Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
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- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR
- L’INDUSTRIE NATIONALE.
- Publié avec Vapprobation de S. Eccc. le Ministre Secrétait
- d* Etat de F Intérieur.
- DIX-HUITIÈME ANNÉE.
- PARIS,
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (née VALLAT LA CHAPELLE)
- rue »f, l’éperon saint-andrA-des-a rts , k°. 7.
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- DIX-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CLXXY.) JANVIER l8ïg.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIETE D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MECANIQUES,
- Rapport fait par JM. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniques, sur un moyen de compensation employé dans les montres, par JM. Destigny, horloger à Rouen,
- Messieurs , les horloges qui ont un poids pour moteur et un balancier pour régulateur, sont les instrumens les plus convenables pour mesurer la durée du temps. Quand les engrenages y sont bien exécutés, que l’échappement est facile, les frottemens sont très-faibles et fort réguliers, et si on dégage le pendule des effets de la variation de température, on peut compter sur un mouvement uniforme. Les montres sont bien éloignées de présenter la même garantie. Le volume étant beaucoup moindre, l’exécution des engrenages et de l’échappement est plus difficile; le ressort qui sert de moteur doit, dans tous ses états de tension , offrir la même force de développement ; et cependant ces conditions, difficiles à remplir, sont presque sans importance quand on considère que les alternations de la température agissent puissamment sur toutes les parties, et que la trépidation perpétuelle que la marche leur communique rompt la régularité des oscillations.
- De quelle importance n’est-il pas d’obtenir des montres une parfaite uniformité de mouvement ? Elles nous servent dans une foule de cas ou le transport d’une pendule serait difficile ou dispendieux ; et c’est encore aux montres marines qu’on confie la sûreté de la plupart des
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- navigateurs. Aussi les plus habiles ouvriers se sont-ils occupés à perfectionner ces précieux instrumens. Le soin avec lequel on les exécute ne laisse presque rien à désirer, et on doit sur-tout s’attacher à vaincre la température et les mouvemens brusques causés par la marche.
- C’est pour remédier au premier de ces inconvéniens, que M. Destigny a présenté un mémoire à la Société d’Emulation de Rouen, qui l’a honoré de son suffrage. Pour vous mettre à même d’y joindre le vôtre, je crois convenable, Messieurs , de vous exposer le moyen de compensation usité maintenant , et de le comparer à celui que propose M. Destigny.
- Le régu!ateur du mouvement des montres est un ressort d’une finesse capillaire, qu’on roule en forme de spirale, et qui tire son nom de cette forme. Un bout du syjiral est attaché au coq, pièce immobile de la montre; l’autre l’est à l’axe d’un pivot qui est muni de deux palettes, ou dents, que presse tour à tour le rouage. Cette pression, en faisant tourner le pivot, serre le spiral autour de l’axe, en accroissant la force qui tend à le débander ; arrivé à un certain point , cette tension l’emporte et force le pivot à rétrograder, en débandant le spiral; le ressort de celui-ci s’affaiblit peu à peu, jusqu’à ce que la pression du rouage l’emporte sur ce ressort et sur la vitesse acquise ; la pression est alors prépondérante, et le pivot reprend son premier mouvement. Ce pivot est lesté par un cercle léger qu’on nomme balancier, qui en accroît l’inertie. A chaque oscillation, il passe une dent de la roue d’échappement sur l’une des palettes; et si ces vibrations sont isochrones, la montre aura un mouvement uniforme.
- Du reste, on ménage deux appuis, entre lesquels on fait passe rie plus grand tour de la lame du spiral en l’un de ses points, et sur lesquels il va battre alternativement. Ces appuis, nommés fourchette, portés par une pièce mobile nommée râteau, servent à accourcir convenablement le spiral pour donner aux vibrations la durée nécessaire.
- Le froid, en agissant sur le spiral et sur le balancier, les contracte et accroît leur force de tension ; il accélère les vibrations du balancier et fait avancer la montre, à moins que les huiles, par leur congélation, n’arrêtent une partie du mouvement. On conçoit que, par ce double effet, il peut y avoir compensation naturelle, et que selon que l’un ou l’autre l’emportera, il y aura avance ou retard. De là, l’effet si différent produit par la température sur le mouvement des montres, sur-tout de celles qui sont grossièrement exécutées, telles que la plupart des montres qu’on voit dans le commerce. Nous supposerons ici que
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- la montre est parfaitement composée, et que le frottement s’y trouve presque insensible et les huiles sans effet ; il est clair que le froid fera avancer, la chaleur fera retarder, précisément comme cela arrive aux pendules.
- Pour remédier à cet inconvénient, on a imaginé des compensateurs. Concevons deux tiges formées l’une d’acier, l’autre de cuivre, et soudées dans leur longueur. On sait que l’acier se dilatera moins que le cuivre par la chaleur , d’où résultera que la tige des deux métaux prendra une figure courbe. Qu’on fixe au bord du cercle sans dent, nommé balancier, de petites tiges primitivement arquées et formées de deux métaux ; terminez-les par des boules d’or à leur extrémité libre. Les variations de la température, en changeant la courbe des tiges bimétalliques, changera la distance des petites masses au centre de mouvement du balancier; et si ces masses sont convenablement disposées , il pourra y avoir compensation, parce que le froid , en augmentant la force du spiral , tendra à pro^ duire des vibrations plus rapides ; mais il éloignera les masses d’or, et elles agiront sur le centre par un levier plus long , ce qui tendra à ralentir les oscillations. Ces masses d’or étant enfilées à vis sur les tiges, il est possible de les rapprocher ou de les éloigner le long de ces tiges ; par des essais assez longs, on les place au point précis où on remarque que la compensation est produite. Il faut qu’elle ait lieu dans toutes les situations de la montre et sous toutes les températures ; c’est ce qu’on n’obtient jamais que d’une manière imparfaite.
- Au lieu d’appliquer la compensation au balancier , M. Bréguet a imaginé de la faire agir sur le spiral. Ce ressort bat, dans ses excursions, entre les deux branches de la fourchette. Si ces points d’arrêt se meuvent avec le râteau qui les porte , le spiral changera de longueur, ce qui produira un changement dans la durée des vibrations ; il s’agissait d’amener ces variations par celles de la température.
- Concevons une tige droite formée de deux brins, l’un d’acier, l’autre de cuivre, soudés dans leur longueur. Plions cette tige pour lui donner la forme de deux branches parallèles, que même nous pourrons courber en arcs concentriques , pour qu’elles tiennent moins de place. L’une des extrémités est fixée aux platines, l’autre est libre et pose légèrement sur le spiral, proche des appuis du râteau. La chaleur, en déformant ce double arc bimétallique, changera le point de contact avec le spiral sans le brider. De là, résultera la variation de longueur du spiral en raison de celle de la température , et si la proportion des parties est convenable , il y aura compensation. On ne l’obtient jamais que d’une
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- manière approximative par ce moyen, qui est d’ailleurs loin de valoir le précédent, et que M. Bréguet n’emploie que dans des pièces de second ordre.
- M. Destigny, sentant que la principale difficulté qu’on rencontre dans cet appareil était de produire la compensation exacte, a eu l’heureuse idée de faire'poser l’extrémité libre du double arc bimétallique, non pas sur le spiral, mais sur un bras de levier coudé, qui lui-même pose sur le spiral. Le bout fixe du compensateur n’est pas attaché à la platine de la montre, mais sur une pièce mobile, qui permet d’en changer la position à l’égard du levier coudé. Il en résulte qu’on a la plus grande facilité pour faire les essais. On soumet la montre à des températures extrêmes , et si elle est réglée dans l’un de ces états à zéro, par exemple, et qu’on remarque que dans l’état opposé il y a retard, on en conclut que le spiral s’est trouvé trop long dans la seconde épreuve , et, par un léger changement dans la place du compensateur et de nouveaux essais, on ne tarde pas à obtenir i’effet désiré.
- Ce procédé a en outre l’avantage d’éviter l’un des plus grands inconvé-mens des compensateurs. Lorsque les huiles s’épaississent, et dans un voyage de long cours, il est difficile que cela n’arrive pas plus ou moins; la compensation en général n’a plus lieu par aucun des moyens connus. Il faut changer la relation des parties, faire des essais , enfin procéder comme dans l’origine, ce qui ne peut être fait que par un habile artiste. Mais il est si facile de déplacer le compensateur de M. Destigny, que tout horloger intelligent peut rétablir lui-même la compensation. En effet, le mécanisme est semblable à celui qui sert ordinairement à amener l’avance et je retard dans toutes sorte de montres.
- Il est inutile de dire que ce système de compensation ne peut jamais être adapté qu’aux chronomètres , aux montres marines, construites avec Je plus grand soin, munies d’un échappement convenable, et dont les pivots roulent dans des trous de pierres fines. Les autres montres offrent tant de causes d’irrégularité, qu’il serait inutile de remédier aux effets de la température, qui ne sont pas alors les plus funestes.
- Votre Comité des arts mécaniques , considérant combien il importe de perfectionner l’horlogerie , et qu’on peut tirer un parti très-utile de l’ingénieuse invention de M. Destigny, vous propose de lui accorder votre approbation et d’en donner connaissance au public, en insérant au Bulletin le présent rapport, ainsi qu’une description détaillée de l’appareil , accompagnée d’une figure explicative.
- Adopté en séance, le 27 janvier 18x9. Signé Francoeur, rapporteur.
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- Description du système de compensation de M. Destigny.
- A,fig. 4 , PL 170, représente le coq; C C, le balancier; B B, la raquette inférieure fixée sur le coq et ayant son centre de mouvement confondu avec celui du balancier ; sur cette raquette se trouve fixée en o la pièce mno , brisée au point n, au moyen d’une goupille, ce qui forme une espèce de charnière; l’extrémité m de ce levier peut s’ouvrir et se fermer, et conséquemment s’éloigner ou s’approcher de la vis u portant une goupille excentrique dont nous expliquerons l’usage; le petit ressortp tend toujours à écarter de u l’extrémité m du levier; I H est une portion de cercle avec des divisions, qui fait partie de la raquette B B ; une autre raquette eD se trouve ajustée sur la première, ayant comme elle son mouvement concentrique à celui du balancier ; sur cette raquette se trouve fixé en q le compensateur qrs, de manière que l’extrémité „9 porte sur le levier m n ; LL est le ressort spiral fixé en K , et dont la spire extérieure passe entre le point n et le bout du levier m n ; F G, est un arc de cercle avec des divisions , que l’on fait parcourir à volonté par l’extrémité de la raquette , afin de faire avancer ou retarder la montre. Lorsque la position respective des deux raquettes est déterminée , la partie entaillée de celle supérieure sert à les fixer ensemble au moyen de la vis qu’on remarque sur la raquette inférieure; tt sont deux vis excentriques pour empêcher les deux raquettes de se relever. Dans l’exécution , il est de rigueur que la partie m n du levier soit parfaitement concentrique, de manière qu’en faisant porter alternativement l’extrémité s du compensateur sur toutes les parties du levier , et portant la raquette vers i ou A, l’extrémité m de ce levier n’ait aucun mouvement, bien entendu que l’on ferait cette opération à une température fixe.
- La fîg. 5 représente le même système, vu en dessous.
- Ces deux figures sont dessinées à moitié de grandeur naturelle.
- Effets résultant de ce système.
- On doit, avant tout, au moyen d’une étuve , exposer la montre à une température au moins égale à celle du gousset, et examiner dans cet état si le spiral a le jeu convenable entre les deux points m u ; ce jeu doit être le plus petit possible, sans cependant que le spiral soit gêné. On le règle au moyen de la vis u qui porte la goupille' excentrique. Il est inutile d’observer qu’il est indispensable que la dernière
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- laine du spiral, comprise entre l’espace que parcourt la raquette, doit être pliée de manière qu’elle forme exactement le même arc que celui que parcourrait le petit intervalle mu, en faisant varier la raquette. Supposons actuellement qu’à une température de a5 degrés, et dans la position qu’occupent respectivement les deux raquettes , fig. 4 , la montre soit réglée, que tout-à-coup la température s’abaisse à o degré, la montre, d’après ce que nous avons dit de l’effet du froid sur le balancier et le spiral, devrait avancer; mais en même temps le compensateur q rs, devant se fermer, permettrait à l’extrémité m du levier de s’éloigner de la goupille u, ce qui augmenterait l’espace entre lequel passe le spiral, et par conséquent devrait faire retarder; si la quantité de variation produite par chacun des deux effets contraires, était la même , il s’établirait une compensation exacte ; dans le cas contraire si la compensation était trop forte ou trop faible, on pourrait la rendre parfaite en augmentant ou diminuant l’effet du compensateur, ce qui aurait lieu en changeant sa position relative à celle du levier, en portant l’extrémité de la raquette e D vers H pour rendre la compensation plus forte, et vers I pour la diminuer, suivant que les observations sur la marche de la montre l’exigeraient.
- On peut remarquer que cette opération peut se faire facilement, même par le propriétaire de la montre. Au bout de quelques mois qu’une montre aurait été nettoyée, l’huile perdant de sa qualité, il en résulterait nécessairement une augmentation de frottemens , ce qui rendrait la compensation trop forte. Par ce système, on pourrait la rétablir exactement en portant le compensateur vers le point m du levier, de la quantité reconnue nécessaire par l’observation.
- Note sur un prix proposé pour un moyen de garantir Les èmouleurs d'armes de la poussière qui se dégage des meules pendant leur travail.
- S. Exc. le Ministre de la guerre a décidé qu’il serait accordé un prix de la valeur de 3,ooo francs, à celui qui indiquerait les meilleurs moyens pour garantir les èmouleurs des manufactures d’armes , de la poussière nuisible des meules, qui se dégage pendant leur travail. Le prix sera adjugé au Ier. janvier 1820, par le Comité central de l'artillerie, auquel les mémoires devront être adressés francs de port, dans son local, place Saint-Thomas d’Aquin , à Paris.
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- Afin de mettre les concurrens à portée de juger des difficultés-qu’ils auront à vaincre pour résoudre la question d’une manière satisfaisante, Son Excellence a adressé à la Société d’Encouragement, pour être jointe à l’annonce du sujet de prix, la notice suivante sur l’aiguisage des lames de sabre et la taille des pierres à fusil, tels qu’ils se pratiquent aujourd’hui , et sur les inconvéniens qui accompagnent ces opérations.
- diguisage des lames de sabres et des baïonnettes.
- Les meules dont les aiguiseurs font usage pour émoudre les lames de sabres et les baïonnettes, peuvent être rangées en trois classes:
- i°. Les grandes meules en grès d’une moyenne dureté, de 7 à 8 pieds de diamètre, de 4 à 5 pouces d’épaisseur à la circonférence, et de 8 à 9 pouces au centre. Ces meules sont démontées pour en faire de petites , lorsqu’elles sont réduites au diamètre de f\ pieds.
- 2°. Les meules moyennes , de 2 pieds 7 à 8 pouces de diamètre ; ces meules en grès très-tendre, sont cannelées comme il convient pour l’usage auquel 011 les destine.
- 3°. Les petites meules de dïfférens diamètres, depuis 6 à 7 pouces jusqu’à un pouce et au-dessous; ces meules sont de diverses espèces de grès , et proviennent assez souvent des débris des grandes meules.
- La grande meule , qui sert particulièrement à dégrossir et à blanchir toutes les parties planes ou saillantes des lames, est toujours mouillée, en sorte qu’il ne s’en dégage aucune poussière pendant l’aiguisage ; mais cette meule, à raison du défaut d’homogénéité dans toutes ses parties, perdant assez souvent sa forme circulaire à sa circonférence, on est obligé de la lui rendre en la taillant à grands coups d’un outil particulier nommé hachoir, et pendant cette opération il se répand dans l’usine une poussière qui incommode tous les ouvriers, et particulièrement ceux qui taillent.
- La position habituelle de l’aiguiseur, à la grande meule, est d’ètre assis vis-à-vis de la circonférence, le corps penché vers la meule. Il tient des deux mains la lame, soutenue sur une de ses faces par un morceau de bois nommé support, et il appuie très-fortement l’autre face sur le champ de la meule, en s’aidant souvent de ses genoux, qui sont à cet effet garnis de genouillères en cuir. On sent que pour ce travail il est indispensable que les ouvriers prennent cette position ; s’ils étaient placés de côté, ne tenant dans ce cas la lame que par une extrémité, ils ne pourraient pas l’appuyer assez fortement sur la meule, qui ne mordrait Dix—huitième année. Janvier 1819. B
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- pas suffisamment et n’enlèverait pas assez de matière ; d’ailleurs , dans cette posture, il leur serait impossible de faire appuyer à volonté plus fortement sur la meule une partie déterminée de la lame, ce qui est absolument nécessaire ; enfin , dans cette position la lame n’étant pas soutenue par son extrémité antérieure , elle éprouverait sur la meule un sautillement continuel, qui rendrait l’aiguisage et la conservation des dimensions tout-à-fait impossibles.
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- L’aiguiseur se place cependant quelquefois debout sur le côté de la grande meule, c’est lorsqu’il s’agit d’ajuster le tranchant et d’égaliser le dos de la lame, opérations qui demandent beaucoup moins de force, et qu’il fait en tenant, de la main droite et en appuyant du plat de la main gauche, la lame légèrement inclinée sur un des bords du champ de la meule.
- Il arrive encore que l’aiguiseur se place debout contre le côté de la même meule quand, faute de place à une meule moyenne, il veut se servir de la grande pour mettre les lames à la longueur et en ébaucher le tranchant ; mais pour cela il ne fait pas usage du champ , mais de la partie plane du côté de la meule , contre laquelle il appuie sa lame des deux mains. Cette opération ou la précédente peuvent se faire simultanément avec la première qu’on a décrite, en sorte que deux aiguiseurs travaillent ensemble à la grande meule ; et même lorsque là fabrication a beaucoup d’activité, il arrive qu’un troisième ouvrier, malgré l’incommodité de la position , se place pour dégrossir, assis de 1 autre côté delà meule, et vis-à-vis du premier; mais dans cette posture la meule a pour lui un mouvement ascendant qui lui projette l’eau à ia figure.
- Les meules moyennes en grès tendre servent à aiguiser en long les pans creux des lames de sabres et des baïonnettes , au moyen des cannelures qu’on y pratique d’une épaisseur analogue à la largeur des pans creux. L’aiguiseur se place sur le côté de la meule, et tenant d’une main la lame vers la soie ou vers la douille , et de l’autre vers la pointe, il la promène en long sur les cannelures , en avançant fortement le haut du corps au-dessus de la meule. Dans cette position , il courrait de grands dangers, si la meule se rompait; mais celle-ci étant d’une grande épaisseur et d’un diamètre médiocre , elle a beaucoup de solidité.
- Celte espèce de meule étant employée sèche , il s’en dégage continuellement pendant l’aiguisage une poussière très-ténue, que l’ouvrier aspire et qui vicie ses poumons. Cette poussière est bien plus abon-
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- dante encore quand on retaille les meules et qu’on y forme les cannelures (i).
- Si, pour éviter ces graves inconvéniens, on projetait de l’eau sur la meule, cette eau amollissant le grès et le décomposant, les cannelures se détruiraient à chaque instant, et il faudrait sans cesse retailler la .meule; ce qui, indépendamment de la grande perte de temps qui en résulterait, produirait un dégagement de poussière encore plus considérable.
- Si, pour obtenir des cannelures plus solides, on employait un grès plus dur et moins soluble à l’eau, on tomberait dans un autre inconvénient; les cannelures se chargeraient du noir de la lame et ne mordraient plus. C’est ce qui arrive quelquefois, et particulièrement dans l’aiguisage de la petite gouttière de la lame dite Montmorency, parce que le peu d’épaisseur que doit avoir pour cette opération le filet de la meule, exige l’emploi d’un grès un peu dur, afin que ce filet ait quelque solidité.
- Faisant abstraction des inconvéniens qu’on vient d’exposer, si on veut supposer que, par de petits conduits ou tuyaux, on ait amené un filet d’eau sur chaque' meule cannelée de l’aiguiserie, il arriverait de deux choses l’une, ou l’eau tomberait en quantité nécessaire sur la-meule, et dans ce cas cette eau, lancée avec force par le mouvement rapide de rotation de cette meule, inonderait le visage de l’ouvrier, qui en a la tête rapprochée; ce qui le priverait de l’usage de ses yeux. Elle mouillerait aussi ses vêtemens, en sorte qu’il serait sans cesse dans une atmosphère d’humidité difficile à supporter pendant l’hiver, ou bien l’eau n’arriverait qu’en petite quantité : dans cette supposition , la meule et la lame ne se nettoyant pas, celle-ci se couvrirait d’une crasse, qui ne permettrait pas à l’aiguiseur de voir et de conduire son ouvrage.
- Ces expériences et plusieurs autres ont déjà été tentées à diverses reprises, et toujours sans succès.
- La partie des pans creux qui ne peut être aiguisée en long, l’est en travers sur les meules de la troisième espèce, c’est-à-dire, sur les plus petites, dont les diamètres sont appropriés à la courbure des pans creux.
- (1) On trouve dans la quinzième année du Bulletin, page j5, la description d’un ventilateur propre à chasser la poussière produite par les meules de grès, dans l’em-pointage à sec des aiguilles. Cet appareil pourrait être utilement appliqué à l’aiguisage des baïonnettes et des lames de sabres.
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- Ces meules sont ordinairement arrosées d’eau, mais elles ont besoin d’être fréquemment taillées.
- La poussière qui résulte de la taille des meules de toutes les espèces étant très-considérable, et cette opération se renouvelant assez souvent,, on peut croire que les aiguiseurs en sont au moins autant incommodés que de celle qui se dégage des meules quand ils aiguisent à sec (r).
- On peut facilement remplacer, dans la fabrication des baïonnettes, l’aiguisage à la meule par l’usage des rabots et des molettes; mais ce mode ne peut s’appliquer aux lames de sabres, à cause de leur longueur, de leur flexibilité et de la courbure de quelques-unes.
- Il est rare que les émouleurs de lames de sabres passent quarante-cinq ans; ils périssent presque tous vers l’âge de trente-cinq ans, et souvent plus tôt. Il résulte du relevé des contrôles de la manufacture royale de Klingenthal, que dans une période de trente-deux ans, la mortalité de ces ouvriers a été à celle des autres professions dans le rapport de ii à 5, et ce rapport serait plus grand encore, si beaucoup d’ouvriers qui ont figuré dans cette profession ne l’avaient pas quittée aussitôt qu’ils en ont eu la possibilités
- Taille des pierres à fusil.
- Les ouvriers qui taillent les pierres sont aussi ceux qui en exploitent les carrières, et cette exploitation a lieu au moyen de galeries non étançonnées, dans lesquelles ils cheminent souvent à une profondeur de 4° pieds. La nature des terres de la carrière et la misérable construction des galeries sont telles, qu’ils sont exposés à périr sous les éboulemens ou à en sortir mutilés, ce qui arrive trop souvent. Ils ont en outre à.redouter tous les autres inconvéniens des travaux des mines.
- Lorsque, sortis des carrières, ils se livrent à la fabrication des pierres, ils aspirent continuellement, comme les émouleurs des lames de sabres, une poussière siliceuse qui résulte du choc du marteau contre le silex, laquelle, composée de cristaux dans un état d’extrême ténuité, se fixe sur les poumons et détermine la pulmonie, dont ils périssent tous de vingt-cinq à quarante ans.
- Pour fendre les cailloux, les ouvriers les placent d’abord autour du feu si le temps est humide ou froid, où ils les mettent au soleil s’il fait beau
- (1) M. Motard a proposé de remplacer les-meules de grès par des meules, de fonte de fer oxidée. ( Voyez le Programme du prix pour»la fabrication des aiguilles à coudre. )
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- temps, parce qu’ils sont trop humides en sortant de la carrière. Ils ont soin, dans tous les cas, de se garantir du vent, quelque faible qu’il soit, au moyen d’une espèce de claie qui leur est adossée. L’humidité et le vent nuisent à l’action de fendre les silex ; ils se fendent mal aussi quand ils sont trop secs.
- Les caillouteurs étant assis prennent en main un silex, le tournent jusqu’à ce qu’ils voient qu’à l’aide d’un coup de marteau donné sur une des faces, ils puissent l’ouvrir en deux. Ce marteau, en fer et à tête carrée, est fait en forme de petite masse- Ils prennent ensuite un autre marteau, en acier à deux pointes, et tenant d’une main un des morceaux du silex qu’ils viennent de fendre, ils appliquent sur un de ses bords, du côté où il a été ouvert, un coup assez léger de ce second marteau. Ce choc sépare du morceau un éclat, qui part de haut en bas et que l’on appelle copeau. Les coups de marteau doivent être donnés perpendiculairement à la surface supérieure du silex.
- Les silex étant divisés en copeaux, les caillouteurs les transforment en pierres à fusil de la manière suivante. Les ouvriers étant assis près d’un gros billot, prennent un copeau, dont ils appuient successivement les bouts à angles droits sur un ciseau d’acier fixé sur le billot, les frappent à petits coups, avec un troisième marteau appelé roulette, à cause de sa forme, et façonnent ainsi les flancs, le talon et régularisent la mèche.
- Le ciseau, qui est en biseau des deux côtés, doit être élevé au-dessus de la surface du billot d’environ 3 pouces 6 lignes, et être incliné de 20 degrés du côté de l’ouvrier.
- Le poids du silex est ordinairement de 20 à 25 livres; mais il y en a qui pèsent jusqu’à 100. On ne taille guère ceux au-dessous de 2 livres. Un bon ouvrier prépare mille copeaux en un jour, ou fait cinq cents pierres à fusil.
- Description d’un robinet à double flotteur, applicable aux réservoirs d’eau $ par M. Joseph Farey.
- On se sert depuis quelque temps, en Angleterre, d’un robinet adapté dans l’intérieur des réservoirs d’eau, et dont l’ouverture et la clôture sont déterminées par un flotteur qui s’élève ou s’abaisse avec le niveau du liquide. M. Farey a reconnu à cet instrument des défauts, qu’il a cherché à corriger. Le nouveau robinet à double flotteur qu’il a présenté à la Société d’Encouragement de Londres, et pour lequel il a
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- obtenu une médaille d’argent, réunit, suivant lui, les avantages sui-vans : i°. il laisse couler dans le réservoir un courant d’eau proportionné à son diamètre; aussitôt que le liquide a atteint la hauteur désirée, le robinet se ferme brusquement pour se rouvrir ensuite à mesure que le niveau baisse; a0. sa manœuvre s’exécute sans aucune aide et très-promptement, et le réservoir étant pour ainsi dire rempli tout-à-la-fois, il en résulte que dans les localités où l’eau est trouble, elle a le temps de déposer, ce qui ne peut avoir lieu tant que le liquide n’a pas cessé de couler; 3°. on peut déterminer d’avance la quantité d’eau qu’on veut admettre dans le réservoir, en allongeant ou raccourcissant la chaîne qui unit les deux flotteurs ; car le robinet restant ouvert jusqu’à ce que le flotteur auxiliaire produise par sa légèreté spécifique une tension suffisante sur la chaîne, ce qui le fait fermer subitement, il est évident que la mesure de la longueur de cette chaîne donne la hauteur à laquelle on veut que l’eau s’élève dans le réservoir; 4°- ce robinet, qui se fait à peu de frais, n’exige aucun soin, agissant très-bien de lui-même, hormis dans les temps de gelée.
- Explication de la fig. 7, PL 169.
- AA, coupe du réservoir doublé en plomb; B, tuyau alimentaire; C, robinet; D, flotteur sphérique fixé à l’extrémité d’un levier faisant corps avec le robinet; E, autre flotteur de même forme adapté à une tige plus courte, montée sur l’axe du robinet, de manière à tourner librement sur elle-même et à avoir un mouvement indépendant du premier; les deux flotteurs sont réunis par une petite chaîne. Lorsque celui D se trouve dans la position indiquée dans la figure, c’est-à-dire que son axe est un peu à gauche de la ligne perpendiculaire F, le robinet est ouvert; les choses restent dans le même état jusqu’à l’entier développement de la chaîne ; mais aussitôt que l’eau a atteint à une hauteur suffisante pour que le flotteur E entraîne celui D au-delà de la verticale F, l’équilibre de ce dernier étant rompu, il monte brusquement à la surface, ce qui produit la clôture du robinet. Les deux flotteurs seront alors dans la position de, marquée par les lignes ponctuées, et le niveau de l’eau sera en H. Une pièce transversale G, adaptée au levier du flotteur, maintient l’écartement nécessaire entre les deux sphères.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Mérimée, au nom du Comité des arts chimiques, sur le moiré métallique appliqué auæ feuilles d’étain.
- Messieurs, lorsque vous accordâtes, l’année dernière, une médaille d’or à l’inventeur du moiré métallique , vous fûtes déterminés à encourager cette découverte , par l’espoir qu’elle aurait une grande influence sur une branche importance de notre industrie. L’événement a justifié votre attente. Une immense quantité d’objets en fer-blanc, que l’on couvrait autrefois de peintures vernies , sont maintenant décorés à moins de frais et revêtus de couleurs beaucoup plus brillantes.
- La découverte de M. Allard ne pouvait rester long-temps une propriété exclusive de la France. Importée à Londres, il y a dix-huit mois, elle a donné lieu à l’obtention d’une patente (1) dont la propriété fut aussitôt acquise par l’entremise de notre compatriote ( M. Brunei ), dont le nom se rattache aux machines et aux travaux les plus admirables de l’Angleterre.
- Après avoir étudié à fond le procédé de M. Allard; après avoir bien connu tous les effets qu’on peut en obtenir sur le fer et le cuivre étamés, M. Brunei voulut l’appliquer aux feuilles d’étain, que leur flexibilité permet d’adapter sur toutes les matières et de révêtir toutes Jes formes. Les grandes feuilles que vous avez sous les yeux proviennent d’une manufacture établie à Londres, et pour laquelle il a été pris une nouvelle patente, le 5 décembre dernier.
- M. Fallet, qui a aidé M. Br unei dans ses recherches et coopéré à ses succès, vient d’introduire en France le nouveau procédé, et il s’en est assuré la propriété par un brevet d’importation de quinze ans.
- Ceux qui ne connaissent qu’imparfaitement le procédé de AL Allard ne doivent trouver aucun mérite nouveau à produire sur des feuilles minces d’étain plus ou moins grandes, l’effet chatoyant qu’il est si facile d’obtenir sur des feuilles de fer-blanc, ou sur des plaques d’étain fondu. C’est pour cette raison qu’il est indispensable d’entrer dans quel-
- (i) Elle a été accordée à M. Vallet, le 5 août 1817. La spécification est insérée clans le cahier de juillet 1818, du Repertory of arts, page 7/p
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- ques détails sur les phénomènes que présente la fabrication du moiré métallique.
- L’étain, comme tous les métaux, affecte, en se figeant, une forme cristalline plus ou moins sensible à sa surface. Elle est masquée par une pellicule métallique, mais on peut encore en suivre la trace, et l’œil exercé prévoit d’avance, en regardant une feuille de fer-blanc, quel sera le dessin du moiré lorsqu’elle sera décapée par les acides.
- Si l’on gratte la surface de l’étain, ou si on l’étend avec le marteau, on détruit la cristallisation, et alors on n’obtient plus de moiré, ou du moins il n’est plus le même. C’est ainsi que lorsqu’on soumet à l’action des acides un morceau de fer-blanc plané ou embouti, il ne se produit qu’une cristallisation confuse, semblable à celle de l’aventurine. Pour rétablir les effets larges, il faut nécessairement recommencer l’opération de l’étamage, ou ramener par un moyen quelconque la couche d’étain à l’état liquide.
- On prépare les feuilles d’étain comme celles d’or, d’argent ou de cuivre, à l’aide du marteau. On conçoit que cette opération détruit la texture cristalline de la surface du métal. Aussi, ces feuilles, telles qu’on les trouve dans le commerce, ne sont pas susceptibles de recevoir le moiré métallique ; il faut préalablement les remettre dans une condition telle, que les molécules puissent s’arranger à leur surface comme elles sont disposées dans le fer-blanc ; c’est ce qui aurait lieu infailliblement si on les faisait passer à l’état liquide ; mais comment opérer la fusion de ces feuilles sans les déformer ?
- Nous ne sommes pas chargés de deviner comment s’opère ce rétablissement de surface cristalline. Nul doute qu’on ne puisse, en le cherchant, trouver le moyen de l’inventeur; mais à quoi cela servirait-il, puisque le droit de faire usage de ce moyen est aujourd’hui le privilège de l’importateur ?
- Le brevet obtenu par M. Fallet n’empiète en aucune façon sur les droits de M. Allard; car M. Fallet ne se propose pas de mettre dans le commerce des feuilles chatoyantes et vernies comme celles qu’il vous a présentées, mais seulement de donner aux feuilles minces d’étain, destinées à l’étamage des glaces, une préparation telle, que ceux qui sont en droit de fabriquer des moirés métalliques , puissent appliquer avec succès leur procédé sur ces feuilles.
- M. Fallet est le maître de produire des effets de cristallisation plus ou moins larges, et cela est bien important; car les dessins du moiré doivent être en proportion avec la grandeur des objets qu’il décore.
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- Les feuilles qui vous ont été présentées ont 4 pieds de long sur 19 pouces de large. Elles pourraient être d’une plus grande dimension; mais cela serait parfaitement inutile, car lorsque l’on colle deux feuilles l’une auprès de l’autre, la jointure n’est pas sensible.
- L’étain est un des métaux qui éprouvent le moins d’altération de la part de l’air. Nous en avons la preuve par quelques restes d’anciennes tapisseries de cuir doré, lesquelles, pour la plupart, étaient préparées avec des feuilles d’étain vernies.
- On peut donc croire que ces feuilles, enduites d’un excellent vernis, seront employées avec grand succès. Elles peuvent d’ailleurs se coller aussi facilement que le papier, et dans les circonstances où l’on aurait a combattre l’humidité, on se servirait d’un mordant huileux, comme on le fait pour la dorure.
- Nous ne doutons pas, Messieurs, que le commerce n’accueille avec empressement les feuilles d’étain moiré de M. Brunei, à cause de la facilité avec laquelle on peut en revêtir toutes sortes de matières, quelle qu’en soit la forme. Nous croyons donc qu’elles auront de nombreuses et d’agréables applications.
- En conséquence, nous vous proposons de témoigner à M. Vallet l’intérêt que vous prenez au succès de la découverte de M. Brunei, et d’en faire connaître les avantages par la voie de votre Bulletin.
- Adopté en séance, le 27janvier 1819.
- Signé Mérimée , rapporteur.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. Ch. Derosne , au nom du Comité des arts économiques, sur les cuisines à 'vapeur établies à Carlsruhes dans le grand-duché de Bade.
- Messieurs, vous avez chargé votre Comité des arts économiques de vous faire un rapport sur l’appareil de cuisine établi dans les casernes de Carlsruhe, dans le grand-duché de Bade, dont les dessins vous ont été envoyés par M. le sous - secrétaire d’Etat au département de l’intérieur, accompagnés d’une note qui ne contient pas la description de l’appareil, mais qui en donne un court historique.
- A otre Comité, en examinant ces dessins , n’a rien vu de nouveau Dix-huitième année. Janvier 1819, C
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- dans ce système de cuisine économique, qui consiste en un fourneau de briques renfermant une grande chaudière de tôle remplie d’eau jusqu’à une certaine hauteur. La partie supérieure de cette chaudière est percée de dix trous pour y placer autant de marmites, qui occupent l’espace qui n’est pas rempli par l’eau.
- La construction du fourneau n’a également rien de particulier. On fait bouillir l’eau de la chaudière, et la vapeur produite se portant sur les marmites, les chauffe et opère la coction des alimens qu’elles renferment. Chaque marmite est percée de petites ouvertures, par lesquelles pénètre la vapeur, qui communique ainsi aux alimens l’humidité nécessaire pour les faire cuire.
- Votre Comité n’a vu, dans la publicité à donner à ces dessins, que l’occasion de signaler l’application en grand d’un système déjà connu par l’usage domestique et manufacturier, mais beaucoup trop négligé par les établissemens publics, qui en réclament plus spécialement l’emploi.
- Dans la cuisine militaire, qui de toutes les cuisines doit être la plus simple, est-il avantageux de se servir de la vapeur pour cuire les alimens? N’est-il pas plus économique d’employer la simple coction dans l’eau? Telles sont les questions que s’est faites votre Comité» L’usage des fourneaux dits à soupes économiques paraît suffisamment prouver que l’emploi de la vapeur n’est ni économique ni favorable pour la préparation des alimens très - simples. Tout aliment qui, au moyen d’eau de bonne qualité et d’une température de 80 degrés de Rèaumur, peut être suffisamment et convenablement cuit, n’exigera donc pas qu’on se serve de la vapeur, et il paraîtra toujours plus économique de maintenir cette température sous une chaudière simple, que de porter de l’eau à l’ébullition pour communiquer la même température à une autre chaudière contenant les substances qui doivent être cuites. Il est évident que, dans ce dernier cas, le calorique transmis à la chaudière et à l’eau qu’elle renferme, et qui est toujours indépendant de celui qui constitue les vapeurs , est en pure perte. Il est encore bien constaté que, pour produire de la vapeur dans une chaudière, il faut établir dans le fourneau une température beaucoup plus élevée que lorsque le liquide doit seulement rester au point où commence rébullition. On sait aussi qu’avec un bon système de fourneaux, dès qu’un liquide a acquis une certaine température, le calorique nécessaire pour l’y maintenir n’est, pour ainsi dire, rien en comparaison de celui qu’on a d’abord employé : c’est ainsi, par exemple, que la flamme d’une lampe suffit pour maintenir au point où commence
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- l’ébullition, une masse de liquide de plus de i5 litres, et qu’elle continue la coction des matières qui constituent cette masse lorsqu’on a pris les précautions convenables pour l’isoler et empêcher la déperdition du calorique, soit par le renouvellement de l’air, soit par le contact avec des corps qui absorberaient ce calorique déjà communiqué.
- Mais il n’est personne de vous, Messieurs, qui nesache combien, dans la pratique et les usages domestiques , on est éloigné d’atteindre à cette économie de combustible; ce peu d’économie est tel qu’on peut hardiment avancer que la simple confection du pot-au-feu absorbe vingt fois plus de combustible qu’il n’est rigoureusement nécessaire.
- C’est probablement parce qu’on est parti du mode vicieux adopté dans les cuisines des casernes ou dans celles des particuliers, qu’on a établi dans la note qui accompagne les dessins de la cuisine badoise , le calcul de l’économie qui résulte de son emploi, et d’après lequel on obtient avec une livre de bois les mêmes effets qu’on obtenait auparavant avec 8 livres.
- Cependant, Messieurs, il faut convenir qu’il est une foule de circonstances où l’usage de la vapeur est utile pour opérer la coction de certains alimens. Par exemple, il est reconnu que la plupart des légumes sont beaucoup plus savoureux par ce mode que par la simple décoction. Mais l’emploi de la vapeur est réellement nécessaire lorsqu’on n’a à sa disposition que des eaux saumâtres ou séléniteuses qui communiquent nu mauvais goût aux alimens, ou qui s’opposent à leur cuisson.
- Dans ce dernier cas, et sur tout pour les établissemens publics, la cuisine badoise peut être très-utile, parce que, comme chaudière à vapeur, elle est une des plus simples qu’on puisse construire.
- Quant à l’emploi pour les particuliers, cette cuisine ne présente rien qui soit à imiter. Le fourneau potager d'Harel, surmonté de ses accessoires; la marmite américaine, sont tout aussi simples et présentent plus d’avantages.
- C’est donc sous le seul rapport de présenter un bon exemple à suivre aux grands établissemens qui pratiquent encore un mode très-vicieux de cuisine, que votre Comité vous propose de publier, par la voie du Bulletin de la Société, les dessins qui vous ont été adressés par M. le sous-secrétaire d Etat au département de l’intérieur, et d’y joindre une note explicative qui en rende l’intelligence facile.
- Adopté en séance y le 13 janvier 1819.
- Signé Ch. Derosxe , rapporteur.
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- Description de la cuisine à vapeur employée dans les casernes de Vartillerie,
- à Carlsruhe.
- La cuisine à vapeur dont il vient d’être rendu compte dans le précédent rapport se compose d’un fourneau solide en briques A, PL 169, de 9 pieds 4 pouces de longueur sur 4 pieds de largeur et 3 pieds 6 pouces de profondeur, dans lequel entre jusqu’à son bord une grande chaudière oblongue B, de 5 pieds de long sur 2 pieds 9 pouces de large et 1 pied 3 pouces de profondeur. Cette chaudière, en forte tôle, repose par son fond sur des barres transversales scellées dans la maçonnerie; elle est fermée d’un couvercle, percé de dix trous pour recevoir autant de marmites rondes CCC, d’un pied de diamètre, dans lesquelles s’opère la cuisson des alimens, au moyen de la vapeur qui se dégage de l’eau contenue dans la grande chaudière, et qui pénètre par plusieurs petites ouvertures longitudinales, pratiquées dans la paroi supérieure des marmites, hermétiquement fermées par des couvercles à poignées. L’eau est versée dans la chaudière jusqu’à 4 pouces de hauteur, par une poche ou soupirail D, adapté sur le devant et fermé par un couvercle comme les marmites. Deux grilles carrées EE, placées de chaque côté de la chaudière, forment autant de petits fourneaux, sur lesquels on pose des casseroles ou autres vases. Le foyer F, alimenté avec du bois, se compose de dix barreaux de fer scellés en travers dans la maçonnerie ; il règne sous la largeur de la chaudière, et va en s’évasant à droite et à gauche, afin que l’action de la flamme puisse s’exercer sous le fond de cette chaudière et circuler ensuite autour, par le moyen des conduits RR; la fumée s’échappe par un tuyau en tôle L, muni d’une soupape. Dès que le combustible est allumé, on ferme la porte du foyer H : alors le tirage s’opère uniquement sous la grille, par le cendrier G. Oiî vide la chaudière au moyen du robinet m, adapté sur le devant et au-dessous du soupirail 1).
- Explication des figures de la PL 169.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans les six premières figures de cette planche.
- Fig. 1, Élévation vue de face de la cuisine à vapeur.
- Fig. 2, Élévation latérale.
- Fig. 3, Vue en dessus, le couvercle de la chaudière étant enlevé.
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- Fig. 4, Plan du fourneau au niveau de la grille du foyer, ou suivant la ligne e f de la fig. i.
- Fig. 5, Coupe longitudinale de l’appareil suivant la ligne a b de la fig. 5.
- Fig. 6, Coupe latérale suivant la ligne c d de la fig. 4-
- A , Le fourneau construit en briques.
- B, La grande chaudière en forte tôle; elle repose par son fond sur des barreaux scellés dans la maçonnerie ^ et est fermée par un couvercle percé de dix trous.
- C C C, Marmites en fonte étamée , au nombre de dix, plongeant dans la chaudière et s’appuyant par leurs bords sur le couvercle ; elles sont bouchées par des couvercles à poignées et percées à leur paroi supérieure de petites ouvertures longitudinales pour laisser pénétrer la vapeur ; ces ouvertures ne sont pas indiquées dans les coupes fig. 5 et 6.
- D, Poche ou soupirail servant à l’introduction de l’eau dans la chau dière ; il est fermé par un couvercle à poignée comme les marmites.
- E E, Trous carrés pratiqués dans la maçonnerie, de chaque côté de la chaudière , et formant deux petits fourneaux à grille, sur lesquels on pose des casseroles ou les mets qu’on veut tenir chauds.
- F, Foyer carré, composé de dix barreaux de fer scellés transversalement dans la maçonnerie, et sur lesquels on place le combustible, qui est ordinairement du bois. Ce foyer, incliné vers le centre, va en s’évasant de chaque côté sous le fond de la chaudière.
- G , Cendrier.
- H, Porte en tôle du foyer ; on la ferme lorsque le feu est allumé : le tirage s’opère alors au-dessous de la grille à travers le cendrier.
- I I, Cendriers des petits fourneaux E E.
- K K , Conduits de la flamme circulant autour de la chaudière.
- L , Tuyau en tôle servant de cheminée.
- m, Robinet pour vider la chaudière.
- Avantages de la cuisine à vapeur.
- Cette cuisine, destinée à préparer la soupe pour deux cents hommes de troupes, ne consomme, suivant l’auteur, que 20 livres de bois de sapin en trois heures , temps suffisant pour opérer la coction complète des alimens renfermés dans les marmites. On brûlait ordinairement huit fois plus de combustible pour le même objet. Si l’on a besoin de pré-
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- parer un second repas immédiatement après le premier, pour un pareil nombre d’hommes, on pourra le faire en une heure et demie, avec 9 livres de bois, l’eau conservant encore assez de chaleur pour entrer promptement en ébullition.
- La manière de faire le feu et de procéder à la préparation des viandes, quoique très-simple, diffère de celle de nos cuisines ordinaires.
- La chaudière étant en tôle, l’eau qu’elle renferme ne tarde pas à bouillir, et il en reste toujours assez pour que le fond ne soit pas endommagé par l’action du feu; on remplace chaque jour celle qui s’est vaporisée, et on la tient constamment à la hauteur de 4 pouces ; la chaudière est vidée tous les huit jours, au moyen du petit robinet adapté à la paroi antérieure, un peu au-dessus du fond, afin qu’il reste toujours assez de liquide, dans le cas où l’on aurait oublié de fermer le robinet pendant qu’il y a encore du feu dans le fourneau.
- Aussitôt que l’eau commence à bouillir et que le bois est réduit en charbon, on ferme la soupape du tuyau L, afin que la chaleur reste concentrée sous la chaudière. Quant à la cuisson des alimens, l’auteur observe que la viande doit être cuite séparément et placée dans la marmite dès que l’on allume le feu ; on ne l’écume pas, afin de lui conserver tout son suc; mais les légumes, tels que lentilles, haricots, choux, etc., ne seront mis dans les marmites que lorsque l’eau de la chaudière est bouillante. La vapeur, en pénétrant dans ces marmites par les petites ouvertures ménagées dans leur partie supérieure près du couvercle, communique aux légumes l’humidité nécessaire pour favoriser leur cuisson ; aussitôt qu’ils sont au degré convenable, on y ajoute du bouillon, de la graisse ou du beurre, pour les assaisonner.
- L’auteur observe que ce fourneau , dont le prix est de 11 a florins, environ 200 francs, y compris les accessoires, est très-solide et n’a pas besoin de réparations ; un seul homme suffit pour le diriger.
- Note sur l’emploi de la vapeur dans les usages domestiques , en Angleterre $ par M. Ch. Derosne.
- Dans le rapport que j’ai fait sur la cuisine badoise , je n’ai parlé de la vapeur que comme moyen de cuisson pour les alimens. Cependant si les grands établissemens voulaient établir des chaudières à vapeur, il est une foule d’usages auxquels la vapeur produite pourrait être employée très-avantageusement. C’est principalement dans les ca-
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- sernes , les hôpitaux, les manufactures, qui occupent un grand nombre d’ouvriers, qu’on pourrait imiter ce qui déjà en Angleterre est pratiqué par beaucoup de particuliers.
- En France , nous possédons bien théoriquement la connaissance de chaque application isolée quon peut faire de la vapeur; mais je ne sache pas qu’on ait formé aucun établissement analogue à ceux que j’ai vus en Angleterre, dans lesquels la vapeur est employée à-la-fois pour chauffer les diverses pièces d’un grand appartement, des salies de bain, des cuves de lessives, des étuves, des serres chaudes,des appareils de cuisine propres à la préparation d’une nombreuse variété de mets, etc.
- Non-seulement dans ces établissemens on tire parti de la vapeur , mais on utilise encore l’excédant de calorique produit dans le foyer, pour une foule d’autres usages, comme pour des étuves sèches, des fours à pain, à pâtisserie, etc.
- Il existe bien eu France des établissemens où l’on a construit des f ourneaux de cuisine très - économiques : tels sont ceux de l’hospice de la Maternité, de la Maison de santé du faubourg Saint-Denis , du Val-de-Grâce , etc. Mais il semble qu’en général on a restreint à la seule localité de la cuisine l’emploi de la chaleur produite, et qu’on est bien loin de tirer de la vapeur créée ou à créer tout le parti qu’on pourrait .en espérer.
- Pendant mon séjour en Angleterre, j’ai visité les établissemens de ce genre qu’il m’a été possible de découvrir , et ce n’est pas sans étonnement que j’ai appris qu’il y avait des fabriques de ces appareils, dont l’existence date de plus de vingt-cinq années. Telle est, entre autres, celle de M. Slark, à Londres, dont a déjà parlé M. Cadet de Gas-sicourt.
- Sept ou huit propriétaires de patentes ou brevets d’invention se disputent le privilège d’exploiter cette branche d’industrie; mais celui qui les surpasse tous par la grande vogue qu’il a acquise, est M. le marquis de Chabannes. Le succès complet des constructions pyrotechniques placées au grand théâtre de Covent-Garden, et dans d’autres établissemens, a mis le sceau à sa réputation.
- Cependant, ce héros de la pyrotechnie, si préconisé en Angleterre, n est que le copiste heureux de tout ce qui a été publié en France, sur cette partie, par le comte de Rumford, Curaudeau, Thûorier, Dêsarnod, et sur-tout par l’ingénieux et malheureux Bonnemain, qui serait bien surpris d apprendre le succès que ses appareils ont obtenu , en Angleterre, sous le nom du marquis de Chabannes.
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- Dans le courant de l’été dernier, M. le marquis publia, en anglais, une espèce de compilation que je regarde comme très - précieuse , dans laquelle il donne la description sommaire de tout ce qu’il appelle ses découvertes, qui se composent des nombreux appareils qu’il propose de construire, et qui ont spécialement pour but le chauffage par les trois moyens suivans : i°. par un courant d’air chauffé artificiellement et sans cesse renouvelé, procédé publié par Curaudeau et Désarnod ; a°. par la vapeur d’eau , moyen très - connu et pnblié par Rumford et autres ; 5o. enfin, par de l’eau chaude en circulation continuelle, mode indiqué par Bonnemain.
- Profitant ainsi de tout ce qui a été publié en France, M. le marquis s'est bien gardé de citer les véritables inventeurs ; au contraire, il se dit hautement l’auteur de ces diverses applications, pour lesquelles il a pris successivement des patentes ; mais pour valider ces patentes il a eu soin d’annoncer que ce qu’il appelle ailleurs ses inventions était le résultat de communications from abroad, c’est-à-dire venant de l’étranger»
- Sans insister davantage sur le peu de délicatesse de pareils procédés, on ne peut toutefois refuser à M. le marquis de Chabannes le mérite d’ètre parfaitement au courant de l’art de la pyrotechnie , et d’en avoir fait des applications très-belles et très-utiles. Ce qu’il a pratiqué au théâtre de Covent-Garden suffirait seul pour établir sa réputation, même en sachant qu’il n’est qu’importateur de procédés déjà connus en France.
- L’ouvrage qu’il vient de publier réunissant la collection des meilleurs appareils publiés depuis long-temps, il serait à désirer que la Société d’Encouragement le fît venir de Londres, et qu’elle publiât, par la voie de son Bulletin , ce qui lui en paraîtra digne.
- D escrjptjon d’un appareil à vapeur propre aux usages domestiques, construit par M. Whiteîey, à Londres.
- Cet appareil, aussi simple qu’ingénieux et commode, est destiné à faire cuire à la vapeur une grande variété de mets , à rôtir à feu nu à faire la pâtisserie au four , à chauffer les appartemens , salles de bain , etc., sans aucune surveillance de la part des domestiques, et avec une grande économie de combustible, La chaudière est disposée
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- de manière à être chauffée par le même feu qui sert à d’autres usages , et qui suffit pour maintenir l’eau constamment au point de l’ébullition, sans qu’il soit nécessaire d’en entretenir au-dessous. Occupant, au fond du foyer, la place des plaques ordinaires de cheminée, elle ne cause aucun embarras et ne gêne point le service. Un tuyau muni d’un robinet distribue la vapeur dans les diverses parties de la cuisine, ainsi que dans l’étage supérieur qu’on veut chauffer.
- L’auteur, après avoir fait sentir les avantages et l’économie qui résultent de l’emploi de la vapeur pour la cuisson des aîimens, cherche à démontrer que sa chaudière domestique, susceptible d’être adaptée à peu de frais à des grilles ou des foyers déjà établis, sera d’un grand secours pour les établissemens publics, qu’elle alimentera cl’un courant continuel d’eau chaude et de vapeur, qu’on peut conduire par-tout avec beaucoup de facilité ; qu’elle se distingue par la simplicité et la solidité de sa construction, et que l’eau y est constamment entretenue en ébullition avec le même feu qui sert à rôtir les viandes, à chauffer des fours et à préparer différons mets.
- La description des diverses parties de cet appareil en fera mieux connaître les détails.
- Explication des fig. i , 2^3 de la PL 170.
- Fig. 1, Vue d’une chambre d’habitation chauffée au moyen d’un cylindre à vapeur.
- Fig. 2, Salle de bain contiguë à la pièce précédente, et dont l’eau de la baignoire est aussi chauffée par la vapeur.
- Fig. 3, Cuisine avec tous ses accessoires, située à l’étage inférieur.
- À, Chaudière carrée en fonte ou en forte tôle, occupant au fond de la cheminée la place des plaques ordinaires en fer.
- B B, Tuyaux distributeurs de la vapeur dans les diverses parties de la cuisine et de l’étage supérieur.
- C, Fourneau couvert d’une plaque chauffée par un feu séparé, disposé au-dessous ; on y place les marmites, casseroles et autres vases renfermant les alimens.
- D, Marmites à vapeur posées sur la tablette de la cuisine et dans un renfoncement.
- E, Etuve pratiquée au-dessous de la tablette.
- F, Cuviers à lessiver le linge.
- G, Réservoir carré chauffé à la vapeur et destiné au même usage.
- Dix-huitième année. Janvier 1819. D
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- H, Autre réservoir qui alimente d’eau la chaudière A.
- I, Robinets au moyen desquels on introduit l’eau ou la vapeur dans les cuviers à laver.
- K, Cylindre placé dans la cheminée de la chambre d’habitation; on y fait passer la vapeur destinée à chauffer la pièce.
- L, Baignoire dont l’eau est chauffée par la vapeur qui vient de dessous.
- M, Pompe pour alimenter la baignoire.
- 1NT, Tuyau qui conduit l’eau froide de la pompe dans le bain.
- O O , Tuyaux de décharge du bain et de la cuisine.
- P, Rigole recevant les eaux superflues; elle est placée sous le sol de la cuisine.
- Q, Tournebroche monté sur la tablette de la cheminée; il est mis en mouvement par un ventilateur occupant l’intérieur du tuyau de cheminée, et communique par des chaînes et des poulies de renvoi avec la broche qui repose par l’une de ses extrémités sur le râtelier fixé en avant de la grille.
- S, Evier.
- a, Tuyau conduisant la vapeur de la chaudière dans les diverses parties de la cuisine.
- b, Petit four placé à droite de la grille et chauffé par un feu séparé.
- c 3 Conduit vertical surmontant ce four.
- d. , Grille horizontale et verticale divisée en trois parties par des com-partimens placés de champ et portant de petits plateaux mobiles en fer ee, sur lesquels on pose des marmites ou autres vases.
- f, Tuyau alimentaire de la chaudière.
- g, Petit four placé à gauche de la grille et chauffé par le meme feu.
- h, Robinet qui règle l’admission de la vapeur dans la partie supérieure du bâtiment.
- i i, Robinets de décharge.
- k} Soupape de sûreté de la chaudière.
- Le combustible employé généralement dans cet appareil est la houille.
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- IMPORTATIONS DE L’ÉTRANGER.
- Notice sur Vintroduction en France des chèvres à laine de cachemire ? originaires du Thihet ; par M. Ternaux 5 membre de la Chambre des Députés et du Comité des Arts mécaniques de la Société d’Encouragement pour F Industrie nationale.
- Les schalls de cachemire , connus depuis long-temps en Europe , ne furent mis en vogue par les femmes opulentes qu’immédiatement après l’expédition d’Egypte.
- Prévoyant dès-lors que la mode en propagerait le débit, je cherchai à les imiter par l’emploi des laines mérinos; mais cette matière, quelque perfection qu’on apportât dans le travail, ne pouvant donner des résultats comparables à ceux qu’on obtient de la laine dont on se sert pour fabriquer les précieux tissus de l’Inde, je résolus de me procurer de celte laine à tout prix.
- Comme on ignorait en France jusqu’au nom et à l’espèce de l’animal qui la fournit, j’ordonnai à un voyageur que j’avais en Russie, de faire toutes les recherches nécessaires pour découvrir quel il pouvait être. En conséquence, il se rendit à la foire de Makariew, lieu situé à quelques centaines de werstes de Moscou, espérant que dans ce rendez-vous général de tout ce qui trafique avec l’Asie, il obtiendrait des ren-seignemens. En effet, un Arménien lui fit voir un échantillon de ce lainage , et promit de lui en apporter une certaine quantité à la foire suivante ; il remplit sa promesse et lui en vendit 60 livres, que mon voyageur m’envoya renfermées dans un coussin à l’usage d’un courrier russe qui se rendait à Paris , précaution d’autant plus nécessaire que l’exportation de ce lainage était alors prohibée par la Russie. Cette petite quantité me servit à faire des essais qui pendant long-temps furent aussi coûteux que les résultats en étaient peu satisfaisans ; ils furent contrariés par la guerre de 1807, laquelle avait été précédée du naufrage du navire qui portait un second envoi qu’on m’avait expédié, ce qui m’empêcha de poursuivre mes tentatives jusqu’à l’époque de la paix de Tilsit.
- Je les renouvelai alors , et à force d’essais ma maison de Reims , connue sous la raison de Jobert, Lucas et compagnie, parvint à fa-
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- briquer des tissus qui soutinrent la comparaison avec ceux de l’Inde ; mais je prévis qu’on n’imiterait point avec le même succès les palmes et les bordures, telles qu’on les confectionne dans la province de Cachemire , non par défaut de talent ou d’habileté , puisque la manière dont on les travaille est l’enfance de l’art, mais parce que le haut prix de la main-d’œuvre en Europe , comparé à celui de l’Inde, s’opposërait à ce que l’on pût établir ces objets manufacturés à aussi bas prix. Je cherchai donc à exécuter par le travail au lancé, c’est-à-dire par le procédé de fabrication des étoffes brochées de Lyon , ce qui se faisait d’abord au spoulin, ou selon le mode employé pour les tapisseries des Gühelins.
- Malheureusement ces schalls imités ne purent jamais prévaloir sur ceux de l’Inde, à raison même du haut prix de ces derniers, qui en faisait le cachet du luxe et de l’opulence , et qui étaient préférés sous ce rapport.
- Toutefois , ces imitations que je n’ai pu rendre plus parfaites, à cause des dépenses considérables qu’elles m’avaient déjà occasionnés, furent exécutées avec plus de succès par quelques fabricans de Paris , et entre autres par MM. Bellanger et Dumas - Descombes, qui, en les montant sur des chaînes de soie, purent les livrer à des prix fort inférieurs à ceux auxquels il m’était possible de les établir. Ces derniers tissus furent imités à leur tour par d’autres fabricans de la capitale et par ceux qui se sont permis d’exploiter à leur profit les brevets d’invention accordés à ma maison. Tous leur doivent une partie des brilla 11s succès qu’avaient obtenus avant eux MM. Bellanger et Dumas-Descombes, et notre commerce un objet d’échange presque aussi considérable que celui que lui ont procuré mes tissus. :
- Désirant néanmoins affranchir la France du tribut qu’elle payait à l’étranger pour l’achat des cachemires, et naturaliser cette branche d’industrie sur notre sol, je cherchai à fabriquer des schalls qui, surpassant ceux de l’Inde, soit pour le tissu, soit pour le dessin des palmes et des bordures, fussent dans le cas d’en amener la mode. La Société jugera par les produits que j’ai l’honneur de mettre sous ses yeux , si j’ai réussi et si l’on peut enfin espérer que les fleurs et les dessins d’Europe l’emportent sur ceux de l’Indostan (1).
- (1) Dans une note sur la fabrication des schalls de cachemire, insérée au Bulletin de juillet 1818, page 203, M. Mérimée a rendu un compte sommaire des nombreux obstacles que M. Ternaux a eu à -vaincre pour parvenir à fabriquer les tissus à l’imitation de ceux de l’Inde.
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- I! est à craindre que ceux-là ne venant pas de bien loin , perdent de leur mérite aux yeux des personnes prévenues , qui en trouvent les couleurs tantôt trop pâles, tantôt trop vives, et, comme je l’entends dire souvent , imitant trop la peinture, sans doute parce que cet art imite quelquefois la nature. Je conçois aussi que l’idée d’acheter trop cher une marchandise qu’on croit devoir revenir à meilleur marché, arrête plusieurs femmes qui désirent faire concorder le goût de la mode et de la nouveauté avec l’économie. Elles peuveut cependant se rassurer^ car des scholls tels que ceux que je présente à la Société , travaillés à la manière de l’Inde, et exigeant chacun plus de deux mille journées de travail, exécuté à la vérité par des enfans de neuf à douze ans, ne seront jamais à bon marché, et attesteront tout aussi bien cpie ceux de l’Inde, l’aisance et la fortune des femmes qui les portent.
- Pressentant que le goût des schalls de cachemire, une fois répandu eu Europe, ne pourrait plus s’éteindre, parce que ces tissus surpassent réellement tous les autres tissus de laine, de soie et de coton , par la finesse et le moelleux réunis à la douceur, à l’élasticité et à la chaleur; que dès-lors la matière première de ces précieux tissus deviendrait plus rare et plus chère, comme cela est arrivé en effet, je vis combien il serait avantageux d’en faire un produit indigène. Depuis plus de dix ans que cette idée m’occupe , je n’ai laissé échapper aucune occasion pour la réaliser.
- Ayant remarqué souvent que, dans les ventes qui m’étaient faites en Russie, on qualifiait de laine de Perse les matières avec lesquelles je faisais mes tissus de cachemire , j’interrogeai plusieurs voyageurs , et je receuillis leurs instructions. L’un d’eux m’assura que, lors de ses expéditions en Asie, le fameux Thamas Koulikan, schah de Perse, avait ramené du Thibet trois cents animaux portant la laine à schalls ; ce voyageur ajouta que ces animaux avaient multiplié dans le royaume de Caboul, le Candahar, la grande Bukarie , et jusque dans la province de Kerman.
- D’après ces données , je conjecturai que si ces animaux, originaires d’un pays dont la température est au-dessous de celle du 42e. degré de latitude et beaucoup plus froide que celle de France, à cause de la hauteur du grand plateau de l’Asie , avaient pu prospérer sous un climat aussi brûlant que celui de la province de Kerman , située sous le 3oe. degré de latitude, il était hors de doute qu’ils pourraient se naturalier facilement en France.
- Pour acquérir la certitude de ces faits, et constater l’existence des ani-
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- maux de la race thibétaine dans ces régions lointaines et difficiles à parcourir, il fallait y aller, et sur-tout s’assurer si les espèces de Perse et du Thibet donnaient les mêmes produits.
- Dans cette vue, je chargeai le capitaine Charles Baudin, parti pour Calcutta, en 1814, d’y acheter, s’il était possible, de la laine du Thibet, vulgairement nommée de Cachemire. En 1815 il en rapporta quelques petits ballots, qui, j’en étais sûr, provenaient directement du Thibet, puisqu’on peut les transporter de ce pays jusqu’à Calcutta plus facilement et à bien moins de frais que si on les tirait du royaume de Caboul, de la Perse ou de la Tartarie indépendante.
- L’examen attentif de ce lainage et la comparaison que j’en fis avec celui dit de Perse confirmèrent mes idées et mes espérances. Je ne doutai plus de la vérité des faits qu’on m’avait annoncés; savoir, que ces animaux avaient multiplié à l’orient comme au nord de la Perse, et s’y étaient croisés avec les races indigènes, parce que je remarquai la même dégradation ou perfection , selon que l’on veut l’entendre , enfin les mêmes différences qu’il y a entre les laines pures d’Espagne et les laines mérinos croisées de France et de Saxe, c’est-à-dire que les premières ont plus de force et d’élasticité , et la corne plus raccourcie que ces dernières, qui ont le tube plus allongé, plus plat et plus fin.
- Je vis dès-lors qu’il serait possible ( sans aller chercher ces animaux, non pas au Cachemire, où il n’y en a point, mais au Thibet ) de s’en procurer dans un pays beaucoup plus rapproché, qui rempliraient le même but, et dont la race produirait les mêmes résultats. Les membres de la Société pourront s’en convaincre, en examinant avec attention le schali que j’ai l’honneur de leur présenter, et que j’affirme avoir été fabriqué avec de la laine dite de Perse, pareille à l’échantillon que je mets sous leurs yeux, pour le comparer avec le lainage provenant du Thibet, acheté à Calcutta, et dont je viens de parler.
- Au surplus, il ne suffisait pas d’avoir la certitude , ou du moins l’espoir de ne pas être obligé d’aller au Thibet chercher des animaux, qu’a-près un long voyage , le Deba de Gorlhook pourrait refuser de laisser sortir de ses Etats ; il fallait trouver encore un de ces hommes rares et précieux qui, par leur courage et leur habileté, savent triompher de tous les obstacles; qui ont, avec une volonté ferme et persévérante, le désir, comme le talent, de servir leur patrie ; il fallait que, par la connaissance de toutes les langues orientales et l’habitude des voyages longs, périlleux et difficiles, cet homme pût réussir dans une pareille entreprise. Te rencontrai l’assemblage de tant de qualités distinguées dans la personne
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- de M, Amêdèe Jaubert. Nous nous entendîmes du premier mot : mais ce n’était pas tout encore; il fallait de plus rencontrer un Ministre capable d’apprécier le mérite d’une telle importation, et d’associer le Gouvernement à une entreprise éminemment utile, mais au-dessus des forces de simples particuliers; il fallait cpie ce Ministre eût tout-à-la-fois la volonté et le pouvoir de la faire réussir, et aucun autre ne le pouvait peut-être mieux que M. le duc de Richelieu. La haute considération qu’il s’est justement acquise dans les provinces méridionales de la Russie, sa puissante intervention auprès des Ministres de S. M. l’Empereur de Russie, étaient d’indispensables auxiliaires. Ses recommandations furent accueillies non-seulement comme devaient l’être celles du premier ministre du Roi de France, mais encore comme si tous les Russes s’étaient chargés de payer la dette de la reconnaissance pour les bienfaits dont M. de Richelieu a comblé la ville d’Odessa, par son administration éclairée et paternelle. J’aime à le dire, Messieurs, ainsi que M. Jaubert, on ne saurait proclamer assez hautement la bonté protectrice avec laquelle ce savant a été secondé par toutes les autorités russes. Certes, à cette innocente entreprise eût été attachée la prospérité de la Russie, elle ne pouvait être plus favorisée; elle le fut sur-tout d’une manière toute particulière par M. le général Yermoloff\ homme aussi éclairé que généreux ; c’est avec son appui que M. Jauberl a pu surmonter tous les obstacles qu’il avait à vaincre.
- Après être resté plusieurs mois sans nouvelles de ce dernier, parce que, de toutes les lettres qu’il m’écrivait d’Asie, aucune ne m’était parvenue, j’appris enfin, par une missive qu’il m’adressa dans le mois de novembre dernier, qu’il était arrivé sur le Wolga, avec un troupeau, dont sans doute ses lettres égarées m’indiquaient l’origine et la force numérique. Je n’en connus l’importance qu’avec le public, par un article inséré dans les journaux, sous la rubrique de Marienpoll, et que j’appris avoir été copié des gazettes étrangères. C’est ainsi que le secret que nous avions cru devoir garder sur cette entreprise, par plusieurs considérations, fut divulgué.
- Depuis lors, ce que j’ai recueilli par la correspondance de M. Jaubert me fait connaître qu’il avait dû abandonner deux cents de ces animaux dans les Steppes de l’Oural ; qu’en outre il avait traîné avec lui dix-sept voitures chargées de bêtes malades; que ce qui lui faisait le plus de peine, c’était les avortemens, occasionnés par les fatigues et par un froid de 18 à 22 degrés que son troupeau éprouvait; qu’enfin, après avoir bravé la faim, la soif et les loups du désert, à travers des peuplades demi-civi-
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- lisées, et exécuté un long voyage par terre, il ne lui restait plus que les difficultés de la mer à surmonter, et qu’il venait d’embarquer cinq cent soixante-huit individus, dont deux cent quarante de race pure, trois cents de race croisée, six moutons de Bukarie à laine commune, huit jeunes chevreaux, dont deux nés à bord, sept jeunes mères et sept boucs.
- Il m’annonce que lorsque ces animaux seront arrivés en France, 1! faudra prendre des soins extrêmes des boucs; que de là dépendent et l’espérance d’avoir de belles espèces, et le succès de ce qui fait le principal objet de son voyage; que ces animaux, qui sont vigoureux, mais délicats, n’ont ni les formes ni l’odeur repoussante de ceux d’Europe ; qu’ils ont la faculté de féconder cinquante femelles dans une année, et que, sous ce rapport, ils sont d’une très-grande valeur; que, quant aux chèvres, il est impossible de trouver des animaux plus dociles, plus courageux plus faciles à conduire et à nourrir ; mais qu’ils redoutent le froid, la malpropreté et le manque de nourriture. Par ses précédentes lettres, il m’informe qu’il était parvenu à les nourrir avec du foin et de l’avoine, et qu’il paraissait que toute espèce de pâturage leur convenait. Il ajoute qu’il a été obligé de faire bien des courses pénibles dans une saison rigoureuse, et que les dépenses ont été infiniment plus considérables qu’il ne s’y attendait, indépendamment des frais de l’embarquement, qui a exigé la location de beaucoup d’hommes, de buffles, de bœufs, de chevaux et de chameaux, pour transporter les approvisionnemens et les bois nécessaires pour les séparations, cloisons, mangeoires, etc. Enfin il me marque, le 27 janvier, qu’il a fait lever l’ancre du navire le Saint-Nicolas, dans le port de Théodosie, ou Raffa, en Crimée, et qu’après une relâche indispensable à Constantinople, il espère arriver bientôt à Toulon ou à Marseille.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née Vallat la Chapelle) rue de PÉperon-Saint-André-des-Arts , n°. 7*
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- DIX-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CLXX’VI.) FEVRIER l8ig.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M> Pajot Descharmes 9 au nom du Comité des arts mécaniques} sur un métier pour la fabrication des tuyaux sans couture ? inventé par M. Serre ? sous-préfet à Embrun ( Hautes-Alpes ).
- Messieurs, votre Comité des arts mécaniques, en vous faisant connaître le résultat de son examen des tuyaux sans couture envoyés au concours ouvert pour le prix que vous avez proposé relativement à la fabrication de c^s sortes de tuyaux, vous annonça que le modèle d’un métier propre à ce genre de fabrication, adressé par le concurrent, enregistré sous le n°. 4 ? avec la devise : Cest du besoin qu est née l’industrie, avait fixé particulièrement son attention, et qu’il s’était réservé de vous communiquer plus tard l’opinion qu’il en aurait conçue (i).
- Votre Comité vient aujourd’hui s’acquitter du devoir qu’il s’est imposé. Après avoir pris connaissance de la composition et du jeu de ce métier , ainsi que du mémoire descriptif qui l’accompagnait, nous avons remarqué que, s’il est plus compliqué que celui de M. Brisson, généralement employé pour les toiles et les tuyaux sans couture, soit par la disposition et le nombre de ses lisses et peignes, soit par la nécessité d’un aide pour les faire jouer, soit en outre par le temps perdu pour enlever de dessus son moule la partie de tuyau déjà confectionnée, et pour la remplacer par celle de la chaîne qui doit y êtré tissée, ce même métier a le grand avantage d’exiger peu d’emplacement, à'être
- (t) Voyez Bulletin de septembre 1818, page 272. Dix-huitième année. Février 1819.
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- portatif, facile à manœuvrer, peu coûteux, par conséquent à la portée de la classe des ouvriers peu aisés et du sexe le plus faible : en effet, des femmes peuvent y être employées pour le tissage, et de jeunes en-fàns pour le jeu des lisses et des peignes.
- A l’égard de la qualité des tissus, quoique ceux fabriqués avec ce métier soient susceptibles d’ètre bien confectionnés, lorsque l’ouvrier y apporte toute l’attention convenable, il est vrai de dire qu’il est fort à craindre que les tuyaux qui en proviennent ne soient pas toujours ce qu’ils devraient être, attendu l’emploi du couteau , qui tient ici lieu de la chasse et du battant des métiers ordinaires, à peu près comme dans la fabrication des sangles. La main qui frappe chaque duite ne pouvant en opérer la pression d’une manière aussi constante et aussi uniforme qu’avec le battant , sur-tout lorsque l’ouverture du tuyau arrive au point où son agrandissement, produit par la trop grande divergence des fils de chaîne, force l’ouvrier de dégager de dessus son moule la partie fabriquée, et de descendre une nouvelle longueur de chaîne pour être façonnée, il s’ensuit que ces sortes de reprises doivent souvent se ressentir de ce défaut du métier et du manque de soin de l’ouvrier : d’où résulte une fabrication peu régulière en ce qui concerne le serré de la trame et l’égalité du diamètre du tuyau. L’expérience a malheureusement justifié cette observation , puisque les tuyaux adressés par l’auteur n’ont pu contenir l’eau.
- Si cependant nous faisons abstraction de cette régularité qu’exige impérieusement le tissu destiné à former des tuyaux propres au service des pompes à incendies; s’il n’est question que de tissus qui n’ont pas besoin d’être aussi serrés, et à la fabrication desquels se prête le même métier, nous voyons qu’il peut être employé utilement pour des sacs ordinaires de toute dimension, pour des sacoches, des blutoirs à l’instar de ceux d’Angleterre, des étuis de parapluie, etc. Outre que ces différens produits seront susceptibles d’être exécutés en fil de lin, chanvre, laine, coton et soie, ils auront l’avantage particulier de ne point offrir les deux espèces de côtes que l’on remarque toujours dans les métiers Brisson, ou ceux analogues, et qui nuisent singulièrement, soit à leur souplesse, soit à la régularité de leur forme.
- Quoi qu’il en soit, les observations que nous avons cru devoir faire sur les défauts de ce métier, considéré dans son application aux tuyaux sans couture destinés au service des pompes à incendies, ne peuvent détruire les avantages qu’il offre dans son emploi pour des tissus d’une contexture plus lâche, tels que ceux qui ont été indiqués.
- Ko us pensons, en conséquence, qu’il ne peut qu’être utile de faire
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- connaître ce nouveau métier par la voie du Bulletin de la Société, en y insérant la description exacte et détaillée qu’en a fournie l’inventeur, et en l’accompagnant des dessins convenables. jldopté en séance, le 18 novembre 1818.
- Signé Pajot Descharmes, rapporteur.
- Description du métier à fabriquer les tuyaux sans couture, par M. Serre.
- Ce métier se compose d’une traverse ou axe, de trois rondelles ou plates-formes et de seize peignes ou lisses.
- i°. La traverse ou axe A, fig. i et 2, Pl. 171, de 6 pieds de long sur 2 pouces d’équarrissage,8 est destiné à servir de moule ou de mandrin au tuyau; son extrémité antérieure, qui est arrondie sur une longueur de 12 à i5 pouces, se termine en cul-de-lampe, pour faciliter la ligature de la portion du tuyau déjà achevée; l’autre extrémité porte un collet qui s’engage dans l’échancrure du montant B du bâtis ; un chapiteau saillant, dont il est surmonté, sert à retenir le métier sur un plan incliné. La partie de l’axe comprise entre la plate-forme centrale et son collet est percée, de part en part, de sept à huit trous a a, espacés également; ils correspondent à ceux des règles b b de la plate-forme mobile, laquelle est fixée au moyen d’uue cheville c, qui traverse l’axe et les règles.
- 20. Chacune des trois plates-formes est percée, dans son centre, d’une ouverture carrée, qui donne passage à l’axe du métier. Celle centrale C est assujettie par deux clavettes, à environ 5 pieds de l’extrémité antérieure de l’axe ; elle est perforée sur une ligne circulaire tracée de 4 ou. 5 centimètres de sa circonférence, de quatre-vingt-seize trous, qui donnent passage à un nombre double de fils de chaîne ; elle porte en outre huit liteaux DD, fixés sur son bord extérieur en forme de couronne. Dans l’extrémité libre de ces liteaux s’engagent les manches ou queues des peignes.
- La plate-forme E, qui avance ou recule, selon le besoin de l’ouvrier, sur la partie de l’axe comprise entre son collet postérieur et la plateforme C, est munie de deux règles b b, qu’on assujettit sur l’axe par une cheville c passant dans deux trous correspondant à ceux a a. Elle est percée, dans sa circonférence, de huit trous espacés également et assez grands pour recevoir le huitième des fils de la chaîne du tuyau, c’est-à-dire tous ceux correspondant aux deux peignes de chaque liteau. Des clefs ou chevilles d d sont destinées à maintenir les fils de chaîne qui traversent ces trous, dès que l’ouvrier les a timbrés.
- La troisième plate-forme F, fig. 2, doit servir d’appui aux peignes, dans le moment où l’ouvrier est obligé de sortir du mandrin la partie
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- du tuyau qu’il vient de tisser, sans quoi la moindre inégalité des fils de chaîne venant à s’accrocher aux mailles des peignes, ferait ployer leurs manches et dérangerait nécessairement l’ordonnance de la chaîne, qui doit toujours rester uniformément tendue.
- 3°. Les peignes ou lisses, au nombre de seize, sont composés d’un corps G ( voyez fig. 4 et 5 ) et d’un manche H. Le corps est fait avec douze fils de fer contournés en spirale dans leur milieu , pour former une maille e, qui donne passage à un des fils de la chaîne, si l’on suit le procédé de fabrication usité en Angleterre, ou à deux si l’on emploie celui qui se pratique en Allemagne. Ces fils de fer, qui sont soudés entre deux lames de fer-blanc f, sur des lignes parallèles et à distance égale l’un de l’autre, se développent sur une ligne courbe formant un huitième de cercle, de telle sorte que les mailles des huit peignes mis en place décrivent la circonférence entière.
- Les seize peignes sont disposés circulairement sur deux rangs, afin que les mailles du premier rang correspondent au milieu de Fentre-deux des mailles du second, et vice versa.
- Les manches des peignes sont de longueur inégale; ceux du premier rang sont de quelques pouces plus courts que ceux du second, et cela pour faciliter la manoeuvre. Ils sont engagés l’un et l’autre dans les trous pratiqués aux extrémités des liteaux de la plate-forme centrale C.
- Le métier repose dans une position inclinée par ses deux extrémités sur les montans B et I, unis ensemble par la traverse R.
- Les moyens nécessaires pour la fabrication consistent en une navette L, semblable à celles dont se servent les faiseurs de réseaux et de filet, et en une batte M, analogue aux couteaux de buis nommés déchire-feuiliets.
- Explication des fig. i, 2,3, 4 et 5 de la EL 171.
- Fig. 1 , Elévation latérale du métier monté sur ses supports et garni des fils de chaîne.
- Fig. 2, Vue en dessus; les fils de chaîne sont coupés à la naissance de la plate-forme F, pour faire voir la disposition des peignes.
- Fig. 3, Plan de la plate-forme C et des liteaux D. On 11’y voit qu’un seul peigne, les autres étant enlevés pour mieux distinguer les diverses parties de la figure.
- Fig. 4, Vue en dessus de deux peignes, montrant la manière dont ils sont placés l’un sur l’autre sur le métier.
- Fig. 5, Les mêmes peignes vus par leur tranche.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
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- À, l’axe du métier, sur lequel sont montées les plates-formes ; B, montant de derrière du bâtis; C, plate-forme centrale et fixe ;DD, les huit liteaux montés sur cette plate-forme, et fixés autour, à des distances égales l’un de l’autre ; E, plate-forme postérieure et mobile; F, autre plate-forme servant d’appui aux peignes ; G, corps des peignes ou lisses ; H , tiges ou queues des mêmes ; I, montant antérieur du bâtis ; R , traverse réunissant les deux montans ; L, navette; M, batte ou couteau de bois; JS", tuyau monté sur le métier.
- aaa, Trous pratiqués à travers l’axe à des distances égales, pour assujettir la plate-forme E; bb, les deux règles de cette plate-forme; c, cheville destinée à les fixer sur l’axe ; dd, clefs pour retenir les fils de chaîne dans les trous de la plate-forme mobile ; e e, les mailles des peignes ; ff lames de fer-blanc dans lesquelles sont soudés les fils de fer qui forment les peignes.
- Procédés de fabrication.
- La chaîne du tuyau, étant montée et nouée sur le métier, se divise en huit parties égales, sauf la première, qui doit être moindre d’un fil, par la raison qu’on a remarqué que la transition d’une révolution de tissu sur celle qui précède, s’opérant trop subitement, produisait un bourrelet qui nuisait à la régularité de la fabrication, et rendait d’ailleurs le tissu défectueux.
- Chaque portée se compose de vingt-quatre fils, à l’exception de la première, qui n’en a que vingt-trois; ces fils s’engagent alternativement ; savoir, le premier de la première portée dans la deuxième maille du premier peigne du premier rang ; le second dans la première maille du premier peigne du second rang ; le troisième fil dans la deuxième maille du premier peigne, et ainsi de suite pour la totalité : d’où il résulte que la première maille du premier peigne ne reçoit aucun fil.
- Les fils des autres portées étant tous au nombre de vingt-quatre, s’engagent dans les mailles des peignes comme ceux de la première portée, c’est-à-dire le premier dans la première maille du premier peigne, le deuxième dans la première du second , et ainsi des autres.
- On les passe ensuite dans le même ordre, et deux à deux, dans les douze trous correspondais de la plate-forme centrale, et on les réunit en faisceaux qui traversent les trous de la plate-forme mobile E, laquelle doit être fixée en ce moment à l’extrémité de l’axe, au moyen de la cheville c.
- Les huit portées de la chaîne étant ainsi engagées dans les mailles et les plates-formes, le tisserand et son aide attachent l’une de leurs extrémités
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- autour du mandrin, ayant soin de placer les fils à côté l’un de l’autre, et dans l’ordre de leur arrangement primitif. L’autre extrémité est repliée sur elle-même et attachée. En faisant entrer ensuite les clefs ou chevilles dans les trous de la plate-forme mobile, les faisceaux se trouvent assujettis, ce qui permet à l’ouvrier de les timbrer ; sans cette précaution, les fils de chaîne seraient presque toujours inégalement teiidus, d’où résulterait un tissu défectueux.
- Tout étant ainsi préparé et le métier établi sur ses supports, l’ouvrier se place en face du métier, ayant son aide ou tireur de peignes à droite , vis-à-vis l’extrémité des liteaux de la plate-forme centrale.
- A un signal convenu , cet aide tire de bas en haut le peigne du premier rang, ce qui élève à-la-fois onze fds de la chaîne à 3 centimètres au-dessus des douze qui traversent les mailles des peignes du second rang de la même portée. Aussitôt le tisserand engage sa batte de droite à gauche entre les fils soulevés et ceux qui restent immobiles; ce qui lui facilite le passage de sa navette par la même voie.
