 1889; président des comités, Paris 1900)........................ France.
- Jünot (Arthur , distillateur d’absinthe (comité 'admission, Paris 1900). France.
- Leblond (Achille), distillateur [maison Leblond fdsd aîné et Cie]........France.
- Marnier-Lapostolle (Alexandre), distillateur (comités, jury, Paris 1889;
- comités, Paris 1900)..................................................France.
- Moureaux (Georges), distillateur [maison G. Moureaux etDramard] (médailles d’or, Paris 1889; comités, Paris 1900)........................... France.
- Picon (Honoré), amers (médailles d’or, Paris 1889; comités, Paris 1900). France.
- Picou (Gustave), distillateur (expert du jury, Paris 1889; secrétaire des
- comités, Paris 1900), ancien juge au Tribunal de commerce de la Seine. France.
- Thiel (Félix), président du Syndicat des distillateurs des Alpes-Maritimes. France.
- Tiiomachot (Albert), distillateur ....................................... France.
- Villegoureix, distillateur............................................... France.
- Violet (Lambert), vins , byrrb [maison Violet frères] (comité d’admission,
- Paris 1900)........................................................... Fiance.
- JURÉS TITULAIRES ÉTRANGERS.
- MM. Froomm (J.), conserves, etc................................................. Allemagne.
- Schmidt (Em.-L.), distillateur........................................... Belgique.
- Issanjou (Augusto), vins ................................................Espagne.
- Helm (H.-J.), membre de l’Institut dés chimistes, député principal du
- Gouvernement............................................................ Grande-Bretagne.
- Bichon (Eugène), consul de Grèce......................................... Grèce.
- Schmitz [maison Wynand Fockink].......................................... Pays-Bas.
- Aspillaga (Antero), sénateur. . . ....................................... Pérou.
- Tavildaroff (Nicolas), professeur à l’Institut technologique de Saint-Pétersbourg................................................................ Russie.
- Tciiolack-Antitii (Bloch), attaché au Commissariat général de l’Exposition
- de 1900...................................................... ........ Serbie.
- Dennler (A.-F.), bitler.................................................. Suisse.
- JURÉS SUPPLÉANTS FRANÇAIS.
- MM. Bertrand (Victor), distillateur, juge au Tribunal de commerce.............. Algérie.
- Colas (Albert), distillateur, président du Syndicat de l’Union du commerce
- en gros des vins et spirutueux de la Seine............................ France.
- Decx (A.), distillateur..................................................France.
- Duhamel (Théodore), distillateur (comité d’admission, Paris 1900)......... France.
- Girard fils (Arthur), eaux-de-vie de marc (comité d’admission, Paris 1900). France.
- Mouchotte (Octave), distillateur......................................... France.
- Peureux (Auguste), conseiller général delà Haute-Saône, distillateur. . . . France.
- Premier fils (Louis-Philippe), membre de la Chambre de commerce de là Drôme, président du Syndicat du commerce en gros des vins et spiritueux de la côte du Rhône, Drôme et Ardèche (comité d’admission,
- Paris 1900)........................................................... France.
- Rocher (Fernand), distillateur [maison Rocher frères].................. France.
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- SIROPS ET LIQUEURS, SPIRITUEUX DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE. 385
- JURÉS SUPPLÉANTS ÉTRANGERS.
- MM. Blum-Rouff........................................................... Italie.
- Ciiabert (Maximiliano).............................................. Mexique.
- Gueeve (Thorvald), consul........................................... Norvège.
- Hoogenweegen, directeur de la maison Hubskamp et fils et Molyn. . . . Hollande. Ciiroustchoff (Jean), président de la Société anonyme de distillerie Keller
- et Cio (jury, Paris 1889;........................................ Russie.
- EXPERTS FRANÇAIS.
- MM. Bert.................................................................. France.
- Bondüelle............................................................ France.
- Bourcier............................................................. France.
- Brard Cocary......................................................... France.
- Colin................................................................ France.
- Dechavanne........................................................... France.
- Deniset.............................................................. France.
- Desmoulin............................................................ France.
- Dolin................................................................ France.
- Dumas............................................................... France.
- Galland............................................................. France.
- Genestine............................................................ France.
- Guery............................................................... France.
- Joanne............................................................... France.
- Lacroix.............................................................. France.
- Lafon................................................................ France.
- Lamiral.............................................................. France.
- Lefort............................................................... France.
- Legras............................................................... France.
- Lemetais............................................................. France.
- Leroy-Mauprivey............................. . ..................... France.
- Lion............................................................... France.
- Pelletier............................................................ France.
- Pernet............................................................... France.
- Prats................................................................ France.
- Sabatier............................................................. France.
- Saguin............................................................. France.
- Sauvinet........................................................... France.
- Simon................................................................ France.
- Sube................................................................. France.
- Triconnet .......................................................... France.
- Denomaison (Armand)................................................. France.
- Avril (F.)...................................................... • . France.
- Laine (Émile)........................................................ France.
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- 386 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- MM. Qüenot (Henri).................................................. France.
- Mourre (Simon)................................................. France.
- Floqüet (A.)................................................... France.
- Martin......................................................... France.
- EXPERTS ÉTRANGERS.
- MM. Menozzi......................................................... Milan.
- Masqüelier..................................................... Anvers.
- Nandrin........................................................ Liège.
- Marcette....................................................... Spa.
- Vance.......................................................... New-York.
- Dr Wilev....................... . .......................... Etats-Unis.
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- SIROPS ET LIQUEURS,
- SPIRITUEUX DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE.
- L’ALCOOL ET LES LIQUEURS.
- I
- L’alcool n’est pas contemporain de l’invention des premiers appareils distillatoires. Il n’a pas, il s’en faut, les origines lointaines que les chercheurs ont assignées à l’alambic, des flancs duquel il sortira plus tard.
- Insoupçonné, caché dans l’âme des boissons fermentées dont s’abreuvaient les hommes depuis les temps les plus reculés, l’alcool mettra de longs siècles avant de se révéler à nous.
- Prenons l’alambic et voyons quels furent les prototypes de cet appareil.
- En remontant le cours des âges, nous trouvons certains procédés rudimentaires de distillation mis en pratique dans l’antiquité et indiqués par Pline et Dioscoride.
- Il s’agissait de marmites de terre ou d’airain munies de couvercles lutés tant bien que mal avec de l’argile. On chauffait à feu nu certaines matières contenues dans ces vases clos, et le produit de la condensation des vapeurs était recueilli, soit sur les parois des récipients eux-mêmes, soit sur de la laine placée au-dessous des couvercles qui les fermaient. C’est ainsi que les anciens extrayaient le vif argent du cinabre, l’essence de térébenthine des résines de pins, etc.
- Le principe de la distillation était trouvé. Si l’on rapproche ces marmites de l’alambic proprement dit, certes, une distance immense les sépare. Mais telles qu’elles nous apparaissent, dans le recul des âges, banales, pauvres d’action, livrées à des mains esclaves des procédés empiriques, elles n’en sont pas moins, ces vulgaires marmites, l’affirmation première de l’art de la distillation.
- Franchissons cette période initiale et arrivons aux premiers âges de notre ère. Deux femmes alchimistes, deux Egyptiennes, Cléopâtre et Marie, vont nous donner, au ine siècle, le véritable alambic, en sa forme primitive, bien entendu, mais déjà pourvu de ses organes essentiels. Une description sommaire permettra d’en juger. L’appareil se compose d’un ballon destiné à contenir le liquide soumis à la distillation. C’est la chaudière. Un tube, de grosse dimension, amène les vapeurs de ce premier récipient dans un second ballon renversé, ou chapiteau, servant de condensateur. De plus, et c’est là qu’éclate le génie inventif de ces deux reines de l’alchimie, des tubes latéraux
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- et inclinés, adaptés au chapiteau, permettent l’écoulement au dehors du produit de la condensation, lequel est recueilli dans de petits ballons.
- L’antique marmite est dépassée. Il ne restera d’elle que le souvenir de son couvercle (ambix) qui, précédé de l’article arabe al, a formé le mot alambic.
- L’Egyptienne Marie ne s’en tient pas là. Frappée des inconvénients que présente le chauffage à feu nu, elle fera reposer le ballon servant de chaudière sur un bain de sable ou de cendres, et, plus tard, en reconnaissance des progrès réalisés par cette femme, on donnera son nom au bain-marie tel qu’on l’emploie aujourd’hui.
- Pendant longtemps, l’alambic restera fidèle au type que nous a légué l’Egypte. Il ne se distinguera que par le nombre des ballons latéraux, qui variera de un à trois. Pourtant, Synésius construira, vers la fin du ivc siècle, un alambic composé d’une chaudière portée sur un bain-marie et coiffé d’un chapiteau muni d’un seul tube d’où découle le liquide condensé. La forme donnée par Synésius à son appareil se rencontrera encore au xvi° siècle.
- On a voulu voir dans les dracones (dragons), de Senèque le Philosophe, l’origine du serpentin. Cette expression dracones est, en effet, employée par cet auteur dans ses Questions naturelles. Pour expliquer le phénomène des eaux thermales, Sénèque le compare à ce qui se produit lorsque certains tuyaux de cuivre fort minces, enroulés et allant en pente (per dechve circumdatas}, s’échauffent au passage cl’un milieu incandescent et déversent brûlante l’eau qu’ils ont reçue froide.
- Sénèque n’indique pas davantage l’usage de ces tuyaux, et rien n’autorise à croire qu’ils aient été appliqués à la distillation. En tout cas, à titre de curiosité historique, le texte du vieil auteur mérite d’être retenu. Ajoutons que c’est Porta qui signalera, environ quinze siècles plus tard, l’existence du véritable serpentin.
- On a, très à tort, inscrit à l’actif des Arabes la découverte de l’alambic. Les Arabes apportèrent, sans doute, quelques modifications de détail à cet appareil, mais ils le reçurent en don de l’Egypte, et dans le lot magnifique des inventions qui leur furent attribuées, il ne faut point placer l’alambic, qui appartient incontestablement aux Egyptiens, leurs rivaux en alchimie.
- Voilà donc l’alambic passant des mains des Egyptiens à celles des Arabes pour se répandre dans le monde connu. On distille des essences, on fait de l’eau sulfureuse ou eau divine, etc., mais d’alcool il n’en est pas question.
- C’est en vain que les Grecs et les Romains s’ingénient à modifier le goût de leurs vins par l’adjonction de drogues et d’ingrédients divers. Aussi bien pour assurer leur conservation que pour leur donner une saveur plus aromatique ou plus brûlante, ils les chargent de chaux, de myrrhe, de résine, de sucs tirés de plantes dont la macération a été poussée à l’extrême. Il faut croire que le pur jus du raisin n’était pas le rêve des consommateurs d’alors. Trop fade, le sang de la vigne! Pour flatter les lèvres de ces buveurs, il fallait des arômes autrement puissants, autrement énergiques, et ils demandaient à leurs vins épicés des sensations que la liqueur de Bacchus, exempte des mélanges habituels, ne pouvait leur donner.
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- SIROPS ET LIQUEURS, SPIRITUEUX DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE. 389
- Et l’alcool, la substance spiritueuse encore inconnue, celle qui portera au dernier degré ïexaltation palatale, selon l’expression de Brillat-Savarin, se dérobe toujours.
- A quand donc sa venue ?
- II
- On n’est pas d’accord sur le nom de celui qui a découvert l’alcool. On a parlé de Marcus Græcus, qui vivait au viifsiècle, et qui, par distillation, retira, dit-on, l’alcool, qu’il nomma aqua ardens. On a attribué également la découverte de ce liquide à Geber ou Yeber, alchimiste arabe, qui l’aurait trouvé tout en cherchant à opérer la transmutation des métaux en or.
- D’après certains auteurs, c’est, au contraire, au célèbre médecin persan Rhasès que reviendrait le mérite de cette découverte.
- Arnaud de Villeneuve, qui écrivait au commencement du xive siècle, a passé aussi pour avoir été l’inventeur de l’alcool. Ce savant n’a jamais revendiqué un pareil honneur. Toutefois, avec lui, avons-nous au moins un texte précis, qui établit clairement l’existence de ce produit sorti enfin du mystère qui, jusque-là, l’enveloppait.
- Arnaud de Villeneuve est un enthousiaste du nouveau liquide :
- Celte eau de vin, dit-il, est appelée par quelques-uns eau-de-vie, et ce nom lui convient, puisque c'est une véritable eau d’immortalité. Déjà, on commence à connaître ses vertus. Elle prolonge les jours, dissipe les humeurs peccantes ou superflues, ranime le cœur et entretient la jeunesse. Seule ou associée à quelques antres remèdes, clic guérit la colique, l’hvdropisie, la paralysie, la fièvre quarte, la pierre, etc.
- Voilà comment est saluée la venue de l’alcool, considéré alors comme un liquide miraculeux et bienfaisant. De quelles malédictions ne sera-t-il pas chargé plus tard, quand se lèveront contre lui les moralistes et les sociétés de tempérance, ligués pour réclamer sa proscription?
- Mais n’anticipons pas sur une époque qui n’est pas encore là et reprenons notre historique.
- Un élève d’Arnaud de Villeneuve, Raymond Lulle, parvient à concentrer l’alcool au moyen de carbonate de potasse. Au xvc siècle, Basile Valentin, grand alchimiste, en cherchant la pierre philosophale, fait quelques découvertes utiles et obtient l’alcool presque absolu ; il l’appelle esprit de vin.
- A la fin du siècle dernier, deux savants, Lowitz et Richter, sont parvenus à le déshydrater complètement au moyen de la chaux vive.
- Enfin, il est juste de rappeler que c’est M. Berthelot qui, le premier, est arrivé, en 18 5 A, à obtenir synthétiquement l’alcool.
- L’alcool ordinaire appelé aussi alcool vinique, à cause de sa provenance, ou encore alcool éthylique, ou, d’après la nomenclature de Genève, éthanol, est préparé industriellement en distillant les liqueurs fermentées.
- L’alcool est donc le produit de la fermentation de jus sucrés comme le vin, le cidre,
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- le jus de betteraves, les vins de dattes, de palmier, l’hydromel, etc., ou encore de certaines matières amylacées qui sont saccliarifiées et soumises à la fermentation. On le prépare industriellement en soumettant à la distillation ces différentes liqueurs fermentées.
- La fermentation est le résultat de phénomènes physiques particuliers qui s’opèrent dans un milieu organique par l’intermédiaire d’organismes vivanls ou de certains produits qui dérivent de ces organismes et que Ton nomme des ferments.
- Les organismes vivants portent le nom de ferments figurés et les produits qu’ils sécrètent sont appelés zymase (Béchamp), cliastase (Payen et Persoz) ou enzymes (Kiihne). Ce dernier mot est le plus habituellement employé. Ils forment la classe des ferments solubles.
- Dans les distilleries industrielles et agricoles, les produits obtenus par une première et simple distillation sont des liquides alcooliques à odeur désagréable, renfermant un grand nombre d’impuretés qui portent le nom de flegmes. Mais il est bon de reconnaître que par des procédés de rectification, dont nous parlons plus loin, les grands industriels, soucieux de la santé publique, arrivent à faire disparaître, sinon la totalité, du moins la plus grande partie de ces impuretés et peuvent ainsi livrer à la consommation des alcools exempts de toute matière nocive.
- La composition des flegmes est très complexe et dépend des matières alcoolisables utilisées, des procédés de saccharification et de fermentation, et aussi du genre d’appareil distillatoire. Cependant dans les flegmes on rencontre en général :
- Des aldéhydes se rattachant aux divers alcools,
- Des alcools éthylique, propylique, butylique, amylique, etc.,
- De l’acétal,
- Des acides ,
- Des éthers résultant de l’action des acides sur les alcools,
- Du furfurol,
- De la glycérine et, si la distillation est poussée trop loin, de T acroléine, des hases pyridiques, des amides, etc.
- Tous ces corps, bouillant à des températures différentes, pourront être séparés assez facilement par distillation au moyen d’appareils spéciaux. Généralement on groupe ces produits en trois parties qui constituent ce que Ton appelle l’hude de Fusel. Ces trois parties sont les éthers ou huile de tête, l’alcool éthylique ou alcool neutre (c’est le produit intermédiaire), et les huiles de queue, qui sont les moins volatiles.
- Par des distillations fractionnées, bien conduites, par la filtration sur du charbon de bois, on peut arriver à débarrasser l’alcool proprement dit, ou alcool éthylique, de la presque totalité de ses impuretés, dont quelques-unes sont éminemment toxiques, et obtenir ainsi l’alcool rectifié ou alcool neutre.
- L’alcool pris à dose modérée et à un degré moyen, joue le rôle de médicament, soit seul, soit associé à différentes subslances médicamenteuses, soit absorbé sous forme de liqueur.
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- Les travaux de Iliit, d’Hofmeisler et surtout les belles recherches de Pohl le rangent parmi les substances dont l’administration détermine une augmentation du nombre des leucocytes. Cet effet, quoique passager, puisque la leucocytose commence à diminuer au bout d’une heure et a disparu généralement après deux heures, n’en a pas moins une importance thérapeutique considérable. En effet, d’après Stokvis, «le fait de l’augmentation colossale du nombre des leucocytes dans le sang pendant la digestion des substances albuminoïdes, et les recherches d’Hofmeister sur l’assimilation et la résorption, nous donnent le droit de considérer les leucocytes comme des corpuscules chargés de charrier vers les tissus l’albumine qu’ils ont reprise dans la paroi intestinale, de meme que les globules rouges du sang charrient l’oxygène.»
- Pris toujours à dose modérée et à un degré moyen (les liqueurs de marque soigneusement fabriquées répondent à cette dernière condition), l’alcool active la sécrétion de la salive et des sucs gastrique et pancréatique; il augmente les contractions musculaires de l’estomac, d’où il s’ensuit qu’il excite l’appétit et qu’il accélère la digestion. Si les doses sont trop fortes ou le degré trop élevé, la sécrétion des liquides digestifs est entravée.
- L’alcool est également un stimulant: il possède une action excitante sur le cœur et sur la circulation. Il combat d’une manière passagère la sensation de la faim et il rend alors de grands services en temps de guerre ou lors de marches forcées. Il possède des propriétés digestives et antiseptiques qui en font une panacée. Il est un puissant auxiliaire delà thérapeutique. Les épidémies, dont il paralyse les néfastes effets, seraient un mal bien plus grand que l’alcoolisme, qui n’atteint, en somme, que ceux qui s’y exposent par leurs excès.
- Cependant les sociétés de tempérance formées en Angleterre, en Suède, en France et dans d’autres pays, ont dénoncé l’alcool comme le produit maudit, celui contre lequel devaient se lever toutes les colères, se liguer tçutes les énergies indignées. Venant à la rescousse, certains savants, certains médecins, ont déclaré la guerre à ce fléau qu’ils rendent responsable de tous les maux qui affligent le genre humain. De quoi l’alcool n’est-il pas coupable? On l’accuse d’agir d’une façon déprimante sur l’organisme et, par répercussion, sur les facultés mentales, de ruiner le corps, d’atrophier l’intelligence, de pousser à la brutalité et au meurtre, de conduire à la folie, comme si les vices et les passions de l’homme, l’ambition, la haine, la cupidité, le jeu, la débauche, etc., ne faisaient pas plus sûrement des fous et des assassins. On a dit encore que l’alcool était la cause de la dépopulation et l’on oublie que c’est la classe ouvrière, celle qui consomme le plus d’alcool, qui est la plus prolifique.
- Celte croisade contre l’eau-de-vie a revêtu mille formes, dont la plus naïve, comme on l’a vu en Angleterre, s’est traduite par une action directe contre les cabarets assiégés par des théories de jeunes femmes chantant des cantiques, gourmandant Tivrogne, glorifiant l’abstinence.
- Nous ne croyons pas que le penchant fatal de l’homme pour les spiritueux cède, décidément, devant la toute puissance d’une voix féminine prêchant l’horreur de ces boissons néfastes.
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- Malgré tout, la consommation de T alcool ne cesse de s’accroître en Europe et ailleurs. Pour un cabaret qui se ferme, combien d’autres s’ouvrent plus tentants, plus fréquentés encore! L’alcool, ce liquide qui, à tout prendre, n’est nuisible que par l’abus que l’on en fait, défiera victorieusement les travaux des savants qui le poursuivent de leurs anathèmes, les résolutions des congressistes réunis en vue de le combattre, les efforts des sociétés de tempérance fondées dans le but de le proscrire.
- En résumé, c’est l’usage immodéré de ce produit qui doit faire l’objet des préoccupations des hygiénistes. C’est contre le mauvais alcool, les sophistications, qu’il faut armer la loi. C’est contre l’abus de l’eau-de-vie, l’alcoolisme en un mot, qu’il y a lieu de réserver les indignations et les colères dont nous parlions tout à l’heure.
- Dans cette question si controversée de l’alcool, dans ce sensationnel débat qui n’est pas près de prendre fin, il a été jeté,parfois, des paroles de bon sens qu’il est utile de retenir. M. le professeur Duclaux, dans les Annales de l'Institut Pasteur, année i8j6, a écrit «que les seules boissons hygiéniques sont celles dont on n’abuse pas55; ce qui revient à dire que les meilleures boissons, celles réputées comme telles, deviennent dangereuses si l’on en boit trop. M. le docteur Foveau de Courmelles commence et termine son étude Vin — Alcool — Hygiène, par ces mots : «Le bon vin et le bon alcool ne sont pas les causes de tous les méfaits attribués à l’alcoolisme. »
- Laissons donc l’alcool à ses destinées. Si l’abus de son usage lui vaut les malédictions des moralistes, il est juste de reconnaître le bien qu’il fait tous les jours en entrant dans la thérapeutique associé aux substances médicinales, dans la consommation courante sous la forme de liqueurs stomachiques et digestives. Songeons aussi à ses diverses applications industrielles. De ce côté, tout n’a pas été dit sur ce qu’on attend de lui. N’oublions pas les services inappréciables qu’il peut rendre, par exemple, en remplaçant, pour l’éclairage public, pour le chauffage des appareils moteurs, la houille qui s’épuise et qui peut nous manquer demain. On sait que cette question est à l’étude et qu’elle donne les meilleures espérances en une solution prochaine.
- Enfin, à ceux qui, au nom des mœurs et de la santé publique, continuent, quand même, à jeter le cri de guerre contre l’alcool et les maux qu’il engendre, nous dirons que l’intempérance est vieille comme le monde et que l’histoire de l’humanité s’ouvre, avec Noé, sur une scène d’ivresse.
- III
- Pendant une longue période, les fabricants d’alcool avaient tiré ce produit du vin ou des marcs de raisin. Le rogum ou rogomme dont parle Mrae de Maintenon dans une de ses lettres, le sacré-chien qui, d’après l’anecdote de Brillal-Savarin, sauva, sur la route de Jaffa, un soldat mourant, étaient des eaux-de-vie issues de famé même du vin ou des résidus laissés après la vinification.
- Toutefois, il faut reconnaître qu’à la fin du siècle dernier, dans les Provinces-Unies, dans les Pays-Bas, dans le Palatinat, dans les régions limitrophes du Rhin, etc., on
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- SIROPS ET LIQUEURS, SPIRITUEUX DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE. 393
- distillait déjà, sur une échelle assez considérable, les grains et les pommes de terre pour en faire des eaux-de-vie. Comme les produits tirés de ces matières étaient un peu fades, on eut l’idée de les aromatiser avec des baies de genièvre, de là le nom de genièvres donné à ces eaux-de-vie et de genièvreries aux usines qui les fabriquaient. Ces usines étaient aussi appelées brandevineries, cpioique ce nom s’appliquât plus spécialement, dans certaines localités, aux distilleries de grains.
- Cette industrie fut très florissante dans nos anciens départements de la Meuse-Inférieure, de TOurthe, de Sambre-et-Meuse, de la Sarre, etc.
- Voici ce que disait, à ce propos, M. Cavenne, ingénieur des ponts et chaussées, dans la Statistique du département de la Meuse-Inférieure de Tan x :
- L’usage des liqueurs fermentées est regardé comme de première nécessité dans les pays humides. Le département de la Meuse-Inférieure et les départements environnants qui doivent être rangés dans cette classe, recevaient autrefois des fabriques hollandaises de Schiedam, la grande quantité d’eau-de-vie de grains nécessaire à leur consommation. L’activité de quelques citoyens naturalisa, il y a quarante ans, cette branche d’industrie dans le département. Ils ne tardèrent pas à avoir de nombreux imitateurs. On perfectionna les procédés des fabriques de Schiedam, et déjà, depuis plusieurs années, leur débit dans le pays est absolument anéanti.
- La fabrique des eaux-de-vie de grains est, sans contredit, la branche de commerce la plus considérable du département. D’après les rôles des patentes de l’an x, le nombre des distillateurs est de cent quatre-vingt-dix, ce qui doit faire supposer une quantité plus considérable d’alambics. Quelque difficile qu’il soit de déterminer avec précision la consommation et le produit annuel des fabriques, on croit cependant qu’elles emploient chaque année, savoir :
- En seigle............................................... i,5oo,ooo myriagrammcs.
- En orge................................................... 5oo,ooo
- Total.............................. 2,000,000
- La distillation de ces grains donne neuf millions trois cent mille litres d’eau-de-vie qui valent, dans le commerce, plus de h millions de francs. Un tiers de ces liqueurs se consomme dans le département; le reste se vend dans'ceux qui Tenvironnent et jusque dans l’intérieur de la République, particulièrement dans la ci-devant Champagne et dans le pays de Bar qui envoyent quelquefois des vins en échange.
- D’autre part, nous relevons dans le Tableau politique du département de l’Ourthe le paragraphe suivant :
- Les brandevineries sont tellement multipliées dans le département de l’Ourthe, qu’il est impossible d’en déterminer le nombre et l’emploi. La consommation de cette liqueur est immense ; on l’évalue à huit cent mille litres.
- Ailleurs, dans la statistique du département de Sambre-et-Meuse, Tan x, nous trouvons des renseignements intéressants relativement à cette industrie :
- En 1790, il n’y avait qu’une seule distillerie privilégiée dans l’enceinte de la commune de Namur pour l’eau-de-vie de grains; mais, depuis, elles se sont multipliées de toutes paris, soit dans les grandes communes, soit dans les campagnes. On estime, annuellement, à soixante-deux myrialitres, le genièvre qui se distille pour la consommation ordinaire, ainsi que pour le commerce. Son prix
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONAEE DE 1900.
- moyen est de 4,42 1 francs le myrialilre ou 43 centimes le litre. Celte partie consomme environ quarante-trois mille hectolitres de grains.
- Enfin, d’une communication faite par M. Zacovitz, secrétaire général de la préfecture du département de la Sarre, à M. François de Neufchateau, sénateur, en date de Trêves, 27 messidor an XI, nous détachons les lignes suivantes :
- Citoyen sénateur, je dois satisfaire à votre question relative à la distillation des pommes de terre par les connaissances que j'ai personnellement de ce procédé. Rien n’est pins certain, n’est plus facile, ni plus avantageux que celte distillation; elle est universellement pratiquée dans ce département et dans ceux des deux rives du Rhin. 11 n’y a point de laboureur, point de fermier tant soit peu à son aise, qui ne s’en occupe. Elle est extrêmement facile, puisqu'elle ne consiste qu’à faire bouillir les pcmmes de terre et à les faire fermenter, moyennant du levain de bière et un peu de malt, et à les soumettre, pour lors, à la distillation. Ce procédé, s'il est observé avec soin, donne une eau-de-vie qui ne le cède pas au ram (sic). L’eau-de-vie renommée de Ylanheim 11’esl autre chose que de f ’eau-de-vie de pommes de terre mêlée avec quelques herbes aromatiques.
- Ces extraits établissent combien était considérable la production des eaux-de-vie de grains et de pommes de terre dans nos anciens départements. Cependant, l’exportation était limitée aux département limitrophes. A peine si quelques petites quantités de ces eaux-de-vie s’en allaient plus loin. Dans le reste de la France, on ignorait à peu près leur existence ou du moins on leur préférait l’alcool provenant des vins brûlés ou des marcs, et l’on ne songeait guère qu’un jour viendrait où il faudrait chercher, dans les grains et les matières féculentes ou sucrées, des éléments alcoologènes nouveaux susceptibles de satisfaire à une consommation toujours grandissante et de parer à certaines crises agricoles menaçant de tarir les sources ordinaires de production.
- C’est vers 18h5, alors que la maladie sur la pomme de terre sévissait en France, que l’on commença à traiter la betterave dans nos distilleries. C’est aussi l’époque où la fabrication des alcools d’industrie reçut une impulsion décisive. Leur entrée en scène va donner une extension considérable à la production nationale et provoquer un mouvement progressif qui ne s’arrêtera pas. Voici quelques chiffres qui vont le démontrer.
- Alors que la production de l’alcool était, en 1 863, de /179,680 hectolitres, elle s’élevait comme suit pendant les années :
- heclolilres. heclolilres.
- 1850 960,000
- 1860 992,000
- 1877 1,309,566
- 1885 i,864,ooo
- 1889 ..................... 2,246,000
- 1897 ..................... 2,2o8,i4o
- 1898 ..................... 2,412,160
- Les matières premières employées pour la production des alcools d’industrie se divisent en deux catégories : les matières féculentes et les matières sucrées.
- 0) Jt nous paraît intéressant de décomposer le chiffre de la production en 1877, pour montrer dans quelles proportions entrent les différentes matières traitées, pendant cette année, par la distillerie. Les vins et les marcs donnent 221,686 hectolitres; les betteraves, 27à,760hectolitres;les mélasses, 6à 2,700
- hectolitres; les substances farineuses, 168,860 hectolitres; les substances diverses, 6,56o hectolitres. Remarquons que nous sommes en pleine crise phylloxé-rique. Tandis que les vins et les marcs fournissent 221,680 heclolilres, les autres matières réunies en produisent ensemble 1,087,880.
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- Parmi les matières féculentes, nous citerons le maïs, l’orge, le seigle, l’avoine, le riz, la pomme de terre, etc.
- Les matières sucrées comprennent les betteraves, les mélasses, les topinambours, etc.
- Le maïs, traité par nos distilleries des départements du Nord, provient surtout de la République Argentine. Les maïs de France, consommés sur place dans les régions qui les produisent, n’entrent, en aucune façon, comme matière première dans la distillerie. Pour cette denrée, nous sommes absolument tributaires de l’étranger.
- La loi du 8 juillet 1890 qui régit la tarilication du maïs frappe, à l’entrée, de droits relativement élevés, cet article. De là une diminution de plus de moitié dans la fabrication des alcools de grains, qui était tombée de 751,127 hectolitres en 1889 à 366,335 hectolitres en 1892. Depuis cette époque, la fabrication tend à se relever. En i 893,e)le produisait 446,988 hectolitres-, en 189/1, /i 1 5,795 hectolitres; en 1896, 386,604 hectolitres; en 1896, 4i6,53o hectolitres; enfin, en 1897, /1 8/1,6 3 7 hectolitres.
- L’orge provient surtout de la Roumanie qui, à elle seule, a donné en 1898 une récolte de 10 millions cl’bectolitres. La Russie, les Etats-Unis, la Tunisie nous en expédient aussi.
- L’avoine nous est envoyée par la Russie et la Suède. Ces deux pays ont fourni les principaux éléments de ce trafic.
- Le seigle nous vient de Russie.
- Afin d’ètre en mesure d’apprécier l’influence exercée par la distillation sur le mouvement commercial des substances farineuses, nous donnons dans le petit tableau ci-après, ([uc nous empruntons à l’Administration des contributions indirectes, les quantités de grains mises en œuvre dans les distilleries en 1897, 1898, 1899, avec le chiffre des importations et des exportations correspondant aux trois mêmes années (quintaux métriques) :
- DÉSIGNATION. ORGE. SEIGLE. AVOINE. MAÏS. AUTRES CI1AINS. TOTAL.
- Quantités 1 1897 15 8,7 o /i 366,061 35,267 1,025,553 3e,36i 1,617,946
- mises en œuvre < 1898 187,877 332,845 41,476 id‘77’712 125,884 2,165,794
- dans les distilleries./ i«oo 200,935 354,i 17 ‘219 1,41 i,3o2 264,112 2,23o,685
- j 1897 1,911,016 479,292 1,984,268 3,g65,oi5 // 8,339,591
- Importation j 1898 1,701,809 431,876 3,100,366 5,607,477 // 10,841,578
- ( 1899 1,360,099 3,075 1,171,905 5,220,6.89 // 7,755,718
- i 1897 126,867 1,482 2 2,2 3o 13,807 // 164,386
- Exportations < 1898 343.857 24,433 57,46i // 43o,745
- ( 1899 /io6,575 82,333 25,588 3,239 11 517,735 —
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- Sur les 5,864 distillateurs et bouilleurs de profession qui ont travaillé en 1899 (1,764 de plus qu’en 1898).
- 182 ont mis en œuvre des substances farineuses ;
- 8 — des pommes de terre;
- 318 — des mélasses et des betteraves ;
- 59-5 — des vins;
- 2,078 — des cidres et poirés;
- 2>399 — des marcs et lies ;
- 191 — des fruits;
- 83 — des substances diverses.
- Dans les chiffres qui précèdent, ce sont ceux afférents aux bouilleurs de cidre qui offrent la plus forte différence (-f-i, 1 2 3 ).
- Ces chiffres comprennent d’ailleurs, non seulement les distillateurs et bouilleurs travaillant d’une manière habituelle, mais encore ceux dont les opérations sont tout à fait accidentelles, comme les bouilleurs de marcs, de lies et de fruits, dont la fabrication n’a souvent qu’une faible importance.
- La culture de la betterave, constamment en progrès dans nos départements, fournit exclusivement les quantités absorbées par la distillation. De ce côté, nous ne demandons rien à l’étranger.
- Il n’en est pas de même pour les mélasses. L’apport indigène est insuffisant. Force nous est de recourir aux mélasses étrangères ; mais il est à croire que la culture de la betterave s’étendant tous les jours, nos demandes seront à l’avenir moins importantes. Ainsi nos importations en mélasses étrangères étaient :
- kilogrammes. kilogrammes.
- 1894 ................. 95,975,503 I 1896........................ 56,797,700
- 1895 ................. 5g,685,5oo j 1897........................ a3,415,900
- On le voit, les tendances favorables à la restriction de nos demandes se maintiennent.
- Les principaux centres de production pour les alcools d’industrie sont les départements du Nord, de TAisne, du Pas-de-Calais, de la Somme, de la Seine-Inférieure, de l’Oise, de Seine-et-Oise, enfin Paris et sa banlieue. Le département du Nord, à lui seul, possédait, en 1897, 17 distilleries produisant ensemble 865,106 hectolitres.
- A l’étranger, l’Allemagne est une des nations qui fournissent les plus grandes quantités d’alcool d’industrie. Les régions où se centralise plus particulièrement la production sont pour la Prusse : la Silésie, la Posnanie, le Rrandebourg, la Poméranie; dans les autres parties de l’empire : la Bavière et la Saxe.
- Parmi les autres nations qui tirent aussi des grains, des mélasses, des pommes de terre, les eaux-de-vie qui nous occupent, citons l’Angleterre (Grande-Bretagne, Irlande, Ecosse); la Russie; la Belgique, principalement la province d’Anvers; l’Autriche-Hongrie (Bohême, Styrie, Galicie, Transylvanie); le Danemarck. N’oublions pas les
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- Etats-Unis. Le Kentucky, l’Illinois, l’Ohio, la Pensylvanie, ITndiana, sont les Etats de l’Union où la production est la plus forte.
- IV
- On se rappelle de quelle façon avaient été accueillies par un savant illustre, Arnaud de Villeneuve, les premières manifestations de l’alccol. Immédiatement, la thérapeutique s’empara du nouveau produit. Elle avait trouvé en lui un agent puissant capable de véhiculer dans l’organisme certaines préparations médicinales qui, sans lui, resteraient inefficaces. Pas d’élixir dont il ne soit bien la base fondamentale. L’imagination populaire va plus loin. Pour elle, l’eau-de-vie est la liqueur d’or, celle qui n’est rien moins que le fameux métal liquéfié, l’or potable, en un mot, dispensateur de la force et de la jeunesse. Comme à cette époque une longue vie était au nombre des bienfaits les plus précieux, celui auquel l’humaine nature tendait de tous ses désirs, on vit dans l’alcool le philtre qui assurait une longévité exempte des défaillances et des déclins. L’eau-de-vie donnait — disait-on — tout cela, et, pour que l’illusion fût complète, les fabricants mêlaient au merveilleux liquide des parcelles de feuilles d’or.
- Cependant le temps va venir où l’eau-de-vie, combinée avec des aromates et du sucre, caractérisera la liqueur proprement dite, dans laquelle on ne cherchera plus que des vertus hygiéniques et non de magiques propriétés.
- C’est en Italie, à la fin du xvie siècle, que nous trouvons l’alcool déjà uni aux substances parfumées. Montaigne, voyageant dans ce pays en i58o, parle des Jésuates de Saint-Gérôme qui, à Vérone, faisaient état d’être exccllans distillateurs d’eaux nafes, liqueur faite avec de la fleur de citron. A Vicence, des Jésuates, d’un ordre différent, faisaient commerce d’eaux de senteur et d’eaux médicinales.
- Revenons en France et arrivons à l’époque où l’alcool sort du domaine de la pharmacopée où il était resté cantonné jusqu’alors.
- L’hypocras, fait avec de l’eau-de-vie au lieu de vin, paraît être la première liqueur qui ait été introduite dans la circulation. L’hypocras était un composé d’alcool, de cannelle, de muscade, de girofle, de poivre et de gingembre, le tout associé au sucre. On en buvait à la cour et à la ville, mais c’était surtout une consommation de luxe, et, lorsque la ville de Paris voudra fêter le fastueux Louis XIV, elle mettra l’hypocras au nombre des dons quelle priera le Roi Soleil de vouloir bien accepter.
- Le rossoly et le populo lui succèdent dans la faveur publique. Le sucre, la cannelle, le musc, la coriandre, l’ambre, le fenouil, l’anis, etc., étaient les compices de l’alcool et contribuaient avec lui à faire la réputation de ces préparations dont nos pères se délectèrent.
- Sous la Régence, un produit devient célèbre; il est à la fois une liqueur et un remède. C’est Yélixir de Garus, sur lequel nous trouvons, dans le Vieux-Neuf d’Edouard Fournier, la note suivante : «Un stomachique encore en usage, Yélixir de Garus, n’est autre que Yélixir de propriété, composé par Paracelse avec le safran, la myrrhe, la can-Gn. X. — Cl. 61. a6
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- nelle, le girolle, l’aloès, la muscade, substances d’Orient, si bien faites pour réchauffer nos estomacs du Nord. L’épicier Garus reprit, sous la Régence, cette quintessence de fines épices, et son nom, dont il baptisa l’élixir retrouvé, lit oublier celui de Paracelse. »
- Vers le milieu du xviii6 siècle, l’usage des liqueurs pénètre peu à peu dans les habitudes. On boit, selon le goût de chacun, de 19eau defenouillette, de Veau nuptiale, de Veau de macis, de Veau de mille fleurs, de Veau du père André, etc.
- Les liqueurs de Nancy sont les plus renommées, et le parfait amour de Lorraine portera au plus haut point leur réputation.
- Au commencement du siècle, on vante les «crèmes» : crème de fleurs d'oranger, crème d'Arabie, crème de fraises, crème de roses, crème d’Austerlitz! etc.
- Plus près de nous, on se souvient encore du vespetro et du marasquin, qui firent lent apparition il y a une cinquantaine d’années. Puis vint la vogue des anisettcs, des curaçaos et de tant d’autres liqueurs excellentes par leur saveur et leur finesse.
- Aujourd’hui, on peut dire que la fabrication des liqueurs a atteint, en France, son plus haut degré de perfection. Plus que jamais, les distillateurs méritent d’être appelés des artistes, qualification qui leur était déjà donnée vers le milieu du xvm° siècle et que nous trouvons dans VEncyclopédie de Diderot et d’Alembert(1).
- Les méthodes de fabrication des spiritueux sont en corrélation étroite avec le perfectionnement des appareils. Néanmoins, en ce qui concerne les liqueurs, il nous semble que les divers procédés se réclament particulièrement de l’habileté professionnelle du distillateur, de ses soins personnels. On peut dire que, s’il faut plus de science pour fabriquer des alcools industriels, il faut plus de talent pour faire des liqueurs.
- En possession d’appareils distillatoires perfectionnés, le liquoriste a intérêt à ne leur confier que des matières de choix. La liqueur vaudra ce qu’auront valu l’alcool employé, les substances aromatiques mises en contact avec lui et dont l’ensemble constitue l’alcoolat, la qualité du sucre, celle des colorants. La préparation raisonnée des alcoolats, leur mélange judicieux, leur dosage, sont le secret de chaque fabricant. C’est l’alcoolat qui fait le triomphe des grandes marques et les rend inimitables.
- Il était de tradition, autrefois, qu’un fabricant de liqueurs fût, en même temps, confiseur. Il vendait, dans le même local, des liqueurs, des fruits confits, des dragées, du chocolat, ainsi que des préparations spiritueuses. Celte dualité dans le métier était signalée encore, vers le milieu du siècle présent, comme se présentant assez souvent, puisqu’elle fait l’objet d’une constatation dans les rapports du jury mixte international de l’Exposition universelle de Paris en 185 5.
- Aujourd’hui, la fabrication tend à se spécialiser. Le liquoriste ne s’occupe guère plus que de ce qui rentre dans le champ d’expérience qui correspond au nom de sa profession. Il fabrique toutefois, en dehors des liquides relevant de son industrie, des sirops ainsi que des fruits au sirop et à l’eau-de-vie : cerises, prunes, etc.
- Rentrent également dans le domaine du liquoriste la fabrication des kirshs ou eaux-
- Otto même Encyclopédie nous apprend que les distillateurs se constituèrent en communauté en 1699.
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- de-vie de cerises, ainsi que la distillation des prunes qui donnent un alcool apprécié. Ajoutons que, depuis la vogue des quinquinas, entrés décidément dans la grande consommation, notre industrie s’efforce d’offrir au public des préparations agréables au goût et réparatrices comme action.
- La propension toujours plus grande du public vers l’alcool, propension qui semble fatale et paraît défier tous les remèdes, devait amener une évolution nouvelle de notre industrie correspondant aux exigences d’une habitude entrée désormais dans les mœurs. Plusieurs fois par jour, le matin et le soir, avant et après les repas, il est d’usage de consommer soit des apéritifs à base d’alcool ou à base de vin, soit des liqueurs. Il y a encore cinquante ans, la consommation de ces liquides était relativement restreinte; on sait ce quelle est devenue depuis.
- L’habitude des apéritifs a multiplié, en France, les préparations de ce genre. On boit des absinthes blanches ou colorées, des bitters, des amers, etc. Ces spiritueux sont consommés mélangés d’eau et additionnés soit de sirop, soit de sucre, que l’on fait fondre au moment de l’absorption de la boisson. On boit également des apéritifs à base de vin, comme le vermout, le byrrh, le quinquina, etc.
- Pour la fabrication des liqueurs (apéritifs, spiritueux divers), les usines abondent dans notre pays. On les rencontre un peu partout sur toute l’étendue du territoire.
- Voici les centres producteurs les plus importants: Paris et ses environs (Charenton, Conflans, Alfort, Saint-Denis, Pantin, Saint-Mandé), Lyon, Marseille, Bordeaux, Fécamp, Périgueux, Voiron, Grenoble, Vienne, Pontarlier, Rouen, Angers, Saumur, Limoges, Dijon, etc.
- L’Algérie marche résolument en avant et ne cesse de développer sa production. Elle fabrique des liqueurs courantes. Elle cherche et elle innove. Philippeville a inventé un amer.
- La Martinique, la Guadeloupe, la Réunion font des liqueurs avec des fruits et des végétaux aromatiques particuliers au sol et au climat de ces îles, qui nous donnent, en outre, des tafias et des rhums très estimés.
- Si nous passons à l’étranger, nous signalerons tout d’abord la Hollande comme le pays qui, par l’excellence de ses curaçaos, tint longtemps le premier rang pour la fabrication des liqueurs de ce genre. Faire aussi bien paraissait difficile et pendant de longues années les curaçaos hollandais primèrent, sur tous les marchés, les marques qui essayaient de rivaliser avec eux. Cette situation, qui nous laissait dans un état d’infériorité, s’est modifiée à notre avantage depuis quelque temps. Certaines maisons françaises ont réussi, grâce à leurs efforts et aux soins apportés à la fabrication du curaçao, à produire des qualités égales et même supérieures aux meilleures qualités des Pays-Bas. Amsterdam, Rotterdam, Groningue font des curaçaos et autres liqueurs; Skiedam est la patrie du fameux genièvre qui porte son nom.
- L’Allemagne produit des kirschs; Turin fournit des quantités considérables de vermout; la Russie est le pays d’origine du kiimmel; la Suisse fabrique des absinthes; l’Espagne des anisados; la Grèce du mastic ; la Suède et la Norvège des punchs à l’arac.
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- Les végétaux aromatiques dont l’industrie des liqueurs fait usage sont assez nombreux. Ils sont, en partie, d’origine étrangère. La vanille la plus employée nous vient des îles de la Réunion, des Seychelles, de Madagascar; la meilleure, qui est en quantité moindre, est importée du Mexique. La badiane, dont on fait une consommation considérable, est un produit de la Chine et du Tonkin. La badiane du Japon étant vénéneuse est d’un emploi prohibé. La Russie et l’Espagne nous envoient des anis qu’en raison de leur bas prix on emploie spécialement pour la fabrication de l’absinthe; mais il est juste de reconnaître que les anis de la meilleure qualité nous sont fournis par la Touraine et par le Tarn, sous le nom d’anis de Tours et d’Albi. Le cumin est originaire de Malte et de la Thuringe. Les girofles nous arrivent en grande quantité de Zanzibar, de Madagascar, de La Réunion, de même que nous recevons les muscades des îles Néerlandaises. Dans l’île de Ceylan, Colombo est le port qui nous expédie le plus de cannelle; la plus commune nous vient de Chine. Nous tirons les cardamomes principalement des Indes anglaises, et les cacaos de Puerto Cabello, de Caracas, de Trinidad et de l’Amérique du Sud qui en produit un peu partout. Les zestes de citrons et d'oranges employés à l’état frais pour bénéficier de toute leur essence, sont enlevés aux fruits qu’ils recouvrent et qui nous viennent d’Espagne et d’Algérie. Les écorces d'oranges amères les plus fines se trouvent, en faible proportion il est vrai, dans l’île de Curaçao ; mais on les tire aussi d’Haïti et des Alpes-Maritimes. Les feuilles d’absinthe les plus appréciées sont ramassées sur la frontière Suisse; toutefois, les environs de Paris en produisent de grandes quantités pour la fabrication des absinthes commerciales courantes. Sont aussi de provenance exotique : Yiris, qui nous vient d’Italie; le quinquina calisaya, le meilleur, de Java; les thés de Chine et de Russie, etc.; cependant la menthe, la coriandre, les baies de genièvre, la mélisse, le fenouil, Yangélique et autres substances b saveur aromatique se récoltent sur notre sol. On trouve ausi, en Provence, des amandes douces et amères, des noyaux d’abricots, les eaux distillées de roses, de ma-rasque, de laurier cerise, etc.
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- L’EXPOSITION CENTENNALE.
- Une petite maison à auvents, comme il devait s’en trouver vers la fin du xvmc siècle, «en la ville, fauxbourgs et banlieue de Parisn abrite l’Exposition centennale. On entre d’abord dans une boutique d’épicier-apothicaire, on passe ensuite dans le laboratoire d’un distillateur, lequel laboratoire communique avec un troisième local où l’antique confiserie est représentée par les ustensiles qui servaient autrefois à fabriquer les dragées ou autres sucreries.
- Ce voisinage, cette cohabitation de plusieurs professions, s’explique par ce fait qu’au bon vieux temps la tendance aux spécialités ne s’affirmait pas comme aujourd’hui. On était à la fois vinaigrier-saucier-moutardier, épicier-confiturier, limonadier-distillateur, épicier marchand d’eau-de-vie. Il n’y a pas si longtemps encore, quarante ans à peine, que la plupart des liquoristes étaient aussi des confiseurs.
- Entrons dans cette maison où, sur une de ses façades, en guise d’enseigne, on lit ces lignes suggestives : «Toutes sortes de confiture, tant sèches queliquides, compostes, fruits et salades au sucre, dragées, massepins, darioles, breuvages délicieux et autres délicatesses de bouche, w
- Courte visite chez l’épicier-apothicaire. Des cordons de plantes médicinales ou aromatiques festonnent les auvents de sa boutique. A l’intérieur, rangés sur des étagères, de vieux bocaux en faïence ont contenu jadis des câpres-capottes, de l’opiat, des moutardes, du tabac, des pilules, etc.
- Passons rapidement pour pénétrer dans le laboratoire du distillateur qui intéresse plus particulièrement notre classe.
- Nous avons eu l’honneur d’offrir au Comité d’installation, pour être exposés, deux alambics datant de la fin du siècle dernier. Chacun d’eux se compose d’une cucurbite, d’un bain-marie et d’un chapeau ou chapiteau. A cette époque, il n’était pas encore fait usage du col de cygne. La cucurbite et le bain-marie affectent la forme adoptée aujourd’hui; seul le chapiteau diffère du type actuel. Il a la forme d’un cylindre fortement renflé dans le milieu; il est ouvert à sa partie supérieure. Dans l’intérieur se trouve un cône creux, ouvert à la base et hermétiquement clos au sommet. Son cercle inférieur est soudé aux parois du chapiteau; il communique directement avec le bain-marie; c’est du reste dans ce cône cjue se produit la condensation des vapeurs alcooliques. L’espace libre entre le cône et les parois du chapiteau sert de réfrigérant; l’alcool est recueilli par un orifice pratiqué sur l’un des côtés du cône. Le lutage se fait à la pâte. Les poids de pierre servent de contrepoids pour soulever les chapiteaux afin de permettre le nettoyage des appareils.
- On le voit, ce n’était plus l’enfance de la distillation; notre art grandissait et arrivait à sa période d’adolescence, si nous pouvons nous exprimer ainsi.
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- Dans le laboratoire, nous remarquons une rangée cle vieilles bouteilles, de formes diverses, en verre et en métal, alignées sur une étagère. Elles sont vides et le parfum des liqueurs jadis enfermées dans leurs flancs s’en est allé aussi. Il est regrettable qu’aucune étiquette n’adhère encore à quelques-unes de ces vénérables fioles. L’étiquette est un document comme un autre. Elle rappelle tantôt un nom de fabricant, tantôt une appellation parfois curieuse du produit, et, si quelque dessin s’ajoute à ces premières indications, la voilà entrant dans l’iconographie et, par cela même, doublement recherchée.
- Jetons un coup d’œil sur le troisième local où, entre autres choses, Ton voit des branlantes à pilules et à dragées, des mortiers à chaufferettes, des moules à chocolat d’où sont sorties des pastilles historiques célébrant le couronnement de Charles X ou la bataille de Navarin.
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- LE MOTIF PRINCIPAL.
- La Classe 61 occupait, au Champ de Mars, une partie de l’immense vaisseau réservé à l’alimentation et à l’agriculture.
- Une décoration fort riche et très heureuse servait, en quelque sorte, de portique à l’exposition des produits et des appareils de notre classe. Elle symbolise la Distillerie. C’est une conception de haut goût qui se distingue par une entente parfaite du sujet. Celte œuvre originale et d’un rare sentiment artistique a pour auteur M. Courtois-Suflit, architecte du Gouvernement (diplômé).
- Au-dessous de la voussure or et rouge qui orne magnifiquement la partie supérieure, dans une baie cintrée, une pittoresque composition rappelant le décor du icr acte de Fausl, l’opéra de Gounod, attire tous les regards. Sous une voûte à peine éclairée, d’où pend un crocodile empaillé, dans un cabinet encombré de cornues et d’ustensiles aux formes surannées, un mannequin représente le docteur Faust, en robe rouge, assis devant sa table de travail, le front penché sur son livre, scrutant les problèmes insolubles qui ont fait le désespoir de sa vie :
- J’ai tout appris et ne sais rien encore.
- C’était Tépoque où l’alchimie ouvrait aux recherches des horizons nouveaux, époque troublée où, de peur du bûcher, la science se cachait.
- Antithèse triomphante! Sous ce tableau, en un contraste voulu, s’étagent, dans un ingénieux groupement, les appareils les plus récents employés par la distillerie moderne et les cuivres rutilants des alambics, des colonnes de rectification, des cols de cygne, jettent, dans la libre lumière, leurs reflets éclatants et nous ramènent aux conquêtes industrielles du jour.
- Voilà l’idée générale quise dégage du motifprincipal qu’agrémentent de fort jolis détails. Ce sont des niebes treillagées où se trouvent rangés d’antiques appareils ; dans les treillages, des fleurs.
- La base repose sur de solides assises figurées par des foudres avec leurs cercles. Des escaliers, s’entrecroisant comme dans un labyrinthe, mais dans un labyrinthe où l’on se retrouve, partent de là pour aboutir au premier étage et déboucher au centre de l’exposition de la classe (section des liqueurs, alcools et apéritifs).
- Dans les parties basses du motif, l’ornementation emprunte une note charmante. Les fruits dont on distille la pulpe, ceux auxquels on emprunte le parfum de leur peau, sont accrochés en bouquets aux surfaces inférieures ou grimpent en guirlandes le long des escaliers, accompagnant le visiteur. Il y a là des raisins, des cerises, des citrons, des oranges, etc.
- Au-dessus de l’arcade centrale, un cartouche contient la reproduction agrandie d’un
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- jeton de présence de l’ancienne communauté des distillateurs marchands d’eau-de-vie. Ce jeton, d’un réel intérêt, a été copié sur l’original que possède M. Hartmann, président du Comité d’admission et d’installation de la classe. Le roi saint Louis(1) est à genoux, tendant les mains devant la colombe symbolique représentant le Saint-Esprit. L’oiseau descend des nues au-dessus d’un alambic posé à terre, en face du monarque agenouillé. En exergue : Tolum in spiritu, in corpore nihil.
- Il nous reste à parler, et nous le ferons avec le désir de rendre justice au talent et aux efforts d’un statuaire de valeur, M. Gustave Michel, des deux grandes figures qui se détachent des angles et complètent harmonieusement l’œuvre de M. Courtois-Suffit.
- A droite, un jeune homme robuste symbolise 1 ’Alcool. Le geste vif, l’œil vainqueur, il lève son verre en regardant du côté de la jeune femme qui personnifie la Liqueur. Celle-ci est à gauche. Elle lève aussi sa coupe, mais chez elle le mouvement est plein de langueur et de grâce. Ses yeux souriants caressent du regard la liqueur de rubis ou d’émeraude où ses lèvres viennent de tremper, source de sensations délicieuses, évocatrice de rêves charmants. Aux pieds de chacun de ces deux personnages, un enfant est assis, gros et joufflu.
- M. Gustave Michel, pressé par le temps (la commande définitive ne lui fut faite que le So janvier igoo), lit l’impossible pour mener à bien le travail qui lui était confié. Le plâtre manquait! On en avait fait partout une si prodigieuse consommation! L’intervention de M. Courtois-Suffit fut souvent nécessaire pour s’en procurer. Les figures terminées, il restait encore à faire le décor de ces groupes qui, dans l’ensemble riche et colorié du motif, ne pouvaient rester blancs. Mais là la difficulté était insurmontable. L’heure de l’inauguration avait sonné. Les échafaudages devaient disparaître, et, si l’on songe que lê plâtre frais ne se prête pas à la peinture, on comprendra les regrets de l’artiste forcé de faire, à la hâte, une simple patine gris et or avec de la gomme laque, de la poudre de bronze et de l’or en feuilles.
- Quoi qu’il en soit, les groupes de M. Gustave Michel étaient très réussis, et nous sommes heureux de nous faire ici l’écho des appréciations flatteuses qui, de tous côtés, ont confirmé la nôtre.
- M Le roi saint Louis était patron de ia confrérie du Saint-Esprit annexée à ia communauté des distillateurs marchands d’eau-de-vie. Celte confrérie existait dès 1676.
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- LE LABORATOIRE MODÈLE.
- Les appareils de fabrication dont nous avons parlé dans la description du motif principal et qui, opposés au vieil outillage du moyen âge, soulignent l’intention de Tarchi-tecte, ne sont pas les seuls que nos constructeurs aient exposés. Ces appareils rentrant dans la Classe 55 échappent à notre examen.
- Pénétrons dans le laboratoire modèle dont l’organisation est due à l’initiative des membres du Comité d’installation.
- Ce laboratoire modèle s’ouvre derrière le motif principal. Il est installé au rez-de-chaussée, immédiatement au-dessous de la galerie où se développe l’intéressante et très belle exposition des liqueurs.
- Si les distillateurs qui faisaient usage, il y a cent ans, de l’outillage suranné que l’on voit à l’exposition rétrospective, si ces distillateurs— disons-nous — nos confrères d’alors, revenaient à la vie et qu’ils visitassent l’exposition, reconnaîtraient-ils dans nos appareils d’aujourd’hui les dérivés de ceux dont ils se servaient jadis? C’est douteux.
- Le progrès a marché. La vapeur employée comme chauffage, la canalisation servant de chemin à cet agent, l’adoption du basculement par la vapeur, l’usage des rectifica-teurs à colonnes ou sphériques, la tuyauterie nécessaire à l’emploi de l’air comprimé, etc., ont modilié la forme des anciens appareils. Des dispositions nouvelles sont tous les jours adoptées, modifiant incessamment les précédentes, ajoutant des perfectionnements aux perfectionnements déjà acquis.
