Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
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- BULLETIN
- BSPI-11
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- Publié avec Vapprobation de S. Exc. le Ministre des Manufactures et du Commerce.
- ONZIÈME ANNÉE.
- PARIS,
- CHEZ MADAME HUZARD , RUE DE L’ÉPERON, N». 7.
- 1812.
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- ONZIEME ANNÉE. (N°. XCI.) JANVIER l8l2.
- BULLETIN
- DE L A
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M. Molarcl, au nom du Comité des Arts mécaniques , sur un métier à tricot inventé par M. Moisson.
- M. d’Hombres Firmas, d’Alais, département du Gard, vous a adressé une notice sur un métier à bas inventé par M. Moisson, négociant à Uzès : il vous aurait transmis en même temps un dessin de cette machine si l’auteur, qui a ouvert une souscription, avait pu en débiter un assez grand nombre. On voit, par cette notice, que le métier à bas dont il s’agit est principalement composé d’une rangée horizontale d’aiguilles ou de crochets, qu’on peut prolonger selon la largeur du tricot qu’on se propose de faire. Après avoir jeté le fil, une presse séparée, qu’on tient à deux mains, ferme les crochets et en fait passer le bec dans la maille déjà faite- Une grille ou peigne fixe, entre les dents duquel passent les aiguilles, retient le fil lorsqu’on le retire pour former une nouvelle maille. Sur chaque porte-aiguille est une pointe qui tombe dans une encoche, et la fixe jusqu’à ce qu’on les ait successivement retirées: alors, en soulevant d’une main la pièce de bois qui les porte, on les dégage toutes à-la-fois, tandis qu’avec l’autre main on les pousse en avant avec une règle à coulisse. Au-dessous, entre les quatre pieds de la table, est un cylindre muni d’une roue à rochet et d’un cliquet sur lequel se roule le tricot.
- Cette description ne suffit pas sans doute pour faire connaître le métier dans tous ses détails ; mais on voit cependant que le tricot se forme par le moyen seul des aiguilles et sans le concours des platines, ce qui évite par conséquent l’opération du cueillissage; procédé qui ne diffère Onzième année. Janvier 1812. . A
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- pas essentiellement de celui pour fabriquer du tricot sur chaîne, au moyen d’un métier acheté par le Gouvernement, du sieur Leturc, le 3 juin 1786, et qui fait maintenant partie des collections du Conservatoire des Arts et Métiers. Cette machine, ainsi que celle imaginée par M. Moisson, est munie d’une grille, entre les barreaux de laquelle sont logées les aiguilles, qu’on fait aller et venir pour former chaque rangée de mailles du tricot.
- Quelques artistes se sont aussi occupés à Paris de l’établissement de métiers à tricot allant par manivelle, dans lesquels le mouvement seul de chaque aiguille plie le fil qu’on a jeté dessus, et le fait entrer double dans la maille déjà formée ; lorsque la rangée des mailles nouvelles est terminée et que l’abattage est complet, les aiguilles sont ramenées en avant toutes à-la-fois , tandis que l’ouvrage est retenu près de la grille; on jette de nouveau le fil en continuant à tourner la manivelle; les aiguilles sont de nouveau tirées en arrière successivement, à commencer par celle voisine du point où le fil tient à l’ouvrage, et ainsi de suite.
- C’est par le même procédé, en principe, et au moyen de crochets, qu’on fabrique des tricots circulaires en fils métalliques, pour cordons de montre, et même des pièces assez larges pour garde-feu.
- Cette manière de former la maille du tricot par le seul mouvement de va-et-vient des aiguilles présentait l’inconvénient d’user assez promptement le dos du bec, et de mettre les aiguilles hors d état de servir en peu de temps; mais on a trouvé plusieurs moyens d’y remédier : i°. la partie de la machine qui remplit les fonctions de la presse a été armée d’autant de poulies d’acier trempé qu’il y a d’aiguilles au métier, et sous lesquelles les dos des becs n’éprouvent en passant qu’un frottement du second genre, et seulement pendant leur mouvement de recul : car au moment où elles viennent reprendre leur première position, la rangée de poulies s’élève et laisse passer les aiguilles librement ; 20. on a aussi remédié au même inconvénient en fixant sur chaque porte-aiguille une pièce d’acier qui en suit tous les mouvemens, et qui presse sur le bec lorsque la nouvelle maille commence à se former; par ce moyen le dos du bec de chaque aiguille n’étant pressé immédiatement que par une pièce qui marche avec elle, se trouve dans la même circonstance que dans le métier à tricot ordinaire, où les aiguilles de la grande fonture conservent la même position , pendant qu’on fait avancer l’ouvrage sur les becs pour former chaque rangée de mailles.
- Les auteurs de ces divers essais 11e sont pas encore parvenus à donner à toutes les parties du mécanisme du métier à bas sans platines, dont
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- nous venons de rendre compte, le degré de perfection dont elles nous paraissent susceptibles. Dans cet état de choses, on doit des éloges à M. Mois-son pour les succès qu’il a déjà obtenus dans la composition d’un métier à bas du même genre, et des remercîmens à M. cïNombres Firmas pour l’empressement qu’il a mis à vous transmettre des échantillons de tricot en fil de laine, fabriqués sur le métier inventé par M. Moisson. L’art de la bonneterie est particulièrement redevable à cet artiste de la suppression des ondes dans le métier à bas ordinaire, suppression qu’il a effectuée vers les années 1784 ou 1785, et pour laquelle il lui fut accordé par le Gouvernement une gratification et une pension.
- J’ai l’honneur de proposer au Conseil, au nom du Comité des Arts mécaniques , de faire insérer le présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- ’ Signé Molard, rapporteur.
- Adopté en séance y le 8 Janvier 1812.
- Rapport fait par M. Ch. Derosne sur une machine à râper les betteraves ? inventée par MM. Pichon et Moyaux.
- Messieurs, d’après l’invitation du Comité des Arts mécaniques, j’aurai l'honneur de vous faire un court rapport sur la machine de MM. Pichon et Moyaux y rue de la Vieille-Estrapade, n°. 27, à Paris.
- Cette machine, dont l’idée première a été puisée dans les filatures de coton, a beaucoup de ressemblance avec la machine à carder que MM. Pichon et Moyaux ont très-ingénieusement appliquée à la trituration de la betterave. Ici, le tambour qui porte les cardes est armé de dents de fer, produisant l’effet d’une râpe circulaire; il sert à réduire en pulpe la betterave qui lui est amenée, au moyen de plusieurs tringles de bois réunies , remplissant les fonctions de la toile sans fin employée dans les cardes à coton.
- Je regarde cette nouvelle machine comme la plus parfaite qui ait encore paru en ce genre. Elle me paraît réunir tous les avantages des machines connues jusqu’à présent, sans avoir aucun de leurs inconvéniens; car, non-seulement la pulpe qu’elle fournit est d’une excellente qualité et le cylindre triturateur n’a pas l’inconvénient de s’engorger, mais encore la force employée pour mettre la machine en mouvement m’a paru, comparativement au produit obtenu, extrêmement inférieure à celle qu’exigent les autres machines proposées pour le même usage.
- Cette machine a râpé en ma présence 4oo kilogrammes de betteraves en
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- une heure, en n’employant que la force de deux hommes pour tourner la roue, et celle d’un enfant pour fournir les betteraves.
- Une personne envoyée par moi m’a assuré que le lendemain cette machine, avec la même force, avait râpé en sa présence roo kilogrammes en douze minutes j ce qui donnerait par heure un produit de 5oo kilogrammes.
- Quoiqu’il ne soit guère possible de compter sur un produit régulier d’une machine mue à force de bras; cependant la marche de celle-ci m’a paru tellement uniforme et sujette à si peu d’accidens, que je ne doute pas que, lorsqu’elle sera mise en mouvement par un manège, elle ne donne un produit moyen de 4oo kilogrammes par heure, quantité bien supérieure à celle annoncée d’abord par les inventeurs, qui ne l’avaient portée qua i4o kilogrammes.
- Cette augmentation de produit est due à divers changemens et améliorations que les auteurs ont faits à cette machine, depuis qu’ils l’ont présentée à la Société, et entre autres à la suppression d’une brosse de crin, destinée à débarrasser le cylindre de la pulpe qui l’obstruait, mais qui remplissait mal cette fonction. Les auteurs ont remplacé cette brosse par un peigne de fer, dont le mouvement ascendant et descendant, et la manière avec laquelle il passe entre les dents qui déchirent les betteraves, s’opposent à toute espèce d’engorgement.
- J’estime donc que la nouvelle machine mérite le suffrage de la Société.
- Signé Derosfe, rapporteur.
- Adopté en séance, le 8 Janvier 1813.
- Note sur les travaux de M. de Reichenbach 9 chevalier de
- V Ordre du Mérite de Bavière, conseiller de l}Administration
- des salines de ce royaume ; par M. le baron Degérando.
- La circonstance seule qui a conduit M. de Reichenbach à Paris suffirait, Messieurs, pour montrer tous les droits qu’a ce savant estimable au titre qu’on vous propose de lui déférer (i). Il est venu établir lui-même , à l’Observatoire de Paris, un cercle répétiteur de sa construction, et dont M. le comte de Laplace, si grand juge en ces matières, a fait les frais. Ce cercle répétiteur, d’une très-grande dimension, peut être considéré comme une sorte de monument dans son genre. L’Observatoire de Milan, dirigé parle célèbre Oriani, a été enrichi d’un cercle semblable que j’y ai Vu moi-
- (i) Celui de cotresfpo'ndânt étranger à la Société.
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- même à mon passage; et j’ai recueilli, de la bouche de cet astronome, qui m’honore de son amitié, les témoignages les plus distingués de sou estime pour M. de Reichenbach.
- Ces deux instrumens sont sortis d’un grand établissement que M. de Reichenbach a formé à Munich, et qui se place au rang des plus beaux de ce genre que possède l’Europe. Ses instrumens de mathématiques et d’astronomie se recommandent parla perfection de l’exécution en meme temps que par la modicité des prix. Ce célèbre artiste fabrique lui-même les verres de ses instrumens , et cette partie de son travail n’est pas inférieure aux autres. On lui est particulièrement redevable du degré de perfection auquel il a porté la construction du cercle répétiteur, dont la première idée est due à Mayer, mais qui a reçu de Borda des avantages inconnus au premier, et qui en font maintenant, pour les observations terrestres et célestes, un moyen de précision presque indéfini. La principale amélioration introduite par M. de Reichenbach consiste dans l’addition d’un cercle concentrique à celui qui porte les divisions, sur lequel il a tracé les verniers et qu’il a substitué aux alidades, qui portent ordinairement ces verniers. Ainsi les verniers et les divisions sont parfaitement dans le même plan : innovation heureuse et qui a d’ailleurs d’autres avantages. Les géomètres et les astronomes attendent avec empressement les résultats obtenus, tant des observations faites avec cet instrument, que de sa comparaison avec ceux usités jusqu’à ce jour.
- M. de Reichenbach paraît d’ailleurs réunir des connaissances étendues et variées en hydraulique et sur diverses branches des arts utiles. Il vient de publier en allemand un ouvrage sur la construction des ponts, qu’on annonce renfermer des procédés ingénieux et nouveaux.
- Nous ne devons point omettre de faire remarquer que M. de Reichenbach professe une haute estime pour MM. Lenoir et Fortin, qui occupent avec lui le premier rang dans la même carrière. C’est ainsi que le génie est ami du génie. Le vrai mérite ne trouve dans la rivalité que le principe d’une noble et généreuse émulation.
- Nous pensons que la Société aura à se féliciter et à s’honorer de compter M. le chevalier de Reichenbach au nombre de ses membres correspond ans.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Notice sur le sucre de betterave? lue à la Société d’Encouragement par M. Ch. Derosne, pharmacien à Paris.
- Messieurs les membres de la Société se rappelleront peut-être que, dans la séance du 20 mars de Tannée dernière, j’eus l’honneur de présenter à la Société un pain de sucre de betterave obtenu par des procédés qui m’étaient particuliers ; quelle voulut bien renvoyer le mémoire qui l’accompagnait à l’examen de son Comité des Arts chimiques pour lui en faire un rapport.
- M. Collet-Descostils, organe du Comité, fit le rapport consigné dans le Bulletin de la Société du mois d’avril 1811, et dont l’insertion eut lieu dans le Moniteur du 12 avril de la même année. Il résulte de ce rapport que le procédé dont j’avais fait usage était principalement basé sur l’emploi delà chaux caustique, de l’alun, etc.; que je ne reconnaissais à la chaux et à l’alun d’autre effet que de précipiter les matières extractives colorantes et féculentes avec lesquelles les substances terreuses se combinaient; que cette opinion sur l’effet de la chaux méritait la plus grande attention, car si elle était exacte, il en résulterait que l’emploi du carbonate calcaire était parfaitement inutile, etc. Il est encore dit dans ce rapport que la similitude parfaite du sucre de betterave avec le sucre de canne avait été reconnue d’après des groupes de cristaux que j’avais remis au Comité, et qu’il y avait trouvé plusieurs des formes décrites par Borné de Lisle.
- J’avouerai donc que ce n’est pas sans étonnement que j’ai vu annoncer de nouveau dans les journaux Ticientilé de ces deux sucres, d’après l’examen des cristaux remis par M. Barruel k M. le professeur Haüy. lime semble que le rapport du Comité des Arts chimiques, rapport connu de M. Barruel (comme il le prouve dans sa dernière note insérée au Moniteur), rendait peu nécessaire celte publicité de sa part.
- Cet objet, peu important en lui-même , n’aurait point excité mes réclamations, si, dans sa notice insérée dans le Moniteur du 16 janvier 1812, M. Barruel n’eût annoncé quV/ venait récemment de perfectionner son premier procédé en le simplifiant, etc.
- M. Deyeux y dans un premier travail, avait déclaré que l’emploi de la chaux était nuisible à l’extraction du sucre de betterave; et dans son mémoire lu à l’Institut en novembre 1810, où il annonce que le travail
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- était commun avec M. Barruel, il recommande encore de ne point s’en servir, ou d’ètre très-circonspect sur son emploi.
- M. Barruel, dans le mémoire qu’il publia avec M. Max. Isnard en mars 181 i , n’annonce point avoir fait d’autre changement au travail de M. Deyeux, que d’avoir employé le carbonate calcaire pour saturer, disait-il, un acide existant dans le suc de betterave, et il n’a nullement parlé de la chaux.
- Je demanderai maintenant à M. Barruel si c’est simplifier et perfectionner son procédé, déjà si simple, que de substituer à la craie, substance aussi peu active, une matière dont l’action est aussi énergique que l’est celle de la chaux, sur-tout dans des proportions aussi considérables que celles de 2 grammes g5 centièmes par kilogramme de suc.
- M. Barruel doit être de bonne foi, et convenir qu’il a substitué mon procédé à celui qu’il avait adopté précédemment.
- Je dis mon procédât non que je sois le premier qui ait employé la chaux caustique; M. Hermstaedt, chimiste prussien, en a le mérite; mais après la critique de l’emploi de la chaux par MM. Deyeux et Barruel, il pouvait y avoir quelque mérite à reprendre le travail, et à démontrer que ce procédé était encore le meilleur jusqu’alors. J’ai remplacé les proportions défectueuses (1) de Hermstaedt, par d’autres, où la chaux ne figure pas pour le quart du poids indiqué par ce chimiste ou son traducteur, et j’ai assigné à la chaux la part véritablement active qu’elle a dans ce procédé.
- M. Barruel a modifié, il est vrai, le procédé tel que je l’ai indiqué; il a forcé la quantité de chaux pour pouvoir ensuite la saturer par l’acide carbonique; mais déjà j’avais indiqué l’alun, dont l’excès d’acide sature le très-petit excès de chaux qui se trouve dans le suc ou le sirop préparé par mon procédé; car je ne conviendrai pas avec M. Barruel que cet alun ne sert que comme acide à saturer l’excès de chaux; il sert encore à se combiner avec les matières colorantes et extractives, avec lesquelles il se combine, soit comme alun, soit comme alumine précipitée.
- D’ailleurs, depuis la publication de mon procédé, j’ai employé l’acide sulfurique pour saturer directement l’excès de chaux contenu dans le suc, et j’espère que M. Barruel voudra bien m’accorder cette modification, puisque l’important était de s’assurer de cet excès de chaux et de la pos-
- (1) Dans le procédé de M. Hermstaedt} consigné dans les yînnales de Chinue, cal 1er de novembre 1809, il s’est glissé probablement une erreur tiès-grave dans les proportions de chaux, fixées à deux cents grains par mesure de suc, correspondant à 3 livres de France, ou environ 8 grammes par litre.
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- sibilité de le saturer, ce que j’avais déjà fait et indiqué dans le mémoire de mars 181 r.
- Au reste, quel que soit le mérite de ce procédé tel que je l’ai indiqué, tel que je l’ai modifié depuis, et tel que l’a modifié M. Barrucl lui-même, je déclare que j’y ai renoncé, et que je le crois inférieur au procédé donné par M. Achard, de Berlin; que l’emploi de l’acide sulfurique, quoique paraissant contraire aux principes chimiques, est encore celui qui donne le suc le plus incolore, le mieux dépuré; que ce suc a une saveur plus agréable que celui préparé par la chaux, et qu’il fournit après son évaporation le sirop le plus beau et cristallisant le mieux; que, pour l’économie, il ne le cède en rien à celui préparé par la chaux; que l’opération pour le préparer est certaine , n’est sujette à aucun accident, et que l’ouvrier le moins intelligent peut l’exécuter au bout d’une leçon de vingt-quatre heures.
- Je n’ignore pas que ce procédé a été critiqué comme celui pour lequel on emploie la chaux ; mais probablement M. Deyeux aura été trompé dans les proportions qu’il fallait suivre, par quelque traduction infidèle; du moins celles consignées dans le Bulletin de Pharmacie, février 180g, ne ressemblent nullement à celles mentionnées dans le grand ouvrage d'Achard^ que M. D. Angar, mon ami, et moi venons de traduire et faire imprimer avec des notes, ouvrage qui paraîtra d’ici à quelques jours.
- Des expériences qui m’étaient particulières m’avaient prouvé que l’acide sulfurique, comme tous les autres acides, même en petite quantité, altérait le suc pur. J’étais donc à priori porté contre ce procédé, que j’avais déjà essayé, mais d’après de fausses proportions; et j’avouerai que si je n’eusse pas eu sous la main de l’acide sulfurique qui, dans notre fabrique, me servait à saturer le petit excès de chaux qui se trouvait dans le suc de betterave préparé par mon premier procédé, je n’aurais pas répété le procédé de M. Achard, tant j’étais prévenu contre; mais l’essai que j’en ai fait m’a si complètement réussi, que je me crois obligé de me rétracter, et de rendre justice à qui elle appartient.
- D’après ce qui se passe dans ce procédé, il a bien fallu aussi changer la théorie ; et jusqu’à ce que l’histoire des principes constituans de la betterave soit mieux connue, j’assimilerai en quelque sorte l’effet de l’acide sulfurique à celui de la chaux, et je pense qu’il rend concrètes des substances muqueuses, extractives et colorantes, sur lesquelles la chaux a à-peu-près la même action.
- On sait que quelque chose d’à-peu-près semblable s’opère dans la purification des huiles à brûler.
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- Je ne m’étendrai pas davantage sur cette théorie, que je crois encore assez mal affermie, et comme l’objet principal est de faire promptement de bons sirops, je m’empresse de donner ici le procédé d'Jchard, tel que je l’ai exécuté, et tel qu’il me réussit complètement depuis plus d’un mois que nous l’employons dans notre fabrique.
- Je présente à la Société un échantillon de sirop obtenu par ce procédé, et donnant abondamment du sucre cristallisé.
- Voici les proportions :
- Acide sulfurique concentré à 66 degrés........ . 2 kil. 65o gr.
- Craie en poudre................................ 5 3oo
- Chaux vive..................................... 1 600
- Lait écrémé et commençant à s’aigrir........... i4 litres.
- Suc de betterave.. . . . V..................... 1000 kilogr.
- Voici la manière de procéder :
- Aussitôt que le suc est exprimé, on le verse dans de grandes jarres de terre ou des tonneaux doublés de plomb, et on y ajoute de suite l’acide, qu’on a préalablement étendu d’eau dans la proportion de deux parties d’eau pour une d’acide. On laisse reposer ce mélange l’espace de vingt-quatre heures ; pendant ce temps l’acide agit sur certains principes du suc, et il se précipite des matières floconneuses surnagées par un liquide parfaitement limpide et presque incolore. Au bout de vingt-quatre heures, on mêle de nouveau le dépôt et le suc acidifié limpide, et on le verse dans des chaudières, sur le fond desquelles ou a dû étendre la craie en poudre. On agite le suc au fur et à mesure qu’on le verse, et aussitôt après on y ajoute un lait de chaux clair, formé avec la quantité désignée.
- On fait chauffer légèrement jusqu’à vingt degrés environ, et on ajoute îe lait écrémé, qu’on mêle exactement avec un mouveron. On fait chauffer la chaudière , et lorsqu’on voit que l’écume commence à être percée par le bouillon, on cesse le feu; on laisse refroidir pendant deux ou trois heures (un plus long intervalle pourrait compromettre le succès de l’opération ), et on décante aussitôt avec un siphon, qui ne doit plonger que jusqu’à l’endroit où le dépôt commence à paraître.
- On fait passer le suc à travers une étoffe de laine; il passe en un instant et coule parfaitement limpide et presque incolore. On verse le dépôt sur cette même étoffe, et le suc qui y est encore mêlé filtre avec une facilité étonnante. Ce dépôt forme une masse noire, qui se resserre sur elle-meme et n’adhère presque pas à la laine.
- Le suc ainsi filtré est versé dans des chaudières disposées de manière qu'un seul foyer central en chauffe trois, et que le courant d’air éprouve
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- des obstacles avant de se rendre dans les deux cheminées des extrémités.
- La chaudière du milieu reçoit toute la violence du feu, et donne une évaporation aussi abondante que rapide. Aussitôt que le suc bouillant marque 18 à 20 degrés, ce qui correspond à ou s5° froid, on le fait passer dans les chaudières latérales, où il continue lentement d’évaporer, jusqu a ce qu’il marque 55 degrés chaud à 60 à 70 degrés : alors on le retire trouble et chargé de sulfate de chaux ; on le verse dans des pots de terre ou de grès. Au bout de quelques jours, le dépôt est formé, et on peut décanter le sirop clair et le mettre dans des plats à l’étuve.
- Mes chaudières n’ont pas plus de 81 millimètres (5 pouces de profondeur, et ne sont jamais pleines au-dela de 68 millimètres ( 2 pouces et demi). Chacune d’elles est formée d’une planche ou feuille de cuivre dont les bords sont relevés; un fourneau présente ainsi un parallélogramme de 4 métrés de longueur sur 1 mètre de largeur. Le suc ne reste pas plus d’une heure et demie dans les chaudières du milieu, et une fois dans les chaudières latérales il n’a plus rien à craindre du feu. Cette évaporation prompte est très-importante; car moins le suc reste exposé à l’action vive du calorique, plus le sirop est parfait.
- Une autre précaution à prendre est de ne point laisser le suc de betterave séjourner dans des vaisseaux de bois, meme quelques heures. M. Achard recommande de garnir de fer-blanc ou d’un vernis gras tous les inslrumens ou ustensiles de bois, tels que presse, baquets, seaux, etc. J’avais cru d’abord toutes ces précautions superflues ; mais je n’ai point tardé à reconnaître à mes dépens que M. Achard avait parfaitement raison.
- Quant aux chaudières que Al. Achard prescrit de faire chauffer au moyen de la vapeur de l’eau bouillante , j’ai reconnu qu’en prenant les précautions que j’indique ou 11’avait rien à craindre. J’ai observé que le sirop ne commençait à s’altérer à feu nu que lorsqu’il restait long-temps exposé à son action, et sur-tout lorsqu’il était parvenu à un certain degré de concentration. La marche que je suis et la forme de mes chaudières me mettent à l’abri de tout accident.
- En publiant cette notice, je 11e crois donc que rendre à M. Achard la justice qui lui est due, et je la terminerai en professant pour ce savant les sentimens d’estime les mieux mérités.
- Au reste, j’espère rendre public cet hommage par les notes que j’ai ajoutées à la traduction de son ouvrage.
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- Rapport fait par M. Descostils, au nom du Comité des arts chimiques , sur une Notice de M. Ch. Derosne, relative à La fabrication du sucre de betterave.
- M. Ch. Derosne a lu à la dernière séance du Conseil lin mémoire que le Comité des arts chimiques a été chargé d’examiner, et c’est en son nom que je vais avoir l’honneur de vous en rendre compte.
- Dans cet écrit, M. Derosne expose qu’il a reconnu que, de tous les procédés proposés jusqu’à ce moment pour extraire le sucre de la betterave, le meilleur est celui qu’a publié M. A char cl, de Berlin. La facilité delà clarification du suc et la cristallisation prompte des sirops obtenus par sa méthode, ont tellement frappé M. Derosne, qu’il l’a adoptée dans sa manufacture, et que, depuis un mois, il n’en emploie pas d’autre. M. Derosne ajoute que, sous le rapport de l’économie, le procédé de M. Achard ne le cède en rien à celui par la chaux, et il pense que si les savans qui ont tenté de le répéter n’ont pas obtenu d’heureux résultats, cela est dû aux fausses proportions indiquées dans les traductions qu’ils ont eues à leur disposition.
- M. Derosne ayant désiré de faire une expérience de clarification devant plusieurs membres de la Société, MM. Anfrje, Brillantais, Clément, Humblot, Mérimée, Roard et moi, nous nous sommes rendus chez lui. M. Derosne avait fait acidifier la veille une centaine de kilogrammes de suc de betterave. Il en a pris-70 kilogrammes, sur lesquels il a opéré selon la méthode décrite dans son mémoire, et il a ensuite retiré, à l’aide d’un siphon, un liquide d’une couleur ambrée, mais parfaitement limpide, qui, par la concentration, ne s’est troublée en aucune manière. Sa saveur était très-sucrée; seulement le goût de betterave était encore très-sensible, comme cela arrive dans tous les procédés. Une petite quantité de ce suc traitée par le charbon a été considérablement décolorée, et le goût de betterave a presque entièrement disparu , ce qui a fait penser que l’addition d’une certaine quantité de charbon en poudre grossière, dans la chaudière où s’opère la clarification, pourrait apporter quelque perfection à cette méthode; mais le procédé, tel que l’a exécuté M. Derosne, clarifie parfaitement le suc de betterave, ainsi que l’ont unanimement déclaré les personnes présentes à l’expérience.
- Le Comité se bornera à l’énoncé de ce fait sans chercher à établir la préférence à accorder à l’une quelconque des méthodes, parce que premièrement il n’a point été chargé de les comparer, et qu’en second lieu il manque des données nécessaires pour décider la question.
- Il ne croit pas non plus devoir entrer dans aucune discussion sur deux
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- réclamations contenues dans le mémoire de M. Derosne, et dont l’une est relative à l’antériorité de son travail pour le traitement du suc de betterave par la chaux, sur des mémoires qui traitent du même sujet. Le Comité a pensé que cet objet étant étranger au but que se propose la Société, et qui est le perfectionnement des arts, il devait renvoyer aux divers écrits publiés en France sur la fabrication du sucre de betterave, les personnes qui voudraient se rendre juges des droits de chacun de ceux qui ont traité ce sujet.
- La seconde réclamation, à laquelle M. Derosne ne met à la vérité qu une faible importance, est relative à l’annonce d’un travail de M. Haiij sur les cristaux de sucre de betterave obtenus par M. Barruel. M. Derosne rappelle qu’il avait remis au Comité des cristaux de même espèce, à l’aide desquels on avait reconnu l’identité de leur forme et de celle des cristaux du sucre de canne, et que ce fait a été consigné dans le rapport lu à la Société et imprimé dans le Moniteur, long-temps avant la publication du travail de M. Haüy. A cet égard, le rapporteur observera que les cristaux remis par M. Derosne lui ont bien servi en effet à reconnaître les formes décrites par Borné de Lis le ; mais ce travail était loin de l’exactitude scrupuleuse qu’y a mise M. Haüy, et le rapporteur en était si persuadé, qu’ayant appris que l’illustre auteur de la Théorie de la structure des cristaux s’occupait des formes cristallines du sucre de betterave, il s’était empressé de lui remettre une portion des cristaux de M. Derosne. Ces derniers étaient peut-être moins beaux que ceux obtenus depuis par M. Barruel, mais au moins ils ont pu contribuer à établir d’une manière irréfragable un résultat aussi curieux qu’important, et qui ne laisse plus aucun prétexte de douter de l’identité absolue du sucre de betterave et du sucre de canne.
- Au surplus, le Comité des arts chimiques, en ne vous proposant aucune autre détermination relativement aux réclamations de M. Derosne, n’en croit pas moins devoir vous demander d’accueillir la communication qu’il vous a faite du résultat de ses expériences, dans un moment sur-tout où presque toutes les personnes qui, comme lui, ont élevé des fabriques, paraissent vouloir concentrer dans leurs ateliers les perfectionnemens qu’ils ont pu apporter aux méthodes employées. Le zèle de M. Derosne, la publication franche de ses observations, méritent toute la faveur de la Société, et votre Comité vous propose de demander la publication dans le Moniteur du mémoire dont je viens de vous rendre compte. Cette publication est d’ailleurs demandée par M. Derosne, par le noble motif de prévenir les fabricans sur les moindres avantages que présente le procédé qu’il avait vanté dans son premier travail.
- AdoDté en séance, le 22 janvier 1812. Signe Collet-Descostils, rapporteur.
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- Procédé pour obtenir la prompte cristallisation du sucre de
- betterave, communiqué à la Société d*Encouragementpar 31, Charles Derosne, pharmacien à Paris.
- Un des plus grands inconvéniens reprochés à la fabrication du sucre de betterave résulte du long espace de temps pendant lequel on est obligé de faire séjourner à l’étuve le sirop, une fois qu’il est parfaitement clair et qu’il est parvenu au degré de consistance convenable.
- La facile altération de ce sirop lorsqu’il est concentré et qu’on lui fait éprouver un degré de chaleur capable de le mettre en ébullition; la consistance térébenthinacée qu’il prend et qui s’oppose ensuite à sa cristallisation, ont toujours mis obstacle à ce qu’on pût lui donner les mêmes préparations qu’au sirop de vesou, et sur-tout à ce qu’on pût lui appliquer ce que nous nommons en terme de raffinerie la preuve par le filet.
- En admettant qu’on pût obtenir du sirop de betterave traité par ces moyens une masse susceptible de cristalliser, ce qui est encore fort douteux, cette masse retiendrait opiniâtrement la mélasse visqueuse qui adhère à chaque molécule de sucre cristallisé , et alors le raffinage par tout moyen connu deviendrait impossible.
- On voit cependant, mais rarement, des sirops de betterave d’une qualité assez riche en sucre pour permettre une modification de ce genre de travail, mais jamais assez pour recevoir la preuve.
- MM. Achard et Hermstaedt, de Berlin, ont donné l’un et l’autre un procédé pour obtenir immédiatement une cristallisation confuse et abondante ; mais il est probable que les moscouades obtenues par ces procédés ont dû présenter beaucoup de difficulté pour l’écoulement des mélasses, et sur-tout pour leur raffinage; du moins les essais faits en France ont donné constamment de mauvais résultats, dus aussi probablement à la mauvaise qualité des betteraves employées. Ceci paraîtra d’autant moins extraordinaire, que plusieurs espèces de moscouades, et sur-tout ce qu’on nomme dans les raffineries les vergeoises et bâtardes, exigent beaucoup de temps pour se purger de leurs sirops, et que quelquefois même, si le point de la cuite est manqué, l’écoulement des mélasses ne peut plus avoir lieu.
- Il était donc important de trouver un procédé au moyen duquel on pût se passer de l’étuvage, opération très-longue et embarrassante, et opérer en très-peu de temps la séparation du sucre brut des mélasses. Ce procédé a été l’objet de mes recherches, et j’ai la certitude qu’elles n’ont point été infructueuses.
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- J’ai eu l’honneur de communiquer à la Société le procédé de M. Achard pour la préparation des sirops de betterave ; celui que je vais décrire peut être regardé comme une suite de ce procédé.
- Ainsi, lorsque les sirops seront bien clairs, au lieu de les exposer à l’étuve, on les fera évaporer, soit au bain de vapeur, soit à feu nu , mais alors à une chaleur parfaitement ménagée. On aura soin de les mettre par couches peu épaisses sur des vases évaporatoires qui présentent beaucoup de surface. On aidera la concentration du sirop en le remuant de temps en temps et en l’exposant à un courant d’air rapide. Bientôt il cristallisera, mais d’une manière très-confuse, et il présentera l’aspect d’une pâte grenue. Si le sirop était d’une qualité inférieure, il faudrait, lorsque sa consistance devient épaisse, y ajouter une petite quantité de sucre brut ou moscouade de betterave, la bien mêler avec le sirop, et laisser ensuite ce mélange pendant quelques heures à une chaleur d’environ 60 degrés de Réaumur sans l’agiter.
- Cette addition d’une moscouade, qui ne doit plus trouver assez de liquide pour être fondue, déterminera la cristallisation du sucre contenu dans le sirop. Alors on continuera d’évaporer pour obtenir la matière pâteuse et grenue dont on vient de parler. Lorsque cette matière sera parvenue à la consistance convenable, ce qu’il est très-difficile de bien déterminer, et encore plus de bien décrire, on mettra cette pâte cristallisée dans un bain-marie, et on la fera chauffer dans la vapeur jusqu’à ce que le thermomètre, plongé dans cette matière liquéfiée, indique environ 80 degrés de Réaumur. Le sirop prendra alors plus de fluidité, mais contiendra encore du sucre non fondu. On le maintiendra pendant quelques heures à cette température , qu’on laissera tomber à environ 72 à 75 degrés.
- Les cristaux qm seront restés détermineront promptement la cristallisation d’une nouvelle quantité de sucre. Lorsqu’on se sera assuré que cette cristallisation s’opère bien, la matière chaude sera versée dans de grandes formes ou caisses de bois, qu’on tiendra à une température telle que le refroidissement ne puisse avoir lieu qu’insensiblement.
- Le degré de chaleur qui sera ainsi maintenu, en diminuant la viscosité de la partie non cristallisable, accélérera la formation, du sucre en cristaux assez gros pour permettre l’écoulement de la mélasse.
- Pour décolorer promptement cette moscouade sans en fondre une partie , comme cela a lieu dans l'opération du terrage, on pourra employer un moyen très-simple et analogue à celui dont on se sert dans les raffineries pour purifier le salpêtre.
- Ce sera de verser sur ce sucre ou moscouade une certaine quantité
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- de sirop de betterave aussi peu coloré que possible, et évaporé seulement au degré auquel il peut commencer à cristalliser, c’est-à-dire à 56 degrés de l’aréomètre de Baumé, le sirop étant froid. L’emploi du charbon pourra être très-utile pour préparer des sirops de betterave peu colorés.
- Ce sirop, déjà saturé, n’attaquera pas le sucre cristallisé, et, en se mêlant avec la mélasse, se liquéfiera et décolorera le sucre quelle salissait. Plus le sirop qu’on emploiera sera décoloré, plus le sucre brut sera beau; et pour lui donner un degré de sécheresse convenable, il suffira de le laver avec une très-petite quantité d’alcool.
- Lorsque le sucre brut de betterave sera de bonne qualité, ce procédé remplacera avantageusement le terrage.
- Lorsqu’au contraire le sirop sera pauvre en sucre cristallisable (ce qui sera le cas le plus général), et qu’après la cuisson et la cristallisation il formera une masse de laquelle la mélasse ne pourrait que très-difficilement ou même pas du tout se séparer, on pourra tout simplement mêler la moscouade avec le sirop décoloré, laisser ce mélange en digestion pendant quelques heures, le mettre ensuite dans une toile et l’exprimer au moyen de la presse.
- La séparation de la mélasse se fera en raison de la fluidité produite par le sirop incolore employé; ce qu’on retirera de la presse pourra ensuite être complètement dépouillé de sirop au moyen d’une petite quantité d’alcool.
- On voit donc que, pour bien réussir, l’objet important est d’employer des sirops peu colorés, ce qu’on ne pourra obtenir que par une évaporation très-ménagée et opérée sur de petites masses de sirop présentant beaucoup de surface, et clarifiées au moyen du charbon. C’est dans ce cas que l’évaporation préliminaire du sucre de betterave, au moyen d’une étuve très-fortement chauffée par un courant d’air rapide, pourrait être très-utile pour se procurer des sirops peu colorés.
- Les sirops mêlés de mélasse qu’on obtient par ce moyen peuvent être mis à l’étuve pour cristalliser; car il ne serait pas prudent de vouloir les faire cristalliser immédiatement, La nouvelle quantité de mélasse qu’ils contiennent rendrait cette opération très-difficile, et d’une réussite incertaine:
- Onzième année. Janvier 1812.
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- Procédé pour la fabrication du blanc de plomb ? par jeu JM. Joseph Montgolfière communiqué par_ MM«, Clément et Desonnes (1).
- Montgolfier, à qui l’on doit de si brillantes découvertes, s’était occupé de plusieurs arts utiles auxquels il avait ajouté des perfectionnemens dignes de lui. Par exemple, il nous paraît que le procédé qu’il avait exécuté pour la fabrication du blanc de plomb est d’une grande simplicité, et qu’il doit présenter de l’avantage sur celui que fou suit presque partout; et ce ne sera certainement pas sans intérêt qu’on lira la description que nous allons en donner.
- La première opération est le laminage du plomb. Montgolfier avait reconnu, par expérience, qu’en le coulant sur coutil les lames pourraient être aussi minces qu’on le désirerait, et qu’il suffisait d’incliner plus ou moins le cadre qui porte le châssis pour faire varier à volonté l’épaisseur. La surface du plomb reste un peu irrégulière et hérissée de pointes, disposition très-favorable à l’oxidation du plomb que l’on doit opérer ensuite. Ce laminage sur coutil étant déjà connu, il est inutile d’en parler davantage. Nous supposons donc cpie l’on saura facilement réduire le plomb en lames très-minces et de surface raboteuse.
- La seconde opération consiste à oxider et carbonatèr le plomb. Voici comment était disposé l’appareil.
- On avait un fourneau ordinaire que les chimistes nomment fourneau à réverbère. On y faisait brûler du charbon de bois. La cheminée qui portait sur le dôme du fourneau s’élevait de 4 ou ô mètres, et en prenant une direction horizontale elle se rendait dans un tonneau couché par terre; elle était adaptée à un orifice fait au fond du tonneau, un peu au-dessus de son centre ; du vinaigre séjournait dans la partie inférieure de ce tonneau, et un tuyau égal à la cheminée se trouvait ajusté vers le centre du second fond du tonneau. Il communiquait avec une grande caisse rectangulaire, dans laquelle on suspendait les lames de plomb alternativement haut et bas, pour déterminer le courant d’air à parcourir entièrement la surface des lames. L’autre extrémité de la caisse était ouverte pour donner issue aux gaz qui ne se combinaient pas avec le plomb. La caisse avait un couvercle mobile, que l’on enlevait pour poser les lames de plomb sur les petits bâtons qui les attendaient.
- On conçoit que l’air qui s’élevait du fourneau pour entrer dans le ton-
- (i) Extrait des Annales de Chimief N°. 240. Décembre 1811.
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- peau où se trouvait le vinaigre, devait chauffer cet acide et en emporter en vapeur: il arrivait donc dans la caisse où étaient les lames de plomb un courant composé, i°. d’acide carbonique produit par la combustion du charbon; 20. d’oxigène échappé à l’action de ce combustible, que l’on pouvait augmenter à volonté, en laissant quelques trous vers le milieu de la cheminée par où ce nouvel air atmosphérique était aspiré ; 5°. de vapeur de vinaigre, et enfin du gaz azote de l’air atmosphérique. Toutes les conditions reconnues nécessaires à la production du carbonate de plomb sont donc remplies dans cet appareil; oxigène, acide carbonique, vinaigre, chaleur, tout s’y trouve réuni.
- Les lames de plomb se chargent assez promptement d’une couche de carbonate; si l’on ne veut pas les laisser se convertir entièrement en une seule opération, on les suspend dans l’eau ; le blanc de plomb se détache facilement et tombe au fond du vase. Si on laisse les lames un temps suffisant pour être converties complètement en carbonate, on les met de même dans l’eau; mais alors il faut laver le dépôt pour en séparer les parties métalliques qui ont pu échapper à l’oxidation et qui terniraient la couleur du blanc.
- N’ayant pas exécuté nous-mêmes ce procédé, nous ne pourrions pas indiquer d’une manière précise les meilleures dimensions à donner à l’appareil ; mais il sera très-facile d’établir ces dimensions par le calcul et de les vérifier par un essai. Les principes sur lesquels repose ce procédé sont maintenant connus de tout le monde.
- Rapport fait par M. Thénard, au nom du Comité des Arts
- chimiques, sur du sucre de betterave raffiné ^ fabriqué ci Crcvelt.
- MM. Schumacher, liemkes et. Trous, de Crevelt, département de la Roër, ont adressé à la Société d’Encouragement du sucre raffiné et du sucre candi de betterave, avec une lettre dans laquelle ils donnent un aperçu du procédé qu’ils ont suivi et des résultats qu’ils ont obtenus ; ce procédé est celui de M, Achardjk quelques légères modifications près : c’est en 1809 4u ds ont commencé leurs essais.
- Ils ont opéré seulement sur quelques quintaux de betteraves. Ayant réussi à en extraire du sucre, ils ont opéré en 1810 sur 56,4^0 kilogrammes, d où ils ont retiré 3o,93o kilogrammes de suc; ces 3o,93o kilogrammes de suc leur ont produit 3,980 kilogrammes de sirop, à 38 et 4°° de 1 aréomètre de Baumé , et cette quantité de sirop a donné 1,100 kilogrammes de sucre
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- brut. Ainsi, MM. Schumacher, Remîtes et Trons ont obtenu environ deux pour cent de sucre brut du poids de la betterave.
- Dans le courant de l’année 1811, ils se sont occupés de purifier ce sucre brut, et ils y sont parvenus sans peine. Le sucre qui en est résulté pesait 53o kilogrammes, et avait toutes les qualités du sucre de canne.
- Ces Messieurs ont augmenté en 1811 leur fabrication beaucoup plus qu’en 1810. Ils ont actuellement en magasin un demi-million de kilogrammes de betteraves qu’ils ont cultivées eux-mêmes, et dont ils extraient le sucre. Ils ont observé que les betteraves de cette année étaient plus sucrées que celles des années précédentes, et que le sirop cristallisait plus facilement. Ils espèrent augmenter et perfectionner successivement leur fabrique, et leur plus grand désir est de se rendre dignes de la bienveillance du Gouvernement et de l’estime de la Société.
- Votre Comité des arts chimiques pense qu’on doit écrire, au nom de la Société, à MM. Schumacher et Compagnie, pour les remercier de l’envoi qu’ils ont bien voulu lui faire, et pour leur témoigner tout l’intérêt quelle prend à leur fabrique.
- Adopté en séance, le 8 janvier 1812.
- Signé Thénard, rapporteur.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. Descostils, au nom d’une Commission spèciale9 sur les changemens faits par M. Jullien à son. appareil pour transvaser les vins, et sur une nouvelle application de son tube aérifère.
- U y a environ trois ans que nous avons fait au Conseil d’Administration un rapport sur un appareil pour transvaser les vins, que M. Jullien avait soumis au jugement de la Société, et dont la description a été insérée dans le N°. LVI du Bulletin, huitième année , page 52.
- Depuis cette époque, M. Jullien a exécuté dans cet appareil plusieurs changemens que l’expérience lui a suggérés, et il a fait une nouvelle application de son tube aérifère à des entonnoirs de diverses espèces. Nous allons rendre compte à la Société de l’examen qu’elle nous a chargés de faire de ces différens objets, d’après la demande de l’inventeur.
- Le rapport que nous présentons aujourd’hui n’étant en quelque sorte que la suite de celui qui se trouve dans le Bulletin, nous indiquerons seulement pour chaque article les dispositions adoptées par l’auteur de l’appareil.
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- Du -porte-bouteille.
- M. Jullien a supprimé dans cet instrument la vis de rappel qui servait à incliner doucement la bouteille, à mesure que le vin s’écoulait. La raison de cette suppression est la longueur du temps nécessaire pour ramener l’appareil à la position horizontale , après que la bouteille avait été entièrement vidée. M. Jullien incline maintenant la bouteille, en plaçant d’abord un bouchon sous la planche qui la supporte; il le rapproche de plus en plus du centre de mouvement, à mesure qu’il veut donner une plus forte inclinaison, et il fait enfin écouler les dernières portions de liquide en soulevant la planche à la main (i).
- De la cannelle.
- M. Jullien a supprimé l’emporte-pièce, à l’aide duquel il perçait le bouchon pour placer la cannelle. Il débouche maintenant la bouteille comme on le fait ordinairement, ce qui est plus expéditif. Il place ensuite dans le goulot sa nouvelle cannelle, qui ne diffère de celle décrite dans le Bulletin qu’en ce qu’elle est un peu plus grosse (ce qui procure à la liqueur un écoulement plus rapide), et en ce qu’elle traverse un bouchon conique auquel elle est fixée. Ce bouchon est destiné à boucher la bouteille à transvaser assez exactement pour que le vin ne puisse sortir que par l’orifice de la fontaine : sa forme conique le rend propre à servir pour des bouteilles de différens calibres.
- Votre Commission croit que ces changemens présentent en effet les avantages que s’en est promis M. Jullien; elle va maintenant vous faire connaître l’application qu’il a faite de son tube aérifère à des entonnoirs destinés à plusieurs usages différens.
- Il n’est personne qui ne sache que lorsqu’on remplit un vase d’un liquide quelconque, il est assez ordinaire de perdre une portion de ce liquide, soit en versant à côté de l’ouverture du vase, soit en continuant de verser après que le vase est rempli. On pare au premier inconvénient en faisant usage d’un entonnoir; mais le second est plus difficile à éviter, lors même que le vase est transparent, et c’est à celui-ci qu’a voulu obvier M. Jullien.
- Qu’on se figure un entonnoir dont le bec traverse un bouchon semblable à celui dont nous avons parlé à l’article de la cannelle, on concevra que
- (i) On peut se dispenser d’employer cet appareil lorsqu’on n’a qu’un petit nombre de bouteilles à transvaser, l’usage de la cannelle étant alors suffisant; mais, dans le cas contraire il est très-utile, parce qu’il tient lieu d’un second ouvrier, et produit une grande économie sur la main-d’œuvre; car, pendant qu’une bouteille se transvase, on bouche et on range celle qui vient d’être transvasée. ( Note du rédacteur. )
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- l’entonnoir une fois placé et le bouchon bien enfoncé, le liquide ne pourra plus s’épancher par l’ouverture du vase récipient; mais dans cette supposition il est évident que l’air contenu dans le vase pourrait présenter un obstacle à l’introduction du liquide, sur-tout dans le cas d’un orifice étroit; et de plus, si le vase étant rempli, il restait de la liqueur dans l’entonnoir, il serait difficile d’enlever ce dernier sans perdre une portion de ce qu’il contiendrait. Pour faciliter la sortie de l’air, M. Jullien a adapté à l’entonnoir un tube aérifère , dont une des extrémités aboutit à 2 ou 5 centimètres au-dessus de l’extrémité du bec par où s’écoule la liqueur, et en dehors, tandis que l’autre extrémité s’élève jusqu’au bord de l’entonnoir. D’après cette disposition , il est visible que l’air ne peut s’opposer à l’introduction du liquide, quelque étroite que l’on suppose l’ouverture du vase qui reçoit le liquide.
- Quant à la perte que l’on pourrait éprouver en enlevant l’entonnoir, M. Jullien l’a évitée en armant le bec de cet instrument d’un robinet que l’on ferme lorsqu’on s’aperçoit que le liquide ne baisse plus; car on est certain alors que le vase inférieur est plein. On peut reporter l’entonnoir sur un autre vase; il ne laisse de vide que le volume de la partie plongée, ce qui est fort peu considérable.
- On voit, par ce qui vient d’étre exposé, que ce petit mécanisme peut être appliqué à des entonnoirs de toutes dimensions. M. Jullien en a fait fabriquer pour des bouteilles et pour des tonneaux, et ces deux espèces ne diffèrent que par la forme du robinet.
- M. Jullien en a fait aussi construire deux autres espèces pour des usages particuliers.
- La première espèce est destinée à la filtration des liqueurs de table, et 11e diffère de ses entonnoirs ordinaires à bouteille que par un couvercle qui ferme l’orifice supérieur, et qui arrête la volatilisation d’une partie de l’acool et des principes aromatiques qui se perdent avec les entonnoirs ouverts. L’intérieur est de plus garni d’une carcasse en fil de fer étamé, pour empêcher le papier de se coller contre les parois de l’entonnoir; ce qui retarderait la filtration.
- La seconde espèce diffère des précédentes en ce que l’entonnoir se rétrécit par le haut, et qu’on peut fermer parfaitement la petite ouverture qui s’y trouve. Cette espèce d’entonnoir est destinée au remplissage des bouteilles de vin de Champagne dit grand mousseux, auquel on a fait subir le dégorgement. Cette opération, qui ne s’exécute que sur les vins que l’on ne peut décanter, consiste à faire sortir le dépôt sans vider la bouteille. Pour cela, 011 la tient par le col et dans une position horizontale, et on la
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- fait osciller sur elle-même. Quand le dépôt est détaché et rassemblé en une seule masse, on incline lentement la bouteille en continuant le même mouvement, et on finit par la renverser tout-à-fait, de manière à amener le dépôt sur le bouchon. Dans cette position, on débouche la bouteille, et le vin qui s’élance aussitôt au dehors chasse devant lui le dépôt. On ne laisse sortir ainsi que le moins possible de liqueur; mais il faut néanmoins remplacer celle qui s’est écoulée. Cette seconde opération occasionnait beaucoup de déchet, parce que la mousse, qui se formait toutes les fois que l’on enlevait le bouchon pour verser une petite quantité de vin, empêchait le liquide de pénétrer dans la bouteille ; il s’en répandait la plus grande partie au dehors, et la mousse qui s’épanchait augmentait la perte. M. Jullien est parvenu à faire ce travail sans rien perdre, au moyen de son entonnoir fermé. Pour s’en servir, il commence par le remplir de vin, et il le bouche parfaitement. Il l’applique ensuite sur l’ouverture de la bouteille aussitôt que le bouchon est enlevé. La petite quantité de gaz qui s’est dégagée d’abord établit bientôt dans cet appareil fermé une pression suffisante pour empêcher un nouveau dégagement ; et dès que le robinet est ouvert le vin coule dans la bouteille, tandis que le gaz s’introduit dans l’entonnoir par le tube aérifère. On évite donc par ce moyen la production de la mousse qu’occasionnait le contact de l’air extérieur, c’est-à-dire la diminution de pression sur le liquide.
- M. Jullien a justifié à la Commission de l’heureux succès de cet entonnoir, ainsi que de l’avantage de la cannelle aérifère pour transvaser les vins de Champagne mousseux ordinaires, par les lettres de M. Moet, maire d’Epernay et grand propriétaire de vins (i). Le témoignage d’un juge aussi
- (1) Voici l’extrait d’une de ces lettres , datée d’Epernay, le 3 janvier 1812 :
- te Les entonnoirs à remplir les vins mousseux que vous m’avez envoyés sont d’un 33 très-bon usage. . . . On se figure difficilement la perte énorme de vin que font les 33 ouvriers pour remplir les vins grand mousseux. On n’exagère pas en assurant que , 33 pour introduire une goutte de vin, on en perd six, et cela à diverses reprises, ce qui 33 fait aussi une perte de temps considérable.
- 33 ... . Quant à vos cannelles aérifères , il est bien certain qu’elles transvasent le vin 33 fort clair, et qu’elles occasionnent un déchet bien moins considérable que par la ma-33 nière pratiquée jusqu’à présent du transvasement à la main. Il serait à désirer, pour l’in-33 térêt du commerce, que l’usage en fût généralement répandu chez tous les consomma-33 leurs de vins de Champagne , sur-tout chez l’étranger. Ceux de première qualité sont 33 sujets à déposer et à former au verre de la bouteille , du côté de la couche, une lentille 33 plus ou moins forte d’une matière glaireuse, qui se répand en filandres dans le vin, le 33 trouble et le fait graisser. On croit généralement que le vin frappé de cet accident est 53 perdu, tandis qu’il ne s’agit pour le guérir, le clarifier et lui rendre sa qualité primi->3 tive, que de le transvaser dans une autre bouteille. Avant l’invention de vos cannelles,
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- compétent ne laisse aucun doute sur la bonté de l’invention de M. Jullien. Ce que nous avons dit de ses autres entonnoirs suffit pour faire juger qu’ils remplissent parfaitement l’objet que s’est proposé leur auteur, et votre Commission vous propose de faire insérer dans votre Bulletin une courte description de ces divers instrumens? accompagnée d’une gravure au simple trait.
- Adopté en séance, le 22 janvier 1812.
- Signé Molard; Collet Descostils, rapporteur.
- Explication des figures de la Planche 84-
- Fig. 1. A bouteille destinée à être transvasée; elle est relevée pour la déboucher. Lorsqu’on veut enlever le bouchon c, on la tient de la main gauche en a, en l’appuyant fortement contre le tasseau b. On y introduit ensuite la cannelle aérifère D, fig. 5 , de manière que le bouchon conique g ferme hermétiquement la bouteille, et que la pointe h du tube aérifère soit placée en d; puis on saisit la bouteille de la main gauche en e, et on l’élève à la hauteur de la bouteille B.
- Fig. 2. On introduit le bec i de la cannelle D dans le goulot f de cette bouteille; on ouvre le robinet m du tube aérifère, celui n de la cannelle devant être ouvert préalablement. On surveille le mouvement du dépôt qui s’est formé à l’endroit marqué p, en tenant une lumière sous la bouteille et regardant en dessus. Quand le liquide clair est écoulé et que le dépôt est prêt à le suivre, la bouteille est relevée.
- Fig. 3. C porte-bouteille sur lequel la bouteille A est fixée à l’aide de la vis de pression q, et relevée pour la déboucher, comme on l’a indiqué ci-dessus. Ce porte-bouteille est maintenu sur la planche IV, au moyen d’une bride de fer et de la vis à patte r.
- Fig. 4- La bouteille A munie de la cannelle aérifère et du petit entonnoir E servant à conduire le liquide dans la bouteille B, placée sur un tabouret M, à 56 centimètres plus bas que la table ou planche sur laquelle est fixé le porte-bouteille. Le bouchon s sert à incliner la bouteille A, qui se vide aux trois quarts pendant qu’on bouche et range la bouteille qui vient d’être remplie.
- Fig. 5. D cannelle aérifère ; q bouchon conique ; h extrémité du tube
- » on ne pouvait qu’indiquer le transvasement à la main 5 comme il faut être exercé *> pour faire cette opération difficile, cela a degoute tous les consommateurs qui ont « voulu la tenter. Avec vos cannelles il n’y a pas d’homme, le moins intelligent, qui, « instruit une fois, ne puisse en venir à bout. Je m’en sers ici avec le plus grand » avantage. »
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- aérifère, par laquelle l’air entre dans la bouteille; i bec de la cannelle par lequel le vin s’écoule; l bec du tube aérifère; m robinet du tube; n robinet de la cannelle ; o petits orifices par où le liquide s’introduit dans la cannelle.
- Fig. 6. E petit entonnoir qui reçoit le bec de la cannelle dans l’orifice t, et s’y accroche par le fil de fer u; v extrémité reçourbée en forme de gouttière de la douille qui entre dans la bouteille à remplir.
- Fig. 7. /'entonnoir aérifère pour remplir les bouteilles sans répandre de liquide; 1 bouchon conique; 2 robinet qui interrompt à volonté l’écoulement ; 3 extrémité inférieure du tube aérifère ; 4 extrémité supérieure du même tube.
- G Carcasse en fil de fer qu’on place dans l’entonnoir pour empêcher le papier de se coller contre les parois. H couvercle de l’entonnoir servant à prévenir l’évaporation de la liqueur.
- Fig. 8./grand entonnoir aérifère pour remplir les tonneaux; 1 bouchon conique en cuir; 2 manche de fer ouvrant et fermant à volonté l’orifice 5 de la douille.
- Fig. 9. Entonnoir aérifère fermé, pour le transvasement des vins grand mousseux; 6 bouchon qui ferme l’orifice supérieur de l’entonnoir lorsqu’il est rempli.
- L Coupe du même entonnoir; 4 orifice supérieur du tube qui rentre dans l’entonnoir après avoir fait un coude dans la partie vide 7.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures de la planche.
- Nous croyons devoir ajouter à cette description les prix des différens appareils inventés par M. Jullien, demeurant rue Saint-Sauveur, n°. 18, à
- Paris.
- Cannelle aérifère en cuivre......................... 9 fr. c.
- La même, étamée........................................ to 5o
- La même, en argent avec son étui.................... 75
- Porte-bouteille en hêtre et petit entonnoir,y%. 6....... 7 5o
- Le même en acajou...................................... 3o
- Entonnoir aérifère, fig. 7.............................. 7 5o
- Lemême, de 17 centimètres de diamètre, avec couvercle
- et carcasse pour filtrer les liqueurs................ 12
- Grand entonnoir aérifère, fig. 8, pour remplir les tonneaux........................................... 36
- Entonnoir aérifère fermé, fig. 9....................• 12
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- Note sur un poêle en fonte provenant de V usine de M. Bernard Derosne, maître de forges.
- M. Ch. Derosne, pharmacien à Paris, a fait hommage à la Société, au nom de M. Bernard Derosne, son frère, maître de forges au fourneau de la Grâce-Dieu, arrondissement de Baume, département du Doubs, d’un notiveau poêle-fourneau en fonte exécuté dans ses ateliers.
- Ce poêle n’est pas présenté comme une invention nouvelle, mais seulement comme une application utile des meilleures constructions en ce genre. En effet, il est facile d’y retrouver quelque chose des fourneaux de MM. Mezaise, Curaudau, Bouriat, Harel, etc. Mais aucun de ces Messieurs n’avait songé à faire exécuter en fonte les divers poêles ou fourneaux qu’ils ont inventés ou perfectionnés. Il pouvait être utile de choisir dans ces appareils ce qui était avantageux, et en composer un tout qui réunît le plus de perfection possible. __
- Le poêle offert à la Société est d’une forme assez agréable, d’une fonte de bonne qualité, et d’une légèreté qu’on ne trouve pas ordinairement dans les ouvrages de ce genre répandus dans le commerce.
- Comme poêle, il serait difficile d’en trouver qui , sous un même volume et avec la même quantité de combustible, fut susceptible de donner autant de chaleur, sur-tout lorsque le couvercle en est enlevé; ce qui double ses surfaces.
- La matière dont il est formé, la fonte, est d’une inaltérabilité qui en assure la durée, et d’une perméabilité par le calorique bien supérieure à celle de tous les ouvrages de ce genre exécutés en terre.
- La facilité de placer et de monter ce poêle à volonté peut encore avoir quelque prix, et la division de ses parties peut permettre un remplacement facile dans le cas où l’une d’elles viendrait à être brisée.
- La supériorité de cet appareil comme poêle, doit nécessairement diminuer sa qualité comme fourneau, et il doit résulter de la facilité avec laquelle il transmet le calorique, qu’il doit moins promptement chaufferies liquides que les fourneaux construits en terre ou en briques. Mais comme cet objet n’est qu’accessoire, on a dû, dans sa construction, préférer l’essentiel, c’est-à-dire faire un poêle qui chauffât beaucoup et promptement.
- Cependant la chaudière renfermée dans ce poêle, lorsqu’elle est pleine d’eau, ne tarde pas à entrer en ébullition, et peut ainsi servir de marmite, d’appareil distillatoire ou de bain de sable à volonté.
- Une des meilleurs preuves de la supériorité de ce poêle, comme appa-
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- reil de chauffage, est la grande quantité d’eau qui se condense à la sortie de sa cheminée. On a pratiqué à la chaudière intérieure et à la pièce qui sert de support au foyer, des ouvertures qui se ferment à volonté par des bouchons de fonte. Ces ouvertures sont destinées à recevoir des tuyaux de tôle, qui, prenant l’air du dehors et se répandant dans l’intérieur de l’appariement, font de ce poêle une espèce de ventilateur. On a eu pour but d’éviter le reproche qu’on fait à tous les poêles, celui de ne pas renouveler l’air. Mais comme en général le service de ces poêles est plus utile avec une chaudière qui puisse contenir un liquide, on peut avoir deux chaudières de rechange.
- Ce petit appareil, par la modicité de son prix, pourra convenir à beaucoup de classes de la société; sa forme permet de le placer dans les salles à manger, antichambres, etc.; mais il conviendra particulièrement aux personnes qui aiment à s’occuper d’expériences de chimie, etc.
- Son prix, pris à la forge, est de 36 francs, et, à Paris, de 48 francs.
- Déchet impérial concernant la fabrication du sucre de betterave.
- Au Palais des Tuileries, le i5 janvier 1812.
- NAPOLEON, Empereur des Français, Roi d’Italie, etc.
- NOUS AVONS DÉCRÉTÉ ET DÉCRÉTONS Ce qui SUlt :
- TITRE EU
- Ecoles de fabrication pour le sucre de betterave.
- Art. Ier. La fabrique des sieurs Barruel et Chapelet, plaine des Vertus, et celles établies à Wachenlieim , département du Mont-Tonnerre, à Douai, à Strasbourg et à Cas-telnaudary, sont établies comme écoles de chimie pour la fabrication du sucre de betterave.
- II. Cent élèves sont attachés à ces écoles; savoir, quarante à celle des sieurs Barruel et Chapelet, quinze à celle de Wachenlieim, quinze à celle de Douai, quinze à celle de Strasbourg, quinze à celle de Castelnaudary.
- III. Ces élèves seront pris parmi les étudians en pharmacie , en médecine et en chimie.
- Il sera donné à chacun une indemnité de 1000 francs lorsqu’ils auront suivi l’école pendant plus de trois mois, et qu’ils recevront des certificats constatant qu’ils connaissent parfaitement les procédés de la fabrication , et qu’ils sont dans le cas de diriger une fabrique.
- TITRE II.
- Culture des betteraves.
- IV. Notre Ministre de l’intérieur prendra des mesures pour faire semer dans l’étendue de l’Empire cent mille arpens métriques de betteraves.
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- TITRE III.
- Fabrication.
- V. Il sera accordé dans tout l’Empire cinq cents licences pour la fabrication du sucre de betterave.
- "VI. Ces licences seront accordées de préférence, i°. à tous propriétaires de fabrique ou de raffinerie; 2°. à tous ceux qui ont fabriqué du sucre en 1811 ; à tous ceux qui auraient fait des dispositions et des dépenses pour établir des ateliers de fabrication pour 1812.
- VII. Sur ces cinq cents licences , il en est accordé de droit au moins une à chaque département.
- VIII. Les préfets écriront à tous les propriétaires des raffineries , pour qu’ils aient à faire leur soumission pour l’établissement desdites fabriques pour la fin de 1812,
- A défaut par les propriétaires de raffineries d’avoir fait leur soumission au 15 mars ou au i5 avril, ils seront considérés comme ayant renoncé à la préférence qui était accordée.
- IX. Les licences porteront obligation, pour celui qui les obtiendra, d’établir une fabrique capable de fournir au moins 10,000 kilogrammes de sucre brut de 1812 à i8i3.
- X. Tout individu qui, ayant reçu une licence, aura effectivement fabriqué au moins 10,000 kilogrammes de sucre brut provenant de la récolte de 1812 à 1813 , aura le privilège et l’assurance, par forme d’encouragement, qu’il ne sera mis aucun octroi ni imposition quelconque sur le produit de sa fabrication pendant l’espace de quatre années.
- XI. Tout individu qui perfectionnerait la fabrication du sucre, de manière à en obtenir une plus grande quantité de la betterave, ou qui inventerait un mode de fabrication plus simple et plus économique, obtiendra une licence pour un plus long terme, avec l’assurance qu’il ne sera mis aucun octroi ni imposition quelconque, pendant la durée de sa licence, sur le produit de sa fabrication»
- TITRE IV.
- Création de quatre fabriques impériales.
- XII. Quatre fabriques impériales de sucre de betterave seront établies en 1812, par les soins de notre Ministre de l’intérieur»
- XIII. Ces fabriques seront disposées de manière à fabriquer, avec le produit de la récolte de i8ï2 à i8i3, 2 millions dekilogrammes.de sucre brut.
- TITRE V.
- Création d’une fabrique dans le domaine de Rambouillet.
- XIV. L’intendant général de notre couronne fera établir dans notre domaine de Rambouillet , aux frais et au profit de la couronne, une fabrique de sucre de betterave, pouvant fabriquer 20,000 kilogrammes de sucre brut avec le produit de la récolte de 1812 à 1813.
- XV. Nos Ministres sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera inséré au Bulletin des Rois.
- Signé NAPOLEON.
- Par l’Empereur : le Ministre Secrétaire d’Etat, signé le comte Daru.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née Vallat la Chapelle),
- rue de l’Eperon , n°. 7.
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- DOUZIEME ANNÉE. (N°. XCII. ) FÉVRIER l8l2.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Descriptjon d’une presse hydraulique, construite dans Les ateliers de AI, Perier, à Chaillot.
- En rendant compte dans le Bulletin du mois de décembre dernier, page 316, de la proposition faite par un étranger d’un prix pour la fabrication des cartons à presser, nous indiquâmes le moyen employé pour lustrer et presser les étoffes, et nous rappelâmes à cette occasion les avantages qu’offre la presse hydraulique construite dans les ateliers de M. Pe-rier, à Chaillot. Ce savant a bien voulu nous communiquer les dessins et la description de cette presse, pour laquelle il lui fut accordé, le 4 pluviôse an V, un brevet d’importation pour quinze années, conjointement avec M. Betancourt: nous nous empressons d’en publier la description, parce que nous ne doutons point que plusieurs fabriques, où cette machine peut être utilement employée, ne l’adoptent et n’en obtiennent les résultats les plus satisfaisans.
- La première idée d’appliquer la puissance de l’eau à l’augmentation de force des presses paraît due à Pascal, On lit dans son Traité de Véquilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de T air, 2e. édition, Paris, 1664, page 6, le passage suivant :
- « Si un vaisseau plein d’eau, clos de toutes parts, a deux ouvertures, i une centuple de l’autre, en mettant à chacune un piston qui lui soit juste, un homme poussant le petit piston égalera la force de cent hommes qui pousseront celui qui est cent fois plus large, et en surmontera quatre-vingt-dix-neuf.
- Onzième année. Févi'ier 1812.
- D
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- » Et quelque proportion qu’aient ces ouvertures, si les forces qu’on mettra sur les pistons sont comme les ouvertures, elles seront en équilibre; d’où il parait qu’un vaisseau plein d’eau est un nouveau principe de mécanique et une machine nouvelle pour multiplier les forces à tel degré qu’on voudra, puisqu’un homme par ce moyen pourra enlever tel fardeau qu’on lui proposera. »
- Nous croyons devoir ajouter que M. de Condorcet, en publiant les œuvres de Pascal, exprima le regret de n’avoir pu découvrir un recueil de machines publié par cet auteur, où toutes celles indiquées dans ses œuvres sont décrites et gravées. Il serait bien à désirer que ceux qui possèdent cet ouvrage précieux, qui n’a été tiré qu’à trente exemplaires, le fassent connaître ou en donnent une nouvelle édition.
- En 1796, M. Bramah obtint en Angleterre un brevet d’invention pour l’application qu’il avait faite de l'action de l’eau pour obtenir une pression très-forte. Ses presses hydrauliques, dont la construction est fondée sur le principe de Pascal, ont été décrites et gravées dans les Annales des Arts et Manufactures, tome VI, page 100; et par M. de Betancourt, dans le premier cahier de la description des machines du Cabinet royal de Madrid (1798). en langue espagnole. Cet habile ingénieur était à cette époque directeur de ce Cabinet, qui renfermait plusieurs machines très-ingénieuses.
- Nous allons donner maintenant un extrait du mémoire que M Perler présenta en l’an V au Ministre de l’intérieur, et nous passerons ensuite à la description de sa presse hydraulique.
- Mémoire sur une nouvelle presse.
- MM. Betancourt et Perler ont importé en France une invention anglaise toute récente, qui doit être d’une grande utilité pour les arts et les manufactures : c’est une presse hydraulique qui réunit à l’avantage d’ufle puissance infiniment plus grande que celles connues jusqu’à ce jour, et que l’on peut modifier à volonté, ceux d’être simple dans sa composition, d’occuper peu d’espace et d’exiger moins de manœuvre. On peut encore donner aux plateaux de ces presses toute l’étendue que l’on veut, en multipliant les points de pression, qui alors seront toujours parfaitement égaux entre eux, ce que l’on ne peut obtenir avec des vis.
- Cette pressa sera particulièrement utile dans les manufactures de papier. En opérant une pression plus forte,, elle donnera une meilleure fabrication efi une dessication plus prompte. Elle sera mue par i’eau , si l’on veut, d’une manière plus commode et plus simple que les presses à vis.
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- Elle remplacera avantageusement, dans toutes les circonstances, ces dernières ; enfin les apprêts des draps, des toiles et des étoffes, la fabrication du tabac, des huiles, des vermicelles, de la poudre de guerre, etc., etc., tireront de grands avantages de ce nouveau moyen de pression; il est même applicable aux balanciers des monnaies et «à toute autre machine quelconque qui a besoin d’une grande puissance, comme les crics, calandres, etc.
- Description.
- Les principes de cette machine sont fondés sur l’incompressibilité de beau et sur les lois de l’hydrostatique.
- Si l’on suppose une quantité d’eau quelconque interposée entre deux pistons de différens diamètres, et que l’on agisse sur le petit, il est évident que la puissance appliquée sur celui-ci presse le grand piston avec une force qui se multiplie par la différence du carré du diamètre des deux pistons: par exemple, le petit piston ayant un pouce de diamètre et le grand io pouces, une livre de force employée sur le premier produira 100 livres sur le second. On peut donc, d’après ce calcul, composer cette machine de manière à produire, avec exactitude, le degré de pression convenable à l’objet que l’on se propose, ce que l’on ne peut pas rigoureusement faire avec des vis qui nécessitent, dans les écrous, un frottement plus ou moins grand, selon le plus ou le moins de perfection dans leur exécution.
- Explication des figures de la Planche 85.
- Fig. ire. On a représenté la coupe des pompes pour faire mieux sentir l’effet de la machine.
- AA est le châssis d’une presse ; il peut s’exécuter en fer ou en bois.
- B, corps de pompe de 8 pouces de diamètre, garni de son piston G, lequel est fixé à une forte tige qui porte le plateau D.
- E, autre corps de pompe d’un pouce de diamètre, garni aussi de son piston ; il communique au premier par la soupape F ; à l’extrémité inférieure de cette pompe est une autre soupape G plongée dans une bâche pleine d’eau et placée sous la presse.
- Le levier H sert à faire mouvoir la petite pompe.
- Effet.
- Si l’on fait mouvoir le levier, la petite pompe élèvera l’eau de la bâche, la forcera d’entier dans le grand1 corps de pompe, et par conséquent soulèvera le piston et le plateau D. Si une matière quelconque à presser est placée
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- entre ce plateau et celui qui presse la chapelle de la presse, elle sera comprimée par une force qu’il est aisé de calculer. On vient de voir que le grand piston avait 8 pouces de diamètre, et le petit un pouce; par conséquent la force du petit piston se multipliera soixante-quatre fois sur le grand piston : si les bras du levier qui fait mouvoir le petit piston sont dans le rapport de dix à un, il est clair que la puissance employée à l’extrémité de ce levier se multipliera par 640 sur le grand piston, et un homme faisant un effort de 2 5 livres produira sur la matière à presser une pression de 16,000 livres.
- On peut modifier cette pression comme l’on veut et suivant les différens usages auxquels on voudra appliquer cette machine.
- Le robinet I placé à la partie inférieure de la grande pompe sert à desserrer la presse. L’eau contenue dans cette pompe s’écoulera alors dans la bâche, et permettra au grand piston de descendre. Il est évident que cette manœuvre est infiniment plus simple qu’elle ne l’est avec les presses connues jusqu’à présent, puisqu’il faut autant de travail pour desserrer les vis que pour les serrer.
- Fig. 2. Cette figure représente un balancier de monnaie.
- AA est le châssis du balancier en fonte de fer ou en bronze; B, corps de pompe en cuivre; C, piston; D est la tige de ce piston qui porte le carré E. Ce carré doit être fixé par les moyens connus ; il est inutile de les décrire ici, F, petite pompe avec son piston; G est un boulet semblable à celui des balanciers ordinaires de monnaie; il est fixé à l’extrémité d’un levier, qui se meut perpendiculairement, lequel levier par sa chute fait descendre le petit piston. Il, canal qui communique de la petite pompe à la grande.
- Effet.
- Lorsqu’on laisse tomber le levier, il foule le petit piston et soulève le grand; le flan de monnaie qui est placé entre les deux carrés se trouve frappé; il ne s’agit plus que de mettre le grand et le petit piston dans un tel rapport de diamètre que la force de pression soit suffisante et proportionnée à Fespèce de monnaie que l’on veut frapper.
- Fig. 3. On vient de voir, par la figure précédente, que le balancier de monnaie frappe de bas en haut ; dans celui-ci, le coup se frappe de haut en bas. C’est toujours le même système, la différence n’existe que dans sa position et la réunion des deux pompes qui sont fondues en une seule. Cette machine remplacera les découpoirs et peut être utile pour frapper les petites pièces.
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- Effet.
- A, grand piston; B, petit piston ; si l’on fait agir le levier C, l’intervalle des deux pistons étant rempli d’eau, le grand piston frappera avec une pression d’autant plus grande, que l’on aura mis plus de différence entre son diamètre et celui du petit piston.
- Description cfun nouveau peson triangulaire, inventé par M. le professeur de Prasse (1).
- On suppose un triangle équilatéral suspendu par l’un de ses angles, et les deux autres angles chargés de poids égaux; en traçant une perpendiculaire depuis le point de suspension, la base du triangle se trouvera partagée en deux parties égales, qui seront en raison inverse des poids, abstraction faite du poids de la matière dont le triangle est composé.
- C’est sur ce principe qu’est fondée la construction du nouveau peson dont nous offrons la description, et qui est représenté fig. 4, PL 85. Il se distingue des balances en ce qu’il n’est pas nécessaire, chaque fois qu’on a des fardeaux à peser, de changer les poids; et des romaines, en ce qu’il est mutile de faire avancer ou reculer ces poids sur la tige graduée. Ici une aiguille C indique sur le segment de cercle DCE le poids exact du fardeauL placé sur le plateau : dans la figure, il est supposé être de deux livres. Le contre-poids G une fois déterminé ne varie plus, et toute l’opération se réduit à placer sur le plateau la charge dont l’aiguille C marquera le poids, pourvu que les divisions de l’arc de cercle soient exactes. Si l’on croyait ne pas devoir diviser l’échelle en de très-petites parties, ces divisions ne pouvant être déterminées que par la pratique, il suffirait d’ajouter à la charge L quelques petits poids, afin que l’aiguille portât exactement sur l’une des divisions de la livre.
- L’avantage qu’offre ce nouveau peson d’indiquer, aussitôt que ses oscillations cessent, et sans embarras, le poids des fardeaux, le rendra d’une grande utilité pour les pesages qui demandent plutôt de la célérité et de l’exactitude qu’une précision rigoureuse, et sous ce rapport il est préférable à la romaine. On peut s’en servir pour peser des marchandises et une foule d’objets à l’usage domestique.
- Cependant on pourrait rendre ce peson très-sensible en l’exécutant avec soin, et en disposant la partie mobile de manière que le point B devînt à-la-fois centre de gravité et point de suspension; on tracerait sur l’arc DE «ne échelle divisée en degrés et en d’autres subdivisions ; et en C on pla-
- (1 ) Magazin der neuen Erpndungen} N°. 53.
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- cerait, au lieu d’une aiguille, un vernier avec une alidade capables défaire reconnaître exactement la mesure des arcs DC et CE, parce que dans cette construction G et L seront en raison inverse des sinus de ces arcs. L’auteur assure que, par ce moyen , on pourrait abréger les mesures aréométriques sans perdre de la précision nécessaire.
- Extrait d’une lettre adressée à M, d’Arcet j par J\I. Dufaud,
- directeur de l’usine de Montataire ? près Creil> département
- de l’Oise, sur un moyen de scier la fonte,
- Monsieur, je me suis occupé, avec le plus grand plaisir des expériences que vous m’avez engagé à faire sur les moyens de scier la fonte de fer à chaud : j’ai suivi les instructions que vous m’avez données; mes essais ont été couronnés du succès le plus complet, et je m’empresse de vous en rendre compte.
- Ces expériences ont été d’autant plus intéressantes pour moi, que je les ai appliquées de suite à mes besoins.
- J’ai fait mon premier essai sur un support de grilles de 108 millimètres de largeur sur 54 millimètres d’épaisseur. Ce morceau de fonte a été chauffé à un feu de forge alimenté par le charbon de terre : aussitôt qu’il a eu acquis un état d’incandescence suffisant, je l’ai fait poser sur une enclume, et, avec une petite scie de charpentier, je l’ai scié sans difficulté, et sans nuire en aucune manière à la scie, que j’ai plongée dans l’eau immédiatement après l’opération. Le charpentier a continué son travail avec la même scie, sans être obligé d’y faire aucune réparation.
- Dans cette première expérience, il m’est, arrivé un petit accident; le bout de fonte que je sciais n’étant pas soutenu s’est cassé, lorsqu’il restait encore environ 20 à ü5 millimètres à couper; mais: j’ai promptement réparé ce défaut avec la scie.
- Convaincu de la facilité avec laquelle on pouvait, avec le seul secours d’une scie ordinaire, couper de la fonte de fer à chaud, j’ai eu occasion d’employer de suite ce moyen pour le service de l’usine.
- J’avais besoin de rogner un tourillon de 155 millimètres de diamètre; mais craignant de le casser en le coupant à froid, opération d’ailleurs très-longue et peu sûre, à moins qu’elle ne s’exécute sur un tour,, j’étais décidé à en faire couler un autre, lorsque l’expérience dont je viens de vous rendre compte me détermina à le scier.
- Après avoir tracé avec de la sanguine.le point de section, je fis placer le tourillon dans, un four à réverbère qui était en feu ; lorsque je- le. jugeai suffisamment chaud, je le fis retirer du four et placer sur un casse-fer,
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- de manière à ce que les deux extrémités portassent également ; en quatre minutes, avec deux scies que je faisais alternativement refroidir, la section fut faite au grand étonnement de mes ouvriers, qui trouvèrent les deux scies entièrement intactes.
- Je fis ce même jour une opération encore plus difficile : j’avais une enclume de martinet que je voulais faire refondre, parce qu’elle portait 4ï millimètres de trop d’épaisseur, ce qui empêchait de pouvoir la placer dans sa jabotte.
- Je traçai avec la sanguine le passage de la scie; les deux sections à faire portaient 217 millimètres de hauteur sur 189 millimètres de largeur, et leur peu d’épaisseur exigeait de la précision; cette enclume fut, de même que le tourillon, chauffée dans un four à réverbère : étant arrivée an degré de chaleur convenable, je la fis saisir par deux ouvriers avec une forte tenaille et poser sur un bloc de fonte : elle fut sciée avec beaucoup de facilité et de précision avec les scies qui avaient servi pour le tourillon.
- J’ai remarqué, dans le cours de ces expériences, i°. que la fonte à chaud se scie aussi facilement et aussi promptement que le buis sec;
- a°. Que, pour diminuer la résistance, il ne faut donner que très-peu de voie à la scie ;
- 3°. Que la fonte chauffée au four se scie plus facilement que celle chauffée à la forge, et la raison en est simple : dans un four, la fonte est également chauffée sur tous les points, tandis que dans un foyer de forge la partie la plus près de la tuyère est presque en fusion, tandis que celle qui lui est opposée est à peine rouge;
- 4°. Qu’on doit éviter de trop chauffer la fonte, car si la surface est trop rapprochée de l’état de fusion, la scie s’empâte et l’opération marche mal;
- 5°. Que la scie doit être conduite avec beaucoup de vitesse, parce qu’alors elle s’échauffe moins, qu’elle fait mieux son passage, et que la section est beaucoup plus juste et plus nette;
- 6n. Enfin que la fonte doit être placée de manière à porter par-tout d’aplomb, excepté sous le passage de la scie : autrement on est exposé à voir la fonte se casser avant la fin de l’opération. Là se bornent, Monsieur, mes expériences et mes observations; je serai flatté que les unes et les autres aient rempli vos vues.
- Il serait d’autant plus à désirer que cette méthode de scier la fonte reçut la plus grande publicité, qu’elle peut avoir la plus heureuse application dans un grand nombre d’arts; je vous remercie beaucoup de m’en avoir donné connaissance, car je mfr trouverai très-souvent dans le cas d’en faire usage.
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- Nota. M. Pictet a vu, il y a plusieurs années, dans les ateliers de M. Pauly à Genève, un ouvrier scier à chaud un tuyau de fonte; il eut dernièrement occasion de citer ce fait à M. Thénard, qui le communiqua de suite à M. Molard. Ce dernier, frappé de l’utilité dont ce procédé pouvait être, le répéta aussitôt au Conservatoire des Arts et Métiers, sur des pièces de fonte de om,07 carrés, et sur des plaques de différentes épaisseurs.
- Il employa une scie à bois ordinaire, et réussit parfaitement à scier ces différentes pièces sans endommager les dents de la scie; il observa que la fonte ne devait être portée qu’au rouge cerise, que la scie devait avoir peu de voie, et qu’il fallait scier promptement, et en se servant de toute la longueur de la lame.
- M. Molard a depuis trouvé que ce procédé était connu d’un ouvrier de M. Vojenne, qui s’en servait quand l’occasion s’en présentait, pour ajuster des plaques de fonte destinées à des poêles de différentes grandeurs ; il est probable que ce moyen si simple était encore connu dans d’autres ateliers, mais il y était pour ainsi dire perdu, puisqu’il était généralement ignoré des personnes qui s’occupent des arts avec le plus de distinction.
- Nous voyons que les expériences contenues dans la lettre de M. Du-faud confirment le rapport de M. Pictet et les essais faits par M. Molard: il ne reste donc plus aucun doute sur la possibilité de scier la fonte à chaud, et sur l’utilité de ce procédé, dont on ne saurait trop répandre la connaissance,
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par JM. a’Arcet, au nom du Comité des Arts chimiques , sur le nouveau procédé d’étamage des métaux , présenté à la Société par M. Biberel.
- M. Biberel a présenté à la Société différentes pièces de cuivre, de fer, de plomb et de fonte, étamées par un nouveau moyen.
- Le Comité des arts chimiques, qui a examiné avec soin ce procédé d’étamage, me charge de rendre compte à la Société des résultats qu’il a obtenus.
- Pensant qu’il serait avantageux, soit pour les arts, soit pour l’économie domestique, de trouver un étamage meilleur que celui qui est employé aujourd’hui, et croyant que le procédé présenté par M. Biberel
- promettait
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- promettait de grands avantages, le Comité se proposa de l’examiner en détail et avec tout le soin que demandait une affaire aussi importante : voici le résultat de son travail.
- M. Biberel n’étame point avec de l’étain pur; l’alliage qu’il emploie est cassant à chaud , au point de se réduire facilement en poudre; étant froid, il est demi-màlléable : il se coupe bien au ciseau, et se casse quand la coupe arrive environ au milieu de l’épaisseur; la cassure est grise, à grain fin, et semblable à celle de l’acier : la pesanteur spécifique de cet alliage s’est trouvée de 72,47 5 à la température de io° centigrade.
- Le Comité s’est assuré que cet alliage ne contenait rien d’insalubre. Obligé de ne point entrer dans de plus grands détails sur sa composition, il se borne à assurer que son emploi ne peut présenter aucun inconvénient dans l’usage ordinaire des ménages.
- Les essais qui suivent ont été faits en se servant d’un lingot d’alliage préparé par nous-mêmes, et dont nous connaissions par conséquent bien la composition.
- On a donné à M. Biberel quatorze plaques de cuivre rouge, ayant chacune 7225m.mt.c. de surface et o,mt.ooi d’épaisseur. Ces plaques ont été étamées en notre présence par M. Biberel sans employer de résine, en se servant seulement de sel ammoniac et en suivant la manipulation ordinaire.
- On a remarqué qu’il fallait faire chaufferie cuivre beaucoup plus qu’on ne le fait lorsqu’on l’étame avec l’étain pur, mais que cependant il n’était pas nécessaire de le porter jusqu’à la chaleur rouge. Le lingot d’étain allié fond difficilement, et pour le faire couler sur la pièce il faut l’y appuyer fortement. Lorsque toute la pièce est couverte, on la laisse refroidir, et on en gratte légèrement la surface avec un racloir; on remet la pièce au feu , et en suivant le procédé ordinaire on y applique une légère couche d’étain fin.
- En examinant avec soin cette dernière opération, nous reconnûmes que l’union des deux couches était parfaite, puisque l’étain qui resta à la fin du second étamage n’était plus pur, et qu’il avait par conséquent pénétré et dissous une portion de la première couche.
- Les plaques étamées avec l’alliage de M. Biberel se ploient en tout sens sans que l’étamage s’en sépare; en les faisant passer au laminoir l’étamage prend un beau poli (1), et il s’allonge comme le cuivre sans se
- (1) Le cuivre étamé par le procédé de M. Biberel prend, sous la pression du laminoir, un poli assez parfait et une couleur assez belle pour faire penser au Comité que le cuivre ainsi étamé et laminé pourrait être substitué avec avantage au plaqué d’argent dans beau= coup de circonstances.
- Onzième année. Février 1812. E
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- gercer et sans cesser d’y adhérer. Nous avons même vu des flans de cuivre étamés par M. Biberel supporter l’effort du balancier, et pénétrer dans les creux de la gravure sans que l’étamage ait quitté la surface du cuivre, comme il arrive souvent lorsqu’on frappe des médailles avec du plaqué d’or ou d’argent.
- Le tableau suivant donne les résultats du travail fait sur les quatorze plaques dont il vient d’être parlé.
- 1 POIDS DES PLAQUES AUGMENTATION
- pj 'A S S avant l’étamage. après l’étamage. sur chaque plaque. par xoo grammes de cuivre sur des plaques de om,ooi d’épaisseur.
- 1 46,5 48,1 g- 1,6 3,44
- 2 49 51,6 2,6 5,3o
- 3 47? 9 5o,2 2,3 4,80
- 4 46,1 48,3 2,2 4?77
- 5 47?4 49)» 07 3,58
- 6 47?6 49?7 2)1 4)4l
- 7 43 5o,i 2,1
- 8 47)6 49,3 07 On voit combien les quantités d’étain ajou-
- Q 47 49)2 5o,3 2,2 tées sont inégales, et
- y IO 49 ,,8 combien elles varient d’une plaque à une
- 11 47)2 5 0,2 3 autre.
- 1 2 47?7 49,5 1,8
- i3 48,8 51 2,2
- J4 45 46,2 1,2
- 664,8 695,3 25,8 5,88
- On voit que dans ces essais le cuivre a reçu 25s,8 d’étamage par io décimètres carrés, ou 5,88 par quintal, en opérant sur des plaques de om,ooi d’épaisseur.
- Pour comparer sous ces différens rapports le procédé de M. Biberel avec l’étamage ordinaire, nous avons fait étamer par l’ancien procédé sept plaques de cuivre pareilles à celles dont il a été parlé plus haut : le tableau suivant présente les résultats obtenus.
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- 0 ÏZ avant l’étamage. après l’etamage. AUGMENTATION.
- 1 46,6 46,8 g- 0,2 On voit encore ici
- 2 49,5 5o,2 °>7 combien l’étamage s’applique inégalement sur
- 5 4 7 47>1 2 0,2 la surface du cuivre.
- 4 46,1 46,3 0,2
- 5 45,4 45,8 0,4
- 6 46,2 46,3 ' 0,1
- 7 48 48;7 °>7
- 328,8 351,3 0 5
- On voit qu’ici le cuivre n’a reçu queùs. d’étamage par io décimètres carrés, ou 76 par 100 grammes, en opérant sur des plaques de om,ooi d’épaisseur (1).
- En comparant entre eux les résultats fournis par ces deux tableaux, on voit que l’étamage de M. Biberel recouvre le cuivre d’une couche environ 5,i6 fois plus épaisse que celle que l’on obtient en se servant de l’étain pur; ou plus exactement qu’à surface égale le procédé de M. Biberel laisse sur le cuivre 5,16 fois plus d’étamage que le procédé ordinaire.
- Pour comparer ces étamages sous le rapport de leur durée dans l’usage ordinaire , on a fait les expériences qui suivent :
- Une des plaques étamées par le procédé de M. Biberel a été fixée sur une table, et on en a frotté la surface avec un bouchon chargé de grès mouillé; le cuivre a commencé à paraître après 3 minutes j de frottement. Dans un second essai, on n’a commencé à voir le cuivre qu’après 3 minutes |.
- Les mêmes essais faits sur des plaques étamées par le procédé ordinaire ont prouvé que le cuivre commençait à paraître après ^ minute de frottement (2) : d’où il suit que l’étamage de M. Biberel semble résister environ sept fois plus au frottement que celui qui est fait au moyen de l’étain pur.
- (1) M. Proust a trouvé qu’en Espagne on employait dans l’étamage 1 grain d’étain par pouce carré de cuivre, ce qui ferait environ 7 grammes par 10 d. mt. carrés. On voit que nos chaudronniers emploient beaucoup moins d’étain; il resterait à déterminer quelle serait la quantité nécessaire pour bien étamer, et cependant pour que l’étain ne coule pas uans le service ordinaire des casseroles.
- (2) Une autre plaque envoyée par M. Belanger pour en faire essayer l’étamage qui avait été appliqué par un chaudronnier, a été traitée de la même manière; le cuivre a commencé à paraître en £ de minute.
- E 2
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- Ne nous contentant point de ces premières données, nous avons fait étarner un assez grand nombre de casseroles; nous avons multiplié les essais , soit dans les ménages particuliers, soit chez différens restaurateurs , et les rapports qui nous ont été faits tendent tous à confirmer les résultats déjà annoncés. Il est même à remarquer que les essais faits en grand chez un fort restaurateur ont démontré que l’étamage de M. Biberel durait au moins sept fois autant que l’étamage ordinaire , rapport qui est absolument le même que celui que nous avons indiqué plus haut.
- L’étamage proposé par M. Biberel et dont les chaudronniers avaient eu connaissance leur paraissait inadmissible , et ils donnaient pour raison que les pièces étamées par ce procédé avaient perdu toute leur élasticité, et qu’à un second étamage ces casseroles se trouveraient déformées et hors d’usage : l’expérience nous a prouvé le contraire. Nous avons fait étamer pour la seconde fois différentes pièces, et nous avons remarqué avec plaisir que ce second étamage se faisait sans racler le cuivre, mais seulement en l’écurant bien; les casseroles ont été moins chauffées qu’en premier lieu, et ce second étamage s’est en tout opéré beaucoup plus facilement que le premier : les casseroles, examinées , ne paraissaient pas avoir perdu de leur dureté ni de leur élasticité, et il eût été impossible de les reconnaître parmi celles qui n’avaient été étamées qu’une seule fois.
- Une autre objection se présentait : elle naissait de la nature de l’alliage employé, et on se demandait si ce métal n’altérerait pas les différens mets qui y seraient cuits. Le restaurateur que nous avons déjà cité s’est prononcé à cet égard; il a affirmé qu’il ne s’était point aperçu, durant trois mois de service, que les casseroles contribuassent à gâter les mets qui y étaient préparés, et que ces mets étaient constamment aussi bons que ceux faits dans les casseroles étamées à la manière ordinaire. Nous pensons cependant que l’étamage de M. Biberel pourrait être nuisible dans les procédés de quelques arts, dans plusieurs procédés de teinture, par exemple. Pour se convaincre delà garantie que présente cet étamage dans l’usage domestique, on a fait évaporer presqu’à siccité, dans un vase anciennement étamé par M. Biberel, un décilitre de vinaigre distillé; on a ajouté de l’eau pure, qui a servi à bien laver l’endroit où le vinaigre avait laissé un léger résidu : la dissolution, essayée avec l’ammoniaque et le prussiate de chaux, n’a donné aucun signe de la présence du cuivre; ce qui prouve que cet étamage est aussi salubre qu’il est solide.
- On sait que, dans le procédé ordinaire, il est impossible d’augmenter à volonté l’épaisseur de la couche d’étain ; il n’y a alliage qu’au contact des deux surfaces, et tout l’étain excédant se sépare et coule en grenaille aussitôt
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- que la pièce est exposée à une chaleur suffisante, et qui se trouve être celle que reçoivent les casseroles dans nos cuisines : d’où il suit que le cuivre est bientôt mis à nu. L’alliage proposé par M. Biberel, n’étant point fusible à ce degré de chaleur, peut être employé à l’épaisseur que l’on désire; sa plus grande dureté prolonge encore la durée de l’étamage , et sous ces deux rapports le but paraît être atteint.
- Conclusions.
- Votre Comité des Arts chimiques, éclairé par les expériences qui viennent d’être citées, pensant que le procédé d’étamage proposé par M. Biberel présente de grands avantages; considérant que le père de M. Biberel avait déjà proposé en 1778 ce même procédé à la sanction de l’Académie des sciences , dont il obtint un rapport favorable, et depuis au Bureau de consultation des arts et métiers, qui s’occupait de lui faire avoir une récompense du Gouvernement ; sachant en outre que M. Biberel père était mort avant d’avoir obtenu la récompense due à ses travaux, croit que la Société d’Encouragement doit solliciter la bienveillance de S. Ex. le Ministre des manufactures et du commerce en faveur de M. Biberel fils, et que pour répandre le plus possible la connaissance de son procédé il serait utile de faire insérer le présent rapport dans le Bulletin de la Société (1).
- Adopté en séance, le 19 février 1811.
- Signé d’Arcet, rapporteur.
- (1) S. Exc. le Ministre des manufactures et du commerce avait chargé son Comité des arts et manufactures d'examiner le procédé d’étamage dont il est question dans ce rapport. D’après le compte avantageux qui lui en a été rendu, S. Exc. a accordé à M. Biberel une somme de 1200 francs à titre de récompense, et en y mettant pour seule condition que les détails du procédé seraient déposés au Ministère pour que l’on puisse les y retrouver au besoin.
- S. Exc. a en outre recommandé M. Biberel aux directeurs des principaux établisse-mens publics.
- La Société d’Encouragement n’a donc plus rien à désirer ; il ne lui reste qu’à faire des vœux pour voir le public jouir bientôt des avantages que présente ce nouveau procédé d’étamage. M. Biberel a fait construire des ateliers assez vastes pour suffire à toutes les demandes; il demeure rue du Regard, n°. 26, faubourg Saint-Germain.
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Description d’un Fourneau de Brasserie perfectionne par
- M. Mœllerup (1).
- Lorsqu’on construit des fourneaux de brasserie, il est important de donner à la chaudière une forme telle que l’eau qu’elle contient puisse entrer promptement en ébullition ; sans cette précaution il serait à craindre que le brassin ne s’altérât, sur-tout en été. La chaudière devant être remplie et mise en ébullition à chaque nouveau brassin , on est dans l’usage de ralentir le feu et de laisser refroidir peu à peu le fourneau, afin de ne pas l’endommager, ainsi que la chaudière, par un changement trop brusque de température quand on y verse de l’eau froide. Dans cette opération, on éprouve une perte notable de combustible et sur-tout de temps.
- Pour remédier à ces inconvéniens, on a proposé des chaudières doubles et d’autres constructions économiques. M. Mœllerup, maître brasseur à Copenhague , a imaginé une disposition très-ingénieuse du fourneau, qui a le grand avantage de pouvoir être établi sans beaucoup de frais dans une brasserie déjà montée. Il a trouvé que l’économie résultant de cette construction était d’un quart pour le combustible et d’un cinquième pour le temps, c’est-à-dire qu’au lieu de vingt heures nécessaires pour un brassin, il n’en faut plus que seize.
- L’auteur communiqua au Gouvernement danois le fruit de ses recherches, et d’après son indication on établit aussitc>t des chaudières doubles dans la grande brasserie royale: on obtint la même économie de temps, et on consomma un tiers moins de combustible.
- Ces avantages, obtenus dans un temps où le combustible est excessivement cher, fixèrent l’attention générale : trente des plus forts brasseurs de Copenhague adoptèrent la construction nouvelle. Le Gouvernement s’étant convaincu du bon effet de ces fourneaux, en fit faire la description en langue danoise, et en envoya un exemplaire à chacun des brasseurs établis dans le royaume.
- Le fourneau de M. Mœllei'up est construit de manière qu’à la sortie de la bouche du fourneau sur lequel est établie la première chaudière, on en place une seconde, qui, reposant sur une voûte, n’a pas besoin d’être
- (i) Extrait du Journal allemand intitulé : Magazin der neuen Erfindujigen, n°. 5j.
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- entourée d’une forte maçonnerie : aussi peut-elle êt/é plus mince et plus légère que la première, n’étant pas exposée au contact immédiat de la flamme. Le fond de eette chaudière, placé à la hauteur du bord de la chaudière inférieure, est muni d’un robinet pour laisser écouler l’eau dans cette dernière. La chaleur, au lieu de s’élever directement dans la cheminée et de se perdre, circule autour et au-dessous de la chaudière supérieure, et chauffe ainsi l’eau qui y est contenue, pendant que celle de la chaudière inférieure est en ébullition. Cette eau est aussitôt remplacée par l’eau chaude de la chaudière supérieure, qu’on laisse écouler en ouvrant le robinet, et elle ne tarde pas à bouillir; pendant ce temps, on remplit d’eau froide la chaudière supérieure, et de cette manière l’opération n’est pas interrompue , et le feu reste constamment allumé dans le fourneau.
- Les frais d’établissement d’une seconde chaudière sont peu considérables ; on en sera bientôt indemnisé par l’économie qu’on obtient dans l’emploi du combustible; les ouvriers pourront aussi travailler plus facilement, et on aura l’avantage d’être continuellement pourvu d’une grande quantité d’eau chaude, et de n’avoir pas à craindre que la bière fermente ou s’aigrisse avant d’être brassée, ce qui arrive assez souvent pendant les chaleurs de l’été.
- Nous avons pensé qu’il serait inutile de joindre à cette description le plan du fourneau de brasserie; sa construction n’a rien de remarquable, la disposition ingénieuse des chaudières mérite seule de fixer l’attention, et il serait à désirer que les brasseurs l’adoptassent dans leurs ateliers. Nous ferons observer, au surplus, que ce même arrangement de chaudières, déjà employé dans plusieurs fabriques, se trouve indiqué dans YJrt de fabriquer le salin, publié, par ordre du Roi, par les régisseurs généraux des poudres et salpêtres, 1779, page 58, avec la figure qui est à la planche 3 ; mais nous ne pensons pas que l’on ait appliqué ce procédé à l’art du brasseur.
- Rapport fait par M. le chevalier Challan , sur des Meubles en bois indigènes, fabriqués par M. Haumont.
- Dans la séance générale du 4 septembre de l’année dernière ( Bulletin, N°. LXXXVII, page 255), la Société d’Encouragement, après avoir rendu grâce aux bontés de Sa Majesté l’Empereur et Roi, qui, pour donner un plus grand essor à l’industrie nationale, avait ordonné que les meubles de ses palais seraient désormais fabriqués en bois indigènes; après avoir
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- donné aux concifrrens des témoignages de satisfaction, et applaudi aux travaux de M. Maigret (encore qu’il n’eût point concouru ), qui, obéissant aux ordres de Sa Majesté, avait su varier, dans la fourniture des meubles du palais de Meudon , l’emploi des bois de France, de manière à ne laisser aucun regret sur l’abandon des bois étrangers, la Société déclara « qu’elle » ne verrait jamais avec indifférence les progrès de l’industrie qui a pour » objet l’emploi des bois indigènes, quelle se réservait de donner par la suite » des encouragemens et des témoignages de sa satisfaction à ceux qui, par
- des perfectionnemens ou des découvertes, auraient ajouté aux avantages » qu’il y a d’employer ces sortes de bois. »
- C’est pour seconder les vues de la Société que je lui annonce des ouvrages qui confirment son opinion sur la possibilité d’utiliser les bois indigènes dans l’ébénisterie, d’en fabriquer des meubles de luxe, et de les associer aux plus riches ameublemens.
- J’ai eu occasion de voir depuis peu la belle bibliothèque et plusieurs meubles que M. Haumont, menuisier-ébéniste du Corps législatif et de l’Université, demeurant au palais du Corps législatif, a fabriqués et placés à Courbevoie, dans la maison de M. le sénateur comte de Fontanes , grand-maître de l’Université ;
- Un lit, un secrétaire et une commode destinés au service de M. le comte de Montesquiou, grand - chambellan de l’Empereur, président du Corps législatif;
- Divers autres meubles pour M. le comte de Montalembert, chambellan de Sa Majesté, membre et questeur du Corps législatif ;
- Enfin, la bibliothèque et les ornemens du cabinet de M. le conseiller d’État comte Real.
- Ces ouvrages, sur les dessins de M. Pojet, architecte, sont composés avec un goût exquis et exécutés avec une perfection que plusieurs de mes collègues ont été à portée de reconnaître comme moi.
- La bibliothèque de M. de Fontanes peut sur-tout garantir la solidité et la durée des bois indigènes; elle occupe à la campagne une très-grande pièce, dans laquelle les portes, les bordures de glaces, le bureau, les sièges, tout est de fabrique et de produit national.
- Depuis trois ans, ces objets sont en place , et ils n’ont éprouvé aucune altération, ni sous le rapport de leur forme, ni sous celui de leur couleur.
- La bibliothèque a plus de 20 mètres (60 pieds) de développement; toute la base est en orme noueux, sans aucun ornement ni teinture ; seulement
- le
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- le choix des accidens plus ou moins foncés fait valoir l’effet des plinthes et des moulures.
- Le corps supérieur est en racine de frêne, employée avec la même précaution de choisir les veines pour prononcer davantage les ressauts des corniches.
- Peut-être eût-il été à désirer que l’on eût employé le même moyen pour les chapitaux des pilastres; ils eussent produit plus d’effet que le bronze doré sur un bois presque citron : les tablettes sont en érable.
- Le bureau est plaqué en orme, ainsi que le fauteuil circulaire; l’écritoire est en frêne, les autres sièges sont en orme massif; la porte est en chêne parfaitement poli, et dans une pièce attenante on voit avec plaisir un piédestal plaqué en orme, lequel, au moyen de plusieurs crans, se convertit en un pupitre pour écrire debout, et renferme en outre un marche-pied de chêne pour le service de la bibliothèque.
- Je ne vous parlerai pas des autres meubles distribués dans le salon et les appartemens; c’est la même solidité et la même perfection.
- Dans l’hôtel de M. le grand chambellan, on retrouve l’emploi des mêmes bois, sous des formes moins sévères il est vrai, mais dont la recherche ne nuit point à la solidité.
- Le lit est en frêne avec des ornemens de bronze doré; il est sur-tout remarquable par l’élégance des profils, la grâce de sa coupe et la variété des accidens; pour les faire valoir, on a monté le ton de la couleur du bois, et développé le jeu des veines et des nœuds d’une manière plus vive.
- Le secrétaire et la commode, également soignés, sont aussi en frêne.
- Ces objets auraient sans doute, Messieurs, attiré vos regards, et vous eussiez été frappés de l’intelligence et de l’adresse de l’artiste qui les a travaillés, s ils eussent été présentés au concours; mais c’est le rapport même du concours qui lui a appris votre sollicitude pour propager l’emploi des bois du sol français, au moment où il s’occupait des meubles que lui avait commandés M. le comte deMontalembert. Je n’entreçai cependant point dans les détails de ces derniers, je ne ferais que répéter les mêmes éloges.
- Parmi le grand nombre d’ouvrages sortis des ateliers de M. Haumont, je dois citer encore la bibliothèque de M. le comte Réal.
- Elle a à-peu près le même développement que celle de M. le grand-maître , seulement elle est moins élevée , la pièce où elle se trouve ayant un entre-sol.
- Quatre portes à deux ventaux , d’une composition charmante et exécutées avec une précision rare, se présentent d’abord; elles sont en frêne, orme et
- Onzième année. Février 1812. F
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- érable de diverses espèces. La variété de ces bois Contribue à faire valoir la juste proportion des panneaux.
- La corniche, en bois de platane, couronne de la manière la plus agréable la frise et les pilastres, qui sont du même bois.
- Cette bibliothèque a pour base un stylobate d’orme , qui s’unit parfaitement avec la plate-bande du parquet, en bois de même espèce; le surplus du parquet est en platane et chêne merrain, ce qui produit de doubles carreaux de l’effet le plus heureux.
- Vous aurez sans doute remarqué, Messieurs, dans le compte que je viens de vous rendre, que les personnes qui ont protégé et employé M. Haumont sont distinguées par les services qu’elles ont rendus à l’Etat et leur dévouement à l’Empereur, tant il est vrai que l’amour de la patrie, l’attachement au Souverain et le zèle pour son service se manifestent dans les occasions qui semblent les plus indifférentes; elles ne sont pas dans cette classe celles que l’on saisit à dessein de soustraire la France à l’achat des produits étrangers, et vous aimerez à témoigner votre reconnaissance à des citoyens estimables qui concourent à une œuvre aussi importante, et pour la réussite de laquelle vous avez souvent formé des vœux, en inscrivant dans le Bulletin de la Société le nom de l’artiste qu’ils ont employé avec succès.
- Adopté en séance, le 19 février 1811.
- Signé Challan , rapporteur.
- Nouveau moyen de transporter facilement et promptement les terres et les gravois pour la construction des digues 7 le remblai des fossés, etc.
- On lit dans le N°. S'j du Journal allemand des inventions et découvertes , qu’un agriculteur, voulant élever promptement une digue, trouva que le transport des terres à l’aide de brouettes et de tombereaux présentait un grand obstacle au succès de l’opération; il imagina le moyen suivant, qui nous paraît assez ingénieux, et qui réunit à l’économie du temps celle des bras et de la dépense.
- Il éleva deux forts poteaux, en laissant entre eux un espace de 3o mètres, et il tendit fortement de l’un à l’autre de ces poteaux une corde inclinée, le long de laquelle devait descendre le seau rempli de terre. La hauteur de ce
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- seau détermina l’inclinaison de la corde , dont l’une des extrémités fut attachée au premier poteau, à trois mètres et demi de hauteur, et l’autre au second poteau, de manière que le seau ne pouvait toucher la terre et être arrêté dans sa course.
- La corde, inclinée, porte une moufle garnie d’un double crochet, auquel le seau est suspendu. La poulie, dont le diamètre est peu considérable, doit avoir une gorge très-profonde, afin qu’elle ne puisse se retourner sur la corde lorsque le seau est enlevé, et qu’elle soit constamment maintenue dans la position verticale. On peut placer plusieurs poulies sur la corde inclinée, et y suspendre tel nombre de seaux qu’on voudra, pourvu qu’elle soit assez forte pour les soutenir. Les seaux , arrivés au bout de leur course, sont décrochés et vidés; pour les ramener à l’endroit d’où ils sont partis, on élève deux poteaux semblables aux premiers, et l’on tend de l’un à l’autre une corde, mais dont l’inclinaison est dirigée dans le sens opposé ; on détache la moufle, on la place sur cette corde, et aussitôt que le seau est suspendu au crochet, on lui donne une légère impulsion, et il suit la direction de la corde jusqu’au point de départ. Dans le cas où l’on voudrait transporter des terres à une plus grande distance, il suffirait d’éloigner les poteaux ou d’en élever plusieurs à la suite l’un de l’autre, et de répéter l’opération jusqu’à ce que l’on soit arrivé au lieu des travaux, en décrochant les seaux d’un côté, et en les suspendant de l’autre. 11 faut deux hommes pour emplir un seau de terre et l’accrocher à la poulie , un seul suffit pour l’enlever et le vider.