- Le fil de trame étant ainsi passé entre les vingt-trois fils de la chaîne, est descendu jusqu’au bout du mandrin à l’aide de la partie tranchante de la batte.
- Cette opération terminée , l’aide fait tourner le métier de gauche à droite pour amener les peignes de la seconde portée; il tire celui du premier rang, et le tisserand répète sa manœuvre, ayant soin de serrer fortement le fil de trame.
- La même opération se renouvelle pour chaque portée, jusqu’à ce que le métier ait achevé son mouvement de rotation, c’est-à-dire après avoir successivement tiré les peignes du premier rang et passé la navette entre les huit portées.
- Alors commence une autre révolution, qui se continue de la même manière et dans le même ordre sur les peignes du deuxième rang, que l’aide tire comme ceux du premier rang, et ainsi alternativement à chaque révolution.
- On conçoit que la maille du tissu ainsi fabriqué est semblable à celle de la toile, avec la différence que le fil de trame, au lieu d’aller et venir par le même chemin , marche toujours en avant et se développe en spirale autour du moule.
- Pour que ce tissu soit d’une contexture uniforme, il est indispensable que l’ouvrier serre également son fil de trame autour du mandrin, sans quoi le diamètre du tuyau serait tantôt plus large , tantôt plus étroit, parce que la chaîne , étant disposée en forme de cône, tend continuellement à augmenter ce diamètre.
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- Cependant, à mesure que le travail avance, l’ouvrier arrive au point où il ne peut plus conserver l’uniformité du tissu, et par conséquent celle du diamètre. Alors, il ordonne à son aide de rapprocher la plate-forme mobile E de celle centrale C, jusqu’à la rencontre du trou qui suit immédiatement celui où elle était primitivement fixée; il l’assujettit à ce point avee la cheville , et la chaîne, étant ainsi relâchée, permet au tisserand de sortir du mandrin le bout du tuyau qu’il vient de fabriquer, pour l’attacher autour du tourillon, ayant soin que les fils soient également tendus.
- Il est inutile d’observer que cette manœuvre se répète chaque fois qu’il est nécessaire, et tant que la plate-forme mobile a d’espace à parcourir ; mais quand celle-ci est au bout de sa course, il faut d’abord tirer les chevilles dd, déployer ensuite de chacune des huit portées un mètre environ de chaîne, et ramener la plate-forme au point de départ, c’est-à-dire à 1 extrémité postérieure de l’axe ; après quoi, on timbre exactement toutes les portées, on replace les chevilles pour assujettir le tout, et l’on reprend le cours du travail.
- Ce métier, qui ne coûte que 20 francs, et au moyen duquel un ouvrier peut faire 5 pieds de tuyau par jour, est propre à la fabrication de tuyaux de toute longueur et grosseur, en augmentant le diamètre de ses plates-formes, de son axe, le nombre de ses portées, et par conséquent de ses fils de chaîne.
- Des c ri p t 1 on de nouvelles poulies mouflèes en cuivre ? à rouets concentriques, à dusage de la marine, inventées par JM. Shuldham, lieutenant de vaisseau.
- La Société d’Encouragement de Londres a examiné le nouveau système de poulies que lui a présenté M. Shuldham, et après en avoir reconnu les avantages pour le service de la marine, elle a décerné à l’auteur une médaille d’or.
- Ces poulies, toutes à rouets concentriques, sont en fer, en bois et en cuivre ; les dernières, comme les plus simples et les plus solides , méritent une mention particulière.
- Le perfectionnement de M. Shuldham consiste : i°. à fixer l’axe de la poulie dans le corps des rouets , et à loger ses deux bouts dans la caisse, où iis se riieiivent librement sur des collets ajustés pour cet effet, tandis que dans les poulies ordinaires le rouet tourne sur l’axe ; 20. à placer sous chaque tourillon un galet en fonte de fer, qui tourne en meme temps que lui, et qui sert à diminuer le frottement ; 5°. à em-
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- ployer une poulie d’une seule pièce, à plusieurs gorges concentriques, et à la combiner de telle sorte qu’elle puisse recevoir deux cordes séparées au lieu d’une seule , d’où résultera plus de facilité dans la manœuvre et moins de frottement de la corde à laquelle la puissance est appliquée; ces cordes, agissant directement sur le centre de la poulie, seront toujours tendues , et comme elles sont minces et flexibles , elles entreront mieux dans les gorges, quelles nç pourront plus quitter; 4°- à proportionner les diamètres des poulies à la quantité de corde qui les entoure.
- La fig. 6 de la Pl. 171 est une élévation vue de face du système de poulies en cuivre, à rouets concentriques, réunies à une poulie double ordinaire; les fig. 7 et 8 représentent la coupe de ces mêmes poulies.
- A A, Caisse de la poulie supérieure, suspendue par le crochet B; C, système de rouets concentriques d’une seule pièce, tournant sur les tourillons D D ; ils sont recouverts à moitié par la caisse A ; E, rouets inférieurs, semblables aux précédens, mais de diamètres différens, emboîtés en partie dans une coquille dont les deux flasques sont réunies par les vis F F F ; ces rouets n’ont que juste l’espace nécessaire pour tourner dans la coquille , afin que la corde, en se relâchant, ne puisse pas passer d’une gorge sur l’autre; GG; pièces de cuivre fixées par deux vis sur chaque flasque de la coquille; elles sont traversées par une vis en acier trempé H, qui, en appuyant contre l’extrémité convexe du tourillon, l’empêche de ballotter sans néanmoins interdire son mouvement. Dans cette poulie, l’auteur a supprimé les galets de frottement, qu’il adapte à celles en fer et en bois. U11 poids I, de 16 livres, suspendu à la caisse inférieure par le crochet R, est contre-balancé par un autre poids L d’une livre seulement , retenu par les deux cordes M M passant sur le double rouet N de la poulie O.
- Pour garnir cette nouvelle poulie, on attache d’abord les deux cordes à la caisse supérieure A , aux endroits marqués W, fig. 7 ; on les passe ensuite sur les rouets extérieurs qui sont les plus petits de la poulie E, puis sur ces mêmes rouets de la poulie supérieure ; on répète cette opération successivement pour les autres rouets , jusqu’à ce qu’on soit arrivé à celui Q, fig. 6, qui est le plus grand , d’où l’on conduit les cordes sur le rouet double N, pour y attacher le poids L, qui représente ici la puissance. Les cordes , étant ainsi doublées et agissant séparément sur chaque côté de la poulie , tendront à la maintenir constamment droite. L’auteur assure que le frottement réuni de deux cordes isolées est bien moindre que celui d’une seule corde du double de leur grosseur. U ajoute que le diamètre des gorges doit être tracé du centre de la corde quand
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- elle embrasse le rouet, ce qui la fera entrer juste dans cette gorge et empêchera qu’elle ne ballotte lorsqu’elle est relâchée.
- Les diamètres des gorges d’un centre à l’autre de la corde doivent être entre eux dans la proportion suivante; savoir, pour la poulie inférieure, i,5, 5, 7, 9, ii, l3 et i5, et pour la poulie supérieure, 2 , 4? 6,8, 10, 12 et 14 (1).
- R apport fait par M. Francœur , au nom du Comité des arts mécaniques y sur des instrumens de gnomonique présentés à la Société par MM. Champion et de Simencourt.
- Messieurs, deux personnes présentent à votre approbation des instrumens de gnomonique qui n’offrent rien de nouveau sous le rapport de l’invention, mais qui réunissent des avantages sous celui de l’utilité et de l’exécution. Lorsqu’on considère qu’il est rare d’avoir l’heure à~ peu-près exacte dans la plupart des villages de France, où le soin de régler l’horloge, quand il en existe une, est abandonné à quelque artisan grossier, et où aucun procédé n’est employé pour rectifier les erreurs dune estimation incertaine, 011 reconnaît combien sont utiles les entreprises qui peuvent, à peu de frais, remédier à ces inconvéniens. La Société d’Encourageinent n’a pas uniquement pour but de proclamer les inventions nouvelles; elle donne aussi son approbation aux objets d’art dont rexécution est soignée et dont l’utilité est reconnue. C’est sous ce point de vue que votre Comité des arts mécaniques a examiné les instrumens qui vous sont présentés, et vous propose de les honorer de votre suffrage.
- M. Champion, ingénieur-géographe, se borne à donner avec précision l’heure de midi ; mais il la donne dans tous les lieux de la terre.
- (1) Nous croyons devoir donner ici, pour l’intelligence de cette construction, une courte démonstration du principe sur lequel elle est fondée. Si l’on suppose que les poulies successives qui reçoivent la corde sont de meme diamètre, il s’ensuivra que la première faisant un tour, la seconde en fera deux, la troisième trois, etc. Mais elles ne feraient toutes que le même nombre de tours, si leur circonférence, comptée du centre de ia corde , suivait la même progression, et c’est précisément ce qui a lieu dans celles de M. Shuldham. En effet, le diamètre du premier rouet, plus celui de la corde, étant pris pour unité, le même diamètre devient double pour le second rouet, triple poulie troisième, et ainsi de suite jusqu’au dernier rouet, duquel la corde s’échappe pour recevoir l’application de la puissance motrice. D’après cette observation, l’auteur a conclu avec raison que les rouets, faisant exactement le même nombre de tours, ils pouvaient etre réunis et ne former qu’une seule pièce tournant sur un même axe. il est à remarquer cependant que la plus grande exactitude est nécessaire dans la détermination des diamètres successifs , sans quoi il y aurait glissement de la corde dans les gorges des rouets; il faut aussi , lorsqu’on renouvelle la corde , avoir soin qu’elle soit précisément de la même grosseur que celle qu’elle remplace. (Note du Rédacteur.)
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- Son orientateur est un instrument très - commode, fondé sur la théorie des hauteurs correspondantes. Une expérience suffit pour donner, avec cet appareil, le midi vrai chaque jour de l’année, par-tout où on voudra la tenter. Une fois cette heure connue avec précision, on a un second instrument composé d’un plan vertical, en avant duquel est fixée une plaque percée ; on le dispose sur une muraille éclairée du soleil méridien : par le trou de cette plaque passe un rayon solaire qui va se peindre sur le plan ; un fil à plomb, qui y est suspendu, se place aisément de manière à couper l’image par moitié à l’heure du midi vrai, et on est assuré que chaque jour, à cette même heure, le centre du disque solaire ira se peindre sur quelque point du fil à plomb ainsi fixé.
- M. Champion a en outre construit un cadran, qui donne, pour chaque jour de l’année, la différence du temps vrai au temps moyen, afin de pouvoir régler les horloges. Ce cadran tient lieu de la table d’équations qu’on trouve dans divers ouvrages, et particulièrement dans Y Annuaire du Bureau des longitudes.
- Ces trois instrumens sont utiles; mais Xorientateur suffira toujours pour donner l’heure du midi vrai. Nous vous proposons d’accorder votre approbation à cet utile appareil (i).
- M. de Simencourt n’offre pas au public, comme M. Champion, un instrument qu’on puisse employer dans tous les lieux ; le sien ne peut servir que pour la latitude pour laquelle il est fait ; mais il en construit pour toutes les latitudes qu’on lui désigne. Les cadrans de M. de Simencourt ont cet avantage sur les précédens, qu’outre le midi vrai et même le midi moyen, ils indiquent encore les heures du matin et du soir. Ces cadrans sont composés avec soin ; on les emploie commodément à toutes les expositions; le même cadran peut se transporter successivement en divers endroits de la maison, en l’orientant convenablement une fois pour toutes, et cette opération n’offre que de très-légères difficultés. Au reste, Xorientateur de M. Champion pourrait être employé à cet usage.
- M. de Simencourt a imaginé de construire des cadrans gravés sur la pierre, dans de grandes dimensions ; on peut les placer sur tous les édifices publics ou particuliers, de manière à donner l’heure avec la plus grande facilité. Les personnes qui ont été conduites à faire exécuter de semblables cadrans ont pu reconnaître qu’outre que l’exécution en est souvent défectueuse, la dépense en est assez grande. M. de Simencourt a donc rendu un véritable service au public en remplissant le double
- (i) M. Champion demeure rue du Marché Saint-Honoré ? n°. 11. Le prix de chacun de ses instrumens est de 5 francs.
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- but d’une exécution rigoureuse et d’une dépense beaucoup moindre. Sans de grands frais, il sera permis de décorer le mur extérieur d’une église ou d’un bâtiment quelconque, par un cadran propre à donner l’heure très-exacte, toutes les fois que le soleil luira (i). ^
- Nous vous proposons, Messieurs, d’accorder votre approbation aux cadrans de M. de Simencourt, comme étant d’un usage commode et d’une exécution soignée.
- Adopté en séance, le 21 octobre 1818. Signé Francoeur , rapporteur.
- Note sur la fabrication mécanique des cardes à coton.
- On sait que les cardes à coton sont des brosses métalliques dont sont garnis , sur toute leur surface, les gros cylindres entre lesquels le coton brut est divisé, égalisé et graduellement peigné par l’effet de leur mouvement rotatoire, qui, combiné avec l’action des brosses qui le détachent, donne finalement au coton la forme d’un cylindre , ou boudin léger et demi-transparent, prêt à entrer dans les appareils à tordre, qui le convertissent en fil au degré de finesse requis. La perfection de ce fil dépend essentiellement de celle de l’opération préliminaire de la carde.
- Ces cardes sont de divers degrés de finesse. Celles qu’on voit dans les ateliers de M. Dyers, à Manchester, renferment jusqu’à sept cent vingt-neuf fils ou pointes au pouce carré ; chacune de ces pointes a 4 lignes de longueur en y comprenant l’épaisseur de la lanière de cuir au travers de laquelle elles sont plantées, toujours deux à deux, parce que le fil de métal dont elles sont faites ayant été doublement recourbé sous la forme de la lettre U, chaque longueur de ce fil a fourni deux pointes, qui sont boulies ensemble dans deux trous préparés dans le cuir pour les recevoir. Ensuite ces pointes sont un peu courbées vers le milieu de leur longueur , pour y recevoir une légère inclinaison dans le sens où elles doivent agir comme brosses.
- Il existe depuis assez long-temps des appareils plus ou moins commodes et ingénieux pour préparer et courber ces fils, et pour percer les cuirs qui
- (1) M. de Simencourt demeure rue du Faubourg Saint-Denis, n°. 41 2* Voici les prix de ses instrumens.
- Cadrans horizontaux d’un pied carré, gravés sur cuivre, 4o à So francs; gravés sur zinc, 25 francs. —Idem, de 8 pouces carrés, sans méridienne du temps moyen, sur cuivre, i5 francs, et sur zinc, îo francs.
- Cadrans verticaux d’un pied sur 8 pouces , gravés sur cuivre, à deux cadrans opposés, de 55 francs à ioo francs. —Idem, sur tôle peinte, 20 francs. —Idem, gravés sur cimre, à un seul cadran, 4 5 francs à 80 francs. —Idem, gravés sur pierre, de 4 pieds sur 32 pouces, 60 francs.
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- doivent les recevoir ; mais une action lente et délicate de la main était toujours nécessaire pour les convertir en cardes.
- Une machine a été imaginée par M. Dyers , pour remplir cet objet. Deux vastes ateliers, situés l’un au-dessus de l’autre, contiennent chacun trente machines à faire les cardes, toutes mues par une seule machine à vapeur (le la force de dix chevaux ; cette puissance , outre les soixante appareils qu’elle met en jeu, outre Faction des filières qui tirent le fil, outre ! s préparation des bandes de cuir qui exigent les précautions les plus rigoureuses pour une parfaite égalité d’épaisseur; cette meme machine, disons-nous, a encore beaucoup de force de reste; le propriétaire loue cet excédant à ses voisins, au moyen d’arbres horizontaux, qui partent de chez lui et vont tourner chez eux au profit de telle ou telle industrie oarticulière.
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- En entrant dans l’atelier de M. Dyers, on est un peu étourdi du bruit de trente appareils qui travaillent à la-fois , et dont chacun fabrique une carde; aucun être humain ne s’en mêle; deux jeunes filles vont et viennent les bras croisés, examinant si quelqu’un des dévidoirs qui fournissent le fil de fer à chaque machine, n’est point près d’être vide: alors elles en substituent un plein ; c’est là tout leur travail, et il n’exige ni apprentissage , ni adresse, ni position sédentaire nuisible à la santé.
- Chaque machine, vue à distance, ressemble un peu à un métier à bas, par la forme générale et par le cliquetis des pièces en action ; mais ces pièces sont ici plus nombreuses, et le mouvement bien autrement rapide et continu que celui du métier à bas. Voici la suite des opérations que la machine exécute.
- D’une part, la bande de cuir plus ou moins large qui doit recevoir les pointes de la carde, est tendue soit verticalement, soit horizontalement , son plan faisant face à la machine ; et cette bande est mise en mouvement ou de bas en haut, ou de droite à gauche, au degré précis de vitesse, ou plutôt de lenteur, pour qu’elle reçoive régulièrement les pointes que la machine prépare et met eu place.
- D’autre part, le dévidoir, à côté de l’appareil, fournit le fil dont ces pointes vont être composées par la suite d’actions différentes que voici, les unes successives, les autres simultanées.
- i°. Une pince qui tient le fil de fer vers son extrémité, l’amène latéralement d’une quantité suffisante pour que, lorsqu’un ciseau le coupera, le bout soit de la longueur convenable à la double pointe qu’il doit faire îorqu’il aura été recourbé en forme de la lettre U.
- 2°. La machine saisit ce bout et lui donne, en un clin d’œil, la cour-
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- bure en retour d’équerre, c’est-à-dire anguleuse et non arrondie, qui rend les deux pointes parfaitement égales et parallèles, et prêtes à entrer ensemble dans le cuir, de toute leur longueur.
- 3°. pendant que ce qui précède s’est opéré , un stylet à deux pointes très-fines, distantes l’une de l’autre d’un intervalle égal a celui des deux pointes, a été poussé contre le cuir, et y a fait de part en part deux trous de la grosseur et à la distance convenables pour recevoir les deux pointes à-la-fois , lorsqu’elles y seront poussées par la machine.
- 4°. Ces deux pointes sont mises en place dans le cuir de manière que le fond de l'U reste d’un côté, et que les deux pointes fassent de l’autre côté du cuir la saillie nécessaire à l’épaisseur que doit avoir la carde.
- 5°. Ces deux pointes reçoivent ensemble un léger coude vers le milieu de leur longueur, afin que leur seconde moitié présente le degré d’inclinaison trouvé convenable à la meilleure action de la carde.
- Une suite d’effets aussi variés et exécutés avec une précision qu’on peut dire absolue, serait déjà un beau résultat mécanique, quand on accorderait à la machine le temps que mettrait une main habile à les produire ; mais ce qui rend ce résultat véritablement admirable, c’est son inconcevable promptitude, jointe à l’extrême justesse des effets. La machine fabrique et met en place cent soixante de ces doubles pointes, c’est-à-dire trois cent vingt simples dans une minute; et comme quelques-uns de ces appareils portent le mécanisme à double et font deux cardes à-la-fois, en travaillant tout aussi vite que les simples, ceux-ci fabriquent et placent six cent quarante pointes par minute, c’est-à-dire plus de dix par seconde de temps, et l’ouvrage est parfait.
- Le second atelier renferme trente machines semblables, et les soixante convertissent, chaque jour, en cardes une longueur de 5o milles anglais ( environ 17 lieues ) de fil de fer. Il semble qu’il y aurait là de qu<ji fournir de cardes toute l’Angleterre. Mais M. Dyers assure qu’il peut à peine suffire à la consommation de la seule ville de Manchester. Chacun des appareils ne coûte pas 100 livres sterling à établir.
- La machine pique à volonté le cuir dans divers systèmes, tantôt en rangées perpendiculaires à sa .longueur, tantôt selon des directions obliques en façon de triège.
- Dans l’atelier où le fil se tire, les engrenages qui font agir, les pièces à tirer sont construits d’après les principes de White; c’est-à-dire que la direction des faces des dents, taillées en hélice , est oblique à l’axe de rotation sans cesser de rayonner du centre ; cette disposition fait que l’engrenage de chaque dent a lieu successivement de l’une des extrémités de la face en contact à l’autre extrémité : il en résulte beaucoup
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- plus de douceur et d’égalité dans la menée des engrenages, tant circulaires que coniques.
- M. Dyers ne se donne point comme l’inventeur de la machine à faire les cardes; elle est venue d’Amérique; il l’a seulement perfectionnée, et il en tire un parti prodigieux.
- M. Calla, mécanicien, rue du Faubourg-Poissonnière , n°. 92, à Paris, emploie une semblable machine, dont les produits sont de la plus grande perfection.
- Description d’une grue à engrenages et à frein , employée dans les travaux des ports, en Angleterre.
- (Faisant suite aux extraits publiés dans les N°s, CLXIIJ\ CLXIV et CLXPI du Bulletin.)
- Les machines à mouvoir les fardeaux sont déjà en si grand nombre, qu’il semble n’y avoir plus rien à désirer dans leur composition. Celles destinées à élever des masses à une certaine hauteur, et que l’on désigne ordinairement sous le nom de grues, ont sur-tout reçu de nombreuses modifications , toutes relatives à l’usage que l’on en voulait faire, et qui, sans constituer des machines nouvelles, offrent, pour chaque cas particulier, quelques avantages précieux.
- La grue dont nous allons donner la description, et qui est employée en Angleterre pour charger ou décharger les embarcations des ports, est simple et solide dans sa construction et d’un service facile.
- Elle se compose d’un fort bâtis en chêne k,fig. 1 et 2, Pl. 172, consolidé par des fermes ou des arcs-boutans en bois B\ Le grillage supérieur de la charpente présente une plate-forme B de 4° pieds de long, dont l’extrémité opposée à celle de la grue est chargée de terre, pour former un contre-poids à la machine et aux fardeaux qu’elle élève.
- La pièce principale C, sur laquelle toutes les autres sont montées, est en fonte de fer (1) ; elle se termine inférieurement par un pivot D, et sa partie supérieure présente la forme d’une fourchette. Une espèce d’antenne ou de boute - hors E, qui s’engage entre les branches de cette fourchette, vers le milieu de sa hauteur, est retenue et consolidée dans sa situation oblique par un tirant de fer forgé F, et une ferme ou arc-boutant en bois G. Les deux branches de la fourchette C portent les collets qui reçoivent les arbres des roues dentées formant le système mécanique, à l’aide duquel on transmet l’action du moteur. Enfin, un autre système très-simple sert à faire tourner toute la ma-
- (i) La plupart des grues nouvellement établies ont leur armature tout en fonte. Le fer fondu n’est pas cher, et le bois de charpente est à un prix très-élevé.
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- chine sur son pivot, et à transporter ainsi horizontalement le fardeau que l’on a élevé.
- Le mécanisme se compose de quatre roues dentées, dans lesquelles engrènent autant de pignons; la force est appliquée à une manivelle s, adaptée à l’extrémité de l’arbre H. Trois pignons IKL, de diamètres différens, sont fixés à divers points de cet axe et engrènent alternativement avec les roues M N O, montées sur un autre axe P, lequel porte un seul pignon Q, qui engrène avec la roue R. Sur l’axe de cette dernière roue est monté un tambour S, autour duquel s’enroule la corde qui tient le fardeau suspendu; cette corde passe sur une poulie qui forme l’extrémité de la pièce de bois E.
- L’arbre H des pignons I R L est mobile suivant sa longueur; et des embases T T' T" Tw, entre lesquelles passe un levier d’arrêt U, servent à le fixer dans les quatre positions qu’il est susceptible de prendre. La première est celle où le pignon I engrène avec la roue M; la seconde, lorsque les dents du pignon R rencontrent celle de la roue N, ainsi qu’on le voit fîg. 2 ; la troisième amène le pignon L vis-à-vis la roue O; enfin la quatrième ne présente aucun pignon engrenant avec la roue qu’il est destiné à faire tourner. Le but qu’on s’est proposé en adaptant ces divers pignons a été de varier la vitesse en raison de la résistance, et d’employer par conséquent moins de temps quand les fardeaux sont moins pesans. Le rapport entre l’action et le poids à enlever variant pour chaque pignon, nous allons établir le calcul pour chacun d’eux sans avoir égard aux frottemens et à la roideur des cordes.
- Le pignon I ayant trente-deux dents et la roue M soixante dix-huit
- dents, et le pignon Q douze dents et la roue R cent douze dents, le
- 5 av , 2
- rapport du nombre de tours de la manivelle et du tambour est -----------
- 78X1*2
- ^0,0467. La longueur de la manivelle est de 16 pouces; la circonférence décrite de ce rayon, 100 pouces; le diamètre du tambour, y compris la corde qui l’entoure, 20 pouces; sa circonférence, 63 pouces. Ainsi, les espaces parcourus dans le même temps par la manivelle au point d’application de la force, et par la masse à élever, sont, dans un tour de manivelle, 100 pouces pour la force motrice, et pour le tambour 63pouc-X0,0467 =z2pouc,g4. Par conséquent, les espaces parcourus par le fardeau et la puissance qui le met en mouvement sont : : 2,94 •' 1 00. Si l’on suppose que deux hommes sont appliqués à la manivelle, et si l’on évalue l’effort de chacun à 25 livres, l’action totale étant de 5o livres, le fardeau enlevé sera 2,q4: 100 : : 5o livres : x = 1700 livres.
- Si l’on établissait le même calcul pour les pignons R et L, on trou-
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- vêtait que le fardeau enlevé par le pignon K serait de oooo livres, et celui qu’élèverait le pignon L de 7400 livres.
- La hauteur à laquelle la masse s’élève dans une seconde, en supposant que la manivelle fasse trente tours par minute, serait, pour le pi-non I, de ipouc,47, pour le pignon K de opouc,77, et pour le pignon L de opouc,53.
- Tels sont les résultats du calcul de cette machine dans ses diverses combinaisons. Il nous reste maintenant à décrire le moyen employé pour faire descendre avec rapidité les fardeaux élevés par la grue, et pour éviter ainsi la manoeuvre longue et pénible de laisser tourner doucement, et en la retenant, la manivelle qui a produit l’ascension. Enfin nous ferons connaître le moyen très-simple à l’aide duquel on fait pivoter la machine pour transporter horizontalement la charge élevée.
- Lorsque tous les pignons sont dégagés des roues auxquelles ils correspondent, le tambour peut tourner en entraînant les roues M5fO; sur cette dernière O est adapté et fondu de la même pièce un bord relevé présentant la forme d’une couronne, autour de laquelle s’applique un cercle de fer flexible Y,fîg. 3, que nous nommerons le frein. Ce cercle est fixé par l’une de ses extrémités à un point immuable W; l’autre est unie à charnière au levier coudé X tournant autour du point d’appui Y, Le plus grand des deux bras de ce levier est attaché à la bascule ou levier du second genre Z, qu’on presse lorsqu’on veut serrer le frein. Ainsi, quand on veut faire agir cette pièce, il faut appuyer sur le manche TI de la bascule Z. Alors le levier coudé X tourne autour du point Y, et le frein est forcé de s’appliquer sur la couronne de la roue O. Le frottement qui en résulte est suffisant pour empêcher le système de tourner par l’effort de la charge ; mais aussitôt que l’on diminue la pression sur le manche Z', le frein 11e retenant plus la roue O, le système tourne et le fardeau tombe.
- La manœuvre de cette pièce consiste donc à exercer sur le frein une pression qui modère la rapidité de la chute, et à saisir le point où le fardeau est presque descendu, pour l’arrêter ou ralentir tellement sa course, qu’il n’éprouve aucun choc en touchant le point d’arrivée.
- Il doit paraître singulier qu’un cercle enveloppant un cylindre et serré par une force peu considérable, produise un frottement aussi puissant; mais en réfléchissant à l’effet qui résulte de cette disposition, on verra que le frottement est ici combiné de manière à s’augmenter par l’effort même de la machine. En effet, si l’on examine quelques points frottans du cercle a b c cl, le dernier d ne frotte sur le cylindre qu’en vertu de la pression du levier X ; mais la pression du point c est celle due au
- levier
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- levier X augmentée de l’effort produit par le frottement du point d; la pression du point b se compose de celles dues à la pression du levier et aux frottemens des points cd, etc. Ainsi, une machine de cette espèce peut arrêter un effort considérable, puisque le frottement qu’elle produit croît avec la force qui tend à faire glisser. C’est un frein de ce genre dont on se sert pour amarrer la corde avec laquelle on a élevé un fardeau, et que les ouvriers nomment la retraite. On voit souvent un homme tenir à lui seul une corde formant un ou deux tours sur une colonne , une charpente ou toute autre pièce fixe, et arrêter ainsi la chute d’un fardeau de plusieurs milliers, suspendu à l’extrémité, et même le laisser descendre à sa volonté et avec lenteur, sans développer un effort considérable.
- L’arbre vertical C de la grue porte au point e deux embases entre lesquelles on place verticalement quatre rouleaux ffff; un plateau g, percé à son centre d’un trou h, donne passage à l’arbre C et reçoit les rouleaux, qui roulent sur ses parois intérieures; ce même plateau porte un bord circulaire et relevé i, denté intérieurement. Deux branches kl, fixes sur Farbre C et terminées par des collets, reçoivent l’axe vertical d’une roue conique n et d’un pignon o, engrenant avec la denture du bord i du plateau g ; enfin, un pignon conique p, monté sur l’axe q, est mis en mouvement par la manivelle r. Il est évident que si l’on fait tourner celte manivelle, le pignon p fera marcher la roue n ainsi que le pignon o, qui, agissant contre la denture du bord i du plateau fixe g, fera tourner le système de la grue sur son pivot.
- Il y a des grues dont le mécanisme est beaucoup plus simple que celui que nous venons de décrire, et qui servent à élever des fardeaux de médiocre pesanteur. Elles sont toutes construites d’après le même principe, c’est-à-dire qu’elles ont un pignon qu’on peut clésengrener, et un frein pour modérer à volonté la chute. Ce frein n’est souvent qu’un levier placé horizontalement et garni d’une pièce de bois qui embrasse une portion du tambour. En appuyant sur ce levier, qui porte à une extrémité un contrepoids, on détermine un frottement qui arrête le mouvement. Rien de plus commode que les grues de ce genre employées dans la construction des bâtimens ; on lès place, comme nos chèvres, à toutes les hauteurs; mais la manœuvre en est tellement facile, que chaque pierre est apportée à la place qui lui est destinée, et déposée de manière qu’il n’y a plus à y toucher.
- Explication des fig. 1,2, 3 et 4 de la El. 172.
- Eig, 1, yüe latérale de la grue et coupe du bâtis de charpente qui en forme la base.
- Fig. 2, Elévation suivant le plan des roues d’engrenage.
- iJix-huitième année. Février 181 p. G
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- I.
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- Fig. 5, Vue du côté de la machine opposé à celui que présente la fig. Fig. 4, Plan du cercle denté i et du pignon o, qui le fait tourner. Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans les différentes figures, A, Bâtis de la charpente; B, plate-forme de 4o pieds de long, faisant contre-poids à la machine; B;, fermes ou arcs-boutans; C, arbre vertical de la grue portant tout le mécanisme; D, pivot sur lequel tourne le système entier de la grue; E, charpente oblique qui porte la poulie de la corde d’ascension; F, tirant de fer forgé soutenant la charpente E par-dessus; G, ferme de bois soutenant la même charpente par-dessous; H, axe commun des trois pignons moteurs IKL, dont le premier est entaillé de trente-deux dents, le second de treize, le troisième de dix; M N O, roues engrenant avec les pignons précédens ; elles ont : la première , soixante-dix-huit; la seconde, quatre-vingt-dix, et la troisième, cent dents; P, axe des roues précédentes et du pignon Q, qui a douze dents; R, roue de cent douze dents, dont l’axe porte le tambour ou treuil S de la grue, sur lequel s’enroule la corde servant à l’ascension> I T' T'' Tm, embases entre lesquelles on passe un levier d’arrêt U, servant à fixer l’axe des pignons dans la position que l’on désire; Y, le frein, composé d’un cercle de fer flexible; W, point fixe auquel le frein est attaché à charnière; X, levier coudé servant à presser le frein sur la surface de frottement; Y, point d’appui fixe du levier X; Z, bascule de pression du levier du frein ; Z', manche de ce levier.
- a b c d, Points de frottement du frein, désignés par la démonstration de son action; ee, embases entre lesquelles sont placés les petits rouleaux de frottement f f ; g, plateau de fonte fixé sur le plateau de la charpente verticale; h, trou percé au centre du plateau g pour laisser passer l’arbre vertical de la grue; i, bord relevé denté intérieurement et fondu avec le plateau g dont il fait partie ; k l, branches servant de supports à l’axe du pignon qui fait tourner le système de la grue ; m , axe vertical de la roue conique n et du pignon o, qui engrène avec !e bord denté i ; p, pignon conique engrenant avec la roue n; q? axe de ce pignon et de la manivelle r, destinée à faire tourner le système entier de la grue; s, manivelle servant à faire tourner l’axe H, et successivement toutes les roues dentées du système.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Mérimée, au nom du Comité des arts chimiques? sur une réclamation de M. Dufaud , maître de
- forges.
- On a inséré dans le Bulletin X°. CLXVII, page i4°? une note re-
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- ïative à des expériences que M. de Wendel a faites dans ses forges, pour introduire, d’après les procédés suivis en Angleterre, l’emploi de la houille dans la fabrication de la fonte et du fer. Elle porte en substance :
- a Que les mines traitées par M. de TFendel, et qui ne produisent que des fers cassans à froid, n’ont pu être converties en fonte qu’avec du bois; mais que cette fonte, traitée ensuite avec de la houille, a produit du fer très-ductile. »
- La note est terminée par cette phrase :
- Ainsi se trouverait entièrement résolu le problème de changer la nature des fers cassans à froid.
- Cette conclusion du rédacteur a donné lieu à la réclamation de M. Du-faud, que vous avez renvoyée à l’examen de votre Comité.
- Elle est, Messieurs, très-fondée; car le procédé pour lequel la Société a décerné, il y a dix ans, un prix à M. Dufaud, consiste à traiter les fers cassans à froid avec de la houille, en y ajoutant un peu de chaux : ainsi le problème était dès-lors parfaitement résolu.
- Cette circonstance nous offre un nouvel exemple de ce qui arrive assez souvent à l’occasion de nos découvertes. Elles ne sont, pour la plupart, bien accueillies qu’après avoir fait un voyage à l’étranger, et nos voisins, qui les ont adoptées à leur naissance, croient pouvoir s’en attribuer tout l’honneur. Cette fois, nos droits d’inventeurs ne pourront être contestés; car ils ont été solennellement reconnus, à Londres, par un jugement de la chancellerie.
- M. Antoine Hill, l’un des maîtres de forges les plus distingués de l’Angleterre, ayant eu connaissance du procédé de M. Dufaud, en fit l’essai dans sa forge de PJymouth , dans le Gîamorganshire, et l’appliqua à la purification de fers très-cassans à froid, provenant de scories pesantes, revivifiées dans des hauts-fourneaux. Il obtint le même succès que M. Dufaud obtient depuis plus de quinze ans par de semblables réductions.
- Pour concentrer dans ses usines le procédé français, qui convertit d’une manière si facile les fers les plus cassans en fer très - nerveux, M. Hill prit une patente. Les maîtres de forges mirent opposition à i exercice du privilège, et l’affaire fut portée devant la chancellerie. Les adversaires de M. Hill lui opposèrent que son procédé avait été publié, en France, par la Société d’Encouragement, et ils prouvèrent que nos Bulletins avaient pénétré en Angleterre.
- La publication du procédé étant ainsi démontrée, la chancellerie annula le privilège accordé à M. Hill.
- En accueillant cette réclamation, faite autant dans l’intérêt de la gloire
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- nationale que dans celui de M. Dufaud, votre Comité, Messieurs, ne croit pas qu’il y ait lieu à faire de graves reproches au rédacteur de la note. Le prix décerné depuis si long-temps pouvait être facilement oublié, et il a pu être confondu avec celui pour la purification des fers eassans à chaud, dont la vérification a été retardée jusqu’à ce jour, et que vous ne laisserez pas sans doute en suspens.
- En attendant, votre Comité vous propose d’accueillir la réclamation de M. Dufaud^ en faisant insérer le présent rapport dans votre Bulletin.
- Adopté en séance, le 12 janvier 1819. Signé Mérimée , rapporteur.
- Rapport fait par M. Mérimée 5 au nom d’une Commission
- spéciale , sur les incrustations en cristal de 'M. de Saint-
- Amans ? et ses procédés de moulage de la porcelaine.
- Messieurs, si l’on enferme dans une masse de cristal liquide un morceau d’argile, de manière que l’adhésion entre les deux substances ne soit pas intime, mais qu’il y ait entre elles une couche d’air très-mince, la terre, vue au travers du cristal, aura un aspect métallique.
- Cet effet de la réfraction de la lumière a dû être observé dès les corn* mencemens de la fabrication du verre, et nous ignorons à quelle époque on a commencé à fabriquer ces petites madones informes qui nous viennent d’Allemagne, et que l’on croit être d’argent enfermé dans du verre.
- L’art d’imiter les pierres gravées, en en transportant les empreintes sur du verre, était connu des Anciens. On se sert, pour cela, d’argile cuite et réduite en poudre, ou bien de tripoli. Ces terres, dans certaines circonstances, auront présenté l’aspect métallique et fait naître le désir de reproduire à volonté des effets semblables.
- Les premiers essais faits en grand et avec succès, selon des procédés réguliers, eurent lieu, il y a environ quatorze ans , à la manufacture de cristaux du Creusot, lorsque notre collègue, M. le baron Dufougerais ? dirigeait cet établissement, dont il était un des propriétaires.
- Toici le procédé qu’on suivait dans ses ateliers : on soufflait une masse de verre, qu’on aplatissait ensuite, comme pour en faire un flacon; on en coupait le fond avec des ciseaux ; on introduisait le médaillon de terre cuite et on fermait hermétiquement l’ouverture : alors, en aspirant l’air contenu dans l’intérieur du flacon, l’ouvrier en faisait adhérer les parois. Ces différentes opérations exigeaient qu’on réchauffât successivement la pièce. C’est par ce procédé qu’on a exécuté, pendant plusieurs années, un très-grand nombre de médaillons.
- M. le chevalier de Saint-Amans a simplifié ce travail et en a rendu
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- ïe succès plus certain. Il a bien conservé la première méthode pour quelques circonstances où elle offre de l’avantage; mais ïe plus souvent il coule du cristal dans des moules appropriés à la forme dont il a besoin : il pose aussitôt, sur cette matière liquide, la pièce qu’il veut incruster, et la recouvre d’une nouvelle couche de cristal, qu’il aplatit pour ne laisser que la quantité d’air nécessaire à la production du reflet métallique.
- On employait autrefois la pâte ordinaire de la porcelaine , cuite à un moindre degré que celui où elle devient à demi vitreuse, et il en résultait fréquemment des accidens, occasionnés parla retraite que cette terre prenait après son introduction dans le cristal. M. de Saint-Amans prévient ces accidens en préparant et en cuisant lui-même sa terre. Il en règle à volonté les effets, suivant la qualité du cristal dont il se sert.
- De tout temps,on a enfermé dans du verre des émaux de diverses couleurs. On pouvait donc enfermer dans du verre des pâtes colorées , ou des plaques peintes. Le désir de conserver ainsi de petits tableaux en émail, a déterminé M. de Saint-Amans à faire quelques expériences qui ont réussi, comme il devait s’y attendre. Les essais qu’il a présentés dans ce genre ne sont pas d’un grand intérêt sous le rapport de l’art ; mais ce n’était pas son objet. Il ne voulait que voir l’effet des différentes couleurs, et composer une palette assez étendue pour les besoins du peintre. Ses expériences ont suffisamment démontré la possibilité d’exéçuter de très-jolies pemtures sur des plaques de terre argileuse, et d’en assurer la conservation en les enfermant dans du cristal.
- L’incrustation de petites figures de ronde bosse ne semble pas présenter plus de difficultés que celle de bas-reliefs; mais elle n’atteint pas ïe but qu’on se propose , qui est de faire voir ces petites statues de tous les côtés. La forme cylindrique du verre, au milieu duquel elle est placée , occasionne une déformation insupportable. Il vaut donc mieux ne les présenter que d’un seul côté, comme si elles étaient placées dans une niche fermée par une glace plane; et encore doit-on faire choix d’attitudes offrant le moins de saillie et approchant le plus possible du bas-relief, afin d’éviter les déformations.
- Quelquefois en poursuivant un objet on en découvre un autre d’un plus grand intérêt ; c’est ce qui est arrivé à M. de Saint-Amans. En cherchant à perfectionner les incrustations qui donnent l’aspect métallique à des morceaux de terre cuite, il a trouvé des moyens nouveaux de mouler, qui peuvent être appliqués avec le plus grand avantage à la fabrication de la porcelaine.
- Il a substitué des moules de terre cuite à ceux de plâtre, dont on fait
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- habituellement usage, et son procédé de moulage est d’une exécution si facile qu’il peut être confié à des femmes ou à des enfans.
- Nous savions déjà que, dans les fabriques anglaises, les moules des orne-mens délicats sont en terre cuite, et nous désirions que l’usage s’en intro duisit dans nos manufactures. On l’a tenté plusieurs fois sans succès. La retraite de la terre et la déformation quelle éprouve au feu , ont dû rebuter ceux qui ont fait des essais. M. de Saint-Amans n’a pas cru les difficultés insurmontables. Il est parvenu à estimer avec assez de précision la retraite de la terre , et à la faire cuire sans qu’elle gauchisse.
- L’argile, comme l’on sait, peut prendre les empreintes les plus délicates aussi bien que le plâtre ; mais la dureté qu’elle acquiert au feu la rend infiniment préférable. En effet, la pâte de porcelaine, comprimée dans un moule de terre cuite, en sort facilement sans l’endommager; ce qui n’a lien avec le plâtre qu’en multipliant les pièces du moule.
- Nous avons vu des moules d’argile de deux pièces seulement, préparés pour des anses de vases décorées de ciselures très-délicates. Le même moule, en plâtre, était composé de huit morceaux. Chacun des morceaux occasionne une couture qu’on ne peut faire disparaître sans une main-d’œuvre plus ou moins dispendieuse. Avec les moules de M. de Saint-Amans, on économise la presque totalité de cette dépense, sans que le travail soit moins parfait.
- Le jugement que M. Brongniart a porté sur ces procédés de moulage ne doit vous laisser aucun doute sur le mérite de la découverte. Après en avoir fait Fessai pendant plusieurs années pour en connaître tous les avantages et les ioconvéniens, il a déclaré que ce procédé, appliqué à des objets de petite dimension , tels que des camées , de petits-reliefs, et ce qu’on appelle garnitures, en terme de fabrique, donne des empreintes très-nettes , qui n'ont presque pas besoin d’être réparées ; qu'il résulte de là une économie dans le prix de fabrication de ces objets, qui peut aller pour certaines pièces jusqu’à huit dixièmes.
- D’après le rapport fait au Ministre de la maison du Roi, des avantages de ce procédé, l’Administration de la manufacture de Sèvres a été autorisée à acquérir le droit de s’en servir , en traitant avec Fauteur , qui a pris un brevet d’invention. On l’emploie maintenant à Sèvres avec un plein
- succès.
- Jusqu’à quelle dimension les moyens de M. de Saint-Amans peuvent-ils réussir ? G’est ce que nous ne pouvons pas décider, n’ayant vu que des essais en petit. L’inventeur, encouragé par les succès qu’il a obtenus, croit pouvoir aller bien au-delà des limites qu’il n’a point encore dépassées, ou trouver de nouveaux moyens, dans le: cas où’ceux qu’il
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- emploie cesseraient detre suffisans. S’il réussit, ses travaux feront une époque très-mémorable dans l’art de la fabrication de la porcelaine.
- Le zèle, la persévérance de M. de Saint-Amans ; ses sacrifices pécuniaires pour des recherches dont l’issue sera bien plus profitable aux arts qu’à l’inventeur; les succès obtenus et sur-tout l’utilité bien constatée de sa découverte, nous paraissent autant de motifs qui doivent vous déterminer à récompenser de pareils travaux par un encouragement distingué.
- Yos Commissaires vous proposent, en conséquence, de faire, dans votre Bulletin, une honorable mention des perfectionnemens apportés à l’art d’incruster des terres dans le cristal, et sur-tout de ceux relatifs au moulage de la porcelaine, d’où peut résulter une économie notable, jointe à une plus grande perfection. En outre, ils vous proposent de renvoyer ce rapport à la Commission qui sera chargée de désigner les inventions et perfectionnemens susceptibles d’ètre encouragés par une médaille.
- Âdoptè en séance, le 26 janvier 1819. Signé Mérimée, rapporteur.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. Bouriat, au nom du Comité des arts économiques > sur les fosses d’aisance mobiles et inodores de MM. Cazeneuve et compagnie.
- Messieurs, vous avez renvoyé à votre Comité des arts économiques l’examen des nouvelles fosses d’aisance mobiles et inodores, dont MM. Cazeneuve et compagnie vous ont présenté le modèle, et pour lesquelles ils ont obtenu des brevets d’invention et de perfectionnement. Le retard apporté à ce rapport doit moins être imputé à votre Comité qu’au désir manifesté par ladite compagnie d’y voir mentionner les divers perfectionnemens qu’elle y a ajoutés depuis qu’elle a soumis à votre jugement ses premiers travaux. En effet, elle a changé ou multiplié la forme de ses appareils , trouvé les moyens de réunir plus exactement entre elles les différentes parties qui les composent, afin de n’en laisser échapper aucun gaz ou liquide qui pourrait altérer l’air. L’idée de M. Cazeneuve, de séparer, dans des réservoirs particuliers, les matières solides des liquides, est d’un grand intérêt; il retarde par ce moyen et diminue considérablement le dégagement des gaz non respirables qui émanent en si grande abondance des fosses d’aisance ordinaires, dans lesquelles les matières solides et liquides sont mêlées, et restent ensuite en contact pendant quatre ou cinq années de suite. Par les nouveaux appareils, au contraire, elles n’y séjournent
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- que deux ou trois mois, et peuvent être enlevées et viciées avec beaucoup de facilité.
- Le changement des appareils s’opère facilement sans répandre aucune odeur et sans embarras ni danger pour l’ouvrier qui s’en occupe. Il ferme le tuyau qui communique à la poterie, ou descente des matières, et le remplace par un autre, adapté au nouvel appareil qu’il va substituer On voit par là quelle différence il existe entre ce moyen et le curage clés fosses ordinaires : ce dernier infecte pendant plusieurs jours non-seulement la maison où le travail a lieu, mais encore toutes celles qui l’avoisinent; les passans même sont quelquefois suffoqués dans les rues ou se fait cette vidange. Des accidens très-graves, qui entraînent la mort de quelques vidangeurs, ne se répètent que trop souvent , malgré les précautions qu’on leur indique de prendre. Indépendamment de ces inconvéniens, il en est beaucoup d’autres auxquels remédie l’appareil dont il est question. Tout le monde sait, par exemple, avec quelle difficulté et quelle dépense on parvient à empêcher la filtration des urines à travers les murs et le sol des caves, ainsi que leur contact avec l’eau des puits voisins. Aucun de ces inconvéniens ne peut avoir lieu avec les fosses mobiles ; la police y trouve même les moyens faciles de constater certains crimes qui n’ont lieu que trop souvent. On y retrouve aussi sans dépense les objets qui y seraient tombés par inadvertance ; mais ce que ces appareils offrent de plus intéressant, c’est de diminuer, pour ne pas dire de préserver entièrement les grandes villes de ces gaz délétères qui nuisent sensiblement à la santé des hommes. C’est sur-tout dans les maisons peuplées de la classe ouvrière, dans les hospices et les prisons, que l’on s’aperçoit davantage des torts faits à l’humanité par ces exhalaisons infectes produites par ces foyers de putridité. Des chambres souvent étroites, contiguës à ces fosses d’aisance, dont les murs salpêtrés répandent une humidité mêlée de miasmes putrides, peuvent - elles procurer aux malheureux qui les habitent Tair pur dont l’homme a besoin comme principe vital ?
- En vain la médecine a démontré, depuis des siècles, que l’air pur était un des alimens les plus nécessaires à ia vie, que les enfans sur-tout en avaient le plus grand besoin pour leur développement, que le germe des maladies pestilentielles trouvait dans un air déjà vicié les élément propres à le développer; les hommes en général n’ont pas encore assez senti l’importance de ces vérités. Il est vrai cependant que les Gouver-neinens s’en sont occupés à diverses reprises; que, par des lois, édits, ordonnances et réglemens de police, on a cherché à remédier an mai qu’occasionnent les fosses d’aisance; que des hommes du plus grand me-
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- rite et d’une philantropie éclairée ont proposé différens moyens ; mais il n’en est aucun qui soit aussi simple à nos yeux, et qui détruise plus facilement le mal dans son principe, que celui dont M. Cazeneuve fait l’application.
- Ce sont deux caisses ou tonneaux superposés À B, fig. 5, PL 172, communiquant entre eux à l’aide d’un ou deux tuyaux de cuir ou de plomb de 2 ou 3 pouces de diamètre, lesquels sont hermétiquement lûtes. Dans les petits appareils, il n’y a qu’un seul tuyau de 3 pouces et un petit tube en plomb partant de la partie supérieure du tonneau à urines pour traverser le tonneau supérieur dans presque toute sa hauteur ; il est destiné à laisser passer l’air à mesure qu’il est déplacé par l’urine.
- La première caisse A, c’est-à-dire celle où sont reçues toutes les matières, est pourvue de trois cylindres creux DD, percés de plusieurs trous qui laissent filtrer les urines dans le tonneau inférieur, sur la bonde duquel est posé un entonnoir C, destiné à les recueillir. Un large tuyau en plomb ou en cuir E embrasse un petit appareil de même métal , lequel est muni de deux espèces de valves s’appliquant l’une contre l’autre et formant un cône renversé; elles sont maintenues ainsi par deux contre-poids dont l’équilibre est tel, que la chute des matières suffit pour les faire ouvrir et se donner issue; elles se referment aussitôt que la pression n’existe plus. Cet appareil est intimement lié à la poterie de descente G, de manière à ne plus laisser passer l’air contenu dans les caisses ; il ne peut s’en échapper pour monter dans la poterie qu’au moment où les vcdves s’ouvrent, ce qui se fait dans l’espace d’une seconde. Ces caisses ou tonneaux sont faits en fort bois de chêne, cerclés en fer et peints de plusieurs couches à l’huile pour qu’aucun gaz ou liquide ne puisse s’échapper; aussi, depuis le perfectionnement apporté à ces appareils, il n’existe aucune odeur dans l’endroit où ils sont placés. Les nouvelles fosses mobiles seraient donc parfaitement inodores s’il n’y avait pas de tuyaux de descente, auxquels s’attachent nécessairement quelques matières fécales; mais M. Cazeneuve a remédié à cet inconvénient, en adaptant une espèce de ventouse qui communique de l’intérieur de la poterie au faîte de la maison; de plus, il a imaginé des sièges qui n’ont besoin d’aucun soin de la part de ceux qui s’en servent, pour ouvrir ou fermer la lunette. Le poids seul de la personne qui monte sur le marchepied suffit pour la faire ouvrir; il en est de même lorsqu’on s’appuie seulement sur le siège. Cette lunette se referme d’elle-même et avec assez de vitesse, dès que les ressorts à boudin qui la font mouvoir ne reçoivent plus de pression.
- On voit, d’après cela, que la prévoyance de M. Cazeneuve s est étendue très-loin : i°. il évite le contact prolongé des substances solides et liquides ; 20. il vide ses appareils tous les deux ou trois mois ; 3°. il
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- intercepte, autant qu’il est en lui, toute communication de l’intérieur de ses appareils avec l’air atmosphérique; 4°* il peut placer ces mêmes appareils dans les fosses déjà existantes, dans des caves, dans des celliers, sous des hangars, et même à la rigueur dans des pièces inutiles, à quelque étage que ce soit, sans communication avec les étages inférieurs.
- Telles sont les améliorations qui ont déjà été apportées à ces fosses mobiles ; ce ne sont pas les seules que la compagnie se propose d’y ajouter. Cependant, dans leur état actuel, on ne peut disconvenir de la supériorité immense qu’elles ont sur les fosses ordinaires. L’humanité en réclame donc l’adoption, l’agriculture en préconise l’usage, puisque, d’après le rapport de M. Héricart de Thury, approuvé et imprimé aux frais de la Société royale d’agriculture, et les notes de M. le comte François de Neufchâteau, la séparation des urines de la matière fécale forme un engrais plus facile à dessécher, moins exposé par conséquent à être lavé par les pluies, qui se chargent, ainsi que l’urine, d’une partie des sels que peut contenir cette substance, les entraînent dans des puisards et s’infiltrent en pure perte avec eux dans des excavations pratiquées à cet effet. Nous devons renvoyer à ce rapport une foule de détails intéres-sans, si bien exposés par MM. Héricart de Thury et François de Neuf-château. Nous ajouterons seulement qu’il y a tout lieu de croire qu’avant peu les arts tireront parti d’une aussi grande quantité d’urine recueillie par cette compagnie, qui pourra la vendre à très-bas prix. Si ce système de fosses mobiles était généralement adopté à Paris, il produirait plusieurs centaines de tonneaux d’urine par jour, et dès-lors on pourrait voir s’établir quelque nouveau genre d’industrie. Peut-être les verreries remploieraient-elles comme fondant, la métallurgie, comme flux réductif de certains métaux après quelques préparations préliminaires. La teinture, le dégraissage des laines, la fabrication du phosphore, de l’acide phos-phorique, du salpêtre, l’agriculture enfin, comme d’un puissant engrais, pourraient en tirer un immense avantage. M. Tessier assure qu’après les expériences multipliées qu’il a faites sur les engrais de toute espèce, l’urine lui a paru le meilleur. Si donc, comme on doit l’espérer, M. Cazeneuve et compagnie trouvaient un débouché certain des substances qu’ils recueillent, il leur serait facile de diminuer le montant des souscriptions qu’ils proposent. L’économie accompagnant les avantages qu’ont sur les fosses d’aisance actuelles les appareils de cette compagnie, elle aura la presque certitude d’en voir admettre l’usage dans la maison du pauvre comme dans celle du riche.
- D’après cet exposé , votre Comité pense que les fosses mobiles perfectionnées par M. Cazeneuve et compagnie méritent d’être généralement adoptées :
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- i°. Parce qu’elles offrent un moyen puissant d’assainir davantage les grandes villes, en préservant leurs habitans de l’air infect qui se dégage des fosses actuelles, et occasione trop souvent la mort des vidangeurs ;
- a°. D’empêcher que les fondations des maisons de ces mêmes habitans , le sol de leurs caves et l’eau de leurs puits, soient imprégnés d’urine et de matière fécale ;
- 3°. De fournir à l’agriculture une plus grande quantité d’engrais et d’une meilleure qualité ;
- 4°. D’assurer à la police une surveillance plus exacte dans certaines circonstances ;
- 5°. Enfin, d’épargner aux propriétaires des dépenses souvent considérables de construction de fosses qui doivent être imperméables, et de rendre ainsi riulles leur entretien et leur réparation.
- Tels sont les motifs qui ont déterminé votre Comité à vous proposer de donner votre approbation aux travaux de M. Cazeneuve et compagnie , en les engageant à les conduire au degré de perfection dont ils sont susceptibles , de les faire connaître par la voie du Bulletin de la Société, et, enfin, de recommander l’usage de ces fosses mobiles aux habitans des villes.
- Adopté en séance, le i3 janvier 1819. Signé Bouriat , rapporteur.
- Explication des fîg. 5, 6 et 7 de la Pl. 172.
- Fig. 5, Coupe d’un appareil en grand, monté sur son chantier et placé dans une cave.
- Fig. 6, Plan du fond supérieur du réservoir des matières solides.
- Fig. 7, Plan de l’entonnoir en forme de cuvette.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets.
- A, Récipient des matières solides, ou tonneau supérieur placé debout; B, récipient des urines, ou tonneau inférieur posé horizontalement; C , entonnoir en forme de cuvette, engagé dans la bonde du tonneau précédent et recevant les urines filtrées par les tuyaux en plomb DD, percés de trous; ces tuyaux, au nombre de trois, sont disposés verticalement et à égale distance dans le tonneau A; E, tuyau amovible conduisant les matières dans le premier récipient; il est attaché du haut à la poterie par une courroie, et de l’autre bout à un collet en plomb F, qui ferme l’orifice de la bonde du récipient aux matières; G, poterie de chute des lieux d’aisance; HH, brides en fer, qui maintiennent la poterie; I, chantier sur lequel repose l’appareil; R, trou d’extraction qui peut être remplacé, lorsque la fosse sera à la hauteur du sol, par une porte de communication ; L, tampon recouvrant le trou d’extraction; M, poulain servant à. descendre le récipient A de dessus son chantier; N, douille de 1 entonnoir en forme de cuvette; elle s’engage dans la bonde du tonneau inférieur; O, couvercle de la bonde du récipient A; il se ferme à boulon et clavette lorsqu’on enlève le tonneau ; P, niveau des matières dans le tonneau A; Q, niveau des urines dans le récipient inférieur.
- H 2
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- TABLEAU ; par ordre alphabétique, des Patentes ou Brevets d’invention délivrés en Angleterre pendant Vannée 1818.
- Nota. La durée de chaque Brevet est de quatorze ans.
- NOMS ET PRÉNOMS des BREVETES. QUALITÉS ou PROFESSIONS. DOMICILE. COMTÉS. DATE de la délivrance des Brevets.
- Adie (A.) opticien. Edimbourg. Écosse. a3 déc.
- Akerman (R.) impiimeur. Londres. Middlesex. 27j‘anv.
- Aelingham (T.) )> id. id. 19 févr.
- Annesley (William) architecte. Belfast. Irlande. 8 avril.
- Appregath (Auguste) imprimeur. Londres. Middlesex. 22 avril.
- Ashton (John) Gile (Th.) mardi, de vin. J f. d’hydromètr. ^ id. id. i4 mars.
- Atkinson (G.) fabric. de toile. Leeds. Yorckshire. iojuin.
- Bailey (William) taillandier. Londres. Middlesex. ii juill.
- Baird (John) fabricant de fer. Lanark. Écosse. ii juill.
- Banks(Richard) ingénieur. Ludley. Salop. 23janv.
- Bàrrat (Z.) ébéniste. Londres. Middlesex. io févr.
- Barron (J.) fond, de cuivre. id. id. io déc.
- Benjamin (Wolf) fabr. de parasols. Plymouth-Dock. Devonshire. 5 mai.
- Benneï (J.) marchand. Manchester. Lancaster. 3i août.
- Blakemore (R.) i maîtr. de forges. ! Millingriffîths. Glamorgan. < 24 juill.
- James (John). j Lower-Redbrook. Gloucescer. j
- Bogaerts (J.) Londres. Middlesex. io nov.
- Bootii (William) tourneur en bois. Eckington. Derby. 8 avril.
- Bowyer (J.) fabric. de tapis. Kidderminster. Worcester. 3i août.
- • Bridgman (Edw.-Lillie) f. de chandelles. Londres. Middlesex. 2 mai.
- Brigiitly (Charles) imprimeur. Bungay. Suffolk. 17 janv.
- Donkin (Bryan) ingénieur. Bermondsey. Surrey. <
- Bruner (31 .-J.) id. Chelsea. Middlesex. 20janv.
- Le même id. id. id. 5 déc.
- Bush (William) id, Bermondsey. Surrey. 5 mai.
- Calderbank (Thomas) plombier. Liverpool. Lancashire. 28 janv.
- Chancerror (J.). liQrloger. Dublin. Irlande. 21 nov. 1
- DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont e'te' accordés.
- Baromètre perfectionné.
- Nouveaux essieux applicables aux voitures à quatre roues.
- Lampe, qu’il nomme lampe économique et universelle.
- Nouvelle construction des vaisseaux et autres embarcations.
- Perfectionnemens dans la fonte des caractères stéréotypes et dans la construction des planches à billets de banque.
- Instrumens pour déterminer la force des liqueurs spiritueuses et la pesanteur spécifique des fluides et des métaux.
- Confection d’un tissu ressemblant au basin.
- Châssis de croisée et charpentes des toits de maisons, en fonte de fer.
- Bassines pour la cuite et l’évaporation du sucre de canne, et moyen de les adapter à des fourneaux d’une construction particulière.
- Roues de voiture perfectionnées.
- Machine pour ramoner les cheminées.
- Nouvelles poignées et boutons de serrures.
- Enduit pour rendre les étoffes imperméables et pour préserver les bois des influences de l’atmosphère.
- Appareils pour la filtration des liquides.
- Feuilles de fer-blanc dont la surface a été moirée par un nouveau procédé.
- Moyen d’éiever et d’abaisser l’eau dans les écluses des canaux.
- Moyen de faire, par machine, des sabots et des patins en bois.
- Métier perfectionné pour fabriquer les tapis ras, dits de Bruxelles.
- Construction perfectionnée des cercueils et des bières, et moyen de faciliter le transport des cadavres.
- Nouvelle presse typographique.
- Système de conduites pratiquées sous le sol.
- Feuilles minces d’étain susceptibles de pouvoir être cristallisées ou moirées d’une manière fort agréable.
- Nouveau moyen de sécher la drè-che et tous autres grains.
- Système perfectionné pour faire agir les pompes.
- Moyen de tourner facilement les feuilles des cahiers de musique.
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- QUALITÉS ou PROFESSIONS. DOMICILE. COMTÉS. DATE de la délivrance des Brevets.
- mécanicien. Portsea. Southampton. 3 févr.
- » Londres. Middlesex. 8 avril.
- » id. id. 7'mai. -
- coutelier. Bath. Sommerset. 12 nov. •
- artiste. Dublin. Irlande. 16 avril. -
- ingénieur. Londres. Middlesex. a4 juillet
- négociant. id. id. 21 nov.
- » id. id. 3 févr. '
- » id. id. 8 avril.
- ingénieur. ui. id. 4 mai. '
- id. Frocester. Glocestershire. i5 janv. '
- id. id. id. 19 févr.
- » Londres. Middlesex. 2 4 nov.
- baronnet. id. id. 19 oct.
- négociant. id. id. 20janv. :
- imprimeur. id. id. 7 janv.
- maitr. de forges. Coleford. Glocestershire. 18 avril. ‘
- ingénieur. Glasgow. Écosse. 2 2 j uillet 1
- négociant. Londres. Middlesex. 3i oct. ’
- » Fulham. id. 3i août. 1
- !» Watford. Herefordshire. 26 mai.
- fileur de coton. Wiln-Milis, Derby sliire. 18 juin.
- esq. Édimbourg. Écosse. 9 mai, 1
- « Londres. Middlesex. 24 déc. |
- ingénieur. id. id. 15janv. /
- id. id. id. \ 12 nov. |
- Birmingham. "Warwick. 12 oct.
- ingénieur. Édimbourg. Écosse. 10 nov. .
- sellier. Londres. Middlesex. 3i août. {
- fileur de coton. Manchester. Lancashire. 26 mai. j
- fabric. de tissus 1 de laine. J Aberdeen. Écosse. 12 nov. <
- NOMS ET PRÉNOMS
- des
- brevetés.
- Chubb (J.).......
- Chtjrch (William) .
- Le même..........
- Clark (G.-J.)....
- Clayton (Robert).
- Clegg (Samuel). Clymer (G.)
- Cocurane (lord).........
- Le même.................
- Le même et Galloway (A.)...
- Collier (John).....
- Le même............
- Collier (E.-H.)....
- CongrÈve (William).
- Corty (Joseph).....
- Cowper (Edward)...
- Crawshay (William). Muschet (D.)........
- Creighton (H.)...., Davies, voy. Lewis. Desforges (N.)
- Dizy (Frédéric)........
- Doniiin , voy. Brightly.
- Dyson (John)...........
- Eaton (William)........
- Ecoles (Robert)........
- Faveryear (H.).,......
- Fraser (James)........
- Ze même.................
- Finch (William).........
- Galloway, VOy. Cochrane, Gill , voy. Ashton. Grafton (John)..........
- Green (Richard). Greenway (Ch.).,
- Habdbn (J.)....
- DESIGNATION DES OBJETS
- pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- Serrures perfectionnées.
- Machine à vapeur perfectionnée.
- Machine pour faire des clous, des broches et des vis de fer, de cuivre ou de tout autre métal.
- Appareil pour adapter le sabot ou l’enrayoir aux roues de voiture.
- Incrustations d’ornemens en métal dans le bois, l’ivoire, la corne et lr poterie.
- Nouveau gazomètre.
- Pompes de navire perfectionnées.
- Procédé pour purifier l’huile essentielle retirée du goudron, et pour l’appliquer à divers usages.
- Nouvelles lampes alimentées par l’huile essentielle de goudron.
- Moyen d’empècher les cheminées, poêles, etc., de fumer, et de diriger utilement la chaleur qui s’y produit.
- Machine pour tondre les draps et autres étoffes de laine.
- Machine pour fouler les draps.
- Armes à feu perfectionnées.
- Nouvelle machine à vapeur.
- Alambic de distillation et de rectification.
- Presse d’imprimerie perfectionnée.
- Fabrication du fer en barres avec les scories des hauts-fourneaux , et nouveau moyen de fondre le minérai de cuivre.
- Moyen de régler l’admission de la vapeur dans des tuyaux destinés à chauffer les édifices.
- Mécanisme applicable à la marche des bateaux et autres embarcations.
- Instrumensde musique à vent perfectionnés.
- Instrumens aratoires nouveaux.
- Machines à filer la laine et le coton.
- Perfectionnemens dans l’arrimage des vaisseaux.
- Machine pour pratiquer des moulures dans le bois.
- Alambic et serpentin pour distiller l’eau de mer à bord des vaisseaux, et la rendre potable.
- Chaudière pour les machines à vapeur , économisant le combustible.
- Nouvelles brides pour les chevaux.
- Procédé pour obtenir le gaz hydrogène carboné pour l’éclairage des rues.
- Bouderie de harnais perfectionnée.
- Moyen d’ouvrir et de préparer le coton ou la laine avant le cardage.
- Perfectionnemens dans la préparation et la filature de la laine.
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-
-
-
- (&)
- QUALITÉS R ^ fl ?
- OU DOMICILE. COMTÉS. B ~ g «! -= =q
- PROFESSIONS. fl * •
- )> Londres. Middlesex. 27 janv. j
- esq. Wigan. Lancashire. 27 févr. !
- machiniste. Doncaster. Torck. 7 mars.
- marchand, chimiste, f. de mouchettes. Eromley. j Londres. j Birmingham. Middlesex. Warwick. 19 mai. , 12 oct.
- mécanicien. Manchester. Lancaster. 7 août. !
- maître de forges. Kinfare. Staffordsliire. 28 mai. j
- carrossier. Londres. Middlesex. 8 avril. |
- bachelier ès-arts. Howik. Northumberland. 27 janv. j
- mécanicien. Londres. Middlesex. 27 janv. |
- march. decomest. id. id. \ 10 nov. j t
- esq. brasseur. id. Salford. id. Manchester. 7 mai. i 24 déc. |
- brossier. Gloucester. » 19 févr. |
- fondeur de fer. ) raffineur. i Birmingham. Warwick. 7 mai.
- horloger. Londres. Middlesex. 22 déc. <
- négociant. id. Lancashire. 15janv. 1
- 1 imprimeurs. Glasgow. Écosse. 11 avril. |
- ingénieur. Londres. Middlesex. 2 juin. \
- drapier, teinturier. ( Briscomb. Gloucestershire. 15 janv.
- ingénieur. » Londres. Middlesex. 8 avril.
- chirurgien. id. id. 24 août. (
- ingénieur. id. id. 5 août.
- arquebusier. id. id. 3 août. ' /
- y, id. ki. 19 nov. ’
- | constructeur. Saint-Austle. Comwall. 26 mai.
- j blanchisseur. Lenton. Nottingham. 19 mai.
- t » j Ashtonundertine. Lancaster. 11 juillet!
- I fond, de caract. Londres. Middlesex. 19 mai. ^
- NOMS ET PRENOMS
- des
- BREVETES.
- Haddock , voy. Hills. Hagner (J.-F.)....
- Halieurton (Alexandre). Heppenstall (Thomas).. .
- Hiles (Th.)............
- Haddock (V.)...........
- Hoeday (S.)............
- Holdbn , voy. Winck. Hollingrake (James)..
- Homfuay (Th.).......
- Hopkinson (William)..
- Horxer (W.)..... ..
- Howell , voy. Piead. Jkin (James)......
- Jngledew (J.)........
- James, voy. Blakemore.
- Jennings (H.-C.).....
- Johnson (W.).........
- Jones (John).........
- Jones (Th.)..........
- Plimley (Ch.)........
- Johnson (D.).
- Koster (John)........
- Lang (Gilbert).......
- Smith (Robert).......
- Lester (William).....
- Leavis (John)........
- Lewis (William)......
- Davies (William).....
- Maccarthy (J.-J.-A.).
- Machele (Th.).
- Mal Am (J.).....
- Manton (Joseph).
- Matthews (H.)...
- Milton (J.)-,
- DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- Fabrication du blanc de plomb et du vert-de-gris.
- Machines à vapeur et chaudières perfectionne'es.
- Machine pour couper la paille.
- Fabrication perfectionnée de l’acide sulfurique.
- .Mouchettes sans ressorts ni leviers.
- Cylindres en cuivre pour l’impression des toiles peintes.
- Nouvelle bobine employée dans les filatures.
- Moyen d’empêcher les voitures de verser.
- Mécanisme pour obtenir une grande force avec peu de frotte-mens.
- Grilles de fourneau nouvelles.
- iMoyen d’économiser le combustible , par l’emploi de matières propres à produire de la chaleur et qui n’ont pas encore été appliquées à cet usage.
- Boussole perfectionnée.
- Fourneaux d’évaporation , fumi-vores et économiques.
- Machines pour laincr et apprêter les draps et autres étoiles de laine.
- Nouvelle machine à vapeur.
- Machine pour faciliter la marche , nommée par l’auteur la voiture du piéton, ou vélocipède.
- Voitures et roues nouvelles.
- Préparation d’une couleur rouge solide.
- Moyen d’augmenter l’éclat de la lumière produite par les lampes.
- Machine à tondre les draps.
- Nouveau pavé en granit.
- Application de l’air atmosphérique , des substances liquides ou gazeuses, soit à l’extérieur, soit à l’intérieur du corps humain, pour la guérison de certaines maladies.
- Machine à vapeur perfectionnée.
- Bassinets de fusil, construits d’après un nouveau système.
- Voitures plus solides et plus commodes que celles maintenant en usage.
- Moyen d’ouvrir et de fermer les croisées à coulisse.
- Métier àbas perfectionné.
- Métier à fabriquer les tissus brochés.
- Perfectionnemens dans la construction des échelles.
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-
- 0 63 )
- NOMS ET PRÉNOMS
- des
- BREVETÉS.
- Moult (William).........
- Munro (John)........
- Muschet , voy. Crawshay.
- Naish (Ed.).............
- Neilson (John)..........
- Ormrod (R.)
- Palmer (John).. Parker (Th.).. ..
- Penn (Richard).
- Penwarne (John).
- Pershouse...........
- Plimley, voy. Jones. Poole (Moscs)......
- Preston (Grant).
- Prior (George)
- Read (John)..........
- Hovvell (William)...
- Richter (J.)........
- Ronalds (Hugh)......
- Roex (Albert)........
- Routledge (Josuali). PlOWE (J.).... .....
- Rutiiven (J.)........
- Saint-Léger (Maurice). Salisbury (William). . . Sampson, voy. Wyke. Sartoris (U.)........
- Scc
- (John),
- Sedgavick (Mary)
- Seyfert (F.-W.J Simpson (J.)
- Smith, voy. Lang. Smith (Nathan).. .
- Spencer (J.).....
- Stubbs (Henry)...
- QUALITES
- ou
- PROFESSIONS.
- esq.
- bonnetier, fabric. de collé.
- fondeur de fer. })
- fabr. de briques »
- esq.
- fondeur.
- horloger.
- doct. en théolog ingénieur, marchand.
- imprimeur.
- »
- botaniste.
- ne'gociant.
- esq.
- fabr. d’amidon.
- horloger.
- orfèvre.
- tonnelier.
- DOMICILE.
- Londres.
- id.
- Bristol.
- Linlitligov.
- Manchester.
- Londres.
- Sevenoaks.
- Richmondsliill.
- Londres. Birmingham.
- Londres.
- id.
- Leeds.
- Tipton. \ Wedneshury. |
- Holloway. Hammersmith.
- Yverduu.
- Bolton-Lemoor.
- Torpoint.
- Edimbourg.
- Londres.
- id.
- id.
- id.
- id,
- id.
- Birmingham.
- Kettering.
- Londres.
- id.
- COMTES.
- Middlesex.
- id.
- Gloucester.
- Écosse.
- Lancaster.
- Middlesex.
- Kent.
- Surrey.
- Middlesex.
- Warwick.
- Middlesex.
- id.
- Yorck.
- Staffordshire.
- Middlesex.
- id.
- Suisse.
- Lancashire,
- Cornwall.
- Écosse.
- Middlesex.
- id.
- id.
- id.
- id.
- id.
- Warwick.
- Northampton.
- Middlesex.
- id.
- 2 . H
- h .i Z
- «S 3 « A « S
- DESIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été accordés.
- i5 janv.
- 12 févr.
- 3 févr.
- 22 juin. |
- 22 juillet |
- 15janv. I 5 oct. |
- i4 mars./
- 3ijanv. io déc.
- 3 févr
- ivr. |
- 27 janv.
- 24 mars, j
- 14 j uillet j 2-3 janv. i 3ojuin. j 27 févr. j. 4 mai. j
- 23 déc.
- 19 mai. I
- 3i août. {
- I
- 22 juillet | janv. | 10 févr. {
- 23
- 5 déc 16 févr.
- I
- Machine à vapeur nouvelle.
- Machines à vapeur perfectionnées.
- Dévidoir à coton nouveau.
- Moyen de tanner et de teindre les cuirs et les peaux.
- Cylindres en cuivre ou autre métal pour l’impression des toiles peintes.
- Moyen de purifier différons gaz.
- Moyen d’augmenter et de perfectionner le tirage des cheminées.
- Ciselures et autres ornemens en bois, laits par machines.
- Cannelles aérifères pour soutirer les liquides des tonneaux , sans ouvrir la bonde ou pratiquer un trou de fosset.
- Moyen de fabriquer des cachets.
- Application d’un nouveau mastic ou ciment pour la décoration des appartemens et l’enduit extérieur des édifices.
- Obturateur en cristal et barrière de sûreté.
- Moyen de soustraire la roue d’échappement, des chronomètres aux influences des frottemens et des inégalités provenant des ressorts , pignons, etc., et de rendre ses vibrations jilus uniformes.
- Nouveau système d’exploitation des mines de houille.
- Appareil de distillation, d’évaporation et de condensation.
- Procédé de tannage des cuirs.
- Perfectionnemens applicables à toute espèce de serrures.
- Machine à vapeur de rotation.
- Nouveau moyen d’imprimer les toiles peintes et autres tissus.
- Nouveau frein pour les voitures , qui se manœuvre sans arrêter les chevaux.
- Procédé jiour fabriquer la chaux.
- Machine pour préparer le lin et le chanvre.
- Moyen d’enflammer la charge d’un fusil par la compression de l’air.
- Bateaux à vapeur perfectionnés , et mécanisme pour les faire marcher.
- Moyen de tirer parti des résidus de la fabrication de l’amidon.
- Montres et horloges perfectionnées.
- Boucles et ressorts de harnais.
- Tarare perfectionné.
- 5 févr.
- 5 déc,
- . t Talon amovible pour les bottes et 7 sePt- } les souliers.
- I • r 1 ^ " ~ ’
- ) Fourneaux à grille, brûlant leur C- } fumée.
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- ( 64 )
- 0
- DOMICILE. COMTÉS. VTE délivrai Brevets.
- A « g
- Islington. Middlesex. 12 nov. .
- Liverpool. Lancashire. 7 mars. J
- Bromley. Middlesex. i5janv. |
- 3Iileend. Lanark. 3ijanv. |
- Kingston. Surrey. 26 mai. |
- Swansea. Glamorgan. 7 mai. J
- Homerton. 3Iiddlesex. . 1 2 mai. |
- Londres. id. 3ioctob.|
- Sheffield. Yorckshire. 8 avril. (
- Ipswicli. Suflolk. 5 déc. j
- Bermondsey. Surrey. 23 janv. J
- Londres. Middlesex. 3 févr. |
- id. id. 18 j uin. |
- Bilton. StafFordshire. 10 nov. |
- Londres. Middlesex. i4 nov. |
- ici. Bath. Bristol. id. Sommerset. j » 3 févr. | i4 mars, j
- NOMS ET PRENOMS des
- BREVETÉS.
- Styles (William)..,
- Sutherland (John). Taylor ( Philipp ) . .
- Taylor (R.). Taylor (H.).
- Todd (Th.).
- Tyer (G.)., Watt (Ch.),
- Whitham (George).
- Whiting (J.)......
- Wilson (Renj.)....
- Wilson (Daniel) ... Winch (Robert).. ,, Holden (R.).......
- Woolley (Ed.).....
- W'right (R.).......
- Wyatt (31.).......
- Wyke (George).....
- Sampson (William).
- QUALITES
- ou
- PROFESSIONS.
- charpentier.
- chaudronnier.
- chimiste.
- fact. d’orgues.
- chirurgien.
- constructeur, fabricant de lin.
- imprimeur.
- esq.
- DESIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- 3Iachine pour cribler le fraisil ou les résidus du charbon de terre consumé.
- Appareil pour purifier les liquides.
- Nouvelle application de la chaleur, et réfrigérant perfectionné.
- Métier à tisser les étofïes brochées , mu par une machine à vapeur.
- Appareil pour prendre et détruire les rats , les souris et autres animaux nuisibles.
- 31oyen de laminer le fer, et de faire du fil de fer, des clous , des vis, etc.
- Pompe à chaîne.
- Procédé pour préparer les plumes à écrire.
- Nouvelles broches pour les machines à filer le coton et les mull-jemiys.
- Contrevent de croisée.
- Machine pour teiller, sérancer et nettoyer le lin et le chanvre.
- Raffinage du sucre par la vapeur.
- Appareil pour transmettre le mouvement alternatif aux machines.
- Machine pour fabriquer des vis en bois.
- Machines à vapeur perfection^ nées.
- 3Ioyen d’empêcher les armes à feu de partir accidentellement
- Pompes perfectionnées.
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (nëe Vallat la Chapelle), rue de l’Éperon, n°. 7.
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-
-
-
- DIX-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CLXXVII.) MARS l8lQ.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MECANIQUES.
- Extrait d’un rapport fait par M. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniques , sur un nouveau mode de compensation des pendules, proposé par M. Piault, P un des membres de La Société dJEncouragemeJit.
- M. le Rapporteur, avant de donner la description du balancier compensateur de M. Piault, entre dans quelques détails sur les moyens employés pour corriger les variations qu’éprouvent les pendules par les altérations de la température , qui contracte et dilate les métaux dont on les forme, moyens qui ont été tirés de la cause même qui les rendait nécessaires.
- On sait que les métaux sont inégalement dilatables par la chaleur : par exemple, l’acier non trempé l’est moins que le cuivre, dans le rapport de 5 à 8 ; c’est-à-dire que la même température qui serait capable d’allonger une barre d’acier recuit de 5 millimètres, allongerait une barre de cuivre de même longueur de 8 millimètres. On a tiré parti de cette propriété pour amener les pendules à conserver leur longueur invariable, et par conséquent à avoir des oscillations sans cesse égales, c’est-à-dire a être compensateurs.
- Pour cet effet, on construit un cadre de cuivre, composé de quatre tiges soudées en forme de long rectangle, dont les deux courtes sont horizontales et les deux longues verticales; la branche transversale in-Dix—huitième année. Mars i8iq. I
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- férieure étant soudée au bout d’une tige d’acier qui oscille, et dont l’extrémité supérieure est menée par l’échappement de l’horloge, il en résulte que la chaleur fera allonger toutes les parties de ce système , et que le cadre entier descendra un peu ; mais en meme temps ses dimensions s’allongent, la traverse supérieure, qui ne tient pas à la tige d acier, quoique réunie à la traverse inférieure, s’élevant alors. On conçoit qu’en proportionnant les longueurs des barres verticales d’acier et de cuivre, conformément à la loi de dilatation de ces métaux, la traverse supérieure pourra avoir précisément autant monté que descendu , et par conséquent sera restée à la même distance du point de suspension. Si donc cette barre porte la lentille du balancier, elle sera demeurée dans le même état d’oscillation que si la température n’avait pas changé. Ainsi, les vibrations auront conservé leur durée constante.
- Comme il n’y a pas assez de différence entre les dilatations des deux métaux , un seul cadre ne suffit pas pour produire la compensation ; on combine donc ensemble plusieurs châssis ; le premier en supporte un second en fer, celui-ci un troisième en cuivre, et ainsi alternativement. Ces assemblages, qui se disposent en forme de grille, en ont pris le nom de pendule en grille; les effets de ces divers cadres s’ajoutent, et on arrive au but désiré.
- Le plus difficile n’est pas de concevoir cet assemblage, ni même d’en demander les proportions au calcul ; on trouvera dans la Physique de Biot % tome I, page 176, les formules destinées à cet objet, et dans le Traité dé Horlogerie de F. Berthoud les dimensions que doivent avoir les branches d’acier et de cuivre dans les pendules à secondes et à demi-secondes.
- Il reste ensuite à exécuter les châssis avec les proportions requises ; mais les plus petites erreurs dans les longueurs des barres verticales peuvent en produire de sensibles dans la durée des oscillations, et détruire l’effet compensateur qu’on recherche. Les procédés suivant lesquels on peut mesurer ces longueurs sont bien imparfaits, quand ensuite 011 veut les soumettre à l’épreuve si délicate des vibrations, qui amplifient indéfiniment les moindres écarts. On pourrait bien plutôt prédire la longueur d’un pendule d’après son mouvement, que celui-ci d’après sa longueur. Aussi doit-on prendre le soin d’exposer le pendule dans des circonstances extrêmes où l’on puisse juger si la compensation est produite. Pour cet effet, on met du feu dans la cage de la pendule pour échauffer le balancier; ensuite on l’expose au froid, ou même
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- à la température ordinaire; on suit ses mouvemens et on les compare à ceux d’une pendule déjà reconnue pour être exactement compensatrice ; ou plutôt on compare les durées à celles des mouvemens célestes, qui sont, comme on en est assuré, le seul exemple dans l’univers du mouvement parfaitement uniforme.
- On n’assemble pas d’abord fixement les barreaux des châssis ; des vis de pression suffisent pour les arrêter momentanément : après l’épreuve, on allonge ou accourcit légèrement les tiges de cuivre ou celles d’acier; enfin, quand le mouvement a été reconnu pour uniforme, on soude et on supprime les vis.
