Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
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- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR
- L’INDUSTRIE NATIONALE.
- Publié avec Vapprobation de S. Ex. le Ministre Secrétaire
- d’Etat de VIntérieur.
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- VINGT-UNIÈME ANNÉE.
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- A PARIS,
- DE L’IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD
- (née YALLAT LA CHAPELLE),
- Rue de l’Éperon-Saint-André-des-Arcs, N° 7.
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- YISGT-UNIÈME ANNÉE. (N°. CCXI. ) JANVIER 1822.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- ARTS MÉCANIQUES.
- R apport fait par M. Molard jeune3 au nom du Comité des a ris mécaniques y sur les machines a débiter et travailler les bois , de M. Rognin.
- Messieurs, dans votre séance du 14 novembre dernier, vous avez accueilli avec empressement la demande que vous a faite M. Roguin de visiter rétablissement qu’il a formé hors des murs de Paris, à la Gare, pour débiter et travailler, au moyen de machines, les bois indigènes à l’usage des menuisiers, charpentiers, charrons, et vous avez chargé votre Comité des arts mécaniques du soin de cette visite et de vous faire un rapport à ce sujet.
- Je vais, an nom de ce Comité, avoir l’honneur de remplir ce devoir, et vous soumettre le résultat de son travail.
- L'établissement de M. Roguin, imité de ceux que M. Brunei, notre conci-toven, a formés dans les principaux arsenaux de la marine anglaise, est le premier et môme encore le seul de ce genre qui existe en France; car il n’a rien de commun avec les étabîissemens où l’on débite les bois de placage en feuilles, pour les ouvrages d’ébénisterie.
- Cet établissement, élevé en rase campagne , non loin de la rivière et vis-à-vis le port de la Gare , est placé d’une manière convenable à son objet. Il se compose de scies verticales, de scies circulaires, de machines à planer, à rainer, à languftter, à pousser des moulures dans le bois : toutes sont mues par une machine à vapeur de la force de douze chevaux, d après 1e système de Woolf, c’est-à-dire à double pression ; elle a été fournie par M Rdu ’ards.
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- A cette réunion de moyens puissans de travailler le bois, M. Roguin a joint un procédé nouveau et prompt de le sécher, procédé qui jouit en même temps de la propriété de le préserver de la piqûre des vers.
- Tout, dans cet établissement, est conçu avec intelligence , exécuté avec habileté et monté en grand ; il est assurément du nombre de ceux qui font le plus d’honneur à notre industrie : sa formation a coûté quatre années entières de soins, de travaux et de dépenses. Les sacrifices inévitables qu’on est obligé de faire dans toutes les nouvelles entreprises où l’on ne marche qu’en tâtonnant et d’un pas mal assuré , deviennent plus considérables encore, quand les machines qu’on construit doivent, par des combinaisons qui enchaînent les unes aux autres toutes les opérations successives , concourir toutes efficacement au même but, l’économie de main-d’œuvre et par conséquent de production. Le fondateur de ce bel établissement n’a, du reste, qu’à se féliciter d’une persévérance, sans laquelle on ne doit se promettre aucun succès dans la carrière des arts et de l’industrie. Son but est atteint, ses espérances remplies, puisque ses produits sont, livrés au commerce à 25 pour 100 au-dessous des prix courans.
- Nous venons de dire que cet établissement se compose de machines destinées à faire une suite d’opérations, dont le concours donne des planches que les menuisiers nomment frises, quand ils les emploient à faire des planchers ou des parquets, et batlcms, quand ils en font des châssis de portes, de croisées, etc. Voici la suite de ces opérations, que M. Roguiii s’est empressé de faire exécuter devant nous et de nous expliquer.
- Scies verticales.
- Ces machines, actuellement au nombre de deux, mais auxquelles une troisième sera bientôt ajoutée, sont établies d’après le système deM. Rnniel, c’est-à-dire que les châssis qui portent les scies , leurs guides, les bielles qui communiquent le mouvement, le chariot et presque généralement toutes les pièces qui les composent, sont en fer ou fonte de fer. Le mécanisme et le jeu , suivant nous , en ont été perfectionnés et simplifiés par M. Roguin , et par M. Calla, qui les a construites. Les châssis porte-scies se meuvent plus facilement et éprouvent moins de frottement entre des galets que dans des coulisses, quoique ces galets aient inal-à-propos des gorges angulaires : deux bielles agissant simultanément sur les milieux des côtés latéraux du châssis, substituées à une bielle unique tirant sur le chapeau ou la base de ce même châssis, produisent un tirage plus direct et n’occasionnent pas une si grande perte de force ; les galets de fonte de fer sur lesquels se meut le chariot va-
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- lent mieux que les chantiers à coulisses angulaires, quoique celles-ci, pour la justesse, soient déjà bien préférables aux coulisses rectangulaires. Le moyen de tendre les scies sans coins et sans vis, mais seulement à l’aide d’un levier et de cales, est encore une amélioration qui mérite d’être remarquée. En général, on ne s’est point écarté des principes qu’on doit observer dans la construction des machines de cette espèce ; on a satisfait à une des conditions les plus importantes, c’est que l’étendue du mouvement alternatif des scies doit excéder le plus grand diamètre des bois qu’on débite, afin que toutes ies dents sortent du bois pour se vider ; autrement elles se remplissent de sciure, qui fait ou dévier les scies ou empêche leur efiet, ou bien fait crever le sciage quand il est mince.
- Quoique les machines dont nous parlons soient très-satisfaisantes, on peut regretter néanmoins qu’on n’ait pas fait usage , pour adoucir le mouvement du chariot, des rouleaux enchaînés des moulins hollandais , et pour maintenir la verticalité dans le mouvement du châssis porte-scie , des bielles horizontales et opposées, qui, en supprimant le frottement, donnent aux scies une espèce de mouvement oscillatoire, qui ressemble à celui des scieurs de long, et produit un bon effet. Il existe au Conservatoire un essai de machine, qui donne l’idée de cette construction.
- L’objet des scies verticales , dans rétablissement de M. Roguin , est de réduire en madriers plus ou moins épais les morceaux de bois en grume ou équarris; on les garnit toujours d’autant de lames qu’il en faut pour débiter le morceau de bois d’un seul voyage du chariot : le mouvement de celui-ci , produit par une crémaillère que met en jeu le mouvement même du châssis des scies, par l’intermédiaire des leviers de La Garousse et d’une roue den tée en rochet, varie en raison inverse du nombre des lames et de la grosseur du bois. Le mouvement des scies, produit par de très-fortes courroies en cuir et régularisé par des volans placés sur les axes à manivelle , est de soixante-dix coups par minute environ. La vitesse du chariot, quand on fait trois traits à-la-fois dans un morceau de bois de 15 à 16 pouces , est d’un pied pendant le même temps : la force employée est, suivant M. Roguin, équivalente à celle de deux chevaux.
- La quantité de sciage, pendant une heure, est de 180 pieds carrés environ ; mais on perd la moitié du temps pour les remplacemens ; alors on n'obliem que 90 pieds. Les meilleurs scieurs de long ne peuvent faire que 10 pieds; d’où il résulte qu’une scie mécanique vaut neuf paires de scieurs de long, c’est-à-dire dix-huit hommes.
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- Scies circulaires.
- iî existe deux sortes de scies circulaires, dont l’invention est due à M. Brunei; l’une est destinée à débiter du placage, et l’autre des planches. Nous ne ferons mention ici que de ces dernières , qui sont les seules dontM. Roguin fasse usage pour le moment. Ce sont des disques de tôle d'acier fondu, portant depuis 12 jusqu’à 30 pouces de diamètre, à denture plus ou moins fine : chacune a son bâti particulier. Montée sur un axe en fer, elle reçoit son mouvement de rotation du moteur général, par le moyen de courroies. La vitesse est. pour les scies de 12 à 18 pouces, de sept cents tours à la minute : elle n’est que de cinq cents tours pour les scies de 18 à 30 pouces.
- Avec ces dernières, on fait des planches de 8 à 9 pouces de large ; un chariot, comme dans les scies verticales, amène le bois sur la scie par un mouvement continu, parce que l’action des scies circulaires n’a point d’interruption : c’est en cela que consiste l’avantage qu’elles ont sur les scies alternatives, qui ne produisent d’effet utile qu’en descendant.
- Les planches étroites, telles que les frises, sont débitées aux petites scies, sans chariot et à la main. L’ouvrier appuyant le bois contre une règle parallèlement placée au plan de la scie, à la distance nécessaire pour l’épaisseur qu’on veut avoir, le pousse en même temps contre la scie, qui, tournant avec une vitesse de six à sept cents tours par minute , le débite avec une extrême rapidité, et pour ainsi dire en courant. Un trait de 9 pieds de long sur 4 pouces et demi de large, dans du bois de chêne-vert, est fait en moins de 40 secondes : il faut un tiers de temps de plus, quand le même bois est sec.
- Cette manière de présenter le bois à la scie est préférable au mouvement absolu du chariot, qui, forçant la scie à passer avec la même vitesse dans du bois noueux ou inégalement dur, la fait quelquefois dévier de sa direction et même arrêter. L’homme, au contraire, réglant la poussée du bois sur la scie, d’après la résistance qu’elle éprouve, ne la met jamais dans le cas de forcer son travail : on y gagne aussi le temps employé à charger le bois sur le chariot, à chaque trait. Ainsi, quand le poids des morceaux de bois n’excède pas la force d’un homme, il y a un grand avantage à ne pas se servir du chariot (1).
- (1) Voici le procédé de dessiccation du bois que M. Roguin a imaginé , et qui nous paraît fort important par ses résultats.
- Les planches larges ou étroites sont portées dans un bassin rempli de l’eau encore chaude. provenant de la condensation de la machine à vapeur ; elles y sont rangées sur des châssis qu’on fait mouvoir avee des treuils, et au moyen desquels on les plonge ou on les retire à volonté. Cette immersion des boi* verts dans l’eau chaude a, suivant l’auteur, plusieurs avantages :
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- Lorsque les planches ou frises destinées à faire des planchers ou des parquets ont reçu le degré de dessiccation convenable, elles sont portées à une machine qui dresse un de leurs côtés, au nombre de six «à-la-fois : ces frises sont placées l’une à côté de l’autre, et serrées ensemble par le moyen de vis.
- Cette machine est la même que celle que feu M. Bramuk avait imaginée , il y a vingt ans, pour planer et raboter les bois, particulièrement les flasques d’affût de canon ; elle aurait eu sans doute un grand succès sans l’invention des scies circulaires, dont le sciage est si uni et si beau, qu’il n’est pas besoin d’y passer la varlope. Toutefois, au moyen de quelques légères modifications que M. Roguin y a faites, elle est devenue très-utile à son établissement, en dressant les joints d’un certain nombre de planches à-la-fois.
- Cette machine ayant été gravée et décrite dans plusieurs ouvrages, notamment dans celui de M. Ch. Dupin sur la marine anglaise , nous ne nous étendrons pas davantage ici à son sujet.
- Les planches, dressées ainsi d’un côté, sont reportées à une scie circulaire qui, en les tirant de largeur, dresse en même temps le deuxième joint.
- Machines à rainer et à languetter.
- L’opération qui termine les travaux est celle où les planches sont converties en planchers ou en parquets, en les assemblant au moyen de rainures et de languettes. M. Roguin a inventé, pour cet objet, deux machines
- \n. En dépouillant le bois des parties solubles, gommeuses ou mucilagineuses de la sève, il se trouve disposé à une dessiccation plus prompte.
- 2’. Le bois traité de cette manière n’est pas sujet à se tourmenter et n’éprouve aucune altération par l’alternative de l’humidité et de la chaleur. Un plancher fait avec ce bois, dans une maison qui appartient a M. de Nicolaï, à Bercy, ayant été extrêmement sali par les plafonneurs, a été nettoyé et lavé à grande eau, et i! ne s’en est suivi aucune altération dans sa forme.
- 3°. Enfin un autre avantage non moins précieux, qui résulte de ce procédé, est que le bois prépare de cette manière sera préservé de la piqûre des vers, dont la partie gommeuse est l’aliment.
- Les planches sorties du bassin sont empilées dans un vaste séchoir, où une chaleur douce d’abord el qu’on porte successivement au plus haut degré possible, en renouvelant l’air, opère en très-peu de temps ia dessiccation complète du bois.
- Les avantages de ce procédé paraissent incontestables ; mais ne pouvant pas renouveler fréquemment l’eau du bassin, dont la corruption est très-prompte, il nous semble que M. Roguin a mal fait de le placer dans l’intérieur de son établissement. Il s’en exhale déjà aujourd’hui une odeur fort désagréable ; du reste, l’assertion que les vers trouvent leurs seuls alimens dans la gomme a besoin d’être confirmée par l’expérience.
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- très-ingénieuses, mais sur lesquelles nous devons, à sa prière, nous abstenir de donner des détails, voulant comme de raison , jouir au moins pendant quelque temps du bénéfice de son invention, qu’il s’est réservé en prenant un brevet. Nous nous bornerons donc à en faire connaître les résultats.
- L’une de ces machines fait les rainures, et l’autre les languettes; on place à-la-fois sur chacune d’elles six planches qui sont rainées et languettées avec une vitesse de 2 pieds par minute pour les rainures , et de 6 pieds par quatre minutes pour les languettes, c’est-à-dire qu’en trois minutes on fait 36 pieds de rainures, et en quatre minutes la même longueur de languettes, l e bois est enlevé avec une grande netteté ; l’ouvrage se trouve fait avec précision et régularité : les nœuds et même le bois tortillé ne présentent aucun obstacle. M. Roguin estime qu’il faut un peu plus de la force d’un cheval pour mener deux machines de cette espèce.
- La disposition de ces machines nous paraît pouvoir se prêter à beaucoup d’autres usages pour le travail des bois. Rien n’est plus aisé, par exemple, que de faire des feuillures, des moulures , etc. , en substituant aux outils actuels d’autres outils , dont la forme serait convenable à l’objet qu’on se propose. Il nous semble également qu’une de ces machines pourrait très-bien être substituée à la machine de Bramah, pour dresser le premier joint des frises.
- M. Roguin s’occupe dans ce moment d’ajouter à son établissement une scie circulaire pour tronçonner les bois, c’est-à-dire pour les couper en travers. Il se propose aussi d’ajouter à une de ses scies verticales le moyen de chantourner toutes sortes de courbes pour roues de voitures et autres. Les sciures et autres débris provenant des diverses façons qu’on fait subir successivement au bois concourent avec le charbon de terre à chauffer le fourneau de la machine à vapeur : c’est également avec des sciures, converties en mottes, qu’on chauffe entièrement les fourneaux du séchoir. Ainsi, dans cet établissement, tout est mis à profit.
- En bornant, pour le moment, ses produits aux deux objets dont nous avons fait mention , les planchers et les parquets, et s’attachant plus particulièrement à la confection de ces derniers, M. Roguin paraît avoir fait une faible application d’une grande réunion de moyens ; mais il faut considérer que la nature des produits d’une fabrique quelconque est toujours un peu déterminée par les besoins locaux ; que l’emploi des planchers et parquets est très-considérable à Paris , et le deviendra probablement plus encore par la diminution d’un quart sur les prix. Cette circonstance contribuera à décider les propriétaires à les employer de préférence au carrelage en terre
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- cuite, si peu solide, si froid et si pernicieux à la santé. Sous ce rapport, les produits de l’établissement de M. Roguin ont donc un but d’utilité fort recommandable.
- Avant que M. Roguin eût formé son établissement, nous n’avions peut-être pas encore en France des idées exactes et complètes sur l’efficacité et la puissance des moyens mécaniques imaginés par M. Brunei, et appliqués en Angleterre aux constructions navales. On peut juger de l’économie qu’ils y ont apportée par l’anecdote suivante, à la fois honorable pour le Gouvernement anglais et pour M. Brunei, qui en est l’objet. L’amirauté de Londres, voulant donner à M. Brunei un témoignage d’estime et de bienveillance, lui a fait compter, à titre de gratification, une somme de 7,000 livres sterling, montant des économies que ses machines apportent chaque année dans les travaux seuls des chantiers de Portsmouth. On n’a pas besoin d’expliquer l’émulation que doivent exciter de semblables exemples. Il est naturel de penser, et on doit s’attendre, que notre industrie recevra une nouvelle impulsion de l’heureuse entreprise que M. Roguin vient de terminer.
- D’après cet exposé, le Comité des arts mécaniques a l’honneur de vous proposer. Messieurs, I\°. de témoigner votre satisfaction à M. Roguin, pour l’utile et bel établissement dont il vient d’enrichir la France ; 2°. de lui accorder une médaille d’or, si toutefois cet avis est accueilli par la Commission des médailles ; 3°. d’ordonner l’insertion au Bulletin du présent rapport.
- Signé Molard jeutie, rapporteur. Adopté en séance, le '12 décembre '1821.
- Rapport fait par M. Franeceur, au nom du Comité des arts mécaniques, sur les pendules et les claviers musicaux de M. Rai ngo, horloger-mécanicien, rue Saint-Sébastien, n ’ 46 , à Paris.
- Messieurs, vous nous avez chargés, M. B réguet et moi, d’examiner la double fabrication des pendules et des claviers musicaux de M. Raingo; c’est de cet objet que je vais avoir l’honneur de vous entretenir.
- Ces pendules sont d’une forme élégante; des colonnes disposées eircu-iairement soutiennent le mouvement d’horlogerie et le pendule, qui font marcher et règlent le mécanisme. Au-dessus de cette espèce de temple on voit au centre un globe immobile qui figure le soleil. Un second globe qui représente la terre, tourne autour de l’autre, et n’accomplit qu’une seule révolu-T'uigt-unième année. Janvier 1822. B
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- lion en un an, sur son axe incliné au plan horizontal supérieur, et conservant sa direction constante. Ce plan tient lieu de l’écliptique : on y voit marqués tous les degrés de longitude et les signes du zodiaque, en sorte qu’on y lit aisément le lieu que le soleil nous semble occuper chaque jour, d’après celui que la terre occupe réellement. En meme temps que le globe terrestre marche, il s’approche ou s’éloigne du centre, non pas selon les lois et les proportions astronomiques, qui ne pourraient pas offrir une étendue sensible dans une aussi petite machine, mais du moins assez pour donner l’idée de ce genre d’effet.
- Une troisième petite sphère tourne en même temps autour du globe terrestre et se transporte avec celui-ci dans sa révolution annuelle, pour figurer les révolutions lunaires et donner la succession des phases. Tous ces rouages sont entraînés par le ressort qui meut la pendule, en sorte que ces effets se montrent d’eux-mêmes et par la seule progression des temps.
- Cet exposé suffit pour faire concevoir que l’auteur a très-bien rempli son objet, qui était de représenter sur une petite échelle, dans une belle pendule propre à orner un salon, les mouvements de la terre autour du soleil, et ceux de la lune autour de la terre. Cette machine donne, comme on voit, les minutes, les heures, les dates, les mois, les jours de la semaine, le lieu du soleil dans l’écliptique céleste, les dates et phases lunaires, et plusieurs autres effets astronomiques. Aucune de ces indications n’y est confuse, et elles se placent à la vue de la manière la plus propre à la satisfaire.
- Comme plusieurs des effets astronomiques, tels que les révolutions de la lune, la cause et la succession des saisons, celle des éclipses de lune et de soleil, sont souvent mal compris des personnes qui n’y ont pas donné leur attention, et que cette pendule en offre la démonstration, M. Raingo a pensé avec raison qu’il pouvait être utile de détacher du mouvement de la pendule les rouages qui servent à régler les révolutions de la terre et de la lune, afin de les faire manœuvrer à la main et indépendamment du ressort moteur : on peut ainsi produire à volonté, et en peu de momens, les effets qui ne seront amenés que par la succession des temps. Sous ce rapport, la machine de M. Raingo peut convenir à l’instruction de la jeunesse.
- Cette belle machine est très-bien exécutée et d’un prix qui n’excède pas celui que les fortunes aisées peuvent mettre à un meuble d’ornement ; l’auteur la vend 1,500 francs. Plusieurs personnages distingués, parmi lesquels on peut citer S. A. R. Monseigneur le duc d'Orléans et S. Exe. le ministre de l’intérieur, ont fait l’acquisition de cette pendule, qui a mérité l’approbation du bureau consultatif des arts et manufactures. Du reste, comme cette pendule n’offre pas de conception neuve, nous nous bornerons à en louer l’exé-
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- eution, et à faire remarquer que le prix en est modéré, eu égard à la quantité du travail et à la beauté des ornemens.