- Ce moyen est économique, parce qu’il faut moins d’hommes qu’en employant des brouettes, dont les roues s’enfoncent souvent très-profondément dans un terrain mou ou détrempé par la pluie, et ralentissent ainsi le transport des terres.
- Rapport fait par M. Moîard, sur une nouvelle méthode de rouissage du lin. et du chanvre , proposée par M. d’Hondt d’Arcy, de Louvain.
- M. cCHondt d’Arcy, de Louvain, membre de la Société d’Agriculture et de Botanique de Gand, en réponse à la lettre que le Conseil lui a écrite le 21 juin i8n,au sujet d’une nouvelle méthode de rouissage du lin, qu’il avait annoncée précédemment comme préférable à celle généralement usitée , a adressé à la Société, par l’entremise de M. Régnault > rue de la Convention, N°. 8, une explication détaillée des essais de rouissage du lin qu’il a faits
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- par son nouveau procédé comparativement avec l’ancien, en présence de deux employés à la mairie de Louvain.
- Avant de rendre compte du procédé de M. d’Hondt d’Arcy, nous croyons devoir citer les observations de l’auteur sur les inconvéniens de l’ancien procédé de rouissage du lin.
- Dans les départemens de la ci-devant Belgique, le lin est roui dans des fosses d’eau stagnante, laquelle, en se corrompant par l’altération de la sève du lin, devient noire, et prive cette plante de la blancheur naturelle qu’elle conserverait si elle était rouie d’une meilleure manière. Le lin ne recouvre cette blancheur qu’imparfaitement par la suite , et aux dépens de la force de ses filamens, sur-tout lorsqu’on emploie pour le blanchir des substances corrosives et des fumigations de soufre, comme le font les Flamands. Le rouissage ne s’opère jamais également dans l’eau stagnante, à cause de la différence de sa température, sa surface étant échauffée par les rayons du soleil, tandis que la chaleur ne pénètre que faiblement au fond. Il résulte de cette inégalité de chaleur que les bottes de lin supérieures sont déjà rouies lorsque celles de dessous ne le sont point encore assez : c’est ce qui arrive sur-tout dans les fosses profondes, et dans ce cas un tiers de la quantité se trouve à-peu-près pourri, et doit par conséquent détériorer la masse entière. On sait, au surplus, que les eaux stagnantes exhalent des miasmes putrides très-nuisibles à la santé.
- Nous allons donner maintenant une description succincte du procédé de M. d’Hondt, en citant ses propres expressions.
- « J’achetai, dit l’auteur, une partie de lin sur pied, qui avait été semé par hasard un mois avant la saison, et qui était par conséquent plus précoce que tout autre du pays, mais d’une qualité médiocre. Je le fis cueillir le 6 juin 181 t , exposer et étendre au soleil jusqu’au 8 au soir; et après en avoir fait deux parts égales (que Fauteur nomme rouis),je les plaçai, l’une, pour être rouie d’après l’ancienne méthode, comme le font nos cultivateurs, l’autre, d’après mon nouveau procédé. Les deux rouis ont été retirés de leur routoir le huitième jour. Le premier fit puer ses eaux croupissantes dès le troisième jour; l’autre n’a donné aucune odeur désagréable. L’opération s’exécute de la manière suivante :
- » Le routoir doit être établi près d’une chute d’eau de la hauteur -d’environ un mètre et demi à 2 mètres. Le fond du routoir est composé d’une grille en bois, maintenue au-dessus des basses eaux, de manière que celles qui sont dans le routoir puissent s’écouler. Quand toute la niasse du lin ou du chanvre est placée sur la grille en bottes légèrement liées et
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- disposées par couches de" l’épaisseur environ de 3 décimètres (un pied) ou plus, selon la capacité de la chute, des perches transversales sont placées horizontalement à un pied au-dessus de la masse, et sont attachées à celles qui se trouvent plantées debout entre les différons lots de chaque cultivateur. Ces perches transversales servent à maintenir le roui au milieu des eaux entre les deux grillages, sans qu’il soit nécessaire de le charger d’aucun poids.
- » Par ces différens procédés, continue l’auteur, je suis parvenu à rouir le lin et le chanvre bien également et au degré convenable, en leur conservant leur force, leur blancheur et leur souplesse naturelles. Le grillage du fond me procure le moyen de laisser écouler de suite toutes les eaux colorées, par le moyen d’une vanne de décharge placée dans la digue au niveau du fond du routoir. Tout étant ainsi disposé, et la vanne de décharge fermée, j’introduis par la vanne supérieure des eaux nouvelles jusqu a 3 décimètres au-dessus des perches transversales. La prise d’eau ainsi que son écoulement doivent se faire avec précaution, parce que des eaux fort agitées enlèveraient la soie de la plante. Ces deux opérations se répètent à-peu-près de vingt-quatre heures en vingt-quatre heures, c’est-à-dire au fur et à mesure que les eaux se colorent; ce qui arrive pendant les trois ou quatre premiers jours.
- » Les perches transversales qui arrêtent le lin dans les eaux sans aucun poids, me donnent le moyen de rouir également, parce que du moment où la sève et les parties colorantes sont suffisamment extraites ou dissoutes g toute la masse se pose naturellement au milieu des eaux sur le grillage du fond. A moins que de consulter cet indice, le plus grand connaisseur peut s’y méprendre d’un jour et même plus. Pour que cet indice soit infaillible, il faut que le lin ait été séché d’avance au point d’être dépouillé de toutes ses feuilles, sans quoi il surnage trop long-temps. La force de la soie se trouve déjà attaquée lorsqu’il descend au fond des eaux. D’ailleurs le procédé de sécher la sève dans le lin, comme cela se pratique dans quelques endroits, nourrit la force de la soie et facilite le rouissage.
- » Le renouvellement absolu de toutes les eaux rend la couleur égale, distribue et conserve dans toute la masse du roui le même degré de chaleur, et par conséquent fait rouir avec égalité en conservant à la plante toutes ses bonnes qualités.
- Il est bon que le roui soit à l’abri du soleil. »
- M. d’Hondt d’jârcy est porté à croire, d’après ses premiers essais, que le lin et le chanvre rouis avec les précautions indiquées ci-dessus donneront une filasse plus souple et plus soyeuse que si on les eut rouis sui-
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- vaut les pratiques généralement usitées, et qu’au lieu de trois à quatre semaines, dix à douze jours d’exposition sur le pré au sortir du routoir suffiront pour les aérer et les blanchir. L’herbe n’aura pas le temps de s’élever au point de les couvrir et d’y entretenir assez d’humidité pour altérer la force d’une partie de la filasse, et même la tacher. Par ce moyen, toute la matière soyeuse sera conservée; on pourra la séparer facilement delà chenevotte, la peigner et la blanchir.
- L’auteur a joint à son mémoire plusieurs échantillons de lin roui d’après sa méthode et celle anciennement usitée. Il annonce avoir présenté au préfet du département de la Dyle, ainsi qu’au maire de Louvain, les résultats de deux différens rouis ; ces magistrats ont applaudi à ses succès, et ont pris les mesures nécessaires pour introduire dans le département l’emploi de ce nouveau procédé. M. d’Hondt dit avoir distribué des échantillons de son lin aux maires et cultivateurs de plusieurs communes, qui, tout en reconnaissant l’utilité et la bonté de sa méthode , assurent cependant qu’on aura de la peine à la faire adopter, les habitans des campagnes restant opiniâtrément attachés à l’ancienne routine, parce qu’elle leur offre un bénéfice plus considérable, le lin conservant une plus grande quantité de matières étrangères; ce qui en augmente le poids, mais en détériore la qualité.
- Yoici le texte du certificat qui a été délivré à l’auteur par l’adjoint du maire de Louvain.
- Les soussignés adjoint-maire et secrétaire de la mairie de Louvain certifient avoir été présens à l’essai que M. d’Hondt dArcy, de cette ville, a fait d’un nouveau procédé de son invention pour le rouissage du lin, et avoir reconnu que ce procédé réunit les avantages énoncés dans le mémoire de l’auteur; ce qui leur fait présumer que l’adoption de ce procédé dans les départemens de la Belgique tendrait sensiblement au perfectionnement de cette branche intéressante de l’industrie nationale et à l’extension du commerce dont elle est l’objet.-
- Fait à la mairie de Louvain, le io juillet 1811.
- Signé H.-F. Jansens , adjoint;
- Pierre Marulé.
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- Observations.
- Le procédé de fouissage du lin et du chanvre, communiqué a la Société par M. d’Hondt dJrcy, nous paraît réunir à l’avantage très-précieux de garantir les habitans des campagnes des effets funestes des miasmes putrides que dégagent les eaux stagnantes, celui d’une plus grande promptitude et de l’économie dans l’opération, en conservant au lin sa beauté et sa souplesse. Il remplit donc toutes les conditions désirables, et on ne peut qu’engager les cultivateurs à l’adopter, quoiqu’on sache avec quelle opiniâtreté ils sont attachés à leur ancienne routine, quelque vicieuse qu’elle soit. Il est vrai qu’on ne trouve pas dans toutes les localités des chutes d’eau d’un mètre et demi de hauteur; mais on peut y suppléer par des chutes artificielles.
- En 1790, M. Bralle établit sur les bords de la Somme, près d’Amiens, un routoir dans lequel le lin et le chanvre étaient rouis d’après un procédé analogue à celui de M. d’Hondt. On plaçait les bottes disposées par couches entre les harasses, composées de claies formées d’échelons traversant l’épaisseur de quatre poteaux plantés verticalement dans le fond du routoir, et servant à séparer les différentes couches. L’eau, à la température de l’atmosphère, était élevée à l’aide de pompes, et on la laissait couler au fond du routoir pour y porter une température égale à celle de la surface.
- Les harasses, qui, dans le procédé ordinaire, ne sont point chargées de poids , surnagent d’abord, et s’immergent peu-à-peu à mesure que le rouissage avance; on reconnaît qu’il est terminé lorsque les ballons sont couverts d’eau. La méthode de M. Eralle a, comme celle de M. d’Hondt, l’avantage de débarrasser les plantes de toute la matière colorante, et de disposer le lin à recevoir le plus beau blanc par les opérations subséquentes, tout en lui conservant sa souplesse et sa finesse.
- M. Bralle a depuis cette époque recommandé un autre procédé de rouissage à l’aide de l’eau chaude et du savon. La description en a été insérée dans le Bulletin, N°. II, troisième année; mais il n’est pas aussi économique que le premier, exigeant une dépense assez considérable pour l’achat du combustible et du savon. Néanmoins on ne peut se dissimuler qu’offrant l’avantage de pouvoir opérer le rouissage du lin et du chanvre dans toutes les saisons et dans les localités privées d’eau, il ne trouve des applications utiles.
- Nous pensons que la Société , tout en remerciant M. d’Hondt dArcy de
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- la communication qu’il lui a faite de son procédé, doit l’inviter à en propager l’usage dans son département, où la préparation du lin occupe un grand nombre de bras : c’est.d’ailleurs seconder les vues du Gouvernement, dont la sollicitude se dirige sur l’amélioration de cette branche précieuse de notre industrie.
- Adopté en séance, le 19 février 1811.
- Signé Moxaed, rapporteur
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née v allât la chapelle),
- rue de l’Eperon, n°. 7.
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- ONZIÈME ANNÉE. ( n*. xcm. ) MARS l8l2.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- Assemblée générale du 18 mars 1812.
- Cette réunion , dans laquelle il devait être rendu compte des travaux du Conseil d’Administration et de la gestion des fonds pendant 1811, et procédé au renouvellement du bureau et de plusieurs membres des comités, n’a été ni moins nombreuse ni moins intéressante que celles des années précédentes.
- Des hommes d’état recommandables par leur mérite, des étrangers distingués par leur rang et leurs connaissances, ont demandé avec empressement à être admis au nombre des membres de la Société ou de ses correspondans, et ont été nommés dans cette séance. Parmi eux, se trouvent S. Ex. Mgr. le duc de Piovigo, Ministre de la police générale de l’Empire; M. le comte de Tyggesen, grand-bailli de Norwége, commandeur de l’ordre de Dannebrog; M. Joël Barlow, ministre plénipotentiaire des États-Unis près de S. M. l’Empereur des Français; M. le baron de Fahnenberg, chambellan de S. A. S. le grand-duc de Bade; M. de Salins, intendant des bâtimens de S. A. S. le grand - duc de Wurtzbourg.
- La séance a été présidée par M. le sénateur Chacal, comte de Chante-loup. M. Cl.~Anthelme Costaz, chef de division au Ministère des manufactures et du commerce, et l’un des secrétaires, a rendu le compte suivant des travaux du Conseil d’Administration depuis l’assemblée générale du 3 février 1811.
- Onzième année. Mars 1812. G
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- Compte rendu des travaux du Conseil d'Administration de la Société d*Encouragement, pendant Cannée 18115 par M. Costaz.
- Messieurs, le compte que je suis chargé de vous rendre pour 1811 vous présentera, comme ceux des années précédentes, de nouvelles conquêtes faites sur l’industrie étrangère , de nouveaux perfectionnemens obtenus dans différens arts et des espérances d’amélioration réalisées. Notre correspondance a été aussi fort active, et elle est une preuve de l’accroissement que prennent de jour en jour les travaux de la Société et de l’influence qu’elle exerce. Si les bornes d’une séance ne nous imposaient pas la loi d’être concis, nous aimerions à vous entretenir de ce que chacune des réunions particulières de votre Conseil d’Administration a offert d’intéressant. Ce serait un moyen de vous faire connaître l’origine d’une foule d’améliorations qui s’introduisent dans les arts sans être remarquées, et dont le public ressent les bienfaits sans savoir à qui il en est redevable. Les résultats que nous avons à mettre sous vos yeux ne sont pas tous ignorés des membres de la Société ; déjà nous en avons consigné plusieurs dans le Bulletin. Une analyse rapide, en les rappelant à votre mémoire, renfermera d’autres faits qui vous mettront en état d’embrasser d’un seul coup-d’œil l’ensemble de nos travaux.
- Quoique les résultats du concours de 1811 aient eu la plus grande publicité, il semblerait, Messieurs, qu’ils devraient trouver encore ici leur place. Nous avons cru devoir n’en parler que comme moyen de vérifier si ce concours a produit tout le bien qu’on s’en était promis. Nous pouvons vous donner l’assurance que la fabrication de l’acier fondu, cette branche d’industrie dont la création est incontestablement votre ouvrage, prend tous les jours de l’accroissement. Les graveurs, les bijoutiers en acier, les mécaniciens, les fourbisseurs, les fabrieans de rasoirs les plus célèbres, se font un point d’honneur de ne plus employer aujourd’hui que de l’acier provenant de. nos ateliers. Les bois indigènes, qui , dans le principe, ne servaient que pour des meubles de petites dimensions, ornent aujourd’hui des appartenions entiers, forment des corps de bibliothèques, ides boiseries où le frêne, Forme, l’érable, le noyer, le disputent en beaiité aux bois étrangers les plus précieux. La plantation du noyer, que vous avez sagement continué d’encourager, a fixé l’attention de tous les propriétaires , et dans quelques années le mal que la négligence
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- de cette culture avait causé sera réparé. Les succès que MM. Privât fr), de Mèze (Hérault); Reboul, de Pezenas ; Poutet, de Marseille; Fouques et autres ont obtenus dans la fabrication du sirop et du sucre de raisin, suffiraient seuls pour justifier l’encouragement que vous avez accordé a ce genre d’industrie, quand vous n’y auriez pas été déterminés par l’exemple du Gouvernement et par les besoins du moment. Le prix que vous avez décerné pour la fabrication du plaqué d’or et d’argent a donné à cet art une vie nouvelle, et la France possède maintenant tous les moyens de le porter à la dernière perfection. Sur tous ces points, la Société peut donc se flatter d’avoir atteint le but qu’elle s’est proposé. A-t-elle à se féliciter également d’avoir couronné, dans sa dernière séance générale, l’auteur delà machine à pétrir le pain ? Le prix adjugé à la veuve de l’inventeur du thermolampe a-t-il procuré quelques avantages au public?
- La machine à pétrir n’était pas assurément très-parfaite dans l’état où elle nous a été présentée; mais la marche de l’esprit humain étant ordinairement lente, on n’a pas dû espérer que M. Lembert, qui en est l’auteur, trouverait de suite le moyen de rectifier ce qui lui manque, pour ne laisser rien à désirer. L’expérience apprendra dans quelles circonstances et jusqu’à quel point elle peut être utile. Les vices de construction qui en rendent le service pénible disparaîtront avec le temps. Nous savons que M. Lemhert, qui est lui-même chef d’une boulangerie , ne fait plus le pain qu’avec sa machine, et que depuis ce moment le nombre des personnes qui lui accordent leur confiance a augmenté.
- A l’égard du thermolampe, il n’est que trop certain qu’inventé en France, et tombé dans l’oubli après la mort de M. Lebon, il n’a été jusqu’à présent utile qu’aux étrangers, qui se le sont approprié. Les hommes qui se hâtent de condamner sans examen toutes les nouveautés auraient tort de croire que cette découverte a été abandonnée, et que notre industrie n’en tirera aucun avantage. A la vérité, l’éclairage au moyen du thermolampe, que l’on a vu, cet hiver, pendant quelques soirées dans le passage Montesquieu , a été momentanément suspendu; mais il sera rétabli incessamment dans un local plus favorable et avec moins de précipitation. Il prouvera qu’en France on sait aussi conduire à leur fin les entreprises utiles, et que la Société d’Encouragement n’a pas rendu un stérile hommage à la mémoire de M. Lebon, en décernant à sa veuve la récompense qu’il avait méritée.
- (1) En ï8io, M. Privât avait réduit en sirop 20,270 hectolitres de moût de raisin La quantité qu’il a employée en i8ri est encore plus considérable. MM. Reboul, Poutet et Touques ont aussi augmenté leur fabrication.
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- Je nie hâte, Messieurs, d’arriver au but essentiel de ce compte, c’est-à-dire à la récapitulation des principaux objets qui ont occupé votre Conseil d’Administration dans ses séances particulières, soit qu’ils aient donné lieu à un examen de sa part, soit qu’ils ne lui aient été communiqués qu’à titre de renseignemens.
- La chimie a trop bien mérité, depuis quelques années, des peuples de l’Europe pour ne pas être placée au nombre des sciences les plus utiles. De tous les services qu’elle a rendus, le plus éminent sans doute a été de nous apprendre à remplacer le sucre de canne par un sucre indigène que fournissent principalement l’érable, la châtaigne et la betterave. Nous n’avons pas eu occasion de comparer entre elles ces trois espèces de sucre. La dernière seulement, comme étant celle qui a le plus d’importance, a fixé plus d’une fois l’attention de votre Conseil d’Administration, et la Société doit regarder comme une circonstance heureuse pour elle d’avoir été appelée à répandre les premières instructions qui aient paru en France sur cette matière. Dès le mois de février 1811, M. Drapiez, pharmacien à Lille, nous avait adressé un échantillon de sucre de betterave. A cette époque, on devait savoir gré à un fabricant de dévoiler les secrets d’une manipulation qu’avaient seuls fait connaître les ouvrages de M. Achard, de Berlin, ouvrages dont il n’existait pas de traduction française. M. Drapiez, loin de faire mystère de ses procédés, qui diffèrent dans quelques points de ceux de ce chimiste , demanda qu’ils fussent publiés dans le Bulletin de la Société. Peu après, M. Charles Derosne, pharmacien à Paris, imita son exemple. Le compte qu’il rendit de ses expériences, bien que faites sur une petite échelle, éclaira les premiers pas d’un art encore dans l’enfance, et contribua à dissiper les préjugés qui s’opposaient à son développement. Il avait d’abord cru devoir s’écarter de la route tracée par M. A char d; mais il ne tarda pas à reconnaître que le procédé qu’il avait voulu substituer à celui de ce savant était défectueux; il ne craignit pas de revenir sur ses pas , et d’avouer qu’il s’était trompé. MM. Schumacher, Bem/œs et Trons, de Creveldt, nous ont aussi fait part du résultat de leurs premiers essais, et votre Conseil d’Administration s’est plu à leur donner les éloges que méritent leur entreprise et la manière dont elle est dirigée. En 1810, ils ont fabriqué n5o kilogrammes de sucre brut. Les échantillons de sucre raffiné qu’ils nous ont présentés sont de la plus belle et de la meilleure qualité, et parfaitement identiques avec celui de canne. Le prix de 2,000 francs et l’accessit de 1,000 francs, promis par la Société pour l’extraction d’un sucre indigène, sont sans doute de faibles encouragemens en comparaison de ceux dont le Gouvernement fait jouir
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- cette branche d’industrie; mais on ne doit pas oublier que le concours a été ouvert en 1810,et qu’en accordant pour cet objet une somme de 3,ooo francs, la Société a fait tout ce que ses moyens peuvent lui permettre.
- La fabrication du sucre nous conduit à parler de celle de l’eau-de-vie. On sait que cette liqueur est le produit de la fermentation spiritueuse, et qu’on peut l’obtenir de tous les fruits en plus ou en moins grande quantité. M. le général Sokolnicky nous en a remis deux échantillons confectionnés , l’un , avec des feuilles de bouleau , et l’autre avec des bourgeons de pin. M. Mojon , professeur de chimie à l’Académie impériale de Gênes, en a fait avec les fruits de la ronce et de l’arbousier, qui sont très-abondans dans les environs de cette ville. L’eau-de-vie d’arbouse est d’excellente qualité; le procédé de distillation est à-peu-près le même que celui dont on se sert pour l’eau-de-vie de vin ; mais, suivant les calculs de M. Mojon, la première donne plus de bénéfice. H évalue à 85 pour 100 celui qu’il y aurait à en fabriquer, année commune, dans le département de Gênes.
- Les anciens faisaient beaucoup de cas des tissus d’amiante; il paraît qu’ils s’en servaient pour recueillir les cendres des morts dont ils brûlaient les corps. Du moment que cet usage a été aboli, l’amiante a cessé d’être placé au rang des productions utiles de la nature. On a fait, dans les temps modernes, différens essais pour tâcher de le soumettre de nouveau au procédé des arts; mais rien d’avantageux n’en est résulté. Les recherches de Mir,e. Lena Perpenti, de Gôme, faisaient espérer plus de succès. Nous avons appris de M. le comte Moscati qu’il avait été imprimé des ouvrages sur du papier d’amiante, et qu’on était parvenu à fabriquer de la dentelle avec cette substance. On conçoit que du papier qui résisterait à l’action du feu serait une chose précieuse. Quant aux tissus, si nous en jugeons par les échantillons qui ont été mis sous nos yeux, il sera difficile de leur donner le degré de ténacité convenable, à moins de les mélanger avec d’autres matières, qui les dépouilleraient en partie de leur propriété essentielle, celle d’être incombustibles.
- Une découverte qui intéresse toutes les classes de la société, parce qu’elle se rattache à la santé et même à la vie des hommes, c’est l’amalgame au moyen duquel M. Biberel étame les vases de cuivre, amalgame dont il nous fait connaître la composition. Il a été constaté, par des expériences multipliées , que son étamage dure sept fois plus que l’ancien; qu’il ne communique aucune saveur aux alimens, et que bien qu’il exige un degré de chaleur beaucoup plus fort pour être appliqué, il n’altère pas le cuivre. L’adhérence de cet étamage au cuivre est telle, qu’elle forme pour ainsi dire un nouveau métal susceptible de supporter le choc du
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- balancier, et de recevoir des empreintes bien nettes et d’un aspect agréable; d’où l’on peut conclure qu’il sera d’un usage extrêmement étendu dans les arts. Le procédé n’est pas en totalité le fruit des recherches de M. Bi-berel; il le tient de son père, qui en avait fait hommage à l’Assemblée constituante; mais il l’a beaucoup perfectionné, puisqu’il l’a rendu praticable. Ce procédé a été l’objet d’un rapport très-favorable fait à S. Ex. le Ministre des manufactures et du commerce, et nous savons que ce Ministre éclairé et ami des arts s’est empressé d’accorder une récompense à l’inventeur.
- M. Bordier - Marcet% qui a fait de si fréquentes et de si heureuses applications du principe de la lampe d’Argand à l’éclairage des côtes, des villes , des ateliers et des appartemens , nous a présenté un fanal composé d’un réflecteur paraboloïde double, et destiné à être placé sur l’un des phares de la Hêve, près le Havre. C’est une belle suite, ou plutôt c’est le complément de ses recherches sur la meilleure courbure et la disposition la plus favorable à donner aux miroirs paraboliques, pour perdre la moindre quantité possible de lumière et la projeter à la plus grande distance. Il est juste de rappeler ici que c’est lui qui a construit les lampes destinées à éclairer au moyen du gaz hydrogène, et dont le bel effet a été remarqué dans les expériences qui ont eu lieu cet hiver au passage Montesquieu. M. Sick, conseiller d’économie de S. M. le Eoi de Wurtemberg, a confirmé notre opinion sur le mérite des réverbères à réflecteurs paraboliques, en nous écrivant que trente de ces appareils sont en expérience depuis un an dans une des plus belles mes de Stuttgard, et que bien que l’éclairage ordinaire de cette ville ne soit pas mauvais, celui de M. Bordier présente une supériorité décidée. Nous ne pouvons pas encore vous parler d’un autre éclairage dont l’essai vient d’être fait à Paris, de celui de MM. Michiels et compagnie, de Maëstricht. Ces Messieurs ont offert à la Société l’une de leurs lanternes à verres lenticulaires et prismatiques ; jusqu’à présent nous n’avons pas été à portée de l’examiner comparativement, Vous devons bien augurer de cet éclairage, si nous le jugeons d’après l’opinion qu’en ont conçue plusieurs villes de la Hollande qui l’ont adopté.
- M. Bernard Derosne, maître de forges au fourneau de la Grâce-Dieu , département du Doubs, a fait hommage à la Société d’un poêle en fonte, qui réunit tous les perfectionnemens apportés depuis quelques années aux appareils de ce genre, et qui est vraiment remarquable parla modicité de son prix. Quoique ce poêle soit d’une assez grande dimension et d’une forme agréable, il ne revient néanmoins qu’à 56 francs pris à la forge. Nous l’avons
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- fait établir dans Tune des salles de votre Conseil d’Administration, où les membres de la Société peuvent le voir.
- M. Dufour, orfèvre à Bourg, a trouvé le moyen de remplacer le coton dans la fabrication des mèches de chandelles et de veilleuses par une substance végétale indigène et très - commune, brûlant aussi bien que cette matière, sur-tout lorsqu’elle est imprégnée de nitre. Cette substance donne alors une flamme plus blanche et plus vive, et dure au moins aussi long-temps.
- M. cTHondt cVArcj, de Louvain, a proposé un nouveau procédé pour rouir le lin , qui paraît préférable à celui de M. Bralle, abandonné aujourd’hui à cause des frais d’achat de combustible et de savon qu’il exige : ce procédé a été décrit dans le Bulletin.
- M. Berlin, auteur des lampes docimastiques et de la sténographie, nous a présenté des reliûres en carton verni, qui, sauf l’économie de main-d’œuvre à laquelle il n’est pas impossible d’arriver par la suite, remplissent toutes les conditions du concours ouvert en l’an XIII pour cet objet. Il a mis en pratique les procédés indiqués par MM. Gillet-Laumont et de Las-teyrie, dans un mémoire dont la lecture vous détermina à retirer le prix que vous aviez proposé; mais s’il n’est pas auteur de ces procédés, il l’emporte sur eux par la beauté de l’exécution. Les reliûres en carton verni ont le mérite d’une grande solidité et d’ètre inattaquables aux vers, de diminuer la consommation des matières premières utiles à d’autres arts, et enfin de plaire aux yeux par l’éclat des couleurs , l’élégance et la richesse des orne-mens dont elles sont susceptibles.
- Notre confrère, M. de Rècicourt, avait exprimé le vœu que les sciences lussent mises en possession du baromètre imaginé par feu M. Conté, pour mesurer les hauteurs médiocres. Une commission fut chargée d’examiner dans quel état cet instrument avait été laissé, et en supposant qu’il lût resté imparfait, d’indiquer les moyens de le rendre usuel. D’après son rapport, le baromètre de Conté a atteint le plus haut degré de perfection et remplit son objet avec une grande précision. A la vérité, il présente des ioconvé-niens dans la pratique, principalement à cause de sa pesanteur et de la difficulté de le construire autrement qu’en fer; mais s’il n’est pas toujours commode, on peut du moins l’employer utilement dans plusieurs circonstances. Les amis de Conté se rappellent qu’il s’en est servi avec succès pour mesurer la hauteur des pyramides d’Égypte.
- On a cherché depuis long-temps à supprimer les pièces de bois avec lesquelles on affermit le chapiteau des presses d’imprimerie, et qu’on appelle étançons. Elles encombrent l’atelier, dégradent les murs, et en réagissant
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- sur la presse, la font bientôt sortir de son assiette. La presse à levier de M. Pierre, celle de M. Tarbé et d’autres encore, n’ont point d’étançons. Celle dont M. Isar, imprimeur à Montpellier, nous a envoyé le modèle, en est pareillement exempte. L’auteur s’est sagement attaché à dénaturer le moins possible l’ancienne forme des presses, afin de ne pas trop déranger les habitudes de l’ouvrier qui en fait la manœuvre. On conçoit que, pour atteindre ce but, il a dû rencontrer des difficultés qui donnent du prix à son travail. Sa nouvelle presse est depuis plus d’un an en activité dans son imprimerie, et l’un de ses confrères vient d’en adopter l’usage : c’est le meilleur argument qu’on puisse présenter en faveur de la réalité du perfectionnement dont il est auteur.
- La ville deThiers, département du Puy-de-Dôme, ne fabriquait autrefois que les articles de coutellerie grossière, dont elle faisait un immense débit tant en France que dans les colonies. M. Brasset-VHéraud est le premier qui ait établi dans cette ville une manufacture de rasoirs fins en acier français, pouvant soutenir en tout point la concurrence avec ceux d’Angleterre. A la recommandation de la Société, S. Ex. le Ministre de l’intérieur a bien voulu accorder à ce fabricant estimable un encouragement de 1,000 francs.
- Un métier à bas ou à tricot, sur lequel un seul ouvrier peut fabriquer deux bas à-la-fois , a été l’objet d’une distinction particulière. Votre Conseil dbidministration a cru devoir accorder à l’auteur, M. Favreau, un prêt de 1,200 francs pour exécuter un de ces métiers de la plus grande largeur. La moitié de cette somme a déjà été remboursée.
- Peu de machines ont été vues par nous avec plus intérêt que celle qu’a imaginée M. Poincelet pour broyer le chocolat : moyens ingénieux, combinaisons nouvelles, exécution très - soignée, économie de main-d’œuvre et de temps, amélioration de résultats, rien ne manque à la perfection de cet appareil. Nous avons vu aussi avec un intérêt particulier la machine à triturer la betterave, inventée par MM. Pichon et Moyaux. Elle est une application ingénieuse des moyens mécaniques employés pour le cardage du coton. Elle peut réduire en pulpe 5oo kilogrammes de betteraves par heure, en n’employant que la force de deux hommes pour tourner la roue, et celle d’un enfant pour placer les betteraves. Votre Conseil d’Administration l’a jugée l’une des machines les mieux combinées de ce genre, et probablement elle sera adoptée par un grand nombre de fabricans.
- Parmi les autres objets relatifs aux arts mécaniques qui ont été soumis à notre examen, nous avons distingué :
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- Le métier à tricot de M. Moisson, négociant à Uzès, métier dont le mécanisme est extrêmement simplifié : aussi l’auteur le propose-t-il pour les éta-blissemens de bienfaisance. M. Moisson est déjà connu pour avoir supprimé les ondes dans les métiers à bas.
- La machine hydraulique de M. Gateau, espèce de noria perfectionnée, qui a paru préférable à la vis d’Mrchimède pour les travaux d’épuisement, d’après l’essai comparatif qui en a été fait sur l’emplacement de la Bastille, et sous les yeux des commissaires de la Société.
- Véchelle à incendie de M. Regnier, simplifiée pour le service des petites villes et des campagnes : c’est, si l’on peut s’exprimer ainsi, un extrait de celle qui fut couronnée en l’an Vil par l’Institut.; plus de chariot, plus de caisse, plus d’engrenage; l’échelle est divisée en trois parties, qu’on peut réunir ou séparer à volonté; deux hommes suffisent pour la porter : elle pèse 60 kilogrammes seulement, et ne coûte que i5o francs.
- Les cannelles aèrifères de M. Jullien, également simplifiées, et dont il a étendu l’application au transvasement de toutes les espèces de vins et à toutes les opérations qui s’y rapportent.
- Les châsses de lunettes en acier poli et à facettes, de M. Coudran, élève de M. Schey.
- Les nouvelles platines de fusil, de M. Deboubert, lesquelles, au moyen d’une légère addition, peuvent s’amorcer, tantôt avec la poudre ordinaire, et tantôt avec la poudre de muriate suroxigéné de potasse.
- Les verres ménisques, c’est-à-dire convexes d’un côté et concaves de l’autre, proposés par M. Baradelle père, pour les lunettes dites conserves, comme offrant, à la faveur de la convexité tournée du côté de l’œil, moins d’aberration de sphéricité, plus de champ et de lumière que les autres verres employés jusqu’à présent par les myopes ou les presbytes. L’expérience a confirmé cette théorie.
- Les couvertures en bourre de soie, de M. Valette. Ce genre d’industrie, qu’on exploite à Lyon, à Turin et ailleurs, est nouveau à Paris, et est susceptible d’y prospérer. L’emploi des déchets de soie donne des tissus moelleux et d’une blancheur éclatante; mais cette matière pourra recevoir une destination plus utile quand le prix proposé par la Société pour des machines propres à la carder et à la filer, aura été remporté.
- M. Chauvelot, filâteur à Dijon, nous a aussi présenté des échantillons qu’il assure avoir filés sur des machines à filer le lin, de son invention.
- Il prétend pouvoir y filer également des laines peignées pour des tissus très- fins. Ces résultats, s’ils sont réels, seraient dignes d’attention.
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- M. Chauvelot aurait résolu à-la-fois trois problèmes différens. Comme il n’est entré dans aucun détail sur ses procédés, nous n’avons pu que l’inviter à concourir pour les prix proposés par la Société sur deux de ces questions, la troisième étant réservée à la décision d’un Jury spécial nommé par le Gouvernement.
- Il nous semble, Messieurs, que le compte annuel de nos travaux n’a point encore offert une série de résultats plus remarquables. Le seul énoncé des mémoires, des notes et des renseignemens de tout genre qui nous ont été adressés, vous fera juger que notre correspondance n’a été ni moins variée ni moins fructueuse.
- Nous sommes redevables à S. Ex. le Ministre de l’intérieur de plusieurs mémoires, dont quelques-uns ont été insérés dans le Bulletin : tel est celui de M. Parie, teinturier à Rouen, sur l’emploi de la feuille du pastel desséchée, comparé à celui de la feuille qui a subi la fermentation. Il est à notre connaissance que M. Mathieu, membre du Corps législatif, a fait à ce sujet des expériences qui prouvent en faveur de la première méthode : c’est à la commission chargée par le Gouvernement de répéter les procédés de M. Pavie, à décider la question.
- Le Ministre de l’intérieur avait pris 1 avis de la Société sur le projet d’irrigation proposé par M. Rattier pour les vallées .voisines de la Loire et du Cher. Il a bien voulu nous faire connaître l’opinion émise, soit par les commissaires de votre Conseil d’Administration, soit par les Conseils des communes qui ont été appelés à discuter ce projet ; nous regrettons avec lui que le plan de M. Rattier, si heureusement mis à exécution dans la vallée de Chousy-sous-Biois, ne puisse pas recevoir toute l’extension dont ce cultivateur estimable le croit susceptible.
- Il est de notre devoir de parler ici des marques d’estime et d’intérêt que le Ministre de l’intérieur n’a cessé de nous prodiguer. Il a bien voulu, soit en donnant la plus grande publicité à nos programmes, soit par d’autres dispositions, concourir au succès de nos efforts pour exciter l’émulation de la classe industrieuse.
- M. le comte Rœderer, Ministre et secrétaire d’état du grand-duché de Berg, nous a fait part des résultats d’un travail intéressant de MM. Servaes et Van-Zutphen, chimiste à Dusseldorf. Ce travail prouve, contre l’opinion de Glauber, qu’on peut extraire des raisins du Nord un sucre concret, indépendamment d’une grande abondance d’acide tartarique, dont la pharmacie et d’autres arts savent tirer un parti avantageux.
- M. le baron Tournon, préfet de Rome, a signalé son admission à la So-
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- ciété par l’envoi d’une collection d’échantillons de coton récolté dans son département, et d’un pain de sucre de raisin dont la saveur sucrée était beaucoup plus marquée qu’elle ne l’est ordinairement dans cette espèce de sucre.
- M. le préfet d’Indre-et-Loire nous a donné connaissance d’une excellente instruction de M. Bouriat, médecin à Tours, sur la clavelisation. L’expérience confirme de plus en plus l’efficacité du préservatif indiqué par ce médecin, et nous apprenons que plusieurs riches propriétaires rivalisent de zèle pour en répandre l’usage.
- M. Guyton-Morveau a bien voulu nous instruire de tous les faits qu’il a recueillis relativement à Y iris pscudo-acorus, annoncé par M. Shrimsliire, comme pouvant remplacer le café beaucoup mieux qu’aucune autre substance connue jusqu’à ce jour.
- M. Molard nous a présenté un premier essai de planches d’acier fondu, gravées en taille-douce, avec plusieurs épreuves qu’il en a fait tirer. Cet acier lui semble offrir plusieurs avantages sur le cuivre, pour la netteté du trait, le poli et la durée de la planche, sur-tout lorsqu’elle est trempée au degré de dureté convenable. Pour la conserver, il suffit de la renfermer dans une vessie préparée à l’huile.
- M. Baillet, qui nous a déjà fourni des renseignemens complets sur diffé-rens arts, nous a fait don d’une notice sur les fourneaux, machines et ins-trumens qui sont employés dans quelques fabriques de laiton des environs de Namur, et de trois dessins de ces mêmes objets.
- M. Chalïan nous a fait un rapport intéressant sur les ouvrages en bois in« digènes exécutés par M. Haumoni, menuisier du Corps législatif et de l'U-niversité impériale. Ce rapport confirme ce que nous avons avancé relativement à l’état actuel de celle branche d’industrie, qui va nous affranchir du tribut que nous payons aux étrangers pour les bois exotiques. '
- Nous devons à M. Bruun-Neergaard, gentilhomme de la chambre de S. M. Danoise, un exemplaire de la première livraison de son Voyage dans le nord de VItalie : les gravures qui accompagnent cet ouvrage sont remarquables par une bonne exécution, par la variété des sites qu’elles représentent, et enfin par une imitation tellement exacte des dessins originaux, qu’on les prendrait pour ces dessins;
- A M. Hèricart de Thury, la communication d’un travail étendu sur les sondes de terre, travail dans lequel on trouve des vues nouvelles sur la construction de ces instrumens $
- A M. d’Hombres - Firmas, la description d’un appareil propre au tirage des soies, qui est un perfectionnement de l’ancien;
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- A M. Engelmann, de Mulhausen , la description et le dessin d’un appareil à vapeur qu’il a fait établir dans la fabrique de toiles peintes de MM. JVetter et compagnie, ses associés, et dont il a pris le modèle sur celui qui chauffe les cuves de teinture de la manufacture de toiles peintes de Jouy;
- A M. Thilorier, des détails sur l’essai qu’il a fait à Orléans de son procédé pour remonter les bateaux à l’aide de radeaux plongeurs, essai qui paraît avoir eu du succès;
- A M. Dufaud, un mémoire sur l’état actuel des forges de l’Empire et sur les moyens de les améliorer;
- Au meme correspondant, des renseignemens sur le sciage de la fonte chauffée au degré convenable, procédé peu connu, quoiqu’il soit, dit-on, pratiqué de temps immémorial par une certaine classe d’artisans ;
- A M. Rjss-Poncelet, deux mémoires, l’un sur la manière d’obtenir du fer de bonne qualité par des procédés économiques; l’autre sur l’application de la combustion du gaz hydrogène retiré de la houille à l’éclairage des ateliers;
- A M. Clément, deux notes, la première sur l’évaporation de l’eau par l’air chaud, dans laquelle il détermine avec précision la quantité d’eau qui peut être réduite en vapeur par une quantité donnée de houille; l’autre, sur l’évaporation mécanique de feu Montgolfier, son associé, dont il a parfaitement connu les travaux et les projets;
- A M. Hulzemann, d’Elberfeld, un grand nombre de mémoires sur diffé-rens sujets, ayant plus ou moins de rapport avec les prix proposés par la Société;
- A M. Lafage, la communication de plusieurs fragmens d'un ouvrage agronomique, fragmens qui ont donné une idée avantageuse du fond et du style de cet ouvrage, et qui en font désirer l’impression.
- Nous citerons encore des observations de M. Pons, de Bruxelles, sur la culture de la betterave;
- De M. Lavocat, officier du génie dans le département de Montenotte, sur la culture du coton-nankin, qu’il pratique avec succès;
- De M. Limousin-Lamothe, pharmacien à Albi, sur la culture du pastel et sur celle des plantes oléagineuses. M. Limousin-L^amothe est recommandable par des travaux sur l’art d’extraire l’indigo du pastel; il emploie pour cette opération l’acide muriatique, et par ce moyen il donne quelque valeur à cet acide, jusqu’à présent peu recherché dans les arts.
- Nous ne vous entretiendrons pas, Messieurs, des ouvrages imprimés dont l’offrande a enrichi votre bibliothèque; nous avons eu soin d’en faire m en-
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- tion dans le Bulletin. Nous prions les auteurs à qui nous en sommes redevables, d’agréer-les remercîrnens que cette assemblée trouvera sans doute juste de leur adresser.
- Vous voyez, Messieurs, que de tous les points de l’Empire et meme de l’étranger, on a manifesté le désir d’établir des relations avec la Société. Par-tout nous avons trouvé un grand empressement à seconder nos vues ; ce zèle ne saurait étonner les hommes qui savent combien est puissante l’impulsion que donne un Gouvernement; et en existe-t-il qui s’occupe plus que le nôtre des moyens de faire parvenir l’industrie au plus haut degré de prospérité ? Instructions, achats de modèles des machines les plus nouvelles, création d’établissemens spéciaux, il ne néglige rien de ce qui peut la faire fleurir; les sacrifices pécuniaires, il les prodigue. Nous avons tous été témoins de ceux que Sa Majesté a faits en 1811 pour venir au secours des manufactures gênées par suite des circonstances : elle a disposé en leur faveur de sommes immenses. Vous avez apprécié ces bienfaits dans toute leur étendue, et les rappeler ici, c’est faire connaître aux hommes industrieux qu’ils sont l’objet de la sollicitude particulière du Souverain.
- Une Société qui, comme celle d’Encouragement, ne récompense que les découvertes véritablement utiles et ne donne des éloges qu’aux hommes qui les ont mérités, doit nécessairement acquérir une grande considération : aussi le nombre de ceux qui désirent en faire partie est-il dans une progression croissante. Nous comptons toujours parmi nous les personnes les plus distinguées dans les sciences et dans l’Etat. Pourquoi faut-il qu’au milieu des succès que nous obtenons nous ayons à déplorer des pertes bien douloureuses? La mort nous a enlevé, en i8ir , trois des membres les plus recommandables de la Société, MM. Collizzi, Magnien et Rouillé de VÉtang.
- Le premier remplissait à Rome des fonctions dont l’objet est d’accroître l’industrie des Etats romains, industrie que S. M. l’Empereur désire voir fleurir comme celle des autres parties de son Empire. Venu en France pour y visiter les manufactures et les ateliers, il était retourné en Italie après s’être procuré la connaissance des meilleurs procédés de fabrication et des machines les plus utiles. Il a terminé sa vie au moment où il allait faire jouir ses concitoyens des fruits de son voyage.
- Malgré les nombreuses occupations que lui donnait sa place d'administrateur des douanes, M. Magnien trouvait encore le temps de cultiver les arts, qu’il aimait avec passion et en homme éclairé. Quel est celui d’entre nous qui n’a pas été témoin de son zèle pour concourir au succès des travaux de la Société, zèle qui était tel, que, même dans les derniers mois de
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- la longue maladie qui l’a conduit au tombeau, il était rare qu’il manquât d’assister aux séances particulières de votre Conseil d’Àdministration ? Il était l’un des fondateurs de la Société, et n’avait cessé depuis lors d’être membre du Comité de commerce. Nous lui devons une foule de communications et devues d’un grand intérêt. Votre bibliothèque renferme plusieurs ouvrages de lui qui le placent au nombre des hommes qui ont écrit avec habileté sur des objets d’art et des matières d’administration. Nous ne citerons ici que son Dictionnaire de la législation des douanes, et le Dictionnaire qu’il a composé en communauté avec M. Deu, sur les productions de la nature et des arts qui entrent dans le commerce de la France avec l’étranger. Sa mort sera pour votre Conseil d’Administration une source continuelle de regrets, comme elle doit l’être pour toutes les personnes qui apprécient les hommes utiles.
- Parler de M. Rouillé de VÉtang, c’est rendre hommage à la vertu et à la bienfaisance qu’d a pratiquées constamment pendant sa longue vie. Né dans l’opulence, il employa une grande partie de ses richesses à venir au secours des pauvres; les malheureux trouvaient toujours en lui un protecteur et un appui. Rien n’égalait la candeur de son âme et sa bonté, qui était inépuisable. Ses connaissances étaient variées et étendues. Lorsqu’il était consulté sur des matières d’arts et d’administration, on remarquait toujours dans ses avis une profonde sagesse : c’est une justice que nous devons lui rendre, et que lui rendent MM. les membres des Conseils généraux du département de la Seine et de l’administration des hospices de Paris, Conseils dont il faisait partie. Nous l’avons vu suivre nos séances avec une grande assiduité, et provoquer les mesures qu’il jugeait devoir augmenter la prospérité de l’industrie. En terminant sa vie, il a signalé sa passion de faire le bien par un acte des plus honorables : il a légué au malheur les arrérages $ une rente viagère de 1,200 francs} en chargeant ses neveux et sa nièce de la distribuer de la manière qu’ils jugeraient convenable y chaque année, le jour de sa naissance > dans une réunion qui aurait lieu y autant que possible, au lieu de son domicile. Ses intentions ont été remplies, pour 1811, par sa famille , qui a disposé de la somme en faveur de la Société philantropique. M. de l’Étang était l'un des fondateurs de la Société d’Encouragement, et membre de la Légion-d’Honneur. Il est mort en emportant l’estime des hommes de bien, et sa perte laisse à votre Conseil d’Administration de douloureux regrets que vous partagerez sans doute.
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- Rapport sur les recettes et les dépenses de la Société d*Encouragement ? pendant téamiée 1811 5 par M. le comte Saint-Martin-Lamotte.
- Au nom de la Commission des fonds, je mettrai sous les yeux de la Société l’état de ses finances, et le résultat de la vérification des comptes de M. le trésorier, qui a eu lieu le 4 de ce mois.
- La recette est divisée en cinq chapitres :
- i°. Billets de la caisse de service , . . 89,000 fr. c.
- 2°. Intérêts des fonds placés 3,520
- 3°. Souscriptions reçues pour les années 1809, 1810, 1811
- et 1812 27,294
- 4°. Avances rentrées 161 53
- 5°. Produit de la vente du Bulletin L9°9 35
- Total de l’actif. 121,884 fr. 68 c.
- a
- Les dépenses sont divisées en huit chapitres :
- 10. Remboursement de l’avance faite par M. le trésorier
- sur le compte de 1811 2,161 fr. 3 c.
- 20. Loyer, frais de bureau, impression des circulaires et de programmes, appointemens et fournitures di-verses 7,481 i5
- 3°. Dépenses de tout genre pour le Bulletin 9,413 48
- 4°. Comité des arts mécaniques 1,200
- 5°. Comité des arts chimiques. . 206
- 6°. Comité d’Agriculture. 1,223 20
- 70. Prix et médailles d’encouragement 12,583 60
- 8°. Placement de fonds. 88,000
- Total de la dépense 122,268 fr. 46 c
- La dépense excède la recette de 383 francs 78 centimes, dont M. le trésorier se remplira sur les recettes de l’année courante, ce qui réduit le fonds de réserve de la Société à 87,616 francs : ce fonds était de 86,839 fr. en 1811, de 85,887 francs en 1810, de 92,944 francs en 1809, et de 85,730 francs en 1808. On voit que la Société, pendant ces cinq dernières années, a constamment employé ses recettes à remplir l’objet de son institution, et notamment en l’année 1811; où elle a distribué en prix la somme de 12,583 francs, et qu’elle n’a pas sensiblement augmenté son
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- fonds de réserve. Votre Commission des fonds pense cependant que la Société ne sera définitivement assise sur des hases certaines que lorsque les intérêts de son fonds de réserve, qui se sont élevés , pour l’année 1811, à 3,520 francs, pourront suffire à ses dépenses fixes d’administration, qui s’élèvent, année commune, de 7,800 à 8,000 francs. Le temps, l’économie et la bonne administration nous amèneront à ce résultat, et nous formons le vœu de voir les fonds de la Société confiés de nouveau à M. Laroche, dont le zèle et l’intelligence hâteront cette heureuse époque.
- il apport sur la vérification des comptes de M. le Trésorier; par M\ Sivardj l un des censeurs.
- Messieurs, le rapport qui vient de vous être fait par votre Commission des fonds sur le compte rendu par votre trésorier, ne laisse à vos censeurs qu’une tâche aussi agréable que facile, celle de confirmer le tableau satisfaisant de l’état de vos finances, dont les détails viennent d’être mis sous vos yeux.
- Vous vous applaudirez sans doute de voir vos fonds de réserve (87,616 fr.) augmentés d’une somme modique à la vérité (777 fr.), lorsque vous deviez craindre qu’ils ne fussent diminués d’une somme assez forte par les prix nombreux que vous avez décernés dans le courant cette année (12.583 fr. 60 cent.), et par les secours et les encouragemens accordés aux artistes que vous avez jugés dignes de cette faveur.
- Cette situation satisfaisante doit être attribuée sans doute à la vigilance et à la sévérité de votre Commission des fonds, qui se fait un devoir de ne vous proposer que des dépenses dont l’utilité lui est démontrée, en écartant soigneusement les demandes nombreuses et souvent indiscrètes qui vous sont adressées; mais elle est due sur-tout au zèle actif, aux soins assidus, à la rigoureuse exactitude de votre trésorier, M. Laroche, auquel vous avez accordé depuis long - temps votre confiance, et que nous nous faisons un devoir de présenter de nouveau à votre estime et à votre reconnaissance.
- Mais il ne vous séra pas sans doute échappé que, malgré cette rigoureuse économie dans l’emploi de vos revenus, vos fonds de réserve, qui présentent une légère bonification depuis l’année dernière, ont néanmoins éprouvé une diminution assez forte si on se reporte à Pannée 1809, époque à laquelle ils ont été de 92,949 fr., et par conséquent de 5,333 fr. plus considérables qu’ils *ne= le sont aujourd’hui.
- Cet
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- Cet état de choses ne nous permet guère de prévoirie moment désiré où l’intérêt de vos fonds couvrira vos dépenses fixes, et nous ne pouvons que partager le voeu que vient d’exprimer votre Commission des fonds, de voir bientôt se réaliser cette heureuse époque de votre plus grande prospérité.
- M. Gillet-Laumont alu ensuite une notice très-intéressante de M. Chas-Ion, administrateur des douanes, sur la vie et les ouvrages de M. Magnien, son collègue.
- La séance a été terminée par le renouvellement du Bureau et d’une partie des Comités. M. le sénateur comte Chaptal a été réélu président; MM. Guy ton de Morveau et Dupont de Nemours, vice-présidens ; M. le baron Degèrando, secrétaire; M. CL- Anthelme Costaz, secrétaire-adjoint; M. Laroche, trésorier. L’Assemblée a fait choix de M. Mérimée pour remplacer M. Mathieu de Montmorency, l’un des secrétaires , qui a donné sa démission. M. le comte de Ramford a été nommé membre du Comité des Arts économiques. Les autres personnes désignées pour remplir les places vacantes dans le Conseil d’Administration, sont: pour la Commission des fonds, M. de Montamant, membre du Conseil général du département de la Seine; pour le Comité d’agriculture, M. Bosc , membre de l’Institut; et pour le Comité de commerce. MM. le baron Ferrée, maître des comptes, et Sivard, administrateur générai des Monnaies.
- M. le sénateur comte Colchen, et M. le comte Laumont, directeur général des mines, ont été nommés censeurs pour la vérification des comptes de l’année courante.
- Notice sur M. Magnien, Administrateur dos Douanes, L’wl des fondateurs de la Société dé Encouragement, et Membre de son Conseil d’administration, décédé le 31 décembre 18115 par M. Chaslon , Administrateur des Douanes.
- M. Magnien naquit à Châlons-sur-Saône , le 19 février 1745, de parens peu fortunés.
- Il dut à ses heureuses dispositions, à sa constante passion pour l’étude et le-travail, plutôt qu’à une éducation soignée, ses connaissances en finances, en commerce et en économie politique.
- Il leur a dû de même d’avoir surmonté les obstacles qui semblaient d’abord l’avoir séparé des premières places de l’administration, puisqu’il débuta par être simple employé de la ferme générale.
- Il passa successivement par tous les grades jusqu’à celui de contrôleur Onzième année. Mars 1812. I
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- aux entrepôts des sels à Riom , d’où M. Desouligné, directeur des fermes à Lyon, le tira pour l’établir son premier collaborateur.
- C’est là qu’il composa son Tarif ', en 4 volumes in-80., des divers droits de douanes qui se percevaient alors en France.
- Pour apprécier le mérite de cet ouvrage, il faut se faire une idée des recherches qu’il a exigées et des difficultés qu’il a fallu surmonter; il faut se rappeler que le royaume était alors divisé en provinces étrangères les unes aux antres, que chacune avait son tarif particulier, et que d’autres, comme le Languedoc et la Provence, ne présentaient au commerce que des tarifs d’usage, dont le seul titre était la vieille pancarte qui les indiquait.
- C’est la difficulté de ce travail qui avait fait dire à M. Necker, dans son Traité de Vadministration des finances : « Le nombre et la diversité des » droits de douane, ainsi que leur législation , sont tellement embrouillés, » qu’à peine un ou deux hommes par génération viennent à bout d’en » posséder complètement la science. »
- M. Magnien la mit à la portée de tous, et la rendit familière.
- Il fit plus , il osa publier le voeu de voir disparaître, avec les bureaux qui entravaient la circulation, tous les tarifs} pour les remplacer par des droits uniformes, qui se percevraient aux frontières de l’Empire.
- Déjà un habile intendant des finances, M. de Trudaine, avait conçu ce projet : une division de ses bureaux, présidée par M. Dupont de Nemours, s’en occupait : M. Magnien fut appelé pour y coopérer.
- Le plan et les moyens d’exécution étaient à la veille d’ètre présentés au Conseil, lorsque les États-Généraux furent convoqués.
- M. Dupont de Nemours, nommé député, indiqua aux Comités d’agriculture et de commerce M. Magnien ; et la suite du travail qui devait changer le système des douanes lui fut confiée.
- Sur le rapport qui fut fait au Roi des services qu’il avait rendus, en tenant le premier rang parmi les rédacteurs du Code de 1791 et du tarif qui y fut annexé, Sa Majesté le nomma administrateur. M. Magnien en a rempli vingt ans les fonctions.
- Pendant ce laps de temps, ses travaux se sont fait remarquer par leur multiplicité (1) : chaque année, il a publié quelque ouvrage pour mettre
- (1) Les collègues et les collaborateurs de M. Magnien, témoins de la foule de lettres, de rapports, de projets de lois, d’arrêtés dont il se réservait la rédaction , des missions qu’il remplissait, des Comités auxquels il assistait, ont eu de la peine à concevoir comment il pouvait subvenir à tant de travaux ; ils ont dû sans doute altérer et miner sa constitution, qui promettait de plus longs jours.
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- au courant un tarif et une législation naturellement variables d’après nos relations politiques.
- Ces ouvrages ont servi d’instruction et de guide à toutes les classes des préposés et des négocians : de quelle utilité n’ont-ils pas été sous ce rapport?
- En l’an IV, M. Magnien fit imprimer une brochure sous le litre de : Commerce des Français aux colonies d’Amérique, dans les possessions au-delà du cap de Bonne - Espérance, aux côtes d’Afrique et au Levant; elle doit être recherchée, et fixer l’attention par les observations judicieuses et l’exactitude des faits qu’elle renferme.
- Une autre brochure intitulée : De l’influence que peuvent avoir les douanes sur la prospérité nationale, présente le résultat de ses méditations administratives et des vues utiles.
- Son Dictionnaire des productions de la nature et de l’art (3 vol. in-8°., 1809) a mérité les éloges des^ublicistes ; il restera dans les bibliothèques, sera souvent consulté et toujours cité par les écrivains, qui, après M. Magnien , traiteront les mêmes sujets.
- Parmi les nombreuses recherches, les savantes citations que cet ouvrage renferme, on distingue celles qu’il a puisées dans les Bulletins de la Société d’Encouragement : c’est un hommage précieux et bien sincère des sentimens d’estime et de dévouement qu’il portait à la Société.
- Vous savez, Messieurs, combien M. Magnien était exact à se rendre à vos séances et à celles de vos Comités : c’est là qu’il s’est toujours montré bon administrateur et excellent citoyen ; c’est là que vous avez reconnu l’homme rare indiqué par M. Necher ; d’une tête forte, d’une mémoire prodigieuserépertoire vivant, et tarif infaillible ; l’homme qui a parcouru la carrière la mieux remplie et la plus honorable, enfin l’homme le plus digne de vos regrets.
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- Liste des Membres et Adjoints composant le Conseil d’Administration de la Société d’Encouragement, à F époque du 3i mars 1812.
- BUREAU.
- Président.
- MM. Chaptal , comte de Chanteloup, trésorier du Sénat, membre de l’Institut, rue Saint-Dominique, N°. 77.
- Vice-Présidens.
- MM. Guyton de Moryeau, baron de l’Empire, membre de l’Institut, administrateur général des Monnaies, rue de Lille , N°. 5o.
- Dupont de Nemours , membre de l’Institut, rue du Faubourg-Poissonnière, N°. 5o.
- Secrétaire.
- Degérando, baron de l’Empire, conseiller d’État, membre de l’Institut.
- Vice-Secrétaires.
- Cl.-Anthelme Costaz, chef de division au Ministère des manufactures et du commerce.
- Mérimée, peintre, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, rue des Postes, N°. 12.
- Trésorier.
- Laroche , notaire honoraire , rue Neuve-des-Petits-Champs, N°. 19.
- Censeurs.
- Colchen, comte de l’Empire, sénateur, rue de l’Université, N°. l\5.
- Laumond, comte de l’Empire, conseiller d’État, directeur général des mines.
- COMMISSION DES FONDS.
- MM. Petit de Beauverger, baron de l’Empire, membre du Corps législatif, rue Baillet, N°. 4-
- Boülard père, notaire honoraire, rue des Petits - Augustins, N°. 21.
- Brillât de Savarin, conseiller en la Cour de cassation, rue des Filles-Saint-Thomas, N°, 23.
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- MM. Chaslon, administrateur des douanes, rue Neuve-des-Petits-Champs,
- n°.97.
- Dayillier, banquier, boulevart Montmartre, N°. i5.
- Fournel, jurisconsulte, rue du Jardinet, N°. i.
- Garan de Coulon, comte de l’Empire, sénateur, membre de l’Institut, au palais du Sénat.
- De Montamant, membre du Conseil général du département de la Seine, rue de Menars, N°. 14-
- Saint-Martin de Lamotte, comte de l’Empire, sénateur, rue Blanche, N°. 16.
- COMITÉ DES ARTS MÉCANIQUES.
- MM. xAmpère, inspecteur général de l’Université impériale, Cour du Commerce , N°. aq.
- Bardee, membre du Comité consultatif des arts et manufactures, rue Thévenot, N°. 79.
- Bréguet, horloger, quai de l’Horloge, N°. 79.
- Gengembre , inspecteur général des Monnaies.
- Molard , administrateur du Conservatoire des arts et métiers.
- Perier , membre de l’Institut, rue du Mont-Blanc, N°. 5.
- Prony, membre de l’Institut, directeur de l’École impériale des ponts et chaussées.
- De Récicourt, colonel au Corps impérial du génie, rue de Grenelle, N°. i5.
- TERNAUxaîné, manufacturier, place des Victoires, N°. 3.
- Adjoints.
- Baillet, inspecteur divisionnaire des mines.
- Decretot, manufacturier, rue Mazarine, N°. 7.
- Gaultier, professeur de géométrie descriptive au Conservatoire des arts et métiers, Vieille rue du Temple, N°. 79.
- Montgolfierfils, rue du Temple,N°. 57.
- COMITÉ DES ARTS CHIMIQUES.
- MM. Anfrye , inspecteur des essais à la Monnaie.
- Berthollet, comte de l’Empire, sénateur, membre de l’Institut, rue d’Enfer, N°. 57.
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- MM. Cadet (C.-L.), pharmacien ordinaire de S. M. l’Empereur et Roi, rue Saint-Honoré, N°. 108.
- Collet-Descotils, ingénieur en chef des mines , rue des Saints-Pères,
- N°. 14.
- D’Arcet, vérificateur des essais à la Monnaie.
- Guyton de Morveau, baron de l’Empire, membre de l’Institut, administrateur général des Monnaies.
- Mérimée, peintre, rue des Postes, N°. 12.
- Perrier (Scipion), banquier, rue Neuve-de-Luxembourg, N°. 27. Roard, directeur des teintures des manufactures impériales, aux Gobelins.
- V auquelin, membre de l’Institut, rue de Seine, au Jardin des Plantes.
- Adjoints.
- Boullay, pharmacien, rue des Fossés-Montmartre’, N°. 17.
- Clément, chimiste, manufacturier, rue de Touraine , N°. 6. Taillepied de Bondy, boulevart des Italiens, N°. 18.
- Thénard, membre de l’Institut, professeur de chimie au Collège de France.
- COMITÉ DES ARTS ÉCONOMIQUES.
- MM. Bouriat, pharmacien, rue du Bac, N°. 56.
- Costaz, baron de l’Empire, intendant des bâtimens de la Couronne Le général de Grave, place Vendôme , N°. 16.
- Delessert, baron de l’Empire, rue Coq-Héron, N°. 3.
- Gay-Lussac, membre de l’Institut et du Comité consultatif des arts et manufactures, rue d'Enfer,en face de la Fontaine. Gillet-Laümont, inspecteur général des mines, rue de Verneuil, No. 5j.
- Parmentier, membre de l’Institut, rue des Amandiers-Popincourt. Pastoret, comte de l’Empire, sénateur, place de la Concorde, N°. 6. Pictet, inspecteur général de l’Université impériale, boulevart de la Madeleine, N°. 19.
- Le comte de Rümford, correspondant de l’Institut, à Auteuil. Adjoints.
- Bruun-Neergaard, gentilhomme de la Chambre de S. M. le Roi de Danemarck, quai Voltaire , N°. 17.
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- MM. Collier (James), mécanicien, rue des Enfans-Rouges, N*.
- Delunel, rue du Faubourg-Montmartre , N°. i4-
- Sureau , pharmacien , rue Favart, NA 8.
- COMITÉ D’AGRICULTURE,
- Baudrillart, membre de la Société d’Agriculture de la Seine, premier commis à l’Administration des forêts, rue Saint -Maur, N°. 122, faubourg du Temple.
- Rose, membre de l’Institut, inspecteur général des Pépinières impériales, rue des Maçons-Sorbonne, N°. 15.
- De Cbassiron, baron de l’Empire, maître des comptes, rue de Condé, N°. 2.
- François de Neufciiateau, comte de l’Empire, sénateur, membre de l’Institut, rue du Faubourg-Poissonnière, N°. 93.
- Huzard, membre de l’Institut, inspecteur général des Écoles impériales vétérinaires , rue de l’Éperon , N°. 7.
- De Lasteyrie, membre de la Société d’Agriculture de la Seine, rue de la Chaise, N°. 20.
- Lombard, membre de la Société d’Agriculture de la Seine, rue des Grands-Augustins, N A 7.
- Silvestre , membre de l’Institut, chef du Bureau d’agriculture au Ministère de l’intérieur, rue de Seine, hôtel de La Rochefoucauld.
- Tessier, membre de l’Institut, inspecteur général des Bergeries impériales, rue de Condé, N°. 19.
- Adjoints.
- Challan, chevalier de l’Empire, membre du Corps législatif, rue des Camps-Élysées, N°. 8.
- Moreau de Saint-Méry, ancien conseiller d’État, rue Saint-Guillaume, N°. 26.
- Vilmorin aîné, pépiniériste , quai de la Mégisserie, N°. 3o.
- COMITÉ DE COMMERCE.
- MM. Arnould aîné, baron de l’Empire, maître des comptes, rue du Bou-loy, N°. 26.
- Cambiaso , comte de l’Empire, sénateur, rue de Belle-Chasse, N°. 15.
- Coquebert - Montbret, baron de l’Empire, maître des requêtes, secrétaire général du Ministère des manufactures et du commerce.
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- MM. Doumerc , banquier, rue du Houssaye, N°. 2.
- Dupont de Nemours, membre de l’Institut, rue du Faubourg-Poissonnière, N°. 5o.
- Journtt-Aubert, comte de Tustal, sénateur, rue de l’Université, N°. 96.
- Perrée, baron de l’Empire, maître des comptes, rue du Faubourg-Poissonnière, N°. 3o.
- Sivard , administrateur général des Monnaies.
- Vital Roux , membre de la Chambre de commerce de Paris, rue Helvétius , N°. 16.
- COMMISSION DU BULLETIN.
- Cette Commission, chargée de diriger le travail du Bulletin, est composée des membres suivans :
- MM. Molard, pour les arts mécaniques.
- Guyton-Morveau, pour les Arts chimiques.
- Bouriat, pour les Arts économiques.
- De Lasteyrie, pour l’Agriculture.
- Le baron de Beauverger, pour les Fonds,
- Mérimée , pour les Dessins et Gravures.
- Pour les extraits des procès-verbaux et de la correspondance du Conseil, l’un des secrétaires.
- Rédacteur du Bulletin de la Société. M. Daclin, rue des Saints-Pères, N°. 27.
- .Agent général de la Société«
- M. Guillard-Senainville , rue du Bac , N°. 42.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née Vallat la Chapelle)
- rue de l’Eperon , n°, 7.
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- ONZIÈME ANNÉE. (N°. XCIY. ) AVRIL l8l2.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- D es c ri p T i on de la sonde de F inspection générale des carrières du département de la Seine; par M. L. Héricart de Thury, ingénieur en chef des mines ? inspecteur général des carrières de Paris.
- Recherches historiques sur Vorigine de la sonde (i).
- L'art du mineur, comme toutes les branches de l’industrie humaine, a été long-temps abandonné à une aveugle routine et aux préjugés les plus vulgaires ou les plus absurdes. Tiré de la classe indigente et la moins instruite, le mineur, dans ses pénibles travaux, a dû nécessairement se livrer avec passion aux rêves briilans que son imagination lui présentait dans la découverte des secrets et des trésors de la nature. Sa profonde ignorance, son avidité et son extrême propension au merveilleux, ont été autant de motifs qui ont dû le porter à consulter, sur le succès de ses recherches, tous ceux qui ont pu ou su flatter sa passion, encourager ses désirs et lui promettre l’accomplissement de ses vœux. Une fois sa crédulité asservie par le fait des promesses, le mineur bientôt ne sut plus tenter une seule recherche sans avoir préalablement consulté les devins, les soi-
- (i) Extrait d’un mémoire inédit de M. L.-C. Houry, ingénieur au Corps impérial des Mines, intitulé : Instruction sur V art du sondage.
- Onzième année. Avril 1812,
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- ciers, les magiciens et tous les moyens divinatoires ou les conjurations qu’ils surent employer pour donner plus de merveilleux et de prépondérance à leurs décisions.
- Parmi les moyens de ces adeptes doit être placée la baguette mystérieuse ou divinatoire, autrement nommée verge d’Aaron, qui doit une partie de sa réputation moins aux recherches que fit à son sujet le célèbre jésuitè Kircher, et à la théorie qu’il en donna dans son Mundus subterraneus, qu’à d’heureux hasards, qui quelquefois ont favorisé cette espèce d’astrologie souterraine. Des découvertes importantes ont quelquefois, il est vrai, paru suivre les prédictions incertaines de cette fameuse baguette, et des métaux précieux ou des sources abondantes ont semblé obéir à la voix de ses prophètes ou partisans ; mais ces hasards n’étaient réellement dus qu’à la présence du minerai dans les têtes ou affleuremens des filons, couches et veines minérales, ou bien à l’existence d’un niveau d’eau ou d’un courant souterrain à des profondeurs limitées par celle des puits destinés à nos besoins.
- Plus éclairé aujourd’hui, le mineur a réduit l’art de rechercher les mines en principes fondés sur l’observation et sur la connaissance ou l’étude des terrains : ainsi les filons ou couches qui trahissent leur existence en un point quelconque, sont facilement déterminés dans toute leur étendue, puisque, pour découvrir les autres,il ne faut que profiter des connaissances que nous devons à l’expérience, suivre le fil de l’analogie, et par son moyen établir des principes qui sont ou doivent être modifiés successivement par de nouvelles analogies, ainsi que les gîtes des minerais connus fournissent journellement des inductions nouvelles.
- Lorsque ces gîtes sont à peu de profondeur dans la terre et près de sa surface, des travaux peu dispendieux, des tranchées ouvertes, des puits et des galeries de recherche nous amènent facilement à une découverte certaine; mais quand les filons, couches et veines, ou les sources sont à de grandes profondeurs, et qu’on ne peut employer avec économie les moyens qui précèdent, alors on doit avoir recours à la sonde.
- La sonde est un instrument dont se sertie mineur, soit qu’il veuille reconnaître les diverses couches d’un terrain inconnu, leur nature, leur ordre successif, leur interposition par des sources ou des amas d’eau, soit qu’il veuille s’assurer par de nouvelles observations de la continuité de la pente et de la direction d’une couche déjà connue sur plusieurs points.
- Dans les mines, la sonde sert à faire communiquer l’air et à faciliter l’écoulement des eaux dans les travaux qu’on veut abandonner pour éviter la dépense d’un puits ou d’une galerie : comme, en déterminant la dureté des couches, elle met à portée d’établir des travaux sur des points solides.
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- uu enfin elle donne les moyens de prévenir les inondations qu’oceasione-raient les eaux amassées dans les anciens travaux.
- Entre les mains du fontenier ; elle fait jaillir et couler à la surface de la terre cet élément précieux qui manquait à l’agrément et à l’utilité publique.
- Dans l’agriculture, on va chercher avec la sonde, sous un sol infertile , la marne qui doit lui donner de la vigueur et lui faire produire des récoltes abondantes, comme, lorsque les terrains sont humides et marécageux, par l’effet du séjour des eaux, qui ne peuvent s’y infiltrer, à cause d’un banc impénétrable d’argile ou de pierre, par quelques trous de sonde percés dans ce banc on procure aux eaux de la surface l’écoulement nécessaire, et on rend à la culture des terrains qui étaient perdus pour elle.
- Enfin cet instrument est utile et nécessaire à tous les arts qui ont des relations directes ou immédiates avec les substances minérales. Ainsi celui qui exploite la tourbe, celui qui fabrique la porcelaine, la faïence, la poterie, les verres, la brique ou la tuile, l’ingénieur qui veut fonder sous les eaux une pile solide, l’architecte qui veut asseoir les bases d’un monument durable, etc., etc., tous ont également besoin de la sonde et de connaître la manière de se servir de ce précieux instrument.
- L’époque de l’invention de la sonde et ses auteurs nous sont également inconnus; les Allemands en réclament la priorité, parce qu’ils ont cru en avoir fait les premières descriptions ; les Anglais ont élevé la même prétention, et quoiqu’ils ne nous aient point donné de traité du sondage comme les Allemands, ils semblent néanmoins plus fondés à en réclamer la découverte, i°. parce que cet instrument est plus particulièrement employé pour les mines de houille que pour les mines métalliques, et que c’est par son moyen que les Anglais ont, depuis plusieurs siècles, découvert chez eux de nombreuses mines de ce combustible; tandis que les Allemands, qui se sont toujours livrés de préférence à l’exploitation des mines métalliques, ont dû se trouver rarement dans le cas de l’employer; et 20. que cet instrument, dans beaucoup de pays, a été et est encore connu sous le nom de tarière anglaise.
- L’ouvrage allemand de Délius sur l’art d’exploiter les mines donne une description de la sonde; mais elle est empruntée de l’ouvrage de Geis, imprimé à Vienne en 1770 ; ces deux auteurs n’ont fait, ni l’un ni l’autre, aucune recherche historique sur son origine.
- Monnet, dans son Traité d’exploitation, s’est également servi de l’ouvrage de M. Geis pour sa description de la sonde, qu’il appelle perçoir de montagne; mais il ne parle nullement de sa découverte.
- Les deux Encyclopédies alphabétique et méthodique donnent des détails
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- sur divers sondages , mais aucune recherche sur l’origine et la découverte de la sonde.
- Un auteur allemand de l’avant-dernier siècle, dans un Traité sur les machines hydrauliques, fait la description d’une sonde dont le manche était en bois, et qui était destinée à creuser un puits. Cet auteur, qui au reste ne nous donne pas une idée bien avantageuse de l’art de sonder à cette époque, semble en rapporter l’origine au commencement de son siècle.
- La France enfin a également des droits à réclamer la priorité de la découverte de la sonde, quoiqu’elle ne paraisse pas l’avoir connue long-temps avant les nations voisines. Bernard de Palissy, qui vivait dans le seizième siecle, et qui avait successivement parcouru en observateur philosophe et naturaliste la Brie, la Flandre, l’Artois, le Brabant et d’autres pays où cet instrument est en usage aujourd’hui pour la découverte des fontaines jaillissantes, ne dit point quelle y fut alors employée, soit pour les mines, soit pour les sources et fontaines: d’où on pourrait conclure, i°. qu’elle n’était point en usage avant lui, puisque Bernard de Palissy, qui s’adonnait particulièrement à la recherche des eaux et fontaines et à tous les moyens le les découvrir, n’en parle point.
- 2°. Qu’on pourrait lui accorder le titre d’inventeur de la sonde, puisque, dans son Traité de la marne, il décrit de la manière suivante un instrument qu’il avait conçu, qui est absolument l’analogue de notre sonde, ou qui, mieux est, en est le premier élément (ij.
- « Si je voulois trouver de la marne en quelque province où l’invention r, ne fût encore connue, je voudrais chercher toutes les terrières desquelles •- ies potiers, briquetiers et tuiliers se servent en leurs œuvres , et de •:> chacune terrière j’en voudrais fumer une portion de mon champ pour " voir si la terre serait ameilleurée, puisque je voudrais avoir une tarière • bien longue, laquelle tarière aurait au bout de derrière une douille > creuse en laquelle je planterois un baston, auquel il y aurait par l’autre
- bout un manche au travers en forme de tarière; et ce fait, j’irois par tous - les fossés de mon héritage auxquels je planterois ma tarière jusqu’à la y> longueur de tout le manche, et l’ayant tirée dehors du trou, je regardera rois dans la concavité de quelle sorte de terre elle aurait apportée, et » Tayant nettoyée, j’osterois le premier manche et en mestrois un beaucoup » plus long, et remettrais la tarière dedans le trou que j’aurais fait premie-
- (i) Page 161. Dialogue sur la marne entre Théorique et Pratique. OEuvres de Bernaud de Palissy. Paris, 177.1. Edition de Faujas de Saint-Fond. On sent bien que c’est pratique qui fournit l’expédient.
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- » rement, et percerois la terre plus profond que par le moyen du second mare > che; et par tel moyen, ayant plusieurs manches de diverses longueurs , » l’on pourroit savoir quelles sont les terres profondes ; et non-seulement » voudrois-je fouiller dedans les fossés de mes héritages, mais aussi par î) toutes les parties de mes champs, jusque à ce que j’eusse apporté au bout » de ma tarière quelque témoignage de ladite marne, et qu’ayant trouvé » quelque apparence, lorsque je voudrois faire en iceluy endroit une fosse » telle comme qui voudroit faire un puits. »
- Cette description de l’instrument de Bernard de Pa'lissj ne convient-elle pas à la première ébauche d’une sonde, et ne semble-t-elle pas même être la première idée de celui qui a dû en être l’inventeur? L’homme qui le premier de tous les naturalistes, à la vue des fossiles que renferme notre sol, osa avancer que la mer en avait autrefois recouvert les continens, pouvait bien inventer la sonde.
- En effet il est évident qu’il ne manque rien à l’instrument de Bernard de Palissj-, que de changer ses allonges de bois en tiges de fer, et d’en joindre plusieurs ensemble.
- Aujourd’hui la sonde est en usage dans presque tous les pays de mines, mais plus particulièrement encore en France et en Angleterre que par-tout ailleurs. Je ne m’étendrai point ici sur la manière de s’en servir; je me bornerai à la simple description de celle qui vient d’être exécutée pour l’inspection générale des carrières du département de la Seine.
- Description de la sonde de Vinspection générale des carrières.
- M. le comte Frochot, conseiller d’État, préfet du département de la Seine, m’a autorisé, le 3 juillet 1810, à faire exécuter, pour l’inspection générale des carrières, une sonde qui pût à-la-fois servir à la recherche des anciennes excavations pratiquées sous Paris à une époque reculée, et à des percemens plus ou moins profonds destinés à faire perdre les eaux qu’elles peuvent renfermer.
- L’étude approfondie qui a été faite depuis plusieurs années de la constitution physique du sol de Paris, ne nous laissant malheureusement plus d’espoir d’y jamais trouver aucune mine exploitable, à moins de la rechercher au-dessous de nos terrains de formation récente, et par conséquent a plus de 2 ou 3oo mètres de profondeur et peut-être même au-delà, j’ai dû me borner à ne faire exécuter qu’une sonde portative telle que l’exigeaient nos recherches.
- En réfléchissant cependant sur la composition de ce précieux instrument, j’ai pensé qu’il conviendrait à l’inspection générale d’avoir la sonde
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- Ja plus complète, afin de pouvoir la proposer comme modèle; et c’est d’après ce principe que je me suis déterminé à faire exécuter ma sonde de manière qu’elle pût être également propre aux travaux et aux recherches des mineurs, des carriers, des fonteniers et même des agriculteurs.
- La fabrication en a été confiée au sieur Rosa, fils aîné , mécanicien acié-nste, demeurant à Paris, rue des Filles-du-Calvaire, n°. 29, en vertu d’un traité fait entre l’inspection générale et lui, le 24 décembre 1810.
- Cette sonde est composée de la réunion des meilleurs instrumens des sondes anglaise et française.
- Elle est en fer carré dit carillon, de om,o25, de côté, ou 11 à 12 lignes environ.
- Des deux manières d’assembler les tiges par enfourchement ou par boîte à vis, j’ai préféré celle de l’enfourchement à boulons et à écrous, quoique d’une manipulation plus longue, et qu’elle ait d’ailleurs l’inconvénient que souvent les ouvriers perdent ou laissent tomber dans le trou de sonde des boulons et des écrous; j’ai préféré, dis-je, cette manière d’assembler, i°. parce qu’elle est plus sûre; 20. parce que, dans les momens de résistance et de force à donner, on peut tourner et détourner les tiges impunément dans les deux sens; 3°. parce qu’elle est moins sujette aux ruptures.
- Cette sonde, composée de dix-neuf branches ou tiges, a 34 mètres de longueur totale; savoir, quinze tiges de 2 mètres, trois d’un mètre et une tête ou tige à anneau d’un mètre également.
- D’après les dimensions du fer employé dans la construction, et au moyen de tiges supplémentaires, on pourra en toute sûreté prolonger et suivre ies opérations jusqu’à la profondeur de 5o à 60 mètres ou même au-delà, sur-tout dans les terrains semblables à ceux des environs de Paris.
- Les instrumens de la sonde ont tous om,5oc de longueur, dont 0,10 pour l’enfourchement, qui a été fait sur un modèle uniforme et calibré, de manière que les instrumens peuvent indistinctement s’assembler avec toutes les tiges.
- Ces instrumens sont de huit espèces; savoir, i°. les trépans; 20. les pilons ; 3°. les tarières ; 4°- les tire-bourres ; 5°. les arrache-sondes ; 6°. les épuratoires; 70. les manivelles; 8°. les accessoires.
- i°. Les trépans.
- Ils sont au nombre de quatre; savoir,
- Le trépan ou flamme simple, langue de serpent ou serpois, PL 86, fig. 3 ; il sert pour percer les pierres calcaires, les schistes, les marnes dures et les terrains compactes.
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- Le trépan à deux tranchans droits et aigus ,fig. 4, qui agit dans les calcaires durs et compactes.
- Le trépan quadrangulaire ou à quatre tranchans ondulés, fig. 5, employé dans les grès, les marbres et tous les calcaires durs.
- Le trépan quadrangulaire progressif ou à tranchans successifs alternés, fig. 6. Cet instrument nouveau, dont nous devons la connaissance à MM. Gillet de Laumont etBaillet de Belloj, est un des plus actifs qu’on puisse employer; il sert pour les terrains les plus réfractaires. Dans le décimètre inférieur de sa pointe, il ne présente qu’un seul tranchant ; du reste il est parfaitement rond ; un second tranchant opposé au premier commence au deuxième décimètre, de manière que quand le premier tranchant a préparé le percement, celui-ci vient soutenir ses efforts et lui prêter sa puissance. Au troisième décimètre est le troisième biseau, et enfin un quatrième dans la partie supérieure de l’instrument, de manière que l’action de l’instrument ou de ses tranchans va toujours en croissant à mesure qu’il s’enfonce et qu’il agit dans la même progression que la résistance : d’où ce trépan a pris le nom de progressif ou à tranchans successifs alternés.
- a°. Les pilons.
- Le mille-pointes ou les pointes de diamans, fig. rj.
- Cet instrument, qui est souvent désigné sous le nom de pilon, agit d’une part comme le trépan quadrangulaire , tandis que d’autre part il sert à écraser et à broyer les cailloux et galets ou les gros fragmens détachés qui entravent le service des tarières.
- La pointe obtuse terminée par une pyramide quadrangulaire, fig. 8, est également un pilon employé pour battre et écraser.
- L’élargissoi^yù*. 9, qui serait mieux placé parmi les trépans à cause de ses deux tranchans de rapport, sert, ainsi que l’indique son nom, à élargir les trous de sonde, soit pour faciliter les opérations, soit pour y pouvoir descendre des coffres et des tuyaux de bois. Il est terminé par une pointe pyramidale aiguë qui agit comme les pilons; tandis que ces deux ciseaux ou tranchans peuvent se rapprocher ou s’éloigner à volonté, suivant le nouveau diamètre qu’on veut donner au trou de sonde.
- Le pilon cannelé ou bonnet carré, fig. 10, est un instrument composé de huit côtes ou tranchans aigus. Il est d’une très-grande action dans les terrains réfractaires; il sert à-la-fois comme trépan et comme pilon.
- 5°. Les tarières.
- La tarière fermée ou cuiller pleine, fig. 11 , sert à retirer le sable gras.
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- les terres et les marnes ; elle est faite d’une forte lame ou palastre d’acier, soudée ou plutôt assemblée sur la tige avec des vis à tète perdue. Elle doit avoir une certaine élasticité.
- La tarière à glaise ou tiers-cuiller, fig. 12, est employée dans les glaises et les marnes compactes; elle doit être faite en étoffe, ou tout au moins garnie de lames d’acier.
- La tarière ouverte ou demi-cuiller, fig. i3, sert dans les bancs de pierre tendre, dans les glaises et les marnes.
- 4°. Les tire-bourres.
- Le tire-bourre ou arrache-pierres ,fig. i4> est fait comme le tire-bourre ordinaire; ses spires doivent être du diamètre des autres instrumens; il est employé pour retirer les galets, les cailloux et les pierres rondes que les pilons ne peuvent briser. Il sert quelquefois dans les glaises compactes pour former une première ouverture, que les cuillers ou tarières 11e peuvent opérer, à cause de la compacité des glaises et de leur adhérence aux instrumens, qui est souvent telle, qu’ils se tordent sur eux-mèmes quand on veut les forcer.
- Le tire-bourre ou entonnoir à sable, fig. i5, est destiné à ramener les sables liquides ou coulans que la cuiller pleine ne pourrait rapporter; il est fait en palastre et terminé par un tire-bourre. Deux petites anses soutiennent l’entonnoir sur la tige.
- 5°. Les airache-sond.es.
- Les tiges de sonde peuvent quelquefois se rompre dans la manœuvre ou retomber dans le trou de sonde. Pour retirer les tiges qui peuvent y être restées, on emploie les deux instrumens suivans; savoir,
- Le tire-bourre à spirales aiguës, fig. 16 : il est conique et tranchant dans l'intérieur de la spire, afin de pouvoir mordre et saisir les tiges de fer tombées dans le trou de sonde, qu’on enlève ensuite quand on présume, au poids et à la résistance, qu’elles sont saisies par le tire-bourre.
- La cloche d’accrocheur ou arrache-sonde, fig. 17, est employée également pour retirer les tiges cassées. Elle présente une cloche terminée par un écrou conique fortement aciéré et tranchant, dans lequel la cassure de la tige s’engage fortement dans le mouvement de torsion qu’on lui imprime.
- 6°. Les épuratoires.
- Les épuratoires sont des cuillers ou des lames destinées à nettoyer les instrumens quand ils rapportent les matières du trou de sonde: on emploie
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- Bour cet effet, ou un tronçon de lame de faulx ou une curette,y%. 19, qui forme deux espèces de cuillers opposées, dont une, plus petite que l’autre et plus serrée , sert à nettoyer la tarière à glaise.
- 7®. Les manivelles.
- Les manivelles sont de trois espèces: elles sont en bois ou en fer.
- La manivelle en bois, dite de Dufour l9Artésien , fig. 1, est la plus simple, et peut-être sous ce rapport est-elle préférable. Elle se fait en bois de chêne; elle est ronde à ses deux extrémités et carrée au milieu, avec une entaille des mêmes dimensions que les tiges de sonde, et une seconde entaille plus grande, dans laquelle on chasse de force un coiù de bois ,fig. 2,0, qui serre fortement la tige. Cette manivelle est armée de frettes de fer ; elle peut avoir de 80 à 90 centimètres , ou un mètre de longueur.
- La manivelle anglaise, que quelques personnes préfèrent à la précédente, est entièrement en fer; elle présente une mâchoire à charnière pour placer la tige de sonde dans son entaille; une chape coulante, portant une vis d’acier, maintient la mâchoire fermée quand la tige est placée. L’entaille de la tige est garnie de coussinets d’acier mâchurés en forme de lime , pour maintenir plus fortement la tige. Cette manivelle, qui est très-ingénieuse , est, à mon avis, moins favorable que la précédente, en ce qu’elle présente trop de sujétion pour les ouvriers.
- La première tige de sonde, fig. 18, porte un anneau de fer rond de om,o5 environ de diamètre, pour y placer une troisième manivelle, qui n’est qu’un simple morceau de bois rond de o,55 à 0,60 de longueur, pour travailler dans les puits d’un petit diamètre.
- 8°. Les accessoires de la sonde.
- J’appelle ainsi les pièces suivantes :
- i°. Un anneau rond;
- 2°. Une clef carrée et fourchue pour les boulons;
- 5°. Les boulons, vis et écrous;
- 4°. Un taraud du pas et calibre des vis employées dans la construction de la sonde ;
- 5°. Un maillet de loupe de buis;
- 6°. Une grande caisse de bois de chêne, fortement ferrée, pour renfermer et transporter tous les instrumens ;
- 70. Enfin, quelques gros tuyaux de bois ou caissons de plats-bords de chêne, pour les terrains de sable coulant et ceux qui contiennent des eaux trop abondantes. Ces tuyaux ou caissons se font au reste, suivant le besoin, partout où l’on veut opérer.
- Onzième année. Avril 1812.
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- Dispositions générales.
- Lorsqu’on travaille à la surface de la terre, il convient d’avoir une chèvre ou petite grue, garnie d’un treuil et d’un câble, qu’on attache à l’anneau de la première tige, afin de pouvoir enlever ensemble plusieurs tige sans les désassembler, ce moyen évitant une perte de temps toujours d’autant plus considérable, que le percement se fait à une plus grande profondeur.
- Pour faciliter l’opération, il convient encore de faire un puits de 4 à 5 mètres de profondeur et im,5oc- de diamètre, afin de pouvoir y dresser les tiges de sonde assemblées. Les ouvriers sont d’ailleurs mieux à l’abri des intempéries.
- Ce puits est encore plus nécessaire quand on sonde en profondeur dans une mine pour faciliter la manœuvre des tiges; car, à raison de leur longueur, on ne peut les assembler que difficilement dans une galerie de peu de hauteur. Au-dessus du puits , on doit placer un treuil pour enlever les tiges assemblées, afin de les dresser contre les parois du puits.
- Une sonde, faite suivant les dimensions et la composition que je viens de décrire, doit servir indistinctement pour les travaux du carrier, du plâtrier, du mineur, du fontenier et de l’agriculteur, et je ne doute point quelle ne remplisse avec le même succès l’objet que chacun d’eux pourra se proposer.
- D’après la manière dont cette sonde a été exécutée par le sieur Rosa fils ainé, je joins ici un extrait du procès-verbal qui lui a été délivré lorsque j’en fis la vérification et la réception le 5 avril i8u , autant pour faire connaître l’exactitude, les talens et la dextérité de cet artiste, que pour l’indiquer à tous ceux qui pourraient désirer des sondes semblables.
- Extrait du procès-verbal de la réception delà sonde exécutée pour T inspection générale des carrières, par le sieur Rosa, /ils aîné, mécanicien acièriste, rue des Filles-du-Calvaire, n°. 29.
- Cejourd’hui v 5 avril 1811, nous ingénieur en chef des mines, inspecteur général des carrières, nous nous sommes transportés dans l’atelier du sieur Rosa fils aîné, à l’effet de procéder à la réception de la sonde dont nous lui avons ordonné la fabrication , etc., etc. 11 résulte de l’examen, vérification et pesée, que la sonde pèse en tout 201 kilogrammes; savoir, 160 kilogrammes 5 hectogrammes pour les dix-neuf branches, y compris la tige à anneau, et 70 kilogrammes 5 hectogrammes pour les outils ou instrumens, qui ont tous été exécutés et fournis à double;
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- Que tous ces instrumens, portant 5 décimètres de longueur, et les autres dimensions dépendant de la forme des modèles, depuis 4 centimètres jusqu’à 5 et au-delà, ont été fabriqués d’un mélange d’acier ayant pour marque, d’une part, le double marteau, et d’autre part les sept étoiles;
- Qu’ils sont tous parfaitement forgés, soudés, parés, tournés et corroyés ;
- Que les enfourchemens , tant des tiges que des instrumens mâles et femelles , sont tous d’un décimètre de longueur , exactement ajustés et percés, de manière à recevoir indistinctement, d’une part, les instrumens, et d’autre part les boulons et écrous de serrement ou retenue;
- Que les tiges , faites conformément aux conditions , ne présentent aucun défaut, qu’elles ont généralement 24 à s5 millimètres de côté avec un renflement à l’endroit de l’enfourchement ; ce qui les porte de 29 à 5o millimètres ;
- Qu’indépendamment des tiges et instrumens ci-dessus, le sieur Rosa a fourni, suivant les conditions par lui souscrites, tous les accessoires dont suit la description , etc. ;
- Enfin, que tous les objets sus-mentionnés sont fabriqués avec le plus grand soin , bien calibrés, et que toutes les conditions de notre traité du 24 décembre dernier ont été rigoureusement remplies.
- En foi de quoi, etc.
- ARTS CHIMIQUES.
- Extrait du mémoire sur la fabrication du sucre de châtaigne; par MM. d’Arcet et Alluaud (1).
- La châtaigne n’est cultivée que sur des terrains peu fertiles ; elle est d’autant plus précieuse, qu’elle supplée à l’insuffisance des grains et des autres productions territoriales que récoltent des contrées plus heureuses. Le paysan de la Corse s’en nourrit presque exclusivement ; le Limousin la préfère au pain noir et grossier ou à la galette de sarrasin, dont il s’alimente lorsque la consommation de ses châtaignes vertes est terminée; mais heureusement que presque par-tout la masse des produits est plus considérable qu’il ne faut pour l’usage alimentaire des habitans qui les récoltent, et ce qui le prouve, c’est qu’en Limousin on prodigue la châtaigne aux bestiaux de toute espèce; que les Cevennes et les environs de
- (1) Voyez les Moniteurs des 3o et 3i mars 1812.
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- Lyon en expédient des quantités considérables, notamment à Paris, et qu’en Toscane l’exportation annuelle s’élève à environ 120,000 quintaux métriques.
- La découverte du sucre de châtaigne, nouvellement annoncée par M. Guerrazi, de Florence, est due à M. Parmentier, qui l’a annoncée depuis plus de trente ans. Dans son Traité de la châtaigne, publié en 1780, ce savant philantrope donne une analyse de ce fruit. Le sucre qui s’y trouve n’échappa point à ses recherches ; et quoiqu’elles n’eussent pas pour but d’en faire l’extraction, en rapprochant ses diverses observations, en les réunissant aux moyens qu’il a employés pour analyser la châtaigne , on reconnaît qu’il ne lui restait plus qu’à faire l’application de ces moyens pour entreprendre en grand l’extraction du sucre qu’elle contient.
- Les châtaignes de Toscane sont jusqu’à présent celles qui paraissent contenir le plus de sucre. D’après la première expérience de M. Guerrazi, 100 parties de ces châtaignes sèches lui ont fourni 60 de farine et 40 de sirop, dont il a extrait dix parties de moseouade cristallisée. Un résultat si avantageux ne pouvait manquer de fixer l’attention de S. A. la grande-duchesse ; et d’après ses ordres, M. le préfet de l’Arno fit répéter les expériences de M. Guerrazi dans le laboratoire du Musée de Florence, par une commission composée des plus célèbres chimistes de cette ville. Il résulte du procès-verbal de cette Commission, qu’ainsi que M. Guerrazi semble l’avoir prévu, les produits de cette expérience ont été plus considérables que ceux qu’il avait annoncés d’abord, puisqu’on a obtenu 64 pour 100 de farine et 44 de sirop, dont on a retiré 14 de sucre.
- Voici le procédé de M. Guerrazi :
- « Immédiatement après avoir récolté les châtaignes, on les dépouille de leur enveloppe, soit en les battant avec un fléau, soit en forçant cette enveloppe à s’ouvrir en roulant un cylindre de bois d’un poids assez fort sur des couches horizontales de châtaignes , soit enfin par d’autres procédés équivalens. Ces châtaignes ainsi dépouillées sont desséchées delà manière suivante :
- » On construit une chambre carrée en forme d’étuve, n’ayant qu’une porte et des tuyaux dans les parties latérales pour donner issue à la fumée.
- » Le plancher supérieur de cette chambre doit être carrelé en briques plates; la couverture doit être close, la porte et la fenêtre doivent fermer hermétiquement, afin qu’il ne s’échappe que le moins de chaleur possible.
- » Les choses étant ainsi disposées, 011 étend les châtaignes sur toute la surface du plancher, et l’on entretient, dans la partie inférieure de ce
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- bâtiment, un feu assez ardent pour communiquer sa chaleur au plancher.
- » A mesure que l’air s’échauffe, les châtaignes se dessèchent ; et pour que cette opération se fasse également, on doit avoir soin de les remuer avec un râteau pour changer les surfaces et pour faciliter leur entière dessication.
- » Lorsque les châtaignes sont parfaitement sèches, ce qui se reconnaît parla dureté qu’elles ont acquise, et lorsqu’elles sont cassantes, on les retire de ce séchoir pour les transporter dans un lieu où elles peuvent être conservées jusqu’à l’année suivante.
- » Avant de commencer l’opération, on concasse grossièrement les châtaignes, de manière à les réduire en trois ou quatre fragmens; ce qui facilite en meme temps la séparation de la pellicule, qui adhère quelquefois très-fortement, et qu’il est bon d’extraire, autant que l’on peut, par des moyens simples et mécaniques.
- » On met les châtaignes ainsi concassées à infuser dans l’eau, qui doit les surnager.
- » Après cinq ou six heures, on soutire cette eau, dont la portion inférieure est bien plus chargée que la supérieure.
- » On ferme le trou ou robinet, et on verse une nouvelle quantité d’eau, que l’on soutire de même après cinq ou six heures, en la remplaçant par une troisième, que l’on traite de la même manière;
- » Il est prudent, sur-tout en été, de soumettre à l’évaporation l’eau des différentes infusions., à mesure qu’on la sépare des châtaignes, pour la soustraire à la fermentation, qui s’y établirait assez promptement.
- w Comme l’eau, en même temps que le sucre et d’autres matières, a dissous l’albumine végétale qui existait dans les châtaignes, celle - ci en se coagulant par la chaleur, clarifie parfaitement l’infusion, qui, réduite à un tiers par l’évaporation et filtrée, est portée par une nouvelle évaporation à une consistance de sirop épais, ou à 80 degrés (i) du pèse-liqueur de Baumé.
- » Il faut préférer pour l’évaporation les chaudières plates, évasées, peu profondes, et évaporer peu d’infusion à-la-fois, pour n’être pas obligé de la tenir long-temps sur le feu.
- » On dispose le sirop à donner promptement et abondamment du sucre cristallisé, en le remuant pendant quelques minutes avec une écumoire, de façon y engager une certaine quantité d’air.
- (i) Il y a sûrement erreur dans le manuscrit- Parcomètre de Baumé n’indique pas 8q degrés sur son échelle. Dans un autre endroit de la lettre, M. Guerrazi dit de concentrer le sirop jusqu’à 38° : c’est ce dernier renseignement que MM. d’Arcet et Alluaud ont suivi.
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- » Le sirop ainsi préparé est distribué dans des terrines évasées et peu profondes, où il se prend d’autant plus promptement en cristaux, que son épaisseur est moindre et sa surface plus grande. Le remuement, répété de temps en temps dans les terrines, accélère la cristallisation.
- » Lorsque tout le sirop est pris en une masse bien consistante, on le délaie avec une petite quantité d’eau , et on le soumet, dans un sac de toile bien serrée , à une forte pression.
- » On obtient, par ce moyen, une moscouade qui, quoique sentant un peu la châtaigne , est plus sèche , moins colorée que la plupart des moscouades de canne, et qui, par le raffinage, peut être aisément portée au plus haut degré de pureté et de blancheur.
- » Quant aux châtaignes séparées de l’eau de la troisième infusion, on les soumet à une très-forte pression: ainsi exprimées, elles peuvent être parfaitement séchées dans trois heures au soleil en été , et dans un temps à-peu-près égal, au vent ou à l’étuve; mais il faut que la dessication en soit prompte, autrement elles subissent une fermentation qui les altère.
- » En séchant, on les voit brunir à la surface, mais dans l’intérieur elles restent blanches ; elles donnent à la meule une farine assez passable, et qui, mêlée en proportion convenable avec celle de froment, sert à faire de bon pain. »
- L’auteur ajoute que toutes les espèces de châtaignes peuvent donner et donnent en effet plus ou moins de sucre; cependant il est toujours préférable de choisir celles qui sont les plus douces, les plus blanches, et qui n’ont pas été fortement colorées dans le séchoir.
- En été, et lorsqu’on les a gardées un certain temps, il faut s’assurer qu’elles ne soient ni gâtées ni devenues rances, ce qui arrive quand on ne les conserve pas dans un lieu bien sain et à l’abri de l’humidité.
- Chargés de répéter les expériences de M. Guerrazi sur des châtaignes de France, d’en faire de comparatives avec celles de Toscane, et enfin de varier par quelques essais de perfectionnement les procédés indiqués , MM. d’Arcet et AUuaud ont commencé par s’assurer de la perte en eau que les châtaignes fraîches éprouvent dans leur dessication. Sur ùoo grammes de châtaignes fraîches du Limousin, cette perte a été de. . 273 grammes.
- Le poids du fruit sec s’est trouvé de..................... 181
- Et celui des enveloppes et des pellicules. .............. 48
- Total....................... 5oo grammes.
- D’après cette proportion, 100 parties de châtaignes vertes produisent 45,4 de châtaignes sèches, et 56,a de fruits secs et dépouillés de la peau qui les recouvrait.
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- Voici le résultat des expériences que MM. d’Arcet et Alluaud ont faites sur des châtaignes du département de la Haute-Vienne.
- Après avoir fait sécher ces châtaignes dans une étuve chauffée par une lampe à courant d’air, on les a dépouillées, autant que possible, de la deuxième pellicule; on en a ensuite pelé 3 kilogrammes, qui ont été divisés en deux lots : l’un, pesant, 2 kilogrammes, était composé de morceaux dont les plus volumineux étaient de la grosseur des petits-pois; l’autre, pesant un kilogramme, était en partie réduit en poudre , dont les plus gros grains étaient comme du riz.
- On avait préparé d’avance un petit cuvier en y adaptant un robinet au fond, et en garnissant ce dernier d’un lit de paille. On a placé sur la paille les deux kilogrammes de châtaignes du premier lot, on a couvert cette couche avec le deuxième lot, et enfin on a versé par- dessus le tout 8 litres d’eau froide à la température de 12 degrés centigrades.
- Les châtaignes se sont insensiblement gonflées, mais l’eau n’a pas été entièrement absorbée, et il en est toujours resté en quantité suffisante pour qu’elle surmontât les châtaignes.
- Après cinq heures d’infusion, on a retiré par le robinet 4 litres moins 4-de liqueur légèrement acide, et qui marquait 8° \ au pèse-liqueur de Baume pour les sels et les lessives. Nous nommerons cette liqueur A.
- On a remis sur le marc quatre litres d’eau , et on a laissé reposer le tout pendant cinq heures ; on a ensuite retiré quatre autres litres de liqueur un peu acide et marquant 3° au même aréomètre : nous la désignerons par B.
- O11 a versé sur le marc 4 litres de nouvelle eau, on a laissé infuser toute la nuit, et on a obtenu encore 4 litres de liqueur marquant i° 4 et légèrement acide, C.
- Ces 4 litres ont été de nouveau remplacés par une semblable quantité d’eau, qui, cinq heures après, a rendu 4 litres moins \ de liqueur marquant i° à l’aréomètre, I).
- Enfin, on a versé 5 litres d’eau sur le marc pour en éviter la fermentation , et le lendemain matin on a soutiré 3 litres de liqueur à zéro.
- Le marc de châtaignes bien pressé et séché d’abord au bain-marie, et ensuite à l’étuve à quinquet, à la température de 70 degrés centigrades, s’est trouvé du poids de 1 kilogramme 7q5; ce qui fait 59,8 pour 100 de châtaignes employées et contenant xo d’humidité, ou 66,4 pour 100 de châtaignes qui en seraient entièrement privées.
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- Traitement des eaux de lavage.
- La transparence de ces eaux était altérée par une certaine quantité d’amidon qu’elles tenaient en suspension : cet amidon se convertissait en colle aussitôt que la liqueur était assez fortement chauffée pour en coaguler l’albumine, et il suffisait pour faire prendre cette liqueur, par le refroidissement , en masse tellement visqueuse qu’il n’était plus possible de la filtrer dans cet état.
- Pour remédier à ce grave inconvénient, MM. d’Arcet et Alluaud ont essayé de laisser déposer les eaux de lavage au sortir du cuvier, et de les séparer par décantation du dépôt d’amidon : ce moyen a parfaitement réussi. Les eaux de lavage, après avoir reposé pendant douze heures, et les liqueurs claires, ayant été soutirées au siphon , ont été successivement examinées, en faisant bouillir séparément une petite portion de chacune d’elles.
- La liqueur A contenait beaucoup d’albumine, que l’ébullition du liquide a coagulé en gros flocons ; la liqueur D n’en contenait qu’une quantité inappréciable, et la liqueur G n’en a présenté aucune trace.
- Ces liqueurs ont été mêlées ensemble, afin que l’albumine des premières servît à clarifier les dernières : comme elles étaient légèrement acides, on y a ajouté environ 60 grammes de craie pour opérer la saturation de l’acide.
- Ensuite on procéda à la cuite de ces eaux : lorsqu’elles furent portées à l’ébullition, elles se troublèrent, et l’albumine se coagula en gros flocons d’un brun vineux ; la liqueur devint alors parfaitement claire, et après l’avoir fait évaporer jusqu’à ce qu’elle marquât io°à l’aréomètre, on la fit passer à travers une toile d’un tissu serré pour en séparer la craie et l’albumine.
- La filtration terminée, le sirop fut de nouveau soumis à l’évaporation jusqu’à ce qu’il fût réduit tout chaud à 38° de l’aréomètre de Baumé, degré de cuisson recommandé par M. Guerrazi.
- Le sirop amené à ce point fut mis dans une capsule : pendant le refroidissement , on l’agita continuellement avec une cuiller, pour y introduire la plus grande quantité possible de bulles d’air. Il fut ensuite déposé dans un lieu sec et chaud, et l’on continua de lui faire subir la même agitation tous les jours, matin et soir, afin de faciliter le rapprochement des molécules du sucre cristallisable.
- Au bout de quinze jours, de petits cristaux commencèrent à paraître ; au fur et à mesure que la cristallisation avançait, le sirop, qui était fort épais, devenait plus liquide ; après le vingt-septième jour, elle parût terminée.
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- La masse du sirop non cristallisable, quoique coulante, empâtait assez fortement les petits cristaux granuliformes du sucre, et les empêchait de se réunir. On ajouta un peu d’eau pour diminuer la viscosité de ce sirop, on versa le tout dans un linge fin plié à plusieurs doubles,et on le soumit ainsi, d’abord à l’action graduée de la presse du fondeur, et ensuite à celle de la presse hydraulique.
- On obtint par ce moyen 275 gr. 5 de belle cassonnade de couleur nankin et presque aussi sèche que la cassonnade du commerce : produit égal à celui de 5,85 de moscouade marchande par cent de châtaignes sèches du commerce, et celui de 6,5 par cent de châtaignes sèches sortant de l’étuve.
- MM. D’Arcet et Allaaud observent, i°. qu’il convient de diviser les châtaignes en trois ou quatre tranches avant de les porter à l’étuve, plutôt que de les peler : cette opération sera d’autant plus simple qu’on pourra la faire à l’aide d’un découpoir. Lorsque les châtaignes seront sèches, il suffira de les agiter dans une caisse octogone à laquelle on imprimera un mouvement de rotation , pour en détacher la peau et la pellicule, qu’on en séparera ensuite au moyen du van. Les eaux de lavage entraîneront ainsi moins d’amidon, et si elles en contenaient encore une certaine quantité, on la laissera déposer, et l’on soutirera les eaux claires par décantation.
- 20. Les premières eaux de lavage dissolvant la plus grande partie du sucre et de l’albumine contenus dans les châtaignes, il est inutile de les lessiver jusqu’à zéro ; mais si les sirops non cristallisables fournissent assez d’alcool pour que la distillation en présente des bénéfices; si l’extrait qui restera dans les châtaignes empêche la pâte de subir la fermentation panaire, et prive de les faire entrer dans la confection du pain ; si enfin la farine de châtaigne, dépouillée de tout l’extrait, est propre à cette confection et acquiert dans cet état une valeur plus considérable, il sera plus avantageux de lessiver à zéro.