- L’alambic pour la fabrication de l’absinthe que l’on voit dans le laboratoire modèle est un des types les plus ingénieux qui aient été construits jusqu’à présent par la maison Egrot et Grange. C’est un alambic et un colorateur jumeaux avec récipients de distillation permettant de produire sans interruption l’absinthe et de la colorer en même temps. L’absinthe blanche recueillie dans un des récipients placés sous le réfrigérant est envoyée par ta pression d’air dans le colorateur. La macération terminée, l’absinthe colorée coule dans l’autre récipient à esprit, d’où la pression d’air l’expédiera par une tuyauterie dans les foudres de réserve. Deux rectilicateurs sphériques sont adaptés au sommet du réfrigérant et obligent les petites eaux trop faibles et insuffisamment épurées à rétrograder dans l’alambic.
- En bordure et sur les côtés du laboratoire modèle, divers exposants présentent des moulins à écraser les pulpes, des appareils à rinçage et à bouchage, d’autres servant à la mise en bouteilles et qui, réglant automatiquement la contenance, suppriment le coulage. D’un volume généralement restreint, ces petits appareils, dont l’utilité est patente, constituent le complément indispensable de toute exploitation bien comprise. Enfin, des spécimens de tonnellerie flanquent à droile et à gauche le laboratoire.
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- LA CLASSE 61.
- L’exposition des liqueurs, sirops, spiritueux et apéritifs divers, occupe la galerie supérieure.
- D’élégantes vitrines, perpendiculairement établies et d’un style uniforme, renferment les nombreux produits qui sont Ja gloire de la distillerie française.
- Les boiseries sont de couleur claire, d’un vert d’eau d’une tonalité très douce. Ajourées comme une guipure, des palmettes courent au-dessus des vitrines en guise de couronnement. A la base de chacune d’elles un fleuron rappelle le fond d’une futaille avec ses traverses en saillie.
- Les exposants sont en nombre considérable. Notre industrie a, ici, la plupart de ses représentants les plus autorisés.
- Paris a obtenu deux grands prix attribués :
- L’un à la maison Dubonnet, pour son quinquina universellement connu ;
- L’autre à la maison Legouey et Delbergue (une des plus réputées et des plus anciennement connues dans la distillerie parisienne), pour l’ensemble de ses produits.
- Ces hautes distinctions sont la légitime récompense des constants efforts de ces deux maisons.
- Voici MM. Cusenier et C'e (Paris et succursales en province et à l’étranger), dont la marque est appréciée dans le monde entier. Cette maison expose parmi ses liqueurs, de qualité irréprochable, un produit particulier, Y absinthe oxygénée, dans laquelle se trouve incorporé, par des procédés scientifiques spéciaux, le gaz par excellence essentiel à toute vie. C’est une innovation très heureuse à laquelle le public a fait le meilleur accueil.
- M. Albert Colas (Paris) présente une absinthe supérieure qu’il dénomme absinthe monopole et un quinquina coca exempt d’alcool qui rivalise avec les meilleures préparations du même genre où ces deux puissants toniques se trouvent associés.
- Parmi les absinthes de choix, celle qui porte le nom de la maison Premier fils, de Romans, a acquis une vogue méritée.
- MM. Hartmann et Cio, de Paris, ont créé une spécialité, la Visitandine, qui a pris un rang des plus enviés parmi les liqueurs de luxe. Citons aussi leurs kola et coca Maurice, leur quinquina des Célestins, etc.
- En lançant dans la consommation sa liqueur le Goudron, M. Clacquesin-Lefèvre (Paris) a résolu le problème difficile de rendre agréable au goût une substance qui, toute saine qu’elle est, paraissait rebelle à ce résultat.
- Mentionnons encore MM. Guy et Grasset, dont la maison compte parmi les plus vieilles et les plus connues de Paris; M. Th. Duhamel, de Paris, dont la vitrine contient toutes sortes de liqueurs logées dans de superbes bouteilles; inutile de dire que
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- le contenu fait honneur au contenant; M. Mouciiotte, distillateur-liquoriste, à Saint-Mandé (Seine), propriétaire d’un véritable établissement modèle.
- M. A. Delanne, à Seclin (Nord), dirige, avec une rare compétence, une distillerie d’où sortent des alcools industriels extra-neutres.
- M"'° veuve Cb. Dècle, de Rocourt-Saint-Quentin (Aisne), fabrique supérieurement, avec les méthodes scientifiques les plus récentes, des alcools purs pour la préparation des eaux-de-vie et liqueurs fines.
- Dans une des allées figurées par l’alignement des vitrines, MM. Delisy et Doisteau, distillateurs et rectificateurs d’alcool, mettent sous les yeux du public le plan en relief de leur établissement de Pantin. Rien n’est plus intéressant que cette réduction lilliputienne d’une grande usine. C’est tout un petit monde que cette agglomération de bâtiments divers, entrepôts, laboratoire, bureaux, écuries.
- Signalons, parmi les distillateurs-liquoristes, MM. Deux et Leharle, de Paris, qui nous présentent leurs produits dans une vitrine coquettement disposée.
- Citons aussi, parmi les industriels de la même catégorie : MM. Triconnet, Rodrcier frères, Pelletier, Lamiral, de Paris; Thiel, de Nice, avec son délicieux amara Blanqui; Dumas-Fillon, de Lyon; Genestine, de Clermont-Ferrand; Martin et Grellet, de la même ville; Lemétais, de Fécamp; le docteur Pernet, d’Aillevillers, et Peureux, de Fougerolles, dont les kirschs flattent si agréablement le palais; Villegoureix, l’aimable directeur de la Distillerie du centre, à Limoges; Rlanchard et Cie, de Rochefort-sur-Mer ; Galland neveu, de Vienne; Coulon (Charles), du Havre, et Colin, de Rordeaux, tous les deux grands importateurs de rhum.
- N’oublions pas les vermouts Ciiappaz, de Réziers, d’une franche tenue, et ceux non moins réussis de M. Richard fils, de Chambéry.
- Si nous passons aux expositions d’ensemble, nous rencontrons la collectivité des distillateurs angevins, organisée par notre collègue du Jury, M. Cointreaü, dont le curaçao triple sec est répandu un peu partout en France et à l’étranger et auquel on doit la rénovation d’une ancienne liqueur originaire de l’Anjou, le guignolet. Un autre membre, M. Guery, nous montre, parmi d’autres spécialités, un cherry-brandy qui est en train de faire son chemin.
- Nous rencontrons aussi la collectivité des distillateurs de la Seine-Inférieure, où MM. Leblond fils aîné et C10 tiennent une brillante place avec leurs liqueurs et fruits à l’eau-de-vie admirablement préparés et d’une parfaite exquisité. M. Levillain fils aîné en occupe une autre non moins remarquable, avec un sirop rémois mousseux et pétillant et son Excelsior punch.
- Notons la collectivité des distillateurs de la Haute-Saône, présentée par nos aimables collègues, MM. Peureux, conseiller général, et le docteur Pernet. Les kirschs de ce département soutiennent la comparaison avec les kirschs du Jura et de la Forêt-Noire.
- Gardons-nous d’oublier la collectivité de Dijon. C’est là que se perpétue la vieille et légitime renommée des cassis. Parmi les bonnes marques, celles de MM. Fontbonne et fils.
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- Au centre de la galerie, le Comité d’installation de la classe a établi un comptoir où sont vendus au public les divers échantillons de produits fabriqués dans l’intérieur du local affecté à la Classe.
- La disposition par vitrines n’a pas été adoptée par tous ceux qui ont participé à cette magnifique manifestation de notre industrie. Plusieurs de nos confrères ont fait établir des installations particulières dont le cachet artistique ajoute à la splendeur de l’Exposition.
- C’est ainsi que MM. Violet frères, fabricants du byrrli, à Thuir (Pyrénées-Orientales), abritent sous les ors et les peintures d’un joli pavillon le plan en relief de leurs importantes usines. Des rameaux de vigne, aux grappes mûres, mêlent leurs guirlandes à l’ornementation. Cette décoration agreste n’est pas là sans raison. Elle indique que le vin est la base de ce fameux apéritif. Détail charmant : de petites lampes électriques éclairent, dans la maquette, l’intérieur des bâtiments et donnent comme une illusion de vie à cette minuscule ruche humaine.
- Parler de l’anisette Marie Brtzard et Roger, de Bordeaux, c’est évoquer le souvenu* de plus d’un siècle de notoriété et de succès.
- Le pavillon du Saint-Raphaël quinquina affecte la forme d’un porche’d’angle. Sous ce porche, d’une conception très originale, un petit salon fort élégamment décoré est pourvu d’un comptoir, d’étagères et de sièges. Le pilier saillant se termine, triomphalement, par une gigantesque bouteille de ce vin célèbre.
- A son tour, le quinquina Dubonnet a tenu à faire une installation digne de son grand renom. C’est un magnifique pavillon dans lequel on se promène comme dans un salon. Des peintures remarquables décorent, à droite et à gauche, les deux panneaux-extérieurs.
- Sur celui de gauche, un vélite romain, soldat solide, est assis à l’ombre d’un arbre qui ne peut être que celui qui donne la précieuse écorce d’où le quinquina est tiré. Le guerrier a ôté son casque et se repose. Il va porter une coupe à ses lèvres, mais ses yeux sont fixés sur une femme nue, assise près de lui et personnifiant la Vérité. Celle-ci tient d’une main un miroir; de l’autre, elle désigne une banderole où sont écrits ces mots : Le quinquina Dubonnet donne force et courage. Cette jolie toile est signée Bour-gounieu.
- La composition du tableau de droite nous ramène à un sujet plus moderne, aimablement traduit par le pinceau de M. Georges Claude. Deux jeunes femmes sont assises, toujours au pied de l’arbre auguste. L’une, brune, vêtue de rose, la gorge et les bras nus, tient d’une main un flacon, de l’autre un verre plein du liquide fameux; la seconde femme est blonde et allaite un enfant. Au-dessus de ce groupe, une banderole s’enroule dans le feuillage. On y lit : Le quinquina Dubonnet donne jeunesse et santé.
- Près de là, le kiosque de Y amer Picon, au dôme surmonté d’un croissant, rappelle le pays originaire de cette marque, l’Algérie.
- Dans une sorte d’hémicycle conçu dans le genre antique, la maison Muraour, de Grasse, a placé ses eaux de fleurs d’oranger.
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- Plus loin, l'installation de la maison Requier frères, de Périgueux, attire tous les regards. Une statue personnifiant la Gauloise s’élève toute blanche. C’est une jeune et belle femme debout sur un dolmen. Elle est couronnée de feuilles de chêne. Ses cheveux nattés tombent sur ses épaules. La main gauche tient une fleur de verveine ; le bras, en un geste très pur, très harmonieux, s’avance. De la main droite, où brille la faucille d’or, elle relève un coin de son péplum, dont les plis retiennent toute une moisson de plantes odorantes. Quelques-unes s’échappent et roulent à terre.
- La Gauloise est une œuvre de belle allure, fort bien traitée, qui fait le plus grand honneur à M. Ducuing, statuaire. L’artiste a rêvé d’une druidesse, moins farouche que les prêtresses de ce nom, marchant dans les fleurs et cueillant, l’œil serein, les mains vierges de sang, les plantes qui doivent parfumer les lèvres et les cœurs. Sa Gauloise, ainsi comprise, ainsi rendue, est parfaite de lignes, d’expression et de charme.
- La vitrine isolée de MM. Moineaux et Rardin (ancienne maison Duval) mérite qu’on s’y arrête. On y rencontre des liqueurs fabriquées avec le plus grand soin, ainsi que des fruits à l’eau-de-vie de toutes sortes.
- M. Mugnier, de Dijon, à la tête d’un établissement supérieurement outillé, présente, entre autres produits, son excellent cassis de la Côte-d’Or.
- La maison Dllac et Cie, de Paris, considérable et considérée, étage toute une série de liqueurs variées : vins de liqueurs, sirops, fruits, etc.
- M. Simon aîné, le très habile distillateur de Chalon-sur-Saône, a su faire, avec sa fine abricot Simon, son cherry-brandy, sa prunelle, autant de choses exquises.
- Les chefs de toutes les maisons indiquées ci-dessus ont fait partie du Jury. Ce sont, presque tous, des vétérans de notre industrie, dont les brillants états de service parlent plus éloquemment que les quelques lignes que nous venons de consacrer à chacun d’eux. Quant aux autres maisons exposantes, très nombreuses, comme on le sait, il ne nous est pas possible de les citer, quelque désir que nous ayons de le faire et parce qu’une pareille liste dépasserait le cadre de notre rapport. Leurs produits ont été examinés par le Jury et récompensés suivant leur mérite. Nul n’applaudit plus que nous et de meilleur cœur aux succès remportés par nos confrères, inscrits, du reste, au palmarès et dont les diplômes consacrent les victoires.
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- FRANCE.
- L’imposant groupement des produits de la Classe 61 témoigne hautement en faveur de la distillerie française. Personne ne contestera que l’industrie des alcools et des liqueurs ne soit bien aujourd’hui un facteur puissant de la prospérité publique. Elle représente une grande part de l’activité, de l’intelligence et de la richesse ^nationales. Pour elle et par elle l’agriculture, la construction des appareils, la verrerie, l’industrie des transports, celle du bâtiment, etc., reçoivent incessamment l’impulsion qui met en mouvement des forces productives considérables, en circulation de nombreux capitaux.
- Par ses envois à l’étranger, elle porte le renom de nos produits dans les contrées les plus lointaines, propageant les marques célèbres de France, faisant œuvre patriotique aussi. N’est-ce pas un peu du génie de notre pays qui se mêle à toutes ces bonnes choses et fait ainsi le tour du monde ?
- Depuis une vingtaine d’années, la distillerie française a vu son importance s’accroître à l’intérieur du pays, son renom grandir à l’étranger. Aussi bien les fabricants d’alcools que les liquoristes, tous ont lutté pour assurer à leur industrie la place prépondérante qu’elle a conquise.
- Nos usiniers, qui travaillent en grand les substances d’où sont tirés les alcools d’industrie M, se servent d’appareils de distillation et de rectification qui ne laissent rien à désirer sous le rapport du perfectionnement. D’autre part, les liquoristes ont marché, eux aussi, dans la voie du progrès. Dans les maisons importantes, l’outillage, un outillage de choix, défie toute comparaison. Ici, la machinerie est commandée par l’électricité; là, par Tair comprimé. Ces perfectionnements assurent la régularité et la célérité de la manipulation.
- La coloration et le filtrage jouent un rôle important dans l’art du liquoriste. Selon les matières employées, les liqueurs apparaîtront avec ces robes d’or et d’émeraude qui flattent l’œil et prédisposent à la dégustation.
- Il n’est pas jusqu’au rinçage et à l’embouteillage qui n’aient bien leurs appareils spéciaux fonctionnant automatiquement.
- Alise enfin en bouteille, bouchée, étiquetée et capsulée, la liqueur est livrée au commerce. Elle passe donc, avant d’arriver sur nos tables, par une série d’opérations multiples, parfois délicates, toujours laborieuses, dont le consommateur est loin de se douter.
- Signalons un progrès aujourd’hui général : il s’agit de la substitution de la vapeur au feu nu pour la distillation.
- M On trouvera à l’historique par lequel s’ouvre notre rapport des renseignements sur les matières premières employées dans la grande distillerie, leur provenance, etc.
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- Constatons que le commerce des alcools et des liqueurs est très florissant et constitue pour l’Etat une source immense de revenus, puisqu’il représente le sixième du budget national.
- Cependant les charges fiscales qui pèsent sur lui ne sauraient être augmentées encore. Les épaules les plus solides fléchissent, on le sait, sous les faix écrasants, et pour nous une aggravation de taxes excéderait nos forces. Notre industrie succomberait ou tout au moins recevrait une atteinte funeste si le projet de loi concernant la réforme de l’impôt sur les boissons venait à nouveau devant le Parlement et était adopté par lui. Cette réforme, en surélevant les droits sur les alcools et en frappant les liqueurs d’une surtaxe de fabrication, favoriserait indirectement l’introduction en France des essences, préparations artificielles, chimiquement obtenues et dangereuses pour la santé publique. Présentées sous un petit volume de façon à donner moins de prise à l’application des droits d’entrée, c’est-à-dire à une tarification correspondante à leur degré d’action, ces essences seraient infailliblement adoptées, et dans une mesure à peu près générale, par la fabrication qui verrait, dans leur emploi, le moyen d’éluder l’impôt énorme qui la guette.
- Cette adoption aurait pour résultat de compromettre l’hygiène, de fausser le goût du public, de ruiner la réputation des produits français, sans compter que le Trésor, en croyant créer à son profit de nouvelles ressources, n’aurait fait peut-être qu’une combinaison décevante.
- Le phénomène le plus saillant qui se soit produit depuis 1889 est celui de la disparition de notre marché des alcools allemands. L’invasion de ces produits menaçait, en effet, de prendre des proportions effroyables, au grand profit de nos voisins, aux dépens de notre industrie, qui se trouvait cruellement atteinte. Cette disparition est la conséquence de l’application de la loi du 5 juillet 1887. Elle a été le salut pour la fabrication française ; expliquons-nous.
- Les eaux-de-vie et les alcools avaient été taxés à l’entrée, par la loi du 7 mai 1.881, à 3o francs l’hectolitre d’alcool pur. C’est à la faveur de ce faible droit que la distillerie allemande, produisant à outrance, introduisait chez nous les masses d’alcool que l’on sait.
- On s’émut en France, en haut lieu; la loi du 5 juillet 1887 fut élaborée et la quotité de droit portée dorénavant 070 francs. Pour les alcools de bouche qui avaient été mentionnés dans les traités de commerce, le droit de 3o francs a continué à être appliqué. Quant aux alcools d’industrie désignés en douane sous le nom d'alcools autres, le droit de 70 francs résultant de la tarification nouvelle a été appliqué non seulement aux provenances des pays avec lesquels nous n’étions pas liés par un traité, mais aussi à celles originaires des pays contractants. Cette tarification a eu pour conséquence d’enrayer l’importation des produits allemands. C’est ainsi que les importations d’alcools d’industrie de provenance allemande, qui étaient encore en 1887 de 81,177 hectolitres, tombaient en 1888 à 710 hectolitres, pour ne plus représenter que le chiffre dérisoire de 2 hectolitres en 1897.
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- Avant d’établir par des documents la situation prospère de notre industrie, nous croyons devoir signaler un fait qui a son importance, à savoir que les grèves sont inconnues chez nous. Alors que beaucoup d’industries, comme les industries textiles, minières, du bâtiment, etc., pâtissaient cruellement de ces crises en quelque sorte périodiques, la fabrication des alcools et des liqueurs échappait à ces secousses, grâce à la bonne entente entre patrons et ouvriers.
- Il est à remarquer que, malgré les surtaxes excessives qui n’ont cessé, au cours du siècle, d’accabler l’industrie des alcools et des liqueurs, les chefs d’exploitation n’ont pas diminué les salaires des ouvriers. Le travail n’a pas chômé dans la distillerie, et notre industrie florissante a continué à faire à la main-d’œuvre des conditions équitables.
- ESPRITS DE TOUTE SORTE (ALCOOLS D’INDUSTRIE) ET LIQUEURS.
- RELEVÉ DES IMPORTATIONS.
- EFFECTUÉES PENDANT LA PERIODE DECENNALE DE 189O A 1899.
- Les chiffres qui suivent sont extraits des tableaux du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères publiés par la Direction générale des douanes.
- PAYS DK PROVENANCE. QUANTITÉS MISES EN CONSOMMATION.
- 1890. 1891. 1892. 1893. 1894. 1895. 1896. 1897. 1898. 1899.
- E SPRITS B E TOUTï SORTE (alcooi pur) EN IIEC1 rOLITRES ]•
- Angleterre i85 i5a i53 „ 2 4 i5 6 i3 12
- Allemagne.'. x 45 i4g 70 75 5o5 i3 4 a 4 6
- Espagne i,3a8 1,5o6 3,97° 7 6 1 1 92 36 8 «
- Autriche a 3 1 5 1 « 1 »
- Algérie g4a 1,456 4,587 8,21g so,i4o 10,022 7l4 1 ,007 2,227 1,801
- Autres pays 5i 1 5o8 467 588 36 10 5 78 4? ]
- Totaux * Quantités... 3,117 3,374 8,a48 8,8g4 30,688 10,060 83o ‘^ag a,35o i,8ao
- TOTAUX. * ^ yaleurs i3o,gg4 177,378 371,160 4a6,gi3 786,144 36a,160 2g,o5o 56,45o 117,500 91,00°
- LIQUEURS (EN LITRES).
- Angleterre g,645 11,637 6,300 6,3g4 6,378 5,996 4,318 5,555 8,062 6,6o5
- Allemagne 45,556 5i,g46 4i,o65 27,103 ag,788 C7T CO Cj c 27,906 2 3,8g4 33,70g 24,987
- Pays-Bas 85,656 ioi,g64 79<599 60,881 65,885 8a,i4o 70,704 36,873 74,85a 66.733
- Belgique i3,6i8 17,°59 8,543 ia,gg5 11,61a 1,180 1,25o i,435 i,386 i,7°9
- Suisse i,46g i,°5g 837 581 aa6 a5a 691 553 5g5 170
- Espagne i5,36a i4,43a 6,736 5,835 6,738 4,911 5,431 3,855 4,4 9 4 3,497
- Ilalie a,i63 3,3ia 1,887 17,096 a,120 i,456 1,758 1,738 6,351 1,76!
- Algérie 5,i58 6,937 4,so5 3,8io 6,3g5 19,321 6,769 3,937 4,goi 5,366
- Autres pavs 11,437 22,780 i4,i5o i4,sgo 32,761 17.16a i3,ag5 18,488 i3,538 io,5oi
- Totaux...* Quanlit*s- igo,o64 a3i,o57 l63,313 i48,g74 151,8g3 160,720 128,813 135,3 a 8 i37,888 130,319
- ( Valeurs 33a,6i4 4 i5,go3 385,621 360,705 a65,8i3 a8i,a6o 3s5,4s3 236,824 a4i,3o4 216,394
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- ESPRITS DE TOUTE SORTE (ALCOOLS D’INDUSTRIE) ET LIQUEURS.
- RELEVÉ DES EXPORTATIONS
- EFFECTUÉES PENDANT LA PERIODE DECENNALE DE 1890 A 1899.
- Les chiffres qui suivent sont extraits des tableaux du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères publies par la Direction générale des douanes.
- PAYS
- DE DESTINATION.
- QUANTITÉS EXPQRT-ÉES
- 1890.
- 1891. 1892. 1893. 1894. 1895. 1896. 1897. 1898.
- Angleterre. Allemagne.. Pays-lias. . . Belgique. . . Suisse......
- ESPRITS DE TOUTE SORTE (ALCOOL PUr) [ EN HECTOLITRES].
- Espagne........................
- Italie.........................
- Turquie........................
- Côte occidentale d’Afrique.....
- Algérie........................
- Tunisie........................
- Sénégal........................
- Êtabl. français côte occ. d’Afrique
- Saint-Pierre et pêche..........
- Autres pays....................
- Totaux. .
- Quantités.. . Valeurs.....
- Russie. — Mer Baltique........
- Suède.........................
- Danemark......................
- Angleterre....................
- Allemagne.....................
- Belgique......................
- Suisse........................
- Espagne ......................
- Italie........................
- Turquie.......................
- Etats-Unis.— Océan Atlantique
- Mexique.......................
- Brésil........................
- Uruguay.......................
- République Argentine..........
- Pérou.........................
- Chili.........................
- Algérie.......................
- Sénégal.......................
- Etabl. français côte occ.d’Afrique
- Indo-Chine française..........
- Zone franche..................
- Autres pays...................
- Totaux....! ‘
- valeurs.....
- 187 1,827 136 46 9» i3o ‘99 1-911 9a9 4oo
- i,364 1,037 765 i,o36 666 864 666 621 626 388
- 766 *-a49 i,4i6 1,206 1,1/18 1,156 1,190 1,35o 8g5 770
- 87 3'9 9° a35 9 90 166 316 353 875 Soi
- 66 38 185 °9 46 1/12 59 io3 168 1 23
- 696 3,886 9/16 5i a9 95 7 4 99 83 10
- 151 133 1 o5 3i 98 19/1 20 1 1 t 3o l/l
- 341 5 979 a 47 91 75 45 A 5 75 4i 16
- 49,506 46,902 i8,o58 16,707 7,93° 4o,8go 67,938 60,767 9 46,o3o 37,820
- 109 8o4 518 444 1 l/l 515 838 3oo 584 1,897
- 19 80g 3oa i,38a 63 ®9 28 465 3,5g4 1,028
- 198 296 80 i,iii 45o 156 a5a i37 267 3aa
- 4/17 998 578 6o3 1,060 1,229 2,622 2,019 1,872 1,018
- 3,5 0 2 4,700 3,191 5,oo6 5,373 4,933 3,770 5,261 6,312 o,!oi
- 56,021 61,569 25,416 27,018 17,263 50,57/1 57.877 53,565 60,268 49,143
- 2,520,960 9,8g3,4i4 1,397,880 1,296,883 655,980 5,871,238 2,025,695 2,678,260 3,012/121 2,457,i5o
- LIQUEURS (EN LITRES).
- 05,72a /11,37 J 3o.8G8 289,888 118,577 13 7,9 A 8 88,47/1
- 107,06a 3i ,345 16,108 1/16,608 66,609 ga,i3o 3o,683 8/1,078 18,909 30,80a 160,711 1/1.769 7,35a 3o,75G
- il
- 4a 1,3o6
- 1,98a,o58 3,973,087
- 76.837 58,77a 4g,o85
- 339,547 1 aa,455 134,o8o 96,436 100,o44 30,700 27,3o3 3 19,909
- 66.837 11/1,678
- 17,001 4o,oi7 18,298 aa,6o8 i56,4 17 2 1 ,o3G 8,85o s4,3i6
- II
- 3,208,357 3,975,063 4
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- II
- 667,89a
- 2,433,67.1
- .268,931
- g5,45o 56,385 5c,869 672,3g3 180,56o 70,780
- 146,396 15,85g 4/1,760 60,723 116,45i 68,766 125,626 31,58a 54,486 18,762 34,706 226,389 3o,o6g 36,613 4o,o68 4o,g3a 369,353
- a,4 4o,65 4 4,a7i,i45
- 64,5g3 56,886 65,a55 316,176 97,53o 86,711
- 67.668
- 37.669 60,53a 30,763
- 1 a4,i3o 39,06a 99,661 95,635 5i,339 i4,58a 36,995 100,733
- 18,637 15.3og 30,17a 69.017 4i 4,905
- 1,860,616 3,366,079
- 86,973 61,44o 56 n,'3 333,766
- 116,907 Gg,a38 a8,48/i 31,1 là 39,163 18,306 i5G,356 3g,384 166,969 a9»1 °7
- 385,381
- 13,976
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- 35,796
- 65.785
- 37,109
- 537,509
- 9,5l 1,128
- 4,394,47/1
- 92.523 5a,535 72,769 3aa,3qS 123,734 67,688 57,o55 21,188 53,35a a5,834 315.655 56,453 128,3g8 25,372 391,336 30,873 67,314 181,955 i5,ig4 16,996
- 67,506 53,235 698,5ao
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- 4/103,267
- 76,002 53,6io 89-699 369,896 141,438 89,i53 43,969 i5,5oo 45,203 3a,646 227,668 55,439 76,098
- »9-399
- 615,275
- 17,666
- 69,339
- 108,932
- 13,79/1
- 16,961
- 43,121 51,391
- 4g6,o35
- 3,516,089
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- 103,371 55,33o 1o3,43a 4/19,02/1 1 o3,o3a 911^97 89-799
- ig,8i 1
- 48.865 26,068
- 176,175
- 65.865 89,174 20.896
- 361,916 43,348 31,278 126,g58 18,082 13,871 3i ,g45 56,622 512,172
- 9,578,331
- 4,512,079
- 138,209 64,646 85,126 5ao,84o 157,719 81,456 41,53a 19,686 4g,800 32,111 185,116 67,077 160,057 ag,836 385,85o 36,970 49,453 i5o,g55 3o,soa 36,5i6 35,780 5a,58i 69/1,899
- 3,869,619
- 5,166,59/1
- Gr. X. — Ce. 61.
- 37
- IMPPIMERIK NATIONALE
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- 414
- La production annuelle des alcools d’industrie, par nature de substances mises en œuvre de 1889 à 1899, a été comme suit :
- ANNÉES. ALCOOLS PROVENANT DE LA DISTILLATION DES
- SUBSTANCES FAKINEUSES. MELASSES. BETTEHAVES. TOTAL.
- 1889 hectolitres. 75l,266 hectolitres. 559,911 hectolitres. 824,090 hectolitres. 2,l35,267
- 1890 645,255 682,573 800,982 2,128,810
- 1891 392,537 838,645 866,4o6 2,097,688
- 1892 366,335 902,446 854,329 2,123,110
- 1893 457,877 896,672 861,099 2,2 15,548
- 1894 4i 5,796 817,525 753,5o8 1,986,828
- 1895 386,6o4 846,4o3 744,325 1<977’832
- 1896 4i6,-53o 863,423 544,087 i,8a4,o4o
- 1897 484,637 734,819 798,484 2,017,940
- 1898 683,566 708,270 897,542 2,289,378
- 1899 714,772 667,493 1,047,320 2,429,585
- La parole est aux chiffres, et, dans les tableaux que nous venons de publier, ils sont de la plus grande éloquence.
- Tout d’abord, la production des alcools d’industrie,qui avait faibli en 1894, 1895 et 189G, se relève et va croissant d’année en année. Les quatre cinquièmes environ de ces grandes masses d’alcool rentrent dans la consommation; le reste est employé soit dans la parfumerie, soit dans la pharmacie; une partie enfin, sous le nom d’alcool dénaturé, est utilisée pour divers usages industriels.
- Si nous passons aux importations, nous voyons, en ce qui concerne les alcools industriels, qu’il en entre de moins en moins chez nous et que nos douanes n’ont à frapper à l’entrée que des quantités de plus en plus restreintes.
- A l’article des liqueurs, l’Allemagne, la Belgique, la Puisse, etc., ont vu, depuis cinq ou six ans, fléchir le chiffre de leurs envois. Il en est de meme des Pays-Bas. Cette nation, qui en 1891 faisait pénétrer chez nous jusqu’à 101,964 litres de liqueurs, ne nous en expédiait plus, en 1898, que 74,862 ; en 1899, que 66,728.
- Mais le tableau le plus brillant est celui de nos exportations (liqueurs).
- En 1899, 2,869,419 litres, d’une valeur de 5,164,954 francs entraient dans la consommation étrangère, soit au bénéfice de cette année 291,088 litres de plus qu’en 1898. Remarquons que, depuis 1895, le mouvement de progression n’a fait que s’accentuer.
- C’est toujours l’Angleterre qui est notre meilleure cliente. A elle seule, elle nous a pris, en 1899, 58o,84o litres contre 442,024 en 1898. Après elle viennent la République Argentine, qui nous a demandé l’année dernière 385,850 litres ; les Etats-
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- SIROPS ET LIQUEURS, SPIRITUEUX DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE. 415
- Unis i85,ii6, l’Allemagne 167,719, etc. Tous ces pays attestent, par l’importance des quantités exportées chez eux, en quelle estime ils tiennent nos liqueurs.
- En résumé, la France a su conserver sa suprématie dans cette industrie de la distillation, qui touche, comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, à des intérêts si divers. Poussée aux limites extrêmes du perfectionnement, la fabrication française, celle qui porte les marques de nos grandes maisons, met en valeur des capitaux considérables, verse des flots d’or dans les caisses de l’Etat, favorise l’agriculture, et, en fournissant à l’activité nationale un aliment précieux, sert, dans la plue !?rpn mesure, la cause du travail.
- 4i6 exposants, 77 membres du Jury ou experts : 6 grands prix, 83 médailles d’or, 116 médailles d’argent, 86 médailles de bronze et 36 mentions honorables.
- FRANCE ET COLONIES.
- Membres du Jury ou experts. . . 77 Médailles d’argent 158
- Grands prix 10 Médailles de bronze i36
- Médailles d’or . . QQ Mentions honorables 80
- Grands prix y y FRANCE 6 SEULE. Médailles de bronze 86
- Médailles d’or 83 Mentions honorables 36
- Médailles d’argent . . 116
- 27.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- h IG
- LES COLONIES FRANÇAISES.
- Algérie. — Notre colonie de l’Algérie, cette autre France que Ton retrouve de l’autre côté de la Méditerranée, en face de nos côtes, expose ses liqueurs et ses spiritueux dans le palais officiel de l’Algérie, au Trocadéro. Ici la couleur locale abonde. Des palmiers, des bananiers, etc., décorent l’entrée de ce palais édifié dans le plus pur style mauresque, avec dômes, minaret, galeries, cours intérieures, etc.
- L’abstention d’un grand nombre de bonnes maisons algériennes n’a pas donné à l’apport de la colonie l’éclat et l’importance qu’on était en droit de rencontrer. Le Jury s’est plu, néanmoins, à reconnaître les efforts tentés par la distillerie algérienne dans le but de créer une liqueur spéciale au pays, la «liqueur de mandarines », d’un goût fort agréable.
- Il a été présenté une assez grande quantité d’amers bien fabriqués.
- On fait quelque peu d’alcool d’industrie à Philippeville et à Alger. On y traite le maïs, l’orge, le blé; mais aucun produit tiré de ces céréales n’a été exposé. A titre d’expérience, on a soumis à la distillation l’asphodèle, la caroube, etc.
- Parmi les lauréats: Gouzin (Aristide), à Sidi—bel-Abbés ; Lallement (Eugène), à Oran : veuve Bouland et Flandin-Tiioniel, à Tizi-Ouzou ; Bastide (Léon), à Sidi—bel— Abbés; Laulagnet fils, à Aïn-Temouclient ; la Société agricole et industrielle du Sud algérien, dont le siège social est à Paris; Barnaudet Benejan, à Bougie; Aymé (Eugène), à Tlemcen, etc. En résumé, à 6 exposants et à 6 récompenses, dont 5 médailles d’or, 9 d’argent, îk de bronze et 17 mentions honorables, ce qui est très (latteur pour une colonie qui, certainement, aurait pu prétendre à mieux si toutes les ressources d’une industrie qui prospère et qui s’accroît avaient été mises en ligne.
- Congo français. — Au Trocadéro, dans un nid de verdure, à deux pas d’une petite cascade, se trouve le Pavillon du Congo, très pittoresquement encadré.
- Des eaux-de-vie fruitées, eaux-de-vie de mangues, cl’ananas, d’ofoss, de papayes, etc. font partie du lot présenté par la colonie naissante. L’eau-de-vie de mangues est appelée à être une des principales productions industrielles du pays. Le manguier, en effet, V végète superbement. Il donne presque autant de fruits que de feuilles. La quantité des mangues est si considérable qu’a l’époque de la maturité elles tombent sous les arbres et pourrissent sans être utilisées.
- Une mention honorable a été accordée à ces eaux-de-vie tirées de fruits particulièrement riches en principes alcooliques. C’est une industrie encore à l’état rudimentaire et qui ne s’est révélée, jusqu’à présent, que par des essais faits, à titre privé, par des particuliers.
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- SIROPS ET LIQUEURS, SPIRITUEUX DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE. 417
- Établissements français dans l’Inde. — Un petit temple hindou, où, au milieu d’autres produits, M. D. J. Achart, directeur des jardins coloniaux de Po dichéry, expose des sirops d’acajou, d’ananas, de salsepareille, d’écorce d’orange, de bilimbi, d’hydrocotyle, etc. Ces divers produits n’ayant pas été présentés au Jury n’ont pu être récompensés.
- Établissements français dans l’Océanie.— L’exposition de Tahiti voisine, dans un grand bâtiment élevé au Trocadéro, de celle de Saint-Pierre et Miquelon, de Mayotte et Comores, de la côte des Somalis, auxquelles il convient d’ajouter la collection du comte Léontieff, formée en Abyssinie. Toutes ces expositions, provenant de pays distincts fort éloignés de l’Océanie, ont des salles spéciales, mais sont réunies sous le même toit.
- Dans la salle affectée aux produits de Tahiti, près du joli diorama qui nous transporte aux îles Tuamotus, MM. Kennedy et Fritch, à Thaiti, présentent des rhums. Dans le vestibule, M. Vernaudon,de la même ville, a exposé des eaux-de-vie de miel.
- Le Jury a décerné une médaille d’argent aux premiers et une médaille de bronze au second.
- Guadeloupe. — Des aquarelles, peintes par M. Beaudelot, représentent des spécimens de la flore très variée de ce pays.
- Les rhums et tafias de la Guadeloupe ne peuvent rivaliser comme ton et finesse de fabrication avec les produits similaires de file sœur, la Martinique. Malgré quelques progrès, les tafias de la Guadeloupe se ressentent généralement du vieil outillage employé encore sur bien des points de la colonie.
- Les liqueurs préparées avec des feuilles d’absinthe infusées ne peuvent convenir au goût du public de la métropole.
- Citons parmi les usines dont les produits ont été remarqués : l’usine de MM. Souques et C,e, de M. Cordonnie, de Pointe-à-Pitre; celle de la Chambre de commerce de Basse-Terre; l’usine Beauport, à Port-Louis; celle de la Compagnie havraise, habitation la Ramée Sainte-Rose.
- Les récompenses ont été ainsi réparties aux trente-deux exposants de cette colonie :
- 1 grand prix, 3 médailles d’or, 11 médailles d’argent, 8 médailles de bronze et 6 mentions honorables.
- Guinée française. — Dans le pavillon en rotonde de la Guinée française, l’attention du Jury a été appelée sur des bouteilles d'Extrait concentré de kolas frais, exposées par M. V. Gaboriaud, de Konakry.
- M. Gaboriaud ayant été désigné comme membre du Jury de la Classe 37, son produit a été placé hors concours.
- Guyane française. — Les productions du pays ornent le pavillon. Dans la catégorie qui nous occupe, signalons les rhums et tafias de la colonie pénitentiaire, qui ont obtenu une médaille de bronze.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Indo-Chine. — La note exotique abonde dans la pagode à la décoration étrange, qui abrite l’exposition de cette colonie.
- Sont exposées des eaux-de-vie de tamarin. Ces eaux-de-vie sont, en général, des produits chinois importés de Chine en Indo-Chine et que boivent les Célestes établis dans cette partie de l’Asie. Les alcools de riz, consommés par les indigènes, sont de fabrication locale. Ils sont exploités, en régie, par l’Etat. Des échantillons de ces alcools ne figurent pas dans le pavillon.
- Un seul exposant, présente de la crème de Combara et une eau-de-vie de tamarin; le Jury lui accorde une mention honorable.
- Madagascar et dépendances. — L’exposition de la colonie se trouve dans les galeries circulaires du panorama, place du Trocadéro.
- Au deuxième étage, quelques échantillons de rhums : de la Providence, Delacre, à Ambalalina; rhum naturel de MM. Seurin frères et Cie, de Tananarive.
- Un indigène malgache, Razafidramonbo, distillateur à Mandrarigo, expose du tcaha malgache.
- Trois exposanls : une médaille d’argent, une médaille de bronze et une mention honorable.
- Martinique. — Fort belle exposition. La Martinique soutient l’ancienne réputation de ses rhums. Les liqueurs de Schrnblé ressemblent au punch au rhum, les curaçaos sont fins et bien fabriqués. Les liqueurs de fruits sont généralement trop sucrées pour le goût, de la métropole. Qelques-unes, comme celles d’oranges amères, de pamplemousses, ne nous paraissent pas destinées à avoir du succès en France.
- La palme est aux rhums, et, justement méritée, elle revient de droit à ces excellents produits.
- La Martinique avait quarante-cinq exposants : elle a obtenu : 4 médailles d’or, î a médailles d’argent, i3 médailles de bronze et î 2 mentions honorables.
- Mayotte et Comores. — Les tafias de Mayotte soumis à l’appréciation du Jury ont été recounus de bonne qualité. Ils ont été présentés sous ce titre : Tafia de Com-bani i8g6.
- Un seul exposant, sous la raison sociale Marquis de Faymoreau d’Arquistal et Mazarl’, reçoit une médaille d’argent.
- Nouvelle-Calédonie et dépendances. — Une vaste salle avec un plan en relief au i/40.000e de notre possession de l’Océan Pacifique. Ce plan ne mesure pas moins d’une quinzaine de mètres de long.
- L’industrie des rhums et des liqueurs est de date récente. Résultats déjà appréciables : M. Rernheim (Lucien), à Nouméa, produit des rhums qui ne sont pas sans mérite. M. Dupuy, a Nouméa, fait des liqueurs de papaïne, de mangue, de takata, de citronnelle; ces liqueurs, préparées avec des fruits récoltés dans la colonie, sont bien
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- SIROPS ET LIQUEURS, SPIRITUEUX DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE. 419
- distillées, mais elles ne peuvent servir que pour la consommation locale. A citer encore I’Administration pénitentiaire (internat agricole de Néméara), pour ses diverses eaux-de-vie de café, d’oranges, de miel, ainsi que MM. Villaz frères, à Saraméa, pour leurs liqueurs de fruits et de niaouli à base d’eucalyptus.
- Quatre exposants ont présenté leurs produits; il leur a été attribué 1 médaille d’argent et 3 médailles de bronze.
- Réunion. — Dans le kiosque de la Réunion, des chromolithographies représentent la riche flore de cette île. Une série de tableaux nous montre des cannes à sucre, des caféyers, des jamrosa, des papayers, des pamplemousses, des caramboles, etc.
- Les rhumiers de la Réunion ont fait de grands progrès dans la fabrication de leurs produits. Les rhums de cette colonie qui, à elle seule, a une production plus considérable que la Martinique et la Guadeloupe réunies, sont appelés à un bel avenir dans la métropole, qui les apprécie de plus en plus.
- A signaler les rhums de la distillerie de MM. Isautier frères et C‘% de Saint-Pierre; ceux de la distillerie de MM. Colson et C'e; les alcools du Crédit foncier colonial, etc.
- Pour ses dix exposants, la Réunion a obtenu 1 grand prix, 2 médailles d’or, 4 médailles d’argent, 2 médailles de bronze et 1 mention honorable.
- Sénégal. — Toujours la note exotique dans la décoration. La Société franco-africaine d’importation présente des essences de kola et un vin de kola et de mangos frais, qui lui valent une médaille de bronze.
- Tunisie. — L’industrie des eaux-de-vie et des liqueurs n’a pas encore, en Tunisie, l’importance qu’elle est appelée à prendre dans l’avenir.
- En dehors de la Chambre de commerce française de Tunis, de la Chambre mixte du commerce et de l’agriculture du Sud de la Tunisie et de la Direction de l’agriculture et du commerce de la Régence qui, du reste, ne concourent pas (leur but étant seulement de faire connaître les produits du pays), il y a peu d’exposants.
- Le Jury a cependant distingué la maison Licari (G. et E.), à Tunis, à laquelle il a décerné une médaille d’or ; la maison Bokobsa père et fils, à La Soukra, qui reçoit une médaille d’argent.
- Une médaille d’argent a été aussi attribuée à M. Dumergue, à Tunis, qui, par un procédé particulier, a transformé Y alfa en matière fermentescible susceptible de donner de l’alcool. Cette innovation ajoute à la faveur dont jouit cette graminée, si abondante dans toute l’Afrique septentrionale et si utile par la variété de ses emplois industriels. On en faisait, jusqu a présent, des cordages, des paniers, des chaussures, di>s nattes, des chapeaux, du crin dit végétal, etc. M. Dumergue en fera dorénavant de l’alcool.
- On fabrique communément, en Tunisie, de l’anisette avec de l’alcool tiré des figues. C’est la boulera.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
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- On fait aussi, dans le sud de la Régence, du vin de palmier, surtout dans le Nef-zaouah, qui confine au désert. On appelle ce vin lagmi. Il donne lieu à un trafic assez considérable. Dans le Nefzaouah, pour ne citer que cette région, la production du lagmi s’élève, annuellement, à plus de deux millions de litres.
- Dix exposants ont présenté leurs produits : le Jury leur a attribué 1 médaille d’or, 2 médailles d’argent, à médailles de bronze et 2 mentions honorables.
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- SIROPS ET LIQUEURS, SPIRITUEUX: DIVERS ET ALCOOLS D’INDUSTRIE. 421
- ÉTRANGER.
- Nous devons à Tobligeance de MM. les Commissaires généraux et de nos collègues étrangers du Jury les renseignements statistiques contenus dans les notices que nous consacrons à chacune des nations exposantes. Nous les remercions tous, ici, de leur empressement et de leur courtoisie. Nous avons trouvé également des données de même nature dans les catalogues officiels mis, non moins obligeamment, à notre disposition.
- Allemagne. — L’installation, au Champ de Mars, de la Section allemande (agriculture et alimentation), est très heureusement comprise. Des attributs agricoles décorent la gracieuse succession de portiques au-dessus desquels règne une plate-forme où se continue l’exposition et à laquelle on accède par un escalier. C’est à gauche de cet escalier qu’ont été disposés, dans des vitrines, les produits de la Classe 61 (spiritueux et liqueurs). Parmi les rangées de bouteilles, on a placé des épis de blé, des grappes de raisin, des bouquets de cerises et des branches de pruniers avec leurs fruits.
- La fabrication des spiritueux, en Allemagne, est intimement liée aux intérêts de l’agriculture et marche de concert avec elle. C’est de la distillerie agricole que sortent les plus grandes quantités d’alcool, et bien qu’il y ait relativement peu d’établissements de distillerie industrielle proprement dits, le chiffre atteint par la production est néanmoins considérable. Elle s’était élevée, en effet, pendant la campagne 1897-98, à 3,287,890 hectolitres. Sur ce chiffre, 2,294,7/16 hectolitres, soit 4 litres 2 par tête d’habitant, furent consommés à l’intérieur du pays; 889,433 hectolitres furent employés à divers usages industriels ; 86,620 hectolitres seulement figurèrent à l’exportation.
- La plus grande partie de l’alcool est tirée des pommes de terre et se fabrique dans les distilleries agricoles. En 1897-98, 5,985 établissements de ce genre avaient mis en œuvre 2,261,195 tonnes de cette substance, produisant 2,591,154 hectolitres d’alcool, tandis que les alcools à base de céréales et autres matières farineuses ne donnaient qu’un total de 577,262 hectolitres. 3o distilleries produisirent 119,474 hectolitres d’alcool fait de mélasse. Les fabriques de levure pressée faisant aussi l’exploitation de l’alcool étaient, en 1897-98, au nombre de 976, avec une production totale de 384,689 hectolitres. En outre, 46,571 petites distilleries fournirent 25,268 hectolitres de cidre, de sirops, etc.
- L’installation des distilleries de pommes de terre,|ainsi que de céréales, consiste généralement en un modérateur conique (modérateur Hente) dans lequel la matière première est travaillée avec la vapeur à haute pression, afin de produire la colle d’amidon. La fermentation est provoquée par une levure qui se fabrique dans la distillerie même et s’effectue dans des cuves de 2,000 à 5,000 litres.
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- Les restes de pommes de terre et de blés distillés, les vinasses, fournissent un affouragement très recherché. La distillation des pommes de terre laisse des déchets riches encore en principes nutritifs, ce qui constitue un avantage précieux pour l’engraissement du bétail qui, mieux nourri, donne, par suite de déjections plus abondantes, un engrais meilleur dont la terre profite.
- A ce point de vue, la distillerie a peut-être encore une plus grande importance, sous le rapport industriel, que la fabrication du sucre. Les résidus des distilleries de grains sont séchés par un procédé spécial et mis sur le marché sous le nom de poiéine, qui constitue un fourrage gras et précieux.
- L’importation des spiritueux étrangers comprend les articles suivants : rhum, arrac, cognac et certaines liqueurs; l’exportation porte principalement sur les eaux-de-vie d’industrie, les kirschs, les quetsch, etc.
- Voici quelques données sur l’importance et le développement de la fabrication des alcools d’industrie en Allemagne pendant les trois dernières années :
- MATIÈRES PREMIÈRES MISES EN OEUVRE.
- ANNÉES. POMMES DE TERRE. BLÉ. FRUITS. EXTRAITS DE MUTIEUES non farineuses.
- tonnes. tonnes. hectolitres. hectolitres.
- 1896-1897 2.1 16,i3g 2.261.1 96 2,585,823 3^1,337 333,o/lO 345,925 257,3 1 5 298,472 334,o55 28,59/1 25,268 24,6i5
- 1897-1898
- 1898-1899
- La production totale a été, en 1896-97, de 3,ioo,5o5 hectolitres; en 1897-98, de 3,287,890 hectolitres, et en 1890-99, de 3,816,569 hectolitres.
- La consommation a été, à l’intérieur, de 2,280,763 hectolitres en 1896-97, de 2.29/1,7/16 hectolitres en 1897-98, et de 2,445,960 hectolitres en 1898-99, ce qui fait une moyenne de 4 litres 3, 4 litres 2 et 4 litres 5 par tête pour chacune des années indiquées.
- Il a été employé à divers usages industriels 867,458 hectolitres en 1896-97; 889,433 en 1897-98, et 998,966 en 1898-99.
- La fabrication des liqueurs a fait incontestablement des progrès en Allemagne. Le Jury a remarqué principalement les alcools de M. Grosomann (Oscar), de Dresde; les kirschs de MM. Lardaner et Maciioll, de Heilbron, ainsi que ceux de M. Oberfoell, du grand-duché de Bade ; les liqueurs de MM. Scherer et Cie, de Langen, et une préparation aux œufs rappelant l’advocaat hollandais et présenté par M. Hunnich, deWillhen, dans la Saxe.
- 19 exposants : 5 médailles d’or, 8 médailles d’argent, 2 médailles de bronze et 3 mentions honorables.
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- Autriche. — L’exposition collective du comité spécial de l’industrie des liqueurs autrichiennes présente, au Champ de Mars, un ensemble des plus satisfaisants sous le rapport de la fabrication et de la qualité des produits.
- Quinze fabricants de Troppau ont participé à cette exposition, qui est un véritable succès pour la distillerie autrichienne. Les liqueurs examinées sont les suivantes : cacao, prunelle, kümmel, curaçao, bitter, marasquin, anisette, crèmes de rose, de vanille, etc. Elles sont rangées dans une très belle vitrine qu’ornent des applications de feuillage en bois découpé. Deux masques, apparemment ceux d’un faune et d’une faunesse, couronnés de rameaux de pruniers et de cerisiers avec leurs fruits, sont la note plaisante et expressive de cette décoration.
- Le Jury a décerné un grand prix à la collectivité.
- Belgique. — Alimentée, depuis longtemps, pour les liqueurs de choix, par la Hollande et la France, la Belgique, dans le but de rivaliser avec ses redoutables concurrents, fait les plus grands efforts pour perfectionner ses produits. Néanmoins, il nous paraît que les liqueurs fines de provenance française et hollandaise continueront encore à jouir, chez nos voisins, de la vogue qu’elles ont toujours eue. La lutte engagée parla fabrication belge est d’autant plus difficile que des maisons étrangères, désireuses de conserver une clientèle particulièrement riche, ont été s’établir en Belgique, apportant leur outillage et leurs procédés. Cependant, il est juste de reconnaître que de remarquables progrès ont été accomplis par nos confrères belges et que leurs produits sont de plus en plus dignes d’attention. Parmi ces confrères, nous signalerons M. Emile Schmidt, de Bruxelles; M. Nandrin, de Liège; M. Marcktte, de Spa ; M. Masquelier, d’Anvers, le père du boonekamp.
- En ce qui concerne les alcools, le catalogue officiel de la section belge trace, en quelques lignes, l’historique de cette industrie :
- La grande distillerie industrielle ne date que du commencement du xixe siècle, quand, vers 1820, Cellier Blumentlial créa la distillation continue. Son collaborateur, Armand Savalle, directeur de trois usines en Hollande, perfectionna les nouveaux appareils et notamment ceux de la rectification servant à purifier les alcools distillés.
- C’est vers l’époque de l’invention des colonnes distillatoires, par Cellier Blumentlial, que la Belgique commença à s’intéresser sérieusement à la fabrication des genièvres. En i832, elle produisait 166,762 hectolitres d’alcool à 5o degrés; les contenances imposables étaient alors de 3,o3i,68i hectolitres, tandis qu’en i8q5, à la veille de la nouvelle législation, 4,026,893 hectolitres de matières imposables donnaient un rendement officiel d’alcool de 628,681 hectolitres à 5o degrés, soit un rendement réel de près de 680,000 hectolitres.
- Aucun article de consommation ne donne une base imposable aussi fructueuse que l’alcool. En Belgique, le trésor public a, comme dans les autres pays, tiré profit de la consommation du genièvre. La tarification a été très variable.
- Le document que nous avons sous les yeux s’étend ensuite sur les différentes législations fiscales, modifiées à plusieurs reprises, qui ont régi tour à tour la grande distillerie. Actuellement, ce sont les dispositions de la loi du 1 5 avril 1896 qui réglementent la fabrication. Elle contient 161 articles, que nous n’analyserons pas. Bornons-
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- nous à dire qu’au lieu de prélever, comme autrefois, l’impôt sur la cuve-matière, autrement dit la contenance des vaisseaux, le droit d’accise est prélevé sur les flegmes ou alcools produits. Depuis la nouvelle loi, il a été porté de 64 francs à îoo francs par hectolitre à 5o degrés de l’alcoomètre de Gay-Lussac à la température de î 5 degrés centigrades. Ajoutons qu’il y a modération d’impôt, sous certaines conditions, en faveur des distilleries dites agricoles, des distilleries agricoles coopératives. La nouvelle législation autorise les distillateurs à recueillir le levain et à fabriquer la levure, ce qui était interdit autrefois, d’où obligation, avant t8q6, pour les industriels, de s’approvisionner à l’étranger de cette substance indispensable pour la fabrication des alcools.
- Terminons par quelques chiffres intéressants, empruntés toujours au Catalogue officie] :
- En 1891, la production de l’alcool a été de 588,185 hectolitres à 5o degrés; en 1899, elle a été de 567,8-22 hectolitres à 5o degrés; en 189.3, de 58i,3yo; en i8g4, de 581,781; en 189,5,611 prévision de l’augmentation du droit, la quantité fabriquée atteint le chiffre officiel de 628,421 hectolitres; en 1896, on ne fait que 546,741 hectolitres; en 1897, on arr*v'e de nouveau à 582,645 hectolitres, et en 1898 à 593,102 hectolitres.
- Voici la statistique pour 1898 :
- Importations. — Mises en consommation.......................... 12,484 hectolitres.
- Distilleries industrielles : aô. — Production.................. 427,535
- Distilleries agricoles : 18a. — Production..................... 165,806
- Production totale.............................................. 593,341
- Exportation.................................................... 23,951
- Droits perçus..................................................... 49,438,596 francs.
- La production, par province, en 1898, ressort comme suit :
- NOMBRE
- de
- D1STILLEU! B-t
- actives.
- Anvers..................................................... 19
- Brabant.................................................... 38
- Flandre occidentale................................. a 1
- Flandre orientale.......................................... 69
- Hainaut.......................... .................. 1 3
- Liège............................................... 14
- Limbourg................................................... 22
- Luxembourg.................................................. n
- Namur...................................................... 12
- Totaux.................... ... 908
- QUANTITÉS
- DE FLEGMES
- produits h 5 0 degrés.
- 167,760 hectolitres 102,683
- 37,749 09)499 117,510 42,343 45,334
- n
- 10,23l
- 593,102
- 1 membre du jury, 3i exposants : 4 hors concours, 7 médailles d’or, i3 médailles d’argent, 6 médailles de bronze, 3 mentions honorables,
- Bosnie-Herzégovine. — La Bosnie-Herzégovine n’a soumis à l’examen du Jury cpie des eaux-de-vie de pruneaux (slivowüz).
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- Le prunier abonde dans ces deux pays, et son fruit constitue la substance la plus communément mise en œuvre par la distillerie.
- t 2 exposants : î médaille d’or, 2 médailles de bronze et q mentions honorables.
- Bulgarie. — Dans son pavillon de la rue des Nations, la Bulgarie expose la variété de ses produits rentrant dans la Classe 61. Outre ses eaux-de-vie de prunes, elle présente des eaux-de-vie fruilées (abricots, poires, griotes, etc.), des alcools d’industrie, des liqueurs et des apéritifs; ces spiritueux sont en général de bonne qualité.
- 2 3 exposants : 3 médailles cl’or, 2 médailles d’argent, 9 médailles de bronze et 6 mentions honorables.
- Danemark. — Les principaux produits exposés sont des liqueurs à base de fruits, de punchs à l’arac, des eaux-de-vie d’orge.
- Signalons les vins de fruits danois de M. Radmussen et ceux de M. Jacobsen.
- Les fabriques danoises d’alcool, à Faaborg, société anonyme formée par la fusion de plusieurs distilleries, tiennent incontestablement la tête de l’industrie appelée à concourir dans notre classe. Celte société, fondée en 1881, occupe 200 ouvriers et livre annuellement i4 millions de litres d’alcool à 5 0 degrés et un demi-million de kilogrammes de levure, soit une valeur marchande totale de 7 millions de francs. Elle exporte, en moyenne, 2 millions de litres d’alcool, dont la plus grande partie va en Angleterre et en Allemagne.
- Le Danemark compte, en outre, 63 distilleries fonctionnant à la vapeur. Le tableau suivant nous donne les chiffres de la production totale de l’importation et de l’exportation des alcools dits à 8 degrés, c’est-à-dire contenant ûj,â p. 100 d’alcool pur; c’est ainsi que les 37,21 millions de potiers à 8 degrés, produits en 1899, représentent 17,6/1 millions de potters d’alcool pur. Ce tableau nous indique également les droits perçus sur ces mêmes alcools fabriqués et importés dans le royaume pendant la période décennale de 1890 à 1899 :
- ANNEES. PRODUCTION EN MILLIONS DE POTTERS 0). DROITS PAYÉS EN MILLIONS DE KRONEsI2!. IMPORTATION en POTTERS 6). DROITS D’ENTRÉE PAYÉS EN KRONESI2). EXPORTATION en POTTERS 6).