- Depuis qu’on a perfectionné les petites machines qui jouent des airs par la seule action d’un ressort, et que le prix en est devenu très-modique, le goût et la mode ont beaucoup répandu ces instrumens, qu’on nomme vulgairement des musiques. On les adapte aux pendules, aux montres, aux nécessaires et à plusieurs autres bijoux. Elles sont formées de plusieurs lames, d’inégale longueur, rangées parallèlement comme les dents d’un peigne. Chaque lame rend un son particulier lorsqu’elle est attaquée : on les dispose selon l’ordre de l’échelle diatonique. Un cylindre de métal, en tournant sur son axe, vient présenter successivement les divers points de sa surface à l’extrémité de ce peigne sonore, sans le toucher : mais de petites goupilles fichées dans le cylindre et dépassant un peu la surface, vont tour-à-tour attaquer le bout des lames sonores. On conçoit que lorsque ces goupilles sont implantées dans un ordre convenable, la succession des sons produit l’air qu’on veut, avec ses accompagnements.
- Pour faire exécuter à l’instrument un morceau de musique donné, après avoir noté cet air, on divise la surface du cylindre en une série d’espaces égaux, tant dans le sens de l’axe que perpendiculairement à l’axe; on obtient des résultats plus ou moins satisfaisans selon le degré de précision de la cons truction de la machine. Le très-court intervalle qui doit régner entre les sons successifs d’une pièce de musique ordinairement vive et chargée de notes, oblige à mettre beaucoup de soin dans l’opération de la division du cylindre, afin que chaque goupille n’attaque sa lame sonore qu’à son tour et précisément lorsqu’elle le doit.
- Pour que cette petite machine soit bien exécutée, il faut sur-tout que les sons produits par les lames soientpurs et extrêmement justes, ce qui n’alieu qu’en observant les règles du tempérament musical, comme pour accorder tous les instrumens à sons fixes.
- Ces musiques nous viennent presque toutes de Genève et de la Chaux-de-Fond, où on les fait en fabrique et à bas prix : les droits de douanes, que la fraude réussit souvent à éviter, sont impuissans pour arrêter les progrès de cette importation. Malgré ces désavantages, M. Raingo peut livrer ses musiques à plus bas prix encore. Il ne soutient cette redoutable concurrence que parce qu’il a pour ouvriers sa nombreuse famille, et qu’il se sert de plusieurs instrumens très-bien conçus et propres à abréger ou perfectionner le travail. Son peigne-étalon, qui lui sert à régler les sons de ees lames, nous a paru très-bien exécuté. En outre il a imaginé, pour la division de son cylindre, des instrumens de précision, qui le conduisent sans beaucoup de peine et de tra-
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- vail à des résultats assez satisfaisans pour nous faire croire que la fabrique de M. Raingo ne le cède en rien à celle des étrangers, et que cette branche d’industrie est naturalisée en France.
- Nous terminerons, Messieurs, en avouant que les machines de M. Rai/igo ne sont pas des inventions nouvelles; mais nous pensons que sous le rapport de l’exécution et de la modicité des prix, elles méritent l’approbation de la Société, et nous avons l’honneur de vous proposer de l’accorder, ainsi qu’une place au Rulletin pour le présent rapport.
- Signé Francoeür, rapporteur.
- Adopté en séance, le 2G décembre 1821.
- Rapport fait par JM. Jomarcl , au nom d une commission spéciale, sur les réglés à calculer de M. Isaac Sargent.
- Messieurs, la règle à calculer, présentée par M. Isaac S argent, propriétaire d'un brevet pour une manufacture à courber les bois, sise allée d’Antin. aux Champs-Elysées, à Paris, a été importée d’Angleterre. Elle diffère de celles qui sont connues, en deux points : l’un en ce qu’elle est réduite à moins de 9 pouces 24 centimètres), l’autre en ce qu’elle donne commodément les toisés et les cubatures. Elle est donc très-portative, et pourrait 1 être même davantage, si l’artiste la séparait d’une mesure de 2 pieds, à double charnière, à laquelle il l’a associée, pour ajouter à son utilité; mais il aurait pu la donner isolée, et sa longueur n’aurait pas excédé beaucoup 22 centimètres ou 8 pouces un quart. Cette dimension ainsi réduite apporterait encore, dans le prix, une diminution notable; car l’instrument ne couteau plus que 7 francs, et la majeure partie du travail appartient à la double charnière et à l’allonge qui sont parfaitement bien exécutées. On peut faire le même éloge de la branche consacrée aux calculs.
- D’un autre côté, cette proportion diminue la précision de la règle à calculer. Les dix parties de l’échelle n’ont pas plus d’étendue que n’en occupent cinq sur la règle que j’ai présentée à la Société, et sept sur celle de M. Collar-deauy à la dernière dizaine, l’unité ne peut se partager à l’œil qu’en deux, tandis que, dans ia mienne, elle est divisée réellement en deux, et se partage encore très-facilement en deux à l’œil. Cette règle ne renferme point de lignes consacrées aux racines carrées, ni aux racines cubiques. En tout, elle est plus simple et moins précise que les autres ; mais elle a, comme je l’ai dit, l’avantage de donner commodément les toisés (à la vérité en pieds et en pouces), ce qui la rendra utile aux ouvriers en bois et en pierre, qui ne se servent que des anciennes mesures. Rien n’est plus simple que l’idée sur la-
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- quelle cette propriété est fondée. Les échelles logarithmiques sont nécessairement décimales, et on n’y inscrit que les nombres l à l 0, qui représentent aussi 10 à 100, et 100 à 1000, etc. Sur celle-ci, on a écrit le nombre 12, pour la transformation du pied en 12 pouces; de manière que, pour avoir, par exemple, le nombre de pieds carrés d’une planche de bois, longue de 9 pieds, large de S pouces, on a instantanément le produit six pieds, en amenant 9 de la réglette sous le 12 écrit à la ligne supérieure, et lisant 6 au-dessous de S. Toutes les règles donneront le même résultat, en marquant d’une manière visible la division 12.
- L’avantage est plus sensible pour le calcul des solides : on veut avoir le cube d'un bloc long de 8 pieds, et de 15 pouces en carré; on pose 8 de la réglette au-dessus du nombre 12 de l’échelle inférieure à la coulisse, et au-dessus de i 5 de celle-ci, on lit aussitôt 12 pieds et demi cubes. Autre exemple : une pièce de bois a 17 pouces en carré et 13 pieds de long; on demande combien elle a de pieds cubes; amenez 13 de la réglette sur 12 de l’échelle inférieure, et au-dessus de 17 de ccllc-ci, vous trouverez 26 pieds cubes. Les exemples plus compliqués se calculent aussi aisément. L’échelle inférieure, dont je viens de parier, est divisée en 36 parties vde 4 à 40), correspondant aux 99 parties tant de la réglette que de l’échelle supérieure.
- Bien que cet instrument ne présente rien qui soit absolument neuf, si ce n’est récheilc des cubes, quoique aussi l’emploi exclusif des anciennes mesures soit un inconvénient, nous proposons néanmoins à la Société, 1°. de féliciter M. Sargent de la bonne exécution et du bas prix de sa règle; 2°. de l’inviter à en faire d’autres encore plus économiques, qui seraient isolées du double pied de roi; 3°. d’insérer le présent rapport au Bulletin, afin de répandre de plus en plus les avantages des règles logarithmiques.
- Signé Jomard, rapporteur.
- Adopté en séance, le 9 janvier 1822.
- Rapport fait pc:r M. Pajol-Descîiarmes, au nom du comité des a ri j niécanitjue. g sur ht fabrique du linge damassé de IU. étoile fils, a S a in t- Q tient in, département de F Aisne.
- Messieurs, votre comité des arts mécaniques, que vous avez chargé de vous mire un rapport sur le linge de table damassé en fil, fabriqué a i instar de ceux de la Saxe et de la Silésie, dans la manufacture formée a fcaint-Ouen-ün, par M. Dallé fils, et dont cet entrepreneur vous a soumis des eehantil-
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- ions, a cru devoir se transporter au dépôt de ces tissus, tenu par M. Dubois. rue Montmartre, n° 132.
- Les différents services que vos commissaires ont vus dans ce depot, ont justifié la bonne opinion que vous en aviez conçue lors de la présentation qui vous a été faite d’échantillons analogues. La richesse de leurs dessins, leur bon goût, la finesse et la belle qualité de fils employés, joints à la netteté du tissu et à la beauté des apprêts, ont fixé particulièrement notre attention-Le. métier à la Jacquart, que M. Dollé annonce avoir perfectionné, et la navette volante dont il fait usage, lui permettent de donner à ses napper des dimensions en quelque sorte extraordinaires. Le comité a vu avec étonnement des nappes de deux aunes de largeur, dont la régularité des dessins et la bonne fabrication laissent peu à désirer, après avoir été comparées, sous l’un et l’autre rapport, avec des services du même genre provenant de la Saxe. A ce sujet, votre comité vous fera observer que, si le premiers produits de la manufacture de M. Dollé se présentent si avantageusement dès sa naissance (car on saura qu’elle n’est établie que depuis environ 18 mois, et qu’il en faut presque onze pour obtenir un service damassé à personnages, semblable à ceux que nous avons examinés, et qui st composent d’une nappe de huit quarts, de son surtout et de deux douzaines; de serviettes assorties), on a droit d’en attendre encore un plus haut degre de perfection, lorsqu’elle aura surmonté les difficultés qui environnent presque toujours l’origine d’un établissement. Nul doute qu’alors les produits dt M. Dollé ne rivalisent avantageusement avec ceux de la Saxe, et même n'obtiennent la préférence sur ceux de la Silésie, sur-tout si ces derniers, au lieu d’entrer dans le royaume, ainsi qu’ils y entrent aujourd'hui, avec franchise de droits, étaient assujettis à une taxe convenable, dont la fabrique fran çaise serait d’autant encouragée, puisqu’elle deviendrait une sorte de prime en sa faveur.
- M. Dollé, en cherchant à substituer sa nouvelle fabrication à celle des batistes, dont la renommée s’étendait au loin, mais que la mode des vêtemeiu en coton a singulièrement restreinte, a eu une heureuse idée, sur-tout en plaçant le siège de cette fabrication dans le lieu même où se trouvent les ouvriers les plus exercés au travail d’un tissu dont la délicatesse a. beaucoup d<. rapport avec celle qui est particulière au linge de table damassé, en fil de lin de première qualité. D’autre part, le voisinage des départemens du Pas-de-Calais et du Nord, où se recueillent les beaux lins rames dont une partie est employée à la dentelle, ne pourra que favoriser cette nouvelle industrie, en ce qui concerne ses approvisionnemens en matière première crue sur le soi français. Cette réunion d’avantages, qui doit être considérée par un manu-
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- facturier intelligent, atteste évidemment en faveur de M. Dollé, qui a su les calculer et se les approprier.
- Depuis long-temps, à la vérité, on connaissait, dans le département du Nord, le linge de table à fleurs et à ramages, sorti des fabriques situées le long de la Lys, principalement de celles de MM. Haudouæ et Boidin, à Mer-ville; mais combien les services qui en provenaient, beaux toutefois dans leur genre, différaient de ceux à personnages, dont s’occupe l’établissement de Saint-Quentin ! Les fabriques du département du Nord prennent rang après celles de Courtrav et autres villes de la Belgique, tandis que celle du département de l’Aisne s’annonce, dès son début, comme marchant sur la ligne des fabriques de la Saxe, et de la Silésie.
- Vos commissaires, qui ne se sont pas dissimulé les efforts et les sacrifices soutenus qu’a du faire M. Dollé, pour introduire en France la nouvelle fabrication dont iis viennent de vous faire connaître les heureux essais, ont pensé qu’à ces titres cet entrepreneur méritait, de votre part, une distinction spéciale; ils ont en conséquence l’honneur de vous proposer, 1°. d’accorder à M. Dollé une mention honorable dans le compte à rendre des travaux de la Société, à laprochaine assemblée générale; 2°. de lui témoigner votre satisfaction de ses succès, et de lui adresser des remercîments pour la communication qu’il a bien voulu vous en donner.
- Signé Pajot-Descharmes, rapporteur.
- Adopté en séance, le \ 2 décembre 4 821.
- Description d’un moulin a eau sans barrage ni écluseinventé par M. Pougnet, charpentier-mécanicien à Ornans, département du Doubs (i).
- Ce moulin à deux tournans est établi depuis quatre ans sur la rive droite le la Loue, petite rivière qui passe à Ornans ; il marche très-régulièrement, se manœuvre sans peine et donne constamment, dans les eaux basses comme dans les eaux élevées, de très-belle farine. Le corps du bâtiment est construit en pierre de taille; il n’y a en dehors, du côté de la rivière, que la roue motrice et le mécanisme au moyen duquel on la fait hausser et baisser; cette opération se fait par l’intermédiaire d’une roue à chevilles placée dans
- (i) 31. P ou guet a remporté le prix de 1,000 francs proposé par la Société d’encouragement pour des moulins qui ne nuisent ni au flottage, ni aux irrigations. ( Voyez Bulletin de septembre 1821, p. 26S.}
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- rintërieur, et qu’une femme peut facilement faire manœuvrer. Il n v a m empellemens à cric, à vis ou à queue comme dans les moulins ordinaires, et lorsqu’on veut mettre en mouvement les meules ou arrêter le travail, il sulïiî de baisser ou d’élever la roue. On voit donc que ce genre de construction n'obstrue point le cours de la rivière, car si un bateau voulait longer les murs du moulin, il s’agirait seulement d’élever la roue suffisamment pour lui livrer passage.
- La seule condition nécessaire pour de semblables constructions, d’ailleurs très-économiques, c’est de choisir un endroit où le courant soit assez rapide : celui où M. P ou guet a placé son moulin a 6 millimètres de pente par métré.
- La description des diverses parties de ce moulin en fera mieux comprendre ia disposition et le mécanisme.
- Explication des figures de la pi. 21 G.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- Fig. 1. Elévation vue de face du moulin.
- Fig, 2. Élévation latérale, vue du côté de la rivière.
- Fig. 3. Vue en dessus du rouet et de la lanterne du moulin qui fait tourner les meules.
- Fig. 4. Les balanciers du châssis mobile, vus séparément de face et de profil.
- Fig. 5. Portion de l'arbre de la grande roue, montrant de quelle manière il tourne dans le châssis mobile.
- A, Arbre transversal sur lequel est montée la roue à chevilles B; C, mon-ians de la cage du moulin; D, levier en bois formant déclic, et s'engageant par sa partie fourchue dans l une des chevilles de la roue B pour en arrêter le mouvement; ce levier se manœuvre à la main; EE\fig. 4, balanciers intérieur et extérieur du châssis mobile portant les tourillons de l’arbre F; ces balanciers pivotent autour d’un centre et s’élèvent et s’abaissent au moyen des chaînes MM; G, roue montée sur l’arbre F, et dont les aubes ne plongent dans l’eau que de la quantité nécessaire; H, hérisson monte -111' le même arbre F, et qui reste toujours engrené avec le pignon Q, quelle que soit la position de la roue à aubes; IF, segmens de cercle qui forment l'extrémité des balanciers E E', et portent une gorge qui reçoit la chaîne M ; K, bague en fonte dans laquelle passe l’extrémité de l’arbre de couche X; élit est fixée par des boulons à vis sur le balancier intérieur E\ et lui sert en même temps de pivot ou de centre : L,fig. 5, boulon à écrou, qui traverse le
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- sommier du moulin et l’extrémité du balancier intérieur E; c’est sur ce boulon que se meut cette partie du châssis mobile; M, M, chaînes attachées aux segmens de cercle des balanciers et qui s’enroulent sur chaque extrémité de l’arbre A; elles supportent le châssis mobile et la roue à aubes, et servent à les élever ou à les abaisser lorsqu’on fait tourner la roue à chevilles B ; N, arbre gisant du moulin, dont l’une des extrémités passe dans la bague en fonte K ; O, rouet dont les alluchons engrènent dans les fuseaux de la lanterne P ; Q, autre rouet qui est mené par le hérisson H; les alluchons de ce rouet restent constamment engrenés dans les dents du hérisson, quelle que soit l’élévation ou l’abaissement de la roue à aubes; R, l’un des coussinets qui reçoit les tourillons de l’arbre gisant N; S, palier du moulin, portant une crapaudine en acier, qui reçoit l’axe vertical T, destiné à faire tourner la meule U; V, levier au moyen duquel on peut régler les qualités de farine qu’on veut obtenir.
- On a omis dans la figure première la cuve, la trémie, l’arche à farine et les autres parties du moulin qui n’ont rien de particulier.
- S’il s’agissait d’établir ce moulin en grand, il suffirait d’avancer la roue davantage sur la rivière; mais comme dans ce cas elle serait plus pesante, il faudra l’équilibrer par des contre-poids attachés à deux autres chaînes accrochées aux balanciers et passant sur une poulie placée perpendiculairement â chaque chaîne.
- Rapport fait par M. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniques, sur une boussole de M. Vincent, horloger-mécanicien3 rue de la Vieille-Draperie^ n° 26, à Paris.
- Messieurs, vous m’avez chargé d’examiner une petite boussole portative, exécutée par M. Vincent, horloger-mécanicien, rue de la Vieille-Draperie, n°. 26. Cet instrument, de la forme d’une montré ordinaire, est fort bien traité; toutes les parties en sont extrêmement soignées; le guilloché de la boite est très-élégamment dessiné, les divisions du cadran marquées avec précision et netteté ; enfin cette boussole m’a semblé aussi bien exécutée qu’on le pouvait espérer d’un habile artiste. Le petit mécanisme par lequel on soulève l’aiguille aimantée, pour ménager le pivot de suspension, quand la boussole n’est pas en expérience, est simple, fort bien conçu, et remplit très-bien son objet. Du reste, je n’ai rien remarqué dans cette boussole qui portât le caractère d’invention, et l’auteur n’élève à ce sujet aucune prétention ; il ne l’a soumise à votre examen que pour obtenir le témoignage qu elle est Vingi-unième année. Janvier 1822. C
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- mieux exécutée que celles qu’on met ordinairement dans le commerce, et j’ai l’honneur de vous proposer d’accéder à ce désir, et de lui en exprimer votre satisfaction.
- Signé Francoeur, rapporteur. Adopté en séance, le 26 février \ 821.
- —•..............
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Bréant, au nom du Comité des arts chimiques sur le prix proposé pour la découverte d’un alliage métallique moins oxidable que le fer et l acier, et propre à être employé dans les machines à diviser les substances molles alimentaires (1).
- Messieurs, vous n’avez pu vous dissimuler les difficultés de la découverte que vous avez provoquée; vous ne serez donc pas surpris d’apprendre qu’un seul concurrent ait répondu à votre appel.
- L’alliage présenté au concours est composé de fonte grise, d’étain et de bore : les proportions de cet alliage, et le procédé pour le former, sont décrits très-clairement dans le mémoire qui accompagne les échantillons (2).
- Pour constater les qualités de cet alliage, il a été soumis à diverses épreuves, comparativement avec du fer pur, des fontes blanche et grise, des alliages de fonte et d’étain, et enfin avec de la fonte grise alliée avec un excès de carbone.
- Les morceaux qui devaient être mis en expérience furent d’abord frottés avec du jus de pommes, et ensuite placés sur le marc de ces fruits, dans une cave humide, où ils restèrent plus de quinze jours.
- (1) Il n’a été donné qu’une analyse succincte de ce rapport, page 260 du Bulletin de septembre 1821 ; nous avons cru devoir le rétablir ici en entier, parce qu’il présente le résultat des essais faits sur diffé-rens alliages inoxidables.
- (2) Cet alliage est composé, suivant l’auteur, de 14 parties de fonte blanche, 1 de bore et 2 d’étain Il l’obtient en mettant dans un creuset 7 livres de fonte blanche et 2 livres d’acide borique, qu’il recouvre d’un peu d’argile fine, afin d’éviter le contact de l’air. Il place ensuite le creuset dans un fourneau de fondeur de cuivre ; quand l’alliage est en fusion, ce qui a lieu au bout d’une demi-heure, or ajoute une livre d’étain, on mêle bien et l’on coule.