- 3°. L’idée d’agiter le sirop après sa cuisson pour y introduire une grande quantité de bulles d’air, est très - ingénieuse. En effet, lorsqu’on ne rapproche le sirop de châtaigne qu’à 38 degrés de l’aréomètre de Baumè, ce sirop contenant encore une assez grande quantité d’eau pour tenir tout le sucre en dissolution, il est évident que la cristallisation ne peut avoir lieu qu’autant qu’une évaporation lente a réduit les principes de ce sirop a des proportions convenables. L’agitation du sirop en multiplie les points de contact nvec l’air, et si ce fluide est bien sec il facilite la cristallisation en absorbant ou dissolvant une partie de l’eau. De plus, outre que
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- la grande quantité de bulles d’air qu’il introduit dans le sirop en rend la masse plus légère, elle la divise par des milliers de petites géodes, et les molécules cristallines engagées dans des cloisons peu épaisses qui séparent ces géodes, viennent alors sans effort en tapisser les parois; enfin la cristallisation qui s’opère à-la-fois dans toute la masse sirupeuse est d’autant plus prompte, que l’eau s’unit à l’extrait gommeux, dont elle diminue la viscosité au fur et à mesure qu’elle abandonne les molécules cristallines du sucre.
- C’est par ce moyen que M. Guerrazi est parvenu à faire cristalliser le sirop de sucre de châtaignes , qui, livré à lui-même dans une étuve, s’y prend en masse gommeuse sans donner aucun indice de cristallisation.
- La moscouade qu’on obtient est sensiblement colorée et retient toujours ,un peu de sirop non cristallisable; on l’en dépouillera en grande partie, si, après l’avoir comprimée dans des formes, on fait filtrer à travers une certaine quantité d’eau. En faisant servir cette eau à de nouveaux lavages, le sucre qu’elle aura dissous dans cette opération ne sera point perdu, le produit sera plus blanc et conservera moins la saveur de la châtaigne ; enfin on pourrait terminer avantageusement ce lavage avec l’alcool.
- 4°. La dessiccation tendant à diminuer la quantité des principes cristal-lisables contenus dans la châtaigne, il paraîtrait plus avantageux d’opérer sur la châtaigne fraîche que sur la châtaigne sèche; mais la châtaigne verte ne se conservant que six mois de l’année, les manufactures seraient obligées de suspendre leurs travaux pendant les autres six mois; tandis qu’en opérant sur la châtaigne sèche, elles pourront travailler l’année entière. D’ailleurs, il est des années où plus de la moitié des récoltes sont détruites par la moisissure et la pourriture : la dessiccation prévient en grande partie cette perte.
- Il est beaucoup de cas où l’économie des trois cinquièmes que la dessiccation apportera dans les frais de transport sera plus grande que les avantages qu’on aurait à opérer sur la châtaigne verte ; sous ce rapport, il est essentiel que la dessiccation se fasse à la campagne; elle présentera encore une économie de moitié dans la différence du prix du combustible.
- 5°. Le mode de dessiccation usité en Toscane est encore susceptible de perfectionnement; il est probable qu’une étuve à courant d’air chaud dont la température pourra être graduée à volonté , remplira entièrement l’objet qu’on doit se proposer, en procurant la plus grande économie possible de temps et de combustible. G’est sur-tout en Limousin que cette méthode de dessiccation aura une influence doublement utile. La châtaigne .
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- n’étant plus exposée au contact de la fumée, ne contractera pas le goût d’empyreume qu’elle lui communique.
- Les auteurs terminent leur mémoire par des considérations sur l’importance de la culture des châtaignes, principalement dans le ci-devant Limousin.
- La superficie des terrains plantés en châtaignes dans le département de la Haute-Vienne est de 4o,ooo hectares environ, rapportant vingt à vingt-quatre sacs de châtaignes du poids de 60 kilogrammes : en sorte que la récolte totale est annuellement au moins de 480,000 quintaux métriques.
- En consacrant la moitié de cette récolte à la fabrication du sucre, elle sera réduite, par la dessiccation et le dépouillement de la peau, à la quan* tité de 86,880 quintaux, qui, d’après les résultats des expériences faites par MM. D'Arcetç,t AUuaud, produiront :
- En moscouade.......................... 692,521 kilogrammes.
- En farine................................... 6,768,802
- En sirop de mélasse. . .................. 2,822,960
- Et enfin la peau qui en proviendra s’élevant à la quantité de 22,080 quintaux, elle sera utilement employée à chauffer les étuves, avec d’autres combustibles , dont elle enrichira les cendres, et fournira, seule, une quantité considérable de potasse.
- Que maintenant on considère que le département de la Haute - Vienne ne comprend qu’environ le tiers du plateau granitique de l’ancienne province du Limousin, sur lequel le châtaignier est cultivé avec un égal succès; que les départemens de la Creuse, de la Corrèze, sont appelés à partager les memes avantages, dont quelques parties de la Charente et de la Dordogne jouiront encore; que l’on considère que les châtaignes des Cevennes, de la Bretagne, des environs de Lyon et de plusieurs autres contrées de la France doivent aussi contenir du sucre dans une certaine proportion; que la Corse, la Toscane et plusieurs provinces du royaume de Naples font d’abondantes récoltes de ce fruit précieux, on sera convaincu que parmi les moyens employés jusqu’à ce jour pour remplacer le sucre de canne, il n’en est pas de plus certain et de plus digne des encouragemens du Gouvernement que celui proposé par M. Guerrazi,
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- BEAUX-ARTS.
- Rapport fait par M. Mérimée sur un ouvrage intitule i Voyage pittoresque du nord de l’Italie.
- Messieurs, un de vos plus zélés collaborateurs, à qui vous devez des communications importantes sur l’état des arts en Danemarck, M. Bruun-Neer-gaard, a donné un nouveau témoignage d’attachement à cette Société en lui offrant un exemplaire de l’ouvrage qu’il publie sous le titre de Voyage pittoresque du nord de VItalie (i).
- Chargé de vous rendre compte de cette intéressante production, je l'ai examinée avec toute l’attention dont je suis susceptible : je vais avoir l’honneur de vous faire part de l’opinion que je m’en suis formée.
- L’Italie est, comme vous savez, le pays qui a le plus excité la curiosité des voyageurs : c’est aussi la terre classique des artistes , et ses monumens ont été le sujet de nombreux recueils de gravures, toujours recherchés avec empressement, comme doit l’ètretout ce qui tient à un pays auquel se rattachent les plus grands souvenirs.
- On ne sait pourquoi le nord de l’Italie, qui n’offre pas moins d’intérêt, n’avait pas été décrit avec le même soin que les autres parties : cette lacune frappait les amis des arts , et ils auront sans doute appris avec bien du plaisir qu’elle va être remplie.
- M. Bruun-Neergaarda, dans cette intention, visité deux fois les lieux négligés jusqu’à présent par les voyageurs, et il a fait dessiner par un artiste du mérite le plus distingué (2) tous les sites, tous les objets qui ont fixé son attention. Il a rapporté de ce voyage un grand nombre de dessins, dont il a ensuite choisi les plus intéressans pour former la collection offerte en ce moment au public.
- Les dessins que l’on fait en pareille circonstance 11e sont pas des tableaux.
- (1) Cet ouvrage sera composé de seize à dix-sept livraisons in-folio, contenant chacune six planches gravées par D ubu court, d’après les dessins de Naudet} et accompagnées d’un texte explicatif.
- On souscrit à Paris, chez l’auteur, quai Voltaire, n°. 17, où l’on peut voir, les vendredis , tous les dessins ; Firmin Didot, imprimeur-libraire, rue Jacob, n°. 24, et chez les principaux libraires et marchands d’estampes.
- Prix : 26 francs, papier vélin grand-aigle satiné, avant la lettre5 20 francs, papier vélin, et 9 francs, papier ordinaire, par chaque livraison.
- (2) M. Naudet {Thomas-Charles'), mort le 14 juillet 1810, à l’âge de trente-six ans.
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- achevés, ce ne sont que des esquisses plus ou moins arrêtées, des espèces de notes abrégées, très-intelligibles cependant pour tous ceux qui ont quelque connaissance dans les arts. On les dénature, on leur ôte toute leur physionomie en voulant les traduire par la gravure en taille-douce. 11 est préférable de les présenter tels qu’ils sont, pour laisser à chacun le plaisir de les interpréter au gré de son imagination.
- De pareilles réflexions ne pouvaient échapper à un amateur passionné pour les arts , qui a formé la plus riche collection des dessins des écoles actuelles de l’Europe. Quand il n’en aurait pas eu l’exemple, il y eût pensé le premier, et la délicatesse de son goût l’aurait porté à choisir le genre de gravure qui transmet le plus fidèlement la copie des dessins originaux.
- Il a de plus observé qu’en parcourant un portefeuille on éprouve un plaisir particulier, lequel naît de la variété des manières de faire employées par les artistes, et il n’a pas négligé ce moyen d’intérêt.
- Mais, pour atteindre au but qu’il s’était proposé, il fallait qu’il fut secondé par un graveur qui sût imiter parfaitement les dessins, dans quelque manière qu’ils soient exécutés. Il a trouvé à cet égard tout ce qu’il pouvait désirer dans M. Dubucourt. Ceux d’entre vous, Messieurs, qui ne connaissent pas le talent de cet artiste, peuvent en prendre une idée par les six gravures de la première livraison, qui est sous vos yeux. L’imitation y est portée si loin, que l’oeil le plus exercé pourrait y être trompé, et les prendre pour les originaux.
- Quoique vos réglemens vous prescrivent, Messieurs de ne pas étendre votre sollicitude jusqu’aux productions des beaux-arts, vous ne pouvez être indifférens au succès d’un ouvrage de la nature de celui de M. Bruun-Neer-gaard, parce qu’il est un moyen d’échange qui entre pour quelque chose dans la balance du commerce, et parce qu’il contribue à répandre, à épurer le goût, qui a tant d’influence sur le succès d’un grand nombre de nos manufactures. Ainsi, sous quelque point de vue que vous envisagiez cette entreprise, vous la trouverez digne de fixer votre attention; mais si vous considérez que celui qui l’a formée est un étranger dont les capitaux sont employés à l’avantage de nos arts et de notre commerce, cette circonstance excitera doublement votre intérêt.
- Je pense donc, Messieurs, qu’en adressant à M. Bruun-lSeergaard les re» mercîmens que nous lui devons pour le don qu’il a fait à cette Société, il serait convenable de lui témoigner que le Conseil s’intéresse vivement au succès de son ouvrage et désire pouvoir y contribuer.
- Adopté en séance, le id avril 1812.
- Signé Mérimée , rapporteur.
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- NÉCROLOGIE.
- Notice sur M. Rouillé de l’Etang, membre du Conseil d?administration de la Société d’Encouragement, et du Conseil général du département de la Seine; lue dans la séance du 15 avril 1812 , par M. Petit, baron de Beauverger.
- Messieurs, vous avez entendu avec le plus vif intérêt, dans la dernière assemblée générale, la notice de M. Chaslon sur M. Magnien. M. le président désire que je vous en offre une sur M. Rouillé de VÉtang. J’ai eu de la peine à m’y déterminer, parce que la Société philantropique m’avait déjà fait l’honneur de me charger de rendre un pareil hommage à ce res-pectable citoyen. M. le président pense que les rapports sous lesquels le même membre des deux Sociétés doit y être présenté sont différens, et qu’il est plus important pour les arts qu’on ne le croit ordinairement, de faire connaître les services que leur ont rendus des hommes qui jouissaient d’une haute considération.
- Une partie des détails que je vais mettre sous vos yeux m’a été transmise par la famille de M .de VÉtang et par M. de Bondj père, son ami de quarante-cinq ans. J’ai recueilli le surplus dans les liaisons intimes que j’ai eues avec lui pendant les douze dernières années de sa vie.
- M. de VÉtang était né avec l’amour et le sentiment des arts; l’un et l’autre ont été fortifiés par des amis nombreux, qui les aimaient, les cultivaient et les protégeaient. M. de Bondj observe avec une grande justesse, dans les notes qu’il m’a données, que les amateurs sont comme les étrangers, qu’ils aiment à trouver quelqu’un qui parle leur langage.
- U n’y a pas de cabinets renommés , de monumens, de tableaux, de statues, d’objets curieux et précieux de l’industrie , que M. de VEtang n ait vus, examinés et appréciés; il s’intéressait aux arts pour les arts mêmes; il aimait en voir les effets et les efforts. Dans les concours annuels pour la distribution des prix aux élèves, il se plaisait à juger par leurs ouvrages des progrès et des espérances. Doué d’un tact sûr, que ne pouvaient lui refuser les artistes, naturellement peu indulgens pour les amateurs, il savait rendre justice aux débuts de ces jeunes gens. Ses amis ont souvent entendu son opinion avant le jury, et l’ont toujours vue confirmée par ce jury. Ce n’est pas qu’il eût des prétentions; il se défiait beaucoup trop de ses lumières , il n’adressait aux artistes des observations que sous la forme du doute; il n’avançait et ne discutait des opinions que dans les sociétés intimes, encore n’était-ce que pour les éclairer, jamais pour les défendre.
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- Aussi écrivait-il à un de ses amis : Je ne défends pas mon opinion, je cherche à fixer mes idées; je veux ajouter votre esprit au mien, comme on double les verres pour bien voir les objets qu’il est difficile de distinguer à la vue simple.
- A la suite de ce trait de l’amabilité de M. de VÉtang dans les discussions, je vais placer une anecdote qui prouve sa passion pour la peinture, les bornes sages dans lesquelles il savait la contenir, sa modestie dans toutes les actions de sa vie, l’opinion qu’on avait de la sûreté de son goût, et sa générosité dans ses conventions. 11 avait conçu le projet de se procurer tous les avantages d’une collection de tableaux qui ne l’entraînerait pas dans des dépenses trop souvent excessives, et dans laquelle les jouissances seraient sans cesse renouvelées. Il propose à un marchand intelligent de lui fournir douze tableaux, qui seront tous les ans remplacés par douze nouveaux; il lui offre une somme annuelle pour cette location d’un genre piquant. Le marchand accepte la proposition, il n’y met qu’une condition : c’est d’être autorisé à annoncer, lors des ventes des tableaux repris, qu’ils ont été jugés dignes d’orner les appartemens d’un amateur aussi éclairé; il demande une somme inférieure à celle qui lui est offerte : M. de l’Etang ne veut pas d’une économie achetée par une vanité qui était très-éloignée de son caractère, et le marché n’est pas conclu.
- Il a connu tous les artistes célèbres qui ont été ses contemporains. M. Boulée, architecte, a été celui avec lequel il a été le plus étroitement lié; il parlait souvent avec lui non-seulement de la partie technique , mais de la partie philosophique des arts : c’est d’après ses conseils qu’il a fait bâtir sa belle maison de la Colonnade; il était le seul directeur de ses constructions. Plusieurs de ses amis en ont fait élever sur les mêmes principes. Je lui ai souvent entendu dire qu’ils n’avaient éprouvé aucune perte dans les ventes qui en avaient été faites; cependant l’opinion générale est que les constructions de maisons sont toujours ruineuses. Une expérience aussi décourageante ne se serait pas réalisée si les propriétaires avaient une connaissance des arts aussi étendue que M. de l’Étang. Ses plans étaient invariablement arrêtés; il faisait lui-même ses marchés avec tous ses ouvriers; il voulait y être juste, et ne savait pas y être dupe. Il est impossible que les propriétaires ne soient pas trompés dans tous les travaux qu’ils font exécuter quand ils en ignorent les élémens, et il est important qu’ils soient convaincus qu’ils trouveront, dans la connaissance des arts, des jouissances aussi agréables que variées, un des plus sûrs conservateurs de leur fortune, et même un des plus puissans moyens de l’améliorer.
- M. de l’Étang avait des idées justes de l’influence de l’industrie sur le
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- bonheur des individus et la puissance des nations; il était convaincu que les Français réunissent l’imagination qui invente , le goût qui perfectionne, la justesse de coup-d’œil et la légèreté de main qui exécutent avec autant de sûreté que de rapidité, et qu’ils peuvent avoir des rivaux, mais qu’ils n’auraient dû être devancés par aucun peuple; cependant ils n’avaient eu presque aucune industrie manufacturière avant Sully. Encouragés par les tentatives de ce grand homme, les arts jetèrent un grand éclat sous le ministère de Colbert. Cet essor fut arrêté par la révocation de l’Edit de Nantes, les malheurs de la fin du règne de Louis XIV et les folies de la régence. L’industrie sembla vouloir se ranimer après de si violentes secousses; mais l’indolence, qui était le trait le plus caractéristique du Gouvernement pendant le dix-huitième siècle, ne lui permit pas les développemens qu’on devait en espérer. On voit dans ce long espace quelques inspirations du génie ; la plupart, négligées par la nation qui les a vues naître, sont recueillies par ses rivales ; les Français désertent les ateliers de leurs artistes, condamnent à l’oisiveté ces belles et riches manufactures qui avaient été pour eux la source d’une grande prospérité, et se rendent volontairement tributaires de ces mêmes peuples qu’ils avaient asservis à leur industrie; leurs manufacturiers ne peuvent trouver quelques consommateurs qu’en empruntant des formes étrangères et souvent bizarfes.
- M. de VÉtang, qui avait gémi sur ces inconcevables égaremen's, a vu avec une extrême satisfaction le Gouvernement faire de l’industrie nationale un de ses plus grands ressorts politiques , et l’heureuse application des sciences aux arts. Il a pensé qu’éclairés par les savans, protégés par les administrateurs, ils ne pouvaient plus être exposés à la langueur qui leur avait été si funeste, et il a trouvé, dans l’impulsion qui leur était donnée, l’infaillible garantie de cet esprit public sans lequel il n’y a que des succès éphémères.
- Les avantages d’une Société telle que la votre ne pouvaient échapper à un aussi bon esprit; il a été un de ses premiers administrateurs, et personne n’a plus vivement applaudi que lui aux conquêtes qu’elle a faites sur l’industrie étrangère par des créations et des perfectionnemens également importans.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née yallat la chapelle),
- rue de l’Eperon, n°, 7
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- ONZIÈME ANNÉE. (N°. XCV. ) MAI l8l2.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Description de plusieurs instrumens propres à sonder les terrains qui recèlent du charbon ou du minerai ? et au moyen desquels on peut enlever promptement et économiquement les diverses couches , par fragmens d?un à 20 pouces de long sur 2. à 20 pouces de diamètre $ par M. Ryan? ingénieur (1).
- La notice sur la sonde de l’inspection générale des carrières, que nous avons publiée dans le numéro précédent, et qui ne laisse rien à désirer pour l’étendue des détails et la clarté des descriptions, nous dispense de rappeler ici les avantages de cet utile instrument. Cependant, toutes les idées qui tendent au perfectionnement des arts étant dignes d’être recueillies dans le Bulletin, nous croyons devoir donner ici la description de plusieurs mstrumens pour la perforation des terrains, inventés en Angleterre. On sait que les Anglais, après avoir profité de nos découvertes en ce genre, comme dans toutes les branches de l’industrie , ont été souvent plus loin que nous ; ils ont perfectionné la sonde : celle de M. Ppan présente plusieurs instrumens nouveaux qui paraissent bien conçus, mais dont l’expérience n’a peut-être point encore constaté les avantages. Si les recherches de Fauteur n’ajoutent rien aux connaissances que nous avons acquises sur cette partie importante de Fart du mineur et du fontenier, elles pourront du moins donner lieu à des applications utiles, et sous ce rapport elles méritent de fixer l’attention de nos lecteurs.
- (1) Extrait du Repertory of arts and Manufactures, -vol. VI, seconde sérié, page 52/p L'auteur a ootenu pour cette invention un brevet daté du 12 février i8o5.
- Onzième année. Mai 131 o, . N
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- Les instrumens imaginés par M. Myan peuvent servir non -seulement à faire connaître la qualité du minerai à extraire, mais aussi l’inclinaison des couche^ , sans donner lieu à aucune erreur. On peut les employer à sonder les puits, à dégager les eaux souterraines des marais, à dessécher les puits des mines, etc.
- La sonde se compose de deux perches élastiques ( voyez Flanche 87, fig. 20) qui soutiennent, au moyen de deux chaînes ou cordes, une tige de fer brisée, dont les joints assemblés à vis et à écrou permettent de l’allonger et de la raccourcir à volonté ; de divers instrumens destinés à perforer les terrains auxquels ils sont propres, et qui s’emmanchent sur l’extrémité de la tige , et de quelques outils accessoires servant à retirer les fragmens de minerai du trou de sonde , ainsi que nous l’expliquerons plus bas.
- Après avoir ajusté sur la tige l’instrument destiné à pénétrer dans le terrain qu’il s’agit de sonder, et l’avoir fixé aux perches élastiques, on le fait agir à l’aide de leviers assemblés à angles droits (fg. 20 ), ou au moyen d’un levier coudé représenté fig. 6. Les perches servent à maintenir la tige dans une situation verticale au-dessus de l’ouverture qu’on veut pratiquer, ce qui ne pourrait se faire avec une seule perche ; car en fléchissant à son extrémité elle donnerait une fausse direction a l’instrument.
- La figure 20 représente cette partie de la sonde ; AA perches élastiques ; BB supports de ces perches ; FF chaînes servant à retenir la tige brisée et à l’attacher aux perches; EE manivelle au moyen de laquelle on fait tourner l’instrument; D tige de la sonde ; les lignes ponctuées en G indiquent l’ouverture qui a été faite par l’instrument. Les perches AA auront chacune 3o pieds de long, et seront disposées de manière à laisser entre elles un intervalle de 2 pouces , près de l’endroit où les chaînes sont attachées.
- Comme la ténacité du soi varie à différentes profondeurs, M. liyan a imaginé plusieurs instrumens très - ingénieux, applicables aux divers terrains qu’on veut sonder. Ces instrumens, que nous allons décrire séparément, sont :
- i°. Une sonde de terre ;
- 20. Une idem pour perforer les terrains compactes , argileux Ou co~ quilliers ;
- 3°. Une idem . . idem . ; . . idem rocailleux et durs ;
- 4°. Une idem . . idem .... idem mêlés de coquilles et de pierres ;
- 5°. Un instrument que l’auteur nomme sonde à marnière, et qui peut
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- servir en même temps pour la terre, l’argile, les fonds caillouteux, etc. * lorsque ces terrains recèlent des sources.
- i°. La sonde de terre représentée fig. i est composée d’un cylindre creux de fer A, terminé par une partie conique D, à l’extrémité de laquelle se trouve une espèce de couteau C. Une soupape E, qui s’ouvre en dedans, est adaptée aux parois de la partie conique ; une vis B, dans la partie supérieure, sert à fixer cet instrument à la tige principale lorsqu’on veut en faire usage. La fig. 2 représente une section horizontale de l’instrument et la disposition de la soupape E ; F ressort destiné à retenir la soupape, mais assez flexible pour permettre son jeu et donner passage aux cailloux qui pourraient pénétrer par accident dans l’instrument ; D cylindre.
- 20. La sonde pour les fonds compactes , argileux et coquilliers, représentée fig. 3, est formée de quatre lames AAA A réunies à la tige B et terminées par un tranchant en forme de biseau. Cette sonde fait un trou circulaire , et le noyau d’argile qu’elle détache fcst enlevé par des pinces propres à cet usage et qu’on voit fig-g et 11. D (fig- extrémité supérieure de ^a tige, qui se fixe à vis sur celle de la sonde ; BB leviers qui unissent les branches des pinces à la tige D par des joints brisés à charnière. E pièce de fer portant un anneau qui fait agir les leviers BB. GG autres leviers assemblés à joints brisés et pareils à ceux BB ; FF branches de la pince, arrondies pour saisir avec force le noyau de terre extrait par la sonde ; elles sont dentées à leurs extrémités.
- Les fig. 10 et 12 indiquent, sur une plus grande échelle, les bras de levier B lorsqu’ils sont ouverts et fermés. Pour se servir des pinces, il faut appuyer sur la tige D jusqu’à ce qu’elles prennent la position marquée fig. 9: alors on les abaisse sur le noyau de terre à extraire, qu’elles saisissent lorsqu'on les remonte, ce qui s’opère à l’aide des bras de levier BB et GG, qui tendent à fermer les pinces d’autant plus fortement que le poids qu’elles enlèvent est plus considérable. La fîg. 11 représente la pince saisissant le noyau d’argile et prête à être retirée. La fig. 4 est une section transversale du noyau B et du canal, creusé par les lames tranchantes de la sonde, fîg. 3.
- 3°. La sonde propre à percer les roches dures consiste en deux cylindres concentriques eu fer; on coule du plomb dans l'intervalle que ces cylindres laissent entre eux, de manière qu’il soit entièrement rempli, à l’exception, de la partie B , fig. 6. Deux pièces de fer verticales CG sont fixes à ces cylindres et s’unissent à la tige par un levier coudé G destiné à imprimer un mouvement de rotation à l’instrument. D est un réservoir contenant
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- du sable et de l’eau qui tombent dans l’espace vide B par le tuyau E, lequel est traversé par trois fils de fer déliés qui aboutissent à un flotteur F renfermé dans le réservoir D. En faisant agir la sonde, le flotteur s’élève et l’eau ainsi que le sable passent librement à travers le tuyau. Cet instrument agit comme la scie des tailleurs de pierres, et c’est pour cette raison que l’auteur le nomme scie circulaire. Si on le construisait sur de plus petites dimensions, il pourrait être employé avec avantage par les marbriers ou les tailleurs de pierres, ou bien servir à faire des trous dans les rochers qu’on veut faire éclater.
- L’instrument fig. 8 sert à enlever du canal circulaire le limon qui s’est formé en employant la sonde que nous venons de décrire. Il consiste en deux cylindres concentriques pareils à ceux de la sonde, et qui se fixent à la tige de la même manière. L’espace compris entre les deux cylindres est destiné à recevoir le limon ; le fond est fermé, à l’exception de la partie D, où est adaptée une soupape s’ouvrant en dedans pour laisser pénétrer le limon , et un racloir C pour le ramasser. La fig. 7 est une coupe horizontale de la scie circulaire. La masse détachée par cet instrument est enlevée à l’aide des pinces fig. 9.
- 4°. La sonde pour percer les fonds mêlés de pierres et de coquilles est composée d’une bande circulaire armée d’un nombre suffisant de dents ou de couteaux, et fixée à la tige par deux branches verticales représentées fig. 5.
- 5°. La sonde à marnière servant pour les terrains marécageux consiste en un cylindre creux, fig. 15, qui s’adapte à la tige ainsi qu’on le voit dans la figure ; sa partie inférieure est formée d’une espèce de tarière pour percer le terrain et l’enlever; au-dessus est pratiquée une soupape D, qu’on voit plus distinctement fig. i4'> dans les deux figures, C indique l’espace ouvert pour recevoir la terre. Cet instrument peut aussi servir à enlever les fragmens qui se sont détachés dans les endroits où il y a de l’eau. La soupape D est construite de manière à s’ouvrir lorsqu’on enfonce l’instrument dans le sol, et à se fermer quand on le retire ; ce qui fait que la vase que l’on veut enlever est retenue dans le cylindre creux B.
- Les outils accessoires qui nous restent à décrire sont les suivans :
- i°. Deux cylindres pleins, pour faire descendre de l’argile dans Couverture qu’on pratique, quand on rencontre du sable mouvant pendant l’opération. L’instrument A ,fig. io, sert à introduire de l’argile dans le trou de sonde, et à la faire entrer dans les fissures et les joints des couches, ce qui consolide les parois du trou. B,fîg. i5, représente un autre
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- cylindre dont l’extrémité est conique et qui sert au même usage. En faisant tourner ce cylindre , après avoir introduit un peu de bonne argile dans le trou , on pourra parvenir à en consolider les parois , et à empêcher qu’il n’y tombe du sable.
- 20. Instrument servant à soutenir et à transporter les tiges de fer quand on les retire pour les dévisser , etc. 11 consiste en une plaque de fer A , fig. 17, fixée sur une plate-forme en bois percée d’une ouverture pour donner passage à la tige qu’on veut élever hors du trou, et en une pièce B, mobile sur la première et entaillée pour saisir et soutenir la tige lorsqu’on la retire.
- 3°. Une paire de pinces ou crochets pour retirer du trou quelque partie de la tige ou tout autre corps qui pourrait s’y trouver accidentellement. On les voit fig. 18.
- 4°. Une espèce de couteau pour séparer du noyau formé par les sondes les substances qui pourraient y adhérer. On le voit fig. ig.
- 5°. Une enclume , fig. 16, pour forger les tiges des sondes; A souche de l’enclume; b sa partie supérieure; cccc trous circulaires pour former les bouts des tiges sur lesquels on veut tailler des pas de vis ; dddd, trous semi-circulaires pour former le corps et le bout de la tige.
- Les sondes peuvent être construites de diverses dimensions suivant les travaux auxquels on les applique. On peut les employer pour perforer les terrains qui recèlent du charbon ou du minerai, ou toute autre substance, pour sonder les puits, dégager les eaux souterraines des marais, marécages , etc. , pour dessécher les puits des mines et pour beaucoup d’autres usages.
- L’auteur assure que ces différens travaux s’exécuteront avec plus de promptitude et d’économie en employant les instrumens ci-dessus décrits , qui forment un assortiment complet, susceptible d’être appliqué à toutes les opérations dont le but est de connaître la nature des couches de terre et des minerais qui s’y trouvent. Plusieurs de ces instrumens enlèvent un noyau d’un à 20 pouces de long sur 2 à 20 pouces de diamètre, et indiquent avec précision la profondeur des différentes couches et la qualité du minerai.
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- Notice sut une tarière en hélice.
- M. le baron Delessert, en adressant à la Société, de la part de M. Delile. ancien consul de France dans la Caroline du nord, une notice sur les tarières en bélice dont on se sert dans les Etats-Unis d’Amérique, annonce que ces tarières sont encore peu connues en France , qu’elles sont supérieures à celles qu’on y emploie ordinairement, et même à celles qui sont usitées en Suisse pour percer les conduites d’eau en sapin.
- N’ayant point trouvé de ces tarières dans plusieurs magasins de quincaillerie à Paris, M. Delessert a engagé M. Hamelin Bergeron, marchand quincaillier, rue de la Barillerie, à la Flotte anglaise, à en fabriquer; il en a fait une de 10 pouces de long et de i pouces environ de diamètre, qui se démonte en trois parties , et avec laquelle un homme d’une force ordinaire peut percer de part en part et sans effort les plus gros madriers.
- Nous ferons observer que les tarières de cette espèce sont connues en France depuis long-temps; Vaucanson en possédait: elles font aujourd’hui partie des collections du Conservatoire des Arts et Métiers, Celui qui en a établi le plus grand nombre vers 1787 et 1788, est M. Rayon , tourneur, demeurant à Paris, rue Baffroy, faubourg Saint-Antoine.
- Cependant, comme on ne peut contester les avantages de ces instrumens qui percent les bois les plus durs avec une grande régularité et avec peu d’effort, la Société a pensé qu’il serait utile d’en donner la description; eî la notice de M. Delile renfermant tous les détails qu’on peut désirer sur ce sujet, elle a arrêté qu’elle serait publiée dans le Bulletin.
- Il est d’autant plus utile, dit M. Delile, de connaître les instrumens propres à certains travaux , que l’on est dans la nécessité de faire répéter ces travaux plus fréquemment. Peu d’opérations mécaniques se pratiquent davantage que celle de percer du bois, et les instrumens dont on se sert à cet effet sont en grand nombre.
- Dans l’Amérique septentrionale, où l’on exploite d’immenses forêts, ou l’on bâtit un grand nombre de maisons et de quais en bois , on perce le bois avec des tarières fort commodes, fabriquées dans le pays.
- Les personnes qui ont remarqué comment les ouvriers percent du bons, et sur-tout celles qui ont essayé d’en percer à la manière des charrons et des charpentiers, ont dû se convaincre que cette opération demande une certaine dextérité. Mais il y a des outils que l’on manie presque sans appren-
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- tissage, tels que Ta vrille ; tandis qu’il y en a d’autres que l’on ne peut employer qu’en joignant à beaucoup de force et d’adresse une habitude plus longue que celle nécessaire pour manier une vrille.
- La tarière dont on se sert en Amérique est aussi facile à conduire qu’une simple vrille. Elle consiste principalement en une lame torse qui pénètre dans le bois au moyen d’une pointe en vis b, par laquelle l’extrémité de la lame se trouve partagée en deux tranchans latéraux. Lavis guide la lame, dont les tranchans c coupent par lanières le bois qui sort dans le pas en hélice formé par la torsion de la lame.
- Un dessin faisant mieux connaître cet instrument qu’une description , on peut consulter la figure m de la Planche 87.
- U suffit, pour faire un trou dans du bois avec cette tarière, de la tourner avec un peu de force sur elle-même, après avoir commencé par en fixer la pointe au centre de l’endroit que l’on veut percer. Cette tarière s’insère alors d’elle-même , et donne la facilité de faire les trous parallèlement à toutes sortes de plans, en haut, en bas, ou par côtés. Elle est très-utile dans la construction des vaisseaux, dont la charpente a besoin d’être percée dans la position où elle se trouve assujettie.
- On construit aujourd’hui les navires en employant le plus qu’il est possible des chevilles de bois au lieu de clous : cette méthode est un perfectionnement dans la construction. Les chevilles en bois sont plus durables à la mer que les clous. En construisant un vaisseau on place d’abord, sur la charpente que Fou a élevée, les bordages avec peu de clous ; on perce ensuite les bordages et les membrures pour les lier au moyen de chevilles qui les traversent. Ce travail est facilité par l’emploi de la tarière en hélice, que des jeunes gens trop faibles pour se servir d’autres tarières , manient sans une grande fatigue.
- La tarière à lame torse ou en hélice est plus commode qu’aucune autre pour commencer les mortaises d’une charpente. On perce un premier trou à l’endroit où doit se trouver la mortaise , et on continue de percer plusieurs trous, que l’on peut faire assez près les uns des autres pour qu’ils communiquent ensemble par les côtés, et pour qu’ils puissent rendre la mortaise très-facile à achever.
- Les quais des ports de l’Amérique présentent de grandes murailles en bois faites de madriers posés les uns au-dessus des autres , et liés par des chevilles. Ces madriers sont amenés par des radeaux ; on les entaille convenablement avec la scie et la hache; on les dispose à flot sur une fondation en radeau, on les élève en caisse ou en forme de cage, et on remplit ces caisses du lest des vaisseaux. Le poids des caisses les entraîne au fond de
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- l’eau, et elles fondent les quais où s’amarrent les navires. Les énormes troncs d’arbres équarris que l’on fait servir à ces constructions sont faciles à percer dans leur plus grande épaisseur avec les tarières torses.
- Ces tarières percent très-bien le bois debout, c’est-à-dire dans la direction longitudinale de ses fibres, comme lorsqu’on fait des tuyaux ou des pompes en bois ; enfin il n’est presque personne qui ne puisse se servir d’une tarière de cette espèce pour faire quelque raccommodage de menuiserie ou de charpente.
- La commodité de cet instrument, que l’on voit aux États-Unis dans toutes les plantations et dans les mains de tous les ouvriers, est manifeste.
- Il serait utile de faire fabriquer en France des tarières de ce genre , et de les faire essayer par des ouvriers ; ils continueraient de s’en servir s’ils les trouvaient réellement commodes.
- Extrait d’un rapport fait par M. Bréguet? au nom du Comité des Arts mécaniques ? sur Les pendules veilleuses de M. Griebel.
- M. Griebel, horloger, rue Vivien ne, n°. io, à Paris, a présenté à la Société une pendule de nuit qui paraît réunir tous les avantages désirables dans ces sortes de machines.
- Les pendules de nuit sont connues depuis long-temps; il en a paru de trois espèces : les premières, fort anciennes, ont un cadran de métal ou les heures sont découpées, mais elles n’indiquent pas les minutes; dans les secondes, qu’on a faites à Vienne et dont il y en a plusieurs à Paris , les aiguilles d’heures et de minutes sont mues par une roue de renvoi ; les troisièmes enfin sont d’un artiste allemand, qui en présenta plusieurs à la dernière exposition des produits de l’industrie.
- La pendule de M. Griebel, dit le rapporteur, offre un ensemble agréable et bien raisonné ; le cadran est en verre dépoli, sur lequel sont peintes les heures et les minutes. Le mouvement est placé au centre, d’où partent les aiguilles, de sorte qu'il n’y a de bien visible que ce qu’on cherche à voir. Une petite lampe à courant d’air se trouve à une distance convenable ; le tout est enveloppé d’une sphère, qui présente, dans une bonne proportion , un espace suffisant pour que , joint à l’ouverture nécessaire au courant d’air de la lampe, la chaleur ne nuise pas au mouvement. Rien ne paraît à l’extérieur que le globe . le cadran et le pied, qui forment une très-jolie pendule.
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- M. Brêguet a reconnu que le mouvement et tous les accessoires de cette pendule sont très-bien fabriqués; l’échappement que l’auteur a choisi lui a paru le plus convenable à ce genre de pièces. Le travail est porté à un ordre d’exécution tel que le prix en est très-modique sans nuire au principal, qui est la solidité. Les petites pendules de 5 pouces \ de diamètre marchent onze jours, et celles de i3 pouces dix-sept jours. Toutes deux sont susceptibles de recevoir des ornemens variés.
- L’auteur les propose encore pour servir dans les voitures : la bougie qui serait dans la lanterne, éclairerait en dehors et ferait voir l’heure en dedans; on conçoit que l’on peut avoir, dans le mouvement qu’il emploierait, la sonnerie, la répétition, etc.
- Le rapporteur a proposé à la Société de faire connaître les nouvelles pendules de M. Griebel, en les mentionnant dans le Bulletin.
- Les conclusions du rapport ont été adoptées dans la séance du 28 avril 1812.
- ARTS CHIMIQUES.
- Expériences sur la fabrication du sirop d’amidon ; par
- M. Vogel (1).
- La découverte de M. Kirchhoff, à Pétersbourg, de convertir l’amidon en une matière sucrée, était trop importante pour qu’on ne s’empressât pas de la constater.
- Les premiers essais que j’ai entrepris dans l’intention de vérifier ce fait, se trouvent imprimés dans le Journal de Physique de mars 1812.
- J’avais annoncé dans cette note que deux centièmes d’acide sulfurique mis en ébullition avec l’amidon et une quantité suffisante d’eau, fournissaient davantage de matière sucrée que ne le fait l’addition d’un centième indiqué par le chimiste russe.
- J’avais dit, de plus, que quelques heures d’ébullition suffisaient pour former une substance sensiblement sucrée, mais qu’après trente-six heures d’ébullition la saveur sucrée était bien plus prononcée.
- Depuis cette époque, j’ai continué mes expériences, afin de m’assurer si cette découverte était susceptible de présenter quelque utilité.
- Pour ne pas abuser des momens de la Société, je ne l’entretiendrai pas des phénomènes produits par l’action de l’acide, que j’ai observés dans le cours de mes expériences ; ils serviront peut-être à éclaircir la théorie de
- (1) Cette notice a été lue à la Société d’Encouragement dans la séance du i5 mai 18x2.
- Onzième année. Mai 1812. O
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- cette métamorphose ; je m’attacherai seulement à décrire la marche que j’ai suivie, et au moyen de laquelle on peut se procurer très-facilement du sirop d’amidon.
- Pour éviter tout soupçon que la fécule peut retenir un peu de matière sucrée qui existe dans le froment, et qui aurait pu échapper à la fermentation que font subir les amidonniers à la farine, j’ai lavé l’amidon par un courant d’eau froide, et après l’avoir fait dessécher, je l’ai employé.
- J’ai fait l’expérience comparative dans deux bassines, dont l’une de cuivre étamé et l’autre d’argent. Dans celle de cuivre étamé, j’ai fait bouillir, pendant trente-six heures, 2 kilogr. d’eau de rivière et 20 grammes d’acide sulfurique à 66°, proportions indiquées par M. Kirchhoff.
- Dans la bassine d’argent, j’ai fait bouillir ces ingrédiens dans les mêmes proportions; mais j’ai doublé la quantité de l’acide sulfurique.
- Avec d’acide on obtient un sirop encore plus sucré, et en moins de temps.
- Ce 11’est que pendant la première heure d’ébullition que le mélange court le risque de se noircir. Pour éviter cet inconvénient, il faut continuellement agiter avec une spatule de bois: au bout de ce temps, la masse devient plus liquide, et n’a besoin d’être remuée que par intervalles.
- Après avoir fait bouillir pendant trente-six heures sans interruption, j’ai laissé refroidir le liquide: je l’ai porté de nouveau à l’ébullition, après y avoir mis deux blancs d’œufs, six grammes de craie, et douze grammes de charbon végétal nouvellement brûlé et réduit en poudre; j’ai versé la liqueur bouillante dans un sac de laine pointu, en forme de chausse chHippocrate, et j’ai filtré.
- Le liquide clarifié a été évaporé dans la bassine à une douce chaleur jusqu’à la consistance presque sirupeuse, et j’ai laissé refroidir dans une terrine pour que le reste du sulfate de chaux pût s’en séparer par le repos. Le lendemain, j’ai décanté le sirop , j’ai filtré le reste à travers une toile, et j’ai achevé l’évaporation jusqu’à consistance sirupeuse.
- Le sirop obtenu avec d’acide sulfurique dans la bassine d’argent était bien plus sucré et moins coloré que celui qui s’était formé avec d’acide sulfurique dans la bassine de cuivre étamé.
- En général, l’emploi des bassines de cuivre étamé n’est pas praticable: l’étain est fortement attaqué par cette longue ébullition. Je me suis servi depuis d’un vase de plomb, qui n’a pas présenté les mêmes inconvéniens.
- Les deux kilogrammes d’amidon que j’ai fait bouillir pendant trente-six heures dans la bassine d’argent, avec d’acide sulfurique, m’ont donné, dans la première expérience comparative, un kilogramme 991 grammes de
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- sirop, marquant 53° à l’aréomètre des acides ; et dans l’autre deux kilo-grammes et 5 grammes de sirop de la même densité. En adoptant la moyenne de ces résultats, on peut conclure, sans erreur sensible, que l’amidon peut rendre son poids de sirop.
- Comme plusieurs substances, telles que le sucre de lait et le principe doux de Scheele ( substance qui se forme pendant l’action des huiles grasses sur la litharge ) ont une saveur douce très-prononcée, sans contenir cependant un atome de sucre, il était nécessaire de m’assurer avant tout si notre liqueur douce contenait de véritable sucre.
- En conséquence, j’ai délayé de la levure dans de l’eau tiède, et j’y ai ajouté du sirop d’amidon. Le tout fut introduit dans un flacon que l’on fit communiquer à des cloches remplies d’eau et renversées sur l’appareil pneumato-chimique. La fermentation s’est manifestée au bout d’un quart d’heure avec un dégagement très-vif de gaz acide carbonique.
- Deux cents grammes de sirop ont rendu, par la fermentation, 5 litres et quelques décilitres de gaz acide carbonique. La liqueur fermentée a produit, par la distillation, i/|o grammes d’eau-de-vie à 18 degrés.
- Tout sirop d’amidon contient plus ou moins de gomme, dont la quantité varie à l’infini, d’après le temps d’ébullition, et le poids de l’acide employé.
- J’ai séparé cette gomme en faisant bouillir le sirop d’amidon dans un vaisseau clos, avec de l’eau-de-vie à 5o°. Lorsque l’eau-de-vie fut chargée de matière sucrée, j’ai décanté la liqueur, et j’ai renouvelé l’addition d’une nouvelle quantité d’eau-de-vie, à plusieurs reprises.
- La matière inattaquable par l’alcool était très-visqueuse ; je l’ai fait dessécher et pulvériser : dans cet état, elle offrait tous les caractères de la gomme arabique, c’est-à-dire sa solubilité dans très-peu d’eau froide, qui constitue un mucilage épais, précipité par l’alcool. La seule chose qui paraît l’éloigner de la gomme arabique, c’est qu’elle ne forme pas d’acide muqueux par le moyen de l’acide nitrique.
- J’ai l’honneur de présenter à la Société un échantillon de cette gomme, ainsi que différens produits d’amidon plus ou moins sucrés.
- Il n’est pas douteux que l’amidon, rendu liquide et soluble dans l’eau par l’ébullition avec l’acide sulfurique, ne puisse remplacer la gomme dans bien des circonstances: il s’agit seulement de saturer l’acide par la craie et de passer la liqueur.
- Comme l’amidon du commerce est à un prix très-élevé, à un franc 60 centimes le kilogramme, j’ai employé avec succès la fécule de pomme de terre, dont le kilogramme ne coûte que 60 centimes.
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- Je terminerai cette notice en annonçant à la Société que je suis parvenu à convertir le sucre de lait, par le moyen de l’acide sulfurique, en un sirop infiniment sucré, qui a la propriété de produire de l’alcool par la fermentation.
- Sun les moyens de prévenu' la contagion et d’en arrêter les
- progrès (i).
- Dès le i5 messidor an XII (4 juillet ï8o5), le Ministre de l’intérieur appela l’attention de MM. les Préfets sur la nécessité d’employer les fumigations d’acides minéraux comme seul vr'ai préservatif éprouvé contre la contagiondont l’efficacité était démontrée par une longue expérience et reconnue par toutes les Sociétés savantes (2). Depuis cette époque, les procédés ont été décrits et développés dans les éditions successives du Traité de la désinfection de l’air, dans les instruction des conseils de santé, des médecins en chef des armées. Les observations des succès qu’on en a obtenus ont été publiées dans les recueils périodiques, tels que les Annales de chimie, la Bibliothèque médicale, etc., et par extrait dans quelques journaux. Ces ouvrages ne se trouvant pas entre les mains de tous ceux qui seraient dans le cas de les consulter, on a pensé qu’il pourrait être utile d’y suppléer par une notice très-succincte des procédés, et néanmoins suffisante pour en diriger l’application.
- Flacons portatifs dèsinfectans.
- Ces flacons se trouvent tout préparés dans plusieurs pharmacies et chez quelques ingénieurs en instrumens. Il suffit de les ouvrir pendant quelques minutes pour donner issue au gaz désinfectant et préservatif. Lorsqu’après un usage répété ils n’en fournissent plus, on les rétablit dans leur première force en y remettant pour la valeur de quelques centimes de sel marin, d oxide de manganèse et d’acide sulfurique ( huile de vitriol du commerce ). Les officiers de santé obligés de fréquenter les hôpitaux, les prisons, etc., devraient toujours en être munis pour leur propre sûreté.
- Les appareils permanens de désinfection sont destinés à servir plus long-temps , et à produire de plus grands effets ; il s’en trouve également de
- (1) Cette instruction, rédigée par M. Guyton-Morveau, a été approuvée par S. Exc. le Ministre de l’intérieur, et adressée à MM. les préfets le 18 avril 1812, en les invitant à la répandre dans leurs départemens.
- (2) Voyez le rapport de M. Scipion Verrier sur les moyens de désinfecter l’air, proposés par M. Guyton-Morveau ? Bulletin N°. 5, troisième année, page 59.
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- tout faits clans les grandes pharmacies et chez les ingénieurs (i), qui livrent en même temps une instruction sur la manière de s’en servir et de leur rendre toute leur activité. Ces appareils peuvent suffire dans des chambres où il n’y a qu’un petit nombre de malades; ils servent pendant plusieurs aimées lorsqu’il n’y a ni épidémie ni fièvre contagieuse qui force de les ouvrir tous les jours, ou même plusieurs fois par jour. La facilité avec laquelle on élève et on abaisse l’obturateur, au moyen d’une vis, en rend l’usage très-commode.
- Les fumigations en vaisseaux ouverts ont une destination d’un plus grand intérêt; car, comme l’ont très-bien remarqué M. Alibert, dans son Traité des fièvres pernicieuses ; MM. Geoffroi et Nyste/i, dans le Compte rendu en 1809 par la commission envoyée à Limoges, et sur la ligne de passage des prisonniers espagnols ; M. Estribaud, dans son Mémoire sur leur traitement à Carcassonne, et MM. Thénard et Cluzel, dans leur Rapport sur les préservatifs employés dans l’île de Walcheren, ce serait s’abuser que de croire que de simples appareils, tels que ceux précédemment indiqués, puissent désinfecter de vastes salles où les malades sont encombrés, où ils arrivent déjà la plupart atteints au dernier degré, où les miasmes contagieux se renouvellent et s’accumulent à tous les instans.
- Il est donc nécessaire de recourir dans ce cas à de grandes fumigations en vaisseaux ouverts. Heureusement ce sont celles qu’il est le plus aisé de pratiquer sans préparations et aux moindres frais, au moment du besoin. La seule distinction à observer dans les procédés, indépendamment des proportions relatives à la grandeur de l’espace, est celle que commande la différence des salles vides et des salles actuellement occupées.
- i°. S’agit-il de purifier, par exemple, une salle de i5 mètres sur 6,5 ( 4o pieds de longueur sur 20 de largeur), dans laquelle auront séjourné des malades, et qui sera complètement évacuée, on met dans une grande capsule ou autre vase de terre un mélange composé de
- Décagr. Onces.
- Sel commun...........................3o ) f IO
- Oxide noir de manganèse en poudre.... 6 | environ < 2
- Le vase mis en place, on y verse acide sulfurique. a5 J (8
- On ferme les portes et les fenêtres, et l’on ne rentre qu’après dix ou douze heures.
- On conçoit que ces doses doivent être réduites ou augmentées en proportion de l’espace à désinfecter, ou même , à un certain point, à raison de l’infection ou du caractère plus ou moins grave de la contagion.
- (1) M. Dumotiez} rue du Jardinet, n°. 12, en fait journellement des envois.
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- L’acide sulfurique est connu dans le commerce sous le nom d'huile de vitriol.
- L’oxide de manganèse se trouve dans les pharmacies et chez tous les droguistes, qui le fournissent en pierre aux verreries, aux potiers de terre vernissée, etc.; il suffit qu’il soit grossièrement pulvérisé. Si l’on ne pouvait se procurer à temps ce minéral, les fumigations faites avec le sel commun et l’acide sulfurique ne devraient pas pour cela être négligées; leur action serait seulement moins prompte et moins énergique.
- 20. Dans les salles actuellement remplies de malades et fréquentées par les gens de service, on prévient tout excès qui pourrait les incommoder, en rendant successif le dégagement du gaz désinfectant, sauf à répéter les opérations pour arriver au point de saturation des émanations contagieuses. Il suffit pour cela de régler plus exactement les doses du mélange de sel et de manganèse que l’on met dans les capsules, et de ne verser dessus l’acide sulfurique qu’après l’avoir étendu de partie égale d’eau. ( Ce mélange d’acide et cl’eau doit être fait d’avance et par parties, d’intervalle en inter» valle, pour éviter une accumulation subite de chaleur qui pourrait briser les vaisseaux. )
- Si l’on était embarrassé pour régler les doses , on pourrait adopter la méthode introduite par M. le professeur Chaussier dans plusieurs grands hospices. Elle consiste à promener dans les salles une capsule dans laquelle on a mis le mélange de sel et de manganèse. Un homme de service la porte d’une main fixée sur un support ; il tient dans l’autre un flacon contenant l’acide sulfurique délayé, dont il verse de temps en temps quelque gouttes dans la capsule. La sensation qu’il en reçoit lui fait juger sûrement quand les vapeurs se ralentissent et quand elles commencent à être en excès.
- On avait d’abord employé le feu dans ces opérations; il est reconnu qu’elles se font tout aussi bien à froid, et qu’en plaçant la capsule sur un réchaud, ce que l’on gagnerait par une décomposition plus complète des matières 11e pourrait entrer en compensation des embarras qui en résulteraient.
- Instruction sur la fabrication du fer, en substituant la
- houille au charbon de bois $ par M. Dufaud, maître de
- forges.
- Observations préliminaires.
- Depuis long-temps les maîtres de forges, effrayés de l’augmentation rapide du prix des bois destinés à leurs fabrications , ont senti la né-
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- cessité de remplacer ce combustible par la houille, que la nature nous fournit avec tant d’abondance, et qu’il est si facile, au moyen des canaux et rivières navigables, d’obtenir presque par-tout à un prix très-modéré.
- Des essais nombreux ont été faits; mais, abandonnés à la routine des ouvriers , ils n’ont jamais réussi : aussi en avait-on conclu qu’il était impossible d’affiner le fer avec la houille.
- L’ouvrier, qui rapporte tout au travail auquel il est habitué, voulut employer ce combustible comme le charbon de bois, et il en résulta un très-mauvais fer qu’il est impossible de souder.
- On pensa alors qu’il fallait carboniser la houille: cette opération donna de meilleurs résultats, mais on y renonça encore, parce que le fer était de mauvaise qualité ; je ne crois cependant pas impossible d’obtenir de bon fer par ce moyen. Mon intention est de répéter, à ce sujet, des expériences qui déjà m’ont assez bien réussi.
- D’après ces divers essais, on se borna dans quelques usines à affiner le fer au charbon de bois, et à chauffer ensuite les massiots dans des foyers de forges alimentés par la houille. Le fer, dans cet état, présentant une masse dont la surface seulement est en contact ave le combustible, ne peut être altéré, et conserve alors la qualité qu’il a acquise dans l’affinage au charbon de bois.
- D’après ce que je viens d’exposer, je devais donc naturellement penser que le seul moyen d’employer la houille dans l’affinage du fer, était d’éviter son contact avec la fonte.
- Le calorique suffit pour faire passer la fonte à l’état de fer: ainsi ce que l’on se propose dans l’affinage, c’est de brûler tout le charbon avec lequel la fonte est combinée, et d’en séparer les bases terreuses qu’elle peut contenir. Les molécules métalliques, n’étant plus séparées par aucun corps étranger, sont facilement réunies dans le creuset ; et, pressées ensuite par le marteau, elles forment un corps solide auquel on donne les différentes proportions que les besoins exigent.
- Le four à réverbère pouvait seul me fournir les moyens d’élever la fonte à une haute température, en évitant le contact du combustible. Les Anglais emploient, dit-on, depuis long-temps un procédé analogue au mien; je l’ignorais lorsqu’il y a six ans je commençai à établir mon travail sur ce système; car si j’avais eu quelques données à cet égard, j’aurais évité bien des peines et des dépenses que m’occasionnèrent nécessairement mes premiers essais.
- J’ai lu depuis quelques mémoires sur les procédés usités en Angleterre pour la fabrication du fer; mais, faute d’explications suffisantes, je n’ai
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- pu en retirer aucun fruit. J’ai même appris que quelques maîtres de forges qui, d’après ces données, avaient voulu établir ces procédés dans leurs usines, les avaient abandonnés par suite des mauvais résultats qu’ils avaient obtenus. C’est ainsi que trop souvent, par l’effet de fausses et insuffisantes indications, ou d’une mauvaise direction dans le travail, on voit les meilleures méthodes n’avoir aucun succès, et rejetées comme impraticables.
- Dans l’exécution d’un procédé d’art quelconque, on ne saurait être trop minutieux; car souvent du moindre détail dépend tout le succès d’une opération.
- Il faut une grande persévérance pour chercher la cause des accidens qu’on éprouve, et trouver les moyens de les éviter. Combien de dégoûts et de contrariétés n’ai-je pas eu à essuyer, de difficultés à vaincre! J’ai tout surmonté, parce que j’avais la ferme résolution de pousser mes expériences à bout.
- Je vais entrer dans tous les détails de mes opérations. Puissent mes travaux être utiles à mon pays! j’aurai atteint le but que je me suis proposé.
- De la construction des fours.
- Un ou deux fours à réverbère composent l’appareil nécessaire à mon procédé; l’un sert seulement à l’affinage du fer, et l’autre à chauffer les fers affinés. Les maîtres de forge qui ne voudraient construire qu’un four d’affinage pourraient chauffer leurs massiots affinés dans une chaufferie ordinaire, alimentée avec de la houille; et je pense que ce dernier moyen serait le seul convenable pour les forges qui n’ont qu’un marteau pour tirer les massiots ; car cet agent pouvant suffire à forger tout le fer qui serait chauffé dans ces fours, il y aurait alors nécessairement perte de combustible, de temps et de matière, si le fer restait long-temps exposé à la flamme du réverbère.
- Un four de chaufferie ne convient que pour un laminoir, dont l’action est au moins décuple de celle du marteau.
- La construction des fours demande le plus grand soin, car de là dépend en grande partié le succès de l’opération.
- Four d'affinage (i).
- Le four d’affinage doit avoir en totalité 2 mètres 761 millimètres ( 8 pieds G pouces ) de longueur dans œuvre; savoir, 0,812m. (2 pieds 6 pouces) pour remplacement de la grille de la chauffe; et 1,949’". (6 pieds) pour la
- (Y' Nous donnerons dans le prochain Numéro du Bulletin la gravure de ce four, dont le dessin nous est parvenu trop tard.
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- sole; sa largeur doit être de 0,975™. ( 3 pieds) sur l’autel, c’est-à-dire à la partie la plus proche de la chauffe, et de 0,812™. ( 2 pieds 6 pouces ) à l’extrémité de la sole sur le devant. La voûte est surbaissée de l’autel au devant du four; elle est élevée de 0,487™. (18 pouces) au-dessus de l’autel, et seulement de 0,379“. ( 1 P^ec* 2 pouces ) au-dessus de la sole sur le devant.
- La flamme , au lieu de s’échapper, comme dans les fours à réverbère ordinaires, par une ouverture qui règne sur toute la largeur du four, et qui est formée par l’extrémité de la voûte et le poitrail du four, est forcée de prendre issue par deux ouvertures latérales dont la hauteur est égale à la distance de la voûte à la sole, et la largeur est de 0,271“. ( 10 pouces ). Ces deux ouvertures peuvent être fermées à volonté par deux coulisses en fonte. La flamme ainsi dirigée passe entre le dessus de la voûte du four et une seconde voûte qui la conduit à la cheminée, construite sur le derrière de la chauffe, et dont la hauteur est au moins de 11 mètres 694 millimètres ( 56 pieds ).
- Par ce moyen il ne peut y avoir par la voûte aucune déperdition de calorique, et on peut même se servir de celte espèce de second four pour divers usages. Depuis long-temps on emploie de semblables fours dans plusieurs manufactures pour la fabrication de la litharge et du minium.
- La concentration du calorique étant très-importante, on doit donner aux murs latéraux au moins 0,975™. ( 3 pieds ) d’épaisseur, et ils doivent être construits en briques bien cuites. O11 peut, pour économiser la brique, si elle est rare, faire l’enveloppe extérieure en pierres de taille, mais qui aient au plus un pied d’épaisseur; le reste jusqu’à la chemise devant être en briques, ainsi que je viens de le dire.
- La chemise intérieure ainsi que la voûte doivent être construites en briques les plus réfractaires. Comme on ne saurait apporter trop de soin dans le choix de ces briques, il est plus convenable de les faire fabriquer sous ses yeux, pour être à portée d’en surveiller la fabrication. O11 peut consulter à cet égard l’ouvrage de M. le comte Chaptal, intitulé : Chimie appliquée aux arts.
- De la sole.
- La partie qui demande le plus grand soin est la construction de la sole; elle doit être faite de manière à résister le plus possible à l’action de la chaleur , et ne permettre aucune infiltration du métal en fusion ou du laitier, dont la présence est indispensable dans le travail.
- Onzième année. Mai 1812.
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- Pour éviter toute humidité, qui ne pourrait qu’être très-nuisible , la sole doit être établie sur une voûte qui règne sur toute sa longueur; sur cette voûte on forme un massif en briques , posées alternativement de champ et à plat : ce massif a environ 0,487™- (r pied 6 pouces) d’épaisseur; les deux derniers rangs doivent être en briques réfractaires : le dernier se fait avec des briques seulement séchées sans être cuites; on les réunit avec une liaison faite avec la même composition qui a servi à la fabrication de la brique. On recouvre ce dernier rang de om,o8i (3 pouces) environ de bonne argile, légèrement humectée et mélangée d’un tiers de ciment tamisé, et provenant de briques réfractaires. On presse fortement cette couche d’argile, et l’on a soin d’en relever les bords près les côtés du four, en arrondissant les angles. L’inclinaison de la sole, à partir de om,65o (2 pieds) de l’autel jusqu’à son extrémité, est de om,io8 (4 pouces) sur le devant du four; et à om,o54 (2 pouces) environ au-dessus de la sole est pratiquée une petite ouverture pour donner écoulement au laitier surabondant (1).
- Ce four n’a que trois ouvertures : i°. celle de la chauffe; 20. une ouverture latérale de om, jo6 (i5 pouces) de hauteur, sur om,352 (i3 pouces) de largeur, et pratiquée à om,487 (18 pouces) de l’autel, sur le même côté que l’ouverture de la chauffe; 5°. enfin une ouverture de om,325 ( 1 pied) carrés, pratiquée sur le devant du four. La première ouverture se bouche avec le charbon même dont on entretient la chauffe, et les deux dernières sont fermées, chacune, par une porte de fer garnie en briques et roulant sur trois gonds.
- Du choix de la houille et de Vaffinage.
- On doit apporter beaucoup de soin dans le choix du combustible ; car, quoiqu’il soit possible d’affiner le fer avec toute espèce de houille, celle d’une qualité supérieure donne des résultats beaucoup plus prompts et plus satisfaisans.
- La houille qu’on doit employer de préférence est celle qui présente dans sa cassure un grain brillant, donne, lors de sa combustion, une flamme vive et blanche, et fournit après la combustion le moins de résidu.
- Celles des mines d’Anzin, des Fosses-St.-Joseph, du Verger, des Marais
- (1) La sole ainsi disposée , on la sèche doucement en faisant un peu de feu sur la grille de la chauffe; au bout d’une heure et demie, on laisse éteindre le feu , et lorsque le four est refroidi l’ouvrier visite la sole ; s’il aperçoit quelques gerçures, ce qui arrive presque toujours, il passe dessus à plusieurs reprises un gros tampon trempé dans de l’argile très-claire. Cette opération s’appelle relaver.
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- et du Chauffeur sont excellentes pour cette opération : c’est la seule qui soit employée dans l’établissement de Montataire, près Greil, où l’affinage du fer par la houille est monté très en grand. Ces charbons sont fournis parM. Sci-pion Perrier, l’un des propriétaires des fosses dont il vient d’ètre parlé.
- Le four étant disposé comme je l’ai dit dans le précédent chapitre, on garnit la chauffe de houille, et on y met le feu. Au bout de deux heures environ, et lorsque le four est élevé à une température telle que l’intérieur paraisse blanc à l’oeil, on ouvre la porte pratiquée dans le poitrial, et au moyen d’une forte palette de fer, on place dans le four, le plus près possible de l’autel, i5o à 200 kilogrammes de fonte (1).
- On ferme alors les coulisses à moitié, afin que la fonte chauffe d’abord lentement; dès qu’on s’aperçoit qu’elle est rouge, on les ouvre un peu plus, et enfin on les ouvre tout à-fait lorsqu’elle commence à fondre.
- Environ cinq minutes après que la fonte est entièrement descendue dans le creuset, on ferme les coulisses aux deux tiers, on ouvre la porte du devant, on donne même un peu d’air par la porte latérale, et deux ouvriers armés d’un fort râble de fer brassent vigoureusement la fonte.
- Pendant cette première opération, on aperçoit de petites flammes bleues s’élever du bain. Le laitier qui couvre le métal en fusion se boursoufle pour leur donner passage : ce signe annonce que bientôt la matière prendra consistance pour passer à l’état de fer. Effectivement, peu d’instans après, des points brillans qui se montrent au milieu de la masse annoncent le départ du charbon et l’isolement du fer : c’est alors que les ouvriers redoublent d’activité en soulevant continuellement la matière, qui est à l’état pâteux. Lorsqu’on n’aperçoit plus la couleur terne que conserve toujours la fonte, et qu’un œil exercé reconnaît facilement, les ouvriers poussent le fer sur l’autel à l’aide de leur râble, le réunissent en une seule masse, ferment les portes du four, ouvrent les coulisses entièrement, et donnent un grand coup de feu pour que le laitier se sépare du fer et descende dans le creuset (2).
- Aussitôt que la séparation du fer et du laitier est opérée, on ferme de nouveau les coulisses à moitié, on ouvre la porte du devant du four, et à
- (1) La fonte doit être , autant que possible, en plaques minces : cependant on l’affine de même quand elle est en bloc; mais j’ai remarqué que l’opération était toujours plus longue , et par conséquent moins avantageuse. Je préfère même lui faire subir avant i'alfi-nage une première fusion pour la réduire en plaques.
- (2) Il arrive quelquefois que la fonte , étant trop chargée de charbon, est très-longue à etre affinée. Comme en prolongeant l’opération on augmenterait nécessairement le déchet, on évité cet inconvénient en jetant dans le bain quelques kilogrammes de menue ferraille.
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- l’aide de ringards, les ouvriers séparent la masse de fer qui est sur l’autel, en autant de pièces qu’on le désire ; ils les rangent sur l’autel et sur les côtés du four; ils les retournent et les frappent fortement, pour les serrer, avec un ringard, qui porte une forte tète à son extrémité.
- On ferme encore le four, on donne un violent coup de feu, et lorsque les pièces qui sont sur l’autel paraissent blanches, les ouvriers chargés de la conduite du four tirent sur le devant, à l’aide d’un crochet, la pièce la plus près de l’autel, la baignent dans le laitier (i) qui remplit le creuset, et la livrent ainsi au forgeron chargé de la porter sous le marteau. On suit la même marche pour les autres pièces qui restent dans le four, et qui toutes sont successivement livrées au forgeron. Lorsque tout le fer que contient le four a été retiré pour être porté au marteau, on enfourne de nouveau ï5o à 200 kilogrammes de fonte , et on suit la même méthode pour l’affiner. Les opérations se succèdent ainsi jour et nuit pendant le cours d’une semaine, à moins qu’il ne survienne quelques dérange-mens imprévus.
- Là se borne le procédé pour l’affinage du fer : l’étirage des massiots se fait au marteau ou au laminoir.
- Dans le premier cas, les massiots sont chauffés à des feux de forge ordinaires , alimentés avec la houille; on peut aussi employer avec succès pour combustible la houille qui tombe sous la grille à l’état de coke, et que les ouvriers appellent escarbilles : il en résulte une grande économie , car on ne tire ordinairement aucun parti de ces escarbilles.
- Si au contraire on emploie le laminoir pour l’étirage des massiots, on les chauffe dans un four à réverbère disposé comme le premier, mais dont la voûte est un peu plus basse ; la sole est construite avec autant de soin que la première. Lorsque ce four a été mis en feu et qu’il commence à blanchir, on a soin de jeter sur l’autel, par la porte du devant, environ 3o kilogrammes de laitier et de batitures de fer amassées , soit au pied de l’enclume, soit sous le laminoir. Lorsque ces matières sont fondues et descendues dans le creuset, on enfourne les massiots à l’aide d’une forte palette de fer; on les place le plus près possible de l’autel, et on les empile de manière que la
- (1) IL est absolument nécessaire de baigner les pièces dans le laitier, parce que autrement le fer 11e pourrait se fondre; et en voici la raison : l’oxigène qui s’introduit dans le four par la chauffe se combine avec le fer, et il se forme alors de l’oxide dans les crevasses des pièces ; si on les portait ainsi au marteau , l’interposition de cet oxide empêcherait nécessairement la réunion des molécules; en baignant au contraire ces pièces dans le laitier, cet oxide, suivant la loi de tous les oxides métalliques, se met en dissolution dans cette matière vitrifiée et laisse lç fer à nu.
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- flamme ait un libre passage entre eux; on jette dessus un peu de batitures de fer, et au moyen d’un râble on fait jaillir dessus le laitier qui est dans le creuset ; on ferme le four avec soin jusqu’à ce que les massiots soient bien rouges; on tient les coulisses à moitié fermées, on les ouvre alors entièrement , et on pousse fortement le feu. Lorsque les ouvriers jugent le fer arrivé à un état d’incandescence suffisant, ils ouvrent la porte du devant, et en commençant par les massiots qui sont les plus près de l’autel, ils les tirent dans le bain de laitier pour les y rouler, et ensuite les porter sous le laminoir, où il sont passés et repassés dans différentes cannelures pour les ébaucher suivant les échantillons désirés.
- Ces fers, ainsi ébauchés, sont mis de côté pour recevoir ensuite, soit sous le laminoir, soit sous les taillans de la fenderie, les proportions demandées.
- Le laminoir a un très- grand avantage sur le marteau , par la promptitude du travail et la grande économie de matière et de combustible. On pourra facilement en juger par le calcul comparatif que je vais en donner.
- Comparaison entre le nouveau et l’ancien procédé.
- Le four à réverbère d’affinage que j’ai précédemment décrit consomme en vingt-quatre heures 2Ôoo kilogrammes de houille, et on peut y affiner dans le meme temps 2400 kilogrammes de fonte, qui produisent 2000 kilogrammes de fer en massiots.
- Çes massiots, chauffés dans un feu de forge alimenté par la houille, et étirés au marteau, produisent de 16 à 1700 kilogrammes de fer, suivant les proportions désirées; car plus le fer est d’une petite dimension, plus souvent il faut le porter au feu et au marteau, et par conséquent plus il y a de déchet. La consommation de la houille est de 2Ôoo kilogrammes.
- Ces 2000 kilogrammes de massiots, chauffés au contraire dans le four de chaufferie et tirés au laminoir, produisent 1800 kilogrammes de fer, et n’exigent, pour leur entière confection en fer marchand, que 1000 kilogrammes de houille au plus.
- On voit déjà une très-grande différence entre le travail du marteau et celui du laminoir.
- Pour affiner 2400 kilogrammes de fonte et la convertir en barres de fer marchand sous le marteau, on emploie en tout, ainsi qu’il vient d’être détaillé. .................................5ooo kil. houille.
- Pour affiner la même quantité de fonte, et la convertir en barres sous le laminoir, on emploie, seulement...................................35oo
- Bénéfice au profit du laminoir. . .
- 15oo kil. houille.
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- 2000 kilogrammes de massiots étirés au laminoir produisent en fer marchand........................................i8ookil.
- La meme quantité de massiots étirés au marteau ne produit en fer marchand que de 16 à 1700 kilogrammes, terme moyen................i65o
- Bénéfice au profit du laminoir. . . . iookil.
- En évaluant la houille au prix moyen de 26 francs 4° centimes les 1000 kilogrammes, et le fer à 600 francs aussi les ioqo kilogrammes, on trouvera, au profit du laminoir, 129 francs 60 centimes sur l’affinage de 2400 kilogrammes de fonte; savoir ,
- i5oo kilog. houille à 26 fr. 4o c. les 1000 kil. 39 fr. 60 c. i5o idem. fer. , . à 600 fr........idem. ... 90
- Total. . . .................129 fr. 60 c.
- Ancien procédé.
- Pour affiner au charbon de bois, d’après le procédé généralement usité, 2400 kilogrammes de fonte, on consomme 23 mètres 54 décimètres (672 pieds cubes) de charbon, et on obtient 1600 kilogrammes de fer marchand.
- En prenant le terme moyen du prix des charbons de bois employés dans les forges de l’Empire, on ne peut évaluer le mètre cube à moins de 9 francs 70 centimes; ce qui porte la dépense de ce combustible, pour la fabrication de 1600 kilogrammes de fer, à 223 francs 42 centimes.
- Il est maintenant facile de juger de l’avantage du nouveau procédé sur celui que l’on suit généralement.
- En comparant la dépense du fer affiné à la houille et étiré au marteau avec celle qu’occasionne raffinage au charbon de bois, on trouve sur l’affinage de 2400 kilogrammes de fonte un bénéfice de 121 francs 42 centimes au profit de la nouvelle méthode; et si l’on fait cette comparaison avec le fer affiné également à la houille et étiré au laminoir, la différence au profit du nouveau procédé est de 251 francs 2 centimes.
- En effet, 2400 kilogrammes de fonte affinée au charbon de bois emploient, comme je viens de le dire, 23 mètres 34 décimètres cubes de charbon de bois, qui, à raison de 9 francs60 centimes le mètre cube, donnent une somme de. .................................... 223 fr. 42 c.
- Pour affiner la même quantité à lahouille et étirer le
- 220 fr. 42 c.
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- C )
- Ci-contre. . 223 fr. 42 c.
- fer au marteau, on consomme 5ooo kilogrammes de houille, qui, à 26 francs 4o centimes les 1000 kilogrammes, donnent une somme de........................162
- Différence au profit de la houille. . 91 fr. 42 c.
- Si l’on ajoute à cette somme 5o kilogrammes de fer que ce procédé donne de plus que l’ancien, et ce à raison de 600 francs les 1000 kilogrammes , ci. . . 3o
- On aura effectivement, ainsi que je l’ai dit. . . . 121 fr. 42 c.
- au profit de l’affinage du fer par la houille, et en employant seulement le marteau.
- Il a été démontré que le laminoir avait un avantage de 129 francs 60 centimes sur le marteau. En réunissant donc ces deux sommes, la différence du nouveau procédé avec l’ancien dans l’affinage de 2400 kilogrammes de fonte sera , comme il vient d’être dit, de 25i francs 2 centimes.
- En adoptant ce nouveau procédé, le prix du fer pourra diminuer de 100 francs par 1000 kilogrammes, en offrant encore aux maîtres de forge un bénéfice beaucoup plus considérable que celui qu’ils obtiennent par la méthode actuelle: alors on obtiendra ce métal, si nécessaire à l’agriculture, à la guerre, à la marine et à tous les arts, à un prix tel, que la concurrence des fers étrangers ne sera plus à craindre pour nos forges.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Extrait d’un rapport fait par M. Bouriat, au nom du Comité des Arts économiques, sur la 'veilleuse et la lampe de M. Dumonceau.
- M. Dumonceau a présenté à la Société d’Encouragement une veilleuse et une lampe demi-sphérique propre à être placée dans les lanternes de voitures et de cabriolets, pour suppléer aux bougies dont on se sert ordinairement.
- La veilleuse de M. Dumonceau a beaucoup de rapport avec les veilleuses déjà connues : c’est un appareil ou espèce de fourneau en tôle, garni d’une porte à sa partie inférieure, par laquelle on introduit une lampe à trois mèches, qui sert à chauffer les liquides. Cette porte est percée d’un grand nombre de trous, qui donnent accès à l’air extérieur pour entretenir la combustion.
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- Une marmite oblongue en fer-blanc entre presque entièrement dans la partie supérieure du fourneau, qui est de même forme; elle n’est retenue que par un bord saillant de 2 lignes, qui pose sur la surface de ce fourneau. La marmite a un couvercle percé de deux ouvertures, dans lesquelles on introduit deux vases lorsqu’on veut chauffer au bain-marie : ces vases ont, chacun, un couvercle qui sert à boucher les ouvertures lorsqu’on veut opér er à feu nu. Quelques trous pratiqués au haut du fourneau laissent une libre circulation à l’air et à la fumée : un robinet adapté au fond de la marmite sert à en retirer les liquides.
- M. Dumonceau regarde cette veilleuse comme susceptible de recevoir un grand nombre d’applications utiles dans l’économie domestique; il assure qu’on peut y préparer toutes les boissons nécessaires pour un malade, même le pot-au-feu, et qu’une heure suffit pour mettre en ébullition trois litres d'eau, qui se trouvent maintenus à cette température pendant quatre heures avec trois onces VT huile seulement. Il assure qu’avec les mèches plates dont il se sert, et qu’il prépare lui-même, l’huile, pendant sa combustion, ne répand aucune odeur dans l’appartement.
- Le rapporteur fait observer que la veilleuse de M. Dumonceau, qnoi-qn’ayant de l’analogie avec celles déjà existantes, est mieux conçue et produit plus d’effet. Il est probable qu’en perfectionnant cet appareil on pourrait le rendre très-utile aux malades, et dans l’été aux usages domestiques d’un petit ménage. Pour cela, il faudrait lui donner des proportions un peu plus grandes , et laisser échapper la fumée par un tuyau qui communiquerait dans la cheminée ou au dehors de l’appartement; car il y a toujours un dégagement de fumée, qui se fait sentir au bout de trois heures dans l’endroit où l’on opère. U est vrai qu’en surveillant avec soin les mèches pour les élever ou baisser lorsqu’il est nécessaire, on diminue beaucoup cette odeur; mais on 11e parvient jamais à l’empêcher entièrement, et les organes d’un malade sont trop susceptibles d’impressions , pour qu’il ne s’en aperçoive pas très-p ro m p t em eut.
- M. Bouriat a constaté la quantité d’huile brûlée pendant cinq heures pour laire bouillir trois litres d’eau, et il a trouvé, ainsi que l’avait annoncé JM. Dumonceau y que trois onces d’huile ont suffi pour porter à l’ébullition l’eau au bout d’une heure : cette température s’est constamment maintenue pendant quatre heures. Peut-être la chimie pourrait lirer parti de cet appareil , auquel 011 donnerait la forme et la grandeur convenables. C’est sur-tout lorsqu’on désire chauffer au bain-marie ou au bain de sable, et avoir une chaleur toujours égale qu’il sera utile : par là, on éviterait l’ennui d’une surveillance longue et fatigante, que nécessite l’emploi du charbon dans les opérations délicates.
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- Quant à la lampe pour les lanternes de voilure, à laquelle l’auteur at> tribue le double mérite d’être beaucoup plus économique que la bougie et d’éclairer infiniment mieux, le rapporteur a reconnu, par quelques expériences, que cette lampe pouvait être employée avec assez de succès. D’abord elle donne une clarté plus grande que la bougie, et peut se placer aussi facilement dans les lanternes; ensuite la différence du prix de l’huile à celui de la cire offre une économie réelle à ceux qui en feront usage.
- La disposition de la mèche dans l’intérieur de la lampe empêche que l’huile ne s’écoule par le mouvement de la voiture. Une seule précaution à prendre, c’est de maintenir horizontalement les brancards des cabriolets; autrement la lampe pourrait, par le repos, laisser couler un peu d’huile dans la lanterne.
- On se sert depuis long-temps , en Allemagne et en Italie, de lampes pour les lanternes des voitures, et on a reconnu qu’elles offraient une grande économie sur les bougies, qui, renfermées dans un tube de fer-blanc et poussées par un ressort à boudin, s’usent très-promptement lorsque la partie supérieure de ce tube est échauffée par la flamme. Il sërait à désirer qu’on adoptât en France un pareil usage : et la lampe de M. Dumonceau paraît devoir remplir à cet égard toutes les conditions exigées (i).
- AGRICULTURE.
- De scription d’une machine propre à broyer le jonc marin (ajonc) pour la nourriture des bestiaux.
- Nous avons annoncé dans le Bulletin N°. XC, décembre 1811, dixième année, page 3i2, que AI. de Sep/ontaines, propriétaire dans la ci-devant Bretagne, avait demandé à la Société de lui indiquer une machine économique propre à broyer le jonc marin , dont on nourrit les bestiaux dans ce pays, et qui pourrait être substituée avec avantage à la machine maintenant en usage, qui paraît trop coûteuse. Nous avons fait mention , à cette occasion, d’une machine tres-simple connue depuis long-temps, et nous avons promis d’en donner la description.
- En 1666, le sieur Querbrat Calloet, conseiller du Roi, publia une instruction surla manière d’élever des chevaux aussi grands et aussi beaux qu’en Allemagne et dans les royaumes voisins. On y trouve, à la page i3, la description delà machine dont il s’agit: voici comme Fauteur s’exprime à ce sujet*
- v1) Te dépôt des veilleuses et des i .1 ’v7. ::c s.-r c.::: èi, Lerc.. E-r-
- fjiantier, rue du Cherclie-MicU, ré. ;é
- Onzième année. Mai itiz O
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- « Le jonc marin (ajonc, itlex europœus. Lin.) vient de lui même sans être semé, dans les landes et terres maigres dans tous les pays; il commence à fleurir dans le fond de l’hiver, et est à sa grande fleur au mois de mai; et pour lors il est amer, et il n’est plus bon; à l’entrée de l’hiver, lorsque les herbages manquent, on prend les pointes de ce jonc, que l’on pile; car il a des piquerons qui blesseraient et feraient saigner la bouche des animaux.
- o On le pile à force de bras comme des pommes à faire du cidre, à l’aide d’une petite machine qui se fera sans frais, avec laquelle un homme seul en pilera plus en un jour que ne feraient dix hommes avec des pilon? à la manière dont on en use à présent; ce qui apportera un grand profit à ceux qui ont nombre de bestiaux. La raison pour laquelle un homme avec cette machine en pilera plus que dix avec des pilons, c’est que l’homme qui est dans cette machine ne se lasse point. Il a les deux pieds posés sur les deux bras de la balance c, fig. 22, PL 87, suspendue à une corde; pour peu qu’il appuie, la balance hausse et baisse comme il veut; il se tient à la corde et fait agir alternativement deux pilons bb qu’on peut faire aussi pesans qu’on veut (en bois très-dur) et qui pilent le jonc marin placé dans l’auge circulaire e. L’ouvrier emploie un bâton en forme de crochète/, attaché auprès de lui, avec lequel il met le jonc marin dans l’auge et le remue, sans avoir besoin de personne pour le servir.
- » Cette machine aa se place dans le coin cl’une grange, à couvert, ou dehors à l’air; dans ce dernier cas, on y met un petit chapeau de paille ou de genêt/, qui sert d’abri contre les injures de l’air. »
- L’auteur ajoute que ce fourrage, qu’on appelle en Bretagne du jan ou de la lande, forme en hiver une très-bonne nourriture pour les bestiaux; d est aussi profitable que le sainfoin, a plus de corps et de substance que le foin et la paille, et les vaches qui en mangent donnent plus de lait. La première coupe se fait ordinairement à l’entrée de l’hiver, lorsque les herbages commencent à manquer, et l’on continue plus ou moins souvent à mesure qu’il pousse; au bout de huit ou dix ans que le jonc marin ne pousse plus avec tant de vigueur, on laboure la terre, on y sème du blé, et on peut y cultiver après ce fourrage, dont un arpent vaut mieux que deux arpens de pré.
- S. Exc. le Ministre des manufactures et du commerce voulant donner la plus grande publicité aux utiles travaux de la Société d’Encouragement, vient d’adresser à MM. les préfets la circulaire suivante :
- <£ Monsieur le préfet, nos manufactures ont retiré de grands avantages des travaux de la Société qui s’est formée à Paris pour l’encouragement de l’in-
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- dustrie nationale : elles doivent à ces travaux plusieurs découvertes, des améliorations et des perfectionnemens importans dans différens arts et dans différentes fabrications. Ils ont aussi enrichi notre agriculture de plusieurs pratiques et de procédés nouveaux de culture. Sous ces divers rapports, on ne peut leur donner trop de publicité. Le Bulletin dans lequel ils sont consignés étant le moven le plus propre à faire atteindre ce but, il convient de ne rien négliger pour en répandre la connaissance. Au lieu de provoquer des abonnemens, il m a semblé que les hommes qui s’intéressent, dans les départemens, au progrès de l'industrie, préféreraient de devenir membres de la Société d’Encouragement. Alors ils recevraient le Bulletin, puisqu’il est envoyé à tous ceux qui font partie de cette Société. Pour que l'admission d’un candidat ait lieu, il est nécessaire qu’il soit présenté par une personne connue, afin d'avoir une sorte de garantie de sa moralité. Tous ceux que désigneront les préfets, les sous-préfets, les maires, les Chambres de commerce, les Chambres consultatives de manufactures et les Conseils de prud'hommes, seront admis sans difficulté. La Société d’Encouragement compte dans son sein les hommes les plus distingués dans l’État et dans les sciences, et il m’est agréable de penser que les amis des arts dans votre département s’empresseront de se faire inscrire sur la liste de ses membres, qui sera réimprimée au mois de septembre prochain.
- » C’est à vous, M. le Préfet, à leur faire sentir combien il est honorable d’ètre porté sur cette liste : au moyen d’une rétribution annuelle fort modique (j), ils feront partie d’une réunion dont toutes les vues ont pour but l’utilité publique, et à laquelle le Gouvernement ne cesse de donner des témoignages particuliers de sa bienveillance. Ils la paieront volontiers, puisqu’elle n’est que l’équivalent du prix du Bulletin, dont il paraît tous les mois un numéro composé de plusieurs feuilles, et dans lequel se trouvent non-seulement la notice des travaux de la Société, mais encore des détails, accompagnés souvent de gravures, sur les découvertes les plus nouvelles faites en France et dans l’étranger.
- » Vous devez donc, M. le Préfet, ne rien négliger pour multiplier, dans votre département, le nombre des membres de la Société d’Encouragement. C’est le moyen d’y perfectionner l’industrie et l'agriculture, le Bulletin qu’elle publie renfermant tout ce qui paraît de nouveau sur ces deux branches importantes de la prospérité nationale. Le but que je vous indique ici, votre zèle m’assure que vous ferez tous vos efforts pour l’atteindre, et
- il) La souscription est de 36 francs, qu’on doit payer d’avance entre les mains de M. Cruillard-Senainville, agent général de la Société, rue du Bac, hôtel de Boulogne, n°. 42. On fait aussi recevoir le montant de la rétribution au domicile des souscripteurs.
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- que vous serez secondé par les sous-préfets, les maires, les Chambres de commerce, les Chambres consultatives de manufactures, les Conseils de prud’hommes, et les Sociétés savantes. Si, comme j’aime à le penser, des particuliers répondent à l’appel que vous aurez fait, vous voudrez bien m’envoyer leur nom, afin que je le transmette au Conseil d’administration de la Société, qui tient deux séances par mois, rue du Bac, hôtel de Boulogne.
- 3) Je désire que vous m’accusiez la réception de ma lettre.
- 3) Recevez l’assurance de ma parfaite considération.
- « Signé le comte de Sussy. »
- OUVRAGES NOUVEAUX.
- Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets dinvention , de perfectionnement et d'importation, dont la durée est expirée ; publiée d après les ordres de M. le c'omte de Montalivet, ministre de Vintérieur; par M. Molard, administrateur du Conservatoire des Arts et Métiers. Tome Ier. i vol. in-4°. de 600 pages, accompagné de 14 planches gravées en taille-douce. Paris, chez Madame Huzard, imprimeur-libraire, rue de l’Éperon, n°. 7. — Prix : 15 fr. pour Paris, et lÿfr. 25 cent, franc de port pour les départemens.
- Dès l’an VII, le Gouvernement ordonna que les brevets d’invention accordés en vertu de la loi du 25 mai 1791, et dont la durée était expirée , seraient rendus publics par la voie de l’impression et de la gravure 5 il chargea les membres du Conservatoire des Arts et Métiers de cette publication. C’estpour remplir cette disposition que M. Molard a réuni dans le volume que nous annonçons la description de cinquante et un brevets sur différens objets d’arts, qu’il a enrichie de notes très-instructives et d’éclaircissemens utiles. Parmi les procédés qui nous paraissent mériter de fixer plus particulièrement l’attention du lecteur, nous avons distingué i°. celui du sieur OUivier pour la fabrication de la terre noire anglaise , de la terre imitant le marbre , des camées en porcelaine, etc. , 2°. celui du sieur Leblanc, pour extraire en grand la soude du sel marin 5 3°. la description des moulins à farine mus par l’action de la machine à vapeur, par MM. Perrier; Devismes et Damai; 4°» l’application des machines à feu aux fabriques et aux manufactures , par M. Hellot, de Rouen 5 5°. la fabrication des crayons artificiels par feu Conté ; 6°. les moyens imaginés par M. Thilorier pour remonter les bateaux contre le courant des fleuves , etc. ; 70. la distillation au moyen du vide et du froid, par M. Lebon.
- Mais ce qui ajoute à l’intérêt de cette collection, c’est la réunion des lois françaises sur les brevets d’invention, les rapports faits à l’Assemblée nationale et au Conseil des Cinq-Cents sur cette importante matière, et un précis de la législation anglaise et américaine sur la propriété industrielle. Ces matériaux, qui étaient épars dans plusieurs ouvrages, seront d’autant plus précieux aux artistes , que la plupart n’ont pas une connaissance assez exacte de l’esprit de notre législation et de celle des nations étrangères sur les brevets d’invention.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née vallât la chapelle),
- rue de l’Éperon, N°. 7.
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- ONZIEME ANNÉE. ( N*. XCYI. ) JUIN l8l2.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Extrait des séances et de la correspoTidance du Conseil.
- Carrière de marbre-lumachelle découverte dans le département de la Cote-d’Or. 11 a été trouvé, à 18 pouces de profondeur, dans les bois de la commune de Brognon, département de la Côte-d’Or, à 3 lieues nord-est de Dijon, et dans un pays de plaine où la vigne n’est pas cultivée, des pierres calcaires imitant le marbre, dont M. Lombard a remis des échantillons à la Société.
- D’après l’examen qui en a été fait par le Comité des Arts chimiques, ces pierres calcaires, à grain très-fin , contiennent un grand nombre de petites coquilles marines qui paraissent être du genre de celles à valves inégales renfermant des huîtres et des gryphites : on y remarque quelques cérites. C’est un marbre-lumachelle, qu’on 11e peut cependant pas comparer à celui de Carinthie, nommé opalinqui, sur un fond brun, contient souvent des coquilles naturellement nacrées, qui, pendant un long séjour dans la terre, ont pris les belles couleurs de l’iris. La surface polie du marbre-lumachelle trouvé à Brognon est d’un gris pâle et jaunâtre ; les coquilles sont brunes, et la plupart entourées d’un cercle jaune; la coupe de leur test plus ou moins arquée, leur couleur tranchante sur le fond de la pierre font un effet fort agréable ; on y remarque quelques portions de chaux car-bonatée, blanche, transparente, donnant des reflets nacrés.
- Ce marbre, qui paraît se trouver en couches de 4o millimètres d’épaisseur presque à la surface du sol, prend un beau poli, sur-tout sur le tranchant des coquilles, et peut former de beaux dessus-de-table, plus agréables que ceux de marbre fétide à fond brun rempli de débris de corps marins, venant d’Ecaussmes , département de Jemmapes , à 21 kilomètres nord-est
- Onzième année. Juin 1812. R
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- de Mous, et employé avec une grande profusion par les marchands de meubles de Paris sous le nom de granitel, quoiqu’il ait à l’œil beaucoup plus d’analogie avec un porphyre qu’avec un granit.
- Le marbre calcaire lumachelle de Brognon peut servir à faire des socles, des dessus-de-table fort agréables, s’il se trouve en couche continue : il pourrait même être employé à des objets d’architecture plus importans , s’il se trouvait en couches épaisses.
- La Société d’Encouragement a invité l’exploitant à répandre ce marbre dans le commerce, ainsi qu’il y est autorisé par la législation des mines.
- Nouvel étamage pour les glaces. Nous avons annoncé dans le Bulletin, N°. XC, décembre 181 j, dixième année, page 329., que M. Vèrêa était parvenu à donner aux glaces un nouveau tain qui n’adhère pas comme l’étamage ordinaire, et qui n’y est pas adapté par les mêmes procédés.
- Cette composition, qui a été soumise parle Comité des arts chimiques à toutes les expériences propres à en constater les avantages, a paru susceptible de remplir l’objet que l’auteur s’est proposé. Le Comité a été frappé de la simplicité des moyens employés par M. Fèrêa pour appliquer cet alliage sur les glaces j il pense que cette découverte peut donner lieu à une foule d’applications utiles, et il a proposé à la Société d'accorder à l’auteur une somme de i 5o ir. à titre d’encouragement, sous la condition que ses procédés seront rendus publics par la voie du Bulletin : cette proposition a été adoptée. Nous donnerons, dans un prochain Numéro, la description de ce procédé et le résultat des expériences qui ont été faites par le Comité des arts chimiques.
- Transmutation de Vamidon en gomme et en matière sucrée. Cetle découverte, prédite depuis long-temps par nos plus habiles chimistes , serait d’une assez haute importance , quand elle ne servirait qu’à confirmer la théorie de la science; mais il est impossible qu’elle n’ait pas bientôt des applications utiles à l’économie domestique.
- MM. Ittner. docteur en médecine, et Relier, pharmacien à Fribourg, fabriquent un sirop de sucre avec l’amidon de la pomme de terre et les ma-
- tieres suivantes :
- Amidon pur. .....
- Eau ...... 2.00
- Acide sulfurique. • . . 4
- Craie. ...••• • .
- Charbon animal .... 8
- le sirop qui en résulte a une pesanteur spécifique de i,5oo; il a la cou-
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- leur et la consistance d’un miel clair; il est doux, avec un peu de goût de caramel. Ce sirop, au bout de quatre à six jours, devient presque entièrement une masse concrète de sucre jaunâtre, qui cristallise en forme globuleuse comme des pyrolithes.
- Il est très - propre pour tous les usages auxquels on emploie celui de canne ; mais il en faut une quantité double. Le quintal d’amidon de pomme de terre coûte 32 fr.
- Les frais en huile de vitriol (acide sulfurique), craie et combustible, peuvent aussi être portés à 32 fr.
- D’après ce calcul, le sirop d’amidon de pomme de terre coûtera tout au plus 75 cent, la livre.
- Comme il est très-important de s’assurer des avantages que peut présenter l’amidon pour remplacer le sucre, le Conseil a chargé le Comité des arts chimiques de vérifier les procédés employés jusqu’à ce jour pour convertir cette substance en sucre, et d’éclairer à cet égard l’opinion de la Société.
- Sur les canaux cVirrigation proposés par M. Rattier. Nous avons rendu compte dans le Bulletin, N°. LXXYIII, neuvième année, page 3i3, de i’étafc des canaux d’irrigation formés par M. Rattier dans le département de Loir-et-Cher, et des succès qu’il en a obtenus. Le système d’irrigation adopté par ce zélé cultivateur ayant paru susceptible de pouvoir être employé dans les vallées voisines de la Loire et du Cher et contribuer à les fertiliser, la Société a soumis ce projet à S. Ex. le Ministre de l’intérieur, qui l’a fait examiner avec l’attention qu’il mérite.
- Une expérience de dix années dans cette partie de l’amélioration agricole, et celle sur-tout dont la vallée de Chouzy-sous-BIois éprouve les heureux effets depuis un certain nombre d’années, semblaient militer en faveur du projet de M. Rattier, qui avait obtenu le suffrage de M. le baron de Cor-bigny, alors préfet du département. S. Ex. le ministre de l’intérieur fit prendre administrativement toutes les mesures convenables , et répandre des instructions qui avaient pour but de balancer les avantages et les in-convéniens des travaux projetés, et d’y donner suite, s’il était reconnu que ces travaux étaient exécutables, et produiraient le grand bien que Fauteur s "était promis.
- Les rapports faits au Ministre, loin d’être favorables au projet de M. Rattier, le rejettent au contraire comme incertain dans ses résultats et trop dispendieux (huis son exécution. D’abord, il résulte de ces rapports, nue les moyens dirrigation proposés par M. Rattier ne peuvent s appliquer qu'à une étendue de terrain très - circonscrite, et seulement
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- à un établissement de pépinière semblable à celui qu’il a formé dans la vallée de Chouzy.
- En second lieu, il a été observé que les frais de dessèchement des mares qui longent la levée de la Loire seraient trop considérables pour que le produit de ces terrains desséchés pût en offrir le raisonnable dédommagement.
- Enfin , les ingénieurs sont convenus qu’il serait sans doute important d’employer, pour le dessèchement delà Varenne, située au sud de la ville de Tours, des moyens analogues à ceux de M. Ilattier; que ces moyens avaient été proposés depuis bien long-temps, mais qu’ils étaient susceptibles de se combiner avec d’autres mesures récemment présentées à l’administration des ponts et chaussées pour l’assainissement de l’ancien canal de communication du Cher à la Loire, lequel canal est connu sous le nom de Huait-Sainte- Anne, et dont les eaux stagnantes nuisent singulièrement à la salubrité de la ville. Cette circonstance a fait penser à MM. les préfets d’Indre-et-Loire et de Loir-et-Cher, et aux ingénieurs en chef de ces départemens, qu’il serait inutile d’exécuter les projets de M. Rattier, dont la dépense se trouverait hors de toute proportion avec les avantages à en recueillir, lesquels, au surplus pourraient être révoqués en doute.
- Des quatre communes dont les Conseils municipaux furent autorisés à délibérer sur ce même projet, deux seulement s’en sont occupés et se sont prononcés contre l’exécution d’un projet qu’ils combattaient par des motifs propres à leurs localités.
- D'après ces observations, ie Ministre de l’intérieur n’a pas cru devoir donner suite au projet qu’avait conçu M. Rattier pour dessécher les vallées voisines de la Loire et du Cher; cependant il a applaudi au zèle de ce cultivateur distingué , qui a su améliorer, par des irrigations sagement combinées , une certaine portion de terrain qui en était susceptible.
- Sur une singularité offerte par une toison de brebis métis adressée à la Société par M. Dessaux-Lebrethon. Cette toison offre une singularité très-remarquable ; elle est composée de bandes, ou plutôt de couches alternativement blanches et noires : de sorte qu’en tondant l’animal à tel jour fixe, la tonte n’oftrirait que ds la lame noire , et ainsi successivement des tontes blanches et des tontes noires.
- Cette singularité ne s’est fait remarquer que sur un seul individu; on ne peut la regarder que comme un jeu de la nature, qui ne pourrait devenir utile pour les arts qu’autant qu’on pourrait le multiplier à volonté.
- La Société a engagé à!. lloj-Monnk, propriétaire de la brebis dont il
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- s'agit, à faire les deux expériences suivantes : i°. de laisser la brebis qui offre cette singularité deux ans sans être tondue, pour s’assurer si le même phénomène se reproduirait; 2°. d’observer si les individus qui naîtront ou qui sont nés de la brebis qui a donné cette singulière toison offriront des toisons pareilles à celle de leur mère.
- Sur les élèves agriculteurs entretenus par la Société à VEcole cT A fort. La Société continue d’entretenir à ses frais, chaque année, six élèves agricui-culteurs à l’Ecole d’Alfort, pris parmi les fils de cultivateurs dans les départe mens où les bonnes pratiques sont le moins répandues. Depuis le mois d’avril 1810, époque où M. Challan fit au Conseil un rapport détaillé sur ces élèves, inséré au Bulletin, N°. LXX, neuvième année, page 9 3 , nous n’avons point parlé de leurs progrès et des changemens qui sont survenus. A cette époque, il y avait présens à l’Ecole quatre élèvres ; savoir, MM. Dmnoulier, Bordier, Bouffel et Moine. Ces deux derniers ayant obtenu leur brevet d’agriculteur, la Société les a autorisés à suivre le cours d’Art vétérinaire. Ces élèves ont répondu à la confiance de la Société pour cette partie d’études, comme ils l’avaient fait pour la première. Le jury de l’Ecole a trouvé Pierre Bouffel en état d’obtenir le brevet de vétérinaire dans la session qu’il vient de terminer, et Henri Moine, qui marche sur ses traces, mais qui est moins ancien, l’obtiendra vraisemblablement aussi lors du premier examen : il vient de remporter le prix de la deuxième année d’études. MM. Dumontier et Bordier, ayant obtenu leur brevet de vétérinaire , ont quitté l’Ecole.
- Jean-François Desroy (du Cher), élève agriculteur , continue de mériter les faveurs de la Société : le jury vient de le nommer répétiteur du Cours.
- Jean-Florent Lacroix, de Poitiers, vétérinaire breveté, a été appelé par le Ministre de la guerre à une place d’aide-vétérinaire dans les chasseurs à cheval de la Garde impériale , et a quitté l’Ecole.
- Joseph Magdelairte (de l’Aube), quoique travaillant mieux et plus , est néanmoins encore faible. M. le préfet de l’Aube l’ayant nommé à une place gratuite de vétérinaire, il la préférera sans doute, et cessera d’étre aux frais de la Société.
- Il y a actuellement à l’Ecole cinq élèves entretenus aux Lais de la Société ; savoir, Moine, Desroy, Magdelaine, Martin Fossette (du Pas-de-Calais), et Lechène (delà Sarthe). Il y en aura un et peut-être bientôt deux à remplacer si Magdelaine quitte.
- Aciers fondus de MM. Tachet et Goret. Nous avons annoncé dans le Bulletin , N°. XC, dixième année , page 3i8, que MM. Tachet et Goret, de Clermont (Puy-de-Dôme) , avaient présenté à la Société des échantillons d’acier
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- fonda. Ils y ont ajouté un rasoir fait avec ces aciers par M. Brasset-VMé-raud, fabricant aciériste, déjà avantageusement connu. Le Comité des arts chimiques a trouvé que le poli de ce rasoir était un peu blanc, et assez beau à la vue simple; mais avec une loupe on y découvre des piqûres très-petites, qui doivent nuire au tranchant lorsqu’elles s’y rencontrent; et en effet ce rasoir laisse beaucoup à désirer sous ce rapport.
- L’acier s’est assez bien forgé; mais les burins qui en ont été faits ont le défaut d’être peu tranchans ; ils présentent en outre des fentes et des pailles, suivant leur longueur, qui nuiraient beaucoup à la coutellerie fine qu’on pourrait fabriquer avec cet acier.
- Le Comité a pensé qu’en apportant des soins dans la fabrication , et en prenant les précautions convenables pour trouver le degré de chaleur propre à la trempe de cet acier, on parviendrait à obtenir un poli plus noir et un tranchant meilleur; mais pour lui donner une qualité qui le mette au niveau des bons aciers fondus, il faut, après la foute, en soigner davantage le mailéage, afin d’en faire disparaître les piqûres, et les fentes ou gerçures, toujours préjudiciables aux instrumens et aux outils que l’on voudrait fabriquer avec cet acier.
- Objets présentés au Conseil.
- M. Biherel a soumis à l’examen de la Société un nouvel étamage de sa composition , qu’il assure durer sept fois plus que l’ancien et ne coûter qu’un tiers de plus (voyez le rapport de M. d’Arcet, Bulletin, N°. XCII) ;
- M. Charles Derosne, an nom de M. Bernard Derosne son frère, maître de forges au fourneau de la Grâce-Dieu, département du Doubs , a fait hommage à la Société d’un poêle en fonte, coulé dans les ateliers de ce dernier, et dont nous avons fait connaître les avantages dans une note insérée au Bulletin, N°. XCI : ce poêle, monté dans l’une des salies de la Société, a produit de très-bons effets :
- M. Beuriat, breveté d’invention , demeurant rue Napoléon, N°. 11, a présenté des décors d’architecture et des ornemens variés en mastic de sa com-
- position , susceptibles de recevoir la dorure et toutes les couleurs {voyez
- plus bas le rapport de M. Mérimée) ;
- MM. Legoux et Compagnie, des échantillons de tourbe carbonisée, G goudron et d’acide extraits de cette même tourbe , et provenant d’an four neau de carbonisation qu’ils ont établi à Vitry-sur-Marne ;
- MM. Ouincandou,
- din et Mazandier} d’Alais, département du Gard
- qui ont obtenu une médaille d’encouragement au concours de i8i i, des échantillons d'acier de leur fabrique ;
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- M. Marc, ébéniste à Sainte-Menehould, département de la Marne , une table eu noyer à compartimens, pouvant s’élever et s’abaisser à volonté au moyen d’on cric à engrenage logé dans le pied, et servant à plusieurs usages;
- M. Hadrot, ferblantier, rue Saint-Sauveur, N°. éj3 . des lampes à réservoir circulaire et à niveau alternatif;
- M. Griebel, horloger, rue Yivienne, N°. i5, des pendules de nuit d’un effet très-agréable (voyez le rapport de M. Bréguet, Bulletin, N”. XCY) ;
- M. Peugeot, d’Hérimoncourt, département du Doubs, des échantillons d’acier fondu et cémenté;
- M. Sakosky, bottier, breveté d’invention, des formes de souliers et des emboLichoirs mécaniques susceptibles d’étendre le cuir à volonté:
- MM. Narbonne frères, fabricans à Bèze, département de l’Aude, des échantillons de blanc de plomb préparé avec le marc et la rafle du raisin.
- M. Bruun-N’cergaard a lait hommage à la Société, de la part de M. Du-bucourt, graveur en taille-douce et membre de l’ancienne Académie de peinture, des quatre premières livraisons d’un ouvrage ayant pour titre : Encyclopédie du dessin, ou Recueil de principes et d'exemples sur toutes les parties de cet art.
- Le même membre a présenté une monnaie de cuivre frappée à Copenhague avec le balancier de MM. JFatt et Boulton, mû par la machine à vapeur, et sur lequel nous avons donné des détails dans le JM°. LXXXV du Bulletin, page 165 : ce balancier frappe 448 pièces par minute.
- M. Mérimée a remis , de la part de M. Fogel, des échantillons de sirop d’amidon.
- M. Bordier*Marcet a présenté un nouveau système d’éclairage, qu’il nomme sydéral, et dont il a fait trois différentes applications;
- M. le baron Delessert, de la part de M. Delile, ancien consul de France aux Etats-Unis d’Amérique, une tarière en hélice dont on fait usage dans ce pays (Bulletin, A°. XCY b
- M. îe comt e, Rœderer, ministre secrétaire d’Etat du grand-duché de Berg, a adressé des échantillons d’acier fondu , fabriqué par M. Lohman, de Witten ( voyez plus bas le rapport de M. Gillet- Laumont sur ces aciers).
- M. Behr, associé de MM. Michicls et Compagnie, entrepreneurs de l’éclairage public des villes d’Amsterdam, Rotterdam, Gorcum, Bois-le-Duc et Maastricht, et copropriétaires d’un brevet pris originairement par MM. Frai-iure et Michiels, pour un appareil qui reçut le nom de photopériphore. ca-tadioptrique, a fait hommage à la Société d’un de ces appareils connus aujourd hui sous le nom de lanternes de Maëstricht. Ces lanternes ont été
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- soumises récemment dans Paris à des expériences comparatives, dont ïe résultat n’est pas encore rendu public. Le Comité des arts économiques a été chargé de faire de nouvelles expériences, afin de juger du mérite de ces appareils.
- MM. Ravina, Daguülon et Mehier, fabricans d’étoffes de soie à Lyon, ont présenté des échantillons d’une étoffe pour meuble imitant les tapisseries de Beauvais, et fabriquée au métier.
- Cette étoffe a été renvoyée à l’examen du Comité des arts mécaniques.
- M. Janety fils, rue du Colombier, a présenté, i°. deux vases en platine : le premier, de 38 centimètres de diamètre sur 32 centimètres de fond et 27 de hauteur (14 pouces de diamètre sur 12 de fond et 10 de hauteur), et pesant n5o8 grammes (10 marcs 2 onces); le second, de 32 centimètres de diamètre sur 27 de fond et 8 7 de hauteur, pesant 1748 grammes (7 marcs une once). Ces vases se placent dans des chaudières de fer, et servent aux essais pour les matières d’or et d’argent; 20. une casserole en platine et un couteau de vovage qui se divise en trois parties, dont l’auteur a l’intention de faire hommage à S. M. l’Empereur et Roi, pour le service de S. M. le Roi de Rome.
- Quoiqu’il soit reconnu par tous les chimistes que le platine préparé avec l’arsenic n’en retient aucune partie, M. Janetj assure que les objets qu’il présente à la Société n’ont point été préparés par ce procédé, mais par un moyen particulier qu’il a adopté depuis environ un an , et qui ne peut laisser aucun doute sur la pureté du platine.
- Les objets ci-dessus indiqués ont été renvoyés à l’examen du Comité des Arts chimiques.
- Ouvrages offerts à la Société.
- Troisième mémoire sur Vaménagement des forêts; par M. Baudrillart, Brochure in-8 '., 20 exemplaires.
- Le Moniteur rural; par M. Deschartres, maire de Nohant, département de l’Indre. Un vol. in-8°.
- Traité du kermès ; par M. Tmchet, d’Arles. Un vol. in-8°.
- Almanach champenois , pour l’année 1812.
- Instruction sur les moyens de prévenir et d'arrêter les progrès de la contagion; par M. le baron Guyton-Morveau.