- 1890 80,78 2,64 2,6l6,557 1 59,550 1,921,717
- 1891 3 a,q5 2,8l 2,935,019 190,628 2,526,3o4
- 1892 34,97 2,98 2,54i,o5g 175,498 2,i83,2o4
- 1893 35,88 3,06 2.979.487 308,875 2,o63,4Ô2
- 1894 34,47 2,94 2,890,970 252,54o 2,386,643
- 1895 35,09 2,99 3,924,120 384,3o2 2,741,374
- 1896 36,95 3,15 3,520,835 235,831 3,oi i,g38
- 1897 35,59 3,o4 3,696,528 807,135 2,771,545
- 189S 34,87 2’97 2,912,891 353,54a i,996,292
- 1899 37,21 3,17 2,911,874 293,135 2,719,078
- <*) 1 pollei' = o litre 9661. — i2) 1 kroiier = 1 fr. 4o.
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- Pendant l’année 1899, ^es distilleries danoises ont mis en œuvre 967,600 Pd de pommes de terre, 134,660 de betteraves, 70,668,382 de maïs et 39,627,1 45 d’autres céréales.
- On le voit, la production et la consommation de l’alcool sont assez importantes en Danemark.
- 8 exposants : 1 médaille d’or, 1 médaille d’argent, 2 médailles de bronze et 4 mentions honorables.
- Équateur. — Un groupement de bouteilles, montant en forme de cône, représente le lot des boissons de l’Equateur dans le très coquet pavillon de cette République, près de la tour Eiffel. Les bières, les eaux-cle-vie, les liqueurs se succèdent sur des étagères que festonnent des guirlandes de houblon et de vigne.
- Signalons Y amer eupcptique de M. Plaza Alamiro, à Guyaquil ; les liqueurs de M. Charpentier, un Français établi à Quito; celles de pêches et de coca, excellemment fabriqués par MM. Vignolo frères et Gastagneto, de Guyaquil; l’alcool de canne de M. Morla Homero, etc.
- Un exposant, M. Noriega Palmiro, plein de bonnes intentions et qui ne veut oublier personne, nous présente des eaux-de-vie de canne anisées pour demoiselles et pour messieurs.
- 7 exposants : 3 médailles d’or, 2 médailles d’argent et 2 médailles de bronze.
- Espagne. — Une magnifique façade hispano-mauresque que l’on dirait transportée de l’Alhambra dans l’ancienne galerie des machines, donne accès dans la section des boissons de fabrication espagnole.
- Une jolie installation est celle de Yanis ciel mono (anis du singe), grande fabrique de M. Bosch Grad, à Badalona, province de Barcelone, qui reçoit un grand prix.
- En Espagne, les anisados sont les liqueurs traditionnelles auxquelles restent fidèles les consommateurs. Cependant la distillerie espagnole, tout en maintenant cette spécialité, cherche à varier sa fabrication, qui comprend aussi des liqueurs de toute sorte. Cette évolution est, toutefois, contrariée par la concurrence de certaines maisons françaises qui ont établi des succursales dans plusieurs localités de la péninsule, succursales dirigées par des contremaîtres de cette nationalité. C’est depuis 1891, époque à laquelle la France d’une part, l’Espagne de l’autre, élevèrent des droits de douane sur les vins et les liqueurs, que l’industrie française songea à s’implanter en Espagne. Elle apporta avec elle un outillage perfectionné, des procédés nouveaux et ce savoir-faire particulier qui est un des gages du succès.
- La production des alcools d’industrie, en Espagne, n’est guère importante. Le bon marché des vins ordinaires depuis 1891 est tel dans le pays, qu’il est plus avantageux de tirer l’alcool du vin que de le demander à d’autres substances.
- Nous croyons intéressant d’indiquer les droits et impôts qui frappent la fabrication, la consommation et l’importation des alcools et liqueurs :
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- i° Une patente annuelle est perçue chez chaque fabricant d’alcool; cette patente varie de 18 à i 58 pesetas, suivant la capacité de l’appareil distillatoire;
- 2° La contribution annuelle sur la fabrication des liqueurs est de 317,28 pesetas;
- 3° Les droits de consommation sont : i° Sur les alcools et eaux-de-vie, de pesetas 0,70 à 1,10 pesetas pour chaque degré centésimal à l’hectolitre, selon l’importance de la population; 20 sur les liqueurs, de o,4o pesetas à 0,80 pesetas par litre, quel que soit le degré alcoolique et suivant l’importance de la population ;
- k° Les droits de douane perçus, à leur entrée en Espagne sur les alcools étrangers, sont de 37,50 pesetas par hectolitre, quel que soit leur degré centésimal. Les eaux-de-vie, anis et les spiritueux de toute sorte sont également frappés, au moment de leur pénétration, d’un droit de 37,5o pesetas par hectolitre, à la condition que leur force alcoolique n’excède pas i5 degrés; car, pour chaque degré au-dessus de 15 et par hectolitre, ils sont redevables d’un droit supplémentaire de 0,375 pesetas.
- 2 membres du jury, 45 exposants : 1 grand prix, 7 médailles d’or, ît médailles d’argent, 10 médailles de bronze et i4 mentions honorables.
- États-Unis. — La très remarquable exposition de wiskeys que les Etats-Unis présentent au Champ de Mars, met en relief une branche importante de l’industrie des spiritueux dans la grande République américaine.
- Les matières mises en œuvre dans les distilleries sont, généralement, le seigle et le maïs. C’est de Tune ou de l’autre de ces deux substances que sont tirés les meilleurs wiskeys. Quelques liqueurs et amers figurent dans les vitrines.
- Parmi les maisons fabriquant les wiskeys, signalons principalement celles de MM. Bernheim frères, à Louis-Ville (wishy « Bourbon »); de MM. Cook et Bernheimer, à New-York {wiskeys x.0kl Valeyn et «Moimt-Vernon») ; de MM. Kirk et C°, à New-York, {wiskys « Olcl Crown)’, de M. Mac Culloch, à Owensboro Kentuky {wisky « Green River n).
- Notons encore la maison Rheinstron, Bettmann, Johnson et C°, à Cincinnatti, qui fait des cocktails, des liqueurs et amers de très bonne qualité.
- Cuba. — La législation fiscale espagnole n’était pas faite pour favoriser le développement de la fabrication des rhums dans cette île magnifique, dont les richesses naturelles s’offraient elles-mêmes aux exploitants.
- Malgré des récoltes de sucre dépassant un million de tonnes et donnant 20 p. 100 de miel transformable en alcool » W, l’industrie des rhums et liqueurs, gênée par les entraves du fisc, ne pouvait prendre l’essor que lui eussent certainement donné l’activité et l’intelligence des industriels cubains. Limitée à la consommation locale, la fabrication restreignait forcément sa production.
- Cependant, si cette industrie, destinée à prospérer, n’a pas encore donné tout ce
- W Mémoire de in Chambre de commerce de Santiago de Cuba.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
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- qu’il est permis d'attendre d’elle comme expansion au dehors, il faut reconnaître, au point de vue de l’outillage et des procédés de fabrication, qu’un progrès réel s’est affirmé depuis quelques années.
- Parmi les industriels qui se sont appliqués à donner à leurs produits les qualités nécessaires pour conquérir le succès, signalons pour les rhums, MM. Baccardi et C°, de Santiago; pour les alcools, M. Berenguer, MM. Echevarria et C°, M. Boberto Begui-ristain, MM. E. Ferry yhermanos; pour les liqueurs, MM. Aldabo et C°.
- 35 exposants : î grand prix, îo médailles d’or, 16 médailles d’argent, 7 médailles de bronze et 1 mention honorable.
- Grande-Bretagne. — Les wiskey sont le triomphe de la distillerie anglaise. Iis figurent avec honneur au Champ de Mars, présentés par les plus grands industriels du Royaume-Uni.
- Les Ecossais l’emportent sur leurs concurrents pour cette fabrication.
- En tête, signalons MM. John Dewar et sons, à Perth. Composé dun mélange habile fait avec les meilleures qualités de scothwiskeys ayant vieilli dans leurs propres entrepôts, leur wisky écossais est une marque des plus renommées. Cette maison a obtenu la plus haute récompense.
- Signalons encore les produits de la maison Büciianam, à Londres (wiskeyss d’àge différents); ceux de MM. Dunville et C°, à Belfast (Irlande); la Old Bushmills Distillery company, également à Belfast, expose des wiskeys d’excellente qualité.
- Ces eaux-de-vies spéciales, fabriquées avec le plus grand soin, sont généralement tirées du seigle, parfois de l’orge.
- Quelques maisons anglaises préparent des liqueurs. MM. Collier et C°, à Plymouth, ont envoyé du Slœ Gin, liqueur fabriquée avec des prunelles sauvages, des Cherry. Brandy, des Abricot-Brandy, des Peach-Bülers.
- Le groupe colonial est représenté par quelques exposants.
- MM. Siegert et fils, à Port-d’Espagne (Trinité), ont inventé un bitter angostura préparé avec des plantes aromatiques du Venezuela et qui a particulièrement attiré l’attention du Jury.
- Les rhums de l’ile Maurice ont été jugés de médiocre qualité; meilleurs sont les genièvres du Canada.
- L’île de Ceylan nous montre une eau-de-vie d’arak, spiritueux distillé de fleurs de cocotier.
- Les droits sur les spiritueux sont acquittés, dans le Royaume-Uni, au moment où ceux-ci sortent des distilleries ou des magasins généraux, sans distinguer si les eaux-de-vie sont destinées à faire des wiskeys, des gins ou d’autres liqueurs, ou s’ils doivent être employés à différents usages industriels. C’est pourquoi il n’est pas possible d’établir de données spéciales pour les quantités qui rentrent dans chacune de ces catégories.
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- Ci-après un tableau indiquant la marche progressive de la production et de la consommation portant sur la période décennale 1890-1900; il indique également la quantité d’alcool exporté :
- ANNÉES. PRODUCTION. CONSOM SPIRITUEUX distille's dans la Grande-Bretagne. MATION SPIRITUEUX de PROVENANCE étrangère. EXPORTATION.
- gallons!1). gallons!1). gallons!1). gallons!1).
- 1890-1891 4/1,623,584 29,829,553 8,602,7ô5 3,8o4,i57
- 1891-1892 46,238,771 31,469,392 8,4 g8,163 3,8io,325
- 1892-1893 44,4i4,32i 30,660,998 7,840,847 . 3,872,410
- 1893-1894 44,948,194 3o,452,382 7,916,046 3,548,626
- 1894-1895 44,870,357 29,291,300 7,706,380 3,854,102
- 1895-1896 49,324,875 3i, 088,448 8,o37,334 4,254,883
- 1896-1897 69,622,706 32,1 26,238 8,287,562 4,790,181
- 1897-1898 60,652,466 32,898,273 8,25o,6o3 4,585,626
- 1898 1899 63,437,884 34,334,o84 8,127,940 5,541,4 21
- 1899 1900 59,246,277 38,716,733 9,3o4,i63 5,284,6ii
- 0) Le gallon équivaut à 4 litres 54.
- Il a été constaté par la statistique du gouvernement que la consommation d’eau-de-vie à degré fixe a été pour l’année 1889 de 3 lit. 336 par habitant et pour 1 année 1900 de A lit. 3iA.
- La taxe est uniforme pour les spiritueux produits dans le pays, quelle que soit leur utilisation. Pour l’année 1899, ce tarif était de 10 sch. 6 p. par gallon à degré fixe (i3 fr. 2A par A lit. 533); mais depuis le mois de mars dernier, en raison des frais occasionnés par la guerre sud-africaine, cette taxe a été temporairement portée à 1 1 sch. (i3 fr. 87),
- Les droits perçus en shillingset deniers(2) sur les spiritueux importés dans le Royaume-Uni sont en :
- 1900
- 1889. TEMPORAIREMENT.
- 1 Liqueurs, alcools industriels et spiri-' j ! tueux potables de toutes sortes dont
- à degré fixe. | gegr^ fixe est contrôlé.............. toio 11 h
- / Liqueurs en bouteilles, lorsque l’im-Par gallon ) portateur préfère que la force n’en
- à degré indéterminé.! soit pas contrôlée.................. 10 ^ ^
- f Spiritueux parfumés................. 17 3 18 1
- Les produits spiritueux les plus généralement consommés dans le Royaume-Uni,
- ' ! Le schilling — 1 fr. 20. — W Le denier = 0 fr. o,io5.
- Gn. X. — Cl. 01.
- nii'IUAIEIUE NATIONALE.
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- sont le wisky et le gin, sortis des distilleries du pays. Après eux viennent le rhum et le brandy importés. Comme il a été observé plus haut, il n’y a pas de statistique spéciale pour chacun des deux premiers produits, mais il nous paraît intéressant de donner quelques chiffres relatifs aux rhums et brandy.
- RHUM. BRANDY.
- {{allons. gallons.
- 1889 ............................................. 4,069,924 *2,600,973
- 1899 ............................................. 4,356,o 14 9,707,577
- 1 membre du Jury, 16 exposants : 1 grand prix, 6 médailles d’or, 5 médailles d’argent, 1 médaille de bronze et 3 mentions honorables.
- Grèce. — L’exposition de la Grèce est, à tous égards, remarquable tant par le nombre des concurrents que par la qualité des produits; ses liqueurs et spiritueux occupent une des galeries couvertes qui servent d’ailes au pavillon royal élevé sur le quai d’Orsay. Ses spécialités nationales, le mastic, tiré des baies ou du suc résineux du lentisque, et Y ouzo, qui remplace notre absinthe, préparées exclusivement à base d’alcool de vin, justifient leur succès par une distillation parfaite. Très bien faits également les curaçaos qui nous ont été présentés. La maison Solon (Jean) et C'°, d’Athènes, vient en tête des lauréats avec un grand prix.
- 1 membre du Jury, 28 exposants : 1 grand prix, 4 médailles d’or, i4 médailles d’argent, 6 médailles de bronze et 3 mentions honorables.
- Guatémala. — Les produits portés au catalogue n’étaient pas encore arrivés lorsque le Jury a fonctionné.
- Nous trouvons dans la nouvelle Géographie iiniverselle d’Elisée Reclus (Indes occidentales), quelques détails sur la culture de la canne à sucre au Guatemala, son avenir, l’eau-de-vie qu’on en retire et le rôle du fisc dans cette dernière production. Les voici : k Les terres tempérées du Guatemala conviennent aussi à la culture de la canne à sucre; mais quelques pays producteurs disposent de si grands capitaux et d’un outillage tellement perfectionné, qu’il serait impossible à un pays relativement pauvre comme le Guatémala, d’entrer en concurrence pour cette industrie avec des pays comme l’île de Cuba, la Louisiane, le Brésil. Sans doute on cultive la canne à sucre dans le Costa-Guca et la Costa-Grande, mais presque uniquement pour subvenir ù la consommation locale — environ cinq ou six mille tonnes — et pour fabriquer de l’eau-de-vie. Tout planteur a le droit de distiller la mélasse, mais le fisc perçoit un impôt très élevé sur la production de la liqueur et nomme des agents qui vont de plantation en plantation vérifier les alambics et contrôler les déclarations des intéressés. Le propriétaire lui-même ne peut livrer directement ses eaux-de-vie, mais doit les remettre à un dépôt public, où elles sont vendues à son compte. Les formalités sont telles, que les producteurs travaillant en fraude sont les seuls qu’enrichisse l’exploitation de la canne. r>
- Ces lignes ont été écrites en 1891.
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- Hongrie. — Le lot de la Hongrie est formé de liqueurs de différentes sortes, mais surtout d’alcools, parmi lesquels nous distinguons ceux qui, rentrant dans la Classe 61, sont tirés principalement des prunes.
- Le catalogue spécial nous fournit les renseignements généraux suivants sur la production de l’alcool :
- «La distillerie intéresse de près l’agriculture et forme même partie intégrante de l’exploitation rurale.
- «Au sens de notre loi sur les alcools, nous distinguons : les distilleries soumises l’impôt sur la consommation, celles soumises à l’impôt sur la production et celles ne sont soumises à aucun impôt.
- « A la première catégorie appartiennent les grandes distilleries industrielles, au nombre de 53 en 1898, et les distilleries agricoles, au nombre de 44o. De ces Zi g 3 fabriques, 44 9 accusent une production annuelle de 200 à 2,000 hectolitres-degrés et 44 une production de 2,000 à 10,000 hectolitres-degrés. La production totale du royaume de Hongrie a été de io5,3q5,6q4 hectolitres-degrés.
- «La seconde catégorie comprend les distilleries soumises à l’impôt sur la production et qui distillent des marcs, des lies de vin et des tubercules. Il en existe, en Hongrie, 65,651 en exploitation, donnant individuellement une production de 3o à à 6,000 litres; le plus grand nombre (5o,36o), ne produit que 3o litres par an.
- «La distillation, exempte d’impôts, dans l’année 1897-1898, était faite dans 2,496 localités pour 84,932 bouilleurs de cru qui ont produit 745,274 hectolitres-degrés. Cette fabrication peut être pratiquée avec des fécules et des fruits. 55
- Ces chiffres permettent de juger de l’importance de la distillerie au point de vue de l’agriculture et de l’influence que peuvent avoir sur la répartition des cultures, les distilleries soumises à l'impôt sur la consommation qui emploient presque exclusivement du maïs, de la pomme de terre et de la betterave et dont les détritus fournissent, en outre, un fourrage précieux.
- Croatie-Slavonie. — C’est au Champ de Mars, dans la section de la Hongrie, que la Croatie-Slavonie présente ses eaux-de-vie de prunes appelées Slivovica. C’est la production ordinaire de ces deux provinces.
- Toutefois, on tire aussi des alcools des pommes et du genièvre. On distille également la pêche. On fait encore des vins secs de prunes.
- 33 exposants : 2 médailles d’argent, 10 médailles de bronze et 21 mentions honorables.
- Italie. — L’Italie fait bonne figure avec sa nombreuse phalange d’exposants. Empressons-nous de dire que nos voisins d’au delà les Alpes ont fait des progrès très appréciables dans l’art de la distillation. Certes, pour les liqueurs fines, ils sont loin d’égaler nos meilleures marques; mais dans une catégorie qui les classe encore très
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- honorablement, nous les trouvons avec des produits cjui ont leur mérite et comme goût et comme fabrication. En dehors des anisettes, des menthes et autres liqueurs à saveur unique, nous avons constaté chez les distillateurs italiens une tendance à se rapprocher, dans leurs préparations à arômes multiples, du type chartreuse. Certaines grandes maisons fabriquent leurs liqueurs avec tout le soin voulu et avec des alcoolats préparés dans leurs laboratoires ; d’autres font les leurs d’une façon expéditive et économique en se servant d’essences toutes préparées qui leur viennent d’un peu partout et principalement d’Allemagne. Ces liqueurs ainsi faites sont naturellement comsommées par la classe vulgaire.
- La consommation des spiritueux, très limitée dans le sud de la Péninsule, est assez considérable dans le nord. Dans la Lombardie et le Piémont, notamment, on faitusage d’absinthes importées ordinairement de la Suisse. Un apéritif très apprécié est le vermouth de Turin, bu pur ou avec de Peau de seltz. Un amer en grande réputation est le Fernel; c’est la spécialité des frères Branca, de Milan. Le pavillon où ils exposent leurs produits se distingue par sa belle ordonnance. Au sommet, un aigle tient dans ses serres une bouteille du fameux Fernet-Branca, dont la renommée s’étend au loin.
- MM. Buton et C‘\ à Bologne, ont donné à leur exposition un cadre véritablement exquis. Leur kiosque, enfer forgé et bois, est d’un très beau travail. Le fer a été doré; des lampes électriques enfermées dans des globes de différentes couleurs éclairent, quand, le jour tombe, ce petit chef-d’œuvre de délicatesse et de goût.
- Citons encore, comme digne de remarque, le kiosque de la maison Ciiazalettes et C!c, de Turin, qui a reçu une médaille d’or pour ses vermouths. Il est en bois sculpté à trois faces. Trois colonnettes supportent un petit dôme surmonté d’un groupe d’amours jouant à travers des pampres.
- La production de l’alcool n’a pas subi de fortes variations depuis dix ans, en Italie. Elle reste dans les moyennes de i5o à 190,000 hectolitres par an.
- La taxe appliquée sur la fabrication de l’alcool est de Lit 180 pour chaque hectolitre d’alcool anhydre à 1 5° 56 centigrades, quelle que soit la matière première d’où on l’extrait.
- Le droit d’entrée sur l’alcool étranger est de 1 A Lit en or par hectolitre anhydre, plus une surtaxe qui est égale à la taxe de fabrication.
- Les essences pour liqueurs sont frappées, par litre, de divers droits d’entrée suivant leur nature :
- 1.50 parkilogr. 7,5°
- 7.50 3,oo
- Les droits de douane portent sur le contenant et le contenu, sauf pour les alcools.
- 1 membre du Jury, 7A.exposants : 1 grand prix, 8 médailles d’or, i3 médailles d’argent, 20 médailles de bronze et 28 mentions honorables.
- Essences
- d’oranges et variétés. de clous de girofle. .
- de menthe...........
- autres..............
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- Luxembourg. — Au pavillon du Grand-Duché a pris place la collection des différentes eaux-de-vie et liqueurs présentées par les exposants de ce pays.
- A signaler les curaçaos et anisette de MM. Nelles et Heck, de Diekirch, ainsi que les eaux-de-vie de céréales, de fruits et à l’amylo, du cercle Grand-Ducal d’agriculture et d’horticulture, à Luxembourg. Une spécialité, YElixir stomachique, du docteur Boërhave, avec le buste de l’inventeur couronnant la vitrine où ce produit est exposé, complète le lot luxembourgeois.
- 3 exposants : 1 médaille d’or, 1 médaille d’argent, 1 médaille de bronze.
- 'Mexique. — Trois zones partagent, géographiquement, le Mexique: les terres chaudes, les terres tempérées, les terres froides. Les conditions climatériques qui sont particulières à chacune de ses divisions, favorisent le développement d’une flore très variée; de là, des éléments multiples et fort riches pour composer des boissons de tous genres. Ces boissons sont brillamment représentées dans le palais que le Mexique a fait édifier dans la rue des Nations.
- La vigne donne, dans certaines régions, des produits excellents. On fait encore des vins de maranja (oranges), de maragnon (sorte de coing), deciruela (prunes), de dura-cme (pèches), de higo (figues), de coastecomate, de sotol, etc.
- Mais la boisson nationale des Mexicains est 1 e pulche. Sa consommation est considérable surtout dans les terres tempérées et les terres froides. La plante d’où on le tire est le maguey (agave americana). On l’obtient en enlevant au maguey, à un âge déterminé, la hampe centrale qui va croître et former cette tige pittoresque et fleurie dont le port est d’un si joli effet. La sève monte et s’amasse dans la cavité produite par l’ablation de cette partie de la plante. On la recueille et c’est elle qui va devenir la boisson courante du pays.
- A l’état frais, la sève encore sucrée de Yagave prend le nom cYaquamiel. Mise dans des pots de terre et abandonnée à la fermentation, elle s’appelle le pulche. L’eau de-vie qu’on en retire se nomme mezcal, la qualité supérieure téquila.
- La consommation annuelle du pulche s’élève à plus de 5 millions d’hectolilres.
- Une autre boisson en usage, particulièrement dans les terres chaudes, est le tepa-ché, produit de la fermentation de l’ananas avec du sirop de sucre.
- Les figues de Barbarie (tunaj, traitées par la distillation, donnent le colonelle. Il y a encore des eaux-de-vie de jobo, fruit semblable à celui du cocotier, de mango, etc.
- On fabrique des liqueurs de zarza (framboises), de higo (figues), de tejocole, de menthe, de curaçao, elc.
- Les divers échantillons d’eau-de-vie extraite de Yagave sont, en général, de qualité médiocre. En revanche, les alcools de canne et les liqueurs de fruits ont été mieux appréciés. Quant aux vins de fruits, ils n’ont pas bien tenu; le transport a produit chez eux une altération évidente et leur qualité s’en est fâcheusement ressentie.
- î membre du Jury, îoo exposants: 8 médailles d’or, 18 médailles d’argent, hk médailles de bronze et segmentions honorables.
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- Monaco, — Depuis l’ouverture de l’Exposition, les deux seuls exposants de la Principauté se sont associés et ne forment plus qu’une maison unique sous la raison sociale : Barral et Muller.
- Cette maison présente des sirops; il lui a été décerné une mention honorable.
- Norvège. — La Norvège, comme la Suède, met tous ses soins à la fabrication des aracs-punchs, qui sont du reste de qualité supérieure. MM. Poulsen et Cie, a Christiania, en présentent de fort bien faits (sucrés, secs et vieux); MM. Becker et Cic, de la même ville, nous montrent, outre des produits de cette nature, une eau-de-vie de cumin de fort bon goût. Enfin, M. A. Bacrer, de Drammen, dans une colonne cylindrique évidée en spirale, étage toute une série de sirops, citronsalft, pobsaaft, jord-bersalft, etc.
- 3 exposants: une médaille d’or et deux médailles d’argent.
- Pays-Bas. — Etant donné la réputation bien méritée des liqueurs hollandaises, il est regrettable que la participation de ce pays se soit bornée à si peu d’exposants. Il est vrai qu’en compensation du nombre, nous rencontrons l’état-major de l’industrie avec ses représentants les plus éminents.
- Signalons donc, en première ligne, la maison Wynand Focktnk, d’Amsterdam, dont les titres de gloire ne se comptent plus.
- Citons aussi des noms avantageusement connus, comme les Erven Lucas Bols, d’Amsterdam, et Hijlskamp et fils et Molyn, de Rotterdam.
- Au cours de notre historique des liqueurs, nous avons parlé avec faveur des curaçaos hollandais, si longtemps les premiers, et de la lutte engagée par les distillateurs français s’efforçant d’arracher la palme à leurs heureux rivaux.. La vérité est que si plusieurs de nos distillateurs sont arrivés, de nos jours, a faire aussi bien que leurs concurrents des Pays-Bas, à les dépasser même par la finesse de la fabrication et l’exquisité de goût qu’ils ont su donner à leurs produits, en revanche, les curaçaos de Hollande sont restés bien eux-mêmes, avec leurs qualités propres. Ils constituent ainsi un type particulier, le type hollandais, rien de plus, rien de moins.
- Mentionnons aussi une préparation essentiellement originale appelée advocaat, jaune d’œuf mélangé à l’eau-de-vie. Sa consommation est purement locale.
- La production des alcools d’industrie est considérable en Hollande. Une partie se consomme surplace; une autre, fort importante s’exporte. La Fabrique néerlandaise de levure et d'alcool est une des plus remarquables du pays. Elle a trois usines à Délit, Rotterdam et Schiedam, et une quatrième à Bruges, en Belgique. La production totale de ces établissements est évaluée à 25 millions de litres d’alcool par année.
- Les genièvres de MM. Van Dulken, Weiland et C°, de Rotterdam, ont été, comme toujours, très remarqués.
- Indes Néerlandaises. — Cinq maisons de Indes Néerlandaises, possession des
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- Pays-Bas, ont soumis à l’examen du Jury des curaçaos qui, tout en étant loin de valoir ceux de la mère-patrie, ne sont pas sans mérite. La fabrication en est soignée ; l’arome se détache bien et flatte agréablement le palais. Une récompense identique a été attribuée à chacune des maisons exposantes.
- 12 exposants : 3 membres du Jury, 2 grands prix, 1 médaille d’or, 5 médailles d’argent et 1 mention honorable.
- Pérou. — Des alcools de canne à sucre bien distillés, des bitters et des liqueurs à base de coca, sont les produits exposés par la République péruvienne.
- Distingués, tout d’abord, les alcools de canne (Ao degrés Cartier), sortant des usines de M. Aspillaga, à Lima, un des grands industriels du pays, notre collègue du Jury, et par ce fait hors concours.
- MM. Broggi hermanos, à Lima, présentent un bitter qui a été particulièrement remarqué. Remarqués, aussi, les alcools de canne de MM. Cartavio, à Trujillo (Libertad); Pedreschi Angel; Debernardi hermanos, et Valle Thomas, tous les trois à Lima.
- 1 membre du Jury, i5 exposants: 2 médailles d’or, 4 médailles d’argent et 8 médailles de bronze.
- Portugal. — Le Portugal expose ses liqueurs et ses eaux-de-vie, partie au Champ de Mars, partie au Trocadéro. Dans l’ancienne galerie des machines se trouvent les produits de la métropole, dans lelégant pavillon qui s’élève au Trocadéro, ceux de ses colonies
- Au Champ de Mars, nous avons à mentionner la Fabrica encor a (fabrique de l’ancre), qui reçoit une médaille d’or pour ses liqueurs (tangarina de Lisboa, mandarine de Lisbonne, liquor indiano, liqueur indienne, etc.).
- M. José Leandro de Silva est aussi récompensé (médaille d’argent), pour ses liqueurs et spiritueux; au Trocadéro, la même médaille est attribuée à MM. Figueiredo e Irmao, de Mossamedès, et à la Compagnie de Zambezia, pour leurs eaux-de-vie.
- Le Portugal devait bien aux richesses de son beau domaine colonial les honneurs d’une installation spéciale. Dans la décoration, d’éloquentes allégories rappellent un passé cher au patriotisme du pays. Sous la coupole du pavillon, dans une bande circulaire, le pinceau de l’artiste a tracé le glorieux poème des caravelles portugaises allant, jadis, toutes voiles dehors, à travers la mer aux flots d’argent, à la découverte des terres nouvelles.
- Toutes les possessions d’outre-mer de la couronne de Bragance ont envoyé les produits de leur sol et de leur industrie. Parmi ceux qui nous occupent, signalons les eaux-de-vie de canne à sucre d’Angola, ainsi que les taux-de-vie d’oranges, de la même provenance. Dans cette colonie, on extrait encore de Tacool de la patate douce.
- Les îles du Cap-Vert fournissent des eaux-de-vie de canne. L’ile Saint-Thomas en produit aussi.
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- En Asie, Goa donne des eaux-de-vie d’acajou et des sirops d’ananas.
- 53 exposants: une médaille d’or, A médailles d’argent, ai médailles de bronze et a 7 mentions honorables.
- Roumanie. —En Roumanie, comme en Rulgarie, comme dans l’Herzégovine, la Rosnie, etc., nous sommes dans un pays où croît et se développe admirablement le prunier. De là, une utilisation particulière de ce fruit pour la distillerie qui en absorbe de grandes quantités.
- Toutefois, la Roumanie produit d’autres alcools. Elle fait également, et avec succès, des liqueurs et des apéritifs divers.
- Parmi les boissons distillées, la Tsouica ou eau-de-vie de prunes est la plus répandue. Viennent ensuite le raki, eau-de-vie tirée du vin, des marcs de raisin ainsi que d’autres fruits, et le bassamac, mélange d’alcool et de diverses essences aromatiques. On consomme également du vin et de la bière, mais ces deux produits du pays ne ressortissant pas à notre classe, uous n’aurons pas à nous en occuper.
- La Tsouica se fait par la distillation des prunes après leur fermentation. La distillation s’opère à l’aide d’un alambic muni cl’un serpentin. Les fabricants d’eau-de-vie de prunes, que l’on nomme, en Roumanie, tsouicari, sont nos bouilleurs de cru. Leur fabrication a été jusqu’à présent tout à fait libre. Aujourd’hui, d’après la loi du 7/20 octobre 1900, cette fabrication est soumise à des conditions hygiéniques plus sévères et ne sont autorisées à fonctionner que les fabriques produisant au minimum 2,500 décalitres. Grâce à ces mesures, on espère rendre la production meilleure et en même temps réduire le nombre des tsouicari, évalué à trente mille.
- La tsouica a environ 3o degrés centigrades de force alcoolique.
- Le raki se prépare de la même manière que la tsouica.
- Le bassamac est produit tout simplement par un mélange d’esprit et d’eau auquel on ajoute une essence aromatique quelconque. Autrefois, le bassama cétait très pernicieux à la santé, étant donné que la mise en consommation de l’esprit non rectifié était libre. Mais aujourd’hui on ne permet la vente de l’alcool que lorsqu’il a été rectifié et qu’il pèse de 90 à 96 degrés centigrades.
- Les liqueurs se fabriquent au moyen d’alcool que l’on redistille avec diverses substances aromatiques et auquel on ajoute les matières sucrées.
- L’alcool d’industrie est préparé dans 45 fabriques qui ont à peu près toutes des appareils à distillation continue les plus perfectionnés ; elles sont, en outre, munies de raffineries. Vers l’année 1889, on se servait principalement d’appareils Galls. Le malt était employé avant 1 889 à l’état sec; on le broyait avant de le cuire. Aujourd’hui, on emploie des cuiseurs qui permettent de ne plus broyer le grain. Les matières premières mises en œuvre sont le maïs (73 p. 100), l’orge (26 p. 100) et la farine de seigle (2 p. 100). On fabrique aussi de l’alcool avec de la pomme de terre et de la mélasse.
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- Les alcools d’industrie ont donné lieu à la production et à la consommation suivante :
- PRODUCTION. CONSOMMATION.
- décalitres. décalitres.
- 1889- 1890............................... 1,958,388 1,377,292
- 1890- 1891............................... 2,377,623 1,800,193
- 1891- 1892............................... 2,864,392 a,i33,3io
- 1892- 1893............................... 2,339,077 2,079,614
- 1893- 1894............................... 2,976,990 2,963,282
- 1894- 1895.,............................. 3,482,746 2,691,289
- 1895- 1896............................... 2,839,445 2,i53,452
- 1896- 1897............................... 1,947,183 1,407,958
- 1897- 1898............................... 2,822,592 2,064,592
- 1898- 1899............................... 3,747,321 3,114,075
- Les quantités des matières premières employées à la fabrication des alcools d’industrie sont résumées dans le tableau ci-dessous :
- ANNÉES. MAÏS. POMMES DE TERRE. ORGE et AVOINE. MÉLASSES. BLÉ.
- kilogrammes. kilogrammes. kilogrammes. kilogrammes. kilogrammes.
- 1891-1892 70,016,128 13,065,791 5,4go,65o 448,790 3i 1,908
- 1892-1893 66,761,200 1 2,766,200 4,739,800 i5o,ooo 754,500
- 1893-1894 81,874,700 16,255,100 4,381,200 // i,462,3oo
- 1894-1895 95,697,500 17,227,500 6,894,600 // 1,934,1 00
- 1^95-1896 80,901,900 13,490,500 10,856,700 1,059,900 7,819,100
- 1896-1897 56,667,400 7,8o3,4oo 11,645,700 883,600 786,800
- 1897-1898 74,694,000 1 l,l3o,700 6,218,900 1,685,600 176,600
- 1898-1899 74,353,ooo 13,806,000 12,642,100 i,5i4,ioo 63o,3oo
- La taxe sur l’alcool d’industrie était, en 1 889, de 5 centimes par degré et par décalitre, soit de 5o francs par hectolitre d’alcool absolu. Elle a été portée à 80 francs en 1896, à îQo francs en 1899 et réduite à 100 francs par la nouvelle loi d’octobre 1900.
- Les taxes communales sont pour l’alcool d’industrie : 1 fr. 90 pour celui marquant moins de 4o degrés; 3 fr. 60 de Ao à 60 degrés et 6 francs au-dessus de 60 degrés, par décalitre ; ce qui porte à 160 francs le total des impôts frappant l’hectolitre d’alcool absolu.
- Si l’on ajoute à ces charges fiscales le prix de la matière première et celui de la main-d’œuvre, l’hectolitre d’alcool absolu doit revenir au producteur à a00 francs environ.
- La tsoaica et les autres eaux-de-vie de fruits ne payaient, jusqu’en 1900, qu’un droit insignifiant. A cause de la difficulté de percevoir sur les bouilleurs de cru la taxe par
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- degré, ceux-ci étaient soumis à l’acquittement d’un droit de 10 francs par an et par hectare de vigne. La loi d’octobre 1900 a modifié cette réglementation en frappant toute eau-de-vie d’un droit fixe de 5 centimes par degré et par décalitre.
- Pour la Isouica ayant en moyenne 3o degrés, la taxe fiscale est, par hectolitre, de 1 5 francs, la taxe communale de 12 francs dans les communes urbaines et 6 francs dans les communes rurales.
- Les liqueurs , au cas spécial où le fabricant préparait aussi l’alcool qui lui était nécessaire, étaient soumises avant la loi d’octobre 1900 à un droit de 6 francs par décalitre. Aujourd’hui, elles versent au fisc 12 francs et aux communes 16 francs par décalitre.
- Le rhum, préparé avec de l’alcool déjà soumis à la taxe par degré, n’acquitte aucun droit.
- Les droits de douane sont, par 100 kilos : pour tous spiritueux importés en fuis, de 100 francs, et pour ceux importés en bouteilles, de 120 francs.
- Parmi les nombreux fabricants qui ont pris part à l’Exposition, M. Negropontès, de Grozesti, obtient un grand prix pour l’excellence de ses produits.
- 57 exposants : 1 grand prix, 17 médailles d’or, 17 médailles d’argent, 1A médailles de bronze et 8 mentions honorables.
- Russie. — Le Pavillon de l’alcool. En demandant, au Champs de Mars, un emplacement très en vue et en édifiant, dans le voisinage de la tour Eiffel, le magnifique pavillon où la régie de l’alcool russe a installé ses appareils, le Gouvernement impérial a tenu à donner, à cette exposition, un relief particulier.
- Sitout le monde, en Russie, peut fabriquer de l’alcool sous la réserve du droit fiscal qui frappe ce produit, on peut dire qu’il n’est pas une bouteille d’eau-de-vie dont le contenu n’ait bien passé par les appareils de rectification de l’administration. E11 un mot, l’Etat et les particuliers produisent de l’alcool, mais celui-ci ne rentre dans la consommation qu’après avoir subi une épreuve en quelque sorte officielle, soit dans les usines de l’Etat, soit dans celles qui, appartenant à des particuliers, ont traité avec lui pour la rectification. L’administration s’est, en outre, assuré le privilège exclusif de la vente dans des débits spéciaux où l’on achète, mais où Ton ne boit pas, la consommation devant se faire au dehors.
- L’exposition de l’alcool russe- nous initie au fonctionnement de l’outillage véritablement ingénieux qui assure l’innocuité du produit et le garantit contre toute espèce de fraude au moyen de fourreaux et de plombs de contrôle protégeant ces appareils. Le volume du liquide et son degré alcoométrique sont enregistrés par des engins automatiques.
- Un comptoir de vente est installé dans le pavillon où des échantillons de toute capacité sont à la disposition du public. Les fioles de 6 centilitres coûtent 3o centimes et, à ce prix, il est permis au premier venu de se rendre compte du goût de l’alcool couramment consommé en Russie. Disons qu’une fiole de cette contenance vaut, dans
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- toute l’étendue de l’Empire — car le prix est invariable, — 6 kopecs, un peu plus de 2 4 centimes.
- Afin de ne verser dans l’alimentation que des produits bien et dûment épurés, l’administration a recours à des procédés de rectification dont nous entretient une notice éditée par la Commission impériale de Russie. Avant la réception définitive de l’alcool, emmagasiné dans ses entrepôts, la régie a soumis celui-ci à «une analyse par l’épreuve Savalle, à l’acide sulfurique pour l’alcool amylique ou à l’acide fuchsinosul-furique pour les aldéhydes ou à l’aniline pour le furfurol, et enfin par l’épreuve au permanganate de potassium pour déterminer le degré d’oxydation 75.
- Plus loin, nous lisons que «l’eau employée pour diluer l’alcool est préalablement soumise à une analyse chimique et traitée en conséquence, soit par une distillation, soit par l’addition de produits chimiques lui assurant une pureté et une composition délçrminée, à la suite de quoi elle est filtrée. Le mélange parfait de l’alcool avec de l’eau s’obtient dans un appareil spécial mû par un moteur électrique, après quoi l’eau-de-vie est refoulée par une pompe dans un bac dit de pression situé au-dessus des filtres. v>
- Le filtrage se fait au charbon de bois. Après avoir successivement traversé quatre filtres à charbon, l’eau-de-vie passe par le fdtre à sable, et de là dans le réservoir collecteur des filtres. C’est de là qu’elle sortira pour être conservée dans un dernier réservoir qu’elle ne quittera que pour la mise en bouteille.
- Ainsi donc, jusqu’à la dernière minute, toutes les mesures, toutes les précautions sont prises pour que l’alcool qui va entrer dans la consommation soit bien le produit officiel, exempt de toute impureté, tel que le veut l’administration. Comme procédés d’épuration, nous ne croyons pas qu’en l’état actuel de la science, on puisse pousser plus loin le souci de bien faire.
- En dehors du Pavillon de l’alcool réservé spécialement à l’administration du monopole, plusieurs maisons russes exposent, dans la Galerie des machines, des eaux-de-vie et des liqueurs. Notons le fameux kümmel, dont plusieurs fabricants continuent à maintenir la vieille renommée, et, parmi eux, M. Blankeniiagen, propriétaire d’Allasch, dans la Livonie russe, qui nous présente un kümmel crème d’Allasch excellent.
- A signaler : les eaux-de-vie de table de la maison Keller et Cie, fournisseur de la cour, et dont le directeur, M. Chrouschoff, fut un de nos plus aimables collègues du Jury; les liqueurs de M. Wolfschmidt, de Riga, dont les très jolies vitrines se terminent par un campanile surmonté de l’aigle impériale russe; celles cle MM. Choustov et fils, de Moscou; celles encore de AL Stritter (Wladimir), de Saint-Pétersbourg; les alcools rectifiés de AL Evreinov, àNevel, gouvernement de Vitepsk; ceux de AI. Titoff, distillateur agricole et rectificateur cl’alcool à Smoldany, gouvernement de Alogileff; les produits delà distillerie Poiijola-Brannerie-Wasa, à Nicolaïstadt (Finlande), avec son ns-branvin que boivent les quatre ours qui décorent, à chaque coin, l’installation de cette maison. Citons aussi les alcools de mélasse de la Société des fabriques et raffineries de sucre de betterave, des frères Terechtchenico, à Kiew; les eaux-de-vie fruitées de M. Saradjeff, à Tillis (Caucase), etc.
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- 9 membres du Jury, 21 exposants : 5 grands prix, 11 médailles d’or et 3 médailles d’argent.
- Serbie. — La Serbie est régie par une administration autonome des monopoles du royaume (tabacs, sels, pétrole, papier à cigarettes, allumettes et alcools). Ce sont les départements composant le royaume qui ont exposé les divers spiritueux que chacun d’eux produit.
- La consommation locale, en ce qui concerne les alcools, porte sur les eaux-de-vie de prunes et de marcs. Les premières se nomment slivowitzn, les secondes komovitza. Dans le Sud* Ouest on fait usage du Idékovatcha, eau-de-vie préparée avec des baies de lentisque.
- Les départements serbes, en outre de ces eaux-de-vie, ont envoyé des fruits conservés et quelques liqueurs de bonne fabrication qui leur ont valu de hautes récompenses. Signalons tout particulièrement le Département de Kragorievatz, qui remporte un grand prix.
- 16 exposants : 1 grand prix, 4 médailles d’or, 6 médailles d’argent et 5 médailles de bronze.
- Suède. — La Suède n’expose, en fait de liqueurs, que des punchs à Tarac dont la consommation est courante dans le pays. Ils se boivent purs et, pendant Tété, avec addition d’eau glacée.
- L’arac est une préparation qui vient des îles de la Sonde et particulièrement de Batavia, Elle est le produit de la distillation du riz et du lait de la noix de coco. On Toblient plus simplement encore en distillant le suc fermenté et recueilli par écoulement du cocotier lui-même. Ce suc se nomme toddy.
- Le punch suédois est un composé d’arac, d’eau et de sucre.
- Pas banal, le cadre donné à l’exposition des produits suédois. On a tiré un heureux parti de fonds de bouteilles pour la décoration, ce qui prouve qu’en art tout s’utilise quand on sait allier le goût à l’originalité. Au centre, entre les vitrines, on a placé le fond d’un tonneau avec trois traverses divisées perpendiculairement par des contre-traverses en dix compartiments. Chaque compartiment contient le nom d’un des dix exposants qui ont envoyé leurs punchs au Champ de Mars; parmi eux, nous citerons MM. Forsgren et Wilken, MM. Hogstedt et C'e, MM. Lundberg et Cie; ces trois maisons ont leurs fabriques à Stockholm.
- Nous trouvons dans le catalogue suédois spécial au Groupe X, les détails qui suivent sur la fabrication de l’alcool :
- ffPour la fabrication de l’eau-de-vie, on se sert principalement de pommes de terre et de céréales; depuis peu de temps on en fait aussi avec de la mélasse et des betteraves. La fabrication est autorisée dans la règle pendant sept mois de l’année, du icr octobre au icrmai, et à titre exceptionnel pendant les cinq autres mois, mais seulement en combinaison avec la préparation de la levure. Les nouvelles distilleries sont, en général, munies d’appareils à drèclie de construction moderne et presque toutes sont pourvues de machines à vapeur. Les plus importantes usines fabriquent jusqu’à 4,000 hectolitres d’alcool par an. Le nombre de ces établissements qui, en 1870, s’élevait à 443, a subi depuis lors une réduction considérable, de sorte qu’en 1898 il n’y en avait plus que 196 et, cependant la production a subi une légère augmentation.
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- ff La fabrication de l’eau-de-vie se fait surtout dm s la partie la plus méridionale du pays. Elle est taxée à raison de 5o ores par litre (70 centimes) pour une force d’alcool de 5o degrés dite force normale. L’eau-de-vie crue qu’ou obtient dans les distilleries, est soumise à une nouvelle distillation ainsi qu’à une purification au charbon, de sorte que la qualité consommée en Suède est à peu près exemple d’impuretés.
- rrLe commerce en gros de l’eau-de-vie est entièrement libre pour les quantités de 2 5o litres et plus de force normale d’alcool. L’exercice de la vente en détail, qui ne peut descendre au-dessous d’un litre et celui de la vente au débit, sont frappés de droit et soumis à des règlements en rapport avec le soi-disant système de Gothembourg. Ce système prescrit, par exemple, que l’eau-de-vie vendue en détail doit contenir une force d’au moins 4o p. 100 du volume d’alcool.
- « L’eau-de-vie dénaturée, c’est-à-dire l’eau-de-vie à laquelle on a ajouté certaines substances pour la rendre imbuvable, jouit d’un retour d’impôt et peut en certains cas être vendue librement.«
- Nous donnons ci-contre deux tableaux indiquant l’un la production et l’autre le rendement de l’impôt :
- STATISTIQUE DECENNALE DE LA PRODUCTION DE L’ALCOOL.
- ANNÉES. DISTILLATION CRUE DANS LES DISTILLERIES FORCE D’ALCOOL 5o p. 100. EAU-DE-VIE RECTIFIÉE FORCE D’ALCOOL 5o p. 100. PUNCHS.
- litres. litres. litres.
- 1889 29,787,060 // Il
- 1890 29,661,935 il II
- 1891 32,796,962 II II
- 1892 32,653,903 26,667,670 2,513,316
- 1893 32,368,653 26,628,988 2,186,366
- 1894 33,763,768 23,995,698 2,139,557
- 1895 35,598,877 II 2,256,975
- 1896 33,673,666 32,776,375 2,203,377
- 1897 37,o36,25o 38,091,759 2,390,101
- 1898 39,636,551 37,395,916 2,861,702
- RENDEMENT DE L’IMPOT.
- ANNÉES. LIQUEURS ET SPIRITUEUX VENDUS DROITS VERSÉS
- par LES COMPAGNIES. par D’AUTRES. par LES COMPAGNIES. par D’AUTRES.
- litres. litres. couronnes!1). couronnes!1).
- 1888 1889 18,oo5,656 11,607,367 6,996,822 1,061,327
- 1889-1890 19,137,609 13,36o,6io 5,958,36l 1,020,073
- 1890-1891 i8,63g,i55 12,379,350 5,6l5,893 1,019,390
- 1891-1892 18,806,011 12,696,919 5,918,890 1,023,188
- 1892-1893 19,136,181 13,016,207 6,55o,5o7 i,oi3,35i
- 1893-1894 19,589,569 i3,685,012 7,o3o,8g6 987,039
- 1894-1895 20,126,985 i3,33i,io3 7,027,965 1,012,310
- 1895-1396 20,772,069 16,812,039 7,987,267 1,021,600
- 1896-1897 2 2,012,837 15,066,617 OO OO <] O O 1,089,9.15
- 1897-1898 23,877,632 16,350,527 9,679,73a 1,110,199
- (’) Couronne suédoise = 1 fr. io.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- to exposants : 4 médailles d’or, 2 médailles d’argent, 2 médailles de bronze et 2 mentions honorables.
- Suisse. — Dans l’ancienne galerie des machines, un portique dont les auvents sont soutenus par des dragons héraldiques, sert d’entrée à l’exposition de l’agriculture et des aliments de la Suisse. Un local, dans l’enceinte de cette exposition, a été affecté aux boissons présentées par les différents fabricants de la Confédération helvétique.
- Remarqué, dans un angle, l’installation de M. Denneler, d’Interlaken, membre du Jury, et dont la spécialité est un bitter aux herbes des Alpes. Dans un panneau du fond, une chromolithographie représente une jeune servante versant un verre de bitter à un touriste fatigué qui s’éponge le front et n’en sourit pas moins à la jolie fille.
- MM. Ciravegna, Manzioli etC10, à Genève, exposent des spécialités de vermouth: vermouth noblesse au vin muscat, et vermouth au quinquina; M. Aciun fils, de la même ville, présente de l’absinthe et du vermouth; M. Geînyv également à Genève, du vermouth; M. Henry, à Fleurier, canton de Neufchâtel, une absinthe verte; M. Koeser, à Fribourg, du kirsch; M. Maurizio, à Vicosoprano (Grisons), un amer de la Ma-jola, etc.
- Les liqueurs qui ont été soumises à l’appréciation du Jury, laissaient beaucoup à désirer sous le rapport de la qualité. Nous nous plaisons, cependant, à constater que depuis quelques années certains distillateurs, la plupart d’origine française, se sont efforcés d’apporter des modifications dans la fabrication de leurs produits.
- 1 membre du Jury, 3o exposants : 2 médailles d’or, 9 médailles d’argent, 6 médailles de bronze et 1 2 mentions honorables.
- Turquie. — La participation de la Turquie à l’exposition de la Classe 61 a été des plus restreintes.
- Si les Musulmans s’abstiennent de faire usage de boissons fermentées, en revanche les Grecs, les Bulgares, etc., que Ton rencontre en grand nombre dans la Turquie d’Europe, boivent du vin et des eaux-de-vie. Constantinople, avec sa population cosmopolite, est un centre de consommation important. Enfin, les chrétiens de l’Asie mineure qui vivent sous la domination turque, font usage des liquides interdits aux sectateurs de l’Islam. Voilà pourquoi la distillerie ne saurait être, dans l’Empire ottoman, une industrie aussi effacée que Ton pourrait le supposer tout d’abord. Ajoutons que dans toutes les échelles du Levant on boit du mastic.
- Notons que les Musulmans peuvent consommer et consomment, en effet, des sirops, parce que ces préparations, qui sont un composé de sucre et de jus de fruits ne sauraient entrer dans la catégorie des liqueurs que leurs scrupules religieux leur font un devoir de répudier.
- 2 exposants : 1 médaille d’argent et une médaille de bronze.
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- TABLEAU RÉCAPITULATIF
- DES RÉCOMPENSES DECERNEES AUX EXPOSANTS DE LA CLASSE 6 1 .
- PAYS. | HORS—CONCOURS. ! 1 GRANDS \ PRIX. MÉDAILLES D’OR. . B É C 0 M <Z) u J-J H J g es fi -S A PENSES H u J N d § a * MENTIONS HONORABLES. TOTAUX.
- France seule 7° 6 83 116 86 36 J27
- France et Colonies françaises 7 4 1 0 99 i58 13 6 8o 483
- Allemagne II II fa 8 2 3 18
- Autriche II î // i II II a
- Belgique 4 fl 7 i3 6 3 29
- Bosnie-Herzégovine n II î II a 9 îa
- Bulgarie n II 3 2 9 6 20
- Danemark n n î i a 4 8
- Equateur u u 3 2 a II 7
- Espagne h i 7 11 10 14 43
- Etats-Unis et Cuba II i 1 0 16 7 î 35
- Grande-Bretagne II i 6 5 î 3 16
- Grèce U i 4 lit 6 3 28
- Guatemala II u U II // II n
- Hongrie i u II a 10 a i 33
- Italie i 1 8 i3 23 28 73
- Luxembourg II II î î 1 II 3
- Mexique i II 8 18 44 29 99
- Monaco II II // II II 1 1
- Norvège U II i a II H 3
- Pays-Bas et Indes néerlandaises 3 2 î 5 II 1 9
- Pérou î // a U 8 II i4
- Portugal // II î h 2 1 27 53
- Roumanie H 1 *7 i4 8 57
- Russie a 5 11 3 // // !9
- Serbie II i 4 6 5 II 16
- Suède n n k a 2 2 10
- Suisse i il a 9 6 12 99
- Turquie u u // î i // a
- Totaux 88 a5 206 318 318 a55 1,12a
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- <jh. >
- CLASSE 62
- Boissons diverses
- RAPPORT DU JURY INTERNATIONAL
- PAR
- M. FEllNAND DUMESNIL
- PRÉSIDENT DU SYNDICAT DES BRASSEURS DE PARIS
- ü — Cl. 02.
- 29
- IMPRIMERIE NATl
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- COMPOSITION DU JURY.
- BUREAU.
- MM. Bertrand-Oser (Emile), administrateur délégué des grandes brasseries réunies de Maxéville (médaille d’or, Paris 1889; président des comités,
- Paris 1900), président............................................... France.
- Boeck (André de), vice-président......................................... Belgique.
- Dumesnil (Fernand), brasserie [maison Dumesnil frères] (hors concours,
- Paris 1878; trésorier des comités, Paris 1900), président delà Chambre syndicale des brasseurs de Paris, rapporteur..................... France.
- Lemariey (Lucien), cidres (rapporteur des comités, Paris 1900), secrétaire. France.
- JURÉS TITULAIRES FRANÇAIS.
- MM. Avenel (le vicomte Georges d’), président de la Chambre syndicale des négociants fabricants de cidres de l’Ouest, membre correspondant de la Chambre de commerce de Granville (vice-président des comités, Paris 1900)......................................................................... France.
- Bures (Émile), distillerie normande, brasserie de cidres............... France.
- Corman-Vandajie (Narcisse), brasserie, président du Syndicat des brasseurs
- du Nord.............................................................. France.
- Dubois, cidres, maire d’Arçonnay (Sartlie)............................. France.
- Guéret (Célestin), matériel pour boissons gazeuses et appareils de brasserie [maison Guéret frères] (comités, Paris 1900), président de la Chambre syndicale des eaux gazeuses et des industries qui s’y rattachent. France.
- Kreiss (Adolphe), directeur des brasseries de la Meuse (comités, Paris 1900), vice-président du Syndicat des brasseurs des départements limitrophes de Paris........................................................ France.
- Moulin (Louis), cidres en gros, distillerie (médaille d’or, Paris 1889;
- comités, Paris 1900)................................................. France.
- Thomas (Martin), directeur de la Société lyonnaise des anciennes brasseries
- Rinck................................................................ France.
- Tourtel (Ernest), brasserie (jury, Paris 1889; comités, Paris 1900). . . France.
- JURÉS TITULAIRES ÉTRANGERS.
- MM. Aubry, professeur, directeur de la station scientifique de brasserie de Munich. Allemagne.
- Popper (Léon), directeur de la brasserie bourgeoise.................. Autriche.
- Sciiuller (Julius)..................................................... États-Unis.
- Parry (Ernest), membre de la Société des chimistes..................... Grande-Bretagne.
- Watanabé (Toru), représentant des producteurs de saké.................. Japon.
- Mousel (Émile), brasserie, député et bourgmestre de la ville de Luxembourg. Luxembourg.
- Moiir (A.-C.)............................................................. Norvège.
- Petersen (J.), directeur de la Société des brasseries Ileineken........ Pays-Bas.
- Desbout (Constantin de), cbimisle..................................... Russie.
- a9.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- U'i8
- JURÉS SUPPLÉANTS FRANÇAIS.
- MM. Rutrulle (Edmond), brasserie...................................... France.
- Karciier (Henri), brasserie (comités, Paris 1900)................ France.
- Power (Alfred), administrateur de la brasserie de cidres P «Union agri-
- colen (comités, Paris 1900)................................... France.
- JURÉ SUPPLÉANT ÉTRANGER.
- M. Lopez (Francisco), chef de section du Conseil supérieur de salubrité de
- Mexico................................................................. Mexique.
- EXPERTS.
- MM. Erière, secrétaire du Syndicat agricole de la Sartlie.................... France.
- Briet, cidre........................................................... France.
- Chapelain (Paul), cidre................................................ France.
- Cimetière (Isidore), président de la Chambre syndicale des cidres, à
- Paris................................................................ France.
- Heyndrick (Théophile), brasseur........................................ Belgique.
- Leudet (Léon), trésorier de la Société des agriculteurs de France. ..... France. Martin (J.-B.), professeur départemental d’agriculture du Calvados, secrétaire de l’Union des Sociétés agricoles du Calvados.................... France.
- Mertens (Alphonse), brasseur............................................ . Belgique.
- Qiesnay (Alfred), distillateur d’eau-de-vie de cidre................... France.
- Wielemans (Prosper), brasseur.......................................... Belgique.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- AVANT-PROPOS.
- Avant d’aborder la relation détaillée du rôle que la Classe 62 (Boissons diverses) a joué dans l’ensemble du Groupe X (Alimentation), tant dans la section française que dans la section étrangère, il convient de résumer le plus brièvement possible les opérations du Jury international de cette classe, opérations qui ont été le couronnement de celte partie intéressante de l’Exposition universelle de 1900.
- Le Jury international de la Classe 62 a tenu sa première réunion le 3i mai 1900, sous la présidence de M. Delaunay-Belleville, directeur général de la section française.
- Invité à procéder à l’élection de son bureau, le Jury élit :
- Pré Ment, M. E. Bertrand-Oser, président c]es Comités d’admission et d’installation de la Classe 62.
- Yicc-Présiclent, M. André de Boeck, délégué de la Belgique.