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- Aucun des morceaux n’a été fortement oxidé : les fontes et l’alliage de fonte et d’étain l’étaient moins que le fer pur, et il nous a paru que l’alliage présenté au concours s’était encore mieux conservé ; mais la différence n’était pas bien sensible.
- Nous avons fait la même observation en retirant les échantillons de dessous une cloche où ils avaient été exposés aux vapeurs de l'acide hydrochlo-rique.
- Exposés à l’air et à la pluie, ils ont tous été rouiilés très-promptement. L’étain et le fer ont entre eux une grande affinité, et dans le fer-blanc il y a une véritable pénétration ; une portion du fer est alliée avec l’étain. Toutefois le fer-blanc n’est pas absolument inaccessible à la rouille.
- L’alliage de la fonte avec l’étain a déjà été employé avec succès, et nous pouvons citer les meules fraisées de M. Molard. Cet alliage se moule très-bien, et il est réellement moins oxidable que le fer pur et même que la fonte blanche.
- L’addition du bore augmente-t-elle cette propriété? Le concurrent a pu le croire, parce que le bore est sans action sur l’oxygène, à une température ordinaire. Dans quelles proportions doit-il être pour diminuer l’oxidabilité de l’alliage? L’analyse des échantillons présentés au concours n’a pas encore été faite : nous sommes persuadés qu'ils contiennent un peu de bore; mais, d’après le procédé employé, ils doivent en contenir infiniment moins que si l’acide borique eût été mêlé avec de la limaille de fonte et du charbon, procédé qui rentre dans celui employé par M. Descostils, pour combiner le bore avec la platine et avec le fer.
- La combinaison de la fonte grise avec le charbon nous a offert une particularité remarquable.
- Dans l’intention d’obtenir de la fonte très-carbonée, nous avions mis des morceaux de fonte grise dans un creuset rempli de charbon de bois, et nous avions répété la même expérience avec le noir de fumée.
- Dans l’un et l’autre creuset la fonte, au lieu de se réunir en culot, s’est trouvée disséminée dans le charbon en grenailles de même grosseur.
- Mais ces grenailles exposées aux vapeurs d’un laboratoire se sont comportées bien différemment; celles obtenues dans le charbon de bois se sont oxi-dées, et celles obtenues dans le noir de fumée ont conservé leur éclat métallique ; refondues ensuite avec neuf pour cent d’étain, l’alliage nous a paru très-peu oxidable et se moulant bien.
- D’après cet exposé, Messieurs, vous jugerez sans doute, comme votre comité, que le prix n’est pas gagné; il est trop important pour l’abandonner : nous vous proposons de le continuer pour l’année prochaine, et comme il
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- présente de grandes difficultés, nous vous demandons de récompenser les efforts de l’unique concurrent qui s’est présenté, en faisant une mention très-honorable de son mémoire (1).
- Signé Bréant, rapporteur.
- Adopté en séance, le 22 août 1821.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- h xtrait d’un rapport fait par M. Delunel, au nom du comité des arts économiques, sur les pâtes féculentes des pommes de terre, préparées par M. Wattebled.
- M. de Lanoue a adressé à la Société des échantillons de pâtes féculentes de pommes de terre, fabriquées par M. TVattebled, demeurant rue St.-Maur, n'\ 132, faubourg du Temple, et a demandé qu’elles fussent examinées.
- M. le rapporteur, après avoir rappelé les services rendus par divers ar~ listes, et notamment par madame Chauveau la Miltière, à l’économie domestique, en employant la pomme de terre, soit pour suppléer à la disette de la farine, soit pour imiter le riz, le vermicelle, le sagou et autres pâtes, observe que les travaux de M. TVattebled surpassent tout ce qui a été fait dans ce genre ; que ses préparations offrent une grande variété de formes et sont recherchées dans le commerce pour leur bonne qualité; qu’elles ont obtenu l’approbation non-seulement de la Société royale d’agriculture, qui a décerné une médaille d’or à l’auteur, mais aussi de M. le préfet du département de la Seine, et de MM. Bodar et Chaussier, médecins qui en recommandent l’emploi pour la nourriture des enfans, des femmes enceintes et des nourrices; que l’établissement de M. TVattebled est monté très en grand, et,qu’il a introduit dans ses procédés quelques perfectionnemens qui doivent leur mériter la préférence sur ceux pratiqués jusqu’à présent.
- D’après cet exposé, M. le rapporteur conclut à ce que la Société témoigne à M. TVattebled sa satisfaction pour les pâtes féculentes qu’il a préparées, et qu’elle les fasse connaître par la voie du Bulletin.
- Ces conclusions ont été adoptées dans la séance du 9 janvier 1822.
- (1) Le concurrent est M. Louis Salmon, chimiste, demeurant place de l’Estrapade, n°. 1, à Paris.
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- ÉCONOMIE RURALE,
- Note sur une fontaine forée (puits artésien) nouvellement pratiquée au centre de la ville de Beauvais. {Extrait d une lettre écrite le 8 janvier 1822 h M. Baillet, inspecteur divisionnaire des mines, par M. Coquerel, ingénieur des minesé)
- Cette opération a parfaitement réussi. On a traversé plusieurs couches dont l’épaisseur totale est de 20 mètres 75 ; on est arrivé à une eau très-bonne, qui s’est élevée jusqu’à 6 mètres 75 au-dessus du sol. La quantité d’eau que peut fournir cette fontaine a été évaluée à 150 litres par minute.
- La nature des couches que l’on a traversées me paraît assez remarquable pour que je vous les fasse connaître en détail; l’opération du percement a fait voir que le sol de la ville de Beauvais a été anciennement beaucoup plus bas qu’il n’est actuellement,
- En effet, la première couche en terres rapportées de 2 mètres 75 renfermait, dans la partie inférieure, un carrelage bien conservé en pierre de liais à mortier de chaux et ciment, et une grosse pierre formant ruisseau ou
- égout, ci.................................................2m,75
- La deuxième couche de maçonnerie en fondation de gros
- moellons, de..............................................0 ,60
- La troisième en terre glaise.......................... 0 ,80
- La quatrième, tuf calcaire et silex roulés..............2 ,60
- La cinquième, craie rouge colorée par l’oxide de fer. ... 3 ,25
- La sixième, craie pure................................. 6 ,05
- La septième, craie pure beaucoup plus dure que la précédente. 4 ,70
- Total...............20m,75
- C’est de la sixième couche que les eaux de la source ont commencé à s’élever.
- Cette nouvelle fontaine d’essai a été percée aux frais du département dans la cour de la maison de justice ; le résultat ayant confirmé les espérances de succès que j’avais données à M. le préfet, il est vraisemblable que la ville fera percer d’autres fontaines de cette espèce, etc., etc.
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- TABLE AU, par ordre alphabétiquedes Brevets d invention, de perfectionnement et d importation délivrés en France pendant Vannée 1821.
- Nota, Les lettres ( B. I. ) placées après l’énoncé des brevets signifient brevet d’invention ; (B. I. P. ), brevet d’invention et de perfectionnement; (B. P.) , brevet de perfectionnement; (B. Imp. ), brevet d’importation ; (B. Imp. P.), brevet d’importation et de perfectionnement ; (B. I. Imp.), brevet d’invention et d’importation.
- NOMS et PRÉNOMS des BREVETÉS . DOMICILE. DÉPARTEM. DATE de la délivrance des Brevets. DURÉE des Brevets. DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels les Brevets ont e'të accordés.
- Agcessaxt (S.) Lyon. Rhône. io sept. 5 ans. • Pre'paralion des poils et plumes naturels, et leur emploi par des procédés particuliers de fabrication dans le tissage des étoffés de soie et autres. (B. I.)
- Aigi.esparches a.) Esferon (J.) Aix. B.-du-Rhône. 7 août. 10 ans. Appareil de dislillation cju’ils appellent alambic a circonvolution. (B. I.) |
- Ali.ard (J.-J.') Paris, . Seine. 5 ans. N C Application des toiles me'talliques et autres transparentes, i°. à la fabrication des garde-vue pour jlampes et autres objets de formes sphe'rique et | sphe'roïdale, ou offrant des portions de ces formes; 20. à la confection d étoffés nouvelles pour cartonnages , tentures d’appartemens, couvertures de .livres, chapeaux, articles de placage, de gaîne-rie, etc. (B. I. P.)
- n°. 368.
- Alleau (S.) Saint-Jean- d’Angély. Charente-înf. 23 mai. 5 ans. Alambic hydraulique propre à l’arrosement des lessives. (B. J.)
- Axdrieijx (C.-J.) Artzbkuger [voy. Griffith)-• 3 Paris, rue du Petit-Reposo.r, n°. 6 , Seine. il janv. * ï Certificat d’additions et de perfectionnement au brevet de 15 ans qu’il a obtenu le 8 septembre 1 815, pour une machine appelée le tricoteur sans fin.
- Ai bru, fj.) < id. Palais-Pioyal, n°. i3g. id. rue Maucon-seil, n°. 10. id. 3 août. , Composition d’une eau cosme'tique propre à la 5 ans. | conservation des dents et des gencives, et qu’il ap-^ pelle eau balsamique stomophelime. (B. I. P.)
- Barland CE.) | id. 15 févr. 5 ans. Décrottoir cylindrique garni de brosses. (B. I.)
- Bealvisagb (A.-J.) | id. rue des Marmousets , n°. 8. 1 id. 2 2 nov. 10 ans. Catissage à la vapeur des laines, étoffes de laine lisses, croisées et légèrement foulées. (B. I.)
- Le même . id. id. i-3 déc. * Certificat d’additions et de perfectionnement au précédent brevet.
- Beck (F.-G.) | id. rue de Richelieu, n°. 35. id. 19 sept. 5 ans. Manteau dit a la Henri avec des manches qu’on peut ôter à volonté. (B. I.)
- Besoist (A.-M.) | Besnard [voy. Treboult).... j id. ,r. de Richelieu, passage St.-Guillaume. 1 ! id. 19 sept. 5 ans. | Siège inodore et couvercle absorbant, qui s’applique aux chaises percées, aux plombs conducteurs des eaux de ménages, et qui détruit les odeurs méphitiques qu’exhalent ces divers objets. (B. I.)
- id. rue ces V.-Au- \ gustins, n°. 6?.. j id. 26 fe'vr. 10 ans. j ! Nouveau siège mécanique et sa fosse dite autoclave. (B. I. P.)
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- NOMS et PRENOMS
- des
- BREVETÉS.
- Blanchard (J.-J.).......
- Le même.................
- DOMICILE.
- DEPARTEM.
- Bolton (Th.). Borï (H.)....
- Paris,
- rue de Cléry, n°. 36.
- id. J
- I rue de l’Échi- ( ) quier, n°. i5. (
- BourmÈRES (A.).
- Béziers.
- Paris, r. Montmartre n°. 20
- *}
- Bourguignon (P. ).........(rue Michel-le-j
- i Comte, n°. 18. i
- Bourlier (N.).............j id.
- Mistral (L.)..............j rue de Sèvres.
- Brouilhet (J.-L.).
- Brouquières (A.)..
- Buchère de Lepinois. SlRET.................
- id. ï
- Palais-Royal, > n°. 129. S
- Seine.
- id.
- id.
- Hérault.
- Seine.
- id.
- id.
- id.
- Nieul.
- Provins.
- Paris,
- Charente- Inf.
- Seine-et-Marne
- / Pans, \
- Calla (F.-E.).................)rue du Faub.- \ Seine.
- ( Poiss., n°. 62. i
- Castillon (B.). Del PECH......
- Cessier (J . -B.)..........
- Chagot frères.
- Chevalier (J . -G . -A.)..
- Chiavassa (J.).........
- id.
- rue Christine,
- n°. 1.
- Saint-Etienne.
- , Paris,
- 1 boulevard Pois-j sonnière.n0,11.
- id. I tour de l’hor- \ loge du Palais / de Justice. 1
- id.
- r. des Bl. teaux
- ’d. \
- Bl.-Man- > , n°. i3. 1
- id.
- Loire.
- Seine.
- id.
- id.
- H I
- 16 janv. 19 avril.
- 26 juin.
- i5 févr.
- 16 juin.
- 3t de'c.
- 9 févr.
- 19 Juln-
- 7 févr.
- 3i mars.
- 3o janv,
- 7 nov.
- 3i mai.
- i3 déc.
- 5 ans.
- DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- Platine de fusil à percussion. (B. I.)
- Certificat d’additions et de perfectionnement au précédent brevet.
- Imp.)
- 10 ans. | ^Machine propre à filer, tordre efc doubler la laine. 10 ans. |
- Procédé propre à extraire l’huile des olives sans le secours des cabas. (B. I.)
- r Appareils se combinant ensemble et s’appliquant 1 l’un au haut d'une cheminée à l’eflet d’empêcher le 10 ans. < refoulement de la fumée et de la boucher liermé-itiquementen cas d’incendie, l’autre dans l’inté-! rieur d’un appartement pour y établir un courant ' d’air. (B. I.)
- 1 Procédé a laide duquel il imite le diamant en 5 ans. < sVPerP°fnt’. sur une pierre de stras taillée, une J pierre blanche dure qui résiste au frottement et ( reçoit du stras un brillant particulier. (B. I. P.)
- t Mécanisme composé d’un système de gaffes et de 10 ans. treuils , propre à mettre les bateaux à vapeur en (mouvement. (B. I. P.)
- Composition d’une huile cosmétique propre à la conservation des cheveux, et qu’il appelle huile Angélique. (B. Imp.)
- \ Certificat d’additions et de perfectionnement au j brevet de 10 ans qu d a obtenu le ii décembre ! 1817, pour un appareil de distillation.
- (' Composition d’un pMtre artificiel propre à l’a-15 ans. I mendement des terres et particulièrement des prai-* ries artificielles. (B. I.)
- 10 ans. Machine propre à fabriquer les garnitures des l cardes a laine, à coton, etc. (B. I.)
- 5 ans. s, Indûment nommé sêmapaise propre à marquer (les chances des jeux. (B. I.)
- ( Certificat d additions et de perfectionnement au “ l brevet de 10 ans qu’il a obtenu le 3 juin 1816 pour (un fusil à percussion.
- (Méthode de tailler les cristaux en dessus de la roue, et application de la machine à vapeur comme moteur, soit au tour convenable à cette méthode, lsoit à celui à deux pointes, propre à la taille des f mêmes objets en dessous de la roue. (B. Imp.)
- ! Besicles ou lunettes à branches, nommées ùo-centriques, dont les cercles contenant les verres se rapprocbén t à volon té, à l’aide d’un mécanisme particulier. (B. I. P.)
- ( Procédés de fabrication d une sorte d’essieux . < susceptibles d’être adaptés avec avantage à toute * espèce de voitures et de chariots. 'B. I.j
- 5 ans.
- iS ans
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- NOMS et PRÉNOMS des brevetés. DOMICILE. DÉPARTEM. DATE de la délivrance des brevets. DURÉE des Brevets.
- Clément (N.). Paris , r. du Faub.-St.- ' Seine. 23 août. 10 ans.
- COCHBT (J.-M.),
- Lyon.
- 1 Paris, rue Richer, n°. 20.
- Goudiîn ( voy. Delaporte -Leroy ).....................
- CoüRTEAUT (J.-L.-N .).....
- Dabat (E.)................
- Dbbassadx.
- Lyon.
- i Paris,
- l r.du Faubourg-{ Saint-Konoré, f n°. 66.
- Amiens.
- Degrond-Corsillac . „...
- Delaporte-Leroy , . .....C
- Coudun (L.)...............J
- Delpech (voy. Castillon), . . Dbrode (N.)............
- Châtillon.
- Amiens,
- Bordeaux,
- Rhône.
- Seine.
- Rhône.
- Seine.
- Somme.
- Côte-d’Or. Somme.
- Gironde.
- I Paris, 1
- Derosns (C.)........ ,.......' r. St.-Honore , > Seine.
- i n°. n5. J
- Descroisilles (Paul). Devode (M.).........
- Didelot (voy. Liéven-Bau-
- WEKS$...................
- Dietz père.
- Dikinson (R.).
- Rouen.
- Bordeaux.
- Paris, |
- rue Neuve-des-1 Petits-Champs, | n°. 36.
- Versailles.
- Seine-Infe'r.
- Gironde
- Seine.
- Seine-et-Oise.
- Paris, 1
- Doerbe (Th.)..................{rueSt.-Martin, ; Seine.
- 1 n°. 8.
- 8 août.
- 3i de'c.
- 28 de'c.
- 16 juin.
- i3 de'c. 3i mars.
- 11janv.
- 19 juin.
- 17 oct.
- 29 sept.
- DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont e'te' accordés.
- 19 juin,
- Appareil propre à l’absorption des fluides élastiques solubles et autres objets, qu’il appelle cas-1 cade absorbante. (B. I.)
- ' 1 Application d’une manivelle et d’un cylindre aux
- 10 ans. J métiers à tricot et à tulle de MM. Jollivet et Sar-I rasin. (B. I. P.)
- ( Machine propre à tondre les draps, casimirs et 10 ans. ^autres étoffes. (B. I.)
- f Machines propres à être appliquées à la naviga-i5ans. < tion intérieure. (B. I.P.)
- ( Nouveau système de fusil et de platine à choc de ( piston. (B. I.)
- 5 an?
- 5 ans.
- 5 ans.
- / Appareil propre à refroidir promptement la ) bière et à l’empêcher de tourner dans toutes les (saisons de l’année. (B. I.)
- Machine propre à fabriquer des clous à bandes de roues, des rivets à jantes et des chevillettes.
- (B. I.)
- Appareil propre à refroidir la bière. (B. I. P.)
- / Certificat d’additions et de perfectionnement au » 1 brevet de 5 ans qu’il a obtenu le 20 mai 1820, pour
- 1 un appareil distiilatoire continu.
- 1 Certificat d’additions et de perfectionnement au \ brevet de i5 ans qu’a obtenu M. Cellier-Blumen-~ i thaï (dont il est cessionnaire), pour des ap-f pareils de distillation et d'évaporation.
- (Appareils économisant la main-d'œuvre, le temps, le combustible et les ingrédiens, dans les lessivages domestiques , le blanchimen t des fils et (tissus, leurs garançages, rasages, avivages, dé’-j garançages, et dans les autres teintures. (B. I. P.)
- iôans. Nouvel appareil distiilatoire continu. (B. I.)
- Machine propre à faire tourner un manege, un moulin, à remonter les bateaux, a puiser 1 eau, a omettre toute espèce de voiture en mouvement, et i5 ans. } généralement à remplacer les chevaux dans toutes les circonstances , machine qu’il appelle roue à vapeur. (B. I•)
- I Procédés propres à construireles navires et autres bâtimens en grande partie en fer et fonte de fer.
- (B. 1.)
- ) Procédés de fabrication de feutres propres au i5ans. | doublage des navires et à d’autres usages. (B. I.)
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-
-
-
- ( 25 )
- = : =— ©
- NOMS et PRÉNOMS K ç £ a h -s >
- des DOMICILE. DÉPARTEM. <tià P Z » es ï U es
- j BREVETÉS. Pi p
- Paris, rue de Rivoli,
- Douglas (J.) Seine. (9 juin. 10 ans.
- n“ 02.
- td. id. 8 sept. 27 juill. (O ans.
- Le meme et Greston (Th.)... id. id. 10 ans.
- Drexei, (J.-G.) Saint-Quentin. Aisne. 9 fe'vr. 6 ans.
- Gard.
- Anduzc. i1 duc. 5 ans.
- id. i /. id. 31 déc. »
- ul. 01 CltîC. 5 ans.
- Buforcq (J.-P.) Bordeaux. Gironde. 23 oct. 5 ans.
- C Paris,
- Dufour (N.-M.).. . 1 rue du Faub.-| du-Roule, , Seine. 31 mai. 5 ans.
- . n" p4.
- id. id. 29 sept. 3)
- Paris,
- Dumoulix P.-S.; r. de la Harpe, id. 21 sept. 10 ans.
- n° 5G.