- Traité complet sur le sucre européen de betteraves ; traduit de l’allemand de M. le professeur Achard, par M. Angar, avec une introduction et des notes de M. Ch. Derosne, pharmacien , a Paris. Un vol. in-8°. avec planches.
- Coup d’œil sur les imperfections de la chaussure et sur les moyens d'y
- remédier ;
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- remédier; par M. Sakosky, bottier; brochure in -8°., 5o exemplaires.
- Mémoire sur les collections de tableaux et de dessins, et particulièrement sur celle formée par M. Bruun-Neergaard.
- Voyage pittoresque du Nord de VItalie; par M. Bruun-Neergaard, gentilhomme de la Chambre de S. M. le roi de Danemarck; Te. et 2°. livraisons, m-fol., accompagnées de six planches chacune.
- Memorie délia Società d’Agricoliura di Torino ( Mémoires de la Société d’Agriculture de Turin); iomo IX. Un vol. in-8°. avec planches.
- Notices des travaux de VAcadémie du Gard pendant Vannée 1810; par M. Trélis, secrétaire perpétuel.
- Annuaire de Vindustrie française ; par M. Thièbaud de Berneaud; seconde année ( 1812 ). Un vol. in-12.
- Notices sur l’aréomètre centigrade, Valambic ambulant et le plastron nautique; par M. Bordier-Marcet; brochure in-8°.
- Statuts de la Société départementale pour les progrès de l’agriculture, de l’industrie, des arts et sciences dans le département de l’Ems-Supérieur.
- Discours prononcé par M. le chevalier de Keverberg, préfet du département de l’Ems-Supérieur, le 12 niai 1812, jour de l’installation de la Société départementale de l’Ems-Supérieur.
- Théorie der Brücken-Boqen und vorschlàge zu eisernen brücken in jedler beliebigen grosse; c’est-à-dire : Théorie des arches de ponts et propositions pour la construction de ponts en fer de toutes les dimensions ; par M. Reichenbach, conseiller des salines de S. M. le Roi de Bavière. Un vol, in~4°-, avec cinq planches.
- Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d’invention, de perfectionnement ci d’importation dont la durée est expirée, publiée d’après les ordres de M. le comte de Montalivet, Ministre de l’intérieur, par M. Molard, administrateur du Conservatoire des Arts et Métiers. Tome Ie'. Ln vol in~4°. de 600 pages, accompagné de quatorze planches gravées en nulle - douce. »
- Magazin der handlung und, der handelsgesetzgebung von Frankreich and den verbündeten stciaten ; c’est-à-dire, Magasin du commerce et de la législation commerciale de la France et des Etats alliés; par M. le baron de Fahnenberg; tome IIe. Carisruhe, 1812. Un vol. in-8°,
- Correspondance.
- M. Descroizilles a communiqué au Conseil une lettre écrite par M. le r taire d’Aix-la-Chapelle à M. Aubsrtot, maître de forges, à \ierzon , au uqet d un échantillon d’acier fourni par ce dernier, et qui ayant été tréfilé
- Onzième année. Juin 1812. S
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- à Paris par M. Mignard - BÜUnge, a été jugé, par les fabricans d’Aix-Ia-Oiapelle et de Borceite, aussi propre a la fabrication des aiguilles que le meilleur fil d acier venant du grand-duché de Berg.
- M. Auberlot doit envoyer bientôt à la Société des tôles de fer fabriquées dans ses usines, ainsi que des tôles d’acier et des limes qu’il est parvenu à faire avec une grande perfection.
- M. Lembert, boulanger, rue du Mont-Blanc, n°. 3, inventeur de la machine à pétrir le pain, que la Société couronna en 1811, a informé le Conseil que cette machine a déjà reçu des améliorations ; .qu’elle a été essayée comparativement, au mois de février dernier, a la manutention générale des vivres, par les ordres de M. le comte de Cessac ; que l’expérience a complètement réussi, malgré le concours de différentes circonstances défavorables pour lui; que son pétrin, mû par un adulte, a gagné 7ni tiers de temps, et que la pâte a été reconnue par les commissaires d’une aussi bonne qualité que celle pétrie à bras; que cependant le rapport de ces memes commissaires ne lui a été nullement favorable; qu’ils ont conclu au rejet de sa demande en indemnité, et qu’il ne lui a pas même été tenu compte de ses frais d’expérience.
- M, Lembert a ajouté qu’il a fourni depuis peu de temps une de ses machines pour la maison de force de Uaè'stricht, qu’il en a fait construire une autre pour la ville de Colmar, qu’il en a expédié des dessins à Milan, en Russie et ailleurs, d’après les demandes qui lui ont été flûtes; qu’en fin un de ses confrères demeurant à Paris, rue Aubry-îe-Boucher, en a établi une pour son usage, qui lui a épargné le service d’un garçon ; qu’il ne craint pas de proposer aux détracteurs de son invention un pari de 1200 francs, et que bien qu’âgé de soixante-trois ans, et n’ayant pas exercé le pétrissage depuis trente ans, il fera à lui seul, en quatre heures et demie ou cinq heures, la pâte de six fournées, composées chacune de vingt-quatre pains de 2 kilogrammes (c’est-à-dire 288 kilogrammes de pâte), pourvu qu’on lui présente à mesure les levains tout prêts à employer.
- M. Lembert a réclamé de la Société une nouvelle recommandation , à f effet d’obtenir du Gouvernement le dédommagement de ses sacrifices.
- Le Conseil a invité les membres du Comité des Arts mécaniques à s assurer si la machine établie chez le boulanger indiqué par M. Lembert procure réellement une économie de main-d’œuvre.
- M. le secrétaire de la Société d’Émulation de Rouen a écrit à M. Lembert, au sujet d’un essai de sa machine à pétrir : essai que M. le secrétaire annonce avoir été couronné d’un plein succès.
- M. Sickf conseiller d’économie de S. AI. le Roi de Wurtemberg, a
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- annoncé à la Société qu’il lui communiquerait tous les résultats qu’il croira propres à l’intéresser et qu’il est à portée de recueillir, en suivant les grandes expériences que son souverain ordonne fréquemment pour le bien de l’industrie wurtembergeoise : telles sont celles qui vont avoir lien dans la fabrique de sucre de betteraves établie dernièrement pour servir d’école normale en ce genre. Tl offre à la Société de lui procurer, à un prix très-modéré, telle quantité de graine de betteraves qu’elle désirerait, si on en manquait pour le moment en France, attendu qu’il y en a en très-grande abondance et d’une très-bonne qualité dans le pays qu’il habite. Il fait l’éloge de l’éclairage à grands effets de lumière dont on a fait Fessai depuis un an à Stuttgard, avec trente réverbères placés dans une des plus belles rues de cette ville, et quoique l’éclairage ordinaire n’y soit pas trop négligé, il assure que celui de M. Bordier présente une supériorité décidée. Enfin M. Sick adresse à la Société la première livraison d’un ouvrage qu’il regarde comme également utile aux deux nations auxquelles il est destiné: c’est le Nouveau, Dictionnaire complet à Vusage des Français et des Allemands , par M. l’abbé Mozin,
- M. Migneron a informé le Conseil qu’il vient d’établir une fabrique d’ustensiles en zinc dont il a adressé quelques échantillons à la Société. Le Comité des Arts chimiques a été chargé de rendre compte de cette fabrique.
- M. Siebel, d’Elberfeld, annonce qu’un fabricant du grand-duché de Berg, M. Haddenbruck, de Remscheid, se propose d’établir en France une fabrique de scies laminées imitant celles d’Angleterre, genre d’industrie encore inconnu chez nous; ce fabricant fournit aux manufactures de France des fers et des aciers du grand-duché de Berg. M. Siebel réclame en sa laveur la protection du Gouvernement. •— Le Conseil a recommandé M. Haddenbruck à la bienveillance de S. Ex. le Ministre des manufactures et du commerce, afin qu’elle daigne favoriser son entreprise.
- AI. Johannot a monté dans sa papeterie à Annonay des ateliers de blanchiment de chiffons à l’acide muriatique; il assure que par ce moyen, qui lui réussit parfaitement, il espère pouvoir diminuer à l’avenir ses prix de fabrique.
- Il ajoute qu’il a perfectionné la fabrication du filigrane propre à l’usage des papeteries, et il a présenté à la Société, comme résultat de ce perfectionnement, un échantillon de papier qui lui a été commandé par la Cour de Westphalie.
- M. le baron de Fahnenberg, en remerciant la Société de l’avoir reçu au nombre de ses membres, lui adresse quelques observations sur l’état de
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- l’industrie en France. Dès l’époque du fameux traité de commerce de i 785 , dit-il, la France n’avait fourni à la consommation de l’étranger que quelques objets de luxe et de mode ; aujourd’hui toutes les branches de son industrie ont atteint un degré de solidité et de perfection qui paraît tenir du prodige. Au commencement de l’année dernière, on comptait en France 81,718 étabîbsemens dans lesquels 011 occupait près de deux millions d’ouvriers, et dont le produit annuel s’élevait à la somme de 1 milliard 36a millions i3o,6i5 fr.; l’industrie française peut sur-tout se glorifier des nombreuses conquêtes qu’elle a faites sur celle d’Angleterre.
- M. de Fahnenberg adresse en même temps à la Société une note des objets sur lesquels il pourra lui donner quelques renseignemens, et un ouvrage périodique qu’il publie, dans le but de faire ressortir les avantages du système continental créé et maintenu par S, Majesté l’Empereur, et de propager la doctrine du Code de commerce.
- Les objets contenus dans cette note sont, i°. un tableau des manufactures et des fabriques du grand-duché de Bade ; a°. le résumé des différons essais qu’on a faits dans ce pays pour la fabrication du sucre de betteraves, la culture du pastel et les moyens d’en extraire l’indigo ; 3°. l’histoire naturelle d’un nouvel ennemi des vignes, inconnu jusqu’à présent aux naturalistes, qu’on a découvert aux environs du lac de Constance; 4°. des notices sur l’introduction des moutons à laine fine d’Espagne dans le grand-duché de Bade, et des expériences et observations qu’on a faites à ce sujet; 5°. des renseignemens sur un tissu de paille qu’on fabrique dans la Forêt-Noire, et sur une machine très-ingénieuse dont on se sert pour fendre et diviser la paille; 6°. enfin la description d’une terre propre à détacher la
- rouille du blé.
- Ces divers objets et sur-tout les trois derniers présentant un grand intérêt, le Conseil a demandé à M. de Fahnenberg de lui donner des détails à ce sujet»
- AT. le baron de Keverherg, préfet; du département de l’Ems - Supérieur, annonce qu’on vient de former à Osnabrück, chef-lieu de ce département une Société pour les progrès de l’agriculture, du commerce et des arts, dont il a été nommé président. Cette assemblée, qui est composée de trois cents des plus notables habitans choisis dans les différentes classes de la société, parmi les plus riches propriétaires, les autorités civiles et militaires, s’est occupée de divers objets d’utilité publique , tels que la culture de la betterave, celle du lin, principale production du pays, de l’amélioration de la race des brebis indigènes par le croisement avec des heliers mérinos, etc. Déjà cette Société a fait l’acquisition d’un certain nombre de beliers pour èae répartis dans les campagnes de chaque arrondissement, et elle va
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- acquérir bientôt un troupeau de beliers et de brebis de race pure, afin de les acclimater dans le département.
- La Société de bErns-Supérieur ayant demandé à correspondre avec la Société d’Encouragement sur tout ce qui concerne l’industrie, le commerce et les arts , le Conseil a admis au nombre de ses membres M. le baron de Keverberg, son président actuel.
- M. Fougerolles, rue de la Vieille - Draperie, n°. 8, breveté d’invention pour des mitres de cheminées en terre cuite dont nous avons fait connaître les avantages dans le Bulletin, N°. XLVI, septième année, page 97, expose qu’il s’est occupé à remédier aux inconvéniens justement reprochés aux tuyaux de descente des latrines, qui répandent presque toujours une mauvaise odeur dans l intérieur des appartemens et dans les escaliers, par la filtration des pots de descente qu’on emploie ordinairement et qui sont composés d’une terre de mauvaise qualité. M. Fougerolles en a présenté au Conseil qui paraissent mieux fabriqués , et dont la terre est d’une extrême dureté.
- MRI. les délégués de la réunion des entrepreneurs de maçonnerie de la ville de Paris ont donné leur approbation à M. Fougerolles,pour ces nouveaux pots de descente, et le Conseil en a renvoyé l’examen aux Comités des Arts chimiques et économiques réunis, afin de les comparer à ceux maintenant en usage.
- La Société formée à Copenhague pour l’encouragement de l’industrie et des arts, dont nous avons annoncé les travaux dans le Bulletin N0. LXXXIII, dixième année, page 128, a témoigné ses remercîmens à la Société pour avoir admis ses principaux membres au nombre de ses correspondans étrangers ; elle désire correspondre avec elle sur tous les objets qui peuvent intéresser l’industrie.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Notice sur un nouveau cache-entrée propre à garantir toutes les serrures des rossignols et même des doubles clefs $ par M. Regnier.
- J’ai eu l’honneur de présenter à la Société d’encouragement différens cache - entrées qui offrent des fermetures assurées ; mais celui dont je vais donner la description a paru plus simple, plus commode et moins dispendieux.
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- II est composé d’une plaque en fer, dans laquelle est percé le passage de la clef; cette plaque est incrustée de son épaisseur dans la porte, ou elle est maintenue intérieurement par quatre vis à écrou. Sur cette entrée de serrure, qui ne présente rien de particulier à l’extérieur, on adapte, quand on le désire , le cache-entrée qui doit boucher le passage de la clef.
- Ce cache-entrée est formé d’un piton à pâte en acier trempé; il s’agrafe sur l’entrée de la serrure en le plaçant suivant la longueur du panneton, et en lui faisant faire un quart de révolution.
- Le piton est fendu au milieu de son épaisseur pour recevoir une clavette de même métal ; l’un et l’autre sont percés d’un oeil dans lequel on passe l’anse d’un cadenas à combinaison, qui empêche que la clavette d’acier puisse être retirée, et le piton détourné, de manière que la clef, que l’on met à part, ne peut plus entrer dans la serrure sans le consentement du propriétaire, qui se trouve débarrassé de ses clefs quand il veut s’absenter pendant quelque temps.
- Si on voulait avoir dans sa maison plusieurs portes fermées do cette manière, il serait aisé de le faire avec le même piton à clavette , parce qu’on peut adapter de pareilles entrées sur les différentes portes qui exigent quelquefois .une fermeture assurée.
- Le piton pouvant s’agrafer à toutes les entrées qui sont faites exprès, peut être employé tantôt dans un endroit , et tantôt dans un autre, et lorsqu on veut le supprimer il ne reste aucune trace de cette fermeture auxiliaire : alors on reprend l’usage de la clef pour le service journalier.
- On fait aussi de plus petits cache-entrées pour les meubles : en sorte que les armoires et les secrétaires peuvent être également fermés par un des petits cadenas à combinaison, qui supprime, comme nous l’avons dit, l’embarras des clefs, avantage particulier, sur-tout pour les dames, qui ont su en faire l’application à leurs cassettes de voyage.
- On a composé, sur le même principe, pour les voyageurs, un petit nécessaire de sûreté, avec lequel on se garantit des doubles clefs d’auberges.
- Pour cet effet, on a fabriqué trois pitons d’acier à queue d’aronde, de différentes grandeurs, afin de choisir celui qui convient le mieux à l’entrée de serrure qu’on veut mettre à l’abri des indiscrets.
- La queue d’aronde dans ce cas se loge naturellement dans l’épaisseur du bois, et le piton s’y trouve si bien fixé qu’il faudrait briser la porte pour l'en séparer. L’aubergiste ne peut pas s’en plaindre; puisque l’application de cette fermeture ne gâte pas son meuble.
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- On trouve dans ce petit nécessaire d’autres accessoires qui peuvent être également utiles ,
- i°. Un cache-entrée plus fort que les précédens pour les portes de chambre;
- 2°. Une espèce de moraillon à charnière , qu’on peut poser soi-même eu dehors ou en dedans d’un appartement mal fermé;
- 3°. Deux cadenas à combinaison de grandeurs differentes ;
- 4°. Enfin un petit tourne-à-gauche en fer pour faciliter l’application des cache-entrées sur les meubles que l’on veut fermer. La boîte qiii contient ces objets, large de 5 pouces seulement, n’a rien d’embarrassant pour le voyageur qui s’en sert.
- Ce petit nécessaire , et notamment les cache-entrées à demeure, pouvant devenir d’une utilité générale, j’ai pensé que la Société d’Encouragemeni verrait avec intérêt ce nouveau moyen de sûreté.
- Le Conseil d’Administration , considérant l’utilité des nouveaux cache-entrées de M. Regnier, et les avantages qu’ils peuvent procurer, a arrêté que son mémoire serait inséré dans le Bulletin, et qu’on y joindrait une gravure.
- Explication des figures de la Planche 88.
- Fig. i. Cache-entrée de serrures de portes d’auberges, vu de profil, avec sa clavette, destinée à bouclier le passage de la clef.
- Fig. 2. Le même cache-entrée vu de face, entièrement monté sur la porte, avec son cadenas à combinaison.
- Fig. 5. Piton et clavette en acier trempé vus séparément, et destinés a fermer les portes d’appartemens.
- Fig. rj. Le même cache-entrée fixé à la porte par quatre vis à écrou, qui maintiennent la plaque de fer formant l’entrée de la serrure.
- Fig. 6. Petit piton à queue d’aronde avec sa clavette pour les serrures de meubles.
- Fig. 4. Le même piton vu de profil et monté sur la serrure avec son cadenas.
- Fig. 3. Le même cache-entrée vu de face.
- On peut se procurer ces différens cache-entrées, en s’adressant à M. Regnier, conservateur du Musée de Vartillerie , rue de T Univers
- site 7 n°. i3.
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- Rapport fait par M. Gengembre, au nom du Comité des arts mécaniques 9 sur une machine à râper les betteraves ? présentée à la Société d’Encouragement par JM. Thierry.
- AL Thierry a présenté à la Société une machine à râper les betteraves, qui est en usage dans la fabrique de sucre de M. B. Delessert.
- Le Comité des Arts mécaniques, qui a examiné cette machine et observé ses effets , me charge d’en rendre compte à la Société.
- La partie principale de cette machine est un cylindre de 70 centimètres de diamètre et de 55 de longueur, formé de cent vingt lames ou douves de fer forgé, d’environ 2 centimètres de largeur, dont chacune porte une crête anguleuse longitudinale et prise sur pièce, de 3 à 4 millimètres de saillie et taillée en dents de scie équilatérales.
- Ces douves, qui ne laissent aucun intervalle entre elles, sont fixées chacune par trois vis, sur trois des cinq cercles de fer qui les supportent. Ces cercles sont montés sur des croisillons, qui sont enarbrés sur un même axe, à l’extrémité duquel est un pignon qui communique l’action du moteur.
- Les deux bouts du cylindre sont fermés par deux plaques de tôle fixées par des vis sur les deux croisillons extrêmes, afin que rien ne puisse pénétrer dans l’intérieur du cylindre. Sur le châssis même portant les coussinets qui reçoivent les tourillons de l’axe, et au-devant du cylindre, est arrêtée tres-solidement une boîte rectangulaire partagée en deux par une cloison longitudinale. Le fond de cette boîte, dont la longueur est perpendiculaire à l’axe du cylindre, fait avec le pian tangent au cylindre un angle d’environ 60 degrés. Les extrémités de cette boîte et environ la moitié de leur paroi supérieure sont ouvertes du côté le plus éloigné du cylindre. On place les betteraves de ce côté, et on les presse vers l’autre extrémité contre le cylindre, au moyen de deux poussoirs de bois, dont un arrêt règle la course, de manière à ce qu’ils ne puissent toucher les dents du cylindre. On peut aussi charger ces poussoirs d’un poids assez fort pour comprimer les betteraves contre le cylindre : alors on les éloigne, au moyen d’une bascule, pour placer la betterave au fond des boîtes.
- Deux enfans fournissent de betteraves les cases de la boîte, et une femme o-üt manoeuvrer les deux poussoirs sans même exercer toute la pression dont elle serait capable pour un travail continu.
- L faut, pour obtenir tout l'effet de cette machine, que le cylindre fasse environ six tours par seconde, temps suffisant pour qu'il déchire une betterave de quatre livres. Ou conçoit qu’avec une pareille vitesse les râpures
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- de betteraves, animées d’une grande force centrifuge, ne peuvent jamais empâter les dents; aussi les cylindres sont-ils toujours très-propres.
- Pour retenir la râpure et la faire tomber dans une caisse doublée de fer-blanc placée sous la machine, le cylindre est recouvert d’une cape en tôle demi-circulaire, dont les extrémités sont armées de quatre broches qui entrent dans des trous pratiqués dans le châssis de la machine.
- Dans une expérience faite à la fabrique de M. Delessert en présence des membres du Comité, deux semblables cylindres mus par deux chevaux, au moyen d’un système d’engrenage convenable, ont râpé 100 kilogrammes de betteraves en 7/} secondes ; ce qui porterait le produit d’un cylindre a 4865 kilogrammes par heure. Mais, par des expériences comparatives de l’effet à bras d’hommes et de ce qu’on doit attendre d’un travail continu, nous croyons que l’on ne peut compter que sur 5ooo kilogrammes par heure pour chaque cheval.
- A l’avantage de la solidité que la construction tout en fer du cylindre assure à cette machine, le poids même du cylindre lui en donne un autre , c’est de faire aidière pour vaincre les inégalités de la résistance. En estimant la force d’un cheval comme capable d’élever 888,000 kilogrammes à un mètre de hauteur en dix heures, on trouvera que la résistance langentielie vaincue parla surface dentée du cylindre est à-peu-près de 19 kilogrammes, avec i3 mètres de vitesse par seconde. Pour que ce cylindre puisse marcher une seconde sans recevoir de nouvelle impression du moteur, le calcul demande que la masse distribuée à sa surface soit de 00 kilogrammes 682. Or, nous avons trouvé cette masse de 54 kilogrammes. Le poids du cylindre est donc convenable pour suppléer aux inégalités des résistances ou aux interruptions de l’action delà puissance.
- Le Comité des arts mécaniques a trouvé dans cette machine la simplicité, la célérité et l’économie de force qu’on peut désirer. Il pense qu’elle mérite qu’on en fasse insérer la description avec gravure dans le Bulletin de la Société.
- Signé Pu. Gexgembriî , rapporteur.
- Adopté en séance, le 27 mai 1812.
- Explication des figures de la Planche 8p.
- Figure 1. Vue latérale de la machine.
- AA, râpe cylindrique garnie de cent vingt lames de scie.
- B, pignon de dix dents.
- Onzième année, Juin 1812.
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- G, grande roue de quatre-vingts dents qui engrènent dans celles du pignon B,
- D, une des manivelles qui font tourner la grande roue.
- E, Boîte à deux cases où l’on place les betteraves.
- F, poussoir à la main servant a appuyer les betteraves contre la râpe.
- GG, caisse garnie de fer-blanc, dans laquelle tombe la râpure ; la caisse
- est placée sur un rouleau , afin de la tirer facilement.
- Figure 2. La machine vue de face.
- Les lettres de la figure précédente s’appliquent également à celle-ci. On y voit de plus les deux manivelles DD et une plaque de tôle HH placée devant la trémie pour empêcher la râpure, lancée avec force par le mouvement de la râpe, de sortir de la caisse.
- Figure 5. Détails des poussoirs à bascule.
- En place des poussoirs à la main F^fig. 1, on peut employer des tiroirs I. L chargés d’un poids, placés sur un rouleau, et qu’on retire au moyen d’une bascule de fer K.
- Figure 4. Couverture circulaire en tôle.
- Cette tôle se place en LL, fig. 1, sur le cylindre garni de râpes.
- Figure 5. Détails du cylindre et des scies.
- MMMMM, les cinq croisillons vus de champ, trois desquels, celui du milieu et les deux extérieurs, reçoivent les vis qui fixent les lames de scie; les deux autres servent à supporter la pression de la betterave.
- N, l’un des croisillons vu à plat.
- OO, une lame dont la côte est taillée en dents de scie, et qui porte les trois vis P PP servant à la fixer sur les croisillons.
- ARTS CHIMIQUES.
- K apport fait par M. Gillet - Laumont ? au nom du Comité des Arts chimiques, sur les aciers fondus de la fabrique de M. Ijohmann ? à JfFitten (grand-duché de Berg').
- M. le comte Rœderer a adressé à M. le président de la Société des aciers fondus de deux calibres différens, fabriqués par M. Lohmann, de Witten, dans le grand-duché de Berg, qui lui avaient été envoyés par M. le Préfet du département de la Ruhr.
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- L’auteur annonce que ces aciers égalent et surpassent tout ce que les manufactures anglaises produisent en ce genre.
- Ces aciers ont été parés à l’eau avec soin; cependant en les examinant avec attention , on trouve sur les faces du petit barreau marqué A. B • et principalement sur les côtés étroits, quelques fils ou gerçures qui indiquent des défauts de continuité dans la pâte de cet acier; on en trouve davantage sur le plus gros barreau, côté B. B . : , et on y remarque sur le côié droit des stries longitudinales ondées et parallèles entre elles, comme si cette barre était composée de divers aciers posés les uns sur les autres. En plongeant dans l’eau mêlée avec un peu d’acide nitrique une extrémité de cette barre, dont nous avions fait disparaître une partie des stries avec une lime très-douce, nous avons observé que cette apparence d’aciers différens était illusoire, et que le barreau était très-homogène.
- Nous avons fait faire par M. Kutsch, avec un morceau du petit barreau 5 un crochet de tour propre à entamer la fonte de fer, et il s’est trouvé fort bon.
- M. Gillet, successeur de Petit IFalle, qui, le premier, avait établi aux Quinze-Vingts une manufacture de rasoirs polis à l’anglaise, a fait deux rasoirs de cet acier; ils ont l’un et l’autre pris un beau poli noir; le plus petit, fait avec le petit barreau, coupe parfaitement et est exempt de piqûres, mais il porte quelques-unes des gerçures que nous avions observées sur le morceau d’acier brut dont il provient.
- L’autre rasoir, fait avec le gros barreau, présente au poli des gerçures et en outre des piqûres extrêmement fines, que nous croyons pouvoir attribuer aux stries longitudinales que nous y avons remarquées : aussi ce rasoir est-il moins bon pour le tranchant que le premier.
- De ces diverses expériences , nous concluons que l’acier fondu de M. Loh-mann, de Witten , est en général de bonne qualité, mais qu’il a besoin d’être plus soigneusement malle pour acquérir le degré d’homogénéité des meilleurs aciers fondus; la petite barre, qui paraît avoir été forgée avec plus de soin, est infiniment meilleure, et serait semblable à l’acier Huntz-mann, si elle ne portait des gerçures, qui n’altèrent point la bonté des rasoirs lorsqu’elles ne se rencontrent pas sur le tranchant, mais qui leur nuisent beaucoup pour la vente.
- L’acier de la grosse barre approche de l’acier Marshal; mais indépendamment des gerçures, il laisse apercevoir trop de piqûres ou de cen-drares après la trempe et le poli, pour en faire, dans l’état où il est, de la coutellerie fine.
- Nous proposons à la Société de remercier M. le comte Rœderer de lui
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- avoir fait connaître cette fabrication intéressante, à laquelle il manque peu de chose pour acquérir une perfection qui contribuera beaucoup à repousser de la surface du Continent les aciers fondus anglais.
- Signé Gillet-Laumokt, rapporteur 7 correspondant de l’Institut.
- Adopté en séance, le 10 Juin 1812.
- Description du fourneau à réverbère de M. D lîiaud (i).
- Explication des figures de la Flanche 88»
- Fig. i, coupe latérale du fourneau.
- A , four d’affinerie.
- B, four supérieur, servant de conduit à la flamme de la chauffe du feu
- d’affinerie.
- I), porte destinée au passage des massiots affinés et à l’introduction des outils pour l’affinage.
- qq , ouvertures latérales substituées au bec ordinaire des réverbères et donnant issue à la flamme de la chauffe.
- 'R, cheminée de 11 mètres 6q4 millimètres ( 56 pieds) d’élévation.
- 8, porte servant à donner de l’air pendant l’affinage.
- T, porte du four supérieur par où un ouvrier peut s’introduire pour visiter les voûtes.
- x -, coulisse dont on se sert pour modérer le feu de la chauffe. y. petite ouverture pratiquée sur le devant du four d’affinage pour donner issue au laitier surabondant.
- Fig. 2 , plan du four supérieur»
- Fig. 5, plan du four à réverbère à la hauteur de la grille.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans les trois figures.
- Si quelques maîtres de forges désirent avoir des renseignemens plus 'précis sur la construction du four d’affinerie et sur la manière d’y traiter le ter, ils pourront adresser leurs questions, franches de port, à M. Dufaud, maître de forges, à l’usine deMontataire, près Creil, département de l’Oise; R se tera un plaisir d’y répondre.
- (1) Vovex notre dernier Numéro, page uâ.
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- Description des moyens et procédés employés par M. Bonmatinpour Vextraction dm sucre de betterave.
- Lorsque le suc de betterave a été extrait par les moyens connus, il faut, pour obtenir le sucre brut ou moscouade qu’il contient en plus ou moins grande quantité, lui faire subir successivement les quatre opérations que nous allons décrire.
- Première opération. •— Clarification du suc de betterave.
- On met dans une chaudière de cuivre placée sur un fourneau , le suc de betterave que l’on veut clarifier, et on le chauffe jusqu’à 65 degrés du thermomètre de Réaumur. Quelques instans avant d’arriver à cette tempera îure, on prépare un lait de chaux, en versant de l’eau bouillante sur de la chaux vive ou caustique.
- Les doses des matières à employer sont, pour un litre de suc, 5 grammes de chaux éteinte dans 18 grammes d’eau. Le lait de chaux étant fait, et le suc de betterave étant porté à 65 degrés, on verse le premier liquide dans le suc, en ayant soin de laver le vase avec une portion de ce même suc et d’agiter le tout à l’aide d’une spatule de bois. On pousse ensuite le feu. de manière à élever la liqueur jusqu’à 8o degrés du même thermomètre : mais aussitôt qu’il est à ce degré, il faut éteindre le feu, afin d’éviter l’ébullition, qui serait nuisible. Alors ou conserve la liqueur dans un parfait repos pendant une heure; ce qui détermine la séparation d’une écume abondante, solide, foncée en couleur, que l’on enlève au moyen d’une écumoire, et que l’on met égoutter sur un blanchet. Après avoir écumé cette liqueur, on l’abandonne encore deux heures à un repos absolu, dans la même chaudière, puis on la filtre à travers un blanchet.
- Deuxième opération. — Saturation du suc de betterave.
- La liqueur qui filtre à travers le blanchet est limpide, bien moins colorée que ne l’était le suc de betterave, et offre une saveur sucrée, rendue désagréable par la saveur âcre de la chaux.
- Pour neutraliser en grande partie la chaux dissoute dans le sue, on chauffe la liqueur jusqu’à 65 ou 70 degrés de Réaumur; après quoi, on verse dans chaque litre de suc clarifié 6 décigrammes cl’acide sulfurique, à 66 degrés de l’aréomètre de Baumé pour les sirops. Il est indispensable d’affaiblir préalablement cet acide dans vingt fois son poids d’eau. Le mélange étant agité, on porte la liqueur à l’ébullition, et on enlève, à mesure
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- qu’elles se présentent, les écumes, que l’on met égoutter sur le blanchet. On soutient ainsi l’évaporation jusqu’à ce que la liqueur bouillante marque i5 degrés à l’aréomètre; le sulfate de chaux qui s’est formé nage alors abondamment dans cette liqueur ; il faut filtrer celle-ci à travers le blanchet , afin de séparer le sel insoluble.
- Troisième opération. .— Préparation da sirop de betterave.
- La filtration de cette liqueur étant faite et la chaudière étant nettoyée, on porte de nouveau à l’ébullition. On enlève successivement l’écume qui se produit, et l’on diminue le feu lorsque le même liquide présente les caractères d’un sirop. Pour que la cuisson soit complète, la liqueur doit marquer, bouillante, 3a degrés à l’aréomètre : alors on décante dans un vase, et l’on a un très-bon sirop de betterave, qu’il faut conserver, sans 1 agiter, dans un endroit frais.
- Quatrième opération. — Conversion du sirop de betterave en sucre
- brut par le grenage.
- Avant de grener îe sirop de betterave et d’en obtenir ainsi du sucre brut ou moscouade, il faut l’abandonner à un repos absolu pendant quatre jours au moins : par ce repos, le sirop laisse précipiter la plus grande partie des matières salines et des autres substances étrangères qu’il contient.
- Pour procéder au grenage , on doit décanter avec soin ce sirop dans une bassine, et n’opérer que sur 5o kilogrammes à-la-fois. On allume le feu sous la bassine, de manière à mettre promptement le sirop en ébullition : il ne tarde pas à se produire un boursoufflement considérable, que l’on modère en y projetant un peu de beurre; il se produit aussi des écumes qu’il faut enlever à mesure. Pendant l’évaporation, le feu doit être assez actif pour qu elle soit constamment très-grande : on ne doit pas cesser d’agiter la masse à l’aide d’un mouveron, sans quoi îe sirop brûlerait. Il arrive un moment où la matière en ébullition forme des cloches qui crèvent et laissent échapper des vapeurs aqueuses et bien visibles. Comme on approche alors de la cuite, il faut plonger un thermomètre dans la masse, jusqu’à ce que le mercure monte à 90 degrés de Piéaumur, L’opération est ordinairement achevée quand on est arrivé a ce terme.
- Un moyen plus sûr de reconnaître la cuisson du sirop est celui que pratiquent les raffineurs de sucre de canne, et qu’ils appellent la preuve par le filet : il consiste à prendre avec le pouce, sur îe mouveron, un peu de la masse bouillante, que Ton comprime faiblement entre le pouce et l’index; si, en séparant brusquement les doigts, de manière que l’index soit en
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- haut, il se produit un filet assez long, et si ce filet casse près du pouce et remonte vers l’index, en prenant la forme d’un crochet, on a la certitude que la cuisson du sirop est complète.
- Alors on doit verser la masse dans un rafraîcliissoir ; on l'abandonne jusqu’à ce que la chaleur tombe de 90 à 5o ou 55 degrés. Quand elle est descendue à ce terme, on agite un peu cette masse, qui offre déjà des marques sensibles de grenage , et on la coule aussitôt dans des cônes ou formes de terre légèrement humectées, dont l’ouverture inférieure a été bouchée avec soin.
- Après le refroidissement et la cristallisation complète du sucre dans les cônes, on débouche leur ouverture inférieure pour donner issue à la mélasse , et l’on a ainsi du sucre brut ou moscouade , qu’il est aisé de blanchir par le terrage, d’après le procédé des raffineurs (1).
- ;i) D’après l’opinion de M. le comte Chaptal, président de la Commission des sucres indigènes, le procédé de M. Bonmatiii est le plus simple, le plus sûr et le plus économique qu’on connaisse. M. le baron Delessert, qui l’a fait exécuter dans ses ateliers, s’en loue beaucoup ; il est convenu qu’il a, sur celui dont il s’était servi jus-ou’alors, le triple avantage d’améliorer la fabrication de 3o centimes par livre de sucre, de fournir une qualité plus belle, et de permettre de fabriquer un tiers de plus avec le môme nombre d’ouvriers. Un grand avantage de ce procédé , c’est qu’il réduit beaucoup les frais d’établissement, parce qu’on n’a plus besoin d’étuves. Les mélasses qu’il fournit sont très-bonnes, et trouveront un débit aisé dans le commerce.
- S. Exc. le Ministre des Manufactures et du Commerce , considérant que l’expérience a fait reconnaître et apprécier le mérite des moyens employés par M. Bonmatin pour fabriquer le sucre de betterave, qu’elle a démontré qu’ils sont d’une pratique simple, facile, peu dispendieuse, et que leur succès n’est ni incertain ni douteux; qu’il importe en conséquence d’en répandre la connaissance, afin que les fabricans de sucre indigène puissent en adopter l’usage, et rendre plus parfaits les produits de leur fabrication, en même temps qu’ils en diminueront la dépense ; ce qui produira un bénéfice et des avantages qu’ils partageront avec le consommateur, a arrêté que la description des procédés de M. Bo7imatin sera imprimée au nombre de 2000 exemplaires , et envoyée à MM. les Préfets de tous les départemens , pour êtré remise à chaque entrepreneur de fabrique de sucre de betterave, à chacun des élèves des Ecoles spéciales d’Aubervilliers, de Wachenheim, de Douai, de Strasbourg et de Castelnaudary ; aux Sociétés savantes qui s’occupent d’objets relatifs à l’agriculture et à l’industrie} aux Chambres de commerce , aux Chambres consultatives de manufactures , et en général à tous ceux qui se sont livrés à des essais de fabrication de sucre indigène.
- U a été accorde a M. Bonmatin une gratification à titre d’encouragement.
- M. Bonmatin demeure rue d’Enfer, n°. 76 , à Paris.
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- BEAUX-ARTS.
- Rapport fait par M. Mérimée, au nom d’une Commission spéciale, sur les décors et ornemens d>architecture de la, fabrique de M. Beunat.
- Depuis long-temps nos doreurs décorent les bordures d’une façon très-economique, en appliquant sur le bois des ornemens faits avec une espèce de mastic ou pâte composée de blanc d’Espagne et de colle-forte.
- A mesure qu’ils en ont besoin, ils les moulent dans des creux en plâtre et en soufre : comme ils réemploient d’autre pression que celle de la main, Js n’obtiennent pas des empreintes bien nettes; mais après avoir collé ces ornemens, ils les couvrent de plusieurs couches de blanc, et les réparent ensuite au ciseau, ainsi qu’ils sont obligés de faire lorsqu’ils dorent de la sculpture en bois.
- II semble qu’il nY avait qu’un pas de plus pour étendre ce procédé à la décoration des appartenions, ou l’on avait déjà fait usage d’ornemens en plâtre, en stuc et en pâte de carton. Cette application est en effet si naturelle, que l’idée de la mettre en pratique doit se présenter au premier aspect ; mais en y réfléchissant davantage, on aperçoit bientôt de nombreuses difficultés : aussi a-t-il fallu, pour les surmonter, développer des ressources peu communes.
- Dans la décoration intérieure de nos édifices, il ne s’agit plus de petites dimensions d’une bordure, sur laquelle il est facile d’appliquer de la sculpture de peu de relief. Les grands appartemens exigent quelques ornemens très-saillans, qui cependant doivent avoir la plus grande solidité, parce qu'ils sont quelquefois exposés à des secousses continuelles.
- Il faut encore que les empreintes de ces ornemens soient tellement mettes, qu’on n’ait pas besoin de les réparer : autrement les frais de main-d’œuvre ne seraient pas autant diminués qu’ils peuvent l’être, ou bien la sculpture n’aurait pas le fini d’exécution auquel on est habitué.
- Toutes ces conditions ont été remplies par M. Beunat. Son mastic a la dureté et la solidité du bois ; il n’est pas susceptible de se fendre par i'ex-t>ême sécheresse, et cependant on peut le ramollir assez pour qu’il se prête à toutes les formes sur lesquelles on veut l’appliquer.
- Une fois fixés par des clous et de la colle, les ornemens faits avec ce mastic peuvent supporter les plus fortes secousses sans que -la moindre partie se détache. Enfin ils ror-erl: du moule avec tant de netteté, avec une surface
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- tellement lisse, qu’ils peuvent être dorés sans aucu apprêt qui oblige à les réparer.
- On peut donc réduire considérablement le prix de la dorure, car c’est la sculpture qui coûte le plus; mais cet avantage, tout grand qu’il est, serait bientôt négligé si l’emploi de ces ornemens était une cause nécessaire de monotonie, et si l’on devait trouver dans beaucoup d’endroits la même décoration comme on trouve le même papier. Heureusement cet inconvénient n’est point à craindre.
- M. Beunat y en examinant attentivement les plus belles décorations et les comparant entre elles, a observé que leur différence réelle consiste principalement dans l’ensemble, et que celles qui paraissent très-opposées présentent encore beaucoup de détails semblables qui sont à-peu-près comme le vocabulaire d’une langue avec laquelle chaque artiste écrit sa pensée. Il s’est donc attaché à réunir le plus grand nombre possible de ces matériaux élémentaires de la décoration , et sa collection est aujourd’hui tellement étendue que, quelque dessin qu’on lui présentât, il pourrait trouver dans ses magasins de quoi l’exécuter sur-le-champ.
- Au surplus, il s’engage à fournir tous les ornemens qui lui seront demandés, sans exiger rien au-delà des prix courans qu’il a établis.
- A la dernière exposition des produits de l’industrie française, on vit pour la première fois quelques échantillons d’ornemens exécutés dans la manufacture que M. Beunat venait d’établir à Sarrebourg. Le jury trouva cette entreprise très-utile, en prévit le succès, et la mentionna honorablement.
- Depuis ce temps, M. Beunat n’a rien négligé pour perfectionner son établissement, et il recueille aujourd’hui, dans les applaudissemens du public, la juste récompense de ses efforts.
- Pour se faire une idée du parti qu’un habile artiste peut tirer de ses moyens économiques, il faut voir le magasin nouvellement ouvert rue Napoléon, n°. n. On éprouvera sans doute un très-grand plaisir en examinant cet ensemble de riches ornemens distribués avec goût, exécutés avec le plus grand soin; et ce qui étonnera particulièrement, c’est que cette décoration ne revienne pas à la dixième partie du prix qu’elle aurait coûté si elle eût été exécutée en bois.
- L’extérieur du magasin est décoré de la même manière; mais les ornemens , avant d’être dorés, ont été enduits d’un vernis à l’huile. L’expérience de plusieurs années a suffisamment prouvé qu’ils peuvent résister aux injures de l’air autant que le bois préparé de la même manière.
- C’est sans doute un grand avantage que ce mastic, susceptible dêtre ramolli et de se prêter à toutes les formes, puisse être préservé de 1 humidité
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- au point de n’en plus recevoir aucune atteinte; mais quand il n’aurait pas cette qualité, il serait facile à M. Beunat de trouver une autre pâte qui remplirait parfaitement cet objet ou tel autre qu’il se proposerait. La belle exécution de ses ornemens ne tient pas seulement à la matière qu’il moule, elle tient plus encore à la manière dont il la moule. Il donnerait des empreintes aussi parfaites en terre cuite, en métal mou , en pâte de papier, en corne fondue, etc. Ce qui l’a déterminé dans le choix de la composition dont il fait usage, c’est probablement la facilité ou l’économie de sa préparation.
- Il nous semble que M. Beunat a fait tout ce qui dépendait de lui pour assurer le succès de son utile entreprise. Économie de temps et de travail, bon goût dans le choix des ornemens, exécution soignée, il a réuni tout ce qu’on pouvait désirer. C’est maintenant à nos artistes à faire le reste, à tirer parti de cette découverte, qui leur procure tant de facilités pour développer leur génie.
- Nous croyons qu’un établissement qui offre de pareils avantages doit exciter puissamment l’intérêt de cette Société. C’est dans cette vue, Messieurs, que nous vous proposons de donner à M. Beunat un témoignage distingué d’approbation pour avoir introduit dans la décoration des moyens économiques qui, loin de nuire à l’avancement de l’art, doivent plutôt y contribuer. Nous demandons que le présent rapport soit inséré au Bulletin.
- Signé Mérimée , rapporteur.
- Adopté en séance, le 10 juin 1812.
- Rapport fait par M. Gillet-Laumont, au nom d’ une Commission spéciale } sur le plan en relief polytype de JM. Alleaume.
- La Société d’Encouragement nous ayant chargé de lui rendre compte du plan en relief poly type de Paris et de ses environs, exécuté en miniature par M. Alleaume, ancien ingénieur géographe des ci-devant États de Bretagne, et ancien capitaine du génie, nous avons été voir ce plan, qui est déposé rue de Montesquieu , maison des bains.
- Nous avons trouvé que ce relief était exécuté sur une échelle d’un pouce pour 100 toises, environ du plan de Verniquet; il renferme non-seulement la ville de Paris et ses faubourgs, mais aussi une partie de la banlieue. Le tout se trouve contenu dans un cadre de 149 centimètres de long sur 116 de large (4 pieds } sur 3 pieds j). Le cadre est placé sur un fort genou qui permet d’orienter le plan, de le tourner et de Pincliner dans tous les sens; il peut en outre être suspendu verticalement comme un tableau.
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- Le but de M. Alleaume parait avoir été de parvenir à former un relief d5une étendue moyenne, qui permît de considérer Paris dans son ensemble, et qui présentât à l’observateur non-seulement la position des rues, le contour des places et des édifices qu’offrent tous les plans gravés, mais aussi le mouvement du terrain, la forme et la hauteur des maisons, des bâtimens publics, des palais avec leurs dépendances.
- On conçoit que l’exécution d’un projet aussi vaste était faite pour effrayer toute autre personne que l’auteur, accoutumé à lever les plans, et qui a déjà présenté en 1806, lors de l’exposition des produits de l’industrie nationale, quatre objets poly typés qui lui ont mérité des éloges. Trois étaient sur de petites échelles et faits avec beaucoup de goût : ils représentaient l’un, la carte des environs de Namur (Sambre-et-Meuse ); l’autre, celle des lignes de Wissembourg (Bas-Rhin); le troisième, le plan de Neuf-Brisack (Haut-Rhin); enfin le quatrième, sur une échelle beaucoup plus grande, le plan en relief et, polytype du canal de Saint Quentin (Aisne), contenant tous les projets qui ont été proposés pour réunir la Somme à l’Escaut.
- Aujourd’hui M. Alleaume présente les mêmes plans avec celui de Paris et de ses environs. A l’égard de ce dernier, nous ne connaissons que deux plans qui donnent une idée du relief de cette capitale : i°. l’ancien plan gravé en perspective de M. l’abbé de la Grève, dont M. Alleaume a adopté l’échelle ; mais il y a une grande différence entre une perspective qui ne présente que la moitié des objets et un relief; 20. le plan du Panstéorama que l’on voit aux Ternes, près Paris, sur la route qui conduit à Saint-Germain. Ce plan en relief est sur une échelle beaucoup plus grande que celui de M. Alleaume ; mais il paraît qu’il ne présente que Paris proprement dit, avec ses boulevards, en y comprenant quelques portions de ses faubourgs et rien de la banlieue, objets qui, dans le plan de M. Alleaume, offrent beaucoup d’intérêt, et donnent le moyen de reconnaître l’étendue réelle et la position de cette grande ville.
- Relativement à l’exécution du plan, plusieurs parties, malgré la petitesse de l’échelle, sont représentées d’une manière très - satisfaisante; d’autres laissent à désirer, principalement dans la forme et la coloration des toitures, des jardins, etc.; mais ces parties sont faciles à réparer sur de nouveaux reliefs, et la multitude des édifices publics et particuliers que renferme la capitale, la difficulté de pénétrer dans un grand nombre, ont dû apporter au travail de l’auteur une foule d’obstacles dont on doit lui tenir compte.
- M. Alleaume fait voir en même temps les matrices en cuivre qu’il est parvenu à former pour tirer en carton des copies de ces divers plans, et
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- c’est cette idée heureuse qui mérite d’être remarquée par la Société, en ce qu’il peut ainsi multiplier à volonté des copies fidèles de ces mêmes plans.
- Les élévations du sol, les maisons, les murailles sont en creux dans le moule; le cours de la rivière y est en relief; plusieurs objets, tels que les ponts, les arbres, l’exhaussement des murailles, etc., ne sont qu’indiqués sur le moule, et ensuite rapportés à la main sur le plan.
- Nous pensons que des copies soignées de ce relief pourraient être utiles et agréables aux puissances étrangères, aux personnes éloignées qui voudraient prendre une idée de la capitale de l’Empire, et aux habitans même de Paris, qui pourront, mieux que sur tout autre plan, y trouver les lieux qu’ils désireraient observer. On pourrait peut-être même mettre de cinq en cinq sur les maisons leurs véritables numéros, et former ainsi avec ce relief un plan routier unique dans son espèce.
- Si l’on trouve l’échelle un peu petite pour l’intérieur de Paris, elle est bien suffisante pour les environs de la capitale, dont les détails qu’elle présente font désirer que M. Alleaume puisse terminer le plan en relief du département de la Seine qu’il a eu le courage d’entreprendre.
- Nous proposons à la Société, i°. de remercier M. Alleaume, et de le féliciter de l’idée heureuse qu’il a eue d’exécuter un plan en relief de la capitale de l’Empire, capable d’être facilement multiplié et successivement perfectionné ; 2°. de faire mention de ce relief dans son Bulletin.
- Signé Gillet-Laumont , rapporteur.
- Adopté en séance, le 27 mai 1812.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame IiÜZARD (née Vallat la Chapelle),
- rue de l’Eperon, n°. 7.
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- ONZIÈME ANNÉE. (N°. XCVII. ) JUILLET l8l2.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Description d’une machine à râper les betteraves , inventée par M. Caillon, mécanicien, rue Guénégaud, n°. 33 , à Paris.
- On sait qu’avec une force donnée cm peut convertir en pulpe un poids également donné de betteraves, dans un espace de temps déterminé; mais, pour obtenir une pulpe divisée au point le plus convenable pour pouvoir en extraire facilement, par la pression, la plus grande quantité de suc dégagé entièrement du marc, il est nécessaire d’approprier la machine à cet effet. Celle que construit M. Caillon, et dont fessai a été dût cette année à la fabrique de sucre de betteraves de M. Chapelet, aux Vertus, nous paraît de nature à remplir parfaitement son objet. Nous allons en donner une description succincte, afin de mettre les entrepreneurs de manufactures de sucre de betteraves à portée d’en apprécier le mérite.
- La machine imaginée par M. Caillon pour râper 1rs betteraves, est composée de deux tambours en fer fondu do oni6o de diamètre sur o^o de longueur environ, dont les axes sont placés clans le meme plan horizontal, et disposés de manière que !e mouvement de rotation de l'un des tambours se communique à l’autre par l'intermédiaire de roues d’engrenage combinées pour que la vitesse de fnii soit à celle de 1 autre comme i est à 70. Le tambour, qui est animé de la plus riande vitesse, reçoit le mouvement du premier moteur, et le transmet au second, comme dans un laminoir.
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- L’un et l’autre de ces tambours sont armés à leur surface de dents de rochet pointues, taillées dans l’épaisseur même de la fonte, au moyen d'une machine à canneler, ou bien rapportées et fixées solidement sur les tambours. Cette espèce de laminoir, établi dans un cadre de charpente, est surmonté d’une trémie, dans laquelle on jette les betteraves; au-dessous de la machine est placée une caisse à tiroir de rechange pour recevoir la pulpe à mesure qu’elle se forme.
- La seule précaution à prendre avant d’imprimer le mouvement à la machine, est de rapprocher les tambours assez pour qu’aucune partie de la betterave ne puisse passer sans avoir été déchirée, avec cette attention cependant que les dents dont les tambours sont armés ne puissent s’émousser les unes contre les autres; et pour prévenir plus sûrement tout accident à cet égard, l’auteur a placé des mentonnets d’arrêt entre les axes des tambours : parce moyen, la machine une fois réglée, on n’a lien à craindre de la maladresse ou de la négligence des ouvriers chargés de la conduire.
- Si l’on suppose maintenant la machine en mouvement, on conçoit que les betteraves contenues dans la trémie seront entraînées entre les deux tambours; que celui qui est animé de la plus grande vitesse les réduira en pulpe, à mesure que celui qui tourne lentement les fera avancer graduellement, comme pour les laminer. C’est aussi pour cette raison que -l’auteur n nommé tambour alimentaire celui qui tourne moins vite, et l’autre tambour dévorant; et comme celui-ci fait plusieurs centaines de tours par minute, la pulpe s’en détache à l’instant où elle est formée, d’autant plus facilement que les betteraves sont présentées à son action graduellement, et toujours en meme quantité à-la-fois, ce qui contribue à conserver à la pulpe le même état de division qui rend le plus de suc sans mélange de marc.
- Une machine de ce genre a été employée cette année dans la fabrique die M. Chapelet, ainsi que nous l’avons annoncé, et l’expérience a prouvé qu’étant faite dans les dimensions que nous avons indiquées, chaque machine pouvait réduire en pulpe au moins 2000 kilogrammes de betteraves dans l’espace d’une heure, avec la force d’un cheval.
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- Moyen d’exprimer une grande partie du suc de la pulpe de betterave à mesure qu’elle sort de la machine à râper; communiqué à la Société par M. Molard, ad ni inistrateur dit Conservatoire des Arts et Métiers.
- Ce moyen a l’avantage de pouvoir s’adapter facilement a presque toutes les machines à râper les betteraves déjà établies, ou d être employé séparément, suivant les circonstances.
- Il consiste principalement dans quatre cylindres de marbre ou de bois dur, recouverts à la circonférence de feuilles d’étain ou c!e fer-blanc, et par les bouts, d’une couche de mastic pour empêcher 1 humidité de pénétrer dans le bois. Le diamètre et la longueur de ces cylindres varient à volonté.
- Les deux cylindres A et B. fig. i, PL 90, portent une toile sans fin CD, en gros fil retors, bordée de deux cordonnets cle la grosseur d'une plume à écrire, et dont la longueur et la largeur sont proportionnées à la longueur des cy lindres de renvoi À et B,et à l’étendue de la râpe à laquelle ou veut l’adapter.
- Les deux autres cylindres E, F servent à laminer la toile, ainsi que la pulpe de betteraves dont elle est sans cesse recouverte pendant que la râpe est en mouvement : pour cet effet, le cylindre inférieur F du laminoir reçoit le mouvement de rotation, immédiatement du premier moteur, ou par l’intermédiaire de la machine à râçer, et le transmet au cylindre E monté sur un châssis GH, à l’aide duquel et au moyen du poids I, on le rapproche fortement du cyündre F ; ou augmente ainsi la pression de la quantité jugée nécessaire pour exprimer le suc, qui s'amasse d’abord en avant du laminoir et finit par couler sur la toile sans fin , qui vient à sa rencontre en montant un peu, et tombe derrière le cylindre de renvoi A dans le réservoir îè, uù il se dépose, et passe ensuite dans la chaudière ou dans un second réservoir.
- Pour recevoir le suc qui filtre à travers lu partie C de la toile sans fin , 011 établit entre les parties C, D de cette toile une auge en fer-blanc L, dont 1 un des bords s’applique contre le cylindre F pour recueillir le suc dont il est imprégné, et qui est disposée de maniéré que le suc qu’elle reçoit coule dans le réservoir K par deux gouttières M placées à chacun des angles de l’auge L.
- On conçoit qu’il convient d empêcher la pulpe de tomber trop près des Doras de la toile sans, fin pour qu’elle soit portée dans le laminoir, et qu'elle doit se répandre sur la Iode le plus également possible, afin qu'elle éprouve uue pression toujours égale ; la pulpe ainsi exprimée tombe dans la caisse K d une presse hydraulique on ;• vis, destinée a retirer tout le suc qu’elle contient.
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- Rapport fait par MBardel? au nom du Comité des arts mécaniques > sur un nouveau tissu en laine et fil > de la fabrique de MM. Ravina 5 Daguillon et Méîiier, de Lyon.
- L’étoffe dont nous avons à vous entretenir est un tissu dont la chaîne est en fil et la trame en laine; elle est destinée pour meubles, tels que chaises, fauteuils, canapés, écrans, etc. Elle imite le point des tapisseries de Beauvais, sur lesquelles elle a plusieurs avantages : elle peut s’établir à des prix très-modérés et offrir une différence en moins de 25 à 3o pour 100; par la disposition du métier sur lequel elle est fabriquée, elle n’a pas l’inconvénient des relais ou reprises, qui sont inévitables dans ces sortes d'ouvrages: une commande de cette espèce d’étoffe peut être confectionnée en beaucoup moins de temps qu’il n’en faut pour la tapisserie; les couleurs peuvent en être très-variées, les dessins parfaitement exécutés, et produire des effets agréables. Nous devons dire cependant que de très-grands sujets ne s’y exécuteraient pas sans difficulté.
- La solidité des couleurs qu’on obtient sur la laine est encore une circonstance très-favorable pour cette nouvelle étoffe.
- Enfin tous ces avantages n’ont point échappé à l’administration du mobilier impérial, qui s’empresse constamment d’accueillir, pour les ameu-blemens des palais de Sa Majesté, les produits perfectionnés de l’industrie nationale : nous sommes informés que cette administration vient de faire une commande à MM. Ravina, dans l’exécution de laquelle ces fabricans se proposent d’apporter encore plus de perfection.
- C’est après avoir pris les renseigne mens les plus exacts que nous vous donnons ces détails. L’un des hommes de l’art que nous avons consulté, M. Maigret, tapissier de l’Empereur, exécute dans ce moment un ameublement où l’étoffe de MM. Ravina est employée; il est 1res - satisfait du bon effet qu’elle produit, et il se propose d’en conseiller et d’en propager l’usage.
- Le but de votre institution étant de seconder le zèle et les efforts de nos artistes, vous penserez sans doute, Messieurs, qu’il convient de faire connaître parla voie de l’impression que l’art du fabricant d’étoffes vient d’obtenir en France un succès de plus : c’est ce que nous avons l’honneur de vous proposer, en vous demandant l’insertion du présent rapport au Bulletin de la Société.
- Adopté en séance, le 8 Juillet 1812.
- Signé Molard; Bardel, rapporteur.
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- Notice sur les moyens employés pour remédier aux incarné-niens que présentent les ouvertures qid existent fréquemment sous les portes; par M, Gillet-Laumont.
- Un défaut presque inséparable des portes coehères, de celles des boutiques et des appartemens, c’est quelles frottent souvent sur quelques parties du sol qu’elles doivent parcourir, et qu’elles ne joignent pas parfaitement contre le seuil du pavé, du carrelage ou des parquets, lorsqu’elles sont fermées.
- De ce défaut de jonction il résulte des ouvertures qui donnent: passage aux animaux qu’on a intérêt d’écarter, et qui s’introduisent dans les maisons, dans les basses-cours, dans les poulaillers, etc. ; mais un inconvénient auquel on est souvent plus sensible, c’est celui d’un courant cl’air qui s’établit par-dessous les portes des appartemens; il est glacial en hiver pour la pièce où il y a du feu dans une cheminée, si la pièce adjacente n’est pas échauffée, et dans le cas contraire il en résulte souvent de la fumée dans 1’une d’elles.
- Lorsque cet inconvénient provient des portes qui ne sont pas posées sur leur aplomb, on peut y remédier plus on moins facilement; mais lorsqu’il provient des tassemens qui ont eu lieu dans le sol ou clans les planchers et qui en altèrent le niveau, on ne peut en attaquer le principe sans de grandes dépenses, et on est forcé d’y remédier par des moyens accessoires. Nous allons rendre compte de ceux qui sont parvenus à notre connaissance :
- i°. On s’est peu occupé, peut-être même point du tout, des jours qui existent sous les portes cochères et sous les portes d’entrée des maisons ; cependant il peut résulter de graves mconvéniens de l’introduction qu’ils facilitent aux chiens malades et aux animaux malfaisans, tels que les fouines , belettes, etc.
- 2°. Pour boucher les jours qui se trouvent sous les portes d’appartemens, on garnit ordinairement ces portes de bourrelets traînans ; ils sont sujets à s’engager sous les portes; ils ne peuvent glisser sur des tapis, et quand ils joignent bien sur le sol, le frottement les use promptement.
- 3°. D’autres fois on emploie des plinthes mobiles 7 verticales et à roulettes, qui se haussent ou se baissent suivant les inflexions du plancher; elles ont le désagrément de faire du bruit, ne s’élèvent que difficilement sur les tapis, et laissent des traces de leur passage sur le sol quelles ont parcouru.
- 4°. On a imaginé des moyens mécaniques fort ingénieux pour parvenir au même but ; mais ils sont souvent compliqués ou sujets à se déranger : d’ailleurs ils sont trop dispendieux, et ne peuvent être adoptés généralement que par des propriétaires.
- 5°. On trouve dans les Annales des Arts et Manufactures, année
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- i8io(i), la gravure et la description d’un moyen de ce genre employé en Angleterre par M. John Tad.
- Ce moyen consiste en une tringle ou liteau de bois fixée à charnière sur toute la largeur de la porte et de la hauteur du jour qui y existe, Cette plinthe se relève et s’abaisse d’elle-même, lorsqu’il est nécessaire, par l’effet cin mécanisme qui y est adapté, et dont voici le détail :
- Lorsqu’on ouvre, un ressort entaillé au-dessus de la plinthe dans l'épaisseur de la porte fait décrire un quart de cercle à la tringle et la relève sous la porte, qui passe avec elle par-dessus le tapis sans y toucher.
- "Veut-on fermer la porte? la tringle, terminée en demi-cercle convexe du côté de la serrure, est rabattue et mise dans une position verticale par un morceau de bois creusé en demi-cercle concave, fixé au bas de la feuillure du chambranle de la porte.
- Ce moyen, spécieux au premier aspect, a cependant ses désavantages
- Il exige que la porte ait une forte épaisseur pour y placer le ressort ; celui-ci exerce une force assez grande par le bas , qui tend à faire ouvrir la porte ; force qu’il faut vaincre quand on veut la fermer, et qui peut parvenir à la gauchir, et par conséquent à laisser un passage à l’air; enfin ce mécanisme exige de nouvelles tringles toutes les fois qu’il arrive de nouveaux tassemens.
- 6°. Depuis Ion g-temps on fait usage de gonds à repos inclinés, ou de gonds à vis ou hélices destinés à soulever les portes lorsqu’on les ouvre : cette invention, simple et ingénieuse pour faire retomber les portes d’eîles-mêmes, a l’inconvénient de ne donner à la porte son maximum d’élévation que lorsqu’elle est entièrement ouverte, et quelquefois on en a besoin plus tôt; cette invention ne peut être employée dans les lieux où les portes, enclavées dans des embrasures, ne peuvent s’élever ; enfin elle a le défaut d’occasionner aux propriétaires la dépense d’une pose, difficile pour les portes déjà ferrées, et par cette seule raison de ne pouvoir être employées par les locataires, qui sont en bien plus grand nombre que les propriétaires.
- y°. M. Cauchois, menuisier mécanicien (2), avait depuis long-temps présenté à la Société le modèle d’une porte garnie d'une plinthe, ou plutôt d’un battement mobile et traînant (5) destiné à intercepter le jour qui se trouve sous les portes.
- (1) Tome 35, h ic4 « y a ce n3,28 février 1810.
- 12) Rue <3e PHlrouLule, n°. sy près le pont Sa lut-Michel, à taris.
- (3; Ce battement « incliné lorsqu’il est en place , est formé d’une tringle étroite en bois
- lourd , arrondie en dessus e: en dessous ; la Isrgear do la porte est la mesure de sa lon-
- gueur 5 sa largeur est d’environ 40 millimètres (un pouce et demi) : elle est attachée à la
- porte par des fils de ho pt;L hhooi les fonctions de charnières.
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- Ce battement à charnière et traînant, facile à poser, remplissait bien son objet toutes les fois que le sol ou plancher étaient unis ; mais il fonctionnait mal lorsque le sol était inégal, comme sur un pavé raboteux sous les portes cochères, ou sur le tapis d’un appartement.
- Ce meme artiste a parfaitement remédié à cette imperfection, et de la manière la plus simple, dans le modèle qu’il vous a présenté lors de votre précédente séance.
- Pour cet effet, il place du côté des gonds, à peu de distance du centre de mouvement de la porte, et à un niveau un peu plus élevé que celui des obstacles à surmonter, une sorte d’étrier ou support circulaire fait, pour les appartemens, avec un gros fil de fer, recourbé en équerre vers ses deux extrémités, et fixé dans le plancher, d’un bout sous la porte quand elle est close, et de l’autre au pied du chambranle, dans la piece où elle doit ouvrir (i).
- Il résulte de cette seule disposition, que, lorsqu’on ouvre la porte, le battement mobile, rencontrant l’étrier ou support, est soulevé et passe par-dessus l’obstacle sans le toucher ; et quand on ferme la porte, le battement tombe par son propre poids aussitôt qu’elle rentre dans sa feuillure, et interdit ainsi tout passage à Fair.
- Le moyen imaginé par M. Cauchois, et appuyé de plus de cinq années d’épreuves, a été employé dans le local meme de la Société : en le comparant à ceux dont nous avons fait mention, on verra qu’il a pour lui de se prêter mieux aux nouveaux tassemens qui pourraient survenir; il peut être appliqué facilement aux portes cochères, à celles des boutiques et des appartemens, quelle que soit l’épaisseur de ces portes, sans cependant y occasionner de dégradation ; enfin il a le mérite de convenir non-seule-ment aux propriétaires, mais aussi aux locataires, et de pouvoir être établi à peu de frais (2).
- Nous proposons à la Société de remercier M. Cauchois de la communication de ce procédé, et de l’annoncer dans son Bulletin.
- (1) Lorsqu’il est nécessaire, il fait en dessous de la porte une entaille de peu de profondeur, pour que cette porte , en passant, ne frotte pas contre V étrier.
- (2) Un battement simple traînant, posé à une porte d’appartement à un seul battant, coûte 2 francs ; un battement garni de peau avec support, 3 francs 5o centimes. Les plinthes pour les portes cochères se paient suivant les difficultés; elles ne s’opposent jamais à l’écoulement des eaux qui, au besoin f relèvent <P elles-mêmes le battant par l'effet de leur impulsion ou de leur pesanteur.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Note de M. Guy ton de Morveau sur la manière de juger la cuite des sucres, publiée par ordre de S, Exc. M. le comte de Sussy? Ministre des manufactures et du commerce (1).
- Le degré de cuisson des sirops pour en obtenir le sucre concret influe tellement, tant sur la quantité que sur la qualité des produits, que, suivant la belle expérience de M. Proust, le même sirop réduit par l’ébullition à cristallise très-promptement; qu’il cristallise encore, mais plus difficilement, à -AL; enfin que, réduit à il ne donne plus de cristaux (2). On ne saurait donc apporter trop d’attention à la détermination de ce degré, sur-tout lorsqu’il s’agit de former la pratique d’un art nouveau, puisque sans l’observation rigoureuse de cette condition, on court risque de porter un jugement faux et décourageant sur le peu de valeur de la matière, oti sur l’imperfection des procédés ; c’est ce qui m’engage à rappeler quelques faits qui peuvent servir à faire connaître la vraie manière d’obtenir invariablement le degré le plus avantageux à la cuite des sucres.
- On n’a connu long-temps d’autre moyen que ce que l’on appelait ta preuve par le filet, et qui consistait à mettre sur le pouce une goutte de la liqueur, et, en éloignant la spatule, observer si le filet se relevait après sa rupture.
- En 1774> Ie propriétaire d’une grande raffinerie établie à Dijon, fatigué des pertes que lui causait fréquemment l’inégalité de ses cuites, mécontent sur-tout de l’ouvrier dont le service se bornait à les juger, et qu’il n’était pas facile de remplacer, me demanda s’il ne serait pas possible d’en déterminer plus sûrement le degré, et me fit ouvrir ses ateliers pour prendre une exacte connaissance de celte opération. Je ne tardai pas à me convaincre que la preuve par le filet était nécessairement sujette à toutes les vicissitudes de l’atmosphère, telles que la pesanteur, la température, l’agitation, la direction des courans, la constitution hygrométrique, etc., sans compter les écarts de manipulation par rapport au volume de la goutte, à la vitesse du mouvement imprimé, dont l'habitude la plus suivie ne pouvait garantir l'uniformité. Je compris dès-lors qu’il n'y avait que le pèse-liqueur qui, en indiquant un degré fixe de concentration, put garantir
- ; 1) Moniteur du 2 aeru i o 12.
- rChimie appliquée aux arts, etc. . ae M. C-r.optal} 1. il, p. 47Ç.
- constamment
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- constamment clés produits de même qualité; après plusieurs expériences faites dans les chaudières même de cette raffinerie, je parvins à donner à ce fabricant un pèse-liqueur approprié à cet objet, dont il n’a pas cessé de faire usage tant qu’il a continué ce commerce , et toujours avec le succès le plus constant, et qu’il m’a assuré avoir fait construire à la demande de plusieurs autres raffineries.
- Il est fait mention de cet instrument dans la traduction des Opuscules de Bergmann, publiée en 1780, t. I,pag. 552.
- Les principes en ont été développés dans un mémoire que je rédigeai à l’invitation de M. Louis Drouhin, de Nantes, qui le fit imprimer, et l’envoya avec plusieurs de ces instrumens exécutés en argent, dans ses plantations de Saint-Domingue, d’où il arrivait souvent des sucres manqués par défaut ou par excès de cuisson du vezou ou vin de canne. Ce mémoire a été publié dans le Recueil de VAcadémie de Dijon, année 1783, deuxième semestre.
- On en trouve enfin une description encore plus complète dans le tome Ier. du Dictionnaire de chimie de VEncyclopédie méthodique, imprimé en 1786, page 266 et suivantes.
- Je tiens de plusieurs colons que, dès 1787 , l’usage en était généralement adopté dans les plantations de Saint-Domingue, et je ne puis douter qu’il n’ait passé dans les autres colonies, en ayant fait construire plusieurs à Paris , au mois de mars 1792, sur l’étalon en cuivre que j’en ai conservé pour M. Bingham, planteur de la Jamaïque, qui m’avait été adressé par M. Kinvan, de Dublin.
- Dans la description de cet instrument et de la manière de s’en servir, j’ai déterminé le rapport de son échelle à celle du pèse-liqueur des sels de Baumè, pour donner un moyen de plus de juger le vrai degré de concentration auquel la liqueur doit être portée; mais il ne faudrait pas en conclure que ce dernier pût servir habituellement avec le même avantage. Indépendamment de ce que le pèse-liqueur des sucres est destiné à indiquer l’eau de dissolution et porte en bas le zéro, son échelle donne vingt-cinq divisions qui correspondent seulement à quatre du pèse-liqueur des sels; savoir, de 37 à 35 degrés.
- Explication delà figure 2 de la planche go.
- Le pèse-liqueur y est représenté sur une échelle de 5 centimètres pour décimètre, ou de demi-grandeur naturelle. Ces dimensions sont nécessaires, vu la capacité des chaudières , et pour donner la facilité de juger le point
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- de station sans erreur sensible, malgré l’agitation et le bouillonnement de la liqueur.
- La longueur totale de cet instrument est de 5i centimètres; le diamètre de la grosse boule de 64 millimètres; celui de la boule inférieure de 28. La tige qui les sépare a également 28 millimètres de hauteur et 11 de diamètre ; la tige supérieure, qui porte la graduation, est de 9 millimètres à son extrémité : cette tige est le prolongement de celle qui tient à la boule inférieure , et doit être d’une seule pièce qui traverse la grosse boule, seul moyen d’assurer à-la-fois sa direction verticale et sa solidité.
- Le poids de cet instrument est d’environ 22 décagrammes; son centre de gravité, quand il est lesté convenablement, est au centre de la ligne ponctuée a b.
- Instruction pratique sur la préparation de l’indigo-pastel, par JM, J.-B. Heinricli, docteur en médecine, conseiller de S. JM. l’empereur d’Autriche ; traduite de l’allemand par JM, Daclin , et publiée par ordre de S. Ex. JM. le comte de Sussy , JMinistre des manufactures et du commerce.
- § Lr. De la récolte du pastel, et de la conservation et dessiccation de ses
- feuilles.
- Lorsque les feuilles inférieures du pastel commencent à jaunir, on doit en faire la récolte par un temps sec et serein, afin qu’elles se chargent le moins possible de terre et de poussière. Pour cet effet, chaque ouvrier se munit d’un couteau ordinaire et d’un panier; il saisit la plante de la main gauche, et la coupe à un clemi-pouce au-dessus du collet de la racine; ensuite il jette les feuilles dans le panier. Il faut avoir l’attention de ne pas endommager la racine; ce qui ferait inévitablement périr la plante, ou du moins retarderait sa végétation.
- Au bout de trois ou quatre heures, l’ouvrier a rempli son panier de Veuilles: alors il le transporte au séchoir. Il faut éviter d’entasser les feuilles dans les champs, et de les transporter sur des chariots après qu’elles ont été exposées pendant plusieurs heures à l’action combinée de l’air et de la chaleur, parce qu’il s’établit une prompte fermentation, qui entraîne la perte d’une partie de la matière colorante. Les feuilles devant être coupées par un temps sec, comme nous venons de le recommander, elles ne sont presque jamais chargées de terre et de poussière : il serait d’ailleurs difficile et même dangereux dans un grand établissement de les laver , parce qu’elles pourriraient en séchant, et que l’ordure dont on veut les débarrasser, bien
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- loin detre enlevée, y adhère plus fortement et se précipite au fond de la cuve de macération.
- Le séchoir est composé de vastes greniers , dont le plancher doit être tenu bien propre ; les feuilles y sont éparpillées de manière quelles puissent recevoir de tous côtés l’influence de l’air ; elles doivent sécher à l’ombre. On les retourne deux fois par jour avec un râteau jusqu’à ce qu’elles soient entièrement fanées. Le temps de la dessiccation dépend de la température de l’atmosphère. Il est nécessaire d étendre les feuilles par couches très-minces : par là on évite la fermentation et la perte de la matière colorante , et on favorise la dessiccation.
- Lorsque le temps est chaud et sec, les feuilles sont fanées au bout de trois ou quatre jours , tandis qu’elles ne le sont pas complètement en huit jours si la saison est humide. Quand elles sont entièrement desséchées^ on les met dans des tonneaux qu’on place dans des lieux secs, afin qu’elles n’attirent pas l’humidité de l’atmosphère, et on les emploie le plus tôt qu’il est possible.
- § II. Des ustensiles et des vaisseaux nécessaires dans une indigoterie.
- On peut employer dans une fabrique d’indigo-pastel des vases de toutes les dimensions ; cependant ceux que j’ai trouvés à Ernstbrunn , en Bohême, et dont je me suis servi avec avantage, me paraissent les plus convenables. Je vais en donner la description :
- i°. La cuve de macération a 5 pieds de diamètre au fond, et 55 pouces de hauteur; elle peut contenir à 26 eimers (l’eimer équivaut à 70 litres) de liquide. On place près de cette cuve celle dite à la chaux, des mêmes dimensions et capacité ; ces deux cuves, qui doivent occuper la partie la plus élevée de l’atelier , seront construites en bois blanc et cerclées en fer. On y introduit l’eau par des tuyaux disposés à cet effet.
- Au fond de la cuve de macération est pratiqué un tuyau de bois dont i orifice a un pouce de diamètre, et qui est garni d'une chantepleure, afin de pouvoir retirer tout le liquide contenu dans cette cuve. Un tuyau semblable est disposé dans la cuve à la chaux, mais à 6 pouces au-dessus du fond , pour qu’il n’admette que l’eau qui surnage la chaux. Les bouts de ces tuyaux se rapprochent extérieurement, de manière que les filets d’eau , en sortant des cuves, puissent se croiser et se mêler. Cependant comme il est nécessaire de retirer tout le liquide contenu clans la cuve de macération, on place Je tuyau a un ou 1 pouces plus bas.
- Dans la paroi intérieure de cette cuve, à 7 ou 8 pouces du bord supérieur, on fixe des deux côtés trois traverses, espacées entre elles d’un pied. Des ? ait es transversales, distantes de 5 pouces l’une de 1 autre, et dont 011 couvre
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- ïes feuilles de pastel, viennent s’arrêter contre ces traverses lorsque les feuilles commencent à renfler.
- 2°. Immédiatement au-dessous de ces cuves est placée celle dite de mélange, destinée à recevoir les liquides des deux cuves supérieures; elle a 6 pieds et demi de diamètre au fond, et 36 pouces de profondeur. A 4 ou 5 poncés du fond est pratiqué un tuyau semblable aux précédens , qui sert non-seulement à soutirer la liqueur qui surnage l’indigo précipité, mais aussi à faire écouler dans une cuve placée au-dessous l’indigo mêlé avec l’eau. Deux autres tuyaux insérés de chaque côté de la cuve et au niveau du fond, sont destinés à conduire la fécule d’indigo dans les cuves dépura-toires dont nous parlerons plus bas.
- 3°. Au-dessous du tuyau supérieur de la cuve de mélange est placée une bâche ou baquet de 3 pieds de diamètre sur 3o pouces de profondeur, dans laquelle se trouve une pompe en bois à double piston , semblable aux pompes à incendie. Le corps de pompe, en bois ou en métal, s’élève jusqu’au bord de la cuve de mélange ; il est disposé de manière que le liquide qui s’écoule par le tuyau supérieur de cette cuve dans la bâche puisse être facilement ramené dans la cuve. Au fond de la bâche est un tuyau servant à faire écouler la liqueur d’indigo qui n’aurait pu être élevée par la pompe : ce tuyau est également destiné à conduire dans une rigole souterraine la liqueur jaune qui surnage l’indigo contenu dans la cuve de mélange ; on le garnit d’un robinet pour éviter de mouiller le plancher de la fabrique.
- 4°. Deux vases de même capacité sont disposés au-dessous des tuyaux inférieurs de la cuve de mélange, et de chaque côté : l’un est destiné à recevoir la fécule d’indigo mêlée avec l’eau, l’autre cette fécule même. Ces vases, que l’auteur nomme cuves dèpuratoires, sont de même forme et grandeur que la cuve de macération. Chacune de ces cuves est garnie de deux tuyaux semblables à ceux de la cuve de mélange, et munis de robinets; l’un de ces tuyaux, placé à 4 oit 5 pouces au-dessus du fond, sert à conduire les eaux de lavage dans la rigole d’écoulement; l’autre, pratiqué au niveau du fond, est destiné à retirer l’indigo lavé dans de petits vases placés au-dessous.
- Il faut avoir soin de poser ces deux cuves, ainsi que la bâche, sur des chantiers élevés à un pied au-dessus du sol de la fabrique, afin de pouvoir placer dessous quelques petits vases.
- On doit employer deux cuves dèpuratoires, parce qu’une seule ne suffirait pas dans une fabrication journalière pour opérer convenablement le lavage de l’indigo.
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- Outre les cuves dont nous venons de parler, on se sert encore :
- 5°. De quelques vases de bois pouvant contenir 3 à 4 eimers de liquide, et destinés à recevoir l’indigo lavé provenant de plusieurs cuves, afin qu’il ait le temps de s’y précipiter. Dans la partie supérieure de ces vases, on fixe de petits robinets pour faire écouler l’eau qui pourrait encore surnager l’indigo.
- 6°. De quelques caisses ou boîtes de grandeur arbitraire : elles doivent avoir en général 2 pieds de long sur un pied et demi de large et 8 à i o pouces de haut; leurs rebords sont inclinés d’un pouce à partir du fond ; le fond et la partie inférieure des parois sont percés de petits trous, afin que l’eau que retient la fécule d’indigo puisse s’écouler facilement.
- 7°. Dans chacune de ces boîtes, on étend un morceau de toile grossière, qui doit former le moins de plis possible, et se coller exactement contre les parois de la caisse : c’est sur cette toile qu’on verse la fécule.
- 8°. Quelques petits vases de bois, ronds et portant deux anses, sont destinés à être placés sous les robinets des cuves dépuratoires, et à recevoir l’indigo lavé.
- 9°. Des flacons et des verres servant à prendre des épreuves des diverses cuves.
- io°. Un siphon pour retirer au besoin tout le liquide qui surnage l’indigo.
- ii°. Des lattes de bois blanc, qu’on place sur les feuilles de pastel contenues dans la cuve de macération, de manière que les intervalles soient de la même largeur que ces lattes, et que les feuilles ne puissent passer au travers : ces lattes sont arrêtées par les trois traverses fixées aux parois de la cuve. Par ce moyen, les feuilles sont continuellement maintenues sous l’eau, qui se charge ainsi plus facilement de leur principe colorant.
- i2°. Un grand râble ou spatule de bois de 5 pieds de long, servant à remuer la fécule d’indigo et à la mêler avec l’eau.
- i3°. Quelques petites rigoles en bois, qu’on place sous les tuyaux ou robinets pour conduire le liquide dans des vases éloignés.
- i4°- Un tamis de crin, à travers lequel on fait passer l’indigo lavé, pour le débarrasser des parties hétérogènes qu’il pourrait retenir.
- Si l’on a une provision de plantes assez considérable pour qu’une seule cuve de macération ne soit pas suffisante, on en fait établir plusieurs ; dans le cas contraire, on diminue la dimension des vases et des autres ustensiles delà fabrique. De cette manière, les teinturiers de la campagne, qui sont
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- en meme temps propriétaires , peuvent cultiver et préparer eux-mémes la quantité de pastel dont ils ont besoin.
- La condition essentielle pour le succès d’une fabrique d’indigo - pastel étant d’avoir des eaux abondantes et pures, on établit près de l’atelier des pompes destinées à élever l’eau dans les cuves de macération et à la chaux placées dans la partie supérieure du bâtiment, sur un échafaudage construit exprès.
- § III. Des propriétés des feuilles de pastel, et de la manière d’en extraire
- V indigo.
- Le pastel [isatis tmctoria), considéré sous le rapport des principes colo-rans qui en font la base, contient deux couleurs; savoir, la couleur bleue solide et indélébile : la couleur jaune fugace et attaquable parles alcalis, etc.
- L’art de la préparation de l’indigo consiste à retirer la couleur bleue de la plante , à la séparer convenablement de la couleur fauve, et à la produire i l’état solide.
- il est deux méthodes pour retirer de bon indigo du pastel; mais elles diffèrent essentiellement dans la manipulation. La première, celle de M. Kulenkamp, qui consiste à retirer l’indigo des feuilles fraîches du pastel, à l’aide de la fermentation, a plusieurs inconvéniens. Celle que l’auteur propose et qu’il assure être encore entièrement inconnue, consiste a retirer la matière colorante des feuilles de pastel desséchées ou simplement fanées. Elle a l’avantage, i°. d’éviter la fermentation toujours nui sible; 2°. de permettre d’établir la fabrique dans des lieux éloignés de ceux ou l’on cultive le pastel, et là où les localités et toutes les autres circonstances sont les plus favorables; 5°. de ne laisser aucun doute sur le succès de l’opération.
- M. Heinrich a soumis son procédé à l’examen d’une commission nommée par le Gouvernement autrichien , et composée de MM. le baron Jacquin, le directeur Prechtl, et le professeur Scherer, habile chimiste. Quoique le rapport fait par cette commission fût très-favorable, il trouva cependant que son procédé avait encore quelques inconvéniens auxquels il a cherché à remédier. 11 avait remarqué, i°. que la dessiccation des feuilles devait se faire avec la plus grande précaution si l’on ne voulait pas s’exposer à tout perdre;
- 2 \ que, malgré ces précautions , on éprouvait un déchet considérable sur la matière colorante; 5°. qu’il fallait construire des séchoirs très-étendus; enfin, 4°. que l’indigo qu’on obtenait, même lorsqu’il était bien dépuré, conservait une teinte noirâtre peu agréable à l’œil.
- Aujourd’hui fauteur présente son procédé dégagé de toutes ces imperfeo
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- tions, et il pense que, sous le rapport de la fabrication en grand et de l'extraction de toute la matière colorante contenue dans le pastel, c’est le meilleur qu’on puisse employer. L’indigo qu’il obtient sans le moindre déchet est parfaitement purifié et desséché ; il a un aspect brillant semblable à celui de l’indigo des colonies, et donne une teinture bleue aussi vive et aussi solide.
- § IY. De la macération des feuilles.
- Les feuilles de pastel desséchées sont jetées dans la cuve de macération, de manière qu’elles forment une couche égale de tous côtés , et occupent les deux tiers de la capacité de la cuve. Une condition essentielle est de ne ja mais porter cette quantité au-delà de celle indiquée, parce que les feuilles se gonflent beaucoup aussitôt qu’elles sont surchargées d’eau, et que l’expérience a appris qu’une quantité donnée d’eau ne se charge que d’une quantité déterminée de matière colorante. On prend ordinairement 160 à 180 livres pour chaque cuve , on les recouvre des lattes ci-dessus décrites, et on place les traverses dans la cuve : cette précaution est nécessaire pour que les feuilles baignent constamment dans l’eau.
- On remplit la cuve , jusqu’à 3 ou L\ pouces au-dessus des traverses, d’eau de source ou de rivière bien claire. L’eau des puits est également bonne pour cet usage, pourvu qu’elle soit pure; mais il ne faut l’employer qu’à défaut d’autre, parce qu’on perd beaucoup de temps à la monter, et que ce moyen est très-dispendieux. L’auteur recommande de faire cette opération le soir, parce que les feuilles ont le temps d’infuser pendant la nuit, et qu’on peut mieux régler les travaux du lendemain.
- Aussitôt que la cu ve de macération est remplie, on introduit de l’eau dans celle destinée à recevoir la chaux ; on y jette un metze ( 5 litres et demi ) de chaux vive ou de chaux nouvellement éteinte; on remue le tout pour en faire un lait de chaux : la chaux se précipite entièrement pendant la durée de l’infusion des feuilles , et forme une eau de chaux parfaitement pure.
- Pendant la macération des feuilles, il se formeà la surface de l’eau plusieurs grosses bulles d’air, et ensuite une innombrable quantité de petites bulles, qui communiquent à l’eau une couleur verte très-faible, passant peu à peu au jaune : la couche de liquide qui recouvre immédiatement les feuilles est plus tôt saturée de cette couleur que la surface. Les feuilles perdent plus ou moins leur aspect ridé, et s’étendent au point qu’elles paraissent fraîches; en même temps elles s’élèvent dans la cuve et pressent les lattes avec une grande force contre les traverses : dans cet état, le liquide occupe plus de la moitié de la partie inférieure de la cuve.
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- Le lendemain, c’est-à-dire au bout de dix à douze heures, si on laisse couler un peu de liqueur dans un verre, on remarquera qu’elle a contracté une odeur spécifique qui n’est pas désagréable; sa surface est nuancée de bleu foncé tirant sur le vert ; la même couleur se manifeste au bord du verre; mais le surplus de l’eau est limpide et saturé de jaune. L’indigo s’y trouve combiné à l’état de désoxidation.
- § V. Des signes auxquels on reconnaît quand il faut retirer la liqueur de
- dessus les feuilles.
- On n’observe pas de phénomène particulier en retirant la liqueur qui surnage les feuilles, parce qu’il ne se manifeste pas de fermentation ; l’expérience seule peut servir de guide à cet égard. Il est prudent, et même nécessaire, avant de retirer la liqueur de dessus les feuilles, de la mêler dans un flacon de verre avec de l’eau de chaux bien claire , d’agiter le mélange pendant dix à quinze minutes et de le laisser reposer. Si le précipité qui se forme est bleu foncé ou bleu ardoise, on laisse la liqueur encore quelques heures sur les feuilles, et on répète cette épreuve jusqu’à ce qu’on remarque que le précipité est d’un bleu verdâtre : c’est un indice certain que toute la matière colorante bleue est extraite des feuilles.
- Ce moyen est le seul et le plus sûr pour atteindre le but qu’on se propose ; l’auteur l’a abandonné à ses ouvriers, qui s’en sont toujours servis avec le plus grand succès, au point qu’il n’avait plus besoin de s’occuper de la fabrication.
- Il est impossible de déterminer exactement le moment où il faut retirer la liqueur de dessus les feuilles, parce que cela dépend toujours de leur qualité, du degré de dessiccation et de la température de l’eau. Si les feuilles contiennent beaucoup de matière colorante, il est évident qu’il faut les laisser infuser plus long-temps; si elles sont sèches, la couleur bleue s'en détache plus facilement que si elles étaient simplement fanées; enfin, si la température de l’eau est élevée , on accélère l’opération. Il vaut cependant mieux laisser les feuilles dans l’eau quelques heures de plus, parce que , comme il n’y a point de fermentation , on ne perd pas de matière colorante bleue, et que la couleur fauve peut en être facilement séparée par les lavages subséquens. La dépuration de l’indigo est aussi plus parfaite, parce que le grain a plus de facilité à se former et à se précipiter par la pesanteur qu’il acquiert, circonstance qui est à considérer ; car si l’eau est retirée trop tôt, une partie de la matière colorante, à cause de sa moindre pesanteur spécifique, s’écoule avec les eaux de lavage ne pouvant se précipiter, et il en reste encore dans les feuilles.
- Plus
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- Plus les feuilles sont vieilles ou desséchées, plus on a de facilité à en séparer la couleur : ainsi en employant pour des feuilles fanées de l’eau à la température de 12 à i5 degrés du thermomètre de Réaumur, l’opération sera achevée en douze à quinze heures, tandis qu il n’en faut que huit et même moins en se servant de feuilles desséchées.
- § YI. De la séparation de Vindigo.
- Lorsqu’on s’est assuré, par les épreuves que nous venons de mentionner, que toute la matière colorante est extraite des feuilles, on retire la chantepleure du tuyau de la cuve de macération et on laisse couler la liqueur dans celle de mélange; on ouvre en même temps le tuyau de la cuve contenant la chaux après que celle-ci s’est totalement précipitée, mais avec la précaution de s’assurer si l’eau de chaux est bien claire, ce qui se fait en la laissant couler dans un vase particulier jusqu’à ce qu’elle vienne parfaitement limpide ; dans cet état, on la laisse couler dans la cuve de mélange. Les deux liqueurs s’y mêlent, condition essentielle pour la production de l’indigo.
- Le mélange étant monté dans cette cuve jusqu’au niveau de l’orifice du tuyau supérieur, on ouvre le robinet et 011 laisse couler la liqueur, qui est déjà verte, dans la bâche placée au-dessous; aussitôt que celle-ci est remplie, un ouvrier fait agir la pompe et remonte la liqueur dans la cuve de mélange.
- Pendant que les tuyaux sont ouverts, l’eau de chaux se combine avec la liqueur de l’indigo oxidé, et il se manifeste, tant dans la cuve de mélange cpie dans le corps de pompe, une agitation plus violente que celle qu’on produit dans les indigoteries par les moyens connus. Cette agitation est très-favorable à la formation de l’indigo, et lui donne une belle apparence. Il se forme à la surface de la liqueur d’abondantes écumes, qui prennent une belle couleur bleue et empêchent l’agitation du mélange; on les fait disparaître en y versant i5 ou 20 gouttes d’huile.
- L’eau de chaux s’écoulant bien plus promptement que celle qui surnage les feuilles , et les proportions de l’une et de l’autre devant être égales, on ferme pendant quelque temps le robinet de la cuve à la chaux, jusqu’à ce que la totalité de la liqueur d’indigo soit écoulée ; après quoi, on verse sur le précipité 26 à 5o pintes d’eau pour ne pas éprouver de déchet elle laver parfaitement; cette eau est conduite dans la cuve de mélange. L’opération achevée, on ouvre de nouveau le robinet de l’eau de chaux, et on en laisse couler jusqu’à ce qu’il yen ait autant que de liqueur d’indigo.
- Après une heure, pendant laquelle la liqueur a coulé sans interruption
- Onzième aimée. Juillet 1812. Z
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- de la cuve de mélange dans la bâche et a été remontée de celle-ci dans la cuve, par le moyen de la pompe, on en prend un échantillon dans un verre, et on observe si l’indigo s’est formé.
- La liqueur, qui, en la retirant de dessus les feuilles, était limpide et de couleur jaune foncé, est maintenant trouble et d’un très-beau vert foncé. L’indigo qui se trouve combiné dans cette liqueur a déjà attiré l’oxigène de l’atmosphère qui lui est nécessaire , et s’est presque entièrement séparé de la couleur fauve.
- Il s’est formé peu à peu dans la liqueur dont on a rempli le verre, de petits nuages ou flocons que les Indiens nomment le grain, et qui se précipitent. Si, au bout d’une demi-heure ces floqons ne sont pas formés et précipités au fond du verre, c’est un indice qu’il n’y a pas assez de chaux dans le mélange ; dans ce cas, on y laisse couler un peu d’eau de chaux en continuant de pomper; mais si le grain se précipite facilement, le mélange s’est fait par portions égales. Une heure et demie ou deux heures suffisent pour cette opération.
- Après avoir fermé le robinet de la cuve de mélange , on y élève, à l’aide de la pompe, la liqueur qui se trouve dans la bâche; celle qui reste est soutirée dans un vase particulier et ajoutée au mélange, dont on retire un verre plein, afin de juger dans quel état il se trouve dans la cuve. II est indispensable, à chaque opération, de répéter cette épreuve, parce qu’on se rend ainsi maître du procédé, et qu’on peut juger par la manière dont le précipité se forme dans le verre, comment il se forme dans la cuve.
- L’indigo ne sera complètement précipité dans le verre qu’au bout d’une heure; mais comme, lorsqu’il s’agit d’une fabrication en grand, on doit avoir égard aux moindres circonstances, on laisse le grain se précipiter pendant sept ou huit heures. Ce temps est nécessaire pour que le dépôt soit bien formé et la fécule concentrée au fond de la cuve, au-dessous du tuyau supérieur.
- Pendant ce temps on retire les feuilles de la cuve de macération et on la nettoie. Le reste de la journée est employé, par l’ouvrier chargé du soin de cette cuve, à retourner les feuilles dans le séchoir et à d’autres travaux analogues.
- § VII. Épreuve.
- L'eau qui surnage l’indigo et retient beaucoup de matière colorante jaune, est alors retirée par le tuyau supérieur. Pour s’assurer quelle ne contient plus de principes colorans bleus, on la verse dans un flacon avec parties égales d'eau de chaux, on agite le mélange et on le laisse
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- reposer. Le précipité qui se formera sera d’un jaune clair et ne recèlera pas un atome d’indigo.
- § VIII. Du lavage et cle la purification de l’indigo.
- Lorsque l’eau jaune est entièrement écoulée, on ferme le tuyau , on remplit la cuve d’eau claire et on y verse le précipité d’indigo qui s’est formé dans le flacon; on remue soigneusement le mélange, dont on remplit de nouveau le flacon, et on laisse la cuve reposer pendant la nuit.
- Cette opération se nomme le lavage ou la purification de Vindigo; elle est très-importante, d’abord parce qu’elle enlève toute la matière jaune contenue dans l’indigo; en second lieu, parce qu’elle le débarrasse de la chaux, qui se trouve quelquefois être du double en poids.
- Ce premier lavage étant terminé, on garnit de feuilles la cuve de macération pendant que l’eau jaune s’écoule; ou pose dessus les lattes et on la remplit d’eau. On verse également de l’eau dans la cuve à la chaux, on remue bien la chaux qui se trouve au fond, afin qu’elle se précipite pendant la mur et que les deux cuves puissent être vidées le lendemain de bon matin : de cette manière l’opération se renouvelle chaque jour sans interruption.
- Le lendemain au matin, on remarquera que l’indigo s’est de nouveau précipité, comme le démontre l’épreuve contenue dans le flacon qu’on avait mis de côté. L’eau qui surnage l’indigo n’est plus d’un jaune aussi foncé, et le précipité aura acquis une belle couleur bleue. Apres avoir retiré cette eau par le tuyau supérieur, on ouvre l’un de ceux qui se trouvent sur le côté de la cuve et au niveau du fond , et on laisse couler toute la fécule d’indigo dans la cuve dépuratoire; celle qui reste au fond de la cuve de mélange est lavée avec de l’eau claire, et on la retire ensuite pour que cette cuve puisse servir à une nouvelle opération.
- Aussitôt que l’indigo est retiré, on le lave une seconde fois, et enfin une troisième fois dans la journée, après qu’un nouveau dépôt s’est formé. Le lendemain, on s’apercevra que l’eau qui surnage la fécule est parfaitement limpide, et ne conserve plus qu’une faible teinte jaune. Néanmoins l’indigo dans cet état retient encore beaucoup de chaux et de matière extractive qui le privent de ses qualités.
- Pour remédier à cet inconvénient, on mêle à la fécule un acide végétal et on remue bien. Tous les acides végétaux, tels que les vinaigres devin, de bière, de betteraves, de fruits, l’acide pyroligneux, etc., sont propres a cet usage, pourvu qu’ils soient purs. La chaux, qui a beaucoup d’affinité pour ces acides, s’en empare, et la matière extractive jaune que retient encore l’indigo est entièrement détruite. Deux à trois pintes de vinaigre
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- suffisent pour saturer une quantité d’indigo obtenue de 160 à 180 livres de feuilles. On doit avoir soin, avant d’ajouter le vinaigre à la fécule, de retirer toute l’eau qui la surnage, afin qu’elle n’affaiblisse pas l’acide; on peut se servir pour cette opération d’un siphon.
- L’auteur propose l’emploi des acides végétaux, parce qu’ils sont les moins chers, et qu’avant tout on doit considérer l’économie dans une fabrication en grand. Parmi les acides minéraux il faut rejeter ceux nitrique et sulfurique, parce que le premier détruit l’indigo, et que le second, en se combinant avec la chaux, forme un sel neutre insoluble, le sulfate de chaux, qu’on ne peut plus séparer de l’indigo.
- On remplit la cuve pour la quatrième fois et on remue la fécule, ensuite on la laisse reposer, afin qu’elle se précipite. On remarquera que l’eau de lavage a encore enlevé beaucoup de matière extractive, et que l’indigo a acquis toutes ses qualités. Si l’on pensait néanmoins qu’il 11e fût pas assez purifié , on procéderait à un cinquième et dernier lavage * après lequel l’eau qui surnage le précipité se trouve aussi pure et aussi incolore que celle qu’on a d’abord employée.
- Ce n’est qu’en évitant la fermentation du pastel qu’on parvient à en retirer de l’indigo d’une aussi belle qualité; et on se convaincra que, malgré des lavages aussi souvent répétés, le déchet est nul et que la fécule se précipite toujours avec la plus grande facilité. Les lavages avec ou sans acide peuvent être poussés à l’extrême sans qu’on perde aucune portion de matière colorante ; tandis que par le procédé de la fermentation le dépôt se forme très-lentement, et que, par suite des fréquens lavages, 011 perd au moins les deux tiers de l’indigo.
- Ainsi purifiée et lavée, la fécule est soutirée par le robinet adapté au fond de la cuve. On la passe d’abord à travers un tamis de crin pour la débarrasser des parties hétérogènes qui ont pu s’y introduire pendant le lavage ; 011 y trouve souvent des feuilles entières qui passent par le tuyau de la cuve de macération. Ensuite on met l’indigo dans des vases plus petits, mais dont les dimensions doivent être telles qu’ils puissent contenir l’indigo de plusieurs cuves; ils doivent jauger 3 ou 4 eimers; le produit de différentes opérations y est mêlé pour obtenir une fécule d’une qualité toujours égale.
- § IX. De la dessiccation de Vindigo.
- Après un repos de plusieurs jours, l’indigo se sera entièrement précipité au fond de ces vases : alors on enlève l’eau qui le surnage, et on le met dans les caisses à ce destinées, garnies intérieurement d’une toile formant le moins de plis possible.
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- Cependant, comme il passe encore un peu d’eau à travers la fécule, on place les caisses sur un vase pour les laisser égoutter, ce qui dure environ un quart d’heure. On recueille le peu de matière colorante qui a pu passer dans ce vase, on l’ajoute à l’indigo; on remplit de nouveau les caisses, et on laisse reposer le tout.
- A mesure que l’eau s’en sépare, l’indigo s’affaisse ; on remplit les caisses pendant six à sept jours toutes les vingt-quatre heures. Au bout de ce temps, l’indigo prend de la consistance ; celui qui adhère aux parois en est soigneusement détaché avec un couteau, et on le ramène au centre de la caisse, afin d’égaliser la surface.
- L’indigo ainsi purifié se couvre d’une belle croûte bleue ayant des reflets cuivrés; cet aspect sera brillant, si la chaleur a été forte pendant la végétation du pastel, et si les feuilles ont été coupées par un temps sec. Mais s’il retient encore un peu de chaux ou de matière extractive, sa surface sera sale, et il se formera une croûte de chaux produite par l’acide carbonique de l’air qu’elle attire.
- Après huit jours de repos, pendant lesquels il passe encore un peu d’eau à travers les trous de la caisse, on enlève l’indigo avec la toile sur laquelle il repose, et on l’expose à l’ombre dans un lieu chaud, sec et aéré. On détache la toile des bords et on divise la masse en petits dés, avec un couteau, afin qu’elle puisse recevoir de tous côtés l’influence de l’air et que sa dessiccation soit accélérée.
- Lorsque enfin l’indigo est assez sec pour qu’on puisse le détacher de la toile sans l’écraser, ce qui, par un temps chaud, a lieu au bout de huit jours, on le place sur des planches disposées pour cet usage; on retourne les dés toutes les vingt-quatre heures, et on attend ensuite la parfaite dessiccation, qui s’opère à l’ombre et dans un courant d’air.
- Cette opération n’est complètement achevée qu’au bout de six à huit semaines, parce que l’indigo se débarrasse difficilement de l’humidité qu’il retient et que la chaleur le fait gercer. Enfin il se racornit au point de perdre plus de la moitié de son volume.
- Dans cet état, il a toutes les qualités de l’indigo des colonies, et donne les mêmes résultats dans les opérations de teinture. On doit par conséquent le considérer comme pouvant remplacer dans toutes les circonstances et avec le plus grand avantage cette substance tinctoriale.
- § X. Conclusion.
- Le pastel réussit aussi bien dans des terrains secs que dans des terrains humides; on en fait trois et souvent quatre coupes chaque année. Un
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- arpent d’Autriche, de 1600 verges carrées, peut contenir 57,600 plantes pesant chacune 2 à 5 onces ; mais comme il y en a beaucoup qui ne réussissent pas, on ne comptera que 51,840 plantes, lesquelles, à raison de 2 onces chacune, donnent 6480 livres. Comme chaque arpent produit 19,440 livres de feuilles fraîches, et qu’on les coupe trois fois chaque année, on peut compter sur 588o livres de feuilles sèches, lesquelles donnent 55 livres d’indigo ; mais en réadmettant qu’une livre d’indigo pour 80 livres de feuilles sèches, chaque arpent produira 48 4 livres d’indigo.
- On doit avoir le plus grand soin d’établir près de l’atelier des pompes en nombre suffisant, et de les alimenter constamment.
- Si le fabricant est en même temps cultivateur, la dessiccation des feuilles lui donnera beaucoup d’embarras, parce qu’il n’aura pas de séchoirs assez étendus. Il peut remédier à cet inconvénient en employant les feuilles fanées apres qu’il les aura laissées trois à quatre jours dans le séchoir : par ce moyen il a l’avantage de pouvoir conserver les feuilles plus long-temps,
- Une fois que la cuve à la chaux est remplie, on y laisse la chaux pendant tout l’été ; il suffit de la remuer chaque fois qu’on y ajoute de nouvelle eau; cette cuve fournira toujours une très-bonne eau de chaux.
- Si l’on faisait sécher l’indigo dans des caisses fermées et dans des lieux peu aérés, il ne pourrait se débarrasser de son humidité; il se moisirai!: et se convertirait en une poudre qu’il serait impossible d’employer.
- ARTS ECONOMIQUES.
- Extrait d'un rapport fait par M. Gillet ds Laumont, au nom, du Comité des arts économiques > sur les lampes de M. Hadrot.
- M. Hadïot, ferblantier, demeurant à Paris, rue Saint-Sauveur, n° 45, a présenté à la Société deux lampes à niveau alternatif, garnies d’un réservoir circulaire supérieur à la mèche; ces lampes à double courant d’air, destinées à être placées sur une table, s’y trouvent élevées d’environ 54 centimètres (20 pouces) et peuvent être à volonté entourées d’un ballon de gaze. Le réservoir d’huile se trouve placé au-dessus du niveau delà mèche, dans l’une de ces lampes, d’environ go millimètres (5 pouces 4 lignes); dans l’autre, de près du double.
- Ces lampes sont à niveau alternativement changeant, de même que les lampes ordinaires à réservoirs renversés, placés au-dessus du niveau de la mèche; cette disposition pé&t être comparée à une bouteille remplie d’huile et renversée dans un vase étroit, où il y aurait aussi de l’huile, laquelle
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- venant à baisser au-clessous du niveau de l’orifice de la bouteille, donne lieu à l’introduction d’une bulle d’air et à la sortie d’une quantité proportionnelle d’huile.
- Dans ces lampes, le changement de niveau autour de la mèche est un grave inconvénient lorsqu’il a une certaine étendue, en ce que l’huile, apres s’être abaissée, venant à s’élever de nouveau, noie la mèche en partie char-bonnée, et repousse la flamme vers sa partie supérieure déjà très-char-bonnée ; ce qui diminue la hauteur et l’éclat de la flamme.
- Il est évident que si le renouvellement de l’huile se faisait par très-petites portions et s’opérait très-fréquemment, les lampes ordinaires a niveau alternatif auraient l’avantage d’approcher beaucoup de celles à niveau constant; et à cet égard les lampes, dans l’une desquelles M. Hcidrot a rendu visible le passage de la bulle d’air, et par conséquent de Fhuiîe, en garnissant le bec carré et fixe de son réservoir de deux lames de verre, paraissent donner un renouvellement d’huile plus prompt que dans les lampes ordinaires.
- On voit ici quatre objets principaux qui doivent influer sur la célérité de ce renouvellement, la longueur de la flamme; le diamètre du vase ou tube qui reçoit le bec du réservoir à l’huile; la grosseur de la bulle d'air, et le temps qui s’écoule entre le passage de chaque bulle.
- i°. La longueur de la flamme doit influer beaucoup sur la plus ou moins prompte consommation de l’huile ; mais il est facile de lui donner une longueur moyenne et comparative.
- 2°. Le diamètre du tube conducteur de l’huile, ainsi que celui du vase ou tube nourricier de la mèche qui reçoit le premier, paraissent devoir être les plus petits possible, pour que l’huile y change promptement de niveau; et à cet égard les tubes carrés de M. Hadrot ont l’avantage d’être fort petits.
- Les tubes conducteurs des lampes ordinaires ont 18 millimètres (8 lignes) de grosseur moyenne ; les tubes nourriciers qui les reçoivent ont ordinairement 4 millimètres et demi (2 lignes de diamètre) de plus; il paraîtrait utile et possible de ne donner aux premiers que 5 à 6 lignes de diamètre, et aux seconds 7 à 8.
- 3°. La grosseur de la bulle d'air proportionnelle à la quantité d’huile qui tombe sur la mèche, chaque fois qu’il passe une bulle, devrait être la plus petite possible; sa grosseur paraît (abstraction faite de la célérité avec laquelle l’huile baisse dans le tube ou vase nourricier) dépendre de la viscosité de l’huile et de la grandeur de l’ouverture latérale qui établit la communication du réservoir avec la mèche; dans les lampes ordinaires à réservoirs renversés et amovibles, cette ouverture,quelquefois ovale, plus
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- souvent ronde, a de n à i3 millimètres \ de diamètre (5 à 6 lignes), et il paraîtrait que si on lui en donnait un plus petit, la viscosité de l’huile ne permettrait pas à la bulle de passer.
- Dans les lampes à réservoir fixe de M. Hadrot > le bec carré du réservoir n’est formé que par une lame de fer-blanc, dont la longueur règle le niveau de la mèche, et qui sépare le tube en deux parties, dont l’une est destinée au passage des bulles d’air à la descente de l’huile, et l’autre à l’introduction de l’air.
- 4°. Le temps qui s?écoule entre le passage de chaque bulle devrait être aussi le plus court possible; il paraît être dans les lampes ordinaires (sous une longueur de flamme moyenne) d’environ vingt secondes, et dans les lampes de M. Hadrot d’environ dix-huit.
- Il résulte de ces observations que les lampes ordinaires à niveau alternatif renouvellent leur huile assez fréquemment pour en obtenir un fort bon service, ainsi que le prouve leur usage journalier lorsqu’elles sont bien proportionnées, et que l’exécution en est soignée; et que celles de M. Hadrot la renouvellent un peu plus promptement, ce qui est im avantage.