- Rapporteur, M. Fernand Dumesnil, membre du Comité d’admission, trésorier du Comité d’installation de la Classe 62.
- Secrétaire, M. Lucien Lejiariey, rapporteur des Comités d’admission et d’installation de la Classe 62.
- M. Bertrand-Oser. remercie ses collègues de l’honneur qu’ils lui font et de la confiance qu’ils veulent bien lui accorder. 11 fait appel au concours de tous pour que le travail si délicat de l’attribution équitable des récompenses puisse être mené à bonne Fin, et, pour faciliter l’accomplissement de cette tâche, il propose la division du Jury international en trois sections : Bières, Cidres, Boissons gazeuses.
- Sont nommés secrétaires-rapporteurs de ces trois sections : Bières, M. Adolphe Ki •eiss; Cidres, M. Lucien Lemariey; Boissons gazeuses, M. Céleslin Guéret.
- M. Fernand Dumesnil devra réunir les trois rapports fournis par ces messieurs, et en faire un rapport d’ensemble qu’il remettra au rapporteur général de l’Exposition de 1900, nommé par le Ministre du commerce.
- Sur la proposition du président, le Jury international décide de commencer ses travaux le 12 juin 1900, et d’y consacrer quatre jours par semaine, du mardi au vendredi inclus.
- Sous l’impulsion vigoureuse de MM. Bertrand-Oser, Kreiss, d’Avenel et Lemariey, les travaux des trois sections ont marché avec la plus satisfaisante rapidité : commencés le 1 2 juin 1900, ils ont été terminés le A juillet 1900.
- Les produits des deux Classes 62 (française et étrangère) étaient dispersés dans
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- toutes les parties de la section de l’alimentation, et la description des nombreux pavillons — quelques-uns pouvant prétendre à l’appellation d’édifices et même de monuments — serait trop longue pour trouver place ici; il n’est que juste, cependant, de constater l’énorme somme de talent et d’ingéniosité dépensée par les architectes et les organisateurs des deux classes.
- Vue d’ensemble du Pavillon delà Brasserie française ài’Exposilion universelle de 1900.
- Pour permettre au public une appréciation plus exacte et plus commode de leurs produits, un grand nombre d’exposants avaient installé de très élégants bars de dégustation; ceux de la brasserie, qui comprenaient quarante-huit comptoirs et robinets, ont, en particulier, forcé l’admiration des millions de visiteurs qui se sont, pendant six mois, pressés dans la Galerie des Machines, et ceux de la cidrerie n’ont pas moins attiré l’attention.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- On peut dire que le Pavillon de l’exposition d’ensemble de la Brasserie française, dû à la collaboration de MM. les architectes Joseph Sansbœuf et Léon Benouville, constituait une œuvre d’art digne de rester dans le souvenir de tous ceux qui l’ont admirée, et qui ont certainement regretté qir’au lieu d’être* construit dans les jardins du Champ de Mars, il ait été, par les nécessités du classement, relégué dans une galerie couverte.
- Pavillon de la Brasserie française à l’Exposition universelle de 1900.
- Quoi qu’il en soit, grâce au talent des architectes et au zèle des organisateurs, on a pu, aussi bien dans la section étrangère que dans la section française, éviter la monotonie d’une exhibition de vitrines trop uniformes renfermant d’interminables rangées de bouteilles vides.
- La cinquième Exposition universelle de Paris a constitué ainsi une magnifique occasion, pour les industriels et producteurs, de se rencontrer à nouveau sur le paci-, fique terrain d’une noble lutte d’émulation. En faisant connaître leurs excellents pro-
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- duits et en les faisant apprécier par des millions de visiteurs, cinq cents exposants français et trois cents exposants étrangers ont répondu, de la façon la plus brillante, à l’appel de notre gouvernement, et nous avons la ferme conviction que nos collègues et confrères étrangers, auxquels nous nous sommes justement efforcés de témoigner nos plus vives sympathies, conserveront un agréable, un cordial souvenir de leur séjour parmi nous.
- Salle de dégusîaljon de la Brasserie française à l’Exposition universelle de 1900.
- Nous dirons plus loin, en détail, tout ce qu’il est nécessaire que l’Exposition universelle de 1900 laisse derrière elle comme constatation dés progrès accomplis par l’industrie mondiale depuis sa devancière de 1889. Nous ne négligerons rien : historique des diverses productions, statistiques, perfectionnements des procédés antérieurs de fabrication, enseignements techniques, résultats comparés des précédentes expositions et de celle qui vient de faire l’admiration de tous les peuples, tout cela sera
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- BOISSONS DIVERSES.
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- passé en revue, aussi rapidement mais aussi complètement que possible, en ce modeste travail qui doit forcément être limité.
- Mais, dès maintenant, nous tenons à rendre un hommage mérité à tous ceux qui ont contribué à l’œuvre commune, et qui nous ont aidé de leurs lumières : d’abord, aux membres étrangers du Jury international, qui ont apporté à leur tâche un zèle et une courtoisie dont nous ne saurions les remercier trop chaleureusement; ensuite aux jurés français qui ont rempli leur devoir dans un esprit patriotique sur lequel ils nous en voudraient peut-être d’insister plus longuement.
- Nous devons aussi des remerciements — et nous ne les leur ménageons pas — à ceux qui nous ont aidé dans la rédaction de ce travail : à M. Petit, le savant professeur de la Faculté des sciences de Nancy, l’éminent directeur du Laboratoire et de l’École de brasserie de cette ville; à M. Robert Charlie, le dévoué membre-secrétaire des Comités d’admission et d’installation de la Classe 62, membre du Jury international de l’exposition des houblons, directeur du Brasseur français, l’organe officiel de YUnion générale des syndicats de la brasserie française; à MM. le vicomte d’Avenel et Lucien Lemariey, qui ont si habilement organisé l’exposition particulière des cidres; à M. Célestin Guéret qui a porté seul le fardeau de l’exposition des boissons gazeuses, et à M. Durafort, qui nous a fourni sur cette industrie de précieux renseignements; à M. Adolphe Kreiss, enfin, notre collègue du Jury, qui a eu une part si considérable, si laborieuse et si brillante dans l’organisation de l’exposition des appareils et des matières premières nécessaires à la brasserie.
- Nous nous garderons également d’oublier —et nous voulons même lui donner une place toute particulière dans cet hommage — M. E. Hatton, l’infatigable chef du Groupe de l’Alimentation, qui a été pour nos comités un guide si sûr, si bienveillant, si actif, et qui a défendu nos intérêts avec un dévouement qui ne s’est pas démenti un seul jour.
- Nos architectes, MM. Joseph Sansbœuf,le vaillant patriote, et Léon Benouville, ont droit aussi à nos remerciements.
- Que tous trouvent donc ici le témoignage de notre reconnaissance pour leur inappréciable concours et qu’ils nous permettent de les assurer de la sincérité de notre gratitude.
- Nous ne dirons rien du rôle directeur, capital, prépondérant, joué par notre dévoué président, M. Bertrand-Oser. Celui-là a été lame de notre exposition; il y a dépensé, sans compter, son intelligence, son énergie, ses forces, sa santé même, et l’hommage qui lui est dune saurait être trop éclatant.
- Le même témoignage est justement dû à M. le sénateur Charles Prevet, l’éminent président du groupe X, qui, dans toutes les questions communes aux diverses classes de ce groupe, a su, avec sa profonde expérience des choses industrielles et sa parfaite courtoisie, suggérer et faire prévaloir les solutions les plus pratiques.
- Constatons pour terminer que nous n’aurions pas complètement rempli notre tâche si nous ne rappelions que nous avons toujours trouvé auprès de MM. Delaunay-Bellevillc
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- et Stéphane Dervillé, les éminents collaborateurs de M. le Commissaire général, une bienveillance et un concours qui nous ont puissamment aidé à mener à bien la mission qui nous avait été confiée par M. le Ministre du commerce d’abord, et par nos confrères ensuite.
- Au moment de l’impression de notre rapport, nous sommes heureux d’apprendre qu’un grand prix a été décerné par le jury de la Classe 29 au Comité de la Classe 62, pour la construction artistique de ses pavillons et pour la belle installation de ses salles de dégustation.
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- PREMIÈRE PARTIE.
- CHAPITRE PREMIER.
- HISTORIQUE DE LA BIERE DANS L’ANTIQUITÉ, LE MOYEN AGE ET LES TEMPS MODERNES.
- On a cru longtemps, en France, et même dans toute l’Europe, que la bière était d’origine allemande ou plutôt germaine. L’étude sérieuse de l’histoire de cette boisson a démontré, au contraire, que les Allemands en avaient appris la fabrication des Gallo-Romains.
- Le mot hier, qui nous a donné celui de bière, n’est même pas de racine germanique; il est, sans conteste, dérivé du mot bibere, boire.
- C’est un fait très connu que les soldats romains guerroyant en Germanie s’adonnaient volontiers à l’ivrognerie, par suite d’habitudes contractées dans les garnisons gauloises, et qu’ils avaient constamment à la bouche la phrase courte et comminatoire : da bibere, et, par contraction, da biber, «donne-moi à boire ».
- Comment résister à cet ordre impérieux, appuyé de la formidable épée-poignard? Et cependant, pour satisfaire le vainqueur toujours altéré, le pauvre Germain ne pouvait offrir, au début de la conquête, que le lait fermenté de ses juments, boisson fétide et malsaine dont il faisait ses délices les jours de fête et de combat.
- Mais un grand nombre de Gaulois patriotes, fuyant la domination de César, émigrèrent à cette époque çjiez les Teutons, dont les perpétuelles incursions sur la rive gauche du Rhin les avaient tenus sans cesse sur le qui-vive, et qu’ils avaient considérés pendant des siècles comme l’ennemi héréditaire.
- Les Gaulois réfugiés initièrent les hôtes qu’une commune infortune leur imposait aux premiers principes de la civilisation celtique, où certains arts étaient parvenus depuis longtemps à un état assez avancé, notamment- chez les Arvernes, comme il est aisé de s’en convaincre par la lecture de César et des auteurs latins antérieurs à la conquête.
- Parmi ces arts, celui de fabriquer une liqueur enivrante et agréable au moyen de la décoction fermentée des grains était pratiqué de temps immémorial sur tout le territoire. La Cera ou Korma composait, en effet, le breuvage national par excellence de nos ancêtres, privés de vin, car la vigne, avant César, n’avait pas dépassé les environs de Marseille.
- Les Germains, alors de race pure, qui occupaient tout l’espace s’étendant du Rhin à la Vistule et de la Raltique au Danube, manquaient de cette finesse de goût et de
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- cette délicatesse du toucher qui, en transformant et améliorant la nature, impriment à tous les produits de l’industrie humaine une saveur nouvelle et des qualités imprévues.
- La liqueur fermentée qu’ils fabriquaient d’après les leçons des Gaulois était un mélange douteux d’eau souvent impure et de grains gâtés ou mal préparés.
- Cette boisson faisait grimacer les légionnaires exigeants et Tacite en disait dans son livre De moribus Germanorum :
- «Ils boivent une triste boisson faite d’orge ou de froment corrompu et d’eau malsaine, souvent même tirée des mares.
- «On l’accuse de nuire à la tête, aux nerfs et aux parties membraneuses, d’engendrer un très mauvais suc, de causer une ivresse longue et pesante, etc.»
- Les Romains préféraient cependant cette triste boisson au lait de jument, insupportable à tout palais civilisé, et ils durent s’en contenter, comme les soldais de la Grande Armée se contentèrent, en 1812, de l’insipide lovas russe, qu’ils baptisèrent, en manière de vengeance, «limonade de cochon».
- Quoi qu’il en soit, les Germains purent dès lors satisfaire à l’éternel (la biber, et comme leurs connaissances linguistiques n’allaient pas très loin, ils se persuadèrent bien vite que «biber» était un substantif désignant la boisson celtique, et ils prononcèrent eux-mêmes hier terme dont on chercherait en vain l’origine dans la langue gothique, mère de l’allemand actuel.
- Du reste, les Germains ne tardèrent pas à oublier même les procédés rudimentaires de la fabrication de leur hier. On sait que l’ancienne Germanie, foulée, écrasée, pétrie par l’invasion des Barbares, anéantie, pour ainsi dire, par les trombes humaines qui se succédèrent presque sans interruption durant deux siècles, resta longtemps à l’état de chaos, oii se perdit le peu de civilisation romaine cpie lui avaient inculquée les Germanicus et les Marc-Aurèle. On n’ignore pas quels efforts durent faire Charlemagne, au vmc siècle, et les chevaliers Teutoniques, au xin°, pour rendre un peu de vitalité à une population littéralement écrasée. .
- Pour nous en tenir strictement à notre sujet, constatons que les Allemands conviennent eux-mêmes que les brasseries n’ont commencé à fonctionner chez eux qu’à partir du xn° au xm° siècle, pour acquérir un certain développement au xiv° siècle, à la faveur de notre funeste guerre de Cent ans, c’est-à-dire au moment où toutes nos industries ruinées sur un sol perpétuellement ravagé furent obligées, comme au temps de César, de passer la frontière et de s’établir derrière le Rhin.
- Un code allemand du vi° siècle fait mention, il est vrai, d’une ordonnance portant que chaque habitant d’une paroisse doit fournir à une abbaye une redevance de quinze chopes de bière, mais ni le nom de la paroisse, ni celui de l’abbaye ne peuvent se retrouver, et la critique est fondée à supposer qu’ordonnance, paroisse et abbaye ont été inventées de toutes pièces.
- L’historien byzantin Priscus, cpii accompagna une ambassade envoyée vers Attila par l’empereur de Constantinople, parle aussi d’un vin d’orge qu’il but en Pannonie et que les naturels du pays appelaient saboga et caminn. Mais les anciens désignaient sous
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- le nom de Pannonie le territoire qui forme aujourd’hui la Basse-Autriche et une partie de la Hongrie. Les Pannoniens étaient en contact direct avec les peuples civilisés et aucun historien ou géographe ancien n’a jamais songé à les compter au nombre des Germains.
- Ce serait une erreur, du reste, de croire que les Allemands revendiquent l’honneur d’avoir découvert le secret de la fabrication du vin d’orge et même de l’avoir exploité aussitôt que les Celtes, leurs premiers instituteurs dans tous les arts de la civilisation, car presque tous les détails qu’on vient de lire sont extraits d’ouvrages allemands fort estimés.
- Le Brockhaus Conversation Lexicon constate même que la fabrication et l’usage de la bière datent en France d’un temps immémorial :
- Dans la Gaule centrale, dit cette excellente encyclopédie, les grands buvaient déjà du vin massa-liotique vers le premier siècle de notre ère (c’est-à-dire immédiatement après la conquête romaine), mais la bière, sous le nom de Korma, était encore la boisson populaire proprement dite. Cette bière celtique se maintient dans la Gaule du Nord, en Belgique et en Angleterre pendant l’empire romain jusqu’au moyen âge et jusqu’à nos jours.
- Pour expliquer cet encore de l’auteur allemand, il nous faudrait percer la nuit historique la plus épaisse qui ait pesé sur les origines d’un peuple.
- Les auteurs anciens, grecs et romains, ont tous connu la Gaule et les plus vieux géographes donnent une description assez exacte de ses deux rivages océanique et méditerranéen. Mais tous évitent systématiquement de parler du Gaulois indocile et fantasque qui, d’un bond, s’élançait jusqu’en Cappadoce et en Bythinie, après avoir traversé en chantant, en buvant et en massacrant la riche Italie et la florissante Grèce, sans même respecter les trésors du Capitole ou des temples de Delphes, et dont le moindre mouvement belliqueux provoquait le tumultus effrayant chez toutes les nations du monde.
- Hérodote, par exemple, pousse ses investigations jusqu’aux sources du Nil; il décrit minutieusement les mœurs des peuples africains qui étaient encore, naguère, enveloppés pour nous de mystère; les peuples des bords de l’Oxus 'et de l’Araxe, les Hvperboréens eux-mêmes n’ont guère de secrets pour lui; mais, quand il arrive aux Celtes, il prononce à peine leur nom et passe en tremblant.
- Néanmoins, quelques navigateurs audacieux montent sur les vaisseaux phéniciens, nous visitent et s’aperçoivent que nos pères ne méritent pas leur réputation de cruauté, qu’ils ne sont tout au plus que des enfants terribles.
- Pythéas, qui vivait quatre siècles avant notre ère, mesure le premier, et fort exactement, le périmètre de la grande île Britannique. Il constate que ses habitants, colons celtiques, jouissent d’une civilisation fort avancée. Il apprend aux jeunes Grecs qui s’enivrent de la liqueur de Péluse, au grand désespoir d’Aristote, que non seulement les Celtes bretons, mais encore les Celtes gaulois, boivent, eux aussi, le vin d’orge (oinos ek kritès) et savent au besoin y puiser l’ivresse. Polybe, qui accompagna les
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- Scipions dans leurs guerres d’Espagne, raconte ensuite que le vin d’orge est la boisson générale du peuple espagnol, qu’il y en a de plusieurs espèces et de différentes qualités, et que la meilleure est servie aux rois d’Ibérie dans des coupes d’or.
- Est-il besoin de rappeler que la civilisation espagnole se confondait avec la civilisation gauloise, que les deux peuples s’étaient mélangés presque dès le commencement et qu’une colonie celtique occupait le versant méridional des Pyrénées où ses membres étaient connus sous le nom de Cellibères?
- Caton, dans son de Re rustica, constate que le vin d’orge est la boisson nationale du Celte.
- Pline l’Ancien, qu’il faut toujours citer quand on parle de l’antiquité romaine, puisque, seul de tous les auteurs latins, il nous a laissé une véritable encyclopédie, Pline l’Ancien déclare enfin que le peuple gaulois boit communément du vin d’orge et qu’il en a bu de tout temps.
- Mais avec Pline nous dépassons les temps qu’on peut presque dire préhistoriques.
- La Gaule est entrée depuis plus de deux siècles dans le tourbillon de la civilisation romaine, et si nous citons le célèbre naturaliste, c’est pour bien montrer que toujours nos pères ont su tirer de l’infusion ou de la décoction fermentées des grains la boisson aujourd’hui connue sous le nom de bière, et que, de tout temps, sa fabrication a compté parmi nos industries nationales les plus prospères.
- Cinquante ans après César, nous apprend le Dictionnaire allemand de la Conversation déjà cité, le riche seigneur gaulois ne veut plus boire que du vin — la vigne ayant été importée par les Romains, — mais la masse populaire reste toujours attachée à la Cera ou Korma nationale, à la boisson dorée qui semble retenir captifs les rayons du soleil. Cinquante ans encore et les vins d’Auvergne et du Senonnais acquièrent une telle renommée que les fameux crus italiens, chantés par tous les poètes, perdent un peu de leur réputation et que leurs heureux propriétaires sont sérieusement menacés d’une redoutable concurrence. Alors se produit un acte tyrannique, inouï dans les annales de l’histoire, et qu’on croirait inventé à plaisir, s’il n’était attesté par les documents les plus authentiques.
- Par rescrit impérial, daté de l’an 85o de la fondation de Rome (98 de notre ère), Domitien ordonne que tous les ceps de vigne soient arrachés des Gaules, et que la terre si orgueilleuse de les nourrir soit convertie en labour.
- L’année précédente a vu décupler la récolte du vin, tandis que la récolte du blé a été très inférieure à son rendement habituel. Il s’en est suivi une disette de pain. Domitien tire prétexte de cette circonstance pour ruiner brutalement nos vignerons et enrichir du même couples vignerons italiens.
- Quelques écrivains ont taxé de monstruosité criminelle, d’extravagance ridicule, ce rescrit de Domitien; en réalité, ce ne fut que l’acte d’un politique égoïste et féroce, mais en même temps un acte habile destiné à ramener au fils dégénéré de Vespasien l’opinion romaine et italienne qu’il s’était aliénée par ses vices, ses crimes et ses excès de toutes sortes. Et cela est si vrai que les sages successeurs de Domitien, les Nerva,
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- les Trajan, les Antonin, les Marc-Aurèle ne songèrent point à lever cette interdiction, qu’ils n’auraient peut-être pas édictée, mais dont ils furent heureux de bénéficier en qualité de propriétaires de vignobles italiens ou grecs. Il fallut attendre près de deux siècles, jusqu’en 281, un nouveau rescrit de l’e'mpereur Probus, qui anéantit celui de Domitien et fit rentrer la terre gauloise dans le droit commun.
- Quoi qu’il en soit, l’édit de Domitien fut exécuté ponctuellement sous les yeux des garnisaires romains. Le jus de la vigne cessa de couler dans les joyeuses réunions gauloises ou d’être versé à pleins brocs sur les tombes des morts.
- Mais l’abstinence de boisson fermentée ne pouvait être longtemps du goût des Celtes : à la place du vin, n’avaient-ils pas d’ailleurs l’orge dont la fermentation généreuse avait si longtemps abreuvé leurs pères et entretenu dans leurs cœurs les habitudes de courage avec l’amôur de l’indépendance?
- Ils se remirent donc à brasser le grain, pour en extraire non seulement la boisson du menu peuple, mais encore celle des grands seigneurs.
- Sur la table des plus riches, le vin n’arrivait plus des plaines de Campanie ou du Péloponèse qu’après des voyages interminables et des péripéties sans nombre. Il coûtait des prix exorbitants. Les gouverneurs de provinces eux-mêmes ne vidaient les précieuses amphores que dans les occasions solennelles.
- Pour les usages domestiques, ils se contentaient de la Cera vulgaire, dont le plus humble .pouvait du moins prendre sa part.
- La vérité nous oblige à dire que certains patriciens romains ne se résignèrent pas philosophiquement à ce changement de régime. Nous en trouvons un témoignage dans une épigramme de l’empereur Julien, composée vers l’an 35o et conservée dans l’Anthologie grecque.
- Quoique cette épigramme soit fort médiocre dans le fond et dans la forme, nous croyons intéressant d’en donner la traduction. Le nom fameux et surtout la qualité de l’auteur donnent le premier titre d’ancienneté à la boisson qu’il cherche à décrier :
- Qui es-tu? D’où prends-tu le nom de Bacchus? Je ne te reconnais pas pour le véritable Bacchus : je ne reconnais pour tel que le seul fils de Jupiter. Il sent le nectar; tu sens le bouc. Apparemment les Celtes, privés de grappes de raisins, t’ont fabriqué avec les grains de leurs épis. Il faut donc t’appeler Démétrien (fils de Cérès) et non Dionysien (un des noms de Bacchus) bien plus fils du feu et avénique que bachique.
- Tout le sel de cette plaisanterie littéraire du plus vieux des Parisiens consiste dans un calembour auquel se prête la langue grecque et qu’il n’est pas possible de reproduire en français. Avénique (qui vient de l’avoine) et bachique (qui vient de Bacchus) ont dans l’idiome d’Homère presque la même consonance.
- Mais si Julien, qui pouvait se regarder comme exilé à Lutèce, regrettait avec quelque raison le falerne en vidant uniquement les coupes de vin d’orge qu’il dédaignait, ses administrés, les fils des Gaulois, auxquels s’étaient mêlés les fils des colons romains, considéraient cette boisson comme indispensable à l’alimentation publique.
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- Le prix de sa préparation était porté sur tous les budgets domestiques au même titre que celui de la fabrication du pain.
- Après l’édit réparateur de Probus, on se remet à cultiver la vigne, mais lentement, et la bière ne perd pas de terrain. On continue à faire deux parts des moissons : l’une pour être convertie en pain, la plus considérable naturellement, l’autre pour être convertie en breuvage.
- Les monastères, tant d’hommes que de femmes, ont charge de conserver intactes les recettes des ancêtres pour cette fabrication précieuse et d’y ajouter les perfectionnements que l’imagination des moines pourra découvrir.
- Il n’est pas un document de ces monastères mérovingiens, et nos archives nationales, départementales ou privées en possèdent des milliers, qui ne contienne une mention des malteries où se triture le grain et des brasseries où se prépare la cervoise ('cervisia).
- Il est temps, en effet, de le dire : la boisson à base d’orge dont nos pères ont toujours fait largement usage a constamment porté un nom national. Le Celte indépendant la nommait Cera, ce qui signifiait grain liquide, ou Korma, c’est-à-dire froment liquide, marquant ainsi qu’il savait déjà différencier les qualités. Son idiome ayant disparu devant les prohibitions romaines, il ne conserva plus que le terme expressif où semblait se symboliser le génie national et s’efforça de les marier avec d’autres vocables latins.
- Cera fut de ce nombre. Géra, du reste, était un nom générique, commun à toutes les langues occidentales pour désigner le grain en général.
- Les Latins en avaient fait Gérés, la déesse des moissons; les Cimbres eux-mêmes, ces proches parents des Celtes, disaient Cewr; de nos jours les Irlandais disent Cuir et les Ras-Bretons Kuffr ou Koref. Partout, on le voit, la radicale est conservée.
- En ajoutant vis à cera et en donnant au mot composé une terminaison latine, on eut vite fait Cervisia, la force, la puissance, l’énergie de Cérès.
- Pline l’Ancien, déjà cité, donne au 11e siècle ses grandes lettres de naturalisation à ce mot imagé. «Les céréales, écrit-il dans son livre VIII, fournissent le Zythum en Egypte, le Cœlia en Espagne, la Cervisia en Gaule.»
- Aucun des écrivains qui viennent après Pline ne donne plus un autre nom à notre boisson nationale. Cervisia revient sans cesse sous la plume des rédacteurs des Capitulaires des rois francs; les actes publics, si longtemps rédigés en latin, l’emploient jusqu’au dernier siècle. Et quand la langue romaine se dégage des langues latines qui l’emprisonnèrent si longtemps, c’est-à-dire vers le xiic siècle, nos pères se contentent de modifier la terminaison de Cervisia et cl’en faire la Cervoise, nom sous lequel la boisson nationale sera désormais consommée.
- Comment ce nom de Cervoise, qui sonne si joyeusement et dont l’allure est si française, a-t-il pu se perdre?
- Qu’il vienne de Cereris vis, comme nous venons de le démontrer, ou même que son étymologie soit Ceres bibia, Cérès breuvage, comme on dirait or potable, ainsi que le
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- supposent certains critiques, il est doux et harmonieux, il est énergique et poétique, et l’on doit s’étonner qu’il ait été abandonné.
- Il n’est question que de la Cervoise dans les premiers actes publics rédigés en français concurremment avec le latin, c’est-à-dire vers le xme siècle.
- Vers le xve, le mot de bierre est déjà employé comme synonyme. La concurrence allemande introduite à la faveur des malheurs de la patrie ne s’est pas bornée à tuer une des industries françaises les plus anciennes et les plus florissantes, elle a amené nos pères à délaisser le nom de la liqueur si chère — comme on le verra plus loin — à Charlemagne et à saint Louis.
- A partir de Charles VIII, les ordonnances royales, les édits, les règlements de police qui s’occupent de la matière, emploient simultanément les deux mots de Cervoise ou de bierre.
- Cependant, le peuple hésite jusqu’au xixe siècle et les poètes ne peuvent se résigner à donner droit de cité au vocable «bière» importé d’Allemagne.
- Ils entretiennent, jusqu’à Voltaire inclusivement, le culte de la Cervoise.
- C’est ainsi que nous lisons dans La Fontaine, en son poème du quinquina ;
- Nulle liqueur au quina n’est contraire :
- L’onde limpide et la Cervoise amère
- Tout s’en imbibe........
- Aujourd’hui le nom de cervoise a complètement disparu, et il est permis, à plusieurs points de vue, de le regretter.
- Cette première partie de l’histoire de la bière ayant nettement montré que cette boisson a été de tout temps connue en France, nous allons préciser l’action exercée par les divers régimes gouvernementaux sur sa fabrication, depuis Charlemagne jusqu’à nos jours.
- CAPITULAIRES, CHARTES, ÉDITS, ORDONNANCES, LETTRES ROYALES,
- STATUTS, ETC.
- 1. CAPITULAIRES DE CHARLEMAGNE.
- La bière — ou cervoise — ayant toujours été, chez nous, une boisson nationale, il est naturel que tous les gouvernements l’aient entourée, soit au point de vue de la santé publique, soit au point de vue fiscal, d’une sollicitude plus ou moins éclairée.
- Nous avons dit plus haut que la plupart des monastères, sinon tous, possédaient, sous les rois mérovingiens, de véritables brasseries et qu’ils avaient bien vite acquis la réputation méritée de produire la cervoise la meilleure et au meilleur compte, mais nous craindrions de surcharger ce travail, forcément écourté, en y reproduisant les chartes d’abbave relatives à notre sujet.
- Gn. X. — Cl. 62. 3o
- ÏMPIUHEIUE NATIONALE»
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- Il y avait, du reste, dans maintes communes, des brasseries publiques — comme le four banal qui existe encore en certains points, — où chacun était libre d’aller brasser au jour fixé, moyennant une redevance. Nous avons même sous les yeux la nomenclature des droits cTune seigneurie où chaque manant était obligé de recourir à la brasserie seigneuriale pour faire sa cervoise.
- Les chartes royales sont déjà pleines de règlements sur la fabrication, la conservation et la vente de cette boisson. Mais ces documents ne se rapportent généralement qu’aux métairies de la couronne. Les rois mérovingiens étaient des rois agriculteurs, et on les voit, excellents propriétaires, sans cesse préoccupés de faire rendre 5 leurs domaines le plus possible au meilleur marché possible.
- Les règlements de Charlemagne ne font pas exception à la règle.
- Le célèbre capitulaire cpii a pour titre : De vil lis (des métairies), s’étend assez longuement sur la cervoise et sur la manière de la préparer. Niais il est évident, d’après le texte, que le puissant empereur n’entendait point édicter une loi sur la matière, qu’il se bornait à donner des conseils, auxquels chacun de ses sujets restait libre de se conformer ou non.
- Toutefois, le nom de Charlemagne a une telle importance, chacun des objets auxquels son génie universel s’est appliqué a acquis, par là même, une telle valeur historique, cpie nous n’hésitons pas à donner à la partie du capitulaire De villis, qui nous intéresse spécialement, la première place parmi les lettres de noblesse de la cervoise.
- Voici la traduction des divers passages colligés par nous sur l’édition latine de Baluze, 1680, à l’imprimerie Bénédict Morin, rue Saint-Jacques, à Paris :
- Art. 32. Que chaque intendant, dans chacune de nos métairies, veille à la bonne et même à l'excellente qualité des grains (qui doivent servir à la préparation de la cervoise); que, pour ce faire, il les compare entre eux ou avec ceux des voisins.
- Art. 33. Quand tous ces grains seront séparés et engrangés, ils doivent mettre de côté tout le rebut et attendre nos ordres avant de les porter au marché.
- Art. 3à. Les intendants doivent veiller principalement, et ce avec une grande application, à ce que les ouvriers qui travaillent de leurs mains pour la préparation des brassins (bracios) et de la cervoise s’adonnent à ce travail avec un zèle méticuleux.
- Art. Gl. Nous voulons que l'intendant de service auprès de notre personne apporte avec lui ses brassins; nous voulons aussi qu’il amène avec lui des maîtres du métier (mngislri) qui nous préparent sur place de la bonne cervoise.
- Art. 62. Nous voulons que nos intendants dressent chaque année, pour le jour de la Noël, un inventaire détaillé des bœufs, des veaux, des chevaux, etc., qu’ils nourrissent, du blé, du mil, des légumes, de la laine, du miel, de la cire, des fruits, etc., qu’ils récoltent; de la cervoise qu’ils préparent, parce que nous voulons savoir quelles quantités nous possédons de chaque chose.
- 2. ÉTABLISSEMENT DE SAINT LOUIS.
- Huit siècles après l’édit réparateur de l’empereur Probus, la vigne acclimatée pour la seconde fois dans nos contrées couvre une bonne partie de notre sol. Elle passe
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- même la Manche et produit au sud de la grande île britannique des crus estimés, au témoignage des chroniqueurs de l’époque.
- La cervoise est refoulée tout à fait au nord, notamment en Flandre oii elle devient, pour cette province, une source d’abondantes richesses. La fabrication des brasseurs français baisse sensiblement et le peuple, qui ne veut point se déshabituer de la boisson gauloise, la fait venir de l’étranger.
- Il ne pouvait convenir au souverain de laisser consommer la ruine d’une industrie dont le bon renom précédait même la fondation de la. monarchie et dont les produits étaient toujours indispensables à l’alimentation publique. Pour remédier à la crise, saint Louis accorda aux brasseurs de sa bonne ville de Paris des privilèges plus étendus qu’il n’en avait octroyés à aucune autre corporation.
- Pour nous servir d’une expression moderne, il décréta les brasseries d’utilité publique et les plaça sur le même pied que les boulangeries.
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- Les statuts donnés aux brasseurs par Etienne Boileau, prévôt de Paris, sur son ordre et sous son registre (signature), sont datés de ia68. Ils ont été conservés dans les archives du Châtelet jusqu’en 1789.
- En voici le texte :
- Art. 1er. — Il peut être cervoisier à Paris qui veult, pour tant qu’il euvre aux us et coustumes du mestier, que li preudomme du mestier ont establi et ordené pour bon et pour loyauté, se il plest au Roy, lequel us, et les queles coustumes sont tels. Cil à qui il plaise au Roy qui face cervoise à Paris, il peut avoir tant d’aprentis et des gens comme il li plaist, et sera son mestier de jour et de nuict, ce mestier li est.
- Art. 2. — Nul cervoisier ne peult, ni ne doit faire cervoise fors de yane et de grain, c’est assavoir d’orge, de mesteuil et de dragée, et se il y mettent autre chose pour en faire, c’est assavoir baye, piment ou poix résine, et quiconques y mettroit aucune de ces choses, il l’amenderait au Roy de 20 francs parisis, toutes les fois qu’il en seroit repris-, et si serait tous li brassins qui seroit fait de tiex choses donnez pour Dieu.
- Art. 3. — Li preudomme du mestier dient que telles choses ne sont pas bones, ne loyaux à mettre en cervoise, quar elles sont enfermées et mauvoises au chief et au corps, aux malades et aux sains.
- Art. 4. — Nul ne peult, ne ne doit vendre cervoise ailleurs que en l’ostel, ou en la brace.
- Art. 5. — Quar cil qui font regratier de cervoise vendre ne les vendent pas si bones, ne si loyaux, comme cil qui les font en leurs hostiez ils les vendent aigres et tournées, quar ils ne les scevent pas mettre à point, et ils les envoyent vendre en deux lieux, ou en trois par la ville de Paris ; ils ne sont pas au vendre, ni leurs famés ains les font vendre par leurs garçonels petits, en rues fo-reines, si vont en tieux lieux, et en tieux tavernes, li fol et les fols faire leurs péchiez, pour laquelle chose li preudhomme di mestier se sont assenti à ce qu’il plest au Roy. Et quiconque fera contre cest establissement, il l’amendera au Roy de vingt sols parisis toutes les fois qu’il en sera reprins, et si seroit la cervoise qui seroit trouvée en teix hostex donnée pour Dieu.
- Art. 6. — Li preudhomme du mestier des cervoisiers de Paris requerrent, se il plest au Roy, que au mestier devant dit, y ait deux preudes hommes et jurés et serementez de parle Roy, liquel preu-dhommes jurent sur saincts, par devant Prévost de Paris, que ils garderont bien et loyaumment le mestier devant dit, et que toutes les entrepresures qu’ils sauront qui y seront, au Prévost de Paris ou à son commandement au plustot qu’ils pourront, pour raison le feront assavoir.
- Art. 7. — Lesquiez preudhommes le Prévost de Paris met et liostcs à sa volonté et ayant li
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- deux preudbommes pooir d’arrester les cervoises forfailes de par le Roy, auquel il les (.missent de ci à donc que il l’ayant fait savoir au Prévost de Paris ou à son commandement.
- Art. 8. — Li cervoisiers de Paris doivent le gueit et la taille et les autres redevances que li autres bourgeois de Paris doivent au Roy. Li cervoisiers de Paris qui ont passé soixante ans deaage, et cil qui sont malades, cil qui ont saignié se il n’ont été semons, avant qu’il se lirait soigner, cil qui sont hors de la ville, se il ne furent semons avant, ou ils ne sçavoient la semonce, et cil au quiex leurs famés gissent d’enfant, sont quittes du gueit, pourtant qu’il le facent seavoir à celui qui le fut gardé de par le Roy.
- Comme on Ta remarqué, l’article icrest le plus important. Il consacre la liberté de la brasserie.
- Quand on sait de quelles restrictions la législation du moyen âge entourait non seulement l’entrée du sanctuaire des divers métiers, mais encore leurs pratiques courantes, on voit que les faveurs royales concédées aux brasseurs étaient de nature à les enorgueillir et à redoubler leur activité.
- Il n’est plus nécessaire, en effet, d’être passé «maistre» ni d’avoir fait son chef-d’œuvre pour fonder une brasserie': «il peult être cervoisier qui veult» et «chaque cervoisier peult employer autant d’aprentis qu’il veultw et non plus deux ou trois au plus comme les autres artisans.
- On peut aisément imaginer quel développement cette large faculté imprima à la fabrication delà cervoise. Aussi la crise fut-elle conjurée pour deux siècles.
- 3. SUPPRESSION DES BRASSERIES.
- Une des périodes d’apogée de la France, suivant l’observateur attentif et l’historien consciencieux, s’étend de la seconde moitié du xme siècle à la première moitié du xive.
- Ce fut aussi l’apogée de la prospérité nationale. Une population qu’on n’évalue pas à moins de soixante millions d’habitants puisait abondamment, sur un sol inépuisable, les subsistances nécessaires à la vie, et ses colonies du Levant lui expédiaient les objets de luxe et de confort qui deviennent pour les pays riches comme une seconde nécessité.
- Les industries indigènes participaient au bien-être général, et celle de la cervoise, favorisée par l’établissement de saint Louis, tout particulièrement. Les familles peu aisées ne consommaient point d’autre boisson aux repas et les jeunes gens s’en allaient gaiement vider les pots de la blonde liqueur dans les tavernes des villes.
- D’effroyables malheurs succédèrent, presque sans transition, à ce siècle de paix et d’insouciance.
- Toutes les calamités qui peuvent désoler un peuple, guerre étrangère, guerre civile, famine, peste noire, s’abattirent à la fois sur le pays et réduisirent des trois quarts le nombre de ses habitants. Le pain atteignit des prix formidables, si Ton tient compte de la valeur intrinsèque des monnaies à cette époque.
- Le Gouvernement prit alors une mesure énergique, contre-pied de celle de Domitien,
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- mais peut-être légitimée, cette fois, par l’impérieuse nécessité d’assurer, à tout prix, l’alimentation publique. Un édit royal, daté du règne de Charles VI, l’infortuné dément (i4i5), prohiba absolument, sous les peines les plus sévères, toute fabrication de cervoise et autres liquides provenant de la macération des céréales.
- Les brasseries en consommaient alors une telle quantité que le cours des grains s’en ressentait, et le pouvoir décida qu’il fallait donner au peuple la nourriture dont le sol se montrait si avare avant de songer à lui procurer le breuvage qu’on peut toujours puiser aux sources et aux rivières.
- Mais le peuple resta, malgré tout, fidèle à ses goûts. La cervoise, qu’il n’eut plus le droit de fabriquer sur place, il la fit venir à pleins «vesseaulx?? de l’étranger et continua à la boire, aimant mieux se priver du nécessaire que de s’en passer.
- C’est alors que, pour la première fois, nous voyons intervenir la production allemande. Les grands brasseurs français, refusant de renoncer à l’industrie qui les avait si longtemps et si légitimement enrichis, transportèrent leurs laboratoires de l’autre côté du Rhin et, de nouveau, depuis César, initièrent leurs voisins aux secrets d’une manipulation qui devenait tous les jours plus savante et plus délicate.
- Nos malheurs furent donc pour ceux-ci une aubaine inespérée. Iis nous vendirent à des prix très élevés la cervoise que nos nationaux leur enseignaient à fabriquer, et ils se souvinrent que cette boisson gauloise avait porté jadis un nom en Germanie; ils la baptisèrent de nouveau du nom de bierre.
- Les Français, insoucieux de nature, commencèrent dès lors à oublier que la bierre allemande n’était autre chose que notre cervoise.
- Les auteurs allemands conviennent généralement que le xve siècle fut le siècle du triomphe pour la bierre, et ils ajoutent que, de toutes leurs denrées, elle était l’objet des plus importantes et des plus fructueuses exportations.
- Ce qu’ils ne confessent pas, et ce dont on va avoir plus loin la preuve, c’est que leur fabrication ne tarda pas à donner lieu à des plaintes qui motivèrent des mesures sévères.
- 4. RÉPRESSION DES FRAUDES.
- L’ordonnance de 14 15 avait été abrogée en i482 et l’établissement de 1268 fut remis en vigueur : «De nouveau put faire à Paris et dans tout le royaume cervoise qui voulut v.
- Mais les abus introduits par les Allemands dans la manipulation persistèrent. Des brasseurs français, incités par la tentation d’un gain rapide, ne craignirent pas de recourir aux sophistications et la santé publique en reçut une grave atteinte.
- Des compagnons, des ouvriers, des apprentis, venus de l’étranger, étaient entrés dans nos brasseries, où, pour un salaire inférieur, ils supplantaient les travailleurs nationaux et enseignaient aux patrons à fabriquer à bon marché une marchandise «ne bonc, ne franche, ne loyale5?.
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- C’est alors que les brasseurs honnêtes adressèrent au prévôt de Paris une supplique le conjurant de mettre fin à un état de choses qui compromettait les praticiens loyaux dans l’estime publique
- La liberté des brasseries accordée par saint Louis devenait un danger; mieux valait y renoncer et ramener les cervoisiers sous le régime des autres corporations.
- Il fut fait droit à cette supplique. Dès i48q, le prévôt de Paris, J. Liénard, accorda aux brasseurs des statuts qui sont un modèle du genre.
- En voici le texte conservé dans les archives du Châtelet (livre vert neuf, fol. 2 34) :
- Statuts accordés par le prévost de Parts aux brasseurs de cervoise, a Paris, le 6 octobre 1489 (règne de Charles VIII).
- A tous ceux qui ces présentes verront, Jacques Destouville, chevalier Seigneur de Beyne, baron d’Ivry et de Saint-Andry en la Marche, conseiller chambellan du Roy noslre Sire, et garde de la Prévoslé de Paris, salut, sçavoir faisons :
- Que veiie de nous certaine requesteànous faite et présentéedelapartdeThibault Dorlé, JehanAubere, Jehan de Bervié, Mahiet Gasse, Guillaume Cornu, Tassin le Sueur, Guillaume le Sueur, Jacquemart du Trieu, et Mathieu Mulart, tous'faiseursdebierreset cervoises, et représentant la plus granl rt seine partie de la communauté des cervoisiers et faiseurs de bierres, résidans et tenans leurs ouvrouers en la ville et banlieuë de Paris, comme il soit ainsi que par cy-devant; à l’occasion de ce qu’il n’y a eu quelque visitation ne regard sur le fait des cervoises et bierres qui se font en cesle ville et banlieuë de Paris. Y y ont été faites et commises plusieurs faultes et abbus en diverses manières, dont se sont ensuivis maintes perles et dommages, perdition de grains, et grans dangers et inconvénients au corps humain, et autrement en plusieurs manières, au préjudice et lézion de la chose publique, et dont grans plaintes ont été faites et se font chascun jour au susdits supplions, lesquels ont venu par ci-devant sans ordre et police, usons chascun à son plaisir et voulonté et sans visitation ou correction quelconque, par quoi plusieurs faultes, abbus, fraudes et malices ont été commises et se commettent par chacun jour par auscuns qui se sont meslés, meslent et qui encore croissent de jour en jour, tout en tenant plusieurs compagnons étrangers et autres, qui oneques ne furent aprentis dudit mestier, et par ce n’en peuvent rien sçavoir, se sont ingérez et entretenus, et encore se ingèrent et entremettent chascun jour de faire lierre et cervoise, prennent brasseries à aullruy et non à eulx appartenant, gaslent les grains, et 11e mettent mie à point, ou préjudice, dommage et lezion de la chose publique, dont sourdent et adviennenl plusieurs grans plaintes ausdit supplians, et jaçoit ce qu’il y chct grant punition sur les abbuseurs et malfaicteurs, mesme attendu qu’il touche les corps humains, toutes voyes obs-tans ce que dessus, lesdits supplians n’y ont pû, ne pourraient donner remède ne corriger lesdites faultes et abbus. Ce considéré, attendu que iceux supplians désirent de tout leur pouvoir vivre en bonne renommée, et en augmentant leur dit mestier, et les ouvriers d’icelui conduire en bonne meure et louange du peuple, au proufict du commun et du Boy nostre Sire, pour obvier aux dites faultes et abbus, afin que doresnavant les maistres et ouvriers dudit mestier vivent en ordre et police comme les autres mestiers de la dite ville et banlieuë de Paris, et que chacun d’eulx, et leurs successeurs sachent comme ils se doyvent gouverner, ou fait d’iceluy mestier il vous plaise leur octroyer les articles qui s’ensuivent :
- . Art. 1er. — Premièrement que dorénavant nul ne pourra tenir brasserie, ne ouvroir dudit mestier à faire bierre et cervoise, s’il n’est premièrement expérimenté et trouvé suffisant par les gardes et commis en justice, sur le faict du brassin des dites cervoises et bierres, et pour ce faire, qu’il ait fait un cliief d’œuvre de quatre septiers de grain, ou de plus, se veult faire, et ce fait qu’il soit rapporté s’il est trouvé à ce souffisant à justice, en payant pour leur entrée de maistres soixante sols parisis, c’est
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- assavoir vingt sols parisis au Roy, vingt sols parisis à la Confrairie du dit meslier, et vingt sols parisis ausdils gardes et jurez pour leurs peines, en faisant lequel dit cliief d’œuvre ne feront despense excessive excédant la somme de cinq à six francs au plus.
- Art. 2. — Item. — Que les dits brasseurs de bierre et cervoise seront tenus de faire bonne bierres etcervoises de bons grains, nettement tenus, bien grenez, couroyez, braisiez, sans y mettre baye, pyement, pois, rasine, yvroye, ne autres mauvaises matières sur peine d’amende arbitraire, à appliquer moitié au Roy, et moitié aux jurez et à la Confrairie dudit mestier.
- Art. 3. — Item. — Chacun maistre du dit meslier aura une marque pour marquer les caques, barils et aultres vesseaulx esquels il mettra et livrera les bierres et cervoises qu’il fera et vendra, afin que on puisse facilement sçavoir et cognoistre à qui seront les dits caques et barils, laquelle marque sera frappée en la présence desdils jurez en un plomb qui pour ce sera mis en la chambre du Procureur du Roy avec les plombs esquels sont les marques des autres mestiers de ceste dite ville, et ce fait enregistré ès registres du dit Chastelet, et qui fera le contraire, il payera dix sols parisis d’amende, à appliquer comme dessus.
- Art. h. — Item. — Que aulcun maistre du dit mestier ne pourra prendre, ni emporter les caques, barils et autres vesseaulx estant ès-hostels de ceux à qui ils vendent et livrent les dites bierres et cervoises, s’ils ne lui compétent et appartiennent, ou que ce soit du congé ou licence de celuy ou ceulx à qui ils appartiendront, sur peine de cinq sols parisis d’amende applicable comme dessus.
- Art. 5. — Item. — Que chascun maistre du dit meslier sera tenu de faire bonne bierre et cervoise, faites de bons grains, qui soyent bonnes, loyales et marchandes, soit dignes de user à corps humain, sur peine d’amende arbitraire, à appliquer comme dessus, et les dites bierres et cervoises ainsi trouvées et jetées en la rivière.
- Art. 8. — Item. — Que aulcun maistre du dit mestier ne se puisse allouer, ne accompaigner avec luy aulcun qui ne soit maistre du dit mestier, pour lever brasserie, tenir ouvrouer dudit mestier, en ceste ville et banlieue de Paris, pour obvier aux abbus qui pourroient advenir, sur peine de dix sols parisis d’amende, à appliquer comme dessus.
- Art. 12. — Item. — Que si aulcun des maisires du dit mestier va de vie à trépas, et délaisse sa femme de luy vesve, icelle vesve puisse avoir varlets et tenir ouvrouer en iceluy mestier durant sa viduité seulement, pourvu quelle soit femme de bonne vie et renommée, sans aulcun vilain reproche, laquelle ne pourra avoir, ne prendre aulcuns apprentis durant sa viduité, fors celuy ou ceulx qui lui seraient demeurés au trespas dudit deffunct.
- Considéré laquelle requeste et après ce que les dessus nommés pour ce présents devant nous ont témoigné et affirmé par serment, icelles Ordonnances être utiles et profitables pour le Roy nostre dit Seigneur, le dit mestier et pour la chose publique, et qu’ils ont icelles promis et juré garder et entretenir sur les peines cy-dessus, de point en point; et sur ce les Advocats au dit Chastelet, et tout veu et considéré ce qui faisait avoir et considérer en cette partie :
- Nocs, en la présence des dits Advocats, Procureurs du Roy et aulcuns conseillers dudit Seigneur, audit Chastelet, icelles Ordonnances cy-dessus contenues, avons louées, gréées, confermées, ratifiées, approuvées et autorisées, et pour ces présentes louons, gréons, confermons, ratifiions et auctori-sons, et sur icelles avons interposé et interposons nostre décret et auctorité judiciaire en tant que mestier est, et faire le povons par raison, et à cause de nostre office, pour estre tenues, gardées et observées de point en point sur les peines cy-contenues et tout selon leurs formes et teneurs.
- Si donnons en mandement, par le Roy nostre dit Seigneur'et Nous, à tous à qui il appartient, requérons tous aultres, que du contenu des dites ordonnances et slatuts, il facenl, seuffrent et laissent les
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- dits cervoisiers joïr et user plaine ment et paisiblement, sans leur donner aulcun empêchement au contraire.
- En témoing de ce que nous avons fait mettre à ces présentes le scel de la dite Prévoslé de Paris.
- Ce fût fait le mardy, le sixième jour d’octobre l’an mil quatre cent quatre vingt et neuf.
- Ainsi signé : J. Liénard.
- Ce règlement de police était dépourvu de la sanction royale et ne pouvait, par conséquent, avoir force de loi.
- L’indispensable consécration lui fut octroyée en mai i 514 « par le roy Loys XII ». L’Ordonnance reproduit textuellement les quinze statuts du prévôt de Paris, Liénard, les fait suivre de la signature royale et précéder d’un nouvel exposé de motifs qui ne diffère pas assez de celui qu’on connaît pour que nous le reproduisions.
- 5. LETTRE DE HENRI II.
- Ni les statuts de Liénard, ni l’ordonnance de Louis XII ne furent observés strictement; il fallut une nouvelle intervention royale, et,cette fois, impérieuse, pour arrêter les falsifications dont la pratique avait été importée de l’étranger.
- Le roi Henri II, qui n’avait rien de la débonnaireté du «Père du peuple», écrivit de sa meilleure encre au prévôt de Paris pour lui enjoindre de veiller à l’exécution de l’édit de son prédécesseur et pour flétrir, comme il convenait, les procédés déloyaux introduits dans la fabrication de la bière.
- Cette lettre, comme les précédentes, est extraite des registres du Châtelet, et nous croyons intéressant de la reproduire.
- Henry , par la grâce de Dieu, roy de France :
- Au Prévost de Paris, ou son lieutenant, salut;
- Les maistres jurés brasseurs de bierre et cervoise de notre ville, cité etforbourgs de Paris, Nous ont fait observer que dès piéca ont été faites plusieurs Ordonnances, Lois et Statuts concernant le fait du dit mestier, lesquels Statuts et Ordonnances, dès le moi demay 1514, veuës au Conseil privé du feu Roy Loys, lors régnant, il les aurait particulièrement par le même approuvez. Et combien que l’observation d’iceux soit saincte, utile et nécessaire pour la conservation de la santé des corps humains, toutes fois plusieurs du dit mestier ne craignent d’y contrevenir, et outre ce est advenu que aucuns, tant estrangers que de notre royaume, exposent et mettent en vente en nostre dite ville, forbourgs et cité de Paris, plusieurs leveures de bierre, qui sont infectées, corrompues et gastées, oultres persévé-rans et concurans ledit abus, mettent icelles leveures, corrompuës comme elles sont, en la composition de la dite bierre, qui peut apporter un grand péril et danger; ce que les dits exposans Nous ont bien voulu faire entendre, supplier et requérir leur vouloir sur ce pourvoir :
- Nous, à ces causes, voulons obvier aux dites frauldes, abus et inconvénients, vous mandons, et parce que estes juges politiques de la dite ville, comme tous, se mestier est, que vous faites de nouveau publier et signifier le contenu des dits Statuts et Ordonnances portez par les dites lettres du dit mois de May 1514, procédant par vous contre les infracteurs de Nos dites Ordonnances, par les voyes,
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- peines et amendes, ainsi que verrez estre à faire par raison ; faisant par vous deffences à tous marchons étrangers, que auitres, de vendre, ne exposer en vente, ne mettre en euvre, en composition de Lierres, lesdites leveures qu’ils n’aient esté premièrement vuës et visitées par les jurés du dit mestier, et certifiées seines, valables et loyalles, sur peine de confiscation des dites leveures, et d’amende arbitraire, ne vendre, ne exposer en vente aucune marchandise du dit mestier de brasseur, sinon après que visitation en aura été faite par les dits jurés, et sur ce pourvoyez, en sorte que ces choses deppendans du dit mestier, et qui entre en ladite composition de bierre, et par conséquent ès-corps humain, soient si sincèrement maniées, que auculne fraude ou abus ne se commette, et à ce souffrir et obéir contraignez et faites contraindre tous ceulx à qu’il appartiendra, et qui, pour ce, seront à contraindre par toutes voyes et manières deuës, raisonnables et accoustumées nonobstant oppositions, ou appellations quelconques pour lesquelles, et sans préjudice d’icelles, ne voulons être différé; de ce faire vous donnons plein pouvoir :
- Car tel est nostre plaisir
- Mandons et commandons à tous nos officiers, justiciers et sujets, qu’à vous en ce faisant obéissent diligemment.
- Donné à Paris, le sixième jour de mars, l’an de grâce mil cinq cens cinquante six, et de notre règne le dixiesme.
- Signé : par le Roy,
- Le sieur de Roissy, le maistre des Requesles de l’Ilostel,
- Présent : Coygnet.
- Et scellé sur simple queuë de cire jaulne.
- 6. LES IMPÔTS.
- Il semble que le ton comminatoire de la lettre de Henri II ait produit un effet salutaire. Du moins, il est certain que jusqu’à la fin du dernier siècle l’industrie delà bière a joui d’une prospérité sans déclin. A défaut d’autre preuve, la situation exceptionnelle occupée au début de la Révolution par le brasseur Santerre, commandant en chef de la garde nationale de Paris, en serait une sans réplique.
- Non que les abus et les fraudes aient cessé par enchantement. Les étrangers qui s’étaient glissés dans nos brasseries à la faveur de l’anarchie du xive siècle avaient trouvé la place bonne et s’y étaient installés à demeure. Avec arrogance, ils s’ingéraient de donner à leurs maîtres des leçons pour «faire cervoise». En réalité, ils leur enseignaient à introduire dans la préparation des ingrédients malsains qui causaient dans la population «moult mauvaises maladies».
- Les brasseurs français, non plus que les autres industriels, n’étaient malheureusement pas tous indociles à ces conseils pernicieux mais lucratifs. Les bières et cervoiscs ne furent plus toutes «bones, franches et loyalles» comme autrefois.
- Heni IV ne fit. pas moins de trois édits pour réprimer les fautes graves.
- Louis XIII, son fils et successeur, prit aussi des mesures de sévérité contre les «abu-seurs ».
- L’incurie de la régence avait mis le trésor royal à sec. Richelieu ensuite, dont l’économie ne fui jamais la vertu dominante, engageait son roi dans des guerres ruineuses. Il fallait, à tout prix, trouver de l’argent.
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- Sous prétexte de veiller à la bonne renommée des cervoises françaises, Louis NUI imagina tout un système d’inquisition fort onéreux pour les producteurs et en meme temps fort vexatoire.
- Le système des impôts indirects était trouvé et l’on sait si, depuis lors, il a crû et embelli. Si le fisc y trouve de grands avantages, la liberté individuelle et industrielle s’en ressent cruellement.
- L’édit, du 6 mars 1626, par lequel Louis XIII institue r visiteurs et controlleurs de cervoise», ancêtres des fonctionnaires actuels de la Régie, est curieux, non seulement parce qu’il forme date en cet ordre d’idées, mais aussi parce qu’il contient un traité presque complet sur la fabrication de la «bierre» au xvu° siècle.
- Sans crainte de fatiguer le lecteur, nous le reproduisons textuellement, avec l’exposé des motifs.
- Il est extrait du deuxième volume des Bannières.
- Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre,
- A tous, présens et à venir, Salut.
- Ayant reçu plusieurs plaintes de divers endroits de notre Royaume où il y a brasserie de bierre, des abus qui se commettent en la composition, vente et débit desdites bierres, par les brasseurs et autres qui s’en entremettent, et que, à cause de ce, il arrive de grands accidents de maladies à plusieurs personnes qui usent dudit breuvage, nous avons voulu être plus particulièrement informé desdits abus, afin d’y pourvoir, et Nous ayanL été rapporté que la plupart desdits brasseurs, au lieu de se servir de bons ingrédients, comme ils sont tenus par les Ordonnances et Règlemens de police, composent lesdites bierres avec de l’eau épaisse et corrompue, et pour la colorer et lui donner un goût liant et piquant, y font bouillir plusieurs mauvaises drogues comme aussi y meslent plusieurs sortes d’épices les plus grossières, tellement que par ces matières et de par la crudité de la bierre, qu’ils ne font bouillir qua demi pour épargner le bois, la peine et la journée des ouvriers, elle a des qualités toutes contraires à celle qui la font rechercher ; car, au lieu de rafraîchir, désaltérer et nourrir, elle altère le sang, altère et cause des catares, des fluxions et hydropisies, fièvres et autres griesves maladies, ainsi qu’il a été reconnu par plusieurs médecins expérimentez; et les autres qui semblent apporter plus de considération que leur compagnon en leur meslier, rejettant ces mauvaises matières, emploient le plus souvent en la composition de leurs bierres des grains et des houblons moisis et corrompus, et ne lui donnent la cuisson qu’à demy, qui est pareillement cause qu’elle n’est ni seine, ny de garde, et se corrompt aussi facilement que l’autre, de sorte qu’avec les maladies qu’elle engendre coutumièrement, ceux qui l’achètent, après l’avoir gardée quelque temps, sont contraincls de la jeter, sur qnoy jugeant très nécessaire d’y apporter quelque ordre et règlement salutaire.