- Lyon. Paris, Rhône. 23 avril. )>
- 3i déc.
- Duport Y.-Fd r. St.-Honoré, Seine. 5 ans.
- ) n° i4o.
- Duraxd(R Yernoux. Ardèche. 22 déc. 10 ans.
- % Pari?,
- Dutour (M. rue des Fossés-St. - Germain, , Seine. 19 j • 10 ans.
- nu 2 i.
- Duyerger [voy'. Gotten . i ' 1(1.
- Eatox v\y.) ! rue Basse-du- | Rempart, : n° 44. 1 id. 2 3 juill. j h ans.
- id. 1
- Erard S. lucres.. id* 2G fe'vr. 10 ans.
- n° 13. 1
- Les memes id. id. i 7 oct. i i3 ans,
- Pingt-ujüème année. Janvier 1822.
- DESIGNATION DES OBJETS
- pour lesquels
- les Brevets ont été delivres.
- ( Moulin à dents d’acier et fer propre à broyer les j écorces de tan. (B. imp.)
- j Machine pour faire manœuvrer les bateaux à va-( peur. (B. I.)
- ) Machines et procédés propres a couler, a laminer * et à rouler des feuilles de plomb. (B. I.)
- J Siège e'iastique. (B. I.)
- 1 Machine pour faire bouillir promptement et à j peu de frais l’eau necessaire dans les filatures de j soie, et qu’ils appellent hydrocycloïque. JE I.)
- ( Certificat d’additions et de perfectionnement au I précédent brevet.
- ( Pl ’ocëdës cie fabrication de chapeaux d hommes|! < et de femmes, en soie-feutre imperméable. (B.
- U p.)
- / Corps-morts à quatre ancres propres à amarrer ) toute espèce de vaisseaux dans les rades, ports, (rivières, etc. (B. I. P.)
- i Procédés pour prendre l’empreinte et la forme ] de la tête et confectionner les perruques et autres j coiffures en faux cheveux. (B. I. P.)
- ! Certificat, d’additions et de perfectionnement au \ brevet de 5 ans qu’il a obtenu le s4 juillet 1820,
- | pour des latrines et garde-robes salubres et porta-( tires.
- ( Composition d’une encre inattaquable par les 1 [acides et les alcalis. (B. I. P.)
- / Certificat d’additions et de perfectionnement au i brevet de 5 ans qu’elle a obtenu le 20 octobre 1S1S,
- . pour des procédés de fabrication de Yot.tcocolle,
- J produit gélatineux susceptible de remplacer ia f colle de poisson.
- / Procédés de fabrication de socques articulés ou de sous-chaussures flexibles et imperméables. (B. I.)
- j Moulins propres à dévider, mouliner et doubler j la soie, qu’il appelle moulais economiques. (B. If
- « Nouveau système de fusils qui se chargentpar la \ culasse et dont le feu se communique par conques-j si on à l’aide d’un piston intérieur qui fait mouvoir I la gâchette de la platine. (B. If
- j Système de machines propres à filer la laine, le jj 1 coton, la soie, etc. (B. Imp. P.) |
- , Mitre de cheminée avec ses accessoires, appelée! I par eux c -,hmlre-cone Jumifuge, propre à empêcher!
- { la fumee de se répandre dans les appartemens. i'B.j
- (lmp. P.) ' |
- j Forte'-piano à mécanisme nouveau et à deux cia-1 [ viers placés vis-à-vis l’un de l’autre. fB. I.) [
- D
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-
-
-
- NOMS et PRENOMS des
- BREVETÉS.
- EspÉrox (i>. Aiguesfarches) . Fautrat....................
- Le même.
- DOMICILE.
- Nantes.
- ici.
- DEPARTEM.
- Loirc-Infér
- Fouques et Garros.
- j Paris,
- : rue du Faub. -.....'j Saint-Denis,
- !' II". 102.
- ! u..
- Gateau (L.)...................? rue St.-Victor,
- ( n°. 28.
- ( id.
- Gatitiiier (J.-L.-C.).........< r.N.-Saint-Eus-
- ( tache, n". 10. 5
- j id.
- Gengembre (P. -J . )....... < r.des Colonnes,
- Gensoul (J.-F.).
- Le même.....
- Gentillot (P. Le même.....
- Georget (V
- n , 7. Lyon .
- id.
- Vayres. id.
- Paris,
- 1 Paris, )
- ,-L.)............; r, St.-Honore , >
- ? n°. 2. S
- Gervais (J.-A.)...............! Montpellier.
- Paris ,
- r. Ménilmon-tant, n". 'il.
- 1 id
- p ‘ ‘ ’ r. N.-des-Pet.-
- Duverger vH.-P.;........... Champs, n°.65.
- Girard (A.-J.-F.). Taiiisier (J . -F.). .
- Gottex (J.-C.). . .
- Goubely (C.).
- Lyon.
- i Paris, i Goerdoux (J.-H.)............( r, St.-Honore, \
- i n”. 177. )
- Greston (yoj~. Doiglas). I J
- Griffith (J .).. . Artzberger (J.).
- Les mêmes.
- id.
- r. de Provence,
- n°. 12.
- Seine.
- id.
- id.
- id.
- Rhône.
- id.
- Gironde.
- id
- Seine. Hérault. Seine .
- id.
- Rhône. Seine.
- ni.
- K j c-1 X
- < -4
- o déc.
- — u
- >
- es 2
- P p P
- DESIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- f Nouveaux mouvemens élémentaires, l’un propre \à changer le mouvement rectiligne continu en i5 ans. < mouvement rectiligne alternatif, l’autre à combi-J ner le mouvement rectiligne alternatif avec lui- même. (B, I.)
- j Certificat d’additions et de perfectionnement au u ( précédent brevet.
- { Instrument propre à être adapté aux talons de la i4 avril. 5 ans . 7 chaussure et destiné à garantir les vêtemens de la
- (boue, et qu’ils appellent paracrotte. (B. I.)
- 19 avril. 29 oct.
- (i mars.
- 7 mars.
- 4 déc.
- 19 mars, 29 mai.
- 6 mars.
- 3i déc. 17 sept. 29 sept. 27 janv. 7 riov.
- b ans.
- Machine hydraulique dite noria. (B. I.)
- Moyens propres à extraire la gélatine des os, (B. I. P.)
- I Changemens et additions à la construction des ioans. | machines à vapeur. (B. 1. P.)
- 1 Pompe à balancier hydraulique applicable à di-10 ans‘ (vers usages. (B. I. P.)
- i Nouvelle chaudière propre à être employée dans 5 ans. \ ses appareils à vapeur destinés au chauffage des fi-(latures de soie. (B. P.)
- 5 ans.
- i Procédés de construction d unenouvelle brouette j qu’il appelle goulet brisé. (B. I.)
- ! Certificat d’additions et de perfectionnement au même brevet.
- ( Lampe à un seul réservoir placé au-dessus de la o ans. j lumiére et auquel l’abat-jour est adopté. 'B. I. P.)
- ^ Procédé propre à la fabrication des vins de raisin i5 ans. I et de toutes les liqueurs résultant de la fermenta -( tion vineuse , qu’il appelle répcrcuteur. 'B. I.)
- Appareil distillatoirc. (B. Id
- Lampe mécanique-hydraulique à courant d’air.
- (B. I. ; »
- j Procédés de fabrication d’une ichthyocolle indi-d ans. j £ne extraitc (les écailles de poisson. (B. I.)
- j Cheval mécanique qu on peut diriger et gouver-0 ans | ner à volonté. ’B. I.':
- Procédés de construction de voitures propres an ... . i transport des glandes ou des petites charges, et
- 17 jui . îaaus. m'ses eu mouvement par des machines à vapeur.
- ! 1 (B. Imp.)
- I
- „ -, , 1 ( Certificat d’additions et de perfectionnement au
- 3idec. » jprécédent brevet.
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-
-
-
- «
- DOMICILE. DÉPARTEM. g J f < ~ â a : *
- ( Paris, { rue Mazarine, ' n° 37. | Seine. 24 mars
- ( id. < rue des 2 Ecus, ( hôt. de Piennes, 1 1 id. 1 14 juill.
- 1 1 Saint-Romain-j de-Colboscq. 1 ! Seine-Inféi . 24 sept.
- J ; Paris, ' r. Baillif, hôtel ( de Brabant. Seine. 3i août.
- Saint-Étienne. Loire. 6 nov.
- Paris, r. de Choiseul, Seine. 19 mars.
- n° 9-
- id. id. 24 sept.
- •. ; r. de Choiseul,1 n° 3 . j id. 1 2 juill.
- id. \ r. Popincourt,} id. li août.
- NOMS et PRENOMS
- des
- ERE VETES.
- Hall fî!s(Kd .)••••
- H.l\d- (P.).........
- Hart (H.).............
- Haskoll (rot. Martin).
- Hedde (P.)............
- D ca
- O X
- DESIGNATION DES OBJETS
- pour lesquels
- les Brevets ont été delivres.
- |
- Il I.e même.
- Hexry (Jean). | Maxey (B.). . Wilsov (D.).
- Hoeon (F.-S ], Peau 'R.-F.).
- u" 55.
- id.
- IIOLLOXD (T.-R.,........ . . ,
- Maddex (J . -B . )......... r.ue ^ def M;l‘
- ' ' f thurins, n 66.
- I I
- J Holvoet J.,................/ r. St.-Honoré(
- J ( n’ 178. j
- 1
- Housset (J.
- Bordeaux.
- Paris,
- Jalade-Lafo.nd................^ r. de Pdclielieu,
- n° 4G.
- Jaueeet (M.................
- Jernstedt (p.........
- Joël frères......
- Johaxa'ot de Crociui
- Marseille.
- Paris, rue de Seine , ( ! n° 31. |
- iJ.,r.des Filles Calvaire, et 9.
- d. \
- Provence,f
- / «a.,r.ue: . . J du-Cal ) n°5 7
- . . | r. de F • n'
- Gironde.
- Seine.
- B.-du-Rhône
- Seine.
- id.
- id.
- 8 août.
- î4 mars.
- : 9 mars
- 18 août.
- 3o juin. 29 sept.
- 14 juill.
- Construction de divers inslrumens à vent, et à 10 ans. clefs susceptibles de rendre des sons d’harmonie f inconnus jusqu’à ce moment. (B. I. P.J
- Î Système de presse applicable à l’extraction des huiles de graines, et mise en mouvement par la vapeur. (B. I, P.)
- ; Certificat d’additions et de perfectionnement au ' brevet de 10 ans qu’il a obtenu le 17 lévrier 1818, jpour un avant-soc à bascule avec un régulateur, (destiné à être adapté aux charrues ordinaires.
- ,r. ( Procédés de fabrication de nouveaux bandages
- 1 d dllb . J , .. , , - °
- 1 herniaires a ressort. (B, 1. )
- i Machine propre à la mise en carte des dessins 5 ans. z d’étoffes et de rubans de soie de tous les genres, et (qu’il appelle schiamètre. (B. I.)
- , r i Procédés propres au raffinage du sucre brut, (i
- lO dllS. <f r . A1- v
- | lmp.)
- „ \ Certificat d’additions et de perfectionnement au
- \ précédent brevet.
- i5ans I Appareils et procédés propres à la préparation j du gaz hydrogène destinéà l’éclairage. (B. Imp. P.
- 0 , 1 Mécanique pour fabriquer des sacs sans couture
- ^ ( (B . I.)
- ' Mécanisme cpii rend les navires propres à navi iguer par le moyen des vagues, sans le secours d 5 ans . <( vent, et en se passant de mâture , de voiles et d'a J grès , ainsi que de toute machine à vapeur. (B. 1 ' Imp.)
- I Poudre propre à fortifier la vue fatiguée par le i5 ans. / travail, qu’il appelle poudre odorante de M. L.ay-( son . (B. Imp. )
- i5 ans ^ Composition d’une poudre saline propre à l’en-j grais des terres, prairies, etc. (B. I, P.)
- 1 Bandages herniaires à deux pelotes , qu’il ap-5 ans. (pelle bandages anglais et rénixigrades. ( B. Imp.
- (p.;
- i Procédés de fabrication du papier avec la cliene-io ans. ' votte, le sparte et le bois de réglisse, mélangés ou l séparément. (B. I.;
- I Boîte mécanique propre à amener toutes les o an.', j cjiances jy jeu qe dés. rg. i. )
- ( Procéde's de fabrication de crayons de mine co-oans. j l0rée portative. (B. Imp.)
- ^ Machines et mécaniques propres à fabriquer toute i 5 ans, ; espèce de tonnes, tonneaux et autres vases en bois.
- B I. P.)
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-
-
-
- | N03IS et PRÉNOMS I des | BREVETES. DOMICILE. DÉPARTE.M. Ù2 S £ ^ i J H u Z
- | Labarthe (P.-J.) Paris , r. du Pet.-Hur- Seine. 0 août. 5 ans.
- | Laville de Laplajgne leur, n°s 4 et 6. Lyon. Rhône. 8 mai. 5 ans.
- y S Laurent (J.-B.) Paris, rue du Temple, Seine. 3o mai. 5 ans.
- Legayrian (F.-L.-J.) n°3o. Arras. Pas-de-Calais. 20 oct. b ans.
- Leblon-Dansette (C.-L.-J.j.. Armen'.ières. N ord. 28 déc. 10 ans.
- Leboeuf de Valdahon Paris, r. de l’Arcade , } Seine. 21 sept. 5 ans.
- Lebon (B.) \ n“ 4. s id. 1 rue Baillif, j id. 29 sept. 5 ans.
- Lebouciier -Yillegaudin- n° 12. Rennes. | Ille-et-Vilaine. 12 juill. i0 ans.
- Lbfort (T.) Paris, j rue de Gram- Seine. 19 mars. 15 ans.
- Leeouis (F.) mont, n° 3. ] l.i Rochelle. Charente-Infé. 6 sept. 5 ans.
- j Lemare (P.-A.) j Paris, rite de l’Obser- * id. 20 fév. d
- | i j 1 Lepage (J.) . vance, n° 8. j 1 id. 1 r.de Richelieu, ici. i 2 mars. 5 ans.
- Le même . . . | n° i3. ' id. j id. 3o juin.
- Lieven-Bauwens 1 Didelot de la Ferté j id. rue Picpus , id. i5 nov. i5 ans.
- Lion (J.-B.). ! id. r. St.-Jacques.1 ui. 6 m a rs. 5 ans.
- Lorimier A.-J . ; n° jo3. id. ; r. des Moulins, id. 22 mai. 10 ans-
- Madden (voy. Hollond). Magendie (3. -J. ).. n° 11. id., rue Saint-Hyacinthe St.- 3 août. a
- Honoré, n° 4.
- DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- Lampe à régulateur, qu’il appelle lampe-La-[ barlhe (B. I.)
- / Changemens apportés aux machines et appareils /propres à fabriquer les eaux minérales factices.
- ((B. P.>
- { Machine propre à préparer la laine destinée a | être filée. (B. I.)
- r Métiers et procédés propres à fabriquer des pan-S neaux et tissus ignifuges, destinés à remplacer les \ couvertures de paille et de chaume. (B. I.)
- / Métier propre à tisser les étoffes de coton, à / l’aide d’une machine hydraulique ou à vapeur. (B. f I mp . )
- Fusil simple et double à tonnerre et à cartouches S mobiles, etc., et qu’il appelle fusil Valdahon. l(B.l.)
- I Moyens propres à atteindre le degré de perfec-; tion dans l’art de la coupe des habits et des autres j vêtemens. (B. I.)
- i Procédés de fabrication de toiles à voiles, à fils / simples et blanchis, façons russe, anglaise et hollandaise. (B. Imp. P.)
- / Composition de nouveaux sirops appelés sucres j acidulés . (B . I. )
- J Nouvel appareil de distillation. (B. I. )
- Certificat d’additions et de perfectionnement au
- ! brevet de io ans qu’il a obtenu le 21 septembre 1820 , pour des fourneaux , rechauds et chaudières à l’usage des bains, delà cuisine et des manufactures, lesquels se chauffent avec célérité et économie, et qu'il appelle hydrauliques, autoclaves et xnon autoclaves , chlamydés et non chlainy des.
- - Platine de fusil à pierre pouvant être mise à vo-j lonté à poudre dit e fulminante. (B. I.)
- , Certificat d’additions et de perfectionnement au | précédent brevet.
- ( Machines propres à préparer, peigner, couper et | filer la bourre de soie. (B. 1. Imp.
- ( Moule propre à fondre les garnitures d impri-j merie. (B . 1. P
- j Serpette à deux lames propre à l'incision annu-j laire de la vigne. (B. I.)
- , Certificat d’additions et de perfectionnement au /brevet de i5 ans que M. Raymond a obtenu pour ( un bateau mécanique de son invention.
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-
-
-
- ( 29 )
- NOMS et PRENOMS
- des
- BREVETÉS.
- Mailliot (J.-L.).
- Le même.....
- Manceaux (J.-F
- Maréchal (F.;..,
- Marie (J.-S.).. . .
- Martin (T .-J.). Haskoll (J .).. . .
- Masterma.n (J •
- Mathieu (J .). . . .
- Le même.......
- Mater (L. ). Naquet (A . ).
- Z,es mêmes
- Mengin (M.-M.).. Petit-Jean (A.-F.
- Mercier 'P. ......
- Miedet, (P .-T • ; •
- DOMICILE. DÉPARTEM. < 2 1 £5 a £ -2 > « £ 3 J
- Lyon. Rhône. 11 déc. 5 ans.
- Paris,
- 1 rueMazarine, J Seine. i-3 déc. 10 ans.
- 1 n°. 47. i
- id.
- rue Pigalle, , id. 28 mai. i 0 ans.
- [ n°. 10.
- I id. id. 7 août. »
- 1 id., rue Lenoir-
- St.-Honoré. id. 2 4 sept. 5 a n s .
- [ n°. 3.
- / id.
- /rue du Roule, r id. 21 avrii. ))
- [ n°. 16.
- Savignies. Oise. 12 juill. 5 ans.
- Dij on. Côte-d’Or. 17 oct. 5 ans.
- Pans,
- t r. St.-Domini- . .
- > Seine. 3o ] îiin 0 ans 1
- 1 Gros-Caillou.
- id.
- ;r. St.-Honoié, ,d. 6 août. 10 a n s.
- ! n». 337. '
- 1 id.
- r. Ste.-Gene- ul. 3i mai. 10 ans.
- [ viève , n '. 3o.
- id. id. 00 j nin . »
- i id.
- ' r.des Irlandais, f id. 1 5 nov. 1 5 ans.
- | n°. 4. s
- 1 id.
- Palais-Royal, id. ï 2 mars. 5 ans.
- n°. 182.
- id. ul. 23 août. 5 ans.
- , ul.
- 5 rue de Gram - id. 7 fevr. 15 ans.
- j mont, n°. 7.
- id.
- r. Caumartin . id. 3o nov. 10 ans.
- ( n°. 1.
- j ici.
- rue de Roche- id. 22 mai. ù ans»
- ! chouart.n0. 20.
- DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- ! Mécanique propre à fabriquer des pointes en fil de fer dites de Paris, ayant le bout tranchant et non pointu. (B. I.)
- i Procédés propres à faire des tableaux à l’huile / p>ar impression et à les reproduire en grand nom-ï bre. (B. I.)
- j Construction de vaisseau x et de bateaux en fer, et j machine à vapeur à cylindres oscillans. (B. Imp.)
- ï Certificat d’additions et de perfectionnement au 1 précédent brevet.
- j Necessaire contenant les outils propres à mon-| ter et démonter les armes à feu. (B. I.)
- /" Certificat d’ addilionset de perfectionnement au ï brev et de ï 5 ans qu’il a obtenu le 27 mai 1820, pour < des moyens et appareils propres à carboniser la J tourbe et à en former un combustible brûlant sans podeur, qu’il appelle churbon-Manicler.
- j Nouvelle fontaine épuratoire en terre cuite ou en I grès. (B. 1.)
- ( Procédés de fabrication d’une nouvelle eau de \ Cologne. (B. I.)
- I Lampe propre à remplacer celle d’émailleur , ( qu’fis appellent idio-agoutique. (B. I.)
- î Pioue motrice à laquelle la vapeur donne le mou-( vement et qu’il appelle troke. (B. Imp.)