- Si l’on parvenait à obtenir un renouvellement encore plus fréquent, comme de six en six secondes, on approcherait alors si près des lampes à niveau constant, qu’il ne serait plus utile (hors le placement du réservoir au-dessous de la mèche, pour lequel ces lampes auront toujours un avantage réel) de résoudre ce problème qui a été l’objet des recherches des sa-vans et de plusieurs artistes habiles, qui y sont parvenus par des moyens très-ingénieux, mais coûteux ou compliqués.
- Le rapporteur a proposé à la Société de faire mention dans son Bulletin de la présentation qui lui a été faite par M .Hadrot, de lampes à réservoir supérieur à la mèche, et à niveau alternatif, dans lesquelles l'huile se renouvelle environ toutes les dix-huit secondes; et d’annoncer aux artistes 1 avantage qu’il paraîtrait y avoir de construire d’une manière simple et peu coûteuse des lampes où l’huile se renouvellerait encore plus fréquemment, afin d’approcher le plus possible ( du moins pour le renouvellement de l’huile) des avantages que présentent des lampes à niveau constant.
- Ces propositions ont été adoptées dans la séance du 6 mai 1812,
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née vallat la chapelle).
- rue de l’Eperon, n°. 7.
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- ONZIEME ANNÉE. (N°. XCVIII.) AOUT l8l2.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- Séance générale du 19 août 1812.
- Les membres composant la Société d’Encouragement se sont réunis , le mercredi 19 août 1812, en assemblée générale, pour procéder à la distribution des prix mis au concours pour l'armée 1812.
- La salle de réunion était éclairée par les nouveaux appareils de M. Bor~ dier-Marcet; quatre fanaux, ou photophores à semi - globe dépoli, adaptés aux angles, produisaient une lumière à-la-fois vive et douce; deux lampes astrales portatives, placées sur le bureau, et une grande à trois becs, suspendue au plafond, avec deux lampes sidérales, dont le garde-vue de gaze adoucissait l’effet, complétaient ce bel éclairage , qui fait beaucoup d’honneur aux talens de M. Bordier. On remarquait avec satisfaction sur le Bureau, à côté des échantillons de laine et de drap teints en écarlate avec la garance seule, par M. Gonin, quelques objets en plaqué d’argent, dont MM. Levrat et Papinaud, propriétaires de la belle manufacture de la rue de Popincourt, ont fait hommage à la Société comme un témoignage de leurreconnaissance pour la distinction honorable qu’elle leur a accordée l’année dernière. Ces objets, qui sont exécutés avec infiniment tie soin et de goût, prouvent que ces habiles fabricans ne cessent de perfectionner leurs produits, qui déjà rivalisent avec avantage avec ceux des manufactures étrangères.
- La séance a été ouverte sous la présidence de M. Chaptal, comte de Chan-îeloup, trésorier du Sénat.
- Après l’admission d’un grand nombre de candidats, parmi lesquels on compte des préfets, des fonctionnaires publics et plusieurs fabricans distingués, M. Mérimée, l’un des secrétaires, a pris la parole pour lire le rapport suivant sur les résultats des divers concours ouverts pour l’année 1812,
- Onzième année. Août 1812. A a
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- Outre ces onze mémoires, la Société est redevable à M. Twent d< Piosembourg, ancien ministre du dessèchement en Hollande, de la descrip tion du moyen employé dans ce pays pour extirper les plantes marécageuses; il consiste à courber ces plantes, en ayant l’attention de ne pas les casser, et à les recouvrir de la terre qu’on retire du fond des fossés d'écoulement.
- Votre Conseil, après avoir entendu le rapport du Comité d’agriculture, a reconnu que ce procédé n’était applicable qu’aux terrains desséchés pai un grand nombre de fossés profonds, et qu’il n’aurait pas le même succès dans des marais qui, par leur disposition topographique, peuvent être desséchés par un seul grand fossé d’écoulement ou par de petites rigoles; parce que, dans le premier cas, il faudrait transporter la terre trop loin, et dans le second on ne pourrait mettre sur les touffes de joncs que la terre prise à la surface clu sol, pourvue d’humus dissoluble, que les pousses latérales auraient bientôt percée.
- Votre Conseil ne croit donc pas que la connaissance de la pratique suivie en Hollande dispense de poursuivre l’objet des recherches que vous avez provoquées; mais il devait des remercîmens à M. de Rosembourg pour les communications qu’il a bien voulu faire dans cette circonstance, et il s’en est acquitté en votre nom.
- L’utilité de ce prix est trop reconnue, Messieurs, pour que votre Conseil hésite à en proposer la prorogation.
- Plusieurs agriculteurs paraissent sur la voie de belles expériences. Vous aviez demandé qu’elles fussent faites sur trois hectares ; mais pour donner plus de facilité aux concurrens, pour les engager à multiplier leurs essais, on peut se contenter d’un hectare seulement, et afin de donner le délai nécessaire, votre Conseil vous proposera de fixer le terme du concours au ier. mai 1814-
- DOUZIÈME PRIX.
- Pour la culture d’une plante oléagineuse.
- Ce prix est remporté : trois concurrens l’ont disputé, et tous trois avec succès. M. Base doit vous faire un rapport détaillé sur cet objet ; il vous proposera de décerner le prix et deux médailles d’encouragement.
- TREIZIÈME PRIX.
- Pour la filature par mécanique de la laine peignée.
- Quoiqu’il ne se soit présenté personne au concours pour cet objet, votre Conseil est assuré que plusieurs artistes s’en occupent avec succès. Il est
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- probable qu’ils n ont été détournés de l’idée de prétendre au prix que par la crainte de faire connaître leurs moyens, ou par le désir de leur donner plus de perfection.
- QUATORZIÈME PRIX.
- Pour la construction d’une machine à peigner la laine.
- Il était bien difficile de suppléer par une machine à l’intelligence qui dirige les mains de l’ouvrier, lui fait choisir les brins de la laine et les ranger dans une disposition longitudinale et la plus convenable pour être parfaitement filés. Ce problème important vient d’être résolu parM. De-maurey, d’Incarville, à qui vous accordâtes une médaille d’encouragement en 1810, pour avoir approché du but qu’il vient d’atteindre : c’est cette médaille qui lui a fait faire de nouveaux efforts, et cet heureux résultat prouve avec quel avantage on peut employer ce moyen d’encouragement pour féconder le génie.
- M. T émaux y en vous faisant connaître plus en détail le mérite de la découverte qui a obtenu les suffrages de votre Conseil, vous expliquera les motifs qui ont déterminé à vous proposer de ne délivrer le prix que lorsqu’une expérience faite en grand et pendant un temps suffisant aura confirmé tous les avantages que présente en ce moment la machine de M. Demaurey.
- Vous approuverez sans doute, Messieurs, la conduite prudente de votre Conseil. Un délai de quelques mois ne peut apporter un dommage notable à l’inventeur, et il donne un plus grand poids au jugement de la Société.
- QUINZIÈME ET DERNIER PRIX.
- Pour donner à la laine, avec la garance, le rouge éclatant des plus beaux colons des fabriques de France.
- Dans la crainte de proposer une chose impossible, vous eûtes l’ailenlion, en publiant ce programme, de ne pas exiger qu’on arrivât à l’éclat de l’écarlate; vous demandâtes seulement qu’on donnât à la laine la couleur solide et brillante que le coton obtient dans nos premières manufactures. Ce que vous n’osiez croire possible est trouvé, et nous avons la satisfaction de vous présenter des échantillons de la plus belle nuance d’écarlate teints avec la seule garance.
- M. Gonin, de Lyon, est Fauteur de cette brillante découverte, constatée d’une manière authentique : elle remplit votre attente au delà de ce • ]ü il était raisonnable d’espérer, et elle doit avoir sur la prospérité de notre commerce une influence marquée.
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- il a été impossible au Comité des arts chimiques de vérifier ses expériences et de constater les résultats annoncés.
- Votre Conseil vous proposera donc, Messieurs, de proroger ce prix à l’année prochaine, et il tiendra secret le mémoire qu’il a reçu cette année pour conserver à l’auteur tous ses droits.
- SEPTIÈME PRIX.
- Pour un procédé économique propre à la fabrication des miniums et des li~ tharges avec les plombs de nos mines.
- Ce prix doit être mis au nombre de ceux qui donnent l’espoir d’être bientôt remportés : deux mémoires envoyés à ce sujet ont paru mériter une mention honorable. La proposition vous en sera faite dans le rapport particulier du Comité des arts chimiques.
- HUITIÈME ET NEUVIÈME PRIX.
- Pour la purification du miel et pour la fabrication du sucre de
- betterave.
- Le public est déjà en pleine jouissance d’un procédé propre à purifier les miels de première qualité , de manière qu’ils forment un sirop qu’on ne peut distinguer d’avec le sucre; mais ce procédé, appliqué aux miels les plus communs, n’est pas suffisant pour les débarrasser entièrement de leur mauvais goût; c’était cependant ce que vous demandiez, et c’est ce qu’aucun des huit concurrens qui se sont présentés n’a encore trouvé; mais on doit distinguer parmi eux M. Vallet et les auteurs du mémoire N°. 5 , portant pour épigraphe : Chimia nunc sana, fausto sub numine fulget; et M. Dive, qui se sont occupés avec succès de la purification du miel et de l’extraction du sucre solide qui s’y trouve contenu.
- Votre Conseil est d’avis qu’on doit les mentionner honorablement, et remettre le prix au concours pour l’année prochaine, en le portant à 2,000 francs.
- Quant à la fabrication du sucre de betterave, il ne reste plus de perfec-tionnemens à désirer que ceux que l’expérience journalière pourra apporter. La Société a reçu à cette occasion trois mémoires, dont un seul, celm de M. Maurice JMaure, d’Auxerre, département de l’Yonne, présente quelque intérêt ; mais le prix ne peut lui être adjugé; car, aux termes du programme, il n’est promis qu’à celui qui aura fabriqué la plus grande quantité de sucre concret, et M. Maure n’a eu pour produit que a5o kilogrammes de cassonnade, quantité bien inférieure à celle obtenue par d’autres fa-bricans.
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- Votre Conseil vous proposera donc de n’accorder qu’une mention honorable à M. Maure, et de retirer le prix. Il n’est plus désormais d’aucune utilité; vos espérances sont comblées à cet égard, et vous pouvez compter Ja fabrication du sucre de betterave au nombre des plus importans services rendus par la Société; car c’est vous qui, les premiers, avez provoqué les expériences qui ont fixé l’attention du Gouvernement, et qui conduiront à ce résultat inappréciable de faire recueillir à la France, sur son propre sol, une denrée de première nécessité.
- DIXIÈME PRIX.
- Pour la plantation et la greffe du noyer.
- Embarrassé de partager un prix trop modique, votre Conseil a pensé. Messieurs, qu’il était plus utile à l’avancement de l’agriculture de le remettre au concours pour l’année prochaine, en réservant aux deux concur-rens qui l’ont mérité les droits qu’ils peuvent y avoir.
- M. Baudrillart est chargé de développer les motifs qui ont suggéré cette mesure, et de vous proposer de l’approuver.
- ONZIÈME PRIX.
- Pour la destruction des plantes aquatiques dans les marais desséchés.
- Onze mémoires envoyés au concours prouvent combien ce sujet a paru intéressant aux agronomes ; malheureusement aucun des concurrens n’a rempli les conditions du programme, quoiqu’on trouve des vues très-utiles dans plusieurs des mémoires envoyés.
- En général, on ne paraît pas avoir compris que la condition essentielle est que les moyens soient économiques et applicables à toutes sortes de localités. L’action du feu, par exemple, pourrait produire un grand effet sur un terrain d’une sécheresse extrême; mais sous un climat aussi variable que le nôtre , peut-on compter sur le succès d’un pareil moyen dans la plus grande partie de nos départemens?
- L’emploi des machines ne peut pas non plus atteindre le but proposé: la dépense qu’elles occasionnent, la difficulté de s’en servir, doit les faire rejeter.
- Les labours multipliés, les écobuages peuvent bien, avec le temps, détruire les plantes nuisibles à l’agriculture; mais le temps est précisément ce que l’on doit économiser le plus, car s’il faut attendre plusieurs années après la rentrée des capitaux avancés, il n’y aura que les agriculteurs tres-riehes qui pourront entreprendre de pareils travaux.
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- Rapport sur les prix mis au concours pour l’année 1812 ;
- par M. Mérimée.
- Messieurs, attirés à cette réunion solennelle par l’espoir d’une moisson aussi abondante que les précédentes, vous venez recueillir la juste récompense de votre constante sollicitude pour les progrès des arts, contempler les efforts du génie, en admirer les résultats, et compter enfin combien de découvertes nouvelles seront ajoutées à celles que la Société d’Encourage-nentpeutse glorifier d’avoir fait naître.
- Votre attente, Messieurs, ne sera pas déçue; cette année n’est pas moins fructueuse que les autres, pas moins riche en résultats de la plus haute importance. Cependant, sur quinze prix que vous auriez pu décerner , deux seulement ont été remportés.
- Les concurrens se sont présentés en aussi grand nombre dans le champ que vous avez ouvert à l’émulation, je dois même dire que leurs efforts n’ont été ni moins louables ni moins heureux ; mais quelques-unes des découvertes, par des circonstances particulières et indépendantes de leur mérite et de leur utilité, ne sont pas dans le cas de recevoir la récompense que vous aviez promise.
- Votre but n’en est pas moins atteint; le bien s’est opéré, et c’est à vous qu’on en est redevable. Ce serait donc une estimation peu exacte que de réduire vos succès au nombre des couronnes que vous allez décerner; tandis que,si vous en jugez, comme vous devez le faire, par les résultats obtenus, vous trouverez de quoi vous féliciter des avantages procurés cette année à l’industrie,
- Parmi les quinze prix que vous aviez proposés, quatre paraissent avoir été tout-à-fait négligés, ou si quelques personnes ont fait des efforts pour les mériter, elles 11’ont pas jugé leur travail assez complet pour vous le présenter, et il n’est parvenu à votre Conseil d’Administration aucun mémoire sur les sujets de prix suivans :
- i°. L’impression de la gravure en taille-douce sur étoffe;
- 2°. La fabrication de vases de métal recouverts d’un émail économique ;
- 5°, Le cardage et la filature par mécanique des déchets de soie;
- ,i°. La culture comparée des plantes oléagineuses.
- M. de Paroj avait déterminé l’établissement du premier de ces prix, dont i! avait fait les fonds. Personne ne connaît mieux que lui le parti avantageux qu’on peut en retirer; mais ii n’y attache plus aujourd’hui la même importance, et puisqu’il n’a pas manifesté le désir qu’il soit prorogé, votre Conseil vous propose de le retirer.
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- Quant aux trois autres, leur utilité est toujours aussi évidente; l’expérience vous a prouvé bien des fois que des questions qui paraissaient très-difficiles étaient plus tôt résolues que d’autres qu’on supposait devoir l’être en peu de temps. Eu général, on ne doit retirer un prix que lorsque quelque découverte le rend inutile, ou lorsqu’on peut arriver plus tôt au même résultat en chargeant une commission de s’en occuper.
- CINQUIÈME PRIX.
- Pour la fabrication du fil de fer et d’acier propre à faire des cardes et des
- aiguilles à coudre.
- Ce prix peut être regardé comme remporté; il l’est du moins en partie pour ce qui concerne le fil de fer, qui est aussi parfaitement fabriqué qu’on puisse le désirer.
- M. Molard, dans le rapport qu’il doit vous faire à ce sujet, vous proposera d’accorder trois médailles d’argent, et de proroger jusqu’à l’année 18ï4 Ie prix pour le fil d’acier seulement.
- SIXIÈME PRIX.
- Pour Vopération du Secrétage sans emploi de sels mercuriels ni d’aucune autre substance nuisible à la santé des ouvriers.
- La conservation des hommes est bien autrement importante que l’avancement des arts : aussi ce sujet de prix est-il un de ceux auxquels vous attachez le plus d’intérêt.
- U n’a cependant produit qu’un seul mémoire, dont la première partie est, à la vérité, pleinement satisfaisante, mais dont la seconde ne remplit pas l’objet du programme.
- On ne peut expliquer mieux que n’a fait l’auteur l’altération des poils dans l’opération du secrétage. On doit regretter qu’après avoir été si loin U n’ait pas fait un effort de plus pour atteindre le but; il y serait parvenu sans doute s’il eût été dirigé dans ses expériences par une méthode plus régulière.
- S’il eût essayé successivement les principaux agens chimiques, et qu’il en eût comparé les effets, il eût infailliblement rencontré quelques substances propres à faciliter le feutrage des poils, et dont l’usage eût encore été moins dangereux que celles dont il propose l’emploi.
- Comme il s’est servi de réactifs impurs sans déterminer la quantité de matières étrangères qui s’y trouvaient mêlées, et comme il n’a pas toujours eu soin d’indiquer la pesanteur spécifique des liqueurs dont il a fait usage,
- A a 2
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- Aux termes de votre programme, le procédé devait être communiqué, M. Gonin n’a pas cru devoir souscrire à cette condition , et nous ne pouvons que l’approuver, en avouant qu’une somme de 6,000 francs, quoique ce soit le maximum des prix que vous avez proposés jusqu’à présent, n’est aucunement en proportion avec les dépenses qu’il a fallu faire pour parvenir à cette découverte, et avec les bénéfices qu’elle doit procurer à celui qui la possédera exclusivement.
- Cette condition, imposée par le programme, a jeté votre Conseil dans un grand embarras : il est certain que votre intention, en exigeant la description des procédés, n’est pas de la divulguer. Comment pourrait-on favoriser le développement du génie, si l’inventeur d’une découverte n’avait pas l’espoir d’en profiter comme d’une propriété exclusive?
- Quand on demande aux Egyptiens pourquoi ils ne cultivent pas des champs que la nature a rendus si fertiles, c’est, répondent - ils, parce que les Arabes seuls en profiteraient. Ne serait-ce pas en effet anéantir notre industrie que de communiquer aux nations rivales les moyens qui peuvent nous assurer quelque supériorité sur elles?
- Qu’on donne la plus grande publicité aux procédés pour retirer de l’indigo du pastel, pour extraire le sucre de la betterave ou des autres plantes qui peuvent en contenir, nos voisins n’ont pas d’intérêt à s’emparer de ces découvertes qui leur sont inutiles; mais ne serait-il pas insensé de leur apprendre à rendre la teinture de l’écarlate plus solide et beaucoup moins dispendieuse? Il est donc évident que vous n’avez demandé la communication du procédé , contre votre usage ordinaire, que parce que vous ne supposiez pas qu’il fût possible d’en constater autrement la découverte.
- D’un autre côté, votre Conseil d’Administration ne s’est pas cru en droit de donner au programme que vous avez publié une interprétation absolument opposée au texte.
- Dans cette perplexité, il a pensé qu’il fallait vous déclarer qu’il estime que le prix est mérité; qu’il serait injuste d’exiger, dans cette circonstance, ce que vous n’avez pas exigé dans d’autres tout-à-fait semblables; qu’il serait même contraire aux intérêts du commerce que le procédé de M. Gonin pût être connu de nos voisins; mais que, dans la crainte de donner l’exemple trop dangereux de la violation des formes, il se contentait de vous proposer d’accorder à M. Gonin une médaille d’or.
- Tel est, Messieurs, l’exposé fidèle des résultats que vous avez obtenus cette année; comparez-eu le tableau avec celui des aimées précédentes, vous verrez qu’ils sont également satisfaisans.
- Dans l’énumération des prix vous n'en comptez que deux, à la vérité, qui
- soient
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- soient strictement gagnés ; mais ceux que vous retirez, parce que l’objet que vous aviez en vue est rempli, ou parce qu’un attachement scrupuleux aux formes vous empêche de les décerner éri entier, ceux-là ne doivent-iis pas en faire partie? La fabrication du fil de fer propre aux cardes n’est-elle pas perfectionnée? Celle des fils d’acief n’est-elle pas tellement avancée quevous pouvez déjà la compter au nombre de vos acquisitions?
- Voyez autour de vous de nombreuses manufactures s’élever et assurer à îa France l’approvisionnement de tout le sucre nécessaire à sa consommation; la préparation du sirop de miel concourir à diminuer nos besoins à cet égard ; voyez aussi une des plus précieuses denrées coloniales remplacée par une substance que notre sol produit abondamment, et la plus brillante de nos teintures, jusqu’à ce jour fugace et dispendieuse, devenir l’une des pins solides et des moins chères.
- Ne devez-vous pas, Messieurs, compter cette récolte au nombre des plus riches quevous ayez encore faites? Et si vous êtes aussi heureux dans la suite, ii n’v a pas de succès que vous ne puissiez vous promettre.
- Mais ces succès dépendent sur-tout du nouvel aliment que vous donnerez au génie dans les prix que vous substituerez à ceux qui viennent d’étre obtenus.
- Dans l’intention d’éclairer la Société sur un choix aussi important, votre Conseil a fait demander aux Sociétés savantes des renseignemens sur leurs différens concours. Ces lumières, qui vous manquent, vous éclaireront sur les besoins des arts, et vous mettront en état de vous préparer de nouvelles jouissances, en assurant à l’industrie française de nouveaux triomphes.
- Après la lecture de ce rapport, M. Mérimée a proposé à l’Assembiee, au nom du Conseil d’Administration,
- C. De remettre au concours , pour l’année i8i5, les prix :
- Pour la filature par mécanique de la laine peignée ;
- Pour le cardage et la filature par mécanique des déchets de soie;
- Pour le secrétage sans emploi des sels mercuriels ;
- Pour la fabrication des vases de métal revêtus d'un émail économique ; Pour la culture comparée des plantes oléagineuses ;
- Et pour la fabrication du sirop de miel, en portant ce dernier prix a >,000 francs :
- •> De proroger jusqu’à l’année i8i4 le prix pour un moyen prompt et économique clarracher les joncs dans les marais desséchés;
- 5 J: De retirer du concours les prix pour la découverte d’un moyen d3imprimer sur étoffe, d'iine façon solide, toute espèce de gravure en taille-douce ; Onzième année. Août 18 s c. B b
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- Pour la fabrication du sucre de betterave ;
- Et pour la découverte d'un moyen de donner à la laine, avec la garance, la belle couleur rouge du coton d'Andrinople ;
- 4°- D’accorder des mentions honorables,
- A M. Fallet, distillateur à Paris, pour avoir, le premier, à la connaissance de la Société, mis dans le commerce une grande quantité de sirop de miel bien purifié;
- A M. Dive, pharmacien à Peyrehorade, département des Landes , pour ses travaux sur la réduction du sucre de miel en sucre concret;
- Aux auteurs du mémoire N°. 5 , sur la purification du miel ;
- Et à M. Maurice Maure, d Auxerre, pour la fabrication du sucre de betterave ;
- 5°. De décerner à M. Jean-François Gonin , teinturier à Lyon , une médaille d'or de la valeur de cinq cents francs , pour avoir trouvé le moyen de teindre la laine en écarlate avec la seule garance.
- Ces diverses propositions ayant été adoptées, M. le président a remis à M. Gonin la médaille d’or que sa découverte lui a méritée.
- Rapport sur le prix proposé pour La fabrication dufit de fer et d’acier propre àfaire des cardes et des aiguilles; par M. Molard.
- La Société a promis de décerner, cette année, un prix de 5,ooo francs a celui qui non-seulement présentera les meilleurs échantillons de fil de fer et d’acier, dans tous les degrés de finesse nécessaires aux fabricans de cardes et d’aiguilles, mais qui prouvera en même temps qu’ils ont été fabriqués dans un établissement monté eu grand, et pourvu de tous les moyens de fournir ces deux qualités de fils aux manufactures et au commerce, aux prix qu’ils coûtent venant de l’étranger.
- Les concurrens qui se sont présentés sont au nombre de six, parmi lesquels un seul, inscrit sous le N°. ier., a envoyé pour échantillons des fils de fer et d’acier de différentes finesses, avec deux notes et deux billets cachetés portant cette devise : Fulcanus urit officinas et cor ardetpatriœ,
- Celui enregistré le second n’a envoyé qu’un mémoire sur la fabrication de l’acier naturel et de l’acier cémenté, avec un dessin au trait d’un fourneau de cémentation, et portant pour devise : Firtutes sibi invicem adhœrent.
- Le troisième concurrent, Mine. Fleur, propriétaire des usines de Lods, près Besançon , n’a envoyé que des échantillons de fils de fer avec un tarif de leur prix suivant les degrés de finesse, et une explication de ses procédés de tréfilerie, revêtue des certificats de M. le maire de Lods et de M. l’au-
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- C l89 ;
- diteurau Conseild’État, sous-préfet de l’arrondissement de Besançon, qui atteste que la fabrique de fil de fer de M™«: Fleur est au premier degré de perfection et d’activité.
- Le quatrième n’a envoyé que des échantillons de fil d’acier de différentes grosseurs, avec un billet cacheté et accompagné de cette devise :
- ..... Tentanda via est, quâ me quoque possim Tollere humo, victorque virûm volitare per ora.
- Georg., Liv. 5.
- Osons à notre tour, par des sentiers nouveaux,
- Dans les champs de la gloire atteindre nos rivaux.
- Trad. de Delirle.
- Le cinquième, M. Mignard Billinge, à Belleville, n’a aussi envoyé que des fils d’acier de sa fabrique et un exposé de ses travaux.
- Le sixième, M. Aubertot, propriétaire de forges à ^ierzon, département du Cher, a communiqué une lettre dans laquelle M. le maire d’Aix-la-Chapelle, lui annonce que les fils d’acier qu’il lui a transmis ont été trouvés de bonne qualité, et tels qu’il convient pour être employés à la confection des aiguilles. M. Aubertot a joint à cette lettre des fils faits avec de l’acier cémenté dans ses forges , et tréfilés par M. Mignard Billinge.
- On voit, par cet exposé, qu’aucun des concurrens n’a satisfait complètement aux conditions imposées par le programme. En effet, le premier a bien transmis les échantillons demandés de fils de fer et d’acier ; mais il lia pas prouvé en même temps qu’ils ont été fabriqués dans un établissement monté en grand, et qu’il pouvait fournir ces deux qualités de fils aux manufactures et au commerce aux prix qu’ils coûtent venant de 1 étranger.
- La même omission a été commise par ceux des autres concurrens qui n ont présenté que des fils d’acier; ils vous ont laissé ignorer les quantités de cette sorte de fil qu’ils peuvent livrer par année aux fabriques d’aiguilles, et s'ils sont réellement en mesure de les fournir au même prix qu’il se paye aujourd’hui à Aixda-Chapelle ; enfin , ils ne vous ont donné aucune certitude à ce sujet. Cependant le but que vous vous êtes proposé en encourageant ce genre de fabrication ne sera véritablement atteint qu’au moment où il existera un ou plusieurs établissemens montés pour fabriquer, en concurrence avec l’étranger , tant pour les prix que pour la qualité, des fils d acier dans tous les degrés de finesse propres à la fabrication des aiguilles à coudre.
- Comme l’existence de pareils établissemens ne vous est pas démontrée,
- Bb a
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- 1. J9° ;
- et qu’il est vrai de dire que nos fabriques d’aiguilles d’Aix-la-Chapelle et de Borcette tirent encore de l’etranger tous les fils d’acier qu’elles consomment, votre Comité des arts mécaniques vous propose ,
- i°. De laisser le concours ouvert pour la fabrication des fils d’acier propres aux aiguilles jusqu’au ier. mai 181/4, afin de donner le temps à ceux qui ont déjà présenté des fils de cette nature de très-bonne qualité, comme vous pouvez en juger par le résultat des épreuves que nous leur avons fait subir, et dont nous allons vous rendre compte, pour leur laisser, disons-nous, le temps d’organiser leurs fabriques de fils d’acier et d’établir des relations de commerce avec les fabricans qui les emploient ; car s’il est important de parvenir à faire d’excellent fil d’acier, il ne l’est pas moins au succès de l’entreprise, d’en obtenir le débit à mesure de la fabrication;
- 2°. De porter le prix à la somme de 6,000 francs au lieu de 5,000;
- 3 ’, De 11e plus exiger l’envoi d’échantillons de fils de fer, par la raison que ceux qui vous ont été adressés cette année par le concurrent qui a pris pour devise : Vulcanus urit officinas et cor ardeL patriœ, et par M)ue. Fleur, soutiennent avec avantage la concurrence avec tous les 61s de fer connus, tant pour la qualité que pour le prix, et qu’il serait difficile, pour ne pas dire impossible, d’en fabriquer de plus parfaits ;
- 4°. D’arrêter que le prix de 6,000 francs ne sera décerné qu’à celui qui non-seulement sera parvenu à fabriquer des fils d’acier dans tous les degrés de finesse, et ayant les qualités requises pour la fabrication des aiguilles, mais qui prouvera en même temps qu’il peut les.livrer aux mêmes prix et conditions que les fabricans étrangers , et qui de plus justifiera avoir fourni, à compter de ce jour jusqu’au ier. mai 1814, aux fabriques d’aiguilles de France des fils d’acier sortant de sa tréfiîerie, pour la somme de 3o,ooo fr. ;
- 5°. De décerner une médaille d’argent, à titre d’encouragement, au premier concurrent, M. Mouret de Barterant, propriétaire des forges de Che-necey, près Besançon, pour avoir rempli les intentions de la Société quant à la bonne qualité des produits qu’il obtient en fils de fer;
- 6°. D’accorder le meme encouragement au troisième concurrent, Mm('. veuve Fleur, de Eods, pour les beaux échantillons de fil de fer envoyés au concours;
- rj‘\ Et. à l’auteur des échantillons enregistrés sous le N°. 4? Falatieu , propriétaire de la manufacture de Bains (Vosges);
- 8°. Et enfin d’accorder au second concurrent, M. Benoit David, ancien ingénieur des ponts et chaussées, à Uzès, département du Gard, une mention honorable pour la partie de son mémoire qui concerne la cémentation de l’acier.
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- Il nous reste maintenant à rendre compte du résultat des épreuves que nous avons faites sur les divers échantillons de fils d’acier qui ont été envoyés au concours, afin que vous puissiez apprécier les efforts de chaque concurrent pour répondre à vos vues, et vous faire une opinion juste des succès qu’ils ont déjà obtenus.
- Les fabricans d’aiguilles d’Aix-la-Chapelle, avant de faire l’acquisition des fils d’acier nécessaires à leur consommation, et qu’on leur offre par bottes du poids de kilogrammes, après les avoir exposés à la fumée de feuilles et de bois vert pour les garantir de la rouille, prennent au hasard, dans chaque botte, plusieurs bouts de fils de fer qu’ils trempent; s’ils sc cassent net et sec et que la cassure offre un grain blanc, homogène et gros, le fil est réputé de première qualité et propre à faire de bonnes aiguilles : si au contraire ils ne se cassent pas net et que l’aspect du grain offre une teinte bleuâtre et veinée, ils sont classés parmi les fils de qualité inférieure, qui ne peu vent servir que pour les aiguilles communes qui ne passent pas au poli.
- C’est de cette manière que nous avons essayé les échantillons de fils d’acier envoyés au concours; en général, tous ces fils ont pris une assez bonne trempe, et ils se cassent net et sec, ainsi que vous pourrez en juger par les fils d’essai qui sont déposés sur le bureau.
- Ceux compris sous le N0.. icr. offrent à leur cassure un grain de différentes finesses, de sorte qu’on pourrait faire un choix s’il s’agissait de les employer; mais on doit remarquer que les fils les plus fins se sont trouves de très-bonne qualité et très-propres à faire des aiguilles superfines. Cette qualité de fil est d’autant plus précieuse, qu’elle ne s’obtient qu’après avoir passé au moins vingt fois au recuit, où elle est exposée à se détériorer.
- Les échantillons compris sous le N°. 4-» avec cette devise : Tentanda via est, etc., se font remarquer par la régularité de leur fabrication ; ils prennent parfaitement la trempe et présentent une cassure blanche, un grain fin, uni et homogène, qualités qui doivent les faire rechercher poulies bonnes aiguilles.
- Enfin , les échantillons présentés par MM. Mignard-Billinge et Auheitot ne diffèrent pas des précédens , et peuvent être employés avec succès a la fabrication des aiguilles de première qualité.
- D’après ces résultats, il est bien permis d’espérer que le moment n’est pas éloigné où nos fabriques d’aiguilles trouveront eu France la matière première qui fait la base et le succès de cette branche intéressante de notre industrie.
- L Assemblée a adopté les conclu dons de ce rapport.
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- K^ppohT sur Le concours relatif au peignage de La Laine par mécanique $ par M. Ternaux.
- Messieurs, je suis chargé par votre Comité des arts mécaniques de vous faire un rapport sur le prix proposé par la Société d’Encouragement, dans sa séance générale du n mai 1807, pour une machine à peigner la laine, machine qui doit produire , soit en perfection, soit en économie, un avau-tage de 5o pour 100 au moins sur le même travail fait à la main.
- Je me suis occupé de ce rapport avec d’autant plus d’empressement, que votre Comité a la satisfaction de vous annoncer, par mon organe, que les conditions imposées par le programme se trouvent remplies, et fort au-delà des limites qui y sont tracées, par M. Demaurey, d’Incarville, près Lou-viers, département de l’Eure.
- Vous partagerez d’autant plus vivement la satisfaction que votre Comité éprouve à ce sujet, lorsque vous apprendrez que c’est en grande partie au noble encouragement que M. Demaurey a reçu dans la séance générale du 8 août 1810, qu’est due cette conquête si précieuse pour les arts et notre industrie.
- Ce mécanicien, aussi modeste qu’il est plein de talens, aussi laborieux qu’il est expérimenté, s’est trouvé, à ce qu’il nous a dit lui-même, électrisé par ce témoignage honorable de bonté de la Société, et depuis lors il a travaillé sans relâche à suivre les essais et à réaliser les idées qui ont été couronnées il y a deux ans par une médaille d’argent; et avec un zèle aussi louable qu’éclairé, n’épargnant ni son temps ni ses dépenses, il est parvenu à confectionner une machine dont j’ai suivi le travail et dont vous avez les échantillons.,sous les yeux.
- Les plans et la description ont été discutés et examinés, ainsi que les résultats, par votre Comité des arts mécaniques.
- Non-seulement cette machine à peigner la laine, telle que M. Demaurey Fa présentée au concours, a rempli les conditions du programme, en donnant, dans l’état où elle se trouve, une économie de 20 à 3o pour roo sur le même travail fait à la main et aussi parfait ; mais elle en produit au moins 5o, puisqu’on tire de cette machine la même quantité de travail avec deux personnes que l’on pourrait en obtenir de six ouvriers par les procédés actuels ; et d’ailleurs il est aisé de voir qu elle en donnera infiniment plus lorsque les pareilles seront exécutées en grand et d’une manière plus parfaite que ne peut le comporter ce premier modèle.
- Non-seulement ces machines, bien exécutées en grand, produiront une immense économie sur le même travail fait à la main; mais elles donneront
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- aussi plus de célérité et de perfection dans les produits, et contribueront puissamment à l’amélioration de la filature par mécanique des laines peignées ; et cette dernière opération sera rendue infiniment plus praticable par le secours de la nouvelle machine, actuellement la plus ancienne de celles proposées au concours.
- Quoiqu’il ait été fait depuis l’année 1807 beaucoup de tentatives par différens artistes pour Le peignage de la laine par des moyens économiques, aucun autre que M. Demaurey nz s’est présenté au concours; ce que votre Comité attribue au peu de réussite des essais que ces artistes ont faits pour parvenir à la découverte d’une machine dont la théorie et l’exécution présentent autant de difficultés, puisqu’il a fallu réunir, dans un degré éminent, à l’instruction et à l’intelligence des moyens mécaniques, des connaissances physiques, et sur-tout une étude approfondie de la matière ingrate et rebelle que l’artiste avait à travailler; et ce n’est qu’à force de méditations, d’observations et d’essais variés, qu’il est parvenu à la faire obéir à son génie.
- Votre Comité pense que la découverte et l’emploi de ces nouvelles machines vont procurer à notre industrie un nouveau développement, et donneront à toutes les étoffes dans lesquelles s’emploie la laine peignée, une supériorité sur beaucoup de celles qui se fabriquent dans l’étranger: quelles mettront en parfaite concurrence, sur-tout celles qui sont en retard, telles que la bonneterie, plusieurs étoffes rases et communes dont le Levant et l’Asie font, ainsi que l’Amérique, une grande consommation.
- Dans cet état de choses le Comité des arts mécaniques vous proposerait dès-à-présent de décerner le prix à M. Demaurey; mais, attendu que sa machine à peigner la laine n’est pas encore construite dans les proportions qu’elle doit avoir, et qu’elle n’a été soumise que pendant quelques heures à l’expérience, il vous propose, Messieurs, au nom du Conseil (l’Administration ,
- i°. De fermer le concours;
- 20. De proclamer M. Demaurey comme ayant remporté le prix;
- 3°. De ne lui en remettre la valeur qu’après que la machine aura été exécutée en grand, et qu’elle aura été essayée pendant deux mois dans une manufacture.
- Votre Comité me charge en meme temps de vous annoncer que, s’il ne s est présenté personne pour l’obtention du prix pour la filature de la laine peignée, cette circonstance ne doit point alarmer les amis de notre industrie.
- Non-seulement des tentatives heureuses ont été faites à cet égard, mais même des établisseinens se forment dans ce genre avec des succès [dus ou
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- moins étendus, et la Société n aura bientôt qu’à couronner celui qui les aura obtenus d’une manière plus marquante. Le Comité vous propose de remettre ce second prix à l’année prochaine.
- Les conclusions de ce rapport ont été adoptées.
- Nota. Ën rendant compte à la Société du résultat de ce concours, M. Ter-naux a ajouté :
- < Je termine mon rapport en vous priant, Messieurs, d’agréer l’offre que » j’ai faite lorsque j’ai proposé à la Société d’établir des prix pour le pei-» gnage et la filature de la laine, d’y ajouter une somme de 1200 fr.
- « Je désire joindre cette marque particulière de ma reconnaissance à « celle que probablement la Société décernera à l’artiste distingué qui a » imaginé une machine qui, je l’espère, sera éminemment utile aux manu-» factures de l’Empire en général, et aux miennes en particulier. »
- Rapport sur le prix relatif à la fabrication des litharges et miniums purs avec les plombs provenant des mines de France ; par 34. Mérimée.
- La fabrication des litharges et des miniums purs avec du plomb provenant de nos mines est de la plus haute importance pour la prospérité île quelques-unes de nos fabriques. Le prix que vous avez proposé à ce suiet n’est, point encore mérité; mais les résultats obtenus sont assez satisfaisais pour vous donner l’espoir d’un prochain succès.
- Trois mémoires seulement sont parvenus à la Société et ont été ren-vovés a l’examen de votre Comité des arts chimiques.
- Dans le premier, l’auteur propose, pour purifier le plomb, cl’oxidei une portion de la masse sur laquelle on opère, et de réserver le reste pour en faire du minium.
- Quant aux litharges, il conseille de séparer la première moitié de celle que l’on obtient dans la coupellation en grand, en ayant soin d’agiter le bain de temps en temps pour faciliter l’oxidation des métaux alliés, et il assure que par ce moyen on doit obtenir de la litharge aussi pure que elle d’Angleterre.
- Ce mémoire annonce dans son auteur] des connaissances étendues et issez exactes; il renferme cependant quelques légères erreurs de chimie, sur lesquelles le Comité ne croit pas devoir s’arrêter.
- Mais ce qui est le point essentiel, les moyens qu’il indique pour purifier le plomb ne sont pas complets. On les a essayés plusieurs fois de différentes maniérés avec beaucoup de soin, et les dernières portions de plomb qui, d’apres l’auteur, devaient être pures, contenaient encore du cuivre.
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- il y a déjà plusieurs années que ce mode fut employé à l’École impériale des mines de Pesey, et quoique le produit obtenu fût bien supérieur aux litharges françaises ordinaires, il ne donna pas d’aussi beau jaune minéral que les lit barges anglaises. L’essai en a été fait par TvL Drapiez, chimiste très-distingué et fabricant de couleurs.
- L’échantillon de minium, joint au mémoire, a été examiné comparativement avec des miniums de la pureté desquels on s’était assuré.
- A l’œil il paraît beaucoup moins beau ; il est probable qu’il avait été trop ou trop long-temps chauffé; car il contient visiblement de l’oxide brun, et lorsqu’on l’examine à la loupe, on y distingue aussi des globules métalliques.
- Sans doute un minium peut être parfaitement pur, quoiqu’il n ait pas la couleur éclatante qui distingue celui de première qualité des fabriques anglaises; cependant puisque cette couleur passe dans le commerce pour être un signe de perfection, on ne doit pas négliger une apparence extérieure à laquelle les consommateurs attachent beaucoup d’importance.
- L’analyse a démontré dans cet échantillon du fer et du cuivre en quantité telle qu’il y a tout lieu de craindre que le cristal n’en soit coloré.
- Dans l’intention de constater jusqu’à quel point cette coloration peut être portée par une quantité connue d’alliage, votre Comité a remis cet échantillon de minium et plusieurs autres exactement analysés, àM. Lambert, cle Sèvres, qui s’est chargé, avec une obligeance infinie, d’en faire des essais comparatifs. Aussitôt que ce travail important sera terminé, le résultat vous en sera présenté (1).
- Quoi qu’il en soit, l’auteur n’a point rempli votre intention, puisque avec les moyens qu’il propose on ne parvient pas à purifier complètement le plomb, et que les produits qu’il vous a envoyés ne sont pas à beaucoup près aussi purs que les beaux miniums anglais.
- Les procédés décrits dans son mémoire sont ceux de M. Pecard, de Tours, publiés dans le 3e. volume de la Chimie appliquée aux arts : ainsi, en votant une mention honorable pour ces procédés , le Comité n’était pas dans l’intention qu’elle pût être accordée à quelqu’un qui se serait emparé de la découverte d’un autre ; mais il a eu la satisfaction d’apprendre que M. Pecard est effectivement l’auteur du mémoire qu’il avait jugé digne d’éloges.
- (1) Des circonstances particulières ayant empêché M. Lambert de terminer ses essais avant l’impression de ce Bulletin y ce n’est que dans un prochain Numéro que nous pourrons en faire connaître les résultats.
- Onzième année. Août 1812. Ce
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- Sous le N°. 2 se trouve une lettre d’un fabricant de minium et de massicot, qui demande au Ministre de l’intérieur de lui indiquer comment il doit s’y prendre pour concourir. Il annonce qu’il fabrique avec de vieux plombs d’excellent minium, de même que des massicots et des litharges. A cette lettre sont joints de petits échantillons de ses produits.
- Elle ne contient d’ailleurs aucun détail de procédés, et les produits n’étant revêtus d’aucun caractère d’authenticité, le Comité n’a pas dû s’en occuper.
- Le seul fait intéressant qu’il ait recueilli, c’est que l’auteur prépare son minium avec le charbon de terre.
- Le mémoire inscrit sous le N ’. 3, ayant pour épigraphe : Nisi utile est quod facimus, stulta est gloria, présente, pour la purification du plomb, le même moyen que nous avons décrit et que l’auteur reconnaît appartenir a M. Pecard. Il y ajoute seulement une pratique particulière fondée sur une opinion que le Comité ne partage pas; savoir, que le plomb peut être altéré par des parties salines solubles dans l’eau ; d’après cela, il propose de le réduire en grenailles, sur un baquet plein d’eau, avant de commencer Foxidation (i).
- L’auteur a joint à son mémoire le dessin d’un fourneau qu’il a imaginé pour convertir plus facilement et plus également le métal en oxide.
- La température, selon lui, doit être rigoureusement constante, et, pour la régler, il établit sur son fourneau un petit vase en fer-blanc rempli d’eau, dans lequel plonge un thermomètre. 11 est difficile de concevoir comment cet appareil peut indiquer avec précision les variations de température, puisque les briques ne transmettent pas le calorique assez promptement. Sauf ce moyen inexact, dont on peut se passer ou que l’on peut remplacer par un autre appareil, la forme de ce fourneau est bonne, et, sous ce rapport, Fauteur mérite aussi quelque mention.
- Aucun des trois concurrens n’ayant rempli les conditions du programme , votre Comité vous propose, Messieurs, de mentionner honorablement le mémoire de M. Pecard, de Tours, ainsi que l’idée du fourneau dont le dessin vous a été envoyé par son concurrent, M. Vincent-Frédéric da Olmi, professeur de physique expérimentale et de chimie au collège de Sorrèze, département du Tarn, et de remettre le même sujet de prix au concours pour l’année prochaine.
- Les conclusions de ce rapport ont été adoptées.
- (i) En exposant à l’air le plomb ainsi réduit en grenailles, il se couvre bientôt d’une couche de carbonate; il est donc, en cet état, plus facilement oxidable ; mais ce moyejp n’est ni aussi prompt ni aussi économique que de mêler avec le plomb qu’on veut oxider un peu de minium, de massicot ou même d’oxide gris.
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- J\apfort sur le prix relatif à la plantation et à la greffe du noyer • par JVF. Baudnliart.
- Messieurs, dans votre séance générale du 4 septembre 1811, vous avez décerné un prix de 3oo francs pour la plantation du noyer, et vous avez continué le même prix pour 1812, en ajoutant au programme la condition expresse que les concurrens devaient planter au moins cinq cents noyers de 10 centimètres de grosseur, et greffer avec succès le dixième de cette quantité.
- Plusieurs mémoires ont été adressés au Conseil cl’Administration. Ils prouvent que votre appel n’a point été inutile, et que la culture du noyer, trop long-temps négligée, se propage dans plusieurs départemens, quoiqu’elle n’y ait pas encore reçu toute l’activité que nos besoins et l’intérêt même des cultivateurs semblent réclamer. Quant à la greffe de cet arbre, elle fait peu de progrès; elle est même tout-à-fait inconnue dans un grand nombre de localités.
- Parmi les propriétaires qui ont adressé des mémoires, il en est six dont les travaux méritent d’être mis sous vos yeux.
- Le premier est un habitant de la ville de Lourdes, département des Hautes-Alpes, qui a planté 680 noyers tous bien venant, et d’une circonférence fort au-dessus de 10 centimètres; mais le certificat qui constate cette plantation ne fait point connaître qu elle ait été exécutée depuis votre programme, et d’un autre côté il ne paraît pas cpie ce propriétaire ait tenté la greffe du noyer.
- Le deuxième concurrent, M. Marcion, propriétaire à Chiéry, département de l’Aisne, a planté, dans l’automne de 1811, 609 arbres de 9 à 18 centimètres de circonférence; mais, ainsi que le premier, il ne justifie d’aucune tentative relativement à la greffe.
- Le mémoire enregistré sous le N°. 3 est d’un propriétaire de plusieurs métairies situées dans les départemens de l’Indre et d’Indre-et-Loire ; il est le premier qui ait entrepris en grand la plantation du noyer dans les pays ou il est possessionné. Pour cet effet, il a imposé à ses fermiers l’obligation de planter chaque année un nombre déterminé d’arbres de cette espèce, et cest par suite de cette clause insérée dans tous les baux qu’il a passés, que ses domaines se trouvent déjà garnis de 597 noyers. Ce nombre serait plus que suffisant pour remplir la condition de votre programme, s’il ne résultait pas des certificats produits à l’appui du mémoire, que ces plantations n ont eu lieu que successivement depuis i8o3 jusqu’en 1812; que par conséquent elles remontent à une époque antérieure à la proposition du prix
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- Cependant la mesure prise par ce propriétaire pour assurer le succès d’une culture utile mérite d’ètre remarquée : c’est un exemple qui devrait être suivi par tous les propriétaires, et appliqué aux autres genres de culture qu’ils auraient reconnus les plus avantageux.
- Le quatrième concurrent, M. Espêron, propriétaire à Tours, a présenté un certificat constatant qu’il a planté en 1812, sur son domaine, situé commune de Seiches, département de Maine-et-Loire, la quantité de 581 arbres de belle venue et de grosseur requise. Il a tenté la greffe d’une partie de ses plantations; mais il paraît avoir été contrarié par la rigueur de la saison et 11’avoir obtenu aucun succès.
- Le Conseil d’Adminislration a reçu deux autres mémoires, l’un lie M. le maire de la commune de Lathen, département de l’Ems-Supérieur : .il ne contient que des observations sur la manière de planter et de greffer le noyer; l’autre mémoire portant pour devise : Fructu, non foliis arborent œstima, est de M. Carbonnet, habitant de la commune de Mcrfy, près de Reims, département de la Marne. L’auteur annonce qu’excité par le programme de la Société, il a voulu donner l’exemple de la multiplication lu noyer dans le canton qu’il habite, et qu’il a en conséquence établi des pépinières qui contiennent déjà G5o jeunes plants, dont o.5o peuvent être transplantés à demeure dès l’automne prochain.
- Il résulte, Messieurs, du compte qui vient de vous être rendu, que les quatre premiers concurrens ont fait des plantations assez considérables. mais qu’aucun 11’a greffé le noyer avec succès ; que le mémoire ]NT°. 5 11e contient que des observations sur la culture de cet arbre, et que l’auteur lu mémoire jX0. 6 n’a point encore fait de plantations à demeure.
- Parmi les quatre premiers, deux ne peuvent, dans aucun cas, prétendre au prix; savoir, l’auteur du mémoire N°. ier., parce que rien ne constate que ses plantations aient été exécutées depuis votre programme, et l’auteur du mémoire N°. 5, parce que les siennes remontent à i8o3,sans offrir, pour le temps que vous avez déterminé, le nombre d’arbres exigé. Quant aux deux autres, ils auraient des droits égaux , et le prix devrait être partagé entre eux, s’ils avaient présenté des résultats satisfaisans sur la greffe du noyer.
- Dans cet état de choses, votre Conseil d’Adminislration vous propose, i°. de conserver aux six concurrens dont il vient d’être parlé leurs droits respectifs, et de remettre le prix à l’armée prochaine, en le portant a 5oo francs au lieu de 5oo ; 20. d’arrêter que, pour être admis à concourir, il faudra avoir planté huit cents noyers à partir de l’automne 1811 jusqu’au mois de mai i8i3, et justifier au moins de quelques essais pour mettre la
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- greffe en pratique; 5°. d’appeler l’attention des cultivateurs sur le noyer de la Saint-Jean, arbre très-précieux pour les cantons où l’on craint les gelées, et de décider que la préférence sera accordée à celui qui, à nombre-égal , aura planté la plus grande quantité de noyers de cette espèce.
- Les conclusions de ce rapport ont été adoptées.
- Rap fort sur le prix pour la culture d’une plante oléagineuse ;
- par M. Bosc.
- La Société d’Encouragement a proposé en 1807 un prix de 4oo francs pour l’agriculteur qui aura cultivé sur une plus grande étendue de terre une plante oléagineuse quelconque, clans un pays où cette culture n’est pas ordinairement pratiquée, cette étendue ne pouvant être moindre d’un hectare.
- Il s’est présenté l’année dernière deux concurrens qui, faute d’avoir rempli toutes les conditions du programme, n’ont pas obtenu ce prix, cpn a été en conséquence prorogé.
- Aujourd’hui trois nouveaux concurrens sont sur les rangs.
- L’un, M. Dubreuil de Latidal, propriétaire à la Boussac, près Saint-Malo, département d’Ile-et-Vilaine, envoie un certificat constatant qu'il a cultivé, pendant les deux dernières années, près de a hectares de colza, plante qui était inconnue avant lui aux agriculteurs de son canton, et qu’il a fait construire un moulin pour en extraire l’huile.
- Ce concurrent a donc rempli les conditions du programme.
- Le second, M. Carbonnet, propriétaire du domaine des Marais, commune de Merfy, près Reims, constate qu’il a semé l’année dernière un hectare de terres marécageuses desséchées par lui, en colza et en pavot, et qu’il a obtenu 7 à 8 hectolitres de graines de chacune de ces plantes, graines qu'il n’a pu réduire en huile, faute de moulin.
- Ce concurrent est encore dans le cas d’obtenir le prix: mais comme le précédent cultive depuis long-temps davantage de terre et a fait bâtir un moulin , c’est à lui qu’il doit appartenir.. Votre Comité vous propose d’accorder une médaille chargent d’encouragement à M. Carbonnet.
- » Le troisième concurrent, M. Fournier, pharmacien à Vîmes, a fait adresser à la Société, par M. le préfet du Gard , un mémoire très-bien rédigé sur les avantages de la culture du ricin comme plante oléagineuse, mémoire où il annonce cultiver en grand cette plante depuis six ans, et en vendre chaque année environ 2000 kilogrammes de graine, soit en nature , .soit en huile, pour l'usage de la médecine.
- Votre Comité d’agriculture ne croit pas ce dernier concurrent dans le
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- cas d’ètre admis au concours, i°. parce qu’il ne constate pas qu’il ait cultive au moins un hectare de terrain (une note peut faire croire qu’il n’en a employé que 33 ares) ; 2°. parce que l’huile de ricin, quoique susceptible d’ètre employée à briller, à faire du savon, à peindre, etc., ne l’a jamais été en France que comme remède, où sa consommation, sous ce rapport, est même excessivement bornée , et que la Société a eu principalement en vue, en proposant ce prix, d’augmenter la production des huiles utiles à l’économie domestique et aux arts.
- Cependant, comme il annonce beaucoup de zèle et de talent, votre Comité vous propose de lui accorder aussi une médaille d’argent d’encouragement.
- L’assemblée a adopté les conclusions de ce rapport, et M. le président a proclamé M. Dubreuil de LandaL, comme ayant remporté le prix de quatre cents francs pour la culture d’une plante oléagineuse. Ce prix n’a pas été continué.
- CORRESPONDANCE.
- M. Édouard Bérard, fabricant de produits chimiques à Montpellier, a adressé au Conseil d’Administration la lettre suivante, contenant le détail des expériences qu’il a faites pour convertir l’arnidon en sucre. Elle nous a paru assez intéressante pour mériter d’être consignée dans le Bulletin.
- Montpellier, le 10 août 1812.
- Messieurs, j’ai reçu depuis peu de jours le Bulletin de la Société N°. XCVI, et j’ai vu que vous aviez chargé le Comité des arts chimiques de vérifier les procédés employés jusqu’à ce jour pour convertir l'amidon en sucre. Comme j’ai répété les premières expériences publiées en France sur cette matière {Annales de chimie, tome LXXXÏI ), et que j’ai obtenu des résultats qui présentent quelque intérêt, je m’empresse de vous les transmettre tout imparfaits qu’ils sont encore.
- Six parties d’amidon traitées de la manière que M- Vogel l’a indiqué, m’ont donné un peu plus de six parties de bon sirop bien cuit ; mais cet habile chimiste annonce qu’il n’a obtenu de ce sirop qu’une matière élastique, transparente, semblable à la pâte de jujube; j’ai concentré ce sirop jusqu’au 35 ou 56e. degré bouillant, et, par un repos de huit jours, ce sirop a été pris en masse cristallisée, semblable à celle du miel en hiver. Ce sucre est moins sucré que celui de canne , il a quelque analogie avec celui de raisin; mais sa saveur est plus franche.Il est facile de le terrer, il devient
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- alors plus blanc et il est rempli de points brillans; mais il est moins sucré que celui que l’on obtient en soumettant à la presse la masse cristallisée. Ce dernier est assez blanc et il devient dur par son exposition à l’air: il a un goût très-agréable, et il pourra vraisemblablement être employé dans beaucoup de cas par les pharmaciens, les confiseurs, les fabricans de liqueurs, etc.
- Dans ma première expérience j’avais observé qu’il se formait, pendant la première opération, des écumes brunes, je ne les enlevai pas, de crainte de manquer l’expérience; mais dans une seconde je les enlevai avec soin; quand elles furent égouttées je les examinai, et je m’aperçus qu’elles contenaient une substance graisseuse d’un goût un peu piquant et désagréable. Le sirop et le sucre obtenus dans cette seconde expérience sont beaucoup meilleurs; le sirop sur-tout a le même goût que celui de sucre de canne.
- Pour extraire la substance graisseuse des écumes , je fis chauffer celles-ci. dans un vase d’argent ; elles se ramollirent, mais c’était toujours une substance sale d’un brun rougeâtre; je cherchai alors un dissolvant, et apres quelques tâtonnemens je le trouvai dans l’alcool. Je les fis bouillir dans ce liquide, je filtrai, et la liqueur qui passa, mise sur un feu suffisant pour faire dissiper l’alcool, laissa en résidu une véritable graisse, jaune comme la cire brute, mais beaucoup moins consistante. Ce qui était resté sur le filtre devint dur et cassant par la dessiccation, et, rougi au feu, fournit un charbon très-dur.
- Ces deux corps pourront éclairer la théorie de l’opération, puisqu’ils donnent la preuve qu’il y a précipitation d’une partie du carbone de l’amidon; ce qui rapproche ce dernier du sucre (voyez Gay-Lussac et Thénard. Mémoire ou Recherches physico-chimiques).
- La quantité de sucre obtenue par une première pression du sirop cristallisé provenant de l’amidon, est à-peu-près égale à la moitié de l’amidon employé. Le sirop écoulé est d’un très-bon goût ; je l’ai exposé à un courant d’air frais, et il donne de nouveaux cristaux, que je presserai encore pour connaître tout ce qu’on peut en obtenir de sucre cristallisé.
- J’ai soumis ensuite à l’action de l’acide sulfurique la farine de froment, le riz et les pommes de terre.
- La farine donne un sirop épais, ayant le goût du pain : elle en donne moins que l’amidon.
- Le riz réduit en poudre et traité comme l’amidon, présente, pendant l’opération, à-peu-près les mêmes phénomènes que celui-ci; il donne autant de sirop, mais ce dernier n’a point cristallisé, quoiqu’il soit devenu très-épais et-très-gluant ; il conserve le goût du riz.
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- Les pommes de terre, passées à l'eau bouillante pour en ôter la peau, ont été délayées dans l’eau acidulée et traitées comme les substances précédentes; je n’ai obtenu que très-peu de sirop, qui est d’une couleur brune très-foncée.
- Il paraît que îe sirop obtenu est toujours proportionné à la quantité de fécule amilacée contenue dans les substances employées.
- Tous ces sirops sont susceptibles de fermentation alcoolique s’iis sont étendus d’une suffisante quantité d’eau, et les fabricans d’eau-de-vie de ^rain et de bière pourront en obtenir de grands avantages. La liqueur fermentée devient acide par son exposition à l’air; mais l’acide que j’ai obtenu de l’amidon ressemble au jus d’épine-vinette, ce qui annoncerait une production d’acide malique au lieu d’acide acétique.
- le désire, Messieurs, que ces résultats soient de quelque utilité aux respectables savans qui composent votre Comité des arts chimiques; s’il en est ainsi, je me ferai un plaisir et un devoir de vous transmettre ceux que j’aurai obtenus des expériences en grand dont je m’occupe.
- Veuillez agréer, en attendant, l’assurance de ma considération distinguée
- Signé E. Bérard.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née vaeeat la chapelle ).
- rue de l’Eperon, N°. 7.
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- ONZIEME ANNÉE. ( N\ XCIX. ) SEPTEMBRE l8l2.
- BULLETIN
- DÈ LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MECANIQUES.
- .Notice sur de nouvelles armes à feu inventées par JM. Paul y, ancien officier d9 artillerie au service de L9 Helvétie.
- Les armes à feu ont subi, depuis leur invention jusqu’à nos jours, diverses modifications sous le rapport de la légèreté et de l’élégance, mais non sous celui bien plus important de la portée et de la manière de charger : en sorte qu’un fusil de guerre ordinaire n’est toujours que le tube plus ou moins parfait du premier inventeur, qui, pour mettre un fantassin quelques instans dans un état de semi-défense, l’expose, l’arme étant à gauche, le bras droit élevé, la cartouche ou la baguette à la main, aux atteintes meurtrières de la cavalerie, qui sait si habilement profiter de ces momens par des charges hardies.
- De même le fusil de chasse force le chasseur de s’arrêter dans sa course pour le chargement de son arme, qu’il ne peut effectuer sans un repos et des mouvemens qui donnent l’éveil au gibier et le temps de se soustraire aux coups qu’il lui prépare.
- D’après ces considérations, M. Pauly croit devoir appeler l’attention sur les armes de son invention, dont le mécanisme et l’usage offrent de très grands avantages comparativement aux autres agens de destruction de l’espèce dont il s’agit.
- Le fusil de guerre de M. Pauly a pour qualités principales :
- i°. De porter la balle à une distance double de celle des fusils ordinaires ;
- 2°. De pouvoir tirer dix à douze coups par minute sans passer l’arme à gauche, sans sortir de la ligne horizontale parallèle à la ligne d’en-joue e%
- Onzième année. Septembre 1812. Dd
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- sans solution de continuité : exercice que l’inventeur a rendu facile et beaucoup moins fatigant que celui usité, i°. en substituant au porte-giberne une ceinture de cuir garnie d’une plaque en métal, au milieu de laquelle est une cheville servant à fixer la crosse du fusil et à rendre le choc en quelque sorte insensible, en même temps qu’elle sert de point de résistance dans l’usage que le soldat fait de la baïonnette; i°. en composant cette ceinture de plusieurs courroies dans lesquelles glissent à volonté des boites extrêmement légères contenant des cartouches, que, par ce moyen, le combattant a sous sa main ;
- 3°. De n’exiger ni baguette, ni pierre, ni tire-bourre, ni épinglette;
- 4°. De rendre l’infanterie presque inattaquable par la cavalerie, au moyeu de baïonnettes qui, allongées ou raccourcies d’une manière toujours solide , et à volonté par les soldats des second et troisième rangs, présentent le premier rang défendu par cette arme meurtrière;
- 5°. D’olfrir les mêmes avantages dans les retraites les plus précipitées, par la facilité qu’a le soldat de charger, soit en marchant, soit en courant, l’arme étant placée horizontalement sur l’épaule, le bras gauche appuyé sur la crosse, de manière qu’il ne lui reste à faire qu’un demi-tour, en portant le pied gauche en arrière, pour faire feu avec autant de promptitude et de justesse que s’il tirait de front; à plus forte raison le tirailleur peut-il effectuer sa charge dans telle position qu’il se trouve, debout, couché, ou étroitement embusqué;
- 6°. Ce fusil de guerre, comme celui de chasse, exempt de tout long feu , insensible aux effets de la pluie sur la poudre, n’a plus, comme les fusils ordinaires , ces jets de fumée si incommodes en bataille et à la chasse, puisqu’il n’y a pas de lumière; son effet ne peut être paralysé faute de pierre, de baguette ou instrument d’amorce, non plus qu’être dangereux sous le rapport des double et triple charges si communes dans les feux de file, attendu qu’il est impossible de les effectuer;
- 7°. Enfin il est aussi facile de charger la nuit sans lumière qu’en plein jour et sans aucun danger, avantage inappréciable sans doute pour les cas de surprises et d’attaques nocturnes, dans lesquelles celui qui a à se défendre ne peut renouveler la charge des armes ordinaires sans y voir, et sans des lenteurs qui souvent lui coûtent la vie.
- Le fusil de chasse de M. Pauly peut également tirer dix à douze coups par minute ; il n’exige ni baguette, ni pierre, ni boîtes à plomb et à poudre, ni outils d’amorce, ni tire-bourre, et le chasseur ne peut être arrêté par la crainte d’une double ou fausse charge. Le canon sur son bois est le seul instrument du chasseur, si on en excepte les cartouches, qui,
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- faites par un procédé uniforme, économique, et hors des atteintes de lu pluie, préviennent le désagrément des longs feux et des ratés.
- Le pistolet de guerre et de combat de M. Pauly est carabiné comme son fusil de guerre; il en partage toutes les propriétés sous le rapport de la vitesse du tir; il peut être chargé six fois plus promptement que le pistolet ordinaire, sans que le cavalier arrête sa course en fondant sur rennemi sans quitter la bride : ainsi la cavalerie peut imiter le feu de l’infanterie. Le chargement s’opère sans baguette ni maillet, et il est physiquement impossible que la secousse du cheval fasse descendre la balle dans les fontes et paralyse ainsi l’effet des armes, comme il arrive souvent dans celles en usage aujourd’hui.
- Les cartouches appropriées aux armes inventées par M. Pauiy sont d’une composition particulière et économique; elles ne laissent point échapper, comme celles employées aujourd’hui, une enveloppe ou bourre enflammée, dont les effets sont désastreux; on n’est point obligé de les déchirer pour la communication de la poudre, et la charge ne peut être affaiblie par la perte de cette matière qu’occasionnent toujours le déchirement qui la met à découvert, et son introduction dans le canon. Ces cartouches nouvelles portent avec elles une rosette d’amorce ou double culasse mobile, qui sert de dépôt au résidu de la poudre, et cette rosette étant renouvelée à chaque chargement, les armes sont aussi propres après un long exercice qu’auparavant.
- Rapport fait par M. le baron Deïessert sur le nouveau fusil de l}invention de M. Pauly.
- J’ai eu l’honneur de présenter à la Société d’Encouragemeut, au mois de mars 1810,un fusil à poudre de muriate oxigéné, exécuté par M. Prélat, d’après un modèle apporté d’Angleterre. Ce fusil a éveillé l’attention de plusieurs armuriers distingués, et votre Bulletin contient la description de fusils analogues fabriqués par MM. Lepage et Dehouhert (1).
- Aujourd’hui j’ai l’honneur de vous présenter un fusil qui est très-différent des précédens, et qui a de grands avantages sur tous ceux connus jusqu’à ce jour.
- Ce fusil a été imaginé par M. Pauly, qui a pris un brevet d’invention ; il s’est associé pour l’exécution à M. Prélat, armurier, dont vous connaissez déjà les talens en ce genre.
- (i) Bulletin, K°. LXXY, septembre 1810, IXe. année ; Bulletin, . LXXXII,
- avril 1811, Xe. année.
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- C’est un fusil qui se charge par la culasse, et dans le canon duquel on introduit en même temps la charge et l’amorce réunies dans une cartouche préparée d’une manière particulière; le feu prend comme dans les premiers fusils de M. Prélat, au moyen de la percussion de la poudre fulminante placée au centre de la charge; le service en est extrêmement commode et prompt; on peut facilement tirer dix à douze coups par minute.
- L’amorce prenant feu dans le centre de la charge, le coup part bien plus promptement, et la poudre étant enflammée tout-à-la-fois, une demi-charge suffit pour faire le même effet qu’une charge entière dans les anciens fusils.
- Ces fusils ont l’avantage de ne point craindre l’humidité, ni même la pluie, de ne presque jamais rater ni faire long feu; leur charge ne peut point se déranger, et comme il est impossible de mettre deux ou trois charges, cela prévient beaucoup d’accidens. L’inflammation de l’amorce se faisant dans le canon, le feu ni la fumée de l’amorce ne dérangent point celui qui tire; on peut ajuster avec plus de précision et mieux observer l’effet du coup.
- La charge étant contenue dans une cartouche dont on enlève facilement les restes après le départ de chaque coup, l’âme du fusil est toujours propre, et on peut tirer beaucoup plus long-temps sans le nettoyer.
- On n’a plus besoin de baguettes pour bourrer, soit la poudre, soit le plomb, et comme on met la charge et l’amorce en même temps, on conçoit avec quelle célérité 'on peut charger.
- Le fusil que je vous présente a tiré trois cents coups sans faire long feu ni rater une seule fois.
- M. Paulj adapte également son mécanisme aux fusils de guerre, aux carabines et aux pistolets.
- Il est aisé d’en sentir les avantages, sur-tout pour la cavalerie ; le mouvement du cheval fait souvent tomber la charge; il est difficile de bourrer lorsqu’on est à cheval, et comme on n’a plus besoin de baguettes, on peut charger aussi promptement à cheval qu’à pied ; on peut charger aisément en présentant la baïonnette, sans changer de position, et même couché par terre.
- Lorsqu’on fera ces fusils en fabrique , ils ne coûteront pas plus que les autres, et comme ils n’exigent que demi-charge, on pourra supprimer la moitié de la poudre, dont le transport est si coûteux, si embarrassant, et sur-tout si dangereux.
- M. Pauly ayant pris un brevet d’invention et s’étant établi avec M. Prélat pour la fabrication de ces nouvelles armes, ils m’ont invité à les
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- présenter à la Société d’Encôuragement comme le moyen le plus sur de les faire connaître ; je le fais avec d’autant plus de plaisir que ce sont des artistes très-ingénieux et intelligens, et qui méritent d’être accueillis avec bienveillance. Leur atelier est rue des Trois-Frères, n°. 4-
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. d’Arcet, au nom du Comité des arts chimiques , sur les ouvrages en platine fabriqués par M. Janety
- M. Janety fils, élève et successeur de son père, a présenté à la Société d’Encôuragement des vases en platine d’une si grande dimension et d’un travail si parfait, que la Société a chargé son Comité des arts chimiques d’examiner ces nouveaux produits d’une industrie qui a été poussée en France plus loin que dans tous les autres pays. On sait en effet que presque tous les chimistes étrangers font faire chez nous les instrumens de platine qu’ils emploient dans les recherches, et que MM. Janety sont les seuls en France qui travaillent pour le commerce ce métal avec toute la perfection désirable. Il suffirait de citer les étalons des nouveaux poids et mesures qu’ils ont fabriqués en platine, les médailles en platine qu’ils ont fait frapper, et ce grand nombre d’instrumens de ce métal que l’on trouve dans les laboratoires, pour appeler sur leurs travaux toute la reconnaissance de la Société. M. Janety fils vient de faire un pas de plus; il a prouvé, par les nouvelles pièces qu’il vous a présentées, que l’art créé par son père était un héritage qu’il avait amélioré.
- Le Comité demande la permission d’entrer dans quelques détails, moins pour faire valoir les services que M. Janety a rendus, que pour fixer d’une manière authentique l’état où se trouve aujourd’hui chez nous l’art de rendre le platine malléable et de le travailler.
- M. Janety fils vous a présenté, i°. un vase de oni,37 de diamètre, de oni,a55 de profondeur, pesant 2 kilogrammes 476? et contenant 22 litres d’eau ; 20. un vase de om,325 de diamètre, om,235 de profondeur, pesant 1 kilogramme 758, et contenant 16 litres.
- Ces deux vases sont destinés à doubler des chaudières ordinaires de fonte, dont ils ont la forme, et doivent servir pour le départ des alliages d’or et d’argent, pour la concentration de l’acide sulfurique, etc.
- On voit combien ces ouvrages en platine doivent être minces et bien travaillés : l’idée de les poser dans des chaudières de fonte, où ils s’emboîtent
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- exactement, paraît au Comité une de ces idées heureuses qui changent la face d’un art; ces vases, par ce moyen, ne peuvent plus se bosseler, et la feuille de platine n’a besoin que de l’épaisseur convenable pour qu’il n’y ait point de solution de continuité entre les molécules du métal, avantage que l’on ne trouve dans le plaqué d’or, par exemple, que lorsque l’or est employé dans une proportion qui éloigne toute idée d’économie.
- Le Comité, qui a examiné avec soin l’art de fabriquer le plaqué d’or et d’argent, n’hésite pas à regarder cette méthode comme préférable au placage, toutes les fois qu’il s’agit d’avoir à peu de frais de bons vases d’or ou de platine pour les besoins de la chimie ou des arts qui dépendent de cette science. /
- M. Janetj fils a encore présenté à la Société un poêlon en platine et un couteau de voyage qui se divise en plusieurs pièces. Ces divers ouvrages prouvent tous que M. Janetj peut donner au platine les formes si variées que présentent les produits de notre orfèvrerie, et que par conséquent le platine qu’il emploie doit être parfaitement ductile. M. Janetj annonce en outre à la Société que, depuis plus d’un an, il n’emploie plus d’arsenic pour préparer le platine, ce qui donne encore plus de prix à son travail; car il était toujours à craindre , lorsqu’on travaillait le platine au moyen de l’arsenic, que ce dernier métal ne fût pas entièrement volatilisé et séparé de la pièce après la fabrication.
- Le Comité des arts chimiques voudrait rappeler à la Société la persévérance avec laquelle MM. Janetj ont travaillé depuis vingt ans à la préparation du platine; il voudrait faire valoir les sacrifices nombreux que cette famille a faits à l’avancement de cet art, la réussite dont ses efforts ont été couronnés, et voudrait profiter des derniers succès obtenus par M. Janetj fils, pour proposer à la Société de lui donner un témoignage formel de sa satisfaction. Le Comité désirerait que les réglemens permissent de lui décerner une médaille d’argent à titre d’encouragement ; dans le cas contraire,
- 11 demande que le présent rapport soit imprimé dans le Bulletin, et que l’on y joigne une note dans laquelle serait exprimée toute la satisfaction que la Société a éprouvée en examinant les derniers ouvrages en platine que M. Janetj fils lui a présentés.
- Signé d’Arcet, rapporteur.
- Les conclusions de ce rapport ont été adoptées dans la séance du
- 12 août 1812, quant à l’insertion au Bulletin seulement.
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- Fiapport fait par M. Gillet de Laumont sur les aciers de la fabrique de M. Peugeot, à Hêrimoncourt, département du
- Doubs,
- M. Girod-Chantrans, notre collègue, a envoyé à la Société des aciers fabriqués par M. Peugeot, artiste distingué, élève du Conservatoire, qui a déjà été cité honorablement en l’an XIV dans le N°. XYII du Bulletin, pour une filature de coton qu’il a établie à Hêrimoncourt, département du Doubs, et dont il a perfectionné les mécaniques. Depuis, M. Peugeot a monté une fabrique d’aciers de diverses qualités, qui est déjà capable d’en fournir annuellement 200,000 kilogrammes au commerce.
- Les échantillons d’aciers de cette fabrique nouvelle, envoyés à la Société, sont classés sous six numéros différens; savoir, quatre d'acier cémenté, un d’acier fondu, et un paquet à'acier filé destiné pour l’horlogerie.
- M. Girod-Chantrans a joint à cet envoi plusieurs outils qu’il a fait faire par des artistes habiles (1) pour reconnaître la qualité de ces divers aciers, et il a consigné l’opinion résultant de ces essais dans une notice très-détaillée, sur trente échantillons dont nous allons rendre compte successivement, en y joignant des observations d’après les essais que nous avons fait faire (2), et dans lesquels nous avons été secondés, pour les aciers destinés à l’horlogerie, parM. Bréguet, notre collègue, qui, malgré ses grands ^ travaux, a bien voulu s’en occuper.
- L’acier cémenté, N°. 1 , annoncé pour coutellerie commune au prix de 2 francs le kilogramme, a été trouvé, d’après la notice, donner des tran-chans d’une assez bonne étoffe, malgré quelques lamelles de fer remarquées dans la cassure , qui n’étaient point cémentées. M. Girod-Chantrans n’a envoyé de cet acier qu’une espèce de couteau court ; il a gardé un autre couteau et une serpette faits avec cet acier, qui ont été reconnus fort au-dessus de la coutellerie commune du commerce.
- Observations.
- Cette espèce de couteau, mis dans l’acide nitrique affaibli, a pris des teintes longitudinales différentes, indiquant une répartition inégale de carbone, ainsi que cela a lieu ordinairement dans les étoffes préparées
- (1) M. JS/Larmillons, pour les essais d’aciers cémentés et fondus, et M. Perron jeune , horloger, pour les aciers filés.
- (2) M. Rosa père , mécanicien, a fait plusieurs essais à la forge : M. Cordier, fourbis-seur, pour le poli; et M. Gillet, élève de Petit-JYalle, pour les rasoirs polis au noir.
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- pour cet usage. Son tranchant est bon, et nous pensons que cette étoffe , d’ailleurs facile à obtenir, peut être utile pour la coutellerie commune.
- Les aciers cémentés, N°. 2, propres à faire des faux, des haches, des outils à tailler la pierre; et le Nü. 5, marqué acier à tremper très-dur, pour garnir les aires de marteaux, à 2 francs 5o centimes le kilogramme, ont été envoyés en barreaux déjà trempés très-dur, et annoncés sans distinction dans la notice pour être le plus souvent homogènes, quelquefois pailleux, supportant parfaitement le travail de la forge, se soudant sur le fer avec plus de facilité que celui à trois points de Styrie, et ne lui cédant en rien. Quatre outils, joints à l’envoi et faits avec l’acier ]S°. 3, ont été annoncés avoir fort bien résisté.
- Observations.
- Je ne puis confondre l’acier N°. 2 avec celui N°. 3 : l’acier N’. 2 exige des soins pour être forgé, et a peu de nerf; un barreau blanchi et mis par un bout dans l’acide nitrique y est devenu fort inégalement noir; l’autre bout, poli avec soin, a pris un poli noir, mais rempli de fils courts et d’inégalités : cet acier ne me paraît pouvoir être employé que pour les gros trancha ns.
- L’acier ]Nr°. 3, au contraire, se forge bien : il a du nerf; mis dans l’acide, il a pris une couleur noire assez égale; le poli en est plus beau que celui du N°. 2, quoiqu’il présente encore des fils.
- Le pointeau fait avec cet acier s’est trouvé fort bon.
- Le crochet | à tourner le fer et la fonte de fer, quoique un peu pailleux, a très-bien résisté.
- Le burin au marteau ~ à couper le fer et la fonte s’est trouvé excellent; il a pris un beau poli.
- Le raeloir de tour | composé d’acier bien soudé sur le fer, dont la séparation devient visible par la tache produite par l’acide nitrique dans lequel il a été plongé, coupe fort bien.
- Enfin nous pensons que l’acier 1N°. 3 peut être regardé comme très-propre à faire tous les objets de coutellerie ordinaire.
- L’acier cémenté N°. 4? annoncé pour limes, rasoirs et fine coutellerie, à 3 francs le kilogramme, n’a été essayé, d’après la notice, que pour en faire une lime qui est annoncée ne s’être point rayée sur l’acier comme une autre lime de la fabrique de Poncelet. A cet égard, M. Girod-Chan-trans observe que cette supériorité pouvait être détruite par d’autres épreuves, étant reconnu que l’on trouve des différences non-seulement dans des barres du même fer cémentées en même temps, mais même daus diverses parties de la même barre.
- Observations.
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- Observations,
- L’acier cémenté N°. 4 se forge bien ; il est assez dur à la forge,à la lime, à la trempe;il découvre bien; mais la lime envoyée et faite aveccet acier s’est trouvée faussée malgré sa grande épaisseur; elle est médiocre en qualité, et remplie de piqués allongés, dirigés suivant le sens où l’on avait étendu l'acier; une lame de rasoir polie au noir a offert les mêmes piqués, encore plus alignés ; le tranchant s’en est cependant trouvé bon et supérieur aux aciers ordinaires; une autre lame de rasoir, contenant plus d’imperfections encore, n’a pu être terminée, une paille en ayant emporté le tranchant; cette lame, trempée dans l’acide nitrique affaibli, a pris un ton noir et égal dans la plupart de ses parties, ce qui explique la bonté que peuvent avoir quelques lames lorsque les petits vides formant les piqués ne se trouvent pas sur le tranchant.
- Enfin, nous regardons cet acier, dans l’état où il nous a été présenté, comme trop rempli de vacuoles dégénérant en fils pour en faire de la belle coutellerie, mais comme pouvant facilement être perfectionné. Nous sommes étonnés que dans le département du Doubs on lui ait trouvé de la supériorité sur celui d’une lime de Poncelet ; il faut que l’on soit tombé sur une lime bien médiocre, et cependant elles sont généralement bonnes.
- V acier fondu façon d’Angleterre, N\ 5, à 4 francs le kilogramme, était annoncé souffrir plus au feu que l’acier d’Angleterre, mais se souder sur le fer en l’enveloppant d’enduits, prendre une bonne trempe, et paraître susceptible d’un beau poli. Cet acier employé en outils avait manifesté de la dureté et de la ténacité, moins cependant que l’acier fondu anglais. Un ciseau (coté 7) était joint à cet envoi, et provenait d’une fabrication postérieure de M. Peugeot.
- Observations.
- Cet acier fondu se comporte à la forge, à la lime, à la trempe, au poli, comme 1 acier cémenté ci-dessus; un rasoir fait avec cet acier s’est trouvé assez bon ; mais des cendrures, des piqués se sont trouvés sur le tranchant et y ont fait des brèches.
- Le ciseau au marteau de la seconde fabrication de M. Peugeot s’est trouvé excellent pour couper le fer et la fonte de fer dure; mais un rasoir fait avec ce même ciseau s’est trouvé par places rempli de cendrures qui dégénèrent en fils, et nuisent beaucoup à son tranchant. Cet acier, mis dans l’acide nitrique, a pris une teinte noire et égale, ainsi que cela devait être, étant de l’acier fondu.
- Nous pensons que l’acier lS°. 5 est très-bon pour faire des outils;
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- mais qu’il a besoin d’être travaillé pour en faire de la coutellerie fine et de la bijouterie en acier.
- L’acier N \ 6 est en verges cylindriques de différentes grosseurs pour l’horlogerie, du prix de io francs jusqu’à 5o francs le kilogramme. Il a été essayé dans le département du Doubs par un jeune horloger, qui en a fait les outils que nous présentons à la Société. Cet artiste a été content des Nos. les plus gros, dont il a fait un pointeau, un ciseau, un emporte-pièce, un taraudy qui ont très-bien résisté sur l’acier et sur la fonte de fer; il croit cet acier propre à faire des outiîs d’horlogerie, et capable de recevoir un beau poli. Il n’a pas été aussi content des Nos. moyens et encore moins des plus petits.
- Observations.
- M. Brèguet, qui a bien voulu nous éclairer de ses lumières sur cet objet, a fait faire avec cet acier des pivots, des burins, des ciseaux, des forets, des ressorts spiraux, etc. Les burins, les ciseaux mordent quelquefois bien sur l’acier, d’autres fois ils glissent; les ressorts spiraux sont plus ou moins faussés au sortir de la trempe; il pense que cet acier est généralement bon, mais qu’il est inégal en qualité jusque dans la même verge d’acier.
- Nous avons plongé plusieurs variétés de grosseur de cet acier dans l’acide nitrique, et nous avons observé sur la plupart des stries longitudinales de divers tons de couleur, qui indiquent une répartition inégale de carbone, et nous porteraient à croire que cet acier rond n’est que de l’acier cémenté.
- Nous en avons fait tremper et polir; ils ont pris un poli noir fort vif, mais présentant beaucoup de piqûres qui nuisent au poli; nous avons d’autant plus de confiance à ce que nous ont paru présenter Y acide et le poli, que cela est d’accord et rend compte des inégalités observées par M. Brèguet.
- Nous pensons en général que la nouvelle fabrique d’aciers de M. Peugeot mérite d’être encouragée, à raison des variétés qu’elle présente au commerce, et de la bonne qualité de plusieurs d’entre eux.
- Nous espérons que, quand il sera en fabrication courante, il pourra en diminuer les prix, et, à cet égard, nous annonçons avec plaisir à la Société que iV-i. Poncelet vient de mettre dans le commerce des aciers fondus en petites barres sans être marlinées et telles qu’elles sortent de la fenderie, qui sont d’une très-bonne qualité, susceptibles du plus beau poli, sans cen-drures, et qu’il donne en gros, à 5 francs 8o centimes le kilogramme, au heu de 5 francs qu’il le vendait lorsque la Société lui a accordé le prix; diminution sensible en conservant la qualité, qui est due sans doute aux encouragerneus de la Société.
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- Nous proposons de remercier M. Girod-Chantrans de l’envoi qu’il a bien voulu faire à la Société des aciers de M. Peugeot, en lui marquant qu’elle voit avec plaisir que cet artiste, déjà distingué par plusieurs autres perfec-tionnemens, s’occupe de la fabrication de l’acier, et qu’elle ne doute pas que, par ses soins, il ne parvienne à obtenir dans sa fabrique d’IIérimon-court le degré de bonté des meilleurs aciers étrangers.
- <j O
- Signé Gillet de L au mont, rapporteur.
- Adopté en séance, le 12 août 1812.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Extrait d’une notice de M. Lainpadius sur la fabrication du sirop et du sucre d’amidon.
- M- Lampadius, professeur de chimie et de métallurgie à Freyberg, eu Saxe, vient de publier le résultat de ses expériences sur la fabrication du sirop de sucre d’amidon. Les exemplaires de cette notice ont été enlevés rapidement, et, dans le mois de mai dernier, l’auteur en a fait paraître une seconde édition , accompagnée de notes ; c’est de cette seconde édition que nous allons présenter un extrait, ou plutôt une traduction peu abrégée.
- M. Lampadius expose qu’il a appris par les journaux que M. Kirchhoff, ayant traité par l’acide sulfurique de l’amidon de froment délayé dans l’eau , et ayant ensuite séparé l’acide au moyen de la chaux, avait obtenu un liquide d’une saveur sucrée, lequel, traité avec de la poussière de charbon et évaporé, avait donné un sirop, et enfin un sucre dont la saveur était à celle du sucre de canne dans le rapport de 1 à 2
- L’auteur, qui s’occupait depuis long-temps de la fabrication et de l’emploi à divers usages de la fécule de pommes de terre, soupçonna, par la connaissance qu’il avait acquise des propriétés de cette fécule, qu’elle serait plus propre que l’amidon ordinaire à être transformée en matière sucrée. Il annonce que l’expérience a confirmé son idée, et qu’il peut se regarder comme le premier qui ait obtenu de l’amidon un sirop très-clair et très-sucré, ainsi qu’un sucre concret jouissant aussi d’un haut degré de saveur. M. Lampadius attribue ce que ces résultats ont de particulièrement avantageux à l’emploi qu’il a fait de la fécule de pommes de terre, et de l’appareil éva-poratoire en bois qu’il a fait connaître et décrit en 1798. Il annonce, à ce sujet, que, tant qu’il s’est servi de vases étarnés ou vernis, le sirop qu’il a obtenu était de couleur un peu brune, parce que la forte chaleur et la
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- longueur de l’opération occasionnaient la combustion de quelques molécules; mais que depuis qu’il a employé l’appareil en bois, il ne lui est plus rien resté à désirer.
- Les pommes de terre, dit M. Lampadius, donnent plus ou moins de fécule, selon leur degré de bonté ; elles en donnent aussi d’autant plus qu’on extrait cette fécule plus promptement après la récolte. Un boisseau de Dresde, de la contenance de 5302 pouces cubes, ou égal à 8,3 boisseaux de Paris, en a quelquefois fourni jusqu’à 32 livres, le plus souvent de 20 à 28.
- L’appareil évaporatoire en bois, mis en usage par l’auteur, est chauffé au moyen de la vapeur de l’eau ; on peut, à cet effet, se servir d’un alambic ordinaire, en y adaptant un tuyau, qui plonge perpendiculairement dans un vaisseau de bois placé plus bas; mais l’extrémité de ce tuyau doit aussi être en bois : si elle était en métal, elle serait attaquée par l’acide. Le vaisseau de bois évaporatoire peut être plus grand que l’alambic. On remplit celui-ci d’eau jusqu’au tiers de sa capacité, et la vapeur de cette eau suffit pour faire promptement bouillir celle contenue dans le vaisseau de bois.
- Les autres instrumens nécessaires à l’opération sont une chausse de toile et une chaudière de cuivre, avec quelques spatules et écumoires.
- On commence par remplir le vaisseau évaporatoire en bois avec 12 livres d’eau, par exemple, que l’on chauffe au moyen de la vapeur, jusqu’à ébullition.
- En même temps on étend i3 loths ou 6 onces et demie d’acide sulfurique concentré, avec une livre d’eau, et l’on verse cet acide dans les 12 livres d’eau bouillante (1).
- Dans cet intervalle, on a dû délayer 4 livres de fécule de pommes de terre, chacune dans une livre d’eau; on les verse ainsi délayées, l’une après l’autre, dans l’acide en ébullition ; chaque fois le liquide devient épais, mais il perd sa consistance au bout de quelques minutes ; ce 11’est qu’alors qu’on doit verser la livre suivante, et ainsi des autres.
- U faut ensuite faire continuer l’ébullition pendant sept heures consécutives, toujours au moyen de l’alambic, auquel on fournit de temps à autre de nouvelle eau chaude par une ouverture pratiquée à cet effet, et qui, lui-même, fournit sans cesse, par sa vapeur, à l’appareil évaporatoire de nouvelle eau pour remplacer celle qui se dissipe : de cette manière on ne court risque d?altérer ni le vaisseau évaporatoire, ni la matière sucrée qui
- (1) La bonté du sirop tient en partie au degré de conc entration et de pureté de l’acide sulfurirpie employé. S’il contient trop d’acide sulfureux, il n’oxidera pas assez fortement} s’il contient de l’oxide de fer, cet oxide sera difficile à séparer du sirop.
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- se forme, et la liqueur reste constamment claire; mais il est nécessaire de la faire bouillir vivement, et plutôt une heure de plus qu’un quart d’heure de moins. En donnant un degré de feu trop faible, on n’obtiendrait qu’une espèce de colle d’une saveur désagréable.
- Au bout de sept heures, la matière sucrée est formée probablement, dit M. Lampadius, parce que l’acide sulfurique a abandonné à l’amidon une partie de son oxigène, que l’air de l’atmosphère lui a continuellement rendu.
- Il faut alors séparer l’acide : on y parvient en jetant dans la liqueur de la craie ou de la pierre calcaire blanche en poudre, jusqu’à ce qu’il ne se produise plus d’effervescence et que la liqueur n’ait plus aucun goût acide; alors on laisse reposer le tout pendant douze ou vingt-quatre heures (i).
- M. Lampadius a employé trois moyens pour séparer le fer du sirop qui en avait retenu, i°. le sulfure de baryte .-celui-ci ne peut être mis en usage que par des chimistes exercés, et pour se convaincre que le sirop ne contient plus de baryte, il faut laisser le mélangea l’air dans un vase ouvert pendant trois semaines ail moins ; 2°. la cristallisation; quand on fait cristalliser le sucre d’amidon, le fer reste dans le sirop qui s’en égoutte; 5 ’. l’alcool, qui dissout le sucre sans dissoudre l’oxide de fer.
- Il vaut mieux, à tous égards, n’être pas obligé d’avoir recours à ces opérations, et préparer le sirop de manière qu’il ne contienne pas du tout de fer.
- Au bout de douze à vingt-quatre heures de repos, le sulfate de chaux s’est précipité. On décante alors la partie supérieure du liquide. Elle est claire et déjà très-sucrée; ce qui reste au fond est mis dans la chausse : la liqueur passe limpide et d’abord avec facilité; au bout de quelque temps, il faut presser la chausse pour faire écouler les parties liquides restées avec le gypse.
- On met les liquides décantés et écoulés dans une chaudière de cuivre, et on les fait évaporer jusqu’à consistance de sirop clair; sans autre manipulation on obtient alors des quantités de matières indiquées plus haut quatre livres d’un sirop excellent pour remplacer le sucre dans le thé, le café, le
- (i) La pureté de la pierre calcaire influe beaucoup sur la qualité du produit; il est nécessaire sur-tout qu'elle ne renferme point de fer, parce que ce métal reste dans le sirop, et y décèle sa présence de plusieurs manières , par exemple, en noircissant le thé dans lequel on le mêle. Cette présence du fer n’est point malsaine, mais elle est désagréable. Des têtes de coquilles ont donné à l’auteur la chaux carbonatée la meilleure ; vient ensuite la pierre calcaire de Crattendorff (calcaire primitif, dit marbre salin) ; la craie est moins bonne; on peut aussi employer de la chaux vive quand elle est très-pure.
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- punch, la pâtisserie et autres usages analogues; en le laissant refroidir complètement, il dépose encore une petite quantité de sulfate de chaux.
- Pour épargner le combustible, on peut faire cette dernière évaporation dans l’alambic meme, dont les vapeurs sont destinées à échauffer l’appareil en bois delà première opération; on opère ainsi avec une économie considérable. On s’est même servi réciproquement de la vapeur de l’appareil en bois pour échauffer et faire évaporer la liqueur sucrée.
- Les deux premières fois que l’on se sert de l’appareil en bois, le sirop contracte un léger goût ligneux, qui ne se reproduit plus du tout dans les opérations suivantes. M, La,mpadiits affirme que, comme son sirop peut tenir lieu de sucre dans presque tous les usages de l’économie domestique, les personnes qui le fabriqueront pour l’employer dans leur ménage ne jugeront probablement pas nécessaire de pousser plus loin l'opération. Si l’on veut cependant, ajoute-t-il, obtenir le sucre à l’état concret, il faut faire évaporer le sirop de manière aie rendre épais; puis, au bout de trois jours, il se prend en une masse grenue, que l’on porte, lorsqu’elle a acquis assez de solidité, dans la forme d’argile ordinaire; on la recouvre d’argile, et au moven de la chaleur, on la fait sécher jusqu’à ce qu’elle acquière une dureté complète : on peut faire cette opération en petit dans des cornets de papier, auxquels on laisse à la partie inférieure une ouverture pourl’é-coulement du sirop.
- Le sucre obtenu par ces deux méthodes est parfaitement blanc ; son grain est aussi gros que celui du sucre de canne ; il n’est cependant pas tout-à-fait aussi sucré. Une livre d’amidon de pommes de terre a produit 19 loths ou 9 onces et demie de sucre concret.
- M. Lampadius annonce qu’il publiera une notice avec des planches sur la fabrication du sucre solide, quand il aura fait encore quelques expériences. Il prévient que c’est à tort que plusieurs personnes ont cru que le sirop d’amidon perdait sa qualité sucrée en vieillissant. Celte diminution de saveur n’est qu’apparente, et provient de ce que le sirop, devenu presque concret, s’étend moins vite sur la langue que quand il est plus liquide; en faisant liquéfier cette masse concrète par le moyen de la chaleur, on lui rend toute sa saveur sucrée.
- L’auteur donne ensuite le tableau comparatif des dépenses de l’opération et de la valeur des produits obtenus. Les données sont nécessairement variables d’après les localités : voici celles convenables à Freyberg.
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- i o boisseaux de pommes de terre......................... 4o fr.
- Leur râpage par une machine mue à la main, et manipulation pour obtenir la fécule, qui peut être employée encore
- humide.. .................................... 6 67
- livres d’acide sulfurique, à 1 fr. 5o c. ......... 56
- 4 boisseaux de houille pour l’évaporation.............. . • 11
- Gages des ouvriers employés à l’évaporation.............. 16
- Déchet des vases et ustensiles............................. 4
- Total.......................... 11 5 fr. 67 c.
- Le produit est 240 livres de sirop à 4 gros ou 67 centimes
- la livre................................................ 160
- Ce qui reste des pommes de terre employées est très-bon
- pour nourrir les bestiaux, et doit avoir une valeur de. . . 16
- 176 fr.
- On voit que l’auteur a estimé très-bas le prix du sirop obtenu, et que cependant cette opération offre déjà un produit considérable. Aussi M. Lampadius affirme-t-il qu’au moyen des cours gratuits qu’il a faits à cent trente-cinq personnes sur les procédés décrits plus haut, un grand nombre d’entre elles fabriquent du sirop qu’elles emploient dans leurs ménages, et que plusieurs ont même commencé à en fabriquer en grand; enfin, que cette substance est maintenant répandue dans le commerce, et que son usage s’étend de jour en jour sans que rien jusqu’ici ait pu faire soupçonner cet usage d’être aucunement nuisible à la santé.
- L’auteur termine en répondant avec détail aux personnes qui ont craint que la fabrication du sucre d’amidon ne produisît un résultat désavantageux en employant une grande quantité de pommes de terre, et les enlevant ainsi à la consommation de la classe indigente. De semblables craintes ne nous semblent pas mériter d’être considérées aussi sérieusement que l’a fait M. Lampadius, et nous nous dispenserons de rapporter les raisonnemens par lesquels il cherche aies dissiper.
- L’empereur Alexandre a promis une récompense de io3ooo roubles à celui qui fabriquerait le premier /|o pouds (environ i3 quintaux) de sucre d’après les procédés de M. Kirchhoff. M. Lampadius fait observer que, dans les environs de Freyberg, on en a déjà fabriqué une beaucoup plus grande quantité, sinon comme sucre solide, du moins en sirop qui peut tenir lieu de sucre.
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- . Préparation du café de châtaignes.
- A cette notice, M. Lampadius en a joint une autre sur la préparation d’une substance qu’il regarde comme la plus propre à remplacer le café, et qu’il nomme café de châtaignes, quoique les châtaignes n’entrent dans sa composition que pour une faible proportion, mais parce que ce sont elles qui donnent au produit la qualité supérieure et le goût agréable qu’on lui trouve.
- Les substances qui entrent dans cette préparation sont des betteraves, des châtaignes et de l’huile d’olive; les premières doivent être bonnes, saines, bien nettoyées, coupées en petits cubes d’égale grosseur, et séchées aussitôt au four; les châtaignes, parfaitement saines et bien mures, doivent être dépouillées de leur peau, également coupées en petits cubes et séchées; l’huile doit être de très-bonne qualité, très-fraîche et sans aucun arrière-goût; toutes ces précautions sont nécessaires pour que le produit ait un goût agréable.
- On met dans une bassine de cuivre une livre de petits cubes de betteraves séchées, et on les place sur un feu modéré, où on les agite continuellement jusqu’à ce qu’ils soient fortement et également chauffés, mais en évitant qu’ils se carbonisent : alors on verse dessus 3 gros d’huüe d’olive, et on les remue encore sur le feu pendant cinq minutes; puis on les mêle avec une once de châtaignes séchées, et on met griller le tout à la manière du café; mais cette opération doit être ici conduite avec un soin particulier, eu égard au degré de feu et à la durée du grillage; il faut ne pas griller trop vite au commencement ; il faut aussi observer attentivement la couleur et rôdeur des substances grillées. Aussitôt que l’odeur désagréable des betteraves cesse de se faire sentir, et qu’on commence au contraire à distinguer l’odeur provenant des châtaignes, laquelle est agréable et assez analogue à celle du café, et que le mélange a pris une couleur d’un brun sombre, il faut cesser l’opération : si on l’interrompt trop vile, le produit a un goût fade,dans lequel la betterave se fait encore sentir; ce qui arrive également si quelques cubes, étant plus gros que les autres, ne sont pas assez grillés. Si, au contraire, on grille trop fort, on chasse entièrement l’arome de la châtaigne, et le café devient amer.
- On doit moudre le mélange aussitôt qu’il est refroidi, et le conserver dans des vases de verre ou des cornets bien bouchés ; il perd toujours un peu de sa qualité avec le temps.
- L’auteur assure que cette préparation a un goût fort agréable et très-analogue à celui du café, qu’on peut très-bien s’en servir pour le remplacer;
- qu’on
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- qu'on le fabrique présentement à Freyberg et dans d’autres villes, d’après les procédés qu’il a indiqués. Il répète qu’il faut apporter de très-grands soins dans la préparation des substances et dans toutes les parties de l’opération, faute de quoi le produit est mauvais, et sent souvent la betterave, dont le goût, au contraire, doit avoir entièrement disparu et être remplacé par un arôme agréable.
- M. Lampadius termine en disant qu’on ne doit point s’arrêter à 1 idée que les productions de la nature ne peuvent être remplacées par l’art, ou au moins qu’il ne faut pas appliquer ce principe, vrai en lui-même, au café brûlé, attendu que, par l’action du feu, les élémens du café sont changés et modifiés, puisqu’il se forme une huile grasse et qu’il se développe de l’oxide noir de carbone, deux substances qui n’existent pas dans les fèves vertes du café.
- Extrait d’un rapport fait par M. Parmentier, au nom du Comité des Arts économiques, sur Les moyens de conserver les pommes de terre.
- Les pommes de terre ne sont pas difficiles à conserver quand la provision se borne à quelques setiers, parce qu’on peut, sans embarras comme sans frais, les transporter sur-le-champ de la cave au grenier, des hangars au cellier, suivant la température ; mais les grands approvisionnemens prescrivent d’autres méthodes de conservation , quoiqu’elles ne permettent pas de s’écarter des règles générales, qui veulent toujours qu’on les amoncèle par tas de 2 à 3 pieds au plus d’épaisseur, qu’on les isole de toutes parts, et qu’on les préserve de l’influence de la lumière, de la chaleur humide et du froid.
- La très-grande quantité d’eau que renferment les pommes de terre, et leur extrême propension à germer, 11e permettent guère de les conserver long-temps après l’époque de la plantation, quel que soit le procédé employé pour faire remplacer une récolte par l’autre. Le premier moyen qui se sera présenté à l’esprit aura été de les dessécher en les divisant par tranches, les exposant ensuite sur des claies à la chaleur du soleil ou du feu, et les portant au moulin pour en faire de la. farine; mais les racines qui ont subi cette dessiccation ne peuvent plus reprendre ensuite, par la cuisson, leur première flexibilité, soit dans la composition du pain, soit dans la préparation de la bouillie; elles sont cFune couleur terne sans transparence, désagréables à la vue et au goût. Leur usage, en cet état, ne convient pas même aux bestiaux. Ce moyen tant vanté de faire la farine de Onzième année. Septembre 1812. Ff
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- pommes de terre doit donc être rejeté, et il faut que ceux qui veulent mettre en réserve le superflu de leur provision recourent à un autre moyen. Le plus efficace c’est de leur faire éprouver quelques bouillons dans l’eau, ce que, dans l’état de confiseur, on appelle blanchir; de les peler, de les diviser par tranches, de les étendre sur des claies d’osier, et de les exposer à la chaleur d’une étuve chauffée à 3o degrés, ou dans un four après la cuisson du pain. Elles perdent en moins de vingt-quatre heures les trois quarts de leur poids, acquièrent la transparence, la sécheresse et la dureté de la corne : alors elles se cassent net et offrent dans leur cassure un état vitreux. M. Parmentier assure en avoir fait passer sous cette forme dans les colonies; et il a remarqué qu’à leur retour en France la trompe de l’insecte n’avait pu pénétrer dans leur intérieur. Il avait déterminé le célèbre et infortuné La Pérouse à en embarquer, afin de pouvoir juger combien elles étaient susceptibles, dans cet état, de se conserver, ainsi que leur amidon.
- Quel que soit l’endroit où l’on dépose les pommes de terre ainsi desséchées, elles se conservent sans s’altérer; on peut, à mesure qu’on en a besoin, les envoyer au moulin et se servir de la farine qui en résulte. C’est une poudre jaunâtre, semblable à la gomme arabique , qui se dissout dans la bouche et communique à l’eau une consistance muqueuse et le goût de la pomme de terre cuite en substance.
- M. Parmentier a déjà établi dans son Examen chimique des pommes de terre, publié en 1772 par ordre du Gouvernement, la nécessité de faire prendre un commencement de cuisson à ces racines avant de les dessécher, pour en obtenir un bon résultat, sans éprouver d’autre déchet que leur humidité constituante. Cet ouvrage a donné lieu en Allemagne à des recherches utiles; on a imaginé entre autres un instrument propre à broyer les pommes de terre quand elles sont cuites; c’est un tube cylindrique de fer-blanc dont les parois sont percées de petits trous comme une écumoire, au travers desquels on fait passer cette racine; ramollie par la cuisson, elle se délaie aisément dans l’eau qui doit servir de véhicule à la soupe; mais, portée à sécher dans une étuve, il en résulte une espèce de vermicelle.
- Cet instrument a été mis en usage avec beaucoup de succès par M. Gra-net, qui, pendant un certain temps, a fait circuler dans le commerce ce produit sous le nom de riz économique. Depuis, Madame Chauveau en a fait l’objet d’une petite fabrique maintenant bien connue, et qui serait devenue, dans les circonstances présentes, extrêmement avantageuse si elle eût été d’abord encouragée comme elle méritait de l’être.
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- On a trouvé que le procédé de dessécher les pommes de terre après les avoir blanchies était trop embarrassant, et on en a proposé un autre qui ne l’est pas moins sans avoir les avantages du premier. Il consiste à les diviser par tranches et à les faire macérer dans l’eau pendant huit jours; mais on n’a pas fait attention que si pendant cette macération la température est un peu plus élevée que ne le comporte la saison, les pommes de terre, entrant bientôt en fermentation, s’aigrissent, perdent de leur fécule, et contractent un mauvais goût. D’ailleurs il n’y a ni économie de temps ni de main-d’œuvre; il y a beaucoup moins d’embarras, de soin et de risques à courir en préférant le procédé qui est décrit plus haut.
- La pomme de terre immédiatement desséchée et celle qu’on fait bouillir préalablement dans l’eau étant desséchée au même point et à la même chaleur, donnent deux résultats qui n’ont de commun que la même source.
- Un autre moyen de perpétuer, d’étendre l’usage des pommes de terre, d’en tirer même parti lorsqu’elles valent peu de chose en substance, c’est d’en extraire la fécule, pourvu qu’elles ne soient ni cuites, ni séchées, ni altérées à un certain point. Le moment le plus favorable d’opérer cette extraction est toujours avant l’hiver. Une livre de ces racines en donne jusqu’à 3 onces; les rouges en fournissent plus que les blanches, et celles-ci plus que la même espèce récoltée dans les terres fortes et humides.
- Le moyen que M. Parmentier a mis en usage il y a cinquante ans, et auquel les expériences postérieures et modernes n’ont rien ajouté, c’est de diviser les pommes de terre à l’aide d’une râpe. Par ce moyen on rompt leur agrégation, on déchire les réseaux fibreux, on brise le tissu vasculaire pour forcer l’eau et la fécule qui s’y trouvent renfermées à s’en dégager. Au lieu de monter la râpe sur un châssis, comme on l’a fait jusqu’à présent, on pourrait en armer une meule et imiter en quelque sorte le moulin dont on se sert dans nos îles pour la préparation du manioc, ce qui abrégerait infiniment le travail; il convient d’y adapter un volant pour en régler le mouvement et en faciliter le jeu. Ce moulin expédie 43 boisseaux de pommes de terre, et deux ouvriers peuvent faire 120 livres de fécule, dont l’identité avec l’amidon a été établie par des expériences. Cette fécule, il est vrai, est la partie la plus essentiellement nutritive des pommes de terre; mais elle n’en représente que le cinquième en poids. On peut donc y conserver la matière fibreuse en renfermant la râpure de ces racines dans un sac de toile, et après l’avoir soumise à la presse. Le marc, restant divisé par petits pains exposés dans un lieu aéré, se sèche parfaitement, devient friable et très-propre à être employé dans les potages.
- Tous les procédés plus ou moins préconisés pour dessécher les pommes
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- de terre, n’avaient pour but que de les rendre plus propres à la faculté panaire ; on a pensé que, dans cet état sec, plus rapprochées de la farine, elles s’y confondraient mieux, deviendraient plus faciles à manier au pétrin, et plus susceptibles par conséquent d’absorber l’eau au four pendant la cuisson; mais la farine de pommes de terre, essayée de différentes manières dans la proportion d’un tiers ou d’un quart, rend même le pain de froment lourd, compacte, serré en bis, comme l’amidon le plus pur, la farine de riz la plus blanche. Or, puisque nous avons maintenant un mode de les employer cuites ou réduites en pulpe, sèches, et amenées à l’état de farine, à la préparation de la soupe aux légumes, concurremment avec la farine d’orge et des semences légumineuses, ne songeons plus qu’à augmenter leur culture pour suffire, une partie de l’année, à cette grande destination alimentaire si propre à suppléer le pain.
- Sans attendre même la saison où la pomme de terre menace de germer, on pourrait, dans celle où il est si facile de s’en approvisionner à bon compte, consacrer quelques quintaux au mode de dessiccation proposé, c’est-à-dire en faire de la farine; on mêlerait cette farine avec la fécule, la pulpe et un levain de froment; on en formerait une pâte qu’on traiterait absolument à l’instar du biscuit de mer, et ce «serait une ressource propre à remplacer les pommes de terre fraîches.
- Ce biscuit, conservé à l’abri des rats et de l’humidité , prend sur le feu, au moyen d’un peu de graisse, de sel et d’eau, la forme et le goût d’une panade très-propre à faire partie des substances qui entrent dans la composition des soupes aux légumes , et à donner à leur véhicule la consistance et le caractère désirés.
- Le rapporteur ajoute ensuite quelques réflexions sur la panification des pommes de terre dans leur état frais.