- Il est inutile de dire que l’épreuve dont il s’agit est la seule chose délicate dans cette opération ; quelle exige à-la-fois du temps et des soins, et qu’elle élève beaucoup le prix de la machine. Mais dans les pendules de cheminée, même les plus exactes, on ne se donne pas la peine de régler le pendule ; comme les oscillations rfy sont que de demi-seconde, l’isochronisme n’existe plus, et il serait inutile de mettre une rigueur plus grande dans la confection du pendule. D’ailleurs, les alternations de la température sont fort limitées dans nos appartemens, et on se contente de fabriquer les pendules compensateurs d’après les dimensions prescrites. On réserve pour les instrumens d’astronomie une rigueur qui ici serait superflue. Ces pendules compensateurs sont faits en fabrique et livrés au commerce au prix modique de i5 à 20 francs.
- Le pendule compensateur de M. Piault se compose de quatre petites barres égales d’acier recuit, assemblées par des goupilles,qui en retiennent les extrémités sous la forme d’une losange ; ces goupilles ne sont pas assez serrées pour empêcher un mouvement de charnière aux quatre angles. On conçoit qu’en écartant deux sommets opposés, la losange s’aplatira, parce que les deux autres sommets s’approcheront. Les deux angles opposés sont réunis par une petite barre de laiton placée en travers et soudée à leurs sommets. Ces cinq barres, s’allongeant à mesure que la température s’élève, accroîtront l’étendue de la losange et éloigneront les sommetslibres ; les deux autres sommets seront pareillement écartés par l’allongement de 3a barre de laiton , qui les joint ; l’auteur pense que ces effets opposés pourront se compenser.
- D’après cette explication, le pendule de M. Piault est aisé à concevoir. Divers barreaux d’acier croisés en X et joints par des goupilles sont mis oQut à bout à d’autres X semblables, et forment une série de losanges qa on place verticalement; on bout est mis en. suspension et mené par * échappement d'une horlogi: quand le système oscille ; l’autre extrémité
- I 2
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- supporte une lentille. A Tune de ces losanges on fixe un barreau horizontal de laiton , qui maintient écartés deux sommets de losanges. L auteur pense que s’il y a juste proportion entre les dimensions de cette barre et l’étendue des losanges , la compensation s’établira , parce que le laiton, étant plus dilatable que l’acier recuit, écartera ces deux angles opposés, et par suite tous les sommets placés parallèlement à l’horizon ; cot écart sera assez fort pour rapprocher tous les sommets qui sont dans la direction verticale , d’autant que la dilatation de l’acier les avait éloignés. Quand la température s’abaisse, l’effet sera contraire ; l’accroissement du barreau de laiton opérera un tirage sur les sommets opposés dans la direction horizontale, et écartera par conséquent les sommets dirigés dans la ligne à-plomb. Le pendule s’allongera d’autant que le froid l’aura raccourci, et la lentille sera restée à la même distance du point de suspension.
- Ce système a paru au Comité des arts mécaniques simple et ingénieux, mais d’une application difficile , parce qu’il est à craindre qu’on n’ait de la peine à donner aux parties les justes proportions qui doivent produire la compensation. M. Prony, qui a eu la même idée il y a vingt ans, l’a abandonnée par cette raison. Au surplus, M. Piault n’ayant pas fait exécuter son pendule , c’est à l’expérience à prononcer sur ses avantages comparativement avec les pendules ordinaires.
- M. le rapporteur rappelle , à cette occasion, qu’il a vu à Florence une excellente pendule dont la lentille était soutenue par une simple règle de bois. Le propriétaire s’en servait pour des observations astronomiques. AL Delambre assure avoir éprouvé un instrument pareil, qui lui a paru aussi exact que les meilleurs pendules compensateurs ; il serait donc à désirer qu’on fît usage de ces balanciers de bois dans les pendules du commerce, parce qu’ils sont très-peu chers et plus exacts que les autres. M. Bréguet ne partage cependant pas cette opinion , ayant essayé des règles de bois dur préparé de diverses manières, dont il n’a pas obtenu des résultats aussi satisfaisans que les faits physiques tendent à le faire croire.
- Graharn, célèbre horloger anglais, a imaginé un pendule composé d’une tige de fer au bout de laquelle est fixé un cylindre de verre à-peu - près plein de mercure. Lorsque la température s’élève , la verge s’allonge, le vase cylindrique descend avec le mercure qu’il contient; mais en même temps le mercure se dilate et bien plus que le fer, en sorte que le fluide métallique monte dans le vase. Comme le poids du mercure fait presque la totalité du poids entier de ce pendule, il serait
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- bien aisé de trouver, par le calcul, ce qu’il faut mettre de mercure dans le vase pour que le centre d’oscillation reste à la même distance de l’axe de suspension. Si l’on ne veut pas s’en rapporter au seul calcul, les corrections que l’expérience pourrait indiquer seront du moins très-faciles à faire, puisqu’elles se réduisent à ajouter ou ôter du mercure.
- Il est à regretter qu’on ne fasse plus usage de ce pendule.
- Note sur Vapplication de la machine à vapeur aux presses
- d*imprimerie (i).
- Il y a actuellement à Londres trois imprimeries où l’on voit des presses mues par la machine à vapeur : celles de MM. Benslej, Taylor et Cooper. Dans la première, il y a deux presses : l’une n’imprime que d’un côté, comme les presses ordinaires; l’autre, plus grande, imprime deux côtés en même temps, mais non sur la même feuille. Chacune est servie par deux enfons seulement, dont l’un étend la feuille blanche ou celle qui est tirée d’un côté, sur un plan flexible et mouvant, qui l’emmène rapidement; l’autre retire la feuille qui vient de recevoir l’impression. Une petite machine à vapeur, de la force de deux chevaux, placée dans un cabinet voisin, et dont l’action se transmet aux deux presses, fait tout le reste de l’ouvrage avec une rapidité inconcevable. On tire quinze feuilles sur les deux faces par minute, ce qui équivaudrait à neuf cents feuilles par heure et dix-huit cents sur une face. La presse ordinaire emploie deux ouvriers, hommes faits, dont l’un exerce une action violente sur le barreau pour ne tirer que deux cent cinquante feuilles d’un côté seulement : ainsi, l’effet comparé à celui de la presse commune est ici dans le rapport de 180 à 25.
- La presse, vue à quelque distance, ressemble un peu, par sa forme et son action , aux machines à carder le coton ou la laine pour les filatures. On y voit un nombre de cylindres petits et gros en mouvement plus ou moins rapide, et une grande et longue table qui va et vient par un mouvement horizontal aussi prompt que régulier.
- L’une des plus grandes difficultés que M. Kœnig, auteur de cet appareil ingénieux, eut à vaincre, fut la distribution bien égale et uniforme de l’encre sur les caractères placés dans leurs formes comme à 1 ordinaire : voici comment ce problème physico-mécanique a été résolu,
- (i) Voyez, pour plus de détails, la description que nous avons donnée de la presse de M. Kœnig } dans le Bulletin N°. CXLI, quinzième année, page 56.
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-
-
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- On voit à l’extrémité antérieure de la machine un système de rouleaux horizontaux, dont tous les axes sont disposés les uns au-dessus des autres dans un même plan vertical. Immédiatement au-dessus du rouleau supérieur est une trémie longue et étroite, qui contient l’encre à son degré ordinaire d’épaisseur; elle coule lentement en petits filets sur ce rouleau, et ne tarde pas à être comprimée et déjà un peu étendue entre ce même rouleau et celui qui tourne immédiatement au-dessous et en contact avec lui; de là elle s’étend mieux encore sur un troisième, qui, pour bien égaliser, a un léger mouvement de va-et-vient dans le sens de son axe ; enfin, l’encre ainsi étendue et soumise à la série des rouleaux comme à autant de laminoirs, est distribuée par le dernier sur un plan qui forme la partie antérieure de la grande table mobile. Ce plan happe l’encre et la communique de suite à un grand rouleau qui passe dessus et aussitôt après sur les caractères, lesquels, après avoir reçu le papier, vont passer sous un cylindre comprimant, dont l’action remplace la presse ordinaire. Alors tout est terminé; le tirage est d’une égalité et d’une netteté parfaites.
- Les rouleaux distributeurs de l’encre sont enduits d’une composition qui n’est autre chose qu’un mélange de colle-forte ordinaire avec du sucre brut ou de la mélasse (gélatine et mélasse) ; ce dernier ingrédient, ayant la faculté d’attirer l’humidité de l’air, empêche la dessiccation du mélange au degré qui lui enlèverait la souplesse requise, tout en lui laissant la consistance qu’exige son emploi, et qui est à peu près celle de la résine élastique ou caoutchouc. Cette même matière est employée dans l’établissement de M. de Lasteyrie, pour garnir les rouleaux qu’on charge d’encre pour les impressions lithographiques.
- Le mouvement de va-et-vient, si lestement exécuté par une large et longue table bien lourde, a quelque chose de surprenant par sa douceur et sa régularité : en voici le mécanisme, qui est très-ingénieux. Il est produit par un râteau que conduit un fort pignon, lequel, quoique tournant toujours dans le même sens, procure à ce râteau et à la table sous laquelle il est attaché et qu’il charrie sur roulettes, un mouvement alternatif horizontal dans deux sens opposés, par la disposition suivante.
- Le râteau est composé d’une large et épaisse bande de fer, longue de toute l’étendue du mouvement qu’on veut donner à la table ; cette bande est dentée sur toute sa circonférence sans interruption c’est-à-dire à son côté supérieur et inférieur et aux deux extrémités convenablement arrondies. Le pignon qui engrène ce système longi-
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- tudinal de denture, est fixé au bout d’un long axe horizontal soutenu à l’autre extrémité, où il reçoit la puissance motrice, par une tige à double charnière , qui lui permet à-la-fois deux mouvemens , l’un de rotation sur son axe, l’autre d’ascension et de descente à l’extrémité qui porte le pignon, d’une quantité égale au diamètre du râteau ou à sa hauteur dans le sens vertical. L’axe du pignon est logé dans une coulisse verticale, qui le contient et le dirige toujours dans son ascension et sa descente alternatives forcées , par son engrenage avec le râteau , dont il occupe tantôt la denture supérieure , tantôt l’inférieure , tantôt enfin le passage de l’une à l’autre par la denture circulaire des extrémités. Ainsi le râteau va et vient pendant que le pignon, tournant toujours du même côté , engrène d’abord toute la denture supérieure par exemple , ensuite descend pour engrener la partie circulaire qui termine le râteau à une extrémité , puis le conduit dans le sens opposé par sa denture inférieure, enfin remonte à la supérieure en tournant autour de son autre extrémité , etc. Rien de plus simple et de plus élégant que ce jeu.
- La presse qu’on voit dans les ateliers de M. Taylor paraît ne pas différer essentiellement de la précédente. La machine à vapeur qui la fait mouvoir est beaucoup plus petite que celle de M. Bensley. Dans la troisième presse à vapeur, celle de M. Cooper, qui paraît simplifiée comparativement aux précédentes, le va-et-vient de la table qui porte les caractères agit par un mécanisme analogue à celui qui vient d’être décrit, mais qui en diffère beaucoup dans l’exécution. C’est bien aussi un râteau et un pignon ; mais ici l’axe du pignon est fixe , c’est-à-dire qu’il n’a d’autre mouvement que la rotation dans un même sens ; le pignon occupe la partie interne d’un long râteau fabriqué en forme d’anneau aplati dans toute sa longueur, et qui n’a de circulaire que ses deux extrémités. Cet anneau plat est un peu plus large que le diamètre du pignon; de manière que lorsque celui-ci engrène le côté inférieur, ses dents ne touchent point le côté supérieur, et vice versa; ce petit mouvement d’ascension et de descente de l’anneau , parallèlement à lui-même , qui a lieu pour que ses dents, toutes intérieures, engrènent le dessus et le dessous du pignon alternativement, est produit par un levier ; et ici c’est le râteau qui vient chercher le pignon, tandis que, par le mécanisme précédent , l’axe du pignon se meut dans le sens vertical pour faire engrener le râteau tour à tour par-dessus et par-dessous, et toujours a 1 extérieur.
- Cette presse n’opère pas encore, sa construction n’étant pas tout-à-fait achevée.
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- Rapport fait par M. Humblot - Conté, au nom du Comité des arts mécaniques, sur une scie circulaire pour débiter le bois de placage , inventée par M. Haks.
- Messieurs, vous avez chargé votre Comité des arts mécaniques de vous présenter un rapport sur la scie circulaire de M. Haks, mécanicien , rue du Faubourg Saint-Antoine, cour Saint-Louis. Nous nous sommes transportés dans les ateliers de cet habile mécanicien, qui, depuis long-temps, s’est occupé de débiter des bois de placage avec des scies alternatives, et qui a apporté des perfectionnemens notables à ce genre d’industrie , comme nous avons pu nous en assurer en voyant ses machines et les produits qu’il en obtient.
- La scie circulaire de M. Haks n’a pas été faite à l’imitation de celle des Anglais, et telle qu’elle est elle est tout entière de son invention ; seulement c’est la connaissance qu’il a eue qu’il en existait en Angleterre, qui lui a donné l’idée d’en faire une (i). Aussi, n’étant pas éclairé par l’expérience, n’a-t-il pas évité un vice de construction que l’expérience pouvait peut-être seule lui indiquer. Il l’a faite d’un diamètre trop petit ; elle n’a que 7 pieds , et c’est à cette première faute qu’il attribue, avec raison , les nombreux obstacles qu’il a eus à surmonter pour la mettre en activité. La plus petite de celles qui sont dans les ateliers de Battersea, près Londres, a 9 pieds de diamètre, et les madriers que l’on peut scier avec elle ne sont guère plus larges que ceux que M. Haks divise avec la sienne. Les scies que M. Brunei a construites, depuis la première, sont toutes d’un diamètre supérieur; il en a établi de 18 pieds.
- Du reste, sous tous les autres rapports , l’invention française nous paraît mériter la préférence.
- D’abord la scie est plus légère et 11e pèse certainement pas le quart de celle des Anglais, d’où il résulte moins de dépense de construction et moins de résistance dans les frottemens : aussi tourne-t-elle avec une rapidité bien plus grande, et les traits de scie étant plus rapprochés, le bois est mieux dressé, et plus près d être poli.
- En second lieu , les traits sont bien moins profonds et moins marqués sur le bois, ce qui permet de tirer plus de feuilles au pouce, tout en leur conservant une épaisseur suffisante. M. Haks en obtient douze à treize,
- (1) Le premier inventeur des scies circulaires est un Français , M. Brunei, qui a enrichi les arts et les ateliers de la marine, en Angleterre, de nombreuses et admirables machines.
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- et les Anglais huit à neuf dans les mêmes largeurs. Sept des feuilles de M. Haks, mesurées ensemble au compas d’épaisseur, ont donné 6 lignes.
- Nul doute que si la fortune de ce mécanicien lui eût permis de consacrer une plus forte somme à l’exécution de sa machine, il n’eût fait beaucoup mieux encore; car ses supports, ses chariots, ses mouvemens sont en bois, tandis|qu’en Angleterre tout est en fonte de fer; et l’on peut imaginer aisément combien d’avantages a le mécanicien qui emploie ce métal sur celui qui est réduit à employer le bois, lorsqu’il s’agit de faire une machine de précision, où il faut prévoir et prévenir les effets des variations de la température.
- M. Haks a tout prévu : par la manière dont il dispose les dents de la scie, elles ne sont jamais engorgées et n’exigent pas, comme à Londres, l’action continuelle d’un surveillant pour les nettoyer. Il peut faire 3oo pieds carrés de placage par jour avec deux chevaux sur son manège, marchant très-librement et sans effort; ce nombre est suffisant, parce que les chevaux prennent assez de repos pendant que l’on change le bois et que l’on affûte.
- La plus petite des scies anglaises emploie au moins autant de force et ne fait pas plus d’ouvrage. Autant que le rapporteur peut se le rappeler, elle nécessite la force de près de trois chevaux ; car une pompe à feu de huit chevaux fait mouvoir trois scies.
- Par la disposition que M. Haks a donnée aux segmens de ses lames de scie et par la manière dont elles pénètrent dans le bois, il a prévu le cas où le madrier viendrait à se décoller, ce qui arrive quelquefois à la fin du travail. Cet accident n’entraîne chez lui aucun dérangement dans la machine. Enfin , un ouvrier attentif et intelligent suffit pour la surveiller, et il n’est pas besoin qu’il ait plus de talent qu’un simple menuisier.
- D’après cet exposé, votre Comité des arts mécaniques, jugeant que M. Haks a importé en France l’art de scier le placage avec une scie circulaire, que ses produits sont d’une^qualité supérieure à ceux connus pour provenir de semblables machines, vous propose de décerner à eet artiste une médaille d’encouragement (i), et de faire connaître son invention en insérant le présent rapport au Bulletin de la Société.
- Adopté en séance, le *iL\ février 1819.
- Signé HuMELOT-CoNTé, rapporteur.
- (1) Cette proposition a été renvoyée à la Commission des médailles.
- Dix-huitième année. Mars 1819. K-
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- Observations de M. d’Artigues, sur les moulins à vent dont les ailes horizontales sont garnies de voiles triangulaires.
- J’ai lu dans le Bulletin de la Société, du mois de novembre dernier, page 349, un rapport fait par M. Tarbê, sur un moulin à ailes horizontales de M. Lefèvre, capitaine d’artillerie. Le principe sur lequel repose la construction de ce moulin consiste à adapter à l’extrémité de mâts horizontaux d’autres mâts verticaux qu’on garnit de voiles latines, qui ont la propriété de s’orienter d’elles-mêmes et de serrer le vent au plus près possible; de cette manière, chaque voile prend le vent utilement dans plus de 3oo degrés du cercle qu’elle parcourt succès sivement.
- Les moulins de ce genre me semblent devoir être très-utiles, sur-tou*: si on les établit sur des bâtimens déjà construits ; on obtiendrait ainsi des moteurs peu dispendieux, qui n’obligeraient pas à changer la forme des toits.
- Ces moulins n’ont pas l’inconvénient de ceux ordinaires à ailes horizontales, puisque, d’une part, chaque voile emploie le vent utilement pendant 5oo degrés du cercle quelle parcourt, et qu’en revenant sur le vent, celui-ci n’a aucune prise sur elles. Ils ont, au contraire, un grand avantage sur tous les autres moulins pour produire un puissant effort, parce que le vent appuie constamment sur un bras de levier d’égale longueur, tandis que, dans ces derniers, son effort s’exerce sur la longueur d’ailes dont la vitesse va en augmentant, à mesure que chaque partie s’éloigne du centre de mouvement : d’où il résulte qu’une portion du vent vient mourir inutilement contre l’extrémité des ailes la plus rapprochée du centre, et qui ne peut acquérir assez de vitesse pour que ce vent produise son effet ; en même temps l’autre extrémité a déjà une vitesse acquise qui peut-être dépasse celle du vent moteur, ce qui nuit à l’effet total de la machine.
- Le moulin qui nous occupe 11’est pas une invention nouvelle; on en trouve la description et les dessins dans le volume YII des Annales des arts et manufactures, par Orellj {\); c’est là que j’en ai pris la première idée, et moi-même je l’ai exécuté assez en grand pour faire tourner un
- (ï) Nous observerons qu verticales ou légèrement inclinées à l’horizon
- les moulins à voiles décrits dans cet ouvrage sont à ailes
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- jeu de bague portant quatre personnes. Il n’avait cependant que quatre ailes triangulaires de 5 pieds de base et de 4 pieds et demi de haut ( voyez A ,fïg- i, PL 17$ ), et le diamètre du cercle de rotation n’était que de 12 pieds. Etonné de l’effet que j’avais obtenu avec une régularité proportionnée à celle du vent, d’une machine munie d’une aussi petite voilure, j’ai résolu de la construire en grand sur une échelle triple, et d’y adapter six ailes au lieu de quatre; ce qui me donnera un rapport de i3 et demi à 1, avec mon premier essai. Déjà les bois sont préparés pour établir, l’été prochain , cette machine, qui pourra avoir un but utile , et de laquelle j’espère qu’on tirera un jour un parti avantageux. Elle me paraît néanmoins susceptible de diverses modifications: par exemple, on pourrait doubler sa force si les bâtimens étaient, comme le dit M. Tarbê dans son rapport, disposés en tour ou en clocher; car alors on placerait en dessous des mâts horizontaux une prolongation de mâts verticaux , auxquels on adapterait une voilure pareille à celle de dessus; les voiles seraient ainsi montées base à base, comme il est indiqué par la lettre B, fïg. 2. Cette disposition contribuerait à la solidité de l’appareil en empêchant l’effort de torsion que la hauteur de voiles exerce sur l’axe vertical. On pourrait encore y adapter des focs C,Jig. 3 , en avant des voiles latines. J’essaierai ces cliffé-rens moyens.
- On a manifesté à tort, je pense, la crainte qu’il ne résultât, dans l’usage de cette machine , un inconvénient de l’espèce de coup de fouet qui se produit lorsque chaque voile s’oriente d’eile-mème pour changer le vent de tribord à bas bord, et vice versa. Cela a heu dans un modèle en petit ou l’on ne peut pas tendre assez fortement la queue de la voile latine; sans quoi, elle cesserait de faire la poche et de produire tout son effet au vent largue : mais dans un moulin en grand on peut tendre aussi serré qu’on le voudra la queue de cette voile, qui, à cause de son étendue, fera toujours assez la poche pour décomposer l’action du vent largue ou de côté, qui est celui qui exerce le plus puissant effort sur cette espèce de voile.
- Comme chacun peut s’occuper de cette çnécanique, puisqu’elle est connue depuis long-temps, je désire que ceux des membres de Ja Société que leurs études mettent au courant des machines, étudient l’effet de ce moteur, dont l’usage me semble promettre un grand avantage dans plusieurs circonstances, lorsqu’une fois cet emploi aura été bien réglé et déterminé par l’expérience.
- Je rendrai compte à la Société, l’hiver prochain, des résultats que j aurai obtenus de la machine que je vais faire construire ; malheureu-
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- sement je ne pourrai l’essayer comparativement avec les moulins ordinaires, parce qu’il n’en existe pas dans le pays que j’habite; mais en comparant les carrés des voilures, la longueur des bras de levier, la vitesse du mouvement et l’effort produit, on en déduira déjà quelques conséquences.
- Description d’un mécanisme de moulin à 'voiles horizontales, imaginé par J\l. Lefèvre, capitaine d* artillerie.
- Le moulin imaginé par M. Lefèvre, et dont il a présenté le modèle à la Société , au mois de novembre dernier, paraît réunir la solidité et la simplicité à l’avantage de pouvoir être placé sur un batiment quelconque et de tourner à tout vent, ainsi que M. Tarbè l’a annoncé dans son rapport inséré au Bulletin N°. CLXXIII, dix-septième année. Quoique ce moulin ne soit pas encore construit en grand, nous avons cm devoir appeler sur lui l’attention de nos lecteurs, parce qu’il sera d’une utilité réelle dans les localités privées d’eau, et qu’on pourra l’établir à peu de frais. Un dessin très-exact que nous joignons ici, en donnera une idée suffisante et complétera la description consignée dans le rapport précité.
- La partie mobile de ce moulin , composé de six ailes , tourne sur une plate-forme k^fîg. 4, Pl- 173, soutenue par une charpente B établie au faîte du bâtiment. L’arbre principal C , qui est taillé en hexagone ou à six pans , passe à travers la plate-forme et reçoit à son extrémité supérieure six leviers doubles DD, qui y sont solidement encastrés. Ces leviers, placés à égale distance l’un de l’autre, s’inclinent à l’horizon en partant du centre , et sont assemblés par des moïses EE et des croisillons E' E', afin que leur position soit immuable. Ils sont réunis deux à deux , à leurs extrémités extérieures, par des mâts verticaux F F dont la hauteur est égale à la largeur des voiies. Cette charpente présente par conséquent six châssis triangulaires dont la base est à l’extérieur, et autour desquels s’attachent les voiles G G , que la figt 4 montre repliées et développées. Elles sont composées d’une toile serrée et renforcées par des cordages cousus à leur pourtour. Les anneaux a a, qui garnissent leur base, glissent librement le long de la tringle verticale F. L’anneau inférieur de chaque voile est fixé à un cordage b passant sur les poulies de renvoi cc, et tient les deux extrémités s’enroulent en sens contraire sur un treuil d, fixé à l’arbre vertical, en dedans de l’usine, et muni d’une manivelle e. On peut élever ou abaisser cet anneau en faisant enrouler le cordage
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- sur le treuil, par l’une ou l’autre de ses extrémités. En supposant que l’arbre tourne lentement et que les manivelles se trouvent à peu de distance de l’axe de rotation , un homme aurait le temps de faire faire un tour à chacune d’elles pendant qu’elle passe devant lui. D’ailleurs , il serait aisé et simple que lèvent lui-même servît à produire cet effet; il suffirait pour cela de remplacer les manivelles ee par des pignons; disposer un châssis composé de deux secteurs dentés , de manière qu’en abaissant le châssis entre deux coulisses , on fît engrener avec la courbe supérieure, et en l’élevant avec la courbe inférieure; ces deux secteurs seraient assez écartés l’un de l’autre pour que, dans la position habituelle du châssis, les pignons pussent passer entre eux sans les toucher. A l’extrémité angulaire de la voile est attachée une corde que l’on fixe,suivant la longueur désirée , à l’anneau du milieu de la voile suivante. Nous observerons que les dimensions des voiles doivent être telles, que non-seulement elles couvrent exactement l’espace compris entre chaque aile , mais encore qu’elles aient le jeu nécessaire pour former la poche ou une courbe plus ou moins prolongée, lorsque le vent les enfle , ainsi qu’on le voit dans le petit plan, fig, 7.
- Nous avons dit que tout le système tourne sur la plate-forme A ; pour cet effet, l’arbre du moulin est entouré d’un collier ou frette g3 qui tourne entre quatre galets h h montés dans le châssis i, et roulant sur des axes particuliers.
- Nous ajouterons qu’on peut amener une ou plusieurs voiles, selon le besoin, sans arrêter le mouvement de rotation, les treuils dd et le châssis dans lequel ils sont montés, tournant en même temps que l’arbre.
- Pour consolider la charpente, 1’auteur conseille de réunir les extrémités des vergues DD, en haut et en bas, par des cordages ou des fils de fer tendus de l’une à l’autre ; dans ce cas, tout le système ne fait qu’un, et les efforts sont répartis sur toutes les vergues.
- Sans doute l’idée d’employer des voiles mobiles dans les moulins à vent n’est pas nouvelle, ainsi que l’observe M. d’Artigues ; il n’est cependant pas à notre connaissance qu’on les ait disposées comme le fait AL Lefèvre, Nous avons publié dans le Bulletin N \ CXXXA^II, quatorzième année , novembre i8t5, page 269, une notice sur des moulins à voiles établis en Danemarck par M. Baron, capitaine américain ; ces moulins portent des ailes verticales composées de vergues plus ou moins courbées, auxquelles s’attachent des voiles triangulaires, qui reçoivent ainsi directement l’impulsion du vent, mais qui exigent qu’on les oriente au vent et qu’011 les adapte
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- à un bâtiment construit exprès ; tandis que celles de M. Lefèvre ont l’avantage de se mettre elles-mêmes au vent et de pouvoir être établies sur une grange ou tout autre bâtiment.
- Explication des fig. 4, 5,6 et 7 de la PL 175.
- Fig. 4, Elévation du système de moulin à voiles triangulaires.
- Fig. 5, Plan du moulin.
- Fig. 6, Plan des treuils établis autour de l’arbre vertical.
- Fig. 7, Plan des ailes, montrant la disposition des voiles lorsqu’elles sont frappées par le vent. Cette figure est dessinée sur une très-petite échelle.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- A, Plate-forme sur laquelle tourne le moulin ; B, charpente établie au faîte du bâtiment; C, arbre principal taillé en hexagone et faisant agir une ou plusieurs paires de meules; DD, vergues ou leviers doubles, solidement encastrés dans l’arbre et assemblés par les moises E E ; E' E', croisillons passant entre les moises, pour consolider le système; FF, mâts ou tiges verticales réunissant les vergues D D, de manière à en former des châssis triangulaires ; G G, voiles latines ou triangulaires ; on voit dans le plan , fig. 7, la courbe qu’elles décrivent lorsqu’elles sont frappées par le vent.
- a a, Anneaux cousus à la base de la voile et glissant le long des tringles verticales F \ b b 3 cordes qui s’attachent à l’anneau inférieur de chaque voile et servent à la ployer ou déployer; cc, poulies de renvoi sur lesquelles passent ces cordes; dd, treuils disposés circulairement autour de l’arbre du moulin et sur lesquels s’enroulent les cordes b b; ee, manivelles pour faire tournerxes treuils \f-> châssis dans lequel passent leurs axes; g, collier ou frette de l’arbre C ; il roule entre les quatre galets h h établis dans le châssis i.
- Les flèches, dans les fig. 5 et 7, indiquent la direction du vent.
- Notice sur un piquet à thermomètre servant à déterminer les
- différens degrés de température des couches de terresuivant les saisonsy inventé par JVI, Regnier.
- En i8o3, un Hollandais distingué invita l’auteur à composer, pour son usage, un piquet à thermomètre, destiné à régler la température des couches de son jardin, au degré qui paraîtrait le plus convenable.
- Cet instrument, qui fut décrit et gravé, l’année suivante, dans la
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- Bibliothèque phjsico-économique, reçut successivement l’approbation de la Société d’agriculture de Seine-et-Oise, et celle de M. Pictet, de Genève, qui s’est occupé long-temps d’expériences thermométriques dans la terre. M. Piegnier ayant ajouté à son piquet à thermomètre quelques perfec-tionnemens qui en rendent l’emploi plus commode, nous croyons devoir le faire connaître à nos lecteurs.
- Le piquet qui renferme le thermomètre est composé d’un tube en bois de chêne A, fig. 8, Pl. 173, de 10 pouces de long, carbonisé à l’extérieur pour le rendre plus durable. Son extrémité inférieure est terminée par un cône en laiton mince B, dans lequel est logée la boule C d’un thermomètre à bains ; ce cône est criblé de petits trous pour laisser un passage libre aux impressions du calorique sur le thermomètre.
- La partie supérieure du tube A, cannelée de petites ravures présentant des aspérités à la main pour l’enfoncer plus facilement, est garnie intérieurement d’étoffe de laine qui empêche le passage de l’air; le thermomètre D, placé au centre, est caché par un couvercle de fer-blanc vernissé E, qui recouvre l’orifice du piquet, afin que la pluie n’y puisse pénétrer.
- On voit, par ces dispositions, que le piquet étant enfoncé de 7 à 8 pouces en terre, le thermomètre reçoit immédiatement les impressions delà chaleur de la couche; l’observateur peut s’assurer facilement du degré de température, en retirant du piquet le thermomètre, qui ne risque pas d’être cassé comme cela arriverait s’il était mis nu dans la terre, puisque l’étui dans lequel il est renfermé et le cône de cuivre le garantissent des corps durs qu’il pourrait rencontrer.
- Cet instrument simple et peu dispendieux, dont l’expérience a constaté le succès, offre aux jardiniers un excellent moyen de régler la chaleur des couches et de connaître, par l’usage, celle qui est la plus convenable aux différens légumes qui exigent des soins particuliers ; il est d’ailleurs susceptible de plusieurs autres applications.
- Explication des fig. 8 et 9 de la Pl. in5,
- Fig. 8, Le piquet vu à l’extérieur.
- Fig. 9, Coupe qui donne le développement du thermomètre dans le piquet.
- A , Corps du piquet en bois de chêne ; B, cône en laiton adapté à son extrémité inférieure et percé de petits trous ; C, boule du thermomètre ; D, tige graduée du thermomètre; E, couvercle de fer-blanc vernissé, qui recouvre l’orifice du piquet.
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- Note sur un moyen de faire marcher Les vaisseaux de guerre
- dans un temps calme.
- Ce moyen, qui nous a été indiqué par M. Doolitle, membre de la Société,, et qui, selon lui, est très-simple et peu connu encore, consiste dans l’emploi d’un corps quelconque qui ferait l’office du radeau plongeur de M. Thilorier, et qui serait construit en bois ou en toile à voile goudronnée ; il aurait la forme de ces grands parapluies dont on se sert encore dans quelques marchés de Paris, lesquels, tirés dans un sens, se fermeraient et offriraient très-peu de prise à l’eau, et, tirés dans le sens contraire, présenteraient en s’ouvrant une très-grande résistance; une araignée, partant de la tige et attachée à l’extrémité de chacune des branches, les empêcherait de trop s’ouvrir.
- Cet appareil étant mis à l’eau à côté du bâtiment, on le tire en avant par le moyen d’une corde attachée à son sommet et passant sur une poulie de renvoi fixée à la vergue de civadière, et en arrière par l’autre extrémité de la même corde attachée à la tige et passant sur une autre poulie adaptée à un boute-hors en travers de la poupe.
- De cette manière, on pourrait employer à-la-fois un équipage très-nombreux sur les deux côtés du navire ; les hommes marcheraient alternativement d’avant en arrière, et d’arrière en avant, le long du pont, en traînant la corde, et ils produiraient plus d’effet avec moins de fatigue qu’avec des rames, qui d’ailleurs sont impraticables dans des vaisseaux de guerre, à cause de la hauteur du bord.
- C’est par ce moyen que la frégate américaine la Constitution, commandée par le capitaine Hull, échappa, le 17 juillet 1812, à la poursuite d’une escadre anglaise composée d’un vaisseau de ligne, quatre frégates, un brick et une goélette. Le vent ayant manqué tout-à-coup lorsque plusieurs des vaisseaux ennemis étaient déjà à portée de canon, les Anglais employèrent toutes les embarcations de l’escadre pour remorquer celles de leurs frégates destinées à engager le combat, et malgré cette immense disproportion de forces, la Constitution, avec son seul équipage et à l’aide de l’appareil que nous venons de décrire, parvint à se soustraire à une chasse des plus opiniâtres.
- ARTS
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- ARTS CHIMIQUES.
- H apport fait par M. Mérimée 9 au nom du Comité des arts chimiques, sur un nouveau procédé de fabrication du fer, introduit dans les forges de Grossouvre, département du Cher, par M. Dufaud.
- Il n’y a guère plus de trente ans que la fabrication du fer est devenue, en Angleterre, une de ses principales richesses territoriales. Cet avantage est le résultat de deux découvertes de la plus haute importance : i°. la machine à vapeur qui permet de placer par-tout un moteur d’une force indéfinie; 2°. l’emploi des cylindres dans l’étirage du fer, procédé qui abrège considérablement l’opération, en même temps qu’d la perfectionne. Avec ces, deux moyens, l’Angleterre, qui, avant la révolution, fabriquait à peine le fer nécessaire à sa consommation, serait aujourd’hui en état d’en approvisionner l’Europe.
- Ce nouveau système de fabrication était connu, en France, depuis plusieurs années. En i8o5, M. de Bonnard, ingénieur des mines, en publia une description très-détaillée. En 1809, M. Dufaud, qui venait de nous donner la solution complète de deux problèmes importans sur la fabrication du fer, présenta au Gouvernement un mémoire, dans lequel il démontrait l’économie de main-d’œuvre dont les maîtres de forges pourraient jouir en substituant, à l’exemple des Anglais, la pression des cylindres a la percussion du marteau. Le Ministre ordonna la publication du mémoire, et il fut inséré dans le Bulletin N°. XCY, onzième année, page 112.
- Enfin, les procédés anglais se trouvent décrits dans les journaux scientifiques, dans les Encyclopédies de Londres et d’Edimbourg; de sorte que plusieurs de nos maîtres de forges ont été à même d’en prendre connaissance. Cependant il ne paraît pas que, jusqu’en 1816, aucune tentative ait été faite pour les introduire en France, ou du moins il n’est pas à notre connaissance qu’aucune d’elles ait obtenu de succès.
- C’est à cette époque que MM. Paillot, père, fils, et Labbé, adoptèrent le nouveau mode de fabrication, et chargèrent M. Dufaud de le mettre à exécution. Ils furent déterminés à l’emploi de ces moyens économiques, lorsqu’ils virent que d’un moment à l’autre les ports de France pouvaient se trouver encombrés de toute la masse de fer accumulée chez l’étranger pendant le temps de la guerre.
- Dix-huitième année. Mars 1819. L
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- Le Gouvernement avait, à la vérité, dans l’intérêt de nos manufactures, augmenté les droits sur les fers importés ; mais cette augmentation était loin de présenter à nos maîtres de forges des bénéfices suffisans, parla raison que le dépérissement des forets avait considérablement élevé le prix des bois.
- La France, par sa proximité, offrait aux Anglais un débouché trop facile pour qu’ils ne songeassent pas à en profiter. Il était donc probable qu’ils jetteraient sur nos côtes la plus grande partie de l’immense quantité de fer qu’ils avaient à placer; ou qu’un grand nombre de marchands de nos ports, attirés par le bas prix de ce métal, en feraient l’objet de leurs spéculations. Il en serait résulté une concurrence funeste, qui eût fait baisser les prix au point de ruiner la plupart de nos maîtres de forges. Ce malheur n’eut pas lieu. Une spéculation habilement conçue mit dam les mains d’une seule maison de commerce tous les fers qui encombraient les forges de l’Angleterre, et dès-lors nos manufactures n’eurent plus a craindre une émission hors de mesure, qui eût compromis leur existence. Un pareil approvisionnement, persuadant aux Anglais qu’il allaient recevoir de semblables commandes, les détermina à augmenter leurs fers de 5o pour ioo, et à ce prix, l’importation de cette denrée n’offrait plus aucun bénéfice.
- M. Dufaud, chargé de l’achat considérable dont nous venons de parler, eut occasion de voir dans toutes les forges de l’Angleterre l’application des cylindres, et il fut à même de connaître tous les perfeetionnemens de détail que la pratique seule avait pu apporter. Au moment de quitter la France, il venait de faire exécuter à Grossouvre, département du Cher, tous les travaux préparatoires pour l’établissement de l’étirage aux laminoirs, et il avait déjà obtenu des résultats qui ne laissaient aucun doute sur le succès. Il était donc dans la meilleure position pour tirer de son voyage le plus grand profit. Aussi, à son retour, il n’eut plus de nouveaux essais à faire, et dès le premier jour de leur mise en activité, l’effet des machines ne laissa rien à désirer.
- Pour se faire une idée de ce système d’étirage, que l’on suppose des cylindres creusés à leur surface, de manière à présenter des gorges on cannelures circulaires, de diamètres progressivement inégaux. Chaque paire de cylindres offre dans sa réunion l’aspect d’une filière dont les cavités diminuent graduellement d’une extrémité à l’autre (i).
- (1) Ces cylindres sont décrits et gravés dans le Bulletin N°. CLLII, seizième année, page i59.
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- Quelques usines emploient des cylindres êbauçheurs, dans lesquels oft fait passer la loupe prise dans le fourneau d’affinage. Dans d’autres , cette ébauche est faite au marteau, et l’on passe les massets de fer dans des cylindres que l’on peut nommer préparateurs. Après l’ébauche et la préparation, les fers sont mis à rougir dans un fourneau à réverbère? où ils sont chauffés avec de la houille non carbonisée. Lorsqu’ils sont au degré convenable, un ouvrier prend un barreau avec une pince, et le présente aux cylindres ; un second ouvrier le reçoit et le repasse de suite au premier, qui le place de nouveau dans une gorge plus étroite. Cette opération, répétée jusqu’à cinq ou six fois, donne à la barre sa forme définitive, qui dépend de celle des gorges dans lesquelles elle a été passée.
- L’opération ne dure qu’une minute; il n’est donc pas étonnant que l’on puisse fabriquer par jour 16,000 kilogrammes de fer en tout échantillon. U11 laminoir suffit à huit fourneaux , tandis qu’un marteau peut suffire à peine à deux feux d’affinerie ordinaires.
- L’activité de la forge de Grossouvre a commencé au mois de mai dernier. Déjà 5oo,ooo kilogrammes ont été livrés au commerce (1) , et la fabrication, qui jadis était au plus de 400:000 kilogrammes, peut être portée maintenant à 4 millions et au-delà.
- Quelques personnes qui n’ont jamais vu travailler le fer au moyen des cylindres prétendent que ce procédé le rend moins bon que le marteau. Us se fondent sur les défauts du fer anglais; mais aucun des défauts qu’on lui reproche n’appartient au nouveau mode de fabrication. Ce fer, quoique nerveux, est mou; il s’use et s’oxide promptement ; en un mot, il est cassant à chaud. Le martelage ne diminuerait rien de ces défauts, et tout nous porte à croire que la grande ductilité des fers anglais et la parfaite homogénéité de leur grain sont le résultat de la pression des cylindres, qui expriment, bien mieux que le marteau ne pourrait faire , toutes les portions de fonte contenues dans le fer (2).
- M. Dufaud a donné à nos maîtres de forges un exemple qui ne peut
- (1) A la fin de mars dernier, le total de la fabrication s’élevait à i,o55.OO0 kilogrammes.
- (2) On a remarqué qu’un ressort qui a été écroui au marteau perd considérablement son élasticité lorsqu’on le lime tant soit peu à sa surface. Las planches de cuivre des
- graveurs, planées au marteau , ont plus de dureté à leur surface que dans Cintérieur. Une barre d’acier qui serait forgée de manière que le marteau frappât toujours du même cote , serait nécessairement courbée à la trempe. D’après tous ces effets de la force vive , -at beaucoup d’autres qu’on pourrait citer, il est permis de croire qu’un morceau de fer ‘'Oit être mieux corroyé par une pression suffisante que par la percussion.
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- lïfanquer detre suivi. Les moyens économiques de fabrication qu’il a introduits le premier avec un succès complet seront, dans peu d’années, adoptés dans toute la France. Dès-lors l’économie apportée dans la fabrication du fer nous mettra à même de soutenir la concurrence avec nos voisins sans qu’il soit nécessaire d’augmenter les droits d’entrée. Un pareil service, qui assure le sort d’une multitude d’ouvriers employés dans nos forges, a paru à vos commissaires digne du plus grand intérêt. En conséquence, j’ai l’honneur de vous proposer, en leur nom de renvoyer ces docuniens à la Commission, que vous chargerez de vous désigner les découvertes et les pcrfectionnemens qui, pendant le cours de l’année , auront enrichi notre industrie.
- Vos commissaires pensent, Messieurs, que M. Dufaud mérite une récompense du premier ordre , et qu’on doit également les témoignages les plus flatteurs à la maison Pailloi père, fils, et Labbè, qui ont employé leurs capitaux d’une manière si avantageuse à notre commerce, Adopté en séance, le 12 août 1818.
- Signé Mérimée , rapporteur.
- Description d’un procédé pour peindre sur verre $ par
- . M. Wynn.
- ( Faisant suite au Mémoire sur la préparation des couleurs en émail, inséré au Bulletin iV°. CLXIX, dix-septième année, page 213. )
- On sait que, pour colorer le verre, cette matière, après avoir été mise en fusion, est mêlée avec quelque oxide métallique, qui, en se répandant uniformément ou se dissolvant dans la masse, lui communique la teinte désirée.
- Pour émailler, les couleurs , broyées avec un fondant aisément vitri-fiable, sont appliquées sur la surface du métal, de la porcelaine ou du verre, et ensuite exposées à un degré de chaleur suffisant pour fondre î’éjmail ; de cette manière, elles se trouvent fixées sur l’objet qu’on aura décoré.
- Lorsqu’il s’agit de peindre sur verre, on broie les couleurs à l’eau, et après les avoir appliquées sur la glace, on les laisse bien sécher , pour les exposer ensuite à la température que l’expérience indique comme la plus convenable; puis on les enlève, au moyen du couteau à palette, de dessus la glace, qui présentera alors une teinte solide et transparente, due sans doute à ce qu’une portion de la couleur aura été absorbée par le verre,
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- L’argent, sous quelque forme qu’on l’emploie, étant le principal composant des couleurs destinées à la peinture sur verre, l’auteur commence par indiquer les diverses combinaisons de ce métal.
- Il obtient le nitrate d’argent en étendant 2 ou 3 onces d’acide nitrique de trois fois son volume d’eau distillée , et y ajoutant peu à peu de l’argent pur divisé en petits fragmens, jusqu’à ce que l’acide, quoique tenu à une température élevée, n’en puisse plus dissoudre. Après quelques heures de repos, on décante la liqueur et on la conserve, pour l’usage, dans un flacon bien propre.
- Préparations d'argent. N°. 1. On fait dissoudre du sel commun dans de l’eau , et on y verse goutte à goutte clu nitrate d’argent jusqu’à ce qu’il ne se forme plus de précipité; on obtient ainsi une substance blanche, pesante, cailleuse, qui, séchée après avoir été lavée dans de l’eau chaude et exposée à la lumière, prendra une couleur pourpre foncé. On la désigne ordinairement sous le nom de muiiate d'argent.
- N°. 2. A une dissolution de carbonate de soude dans l’eau, ajoutez du nitrate d’argent préparé comme ci-dessus; le précipité blanc qui se formera est lavé et séché pour être conservé dans cet état ; on l’appelle du carbonate d'argent.
- N°. 3. Du carbonate de potasse, traité comme il vient d’être dit, déposera une poudre blanche qui est aussi du carbonate d’argent.
- N°. 4* On fait dissoudre du phosphate de soude dans de l’eau, et on procède comme il est indiqué au N°. 2. Le précipité jaune qu’on obtient est du phosphate d’argent.
- N°. 5. Mettez dans un creuset une portion quelconque d’argent laminé en feuilles minces; mêlez-y du soufre, et placez le tout sur le feu. Le soufre étant fondu et consumé, ajoutez-en une nouvelle quantité, et lorsque tout est réduit, retirez l’argent pour le faire chauffer au rouge sous une moufle, et le porphyriser ensuite dans un mortier.
- N°. 6. On plonge une lame d’étain dans une solution de nitrate d’argent étendue et chauffée; l’argent qui s’attache à l’étain, sous forme de petites lames métalliques, est recueilli, lavé à l’eau chaude et porphyrisé dans un mortier.
- jN"°. 7. On répète l’opération qui précède, en employant une pièce de cuivre au lieu d’une lame d’étain.
- Les diverses préparations d’argent, mêlées avec d’autres ingrédiens, dans les proportions que nous allons indiquer, forment toutes les teintes et nuances nécessaires pour peindre sur verre.
- Jaune. Parties égales de carbonate d’argent N°. 2 et de laque jaune
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- sont mêlées ensemble et broyées à l’huile essentielle de térébenthine, on y ajoute ensuite de l’huile épaisse de térébenthine , et on applique la couleur par couche mince.
- Prenez une partie de muriate d’argent N°. i , trois parties d’argile blanche obtenue d’une dissolution d’alun précipitée par le carbonate de soude ; trois parties d’oxalate de fer préparé en précipitant un® solution claire de sulfate de fer par de l’oxalate de potasse ; deux parties d’oxide de zinc; broyez d’abord à l’eau le muriate d’argent avec l’oxide de zinc, puis avec les autres ingrédiens, et appliquez la couleur épaisse.
- Parties égales d’argent N°. 2 et de laque jaune, étant broyées à l’huile essentielle de térébenthine et mêlées avec de l’huile épaisse, sont portées sur la glace par couches minces.
- On procède de même avec un mélange composé d’une partie d’argent N°. 4, une partie de laque jaune et une demi-partie d’argile blanche, le tout broyé comme ci-dessus.
- Orange. Une partie d’argent N°. 6 et deux parties d’ocre jaune et rouge mêlées par portions égales sont lavées à l’eau et calcinées au rouge. Apres avoir broyé la couleur comme à l’ordinaire , on l’applique mince.
- On prend parties égales d’argent N°. 7 et d’ocre rouge et jaune qu’on broie comme il est dit plus haut. Si l’on veut teindre en couleur orange des panneaux entiers de glace, on augmente les proportions d’ocre. L’intensité de la couleur dépend du degré de chaleur du fourneau et du temps pendant lequel le verre y est exposé ; l’expérience peut seule servir de règle dans cette opération.
- Rouge. Broyez à l’ordinaire et appliquez par couche épaisse parties égales d’argent N°. 5 et d’oxide brun de fer, obtenu en chauffant des batitures de fer, les faisant éteindre dans l’eau et les réduisant en poudre fine.
- Traitez de même parties égales de coîcothar et d’antimoine d’argent, préparé en fondant ensemble une partie chargent et deux d’antimoine cru, et puis les réduisant en poudre.
- On procède, comme il \ient d’être dit, avec un mélange composé de parties égales d’antimoine, d’argent et d’ocre rouge et jaune.
- Lorsqu on veut teindre de grandes surfaces de glace , on augmente les proportions d’ocre et de coîcothar, et on broie les couleurs à l’eau.
- Manière d'appliquer les couleurs.
- La méthode pratiquée par la plupart des peintres sur verre est de dessiner les contours avec de l’encre de la Chine ou avec une couleur
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- brune broyée à l’essence et à l’huile de térébenthine, et de laisser ensuite couler épais la couleur préalablement broyée à l’eau ; mais ce mode a l’inconvénient de laisser passer la couleur au-delà des traits, ou de ne pas les atteindre, ce qui détruit l’effet du dessin.
- M. f^ynn conseille de tracer d’abord le sujet avec de l’encre de la Chine , et après avoir broyé les couleurs le plus fin possible à l’huile essentielle de térébenthine, de leur donner la consistance nécessaire avec de l’huile épaisse de térébenthine, en y ajoutant un peu d’huile essentielle de lavande; on couvre les traits avec cette composition, et quand tout est sec, on enlève la couleur avec la pointe d’un morceau de bois ou d’un couteau, sur les parties qui ne doivent pas être peintes. On peut ainsi exécuter les ornemens les plus délicats et les dessins les plus compliqués avec autant de correction que de netteté.
- Si la couleur doit être appliquée tellement épaisse qu’on ne puisse distinguer les traits à travers, on la laisse couler d’abord le plus également possible,, et lorsqu’elle est sèche, on dessine dessus les contours avec du vermillon broyé à l’eau ; ensuite on efface comme précédemment.
- Outre la précision qu’on acquiert par ce procédé, l’artiste pourra appliquer diverses ombres ou nuances dans le même dessin; tandis que par l’ancienne méthode, qui consiste à laisser couler la couleur, on n’obtient qu’une teinte uniforme.
- Il faut avoir soin, en chargeant le fourneau, de ne pas mêler des pièces dont les couleurs auraient été broyées, les unes à l’huile essentielle de térébenthine , et les autres à l’eau. Il est indispensable de les séparer, de les laisser sécher convenablement, et de ne les placer dans le fourneau que lorsque celui-ci est modérément chaud.
- Dorure sur verre.
- Prenez une partie d’or fin en grains et huit parties de mercure; chauffez d’abord le mercure et ajoutez-y l’or, préalablement chauffé au rouge. Ce dernier étant entièrement dissous, on jette le mélange dans de l’eau froide pour le bien laver. Ensuite on en exprime, à travers une toile ou un morceau de peau douce, le mercure superflu qui, contenant encore un peu d’or, est réservé pour une autre opération.
- L’amalgame qui reste dans la peau est mis à digérer dans de l’acide nitrique chaud, lequel, après s’être emparé du mercure, laissera pour résidu 1 or sous forme d’une poudre très-ténue; cette poudre est lavée, séchée et broyée avec un tiers de son poids de mercure. On mêle un
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- grain de cet amalgame avec trois grains du fondant d’or dont nous avons indiqué la composition dans notre Bulletin du mois de novembre 1818, page 220, et on l’applique ensuite à la manière accoutumée.
- Procédé pour rendre les cuirs impénétrables à Veau ; peu MM. Smith et Thomas (1).
- Faites tremper dans l’eau, pendant vingt-quatre heures, les cuirs que vous voulez rendre imperméables; ensuite, pour les débarrasser de l’eau surabondante dont ils sont imprégnés, passez-les entre deux cylindres de fer légèrement pressés, et laissez-les sécher à l’air pendant quelques jours. Vous les tremperez alors dans une liqueur composée comme il suit,
- 4 pintes d’huile de lin, 2 d’huile d’olive, 1 d’essence de térébenthine, 2 d’huile de castor, une demi-livre de cire jaune, un quart de livre de goudron.
- Mettez ces diverses substances dans un vase de terre, et faites-les bouillir à petit feu. Vous y plongerez le cuir pendant l’ébullition, et vous le laisserez plus ou moins long-temps, suivant sa nature.
- Le cuir fort, pour semelle, doit y rester environ vingt minutes.
- Les peaux de vache, de veau, les tiges de bottes, etc., ne doivent rester dans la liqueur en ébullition que pendant dix minutes au plus.
- Les cuirs trempés et égouttés pendant quelques instans sont passés dans un laminoir, dont les cylindres sont recouverts de cuir; après quoi on les fait sécher jusqu’à un certain point dans une étuve chauffée à •23 ou 3o degrés. On les lamine de nouveau , et on achève de les sécher à l’étuve.
- ARTS ECONOMIQUES.
- Rapport fait par M. Bouriat, au nom du Comité des arts économiques, sur les viandes conservées d’après ie procédé de M. Appert.
- Messieurs, j’ai eu l’honneur de vous entretenir, il y a dix ans, des procédés employés par M. Appert pour conserver les viandes et les lé-
- (1) La Société d’Encouragement a accorde à l’auteur de ce procédé une médaille d’argent , dans sa séance générale du 2-5 mars 18 ! 8,
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- gumes. Mon rapport (i), en recevant votre sanction, fut très-utile à cet artiste, puisqu’il fit valoir votre opinion près du Gouvernement, et en obtint une protection spéciale. Cependant je n’y laissais pas ignorer que ces procédés, bons en eux-mêmes, le deviendraient davantage si l’on remplaçait par d’autres vases plus grands et moins fragiles les bouteilles de verre dont se servait alors M. Appert. Il apprécia l’importance de cette observation, et résolut d’en faire l’application aussitôt qu’il aurait employé celles qui lui restaient, et que ses moyens le lui permettraient. Il a été devancé par une nation voisine, qui sait si bien mettre à profit les découvertes utiles, en quelque lieu qu’elles aient pris naissance.
- C’est donc, à ce qu’il paraît, en Angleterre qu’on a commencé à conserver des viandes dans des vases de fer étamé. La réussite a été complète ; aussi, depuis quelques années, dans les embarcations destinées aux longs voyages, on n’oublie pas d’ajouter une certaine quantité de ces viandes ainsi conservées, afin d’avoir à tous les momens et sous toutes les températures, des mets cuits et tout assaisonnés, qui sont aussi agréables à manger que s’ils eussent été préparés la veille. De plus, ils épargnent une embarcation de bois pour leur cuisson.
- Ce n’est pas la première fois, Messieurs, que, par des observations émanées de son sein , la Société d’Encouragement a suscité l’industrie des artistes. C’est donc avec raison que M. Guillard - Senainville, dans son résumé des travaux de la Société, compte cet objet au nombre des succès qu’elle a obtenus ; chaque jour cette vérité se trouve de plus en plus confirmée.
- Vous reçûtes, l’année dernière, par les soins de M. Cadet de Gas-sicourt, notre collègue , deux boîtes de ces viandes ainsi conservées, qu’il apporta de Londres. Il vous en fit hommage en vous priant de les examiner. Votre Comité des arts économiques fut chargé de ce soin, mais il pensa qu’il serait à propos d’ajourner à deux mois cet examen, afin de s’éloigner davantage de l’époque de leur préparation. Au bout de ce temps, les boîtes furent ouvertes, et les viandes qu’elles contenaient se trouvèrent parfaitement conservées. C’étaient du bœuf et du veau cuits et aromatisés, entourés d’une gelée bien consistante et d’une saveur fort agréable. La forme des vases est cylindrique; ils ont environ 3 pouces et demi de haut sur 3 pouces de diamètre ; le fond et le couvercle sont parfaitement soudés; on pratique à ce dernier une petite ouverture d’environ 6 lignes de diamètre, qu’on bouche ensuite
- (j) Il est inséré au Bulletin N°. LVIII, huitième année, page 109.
- Dix-huitième année. Mars 1819.
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- avec un obturateur de meme métal, lequel est lui-même- percé au centre d’un trou d’épingle, et déprimé dans cet endroit. Un anneau de fil de fer, soudé sur le milieu du couvercle, est destiné à suspendre les boites si on le désire. Voilà tout ce qui constitue celles qui nous ont été remises. Elles sont recouvertes d’un vernis gras. Passons maintenant à l’usage qu’on en fait pour conserver des substances animales. On commence par cuire à moitié les viandes, on les place encore chaudes dans ces boîtes, et par-dessus on adapte le couvercle qu’on soude à l’étain avec la plus grande exactitude, pour qu’il ne reste aucune issue à l’air; c’est de la soudure que dépend, en grande partie, le succès de l’opération, comme il est aisé de s’en convaincre par ce qui suit. Lorsque le fond du vase et le couvercle sont bien lutés, on verse dans les boîtes le jus , la gélatine ou la sauce , par la petite ouverture pratiquée au couvercle. On les remplit le plus possible, et dans cet état on les porte à l’étuve chauffée à 4° degrés ; on les y laisse jusqu’à ce qu’elles aient acquis la même température que l’étuve dans toutes leurs parties. On les y maintient même encore après, afin de les priver de tout l’air qu’elles pourraient encore contenir.
- C’est alors qu’en les retirant de l’étuve successivement, on s’empresse de les clore à l’aide de l’obturateur dont nous avons parlé, et qui, comme on l’a vu, est perforé au milieu d’un très-petit trou, destiné sans doute à laisser dégager l’odeur de la résine employée pour le souder, et à raréfier la petite portion d’air qui se trouve entre le liquide et l’obturateur, par la chaleur qui se dégage pendant cette opération. Il est ensuite bouché lui-même, et recouvert d’étain.
- Lorsque tout est ainsi disposé, on place les vases dans une chaudière pleine d’eau; on chauffe jusqu’à l’ébullition , et on les y maintient à cette température pendant plusieurs heures, comme le recommande M. Appert. On les retire ensuite, et lorsqu’elles sont refroidies, il est facile de reconnaître celles qui doivent bien conserver les viandes; leur couvercle se déprime sensiblement, ce qui annonce qu’elles sont privées d’air ; les autres, au contraire, seront dessoudées ; on en retire les viandes pour les placer dans d’autres boîtes, où elles subissent une nouvelle opération.
- Lorsque les boîtes ont atteint le degré de perfection désiré, on les enduit d’un vernis gras, et dans cet état elles se conservent long-temps. Celles que nous avons examinées sont des plus petites; il en existe qui contiennent jusqu’à 60 livres de viande.
- Après avoir examiné dans tous leurs détails et apprécié le mérite des
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- procédés employés en Angleterre pour conserver les viandes, votre Comité a fixé son attention sur les substances alimentaires préparées depuis quelques années par M. Appert. Il aurait désiré aussi vous parler de celles qui se préparent dans plusieurs de nos ports de mer; mais il n’a pu s’en procurer des échantillons.
- Admis dans les ateliers de IM. Appert, nous avons vu les moyens qu’il emploie ; ils sont presque semblables en tout point à ceux que nous venons d’indiquer; seulement, lorsqu’il veut conserver, sans addition d’aucun liquide, des dindes aux truffes, du bœuf, du veau ou du mouton rôti, il élève la température de son étuve jusqu’à 60 degrés, afin de dilater davantage l’air contenu dans les vases.
- Il nous a engagés à essayer deux de ses boîtes, dont l’une contenait du veau, du poulet et du bœuf, l’autre quatre perdrix, en nous annonçant qu’elles étaient depuis trois mois dans son magasin. Nous avons encore attendu deux mois avant d’en faire l’ouverture. C’est dans le local même de la Société qu’elle a eu beu, en présence de plusieurs membres de divers Comités. Le bœuf, le veau et le poulet étaient parfaitement conservés; on ne pouvait y trouver aucune différence avec un mets semblable préparé le jour même dans nos cuisines, par les moyens ordinaires. Les perdrix avaient la saveur et le fumet dont elles jouissaient au moment où on les a introduites dans la boîte ; mais ce qui est à remarquer, c’est que la viande, dans ce mode de préparation, se comporte bien différemment des légumes; ceux-là demandent à être mangés presque aussitôt qu’ils sont tirés du vase ; la viande, au contraire, peut être employée plusieurs jours après sans rien perdre de sa qualité. Nous avons fait une expérience comparative avec un morceau de bœuf cuit la veille dans un vase ordinaire; il a été altéré deux jours plus tôt que celui de M. Appert, c’est-à-dire que l’un s’est conservé huit jours et l’autre dix, à une température moyenne de 5 degrés.
- M. Appert fournit à l’étranger, aux colonies même, des productions presque particulières à la France, ou dont les qualités sont supérieures à celles qui croissent par-tout ailleurs. Il met par-là les différens peuples à portée de savourer avec délices les dindes aux truffes, les perdreaux rouges, les cailles , les pâtés de foies gras, etc. Les habitans même de la France peuvent prolonger toute l’année des jouissances qu’une seule saison leur procure.
- Enfin , avec le temps et des perfectionnemens, nous espérons voir se réaliser l’idée que nous avons émise, que tous les pays du monde puissent jouir des productions particulières à chacun d’eux ; et, sous
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- ce rapport, la France, qui a le moins à désirer et le plus à offrir, ne peut que gagner à cet échange.
- Déjà, en consultant le tarif des viandes ainsi conservées à Londres et celui qu’a fait imprimer M. Appert, on aperçoit une chance en notre faveur. Il offre à 1 franc 75 centimes ce qui se vend 3 francs en Angleterre. Il nous a même assurés qu’en travaillant en grand sur la viande des gros animaux, comme le bœuf et le veau, il en fixerait le prix à 1 franc a5 centimes le demi-kilogramme, sans aucun os, mais le poids du vase compris. Ce vase est très-léger.
- D’après ces considérations, votre Comité des arts économiques vous propose de faire connaître ce mode de conservation, afin de mettre les artistes à portée de le perfectionner encore, et de déterminer davantage les consommateurs à récompenser leurs travaux en faisant usage des produits.
- Adopté en séance, le 24 mars 1819.
- Signé Bouriat, rapporteur.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD ( née valeat la chapelle ), rue de l’Éperon-Saint-André-des-Arts, n°. 7»
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- DIX-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CLXXYIII.) AVRIL l8lC).
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR ^INDUSTRIE NATIONALE.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Séance générale du 7 avril 1819.
- La Société d’Encouragement s’est réunie, le mercredi 7 avril, en assemblée générale, pour entendre le compte rendu des travaux du Conseil d’Administration depuis le 2 5 mars 1818, et celui des recettes et dépenses pendant l’année 1818, et pour procéder, conformément au réglement, au renouvellement des membres du Bureau et des divers Comités.
- L’empressement avec lequel on se rend à ces réunions solennelles atteste le vif intérêt qu’inspirent les travaux de la Société. Son local, disproportionné avec l’extension qu’elle prend tous les jours, n’a pu contenir la foule des personnes invitées, parmi lesquelles on remarquait un grand nombre de membres de la Chambre des Pairs et des autres corps de l’Etat. Une exposition de produits industriels réunissait, avec les résultats des inventions qui avaient mérité l’approbation de la Société pendant sa dernière session, plusieurs ouvrages d’arts que leurs auteurs avaient exposés spontanément. Parmi ces objets , on distinguait d’abord ceux pour lesquels des médailles d’encouragement devaient être décernées dans cette séance, tels que :
- i°. Un modèle de la machine inventée par M. Bernard - Duboul, maître cordier à Bordeaux, pour commettre les cordages et les câbles àoTusage de la marine. (Voyez Bulletin N°. CLXXIII, dix-septième année, page 337.)
- Dix—Huitième année, si s’ril i8iq. .N
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- 2°. Des lames de scie de différens échantillons, de la fabrique de MM. Peugeot et Salin, à Hérimoncourt ( Doubs ). ( Même Bulletin, page 345. )
- 3°. Des schalls rayés et à fond uni, enrichis de bordures et de pai-mettes, et fabriqués par M. Bauson, avec de la laine de Cachemire; ils imitent parfaitement ceux de l’Inde. ( Bulletin N°. CLXIX, dix-septième année, page 202. )
- 4°. Des feuilles de bois de placage, débitées par la scie de M. Haks.
- Nous citerons ensuite, dans le nombre des ouvrages qui ont été examinés et jugés par la Société pendant l’année dernière :
- Un moulin à blé portatif, par M. Pecantiny arquebusier à Orléans. (Bulletin N°. CLXXII, dix-septième année, page 309.)
- Un métier à fabriquer les tuyaux sans couture, par M. Serre, sous-préfet à Embrun ( Hautes-Alpes). U est décrit et gravé dans le Bulletin du mois de février dernier.
- Un modèle des fosses mobiles et inodores, par MM. Cazeneuve et compagnie. (Voyez meme cahier, page 55.)
- Un nouveau cric à levier, de l’invention de M. Dusourdraj, ancien juge de paix à Cherbourg. (Bulletin N°. CLXIX, dix-septième année, page 197.)
- Divers échantillons d’aciers, de la fabrique de M. Milleret, à la Bé-rardière, près Saint-Etienne (Loire).
- Des feuilles d’étain moirées , d’une grande dimension, importées en France par M. Vallet, distillateur, rue Thérèse, n°. 4- ( Bulletin N°. CLXXV, page i5. )
- Des flacons à étiquettes vitrifiées, par M. Lutonr peintre-doreur sur verre, rue du Marché-Neuf. ( Bulletin N°. CLXXII, page 332.)
- Parmi les objets sur lesquels la Société n’a point encore émis son opinion, nous avons remarqué particulièrement :
- Un petit alambic pour l’essai des vins, imaginé par M. Descroisilles.
- Un polymètre chimique, du même.
- Un poêle et des tuiles en fonte de fer, provenant des usines de M. Bernard Derosne, maître de forges à la Grâce-Dieu, près Baume ( Doubs ).
- Des tuiles en terre cuite, dites à coulisse, fabriquées à Boulogne, par M. Lorgnier.
- Un peigne à tisser, dont les dents présentent une disposition nouvelle , par M. Thieullen, d’Yvetot.
- Des fils à dentelle et à batiste, filés à la mécanique dans l’Etablis-
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- sèment de Charité de madame la marquise d'Jrgence, situé rue de Vau-girard, n°. ioo.
- Des chapeaux en tresse de soie imitant les plus belles pailles d’Italie ^ et remarquables par leur solidité et leur légèreté. Ces chapeaux, qui se nettoient sans altérer la beauté du tissu, proviennent de la fabrique de mademoiselle Manceau, rue du Temple, n°. 57, hôtel Montbas.
- Un modèle d’échelle à incendie, par M. Jeandeau, chef de l’instruction à l’Ecole d’arts et métiers, à Châlons-sur-Marne.
- Plusieurs instrumens par M. Regnier, rue du Bac, n°- 28, tels qu’un piquet à thermomètre, pour régler la chaleur des couches de terre ; une pince pour l’incision annulaire des oliviers, de la vigne, etc.; un sécateur pour remplacer la serpette.
- Des échantillons d’aciers, de la fabrique de M. Rivais, à Gincla , arrondissement de Limoux (Aude).
- Un modèle d’appareil distillatoire , modifié par M, Charles Derosne, pharmacien, rue Saint-Honoré, n°. n5, d’après celui de M. Cellier-Blumenthal.
- Des échantillons de strass brut et taillé3 et de verres colorés, fabri-briqués par M. Douault-Wieland, rue Beaubourg, n°. 26.
- Le modèle d’une machine à broyer le lin et le chanvre, par M. Perrin, de Verdun.
- Des assiettes de porcelaine imprimées par M. Gonord, rue Saint-Antoine , n°. 69.
- Un instrument nommé régulateur des aveugles, imaginé par M. De-jernon, professeur d’écriture, place Sorbonne, n°. 5.
- Enfin, des échantillons de drap et autres étoffes teintes en écarlate avec la garance, par M. ïVerdet, rue de Seine, n°. 22.
- Cette exposition offrait encore quelques autres produits que nous avons déjà mentionnés lors des précédentes assemblées générales des 25 mars et 23 septembre 1818.
- La séance s’est ouverte à sept heures et demie du soir, sous la présidence de M. le comte Chaptal, pair de France.
- M. le baron de Gêrando, secrétaire, a rendu le compte suivant des travaux du Conseil d’Administration pendant l’année 1818.
- Rapport sur les travaux du Conseil d>Administration, depuis le 25 mars 1818 jusqiûau 7 avril 1819.
- Messieurs, dans notre dernière séance générale du 23 septembre 1818, nous avons salué d’avance, au nom de l’industrie française, le jour
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- tant désiré qui devait amener enfin la délivrance de la patrie ; ce jour a lui, Messieurs; nous avons eu le bonheur d’être, en quelque sorte les précurseurs de l’allégresse publique; et, par une rencontre singulière, le 9 octobre, jour où le Moniteur de Paris, en rendant compte de votre séance, annonçait cette espèce de fête que vous aviez célébrée d’une manière anticipée, fut précisément celui auquel se signa, à Aix-la-Chapelle, cette transaction mémorable qui nous a rendu, non pas la dignité (car quelle dignité égalerait celle que nous conservâmes dans le malheur?) mais l’indépendance nationale, et avec elle toutes les perspectives de l’avenir.
- Nous pouvons donc aujourd’hui nous abandonner sans réserve aux douceurs d’une consolation si bien méritée et aux espérances qui se découvrent à nos regards. Une ère nouvelle commence ! Ere de paix au dehors, de liberté au dedans, ère de restaurations en tout genre î Notre France, notre belle France se relève mûrie par l’adversité, éclairée par l’expérience, mais vigoureuse encore et féconde malgré tant de désastres; heureuse et fièrë de ses institutions, confiante dans la sagesse de son Iloi, et appelée à remplir de hautes destinées. Ces destinées, pour être paisibles , n’en seront pas moins glorieuses ; le génie bienfaisant des améliorations succédera au prestige brillant des conquêtes; cet élan généreux, propre au caractère national, qui enfanta tant de prodiges, créera des monu-mens durables. Voyez ce concours empressé de tant de bons citoyens pour toutes les entreprises utiles ! Voyez ces travaux exécutés à l’envi par tant d’hommes éclairés ! Voyez les établissemens recommandables qui de toutes parts s’élèvent par la confiance publique et la libre association des efforts privés! Voyez le développement de cet esprit public qui honore et recherche avant tout ce qui est vrai, juste et bon, et qui, en offrant les palmes de l’estime, excite à les mériter !
- L’industrie est, à quelques égards, le centre commun vers lequel toutes les branches d’amélioration viennent se réunir; car elle se lie à toutes, a besoin de toutes, contribue à toutes. La bienfaisance, qui tient le premier rang dans leur nombre, emprunte à l’industrie des procédés ingénieux qui multiplient ses ressources, des moyens de prévenir ou d’atténuer les dangers qui menacent la vie des hommes, des substances alimentaires plus abondantes ou moins coûteuses, des établissemens qui, en favorisant l’esprit de prévoyance, guérissent dans leur source même une partie des maux qui affligent l’humanité; enfin tout ce qui tend à développer le travail et l’économie, ces deux grands préservateurs de la misère. Les sciences reçoivent d’elles une suite d’expériences, celles qui naissent de l’application
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- pratique ; des problèmes intéressans à résoudre, des instrumens qui viennent dans leurs mains servir à multiplier les recherches. Les sciences trouvent dans l’industrie.une sorte de messagère active qui les précède, les appelle; qui, en alimentant le commerce et la navigation, les conduit dans toutes les parties du globe. Les beaux-arts et les lettres ne lui sont point étrangers : n’est-ce pas elle qui a créé et perfectionné chaque jour l’art admirable par lequel la pensée du génie se révèle au monde et se transmet à la postérité, qui donne, dans les ateliers des Didot, aux chefs-d’œuvre des Racine et des Fènèlon, un vêtement digne d’eux? N’est-ce pas elle qui broie les couleurs du peintre, qui décore les édifices élevés par l’architecture, qui aide à reproduire les chefs-d’œuvre des arts du dessin , en fournissant la matière et les instrumens aux divers genres de gravure ? Le crédit public reçoit d’elle en tribut les moyens de circulation, les modèles de l’ordre, l’accroissement des capitaux, les élémens de la confiance. La liberté recrute dans son sein de fidèles amis , des hommes essentiellement identifiés à tous ses intérêts puisent en elle les principes d’émulation qui la vivifient : l’ordre public et la morale se plaisent à voir l’amour et l’habitude du travail se répandre par ses influences, le désir de la paix et le respect pour les lois se fortifier par le besoin de la sécurité, et par la multitude comme par le caractère des transactions que l’industrie fait éclore. N’est-ce pas elle, si l’État est menacé, qui, pour la défense extérieure, tient en réserve un arsenal prêt à lui fournir des armes, qui, en temps de paix, sert d’auxiliaire aux négociations des traités, et qui crée une puissance plus durable que celle de la victoire ?
- C’est dans ce point de vue de l’utilité générale et des différens rapports par lesquels elle se lie aux progrès de l’industrie; c’est dans ce point de vue, dis-je, que nous nous placerons aujourd’hui pour vous présenter un tableau sommaire des travaux de votre Conseil d’Administration pendant l’année qui vient de s’écouler. Nous y trouverons un motif de consolation et un sujet d’espérance. Sans doute nos manufactures souffrent encore : trop de causes réunies ont tout-à-la-fois restreint la consommation et réduit les capitaux ; tant de malheurs ne peuvent se réparer en un jour ; mais des temps meilleurs sont arrivés ; et du moins pendant le cours de l’année qui vient de s’écouler, une activité remarquable a singulièrement multiplié les tentatives de perfectionnement. Le nombre d’objets qui vous ont été présentés est tellement considérable , que leur exposition détaillée excéderait de beaucoup le temps que vous pouvez nous accorder dans cette séance; nous réserverons donc, pour des notes, ceux de ces articles qui, bien qu’ils supposent
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- dans les auteurs qu’ils concernent un mérite de vues ou d’exécution plus ou moins marqué, n’appartiennent pas essentiellement aux élémens de la prospérité publique. Ceux qui présentent ou font espérer cette heureuse condition sont encore assez multipliés pour justifier la pensée qui nous occupe et nous guide.
- Et d’abord, Messieurs, nous n’avons pu voir sans un vif intérêt la formation d’un établissement long-temps désiré, souvent essayé d’une manière imparfaite ou imprudente, réalisé enfin par des hommes aussi généreux qu’éclairés, sur les bases les plus solides, et qui a pour but de faciliter et de faire fructifier les épargnes des classes laborieuses. Nous avons dû considérer qu’il encouragerait l’activité du travail et en perfectionnerait les produits, en sollicitant les ouvriers à se créer des ressources dans la vieillesse et la maladie ; qu’en les accoutumant à la prévoyance, il les attacherait à leur profession, leur inspirerait un sentiment de confiance et même de fierté dans la situation où ils sont placés, quelque modeste qu’elle soit, puisqu’ils y pourraient porter des perspectives d’indépendance ; qu’en les familiarisant avec l’économie et les habitudes de l’ordre, elle les préserverait d’un grand nombre de vices et des maux qui en sont la suite; qu’elle offrirait aux chefs de manufactures un moyen simple et honorable de s’attacher leurs ouvriers en excitant leur émulation. M. Dufougerais nous avait déjà fait connaître un judicieux écrit de M. Eusèbe Salverte sur la Caisse d’épargnes établie à Genève. Un excellent rapport fait par M. Fran~ cœur à une autre Société avait montré que la Caisse d'épargnes, ouverte à Paris, en vertu de l’ordonnance royale du 29 juillet 1818, remplissait toutes les conditions qui peuvent lui faire atteindre son but, et toutes les garanties que peut exiger la plus inquiète défiance. Un nouveau rapport de M. Jomard a présenté à votre Conseil d’administration tous les motifs qui peuvent rendre cette Caisse éminemment utile aux professions industrielles. Ce rapport, dont les conclusions ont été adoptées, a été adressé, par la sollicitude de S. Exc. le Ministre secrétaire d’Etat rie l’intérieur, et aux Chambres de commerce et aux principaux manufacturiers. Plusieurs n’avaient point attendu ce moment. Honneur à l’excellent citoyen qui, le premier, leur a donné l’exemple, et qui, dans les vastes ateliers où le génie de la bienfaisance s’unit à celui des arts utiles, a doublé le prix des gratifications qu’il décernait, en leur donnant la forme d’inscriptions sur la Caisse d’épargnes, renfermant ainsi une instruction morale dans un judicieux bienfait ! Ce fut le 8 octobre dernier que M. le duc de la Rochefoucauld distribua à Liancourt ce nouveau genre de récompense, dans une fête industrielle et rurale célébrée pour la délivrance de notre pays ; ins-
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- truits de cette action si ;tauçhapte tout ensemble, et ^i bien entendue, nous avons applaudi aux motifs qui en, ont inspiré -Fauteur, au but qu’il s’est proposé et à la, cir,constance qu’il a si heureusement; saisie.
- Déjà une seconde, Caisse d’épargnes yiênb d’être formée ià Bordeaux : espérons que ces établissemens, si nombreux en Angleterre*,ne tarderont pas à se multiplier parmi nous ! On peut voir dans le rapport fait au Parlement anglais sur la taxe des pauvres, que les ouvriers qui participent aux bienfaits des Caisses d’épargnes ne recourent ipoint aux charités de leurs paroisses.
- Si dans l’enfance des arts , si dans l’oubli du, noble caractère de l’humanité on a pu long-temps vouloir borner un grand nombre d’hommes à remplir, relativement à l’industrie, l’aveugle, emploi de moteurs mécaniques, l’intérêt social bien entendu conseille et la vraie morale recommande de préparer tous les moyens pour les appeler à la fonction (Fa-gens intelligens et raisonnables, en leur permettant d’unir à l’usage de leurs bras l’usage de ces forces morales qui leur sont propres. Nous nous réjouissons donc de voir les progrès rapides des institutions qui perfectionnent l’édueation populaire. La justesse dans le coup-d’œil, la précision dans la main, l’habitude dé juger et de comparer les formes, les distances, les proportions, sont en particulier un des avantages qu’on peut s’en promettre pour les progrès de l’industrie agricole et manufacturière; cet avantage sera le fruit de l’enseignement du dessin linéaire, qui commence à s’introduire dans les écoles. M. Mirbel en a présenté la première idée a votre Conseil d’administration. Bientôt une Commission formée de MM. Francœur, Hachette, Jomard, de Lasteyrie et Mirbel, développa cette idée, la mit en état de recevoir son entière exécution. L’Ecole fondée à Libourne par S. Exc. M. le comte Decazes en a joui la première; l’expérience en a constaté le succès, elle se propage, et l’ouvrage que vient de publier M. Francœur, manuel aussi simple que lumineux, lui prépare une adoption générale (i).
- Un moyen d’instruction non moins général et non moins utile s’ouvrira enfin pour les propriétaires ruraux et les fermiers, si nos vœux, réunis à ceux de la Société royale et centrale d’Agriculture, sont exaucés. A 1 occasion d’un mémoire de M. Humbert, professeur et membre de l’Université, sur les fermes expérimentales, mémoire qui renferme d’excellentes vues, quoique toutes ne soient pas ou praticables, ou suffisamment déve-
- (i) M. Gadion fils, de Rochefort, a présenté, dans l’intervalle, un plan conçu dans le meme but; on lui a donné les directions nécessaires pour qu’il pût le remplir.
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- loppées, M. Silvestre nous a présenté, dans un rapport, ce qu’on pourrait se promettre d’un établissement de ce genre, si souvent demandé, et a bien voulu nous promettre, sur la demande du Conseil d’administration, un travail raisonné sur l’ensemble de l’enseignement agricole.
- L’économie rurale et l’économie domestique ont éprouvé à-la-fois une heureuse révolution par le développement qu’a reçii sur notre sol la culture des pommes de terre; on continue d’en varier et d’en perfectionner les produits. A l’occasion d’un envoi fait parla Société d’Agriculture du département de l’Indre, d’une fécule de pomme de terre préparée par M. Grillon de Filleclair, ancien maire de Châteauroux, votre Comité des arts économiques a décrit la meilleure méthode à suivre pour cette préparation. S. Exc. le Ministre secrétaire d’Etat de l’intérieur nous a communiqué les procédés suivis par M. Magnin, de Grandmont près Belesme ( Orne ), pour fabriquer le vermicelle avec la même substance ; ces procédés ont été jugés analogues à ceux que M. le comte de Lasteyrie a décrits dans le N°. 166 du Journal des Maires. Le même Ministre nous fait connaître une machine à bras destinée à fabriquer la farine de pomme de terre, inventée par M. Grouvel, qui a formé à Cap-Breton (Landes) un grand établissement de ce genre ; la suite et l’ensemble que présentent les procédés de M. Grouvel nous ont paru mériter d’être proposés à l’imitation de ceux qui se livrent à ce genre de fabrication, et l’auteur s’est prêté avec le plus grand désintéressement à ce que la description et les dessins de sa machine fussent publiés. M. Labbé, maire de Yiroflay et membre de la Société royale et centrale d’Agriculture, poursuit ses essais sur l’emploi de la fécule sous forme liquide. Il nous a présenté de la bière qu’il a obtenue du sirop fermenté, étendu d’eau, et dans lequel on a fait infuser un peu de houblon, ainsi qu’une boisson vineuse donnée par ce même sirop , dans lequel on a fait bouillir et macérer du raisin sec; ces liqueurs étaient encore trop récemment préparées pour qu’on en pût apprécier définitivement les qualités. Nous ne déguiserons pas que le dernier de ces essais ne présente pas à la France des avantages très-réels, qu’une contrée si riche en vignobles n’a pas besoin du secours des vins artificiels; qu’elle pourrait même s’affliger de les voir fabriquer à bas prix, si toutefois ils parvenaient à égaler, pour le goût et pour la santé, les boissons naturelles.
- Un article inséré dans la Gazette de Gotha semblait être une sorte d’acte d’accusation contre les vins de France; nous avons été avertis de cette attaque par notre généreux et zélé correspondant M. de Fahnenberg; mais les vins français ont trouvé un défenseur dans un étranger, et la même Gazette en a publié l’apologie. M. de Lasteyrie nous a communiqué
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- mie note de M. Sœmmering, de Munich, sur un moyen d’améliorer, en très-peu de temps, les vins et autres liqueurs spiritueuses ; des Commissaires vérifient ce procédé, qui a été décrit dans le Moniteur du 18 juillet 1818. Une note envoyée par M. Herpin, de Metz, sur la régénération et la multiplication de la vigne par pépins, a fourni à votre Comité d’agriculture l’occasion d’indiquer les avantages et les inconvéniens de cette méthode, et de faire connaître qu’elle ne peut être adoptée avec fruit que lorsqu’il s’agit de renouveler le plant d’un vignoble déterminé, en ce qu’elle permet alors de choisir parmi les nouvelles variétés produites par les pépins , celles qui s’annoncent comme les meilleures.