- A; pareil de fosse d’aisance portative. (B. I. P.)
- Certificat d’additions et de perfectionnement au précédent brevet.
- Machines et mécaniques propres à fabriquer les bouclions et à garnir de liège les cylindres destinés I aux métiers à filer le coton et autres matières filamenteuses . (B. I. P.)
- la Baya-
- < Composition d'une eau cosmétique propre s toilette, qu’ils nomment eau persane des B [dères. B. Imp.)
- ï Composition d’une eau spiritueuse royale dite j eau de Cologne. (B. I. P.)
- Machine propre à doucir les glaces au moyen | d’un mouvement de rotation de la glace supérieure ! contrarié par une impulsion de va et vient don-<. née par l’ouvrier, laquelle facilite l’égrenage du 1 sable et neutralise l’action de la force centrifuge.
- ((B. D)
- ( Appareil propre à fabriquer avec toute espèce I d’huiles du gaz destiné à l'éclairage. (B. Imp.)
- Nouvel appareil distillatoire. B. I.)
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-
-
-
- ( 30 )
- NOMS et PRENOMS
- des
- BREVETÉS.
- Miedel ( P.-T. ).....
- Miergue (voy. Drulhon; Mistral {voy. Bourlier)
- Monavos (F.-X.).. . .
- Moreau (A.)...
- Moulard-Dufour i'E,
- Moulfa rixe (J. -R. j..
- Xante (J.-J.-B.-L.). . ..
- Naquet (voy. Mayer j.
- Neuville (A.).......
- Nicolas (J.-R.;.........
- Oerion fJ.-B.)........- .
- Palyart-Lépinojs.
- Le même........
- Peau (voy. Hobon; Pellet (P.)....
- Le même........
- Fl g h S. ),
- DOMICILE.
- Paris.
- ( la Ferrandière ) i près Lv on, I
- Vei'iliui.
- Paris . r. St, -Martin .
- ( nu. ;
- , id
- <: rue de Cle'ry, ( n b 16.
- id.
- Le même..................
- Petit-Jean (voy. Mlngin .
- Pichaud CG.).............
- Pichereau Y..;......
- Saint-Jean-du- 1 Gard ,
- id.
- r Paris,r.dn Fan - j .. ; bourg-Saint - >. I Martin, nc. 150. > id. ' f , ’ rue de Sartim . ,
- I n 8. ’
- DEPARTEM.
- Paris , i r.Montorgueil, \ n°. 5o. ;
- id. \ r . St.-Denis . / n", i 87. '
- i lcL \
- < r. Cloeli--per— /
- ( clie, n°. i5. )
- , id. ^ \
- < rue des Four- J
- 1 rem s . n°. G . 1
- Rhôr
- id.
- id.
- Meuse.
- id.
- Gard.
- id.
- Rouen ,
- Seine-Inter
- h .t S
- < 3 -s G « ”
- I 7 oct.
- 20 fèv.
- g févr.
- 28 mai. 5 fèv.
- 3 leur.
- 28 oct.
- 28 dèc.
- 3i dèc.
- C mars.
- 7 août. •22 dèc.
- 10 sept. 5 fèvr.
- 5 dèc.
- DESIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivres.
- h ans,
- 5 ans.
- Certificat d’additions et de perfectionnement au j précédent brevet.
- i Certificat d’additions et de perfectionnement au I brevet, de o ans qu’il a obtenu le 20 septembre 1820, {pour l’application de planches et cylindres en tuf, j en schiste et autres pierres poreuses , naturelles ou l composées, à l’impression des étoiles.
- - Procédés de fabrication d’une arme à feu dite a I capote, qui s’amorce avec la poudre fulminante CB. I.)
- j Fusil double à piston ou à tube et qui n’a qu’une seule platine servant de bascule aux canons. (B. I.)
- Moyen particulier pour fermer bei métiquement les marmites dites autoclaves . (B. I.)
- i Pompe et tonneaux antiméphitiques propres à j la vidange des fosses d’aisance. fB. 1. P.)
- i Appareil mécanique propre a faire mouvoir un I bateau, un moulin, o:i tout autre objet à bras \ d’hommes, ou par la force des animaux, des poids, Ides ressort-, etc. pB„ I.)
- ( Platine de fusil à piston dite à poudre Julmi-j liante. (B. I. P.)
- ( Instrumentpropre à écrire plusieurs lettres à-Ia-j fois et qu'il appelle polygiaphe. (B . I.)
- / Moyens propres à transporter des bains chaud:
- / à domicile,à filtrer et à chauffer l’eau destinée à cette I sorte de bains. (B.I. P.)
- j Certificat d’additions et de perfectionnement au j précèdent brevet
- ( Métier à bascule double el 10 ans. jü|er la soie_ ,B_ p n
- loquet , propre
- 5 ans.
- j Certificat d’additions et de perfectionnement au | précédent brevet.
- ( Deuxième certificat d’additions et de perfectionnement au même brevet.
- Machine nautique qu’il appelle navipède. (B. I.)
- Platine de fusil à percussion. (B. I. P.;
- , Procédé propre à fondre le suif en branche en lie rendant plus pur, plus blanc et plus ferme que . par les moyens ordinaires, et en e'vitant l'odeur fe-I tide de l'oneration. (B. I.
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- ( 31 )
- NOMS et PRENOMS
- des
- BREVETÉS.
- PulFORCAT ( J.-A. ). Régnault (E.)....
- Renaud (J.).....
- Rhyeilhon ; Th.).,
- Rodier fils (D.
- Le même.
- Roger (J,-H.
- Rougier A.
- Le
- Saint-Martin J .-B.). . . .
- Sellic.ee. ..
- Le
- 3! Serre;'F |!
- | Siret (lor. Bechere de Lesii-
- noîs : . Sir t fE.
- fjl SOL'TON 'J.-B.
- P « H t Ï ri ° DÉSIGNATION DES OBJETS
- DOMICILE. DÉPARTEM. H — 9 < -4 =2 0 « s s t 3 es £ « <D pour lesquels les Brevets ont été délivrés.
- Paris, rue Mandai-, n°. i3. Seine. 6 juin. 5 ans. . Platine de fusil à percussion et à recouvrement ou à pierre, à piston se changeant à volonté, également. (B. I. P.)
- iil. rue Dauphine , n°. 28. id. «1 déc. 5 ans. Nouveau jeu d’adresse qu’il appelle jeu de la montoison. (B. I.)
- Martillac. Gironde, i3 juin. . Machine propre à triturer Je jonc marin épineux 5 ans. ' qui se trouve dans les landes et à le rendre sus-j ceptible de servir d’aliment au bétail. (R. I.)
- MJcou. Saone-et-Lon e 3o juiu. 10 ans. Nouvelle- horloges pu!Tiques et particulières à sonnerie. (B. I.)
- Saint -Jean -du-Gard, ) Ga rd. 7 févr. Certificat d’additions et de perfectionnement au ! brevet de 10 ans qu’il a obtenu le 11 juillet 1820, pour une mécanique à manivelle propre à filer la soie.
- id. id. 20 août. ); Deuxième certificat d'additions et de perfectionnement au meme brevet.
- Paris, r. de Menais . n°. 8. Seine, 3o juin. 5 ans, Moyens d'offi ir au public des bains d’eau chaude dans des baignoires en cuivre, qu’il appelle bains amhulans. (B. I.)
- Bordeaux. Gironde. 10 mars. 5 ans. Procédés de fabrication d’un asphalte artificiel ou mastic bitumineux propre à la couverture de toutes sortes d’édifices, etc. (B. I.)
- id. id. 2G j uin, Certificat d’additions et de perfectionnement au précédent brevet.
- Paris, rue Chapon , n” 1 2. Seine. 19 juin. » Certificat d’additions et de perfectionnement au brevet de 5 ans qu’il a obtenu le 22 juin 1820, pour j ,011 mécanisme double ou simple qu’il appelle ne-ce-saii'c il jeu.
- id., r. S.-Roch-Poissonnière . n0. 18. id., rue de la Grande-Truan-dcric, n°. 48. i3 do<\ 8 senï. 0 ans. 5 ans. Procédés de fabrication d’instrumens à ventcon-nus sous les noms de cor et de trompette. (B. 1.) Lampes qu'il appelle p dvehrestes. (B. I.)
- id., rue Basse, porte St-Denis, n”. 18. 1 id. 3o mai. 0 ans. Machine propre à mesurer les distances, nommée télémètre. (C. 1.)
- ui. uL 3 sept. 10 ans. Presse a mouvement continu propre à imprimer des deux cotés, et mue par une machine à vapeur. 'B. I.)
- id, r. deTEgou;-Saint-Pauî, n°. 3. ! id. 3o juin. 0 an *« 1 Baignoire à réservoir qu’il appelle haignoire-Serrc. (B. I.;
- i Toulouse. Haute-G aronue 8 sepi. .. 1 a ans, Procédés propres à fabriquer la faïence à l'instar de celle d’Albisolo, rivière de Gênes. )B. Id
- i'aiis, rue du Failli.-Poissonnière, n". 70. UL- ,1 r.Bourg-1 Abbé n". 22. ' Seine. i d. i5 fe'vr. 28 dèc. / _ Machine s’adaptant à la marmite ou digesteur de lu ans. S l apin, et destinée à prévenir les accidens qui ) pourraient arriver par l'effet de la vapeur. (C.I. P.) 5 ans ' Composition de nouvelles moutardes qu'il ap-1 pelle moutardes royales aromatiques. (B. I.}
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- NOMS et PRENOMS
- des
- ereyetes.
- Tamisier (voy. Girard,.
- Taxard (G.) ..................) Déchargeurs,
- ( u°. 8.
- ( id.
- Teissier (J.-.4.)..............< rue St.-Denis,
- ( n". 124.
- i id.
- Tissot (F.).............. .... ? rue St. - Denis,
- ' nu. 43.
- ^ f i -3 >
- DOMICILE. DÉPARTEM. H * £ B 5
- Paris, rue des
- Seine.
- id.
- Tissot (B.-L.). Toüciiard (P.).
- id., place de i l'Ilôt,-de-Ville, ^ ii°. 3. j
- Tranche la Hausse (F.
- Treboult (J.-B.-N.).. Beskard (F.).........
- Yachier (.J,).
- Bordeaux.
- Paris,
- } r . St. -.Joseph , ' n ". o .
- Beaunc.
- Conard lès-4utuu.
- Paris,
- r.du Faubourg-Saint-Antoine, n°. 47.
- Gironde.
- î Seine.
- I
- Côte-d'Or. Saône-et-Loire.
- I
- Seine.
- ( id• ) Valette (J.-B.)..............J rue de la Cor- >
- ( derie, nu. 1 . >
- id.
- VlLI.EROY (de) (B. ).
- Ti éguier. Pa ris,
- Côtes-du-Nord. 3i de'c
- 37 ]anv,
- 28 mai.
- 10 sept.
- 3i mars.
- 21 avril. i3 juin.
- G sept.
- 10 sept.
- \oland (J.-.4.).................) r. des Rosiers , | Seine.
- n°. 9. )
- VYagner (J.-B.
- Arras.
- , Paris,
- Wattebled (J.-B.)...........; rue St.-Maur,
- ^ n°. i3a.
- Wilson (i'oy. Henry)
- Pas-de-Calais.
- Seine.
- 19 juill 1 8 janv.
- 12 juin.
- DESIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été délivrés.
- Me'caniques propres à fabriquer le tricot sans j envers. (B. I.)
- i5 ans.
- 5 ans.
- 5 ans.
- 5 ans.
- 5 ans.
- . Composition d’une pierre artificielle propre à J remplacer la terre cuite, le plàl re et meme la pierre j de carrière. (B. Imp.)
- i Nouveaux mouvemens de sonnerie propres à | être adaptes aux horloges publiques.
- j Procèdes propres à durciret à marbreries pierres | de carrières gypseuses. (B. I. P.)
- 1 Machine destinée à être adaptée à un bateau à | canal et propre à le faire remonter contre le cou-| ra nt. ( B. 1.)
- j Voiture nommée chaise voulante propre au trans-( port des malades ou des infirmes. (B . 1.)
- ( Machines propres à fabriquer les rasoirs à ba-j guettes et d’autres articles de coutellerie. (B, I.)
- ! Machine propre à pulvériser et à bluter les matières compactes qui entrent dans la fabrication des soudes factices , ainsi que toutes celles qui doivent être mises en état de pulvérisation, telles que la garance, le plâtre, le ciment, le tan, etc. (B. I.)
- / Certificat d’additions et de perfectionnement au i brevet de 10 ans qu’il a obtenu le 8 octobre 1818, pour le transportai s bains à domicile, perfectionnement destiné à conserver la chaleur dans de baignoires de zinc et de cuivre en les enveloppant de tissus, feutre, bourre ou peau tannée, etc.
- ( Mécanisme propre à être adapté au manche de 'la lyre ou guitare et à l’aide duquel on peut tirer i les sons harmoniques avec netteté, promptitude et 1 facilité. (B. I. )
- ( Appareils propres à presser la tourbe lors de son io ans. | extraction, et cylindres destinés ài épuration età la V carbonisation de cette substance. (B. I. P.)
- r Ce: ) brevi
- Certificat d’additions etcle perfectionnement au vet de 5 ans qu’il a obtenu le 20 octobre 1820, ) pour un nouveau piano .
- / Machine propre à remplacer un manège et une 5 ans, 'pompe à vapeur, qu il appelle molenr-H attebled.
- (:B. !.)
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- VINGT-tXIÈME ANNÉE. (N°. CCXII.) FÉVRIER 1822.
- LLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M. Francœur, au nom du comité des arts mécaniques , sur la machine a calculer de M. le chevalier Thomas, de Colmar, directeur honoraire de la Compagnie d’assurance du Phénix, rue de VÉchiquier, n 33, à Paris.
- Messieurs, vous nous avez chargés, M. Bréguct et moi, d’examiner une machine que vous a présentée M. Thomas, et qu’il nomme arithmomètre. Elle est formée de diverses roues d’engrenage, faisant mouvoir des chiffres; l’auteur la destine à faire toutes sortes de calculs arithmétiques : c’est de cet examen que je vais avoir l’honneur de vous rendre compte.
- La première de ces machines qu’on connaisse est celle que Pascal inventa à l’àge de 19 ans; elle était fort compliquée, sur-tout l’une de ses pièces qu’il nommait le sautoir. On a depuis imaginé sur ce modèle diverses conceptions de même nature; celle de VEpine et celle de Boitisscndeau ont mérité d’être approuvées par l’Académie des sciences. On trouve dans l’ancienne Encyclopédie la description de celle de Diderot. Le défaut de toutes ces inventions est de ne se prêter qu’à des calculs très-simples : dès qu’il s’agit de multiplier, il faut convertir l’opération en une suite d’additions; ainsi, pour obtenir 7 fuis 648 , on est obligé d’ajouter d’abord 648 à lui-même, puis la somme à 648, celle-ci encore à 648 , etc., jusqu’à ce que 648 ait été pris 7 fois. A quelles longueurs ne faut-il pas se soumettre lorsque Doigt-unième année. Février 1822. E
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- ie multiplicateur a deux ou trois chiffres? Il est vrai que ces machines se prêtaient aux calculs des sous et deniers qui compliquaient la question ; mais les autres subdivisions complexes y échappaient. Toutes ces machines sont aujourd’hui tombées dans l’oubli, et on ne les regarde que comme des con ceptions plus ou moins ingénieuses.
- Celle de M. Thomas ne ressemble nullement aux autres ; elle donne de suite les résultats du calcul, sans tâtonnements, et n’est faite à l’imitation d aucune des premières. Il est certain que 41. Thomas n’avait pas connaissance de celles-ci lorsqu’il imagina la sienne, et qu’il n’a pu s’aider des travaux de ses prédécesseurs. 11 a même successivement employé et abandonné plusieurs mécanismes qui ne remplissaient pas assez bien leur objet, avant de s’arrêter à celai qu’on voit dans la machine pour laquelle U sollicite le suffrage de la Société d’Encouragcment.
- La machine de M, Thomas sert à faire non-seulement toutes les additions et soustractions, mais encore les multiplications et divisions des nombres entiers on affectés de fractions décimales. Lorsqu’on veut multiplier 648 par T, on place les indicateurs du multiplicande sur les chiffres 6 , 4 et 8, et celui du multiplicateur sur 7, et ensuite on tire un cordon. La machine entre en jeu ; lorsqu’on sent un arrêt, on cesse de tirer, et on lit de suite le produit 4536 sur la tablette de l’instrument. Le multiplicateur a-t-il plusieurs chiffres, on répète autant de fois la même opération pour chacun : ainsi, pour multiplier par 537, on imite ce qu'on fait avec la plume dans le procédé accoutumé ; savoir, on multiplie par 7, puis par 30, puis par 500. En trois coups de cordon on arrive an produit; seulement on déplace à chaque fois le chariot ou la tablette , pour imiter ce qu’on fait quand on recule le produit d’un rang à gauche. La multiplication et l’addition se fond à-la-fois et du même tira ge-
- Pourvu que le produit n'ait pas plus de 6 chiffres , on le trouvera avec facilité; mais rien n’empêche d’étendre l'usage de l'instrument à 7, 8 chiffres et plus, selon les besoins. 4L Thomas se propose d’en faire fabriquer dans ce but : il faudra seulement employer un ou deux rouleaux de plus , ce qui n’offre aucun embarras. Le mouvement de la main qui donne le produit ressemble assez au cordon de sonnette qu’on tire pour faire résonner 1 heure a une pendule à répétition; ici le produit est indiqué aux yeux, au lieu de l’être à l’oreille.
- La division n’étant que l’inverse de la multiplication, on conçoit qu’elle s’exécute avec la même facilité et par le même moyen.
- La plus grande difficulté qu’on rencontre dans l'invention de ces instruirions, difficulté contre laquelle le génie même de P asc ->l a échoué . et qui .
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- jusqu’ici, a si fort restreint l’usage de ces machines à calculer, c’est de faire porter les retenues sur le chiffre à gauche. Dans la multiplication de 8 par 7, on ne pose pas le produit 56, mais seulement le chiffre 6, parce qu’on reporte les cinq dizaines sur le produit prochain. Le mécanisme par lequel M. Thomas opère ce passage est extrêmement ingénieux; ce report se fait de lui-même, sans qu’on y songe. Pour multiplier 648 par 7, l’opérateur tire le cordon sans s’embarrasser s’il y a ou non des chiffres à retenir, sans même savoir ce que c’est, et il lit de suite le produit 4536.
- 11 est réellement impossible de combiner mieux les agens de l’instrument qui vous est présenté et de surmonter les embarras du sujet. Ainsi, à considérer cette machine sous le rapport du mérite d’invention, et sous celui de la difficulté vaincue, vous ne balancerez pas à lui accorder votre suffrage. L reste à l’examiner sous celui de l’utilité. Sans doute, au milieu du tumulte des affaires, il est avantageux d’avoir un instrument que rien ne trouble ni ne préoccupe, que le bruit et le mouvement n’inquiètent pas, et qui donne facilement les résultats numériques désirés, sans avoir à craindre les erreurs si fréquentes et si dangereuses. La machine, suivant M. Thomas, doit rendre d’importans services dans les comptoirs, les banques, les bourses , et tous les lieux où des calculs fréquens et rapides sont nécessaires. L’auteur pense que dans les grandes maisons de commerce ou de banque, lorsqu’au bout de la journée on a exécuté un grand nombre d’opérations diverses, comme il importe d’être certain de l’exactitude des calculs , on pourra charger un domestique de manœuvrer sa machine à calculer, pour obtenir toutes les vérifications.
- Vos Commissaires ne peuvent juger si ces présomptions sont fondées ; c’est à l’expérience à décider cette question. Ce qu’ils reconnaissent, c’est que la machine est très-jolie et très-ingénieusement conçue, et qu’elle remplit très-bien sa destination ; mais ils doivent avouer qu’elle sera toujours d’un prix élevé, qu’elle peut sc déranger ou s’user rapidement, qu’elle ne fait les calculs des fractions qu’après les avoir ramenées aux décimales : ce qui conduit souvent à des longueurs , à des approximations moins rigoureuses , enfin à l’emploi de plus de chiffres qu’il convient pour l’usage même de la machine.