- Néanmoins, pour ne rien faire qu’avec une bonne et parfaite connaissance, nous avons voulu être plus particulièrement informé des abus, ensemble des moyens d’y remédier par nos officiers de police, et, à cet effet, renvoyer à notre Prévost de Paris, ou son lieulenanlcivil, les mémoires à nous sur ce présentez, afin de nous en donner avis,comme étant un fait dépendant de ladite Police; à quoy le lieutenant civil satisfaisant, ensemble le substitut de notre Procureur général du Châtelet à Paris, avoir par des exactes visitations faites dans les brasseries, reconnu que lesdits abus s’y commettent, auraient été d’avis, sous notre bon plaisir, que pour les retrancher entièrement, il était très nécessaire d’y apporter un règlement, ensuite de quoy nous aurions nos Lettres en forme de Commission audit Lieutenant civil, pour appeler ledit substitut de notre Procureur général audit Châtelet, et ouïs lesdits jurez brasseurs dresser ledit Règlement, afin que iceluv rapporté et vu en notre Conseil, il fut par nous ordonné ce qu’il appartiendrait, par raison, et nous ayant ledit Réglement été représenté,
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- Savoir faisons :
- Que désirant pour Je bien et commodité de nos sujets, corriger lesdits abus et désordres qui se commettent en la composition desdiles bierres et les empêcher à l’avenir, après avoir fait voir en notre Conseil ledit Règlement, et iceluy meurcment considéré, de l’avis de la Reyne, Notre très honorée Dame et mère, et de notre Conseil, avons de nos pleines puissance et autorité Royale, dit, déclaré et ordonné, disons, déclarons, ordonnons par cestuy notre présent Edit, perpétuel et irrévocable, que en la confection, vente et débit des bierres qui se composeront et débiteront doresnavant en Royaume, pais, terres et seigneuries de notre obéissance, les brasseurs et autres qui s’entremettent du fait desdiles bierres, suivent l’ordre et règlement qui ensuit :
- Art. Ie1'. — Premièrement, seront les doubles bierres composées avec eaües nettes, grains, froment, orge et houblon, qui soient sains et non corrompus; lesquels grains les brasseurs auront soin de faire proprement mouiller, germer, touriller, gruer et moudre à part; puis en prendront, scavoir desdits parts les parts d’orge et les autres parts de froment, sur lesquels grains y feront passer l’eau qu’ils auront préparée, après la prendront avec la fleur de houblon, et mettront le tout en quantité équivalente proprement bouillir et cuire jusques à la diminution d’un quart ou environ, observant les levins et autres façons requises, ensemble les saisons propres pour faire que la bierre puisse estre de garde.
- Art. 2. — Quant à la petite bierre, autrement appelée seigle, dont les gens de labeur usent coustumièrement en esté, et qui se fait en mettant de l’eau sur les grains et houblon qui ont servi en la composition de la double bierre, lesdits brasseurs seront tenus de faire cuire du moins jusqu’à la mesme diminution de la quatrième partie, ensemble de luy donner les levins et autres façons requises pour la rendre telle, sans que lesdiles matières y puissent servir qu’une seule fois.
- Akt. 3. — Et affin que les bierres ainsy faites, et spécialement les doubles, se puissent mieux conserver, les brasseurs les feront guiller le temps convenable, puis les entonneront dans des vaisseaux bons et non vieux, après qu’ils auront été bien lavés avec eau bouillante, sans qu’ils puissent mettre la nouvelle bierre sur la vieille, ny se servir d’aucun vaisseau qu’ils n’ayent été nettoyés en la manière susdite.
- Art. 4. — Tous les inuids, demy-muids, tonnes et autres vaisseaux dans lesquels les brasseurs vendront leurs bierres, seront de la même jauge et mesure que doivent être ceux dans lesquels le vin est vendu.
- Art. 5. — Défendons très expressément auxdits brasseurs et autres employez à la confection, vente et débit desdites bierres, de plus se servir, en la composition d’icelles, d’eau mal nette, grains et houblons corrompus, ny pareillement d’user d’aucunes drogues, espiceries et autres matières que celles dont se doivent faire les bonnes bierres, à peine, à l’encontre des contrevenants, de confiscation de leurs bierres, et amende arbitraire.
- Art. 6. — El d’autant qu’il serait mal aisé, voire impossible de faire observer ledit Règlement et empêcher la conlinalion des abus cy-devant commis au fait desdiles bierres s’il n’y avait des personnes expressément établies pour y avoir l’œil, Nous avons créé et érigé, créons et érigeons en titre d'office formé et héréditaire, des visiteurs et controlleurs desdites hierres, en chacune des villes, hourgs et autres lieux de ce Royaume, où il y a brasserie et trafic de bierre, pour être lesdits offices vendus audit titre d’hérédité, par devant les commissaires qui seront par Nous commis et députez, pour procéder à la vente d’iceux offices, lesquels en établiront en chacune des villes, bourgs et autres lieux, au nombre qu’ils jugeront nécessaire pour l’observation des présentes; et seront tenus lesdits conlrolleurs-visiteurs se transporter toutes les fois qu’il sera nécessaire, dans les brasseries des lieux où ils seront établis, et là, visiteront les ingrédients qui doivent entrer en la composition desdites bierres, prendront garde lorsqu’elles seront mises dans les cuves, qu’elles soient de qualité requise et en quantité nécessaire, auront l’œil à ce que les cuissons et façons convenables peur faire les bonnes bierres soient observées et lesdiles cuves tenues nettement.
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- Art. 7. — Visiteront aussi lesdits controlleurs toutes et une chacune les bierres qui seront exposëes en vente, soit en gros ou détail, au lieu de leurs establissements, afin que personne n’y soit plus trompé, et qu’il ne soit vendu aucune bierre gastée ou corrompue, ny à plus haut prix que celui qui aura été limité, et généralement auront lesdits controlleurs-visiteurs l’œil qu’il ne se puisse commettre aucun abus h la confection, vente et débit desdites bierres au dommage du public, en sorte qu’il n’en arrive ci-après aucune plainte.
- Art. 8. — Lesdits controlleurs feront les rapports desdites contraventions qui seront sur ce faites : sçavoir pour notre dite ville de Paris, par devant le lieutenant civil et substitut de notre procureur général au Châtelet; et pour les autres lieux, par devant les juges de la police, chacun en son ressort, par l’avis desdits controlleurs-visiteurs, et oi'iys les jurez brasseurs, donneront chacun avis du prix qu’ils jugeront raisonnable pour la vente desdites bierres, eu égards au temps, lieux, achats, ingrédiens qui entrent en icelles, des vivres et journées d’ouvriers, lequel prix donné ne pourra être surpassé par lesdits brasseurs et vendeurs de bierre.
- Art. 9. — Enjoignons à nos dits juges et officiers d’y tenir la main et procéder diligemment à la correction desdits abus qu’ils reconnoilront estre commis au fait desdites bierres, multant les délinquants par confiscation de leurs bierres, amendes et autres peines, selon l’exigence des cas, desquelles confiscations et amendes, le liers sera appliqué à Nous, le tiers aux pauvres, et l’autre tiers au dénonciateur et controlleurs des susdits, chacun par moitié; le tout sans préjudice des maîtrises et droits des jurez brasseurs, qui continueront leurs visites et rapports, ainsi qu’ils ont accoustumé de faire, à ce que les uns veillant sur les actions des autres, le public soit plus fidèlement servi.
- L’article î o et dernier fixe à î o sols tournois par vacation et par muid de bierre le salaire des « controlleurs. w.
- Les brasseurs plièrent devant les exigences royales. Le seul adoucissement qu’ils réclamèrent fut le droit de désigner, parmi les contrôleurs, deux de leurs jurés nommés à la pluralité des voix, les délégués royaux n’ayant pas, suivant eux, la compélence requise pour juger sainement des qualités des bières.
- Cette faveur leur fut octroyée par lettre royale en date du 16 mars i63o. En échange, les brasseurs s’engagèrent, par règlement élaboré entre eux et approuvé par le Parlement de Paris, à apporter des soins plus minutieux que par le passé à la confection de la bière, « attendu, disent les nouveaux statuts, que c’est un breuvage qui entre au corps humain ». Durée de l’apprentissage portée de trois à cinq ans; obligation pour les apprentis qui veulent passer maîtres de faire un chef-d’œuvre de six sep-tiers au lieu de quatre; prescriptions sévères relatives à la levure, qui doit être jetée en rivière de Seine si elle est trouvée défectueuse ; défense aux brasseurs de nourrir des animaux domestiques dans leur brasserie, et même en leur «hostel», attendu que «la présence d’iceux engendre puanteur»; obligation d’une marque spéciale, déposée aux sceaux de France pour chaque brasserie; défense à chaque brasseur de brasser plus de quinze septiers de malt par jour.
- Tels sont les points principaux de ce règlement qui fera loi pour les brasseurs de France jusqu’à l’avènement du droit moderne.
- Est-il utile d’ajouter que les droits du roi ne sont pas oubliés et que, désormais, chaque brasseur payera au roi, sans parler des droits de « controlle » et de visite, la somme fixe de îoo sols par an? Que nous voilà loin du temps de saint Louis, où les
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- cervoisiers ne sont assujettis qu’au droit de «guet» et de «gard », à l’instar de tous les industriels et commerçants !
- Les ordonnances de Louis XIV et de Louis XV ne sont ensuite que la confirmation de ces statuts et de l’édit de Louis XIII. La plupart, cependant, ajoutent à ces prescriptions quelque nouvelle précaution sanitaire ou quelque aggravation de charge. C’est ainsi qu’en 1686 Louis XIV impose la marque officielle sur tout l’outillage d’un brasseur, sur ses bacs, ses cuivres, ses chaudières, ses tonneaux. En 169V, il fait défense à toute personne étrangère à la profession, et notamment aux étrangers, de fabriquer delà bière dans son royaume, même d’en vendre, à peine de confiscation et de 5oo livres d’amende.
- Louis XIV ne veut pas, en effet, et l’on 11e saurait trop l’en louer, que ces étrangers peu scrupuleux portent atteinte au bon renom des brasseurs français.
- Considérant, dit celte ordonnance, qu’un grand nombre de particuliers se sont depuis peu ingérés à faire le métier, que ces particuliers donnent la bierre à bon marché parce qu’ils en fraudent les droits, qu’ils causent ainsi la ruine de la communauté des brasseurs, pour laquelle Sa Majesté a toujours eu des considérations particulières, comme elle s’en est expliquée parla déclaration du 10 novembre 1690...
- Le compliment est aimable, mais on peut se douter qu’il n’est pas gratuit. En effet, Louis XIV élevait les droits de contrôle à 37 sols par muid de bière fabriquée à Paris, et à 3o sols pour le reste du royaume. C’est déjà le droit de nos jours, et il est difficile d’y échapper, car chaque brasseur est tenu, sous peine de 5oo livres d’amende, de prévenir le contrôleur du jour et de l’heure où il allumera ses feux. En outre, le roi prélève un droit d’un vingtième par chaque muid de bière vendue.
- Le roi, d’ailleurs, n’avait pas à craindre que les mesures fiscales les plus dures eussent pour conséquence un ralentissement dans la production de la bière. Plus que jamais, en effet, elle était devenue la boisson ordinaire du peuple et même des grands.
- Delamare, dont le Traité de police fait autorité en la matière, constate, en 1735, que la bière est pour le Trésor public une source intarissable de revenus.
- Comme cette boisson est fort commune en France, ajoute-t-il, et que sa bonté dépend beaucoup de sa préparation, l’on a établi, à Paris, une communauté très ancienne de brasseurs, et on leur a prescrit, par des règlements et statuts, ce qu’ils doivent faire.
- Pour en terminer avec l’historique de la bière jusqu’au xixe siècle, disons que les maîtrises, jurandes et corporations ayant été abolies en 1791, on revint à la législation de saint Louis, du moins en matière de bière, c’est-à-dire que « put faire cervoise à Paris et sur tout le territoire français qui voulut».
- 7. LA BIÈRE AVANT LES GAULOIS.
- Nous avons tenu, au début de cet historique, à revendiquer pour nos ancêtres, les Gaulois, l’honneur d’avoir, les premiers en Europe, fait usage de la bière ou cervoise.
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- mais il convient de dire qu’ils avaient été devancés par d’autres peuples de l’Afrique et de l’Asie.
- Que les Egyptiens aient été les premiers inventeurs de la bière, comme le prétendent la plupart des auteurs, ou qu’ils aient surpris aux Chinois le secret de sa préparation, ainsi que l’avaient fait pressentir certains passages obscurs des historiens grecs et romains, et comme semblent le démontrer les annales plus précises du Céleste Empire(|), peu importe, en vérité. Ce qui est certain, c’est qu’en même temps que les Gaulois, ou plutôt avant eux, les peuples d’Oricnt savaient préparer cette boisson et qu’ils se servaient, dans ce but, de procédés perfectionnés.
- Les Egyptiens, en effet, ont fabriqué, à Péluse, dans de vastes établissements, semblables à nos grandes brasseries, de la bière simple et de la bière double, Zythum et Dizythum. Il n’est plus permis de douter de ce fait.
- Les Egyptiens ont aussi préparé de la bière de garde, soit en la manipulant d’une façon spéciale, soit en y introduisant certaines plantes aromatiques et douées de la propriété de l’empêcher de se corrompre.
- De même, nos pères les Gaulois et les ancêtres des Espagnols, les Ibères, brassaient deux sortes de cervoises, Tune commune, pour le peuple, l’autre, de qualité supérieure, pour les grands, auxquels elle était servie dans des coupes d’or, comme il a déjà été dit plus haut.
- Mais les anciens avaient-ils pénétré les secrets des divers phénomènes chimiques et physiologiques qui concourent à la fabrication de la bière? La négative s’impose, car aucun de leurs auteurs ne donne d’explications à ce sujet, ou ceux qui l’essaient se perdent en divagations dont le moindre défaut est d’être absurdes.
- Les anciens travaillaient empiriquement et, comme pour bien d’autres produits alimentaires, nous ne saurons jamais, à coup sûr, comment le premier homme qui a fabriqué la bière y a été conduit.
- Il y a gros à parier, d’ailleurs, que c’est au seul hasard que nous devons cette si utile boisson, dont la production, dans le monde entier, se compte aujourd’hui, chaque année, par centaines et centaines de millions d’hectolitres.
- (1) Hérodote et d’autres historiens avaient signalé l’invasion de tout l’occident de l’Asie, de la partie orientale de l’Europe et de l’Egypte par les peuples de l’Extrême-Orient, qu’ils désignent sous le nom générique de Scythes. Celte invasion date de quinze siècles environ avant notre ère, époque d’où partent les principales découvertes scientifiques ou artistiques
- du monde occidental. L’invasion scvtlie s’écoula au bout d’un siècle, comme, trois mille ans plus lard, celle de Djengis-Khan. Mais, en se retirant, les Scythes laissèrent aux peuples subjugués les notions qu’ils possédaient sur les sciences naturelles.
- Les annales chinoises confirment cette donnée désormais historique.
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- CHAPITRE II.
- LES PROGRÈS DE LA RRASSER1E (1889-1900).
- MATIÈRES PREMIÈRES.-MALTERIE.---BRASSAGE.--FERMENTATION.
- TRAITEMENT DE LA BIERE.
- Les années de 1889 à 1900 n’ont pas été marquées par des découvertes comparables à celles des machines frigorifiques, des appareils de soutirage à contre-pression, ou à celles de Pasteur, mais elles méritent néanmoins une place considérable dans l’histoire de la Brasserie : en effet, de notables perfectionnements ont'été réalisés dans les installations et dans les méthodes de travail, en vue de rendre la fabrication plus économique et plus régulière, et les progrès se sont répandus dans les petites et moyennes brasseries, au lieu de rester l’apanage des usines importantes; enfin, cette période a vu un développement très considérable de l’enseignement technique de la Brasserie, soit en France, soit à l’étranger. Au point de vue technique, on peut donc signaler les années 1889-1900 comme répondant à la consolidation et à l’extension des résultats antérieurement acquis, et de telles périodes ne sont pas les moins importantes au point de vue économique.
- Nous allons passer rapidement en revue les progrès réalisés :
- Matières premières. — De nombreuses tentatives ont été faites pour acclimater en France les orges de Hanna, mais le succès n’a pas répondu aux espérances; en effet, les orges récoltées dès la première année et provenant de semences authentiques n’ont déjà plus ni l’apparence ni la qualité des belles orges de Moravie, et cette dégénérescence ne fait que s’accentuer d’année en année; les causes de ces insuccès paraissent . multiples : d’abord nous avons en France peu de sols analogues à ceux delà région de Hanna, notre climat en est très différent, et les méthodes de culture et de récolte ne sont pas du tout les mêmes. L’abus des engrais chimiques et notamment du nitrate de soude transforme complètement les grains de Hanna, et, dans certaines régions, il détériore même les orges indigènes; cette fâcheuse tendance à augmenter les rendements sans aucun égard à la qualité constitue un véritable danger contre lequel il n’est pas trop tôt de réagir. L’usage du nitrate de soude à haute dose n’a pas encore pénétré, heureusement, dans les régions éloignées des centres, de sorte que le mal est relativement restreint.
- D’autre part, les orges authentiques de Hanna sont récoltées avant maturation tout à fait complète et lorsque le grain est encore bien plein et exempt de rides; cette maturation s’active dans un local abrité de la pluie et suffisamment aéré, de sorte que les grains conservent leur belle apparence. Cette méthode de culture n’est pas appliquée en France.
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- Malterie. — Les installations pneumatiques et surtout les cases système Saladin se sont répandues de plus en plus, et ce système a été l’objet de divers perfectionnements : le retourneur peut être transporté d’une case à l’autre, ce qui réalise une forte économie d’installation ; les humidificateurs permettent d’obtenir régulièrement de Pair saturé à 99 p. 100 et cela sans pulvérisation, c’est-à-dire sans dépense de force. En France, on compte très peu de malteries installées avec des tambours, système Gal-land, tandis qu’en Allemagne et en Autriche ce procédé compte de nombreuses usines. D’ailleurs, le maltage sur germoir a été obligé, lui aussi, de se perfectionner, pour lutter contre la concurrence, et Ton peut dire que la qualité des malts a été sans cesse en s’améliorant depuis quelques années.
- Une part importante de ce progrès revient au développement de l’enseignement technique et du contrôle analytique des matières premières.
- Les tourailles à deux plateaux se rencontrent de plus en plus fréquemment à cause de l’économie quelles procurent, et le système à calorifère se retrouve dans presque toutes les tourailles nouvellement installées. L’emploi du tirage artificiel à l’aide de ventilateurs n’est plus une chose exceptionnelle; on a compris, en effet, que le ventilateur permettait l’utilisation de tourailles à tirage naturel défectueux et augmentait grandement le rendement de ces tourailles, sans nuire en rien à la qualité du produit. Bien au contraire, le tirage artificiel rend possible la préparation de malts extra pâles et cependant séchés à température suffisamment élevée.
- Enfin, la commodité et l’économie de la vapeur comme moyen de chauffage a inspiré la création de tourailles à vapeur, dont les premiers essais ont été faits à Stut'tgard et ont donné des résultats très encourageants comme prix de revient et comme qualité de malt.
- Les méthodes servant à l’appréciation du malt ont notablement progressé par les travaux de M Richard, le distingué chimiste des Brasseries Boch et C10, de Lutterbach, et par les recherches scientifiques et pratiques de M. Kukla, directeur honoraire de la station scientifique de Prague.
- Brassage. — L’amélioration dans la qualité du malt a rendu possibles des simplifications importantes dans les procédés de brassage, et, d’autre part, la nouvelle législation fiscale a encouragé le brasseur à améliorer autant que possible ses rendements pratiques; enfin, l’élévation de prix si grande du combustible a conduit tout naturellement à abréger autant que possible la durée des opérations de fabrication sans nuire à la qualité de la bière.
- A cet ordre d’idées se rattachent l’usage des faux-fonds en bronze présentant une surface filtrante beaucoup plus grande, l’emploi d’une ou même de deux cuves à filtrer conjuguées, de façon à réduire l’épaisseur de la drêche et à rendre l’épuisement plus rapide et plus complet, l’installation dans les cuves-matière ou à filtrer de serpentins à vapeur, maintenant une température plus élevée de la drêche pendant les trempes de lavage.
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- Le macérateur s’est également introduit dans un grand nombre d’installations nouvelles; il permet, en effet, d’éviter les pertes de farine par l’intervalle entre les faux-fonds et le fond de la cuve-matière et de réduire à une seule trempe le travail de brassage sans avoir besoin de pompe à moût trouble.
- Dans beaucoup de brasseries l’ancienne méthode bavaroise classique à trois trempes a fait place au brassage à deux trempes épaisses, et parfois même on ne pratique plus qu’une seule trempe suivant le procédé de Windisch. En Bavière même on utilise ce dernier procédé, dans quelques brasseries, pour la fabrication de la bière blonde.
- Le désir d’augmenter autant que possible le rendement pratique du malt a conduit aussi à augmenter la concentration des premiers moûts et à accroître par là-même la quantité d’eaux de lavage ainsi que la température de celles-ci; — de même le piochage des drêches, entre chaque lavage, soit à la main, soit à l’aide de procédés mécaniques, est universellement répandu.
- Les inventeurs des procédés Schmitz et Prochazka ont voulu aller plus loin dans l’amélioration des rendements, et ils ont préconisé l’ébullition delà totalité du malt ou des drêches, de façon à solubiliser toute la matière amylacée qui résiste à une température de 7 5 degrés. La saccharification de ces matières est ensuite effectuée en chaudière à cuire a l’aide d’une infusion de malt préparée d’avance.
- Ces procédés, surtout celui de Schmitz, ont été essayés dans quelques brasseries françaises et fonctionnent dans diverses usines allemandes. On objecte à ces méthodes que l’extraction, poussée aussi loin, introduit dans la bière des matières gommeuses empruntées aux enveloppes des grains, ce qui diminue la finesse du produit. Celte objection paraît avoir une assez grande valeur, au moins en ce qui concerne les bières de marque, mais il ne semble pas quelle puisse empêcher l’application de ces procédés aux bières ordinaires, pour lesquelles l’abaissement du prix de revient est le facteur le plus important.
- Le procédé de M. Paul Puvrez, consistant à faciliter l’extraction des principes sac-cbarifiables par une deuxième mouture de la farine humectée ou de la drêclie, passant entre des cylindres, conduit également à une forte augmentation de rendement.
- Enfin, pour abréger la période de filtration et amener un meilleur épuisement de la drêche, l’emploi de filtres-presse a été proposé; jusqu’ici il n’est guère sorti de la période d’essais, et d’ailleurs la dimension des filtres nécessaires ne permet guère de considérer cette méthode comme applicable qu’aux petites usines.
- Les perfectionnemenls d’installation ci-dessus indiqués n’ont pas été limités aux brasseries de fermentation basse; celles qui produisent la bière de fermentation haute, en fûts, en ont bénéficié également, et il existe, notamment dans la région du Nord, des brasseries dont le matériel et les méthodes de travail sont tout à fait modernes. A ce point de vue des progrès considérables ont été obtenus en France dans ces dix dernières années.
- Les quantités de houblon utilisées vont en décroissant dans les brasseries de fermen-Gn. X. — Cl. 62. 3i
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- tation basse surtout; on a cherché à réaliser de ce chef une nouvelle économie par l’emploi d’appareils extracteurs; les uns divisent simplement ce houblon pendant qu’d infuse dans une petite quantité de moût maintenu à l’ébullition, et ensuite cette infusion ainsi que les cônes brisés sont rejetés dans la chaudière à cuire.
- Dans d’autres dispositifs, relativement peu répandus, on effectue une véritable distillation du houblon dans un courant de vapeur et on recueille ainsi séparément l’huile essentielle entraînée. Cette huile est ajoutée au moût refroidi, ou même dans les foudres, avant le bondonnage. Les appareils extracteurs sont encore peu employés, plusieurs d’entre eux n’étant qu’à la période d’essai, au moins dans les brasseries françaises.
- Le refroidissement des moûts et leur oxygénation ont suivi dans les années 1889-1 qoo un double mouvement. Tout d’abord, on a considéré comme une nécessité de première urgence de mettre le moût pendant son refroidissement à l’abri de toute contamination par l’air, c’est-à-dire de refroidir en vase clos, avec injection d’air rigoureusement filtré; un grand nombre d’appareils de ce type oxygénateur ont été imaginés et ont remplacé les anciens bacs ouverts dans beaucoup de brasseries.
- Mais des objections n’ont point tardé à être soulevées : d’abord les quantités d’air à injecter étaient difficiles à déterminer, et l’on a pu observer divers cas où ces oxygénateurs fournissaient une oxydation trop forte, enlevant à la bière tout parfum de houblon; ensuite bien des praticiens ont reproché aux oxygénateurs de donner à la bière un goût acre, parfois une coloration trop forte et un arrière-goût métallique. Il en est résulté un recul considérable dans la propagation des oxygénateurs, et plusieurs brasseries ont abandonné ces appareils pour revenir aux simples bacs ouverts : les bacs fermés et plus encore les réfrigérants clos qui s’étaient introduits en même temps présentent en outre de grandes facilités d’infection et leur nettoyage parfait est fort malaisé.
- Le dispositif qui paraît maintenant le plus rationnel est le bac ouvert associé à un réfrigérant ouvert très puissant, de façon que le moût reste peu de temps au bac et s’écoule encore à la fin à une température de 60 à 65 degrés, rendant impossible le développement des ferments.
- Dans les usines où l’air tombant sur les bacs est souillé par le voisinage de fumiers, écuries, rince-fûts, etc., on emploie avec avantage une simple cuve fermée avec force ventilation d’air filtré à la surface, de manière à empêcher la vapeur condensée sur le couvercle de retomber dans le moûl et d’effectuer une oxydation comparable à celle qui se produit sur un bac ouvert.
- On peut rapprocher des oxygénateurs les turbines qui, entre des mains prudentes et expérimentées, peuvent fournir de bons résultats, mais qui exigent trop de précautions pour être recommandables dans toutes les brasseries.
- Le dépôt formé sur les bacs peut être essoré plus facilement qu’autrefois, en employant des filtres-presse; on utilise parfois aussi des sacs à trouble en toile métallique dont la stérilisation est très facile et qui n’offrent pas les mêmes dangers d’infection que le sac de toile.
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- Fermentation. — Dans le domaine de la fermentation haute, les fûts non goudronnés ni vernis servant à ia fois à la fermentation et à la livraison, ainsi que les ovales servant à recueillir la levure, présentent de graves inconvénients au point de vue de la conservation de la bière et de la levure.
- Les ferments de maladie pénètrent, en effet, dans le bois et contaminent les bras-sins suivants. Un certain nombre de brasseries ont introduit l’usage des fûts goudronnés et, avec quelques précautions, ont obtenu des résultats satisfaisants comme qualité et comme conservation.
- De même l’emploi d’ovales à levure mobiles et en cuivre étamé ou fer émaillé commence à se propager au grand bénéfice des levains. Le lavage et l’essorage des levures hautes peut être effectué très facilement à l’aide de turbines, et ce procédé, permettant une séparation immédiate de la levure et de la bière, constituerait un grand progrès; il n’est malheureusement pas employé couramment, et son usage est limité jusqu’ici à un très petit nombre de brasseries de fermentation basse.
- La fermentation mixte est plutôt en décroissance dans le Centre et dans le Midi, tandis qu’elle paraît s’introduire dans la région du Nord, et quelques brasseries se montent pour produire des bières de luxe d’après cette méthode. La différence de succès s’explique aisément : dans le Centre et le Midi, la bière de fermentation basse est une concurrente redoutable et paraît la bière de luxe à côté de la mixte, tandis que, dans le Nord, le phénomène inverse se produit.
- En ce qui concerne la fermentation basse, peu de modifications ont été introduites : citons seulement diverses installations faites en Allemagne et dans les pays Scandinaves de la fermentation dans le vide. Ce procédé n’est appliqué dans aucune brasserie française, et cela se comprend facilement. En effet, en Allemagne, la consommation est assez rapide pour que la question de conservation devienne un peu secondaire, tandis qu’en France c’est le point principal à considérer ; en Allemagne, la vente en canettes est très faible; en France, au contraire, elle se développe constamment, et, pour ce genre de livraison, il faut, comme on sait, une bière fortement atténuée et suffisamment vieille. En outre, la pasteurisation n’est pas possible pour ces bières hâtivement fermentées. Ajoutons enfin que les appareils de fermentation dans le vide demandent, malgré leur apparente simplicité, une grande surveillance pour éviter les infections.
- Il n’est donc pas surprenant que ce procédé, malgré les avantages économiques au point de vue de l’espace, du froid, du matériel de tonnellerie et de la main-d’œuvre, ait trouvé un accueil peu empressé dans notre pays.
- M. Velten a imaginé récemment un autre dispositif pour la fermentation aérée et agitée et, son système, quoique demeuré jusqu’ici dans la période d’essais, semble exempt de certains des inconvénients inhérents au procédé de fermentation américain.
- Gomme appareils auxiliaires, les bondes régulatrices de pression se sont beaucoup propagées et un grand nombre de ces instruments ont été inventés.
- Signalons encore, comme nouveauté, l’application de tuyaux à ailettes pour la réfri-
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- gération des caves, ces tuyaux présentant naturellement pour longueur égale une surface réfrigérante beaucoup plus grande que les tuyaux unis.
- Traitement de la bière. — Les filtres ont subi de nombreuses modifications dans leur construction, et l’usage du papier a presque entièrement disparu : on a cherché autant que possible à réduire les espaces nuisibles des filtres, c’est-à-dire à diminuer les pertes de bière. Comme masse, on emploie presque uniquement la pâte de bois convenablement blanchie et lavée. Certains constructeurs y ajoutent un peu de silice pure, de façon à obtenir un brillant plus parfait en meme temps qu’une meilleure stérilisation.
- Les régulateurs de pression, en permettant un débit régulier des filtres, ont augmenté le rendement de ces appareils, en meme temps qu’ils réduisaient les pertes de bière à un changement de foudres.
- Aux filtres nous pouvons rattacher les laveurs de masse filtrante, qui se sont largement perfectionnés et ont permis la suppression complète des cuiseurs sous pression, même dans les brasseries où l’on voulait réaliser une stérilisation complète de la masse. Parmi ces laveurs, l’un des plus simples et des plus sûrs est basé sur le principe des injecteurs à vapeur et produit la stérilisation et la suppression des grumeaux, sans aucune détérioration de la masse et avec une petite dépense de vapeur.
- Pour les rinceuses de bouteilles, soutireuses, etc., il faut noter de nombreuses modifications dans la construction des appareils, et l’on peut dire qu’il existe actuellement des soutireuses à fonctionnement sans défaut.
- Nous pouvons signaler également un grand progrès réalisé dans la pasteurisation de la bière en canette : c’est le pasteurisateur continu du système Gasquet, qui permet de pasteuriser avec un seul appareil jusqu’à 8,000 bouteilles par jour, avec une casse très réduite.
- Au contraire la pasteurisation de la bière avant la mise en fûts n’a pas donné de résultats pratiques certains, et les appareils destinés à cet usage, malgré plusieurs perfectionnements, n’ont pas pu être employés industriellement avec sécurité.
- Enfin, parmi les appareils auxiliaires, nous devons mentionner les goudronneurs permettant d’enlever la vieille poix et de la remplacer par une couche mince et uniforme de poix neuve, sans roulage, et en une seule opération ne demandant pas plus d’une minute.
- Les appareils de ce genre onl permis de réaliser une forte économie de main-d’œuvre et d’assurer une meilleure conservation à la bière en goudronnant les fûts d’expédition chaque fois qu’ils rentrent à la brasserie.
- Ce rapide exposé des perfectionnements et des progrès réalisés montre qu’à défaut d’inventions géniales la période 1889-1900 a réalisé un grand nombre d’améliorations de détail qui ont abaissé le prix de revient et permis une fabrication plus régulière.
- Elles méritent donc d’être signalées, et si les années considérées ont manqué d’éclat elles répondent néanmoins à un travail continu dans la voie du progrès.
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- Nous complétons cette partie de notre travail par l’intéressante notice qu’a bien voulu nous faire parvenir M. Louis Aubry, le distingué directeur de la Station scientifique de brasserie de Munich, notre collègue du Jury de la Classe 62.
- La production de la bière a, grâce aux progrès techniques et scientifiques, augmenté dans toutes les parties de l’Allemagne depuis 1889.
- Le nombre des brasseries a diminué au profit des grandes brasseries installées avec tous les perfectionnements modernes, et surtout des sociétés qui se sont formées, avec succès, dans les principaux lieux producteurs.
- La brasserie est, d’ailleurs, redevable, en partie, de ces progrès aux soins donnés à la culture de l’orge destinée au maltage par les cultivateurs allemands, qui se sont efforcés d'améliorer cetle céréale. L’emploi des meilleurs engrais, le choix et la préparation des semences, le traitement avant et après la récolte ont donné des résultats très encourageants pour l’avenir, et la production d’orges donnant satisfaction complète aux malleurs a augmenté, dans ces dernières années, dans des proportions considérables. Aussi les brasseries allemandes se servent-elles de plus en plus, et de préférence, d’orges indigènes; cependant, la récolte ne suffisant pas pour satisfaire à leur énorme production, elles doivent toujours importer de grandes quantités d’orges de Hongrie et de Moravie.
- La tendance à supprimer peu à peu les succédanés du malt, dans les pays de l’Allemagne où ces succédanés (riz, maïs, sucres et autres) oui été ou sont encore tolérés par la loi, a eu pour conséquence d’amener, aussi bien en Allemagne qu’en Autriche, une augmentation du nombre des malteries, obligées de répondre aux besoins de la brasserie.
- La culture, et surtout la bonne conservation du houblon, avait attiré, depuis quelques années, l’attention du gouvernement allemand, qui protégeait déjà les associations formées en vue de la culture de l’orge et favorisait les expositions locales organisées en vue d’encourager et de stimuler les agriculteurs.
- En Bavière, on a récemment installé, avec subventions gouvernementales considérables, des établissements et tourailles pour sécher le houblon et lui conserver, de la manière la plus rationnelle, ses qualités indispensables, particulièrement sa précieuse saveur, qui disparaît sous l’influence de l’humidité.
- L’étude sérieuse des procédés du maltage par lequel la transformation des corps azotés et de l’amidon est préparée et commencée dans le grain d’orge a fait connaître les conditions les plus convenables pour l’obtention d’une qualité voulue du malt et a ainsi indiqué la meilleure voie pour diriger en ce sens, d’une façon méthodique, la fabrication.
- Grâce aux efforts des constructeurs, les installations pour le maltage et les tourailles ont été, en ces dernières années, grandement perfectionnées, et de grandes malteries pneumatiques ont, dans presque toutes les régions productrices, remplacé les anciens germoirs.
- Le perfectionnement des tourailles, recherché en partie, il faut le dire, en vue d’un travail plus économique, a principalement pour but et pour résultat une transformation de l’intérieur du grain destinée à faire donner par celui-ci un extrait propre à produire une bière savoureuse et de bonne conservation. Ce goût aromatique, qui est une spécialité delà bière de Bavière et surtout de celle de Munich, est le résultat d’un touraillage spécial.
- Sachant que les poussières qui, dans les silos, s’attachent au malt, nuisent au goût de l’extrait, on se sert de trieurs-polisseurs d’une construction particulière, qui en débarrassent le malt avant le concassage.
- Nous avons, ajoute le savant professeur, installé en Allemagne des laboratoires scientifiques pour la brasserie. Le premier de ces laboratoires a été créé à Munich en 1876 (c’est celui que dirige M. Louis Aubry et qui jouit d’une réputation justement méritée); d’autres, dont plusieurs sont subventionnés par l’État, ont été fondés ensuite.
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- Ces laboratoires, qui se consacrent principalement à des recherches scientifiques sur les matières premières et les produits de la brasserie, ainsi qu’aux études bactériologiques, rendent de grands services par le contrôle des usines et de la fabrication en général.
- L’emploi de la levure pure et un travail soigneux évitant les infections de la levure et de la bière ont été à peu près universellement adoptés en Allemagne, et, aujourd’hui, les grandes brasseries sont toutes munies d’appareils pour la propagation des levures. Ces brasseries ont même des chimistes et des inspecteurs scientifiques pour le contrôle de la fabrication; à défaut de ceux-ci, elles se soumettent au contrôle d’une station scientifique.
- 11 convient de remarquer que les stations scientifiques subventionnées par le gouvernement sont surtout au service des petites brasseries, qui retirent de leur concours les plus grands avantages.
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- CHAPITRE III.
- LA LÉGISLATION BRASSICOLE.
- LÉGISLATION FRANÇAISE.
- La brasserie française a été régie jusqu’en 1 899 par la loi de 1816, dont tous les syndicats demandaient, depuis de longues années, le remplacement par une loi plus favorable aux progrès de notre industrie.
- Un projet avait été rédigé de concert, en 1892, par l’Administration des contributions indirectes et l’Union générale des Syndicats de la brasserie française, mais il ne fut voté, après des vicissitudes sans nombre, qu’en 1899.
- La loi des finances du 3o mai, qui contenait la réforme, fut promulguée le 3 1, et mise en application le ierjuin 1899.
- Voici la partie de son texte qui est devenue la nouvelle législation do la brasserie française :
- LOI DU 3o MAI 1 899.
- Art. 6 [de la loi sur les finances). Le droit de fabrication sur les bières, tel qu’il est établi parla législation en vigueur, est supprimé. Il est remplacé par un droit en principal et décimes de ofr. 5o par degré-hectolitre de moût(1), c’est-à-dire par hectolitre de moût et par degré du densimètre au-dessus de cent (densité de l’eau), reconnu à la température de i5 degrés centigrades; les fractions au-dessous d’un dixième de degré sont négligées.
- Si le produit de l’impôt des bières réalisé pendant les douze premiers mois de la mise en exécution de la présente loi était inférieur ou supérieur à la somme de 27,020,000 francs, le tarif fixé ci-dessus serait relevé ou abaissé au taux qui, appliqué au nombre de degrés-hectolitres constatés pendant cette première période de douze mois, aurait été reconnu nécessaire pour assurer une perception au moins égale à ladite somme de 27,420,000 francs.
- Ce taux serait rendu applicable par un décret qui, inséré au Journal ojficiel, serait rendu obligatoire dans les délais de promulgation.
- Art. 7. Sauf le cas prévu à l’article 11, il ne peut être fait usage, pour la fabrication de la bière, que de chaudières de 8 hectolitres et au-dessus. Il est défendu de se servir de chaudières non fixées à demeure.
- Art. 8. Les brasseurs et distillateurs de profession sont soumis, tant de jour que de nuit, même en cas d’inactivité de leurs établissements, aux visites et vérifications des employés de la Régie et de l’Octroi, et tenus de leur ouvrir à toute réquisition leurs maisons, brasseries, magasins, caves et celliers.
- Toutefois, quand les usines ne sont pas en activité, les employés ne peuvent pénétrer pendant la nuit chez les brasseurs ou distillateurs de profession qui ont fait apposer des scellés sur leurs appareils, nichez les distillateurs qui auront un système de distillation en vase clos, agréé par l’Adminis-
- M On verra plus loin que la loi du 29 décembre 1900 a abaissé le droit à 0 fr. 2S.
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- tralion, ou qui, pendant le travail, muniront leur appareil de distillation d’un compteur agréé et vérifié par l’Administration.
- Les appareils ne peuvent être descellés qu’en présence des employés de la Régie, et qu’après que l’industriel a fait une déclaration de fabrication.
- Les scellés peuvent cependant être enlevés par l’industriel, en l’absence des employés, dans des conditions que déterminera le décret prévu par l’article i4.
- Toute communication intérieure entre la brasserie et les bâtiments non occupés par le brasseur, ou ceux dans lesquels l’industriel se livre à la fabrication ou au commerce des substances saccharifères (mélasses, glucoses, maltose, maltine, etc., sucs végétaux ou toute autre substance sucrée analogue), est interdite et doit être supprimée.
- Art. 9. Si le nombre total des degrés-hectolitres, applicable à l’ensemble des chaudières ou appareils à houblonner déclarés pour le hrassin, dépasse le dixième de la quantité déclarée conformément à l’article 1 4, l’excédent est soumis en totalité :
- i° Au double du droit fixé à l’article 6 de la présente loi s’il est compris entre î o et 15 p. îoo de la quantité déclarée;
- 2° Au droit de 5 francs par degré-hectolitre et au-dessus de i5 et jusqu’à 20 p. 100 inclusivement de la même quantité.
- Un excédent de plus de 20 p. 100 à la quantité déclarée suppose une déclaration frauduleuse; dans ce cas, la totalité des quantités reconnues est imposable au droit de 5 francs par degré-hectolitre.
- Art. 10. A l’exception des excédents de trempes qui font l’objet du décret prévu par l’article i4 ci-après, toute quantité de moût trouvée en dehors des chaudières à houblonner après l’heure déclarée pour la fin de la rentrée définitive des trempes dans ces chaudières est considérée comme ayant été frauduleusement soustraite à la prise en charge et soumise au droit de 5 francs par degré-hectolitre, sans préjudice de l’amende édictée par l’article 16.
- Art. 11. Les propriétaires ou fermiers peuvent, sans payer de droits, fabriquer la bière exclusivement réservée à la consommation de leur maison, à condition :
- i° De n’employer que des matières provenant de leur récolte;
- 20 De faire une déclaration à la Régie pour chaque brassin;
- 3° De se servir d’une chaudière fixée ou non fixée à demeure, mais d’une contenance inférieure à 5 hectolitres.
- La sortie des bières de la maison où elles ont été fabriquées ainsi en franchise est formellement interdite.
- Les particuliers, collèges, maisons d’instruction et autres établissements publics sont assujettis aux mêmes taxes que les brasseurs de profession et tenus aux mêmes obligations.
- Toutefois, les particuliers et les établissements spécifiés ci-dessus qui n’emploient que des chaudières d’une capacité inférieure à 8 hectolitres sont dispensés de fixer ces chaudières à demeure; ils sont en outre exonérés du payement de la licence.
- Les brasseries ambulantes sont interdites.
- Art. 12. Le droit de fabrication est restitué sur les bières expédiées à l’étranger et pour les colonies françaises.
- Ce droit est calculé par degré-hectolitre, d’après le tarif fixé à l’article 6 de la présente loi, en remontant à la densité originelle des moûts des bières exportées.
- Art. 1 3. Les contestations relatives à la densité des moûts et en cas d’exportation à la densité originelle des moûts des bières exportées sont déférées aux commissaires experts institués par l’article 19 de la loi du 27 juillet 1882 et par la loi du 7 mai 1881.
- Art. 14. Un décret déterminera les obligations complémentaires et de détail, ainsi que les déclarations auxquelles sont tenus les brasseurs. Il fixera notamment :
- i° Le mode de payement des droits;
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- 2° Les conditions d’agencement et d’installation des établissements et des chaudières à cuire et à houblonner;
- 3° Les dispositions à prendre pour déterminer le volume et la densité des moûts, ainsi que le nombre minimum de degrés-hectolitres à imposer par brassin, le mode de reconnaissance des brassins et la période pendant laquelle cette reconnaissance pourra être effectuée ;
- 4° Les prescriptions à remplir par les brasseurs :
- a. Pour être exempté des visites de nuit ;
- b. Pour obtenir la restitution du droit de fabrication sur les bières exportées ;
- c. Pour être admis à employer dans la fabrication de la bière des mélasses, des glucoses, de la maltose, de la maltine, des sucs végétaux ou toute autre substance sucrée analogue;
- 5° Les conditions auxquelles seront subordonnés l’introduction et l’emploi en brasserie des mélasses, glucoses, maltose, maltine, sucs végétaux et autres substances sucrées analogues, les bases d’imposition des produits régulièrement employés et des manquants constatés.
- Un décret déterminera également les mesures d’exécution de l’article 8 en ce qui concerne les distillateurs et bouilleurs de profession.
- Art. 15. Les actes réguliers inscrits au portatif des bières tenu par les employés des Contributions indirectes sont valables, même lorsqu’ils ne sont signés que par un seul agent.
- Art. 16. L’emploi d’appareils clandestins, soit pour la saccharification, soit pour la cuisson des moûts, l’existence de tuyaux ou conduits dissimulés ou non déclarés, sont punis d’une amende de 3,ooo à 10,000 francs.
- En cas de récidive, l’amende est portée au double et l’usine pourra être fermée pendant une période de 6 mois à î an.
- Les autres infractions aux dispositions des articles 7 'a i3 de la présente loi, et du décret qui sera rendu pour son exécution, sont punies d’une amende de 1,000 francs sans préjudice du payement des droits fraudés.
- L’article 19 de la loi du 29 mars 1897 relatif à l’admission des circonstances atténuantes n’est applicable qu’aux dispositions du paragraphe qui précède.
- Art. 17. Les articles 107 et noà 187 de la loi du 28 avril 1816, 4 de la loi du 2 3 juillet 1820, 8 de la loi du 1" mai 1822, 23 du décret du 17 mars i8Ô2 et 4 de la loi du icr septembre 1871, sont abrogés.
- o
- DÉCRET DÉTERMINANT LES ORLIGATIONS COMPLÉMENTAIRES ET DE DÉTAIL AUXQUELLES SONT TENUS LES BRASSEURS, PAR APPLICATION DE LA NOUVELLE LOI.
- Le Président de la République française,
- Sur le rapport du Ministre des finances,
- Vu l'article 14 de la loi du 3o mai 1899 ainsi conçu :
- rrUn décret déterminera les obligations complémentaires et de détail, ainsi que les déclarations auxquelles sont tenus les brasseurs. Il fixera notamment :
- rr 10 Le mode des payements des droits ;
- «20 Les conditions d’agencement et d’installation des établissements et des chaudières à cuire et à houblonner;
- ff3° Les dispositions à prendre pour déterminer le volume et la densité des moûts, ainsi que le nombre minimum de degrés-hectolitres à imposer par brassin, le mode de reconnaissance des brassins et la période pendant laquelle cette reconnaissance pourra être effectuée ;
- ff4° Les prescriptions à remplir par les brasseurs :
- ffa. Pour être exemptés des visites de nuit;
- trb. Pour obtenir la restitution du droit de fabrication sur les bières exportées;
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- ff5° Les conditions auxquelles seront subordonnés l’introduction et l’emploi en brasserie des mélasses, glucoses, maltose, maltine, sucs végétaux et autres substances sucrées analogues, les bases d’imposition des produits régulièrement employés et des manquants constatés »,
- Décrète :
- Art. Ier. Les brasseurs de profession sont tenus de faire apposer au-dessus de l’entrée principale de chacun de leurs établissements une enseigne sur laquelle est inscrit, en caractères apparents, le mot kBrasserie ».
- Quinze jours au moins avant de commencer leur travail, ils devront faire, au bureau de la régie, une déclaration comportant l’indication du lieu où est situé leur établissement. Cette déclaration mentionnera en outre la contenance de leurs chaudières (hausses fixes comprises), bacs, cuves et vaisseaux à demeure de toute nature.
- Art. 2. Les brasseurs fourniront l’eau, les ustensiles et les ouvriers nécessaires pour vérifier par empotement la contenance de ces divers vaisseaux. Cette vérification sera faite en leur présence par les employés de la régie, qui dresseront procès-verbal du résultat de l’épalement. Elle ne pourra être empêchée par aucun obstacle du fait des brasseurs. Elle pourra être faite à nouveau toutes les fois que le service le jugera utile.
- Sont compris dans l’épalement des chaudières les hausses et couvercles fixés à demeure sur ces vaisseaux jusqu’au niveau d’écoulement.
- Les brasseurs sont autorisés à se servir de hausses ou de couvercles mobiles qui ne sont point compris dans l’épalement, pourvu qu’ils ne soient placés sur les chaudières qu’au moment de l’ébullition de la bière et qu’on ne se serve point de mastic ou autres matières pour les luter, les soutenir ou les élever.
- Les hausses mobiles ne devront pas avoir plus de î décimètre de hauteur.
- Art. 3. Les chaudières, les bacs et cuves ou vaisseaux à demeure de toute nature reçoivent un numéro d’ordre avec l’indication de leur contenance en litres et de leur destination.
- Dans les dix jours qui suivent la signature du procès-verbal d’épalement, ces indications sont peintes à l’huile, soit sur le récipient, soit sur une plaque fixée à proximité, en caractères ayant au moins 5 centimètres de hauteur, par les soins et aux frais du brasseur.
- Art. 4. Il est interdit de changer, modifier ou altérer la contenance des chaudières, cuves et bacs et d’en établir de nouveaux sans en avoir fait par écrit la déclaration à l’avance’, et de faire usage desdits appareils et récipients avant que leur contenance ait été vérifiée par le service de la régie.
- Le service peut, en tout temps, faire procéder à la recherche des tuyaux, pompes, élévateurs, conduits et récipients clandestins. Si cette recherche a occasionné des dégâts et si elle n’amène aucun résultat, les dégâts seront réparés aux frais du Trésor.
- Les brasseurs sont tenus : i° de ménager un accès facile et direct de la porte de l’usine aux appareils de saccharification, cuves-matières, chaudières de cuisson, bâches, bacs rafraîchissoirs et autres vaisseaux analogues, y compris ceux destinés au chauffage de l’eau; 2° de disposer ces divers vaisseaux de telle sorte que les employés puissent, en tout temps, y prendre des échantillons, soit par un robinet de vidange, soit de toute autre manière agréée par la régie; 3° de faciliter l’accès de la partie supérieure des chaudières par l’installation d’escaliers ou d’échelles solides, commodes et fixées à demeure; 4° de placer dans la salle des chaudières à houblonner, à un endroit accessible et convenablement éclairé, une boîte formant tablette h l’usage des agents de l’administration ; les ampliations des déclarations y seront conservées jusqu’à la fin de la période de reconnaissance légale.
- Art. 5. Les tuyaux, pompes, élévateurs, conduits et caniveaux, dans lesquels circulent les moûts doivent être installés dans des conditions telles qu’on en puisse suivre de l’œil tout le parcours.
- Un numéro d’ordre est donné à chacun de ces tuyaux, pompes, etc. Ce numéro doit être peint ou poinçonné d’une manière très apparente auprès de chaque joint de raccord.
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- Aucune ouverture ne doit être pratiquée aux tuyaux, pompes, etc., mentionnés an présent article, sans que le brasseur en ait préalablement fait la déclaration à la recette buraliste.
- Le brasseur est tenu de remettre, en double expédition, une déclaration indiquant pour chacun des tuyaux, pompes, élévateurs, conduits et caniveaux visés ci-dessus, son numéro d’ordre, sa longueur, son point de départ et son point d’arrivée, sa contenance approximative et l’usage auquel il est affecté.
- Pour les établissements déjà en exploitation, cette déclaration est remise au chef de service local de la régie, dans le délai d’un mois, à partir de la promulgation du présent décret.
- Pour les établissements nouveaux, la déclaration sera remise à la recette buraliste en même temps que la déclaration de profession, prescrite par l’article 1er précédent.
- Les changements ultérieurs seront déclarés vingt-quatre heures à l’avance et feront l’objet d’une note descriptive qui sera remise en double expédition, en même temps que la déclaration relative à ces modifications.
- Art. 6. Chaque chaudière à cuire et à houblonner doit être pourvue soit d'un bâton de jauge gradué, soit d’un indicateur avec un tube en verre, d’un diamètre intérieur d’au moins 2 centimètres, accessible sur toute sa longueur et disposé de manière à présenter extérieurement le niveau du liquide.
- Le tube indicateur est muni, à sa partie inférieure, de robinets et d’ajutages permettant d’en renouveler le contenu.
- Les chaudières où il est fait usage d’un bâton de jauge doivent être munies intérieurement de deux anneaux métalliques rigides fixés à demeure, placés verticalement l’un au-dessus de l’autre et distants d’une longueur au moins égale à la moitié delà hauteur de la chaudière. Un troisième point fixe sera disposé extérieurement sur la même ligne verticale, de manière à assurer le repérage exact du bâton de jauge.
- Le bâton de jauge doit avoir une longueur telle qu’il dépasse d’au moins un centimètre le point de repère placé en dehors de la chaudière; il porte, gravé d’une manière indélébile, le numéro de la chaudière à laquelle il appartient. Il est muni, à son extrémité inférieure, d’une garniture en cuivre, et gradué sur toute la hauteur de la chaudière.
- L'échelle de graduation du tube de niveau ou du bâton de jauge est établie d’un côté par décimètres et centimètres, d’un autre côté par hectolitres, d’après les résultats de jaugeage par em-potement.
- L’agencement des tubes, robinets, ajutages, jauges graduées, devra être agréé par l’administration. 11 est interdit d’y apporter aucune modification de nature à en fausser les indications. Le bras-.seur est tenu de les entretenir en bon état de fonctionnement et de propreté.
- Un délai de deux mois, à compter du jour de la mise en application de la loi du 3o mai 1899, est accordé aux brasseurs pour faire agréer les installations définitives de mesurage exigées par le présent article. Jusqu’à ce que ces installations soient agréées, les brasseurs seront tenus de fournir aux employés les instruments nécessaires pour leur permettre de reconnaître facilement le vide des chaudières à toutes les périodes de la cuisson.
- Art. 7. Les brasseurs sont tenus de fournir le matériel (basculesordinaires, balances, poids, etc.), ainsi que les ouvriers nécessaires pour que les agents de l'administration puissent vérifier le poids des matières entrant dans la confection des métiers de chaque brassin.
- Un bâton de jauge de bois, gradué en centimètres et muni, à sa partie inférieure, d’une garniture métallique, doit être également mis à la disposition des employés pour déterminer le volume occupé par les métiers ou les moûts dans les vaisseaux autres que les chaudières à cuire ou à houblonner, avant la fin de la période de reconnaissance.
- Le bâton de jauge doit avoir une longueur tel’e qu’il dépasse de dix centimères au moins le bord supérieur du vaisseau le plus profond.
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- Art. 8. Pour être affranchi des visites de nuit pendant les périodes d’inaction de son usine, le brasseur devra mettre hors d’usage tous les appareils, cuves-matières ou autres pouvant servir à la saccharification, et tous vaisseaux, chaudières, bâches, etc., susceptibles d’être chauffés soit à feu nu, soit par la vapeur.
- La mise hors d’usage sera obtenue :
- i° En ce qui concerne les vaisseaux pouvant servir à la saccharification, par l’apposition de couvercles en métal et en bois, pouvant être fermés par des plombs, et par l’apposition de scellés sur les robinets adaptés auxdits vaisseaux ;
- 2° En ce qui concerne les récipients susceptibles d’être chauffés;
- a. Si le chauffage est à feu nu, en disposant la porte du foyer placé sous chacun d’eux, de façon qu’elle puisse être maintenue fermée par un plomb;
- b. Si le chauffage se fait à la vapeur, en scellant les robinets d’adduction de la vapeur, agencés à cet effet.
- Le mode de scellement devra être agréé par le service des contributions indirectes.
- S’il comporte l’usage de boulons, ceux-ci devront être rivés.
- Les robinets qui doivent recevoir un scellé seront tenus à l’abri de toute atteinte, à l’intérieur d’une boîte fermée par un plomb.
- Le service pourra, en outre, s’il le juge convenable, apposera l’intérieur des vaisseaux, des scellés composés de matières solubles ou fusibles.
- L’apposition des scellés sera réclamée, soit par la déclaration de fabrication, ainsi qu’il est dit à l’article 9 ci-après, soit par une déclaration spéciale déposée à la recette buraliste de la résidence des employés qui exercent l’établissement.
- 11 sera remis au brasseur une ampliation de l’enregistrement de sa déclaration spéciale.
- Le brasseur qui aura fait régulièrement la déclaration ci-dessus n’aura pas à souffrir les visites de nuit à partir du jour qui suivra celui où sa déclaration aura été déposée, alors même que les scellés n’auraient pas encore été apposés par le service.
- Art. 9. Le brasseur ne pourra pas desceller ses appareils, cuves et chaudières.
- Toutefois, si une heure après celle fixée par lui soit pour la reprise du travail dans ses déclarations ordinaires de fabrication, soit pour la mise de feu visée à l’article 2 suivant, le service n’est pas intervenu pour rompre les scellés, le brasseur pourra les briser, sauf à remettre les plombs aux employés au cours de leur plus prochaine visite.
- Quand, après la clôture de la fabrication en cours, le brasseur désirera faire replacer ses appareils sous scellés, il l’indiquera dans la déclaration qui fait l’objet de l’article 10 du présent décret.
- Le service pourra, dans ce cas, apposer les scellés aussitôt après l'heure fixée pour la fin du déchargement des chaudières de cuisson.
- Art. 10. Chaque fois qu’ils voudront se livrer à la fabrication de la bière, les brasseurs seront tenus de déclarer à la recette buraliste :
- i° Les numéros des cuves-matières et vaisseaux assimilés ou autres appareils dans lesquels la saccharification doit être opérée, ainsi que l’heure du versement des matières premières dans ces vaisseaux ;
- 20 Le numéro et la contenance de chacune des chaudières qu’ils veulent employer ainsi que l’heure de la mise de feu sous chacune d’elles ou de l’introduction de la vapeur dans les serpentins de chauffe ;
- 3° Le nombre de degrés-hectolitres qu’ils entendent produire, sans que ce nombre puisse être inférieur à deux fois le volume total des chaudières ou appareils à houblonner déclarés pour le brassin ;
- 4° L’heure du commencement et celle de la fin de la renlrée définitive de toutes les trempes dans les chaudières à cuire et à houblonner ;
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- 5° L’heure du commencement et celle de la fin du déchargement de chacune de ces chaudières.