- Notre Société a depuis long-temps contribué à fixer, sur la préparation et la conservation des substances alimentaires, l’attention publique et la sollicitude de l’autorité. M. Appert a suivi nos conseils; il exécute en grand ; depuis un an il a préparé pour Go ou 65,ooo francs de ses conserves ; des demandes lui ont été faites pour l’Inde, l’Ile-de-France, l’Allemagne, l’Angleterre; à l’exemple des Anglais, il a adopté les vases de fer-blanc pour renfermer ses préparations, qui ont été essayées comparativement à celles de l’étranger et jugées parfaitement égales. Le mérite maintenant en est constaté ; c’est à l’administration et au commerce à en faire usage. M. Pœjoux, pharmacien de la marine à Rochefort, secondé par M. de Lareintj, qui dirigeait alors dans ce port l’administration de la marine, en qualité d’intendant, a tenté de nombreuses expériences sur les divers procédés pour conserver les viandes destinées aux voyages de long cours, et parmi lesquelles une dessiccation lente paraît avoir le mieux réussi. Nous avons cru utile de publier le fruit de ses recherches, non qu’elles aient donné encore un résultat complet, mais parce qu’elles peuvent fournir d’utiles directions aux con-currens qui paraissent s’occuper avec ardeur de satisfaire au concours que vous avez ouvert. M. Permet, pharmacien en chef de la Succursale royale des militaires invalides, à Arras, annonce qu’il a réussi à conserver pendant sept ans de l’eau sans altération, en y joignant une certaine quantité d’oxide noir de manganèse en poudre, et l’agitant de temps en temps ; il nous a adressé un mémoire dans lequel il recommande de faire usage de ce moyen dans les voyages maritimes de long cours, pour conserver à bord la provision d’eau sans qu’elle se corrompe. L’emploi de la vapeur pour la cuisson des alimens a fourni à M. Ch. Derosne le sujet d’une note très-instructive ; en examinant, dans un rapport, la description d’une cuisine badoise qui est construite sur ce principe, et qui nous a été transmise par S. Exc. le Ministre secrétaire d’État de l’intérieur, il l’a comparée au fourneau de Harel et
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- à la marmite américaine; le premier appareil pourrait offrir des avantages en certaines circonstances , et sur-tout pour les grands établ'issemens, quoiqu’il soit douteux qu’il présente de l’économie pour le service militaire ; mais les deux derniers ont paru préférables pour les usages domestiques, auxquels ce genre de cuisson est encore trop peu généralement appliqué.
- Le perfectionnement de la construction des moulins a occupé cette année plusieurs artistes. M. Pecantin, arquebusier à Orléans, nous a présenté un moulin à bras portatif, partie en fonte, partie en fer forgé, qui se distingue par une construction très-soignée, parla taille et la direction des dents, par la manière dont les parties sont assemblées et par la perfection de la mouture. M. Molard jeune nous a offert un moulin à ailes verticales tournant horizontalement, destiné à réunir les avantages des deux systèmes; ce moulin est exécuté en grand dans le département d’Indre-et-Loire, et marche depuis quelques années. Nous regrettons que son auteur ne nous ait pas mis à même d’en apprécier le mérite par des pièces authentiques, et qu’il ne se soit pas mis sur les rangs pour disputer Je prix relatif aux moulins pour les exploitations rurales ; du reste, le modèle a paru assez ingénieusement conçu pour faire bien présumer du succès de l’application. M. Lefèvre, capitaine d’artillerie, inspecteur de la poudrerie d’Essone, nous a fait connaître un système de charpente pour attacher et manœuvrer les ailes d’un moteur horizontal à tout vent; votre Comité des arts mécaniques l’a jugé préférable à tout ce qui nous est parvenu dans ce genre, et l’exécution de cet appareil en grand, que M. Lefèvre se propose d’entreprendre, justifiera sans doute l’idée avantageuse qu’en avait donnée le modèle. M. Dartigues nous a communiqué une note sur ce genre de moulins, qu’il regarde comme très-utiles, sur-tout dans les villes et dans les lieux où l’on voudrait les établir sur les bâtimens; lui-même a fait construire sur d’assez grandes dimensions un appareil analogue; il s’est applaudi de l’effet qu’il en a obtenu; il se propose, l’été prochain, de l’essayer sur une échelle plus grande encore. Ces tentatives fixeront sans doute l’opinion encore incertaine des mécaniciens et du public sur l’utilité intrinsèque et relative des moulins à ailes horizontales, en fournissant les données de faits précises qui, jusqu’à ce jour, n’étaient point assez complètes.
- M. Lejeune, fabricant de quincaillerie, à Paris, nous a montré un moulin à café mieux exécuté et d’un meilleur usage que ceux qui sont confectionnés en Allemagne ; la modicité de prix qui recommande ces derniers était très-difficile à égaler; M. Lejeune y est parvenu.
- M. de Chassiron nous a fait connaître un nouveau hache-paille ima-
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- gitié par M. Béugreau, de la Rochelle; le prix de cette machine n’est que de 80 francs ; il pourra descendre à 5o. Elle a mérité le suffrage de a Société royale et centrale d’Agricolture.
- Il existe depuis 1806, au Conservatoire des arts et métiers, un modèle de machine propre à remplacer la brouette et le tombereau. S. Exc. le Ministre secrétaire d’Etat de l’intérieur nous a transmis un rapport du Bureau consultatif des arts et manufactures sur une machine de ce genre, que sa simplicité recommande pour les travaux de terrassement. M. Ladvocat, capitaine du génie, en retraite à Bar-le-Duc, et zélé correspondant de la Société, lui a adressé la description et le dessin d’un soufflet sans intermittence à l’usage des émailleurs, et applicable aux forges, fourneaux, fonderies, orgues, ventilateurs : c’est, comme il le reconnaît lui-même, une application du tarare ou grand van des cultivateurs.
- Rien n’est indifférent de ce qui peut prévenir les inconvéniens divers susceptibles de porter préjudice à la santé des hommes. Les mesures de l’Administration sont souvent impuissantes pour les combattre dans les grandes villes, relativement à des foyers d’infection dont les exhalaisons menacent la vie des travailleurs employés à les évacuer, et dont les infiltrations corrompent les eaux. Alors même que les mesures administratives peuvent s’exécuter, elles exigent souvent de la part des propriétaires des dépenses considérables. Nous avons donc réuni notre suffrage à celui de la Société royale et centrale d’Agriculture en faveur des fosses mobiles et inodores, qui, par un procédé ingénieux, soulagent la propriété de constructions onéreuses, et délivrent les habitations d’un amas de matières putrides; la Société, du reste, a principalement approuvé cet appareil sous le rapport des engrais qu’il conserve aux exploitations rurales; il est à désirer que, par une extension très-facile à concevoir, il soit rendu applicable aux maisons d’un faible revenu, celles qui sont les plus nombreuses et celles où ce genre de disposition est ordinairement le plus nécessaire.
- Depuis trente ans, on a cherché à délivrer les campagnes d’une autre cause d’insalubrité et d’infection, le rouissage du chanvre et du lin. En 1789, M. Braïle, ensuite M. Molard, avaient construit chacun, sur le principe des cylindres cannelés, une machine pour broyer en vert ces deux substances filamenteuses; la dernière est, depuis cette époque, employée dans le Jura. Plusieurs autres mécaniques dont nous avons eu l’honneur de vous entretenir dans le temps, ont été successivement exécutées en Angleterre et en France pour atteindre au même but, obtenir une plus grande simplicité et une plus grande économie dans la préparation du lin et du chanvre. M. Roggero, habile mécanicien, né à Parme, mais dont
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- les talens sont acquis à la France et y ont rendu de nombreux services, s’étant présenté trop tard cette année au concours ouvert pour cette préparation, s’est borné à demander que sa machine fût examinée comparativement avec celles du même genre qui existent en France. Votre Comité des arts mécaniques n’a pu remplir ce vœu, la Société n’ayant point en son pouvoir les objets de comparaison ; mais sans exprimer aucune opinion sur la nouveauté du principe de la machine de M. Roggero, il en a reconnu le mérite intrinsèque, la bonne construction et particulièrement l’économie ; cet appareil est tout en fonte et ne coûte que 3oo francs. Le Rapporteur du Comité des arts mécaniques a tracé, à cette occasion, i’histoire des efforts qui ont été faits successivement dans les divers pays pour résoudre cet intéressant problème. Plusieurs autres documens qui nous ont été fournis s’y rattachent égalêment. M. Lenormand nous a adressé le modèle en petit d’un appareil proposé par M. Perrin pour briser les tiges du lin et du chanvre sur une tablé cannelée, à l’aide d’un cylindre également cannelé et à poignée; un numéro du Journal de Verdun, transmis aussi par M. Lenormand, rappelle que M. Perrin, en 1814? avait communiqué à M. Molard des renseignemens sur les procédés employés en Angleterre par M. Lee. Al. Molard le jeune nous a offert le modèle en petit d’une autre machine à broyer le lin et le chanvre sans rouissage. AI. de Fahnenberg nous annonce, dans une note détaillée, l’empressement avec lequel on a adopté en Allemagne la machine exécutée par AL Christian, au Conservatoire des arts et métiers; on en construisait en grand à Berlin, à Erfurt, à Augsbourg et dans le Grand-Duché de Bade, oû l’on a conçu l’idée de lier ensemble plusieurs appareils semblables, qui seront mus par un cours d’eau. La Société d’agriculture , sciences et arts du département du iNord, nous ayant demandé pourquoi les suffrages donnés à cette mécanique ne nous ont point empêché de proroger le prix proposé pour la préparation du lin et du chanvre sans rouissage, nous lui avons fait connaître que l’auteur, membre de votre Conseil d’administration, ne s’est point présenté au concours. Du reste, votre Conseil d’administration, pensant que le degré d’utilité des moyens mécaniques n’est pas encore complètement déterminé, a chargé une Commission spéciale de faire à ce sujet une suite d’expériences ; l’essai en grand des procédés de AIM. Molard le jeune et Perrin ne pourra que l’éclairer
- Il est à désirer que les ouvriers exposés par leur profession à l’intempérie des saisons puissent avoir une coiffure qui résiste aux infiltrations de la pluie. M. Perrin, chapelier à Paris, nous a présenté des feu-
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- très qui ont été reconnus véritablement imperméables, et sous ce rapport il a perfectionné son art; mais il lui reste encore quelque chose à faire pour conserver à ses feutres le moelleux et la souplesse désirables, et sur-tout pour mettre les prix à la portée des classes laborieuses.
- Les accidens auxquels sont exposés les chars et les voitures menacent souvent la vie des hommes et exposent les marchandises à des avaries. Les roues à voussoirs, de l’invention de leu M. le comte d’Aboville, avaient fait depuis long-temps apprécier l’utilité des moyeux métalliques; M. le baron Oyen de Furstenstein fabrique des moyeux de ce genre en fonte de fer, dans ses forges du duché de Luxembourg; il nous en a présenté des modèles; un brevet d’importation lui permet de les fournir en France, et l’usage commence à s’en répandre à Paris. M. Jouanne, aubergiste à Dijon, s’est occupé de perfectionner son mécanisme pour dételer instantanément , en cas de danger, les chevaux d’une voiture à deux ou quatre roues, et pour enrayer en même temps; ce mécanisme, qui a déjà obtenu le suffrage de l’académie de Dijon, a paru très-avantageux à votre Comité des arts mécaniques; toutefois, comme on ne saurait acquérir une certitude trop entière sur l’efficacité d’un mécanisme conservateur, avant d’engager le public à s’y confier, votre Conseil d’administration a désiré qu’il fût fait, en présence des Commissaires de la Société , une expérience authentique sur une voiture à laquelle M. Jouanne a adapté son appareil, et qu’il a offert de mettre à notre disposition.
- La sollicitude de S. Exc. le Ministre secrétaire d’État de la guerre a été excitée par les inconvéniens auxquels est exposée la santé des ouvriers employés à l’aiguisage des lames de sabres et à la taille des pierres à fusil, par l’effet de la poussière qui se dégage dans ces deux opérations. Ce Ministre a proposé un prix de 3,ooo francs pour la découverte de moyens préservatifs contre ce danger, et a bien voulu nous transmettre la notice rédigée à ce sujet par le Comité central d’artillerie.
- Le commerce (i), dans ses opérations habituelles, emploiera avec avantage un polymètre qui nous a été présenté par M. Eichoff, élève de l’ancienne Académie, dont nous regrettions la perte, mais que nous espérons voir renaître sous une autre forme. Ce polymètre est un tableau gravé avec soin et disposé avec une heureuse méthode, qui
- (0 L’Académie de Commerce, fondée par MM. Legret et Vanaker, sur un plan sans doute très-utile, mais trop vaste, n’a pu se soutenir; elle a été remplacée par un Pensionnat et une Ecole spéciale de Commerce établie à Paris, bôtel Boisjelin, rue Saint-Antoine, n°. i45, sous la direction de M. Legret. Cette institution, quia reçu l'approbation des principaux négocians et banquiers de la capitale , et celle de S. Exc. le
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- présente la comparaison des poids, des mesures et des monnaies des principales places commerciales du globe.
- Le commerce ne peut voir sans intérêt les perfectionnemens apportés aux opérations du pesage des marchandises : il en est un dont on est redevable à M. Dumont, de Metz; sa balanee-pendule, approuvée par le Bureau consultatif des arts et manufactures, et autorisée par le Gouvernement pour le commerce en gros , offre de nombreux avantages pour les négocians expéditeurs, les maisons de roulage; elle est préférable aux romaines ordinaires pour peser les ballots et les matières brutes d’un gros volume; son service est prompt et facile; elle est moins coûteuse que les fléaux de balance avec leurs assortimens de poids de fonte. Cet appareil peut recevoir une utilité nouvelle par le mécanisme que M. de Saint-Denis, propriétaire à Birae, près Bazas (Gironde), annonce avoir adapté aux balances. Le mémoire qu’il nous a envoyé à ce sujet renferme une suite d’observations sur la pesée des grands fardeaux. Nous avons cm devoir demander à M. de Saint-Denis la permission de communiquer une copie de son travail aux entrepreneurs de la fabrique où se confectionnent les balances-pendules de M. Dumont, afin qu’on puisse réunir les deux appareils en un seul.
- Le commerce français considère avec une jouissance mêlée d’un juste orgueil ces arts de luxe, dont le bon goût et l’instinct de l’élégance assureront toujours les progrès parmi nous, et qui rendent l’étranger tributaire de nos ateliers, en l’attirant par la séduction la plus légitime, celle de la grâce attachée à nos ouvrages. Nulle exportation n’est plus avantageuse que celle qui roule sur des articles parvenus au dernier degré de fini par le travail de la main-d’œuvre, Le moirage sur métaux, imaginé par M. Allard, est une de ces idées ingénieuses qui procurent un genre de décoration nouveau, capable de se reproduire sous toutes les formes, et déjà, en effet, il a pris toutes les formes pour embellir les objets de l’usage le plus journalier. Notre Société a eu l’avantage de recommander cette découverte à l’attention publique : bientôt son développement est devenu un sujet d’émulation. M. Berry, peintre à la Rochelle, a indiqué pour cette fabrication un procédé différent de ceux que la Société avait "publiés, qui donne de nouveaux produits, et que nous avons cru utile de décrire dans le Bulletin. M. Herpin, de Metz, nous a fait connaître
- Ministre de l’intérieur, promet d’heureux résultats. L’enseignement de toutes les branches de la science commerciale et des langues étrangères y est pratiqué selon la méthode lancastrienne, presque généralement adoptée en France pour l'instruction élémentaire.
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- les expériences qu’il avait entreprises à ce sujet et les divers procédés qu’il a essayés; nous avons également décrit dans le Bulletin ceux qm lui ont le mieux réussi. M. Brunei, Français établi à Londres, a transporté sur des feuilles d’étain fort minces et de toutes dimensions, les effets qu’on obtient sur le fer-blanc; il varie ainsi à volonté la grandeur et la forme des décorations produites par les accidens de la cristallisation de l’étain : ce procédé a été importé en France, en vertu d’un brevet, par M. Vallet, distillateur à Paris.
- M. Régnault - Tupigny, de Lille, a donné la description d’un procédé pour dorer sur verre, et la composition d’un vernis pour garantir le tain des glaces. Nous avons dû applaudir à ses recherches; mais le brevet d’invention qu’a pris M. Lefèvre pour un enduit analogue au second, nous a interdit de le publier dans le Bulletin. M. de Saint-Amans est parvenu h rendre moins coûteuses les belles incrustations sur le cristal, que M. Dufougerais avait introduites dans la manufacture du Creusot lorsqu’il en était administrateur ; elles donnent une apparence métallique à la pâte enfermée dans le cristal. Les procédés de M. de Saint-Amans lui permettent d’imiter tous les genres de bas-reliefs, par les ornemens en pâte blanche ou en émail, qu’il enchâsse dans cette brillante matière, et dans le choix desquels il s’attachera sans doute à montrer un goût éclairé. Le même auteur a porté une précieuse amélioration dans le moulage des garnitures delà porcelaine, et les effets en deviendront tres-importans si on réussit à l’appliquer aux objets d’une grande dimension ; la manufacture royale de Sèvres s’est empressée d’adopter ces nouveaux procédés.
- M. Luton, peintre et doreur sur verre à Paris, avait eu dès long-temps l’idée de remplacer par des caractères émaillés les étiquettes ordinairement, employées pour les flacons renfermant les produits chimiques; portant plus loin l’inaltérabilité, il n’emploie plus qu’un émail blanc pour faire le fond de l’étiquette, réservant le contour des lettres sur le cristal même. Ce procédé ingénieux pourrait s’étendre à la peinture sur verre et à la préparation du verre dépoli.
- Un perfectionnement précieux s’annonce aussi dans l’art de l’horlogerie. M. Destigny, horloger à Rouen, a imaginé un mécanisme destiné à paralyser l’influence de la température dans la marche des montres ; le Comité des arts mécaniques l’a trouvé fort ingénieux, et poursuit en ce moment les expériences nécessaires pour en apprécier exactement les effets.
- Un pendule compensateur présenté par M. Piault, maire du dixième arrondissement, et dont le principe a paru ingénieux, a fourni au Comité
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- des arts mécaniques le sujet d’un rapport dans lequel les divers moyens de compensation essayés à différentes époques sont rappelés et comparés (i). Lorsque le poids moteur d’une pendule occupe une certaine position à l’égard de la lentille, il réagit sur celle-ci; il peut en retarder, même en arrêter le mouvement. Ce phénomène a frappé M. Lenormand, qui nous a adressé un mémoire à ce sujet ; au nom du Comité des arts mécaniques, M. Francœur a analysé ce fait curieux et a cherché à en déterminer les causes par les lois générales de la physique.
- Dans cette active communication des lumières, dans cette émulation générale, j’allais presque dire dans cette bienveillance réciproque des nations qui a succédé enfin à de sanglantes rivalités, si nous nous efforçons d’améliorer les produits qui nous appartiennent, nous ne serons indifférens à aucun des progrès qui s’obtiennent chez l’étranger. Nous espérons posséder bientôt une collection complète des objets qui s’y fabriquent, et nos artistes y trouveront une matière abondante de comparaisons propres à éclairer tout ensemble et à exciter leur zèle. Nous avons en général les moyens de faire aussi bien qu’aucun autre peuple de l’Europe; ces comparaisons seules nous manquent. Nous en pouvons prendre à témoin les échantillons que nous a apportés d’Angleterre notre collègue M. Mérimée, tels que des poteries connues sous le nom de ironstone (pierre de fer) à raison de leur dureté, des patères imitant le cuivre doré, des serrures de sûreté, des flambeaux-bougeoirs ; ce dernier article a été fabriqué par M. Léger Didot; les uns et les autres peuvent être consultés utilement par nos artistes sous le rapport de l’exécution. M. Mérimée nous a fait connaître aussi une grue d’un genre nouveau, employée avec succès en Angleterre, et un moyen de fabriquer des cordes plates qui remplacent avec avantage les câbles dans l’exploitation des mines.
- Nous devons renouveler chaque année l’expression de notre juste gratitude envers M. de Fahnenberg, pour ses utiles et abondantes communications ; nous en avons déjà indiqué plusieurs, nous en rappellerons d’autres par la suite. Il nous a transmis un grand nombre d’écrits ou de documens sur les établissemens ou les procédés introduits en Allemagne; une partie a déjà été publiée dans notre Bulletin; nous remarquerons dans ce nombre la description du canal que M. de Rei-chenbach vient de terminer en Bavière, et qui conduira les eaux salées
- (1) On trouve un extrait de ce rapport clans le Bulletin du mois de mars dernier, page 65.
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- de Berchtesgaden aux salines de Reichenhali, Trauenstein et Rosenheim, ainsi que l’exposition du procédé par lequel on combine en Prusse la sciure de bois et la tourbe pour en composer un combustible.
- M. le baron de Fahnenberg aperçoit une marche progressive dans l’industrie allemande; mais il pense que cet avancement serait bien plus rapide si les fabricans et les artistes étaient moins isolés, s’ils avaient des guides, s’ils recevaient de plus nombreux encouragemens, s’ils possédaient une institution semblable à la nôtre; c’est son opinion que nous exprimons. A Stuttgard, à Cassel et à Augsbourg, on a établi des expositions publiques des produits de l’industrie dont la France a donné l’exemple, et qu’elle voit renaître dans son sein.
- M. Samuel Wood, de Philadelphie, a importé en France une presse d’imprimerie en fonte de fer, inventée par M. Clymer, de la même ville, propre à imprimer d’un seul coup des feuilles de toute dimension, avec une grande netteté et à l’aide d’un seul ouvrier de force moyenne. Cette presse, dont les dessins sont insérés dans notre Bulletin, a été adoptée dans les ateliers de M. Firmin Didot : elle a quelque analogie avec celle de lord Stanhope ; mais elle a sur cette dernière l’avantage d’être exempte de la vis qui exige beaucoup de soins et de fréquentes réparations.
- Puisque nous touchons ici aux rapports que l’industrie peut avoir avec les intérêts des lettres, par les arts employés à leur service, nous ne%saurions passer sous silence les efforts dignes d’éloges qu’a faits M. Lesnè, relieur à Paris, pour perfectionner l’art qu’il exerce. Joignant la pratique à la théorie, il nous a présenté un mémoire sur ce sujet, et y a joint des reliures qui promettent une grande solidité : il est vrai que le prix en est plus élevé que celui des reliures ordinaires ; mais le but de M. Lesné est de rendre les reliures plus durables et d’en retarder le renouvellement, en sorte qu’en définitive elles peuvent être économiques pour les livres dont on fait un fréquent usage et qu’on désire conserver long-temps. Peut-être y a-t-il plus d’une production qui ne profiterait point de cet avantage, parce qu’elle ne pourrait subir cette épreuve, et pour laquelle un vêtement, quoique léger et peu durable, sera toujours assez solide; mais enfin la reliure est destinée à la conservation, comme un livre est destiné à la lecture. Au surplus, une Commission a été for-mée pour reprendre à cette occasion et continuer les intéressantes recherches commencées par MM. de Lasleyrie et Gillet de Laumont. M. Lesné a offert avec empressement de prendre ses conseils et de la seconder dans ses travaux.
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- M. Bosc, directeur des contributions indirectes à Besançon , s’est exercé sur la composition d’une encre indélébile, et M. Dorsay sur la fabrication d’un papier qui puisse servir au meme effet.
- Si nous passons dans le domaine des beaux- arts, nous remarquons, parmi les communications aussi nombreuses que variées de M. Ilerpin, négociant à Metz, un mémoire sur un forté-piano à table de parchemin, dont il a envoyé la description, et qu’il annonce avoir été exécuté avec succès. La maladie et la mort de M. Bardel nous a privés de la vérification que devait en faire cet honorable collègue, en se concertant avec un des plus habiles facteurs de Paris , sur un instrument confectionné d’après ce principe.
- La lithographie continue à se perfectionner et à se développer. M. de Fahnenberg nous instruit de l’extension qu elle obtient en Allemagne. M. Aloïs Sennefelder, son premier auteur, remplace l’usage des pierres de Solnhoffen par une espèce de carton, pour laquelle il vient de prendre, en France, un brevet d’importation. L’emploi du papier transparent dont M. de Lasteyrie avait donné l’exemple dans ses ateliers, est appliqué par M. Guyot, imprimeur lithographe à Paris, pour tirer les épreuves dans le sens du dessin. Du reste, le public peut apprécier aujourd’hui les progrès de cet art, l’essor qu’il a donné à la gravure, et par conséquent tout ce qu’il apporte de secours aux arts du dessin.
- Il n’est presque pas une découverte dans les arts industriels qui ne soit due à l’application des sciences, ou qui ne leur porte un nouveau sujet d’observation. Parmi les travaux qui rendent cette alliance plus importante et plus sensible, nous remarquerons spécialement, cette année, une méthode pratique communiquée par M. Hachette, pour comparer les effets des machines à vapeur, et déterminer la quantité de vapeur produite sous tel ou tel degré de pression (i).
- (1) Dans le compte que nous rendîmes des travaux du Conseil pendant l’année 1817, nous annonçâmes que M. Humphrey Edwards nous avait communiqué les dessins de sa machine à vapeur 5 ces dessins n’ayant pas paru assez corrects, il en a été levé d’autres sur la machine même établie dans les ateliers de M. Richard, au faubourg Saint-Antoine; ils ont été gravés et publiés dans notre Bulletin, accompagnés d’une description détaillée. A cette occasion, M. Hachette nous a proposé de faire entreprendre une série d’expériences tendantes à déterminer la quantité d’eau évaporée à de hautes pressions dans les pompes à feu, et la dépense en combustible, proposition que nous avons accueillie avec d’autant plus d’empressement, qu’elle résoudra un problème fort intéressant pour tous ceux qui s’occupent de la construction de ces sortes de machines.
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- L’idée de la distillation dans le videqui avait exercé le génie investigateur de, Montgolfier, n’a:point été abandonnée; on regrettait vivement la perte d’un procédé conçu par feu M. le général Meunier, pour la réaliser ; mais un de nos collègues nous fait espérer des renseignemens qui peuvent le faire retrouver. M. Lenormand a conçu, dans le même but, un appareil qui a mérité des éloges; M. Tritton en a exécuté un en Angleterre; M. Claude-Antide Guillot, propriétaire à Besançon, a déclaré avoir inventé le même procédé qu’annonce M. Tritton, dès le 8 juin 18 £8, et il nous est attesté par M. Bosc, directeur des contributions indirectes à Besançon , que l’essai en a eu lieu sous ses yeux. Nous avons enregistré ces déclarations dans nos procès-verbaux, sans nous croire autorisés à intervenir dans la question de priorité, qui se liera aux effets des brevets d’invention ou d’importation délivrés aux auteurs, et qui sont du domaine des tribunaux. Ces diverses tentatives ont fourni à votre Comité des arts chimiques le sujet d’observations judicieuses sur l’intéressant problème de la distillation dans le vide, qui ont été développées par M. Francœur. La distillation ordinaire continue d’être l’objet d’utiles recherches; nous retrouvons encore M. Bosc, de Besançon, et M. Herpin, de Metz, dans le nombre de ceux qui nous ont transmis des informations à ce sujet (i).
- M. Gillet de Laumont nous a lu une note sur le cadmium, nouveau métal extrait des préparations d’oxide de zinc, découvert par M. Stromeyer, professeur à l’Université de Gœttingue, et nous en a présenté des échantillons.
- Nous voudrions, Messieurs, vous entretenir encore d’un grand nombre d’objets, vous exposer les intéressantes discussions qu’ont fait naître les communications de M. B âmes, fondé de pouvoir de MM. Grant-JVollaston et compagnie, de Londres, et celles de S. Exc. le Ministre secrétaire d’Etat de la marine et des colonies, au sujet d’un noir minéral pour la peinture à l’huile et en détrempe, discussions qui ont fait éclore des vues précieuses sur les secours que la chimie et la minéralogie peuvent prêter à cette portion de l’art ; nous voudrions vous décrire divers nouveaux instrumens de notre infatigable collègue M. Be-
- (0 Le premier nous a communiqué des observations sur la distillation à la vapeur, et l’autre la description d’un alambic qu’il a imaginé pour le même objet. Quoique les aétails renfermés dans les mémoires de ces deux correspondans nous aient paru inté-ressans, ils ne nous apprennent rien de nouveau sur un art qui a reçu de si grands perfectionnemens depuis trente ans.
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- gnier, exécutés avec cette précision qui le distingue (i) ; un métier de M. Serre, sous-préfet à Embrun, pour faire les tuyaux sans couture (2); un levier et un cric, imaginés par M. Dusourdray, juge de paix à Cherbourg (3); l’emploi fait par M. Boucher, fabricant de fil de laiton à l’Aigle, de la blende grillée en remplacement de la calamine, procédé déjà éprouvé et recommandé par MM. Vauquelin et Chaptal, que M. Boucher exécute en grand (4) ; les perfectionnemens imaginés par M. Favreau, ? mécanicien , et par M. Viardot, fabricant de bas, pour un métier à fabriquer les pièces de tricot sans envers, ou pour rendre le tricot plus uni et plus durable (5), etc. ; vous soumettre
- (x) Ces instrumens sont : i°. un méridien harmonique qui se place dans un appartement, et dont le mécanisme est remonté par le rayon solaire à l’instant même où il atteint la ligne qui marque le-midiy-2°. un piquet à thermomètre, destiné à indiquer la température des couches de terre, connaissance particulièrement utile pour le jardinage.
- (2) Ce métier, qui avait concouru pour le prix relatif à la fabrication des tuyaux sans couture , a le mérite d’être d’une grande simplicité et de pouvoir être établi à un prix très-modique. L’auteur, qui ne s’était occupé de sa construction que dans des vues purement philantropiques, pense qu’on pourrait l’employer avec avantage dans les maisons de détention ; il est décrit et gravé dans le Bulletin du mois de février dernier.
- (3) Ce cric, quoique plus compliqué que le cric ordinaire , offre une nouvelle et ingénieuse application du levier; il a quelque rapport avec celui de Lagarousse, et peut exercer de grands efforts avec peu de puissance ; on l’emploie avec succès pour le mouvement des fardeaux.
- Le levier présenté par M. Dusourdray est destiné à remplacer ces lourdes barres de fer nommées pinces, dont la manœuvre est si difficile; composé de bois et de fer, il est tout aussi solide, plus léger et moins coûteux; on s’en sert déjà à Cherbourg. Ces deux instrumens sont décrits et gravés dans le Bulletin 1N°. CLIX. du mois de juillet 18x 8.
- (4) Privé, par la nouvelle délimitation de la France, des moyens d’employer dans ses fabriques la pierre calaminaire du duché deLimbourg, M. Boucher a cherché à se passer de cette substance en y substituant la blende grillée, et il a fait ainsi du laiton, dont les qualités lui ont paru au moins égales à celles du laiton ordinaire fabriqué avec la calamine.
- Ce procédé a été indiqué, il y a long-temps, par les chimistes. M. Vauquelin a prouvé, par des expériences dont les résultats existent au Cabinet des mines, la possibilité de faire du bon laiton avec la blende grillée. M. Chaptal a donné le moyen d’obtenir directement le cuivre jaune par le traitement simultané de la blende et du cuivre pyriteux. Depuis plusieurs années, MM. de Miremont et Blumenstein ont fait, dans leurs établissemens des mines.de plomb de Vienne (Isère), de nombreux essais avec la blende et le cuivre sulfuré de leurs filons ; ils en ont obtenu les résultats les plus satisfaisans.
- (5) M. Favreau a inventé un métier propre à fabriquer différentes pièces de tricot en laine et coton, sans envers , pour gilets, jupons, etc.; un encouragement lui a été accordé
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- un grand nombre d’autres notices qui sont dans nos mains (i); mais le temps nous manque ; une portion de ces détails est consignée dans les notes jointes au présent rapport; d’autres trouveront leur place dans
- pour cette invention par S. Exc. le Ministre de l’intérieur, sous la condition qu’il déposera dans nos archives la description et les dessins du métier, pour être publiés par la voie du Bulletin.
- Le moyen que M. Viardot a imaginé pour obtenir un tricot plus uni et plus durable que par les procédés ordinaires, consiste à tordre ensemble, en les doublant, les fils de coton avant de les emmailler sur le métier à bas, et de les mouiller avant ou après cette espèce de commettage. 11 n’ignorait pas que cette préparation des fils était déjà connue et pratiquée à l’étranger; mais comme elle est simple et nullement dispendieuse, il a témoigné le désir d’en voir généraliser l’emploi et répandre la connaissance.
- (i) M. le baron Devrai de Barouville a transmis des renseignemens sur une machine inventée par le sieur Defoing, serrurier à Barouville (commune située près de Givet, département des Ardennes, mais qui est actuellement hors du territoire français ) , pour tailler les limes à tous les degrés de finesse. Cet artiste ayant demandé que la Société lui procure les moyens de venir s’établir en France, nous avons dû attendre qu’il nous adressât les produits qu’il obtient de sa machine, et un dessin de cette dernière, pour pouvoir juger si elle est meilleure que celle que nous possédons déjà.
- M. Burette y mécanicien à Paris, nous a présenté une machine à couper par tranches les racines alimentaires et les fruits; elle est décrite et gravée dans le Bulletin N°. CLXXII du mois d’octobre j8i8, page 3i2;
- MM. Champion et de Sirnencourt, divers appareils gnomoniques qui ont obtenu nos suffrages, pour leur exécution soignée;
- M. Levillain, compagnon chaudronnier à Rouen, un buste composé d’une seule feuille de cuivre rouge, retreinte au moyen du marteau. Cette opération suppose beaucoup d’adresse et les connaissances nécessaires pour savoir entretenir le métal en état de prendre, sans se gercer, les formes qu’on se propose de lui donner.
- M. Rawertf gentilhomme de la Chambre de S. M. le Roi de Danemarck , nous a entretenus de l’usage que les paysans danois font, dans l’économie domestique, de différentes plantes qu’ils recueillent sur les bords de la Baltique, et entre autres de la zostère ( zostera marina, Lin.); ils garnissent leurs matelas avec les feuilles de cette dernière plante , qui sont très-élastiques. La zostère se trouve aussi sur les côtes de France; mais il parait qu’elle n’y jouit pas des propriétés qui la font rechercher dans le Nord.
- M. Daret} mécanicien à Paris, nous a présenté une jambe artificielle très-légère, ayant tous les mouvemens d’une jambe naturelle. Le mécanisme en est aussi solide qu’ingénieux , et fait honneur au talent de cet artiste, connu par d'autres inventions. Un officier amputé et qui se sert avec succès de cette jambe depuis assez long-temps, étant venu dans une de nos séances nous en démontrer les bons effets, nous avons cru devoir lui accorder notre suffrage.
- M. Martin, cultivateur à Bury, près Besançon, dont nous avons déjà récompensé les utiles travaux, en lui décernant, en 1808, l’un des prix que nous avions proposés pour la culture des prairies artificielles, a introduit de nouvelles améliorations dans son
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- celui qui va vous être soumis sur la distribution des médailles d’encouragement. Nous nous hâtons du moins d’arriver à une dernière communication du plus vif intérêt pour notre agriculture comme pour notre industrie manufacturière. Notre collègue, M. Ternaux, qui déjà a rendu à cette industrie de si nombreux et de si importans services, a bien voulu nous communiquer un récit authentique et circonstancié sur l’expédition de M. le chevalier Amèdée Jaubert, dont le résultat est attendu avec une si juste curiosité ; elle est déjà en partie satisfaite par la publication, dans notre Bulletin, de cette relation , qu’il nous serait difficile d’analyser ici, parce qu’elle ne renferme pas un détail qui ne soit un fait précieux ou une observation judicieuse. Il nous suffira de vous annoncer, Messieurs, que cette expédition si périlleuse, la première de ce genre qui ait été tentée, a été couronnée du succès, après une longue suite d’efforts aussi coûteux qu’infructueux, dont l’origine remonte à l’expédition d’Egypte ; que, grâce à la, persévérance éclairée et généreuse de M. Ternaux, aux recommandations de M. le duc de Richelieu, à la protection que son nom a procurée dans un pays où ce nom est l’objet de la reconnaissance générale, grâce à la bienveillance du Gouvernement russe, au dévouement, au courage, à l’habileté de mon honorable ami M. le chevalier Amédèe Jaubert, un troupeau de nouvelles bêtes à laine, de la
- exploitation rurale; ses assolemens nous ont paru bien entendus, et ses essais avoir produit de bons résultats.
- M, de Theis , propriétaire à Laon, a fait des expériences tendantes à prouver que les tiges d’épinards sèches fournissent, par la combustion, une cendre très-riche en potasse , et dont il estime la proportion à 62 centièmes du poids des cendres.
- On sait que les plantes qui contiennent le plus de potasse sont celles dont les feuilles sont d’un vert intense et qui croissent dans un sol riche en terreau ou bien fumé; que les bourgeons d’arbres en donnent plus que les feuilles; que les jeunes pousses en sont plus chargées que les branches , et celles-ci plus que le tronc, et qu’en général les plantes les plus alcalines sont celles qui croissent sur sol le plus alcalin.
- Quoi qu’il en soit, nous avons invité M. de Theis à continuer ses recherches.
- Des échantillons de garance que nous a adressés M. Thibault, de Montpellier, et qu’il a trouvés dans un terrain sablonneux de la commune de Sainte-Marie ( Bouches-du-Rhône ), où cette plante croît spontanément, ont été l’objet de quelques observations sur l’abondance de cette matière colorante, dont nous exportons chaque année des quantités considérables pour la Suisse et l’Angleterre, malgré la grande consommation qu’en font nos teinturiers en coton rouge et nos fabriques de toiles peintes. Déjà, en 1818, les demandes ont été moins nombreuses, et si cette année elles n’étaient pas plus importantes, on serait obligé de restreindre en France la culture de la garance.
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- race de celles qui donnent la laine de Cachemire, arrive de l’Asie après avoir traversé les déserts, des contrées sauvages, au milieu de tous les genres de périls ; qu’à la date de la dernière lettre de l’intrépide voyageur, cinq cent soixante-huit bêtes, tant pures que croisées, étaient embarquées à bord d’un navire dans l’un des ports de la Crimée, que ce navire avait déjà levé l’ancre, qu’à cette heure peut-être il est déjà entré à Marseille ou à Toulon. Ce sont les restes d’un troupeau bien plus considérable qu’ont décimé la rigueur du climat et les fatigues du voyage ; mais, quelque réduit qu’il soit, il n’en est pas moins une des plus belles conquêtes qu’ait obtenues le génie du patriotisme et de l’industrie, et tout annonce que ces animaux pourront se naturaliser sur notre sol. Félicitons, Messieurs, les deux bons citoyens qui, l’un en préparant, l’autre en exécutant cette difficile entreprise, font un tel présent à leur pays !
- Plusieurs ouvrages importans sont venus enrichir notre bibliothèque et la bibliographie des arts industriels. Nous regrettons que les fonctions que remplit au milieu de nous notre digne Président, nous interdisent de payer un juste tribut d’éloges à un ouvrage reconnu en quelque sorte comme classique à sa naissance, ouvrage que seul peut-être il pouvait exécuter ; où tant de faits résumés se présentent avec l’autorité de son nom ; où la plus vaste expérience a semé tant de vues élevées et fécondes. La même raison nous prive de pouvoir acquitter le même tribut envers Y Essai sur V Administration de V agriculture, du commerce, des manufactures et des subsistances, dont l’auteur, un des secrétaires de celte Société, a dirigé long-temps, au Ministère de l’intérieur, le travail relatif à l’une de ses branches d’administration, d’une manière qui lui a mérité et la confiance d’une suite de ministres, et l’estime publique, et la reconnaissance des fabricans. Il a justifié ces sentimens, il y a acquis de nouveaux titres en rassemblant et publiant les observations qu’il a recueillies dans son utile et laborieuse carrière. Nous aimons du moins à penser que l’opinion publique a suppléé à notre silence dans le jugement qu’elle a déjà porté de ces deux ouvrages, et, il nous est permis peut-être de le dire, c’est un des titres d’honneur de cette Société, de retrouver, dans les auteurs de deux ouvrages d’un tel mérite et d’une telle influence, ceux sur lesquels, depuis tant d’années, se réunissent ses suffrages. Leurs services, leurs succès sont en quelque sorte une portion de notre commun patrimoine.
- Nous devons rendre grâce à M. Borgnis, pour son Traité de mé-
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- canique appliquée aux arts, dont il a publié dernièrement et a bien voulu nous offrir le deuxième volume. M. Francœur, dans une rapide et judicieuse analyse, a indiqué tous les avantages qui recommandent cet intéressant ouvrage. Plaçant dans un jour lumineux Tune des alliances les plus importantes qui unissent aujourd’hui les théories scientifiques à la pratique des arts, ce traité méritait et a reçu à-la-fois les éloges des savans et ceux des amis de l’industrie.
- Nous retrouvons encore deux membres de notre Conseil d’Administration parmi les auteurs de deux des mémoires qui nous ont été présentés cette année ; l’essai de M. le baron de Chassiron sur la législation et les réglemens nécessaires en France aux cours d’eau et rivières non navigables et flottables, etc., est un véritable Code aussi clair qu’exact sur cette portion difficile et encore trop peu déterminée de notre jurisprudence administrative. Le mémoire de M. d'Arcet, sur le perfectionnement des fourneaux des doreurs sur métaux, a remporté le prix proposé par feu M. Ravrio, et décerné par l’Académie royale des sciences : que pourrions-nous joindre à un tel suffrage et au rapport des trois Commissaires, MM. Thénard, Vauquelin et Chaptal?
- La Société d’agriculture de Châteauroux a bien voulu nous adresser des détails sur l’exposition publique des produits de l’industrie locale, qui a eu lieu dans cette ville en 1817, et nous faire connaître l’état de cette industrie dans le département de l’Indre ; elle en attribue les progrès à l’emploi des machines de M. Douglas ; elle a joint à son mémoire des échantillons de draps et de bonneterie qui annoncent en général une bonne fabrication. Nous avons reçu d’un anonyme un mémoire accompagné de dessins sur le traitement du fer par la houille en Angleterre, qui annonce un bon observateur; de M. Georges Richard, docteur-médecin à Rhodez, un mémoire sur quatre-vingt-dix-sept variétés de pommes de terre qu’il a cultivées en 1817, mémoire qui lui a mérité une médaille d’or de la Société royale d’Agriculture ; de M. Duvaure, de Crest (Drôme), un mémoire sur la greffe du mûrier blanc , qui a pour but d’en déterminer les inconvéniens et les avantages : c’est une nouvelle édition de celui qu’il avait déjà publié en 1817, etc.
- Vos propres travaux, Messieurs, dont l’origine remonte déjà à dix-huit ans, mériteraient peut-être d’ètre résumés dans un tableau qui pût faire apprécier les services que vous avez rendus et les faits principaux que vous avez recueillis. Votre Conseil d’Administration en a conçu le vœu, et ce vœu a été réalisé par M. l’agent général de la
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- Société elle-même, avec un soin et une fidélité que vous aurez apprécies; Ce n’est pas sans quelque jouissance que vous aurez jeté les yeux sur ce sommaire de vos efforts pour le bien public. S. Exc. le Ministre secrétaire d’Etat de l’intérieur a pris trois cents exemplaires de l’ouvrage de M. Gu illard-Senainville, et nous croyons avoir rempli vos intentions en témoignant votre satisfaction à l’auteur. Cet ouvrage est tout ensemble une sorte d’histoire de notre Société, et un abrégé de notre Bulletin. La première édition des deux premiers volumes de ce Bulletin est épuisée ; la deuxième est en vente. Les produits de la vente, pendant l’année qui vient de s’écouler, se sont élevés à i,5oo francs; vous avez la preuve de l’accueil qu’il continue de recevoir.
- Aux termes de l’ordonnance royale du 26 février 1817, quatre nouveaux candidats ont été admis à l’Ecole des arts et métiers de Châlons, sur la présentation de la Société. Huit places nous ont été accordées , sept sont déjà remplies; le soin le plus scrupuleux a présidé au choix des élèves, déjà ils y répondent; nous espérons que quelque jour, fiers d’être entrés sous vos auspices dans la carrière des arts, ils justifieront, par leur conduite et leurs travaux, le titre d’Elèves de la Société d’En-couragement.
- S. Exc. le Ministre secrétaire d’état au département de l’intérieur a bien voulu annoncer à une députation de votre Conseil d’Adminislration, qu’il rétablirait dans son intégrité l’ancienne assignation qui lui était accordée sur ce ministère, et nous aimons à rendre, celte fois du moins, à sa générosité si empressée, qui va au-devant de tout ce qui est bon et utile, un témoignage de gratitude que notre Société lui devait déjà à d’autres titres, mais qu’il ne nous a point permis d’exprimer.
- Ce 11’est pas, Messieurs, sans un sentiment de tristesse qui sera partagé par vous , que nous achèverons ce compte au moment où nous sommes chargés de vous le rendre. Si votre Conseil d’Administration n’a jamais eu des travaux plus actifs que cette année; s’il a eu le bonheur de voir cette Société s’accroître et se développer encore, il a éprouvé plusieurs pertes douloureuses dans les membres qui le composent ; M. Verrier, membre de l’Académie royale des sciences, créateur des ateliers de Chaillot, et auquel la France doit le système des machines à vapeur ; M. Moreau de Saint-Méry, dont le zèle pur et désintéressé, dont le caractère honorable laisseront toujours à ceux qui l’ont connu d’attachans souvenirs; M. Bardel, membre du Comité des arts mécaniques; M. Airfrje, de celui des arts chimiques. Notre collègue, M. Süvestre, a déjà acquitté notre dette envers M. Moreau de Saint-
- Dix-huitième année. Avril 1819. Q
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- Mèry, et nos regrets ne pouvaient être mieux exprimés. Deux rapides notices seront lues clans cette séance, sur MM. Verrier et Bardel. Nous avons à regretter M. Anfrye, inspecteur général des essais des monnaies de France, qui a succombé, le 15 février dernier, à une longue maladie qui prit sa source dans les inconvéniens attachés aux fonctions qui lui étaient confiées. Elève de l’Ecole des mines sous la direction de M. Sage, il s’appliqua cîès-lors à déterminer les titres des matières d’or et d’argent. Les connaissances et l’habileté qu’il apporta dans ces opérations le firent nommer successivement, dès 1791, inspecteur des essais de l’affinage à la Monnaie de Paris, inspecteur des travaux, et bientôt après directeur de celle de Perpignan, directeur de celle de Paris; mais il préféra à ce dernier emploi celui de simple vérificateur des essais; il mérita de succéder ensuite à M. d’Arcet, dans les fonctions d’inspecteur général. Parmi les services qu’il a rendus, il en est deux qui méritent d’être particulièrement signalés : c’est la part qu’il a prise à l’emploi qu’on a su tirer des scories provenant de la fonte des cloches , et qui a valu plusieurs millions à l’Etat ; c’est celle qu’il a eue aussi aux procédés qui ont amené la fabrication de la soude artificielle, qui a ouvert au commerce français une nouvelle source de richesses. Après trente-quatre ans d’emplois publics et de nombreux travaux, le souvenir de ses vertus et de ses services est le plus bel héritage qu’il pût laisser à sa veuve et à ses enfans.
- Sur les membres qui composaient, à l’origine, votre Conseil d’Ad-ministration , vingt et un ont déjà succombé, vingt-trois siègent encore dans ce Conseil ; les collègues que vous leur avez successivement donnés ont dignement réparé tant de pertes. Ceux qui survivent, ceux qui sont venus les consoler par leur adjonction , s’ils sont appelés de nouveau à l’honneur de vos choix, persévéreront avec constance dans des travaux qui s’agrandissent chaque jour. Leur zèle 11’est quç l’expression du vôtre ; il ne tiendra pas à eux que la Société d’Encouragement ne remplisse noblement, dans des temps désormais prospères, la destinée qu’elle a su soutenir aux époques les plus difficiles, et qu’elle ne mérite, par ses efforts comme par son esprit, le titre d’une institution véritablement nationale.
- Rat port sur les recettes et les dépenses de la Société pendant Vannée 18185 Par M. Pérignon.
- Messieurs, la Commission des Fonds m’a chargé d’une mission bien
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- douce, celle de vous rendre compte de la situation des finances de la Société , et par conséquence vous parler de ses succès et de l’ordre heureux qui, s’y maintenant sans cesse, paraît créer chaque année de nouvelles ressources, quoique chaque année aussi voie augmenter et les prix et les secours que vous savez si bien placer à côté des progrès de l’industrie.
- D’après le compte de votre estimable trésorier, la Société est maintenant propriétaire de 123 actions de la Banque de France, pour l’achat desquelles il a été dépensé à diverses époques 141,468 fr. 35 cent. : elle s’est enrichie, pendant le cours de 1818, de huit nouvelles actions.
- Le compte de votre trésorier se compose de recettes et de dépenses.
- La recette se divise en sept chapitres.
- Le premier se forme du reliquat de compte de 1817, tel qu’il fut arrêté par MM. les membres de la Commission des Fonds et par MM. les
- censeurs, le 25 mars 1818, ci......................9,539 fr. 56 c.
- Le second comprend le produit de la vente du Bulletin, jusqu'au Ier. janvier 1818, ci.............. 1,244 5o
- La vente du Bulletin, en 1818, a produit i,5oo fr. ; celte somme n’est point encore rentrée totalement : elle trouvera sa place dans le compte de 1819.
- Le troisième chapitre se compose de deux sommes, l’une de 5,290 fr., reçue le 11 janvier 1818, pour les six derniers mois de 1817 des intérêts de 115 actions de la Banque de France; l’autre, de 5,376 fr. pour le premier semestre 1818, tant de ces .115 actions que des 8 achetées pendant le cours de cette année 1818, au total................................................... 10,666
- Vous remarquerez, Messieurs, que le dernier semestre de ces actions pour 1818 ne fait pas partie du compte dont j’ai l’honneur de vous entretenir. Ce semestre n’a été reçu que dans le mois de janvier dernier : ce sera une des ressources de cette année, et vous en verrez paraître la recette dans le compte de l8r9-
- Le quatrième chapitre comprend les sommes remises à votre trésorier par l’agent-général de la Société, pour les souscriptions qu’il a touchées sur les années 1814, i8i5, 1816, 1817, 1818 et 1819, ci. ... , i8,544
- 39,794 fr. 6 c.
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- De T autre part...............
- Le cinquième chapitre se forme de la somme reçue au Trésor royal pour le dernier trimestre de 1817 et les trois premiers de 1818, de la souscription du Gouvernement et du Ministre de l’intérieur, ci. ... .
- Le sixième chapitre se divise en deux parties, la première de 4% fr. y5 cent, pour la restitution qui a été faite par M. Rhodes, de sa pension payée par la Société à l’Ecole d’Alfort; la seconde, de i5o fr. reçue de M. Collin, à qui cette somme avait été avancée pour des expériences d’enlèvement de taches sur le drap blanc,
- au total.................................................
- Enfin , le septième chapitre se compose de la somme reçue de M. le chevalier Ration, pour le prix dont l’objet est la substitution de la presse hydraulique aux pressoirs ordinaires à huile et à vin, ci................
- 3<b794 fr- 6 c.
- 4,ooo
- 609
- 2,000
- Ces sept chapitres de recette donnent une somme totale de. . ........................................46,4°3 fr. 81 c.
- »jmaiuMraf -m WTffia
- Voici maintenant, Messieurs, l’emploi qu’a reçu ce produit.
- La dépense est divisée en sept chapitres comme la recette.
- Le premier chapitre, qui se compose du traitement de l’agent de la Société, des frais de bureau et de dépenses diverses relatives à l’administration, s’élève à.................................5,882 fr. 19 c.
- Le second chapitre, dont l’objet est l’acquittement de la rédaction du Bulletin et autres dépenses accessoires , est porté à.................................. 5,922
- Le troisième chapitre comprend les frais de gravures, dessins, impression du Bulletin, papiers et autres menus
- frais de même nature, ci..............................10,448
- Le quatrième chapitre se forme uniquement du paiement du loyer de l’appartement qu’occupe la Société ;
- son montant est de. ..................................3,23o
- Le cinquième chapitre est relatif à l’achat, pendant l’année 1818, des 8 actions de la Banque dont jJai eu l’honneur de vous parler : c’est une dépense de. .
- Il ne vous échappera pas, Messieurs, que ces achats
- oo
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- 35
- 12,674 36,i57 fr. 63 c.
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- 36,157 fr. 65 c,
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- Ci-contre................... .
- ont été faits avec vos recettes ordinaires, et que votre fortune s’est agrandie sans rien déranger à l’application de vos dépenses annuelles, qui toujours vont rechercher l’industrie pour la soutenir et la protéger.
- Le sixième chapitre a pour objet la dépense de la souscription de la Société pour trois années, à la Société pour l’instruction élémentaire, ci................. 6o
- Le septième et dernier chapitre, qui s’élève à 9,429 fr. 93 cent., est celui qui signale mieux le véritable but des dépenses de la Société : il se compose d’abord de 2,001 fr. 55 cent, pour acquisition de médailles d’or et d’argent, destinées à honorer les progrès des arts et de l’industrie, et de 7,428 fr. 58 cent, pour quatre prix décernés, le premier, de 1,000 fr., à M. Quetier fils, tisserand; le second, de i,5oo fr., à M. Boichoz ; le troisième, de 3,000 fr., à MM. Ba-radelle et Déodor ; et le quatrième, de 2,000 fr., à M. Schweighaeuser, ci. ........................9,429 93
- Total..................45,647 fr. 56 c.
- Le rapport plein d’un intérêt si varié que vient de vous présenter le Conseil d’Administration , par l’organe de celui de ses membres qui sait si bien allier à l’étude des sciences la clarté des descriptions, qui apprend à les mieux aimer, vous a fait connaître combien les découvertes qu’a si judicieusement récompensées la Société, ajoutaient à la gloire de nos arts et à la prospérité de notre industrie.
- La recette totale, Messieurs, s’élève, comme vous venez de l’en-
- tendre, à.................................................. 46,4o3 fr. 81 c.
- Les sept chapitres de dépense forment un total de. ...................................................... 45,647 56
- Reste en caisse................ 756 fr. 25 c.
- Ainsi, il y a un excédant de la recette sur la dépense de 756 fr. ^5 cent., excédant qui formera le premier article de la recette de 1819-Ajoutant à cette somme le montant de vos 123 actions de la Banque de France, qui, au cours d’hier 6 avril, représentent un capital de 188,190 fr., vous voyez que toutes vos ressources disponibles s élèvent à 188,946 fr. 25 c.
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- Ici se termine, Messieurs, le tableau que j’avais à vous offrir. Il satisfera vos vœux, puisqu’il porte avec lui le caractère prolongé des succès de la Société.
- Rapport sur la vérification des comptes de M. le Trésorier > présenté, au nom des Censeurs, par M. le duc de Laroche-foucauld-Liancourt.
- Messieurs , le compte que nous venons vous rendre de la marche habile, régulière et prudente de votre Administration financière, ou plutôt l’hommage que nous rendons aujourd’hui au zèle éclairé de votre Commission des Fonds, à la lucidité des écritures de votre estimable trésorier, nous l’avons rendu tel devant vous l’année dernière; nos prédécesseurs l’avaient rendu pareil avant nous, et nos successeurs rendront indéfiniment le même. En effet, aucune opération importante n’a lieu dans vos finances qu’après une délibération prise avec maturité par le Conseil d’Administration, et sur le rapport motivé de votre Commission des Fonds, et leur exécution, confiée à l’un de vos collègues, qui certes n’a pas besoin de contrôle, serait, avec un agent de moindre mérite, surveillée rigoureusement par une Commission choisie par vous et dans votre sein. Votre sécurité doit donc être complète pour l’avenir comme pour le présent, et le titre de censeur de votre comptabilité peut être placé au rang des sinécures, heureusement peu onéreuses à vos finances. Nous en félicitons la Société. Toutefois, nous ne sentons pas moins le prix de ce titre, puisque nous le tenons de votre honorable choix, et que, nous plaçant dans votre Conseil d’Administration , il nous fait participer à ses utiles opérations.
- Vous avez entendu, Messieurs, que le capital de la Société est accru, depuis l’année dernière, de huit nouvelles actions de la Banque, qui le portent à 123, et le nombre de vos souscripteurs augmente chaque année. Cet état est assurément très-satisfaisant; on peut même dire qu’il doit étonner ceux qui se rappellent l’exiguité des sources d’où sont sorties ces richesses et les nombreux encouragemens que vous avez répandus sur l'industrie depuis la naissance de la Société.
- Messieurs, le temps approche où la Société d’Encouragement va recevoir de son zèle, de ses efforts, de ses sacrifices, la récompense la plus flatteuse pour des hommes dont la réunion n’a eu pour objet que la prospérité de leur patrie, par le perfectionnement des arts qui en constituent aujourd’hui l’un des plus puissans élémens. L’exposition des
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- produits de l’industrie française est annoncée; dans peu de mois, elfe va s’ouvrir. Vous y reconnaîtrez, et la France y reconnaîtra avec vous, les nombreux succès dus à vos encouragernens. Peu d’arcades étaleront les chefs-d’œuvre de nos artistes , de nos fabricans, de nos manufacturiers, sans rappeler à-la-fois les conseils, les secours et les primes donnés par vous, ou pour un genre nouveau d’industrie, ou pour l’invention d’une machine, ou pour l’abrègement du travail, ou pour la conservation de la santé des ouvriers, ou enfin pour quelque perfectionnement. Et s’il est vrai que le sentiment du bien qu’on a fait est la plus douce comme la plus réelle jouissance réservée aux hommes de bien, combien vous en prépare cette exposition des produits de l’industrie nationale tant désirée, et dont la conséquence nécessaire sera de nouveaux succès que conquerra encore cette industrie française si active et si ingénieuse !
- Loin de nous toutefois, Messieurs, le tort de méconnaître la part immense qu’a le Gouvernement aux rapides et brillans progrès de nos arts; et jamais ils n’ont été plus qu’aujourd’hui l’objet de sa sollicitude. Comment, en effet, un prince aussi éclairé que le nôtre pourrait-il ne pas couvrir de sa bienfaisante protection cette industrie dont le moindre mérite est de décupler, de centupler, quelquefois par le travail, la valeur des matières sur lesquelles elle opère, et qui, fournissant à la consommation tous les produits que réclament ses besoins ou ses fantaisies, crée des capitaux, constitue dans l’état une nouvelle propriété, multiplie les échanges, anime les transactions, et devient une source féconde de richesse nationale, en procurant une honnête et active existence à des millions d’ouvriers qui, sans elle, languiraient et périraient dans la fange de l’oisiveté et de la misère?
- Au nombre des témoignages de la haute protection que Sa Majesté daigne accorder aux progrès des arts , nous reconnaîtrons , Messieurs, la volonté manifestée par Elle, que le premier usage de la restauration du plus magnifique des palais de ses pères fût la réception des produits de l’industrie nationale.
- Pour vous, Messieurs, vous continuerez vos soins acccoutumés. Recherchant avec le même zèle quels sont les objets industriels les plus utiles à encourager, quelle est la nouvelle industrie à faire naître, vous augmenterez, vous multiplierez vos primes; l’état de vos finances vous le permettra, et vous les avez dévouées au service de l’industrie française. Et quand vos ressources personnelles ne vous permettront pas de lui donner tous les encouragernens que votre vigilance jugera
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- avantageux à ses progrès, la Société s’adressera avec confiance au Gouvernement, et votre voix sera écoutée, parce que la noble intention et les utiles travaux de la Société sont connus et appréciés par Sa Majesté.
- Je finis. Peut-être trouverez-vous, Messieurs, que nous nous dédommageons par une trop longue digression de la nullité des fonctions de censeurs: mais votre indulgence nous rassure, et nous osons espérer que vous nous en ferez éprouver les effets.
- La parole ayant été accordée de nouveau à M. de Gèrando, il a lu une notice biographique sur feu M. Bardel, l’un des fondateurs de la Société et membre du Comité des arts mécaniques. (Voyez ci-après, p. 129.)
- M. Jomard a succédé à M. de Gérando, pour lire une autre notice, dans laquelle il paie un juste tribut de regrets et d’éloges à la mémoire de feu M. Perrier, décédé aussi membre du Comité des arts mécaniques. (Voyez plus bas, page 155. )
- Une distribution de médailles d’encouragement devant avoir lieu dans cette séance, M. de Gérando a lu à ce sujet le rapport suivant :
- H A prou t sur la distribution des médailles d*encouragement $ par M. le baron de Gérando.
- Messieurs, la détermination que vous avez prise de décerner des médailles d’encouragement pour les établissemens ou les découvertes qui enrichissent le domaine de notre industrie, et que n’avaient point prévus les programmes de vos concours, cette détermination continue à être justifiée par les succès nouveaux qui se présentent à vos suffrages. Les formes scrupuleuses et sévères que vous avez instituées pour cette distribution annuelle, ne permettent pas que les récompenses soient trop nombreuses; mais elles garantissent du moins que ces récompenses sont attachées à un mérite éminent et bien reconnu. Cette année encore, vous étiez appelés à la jouissance de le proclamer dans plusieurs branches importantes: votre Conseil d’Administration m’a fait l’honneur de me charger de vous indiquer les auteurs qui lui ont paru dignes de ce témoignage d’estime, et de vous exposer les titres qu’ils ont pour l’obtenir. Bientôt une carrière plus vaste va s’ouvrir à l’émulation des artistes , bientôt des palmes plus éclatantes leur seront offertes ! Le vœu de la Société d’Encouragement est exaucé, ce vœu que depuis long-temps vous renouveliez chaque année avec les plus vives instances ! Une grande solennité se prépare ; l’exposition publique des produits de l’industrie est rétablie ; le Monarque vénérable dont la sollicitude
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- licitude embrasse tout ce qui intéresse le bonheur et la gloire de la France, couronnera de ses mains augustes les artistes dont les travaux enrichissent nos ateliers et dont les découvertes sont aussi une portion de notre gloire ; la capitale reverra de nouveau le spectacle imposant des productions de nos arts arrivant de tous les points du royaume , apportant le tribut de tant de recherches et de sueurs, le germe de tant de richesses. Le Louvre, achevé et restauré, s’ouvrira pour recevoir ce paisible et brillant cortège ; le génie de l’industrie viendra s'asseoir à côté du génie des beaux-arts, et son triomphe s'associera aux joies d’une grande fête nationale.
- Artistes français ! vous qui, depuis trente ans, avez déjà fait de sl grandes choses, dont le zèle lutta contre tant d’obstacles, dont les efforts réparèrent tant de ruines, préparez vous à venir bientôt, sous de plus favorables auspices, consoler et réjouir la France par vos succès nouveaux, et à déposer de dignes offrandes dans le temple de la Paix et sur les autels de la Patrie.
- Pour nous, en ce moment, nous nous félicitons de pouvoir en quelque sorte préluder à ce jour si impatiemment attendu, et par de modestes prémices vous annoncer ici de prochaines et de plus hautes récompenses !
- Nous vous proposons de décerner :
- i°. A M. Dufaud, maître de forges à Grossouvre, département du Cher, pour Véconomie de temps et de main-d’œuvre quil a apportée dans la préparation du fer, une médaille d’or.
- Cette économie est telle, que M. Dufaud est parvenu à fabriquer journellement, par ses procédés, dans la forge de Grossouvre, 16,000 kilogrammes de fer en tout échantillon, et qu’il a décuplé son produit annuel
- Si l’on considère de quelle importance est pour la France l’exploitation des forges, la valeur qu’elle donne à notre minérai, les instrumens qu’elle fournit à l’agriculture et à tous les arts ; si l’on considère aussi avec quelles difficultés cette fabrication lutte contre l’introduction des fers étrangers, on n’hésitera pas à penser qu’une économie remarquable, obtenue dans la fabrication, est la solution la plus heureuse de l’un des problèmes les plus essentiels et jusqu’à ce jour les plus embarrassans, et qu’elle doit exercer une grande influence sur la richesse nationale. Après avoir acquitté envers l’inventeur un juste tribut d’éloges, nous devons aussi d’honorables témoignages à MÏV1. Paillot, père, fils, et Labbè, qui, par un emploi judicieux de leurs capitaux, ont fourni à M. Dufaud les moyens d’exécuter cette grande amélioration.
- Dix-huitième année. Avril 1819. R
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- a°. A M. Bernard Duboul, maître corclier à Bordeaux, pour avoir apporté à l’art de la corderie des perfectionnemens essentiels, une médaille d’or.
- Après trente années de recherches et d’expériences faites à ses frais, M. Duboul est parvenu à construire des machines et à fixer des règles invariables, les unes et les autres depuis long temps désirées, à l’aide desquelles tout officier de la marine royale ou marchande peut faire fabriquer sous ses yeux et avec un succès complet des cordages de toute proportion et dimension ; avec ses machines, un câble dont le travail exigeait cent hommes peut être exécuté en moins de huit heures par cinquante. Sa méthode se compose de quatre-vingt-cinq tableaux, ou toutes les opérations sont d’avance calculées et déterminées comme dans une table de logarithmes; il joint à cette théorie, aussi exacte que complète, la pratique la plus habile; ses procédés ont reçu le suffrage de 1 Académie royale des Sciences, du Bureau consultatif des arts et manufactures, et des Commissaires nommés par le Ministre de la marine.
- 3°. A MM. Peugeot frères et Maillard Salin, propriétaires d’usines à liérirnoncourt, près Montbéliard (Doubs), pour leur fabrication de scies laminées, une médaille d’or.
- Depuis 1810, époque de sa naissance, cette fabrique a marché d’améliorations en améliorations ; ses auteurs ont triomphé de la plus grande difficulté que présente la fabrication des scies laminées; l’appareil qu’ils ont imaginé exécute d’un seul coup trois opérations longues et délicates, le recuit, le dressage et ïaplatissage ; leurs lames, soumises à des épreuves rigoureuses et multipliées, ont été jugées supérieures à celles de Remscheid (Allemagne); elles sont maintenant aussi répandues qu’estimées dans le commerce; cette usine confectionne, par semaine, trois cents douzaines de lames de scies, de dimensions variées, et ne s’alimente que d’acier français; elle emploie l’acier naturel de la Hutte, département des Vosges.
- 4°. A M. Ha/îs, mécanicien à Paris, grande rue Saint-Antoine, pour une scie circulaire propre à débiter les bois de placage, et plus parfaite quaucune de celles qui soient actuellement connues, une médaille d’argent.
- A l’aide de cette scie, M. Haks est parvenu à tirer, de 3 centimètres d’épaisseur de bois, treize à quatorze feuilles de placage; tandis que les Anglais n’en tirent que huit à neuf (i). Ses feuilles conservent une bonne
- (i) L’invention de ces scies est due à un de nos compatriotes, M. Brunei, qui a formé à Chelsea , près Londres, un établissement de ce genre, qui excite l’admiration.
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- épaisseur et sortent revêtues d’un poli parfait. Il débite sur sa machine des feuilles de 60 centimètres de large, ce qu’on n’obtenait des scies alternatives qu’avec beaucoup de difficultés et d’inconvéniens. Jadis ou tirait ce genre de feuilles de l’étranger; grâce à M. Haks, nous en sommes dispensés à l’avenir, nous avons acquis une nouvelle branche d’industrie et un procédé qui économise beaucoup la matière.
- 5°. À M. Bauson, fabricant de cachemires de S. A. R. Madame, à Paris, pour les perfectionnemens quil a apportés au mécanisme des métiers et du tissage des schalls, une médaille d’argent.
- Ce perfectionnement consiste à avoir apporté, dans la fabrication des schalls à l’imitation de ceux de Cachemire, une telle économie de main-d’œuvre qu’il peut, en quatre mois de temps, exécuter avec la plus grande perfection un schall à grandes palmes, qui demande dans l’Inde au moins dix-huit mois ; ce travail est confié à de jeunes filles de treize à quatorze ans, sous la direction d’un ouvrier exercé, qui leur indique, comme une sorte de manœuvre, les monvemens nécessaires pour produire le dessin.
- La création de celte branche d’industrie est due. comme on sait. parmi nous, à M. T émaux ; il a trouvé depuis beaucoup d’imitateurs. parmi lesquels nous avons eu l’occasion de distinguer MM. Bellanger et Dumas Descombes, qui ont diminué le prix de ces tissus en employant la soie pour la trame. M. Bauson a travaillé long-temps dans ce dernier établissement ; aujourd’hui il en a un à son propre compte, où ses procédés sont en vigueur.
- Vous remarquerez, Messieurs, que, fidèles à la règle que nous nous sommes imposée, nous ne proposons aucune récompense qui n’ait pour objet une découverte pleinement réalisée, mise en activité par son auteur, et dont les produits ne soient déjà admis dans le commerce. D’autres peut-être eussent été dignes d’y participer; mais nous n’avons pu examiner que les objets qui nous ont été soumis, et il en est plusieurs à l’égard desquels le temps n’a pas permis de contpiéter encore les expériences.
- Il vous sera agréable, Messieurs, d’apprendre que les aciers fins de la fabrique de la Bérardière appartenant à M. Milleret, auquel vous avez donné, il y a un an, une médaille d’oc, ayant été soumis par le Comité central d’artillerie à une suite d’expériences, ont pleinement justifié i’opi-nioïi que vous en aviez conçue. S. Exc. le Ministre secrétaire d Etat au département de l’intérieur nous a transmis le résultat de ces expériences et nous a appris avec satisfaction que désormais la France peut se dis-
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- penser de tirer de l’étranger les aciers naturels et cémentés pour la fabrication des armes à feu et des armes blanches.
- L’assemblée, ayant adopté les conclusions de ce rapport, a décerné des médailles d’or: à M. Dufaucl, maître de forges à Grossouvre ( Cher ) , pour les perfectionnemens qu’il a introduits dans la manipulation du fer et qu’il pratique avec succès; à M. Duboul, maître cordier à Bordeaux, pour ses moyens mécaniques et sa méthode de fabrication des cordages ; à MM. Peugeot frères et Maillard Salin, à Hérimoncourt (Doubs), pour-leur fabrique de scies laminées. Des médailles d’argent ont été accordées : à M. Haks, mécanicien à Paris, pour une scie circulaire propre à débiter les bois de placage, reconnue supérieure à toutes celles qui existent ; et à M. Bauson, fabricant de schalls, rue de Montreuil, faubourg Saint-Antoine, pour ses procédés de fabrication des schalls en laine de Cachemire.
- Cette distribution s’est faite aux acclamations de rassemblée.
- La séance a été terminée par le renouvellement du Bureau et d’une partie des Comités composant le Conseil d’Administration.
- Les choix proclamés par M. le Président ont offert le résultat suivant :
- Les président, vice-présidens, secrétaire, secrétaires adjoints, censeurs et trésorier ont été réélus, ainsi que les membres sortans des Comités des arts économiques, d’agriculture et de commerce.
- M. le baron Ladoucette a été nommé membre de la Commission des Fonds, en remplacement de M. Girod de Novilars, colonel du Génie, qui ne réside plus à Paris; MM. Poisson et Francœur, déjà adjoints au Comité des arts mécaniques, ont été élus membres de ce Comité, en remplacement de MM. Bardel et Perrier, décédés; M. Brèant, adjoint au Comité des arts chimiques/remplace M. Anfrye, décédé membre de ce Comité.
- Nous donnerons dans un prochain numéro la liste complète des membres et adjoints des divers Comités.
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- NÉCROLOGIE.
- Notice sur JM. François Bardel, membre du Conseil d'Administration de la Société d3Encouragement, président du Bureau consultatif des arts et manufactures, chevalier de la Légion-d3honneurj etc. ; par TM. le baron de Gérando.
- Messieurs, s’il est des hommes qu’il soit doux de louer, dont il soit juste d’honorer la mémoire, ce sont sur-tout ceux qui, en se dévouant pour être utiles, se sont constamment oubliés eux mêmes, n’ont jamais eu la pensée de retirer de leur dévouement aucun avantage personnel, et n’ont pas même ambitionné la réputation qui devait être leur récompense. La reconnaissance et le respect qui s’attachent à leur nom s’augmentent en raison du peu de soin qu’ils mirent à se faire connaître eux-mêmes ; et ce mérite modeste, qui embrasse toutes les fatigues obscures, dès qu’il y voit un service à rendre, qui est satisfait dès que le service est rendu, ce mérite modeste, où peut-il recevoir un plus digne hommage que dans cette réunion de bons citoyens qui, chaque jour, en offre de si nombreux exemples, si ce n’est au milieu de ceux qui furent longtemps les témoins et les confidens d’une vie laborieuse exclusivement consacrée au bien public ?
- Oui, Messieurs, si la Société d’Encouragement se glorifie d’avoir compté et de compter encore parmi ses membres les premiers savans de l’Europe , elle ne se glorifie et ne se réjouit pas moins d’avoir possédé tant d’hommes de bien dont le zèle actif et pur, sans prétendre aux palmes de la science et à l’illustration des grandes découvertes, féconda, par des travaux persévérans et désintéressés, le champ de notre industrie , zèle qui doit retrouver dans notre estime tout ce qu’il refusa à la renommée, et qui, fils de la vertu, doit hériter de la vénération qu’elle inspire.
- En exprimant ces sentimens, Messieurs, je ne. suis que l’interprète de ceux que fait éprouver à chacun de nous la perte récente de notre collègue M. Bardel.
- M. Bardel naquit à Saint-Etienne-en-Forez, le 12 septembre 1752, dans cette ville qu’a peuplée, qu’anime le génie des manufacturiers, et dont les habitans semblent avoir des dispositions naturelles pour l’exercice des arts mécaniques; il en conçut le goût dès son enfance, il se
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- familiarisa de bonne heure avec leurs premières notions. Pendant vingt ans, il se livra à la fabrication des soies; mais, vers le commencement de la révolution, il abandonna les spéculations commerciales pour satisfaire exclusivement le penchant qui le portait à l’étude des procédés de l’industrie. Un esprit naturellement appliqué, méthodique, juste, et une grande netteté dans les idées, suppléèrent en lui à ce que sa première éducation ne lui avait pas permis d’acquérir en connaissances théoriques. Déjà en 1793, il était assez apprécié pour que le Gouvernement le désignât pour examiner, de concert avec M. Robert, ingénieur, s’il était nécessaire de conserver l’ancienne Machine de Marly, ou s’il ne serait pas plus avantageux de la remplacer par un autre appareil ou par une pompe à feu. Il se prononça pour ce dernier avis, qu’après de longues délibérations l’expérience a fait triompher. L’année suivante, il fut , avec le même ingénieur, envoyé dans les salines de* l’Est. En 1795, un Ministre qui, dans des temps difficiles, répara, arrêta, prévint beaucoup de maux, prépara beaucoup de bien, et dont le souvenir mérite d’être honorablement conservé, M. Benezech, le nomma membre honoraire du Comité consultatif des arts et manufactures, et la lettre de ce ministre éclairé, en annonçant que cette nomination était la récompense des services que M. Bardel avait rendus à l’industrie, par la découverte de procédés ingénieux pour les fabriques, nous fait connaître que dès-lors notre collègue avait réalisé beaucoup d’améliorations, dont à peine a-t-il songé à recueillir les vestiges et à faire valoir le mérite. En 1800, M. le comte Chaptal, notre président, l’attacha plus étroitement encore, comme membre ordinaire, à ce même Comité consultatif, qui, placé près du ministère, presque inconnu du public, mais actif dans ses recherches, impartial dans ses opinions, fidèle dans ses maximes, a, sous les diverses formes d’administration, provoqué tant d’encouragemens, proposé tant de mesures fructueuses , repoussé tant de fausses vues, donné aux artistes tant de sages directions, et dont les registres fourniront quelque jour de précieux doeumens aux annales de notre industrie. M. Bardel y a siégé plus de vingt ans avec les Clouet, les Bonjour, les Conté, les Malus, les Mont golf 1er, portant dans les délibérations ce jugement sain qui était en lui accompagné dune expression simple et précise, et y a payé le tribut d’un nombre considérable de rapports sur les objets les plus variés.
- Aux expositions des produits de Findustrie des années IX, X et i8o6; nous vîmes M. Bardel siéger dans le Jury chargé de prononcer sur k concours , et il s’y fit remarquer par la variété ale ses connaissances
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- connue par la rectitude de ses opinions. Que n’a-t-il pu assister à la renaissance de ces fêtes brillantes et patriotiques qu’avec nous il avait tant regrettées, dont avec nous il avait tant invoqué le retour! Nous l’aurions revu encore, au mois d’août prochain, paraître sans doute au nombre des juges, et jouir sur-tout de voir décerner des couronnes méritées!
- En 1806, notre collègue fût nommé commissaire du Gouvernement pour la vérification des marchandises prohibées, et, en i8i3, commissaire-expert près le Ministère du commerce, pour les contestations relatives aux douanes, fonctions délicates qui exigeaient l’intégrité la plus scrupuleuse, autant qu’une expérience consommée, et auxquelles il ne fut pas moins appelé par la juste considération dont il jouissait sous le premier rapport, que par les titres qu’il avait sous le second. En quelque sorte arbitre entre le fisc et le commerce, il mérita la confiance de tous deux, parce qu’il ne consulta jamais que sa conscience.
- M. Bardel, pendant le cours de près de trente ans, n’a cessé detre chargé en quelque sorte, chaque jour, par l’Administration de commissions gratuites et fatigantes, pour examiner divers procédés, divers établissemens : commissions dont ceux-là seuls peuvent apprécier la difficulté, qui ont été condamnés à les remplir; dans lesquelles on se trouve aux prises avec l’amour-propre trop souvent exigeant et susceptible des auteurs, sans guère obtenir leur reconnaissance ; dans lesquelles trop souvent aussi 011 est appelé à démasquer les vains projets, les prétentions absurdes, à repousser le charlatanisme, plus empressé que le vrai talent à rechercher les faveurs , de l’autorité. Çouibien d’observations franches et judicieuses notre collègue n’a-t-il point rassemblées dans ces explorations multipliées? Mais il n’en a conservé aucune note dans ses mains; tout a été remis à l’Administration qui l’avait consulté. Bien différent de ceux qui font un ouvrage avec les matériaux d’autrui, M. Bardel ne s’est pas même réservé la possibilité de publier une seule page avec les siens.
- Du moins la Société d’Encouragement a-t-elle la jouissance et l’honneur d’avoir recueilli, conservé et publié un grand nombre de ses travaux. On composerait un volume de ses rapports insérés dans notre Bulletin et adoptés par la Société ; ils sont au nombre de près de quatre-vingts , et embrassent presque toutes les ramifications des arts mécaniques. On peut dire que la Société d’Encouragement a été en quelque sorte comme une seconde patrie pour M. Bardel; il a vécu dans son sein, il a vécu pour elle; il était comme identifié à tous ses travaux, à tous ses intérêts, à tous ses vœux. Il fut un de ses premiers fonda-
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- leurs; il fut membre de celte première réunion où la pensée en fut conçue, réunion dont deux membres seulement survivent encore aujourd’hui. Nous l’y vîmes toujours l’im des premiers à se dévouer, le dernier à paraître, toujours empressé à faire valoir les services d’autrui, et paraissant ignorer les siens.
- Par combien d’observations utiles n’a-t-il pas concouru aux rapides progrès de la filature de la soie, du coton, du lin, de la laine, du poil de chèvre, des étoupes, des déchets de soie (i) ; à faire naître la fabrication des filets par mécaniques; à perfectionner celle des tricots de tout genre, celle des tulles, celle des tissus de coton imitant la gaze, des schalls imitant les cachemires, des couvertures de soie, des draps, des toiles, des mouchoirs de fil, des étoffes pour meubles (2); toutes les parties de la préparation des soies qui lui étaient si familières (5); le chauffage, l’éclairage, et le blanchiment économique et domestique (4) ; i apprêt des étolfes et leur teinture (5) ; la préparation et l’emploi des cuirs (6), et jusqu’à la fabrication des chapeaux de paille (7)! Nous lui sommes en grande partie redevables de nous avoir fait apprécier le perfectionnement des plaqués d’or et d’argent, et celui de la fabrication des fils de fer et d’acier pour les aiguilles et les cardes (8; ; le mérite de diverses mécaniques à peigner, à carder, à filer, à tisser, à lisser, des métiers à tricot, des machines à pétrir le pain, à broyer le chocolat, et des peignes de tisserand (g) , etc. Il nous a puissamment aidés à seconder ces diverses améliorations ; il avait des vues heureuses sur les desiderata de l’industrie, parce qu’il en connaissait bien la situation réelle ; il était excellent juge, parce qu’il évaluait avec netteté la propriété de chaque procédé ; il avait beaucoup vu et très-bien vu. Il $’é-tait mis, d’une manière en quelque sorte insensible, au courant des
- (1) Voir les Bulletins de la Société, Nos. VI et X, première année; XX, deuxième année; XXXI, XL1V, XLIX, L1II, LXII, LXXVII, CXXIX, CXLIII, etc.
- (2) Nos. XXXI, XXXVII, XLIV, XLV, L, LXIV, LXV1I, LXIX, LXX, LXXVII, LXXVIII, LXXÏX, LXXXIX, XCVII, CIV, CVI, CXXXVU, CLV, CLXIX, CLXX, etc.
- (3) Nos. LI, LXII, LXXX1, CXXVIII.
- (4) N°s. n, III, IV, première année ; LV, CXXII.
- (5) N°s. V, première année; XXXVII, LV, LX1\ , LXXII, CLXIJI, etc.
- (6) N«s. LIV, LXIV, etc.
- (7) N°. I, première année.
- (8) Nos. XXXIII, L, LXXXVI1, etc.
- (g) Nos. V, première année; XVII, deuxième année ; XXXUI, XLIV, XLVII, L, L1I , LV1I, LX1, LX1II, LXXIX, LXXXV1I, XC, CI, CLXVI, etc.
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- sciences qui, aujourd’hui, sont le premier ressort des arts, parce qu’ii les avait suivies à la trace dans les applications} peu d’hommes sur-tout ont réuni autant de notions pratiques, et c’est à cette circonstance autant qu’à son bon esprit qu’il devait sans doute ce tact sûr et ce coup-d’oeil rapide qu’on remarquait en lui lorsqu’il était chargé d’examiner un procédé ou un produit.
- M. Bardel avait beaucoup voyagé; son œil observateur avait étudié l’industrie anglaise, et le fruit de ses études n’a point été perdu pour la France. Parmi les importations qui en ont été le résultat, nous devons remarquer sur-tout la composition des rouleaux ou cylindres en papier, composition qui nous était inconnue, qui donne à ces cylindres une précieuse élasticité, à leur surface un poli parfait; il a enseigné la manière de les employer pour l’apprêt des rubans, et a réuni tout ce qui pouvait porter à la dernière perfection cet apprêt et celui des gazes. Les intéressantes manufactures de Lyon, de Saint-Chamond et de Saint-Etienne ont reçu de lui ce riche présent; en adoptant cette méthode, elles ont bientôt atteint et même surpassé la réputation dont jusqu’alors avaient joui les rubans anglais, et repris le rang qui leur appartient dans cette branche d’une fabrication et d’un commerce qui sont depuis long-temps un patrimoine de la France. M. Bardel a aussi introduit et naturalisé parmi nous la fabrication des tissus de crin pour meubles, qui sont devenus d’un usage presque général, et nous a affranchis du tribut qu’à cet égard nous payions auparavant à l’étranger. Il nous a fait connaître enfin les procédés du blanchiment, de la sparterie, dont plusieurs applications nouvelles ne tarderont pas à se développer.