- Il n’v a aucune comparaison à faire entre cette nouvelle invention et les règles a calculer. Comme ces dernières sont basées sur le système des logarithmes, les additions et soustractions sont impossibles avec ces règles; et comme ees deux opérations se mêlent à chaque instant aux autres dans les affaires de commerce, les tables de logarithmes n’y peuvent servir avec avantage. Par cette raison, l’usage des règles à calculer, si recommandable
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- d’ailleurs sous d’autres rapports, est restreint sous celui-ci. En outre, elles n’ont une précision que de trois chiffres, tandis que la machine deM. Thomas en a six, et peut en avoir sept, huit ou plus, et fait successivement toutes les additions, soustractions, multiplications et divisions qui se présentent. D’un autre côté, les régies sont à très-bon compte et portatives, ce qui manque à cette machine. Il en faut conclure qu’on ne doit établir aucune sorte de parallèle entre ces deux genres d’instrumens.
- Vos Commissaires vous proposent, Messieurs, d’accorder votre approbation à la machine de M. Thomas, dont la conception est très-ingénieuse , et de la faire graver pour l’insérer au Bulletin ainsi que le présent rapport.
- Signé Francoeur , rapporteur. Adopté en séance, le 26 décembre 1821.
- Rapport fait par M. Francœur , au nom du comité des arts mécaniques _, sur des presses d’imprimerie inventées par M. D urand, rue du Colombier, n°. ’iif a Paris.
- Messieurs , vous avez chargé votre comité des arts mécaniques d’examiner des presses typographiques inventées par M. Durand. Cet habile mécanicien n’avait d’abord conçu le projet d’exécuter que sa presse à cylindre , mais comme, en s’écartant des usages ordinaires, il rencontrait plus de difficultés à voir adopter son invention, il crut devoir céder à l’empire des circonstances , et modifier cette presse pour la mettre sous une forme qui, la rapprochant de celles dont on fait usage dans l’imprimerie, éprouvât moins de résistance de la part des personnes qui se livrent à ce genre de travaux ; il conçut donc sa presse à platine.
- Ces deux machines ont entre elles diverses parties communes ; des rouleaux habilement mus et disposés déposent l’encre sur les caractères , ce qui rend inutile l’emploi d’un ouvrier uniquement appliqué à ce soin : la pression s’exerce dans toutes deux par un mouvement de manivelle , le tympan s’y meut de lui-même et sous la seule action de la machine ; il n’y a besoin d’aucun étancon pour en assurer l’effet ; on peut la déplacer à volonté, et ses dimensions permettent de la manœuvrer dans une chambre de 6 pieds de hauteur. Les moyens de communication de la puissance avec la presse, et le mode d’action de cette force , sont les mêmes dans les deux cas : mais les résultats diffèrent beaucoup quanta l’économie de temps, de force et, par conséquent, de dépense. Nous allons entrer dans quelques détails qui
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- vous mettront à même de juger des avantages que présentent ces deux machines.
- La forme d’imprimerie est placée sur un marbre horizontal : un rouleau de matière composée, d’une élasticité convenable, part de lui-même à un instant désigné, et roule pour déposer sur les caractères l’encre dont il est couvert et qui lui a été communiquée avec uniformité par un mécanisme très-ingéneux. Pendant que ce rouleau fonctionne, l’ouvrier étend sur le tympan sa feuille de papier, et sa frisquette s’abaisse d’elle-même pour porter celte feuille sur les caractères : c'est alors que la force comprimante est mise en action pour fournir l’impression.
- Si l’ouvrier emploie la presse à platine, il abat celle-ci sur le tympan, selon la méthode ordinaire : lai platine est une forte pièce en fer fondu qui a la grandeur et le poids convenables. L’ouvrier donne alors son coup de manivelle, et à l’aide d’un excentrique, la platine est appuyée de force sur les caractères ; l’impression est produite.
- S'il s’agit de la presse à cylindre, la feuille de papier n’est abattue sur la forme que peu-à-peu et en se déroulant sous un cylindre mû par la manivelle, et qui, en roulant sur celle-ci, en comprime successivement les diverses parties. Comme la pression ne s’exerce jamais que sur une petite surface du cylindre, elle est très-modérée et produit cependant un effet bien supérieur à celui qu’on obtient ordinairement. La dépense de force est très-petite et la machine marche avec une extrême célérité. Une difficulté que le mécanicien devait surmonter, c’était de faire en sorte que, lorsque le cylindre comprimant rétrograde pour revenir à sa première place, il n’exerçât plus de pression sur les caractères : on sent en effet que cette arrière-pression ne pourrait pas faire retomber juste chaque lettre sur sa première empreinte, à cause de l’élasticité du papier, et qu’alors l’impression n’aurait pas de netteté. M. Durand a préparé son mécanisme de manière que, lors du retour du cylindre, la forme s’abaisse avec le marbre qui la porte.
- Vos commissaires ont vu marcher ces deux presses, l’une dans ies ateliers de M. Durand, l’autre dans ceux des Petites-dfjiches, et ils ont pu s’assurer des avantages nombreux qu’elles offrent, lorsqu’on en compare les beaux, résultats avec ceux qu’on obtient par les voies ordinaires. Malgré la complication des parties de la machine , ies entrepreneurs de 1 imprimerie des Petites-Affiches nous ont garanti, et on peut s’en reposer sur l’assertion de deux vieillards remplis d honneur et qui se servent depuis plus d’un an de la presse à cylindre, qu’elle n’a donné lieu presqu’à aucune réparation, et qu’elle expédie moitié plus d’ouvrage avec un seul ouvrier peu exercé ,
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- aide d un enfant , qu une presse ordinaire manœnvrée cependant par deux hommes très-exercés et très-vigoureux*
- Presse a platine.
- Celle presse, qui conserve beaucoup des éiémens de celles qui sont en usage-, emploie les mômes moyens pour obtenir le coté de première et la retiration. Le tympan s’y compose à-peu près de môme; la -frisquette est absolument semblable, seulement elle est manœnvrée par la machine elle-même , et avec une plus grande rapidité, sans jamais pouvoir endommager les caractères.
- Ses principaux avantages sont 1°. de n’exiger qu’un seul ouvrier, au lieu de deux, avec une fatigue moindre que les presses ordinaires;
- 2°. De distribuer l’encre avec une égalité parfaite et d’en varier la couleur au gré de l’imprimeur;
- du D’avoir une pression indéfinie, et qui se modère et se règle à volonté , sans faire éprouver à l’ouvrier un changement très-sensible clans l’application de sa force ;
- h . D’avoir une pression plus douce qu’aucune autre presse , et conséquemment de ménager davantage les caractères (1 ) ;
- 5°. De donner la plus belle impression avec le moins de fatigue , ce qui est r- contraire dans les presses en usage (2);
- Les produits de cette machine sont aussi prompts que par les presses ordinaires, et dans le cas d’une impression soignée, elle gagne de vitesse.
- Son entretien peut au plus égaler celui des presses ordinaires.
- Vos Commissaires doivent vous avouer qu’ils n’ont pu être à même de vérifier, par une expérience en grand, s’il y avait égalité dans la quantité 'les produits de la nouvelle presse à platine comparée aux anciennes. Les
- g, Le mouvement de la platine , dans ie sens vertical où la pression s'opère , diminue de vitesse eu :mson de l’accroissement de -la force de la pression, tandis que, dans les anciennes presses, la course de la [Latine a toujours la même vitesse; ce qui produit nécessairement un choc dans les presses à la Stanhopc. Dans ces dernières, la pression s’opère par un coup sec qui fait vibrer toutes les parties de ia machine et fatigue beaucoup les caractères.
- '2 . Un moyen qu’on est forcé d’employer dans toutes les espèces de presses . pour obtenir une très -belle impression, est de laisser la feuille de papier soumise quelques insfans à l’action de la platine et d’y taire séjourne]- la pression ; pour cela, l’ouvrier imprimeur continue, clans les presses ordinaires, à tirer >on barreau, et ie maintient ainsi clans l'attitude la plus fatigante de son travail. Dans la nouvelle machine , au contraire, l’ouvrier, pour que la feuille reste pressée, n’a qu’à discontinuer son action : en restant en repos, il obtient le même résultat que celui qui, par l’ancien procédé, est obligé d’entretenir u'! effort considérable.
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- règlemens de la librairie mettent des obstacles si grands à ce qu’on puisse développer l’industrie des hommes qui veulent perfectionner les procédés typographiques, que M. Durand n’a pu obtenir du Gouvernement la permission de faire imprimer un livre dans ses ateliers , quoique le bureau consultatif des arts et manufactures* eut, en accordant son suffrages cette machine, appuyé cette demande de tout son crédit, près du Ministre de l'intérieur. Ce ne pouvait donc être que dans des imprimeries existantes que cet essai devait être fait en grand ; mais les ouvriers, qui voient dans cette machine une cause de diminution d’emploi des bras, portent haine à cette invention, et les maîtres imprimeurs se refusent à des essais, autant par routine que parce qu’ils n’v ont aucun intérêt, leurs bénéfices étant toujours des fractions de la dépense totale.
- Faute de pouvoir reconnaître, par des épreuves en grand, la vitesse de la machine, vos Commissaires ont tenté toutes celles qui leur ont paru propres à suppléer celle-ci, et se croient fondés à partager cette opinion, que les produits sont au moins aussi considérables que pour les presses ordinaires; mais elle n’exige l’emploi que d’un seul ouvrier, au lieu de deux.
- Presse à cylindre.
- Cette machine, qui nous parait bien préférable a la précédente, non-seulement par rapport à la promptitude de la manœuvre et le peu de force qu’il faut développer, mais encore eu égard à l’esprit d’invention qui s'y fait remarquer, présente les avantages suivans :
- 1°. La presse à cylindre est mue par un seul ouvrier, et avec une dépense •de force considérablement moindre que pour les presses en usage.
- 2°. Elle distribue l’encre d’une manière régulière, et dans tous les degrés de couleur.
- 3'. Elle imprime toute espèce de formats, et atteint jusqu’aux plus grands et aux plus charges, sans qu’il y ait une augmentation de fatigue sensible pour l’ouvrier. Ses produits, en profitant de cct avantage, c’est-à-dire en l’empiovant de préférence pour l’impression des plus grands formats. s’élèvent au double de ceux des presses ordinaires. Ainsi un seul ouvrier, aidé d’un enfant qui lève les feuilles, peut imprimer, dans un temps donné , autant de feuilles que deux nresses ordinaires manœuvrées chacune par deux ouvriers,
- 4°. La pression se régie à volonté et d’une manière invariable.
- 5°. Son entretien est presque nul, attendu qu aucune de ces pièces ne doit résister à un effort considérable, et que toutes les parties qui éprouvent des frottemens sont combinées de manière à se renouveler à très-peu de fraie.
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- Nous ne devons pas oublier de dire cependant que cette presse à cylindre ne nous a pas semblé aussi propre que celle à platine pour les impressions soignées : la retiration, cette opération qui consiste à imprimer le verso d’une feuille, quand le recto a déjà reçu l’empreinte, n’étant pas assez sûre. Mais outre qu’il sera facile de perfectionner la machine sous ce rapport, il n’en reste pas moins un immense avantage pour toutes les impressions communes, telles que journaux, affiches, et tout ce qu’on nomme ouvrages à filets en terme d’imprimerie.
- Nous répéterons que ces deux presses n’ont pas besoin d’être étan-çonnées, qu’elles exigent peu d’emplacement et sont faciles à changer de place.
- Après de nombreuses épreuves et un examen très-attentif des presses de M. Durand, votre comité des arts mécaniques les a jugées dignes d’être honorées de votre approbation : il vous propose, Messieurs, de la lui accorder, et de renvoyer à la Commission des médailles l’examen des titres de cet artiste à un encouragement de ce genre. Le bureau consultatif des arts et manufac-turcs lui a déjà accordé unanimement son suffrage, qui, réuni au vôtre, mettra l’auteur à même de triompher des obstacles que la routine et l’ignorance opposent à une invention très-distinguée. Nous pensons aussi qu’il serait utile d’insérer au Bulletin une description de cette machine, ainsi que le présent rapport.
- Signe Francoeur, rapporteur.
- Adopté en séance, le 20 février 1822.
- Ji Apport fait par M. Francceur, au nom du comité des arts mécaniques, sur une nouvelle clarinette présentée par M. Jans-sen, rue de l'Evéqne, n°. 14? butte des Moulinsh Paris.
- L’invention de la clarinette ne remonte guère à plus d’un siècle ; comme toutes les inventions nouvelles, cet instrument ne fut d’abord que très-peu employé, à raison de ses nombreuses imperfections : on ne s’en servait que dans les orchestres et à la manière des clairons; mais bientôt d’habiles artistes montrèrent combien on pouvait tirer de beaux effets de la clarinette, qui avait successivement pris jusqu’à cinq clefs, au lieu d’une seule qu’elle avait dans T origine. C’est aux célèbres Michel et Lefèvre qu’on doit les perfectionnemens remarquables que cet instrument a reçus : la musique du premier de ces artistes est encore goûtée des amateurs, malgré le temps où elle parut, et les difficultés que l’auteur rencontrait en compo-
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- saut pour un instrument imparfait, sur lequel une foule de passages musicaux étaient impossibles à exécuter. On verra, dans le Diapason des instrumens à vent publié par mon père en 1772, l’état auquel était réduite la clarinette, et les difficultés que rencontrait le musicien qui voulait composer pour cet instrument.
- C’est à JNÏ. X. Lefèvre qu’on doit la sixième clef du sol dièse, ce qui donnait à la clarinette quatorze trous, dont six étaient bouchés par des clefs. Cet habile artiste fait présager, à la page première de sa Méthode, en parlant de cette nouveauté, dont ii démontre les avantages , les succès que la clarinette est destinée à obtenir un jour, lorsqu’elle aura reçu tous les genres de perfection dont elle est susceptible.
- Malgré ces premières et utiles modifications, l’instrument pouvait être regardé comme dans l’enfance de sa création : une foule de traits étaient d’une exécution impossible , ou du moins il fallait l’exercice et le talent le plus marqué pour pouvoir les tenter avec des succès plus ou moins hasardés. C’est dans ces circonstances que M. J ans s en fit subir à la disposition des clefs des changements dont on sentit bientôt l’utilité.
- L’ancienne clarinette est coupée en trois endroits : les deux parties qu’on nomme chalumeau et clarinette sont partagées par les deux clefs du la au si, de si à ut dièse, et de ut à mi bémol. Il en résulte que certains passages ne peuvent se faire, parce qu’il faut à ia fois et avec le môme doigt déboucher un trou et en boucher un autre, ce qui est physiquement impossible. M.Jansseu imagina de garnir deux des clefs de pièces cylindriques mobiles sur leur axe, qu'il nomma des rouleaux ; il était assez facile d'attaquer successivement ces deux pièces en coulant le petit doigt de l’une sur l’autre , et de remédier à une partie des inconvénients; il perfectionna aussi la clef du pouce gauche, et la manière dont les clefs de cette main coupent le tube de l’instrument. Ces innovations, qui remontent à dix-huit ans, font le plus grand honneur il cet artiste, et c’est une justice qu’il importe de lui rendre , surtout en considérant que , repoussées d’abord par tous les exécutants, elles ont depuis triomphé des oppositions, et sont les premiers essais qui ont contribué aux nombreux changements que la clarinette a éprouvés.
- Ainsi, grâce aux perfectionnements dont nous venons de parler, beaucoup de traits regardés comme impossibles étaient devenus exécutables et même assez faciles. La clarinette est le plus étendu des instruments à vent; elle est à ceux-ci ce que le violon est aux instruments à cordes, et embrasse prés de quatre octaves ( depuis le mi au-dessous du sol que rend la corde filée du violon , jusqu’au contre-ut de la chanterelle.)
- Mais , malgré ces premiers efforts , un grand nombre de traits étaient
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- encore impraticables ; il fallait non-seulement que la musique de clarinette fût écrite exprès pour cet instrument, ce qui est d’ailleurs vrai pour tous , mais même que le compositeur veillât à ne pas s’abandonner à des inspirations que l’exécutant ne pourrait seconder. Plusieurs de ces passages étaient plutôt escamotés que rendus; certains sons étaient décidément faux, et devaient être évités dans les mouvements lents ou dans les tenues , etc.
- Ainsi, la clarinette attendait un maître qui l’élevàt au degré qu’elle était susceptible d’atteindre. C’est en 181 1 que AL Muller vint en France, et présenta une nouvelle clarinette portant treize clefs. L’Institut ne se regarda pas comme juge de cette grande innovation , et déclarant son incompétence , renvoya la décision au Conservatoire de musique. L’auteur , s’exprimant dans une langue qui lui était étrangère, se fit mal comprendre; on prit peut-être pour de mauvais procédés ce qui n’était que le sentiment exagéré du mérite; on prit pour des discours sans mesure ce qui n’était qu’un vice de langage, et la clarinette de AL Muller {ni repoussée par le Conservatoire. Un rapport fait en 181 4 par les artistes de cet établissement, et inséré au Aloniteur, rejeta cet instrument et motiva ce refus.
- Un aussi grave suffrage favorisa l’esprit d’opposition; la paresse d’esprit et la force d’inertie s’en emparèrent, et les artistes repoussèrent une innovation qu’avaient repoussée les maîtres de l’art.
- Alais le propre des bonnes idées est de triompher à la longue des résistances ; le bien réussit tôt ou tard. AI. Muller fit l’épreuve de cette vérité. Aidé de l’appui de deux amateurs, Al AL P*** et B os cari, il ne désespéra pas du succès : il fut assez heureux de rencontrer un simple ouvrier , nommé Gcntellet, qui fut capable de concevoir ses idées, de consentir à abandonner sa routine et de réaliser ses espérances. II importe de noter ici cette circonstance. Dans une assemblée où on se fait un devoir de protéger les perfectionnements et cl'honorer les artisans qui se distinguent, on doit, dire que AI. Muller} mal entendu des facteurs d’instruments , a trouvé un ouvrier capable de le comprendre. J’ajouterai que la difficulté de bien disposer ses treize clefs est telle, qu’il n’a trouvé qu’en France l’intelligence et l’habileté qu’il avait cherchées vainement à A ienne, à Londres et à Berlin. Les artistes les plus fameux s’étaient d'abord refusés obstinément à adopter les nouvelles clefs ; mais ceux mêmes qui montraient le plus d’opposition , voyant que jes traits qu’on regardait comme impossibles à exécuter, ceux qu’ils pouvaient seuls rendre par la force de leur talent et de leurs longues études, étaient devenus très-faciles, ajoutèrent successivement une, deux, trois clefs, à mesure qu’ils en connurent le besoin, et enfin les treize clefs sont maintenant généralement à l’usage des artistes les plus distingués.
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- On conteste à M. Muller l’invention de ses clefs nouvelles; ou suppose que déjà en usage depuis plusieurs aimées , en Allemagne, il n’a qu’imité et perfectionné des choses déjà en usage ailleurs. Il n’est pas de notre devoir d’examiner cette assertion. Dans la méthode que M. Muller vient de publier, pour exposer la manière dont on doit jouer sa clarinette , il affirme être inventeur d’au moins quatre de ces clefs. La suite des temps établira ou renversera ses prétentions à ce sujet, et nous ne sommes pas appelés à décider cette question, non plus que celle de savoir si M .Muller est inventeur des perfectionnements récents apportés au basson et à la clarinette-alto. Ce qui est un fait incontestable, c’est que lorsque M. Muller est venu apporter sa clarinette en France, il n’v avait que six des treize clefs qui fussent employées, qu’il a d’abord fait de vains efforts pour les faire adopter, et qu’enfm elles sont toutes en usage aujourd’hui, sinon telles qu’il les avait conçues, du moins les trous sont percés sur le tube, d’après les mômes principes d'acoustique. Ceux qui connaissent combien ces principes sont délicats pour les physiciens les plus instruits, rendront grâce à un artiste qui, par le seul fait de fexpérience, a "éussi à accroître les ressources de la science , et celles d’un instrument dont l’étendue et le charme rendent l’emploi indispensable dans les orchestres et les musiques militaires.