- Le préposé qui a reçu une déclaration en remet une ampliation signée de lui au brasseur, lequel est tenu de la représenter à toute réquisition des employés, pendant la durée de la fabrication.
- La déclaration prescrite par le présent article doit être faite douze heures à l’avance, au moins, dans les localités où résident les employés chargés de l’exercice de l’usine, et l’avant-veille à 4 heures du soir, au plus tard, partout ailleurs. Toutefois, ce dernier délai sera réduit à douze heures lorsque que le brasseur fera déposer sa déclaration à la recette buraliste de la résidence des employés et un duplicata de cette même déclaration au bureau dans la circonscription duquel la brasserie est située.
- Art. 11. Le chauffage de l’eau dans une chaudière ou bâche, en dehors des périodes de fabrication, peut être autorisé, moyennant une déclaration faite dans les conditions spécifiées à l’article précédent, pourvu que cette eau ne soit utilisée qu’au lavage des ustensiles de la brasserie.
- Si, après avoir fait usage de ce vaisseau, le brasseur veut le replacer sous scellé, il en fera mention dans sa déclaration.
- Art. 12. Les moûts produits sont sous le contrôle de la régie, dès leur apparition. Aucune quantité de ces moûts ne peut être séparée de la fabrication en cours ; la présence de moûts dans des vaisseaux autres que ceux inscrits à la déclaration prévue par l’article î o serait constatée par procès-verbal, et les quantités reconnues comprises dans le produit du brassin pour la liquidation des droits.
- La reconnaissance du nombre de degrés-hectolitres est faite tant dans les chaudières ou appareils à houblonner que dans les bacs rafraichissoirs.
- La période légale de reconnaissance commence immédiatement après la rentrée définitive du produit des trempes dans les chaudières et bacs à cuire ou à houblonner et finit dès que les chaudières et bacs sont vidés; si la reconnaissance a lieu sur les bacs, elle ne peut être faite qu’autant que la température des moûts n’est pas descendue au-dessous de 6o degrés centigrades. Cette période doit avoir, au minimum, une durée de trois heures avant le commencement du déchargement des chaudières; toutefois, sur la justification de conditions spéciales de fabrication et d’une cuisson moins prolongée, ce minimum peut être abaissé, sans qu’il soit jamais inférieur à une heure et demie.
- Dans tous les cas, les drêches doivent être retirées des cuves-matières avant la fin de la période de reconnaissance des moûts.
- Dans les brasseries où il n’est pas fait plus d’une fabrication en vingt-quatre heures, cette période de reconnaissance de la moitié des brassins, au minimum, sera comprise entre 8 heures du matin et 8 heures du soir.
- Dans celles qui fabriquent plusieurs brassins dans une journée de vingt-quatre heures, la période de reconnaissance de la moitié des brassins au minimum sera comprise entre 8 heures du matin et 8 heures du soir.
- Art. 13. Un brassin comprend l’ensemble de tous les métiers produits par une même quantité de grains. Le produit d’un brassin peut comporter l’emploi de plusieurs chaudières.
- Dans le cas où il est fait usage de plusieurs chaudières pour le même brassin, le minimum de degrés-hectolitres déclarés s’applique à l’ensemble des moûts introduits dans les chaudières. La période légale de reconnaissance ne commence que lorsque la totalité des métiers est rentrée dans les chaudières.
- Mais, qu’il soit fait emploi d’une ou plusieurs chaudières, le service peut, à partir du moment où commence la rentrée définitive des métiers, constater le nombre des degrés-hectolitres que représentent les métiers déjà rentrés. Toute diminution de plus de 2 p. 100 qui serait ultérieurement reconnue sur le nombre de degrés-hectolitres constatés dans la chaudière unique ou dans une des chaudières du brassin suppose une décharge partielle et donne lieu à la rédaction d’un procès-verbal.
- Le nombre de degrés-hectolitres reconnu en moins est, en outre, ajouté pour l’application des droits aux quantités constatées pendant la période légale de reconnaissance.
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- Par dérogation au deuxième paragraphe du présent article, les brasseurs qui justifieront de nécessités particulières de fabrication pourront, dans les conditions que l’Administration déterminera, être admis à réclamer la reconnaissance du produit de fabrication par chaudière séparée. Dans ce cas, chaque chaudière sera considérée, au point de vue de la déclaration de rendement et de la constatation du produit de fabrication, comme constituant un brassin distinct.
- Les opérations de fabrication, faites en vertu de déclarations successives, ne pourront avoir lieu qu’à la condition que chacun des appareils servant à la saccharification et à la cuisson reste vide pendant deux heures au moins.
- Lorsqu’il est fabriqué simultanément plusieurs brassins, les opérations de fabrication de chaque brassin doivent rester séparées. La période légale de reconnaissance de chacun d’eux doit s’ouvrir à la même heure.
- Art. 14. Pour déterminer le volume des moûts contenus dans les chaudières à houblonner, les agents peuvent, s’il est nécessaire, faire opérer le ralentissement du feu de manière à faire cesser l’ébullition.
- Dans le cas où la chaudière est munie d’un tube indicateur, ils sont autorisés à faire couler, au préalable, un volume de î hectolitre de moût qui est immédiatement reversé dans les chaudières.
- Le brasseur est tenu de mettre à leur disposition, en vue de leur permettre de déterminer la température des moûts, un thermomètre agréé par la Régie.
- Art. 15. Un échantillon du moût est prélevé immédiatement après la constatation du volume pour en déterminer la densité et la température.
- La prise d’essai peut se faire, soit en plongeant un puiseur spécial dans les vaisseaux, soit en se servant du tube indicateur.
- Le liquide sur lequel elle est prélevée doit avoir été rendu homogène dans toute sa masse, soit par un brassage que l’industriel est tenu-, lorsqu’il en est requis, de faire opérer séance tenante.
- L’échantillon est refroidi au moyen d’un appareil spécial fourni par le brasseur et agréé par la Régie, et propre à abaisser la température jusqu’à i5 degrés centigrades en dix minutes au plus.
- La densité est constatée, à cette température, à l’aide du densimètre construit conformément aux dispositions du décret du 2 août 189g. Toutefois, si l’eau mise à la disposition des employés ne permet pas d’atteindre exactement i5 degrés centigrades, la constatation peut être faite entre 10 et 2 5 degrés. Mais, dans ce cas, les corrections indiquées au tableau annexé au présent décret sont opérées sur la densité trouvée.
- Art. 16. Sur le volume constaté dans les conditions fixées par l’article 14 ci-dessus, il est accordé, pour tenir compte de la dilatation des moûts dont la température est supérieure à 3o degrés, une déduction de :
- o,5 p. 100 pour les liquides vérifiés à une température comprise entre 3i et 4o degrés inclusivement;
- 0,9 p. 100 pour ceux reconnus entre 4i et 5o degrés;
- i,3 — — — 5i et 60
- i,8 — — — 61 et 70
- 2,4 — — — 71 et 80
- 3,2 — — — 81 et 90
- 4,o — — — 91 et 100
- 6 p. 100 lorsque la température est supérieure à îoo degrés.
- Il n’est opéré aucune déduction pour tenir compte du volume occupé par le houblon. Le houblon ne pourra pas être enlevé avant le déchargement de la chaudière.
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- Art. 17. Si, en cas de force majeure, soit pendant le cours des opérations de la fabrication, celle-ci doit être ajournée, le brasseur rapporte, immédiatement après l’accident, l’ampliation à la recette buraliste, en indiquant les motifs et la durée probable de l’interruption.
- Il prévient, en outre, télégraphiquement ou par exprès, les employés en leur fournissant les mêmes indications.
- Si l’interruption ne doit pas se prolonger au delà de deux heures, il se borne à en mentionner la cause et la durée au dos de l’ampliation de la déclaration de fabrication. Les délais fixés à cette déclaration sont prorogés d’un temps égal à la durée de l’interruption.
- Art. 18. Après l’heure fixée pour la fin de la rentrée des métiers dans les chaudières de cuisson, tous les robinets de vidange des appareils de saccharification seront ouverts et les moûts pourront être versés à l’égout ou évacués à perte en présence des employés, pourvu qu’ils n’aient pas une densité supérieure à 2 degrés et que le nombre de degrés-hectolitres qu’ils représentent n’excède pas 5 p. too du rendement déclaré.
- Si ces conditions ne sont pas remplies, les moûts dont il s’agit entrent dans la détermination du nombre total des degrés-hectolitres passible de l’impôt. Le brasseur peut alors les introduire dans ses chaudières de cuisson jusqu’à concurrence du vide qui y existe. Le surplus est immédiatement versé à l’égout ou évacué à perte en présence des employés.
- Art. 19. Aucune quantité de mélasses, glucoses, de maltose, de maltine, de sucs végétaux, ou de toute autre substance sucrée analogue, ne peut être introduite dans une brasserie ou dans ses dépendances sans être accompagnée d'un acquit-à-caution.
- Les quantités introduites devront être placées, au choix du brasseur, soit dans un magasin spécial, soit dans un ou plusieurs récipients préalablement déclarés pour cet usage.
- Lorsque le brasseur veut employer des mélasses, des glucoses, maltose, maltine, sucs végétaux ou autres substances sucrées analogues, il doit compléter la déclaration visée à l’article 10 précédent par les indications suivantes :
- i° Quantités des matières énumérées ci-dessus dont il veut faire emploi;
- 20 Date et heure à partir desquelles ces matières seront incorporées aux moûts de bière, et indication du numéro des chaudières dans lesquelles se fera le versement.
- Le brasseur est tenu de déposer isolément, à proximité de la chaudière où ils seront versés, les mélasses, glucoses, maltose, etc., qu’il veut employer, et cela une heure au moins avant le moment fixé pour leur introduction en chaudière.
- Les employés sont autorisés à en vérifier la quantité et l’espèce, et le brasseur est tenu de fournir, sur réquisition, les balances, les poids et les ouvriers nécessaires pour cette vérification.
- Si les employés se présentent moins d’une heure avant celle fixée pour l’emploi des matières, ils peuvent exiger que l’opération de versement soit immédiatement commencée pour se continuer sans désemparer.
- Art. 20. Il ne pourra être fait emploi des matières visées à l’article précédent, dans la fabrication de la bière :
- i° Qu’après que le service aura reconnu la densité des moûts de bière ou, à défaut, que pendant la dernière demi-heure qui s’écoulera avant le moment fixé pour le déchargement de la dernière chaudière du brassin ;
- q° Qu’après que les dréches auront été enlevées des appareils de saccharification.
- Le minimum fixé par le troisième paragraphe de l’article 12 du présent décret pour la durée de la période légale de reconnaissance sera accru d’une demi-heure.
- Le nombre de degrés-hectolitres reconnu après l'incorporation des mélasses, glucoses, etc., aux moûts de bière, sera diminué du nombre de degrés-hectolitres résultant.de l’emploi de mélasses, glucoses, maltose, maltine, etc., pour le calcul des degrés-hectolitres produits par le malt et l’application des dispositions de l’article g de la loi du 3o mai 1899.
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- Toute quantité employée sera imposée au tarif fixé par l’article 6 de la loi du 3o mai 1899, pour le nombre de degrés-hectolitres correspondant au rendement de chaque matière.
- Ce rendement est fixé :
- i° A 32 degrés-hectolitres par 100 kilogrammes de mélasses;
- 20 A 3o degrés-hectolitres par 100 kilogrammes de glucoses.
- Cette fixation, faite à titre provisoire, sera, s’il y a lieu, revisée par décret rendu sur le rapport du Ministre des finances, après avis du Comité consultatif des arts et manufactures.
- Le service déterminera la valeur en dcgrés-hectolitrcs des autres matières lors de leur introduction en brasserie; le brasseur sera tenu de fournir la balance et l’éprouvette jugées nécessaires.
- Un arrêté ministériel, rendu après avis du Comité consultatif des arts et manufactures, fixera la marche à suivre pour cette détermination.
- En cas de contestation sur les résultats des opérations effectuées par le service, on recourra à l’expertise légale instituée par les lois des 27 juillet 1822 et 7 mai 1881.
- Art. 21. Les mélasses, glucoses, maltosc, maltine, sucs végétaux ou substances sucrées analogues introduits dans les brasseries, doivent être représentés aux employés lors de leurs vérifications. Ils sont pris en charge à un compte spécial qui est tenu par les employés de la Régie.
- Ce compte est successivement déchargé des quantités employées à la fabrication des bières.
- Les employés peuvent arrêter la situation des restes et opérer la balance du compte aussi souvent qu’ils le jugent nécessaire.
- Le brasseur est tenu de fournir les ouvriers, les balances et les poids nécessaires pour opérer ces vérifications.
- Les manquants constatés à ce compte seront imposés pour le double de leur poids, d’après les bases de rendement fixées à l’article précédent.
- Par appbcation de l’article 23 de la loi du 19 juillet 1880, les glucoses employées à la fabrication de la bière continueront à être affranchies du droit de i3 fr. 5o afférent aux produits de l’espèce.
- 11 ne peut être admis, en brasserie, que des mélasses provenant de sucres libérés d’impôt.
- Art. 22. Les brasseurs peuvent avoir un registre, coté et paraphé par le juge de paix, sur lequel les employés consignent le résultat des actes inscrits à leurs portatifs.
- Art. 23. Les brasseurs ont, avec la Régie des contributions indirectes, pour les droits constatés à leur charge, un compte ouvert qui est réglé et soldé à la fin de chaque mois.
- Le décompte des droits est calculé sur la quantité déclarée en exécution de l’article 10 du présent décret, et sur les excédents supérieurs à 10 p. 100, d’après les bases déterminées par l’article 9 de ladite loi.
- Les sommes dues peuvent être payées en obligations cautionnées à quatre mois de date, conformément aux dispositions de la loi du i5 février 1875.
- Art. 24. Tout brasseur qui veut exporter des bières avec le bénéfice de la restitution du droit de fabrication est tenu d’en faire la déclaration à la recette buraliste.
- Aucune expédition de bières destinées à l’exportation ne peut être faite hors de la présence des agents des contributions indirectes.
- Au jour et à l’heure indiqués par ceux-ci, les vases et vaisseaux contenant les bières à exporter doivent être réunis au même endroit et complètement séparés des autres récipients de la brasserie.
- Le brasseur est tenu d’effectuer, au préalable, toutes les opérations préliminaires qui peuvent être faites hors de la présence des employés, afin que ceux-ci puissent procéder immédiatement aux reconnaissances et au scellement dont il est question ci-après.
- Art. 25. Les employés prélèvent sur les bières à exporter, contradictoirement avec le brasseur ou son représentant, une quantité suffisante pour constituer trois échantillons de 1 litre chacun
- environ.
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- Les bouleiiles renfermant les échantillons sont revêtues du double cachet de la Régie et du déclarant.
- Tous les frais qu’entraîne ce prélèvement sont à la charge de l’exportateur.
- Art. 26. L’un des échantillons est transmis, par les soins du service et aux frais du déclarant, au laboratoire du Ministère des finances, pour que la densité originelle en soit constatée, à moins que le service ne soit en mesure d’effectuer cette constatation sur place.
- Le second échantillon est conservé par les agents pour être transmis, en cas de contestation, aux experts institués par les lois du 27 juillet 1882 et du 7 mai 1881.
- Le troisième échantillon est remis au brasseur.
- Un arrêté ministériel, rendu après avis du Comité consultatif des arts et manufactures, déterminera la marche à suivre pour reconstituer la densité originelle, à l’état de moûts, des bières présentées à l’exportation.
- Art. 27. Aussitôt après le prélèvement des échantillons, il est procédé au scellement des caisses, paniers, fûts et autres récipients dans des conditions qui devront être agréées par l’Administration.
- La cire est fournie par le brasseur qui rembourse également les frais de plombage à raison de 10 centimes par plomb apposé.
- Le service complète ensuite l’acquit-à-caution levé préalablement à la recette buraliste par les indications suivantes :
- i° Heure de l’enlèvement du chargement ;
- 20 Nombre, numéro et marque distinctive de chacun des colis à exporter;
- 3° Empreintes figurant sur les cachets en plomb.
- Le chargement doit être conduit directement au point de sortie dans le délai fixé pour le transport.
- Art. 28. A l’arrivée du chargement au point de sortie, l’acquit-à-caution est remis aux agents des douanes.
- Ceux-ci s’assurent que le scellement des colis est intact. Ils peuvent, s’ils le jugent nécessaire, prélever des échantillons pour les soumettre à une analyse de contrôle.
- Sur la représentation, au Service des contributions indirectes du point de départ, de l’acquit-à-caution dûment déchargé par le service qui a constaté le passage des bières à l’étranger, le décompte des droits à restituer est établi d’après le volufne et la densité de ces bières à l’état de moût.
- La somme revenant à l’exportateur lui est payée après ordonnancement de la dépense.
- Art. 29. Les bières fabriquées en vertu de déclarations reçues et enregistrées avant la date de la mise en application de la loi du 3o mai 1899 resteront soumises au mode d’imposition et au tarif en vigueur au moment où cette déclaration a été reçue.
- Les produits visés à l’article 19 du présent décret qui se trouveront en possession des brasseurs au moment de la mise en vigueur de la loi du 3o mai 1899 seront déclarés et pris en charge au compte prévu par l’article 21 précédent.
- Art. 30. Le Ministre des finances est chargé de l’exécution du présent décret qui sera inséré au Journal officiel et au Bulletin des lois.
- Fait à Paris, le 3o mai 1899.
- Par le Président de la République :
- ÉMILE LOUBET.
- Le Ministre des finances,
- P. Peytral.
- 3 a
- G r. X - Ci.. 6*2.
- IUPtmtFlUF. NATIONALK
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- A9/i
- Tableau indiquant les corrections à faire subir, conformément aux dispositions de l’article i5 du
- DÉCRET DU 3o MAI 1899, À LA DENSITÉ DES MOUTS LORSQUE LEUR TEMPÉRATURE EST COMPRISE ENTRE 10 ET 25 DEGRÉS CENTIGRADES.
- Lorsque la température des moûts est supérieure h 1 5 degrés
- TEMPERATURE.
- Degrés.
- 16.....................................................
- *7.....................................................
- 18.....................................................
- *9.....................................................
- 20.....................................................
- 2 1....................................................
- 22.....................................................
- 23.....................................................
- 2/». ..................................................
- 2Q........................................................
- LA DENSITÉ
- doit ê:re augmentée de :
- 0,01
- o,o3
- 0,00
- . 0,07
- • 0,09 0,1 1 0,13 0,15
- • 0,17
- • 0,19
- Lorsque la température des moûts est inférieure à 10 degrés :
- TEMPERATURE.
- Degrés.
- 1 h... i3.. . 12 .. .
- 11 10
- LA DENSITÉ
- doit être diminuée de :
- 0.0 1
- 0,02
- o,o3
- 0,o/l
- o,o5
- Vu pour être annexé au décret du 3o mai 1899.
- Le Ministre des finances, P. Peytral.
- Loi DU 29 DÉCEMBRE 1C)00.
- La loi du 3o mai 1899, qui fixait à 0 fr. 5o par degré-hectolitre le taux de l’impôt sur la fabrication de la bière, a été modifiée sur ce point par la loi du 29 décembre 1900 sur le régime des boissons.
- Par l’article icr de cette nouvelle loi, « le droit de fabrication sur les bières est abaissé à 0 fr. 2 5 par degré-hectolitre 11.
- En même temps, le taux de la licence des brasseurs a été ainsi fixé par.trimestre :
- 37 fr. 5o lorsqu’ils ne brassent pas plus de douze fois par an;
- 62 fr. 5o lorsqu’ils ne brassent pas plus de cinquante fois par an;
- 125 francs lorsqu’ils brassent plus de cinquante fois par an.
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- A95
- LÉGISLATION BELGE.
- La brasserie belge, qui jouissait depuis i 885 d’une législation rationnelle ayant pour base la déclaration de la matière première employée, a vu cette législation légèrement modifiée à la fin de l’année i (joo.
- Voici, pour ce qui concerne la brasserie, le texte de la nouvelle loi promulguée au Moniteur belge, le ier janvier icjoi :
- TITRE PREMIER.
- ACCISES. ---- DOUANES.
- Art. lor, § i'1'. La déclaration de travail des brasseurs et des vinaigriers est conforme au modèle arreté par le Ministre et contient toutes les indications exigées par ce modèle.
- 8 2. Les déclarations concernant le versement de farines dans les cuves-matières ou autres vaisseaux y assimilés ne peuvent comprendre que des quantités exprimées en nombres entiers ; la totalité du versement ne peut être inférieure à 3oo kilogrammes.
- Aiit. 2. l e Ministre fixe :
- a. Les heures avant et après lesquelles les travaux dans les cuves-matières ne peuvent commencer;
- b. La durée des travaux dans ces vaisseaux.
- Art. 3, S icr. Un délai de deux heures, à partir de l’heure indiquée dans la déclaration du travail, est accordé pour le versement et le mouillage des farines dans les vaisseaux utilisés à cet effet. Le brasseur est tenu de déclarer le temps qu’il juge nécessaire à ces opérations; passé ce temps, l’existence non justifiée de matières premières est interdite, soit dans le local agréé, soit dans celui où se trouve la cuve-matière ou la trémie de chargement.
- S 2. Dans les brasseries où l’accise est perçue d’après la quantité de farine déclarée, le Ministre peut, aux conditions qu’il déterminera, déroger aux prescriptions du paragraphe icr et accorder des facilités pour le versement, en plusieurs fois, des farines dans la cuve-matière ou dans les vaisseaux y assimilés.
- Art. A, § ior. La densité et la température des moûts du brassin sont déterminées au moyen d’instruments dont le modèle est arrêté par le Ministre ; le densimètre est gradué par rapport à l’eau distillée à A degrés de température du thermomètre centigrade.
- § 2. La densité des moûts est établie à la température de 17 degrés 1/2 du thermomètre centigrade, par degré et dixième de degré du densimètre; les fractions inférieures à un dixième de degré sont négligées.
- Art. 5. Le brasseur et le vinaigrier obtiennent, moyennant caution suffisante, un crédit de quatre mois pour l’apurement de leur compte. Ce terme prend cours à partir du dernier jour du mois pendant lequel les ampliations des déclarations de travail du brasseur ou les documents de prise en charge du vinaigrier ont été délivrés.
- Art. 6, S ier. Est punie d’une amende de 1,000 francs, toute contravention, soit aux dispositions des articles 1 et 3 de la présente loi, soit aux mesures arrêtées par le Ministre, en vertu des mêmes articles, pour laquelle aucune pénalité n’est spécialement édictée.
- § 2. Seront punis d’une amende de 1,000 à 5,000 francs, indépendamment des droits fraudés, les brasseurs qui auront brassé sans être munis d’une ampliation de déclaration, autorisant les travaux, délivrée par le receveur des accises du ressort.
- Art. 7, S icr. Les personnes dénommées à l’article 231 de la loi générale du 26 août 1822, qui ont corrompu ou tenté de corrompre un agent de l’Administration, soit directement, soit par l'inter-
- Sa .
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- médiaire d’un de leurs agents ou d’un tiers, sont passibles, outre les pénalités édictées par l’article 2Ô2 du code pénal, d’une amende de 10,000 francs au profit du Trésor.
- 8 2. L’amende édictée par le paragraphe précédent est doublée en cas de deuxième infraction constatée dans les trois ans à partir de la date de l’affirmation du procès-verbal. Cette disposition est applicable alors même que le contrevenant aurait été admis à arrêter par transaction les suites du premier procès-verbal, pour autant que le chiffre de cette transaction ne soit pas inférieur à 5oo francs.
- § 3. Les dispositions des articles 229 et 231, alinéa premier, de la loi générale précitée, sont applicables, le cas échéant, aux amendes édictées par le présent article.
- Art. 8. Sont abrogés :
- a. L’article 9, dernier alinéa, l’article i3, à l’exception du premier et des trois derniers alinéas, les articles 16, 18, l’article 47, deuxième alinéa, et les articles 48 à &2 de la loi du 2 août 1822, ainsi que le tarif annexé à cette loi ;
- b. Les articles 4, 15, paragraphe 2, 16, 17, 21 et 22, paragraphes 2 et 3 de la loi du 20 août 1885, ainsi que les dispositions des articles icr et 2 de la loi du i3 août 1887, en tant qu’elles se rapportent aux articles 5, 21, paragraphe ier, deuxième alinéa, et 22, paragraphe 4 de la loi du 20 août i885 modifiée.
- AUTRES LÉGISLATIONS.
- Aucun changement important ne s’étant produit, depuis 1889, dans la législation brassicole des autres pays, nous n’avons rien à ajouter au travail si complet qui a été fait sur ce point par M. le rapporteur général de, l’Exposition universelle de 1889, et nous nous contentons d’y renvoyer le lecteur.
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- CHAPITRE IV.
- LES ÉCOLES DE BRASSERIE.
- De 1889 à 1900, on a vu naître quatre écoles de brasserie et une école des industries agricoles, dont le programme comprend la brasserie en même temps que la sucrerie et la distillerie. Ce sont : l’Institut de brasserie de l’Université de Louvain, l’Académie de brasserie de Vienne; l’Ecole de malterie et brasserie de Birmingham; l’École de brasserie de l’Université de Nancy; l’École nationale des Industries agricoles, à Douai.
- Nous croyons utile d’indiquer ici les programmes résumés et les conditions d’admission à ces diverses écoles nouvelles ou modifiées.
- École de brasserie de l’Université de Nancy. — Fondée en 1898 avec le concours des brasseurs français, agrandie en 1899. Les cours ont une durée de trois mois et les élèves doivent justifier d’un stage de six mois au moins dans une brasserie et d’un âge minimum de dix-huit ans. L’enseignement, uniquement rapporté à la brasserie, comprend comme cours : Technique de la brasserie et de la malterie. Matières premières. Contrôle et accidents de fabrication. Machines employées en brasserie. Analyses chimiques. Bactériologie appliquée à la brasserie. Levures pures.
- Comme travaux pratiques : Analyses chimiques. Emploi du microscope. Cultures pures de levure. Conduite et contrôle des machines. Fabrication à la brasserie de l’École.
- Institut de brasserie de l’Université de Louvain. — Fondé en 1889 par l’Université libre de Louvain. Les cours complets ont une durée de trois ans. Examens d’entrée comprenant : littérature, histoire et géographie, arithmétique et algèbre, géométrie, éléments de trigonométrie.
- ire année. — Philosophie générale et religion. Chimie générale. Physique expérimentale. Mécanique générale. Botanique générale. Physiologie générale. Machines à vapeur. Constructions rurales et dessin. Matières premières de la brasserie et delà distillerie.
- 2e année. — Physiologie végétale. Chimie analytique, hydrate de carbone et matières azotées. Mécanique appliquée. Organes des machines. Microbiologie générale. Esthétique animale. Economie politique et droit social. Constructions rurales et dessin. Technique de la brasserie. Appareils et installations de malterie et brasserie.
- 3e année. — Construction des machines. Physique industrielle. Dessin. Microbiologie appliquée. Comptabilité. Culture de l’orge et du houblon. Amidon et fabrication des glucoses. Vinaigrerie. Machines frigorifiques. Distillerie et fabrique de levures. Droit fiscal. Questions spéciales de brasserie.
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- Comme travaux pratiques : Dessin. Analyses chimiques qualitatives et quantitatives. Microscope. Cultures pures. Fabrication à la brasserie de l’Ecole.
- École de malterie et brasserie de l’Université de Birmingham. — Durée du cours : Trois années, dont les deux premières consacrées à l’instruction générale. La troisième est occupée entièrement par l’enseignement spécial à la brasserie. Distillerie et vin aigre rie.
- ire année. — Chimie minérale. Botanique et physiologie végétale. Physique. Arithmétique et algèbre. Géométrie. Dessin de machines. Travaux pratiques d’analyse chimique qualitative et quantitative, de physique et de dessin.
- 2e année. — Chimie générale. Bactériologie. Machines. Electrotechnique. Géologie. Travaux pratiques de chimie organique, de bactériologie et d’électricité.
- 3e année. — L’orge. La malterie. Brassage, fermentation et levures pures. Maladie de la bière. Houblon. Clarification de la bière. Analyse d’eau. Contrôle de fabrication. Analyses spéciales. Les travaux pratiques comprennent l’appréciation des matières premières, des moûts de bière et le contrôle général de la fabrication.
- Académie de brasserie de Vienne. — Deux années. Conditions d’admission : Certificat d’admission du volontariat d’un an en Autriche ou diplôme équivalent, ou enfin examen analogue à celui du volontariat.
- ire année. — Chimie minérale. Chimie analytique. Physique. Mathématiques. Géométrie descriptive. Science commerciale. Chimie organique. Mécanique. Machines. Botanique.
- Travaux pratiques : Analyse chimique qualitative et quantitative. Dessin géométrique et dessin de machines.
- 2e année. — Technique delà brasserie et de la malterie. Matières premières. Méthodes d’analyse. Levures pures. Contrôle de la fabrication. Machines spéciales. Technologie mécanique et accidents du travail. Entretien des animaux de trait. Electro-technique. Technique du chauffage. Construction. Comptabilité. Législation. Hygiène industrielle.
- Travaux pratiques : Analyses techniques de biologie, de levures pures. Fabrication à la brasserie et malterie de l’Académie.
- École nationale des industries de Douai. — Deux années d’études. Examens d’entrée par concours : Composition française et composition de mathématiques. Examen oral sur l’arithmétique et l’algèbre. Physique. Chimie. Botanique. Zoologie. Géologie.
- L’enseignement comprend comme cours : Mathématiques théoriques et appliquées. Mécanique. Construction. Dessin industriel. Physique. Chimie. Agriculture. Zootechnie. Economie rurale. Législation. Comptabilité. Industrie sucrière. Brasserie. Distillerie. Industries diverses. Travaux pratiques de chimie, physique, dessin de machines, microbiologie. Opération de fabrication dans les petites usines de distillerie, brasserie, sucrerie, existant à l’Ecole.
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- On voit, d’après ce rapide exposé, que Douai et Louvain sont en réalité des Écoles d’industries agricoles, parmi lesquelles figure la brasserie, mais sans que l’enseignement technique porte sur cette industrie uniquement. A vrai dire, ce ne sont pas des écoles de brasserie, car, du moins en France, le brasseur s’inquiète très peu de la sucrerie, et inversement. Or, dans les deux Ecoles indiquées, il n’est pas permis de faire son choix dans l’enseignement, toutes les parties de celui-ci étant également obligatoires, de sorte que si l’élève a le légitime désir d’obtenir, sous forme de diplôme, la sanction de ses études, il est obligé de consacrer à des industries qui ne l’intéressent pas, ou à des questions comme la zootechnie, l’agriculture ou l’économie rurale, un temps qui pourrait être employé plus utilement.
- Nous remarquons aussi, pour Douai et pour Louvain, qu’aucune expérience pratique n’est exigée à l’entrée; or beaucoup de bons esprits pensent qu’un jeune homme n’ayant jamais fait de pratique ne peut convenablement profiler de l’enseignement technique; s’il travaille, il emporte de l’Ecole des idées très absolues, théoriques d’ailleurs, et se trouve tout disposé à considérer a priori comme mauvaises les méthodes de fabricat ion ou les dispositions d’appareils qui ne sont pas conformes à l’enseignement qu’il a reçu, alors même que méthodes et installations ont fait leurs*preuves au point de vue industriel et commercial. L’élève sortant d’une école, qu’il a fréquentée sans pratique antérieure, est trop savant et pas assez industriel, dans la plupart des cas.
- En ce qui concerne la France, tout au moins, ces diverses raisons permettent peut-être d’expliquer la décroissance du nombre des élèves à Douai. En effet, d’après les bulletins du Ministère de l’agriculture, ce nombre a été de 35 en 1895, de 17 en 1896 et de 8 en 1899. Les chiffres répondantaux autres années n’ont pas été publiés.
- En revanche, l’École des industries agricoles reçoit un nombre considérable d’agents des Contributions indirectes : 38 en 1896 et 2 4 en 1899.
- Si nous considérons maintenant les autres Écoles, nous voyons que leur programme peut se diviser, en somme, en deux parties. L’une est à peu près la même pour toutes, celle qui a trait spécialement et directement à la brasserie, et qui comprend essentiellement comme cours : Matières premières. Technique de la brasserie et de la mal-terie. Contrôle des accidents de fabrication. Machines employées en brasserie. Analyses chimiques spéciales. Bactériologie appliquée et levures pures. Les travaux pratiques correspondants : Analyses chimiques, emploi du microscope, appareils à culture pure de levures, opérations de fabrication, sont aussi communs.
- Mais à cette partie presque immuable, viennent s’ajouter un nombre très variable de cours dont beaucoup n’ont avec la brasserie aucun rapport, et qui tendent à donner une instruction générale aux élèves, c’est-à-dire que ces cours pourraient figurer tout aussi bien au programme d’une école industrielle quelconque, ou d’un établissement d’enseignement supérieur.
- Tels sont, par exemple, les cours de chimie et physique générales, arithmétique et algèbre, géométrie descriptive, botanique générale, géologie, électrotechnique générale, etc. Ensuite, viennent les cours qui peuvent trouver une application en brasserie,
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- comme comptabilité, construction, législation, dessin de machines, mais qui ne sont pas particuliers à cette industrie.
- Notons d’ailleurs que les deux écoles de Vienne et de Birmingham, où ces cours d’instruction générale sont fort développés, et où la durée d’études est longue, n’exigent non plus aucune connaissance pratique à l’entrée; à Vienne, on demande seulement le degré d’instruction répondant à l’examen du volontariat, et, à Birmingham, aucune condition spéciale n’est posée. Cela se comprend assez facilement : en effet, si le cours a une durée de deux ou trois ans, il doit être suivi par des jeunes gens sortant pour ainsi dire d’un collège, et si les élèves étaient encore astreints à un stage pratique de quelque durée, ils ne commenceraient que très tardivement leur carrière industrielle ; cela n’a évidemment aucun inconvénient s’il s’agit de personnes pour lesquelles la question de temps et d’argent n’a pas grande importance, mais cela peut en avoir une grande pour des jeunes gens peu fortunés, qui ont besoin de leur travail pour vivre, et qui ne peuvent pas attendre indéfiniment une situation convenable. Nous trouvons ici, d’ailleurs, le même inconvénient signalé pour Douai et pour Louvain: c’est que beaucoup de jeunes gens sortant d’une école où ils ont fait des études scientifiques assez complètes, sans avoir de pratique antérieure, se résignent ensuite malaisément au travail manuel d’ouvrier, et sont trop savants et pas assez praticiens.
- Enfin, il est permis de douter que l’enseignement tel qu’il est indiqué par le programme de Birmingham puisse être suivi utilement s-ans connaissances scientifiques préalables, c’est-à-dire sans que les élèves possèdent au moins l’équivalent de ce qui est exigé à Vienne, une espèce de baccalauréat; or cette condition exclut également toute une catégorie, et non la moins intéressante, de personnes qui pourraient profiter grandement de l’enseignement technique.
- Il semble que l’instruction de l’école de brasserie puisse être comprise de deux manières : la première, qui est tout à fait démocratique, consiste à ne considérer que les choses directement utilisables en pratique industrielle, et à rendre cet enseignement abordable au plus grand nombre de personnes possible : il faut donc qu’il puisse être suivi, non seulement par des jeunes gens ayant fait des études secondaires, mais même par de simples ouvriers ou par des contremaîtres ayant déjà l’expérience pratique et qui comprennent le besoin d’éclairer celle-ci par des connaissances scientifiques.
- Dans cette conception, la durée des études doit être aussi réduite que possible , de trois à six mois au plus, parce que les ouvriers et les contremaîtres, et souvent les petits brasseurs, n’ont ni le temps, ni les ressources nécessaires pour consacrer deux ou trois ans à suivre des cours. Il faut en outre que l’enseignement puisse être suivi sans connaissances scientifiques préalables, car celles-ci ne se trouvent que très exceptionnellement chez les ouvriers et les contremaîtres. Le but qu’on se propose est alors simplement d’éclairer la pratique, et naturellement ce mode d’enseignement suppose que les élèves ont tous effectué un apprentissage en brasserie.
- D’un autre côté, on peut se proposer de donner à l’Ecole une instruction générale en chimie, physique, mathématique, et ensuite d’utiliser ces connaissances pour traiter
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- avec plus de détails et plus de rigueur scientifique les questions qui se rapportent directement à la brasserie; en outre, on les emploie aussi pour faire connaître les organes des diverses machines, des installations d’éclairage ou de force électrique, les constructions de bâtiments industriels, enjoignant à cela le dessin de machines, la comptabilité, la législation et diverses autres choses encore, on peut faire des élèves qui soient de vrais ingénieurs et qui soient en même temps capables de surveiller une comptabilité, de discuter avec les agents du fisc, de soutenir un procès, etc. Mais si cette deuxième conception a le grand avantage d’être scientifiquement plus satisfaisante, il ne faut pas se dissimuler qu’elle est très aristocratique, et s’il n’existait que des écoles fonctionnant sur ce modèle on pourrait avoir des directeurs d’usine très savants, qui, après avoir fait de la pratique, deviendraient très bons, mais on manquerait complètement de contremaîtres, ce rouage si important dans une brasserie.
- En outre, les directeurs sortant de telles écoles conviennent parfaitement à une grande et importante brasserie, bien outillée, installée à la moderne, mais en serait-il de même pour les petites brasseries plus ou moins bien munies, et qui ne peuvent d’ailleurs pas donner à leur chef de fabrication des appointements très brillants? Il est permis d’en douter; et si l’on considère enfin le cas d’un jeune homme devant devenir propriétaire d’une belle usine, n’est-il pas à craindre que cette instruction si générale et si élevée ne lui inspire le désir de transformations peut-être très utiles, mais parfois commercialement très fâcheuses ?
- Il paraît résulter de ces diverses considérations que les deux types d’écoles considérées présentent chacune leur utilité, mais s’adressent à une clientèle différente, et répondent aussi à des besoins non identiques. L’école à durée d’enseignement réduite, abordable aux contremaîtres et aux ouvriers, et s’occupant uniquement des notions qui peuvent éclairer la pratique, permet de répandre l’enseignement technique et en assure les bienfaits à tous. L’école à longue durée d’études, avec des cours d’instruction générale développés, en considérant tout ce qui peut avoir une utilisation même partielle pour l’administration et la direction d’une grande usine, n’est abordable que pour le petit nombre de ceux qui ont reçu une instruction secondaire assez complète, qui ont le temps et l’argent devant eux, et qui visent à la direction d’une brasserie importante, soit par héritage, soit autrement.
- En France, l’enseignement de la brasserie est encore tout récent; les petites usines sont nombreuses, et nous n’avons qu’une école du premier type, abordable à tout le personnel de la brasserie, c’est-à-dire l’école de Nancy, puiscpie, comme nous l’avons indiqué, l’Ecole nationale des industries agricoles n’est pas à proprement parler une école de brasserie spéciale. D’ailleurs, on peut se rendre compte que le type d’enseignement adopté à Nancy rencontre un certain succès, puisque le nombre des élèves a été de 31 en 1898, de 28 en 1 899, et de 29 en 1900, soit une moyenne de 3o par an, et que, sur ces élèves, la moitié environ est formée par des ouvriers ou contre-maîlres, le reste par des fds de brasseurs.
- Il faut remarquer, d’ailleurs, que les programmes d’une école ne doivent pas être
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- considérés comme intangibles, et que Renseignement doit au contraire se compléter peu à peu, en tenant compte des besoins. Ces transformations seront rendues faciles pour TEcole de brasserie de Nancy par l’existence d’un Conseil de perfectionnement composé de brasseurs, et qui est parfaitement à même de connaître les désidérata de cette industrie au point de vue de l’enseignement. Il est donc vraisemblable que ces cours se compléteront peu à peu par un développement plus grand des cours de machines, par l’adjonction d’enseignements relatifs à l’électricité, au dessin industriel, à la comptabilité et à la législation fiscale, mais ces changements doivent se faire avec prudence, et en respectant, au moins pendant quelques années, le principe quia présidé à la création de l’école, c’est-à-dire que l’enseignement doit être abordable au plus grand nombre de personnes possible, et qu’il doit avoir pour but d’éclairer la pratique.
- Nous apprenons au dernier moment qu’une deuxième Ecole de brasserie (premier type) vient de s’installer dans les nouveaux bâtiments que l’Institut Pasteur a fait construire rue Dutot, à Paris.
- Son organisation permet de recevoir vingt élèves à chaque cours.
- Les cours durent trois mois : il y a tous les jours une leçon ou une conférence, suivie de travaux pratiques dans le laboratoire. Ces travaux pratiques sont destinés à exercer les élèves à l’analyse chimique des matières premières et produits intéressant la brasserie, ainsi qu’au maniement du microscope dont l’emploi constant en brasserie est devenu absolument indispensable. Ces travaux sont organisés de manière à mettre les élèves à même de recueillir par eux-mêmes, à l’aide des méthodes simples, la plus grande somme possible de renseignements pratiques.
- Indépendamment du laboratoire, qui est installé avec tous les perfectionnements modernes, l’Ecole possède une petite brasserie expérimentale, qu’on peut qualifier de brasserie modèle. La salle de brassage, à cascade complète, permet de réaliser tous les modes de brassage et tous les genres de fabrication. La quantité de bière qu’on peut fabriquer à chaque brassin est de 10 hectolitres. Tous les appareils sont mus par électro-moteurs et chauffés à la vapeur.
- L’Ecole possède des cuves pour la fermentation basse et la fermentation haute, des caves de conserve. Le froid est produit par une machine frigorifique à ammoniaque, fournissant 10,000 calories négatives à l’heure.
- Plusieurs fois, pendant leur séjour à l’Ecole, chacun des élèves dirige la fabrication d’un brassin et suit la bière jusqu’à sa mise en bouteilles.
- Cette école de brasserie est placée sous la direction de M. A. Fernbach, chef de laboratoire à l’Institut Pasteur, bien connu par ses travaux scientifiques et ses publications nombreuses intéressant la brasserie.
- Un premier cours a eu lieu de novembre à fin février 1901. Il a été suivi par 3 élèves.
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- STATISTIQUE.
- LA BIÈRE EN FRANCE DE 1876 À 1899.
- Le tableau suivant comprend les chiffres de la fabrication, de l’importation, de l’exportation et de la consommation de la bière en France pendant le dernier quart du xixe siècle, ou, plus exactement, pendant les vingt-quatre années qui ont précédé l’Exposition universelle de 1900 :
- ANNÉES. FABRICATION. IMPORTATION. EXPORTATION. CONSOMMATION.
- OU AM'IT liS. VALU U IIS. Oli A N Tl T US. VALEURS.
- hectolitres. hectolitres. Ira lies. hectolitres. i'i ailes. hectolitres.
- 1870... 7,6i9,54l 997,089 19,476,647 93,6o8 708,940 7,888,979
- 1877... 7,743,118 318,416 1 3,373,469 97,916 837,597 8,o33,6i 4
- 1878... 7,005,474 3.51,9 4 6 13,3 4 7,3 61 97,809 778,453 7,898,918
- 1879... 7,37.5,11 4 310,797 19,499,074 98,1 06 786,969 7,667,735
- 1880 .. 8,997,040 378,769 1.5,909,970 99,967 819,484 8,576,59.5
- 1881... 8,694,786 413,67.5 16,547,361 96,709 801,060 9,011,769
- 1882... 8,3o5,595 414,703 18,561,61.5 96,976 944,169 8,693,399
- 1883. .. 8,619,494 413,837 18,699,671 90,79 1 900,935 9,007,610
- 1884... 8,499,853 381,351 19,067,061 39,964 1,070,060 8,834,94o
- 1885. .. 8,010,15o 3 33,415 i8,9.89,363 9 7, 4 9 9 1,871,098 8,316,133
- 1886... 7,978,860 999,663 16,089,789 3o,6i8 1,530,910 8,940,987
- 1887... 8,9.33,669 936,997 19,906,147 31,798 1,689,901 8,438,193
- 1888.. . 7,9.59,470 1 88,3o6 10,356,809 39,617 1,980,876 8,1 oi,i59
- 1889... 8,389,904 9 9 4,39 1 1.9,336,997 38,4gi 1,99 4,55o 8,668,747
- 1890... 8,490,511 174,41 5 1 o,469,5oo 35,86o 9,161,600 8,699,o5o
- 1891... 8,3o5,73o 169,374 10,165,090 40,690 9,435,4oo 8,434,464
- 1892... 8,937,454 141,413 8,596,36i 34,498 9,069,367 9,0 45,117
- 1893... 8,937,760 134,491 10,081,998 47,174 9,83o,48i 9,095,006
- 1894... 8,443,704 1 93,o53 9,939,111 41,966 9,47.5,968 8,59.5,5o 1
- 1895... 8,867,390 1 9 4,835 9,369,499 58,355 3,5 oi,319 8,933,8o5
- 1896... 8,991,973 19 9,1 o3 9,106,479 Ô9,65i 3,769,074 9,061,116
- 1897... 9,933,981 119,604 8,970,161 70,893 4,780,689 9,980,383
- 1898... 9,557,616 116,919 8,716,970 74,90.5 5,oi 9,999 9,599,573
- 1899... 10,196,000 1 90,896 9,061,960 8i,i48 O O !>• O- irT 10,174,000
- ALLEMAGNE.
- PRODUCTION RT EXPORTATION DE LA BIERE EN ALLEMAGNE DE 1 8 8 9 À 1 8 9 9.
- Allemagne du Nord
- Bavière
- Wurtemberg
- PRODUCTION. EXPORTATION.
- hectolitres. hectolitres.
- 1889... 28,655,000 68.3,000
- 1899... 42,269,000 322,000
- 1889... 1 4,284,000 2,018,000
- 1899... 17,455,000 2,645,ooo
- 1889... 3,i54,ooo 59,000
- 1899... 4,069,000 90,000
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- PRODUCTION.
- EXPORTATION.
- hectolitres. hectolitres.
- Bade j 1889... l,63l,000 i58,ooo
- ( 1899... 2,947,000 252,000
- Alsace-Lorraine 1889... 759,000 1 1 1,000
- j 1899... 1 ,o58,ooo 3o,ooo
- Production totale j 1889... 48,483,000
- ''j 1899... 67,868,000
- Augmentation 19,385,ooo
- Exportation totale j 1889.... 3,029,000 9 99
- ’ j ncnn
- Augmentation.
- 31 o.ooo
- On remarquera que, tandis que la fabrication de la bière allemande augmentait, en dix ans, de près de 4o p. îoo, son exportation dans le monde entier ne progressait que de îo p. too, et que, sur sa propre exportation, l’Allemagne du Nord perdait plus de 5o p. îoo. L’Alsace-Lorraine perdait, sur ce chapitre, environ yd p. îoo.
- Par contre, l’exportation de la bière bavaroise a gagné, en ces dix ans, un peu plus de 3o p. îoo; celle du Wurtemberg, 5o p. îoo, et celle de Bade, près de 6o p. i oo.
- ANGLETERRE.
- FABIUCATION DE LA BIERE EN 1 8 9 8 , 1 8 C) 9 ET 1 C) 0 0.
- 1898. 1899. 1900.
- barrels. barrels. barrais.
- Angleterre et Pays de Galles. 3i,i36,8t)a 32,i52,264 31/173,616
- Ecosse................................. 2,128,190 2,2o5,i42 2,112,385
- Irlande................................ 2,919,486 3,0^16,970 3,082,554
- Totaux pour le Royaume-Uni. 36,184,568 37,4o4,383 36,668,555
- (1 barrel= 163 litres 56.)
- La production a subi, en igoo, une diminution sensible, en passant de 61 millions d’hectolitres environ (chiffre de 1899) à 69 millions d’hectolitres environ en 1900. La consommation du sucre, comme succédané du malt, subit, par contre, l’augmentation régulière que nous constations il y a un an, ainsi que le montre le tableau suivant :
- Sucre employé à la fabrication.
- 1898. 1899. 1900.
- Angleterre et Pays de Galles
- Ecosse....................
- Irlande...................
- Totaux.........
- cwts.
- 2,711,414 86,730
- 20,606
- 2,818,750
- cwts.
- 2,832,448 95,978 20,290 2,948,716
- cwts.
- 2,856,068 98,5o4 16,716 2,974,288
- (1 cwt = 5o kilogr. 8.)
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- BOISSONS DIVERSES.
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- COMMERCE EXTÉRIEUR : IMPORTATION ET EXPORTATION DE BIERE.
- Importation en igoo.
- PROVENANCES PRINCIPALES. BARRELS. VALEUR en livres sterling.
- Danemark . 3,935 12,000
- Allemagne . 16,484 49,600
- Pays-Bas . 28,897 82,000
- Importation totale . 53,432 i54,5oo
- Exportation en i8g8, 18gg et 1 900•
- PAYS DESTINATAIRES. 1898. 1899. 1900.
- barrels. barrels. barrels.
- %ypte 25,258 17,l45 15,451
- Etats-Unis 32,^87 38,168 47,700
- Colonies anglaises d’Afrique 24,4g4 21,167 3i,73i
- Indes anglaises 93,482 io4,263 94,924
- Australie 96,286 84,143 95,883
- Antilles et Guvane angl. ises 20,325 20,579 18,794
- Autres pays 184,090 19 9,5 6 7 205,447
- Totaux 486,424 485, o32 509,980
- Valeurs correspondantes en . . 1 ,623,183 i,663,555 1,760,846
- SERBIE.
- ANNÉES. NOMBRE DE BRASSBRIBS. CAPITAL INVESTI DANS L’INDUSTRIE DE LA SIKHE. NOMBRE | D’OUVRIERS. BIÈRE FABRIQUÉE. EXPORTATION de LA BIÈRE.
- QUANTITÉ. VALEUR.
- fr. c. hectolitres. fr. c. hectolitres.
- 1889 10 s,o85,4oo 00 14o 38,971 5l7,642 69
- 1890 11 2,398,200 00 l42 45,744 612,636 00
- 1891 11 2,523,000 00 162 43,o46 807,869 55
- 1892 10 2,3i4,4og 00 167 49’975 809,870 20
- 1893 10 2,139,000 00 161 55,2o5 880,486 00
- 1S94 10 2,5i8,6oo 00 181 65,701 i,238,3o2 00
- 1895 10 2,364,728 12 195 61,362 980,100 00
- 1896 10 2,495,276 62 192 55,378 i,i84,3i4 92
- 1897 10 2,683,760 45 206 55,oio 1,226,580 i4
- 1898 10 2,334,io6 90 199 68,421 2,894,892 5i
- 1899 10 2,430,991 97 185 696,710 2,926,224 00
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- PRODUCTION ET CONSOMMATION DE LA BIÈRE DANS LE MONDE.
- Voici les chiffres de la production et de la consommation de la bière dans le monde entier, pendant l’année 1899, qui a précédé l’Exposition universelle de 1900 :
- PRODUCTION DE LA BIERE DANS LE MONDE ENTIER.
- Allemagne hectolitres. 67,911,000
- États-Unis 64,783,000
- Angleterre 6i,i56,ooo
- Autriche-Hongrie . . 21,291,000
- Belgique i4,o46,ooo
- France 10,126,000
- Russie 5,3o4,ooo
- Danemark 2,323,000
- Suède 2,260,000
- Suisse 2,118,000
- Pays-Bas 1,459,000
- Norvège 463,o5o
- hectolitres.
- 290,000 170,000 1.32,000 1 1 2,000 90,000 84,000 80,000 70,000
- Total............ 25/1,268,000
- Indes.......
- Luxembourg
- Italie......
- Roumanie. . Espagne. . .
- Grèce.......
- Bulgarie. . . Serbie......
- CONSOMMATION DE LA BIERE PAR TETE D’HABITANT.
- litres.
- Belgique.................. 207
- Angleterre................ . . 167.5
- Allemagne ................ 124.2
- Danemark.................. 94.5
- Etats-Unis et Australie... 74.3
- Suisse.................... 70
- Autriche-Hongrie.......... hr]
- Luxembourg.................... 46.4
- Suède..................... 45
- Pays-Bas.................. 4o
- France.................... 36
- litres.
- Norvège 17
- Russie 5.7
- Roumanie 3.3
- Grèce 9-7
- Italie 9-7
- Serbie 2.3
- Bulgarie
- Espagne i.3
- Bavière Cn OC eo
- Wurtemberg iQ1-9
- Bade i64.2
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- BOISSONS DIVERSES.
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- CHAPITRE V.
- LA BIÈRE AUX EXPOSITIONS UNIVERSELLES DE PARIS.
- Les Expositions universelles de Paris ont eu lieu en i 855, en 1867, en 1878, en 1889 et en 1900, et, pour indiquer succinctement le rôle que la bière a joué aux quatre premières, nous n’avons qu’à reproduira le rapport même de M. Féry d’Esclands sur l’Exposition de 1889.
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1855.
- A l’Exposition universelle de 1855, aux Champs-Elysées, quelques échantillons de bière furent exposés; la plupart venaient de l’Allemagne. La bière était reléguée à un plan secondaire; l’intérêt se portait sur les alcools industriels, qui faisaient leur première apparition, sur les sucres de betterave, dont l’industrie se développait, et sur les grands vins de France , toujours sans rivaux.
- Dans le Jury de la section se trouvaient alors le vice-président M. Payen, professeur au Conservatoire des arts et métiers, et M. Ch. Balling, professeur de chimie à Prague, deux savants qui ont rendu les plus grands services à l’industrie de la fabrication de la bière : M. Payen a découvert la diastase, M. Balling a construit le sacchari-mètre qui porte son nom.
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867.
- A l’Exposition universelle de 1867, la bière eût un grand succès; les exposants étaient au nombre de ûo, et ce fut comme une révélation pour le grand public.
- La brasserie autrichienne était représentée par les deux plus fortes brasseries de Vienne (Dreher et Saint-Marx) ; la bière de Bavière par les deux meilleures de Munich; les bières anglaises par celles de Burton on Trent; les bières belges par celles de Bnixelles, d’Anvers, d’Audenarde, etc.; enfin les bières françaises par des brasseries du Nord de Paris et par le Syndicat des brasseries de Strasbourg.
- M. L. Pasteur, membre de l’Institut, figurait au nombre des exposanls, pour la bière fabriquée d’après ses procédés.
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878.
- En 1878, les brasseurs exposants sont au nombre de 88; la Belgique et la France fournissent un fort contingent. Si l’Allemagne s’abstient, en revanche les Etats-Unis sont représentés par les plus importantes brasseries de New-York, de Milwaukee, de Philadelphie, de Saint-Louis, etc., qui envoient des bières pasteurisées, dont, aux Etats-Unis, la consommation est si grande.
- Le rapport sur l’exposition est rédigé avec beaucoup de compétence par le secrétaire du Jury, M. Pierre Grosfds, brasseur à Verviers. Un grand prix est attribué à M. Pasteur.
- Trois brasseurs français sont distingués par le Jury, dont faisait partie M. Dûmes-
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- 508
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- nil, de Paris, et obtiennent une médaille d’or : M. Pavard, de Saint-Germain-en-Laye; M. Tourlel, de Tantonville; M. Velten, de Marseille.
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889.
- En 1889, le nombre des exposants brasseurs atteint le chiffre de 2/10, provenant de 26 pays différents. La France et la Belgique fournissent ensemble iâ6 exposants; leur exposition, très remarquée, présente une innovation qui sera sans doute imitée dans les expositions futures : l’installation permet la dégustation d’un grand nombre de bières. Dans aucune autre exposition, même en Autriche et en Allemagne, il n’a été offert au public visiteur une aussi grande variété de bières à la dégustation dans les galeries mêmes du Champ de Mars. Cela n’a pas été un des moindres attraits de l’Exposition; le simple visiteur et les hommes techniques ont pu faire les études comparatives les plus instructives.
- Les brasseurs français avaient exposé 2 1 bières de fermentation haute et 1 5 bières de fermentation basse. Total : 36.
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900.
- Nous arrivons enfin à l’Exposition de 1900, qui a été le triomphe de la bière française, présentée aux visiteurs dans des conditions intelligentes et pratiques.
- Grâce aux efforts du comité d’installation de la Classe 62, secondé par un syndicat de garantie dont les membres n’ont pas hésité à faire les sacrifices nécessaires pour la construction d’un pavillon artistique, d’une salle de dégustation et de caves-glacières, qui ont coûté plusieurs centaines de mille francs, la bière française a pu être versée au public par A8 robinets installés dans des bars élégants, qu’une des gravures jointes à ce rapport représente exactement.
- Pour donner une idée du succès qu’a obtenu l’exposition d’ensemble de la brasserie dans la vaste salle de dégustation, nous n’avons qu’à reproduire les quelques passages suivants d’un article publié dans le Brasseur français, organe officiel de s l’Union générale des Syndicats de la Brasserie française» (numéro du icr décembre 1900), par son directeur, M. Robert Charlie, membre secrétaire des Comités d’admission et d’installation de la Classe 62.
- Voici en hectolitres — dit notre honorable et dévoué collègue — les chiffres de la vente de la bière française à la salle de dégustation pendant toute la durée de l’Exposition de 1900 :
- fermentation basse. hectolitres. FERMENTATION HAUTE. hectolitres.
- Mai 358 06 Mai 2& to
- J oin 5 2Û 92 Juin 76 02
- Juillet 6i3 7* Juillet 125 t5
- Août 5oi 36 Août 121 18
- Septembre Octobre et commencement de 5l2 32 Septembre Octobre et commencement de 133 12
- novembre 37i 66 novembre 65 22
- Total 2,886 06 Total 5 hh 80
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- La vente, en fermentation basse et en fermentation haute, a donc atteint en totalité le chiffre de 3,43o hectolitres 86 litres.
- Or, si l’on veut bien s’en souvenir, par le fait des retards qui ont si fâcheusement compromis les débuts de l’Exposition, la vente de la bière n’a commencé en réalité que le i5 mai, et cette vente ne s’est, par conséquent, effectuée que pendant six mois , soit 180 jours.