- Quoique depuis un demi-siècle, dit-il, je soumette chaque année les pommes de terre à tous les essais imaginables pour les transformer en pain, je n’ai pu jusqu’à présent y parvenir ; j’ai bien établi, pour les particuliers qui cuisent chez eux, la possibilité d’en préparer une douzaine de pains de 2 kilogrammes chaque, en mettant les racines bouillir dans l’eau, les réduisant sous la forme d’une pulpe et mélangeant cette pulpe toute chaude dans la proportion d’un tiers avec la farine de froment. Peu importe à ces particuliers l’embarras du procédé, la lenteur et les soins minutieux qu’il exige pour sou exécution ; le temps est à eux ; ils sont logés de manière à pouvoir conserver la provision de pommes de terre nécessaire au travail; ils ne chauffent le fuir qu’une seule fois la semaine, et ce jour-là tous les membres de la famille se réunissent pour concourir au succès de l’opéra-
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- tion ; l’un se charge de la cuisson des pommes de terre, l’autre de les éplucher et de les convertir en pulpe au moyen du rouleau; tandis que la servante opère le mélange de la farine qu’elle pétrit, et que la maîtresse de maison façonne la pâte et aide à l’enfournement. Ainsi un ménage composé de cinq à six individus pourrait, tout le temps que duré la pomme de terre, subsister d’un pain dans lequel ces racines entreraient pour un tiers, y trouver meme un bénéfice réel , en supposant toutefois que le chef a récolté les pommes de terre dont il se sert, ou qu’elles ne lui coûtent que 3 francs au plus le sac, composé de 12 boisseaux pesant 18 à 20 livres chaque, lorsque le grain est à son prix ordinaire.
- Alors il pourrait encore se dispenser de cuire la pomme de terre, l’employer crue en même proportion au moyen d’un moulin-râpe, mettre la ràpure avec la farine, d’où résulterait un pain bien levé, moins blanc que celui qui provient de la pulpe.
- Mais ce serait égarer le cultivateur économe que de lui laisser entrevoir l’espoir que, par l’un ou l’autre procédé, il gagne à-peu-près autant de subsistance qu’il a fait entrer de pommes de terre dans son pain. Les meilleures de ces racines ne contiennent qu’un tiers de leur poids de matière solide nourricière, comparable aux grains; le surplus n’est que de l’eau de végétation qui, dans la préparation de la pâte, remplit les fonctions de véhicule du pétrissage, et qui s’évapore en partie au four pendant la cuisson. Ces racines employées d’abord par tiers n’y existent donc que pour un quart au plus.
- Mais quand il est question de faire servir ce pain ainsi composé, pour diminuer la consommation et l’introduire dans le commerce de la boulangerie, afin d’augmenter la masse de la subsistance fondamentale, c’est alors que les obstacles se présentent et qu’une foule d’expériences entreprises sous ces différens points de vue pour les surmonter, ont convaincu le rapporteur qu’il fallait absolument renoncer à l’espoir de jamais en faire un objet de fabrique, et qu’on ne pouvait assimiler ce pain, pour la qualité et pour le prix, à aucune autre espèce de pain ; qu’enfin il était de toute impossibilité d’en préparer des fournées successives sans étendre, sans approprier le local à ce genre de travail, sans posséder un grand emplacement pour y tenir les pommes de terre en réserve, sans le concours d’ouvriers experts, sans doubler le nombre des chaudières, des pétrins, des fours, des fourneaux et des tours à pâte, pour n’obtenir encore, avec tout cet attirail d’ins-trumens et de main-d’œuvre, qu’un résultat médiocre et coûteux. En un mot, le procédé pour faire le pain de pommes de terre, mélangé avec deux tiers de farine, le seul économique, n’est praticable qu’en petit et par les parti-
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- culiers qui cuisent chez eux; mais il est impraticable en grand; et quand bien même on y parviendrait en simplifiant le procédé, il faudrait y renoncer, car en boulangerie toutes les manipulations marchent ensemble et se succèdent rapidement : or, si, pour exister de son état, le boulanger a besoin de cuire jusqu’à six fournées, qui demandent l’emploi de la moitié du jour, il ne viendra pas à bout d’en faire quatre avec les pommes de terre.
- AGRICULTURE.
- Rapport fait par M, Bosc? au nom du Comité d*Agriculture , sur la dessiccation des châtaignes.
- M. Alluaud aîné, propriétaire dans le département de la Haute-Vienne, a remis à M. lé préfet de ce département un mémoire dans lequel il blâme la méthode qu’on y suit pour la dessiccation des châtaignes ; il propose de la remplacer par le procédé, préférable selon lui, qui est usité en Toscane, et en outre d’établir des séchoirs banaux.
- S. Exc. le Ministre des manufactures et du commerce, en envoyant au Conseil le mémoire de M. Alluaydt demande lequel des deux procédés mérite la préférence.
- Le séchoir employé dans le département de la Haute-Vienne et autres environnans, même dans toute la France, est un bâtiment carré, isolé de l’habitation, dont la surface est d’environ 9 mètres et la hauteur de 4. À la moitié de cette hauteur se placent des solives qui supportent des claies, sur lesquelles on répand une couche de châtaignes de 16 centimètres d’épaisseur. Au-dessous on allume un feu modéré qu’on entretient ordinairement jour et nuit, et qu’on change souvent de place. La dessiccation de cette quantité de châtaignes, qu’on remue deux ou trois fois par jour, s’opère en vingt ou vingt-cinq jours.
- M. Alluaud reproche à ce séchoir, i°. d’être sujet à prendre feu; 20. de 11e pouvoir recevoir un degré de chaleur assez élevé et assez égal ; 3°. de donner inutilement lieu à une grande consommation de bois et de temps; 4°. de faire souvent contracter aux châtaignes une odeur d’empyreume fort désagréable. Il observe de plus que les châtaignes n’étant pas dépouillées de leur peau, cette peau ralentit leur dessiccation et occasionne une altération dans leur saveur.
- Cès reproches sont fondés, mais peuvent tous être atténués par l’effet des soins de ceux qui surveillent la dessiccation : aussi dans les Cévennes,
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- où ils sont plus rigoureux que clans le Limousin, se plaint-on rarement de l’accident du feu et de l’odeur d’empyreume des châtaignes sèches. Là on dépouille les châtaignes de leur peau le jour même qu’on les retire de dessus la claie, de sorte qu’elles n’offrent jamais cette couleur noire et cette saveur amère qui sont si communes dans celles du Limousin, où l’on n’ôte la peau qu’à mesure de la consommation.
- Les séchoirs que M. Alluaud propose de substituer à ceux de son pays sont ceux de Toscane. Ces derniers ne sont pas connus à votre Comité d’agriculture; mais notre collègue M. de Lasteyrie, qui les a vus, nous a assuré qu’ils ne différaient pas sensiblement des nôtres.
- Il ne suffit pas d’indiquer des moyens parfaits pour opérer la dessiccation des châtaignes ; on doit faire en sorte que ces moyens soient, sous les rapports de l’économie et de la facilité de l’exécution, à la portée de ceux qui s’en servent. Or, tous les habitans des montagnes qui se nourrissent de châtaignes sont extrêmement pauvres, habitent des hameaux, fort écartés les uns des autres, et qui ne peuvent souvent, à raison de l’abondance des neiges, communiquer pendant l’hiver. Ainsi la première de ces circonstances empêche qu’ils puissent construire des séchoirs très-coûteux, et la seconde s’oppose à ce qu’on leur en fasse construire de banaux, c’est-à-dire de communs à plusieurs hameaux, puisqu’ils ne pourraient pas en faire usage à l’époque la plus convenable. Forcer les habitans des pays de montagnes, qui n’ont que six mois d’été, d’interrompre leurs travaux agricoles après la récolte des châtaignes pour les porter à un séchoir commun , serait les empêcher de semer leurs seigles, de récolter leurs pommes de terre, leurs raves, etc. Ce n’est point pour l’hiver qu’on dessèche les châtaignes , c’est pour le printemps et l’été suivant : aussi les habitans des montagnes ne se pressent-ils pas de leur faire subir cette opération, puisque, lorsqu’elles sont complètement mûres, elles se conservent fort bien fraîches pendant trois à quatre mois. Il est vrai que celte complète maturité est rare, et qu’elles s’altèrent le plus souvent avec beaucoup de rapidité, comme on s’en aperçoit même à Paris, où l’on n’envoie cependant que des châtaignes choisies.
- J’ajouterai qu’enterrées à deux ou trois pieds dans un terrain sec, et stratifiées avec de la terre de bruyère (sans doute encore mieux avec du poussier de charbon), elles peuvent se conserver dix-huit mois bonnes à manger, si j’en juge d’après une expérience faite aux environs de Paris, climat moins favorable à ce fruit que celui des montagnes, à raison de sa plus haute température.
- Pour jouir des avantages d’un séchoir aussi parfait que possible ^ il fau-
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- drait, selon M. Alluaud, que les châtaignes fussent préalablement dépouillées de leur peau ; et comme cette opération est économiquement impossible, il propose de les diviser en trois ou quatre morceaux avec des coupoirs faits exprès.
- Votre Comité reconnaît que des châtaignes coupées se sécheraient bien plus promptement que des châtaignes entières; mais le résultat serait-il aussi bon, aussi susceptible de conservation que celui des châtaignes desséchées dans leur peau? C’est ce que l’opinion des habitans des montagnes et les observations de l’un de nous rendent plus que douteux. En effet, si l’action immédiate de la fumée altère toujours les châtaignes les plus légèrement entamées par accident, que ne produirait-elle pas sur celles qui lui présenteraient une ou deux larges surfaces?
- Il semblerait que la dessiccation au four devrait être préférable ; mais l’expérience a prouvé que les châtaignes qui y avaient passé étaient moins savoureuses et se cuisaient plus difficilement. Aussi nulle part que nous sachions ne l’opère-t-on par ce moyen, ni par celui des étuves, qui s’en rapproche beaucoup. Il semble que l’acide de la fumée ou un grand cou * rant d’air est nécessaire au succès de l’opération.
- De toutes les pratiques connues pour dessécher les châtaignes, celle des montagnes d’Espagne, observée par l’un de nous, est la plus conforme aux principes de la saine physique et la plus économique ; mais elle tire une partie de ses avantages de la manière de construire les maisons rurales dans ce pays.
- La principale pièce de l’habitation est surmontée d’une pyramide qua-drangulaire, le plus souvent équilatérale, dont le sommet tronqué donne issue à la fumée du feu qu’on place immédiatement au-dessous, c’est-à-dire au milieu de la pièce. Dans la hauteur de cette pyramide on établit trois étages de claies à 5 pieds environ de distance l’un de l’autre. Le premier sert à mettre les châtaignes fraîches, qui, lorsqu’elles sont à moitié desséchées, sont transportées sur le second, et ensuite sur le troisième, leur quantité étant calculée en conséquence. Le feu s’entretient nuit et jour, non pas seulement pour sécher les châtaignes, mais encore pour l’usage de la famille, qui n’en a pas d’autre. Comme il est peu considérable, qu’on le surveille, qu’on a soin de renouveler les claies avec les châtaignes, qu’on éloigne ces dernières à mesure qu’elles se dessèchent, parce que dans cet état elles sont plus faciles à enflammer, les incendies sont extrêmement rares. Par ce moyen, les habitans de l’Espagne peuvent sécher dans le même temps, et sans consommation particulière de bois, trois fois plus de châtaignes que ceux du Limousin.
- Votre
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- Votre Comité pense que, pour remplir les vues de M. Alluaud et les intentions du Ministre des manufactures et du commerce, il serait nécessaire que Son Excellence fît construire dans le Limousin un ou deux séchoirs dans le genre de ceux d’Espagne, pour y faire faire des expériences rigoureusement comparatives sur tous les moyens d’opérer le plus économiquement et le plus promptement la dessiccation des châtaignes, en leur conservant toute leur saveur. Notre collègue, M. Gay-Lussac, qui est en ce moment dans ce pays, pourrait être chargé, conjointement avec M. Alluaud, de prendre des mesures préparatoires, et d’indiquer la série de ces expériences; ce qu’ils peuvent faire beaucoup mieux que votre Comité.
- Un autre article du mémoire de M. Alluand est encore dans le cas de fixer l’attention du Conseil, c’est celui qui a rapport au dépouillement des châtaignes sèches.
- Dans les pays à châtaignes on enlève la première peau à celles qui sont desséchées, soit au moyen du fléau, d’un rouleau ou d’un pilon de bois, et la seconde en les agitant dans des sacs. Tous ces moyens ont des incon-véniens. M. Alluaud propose de leur substituer une caisse octogone, garnie intérieurement de rayons de bois placés en échiquier, à laquelle on donnerait un mouvement de rotation un peu rapide, après en avoir rempli la moitié de châtaignes.
- Quand on considère la forme sphérique de la châtaigne et l’épaisseur de sa première peau , il est permis de douter que ce moyen puisse atteindre le but sans le secours d’un manège; mais un manège est une machine coûteuse et par conséquent peu à la portée des habitans des pays à châtaignes. Cependant, comme votre Comité n’a aucune donnée à cet égard, il vous propose d’inviter S. Exc. le Ministre des manufactures et du commerce à faire faire des expériences à ce sujet.
- Relativement à la seconde peau, votre Comité ne doute pas que la machine indiquée par M. Alluaud ne soit préférable , pour l’enlever, au sac dont on fait usage; mais c’est toujours la dépense qui arrête, car la misère est si grande et si générale dans les pays à châtaignes, que la plus petite mise de fonds y est difficile.
- Signé Bosc, rapporteur.
- Adopté en séance, le 16 septembre 1812.
- Gg
- Onzième année. Septembre 1812.
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- Rapportfaitpar M. Silvestre, au nom duComitéd*agriculture, sur un mémoire de M. le baron Arthuy de Charnisai, relatif à l’amélioration de Vagriculture par la perfection des baux.
- Vous avez chargé votre Comité d’agriculture de vous rendre compte d’un mémoire qui vous a été adressé par M. le baron Arthuy de Charnisai, président de la Cour impériale d’Orléans, et qui a pour titre : Amélioration de Vagriculture par la perfection des baux.
- Ce mémoire a été déjà soumis à l’examen de la Société d’agriculture du département de la Seine, et il a mérité à son auteur une médaille d’encouragement avec le titre de correspondant de cette Société, qui lui ont été décernés à la séance publique du i5 juillet 1810.
- Ce travail ne vous est adressé par l’auteur que comme objet de rensei-gnemens; il déclare formellement que le prix qu’il a déjà reçu ne lui permettait pas d’en attendre un second, et qu’il ne vous en fait hommage que comme une preuve de son zèle à seconder vos vues pour les améliorations rurales.
- L’objet principal de son envoi était un mémoire pour concourir au prix proposé pour la plantation des noyers, et sans doute celui-ci a été renvoyé par vous à une Commission spéciale. Au reste, Messieurs, puisque vous avez désiré vous faire rendre compte de ce qu’était, le premier mémoire de M. Arthuy, je ne puis mieux vous faire connaître l’objet de ce travail et apprécier l’utilité des vues qu’il renferme, qu’en vous communiquant un extrait du rapport qui en a été fait à la séance publique de la Société d’agriculture, par notre collègue M. le comte François de Neufchâteau, au nom de la Commission chargée de l’examen des mémoires du concours pour un exposé historique des améliorations agricoles opérées en France depuis le milieu du siècle dernier.
- « Le mémoire de M. Arthuy, dit le rapporteur, contient les résultats d’une expérience de treize années dans trois communes et dans vingt-huit domaines, expérience consacrée à combattre les préjugés et à vaincre les obstacles qui éloignent le cultivateur de toute idée d’amélioration ;
- » A profiter des premières victoires de la persuasion pour transformer en obligation l’introduction des procédés nouveaux dont l’expérience a démontré l’utilité générale ;
- » A mettre à la portée des petites fortunes et de l’intelligence bornée des habitans de la campagne les idées libérales et nouvelles en agriculture qui peuvent lier leur intérêt personnel à la perfection de l’art le plus important pour la France.
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- ( «9 )
- » Persuadé qu’il dépend plus du propriétaire que du cultivateur de faire faire à l’art des progrès réels, M. Arthuj a cherché à découvrir quels sont, dans l’administration générale des biens ruraux, ceux des actes qui ont le plus d’influence sur leur prospérité.
- » Les baux à ferme et les baux partiaires lui ont paru être ces actes im-portans. Ils forment le pacte d’association entre le propriétaire et le cultivateur. lis établissent leurs droits et leurs rapports les plus intimes , et il dépend absolument de ces actes de laisser l’art au même point pendant des siècles, ou de lui faire faire des progrès sensibles en peu d’années.
- » Guidé par ces motifs, M. Arthuj a inséré dans des baux généraux ou partiaires des stipulations bien conçues, pour imposer à ses fermiers les obligations qu’ils auraient à remplir annuellement dans le cours d’un bail de neuf ans, et pour fixer la manière dont ils auraient à justifier de l’exécution de ces clauses , qui sont relatives :
- » A l’usage de conduire, tous les ans, dans leurs terres ou sur leur fumier une quantité déterminée de marne ou d’autres engrais naturels ;
- » A la nécessité de faire à neuf ou de curer tous les ans une quantité de fossés ou de clôtures également déterminée;
- » A l’engagement d’essayer d’abord et ensuite d’entretenir une certaine quantité de terres en fourrages artificiels, sainfoin, trèfle, luzerne ou vesce, suivant les convenances du sol ; fourrages dont le propriétaire a fait venir les premières graines ;
- » Au croisement successif des bêtes à laine de l’espèce commune, par des beliers d’une race supérieure, que fournit le propriétaire.
- » Des précautions si bien prises ont été maintenues avec persévérance. Les résultats avantageux que M. Arthuj en a tirés sont établis sur des pièces justificatives, qui prouvent qu’il a en effet introduit avec succès, par ses baux :
- » L’usage des engrais naturels;
- » Celui des réparations à ses héritages;
- » Celui de la culture des fourrages artificiels;
- » L’amélioration de la race indigène des brebis par leur croisement avec des beliers du Berri et des beliers mérinos.
- » M. Aî'thuj nous paraît avoir bien senti et bien démontré :
- » Que l’acte le plus important de l’agriculture, celui qui recule ou avance le plus puissamment les progrès de l’art de cultiver, est un bail soit à ferme, soit à partage de fruits;
- » Que jusqu’à ce moment la grande majorité des propriétaires n’a pas ass>ez apprécié l’influence de cet acte sur le sort de la propriété, du fermier et du simple laboureur;
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- « Que cel acte est l’arme la plus puissante que I on puisse opposer à la routine et aux préjugés.
- » On peut, comme M. Arthuy\e dit lui-même, apprécier celte puissance par la facilité qu’un bail bien fait présente, de doubler le volume et la qualité des engrais artificiels et d étendre cet avantage à toutes les localités, sans avances et sans sacrifices, par la certitude d’assurer par-tout l’abondance des récoltes , la tranquillité , l’aisance du laboureur et la valeur en produit et en capital d’un fonds de terre ; par le maintien du bon état de culture et de réparation des héritages qui sont soumis à une exploitation rurale; par l’assurance de suppléer à l’insuffisance des fourrages au moyen de l’introduction obligée des prairies artificielles ; par la progression avantageuse que peut imprimer à nos produits industriels le croisement des bêtes à laine indigènes avec la race d’Espagne; par l’influence que peut exercer sur ces améliorations la volonté puissante et libérale des administrations chargées du soin des propriétés du Souverain, des corps de l’État richement dotés, des dignitaires et des grands propriétaires; enfin par la comparaison du bien que peuvent opérer ces moyens puissans avec les avantages obtenus par un simple particulier aidé des seuls secours qu’offrent la persuasion et la persévérance. »
- Telles sont les dispositions principales du compte rendu à la Société d’agriculture de l’intéressant mémoire de M. Arthuy. Votre Comité n’a rien trouvé à ajouter; il se bornera à vous proposer de remercier l’auteur de vous avoir donné communication de son travail, et de l’inviter à continuer de vous faire part de ses utiles observations.
- Signé Silvestrj:, rapporteur,
- Adopté en séance, le 24 juin 1812.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née Vallat la Chapelle),
- rue de l’Eperon , n°. 7.
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- ONZIÈME ANNÉE. (N°. C.) OCTOBRE 1812.
- BU LLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- - - ... — —
- ARTS MÉCANIQUES.
- Description et usage d’une ligne traînante à détente, inventée
- par M. Gros si 11 aîné.
- M. de la Ghabeaussière, membre de la Société, a donné lecture, dans Pune des dernières séances du Conseil, d’une notice sur une ligne traînante à détente, de l’invention de M. Gressin aîné.
- Le mécanisme de cette ligne consiste dans une plancheite étroite qui porte, vers chacune de ses extrémités, un montant en bois; un ressort à boudin en fil de fer est fixé à l’un de ses montans, et à ce ressort sont attachés arec des ficelles un petit cône en bois, un anneau et un grelot.
- Un taquet de bois adapté à l’autre montant porte une passe en fil de fer, sur laquelle joue librement un fil de fer à deux boucles, dont l’une fait avec la passe les fonctions d’une charnière, et l’autre, placée un peu plus haut, sert à fixer la pointe du cône dont la base est appliquée contre le montant; par cette double contrainte on opère la tension du ressort.
- Le petit anueau de fer qui est attaché au ressort par une ficelle est destiné à recevoir le bout du fil de fer.
- La ligne est passée dans l’anneau au moyen d’une agrafe en fil de fer.
- Enfin un trou percé dans la partie postérieure de la planchette reçoit un piquet pour fixer la machine à volonté , soit sur le rivage au bord de l’eau , soit, au moyen d’üne corde, à un piquet, à une racine ou même à une grosse pierre.
- La ligne porte deux hameçons â des distances inégales d’une balle de plomb trouée qui fait plonger la partie de la ligne à laquelle sont attachées les hameçons; de cette manière, lorsque le poisson ne fait que tourner
- Onzième année. Octobre 1812, H h
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- autour de l’appât, la détente n’est pas dégagée ; mais aussitôt qu’il y mord et qu’il veut emporter sa proie il tire à lui la ligne et par conséquent l’anneau , qui, entraînant le Cl de fer, laisse échapper de la boucle la pointe du cône ; le ressort se détend aussitôt, et, par le mouvement rapide qu’il imprime à la ligne, il donne lieu à Ehameçon de pénétrer fortement dans les chairs de la bouche du poisson.
- Les efforts que fait le poisson ne peuvent rompre la ligne, parce que la mobilité du ressort qui fléchit et résiste tour-à-tour, et son mouvement de droite à gauche et de gauche à droite suffisent pour empêcher cette rupture; on peut comparer la molle résistance du ressort à l’effet du bras du pêcheur , auquel il supplée.
- Le grelot attaché près du ressort avertit du moment de la capture, et il continue de s’agiter comme le poisson : ainsi le pêcheur peut surveiller un certain nombre de ces petites machines (i), et n’a d’autre soin que de retirer la ligne et de tendre de nouveau ses pièges après avoir enlevé le poisson. M. de la Chabeaussiere assure avoir vu prendre, avec la petite mécanique dont la gravure est ci-jointe, des barbillons et des brèmes pesant 2. kilogrammes, ainsi que de très-grosses anguilles.
- La Société d’Encouragement a jugé que l’invention de M. Grossin était ingénieuse et utile, et elle a approuvé la demande faite par M. de la Chabeaussière de consigner dans le Bulletin, cette notice et la gravure de laligne à détente.
- Explication des Figures de la Flanche 91.
- Fig. 1. Plan delà machine,
- Fig. 2. Elévation de la machine en repos.
- Fig. 3. Elévation de la machine tendue.
- Fig. 4* Morceau de ligne avec son attache.
- Nota. La proportion des figures est au tiers de la grandeur naturelle.
- a Planchette.
- b Montant auquel est fixé le ressort.
- c Montant de devant.
- d Ressort h boudin.
- e Cône de bois avec sa ficelle.
- /Anneau de fer et sa ficelle.
- g Gre i ot.
- (1) M. Grossin aîné, ébéniste , demeure rue Belle-Chasse, N°. 6 , faubourg Saint-Germain 5 il vend ces machines depuis 2 francs jusqu’à 3 francs.
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- h Piquet pour fixer les machines en terre. i Extrémité supérieure de îa ligne avec son attache. k Trou percé dans la planchette pour passer le piquet ou une corde destinée à attacher la machine à une racine d’arbre ou à tout autre point fixe.
- ARTS CHIMIQUES.
- Addition à l’article de M. Guyton-Morveau 9 sur la manière
- de juger de la cuite des Sucres, inséré dans le Bulletin delà
- Société ? i\r°. XCVII* page 162, juillet 1812.
- Dans la courte note par laquelle j’ai cru devoir rappeler i’attention sur les avantages d’un instrument approprié à cet objet, je me suis borné à indiquer la description que j’en ai donnée dans le 1e1'. volume de la Chimie de Y Encyclopédie méthodique, où se trouvent développés les principes de sa construction ; mais on m’a fait observer que la phrase qui termine cette note, et dans laquelle je n’avais en vue que de faire sentir la né' cessité d’une échelle à plus grandes divisions que celles de l’aréomètre de Baumé, pouvait induire en erreur, et j’ai reconnu qu’il était important de retracer les vraies bases de la graduation du pèse-liqueur des sucres, ainsi que la correspondance exacte de son échelle avec celle de Baumé.
- Je profiterai de cette occasion pour répondre en même temps aux observations qui m’ont été adressées relativement à la difficulté de se servir d’un instrument d’aussi grandes dimensions, dans des chaudières où il ne reste le plus souvent, sur la fin de l’opération, que i5 à 16 centimètres (5 à 6 pouces) de liqueur. J’indiquerai le moyen de l’approprier à cette nouvelle destination, en conservant à ses divisions les mêmes valeurs, et assez d’étendue pour les juger commodément et sûrement, malgré la vivacité des bouillons.
- Le système de graduation de cet instrument est fondé, x°. sur ce que 75 parties en poids de sucre raffiné dissoutes dans 2.5 parties d’eau, à la température de io°i2. donnent le 25e. degré de son échelle ; 20. que, dans une dissolution de 88 parties du même sucre dans 12 parties d’eau, il ne s’enfonce plus qu’à un point qui fixe le 12e. degré : de sorte qu’on n’a plus qu’à prolonger la division jusqu’à zéro , qui se trouve ainsi très-près de la boule.
- Veut-on maintenant avoir la correspondance de cette échelle avec celle
- H h 2
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- de l’aréomètre des sels de Baume? I/expérience ayant fait connaître que le 37e. degré de ce dernier répondait au a5e. du pèse-liqueur des sucres, et le 33e. au 12e., ce qui donne le rapport de 12 à 4j on trouve, par un simple calcul, les valeurs correspondantes comme il suit :
- Pèse-liaueur des Sucres
- L
- Le 25e. degré répond.............au 33e de Varéomètre des sels.
- Le 12e. . . .....................au 37e.
- Le zéro .............. ..... à 4t>o53.
- D’où il suit que les 25 degrés du premier de ces instrumens sont représentés par 8.333 du second.
- C’est d’après ces principes que sont exécutés ceux que l’on trouve à Paris chez M. Dumotiez, fabricant d’instrümens de physique, rue du Jardinet, N° 2. Il a la facilité d’en faire la vérification sur l’étalon même dont j’ai parlé dans l’Encyclopédie, que j’ai mis à sa disposition , et qui lui a servi à préparer des liqueurs de différentes densités, qui lui donnent, jusqu’au zéro de l’échelle, plusieurs points de comparaison.
- Quant iila manière de réduire les dimensions de cet instrument sans en changer le système et sans en rendre le service moins commode, pour l’approprier à des chaudières moins profondes que celles qui étaient en usage pour le vesou dans les colonies, et dans les grandes raffineries pour les sucres bruts, il faut d’abord observer que la tige graduée peut être accourcie par le haut de dix et même de quinze divisions, puisque ce n’est que dans le bas que l'observation devient importante. Il suffira donc d’ajouter au lest le poids que l’instrument aura perdu par cette suppression. Je conseillerai seulement de laisser à cette tige la longueur de quinze divisions , ce qui ne peut avoir aucun inconvénient, et qui aura au contraire l’avantage d’assurer la graduation, de rendre l’instrument plus maniable, et de marquer de plus loin les progrès de la concentration.
- Ce n’est donc réellement que dans la partie inférieure que doit se porter la réduction, à raison de la petite quantité de liqueur qui reste après l’ébullition. On l’opérera facilement en supprimant la petite boule et la tige intermédiaire, et allongeant en poire la grosse boule pour placer plus bas le lest, et rendre parce moyen la position verticale plus fixe (1). Le 5e. degré sera alors mis à flot dans une liqueur de moins de 4 pouces de profondeur, et comme on peut le voir dans le Dictionnaire de Chimie de YEncyclopédie , le point qui annonce la densité la plus convenable à une bonne cristallisation se trouve communément entre le troisième et le quatrième degré.
- (,) Voyez planche 91 , jig. 5 , où cette nouvelle forme est représentée sur une échelle réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.
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- Description du Procédé employé par MM. Ittner et Kelier ? de Fribourg en Bris gau , pour la transmutation de P amidon
- de la pomme de terre en matière sucrée.
- M. ]e baron de Fahnenberg, membre de la Société, a adressé au Conseil, avec des notices sur différons objets d’industrie, la description du procédé employé par MM. Ittner et Kelier, de Fribourg, pour la conversion de l’amidon de la pomme de terre en matière sucrée; il y a joint plusieurs échantillons de sirop et de rhum de leur fabrique, et a annoncé que ces fabricans se proposent de préparer celte année 5oo quintaux de sucre d’amidon.
- Quoique nous ayons déjà parlé plusieurs fois de cet objet dans le Bulletin, nous croyons cependant devoir le rappeler à l’attention de nos lecteurs, parce que nous sommes persuadés que toute découverte qui tend à diminuer la consommation des denrées coloniales et à profiter des matières indigènes , mérite d’ètre accueillie avec intérêt. D’ailleurs nous n’avons donné, dans le Bulletin du mois de juin dernier, N°. XCV I, qu’une simple indication du procédé de MM. Ittner et Kelier, et il nous paraît utile d’en consigner ici les détails.
- Le procédé de Kirchhof consiste à faire bouillir, pendant trente-six heures, 100 parties d’amidon mêlées avec 4-00 parties d’eau et une partie d’acide sulfurique, à enlever l’excès d’acide par la craie, à traiter le mélange avec io parties de charbon pulvérisé, à le filtrer, à le concentrer à la consistance d’un sirop épais et à l’abandonner ensuite à la cristallisation. M. Schrader, chimiste de Berlin , a répété ce procédé. Il a trouvé qu’en augmentant la proportion d’acide sulfurique on pouvait abréger le temps de l’ébullition, de manière qu’en employant 5 parties de cet acide il ne fallait que neuf heures d’ébullition, au lieu de douze avec deux parties, etc. Cependant comme l’amidon se convertit d’abord en gomme avant de passer à l’état de matière sucrée, il faut le laisser bouillir plus long-temps.
- Schrader a obtenu de 100 parties d'amidon 96 à 96 parties de sirop ou 80 parties de sucre. Il confirme au surplus l’observation de Kirchhof, que deux parties de ce sucre équivalent à peine à une partie de sucre de caDne.
- Vo ici le procédé de MM. Ittner et Kelier.
- L’amidon doit être préparé avec soin et bien lavé, afin d’en séparer la matière glutineuse, sans quoi le goût du sucre n’est pas franc et sa couleur est foncée 3 celui qu’on retire de la pomme de terre mérite à tous égards la préférence, parce que cette racine ne contient point de gluten.
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- Cent parties d’amidon pur délayées à consistance de bouillie dans 200 parties d’eau sont mises dans une chaudière de cuivre bien étamée, dans laquelle on aura fait chauffer jusqu’à l’ébullition 4 parties d’acide sulfurique concentré, étendu de 200 parties d’eau. Il est nécessaire que l’étamage de la chaudière soit composé d’étain fin et non d’étain commun, qui contient ordinairement y de plomb, et qui est susceptible d’être altéré par l’acide.
- Aussitôt que la masse est jetée dans la chaudière elle prend la consistance delà colle, et pour éviter qu’elle ne s’attache et ne brûle, on la remue continuellement avec une spatule de bois. Si cet accident arrivait, on devra recommencer l’opération. L’ébullition étant continuée en agitant toujours, on remarque que la masse se liquéfie peu-à-peu 5 au bout d’une heure,elle est aussi claire quede l’eau, et l’amidon a disparu.Ce phénomène arrive après une demi-heure d’ébullition en employant l’amidon de pomme de terre.
- Le liquide qu’on devra agiter de temps en temps restera à bouillir pendant douze à quinze heures ; on y ajoute de nouvelle eau pour remplacer celle qui s’est évaporée, afin d’éviter que le mélange ne brûle, ou que l’acide, en prenant un degré déconcentration trop fort, ne dissolve le métal. Il n’est pas nécessaire déterminer l’opération le même jour; on peut la suspendre à volonté et la continuer le lendemain ou le surlendemain j mais dans ce cas il faut avoir l’attention de ne pas laisser séjourner la liqueur dans la chaudière.
- Après que le mélange a bouilli pendant quinze heures, on en sépare l’acide sulfurique au moyen de la craie en poudre, qu’on ajoute par petites portions, afin d’éviter le boursouflement de la matière et la trop grande abondance des écumes ; 6 parties de craie en poudre suffisent pour saturer 4 parties d’acide sulfurique j cet acide se combine avec la chauxpour former du sulfate de chaux, qui reste insoluble dans le mélange.
- On procède ensuite à la clarification du liquide, pour laquelle on emploie 10 parties de charbon végétal pulvérisé qu’on laisse bouillir avec la matière pendant quelques minutes. Le charbon animal est préférable ; il n’eu faut que 8 parties.
- Cette opération étant achevée on retire la chaudière de dessus le feu, et on passe la liqueur à travers un filtre de laine ; celle qui s’écoule d’abord étant trouble, on la porte de nouveau sur le filtre. Le résidu de charbon et de sulfate de chaux est lavé avec de l’eau chaude et soumis à l’action de la presse-, la liqueur qui en résulte est filtrée à part.
- Si l’opération a été bien dirigée la liqueur se trouvera alors être parfaitement claire j elle a un goût douceâtre et une couleur de vin blanc. On
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- la fait bouillir de nouveau dans une chaudière de cuivre, et lorsqu’elle est réduite au tiers on la verse dans un vase de terre pour la laisser reposer pendant vingt-quatre heures; ensuite on la décante et ou la fait bouillir jusqu’à consistance de sirop; on reconnaît la bonne cuite de ce sirop lors-qu’en en prenant une goutte entre les doigts elle laisse un petit filet après les avoir séparés. Dans cet état, il a une pesanteur spécifique de i,5oo, c’est-à-dire qu’un verre contenant une once d’eau peut recevoir une once et demie de sirop.
- Ce sirop, après le refroidissement, a la couleur et la consistance d’un miel clair; il est doux avec un goût de caramel. Après cinq à six jours, il se convertit presque entièrement en une masse concrète de sucre jaunâtre qu’on peut employer avec avantage dans l’économie domestique. Ce sucre ne cristallise pas comme celui de canne ; sa forme est globuleuse ; il en faut une quantité double.
- MM. litner et Keller, après l’avoir fait dissoudre dans l’eau, l’ont traité de nouveau par le charbon pulvérisé et l’ont soumis au raffinage : par ce procédé il devient sensiblement plus blanc , acquiert plus de douceur, et perd son goût de caramel. En le faisant cristalliser une troisième fois, il devient parfaitement blanc.
- Cent parties d’amidon de froment donnent 80 à 85 parties de sucre ou go de sirop j on obtient les mêmes proportions d’une pareille quantité d’amidon de pomme de terre ; ce dernier est cependant moins cher et produit un sirop plus doux.
- Le prix moyen d’un quintal d’amidon de pomme de terre est de 27 à 34 francsj les frais en acide sulfurique, craie et combustible, peuvent aussi être portés à 54 francs. D’après ce calcul, la livre de sucre d’amidon coûtera tout au plus 75 centimes.
- On pourrait objecter que la grande consommation de l’amidou entraînerait une hausse considérable dans le prix du blé ; mais comme l’amidon de pomme de terre est préférable , cette crainte est illusoire, car il ne s’agirait que de multiplier cette précieuse racine , qui se plaît dans tous les sols.
- Afin de mettre le procédé que nous venons de décrire à la portée de ceux qui désirent en avoir une connaissance exacte, M. Keller a ouvert à Fribourg un cours pratique et gratuit de fabrication de sucre d’amidon.
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Extrait d’une Notice sur le Chauffage avec la Nouille; par
- M. de la Chabeaussière (1).
- On reproche à îa houille de répandre une odeur désagréable dans les appartenons, et de déposer sur les meubles une poussière noire très-ténue; on a prétendu que ces inconvéniens suffisaient pour faire rejeter ce combustible , quoiqu’on soit convaincu de la grande économie de son emploi. On n’a pas fait attention sans doute que ces effets étaient dus à la manière vicieuse dont on dispose la houille sur la grille.
- Pour bien dresser un feu de houille il est indispensable de placer d’abord sur le fond de la grille quelques menus bois de branchage, des copeaux, etc., qu'on charge, à la hauteur de 2 à 3 pouces , de morceaux de houille , sans trop les presser, afin que l’air et la flamme puissent circuler librement entre eux, ensuite on allume le menu bois; bientôt la flamme embrase la houille, et lorsqu’elle est en incandescence on achève de charger la grille.
- On place devant la cheminée, à partir du haut delà grille, une plaque de tôle garnie d’un crochet qui s’engage dans un piton scellé dans la partie supérieure de la cheminée. Lorsque toute la masse est en feu , on enlève cette plaque, afin que la chaleur se répande dans l’appartement, et que le courant d’air moins actif n’accélère pas trop la combustion.
- Le feu étant ainsi disposé, il suffira de jeter une seule fois dans la journée un peu de houille sur celle déjà enflammée , pour alimenter le foyer pen-*-dant douze à quatorze heures.
- Il n’est que trop ordinaire qu’on charge la grille tout d’un coup et avec une pelle, et qu’on se serve indifféremment de houille grosse et menue. Le vice de cette méthode est sensible; la flamme étant comprimée et ne trouvant pas d’issue parle haut de la grille , est refoulée dans l’appartement et entraîne avec elle de la fumée et une poussière noire très-fine qui couvre les meubles et pénètre jusque dans les armoires, suivant qu’elle y est déterminée par le courant d’air.
- Quelques personnes croient favoriser la combustion en fourgonnant le feu; mais cette opération, en divisant et brisant la houille, la fait tomber dans les interstices de la grille, qui s’obstruent, ralentit la combustion, intercepte le passage de l’air , et occasionne le refoulement de !a flamme et de la fumée.
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- V; Cette notice a été lue dans la séance du i4 octobre 1812=
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- En général il ne faut presque jamais toucher h un feu de houille , à moins que celle-ci 11e s’agglutine trop et forme une voûte au haut de la grille , qu’on soulève alors légèrement et qu’on brise à l’aide d’un instrument de fer nommé tisonnier.
- On reproche encore à la houille de donner un feu sombre et de brûler sans flamme; cependant, lorsqu’elle est bien embrasée, elle donne une flamme assez brillante, qu’on peut augmenter , si on le désire, en jetant sur la grille quelques morceaux de bois.
- Il résulte une économie considérable du chauffage avec la houille, puisque avec 25 kilogrammes de houille on peut alimenter le feu depuis huit heures du matin jusqu’à dix heures du soir, tandis qu’un semblable feu fait avec du bois exige , pendant le meme temps, 37 à 38 kilogrammes de ce combustible. Les a5 kilogrammes de charbon de terre, formant un tiers d’hectolitre environ, coûtent, à Paris, 1 franc a5 centimes, au lieu que les 3^ kilogrammes de bois coûteraient 3 francs : c’est doue une économie de 58 pour 100 environ.
- L’intensité de la chaleur produite par la houille est telle que, dans deux apparlemens, i’un chauffé avec le bois, l’autre avec la houille, le thermomètre de Réaumur est monté à 10 degrés dans le premier , tandis qu’il a marqué 14 degrés dans le second, toutes circonstances égales d’ailleurs.
- Le prix élevé des grilles et des poêles qu’on surcharge d’ornemens inutiles est un obstacle pour le particulier économe à l’adoption du chauffage avec la houille ; mais on peut construire à peu de frais une grille à charbon dans une cheminée déjà existante, et faire servir les poêles ordinaires à recevoir la houille, eu y faisant quelques légers changemens.
- Pour cet effet, M. delà Chabeaussière conseille de prendre onze barres de fer de 18 millimètres (8 lignes) en carré, et de 4^5 millimètres (16 pouces) de longueur, qu’on fait sceller de 55 millimètres (2 pouces) de chaque bout dans le mur de brique qu’on élève parallèlement aux côtés de la cheminée; Je poids de ces onze barres est de 18 à 20 kilogrammes.
- On place six de ces barres parallèlement à 18 millimètres ( 8 lignes) les unes des autres pour former le fond de la grille, et à 216 millimètres (8 pouces) environ au-dessus de l’âtre; on en dispose cinq autres les unes sur les autres au-dessus de la première, eu laissant un intervalle de 8 lignes entre chacune d’elles et en les posant sur la vive arrête. Ensuite on élève les murs de brique à la hauteur du manteau de la cheminée.
- 11 résulte de cette disposition un parallélogramme de 325 millimètres ' 1 2 pouces) de longueur, sur 216 millimètres (8 pouces) de hauteur, et 180 millimètres (6 pouces 8 lignes) de profondeur, élevé de 8 pouces
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- au-dessus du sol. Celle grille, dont on peut varier les formes, est susceptible de recevoir s5 kilogrammes de houille, suffîsans pour chauffer un appartement de 16 pieds en carré pendant douze à quatorze heures. Pour plus d’économie on peut en réduire les dimensions d’un tiers.
- On peut pratiquer dans les murs de revêtement des ouvertures ou petits fours carrés, qu’on séparera du foyer de la grille par une épaisseur de briques seulement; ils peuvent servir à divers usages.
- Comme on n’a pris qu’une partie du renfoncement de la cheminée pour cette construction, on rejoindra le devant par un revêtement en briques , disposé angulairement comme dans les cheminées à la Rumford. On fera sceller dans la partie supérieure de la cheminée un piton destiné à recevoir le crochet de la plaque de tôle mentionnée plus haut, et dont les dimensions doivent être égales à celles de la grille ; cette plaque s’appuie sur le premier barreau de la grille.
- On peut faire servir les poêles au même usage; mais dans ce cas il faut y ajouter un gril à pieds , qui s’élève jusqu’au niveau de la porte du poêle. Au-dessus de ce gril on pratique une seconde porte, par laquelle on introduit la houille, qui doit être arrangée avec les mêmes précautions que dans les grilles des cheminées ; quand le combustible est embrasé on ferme cette porte. La naissance du tuyau conducteur de la fumée devra être au-dessus du gril.
- La houille des cheminées et des poêles n’est en combustion qu’au bout d’une heure, mais on n’a plus besoin d’y loucher du reste de la journée.
- On adapte à l’un des barreaux de la grille de la cheminée un crochet ayant la forme du chiffre 2 , sur lequel on place une rondelle de fer destinée à supporter des pots , cafetières, etc., devant le feu; mais comme l’activité de ce feu est telle quhl a bientôt calciné les pots de terre > M. de la Chabeaussière conseille d’employer des vases de métal.
- Un avantage précieux dans l’emploi de la houille c’est de garantir de toute crainte d’incendie, parce que la suie qu'elle produit et qui est plus dépouillée de parties inflammables que celle du bois ne s’attache guère aux parois des cheminées, ou parce qu’elle retombe sans prendre feu lorsqu’elle esttrop amoncelée : ainsi on n’a pas besoin de ramoner aussi souvent les cheminées. Les cendres de houille ne contenant point de carbonate de potasse ne peuvent pas servir aux lessives comme celles de bois; on les emploie quelquefois pour fumer les terres.
- On connaît deux espèces de houille ; la hou ille grasse et la houille sèche , qui s’enflamment plus ou moins facilement ; mais celle connue sous le nom d’anthracite ne brûle point. Pour en rendre l’usage plus commode, l’auteur
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- conseille d’en faire des boules qui ont l’avantage de coûter moins de façon que les briquettes* mais qu’on doit briser en deux ou trois morceaux pour qu’elles s’enflamment plus facilement.
- Pour faire des boules ou briquettes* on mêle de la houille menue avec de la terre argileuse dans la proportion de 15 kilogrammes d’argile pour 8okilogrammes de houille; on y ajoute 20 kilogrammes d’eau* et on opère le mélange avec les pieds et les mains; on en forme ensuite des boules de 4 à 6 pouces de diamètre ; un enfant peut en faire par jour deux cent cinquante* qui suffisent pour alimenter pendant huit à dix jours une grille des dimensions ci-dessus indiquées.
- il importe peu que ces boules soient sèches quand on met le feu, car l’ardeur de ce feu a bientôt fait évaporer l’humidité qu’elles contiennent ; il en résulte le même effet qu’on remarque sur le foyer des forgerons qui* en humectant leur feu* en concentrent la force. Ces boules produisent aussi un très-bon effet dans les poêles.
- Malgré les frais de fabrication des boules* on trouvera qu’il y a encore plus d’économie à s’en servir que de la houille pure, et qu’elles présentent autant d’avantages sous le rapport de l’intensité de la chaleur. Un enfant, en moins d’un mois* peut préparer la provision de six mois, et il est peu de localités où l’on ne trouve l’argile propre à la fabrication.
- Le grand avantage de dépenser moins et de conserver le bois* si utile d’ailleurs aux constructions* aux usines et à la marine* mérite bien qu’on s’occupe sérieusement de consommer de la houille; ce serait même un moyen de tirer un bon parti du produit de nombre de houillères * où la houille menue* et sur-tout celle qui ne s’agglutine pas au feu* est regardée comme peu utile.
- Description des Fours à chaux coulans établis à Rüders-dorf en Prusse / par M. Héron de Villefosse , inspecteur divisionnaire des Mines.
- En 1807* d existait auprès des carrières de Rüdersdorf* entre Berlin et Francfort sur l’Gder, trois fours à chaux ;le premier (voy.jig, ire. *P/. 92) à trois chauffes, donnant par vingî-quatre heures 20 à 25 tonnes de chaux* chacune de 7 pieds cubes du Rhin, c’est-à-dire 140 à 175 pieds cubes (1).
- (3) Le pied de France a 32') millimètres, celui du Rhin a 3i3 millimètres; le pied de France a donc 12 millimèîies de plus que celui du Rhin. Le pied cube de France est de O5O34 millimètres cubes , et ie pieu du Rhin de o,o3i millimètres cubes.
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- Le second (/%•. 2) à quatre chauffes donne dans le même temps de 25 à 3o tonnes de chaux, c’est-à dire 175 à 210 pieds cubes.
- Le troisième (fig. 3) à cinq chauffes donne de 40 à 5o tonnes de chaux , c’est-à-dire de 280 à 35o pieds cubes en vingt-quatre heures. Dans la coupe verticale et dans le plan inférieur de ce four , a a indique les pierres réfractaires qui forment la voûte intérieure; b b une chemise de cendres; c c les chauffes; dd les issues de la chaux.
- Dans les temps ordinaires on peut faire jusqu’à 21,000 tonnes de chaux par an, à l’aide de ces trois fours ; mais en 1807 , vu les circonstances de la guerre, on ne put maintenir eu activité que le four à trois chauffes, faute de débit.
- La tonne de chaux se vendait alors, comme par le passé, aux prix ci-dessous.
- Pour les particuliers de Berlin 1 rthlr. 3 gros 6 pf. (le rthlr. de 34 gros valait 3 francs 75 centimes);
- Pour les distributeurs dans les provinces, 1 rthlr. 1 gr.
- Pour les bâtimens publics dans la Marche électorale, 17 gros 2 pf.;
- Pour l’établissement de Rüdersdorf, 16 gr.
- A des acheteurs privilégiés par le Gouvernement, 7 gr. 6 pf.
- Quand l’établissement est en pleine activité il emploie trois cents ouvriers, tant pour les carrières que pour les fours à chaux , et le chargement sur un canal souterrain, d’où les produits sont expédiés au loin.
- Le prix de la pierre à chaux est aussi variable que celui de la chaux; mais le plus ordinairement on vend la pierre à chaux par prahrn de 3oo pieds cubes, et une prahrn coûte 7 rthlr. 3 gr. 6 pf. pour les étrangers.
- La prahrn vaut 6 rthlr. iG gr. 6 pf. pour les Prussiens dans le pays même;
- Idem . . . 3 . . . 14 . . 9 . pour Berlin et Potsdam.
- Idem . . . 5 . . . 1 . . 1 . pourle roi et pourlesbâlimens publics.
- Les combustibles qu’on emploie sont la tourbe et le bois. Les quantités que l’on dépense de l’un ou de l’autre combustible varient suivant les circonstances; la note suivante donnera une idée des proportions dans lesquelles on les mêle ensemble.
- i°. 100 haufen de bois chacun de la capacité de 4 klafter et 4 (le klafler variant de 110 à 125 pieds cubes selon les endroits d’où il provient); un tel klafter coûte de 18 à 2.0 rthlr;
- 20. 400 haufen ou tas de tourbe , et on en attendait 3oo autres; un tel haufen , rendu sur les lieux , revient à 9 rthlr. 4 pf.
- Dans les temps ordinaires l’établissement de Rüdersdorf fournil annuellement (extrait du budget de 18.6) :
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- Pierre à chaux. . • . .............8o5i prahm,
- Chaux vive . .................... . 22,790 tonneaux.
- Valeur totale ou recette........... 83,362 rtlilr.
- La dépense totale.................. 58,579 (d’après les registres}.
- Produit net........................23,783 rthlr; savoir,
- Pour la pierre à chaux, 10,000; pour la chaux, i3,783. Cette somme étoit versée annuellement à la caisse générale des mines par l’établissement de Riidersdorf, en 1806, et depuis assez long-temps; mais il n’en fut pas ainsi pendant la guerre.
- Je vais joindre ici une note relative à un four à chaux, situé près de Valenciennes, lequel donne son nom à lamine de Chauf'our ;\\ est construit comme ceux de Tournay.
- Ce four donne en vingt-quatre heures 100 hectolitres de chaux.
- Il consomme de 20 à 25 hectolitres de houille.
- La chaux se vend 75 centimes l’hectolitre, et la cendrée moitié moins.
- Un massif de 4°° pieds cubes de la marne des terrains morts qui recouvrent la houille ( c’est-à-dire de 14 mètres cubes) donne de 55 à 60 hectolitres de chaux, environ 6 mètres cubes , ou 164 pieds cubes.
- Quoique la pierre calcaire de Tournay diffère de celle de Valenciennes, la consommation du combustible est la même dans les deux endroits pour une même quantité de chaux.
- Rapport fait par M. Gillet-Laumont, au nom du Comité des
- arts économiques, sur une lampe à niveau intermittent ,
- inventée par M. Gotten.
- M. Gotten (1) a présenté à la Société d’Encouragement une lampe à double courant d’air et à niveau d’huile intermittent, dont le réservoir est supérieur à la mèche.
- L’auteur annonce que cette lampe , propre à être mise sur un pied, présente trois perfectionnemens :
- i°. Que la gaze dont 011 l’enveloppe à volonté n’est point exposée à être brûlée comme dans les autres lampes;
- 20. Qu’elle ne répand pas d’ombre sur l’horizon qu’elle éclaire ;
- 3°. Qu’elle offre le moyen de pouvoir hausser ou baisser le niveau de l’huile suivant la qualité de celle que l’on emploie.
- (1) Fabricant de lampes , rue Trousse-Vache , JN°. 6 } à Paris.
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- Nous avons déjà annoncé dans le Bulletin de la Société , N°. LXXXÏI, combien les dispositions les plus avantageuses à donner aux diffère ns élé-mens qui composent les lampes étaient difficiles à trouver et à conserver pour obtenir, sous le rapport de la lumière, une longue durée et une beauté constante ; nous avons fait remarquer que, quand le gaz huileux est en plus et le renouvellement de l’air est en moins , la lampefume ; et lorsque le gaz huileux est en moins et l’air en plus, la mèche se charbonne (i). L’a rtiste est donc toujours à cet égard entre deux écueils qu’il doit éviter, ind épen-damment des autres conditions à remplir pour satisfaire aux services variés que l’on exige de ses lampes, et des soins à prendre pour ne pas anticiper sur les droits de ceux qui ont obtenu des brevets d’invention ou de perfectionnement ; aussi, souvent beaucoup de lampes élégamment décorées ne répondent-elles pas à l’attente du consommateur.
- La lampe de M. Gotten est d’une forme très-agréable et d’un service facile : d’après quelques expériences comparatives, elle nous a paru donner autant de lumière que onze à douze bougies des cinq à la livre ; mais nous sommes obligés de convenir que ces expériences sont loin d’être comparatives ; la qualité des cires et du coton , la grosseur des mèches peuvent y apporter beaucoup de variations, et nous n’avons pas malheureusement de terme de comparaison constant auquel on puisse avoir recours pour déterminer à volonté l’intensité de la lumière.
- A l’égard de la permanence et de la beauté de la flamme, la lampe de M. Gotten ne peut être comparée aux lampes à niveau d’huile constant, et sur-tout à celle à rouage de Carcel, qui donne une belle lumière pendant dix à douze heures sans avoir besoin d’y toucher; mais elle en donne une comparable aux lampes à réservoir supérieur à la flamme et à niveau intermittent les mieux construites , lesquelles ont besoin d’un changement dans la hauteur de la mèche environ tous les quatre à cinq heures; la lampe de M. Gotten n’en a exigé que deux à trois en douze heures.
- Nous n’entrerons point dans d’autres détails relatifs à cette lampe; nous nous contenterons d’examiner les trois perfectionnemens annoncés par cet artiste.
- i°. Il est vrai que la gaze que l’on pose sur le réservoir d’huile est, à raison de sa large ouverture, beaucoup moins exposée à être brûlée que dans les autres lampes, où elle est presque en contact avec la cheminée ;
- (i) Voyez , ]NÜ. LXXX11 du Bulletin , avril 1811 , la note au bas des pages 91 et 92 , d’après un rapport très-instructif fait à l’Institut, le 22 janvier 1810 , par MM. Guyton, Carnot, Burcardt et Charles, rapporteur.
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- mais cette disposition, due au réservoir en métal qui enveloppe la cheminée et supporte la gaze, a l’inconvénient d’exposer l’huile à acquérir de la chaleur; peut-être pourrait-on y remédier en partie en donnant an réservoir une ouverture centrale plus grande, ou en le formant de cristal qui laisserait passer de la lumière, permettrait d’y observer le renouvellement de la bulle d’air , et serait un bien moins bon conducteur de calorique.
- 2°. Cette lampe ne donne réellement qu’une ombre à peine sensible sur l’horizon qu’elle éclaire, même à une distance assez petite de la flamme : cet effet est produit par le peu de grosseur des deux tuyaux ou colonnes qui soutiennent le réservoir et par leur rapprochement de la mèche; leur diamètre portant ombre n’est que de 10 millimètres, tandis que celui de la mèche est du double : d’où il suit que la flamme, qui est encore plus large, dépasse de chaque côté les petites colonnes montantes, et projette des rayons lumineux, qui se croisent et anuullent presque la totalité de l’ombre produite par les colonnes (1).
- 5°. Relativement à la facilité de pouvoir hausser ou baisser le niveau de l’huile à volonté, cet effet est produit par une vis à tête plate et moiletée servant de chapiteau à l’une des petites colonnes, qu’il suffit de tourner pour faire monter ou descendre le réservoir et en même temps hausser ou baisser le niveau de l’huile dans la lampe.
- Celte propriété pourrait présenter un avçptage réel, dans le cas, par exemple, où l’on aurait une lampe réglée à Paris pour de l’huile épurée , qui s’y élèverait à 4 à 5 millimètres de la flamme , qui est la distance ordinaire, si l’on transporte cette lampe dans un lieu où il n’y ait pas d'huile épurée (2), le gaz huileux sera en moins relativement à Yair et la mèche se charbonnera très-promptement; 011 se plaindra du lampiste lorsqu’on devrait se plaindre de la qualité de l’huile; mais on n’aura pas de moyen d'y remédier. Avec la lampe de M. Gotten, il suffira de faire faire quelques tours à la vis formant chapiteau, pour élever un peu le réservoir et faire remonter l’huile plus près de la mèche, qui ne se charbonnera plus aussi promptement.
- il nous paraît, d’après cet exposé, que les deux derniers perfection-
- (1) On pourrait peut-être les tenir encore plus petites, plus plates, ou même les faire en Terre ; M. Gotten doit l’essayer.
- (2) D’après une note que M. d’Arc et a bien voulu nous donner , il est facile de s’assurer si l’huile est épurée ou non : pour cela il suffit de mettre de l’huile dans une bouteille avec
- d’acide sulfurique et de l’agiter pendant une heure environ, puis d’y mêler de l’eau et de îa laisser reposer: si l’huile a été épurée, il se formera un dépôt blanc : si elle ne l’a pas* té , le dépôt sera noir.
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- ne mens dont nous venons de rendre compte pour les lampes à réservoir d’huile supérieur à la mèche et à niveau intermittent, ont été remplis d'une manière simple et satisfaisante par M. Gotten. En conséquence nous avons l’honneur de proposer à la Société de les faire annoncer dans son Bulletin comme une marque de sa satisfaction.
- Signé Gillet de Laumont , rapporteur.
- Adopté en Séance , le 14 octobre 1812,
- Note sur l’emploi du Charbon dans la fabrication du Sucre
- de Betterave.
- M. Ch. Derosne, membre de la Société, a lu dans la séance du 5o septembre dernier un mémoire sur l’emploi du charbon dans la fabrication du sucre de betterave. Dans ce mémoire , il annonce qu’il avait primitivement adopté le procédé de clarification par la chaux, qui consiste à employer la chaux en excès, et à enlever ensuite cet excès au moyen de l’acide sulfurique ; mais qu’ayant depuis fait usage du procédé de M. Achard, il lui avait donné la préférence , parce qu’il trouvait que les sirops préparés avec la chaux en excès, quoique saturés par l’acide sulfurique, étaient plus colorés et avaient une saveur particulière désagréable, dont une grande partie était retenue par les sucres bruts qu’on en obtenait.
- Étant depuis parvenu à faire disparaître ces inconvéniens , M. Ch. De-rosne a cru devoir reprendre le procédé par la chaux , avec d’autant plus de raison, qu’il assure que les moyens dont il se sert présentent des avantages importans.
- Il n’adopte cependant pas exclusivement ce procédé, l’expérience lui avant démontré qu’il était tantôt supérieur, tantôt inférieur à celui de M. Achard, suivant la qualité du suc de betterave employé. Ce dernier ne réussit pas aussi bien sur les betteraves cultivées aux environs de Paris qui sont généralement très- fum des. Il a obtenu un effet contraire des betteraves qu’il cultive lui-même à vingt lieues de la capitale. C’est donc au fabricant à choisir l’un ou l’autre de ces procédés (qui tous deux peuvent encore être modifiés) suivant qu’on en aura obtenu un plus ou moins bon résultat.
- Le nouveau moyen indiqué par M. Derosne présente les mêmes avantages; il pense cependant que celui par la chaux en premier sera plus généralement préféré, parce qu’il est réellement un peu plus économique. L’agent employé par M. Derosne est le charbon en poudre , dont
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- jusqu’à présent l’emploi n’avait été conseillé que pour enlever une partie delà couleur du suc ou du sirop de betterave. D’après des essais répétés et qui confirment ceux faits en petit par M. Magnes , de Toulouse, sur des sirops mis à cristalliser dans une étuve, M. JDerosne croit pouvoir assurer que le charbon employé en grande quantité non-seulement décolore, mais modifie singulièrement l’odeur et la saveur, sépare du sirop à i5degrés beaucoup de substances salines terreuses, qui, sans son emploi, seraient restées en dissolution, et se seraient précipitées à un plus haut degré de concentration. Une circonstance que M. Derosne regarde comme la plus importante et sur laquelle il insiste plus particulièrement, c’est que le charbon facilite ou détermine la séparation de matières qu’il ne croit pas pouvoir bien spécifier, mais dont il a reconnu que la présence dans le sirop évaporé à une haute température, hâte singulièrement la décomposition de ce dernier. Il résulte d’essais comparatifs faits avec des sirops préparés par le charbon et avec d’autres sans charbon, que les premiers ont subi sans se décomposer l’action continuée d’une température qui a été portée jusqu’à 92, degrés du thermomètre de Réaumur, ont donné un bouillon, d’une excellente qualité, dont les bulles, grosses et bien détachées, produisaient par leur émission un bruit sec bien connu des raffineurs, et qui leur sert à reconnaître la bonne qualité des matières brutes sur lesquelles ils opèrent, et n’ont point exigé l’addition de beurre pour faire baisser le gonflement ; tandis que les sirops préparés sans charbon montaient continuellement, exigeaient l’addition réitérée du beurre, d’être remués souvent, et se sont plus ou moins altérés par l’action prolongée du même degré de chaleur.
- Les sirops traités par le charbon ont donné une cristallisation beaucoup plus abondante , et d’une qualité bien préférable à celle obtenue des sirops traités sans charbon.
- M. D erosne dit avoir obtenu un effet bien plus marqué en se servant de charbon animal; mais comme il sera difficile de se procurer ce charbon en grande quantité, il pense qu’il faut se borner au charbon végétal. Il est nécessaire que ce charbon soit réduit en poudre assez fine et ait été lavé et ensuite séché. Le lavage a pour but de le dépouiller de la potasse et des autres sels qu’il contient toujours en plus ou moins grand quantité. Le charbon du fond des bateaux, dont le prix est modique, est très-convenable pour cet objet.
- M. Derosne ne se dissimule pas les inconvéniens attachés à l’emploi du charbon; il les déclare lui-même très-grands, mais il croit qu’ils sont bien p’us que compensés par les avantages qu’il procure, quelque considérable
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- que soit la quantité qu’exige un travail en grand. Voici la manière de l’employer.
- Quel que soit le procédé de clarification dont on fasse usage, lorsque le suc de betterave aura été évaporé jusqu’au point de marquer i5 degrés à l’aréomètre de Baumè (le sirop bouillant), on le retirera du feu et on le laissera refroidir jusqu’à 5o degrés environ de Rèaumur. On y ajoutera alors le dixième ou le douzième de son poids de charbon en poudre, et environ trois ou quatre blancs d’oeufs par quintal de sirop , ou du sang de boeuf en remplacement. On fera chauffer de nouveau et on fera monter le bouillon. On réitérera alors l’addition d’une nouvelle et égale quantité de blancs d'oeufs ou de sang de boeuf, qu’on aura eu la précaution de battre et de diviser, comme la première fois, avec du sirop un peu refroidi. On peut répéter une troisième fois cette addition d une matière albumineuse. On passera ensuite le tout à travers un blanchet, en prenant la précaution de séparer les premières portions qui passeraient colorées.
- Afin de ne rien perdre , on délayera le charbon qui aura servi à l’opération dans du suc non évaporé, pour diviser et obtenir la plus grande partie du sirop à i5 degrés qu’il relient. On peut continuer ce lavage même avec de l’eau, jusqu’à ce que le liquide obtenu ne donne plus de degré ou qu’un foible degré à l’aréomètre. Le charbon peut alors être séché et brûlé , ou bien calciné et lavé, pour pouvoir servir à une nouvelle opération.
- Le sirop obtenu peut ensuite être cuit par la preuve des rafiîneurs ou par celle du thermomètre (i),qui est plus commode pour les personnes qui ne sont pas habituées au travail des raffmeurs. La masse cristallisée obtenue peut être versée encore chaude dans des cônes et être privée de son sirop, soit par la simple filtration, soit à l’aide de la presse. Ce dernier moyen est plus embarrassant, mais plus expéditif. Les sirops obtenus d’une très-mauvaise qualité de betteraves peuvent être évaporés de préférence sur des surfaces très-grandes à une température très-douce, et lorsqu’ils sont parvenus à une consistance de 4° degrés de l’aréomètre de Baumè et à une température de 60 degrés de Rèaumur, on pourra les verser dans des vases, soit de terre, soit de bois, dans lesquels on aura mis un peu de cassonnade, en maintenant ces sirops à une température de 5o à 55 degrés. La cristallisation se déterminera en plus ou moins de temps, et comme les cristaux seront très-ténus, ce ne sera guère qu’au moyen de la
- (i) M. Derosne a fait exécuter par M. Assier-Perlcat, rue des Prètres-Saint-Germain-l’Auxerrois, des thermomètres adaptés spécialement à la cuisson des sirops , et qui sont d’un usage très-commode.
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- presse qu’on pourra les séparer de la mélasse. M« Derosne borne maintenant aux sirops de mauvaise qualité ce procédé, qu’il a voit précédemment recommandé pour toutes les espèces de sirops de betteraves, lorsqu’il indiqua le moyen de se passer de la longue exposition des sirops à l’étuve.
- AGRICULTURE.
- Extrait d’un Rapport fait parisd. Bosc, au nom du Comité d’Agriculture ? sur un Mémoire de M. Girod-Chantrans , relatf à l’état de l’Agriculture dans le département du Doubs.
- La Société d’Agriculture du département de la Seine a provoqué dans tous les départemens des notices sur l’état actuel de leur culture, comparée à ce qu’elle était il y a cinquante ans, et elle en a déjà reçu plusieurs.
- M. Girod-Chantrans 3 correspondant de cette Société et l’un des membres de la Société d’Encourageinenl, a adressé au Conseil la notice qu’il a rédigée sur l’objet indiqué.
- L’auteur divise le département du Doubs en trois régions distinguées par leurs productions : celle de la plaine, celle des moyennes montagnes , et celle des hautes montagnes.
- La plaine est cultivée en céréales et en vignes.
- On ne trouve plus de vignes sur les moyennes montagnes.
- Les bois et les pâturages, ces derniers donnant lieu à une importante fabrication de fromages, sont les seules richesses des hautes montagnes.
- Il observe que la portion la plus fertile du département ne comprenant pas tout-à-fait les deux cinquièmes de son étendue totale, il est du nombre de ceux dans lesquels il est essentiel de favoriser les arts industriels.
- Les terres de la plaine sont argileuses. On ne les laboure pas assez profondément, et on leur ménage trop les engrais. L’assolement triennal avec jachère est le seul qu’on y connaisse, à quelques parties près, où l’on sème du chanvre , du maïs et des pommes de terre.
- Le chaulage des blés y est assez généralement en faveur. On passe le rouleau ou on casse les mottes après les semailles. Quelque nécessaires que soient les sarclages ils y sont rarement bien exécutés. Les céréales se coupent k la faucille ou à la faux : ce dernier moyen prédomine. On les accumule dans les graDges, et excepté ce qui est nécessaire pour les
- K k 2
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- ferais, on ne commence à battre les seigles et les fromens qu’à la fin d’octobre. Sept pour un est le produit moyen des meilleurs champs.
- M. Girod-Chantrans se plaint, et avec raison, de ce qu’on persiste à semer du méteil , c’est-à-dire un mélange de seigle et de froment.
- Il donne des notions positives sur la quantité de nourriture que consomme chacune des espèces d’animaux domestiques, s’étend longuement sur les avantages d’une culture plus perfectionnée, et sur les moyens d’y parvenir.
- La culture des fruits est très en faveur dans le département du Doubs, et les bonnes variétés y sont estimées à leur juste valeur.
- Les jardins des cultivateurs sont peu garnis de légumes, mais on voit fréquemment dans les champs des pommes de terre, des haricots, des pois, des fèves, des lentilles, des raves, des courges, etc,
- La culture de la vigne devient ensuite l’objet des observations de M. Gi-rod-Chantrans. Les remarques qu’il fait sur la nature des cépages, sur les inconvéniens de leur mélange, sur leur plantation , leur culture, etc., sont présentées avec beaucoup de précision et de clarté. Il en est de même de ce qu’il dit du cuvage et autres opérations relatives à la fabrication du vin. Il blâme , comme nuisant beaucoup à la qualité, la méthode généralement suivie , de laisser long-temps le vin dans la cuve pour lui donner plus de couleur.
- Des calculs sur le produit des vignes et des réflexions sur l’état des vignerons terminent cette partie du travail de l’auteur.
- La culture des montagnes moyennes forme, comme on l’a vu plus haut, la seconde section de son mémoire.
- Il commence par comparer le climat et le sol de cette partie du département avec le climat et le sol de celui dont il vient d’être question.
- On y cultive les mêmes objets, excepté la vigne ; mais ces objets rendent un cinquième de moins et exigent un quart de plus de fumier. Il n’esî pas nécessaire que les labours y soient aussi fréquens et aussi profonds, mais les sarclages y sont plus nécessaires. La marne y produit d’excellens effets. L’écobuage, malgré ses graves inconvéniens, y est très en faveur.
- L’agriculture des moyennes montagnes, comme celle de la plaine, est privée de prairies artificielles. M. Girod-Chantrans s’étend beaucoup sur les avantages immenses qui résulteraient de leur multiplication, les fourrages n’y étant nullement proportionnés aux besoins.
- Ici l’auteur parle des habitations rurales, tant de la plaine, que des moyennes montagnes, et observe que, quoiqu’elles aient gagné, soit sous le rapport de la salubrité, soit sous celui de la commodité, elles ne sont pas encore ce qu’elles devraient être. II propose à cet égard des mesures
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- de police qui peuvent paraître fort sages , mais dont l’adoption blesserait le droit de propriété et celui non moins respectable des convenances individuelles; le rétablissement des fours banaux est du nombre des opérations qu’il sollicite.
- M. Girod-Chantrans donne ensuite un projet d’assolement de douze ans divisé en trois périodes, projet dont l’exécution augmenterait sans doute beaucoup les richesses agricoles du département, mais qui, suivant M. Bosc, pourrait être établi sur de meilleures bases, les mêmes productions , principalement les céréales, y revenant trop souvent.
- La culture des hautes montagnes, qui forme la troisième section de l’ouvrage de M. Girod-Chantrans , est extrêmement bornée à raison du froid, qui permet à peine à l’avoine, aux pois, et à quelques autres menues graines de réussir, de sorte qu’elle s’exerce au plus sur un huitième des terres arables, et le trentième de chaque propriété. C’est l’élève des bestiaux, l’engrais des vieux boeufs, et sur-tout la fabrication des fromages façon de Gruyère qui font la richesse agricole de cette partie du département.
- Les détails dans lesquels l’auteur entre relativement à la fabrication du fromage sont présentés avec méthode et clarté, mais n’offrent point de faits nouveaux.
- On emploie deux sortes de charrues dans le département du Doubs : l’une, à oreille fixe, est préférée dans la plaine ; l’autre, à oreille mobile, l’est dans la montagne.
- Le rétablissement des forêts, soit nationales, soit particulières, se suit avec beaucoup de succès.
- L’ouvrage est terminé par des réflexions fort étendues sur le moral des cultivateurs, etsur son influence relativement à la culture.
- Le rapporteur pense que le mémoire de M. Girod-Chantrans mérite les remercîmens du Conseil, et fait désirer qu’il ne soit pas perdu pour l’instruction. Comme la Société ne peut en tirer un parti utile, vu qu’il est beaucoup trop étendu pour être inséré dans son Bulletin, M. Bosc a proposé de l’adresser à la Société d’Agriculture du département de la Seine, qui s’empressera sans doute de le faire imprimer, soit dans ses Mémoires, soit dans les Annales d’Agricultui'e.
- Les conclusions de çe rapport ont été adoptées dans la séance du 14 octobre 1812.
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- Note sur Vextraction de /^Indigo-Pastel en plein air , dans le
- midi de la France (i).
- La température élevée et uniforme du midi de la France pendant les mois de juin, juillet, août et septembre, paraissant favorable à la macération des feuilles du pastel et à l’extraction de l’indigo, M. de Puymau-rin , directeur de l’École expérimentale d’Alby, a pensé que l’on pourrait tenter cette opération en plein air, avec autant de succès que dans l’intérieur des bâtimens. Pour s’en assurer, il a fait établir quatre cuves dans la cour de l’École, sur de l’argile battue et humide; elles ont été entourées d’une couche de terre végétale, disposée en talus et recouverte de gazon. Ces dispositions avaient pour but de garantir le bois des cuves de Faction du soleil et de diminuer l’influence de la fraîcheur des nuits sur la macération des feuilles.
- Depuis le 8 jusqu’au si du mois de juin, les quatre cuves ont été mises en expérience avec celles des ateliers. On a rempli les unes et les autres avec la même feuille et en même temps.
- M. de Pwymauiùîi a remarqué que la macération s’opérait d’une manière constante et uniforme dans les cuves exposées en plein air; elles ont toujours donné des produits de la meilleure qualité. Lorsque la chaleur était forte pendant le jour, leurs opérations se terminaient trois ou quatre heures plus tôt que celles des cuves établies dans l’intérieur des bâtimens de l’École. Ces dernières ne marquaient, le 19 juin, à dix heures du matin, que i5 degrés au thermomètre de Réaumur, tandis que parmi les cuves placées au dehors, l’une marquait 17 degrés, et une autre 18.
- Les résultats d’une expérience de douze jours ont démontré à M. de Vuymaurin la facilité de faire l’indigo-pastel en plein air dans le midi de la France, et d’épargner ainsi les frais de construction et d’entretien des bâtimens des indigoteries. Tout propriétaire d’un champ de pastel peut donc y placer ses cuves près des eaux qui n’en seraient pas à une trop grande distance , et extraire pendant quatre mois l’indigo qu’il rapportera chez lui, pour l’aviver et pour en opérer la dessication et le ressuage.
- (1) Extrait du Moniteur du 14 juillet 1812,.
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- Note sur la Culture de la Garance.
- On lit dans le N°. il\i du Journal de Nicholson, février 1812, que M. William Salisbury a présenté à la Société pour l’encouragement des Arts de Londres , des échantillons de garance provenant de l’espèce culti-véé à Smyrne, et qu’il a élevée de graine dans son jardin botanique de Cadogan-Place. Cette graine a été semée dans un sol argileux, et l’auteur ne doute pas qu’elle ne puisse être cultivée en grand avec succès ; il assure qu’elle produira au-delà de i5 quintaux de racines fraîches par acre. Ce calcul est basé sur la supposition que la graine est semée en rayons distans d’un pied entre eux, ce qui est le meilleur mode de culture.
- M. Saüsbury voulant s’assurer si la qualité supérieure de la matière colorante de cette garance était due à la plante elle même ou au climat, ou à quelques circonstances locales qui ontsouvent une grande influence sur les produits qu’on en obtient, la compara avec la garance hollandaise qu’on vend dans le commerce, et il trouva qu’elle avait une supériorité marquée sur cette dernière sous le rapport de l’intensité de la couleur ; mais craignant que la garance hollandaise ne fût mêlée de quelque substance étrangère , il prépara un extrait avec des racines fraîches de la garance commune (rubia tinctorum) qu’il cultive dans son jardin botanique à Erompton, en faisant bouillir les racines et eu précipitant la couleur par l’alun ou l'alcali végétal, La couleur qWhl en obtint est de beaucoup inférieure à celle que donne la garance provenant de la graine de Smyrne.
- L’auteur a aussi essayé de cultiver cette graine sur couche : elle a très-bien réussi; mais lorsqu'elle est vieille elle ne lève pas; celle qu’il avait réservée n'a jamais végété.
- Comme on fait en Angleterre une très-grande consommation de garance pour la teinture en rouge d’AndrinopIe des étoffes de coton , sur-tout des calicots, M. Salisbury fait sentir de quelle importance il serait pour ce pays de cultiver la garance sur son propre sol; il paraît convaincu, d'après ses essais, qu'on en pourrait.tenter avec succès la culture en grand. Il pense qu'on pourrait aussi retirer de la garance, pour l'usage de la peinture, des couleurs plus fines et plus belles que celles maintenant en usage, en les préparant avec l'alcool ou le vinaigre.
- La garance de Smyrne peut être propagée de rejets; elle fleurit abondamment, mais ne produit presque pas de graine.
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- SOCIÉTÉS SAVANTES.
- Société de Littérature ? Sciences et Arts de Rochejort,
- Cette Société a proposé deux sujets de prix : le premier pour Tannée i8i3, relatif au meilleur procédé à employer pour la destruction des termes et termites qui attaquent les bois, les chancres, les toiles et autres substances. Les concurrens devront faire connaître, i°. les moeurs de cet insecte, sa reproduction, les dégâts qu'il fait, les substances sur lesquelles il exerce ses ravages, etc.} a°. un procédé dont le résultat soit certain pour la destruction des termites par-tout où ils se trouvent, et dont Teffi-cacité aura été démontrée par une expérience authentique. Ce prix sera une médaille d’or de 2 hectogrammes ou sa valeur (6co francs). Les mémoires devront être adressés avant le ier. mars i8i3.
- Le second sujet de prix proposé pour l’année 1814, et qui consiste en une médaille d'or d'un hectogramme ou sa valeur ( 3oo francs), est de déterminer le meilleur procédé pour convertir en soude, sur le lieu même de Textraction et sans établissement accessoire, le produit habituel (sel marin) des marais salans.
- Ce prix sera décerné à celui qui offrira , comme preuve de la bonté des procédés employés, 10 kilogrammes de soude, et qui indiquera en même temps tous les détails relatifs.à cette extraction.
- Une médaille d'encouragement sera décernée au propriétaire qui pourra livrer, aux mêmes conditions, un kilogramme au moins de soude égalé-ment obtenue sur les lieux et par le procédé désiré.
- Les pièces de ce concours devront être adressées avant le ier. avril 1814; elles seront accompagnées de certificats authentiques délivrés par le maire et visés par le sous-prefet, qui constatent 1 etendue des matais salans convertis en soudière, les procédés employés, ou les modifications apportées à la fabrication habituelle du sel.
- , de l’Inipriinerie de Madame HXJZAKD ( née YALLAT LA CHAPELLE) , rue de l’Eperon , N°. 7.
- A Paris
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- ONZIÈME ANNÉE (N. CI. ) NOVEMBRE 1812.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Description et Usage d’un nouveau Dynamomètre , pour
- connaître et comparer les différens degrés de force des laines; par M. Regnier, conservateur du Musée central de l’artillerie.
- On a cherché à diverses époques à connaître la qualité des laines par leur degré de ténacité : pour cet effet, on a imaginé différens moyens plus ou moins ingénieux, que leurs auteurs ont fait connaître; cependant, de» puis quelque temps, plusieurs propriétaires de troupeaux m’ont engagé à faire d’autres recherches pour satisfaire à leur désir.
- Dès les premiers essais, je me suis aperçu des difficultés que j’avais à vaincre :
- i°. Parce qu’il y a une grande différence entre la force d’une laine, comparée à celle d'une autre;
- 2.0. Que les laines mérinos présentent des brins si déliés qu’on ne peut guère les apercevoir qu’à la loupe;
- 3°. Que ces brins, qui sont bien plus fins qu’un cheveu, se tortillent entre les doigts, et qu’il n’est pas facile de les attachera l’instrument destiné à mesurer leur force ;
- 4°. Qu’il fallait rendre cet instrument comparable et lui donner la délicatesse nécessaire à son objet;
- 5°. Enfin, parce qu’il fallait encore lui donner la forme la plus convenable pour en faciliter l’usage.
- Je ne rapporterai pas toutes les tentatives que j’ai faites pour atteindre au but proposé, je me bornerai à exposer le résultat de mes expériences.
- Onzième année. Novembre 1812. L1
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- ( 2.56 ) Description.
- Le dynamomètre que j’ai l’honneur de présenter à la Société d’Encoura-gement est composé d’une petite planchette en bois noir (afin que cette couleur puisse rendre plus apparens les brins de laine les plus déliés), ayant io centimètres de large sur i5 de long, et sur laquelle est tracée une échelle divisée en 5o degrés déterminés en grammes : ainsi l’expression de cet arc de division est de 5o grammes.
- Celte planchette porte un mécanisme formé de deux leviers en fil de laiton, dont l’un, terminé en aiguille , fait les fonctions d’une romaine à ressort, et l'autre levier à pivot sert à tendre le brin de laine que l’on veut éprouver • les deux bras de levier, parallèles entre eux et éloignés de 5 centimètres, sont terminés par une pince à vis pour maintenir les brins de laine à leurs extrémités : par cette disposition la laine la plus délicate ne peut être altérée dans ses attaches.
- Cet instrument étant renfermé dans une petite boîte comme un étui de compas à dessiner, on peut le porter facilement sur soi sans craindre de le déranger dans le transport.
- Usage.
- On place d’abord une table près d'une croisée qui donne le jour le plus favorable ; on ferme la croisée pour empêcher l’air extérieur d'agiter les brins de laine ; s’il passe quelques rayons de soleil à travers les carreaux, les fils de laine mérinos n’en seront que plus apparens.
- Ces brins de laine, si faibles et presque imperceptibles, exigent de la patience et une sorte d’adresse pour être soumis à l’épreuve ; cependant on y parvient avec un peu d’habitude, sur-tout si on emploie les doigts délicats d’une femme pour les serrer entre les pinces.
- Il n’est pas nécessaire d’enlever l’instrument de sa boîte pour s’en servir, il suffit de placer , i°. dans la pince du levier à ressort, en desserrant un peu la vis, une des extrémités du brin de laine; ensuite on serre la vis autant qu’elle peut l’être.
- â°. On fixe l’autre extrémité du brin de laine à la pince du second levier, comme on l’a fait au premier : par cette disposition, la laine se trouve tendue horizontalement sur 8 centimètres de longueur (trois pouces).
- 5°. On fait açir doucement le levier à pivot en observant avec attention l'aiguille à ressort, qui marche graduellement jusqu’au point où se fait la rupture : alors on tient note du degré où l’aiguille est parvenue.
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- Observations.
- L’expérience prouve que des brins de laine pris sur les mêmes moutons sont rarement de la même force : par conséquent il faut répéter au moins cinq fois ces sortes d’épreuves avec la même laine, pour avoir une donnée certaine. Cette donnée est plus exacte encore en supprimant des expériences partielles le terme le plus bas et le terme le plus élevé : par ce moyen, ou évite les anomalies qui se présentent quelquefois dans ces essais, et en prenant la moyenne proportionnelle des trois termes restans , on est plus assuré de la qualité de la toison soumise à l’épreuve.
- L’expérience prouve aussi que les laines communes sont bien plus fortes que les laines superfines ; mais celles-ci étant d’une extrême finesse sont plus souples, et s’allongent presque au quart de leur longueur avant de se rompre , tandis que les laines communes se cassent presque sans allongement : il suit de là que les laines mérinos doivent nécessairement former un tissu infiniment plus souple et plus moelleux que les laines grossières.
- Quoique ces dernières présentent une plus grande résistance , on ne doit pas en conclure que le drap commun soit d’une plus longue durée que le drap fin; au contraire, tout nous assure que deux fils de même grosseur étant filés avec des laines de différentes qualités, l’avantage est en faveur des laines fines. Mais, pour faire des expériences sur les laines filées, il faut un instrument plus fort que celui-ci, tel que mon dynamomètre en forme de peson, dont on se sert dans plusieurs fabriques pour connaître la force des fils de lin : cet instrument est décrit avec figure dans le N°. XXXVII du Bulletin de la Société d’Encouragement , sixième année.
- Mais ce que l’on demande aujourd’hui exige un moyen bien plus délicat : en effet, il s’agit de mesurer la ténacité des laines où l’art n’a rien fait, afin de connaître d’une année à l’autre celles qui sont d’une meilleure qualité et les différences qui peuvent survenir par le croisement des diverses races.
- On verra, par le tableau suivant des expériences comparatives qui ont été faites à cet égard, combien ce nouvel instrument peut faciliter ces recherches en détruisant l’erreur qu’une opinion arbitraire pourrait faire naître.
- L 1 2
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- Tableau des Expériences faites à Paris, au mois de septembre 1812 , sur différentes laines de France et de V étranger.
- Laine lavée de belier mérinos pro-enant des piles de Montarco et du
- Prince de la Paix.............(
- Laine lavée des troupeaux amé-î iorés parles beliers de Médoccroi-< iés avec des beliers mérinos . . . . ( Laine lavée des troupeaux indi-j iènes des Landes..............{
- Laine de moutons de Villeneuve-sur-Yonne, prise sur un troupeau de M. Diibost, propriétaire de Buis-'
- son-Soif......................
- Lainecommune de France achetée t 27 ,„ns le commerce pour la confection J 46 des matelas.....................( 42
- —«B—M
- NATURE DES LAINES
- soumises à l’épreuve.
- grain.
- 6
- 5
- grain.
- 6
- OBSERVATIONS.
- 3o
- 381
- Ces sortes de brins sont d’une ex trême finesse et s’allongent beaucoup avant de casser.
- Ces brins de laine paroissent à l’œil moins fins que les précédens ils sont très-souples.
- 1 Laine commune bien moins fin ‘(que les précédentes et ayant peu di f souplesse.
- | Bonne laine ordinaire que les fa Jbricans de Troyes et de Reims em-| ploient dans leurs fabriques.
- j Cette laine est grossière , iné-\ gale y et n’a presque pas de sou-( plesse.
- Expériences sur des laines envoyées à la Société d’Encouragement par M. le baron
- de Fahnenberg.
- Laine d’un vieux belier d’Espagne envoyé au Grand-Duc de Bade pour< l’amélioration des troupeaux.
- Idem d’un belier âgé d’un an. . . •
- Idem de brebis inère d’Espagne. -
- Laine indigène du pays de Bade. <
- Laine des moutons du même paysj croisés avec ceux d’Espagne, ire.^ génération................ . . . .
- Laine idem 2S. génération. * • • <
- Le
- idem 3e. génération.
- Laine idem 4e- génération.
- idem 5e. génération.
- Laine non lavée, très-fine et
- 1 courte.
- ) Laine idem extrêmement fine et courte.
- Laine non lavée , fine et courte.
- 3f
- Laine commune de 6 à 7 pouces de long.
- f Cette laine est sensiblement plus 2o| s fine que la précédente; elle conserve ( sa longueur.
- ! Cette laine perd de sa longueur , acquiert en finesse, et devient plus frisée.
- ^ j Cette laine perd de sa longueur , 1 3 jet approche des mérinos purs.
- ( Cette laine paraît aussi fine que 5 f/les laines d’Espagne, mais plus /longue. -
- c Cette laine parait aussi fine que s Us belles laines d’Espagne, mai 'plus longue
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- ( a59 )
- Conclusions.
- Il résulte de ce tableau : i°. que les beliers d'Espagne, à l’âge d’un an, présentent les plus belles laines;
- 2°. Que les laines indigènes du Grand-Duché de Bade ont acquis , à la quatrième et cinquième génération, le degré de finesse des laines d’Espagne , en conservant plus de longueur ;
- 3°. Que les laines fines sont constamment plus égales en longueur que les laines communes.
- Ainsi cet instrument, qui ne laisse rien à l’arbitraire , peut devenir utile aux propriétaires qui voudront faire des expériences comparatives sur la qualité des laines de leurs troupeaux.
- Explication de la Figure première de la Planche 93.
- A , Planchette en bois noir de i5 centimètres de long sur 10 de large.
- B, Paillette à ressort, à laquelle est fixé un bras de levier en laiton, terminé par une aiguille.
- C, Vis de pression pour serrer dans la pince le brin de laine que l’on veut éprouver.
- D, Petit crochet d’arrêt qui porte à zéro l’aiguille de l’instrument.
- e} e 1 Portion de cercle graduée en grammes, pour indiquer la force de la laine soumise à l’épreuve.
- y, Pivot du second bras de levier cjui sert de conducteur à la laine que l’on éprouve.
- g, Vis de pression pour serrer l’autre extrémité du brin de laine maintenue dans la pince C.
- h ) h y Mouvement des deux aiguilles quand on les fait agir.
- z, Point d’arrêt pour empêcher de forcer le ressort du premier levier; il sert en même temps de crochet pour recouvrir le levier conducteur (1).
- Rapport fait par JM. Regnier 9 sur un Instrument destiné au
- service des bouches àfeu, inventé par M. Petitpierre, ingénieur-
- mécanicien , rue de la Verrerie, JV®. 60, à Paris.
- L’instrument présenté par M. Petitpierre doit servir , suivant lui , 50. pour pointer avec plus de justesse une pièce de canon de siège;
- (1) On pourra se procurer cet instrument en s’adressant à M. Regnier, rue de l’Université, 10 , à Paris.
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- ( 2Ô0 )
- 2°. Pour corriger le défaut de direction qui peut exister entre l’âme de la pièce et la ligne de mire.
- Cet instrument est composé d’une règle en acier poli qui porte à ses extrémités deux petites chevilles de même métal, qui servent à placer la règle dans deux pas correspondans , pratiqués dans la plate-bande de la culasse du canon et sur celle du second renfort.
- Cette règle d’acier porte : i°. un corps de lunette d’approche avec une alidade , mis en mouvement par une vis de rappel pour prendre la direction horizontale ;
- 2°. Une portion de cercle gradué , avec son aplomb , pour prendre la direction verticale.
- Un des verres de l’oculaire de cette lunette porte un micromètre à cheveu en croix , qui doit partager l’objet pointé dans les deux directions.
- M. Petitpierre ajoute à cet instrument un porte-foret portatif avec lequel on peut percer sur le corps de la pièce , sans l’affaiblir ^ les deux petits pas qui servent de repère pour replacer de nouveau la lunette dans la même direction. Enfin cet artiste pense que son invention peut être très-utile dans les sièges , où l’on a quelquefois besoin d’une grande précision dans le tir des bouches à feu.
- Après avoir examiné avec attention le projet de M. Petitpierre > on voit que cet instrument est d’une bonne exécution et qu’il présente une idée ingénieuse; mais pour être assuré de ses avantages, il faudrait en faire l’essai, et la Société d’Encouragement n’a pas à sa disposition ce qui est nécessaire pour répéter ces sortes d’expériences.
- La Société ne peut donc qu’applaudir aux talens de l’auteur, et le recommander à S. Ex. le Ministre de la guerre, qui pourra ordonner l’essai de cet instrument dans quelque École d’artillerie : c’est là qu’on pourra connaître les défauts ou les avantages de cette invention, qui paraît assez bien entendue pour être prise en considération.
- Adopté en séance le i4 octobre 1812.
- Signé, E. Regnier, rapporteur.
- Rapport fait par M. Regnier , sur une nouvelle Carabine exécutée par M. Gosset^ Arquebusier des Pages de S. M, F Empereur , à Versailles.
- La carabine présentée à la Société par M. Gosset est conforme aux carabines ordinaires; elle n’en diffère que par la platine destinée à enflammer l’amorce par la percussion du chien sur un poinçon d’acier qui pénètre dans la culasse : par cette disposition , il a supprimé le bassinet et la batterie.
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- Le chien, qui fait partie de la noix, est logé dans l’intérieur du bois , en sorte qu’il n’y a d’apparent que le corps de platine et le mécanisme du poinçon, que l’on soulève pour amorcer, et qu’on abat ensuite sur l’amorce.
- M. Gosset, pour amorcer sa carabine, emploie l’ingénieuse poire à poudre de M. Lepage, qui donne avec précision la petite quantité de poudre nécessaire pour communiquer le feu à la charge du canon.
- La disposition de la lumière, percée verticalement sur le tonnerre du canon, est ce qui distingue l’arme de M. Gosset de celles qui ont été soumises à l’examen de la Société; mais cette disposition de la lumière, qui facilite l’épinglage au besoin, fait craindre que la pluie n’y pénètre trop facilement. Eu effet, l’eau qui découlerait du canon pourrait s’introduire dans l’amorce et empêcher l’arme de partir : or, le projet de M. Gosset conviendrait mieux aux pistolets d’arçon , où l’on n’a pas à craindre cet inconvénient. D’ailleurs , l’ouvrage est d’une bonne exécution et prouve de l’intelligence dans son auteur. Si l’on ne compare pas son fusil avec ceux des arquebusiers distingués qui l’ont précédé, c’est qu’il faut laisser l’expérience prononcer sur cette question : quant à moi, je suis persuadé que si la chimie peut procurer de bonnes poudres d’amorce, l’art de l’arquebusier parviendra au degré de perfection que l’on désire dans les armes à feu portatives. Le fusil de M. Pauly nous donne beaucoup d’espoir à cet égard ; aussi je répéterai ce que j’ai déjà dit en plusieurs occasions, qu’on pourra regarder un jour nos platines à silex comme on voit aujourd’hui par curiosité nos anciennes platines à mèches et à rouet.
- Mais avant d’employer à la guerre les nouveaux fusils , il faut nécessairement que nos poudres d’amorce réunissent plusieurs qualités essentielles :
- i°. Qu’elles soient d’une préparation facile et point dangereuses dans le transport ;
- a°. Qu elles n’oxident point les armes comme le font celles qui sont composées de muriate suroxigéné de potasse;
- 3°. Qu’elles ne soient pas susceptibles de prendre l’humidité de l’atmosphère comme celle d’argent détonnant.
- En attendant la poudre d’amorce convenable au service des armées, il faut accueillir favorablement tout ce qui nous sera présenté à ce sujet, et des différentes idées qui se succéderont, naîtra l’arme simple qui convient à la guerre.
- Le soldat, dans la chaleur du combat, est bien différent de l’homme de sang froid qui s’amuse à l’exercice du tir, ou de celui cpii se promène à
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- la chasse : c’est pourquoi les armes de troupes doivent être essentiellement simples, solides, et d’un entretien facile; le Gouvernement, économe dans ses dépenses, saura aussi calculer les frais de fabrication , qui ne doivent pas excéder ceux des fusils ordinaires.
- Ainsi la carabine de M, Gossetet les autres fusils de guerre présentés à la Société n’auront de succès que lorsque l’expérience aura démontré , par un usage habituel, les avantages que l’on désire dans le fusil du soldat.
- La Société d’Encouragement, qui prend le plus grand intérêt aux progrès des arts utiles, sur-tout lorsqu’ils peuvent tourner au bien de lÉtat, apprendra sans doute avec plaisir qu’un objet analogue à celui-ci prend un caractère qui fixe l’attention d’un de nos plus célèbres ingénieurs militaires. M. Carnot , chargé par S. M. l’Empereur d’indiquer les meilleurs moyens de défense des places fortes, trouve, dans une nouvelle étoupille de mon invention , le moyen de mettre le feu à une mine par la seule percussion d’un marteau. Eu effet, celte étoupille peut être prolongée dans un fossé ou dans une rivière au degré de profondeur que l’on désire , et y rester plusieurs jours sans être atteinte par l’humidité : en sorte que si l’on voulait faire éclater une bombe dans l’eau à y ou 8 pieds de profondeur, il serait aussi aisé de le faire qu’en plein air. Ainsi nos poudres fulminantes, dans l’état où elles sont, peuvent déjà être employées à la défense des places de guerre.
- Adopté en séance , le \v novembre 1812.
- Signé, E. Regnier, rapporteur.
- Rapport fait par M. Bardel 9 au nom du Comité des Arts mécaniques ? sur un nouveau Mécanisme applicable auæ Métiers à tisser les Draps et les toiles de grande largeur P perfectionné par M. Vigneron.
- Messieurs , votre Comité des Arts mécaniques a été chargé d’examiner une mécanique à tisser, présentée par M. Vigneron.
- Cette mécanique est annoncée par l’auteur comme pouvant facilement et à peu de frais s’adapter aux métiers ordinaires , et donner à un seul ouvrier les moyens de fabriquer des tissus de grande largeur qui, dans la méthode ordinaire , exigent deux et trois hommes.
- M. Vigneron produit à l’appui de ce qu’il avance : i°. Des attestations de MM. Mcrsolet, Lesaunier et Frosmont, fabri-cans de draps à Louviers , qui constatent qu’au moyen de cette mécanique, on a obtenu des draps d’une fabrication parfaite;
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- 2°, Un certificat de M. Viot, de Paris, directeur d’un établissement de filature et de tissage en faveur des indigens , qui déclare qu’ayant accédé à la demande de M. Vigneron de faire, dans ses ateliers, un essai comparatif de sa mécanique, il était resté convaincu qu’elle offrait sur l’ancienne méthode les avantages suivans : un travail plus accéléré , moins de fatigue pour l’ouvrier , des toiles bien frappées et d’un tissu plus régulier.
- Enfin M. Viot ajoute qu’un bon ouvrier de son établissement ne peut passer la navette sur un métier ordinaire, que de vingt-quatre à vingt-six fois par minute, tandis que sur le métier Vigneron il peut la passer quarante huit fois dans le même temps,
- Tels sont les faits que votre Comité des Art? mécaniques a eus à vérifier.
- Nous devons d’abord faire connaître que le principe de cette mécanique est le même que celui dont se servait , il y a quelques années, M. Despi au ( i), breveté d’invention, qui a cédé ses droits à M. Vigneron. Il consiste en deux ressorts en cordes tordues et tendues autour d’une espèce de moyeu en bois qui, par un échappement que produit le va-et-vient du battant, lancent la navette alternativement, sans secousse et avec précision. Par ce moyen , l’ouvrier, dispensé de lancer la navette avec ses bras , peut les employer à faire agir son battant ; il peut le maintenir parallèlement à la largeur du tissu , et employer toute sa force pour frapper et serrer la trame de sa toile. M. Vigneron a beaucoup simplifié la construction de cette mécanique. î! est sur-tout parvenu à en réduire la dépense à 20 fr. pour chaque métier, au lieu de 60 francs que coûtait l’appareil de M. Despiau. C’est en cela principalement qu’il a perfectionné l’invention et qu’il l’a rendue d’un emploi convenable dans les fabriques.
- INI. Collier, notre collègue, membre du Comité, très-habile mécanicien, et qui s’est beaucoup occupé du perfectionnement des métiers à tisser, nous a communiqué son avis, que nous joignons au présent rapport. On y remarque ce cpii suit :
- « Sur le métier de M. Vigneron , l’ouvrier est tout-à-fait débarrassé du » soin de la navette: -par conséquent ses deux mains appuient également j> sur la chasse. Le coup est plus serré et il agit plus carrément sur le fil : a en même temps ses pieds ne quittent jamais les marches) la tension de » la chaîne est égale des deux côtés, et la dulte ne recule pas comme » par le tissage ordinaire.
- » Un seul ouvrier suffit pour toute largeur de toile, et sous ce point
- (') 3- oyez Bulletin N°. XVIII, quatrième année, pag. i5i, la description, avec gra-vure , du métier Despiau.
- Onzième année, Novembre 1812,
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- » de vue., il existe une économie considérable de main d’œuvre; cardans » de grandes largeurs souvent quatre ouvriers suffisent à peine. Enfin,, dit » toujours M. Collier, les métiers de M. Vigneron sont, suivant moi, une » grande acquisition pour l’industrie française, et leur publicité mérite » l’attention de la Société d’Encouragement. »
- Nous devrions borner notre rapport à cet extrait de l’avis particulier de M. Collier; mais il a été fait précédemment des objections contre le mécanisme de M. Vigneron , auxquelles nous sommes en mesure de répondre. On s’était d’abord élevé contre la dépense , elle est réduite de 60 francs à 20 francs. On prétendait que l’ouvrier éprouvait plus de fatigue en foulant ses marches, parce qu’il avait à vaincre, avec les pieds, la résistance des ressorts qui chassent la navette ; mais on sait que la puissance des leviers bien combinés offre de grandes ressources en mécanique. C’est, par ce moyen que M. Vigneron est parvenu à rendre presque insensible l’excès de force qu’exigent ses nouveaux métiers. Les marches qu’il emploie sont seulement de 8 pouces plus longues que celles des métiers ordinaires.
- Pour ne laisser aucune incertitude dans notre examen, nous avons vu avec beaucoup d’attention les métiers dont il s’agit; et M. Viot, directeur de l’établissement en faveur des indigens, que nous avons déjà cité, a bien voulu permettre qu’il fût fait en notre présence, dans ses ateliers, un nouvel essai comparatif sur deux métiers. L’ancien et le nouveau étaient montés avec la même chaîne, sur la largeur de i mètre 188 millim. (une aune) : la résistance des marches de l’ançien , pour les fouler et ouvrir la chaîne, était de 27 kilogrammes ; celle du nouveau n’était que de s5. Cette différence à l’avantage du nouveau métier vient de ce que , comme nous l’avons dit, les marches de celui ci sont de 8 pouces plus longues que dans l’autre , perfectionnement ajouté par M. Vigneron d’après les objections qui lui ont été faites dans un précédent rapport.
- Dans l’ancien métier, la foule des marches est de 6 pouces et ~ ( 176 millimètres) ; dans le nouveau, elle n’est que de 4 pouces ( 108 millimètres).
- L’ouvrier de l’ancien métier passait vingt-huit fois la navette en une minute, celui du nouveau la passait quarante - trois fois dans le même temps : chacun d’eux donnait deux coups de chasse.
- Nous avons remarqué que le travail de l’ouvrier pour passer la navette dans l’ancien métier, exige de sa part des mouvemens de bras allongés et très-fréquens, qui doivent, malgré l’habitude, lui causer beaucoup de fatigue; il lance d’abord sa navette de la main droite, la quitte pour prendre son battant de la même main et frapper son tissu, tandis que la
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- gauche la reçoit, la lance de nouveau , la quitte également et reprend le battant, qui n’est jamais frappé que d’une main.
- Dans le nouveau métier, tous ces mouvemens n’ont pas lieu , et l’ouvrier doit nécessairement travailler avec moins de peine.
- Les ouvriers de l’établissement de M. Viot, que nous avons questionnés à ce sujet, nous ont confirmé ce que l’observation nous démontrait ; ils sont convenus que le travail leur était plus facile sur le nouveau métier. Nous avons aussi remarqué, comme l’a reconnu M. Viot, que dans la même longueur de toile l’ouvrier peut faire entrer § de trame de plus , avantage dû à l’emploi de la force entière des deux mains, que n’offre pas la méthode ordinaire, ni même celle de la navette volante, qui, comme on sait, exige constamment l’emploi d’une des deux mains.
- Il résulte des détails dans lesquels nous venons d’entrer, que M. Vigneron a pleinement justifié ce qu’il a avancé sur les avantages de son nouveau métier pour la fabrication des toiles, et que la Société doit en conseiller l’emploi, principalement pour les grandes largeurs.
- On a dû remarquer dans ce qui précède, que notre examen et nos observations portent principalement sur les toiles de lin et de chanvre ; notre opinion serait hasardée si nous présentions le mécanisme de M. Vigneron comme également utile pour la fabrication des draps. N’ayant point à Paris de manufacture de ce genre, nous n’avons pu juger par nous-mêmes jusqu’à quel point ce mécanisme peut y être avantageux; l’expérience seule peut en décider. Nous pensons néanmoins que ce nouveau moyen doit fixer l’attention des fabricans de draps, qui, dans leur intérêt, en adopteront certainement l’usage , si, comme l’annonce M. Vigneron , il offre plus de célérité dans la fabrication , une meilleure qualité de tissu, une grande économie de main d’œuvre, et l’avantage, plus précieux encore, de ménager la santé des hommes.
- Enfin nous devons faire connaître au Conseil que, par un désintéressement très-louable, M. Vigneron a accordé gratuitement à l’établissement que dirige M. Viot en faveur des indigens, la faculté d’établir cent métiers d’après son nouveau procédé. Une lettre de ce directeur, qui paraît attacher beaucoup de prix à cette générosité, en témoigne sa reconnaissance à M. Vigneron.
- Nous concluons en demandant que la Société donne son approbation au métier à tisser de M. Vigneron, en ce qui concerne la fabrication des toiles de grande largeur, et qu’elle ordonne l’impression du présent rapport dans son Bulletin. Signé Bardel, Rapporteur.
- Adopte en Séance, le 11 novembre 1812.
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- Rapport fait par JM. Molarcl , au nom du Comité des Arts mécaniques sur un Mémoire adressé à la Société par M. Barnet;, cou. cernant ly application delà force de la 'vapeur au remontage des bateaux.
- M. Barnet, consul d’Amérique et membre de la Société d’Encoura-gement , vous a transmis la traduction d’un mémoire sur la vapeur appliquée comme force motrice aux bâtimens de navigation intérieure, publié avec une gravure , en janvier dernier . à New-Yorck , dans un ouvrage intitulé : The a merle an medical and philosophical Regisler.
- Le mémoire a principalement pour objet de faire connaître l’origine et les succès du bateau à vapeur{Steam Beat) de M. Fulton. Nous l’avons lu avec d’autant plus d’intérêt et d’attention que l’auteur , après avoir témoigné le désir que les écrivains de tous les temps et de tous les pays rendent compte successivement des inventions et desdécouvertes utiles qui honorent les inventeurs et la nation qui les a produits et protégés, passe en revue 5 ainsi que nous l’avons fait en 1797, dans le 3e. vol. du Journal des Arts et Manufactures, les artistes qui ont imaginé des moyens propres à faciliter la navigation des rivières et même de la mer, en indiquant la nature de ces moyens, les principes de construction et les résultats qu’on en a obtenus. Les travaux et les succès de M. Fulton dans ce genre d’entreprise sont exposés dans ce mémoire de manière à faire croire qu’il a eu Quelque part à sa rédaction , d’autant mieux qu’on y compare son bateau à vapeur avec celui de M. Desblancs, de Trécourt, qui parut quelque temps avant que M. Fulton fit ses expériences sur la Seine , près Paris. Le mémoire est accompagné d’une description générale du bâtiment à vapeur., nommé le Paragon, par l’auteur, M. Billion.
- Il n’y a pas de doute que cette description ne soit très-intéressante pour tous ceux qui s’occupent des moyens de former en France des établisse-mens du genre de ceux que l’Amérique possède maintenant pour la navigation des rivières. En conséquence , le Comité des Arts mécaniques croit devoir* proposer au Conseil d’ordonner l’insertion dans le Bulletin du mémoire communiqué par M. Barnet, en y faisant toutefois quelques corrections et additions qui nous paraissent nécessaires, d’après la connaissance que nous avons de tous les faits qui y sont énoncés.
- Signé Molard , rapporteur,
- Adopté en Séance, le 25 novembre 1812.
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- Extrait d’un Mémoire sur l’action de la 'vapeur appliquée comme force motrice aux bateaux employés pour La navi-cration intérieure.
- Il serait à désirer que les écrivains de tous les pays et de tous les temps nous eussent transmis l’état graduel de l’introduction successive des arts utiles, non-seulement pour qu’il fût rendu justice au génie et à l’esprit d’entreprise des inventeurs et à la nation qui les a produits et protégés, mais afin que l’homme d’état et le philosophe pussent observer l’influence de chacun de ces arts sur la richesse , le caractère et les mœurs des nations. Il est facile d’apprécier les améliorations que l’agriculture et la marine d’un pays ont éprouvées 5 mais il arrive rarement que la pensée s’exerce sur l’influence que des découvertes peu importantes en apparence ont eue sur la prospérité de la nation à laquelle l’honneur de l’invention appartient et sur les avantages qui peuvent en résulter.
- Lorsque Arkwright imagina ses belles machines à filer le coton , on ne se serait pas douté des bénéfices considérables que l’Angleterre en retirerait, et delà richesse que celte utile invention répandrait sur les deux Caroîines et la Géorgie, où. des terres naguères incultes ont atteint une valeur incalculable.
- Un nouvel art créé en Amérique promet des résultats non moins impor-tans : ce sont les bateaux à vapeur, dont la découverte est due au génie des habitans de ce pays. Leur utilité est aujourd’hui tellement établie que , quoiqu’il n’y ait guère que quatre années que le premier bateau fût construit par MM. Livingston et Fulton, déjà dix bâtimens de ce genre, établis d’après leur plan, sont en activité, et des marchés sont passés pour plusieurs autres.