- De tout ce qu’il a fait et importé, il ne s’est réservé à lui-même que la fabrication des tissus de crin, et encore, quoiqu’il eût pris un brevet d’invention, n’a-t-il rien fait pour s’en conserver la jouissance exclusive, et a-t-il laissé un grand nombre d’imitateurs profiter de son exemple.
- Quoiqu’il ne fût pas riche et qu’il eût onze enfans, il a dépensé des sommes considérables en expériences, en constructions d’appareils, en essais divers, sans autre dessein que de contribuer aux progrès de l’industrie. Toujours accessible à ceux qui lui demandaient des conseils, il leur communiquait avec empressement ses propres idées; et cette complaisance inépuisable, ce rare désintéressement sont la cause principale qui nous explique pourquoi il n’a point attaché son nom à un corps de travaux, à une création spéciale qui parût lui appartenir personnellement. Il était satisfait dès qu’il avait donné, et que son don pouvait fructifier.
- Le moment est venu d’en restituer l’honneur à sa mémoire , et d’y joindre
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- l’hommage qui est dû à une libéralité si généreuse et si constante. Combien de fabricans ont perdu en lui un confident et un guide ! Personne n’eut jamais à se plaindre de lui, il n’eut pas un seul ennemi : et comment en aurait-il eu ? Il servait tout le monde et n’était le rival de personne. Son caractère était plein d’ouverture, de loyauté, de franchise ; sa vie paisible et simple. On aimait à le voir près de son excellente compagne, entouré de sa nombreuse famille, toujours serein, recevant avec cordialité ses amis, et ne connaissant d’autre plaisir que de cultiver un jardin dont il n’a pu continuer à jouir jusqu’à la fin de sa vie. Les fonctions qu’il remplissait étaient très-peu lucratives, à peine leurs émolu-mens suffisaient-ils à sa frugale existence; on ne le vit point, cependant, solliciter la récompense de ses travaux; M. Becquey, alors directeur général du commerce, s’en occupa pour lui, et la décoration de la Légion -d’Honneur fut dignement placée sur la poitrine d’un citoyen utile et modeste. Du reste, il eut le vrai bonheur, le bonheur le plus rare : il vécut content.
- Il fut atteint, il y a quelques années, des douleurs de la pierre, et subit l’opération avec le courage et le sang-froid qui étaient dans son caractère ; nous espérions le posséder long-temps encore ; mais, dès l’automne dernier, sa santé déclina, ses forces diminuèrent; une altération secrète parut affecter en lui le principe de la vie; les soins les plus empressés n’ont pu en arrêter les progrès; il en prévoyait l’issue avec ce calme d’un homme de bien qui l’avait toujours accompagné ; il prononçait son arrêt, mais le déguisait pour ne point alarmer sa famille. Il s’endormit doucement et paisiblement sur son fauteuil, le 3 mars dernier. Combien d’hommes parvenus à l’illustration n’ont pu, à leur dernier moment, se reposer au terme d’une carrière si bien remplie!
- Bardel fut vingt ans mon ami, et je suis fidèle encore aux liens qui m’attachaient à lui, en me bornant à vous rappeler, Messieurs, ce qu’il a fait, ce qu’il a été, avec cette simplicité et cette vérité qui étaient dans ses actions et dans ses discours. Ce n’est malheureusement pas la première fois que vous m’avez imposé une mission tout-à-la-fois douloureuse et consolante, et que vous m’avez permis de joindre les regrets de l’amitié aux souvenirs que notre institution devait consacrer. Si votre secrétaire sent tout ce qui lui manque pour remplir, sous tant d’autres rapports, les honorables fonctions que vous avez bien voulu lui donner, il a du moins là confiance qu’en déplorant la perte de ces hommes de bien qui vous ont été enlevés, les sentimens qu’il éprouve le rendent un sincère interprète des vôtres.
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- Notice sur feu M. Perrier, membre de F Institut et du Conseil d’Administration de la Société d’Encouragement ; par M. Jomard, secrétaire de la Société.
- La Société d’Encouragement a perdu , l’année dernière, l’un de ses premiers fondateurs, l’un de ses membres les plus recommandables par l’importance des travaux qu’il a faits en mécanique, M. Jacques-Constantin Perrier, né à Paris le 2 novembre 1742. Par la simplicité et la modestie de sa vie scientifique et de sa vie privée, il s’est presque autant singularisé que par ses ouvrages ; et ce n’est pas un des traits les moins saillans de son caractère , que cette sorte d’insouciance absolue sur tout ce qui tient à la renommée; négligence qu’il a poussée si loin, que l’on a eu la plus grande peine à découvrir quelques matériaux écrits de sa main, pour composer une notice biographique. Déjà cette singulière circonstance a été remarquée ; mais de pareils traits ne sont pas assez communs pour qu’on néglige l’occasion de les rappeler ; et ce n’est point le cas de craindre l’influence de l’exemple. Une autre circonstance qui mérite qu’on la rapporte, c’est que le père de notre collègue eut trois fils, adonnés tous trois, dès leur enfance et sans maître, à l’étude et à la pratique des arts. Tous trois, dominés par un goût naturel, se plaisaient à construire des instrumens de physique et des machines. Le plus jeune mourut à vingt-quatre ans, dans les Landes, où des essais importans l’avaient déjà fait connaître; le second, Auguste-Charles Perrier des Garennes, resta toujours associé à son frère aîné, Jacques-Constantin ; il partagea presque tous ses travaux et mérita d’en partager l’honneur. La pompe centrifuge fut leur début en mécanique, et frappa les physiciens du temps. C’est alors que le duc d’Orléans accueillit l’idée d’une galerie de modèles de machines, que les frères Perrier conçurent et exécutèrent sous ses auspices, et qui orne aujourd’hui le Conservatoire des arts. Bientôt ils formèrent une entreprise vaste et hardie, qui exigeait de grands capitaux, autant qu’une grande capacité. Pour la première fois, on se proposait de fournir des eaux à la ville de Paris, au moyen de pompes à feu. Perrier l’aîné fit cinq voyages en Angleterre pour étudier les grands établissemens de ce genre et pour acquérir les deux machines destinées à servir de mo dèles. Ces deux machines sont celles qui sont établies à Chaillot. Il fallut fabriquer, pour le succès de l’entreprise, un grand nombre de tuyaux, et créer des foreries à chariot et à engrenage. Pour confectionner de
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- nouvelles machines à vapeur, les frères Perrier exécutèrent une fonderie de quatre fourneaux à réverbère ( appareil inconnu en France avant cette époque), et pouvant chacun servir à fondre 5 milliers de fonte en trois heures. Des ateliers de tout genre furent établis près de la fonderie, avec une promptitude qui atteste l’activité d’esprit et l’habileté des deux frères, tels que des ateliers à martinets, des tours parallèles, des machines à tailler les vis, des ateliers de menuiserie, de chaudronnerie , de plomberie et de charpente, des alésoirs à engrenage et à manège horizontal et perpendiculaire , etc. On voit assez quelle variété de connaissances exigeaient ces travaux à une époque où les arts mécaniques étaient encore peu avancés, et les ouvriers sans instruction et sans guide. On ignorait alors, en effet, l’art de fondre les pièces au moyen des fourneaux à réverbère, chauffés à la houille, ainsi que l’usage des étuis en fonte pour le séchage des moules, et le moulage en sable, pour les grandes pièces. A Chaillot, on fabriquait des cylindres à vapeur de omfirj à 2 mètres de diamètre, sur 2m,6o et 3m,a5 de longueur : c’est là qu’on a construit les machines à feu destinées pour le Gros-Caillou et pour la Gare ; pour Monceau, Bagatelle, Neuilly et le Raincy, et qu’on a créé les moyens nécessaires,
- tant au laminage des cuivres de Romiily qu’à l’établissement du Creusot. Plus de cent machines à vapeur sont sorties de ces ateliers. Les frères Perrier ont fait, en outre, une multitude de machines hydrauliques
- ou à manège, de balanciers et de découpoirs d’une force extraordi-
- naire; enfin, d’ouvrages en tout genre dont il serait impossible de faire l’énumération complète. Nationaux et étrangers, fabricans, propriétaires ou capitalistes , leur commandaient sans cesse de nouvelles entreprises. Ils fabriquèrent, pour le commerce, quantité de machines à feu, à simple et à double effet, et à rotation ; les unes pour l’arrosement, les autres pour faire mouvoir des laminoirs à table et à tuyaux de plomb, comme à Saint-Denis, ou des machines à frapper les boutons, comme à File Louviers, ou des moulins à farine, ou des filatures de coton et de laine. D’autres machines étaient destinées à l’alésage des cylindres de pompes de toute espèce, à l’épuisement des eaux, à l’extraction du charbon de terre, etc. Tant d’inventions ou d’applications utiles opérèrent une révolution dans nos arts , et créèrent une école d’ouvriers en même temps qu’un centre de perfectionnemens incalculables.
- Durant le terrible hiver de 1788, le service des moulins de la Seine fut suspendu par l’amas des glaces. Dans une position si critique,
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- MM. Perrier, appelés par le Gouvernement, exécutèrent trois cents moulins d’un modèle simple et ingénieux. Le péril passé, on sentit qu’il fallait se mettre en garde contre un pareil danger à l’avenir, et d’après le désir du Ministère, ils firent des machines à feu à double effet dans l’île des Cygnes; chacune d’elles faisait mouvoir six meules à-la-fois : on sait que les propriétaires des moulins de Corbeil parvinrent à les faire abandonner.
- Un peu avant la révolution, une nouvelle compagnie des eaux, forte de puissantes protections, renversa celle que les frères Perrier avaient si heureusement établie. On vit alors, chose inouie ! un détachement de soldats suisses disperser les ouvriers de Chaillot, et menacer l’existence de ces belles usines. Pour les sauver, les frères Perrier eurent la générosité de continuer gratuitement la paie des ouvriers pendant tout le temps qui s’écoula jusqu’à ce qu’on eût jugé les prétentions de la nouvelle compagnie. Voilà des services marquans , qui ont des droits certains à la reconnaissance publique, et qu’on ne saurait trop signaler dans une assemblée comme celle-ci.
- Bientôt de grands évéuemens jetèrent les frères Perrier dans une sphère d’activité toute différente. On leur demanda de fabriquer des bouches à feu pour le besoin des armées françaises. De paisibles ateliers, consacrés aux progrès des arts, se transformèrent en arsenaux. Un y coulait en bronze des pièces de 16 livres de balle. De grands appareils pour le forage furent comme improvisés avec la promptitude qui caractérise toutes les opérations de cette époque mémorable. Les lumières d’un savant célèbre, que l’année dernière a vu périr, CQntribuèrent puissamment au succès de cette entreprise, difficile pour des hommes qui, bien que très-habiles, étaient étrangers aux travaux de l’artillerie. L’ouvrage que l’illustre Monge composa alors, en deux mois, sur la fonte des canons, n’est pas un des résultats ïes moins étonnans de cette activité générale, qui emportait alors tous les esprits, les uns vers la gloire militaire, les autres vers la gloire des sciences.
- Les frères Perrier firent des efforts incroyables pour satisfaire aux besoins du moment. L’artillerie de marine fut remontée ainsi que celle de la ligne, comme par enchantement. On fabriquait dans leurs ateliers cinq pièces de canon dans un jour. Il en sortit douze cents de différens calibres, une foule de pierriers, d’affûts, de caissons, et de modèles pour le moulage. Qui croirait que le prix de ces immenses travaux ne fut point recueilli par ces laborieux artistes? Loin de s’enrichir , ils trouvèrent leur ruine dans le discrédit du papier-monnaie ;
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- qu’on en juge par ce trait seul : pour payer les ouvriers de Chaillot, il y avait un tombereau sans cesse occupé à charrier les assignats. La ruine de la maison fut consommée par la liquidation de leurs comptes avec le Gouvernement d’alors. La base qui fut admise est trop singulière pour n’être pas rapportée : « Ou le Gouvernement doit ( leur dit-on ), ou ce sont les fournisseurs. Dans le premier cas, il déclare qu’il ne paiera rien; dans le second, les fournisseurs sont totalement liquidés. » Les frères Perrier furent compris dans le premier cas.
- Incapables de découragement, ils se livrèrent bientôt à de nouvelles entreprises. On commençait à introduire en France les filatures de coton , ils fabriquèrent un grand nombre de métiers à filer et de jenny-mulls ; ils firent ensuite des presses hydrauliques, des métiers à filer la laine, etc. Enfin, ils exécutèrent pour les célèbres manufactures de Jouy des machines nouvelles, propres à graver et imprimer, soit au cylindre, soit à la planche, des moulins et des appareils pour blanchir et chauffer à la vapeur.
- Perrier l’aîné créa encore à Liège une usine considérable, destinée à fondre des canons en fer pour l’usage de la marine. Dans ses magnifiques fourneaux, l’on tenait en fusion i io milliers de matière à-la-fois.
- Ce n’est qu’après cinquante ans de travaux non interrompus que cet habile mécanicien se livra au repos, encore y fut-il forcé par des infirmités graves, qui l’ont conduit au tombeau au bout de trois ans de souffrances. Telle est la vie pleine et laborieuse qu’a menée M. Jacques-Constantin Perrier, et qjii lui a acquis, sans qu’il l’eût cherchée, une grande et solide réputation. Comme sa vie tout entière a été consacrée aux sciences et aux arts utiles, son éloge est tout fait par le simple récit de ses travaux. Il est glorieux pour lui d’avoir marqué dans une époque si fertile en grandes découvertes, et plus glorieux encore de l’avoir devancée. La Société conservera toujours un souvenir reconnaissant pour la mémoire d’un homme qui a si puissamment concouru aux progrès des sciences et de l’industrie française (1). #
- (i) C’est à M. Girard, de l’Académie des sciences, que l’auteur de cette notice est redevable de la plus grande partie des détails qui la composent.
- A Faris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née vailat la chapelle), rue de l’Eperon-Saint-André-des-Arts, n°. 7.
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- DIX-HUITIEME ANNÉE. ( N°. CLXXIX.) MAI l8ig.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par MMolard, au nom du Comité des arts mécaniques > sur la filature du lin de Madame la marquise d’Argence.
- Messieurs, le 7 avril dernier, jour de votre séance générale, Madame la marquise d’Argence a mis sous vos yeux des produits de la filature de lin quelle a établie à Paris, grande rue de Yaugirard, n°. 100.
- Par une lettre du 26 du même mois, Madame d’Argence vous a invités à prendre connaissance de ses travaux, qui, indépendamment de leur utilité pour les progrès de notre industrie, se rattachent à des œuvres charitables.
- Je vais, au nom de votre Comité des arts mécaniques, à qui vous avez renvoyé la demande de Madame d’Argence, vous faire part de ce quelle a jugé convenable de nous communiquer, relativement à l’objet dont elle s’occupe, la filature du lin dans les degrés de finesse les plus élevés.
- Madame d’Argence nous a fait d’abord remarquer, avec raison, que la finesse et la régularité du fil de lin dépendent essentiellement de la ténuité et de la parfaite division des brins d’un bout à l’autre, en leur conservant la plus grande longueur possible, afin d’en pouvoir faire entrer un plus ou moins grand nombre dans la composition des fils, Dix-huitième année. Mai 1819. T
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- suivant l’usage auquel on les destine, et de les employer dans toute leur longueur.
- Cette manière d’envisager la difficulté que présente fa filature du lin nous a d’autant plus intéressés, qu’elle est parfaitement conforme aux principes généralement reconnus; savoir, que plus les brins de la matière filamenteuse sont fins, longs et de grosseur uniforme, plus il est facile de les distribuer également sur une grande longueur.
- Ayant établi moi-même une machine à peigner le lin, opération importante et d’où dépend, suivant moi, le succès de la filature pour linons et batistes, ma curiosité m’a conduit naturellement à faire à Madame cTArgence quelques questions, sans songer que je me rendais indiscret; sa réponse: Cest mon secret, m’a prouvé deux choses: i°. que nous avions l’un et l’autre une idée juste de la difficulté du procédé ; i°. qu’elle avait vaincu cette difficulté d’une manière quelconque ; et dans le même moment elle nous en a fourni la preuve matérielle, en mettant sous nos yeux du lin divisé en filamens d’une très-grande finesse, et disposés en faisceaux continus et forts sans être tordus, de manière qu’on pourrait les comparer à la soie après le tirage, et qu’il suffit de tordre ensuite pour donner au fil toute la consistance dont il est susceptible : aussi, la machine employée par Madame tVArgence n’a d’autre fonction à remplir que celle de tordre les filamens de lin déjà tout disposés, pour former un fil égal dans toute sa longueur.
- Par quels procédés est-elle parvenue à ce résultat? C’est ce que nous ignorons; mais s’il est vrai, comme elle nous l’a assuré, que ses procédés sont en même temps faciles et économiques, sous ce double point de vue ils seraient très-intéressans pour les progrès de la filature du lin par mécaniques ; et, dans tous les cas, leur communication pourrait contribuer beaucoup aux progrès et à la perfection de cette branche importante de notre industrie.
- Nous croyons devoir ajouter que la machine à tordre, que Madame d3Argence a fait aller sous nos yeux, est établie sur de très-bons principes. Elle a été construite par l’un de nos plus habiles mécaniciens, avec les soins qui caractérisent tous ses ouvrages.
- Après vous avoir rendu compte de la mission dont vous nous avez chargés, et tâché de vous faire partager la satisfaction qu’elle nous a procurée en nous faisant connaître un nouveau procédé de filature du lin, nous serions très-disposés à vous proposer d’encourager les travaux utiles de Madame d Argence, déjà avancée en âge et accablée du double
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- poids des infirmités et de la douleur que lui cause la perle récente de son mari; mais, après avoir conféré avec elle sur ses travaux et sur sa position, nous croyons devoir vous proposer, conformément à ses désirs, d’appeler sur ses travaux l’attention de S. Exc. le Ministre de l’intérieur, et de témoigner à Madame d’urgence tout l’intérêt que commandent la beauté, la finesse et la régularité des fils de lin dont elle vous a transmis des échantillons.
- Adopté en séance, le 19 mai 18 ig.
- Signé Molard, rapporteur.
- B escri p ti oN de nouveaux essieux tournons ? applicables aux voitures à quatre roues ; par M. J. Akerman, de Londres.
- La plupart des voitures de luxe à quatre roues , qu’on construit en Angleterre, sont munies d’une flèche destinée à réunir l’arrière-train au train de devant; cette pièce, qui est nécessaire pour la solidité de la voiture, empêche que les roues de devant 11e passent dessous, ce qui est très-incommode lorsqu’on veut tourner dans un petit espace ou dans une rue étroite. En France, on a remédié à cet inconvénient en terminant le prolongement de la flèche par deux fortes branches de fer cintrées, nommées cols de cygne, qui permettent que les petites roues passent dessous ; mais ce moyen, outre qu’il rend la voiture plus lourde et par conséquent le tirage plus difficile, exige que la caisse soit très - élevée , d’où résulte le danger de verser au moindre obstacle qu’on rencontre ; il oblige aussi d’allonger le train et de réduire les dimensions des petites roues, tandis qu’il est reconnu que plus celles-ci sont hautes et plus elles sont rapprochées des roues de derrière, plus la voiture est roulante.
- Pour remplir les conditions qu’exige une bonne voiture; savoir, la simplicité, la solidité, la légèreté, l’élégance et la possibilité de pouvoir tourner sur elle-même dans le moindre espace, un mécanicien de Munich, en Bavière, nommé Lankensperger, a imaginé un nouveau système d’essieux tournans, pour lesquels M. Akerman a obtenu un brevet d’importation, le 27 janvier 1818.
- Ces essieux, forgés d’un seul morceau de fer, sont coudés en équerre et ont toute la solidité désirable; la branche verticale ü, fg. 5, PL 1745 mobile dans une boîte ou douille pratiquée dans l’épaisseur de la sellette D, est retenue par un écrou a, qui lui sert en même temps de
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- chapeau ; la jusèe L, tournée avec soin , reçoit la roue F comme à l’ordinaire. Les essieux de ce genre, plus légers que les essieux fixes qui régnent sur toute la largeur de la voiture, dispensent de l’emploi du lisoir et du rond d’avant* train, puisqu’ils forment à chaque extrémité de la sellette deux centres de mouvement séparés, autour desquels la fusée tourne horizontalement, afin de placer les roues de devant dans une position oblique par rapport à celles de derrière, au moment ou on fait faire à la voiture une conversion entière. Mais ce mouvement devant être simultané pour les deux roues, l’auteur a imaginé un mécanisme très-simple, qui remplit cette condition de la manière la plus satisfaisante.
- A chacun des coudes formés par les essieux tournans , sont forgés ou fixés solidement deux tirans de fer MM, dont les extrémités cintrées sont réunies par un ascensoir ou barre directrice N, que fait mouvoir de droite à gauche et de gauche à droite Yarmon G, lequel, pour cet effet, est prolongé en arrière et attaché au milieu de la barre directrice. Les diversés positions que prend ce mécanisme déterminent le degré d’obliquité des roues F F' par rapport au plan de la voiture. On conçoit que si les tirans M M étaient droits, le mouvement du mécanisme serait absolument semblable à celui d’un pantographe ou d’une règle parallèle ; ce qui n’offrirait aucun avantage sur la construction ordinaire, puisque les roues se trouveraient alors dans la position qu’elles affectent quand l’essieu est fixe; mais ici la distance entre les essieux mobiles R K étant de quelques pouces plus grande que l’intervalle qui sépare les extrémités c c des tirans cintrés M M, ainsi qu’on le voit fig. 4, il en résulte que le mécanisme forme un trapèze dont l’inclinaison fait obliquer la roue F' du côté où tourne la voiture, plus fortement que la roue opposée, position qui permet de tourner dans un espace très-limité, parce que le centre de rotation se trouve alors sur seul point Q au bout de l’essieu de derrière, comme l’indiquent les lignes ponctuées, fig. i. Nous donnerons plus bas la démonstration mathématique de ce mouvement.
- L’armon tourne sur la cheville ouvrière O comme sur un pivot, tandis que la sellette 1), sur laquelle la flèche A est solidement fixée au moyen des arcs-boutans B B, reste immobile. Le contraire a lieu dans les voitures ordinaires, où la sellette tourne avec le rond d’avant-train. La partie postérieure de l’armon, attachée au milieu de l’ascensoir, fait sur cette pièce l’effet d’un levier; celle-ci transmet son mouvement aux tirans cintrés MM, et par suite aux essieux K R, lesquels, en tournant
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- dans leurs boîtes, placent les roues FF' dans la position oblique nécessaire pour que la voiture décrive une conversion entière : on conçoit que cet effet ne pourrait se produire si les points d’attache b b et d n’étaient pas mobiles, et si l’on n’avait pas pratiqué dans le bout de l’armon une entaille longitudinale e, qui reçoit le boulon d.
- La sellette D est garnie, en dessus et en dessous, d’une ferrure P, fig. 5, réunie par des boulons passant à travers l’épaisseur du bois et serrés par des écrous ; cette ferrure forme sous la sellette un œil traversé par la cheville ouvrière, et dans lequel s’engage l’armon, qui se trouve avoir ainsi l’espace nécessaire pour jouer librement à droite et à gauche. Les tirans cintrés M M sont forgés de la même pièce avec les essieux, ou fixés à leurs coudes par des écrous. La volée H, portant les palonniers, est montée sur l’armon à la manière ordinaire, et consolidée par des tirans de fer; mais il faut qu’elle soit placée à une distance telle de la cheville ouvrière, qu’elle permette le jeu des roues de devant, quelle que soit leur obliquité. Au lieu de former l’ascensoir d’une barre droite, on pourrait le cintrer, ce qui obligerait à allonger la partie postérieure de l’armon, mais offrirait l’avantage de donner une plus grande obliquité aux roues et de rapprocher la volée de la sellette ; ce perfectionnement ne paraît cependant pas très-important.
- L’auteur a imaginé un autre genre d’essieu mobile à charnière, représenté fig. 7, et qui dispense de l’emploi des boîtes dans lesquelles tourne la partie K. des essieux précédens. En effet, cette disposition paraît plus simple et plus solide; les frottemens doivent être moindres et la construction plus facile. Les joints f f f de l’essieu s’engagent dans les entailles correspondantes g g de l’armature de la sellette; le tout est lié par une seule et même broche verticale ht qui traverse tous les joints et est retenue par des écrous. Ces essieux se gouvernent par le mécanisme ci-dessus décrit.
- Parmi les avantages que l’auteur fait valoir en faveur de son nouveau système d’essieux, nous citerons les suivans : i°. ces essieux, susceptibles d’être adaptés à peu de frais aux voitures construites d’après l’ancien système, ne sont pas sujets à se rompre; 20. ils permettent à la voiture de tourner dans un très-petit espace; 3°. le train pourra être raccourci de i5 à 18 pouces ; 4°- il y aura moins de danger de verser ; 5°. les roues de devant pouvant être plus élevées, le tirage sera facilité; 6°. la cheville ouvrière ne peut s’échapper; 70. il y a une diminution notable des pièces de charronnage, des ferrures, boulons, écrous, etc.; ce qui, en rendant la voiture plus légère, plus élégante et plus simple, fera cesser ce bruit
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- désagréable de ferraille qui accompagne toujours nos voitures roulant sur le pavé. Ainsi, cette invention présente à-la-fois sûreté, simplicité et commodité.
- Il résulte de plusieurs certificats délivrés à Fauteur, que des voitures de voyage, munies des nouveaux essieux, ont parcouru de grandes distances sans se déranger et sans avoir besoin d’aucune réparation.
- Explication des figures de la PL i 7/}.
- Fig. i, Plan du charronnage d’une voiture à quatre roues, munie des nouveaux essieux.
- Le train de devant est dans la position convenable pour opérer la conversion entière du véhicule sur lui-même ; les lignes ponctuées indiquent la situation qu’il prend lorsqu’il est redressé et que les chevaux tirent droit devant eux.
- Fig. 2, Elévation de la voiture montée de sa caisse et de son siège.
- Fig. 3, Yue de face du train de devant.
- Fig. 4, Plan de la sellette, de l’armon et du nouveau mécanisme, dont l’ascensoir est détaché.
- Fig. 5, Ferrure de la sellette et élévation des essieux.
- Fig. 6, L’ascensoir vu en plan et en élévation.
- A, Flèche qui réunit les deux trains, garnie de sa ferrure; B B, arcs-boutans en fer, servant à consolider le charronnage; ils sont solidement attachés d’un bout à la sellette et de l’autre à la flèche; C, train de derrière; D, sellette d’avant-train; EE', grandes roues; FF', petites roues ; G , arinon ; H , volée d’avant - train ; II, essieux des roues de devant, coudés en équerre; K K, partie verticale et tournante des essieux; LL, fusée sur laquelle se montent les roues; M M, tirans ou leviers cintrés, faisant corps avec les essieux; N, ascensoir ou barre directrice qui réunit les tirans; O, cheville ouvrière; P, armature de la sellette, serrée par des boulons à écrous; Q, centre de rotation de la voiture, à l’extrémité de l’essieu de derrière; R, caisse de la voiture montée sur les ressorts S S , lesquels sont fixés sur de forts patins en bois adaptés sur la sellette et sur le train de derrière ; le bout inférieur de ces ressorts est boulonné sur les arcs-boutans BB; T, fourchette dans laquelle se loge l’extrémité postérieure du timon.
- a a, Chapeaux à écrou, qui retiennent l’essieu vertical dans sa boîte ; b b, boulons traversant les extrémités de la barre directrice et les trous cc des tirans cintrés MM, auxquels ils servent de pivots; d, autre boulon
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- fixé au milieu de l’ascensoir et passant à travers une fente longitudinale e, pratiquée à l’extrémité de l’arrnon G.
- Fig. 7, Vue de face d’un autre système d’essieux à charnière.
- Y, Sellette d’avant-train; X, ferrure de la même; Y, essieux à charnière, dont les joints fff s’engagent dans les entailles correspondantes ggg de la ferrure de la sellette; Z, fusée de l’essieu; h h, broches de fer traversant les joints brisés et servant de pivot aux essieux; elles sont serrées par des écrous.
- Fig. 8, Démonstration mathématique du principe d’après lequel est construit le mécanisme qui fait tourner les essieux.
- Supposons que les points a, c, d, e, f soient des pivots, et que le point b ne puisse se mouvoir que suivant la ligne a b.
- Si les côtés a d, be ou ca,fb, étaient égaux, les lignes a b, cf, d e, fe, cd, conserveraient leur parallélisme dans toutes les positions; mais si les côtés b e, f b sont plus petits que a d, ac, et que la figure soit mue par le mouvement de la ligne a b autour du centre a, le point b 11e peut rester fixe et doit changer de position, suivant la ligne a b. Cela étant ainsi, prenons une position de' de la ligne de. Si nous traçons du point c, comme centre, et du rayon cf, un arc de cercle ff, et que, du point e avec le rayon ef, nous décrivions un arc n o, nous rencontrerons le premier au point/1', et la ligne /' c sera la position de c f correspondante à celle d e', de, de. Quant à la situation de la ligne a b, on la trouvera en faisant passer une ligne droite par les points e'f, et prenant le milieu de la distance d f1 ; ce point b', joint au point a, donnera la direction de a b. Si l’on décrit du point a comme centre et du rayon a b un arc, on trouvera que le point b' ne répond pas à la position que devrait avoir le point b, et que ce point a parcouru, suivant la ligne a b, un espace b b'.
- En variant les différences entre les côtés be et ad, ou fb et a c, on trouvera facilement une disposition qui mette les lignes ch et d g dans le cas de concourir à un point déterminé i pour la position la plus reculée des lignes de et c f.
- Description de nouvelles grilles à barres creuses, pour les fourneaux et les foyers ; par M. ïkin.
- Ce nouveau système de grille, pour lequel l’auteur a obtenu une patente, en Angleterre, le 27 janvier 1818, se compose de barres creusées dans toute leur longueur, à travers lesquelles on fait passer un
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- courant d’eau. M. lkin construit ces grilles de deux manières : 1°. en les fondant d’une seule pièce, réunissant les extrémités des barres par une traverse, et laissant entre elles un espace suffisant pour l’admission de l’air, ainsi qu’on le voit fig. 9, 10 et 11, Pl. 17/!; 20. en formant des barres creuses isolées, les recourbant à leurs extrémités et les joignant bout à bout au moyen des embases dont elles sont munies. Il résulte de cette disposition, indiquée par la fig. 12, un canal continu et serpentant, destiné à recevoir un courant d’eau d’un réservoir supérieur par un tuyau de fer ou de cuivre D, fig. i3, lequel s’adapte à l’une des ouvertures de la grille ; un autre tube E conduit le fluide échauffé par son passage à travers la grille, dans les parties du bâtiment où l’on en a besoin.
- Le nombre, la longueur et l’épaisseur des barres, ainsi que la largeur de l’espace ménagé entre chacune d’elles , se règlent d’après les dimensions et la forme du foyer.
- La fig. 11 représente une section verticale des barres, suivant la ligne A B du plan. La fig. i3 est la vue de l’extrémité de la grille et du réservoir C placé au-dessus. Le tube D s’adapte au fond du réservoir et vient aboutir à l’orifice a de la grille; un autre tube E, fixé à l’orifice b, s’élève jusqu’au bord du réservoir, où il est recourbé. L’eau, après avoir traversé le tube D, entre par l’orifice a dans la grille, dont elle parcourt successivement les canaux pratiqués dans l’intérieur des barres; elle y est fortement chauffée, et sort ensuite par le tuyau E, dans lequel elle s’élève, par la légèreté spécifique qu’elle a acquise, jusqu’au niveau de la chute. On obtiendra ainsi un courant continuel d’eau chaude dont on peut se servir pour différens usages; mais il faut avoir soin que les canaux de la grille soient constamment pleins, et que l’eau soit remplacée à mesure qu’elle s’évapore. Au lieu de ramener le tube E dans le réservoir supérieur, on peut le diriger à volonté dans toute autre partie du bâtiment.
- L’auteur observe que ces nouvelles grilles possèdent l’avantage : i°. de se conserver long-temps, le feu le plus violent ne pouvant rougir ni faire courber les barres; 20. d’empêcher que les escarbilles, en s’attachant aux barres, obstruent le courant d’air, et que la chaleur s’échappe dans le cendrier au lieu de s’élever sous la chaudière; 3°. de fournir constamment un grand approvisionnement cl’eau chauffée sans aucune dépense additionnelle de combustible.
- Pour éviter les inconvéniens résultant du contact immédiat de l’eau avec le fer fortement chauffé, on pourrait construire la grille comme
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- il est indiqué fig- i4, en la composant de pièces de fonte semblables et correspondantes, qui, en se superposant, admettraient entre elles, dans les parties creusées en gouttières, un tube de cuivre F, dont les sinuosités suivraient celles du canal intérieur de la grille.
- Nous pensons que cette idée, qui peut paraître singulière, est susceptible de quelques applications utiles, et qu’elle serait propre à être exécutée dans les établissemens de bains, qui consomment une si grande quantité d’eau chaude.
- Explication des figures de la PL i rjl\.
- Fig. 9, Yue de la grille complète, composée de barres réunies par une traverse.
- Fig. io, Coupe horizontale de la même.
- Fig. 11, Section verticale des barres, sur la ligne A B du plan.
- Fig. 12, Coupe horizontale d’une grille dont les barres creuses et recourbées sont jointes bout à bout au moyen des embases d.
- Fig. i3, Yue de l’extrémité de la grille du côté opposé à l’entrée du foyer, surmontée d’un réservoir plein d’eau.
- Fig. 14, Autre système de grille dont les canaux intérieurs sont garnis d’un tube de cuivre.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- A, Barreaux de la grille; B, traverses réunissant ces barreaux par leurs extrémités ; C, réservoir plein d’eau placé au-dessus de la grille ; D, tube d’entrée de l’eau, adapté au fond du réservoir; E, tube de sortie s’élevant jusqu’au niveau de la chute; F, tuyau de cuivre garnissant l’intérieur de la grille fig. i4; G, un des barreaux détachés de la grille fig- 12, montrant la manière dont l’embase d y est adaptée.
- a, Orifice d’entrée de l’eau; b, orifice de sortie; ccc, tringles serrées par des écrous et servant à réunir les traverses B B de la grille fig. 9 ; d d, embases au moyen desquelles on joint les barres recourbées de la fig. 12.
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- Dix-huitième année. Mai 1819.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Cadet de Gassicourt, au nom du Comité des arts chimiques, sur Varèo - thermomètre de M. Hervieux.
- Messieurs, les physiciens ont reconnu depuis long-temps que la pesanteur spécifique des fluides variait à différentes températures et à différentes pressions. Il est donc nécessaire, pour connaître avec précision leur véritable densité, de consulter le thermomètre et le baromètre, et de faire son calcul sur les indications que ces instrumens donnent, comparativement à un degré convenu. L’évaluation de l’influence barométrique n’étant importante que lorsqu’il est question de la pesanteur des gaz, on la néglige ordinairement pour les liquides, et l’on ne prend note que de la température.
- Les physiciens recommandent d’opérer à une température de io degrés Réaumur ; mais si l’on ne peut obtenir instantanément ce terme moyen, on évalue, par le calcul, l’influence de la chaleur ou du froid. On est, pour la plupart du temps, obligé de faire deux opérations : l’une, pour constater le degré thermométrique; l’autre, pour le degré aréométrique, et de chercher ensuite la véritable pesanteur spécifique à l’aide de plusieurs règles de proportion.
- Cette manière de procéder est longue, embarrassante, minutieuse, et demande des connaissances qui ne sont pas toujours à la portée de ceux qui ont intérêt à déterminer la pesanteur spécifique d’un liquide.
- Pour abréger ce travail, plusieurs physiciens ont imaginé d’associer le thermomètre à l’aréomètre, afin de donner la facilité de faire les deux opérations simultanément, et ils ont dressé des tables propres à indiquer les différences que les variations de température apportent dans la pesanteur spécifique des liquides.
- M. Boriest médecin, et M. Rouget, lieutenant de Roi, à Cette, firent, en 1773, un aréo-thermomètre qui a remporté le prix proposé par les États de Languedoc (1). Ils ont déterminé, avec la plus grande précision, les rapports de la température avec la densité du liquide. MM. Barthez, inspecteur des eaux-de-vie, à Pésénas; Bordier-Marcet, de Versoix; As-sier-Perricat, Montgolfier et autres, ont associé l’aréomètre et le ther-
- (1) Cet instrument est décrit et gravé dans la cinquième année du Bulletin, page i85.
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- momètre, et même on est parvenu à trouver une échelle commune aux deux instrumens.
- M. Hervieux y qui a pris un brevet d’invention, en 1817, pour son pèse-liqueur thermométrique, a été plus ingénieux que ses prédécesseurs. M. Bories employait simultanément l’aréomètre et le thermomètre ; mais il n’avait pas réuni, confondu ces deux instrumens ; ce que M. Hervieux est parvenu à faire. MM. Mossy et Assier - Perricat avaient déjà fabriqué des aréo - thermomètres d’une seule pièce, en verre ;. mais M. Hervieux a exécuté le sien en argent, et d’une forme élégante.
- Si cet artiste n’a pas le mérite de l’invention, il a celui du perfectionnement. Il est juste de reconnaître que son aréo-thermomètre est plus commode et d’une construction plus parfaite que celle des instrumens analogues proposés par ses prédécesseurs. Les tables qu’il a publiées abrègent les calculs et suffisent au commerce.
- Nous avons essayé cet instrument comparativement avec les aréomètres de Baumè, de Cartier, de Lanier, et les résultats ont été semblables. Dans ces expériences, le pèse-liqueur de M. Hervieux nous a paru plus sensible. Enfin, nous avons vérifié plusieurs de ses calculs en élevant ou baissant la température du liquide, en augmentant ou diminuant sa densité, et nous avons trouvé les tables de M. Hervieux très-exactes. Sept négocians, qui font usage de cet aréo-thermomètre depuis plusieurs mois et même depuis plusieurs années, ont certifié qu’ils en étaient parfaitement satisfaits.
- Nous croyons donc, Messieurs, devoir vous proposer d’accorder à Madame veuve Hervieux l’insertion, dans le Bulletin, d’une description sommaire du pèse-liqueur qu’elle a soumis à votre examen, et des tables calculées par son mari, tables que les chimistes et les commerçans consulteront avec fruit.
- Adopté en séance, le 19 mai 1819.
- Signé Cadet de Gassicourt, rapporteur.
- Description et usage de Varéo-thermomètre de M. Hervieux.
- Cet instrument, qui par sa forme ressemble à l’aréomètre de MM. Cartier et Vincenty a l’avantage d’indiquer en même temps les degrés de pesanteur des liqueurs et ceux de la température,, sans qu’il soit nécessaire de le sortir du vase dans lequel il est plongé, la tige étant disposée de manière à recevoir, d’un côté, l’échelle des degrés de l’a-
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- réomètre, et de l’autre' celle'-d’un thermomètre de Réaumur; ce qui donne le moyen prompt et sur de reconnaître sur-le-champ le titre réel des liqueurs, sans avoir à craindre les effets des variations subites de la température. Il suffit, pour cela, de regarder sur l’un des côtés de la tige le degré marqué par l’aréomètre, et sur l’autre le nombre des divisions que présente l’échelle du thermomètre, au-dessus ou au-dessous du dixième degré, qui a été pris pour base de toutes les opérations, étant celui fixé par la loi pour la vérification des liqueurs.
- Pour faciliter cette vérification, M. Hervieux a indiqué dans le tableau ci-joint, page i55, combien il faut de degrés du thermomètre pour augmenter ou diminuer l’enfoncement de l’instrument d’un degré clans les différentes espèces d’eau-de-vie et d’esprit. Ces degrés sont marqués sur l’un des côtés de la fige, depuis 10 jusqu’à Zfo. Le vingt et unième degré est le terme le plus élevé de l’eau-de-vie simple. Le vingt-deuxième et les suivans, jusque et y compris le trente - troisième, indiquent la force de l’eau-de-vie rectifiée. Le trente-quatrième et suivans désignent le degré de l’alcool. Pour bien observer ces degrés, il faut avoir soin d’essayer l’instrument avant de s’en servir.
- Il est nécessaire aussi que le liquide soit versé dans un bocal assez haut, pour que l’instrument, placé perpendiculairement, n’en touche pas le fond en descendant, et que l’immersion soit entièrement terminée avant de reconnaître le degré.
- Dans le cas où la température ferait monter ou descendre le thermomètre de quelques degrés, il faudrait diminuer ou augmenter le calcul de ces degrés, suivant la qualité des eaux-de-vie et esprits.
- . L’influence de la température se calcule comme il suit :
- Sur les esprits de 36 degrés , il y a 5 divisions de température pour î degré de l’aréomètre.
- Sur ceux de 32 degrés, il y a 6 divisions, idem ;
- de 28 degrés, il y a 7 divisions, idem ; de 24 degrés, il y a 8 divisions , idem ; de 20 degi'és, il y a 9 divisions, idem$ de 16 degrés, il y a 10 divisions, idem.
- Comme le dixième degré du thermomètre est le point de départ, si la température est au-dessus, on retranche des degrés donnés par l’aréomètre; si elle est au-dessous, on ajoute à ces mêmes degrés, et toujours dans les proportions ci-dessus indiquées.
- Si la température marquait 10 degrés juste, ce que donnerait l’aréomètre serait le degré; mais si elle faisait monter ou descendre le thermomètre de quelques degrés, il faudrait diminuer ou augmenter en pro-
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- portion, suivant ]a qualité des eaux-de-vie ou esprits, en sorte qu’une eau-de-vie dont la température aurait fait monter le thermomètre au quinzième degré, et qui marquerait à l’aréomètre 16 degrés et demi, ne serait que de 16 degrés juste, ramenée à la température.
- La même eau-de-vie, dont la température aurait fait descendre le thermomètre à 5 degrés au-dessous de zéro, ou monter à 5 au-dessus du mot tempéré, et qui ne marquerait à l’aréomètre que i5 degrés et demi, serait de même une eau-de-vie de 16 degrés juste, ramenée à la température, parce que io degrés de température en plus ou en moins augmentent ou diminuent l’enfoncement de l’instrument d’un degré dans cette qualité; mais la température baisse progressivement à mesure que la force des liqueurs augmente. Cela est si vrai, que, dans les esprits de vin rectifiés à 36 degrés, 5 degrés de température augmentent ou diminuent l’enfoncement de l’instrument d’un degré, ainsi qu’on pourra le voir dans la table ci-jointe, qui, étant bien conçue, rendra la -vérification aussi facile qu’elle est commode et sûre.
- La colonne du milieu représente les divers degrés de force au dixième degré de température, et les autres sur la même ligne, à droite et a gauche, sont les mêmes degrés augmentés et diminués par la différence de température.
- Chaque case indique en tête les degrés du thermomètre ; les chiffres au-dessous désignent les degrés de l’aréomètre proportionnés à l’influence du chaud et du froid, sur les divers degrés de force.
- La quatrième colonne à droite fait connaître combien il faut de degrés de température au-dessus de io, pour augmenter l’enfoncement de l’instrument d’un degré; la quatrième à gauche indique ce qu’il en faut pour diminuer l’enfoncement d’un degré.
- Il suffirait de bien connaître l’une de ces deux colonnes, pour évaluer les degrés de force d’après les divers degrés de température; car, si l’on sait ce qu’il faut de degrés du thermomètre pour un degré de l’aréomètre, on trouvera facilement ce qu’il en faut pour un quart, un demi et trois quarts de degré, comme dans les première, deuxième et troisième colonnes, à droite et à gauche de celle du centre.
- Exemple pour l’usage de la Table.
- Supposons que l’on ait de l’eau-de-vie qui marque 21 degrés à 1 a-réomètre, et que sa température soit à 19 degrés du thermomètre, on cherche dans la quatrième colonne à droite, on trouve la case 77;
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- revenant à la colonne du milieu, en suivant la même ligne, on voit 20 pour le véritable degré de cette eau-de-vie, ramenée au dixième degré de température, parce que 9 degrés du thermomètre dans l’eau-de-vie de 20 degrés font varier l’aréomètre d’un degré.
- Si une eau-de-vie ne marquait que 20 degrés à l’aréomètre, ayant également 19 degrés de température, il ne s’agirait que de chercher dans la quatrième colonne à gauche; sur la même ligne du nombre 20 de la colonne fixe, on trouverait la case ou 19 degrés de force sous un degré de température au-dessus de zéro, et ce nombre 19 serait le degré juste de cette liqueur, parce que l’on aurait baissé le thermomètre d’autant de degrés de température. Si, en hiver, on avait une eau-de-vie marquant 19 degrés à l’aréomètre, n’ayant qu’un degré de température au-dessus de zéro, l’on trouve 20 degrés pour le titre de cette liqueur; et si elle était de 20 degrés avec la même température d’un au - dessus de zéro, il faudrait chercher 9 degrés de température de plus, pour les 9 qui manquent; on trouverait sur la même ligne que 20, dans la quatrième colonne à droite, la case ou 9 degrés de température de plus, qui donnent à cette eau-de-vie 21 degrés; cela doit être ainsi, puisque avec 9 degrés de froid elle marquait autant que si elle avait été au dixième degré de température.
- Si une eau-de-vie de 20 degrés avait 4 degrés et demi de chaleur de plus que 10, elle marquerait 20 et demi ( voyez la deuxième colonne à droite ) ; si elle avait 4 degrés et demi de froid au-dessous de 10, elle ne marquerait que 19 et demi (voyez la deuxième colonne à gauche) ; et dans la même proportion pour toutes les autres colonnes plus ou moins éloignées de celle du centre.
- D’après ce qui vient d’être dit, il suffira de faire remarquer que 8 degrés du thermomètre font varier l’aréomètre d’un degré dans les eaux-de-vie de 24 degrés; que 7 produisent le même effet dans les eaux-de-vie de 28 degrés ; que 6 produisent encore le même effet dans l’esprit de 32 degrés, et que 5 suffisent dans l’esprit de 36 degrés ( voyez la quatrième colonne à droite ).
- L’auteur a joint aussi un tableau servant à faire connaître la quantité de litres d’eau qu’on doit ajouter par hectolitre d’eau-de-vie ou d’esprit , pour les ramener à un degré inférieur.
- L’aréo - thermomètre se vend chez Madame veuve Hervieux, rue de Cléry, n°. 1, près la rue Montmartre.
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- TABLE indicative de ce qu’il faut de degrés et de fractions de degré du Thermomètre pour un degré, ou fractions de degré du Pèse-Liqueur, suivant la force des Eaux-
- de-vie et Esprits.
- Combien le froid, au-dessous du dixième degré, diminue l’enfoncement de l’Aréomètre.
- 110e. degré Coinbienlachaleur,au-dessus du
- Je température
- UÙèeeteasUÎL.d‘ dixième degré, augmente l’enfon-nn«ni Cement de l’Aréomètre.
- doivent être ramenés
- 2 7* 5 7 7a 16 12 Va i5 >7 7a 20 2 2 7a 2Ô
- i5 V4 i5 'A i5 74 16 y< iG 7a iG 3A *7 7 74 47 7a
- 2 “/* 6 5 “A 7 7x6 17 12 7x6 r4 y s !7 7.6 J9 3A 2 2 7x6 24 78
- iG y* iG 7» iG 7* 17 'L *7 7a !7 3/4 18 18 x/4 18 7a
- 2 7A 5 74 7 7» 18 12 3A i4 74 J7 7s z9 7a 21 7/8 24 74
- V4 «7 'A '7 3/4 18 A 18 7a 18 3A J9 *9 74 *9 7a
- 3 7*6 5 3/s 7 '7x6 19 12 7x6 i4 7a iG ‘7x6 >9 74 21 7x6 23 78
- 18 V4 18 7 » l8 3A «9 ‘A *9 7a J9 V4 20 20 74 20 7a
- 3 ‘A 5 7, 7 3A 3A 20 I 2 'A i4 / 2 16 3A *9 21 74 23 7a
- »9 y* 'A *9 20 74 20 7a 20 3A 21 21 74 21 7a
- 3 V16 5 s/s 7 ,3A« 21 I 2 7.6 i4 3/s iG 9/i6 18 3A 2 0 '7x6 23 Vs
- 20 ‘A 20 7* 20 3A' 21 74 21 7a 21 74 22 22 74 22 7a
- 3 5/8 5 74 7 7/s 22 12 7« i4 74 iG 3/s 18 7a 20 ’A 22 Ai
- 21 'A 21 7, 21 3A 22 74 22 7a 22 3/4 23 23 74 23 7^
- 3 l3Ae 5 y8 7 *7x6 23 I 2 7.6 i4 y* iG 7.6 18 74 20 7x6 22 3A
- 22 'A 2 2 7, 2 2 3A 23 74 23 7a 23 3A 24 2 4 j / /4 24 7a
- 4 6 8 24 I 2 i4 IG 18 20 22
- 23 ‘A 23 7, 23 3A 24 74 24 I / / 2 24 3Â 20 2 5 74 25 7a
- 4 7.6 G '/s ‘A 8 J/iQ 23 I I '7.6 i3 7» i5 i3/16 *7 3A 19 ”/x6 21 7s 7a
- 24 'A 24 24 3/4 25 74 26 7a 25 3A 26 26 74 2G
- 4 3A G 74 8 Va 26 I I 7» i3 3/4 i5 7b n 7a r9 7b 21 74
- 25 74 25 7» 25 3Â 2Ü 74 26 7a 26 3/4 27 27 74 27 7a
- 4 6 7s 8 y-6 3A 27 I I l3Ao i3 7a 15 ylG O 74 *9 7x6 20 7A
- aG 74 26 'A 26 27 ‘A 27 7a 27 3A 28 28 74 28 7a
- 4 74 6 % 8 Va 28 11 3A i3 7a i5 74 *7 18 7 4 20 7a
- 27 'A 27 7» 27 74 28 74 28 7a 28 3A 29 2 9 74 29 7a
- 4 '7,6 6 7s 8 7.6 29 I I “A « i3 3A i5 7x6 16 y 4 18 7'6 20 7s
- 28 A 28 'A 28 3/4 29 TA 2 9 7a 99 3/4 3o 3o 74 3o Va
- 5 Y8- 6 3A 8 7s 30 I I 7b i3 74 i4 7b 16 7a 18 'A 19 3/ 4
- 29 'A 29 A 29 7 4 3o 74 3o 7a 3o 3A 31 3i A 31 7a
- 5 5Ae 6 7/s 8 7x6 31 11 7x6 i3 3A i4 7x6 iG 74 17 '7.6 *9 3A
- 3o Vf 3o ‘A 3o 3/4 3x 74 3i 7a 31 3A 32 32 74 32 7a
- 5 y2 8 y, I I 7a i3 i4 7a iG *7 7a *9 V1
- 3i 74 3! 7. 3i 3A 32 32 74 32 7a 32 7 4 33 33 74 33
- 5 3/s 8 9/, k 11 7*6 12 ’/s i4 7x6 x5 3A J7 y.G l8 Vs
- 32 'U 31 7» 32 3A o3 33 74 33 7a 33 3A 34 34 7'. 34 7a
- 5 33 V4 7 33 74 7* 8 33 */* 3A 34 1 I 34 3A 74 l 2 34 3/4 7a i4 34 'A 3A i5 35 7a iG 35 7s 74 l8 35 74 7a
- G 34 Y16 Va 7 34 3A 7* 8 34 *7.6 3A oa 11 35 7*6 V4 12 35 7s 7a *3 35 ,5A 74 i5 36 74 IG9/.6 36 y4 n 36 7A 7a
- 6 7* 'A 7 7a ‘A § 3/ h 74 12 72 i3 3A i5 i6 74 17- 7a 7a
- 35 35 35 / 4 3/4 5(> 36 74 36 7a 36 74 37 37 74 37
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-
-
-
- Mwawsigy ?g-<sa
- 36
- TABLEAU servant à faire connaître la quantité de litres d’eau qu’on doit ajouter par hectolitre d’eau-de-vie ou d’esprit,
- pour les ramener à un degré inférieur.
- 33
- 4,2 2,?, 34
- 6,8 4,6 2,4 35
- 9,6 7/i 5 2,6 32
- 12,6 JO,2 8 5,4 2,8 31
- i5,8 «3,4 I I 8,4 5,8 2,8 30
- «9>2 17 14,4 n,8 9 6 3 29
- 23 20,6 18 15,2 12,4 9>4 6,2 3,2 28
- 27 24,6 21,8 «9 iG 12,8 9,8 6,4 3,2
- 31,6 29 26,2 23,2 20 16,8 i3,G I Oj 2 7
- 36,6 33,8 3i 27,8 24,6 21,4 18 i4,6 1 I
- 42 3g,2 36,2 33 29,6 26,2 22,6 «9 15,4
- 48 45 42 38,6 35,2 31,6 27,8 24,2 20,4
- 55 52 48,6 45,2 41,6 37,8 34 3o 26
- 63 5g,8 56,4 82,6 48,8 44,8 4o,8 36,6 32,6
- 72 68,6 65 61,2 57 52,8 48,6 44,2 39,8
- 84 8o,4 76,6 72,4 68 63,6 69 54,2 49,6
- IOO 96 9«,8 87,4 82,6 77>8 72,8 67,8 62,6
- ï 20 1 i5,G 11 i 106 ior 95,6 9° 84,4 78,8
- 145 i4o,2 i35 129,6 123,8 117,8 111,6 io5,4 99,2
- 178 172,6 166,6 i6o,4 153,8 147 l4o,2 i33,2 126
- 27
- 3,6
- 7j4
- ii,8
- i6,6
- 28,4
- 35,4
- 44,8
- 57,4
- 70,5
- 93
- 118,8
- 33
- 87,4
- Le nombre compris dans la case qui répond à deux degre's quelconques indique la quantité de litres d’eau à ajouter, par hectolitre d’eau-de-vie ou d’esprit, au degré supérieur, pour les ramener au degré inférieur.
- 18
- 26
- 12,6
- 17,8
- 24
- 3o,8
- 4 0
- 67,2
- 86,4
- ni,4
- 8,4
- 13,6
- 1 c),4
- 26
- 34,8
- 46,6
- 61,2
- 79 A
- io3,6
- 24
- 4,2
- 9>2
- i4,8
- 29.6
- 40.8 55
- 72.6
- 95.8
- 23
- 4,8
- 16.2 24,4
- 35.2
- 48.6
- 65.6 87,8
- 22
- 5,2
- 18,6
- 29
- 58
- 79/1
- 21
- 5.6 12,8
- 22.6 35 5o,4
- 70.6
- 20
- 16,2
- 28
- 42,4
- 61,6
- 19
- 8,6
- 33,2
- 18
- 22,4
- 39
- 17
- n,4
- 26,4
- 16
- iM Il5
- EXEMPLE :
- Soit une pièce de 6 hectolitres 4olitr. d'esprit à 33 degrés que l’on désire ramener à 18 degrés par une addition d’eau 5 la table indique que l’on doit ajouter 87 litres 4 décilitres d’eau sur 100 litres d’esprit ; par conséquent il faudra ajouter 5 hectolitres 59 litres d’eau aux 6 hectolitres 4o litres que contient la pièce proposée.
- OPÉRATION.
- Contenance de la pièce. .. 6,4o litres. A multiplier par la quantité d’eau qui doit être ajoutée par chaque hectolitre.............87,4 décilit.
- 256o
- 448o
- 5i2o
- Produit......". 55g,36o
- En négligeant les trois derniers chiffres, on voit qu’il faut aj outer 5,5g litres d’eau.
- Nota. S’il n’y avait pas eu de fraction de litre dans la quantité d’eau à ajouter par hectolitre, on n’aurait négligé que deux chiffres à droite du produit.
- Ot
- 4^
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- ( 155 à
- Procédé pour prévenir et corriger la maladie des vins, connue sous le nom de graisse; par M. Herpin , membre de la Société d’Encouragement.
- La graisse des vins est une sorte de décomposition spontanée qui donne à cette liqueur une consistance grasse semblable à celle de l’huile. Le vin qui en est attaqué devient plat et fade; il jaunit quand on le verse; il file comme de l’huile et perd sa fluidité naturelle; il se met difficilement en écume quand on l’agite, et incommode ceux qui le boivent. Cette altération, qui attaque les vins pendant leur fermentation insensible , est d’autant plus nuisible que l’alcool déjà formé se détruit pour subir de nouvelles combinaisons ; aussi les vins gras soumis à la distillation ne donnent qu’une petite quantité d’eau-de-vie, qui est de mauvaise qualité et d’un goût d’autant plus empyreumatique que le vin distillé est plus mucilagineux.
- Dans les vins de Champagne, cette maladie s’annonce par des dépôts blancs ou jaunâtres, qui, au moindre mouvement, se répandent dans la liqueur, soit en flocons, soit en masses épaisses, et le plus souvent en filandres grasses.
- On remarque que les vins blancs tournent rarement à la graisse quand ils sont en tonneaux, tandis que cela leur arrive fréquemment quand ils sont en bouteilles ; on n’en est que trop convaincu en Champagne, où toute la récolte, mise dans le verre, contracte souvent cette funeste altération.
- C’est pour remédier à cet inconvénient que la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts, du département de la Marne, crut devoir offrir, en 1817, un prix d’encouragement à celui qui aurait trouvé et expérimenté des moyens pour la guérison de la graisse des vins. M. Herpin ayant lu l’annonce de ce prix dans le Bulletin de la Société d’Encoura-gement, JN°. CLIX, seizième année, page 237, se présenta au concours, et le prix lui fut décerné dans la séance du 26 août 1818.
- Le remède que propose l’auteur pour rétablir les vins gras consiste à faire dissoudre de 6 à 12 onces de tartrite acidulé de potasse (crème de tartre ) et pareille quantité de sucre brut dans 4 litres de vin chauffés jusqu’à ébullition. -On verse le mélange tout clraud dans le vin; on bouche le tonneau et on l’agite pendant cinq ou six minutes; puis on le remet en place en tournant le bondon en dessous. Après un jour ou deux de Dix-huitième année. Mai 1819. X
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- ( <56 )
- repos, on retourne le tonneau et on colle le vin à la manière ordinaire; mais au lieu de le brouiller à bondon ouvert, comme cela se pratique ordinairement, on agite le tonneau pendant quelques minutes, et on le remet à sa place le bondon tourné en dessus. Au bout de quatre ou cinq jours, le vin sera clair, sec, limpide et absolument dégraissé; sa couleur sera revivifiée, il aura acquis de la qualité; mais comme il ne pourrait rester sans inconvénient sur le dépôt, il faudra le soutirer : alors il ne sera plus sujet à devenir gras. S’il est en bouteilles, on le transvase dans un tonneau et on opère comme ci-dessus.
- M. Jullien, auteur du Manuel du sommelier, que nous avons consulté sur le mérite du procédé de M. Herpin, pense qu’il sera d’une grande utilité pour le rétablissement des vins tournés à la graisse; il se propose de l’employer aussitôt que l’occasion s’en présentera. Il observe que la clôture exacte des tonneaux dans cette opération paraît avoir ie meme motif et devoir produire le même effet que celui qui résulte de l’opération nommée à Bordeaux le travail à Uanglaise, et par laquelle, après avoir introduit dans le vin des premiers crus du moût conservé doux, du vin d’Alicante, etc., pour y exciter une nouvelle fermentation, on a soin de bien fermer les tonneaux, de les garnir de cercles de 1er et de les comprimer de manière que la fermentation n’en puisse pas occasionner la rupture. Le vin fermente dans cet état pendant plusieurs mois, et acquiert un très-haut degré de spiritueux, qui en fait le principal mérite chez les Anglais.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par AI. Jomard, au nom cFune Commission spéciale} sur la Caisse cFépargnes et de prévoyance.
- La nouvelle Caisse d’épargnes et de prévoyance, autorisée par ordonnance royale du 29 juillet dernier, n’a presque aucun point de ressemblance avec les Caisses et Tontines qui se sont succédé en France depuis trente ans. Le résultat de ces Tontines a été si peu satisfaisant et quelquefois si désastreux, qu’il est indispensable de rappeler la confiance publique en faveur d’un genre d’établissement si utile à l’industrie. Celui dont nous allons avoir l’honneur de vous entretenir n’a
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- création, et plus on doit s’assurer rigoureusement qu’elle est combinée de manière à atteindre son but. En effet, les épargnes des ouvriers sont une chose sacrée; autant un système bien entendu de placement peut leur être utile, autant une imprudente combinaison pourrait leur être funeste; elle aurait, de plus, le fâcheux effet d’accroître encore leurs préventions contre tout moyen de réaliser une prévoyance si nécessaire. La Société d’Encouragement ne doit pas, aux yeux de l’industrie française, engager une opinion, qui est une sorte de garantie morale, sans avoir une conviction pleine et approfondie de la solidité du système qu’elle conseille de suivre. Les Commissaires que vous avez chargés de vous faire un rapport sur cette question importante, MM. de Gèrando, Francœur et moi , ont fait leurs efforts pour l’examiner sous toutes les faces. Le travail qu’ils ont l’honneur de vous soumettre est divisé en quatre paragraphes, qui sont les points principaux que comporte la matière, en ce qui touche les vues philantropiques de la Société d’En-couragement.
- Le premier sera destiné à examiner l’influence que peut exercer, en général, sur les progrès de l’industrie, un bon système d’épargnes pour les ouvriers ;
- Le deuxième, les conditions que ce système doit remplir pour atteindre son but ;
- Le troisième, comment la nouvelle Caisse d’épargnes remplit ces conditions ;
- Le quatrième et dernier, de quelle manière la Société d’Encourage-ment peut intervenir pour étendre l’influence de cette institution, si elle est, en effet, reconnue éminemment bienfaisante.
- Il ne saurait exister le moindre doute sur les avantages qui seront acquis à l’industrie, si l’on donne aux artisans les moyens de s’assurer, par une sage prévoyance, un asile contre la misère. Quand ils ne feraient que contracter, avec l’habitude des épargnes, celles de l’ordre et de la régularité dans la conduite, qui peut contester l’influence qu’elles auraient et sur la qualité et sur la quantité de la main-d’œuvre ? N’est-il pas évident que la quantité de travail sera plus grande, puisque l’ou-
- X 2
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- ( i58 )
- vrier ne pourrait pourvoir aux mêmes besoins sans travailler davantage, et que, pour augmenter son bien-être, il serait conduit à faire des efforts pour améliorer son ouvrage? Abandonnant les funestes pratiques, trop communes parmi le peuple, de consommer en un jour une grande partie du gain de la semaine, il économiserait avec soin tout ce qui ne serait pas rigoureusement nécessaire à l’existence de sa famille ; il cesserait de fréquenter les lieux où la santé et l’existence ne sont pas moins menacées que la fortune ; on verrait les habitudes vicieuses peu à peu se déraciner; et peut-être les maladies dont elles sont la source finiraient par être moins fréquentes et moins meurtrières, ce qui tendrait à augmenter encore la quantité du travail produit par la classe ouvrière. Mais une si grande amélioration morale ne sera-t-elle pas traitée de chimère? Le peuple, dira-t-on, est courbé sous le joug d’anciennes habitudes; il se console de sa misère par l’usage immodéré d’une boisson qui lui plaît d’autant plus, qu’elle lui fait oublier ses maux et ses fatigues, qu’elle l’étourdit et l’endort, en quelque sorte, sur un avenir douloureux. Sans doute il est difficile de corriger tout d’un coup cette partie de la population , qui est abrutie par le vice et la débauche; mais est-ce une raison pour renoncer à en préserver la génération qui s’élève? Bien plus, s’il est un moyen d’agir sur la multitude, c’est sans cloute en s’adressant au sentiment de l’intérêt personnel : et qu’on n’objecte pas qu’il faut craindre de lui inspirer l’avarice; elle aura toujours assez de tendance à la prodigalité, à une insouciance aveugle sur les besoins à venir. Or, vous exciterez à coup sûr l’attention du peuple en lui montrant des bénéfices certains, considérables même relativement, en lui faisant voir qu’il peut doubler un capital en une douzaine d’années, et qu’en continuant, pendant le même temps et tous les mois, une petite épargne de 12 francs, par exemple, il peut se procurer une somme de 2,400 francs pour un dépôt total qui n’aura pas excédé 1,700 francs. Si l’on réfléchit bien sur le caractère de l’habitant des campagnes, on peut croire qu’un seul exemple pareil, donné dans un village, en entraînerait beaucoup d’autres. Dans les villes, on éprouvera plus d’obstacles, parce qu’elles présentent plus d’attraits au goût du plaisir, plus de pièges à l’imprévoyance ; mais avec le temps on peut les surmonter. D’autres moyens, qu’on ne peut développer ici, serviront d’auxiliaires pour en triompher. Revenons aux classes ouvrières. Quel avantage les manufacturiers qui les conduisent ne retireraient-ils pas du système des épargnes ! S’ils se chargent eux-mêmes de les opérer au moyen des retenues, ils attachent leurs ouvriers à leurs maisons, à leurs intérêts;
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- ( l59 )
- ils leur donnent, non pas seulement l’espoir, mais la garantie assurée d’un sort meilleur, d’une augmentation de bien-être qui ne peut aller qu’en croissant, des soins qui seront prodigués à leur vieillesse et à leurs familles, des secours qu’ils recevront pendant leurs maladies. De là une affection réciproque entre les artisans et leurs chefs, et une plus grande union dans les familles des premiers. De là aussi plus d’attachement des ouvriers pour leur profession, plus de confiance dans leur sort, plus de décence et de dignité dans leur conduite. Une fois le sentiment de l’honneur excité dans leur âme, que ne doit-on pas en attendre, non-seulement sous le rapport moral, mais sous le rapport de l’avancement de l’industrie ?
- § n.
- Mais s’il est impossible de révoquer en doute l’influence que les habitudes de prévoyance et d’économie auront nécessairement sur la condition de la classe manufacturière et sur les progrès des arts, il n’est pas aussi facile de fixer ses idées sur le meilleur mode à suivre pour organiser un système d’épargnes. C’est ce que l’expérience a prouvé. Combien n’a-t-on pas vu, en France et dans le reste de l’Europe, d’essais infructueux, ou même funestes, tentés par la spéculation, par l’imprudence ou par une philantropie peu éclairée ? Il faut l’avouer, ce n’est pas sans de justes motifs que l’on éprouve de la défiance contre les placemens des Tontines. Il serait au moins superflu de faire ici l’énumération de celles qui ont échoué ou complètement manqué leur but, malgré les annonces fastueuses des fondateurs et le spécieux prétexte de la bienfaisance et de l’utilité générale. Mais il est permis d’examiner les bases sur lesquelles on avait assis ces établissemens, afin de marquer les écueils qu’il faut fuir, et de trouver la véritable route qui doit conduire au but.
- Trois modes principaux ont été suivis pour recueillir les épargnes et les faire fructifier. Dans le premier, elles produisent une rente viagère qui s’éteint avec l’individu, ou profite à un autre; c’est le cas des Tontines ordinaires. Dans le second, les épargnes sont versées pendant toute la durée de la vie, et à la mort elles ont produit un capital déterminé ; c’est le principe des assurances à vie.
- Dans le troisième, on reçoit aussi les épargnes pendant toute la vie, mais le capital qu’elles produisent est disponible à chaque moment. Les chances de la mortalité n’ont aucune influence sur la quantité de ce
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- ( <6° )
- capital ; et l’on connaît toujours avec certitude le produit auquel on a droit par ses mises continuées. Tandis que dans les deux autres méthodes, on combine les effets qui résultent du prolongement plus ou moins long de la vie des actionnaires , ici aucun des préteurs ne profite ni ne gagne à la mort dès autres ; et l’on voit quel avantage présente ce troisième mode sous le rapport moral.
- Les Tontines établies successivement en France, depuis i653, ont toutes fini malheureusement. C’était pour assurer les calculs sur lesquels repose ce genre d’institution , qu’il avait été dressé avec soin plusieurs tables de mortalité; mais presque toujours on a exagéré les résultats de ce calcul, et c’est la principale cause qui a fait tomber ces institutions, sans parler de l’esprit de spéculation, qui souvent a dirigé les fondateurs. On a reconnu que les probabilités les plus raisonnables sur la durée de la vie humaine ne s’appliquent point justement aux actionnaires des Tontines, parce que ces probabilités embrassent toute la population, c’est-à-dire une multitude d’individus qui ne peuvent ou ne veulent point être actionnaires. Ainsi, quelque avantageuses et même quelque sages que soient les combinaisons d’une Tontine, on aura toujours à redouter les effets d’un usage imprudent des tables de mortalité, à moins qu’on n’en construisît d’après les observations faites uniquement dans la classe des rentes viagères.
- Les assurances à vie ne furent autorisées, en France, qu’en 1787, et une Compagnie spéciale fut créée en 1788. Mais, par un décret du 17 frimaire an II, le privilège de la Compagnie fut aboli, et aucun autre établissement du même genre n’a été formé depuis cette époque. En Angleterre et en Allemagne, au contraire, il existe un assez grand nombre de ces Sociétés, dont le but, ainsi qu’on l’a dit, est de faire fructifier les épargnés de Factionnaire, malgré son décès, tandis que, dans celles des Tontines, le fruit expire avec la vie.
- Mais elles ont un reproche grave à combattre. En effet, le taux du bénéfice des actionnaires est calculé sur la durée de la vie. N’est-il pas fâcheux que l’on soit dans le cas de fonder une spéculation sur l’espérance dé la mort d’autrui? A la vérité, la morale n’est pas blessée davantage dans les assurances que dans les stipulations des testamens et dans les successions ordinaires.
- Il est d’autres inconvéniens encore dans ce système : en premier lieu, l’assuré perd d’autant plus qu’il vit plus long-temps ; en second lieu, si une mortalité plus grande que les calculs ne la supposent vient à régner parmi les actionnaires, il faut que l’établissement rembourse
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- ( i6' )
- tout d’un coup de grands capitaux, et il en résulte des pertes considérables.
- Tels sont les inconvéniens principaux des Tontines et des Caisses d’assurances à vie, et les causes qui ont fait échouer parmi nous ces divers genres d’établissemens. Si l’Angleterre a obtenu plus de succès, il faut l’attribuer à ce que l’on y a d’abord introduit un mode qui se rapproche du troisième système, que nous n’avons encore fait qu’indiquer. Ce qu’on appelle remote annuity, les annuités différées, procure à l’actionnaire la certitude d’obtenir, à un certain âge, une rente perpétuelle; mais s’il meurt auparavant, la perte est totale. En outre, les Anglais ont formé des Institutions de prévoyance proprement dites, saving banks, qui remplissent toutes les conditions, préviennent tous les dangers, et réunissent tous les avantages qu’on peut raisonnablement désirer. La solidité et l’excellence de ces institutions sont tellement reconnues, que le Gouvernement anglais et le Parlement leur ont donné une entière sanction. L’opinion unanime en avait déjà consacré les résultats. Nous passons sous silence plusieurs essais analogues, tentés parmi nous depuis trente ans, et nous arrivons à l’exposition des principes sur lesquels repose une institution bien entendue d’épargnes et de prévoyance, et exempte de tous les défauts que nous avons signalés: r°. l’équité rigoureuse doit présider à l’établissement, et chaque sociétaire doit retirer un produit exactement proportionnel à l’étendue et à la durée de ses pïacemens ; a°. les versemens successifs, quelque
- faibles qu’ils soient, doivent être reçus et s’ajouter au capital; 3°. l’administration doit être simple et peu dispendieuse; 4°- l’actionnaire doit avoir la faculté de retirer ses fonds dès qu’il en a besoin ; 5°. les intérêts doivent se cumuler et se capitaliser à des périodes plus rapprochées que le cours d’une année ; 6°. enfin , l’institution doit présenter
- toute la sûreté, toutes les garanties nécessaires pour dissiper jusqu’à l’ombre de l’inquiétude. En effet, c’est un devoir que de ne laisser aucun prétexte aux appréhensions de la classe ouvrière , qui va porter à l’Etablissement les fruits de son économie. Que veut-on obtenir de la classe malaisée? Des sacrifices, il ne faut pas se le dissimuler. Or, pour en venir à bout, ce n’est pas assez de promettre un gain, un avantage ; il faut encore en assurer la jouissance imprescriptible, en garantir la durée indéfinie.
- L obstacle qui s’oppose le plus ( et l’expérience l’a prouvé ) à la solidité du placement, c’est la dépense, trop souvent ruineuse, des frais
- d administration. Les bénéfices des actionnaires sont variables, bornés,
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- incertains; la dépense des agens est permanente, continue, inévitable, et quelquefois progressive. Ii faut donc s’attacher sur-tout à un mode qui entraîne le moins de frais possible; ou, ce qui revient au même, aider à ces frais par des moyens séparés, qui ne soient pas à la charge de l’entreprise.
- Si l’on n’offrait pas à l’actionnaire un produit de ses fonds, du moment même qu’il les a déposés, alors il n’aurait aucun intérêt à verser dans la Caisse, à toutes les époques et à mesure que ces épargnes sont réalisées. Alors aussi la tentation aurait le temps d’agir, et les épargnes seraient presque toujours détruites en naissant. Il faut, en quelque sorte, une force capable de les saisir, et cette force réside dans l’appât d’un intérêt immédiat et certain. En réglant, par exemple, cet intérêt tous les mois, il se cumule progressivement; et celui qui a versé un petit capital, le voyant accroître rapidement sans prendre aucune peine et courir aucune chance, n’est pas plus tenté de le retirer, que de garder chez lui les nouvelles épargnes qu’il rassemble; ou de les consommer en pure perte.
- Cependant ce serait un vice de l’institution que d’enchaîner sans retour l’actionnaire. Des motifs impérieux, des devoirs sacrés peuvent lui faire désirer son capital, et même sur-le-champ. Si cette faculté n’existe pas, il regrettera quelquefois ses calculs d’économie et une prévoyance funeste; si elle existe, au contraire, il satisfera, au jour du besoin, à des obligations rigoureuses. Il laissera même, s’il le veut, une partie de son capital, pour continuer à fructifier. Ainsi, le fonds et le revenu accumulé seront toujours disponibles ; et quels que soient ou puissent devenir la destination du capital et le vœu du possesseur, il pourra, dans tous les cas, les réaliser.
- Quel sera le meilleur mode à suivre pour l’emploi des sommes versées par les actionnaires? C’est une question qu’on a dû se faire déjà, et qui cependant ne peut être traitée ici qu’en passant. Il y a une foule de placemens plus ou moins sûrs, plus ou moins utiles; mais s’il existe un mode fructueux et en même temps propre à fortifier le crédit public, à développer l’esprit national, c’est à celui-là qu’il faut s’attacher de préférence. On trouve que ces avantages appartiennent au placement dans les fonds publics. D’abord, l’intérêt est toujours supérieur à 5 pour 100. La Caisse d’épargnes, acquérant journellement des rentes sur l’État, contribue à les soutenir sur la place. Les actionnaires sont ainsi intéressés à la stabilité des fonds, qui assure le paiement des annuités : ainsi leur cause est liée à celle de la prospérité publique. Au
- reste,
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- reste, quelque objection qu’on puisse faire contre la solidité du placement, il ne faut pas perdre de vue que, dans un bon système, le prêteur doit avoir constamment la faculté de retirer ses fonds sur-le-champ et sans aucune dépense.
- Avant de passer à l’exposition du nouveau mode d’épargnes qui vient d’être adopté, qu’il nous soit permis d’insister sur les immenses avantages qui sont attachés à une institution bien conçue ; tous sont dans l’intérêt des mœurs publiques. Qui pourrait nier que l’aisance plus généralement répandue conduit à l’amélioration des mœurs? De ce bien-être individuel découle la richesse publique. Puisque le trésor de l’Etat se remplit avec une portion de la fortune des individus, tout ce qu’on fera pour augmenter celle-ci doit refluer sur celui-là. Où l’impôt se paie-t-il mieux que dans les contrées où le commerce et l’industrie s’efforcent d’enrichir les particuliers ? Mais un bon mode d’épargnes est aussi un moyen d’augmenter considérablement la fortune des individus, puisqu’un accroissement de capitaux permet d’en consacrer une plus grande partie aux manufactures, aux opérations commerciales, aux spéculations agricoles. De là aussi plus de choix dans les plaisirs, plus de douceur dans les habitudes, plus de moralité dans la conduite. La misère est prévenue, la bienfaisance est guidée, et le bienfait n’est plus l’auxiliaire du vice. En vain des asiles nombreux sont ouverts à l’infortune , si le faux indigent usurpe la place du véritable pauvre ; en vain le mendiant est enfermé, si la mendicité est une ruse de la paresse. Des hommes valides recevront les secours destinés au malheur et aux infirmités; et tous les sacrifices du Trésor public, de l’opulence et de la charité seront insuffisans pour pourvoir à tous les besoins. Mais le secours de l’épargne est toujours présent; il soulage avec le fruit seul de l’économie, taudis que le fonds subsiste pour une autre fin; il n’avilit pas, comme l’aumône ou la prison; il élève, au contraire, et donne un sentiment de dignité personnelle. Celui qui possède, parce qu’il a travaillé, sent qu’il ne doit son bien qu’à lui seul; il a la conscience de sa force et de son intelligence ; il en recueille le prix honorable autant que salutaire.
- § III.
- Je viens à expliquer le système simple et ingénieux, au moyen duquel les créateurs de la nouvelle Caisse d’épargnes se proposent de réaliser cette grande amélioration. Il sera facile de voir, dans ce simple Dix-huitième armée. Mai 1819. Y
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- exposé, s’il réunit les conditions exigées, la sûreté des placemens, l’a-vantage des actionnaires, la cumulation du produit, la disponibilité des fonds, les garanties morales; enfin l’économie des dépenses. Il suffit en quelque sorte de citer le réglement adopté par la Société anonyme, le 22 mai dernier.
- Par l’article ier., la Caisse est obligée de recevoir jusqu’à i franc de dépôt.
- Par les articles 2, i5 et 19, on voit: i°. que l’emploi des versemens se fait en rentes sur l’Etat, aussitôt que le montant des épargnes s’est élevé à 00 francs de rente au moins ; 20. que tous les dépôts sont remboursables avec les fruits acquis et les bénéfices, au cas échéant de la cessation de la Société.
- Les articles g, 10, n, 12, 16, 18 et 20 sont relatifs au taux de 1 intérêt : ce taux est fixé toutes les années. L’intérêt se règle à la" fin de chaque mois, pour chaque somme de 12 francs. Le prêteur est libre de laisser à la Caisse d’épargnes chaque inscription de 5o francs, aussitôt qu’elle lui est acquise par les économies successives ; dans le cas contraire, la Caisse en perçoit à son profit les arrérages. Les bénéfices que fait l’entreprise contribuent à augmenter le taux de l’intérêt. Enfin, ce qui est directement le contraire de tous les anciens établissemens, les créateurs de celui-ci le dotent, chacun, de 5o francs de rente; ce qui accroît d’autant le capital, et aide aux frais d’administration.
- Les dépôts sont restitués au prêteur qui les demande, sur-le-champ ou sous huit jours au plus tard, ou intégralement, ou jusqu’à concurrence de la somme dont il a besoin. Quand il a droit à une inscription de 5o francs, elle est faite à son nom, et il peut la retirer.
- { Art. i3 et i5. )
- Les articles 7, 8 et 17 offrent des garanties certaines quant au choix des administrateurs et aux précautions à prendre pour assurer une bonne gestion, sur-tout par la publicité annuelle des comptes, qui se rendent tous les six mois à l’Autorité.
- Enfin, dans les articles 3, 4> 3 et 6, on voit que l’Administration ne sera point dispendieuse, comme il arrive toujours, puisque la Caisse est dotée, que le local est gratuit, enfin que la gestion est faite gratuitement par vingt-cinq directeurs, qui s’obligent pour cinq ans.
- C’est du sein de la Compagnie royale d’assurance qu’est sortie cette grande pensée, c’est elle qui concède le local nécessaire aux bureaux. Les fondateurs de la Caisse d’épargnes, qui appartiennent tous à cette Compagnie, ont déposé 1,000 francs de rente en faveur de l’entreprise. Tous sont
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- connus à Paris par un crédit justement mérité, par l’habitude de la bienfaisance; et la plupart des noms qu’on voit figurer sur celte liste de bienfaiteurs appartiennent, soit aux institutions philantropiques de cette capitale, soit à la respectable Administration des hospices; de manière qu’aucune association charitable n’a jamais présenté plus de sûretés morales et réelles. Par surcroît de garantie, les fondateurs se sont soumis aux formes prescrites par les lois pour les Sociétés commerciales, bien qu’il n’en puisse résulter pour eux aucun bénéfice que la satisfaction d’avoir fait le bien et concouru à une oeuvre de libéralité.
- Nous avons encore à faire connaître quel est le produit de l’épargne, cumulé mois par mois, selon les statuts de la Caisse. Il sera facile de
- donner des tables calculées d’avance pour toute espèce de placement,
- si le taux était constamment le même, et si le prêteur renouvelait le meme dépôt tous les mois, ou périodiquement. Mais le taux de l’intérêt doit être fixé chaque année. En second lieu, on a voulu, avec raison, laisser la plus grande latitude pour les époques ainsi que pour
- la quotité des versernens. Cependant, pour fournir une idée du mon-
- tant des produits cumulés , on donnera ici deux tables calculées par M. Francœur, dans les suppositions précédentes. La première fait connaître le montant de l’accumulation d’un dépôt périodique de 12 francs chaque mois pendant quarante-cinq ans, l’intérêt étant fixé sur le pied de 5 pour 100, et réglé mois pour mois. La seconde donne le produit de 5o francs déposés une fois pour toutes, et calculé pour douze années. Une troisième table fournit le produit d’une somme de 25 francs, renouvelée tous les semestres , avec les intérêts cumulés de mois eu mois , toujours au taux de 5 pour 100. Ce cas rentre dans celui du nouvel établissement, puisqu’une fois le capital élevé jusqu’à la valeur de 5q francs de rente , 011 ne règle plus les intérêts que tous les six mois, dans le cas où ce capital est laissé à la Caisse; et cela de la même manière que les rentes sont servies par le Trésor : à la vérité, ces derrières ne sont pas acquittées eu un seul jour.
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- Résultat de Vaccumulation d’un Dépôt périodique de 12 francs chaque mois, avec les intérêts à cinq pour 100 par an, mais réglés et calculés pour chaque mois.
- Ans, Dépôt. PE-ODUIT. Ans. Dépôt. Produit.