- La vente moyenne a donc été, par jour, de : 3,4üi : 180 = 19 hectolitres.
- Nous le demandons à tous ceux qui savent ce que c’est que la consommation de la bière, laquelle suit si étroitement les variations de la température, n’est-ce pas là un résultat magnifique?
- On nous dira peut-être que le débit se faisait par 48 robinets, et que, par suite, il n’y a pas lieu d’être surpris d’un pareil chiffre. Nous répondrons simplement que, quel que fût le nombre des robinets, c’est-à-dire des bières offertes à la consommation, la salle de dégustation de la Classe 62 n’était toujours, en somme, qu’un seul établissement de vente, et que les visiteurs ne pouvaient consommer à tous les bars. Quand ils en avaient visité un, deux, trois ou même quatre, ils étaient suffisamment désaltérés et édifiés sur la valeur des bières offertes.
- Quel est donc, dans l’Exposition même ou dans Paris, le café, la brasserie, le débit, qui pourrait s’enorgueillir d’une vente quotidienne de 19 hectolitres.
- 19 hectolitres, cela fait, étant donnée la contenance des verres en usage à l’Exposition, plus de : 11,4oo bocks par jour.
- Et pour toute la durée de l’Exposition, plus de : 2,060,000 bocks.
- De tels chiffres nous dispensent, croyons-nous, d’insister.
- Nous nous contenterons de renvoyer les bons apôtres qui critiquent, avec tant de bonne foi, ce qui a été fait et obtenu à l’Exposition de 1900 aux résultats de l’Exposition de 1889.
- Alors, au lieu d’être magnifiquement installée dans la Galerie des machines, à l’entrée même de la Salle des fêles et de se trouver ainsi sur le passage de la foule, la brasserie française avait été reléguée dans un sons-sol obscur, dans une vraie cave —* pour dire le mot — et seuls des visiteurs égarés ont pu l’y entrevoir par hasard.
- La consommation y fut absolument nulle, et les chiffres en furent, en effet, tels, que le rapport officiel publié après l’Exposition ne souffla mot des résultats de la dégustation.
- Le rapporteur est donc fier, comme le disait en terminant M. Robert Charlie, de pouvoir constater que la bière française a remporté un triomphe sans précédent à l’Exposition de 19 0 0, et que ceux qui en ont organisé la dégustation ont intelligemment servi les intérêts de la brasserie nationale.
- Constatons, pour finir sur ce point, que la bière belge, qui était elle aussi, offerte à la dégustation publique dans un élégant pavillon de la Section étrangère, a, comme la bière française, obtenu un succès très mérité.
- Les autres bières étrangères étaient simplement exposées en bouteilles, et elles n’ont pu être dégustées que dans les établissements privés installés dans les divers emplacements de l’Exposition.
- 37 1 brasseurs ont pris part à l’Exposition universelle de 1900 :
- France Colonies 55 3 Bulgarie Danemark 4 2
- Allemagne Equateur 1
- Autriche 4 Espagne 2
- Belgique 110 Etats-Unis *7
- Gn. X. — Cl. 62. 33
- tl'IUMEBIE NATION-
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Grande-Bretagne................ 2
- Grèce.......................... 2
- Guatemala...................... 2
- Hongrie....................... 10
- Italie......................... 2
- Japon......................... 82
- Luxembourg..................... 2
- Mexique........................ 8
- Norvège....................... 17
- Pays-Bas........................ 2
- Pérou........................... 2
- Portugal........................ 2
- Roumanie........................ 3
- Russie.......................... 4
- Serbie.......................... 2
- Suède ........................ 1
- Suisse......................... 4
- Collaborateurs. — 5a collaborateurs ont été récompensés.
- ÉTATS EXPOSANTS.
- FRANCE.
- Les efforts considérables faits par la Brasserie française pour présenter ses produits au public dans des conditions irréprochables ont été couronnés du plus grand succès.
- Un budget de plus de 000,000 francs mis à la disposition du Comité a permis, comme il est dit plus haut, d’installer somptueusement la dégustation des bières françaises.
- 55 brasseurs ont été admis, dont ko à fermentation basse et 15 à fermentation haute.
- Neuf brasseurs ont été placés hors concours, comme faisant partie du Jury.
- Hors concours. — Société des Grandes Brasseries de Maxévii.ee (Meurthe-et-Moselle), M. E. Bertrand Oser , administrateur délégué, président du Jury et des Comités d’installation et d’admission, Paris 1900; membre du Jury, exposition de Bruxelles 1897; médaille d’or, Paris 1889. Fermentation basse. — Brasserie Dumesnil Frères (Successeurs de Dumesnil et fils), Paris; M. Fernand Dumesnil, rapporteur du Jury et membre des Comités d’installation et d’admission, Paris 1900 (Comité d’installation et d’admission, Bruxelles 1897 et Paris 1889); hors concours Anvers 1885 et Paris 1878. Fermentation basse. — Brasserie Corsian Vandajib, Lille (Nord); M. Corman (Narcisse), membre du Jury, Paris 1900 ; médaille d’or, Bruxelles 1897 ; médaille d’argent, Paris 1889. Fermentation haute. — Société des Brasseries* de la Meuse (Bar-le-Duc, Sèvres), M. A. Kreiss, administrateur délégué, membre du Jury et des Comités d’installation et d’admission, Paris 1900, médaille d’or, Paris 1889; Anvers 1885; ancienne maison Ehrhard frères (Alsace), usines à Bar-le-Duc (Meuse) et à Sèvres (Seine-et-Oise). Fermentation basse. - Société lvonnaise des anciennes brasseriesRinck, Lyon (Rhône); M. Thomas, administrateur délégué, membre du Jury, Paris 1900. Fermentation basse. — Brasserie Tourtel, à Tantonville (Meurthe-et-Moselle), MM. Jules et Prosper Tourtel, fondateurs; M. Ernest Tourtel, membre du Jury et des Comités d’installation et d’admission, Paris 1900; Comité d’installation et d’admission, Bruxelles 1897; hors concours, Paris 1889. Fermentation basse. — Brasserie Butruille et Cic, à Douai (Nord), M. Edmond Butruille, membre du Jury (suppléant), Paris 1900; hors concours, Anvers 1885; hors concours, Paris 1878. Fermentation haute. Culture de levure pure. — Brasserie Karciier et Cic, Paris, M. Henry Karcher, membre du Jury (suppléant) et des Comités d’installation et d’admission, Paris 1900; médaille d’argent, Bruxelles 1897. Fermentation basse. — Société de la Brasserie du Centre, à Chamalières (Puy-de-Dôme), M. Yberti, administrateur, membre du Jury de la Classe 55, Paris 1900. Bières de fermentation basse. Blonde et brune, marque rrLu Fauvettew.
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- BIÈRES DE FERMENTATION BASSE EXPOSÉES.
- Grands prix. — Brasseries de la Méditerranée (Marseille, Lyon); M. Edouard Veltex, administrateur délégué', très ancienne et importante brasserie, fondée en 1826, par M. Jacques Velten. M. Eugène Veltex, président du Conseil d’administration, est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’industrie delà brasserie: hors concours, Paris 1889; médaille d’or, Paris 1878; diplômes d’bonneur, Bruxelles 1897, Anvers 188B. — Brasserie Winckler et ses fils, à Lyon; M. A. Winckler, membre des Comités d’installation et d’admission, Paris 1900. Bière fermentation basse. Malterie pneumatique perfectionnée. Médaille d’argent, Paris 1889, Paris 1878. — Brasserie Grdber et Cie, à Melun (Seine-et-Marne), MM. E. Giujber. E. Schneider et A. Sciimitten (associés). Bières blondes et brunes, spécialité bock-ale, fermenlalion basse. Maison fondée en 1855 (installation perfectionnée). Grand prix, Bruxelles 1897; médaille d’or, Paris 1889, médaille d’or, Anvers 1885; médaille d’argent, Paris 1867.
- Médailles d’or. — Brasserie de Terre-Nedve, Monlhiçon (Allier), M. A. Cailhe, bière fermentation basse, installation frigorifique par détente d’ammoniaque (directe); médaille d’argent, Paris 1889, Paris 1878. — Brasserie Champion, à Xertigny (Vosges). MM. Champion et Trivier, propriétaires, bière fermentation basse, marque rrLa Lorraine», M. Trivier, membre du Comité d’admission, Paris 1900; médaille d’or, Paris 1889; hors concours, Chicago 1893. — Grande Société française de brasserie, à Chalons-sur-Marne (Marne), marque ftLa Comète», M. Legoux, administrateur, hors concours, Paris 1889; médaille d’or, Anvers 1885. — Grande Brasserie de Charmes (Vosges), MM. Hanus frères, bières de conserve, médaille d’or, Paris 1889; médaille d’argent, Paris 1878. — Brasserie de la Fontaine, Nimes (Gard), MM. F. Jaujou et Jean Martel, propriétaires. Bières fermentation basse, pasteurisation en fûts.— Brasserie Hofiierr (Georges), Lyon. Installation moderne, maison très ancienne. Fermentation basse. — Brasserie E. Schaeffer, à Nantes (Loire-Inférieure). Bières fermentation basse. — Société anonyme, Brasserie de l’Espérance, à Ivry (Seine), M. Schmidt, directeur. Bières de conserve (Gold ale Ankerbrau). — Société anonyme de Brasserie le Phénix, Marseille. Bière de fermentation basse, exportation; médaille d’argent 1889. — Société anonyme de la Brasserie de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), anciennement Cirier, Pavard et Cic, administrateur M. A. Leprou, maison fondée en 1781;hors concours, Paris 1889; médaille d’or,Paris 1878. — Société anonyme de la Grande Brasserie Burgelin, Nantes, M, Eugène Burgelin, directeur administrateur. Installation perfectionnée. — Société industrielle de brasserie, à Issy-les-Moulineaux (Seine), M. R. Valcroze, directeur. Bières brune et blonde; médaille d’or, Paris 1889; médaille d’argent, Paris 1878. — Brasserie Webel, à Tours (Indre-et-Loire), bières fermentation basse. Médaille d’argent, Paris 1889; mention honorable, Paris 1878. — Société anonyme, Grande Brasserie la Nouvelle Gallia, Paris, M. J.-J. Woiiliiuter, administrateur délégué. Outillage perfectionné, bières de conserve, fermentation basse.
- Médailles'd’argent. — M. Louis Arlen, à Montbéliard (Doubs). Bière fermentation basse. — Brasserie de Vaugirard, à Paris, M. Maurice Bassot, propriétaire (bière Morilz). — Brasserie de la Mouillère, Besançon (Doubs), M. J. Boiteux, conseiller du commerce extérieur de la France, membre du Comité d’installation, Paris 1900. Bière de garde stérilisée par un procédé spécial. Médailles d’argent, Paris 1889, Paris 1878. — Brasserie de Nolay (Côte-d’Or), M. Coppenet-Kilb, propriétaire, ancienne usine à fermentation haute, transformée depuis 1892 en fermentation basse. — Brasserie Demory, à Paris, bière à fermentation basse, installation nouvelle. — Brasserie de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), MM. Durand et Battault, fermentation basse. — Brasserie de Nérac (Lot-et-Garonne), MM. Laubenheimer et fils, fermentation basse. Médaille or, Paris 1889. — M. Lemoine, à Crépy-en-Valois (Oise). — M. Mapataud, à Limoges (Haute-Vienne), bière de fermentation basse.
- 3b.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Médaille d'argent, Paris 1889. — Brasserie de l’Étoile, a Châlons-sur-Marne, M. Pfender, fermentation basse, bière blanche de Champagne. — Société anonyme de la Grande Brasserie de Ciiampi-gneulles, Nancy, bière fermentation basse, usine toute moderne (1897). — Société anonyme de la Grande Brasserie du Fort-Carré, à Saint-Dizier (Haute-Marne), M. Diemer, directeur. Installation moderne, fermentation basse. — Brasserie de Chalon-sur-Saône, M. Poillot-Lesne, propriétaire, usine fondée en 1810. Fermentation haute et basse. — MM. Taillandier et Viallefond, à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme). Bière fermentation basse. — Brasserie de Ciiateaudun (Eure-et-Loir), M. Camille Weil, maison fondée en i84o, fermentation basse.
- Médaille de bronze. — Brasserie de Montrouge, Paris, M. Ch. Himmelspach, usine fondée en 1729, membre du Comité d’admission, Paris 1900.
- BIÈRES DE FERMENTATION HAUTE EXPOSÉES.
- Médailles d’or. — M. Florent Binauld, à Lille (Nord), fabrication fermentation haute, système lillois. Médaille d’or, Paris 1889. — M. A. Bouvaist, à Abbeville (Somme), ancienne brasserie fondée en 1769, fermentation haute en cuve, culture pure des levains. Bruxelles 1897, médaille d’or; Paris 1889, médaille d’or. — M. Ciiiris Delaporte , à Solesmes (Nord), bière dite du Nord et d'exportation. Hors concours, Paris 1889. — Brasserie Masse-Meurisse fils, à Lille (Nord), l’une des plus anciennes et des plus importantes de tout le Nord de la France, fondée en 1698, par François Meurisse. M. A. Masse , membre du Comité d’installation, Paris 1900. — M. A. Ravinet, à Dunkerque (Nord), très importante brasserie de fermentation haute et basse. Médaille d’or, Paris 1889. — Société anonyme de la Grande Brasserie de Fresnes, à Fresnes-sur-Escaut (Nord), directeur gérant, M. Lucien Boone, ingénieur. Fermentation haute et mixte. Médaille d’or, Bruxelles 1897; médaille d’argent, Anvers i885.
- Médailles d’argent. — Mme Vve Delmarle , àPont-sur-Sambre (Nord), bière à fermentation haute, en tonneaux. Médaille d’argent, Paris 1889. — Grande Brasserie du Planteur , à Pierrepont-en-Laon-nois (Aisne). M. Caiiquillat-Dromain, ingénieur agronome, installation nouvelle et pratique pour la fermentation haute. Médaille d’argent, Paris 1889. — M. Herbecq-Deliiaye , Avesnes-sur-Helpe (Nord), fermentation haute. — MM. A. Stremler et Cio, à Creil (Oise), bière de fermentation haute en fûts.
- Médailles de bronze. — M. J.-B. Canone , à Bertry (Nord), bière bourgeoise, fermentation haute. — M. Douay-Dubus, à Fleury (Somme), bière de fermentation haute. — M. F. Daniel, à Cherbourg (Manche), bière de ménage.
- COLONIES.
- La fabrication de la bière dans nos pays d’outre-mer rencontre de grandes difficultés; grâce cependant à l’emploi judicieux des machines frigorifiques, le Jury a pu constater des progrès très sensibles, surtout en Algérie.
- Médaille d’argent. — Société de la Grande Brasserie l’tr Algérienne », (Oran) [Algérie], M. Georges Irr, administrateur délégué. Brasserie toute moderne, fermentation basse, machines frigorifiques, exposant pour la première fois.
- Médailles de bronze. — M. Gordon Thomson, Maison-Carrée (Conslantine) [Algérie], bière fermentation haute. — MM. Charles Kessler et Ci0, à Souk-Ahras (Conslantine) [Algérie], bière. Médaille de bronze, Paris 1889.
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- EXPOSANTS NON BRASSEURS.
- Médailles d’or. — M. E. Petit, professeur à la Faculté des sciences et directeur de l’Ecole de brasserie de Nancy, auteur de travaux remarquables sur les bières. — M. France Weber, de Soissons, auteur d’un Essai historique sur la Brasserie française. — M. E. Jarre, de Paris, ouvrage très documenté sur les transvasements des bières.
- Médailles d’argent. —M. Bernard, de Paris, directeur du journal Les boissons fermentées.—M. A. Guéneau, secrétaire du Syndicat des entrepositaires de Paris et des environs; collection très intéressante d’étiquettes de brasserie de tous les pays.
- ALLEMAGNE.
- La bière en Allemagne est une boisson nationale ; certains centres produisent encore une qualité spéciale, fermentation haute, mais toutes les grandes usines, dont quelques-unes exportent dans tous les pays, travaillent à fermentation basse. Telles sont les bières de Munich-Erlangen, Kulmbach, Nuremberg, Dortmund, Gratz.
- La production, qui était il y a cinquante ans de 6 millions d’hectolitres, atteint aujourd’hui le chiffre de 67,668,000 hectolitres. De 1889 à 1900 l’augmentation est exactement de 1,938,500 hectolitres.
- Les achats des matières premières servant à la fabrication de la bière provenant de la culture indigène montent à 300 millions de francs, et la veute de bière à plus d’un milliard.
- M. le Dr Aubry, directeur de l’Ecole de brasserie de Munich, membre du Jury.
- Les cinq brasseries de Munich : Lôwenbraü-Pschorr, Gabriel Seldmayr, Joseph Selmiayr, Buergerlicües, Brauhaus, ont obtenu un grand prix en collectivité.
- Médailles d’or. — Brasserie par actions de Dortmund, à Dortmund; M. Ernest Erich, à Munich; Brasserie Zdm Kociielbrau; Société par actions de Kulmbach, à Kulmbach (Bavière), bière extra forte brune, exportation; Brasserie Monchsiiof, à Kulmbach, bière d’exportation; Brasserie de Nuremberg, M. de Tuciier, propiétaire.
- Médailles d’argent. — Brasserie de l’Empereur, à Brème, MM. Beck et Glc, bière en bouteilles pour l’exportation; G. Breitiiaupt, à Berlin, bière blanche; Brasserie par actions d’Erlangrn, à Erlangen, exportation; Brasserie de Pkorsiieim, M. Ketterer, propriétaire, bière pâle en bouteilles; Kuiilbacher Bizzi Brau, à Kulmbach, bière d’exportation; Brauhaus Nïrnberg, à Nürnberg, Société anonyme, M. G. Liabel, directeur; Reichelbrau, à Kulmbach (Bavière), bière d’exportation; Brasserie Wencker et Ci0, à Dortmund, bière en bouteilles, hors concours, Bruxelles 1897; Société par actions, à Wilhelmshaven, bières d’exportation; Brasserie par actions de Speyer-sur-Rhin, marque Zum Storchen; Société par actions de la bière blanche, à Berlin.
- AUTRICHE.
- La brasserie autrichienne n’était représentée que par quatre exposants dont trois comptent parmi les plus grandes brasseries du continent.
- Hors concours. — Brasserie bourgeoise, à Pilsen, M. Léon Popper, membre du Jury.
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- 514 EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Grand prix. — Brasserie Dreher (Antoine), à Klein Schwechat (Basse-Autriche). Médaille d’or. — Société coopérative de Brasserie , à Pilsen.
- Médaille d’argent. — MM. Schwarz frères, à Bozen (Tyrol), bières en bouteilles.
- BELGIQUE.
- La brasserie belge occupe une place très importante dans l’industrie nationale; la nouvelle loi appliquée depuis 1886 qui perçoit l’impôt à la matière première déclarée a contribué au développement de celte fabrication d’une façon constante.
- En 1889, la production était de 10,63 1,000 hectolitres, pour 2,788 brasseurs; en 1899 le nombre des brasseurs atteint le chiffre de 3,181 et la production s’élève à i4 millions d’hectolitres, soit une augmentation de plus d’un tiers.
- Trois procédés de fabrication sont employés : la fermentation haute, la plus usitée; la fermentation spontanée et la fermentation basse.
- Ce dernier mode a fait'de grands progrès, d’importantes usines se sont installées et leurs produits soutiennent victorieusement la comparaison avec les meilleures marques de l’étranger.
- L’association générale de la Brasserie belge a son siège à Bruxelles, elle groupe autour d’elle tous les autres syndicats.
- La Belgique possède plusieurs établissements d’instruction brassicole : Institut supérieur de brasserie de Gand, Ecole supérieure de Louvain, Ecole de la Louvière, tous fréquentés par un grand nombre d’élèves.
- L’exposition belge a été particulièrement brillante. 346 brasseurs (contre 97 en 1 889) y ont pris part; cl’élégants bars de dégustation permettaient au public de goûter et de comparer les différentes qualités exposées.
- Hors concours. — Brasserie de Boeck frères, a Kœkelberg, bière Lambic, fermentation spontanée. M. André deBoeck, vice-président du Jury, Paris 1900; grand prix en collectivité, Paris 1889; hors concours, Anvers i885, Bruxelles 1897; Brasserie Baüters (Benoni),à Garni, bières spéciales, triple, double et de ménage, expert du Jury, Paris 1900; Brasserie d’Hoedt-Calwe, à Bruges, fermentation haute, expert du Jury, Paris 1900; médaille d’or, Paris 1878 et 1889; Brasserie Th. Heyn-drick, à Lodelinsart, fermentation haute, expert du Jury, Paris 1 900; Brasserie Wielemans Couppens (Forest-Bruxelles midi), fermentation basse. M. Wielemans, expert du Jury, Paris 1900; grand prix, Bruxelles 1897; grand prix, Anvers 1889.
- BIÈRES DE FERMENTATION BASSE.
- Grands prix (collectif), — Artois, de Louvain; Caulier frères, à Laeken; Grande brasserie de Koekelberg à Koekelberg; Brasserie du Phénix belge, à Bruxelles; Pètre Mérinck, à Hal et à Ander-lecht; De Meulemeester-Verstrete, il Bruges.
- Médailles d’or. — Société anonyme d’Antwerp Tivoli Brewery, à Anvers, IIrasserie Dumor-tier-Devos, à Bruxelles.
- Médaille d’argent. — Brasserie Couvredx etCio, à Wegnez. Médaille d’argent, Paris 1889.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- BIÈRES DE FERMENTATION SPONTANÉE LAMBIC.
- Médailles d’or. — MM. Decoster-Heymans, brasseurs à Bruxelles; M. Decoster, brasseur, à Bruxelles; M. Hap (Pierre), brasserie des Deux-Tours, Bruxelles, médaille de bronze, Paris 1889; MM. Herinckx frères (brasserie de la Couronne), Bruxelles; M. Herinckx Duchesne, brasseur, Bruxelles; M. A. Van der Aa, brasseur, Bruxelles; M. F. Ver Elst Van Homissen [brasserie Barthélemy], Bruxelles; MM. Van der Elst et Bruyns, brasseurs à Ueck, Bruxelles.
- Médailles d’argent. — M. J. Bellis de Mol, bière Lambic, Bruxelles; M. J.-B. Bontemps, Lambic en bouteilles, Bruxelles; M, de Wael, fermentation spontanée, Termonde; M. Ketelbaut (Léopold),Lambic fin, Bruxelles; M. Van Haelen (Guillaume), Lambic Gueuse, Bruxelles; M. Van Keerbergen-Aerts , brasseur, Bruxelles.
- Médailles de bronze. — M. D. Decoster-Hallemans, brasseur à Molenbeck, Bruxelles; M. Poot-Depage, bière Krick-Lambic, Overyssche.
- BIÈRES DE FERMENTATION HAUTE.
- Médailles d’or. — M. A. Borremans van Campenhont, brasserie de l’abbaye de Forest, fermentations basse, haute et spontanée, médaille d’or, Paris 1 889; M. du Pont Poly'dor, bière spéciale, triple en bouteilles, médaille d’argent, Paris 1889, Gand; M. Laurent (Jules), bière spéciale, médaille de bronze, Paris 1878, Dînant; M. Motte-Mollet, fermentation haute, àLcssines; M,nc vvc Ch. Piron et M. Piron, brasseurs, à Gldin près Mons; M. Bodenbach-Mergaert, brasserie Saint-Georges, à Roulers; M. Van den Schrieck, brasseur, levures pures, à Tirlemont; JM. Van Roost, bière en bouteilles , à Wercliter.
- Médailles d’argent. — M. Bataille-Venquier , brasseur, à Moustier-les-Frasnes; M. Biernaux (Fernand), fermentation mixte, à Jumet (Hainaut); M. Bodson fils, bière en bouteilles, à Jodoigne, Brabant; M. Léon Bulkens, bière stout en bouteilles, à Nivelles, Brabant; M. Carbonnelle-Tiiéry, bière en bouteilles, à Tournay; MM. Castin frères et Durvauv, bière brune, à Rausart; M. Chris-tiaens van Roost, bière TTetget, à Tongres, Limbourg; M. de Bois, bière en bouteilles, à Fûmes; M.Delelienne(Charles),bière légère, à Masnuy-Saint-Pierre; M. 0. deLescluze, fermentation haute, à Bercliem-Anvers; M. A. Demol, brasseur, à Ghoy-Lessines; M. C. de Prêter, bière en bouteilles, à Anvers; M. V. de Rauw-Carlier, bière de ménage, médaille de bronze, Paris 1889, à Frameriez-les-Mons; M. G. de Smetii, bières en bouteilles, à Saint-Symphorien-les-Mons; M. A. du Bois, fabrication spéciale, emploi de grains crus, à Lobbeke-lez-Termonde; M. E.Ddpont, brasseur, àWaremme; M. Feys-Vandeveld, bières blonde et brune, à Rousbrugge; M. Gabriels Constant, bière blonde, à Gand; MM. Gallez et Cic, bière brune en bouteilles, à Dour (Hainaut); M. A. IIannecart, fermentation haute, à Souvret; M.Laurent (Gustave), bière légère en tonneau, àMorlamvez; M. A. Leblux, bière de saison en bouteilles, à Rrugelette; M. Lecruvier, bière blonde, à Houdeng; M. E. Lust, stout hygiénique, àCourtrai; M. E.-B. Meyussen, stout et pale-ale. à Anvers; M. Meynsbruguen, bières brune et blonde, à Silly-lez-Engliien ; MM. Mottard frères et sœur, extra stout, à Liège ; MAI. Patte frères, bière brune, mention honorable, Paris 1889, à Dour; M. Payon, bière fermentation haute, à Fayt-les-Vasseur; M. Pètre-Devos, bière d’Audenarde, à Audenarde; AI. Prevost-Friait, bières en bouteilles, à Rlaregnier; Al. Rousseau (Henri), bière brune, à Elonges; MAI. F. et G. Royer, bière en bouteilles, à Giilleghem-Courlrai; AI. Sciieys van IIamme, bière en bouteilles, à Jodoigne; Société anonyme de la brasserie Relliard, bière en bouteilles, à Bruxelles; AI. Louis Tellier, fermentation haute, à Elonges; AI. Theys-Delville, brasserie du Lion, à Waterloo; AI. Van den Busscu, bière pale, à Aroye; AI. Van
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- ' EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- den Hove, bière blanche, àSaint-Trond; MM. VanderSchuerenfrères, fabrication procédéTallebaut, à Alost; M. Vanderstraete-Matiiys, fermentation haute, à Fûmes; M. Van de Voorde-Gilbert, bière en bouteilles, h Ypres; M. Van Dionant, brasserie Navet, à Saint-ISi cola s-\Y a a s ; M. Van Eecke, bière hygiénique, à Wervicq; M. A. Vennens van Hove, bière blonde, à Steendorp; M. Ver-Elst, bière blonde, à Bruxelles; M. François Veriiées, brasseur, à Thuin-sur-Sambre; M. Verstraete-Hontsaeger, bières blondes de Flandres, à Ramscapelle.
- Médailles de bronze. — Mmc vV0 Barbier Friart, bières rhodiennes, à Rœulx; M. Beaucarne-Daclercq, fermentation haute, à Gand;M. Coenen (Joseph), brasseur, à Rummen; M. Gomyn (Paul), bières blondes de Flandres, à Zonnebeke; M. de Beerst-Verkriggiie, bière blanche, à Aostdimkerke-sur-Mer; MM. Decorte frères, brasserie de F Union, à Ixelles; M. Décroîs (Jules), bière brune, Lon-ghien; M. Deiiaye-Tilmant, bière petite blonde, à Gouy-le-Piéton; M. Désolées, petite bière blonde , à Saint-Ghislain; M. Baron de Potesta, brasseur, à Soye; M. Grard (Léon), bière grisette, stout, porter, à Sobre-sur-Sambre ; M. H. Hayaux-Bonté , bière blanche grisette à Braine-le-Comte; M. Heu-giiebaert-Trioen, fermentation haute, à Ypres, M. G. Houvoux, bière en bouteilles la Nalinnoise,à Nalinnes; M. Jadin (Alfred), bière blanche, à Dampremy; MM. Jadin et V. Barbier, bière Scotch, à Tamines; MM. Jespers et Boon, bière Sterk, à Tervueren; M. Jonciierre, bières en bouteilles Nylset, à Ypres; M. Leblux (Octave), fermentation haute, àSilly; M. Leciiien-Carnière, brasseur, àFontaine-l’Evêque; Mme vvc Marvet et Clc, bière de saison, à Liège; M. Moenaeiit, bières blondes de Flandres, à Termonde; M. Mostaert, fermentation haute, à Rousbrugge; MM. E. et Pu. Pécher, bière blonde, à Boussu; MM. Sambrée et Boucher, bière vignette, à Tliorembais; MM. Stas et enfants, bières en bouteilles, àRupelmonde; M. Terlinck-Cortier, bières en bouteilles, à Houthem-les-Furnes.
- Mention honorable. — M. Delvaux-Philippi, brasserie de Brabant, à Louvain.
- Le Jury des bières a accordé une médaille d’or à l’école de brasserie de P Université de Louvain; une médaille d’or à l’Institut supérieur de Gand, et une médaille d’argent à M. Johnson, directeur du journal Le Brasseur.
- BULGARIE.
- La fabrication de la bière est en progression sensible, plus de trente brasseries ont été installées; la production totale est de h0,000 hectolitres par an.
- Médailles d’argent.— Brasserie Sveta-Petka, à Roustchouk; MM. Prochek frères, à Sofia; Société des Brasseurs bulgares, à Schoumea.
- Médaille de bronze. — M. Giieorgoff, vins framboisés, à Perdope.
- DANEMARK.
- L’industrie de la brasserie n’a figuré que comme boisson médicamenteuse.
- Médailles d’argent. — M. Jakobsen, vin de fruits, à Fraaborg; MM. Evers et G10, sirop de malt, Copenhague.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- ÉQUATEUR.
- Il n’existe qu’une seule brasserie Lager Beer association, à Guyaquil, fabriquant un produit excellent, malgré les difficultés climatériques; ces bières sont presque toutes consommées dans ce pays.
- Médaille d’or. — M. L. Maulme , directeur.
- ESPAGNE.
- Depuis 1889 l’industrie de la brasserie a pris un nouveau développement, mais les fabricants n’étant pas soumis à l’exercice des employés de l’État, aucun document précis n’existe sur l’importance et le nombre des usines.
- Deux brasseries ont présenté leurs produits.
- Médailles d’or. — M. Mahon, brasseur, à Madrid; MM. Meug et Cio, bière en bouteilles, à San-tander.
- ÉTATS-UNIS.
- La fabrication de la bière aux Etats-Unis n’a commencé réellement qu’aprèsla guerre de Sécession en 1862. Jusque-là le produit n’était pas imposé, et c’est l’immigration allemande qui a été le premier facteur de l’essor de cette industrie.
- D’après les tables statistiques publiées dans le très remarquable rapport de M.Fery d’Esclande sur les bières en 1889, la fabrication de la bière qui était, en 1862, de 2,006,61 5 barrels, soit 2,809,275 hectolitres, est arrivée, en 1890, au chiffre énorme de 26,820,953 barrels, en hectolitres 3jf5âg,33â, ce qui donne une production quatorze fois plus importante dans l’espace de vingt-huit années.
- Depuis cette époque les renseignements fournis ne permettent pas d’établir d’une façon même approximative l’augmentation de la production qui certainement a dû être considérable, mais l’on peut affirmer qu’au point de vue du grandiose des installations et des appareils nouveaux servant à la fabrication, les Etats-Unis arrivent en tête des pays brassicoles.
- En 1867, deux brasseurs envoyèrent leurs produits; en 1878 , cinq brasseurs exposèrent et un grand prix fut décerné; en 1889, le chiffre retombe à quatre exposants avec un rappel de grand prix.
- En 1900, dix-sept brasseurs prennent part à l’Exposition :
- Médaille d’or. — La Société Indianapolis Brewing, bière Dusseldorfer, à Indianapolis (Indiana).
- Médailles d’argc-it. — American Brewing Company, bière en bouteilles, à Rochester (i\ew-Ycrk) ; MM. Beadleston et Woerz, médaille d’or, Paris 1889, à New-York; MM. Bolen et Byrne,. à New-
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- York; la Société Heissler et Junge, à Chicago; la Société Ice and Cold Storage, à Los Angeles (Californie); la Société de brasserie Lambeck et Betz, à Jersey-City; M. Schoenhofen, brasseur, à Chicago; Société Henricii (Christian), bière maerzen et senate, à Washington.
- Médailles de bronze. — La Société J. et P. Baltz , bière Loger, à Philadelphie; MM. Feigens-PANandC0, à New-York (New-Jersey); Goebel Brewing Company, à Détroit (Michigan); Gund (John) Brewing Company, à la Crosse (Wisconsin); Long Island Brewing Company, bière Black-Label, h Brooklyn; San-Francisco Breweries, bières pour l’exportation, à San-Francisco(Californie); Seattle BrewingMalting Company, bière Rainier, à Seattle (Washington).
- Mention honorable. — Liebmanns sons, brasseurs, bière Rheingold, à Brooklyn (New-York).
- GRANDE-BRETAGNE.
- Les bières anglaises sont presque toutes à fermentation haute : pale-ale, stout et porter; les renseignements sur les progrès de cette industrie font défaut, mais l’on peut se rendre compte de son énorme production par le relevé annuel publié par le Parlement pour l’exercice 1898.
- Le nombre des brasseurs établis à cette époque dans le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et de l’Irlande était de 7,388; les taxes payées à l’Etat atteignirent le chiffre de sf 12,1 Ao,552 , soit en francs 3o3,5 1 3,800.
- Deux brasseries ont exposé leurs produits.
- Grand prix. — La Société Arthur Qdinness son and C°, fabrication spéciale de porter; cette brasserie universellement connue produit à elle seule (annuellement) environ 2,5oo,ooo hectolitres, à Dublin (Irlande).
- Médaille de bronze. — Murrec Brewery and C°, bière en bouteilles, àGora Gully-Punjab (Indes).
- GRÈGE.
- La Grèce exposait pour la première fois; le Jury, désireux d’encourager une industrie à ses débuts, a accordé une même récompense aux deux brasseurs exposants.
- Médailles d’argent. — M. Phix (Cari J.), à Athènes; M. Pmx (Ludwig), à Athènes.
- GUATEMALA.
- La fabrication de la bière dans l’Amérique du Sud présente de grandes difficultés; depuis quelques années cependant plusieurs brasseries se sont installées ; grâce à un outillage perfectionné, elles arrivent à produire une bière capable d’entrer en concurrence avec les marques étrangères importées.
- Médailles de bronze.— MM. Sciilenker et GIC, fermentation haute, à Guatémala; Tastillo frères, fermentation basse, à Guatémala.
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- BOTSSONS DIVERSES.
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- HONGRIE.
- La destruction des vignes par le phylloxéra a contribué pour beaucoup au développement de la brasserie en Hongrie.
- En 1898, la production totale se montait à i,6oA,A6A hectolitres de bière dont la moitié environ était exportée.
- Les cinq brasseurs de Budapest dont le Jury a eu à apprécier les produits fabriquent annuellement environ un million d’hectolitres.
- Grand prix en collectivité accordé aux brasseurs : M. Antoine Dreher, à Budapest; Brasserie hongroise par actions, à Budapest; Brasserie bourgeoise par actions, à Budapest; Brasserie royale par actions, à Budapest; M. Haggemacher fils, à Budapest.
- ITALIE.
- La taxe perçue sur la bière en Italie (20 francs par hectolitre) fait de ce produit une boisson de luxe, inaccessible aux bourses moyennes et ouvrières.
- Les brasseries existantes écrasées par les impôts, sans parler delà concurrence des vins à bon marché, ne progressent que bien lentement.
- Les installations très modernes permettent de fabriquer une bière excellente, digne de lutter avec les meilleures marques de l’étranger.
- Médaille d’or.— MM. Metzger frères, bière fermentation haute, médaille d’argent, Paris 1889. à Asti (Alexandria).
- Médaille d’argent. — MM. Bosio et Caratsch, bière brune, à Turin.
- JAPON.
- Le saké, vin de riz fermenté et non distillé, est la boisson nationale du Japon.
- Ce produit, quoique dénommé vin, se rapproche beaucoup plus de la bière, faisant partie comme elle des boissons fermentées. Son goût, assez agréable en diffère totalement et sa grande teneur en alcool n’en permet l’emploi qu’à très petites doses.
- 9 A producteurs de saké ont soumis leurs produits à l’examen du Jury. 5 médailles d’or, 22 médailles d’argent, 26 médailles de bronze, 2 A mentions honorables ont été accordées.
- La bière vient ensuite comme boisson consommée; des usines fort importantes, installées avec les derniers perfectionnements des brasseries européennes, produisent une bière à fermentation basse absolument parfaite, au grand détriment des brasseurs allemands, anglais et français qui voient tous les jours leurs importations diminuer.
- Hors concours. — M. Watanabé (Torn), membre du Jury, à Hiogo-kén.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Trois brasseurs dont les produits ont été reconnus par le Jury de qualité égale ont obtenu chacun une médaille d’or.
- Médailles d’or. — Société de la fabrication de bière du Japon, marque Yébisu, à Tokio; Osaka Bakussiiu Kaisiia, marques Asohi et Nisliiki (production annuelle 6,000,000 grandes bouteilles dont 180,000 exportées en Chine et en Corée), à Suita (Osoka fu); Société de Marusan, bière de marque (Kabuto), à Handa (Haïté-kén).
- LUXEMBOURG.
- Hors concours. — M. Emile Moussel, bourgmestre de là ville de Luxembourg, membre du Jury. Grand prix. — L’Union des brasseurs luxembourgeois, à Luxembourg.
- MEXIQUE.
- En 1870 il n’existait pas de brasseries au Mexique; les bières étaient importées des Etats-Unis et surtout d’Allemagne.
- En 1 880, la fabrication indigène commença à se faire sentir malgré les difficultés de travail occasionnées par la température torride; mais grâce à l’appui du gouvernement, qui voit là un moyen de combattre l’alcoolisme, des efforts considérables ont été faits depuis plusieurs années, l’importation diminue tous les jours et la production atteint annuellement le chiffre de 35o,ooo barrels (lebarrels contient 160 litres), dont la plus grande partie se vend en bouteilles.
- La fabrication de la bière est complètement libre et exempte de tout impôt.
- Médailles d’or. — La Grande brasserie Cuauiitemoc, à Monterey, M. J.-J. Biscbolf, directeur technique : fermentation basse, production annuelle 90,000 hectolitres; toute la vente se fait en bouteilles; Société de brasserie Toluca y Mexico, à Toluca, M. Hagemeister, directeur technique : fermentation basse, fabrication annuelle 80,000 hectolitres, vente en bouteilles; la Cruz Blanca, à Mexico (Mexique) : installation raisonnée pour les pays chauds; Brasserie Montézuma, à Orizaba, directeur M. Burckhardt : fermentation basse.
- Médailles d’argent. — Brasserie de Ciiiiiuaiiua , à Chihuahua, fondée en 1896 d’après les systèmes les plus nouveaux : fermentation basse; Brasserie de San-Luis, à San-Luis : bière de fermentation basse.
- Médailles de bronze.— Brasserie de Gamero (Ramon), à Culiancan, etLaug(Jacob), à Nazallan : bière.
- NORVÈGE.
- La fabrication de la bière en Norvège était, en 1889, de 320,980 hectolitres; grâce à son climat, le procédé de fermentation parle bas est employé avec succès, et les bières peuvent rivaliser avec les meilleures marques. En 1898, la production atteint le chiffre de 462,672 hectolitres; par contre l’exportation, qui était de 1 2,488 hectolitres, tombe en 1898 au chiffre de 498 hectolitres.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- Grand prix collectif. — L’exposition des Brasseries Norvégiennes comprenant :
- MM. Aass (PL), à Drammen, médaille d’argent, 1889; Aktieselskaret Foss Bryggeri, à Christiania, médaille d’or, Paris 1889; Aktieselskaret NoraBryggeri, à Christiania; Aktieselskaret Sciions Bryggeri, à Christiania; Aktieselskaret TanBrüg, à Stavanger; Borcii Gic Aktiebryggeri, à Christiania; Christiania Aktie Albiiyggeri, à Christiania; Christiania Bryggeri, à Christiania, médaille d’or, Paris 1889; Ciiristiansands Bryggeri, à Christiania Sund; De Forenede Bryggierrier Fortuna Central, à Christiania, me'daille d’argent, Paris 1889; Elverum Bryggeri, à Elverum; Hamar Bryggeri, à Hamar, médaille d’argent, Paris 1878, médaille d’or, Paris 1889; Frydenlunds Bryggeri, à Christiania; Hausa Bryggeri, à Bergen; Lundehangens Bryggeri, à Skien; Rieff(JoIi), àHorten; Ruignes Cie, à Christiania, mention honorable, Paris 1878, médaille d’or, Paris 1889; Trondhjem Bryggeri, à Trondhjem.
- PAYS-BAS.
- La brasserie, en Hollande, a subi une transformation complète depuis une quinzaine d’années; la fermentation haute remplacée par la fermentation basse a permis l’installation de nouvelles usines produisant une qualité de bière tout à fait irréprochable.
- L’exportation en dehors des colonies néerlandaises atteint annuellement le chiffre de 75,000 hectolitres et la qualité fabriquée concernant seulement les quelques brasseries sur lesquelles des renseignements ont pu être obtenus, telles que Heineken, Amsterdam, Rotterdam, 250,000 hectolitres; Haautje-Amsterdam, 80,000 hectolitres; l’Amstel-Amsterdam, 160,000 hectolitres; Araujeboone (l’Oranger), Rotterdam, 200,ooohec-tolitres; brasserie Royale (Amsterdam), 50,000 hectolitres ; le Faucon, Amsterdam, 85,ooo hectolitres, peut être évaluée au total d’environ 900,000 hectolitres.
- 11 est bon d’ajouter que dans ce nombre entre une certaine quantité de bière légère à 10 degrés Balling et au-dessous.
- Hors concours. — M. J. Petersen , administrateur délégué de la Société des brasseries Heineken (Amsterdam et Rotterdam), membre du Jury, hors concours, Paris 1878, hors concours, Paris 1889.
- Médaille d’argent. — Société anonyme Brasserie M’Hautje (le Petit Coq), Amsterdam, très ancienne brasserie de fermentation haute transformée en fermentation basse en 1889 : bières en bouteilles spécialement préparées pour les régions tropicales; diplôme d’honneur, Bruxelles 1897.
- PÉROU.
- Le Jury a dû tenir compte des difficultés de fabrication et de la concurrence des bières étrangères importées dans le pays.
- Médaille d’or. — La Société de brasseries Backus et Johnson de Lima , fermentation basse. Médaille d’argent. — M. A. Kieffer (Aloïse), à Callao : bières en bouteilles.
- PORTUGAL.
- Le Portugal consomme peu de bière et la fabrication locale lutte difficilement avec la concurrence étrangère.
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- Médaille d’argent. — MM. Alves et Cio, à Lisbonne : bières en bouteilles.
- Médaille de bronze. — MM. Jaksen et C1c, à Lisbonne : fermentation haute et basse; médaille d’argent, Paris 1889.
- ROUMANIE.
- Médailles d’or. — La brasserie roumaine a soumis à l’examen du Jury les bières de trois usines : deux de qualité égale, Mmc Sophie-M. Bragadirl (marque E. Luther), à Bucarest, D.-M. Bragadiru-Démètre, à Bucarest, récompense de famille, ces deux industriels étant, dit-on, frère et sœur. Médaille d’argent. — M. Oppeer , à Bucarest.
- RUSSIE.
- La fabrication de la bière en Russie date des temps les plus reculés; l’eau-de-vie (vodka) n’existait pas alors, chacun pouvait brasser autant de bière et d’hydromel cju’il le désirait; en ii5o, il est fait mention de la contribution de kortchmira, c’est-à-dire impôt sur le droit de la vente de la bière et de l’hydromel.
- Dans le code des lois nommé «O Rousskaia Pravda» dressé à Novgorod-la-Grande, qui fut en vigueur du vie au xve siècle, on trouve des règlements sur l’imposition des matières servant à la fabrication de la bière.
- A partir du xie siècle, les églises et monastères russes perçurent des impôts sur la bière, et la consommation progresse jusqu’au xvf siècle, époque 011 l’alcool commença à être consommé en fortes proportions.
- En 1654 le gouvernement installa les cabarets du tsar; nul ne pouvait fabriquer de la bière sans l’autorisation du chef de la cour aux chopes et devait payer une redevance de h demi-copecks par quart de vedro (3 litres); plus tard, en 1 705 , le gouvernement essaya de concéder le droit de brassage de la bière à des espèces de fermiers, mais ce moyen ne produisit que de mauvais résultats et la vente libre de ce produit fut de nouveau autorisée.
- Jusqu’à 1861, la fabrication delà bière fut soumise à toutes sortes d’alternatives, tantôt imposée, tantôt dégrevée, et ce n’est qu’à partir de cette époque qu’une taxe de 20 copecks le vedro (12 litres) fut définitivement appliquée. En 1890, cette taxe fut portée à 3 0 copecks. Les droits payés à l’Etat en 18 8 6 furent de h, 8 5 5,0 0 0 roubles, soit i2,qiô,3oo francs (le rouble compté à 2 fr. 66). En 1896, l’impôt atteint le chiffre de 8,^92,000 roubles ou 22,588,720 francs, témoignage certain des progrès accomplis par cette industrie.
- Médaille d’or. — La Société de la brasserie Novaïa Bavaria, à Saint-Pétersbourg : bière à fermentation basse, grandes installations perfectionnées, expédition dans toute la Russie; production : 1,000,000 de vedro, 120,000 hectolitres.
- Médailles d’argent. — MM. Bradski (Lazare et Léon), à Kiew : bière en bouteilles; M. Alexan-drov (F.), à Malmijge : bières pasteurisées.
- Médaille de bronze. — M. Ligoski (Elie), à Vilna.
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- SERBIE.
- Par suite de la grande abondance des vins, la bière est peu consommée en Serbie; le nombre des brasseries, qui était de dix; en 1889, n’a pas augmenté; seule la production, qui était de 89,000 hectolitres à cette époque, est arrivée en 1889 au chiffre de 69,672 hectolitres. Par suite des communications plus faciles, l’exportation, qui était tombée à 3o hectolitres en 1896, atteint cette année 2,986 hectolitres.
- Deux brasseries seulement avaient exposé.
- Médaille d’or. — M. YVeifert (Georges), à Belgrade : bière fermentation basse pour l’intérieur et l’exportation; médaille d’or, Paris 1889.
- Médaille d’argent. — MM. Bailon (Ignace) et fils, à Belgrade : bière brune et blonde.
- SUÈDE.
- La fabrication de la bière en Suède est, pour un bon tiers, de fermentation haute (genre anglais : porter); les deux autres tiers, à fermentation basse, se fabriquent dans des usines installées d’après le genre bavarois, et la qualité peut concurrencer les bonnes marques d’Allemagne.
- Médaille d’or. — Un exposant, la Société anonyme de la brasserie de Bjurholm, à Stockolm, a envoyé une bière fermentation haute (genre stout).
- SUISSE.
- La bière est la boisson nationale dans les cantons nord de la Suisse, par contre elle est restée boisson de luxe dans les autres parties. Les statistiques faisant complètement défaut, on ne peut donner une évaluation approximative de l’importance et de l’augmentation de cette industrie depuis 1889.
- Les grandes brasseries munies de l’outillage le plus perfectionné installées dans les grands centres, tels que Bâle, Berne, Zurich, Genève, produisent des bières excellentes toutes de fermentation basse et des types les plus divers (Munich, Pilsen et viennois).
- Le Jury a accordé aux quatre brasseries exposantes : 2 médailles d’or, 1 médaille d’argent et 1 de bronze.
- Médailles d’or. — M. Hurlimann (A.), à Zurich, brasserie d’Euge : fermentation basse, grosse production : 90,000 hectolitres, médaille d’or, Paris 1889; Société de la brasserie de Saint-Jean, à Genève : fabrication soignée, production passée de 18,000 hectolitres en 1889 à 35,000 hectolitres en 1900.
- Médaille d’argent. — M. J.-B. Heumann, à Berne, brasserie Felsenau : bière d’exportation, médaille d’argent, Paris 1889.
- Médaille de bronze. — M. Albert Hess , à Berne : bières marques Hep Münchener, Hep Pilsener.
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- DEUXIÈME PARTIE.
- CIDRES.
- INTRODUCTION.
- L’expérience d’un siècle tout entier et les magnifiques résultats que nous ont donnés les expositions internationales prouvent que c’est au développement de leurs moyens de production que les nations doivent leur principale richesse et que c’est à l’industrie, qui invente chaque jour de nouveaux procédés, que nous devons le perfectionnement de ces moyens de production.
- L’industrie cidricole est donc au premier rang parmi les principales industries nationales qui soutiennent la bonne économie de notre pays, et si nous jetons un coup d’œil d’ensemble sur la situation où se trouvait celte industrie en France au moment où s’est ouverte la grandiose Exposition de 1900, nous serons frappés des importants progrès qui ont été accomplis dans ces dix dernières années.
- L’historique des cidres et des poirés n’étant plus à faire après le rapport si documenté que M. Féry d’Escland a présenté à la suite de l’Exposition de 1889 et qui donne tous les renseignements nécessaires sur l’origine de la culture de la pomme et sur la préparation rudimentaire du cidre et du poiré dans tous les pays du monde, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, nous ne voyons rien à y- ajouter qui puisse compléter cet intéressant travail. Nous examinerons seulement l’état actuel de la production deces deux boissons, leur préparation et leur entretien; en même temps nous signalerons les meilleurs produits exposés.
- Dans un certain nombre de nos départements, la production du cidre et du poiré atteint annuellement une importance considérable qui égale presque celle de la production vinicole des pays où l’on cultive spécialement la vigne.
- Confinées dans la Normandie et la Bretagne, ces deux boissons ont été trop longtemps méconnues et on ne saurait trop réagir contre ce regrettable oubli.
- Nous reconnaîtrons d’aborcl que la section française des cidres et des poirés et eaux-de-vie de cidre, installée à l’Exposition universelle de 1900, a remporté un succès incontestable et il faut, pour leur rendre justice, en savoir gré aux exposants qui y ont largement contribué.
- Pour se conformer au but pratique et humanitaire qui avait présidé à l’organisation de l’Exposition, le Comité avait résolu de participer dans la plus grande mesure de ses moyens à l’éducation industrielle des visiteurs et, pour atteindre ce but, il avait décidé l’installation avec dégustation de deux cidreries modèles, dont l’une avec broyeur et l’autre avec diffuseur.
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- imprimerie nationale.
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- Aussi, en visitant cette exposition nous avons pu constater que les perfectionnements qui ont été apportés clans la fabrication depuis 1889 ont donné des résultats très appréciables comme rendement et comme qualité. Maintenant, si nous voulons nous rendre un compte exact des grands progrès qui ont été réalisés dans cette industrie et principalement dans la fabricalion, nous n’avons qu’à consulter la statistique de pro-r cluctions des dix dernières années, de 1889 à 1900, et nous trouvons une augmen-
- Pavillon de la Cidrerie à l’Exposition universelle de 1900.
- tation de 2,5 00,000 hectolitres environ sur les dix années précédentes. Nous voyons aussi que l’exportation a également augmenté de 5oo hectolitres pendant que l’importation s’élevait en même temps de 600 hectolitres environ, formant ainsi la moyenne des dix dernières armées.
- D’après la loi du 29 décembre 1900, le nouveau régime des boissons tend à faire augmenter la consommation du cidre, à la condition toutefois que les industriels et les propriétaires cidriers en surveillent sérieusement la bonne fabrication et s’inspirent
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- utilement des théories de nos savants pomologistes, les Sirodot, Lechartier, Truelle, Herrissant, Andouard et tant d’autres qui sacrifient une grande partie de leur temps à l’étude de ces questions si intéressantes.
- Au point de vue commercial, il reste encore beaucoup à faire et nous voyons avec satisfaction que la plupart des principaux industriels s’en sont émus et qu’ils ont cherché le moyen de remédier à cet état de choses.
- Dans cette intention, ils viennent de se constituer en syndicat sous le titre de : «Syndicat de l’industrie cidricole», ayant pour but : i° l’étude pratique des améliorations qu’il est possible de réaliser dans la fabrication des cidres, poirés et eaux-de-vie de cidre: 2° l’étude de la défense des intérêts économiques, industriels, commerciaux et agricoles de l’industrie cidricole.
- Il a également pour but soit d’intervenir auprès des pouvoirs publics et des autorités compétentes, soit auprès des tiers, pour toutes les questions concernant ses intérêts. Voilà certes de la bonne besogne, et c’est en groupant ces éléments de vitalité que cette industrie trouvera sa force et sa supériorité; aussi sommes-nous heureux, dans cet exposé, de lui souhaiter la bienvenue , en espérant que son action bienfaisante et son influente intervention nous donneront bientôt de précieux et utiles résultats.
- Ajoutons que la Chambre des députés vient de voter tout dernièrement un crédit de 10,000 francs pour la création d’une station pomologique dans le but de favoriser l’étude de la fabrication des cidres. C’est un pas de fait vers une amélioration utile et nécessaire, mais il est à souhaiter que nos députés des départements cidriers obtiennent encore de nouveaux crédits afin de pouvoir arriver promptement à un résultat plus pratique.
- Enfin, parmi les avantages que présente la nouvelle loi sur la réforme du régime des boissons qui a été promulguée par décret du 29 décembre 1 900, nous devons citer principalement comme des plus utiles la suppression des droits de détail, d’entrée et de taxe unique qui étaient perçus jusqu’alors sur les cidres et les poirés, qui restent soumis au droit général de circulation, dont le taux est fixé uniformément à 0 fr. 80 par hectolitre.
- Si la sollicitude des pouvoirs publics ne fait pas défaut aux efforts tentés en vue de développer cette branche de l’industrie nationale et si les producteurs, rompant avec leurs anciens errements, suivent les enseignements qui leur sont donnés, le succès est assuré et le cidre et le poiré deviendront à l’avenir des boissons françaises dont le revenu augmentera la prospérité et la richesse de la patrie.
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- CHAPITRE PREMIER.
- IMPORTANCE DE LA FABRICATION DES CIDRES EN FRANCE DEPUIS L’EXPOSITION DE 1889. — IMPORTATION ET EXPORTATION.
- Pour se rendre compte de l’importance de la production des cidres dans les différents départements, on peut se Laser sur le rendement moyen des dix dernières années en faisant remarquer que l’augmentation dans les grandes années de production est en rapport avec les progrès de la fabrication et que la diminution dans les mauvaises années provient surtout des intempéries des saisons et des ravages que causent les insectes.
- La Normandie est le véritable pays du cidre et du poiré et, sous le rapport du rendement, de l’importance des récoltes et de l’étendue des cultures, elle a acquis une prépondérance considérable sur toutes les autres contrées cidricoles par la perfection de son industrie spéciale ainsi que par la quantité et la qualité de ses produits. La moyenne décennale de sa production pour les cinq départements dépasse 5,3oo,ooo hectolitres, tandis quelle atteint à peine 4,5oo,ooo hectolitres pour les cinq départements de la Bretagne, qui vient au second rang par l’importance de sa production. A elles seules ces deux provinces donnent les cinq sixièmes des cidres français.
- En consultant la statistique décennale nous remarquerons que la plus importante production qui ait été fournie depuisi83o a été atteinte par la récolte de Tannée 1893, qui s’est élevée jusqu’à l’énorme rapport maximum de 3 1,608,585 hectolitres.
- La production de Tannée 1895 peut être placée au second rang parmi les bonnes années, quand on songe que son rapport a atteint le chiffre de 25,587,000 hectolitres.
- Nous pouvons citer également la production de Tannée 1899 , qui peut être considérée comme une des meilleures avec son rendement de 20,835,000 hectolitres.
- Enfin, nous ferons remarquer en même temps que Tensemhle de la récolte des cidres dans toute la France est évalué, pour Tannée 1900, à la quantité exceptionnelle de 3i,000,000 d’hectolitres environ, et qu’elle dépasse ainsi de 10,573,280 hectolitres la production normale de Tannée 1899 et de 13,949,983 hectolitres la moyenne des dix années antérieures.
- Quant à l’importance de l’exportation pendant la période de temps qui s’est écoulée de 1 890 à 1 900, nous constaterons que Tannée où elle a atteint son plus fort maximum est celle de 1899 avec le chiffre de 27,028 hectolitres. Vient ensuite Tannée 1896 qui accuse également une exportation importante s’élevant jusqu’à 25,707 hectolitres.
- Nous pouvons encore citer dans cette petite nomenclature Tannée 1897, pendant laquelle notre exportation a monté à 23,36o hectolitres. '
- D’un autre côté, l’importation la plus élevée a été, pour Tannée 1890, de 7,o35 hectolitres, et en 1898 elle a encore atteint 4,524 hectolitres.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- Du reste, on peut facilement s’en rendre compte par le tableau de statistique ci-après qui résume le mouvement de la production, de l’importation et de l’exportation des cidres depuis 1890 jusqu’à 1900.
- PRODUCTION DES CIDRES EN 1900.
- PRODUCTION, IMPORTATION UT EXPORTATION DES CIDRES (1890-1900).
- ANNÉES. PRODUCTION. IMPORTATION. EXPORTATION.
- hectolitres. hectolitres. hectoliti-BS.
- 1890 1 1,095,000 7,o35 9,000
- 1891 9,380,000 684 10,000
- 1892 10,l4l,000 403 10,600
- 1893 81,609,000 845 1 4,537
- 1894 i5,54i,ooo 744 18,172
- 1895 35,587,000 077 2 3,0 2 8
- 1896 8,07/1,000 402 25,707
- 1897 6,789,000 3o5 23,36o
- 1898 10,637,000 4,52 4 17,881
- 1899 20,835,ooo 598 27,028
- Moyenne 15,459,000 l,6l 2 *7>931
- 1900 (10 premiers mois) 29,409,000 587 81.249
- Maintenant, nous allons jeter un rapide coup d’œil sur l’ensemble de la production des cidres dans chaque département, pendant les deux dernières années de 1899 et 1900, ce qui nous permettra d’établir en même temps une comparaison avec la moyenne normale des dix années précédentes.