- Depuis que MM. FFatt et Boulton ont ajouté des perfectionnemens si remarquables à la machine à vapeur , on a pensé que cette force dont rhomme peut disposera son gré serait susceptible d’être appliquée avec avantage aux besoins de la navigation , et le premier essai en fut fait en Amérique en 1783. M. John Fitch ayant obtenu de la plupart des Etats de fUnion un privilège exclusif pour la construction des bateaux à vapeur, en fit exécuter un qui était mis en action par la machine à vapeur de JEatt et Boulton. Ce bâtiment à rames, dont le mouvement imitait celui des rames ordinaires, navigua pendant quelques semaines sur la rivière de Delaware , depuis Philadelphie jusqu’à Bordentown -, mais il fut trouvé si imparfait et sujet à tant de réparations qu’on l’abandonna, après que M. Fitch et ses associés eurent fait des dépenses inutiles pour en tirer parti.
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- Un autre Américain , M. Rumsey , très-habile mécanicien, marcha sur les traces de Fitch ; mais ne trouvant pas en Amérique des personnes assez zélees pour s’intéresser dans une entreprise aussi hasardeuse après le mauvais succès du premier essai, il se rendit en Angleterre. Là il construisit un bateau à vapeur qui navigua sur la Tamise, mais dont la construction fut trouvée si défectueuse, qu’après de nombreuses expériences ou renonça à s’en servir. Rumsey employa comme force motrice l’élément même dans lequel on navigue. 11 imagina d’aspirer, à force de vapeur , l’eau par la proue et de l’expulser par la poupe , de manière que, dans l’un et l’autre cas, il disposait le vaisseau à aller en avant. « En aspirant , disait-il, l’eau agira par son inertie; et en l’expulsant, elle agira directement ». Il est parvenu en effet, par ce moyen, à faire sur mer trois quarts de lieue de chemin dans une heure. Cette lenteur ne répondait pas aux brillantes espérances qu’on en avait conçues.
- La disproportion entre l’effet produit et la quantité d’effort employé s’explique, quand on considère que , d’après la disposition des moyens de Rumsey, au moment où son piston venait à fouler l’eau, il éprouvait un choc dont l’effet se distribuait dans toutes les parties de la machine, et son action venait se consumer contre les points fixes qu’elle présentait.
- L’essai qui succéda à ces deux tentatives infructueuses fut celui de M. Livingston , qui obtint de l’Etal de New-Yorck un privilège exclusif pour vingt ans , sous la condition de faire construire et de metire en activité un bateau de vingt tonneaux, capable de parcourir quatre milles (1) dans une heure. M. Livingston fit construire un bateau du port d’environ trente tonneaux, qui marcha trois milles à l’heure, et dont l’action sur l’eau s’opérait au moyen d’une roue horizontale placée dans une espèce de puits au fond du bateau qui, par son centre, communiquait avec l’eau. Cette roue tournait très - rapidement, et, par l’action de la force centrifuge, poussait l’eau à travers une ouverture pratiquée à la poupe. Il espérait par ce moyen éviter l’embarras des roues extérieures ou des pagayes, et les irrégularités que le choc des vagues pourrait occasionner. N’ayant pu obtenir avec la petite machine à vapeur qu’il employa, dont le cylindre m'avait que 18 pouces de diamètre et le piston 3 pieds de course seulement, un plus grand degré de vitesse que 3 milles à l’heure ; craignant d’ailleurs que par ce procédé la perte de la force ne fût trop grande pour être compensée par les avantages qu’il se promettait de son projet, il y renonça , quoiqu’il parût bien convaincu que lorsque des bateaux sont destinés à parcourir
- (i) Le mille anglais équivaut à 0280 pieds anglais, ou 1609 mètres.
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- des eaux très-agitées, le système qu’il avait adopté est préférable à celui des roues extérieures.
- Peu de temps après M. John Stevens, de Hoboken (État de New-Yorck), s’occupa du même objet. Il fit l’essai de pagayes elliptiques , de roues tourne-broche, et de plusieurs autres moyens ingénieux qu’il avait imaginés ou combinés avec ceux de M. Kinsley, l’un des mécaniciens les plus distingués de l’Amérique. Aucun de ces moyens n’ayant produit l’effet désiré, M. Stevens, depuis l’introduction des bateaux de MM. Livingston et Fulton, a adopté leurs principes, et a construit deux bateaux qui sont mus par des roues et auxquels il a ajouté une chaudière de son invention, addition dont l’usage doit être considéré comme une amélioration acquise aux machines destinées à accélérer la navigation.
- Pendant que ces essais infructueux se succédaient en Amérique , des hommes versés dans la science de la mécanique en Europe portaient leur attention sur le même objet. Le lord Stanhope, qui parmi eux tient une place distinguée, dépensa une somme considérable pour la construction d’un bateau à vapeur, qui n’eut pas un meilleur succès que les précédens.
- Il prit son modèle dans la nature animée ; il imita la pâte d’oie, construction qui, sans exiger beaucoup de parties, ne demande que le mouvement ordinaire des pompes à feu pour faire avancer le bateau. Il la préféra à la voile inclinée agissant dans l’eau, à la rame et aux roues à aubes, à cause de la simplicité et de la solidité.
- Il a navigué pendant plus d’un an, et faisait une et même deux lieues par heure ; un artiste avantageusement connu par plusieurs inventions utiles, M. While , qui a coopéré à ce travail et suivi les essais multipliés qu’a faits lord Stanhope, croit qu’il n’est pas douteux qu’il ne parvienne à donner à cette machine toute la perfection dont elle est susceptible.
- En Fra nce, Demandres et Thiloriei' ont proposé divers moyens mécaniques pour remonter les bateaux contre le courant des fleuves: le premier imagina une pédale musculaire dont il s’est servi sur des bateaux pour faire tourner des roues à aubes qui tendaient à les remonter en s’appuyant sur le courant. L’auteur a fait plusieurs essais par ce moyen sur le Rhin et la Seine; mais il paraît que les mariniers ne l’ont pas adopté.
- Thilorier imagina un radeau de 40 pieds de long sur g de large, se gouvernant à l’aide de trois treuils adaptés à une barquette , qui coupe le courant sous l’angle convenable pour la direction qu’on veut obtenir, et dont le côté d’amont plonge ou se relève à volonté , sitôt que l’on a besoin d. augmenter ou de diminuer la force delà machine.
- Il fit avec cette machine sur la Loire , la Seine et le Rhône diverses
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- expériences qui furent couronnées du succès , et qui prouvèrent qu’elle pouvait remplacer avantageusement les chevaux de renfort au passage de la plupart des ponts et pertuis. La dernière expérience eut lieu à Orléans et réussit parfaitement ; nous nous dispenserons de la rappeler 3 en ayant déjà fait mention dans le Bulletin.
- L’abbé Damai a publié un prospectus sur l’emploi des machines à vapeur pour remonter les bateaux.
- Plusieurs essais ont été faits sur la Saône de machines de ce genre ,
- U *
- pour le même objet.
- Le 17 germinal an X, M. Desblancs. horloger à Trécourf, obtint un brevet d’invention de quinze ans pour le remontage des bateaux parle moyen d’une machine à vapeur. Il employait pour moteur un cylindre horizontal et des pagayesàchaîne, et il annonça quesonbateau pouvait parcourir 7 milles à l’heure. Cet artiste se plaignit, dans le temps, que les Américains lui avaient enlevé sa découverte ; mais M. Fulton lui répondit que le bateau à vapeur dont il faisait usage, était construit sur un principe entièrement différent.
- M. James Linaker3 constructeur à Portsmouth 3 obtint le 14 juillet 1808, un brevet pour un moyen d’appliquer la force de la vapeur au mouvement des vaisseaux. Il employait un seau de cuir mu en avant et en arrière dans un tube fixé parallèlement au batiment; l’eau était aspirée par l’une des extrémités de ce tube et expulsée par l’autre; ce seau était muni de soupapes comme dans une pompe aspirante. On voit que ce moyen a beaucoup d’analogie avec celui de Rumsey 3 dont nous avons parlé plus haut.
- Apres les expériences faites à Paris par MM. Livingston et Fulton 3 on construisit en Ecosse un bateau dont ia marche était presque semblable a celle d'un autre bateau de même genre qui fut expose pendant quelque temps àNew-Yorckpar M. Frêne h. Le cylindre delà machine à vapeur était placé horizontalement ; mais comme la vitesse de ce bateau n’était guère de plus de 2 milles à l’heure 3 il est à présumer qu’on a renoncé à s’en servir.
- JM. Livingston, lorsqu’il était Ministre des Etats-Unis en France 3 ayant lait à Paris la connaissance de M. Fulton} lui parla des essais qui avaient été tentés en Amérique , et de l’intention qu’il avait de les reprendre à son re -tour, ils convinrent ensemble de faire au plus tôt des expériences, jusqu’à ce qu’ils se fussent assurés du degré de réussite qu’on en pouvait obtenir. La direction en fut confiée à M. Fulton , qui réunissait d’une manière remarquable les connaissances théoriques à la pratique de la mécanique.
- Après
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- Après divers essais faits en petit sur des modèles de l’invention de Fullon, et qui démontrèrent qu’il avait développé les vrais principes suivant lesquel on devait construire ces sortes de bateaux, principes dont la négligence ou l’omission avait fait échouer toutes les tentatives précédentes , il entreprit la construction d’un bateau à vapeur, qu’il fit naviguer sur la Seine en i8o3 (i). L/expérience ayant été satisfaisante, MM. Livingston et Fnl-ton résolurent d’enrichir leur patrie de cette précieuse découverte, et commandèrent préalablement en Angleterre une machine à vapeur.
- A l’arrivée de M. Fulton à New-York en 1806, ils s’occupèrent de suite à faire construire un bateau d’une dimension qu’on estima , dans le temps, très-considérable. Ce bateau commença à naviguer sur la rivière d’Hudson. En 1807 sa vitesse était de 5 milles par heure ; dans le courant de l’hiver suivant, il fut agrandi. On y ajusta une quille de i4o pieds, et on lui donna 16 pieds et \ de bau. La législature de i’Etat fut tellement convaincue de l’utilité et de l’importance de cette invention, qu’il fut passé par elle un nouveau marché avec MM. Livingston et Fulton, par lequel le terme de leur privilège fut prolongé de cinq ans pour chaque nouveau bateau qu’ils établiraient, sous la condition que le bénéfice du privilège ne s’étendrait pas au-delà de trente ans. A la faveur de cet acte, ils ont ajouté deux bateaux au premier appelé North river bout, sans compter ceux qui ont été construits, d’après leur autorisation, par d’autres personnes. Ces deux bateaux sont le Car of Neptune , superbe bâtiment du port d’environ 3oo tonneaux, et le Faragon de 55o , dont nous allons donner la description.
- Nous pensons qu’il est superflu de développer ici les principes qui fout la base de cette utile invention, dont le succès nous parait du, en Amérique, à ce que le bas prix du combustible et la cherté de la main-d’œuvre y rendent plus avantageux qu’en Europe les procédés où la force des hommes est remplacée par celle de la vapeur. Cette dernière est employée par Fulton à mettre en mouvement deux roues à aubes adaptées à chaque côté du bateau et qui servent à refouler le courant ; mais comme il résulte de l’emploi de ces roues une perte considérable de force, on pourrait peut-être les remplaçr avec succès par un treuil mis en mouvement par la machine à vapeur, et en roulant une corde attachée à un point fixe
- (t ) On a constaté dans le temps que ce bateau faisait cinq pieds par seconde dans un cours tranquille , ce qui équivaut à remonter avec une vitesse de 2 pieds contre un courant de 3 pieds 5 mais on a négligé de déterminer dans cette expérience, du moins par approximation, la quantité de combustible consommée et les frais de construction et d’entretien de la machine , ce qui ne permet pas de juger de l’utilité qu’on pourrait en retirer en France.
- Onzième année. Novembre 1812. Nn
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- Quoi qu’il en soit de ces observations , Fulioh n’en a pas moins rendu un grand service à sa patrie par l’introduction des bateaux à vapeur • il n’a épargné ni peines ni sacrifices pour y ajouter tous les perfectionnemens dont ils sont susceptibles. Les voyageurs y trouvent sûreté , commodité et agrément, et cette manière de voyager , aussi prompte qu’économique, est généralement approuvée en Amérique.
- Description du bateau à vapeur nommé le Paragon.
- Longueur de l’arrière à l’avant 170 pieds , largeur 28 pieds, non compris les constructions faites en dehors pour recevoir les roues à aubes, les escaliers et la provision de bois ou de houille, lesquelles, ajoutées, portent à 29 pieds la plus grande largeur.
- Derrière la machine à vapeur unescaîierconduit à une grande plate-forme ; d’un côté est la cabane du capitaine, de l’autre un cabinet dont la porte communique avec la grande chambre des dames. Cette dernière contient seize cabanes ou niches pour des lits, et huit sophas garnis de lits quand il en est besoin. Vis-à-vis est la salle à manger des dames, de 00 pieds de long sur 26 de large, et contenant vingt niches et dix sofas. Près de cette salle est à droite un garde-manger que l’on traverse pour arriver à la cuisine, qui contient deux fours, un gril, plusieurs chaudrons ou marmites et des marmites à vapeur, au moyen desquelles on peut aisément préparer à dîner pour cent cinquante personnes. La salle à manger des matelots et des domestiques, distribuée d’un côté de la machine, est attenante à la première; en face on trouve l’office , le garde-manger et les lits , au nombre de quatre, pour le maître-d’liôtel et ses aides. Vient ensuite une galerie avec plusieurs lits pour les matelots et les domestiques , ainsi que des compartimens où ils déposent leurs hardes , l’usage des coffres ou malles étant interdit. De ce côté est aussi un joli appartement destiné à l’ingénieur, avec deux lits, l’un pour lui et l’autre pour le pilote.
- En avant de la machine règue un autre escalier qui conduit à la chambre principale, de 40 pieds de long sur a5 de large ; elle est entourée de vingt* huit cabanes à lit, et de douze sofas garnis également de lits pour l’usage des voyageurs. A droite en entrant est un grand office qui communique avec la cuisine, la chambre principale et celle des domestiques ; à gauche une salle de rafraîchissement, et près de cette salle le gaillard d’avant, garni de lits pour les matelots.
- Le nombre total des lits pour les passagers est de cent quatre., outre ceux du capitaine, des officiers, des mariniers, des domestiques. Les cabanes sont assez larges pour, au besoin, recevoir deux personnes.
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- Les chambres, outre les sabords ou fenêtres sur les côtés du bâtiment, sont éclairée par de grands abat-jours qui font aussi les fonctions de ventilateurs ; elles sont ornées de glaces et de tapis.
- Chaque cabane supérieure ( à l'exception de quelques-unes près des roues) a une grande fenêtre, et est garnie de tablettes pour y déposer les effets de celui qui l’occupe. Les rideaux étant fixés à une corniche mobile , sont disposés de manière à former un petit cabinet, dans lequel une personne peut s’habiller sans être vue de la chambre. L’ouvrage extérieur, qui protège les roues et se prolonge en avant et en arrière , renferme des escaliers pour descendre dans un canot , des réservoirs à poissons et des huches pour placer le bois, qui n’encombre jamais le pont ; ce dernier, réservé pour la promenade des passagers , est surmonté de tentures qui couvrent la presque totalité du bâtiment.
- Le temps moyen pour faire le trajet de New-Yorck à Albany, distant de 160 milles, est de trente heures, quoiqu’il y ait à parcourir la partie supérieure de la rivière d’Hudson. On se propose d’augmenter les dimensions des machines à vapeur du Paragon et du Char de Neptune, et le trajet pourra s’opérer, l’été prochain, en vingt-sept heures.
- Ces bâtimens étant construits principalement en cèdre rouge et en sapin et sur un fort gabarit, ne portent point de lest. S’ils venaient à se remplir d’eau , les passagers ne courraient aucun danger, parce que le bois dont ils sont construits est plus que suffisant pour les tenir à flot.
- Vu la longueur et la largeur de ces bâtimens et les petites dimensions de leur voilure, il est impossible qu’ils chavirent. Aussi le Paragon réunit-il à la douceur des mouvemens et à l’élégance de la forme la célérité de la marche et la plus parfaite sûreté.
- ARTS CHIMIQUES.
- Description d’un appareil pour retirer de la Houille le gaz hydrogène et plusieurs autres produits utiles ^par M. B. Cook. de Birmingham (1).
- L’auteur ayant fait beaucoup de recherches et d’expériences sur la houille, dans la vue d’en retirer le goudron et une huile ou liqueur propre à la préparation des vernis, adressa à la Société pour l’encouragement des arts de Londres plusieurs échantillons de cette huile , qu’il obtient par la
- (1) Extrait du Journal de Nicholsoji. ÏS°. i45. Avril 1812.
- N n2
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- distillation du goudron. Il assure que chaque quintal de houille donne environ 4 livres de goudron clair, et qu’un gallon (4 pintes) de goudron fournit deux pintes de cette huile, qui sèche plus promptement et donne un plus beau lustre que celle de térébenthine, dont elle a d’ailleurs toutes les propriétés.
- Si r on considère que les ateliers de la ville de Birmingham et des environs consomment plus de 10,000 tonnes de houille par semaine, que les chantiers de la marine emploient une immense quantité de poix et de goudron, et que les articles de tôle vernie, dont il se fait un si grand commerce en Angleterre , exigent l’emploi de l’huile de térébenthine qu’on tire de l'étranger, on sentira tonte l’importance du procédé de M. Cook et les avantages qui doivent en résulter pour son pays, sans compter les améliorations que subira la fabrication du fer, pour laquelle on n’emploiera dorénavant que du coke.
- Pour s’assurer de la bonne qualité de l’huile qu’il retire de la houille, l’auteur invita M. Leresche, fabricant de tôles vernies à Birmingham, à l’employer comparativement avec celle de térébenthine, sans en prévenir ses ouvriers; ce fabricant en prépara lui - même un vernis dont il recouvrit un plateau de tôle : il trouva que non seulement il séchait plus promptement, mais qu’il prenait un plus beau poli que le vernis dont il fait communément usage.
- M. Cook ajoute que les bois recouverts du goudron de houille ne sont pas aussi facilement attaqués par les vers que ceux sur lesquels on applique le goudron ordinaire.
- Nous allons donner la description de l’appareil dont il se sert pour obtenir le gaz hydrogène, sans nous permettre cependant aucune réflexion sur l’analogie qui pourrait exister entre cet appareil et ceux employés en France. On sait que l’invention du thermolampe est due à un artiste français (feu M. Lebon) , et que les Anglais , après s’eu être emparés, y ont ajouté quelques perfectionnemens.
- A.fig. 2, PL g3, estun fourneau ordinaire construit en briques, ayantune grille composée de barres de fer, sur laquelle on place le combustible, et une issue aboutissant à la cheminée. B est la cornue en fonte de fer contenant de 25 à ioo livres de houille suivant l’étendue des lieux qu’on veut éclairer, et portant une anse c pour la suspendre dans le fourneau, au moyen d’une chaîne, à 3 pouces au-dessus de la grille ; cette cornue laisse entre elle et les parois du fourneau un intervalle de 3 pouces, afin que la flamme puisse circuler librement autour; et comme elle ne porte pas immédiatement sur le combustible, elle ne peut se détériorer et se conserve très-long-temps. Le couyercle d, qui est surmonté d’un tube coudé
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- se prolongeant jusqu’en a, s’emboîte exactement dans la cornue , qui se trouve ainsi hermétiquement fermée. Pour assurer cette fermeture , un poids b est placé sur ce couvercle, dont les bords sont lutés avec de l’argile. L’autre coude G du tuyau entre dans une espèce d’entonnoir formé par un tube adapté au couvercle du condenseur D, et d’un tube intérieur /qui passe à travers le sommet de ce condenseur. Lorsque le tuyau coudé est placé, on verse de l’eau dans l’espace qui reste entre les tubes, et on empêche ainsi toute communication avec l’air extérieur.
- Le gaz, après avoir traversé le tuyau coudé, descend dans le condenseur D, formé d’une auge de bois fermée par un couvercle en tôle auquel les tubes sont soudés. Les compartimens de tôle efghik sont alternativement fixés au couvercle et au fond de l’auge ; celle-ci étant à moitié remplie d’eau , le gaz s’y introduit en passant par le tuyau / qui plonge dans l’eau, et ne pouvant s’échapper qu’en R, il est forcé de passer dans le liquide ; mais comme le gaz tend à s’élever continuellement, il se rendrait directement dans le tube R , si les compartimens de tôle qui traversent le condenseur n’y mettaient obstacle, il est donc forcé de passer successivement dans tout le volume d^eau, où il est entièrement purifié ; ensuite il s’échappe par le tube R, passe par le tuyau S et s’élève dans le réservoir ou gazomètre K. Le fond du condenseur est percé d’une ouverture fermée par une bonde P pour laisser échapper l’eau ammoniacale et le goudron qui se sont déposés ; et le tube E , garni d’un robinet et placé au sommer du condenseur , est destiné à faire brûler le gaz superflu.
- Un robinet F adapté au tuyau principal sert à intercepter le passage du gaz dans le réservoir K lorsque la quantité qui a été produite est jugée suffisante. Pour se débarrasser du gaz superflu, on ouvre le robinet E, placé au sommet du condenseur, et aussitôt qu’il s’échappe, on y met le feu. Sans cette précaution, ce gaz s’accumulerait tellement dans le réservoir K, qu’il finirait par trouver une issue et répandrait une odeur désagréable.
- Il pourrait arriver que, quoique le gaz ait été purifié dans le condenseur D, il entraînât une petite portion de goudron, qui, en s’attachant aux parois du tuyau S, boucherait ce dernier ou se rassemblerait dans le réservoir. Pour remédier à cet inconvénient, un tube vertical, adapté au bas de ce tuyau, sert à conduire le goudron dans une jarre G remplie d’eau et placée au-dessous. Le gaz , en passant dans cette jarre, se purifie, et le goudron se dépose au fond.
- Il est utile de donner au tuyau S la plus grande longueur possible, parce qu’il fait l’office de réfrigérant. H est un tonneau d’une dimension arbitraire^ rempli d’eau, et garni d’un robinet à sa partie inférieure. Le gazo-
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- mètre, ou réservoir R, est en tôle, entouré d’une armature de fer composée de deux barres supérieures et de quatre barres latérales , et munie d’un fort anneau. Comme ce réservoir n’a pas de fond, il monte et descend aisément; pour faciliter ce mouvement, on attache à l’anneau une corde passant sur les poulies LL, et portant un poids M. qui contre-balance celui du réservoir. A mesure que le gaz y pénètre, il est forcé de descendre dans le tuyau J, et de remonter dans celui T, pour de-là être distribué dans les différens appartemens qu’on veut éclairer. Ce dernier tuyau est muni d’un tube vertical, qui plonge dans une jarre N remplie d’eau , et destinée à recueillir la petite portion du goudron que le gaz pourrait encore entraîner. En général on doit avoir la précaution de placer tous les tuyaux dans une position inclinée, tant au premier, qu’au second et au troisième étage , afin d’éviter l’accumulation des matières étrangères qui pourraient intercepter le passage. L’emploi des jarres de terre où viennent se rendre ces matières a l’avantage de maintenir les tuyaux constamment libres, et d’éviter l’embarras de les nettoyer. Ou vide les jarres ainsi que le tonneau, et on y renouvelle l’eau de temps en temps; celle contenue dans le condenseur est remplacée tous les deux ou trois jours : par ce moyen le gaz est privé de sa mauvaise odeur et parfaitement purifié.
- I^e robinet O est destiné à intercepter ou à ouvrir le passage du gaz dans les lampes ; on le ferme aussitôt qu’on s’aperçoit de la rupture de quelque tuyau, et lorsqu’il est nécessaire de faire des réparations urgentes à l’appareil : dans ce cas, tout le gaz reste accumulé dans le réservoir, et le maître de la maison peut régler à volonté la quantité de lumière qu’il veut donner à ses ateliers.
- L’appareil que nous venons de décrire est très-simple, et n’exige pas de réparations, souvent fort dispendieuses. Tout le procédé se réduit à enlever d’abord le couvercle de la cornue , à la charger de houille après en avoir retiré le coke, à abaisser ensuite le couvercle, dont on lute les bords avec un peu d’argile pour empêcher la communication avec l’air extérieur, et à faire allumer du feu sous la cornue. L’ouvrier chargé de cette opération doit activer le feu jusqu’à ce que la cornue soit échauffée et que le gaz commence à se dégager. Dans les lieux qui nécessitent un éclairage continuel et abondant, l’auteur recommande l’emploi de deux fourneaux et de deux cornues, de manière que lorsque l’une est épuisée, elle puisse être immédiatement remplacée par une nouvelle : pour cet effet, on place sur le condenseur deux entonnoirs semblables à celui C, communiquant chacun avec une cornue , dont le tube coudé porte un robinet V. Lorsqu’une des cornues est épuisée, on ferme les robinets V et F, afin que
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- le gaz soit retenu dans le condenseur ; puis on laisse refroidir la cornue ; et dès que le feu est allumé sous l’autre, on ouvre le robinet, et le gaz qui s’en dégage passe dans le réservoir : par ce moyen, l’une des cornues fournissant constamment du gaz , les lampes restent toujours allumées. Il suffit d’un condenseur. Lorsqu’on enlève le couvercle pour charger la cornue, on tourne le robinet V, et au moment où l’on retire le tube coudé, on ferme avec un bouchon de bois le tuyau placé dans [l’entounoir, pour éviter que le gaz ne s’échappe ; mais, pour faciliter cette opération, on pourrait munir ce tuyau d’un robinet, qu’il suffira de tourner pour retenir tout le gaz dans le condenseur pendant qu’on enlève le couvercle.
- Si l’on craint qu’une odeur désagréable se répande dans les apparte-mens qu’on veut éclairer avec le gaz hydrogène , on peut ajouter au condenseur une petite auge en bois , avec des compartimens dans l’intérieur pour forcer le gaz à pénétrer dans le tuyau R , après avoir passé dans de l’eau de chaux, dont on remplit cette auge, à moitié : par ce moyen toute mauvaise odeur est complètement détruite, et si l’on a soin de renouveler souvent l’eau de chaux dans l’auge , le gaz se trouvera entièrement purifié et répandra une belle lumière.
- Nous avons fait sentir plus haut de quelle importance il serait pour l’Angleterre d’approvisionner ses chantiers et ses forges du goudron et du coke qu’on obtient de la houille, produits qui jusqu’alors étaient perdus, du moins le premier, qui rend jusqu’à quatre pour cent. L’auteur insiste particulièrement sur ces avantages, dont l’évidence lui parait démontrée; il observe que le coke obtenu en vaisseaux clos est bien préférable, pour la fusion du fer, à celui qu’on fait à la manière ordinaire ; quant au goudron, comme la méthode de l’extraire de la houille par distillation est généralement connue, M. Cook a cru devoir se dispenser de la décrire.
- Il n’en est pas de même du procédé qu’il emploie pour retirer l’huile du goudron, quoiqu’il soit si simple, que chacun pourra facilement en saisir les détails.
- Lzfig. 3 de la PL 93 représente la coupe d’un fourneau et d’une cornue en verre , garnie de son récipient, dont plusieurs seront disposées sur une meme ligne sous une cheminée. Le fourneau est construit en briques, sans grille ni portes. A est l’emplacement sous lequel on place le combustible pour chauffer la cornue ; la fumée s’échappe par le conduit D , qui règne derrière toute la ligne des cornues, et s’élève dans la cheminée R.
- B est l’ouverture par laquelle on retire les cendres; G, une coupe de la bassine de fer formant la partie inférieure de la cornue;!, la partie su-périeurede la cornue, qu’on peut faire en fer, en verre ou en terre, et qui
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- est vue séparément dans la fîg. 4. E est une plaque carrée en fer , percée d’une ouverture; on la place sur le fourneau. La bassine en fer G, qui est proportionnée à cette ouverture , doit pouvoir contenir 5 ou 6 gallons de goudron ; elle est garnie d’un rebord H, qui s’appuie sur la plaque carrée E, et reçoit lui-même la partie supérieure I de la cornue. K est le récipient, dont le col est plus large que celui de la cornue.
- Après avoir rempli presque entièrement de goudron la bassine, on la recouvre avec la cornue, et on met un peu de sable autour du bord de cette bassine pour empêcher toute communication avec l’air extérieur; on place ensuite le récipient K , et on allume un feu doux en A. Le goudron commence à bouillir lentement et il s’en dégage une vapeur épaisse dont une partie se condense et retombe dans la bassine le long des parois de la cornue; tandis que la portion la plus pure s’élève dans le col, où elle se condense également et tombe goutte à goutte dans le récipient K. C’est cette liqueur qui a servi à la préparation du vernis dont nous avons parlé plus haut. L’auteur a donné au col du récipient un orifice plus large que celui de la cornue, parce qu’il se forme d’abord une huile ammoniacale très-volatile qui ne se condense pas, et dont l’odeur, extrêmement pénétrante, se répand au moment où l’on enlève la cornue: tandis que l’esprit, parfaitement pur et dégagé d’ammoniaque , tombe dans le récipient. Cet esprit est aussi volatile que celui de térébenthine , et s’évapore très-promptement à l’air, ce qui prouve sa qualité siccative; employé comme vernis et exposé dans une étuve , il sèche très-promptement et prend un beau poli.
- Il est nécessaire de maintenir un feu très-doux sous la bassine, dans laquelle il reste, après l’opération, de la poix, qui, étant mêlée avec l’esprit; peut servir à la composition du vernis noir.
- L’auteur assure que 6 gallons de goudron fournissent 2 gallons et jusqu’à 2 gallons et ^d’esprit, si l opération est conduite avec soin. Un seul ouvrier peut surveiller plusieurs cornues, dont on peut augmenter le nombre suivant le besoin.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née VALLAT LA CHAPELLE),
- rue de l’Eperon, n°. 7.
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- ONZIÈME ANNÉE, ( ]\0. Cil. ) DÉCEMBRE 1812.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- Notice des Travaux du Conseil dyAdministratioti, pendant le second semestre de Vannée 1812.
- Rédigée par M. A. CHORON,
- Correspondant de F Institut impérial de France.
- ( Extrait des Procès-verbaux et de la Correspondance du Conseil. )
- Les objets sur lesquels portent les travaux de la Société et du Conseil d’Administration peuvent être ramenés aux chefs suivans, qui forment les attributions d’autant de différens Comités : i°. la gestion des fonds ; 20. les Arts mécaniques ; 5°. les Arts chimiques ; 40. les Arts économiques ; 5°. F Agriculture*, 6°. le Commerce; 70. et enfin les communications de la Société et du Conseil , soit avec les membres de la Société, soit avec les personnes étrangères, ce qui comprend le Bulletin, la correspondance proprement dite, et les présentations d’ouvrages et objets de tout genre qui sont adressés à la Société. Pour procéder avec ordre et clarté, nous suivrons désormais la classification que nous venons d’établir, dans la notice que nous nous proposons de rédiger, des travaux du Conseil pendant la durée de chaque semestre. Nous observerons cependant que . comme la «eslion des fonds est la matière d’un travail particulier que fait le Comité qui en est chargé, il est inutile d’entrer ici dans aucun détail à cet égard. Quant aux autres objets, chaque titre sera divisé en deux parties : la première comprendra les objets entièrement terminés ; la seconde ceux qui ne le sont point« c’est-à-dire ceux sur lesquels le Conseil n’a point entendu de rapport ni adopté aucune résolution définitive.
- Onzième année Décembre 1812. O o
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- ARTS MÉCANIQUES.
- OBJETS TERMINÉS.
- Métier à tisser et tordoir-ourdissoir. Séance du 5 août.
- M. CharLes Vigneron a fait connaître au Conseil un mécanisme qu3i! a ajouté au métier à tisser de M. JDespiau, et un tordoir-ourdissoir de son invention, en priant la Société d’en confier l’examen à six commissaires ; savoir, deux mécaniciens, deux fabrieans de toile et deux fabricans de draps.
- Dans la séance du 11 novembre, M. Bardel alu, au nom d’une Commission spéciale, un rapport sur le perfectionnement du métier à tisser, rapport qui a été inséré dans le Bulletin, N°. CI, page 262 et suivantes.
- Armes à feu. Séance du 14 octobre.
- M. Gosset, arquebusier à Versailles , a présenté une carabine perfectionnée qui s’amorce au moyen de la poudre suroxigénée, et dont la platine est construite avec beaucoup de simplicité. Cet objet a été renvoyé à l’examen de M. Regnier. Le rapport que M. Regnier a fait à ce sujet a été inséré au Bulletin N°. CI.
- Pointage ; ciselure à la molette. Séance du 16 septembre.
- M. Petitpierre, mécanicien à Paris, a présenté, i°. un instrument de son invention servant à pointer avec plus de justesse la pièce d’artillerie, à connaître et à corriger le défaut de direction d’une pièce entre la ligne de mire et la ligne de tir ; 20. un flambeau en cuivre doré au mat, dont les ornemens sont exécutés à la molette.
- Dans la séance du 14 octobre, M. Regnier a fait sur le premier objet un rapport que l’on peut voir dans le N°. Cl du Bulletin, page 2.5g.
- Et, dans la même séance, le même membre a fait sur le second objet un rapport que l’on trouvera à la suite de cette notice.
- Règlure du papier. Séance du 28 octobre.
- M. Astier a soumis à la Société un instrument propre à régler une feuille de papier des deux côtés à-la-fois. Cet objet a été renvoyé au Comité des Arts mécaniques; et, dans la séance du 11 novembre , M. Gaultier, parlant au nom du Comité, a décrit cet instrument, qui consiste en un cylindre cannelé à arrêtes vives et également distantes, terminé par deux tourillons qui s’adaptent à une poignée. Pour en faire usage , onplace la feuille de
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- papier entre deux papiers noircis; on ajuste l’instrument à la partie supérieure ; on le tire à soi en appuyant sur la poignée; la feuille et le revers sont rayés, et les traits s’effacent avec la gomme élastique. Le Comité pense que cet instrument peut remplacer la règle carrée et celle à branches parallèles dont on fait usage dans les bureaux; et que comme il est beaucoup plus expéditif, il mérite d’ètre connu : en conséquence il a proposé de l’annoncer dans le Bulletin. Le Conseil a approuvé le rapport, et a arrêté qu’il serait fait mention de cet objet dans le compte rendu de ses travaux.
- Bateau à vapeur. Séance du 28 octobre.
- M. Barnet, consul des Etats-Unis d’Amérique et membre de la Société , a communiqué la traduction qu’il a faite d'une notice insérée dans un journal américain sur l’application de la vapeur comme force motrice pour faire mouvoir les bateaux, accompagnée de la description du bateau à vapeur , dit le Paragon.
- Cet objet a été renvoyé à l’examen du Comité des Arts mécaniques.
- Dans la séance du 9 décembre, M. Molarcl, au nom du Comité, a rendu compte de l’examen qu’il a fait du travail de M. Barnet, et il a proposé d’en ordonner l’insertion dans le Bulletin, en y faisant quelques corrections et additions qu’il se propose d’indiquer. Celte proposition a été adoptée, et la Notice a été insérée dans le N°. CI, page 2,66.
- Moulin à blé portatif. Séance du 28 octobre.
- M. Ch. Albert a fait hommage d’un moulin portatif pour moudre le blé , semblable à ceux qu’il a été chargé de fournir pour le service de la grande armée, et qui donnent i5 kilogrammes de farine par heure avec la force d’un seul homme.
- Dans la séance du 9 décembre , M. Molard, au nom du Comité , a lu un rapport sur les moulins de M. Albert. Il a d’abord observé que les moulins dont il s’agit ne différaient pas, en principe, de celui qui a été décrit et gravé dans plusieurs ouvrages, notamment dans V Art du Limonadier, publié en 1775 par l’Académie des Sciences, PL XIsJig. 3. Il est ensuite entré dans les détails de la composition de ces sortes de machines, au perfectionnement desquelles il a concouru, d’après l’invitation de S. Ex. le Ministre delà guerre. 11 fait dépendre leur succès : i°. de la juste proportion entre le diamètre de la base et du sommet du cône tronqué qui compose la noix; proportion qui doit être telle que le blé, à mesure qu’il passe du sommet à la base du moulin, trouve un espace suffisant pour s’étendre: autrement, il arriverait que la farine étant comprimée
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- serait sujette à s’échauffer, et que la résistance augmenterait en pure perle ; 20. de la direcîion des sillons gravés, tant sur la noix que sur le boisseau, et dont la profondeur doit être graduée de manière que le bîe ne reste dans le moulin que le temps nécessaire pour être réduit en farine, et que le moulin ne s’engorge pas; 3°. enfin de l’ouverture de la trémie , quidoitêtre réglée de telle sorte qu’il n’entre dans le moulin que la quantité de blé qu’ii peut moudre à-la-fois ou dans un temps donné, quantité toujours proportionnée à la qualité de farine qu’on veut obtenir.
- C’est d’après ces principes que le rapporteur a dessiné et fait exécuter le premier modèle de moulin , d’après lequel M. d.lbert en a construit cinq cents dans l’espace de trente et un jours. 11 a observé qu’il y a peu d’ateliers dans la capitale où l’on aurait pu obtenir le même travail dans le même espace de temps.
- Il a terminé en proposant de remercier M. Albert du don qu’il a fait à la Société d’une de ces machines, pour être déposée comme modèle dans son cabinet, et d’en publier la description, avec une gravure , dans le Bulletin ; il a offert de rédiger lui-même cette description.
- Après une discussion , le Conseil a approuvé le rapport et en a adopté les conclusions.
- Filature. Séance du 3o septembre.
- Au nom du Comité des Arts mécaniques , M. Molard a fait un rapport verbal sur une machine à filer exécutée par M. Moisson , et dont la description a été adressée à la Société par M. d’Hombres-Firmas. Il a donné lecture d’un ancien rapport fait sur cette machine à l’Académie de Nîmes en 1783, et il pense qu'on pourrait employer avec succès des machines de ce genre dans les maisons de détention. Comme elles n’oht point encore été décrites, M. Molard a proposé de les mentionner dans le Bulletin ; il a offert de rédiger une note à ce sujet. Cette offre a été acceptée.
- Dynamomètre. Séance du 14 octobre.
- M. Regnier a lu un mémoire sur un nouveau dynamomètre pour connaître et comparer les différens degrés de force des brins de laine. Le Conseil a arrêté que ce mémoire serait inséré au Bulletin avec une gravure. ( Voyez le N°. CI. )
- Ligne traînante à détente. Séance du 16 septembre.
- M, de la Chabeaussière a communiqué au Conseil une notice sur une ligne à détente de l’invention du sieur Grossin. Le Conseil a ordonné l’insertion de la notice dans le Bulletin. ( Voyez le N°. C. )
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- Peignage de la laine. Séances des 5 et 19 août.
- On peut voir dans le N°. XCVIII, page 192 et suivantes, la note des travaux du Conseil et du Comité relativement au peignage des laines.
- Fils de fer et d'acier, Séances des 5 et 19 août.
- On peut voir dans le N°. XCVIII , page 188 et suivantes, le détail des travaux du Conseil et du Comité des Arts mécaniques relativement à cet objet.
- OBJETS NON TERMINÉS.
- Sphère mobile. Séance du 16 septembre.
- M. Petau, de Seine-et-Oise , a annoncé au Conseil qu’il a imaginé une sphère mobile représentant plusieurs effets astronomiques, et il a proposé au Conseil de lui en adresser la description : le Conseil a répondu qu’il recevrait avec intérêt cette description.
- Engrenages. Séance du 14 octobre.
- M. Mérimée a présenté un mémoire de M. J. White sur les engrenages constans, et a demandé qu’il fût fait un rapport sur cet ouvrage. MM. Breguet, Molard et Poisson ont été chargés d’examiner ce travail et d’en rendre compte.
- Scies laminées. Séance du 28 octobre.
- S. Ex. le Ministre des manufactures et du commerce a transmis à la Société une réclamation de M. Peugeot, d’Hérimoncourt, département du Doubs 3 tendante à ce que la Société fasse connaître leur manufacture de scies laminées, genre d’industrie qu’on a représenté comme absolument étranger à la France. Cette demande a été renvoyée au Comité des Arts mécaniques.
- Béglure du papier. Séance du 25 décembre.
- M. de la Chabeaussière a présenté un instrument pour régler le papier, avec une note indicative des usages dont il est susceptible , et des moyens de s’en servir. Cet objet a été renvoyé au Comité des Arts mécaniques.
- Armes à feu. Séance du 5 août. '
- M. le baron Delessert a communiqué au Conseil une note sur un nouveau fusil qui se charge par la culasse, et dont l’inventeur est M. Pauly, mécanicien. Il a mis sous les yeux du Conseil un fusil de chasse et un pistolet construits sur ce principe.
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- Le Comité des Arts mécaniques , chargé d’examiner cetle invention . a adopté un rapport fait à ce sujet par M. le baron Delessert.
- ARTS CHIMIQUES.
- OBJETS TERMINÉS.
- Doublage des chaudières de fonte avec le platine. Séance du 11 aoilt.
- Au nom du Comité des Arts chimiques., M. d’Arcet a lu un rapport sur les ouvrages en platine exécutés par M. Janety fils , et principalement sur des vases destinés à doubler des chaudières de fonte pour le départ des alliages d’or et d’argent , pour la concentration de l’acide sulfurique, etc. En considération des travaux de M. Janety, le Comité a demandé l’insertion du rapport au Bulletin : cette insertion a eu lieu dans le Bulletin du mois de septembre dernier, N°. XCIX.
- Aciers. Séance du 19 août.
- Au nom d’une Commission spéciale, M. Gillet Laumonfà. lu un rapport sur des aciers fondus cémentés et filés de M. Peugeot : ce rapport a été , par ordre du Conseil, inséré au Bulletin, N°. XCIX.
- Cuirs imperméables. Séance du 9 décembre.
- M. J. Thomas, bottier à Paris, a présenté des échantillons de cuirs imperméables , qui ont été renvoyés au Comité des Arts chimiques. Dans la séance du 23 décembre, M. d*Arcet a fait sur cet objet un rapport.
- OBJETS NON TERMINÉS.
- Acier. Séance du 5 août.
- Le Conseil a renvoyé à l’examen de M. Gillet-Laumont, pour en faire un rapport, un traité manuscrit d’un coutelier de Caen, intitulé : Recherches sur hacier, qui lui a été présenté par M. Lair.
- Dans la séance du 19 août, M. Gillet-Laumont a lu un rapport provisoire sur cet ouvrage, en annonçant que, si le Conseil l’ordonnait, il rendrait incessamment un compte détaillé sur les vues neuves et utiles qu’il renfermait. Le Conseil a invité M. Gillet-Laumont à remplir cet engagement.
- Acier. Séance du 3o septembre.
- M. Girod-Chantrans a transmis à la Société une lettre de M. Peugeot, par laquelle cet artiste expose qu’il forme en ce moment un établissement
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- pour la fabrication des lames d’acier, et qu’il travaille depuis trois mois k la construction des machines nécessaires à ce genre de fabrication^ il désirerait que la Société fît pour lui auprès de S. Ex. le Ministre des Manu -factures et du Commerce la même démarche qu’elle a faite en faveur de M. Haddenbruck, d’Elberfeld, qui se propose d’introduire en France lè même genre d’industrie. Le Conseil a arrêté qu’il serait répondu à M. Peugeot que, lorsque sa fabrication sera en activité et que la Société aura connaissance de ses produits, elle prendra sa demande en considération.
- Teinture. Séance du 16 septembre.
- M. de Lasteyrie a communiqué au Conseil une note extraite d’un ouvrage de Don Juan Canalèsy Marty, publié à Madrid en 1779 , sur un moyen de teindre les draps en rouge de diverses nuances, avec quelques gouttes de dissolution de platine et un mélange de sel de tartre et de garance (1).
- Cette note et les échantillons qui l’accompagnent ont été renvoyés à M. Roard.
- M. de Lasleyrie a présenté en outre un échantillon d’argile, de laquelle on obtient en Amérique une teinture de couleur fauve , et y a joint des échantillons teints avec celte matière.
- Acierfondu. Séance du 28 octobre.
- Des échantillons d’acier fondu soudable adressés par M. Bttler, de Carcassonne, ont été renvoyés à M. Gillet-Taumont.
- Phosphore. Séance du 11 novembre.
- M. Gaultier a présenté, au nom de M. Baget, pharmacien à Paris, des échantillons de phosphore épuré , et un briquet phosphorique qui,
- (1) JD. Juan Pablo Canalès y Marty, dans un ouvrage intitulé : Coleccion de loperte-neciente al ramo de la rubia , etc., Madrid , 1779 , après avoir parlé de la couleur écarlate que l’on obtient aux Gobelins avec la cocbenille et une dissolution d’étain , rapporte ce qui suit :
- oc On a teint du drap avec quelques gouttes d’une dissolution de platine et un mélange de 53 sel de tartre et de garance. On a plongé les draps dans cette liqueur, et on a obtenu une » couleur de raisin sec , de café , et d’autres belles nuances qui deviennent plus foncées à » raison de la plus grande quantité de platine et de garance : il est résulté une belle cou-n leur cramoisie avec une petite addition d’oseille, et enfin une couleur de brique avec un « peu de curcuma.
- >3 On parvient ainsi à avoir de belles couleurs solides sans cochen'lle , car le platine » rehausse beaucoup les parties colorantes de la garance. 33
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- selon Fauteur, peut rester long-temps exposé à Fair sans altération.
- Le Couseil a renvoyé ces objets à l’examen du Comité des Arts chimiques.
- Potasse extraite des végétaux. Séance du 9 décetnbre.
- M. Baudrillart a offert à la Société la traduction qu’il vient de faire d’un mémoire de M. le baron de FFerneck> relatif à des expériences que celui-ci a faites sur un grand nombre d’arbustes et de plantes des forêts , pour déterminer la quantité de potasse qu’on peut en extraire. Il a joint à sa production un tableau dans lequel il présente, dans un ordre décroissant, la quantité de potasse que contiennent les végétaux sur lesquels M. de JVer-neck a opéré, tableau d où il résulte que la fougère donne une quantité de potasse bien plus considérable que toutesles autresespèces de combustibles. Il a promis d'c donner incessamment la description de l’appareil que M, de Wernech a employé dans ses expériences.
- Le mémoire dont il s’agit est renvoyé à l’examen du Comité des Arts chimiques.
- Indigo. Séance du 25 décembre.
- M. de Puymaurin a adressé à la Société deux bouteilles contenant de la fécule d’indigo extraite du pastel prise avant sa dessiccation , et à laquelle on a ajouté de l’alcool pour prévenir la fermentation. Cette fécule est employée avec succès dans le midi pour azurer le linge. M. C-haptal a proposé, et le Conseil en a ordonné le renvoi à l’examen du Comité des Arts chimiques,avec invitation de rechercher de quelle utilité cette fécule pourrait être pour l’impression des toiles.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- OBJETS TERMINÉS.
- Salaisons, Séance du 8 juillet 1822.
- M. le comte François de Neufchâleau a appelé l'attention de la Société sur une branche, d’industrie à-la-fois rurale et commerciale, la salaison des viandes, des fruits, etc. , industrie pour laquelle l’Irlande autrefois , et maintenant les États-Unis d’Amérique, ont laissé la France en arrière , quoique le sel de France soit d’une qualité supérieure. Il pense qu’il serait utile de*réunir les données éparses que nous possédons sur cette matière, et il a proposé d’ouvrir un concours à ce sujet. M. Bruun-Neergaard a annonce qu'un de ses compatriotes avait fait sur cette matière un traité complet ; il a offert de le traduire et de le communiquer à la Société. L’offre.de M. Bruun-Neergaard acté agréée, et la proposition de M. François
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- Çois de Neufchâteau renvoyée au Comité des Arts économiques , auquel M. d’Arcet a été adjoint.
- Dans la séance du 5 août, M. Bourriat, au nom du Comité, a fait sur cet objet un rapport, par lequel le Comité était d’avis d’adopter ce sujet de prix, et d’y affecter une somme de 3ooo francs. La discussion s’est engagée sur cette matière, et en définitif le Conseil d’Aministration, considérant que l’on ue peut ouvrir un concours sur l’art de saler les viandes , ni indiquer les perfectionnemens dont cet art est susceptible en France, sans avoir une connaissance exacte des procédés mis en pratique en Irlande, aux États-Unis et ailleurs pour faire de bonnes salaisons, et que ces procédés manquent absolument, la Société a ajourné la proposition de M. le comte François de Fleufchâteau, jusqu’à ce que l’on ait recueilli assez de matériaux pour pouvoir poser la question d’une manière précise.
- Dans la séance du 16 novembre, M. de Grave a annoncé qu’il a pris à Bordeaux des renseignemens sur le procédé qu’employait M. Vilaris pour conserver la gelée des viandes , et il lui a été répondu que l’auteur en avait transmis la connaissance à un particulier de cette ville. Il a demandé que . dans la rédaction du programme du prix qui sera proposé pour la salaison des viandes, on comprenne les procédés de M. Vilaris. Cette proposition a été adoptée.
- Vaisseaux vmaires. Bois de merrain. Séance du 22 juillet.
- Le Conseil a renvoyé à l’examen des Comités réunis d’agriculture et des arts économiques une lettre par laquelle M. le comte François de Fleufchâteau invitait la Société à proposer deux prix pour des recherches, i°. sur la meilleure forme à donner aux vaissaux vinaires pour en adapter la capacité au système métrique; 20. sur les bois que l’on pourrait substituer au chêne pour faire du merrain.
- Après examen et délibération , les Comités, parlant par l’organe de M. de Grave, ont observé, sur la première proposition, que, par un décret dont la date est récente, l’administration des droits réunis est chargée de surveiller l’exécution des réglemens existans sur runiformité des mesures de capacité , et qu’ainsi les abus résultant de l’arbitraire qui règne à cet égard dans le commerce ne peuvent manquer de disparaître.
- Sur la seconde proposition , les Comités ont observé que le robinier, indiqué par M. François de Fl euf château comme pouvant servir à faire du merrain , peut être propre à cet usage , mais que cette espèce d’arbre n’es? point encore assez multipliée en France et n’a point encore atteint ces proportions convenables pour pouvoir remplacer le chêne, et que les
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- mesures que l’on provoquerait à ce sujet seraient prématurées ; que ie chêne n’est pas actuellement aussi rare en France qu’on est porté à le croire, que l’ordre se rétablit dans nos forêts, que la consommation du bois de chauffage diminue chaque jour; que les plantations, au contraire , augmentent de toutes parts ; que de nouvelles communications permettent de transporter dans l’intérieur des bois de construction perdus dans des montagnes jusqu’alors réputées comme inaccessibles , et que toutes ces circonstances réunies font juger qu’il y a peu d’inconvénient à employer le chêne à la fabrication des tonneaux.
- En conséquence, les Comités réunis ont été d’avis que les deux propositions de M. François de N eufchâteau doivent être ajournées, mais qu’il convient de le remercier de ses observations et d’ordonner le dépôt de sa lettre aux archives de la Société, pour y avoir recours au besoin.
- Le Conseil a approuvé le rapport des deux Comités et en a adopté les conclusions.
- Nouveau comestible, Séance du 5 août.
- Mme. Chauveau de la Miltière a annoncé qu’elle venait d’inventer un nouveau comestible, qui se compose de la fécule de dix sortes de plantes céréales ou légumineuses , et auquel on pouvait donner à volonté la forme de vermicelle, de riz, etc. Le Conseil a renvoyé cet objet à l’examen du Comité des Arts économiques.
- Dans la séance du 19 août, M. de Grave , au nom de ce Comité , a lu un rapport sur ce comestible, qui consiste en des pâtes composées en tout ou partie des substances suivantes , savoir : pomme de terre, blé de Turquie, millet, châtaigne, sarrasin, lentilles, orge, avoine, farine de pois et de fèves.
- Ces pâtes ont présenté au Comité plusieurs avantages ; saveur agréable et qui se prête aux mêmes assaisonnemens que le riz et la semoule ; propriété de se conserver long-temps sans s’altérer et sans éprouver une diminution de volume ou de pesanteur. Le Comité estime que l’on pourrait tirer parti du procédé de Mme. Chauveau, en l’employant sur les lieux même pour conserver différentes substances propres à suppléer le blé dans les temps de disette. Il conseille à cette dame de demander au Gouvernement des commissaires pour constater la salubrité de ses préparations, et si celte vérification répond à ce qu’elle annonce , de céder à l’Etat le secret de sa fabrication*, enfin il a proposé de donner à Mme. Chauveau un té-momnase de sa satisfaction, en faisant insérer un extrait du nréseoî rapport dans le Bulletin.
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- Le Conseil a approuvé ce rapport et en a adopté les conclusions.
- Plinthes mobiles. Séance du 22 juillet.
- M. Cauchois y menuisier à Paris, a imaginé une plinthe mobile qu’il adapte au bas des portes , et qu’un étrier soulève ou abaisse selon ia pente du plancher, pour garantir les appartemens du froid qui s’y introduit par les ouvertures qu’elles laissent sur un plancher inégal. M. Gillet-Vaumont a lu, à ce sujet, une note qui, par ordre du Conseil, a été insérée dans le Bulletin, ( Voyez ÜM°. XCVIII. )
- Houille. Séance du 16 septembre.
- M. de la Chabeaussière a communiqué une note sur le chauffage avec la houille. Le Conseil a arrêté que cette note serait insérée au Bulletin. par extrait. L/insertion de cet objet a eu lieu. ( Voyez le N°. C, page a3i. )
- Campe à pied. Séance du 16 septembre.
- M, Gotten a présenté une lampe à pied à réservoir circulaire placé au-dessus de la mèche; celte lampe a été renvoyée à l’examen du Comité des Arts économiques.
- Dans la séance du 3o septembre, M. Gillet-Laumont a lu sur cet objet un rapport qui a été inséré au Bulletiny N°. C, page 243.
- Sucre de betteraves. Séance du 16 septembre.
- Le Conseil a renvoyé à l’examen du Comité des Arts économiques un échantillon de sucre de betteraves fabriqué par Mme. Hellot, de Guim» garnp. Dans la séance suivante, M. Bourriat, au nom du Comité , a fait un rapport, dans lequel il conclut à remercier Mme. Hellot de son zèle, et à faire mention au Bulletin des échantillons qu’elle a adressés à la Société.
- Dans cette même séance, M. Ch. Derosne a lu une note sur l’emploi du charbon dans la fabrication du sucre de betteraves 11 a fait sentir les avantages qui résultent de l’emploi de cette substance préparée avec beaucoup de soin par M. Ve cerf y rue Saint-Victor, pour la clarification et la dépuration du sirop , et il a présenté à l’appui de ses observations quelques échantillons de cassonnacle et de cristaux de betteraves obtenus en très-peu de temps par évaporation. Le Conseil a arrêté qu’un extrait de cette note serait inséré au Bulletin. ( Voir\e IM0. C. )
- Boulangerie. Séance du 28 octobre.
- M. Mérimée a donné lecture d’un article du procès-verbal de la séance publique tenue le 9 juin dernier par la Société d’émulation de Rouen ,
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- dans lequel il est rendu compte du résultat des expériences que cette Société a fait faire pour constater les avantages du pétrin de M. Eembert, expériences dont le succès a été complet. M. le baron Coquebert de Montbret a annoncé que de semblables expériences ont été faites à Amiens, et que le résultat en a été également satisfaisant.
- Sucre de pomme de terre. Séance du 28 octobre.
- S. Ex. M. le comte Rœderer, Ministre secrétaire d’Etat du grand-duché de Berg , a adressé à la Société des échantillons de sirop de sucre de pomme de terre confectionné à Elberfeld, et une notice sur les procédés qu’on a suivis pour obtenir ces substances. Ces objets ont été renvoyés au Comité des Arts économiques.
- Dans la séance du g décembre, M. Bourriat a fait, au nom du Comité s un rapport que l’on trouvera dans un des numéros suivans du Bulletin.
- OBJETS NON TERMINÉS.
- Procédépolygraphique. Séance du 5 août.
- M. J.-B. U H ermite, l’Imprimerie impériale, a soumis à l’approbation de la Société un moyen d’écrire plusieurs lettres à-la-fois. Le Conseil a renvoyé cet objet à l’examen du Comité des Arts économiques,
- Tuiles. Séance du 16 septembre.
- M. le baron de Beauverger a présenté de la part de M. Chaunwtte des modèles de tuiles d’une nouvelle forme, qui s’enchâssent l’une dans l'autre par des rainures pratiquées sur leurs bords : elles ont , suivant Fauteur, l’avantage d’ètre plus légères et d’un transport plus facile; de moins fatiguer les charpentes, qui, elles-mêmes , n’ont pas besoin d’être aussi pesantes; d’épargner des frais de main d’oeuvre et de prévenir la filtration.
- Chauffage. Séance du 11 novembre.
- Le Conseil a renvoyé au Comité des Arts économiques un uouveau mémoire de M. de la- Chabeaussièî'e sur le chauffage au charbon de terre. Eclairage. Séance du 11 novembre.
- M, Bordier a renouvelé sa demande d’un rapport sur le système d’é-clair'âge qu’il nomme sydéral, et pour lequel il s’est procuré un brevet d’invention. Il a mis sous les yeux du Conseil deux lampes, dites d’applique, construites sur ce principe , et a invité les membres présens à observer, au sortir de la séance, d’autres appareils du même genre qu’il a mis en expérience dans la cour de l’hôtel.
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- Le Conseil a renvoyé la demande de M. Bordier au Comité des Arts économiques.
- Chauffage. Séance du 11 novembre 1812.
- M. Ravelet, auteur de divers appareils de chauffage économique, a sollicité la nomination de commissaires pour examiner un nouveau poêle de son invention, en constater les effets et en faire leur rapport au Conseil» Cet objet a été renvoyé au Comité des Arts économiques.
- Objets divers. Séance du 9 décembre.
- M. San Vitale a présenté, i°. un forceps perfectionné par le sieur Gallis coutelier à Fontanellato ;
- 20. Des échantillons de ram et de sucre extraits du miel et fabriqués par MM. Gottardi et Magawli, de Parme ;
- 3°. Un échantillon de tarlrite acidulé dépotasse fabriqué par M. Mazzas chimiste-pharmacien de la même ville;
- 4°. La description du procédé de fabrication employé par ce chimiste 5 5°. Un certificat des pharmaciens de Parme, qui reconnaissent que le tarlrite acidulé de potasse de M. Mazza est de la plus parfaite qualité , et attestent que le prix de vente en est tel qu’il convient, pour son débit, dans le département du Taro, où on le préfère à celui qu’on retirait auparavant de l’extérieur de ce département.
- Le Conseil, en remerciant M. San Vitale de ses diverses communica-lions , a décidé , à l’égard du forceps , que la Société ne pouvait émettre aucune opinion sur cet instrument, dont l’examen appartient exclusivement à la Société de Médecine. Les deux autres objets ont été renvoyés à l’examen du Comité des Arts économiques.
- AGRICULTURE.
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- Insecte eîinemi des vignes. Séance du 16 septembre.
- On a vu dans le N°. XCVI du Bulletin, que la Société avait demandé à Fahnenberg des renseignemens plus détaillés sur divers objets dont ce correspondant l’avait précédemment entretenue.Le Conseil a reçu de lui, entre autres objets, une note sur un insecte ennemi des vignes que l’on a reconnu dans les vignobles du pays de Bade.
- Dans la séance du 28 octobre, M. Bosc, parlant au nom du Comité d’A-griculture , auquel la note de M. de Fahnenberg avait été renvoyée, a dit que cet insecte avait beaucoup de rapports de moeurs avec la pyraie de la vigne (pyralis vitana) , décrite par lui dans les mémoires de l’ancienne
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- Société ii Agriculture de Paris; mais qu’il s en distingue néanmoins par des caractères génériques et spécifiques très-prononcés. Des feux allumés le soir autour des vignes au moment de la ponte sont le meilleur moyen à opposer aux ravages des chenilles qu’il produit.
- Dans la séance du 14 novembre , M. de la Chabeaussière, par suite de la discussion qui avait eu lieu sur ceî objet dans la séance précédente, a présenté de nouvelles observations sur cette classe d’insectes, et en particulier sur la pyrale (pyralis vitana). L’incurie des propriétaires, d’une part, a-t-il dit, et de l’autre l’intérêt personne!, entretiennent ce fléau et le perpétuent. Cet intérêt porte les écheniileuscs à laisser une partie du couvain qui doit éclore l’année suivante, et sur lequel elles fondent l’espoir d’une occupation salariée. Il voudrait que l'autorité intervînt pour obliger les propriétaires à faire usage des préservatifs indiqués, et il pense qu’une invitation du Ministre de l’intérieur k MM. les préfets des dépannions où la vigne est spécialement cultivée, pourrait seule assurer l'exécution de cette mesure.
- Après une discussion, le Conseil considérant que cet objet est d’une importance telle qu’il mérite de fixer l’attention du Gouvernement ; que les vignes ont beaucoup souffert cette année des ravages des insectes; que le mal est susceptible d’augmenter par la négligence des moyens connus de le prévenir, l’échenillage et les feux de flamme; que ces moyens, contre lesquels on a objecté la dépense et plusieurs inconvéuicn;, peuvent, étant bien dirigés, épargner de grandes pertes aux propriétaires de vignobles arrête qu'il sera publié dans le Bulletin uue instruction ace sujet, dont la rédaction est confiée à M. B ose.
- Extirpation des joncs. Séance du 28 octobre,
- M. Rousseau jeune , fabricant de soude à Landernau, ayant appris que ia Société avait proposé un prix pour l’extirpation du jonc dans les marais lessechés, et n’ayant point l’intention de concourir, a communiqué un moyen dont il a fait usage avec succès dans sa propriété , et qui consiste à répandre sur les terrains obstrués par les joncs les résidus des lessives de soudes artificielles. U entre, à ce sujet, dans quelques détails , et invite la Société k les publier dans son Bulletin. Les lettres et mémoires de M. Rousseau ont été renvoyés au Comité d’Agriculture.
- Dans la séance du 11 novembre, M. Bosc , parlant au nom du Comité, a dit que le procédé de M. Rousseau consistait a couper les touffes de joncs en automne, et k faire couvrir les racines d’une couche de ces résidus, épaisse de 3 à 4 pouces. Il a observé que ces résidus étant principa-
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- lement composés de chaux, ils doivent d’abord causer en effet la destruction des joncs par leur causticité, et ensuite lorsqu’ils ont été affaiblis et dispersés par les pluies, favoriser comme dissolvans de l’humus la végétation des graminées voisines, on la pousse des graines qui avaient été arrêtées entre les tiges des joncs ; que la propriété de la chaux , sous ce rapport, est connue depuis long-temps des cultivateurs éclairés • que s’ils n’en font pas un plus fréquent usage, c’est qu’ils sont retenus par la dépense qui, sur une grande superficie, serait exorbitante, et que l’écobuage, qui produit les mêmes effets, serait plus économique.
- Le rapporteur , en terminant, a proposé de remercier M. Rousseau de sa communication, en lui faisant observer que, quelque excellent que soit son procédé , il ne peut être employé que dans des circonstances rares, à raison de la dépense, et qu’ainsi il n’atteint pas le but proposé. Le rapport et les conclusions ont été adoptés.
- Lin de Sibérie. Séance du 28 octobre.
- M. R.-Joseph Moreau, de Bellaing , a adressé l’extrait d’un mémoire qu’il a lu à la Société d’agriculture du département de Jemmape, sur les avantages du lin pérennel de Sibérie. Ce mémoire a été renvoyé au Comité d’Agriculture.
- Dans la séance du 11 novembre , M. B ose, au nom du Comité d’Agri-cuîture, a déclaré que l’on devait applaudir aux vues de Fauteur et aux indications que présente son mémoire-, mais il ne pense pas que son influence soit plus prépondérante que celle des nombreux écrits qui depuis un demi-siècle ont été publiés dans la vue de faire valoir les avantages appareils du lin de Sibérie, et d’en propager la culture en grand. Le Comité n’a pu reconnaître les causes qui se sont opposées jusqu’à présent au succès de la culture de cette plante ; mais il observe qu’elles sont trop générales pour que l’on puisse douter de leur solidité. Il a néanmoins proposé de remercier M. Moreau de sa communication, de l’encourager à faire imprimer son mémoire, à mettre ses propres instructions en pratique, et à faire connaître à la Société, dans quelques années, le résultat de ses essais. Le Conseil a approuvé le rapport et en a adopté les conclusions.
- Industrie rurale du département du Doubs. Séance du 5 août.
- M. Girod-CIiantrans a adressé à la Société un mémoire sur l’industrie rurale du département du Doubs, et sur les changemens qu’elle a éprouvés depuis quarante ans. Ce mémoire a été renvoyé au Comité d’Agriculture.
- Dans la séance du 16 septembre, M. Bosc , parlant au nom de ce Comité , a dit que l’auteur méritait les remercimens du Conseil ; qu’il était
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- à désirer que ce travail ne fut pas perdu pour l'instruction^ et comme on ne peut ie publier en entier dans le Bulletin 9 le rapporteur a proposé de l’a-dresser à la Société d’Agriculture du département de la Seine pour le faire imprimer , soit dans ses Mémoires 5 soit dans ses Annales dé Agriculture.
- Le Conseil a approuvé le rapport et en a adopté les conclusions.
- Nourriture des bestiaux par la pervenche bleue. Séance du 12 août.
- M. Duperrey, de Rouen, a adressé au Conseil un mémoire sur l’utilité de la pervenche bleue pour la nourriture des bestiaux. Ce mémoire a été renvoyé au Comité d’Agriculture.
- Dans la séance du 16 septembre , I\I. Bosc a lu , au nom du Comité , un rapport sur cette question. Le Comité n’a point d’expériences directes à opposer aux idées de M. Duperrey ; mais il observe : i°. que la pervenche n’est jamais mangée par les bestiaux en liberté ; 20. qu’elle appartient à une famille très-féconde en poisons (les apocinées ); 3°. qu’elle ne vient bien que dans les bons terrains et à l’ombre.
- M. Duperrey n’annonçant point avoir mis son idée en pratique, ie Comité a proposé de l’engager à le faire et de lui communiquer les observations précédentes.
- Le Conseil a approuvé ce rapport et en a adopté les conclusions.
- Dessèchement des châtaignes. Séance du 5 août.
- S. Ex. le Ministre des Manufactures et du Commerce a invité la Société à s'occuper de la recherche d’un procédé pour dessécher les châtaignes, plus avantageux que ceux qui sont actuellement eu usage et qui soit de nature à être généralement adopté. A la lettre de Son Excellence était jointe une note de M. Alluaud sur la méthode employée dans le département de la Haute-Vienne. Le Conseil a chargé le Comité d’Agriculture de mettre la Société à portée de remplir les vues de Son Excellence.
- Dans la séance du 16 septembre ,M. Bosc a lu sur cet objet un rapport, qui a depuis été inséré au Bulletin. ( VoyezleJN°. XCIX, page 224. )
- Pastel. Séance du 5 août.
- M. déHotnbres-Firrnas a adressé au Conseil une note sur la culture du pastel à Saint-Hippolyte , département du Gard, culture qu’il a été spécialement chargé de diriger dans ce département, et dont il s’est occupé avec zèle et succès.
- Dans lu séance du 16 septembre, M, de Pasteyrie a fait un rapport verbal sur cette notice, et il a conclu â adresser à l’auteur une lettre de remercîment , ce que le Conseil a adopte.
- Élèves
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- Elèves agriculteui's à VEcole d*Alfort. Séance du 8 juillet 1812
- Le Conseil, après avoir pris l’avis du Comité d’Agriculture , a arrêté que le sieur Jean le Chesnei âgé de vingt et un ans, fils de M. le Chesne, propriétaire et entrepreneur de bâtimens au Mans, sera entretenu par la Société à l’Ecole d’Alfort, à l’effet d’y recevoir l’instruction agricole , et que sa pension courra à compter du icr. juillet 1812 jusqu’à la fin du cours de M. Yvart.
- Dans la séance du 22 du même mois, le Conseil a accordé une semblable faveur au sieur Isaïe Mare, fils d’un cultivateur de la commune de Mathieu, près Caen, département du Calvados, présenté par M.Mérimée; et au sieur Jean Macé, de la commune de Courbouson-Herbilly, arrondissement de Blois , âgé de vingt ans , fils d’un cultivateur , exerçant à-la-fois cette profession et celle de maréchal, sachant lire et écrire, et ayant satisfait aux lois de la conscription. Le sieur Macé était présenté par M. le préfet du département de Loir-èt-Cher.
- Dans la séance du 12 août, M. Huzard, en sa qualité d’inspecteur général des Ecoles vétérinaires, a adressé le contrôle des élèves qui suivent, aux frais de la Société, les cours de l’Ecole d’Alfort. Ils sont au nombre de six. Deux sont sortis; savoir, le sieur P. Bouffel, d’Oulre-bois, canton de Doulens (Somme), qui vient d’obtenir son brevet d’artiste vétérinaire, et le sieur Martin Fossette, du département du Pas-de-Calais, qui n’est resté que quinze jours à l’École. Ceux qui restent sont les sieurs Louis-H* Moyne , de la Vienne-, J.-F. Desroy , Louis-A. Gauthier, de la Somme; et J. le Chesne, de la Sarthe. M. Huzard a invité le Conseil d’Administration à nommer aux deux places vacantes.
- Le Comité d’Agriculture a été chargé de désigner pour remplir ces places deux candidats parmi ceux dont les noms sont inscrits au secrétariat de la Société.
- D ans la séance du 14 octobre, M. Silvestre, au nom du Comité d’Agriculture, a proposé pour une de ces deux places le sieur Jacques-Germain Martin, de la commune de Villepreux, arrondissement de Versailles, qu’il avait présenté dans une des séances précédentes. Cette proposition mise aux voix a été adoptée. En conséquence , la pension du sièur Martin sera payée par la Société à l’École d’Alfort, à compter du jour de son entrée dans cet établissement jusqu’à la fin du cours de M. Yvart. Son admission a été autorisée par Son Ex. le Ministre de l’Intérieur.
- Onzième année. Décembre 1812. Qq
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- OBJETS NON TERMINÉS.
- Couvain des ruches. Séance du 5 août.
- Le Conseil a renvoyé à l’examen du Comité d’Agriculture lin mémoire de M. Ducouëdic sur la possibilité de faire éclore le couvain des ruches mortes au printemps , faute de nourriture.
- Extirpation des joncs marins. Séance du 11 novembre.
- S. Ex. le Ministre des Manufactures et du Commerce a transmis un mémoire de M. Rod. Heltz, de Zurich , contenant l’indication des moyens de détruire les joncs dans les marais desséchés et de rendre ces terrains à l’agriculture. Le mémoire a été renvoyé au Comité d’Agriculture.
- Engrais. Séance du 9 décembre.
- M. Robert, entrepreneur de l’établissement pour la cuisson des abattis, et membre de la Société , a annoncé qu’il a découvert un engrais que fournit l’intérieur de la panse de boeuf, et qui ne peut devenir coûteux que par les frais de transport; qu’il a recueilli environ 1,2,00,000 de cette matière; que MM. Yvart et Rendu en conçoivent les plus grandes espérances pour l’amélioration des terres sablonneuses et des prairies artificielles , et qu’il en a livré pour essai une assez grande quantité à ce dernier cultivateur. Il a invité la Société à publier sa découverte et à faire connaître son dépôt par la voie du Bulletin. Cet objet a été renvoyé à l’examen du Comité d’Agriculture.
- BULLETIN.
- Dans la séance du 14 octobre , M. le baron Costaz a appelé l’attention du Conseil sur la nécessité de donner un plus haut degré d’intérêt au Bulletin 3 pour le rendre digne de son objet et de l’importance qu’acquiert la Société.
- Après une discussion, sa proposition a été renvoyée à une Commission spéciale, composée de MM. Base , Clément, le baron Costaz, Mérimée et Thénard.
- Dans la séance du 25 novembre, M. Mérimée, au nom de la Commission, a fait un rapport, à la suite duquel la Commission a proposé de prendre l’arrêté suivant :
- Il sera nommé un rédacteur pour travailler, conjointement avec M. Da-clin, à la rédaction et à la publication du Bulletin. Les fonctions de ce rédacteur consisteront principalement à reviser tous les articles destinés à paraître dans le Bulletin, et à choisir dans les journaux étrangers ce qu’il
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- sera utile d’en extraire. Il se concertera avec les membres de la Commission du Bulletin sur l’emploi des divers matériaux dont la publication lui sera confiée.
- Après discussion, le Conseil a approuvé le rapport, et a chargé la Commission spéciale de se réunir avec elle avant la prochaine séance du Bulletin y pour désigner le rédacteur que l’on propose d’adjoindre à M. T) a clin.
- Dans la séance du 9 décembre, M. Mérimée y au nom de la Commission du Bulletin y réunie à celle des fonds, a proposé et le Conseil a pris l’arrêté suivant :
- « En conséquence de la délibération du 25 novembre dernier, relative » aux moyens d’améliorer le Bulletin , M. A. Choron est adjoint à » M. Daclin pour travailler en commun à la rédaction de cet ouvrage. »
- CORRESPONDANCE. i°. Objets généraux. Séance du 5 août,
- M. Silvestre a fait sentir combien il serait utile de connaître tous les sujets de prix mis annuellement au concours par les différentes Sociétés savantes, tant de France que des pays étrangers, ainsi que les résultats de ces mêmes concours, et d’avoir au secrétariat un registre où ces ren-seignemens seraient consignés. Le Conseil a partagé cette opinion , et a arrêté qu’il serait écrit une circulaire à toutes les Sociétés savantes, pour les inviter à transmettre chaque année à la Société d Encouragement leurs programmes, et par suite la note des prix qu’elles auront décernés. Et pour faciliter la formation du registre proposé par M. Silvestre, l’agent de la Société est autorisé à faire l’acquisition de l’ouvrage de M. handine, intitulé : Couronnes académiques.
- S. Ex. le Ministre des Manufactures et du Commerce a transmis à la Société deux exemplaires du procès-verbal de la séance publique tenue par la Société d’Agriculture du département de la Haute - Vienne. Le Conseil a ordonné d’accuser la réception de ce procès-verbal et le dépôt à la Bibliothèque.
- 2°. Ouvrages offerts.
- M. ChaumeUcâ. adressé à la Société plusieurs exemplaires d’un rapport lait à la Société d’Agriculture du département de la Seine par M. le baron Petit de Beauverger, sur les travaux qu’il a exécutés relativement à la dérivation d’une partie de la Suône.
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- M. Vincent Lando a fait hommage d’un mémoire imprimé sur la fabrication du sucre de châtaignes.
- La Société des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, a adressé à la Société, i°. un exemplaire de l’ouvrage qu’elle vient de publier sur les moyens de soulever les corps submergés ; 20. un rapport sur une nouvelle méthode proposée par M. Pinard, imprimeur de cette ville, pour apprendre à écrire aux enfans sans le secours des maîtres.
- M Sobrj, commissaire de police du dixième arrondissement, a fait hommage d’un exemplaire de sa Poétique des arts.
- M. sint. Janvier a déposé sur le bureau un exemplaire d’un ouvrage intitulé : TJ es révolutions des corps célestes parle mécanisme des rouages.
- M. Guyton-Morveau a déposé sur le bureau un exemplaire d’une notice tirée du journal de Nicholson, sur la non existence du sucre dans le sang des personnes affectées du diabétès, et le passage du prussiate de potasse de l’estomac dans la vessie , avec cette épigraphe :
- Duce chiniia, omniabonci speranda in mediois. Boerh.
- M. Carnot a fait hommage d’un exemplaire de son ouvrage sur la défense des places fortes.
- M. Delà Tynna a offert un exemplaire de son Dictionnaire des rues de Paris.
- Rapport sur des Flambeaux à colonnes ciselées à la molette ? en ligne droite et en spirale 9 à P aide d’une machine inventée par M. Petitpierre, ingénieur -mécanicien à Paris , rue de la Verrerie , n°. 60,
- M. Petitpierre a présenté à la Société d’Kncouragement une paire de (lambeaux en cuivre doré, où tous les ornemens ont été faits à la molette., ciselée en ligne droite, et une autre paire ciselée en spirale.
- On sait qu’il est facile de moleter sur le tour, mais il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit d’emplover la molette en ligne droite sur un fût de colonne. Cependant les échantillons présentés par M. Petitpierre sont cot-rects et bien exécutés., quoique d’une assez grande largeur j et comme ce procédé supprime la main-d’œuvre du ciseleur, il en résulte nécessairement une diminution de prix dans le travail de ses flambeaux. 11 peut également employer son mécanisme à des boîtes de pendules et à d’autres objets de ce genre où on veut économiser le haut prix de la ciselure.
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- D5après ces considérations, le rapporteur pense qu’on peut faire mention du travail de M. Fetitpierre , comme pouvant être utile à une infinité de choses dans les objets de luxe qu’on veut orner à peu de frais.
- E. Regniek.
- Notice sur Les Fabriques de Minot du département de Tarn-et-
- Garonne.
- Le commerce des farines est très - important dans le département de Tarn-et-Garonue : avant la révolution, les fabriques de minot envoyaient aux colonies 200,000 quintaux métriques de cette denrée, fournis par soixante établissemens , qui occupaient quatre mille ouvriers. Celles qui existent aujourd’hui sont placées dans les villes de Montauban, de Moissac et de Caussade, et dans les communes de Realville, d’Aurillars et de la Magistère, et elles ont leurs débouchés dans les départemens du midi. Les grains les plus propres à la fabrication sont ceux qu’on récolte sur les coteaux» On cite ceux de Montpezat, de Montalzat, de Puyîarroque , de Mirabel , dans le département de Tarn-et-Garonne ; de Belfort et de Mondoumère dans le département du Lot, comme ayant toutes les qualités convenables. Avant de les convertir en minot, on les dépose dans des greniers boisés, bien aérés et placés au-dessus du rez-de -chaussée. Les blés les plus beaux, sans vice ni altération, sont ceux qu’on emploie, après avoir eu soin d’en écarter la terre, la poussière et les graines parasites. Quand la farine revient du moulin, on la porte dans un grenier, dont le plancher, ainsi que les murs jusqu’à la hauteur de 2 mètres f sont en bois. On la remue souvent pour mieux en détacher le son. Lorsqu’elle a été blutée, on la met ou dans des sacs de toile neuve, ou dans des barils neufs de hêtre, en ayant l’attention de la presser avec assez de force.
- Quelques-unes des maisons qui font le commerce des farines de minot se sont occupées des moyens d’obtenir une économie sur la main-d’œuvre, en faisant usage des machines. De ce nombre est Mme. veuve Détours qui possède une fabrique déjà connue à Moissac en 1760. La machine dont elle fait usage diminue beaucoup les frais de fabrication. Nous citerons encore M. Genyer aîné , de la même ville, qui, au moyen d’une mécanique qu’il a fait établir, obtient des résultats équivalens à ceux qu’il retirerait du travail de quinze ouvriers. Les fabriques de minot du département occupent six cent quatre-vingt-seize ouvriers, et elles livrent annuel» ment au commerce pour 2,58o,000 francs de marchandises.
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- Note sur une nouvelle Teigne champêtre , ennemie des vignes.
- Une découverte faite l’année dernière dans le grand-duché de Bade , paraît avoir beaucoup d’intérêt pour tous les pays vignobles.
- .Des observations suivies nous ont fait connaître un petit insecte qui dévaste les vignes plus que le gribouri, la bêche et les limaçons. Cet animal si malfaisant et jusqu’à présent inconnu aux naturalistes est une sorte de teigne champêtre : c’est une véritable chenille qui se change en papillon.
- Le naturaliste chargé par le Gouvernement d’observer cet insecte, lui a donné le nom de teigne des raisins (tinea uvœ).
- Cet insecte ne se borne pas à manger les fleurs des vignes, mais il pique aussi les raisins et les fait pourrir. On l’a découvert pour la première fois dans les environs du lac de Constance, et principalement sur l’île de la Reichenau. Il y en a en si grand nombre qu’on aperçoit quelquefois près de trente chrysalides sur un cep de vigne : de sorte que ce petit animal détruit bien souvent toute l’espérance des vignerons. Heureusement, ou ne l a pas encore trouvé dans d’autres parties du Grand-Duché.
- Le Gouvernement, ayant été informé des ravages causés par ce petit insecte , a cherché à se procurer des notions plus particulières sur son histoire naturelle, et a fait imprimer et distribuer le rapport qu’on lui en a. fait.
- J’ai l’honneur de présenter ci-joint à la Société deux exemplaires de ce mémoire , qui contient aussi les moyens pour exterminer cet insecte. Pour qu’on puisse le découvrir plus facilement, on y a joint une planche coloriée qui le représente dans ses différentes métamorphoses.
- La France, qui a tant de vignobles, et pour qui le vin forme un objet de commerce très-important , doit être intéressée à connaître ce nouvel ennemi des vignes.
- La Société daignera donc accueillir favorablement cette note que j’ai pris la liberté de lui adresser sur cette matière.
- C.'Fahnenberg.
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- Liste des Membres de la Société admis depuis la réimpression de
- la Liste générale.
- MM.
- Aigouin, directeur des Domaines et de l’Enregistrement, à Lons-le-Saulnier (Jura).
- Barbier, médecin, adjoint'au maire de la commune à Ploudaniel, arrondissement de Brest ( Finistère ).
- Beerenbroeck (Charles) , rue du Mont-Blanc, N°. 37, à Paris.
- Blockhausen , maire de Berg, arrondissement deNeufcliâteau (Forêts).
- Boichoz , contrôleur des contributions, à Dole.
- Bouvet , membre du Conseil général du département du Jura , à Saint-Laurent, arrondissement de Saint-Claude.
- Bouvier, adjoint au maire de Dôle.
- Broch , juge de paix à Dôle.
- Bru and , avocat, secrétaire particulier de M. le baron préfet du département du Jura, à Lons-le-Saulnier.
- Chambre (la) de commerce de Strasbourg ( Bas-Rhin ).
- Charles, maire de Brelon, arrondissement de Niort ( Deux-Sèvres ).
- Collard, maire de Fischbach , arrondissement de Neufcliâteau (Forêts).
- D’Ascheberg , propriétaire à Quakenbruck (Ems supérieur).
- D’Ostmann, conseiller de préfecture à Osnabrück ( Ems supérieur ).
- Dauphin , ex-receveur général, à Cesancey , arrondissement de Lons-le-Saulnier (Jura).
- DeBorries, maire de Steinlacke (Ems supérieur).
- De Cornberg, propriétaire à Aubourg ( Ems supérieur ).
- De Drée , 6ous-préfet de l’arrondissement de Lons-le-*j5»ulnier ( Jura ).
- De Horst, maire à Haldem (Ems supérieur).
- De Lande, receveur particulier à Dôle (Jura).
- De Persan, propriétaire et membre de plusieurs académies , à Dôle ( Jura).
- De Pille, propriétaire, rue de Grammont , à Paris.
- De Scheele, ancien conseiller d’Etat de S. M. le roi de Westphalie, à Schulembourg, arrondissement d’Osnabruck (Ems supérieur).
- Diepenbroch-Gruter , maire de Tekclenbourg (Ems supérieur).
- Dubodan fils, rue des Maçons - Sorbonne . N°. 20, à Paris.
- Dulau-Dubarrat, maire de Hosarieu (Landes ).
- Gacon , sous-préfet de l’arrondissement de Saint-Claude (Jura).
- Gervais-Voinier,banquier àNancy(Meurtne).-
- Gièse, maire, à Papenbourg (Ems supérieur).
- Giobert, professeur de chimie à l’Université de Turin.
- Giuli, médecin à Assinalungo, arrondissement de Montepulciano (Ombrone).
- GrAff, directeur des manufacturesde MM, Ter-naux frères, à Ensival.
- Gréa, avocat, à Rotalier, arrondissement de Lons-le-Saulnier (Jura).
- Guigne, propriétaire àChampvans, arrondissement deDôle (Jura).
- Guillermin, maire de Vienne (Isère).
- H armes , conseiller de médecine à Minden (Ems supérieur).
- Hersan-Destouches , baron de l’Empire, préfet du département du J lira, à Lons-le-Sau in i e r.
- Jobez fils, membre de l’Académie de Besancon, maire à Morez, arrondissement de Saint-C'aude (Jura.).
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- ivKtu i /.HAot, maire a Melle (Ëms supérieur) ,
- Kiu'io} receveur à Viideshausen ( Ems supérieur ).
- Louvrier , inspecteur des eaux et forêts , à Dô!e (Jura ).
- Lussigny, directeur des contributions} à Lons-le-Saulnier (Jura ).
- Marmf.ï , ancien officier , secrétaire de M. le sous-préfet cle l’arrondissement , à Lons-le-Saulnier ( Jura ).
- Mazaa (Louis) , pharmacien-chimiste , à Parme
- { Taro i -
- Michel , sous-préfet de l’arrondissement de Dole (Jura).
- Moyroxü et Blanquet, négocians à la Côte Saint-André (Isère).
- ,N icod-Rouchaux, membre du Cunseii.général du département du Jura, à Saint-Lupicin.
- Ü’Connor (le général ), au Bignon , prèsEgre-viile (Seine-et-Marne).
- Parai de C h a l a y d R a y . maire à Bizemont, ( Seine-et-Oise ).
- !
- f
- Pjuioot, greffier du tribunal civil, àDôle(Jura) •
- Perrard, membre du Conseil d’arrondissement de Saint-Claude, à Morez (Jura).
- Picard , constructeur de foyers économiques , à Rouen.
- Rettberg , inspecteur des Salines , à Rothen-feld (Eras supérieur).
- Rho, négociant à Turin (Pô ).
- Rumf , propriétaire à Ippenbuhren (Erns supérieur ).
- Sleyl, propriétaire à Meppen ( Idem ).
- Strucker, receveur particulier à Lingeii ( Id.).
- Theotociiï (Emmanuel), baron de l’Empire , président du Sénat des îles Ioniennes , à Corfou.
- Thierry, maire de Melun (Seine-et-Marne).
- \ illemsens, chef de la première division de la préfecture du département de la Seine.
- Vuillier (Augustin ), banquier à Dole (Jura)-CORRESPONDANT ÉTRANGER.
- K amp, associé de la maison J. H. Bre'sik et compagnie, àElberfeld (grand-duchéde Berg).
- s, de l’Imprimerie de Madame IIUôAKD , née \ allai la Ck apirjfcE, rue de
- l’Eperon,, n°. 7,
- A Pari
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- TABLE ANALYTIQUE
- et raisonnée? des matières contenues dans la onzième année
- du Bulletin.
- A.
- Acide obtenu de l’amidon, 202.
- — sulfurique, la bonté du sirop d’amidon dépend de sa pureté, 2x4* — En augmentant sa proportion dans l’amidon , on abrège le temps de l’ébullition , 235.-— On le sépare au moyen de la craie en poudre, 236.
- Acides végétaux, sont employés pour séparer la cbaux mêlée à l’indigo-pastel, iy3.
- Acier, recherches sur ce métal5 tx'aité composé par un coutelier de Caen, 284.
- — cémenté de la fabrique de M. Peugeot, 209. — Essais fait sur cet acier, 210.
- — filé destiné pour l’horlogerie , et fabriqué par M. Peugeot, 209.
- — fondu , fabriqué par M. Peugeot, ibo-zoç-— Essais fait avec cet acier, 211.
- —- — fabriqué par M. Lohman, i33. —— Piap-portsur cet acier, 144* — Expériences auxquelles il a été soumis , 145.
- — —- soudable de M. Ettler, 285.
- — propre à la fabrication des aiguilles à coudre , provenant des ateliers de M. Aubertot, i35.
- Aciers de la fabrique de M. Peugeot. Rapport sur ces aciers, 209-284.
- —fondus de MM. Tachet et Goret, i3i. — Examen qui en a été fait, i32. — Moyens d’en améliorer la fabrication, ib.
- Affinage du fer au moyen de la houille ; description de ce procédé, 117.
- Agriculture, de son état dans le département du Doubs, 249.
- Aires de marteaux garnis en acier, 210.
- Alambic employé dans la fabrication du sirop d’amidon ,214.
- Alcohol employé comme dissolvant dans la fabrication du sucre d’amidon, 201,2i5.
- Onzième année. Décembre 1812,
- Amidon , de sa transmutation en gomme et en matière sucrée, 128. — Procédé employé pour cet objet par MM. Itner et Relier, ib. — Par M. Berard, 200. — se convertit d’abord en gomme avant de passer à l’état de matière sucrée, 235.
- — de froment, quantités de sirop et de sucre qu’on en retire, 237.
- — de pommes de terre, quantité de sirop et de sucre qu’on en obtient, 216-207. —- Dépenses de l’opération et valeur des produits, 217.—. Son prix , 237.
- Amorce de muriate suroxigéné de potasse prenant feu dans le centre de la charge , 206. Anthracite, espèce de houille qui ne brûle point, 240.
- Appareil évaporatoire de bois employé dans la fabrication du sucre d’amidon , 2i3. — Il est chauffé par la vapeur, 2i4«
- — pour déterminer la quantité de potasse qu’on obtient des végétaux , 286.
- — pour retirer le gaz hydrogène de la bouille, 2^3. — Manière de s’en servir, 276.
- — pour transvaser les vins en bouteilles; rapport sur des changemens faits à cet appareil par M. JuUien, 18.
- Appareils de chauffage économique de M. lia-velet, 291.
- — permanens de désinfection, 110. Appartemens chauffés avec la houille, 289.
- —garantis du froidpar les plinthes mobiles, 289. Ar éomètre de Baume employé pour la cuisson
- du sirop de betteraves, 248.
- Argile, on l’emploie dans la fabrication du sucre d’amidon, 216. — Dans la confection des brE quettes ,24x.
- Rr
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- Argile donnant une teinture de couleur fauve, a85.
- Armes à feu nouvelles, inventées par M. Pauly, 2o3. — Portent la balle à une distance double, ib. — Tirent douze coups par minute , ib. — N’exigent ni pierre, ni baguette, ni tire-bourre , ni épinglette , 2o4- — Autres avantages de ces armes , ib.
- Àrrache-sonde, pour retirer les tiges de sonde cassées , 82.
- Arsenic, n’est plus employé dans la préparation du platine , 208.
- Assemblée générale du 18 mars 1812, 5i ; du 9 août 1812 , 179.
- Assolement triennal employé dans le département du Doubs, 249-
- Auge en bois à compartimens servant à la purification du gaz hydrogène, 277.
- B.
- Balancier de monnoie mùpar l’action de la presse hydraulique, 3o.
- Barres de fer propres à former une grille à charbon; leurs poids et dimensions, 289.
- Bassine de fer pour recevoir le goudron de houille qu’on veut distiller , 277.
- Bateau à vapeur de M. Fulton, 266 et suivantes. — Sa description et ses avantages, 271. — est construit en cèdre rouge et en sapin, et ne porte point de lest, 2y3.
- — —- de M. Livingston , mû par une roue horizontale, 268.
- -----de M. llumsey, ib.
- — — de lord Stanhope , 269.
- Bateaux employés pour la navigation intérieure, mus par la force de la vapeur, 267.
- Bâtimens à rames de M. Fitch, mu par la force de la vapeur 267.
- Battement mobile et traînant de M. Cauchois , destiné à intercepter le jour qui se trouve sous les portes , 160. — Ses avantages et son prix, 161.
- Baux , leur meilleur rédaction produirait des améliorarations en agriculture ; rapport sur cet objet , 228. — Conditions qu’ils doivent renfermer, 229,
- Baïonnettes pouvant s’allonger et se raccourcir à volonté, 2C>4*
- Betteraves, procédé employé par M. Bonmatin pour en extraire le sirop et le sucre , 147* — Avantages de ce procédé , 149•
- Betteraves, celles cultivées aux environs de Paris sont très-fumées , 246.
- Beurre, de son emploi dans la fabrication du sucre de betteraves, 247.
- Biscuit fait de farine de pommes de terre, est propre à la préparation des soupes aux légumes , 222.
- Blanc de plomb, procédé de feu M. NLontgol-Jicr pour sa fabrication, 16.
- —préparéavec le marc et les rafles du raisin, i33.
- Blanchet ou filtre employé pour passer le sirop de betteraves, 248.
- Blanchiment des chiffons par l’acide muriatique , 137.
- Blancs d’œufs, on les emploie pour clarifier le sirop de bettei’aves , 248.
- Bois, n’est pas aussi économique pour le chauffage que la houille , 259. — Combien on en emploie pour cuire une quantité donnée de chaux, 242. «— recouvert du goudron de houille n’est pas facilement attaqué par les vers, 274.
- — de chauffage, sa consommation diminue journellement, 288.
- — merrain de chêne, moyen de le remplacer, 287.
- Boite à tourber employée dans les marais de la
- Somme (prog.), 3.
- Boites à. cartouches nouvelles , imaginées par M. Pauly, 204*
- — à pendule dont les ornemens peuvent s’exécuter à la molette , 298.
- Bordures et ornemens dorés , moyen de les monter économiquement, i5o.
- Bouches à feu , moyen de les pointer avec plus de justesse, et de corriger le défaut de direction qui existe entre l’âme et la ligne de mire, 260.
- Boulangerie, 289.
- Boule du pèse-liqueur des sucres , doit être allongée en poire pour rendre la position verticale plus fixe, 234-
- Boules de charbon de terre, manière de les préparer ,241-
- Bourrelets traînans pour garnir les portes, leurs inconvéniens, l5g.
- Brins de laine , moyen d’en connaître la force , 256.
- Briquet phosphorique de M. Baget , 285-
- Briquettes de houille, manière de les faire, 241
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- Bulletin, nécessité de lui donner un nouveau degré d’intérêt, 296.
- c.
- Cabanes des bateaux à vapeur, assez spacieuses pour recevoir deux lits , 272 et 278.
- Cach e-entrée propre à garantir toutes les serrures des rossignols et même des doubles clefs , îBç. — Description de ce cache-entrée, 140.
- Café , ses élémens sont changés par l’action du feu ,219.
- —- de châtaignes, 218. — Manière de le préparer , ib.
- Caisse octogone proposée pour enlever la première peau aux châtaignes, 227.
- Caisses ou boites carrées pour recevoir l’indigo-pastel , 167.
- Canaux d’irrigation proposés par M. Rattier, 12g. -— Ne peuvent s’appliquer qu’à une étendue três-circonscrite , 100. —- Sont trop dispendieux, ib.
- Canelie aérifère, cet instrument a été simplifié, 19. — Sa description, 22. — Son prix , 23.
- Carabine dont l’amorce est composée de poudre de muriate suroxigéné j rapport sur cette arme , 260-280.
- Carbonate de potasse, les cendres de houille n’en contiennent point, 240.
- Cartouches nouvelles préparées par M. Bauly , 2o5. — Leurs avantages, ib.
- Casseroles en fer fondu, revêtues intérieurement d’un émail (prog.) . 12.
- Cassonnade de betteraves de M. JDerosne, 289.
- Castor gras et castor sec , différence qui existe entre ces deux espèces de peaux , prog. 10.
- Ceinture de cuir garnie d’une placpue en métal,
- Cendrée, on nomme ainsi de la chaux menue, 243.
- et servant à fixer la crosse du fusil, 204.
- Cendres de houille, ne peuvent servir aux lessives , 240.
- Cercle répétiteur de M. de Reichenbach établi à l’Observatoire, 4- — Perfectionnement important ajouté à cet instrument , 5.
- Céréales , de leur récolte dans le département du Doubs , 249.
- Charbon , de son emploi dans la fabrication du sucre de betteraves, 246.
- Charbon animal est très-propre à la clarification du sirop de betteraves , 247. — préférable au charbon végétal dans la fabrication du sirop d’amidon, 236.
- — végétal, employé pour l’affinage du fer 120.
- — dans la fabrication du sucre d’amidon , 213.
- — Ses avantages pour la clarification et la dépuration du sirop de betteraves , 247.
- Charge d’un fusil introduite p>ar la culasse, 206. — Une demi-charge suffit pour les fusils de M. Pauly, ib.
- Charrues employées dans le département du Doubs, 25i.
- Châtaignes, leur culture, et les usages auxquels on les emploie , 85. — Celles de Toscane pa-roissent contenir le plus de sucre, 86. — Procédé de M. Guerrazzi pour extraire la matière sucrée de ce fruit ,86. — de leur dessication, 87. — De l’infusion, ib. —- De l’évaporation du suc de châtaignes , ib. — De sa cristallisation, 88. — Importance de leur culture dans le ci-devant Limousin , 93. — peuvent remplacer le café, 218. —desséchées dans les séchoirs du Limousin , contractent un goût d’empyreume, 224. — Stratifiées avec de la terre de bruyère et enterrées, se conservent long-temps, 225. — La méthode employée en Espagne pour les dessécher est la meilleure, 226.
- Chaudières de cuivre, leur étamage doit être composé d’étain fin pour l’ébullition de l’amidon de pommes de terre , 236.
- —• de fonte doublées en platine , servent pour diverses opérations chimiques, 207.
- Chauffage avec la houille , 258. — Son économie , 239.
- Chauiage des blés employé dans le département du Doubs, 249-
- Chaux, son prix à Rudersdorf, 242. — Employée pour la clarification du sirop de betteraves, 246. —Détruit les joncs dans les marais ,293.
- Cheminée, manière d’y établir des grilles à charbon , 239.
- Circulaire de S, Ex. le Ministre des Manufactures et du Commerce à MM. les préfets , sur les travaux de la Société , les services qu’elle a rendus à l’industrie , sur l’importance de son Bulletin , et sur les moyens d’être admis au nombre de ses membres , 124*
- Rr 3
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- Ciseau en acier fondu de la fabrique de M. Peugeot, 211.
- Ciseleur , sa main-d’œuvre remplacée par une machine , 298.
- Ciselure à la molette, 280.
- Claies, on les emploie pour dessécher lespommes de terre à la chaleur du soleil, 219. •— A la chaleur d’une étuve, 220. — employées en Espagne pour dessécher les châtaignes, 226.
- Clarification du sirop d’amidon , s’opère au moyen du charbon en poudre , 206.
- Coak employé pour la fabrication du fer, 274.
- __obtenu en vaisseaux clos est préférable à celui
- fait à la manière ordinaire, 277.
- Cocons de bassine, ce que c’est, prog. 7.
- — de graine , ce que c’est, prog. 7.
- Colonnes montantes, ne produisent presque pas
- d’ombre dans les lampes de M. Gotten, 245.
- Colza, cultivé par M. Dubreilde Landal, 199. — par M. Carbonnet, auquel une médaille d’encouragement est accordée , ib.
- Comestible nouveau de Madame Chauveau , composé de dix sortes de céréales , 288.
- Compte rendu des travaux de la Société pendant l’année 1811,5i et suiv.
- — des recettes et des dépenses delà société pendant l’année 1811 , 64.
- Condenseur d’un appareil à distiller la houille , sa description, 275.
- Conditions à remplir par les concurrens pour les prix proposés par la Société, prog. 22.
- Contrôle des élèves agriculteurs d’Alfort, 295.
- Cornue en fonte destinée à recevoir la houille ,
- 274-
- — en verre pour distiller le goudron de houille, 277.
- Correspondance du Conseil pendant le premier semestre de 1812 , i35.
- — pendant le deuxième semestre de 1812, 297.
- Costes , ce que c’est, prog. 7.
- Couleur de la garance de Smyrne, est plus intense que celle de la garance ordinaire, 253. _____ On peut l’employer pour la peinture, ib.
- Couleurs solides sans cochenille, 285.
- Couteau de voyage en platine , se divisant en plusieurs pièces, 208.
- Couteau fabriqué avec l’acier de M. Peugeot, 209.
- Couvain des ruches , 296.
- Craie employée pour la séparation de l’acide sulfurique dans la fabrication du sirop d’amidon, 215.—Ne doit point renfermer de fer, ib.
- Cristaux de sucre de betteraves présentés par M. JDerosne , 289.
- Cuirs imperméables de M. Thomas, 284.
- Culasse double mobile adaptée aux cartouches de M. Paul'y , 2o5.
- Culture de la garance , de l’importance de l’introduire en Angleterre , 253.
- — comparée des plantes oléagineuses , sujet de prix , prog. i5.
- Cuve à la chaux employée dans une fabrique d’indigo-pastel, i65.
- — de macération pour l’indigo-pastel, i65.
- — de mélange pour la fabrication de l’indigo-pastel, 166.
- Cuves exposées en plein air , dans lesquelles on fait macérer les feuilles de pastel, 282.
- — dépuratoires , destinées à recevoir la fécule d’indigo-pastel, 166.
- Cylindre pour râper les betteraves , inventé par M. Thierry, 142. —Sa description, 144.
- — horizontal employé comme moteur pour remonter les bateaux , 270.
- — cannelé , à arêtes vives, pour régler le papier, 280,
- Cylindres pour exprimer le suc de la pulpe de betteraves, \5j.
- D.
- Déchets de soie filés et cardés par mécanique il ne s’est présenté aucun concurrent pour ce sujet de prix , 180. — Est remis au concours pour i8i3, 187. — Programme de ce prix, 6.
- Décors et orneinens d’architecture en mastic inaltérable, j32. — Rapport sur ces objets , i5o. •—Les empreintes en sont très-nettes , i5o. •— Economie de leur préparation, i52«
- Densité de la cristallisation , la plus convenable est entre le 3e. et 4e* degré du pèse-liqueur, 23q.
- Dépouillement des châtaignes sèches, 227.
- Dérivation du lit de la Saône , 297.
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- Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d’invention , de [perfectionnement et d’importation dont la durée est expirée, publiée parM. Molardj analyse de cet ouvrage , 12,6.
- Dessèchement des châtaignes , 2ç4*
- Dictionnaire des rues de Paris, par M. de la Tynna , 298.
- Doublage des chaudières en fonte avec le platine, 284»
- Drague, instrument pour extraire la tourbe sous l’eau, prog. 3.
- Draps teints en rouge avec le tartre , la garance et une dissolution de platine, 285.
- Dynamomètre à peson , pour connoître la force des fils de lin, 257.
- — pour connoître et comparer les différens degrés de force des laines, 255-282.
- E.
- Ecarlate, on l’obtient avec de la cochenille et une dissolution d’étairi, 285.
- Echelle du pèse-liqueur des sucres, sa correspondance avec celle de l’aréomètre des sels , de Baume, 234»
- Echenillage , instruction à publier sur ce sujet, 292.
- Eclairage nommé sidéral, imaginé par M. Bor-dier, 133-290.
- mmm au moyen du gaz hydrogène retiré de la houille, 276.
- Ecobuage , très en faveur dans le département du Doubs, 25o. —- est le moyen le plus économique pour détruire les joncs dans les marais, 293.
- Ecoles de fabrication pour le sucre de betteraves , 25.
- Elèves agriculteurs entretenus par la Société à l’École d’Alfort, i3i. — Leurs progrès , ib. — Noms de ceux qui restent à l’Ecole, 295.
- Email, inattaquable par les acides, prog. 12.
- Embouchoirs mécaniques , inventés par M. Sa-kosky , i33.
- Encyclopédie du dessin , ou recueil de principes et d’exemples sur toutes les parties de cet art; ouvrage composé par M. JDubucourt,
- i33.
- Engrais nouveau, 296.
- Engrenages constans de M. TVhite, 283.
- Entonnoir placé dans l’appareil à distiller la houille, 275.
- Entonnoirs aérifères pour transvaser les vin sans répandre de liquide , et pour le remplis sage des bouteilles de vin de Champagne mousseux, 19 et 20. — leur description, 23. — Leur prix, ib.
- Epreuve pour reconnoître la quantité d’indigo extraite des feuilles du pastel, 172.
- Epuratoires ou cuillers destinés à nettoyer les instrumens quand ils rapportent les matières du trou de sonde , 82.
- Esprit de goudron de houille , pouvant remplacer l’huile de térébenthine, 278.
- Etalons des nouveaux poids et mesures exécutés en platine , 207.
- Etamage du cuivre par le procédé deM. Biberel} rapport sur ce procédé, 34* —Sa comparaison avec l’ancien procédé,37.—Ses avantages,38.
- — pour les glaces, imaginée par M. Verea, 128.
- Etoffe pour meubles imitant les tapisseries de
- Beauvais, et fabriquée au métier, 134.
- Etoffes de laine, prix proposés pour 1814 pour leur conservation, prog. 18.
- Etoupille pour mettre le feu à une mine par la seule percussion du marteau , 262.
- Etuve, on peut s’en passer pour faire évaporer le sirop de betteraves , 249.
- Extirpation des joncs marins , 296.
- Extrait des séances et de la correspondance du Conseil pendant le ier. semestre de 1812, 127. — pendant le deuxième semestre de 1812, 279*
- F.
- Fabriques impériales de sucre de betteraves, 26.
- — de minot du département de Tarn-et-Ga-ronne, 299.
- Fanaux à semi-globe dépoli de M. Bordier, 179.
- Farine ; s’échauffe lorsqu’elle est trop comprL niée dans le moulin, 282. Son commerce est très-important dans le département de Tarn-et-Garonne, 299. — Moyen de la convertir en minot, ib.
- — de froment ; soumise à l’action de l’acide sulfurique , donne un sirop épais, 201.
- — de pommes de terre, comment on la fait, 219,
- — ne peut servir à la panification, 222.
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- ( 5o8
- Fécule d’indigo-pastel ; manière de la laver et de la purifier, 174*
- — pour azurer le linge , 286.
- — de pommes de terre, peut être convertie en matière sucrée, 2i3. — Procédé employé par M. Lampadius, 214*
- Fer, fabriqué au moyen de la bouille substituée au charbon de bois; instruction sur cette fabrication par M. Dufaud, 112.-—Ses avantages comparatifs avec l’ancien procédé, 121.
- Feu de bouille, manière de le dresser, 238.
- Feuille de papier , manière de la régler, 281,
- Feuilles de pastel, comment elles doivent être coupées et séchées, 164* — Mises dans des tonneaux, 3 65. — Manière de les faire macérer, 169.
- Fil d’acier de M. Mignard Billinge, 189.
- — de fer et d’acier, pour faire les cardes et les aiguilles à coudre, 181.
- Filature , 282.
- — de coton , établie par M- Peugeot, 209.
- —- par mécanique de la laine peignée pour chaîne et pour trame, sujet de prix proposé pour i8i3, prog. 9.
- Filet, on l’emploie pour extraire la tourbe sous l’eau, prog. 3.
- Fils de fer et d’acier ; rapport sur le prix relatif à cette fabrication , 188. — Ce prix est prorogé à l’an 1814 et porté à 6,000 francs pour la fabrication des fils d’acier seulement, 190-283. Voyez le programme de ce prix, p. 19.
- — d’acier envoyés au concours 5 épreuves qu’on leur a fait subir , 191. — Manière de les essayer à Aix-la-Chapelle , ib.
- .— de fer de Madame veuve Fleur, 188. — Iis soutiennent avec avantage la concurrence avec les fils de fer connus, 190. — Une médaille d’argent est accordée pour cet objet, ib.
- Filigranes pour i’usage des papeteries, perfectionnés par M. Johannot, d’Annonay, i37.
- Filtre de laine employé pour la clarification du sirop d’amidon , 236.
- Flacons portatifs désinfectans , 110.
- Flambeaux en cuivre doré , dont les ornemens sont exécutés à la molette , 280. — Rapport sur ces flambeaux , 298.
- Flamme ; sa longueur contribue à la plus ou
- moins grande consommation de l’huile dans les lampes , 177.
- — de la houille ; on peut l’augmenter en jetant quelques morceaux de bois sur la grille, 239.
- Fleuret, espèce de soie, prog. 8.
- Fonte de fer; moyen de la scier à chaud, employé par M. Dufaud , 32. — Avantages de ce procédé, 33. —Il a été répété par M. Mo-lard, 34*
- Forceps perfectionné, 291.
- Formes de souliers, inventées par M. Sakosky?
- i33.
- Fougère, donne une quantité considérable de potasse, 286.
- Four d’affinage du fer ; sa description , 1 î4. — De la sole et de la manière de la construire , 115 et 116. — Sa consommation et ses produits en vingt-qualre heures, 139.
- — à chaux, alimenté avec de la houille, 243.
- Fourneau à réverbère pour la fabrication du
- blanc de plomb, 16.