- 1 f. 144 f. 147.966 24 f. 3,456 f. 6,686.5oo
- 2 288 3o3.4S6 2 5 3,6oo 3,7 44 7,176,583
- 3 432 467.006 26 7,691.742
- 4 5j6 638.866 27 3,888 8,233.255
- 5 720 819.524 28 4,o32 8,802.468
- 6 864 1,009.424 29 4,176 9,400.824
- 7 1,008 1,209.038 3o 4>32o 10,029.780
- 8 I , 1 52 1,418.867 31 4,464 10,690.632
- 9 D296 1,639.426 1,871.280 32 4,608 11,355.888
- 10 i,44o 33 4,752 12,116.411
- 11 1,584 2,114.966 34 4,896 12,884.333
- 12 1,728 2,071.177 35 5,040 13,691.5o3
- j3 1,872 2,640.466 36 5,184 14,540.000
- i4 2,0 1 6 2,923.533 37 5,328 i5,43i.900
- i5 2,1 ÔO 3,221.o85 38 5,472 16,369.445
- 16 2,3o4 3.533.857 39 5,6i 6 17,554.940
- J7 2,448 5,862.6.34 40 5,760 18,090.876
- 18 2,5q2 4,208.237 4i 5,904 !9,479.8l3
- 2,736 4,57 I .502 42 6,048 20,624.46 1
- 20 2,880 4,953.385 45 6,192 2 l ,827.680
- 21 5,024 5,354.582 44 6,336 23,092.458
- 22 5,168 5,776.742 45 6,480 24,422.000
- 23 3,312 6,220.276
- Produit d’un Dépôt unique de 5o francs, fait une fois pour toutes, avec ses intérêts cumulés par mois, ci 5 pour 100 par an.
- Mois. Produit. Mois. PRODUIT. Mois. Produit. Ans. Produit.
- 1 f. 5o.208 13 f. 52.777 25 1'. 55.477 4 t. 6 r .046
- 2 5o.4*8 14 52.997 26 50.709 5 64.1 69
- 3 50.628 i5 53.218 27 55.940 6 67.452
- 4 50.839 16 53.44° 28 56.174 7 70.903
- 5 5i .o5o >7 18 53.662 29 56.408 8 74.531
- 6 51.140 53.886 3o 56.643 9 78.344
- 7 5i.4?7 19 54.111 31 56.879 10 82.355
- 8 51.691 20 54.336 32 67.116 11 86.566
- 9 5i .907 21 54.562 33 57.354 12 90.995
- 10 52.120 O 2 54.789 55.oi 8 34 57.593
- 11 52.340 20 35 57.833 j
- 12 52.55ç 2.4 55.248 36 58.074
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- Produit d’un Dépôt de nS francs, opéré à chaque semestre, avec les intérêts cumulés de mois en mois, à 5 pour ioo par an.
- Semestres. Dépôt. PRODUIT. Semestres. Dépôt. Produit.
- f. f. f. f.
- 1 25 25.63o 7 i75 193.600
- 2 5o 51.908 8 200 224. i3i
- 3 75 78.847 . 9 9/2.5 255.422
- 4 100 106.47 5 10 2 5o 287.525
- 5 125 134*793 11 2 y5 320.768
- 6 15o i63.83i 12 3oo 354-126
- Nous nous abstenons de présenter ici les calculs par lesquels on peut trouver le produit d’une somme donnée, dont les versemens seraient renouvelés à des époques quelconques , ou interrompus tout-à-fait, ou enfin différens du dépôt primitif. Il n’est pas très-difficile de ramener tous ces cas à ceux des tables ci-dessus; bornons-nous à donner, d’après les mêmes tables, des exemples des produits cumulés.
- Qu’un ouvrier mette chaque jour de côté 6 à 7 centimes, au bout de quarante ans il a gagné 3,000 francs. S’il est en état d’épargner 12 francs par mois, c’est-à-dire six fois autant, au bout de l’année il a 148 francs pour un dépôt total de i44 francs; mais au bout de quarante-cinq ans, il a acquis un capital de 24,422 francs, pour un dépôt de 6,480 francs, c’est-à-dire que son fonds a presque quadruplé;
- Que cet ouvrier dépose 5o francs, une fois pour toutes, sans plus faire aucun versement, en douze ans, il a 91 francs; en quatorze ans environ, la somme est doublée ;
- Enfin , si cet homme verse 25 francs tous les six mois , après six ans, il a 354 francs i3 centimes, pour un dépôt total de 3oo francs seulement.
- § IV.
- Maintenant que nous avons fait voir quels rapports existent entre la prospérité de l’industrie et la nature du nouvel établissement, il nous reste à chercher comment les vues de la Société d’Encouragement peuvent se concilier avec quelques mesures propres à contribuer à son succès. Ici , un exemple tout récent, et bien digne d’être imité, vient se présenter à notre esprit. Cet exemple a été donné par l’un de nos collègues, aussi recommandable par ses lumières, par son zèle philan-
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- tropique et par de grands services, que par un nom illustre. Placé par le Gouvernement à la tête de deux grands établissemens d’industrie, pépinière d’habiles artistes, il a encore sous sa tutelle de nombreux ateliers, qui ont changé de face le pays où il les a fait naître. Ayant naguère des récompenses à décerner aux ouvriers les plus habiles et les meilleurs, il a conçu l’heureuse idée de convertir ces récompenses en placemens sur la Caisse d’épargnes. Grande leçon donnée à tous les manufacturiers, qui sentiront l’avantage de s’attacher ainsi les familles ouvrières ! L’autorité de l’exemple donné par M. le duc de la Rochefoucauld est sans doute propre à inspirer une grande confiance, à éclairer l’opinion des chefs de manufactures et à diriger leur conduite. Que n’est-il permis ici de présenter l’intéressant tableau de la distribution solennelle des récompenses accordées aux ouvriers de Liancourt, et de répéter les paroles paternelles que leur a adressées notre collègue, pour leur faire sentir le mérite de la nouvelle institution! Il semble, en effet, que c’est le complément de toutes les améliorations de 1ère actuelle. L'instruction primaire appartient désormais à tous les enfans du peuple; tous pourront acquérir par la pratique des élémens du dessin, une plus grande aptitude aux arts utiles; ils feront, dans une petite bibliothèque populaire, des lectures choisies; enfin, après avoir acquis par des leçons salutaires l’habitude et le goût du travail, ils seront sûrs de pouvoir en conserver et en augmenter le fruit.
- Il appartient à la Société qui consacre si noblement ses efforts à la prospérité de l’industrie française, d’accorder aussi sa sanction à une œuvre éminemment patriotique. Elle peut le faire de plusieurs manières : i°. en invitant les manufacturiers à concourir au succès de l’institution, soit par le placement des gratifications qu’ils accordent ordinairement, soit par leur influence et leur crédit sur l’esprit des ouvriers ; 2.0. en priant le Ministre de l’intérieur, protecteur naturel de la Caisse d’épargnes, de transmettre ce rapport aux Chambres de commerce et aux Sociétés de prévoyance établies à Paris , et de le faire répandre parmi les chefs de manufactures, dans toutes les villes et les pays de fabriques; 3°. en faisant insérer ce rapport au Bulletin, soit en entier, soit par extrait , et distribuer en même temps le rapport fait par M. Francœur à la Société pour l’enseignement élémentaire.
- Telles sont les conclusions que vous soumet, Messieurs, la Commission spéciale à laquelle vous avez renvoyé l’examen des bases de la nouvelle Caisse d’épargnes et de prévoyance.
- Adopté en séance, le 2.7 janvier 1819. Signé Jomard, rapporteur.
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- JY. B. On doit à un anonyme un exposé excellent des avantages de la Caisse d’épargnes, mis à la portée du peuple, dans un dialogue simple et lumineux, et précédé d’un morceau sur l’enseignement mutuel: ces -deux articles remplissent un petit almanach, qui se vend 25 centimes, chez Madame Huzard et chez M. Colas, sous le titre de Bonheur du
- ixæsaBSmàamma——-
- OUVRAGES NOUVEAUX.
- De l’Industrie française, par MX. le comte Cliaptal (1).
- M. le comte Chaptal, qui a servi les arts et l’industrie comme manufacturier habile, comme chimiste distingué, comme Ministre de l’intérieur et comme fondateur de la Société d’Encouragement , vient d’acquérir de ; nouveaux droits à leur reconnaissance par les deux volumes qu’il a récemment publiés sur XIndustrie française. N’est-ce pas servir encore l’industrie que de l’encourager en lui présentant le tableau de ses progrès, en lui montrant la carrière qui lui reste à parcourir, en dirigeant ses pas dans la route qu’elle doit suivre ?
- Son ouvrage est divisé en quatre parties principales.
- La première est consacrée à mettre sous nos yeux l’état et l’importance de nos relations commerciales, immédiatement avant la révolution.
- Dans la seconde partie, M. Chaptal parie des progrès qu’a faits l’agriculture française depuis cette époque, et des causes auxquelles on peut attribuer ces progrès.
- îl s’est proposé un double objet dans la troisième partie : c’est d’abord de reconnaître les progrès que les arts mécaniques et les arts chimiques ont faits, en France, depuis trente ans; et, en second heu, d’apprécier les valeurs annuellement produites par leur moyen, comme aussi la quantité de ces produits, qui s’appliquent à la consommation intérieure et celle qui est exportée.
- Enfin, dans une quatrième partie, qui est toute de doctrine, l’auteur examine les mesures que, dans l’intérêt public, il convient que le Gouvernement prenne, par rapport aux manufactures et au commerce.
- U laudrait beaucoup plus de place que n’en peut offrir le Bulletin, pour indiquer seulement les observations instructives qui viennent en
- lO Deux volumes In-3°. , chez Renouard , libraire, rue Saint-André-des-Arts, n°. 55.
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- foule remplir ce cadre. Je ïi’en'potirrai'Bi^iaier que queUjues-unes, prises au hasard.
- L’auteur paraît d’abord frappé du changement que vingt-deux années de bouleversemens et de guerres ont opéré dans toutes nos relations commerciales. Des peuples anciens se sont fondus ensemble; des nations autrefois unies se sont séparées ; des colonies autrefois sujettes sont devenues des nations; les besoins, les goûts, les facultés, tout a changé. « Aujourd’hui, comme aux premiers jours de son enfance, le commerce est réduit à des essais, à des entreprises plus ou moins hasardeuses : il est forcé de s’ouvrir de nouvelles routes, de chercher de nouveaux débouchés. On ne pourra en présenter le tableau qu’au moment où ses opérations seront fondées sur l’expérience, et ses relations solidement établies. »
- C’est sur-tout l’émancipation de l’Amérique méridionale qui nous offrirait des chances favorables. « Si elle était un jour régie par un Gouvernement éclairé, sage et protecteur, dit, à ce sujet, M. Chaptal, elle offrirait en peu de temps au commerce un bien plus vaste champ que celui qu’el-e a présenté jusqu’ici. Une population plus nombreuse et plus industrieuse, une culture plus étendue et plus parfaite, la libre disposition du sol et des facultés humaines, y multiplieraient les moyens d’échange, augmenteraient les consommations, et ouvriraient à notre commerce un débouché plus important que ne pouvaient être, pour nous, l’Espagne et ses colonies il y a trente ans. »
- On trouvera avec plaisir, dans la première partie de l’ouvrage, l’état de ce qu’étaient, en 1789, nos exportations et nos importations avec la Péninsule espagnole, avec celle d’Italie, avec les états de l’Allemagne, ceux du Nord, l’Angleterre, les États-Unis, les Barbaresques et les Echelles du Levant. Les relations de l’Europe avec l’Inde ont éprouvé les plus notables changemens. Ce que nous tirions de ces vastes contrées était, avant la révolution , principalement des étoffes de coton qu’on employait blanches, ou que nos fabriques ornaient de leurs dessins. Maintenant que les mécaniques nous procurent une main-d’œuvre moins chère encore que celle des sobres et patiens habitans des bords du Gange, nous tirons de l’Inde des denrées d’une toute autre espèce : du sucre, de l’indigo, du coton en laine. Mais jamais l’Europe n’a pu payer, avec ses produits, la totalité des achats qu’elle faisait en Asie; il a toujours fallu y envoyer des monnaies d’argent, qui s’y évanouissent à mesure, comme un fleuve qui se perd dans les sables, sans qu’on sache ce qu’elles deviennent.
- Relativement
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- Relativement aux progrès de notre agriculture, M. Chaptal les attribue principalement à la suppression des privilèges , à la division des propriétés, à l’égale protection que les lois actuelles, lorsqu’elles sont bien exécutées, accordent au patrimoine du pauvre et à l’héritage du riche. Voici une remarque assez fine, que je n’avais encore vue nulle part. « Le nombre prodigieux des mutations qui ont eu lieu, depuis trente ans, dans les propriétés, et la création d’un pjus grand nombre de propriétaires, ont dû naturellement contribuer à l’amélioration de l’agriculture : une longue expérience nous apprend que le possesseur nouveau d’une portion quelconque de terre en soigne la culture avec plus d’ardeur que l’ancien; il cherche à en augmenter le produit, et n’épargne rien pour y parvenir ; il défriche tout ce qui lui paraît susceptible de culture ;-il; plante par-tout où la terre lui paraît favorable; il ne se repose que lorsqu’il a réalisé toutes les améliorations possibles. » Les propriétaires aisés que les événemens de la révolution ont conduits à se faire cultivateurs eux-mêmes, ont, déplus, fourni de bons exemples aux villageois, et ont contribué aux succès de l’agriculture. De meilleures méthodes se sont introduites par-tout; par-tout de mauvaises routines ont été abandonnées. Les jachères disparaissent peu à peu; on alterne avec plus d’art les cultures ; un grand nombre de plantes variées et de racines, dont les unes-servent à la subsistance de l’homme et les autres à la nourriture des animaux, se propagent de plus en plus, et il en résulte plus de bestiaux, plus d’engrais et une succession de récoltes qui rapprochent la culture de nos champs de celle de nos jardins. Ces considérations générales sont mêlées d’indications pratiques intéressantes. En voici un exemple ;
- « Un principe d’après lequel;Je cultivateur doit constamment diriger sa conduite, c’est qu’une plante qu’on coupe en fourrage au moment de sa floraison engraisse la terre, taudis que celle qu’on laisse grener l’appauvrit et l’épuise. Il paraît que, jusqu’au moment de la fructification, la plante se nourrit de la décomposition de l’eau et des gaz qui l’entourent, et quelle, ne pompe les sucs nutritifs contenus dans le sol que lorsqu’elle forme ses, fruits : de là vient qu’une plante fauchée plusieurs ;années ;de suite avant sa maturité, dispose la terre à nourrir plusieurs, récoltes successives sans;fumier, et que celle qu’on a laissé grener l’épuise à; tel point qu’il faut nécessairement fumer le sol pour le rendre de nouveau fertile. »
- Quel que soit l’intérêt des considérations de M. Chaptal sur les vicissitudes i de, notre . commerce et sur les .progrès de notre agriculture,
- Dix-huitième année. Mai 181 q. ^
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- on ne peut refuser de convenir que celles qui ont rapport à nos manufactures présentent un intérêt encore supérieur. Une remarque qui, pour avoir été faite bien des fois, frappe néanmoins toujours d’éton-nement, c’est que les orages politiques ont été, dans tous les temps et dans tous les pays, favorables à la prospérité des nations. Le grand éclat que jetèrent le commerce et les arts dans la Grèce accompagna et suivit la guerre du Péloponèse, espèce de guerre civile, d’ailleurs bien affligeante par ses circonstances et par ses résultats. L’agriculture et les autres arts ne brillèrent de tout leur éclat, dans l’Italie ancienne, qu’après les guerres civiles de Mari us et de Sy lia, de César et de Pompée, et durant cette longue lutte de la république contre la monarchie. Le siècle auquel Léon X eut le bonheur non mérité d’attacher son nom suivit deux cents années de déchiremens intérieurs dans tous les Etats de la moderne Italie. En France, la première moitié du règne de Louis XIV dut peut être son éclat à la Fronde. La puissance de l’Angleterre date de ces temps orageux qui virent tomber la tête de Charles Lr. La Hollande n’était rien : elle fut une puissance, et les Hollandais un peuple riche, dès qu’ils eurent péniblement secoué le despotisme et la religion de Philippe IL
- Des crises à peu près pareilles, en France, donnent lieu à des observations analogues ; mais ce qui rendra les résultats futurs bien plus importans encore dans ce cas-ci, c’est que le mouvement des esprits ne s’est pas borné à un seul pays, qu’il a embrassé les deux hémisphères, et qu’il est accompagné d’une de ces époques brillantes dans l’histoire des sciences, où chaque dixaine d’années représente un siècle par les découvertes qu’elle enfante. A vrai dire , les sciences ont absolument changé de face depuis cinquante ans ; et les arts industriels dont elles sont la base, affranchis presque en même temps du régime des rëglemens et des maîtrises, ont pu se livrer à toutes les tentatives, user de tous les moyens, se proposer tous les buts utiles. C’est le tableau de leurs efforts, et (dans une multitude de cas) de leurs succès, que M. Chaptal avait à présenter. Déjà deux savans illustres, MM. Biot et Cuvier, avaient esquissé les progrès des sciences durant la même période ; mais c’était en savans et en orateurs qu’ils s’étaient exprimés , plutôt qu’en artistes ; déjà M. Costaz avait signalé la plupart de nos conquêtes industrielles ; mais c’était en administrateur qu’il les avait jugées, M. Chaptal a fondu ensemble ces deux manières de les considérer. Il a parlé, de plus, en négociant et en manufacturier; et son expérience, comme son savoir, aidés delà facilité qu’il a eue de pouvoia
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- puiser dans les documens officiels, donnent à son ouvrage un caractère d’utilité pratique qui en relève le prix, mémë après ceux qu’on nous a donnés sur le même sujet.
- « Le temps n’est pas encore bien loin , dit-il, où le fabricant se méfiait des conseils du savant, et cette méfiance était fondée. Dans l’état d’imperfection où était la chimie, elle ne pouvait se rendre compte de presque aucun phénomène ; les applications d’une fausse doctrine égaraient souvent l’entrepreneur, au lieu de le diriger; mais, du moment que la chimie est devenue une science positive, et qu’on a vu des chimistes servir utilement tous les genres d’industrie , le mur de séparation est tombé; la porte des ateliers leur a été ouverte; on a invoqué leurs lumières ; la science et la pratique se sont éclairées réciproquement..... Aujourd’hui l’impulsion est donnée ; on ne doit plus craindre
- de voir se ralentir la marche des arts utiles ; à peine une découverte est-elle faite dans les laboratoires, qu’elle passe dans les ateliers. »
- Parmi les exemples qu’on peut citer en grand nombre , se présente le moyen d’épurer les huiles de graines par l’acide sulfurique, qui en sépare et précipite le principe mucilagineux. Les huiles végétales que nos départemens du Nord produisent en abondance, ont pu dès-lors être employées pour les veilleuses et pour les lampes à courant d’air, où l’on ne pouvait brûler, dans l’origine, que les huiles de poisson. Ce bel éclairage, devenu par là moins dispendieux, s’est répandu d’une manière prodigieuse; les lampes se sont perfectionnées, multipliées, embellies à un point dont nous ne sommes pas nous - mêmes assez frappés, parce qu’il est arrivé graduellement, mais qui étonnerait bien un homme qui se serait endormi pendant trente-six ans, et qu’on promènerait tout à coup dans nos appartemens , dans nos boutiques, dans nos spectacles. Pourquoi faut-il que le génie fiscal poursuive le génie des arts? On sait que les Droits-Réunis ont atteint les huiles après avoir atteint les vins; et il n’est pas aisé de leur faire lâcher prise.
- On savait depuis long-temps qu’en mettant en contact des peaux d’animaux avec de l’écorce de chêne pulvérisée, les peaux changeaient de nature; qu’elles devenaient incorruptibles, en même temps que plus dures et plus pesantes ; mais on ignorait la cause de ce changement. Sans doute la connaissance du fait suffisait pour approprier les peaux aux usages de la société ; mais la connaissance de la cause était nécessaire pour pouvoir maîtriser et perfectionner cette opération. Du moment que la nature du principe tannant a été connue, l’opération a été rendue plus prompte et plus parfaite; ce qui n’était qu’une routine a reçu ses
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- principes de la science, et la tannerie est aujourd’hui un de nos arts les mieux connus.
- La théorie ingénieuse que MM. Clément et Desormes ont donnée de la formation de l’acide sulfurique, a porté ce produit à sa perfection, puisqu’il est prouvé par l’analyse qu’il n’y a pas un atome de soufre perdu pendant l’opération. Le bas prix auquel la chimie est parvenue à livrer au commerce d’autres acides minéraux, tels que les acides muriatique et nitrique, a produit une révolution dans les arts, parce que, dans plusieurs opérations, on a pu remplacer des agens dispendieux par l’action de ces acides.
- Ce n’est que depuis peu d’années que le charbon animal, qui était le rebut de nos fabriques de sel ammoniaque, et dont on couvrait les chemins, a été employé au raffinage de sucre, où son usage est devenu général.
- La chimie nous a fait connaître la différence qui se trouve entre la fonte, le fer et l’acier, et ce qui se passe dans la transformation de ces produits; elle nous a enseigné à corriger leurs défauts, à leur donner les qualités qui leur manquent pour être propres aux emplois qu’on leur destine. C’est depuis lors seulement que nous avons pu fabriquer, en France, les scies, les faulx, les aiguilles, les limes, et une foule d’autres instrumens que nous étions obligés de tirer de l’étranger.
- Il faut être juste. Beaucoup de découvertes sont l’œuvre du hasard ou des temps antérieurs; mais dans ces cas-là, du moins', notre siècle a souvent eu l’art d’en tirer parti et de les-appliquer aux besoins de l’homme.
- «Jadis les découvertes des savans, dit M. Chaptal, restaient stériles dans leur porte-feuile ou dans les mémoires des Académies, sans que le fabricant parût se douter que leur application pût être utile à ses opérations. C’est ainsi que la presse hydraulique, découverte il y a plus d’un siècle et demi par Pascal, est restée presque ignorée jusqu’à ces derniers temps , où les arts l’ont exhumée pour obtenir une pression qu’aucune autre force ne peut opérer avec le même avantage.
- Une preuve bien sûre de l’extension que les arts industriels ont prise en France, depuis trente ans, est l’accroissement> qu’on observe dans Fextraetion du charbon de terre. La chaleur, on le sait, est un agent nécessaire pour presque tous les arts; dans beaucoup d’entre eux, c’est l’agent principal. La chaleur qu’on obtient du charbon de terre est presque tout entière employée par eux : l’usage que l’on fait de ce combustible dans les foyers domestiques, en France, est peu de ehoser
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- Or, d’après un travail publié en 1794, le produit des mines de houille s’élevait à 2,5oo,ooo quintaux métriques; et en j8i5, M. Cordier, inspecteur divisionnaire des mines, a prouvé que l’extraction des mines de l’ancienne France, pour une année moyenne, prise sur les trois années précédentes, a été de 8,200,000 quintaux métriques. En admettant que sur cette quantité 700,000 quintaux aient servi au simple chauffage, la consommation des arts industriels seulement aurait triplé!
- Si l’on se demandait comment se consomment les fruits d’une production si prodigieusement accrue, il suffirait de remarquer que notre population s’est augmentée d’un cinquième, et qu’elle est mieux accommodée qu’avant la révolution, mieux nourrie, mieux vêtue, mieux logée. Quant à ceux qui s’étonnent qu’après avoir perdu le débouché de nos colonies, nous trouvions encore l’écoulement de notre superflu, je me permettrai de ne pas prendre part à leurs lamentations. Consommons-nous moins de sucre? Buvons-nous moins de café et de chocolat qu’au-trefois? Bien certainement non. En ce cas, nous n’envoyons pas à l’étranger moins de nos produits qu’autrefois ; car nous ne pouvons payer ces denrées d’outre-rner qu’avec ce que nous produisons, et nous ne produisons ni or ni argent. On n’achète ce que l’on consomme qu’avec ce que l’on produit; que l’achat soit fait à des colons libres, ou bien à des colons régis par des intendans d’Europe, nos intérêts, comme nation, ne sont pas plus lésés d’une façon que de l’autre.
- Après avoir parlé des progrès de notre industrie manufacturière, M. Chaptal cherche à évaluer ses produits annuels ; mais il convient lui-même de l’incertitude des données que l’on rassemble ordinairement pour un pareil travail. Adam Smith avoue qu’il n’ajoute pas grand’foi aux tableaux de statistiques. Si j’osais me permettre d’ajouter une réflexion à celle de ce grand maître, ce serait que les meilleurs tableaux en ce genre, fussent - ils exacts, ne servent guère qu’à satisfaire une stérile curiosité. Ce qu’il y a de vraiment utile en économie politique, c’est de se rendre capable de remonter aux causes des faits et d’en prévoir les résultats. Or, rien n’enseigne cela, qu’une étude approfondie de la nature intime des choses et de la manière dont les faits se lient entre eux.
- J.-B. Say.
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- Le Guide des Artistes ? ou Répertoire des arts et manufactures ; par M. Armonville , secrétaire de l’Administration du Conservatoire des arts et métiers (1).
- Les personnes qui se livrent à la recherche de quelque découverte nouvelle, celles qui s’occupent du perfectionnement des machines ou des procédés imaginés par d’autres , ont besoin de connaître ce qui existe déjà, soit en France, soit chez l’étranger, et qui a des rapports plus ou moins éloignés avec l’objet de leurs investigations. Mais, faute d’un guide sûr, elles sont exposées à commettre des erreurs ou des omissions d’autant plus fâcheuses, qu’on les suppose volontaires de leur part, plutôt que de les attribuer à l’ignorance des documens déjà publiés. En effet, nous voyons des artistes dont les idées se rencontrent souvent avec celles d’autrui, et qui leur laissent le regret d’avoir travaillé inutilement : heureux si on ne les accuse pas de plagiat !
- C’est pour prévenir cet inconvénient, que M. Armonville a composé l’ouvrage que nous annonçons, et dont l’utilité ne saurait être contestée. Attaché, par ses fonctions, à ce vaste dépôt de machines et de modèles en tout genre, qui atteste le génie de notre nation, il a recueilli de précieux renseignemens, soit dans cet établissement, soit dans plusieurs ouvrages publiés sur les arts ; il les a classés dans un ordre méthodique et alphabétique, de manière à en rendre la recherche facile et à mettre le lecteur à portée de comparer les différentes machines ou instrumens destinés à atteindre un même but, d’acquérir la connaissance des procédés nouveaux et d’en faire un bon emploi.
- Ce travail pénible et fastidieux, qui mérite d’être favorablement accueilli du public, laisse quelque chose à désirer sous le rapport de son étendue, l’auteur s’étant borné à consulter un petit nombre d’auteurs français et un seul journal étranger. Il existe une foule de traités et de recueils sur les différentes branches des arts, publiés tant en France qu’en Angleterre et en Allemagne, qui lui offriront une ample collection de matériaux, dont il s’empressera sans doute de profiter lorsqu’il donnera une deuxième édition de son Pdpertoire.
- (i) Un volume in-12 , de 400 pages. A Paris, chez Madame Huzard, libraire , rue de l’Eperon, n°. 7, et chez Chaigneau, libraire, rue de la Monnaie, n°. 11.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HUZARD (née Vallat la Chapelle), rue de i’Eperon-Saint-André-des-Arts , n°. 7.
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- DIX-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CLXXX.) JUIN l8ig.
- il.. ' ’V> J- : 1’.1‘U'/
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Note sur un nouveau système d?embarcation, proposé par
- M. Castéra.
- M. Castéra a présenté à la Société d’Encouragement le modèle d’une nouvelle embarcation sûre et rapide, qu’il propose pour servir aux prome^ nades sur l’eau, dont le goût, selon lui, serait plus généralement répandu, si l’on n’avait à redouter les inconvéniens des bateaux et nacelles ordinaires. Cette embarcation se compose de deux batelets jumeaux, réunis par des traverses et des cordes croisées en sautoir, pour maintenir leur parallélisme, et sur lesquels s’étend un plateau offrant un accès facile aux voyageurs ou promeneurs, qui y seront commodément assis; l’intervalle des deux batelets permet d’en réduire la capacité au volume d’eau qu’ils doivent déplacer, en raison de la charge qu’ils auront à soutenir. Le plateau repose sur deux traverses qui entrelient les bateaux ; ces traverses y sont fixées par des espèces de chevilles ouvrières ayant le jeu nécessaire dans une entaille longitudinale, pour que, si l’un des batelets venait à être frappé latéralement par des corps étrangers, il pût céder momentanément à l’obstacle sans transmettre la commotion au plateau, ni en déranger l’équilibre.
- A 1 arrière, est un prolongement en saillie, qui sert de chemin et de
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- galerie' pour l’embarquement et le débarquement, c’est en même,.temps la place d\iii rameur ; un autre rameur serait placé à l’avant.
- M. Castêra pense que l’assiette de ces embarcations les rend propres à recevoir des roues^ramesotivolans,R qui seraient posées à l’extrémité des bateaux, et^qoi| plus ou' moins plongées à tribord ou à bâbord , feraient tourner l’embarcation à volonté, et tiendraient lieu de gouvernail. f T ri/
- Le Comité des arts mécaniques, qui a pris connaissance du projet de l’auteur, observe que l’idée de jumeler les bateaux n’est pas nouvelle; qu’on a tenté ce moyen plitsieiifs fois dans les ports, soit pour donner plus de stabilité aux navires, soit pour diminuer les dangers de i’é-chouage, soit pour mieux, résister aux coups .de veut et aux efforts des vagues. De là sont nés les bâtimens à deux ou plusieurs quilles, et dif-férens modèles de bateaux de sauvetage, qui n’ont cependant pas fait abandonner les embarcations ordinaires. Le meme moyen a été proposé récemment pour les bateaux à vapeur ; on a considéré que les grandes roues extérieures étant exposées au choc des rives ou des corps flot-tans, il serait préférable de placer une seule roue entre deux bateaux jumelés; enfin, sur la Seine meme, nous avons depuis long-temps l’usage d’un système de navigation composé de deux bateaux accouplés, et qui sont connus sous le nom de margolas ; mais ils ne sont destinés qu’au transport des marchandises.
- Le Comité pense que les fonds plats seraient préférables à la forme effilée que M. Castéra donne à ses bateaux, parce que, tout en favorisant la marche, elle exige un trop grand tirant d’eau. Il y aurait aussi à examiner si un seul bateau ponté ne satisferait pas à la plupart des considérations qui ont frappé l’auteur, et si son projet présente les avantages qu’on ne peut attendre que du temps et de l’expérience.
- Néanmoins, comme tout est à faire sur la Seine pour l’agrément des promenades, le Comité est d’avis qu’on ne saurait trop applaudir aux efforts des artistes qui recherchent les moyens de perfectionner les transports par eau, et, sous ce rapport, la proposition de M .Castéra lui semble mériter d’être accueillie.
- Nous observerons que depuis long-temps on se sert, en Allemagne, pour aller sur les étangs à la chasse des oiseaux aquatiques, d’une embarcation analogue à celle dont il s’agit, et qui est connue sous le nom de traîneau cl’eau ( wasser-schiitten ). On peut donner telle forme qu’on désire aux flotteurs parallèles sur lesquels le plateau est établi ; seulement ils doivent être terminés en pointe aux deux extrémités, en ayant
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- soin que la pointe de l’arrière doit plus aiguë que celle de l’avant; on pourrait employer aussi de petits batelefs ; mais y dans tous les cas, il est important de conserver à leurs faces intérieures la forme plane, c’est-à-dire que les flotteurs doivent présenter les deux moitiés d’un bateau que l’on aurait coupé par un plan vertical passant par l’axe de la quille; sans cela, il y a resserrement du fluide entre les deux flotteurs, et Fembarcatiofl serait difficile à manœuvrer, tandis qu’elle doit avancer avec rapidité, et facilité. Au reste, çe radeau a beaucoup de stabilité, et on peut le transporter sur tous les points sans craindre de chavirer.
- M. Hoyau, mécanicien, rue Saint-Martin, n°. 299, a construit une embarcation de ce genre,: portant deux personnes, et dont la flottaison est de 4 à 5oo livres ; il l’a essayée avec succès sur le bassin de la Vil-lette, au mois d’août;de l’année dernière ; et il offre de la céder aux amateurs qui désireraient répéter ses expériences.
- Nous ajouterons qu’on voit en ce moment, sur la Seine, des embarcations aussi élégantes que commodes, destinées aux promenades sur l’eau; elles vont à voile et à rame, et sont construites sur le principe des chaloupes de navires ; il y en a de plusieurs dimensions.
- Note sur la fabrication des tonneaux par machines.
- Nous avons rendu compte, dans notre Bulletin N°. CLXVII, du mois de mai de l’année dernière, page i3y, des moyens employés à Glasgow, en Ecosse, pour fabriquer les tonneaux par machines. Cette industrie, aujourd’hui importée en France, promet des résultats avantageux; c’est pourquoi nous croyons utile de publier les détails suivans, qui compléteront ce que nous avons à dire sur ce sujet.
- Il y a à Port-Dundas une manufacture de tonneaux, où douze à quinze ouvriers fabriquent, par jour, plus de six cents barriques de toutes dimensions.
- Les bois sont amenés par un canal communiquant avec la mer, et par conséquent avec l’Ecosse septentrionale. Le principal moteur est une machine à vapeur, qui fait agir des seies circulaires S, fg. 1, PL 175, faites avec de la tôle d’acier, et tournant rapidement dans une espèce d établi E, fendu pour leur donner le jeu nécessaire. Les planches ou pièces de bois P sont présentées par le bout et de champ à la scie circulaire, et poussées à bras sur l’établi, qui est bien lisse. Leur épaisseur est déterminée et réglée par l’éloignement d’un ais de bois A, fortement
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- fixé à l’établi, et à une distancé de"'la scie égale à l’épaisseur qu’on veut donner à la planche'; la pièce de bois glissant contre l’ais est mordue à cette épaisseur.
- Comme la scie tourne rapidement, les pièces de bois peuvent être coupées très-vite, un trait de scie de 6 à 8 pieds de long n’exigeant pas plus d’une minute.
- Pour scier en travers, on a des établis d’une forme particulière, qui ne portent point d’ais. On présente le bois en 'travers à la scie, et une minute suffit pour couper Une pièce d’un pied de diamètre.
- Pour donner au merrain la forme courbée des douves, on le présente à une scie circulaire que l’on voit en élévation en S, fig. 2, et qui tourne entre deux bâtis ou établis EE^, l’un grand, l’autre petit; sur le plus grand de ces bâtis est pratiquée une rainure ER, garnie d’une pièce de métal, afin qu’elle s’use moins et qu’elle glisse mieux.
- Cette rainure sert à diriger la course d’un châssis C C, dont on peut suivre la forme par des lignes ponctuées, et qui est armé de deux goujons de fer a a entrant librement dans la rainure; il se meut aisément en glissant sur l’établi de R en R'.
- On fixe sur ce châssis la planche ou le merrain P P, et lorsqu’elle y est bien assujettie, on avance le châssis, de manière que la planche se présente aux dents de la petite scie tournante S. En achevant de pousser l’équipage de R en R', il est évident que la scie décrira le trait de scie désigné par la ligne ponctuée c d> laquelle a la courbure exigée pour une douve de tonneau. On observera que la planche P est fixée sur le châssis avec une légère inclinaison proportionnée au chanfrein qu’on veut donner à la douve.
- Lorsque le trait de scie est donné sur un bord, on ramène le châssis et on retourne la douve pour la façonner sur l’autre bord. Les douves n’étant jamais bien épaisses, ce trait de scie est donné promptement, ce qui permet de faire sur chaque établi plusieurs douves par minute. Comme la scie est d’un petit diamètre, elle passe sans être gênée dans une fente courbe. Son axe est armé en A d’une poulie qui reçoit le mouvement du moteur.
- Il y a des établis de différentes dimensions, et des rainures de diverses courbures, suivant la grandeur et la forme des tonneaux qu’on veut fabriquer.
- Les scies tournantes en usage dans cette manufacture sont exposées à une prodigieuse fatigue, et ne servent jamais une demi-journée sans avoir besoin de réparation; aussi y a-t-il un atelier uniquement des-
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- îiné à réparer les lames de scie. On en coupe les dents au balancier, à la manière des emporte-pièces. La pièce de tôle d’acier qu’on taille ainsi est posée sur une plate-forme, qui avance d’un cran chaque fois que le balancier tombe et emporte l’entre-deux des dents.
- Les fonds des tonneaux s’exécutent aussi par le même moteur; après que les planches qui les composent ont été assemblées, on les assujettit sur une plate-forme tournante. On fait ensuite descendre, à l’endroit marqué pour la circonférence, une espèce de ciseau tranchant, qui, à mesure que la plate-forme tourne , enlève circulairement tout le bois superflu et rend le fond parfaitement rond.
- Pendant que le mouvement de rotation continue, on présente à la circonférence du disque des espèces de rabots inclinés, qui font, en dessus et en dessous, les talus des bords du disque ; cette opération est aussi prompte que toutes les autres, et remplace une façon longue et toujours moins régulière lorsqu’elle est donnée par la main du tonnelier.
- La matière des tonneaux varie suivant les usages auxquels ils sont destinés. On en fait en bois blanc pour la pêche du hareng, qui a lieu dans le nord de l’Ecosse, ainsi que pour rapporter du sucre des îles ; on en fabrique en chêne pour le rhum. Les tonneaux employés pour le sucre sont envoyés pleins de houille aux Antilles ; ceux destinés au rhum sont expédiés pleins d’étoffes de coton, qui sont garanties ainsi de toute espèce d’humidité. Cela vaut mieux que le meilleur emballage ; celui-ci a l’avantage d’être lui-même une marchandise qui augmente de prix par l’usage qu’on en fait.
- D’autres tonneaux s’expédient sans être montés en cercles ; on fait des bottes de douves toutes préparées, qui, arrivées au lieu de leur destination, ont seulement besoin d’être cerclées; elles vont principalement aux possessions anglaises d’Amérique et aux Etats-Unis.
- Dans la même fabrique et par les mêmes procédés, on refend des planches excessivement minces, pour faire des tamis et des feuillets de bois précieux polir la marqueterie, pour couvrir le dos des brosses, etc. Avec les rognures de bois, on fait de l’acide pyroligneux, qui sert de mordant à la teinture.
- Le même procédé de scies circulaires tournantes est employé avec un grand succès à Portsmouth, pour faire les poulies de la marine; ce qui procure au Gouvernement anglais une immense économie. C’est à un Français, M. Brunei, que les Anglais doivent cet établissement.
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- Description d’une écluse à poutrelles, pour régler la direction
- des cours d’eau (1).
- Les écluses à poutrelles, dont l’usage est si commun en Hollande, sont connues dans quelques départemens de la France ; mais elles sont ignorées ou du moins peu pratiquées dans le plus grand nombre. Cependant , il n’est pas de machine plus simple ni plus utile. Avec son secours, on divise un cours d’eau en autant de bassins que l’on désire; on crée à volonté, et pour ainsi dire à chaque heure, des niveaux plus ou moins élevés; on se procure des chutes au moins temporaires quand le volume d’eau ne suffit pas pour qu’elles soient continues, et les usines en profilent.
- De simples soliveaux bien équarris glissent dans une rainure ou coulisse en bois, et vont se poser sur un radier aussi en bois; on en place les uns sur les autres autant qu’on veut; un coin les serre par le haut; l’eau fait gonfler le bois, et on a un batardeau ou une vanne parfaitement bonne et solide. On voit avec quelle facilité on enlève ou l’on pose deux, trois, quatre poutrelles : par ce moyen, on se rend entièrement maître du cours des eaux. Craint-on une sécheresse, on ajoute deux ou trois poutrelles, et l’on opère une retenue, qui facilite l’irrigation des terres ou le service d’une usine.
- Craint-on une inondation, une fonte de neige, on enlève à chaque écluse quelques poutrelles, et on sauve tout un pays de la submersion; en un mot, on manoeuvre comme on le désire.
- L’usage de cette machine si simple, si peu coûteuse, paraît à M. de Chassiron tellement important, qu’il voudrait qu’on ne pût jamais établir des radiers ou digues permanentes dans les fleuves et rivières quelconques, que jusqu’à la hauteur moyenne du cours des eaux, et qme la retenue nécessaire pour les usines fût toujours opérée par des poutrelles placées sur le radier des écluses (2). Avec leur secours et un agent capable de les diriger, on éviterait ces accidens, ces inondations si funestes, qui, dans quelques heures, enlèvent ou les récoltes, ou les travaux construits pendant de longues années.
- (1 ) Extrait de l’ouvrage de M. de Chassiron, sur la législation et les réglemens nécessaires pour les rivières non navigables et flottables et les cours d’eau.
- (2) Il est d’autres barrages mobiles connus, tels que les portes battantes ou les vannes à bascule, etc/; mais ces machines sont plus compliquées, plus dispendieuses, et ne conviennent qu’aux grandes entreprises, aux cours d’eau navigables et flottables.
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- Le modèle gravé Pl. 17$ offre une amélioration importante dans la construction de l’écluse à poutrelles. Ce sont les poteaux en bois qui fournissent les moyens de donner à cette écluse jusqu’à 12 mètres d’ou-verfure, sans multiplier les piles en pierre toujours dispendieuses, et ne permettant que l’emploi de poutrelles de 4 mètres de longueur; l’essai en a parfaitement réussi.
- Explication des figures de la Pl. 17 5.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures,
- Fig. 5, Elévation fie l’écluse à poutrelles.
- Fig. 4, Plan horizontal.
- Fig. 5, Une des poutrelles, vue séparément.
- Fig. 6, Deux poutrelles posées l’une sur l’autre, montrant la manière dont les anneaux entrent dans le bois.
- Fig. y, La pile en bois C vue isolément.
- À A, Piles en pierre de taille placées à 6 mètres 32 centimètres de distance l’une de l’autre.
- B, Solive surmontant les piles, au-dessous de laquelle doivent passer les bateaux. Cette solive doit être disposée de manière à laisser entrer et sortir les poutrelles des rainures ou coulisses r r pratiquées dans les piles A A.
- C, Pile en bois, portant de chaque côté une coulisse de 16 centimètres de largeur, dans le même pian vertical que les rainures ou coulisses des piles A A.
- Cette pile doit entrer à tenon libre dans la solive ou radier D, et à mortaise de côté dans la solive B, où elle doit être fixée par un boulon à écrou e. Elle se pose et s’enlève à volonté.
- D, Solive placée au fond du canal ; elle sert de radier et est engagée dans les piles A A.
- E E, Remblai de l’écluse.
- P P, Poutrelles de 3 mètres 82 centimètres de longueur, et de 16 centimètres d’équarrissage, destinées à monter et descendre dans les coulisses AA et C. Ces poutrelles portent, à chacune de leurs extrémités, un anneau en fer nn, qui entre dans une cavité de la poutrelle supérieure (voyez fig. 6). On enlève ces poutrelles à volonté par le moyen des crochets m m.
- US. B. Pour les cours d’eau de peu de largeur, on peut substituer des piles en bois aux piles en pierre; mais dans celles-ci comme dans
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- celles en maçonnerie, il faut toujours pratiquer des coulisses ou rainures, pour recevoir les poutrelles.
- Si le cours d’eau n’a que 3 à 4 mètres de largeur, la pile C devient inutile; mais s’il a plus de 7 mètres, il faut trois piles. En général, pour être solides, les poutrelles ne doivent jamais avoir plus de 3 à 4 mètres de longueur. Un coin les serre par le haut; le bois enfle par l’humidité. Les poutrelles forment alors une vanne solide, mais à laquelle on donne telle hauteur que l’on veut.
- Extrait d’un rapport fait par M. Gillet de Laumont, sur
- un mémoire de M. Lavocat, relatif auæ maçonneries en
- briques.
- La facilité, la célérité des constructions en briques et leur solidité, sont depuis long-temps reconnues. M. Lavocat, ancien officier au Corps royal du Génie, 11e partage cependant pas entièrement cette opinion. Persuadé que les maçonneries n’avaient pas encore acquis toute la solidité dont elles sont susceptibles, il a fait, en 1798, dans l’hôpital militaire d’Ostende, diverses expériences dont voici les résultats.
- Il a fait construire une cloison , composée de trois châssis égaux en charpente, qu’il a remplis de briques différemment disposées.
- Le premier châssis contenait des briques, dans lesquelles M. Lavocat avait fait pratiquer cinq à six eufoncemens d’environ un centimètre de côté sur les larges faces, et un creux angulaire à chacune de leurs extrémités ; ces briques, plongées jusqu’à saturation dans un mortier très-liquide, furent placées dans le cadre avec du gros mortier ordinaire.
- Le deuxième châssis était garni de briques sans enfoncemens, qui avaient été plongées jusqu’à saturation dans une eau de chaux vive, obtenue par le mélange d’un décimètre cube de chaux par hectolitre; elles furent réunies avec du gi'os mortier.
- Le troisième châssis contenait des briques ordinaires trempées dans de l’eau douce, et placées avec du mortier /in, suivant l’usage habituel.
- M. Lavocat laissa ces constructions sécher pendant quatre mois, puis il les renversa par des moyens égaux de destruction. Le premier châssis résista comme 8, le second comme 3, et le troisième comme un.
- L’auteur annonce avoir répété différentes fois cette expérience, et avoir obtenu des résultats analogues. Il croit que des briques moulées
- avec
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- C'i85)
- avec des renfoncemens seraient très-avantageuses pour la construction des murs, celle des voûtes, etc. Il regarde l’emploi du gros mortier pour des briques pareilles, comme bien préférable à celui du mortier fin, et il s’appuie sur des constructions romaines qu’il a vues au Capitole, où les lits de mortier, qui avaient jusqu’à 4 centimètres de hauteur, étaient composés de sable mêlé à de très-gros graviers, dont l’adhérence était si grande, que l’on ne pouvait les détruire que très-imparfaitement à coups de pic; il observe que la chaux employée en Italie est infiniment supérieure à celle dont on se sert dans beaucoup d’autres pays.
- Les enfoncemens pratiqués par M. Lavocat dans les différentes faces des briques sont faciles à exécuter lors du moulage (i), et paraissent très-favorables pour réunir les briques entre elles par le mortier, qui, entrant dans ces cavités, les lie d’une manière infiniment plus solide que par la méthode ordinaire, où le mortier est posé sur des surfaces unies, et souvent à sec.
- A l’égard de l’état de division du mortier, pour lequel M. Lavocat préfère celui fait avec de gros graviers, il peut avoir raison, avec des briques à enfoncemens et pour des lits épais, qui auraient une consistance assez grande pour résister à la pression des matériaux qu’ils doivent supporter.
- Quant à la solidité des constructions anciennes et nouvelles, il paraît que ce qui y contribue beaucoup est la qualité de la chaux et la manière de Véteindre, si bien décrite dans l’ouvrage de M. Ficat, qui a constaté que la plus tenace était celle éteinte à l’air ; ensuite celle éteinte par immersion momentanée dans l’eau, que M. Sage a nommée, il y a long-temps, chaux éteinte à la romaine; enfin, que la plus mauvaise était celle noyée dans l’eau , ainsi que nous le pratiquons ordinairement.
- Quelques personnes ont pensé que la grande solidité des constructions anciennes, indépendamment de la qualité et de la manière d’éteindre la chaux, dépendait de l’épaisseur que l’on donnait ordinairement aux murailles, d’où résultait une lente dessiccation, qui facilitait l’action de la chaux sur le sable, sur le gravier, et formait du tout une espèce de brèche; M. le rapporteur en a cité plusieurs exemples, et s’en est souvent entretenu avec le célèbre Montgolfier, qui était du même avis.
- 0) M, Dufougerais a observé que, dans l’ouest de la France,on pratique avec les doigts des enfoncemens dans les briques, ce qui vient à l’appui des expériences de 1VI. Lavocat,
- Dix—huitième année. Juin i8iq. h b
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- C >86 )
- Il est à désirer que des constructions en briques à renfoncemens soient exécutées en grand, pour convaincre les propriétaires des avantages de cette méthode.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Gillet de Laumont, au nom du Comité des arts économiques, sur des tuiles en fonte de fer, fabriquées par M. Bernard Derosne ? maître de forges} à la Grâce-de-Dieu (Doubs).
- Les couvertures en ardoises, si agréables par leur légèreté et leur aspect, sont souvent enlevées par les vents, et ne durent jamais long-temps ; celles en tuiles, plus solides, sont lourdes, se couvrent de plantes parasites et ont une durée bornée ; les unes et les autres sont sujettes à de fréquentes réparations.
- On a cherché, en Autriche, à remplacer les tuiles par des feuilles de tôle, et, récemment, par une composition imperméable à l’eau, qui enveloppe tantôt un tissu lâche de roseaux, tantôt un tissu de laine grossière. Ces couvertures ont l’avantage d’une grande légèreté ; mais les premières étaient facilement détruites par la rouille ; la composition et la durée des dernières ne sont pas encore assez connues (i).
- M. Bernard Derosne, maître de forges au fourneau de la Grâce-de-Dieu, près de Besançon (Doubs), a présenté à la Société des tuiles bien plus légères et bien plus solides que celles en terre cuite ; elles sont composées de plaques minces en fonte de fer, qui, abstraction faite d’un prix plus élevé, présentent de grands avantages.
- Ces tuiles, de fonte assez douce, s’attachent avec deux clous; elles sont plus grandes que celles en terre cuite , ayant 36 centimètres de hauteur ( i3 pouces un quart), et près de a5 centimètres de largeur ( 9 pouces ) ; leur épaisseur n’est que de 4 millimètres ( i ligne et demie) ;
- (i) On a proposé, il y a dix ans, de remplacer les tuiles et les ardoises par des cartons incombustibles, composés de chiffons de laine , et trempés dans de l’eau de chaux, après avoir été passés au laminoir} ces cartons, quoique durs et cassans, ont été employés avec succès en Suède et en Allemagne. On se rappelle aussi les toitures en papier, recommandées par M. London pour les bâtimens d’agriculture, et décrites dans le Bulletin N°. CXIIÏ, douzième année, page 263.
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- elles sont plates en haut et en bas, pour être recouvertes par les supérieures et couvrir les inférieures, comme les tuiles ordinaires ; les bords des côtés sont inégalement relevés, l’un est gros et l’autre petit; le premier, légèrement conique, relevé en cintre d’environ 4 centimètres de diamètre (i pouce et demi), est destiné à recouvrir le petit rebord de la tuile voisine, et ainsi alternativement.
- Il résulte de cette disposition que les tuiles, mises en place, présentent une surface à peu près unie, avec des nervures arrondies descendant suivant la pente du toit, et analogues aux jointures des couvertures en plomb. Elles sont solidement assujetties latéralement, et joignent très-bien haut et bas sans avoir besoin de faire correspondre, comme pour les ardoises et les tuiles ordinaires, les joints de deux tuiles voisines au milieu d’une tuile inférieure, afin d’empêcher l’eau de s’introduire en dessous. On sait que les tuiles en terre, dites grand moule, se recouvrent de 8 pouces, et ne laissent que 4 pouces de pureau apparent, ce qui oblige d’en mettre par-tout trois l’une dessus l’autre; au lieu que, pour la même hauteur, il suffit de deux tuiles de fonte, lesquelles se recouvrent seulement de 7 centimètres ( 2 pouces et demi ).
- Le prix de 100 kilogrammes de tuiles de fonte est de 3o francs, pris à la forge, et de 4° francs, rendus à Paris. En les faisant déborder de 7 centimètres l’une sur l’autre, il en faut cinquante-quatre pour couvrir une toise carrée, ce qui ( à raison de 3 kilogrammes la tuile ) porte le poids à 162 kilogrammes seulement, et la valeur à 64 francs 80 centimes.
- Si l’on compare ces tuiles avec celles en terre dites grand moule, venant de Bourgogne, on trouve qu’il faut cent quarante-quatre de ces dernières pour couvrir une toise carrée; à la vérité, la dépense n’est que de i4 francs, mais le poids s’élève à 33o kilogrammes au moins. U y a donc en faveur des tuiles de fonte une durée pour ainsi dire éternelle, presque aucune dépense d’entretien, et un poids inférieur de plus de moitié, qui permet d’employer une charpente plus légère.
- Il paraît que plusieurs propriétaires ont reconnu les avantages de ces tuiles ; car 011 en a déjà fait en France, et il en existe même à Paris depuis cinq ans. Les deux petits pavillons placés de chaque côté de la grille de l’Observatoire, et ceux des concierges du marché Saint-Martin, sont couverts en tuiles pareilles, dont les rebords saiîlans, au heu d’être arrondis, sont anguleux. Çes tuiles, fondues au Creusot, sont un peu plus grandes et plus chères que celles du département du Doubs; mais ces toitures surbaissées comme celles composées de tuiles
- B b 2
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- creuses en terre font un très-bon effet. M. Tramoy, propriétaire des beaux moulins de Gray ( Haute-Saône), et M. Pardonnet, propriétaire des forges des sources de la Loue ( Doubs ), ont fait usage des tuiles fabriquées par M. Derosne, sur de vastes bâtimens, et en ont été très-satisfaits.
- Nous devons les détails consignés dans le Tableau suivant à 1 obligeance de MM. Bruyère y directeur des travaux publics de Paris; Vau-doyer, architecte de l’Observatoire, et jtndelle. Nous y avons ajouté ceux relatifs aux tuiles de M. Derosne.
- Tableau de la dépense comparative de la couverture d'une toise carrée de surface, en ardoises, en tuiles de terre cuite et en tudes de fonte de fer provenant du Creusot et des forges de M. Derosne.
- NATURE des 4RDOISES d’Angers TUILES en terre de T UI en fonti du f LES î de fer des forges de la
- matériaux employés. Bourgo »ne. Creusot. Grâce de*Di 2U.
- fr. C. fr. C. fr. c. fr. C.
- Poliges pour l’ardoise, 9 toises, à 35 fr. le cent. 3 i5 » 33 33 33 33 33
- Trente lattes, en chêne, pour la tuile, à 1 fr. 5o c.
- la botte )) 33 33 88 33 33 33 33
- Une toise carrée de planches de sapin rainée, pour i
- les tuiles en fonte 33 )> 33 33 15 33 i5 i 33 '
- Clous 33 65 y> 55 1 5o 1 5oi
- Cent soixante-quinze ardoises, à 45 fr. le mille. . 7 8 7 33 33 33 33 33 33 j
- Clous à ardoises, trois quarts de livre, à 80 fr. le
- cent 33 60 33 33 33 J) 33 »
- Cent quarante-quatre tuiles de Bourgogne, grand
- moule, à cf fr. le mille. 33 33 i3 68 33 33 33 33
- Cinquante luiles de fonte du Creusot, pesant chacune 3 kilogrammes et un quart, à 55 fr. les
- 100 kilogrammes 33 3? >3 33 89 5o 33 33
- Cinquante-quatre tuiles de fonte des forges de la Grâce-de-Dieu, de 3 kilogrammes chacune, à
- 4o fr. les 100 kilogrammes n 33 y> 33 33 33 64 80
- Mastic de vitrier, pour empêcher l’eau de remonter sous les tuiles de fonte, 8 kilogrammes
- 33 33 33 33 8 « 8 33
- Façon et faux frais de couvreurs et d’un garçon
- pour la pose 3 5o 2 20 3 45 3 45
- Huile de lin et litharge, pour tremper les tuiles
- de fonte chaudes 33 33 33 7 3i 7 3i
- Peinture à Vhuile grasse, et rebouchages » y> 33 33 2 23 2 23
- 15 77 17 1 ] 33 33 33 33
- Bénéfice pour la couverture en ardoises et en tuiles
- de terre cuite, un sixième. .......... 2 63 2 85 compris d£ ins le prix.
- fr. C. fr. C. fr. c. fr. C.
- Totaux 18 40 *9 96 126 99 102 29
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- Observations.
- Il nous semble qu’avec quelques changemens que nous allons indiquer, on obtiendrait de l’économie dans l’emploi de ces tuiles de fonte. Dans l’état actuel, on les attache avec deux clous sur des planches de sapin, pour qu’elles y soient fixées assez solidement; le prix de ces planches est de i5 francs par toise carrée.
- i°. Ne pourrait-on pas former à la fonte, dans la partie supérieure de chaque tuile, un crochet un peu recourbé, plus solide que ceux des tuiles en terre, ce qui, sans changer les habitudes du couvreur, rendrait ces tuiles aussi faciles à placer et à déplacer? Cette disposition n’exigerait que l’emploi, de lattes plus fortes (iou la moitié seulement des planches servant à supporter les tuiles de fonte, d’où résulterait une diminution dans le poids et une économie de 7 francs 5o centimes au moins par toise carrée.
- 20. On pourrait couler ces tuiles plus longues et plus larges, ce qui, en augmentant la grandeur des pureaux, diminuerait le nombre des recouvremens, ainsi que le poids et la dépense.
- 3°. En adoptant quelques dispositions faciles à exécuter lors du moulage, on éviterait l’emploi du mastic de vitrier, qui coûte 8 francs pour une toise carrée.
- 4°. Enfin, il serait possible de trouver un enduit plus économique que la peinture indiquée au prix de 9 francs 54 centimes par toise.
- Il résulterait de ces divers changemens que la toise carrée des tuiles en fonte de la Grâce-de-Dieu ne reviendrait qu’à environ 80 francs au lieu de 102 francs. Si ces tuiles sont encore quatre fois plus chères que celles de Bourgogne, il faut considérer que leur nombre est réduit d’un quart, à raison de la moindre élévation des toitures, et que la charpente, qui d’ailleurs peut être en sapin, à cause de la légèreté des tuiles, éprouvera la même réduction. Ainsi, la dépense totale des tuiles en fonte serait du double au plus des tuiles en terre cuite ordinaires.
- Dans tous les cas, il faudra donner aux côtés les moins relevés un peu plus de hauteur que dans les tuiles présentées par M. Derosne, afin d’intercepter le passage de la pluie lorsqu’elle tombe avec une grande abondance.
- (1) Les lattes pour les côtés des ailes de moulin à vent, faites en bois de châtaignier, et nommées lattes à moulin, étant plus longues et plus fortes, seraient très-propres à cet usage.
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- Conclusions.
- Les tuiles en fonte de fer de M. Derosne offrent de grands avantages par leur propriété de résister infiniment mieux aux ouragans que les ardoises et même que les tuiles en terre cuite ; de joindre parfaitement les unes sur les autres, de manière à ne laisser passer ni l’eau ni la neige, et d’être, par cette raison, moins sujettes à propager le feu; de permettre d’employer des toitures moins élevées, moins dispendieuses, plus agréables à la vue, et qui présenteront en outre la ressource de livrer un passage facile pour porter des secours en cas d’incendie.
- Par ces motifs, joints à ceux d’une durée presque éternelle, d’une plus grande légèreté et de l’économie dans la construction des charpentes, nous pensons que ces tuiles, malgré leur cherté actuelle, conviendront particulièrement aux établissemens destinés à avoir une longue durée, tels que ceux formés par le Gouvernement ou par de grands propriétaires, dont les fonds, souvent appliqués à de grosses et fréquentes réparations pour les couvertures, ne peuvent suffire à des constructions nouvelles.
- En conséquence, nous avons l’honneur de proposer à la Société de publier ce rapport dans son Bulletin, pour répandre la connaissance d’une invention aussi utile.
- Adopté en séance, le 5 mai 1819.
- Signé Gillet de Laumont , rapporteur.
- Extrait cPun rapport fait par M. Mérimée 9 au nom du Comité des arts chimiques 5 sur des crayons de diverses couleurs, fabriqués par M. Chaix, de Briançon, département des Hautes-Alpes.
- Après avoir fait connaître la composition des crayons de M. Chaix, qui n’ont pas encore atteint le degré de perfection réclamé par les arts, M. le rapporteur pense qu’il conviendait d’indiquer à ce fabricant les moyens de rectifier ses procédés et de préparer des crayons artificiels aussi parfaits que les meilleurs crayons naturels, tels que la plombagine, la sanguine et les pierres noires ou blanches employées dans le dessin.
- Quels que soient la couleur des crayons et leur plus ou moins de fer-
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- meté, suivant leur destination, ils doivent être d’une pâte très-fine et parfaitement homogène; il faut qu’on puisse les tailler facilement, que leur pointe se maintienne, et que, sans effort, sans qu’on soit obligé de les mouiller, ils marquent sur le papier et y adhèrent; enfin il ne faut pas qu’ils se décomposent dans l’eau.
- D’après cela, on doit regarder comme vicieux tout procédé qui a pour base l’emploi des mucilages, des colles ou d’autres substances solubles dans l’eau ; car les crayons ainsi préparés se décomposent dès qu’ils sont mouillés.
- Cependant, à cet inconvénient près, dont on se préserverait avec quelques précautions, on peut préparer de cette manière des crayons d’un bon usage. Ceux que fabriquait, il y a trente ans, M. Desmarest, quoique décomposables par l’eau, étaient fort recherchés par les artistes, parce qu’ils étaient d’une pâte très-fine et parfaitement égale.
- Conté, en s’occupant de la fabrication des crayons artificiels, laissa bien loin derrière lui ceux qui l’avaient devancé. Aussi ses premiers essais furent généralement accueillis et parurent ne rien laisser à désirer ; de même que les crayons naturels, iis avaient l’avantage de ne pas se détremper dans l’eau.
- Son procédé, qui est décrit dans le premier volume des Brevets d’invention, consiste à mêler, dans de certaines proportions, de l’argile pure avec la matière dont on veut composer lés crayons, à bien broyer le mélange, à mouler les crayons dans la forme qu’on veut leur donner, puis à les faire sécher, et enfin à les cuire dans un creuset.
- Les crayons noirs étant faits avec des charbons, qui sont une matière combustible, il faut les mettre à l’abri du contact de l’air, en les entourant de poussière de charbon, et les recouvrant avec de la cendre et du sable, puis lutant soigneusement le creuset.
- La dureté des crayons dépend de la proportion d’argile qu’ils contiennent, de l’intensité et de la durée du feu dont on leur a fait éprouver l’action ; toutes ces conditions sont faciles à régler de manière à obtenir constamment les mêmes résultats.
- Ce procédé est parfaitement applicable à la préparation des crayons rouges et noirs, et même à celle des crayons jaunes; car, quoique les ocres deviennent rouges au feu, on peut maintenir leur couleur par le même moyen qu’on emploie pour faire des briques jaunes, lequel consiste à mêler avec la terre ordinaire environ un huitième de marne.
- Mais le mélange de l’argile soumis ensuite à l’action du feu ne con-
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- vient pas à la préparation de tous les crayons colorés, beaucoup de matières colorantes dont on fait des pastels ne résistant pas au feu; il faut alors recourir à d’autres moyens, et il en est plusieurs qui peuvent être employés avec succès. On peut substituer des matières résineuses à des dissolutions de colle ou de gomme , et il y a lieu de croire qu’on se servirait avantageusement de la gomme-laque dissoute dans l’esprit-de-vin ; car, avec la cire à cacheter, on trace des lignes sur le papier. Or, si au lieu d’être colorée par du vermillon elle l’était par de la plombagine, ce serait un véritable crayon, trop dur à la vérité, mais qui le serait aussi peu qu’on voudrait, si la résine était proportionnellement diminuée.
- Enfin, le procédé à l’aide duquel on prépare les bétons, les cimens hydrauliques, peut encore être appliqué avec quelque espoir de succès, et peut-être obtiendrait on ainsi des pâtes de crayon qui auraient le caractère onctueux de la sanguine ou de la pierre d’Espagne, improprement appelée pierre d’Italie.
- Quel que soit le procédé qu’on adopte, la condition essentielle à remplir, c’est de préparer la pâte des crayons de manière qu’elle soit d’une extrême finesse, et de la mélanger parfaitement avec le corps employé pour lui servir de lien.
- C’est donc à perfectionner le mode de trituration que le fabricant doit s’appliquer. Il faut même qu’il s’attache à rendre ce mode absolument indépendant de l’attention des ouvriers; car, quelque surveillance qu’il exerce sur eux, il n’est pas possible que les matières qu’il leur donnera à broyer aient toujours le même degré de finesse.
- Par cette raison, la trituration à la molette sur une pierre plate ne convient pas à une grande fabrication. Elle est d’ailleurs trop lente, et serait par conséquent dispendieuse. L’emploi des meules dont on se sert dans les fabriques de porcelaine paraît, à M. Mérimée, préférable; toutefois il est indispensable d’y joindre la lévigation, comme on le pratique en Allemagne, dans les fabriques de blanc de céruse.
- On placerait, l’une à côté de l’autre, des caisses d’une égale capacité, mais de hauteurs différentes, de manière que le trop-plein de la plus élevée se déversât successivement dans les caisses inférieures. D’après cette disposition , on conçoit que si la matière déjà broyée est mise dans la caisse la plus haute, et qu’elle soit délayée par un courant d’eau ( ce qu’on peut encore faciliter avec un agitateur ), l’eau continuant d’affluer débordera dans les caisses inférieures, entraînant les particules devenues légères par leur division. Plus il y aura de
- caisses,
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- caisses, plus la matière qui se déposera dans les dernières aura de ténuité (i).
- M. le rapporteur conseille à M. Chaix de s’attacher d’abord à fabriquer de bons crayons noirs et rouges, qui sont ceux dont on fait le plus d’usage; ensuite il ne lui sera pas difficile de faire des pastels de toutes couleurs, et, s’il le veut, il pourra les enchâsser dans du bois, comme on le fait à Nuremberg. Il est très-facile de préparer quelques crayons excellens ; mais dans une fabrication considérable il s’en trouve toujours quelques-uns de mauvais : tel est cependant le point de perfection auquel doit tendre un fabricant; s’il ne l’atteint pas, il ne peut se promettre un succès assuré ni durable.
- Nouveau procédé de blanchiment des Jïls et tissus de chanvre et de lin $ par Al. yVm. Cïeland.
- Les perfectionnemens que l’auteur a ajoutés au procédé ordinaire du blanchiment du lin et du chanvre consistent dans l’emploi de la levure artificielle, obtenue par la fermentation de diverses substances saccharines et farineuses, telles que les pommes de terre, les carottes, turneps, pois, la farine de froment, d’orge, etc. Les moyens de convertir ces substances en levure étant connus, M. Cleland se borne à donner des détails sur l’opération qu’il pratique, et pour laquelle il emploie de préférence les pommes de terre, comme se trouvant partout en abondance et étant à très-bon marché.
- Premier procédé. Pour un tonneau ( 2,000 livres ) de fil ou de tissu de lin, on prend un demi-tonneau de pommes de terre qu’on fait bouillir dans 5oo gallons ( le galion vaut 4 litres) d’eau, jusqu’à ce qu’elles soient réduites en une bouillie bien claire et sans grumeaux, qu’on verse ensuite dans un grand cuvier de bois. La liqueur étant refroidie jusqua 60 ou 70 degrés du thermomètre de Fahrenheit, on y ajoute un seau de levure qu’on a mis en réserve d’une opération précédente. Au bout de trois à quatre jours, selon la température, toute la masse aura subi la fermentation acéteuse, et sera convertie en levure artificielle. C’est alors seulement qu’elle est propre au blanchiment, après l’avoir étendue d’une quantité d’eau suffisante pour que le fil de lin ou le tissu en soit couvert.
- M. Cleland conseille de faire tremper les objets à blanchir dans un
- (1) Voyez Bulletin de la Société d’Encouragement, huitième annee, page 355. Pix-huitième année. Juin 1819. Ce
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- réservoir carré de pierres ou de briques, dont les joints sont mastiqués avec du ciment romain. On place au fond de ce réservoir une couche de fil ou de tissu, d’un pied d’épaisseur, sans la tasser, après avoir délié et écarté les écheveaux de fil, pour qu’ils puissent nager dans le liquide ; cette opération étant terminée, on verse dessus de la liqueur fermentée autant qu’il est nécessaire pour couvrir celte couche; puis on en place une seconde, et ainsi alternativement jusqu’à ce que le réservoir soit plein. Au bout de cinq ou six jours, plus ou moins, suivant la température, on retire les objets de la cuve, et on les rince soigneusement, pour leur faire subir ensuite les opérations ordinaires du blanchiment par les alcalis.
- Deuxième -procédé. Aussitôt que le mélange de pommes de terre et d’eau est refroidi à 60 ou 70 degrés du thermomètre de Fahrenheit, on y ajoute un seau de levure, et après avoir bien brassé le tout, on le verse immédiatement sur les objets à blanchir.
- Troisième procédé. On commence par râper les pommes de terre, on ajoute à la pulpe la quantité d’eau nécessaire et un seau de levure, puis on plonge dans le liquide les tissus ou le fil de lin, et on procède comme il a été dit ci-dessus. En général, il faut employer un gallon de liquide par chaque livre de fil ou de tissu.
- On voit que, dans ces deux derniers procédés, la pulpe des pommes de terre n’est pas mise à fermenter avant d’ètre versée sur les objets à blanchir, ce qui produit une économie de temps et de combustible. Cependant l’auteur préfère le premier procédé comme plus avantageux (1).
- Rapport fait par M. Mérimée, au nom du Comité des arts chimiques, sur un ouvrage de M. d’Arcet, ayant pour titre : Mémoire sur Part de dorer le bronze, au moyen de l’amalgame d’or et de mercure (2),
- Messieurs, il ne m’a pas été possible, jusqu’à ce jour, de m’acquitter de l’obligation contractée, il y a quelques mois, de vous rendre compte
- (1) Quoiqu’on connaisse depuis long-temps les effets des eaux sûres pour opérer le blanchiment des tissus, on n’a point encore employé ce procédé en grand; c’est pourquoi il nous paraît que celui de M. Cleland pourrait recevoir des applications utiles.
- (2) Un volume in-8°, avec six planches. Se trouve chez Madame veuve xtgasse^ rue des Poitevins, n°. 6, à Paris.
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- de l’ouvrage dont notre collègue, M. déArcet, vous a fait hommage, sous le titre de Mémoire sur Vart de dorer le bronze, au moyen de Vamalgame d’or et de mercure. Ce retard, indépendant de ma volonté, a été heureusement réparé par l’insertion dans le Bulletin N°. CLXIX, dix-septième année, page 207, du rapport de notre président ( M. le comte Chaptal), sur le Mémoire de notre collègue.
- D’après un pareil rapport, vous avez été à portée d’apprécier tout le mérite d’un travail entrepris dans des vues philantropiques, et couronné de la manière la plus honorable par l’Académie des Sciences.
- Ainsi, sous ce point de vue, ma tâche se trouve remplie; mais depuis l’époque du rapport, depuis même la publication de l'ouvrage, on a obtenu des résultats irnportans aux progrès de notre industrie ; et, d’après cette considération, je crois devoir vous les faire connaître.
- Vous savez mieux que personne , Messieurs , qu’il est souvent plus difficile de faire adopter un procédé nouveau ou un perfectionnement utile, que d’en faire la découverte. Cette observation s'est vérifiée d’une manière frappante dans la circonstance présente. La question qui fait le sujet du prix proposé par feu M. RavHo était depuis long-temps résolue par notre collègue.
- Au moyen d’une disposition très-simple, il avait fait disparaître du laboratoire d’essais, à la Monnaie, les vapeurs délétères qui le remplissaient auparavant, et avaient compromis gravement sa santé.
- Ainsi, un pareil concours, qui ne lui présentait aucune nouvelle recherche à faire, devait lui paraître fort au-dessous de ses talens ; mais en se pénétrant mieux de l’intention du testateur, il vit que, pour la remplir complètement, il fallait non seulement trouver les moyens propres à conserver la santé des ouvriers, mais qu’il fallait sur-tout les faire adopter dans tous les ateliers de doreurs. Prévoyant alors les difficultés qu’il aurait à surmonter dans Une pareille entreprise, il a eu besoin, pour s’y dévouer, de tout son courage et de son amour de l’humanité.
- J’ai été, ainsi que plusieurs de nos collègues, témoin d’une des expériences les plus concluantes en faveur des moyens préservatifs de M. déArcet. ; r
- M. Delaunay, fabricant de bronzes, rue du Faubourg du Temple , n°. 1, avait à dorer une pièce d’une dimension extraordinaire. S’il eût été réduit à opérer suivant les anciens procédés, il eût-établi son opération en plein air, et relayé ses ouvriers le plus souvent possible. Ainsi, en supposant que le vent eût soufflé constamment dans la même
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- direction, et que les vapeurs n’eussent pas atteint les travailleurs, elles eussent été nécessairement poussées vers quelques maisons voisines, et les habitans en auraient été plus ou moins incommodés.
- Avec l’appareil de M. d’Arcet, l’opération s’est faite, comme à l’ordinaire, dans l’atelier, sans incommoder personne, et il était si évident pour les ouvriers, qu’ils ne pouvaient respirer les vapeurs meurtrières, que tous s’offraient à l’envi pour un travail auquel ils n’auraient participé auparavant qu’avec une extrême répugnance, parce que, de quelque manière qu’il eût été conduit, la plupart de ceux qui l’auraient suivi en auraient reçu de fâcheuses atteintes.
- Dans la joie qu’ils ressentirent de se voir délivrés d’un danger jusqu’alors inséparable de leur profession , ils résolurent de célébrer à l’instant même, par un toast à leur libérateur, cet événement inespéré, et prièrent leur maître d’écrire à M. d'Arcet pour lui rendre compte du succès de l’opération et lui exprimer leur reconnaissance.
- Il est aisé de concevoir combien notre collègue dut être sensible à cet élan de reconnaissance. Il méritait, par son dévouement et sa constance, de rencontrer par-tout les mêmes dispositions. Dès-lors la tâche qu’il s’était imposée ne lui eût offert qu’une succession de jouissances. Mais il n’en a pas été ainsi ; il a eu souvent à lutter contre la prévention, l’ignorance, l’avarice ou l’égoïsme, et la lutte n’est pas terminée; car, il faut le dire, il se trouve encore de grands établissemens oû l’on semble ignorer qu’il existe des moyens de préserver les ouvriers des dangers auxquels ils sont journellement exposés.
- Il serait trop pénible de croire que l’indifférence des fabricans pour la santé de leurs ouvriers tient à ce qu’ils n’en partagent pas les dangers, et qu’ils peuvent aisément remplacer les hommes qui succombent. Cependant on ne trouve aucune bonne excuse à cette coupable négligence. Faudra-t-il recourir à l’Autorité pour les contraindre à ménager la santé de leurs semblables, puisqu’ils paraissent sourds à la voix de l’humanité ?
- Malgré ces obstacles, la tâche que M. d’Arcet s’est imposée, et qu’il poursuit avec persévérance, sera bientôt achevée. On compte déjà plus de soixante ateliers de doreurs oû ses moyens de salubrité sont en usage, et, probablement d’ici à quelques mois, on ne verra plus dans nos hôpitaux un seul ouvrier atteint de l’affreuse maladie produite par les émanations mercurielles.
- L’appareil imaginé pour assainir les ateliers de doreurs se rattache à un principe fécond en applications utiles. C’est le même que notre
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- collègue a employé dans la construction de l’appareil fumigatoire établi à Saint-Louis. C’est aussi par ce moyen qu’il a rendu inodores les lieux d’aisance de la rue des Filles-Saint-Thomas, vis-à-vis la rue des Colonnes, et une des fosses de l’Hôpital Saint-Louis. Ces applications si utiles ne peuvent manquer de perfectionner l’art du fumiste.
- J’ai vu une construction semblable à celle de la cheminée des ateliers de doreurs, employée avec le plus grand succès dans une cuisine, et je regarde cette application comme une des plus heureuses, parce qu’elle tourne au profit de la classe moyenne de la société, dont il est important d’augmenter le bien-être. Les riches ne sont jamais embarrassés de se procurer leurs aises.
- Dans beaucoup d’habitations, la cuisine se trouve près de la pièce où l’on mange, ou si elle en est éloignée, le service en devient plus embarrassant. Au moyen de l’appareil de M. d’Arcet, jamais l’odeur de la cuisine ne peut se répandre au dehors des fourneaux. Ils seraient dans la salle à manger même, qu’on ne s’en apercevrait pas.
- Vous croirez sans peine, Messieurs, que M. Lenoir - Ravrio, héritier du nom et de la fortune de feu M. Ravrio, son bienfaiteur et son ami, et dont les beaux magasins, établis rue des Filles-Saint-Thomas, excitent l’attention générale par la richesse des objets qu’ils renferment, n’a pas manqué d’adopter les procédés de M. d’Arcet. Aussi a-t-il fait construire chez lui la forge de doreur la plus complète qu’on connaisse, et la plus propre à s.: rvir de modèle à toutes celles que l’influence de son exemple pourrait faire adopter par la suite. Cette considération nous engage à vous proposer de faire lever les plans de cet appareil , et d’en publier la gravure dans votre Bulletin, accompagnée d’une description détaillée. Une pareille publication sera sans doute accueillie avec intérêt.
- Je crois aussi, Messieurs, entrer pleinement dans vos vues, en vous proposant non - seulement de remercier notre collègue d’avoir enrichi la bibliothèque de la Société d’un ouvrage éminemment utile, mais surtout d’applaudir au zèle persévérant qu’il a développé pour faire adopter ses moyens préservateurs ; car c’est particulièrement à ce zèle qu’on devra l’accomplissement du vœu philantropique de M. Ravrio.
- Adopté en séance, le 18 novembre 1818.
- Signé Mérimée, rapporteur„
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- Description de la forge de doreur, construite dans Vatelier de M. Lenoir-Ravrio, rue des Filles-Saint-Thomas, n°. 19.
- PL 176, fg. 1, Elévation générale de la forge de doreur, vue de face.
- a, Forge à recuire.
- b, Baquet à dérocher.
- c, Forge à passer. On y volatilise tout le mercure qui a servi à dorer.
- d, Forge où l’on met au mat les pièces dorées. En enlevant la plaque de fonte qui sépare ces deux dernières forges, on a le moyen de pouvoir dorer sans danger de très-grandes pièces.
- e, Tonneau dans lequel se trempent les objets mis au mat.
- f, Forge où l’on fait sécher les pièces de bronze dorées, lorsqu’elles sont achevées et lavées avec soin.
- ' ggt Cases réservées sous la forge à dorer, pour y mettre en magasin du charbon, du bois ou tout autre objet.
- hhh, Rideaux servant à fermer en tout ou en partie l’ouverture de la forge à recuire a, la niche où se trouve placé le tonneau au mat, et la forge à sécher f.
- ii, Châssis vitrés fixes, destinés à rétrécir, par le haut, l’ouverture de la forge a et la forge à sécher f. Les rideaux hhh servent à couvrir le reste de l’ouverture de ces forges, et à enfermer à volonté le tonneau e.
- k3 Fourneau à mettre au mat.
- l, Partie du fourneau à’appel, où l’on met chauffer le poêlon au mat.
- m, Foyer de ce fourneau.
- n, Cendrier.
- La fig. 5 représente une coupe verticale du fourneau l, et la fig. 6 une coupe horizontale, prise au-dessus de la grille r; s est la grille du fourneau d’appel.
- On voit que le charbon placé sur la grille r brûle à flamme renversée, comme dans les alandiers des fours à porcelaine; tandis que le bois, le coke ou le charbon de terre se brûlent sur la grille s, par lë procédé ordinaire. Les gaz produits par la combustion sur ces deux grilles se réunissent dans le passage voûté t, et se rendent dans la cheminée du fourneau Rappel u, d’où ils passent dans la cheminée générale de la forge; de là ils vont, en x, fig. 4, porter de la chaleur et déterminer le tirage, qui rend tout l’appareil salubre.
- o, Bouchon en tôle, fermant une ouverture réservée dans le bas de la cheminée du fourneau Rappel. Cette ouverture sert à introduire le col
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- du matras, dans lequel on prépare la dissolution mercurielle, nommée gaz, employée pour dorer. On prépare aussi au-dessous de cette fente l’amalgame d’or et de mercure, et on évite ainsi les vapeurs délétères qui se dégagent dans le cours de ces deux opérations. Ces vapeurs sont rapidement entraînées au dehors par suite da la grande aspiration qui s’établit dans la cheminée du fourneau d’appel.
- p y Fourneau destiné à chauffer une plaque de fonte placée horizontalement sous la forge f. C’est sur cette plaque que l’on fait chauffer l’eau pour laver les pièces dorées, et que l’on fait sécher les mêmes pièces après le lavage, en les plaçant entre deux feuilles de papier ou de carton minces, etc.
- La fîg. 7 est une coupe verticale, et la fig. o une coupe horizontale de ce fourneau ; elles suffisent pour en bien indiquer le système de construction. Ce fourneau à sécher sert aussi de fourneau dappel, puisqu’il est construit de la même manière que celui l, où l’on fait chauffer le poêlon au mat. Les lettres o'u' x’ désignent, dans les fîg. 4, 7 et 8, les mêmes objets que les lettres oux dans les fîg. i, 2 et 3.
- zzy Grands châssis mobiles verticalement, et tenus en équilibre par les contre-poids e. Ces châssis ferment plus ou moins, et même tout-à-fait, les ouvertures des forges c et d. On a ainsi le moyen d’y accélérer, autant qu’on le désire, le courant d’air, et, en abaissant entièrement les châssis, on peut rendre extrêmement rapide le passage de l’air à travers les autres forges : ce qui est utile lorsqu’on y pratique des opérations dangereuses.
- On voit, fîg. 4 ? que les cinq forges sont séparées les unes des autres par des languettes qui s’élèvent au-dessus du plafond de l’atelier; on y voit aussi que les tuyaux uu' des fourneaux dappel montent un peu plus haut que ces languettes, et qu’ils commandent ainsi le tirage des forges lorsqu’ils portent, dans la grande cheminée, de la chaleur, laquelle, en dilatant l’air, établit le courant ascendant dont on a besoin.
- Fig. 2, Plan général de la forge de doreur, pris au-dessus de l’âtre. On y voit, en y, la petite cheminée qui entraîne sous la hotte de la forge a et dans la cheminée commune les vapeurs qui se dégagent pendant le dérochage des pièces de bronze recuites, opération qui se pratique dans le baquet b, fîg. 1; la lettre l indique ici la grille 77 fîg• 5, du fourneau sur lequel se pose le poêlon au mat.
- Fig. 3, Plan de la forge, pris à 2 décimètres au-dessus du sol de l’atelier.
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- Fig. 4, 5, 6, 7 et 8. La description de ces figures est comprise dans 1 explication de la fig. i , à laquelle elles servent de complément : les memes lettres y désignent les memes objets.
- Nous allons terminer cette description en indiquant le principe sur lequel repose la construction des nouvelles forges de doreur, et la manière de s’en servir avec avantage.
- L’ouverture des forges ordinaires est presque toujours hors de proportion avec la largeur de la cheminée ; tout l’air qui entre dans cette ouverture, ne pouvant sortir par la cheminée, une partie est refoulée dans batelier, et y ramène les vapeurs mercurielles dont il s’est chargé.
- Les anciennes forges fument aussi très-souvent, parce que les ateliers renferment d’autres cheminées ou d’autres ouvertures, qui, aspirant l’air plus fortement que la cheminée de la forge, obligent l’air extérieur à descendre par cette cheminée et à entrer dans l’atelier en passant à travers la forge , où il se charge encore de vapeurs mercurielles.
- Enfin, il existe des ateliers trop exactement clos, où le courant d’air ascendant ne peut pas bien s’établir, faute d’air extérieur pour l’alimenter. Il se forme alors, dans la cheminée, deux courans, l’un ascendant, qui entraîne l’air de l’atelier, et l’autre descendant, qui ramène, par la cheminée, de l’air extérieur chargé de vapeurs délétères.