- Il est constaté maintenant que si M. Janssen a le premier, et il v a dix-huit ans, apporté des perfectionnements importants à la clarinette , il a pu devoir d’heureuses idées à M. Muller ; que l’instrument a reçu de ces deux artistes des ressources si fécondes , que des traits regardés jadis comme impossibles , et dont on trouve des exemples nombreux dans les ouvrages de mon père et de M. X. Lefèvre , sont devenus plus ou moins faciles ; que plusieurs notes pouvant être faites de trois, quatre, et même cinq manières différentes, la clarinette est devenue un instrument nouveau, que la gamme n’en est plus fixée; qu’elle attend un maître qui s'empare de tous les perfectionnements pour régulariser Fart. Je donnerai une juste idée de l’état actuel où l’instrmneni est arrivé , en disant qu’il peut même exécuter presque mute espèce de musique de violon.
- L’instrument ainsi garni de toutes ses pièces de métal acquiert, if est vrai , plus de poids ; il pèse 6T décagrammes (environ une livre six onces); mais les bras de l’exécutant sont beaucoup moins faciles à lasser que sa poitrine, et la nécessité d’accorder de fréquents repos à cette action pulmonaire permet de ne pas avoir le moindre égard à l’accroissement de poids dont nous parlons.
- M. Jan ssen a des droits à la reconnaissance des artistes et des amateurs, et il importe de le reconnaître. La clarinette de M. Muller ne ressemblant
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- presqu’en rien à l’ancienne, exige une étude particulière ; on ne la joue que lorsqu’on l’a travaillée, comme un instrument nouveau ; l’habileté qu’on a acquise sur l’ancien ne sert qu’à peine pour jouer celui-ci. Or, comment les artistes se résoudront-ils à abandonner des avantages certains, fruits d’une longue étude , pour en prendre de plus étendus, il est vrai, mais qui exigent qu’on recommence à apprendre? Ce motif est vraisemblablement la cause qui a fait rejeter la clarinette de M. Mul/er par le Conservatoire , et il faut excuser cette erreur qui est si naturelle à l'homme. M. Jcinsscn a imaginé de donner aux clefs une disposition assez favorable pour que les artistes pussent, avec un peu d’étude, enrichir leur ancienne clarinette de presque tous les effets nouveaux. C’est un grand service qu’il a rendu à l’art; le premier pas, le plus difficile à faire, est sans doute de déterminer les hommes à sortir de leurs vieilles habitudes, et celui qui en facilite les moyens mérite qu’on encourage ses efforts. Aussi maintenant la plupart des artistes qui jouent la clarinette avec distinction ont-ils adopté celle de M. Janssen. Nous avons consulté avec soin l’opinion générale et nous l’avons trouvée favorable à cette innovation. C’est cette clarinette qu’on joue dans les principaux théâtres et dans les musiques militaires des gardes-du-corps. MM. Dacosta, Péchignier , BoiiJJil', en avouent tous les avantages et en recommandent l’emploi. Quatre rouleaux , très-artistement disposés dans leur forme et dans leur distribution , donnent surtout à cette clarinette les ressources de celle de M. Muller; ces mêmes rouleaux sont adaptés au basson, et MM. Henry et Fougas en font journellement usage.
- Une question se présente ici naturellement ; puisque deux espèces de clarinettes très-différentes sont en usage, laquelle doit être préférée? Si les artistes que nous venons de citer préfèrent et adoptent celle de ?ff. Jcinsseu, M. Muller peut citer en sa faveur d’autres artistes non moins dignes d’être consultés. M. Gambaro, première clarinette de l’Opéra-Buffa , voyage maintenant en Italie, lieu de sa naissance, pour faire apprécier les avantages de la clarinette de M. Muller. Celui-ci expose que si son instrument présente des difficultés aux personnes qui ont déjà un talent acquis et d’anciennes habitudes à vaincre, il est réellement plus facile à jouer par ceux qui commencent l’étude, parce qu’il offre plus de richesses d’exécution, certains sons plus francs et plus justes, quelques cadences plus heureusement préparées; enfin il donne à la main deux doigts de plus, ce qui accroît à un degré prodigieux , à raison des diverses combinaisons , toutes les ressources de ce bel instrument.
- Il ne nous appartient pas, Messieurs, de nous prononcer dans cette question, sur laquelle le public ne nous accorde pas le degré de compétence né-
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- cessaire ; c’est au temps, c’est à l’expérience à la décider. Nous trouvons seulement, dans le cas présent, un exemple frappant de cette vérité , que les artistes ne sont pas toujours les juges les plus éclairés et les plus équitables de discussions où leurs intérêts, leur amour-propre, le soin de leur gloire , se trouvent compromis. Ces innovations de MM. J ans s en et Muller; d’abord universellement rejetées, sont aujourd’hui universellement admises : le débat qui existe entre les avantages respectifs de leurs instruments sera décidé comme celui de l’admission des clefs nouvelles l’a été depuis quelques années; l’expérience prononcera.
- Mais ce qui est, Messieurs, du droit et du devoir de notre Société , c'est d’honorer les artistes qui ont accru les ressources de leur art. Vous ne devez pas prononcer sur le mérite relatif , les beaux-arts ne sont pas compris dans votre domaine ; mais vous devez signaler les inventeurs à la reconnaissance publique, quand les inventions ont reçu le cachet de l’expérience. D’ailleurs, dans les arts mêmes, tout ce qui tient à l’exécution matérielle vous appartient. Dans la création de la nouvelle clarinette, les moyens d’invention qui dépendent de la science de l’acoustique , les procédés de l’exécution de l’instrument, rentrent dans les attributions ordinaires. Vous pouvez donc accorder votre suffrage à M. Muller qui a adopté un nouveau système de clarinette, en perçant son tube d’une manière nouvelle, et qui a rnis au jour une méthode dont S. .M. le roi d’Angleterre a accepté la dédicace , et dont M. Gambaro est l’éditeur ;
- A M. Janssen qui a armé de rouleaux quatre des nouvelles clefs pour en faciliter l’usage ;
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- Aux facteurs d’instruments qui ont été employés par ces deux artistes , savoir MM. Gentellet, Guignot et Lefèvre.
- Nous vous proposons donc de publier le présent rapport dans le Bulletin pour rendre témoignage de cette opinion favorable , et d’écrire une lettre a M. Janssen pour le remercier de sa communication qui , en nous faisant connaître ses propres travaux , nous a mis à même d’apprécier ceux de plusieurs artistes.
- Signé Fr.vncoeur, rapporteur.
- Adopté en séance, le 9 janvier 1822.
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- Description dune horloge publique en jer fondu , exécutée par M. Wa u 11er , horloger ~ mécanicien , rue du Cadran n° 3<j ? a Paris (i).
- Cette horloge est divisée en deux corps de rouages, renfermés dans une même cage horizontale en fer ; l’un est celui de la sonnerie et l’autre celui du mouvement.
- Le rouage de la sonnerie est formé de trois mobiles : le premier se compose 1 ° du cylindre en bois C ( voyez fîg. 1 et 2 , PI. 217) sur lequel s’enroule la corde D, portant un poids proportionné à celui du marteau qu’il s’agit de faire lever; 2° de la roue de remontoir E en fonte de fer, dans laquelle engrène le pignon I, fixé sur l’axe dont le carré K reçoit la manivelle ; -U d’un rochet d’encliquetage F et de la grande roue G aussi en fonte, Sur se côté extérieur de cette roue sont implantés à vis huit rouleaux en cuivre a an , destinés à faire lever le bras de levier H, qui correspond , par l’iu-termédiaire d'un fil de fer, avec le marteau placé au-dessus de l’horloge.
- Le second mobile est formé du pignon L qui engrène dans la roue G; l’extrémité opposée de l’axe de ce pignon reçoit une roue en fonte de fer M, qui fait mi tour entier par chaque coup de marteau. Sur le même axe et entre la cage et le pignon L, est monté un tourteau ou chaperon de sûreté IS.
- Le troisième mobile est. composé de l'arbre 0 qui reçoit un pignon Q et une pièce 11 K en forme de double équerre. C’est par le moyen de cette pièce que se font l’arrèl et le délai pour préparer et assurer l’effet, opération qui a lieu , dans le rouage, deux minutes avant que le marteau frappe sur la cloche, L’arbre O se prolonge à l'extérieur de la cage pour recevoir le volant P, muni d'un encliquetage destiné à rompre la force d’inertie.
- Sur le prolongement de l’axe du cylindre C du premier mobile et en dehors de la cage , est fixé un pignon S. qui engrène dans la roue T du chaperon ou compteur des heures U.
- Une seule détente "\ , placée au-dessus et parallèlement à la cage, porte un bec h et un rouleau c, qui s’engagent, le premier dans le chaperon, et l’autre dans 1 encoche h Jtp. 1, PL 218) du tourteau IX du second mobile. L’extrémité coudée en équerre de la détente \ forme arrêt avec la piece R, et se ter-
- ( 1. 'Soyez le rapport sur cette horloge. Bulletin,'.V°. GC1X . vingtième année. novembre 1821 oaee 3i9.
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- mine par un autre rouleau d, qui facilite la levée. Cette détente est équilibrée par le contre-poids W.
- Le rouage du mouvement étant beaucoup plus petit que celui de la sonnerie, il n’est pas nécessaire de le construire en fonte de fer. Il se compose aussi de trois mobiles : le premier porte le cylindre C’ (Jig. 2 et 3, PL 217) monté a canons sur l’arbre qui reçoit la grande roue G’. Autour de ce cylindre est enroulée la corde D', à laquelle est suspendu un poids de 6 livres F. Ce mobile ainsi que la roue d’échappement sont établis entre les deux coqs en fer X X, afin de pouvoir être enlevés sans toucher à la cage B.
- Le second mobile est formé d’un pignon L' et d’une roue M', laquelle transmet le mouvement au troisième mobile, composé de la roue d’échappement à chevilles Y et du pignon IL mené par la roue M’.
- La tige e, qui porte à l’une de ses extrémités les leviers d’échappement^, reçoit à l’autre une fourchette Z (Jig. 1, PL 21 8) brisée par une vis de rappel go Le pendule A' est en bois de sapin pour éviter l’influence des variations de température sur la durée des oscillations. La lentille B’ en tôle est chargée de 40 livres de plomb.
- La roue G’, qui fait un tour entier en une heure, est munie d’un rochet F et d’un encliquetage pour remettre l’horloge à l’heure, sans laisser courir le rouage. Sur le champ de ce rochet qui a soixante dents, dont chacune fait une minute, sont implantées deux chevilles i i, qui, par l’intermédiaire du levier E’, font détendre la sonnerie. Ce même rochet est monté sur un canon h passant à travers la cage, et portant deux petites broches k k, qui communiquent directement au cadran.
- Quand on désire que l’heure soit indiquée par deux aiguilles, on place derrière le cadran une minuterie composée de deux roues N' N” (Jig. 3, PL 218), dans lesquelles engrènent deux pignons O’ O”.
- Dans le cas où le cadran serait placé loin de l’horloge, le mouvement se trans met au moyen des tringles de communication P’ P’, qui sont brisées de 6 pieds en 6 pieds par deux engrenages Q'Q’, pour éviter le Jouet ou le ballottement qui résulterait d’une trop grande longueur.
- Les engrenages R’ R’ (Jig. G) servent pour les renvois d’équerre.
- L’horloge dont nous venons de donner la description peut sonner sur une cloche de 2 milliers, avec un marteau proportionné aux dimensions de la cloche.
- Les horloges de châteaux, de manufactures, etc., sont établies sur le même principe. Lorsqu’elles sont destinées à frapper sur des cloches de 25 à 100 livres seulement, on les construit entièrement en cuivre, ce métal ne produisant qu’une légère différence dans le prix.
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- Calibre de Vhorloge.
- DIAMÈTRE des roues et des pignons. Nombre de dents. Observations
- millim. 315 80 8 rouleaux aaa
- 160 ))
- 225 48
- 0G2 12
- 230 60
- 045 10
- 212 72
- 028 8
- 020 8
- 200 90
- 16G 96
- 063 »
- 100 60 2 chevilles i i.
- 020 10
- 120 04
- 017 8
- 086 » 25 chevilles.
- 186 48
- 200 48
- 054 12
- 063 16
- MOBILES.
- DÉSIGNATION des différentes pièces d’engrenage de l’horloee
- Sonnerie.
- 12e
- Mouvement..'
- Minuterie.
- Grande roue G.......
- Î Cylindre C..........
- Roue de remontoir E... Pignon du remontoir I.. Rochet d’encliquetageF. 5 Pignon L. . .......
- I Pignon du volant Q.. .. Chaperon.. ] ^'snolL^............
- i Grande roue G'......
- r. mobile... < Cylindre C'.......
- f Rochet des minutes FC .
- 5 Pignon U..........
- f Roue M". ...........
- Pignon H'...........
- Pioue d’échappement Y.
- I Roue y'.............
- ) Roue N".............
- Pignon O'...........
- Pignon O7...........
- mobile.
- mobile, mobile.
- mobile.
- mobile.
- Explication des figures des Planches 217 et 218.
- Les mêmes lettres désignent les mêmes objets dans les différentes figures des deux planches.
- Pl. 217, fig. 1re. Elévation latérale de l’horloge du côté du chaperon et du volant.
- Fig. 2. Plan dessiné sur une plus grande échelle.
- Fig. 3. Coupe sur la ligne AB du plan.
- Pl. 218,fig. 1re. Le mouvement et la sonnerie vus du côté du chaperon et séparés du bâti et. du pendule. Cette figure est dessinée sur la même échelle que le plan, fig. 2, de la planche précédente.
- Fig. 2. Le volant vu de face et de profil.
- Fig. 3. Les rouages de la minuterie représentés en élévation et de profil.
- Fig. 4. Les pièces de communication du mouvement au cadran, vues en' plan, en élévation et de côté.
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- Fig. 5. La roue d’échappement et les leviers vus séparément, de face de côté.
- Fig. 6. Les pièces de renvoi d’équerre au cadran représentées en plan en élévation.
- AA, Bâti en bois sur lequel est établie l’horloge.
- BB, Cage horizontale en fer renfermant tout le système.
- Sonnerie.
- C5 Cylindre du premier mobile.
- D, Corde enroulée autour du cylindre.
- E, Roue de remontoir.
- F, Rocliet d’encliquetage.
- O, Grande roue en fonte du premier mobile.
- H, Bras de levier qui correspond avec le marteau.
- I, Pignon qui mène la roue E.
- K, Carré qui reçoit la manivelle.
- L, Pignon du second mobile.
- M, Roue en fonte dans laquelle engrène le pignon précédent.
- N, Tourteau ou chaperon de sûreté du second mobile.
- O, Arbre du troisième mobile.
- P, Volant.
- O , Pignon monté sur l’arbre O et qui mène la roue M.
- RR, Pièce en forme de double équerre qui produit l’arrêt et le délai.
- S, Pignon du chaperon.
- T, Roue du chaperon.
- U, Chaperon ou compteur des heures.
- Y, Détente formant arrêt avec la pièce R.
- W, Contre-poids servant à équilibrer la détente.
- ciaa, Rouleaux en cuivre fixés sur l’un des côtés de la roue G.
- b, Bec qui entre dans le chaperon.
- c, Rouleau qui s’engage dans l’encoche du tourteau N.
- d, Autre rouleau qui facilite la levée de la détente V.
- Mouvement.
- XX, Coqs entre lesquels est monté le premier mobile du mouvement.
- Y, R.oue d’échappement.
- Z, Fourchette brisée du pendule.
- A', Pendule en bois de sapin.
- Vingt-unieme année. Février 1822. G
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- B, Lentille en tôle chargée de 40 livres de plomb.
- C', Cylindre du premier mobile.
- D', Corde enroulée sur ce cylindre.
- E', Levier qui fait détendre la sonnerie.
- FRochet des minutes.
- G', Grande roue du premier mobile.
- H', Pignon monté sur l’axe de la roue d’échappement.
- 1', Poids de 6 livres suspendu à la corde D'.
- L', Pignon du second mobile.
- M', Roue qui transmet le mouvement au troisième mobile. e, Tige portant les leviers d’échappement. ff, Leviers d’échappement.
- g, Vis de rappel de la fourchette Z.
- h, Canon sur lequel est monté le rochet F'.
- ii, Chevilles implantées dans le rochet et agissant sur le levier E4 kky Petites broches qui communiquent directement au cadran.
- Minuterie.
- N'N", Roues d’engrenage placées derrière le cadran et qui mènent les aiguilles.
- O' OPignons des roues précédentes.
- Mouvement de communication.
- P P4 Tringles qui transmettent le mouvement au cadran.
- Q'Q', Roues d’engrenage montées sur ces tringles, de 6 pieds en 6 pieds. R'R.4 Engrenages destinés pour les renvois d’équerre.
- Rapport fait par M. Francœur, au nom du comité des arts mécaniques, sur un réveil inventé par M. Laresclie, horloger, Palais-Royal, galet ie de Valois, n. 164, au premier.
- Messieurs, vous nous avez chargés, M. B réguet et moi , de vous rendre compte d’une machine inventée par M. Laresclie , horloger, destinée à mettre en action une bruyante sonnerie , après un laps de temps qu’on fixe d’avance à volonté. Cette machine est un réveil qui s’adapte à toutes sortes de montres ; elle consiste en une cuvette sur laquelle on pose la montre horizontalement , sur son fond , à plat et le cadran découvert ; on fait en sorte que l’axe qui porte les aiguilles soit dirigé précisément au-dessous d’un trou,
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- dans lequel entre librement une clef de montre ordinaire : le carré de celte clef prend l’axe des minutes , précisément comme lorsqu’on veut tourner les aiguilles pour les mettre sur l’heure. Ainsi la clef, entraînée par l'aiguille des minutes, fait son tour en une heure ; et comme elle porte un index , qui , à chaque tour, vient attaquer l’une des douze dents d’une étoile, chacune de ces dents passe successivement, et l’étoile fait son tour entier en douze heures.
- Un ressort de pendule est caché dans un barillet, ainsi qu’un rouage ; ce ressort se monte au besoin, et reste bandé, tant que rien ne vient lâcher une détente ; et comme l’étoile porte aussi un index , qui attaque cette détente lorsqu’il se présente en un point désigné, celle-ci laisse alors le ressort libre : ce ressort se détend et met en jeu un marteau , dont les vibrations rapides font résonner un timbre. L’éclat de ce timbre est tel que le sommeil doit nécessairement être interrompu. On dirige l’index de l'étoile sur un point dont la situation dépend de l’heure fixée pour le réveil : un petit cadran est destiné à indiquer le lieu que doit occuper l'index pour remplir cet objet.
- Le même appareil peut également s’adapter aux montres dont les aiguilles ont par-dessous le mouvement à volonté, quand on veut les mettre à l’heure, ainsi que cela arrive quelquefois.
- On voit que la communication entre le mouvement de la montre et celui du réveil se fait par l’intermédiaire de la clef, dont l’index va attaquer l’étoile a chaque tour, c’est-à-dire après chaque heure. Il en résulte que cet appareil peut être appliqué à toute sorte de montre , qui, à volonté , devient un réveil ou cesse de l’être. On pourrait croire que le mécanisme fait supporter au mouvement de la montre une résistance capable de nuire à l’uniformité des mouvemens , objet principal que l’horloger doit se proposer dans la fabrication de tout instrument propre à la mesure du temps ; mais l’expérience prouve qu’il n’en est rien : et en effet l’action de la clef ne s’exerce qu’une minute à chaque heure, lorsque son index attaque l’étoile, et cette action peut être regardée comme nulle, puisque l’étoile est très-libre dans son jeu, n'est retenue par rien et n’a aucun frottement. L’inertie de la clef et de l’étoile est si faible, quelle n’a pas le pouvoir de retarder le mouvement; et quant à ce qui se passe lorsque l’étoile fait quitter la détente, l’action de la clef sur l’étoile et celle de l’index de cette dernière, quoique bien plus forte alors , est cependant très-légère, et ne s'exerçant que pendant la durée d’une minute, elle ne peut avoir d’effet sensible sur les vibrations de la montre : l'effort est si faible, qu’en touchant l’étoile avec la barbe d’une plume, la détente pari
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- à l’instant même. Comment compterait-on pour quelque chose une aussi faible résistance, qui n’a lieu que dans un temps si court ?