- Nous remarquerons que les départements dans lesquels la récolte est la plus abondante sont régulièrement : le Calvados, les Côtes-clu-Nord, l’Ille-et-Vilaine, la Manche, l’Orne et la Sarlhe.
- Il ressort de l’observation de cette statistique que l’augmentation de la production pour 1900 est très appréciable dans chaque département eu égard au rendement des autres années.
- Nous regrettons que le cadre de cette étude ne nous permette pas d’entrer dans des détails plus précis sur ces rapports annuels, aussi nous conseillons aux spécialistes de consulter le tableau suivant, dressé d’après des chiffres officiels, qui présente la situation exacte de la production des cidres par départements, avec l’indication de la moyenne des années antérieures et un état de comparaison entre les deux dernières.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- PRODUCTION DES CIDRES EN 1899-I 000.
- N 0 M S
- DES DEPARTEMENTS.
- Ain..............
- Aisne............
- Allier...........
- Alpes (H,-ml es-). .
- Ardèche..........
- Ardennes.........
- Ariège...........
- Aube.............
- Aveyron..........
- Bouches-du-Rhône
- Calvados.........
- Cantal...........
- Charente.........
- Cher.............
- Corrèze..........
- Côtes-du-Nord.. . Creuse.........
- Dordogne.........
- Doubs............
- Drôme............
- Eure.............
- Eure-et-Loir ....
- Finistère........
- Gard.............
- Garonne (Haute-)
- Gironde..........
- Hle-et-Vilaine.. . .
- Indre............
- Indre-et-Loire.. . .
- Isère ...........
- Jura.............
- Loir-et-Cher.....
- Loire............
- Loire (Haute-). . . Loire-Inférieure. .
- Loiret...........
- Lot..............
- Lot-et-Garonne.. . , Maine-et-Loire.. .
- Manche ..........
- Marne............
- Marne (Haute-).. , Mayenne..........
- RÉCOLTE DES CIDRES. COMPARAISON
- DE L’ANNEE 1Q00 AVEC L’ANNEE lSûQ,
- moyenne
- ANNÉE 1899. année 1900 DES DIX dernières années Augmentation.
- ( >890-1899). Diminution.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- 9,190 29,556 3,1 20 20,366 Il
- 169,760 965,6oo 16 4,65 0 95,84o II
- 91,937 5 7,3 (i 3 27,728 36,1 26 II
- 1 3 18 53 5 II
- 7 5 1,489 1 5.9 1,407 II
- 07,899 72,999 71,88/1 14,4oo U
- 1 4o 9.87 5o 14 7 II
- 03,69/1 75,8/10 37,334 32,146 //
- 90,8 6 A 41,707 97,097 90,843 //
- 505 890 691 265 II
- 1,58/1,97/1 3,i37,54o 1,671,16/1 1,559,566 II
- 9,711 9,732 5,438 7,021 U
- 4,7/16 28,96/1 5,396 2/1,218 a
- 7»177 36,826 9 0,1 1 1 99,6/19 u
- 90,17/1 78,678 31,158 58,4o4 U
- 9,939,870 2,096,5/10 1,34/1,2.59 356,670 II
- 6,565 82,429 22,621 7.0,86/1 II
- 9,6/19 35,584 1/1,678 25,935 H
- 58 9,222 755 9,i64 If
- 9.35 4 a 5 100 190 n
- 1,900,869 3,35o,387 1,106,676 1,1/19,518 n
- 173,087 3 5 0,9 9 9 1.54,89/1 177,135 //
- 9.5 1,800 169,585 913,697 // n
- II II // // H
- i,A88 1,706 9,102 218 n
- 6/|9 4,869 1,879 4,290 n
- 4,93/1,190 5,o5o,310 9,895,030 81 6,1 20 n
- 3 1,101 11 4,8 4 9 40,907 93,691 n
- 60,739 77>a91 4/1,755 l6,559 U
- 9,474 7,870 4,173 5,396 II
- 9'« 5,533 1,961 5,43g n
- 3/1,467 .09,876 2 2,5 1 9 25,419 n
- 9,5 12 10,811 4,141 8,299 n
- 261 4,827 690 4,566 u
- 601,180 703,676 406,693 12,490 n
- 4o,55i 90,428 28,662 44,877 n
- 4,58o 7,828 6,216 3,2 48 u
- II II 15 5 // n
- 101,026 7/1,120 69,090 // 26,905
- 3,829,402 . 2,712,168 i,5o6,884 // 1,117,9.34
- 86,776 5o,42.5 26,222 13,65o n
- 1 2/1 1,620 35o i,4g6 n
- 83l,&90 1,270,8/18 622,361 439,328 II
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- BOISSONS DIVERSES.
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- PRODUCTION DES CIDRES EN 1 8 y ()-1 () o o. (Suite.)
- NOMS RÉCOLTE DES CIDRES. COMPARAISON DE L’ANNÉE 1 qOO
- DES DÉPAllTEMENTS. ANNÉE 1899. année 1900. MOYENNE DES DIX dernières années (1890-1899). AVEC L’ANN Augmentation. EE 1899. Diminution.
- hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres. hectolitres.
- Meuse 1 ,ogo 2,160 2,02 1 i,o55 Il
- Morbihan 889,770 1,671,030 867,3 1 7 781,260 II
- Nièvre 6,990 3g,464 10,822 32,474 U
- Nord 4o,34i 14 ,(i 0 0 t7’599 // 26,741
- Oise 989,109 700,-862 361,002 41 i,2o3 II
- Orne 1,1 4 0,6 3 0 2,929,120 1,1 e8,3i 2 1,888,490 II
- Pas-de-Calais 64,i 90 127,247 68,273 6.3,067 U
- Puy-de-Dôme 33,276 91,862 40,676 68,677 U
- Pyrénées (Basses-) 6,206 7,4i 9 7,285 1,213 n
- Pyrénées ( lia nies- ) 5,455 5,53o 2,889 7 3 u
- Rhin (Haut-) 73 3,oi 3 718 2,94° n
- Saône (IJaule-) 267 18,915 3,6i 4 18,648 //
- Saone-et-Loire 278 i,63o 385 1,35e //
- Sarthe 1 ,i43,36o 915,206 584,83i // 228,154
- Savoie 11,192 25,558 1.5,34 g 14,366 //
- Savoie (Haute-) 9i,44o 52,703 74,248 //
- Seine 209 851 313 642 n
- Seine-Inférieure 9°9’937 1,809,333 970,255 899,396 u
- Seine-et-Marne 113,654 263,435 112,730 149,781 n
- Seine-et-Oise 116,48 4 277,638 1 ^7’997 161,15 4 n
- Sèvres (Deux-) 19,061 29,346 13,993 10,296 n
- Somme 144,o41 299,135 200,992 155,094 u
- Tarn 881 3,o65 i,o58 2,184 u
- Tarn-et-Garonne......... 720 // 127 II 700
- Vendée 14,768 14,e45 5,807 // 513
- Vienne 12,568 17,645 17,486 6,077 //
- Vienne (Haute-) 21,670 1.54,007 72,4g1 182,337 //
- Vosges 85 8,o3o i^99 7’9/|3 //
- Yonne 115,510 221,606 92,833 106,096 //
- Totaux 20,835,568 29,408,848 1.5,458,865 10,061,862 Augmenl. : 1,488,572 8,573,280
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900
- CHAPITRE II.
- LES CIDRES À L’ÉTRANGER. — PRODUCTION.
- La culture de la pomme et l’industrie cidrière se sont développées dans les différentes contrées de l’Europe et de l’Amérique du Nord en proportions fort inégales, ce qui, pour l’époque actuelle, peut donner lieu au classement suivant:
- i° Pays grands cidriers : France, Allemagne, Angleterre, États-Unis, Suisse, Autriche-Hongrie, Espagne;
- 9° Pays petits cidriers : Canada, îles anglo-normandes, grand-duché de Luxem-Dourg, Belgique, Bosnie-Herzégovine;
- 3° Pays non cidriers, mais exporteurs de pommes et de poires : la Hollande et l’Italie.
- Cette culture constituant avec l’industrie cidrière une des principales sources de revenus pour les pays qui s’y adonnent, il y a intérêt pour les gouvernements respectifs à en développer les progrès, par des mesures bien ordonnées et sagement appliquées, et par un enseignement approprié aux conditions locales.
- Lorsqu’on examine les industries cidricoles de ces différents pays d’Europe et que l’on cherche à mettre en parallèle leurs produits avec les nôtres, on constate qu’il est impossible d’établir une comparaison entre les cidres de fabrication étrangère et ceux de nos départements cidriers français.
- L’Allemagne fabrique et consomme beaucoup de cidres, notamment dans la région du Mein, dans le grand-duché de Bade et dans le Wurtemberg, où on le paye de i 3 à î 5 marcs l’hectolitre, suivant la qualité.
- Notre exportation de fruits en Allemagne se répartit principalement entre Francfort, Stuttgard et Breslau, où la fabrication du cidre a pris un grand développement et où l’on emploie surtout les pommes de Bretagne et de Normandie à la préparation d’un cidre mousseux qui se boit sous le nom de «Bock Champagnew et qui est très apprécié dans les brasseries allemandes.
- L’Allemagne produit régulièrement des cidres très bien préparés, mais qui n’ont aucune comparaison et aucune ressemblance avec nos cidres français. Les cidres allemands sont très clairs et se rapprochent plutôt de nos petits vins de Saumur champagnisés, avec lesquels ils ont beaucoup de rapport.
- Ils sont d’ordinaire très bien traités et trouvent facilement de grands débouchés à l’exportation. Il est à prévoir que si nos cidres étaient traités de la même façon, ils seraient préférés aux cidres allemands pour la raison bien simple qu’ils fabriquent annuellement leurs cidres avec nos propres fruits, dont ils achètent la plus grande partie sur place, la France ayant encore fourni à l’Allemagne, pendant les derniers mois de l’année 1899, 1,908 wagons de pommes récoltées sur noire territoire.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- Bien qu’il n’existe pas encore en Allemagne de statistique spéciale sur les cidres, nous constaterons, malgré cela, que pendant longtemps la fabrication des cidres se concentrait seulement sur les poires et sur les pommes, et quelle s’est étendue maintenant sur une grande quantité de fruits à baies, dans le genre des groseilles et autres, et que, d’une industrie domestique, elle est devenue une grande industrie occupant plus de 5,ooo ouvriers.
- Surtout depuis que l’abstinence des produits de fermentation a fait des progrès importants, le cidre, par ses qualités moins alcooliques et plus astringentes, a vu augmenter, dans de grandes proportions, sa consommation et son exportation.
- La ville de Francfort-sur-Mein est le principal siège de cette fabrication, qui a pris un grand développement dans ces dix dernières années, grâce à l’emploi des nouvelles méthodes et des machines modernes, ainsi qu’aux résultats des savantes études faites sur la fermentation.
- Enfin, il existe en Allemagne plusieurs stations pomologiques qui fonctionnent sous une direction scientifique s’occupant simultanément de la culture des fruits à l’usage des cidriers et de la culture des levures convenables à la fermentation, ce qui est actuellement un des plus grands avantages de la fabrication allemande.
- L’Espagne, qui pratique la culture de la pomme depuis des siècles, fabrique également des cidres qui sont bien préparés, mais, comme tous les cidres mousseux, ils ont toujours le défaut d’être trop champagnisés. Malgré cela, l’Espagne est de tous les pays étrangers un de ceux qui exportent le plus de cidres. La province des Asturies nous expédie une certaine quantité de pommes et, tout dernièrement, à Villaciosa, on vient d’installer une belle cidrerie, montée dans le genre des grandes cidreries françaises.
- La production du cidre en Espagne est d’environ à millions à’hectolitres. Seul le nord de la péninsule s’adonne fortement à cette industrie dont les parties centrales et orientales augmenteront rapidement et sous peu leur production à cause de l’active culture qu’on y observe.
- La province de Guipuzcoa produit annuellement environ un million d’hectolitres et emploie près de mille ouvriers. ’
- Il y a aussi des fabriques très importantes dans les provinces de Vascongadas et de Santander.
- L’exportation se fait sur une grande échelle dans toutes les Amériques du centre et du sud : Cuba-Puerto-Rico, Philippines, Chine, Japon, etc.
- Gigon, le grand centre du commerce des Asturies, possède également des fabriques très importantes.
- L’Angleterre, bien que cultivant et récoltant une assez grande quantité de pommes, est cependant obligée de faire des achats importants sur le continent et particulièrement en France, dans les principales régions cidricoles de la Bretagne et de la Normandie. Elle fabrique et consomme également un certain nombre de cidres très secs et très appréciés pour l’exportation.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Les Français clu Canada et les Anglais des États-Unis, ainsi que les Américains de la République Argentine, ont depuis longtemps planté des pommiers qu’ils ont fait venir d’Europe et dont ils travaillent les fruits avec succès; les cidres qu’ils préparent et qu’ils nous expédient sont clairs, limpides et peu alcooliques; mais, malgré ces qualités, leur conservation laisse beaucoup à désirer.
- Depuis quelques années, la Russie fabrique une grande quantité de cidres qui sont assez bien préparés et, vu son étendue et sa population, la consommation en est très importante. Cependant les excellents produits que les Russes ont exposés à notre dernière exposition, sous le titre de cidres, avaient plus de rapports avec nos vins sucrés du Midi et d’Espagne.
- A propos du commerce des fruits à cidre à l’étranger, nous signalerons le rapport très intéressant de M. Robert Halmayer, membre du Congrès international pomolo-gique de 1900, sur les arrivages de pommes à Stuttgarcl, et dans lequel nous trouvons quelques renseignements qui nous paraissent intéressants.
- D’après ce rapport, la place de Stuttgard, une des principales pour le commerce des fruits à cidre en Allemagne, aurait reçu, à la fin de décembre dernier, 4,099 wa“ gons de pommes de provenances diverses, qui se répartissent d’après les nombres suivants :
- 1,208 wagons de France, 1,114 de Relgique et de Hollande, 660 d’Italie, 595 de Hesse et des provinces Rhénanes, 389 d’Autriche-Hongric, 96 de Bavière, 4o d’Espagne, 3i de Bade, 3 de Wurtemberg, 3 d’Alsace, 1 de Saxe.
- La plupart de ces wagons pesaient 12,000, i5,ooo et même quelques-uns 20,000 kilogrammes.
- Comme il y a une grande importance à ouvrir pour nos récoltes des débouchés suffisamment rémunérateurs qui nous dédommagent de nos sacrifices, nous croyons qu’il est urgent de prendre l’initiative d’une organisation du commerce international des fruits à cidre mieux appropriée aux besoins et aux moyens de transactions de notre époque.
- A l’étranger, dans toutes les industries, nous voyons les producteurs se syndiquer pour la vente en commun de leurs produits, afin de profiter des débouchés et des réductions de transport; il est regrettable qu’en France, dans le commerce des fruits à cidre, nons n’ayons pas de syndicats de vente ou d’achat en relation avec les différentes nations cidricoles étrangères et, sous ce rapport, tout reste à faire, faute de cours uniformes.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- CHAPITRE III.
- PROGRÈS OBTENUS DANS LA FABRICATION. — THÉORIE DES FERMENTS.
- CLARIFICATION.
- L’utilisation des pommes et la préparation des cidres, dans les départements de l’Ouest et du Nord-Ouest de la France, semblent avoir fait queques progrès grâce aux cidriers de profession qui ont, pendant ces dernières années, organisé des fabriques importantes de ce produit spécial si délicieux et si appréciable, surtout quand il est préparé avec soin et clans des conditions normales.
- Actuellement les fabriques de cidre procèdent de la façon suivante :
- On emmagasine les pommes dans de vastes greniers, où elles sont classées, suivant leurs espèces et leur époque de maturité; de là, elles sont reprises par des wagonnets ou autres moyens de transport, et amenées au-dessus du broyeur.
- Généralement on broie les pommes telles qu’elles se trouvent sous la pelle, en bonne maturité, malgré la présence de nombreuses pommes avancées, blondes, et quelques fois mêmes pourries, ce qui est très regrettable, car de cette façon on envoie le tout dans le broyeur et on obtient ainsi un produit douteux provenant du mélange du bon jus doux des pommes saines et du mauvais jus âcre des pommes avancées.
- Dans l’une des dernières fabriques construites à Orbiquet, dans la vallée de l’Auge, on a la précaution de trier les pommes à la main, pour en isoler celles qui sont pourries ou blondes; de là, elles sont poussées dans un laveur méthodique à eau courante où elles sont débarrassées de toutes les impuretés qui les souillent, telles que les herbes, les feuilles, la terre, etc., puis elles sont rejetées sur un tamis pour les égoutter et les sécher. Cette précaution, qui semble également exister dans quelques autres fabriques, nous paraît excellente et même indispensable pour assurer la pureté et la qualité des cidres qui sont recueillis par la suite.
- Il existe plusieurs systèmes de broyeurs, mais les plus usités sont ceux qui sont construits par MM. Simon frères, à Cherbourg.
- A la sortie du broyeur, les pommes, réduites en pulpe grossière, tombent dans des cuves fixes ou mobiles, montées sur trois roues, et amenées auprès des tabliers des presses, où on les entasse par couches successives de o m. 10 de hauteur environ, contenues dans des toiles résistantes et séparées par des claies en bois ou en osier. Ces toiles, ces claies, ainsi que les tabliers et les tuyaux qu’ils comportent, sont lavés et brossés à l’eau chaude tous les soirs.
- Autrefois, on employait comme presses des appareils analogues à ceux qu’on voit dans tous les concours; aujourd’hui, la grande industrie a donné la préférence aux presses automatiques et surtout aux presses hydrauliques, dont l’action puissante et rapide permet d’exprimer plus de jus et donne un meilleur rendement.
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- 536
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE I960.
- Après cette première pressée, les marcs sont remis en cuves et additionnés d’une légère quantité d’eau, pour épuiser le sucre et les essences fruitées qui n’ont pu être extraits la première fois. La seconde pressée fournit une boisson de cidre généralement réservée à la consommation des contrées de production.
- Le jus coulant des presses est recueilli dans de vastes réservoirs, d’où il est repris par des pompes pour être envoyé dans les cuves de fermentation. Suivant la méthode ordinaire, le jus fermente naturellement d’une façon tumultueuse pour donner au bout de quatre à cinq jours un liquide fruité, clair et limpide comme du madère. Au moment précis où la limpidité est obtenue, le cidre se trouve entre deux couches de lies, celle inférieure, qui est composée des matières lourdes, et celle supérieure, qui ne contient que les parties légères; cette dernière est la plus abondante et forme ce qu’on est convenu d’appeler le chapeau.
- Dès que le travail de fermentation est jugé suffisant , on soutire aussitôt pour mettre en cave de garde.
- Celte partie de la fabrication est la plus importante, c’est d’elle que dépend la qualité et la bonne conservation des cidres.
- Dans la cidrerie d’Orbiquet que nous avons signalée plus haut, la fermentation est soignée d’une façon toute spéciale. Les cuves qui y sont employées sont construites en ciment armé et doublées intérieurement en verre; de plus, elles sont hermétiquement fermées et munies à leur partie supérieure d’un tuyau d’aération plongeant dans un récipient en verre rempli d’eau, placé à l’extérieur. Le gaz acide carbonique produit par la fermentation s’évacue sous formes de bulles, en barbottant dans l’eau du récipient en verre, et indique, à tout moment, la bonne marche et la rapidité de la fermentation. Aussitôt que le dégagement d’acide carbonique se ralentit, cette première fermentation est terminée; alors on contrôle la limpidité du cidre, par une prise d’échantillon que fournit un robinet spécial, et on soutire immédiatement au clair.
- La salle de fermentation de la cidrerie d’Orbiquet, qui contient trente citernes semblables, est en plus munie d’un appareil spécial destiné à pasteuriser les moûts provenant des presses, et d’un autre appareil qui a pour fonction de produire d’une manière continue une levure pure de cidre, sélectionnée suivant les nouvelles théories de la microbiologie et choisie parmi les nombreux ferments qui se trouvent en abondance sur l’enveloppe extérieure des pommes.
- Par l’emploi de ces deux appareils, les moûts sont pasteurisés et refroidis à leur arrivée des presses, mis en citernes et ensemencés de levures pures. La fermentation commence alors au bout de quelques heures et le travail se fait comme il est dit plus haut.
- Les cidres mis en cave de garde, soit en fûts, soit en citernes, se troublent à nouveau par l’effet de la fermentation lente et s’éclaircissent peu à peu ; ensuite ils sont soutirés deux ou trois fois avant de les livrer à la consommation.
- Pour la fermentation secondaire, les sucres naturels de la pomme se transforment peu h peu pour fournir de l’alcool.
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- Ils deviennent ce qu’en terme normand on appelle parés, c’est-à-dire bons à boire, quand ils ne pèsent plus que ioi3 à 1020 au densimètre; c’est à ce moment qu’il convient de les expédier à Paris et dans les environs, où la clientèle préfère le cidre doux. En Bretagne et en Normandie, on aime plutôt les cidres secs, c’est-à-dire ayant transformé en alcool tout leur sucre de constitution.
- De ce qui précède, nous avons constaté avec satisfaction que la préparation des cidres s’est considérablement améliorée dans cette région, où l’industrie cidricole est en progrès, comparativement à ce qui se fait dans les campagnes où l’on récolte des pommes à cidre.
- Par les efforts du nouveau syndicat de l’industrie cidricole et par les études scientifiques que l’Etat se propose de faire exécuter dans un laboratoire pomologique qui doit être créé prochainement, il y a lieu d’espérer que, comme les autres industries agricoles, telles que les brasseries, les distilleries et les laiteries, nos cidreries pourront à leur tour, dans l’avenir, par les perfectionnements réalisés dans leurs installations, amener la clientèle à consommer leurs produits, de préférence à ceux si souvent mal préparés par les cultivateurs.
- Nous prévoyons même que les cidreries prendront, dans un court délai, une importance de plus en plus grande, en accaparant toutes les fournitures de cidre dans les grandes villes de l’Ouest et en étendant leur clientèle extérieure.
- La fermentation a été observée dans la plus haute antiquité, et dès lors, les hommes ont cherché à en tirer profit et à l’utiliser.
- Le mot de fermentation vient de fervere, bouillir.
- En effet, on remarque, au bout de plusieurs jours, dans le jus exprimé par la presse des pommes broyées, une production de petites bulles légères qui viennent éclater à la surface, puis, sous l’action de la chaleur naturelle, le mouvement s’accentue et bientôt un bouillonnement violent agite et soulève le liquide. C’est au dégagement d’acide carbonique qu’est dû ce phénomène d’effervescence.
- On appelle matière fermentescible toute substance qui se transforme sous l’influence d’une autre désignée sous le nom de ferment.
- La théorie du rôle de l’oxygène et d’acide carbonique a été étudiée par Pasteur, qui en a déterminé et classé méthodiquement les principes fondamentaux.
- La fermentation sponlanée du jus de pommes ou de poires a lieu par l’action de levures, champignons microscopiques dont les spores ont été apportées par l’air et déposées sur la pomme et sur la poire; parmi ces levures, le saccharomyces mali est l’espèce la plus importante de toutes les variétés.
- Par les procédés de la microbiologie, on isole les meilleures levures parmi celles qui font fermenter le cidre et on les cultive en moûts nourriciers d’origine végétale, en suivant les prescriptions de Pasteur.
- Ces cultures de levures pures étant introduites dans le moût, avant la fermentation naturelle, empêchent les levures sauvages d’évoluer, et le cidre ainsi traité s’éclaircit rapidement.
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- Malgré les réformes et les améliorations obtenues jusqu’ici dans les fermentations rationnelles, le résultat obtenu n’est pas encore complet, mais de nouvelles études pratiques se continueront et on a l’espoir d’y arriver très prochainement.
- La clarification des cidres ne peut s’obtenir que lorsque toute trace de fermentation a disparu; différents moyens ont été préconisés pour l’effectuer: les uns mécaniques, les autres chimiques.
- L’emploi du mica et du kaolin, de même que les sels alcalino-terreux, blanc d’Espagne, donne d’assez bons résultats depuis quelques années.
- Parmi les substances azotées, on emploie les blancs d’œufs et les colles de poissons, ainsi qu’une solution titrée de gélatine. On emploie également le cachou, suc végétal que l’on fait dissoudre, et, enfin, après les écorces tannifères pulvérisées, c’est encore l’emploie du tanin qui convient^le mieux pour la bonne clarification, car cette substance ne donne aucun mauvais goût et assure la conservation du cidre.
- Pour nous, le moyen le plus pratique de tous ceux qui sont indiqués ci-dessus et celui que nous préférons, parce qu’il est plus usité et plus naturel, c’est le soutirage. Nous avons toujours remarqué qu’un cidre qui a été soutiré trois fois avec soin, après chaque fermentation, donne de très bons résultats.
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- CHAPITRE IV.
- LE CIDRE ET LES TARIFS DE CHEMINS DE FER.
- CONSIDÉRATIONS.
- Depuis longtemps les producteurs de cidre et de poiré réclament auprès des compagnies de chemins de fer et de l’Etat des conditions toutes spéciales et des réductions suffisamment avantageuses sur les tarifs de transport qui leur semblent beaucoup trop élevés et par ce fait préjudiciables aux intérêts mêmes de leur industrie qui a plutôt besoin de mesures destinées à faciliter la circulation, à protéger la production et à augmenter la consommation.
- Leur sort est, en effet, entre les mains des directeurs des grandes compagnies de chemins de fer et du Gouvernement dont dépendent leurs intérêts, leur existence et leur avenir: aussi nous espérons que leurs réclamations seront entendues et qu’un accord commun déterminant des taxes plus équitables viendra bientôt améliorer la situation.
- Il faut reconnaître cependant que de notables améliorations ont été apportées dans ces dernières années aux conditions de transport. Ainsi, dès 1892, fut homologuée une proposition faite par la Compagnie de l’Ouest dans le but d’abaisser de 5,000 à 500 kilogrammes la condition de tonnage exigée pour l’application aux cidres et poirés expédiés en fûts sur Paris du minimum du tarif de 11 fr. 5o par tonne, ce qui, grâce à celte nouvelle disposition, permit à l’expéditeur d’un fût de 450 litres de bénéficier du tarif réduit.
- Enfin, tout dernièrement encore, parmi les articles des tarifs de chemins de fer qui ont été homologués par un arrêté du Ministre des travaux publics du 29 octobre 1900, nous signalions particulièrement ceux qui nous paraissaient avoir le plus d’intérêt pour les producteurs.
- Ces articles sont relatifs au pesage, au magasinage, à la fourniture des wagons, à leur chargement et à leur déchargement, aux délais de livraison et d’enlèvement des marchandises, à l’avis de souffrance à adresser à l’expéditeur et bien d’autres mesures encore dont les acheteurs et vendeurs de pommes et de cidre ont eu souvent à s’occuper.
- Plusieurs modifications y ont été apportées et, sans donner encore pleine satisfaction aux désirs du public, constituent cependant une amélioration sensible.
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- CHAPITRE Y.
- LE PAVILLON DE LA CIDRERIE. — SUCCES DE LA DÉGUSTATION.
- Il est important également de faire ressortir l’utile innovation faite par le Comité d’organisation lorsque, voulant éviter la monotonie que présente toujours une exposition de bouteilles, il eut l’heureuse idée de grouper en un seul faisceau un certain nombre d’exposants, afin de pouvoir organiser ce pratique comptoir de dégustation qui devait devenir une des principales attractions de la Galerie de l’alimentation.
- Voisine de la Salle des fêles, celte intéressante construction, de style «vieux normand??, était ornée d’une décoration chatoyante et rustique, que venaient encore animer les gracieux costumes nationaux des jolies vendeuses qui mettaient une note de gaieté dans cet angle du grand escalier.
- Situé sur un des passages les plus fréquentés de la grande Galerie des machines, le Pavillon de la cidrerie a obtenu un immense et légitime succès de curiosité, grâce au continuel mouvement d’une énorme foule de visiteurs qui stationnaient là, tous les jours, pendant des heures entières, attirés, attentionnés et séduits par l’activité du débit et l’importance réelle de la consommation, ainsi que par l’animation extraordinaire que présentait la cidrerie, où de nombreux buveurs se disputaient les verres de cidre frais et mousseux.
- Les excellents cidres qui furent débités à ce bar improvisé obtinrent un immense succès et furent surtout très appréciés des connaisseurs qui*en faisaient le plus grand éloge; la vente dépassa le chiffre de 2,000 hectolitres.
- Placée à côté de la cidrerie, l’exposition de MM. Simon frères, fabricants de pressoirs à Cherbourg, devait, par l’organisation d’un pressoir modèle, démontrer publiquement la - fabrication du cidre; malheureusement cette magnifique installation n’a pu fonctionner, faute de force électrique.
- Plusieurs wagons de pommes, qui avaient été achetés à cet effet par les comités, furent complètement perdus. Il est donc très regrettable que celte idée, qui complétait celle qu’on avait eue d’organiser la dégustation, n’ait pu être mise à exécution, car nous croyons qu’elle aurait été d’un grand intérêt pour le public.
- Une batterie d’appareils de diffuseurs Briet, également destinée à fonctionner et devant démontrer la seconde forme de fabrication du cidre, «le cidre par diffusion??, a subi le même sort que celui de pression et a dû rester inactive.
- Lorsqu’on gravissait l’escalier qui était adossé à la cidrerie, on pouvait voir à droite, sur le grand palier, la remarquable exposition de M. Moulin, de Gournay-en-Braye, qui, par la sage et habile disposition des objets exposés, venait encore enrichir la belle ordonnance de la cidrerie.
- Dans des vitrines élégantes et disposées avec goût, on pouvait remarquer de nom-
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- breux échantillons des meilleurs produits de nos plus importants cidriers et des principaux syndicats de France, parmi lesquels nous pouvons citer au premier rang comme ayant été les plus remarqués par la variété, la qualité et la quantité de leurs productions diverses, I’Union des sociétés d’agriculture du Calvados, les Syndicats de la Sarthe et de la Mayenne, etc.
- Gn. X. — Cr» 62.
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- CHAPITRE VI.
- EXAMEN DES PRODUITS EXPOSÉS. — CONCLUSION.
- Les faits relatés dans les pages qui précèdent et les statistiques que nous avons présentées prouvent quelle a été l’importance de l’exposition de l’industrie cidricole en 1900. Cette importance est due non seulement au nombre, mais à la valeur des exposants qui n’ont pas négligé leurs efforts et leurs peines pour en rehausser l’éclat et dont les membres du Jury ont su reconnaître et apprécier le mérite en leur accordant les récompenses auxquelles ils avaient droit.
- Mais si le succès des industries cidricoles doit être attribué à la multiplicité et à la qualité des exposants, il faut reconnaître que c’est surtout à la propagande du comité et aux efforts individuels de quelques-uns de ses membres qui ont beaucoup contribué à la réunion des principales maisons de fabrication et des collectivités de divers centres de production.
- L’édification d’un pavillon spécial pour les industries cidricoles sur un emplacement aussi avantageux nous a certainement permis de donner plus de développement et de relief à l’exposition de nos produits.
- Les exposants ont donc tiré profit de cette ingénieuse innovation, dont nous ne saurions trop féliciter les initiateurs.
- D’un autre côté, si la création de ce pavillon a donné quelques soucis au président et au secrétaire du comité, ils ne doivent pas aujourd’hui regretter leurs peines, et, de concert avec leurs collègues de la Classe 62, ils reconnaîtront l’avantage qu’il y a eu à réunir ainsi dans une construction spéciale, par un groupement heureux, de nombreux et excellents produits et en attirant ainsi l’attention des visiteurs par la présentation des objets sous un meilleur aspect.
- Enfin l’exposition de notre Pavillon de la cidrerie a permis aux producteurs et aux consommateurs venus des différents pays de faire la comparaison entre nos produits et ceux des nations étrangères, et en même temps de se rendre compte des besoins et des avantages qu’ils peuvent trouver, les uns pour leurs produits, les autres pour leur consommation.
- Elle a eu également l’avantage de démontrer que, pour la plupart de nos produits, nous avons conservé la supériorité sur nos concurrents comme fabrication et comme qualité. Cependant nous avons pu constater qu’il nous manquait une plus grande connaissance des débouchés et une plus forte action dans la propagande; conditions ‘essentielles de la vitalité de notre industrie et qui, jointes aux avantages que doivent donner les réductions que nous réclamons sur les taxes de douanes et sur les tarifs de transport des compagnies de chemins de fer, nous assureraient une suprématie incontestable.
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- Jamais nos expositions universelles n’avaient, dans la section des cidres et des poirés, groupé un aussi grand nombre d’exposants et réuni un aussi nombreux et aussi bel ensemble d’échantillons de toute sorte et de tous les pays.
- Le nombre des exposants participant à ce concours, parmi lesquels figuraient plusieurs collectivités, s’élevait à 217, répartis de la façon suivante : France, 187 exposants; Indo-Cbine, 2; Tunisie, 2; Allemagne, 6; Angleterre, 2; Bulgarie, 1; Danemark, 1 ; Espagne, 8; Etats-Unis, 2; Cuba, 1 ; Russie, 5.
- A ce nombre il faut ajouter les membres du Jury qui ont également exposé leurs produits.
- Le Jury a eu à examiner en cidres, poirés et eaux-de-vie de cidre environ 1,500 échantillons.
- 1 85 récompenses ont été accordées et se répartissent de la façon suivante : 17 médailles d’or, 68 médailles d’argent, 76 médailles de bronze, 26 mentions honorables,
- 6 membres du Jury et 7 experts hors concours.
- Le nombre important de ces distinctions et la valeur des récompenses accordées témoignent des progrès accomplis dans cette industrie et de la qualité des produits.
- La Normandie et la Bretagne ont participé dans la plus large mesure à l’Exposition de 1900, et le département du Calvados, qui en 1889 s’était presque complètement abstenu d’exposer, a certainement présenté en 1900 l’exposition eidricole la plus nombreuse et la plus intéressante.
- L’Union des sociétés d’agriculture du Calvados, dont l’honorable président, M. le comte de Saint-Quentin, député, qui présentait une exposition organisée avec beaucoup de goût et de talent, par M. J.-B. Martin, expert du Jury, professeur d’agriculture à Caen et secrétaire de la société, a obtenu la médaille d’or, la plus haute récompense décernée aux cidres et aux eaux-de-vie de cidre.
- Le groupe formé par l’Union se composait de 20 exposants :
- MM. Vivien (Pierre), à Cesny-Bois-Helbont; Faucon Letellier, de Villers-Bocage, ont obtenu chacun une médaille d’or.
- MM. Cantrel, Poplu, J. Burnel, J. Colleville, L. Derierre, Delamare, Gaillard, A. Gaillot, Gruyer, J. Guillot, A. Hausey, E. Labutte, A. Lévéque, E. Pagny, C. Pagny, et la Société d’agriculture de Bayeux, ont obtenu chacun une médaille d'argent.
- MM. Letameur, Laisney, de Hayes, médailles de bronze.
- M. Richard, à Sommervieu, mention honorable.
- La Cidrerie et Distillerie du Domaine d’Orbiquet, par Orbec (Calvados), appartenant à M. E. Fournier, quoique de création récente (1896), est une des plus importantes de France et certainement une des mieux installées. M. Fournier s’est appliqué et s’applique encore journellement à perfectionner son outillage : aussi sa fabrication est très soignée, la pressuration précédée d’un tirage et d’un lavage des pommes et la levura-tion obtenue par ferments sélectionnés. La production est de 20,000 à 25,000 hectolitres de cidre et 2 5o hectolitres d’eau-de-vie.
- Les cidres d’Orbiquet et la grande fine normande ont obtenu la médaille d'or.
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- M. Dures, de Caen, qui était membre du Jury, a également exposé d’excellents échantillons, et ses collègues, qui ont dégusté son eau-de-vie de cidre et sa liqueur de pommes, ont déclaré que ces produits étaient certainement appelés dans l’avenir à la plus haute récompense.
- La maison de MM. Proux et Bourné, située à Saint-Jacques de Lisieux, une des plus importantes de la région, est outillée pour produire et loger de 10,000 à i 5,ooo hectolitres de cidre. Elle a soumis au Jury des cidres, poirés et eaux-de-vie de très bonne qualité, et il a justement apprécié la valeur de ces produits en lui décernant la médaille d’or.
- La fabrique de M. Chapelain, de Mesnil-le-Guillaume (hors concours comme expert du Jury), aurait pu obtenir certainement la plus haute récompense s’il lui avait été possible de concourir.
- Aussi M. Chapelain a-t-il été nommé chevalier du Mérite agricole à la suite de l’exposition.
- Le domaine de Trianon, à Saint-Benoît d’Hébertot, appartenant à M. Leudet (hors concours en qualité d’expert du Jury), est un des mieux entretenus, et ses plants de pommiers produisent les fruits les plus recherchés de la contrée. Les cidres avaient obtenu la médaille d’or au concours agricole de 1896, et le Jury eût également décerné une médaille d’or à M. Leudet s’il avait pu concourir.
- M. Lemariey, propriétaire à Hennequeville, était hors concours comme secrétaire du Jury.
- MM. Bottentuit, à Pont-l’Evêque ; Raphaël Cénéri, à Dozulé; A. Chevalier, àLessart-le-Chêne; Casimir Quesnel, à Bonneville-la-Louvet; Viguier, au domaine de Beuzeval; Vimard, à Trouille-sur-Mer; Ideline, à Lessart-le-Chêne, ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- MM. Guibout Roux, à Danestal; Jourdain, à Ouilly-du-Houlley; Molinié frères, à Saint-Sever; Decoville, à Colombières; Leboeuf, à Combières, ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- Mme B. Bacon, à Bissières, une mention honorable.
- La Société d’agriculture, du commerce et de l’industrie du département d’Ille-et-Vilaine, dont le siège social est à Rennes, a fait une exposition d’ensemble sous la présidence de M. Sirodot, le doyen honoraire de la Faculté des sciences de Rennes.
- Cette exposition, très bien organisée par le secrétaire de la société M. Pic, réunissait environ 20 exposants,
- Le Jury, à l’unanimité, a décerné à cette société la médaille d’or et les récompenses suivantes :
- MM. J. Decré, P. Grosdoy, Tortelier ont reçu chacun une médaille d’argent.
- MM. J.Butault, P. Couaran,Doudet, P. Hervoin, V. Chauvin, L. Chauvin, FrèreEmery, Joseph Gillot ont reçu chacun une médaille de bronze.
- MM. Baslé, Legendre, Peltier, Vaucelle et Boursier ont obtenu chacun une mention honorable.
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- Le Syndicat agricole et horticole de la Guerche-de-Bretagne, qui exposait sous forme de collectivité des cidres et des eaux-de-vie de cidre, a obtenu une médaille d’or.
- Ce groupe formait 11 exposants: MM. Aubry, Bignon, Bigot, Desert, Desprès, Dutertre, Güillux, Heinry, Renon, Rupin, Toupon.
- M. Fouquet, à Dinard-Saint-Euvejal, qui a exposé des cidres, a obtenu une médaille d’argent.
- Frère Victorien, à Guipry, obtient une médaille de bronze.
- La Sarthe. — Le Syndicat des agriculteurs de la Sartbe, dont le siège est au Mans, a présenté au Jury des échantillons de cidres et d’eaux-de-vie de cidre de 2 3 exposants et a obtenu la médaille d’or.
- M. Boisseau, à Tullé, obtient une médaille d’or.
- MM. H. Bellanger, L. Bellanger, Boblet, A. Bouleur, Edmond Saint-Père, Graffin, Mardesson ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- MM. Cb. Bellanger, Morin, L. Lallouet, Desjouis, Poisson, à Saint-Aigran; A. Poisson, Saint-Père, de Gesnes, Juigné, Ch. Laumonier, Ricordeau, P. Drouet, Poisson, à Marolles-lès-Braults, Lebouleux, ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- MM. E. Boul, F. Buard, Lebreton et Dagonneau ont obtenu chacun une mention honorable.
- MM. Toublanc, fabricant au Mans, et Landais, fabricant à Fyé, ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- MM. Bresteau, à Fié, et H. Chambrier, à Dollon, ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- La Mayenne. — Le Comité départemental de la Mayenne a fait une très belle exposition d’ensemble, dans laquelle il a groupé les produits de cidres et eaux-de-vie de cidre de 32 exposants.
- MM. Beauplet, Gondard Leguicheux, E. Marchand, P. Rézé, L. Rézé ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- MM. E. Bourneuf, T. Couet, P. Croyère, Deroiry, F. Deronanie, Dominique, L. Du-val, Fournier, L. Gandon, Goussé, Landermaine, Lemesle, V. Marsollier, J. Priou, Félix Boivin, J. Rivière, Marignan, E. Trubert, G. Couet ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- MM. Jules Bourneuf, E. Bourneuf, L. Chopin, Daligault, Freulon, Goupil ont obtenu chacun une mention honorable.
- La Manche. — La Société d’agriculture d’Avranches a présenté, au Jury de la Classe 62, 25 échantillons de cidre, et celui-ci a reconnu la qualité de ces produits, ainsi que les progrès obtenus par cette société, en lui attribuant une médaille d’or.
- Cette exposition était organisée par M. Aubril, délégué de la société.
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- L’École d’agriculture de Sartilly a obtenu la médaille d’argent, et MM. Jeanne, de Cherbourg; de Lasiotte Dioz, de Granville; Jules Huet, à Sourdeval, ont obtenu chacun une médaille d’argent,
- MM. A. Genvresse, à la Haye-Pesnel; H. Baulin, à Jeulley; Martigny, à Val-Saint-Père; J.-B. Leclère, à Cherbourg; Leban, collaborateur de l’Ecole de Sartilly, ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- M. le vicomte d’Avenel, propriétaire du château du Champ-du-Genet, était hors concours en sa qualité de membre du Jury et de président de la Section des cidres. Cette importante cidrerie, universellement connue, est une des plus remarquables par la perfection de son installation.
- MM. Simon, de Cherbourg, ont apporté à l’exposilion des cidres un concours très efficace et dont on ne saurait trop les remercier.
- L’Eure. — Le Syndicat agricole de l’arrondissement de Bernay a exposé des cidres et des eaux-de-vie qui lui ont valu la médaille d’or.
- MM. Alfred Enos, propriétaire récoltant, à Couches; E. Lemonnier, à Beuzeville; Ch. Foulongue, à La Haye-de-Calleville, ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- MM. Delaporte et Durand, Guersent, Schumann, Tinot, Oitin, Barbier ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- M. Eugène Lavalle, une mention honorable.
- L’Union agricole de Saint-Ouen-de-Thouberville était hors concours, son administrateur, M. A. Power, étant membre du Jury. Il a été décerné à son collaborateur, M. Ch. Pageaud, une médaille de bronze.
- La Société pomologique de Loudéac, le Syndicat pomologique de Chateaubriant, I’Association pomologique de Doullens ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- M. Rémy Le Mée, à Mérillac, une mention honorable.
- La Seine-Inférieure. — Le département de la Seine-Inférieure était représenté par 7 exposants dont un, M. Louis Moulin, était hors concours comme membre du Jury.
- L’exposition de M. Moulin, qui avait obtenu la médaille d’or en 1889, était située en haut de l’escalier de la Salle des fêtes, dans un décor très artistique et merveilleusement installé.
- MM. Saintier et Rio ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- MM. Cherfils et Pougny ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- M. Guillemard, sénateur, une mention honorable.
- Exposants isolés de départements divers. — MM. Roger, de la Borde (Maine-et-Loire); Modelet, d’Eure-et-Loir; Rotron frères, de l’Orne, ont obtenu chacun une médaille d’or.
- MM. Ducret et Godard, des Ardennes; Pleuriot, de l’Orne, Fondeur, de l’Aisne;
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- Govin, Miossec, du Finistère; Chatel, de l’Orne; Breton, de la Seine; Colette, de l’Orne, ont obtenu chacun une médaille d’argent.
- MM. Delacourt-Maillart, de la Somme; Delainé, de l’Aisne; Descours-Desacres, de Paris; Nouard, de la Marne; Onfray, de l’Orne; Paillart, de la Somme; Bruand, Doulay, Segouin, A. Sicot, Verhile, de France, ont obtenu chacun une médaille de bronze.
- MM. Morand et Frire ont obtenu chacun une mention honorable.
- COLONIES FRANÇAISES.
- MM. Mamarr-Toulza frères, à Dap-Cao; J. Buffa, à Tunis, médailles d’argent.
- PAYS ÉTRANGERS.
- Allemagne. —- MM. Fromm (J.), de Francfort, hors concours; Rackles (Joh. G.), médaille d’or; Freyeisen frères, à Francfort-sur-le-Mein, médaille d’argent; Josti, à Berlin, médaille de bronze.
- Bulgarie. — M. Gheorgoff (G.), à Pierdope, médaille de bronze.
- Espagne.— MM. Perez (les fils de Pablo), à Colanga; Veretera y Cangas, à Gijon, médailles d’or; Arias-Nachon et C'% à Infiesto (province de Viédo); Lacoiz-Quéta (Francisco), à Navarté; Oteiza (Felipe), à Iriarte; Urgoiti (Ricardo de), à Renléria, médailles de bronze; Garcia (Arguelles Braga), à la Felguéra, mention honorable.
- États-Unis. — Bolen and Byrne manufacturing Company, à New-York, médaille d’argent; Clarkville Cider Company, à Saint-Louis, mention honorable.
- Cuba. — M. Que'zada (Gonzalo), à la Havane, médaille d’argent.
- Grande-Bretagne. — MM. Symons (John) and C°, limited, à Totnes (Devonsbire), médaille d’argent; Ontario Brewers and Malaters’ Association, médaille de bronze.
- Russie. — M. Volkovinski, à Moscou, médaille d’or; Ecole agricole d’Aumane; MM. Bogomoloff (Timothée), à Saint-Péterbourg, médailles d’argent; Gousarov (Si-méon), à Pskow-Nowgorodskaïa ; Miesskowsky, Russie, médailles de bronze.
- Nous ne pouvons mieux conclure quen engageant nos compatriotes à mettre à profit les observations et les enseignements qu’ils ont pu recueillir en parcourant cette Exposition internationale, et à utiliser les informations et les renseignements que nous leur donnons dans cette étude, sur le commerce des cidres existant actuellement entre la France et les autres pays d’Europe, et sur les moyens de le développer encore davantage.
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- En donnant de l’extension à leurs affaires à l’étranger, ils serviront utilement leurs intérêts particuliers et, en même temps, par l’expansion qu’ils donneront au commerce français, ils serviront l’intérêt général de notre pays et feront œuvre de pur patriotisme.
- Nous ajouterons, en terminant ce rapport, que des résultats obtenus dans le domaine des industries cidricoles il se dégageait actuellement une impression réconfortante que l’avenir saurait prochainement justifier.
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- TROISIÈME PARTIE.
- BOISSONS GAZEUSES.
- CHAPITRE PREMIER.
- PRODUCTION ET OBSERVATIONS SUR LA FABRICATION.
- L’exposition des boissons gazeuses de la Classe 62, superbement installée, a su intéresser le nombreux public qui se pressait autour de ses comptoirs, où fonctionnaient les types de machines les plus perfectionnées.
- L’exploitation en France des eaux gazeuses remonte réellement à 1800.
- L’invasion du choléra, en i83â, commença sa renommée.
- Toutefois, jusqu’en 18A5, les eaux gazeuses étaient considérées comme boissons médicamenteuses et ne se trouvaient que chez les pharmaciens.
- Ce ne fut qu’en i8ù5, le 11 juillet, que le tribunal de première instance (procès Fèvre) déclara les pharmaciens mal fondés dans leurs prétentions de vouloir conserver l’exclusivité de la fabrication et de la vente des boissons gazeuses, et les condamna aux dépens.
- La Cour royale confirma ce jugement.
- A partir de cette époque, l’usage des eaux gazeuses se répandit rapidement et devint populaire.
- On peut, à l’aide du tableau suivant, facilement se rendre compte, pour la France seulement, des progrès de cette industrie.
- CONSOMMATION ANNUELLE, EN FRANCE, DES BOISSONS GAZEUSES ARTIFICIELLES EN SIPHONS OU BOUTEILLES.
- ANNÉES. PARIS. PROVINCE. TOTAL.
- 1832 // Il 5oo,ooo
- 1840 11 II 2,000,000
- 1851 il U 5,000,000
- 1862 20,000,000 35,000,000 55,000,000
- 1867 25,000,000 45,000,000 70,000,000
- 1878 4o,000,000 60,000,000 100,000,000
- 1889 75,000,000 100,000,000 175,000,000
- 1900 160,000,000 225,000,000 385,000,000
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- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- Des renseignements que nous n’osons garantir rigoureusement exacts donnent les chiffres suivants sur l’importance de cette industrie en Angleterre :
- Nombre de fabricants : A,6oo.
- Personnel employé : 50,000.
- Capitaux engagés : 500 millions de francs.
- Les statistiques manquent totalement pour les autres pays.
- La fabrication des eaux gazeuses est une industrie véritablement du siècle. Avant Tannée 1800, nous ne trouvons guère que des essais de laboratoire, tendant surtout à reproduire les eaux naturelles de Seltz (duché de Nassau). Ce n’est qu’en 1790, à la suite des recherches de Lavoisier, que Gosse et Paul construisaient leur appareil intermittent, dit système de Genève. Cet appareil, exploité réellement vers 1800, comprimait à l’aide d’une pompe à main le gaz dans l’eau.
- En 1880, l’ingénieur anglais Bramah inventait une pompe de compression refoulant ensemble l’eau et le gaz, et créa ainsi le premier appareil continu.
- Ce perfectionnement facilita la fabrication des boissons gazeuses qui commencèrent alors à prendre une véritable extension, en i832.
- Savaresse, vers 1838, modifia les appareils intermittents, en apportant de grands perfectionnements, et son système est encore employé aujourd’hui, surtout dans la fabrication des vins mousseux.
- L’appareil de Bramah fut repris par Ozouf, qui le modifia et le compléta.
- Puis viennent les autres constructeurs français, Hermann-Lachapelle, Mondollot, Durafort et Guéret, qui transformèrent ces appareils et donnèrent un tel essor à l’industrie des eaux gazeuses quelle devint tout à fait populaire.
- Depuis 1889 , l’usage de l’acide carbonique liquide vint permettre de construire des appareils réduits et spéciaux pour la petite industrie.
- Les eaux gazeuses furent, en premier lieu, exploitées en bouteilles, et ce ne fut qu’en 1887 que Savaresse inventa le premier siphon, qui fut construit en grès.
- Vers i85o, Durafort fit les premiers siphons en verre blanc, tels que nous les voyons aujourd’hui.
- La monture d’étain subit, peu à peu, certaines transformations jusqu’en 1889.
- Depuis cette époque, elle est devenue à l’abri de toute critique par l’invention des têtes de siphons à garniture intérieure de porcelaine. Aujourd’hui, l’usage journalier des eaux gazeuses s’est répandu dans le monde entier et a pris une telle extension qu’on peut citer des maisons produisant annuellement, chacune, plus de 20 millions de bouteilles ou siphons.
- Les principaux centres de production du matériel d’exploitation sont en Angleterre, en Amérique et surtout en France.
- Le succès des eaux gazeuses devait forcément amener la création de petits appareils de ménage dits gazogènes et seltzogènes.
- Les premiers appareils de ce genre furent ceux inventés par Fèvre et Briet, qui produisent leur gaz par l’emploi de l’acide tartrique et du bicarbonate de soude.
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- BOISSONS DIVERSES.
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- En 1889, ces appareils étaient encore les seuls employés. Depuis, de grands progrès furent réalisés. Le gaz chimiquement pur liquéfié put être emmagasiné dans de petits récipients d’acier et permit d’obtenir instantanément sur table toutes boissons gazeuses dans des appareils construits récemment et connus sous le nom de sparklets ou petites bouteilles sodas et selsodon ou siphon de famille.
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- TABLE DES MATIÈRES.
- (Groupe X, Deuxième partie, Classes 60 X 62.)
- Classe 60. — Vins et eaux-de-vie de vin.
- I Pages
- Composition du Jury 0 0
- Les boissons aux expositions universelles 9
- Les vins à l'exposition de 1900
- Caractéristique de l'Exposition des vins en 1900 : Union de la propriété et du commerce * 1 1
- Organisation de l’Exposition des vins et eaux-de-vie de 1900 au point de vue architectural 15
- La production des vins en France
- Le rendement à l’hectare des départements français La valeur des vins en France h 41
- Les vins artificiels.. 45
- Statistique du commerce des vins et des eaux-de-vie 48
- L’importation et l’exportation de nos vins *9
- Les droits sur nos vins et eaux-de-vie dans nos colonies 53
- Le régime douanier des vins et des eaux-de-vie 58
- Les droits sur les vins et les eaux-de-vie à l’Étranger G 4
- Les vins et les eaux-de-vie devant la législation sur les fraudes 69
- La consommation des vins 79
- Maladies de la vigne diminuant la qualité 83
- La concurrence des cidres 84
- La concurrence des bières 87
- La consommation des spiritueux 88
- Le vin et la médecine moderne 91
- Le vin et la mode 94
- La nouvelle législation du vin et des eaux-de-vie 96
- La loi sur les octrois io3
- Les tarifs de transport des vins io5
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- 55-4
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- II
- Les travaux du Jury :
- La dégustation des vins et eaux-de-vie. Les récompenses.......................... 111
- L’analyse des vins et eaux-de-vie................................................ i3i
- III
- Les vins de France d’Algérie et de Tunisie :
- ire région : Seine et Seine-et-Oise............................................. 138
- 3e région : Champagne.......'................................................... i4o
- 3‘ région : Ardennes, Haute-Saône, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle............. i53
- hc région : Bourgogne.......................................................... i53
- 5e région : Ain, Jura.......................................................... 177
- 6e région : Savoie............................................................. 178
- 7* région : Provence, Dauphiné, Vivarais, Corse................................ 179
- 8e région : Languedoc, Roussillon.............................................. 180
- ge région : Haute-Garonne, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne............ . 198
- 10e région : Armagnac, Basses-Pyrénées......................................... 202
- 11e région : Bordelais......................................................... 2o5
- 13e région : Charentes......................................................... 222
- i3e région : Deux-Sèvres, Vienne............................................... 226
- iâe région : Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Sarthe........................... 227
- j5e région : Touraine, Orléanais................................................ 231
- 16e région : Nièvre, Cantal, Indre, Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Cher.............. 238
- Algérie......................................................................... 2 ho
- Tunisie......................................................................... 245
- IV
- Les vins de l’Étranger :
- Allemagne....................................................................... 249
- Autriche........................................................................... 268
- Belgique........................................................................ 271
- Bosnie-Herzégovine.............................................................. 273
- Bulgarie........................................................................ 275
- Croa tie-Slavonie............................................................... 275
- Equateur........................................................................ 275
- République Argentine, Chili, Brésil............................................. 275
- Espagne......................................................................... 275
- États-Unis...................................................................... 284
- Grande-Bretagne, Australie, Canada............................................. 288
- Grèce........................................................................... 291
- Hongrie......................................................................... 298
- Italie.......................................................................... 297
- Mexique . . ......................................... . . .......... • • ....... 320
- Pérou........................................................................... 321
- Portugal, Madère................................................................ 821
- République de Saint-Marin........................................................ 332
- Roumanie................................................................ ....... 332
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- TABLE DES MATIÈRES.
- 555
- Les vins de l’Étranger (suite) :
- Russie............................................................................... 34o
- Serbie............................................................................... 348
- Suisse............................................................................... 34g
- Turquie.............................................................................. 35o
- y
- Les eaux-de-vie de vin :
- Les Cliarentes........................................................................ 355
- L’Armagnac............................................................................ 36g
- Eaux-de-vie diverses................................................................. 371
- Les eaux-de-vie de marc, Bourgogne............................................................ 372
- Les eaux-de-vie de l’Étranger................................................................. 376
- Classe 61. — Sirops et liqueurs, alcools d’industrie.
- Composition du Jury............................................................................ 383
- L’alcool et les liqueurs ...................................................................... 38y
- L’exposition oentennale...................................................................... 4oi
- Le motif principal........................................................................... 4o3
- Le laboratoire modèle.......................................................................... 4o5
- La Classe 61................................................................................... 4o6
- France......................................................................................... 4io
- Les colonies françaises...................................................................... 416
- Etranger..................................................................................... 421
- Tableau récapitulatif des récompenses.......................................................... 443
- Classe 62. — Boissons diverses.
- Composition du Jury..................................................................... 447
- Avant-propos............................................................................ 44g
- I. — BIERES.
- Chapitre Ier. Historique de la bière dans l’antiquité, le moyen âge et les temps modernes... Chapitre II. Les progrès de la brasserie (188g-1 goo ). Matières premières. Malterie. Brassage.
- Fermentation. Traitement de la bière........................................
- Chapitre III. La législation brassicole.. . :..................................................
- Chapitre IV. Les écoles de brasserie (i88g-igoo)...............................................
- Statistique.................................................................
- Chapitre V. La bière aux Expositions universelles de Paris.....................................
- Etats exposants.............................................................
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- Introduction. Chapitre Ier.
- Chapitre IL Chapitre III.
- Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI.
- Chapitre P1.
- EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900.
- II. — CIDRES.
- Importance de la production des cidres en France depuis 1889. .Importation.
- Exportation......................................................................
- Les cidres à l’étranger. Production................................................
- Progrès obtenus dans la fabrication depuis 1889. Théorie des ferments. Clarification ............................................................................
- Le cidre et les tarifs de chemins de fer. Considérations Le Pavillon de la Cidrerie. Succès de la dégustation. . Examen des produits exposés. Conclusion..............
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- 5Ao
- 542
- III. — BOISSONS GAZEUSES.
- Production et observations sur la fabrication......................... 5/19
- Impiumerie nationale. — 7187-02.
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