- Voici les différens procédés employés pour remédier à ces inconvé-niens. Il faut d’abord rétrécir autant que possible, au moyen des châssis vitrés fixes ou mobiles i i, z z, et des rideaux hhh, l’ouverture de la forge; on doit ensuite élargir la cheminée, dont on débarrassera l’extrémité supérieure en enlevant les mitres, les gueules-de-loup, les tuyaux de tôle que l’on a l’habitude d’y placer, et en les remplaçant par une simple tôle posée horizontalement, de manière à garantir la cheminée de la pluie.
- Il faut faire établir à I’une des fenêtres de l’atelier un ou deux bons vasistas à soufflet, prenant, autant qu’il est possible, l’air au nord, et le portant au haut de l’atelier et près du plafond. La grandeur de ces vasistas devra être proportionnée à la surface de l’ouverture de la forge ; plus ils seront grands, plus la forge tirera.
- Ces précautions étant prises, il suffit, pour assurer le tirage constant de la forge , de porter un courant d’air chaud à une certaine hauteur dans la cheminée, sur - tout les jours où , par des dispositions atmosphériques particulières, le tirage est trop faible ou même incertain. On produit à volonté cet effet, au moyen du fourneau
- d'appel
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- ,( aor )
- ù appel dont nous avons parlé en détail dans la description des figures Lorsqu’une forge de doreur est construite d’après ce principe, l’ouvrier doit, ie matin, avant de commencer son travail, examiner si la cheminée tire bien, ou si le tirage est faible , nul ou incertain. Il l’établit de suite en allumant le fourneau d'appel, et il peut alors travailler à la forge sans danger. Le fourneau & appel est donc, pour ainsi dire, le gouvernail de. cet appareil. On reconnaît s’il faut y faire du feu en présentant, à l’ouverture de la forge, un cigare allumé ou un corps combustible donnant de la fumée et de l’odeur. La direction de la fumée indique alors quel est le tirage de la forge, et s’il faut ou non avoir recours au vasistas et au fourneau d’appel. L’expérience a prouvé qu’en se servant de ces moyens, il n’est pas de forge qu’on ne puisse rendre salubre, de cheminée qu’on ne puisse empêcher de fumer, et de latrines qu’on ne puisse complètement désinfecter.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. Gillet de Launiont, au nom du Comité des arts économiques, sur des bains tempérés portés à domicile > et sur la vente de Peau chaude, entrepris par M. Valette, rue Saint-Sébastien , n°. 26, à Paris.
- Depuis long-temps on a reconnu l’avantage des bains, et la plupart des nations civilisées ont eu des bains chauds publics. Les Romains eu établissaient près de leurs gymnases, où un grand nombre de personnes les prenaient en commun; chez les modernes, on les prend presque toujours individuellement. La. ville de Paris contient trente-sept établissemens de bains tempérés, sans compter ceux des eaux minérales factices.
- Ces établissemens ont l’avantage de faciliter l’usage salutaire des bains; mais ils ont aussi l’inconvénient d’exiger le déplacement des baigneurs, qui est incommode dans les temps froids ou humides, et souvent dangereux pour les personnes malades ou délicates ; ils n’offrent pas le moyen , en sortant du bain, d’entrer dans un lit pour s’y reposer, besoin qu’on éprouve lorsque la chaleur de l’eau a été portée à un degré un peu inférieur à celle du sang.
- Pix huitième année. Juin 1819. D d
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- Il résulte de ces inconvéniens que beaucoup de personnes ne vont pas aux bains chauds publics, ou même n’en prennent point, à moin& qu’elles n’aient dans leur domicile des salles de bains. Or, indépendamment de l’embarras que les bains particuliers occasionent, il faut, pour les chauffer, prendre des précautions lorsqu’on se sert de fourneaux placés sous les baignoires, ou de cylindres plongés dans le liquide, afin de se préserver des gaz acide carbonique et d’hydrogène carboné qui se dégagent de la braise ou du charbon, et peuvent occasioner des accidens funestes.
- M. le comte Alexandre de Laborde a fait connaître à la Société une entreprise qui donne l’espoir de pouvoir remédier à ces inconvéniens \ c’est celle de M. Valettequi a obtenu un brevet d’invention de dix ans pour porter, dans Paris, des bains tempérés à domicile, et y vendre en même temps de Veau chaude, ainsi qu’on le fait à Naples.
- Les procédés de M. Valette consistent à faire chauffer l’eau dans un gros tonneau, à l’aide d’un fourneau renfermé dans son intérieur j plusieurs tonneaux pareils doivent parcourir les divers quartiers de Paris avec des baignoires légères et portatives qui seront promptement placées, remplies et vidées. Nous en avons vu faire devant nous le service, et il nous a paru facile. Nous allons décrire succinctement ces divers procédés, que M. Valette nous a communiqués avec beaucoup de complaisance.
- Chaque gros tonneau sera placé sur un chariot à quatre roues, attelé de deux chevaux; on nous a annoncé qu’il devait contenir joo voies d’eau, et qu’il pouvait, en y remettant successivement de l’eau froide, fournir à beaucoup de bains, de 5 à 6 voies chacun (la voie est d’environ 20 kilogrammes), ce qui fait pour chaque bain de 100 à 120 kilogrammes.
- Le fourneau alongé qui échauffe l’eau est placé transversalement au milieu et dans l’intérieur du tonneau ; une porte latérale sert à y introduire le bois ou la houille, qui pose sur une grille à mailles serrées, disposée au bas du fourneau, au-dessus d’un tuyau vertical traversant le tonneau, et par où les cendres tombent dans un vase placé sous le chariot.
- La fumée du bois produite par ce combustible, dirigée vers la partie supérieure du tonneau par deux tuyaux qui font plusieurs révolutions dans son intérieur, communique à l’eau qui l’environne la plus grande partie de sa chaleur. Si Fon se sert de houille, l’auteur se propose, pour éviter les plaintes relativement à l’odeur, de rendre sou fourneau
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- fymivore^ en faisant revenir la fumée du h$mt du tonneau en dessous où elle entrera par le cendrier et se brûlera dans le foyer.
- Nous avons remarqué plusieurs tuyaux en métal, soudés des deux bouts au fourneau, qu’ils traversent au-dessus du foyer; l’eau y passe librement, entre en ébullition, et établit ainsi, de l’avant à l’arrière, une circulation continuelle qui accélère la propagation de la chaleur, laquelle nous a paru s’élever promptement à 5o degrés Réaumur.
- Les baignoires sont en cuir verni, sans odeur. Les deux garçons de bains qui accompagnent le chariot dressent un châssis en fer à charnières et à roulettes, dans lequel ils introduisent la baignoire; ils apportent ensuite l’eau chaude dans deux outres de cuir, et y ajoutent de l’eau froide pour mettre le bain au degré de chaleur qu’on désire : toutes ces opérations se font en cinq ou six minutes.
- On a conçu quelques inquiétudes sur la propriété que pourrait avoir le cuir de retenir les parties grasses qui se séparent de la peau des baigneurs. Nous observerons que les baignoires ordinaires en cuivre étamé ont le même défaut, et qu’on y remédie en les lavant chaque fois avec de l’eau chaude et une éponge. On fera de même pour les baignoires en cuir; car nous ne croyons pas que le vernis gras séché à l’étuve, qui les recouvre, retienne les parties grasses plus facilement que letain. D’ailleurs, l’auteur fait laver ses baignoires avec de l’eau de savon, ce qui nous paraît devoir ôter toute inquiétude à cet égard.
- Pour vider la baignoire, les deux garçons de bains reviennent à l’heure indiquée, la conduisent, si on le désire, dans la chambre voisine, à l’aide des roulettes adaptées au châssis en fer, et se servent d’une pompe en fer-blanc de 8 centimètres (3 pouces) de diamètre, qui, en une minute et demie, enlève l’eau et la verse au dehors par des tuyaux imperméables qu’on passe par-dessus l’appui des croisées pour les faire aboutir sur le pavé; ils vident ensuite le peu d’eau qui reste dans la baignoire, et, en quelques instans, ploient et emportent le tout (i).
- (1) Au lieu d’une pompe, on pourrait se servir d’un siphon ordinaire, dont la tête serait assez élevée pour faire passer l’eau par-dessus les appuis des croisées; ce siphon, à la vérité d’un moindre diamètre que la pompe, éviterait le service pénible de celle-ci, et viderait encore avec célérité. Si le local permettait de conduire les tuyaux dans un lieu un peu plus bas que le sol de la chambre ( dans un escalier, par exemple, et, de là, par quelque fenêtre), on emploierait avec avantage un siphon particulier d’un plus grand diamètre, qui reste constamment plein lorsqu’il a été une fois rempli, et qu’il suffit de plonger verticalement dans un vase contenant de l’eau pour la déverser dans un autre qui n’en contient pas. Il est composé de deux branches égales, portant
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- Le prix d’un bain de 6 voies d’eau chaude, porté à domicile, est de t fr. 5o c., y compris la location de la baignoire en cuir. Si l’on ne fournit pas la baignoire, il n’est que de 80 centimes, et bien moindre pour un demi-bain, qui, dans les étabîissemens publics, coûte autant qu’un bain entier.
- L’auteur se propose, en outre, de vendre l’eau à 5o; 4° et 5o degrés de chaleur, au prix de 15 centimes la voie; ce qui sera très-utile aux petits ménages, lesquels ont souvent besoin d’eau chaude pour des savonnages, des bains d’enfans, des bains de pieds, etc.
- Pour faciliter aux particuliers l’acquisition de ses baignoires portatives en cuir verni, M. Valette en tiendra en magasin, au prix de ioo francs, avec le châssis en fer; elles sont moins coûteuses et moins embarrassantes que celles en cuivre, étant plus légères et pouvant s’accrocher à une certaine hauteur sans gêner le passage au dessous. L’auteur en construira aussi en feutre vernissé, qu’il espère pouvoir donner à l\o francs, avec le châssis en fer.
- Enfin, M. Valette a le projet d’établir, dans les quartiers les plus populeux, des foudres à demeure, capables de fournir de cent cinquante à deux cents bains tempérés, que l’on donnerait, dans des baignoires séparées, à raison de 20 ou 25 centimes par bain, et où l’ouvrier viendrait se rafraîchir et se délasser des travaux de la journée.
- Conclusions.
- Les moyens employés par M. Valette pour chauffer Feau avec économie, en même temps qu’on la portera dans Paris, nous paraissent heureusement combinés; les baignoires en cuir verni conserveront la chaleur de l’eau bien plus long-temps que celles en métal. Les personnes privées d’une salle de bain ( et c’est le plus grand nombre ) ; celles très-occupées, qui n’ont pas le temps de se transporter aux bains publics ; celles délicates, qui craignent, en sortant d’un bain chaud, le passage subit dans un air froid ou humide; les personnes malades, pour lesquelles ce passage pourrait être très-dangereux, trouveront chez elles, même auprès
- à chacune de leurs extrémités un godet semblable , dont le bord supérieur est à plusieurs millimètres au-dessus de l’orifice de chaque branche, et dont le fond est à quelques millimètres au-dessous. Ce siphon, qui n’est pas assez connu, pourrait servir à déverser l’eau du bain dans un vase posé sur le plancher , auquel aboutiraient les tuyaux de descente, qui, sans peine et sans soins, la conduiraient au dehors lorsque le tout serait disposé; il aurait l’avantage de pouvoir être employé par les particuliers eux-mêmes, et de rendre l’usage des bains à domicile plus facile et plus, général.
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- de leurs lits, un moyen peu embarrassant d’avoir, à tous les momens de la journée, un bain tempéré; les petits ménages se procureront une voie d’eau chaude qui leur sera portée à 5 centimes de plus seulement que cette même quantité d’eau froide.
- Nous croyons que l’établissement de M. Valette mérite de fixer l’attention de la Société, et nous avons l’honneur de lui proposer de publier, par la voie de son Bulletin, les procédés qu’il nous a libéralement expliqués, comme un encouragement propre à assurer le succès de son entreprise, et une récompense de ses vues philantropiques (r).
- Adopté en séance, le 5 mai 1819.
- Signé Gillet de Gaumont, rapporteur.
- Note sur des réflecteurs simples et économiques, propres à remplacer ceux en fer-blanc en usage pour les lanternes des rues ; par M. Millington.
- Avant l’adoption de l’éclairage par le moyen du gaz hydrogène, 011 se plaignait, à Londres, de l’insuffisance de ces petites lampes renfermées dans des cages de verre, dont la faible lueur guidait à peine les
- (1) Depuis la lecture de ce rapport, M. le baron Percy en a fait un sur le même sujet à l’Académie royale des Sciences, le 3i mai 1819. 11 nous a appris que déjà en Allemagne, et particulièrement à Berlin , on prend chez soi des bains avec de l’eau chaude que Fon y apporte du dehors. Ce savant , ayant considéré cet objet sous le rapport de l’hygiène, a donné des éloges au projet de M. Valette, qui mettra toutes les classes de la société à portée de jouir sans déplacement, sans embarras et à peu de frais, des bienfaits des bains domestiques. Le nombre des bains qu’on prend annuellement à Paris ne s’élève qu’à six cent mille, tandis que, pour satisfaire aux besoins delà propreté, aux précautions hygiéniques, aux nécessités médicales, il en faudrait trois ou quatre fois autant. Le rapporteur annonce que les bains de M. Valette ne nuiront pas aux éiablissemens formés dans la capitale, dont beaucoup de personnes ne peuvent profiter, et qui seront toujours recherchés et préférés par la classe aisée, lorsqu’on voudra seulement se laver, se rafraîchir, ou faire disparaître quelque légère indisposition; mais que les bains domestiques, bien plus salubres et plus avantageux que ceux qu’il faut aller souvent chercher à pied et loin de son habitation, seront préférables dans les mauvais temps, et offriront une ressource précieuse dans les accidens graves et pressans , comme certaines coliques, quelques hernies étranglées, etc., ces bains pouvant être portés près du lit même des malades au moment où ils en auront besoin; enfin , M. le baron Percy a proposé à l’Académie d’accueillir avec intérêt une entreprise qui, toute singulière qu’elle paraisse, peut avoir des résultats très-utiles dans l’économie privée et publique. Les conclusions de ce rapport ont été adoptées.
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- pas des habitans; malheureusement ce système défectueux; prévaut encore dans plusieurs quartiers de cette vaste capitale ; l’auteut en fait sentir les inconvéüiens, et forme le vœu que le Gouvernement s’occupe d’un objet qui intéresse si essentiellement la sûreté publique. Il rappelle que lord Cochrcuie, aujourd’hui commandant en chef les forces navales des indépendans du Chili, avait proposé, il y a quelques années, une lampe dont la construction lui paraît ingénieuse, et qui a été essayée avec succès ; elle est suspendue dans une lanterne de verre, de manière à recevoir un courant d’air extérieur qui s’introduit par un tube adapté au-dessous du bec, et s’échappe par un antre tuyau placé au-dessus de la mèche ; cette dernière est un peu plus forte que celles employées jusqu’alors, et consomme plus d’huile, mais elle produit aussi une flamme plus volumineuse et plus vive; ce courant d’air, si favorable à la combustion, n’existe pas clans les lampes ordinaires, qui ne communiquent au dehors que par le haut seulement. M. Cochrane couvre l’orifice de sa lanterne d’un réflecteur circulaire et concave en fer-blanc, qui a l’avantage de recueillir toute la lumière produite, et de la répandre très-également sur le pavé; mais ces réflecteurs, quoique incontestablement supérieurs aux anciens, partagent avec ceux-ci l’inconvénient de se ternir par la fumée, de se déformer au moindre choc et de s’user promptement par le frottement continuel des linges employés pour les nettoyer; d’un autre côté, s’ils sont trop brillans, la lumière, concentrée dans un seul foyer, éblouit les passans au lieu de les éclairer.
- M. Millington ayant fait, depuis dix ans, des recherches sur les matières les plus propres à réfléchir les rayons lumineux, & reconnu que la terre blanche ordinaire, dite terre de pipe, est la plus convenable pour répandre une lumière vive et égale ; pour s’en convaincre, il suffit de tenir une assiette renversée au-dessus d’une lampe ou d’une bougie allumée. L’auteur propose de former, avec cette matière, des réflecteurs plats et circulaires, ayant un diamètre égal à l’orifice de la lanterne de verre, et qui seraient percés d’un trou de 3 pouces de large pour donner passage à la fumée; on les placerait directement au-dessus de la flamme. Leur forme est indiquée en plan et en coupe, fig. 8 et 9, Pl. 175.
- Les seules objections qu’on pourrait faire contre ces réflecteurs, sont leur fragilité et leur disposition à se ternir promptement; mais on corrigerait le premier de ces défauts en les entourant d’un cercle de métal et les plaçant dans le couvercle de la lanterne, et le second, en gar-
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- nissant la lampe avec soin et en ne laissant pas la mèche trop longue; d’ailleurs, le nettoyage de ces réflecteurs, qu’il faut pouvoir enlever et placer sans difficulté, est bien plus facile que celui des réflecteurs de fer-blanc ; faits en fabrique, ils ne coûteraient que 3 ou 4 sous la pièce. L’auteur préfère la forme plate, fîg. 9, comme étant d’un usage général; cependant, si l’on désire que la lumière soit dispersée sur un plus grand espace, on pourrait adopter celle fig. 11; dans le cas contraire, la forme concave, yig-. 10, conviendrait le mieux.
- ENSEIGNEMENT INDUSTRIEL.
- Rapport fait par M. Francœur, au nom d’une Commission spéciale} sur un projet de Cours de mécanique 9 présenté par M. Hoyau.
- Messieurs, vous avez chargé MM. Tarbé, Cadet de Gassicourt, Mérimée, Molard et moi, d’examiner le plan du cours de mécanique pratique que M. Hoyau va entreprendre, et de vous en rendre compte. Vous avez déjà jugé en elle-même toute l’utilité dont ce projet est susceptible pour la classe manufacturière, et même pour le progrès de l’industrie. Les talens et le zèle dont M. Hoyau n’a cessé de vous donner des preuves vous garantissent que ce cours sera bien dirigé et conçu dans un bon esprit. U ne s’agit donc, Messieurs, que de vous exposer la marche que le professeur doit suivre.
- La plupart des personnes qui ont reçu l’éducation qu’on donne dans nos collèges y ont appris les élémens des sciences; et bien que n’ayant pas fait de suite des applications utiles de ces principes généraux, ils n’en aient conservé qu’un souvenir vague, comme il arrive à toute branche de connaissance qu’on a laissée sans emploi, cependant si on n’exige pas de la mémoire de trop fortes inspirations, on peut compter que la jeunesse studieuse a conservé l’usage des règles ordinaires de l’arithmétique, de la géométrie la plus élémentaire, et même des premiers principes d’algèbre. On pourrait aller jusqu’à étendre cette instruction plus loin, sur-tout si le professeur ne se sert de ces doctrines qu’avec la prudence convenable, et selon qu’il aura remarqué dans son auditoire plus ou moins d’acquit et de pénétration.
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- Tel est l’état de l’instmction que M. Hoyau supposera aux disciples qu’il se chargera d’enseigner. Il a même le dessein d’étendre ou de resserrer la masse de ces connaissances préliminaires, selon les circonstances, et de développer assez les détails qu’il donnera, pour qu'ils soient à la portée de tous, et même pour que chacun puisse apprendre, en pratiquant, les calculs qu’il aurait oubliés ou ignorés.
- La géométrie descriptive fera la première partie du cours; on montrera le tracé des courbes usitées en mécanique, la forme des engrenages, etc.
- La statique et la dynamique viendront ensuite. Quoique ces sciences ne soient ici considérées que dans leurs élémens, le cours comprendra du moins tout ce qui est utile à la pratique, et les élémens du calcul des effets qu’on doit attendre d’une disposition donnée d’élémens composant une machine.
- L’eau, le vent, le feu, enfin les principaux moteurs, seront, en troisième lieu, considérés dans leur emploi.
- La quatrième partie considérera les élémens constitutifs de toutes les machines ; M. Hoyau se propose de prendre pour guide les excellens Traités de MM. Lanz et Hachette.
- Enfin le professeur, assemblant ces élémens, examinera leur ensemble et leurs applications dans toutes les machines les plus utiles, telles que les roues hydrauliques, moulins à vent, machines à vapeur, etc.; il enseignera à se rendre compte des effets de tous les moteurs sur des systèmes donnés, en ne supposant d’ailleurs que des calculs purement élémentaires.
- Nous pensons, Messieurs, que ce cours, s’il est aussi bien fait qu’on a lieu de l’espérer du talent de M. Hojau, peut être de la plus grande utilité pour les mécaniciens, et qu’il contribuera très-avantageusement à perfectionner les produits de nos manufactures, en donnant aux fabri-cans et aux chefs d’ateliers une instruction à laquelle l’intelligence naturelle ne supplée qu’imparfaitement. Nous vous proposons d’honorer ce projet de votre approbation, et d’insérer le présent rapport au Bulletin de la Société.
- Adopté en séance, le 2 juin 181 g.
- Signé Francoeur, rapporteur.
- OUVRAGES
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- OUVRAGES NOUVEAUX.
- Essais sur la législation et les réglemens nécessaires , en France, aux cours dé eau et rivières non navigables et flottables , et qui ne sont pas du domaine public $ par M. de Chassiron (1).
- L’auteur a prouvé, par cet écrit, que la législation actuelle sur les cours d’eau lui est familière : aussi a-t-il su reconnaître toutes les imperfections des réglemens en vigueur. Son ouvrage ne pouvait paraître plus à propos, puisqu’en ce moment on travaille à la rédaction d’un Code particulier sur les cours d’eau de toute nature. On a senti, comme M. de Chassiron, combien il importait de tirer cette partie de notre législation du chaos où elle est plongée depuis long-temps.
- Dans une matière aussi difficile, nous ne nous permettrons pas de juger si l’auteur, qui n’a embrassé qu’une partie du système, a prévenu toutes les objections des riverains, et s’il a pu satisfaire aux prétentions opposées des parties intéressées. Il nous suffira de dire que son écrit contient d’excellentes vues, qu’il décèle l'administrateur habile et le bon citoyen, et que sa lecture doit être recommandée à tous ceux qui prennent quelque intérêt à cette branche importante du Code rural.
- fi' Brochure in-8°. Se trouve chez Madame Huzard, imprimeur-libraire, rue de P Eperon, n°. 7, à Paris.
- Dix-huitième année. Juin 1819.
- E e
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- Liste des Membres composant le Conseil d} Administration de la Société d*Encouragement? au 3o juin 1819.
- BUREAU.
- MM.
- Président.
- Le comte Chaptal (G. ^), pair de France, membre de l’Académie des Sciences, chevalier de l’ordre du Roi, rue de l’Université, n°. 45-
- Pice- Présidens.
- Le duc de la Rociiefoucauld-Doudeauville (»J»), pair de France, rue de Varennes, n». 33.
- Le comte de Lasteyrie, membre de la Société royale et centrale d'Agriculture, rue du Bac, passage Sainte -Marie.
- Secrétaire.
- Le baron de Gerando (O.^), conseillerd’Etat, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, impasse Férou, n°, 7.
- Secrétaires- Adjoints.
- J o ai A rd (^), cftef du Bureau de l’Instruction publique, commissaire du Gouverne ment près la Commission d’Egypte, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres , rue de Grenelle Saint-Germain, n°. 15.
- Ce.-Anth. Costaz, ex-chef de la Division des Arts et Manufactures au Ministère de l’intérieur, rue du Mont-Blanc, n°. 48.
- Trésorier.
- Montamant ( ^) , administrateur des Tontines , membre du Conseil général du département de la Seine, rue de Menars , n°. ij.
- Censeurs.
- Becquey (^), conseiller d’Etat, directeur gêné ral des Ponts et Chaussées et des M ines, I place Vendôme,' n°. 19,
- Le duc de la Rochefoucauld - Liancourt (^) , pair de France, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit, inspecteur général des Ecoles d’Arts et Métiers, rue Royale, n°. 9.
- COMMISSION DES FONDS.
- M.
- Le comte Abri al (G.^|), pair de France, rue Plumet, n°, 1 b.
- MM.
- Boscheron (O. £^), membre du Conseil général du département de la Seine, rue des Deux-Écus, n°. 33.
- Boulard père (^), notaire honoraire, rue des Petits-Augustins , n°. 21.
- Brillât de Savarin (^), conseiller à la Cour de Cassation, rue des Filles-Saint-Thomas , n°. 23.
- Chaslon ( ^ ) , ancien administrateur des Douanes , rue Neuve-des-Petits-Champs , n°. 97.
- Le comte Alex, de la Borde (£^), maître des Requêtes, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, rue d’Artois, n°. 28.
- Le baron de Ladoucette (£3^) , ancien préfet, rue Chaniereine , n°. 8.
- Le marquis de Pastoret ( C. , pair de France, membre de l’Académie française, place Louis XV, n°. 6.
- Perignon (^) , avocat, membre du Conseil général du département de la Seine, rue Neuve-Saint-Augustin, n°. 8.
- Le b aron Petit de Beauverger (^) , membre de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue Martel, n°. n.
- COMITÉ DES ARTS MÉCANIQUES, MM.
- Ampère (^) , inspecteur généi'al de l’Université, membre de l’Académie des Sciences} rue des Fossés Saint-Victor, n°. 19.
- Brégcet, horloger, membre de l’Académie des Sciences, quai de l’Horloge , n°. 79. Francoeur , professeur à la Faculté des Sciences , rue du Four Saint - Germain , n°. 44.
- Le vicomte Héricart de Tiiury (O. ^ ) , maître des Requêtes, ingénieur en chef des Mines, inspecteur général des Carrières sous Paris, rue Poultier, n°. 7, île Saint-Louis.
- Humblot-Conté , fabricant de crayons, rue de Grenelle , n°. 42 , faubourg Saint-Germain.
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- MM.
- Molard ( ) j membre de 1 Acauemie des
- Sciences 5 rue de Charonne, hôtel Vaucanson.
- Poisson ( ^ ) , membre de l’Académie des Sciences , professeur de Mathématiques à l’Ecole polytechnique, rue de Coudé, n°. îo.
- oe Pkont (O.^), inspecteur général, directeur de l’Ecole royale des Ponts et Chaussées , membre de l’Académie des Sciences, rue Culture-Sainte-Catherine , n°. 27.
- Regnier (^) , membre honoraire du Comité consultatif des Arts et Manufactures , rue du Bac, n°. 28.
- Tareé de Vauxclairs (O. ^), maître des Requêtes, inspecteur général des Ponts et Chaussées, rue de Hanovre, n°. 5.
- Ternatjx aîné ( ^ ) , membre du Conseil général du département de la Seine , place des "Victoires, n°. 6.
- Adjoints.
- Paillet de Belloy (^), inspecteur divisionnaire des Mines.
- Mon tgolfier, ingénieur mécanicien, membre honoraire du Comité consultatif des Arts et Manufactures, à Chaillot.
- Pajot-Descharmes , membre du Comité consultatif des Arts et Manufactures, rue de ta Vieille-Monnaie, n°. 22.
- COMITÉ DES ARTS CHIMIQUES. MM.
- Le comte Berthoilet (G. ^), pair de France, membre de l’Académie des Sciences, rue d’Enfer, n°. 18.
- Bréant, essayeur à la Monnaie.
- Cadet de Gassicourt ( ^ ) , pharmacien , membre du Collège royal de Pharmacie, rue Saint-Honoré , n°. 108.
- o’Arcet ( ^ ) , inspecteur des Essais , à la Monnaie.
- ; Artigues(^), fabricant de cristaux, membre du Conseil général des Fabriques et Manu-tactures, rue du Mont-Blanc , n°. 64.
- .ViERiviÉE, peintre, secrétaire perpétuel de 1 Ecole spéciale des Beaux-Arts, rue Neuve-ôainte-Geneviève, n°. 25.
- 1 tRKiER ( Scipion) , banquier, membre honoiaiie du Comité consultatif des Arts et Manuractures, rue Neuye-de-Luxembourg ,
- M. 27.
- ir )
- MM.
- lloARD (^) , fabricant de céruse à Clichy , membre du Comité consultatif des Arts et Manufactures, rue Montmartre, n°. 160.
- Thénard (^), professeur de chimie au Collège de France , membre de l’Académie des Sciences et du comité consultatif des Arts et Manufactures, rue de Grenelle, nO 4a, faubourg Saint-Germain.
- Vauquelin {^), membre de l’Académie des Sciences, administrateur du Muséum d’Idis-toire naturelle, rue de Seine, au Jardin du Roi.
- Adjoint.
- Boullay, pharmacien, rue des Fossés-Montmartre, 119. 17.
- COMITÉ DES ARTS ÉCONOMIQUES.
- MM.
- Bouriat, rue du Bac, n°. 3ç.
- Christian ( ^ ) , directeur du Conservatoire des Arts et Métiers , rue et abbaye Saint-Martin.
- Le marquis de Grave ( >$< ), pair de France , maréchal de Camp, gouverneur des Enfans de S. A. S. Mgr. le duc d’Orléans, au Palais-Royal.
- Le baron Delessert ( O. ^ ) , régent de la Banque de France, membre de la Chambre des Députés, rue Coq-Héron, n°. 3.
- Derosne (Charles) , pharmacien, rue Saint-Honoré , n°. 115.
- Gay-Lussac (^) , membre de l’Académie des Sciences et du Comité consultatif des Arts et Manufactures , à l’Arsenal.
- Gillet de Laumont (^), inspecteur générai des laines, de l’Académie des Sciences, rue de la Tournelle, n°. 3.
- Robert, propriétaire de l’Etablissement de la cuisson des abatis , à l’île des Cygnes, au Gros-Caillou.
- Say (J.-B.) , rue du Faubourg-Saint-Mar Un. n°. 92.
- Adjoints.
- Le baron Cagniard-Latour, ingénieur mécanicien, rue du Rocher, n°. 36.
- Delunel , rue de l’Échiquier, n°. 38.
- Le duc de la Rochefoucauld-Liancourt.
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- COMITÉ D’AGRICULTURE.
- MM.
- Baudrillart , membre de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue Neuve-Saint-Roch , n°. 24.
- B o s c , inspecteur général des Pépinières, membre de l’Académie des Sciences , rue des Maçons-Sorbonne, n°. i5.
- Le baron ce Chassiron ( ^ ), maître des Comptes, rue Neuve-Saint-Augustin, n°. 19.
- Le comte François de Neufchateau (G.^), membre de l’Académie française, rue du Faubourg-Poissonnière, n°.
- Huzard, inspecteur général des Écoles vétérinaires , membre de l’Académie des Sciences , rue de l’Eperon, n°. y.
- Le comte de Lasteyrie.
- Mireel (^) , chevalier de l’ordre du Roi, membre de l’Académie des Sciences, secrétaire général du Ministère de l’intérieur.
- Silvestre , bibliothécaire du cabinet du Roi, membre de l’Académie des Sciences, secrétaire perpétuel de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue de Seine, hôtel de la Rochefoucauld.
- Tessier (£^), inspecteur général des Bergeries royales, membre de l’Académie des Sciences, rue des Petits-Augustins, n°. 26.
- Adjoints.
- Challan (O.^), membre de la Société royale et centrale d’Agriculture , rue des Champs-Elysées, il0. 8.
- Delille, docteur-médecin , rue Saint-Honoré, n°. 5x4.
- Labbé , aîné, propriétaire, membre de la Société royale et centrale d’Agriculture , rue Duphot, n°. 17.
- Vilmorin, aîné, pépiniériste, quai de la Mégisserie , n°. 3o.
- COMITÉ DE COMMERCE.
- MM.
- Bellangé , manufacturier, rue Sainte-Appo-line , n°. i3.
- Bérard (^) , maître des Requêtes, rue du Helder, n°. i3.
- MM.
- Le baron Coquebert de Montbret (^), de l’Académie des Sciences, rue Saint-Dominique , n°. 71.
- Davillier (^), banquier, boulevart Poissonnière, n°. i5.
- Le baron Dufougerais (O. ^), directeur général adjoint de la Caisse d’amortissement, à l’Oratoire.
- Gauthier de Brécy, lecteur du Roi, rue du Iloussaye, n°. 2.
- Laffond-Ladébat, ancien Député, rue Basse-du-Rempart, n°. 44-
- de Lavigerie ( ^ ) , inspecteur général des Douanes, rue Cadet, n°. 7.
- SivAF.D ( ^ ), administi'ateur des Monnaies, membre de la Chambre des Députés.
- Vital-Roux (^), régent de la Banque de France, rue de Richelieu, n°. io4-
- COMMISSION DU BULLETIN.
- MM.
- | pour les Arts mécaniques.
- | pour les Arts chimiques.
- i
- pour les Arts économiques, pour FAgriculture.
- Molàf.d ,
- Tarbé ,
- Francoeuf. ,
- Mérimée , d’Arcet,
- Bouriat ,
- Christian ,
- Bosc ,
- de Lasteyrie,
- Le baron Petit de Beauverger, pour les Fonds.
- Rédacteur du Bulletin de la Société.
- M. Daclin, rue d’Anjou, n°. 24, faubourg Saint-Honoré.
- Agent général de la Société.
- M. Guillard - Senainville , secrétaire du Comité consultatif des Arts et Manufactures, rue du Bac, n°. au local de la Société.
- Imprimerie de Madame HUZARD (ne'e Yallat la Chapelle ), rue de l’Éperon, n°. 7.
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- DIX-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CLXXXI.) JUILLET l8ig.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MECANIQUES.
- Rapport fait par M. Regnier ? au nom du Comité des arts mécaniques, sur une nouvelle balance pour la pesée des grains et farines 3 exécutée par M. Chemin, balancier-mécanicien 3 rue de la Ferronnerie3 à Paris.
- La balance qui vous a été présentée par M. Chemin 11’est pas de son invention, ainsi qu’il l’annonce lui-même; l’idée en est due à M. Med-hurst, mécanicien anglais; mais M. Chemin y a ajouté des perfection-nemens qui en augmentent la précision et en rendent l’usage plus commode.
- Cette balance, destinée à la pesée des sacs de blé et de farine, etc., est cl un transport facile et occupe peu de place ; elle convient particulièrement aux boulangers, aux meuniers, aux fermiers, et sera d’un grand secours pour les greniers d’abondance. Sa forme est celle d’un établi de mécanique de 3 pieds environ de hauteur, sur 2 pieds 9 pouces de long et 19 pouces de large, monté sur deux roulettes en fonte de mr, comme celles des brouettes, et qu’on conduit par-tout où l’on en a besoin, à l’aide de deux bras de levier qui se ploient et se déploient à volonté.
- Le modèle de balance que M. Chemin a soumis à notre examen est dune construction solide et ingénieuse; les plateaux, qui ressemblent Rix-huitième année. Juillet 1819. F f
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- à deux marchepieds, oscillent par une très-petite addition de poids; les pesées se font avec des poids comme dans les balances ordinaires; le service en est très-facile, l’homme chargé du sac de blé n’ayant autre chose à faire qu’à le poser sur l’un des plateaux.
- Cet instrument nous paraissant d’une grande utilité, sur-tout dans les magasins et greniers de l’Etat, et M. Chemin ayant fait preuve de talent en corrigeant quelques défauts des balances anglaises, nous avons l’honneur de proposer au Conseil d’en publier la description détaillée, accompagnée d’une gravure, dans le Bulletin de la Société.
- Adopté en séance, le 5 mai 1819.
- Signé Regnier, rapporteur.
- Description de la balance de M. Chemin.
- Cette balance présente, au premier coup - d’œil, une assez grande complication. Pour en rendre l’intelligence plus facile, nous allons décrire les diverses parties qui la composent.
- Le bâtis sur lequel la balance est montée, et que l’on peut appeler une brouette, offre deux faces de charpente A A A, fig. 1, 1 et 3, Pl. 177, réunies par des pièces de fonte B B' B", qui en maintiennent l’écartement, et forment une sorte de cage dont l’intérieur reçoit le système des fléaux et plateaux. La première pièce d’écartement B' présente le nom et l’enseigne du constructeur ( la lettre Q couronnée ) ; l’autre, B, a la forme d’une colonne aplatie, dont le socle et le chapiteau , prolongés à droite et à gauche, vont joindre les deux côtés du bâtis, auxquels iis s’assemblent, ainsi qu’à la piece B', par des boulons à écrou aaa; la troisième pièce d’écartement B", boulonnée en dessous avec les charpentes horizontales inférieures du bâtis, porte l’axe ou essieu D ( on voit le détail de cette pièce, fig. 6, 7 et 8 ). Cet axe, mobile sur un boulon b dont il est traversé au milieu de sa longueur, reçoit deux roues de fonte C C, fig. 1, lesquelles, avec les deux petits brancards de fonte dd, fort ingénieusement ployés le long des mon-taos AA, complètent la construction d’une-espèce de brouette que l’on peut regarder comme le véhicule de la machine.
- La balance proprement dite, et qui est représentée fig. 5, se compose d'un fléau E, dont les bras sont égaux ( on voit le plan de ce fléau, fig. 10), de deux systèmes de plateaux F G et des crochets HH, lesquels forment, avec le grand fléau E, un parallélogramme mobile, dont les supports IK des plateaux sont les côtés verticaux. Afin d’éviter les
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- répétitions, nous pensons que c’est ici le lieu de parler des principes mathématiques sur lesquels cette disposition est fondée.
- La balance imitée et perfectionnée d’après Medhurst est précisément celle de Roberval. Sa construction repose sur le principe suivant de statique. « Deux masses AB, fig* i5, liées entre elles par une combinaison de leviers, étant en équilibre, si l’on ajoute à l’une d’elles B un poids quelconque, et que celle-ci descende, en raison de cette addition, de la même hauteur que l’autre s’élève, les masses en équilibre seront égales. » Il résulte de ce principe que si l’on dispose un parallélogramme mobile abcd, de manière que ses côtés ad, cd tournent autour de leurs milieux fixes ef, deux masses égales A et B, fixées aux côtés verticaux ad, b c, seront en équilibre, quelles que soient leurs distances aux points ou centres d’oscillation ef En effet, ces deux masses ne peuvent se mouvoir qu’avec les côtés ad, bc du parallélogramme, et l’un de ces côtés ne peut descendre ou monter d’une certaine hauteur, sans que l’autre monte ou descende de la même quantité.
- Si l’on compare le parallélogramme précédent avec la fîg. 5 , on verra qu’il présente la construction de la balance ; seulement le côté horizontal inférieur du parallélogramme, au lieu d’être d’une seule pièce, est divisé en deux, de manière que les bras du fléau inférieur HH sont in-dépendans l’un de l’autre. Cette construction, qui, d’après le principe, ne paraîtrait pas nécessaire, l’est en effet dans la pratique, à cause des frottemens très-sensibles, occasionés soit par de petites différences dans les longueurs des bras de levier, soit dans la forme des coussinets ou des couteaux, soit enfin dans l’ajustement réciproque de toutes ces pièces. Ces différences, pour ainsi dire incommensurables, produiraient cependant un effet remarquable sur le mouvement des fléaux, qui, pour osciller comme il convient, exigeraient une précision mathématique dans leur ajustement.
- Pour achever de faire connaître la théorie de la construction, il ne sera pas inutile d’indiquer la disposition des crochets H H. Les queues de ces deux pièces, dont la forme est et doit être parfaitement identique, portent chacune un anneau à travers lequel passe et joue librement, mais avec un très-petit ballottement, un couteau à double tranchant, dont on aperçoit la coupe en e e, fig. 5. La tête du crochet entre dans un anneau i, dont les bords intérieurs sont tranchans, et qui doit etre de même diamètre que celui destiné à recevoir le crochet opposé, lequel sera exactement de la même largeur que le couteau e; enfin la longueur du crochet, depuis le point/” jusqu’au point g, doit
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- être parfaitement égale à la distance h i des couteaux du grand fléau E. Celte disposition bien comprise, il est clair que la construction présente la fig. 16, dont les deux parallélogrammes sont liés par leurs côtés supérieurs formant une seule ligne solide; quel que soit le point des plateaux a b, cd où L’on pose le fardeau, il sera équilibré par les masses de même poids que l’on placerait en un point quelconque des plateaux opposés ef, g h.
- Le plateau F, fig. i, 2 et 5, reçoit les caisses ou sacs que l’on amène dans une brouette, et qu’il est facile d’y déposer. Quant aux charges portées à dos d’homme, on les met sur le plateau supérieur L. Il a été fixé à ce plateau une espèce de dossier en fer M, tournant autour des points k, de manière que le sac est retenu et appuyé contre cette pièce. Le premier plateau F, par la saillie qu’il présente, pouvant incommoder dans le transport de la brouette, M. Chemin a imaginé de lier ses supports aux montans I par des charnières II; ce qui permet de le relever dans la situation Fb Il en est de même du dossier M, qu’on rabat en le faisant tourner autour des points k, pour lui faire prendre la position M' marquée par les lignes ponctuées.
- Les deux montans 11 portent intérieurement une coulisse dont le fond est taillé en crémaillère m, fig. 2, et qui reçoit un châssis en fonte N, dont on voit le détail fig. 12; ce qui donne à cette partie de la balance l’aspect d’un écran de cheminée. Ce châssis, glissant dans les coulisses, porte deux cliquets n n, qui, en s’engageant dans les dents des crémaillères, l'arrêtent à la hauteur nécessaire, suivant la dimension des sacs qu’on veut remplir. Une chaîne Q, fig. 12, fixée aux deux cliquets, sert à les dégager des dents de la crémaillère, pour faire descendre le châssis N. A la partie supérieure et de chaque côté de cette pièce sont fixées, à charnière, deux plates-bandes 00, qui peuvent à volonté se développer comme on le voit fig. 9, ou se replier le long du plateau L; elles sont armées de deux pointes pp, qui, conjointement avec une troisième q, fig. 12, servent à tenir ouverte la bouche d’un sac placé sur le plateau F, afin de le remplir jusqu’à un point déterminé.
- Les plateaux GO reçoivent les poids; celui inférieur G est destiné aux gros poids , et sur le petit plateau supérieur O on place les petits poids formant les appoints de la pesée. Les détails des supports de ce plateau sont indiqués fig. n.
- Il nous reste à décrire le moyen employé par M. Chemin pour rendre les plateaux immobiles pendant que l’on met ou que l’on retire les fardeaux ou les poids. Ce moyen consiste en deux mentonnets rr, fig. 1
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- et 4, tournant sur pivots; ils portent chacun une tringle verticale s, fig. i , dont le sommet reçoit un bras de levier tt, fig. 5 et 4. Au milieu du plateau fixe P, fig, 4, est une poignée u, dont la tige verticale, passant à travers le plateau, tourne dans le trou qui lui est ménagé; l’extrémité inférieure de cette tige porte un croisillon \>v, réuni, à charnière, au bras de levier tt, par des barres de communication x x. Cette disposition étant bien comprise, on conçoit qu’en tournant la poignée u on fait mouvoir à-la-fois les deux mentonnets rr, qui se placent ou se retirent de dessous le plateau des poids. Nous remarquerons seulement que, pour faire cette opération, il faut baisser entièrement le plateau F, alors toute la machine demeure immobile.
- La tablette du milieu P sert à déposer les poids additionnels des pesées, c’est-à-dire ceux qui servent d’appoint et que l’on met sur le plateau O.
- La balance que nous venons de décrire est complète pour le service auquel elle est destinée ; elle offre de grands avantages pour les magasins de toute espèce , et sur-tout pour ceux où l’on pèse le plus souvent des caisses ou des sacs de grains ; la facilité de son transport, sa construction très-solide et qui la rend indépendante de tout point d’appui extérieur ; enfin sa sensibilité ( elle trébuche à une demi-once sur 3 à 4 quintaux ), doivent la recommander au commerce. Son prix est de 5oo francs.
- Le même principe, combiné de diverses manières, a fourni à M. Chemin des dispositions fort ingénieuses et très-commodes; il a construit des balances dont le mécanisme est dans le comptoir et dont les plateaux seuls sont visibles ; ces plateaux peuvent être enlevés et replacés sur une espèce de trépied destiné à les recevoir. La même construction a été conservée dans de petites balances placées sur un coffret, qui peut renfermer, outre le mécanisme, les poids qui servent aux pesées.
- Explication des figures de la PL 177.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures, à l’exception de celles marquées 15 et 16.
- Fig. 1 , Élévation latérale de la balance de M. Chemin, montée sur son chariot.
- Fig. 2, Élévation vue de face, du côté du plateau F.
- Fïg. 3, Coupe verticale sur la ligne AB, fig. 1.
- Fig. 4 » Plan du plateau fixe P et du verrou qui arrête le mouvement des plateaux mobiles.
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- Fig. 5, Système de la balance dégagée de son bâtis.
- Fig. 6, 7 et 8, Plan, élévation et coupe de la pièce d’écartement en fonte de fer B’', sur laquelle est fixé l’essieu des roues C C.
- Fig. 9, Élévation et plan de l’essieu D, et détail des plates-bandes qui tiennent ouvert le sac posé sur le plateau inférieur F.
- Fig. io, Plan du grand fléau de balance, dont les deux côtés, réunis par des tringles croisées en fer, portent six couteaux de suspension.
- Fig. ir, Plan du support des plateaux supérieurs G et O, qui reçoivent les poids et les appoints des pesées.
- Fig. 12, Élévation et coupe du châssis à coulisses N.
- Fig. i3, Pièce d’écartement supérieure des plateaux L et F.
- Fig. i4, Plan, élévation et coupe de la pièce d’écartement inférieure des supports 11.
- Fig. i5 et 16, Démonstration des principes mathématiques sur lesquels est fondée la construction de la balance de M. Chemin.
- A A A, montans et traverses de la charpente du bâtis; B B'B", pièces d’écarteinent en fonte de fer; CC, roues de fonte, sur lesquelles repose le bâtis; D, axe ou essieu de ces roues; E, grand fléau de balance; F, plateau inférieur recevant les caisses ou sacs; F', position que prend ce plateau lorsqu’il est relevé ; G, autre plateau sur lequel on inet les poids ; HH, crochets d’arrêt destinés à conserver la position verticale des plateaux lorsqu’ils se mettent en équilibre; IR, supports des plateaux supérieurs; L, plateau où se posent les sacs portés à dos d’homme; M, dossier en fer servant à appuyer les sacs; M', position que prend cette pièce lorsqu’elle est rabattue; N, châssis en fonte qui monte et descend dans une coulisse; O, plateau destiné à recevoir les appoints de la pesée; P, plateau immobile; Q, chaîne qui lie les deux cliquets du châssis-N.
- aaaa, Boulons à écrou, servant à réunir les montans du bâtis avec les pièces d’écartement en fonte ; h, boulon traversant l’essieu D au milieu de sa longueur; c, autre boulon incliné passant dans le bout des petits brancards de fonte dd; ee, couteau à double tranchant traversant les anneaux qui forment la queue des crochets H, dont la longueur est indiquée par les lignes ponctuées f g ; h h, couteaux de suspension du grand fléau E; iiii, autres couteaux placés aux extrémités de ce même fléau; k, centre autour duquel tourne le dossier de fer M ; 11, charnières du plateau F ; m, crémaillère pratiquée dans les montans II; n n, cliquets qui s’engagent dans les dents de cette crémaillère; o o, plates-bandes destinées à maintenir l’écartement des bords d’un sac
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- vide posé sur le plateau F ; pp, q, pointes dont sont armées ces plates-bandes; rr, mentonnets destinés à rendre les plateaux immobiles; s, tringle verticale de ces pièces ; 11, bras de levier pour faire tourner la tringle ; u, poignée qui fait mouvoir ces leviers; vv, croisillons fixés à l’extrémité de la tige de la poignée; xx, barres de communication qui lient à charnière les croisillons avec les bras de levier 11 ; y, boulon qui réunit la pièce d’écartement B' à la charpente; z, écrou servant à assujettir l’anneau i, dans lequel entre la tête recourbée du crochet H ; 2 et 5, coupes de cet anneau, suivant les lignes ponctuées 4 et 5.
- Note sur plusieurs instrumens d’hydraulique employés dans L’Empire Ottoman j par M. Francœur.
- Sans doute ce n’est pas chez des peuples où l’art est dans l’enfance qu’il faut chercher des procédés pour perfectionner les instrumens qui sont à notre usage. Cependant, le génie inventif des hommes se faisant remarquer dans les cas de nécessité, même chez les nations les moins cultivées, le philosophe ne méprise rien de ce qui lui vient de cette source, quelque grossière qu’elle soit. Les Turcs nous en fournissent trois exemples, qui font le sujet de cet article. Tout ce qui se rapporte à la conduite des eaux a de tout temps été chez eux un sujet de méditations , non-seulement par la nécessité de se procurer abondamment ce fluide pour l’aliment des villes, mais à raison de la chaleur du climat et des pratiques religieuses qui, exigeant des ablutions fréquentes et interdisant l’usage des boissons fermentées, rendent les eaux plus nécessaires encore que pour nous. Aussi le soin des fontaines est-il un des plus importans de l’État, et en quelque sorte l’objet d’un culte public. On les multiplie à la ville, dans les campagnes et sur les bords des chemins : le service y est facile; on les dispose de manière à les rendre aussi commodes pour les hommes que praticables pour les animaux.
- M. le général Andréossy, en qualité d’ambassadeur français, a été à même d’étudier le système de la conduite des eaux qui abreuvent Constantinople ; il nous a fait connaître, dans un excellent ouvrage (1), tout ce qui tient à l’hydraulique dans cette contrée. Trois instrumens y sont en usage, que nous avons jugés dignes de recevoir parmi nous des ap-
- (1) Voyage à V embouchure delà mer Noire, ou Essai sur le Bosphore ,• i vol. in 8 , orné de planches ; chez Plancher} libraire , rue Poupée, n°. 7.
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- plications variées, et que nous nous proposons de décrire ; savoir, les térazis, les sou-térazis et les mousloucks.
- I. Le tèrazi ou niveau turc,y?g\ 17, PL 177, est un triangle isocèle dont on place la base horizontalement, le sommet en en-bas; un fil-à-plomb a, suspendu au milieu de la base, doit raser ce sommet. Cet instrument n’est que le niveau du maçon renversé, excepté qu’étant bien plus petit, on le fabrique en métal, et que l’aire intérieure porte des ornemens grossiers b b, qu’on lime çà et là, jusqu’à ce que les poids de droite et de gauche soient égaux : le centre de gravité doit se trouver sur la ligne qui va du sommet au milieu de la base, ligne que là-plomb doit affleurer quand la base est horizontale. Cette base porte deux petits crochets cc, qui y sont solidement soudés.
- On conçoit que le cordeau étant tendu, si on suspend le térazi par ses crochets au milieu de ce cordeau, selon que celui-ci sera horizontal ou incliné, le fil-à-plomb passera par le sommet du triangle ou s’en écartera, si l’appareil a été convenablement exécuté et lesté sur ses crochets. Voici un moyen très-simple de faire un nivellement avec cet instrument.
- Deux hommes, munis chacun d’une règle cle,fig. 18, qu’ils placent verticalement, tiennent les bouts d’un cordeau f, et le tendent en s’éloignant convenablement l’un de l’autre. Une boucle attachée à un bout accroche dans un mentonnet, sorte d’encoche pratiquée à l’une des règles d; l’aulre bout doit être élevé ou abaissé à la volonté du niveleur, qui, placé au milieu, accroche le térazi en un point marqué au milieu du cordeau. Le poids de ce corps et de son plomb fait fléchir la corde; mais les hommes tirent à eux pour la maintenir aussi tendue que le permet son élasticité.
- Le fii-à-plomb tombe-t-il à côté du sommet, le niveleur indique d’un geste à l’ouvrier qu’il doit lever ou baisser le bout qu’il tient. Enfin, lorsqu’on est parvenu à amener le fil-à-plomb sur le sommet inférieur du térazi, 011 est certain que le cordeau est horizontal. Alors l’homme qui tient la règle au mentonnet d se rapproche de l’autre ; on applique les deux règles l’une contre l’autre, et la différence de niveau des stations est celle des points où les bouts du cordeau étaient arrêtés. On l’évalue, si on veut, par des degrés marqués sur les règles ; mais les Turcs 11’ont pas même besoin de ces graduations. Le niveleur mesure avec une ficelle la distance entre les points d’attache du cordeau, et maintenant le point ainsi déterminé sur la ficelle entre les ongles de l’index et du pouce, il procède à une autre station. Il lui est aisé d’ajouter la seconde différence à la première, en faisant partir sa nouvelle mesure de
- l’extrémité
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- re-
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- l’extrémité ainsi marquée par la précédente : il est aussi facile de trancher lorsqu’il y a des contre-pentes.
- Toutes les stations étant achevées, la longueur totale de la ficelle employée est la différence de niveau entre les points extrêmes : le cordeau ayant une longueur de i5 à 20 toises, le nombre des stations donne la distance itinéraire qui sépare ces limites. L’ingénieur s’est muni de grosses graines ou de cailloux; il en met un à part à chaque station, et le nombre des cailloux, désignant celui des stations, est le multiplicateur de la longueur du cordeau.
- En comparant le térazi au niveau d’eau ordinaire, instrument bien imparfait, mais journellement employé, parce qu’il est à la portée de toutes les conceptions, on voit que le térazi est plus simple encore, plus portatif, et n’est pas plus inexact. Deux nivellemens comparatifs, faits à Constantinople par les soins de M. le général Jndrèossy, à l’aide de ces deux instrumens, ont donné à peu près les même résultats : le térazi mérite donc la préférence. Si, à raison du peu de longueur du cordeau, on est obligé de multiplier les stations, d’un autre côté on obtient les distances, ce qui n’est pas sans utilité. Cet instrument pourra être employé par les agriculteurs, les fonteniers et même les ouvriers ordinaires, parce qu’il ne suppose qu’une attention médiocre et aucune instruction. Dans les travaux souterrains, peut-être le térazi est-il le seul instrument dont il soit possible de faire usage.
- IL Les Turcs se servent des sou-térazi pour suppléer aux aquéducs; ils nomment ainsi un édifice en forme d’obélisque, fig. i3 , d’une élévation convenable, surmonté d’un petit réservoir g. L’eau coule dans un tuyau de plombé, qui, partant du sommet d’une montagne, suit la pente naturelle du terrain, puis monte le long de la pyramide; l’eau va se décharger dans la cuvette supérieure g, à la manière des siphons renversés : de là, un second tuyau i, parallèle au premier, redescend le long de la face opposée du sou-térazi, pour suivre de nouveau le sol et se relever ainsi autant de fois qu’il est nécessaire. Au lieu de joindre par un aquéduc sur arcades deux sommets qu’une vallée sépare, pour conduire l’eau de Lun a l’autre, les Turcs placent de ces pyramides hydrauliques à 10 mètres environ de distance, dans les bas-fonds et aux deux extrémités d’un pli de terrain. On monte au réservoir par un escalier intérieur sur le noyau, ou simplement à l’aide de pierres laissées en saillie à l’exiéricar, comme des échelons.
- Le tuyau a un diamètre double de celui du dernier orifice ; l’expérience a indiqué cette proportion , pour que l’eau ne perde aucune vi-
- JJix-huitième année. Juillet 1819. G g
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- tesse. Les réservoirs supérieurs sont comme autant de ventouses (i), qui» interrompant ce système de siphons renversés, s’opposent au ralentissement de la marche du fluide, et peuvent effectuer des fournitures latérales et régulières. L’eau remonte au niveau meme d’où elle est partie, seulement chaque tuyau de départ d’un sou-térazi doit laisser 7 pouces d’intervalle au-dessous du tuyau d’arrivée : d’où l’on voit qu’il n’y a que 7 pouces de perte d’un sou-térazi à l’autre, c’est-à-dire 7 pouces de pente sur un espace de 90 toises. La dépense de construction est évaluée au cinquième de celle d’un aqueduc ordinaire. Ce système pourrait recevoir chez nous d’utiles applications.
- I)u reste, les coudes que forment ces tuyaux sont travaillés dans un bloc de pierre, percé aux deux parties où les tuyaux doivent être placés; on les y fait entrer de force et on Iule avec un ciment, pour que la forte pression de la colonne d’eau ne se fasse pas jour entre la pierre et le tuyau. On donne à celui-ci l’épaisseur convenable pour qu’il puisse résister à l’effort de l’eau.
- III. Un filet d’eau qui coule douze heures de suite, sous une charge constante de 3 pouces, par un orifice circulaire de 4 ligues de diamètre, fournit à peu près 6,000 livres d’eau (5oo livres ou environ 25o pintes par heure); c’est ce que les Turcs nomment un macour. Si l’orifice an lignes de diamètre, il est huit fois plus grand et s’appelle un lulè. Lorsqu’on veut connaître la quantité d’eau que fournit une source, on reçoit le liquide dans une caisse percée de maçours et de lulès, qu’on ferme et bouche en quantité convenable, pour que le volume d’eau qui arrive soit précisément égal à celui qui s’écoule; toujours sous une charge de 3 pouces, comptés de la tangente horizontale commune à tous les orifices, jusqu’à une échancrure horizontale qui laisse écouler l’eau surabondante, tant qu’on n’a pas atteint la juste égalité entre la dépense et la recette. Cette caisse est ce qu’on nomme un mouslouck.
- Les fonteniers reconnaissent avec facilité combien une conduite perd d’eau, en mesurant son débit aux deux extrémités. Ils apprécient de même la quantité d’eau disponible d’une fontaine, et en font ensuite la
- (1) M. Couplet a vu ( Histoire de /’Académie, année 1732) qu’en lâchant l’eau à l’embouchure d’une conduite, il se passait près de dix jours avant qu’il en parût une goutte à son bout de sortie. Dans la conduite des eaux qui vont à Versailles, on remédia à cet inconvénient en plaçant des ventouses aux angles les plus élevés. Après cela, l’eau venait au bout de douze heures, précédée de bouffées de vent, de flocons d’air et d’eau , de filets d’eau interrompus ; et tout cela prenait presque la moitié des douze heures d’attente»
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- distribution, d’après des règles simples, en ouvrant ou bouchant une partie convenable des maçours ou des lulès.
- Il est curieux de remarquer que le débit de l’eau par des orifices, sous une charge constante, n’est connu, en Europe, que depuis deux siècles, tandis qu’il est certain que ce théorème d’hydraulique est en usage chez les peuples orientaux depuis un temps très-reculé. Les règles cle l’art leur sont familières, les nôtres ont beaucoup plus de précision; mais la connaissance en est tout-à-fait récente. On peut lire, à ce sujet, le Traité des machines de M. Hachette, page 70, deuxième édition, où ces règles sont exposées, ainsi que les Annales de Chimie, novembre 1816, page 3/j5.
- Rapport faiCpar M. Regnier, au nom du Comité des arts mécaniques ? sur les nouveaux aciers provenant des usines de La Bérardière, près Saint-Etienne? département de la Loire.
- M. Milleret fils, receveur général du département de la Moselle, a présenté, à la dernière assemblée générale de la Société, du 7 avril 1819, de nouveaux aciers provenant de ses usines de la Bérardière, près Saint-Etienne, département de la Loire. Ces aciers, préparés de sept manières différentes, pour servir dans la pratique des arts mécaniques, ont été soumis par nous à divers essais.
- L’acier N°. 1, destiné à la fabrication des ressorts de voiture, a été employé par nous à faire deux ressorts du nouveau méridien détonnant en forme de mortier, dont on voit un modèle dans le jardin du Palais-Royal. Quoique le choc du recul de cet instrument soit vif et dur, les ressorts ont parfaitement résisté à nos épreuves. Nous sommes informés aussi que des ressorts de diligences, faits avec ce même acier, ont donné à l’usage des résultats satisfaisans (1).
- L’acier N°. 2, raffiné à trois marques, dont on se sert maintenant,
- ' 1) Nous citerons , à cette occasion, un fait qui est digne de remarque. L’Administration des Messageries royales, ayant lait placer des ressorts pareils sous une diligence construite d’après le nouveau modèle, qui parcourt la route de Bordeaux, cette voiture se trouva accidentellement chargée d’un poids de 10,000 kilogrammes; et malgré une charge aussi considérable, elle arriva à Pans sans avoir éprouvé d’avarie notable. On observa seulement qu’un des ressorts avait faibli; mais il fut constaté que ce ressort avait été fa-otiqué avec de l’acier d’Allemagne, tandis que les autres, composés avec de l’acier qe la Bérardière, se trouvaient parfaitement intacts.
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- dans la manufacture royale d’armes de Saint-Etienne, pour faire des ressorts de platines de fusils, a été employé par nous à faire des ressorts d’éprouvettes pour la poudre; nous l’avons trouvé meilleur que î’acier d’Allemagne à sept étoiles.
- Les aciers Nos. 5 et 4 ont été remis à MM. Grangeret et Trépoz, habiles couteliers de Paris; ils se sont accordés à dire que ces aciers étaient tort bons pour les couteaux de table et de cuisine.
- Les aciers marqués d'un éperon et de deux éperons ont donné d’excei-lens outils de serrurier; ils sont au moins aussi bons que ceux dits de Hongrie, destinés au même usage.
- L’acier fondu a servi à faire des burins à crochet pour tourner le fer; il a été reconnu de qualité égale aux aciers fondus anglais.
- Nous avons distingué, dans ces divers échantillons, l’acier à deux colonnes, qui est nouveau pour la France. Cet acier, aunoncé pour être raffiné à 1,024 doubles, se prépare exclusivement à la Bérardière ; il est bien supérieur aux aciers étrangers, i°. parce qu’il est aussi dur que l’acier fondu ; 20. parce qu’il se soude au fer tout aussi facilement que les aciers communs sans perdre de sa qualité; avantage précieux que 11e possèdent pas tous les aciers fins connus.
- Nous avons employé cet acier à former des poinçons à l’usage des douanes, pour marquer les barres de fer en transit; et dans toutes nos épreuves, même sur les fers les plus durs, marqués à froid à grands coups de marteau, les poinçons se sont toujours soutenus, quoique les coups eussent été souvent dirigés à faux.
- La Société d’Encouragement, qui a déjà distingué les premiers aciers de la Bérardière, en accordant une médaille d’or à M. Milleret, dans sa séance générale du a5 mars t8i8 ( vovez Bulletin N°. CLXV, dix-septième année, page 89 ) , a rendu un service essentiel à celte nouvelle aciérie française, dont les succès sont désormais assurés. A la vérité , elle est administrée par des hommes riches et éclairés, et dirigée par l’expérience de M. Beaunier, ingénieur en chef des mines, qui a su amener les produits de cette manufacture à des prix aussi modérés que ceux des fabriques étrangères, tout en leur donnant une qualité supérieure. ^
- Nous avons l’honneur de proposer à la Société d’ordonner l’insertion du présent rapport dans son Bulletin, comme un nouveau témoignage de la satisfaction qu’elle éprouve pour les progrès du bel établissement fondé par M. Milleret.
- Adopté en séance, le i4 juillet 1819. Signé Regnier, rapporteur.
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- M. le comte Chaptal, ayant appris qu’on n’avait pu réussir encore à faire des creusets assez réfractaires pour résister long-temps à Faction du feu nécessaire à la fabrication des aciers, a indiqué la terre qu’on extrait près du pont Saint-Esprit, département du Gard, et qui est connue sous le nom de salavas. Des creusets faits avec cette terre, employés à la Bérardière, ont donné des résultats très-satisfaisans. Les femmes chargées d’extraire cette terre la dégagent des veines ocreuses qui la sillonnent; ces ocres nuiraient beaucoup à l’effet. Des verreries où l’on s’occupe de la fabrication du verre noir (ou à bouteilles) se sont servies de ces creusets et n’ont pas eu besoin de les réparer dans le courant de la campagne, ce qu’on n’avait pas encore pu obtenir; et trois fontes d’acier ont produit le même résultat à la Bérardière. La terre salavas se transporte aisément par le Rhône, le canal Royal, la Saône, etc.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Mérimée, au nom du Comité des arts chimiques, sur une fabrique de cinabre ou vermillon, établie à Paris par M. Desmoulins.
- Messieurs, en i8o5, vous proposâtes un prix pour la fabrication du cinabre. Après six ans écoulés sans résultat, la Hollande se trouvant momentanément réunie à la France, vous crûtes devoir retirer ce sujet de prix, en chargeant votre Comité des arts chimiques de faire, à loisir, quelques essais qui pouvaient devenir éventuellement utiles. Des travaux dont l’application paraissait immédiate ont occupé votre Comité, et nous serions encore obligés de tirer de l’étranger tout le cinabre nécessaire à notre consommation, si quelques difficultés éprouvées pour s’en approvisionner à son gré n’avaient déterminé un fabricant industrieux à chercher les meilleurs procédés de préparer cette belle couleur.
- En applaudissant à un pareil succès, vous regretterez sans doute qu’il soit obtenu sans votre intervention; car, si les circonstances ne vous avaient forcés de vous écarter de votre principe habituel de persévérance, il est probable que la France aurait été quelques années plus tôt en possession d’un fabrication aussi importante, et vous auriez aujourd hui la sslisfaction de compter cet avantage au nombre de ceux que vous avez procurés à notre commerce.
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- Le vermillon que vous avez renvoyé à votre Comité des arts chimiques vous a été présenté par M. Desmoulins, fabricant de couleurs, rue Saint-Martin, n°. ^52. Il vous a été annoncé comme provenant d’une fabrique établie à Paris, et maintenant en pleine activité.
- Ces échantillons sont tellement beaux, que votre Comité a jugé, à la seule inspection, qu’ils étaient parfaitement purs ; aussi la comparaison qu’on en a faite avec ce que la Hollande, l’Allemagne et même la Chine nous envoient de plus beau, a été entièrement à leur avantage. Mais il restait une question essentielle à résoudre ; il fallait vérifier si ces vermillons avaient été réellement fabriqués par celui qui les r ou s’ils
- n’étaient que le résultat d’une expérience faite exprè. . " ver une
- idée exagérée du mérite de la fabrique. J’ai été eh é ;r ::H vérification, et M. Desmoulins m’en a fourni les mo\es : ïérmfigner 4e répugnance et sous la promesse de ne pas divulgt.Lt pro ridés : il
- m’a fait connaître, dans le plus grand détail, son op \ fi le
- commencement jusqu’à la fin. Je puis donc, Messieurs, vous !.e.;î.rr: que le vermillon que vous avez sous les yeux n’est qu’un produit ordinaire de la fabrique que j’ai visitée,
- Le vermillon de la Chine est d’un gram beaucoup plus fin que celui d’Allemagne ou de Hollande, Xi est en outre d’une nuance plus intense et d’une teinte plus carminée , ces derniers caractères 11e peuvent être l’effet d’une trituration plus parfaite, car vous savez que plus 011 divise les molécules d’une couleur, plus on la rend claire; cette nuance claire, plus rapprochée de l’orangé, est recherchée par beaucoup de consommateurs, et c’est probablement ce qui a donné lieu à une falsification malheureusement trop commune dans le commerce, laquelle consiste à mélanger pins ou moins de minium avec le vermillon. M. Des-moulins n’a pas besoin de recourir à de pareils moyens pour varier les teintes plus orangées ou plus carminées, et peut, avec des produits très-purs, subvenir aux divers besoins du commerce.
- Le cinabre orangé est particulièrement convenable aux fabricans de cire à cacheter, qui n emploient que les vermillons de Hollande ou d’Allemagne , non-seulement à cause qu’ils sont moins chers, mais encore parce qu’ils produisent une cire plus brillante. J’ai voulu vérifier par moi-même ces effets, et sans avoir aucune connaissance pratique de la fabrication de la cire à cacheter, j’ai fondu, dans la térébenthine, de ja belle gomme laque, et j’y ai mêlé du vermillon de la Chine; ensuite j’ai fait un semblable mélange avec le cinabre N°. 2 de M. Desmoulins. Vous pouvez vous convaincre, par le résultat que j’ai l’honneur de vous
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- présenter, que le vermillon de la Chine a produit une teinte trop intense et même trop sombre, tandis que le vermillon orangé de M. Desmoulins a donné une eire plus brillante que la plus belle du commerce. Vous remarquerez sûrement que, dans une manipulation que j’essayais pour la première fois !e défaut d’expérience devait me laisser bien en arrière de nos habile , fsbricans.
- Votre programme sur !a fabrication du cinabre contenait deux conditions essentielles : par a première, Vous demandiez que la couleur égalât en finesse et en éclat le vermillon de la Chine, qui est réputé dans le commerce pour celui de première qualité; en second lieu, vous exigiez que la fabrication fut tellement économique, que l’on pût soutenir la concurrence avec l’étranger.
- Ces deux conditions sont entièrement remplies, vous êtes à même de juger de la première; quant à la seconde, je puis vous assurer que le procédé est des plus économiques, et que M. Desmoulins a pour ses bénéfices une latitude qui lui permet de soutenir avec avantage la concurrence avec les fabriques étrangères, quand même le désir d’écouler leurs produits les porterait à baisser leurs prix.
- Dans le moment actuel, on vend le vermillon d’Allemagne 6 francs le demi-kilogramme, et celui de la Chine 10 francs le paquet de 12 onces. M. Desmoulins vend ses plus beaux vermillons clairs 5 francs 70 cent, le demi-kilogramme, et celui qui est parfaitement semblable à celui de la Chine, 8 francs le demi-kilogramme. Il peut en fabriquer 100 livres par jour, et plus si l'a consommation l’exigeait.
- Si vous aviez maintenu votre programme, nul doute que celui qui a satisfait à toutes ses conditions n’eut gagné le prix ; les circonstances vous ont forcés de le retirer; mais l’établissement formé par M. Desmoulins 11e mérite pas moins votre attention ; la fabrication du cinabre n’est pas moins avantageuse en ce moment qu’elle ne l’était il y a dix ans ; car personne, à notre connaissance, n’a dispensé la France d’urie partie du tribut qu’elle payait alors pour s’approvisionner de cette couleur.
- La fabrique de M. Desmoulins est dans ce moment autant dans l’intérêt de notre industrie que s’il l’eût établie lorsque le concours était ouvert. Enfin, je puis ajouter que vous devez éprouver du regret de ne pas avoir eu l’occasion de donner un prix aussi bien mérité.
- Nous ne vous proposons pas, Messieurs, de le décerner, puisque le concours est fermé depuis long-temps; mais vous accordez annuellement des récompenses honorifiques à ceux qui contribuent aux progrès
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- de l’industrie, en formant des établissem'ens utiles : or, personne n’a plus de droits à un témoignage distingué, que celui qui eût gagné le prix proposé pour la fabrication du cinabre, si vous l’eussiez maintenu. En conséquence, j’ai l’honneur de vous proposer, au nom de votre Comité, de faire connaître la belle fabrication de cinabre de M. Desmoulins , en insérant le présent rapport dans le Bulletin de la Société, et en le renvoyant à la Commission, que vous chargerez de désigner les fabricans qui ont droit aux médailles, pour avoir concouru aux progrès de notre industrie.
- Adopté en séancele 5 juillet 18 r 9.
- Signé Mérimée, rapporteur.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Mémoire sur les avantages de la fabrication en grand du sucre de betterave ; par M. Muîzel ? directeur de la fabrique du sucre indigène de M. le baron de Koppy, à Krain? en Silésie (1).
- Lorsque, en i8o5, on commença à s’occuper de la fabrication en grand du sucre de betteraves, le prix du sucre des Colonies n’était pas plus élevé, en Allemagne, qu’il ne l’est aujourd’hui, parce qu’alors les relations commerciales de ce pays étaient encore libres. Le blocus continental n’a point fait éclore cette nouvelle branche d’industrie; i! lui a porté, au contraire, un coup funeste, en faisant naître l’opinion qu’il n’y a de l’avantage à l’exploiter que dans le cas où le commerce maritime serait interrompu, opinion qui s’est accréditée par la-manière dispendieuse de traiter une matière encore peu connue, et livrée d’abord à des mains avides et malhabiles. La paix de 1814 9 en faisant cesser cette spéculation , découragea la plupart des fabricans. Plusieurs d’entre eux sont néanmoins restés convaincus que le sucre indigène, traité par des procédés simples et économiques, produit des bénéfices certains, meme lorsque le commerce maritime est le plus florissant. Cette vérité est confirmée par les succès qu’obtiennent les établissemens
- (1) Extrait, de la Gazette de, Gotha; du 15 avril 1,819.
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- de M. le comte Chaptal, en France; de 1YT. ISathusius, à Magdebourg ; du baron de Koppy, en Silésie , et de beaucoup d’autres.
- Les procédés sont aujourd’hui tellement simplifiés et si peu dispendieux, que les fabricans qui ont persévéré livrent des produits d’une qualité infiniment supérieure à celle du sucre qu’on préparait autrefois.
- Depuis huit ans, je pratique en grand la fabrication du sucre de betteraves ; j’ai recueilli des documens précieux sur cet objet, en visitant les fabriques les plus célèbres de la Belgique, du Bas-Rhin et de la Prusse. Directeur, depuis 1814, de celle de M. le baron de Koppy, à Krain, en Silésie, j’ai essayé les divers procédés recommandés parles savans, je les ai comparés entre eux, et j’ai acquis assez d’expérience pour pouvoir signaler les avantages ou les inconvéniens de cette nouvelle branche d’industrie, et assigner le rang qu’elle doit occuper dans nos richesses nationales.
- On sait que c’est en Silésie que fut faite la première tentative d’extraire la matière sucrée de la betterave. A char d prouva la possibilité de traiter cette fabrication en grand, idée qui fut réalisée, en 1800, par M. le baron de Koppy, sur son domaine de Krain. Son établissement, le premier de ce genre qui fut créé sur le Continent, n’a cessé de faire de rapides progrès, après avoir lutté contre des obstacles de tout genre. Ces hommes recommandables ont donc des droits incontestables à la reconnaissance de leurs concitoyens, puisque c’est à leurs travaux qu’est due l’impulsion qu’a reçue celte branche d’industrie , aujourd’hui dégagée de ses imperfections; ils ont démontré que le sucre de betteraves peut soutenir la concurrence, sous le rapport de la qualité et du prix, avec celui des Colonies, et qu’il y a du bénéfice à le préparer, même lorsque le commerce est entièrement libre. Si je hasarde d’offrir au public le tribut de mes faibles lumières sur ce sujet, c’est dans la vue de combattre les préjugés de l’ignorance, de prouver jusqu’à l’évidence les avantages de la nouvelle découverte, d’en donner une idée claire et précise, et d’exciter les hommes entreprenans à consacrer leurs laiens et leurs capitaux à une spéculation qui leur offre tant de chances de succès et de profit. Mes données étant fondées sur une longue pratique, je n’encourrai pas le reproche d’avoir présenté une théorie brillante dénuée de preuves; je garantis d’avance la rigoureuse exactitude de me calculs (i).
- (i) Nous avons réduit ces calculs en monnaie de France, en évaluant l’écu de Prusse à o francs r5 centimes.
- Dix-huitième année. Juillet 1819. H h
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- La matière première du sucre indigène est entièrement au pouvoir du fabricant; elle croît sur son terrain; aucune circonstance politique ne peut en diminuer les approvisionnemens ni en élever le prix; la betterave ne redoute pas même les influences de l’atmosphère, auxquelles le cultivateur peut toujours parer à temps. Cependant, si la culture de cette précieuse racine était négligée, si le sol était mal choisi, les récoltes manqueraient ; mais il est rare que la température seule produise cet effet. La betterave n’ayant d’autre ennemi que le rat des champs, qui ne l’attaque encore que dans la saison froide, on voit qu’elle n’est exposée à aucun accident, tandis que le suc de la canne est dévoré par une foule d’insectes, et que cette plante est souvent renversée par les ouragans qui ravagent les Antilles.
- Pendant le blocus continental, il s’était accumulé de si énormes approvisionnemens de sucre dans les Colonies occidentales, qu’on fut forcé d’en nourrir les chevaux; en Angleterre même, on s’en servit pour engraisser les bœufs; et si l’on considère le prix moyen de celte denrée depuis cinquante ans, on se convaincra qu’il ne saurait être plus bas qu’il ne l’est aujourd’hui. En effet, nous ne payons, pour ainsi dire, que le fret et les droits du sucre brut; ce qui prouve combien est grande sa surabondance dans les îles.
- Le sucre de betterave n’occasione presque aucuns frais de transport, la plante qui le produit pouvant se cultiver en tous lieux, et étant affranchie de tous droits. Rien ne peut ralentir ni arrêter sa fabrication, laquelle n’exige qu’une activité soutenue et des soins. La quantité qui s’en fabrique actuellement a dû propager la culture de la betterave, quoiqu’elle ne soit pas aussi étendue qu’elle pourrait l’être. Les hommes les plus versés en cette matière prescrivent comme sphère d’activité d’une fabrique de sucre indigène la consommation annuelle de 10,000 quintaux de betteraves; en supposant qu’on puisse en manipuler 100 quintaux par jour, à partir du moment de la récolte, le travail serait terminé en cent jours, terme qu’on ne pourrait dépasser sans inconvénient. Il faut donc que l’entrepreneur possède ou soit fermier d’une étendue de terrain suffisante pour lui permettre d’en consacrer 100 arpens environ à la culture de la betterave, sans nuire à ses autres cultures; car mon expérience m’a appris que la récolte moyenne d’un arpent est de 100 quintaux, lesquels fournissent, indépendamment d’une grande quantité de fourrages et de fumier, environ i5 quintaux de résidus pour la nourriture des bestiaux.
- Les divers procédés de préparation des betteraves sont trop connus pour
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- qu’il soit nécessaire de les rappeler ici. Le mode de les planter sur couches n’est pas praticable en grand, attendu qu’il exige beaucoup de main-d’œuvre; j’emploie depuis plusieurs années et avec succès la méthode suivante, que je regarde comme préférable à toute autre, à cause de l’économie et des abondantes récoltes qu’elle procure.
- Le champ, labouré profondément et hersé diagonalement, est divisé en un grand nombre de carrés d’égale dimension; à l’intersection des lignes, on met une plante, et à mesure qu’elles prennent de l’accroissement, on les sarcle deux fois en long et en large, ce qui suffit pour nettoyer la terre et la débarrasser des herbes parasites. S’il survient de la grêle ou une forte pluie, on renouvelle le sarclage, sur-tout si les grêlons sont restés quelque temps sur le sol, car plus la terre est meuble, plus la végétation est riche et rapide. Lorsque les betteraves sont mûres, on les arrache, et, après en avoir coupé les fanes, on en forme des tas qu’on recouvre de paille et de terre, afin d’empêcher l’accès de l’air extérieur et les garantir des gelées. Les betteraves recueillies en septembre et au commencement d’octobre donnent la plus grande quantité et la meilleure qualité de sucre. Les frais de ce mode de culture sont peu considérables et n’excèdent pas ceux que nécessiterait une pareille étendue cultivée en pommes de terre. J’ai dit que le produit d’un arpent de terre est ordinairement de 100 quintaux de racines, non compris quare charretées de fanes vertes; mais je suis convaincu qu’on pourrait doubler et même tripler ce produit. Au prix actuel du sucre qu’on en relire, ioo livres de betteraves ne valent, pour le fabricant, que 93 centimes; les fanes sèches, dont on récolte de 4 à 5 quintaux, peuvent être employées concurremment avec le tabac commun du pays; on les vendrait environ 11 francs 2Ô centimes le quintal. Ainsi, un arpent de terre, cultivé en betteraves, rendrait annuellement de 1 j2 à 187 francs, en raison des prix du tabac indigène et des récoltes plus ou moins abondantes ; un pareil résultat est sans doute très-encourageant pour le cultivateur intelligent.
- Pour éviter la construction des hangars destinés à recevoir l’approvisionnement, on ne prendra, sur les tas formés dans les champs, que la quantité nécessaire pour alimenter la fabrication. On commence par ratisser les betteraves , afin de les débarrasser des fibres et de la terre qui y adhèrent ; ce travail, qui se fait à la journée par des femmes et des enfans, ne coûte que 2 sous par quintal, dans la fabrique que je dirige depuis cinq ans. La seconde opération, qui consiste à réduire
- H h 2
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- en pulpe les betteraves, se fait par des hommes, au moyen de râpes cylindriques à main , aussi à raison de 2 sous par quintal. La pulpe obtenue a été portée sous une presse à vis ordinaire; et après que le jus en a été exprimé, on distille les résidus pour en tirer de l’eau-de-vie. Pour exprimer le suc de 100 quintaux de pulpe, il faut quatre journées d’ouvrier, lesquelles coûtent ensemble 3 francs 75 centimes. Les procédés pour convertir cette quantité en sirop et, en sucre sont très-simples et n’exigent aucune connaissance chimique ; ils exigent aussi quatre journées d’ouvrier de dix heures chacune, sous la direction du chef d’atelier; les frais sont de 5 francs. La dépense en combustible est d’une corde de bois ; il en faut autant pour distiller l’eau-de-vie du marc des betteraves, opération analogue à celle de la distillation des pommes de terre, et qui exige quatre journées d’ouvrier, aussi à raison de 5 francs. L’ensemble du travail se fait sous l’inspection du propriétaire ou de son régisseur.
- Les détails dans lesquels je viens d’entrer prouvent que les procédés de cette fabrication ne sont ni difficiles ni dispendieux. Je vais passer maintenant à l’évaluation des capitaux nécessaires pour établir, en Silésie, une fabrique de sucre indigène , de l’étendue annoncée : ceux qui désireraient se livrer à une pareille spéculation pourront baser leurs calculs sur ces données.
- Supposant que l’entrepreneur ait à sa disposition tous les bâtimens propres à l’exploitation, je porterai, pour mémoire, les dépenses qu’exigerait leur construction, et qui peuvent s’élever à environ ii,25o francs, au prix où sont aujourd’hui les matériaux et la main-d’œuvre dans les campagnes; mais je dois tenir compte de l’intérêt de ce capital à 5 pour 100, ce qui fait 062 francs 5o centimes. Il faut, pour râper 10,000 quintaux de betteraves dans l’espace de cent jours, à raison de 1 oo quintaux par jour, quatorze ouvriers, qui, terme moyen, font 7 à 9 quintaux de pulpe chacun; cette opération exige par conséquent quatorze râpes à main, lesquelles , y compris leurs manivelles et leur bâtis, coûtent chacune 18 francs 75 centimes, ci, pour les quatorze. . ...................................... . .... 262 fr. 5o c.
- Quatre presses à vis en fer fondu, du poids chacune de deux quintaux, y compris les écrous; le prix actuel du quintal de fonte, pris dans les forges de Gleiwitz, étant de 4b francs 25 centimes, il en coûte, pour 8 quintaux.............................. 370
- 632 fr. 5o c.
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- Ci-contre. . . . . . 652 fr. 5o c.
- La dépense de la charpente et des jumelles de ces
- presses n’excède pas................................... 375
- Tonneaux, baquets et autres vases................. 563 5o
- Quatre pièces de coutil pour exprimer la pulpe, à
- 26 francs 2 5 centimes l’une......................... io5
- 20 aunes de canevas à filtre, à 2 francs 5o centimes
- l’aune...................................................... 5o
- Une grande chaudière à clarifier, jaugeant 100 pieds cubes; elle est en forte tôle laminée, et pèse 35o livres.