- -——de Aï. Dufaud; sa description , 146.
- — de brasserie , perfectionné par M. Moel-lerup, 40. —Il économise le combustible, 41.
- — de cémentation de l’acier , dont la dessin a été envoyé au concours , x88.
- — d’un appareil à distiller la houille , 274.
- — pour distiller le goudron de houille, 277.
- — pour oxider le plomb, 196. — M. Daolmi est mentionné honorablement pour cet objet , ib.
- Fours à chaux coulans établis à Rudersdorff'. 241. — A trois chauffes , à quatre chauffes et à cinq chauffes , 242.
- — à réverbère pour l’affinage du fer et pour chauffer les fers affinés, 114.
- — banaux; nécessité de leur rétablissement dans le département du Doubs, 261.
- — carrés , établis dans les murs de revêtement d’une cheminée à charbon , 240.
- Frisons , ce que c’est, prog. 7.
- Fromages; leur fabrication est très-importante dans le département du Doubs, 249 et25l.
- Froment; on peut en extraire une matière sucrée , 23.5.
- Fruits, sont très-cultivés dans le departement du Doubs, 25o.
- Fumée, altère les châtaignes , 226.
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- Fumigations en vaisseaux ouverts, 111. — Proportion du mélange à employer pour ces fumigations , ib.
- Fusil de chasse} ses inconvéniens, 2o3.— Celui de M. Pauly tire douze coups par minute 204. —• N’exige ni baguette, ni pierre , ni tire-bourre , ib.
- —de guerre; ses inconvéniens, 203.—ïsH.Pauly l’a perfectionné , 204.
- — de M. Pauly , se chargeant par la culasse, 206. — Ses avantages, ib. — A tiré trois cents coups sans faire long feu ni rater, ib.
- G.
- Galette de Suisse, espèce de soie; de sa fabrication, prog. 7. — Manière de la filer, 8.
- Garance, de sa culture, 253, — L’espèce cultivée à Smyrne est préférable à la garance hollandaise , ib. — Sa couleur est avivée par le platine, 285.
- Gaz désinfectant ; moyen de régler les doses à employer pour le produire, 112.
- — huileux; effet qu’il produit dans les lampes,
- 244.
- — hydrogène, retiré de la houille, 273.
- Gaze servant à envelopper la lampe de M. Gotten,
- n’est pas exposée à être brûlée , 243.
- Gazomètre ou réservoir du gaz hydrogène extrait de la houille , 275.
- Gluten ; il n’y en a point dan3 la pomme de terre, 235.
- Gonds à repos inclinés pour soulever les portes lorsqu’on les ouvre , 160.
- Goudron retiré de la houille , 2p3.
- Grain d’indigo, ce que c’est, 172.
- Graine de garance cultivée à Smyrne , de son produit et de ses qualités, 253. — Manière de la semer , ib.
- Gril à pieds pour recevoir la houille , placé dans les poêles, 240.
- Grille à houille ; manière de la charger, 238.
- — de la construire , 239.
- Gravures en taille-douce imprimées sur étoffes ; il ne s’est présenté aucun concurrent pour ce sujet de prix, 180. — Il est retiré du concours, 187.
- H.
- Habitations rurales dans le département du Doubs, 25o.
- Houille; de son emploi dans la fabrication du fer , 113. — Du choix à en faire, 116. — De sa consommation pour l’affinage de 1000 kilogrammes de fer, 120. — Ses inconvéniens pour le chauffage domestique, 238. — Chaleur qu’elle produit , 239. — Quantité de goudron qu’on en retire, 274.
- —. menue , est regardée comme peu utile, 241.
- Huile ; manière dont elle s’élève dans les lampes, 177. — Son changement de niveau autour de la mèche est un grave inconvénient, ib. — La fréquence de son renouvellement a été l’objet des recherches des savans , J78. — Moyen de s’assurer si elle est épurée , 245.
- — ammoniacale, qui se dégage du goudron de houille, 278.
- — d’olive, employée dans la fabrication du café de châtaignes, 218.
- — de térébenthine ; de son emploi dans les arts, 274.
- — extraite du goudron de houille; ses propriétés, 274.
- I.
- Incendie, n’est pas à craindre en employant la houille, 240.
- Indigo-pastel ; instruction pratique sur sa préparation, 164. — Est retiré des feuilles fraîches à l’aide de la fermentation, 168. — Moyen de le séparer des feuilles, 171. — De son lavage et de sa purification , 173. — De sa dessication , 174. —- Ses propriétés , 176.
- — De son extraction en plein air dans le midi de la France, 2Û2. — Avantages de cette pratique , ib.
- — propre à azurer le linge, 286.
- Indigoterie ; des vases et ustensiles qu’on y emploie, i65.
- Industrie rurale du département du Doubs, 290.
- Insecte ennemi des vignes , 291,3oo.
- Instrumens de mathématiques et d’astronomie exécutés dans l’établissement de M. Reichen-bach à Munich , 5.
- — propres à sonder les terrains qui recèlent du charbon ou du minerai, 100. —Leur description , 101 et suiv. — Leurs avantages , io3.
- — Outils accessoires, 102.
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- ( 3io )
- Instrumens de platine, se font presque tous France , 207.
- Instrument destiné au service des bouches feu, 269.
- — pour déterminer la force des brins de laine, 2.56. — Manière de s’en servir, ib.
- — pour pointer les pièces d’artillerie, 280.
- —pour régler une feuille depapier, de M. Astier,
- 280.
- — — de M. de la Chabeaussière, 283.
- — Propre à broyer les pommes de terre cuites, inventé en Allemagne , 220.
- J.
- Jarres de terre employées pour la purification du gaz hydrogène, 275. — Leurs avantages, 276.
- Joncs marins 5 moyen de les détruire, 296 Voyez le programme du prix proposé pour ce sujet , p. 20.
- Joncs 5 moyen de les extirper proposé par M. Rousseau, 292.
- L.
- Laine peignée ; le prix proposé pour sa filature par mécanique n’est pas remporté, 184. — Est remis au concours pour r8i3 , 187-194. Prog ramme de ce prix , p. 9.
- — — par mécanique; rapport sur le concours relatif àce sujet de prix , 192.-— Ce prix est décerné à M. Demaurey, 193. *— M. Ternaux y ajoute une somme de 1,200 francs, 194.
- — teinte en écarlate au moyen de la garance , 179. — Ce problème est résolu, z85. — M. Gonin, auteur de cette découverte, est jugé digne d’une médaille d’or, 186. — Ce sujet de prix est retiré du concours, 188.
- Laines ; moyens employés pour en connaître la qualité, 255.
- — fines sont plus égales en longueur que les laines communes, a5ç).
- Lames d’acier fabriquées par M. Peugeot, 284.
- — de rasoir, faites avec l’acier de RL Peugeot, 211.
- Laminoir; ses avantages sur le marteau dans l’étirage des massiots de fer , 121.
- hampe à niveau intermittent de M. Gotten y
- rapport sur cette lampe, 243. — Ses avantages , ib. — Sa forme , 244-
- Lampe à pied, du même artiste, 289.
- — pour les lanternes de voitures , imaginée par M. Dumonceau , 123. —— Son utilité, ib.
- Lampes alimentées par le gaz hydrogène, 276.
- — à niveau alternatif de M. Hadrot; rapport sur ces lampes , 176.—L’huile s’y renouvelle toutes les dix-huit secondes, 178.
- — à niveau constant, 177. —L’huile s’y renouvelle très-fréquemment, 178.
- — à réservoir circulaire de M. Hadrot, i33.
- — à réservoir fixe, 178.
- '— à rouages de Carcel, donnent une belle lumière pendant dix à douze heures, 244.
- — d’applique de M. Bordier, 290.
- — sidérales du même, 179.
- Lanternes dites de Maëstricht, exécutées par M. Ndichiels et Compagnie , i34-
- Lattes en bois servant à retenir les feuilles de pastel dans la cuve, 165-167.
- Licences à accorder pour la fabrication du sucre de betteraves, 26.
- Ligne traînante à détente, 231-282. — Ses avantages, 232.
- Lime faite avec l’acier de M. Peugeot, 2x1,
- Lin de Sibérie; mémoire sur ses avantages et sur la nécessité d’en propager la culture en grand , 293.
- Liqueur d’indigo-pastel; quand on doit la retirer de dessus les feuilles , 170.
- — extraite du goudron de houille peut servir à la préparation des vernis, 278.
- Liste des membres et adjoints composant le Conseil d’Adrninistration de la Société d\En-couragementà l’époque du 18 mars 1812, 69.
- — des membres de la Société admis depuis le ier. octobre jusqu’à la fin de décembre 1812 , 3oi.
- Liteau de bois à charnière et à ressort pour empêcher l’air de passer sous les portes, 160. — Ses inconvéniens , ib.
- Litharge; procédé pour la préparer, 194. — N’est pas avantageux, 195.
- Litharges et miniums fabriqués avec des plombs de France; cette fabrication est très-importante , 194. — Ce sujet de prix est remis à
- l’année
- en
- à
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- ( 511 )
- l’année i8i3, 196. Voyez le programme,
- P- 9*
- Louchet, pour tirer la tourbe sous l’eau ; description de cet instrument, prog. 4*
- Lumière , est supprimée dans les fusils de M. Pauly, 2o4-
- Lunette propre à pointer les bouches à feu, 260
- M.
- Macération des feuilles de pastel faite en plein air, 252.
- Machine à broyer le jonc marin pour la nourriture des bestiaux, 123. — Sa description et la manière de s’en servir, 124*
- — A filer de M. Moisson, 282.
- — A peigner la laine; le prix proposé pour la construction de cette machine est remporté, r85. — celle de M. IDemauray, présente une grande économie, 192.
- — à pétrir le pain , de M. Lembert', Expériences faites sur cette machine par ordre du gouvernement, i36. — Ses avantages, ib,
- — à râper la betterave , de M. Thierry ; rapport sur cette machine, 142. — Ses effets, i43. — Sa description , ib. — Ses accessoires, 144.
- ---de M. Caillon, 155.Ses effets , i56.
- - de MM. Pichon et Moyaux ; rapport sur cette machine, 3. — Son produit , 4*
- —- à vapeur , appliquée au mouvement des bateaux , 267.
- — pour fendre et diviser ïa paille, i38.
- — pour molleter des flambeaux , 298.
- — pour curer les ports et canaux de Venise , prog. 9.
- — pour tirer la tourbe sous l’eau ; sujet de prix proposé pour i8i3. Voyez prog. 3.
- Machines employées pour la fabrication du minot, 299.
- — à vapeur , servant â remonter les bateaux, 270.
- — pour laminer l’acier, 285.
- Manivelles de sonde , leur description, 83.
- Manufactures des scies laminées , 283.
- Marais desséchés, moyen de détruire les joncs
- dans ces marais, 296.
- Onzième année. Décembre 1812.
- Marais salans, prix proposé pour les convertir * en soudières, 254*
- Marbre lumachelle trouvé à Brognon, ses caractères , 127. — Ses usages, 128.
- Marc de pommes de terre , son emploi ,221.
- Marches du métier à tisser ordinaire, comparées avec celles du métier Vigneron, 264.
- Marne, est employée dans le département du Doubs pour fumer les terres , 25o.
- — des terrains morts qui recouvrent la houille, employée pour la cuisson de la chaux, 243.
- Massiots de fer, de leur formation , 118. — De leur étirage au laminoir, 119. — Comparaison du travail des marteaux à celui du laminoir , id. — avantages de ce dernier, 120.
- Mastic inaltérable de M. Beunat, propre à la fabrication des décors d’architecture, i5o.— Ses avantages, j5i.
- Matière glutineuse séparée de l’amidon par le lavage, 235.
- Matrices en cuivre employées par M. AUeaunie pour la formation de ses plans en relief, i54.
- Mécanique pour convertir les grains en minot, équivaut au travail de quinze ouvriers, 299.
- Mécanisme applicable au métier à tisser les toiles de grande largeur, 261. — Sa description, 203.
- — propre à exprimer le suc de la pulpe de betterave , à mesure qu’elle sort de la machine à râper, 15y.
- Mèches des bougies , leur qualité plus ou moins parfaite apporte une grande variation dans l’intensité de la lumière, 244»
- Médailles en platine, 207,
- Mémoire sur l’état de l’agriculture dans le département du Doubs ; rapport sur ce mémoire , 249.
- — sur le chauffage au charbon de terre, 290.
- — sur la fabrication du sucre de châtaignes, par M. Lando, 298.
- Méteil semé dans le département du Doubs, 25o.
- Méthode nouvelle pour apprendre à écrire aux enfans , 298.
- Métier à tisser , de Despiau , perfectionné par M. Vigneron, 280. — rapport sur ce métier, 262. •— Ses avantages , 263.
- — à tricot, inventé par M. Moisson ,1.
- — pour fabriquer du tricot sur chaîne , par M. Leturc, 2.
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- C 3” )
- Métiers à bas sans platines, observations sur ces métiers , et moyens de remédier aux in-convéniens qu’ils offrent , 2.
- Meubles en bois indigènes , fabriqués par M. Haumont (rapport sur ces meubles), 41*
- Meules, on peut les armer d’une râpe pour broyer les pommes de terre, 221.
- Miel, le prix proposé pour sa purification n’est pas remporté, 182. — Il est porté à 2,000 francs, et remis au concours pour i8i3, 187, — Programme de ce prix, prog. 11.
- M inium envoyé au concours, comparé avec des miniums purs, 1 g5.—M. Lambert s’est chargé de ces essais comparatifs, 1^5. — M. Pécard en fabrique de très-bon avec de vieux plombs, 196.
- Miniums et litharges, le prix proposé pour un procédé économique de les fabriquer avec des plombs de France, n’est pas remporté, 182.
- Minot, de sa fabrication dans le département de Tarn-et-Garonne , 299.
- Modèle de moulin à blé , exécuté par M. Mo-lard, 282.
- Molette employée pour ciseler des flambeaux , 298.
- Monnoie en cuivre frappée avec un balancier mu par une machine à vapeur, i33.
- Moulin à blé portatif, de M. Albert, ne diffère pas de celui publié en 1775,281.
- — à manioc pouvant servir à broyer les pommes de terre , 221.
- Moyen prompt et économique d’arracher les joncs et autres plantes aquatiques dans les marais desséchés ; sujet de prix proposé pour 1814, prog. 20.
- — d’écrire plusieurs lettres à la fois , 290.
- — de soulever les corps submergés , 298.
- —- de transporter facilement et promptement les terres et les gravois pour la construction des digues, le remblai des fossés , etc. , 44*
- —employé en Hollande pour extirper les plantes marécageuses , 184. — N’est applicable que dans des terrains desséchés, ib.
- — mécanique imaginé en Angleterre pour empêcher l’air de passer sous les portes , 160.
- — de prévenir la contagion et d’en arrêter les progrès ,110.
- -— employé pour remédier aux inconvéniens
- que présentent les ouvertures qui existent fréquemment sous les portes , 15g.
- Murs de brique , à quelle hauteur on doit les élever dans une cheminée pour recevoir une grille à charbon , 239. — On peut y établir des petits fours carrés, 240.
- N.
- Navette, on peut la passer quarante-huit fois par minute sur le métier Vigneron, sans le secours de la main , 203.
- Niveau de l’huile, on peut le hausser ou le baisser à volonté dans la lampe de M. Got-ten, 243.
- Noix des moulins à moudre le blé, doit être bien proportionnée, 281.
- Note sur les travaux de M. de Reichenbach, 4-
- — sur le chauffage avec la houille , 289.
- Notice des travaux du Conseil pendant le 2e.
- semestre 1812,279.
- — sur la vie et les ouvrages de M. Magnien , administrateur des douanes, 67.
- — sur M. Rouillé de PEtang, membre du Conseil d’Administration de la Société, 96.
- Nourriture des bestiaux par la pervenche bleue,
- 294,
- Noyer, le prix proposé pour la plantation et la greffe de cet arbre n’est pas remporté , i83.
- — rapport sur ce sujet de prix , 197. — Il est remis à l’année i8i3 et porté à 5oo francs, 198. — Voy. le programme de ce prix , p. i3.
- O.
- Observations sur l’état de l’industrie en France,
- i3z-
- Objets présentés au Conseil pendant le premier semestre 1812, i32.
- Ornemens faits à la molette sur des flambeaux , 298.
- Outils d’horlogerie faits avec l’acier de M. Peu-geot1 209-212.
- Ouvrages en fonte de fer , pour lesquels on emploie ordinairement le cuivre et le fer forgé ; prix proposé pour i8i3 pour la fabrication de ces ouvrages , prog. 5.
- — offerts à la Société pendant le premier semestre , 1812, i34. — Pendant le deuxième semestre 1812,297.
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- ( 3*? )
- P.
- Pagayes à chaîne appliquées aux bateaux à vapeur , 2 70.
- — elliptiques de M. Stevens, 26g.
- Pain de froment mêlé avec de la pomme de terre, est lourd et compacte, 222.
- Papier; manière de le régler, 281.
- Paragon, bateau à vapeur ; sa description, 272. — Sa vitesse , 273.
- Pastel ; de sa récolte et de la conservation et dessiccation de ses feuilles , 164. — Contient deux couleurs , 168. — Son produit, 176.— Note sur la culture de cette plante dans le département du Gard, 294.
- Pâtes nouvelles composées par Madame Chauveau , 288.
- Pédale musculaire de M. JDemandres, 269.
- Peignage de la laine , 283.
- Pendules-veilleuses de M. Griebel; rapport sur ces pendules, 106. —Leur application, 107.
- Pervenche bleue proposée pour la nourriture des bestiaux, 294.
- Pèse-liqueur pour juger de la cuite des sucres; avantages de cet instrument , i63. — Sa description , 164. — Sur quoi est fondé son système de graduation, 233. —• Moyen de réduire ses dimensions, 234»
- — des sels de Baume , comparé au pèse-liqueur des sucres, i63.
- Peson triangulaire,inventéparM. de Prasse,?n.
- Pétrin mobile de Lemberl, 290. — Expériences faites sur cette machine , ib.
- Phosphore épuré de M. Baget, 285.
- Photophores à semi-globe dépoli, de M. Bor-dier, 179.
- Pierre à chaux; son prix en Prusse , 242.
- Pierres calcaires imitant le marbre, trouvées à Brognon (Côte-d’Or) , 127.
- Pilon , instrument employé dans l’opération du sondage des terrains pour écraser et broyer les cailloux et galets, 81.
- — de bois pour enlever la première peau aux châtaignes , 227.
- Pistolets inventés par M. Pauly, 2o5. — Se chargentsixfoisplus promptement que les pistolets ordinaires, sans baguette ni maillet, ib.
- Places fortes; de leur défense, ouvrage de M. Carnot, 298.
- Plan en relief polytype de M. Alleaume ; rapport surce plan, i52. —Ses dimensions, i53. — Facilité de le multiplier à volonté , 154•
- Plante oléagineuse (rapport sur le prix relatif à la culture d’une) , J99.—Ce prix est décerné à M. Dubreuil de Landal, 200.
- Plantes aquatiques dans les marais desséchés ; le prix proposé pour la destruction de ces plantes n’est pas remporté , i83. — L’emploi du feu serait avantageux , ib.—Les machines sont trop dispendieuses , ib. — Ce prix est remis au concours pour 1814 > 187. — B~oy. programme de ce prix.
- — oléagineuses; il ne s’est présenté aucun concurrent pour le prix proposé pour leur culture comparée , 180.—Est remis au concours pour i8i3 , 187. — Programme de ce prix , 17.
- — qui fournissent la potasse ; sujet de prix pro-posé par la Société. Voyez programme, p. 20.
- Plaque de tôle à crochet placée devant les grilles à charbon de terre, 238.
- Plaqué d’argent de MM. Levrat et Papinaud, 179.
- — d’or employé dans les laboratoires de chimie, 208.
- Plateau de tôle recouvert d’un vernis préparé avec l’huile extraite du goudron de houille, 274.
- Platine à poudre de muriate suroxigéné ,261.
- Platine ; rapport sur les ouvrages exécutés avec ce métal par M. Janely fils , 207, — Il est rendu parfaitement ductile, 208. — La dissolution de ce métal est employée pour teindre les draps en rouge, 285.
- Plinthes mobiles verticales et à roulettes, font du bruit et ne s’élèvent que difficilement sur les tapis, i5g.—. De M. Cauchois, 289.
- Plomb ; un auteur propose pour le purifier d’oxjder une partie de la masse sur laquelle on opère, 194*
- Poèle-fourneau en fonte exécuté dans l’usine de M. Derosne, maître de forges, 24. — Ses avantages, ib. — Son prix, 25. — Note sur ce poêle, i32.
- Poêles; onpeuty brûler delahouille, 23get24o.
- Poêlon en platine exécuté par M. Janety, 208,
- Poétique des arts, par M. Sobry, 298.
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- Pointage des pièces de canon, 280.
- Poire à poudre pour amorcer les fusils avec de la poudre de murîate suroxigéné, 261.
- Poix extraite du goudron de houille , 278.
- Pommes de terre traitées par l’acide sulfurique, donnent très-peu de sirop, 202. — Quantité de fécule qu’elles fournissent, 214.
- — rapport s.ur les moyens de les conserver, 219. — Précautions à prendre à cet égard , ib. — Les insectes ne peuvent y pénétrer, 220. — Il ne faut point les faire macérer, 221. — ne peuvent être employées pour la panification , 223.
- Pompe à double piston pour le mélange de la liqueur d’indigo-pastel, 166.
- Ponts en fer ; ouvrage sur la construction de ces ponts, publié par M. Reichenbach , 5.
- Porte-bouteille pour transvaser les vins, 19.
- Porte-giberne, remplacé par une ceinture de cuir, 2o4*
- Porte-foret portatif pour percer les pièces de canon , 260.
- Portes d’entrée des maisons , laissent des jours en dessous par où peuvent s’introduire des animaux malfaisans, i5g,
- —des appartemens et des boutiques ne joignent pas parfaitement contre les parquets, 189. — Il s’établit en dessous un courant d’air très-désagréable , ib.
- Potasse 5 prix proposé pour i8i5 pour des plantes qui la fournissent, programme, p. 20.
- — expériences pour déterminer quelle quantité on peut en extraire des végétaux , 286.
- Poudre de guerre 5 son économie dans l’emploi des nouvelles armes de M. Pauly, 206.
- .— de muriate suroxigéné, employée dans les armes de M. Pauly , 2o5.
- Poudres d’amorce, qualités qu’elles doivent réunir ; 26 1.
- Prairies artificielles, nécessité de les établir dans le département du Doubs, 25o.
- Presse ; on l’emploie pour séparer les cristaux de sucre de betteraves de la mélasse, 249. i
- — hydraulique exécutée par MM. Perier et Bttancourt, 27. — Description de cette machine , 29. —Ses effets , 3o. — On peut l’employer pour exprimer le suc de la pulpe de betterave, 1 Sj.
- Preuve par le filet pour juger de la cuite des sucres, est très-incertaine, 162.
- Prix 5 nécessité de connoitre ceux que proposent les Sociétés savantes , 297.
- Procédé de MM. Ittner et Keller pour la transmutation de l’amidon de la pomme de terre en matière sucrée, 235.
- — de Kirchhof pour convertir l’amidon en matière sucrée, 235.
- — de M. Villaris pour conserver les gelées des viandes , 287.
- — polygraphique de M. l’Hermite, 290.
- — pour retirer l’indigo-pastel des feuilles desséchées , 168. —'Ses avantages, ib.
- Procès-verbal de réception de la sonde exécutée par le sieur Rosa fils , pour l’inspection générale des carrières , 84*
- Programmes des prix proposés par la Société pour les années i8i3, 18x4 et i8i5; ces programmes sont annexés au Bulletin N°. XCVIII, août x 812.
- Prussiate de potasse, de son passage de l’estomac dans la vessie , 298.
- Pyrale de la vigne , espèce d’insecte ,291.
- Pyramide placée au-dessus des maisons rurales en Espagne pour dessécher les châtaignes , 226.
- R.
- Racines de garance; manière d’en extraire la couleur, 253.
- Radeau plongeur de M. Thilorier, 269.
- Râpe pour diviser les pommes de terre, proposée par M. Parmentier, 221.
- Rapport sur un mémoire de M. Derosne , relatif à la fabrication du sucre de betteraves , 11.
- — sur la vérification des comptes de M. le trésorier, 66.
- — sur les résultats des divers concours ouverts par la Société en 1811 , 180.
- Récipient d’une cornue pour condenser le goudron de houille , 278.
- Règle carrée et à branches parallèles pour rayer le papier, 281.
- Réglure du papier , 280-283.
- Réservoir d’huile ; moyen de le perfectionner
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- dans les lampes de M. Gotten , 2^5. — De l’élever et de le baisser, ib.
- Résidus des lessives des soudes artificielles proposés pour l’extirpation des joncs* 2g3.
- Révolutions des corps célestes par le mécanisme des rouages, 298.
- Rhum extrait du miel, 291.
- Ricin ; cette plante est cultivée comme plante oléagineuse, par M. Fournier, 199. — Une médaille d’encouragement lui est accordée pour cet objet, 200.
- Riz soumis à l’action de l’acide sulfurique , dorme un sirop qui ne cristallise point, 201.
- — économique de M. Granet, 220.
- Robinets employés dans un appareil pour retirer le gaz hydrogène de la houille, 2^5.
- Robinier, proposé pour remplacer le merrain de chêne, 287.
- Rondelle de fer placée devant une grille à charbon pour supporter des pots et vases en métal , 240.
- Roues à aubes appliquées aux bateaux pour les faire remonter contre le courant des fleuves , 269- — adaptées au bateau à vapeur de Fulton ,271.
- Rouissage du lin et du chanvre , proposé par M. d llondt d Arcy, rj.5. — Inconvéniens de l’ancien procédé, 46. — Description du nouveau, ib.—Ses avantages, 47- —Observations sur cette méthode, 48.
- Rouleau pour enlever la première peau aux châtaignes , 227.
- Rouleau } on nomme ainsi de la soie cardée , programmes , 8.
- Routoir établi par M. Bralie à Amiens 5 sa description , 49-
- Ruches 5 moyen d’en faire éclore le couvain 296.
- Sacs employés pour enlever la première peai aux châtaignes, 227.
- Salaison des viandes, 286.
- Sang de bœuf, on l’emploie dans la fabricatioi du sirop de betteraves, 248.
- Sarclages , ne sont pas bien exécutés dans h departement du Doubs, 249.
- Scies laminées imitant celles d’Angleterre, 107 -----de M. Peugeot, 283.
- Séance générale du 19 août 1812, 179.
- Seau de cuir mobile dans un tube pour remonter les vaisseaux , 270.
- Séchoir pour les feuilles de pastel , i65.
- Séchoirs employés dans le Limousin pour la
- dessiccation des châtaignes, 224. _____ Leurs
- inconvéniens, ib. — Ceux de Toscane sont préférables, 225.
- Secret, procédé employé par les chapeliers pour feutrer les poils , prog. 10.
- Secrétage des chapeaux sans emploi de sels mercuriels, ce prix n’est pas remporté, 182. — Est remis au concours pour 18i3, 187. — Programme de ce prix, 10.
- Sel marin, prix proposé par la Société des Science;» et Rits de Rocherort, pour le meilleur procédé de le convertir en soude sur ie lieu même de l’extraction , 254» de; tartre , employé pour teindre les drans en rouge avec la garance, 285. 1
- Sillons gravés dans les noix des moulins , leur [aoportion doit être graduée de manière que le moulin ne s’engorge pas, 282.
- Sirop d’amidon , expériences sur sa fabrication , par M. Vogel, 107. — De l’ébuiiition du liquide et de son évaporation, 108. Séparation de la gomme du sirop, 109. —Se cristallise en huit jours , 200. — fabriqué par M. Lampadius, 215. —Ses qualités , 215.
- 11 ne les perd pas en vieillissant, 216. ____
- maniéré de reconnaître son degré de cuisson, 2^7' —“ Sa pesanteur spécifique, sa couleur, et son goût, ib.
- ce botterai es , procédé de M. Derosne pour fabriquer ce sirop , 9.—de sa préparation parle procédé de Bonmatin , 148. — Sa conversion en sucre brut par le grenage, ib.— Moyen de connaître son degré de cuisson , 149.
- — de miel , M. Vallet en mentionné honorablement pour l’avoir purifié , 188.
- de sucre de pommes de terre, fabriqué à Eiberfeld , 290.
- Sirops, importance déjuger do leur degré de cuisson , 162.
- — de betteraves , essais comparatifs faits sur ceux préparés avec le charbon et sans charbon , 247.
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- Société de Littérature, Sciences et arts de Ro-chefort, 254»
- •—pour les progrès de l’Agriculture , du Commerce et des Arts, formée à Osnabrück , i38.
- Soie , dite galette de Suisse , de sa fabrication, prog. 7.
- Sonde de l’inspection générale des carrières , j5. — Recherches historiques sur l’origine de cet instrument, ib. — Sa description , 79. — Ses accessoires , 83.— Manière de s’en servir , 84.
- Soude extraite du sel marin , 254»
- Soudes artificielles , le résidu de leurs lessives peut servir à détruire les joncs dans les marais , 292.
- Spatule de bois pour remuer la fécule d’indigo , 167.
- Sphère mobile de M. Petau, 283.
- Suc de betterave , sa clarification par le procédé de Bonmatin, 147. — Sa saturation par l’acide sulfurique , ib.
- Sucre, de sa non existence dans le sang des personnes affectées du diabétès , 298.
- — d’amidon , est moins sucré que celui de canne, 200. — A un goût agréable ,201. — Son emploi , ib. — Fabriqué par M. Lampa-dius , 213. — son prix, 207.
- — de betterave, comparaison de ce sucre avec celui de canne, 6. — Sur l’emploi de la chaux dans sa fabrication, 7. — Observations sur le procédé de M. Barruel, par M. Derosne,ib.
- — procédé pour obtenir sa prompte cristallisation, par M. Derosne, i3. —- Rapport sur un échantillon de ce sucre fabriqué par MM. Schumacher et Bemkes, à Crevelt, 17. — décret impérial concernant sa fabrication , 2,5. — Le prix proposé par la Société pour sa fabrication est retiré , 188. — Préparé par M. Hellot, 289.
- —- de châtaignes, extrait d’un mémoire de MM. d Arcetet Alluaud , sur cette matière, 85. — Résumé des expériences qu’ils ont
- faites sur les châtaignes du Limousin , 89.___
- Observations sur le procédé , 91.
- — de lait, sa conversion en sirop par le moyen de l’acide sulfurique, 110.
- — de miel, préparé par M. Dive, 188. — Par M. Go lia >'di, 291.
- Suie de houille, ne s’attache pas aux parois de la cheminée, 240.
- Sulfate de chaux ou gypse, comment on le sépare du sirop d’amidon , 2i5. — Est lavé
- et pressé , 236.
- Sulfure de baryte, employé pour séparer le fer du sirop d’amidon, 2x5.
- Support circulaire placé sous les portes, 161.
- T.
- Table en noyer à eompartimens , pouvant s’élever et s’abaisser à volonté, i33.
- Tableau des prix proposés par la Société d’En-couragement pour les années i8i3 , 18x4 et i8x5; ce tableau fait suite aux programmes.
- — des expériences faites sur différentes laines de France et de l’étranger, 258.
- —- présentant la quantité de potasse que contiennent les végétaux, 286.
- Tain nouveau pour les glaces, proposé par M. Vérea, 128.
- Tamis de crin pour passer l’indigo lavé, 167.
- Tarière , instrument employé pour la perforation des terrains , 81.
- — en spirale, employée en Amérique , ic>4- — Usage de cet instrument, io5.
- Tartrite acidulé de potasse , fabriqué par M. JMazza.} 291.
- Teigne champêtre ennemie des vignes • ravages qu’elle cause, 3oo.
- Teinture en rouge avec un mélange de tartre et de garance , 285.
- Termites , prix proposé par la Société des Sciences et Arts de Rochefort pour leur destruction , 254*
- Terre propre à détacher la rouille du blé, i38.
- Terres , leur produit dans le département du Doubs, 25o.
- Thermolampe , son invention est due à un artiste français , 274.
- Thermomètres adaptés à la cuisson des sirops ,
- 248.
- Tige graduée du pèse-liqueur des sucres, peut être accourcie, 284.
- Tire-bourre ou arrache-pierre, instiun.ent pour
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- V.
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- retirer des trous de sonde les galets, les cailloux et les pierres rondes , 82.
- Tisonnier, instrument pour soulever la houille dans la grille, 289.
- Tissu de paille fabriqué dansla ForêtNoire, 138.
- — en laine et en fil, pour meubles, imitant le point des tapisseries de Beauvais, i58. — Son prix estrnodéré,les couleurs sont solides, les dessins de bon goût, ib. — A été employé pour l’ameublement des palais de Sa Majesté, ib.
- Tissus de grande largeur, fabriqués sur le métier de M. Vigneron , 263.
- Toison d’une brebis métisse, adressée par M. Dessaux-Lebreton, i3o. — Singularité de cette toison , ib.
- Toile sans fin pour recevoir la pulpe de betteraves destinée à être exprimée, 157.
- — de grande largeur , fabriquée sur le métier Vigneron , 262.
- Tôle vernie, exige l’emploi de l’huile de térébenthine, 274*
- Tonneau rempli d’eau servant à la purification du gaz hydrogène , 275.
- Tordoir-ourdissoir, de M. Vigneron, 280.
- Tourbe, moyens de la tirer sous l’eau , prog. 3.
- — employée pour la calcination de la pierre à chaux, 242.
- — carbonisée, goudron et acide extraits de cette tourbe , présentés par MM. Legoux et compagnie , l32.
- Trachel, ce que c’est, prog. 8.
- Trémie , son ouverture doit être réglée de manière qu’il n’entre dans le moulin que la quantitéde blé qu’il peut moudre à-la-fois, 282.
- Trépans, espècesdesondes, leur description, 80.
- Tube conducteur de l’huile dans les lampes, ses dimensions, 177.
- — cylindrique en fer-blanc, pour broyer les pommes de terre cuites, 220.
- Tuiles d’une nouvelle forme, 290.
- Tuyau conducteur de la fumée , comment il doit être disposé dans les poêles , 240.
- Tuyaux de descente des latrines, fabriqués par M. Fougerolles, 139.
- — coudés, employés dans un appareil à distiller la houille, 2j5. — Doivent être tenus dans une position inclinée, 276.
- Vaisseaux mus par la force de la vapeur , 270.
- — vicaires , sur la meilleure forme à leur donner, 287.
- Vapeur, sa force est appliquée au remontage des bateaux, 266.
- Vases employés dans une indigoterie , i65.>
- — de bois destinés à recevoir l’indigo-pastel lavé, 167.
- — de métal revêtus d’un émail économique; il n’a été adressé aucun mémoire sur ce sujet de prix , 180. — Est remis au concours pour j8i3 , 187. — Programme de ce prix , p. 12,
- — — préférables aux vases de terre , pour être placés devant un feu de houille , 240.
- —• en platine , exécutés par M. Janety fils , leurs dimensions et leur usage, i34* — Rapport sur ces vases, 207. — Leurs avantages , 208.
- — vernis ouétamés, leurs inconvéniens dans la fabrication du sucre d’amidon, 213.
- Veilleuse de M. JDumonceau, rapport sur cet appareil, 121. — Ses applications dans l’économie domestique, 122. —Moyen de le perfectionner , ib.
- Vernis préparé avec l’huile retirée du goudron de houille , 273.
- — noir fait avec de la poix extraite du goudron de houille, 278.
- Viandes salées, on propose d’ouvrir un concours à ce sujet, 286.
- Vigne, de sa culture dans le département du Doubs, 2ÔO.
- Vignes, moyen de les garantir du ravage des chenilles , 292.
- Vins, appareil pour le transvaser en bouteille , 22. — Inconvéniens de le laisser trop longtemps dans la cuve, 25o.
- Vinaigre, est employé dans la fabrication de l’indigo-pastel, iy4-
- Voyage pittoresque du nord de l’Italie , rapport sur cet ouvrage , 94*
- Z.
- Zinc, ustensiles fabriqués avec ce métal par M. Migneron ,137.
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- PLANCHES.
- PI. 84. Appareil de M. Jullien, pour transvaser les vins en bouteilles, en regard de la page 22.
- — 85. Presse hydraulique , 29.
- — 86. Sonde de l’inspection générale des carrières, 80.
- — 87. Sondes anglaises. —Tarière en spirale.—Machine à broyer l’ajonc pour la nourriture des bestiaux j 100.
- — 88. Fourneau à réverbère , de M. Dujaud. — Cache-entrée de M. Regnier, 141 •
- — 89. Machine de M. Thierry, pour râper les betteraves, x44*
- 90. Pèse-liqueur pour la cuite des sucres. — Machine propre à exprimer le suc de la pulpe de betterave , 15j.
- — 91. Ligne traînante à détente. — Aréomètre pour la cuite des sucres , 232.
- — 92. Fours à chaux de lludersdorff, 242.
- 90. Appax’eil pour extraire le gaz hydrogène de la houille. — Fourneau pour la distillation du goudron de houille. — Instrument de AI. Regnier, pour mesurer la force des laines , 259.
- FIN DE LA ONZIÈME ANNÉE.
- A Paris , de l’Imprimerie de Madame IiUZARD ( née Yallat la Chapelle ) ,
- rue de l’Eperon ? JN°. 7.
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- TABLEAU
- DES PRIX PROPOSÉS
- PAR LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- POUR ÊTRE DÉCERNÉS DANS LES ANNÉES 1813,1814 ET 1815.
- — " 11 11111 lll‘—— ÉPOQUE
- NUMÉROS ^ —"" ^ VALEUR
- DES DÉSIGNATION DES SUJETS DE PRIX. de Fenyoi des Mc'-moires, Descriptions , Dessins, de la Distribution DES OBSERVATIONS.
- PROGRAMMES Machines , Modèles ou Echantillons. des PRIX.
- Prix.
- Prix proposés pour l’année i8i3.
- I. Pour une machine à tirer la tourbe sous l’eau ier. Mai i8i3. Juillet i8i3. 2,000 fr. | Ce Prix sera retiré en i8i3, si les concurrens | n’ont pas rempli les conditions du Programme.
- II. | Pour la fabrication en fonte de fer de divers ouvrages pour lesquels on emploie ordinairement le cuivre et le fer forgé id. id. 3,ooo
- ARTS MÉCANIQUES. III. Pour le cardage et la filature par mécanique des déchets de soie provenant des cocons de graine, des cocons de bassine, des costes , des frisons et des bourres , pour la fabrication de la soie dite galette de Suisse id. id. i,5oo
- 1 IV. Pour la filature par mécanique, à toute grosseur de fil, de la laine peignée pour chaîne et pour trame id. id. 2,000
- I j y. Pour un procédé facile et économique de fabriquer des litharges et des miniums purs avec le plomb provenant, des mines de France id. id. 3,ooo S. Eve Je Ministre de l’Intérieur a fait verser dans la Caisse de la Société le montant de ce Prix.
- Il ARTS CHIMIQUES. < ' VI. Pour déterminer quelle est l’espèce d’altération que les poils éprouvent par le procédé en usage dans la chapellerie, connu sous le nom de secrétage, et indiquer les moyens de préparer aussi avantageusement les poils pour le feutrage, sans y employer des sels mercuriels ou autres substances qui expo-sent les ouvriers aux mêmes dangers id. id. 1,000
- I
- 1 ( VII. Pour la purification du miel. . . ' id. id. 2,000 Ce Prix a été doublé.
- ARTS ECONOMIQUES. J i 1 VIII. Pour la fabrication des vases de métal revêtus d’un émail économique id. id. 1,000
- 1 1 IX. Pour la plantation et la greffe du noyer id. id. 5oo , Ce Prix a etc augmenté de 200 francs.
- AGRICULTURE. ' \ X. Pour la culture comparée des plantes oléagineuses id. id. 1,200
- Prix proposés pour l’année i8i4-
- ARTS MÉCANIQUES. XII. Pour la fabrication du fil de fer et d’acier propre à faire les aiguilles à coudre Ier. Mai 18j4* Juillet 1814- i ,000 Ce Prix a été augmenté de 1000 francs.
- ARTS ÉCONOMIQUES. XI. Pour la conservation des étoffes de laine id. id. 0 0 xn
- AGRICULTURE. XIII. Pour un moyen prompt et économique d’arracher les joncs et autres plantes aquatiques dans les marais desséchés id. id. 1,200
- Prix proposé pour l’année 1815.
- AGRICULTURE. XIV. Pour la culture des plantes qui fournissent la potasse. ier. Mai 1815. Juillet 1815. . O O Lq H
- Total........ 27,400 fr.
- La valeur des Prix proposés et remis au Concours pour i8i3 s’élève à................................. 17,200 fr.
- Celle des Prix proposés et remis au Concours pour i8i4> à............................................ 8,700
- Et la valeur du Prix proposé pour l’année i8i5 à..................................................... i,5oo
- Total égal..... 27,400 fr.
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- PROGRAMMES
- PRIX PROPOSÉS
- PAR
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- Dans sa Séance générale du ig Août 1812, pour être décernes
- en i8i3 , 1814 et i8i5.
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- PROGRAMMES
- DES
- PRIX PROPOSÉS
- PA II
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE ,
- Dans sa Séance générale du 19 Août 1812 ? pour être décernés
- en i8i3? 1814 et i8i5.
- PRIX PROPOSÉS POUR L’ANNÉE i8i3.
- ARTS MÉCANIQUES.
- I.
- Prix pour une machine à tirer la tourbe sous Veau.
- L’abondance des eaux est un des principaux obstacles qui-se rencontrent dans i’exploi -ration des tourbes ; elle oblige à laisser subsister des bancs ou batardeaux plus ou moins épais entre les parties qu’on exploite et celles qu’on a exploitées; et souvent les épuisemens devenant impossibles, même à une profondeur médiocre , il faut se résoudre à abandonner au fond des excavations toute la tourbe qui s’y trouve.
- C’est ainsi que dans ia plupart des exploitations des vallées de la Somme, de l’Autliie, de la Candie, del’Essone, etc., une partie de la couche tourbeuse reste ensevelie sous les eaux et sous les atterrissemens qui viennent à la longue remplir les excavations.
- Cette perte irréparable d’un combustible qui acquiert tous les jours un nouveau prix ïvaurait pas lieu , si on prenait le parti d’exploiter sous l’eau, lorsqu’il est prouvé que les épuisemens deviennent trop dispendieux. On connaît depuis long-temps plusieurs moyens d’extraire la tourbe sous l’eau, la drague, le filet et la boite à tomber. La drague et le blet conviennent particulièrement quand la tourbe se trouve à l’état de boue plus ou moins ib-juidc; mais dans tous les cas l’usage de ces instrumens exige une manipulation ultérieure de la tourbe. La boîte à tourber a l’avantage d’extraire la tourbe dans le même état oit on 1 obtient avec le louchet et à l’aide des épuisemens. Cette machine,dont la description a été publiée dans plusieurs ouvrages (1) , a été employée autrefois dans les marais de la Somme,
- « ! ^ oyez Recherches sur les houilles d’engrais, les houillères, les murais et leurs tourbes , par ni. de èmüeeault, Paris, 17S3 , chez Servière , rue Saint-Jean-de-Bcauvais. Voyez aussi Encyclopédie mctho-
- /'uni- . Art, du Rourhi.ee,
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- près d’Amiens ; mais aujourd’hui elle paraît entièrement oubliée > soit parce qu’elle demande trop de frais pour sa construction , soit que , n’étant disposée que pour être mue à bras d’hommes, sa manœuvre est trop dispendieuse 0).
- D’après cet exposé, la Société d’Encouragement, considérant combien il importe d’ex* * ploiter les couches tourbeuses dans toute leur épaisseur, et de quelle utilité il serait en beaucoup de circonstances d’extraire la tourbe sans recourir à aucun épuisement , propose un prix de deux mille francs, qu’elle accordera à celui qui indiquera les moyens les plus économiques de tirer la tourbe sous l’eau , soit qu’il ajoute aux moyens connus quelque perfectionnement qui en rende l’emploi moins dispendieux, soit qu’il propose une machine nouvelle qui leur soit préférable.
- Le prix sera décerné dans la séance générale du moins de juillet i8i3 ; il ne sera accordé que sur un certificat authentique qui constate que les moyens proposés ont été employés avec succès pendant une campagne entière.
- Les concurrens devront envoyer le procès-verbal des expériences qui auront été laites , et les modèles ou dessins relatifs aux moyens qu’ils auront proposés, avant le ier. mai 1813. Si aucun d’eux n’avait, au jugement de la Société, rempli les conditions du programme dans le délai indiqué, le prix sera retiré du concours.
- La Société a cru devoir joindre ici la description d’une machine employée avec succès au curage des ports et canaux de Venise , description qui lui a été communiquée par M. Pronr. Tout porte à croire que cette machine est applicable à l’extraction des tourbes limoneuses, et qu’elle pourrait même le devenir à celle de la tourbe compacte.
- « La machine est formée d’une poutre verticale de 5 mètres environ de longueur, et armée à sa partie inférieure d’un ferrure plate, ou espèce de bêche ou pelle destinée à. être enfoncée dans le terrein à la profondeur de i5 ou 18 décimètres. Vers l’assemblage de la poutre et delà bêche est un axe horizontal en fer , autour duquel tourne la caisse ou cuiller destinée à ramasser les matières qu’on veut extraire du fond. Cette caisse est une portion de cylindre qui a pour axe l’axe de rotation dont on vient de parler , et qui est de dimensions telles , que, lorsqu’elle est abaissée et juxta-posée contre la pelle, celle-ci la ferme exactement. La caisse se meut par le moyen d’un levier de 5 à 6 mètres de longueur, auquel elle est assemblée très-solidement.
- » Lorsqu’on veut curer , on enfonce verticalement la bêche dans le fond du lit du canal
- - ï) Indépendamment de cette machine, on emploie dans le département de la Somme, depuis douze quinze ans, un instrument a main, à l’aide duquel un seul homme peut extraire la tourbe sous l’eau ,
- • 'une profondeur d’em iron 5 mètres Cet instrument, que l’on nomme grand louchet, ne diffère de celui ordinaire, ou petit louchet, que par la grandeur des proportions et par un bâtis en fer destiné à couper le paralléiipipéde de tourbe , et à le maintenir sur l’instrument quand on le retire de dessous l’eau. Le 1er de la bêche du grand louchet a 10 centimètres (3 pouces 9 lignes) de large, sur 33 centimètres ( i pied) de long. L aileron a la même largeur que le fer du louchet ; mais au lieu de former avec lui na angle ohl us, il en forme un droit. Le fer du louchet et une partie de son manche sont entourés, sur une hauteur d’un mètre , d’un châssis à jour composé de bandes horizontales et verticales qui circonscrivent un prisme droit à base carrée ; les bandes, au nombre de trois, forment un carré qui a pour coté la largeur du fer du louchet, ou 10 centimètres. La première de ces bandes coupe la tourbe, et toutes servent avec les bandes verticales à soutenir le long paralléiipipéde que l’on détache.
- En enfonçant l’instrument de toute sa hauteur dans la masse de la tourbe, on peut enlever trois ou même quatre de ces petits prismes, que l’on nomme vulgairement une tourbe, et dont on ne peut détacher qu’m.-. ht-fais avec le petit louchet; le manche ayant G mètres de longueur, non compris lu ter , en peut b ;; le. tourbe à une profondeur d’environ 5 mètres au-dessous de l’eau.
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- ( par les moyens dont on parlera ci-après ). La cuiller est tenue ouverte à l’aide d’un crochet adapté à sa partie postérieure, auquel tient une chaîne tirée par une mouffle. Lorsque la pelle est suffisamment enfoncée , on lâche la mouffle d’un côté , et de l’autre on tire l’extrémité du levier avec une corde enroulée sur le cylindre d’un cabestan; ce mouvement tend à faire fermer la cuiller , ce qui ne peut s’opérer sans qu’elle ne se remplisse des matières dans lesquelles la bêche est enfoncée ; et lorsqu’elle parvient à être juxta-posée contre cette bêche, les matières ne peuvent plus en sortir; on enlève alors tout l’équipage au-dessus de la surface de l’eau , on rouvre la pelle, et les matières tombent dans un bateau qui vient se placer au-dessous.
- » L’enfoncement et l’extraction de la bêche s’opèrent au moyen d’un grand levier extrêmement solide, dont chaque branche à 6 mètres è de longueur. A l’une des extrémités de ce. le vier est attachée la poutre à laquelle tiennent la pelle et la cuiller; l’autre extrémité porte un taraud dans lequel tourne une forte vis , dont le bout inférieur, non taraudé, est maintenu et tourne dans un collier , de manière à ne pas se mouvoir parallèlement à l’axe de ce collier. D’après cette disposition , en faisant tourner la vis au moyen des leviers qui y sont adaptés, soit dans un sens, soit dans l’autre, on fait lever ou baisser les extrémités du levier, et par conséquent la bêche et la cuiller.
- » Les pièces qui unissent les extrémités du levier au manche de la pelle et à la vis , et le collier du bout inférieur de cette vis, tournent sur des tourillons horizontaux, afin déformer des articulations telles que rien ne soit forcé pendant le mouvement du levier.
- 33 Ce levier et son équipage sont portés sur un bateau fixé pendant l’opération avec les précautions ordinaires. La machine est manœuvrée par cinq hommes, qui peuvent travailler six heures de suite, en enlevant 60 pieds cubes de matières en cinq minutes à une élévation de 14 à i5 pieds. Si l’on suppose le poids d’un pied cube de gravier et sable de 120 ou 125 livres, c’est-à-dire d’envii'on 5o livres de plus que le poids du pied cube d’eau, ce travail équivaut à-peu-près à un effort de 3o livres , avec une vitesse d’un pied par seconde pour chaque homme. La construction de celte machine est d’ailleurs fort simple ; elle égale au moins en solidité , et surpasse peut-être en facilité dans la manœuvre et en produit les machines employées au curage dans les ports en France , et elle doit exiger moins de réparations que celles employées dans nos travaux hydrauliques. On n’y trouvera pas cependant, comme dans la machine à draguer décrite par Pœgemortes, la commodité de pouvoir être placée et manœuvrée dans un batardeau de 3 ou 4 mètres de largeur; mais cet inconvénient est compense , dans les lieux où l’on peut disposer d’un grand emplacement, par plusieurs autres avantages (1). 33
- II.
- Prix pour la fabrication en fonte de fer de divers ouvrages pour lesquels ou emploie ordinairement le cuivre et le fer forgé.
- L’art de faire de grands ouvrages en fer fondu a été perfectionné en France depuis une vingtaine d’années ; mais il n’en est pas ainsi de la fabrication des pièces qui ont de petites dimensions. Depuis Réaumur, qui a proposé de faire en fonte douce des clefs , des palustres
- (1) La machine dont il est ici question est figurce dans un ouvrage de M. Krafft, intitulé : Plans., coupes et élévations de diverses productions de l’art de la charpente, exécutés tant en France que dans les pays étrangers. 1 vol. in-fol. fia ri s, iSo5, chez Levrault, Schoell et compagnie; elle a été décrite dans le V. XXXVI du Bulletin. juin 1807, cinquième année, page 327.
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- de serrures , des targettes , des verroux , des fiches de croisées, des platines de fusils , etc. 5 ïl ne paraît pas qu’on se soit occupé , du moins avec succès, d’exécuter en fer fondu divers petits ouvrages pour lesquels on continue de se servir du fer forgé. ïl n’est pas douteux que l’emploi de la fonte de fer ne doive être très-économique , et il est à souhaiter que l’on parvienne à jeter en moule un grand nombre d’ouvrages de serrurerie .et de quincaillerie.
- La Société d’Encouragement croit devoir appeler l’attention des fondeurs sur ce genre de fabrication ; et pour diriger leurs essais vers des objets qui lui paraissent d’une utilité plus prochaine, elle propose un prix de (rois mille francs pour celui qui exécutera en fonte de fer ; x'L Des supports de cylindres de machines à filer le coton 5
- Des roues d’engrenage de quelques centimètres de diamètre ;
- 3°. Des fiches et des charnières de croisées et de portes j
- 4°. Des dons de différentes formes et de 5 à 20 millimètres de longueur (1).
- Ces divers ouvrages seront en fonte et moulés avec soin , cette fonte devra approcher le plus possible ce la douceur et de la ténacité du fer. Ea fonte des supports et des fiches et charnières devra sur-tout être susceptible d’être limée et forée facilement.
- La Société d’Encouragement exige que ces ouvrages soient exécutés en fabrique, et qu’ils puissent être livrés à un prix modéré. Il faudra justifier en avoir mis dans le commerce pour une somme de 10,000 francs.
- Le prix sera décerné dans la séance générale du mois de juillet 1810.
- Le-, échantillons et mémoires devront être envoyés avant le ier. mai de la même année JVota. Les fondeurs qui voudront concourir et qui n’auraient pas à leur disposition ces modèles des différens ouvrages qui forment le sujet du prix , pourront se les procurer au Conservatoire des Arts et Métiers, rue et abbaye Saint-Martin.
- PRIX REMIS AU CONCOURS POUR L'ANNÉE i8i3
- ARTS MÉCANIQUES.
- in.
- J-rcx pour le cardage et la. filature , par mécanique , des déchets de soie prooe nan t des cocons de graines, des cocens de bassine, des cosies . des frison >; et des bonnes pour la fabrication de la soie Ai te Galette de S lusse.
- Ces déchets devront être filés selon les grosseurs de fil en usage dans les fabriques de broderie et de passementerie. Les prix des différentes qualités dqgalette qui en proviendront devront être de 20 pour 100 au-dessous de ceux de la filature à la main.
- L’objet de ce prix, qui, comme tous ceux dans lesquels nos manufactures n’ont pas encore atteint le dernier degré d’économie et de perfection , a fixé l’attention de la Société-Le prix, qui est de quinze cents francs, sera décerne dans la séance générale du mois dt. juillet i 8i '
- ’ 1 î Comme il est. assez difficile de mouler un clou aussi petit que celui de 5 millimètres de longueur , malgré sa grande utilité, J a Société me le présente pas corn me une condition de nguenr, mais comme une conilii ion de préferetu e, F.lîe désire qr.e, dans le nombre des clous plus grands, les concurrens envoient k-rlou h haie ou a ardoise , ainsi que celui a palisser, qui sont d’une grande consommation et exigent peu Je devilnütc.
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- Les échantillons devront être envoyés avant le 1er. mai de la meme armée.
- Afin d’offrir aux concurrens des moyens de succès plus faciles, on a cru devoir joindre au. Programme les différens procédés qu’on emploie pour la fabrication de la soie dite galette de Suisse. On y fait connaître les détails de la main-d’œuvre et des préparations qu’exigent les déchets de soie pour être cardés et filés à la main : connaissance essentielle et nécessaire pour parvenir à l’emploi de ces mêmes déchets par mécanique.
- Cette description, adressée en 3786 à feu V’andermonde par Paulet, auteur de VJirt an-fabricant d’étoffes de soie , s’est trouvée dans les archives du Conservatoire des arts et me-tiers, et a été communiquée à la Société par M. NLolard.
- Sur la fabrication de la soie dite Galette de Suisse.
- La 'véritable galette de Suisse est une soie filée qu’on obtient des cocons de graine , des cocons de bassine , des costes et des frisons.
- On nomme cocons de graine ceux dont les vers à soie sont sortis en papillons pour fournir la graine ou les œufs qui servent à en propager l’espèce.
- Ces cocons se trouvent percés à l’endroit par lequel le ver est sorti, ce qui les rend impropres à être employés à faire de la soie de première qualité} mais on a trouvé moyen d’en tirer un filage très-avantageux.
- Les cocons de bassine sont ceux dont le brin qui les compose ne peut se développer dans la bassine, lorsque la tireuse fait sa battue. On les met à part, souvent même on les laisse tenir aux frisons.
- On appelle frisons les brins de soie que la fileu.se prend dans sa main , lorsqu’avec un petit balai elle forme sa battue et qu’elle cherche à purger les cocons , afin qu’il n’entre dans la soie aucun de leurs brins qui ne soit dépouillé de tout ce qui pourrait lui donner quelque défectuosité.
- Les costes ne sont autre chose que ces mêmes frisons, excepté qu’au lieu d’être pris et enveloppés par la main de la tireuse et repliés sans ordre, elle tire tous les brins de la battue , en les réunissant et en formant une ou plusieurs longueurs , de sorte qu’il y a des costes de 4 h 5 pieds de long, de la grosseur d’une forte ficelle. Ce sont ces mêmes costes qu’on appelle capitons, et dont on se sert pour faire la broderie de point.
- Quand on veut disposer les cocons, soit ceux de graine, soit ceux de bassine, pour en obtenir la soie dite galette de Suisse, on commence par les faire bouillir à grande eau dans un chaudron, pendant quatre heures consécutives. On les remue presque sans cesse avec un bâton fourchu , afin qu’ils ne brûlent point, et que la gomme dont ils sont enduits s’étende plus facilement 5 en les remuant on a soin de les retourner souvent} cette opération tend à les amollir , à détacher les brins qui les forment et à les disposer à être cardés avec plus de facilité.
- Ou retire les cocons après avoir laissé refroidir l’eau dans laquelle ils ont bouilli , et on les jette ensuite dans de l’eau froide 5 on les lave à plusieurs reprises jusqu’à ce que l’eau reste claire.
- Lorsqu’on se trouve à portée d’une rivière ou d’une fontaine, on met les cocons dans un panier à anses, d’une grandeur convenable} l’eau courante les rend infiniment plus propres que le lavage dans quelque vaisseau que ce soit.
- Après que les cocons sont bien lavés, on les fait égoutter ; on les presse avec les mains , afin d’en extraire toute l’eau qu’ils contiennent, et on les étend sur des cordes ou sur de
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- grandes claies pour les faire sécher, sans les exposer cependant à l’action du soleil. Cette opération se pratique ordinairement dans des greniers : on laisse un espace suffisant entre les cocons, afin qu’ils sèchent plus promptement.
- Si on ne les carde pas à mesure qu’ils sont secs, on les met dans des sacs ou dans des paniers bien couverts , pour les garantir de la poussière.
- Lorsqu’il s’agit de carder les cocons , on en prend environ 2 ou 3 livres à-la-fois j on les place sur un bloc de 2 pieds de diamètre ; on les y bat avec de gros billots jusqu’à ce qu’on les ait rendus doux, au point de pouvoir facilement les écharpir avec les doigts, pour ensuite les porter sur les cardes.
- Les billots avec lesquels on bat les cocons sont de gros et forts bâtons d’environ 2 pieds de long et d’un pouce et demi de diamètre par le bout qu’on tient dans la main , et de plus de 2 pouces par l’autre bout.
- On les bat aussi avec de grosses verges.
- On les carde jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que la barbe qui est produite par le cardage est dépouillée de tous les bouchons ou petites costes qui ont pu se former par la réunion trop intime des brins que la carde n’a pu séparer
- Dans cet état, le cardeur tire la première barbe et en fait un trachel, qui la dispose à être filée ( on nomme trachel, dans cette filature , ce qu’on désigne par loquette dans celle du coton, excepté que le trachel se plie en long et en rond de 8 à 10 pouces , en forme de saucisson , sans être serré). Cette première barbe produit la première qualité de la galette.
- Le cardeur, continuant de carder ce qui lui reste, tire une seconde barbe, qui devient sensiblement inférieure à la première , et de laquelle il résulte une galette de seconde qualité 5 enfin il passe à une troisième , qui est encore bien inférieure à la seconde 5 et de là à «ne quatrième, qu’on appelle rouleau. Ces deux dernières produisent une soie à laquelle on donne le nom décrassé Gênes, et à la dernière celui de Palerme. Souvent on file celle-ci d’une telle grosseur, qu’en la réunissant à deux bouts montés ensemble on en fait l’aine des cordons de fenêtres.
- Quant aux costes et aux frisons, on suit la même méthode , sur-tout lorsqu’on les destine à la fabrication de la galette ; car autrement on ne peut en faire que de la belle filo-aelle , pareille à celle fabriquée en Languedoc, en Vivarais, en Provence, etc., et connue sous le nom dq fleuret.
- On file généralement la galette au rouet. La beauté de son brin dépend du soin de la fileuse 5 mais il faut qu’elle mouille la matière en filant, c’est-à-dire qu’elle ait l’attention de mouiller ses doigts en tirant les brins de la quenouille sur laquelle elle a placé son trachel, et de manière que le fil qu’elle en forme soit enduit, sur toute sa longueur, de l’eau qu’elle destine à cet objet. Cette eau doit être un peu mucilagineuse 5 on se sert ordinairement d’une eau de riz affaiblie ou d’une eau de graine de lin 5 la première est préférable. Il faut que la fileuse mouille légèrement, et de manière que toute la longueur du fil puisse s’imprégner de cette eau.
- Les autres espèces de soies tirées des matières ci-dessus indiquées doivent toujours être filées à sec.
- On a prétendu qu’en faisant tremper les cocons dans l’eau , ainsi que les frisons , jusqu’à ce que cette eau soit entièrement corrompue, on obtiendrait une galette supérieure à celle fabriquée par le moyen indiqué ci-dessus ; on a vu des preuves du contraire , sans compter les inconvéniens qui résultent d’être sans cesse exposé à respirer un air vicié,
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- IV.
- Prix pour la filature par mécanique , à toute grosseur de fil de la laine peignée pour chaîne et pour trame.
- Les soins que la Société d’Encouragement a pris pour le développement de l’industrie nécessaire à la fabrication des draperies et autres étoffes de laine ont déjà produit d’impor-tans résultats.
- Cependant un moyen mécanique utile à leur prospérité est négligé , et son importance doit exciter la sollicitude de la Société ; ce sont les machines à filer la laine peignée.
- Leur emploi serait du plus grand intérêt pour nos manufactures en général , et particulièrement pour celles des départemens de la Marne , de l’Oise , du Pas-de-Calais , de la Somme , du Nord et de la Lozère , sur-tout depuis cpie le goût des femmes se porte sur les schais de Cachemire , ces beaux tissus de l’Orient, dont l’imitation est si recherchée , que désormais ils paraissent devoir faire une partie essentielle de leurs vêtemens.
- C’est d’après ces considérations que la Société propose un prix de deux mille francs pour les meilleures machines à filer la laine peignée.
- Ce prix sera décerné dans la séance générale du mois de juillet i8i3. Les mémoires ? dessins ou modèles , devront être envoyés avant le ier. mai de la même année.
- Les conditions pour l’obtention de ce prix sont que les machines offriront un avantage, soit par la perfection des produits , soit en économie de 20 à 3o pour 100 au moins sur te même travail fait à la main.
- ARTS CHIMIQUES.
- y.
- Prix pour un procédé facile et économique de faire des litharges et des miniums purs, avec les plombs provenant des mines de VEmpire français.
- Un prix de trois mille francs sera décerné à celui qui trouvera un procédé facile et économique pour faire des litharges et des miniums purs avec les plombs provenant de nos mines, et contenant de l’antimoine, du cuivre et du zinc. On exige que les litharges et miniums puissent êtra versés dans le commerce au même prix que les litharges et miniums les plus estimés venant de l’étranger.
- Les mémoires et échantillons seront adressés au secrétaire de la Société avant le 1er. mai i8i3.
- Ce prix est proposé par Son Exc. le Ministre de l’intérieur, qui en a fait verser les fonds dans la caisse de la Société. Il sera décerné , s’il y a lieu , dans la séance générale du mois de juillet i8i3.
- B
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- VI.
- Prix pour déterminer quelle est l’espèce d’altération que les poils éprouvent par le procédé en usage dans la chapellerie , connu sous le nom de secrétage, et indiquer les moyens de préparer aussi avantageusement les poils pour le feutrage t sans y employer des sels mercuriels ou autres substances qui exposent les ouvriers aux memes dangers.
- L’expérience a fait connaître, il y a long-temps , que la plupart des poils ne peuvent se réunir en état de feutre qu’après avoir reçu une préparation ; il n’y a guè«e d'exception que pour la laine et le poil de castor gras ( c’est ainsi qu’on appelle le poil enlevé sur des peaux de castor qui ont servi de vêtemens aux sauvages ). On a employé pour cela divers procédés ; mais celui qui porte encore aujourd’hui le nom de secret, parce que l’inventeur et les fabri-cans qui l’avaient acquis de lui s’en réservaient la connaissance , les a fait abandonner.
- La composition qui faisait la partie essentielle de ce procédé n’était encore désignée dans les supplément de l'Encyclopédie que sous le nom vague d’eau seconde , qui servait à secréter certains poils pour les mettre en état de se feutrer et de rentrer à la foule.
- Roland de la Platière a donné dans le Dictionnaire des Manufactures, etc., de l’Encyclopédie méthodique (i) la recette du secret, à laquelle se sont fixés les meilleurs artistes. Il consiste à faire dissoudre 3 décagrammes ( une once ) de mercure dans 49 décagrammes ( une livre ) d’acide nitrique , étendu de deux fois autant d’eau , et à tremper dans cette liqueur une brosse avec laquelle on frotte légèrement le poil.
- Les peaux ainsi secrétées , devant être séchées à l’étuve, le poil enlevé par un instrument tranchant près de la racine , puis frappé sous la corde de l’archet jusqu’à ce que tous les brins tombent éparpillés les uns sur les autres en tout sens , on conçoit aisément que tout cela ne peut s’exécuter sans danger. C’est ce qui a fait dire à M. Monge , en terminant le mémoire dans lequel il a si bien démontré le vrai mécanisme du feutrage : u le feutrage ,5 des poils destinés à la chapellerie est une opération très-malsaine pour les ouvriers qui se consacrent à ce genre de travail , à cause du mercure qui entre dans les dissolutions, et v, qu’ils sont ensuite forcés de respirer sous forme sèche. Ce serait donc l’objet d’un travail .0 bien utile : i°. de rechercher quelle espèce d’altération la dissolution mercurielle fait -- éprouver aux poils dans l’opération du secrétage ; 20. de chercher à produire la même altération , ou une altération différente , mais dont l’effet fut le même pour le feutrage , - j au moyen de substances dont l’usage ne fût pas nuisible (2). «
- Il ne peut y avoir de cloute sur la possibiliié d’arriver au même résultat par des procédés différens. Dans le nombre des faits qui l’établissent et qui appcdlent les recherches par la certitude du succès , il faut placer en premier ordre la distinction si généralement admise des peaux de castor gras et des peaux de castor sec ; car si le frottement, la chaleur animale et la transpiration des hommes qui se sont couverts des premières ont suffi pour en disposer le poil au feutrage, il est bien évident que ce changement peut s’opérer sans le secours des sels mercuriels.
- (1) Tome 1, page io3.
- ( .) Annales de Chimie-, 1790, tome VI, page -3n,
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- jy autre part , Roland de la Platière rapporte qu’on lui a assuré que l’on avait réussi à fabriquer un chapeau d’excellent feutre en aussi peu de temps que par le secret et la foule ^ au moyen d’un bain de plantes styptiques tenues en macération : ce qui lui a fait dire que cc ce serait un grand pas dans la perfection de l’art , si , par un composé facile et doux , on 33 produisait tout-à-la-fois l’effet du secret et celui des sels tartareux employés à la foule. »
- On sait encore que ce n’est réellement qu’au foulage ( ou suivant l’expression des ateliers à la foule) que s’achève la disposition au feutrage, dans un bain d’eau presque bouillante, chargée d’un huitième de son poids de lie de vin. Or, M. Chaussiera fait voir que ce bain devait être considéré comme un dissolvant chimique; que le tartrite acidulé était le principe unique de son action , que 6 kilogrammes de lie pouvaient y être remplacés par 46 grammes d’acide sulfurique ( 12 livres par 12 gros ), avec l’avantage de n’exiger qu’une chaleur de 2,5 à 3o degrés, de rendre le travail de l’ouvrier moins pénible , et de ne pas porter dans le tissu des matières étrangères, que l’on n’en sépare que difficilement pour lui faire prendre la teinture (x). L’auteur de ce procédé, introduit dans une fabrique avec succès, fait très-bien remarquer que l’on doit espérer d’obtenir le même effet d’un autre acide , même tiré du règne végétal.
- Si l’on observe enfin , avec M. Monge} qu’il n’y a de différence entre les poils qui feutrent sans préparation , comme la laine , et ceux qui exigent le secrétage, qu’en ce que les premiers , naturellement courbés , s’entrelacent facilement dans toute direction ; tandis que les derniers ne peuvent prendre par l’agitation qu’un mouvement progressif en droite ligne , on est forcé d’en conclure que Roland de la Platière a été induit en erreur, lorsqu’il a cru que le poil à secréter devait être touché dans tous les sens par la composition , puisqu’en produisant un effet égal de tous les côtés sur les lamelles tuilées de ces poils, on n’en changerait pas la conformation. Cette observation parait sur-tout importante pour indiquer le but que l’on doit se proposer, et diriger le choix des moyens les plus convenables pour l’atteindre.
- Telles sont les considérations qui ont déterminé la Société d’Encouragement à proposer un prix de mille francs pour celui qui parviendra à déterminer quelle est l’espèce d’altération que les poils éprouvent par le procédé en usage dans la chapellerie, connu sous le nom de secrétage} et à indiquer des moyens de préparer aussi avantageusement les poils pour le feutrage, sans y employer des sels mercuriels ou autres substances qui exposent les ouvriers aux mêmes dangers.
- Le prix sera décerné dans la séance générale du mois de juillet i8i3. Les mémoires seront remis avant le ier. mai de la même année.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- VII.
- Prix pour la purification du miel.
- Le miel, qui avant l’introduction du sucre de canne en Europe, était la seule substance sucrée dont on se servît pour condiment , pourrait aussi contribuer pour beaucoup à rem-
- (i) Mémoire sur la Chapellerie, inséré dans le Journal de VEcole polytechnique, tome ï, page 163 ; Germinal aji III.
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- placer en ce moment le sucre d’Amérique : pour cet effet il serait à désirer qu’il fût assez abondant et que ses qualités fussent toujours semblables. Mais le travail relatif aux abeilles a beaucoup diminué, et la saveur du sucre de canne à laquelle on s’est habitué a fait trop généralement; rejeter l’emploi du miel et dépriser sa saveur. Cette saveur est en effet moins agréable que celle du sucre , et d’ailleurs elle varie beaucoup suivant les pays dont le miel est originaire, et suivant les momens de sa récolte. Dans les contrées marécageuses et humides, les miels sont bruns et ont un goût de manne et nauséabonde; aux époques où les abeilles recueillent les fleurs du tilleul, du sarrasin et de plusieurs autres plantes estivales, le miel prend une couleur brune et une saveur peu agréable; enfin on compte facilement les cantons qui foui-nissent de très-bons miels, soit par leur exposition naturelle, soit par les soins bien entendus des propriétaires d’abeilles , et malheureusement il paraît que ce sont les pays dans lesquels on entretient le plus de ruches, qui fournissent les miels les moins bons. Il serait donc d’un très-grand intérêt de pouvoir trouver un procédé économique pour purifier les miels et pour les ramener tous au même état, soit sous forme concrète, soit sous celle de sirop. Déjà des tentatives ont été faites dans cette vue , mais on n’a pas encore obtenu des résultats assez satisfaisans. La Société croit devoir appeler sur cet objet l’attention des hommes instruits,etelle se propose de décerner, dans sa séance générale du mois de juillet i8i3,un prix de deux mille francs à celui qui aura indiqué un procédé bon et économique pour purifier toute espèce de miel, soit en le réduisant à l’état concret ou à celui de sirop. Les concurrens devront détailler dans un mémoire les moyens qu’ils ont employés , afin que leurs procédés puissent être répétés par les commissaires de la Société. Ils joindront a leurs mémoires des échantillons des miels bruts sur lesquels ils ont opéré et des résultats qu’ils auront obtenus. Chacun de ces échantillons devra être du poids d’un kilogramme au moins.
- Les mémoires et les pièces à l’appui devront être envoyés francs de port au secrétaire de la Société avant le ier. mai i8j3.
- VIII.
- prix pour la fabrication des 'vases de métal revêtus d’un émail
- économique.
- Les accidens occasionnés par l’usage des vases de cuivre ont donné lieu à des recherches et à des tentatives qui avaient pour but de substituer à ce métal un autre métal, ou une .substance qui présentât les avantages du cuivre sans en avoir les inconvéniens. Les différens essais qui y ont été faits à ce sujet n’ont pas produit, il est vrai, des résultats très-satisfai-sans, soit qu’on n’y eût pas apporté l’intelligence et les soins nécessaires , soit que la science ne fût pas alors aussi avancée qu’elle l’est aujourd’hui. Les Anglais viennent cependant d’exécuter , à l’exemple des Allemands , des casseroles en fer fondu , revêtues intérieurement d’un émail inattaquable par les acides; cet émail adhère fortement aux parois intérieures , et il paraît supporter l’action du feu sans se fendre ni s’écailler.
- En considérant d’ailleurs les progrès de la chimie dans ces derniers temps , on a lieu d’espérer que de nouvelles tentatives ne seront pas sans fruit et qu’elles nous procureront une batterie de cuisine exempte de tout danger , et à la portée des différentes classes de la société.
- C’est dans ces vues que la Société d’Encouragement propose un prix de mille francs pour
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- celui qui trouvera le moyen de fabriquer des vases de métal revêtus intérieurement d’un vernis ou émail fortement adhérent, non susceptible de se fendre, de s’écailler et d’entrer en fusion étant exposé à un feu ordinaire , inattaquable par les acides et par les substances grasses, et d’un prix qui ne soit pas supérieur à celui des vases de cuivre dont on se sert dans nos cuisines.
- Les concurrens sont tenus d’adresser à la Société quatre vases fabriqués d’après les procédés qu’ils auront indiqués. Ces vases devront être de différentes capacités, savoir : depuis le diamètre d’un décimètre ( 3 à 4 pouces ) jusqu’à celui de 4 décimètres ( environ un pied ).
- Le prix sera décerné dans la séance générale du mois de juillet i8i3. Les mémoires et échantillons devront être envoyés avant le ier. mai de la même année.
- AGRICULTURE.
- IX.
- Prix pour la plantation et la greffe du noyer.
- La culture du noyer, si importante pour les arts, pour les manufactures d’armes et pour l’économie domestique , n’est pas suivie dans plusieurs contrées avec tout l’intérêt qu’elle mérite. Les besoins en ont fait abattre un grand nombre qu’on ne remplace pas, et déjà le bois de cette essence est monté à un prix excessif.
- L’espèce la plus généralement cultivée en Europe est le noyer commun ( juglans regia. L.). 11 a plusieurs variétés, dont les plus belles et les plus utiles sont, i°. le noyer à gros fruit, dit noix de jauge ( juglans fructu maximo. Bauh. ), arbre qui s’élève plus haut que le noyer ordinaire , mais dont le bois est moins précieux 5 20. le noyer-mésange, ou à fruit tendre (juglans fructu tenero etfragili putamine. Bauh.), dont le fruit contient une amande qui se conserve bien et donne beaucoup d’huile 5 3°. le noyer tardif ou de la Saint-Jean ( juglans serotina ), arbrè précieux pour les cantons où l’on craint les gelées tardives j 4°• Ie noyer à fruit dur ( juglans fructu perduro. Tournef. ) Cet arbre se cultive particulièrement pour son bois , qui est le meilleur, le plus dur et le plus veiné.
- L’Amérique nous a fourni aussi plusieurs espèces de noyers , mais qui ne sont pas encore bien répandues. Il serait d’autant plus utile de les propager en France qu’elles ne craignent point les gelées.
- Les noyers d’Amérique que nous possédons en plus grand nombre sont : le noyer noir de Virginie ( jugl. nigra) , qui s’élève à une grande hauteur, et dont le bois est excellent; le noyer cendré {jugl. cinerea), qui résiste à nos hivers, dont le bois est d’un bon usage et la noix douce et huileuse. Les autres espèces connues sous le nom juglans tomentosa ( hickery) , amara , levigata , squamosa , ont été, ainsi que les deux précédentes, semées en assez grand nombre dans nos pépinières forestières, ou traitées comme le noyer ordinaire , elles ont bien réussi ; les deux premières , le nigra et le cinerea, paraissent même plus faciles à élever que le juglans regia.
- Noyer ordinaire ou commun.
- Le noyer commun est plus délicat et plus sensible au froid que la plupart de ceux d’Amérique, Il ne croît pas en massifs , différant encore sur ce point des noyers d’Amérique qui
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- croissent en forêts ; il se plaît dans les vignes, dans les jardins, le long des terres labourées et en avenues. Il aime un terrain doux , un peu frais et profond ; cependant il réussit bien dans un sol pierreux, où son accroissement est plus lent à la vérité , mais où il produit un bois de meilleure qualité : on le propage de graine, par plantation et de greffe. Le semis à demeure est avantageux quand on l’élève pour son bois ; mais la transplantation accélère l’époque de la fructification et favorise la multiplication du fruit.
- La greffe du noyer est encore inconnue dans une grande partie de l’Empire, quoiqu’elle soit en usage depuis long-temps dans le ci-devant Dauphiné et dans plusieurs autres contrées du midi de la France, où l’on greffe soit en flûte soit en écusson. Le produit du noyer greffé y a été si considérable (i) que, lorsque les cultivateurs l’ont reconnu, ils ont greffé tous les vieux arbres. Les noyers greffés de noix mésange sont particulièrement fertiles. Cette noix contient par mesure plus pesant d’amandes que les autres espèces, et rend aussi plus d’huile. Chaque arbre greffé donne assez ordinairement dix mesures dans les bonnes années, tandis que le produit moyen de noyers sauvageons est tout au plus d’une mesure.
- L’époque à laquelle il convient de greffer les arbres en pépinière est lorsqu’ils sont en pleine sève. Les gros noyers, même âgés de quarante ans, peuvent aussi être greffés. Pour cet effet, on couronne l’arbre en octobre ou en mars, à 8 ou 10 pieds au-dessus du troncÿ il pousse des jets considérables pendant l’année et au printemps de l’année suivante : on place sur les nouveaux jets depuis cinquante jusqu’à cent greffes.
- La manière de faire cette opération , difficile pour les personnes qui n’en ont point l’habitude , se trouve très-bien décrite par M. Juge, habitant les environs de Limoges (2). Cet agronome assure que la greffe du noyer ne diffère de celle du châtaignier que par quelques précautions que nécessitent la contexture du bouton du noyer et sa sève abondante au moment de la greffe.
- Propriétés et usages du bois et du fruit du Noyer.
- Tout le monde connaît les qualités du bois de noyer ; on sait qu’il est doux, liant , uni et coloré , et qu’il est d’un usage fréquent dans les arts. En effet il est recherché par les menuisiers , les tourneurs , les ébénistes , les sculpteurs , les carrossiers , et il est indispensable aux armuriers. C’est particulièrement dans l’intérêt des manufactures d’armes que la Société doit encourager la plantation de cet arbre. Déjà ces établissemens en éprouvent la disette, sans qu’aucun autre bois ait encore pu le remplacer pour la monture des fusils de guerre. D’un autre côté, la rareté et la cherté toujours croissantes des bois étrangers donnent une valeur nouvelle à celui du noyer.
- Le fruit du noyer présente aussi beaucoup d’utilité 5 on le mange à diverses époques de sa maturité , et il fournit une huile employée à plusieurs usages. Celle qu’on retire par expression à froid remplace l’huile d’olive ; la seconde huile, qu’on obtient par le feu , est bonne à brûler, à faire du savon 5 elle entre dans la préparation de plusieurs vernis et du noir d’imprimerie ; elle est excellente pour la peinture. Enfin les autres productions du noyer , telles que le brou , les feuilles et les racines , ont encore leur degré d’utilité , soit dans les arts , soit dans l’économie domestique, soit en médecine.
- Sous tous les rapports, il est donc important qn’on fasse des plantations de noyers , tant sur les grandes routes que sur les propriétés particulières. Les contrées où elles devraient
- (1) Voyez l’article Noyer dans le Nouveau Dictionnaire ci’Histoire naturelle , publié par Déterville,
- (2) Ibid,
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- être multipliées de préférence sont celles à la portée des manufactures d’armes de Mau-beuge, Liège , Charleville , Versailles , Mutzig près Strasbourg, Saint-Etienne et Turin. L’emploi que ces établissemens font du bois de noyer est considérable (1) , et assure aux planteurs un débit certain et avantageux.
- D’après ces considérations , la Société propose un prix de cinq cents francs, qu’elle décernera , dans sa séance générale de juillet i8i5, au cultivateur qui aura fait sur sa propriété la plus belle et la plus nombreuse plantation de noyers.
- Les concurrens devront justifier avoir planté huit cents noyers de 10 centimètres de circonférence au moins, depuis l’automne de 1811 jusqu’au ier. mai i8i3.
- La préférence sera accordée à celui des concurrens qui , à nombre égal, aura planté le plus de noyers de l’espèce dite de la Saint-Jean , et qui aura fait quelques tentatives pour mettre la greffe en pratique.
- Les mémoires et les pièces justificatives à délivrer par les Autorités locales seront adresses à la Société avant le Ier. mai i8i3.
- x.
- Prix pour la culture comparée des plantes oléagineuses.
- Parmi les plantes annuelles dont on extrait l’huile nécessaire à nos usages domestiques et à nos fabriques , comme parmi les autres plantes économiques , plusieuurs ont été présentées comme devant procurer le produit le plus considérable et le plus avantageux : telles ont été successivement la cameline , le chenevis, l’œillette , les moutardes , la navette , le colza , le chou-rave , l’arachide ( vulgairement pistache de terre ) , etc. , et récemment la julienne.
- Un très-grand nombre d’autres plantes, dont les graines fourniraient aussi de l’huile, peuvent encore avoir le même avantage ; mais ce n’est que par une comparaison exacte de leur mérite, sous le rapport de la qualité et de la quantité d’huile qu’elles produisent, et des frais de culture qu’elles occasionnent, qu’on peut reconnaître quelle est celle de ces plantes dont la culture est réellement préférable dans un terrein et sous un climat donnés. C’est une question importante qui a fixé l’attention de la Société d’Encouragement. Elle a arrêté de décerner un prix de douze cents francs à l’agriculteur qui, ayant cultivé comparativement les meilleures plantes oléagineuses connues jusqu’à ce moment, aura établi le mieux, dans un mémoire et d’après des calculs économiques et des expériences exactes , quelle est celle de ces plantes qui, sous un climat et dans un terrein donnés, peut se cultiver avec le plus d’avantages.
- Chacune de ces plantes qui aura été essayée comparativement doit l’avoir été sur au moins 10 ares de terrein (environ i tiers d’arpent de Paris), afin que son produit en huile puisse être convenablement apprécié.
- Ce prix sera décerné dans la séance générale du mois de juillet i8i3.
- Les mémoires et échantillons de plantes et d’huile obtenue, accompagnés de certificats des Autorités constituées, devront parvenir à la Société avant le Ier. mai i8i3.
- Considérations ultérieures sur cet article de concours.
- La Société croit devoir ajouter quelques réflexions sur ce qu’elle peut attendre ultérieurement des efforts de ceux qui concourront pour ce prix.
- ( i ) Il leur faut, chaque année au moins, douze cents pieds d’arbres de 4 pieds de tour.
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- La Société désire, i°. que l’on soumette à l’expérience et à la comparaison plusieurs plantes oléacées dont M. Gaujac , qui a remporté en 1809 ^es deux prix pour la culture d’une plante oléagineuse, et pour la culture comparée des plantes oléagineuses, ne s’est pas occupé. Presque toutes les crucifères peuvent être essayées 5 mais la Société indiquera entre autres plantes :
- L’arachide ( arachis hypogea ), dont l’huile a paru très-bonne , mais qui ne paraît pas encore avoir été fabriquée assez en grand pour entrer dans le commerce 5
- Le cresson ( lepidium sativum ) , qui vient vite et donne beaucoup de graine , mais dont l’huile a un goût particulier et fort, peut être susceptible d’être corrigé ;
- Les cucurbitacées, ou les citrouilles, potirons , concombres, etc., dont les graines produisent une huile très-douce 5
- La moutarde blanche ( sinapis alba ), connue dans quelques départemens sous le nom de senevé, et dont on dit que l’huile est meilleure à manger et à brûler que celle de navette ;
- Le raifort oléifère de la Chine (raphanus sinensis oleifer), qui donne beaucoup de graines très-grosses 5
- Les pépins de raisins, dont on ne fait rien dans beaucoup de vignobles , et dont on peut retirer de bonne huile ;
- Le sésame oriental ( sesamum orientale'), qui est cultivé , depuis quelques années, avec beaucoup de profit dans les provinces méridionales de la Russie ;
- Le souchet comestible ( cyperus esculcntus ), que l’on n’a pas encore essayé assez en grand , etc.
- Quelques-unes de ces plantes, comme l’arachide et le sésame, ne paraissent d’abord susceptibles de réussir que dans les départemens méridionaux ; mais la sollicitude de la Société embrasse toutes les parties de l’Empire. D’ailleurs on sait que la moutarde , le souchet, le raifort, etc., viennent dans les environs de Paris, en semant même ce raifort avant l’hiver.
- 2°. La Société observe , relativement aux plantes mêmes qui ont été cultivées et comparées par M. Gaujac , qu’il reste encore quelques points à examiner sur le choix à faire, soit dans leurs variétés, soit dans les modes et les époques de leurs cultures. Il serait bon par exemple :
- De comparer, sous le rapport de l’huile et de ses résidus , le chenevis que donne le chanvre gigantesque , soit du Piémont, soit de la Chine , avec celui qui est produit par le chanvre ordinaire $
- De mettre en parallèle , sous le même rapport, la graine du lin d’automne et celle du lin de printemps ;
- D’exécuter le conseil que M. Tessier a donné aux cultivateurs francois , de cultiver le lin exprès , dans la vue de se procurer de bonne graine de lin pour semence, et de se dispenser par là de la nécessité de la faire venir de l’étranger (1) ;
- D’apprécier aussi, i°. l’espèce de lin précoce qui croît dans le département du Mont-Tonnerre , dont le fil est très-fin , et qui se sème au mois de mars 5 2°. et celle du lin tardif, à longues tiges, qui se sème-au mois de mai, et dont la filasse approche de celle du chanvre ;
- De savoir s’il n’y a pas d’autres choux que le colza, et d’autres raves ou navets que le raifort, dont les graines donneraient de bonne huile 5
- D’examiner s’il n’y aurait pas de l’avantage a cultiver le pavot en rayons ou en lignes régulières , au lieu de le serner à la volée ;
- (0 Voyez Annales de VAgriculture•française. an V, tome IV , page 201,
- Enfin ,
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- Enfin , d’essayer plus généralement ce qui a été tenté dans le Palatinat, ou , suivant le rapport de M. Medicus, dans son Essai d’un Système d’agriculture (i ), on a semé le pavot à la mi-octobre, et l’on a réussi à en faire une plante hivernale : ce qui peut être utile dans certaines circonstances, d’autant que l’huile d’œillette, bien, préparée, a plusieurs avantages, et sur-tout la propriété de ne point se coaguler dans les plus grands froids.
- Le même M. Medicus fait, au sujet des têtes de pavot, une observation importante sur un abus introduit dans les contrées voisines du Rhin, où la culture du pavot est très-répandue. Les femmes de la campagne, pour apaiser les cris de leurs enfans pendant qu’elles sont occupées aux champs, ont la funeste habitude de leur donner du lait dans lequel elles font bouillir quelques gousses de pavot égrené. Cette pratique produit les effets les plus désastreux. On a vu des enfans tomber dans une longue léthargie ; d’autres rester imbécilles. Cette remarque ne saurait avoir trop de publicité. En recommandant la culture du pavot, il est nécessaire d’avertir les cultivateurs du danger de l’effet narcotique de ses capsules : danger au surplus que ne partage point l’huile extraite de ses graines.
- 3°. La Société ayant sur-tout à cœur l’extirpation des malheureuses jachères qui anéantissent tous les ans une partie majeure de notre sol cultivable , désire que les concurrens fassent servir aussi à ce grand objet la culture des plantes oléagineuses. Elles y sont d’autant plus propres que plusieurs de ces plantes occupent la terre pendant un court espace de temps. La cameline n’a besoin que de quatre-vingt-dix jours pour accomplir le cours de sa végétation ; et c’est une circonstance que fait valoir avec raison, en parlant de celte plante, M. Parmentier. On a éprouvé depuis long-temps en Allemagne, suivant M. JS/ledicus, que le blé d’hiver réussit parfaitement dans les champs qui ont été employés avec une médiocre fumure à la production du pavot • et le pavot passe en conséquence pour être une des plantes les plus précieuses , relativement à l’alternat des cultures, dont la succession et la variété bien combinées constituent les bons assolemens. Mais sans chercher ailleurs les exemples utiles qui peuvent se trouver près de nous, la Société croit devoir rappeler aux cultivateurs la manière dont le chanvre a procuré autour de Meaux et de Grenoble l’abolition des jachères, dans des sols , il est vrai, déjà très-fertiles , mais que la culture alternative du chanvre et du froment a rendus meilleurs encore.
- Près de Meaux, et particulièrement à jSeuhnoulier, Chauconin , etc, , les habitans de Vareddes viennent tous les ans louer, à un prix fort cher, 'es terres en jachère pour y cultiver du chanvre. Ces terres ont reçu de leurs fermiers ou de leurs proprietaires deux façons à la charrue, l’une à la Saint-Martin , l'autre au printemps. Les locataires les fument, sur-tout avec de la hérité de pigeon qu’ils vont chercher au loin , et les travaillent avec un soin extrême , y récoltent du chanvre , et s’obligent de remettre les terres en bon état pour la semaille des blés. Le froment y vient très-beau et très-net : il ne saurait avoir une meilleure préparation. L’arpent de jachère , loué pour cet usage , s’afferme de tio à j go francs.
- Dans les environs de Grenoble, les champs sont assolés une année ou deux de suite en chanvre, que l’on fume avec des matières fécales, et en blé grossian , espèce de froment d’automne, qui vient superbe après le chanvre (2).
- '.1 ) Bon ouvrage en allemand, publié à Li.ndshut, en 180g, in-12.
- (?,) On trouve dans VAnnuaire du département de l’Isère trois mémoires de M. Bernat-S aint-Prix . très-bien faits : le premier sm la culture du chanvre , an X 5 le second sur sa préparation et son commerce , an XI5 le troisième, compm.é sur la demande cte 31. le sénateur comte François de. I\cv1cinl -;'mh, . a pour objet les engrais tirés des immondices et des latrines de Grenoble, 1808.
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- Il serait à désirer que ces usages fussent plus répandus 5 ils remplissent plusieurs indications à-Ia-fois. En faisant connaître des pratiques si utiles, la Société voudrait contribuer k les propager. Elle tiendra compte à ceux qui concourront pour la culture comparée des plantes oléagineuses de cette circonstance particulière • ce sera pour eux un mérite et un titre de plus , quand cette culture aura rempli le double but de satisfaire , d’une part, à l’objet du Programme , et en outre de servir d’exemple à la culture alternative , dans un pays où les jachères ne seraient pas encore proscrites.
- 4°. Enfin , la culture des plantes oléagineuses a pour but d’obtenir de l’huile , dont l’extraction et les préparations sont susceptibles de beaucoup de perfectionnemens , soit qu’on se serve pour cet effet des moulins déjà connus , soit qu’on imite ceux des Hollandais, soit qu’on introduise l’usage de la presse à l’huile des Chinois , soit qu’on imagine quelque mécanique aussi simple. Sur tous ces détails, que la Société désire de voir traités avec soin par les concurrens , on ne peut que les engager à consulter les articles sur l’huile, sur les diverses plantes olcacées, sur les moulins à huile, les pressoirs et les presses, dans le Nouveau Dictionnaire d’Agriculture qui se trouve chez Déterville : articles instructifs, précis et dégagés de charlatanisme. 11 est à désirer que tous les concurrens méditent ces articles avant de commencer leurs expériences et d’en rédiger les résultats.
- PRIX PROPOSÉ POUR L’ANNÉE 181.4.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
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- Prix pour la conservation des étoffes de laine.
- Les laines préparées et les étoffes qui en sont fabriquées sont attaquées par des teignes qui les rongent et les percent quelquefois en peu de temps ; il y a peu de maisons dans lesquelles il ne se fasse , chaque année, une perte notable à cet égard. Les laines des matelas , celles des couvertures, les tissus de laine , les meubles nombreux qui en sont couver! s, les riches tapisseries , les cachemires précieux, les pelleteries , les tentures meme en papier-tontisse, qui sembleraient devoir être préservées ? etc. , etc. , se trouvent exposés plus ou moins aux ravages de ces insectes desti’ucteurs.
- D’après ces considérations, la Société d’Encouragement propose un prix d c quinze cents francs pour le moyen le plus efficace, facile dans son exécution et peu dispendieux , de préserver des teignes qui les attaquent les étoffes de laine et les laines elles-mêmes, sans altérer leur couleur et leur tissu et sans nuire à la santé des hommes.
- Elle exige que les expériences qui en constateront la réalité soient revêtues de la plus grande authenticité , et qu’elles aient été faites pendant une année entière.
- Le jugement de la Société sera proclamé dans la séance générale du mois juillet 1814 , et les mémoires devront être envoyés avant le ier. mai de la même année.
- La Société croit devoir rappeler aux concurrens que l’on connaît dans nos habitations trois insectes qui ravagent principalement les poils des animaux :
- i °. ha teigne fripière ( tinea sarcitella ), à ailes d’un gris jaunâtre argenté 5
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- 2°. La teigne tapissière , à ailes d’un blanc jaunâtre, excepté celles supérieures, cpiî sont brunes à la base j
- 3°. La teigne des pelleteries ( tinea pellionella ), à ailes d’un gris plombé et brillant.
- Toutes ces teignes sont à-peu-près de la même grosseur.
- PRIX REMIS AU CONCOURS POUR L’ANNÉE 1814
- ARTS MÉCANIQUES.
- XII.
- Prix pour la fabrication du fl d’acier propre à faire les aiguilles à
- coudre.
- La France possède plusieurs manufactures d’aiguilles à coudre qui jouissent d’une réputation méritée, et dont les produits sont recherchés par le commerce, tant à cause de leur perfection que de leur bas prix.
- Il existe également en France un grand nombre de tréfileries , mais aucune ne fabrique encore le fil d’acier à l’usage des manufactures d’aiguilles. Cependant il importe aux progrès de ces précieuses manufactures qu’elles ne puissent jamais être privées de la matière première , sans laquelle leurs travaux seraient paralysés.
- On pourrait espérer que la grande consommation de fil d’acier qui se fait maintenant en France déterminera bientôt les propriétaires de tréfileries à réunir à leur fabrication de fil de-fer celle de fil d’acier, et à se mettre en état d’approvisionner le commerce, et sur-tout nos manufactures d’aiguilles, de cette matière première. Mais comme cette nouvelle fabrication exige des soins particuliers, la Société d’Encouragement a pensé qu’il serait utile de diriger l’attention des artises et des fabricans vers cet objet important par quelque récompense , afin de hâter l’établissement en France de cette nouvelle branche d’industrie.
- En général, le fil d’acier doit être uni , et conserver la même grosseur d’un bout à l’autre dans chaque degré de finesse. Le fil d’acier pour aiguilles doit être d’un grain fin , homogène et susceptible de prendre la forme d’aiguille sans se briser 5 il faut aussi qu’il puisse supporter l’opération du recuit sans perdre sa qualité acéreuse, et qu’il prenne à la trempe la dureté convenable.
- La Société propose un prix de six mille francs, qu’elle décernera à celui qui, non-seulement sera parvenu à fabriquer des fils d’acier dans tous les degrés de finesse, et ayant les Dualités requises pour la fabrication des aiguilles, mais qui prouvera en même temps qu’il cent les livrer aux mêmes prix et conditions que les fabricans étrangers, et qui de plus instillera avoir fourni jusqu’au 1er. mai 1S14 ? aux fabriques d’aiguilles de France des fils sériant de sa tréfile rie , pour la somme de 3o,000 francs.
- Le Concours restera ouvert jusqu’au ier. mai 1S 14• Le prix sera adjugé dans la séance générale du mois de j iliel de la même année.
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- AGRICULTURE.
- XIII.
- Prix pour un moyen prompt et économique dé arracher les joncs et autres plantes aquatiques dans les marais desséchés.
- Le Gouvernement fait exécuter de nombreux et importuns desséchemens. Cet exemple est imité par des propriétaires et plusieurs compagnies j mais un grand obstacle s’oppose a la culture de ces nouveaux desséchemens. Il faut souvent quatre , cinq années et plus encore, pour voir disparaître les roseaux et les massettes, qui s’opposent à toute culture. Tous les moyens connus jusqu’ici ont été insuffisans. La charrue la plus profonde ne peut atteindre leurs racines et semble leur donner une nouvelle force de végétation. L’action du feu ( l’éco-buage ) ne réussit pas mieux ; il est d’ailleurs impraticable dans de vastes terreins.
- Cependant, jusqu’à l’entière destruction de ces plantes aquatiques, on ne peut espérer de récolter des céréales, ni des prairies de bonne qualité, et le temps est perdu pour l’agriculture et pour la rentrée des nombreux capitaux dépensés.
- Quels seraient les moyens de hâter la destruction de ces plantes nuisibles? Quelles seraient les plantes qui, par la force de leur végétation, pourraient les étouffer, ou les instrumens qui pourraient les extirper ? ^
- La Société propose pour la solution de cette question un prix de douze cents francs , qui sera distribué dans sa séance générale du mois de juillet 1814? mais elle exige, i°. des expériences faites sur un terrein de 3 hectares au moins • 2°. que les faits soient reconnus et constatés par les Autorités locales.
- Les pièces, plans et mémoires seront adressés au secrétariat de la Société avant le ier. mai i8i4.
- PRIX PROPOSÉ POUR L’ANNÉE i8i5.
- AGRICULTURE.
- XIV.
- Prix pour la culture des plantes qui fournissent la potasse.
- Nous avons pu, dans ces derniers temps, nous affranchir du tribut que nous payons à l’étranger pour alimenter de soudes nos manufactures de verre , de savon, nos blanchisseries , buanderies, etc. 5 mais nous n’avons pas été aussi heureux relativement à la potasse, dont la rareté se fait si péniblement sentir en ce moment, et qui est nécessaire à tant d’arts, et principalement à celui de la fabrication du salpêtre, et par conséquent de la poudre à canon. Il ne paraît pas que les habitans des campagnes, qui pourraient si généralement et si utilement pour eux, spéculer sur sa production dans les momens où les travaux agricoles leur laissent quelque relâche , en ramassant et brûlant les plantes que dédaignent leurs bestiaux , s’en soient plus occupés que par le passé , quoique nous n’ignorions plus par
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- suite des belles expériences de Théod. de Saussure (i)> de Perthuis (2), de la Régie des Poudres (3) , de Vauquelin et Trusson, etc. (4) > que les tiges et les feuilles des plantes , soit frutescentes, soit herbacées, coupées avant leur complet développement, en fournissaient généralement en assez grande abondance pour payer les frais de la fabrication , et donner un bénéfice plus ou moins considérable , mais toujours certain.
- Les plantes annuelles, cultivées pour cet objet seulement, peuvent même l’être avantageusement dans quelques cas , puisque les fèves de marais et le sarrasin produisent par quintal , après leur dessiccation , environ 8 myriagrammes de cendres , qui contiennent près de moitié de leur poids de potasse. Il en est de meme, cependant a un plus faible degré , des pois, des vesces, des chiches et autres légumineuses annuelles, cultivées pour leur graine.
- Mais ce n’est pas des plantes annuelles dont l’emploi est si utile sous d’autres rapports , encore moins des feuilles des arbres de nos forêts et des arbrisseaux de nos haies , qui sont si nécessaires à l’accroissement de ces arbres et de ces arbrisseaux , que la Société désire encourager l’extraction de la potasse; c’est des grandes plantes vivaces , qui par leur facile multiplication et par le peu de culture qu elles exigent, sont presque de niveau , sous le point de vue de l’économie, avec celles qui croissent spontanément, et qui, n’entrant pas encore dans la série de nos assolemens, peuvent faire prolonger le retour des cultures communes, et par conséquent favoriser l’augmentation des produits de ces dernières.
- La liste des plantes indigènes propres à remplir cette indication de la manière la plus convenable n’est pas très-étendue, à raison de ce qu’il résulte des expériences de M. Braconnât (5) que celles qui sont âcres produisent plus de potasse que les autres. Il est donc bon de recourir à celles d’Asie et d A-merique, pourvues de cette qualité, etacclimatees dans nos jardins, pour en augmenter le nombre.
- Voici les noms de celles qui paraissent réunir le plus complètement toutes les conditions désirables.
- La buniade orientale ( bunias orientale, Lin. ) ; la passerage à larges feuilles ( lepidiurn latifolium, Lin. ) ; le sisymbre à siliques grêles ( sisymbrium striclissimum , Lin.); l’asclé-oiade de Syrie ( asclepias syriaca , Lin. ).
- Les asters d’Amérique qui s’élèvent à plus de 2 pieds, principalement l’aster de la Nouvelle-Angleterre {aster Novœ-Angliœ, Lin. ); l’aster de la Nouvelle-Belgique {aster Novcu-Belgiœ , Lin. ) ; l’aster-osier ( aster viminalis, Lin. ) ; l’aster à tiges pourpres ( aster rubri-caulis, Lamarck ).
- Les verges d’or du même pays, qui s’élèvent à une semblable hauteur, telles que la verge d’or très-élevée ( soüdago altissima , Lin. ) ; la verge d’or toujours verte ( solidago semper-virens , Lin. ) ; la verge d’or du Canada {solidago canadensis, Lin. ); l’hélianthe tubéreux , ou topinambour {helianthus triberosus, Lin.) ; l’hélianthe vocassan ( kelianthus strumosus. Lin. ) ; l’hélianthe multiflore {helianthus multiflorus, Lin. ); la vergerette âcre {erigeron acre, Lin. ) ; la vergerette glutineuse ( erigeron glutinosum, Lin. ) ; l’armoise commune
- (i) Recherches chimiques sur la végétation. Pai'is, i8o4, chez la veuve JYyon, rue du Jardinet,
- (?) Annales de Chimie, tome 19, page 167.
- (3) L’Art de fabriquer le salin et la potasse , publie' par la Régie des Poudres, en 1779.
- (4) Annales de Chimie, tome ig, page 194. On peut encore consulter le Système de Chimie de Thompson, traduction de M. RijJ'aut, tome 8, pages 326 et 335.
- (5) Annales de Chimie.
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- ( arlemisia vulgaris, Lin. ); l’armoise-estragon ( artemisia dracunculus , Lin. ) * l’armoise-absinthe ( artemisia absinthicus , Lin. ) 3 le sureau-yèble ( sambucus ebulus, Lin. ) ; la tanaisie commune ( tanacetum vulgare ) ; le phytolacca décandre, ou raisin d’Amérique ( phytolacca decandra, Lin. ).
- Toutes ces plantes sont d’une facile multiplication , d’une rapide croissance, et peuvent. la plupart être coupées plusieurs fois dans le courant de l’été. La quantité de potasse qu’elles fournissent varie selon les terreins (1) , les années (2), les saisons (3) 3 mais lorsqu’on les coupe avant la floraison, elles fournissent probablement toujours assez de ce se! pour faire espérer un bénéfice raisonnable. Leur culture , qui se réduit à peu de chose , est détaillée dans le Dictionnaire d’Agriculture , en i3 vol. , qui se vend chez Déterville, libraire à Paris. Ceux à qui il manquerait quelques-unes d’entre elles pourront se les procurer à très-bon compte par la voie du commerce.
- La Société d’Encouragement,voulant exciter à une plus grande production de potasse dans l’Empire et cependant ménager les forêts, propose un prix de quinze centsfrancs à décerner à celui qui, avant le 1e1'. mai j8i5 , prouvera , par des pièces authentiques , avoir planté en une ou plusieurs années des espèces de végétaux ci-dessus indiqués , ou autres analogues , la plus grande étendue de terrein , et en avoir retiré les produits en potasse purifiée les plus considérables : ce terrain ne pouvant pas être moindre d’un demi-hectare. A ces pièces sera joint un mémoire qui détaillera, i°. la nature du sol, le mode de la culture, les époques des coupes, et l’état de l’atmosphère propres à chacune d’elle 3 20. les procédés suivis dans la fabrication de la potasse , et la quantité que chaque coupe aura produite : c’est-à-dire que ce mémoire sera le journal de toutes les opérations qui ont été exécutées. Chaque concurrent devra en outre envoyer à la Société un échantillon des différentes espèces de potasse qu’il aura fabriquées, pour que l’on puisse en déterminer la richesse alcaline , et la comparer à celle des meilleures potasses du commerce (4’.
- CONDITIONS GÉNÉRALES A REMPLIR PAR LES CONCURRENS.
- Celui qui aura obtenu un prix conservera la faculté de prendre un brevet d’invention , si l'objet en est susceptible.
- Les modèles, mémoires , descriptions, renseignemens , échantillons et pièces, destinés ii constater les droits des concurrens, seront adresses , francs de port, au Secrétaire de ta,
- \) Les terreins argileux en produisent moins que les terreins sablonneux , et ceux-ci moins que le-, ;errains calcaires.
- '•>) Les années froides et pluvieuses sont moins favorables à sa production que les anne'es chaudes et
- Lies.
- qp; Les coupes J été sont plus avantageuses que celles du printemps et de 1 automne.
- b; M. d’Arcet a publié dernièrement dans 3e tome LXXiX des Annales de Chimie, page i43 , une uîte sur la potasse retirée des fruits du maronnicr d’Jnde.
- note a pour but do prouver l'avantage qu’il y aurait à déterminer le titre des salins que l’on (;e Ja lessive des cendres dos différentes plant os : ce serait en ell'et. le seul moyen de rendre vraiment utiles les résultats de.; e -sais de ce gerce qui seront laits a l’avenir, et la Société invite les concur-a se mettre au courant du non en d’essai dont il est perlé dans cette note.
- L'usage de l’alcalimltro est fort simpV, et cet instrument présente aux commis-voyageurs, aux commerçons e! aux fubricars en tournée qui sont loin de leurs laboratoires, l’avantage bien grand d’être
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- Société d'Encouragement pour V indu strie nationale, me du Bac, N°. 42> hôtel de Boulogne. Ils doivent être remis avant le ier. mai de chaque année. Ce terme est de rigueur.
- Les étrangers sont admis à concourir ; mais dans le cas où l’un d’eux aurait obtenu un prix , la Société conservera la propriété du procédé , à moins qu’il ne le mette a execution en France , en prenant un brevet d’invention.
- Les membres du Conseil d’Administration et les deux censeurs sont exclus du concours. Les autres membres de la Société sont admis à concourir.
- Les concurrens ne mettront point leurs noms à leurs mémoires 5 ils y mettront seulement une devise , et ils joindront aux modèles, mémoires ou échantillons un billet cacheté, renfermant la même devise, leur nom , et l’indication de leur domicile.
- Les médailles ou la somme seront remises à celui qui aura obtenu le prix , ou à son fonde de pouvoirs.
- Adopté en séance générale , le 1 9 août 1812.
- Le Sénateur CHAPTAL , Comte DE CHANTELOLP, P résident $
- Le Baron GUYTON DF MORVE A U , DUPONT (de Nemours) , Vice-Présidons ;
- MÉRIMÉE , CL.-ANTHELME COSTAZ, Secrétaires.
- portatif et de donner par-tout facilement des résultats comparables et assez exacts pour les besoins du commerce.
- VI. Descroizilles , à qui nous devons ce procède, en a donné la description dans le N°. XXX du Bulletin, 5e. année, page i4o, et dans le tome LX des Annales de Chimie, page 17. L’alcalimétre complet se trouve, avec l’instruction qui y a rapport, chez M- Chevalier, opticien , quai de 1 horloge , visa-vis le Marché aux Fleurs.
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (née Vallat la Chapelle),
- rue de l’éperon , s°. 7-
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