- Le quintal de tôle coûte 52 francs 5o centimes dans les forges royales de Rybnik; mais ce prix est doublé par la main-d’œuvre, ce qui fait par conséquent pour
- 3 quintaux et demi......................................... 367 5o
- Deux bassines d’évaporation, aussi en tôle, chacune de la contenance de 5o pieds cubes, et du poids de 2 quintaux, ce qui fait, y compris la main-d’œuvre,
- io5 francs, et pour quatre quintaux.................. 42°.
- Deux chaudières de cuivre et un réfrigérant de même métal, pesant chacun un demi-quintal, à 262 francs
- 5o centimes le quintal, façon comprise..................... 3g3 75
- Ecumoires, cuillers, puisards et autres petits ustensiles de cuivre, du poids d’un quintal..................... 262 5o
- Quatre cents formes à sucre, à 1 franc 56 centimes
- chaque................................................... 624
- Quatre cents pots idem, à 1 franc 2 5 centimes. . . 5oo
- Total....................... 4>2Ç)3 fr. 75 c.
- Dépenses pour les appareils de distillation des résidus.
- Une marmite à Papin pour faire bouillir les résidus, ou deux chaudières de tôle, pesant chacune 5 quintaux, à io5 francs par quintal................................................ i,o5o fr.
- Un appareil distillatoire, construit d’après le système de Pistorius, pesant 20 quintaux, à 262 francs 5o centimes par quintal.......................................... i,o5o
- Vingt tonneaux de fermentation, à 22 fr. 5o centimes pièce. ............................................. 45o
- 6,750 fr.
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- 6,75o fr. » c. 562 5o
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- De Vautre part. ....
- Autres tonneaux pour l’eau-de-vie et le sirop . . . .
- Frais de transport et autres menues dépenses pour balances, poids, alkoomètres, aréomètres , paniers, pelles, haches, lampes à’Jrgand, quelques poêles, frais de pose des chaudières, bassines, etc.............
- Total pour la distillation...........
- Dépense pour la fabrication du sucre..........
- Total général..............
- 1,895 75
- 9,206 fr. 25 c.
- 4,293 75
- i3,5oo fr. c.
- Ce capital, qui suffit pour les premiers frais d’établissement d’une fabrique dans laquelle on convertirait annuellement 10,000 quintaux de betteraves en sucre et en eau-de-vie, ne peut détourner le spéculateur entreprenant de se livrer à un travail dont les bénéfices sont considérables. On verra, par les calculs suivans, basés sur une expérience de huit années, combien cette nouvelle branche d’industrie est digne d’encouragement.
- Yoici le montant des dépenses nécessaires pour fabriquer 10,000 quintaux de betteraves, tant pour en tirer du sucre et de la mélasse, que de l’eau-de-vie; elles sont réglées d’après les prix établis ci-dessus.
- Intérêt à 5 pour 100 du capital de ii,25o francs, valeur estimative des bâtimens d’exploitation, qu’on suppose déjà construits..................................................
- Intérêt à 5 pour 100 du capital de i3,5oo francs, employé pour achat d’ustensiles et d’appareils. ...
- Valeur de 10,000 quintaux de betteraves, à p3 centimes par quintal.......................................
- Pour nettoyer cette quantité, à 2 sous par quintal.
- Pour râper, idem..................idem...............
- Pour presser, à raison de 3 francs 75 centimes pour
- 100 quintaux, ci....... ................................
- Pour cuire le jus de betteraves et le convertir en mélasse ou en sucre, à 5 francs pour 100 quintaux..
- 100 cordes de bois, à i5 francs la corde.............
- Main-d’œuvre pour distiller les résidus, à 5 francs
- par j00 quintaux,....................................... 500
- 100 cordes de bois pour la distillation , . . . . . i,5oo
- 16,912 fr. 5o c.
- 562 fr. 5o c.
- 675
- 9,3°o
- 1,000
- 1,000
- 3?5 ,
- 000
- i,5oo
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- Ci-contre.................. 16,912 fr. 5o c.
- Acide sulfurique, chaux, sang de boeuf, charbon animal et autres ingrédiens, à 62 centimes par quintal. 6,200 100 pintes d’huile pour l’éclairage, à 70 centimes.. 70
- Appointemens du maître raffineur et du distillateur. 1,875 Impôts, droits pour l’eau-de-vie, frais d’assurance
- et autres...................................................... 4^°
- Réparation des appareils et ustensiles.............. 375
- Frais de transport et de voyage.................. 1,125 *
- Total........................... 27,007 fr. 5o c.
- Le produit utile qu’on retire de 10,000 quintaux de betteraves est évalué ainsi qu’il suit, d’après des expériences rigoureuses, qui coïncident avec celles de plusieurs autres fabricans, et méritent toute confiance.
- On extrait de 100 livres de betteraves 70 à 75 livres de suc, qui donnent 3 livres et demie de sucre : ainsi, 10,000 quintaux rendront 35,000 livres. Le sucre brut que j’ai obtenu cet hiver dans la fabrique de Krain est de si bonne qualité, que les marchands et les distillateurs me l’ont acheté à raison de 80 francs le quintal ; mais je ne l’évaluerai qu’à 71 francs, ce qui fera, pour 35,000 livres, 2/1,85o francs.
- Quoique j’aie constamment obtenu autant de mélasse que de sucre, je ne porterai cependant ce produit qu’à 265 quintaux. Cette mélasse, qui provient de la cuite du sucre brut, se vend 45 francs le quintal, ce qui fait 11,925 francs pour la totalité.
- Les résidus d’un quintal de betteraves, après qu’on en a retiré le sucre et la mélasse, étant mis à fermenter et distillés, rendent de 1 litre à 2 litres deux cinquièmes d’eau-de-vie, qu’on vend dans la fabrique de Krain de j5 à 93 francs l’eimer (80 litres); mais je ne l’évaluerai qu’à 87 francs 5o centimes, et je n’admettrai que le plus bas produit, ou 10,000 litres ( 125 eimer'), qui rendront net 4,687 francs 5o centimes.
- Je ne porterai pas en compte i,5oo quintaux de fourrage vert, qui tourneront au profit de l’établissement, ni les cendres provenant du bois consommé, parce que ces objets ne se vendent pas.
- Nous avons vu, i°. que 35,000 livres de sucre brut produiront, même
- dans les circonstances les plus défavorables....... . 24,85o fr.
- 2 . Que 265 quintaux de mélasse provenant de la cuite du sucre brut ont une valeur réelle de......... 11,925
- 36,775 fr.
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- 36,7 7 5» fr-
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- De Vautre part.........
- 3°. Que les 10,000 litres d’eau-de-vie provenant des résidus rendront........................................
- Total des produits. . . .
- Déduisant les dépenses portées ci-dessus à. . .
- Reste bénéfice pour le fabricant.........
- D’où il résulte que, dans l’exploitation de cette branche d’industrie, l’entrepreneur rentre, dès la première année, dans sa mise de fonds de i3,5oo francs, pour achat d’appareils et d’ustensiles.
- D’après les calculs ci-dessus établis, le quintal de sucre de betteraves revient, au fabricant, à 4o francs ; mais comme la même quantité de sucre brut des îles se paie aujourd’hui io3 francs, et qu’il n’est pas à présumer que ce prix, déjà très-bas, tombe encore, on peut affirmer que la fabrication du sucre indigène ne sera anéantie par aucune circonstance politique qui amènerait sur le Continent line surabondance de denrées coloniales.
- Les avantages de cette fabrication se fondent, i°. sur la simplicité et la facilité avec lesquelles on obtient la matière première; 2°. sur l’influence que la culture de la betterave ne manquera pas d’exercer sur la pratique des assoîemens ; 3°. sur l’économie et la perfection des procédés ; 4°. sur les grands bénéfices qui restent au fabricant, après tous les frais payés ; 5°. sur ce que le numéraire qu’on exporte pour l’achat du sucre exotique restera dans la circulation, ce qui augmentera la richesse nationale et l’aisance des individus , en leur procurant un travail assuré et lucratif ; 6°. sur ce que l’extension de cette branche d’industrie, loin de nuire aux autres, leur sera, au contraire, profitable.
- Comme les frais de culture de la betterave sont compensés par la vente des fanes sèches, employées en remplacement du tabac, il reste au cultivateur, par chaque arpent de terre produisant ioo quintaux de betteraves, un bénéfice net de 90 francs, non compris celui résultant de la conversion de cette quantité en sucre, mélasse et eau-de-vie, qu’on évalue à 142 francs 5o centimes, dans la supposition des récoltes les plus médiocres et des prix les plus bas. On sait qu’un arpent de terre, cultivé en céréales ou autres végétaux, ne rapporterait, dans les mêmes circonstances, guère plus de 22 francs 5o centimes. Ainsi, tous les calculs se réunissent en faveur de la betterave ,
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- 41,462 fr. 5o c. 27,007 5o
- i4,435 fr.
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- terave, qui ne redoute ni l’intempérie des saisons ni la variation du prix des denrées.
- Cette considération , jointe i°. aux avantages qui résulteront de l’extension de la culture de la betterave, si favorable aux assolemens; 20. à ce que, par suite de ma longue pratique dans un établissement en activité, que je dirige seul depuis cinq ans, et des expériences puisées dans les registres de cette fabrique, je n’ai admis que le produit le plus faible et porté les frais de manipulation à leur plus haute valeur; 3°. à ce que le débit de la denrée est toujours assuré; l\°. à l’influence que cette découverte exercera sur l’industrie et le commerce en général ; cette considération, dis-je, mérite que la fabrication du sucre indigène soit encouragée par tous les amis du bien public.
- Si Achard, Hermstaedt, et les chimistes les plus recommandables de l’Allemagne et de la France, ont fait faire de rapides progrès à cette nouvelle branche d’industrie et sont parvenus à la pratiquer en grand, les événemens de 1814 lui ont porté un coup funeste. Cinq années se sont écoulées depuis, et chacun a pu en apprécier les avantages ou les in-convéniens ; elle a reçu du temps et de l’expérience tous les perfec-tionnemens dont elle était susceptible; et, aujourd’hui que le commerce est libre, elle ne peut plus être anéantie. J’ajouterai que mes calculs et les résultats que j’ai annoncés coïncident parfaitement avec ceux qu’ont publiés MM. Chaptal et Nathusius, et méritent, par cette raison, toute confiance.
- AGRICULTURE,
- Extrait d’un rapport fait par M. Silvestre-, au nom du Comité d’Agriculture, sur un projet d’institutions agricoles , présenté à la Société par M. Humbert.
- M. Humbert a communiqué à la Société un ouvrage manuscrit, intitulé : Projet de fermes expérimentales , ou Ecoles spèciales d'agriculture , clans lequel, après avoir exprimé le regret que l’économie rurale ne fasse point, en France, partie de l’enseignement, il recherche quelles sont les connaissances utiles aux progrès de cet art; il les divise en connaissances théoriques, qui sont, suivant lui, la botanique, I’his-Dix-huitième année. Juillet 1819. ' Xi
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- toire de l’agriculture, la géologie, la géographie et les mathématiques, politiques et législatives ; et en connaissances pratiques, comprenant les travaux de labour, les opérations de culture, la météorologie agricole. M. le comte Chaptal âvait déjà exprimé le vœu que les jeunes gens sortis des collèges fussent placés dans des Ecoles spéciales d’Agriculture. M. Humbert pense que dans ces Etablissemens les élèves devraient s’occuper de tous les objets qui peuvent préparer leurs études rurales, tels que l’explication de Columelle, Vègèce et Vanière. Les malhématiques s’appliqueraient au commerce, à l’arpentage, à l’architecture; la physique et la chimie, à tout ce qui regarde les amendernens, les engrais, etc.
- Pour réaliser son projet, l’auteur suppose rétablissement de fermes expérimentales; il pense que de riches propriétaires chez lesquels on trouverait des exemples de toutes les bonnes opérations agricoles, consentiront à recevoir quarante à cinquante jeunes gens appelés à étudier l’agriculture, et qui seraient conduits dans leurs champs cultivés par un professeur d’économie rurale ; ils recevraient ainsi des leçons pratiques sur le terrain.
- Les fermes expérimentales seraient au nombre de quatre, et les jeunes gens qu’on y admettrait à l’âge de quinze à seize ans devraient savoir lire et écrire; ils resteraient six années dans l’établissement.
- L’auteur croit que l’enseignement de l’agriculture ne convient ni aux grands propriétaires ni aux simples manouvriers des campagnes; car les premiers trouveront cet enseignement dans les écoles publiques qu’ils sont appelés à fréquenter, et les autres ne doivent s’occuper que d’une seule partie de l’art agricole, le labourage, la culture des potagers, la direction des troupeaux, etc.; c’est donc principalement aux fils de fermiers et à ceux des petits propriétaires cultivateurs que ces Ecoles seraient destinées.
- Le Comité d’Agriculture pense qu’en spécifiant ainsi le but de l’enseignement qui doit être donné dans les Ecoles d’Agriculture, M. Humbert aurait dû restreindre son plan et se borner à ce qui peut être utile aux fermiers ou aux régisseurs des domaines ruraux. On ne voit pas de quel secours leur serait le latin qu’il met en première ligne pendant les six années d’études ; on pourrait en dire autant de l’algèbre, de la géométrie et de plusieurs autres sciences qui ne devraient être enseignées que dans leurs élémens.
- D’un autre côté, l’auteur ne parle ni de l’étude de la terre ni de celle des animaux, soit utiles, soit nuisibles, ni de l’hygiène des animaux domestiques, ni de la médecine vétérinaire, ni des arts écono-
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- iniques, ni de l’étude des lois rurales, etc. En général, plusieurs des parties élémentaires de l’enseignement proposé sont à rejeter, parce qu’elles doivent être déjà connues des élèves, qu’on suppose être âgés de quinze à seize ans. D’ailleurs, il est aussi important de bien tracer le programme des connaissances exigées pour leur admission dans les Ecoles spéciales , que celui de l’instruction qu’on doit leur donner.
- Le Comité a considéré que si le projet de M. Humbert annonce en général de très-bonnes intentions et des connaissances de plus d’un genre, il pèche par une base essentielle qui le rend inexécutable, celle de recevoir les souscriptions annuelles ouvertes dans toutes les Sociétés d’A-griculture du royaume, pour subvenir aux frais de ses quatre fermes expérimentales.
- Il n’est pas douteux que si des agronomes parviennent à convaincre le Gouvernement des heureux effets qu’exercera l’enseignement public sur les progrès futurs de l’économie rurale, il n’accueille avec empressement les vues utiles qui lui seront présentées à ce sujet, et ne consacre des fonds non-seulement à l’établissement d’Ecoles spéciales d’agriculture, pour l’instruction des fermiers et des régisseurs de terre, mais encore à celui des chaires particulières dans les académies, pour l’instruction des propriétaires et des hommes qui se destinent à l’administration publique.
- Les considérations que nous venons de développer ayant été communiquées à M. Humbert3 celui-ci, profitant des avis utiles que lui a donnés la Société, a resserré son plan dans des limites plus étroites. Il borne maintenant son enseignement aux connaissances nécessaires aux fermiers, aux régisseurs, aux maîtres de postes qui se livrent à la culture, et sur-tout à donner l’instruction préparatoire aux jeunes gens qui se destinent à entrer dans les Ecoles vétérinaires, et qui doivent subir les examens exigés pour tous les élèves admis dans ces Ecoles.
- Ce nouveau plan, soumis au Comité d’Agriculture, a reçu son approbation. Le but de l’auteur lui semble bon, et les études qu’il se propose de faire suivre à ses élèves paraissent appropriées aux résultats qu’il veut obtenir. Cependant, pour juger avec certitude de l’établissement projeté, il faut qu’il soit organisé et qu’on puisse apprécier ses succès.
- L’auteur désire que son Ecole spéciale d’agriculture puisse s’ouvrir sous les auspices de la Société d’Encouragement et sous ceux de la Société royale et centrale d’Agriculture, et que des membres choisis par ces deux Sociétés viennent de temps en temps s’assurer des pro*
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- grès de l’instruction des élèves, et qu’ils président aux distributions solennelles des prix.
- Le Comité d’Agriculture a proposé d’accueillir ces diverses demandes, et de témoigner à M. Humbert l’intérêt que la Société prend à l’établissement de sa maison d’instruction pour l’agriculture, dont l’utilité ne saurait être contestée.
- Ces propositions ont été adoptées.
- ÉCONOMIE POLITIQUE.
- Programme d*un prix proposé par M. le marquis Arborio
- Gattinare de Brême.
- Ce prix sera décerné au Traité élémentaire d’Economie politique le plus propre à servir de guide aux professeurs de cette science dans les étabüssemens d’instruction publique.
- La Commission désignée par le fondateur pour prononcer dans ce concours, composée de MM. le marquis Garnier, Say, Lesur, Sismonde-Sismondi, Ganilh et le baron de Gérando, croit devoir avertir les con-currens que, par le mot d’Economie politique, elle entend seulement la science qui fait connaître la nature et la marche des richesses, mais sans exclure les applications qui, dans chaque état, seraient de nature à éclairer le législateur et l’administration sur les effets de leurs mesures relativement à la prospérité publique.
- Les écrits qui concourront devront, suivant l’intention du fondateur, servir spécialement à l’enseignement. On espère que leurs auteurs s’attacheront à réduire les questions à leurs termes les plus simples et les plus clairs, et qu’ils auront soin de bien déterminer le sens qu’ils donnent à leurs expressions. Il paraît aussi convenable qu’ils s’imposent la loi de fonder leur doctrine sur des faits bien connus et sur la nature des choses. Les conséquences qu’ils en tireront devront être des déductions incontestables, ou du moins s’appuyer sur des raisonnemens rigoureux. Les hypothèses ne seront admises que comme exemples, et pour faire entendre des principes dont la preuve doit être établie indépendamment de leur secours. Il en sera de même de l’autorité des écrivains antérieurs, qui ne pourra, dans aucun cas, suppléer aux faits
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- et à la raison. Si la discussion des principes rendait indispensable l’attaque de quelques doctrines déjà soutenues, il serait désirable que cette polémique fût renvoyée dans des notes, ou qu’elle servît de texte à des dissertations particulières, l’ouvrage lui-même devant être consacré aux points incontestables qui méritent d’être enseignés, et sur lesquels doivent s’appuyer les maîtres et les élèves.
- Les ouvrages qui seront envoyés au concours devront être écrits en français, en italien ou en anglais : on les adressera, francs de port, avant le Ier. janvier 1821, à M. le baron de Gérando, conseiller d’Etat, membre de l’Institut de France, à Paris, en y joignant un billet cacheté qui contiendra la devise de l’ouvrage, le nom et l’adresse de Fauteur.
- Le prix est de la valeur de 100 souverains d’or ( environ 3,600 f'r. ). La somme est déposée à la banque de MM. Mariette et compagnie, à Milan.
- INDUSTRIE ÉTRANGÈRE.
- Prix et médailles décernés par la Société d’Encouragement de Londres , dans sa séance publique du 26 mai 1818.
- Agriculture.
- i°. A M. R.-H. Bradshatv, pour avoir mis en valeur 294 acres de marais tourbeux : la médaille d’or.
- 20. A M„ E. Cartwright, pour ses expériences sur l’efficacité de l’argile calcinée comme engrais : la médaille d’or.
- 3°. A M. W. fLynn, pour avoir planté 845,5oo arbres forestiers de différentes essences, tels que des pins d’Ecosse, des mélèses, des la-ricio, etc. : la médaille d’or.
- 4°. A M. Ralph CreykeT pour le même objet : la médaille d’argent.
- 5°. A M. /. Common, pour un semoir double à turneps, de son invention : la médaille d’argent et 10 guinées.
- 6°. A M. J. Espinasse, pour sa méthode perfectionnée de cultiver les abeilles et de construire les ruches : la médaille d’argent.
- Chimie.
- 7°* ^ M* -d. Bowden, pour un moyen de prévenir et détruire la
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- pourriture sèche ( carie sèche ) dans les bois destinés aux constructions navales : la médaille d’or (i).
- Mé,CA.NIQÜE.
- 8°. A M. Th. Grant, pour un appareil propre à sauver l’équipage d’un vaisseau naufragé : la médaille d’or.
- 9°. A M. J. Park, pour une nouvelle ancre d’affourche : la médaille d’or.
- io°. A M. /. Ramshaw, pour un procédé perfectionné de chauffer les planches de cuivre gravées en taille-douce : la médaille d’or.
- ii°. A M. D. Ritchie, pour une méthode perfectionnée de faire mouvoir le balancier d’une pendule : la médaille d’or.
- 12°. A M. T. Cook, pour une bouée de sauvetage pouvant servir pendant la nuit : la médaille d’or.
- f 3°. A M. J. Clémenty pour un instrument propre à tracer des ellipses : la médaille d’or.
- i4°. A M. /. Henlon , pour un ressort applicable aux portes d’appartement : la médaille d’argent et 5 guinées.
- i5°. A M. T. Lane, pour un tire-ligne et un porte-plume destinés aux personnes privées de l’usage de la main gauche : la médaille d’argent.
- î6°. Au meme artiste, pour des perfectionnemens ajoutés au tour en l’air : la médaille d’argent.
- \n°. A M. G. Prior, pour un appareil propre à prévenir les accidens en descendant dans les puits de mines : la médaille d’argent.
- ï8°. A M. Collinson Hall, pour une platine de fusil à percussion: la médaille d’argent.
- 190. A M. J. Conolly, pour l’invention d’un télégraphe portatif : la médaille d’argent.
- 20°. A M. Rodger, lieutenant de vaisseau, pour une bonde à crampon destinée à élever les tonneaux vides : la médaille d’argent.
- ai0. A M. /. Jones y pour de nouvelles poulies mouflées : la médaille d’argent.
- 22'. A M. M. Shuldham, lieutenant de marine, pour une nouvelle méthode de lester les vaisseaux: la médaille d’argent.
- (1) M. le baron de PuytnaurinP directeur de la monnaie des médailles, vient de publier ce procédé, qui consiste à écorcer les arbres, à les abattre pendant l’hiver et à plonger dans l’eau de mer les bois attaqués de la carie.
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- a30. A M. M. Somerford, pour une nouvelle serrure de porte: o guinées.
- Depuis le commencement de l’année 1819, la même Société a accordé les médailles suivantes, savoir:
- 10. A M. PP\ Hardy, pour son pendule renversé, instrument que M. le capitaine Kater a déjà fait connaître dans les Transactions de la Société royale de Londres : la médaille d’or.
- 20. A M. Einslie, pour une espèce de papier dont la surface a les propriétés de l’ivoire, et qu’on peut obtenir dans toutes les dimensions : 3o guinées.
- 3°. A M. Bail, pour une nouvelle disposition des poupées dans le tour ordinaire : la médaille d’argent et 10 guinées.
- 4°. A M. Barraud, pour un double violoncelle, ayant plusieurs avantages sur la basse maintenant employée. : la médaille d’or.
- 5°. A M. Rhodes, pour un séchoir pour les chaînes des tissus, plus commode que le procédé dont 011 a fait usage jusqu’à ce jour : la médaille d’argent et 10 guinées.
- 6°. A M. Donovan, pour un procédé propre à saler les harengs selon la méthode hollandaise : la médaille d’or.
- 70. A M. T. Taylor, pour une sonnerie à réveil : i5 guinées.
- 8°. A M. R. Green, pour un instrument propre à découper le cuir en courroies et lanières, à l’usage des selliers : la médaille d’argent.
- 9 ’. A M. PE. Feetham, pour un appareil à ramoner les cheminées : la médaille d’argent.
- io°. A M. Fayrer, pour une nouvelle horloge : la médaille d’argent.
- ii°. A M. Bullock, pour uu nouveau ressort applicable aux écrans de cheminée : la médaille d’argent et 5 guinées.
- 12°. A M. ILack, pour des perfectionnemens dans la construction des tours en l’air : la médaille d’argent.
- i3'. A M. Beckway, pour son instrument propre à botteler le foin et à le peser, à l’usage des troupes à cheval : la médaille d’argent et i5 guinées.
- i4°. A M. Lane, pour un outil destiné à cueillir les fruits sans les endommager : la médaille d’argent.
- i5°. A M. Roberts, pour une baratte à beurre: 5 guinées.
- ib . A M. Senefelder, pour son Traité de la lithographie : la médaille d’or.
- 170. A M. Redman, pour des essais de lithographie exécutés sur des pierres provenant de carrières anglaises : la médaille d’argent.
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- i8°. A M. Hulmandel, pour des dessins lithographiques exécutés sur des pierres étrangères : la médaille d’argent.
- 190. A M. Hinnings, pour la restauration des moulures de la frise du Muséum britannique : la médaille d’or.
- 20°. A M. White, pour un ressort double applicable aux portes d’ap-partemens : la médaille d’argent.
- 2i°. A M. le lieutenant Cook, pour un appareil de sauvetage des vaisseaux naufragés : la médaille d’or.
- 220. A M. Brabazon, pour des moyens de fixer les avirons aux bateaux de sauvetage : la médaille d’argent.
- 23°. A M. Young, pour un procédé de préparation de l’opium : la médaille d’or.
- 24°. A M. Aust, pour une pompe dont le piston a un mouvement de rotation circulaire : 20 guinées.
- 25°. A M. Russel, pour un nouveau robinet de sûreté applicable aux tonneaux : la médaille d’argent.
- 26°. A M. Ainger, pour une grue dont le mouvement se règle de lui-même : la médaille d’argent.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame IiUZABJD (née tallat la chapelle), rue de l’Eperon-Saint-André-des-Arts, n°. 7.
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- DIX-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CLXXXII.) AOUT i8i9-
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MECANIQUES.
- Rapport fait par M. le chevalier Tarbé, au nom du Comité des arts mécaniques > sur un moulin à vent d’une nouvelle construction? employé en Angleterre.
- On trouve , dans la quatrième année du Bulletin de la Société , page 269, la description d’un moyen imaginé par M. Bywater pour tendre et abattre les voiles des ailes des moulins à vent. Cette description , accompagnée d’une planche indicative du mécanisme , fait suffisamment connaître toutes les parties de cette intéressante composition.
- Notre collègue, M. Hamel, vous a présenté le dessin d’un autre moulin qui a quelque analogie avec le précédent, mais qui lui est bien supérieur, en ce que les voiles s’enroulent et diminuent de surface par l’action même du vent lorsque sa vitesse excède celle nécessaire pour l’effet demandé. Cette construction a d’ailleurs l’avantage d’avoir été exécutée en grand en Angleterre, et d’avoir complètement répondu à l’espoir de l’auteur, dont le nom ne nous est pas encore connu.
- M. Hamel désire que le dessin et la description de ce nouveau moulin soient insérés dans votre Bulletin. Le Comité des arts mécaniques pense qu’il serait utile de donner de la publicité au nouveau système d’usine qui vous a été communiqué, et il a l’honneur de vous proposer d’adopter la proposition de M. Hamel.
- Adopté en séance., le 2 juin 1819. Signé Tarbé, rapporteur.
- Dix-huitième année. Août 1819. Kk
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- Description d'un moulin à vent qui s'oriente de lui-même, et dont là voilure des ailes augmente ou diminue, en raison de la force du vent, au moyen d’un mécanisme intérieur.
- Ceux qui se sont occupés de la construction des moulins mus par le vent, ont cherché à régulariser la force de ce moteur, dont l’intensité varie à chaque instant et dans des proportions souvent très-grandes. Leurs recherches ont été dirigées aussi sur les moyens de remédier à l’inconvénient du changement fréquent de direction du vent, qui exige des soins continuels, et quelquefois même insuffisans pour orienter le moulin , condition indispensable pour que les ailes reçoivent l’action du moteur de la manière la plus avantageuse.
- Ces difficultés ont été résolues, par des moyens fort ingénieux, dans le moulin dont nous donnons ici la description, et qui est employé avec succès en Angleterre. Ce moulin offre d’ailleurs, dans quelques parties de son mécanisme, des dispositions heureuses que nous ferons connaître, et qui compléteront ce que nous avons à dire de cette machine. ^ Le corps du moulin, dont on voit la coupe fig. i, PL 178, est formé d’une tourelle en maçonnerie A, surmontée d’un toit ou calotte sphérique B ; les ailes C et toutes les parties qui en dépendent font corps avec la calotte, laquelle est susceptible de tourner au-dessus de la tourelle et de prendre toutes les positions convenables pour présenter les ailes au vent.
- Le moyen employé pour orienter le moulin consiste dans une petite roue à ailes a, adaptée à l’extrémité d’une antenne composée de deux charpentes parallèles b b , qui traversent la calotte B. -Cette roue est munie, 4 son Centre, d’un engrenage conique c, qui transmet le mouvement à un autre engrenage d, fixé au haut d'une tige oblique e, laquelle est brisée au point f par un genou de Cardan ou mouvement à double charnière. L’autre extrémité de cette tige porte un pignon conique g, engrenant avec la roue h; sur l’axe de cette roue est monté un pignon i, dont les dents s’engagent dans celles d’une crémaillère k, qui couronne la partie supérieure de la tourelle et s’étend sur toute sa circonférence. La calotte B roule avec le mécanisme précédent sur des galets lII ayant la forme d’un cône tronqué, dont le sommet est au centre de rotation de la machine.
- Si l’on a bien suivi la corrélation des diverses parties que nous venons
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- de détailler, on concevra facilement que lorsque les ailes 11e sont pas dans une direction perpendiculaire au vent, elles doivent nécessairement s’v placer par le moyen du mécanisme ci-dessus décrit. En effet, la petite roue à ailes <z tourne jusqu’à ce que le vent souffle suivant son plan, et elle tend toujours à y revenir; le mouvement qui lui est imprimé se communique d’abord à la roue J, par l’intermédiaire du pignon c; cette roue fait tourner le pignon g, qui mène à son tour la roue h, laquelle fait agir le pignon f, dont les dents, en s’engageant dans celles de la crémaillère k, déterminent la rotation de la calotte sphérique du moulin ; ce mouvement continue jusqu’à ce que la petite roue à ailes a cesse de tourner, ce qui ne peut avoir lieu , comme nous venons de le dire, que lorsqu’elle se trouve dans le plan du vent, et que les ailes du moulin sont perpendiculaires à ce même plan.
- Un autre mécanisme non moins important est celui qui fait changer les dimensions de la voilure; il est fondé sur la force centrifuge due à la vitesse de rotation des ailes.
- Ces ailes sont formées de deux cadres ou châssis à coulisses m n, glissant l’un sur l’autre; le châssis antérieur m porte des rouleaux oooo. fig. 2, qui reçoivent la toile p composant la voilure; l’autre, n, qui est fixe, est garni de barres transversales o'o', sur lesquelles la toile est clouée; chacun des rouleaux est armé, à l’une de ses extrémités, d’une petite roue p', frottant sur une barre q, adaptée au châssis n. Ce frottement, qui détermine renroulement ou le développement delà toile, suivant le sens dans lequel marche le châssis m , est produit par 1 intermédiaire d’une fourche r, fixée à charnière sur les deux côtés du même châssis, et dont le sommet de l’angle est attaché à un levier coudé t, que l’on aperçoit fig. 2. Ce levier tourne sur un arbre u, dont les collets sont fixés de chaque côté de la charpente de l’aile. Le bras v du levier coudé t s’attache à l’extrémité de l’une des branches de la petite croix x, qui reçoit ainsi les quatre leviers appartenant aux ailes. Cette croix est montée sur le bout d’une barre y, passant dans l’axe creux E, et dont l’extrémité opposée z., fig. r, formée en champignon, s’engage dans une pièce creuse en cuivre d> composant le bout d’une crémaillère b' ; celle-ci engrène avec le pignon c', recevant sur son axe une roue r/, qui mène le pignon e'; l’axe de ce dernier pignon porte une poulie/7, sur laquelle passe une corde sans fin g', munie de contre-poids h!h'.
- Les pièces que nous venons de décrire composent le mécanisme de la voilure, dont le jeu a lieu de la manière suivante :
- Lorsque le vent, en augmentant de vitesse, fait tourner les ailes avec
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- plus de rapidité qu’il est nécessaire, le châssis m glisse sur le châssis fixe à cause de la force centrifuge que lui imprime la vitesse des ailes : alors les rouleaux o o se rapprochent des attaches o\ et l’étendue de la voilure diminue. On voit donc que l’action du moteur devient moins efficace à mesure que les voiles présentent moins de surface : ainsi, la force qui fait tourner le grand rouet C se régularise en partie. Cependant, le châssis my à mesure qu’il s’éloigne du centre de rotation, tire la fourche r et fait agir le levier coudé t, qui, en soulevant la petite croix tire la crémaillère b'. Ce mouvement, en faisant tourner le pignon c', la roue d', le pignon e' et la pouliemontée sur l’axe de ce dernier pignon, élève les contre-poids h'h', attachés à la corde sans fin g'. Si le vent diminue, ces mêmes contre-poids, en tirant la corde g', îont tourner la poulie f’ et le pignon e', lequel transmet à la roue d1 et ensuite au pignon c' le mouvement qu’il a reçu de la poulie; alors le pignon c' engrène dans les dents de la crémaillère, et pousse la barre y, dont l’extrémité porte la croix x : cette dernière pièce, en faisant agir simultanément les quatre leviers coudés t, rapproche du centre les châssis mobiles m, et les voiles développées de dessus les rouleaux garnissent une plus grande surface des ailes; le vent a plus d’action à mesure qu’il a moins de vitesse.
- Telles sont les principales parties dans lesquelles ce moulin diffère des antres du même genre. Toutefois, sa construction intérieure présente aussi quelques points où elle ne se rapporte pas entièrement à celle usitée.
- Nous parlerons d’abord du treuil i mu par la roue horizontale à engrenage conique F, et qui est destiné à élever les sacs de grain. Ce treuil porte à l’une de ses extrémités un cône tronqué k' en bois, que nous pouvons considérer comme un engrenage, quoiqu’il ne porte point de dents; ce cône frotte sur un autre cône ï aussi en bois, adapté à la roue F, contre lequel il est pressé par l’effort d’un coin m ou d’une vis qui soulève le collet du tourillon ri; ce seul frottement suffit pour imprimer le mouvement au treuil. La corde o”, qui s’enroule sur le cylindre , passe sur une poulie p ', placée au-dessus des ouvertures pratiquées dans les planchers pour laisser passer les sacs.
- Il ne sera peut-être pas superflu de nous arrêter un moment à l’engrenage de ce treuil, qui, n’ayant point de dents, semble devoir glisser sur-la surface dont le frottement seul détermine son mouvement. Si l’on réfléchit que le frottement du bois contre le bois, sur-tout dans un sens perpendiculaire à son fil, comme cela a lieu ici, est plus de moitié
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- de la pression, et que le cône frottant V est d’un diamètre triple de celui k' du cylindre, on verra que la pression nécessaire pour fem-pècher de glisser n’est que les deux tiers du poids à élever; ainsi, pour des sacs de 3 quintaux, il suffit d’une pression de 2 quintaux: d’ailleurs, on peut augmenter le frottement des deux surfaces, en les enduisant de craie. Cet engrenage, que l’on peut regarder comme un engrenage primitif, serait assurément le meilleur si, les efforts souvent très-considérables que l’on attend des engrenages n’obligeaient à des pressions tellement fortes, que les collets et les axes seraient promptement usés.
- L’étage supérieur D du moulin reçoit le grain tel qu’on l’apporte; comme il est souvent nécessaire de le dégager de la poussière qui s’y trouve mêlée, on le verse par une trémie G dans un blutoir H, portant sur son axe un pignon q’, qu’une roue r', fixée sur l’arbre vertical I du moulin, fait tourner. Le grain, après avoir passé par le blutoir, tombe sur l’aire du plancher R, d’où il est porté à la pelle dans les entonnoirs s’s', qui le conduisent aux trémies LL des engrerioirs.
- Les meules de pierre servant à broyer le grain sont taillées différemment des meules ordinaires; elles portent des rigoles creusées dans le sens indiqué par le plan fig. 3. Cette disposition favorise singulièrement la mouture, et produit le double de farine avec la même force et dans le même temps que les meules ordinaires.
- Les meules, dont il y a trois paires, sont mises en mouvement par la grande roue M, qui engrène avec les lanternes N, montées sur les axes O O. Elles glissent le long des axes, de sorte qu’on peut engrener ou désen-grener les lanternes à volonté; les axes O tournent sur pivot, dans des crapaudines P P, qu’on peut élever ou baisser pour approcher ou éloigner les meules.
- Sous la grande roue M, est adaptée une poulie t', enveloppée d’une courroie u\ laquelle passe sur la poulie de renvoi c', montée sur l’axe d’un régulateur à force centrifuge x' ; l’anneau y\ mobile sur la tige de ce régulateur, fait agir un levier du premier genre zr, qui lève ou baisse la meule tournante, selon que la vitesse augmente ou diminue.
- Au rez-de-chaussée Q du moulin, est établi un blutoir R, mu par la roue S, fixée sur l’arbre vertical I: Ce blutoir, dont le tambour est immobile et qui reçoit la farine par la trémie U, porte intérieurement des brosses de crin qui en tournant agitent la farine et opèrent un tamisage bien plus prompt que dans les blutoirs tournans. îtn caisse T, renfermant le tambour, est divisée en plusieurs cases i.
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- 2, 3, etc., dans lesquelles tombe la farine de différens points du blutoir; ce qui la divise en autant de qualités qu’il y a de cases, la plus belle étant celle qui sort la première, et la qualité diminuant à mesure que l’on approche de l’extrémité inférieure du blutoir.
- Rapport fait par MRegnier, au nom du Comité des arts mécaniques, sur plusieurs ouvrages de coutellerie composés de différens aciers corroyés, avec lesquels on fabrique les lames de sabres dites de Damas, et présentés à la Société par IM. Degrand, de 'Marseille.
- M. De grand a adressé à la Société des rasoirs, des couteaux, des ciseaux et des canifs composés d’une étoffe d’acier corroyé semblable à celui qu’on fabrique en Syrie pour former les lames de sabre connues sous le nom de Damas. Il a ajouté à cet envoi la moitié d’une lame de sabre qui s’est rompue dans la fabrication , mais qui n’offre pas moins un bon échantillon des matières qu’il emploie.
- L’examen de ces divers objets prouve que M. De grand a étudié, avec succès, ce genre de fabrication, et qu’il lui a donné un degré de perfection que les ouvriers ordinaires pourraient difficilement atteindre.
- Mais cet artiste paraît ignorer que la manufacture royale d’armes blanches de Küngenthal, dirigée par MM. Coulaux frères, livre au commerce, depuis plusieurs années, d’exceliens damas qui ne le cèdent pas en qualité à ceux de Syrie. Plusieurs couteliers de Paris, parmi lesquels nous citerons M. Trépoz, rue du Coq St.-Honoré, fabriquent aussi des couteaux de damas.
- Quoi qu’il en soit, les rasoirs et les couteaux présentés par M. Degrand, ainsi que la portion de lame qui s’est cassée au redressement, prouvent évidemment qu’il sait former un genre de damas que les Turcs pourraient prendre pour avoir été fabriqué dans leur pays. Sa méthode de composer ses étoffes d'acier ressemble beaucoup à celle employée aujourd’hui en Syrie, mais avec moins de succès qu’aulrefois.
- Des expériences répétées en notre présence ont démontré que les damas de Kdingenthal sont susceptibles d’ébrécher ceux apportés d’Egypte.
- Comme M. Degrand est doué de beaucoup de talent et d’intelligence, et qu’il réside dans un des ports de la Méditerranée, il pourra fournir beaucoup d’articles de sa fabrique aux Echelles du Levant, et il trouvera dans les aciéries de la Bérardière d’exceliens aciers propres à faire
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- des lames de sabre d’une qualité supérieure à celle des armes blanches de Damas.
- Quant aux canifs, ciseaux et autres petits instrumens de ce genre, nous pensons que l’acier corroyé n’aurait pas d’avantages sur les aciers fins employés dans nos fabriques de Langres, Moulins et Châtellerault.
- Enfin , il est constant que M. Degrand aura du succès dans la fabrication de ses grands couteaux de table et dans celle des lames de sabre, pourvu qu’il les donne à un prix modéré. Cette considération engage votre Comité des arts mécaniques à vous proposer de faire insérer le présent rapport dans le Bulletin de la Société, et de décerner à M. Degrand une médaille d’encouragement, comme un témoignage de votre satisfaction (i).
- .Adopté en séance, le 11 juillet 1819.
- Signé Regnier, rapporteur.
- Rapport fait par M. Pajot-Descliarmes 9 au nom du Comité
- des arts mécaniques , sur les fers cémentés présentés par M. de Rivais 5 maître de forges à Gincla ( Aude'),
- Depuis près de vingt ans, le fer provenant des forges de Gincla ( Aude ) est connu, dans le commerce, d’une manière avantageuse. Dans cet espace de temps et à deux époques éloignées l’une de l’autre, savoir en 1780 et en 1809, des essais sur les fers de cette commune ont confirmé non-seulement leur réputation, mais encore ont fait connaître qu’ils étaient jlrès-propres à donner un fer de cémentation de bonne qualité. Jaloux de fournir cette matière première aux besoins des consommateurs , M. de Rivais, entrepreneur des forges dont il s’agit, s’est livré à ce nouveau genre d’industrie, dont il a adressé des produits à la Société d’Encouragement, avec prière de les faire soumettre à des expériences convenables.
- Les échantillons envoyés consistaient en plusieurs barreaux d’acier cémenté et en des limes de deux au paquet. L’un et l’autre objet ont été remis à différens artistes distingués, méritant toute confiance et chargés de les éprouver.
- Les limes ont été généralement trouvées d’excellente qnalité; les essais auxquels elles ont été soumises ont démontré qu’elles égalaient,
- (j) Cette dernière proposition a été renvoyée à la Commission des médaillés.
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- sous tous les rapports, les limes d’Allemagne de même genre, particulièrement pour leur résistance dans le travail et le profit dont elles peuvent être à l’ouvrier pour des ciseaux, lorsqu’elles sont usées.
- A l’égard de l’acier cémenté en barres, les artistes qui l’ont traité et en ont confectionné plusieurs outils ont reconnu qu’il se soutenait assez bien, qu’il se soudait parfaitement sur lui-même, mais qu’il demandait à être soigné davantage que celui de Hongrie, c’est-à-dire qu’il exigeait beaucoup d’attention dans son soudage et peu de chaleur pour sa trempe; toutefois, ils ont remarqué que, dans la texture de plusieurs barres, des fils nuisaient au nerf de cet acier : d’où il suit qu’il demande à être purifié plus exactement, afin d’en former avec sûreté d’excellens tranchans.
- D’après le résultat de ce s expériences et le jugement favorable des maîtres qui ont opéré tant sur les limes que sur l’acier cémenté, qui vous ont été adressés comme échantillons du nouvel établissement formé par M, de Rivais, votre Comité des arts mécaniques a l’honneur de vous proposer: i°. que copie de ce rapport soit envoyée à ce maître de forges, auquel il sera écrit une lettre de félicitation pour cette nouvelle preuve de son zèle à se rendre utile; 2°. que le même rapport soit, en conséquence , inséré dans le Bulletin de la Société.
- Adopté en séance, le 26 août 181g.
- Signé Pajot-Descharmes , rapporteur.
- Notice sur la vie et les travaux de James Watt? membre de la Société royale de Londres > associé de F Institut de France; lue à la séance du 11 août 18195 par M. Hachette.
- M. Hachette, de retour d’un voyage en Angleterre qui avait pour but l’examen des grandes machines à vapeur exécutées dans ce pays, a fait hommage, à la Société, d’un buste du célèbre ingénieur anglais /. Watt; il a témoigné sa reconnaissance envers M. Watt fils dont il avait reçu ce buste, et qui lui avait procuré les renseignemens les plus utiles pour remplir la mission dont il était chargé. C’est par son intervention qu’il fut introduit dans une filature de coton à Manchester, où l’on fait usage de la plus grande machine à double effet qu’on ait construite jusqu’à présent en Angleterre.
- Le Conseil d'Administration, sur la proposition de M. Hachette, a pensé qu’il serait utile de publier dans le Bulletin la Notice suivante sur la vie et les travaux de J. Watt; les faits particuliers qu’elle renferme se lient
- à
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- à l’histoire des arts, et rappellent les plus grandes découvertes qu’on ait faites, dans ce siècle, pour le perfectionnement des machines à vapeur.
- James Watt, né à Greenock, en 1706, fut élevé dans les écoles publiques de cette ville; jeune encore, il s’adonnait de préférence à l’é-tude des arts et des sciences physiques, qui ont été, depuis, l’objet de ses recherches.
- En 1764, il proposa de faire aux machines à vapeur de Newcomen le perfectionnement bien connu du piston qui se meut dans le cylindre à vapeur, sans communication avec l’air atmosphérique, et de la condensation par une injection dans un tuyau particulier qui communique avec le cylindre à vapeur, et qu’on nomme le condenseur.
- De 1767 à 1774? il conçut et dirigea des travaux d’utilité publique, entre autres, le premier canal qui fut construit en Ecosse. Le canal de Monkland a été exécuté sous son inspection, et ses plans ont été à peu près suivis pour l’exécution des canaux Crinian et Calédonien. Pour abréger ses opérations sur le terrain, il imagina deux instrumens : l’un est un micromètre, qui donne, sans le secours de la chaîne, la mesure des distances; l’autre sert à tracer des vues de pays et tout autre dessin de perspective.
- En 1769, il mit en pratique sa théorie des nouvelles machines à vapeur avec condenseur; ayant pris une patente pour une méthode de diminuer la dépense de la vapeur et de la chaleur dans ces machines, il fit construire la première, sur de grandes dimensions, à Rinneil, près Borrow-townness; elle fut établie pour le docteur Roebuck, qui avait un intérêt dans l’invention. Cet intérêt fut transféré, d’un consentement commun , à M. Bolton, de Soho , près Birmingham, ville où M. Watt s’était retiré. Le transfert se fit en 1774; l’année suivante, M. Watt obtint un acte du Parlement, qui prolongeait sa patente de vingt-cinq ans, et la manufacture de ses machines à vapeur s’est alors formée sous la raison Bolton et Watt (1).
- En 1780, M. Watt inventa un moyen de copier les lettres et autres écrits ; la machine qu’il employa pour cet usage porte son nom. 11 dirigea, dans le même temps, son attention vers l’application de la machine à vapeur aux moulins et autres machines à mouvement circulaire continu; dans les années 1781 à 1785, il mit en pratique une
- (1) Ces derniers faits sont consignés dans une Notice sur l’origine et le perfectionnement des machines à vapeur, insérée dans la huitième année du Bulletin, page 225.
- Dix-huitième année. Août 1819. L 1
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- série de perfectionnemens, pour lesquels il obtint des patentes. Ces patentes contenaient la description d’un planétaire, du parallélogramme pour le mouvement parallèle d’un piston, do fourneau fumivore, et enfin l’exposition du principe de la force expansive de la vapeur.
- Le moulin Albion, construit en 1784, par la société Bolton et Watt, pour l’approvisionnement en farines de la métropole, a montré quelle était la puissance des machines à vapeur à double effet, et à quel degré de perfection on avait porté l’exécution de toutes les parties qui les composent. En observant le grand nombre de mines exploitées, de manufactures établies depuis que ces machines existent, on doit juger de leur influence sur la richesse nationale.
- De 1792 à 1799, M. Watt ne fut occupé qu’à défendre ses droits et intérêts contre des usurpateurs qui se présentaient de toutes parts. Après un grand nombre de jugemens qui établissaient la nouveauté et l’utilité de son invention, une décision unanime des juges de la Cour du banc du Roi a confirmé tous ses droits, et aussitôt après, en 1799, il s’est retiré des affaires. Il habite actuellement une grande et belle maison de campagne, à Heakfield, près Birmingham.
- M. Watt a été nommé membre de la Société d’Edimbourg en 1784; de la Société royale de Londres, en 1700; membre correspondant de la Société Batave , en 1787; et membre associé de l’Institut de France, en 1808.
- M. Bolton, associé de M. Watt, ayant terminé sa carrière, leur société se continue sous les mêmes noms, par les soins de MM. leurs fils. M. Watt fils dirige les travaux de la grande manufacture établie à Soho.
- Depuis la lecture de cette Notice, M. Blagden, secrétaire de la Société royale de Londres, a annoncé la mort de M. Watt. Ce respectable vieillard a terminé son honorable carrière le 16 août de cette année. Il laisse une épouse et un fils unique qui l’aimaient tendrement. Puissent-ils être consolés de la perte qu’ils viennent de faire par les regrets que tous les amis des arts éprouvent, et par les sentimens d’estime et de respect que le monde entier conservera pour les services, le nom et la mémoire du célèbre Watt!
- Sur les machines à vapeur.
- Le Conseil d’Administration de la Société, sur la proposition de M. Hachette, avait arrêté, dans sa séance du 16 décembre 1818, qu’on
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- se servirait de la chaudière de l’une des machines à vapeur de MM. Woolf et Edwards y pour comparer, à poids égal de combustible employé, les quantités d’eau évaporées à diverses pressions (r). En avril 1819, M. Clément a communiqué le résultat des expériences qu’il venait de faire à Jouy, en se servant d’une chaudière de la manufacture de M. Oberkampf. Il a trouvé que l’on dépensait la même quantité de chaleur pour évaporer un poids déterminé d’eau, quelle que soit la pression de la vapeur au moment où elle sort de la chaudière.
- On a su, depuis, que ce fait intéressant était déjà connu en Angleterre, et il est consigné dans un chapitre d’un ouvrage de Robison, revu par M. Watt, qui paraîtra bientôt par les soins de M. Brewster, éditeur. Quelques exemplaires de ce chapitre, qui 11e traite que des machines à feu, ont été tirés à part et distribués à des amis de M. Watt; MM. Berthollet et Prony en avaient reçu chacun un exemplaire.
- La double expérience, faite en France et en Angleterre, prouve incontestablement que la formation de poids égaux de vapeur exige des dépenses égales de combustible : d’où il suit que l’économie en combustible dans les machines à haute pression de Woolf et Edwards provient uniquement du mode d’emploi de la vapeur. C’est dans cette hypothèse que M. Hachette, avant de connaître l’expérience de M. Clément, avait comparé les machines à vapeur à simple et à haute pression, avec et sans condensation. Le résultat de cette comparaison se trouve consigné dans le Bulletin de la Société, IN°. CLXYIII, dix-septième année, juin 1818, et dans la nouvelle édition du Traité des machines de M. Hachette, publiée cette année.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Bouriat, au nom du Comité des arts chimiques, sur les procédés de M. Pontet, pour reconnaître la faIsificadon des huiles d’olive par celles de graines.
- Depuis long-temps, on désire trouver un procédé sûr et facile pour découvrir la présence des hudes de graines dans celles d’olive, et dans quelle proportion elles s’y rencontrent le plus ordinairement. Différens
- (1) ^ oyez le Bulletin de décembre 1818, K°. CLXXIV, dix - septième année, page 385.
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- moyens ont été tentés jusqu’à présent; mais celui qui est le plus usité clans le commerce consiste à mettre de l’huile d’olive dans une fiole et à l’agiter fortement. On examine ensuite si, après cette agitation, l’huile reste entourée, à sa surface, d’un chapelet de bulles qui s’y conserve quelques instans; dans ce cas, on n’hésite pas à prononcer qu’elle est allongée d’huile de graines, sans pouvoir en indiquer la proportion d’une manière positive.
- Il fallait donc des moyens plus sûrs pour indiquer ces mélanges. Des négocians et manufacturiers de Marseille engagèrent M. Poulet, pharmacien dans la même ville, à faire des recherches sur cet objet, pour découvrir, à l’aide de procédés certains, toutes les nuances de falsification. Ce chimiste s’en est occupé, a livré son travail à l’impression, et vous en a offert un exemplaire sous le titre de : Procédés analytiques pour reconnaître la falsification des huiles d’olives par celles de graines, brochure in-8°., Marseille, de l’imprimerie à'Jchard. C’est de ce travail que vous m’avez chargé de vous rendre compte.
- L’auteur, après avoir employé beaucoup de réactifs, n’en a trouvé aucun plus propre à faire reconnaître l’addition des huiles de graines à l’huile d’olive que le nitrate liquide de mercure au minimum d’oxigé-nation. Il a vu que ce réactif concrétait l’huile d’olive et rendait fluides et colorées en jaune rougeâtre les huiles de graines, sans en excepter l’huile de noix.
- Pour opérer, il prend 3 onces d’huile d’olive qu’il agite fortement dans une fiole, avec i gros de nitrate de mercure, de dix minutes en dix minutes, pendant deux heures. Si l’huile est pure, elle s’épaissit au bout de trois heures sans se colorer, et le lendemain elle est parfaitement concrétée, au point qu’un morceau de bois, qu’on enfonce dans la masse, y trouve une certaine résistance.
- Si l’huile d’olive, au contraire , es' alongée d’huile de graines, elle ne se prend pas en masse; mais il m tait, au fond du vase, un dépôt en forme de végétation ou de cham, . .. on, surnagé d’une huile liquide d’un jaune rougeâtre. Ce phénomène s’opère quand il n’y aurait même qu’un quinzième d’huile de graines ajouté. Lorsque les huiles d’olives ne sont alongées que d’un vingt-cinquième, M. Poutet a recours à un autre moyen pour y découvrir cette petite portion; il se sert d’acide nitro-muriatique au lieu de nitrate de mercure. Cet acide se comporte d’une manière presque diamétralement opposée au premier réactif. Il concrète les huiles de graines et colore en rouge brun l’huile d’olives.
- En rendant justice aux principes établis dans le mémoire de M. Poutet,
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- je n’ai pas constamment obtenu, quoiqu’en les suivant le mieux qu’il m’a été possible, des résultats parfaitement semblables aux siens. La concrétion de l’huile d’olive n’a jamais été aussi prompte qu’il l’indique ; elle n’a jamais été non plus aussi solide. Dans celle qui était falsifiée avec plus ou moins d’huile de graines, j’aurais difficilement pu m’assurer des proportions, si ie ne les eusse pas connues auparavant.
- L’acide nitro-muriatique est une pierre de touche assez sensible pour reconnaître la présence d’une huile de graines dans celle d’olive; il la concrète facilement et colore en brun l’huile d’olive; mais cette concrétion n’a pas une consistance bien grande, ce qui fait qu’une partie reste attachée aux parois de la bouteille, et une autre suspendue dans le liquide, ce qui peut empêcher d’en apprécier le volume ou le poids.
- Le travail de M. Pontet, quelque intéressant qu’il soit en ce moment, puisqu’il donne déjà une marche certaine pour découvrir la falsification des huiles d’olives, le deviendra bien davantage s’il parvient, lui ou ceux qui multiplieront les expériences, à démontrer, d’une manière positive, quelle quantité d’huile de graines aura été ajoutée à l’huile d’olive du commerce. C’est pour parvenir à ce but que j’aurai l’honneur de proposer au Conseil d’annoncer, dans son Bulletin, le mémoire de M. Poutet, afin que les négocians et fabricans profitent de la découverte de cet habile chimiste, et la perfectionnent par de nouvelles recherches.
- Adopté en séance, le 26 août 1819.
- Signé Boijriat , rapporteur'.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Ra p port fait par M. de Lasteyrie 7 au nom d’une Commission spéciale, sur les applications du bitume à divers usages économiques , faites par M. Rey, marchand de couleurs, rue de F Arbre-Sec , n°. 46, à Paris.
- L’industrie française réclamait depuis long-temps l’emploi d’une substance qui se trouve en grande abondance sur notre sol, qui a l’avantage de pouvoir être appliquée à de nombreux et utiles usages, et qui est susceptible de remplacer avec bénéfice plusieurs autres matières exotiques, et d’un prix bien plus élevé.
- Les anciens se servaient du bitume dans la construction des édifices',
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- pour lier les briques et les pierres. Pline nous apprend qu’on préservait les statues des injures de l’air, en les enduisant avec cette substance. La consommation en était considérable en Egypte, où on l’employait principalement à embaumer les corps, après l’avoir mélangée avec des aromates.
- Les modernes n’en ont point ainsi généralisé l’usage ; mais il est hors de doute que l’industrie, guidée de nos jours par le flambeau de la science, saura en multiplier et varier les applications.
- Le bitume se rencontre en grandes masses dans les départemens du Bas-Rhin, du Puy-de-Dôme et de l’Ain. La mine du Parc, près Seysseï, dans ce dernier département, exploitée par deux Anglais, MM. Spence et Taylor, est la plus abondante et celle où l’on travaille avec le plus de succès.
- M. Rey a pensé qu’une matière aussi commune sur le sol français pouvait offrir des ressources intéressantes pour notre industrie; c’est dans cette vue qu’il a fait divers essais dont nous allons vous entretenir (i).
- Il a employé le bitume soit à l’état solide, soit à l’état glutineux, soit à l’état liquide, et il en a formé différentes combinaisons avec des corps gras, afin de les approprier aux divers usages auxquels il les destinait.
- On sait combien il est difficile de se préserver de l’humidité dans les appartemens situés au rez-de-chaussée, sur-tout lorsque les murs sont salpêtres. M. Rey y a réussi complètement en mettant deux couches de bitume sur ces murailles. Cet enduit, appliqué depuis six ans sur une grande surface, s’est parfaitement conservé, et par-tout il a empêché l’humidité de pénétrer.
- Il a été pareillement employé à l’extérieur, sur des cheminées en plâtre , sur les plâtrages des toitures, qui ont été ainsi garantis des dégradations rapides qu’ils éprouvent ordinairement. Nous avons vu des bustes et des statues en plâtre qui se sont conservés, par le même moyen, depuis quatre ans.
- Des tuyaux de poêle et des plaques de tôle ou de fonte, exposés aux intempéries de l’air depuis six ans, ont été préservés de la rouille après avoir reçu deux couches de bitume.
- (i) M. Rey présenta à la Société d’Encouragement, au mois de mars 1816, des toiles, pour tableaux, dites absorbantes, dont le revers était enduit d’une couche de bitume, pour les mettre à l’abri de l’humidité; ces toiles, très-souples, se roulent facilement, sont plus légères et offrent une économie de 25 pour ioo sur le prix des toiles ordinaires. ( Yoyez Bulletin N°. CXLIII, quinzième année, page 120.)
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- M. Rey a établi, dans sa maison et chez quelques particuliers, des terrasses et des auvens de boutiques recouverts par des toiles bitumineuses, qui se sont bien conservées depuis le même espace de temps, et qui ont préservé de l’eau et de l’humidité les planches sur lesquelles elles sont fixées.
- Le bitume a été employé avec un égal succès pour sceller des rampes d’escalier, en remplacement de plomb, pour raccorder des pierres carrées, pour former des auges à contenir l’eau, pour cimenter des dalles de terrasse , pour former des pavés en petits cailloux , espèce de mosaïque, etc. Nous avons vu, chez M. Rey, une auge composée de cinq planches, revêtues extérieurement et intérieurement d’une couche de bitume, qui contient parfaitement l’eau, et n’a souffert aucune dégradation malgré l’usage habituel auquel elle est soumise depuis plusieurs années.
- M. Rey a enfin employé le bitume à enduire des cordages, des filets, des cordons de jalousies, des toiles pour la peinture, des paniers et divers autres ustensiles. Il se propose démultiplier ses essais, à mesure qu’ils seront connus et adoptés du public. Les succès qu’a obtenus cet artiste intelligent, le zèle désintéressé et l’activité qu’il a mis dans ses recherches, nous donnent lieu d’espérer qu’il en obtiendra de nouveaux, et qu’il appliquera graduellement aux besoins de nos arts une substance précieuse dont on a tiré jusqu’à présent si peu d’avantages (i).
- Votre Commisson pense que M. Rey mérite l’approbation et les éloges de la Société, et elle vous propose d’ordonner l’insertion du présent rapport au Bulletin,
- Adopté en séance, le 26 août 1819.
- Signé de Lasteyrie, rapporteur.
- (1) Le bitume qu’emploie exclusivement M. Rey est celui du Parc mentionné plus haut, et qui ne colite que 11 francs le quintal, pris à la mine. On compose, sur les lieux, avec ce bitume : i°. un ciment ou mastic propre à divers usages, et, en particulier, à couvrir des surfaces qui doivent être long-temps exposées aux inclémences de Pair, telles que des ponts, des terrasses, des galeries, des balcons, etc. j 20. une excellente graisse propre à adoucir les frottemens dans les véhicules à roues, par le mélange avec des graisses animales 5 3°. des toiles et des papiers d’emballage très-propres à envelopper les marchandises destinées aux envois d’outre-mer, et qu’il importe de mettre a l'abri de Phumidité. Ces toiles, par leur souplesse et leur imperméabilité, paraissent préférables aux toiles cirées communes.
- M. le directeur général des poni.s et chaussées ayant eu connaissance de cette utile addition à la richesse minérale et industrielle du royaume, a envoyé récemment au Parc M. Cavenne, ingénieur en chef du département du Rhône, accompagné de M. Flacheron,
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- Note sur des seaux à incendie en tresses de pailLe.
- Les seaux à incendie employés en France sont ordinairement en osier, doublé de cuir ou de toile imperméable; quoique légers et assez solides, ils sont chers, et si on ne les entretient pas avec beaucoup de soin, la couture du cuir se dessèche, se casse, et au moment de s’en servir, ils tamisent l’eau dont on les remplit.
- En Allemagne, où les réglemens de police prescrivent à chaque habitant d’avoir chez lui un certain nombre de seaux à incendie, la dépense d’un pareil approvisionnement est souvent au-dessus des facultés de la classe du peuple, un seau de cuir coûtant jusqu’à 6 francs : aussi n’en trouve-t-on pas dans beaucoup de maisons, et lorsqu’un incendie éclate, on manque des moyens nécessaires pour l’éteindre.
- On se sert en Bohême de seaux faits en tresses de paille de seigle comme des ruches, et ayant la forme des seaux ordinaires; les tresses, sans être trop épaisses, sont très-serrées; on les réunit au moyen de jeunes branches de noisetier. L’enduit qui recouvre la surface intérieure des seaux est solide et élastique; il est composé de poix, de vieux oing et de suif, dans les proportions suivantes : 120 livres de poix, So livres de vieux oing et 6 livres de suif, suffisent pour enduire
- architecte de Lyon ; ces commissaires se sont exprimés de la manière la plus favorable sur les propriétés et l’emploi du mastic bitumineux. M. Ch. Pictet, l’un des rédacteurs de la Bibliothèque universelle, ayant fait couvrir, au printemps de 1818, en mastic du Parc, une.inaison de campagne de 62 pieds sur 45, ainsi qu’une large galerie qui règne sur trois faces , on n’v a pas remarqué la moindre altération ni la moindre crevasse depuis cette époque. Pour éviter que le mastic se ramollisse au soleil, on tamise dessus, à cliaud', du gros sable, à mesure que les coulées sont successivement placées les unes à côté des autres. Avec ce même mastic, qui grippe fort bien sur la pierre, sur le bois et sur le fer-blanc, on a coulé des gâteaux dans des moules de bois : pour cet effet, on étend, au fond, du sable et des petits cailloux, et ou verse dessus le mastic chaud, de manière à remplir complètement le moule. Quand le gâteau est refroidi, on le retourne pour le placer sur un fond de mortier bien uni et bien sec, et on recouvre le tout d’une couche de mastic en fusion d'une ou deux lignes d’épaisseur, qui sert à lier ensemble les gâteaux à mesure qu'ils sont mis en place.
- On a prétendu que ce mastic présentait du danger dans le cas d’incendie: cette crainte n’est pas fondée, car il s’allume avec beaucoup de difficulté. Il paraît qu’on distingue, dans le commerce, le mastic gras et le mastic maigre : le premier s’emploie dans les conduits souterrains, et pour empêcher la filtration des eaux entre deux terres; l’autre est préférable pour la couverturé des toits ou terrasses, des balcons, des galeries, etc., parce qu’il ne se ramollit pas aussi facilement au soleil. {Note du Rédacteur.)
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- cent seaux en paille. Après avoir fait fondre ces ingrédiens et les avoir bien mêlés, on verse la masse encore chaude dans l’intérieur du seau ; cette opération doit se faire lentement, afin de boucher tous les interstices de la paille et de la rendre parfaitement imperméable. L’enduit ne peut ni s’écailler ni se détacher, quand même on jetterait les seaux d’une certaine hauteur, les corps gras qui entrent dans sa composition lui donnant l’élasticité nécessaire. Ces seaux sont légers, solides et à bas prix; ils ne reviennent qu’à i franc chaque. Outre les avantages qu’ils offrent aux établissemens publics, ils pourraient encore fournir un travail utile et lucratif aux détenus, qui, sans beaucoup de peine, en feraient deux par jour.
- ÉCONOMIE RURALE.
- K apport fait par M. Bosc, au nom du Comité a’agriculture y sur les fromages façon de Hollande ? fabriqués par M. Dumarais ? à Neuilly, près Isigny ( départemerit du Calvados ).
- Depuis long-temps, les Français amis de la prospérité agricole et commerciale de leur patrie font des vœux pour que la fabrication des fromages façon de Hollande s’établisse en France, parce que ces sortes de fromages s’altèrent plus lentement qu’aucune de celles que nous mettons dans le commerce, donnent lieu à moins de pertes pour les campagnes, et entrent de préférence dans les approvisionnemens des vaisseaux, approvisionnemens qui nous rendent chaque année tributaires de l’étranger pour des sommes considérables.
- Comme tous les autres fromages, ceux de Hollande varient infiniment dans leur qualité, parce que les élémens qui les composent changent continuellement, que la fabrication ne peut être soumise à des règles fixes, et que l’air n’est jamais deux jours de suite également chaud, également sec, etc. Aussi, trouve-t-on dans le commerce de ces fromages qui sont tantôt égaux en bonté au parmesan et au chester, à mon avis les meilleurs de l’Europe, et tantôt si médiocres, qu ils ne valent pas la fourme d’Auvergne , dont malheureusement l’infériorité habituelle est si manifeste.
- La Société royale et centrale d’Agriculture, pénétrée de l’importance Dix-huitième année. Août 1819. Mm
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- dont il serait pour la France de substituer en partie aux diverses sortes de fromages à pâte molle et se conservant peu, qui se fabriquent dans nos départemens, ceux de Gruyère et de Hollande, a invité tous les propriétaires aisés à effectuer cette substitution dans leur propre intérêt.
- Le concours ouvert à ce sujet, pendant plusieurs années, a donné naissance à l’établissement de trois à quatre fabriques de fromage de Gruyère; mais aucun fromage façon de Hollande n’y a été présenté, quoique ce fût cette sorte que la Société, par des motifs exposés plus haut, avait principalement en vue.
- Aujourd’hui M. Dumarais, ancien négociant, domicilié à Neuilly, près Bayeux, soumet à la Société d’Encouragement trois fromages, que le Conseil a renvoyés à l’examen du Comité d’agriculture.
- De ces trois fromages, l’un avait un an de fabrication, le second six mois, et un autre trois mois.
- Le fromage d’un an, qui a été entamé séance tenante, et dont je remets un quartier sous les yeux du.Conseil, a paru d’une couleur et d’une pâte plus belles que celles de la plupart des fromages de Hollande du commerce, c’est-à-dire, rapproché de la qualité du Chester; mais il était âcre. M. Dumarais , consulté par nous , a répondu que ces fromages étant destinés pour la marine, et devant supporter la chaleur des Tropiques, avaient besoin d’être plus salés que les autres, et que l’effet indispensable du sel sur les fromages, comme sur les viandes, était de produire, à la longue, l’âereté. L’intérêt de M. Dumarais est de mettre le moins de sel possible; mais il faut qu’il se conforme à la volonté du consommateur, qui demande des fromages susceptibles d’être mangeables après deux ou trois ans de garde, et qui puissent aller dans l’Inde ou en Amérique. Au reste, il serait à désirer qu’il n’en fût jamais présenté de plus mauvais à nos équipages, même à nos officiers; car l’âereté en question est à peine perceptible, comme les membres présens peuvent s’en assurer.
- Le fromage de six mois est aussi parfait que le précédent, dont il diffère/comme cela devait être, par moins décoloration et d’âcreté, quoiqu’il soit tout aussi salé ; il peut être présenté sur les tables les plus délicates.
- Quant au fromage de trois mois, sa pâte nous a paru moins homogène, plus garnie de trous; c’est celui qui ressemble le plus à ceux qui se débitent chez les épiciers de Paris. D’ailleurs il est doux ét agréable au goût.
- M. Dumarais avait dépouillé ses fromages de leur croûte pour faire
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- voir la consistance et la couleur de leur pâte; mais cette opération, qui n’est usitée que pour les fromages de Chester, accélère leur dessiccation.
- Il résulte de l’examen de votre Comité d’agriculture, que les fromages de M. Dumarais peuvent, sous tous les rapports, être substitués, dans nos vaisseaux et sur nos tables, à ceux fabriqués en Hollande; il vous propose en conséquence, à l’exemple de la Société d’agriculture de Caen ,, de donner à M. Dumarais un témoignage public de votre satisfaction, de le remercier des efforts qu’il a faits pour nous affranchir du tribut que nous payons à la Hollande, et de l’encourager à continuer et à redoubler d’efforts. Il vous propose, en outre, de faire insérer le présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Adopté en séance, le 8 septembre 1819.
- Signé Bosc, rapporteur.
- CORRESPONDANCE.
- M. le baron de Fahnenberg, dont la Société apprécie depuis longtemps le zèle éclairé ] our les arts, continue d’entretenir avec elle une correspondance aussi ative qu’intéressante, et d’autant plus précieuse en ce moment , que nous sommes privés des journaux concernant l’industrie, qui se publiaient autrefois, en assez grand nombre, en Allemagne, où la politique paraît aujourd’hui occuper tous les esprits. Nous allons extraire de cette correspondance les renseignemens les plus dignes de fixer l’attention de nos lecteurs (1).
- Les expositions des produits de l’industrie semblent prendre faveur en Allemagne; nous avons déjà parlé de celle qui a eu lieu à Cassel. La ville d'Augsbourg a voulu imiter cet exemple; mais les objets qu’elle a offerts aux regards du public ne sont pas d’une grande importance, à l’exception toutefois de quelques aciers, limes, ressorts de montre, cuivres et laitons laminés, et des tissus de coton et de laine provenant de la belle manufacture établie à l’entrée de la ville, sur là route de Friedberg.
- Dans le royaume de Wurtemberg, on a joint à ces solennités la distribution de prix et de médailles aux fabricans et artistes qui se sont le plus distingués, soit par la perfection de leurs produits/soit par des
- (0 Voyez les détails que nous avons donnés, il y a un an, sur ^industrie allemande. Bulletin N°. CLXX, page 25,j , août 1818.
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- découvertes nouvelles; cette idée a été conçue par feu la Reine de Wurtemberg, dont la mémoire est chère à tous les habitans du pays. Le prix de mécanique a été accordé à M. Eberbach, pour un métier très-ingénieux, propre à tresser des rubans ou des fils, qui paraît avoir quelque analogie avec celui employé à Paris pour faire les fouets et les cravaches. Le prix de chimie n’a pu être décerné ; mais on a remarqué avec satisfaction un procédé de M. Motz, de Stuttgard, pour séparer l’or et l’argent des crasses et résidus de ces métaux.
- Il s’est formé, en 1816, à Munich, une association connue sous le nom de Société polytechnique, dont le but est de contribuer aux progrès des arts utiles en Bavière, et dont les statuts sont fondés sur ceux de la Société d’Encouragement de Paris. Elle publie une feuille hebdomadaire qui rend compte de ses travaux.
- On sait que nos toiles peintes de Jouy et des manufactures de l’Alsace soutiennent avec avantage la concurrence des tissus de même genre, dont l’Angleterre inondait autrefois le Continent. Ces produits, qui se fabriquent aussi avec beaucoup de soin à Lorrach et dans quelques villes de la Saxe, ont été très-recherchés aux foires de Leipsic et de Francfort, où on les a préférés généralement aux tissus anglais , soit sous le rapport de leur finesse et de leur solidité, soit sous celui du bon goût des dessins dont ils sont ornés. On a vu des marchands anglais en acheter pour les transporter dans leur pays, où ils doivent servir de modèle. Les tissus mérinos imprimés en rouge d’Andrinople et autres couleurs ont été aussi promptement enlevés. En général, on a remarqué avec satisfaction que l’influence britannique, qui menaçait de détruire toutes les fabriques du Continent, diminue chaque jour, et que les manufacturiers allemands redoublent d’efforts pour repousser entièrement les Anglais de leurs marchés.
- La machine de M. Christian pour préparer le lin et le chanvre sans rouissage a été accueillie avec empressement en Allemagne. Déjà il en a été construit plusieurs à Berlin, à Erfurt et à Augsbourg; et on vient de traduire l’instruction sur la manière de se servir de cet appareil. Le Gouvernement badois en a fait venir de Paris un modèle à cylindres en fonte de fer, qui a été essayé avec succès en présence de plusieurs cultivateurs et fabricans. M. le docteur Dingler, dans un rapport adressé à M. de Gravenreuth, président de la régence du cercle du Haut-Danube (Bavière), donne une description détaillée de cette machine, et indique plusieurs modifications dont elle lui paraît susceptible. On se promet les plus heureux résultats de son emploi
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- dans les provinces du grand-duché de Bade, où l’on cultive le lin et le chanvre. On la fera mouvoir au moyen de l’eau, et on fera construire des hangars pour faire sécher les plantes; on essaiera aussi de faire mouvoir plusieurs de ces machines par le même moteur.
- On sait que M. Senefelder, inventeur de la lithographie, a cherché à remplacer les pierres de Solnhofen par une espèce de carton glacé. Ayant remarqué que ces pierres sont parsemées de veines calcaires, d’autant plus difficiles à apercevoir qu’elles ne paraissent qu’au tirage et lorsque le dessin est achevé, il imagina de remédier à cet inconvénient en pulvérisant les pierres et en formant, avec cette poudre, une pâte homogène, au moyen d’une laque ou d’un vernis dont la composition n’est pas connue; cette pâte, étendue sur du papier, forme un carton de couleur brune, qui a toutes les propriétés de la pierre et l’avantage d’être d’un transport bien plus facile, mais qui ne fournit que cinquante à soixante bonnes épreuves. M. le lieutenant-colonel de Rennerf à Vienne, a perfectionné cette découverte en l’appliquant à la gravure des cartes et des plans topographiques. Il a exécuté, de cette manière et sur d’assez grandes dimensions, le plan des environs de Zlabing, en Moravie; ce plan ne laisse rien à désirer sous le rapport de la netteté du dessin et du fini des moindres détails. Nul doute que le carton lithographique ne puisse devenir d’une grande utilité pour le service militaire, auquel il paraît spécialement destiné; déjà on l’emploie avec succès dans les bureaux de l’état-major à Vienne. Les cartes lithographiées sorties des presses de M. Muller, à Garlsruhe, jouissent d’une réputation méritée.
- INDUSTRIE ÉTRANGÈRE.
- Aperçu des principales inventions et découvertes récemment
- faites en Allemagne.
- M. Prechd a exécuté un grand appareil pour l’éclairage par le gaz hydrogène des bâtimens de l’Institut polytechnique, à Vienne.
- M. Schafzall, de Gratz, est parvenu à fabriquer des clous de fer à froid. Toutes les opérations se font par le moyen de machines. Vingt de ces machines fabriquent annuellement 20 millions de clous de la meilleure qualité.
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- Deux artistes, MM. Dreysse et Krondiegel, ont formé, à Sommerda, petite ville de la Thuringe, un établissement où ils fabriquent à froid, avec promptitude et précision, des fiches et des espagnolettes de croisée, des étrilles, des vis à bois aussi parfaites que les meilleures que fournit l’Angleterre, des clous de toutes les dimensions, etc.
- Les souliers sans couture, dont la semelle est réunie à l’empeigne par des pointes de fer, se fabriquent aujourd’hui dans quelques contrées de l’Allemagne, notamment en Bavière et en Thuringe.
- La presse de Réal, dont nous avons donné la description dans le Bulletin N°. CXLVII, quinzième année, page 202, et qui est destinée à préparer des extraits de fruits ou de plantes; la presse hydro-mécanique de Bramah et celle de William, pour presser les draps et toutes les marchandises, pour extraire les huiles, la drêche, etc., ont été introduites avec plusieurs améliorations essentielles dans la fabrique de M. Nathusius, à Neu-Haldensleben, où l’on s’en est même servi pour arracher des arbres.
- Le mécanicien Hoffman, de Leipsic, a inventé une presse, dans laquelle la pression et la filtration ne sont pas effectuées, comme dans celle de Réal, par l’action d’une colonne d’eau, mais par l’air, que l’on condense au moyen d’une pompe de compression. Une presse encore plus ingénieuse est duc au docteur Romershausen, à Akeri, sur l’Elbe. L’effet de cette machine est une conséquence de la pression considérable que l’atmosphère exerce sur les parois d’un vase vide d’air. Un récipient qu’on peut soumettre à l’action de la pompe pneumatique, est muni d’un diaphragme, sur lequel est placé un filtre; et sous celui-ci un vase propre à recevoir le liquide qu’on verse sur le filtre. Lors-cju’on fait le vide, la pression de l’atmosphère force le liquide à traverser le filtre, et contribue à l’extraction complète des parties solubles.
- Les nouveaux appareils de brasserie de l’Anglais Needham sont fort employés en Allemagne, à cause de leur simplicité et de l’économie de temps, d’ouvriers et de combustible qu’ils procurent, et de la bonne bière qu’ils fournissent
- Les appareils de vaporisation et de distillation des esprits ardens ont été perfectionnés depuis peu. On obtient promptement et en épargnant beaucoup de temps et de combustible, par une seule opération, une très-bonne eau-de-vie, et on tire de cette eau-de-vie de l’esprit-de-vin rectifié, sans courir le risque du feu ni que le chapiteau de L’alambic soit soulevé. Les vapeurs dégagées se répandent dans des réservoirs subdivisés et déposent leurs parties aqueuses, de manière
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- que les plus volatiles seules se condensent dans le serpentin, et de là se rendent dans le récipient. M. Tutte, à Berlin, a montré le premier avec quel succès on peut employer l’air raréfié pour la distillation ; ses appareils, construits sur ce principe, ont eu un résultat très-heureux. Un chaudronnier de Manheim, nommé Hug, a imaginé un appareil pour la distillation des pommes de terre, donnant de l’eau-de-vie de bonne qualité sans goût d’empyreume. Ainsi, cette branche de l’industrie manufacturière est actuellement arrivée à un degré de perfection remarquable.
- Le procédé par lequel on sépare les plaques d’ardoise par la congélation de l’eau dans les carrières est fort curieux. On dirige l’eau de pluie dans les intervalles des couches, et quand cet eau se congèle, l’augmentation de son volume opère la séparation des feuillets d’ardoise.
- L’emploi de la vapeur pour cuire les comestibles, pour chauffer et pour sécher non-seulement se soutient, mais se répand de plus en plus. Les bateaux à vapeur établis sur l’Elbe sont toujours en activité ; tandis qu’il paraît que les chariots à vapeur ont été abandonnés. Le grand nombre d’inventions nouvelles pour les détails de construction des machines à vapeur a amené ces appareils à un degré de simplicité et de perfection tel, qu’elles ne ressemblent presque plus aux anciennes machines de ce genre, qui étaient fort compliquées.
- On a beaucoup perfectionné les véhicules à roues dans tous leurs détails. Aux nouveaux ressorts de M. Reichenbach, de Munich; aux jantes courbées d’une seule pièce du capitaine prussien Néander; au sabot de sûreté de Busch; à l’appareil de Bruggeman, de Hambourg, qui met à l’abri de tout danger quand les chevaux s’emportent ; aux essieux mobiles de Lankensperger, de Munich, que nous avons décrits dans le Bulletin du mois de mai dernier, on peut ajouter l’appareil pour enrayer de M. Yelin, de la meme ville.
- L’utilité du sel de Glauber, dans la fabrication du verre, est reconnue, et l’usage en est déjà très-répandu.
- M. Nathusius, de Neu-Haldensleben, a imaginé un procédé pour raffiner le sucre de betteraves de la manière la plus avantageuse, tant en grand qu’en petit ; ce procédé paraît ne plus rien laisser à désirer.
- M. Steiber, à Eisenach, continue à perfectionner son écarlate persio et son procédé de teindre avec cette matière colorante. On sait que Ban-cToft a trouvé que l’acide sulfurique étendu dissout la matière colorante de la laque rouge des Indes, sans agir sur la partie résineuse. En neutralisant la solution acide par le moyen de la soude , et en associant l’a*
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- lumine à la matière colorante, il a obtenu une fort belle couleur qu’il nomme laque-laque, avec laquelle on peut teindre en écarlate de différentes nuances et à bien meilleur marché qu’avec la cochenille. Les frères Ofenheimer, de Vienne, préparent une laque semblable, sous le nom de rouge d’Ofenheimer.
- On a fait, dans les derniers temps, plusieurs essais pour conserver une température uniforme dans des usines, des brasseries, distilleries, etc., en retenant la chaleur par des substances qui la laissent passer difficilement. Le ciment inventé dans ce but par l’architecte Kersten, de Wisbaden, a la propriété de concentrer dans des foyers, et sur-tout dans des foyers économiques, presque toute la chaleur, de manière qu’elle n’est dépensée que pour les objets qu’on veut chauffer. La Société polytechnique, à Munich, ayant analysé ce ciment, l’a trouvé réellement utile; il est composé de marne argileuse, de sable et d’ocre ferrugineuse.
- L’espèce de couche huileuse qui se forme, par la coction répétée, à la surface intérieure des vases de terre , et qui est substituée au vernis ordinaire des poteries communes, ne donne plus lieu aux inquiétudes qu’avaient fait naître les vernis tirés du plomb. Cette nouvelle découverte est due à M. Kirchhoff, de Pétersbourg. Les vases recouverts de cette couche servent non-seulement pour la cuisson des alimens, mais aussi pour conserver toute espèce de mets acides, salés ou gras.
- Il faut encore mettre au nombre des découvertes intéressantes celle de M. Osiander, de Gottingue, qui consiste à employer le charbon de bois pour garantir de l’oxidation le fer, l'acier et quelques autres métaux, comme il garantit de la putréfaction les matières animales.
- Le directeur général des vivres à Berlin, M. de Voss, vient de proposer, pour la subsistance des armées en campagne, une poudre provenant de la pulvérisation des légumes farineux et des viandes séchées. Chaque soldat pourrait en emporter une certaine quantité; il suffirait de délayer cette poudre dans de l’eau bouillante, pour avoir une nourriture substantielle.
- MM. Koenig et Bauer, inventeurs de l’appareil typographique, qui, dans plusieurs imprimeries de Londres, remplace depuis quelque temps les anciennes presses, sont de retour dans leur patrie, et viennent de former un établissement considérable aux environs de Wurtzbourg. Nous avons donné une note détaillée sur ces presses dans le Bulletin du mois de mars dernier, page 69.
- L’atelier
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- L’atelier royal des machines établi dans le faubourg Sainte-Anne , à Munich, renferme le grand modèle d’une route en fer, inventé et confectionné par M. de Baader. Sur un espace exactement horizontal de cette route, une femme ou un enfant peut traîner avec facilité un chariot chargé de plus de 16 quintaux; sur une autre portion de la même route, à laquelle on a donn&eacut