- Il existe dans le commerce des montres à réveil; elles sont ordinairement d’un prix élevé, de médiocre qualité, d’un volume incommode, à cause du timbre et du mécanisme de la sonnerie : comme cet appareil est inséparable de la montre, on est obligé de transporter l’un et l’autre sans cesse avec soi, même lorsque le réveil est sans usage. Ainsi, pour une chose d’utilité t.rés-passagère, on se charge constamment d’un poids plus ou moins incommode. Le réveil de M. Laresche s’adaptant à toutes les montres , et seulement à l’époque où on en a besoin, remplit bien mieux l’objet qu’on se propose; mais un point de vue sous lequel il mérite à tous égards la préférence sur les montres à réveil, c’est que l’uniformité des mouvemens de celles-ci est toujours troublée.
- En effet, la montre est réglée pour le cas ordinaire, qui est celui où elle n’éprouve de résistance que celle qui est due aux engrenages. D ailleurs l’aiguille des heures étant contrainte à frotter sur celle du réveil , à chaque tour du cadran, cet effet est souvent une cause d’irrégularité. En outre, dès qu’on veut l’armer pour le réveil, la roue des heures entre en prise durant tout le temps à écouler, jusqu'à ce que la sonnerie ait fonctionné. Ce n’est plus une action instantanée de la durée d’une minute par heure, c’est une résistance permanente ; et quand la détente de la sonnerie est attaquée, l’intensité de la force mise en jeu est bien plus considérable que dans les nouveaux réveils. On remarque encore que, dans les réveils ordinaires , c’est toujours la roue des heures qui produit l’effet, tandis que dans ceux de M. Laresche, c’est celle des minutes, dont le résultat offre bien plus de précision : aussi l’expérience prouve-1—elle que le mouvement cesse d’être régulier dans le temps qu’une montre à réveil est mise en action pour agir sur la sonnerie, qui d’ailleurs ne se décide à se faire entendre qu’à un quart-d'heurc près de celui qu’on veut, tandis que rien de semblable n’arrive pour une montre ordinaire, qu’on dispose sur le réveil de M, Laresche; le mouvement n’éprouve aucune irrégularité, et la sonnerie part à la minute fixée.
- La sonnerie part tellement à l’instant désiré, qu’on peut s’en servir comme d avertissement dans beaucoup de circonstances. L’homme studieux qui ne veut pas oublier, pendant qu’il est absorbé dans ses travaux , l’heure d’une observation ou d'une affaire ; le manufacturier qui est forcé de confier à des subalternes les détails d’une manipulation, dont la durée est fixée par la nature même du résultat cpi’il veut obtenir ; l’homme de cabinet qui craint de laisser passer, dans le tumulte des discussions, l’instant où il est appelé ailleurs;
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- enfin une foule de personnes doivent trouver de l’utilité à rencontrer, à bas prix, un instrument simple et que rien ne peut déranger, tant son mécanisme est simple. Le prix est excessivement modique, car il ne s’élève qu’à 30 francs pour les horlogers, et 36 francs pour le public. C’est un joli instrument, très-utile et fort bien exécuté.
- Nous pensons , Messieurs, que le réveil de M. Laresche est une invention très-ingénieuse, qui est digne de votre suffrage , et nous vous proposons de l’accorder, ainsi qu’une place au Bulletin pour le présent rapport. Nous demandons en outre qu’il soit écr it à hauteur pour le remercier de la communication qu’il vous a faite, et le féliciter du succès qu’il a obtenu. Cette machine est depuis plus d’un an connue du public, qui l'a appréciée ; l’auteur n’a cependant voulu la présenter à votre approbation que lorsqu’il l’a jugée digne de l’obtenir, et il a pris le temps nécessaire pour lui donner le degré de perfection dont il la croit susceptible.
- Signé L. Bréguet, Francoeur, rapporteur.
- Adopté en séance, le 20 février 1822.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Mérimée, au nom du comité des arts chimiquesj sur les poteries de M. Laujorrois (i).
- L’art du potier a fait en France d’immenses progrès, depuis un demi-siècle; mais comme cela arrive dans tous les arts, les efforts, dans cette branche importante de l’industrie, se sont dirigés d’abord vers les produits du luxe, et la fabrication de la porcelaine a été perfectionnée avant qu’on s’occupât des poteries communes. Cependant la belle terre à porcelaine est rare, tandis que sur beaucoup de points de la France il se trouve abondamment des argiles propres à faire d’excellentes poteries à l’usage de la classe la plus nombreuse des consommateurs.
- C’est sous ce rapport qu’il y a beaucoup de perfectionnemens à attendre, et ceux-là sont à vos veux les plus dûmes d’encouragement.
- Il existe au Montât, dans le département de Saône-et-Loire, des bancs considérables d’argile à potier, dont la qualité réfractaire fut constatée, il y a 20 ans, par notre collègue M. Bréant. Ayant à construire sur les lieux des fourneaux pour la réduction des scories du métal de cloches, il fit faire des briques dont la résistance à une très-forte chaleur lui parut très-remarquable.
- (0 Le dépôt de ces poteries est établi rue des Yieux-Augustins, n°. 1S, à Paris.
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- Al. Laujorrais, devenu propriétaire des terrains qui renferment ces dépôts d'argile, et connaissant tout le parti qu’on peut en tirer, a formé une fabrique de poterie commune perfectionnée, digne de tout votre intérêt.
- Dans cet établissement on fait des briques réfractaires , des creusets et des ooteries de près.
- l eJ
- La réputation des briques de la fabrique du Montet est maintenant bien établie. Employées depuis plusieurs années dans les départements environ-nans à diverses constructions servant aux opérations qui exigent le feu le plus violent, il est reconnu qu’on n en fait nulle part de meilleures. Elles coûtent a la vérité plus de trois fois autant que celles de Bourgogne; mais leur solidité est, telle, que le prix est amplement compensé par la durée des ouvrages, auxquels on n’a de réparations à faire qu’à des intervalles très-éloignés.
- Comme elles conservent beaucoup mieux que d’autres le calorique, il faut moins de bois pour produire le même degré de chaleur. On en a eu ia preuve flans la cuisson du pain : bien que pour les fours destinés à cet usage on puisse employer toutes sortes de briques, puisqu’il ne faut pas un degré de chaleur très-élevé, cependant nlusieurs boulangers ont trouvé de l’avantane a emplover les briques réfractaires du Montet.
- M. Laujorrois attache une grande importance à nous procurer d'exeeliens creusets. Il en a déjà fait qui ont résisté aux plus fortes' épreuves : mais d autres n’ayant pas également soutenu l’action du feu , il en a conclu que ses argiles n’étaient pas toutes de même qualité , et il a résolu d’employer un mode d’expérience qui lui fera connaître celles qu’il doit employer ou rejeter. Il va faire construire avec ses briques de petits fourneaux semblables à ceux dont M. Brécint fait usage pour fondre de l’acier ; il y placera des creusets dans lesquels il fondra du fer pur, et de cette manière il constatera à-la-fois 1a qualité de ses briques et celle de ses creusets, réemployant ensuite que les argiles les plus réfractaires , il doit dans la suite obtenir des produits constamment identiques.
- Les poteries de M. Laujon ois, revêtues d une couverte terreuse et cuites t n grès, sont inattaquables par les acides les plus concentrés. Placées sur un bain de sable et chauffées avec la précaution convenable , ses terrines soutiennent très-bien le feu : elles pourront donc, dans les laboratoires de chimie , remplacer les capsules de porcelaine qui sont d un prix trop élevé pour etre employées dans les manufactures. On en fabrique depuis 18 pouces jusqu’à 8; les premières coûtent 2 francs 50 centimes. C’est beaucoup plus cher que les terrines de Savigny ; mais aussi quelle différence dans la perfection du travail et la qualité de la matière I
- Malgré leur prix plus élevé, il est probable qu on leur donnera la préférence
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- dans les ateliers de teinture, dans ceux des fabriques d’indiennes , ete. Leui surface extrêmement lisse les rend aussi très-convenables au service des laiteries, parce qu’elles se nettoient facilement, et l’on peut croire que, lorsqu’on aura commencé à s’en servir on ne voudra plus en employer d’autres.
- Les cornues sont pour les laboratoires de chimie un objet important. Notre collègue, M. Thénard, a fait l’essai de celles du Montet, et il déclare qu’il n’eu a jamais trouvé d’aussi bien faites ni d’aussi bonnes.
- On ne peut douter que les grandes cruches dont vous avez admiré l’exécution ne soient infiniment utiles au commerce : revêtues d’une couverte terreuse parfaitement vitrifiée, que les acides les plus concentrés ne peuvent attaquer, il n’y a point de sel, point de liquide qu’elles ne puissent contenir et conserver parfaitement.
- Les petits cruchons à bière sont faits comme tout ce qui sort de cette fabrique, avec un extrême soin, et se bouchent parfaitement.
- Une manufacture de poterie commune perfectionnée doit vous paraître, Messieurs , d’autant plus intéressante , que l’industrie des fabricans ne s’est pas encore dirigée vers cette partie ; et quand M. Lanjorrois se serait borné à ces vases d’un usage domestique qu’il met dans le commerce , il mériterait un encouragement très-distingué ; mais les vases appropriés aux besoins d’un grand nombre de manufactures de produits chimiques sont mieux faits et plus solides qu’aucun de ceux employés jusqu’à ce jour; il a donc un double droit à votre sollicitude.
- Votre comité pourrait, Messieurs, vous demander une médaille d’encouragement pour le fondateur industrieux de la manufacture de poterie du Montet, et i! est persuadé que vous n’hésiteriez pas à l’accorder; mais puisque ce fabricant s’occupe maintenant d’expériences qui probablement le mettront à môme de donner à tous ses produits des qualités constantes, ce résultat parait à votre comité d’une telle importance , qu’il croit devoir ajourner sa demande, dans l’espoir d’avoir bientôt à la reproduire appuyée de nouveaux titres qui vous détermineront à accorder la première de vos récompenses.
- En conséquence, il se borne à demander, pour M. Lanjorrois, un témoignage public de la satisfaction que vous ont fait éprouver les perfectionne-mens qu’il a apportés à la fabrication des poteries communes, et le vif intérêt que vous prenez au succès de son établissement.
- Il vous propose , en conséquence, d’ordonner l’insertion au Bulletin du présent rapport.
- Signé Mérimée, rapporteur,
- Adopté en séance, le § février 1822.
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. Si Iv es Ire , au nom des comités d agriculture et des arts mécaniques réunis, sur loi manufacture de chapeaux de paille à l imitation de ceux d’Italie ^ établie par madame veuce Reyne, a Valêne e, département de la Drame.
- Messieurs , le 28 novembre dernier, vos comités des arts mécaniques et d’agriculture réunis ont obtenu votre approbation pour un rapport provisoire qu’ils ont eu l’honneur de vous présenter, concernant les demandes que madame veuve Repue vous avait adressées, à l’occasion de sa fabrique de chapeaux de paille d’Italie, établie en ce moment à Valence, département de la Drôme.
- Vos commissaires ont dès-lors rendu justice au zèle de madame Reyne, qui , après avoir étudié avec soin, en Italie, les procédés de production des matières premières et ceux de leur fabrication , avait importé en France un genre d’industrie qui n’avait pu encore y être naturalisé avant elle ; ils avaient aussi exprimé le regret que le défaut de plusieurs documens essentiels les empêchât d’émettre une opinion définitive sur le succès d’une semblable entreprise : ils espéraient obtenir de nouveaux renseignemens importans, m de la correspondance dès long-temps suivie au ministère de l’intérieur, à ce sujet, et de celle qui pourrait ultérieurement être entretenue avec madame Reyne elle-même.
- Le ministre a bien voulu vous confier le dossier qui concerne cette affaire. Madame Reyne a répondu à plusieurs de vos demandes ; elle exprime surtout le désir cpie le rapport vous soit promptement soumis : en conséquence, nous allons mettre sous vos yeux les résultats des principaux documens que nous avons recueillis.
- Mais avant de nous occuper de cet exposé, et pour ne plus ensuite détourner votre attention de ce qui concerne spécialement madame Reyne, nous crovons devoir placer ici quelques considérations générales sur l’importance et sur la difficulté d’une semblable entreprise, sur sa nouveauté et sur la probabilité de son succès.
- L’importance d’une fabrique de chapeaux de paille d’Italie est assez notable pour notre commerce ; elle aurait pour objet de nous affranchir de l’exportation annuelle de la valeur d’un million et demi environ, que nous donnons à la seule Italie pour l’acquisition des objets de ce genre : il est
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- vrai que cette soulte ne s'opère pas en numéraire. En échange des chapeaux de paille et des autres objets que nous procure l’Italie , nous fournissons des draps, des vins , de la mercerie , des bijoux, de la porcelaine , des livres, des modes , etc. , etc. , etc. ; et il est à remarquer que les tableaux dressés officiellement pour la balance du commerce établissent, en notre faveur, un bénéfice annuel de plus de 8 millions sur les échanges réciproques. Quoi qu’il en soit, ces bases ne sont pas immuables ; l’industrie étrangère cherche toujours à se les rendre plus favorables , et nous devons sans doute accueillir avec intérêt tout ce qui peut tendre, soit à consolider nos avanta ges, soit à trouver chez nous-mêmes ce que notre sol et notre industrie peuvent fournir ( à prix égal à ceux de l’étranger ) aux consommateurs.
- Cette dernière considération nous ramène à la fabrique de Madame Reyne et aux circonstances qui ont précédé son entreprise; la correspondance du Ministre de l’intérieur nous fournit à cet égard d’utiles documens. Il parait que des tentatives pareilles à la sienne ont été faites; que des brevets d’invention semblables au sien ont été délivrés. Vous connaissez trop bien, Messieurs, le principe de ces brevets, pour être étonnés de notre assertion : le brevet ne prouve nullement que le possesseur ait inventé ou qu’il ait importé; mais il prouve seulement qu’à une époque déterminée il a déclaré qu’il avait inventé ou importé, sauf à lui à prouver s’il y a lieu, et devant qui de droit, la réalité de ses assertions ou l’antériorité de sa demande.
- Quelques essais ont donc été faits avant Madame Reyne pour fabrique! en France des chapeaux de paille d’Italie; il est à la connaissance des marchands d’objets de ce genre, à Paris, que plusieurs de ces essais ont été infructueux. En 1814, un brevet d’importation a été gratuitement délivré à M. J>as!in , qui se proposait d’élever une fabrique du même genre que celle de Madame Reyne.
- Vers 1815, M. Pierre Confère a établi à Saint-Meiaine, département du Calvados, une fabrique de chapeaux de paille à l’instar de ceux d’Italie , avec des tiges de graminées indigènes; il parait que c’est le phleum pratense qu’il employait à cet usage : il a obtenu en 1819 un brevet d’invention pour dix ans ; il correspond avec une fabrique de couture et d’apprêt établie à Paris par son frère, et qui fournit au commerce pour plus de 40,000 fr. par année. Dès 1808, M. de Bernadière avait aussi obtenu un brevet de cinq ans pour la fabrication de chapeaux semblables à ceux d’Italie, avec les liges de céréales indigènes : il parait que c était aussi le phleum pratense qu’il emplovait le plus ordinairement.
- Mais une entreprise plus semblable encore à celle de Madame Reyne a lien depuis trois ans dans le département de la Haute-Garonne, et par les soins Pinpt-unième année. Février 1822. II
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- des directeurs des hospices de Toulouse : on y emploie la paille du même blé qui sert à cet usage en Toscane, et qui est cultivé avec succès aux environs de Toulouse. La fabrique y a un avantage d’autant plus assuré, que S. Exc. le Ministre de l’intérieur a bien voulu envoyer aux hospices une des machines à apprêter inventées par M. Meigné et mentionnées dans le N°. CXCIX, p. 6, du Bulletin de 1821. Cette machine sert à donner, sans inconvénient pour la santé des ouvriers, l’apprêt convenable à cent vingt-six chapeaux par jour, tandis que les hommes qui faisaient ce travail pénible à la main ne pouvaient en apprêter que dix-huit.
- On peut ajouter que tous les détails sur la culture du blé qui fournit la paille propre à ce travail et les procédés qui concernent l’art de préparer cette paille et de fabriquer les chapeaux, ont été décrits avec détail en vers italiens, par M. Lastri, Toscan. Enfin, dès 1805, M. le comte de Lasleyrie avait rapporté d’Italie la graine de blé qui sert à y fabriquer les chapeaux de paille : cette graine a depuis été cultivée tous les ans au Jardin du Roi par les soins de M. Thoiïin. M. Yvart avait aussi, en 1812, rapporté d’Italie des graines de cette céréale, et les avait cultivées avec succès. On connaissait donc depuis long-temps la substance première et tous les moyens de la mettre en œuvre : mais un obstacle qui tient à la nature de ce travail, s’est toujours opposé à de bien grands succès. Cet obstacle se présente de même pour tous les travaux qui ne sont pas susceptibles de l’emploi des machines, et qu’on doit faire à bras dans les pays où la main-d’œuvre est plus élevée que dans les lieux où la fabrique est originaire. C’est sur les moyens d’égaliser ce prix du premier travail manuel que nous aurions désiré avoir plus de renseignemens positifs pour pouvoir apprécier la probabilité des succès dont Madame Reyne conçoit l’espérance.
- Ce fut vers la fin de 181T que Madame Reyne revint de Florence : pendant les trois années de séjour qu’elle avait fait dans cette ville , elle y avait formé le projet d’établir en France une fabrique de chapeaux de paille d’Italie ; elle avait étudié avec soin tous les procédés de culture du blé qui fournit la paille propre à ce travail, et ceux de sa préparation et de son emploi dans cette fabrication.
- Elle s’établit d’abord dans la ville de Bourg-Saint-Andéol, département de l’Ardèche ; alors elle avait encore son mari, qui la secondait dans son travail : ils s’adressèrent pour la première fois au Ministre de l’intérieur, en février 1818; ils annonçaient alors avoir dans leurs ateliers trente jeunes personnes qui s’occupaient à confectionner des chapeaux de paille, égaux en qualité à ceux d’Italie. Ils exposaient qu’ils avaient semé en France des grains de blé dit marzole, qu’ils avaient rapportés d Italie ; que ces grains y avaient
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- bien réussi, et que d'ailleurs ils avaient trouvé en France même des céréales dont la tige avait la même propriété. Ils espéraient pouvoir fournir, sous peu de temps, la quantité de chapeaux nécessaire pour la consommation du rovaume, et ils demandaient la délivrance gratuite d’un brevet d’importation : le préfet de l’Ardèche appuyait leur pétition. Le Ministre demanda des renseignemens et des échantillons qui lui furent adressés ; alors il consulta le Comité consultatif des arts et manufactures. Ce Comité fut d’avis que M. et Madame Rejne mériteraient d’être encouragés, lorsqu il aurait été constaté que leur manufacture fournissait au commerce des chapeaux de paille de mêmes qualité et finesse que ceux d'Italie; il ajournait à cette époque le jugement à porter sur le degré d’intérêt que le Gouvernement devrait prendre à leurs travaux. En conséquence, le Ministre refusa d’accorder gratuitement le brevet demandé; mais il laissa l’espérance qu’il pourrait encourager les efforts de ces manufacturiers , lorsqu’il serait constant qu’ils auraient fourni au commerce des chapeaux de paille de même qualité que ceux d’Italie.
- Il se passa environ quinze mois entre cette décision et les nouvelles demandes qui furent faites. En février 1820, Madame Reyne écrivit au Ministre qu’elle avait perdu son mari , et transporté sa manufacture à Valence, département de la Drôme; elle annonçait alors que sa fabrique fournissait au commerce, et en assez grande quantité, des chapeaux de paille de mêmes qualité et finesse que ceux qui viennent d'Italie. Cette pétition était appuyée par le maire de Valence, qui regrettait de n’avoir pu donner qu’un faible encouragement, et par le préfet de la Drôme, qui sollicitait des secours pour Madame Reyne. Le Ministre accorda 600 francs, et demanda au préfet des renseignemens sur l’activité de l’établissement, le nombre des ouvrières employées, la quantité de chapeaux livrés annuellement au commerce, et leur prix comparé avec celui des chapeaux analogues venant d’Italie ; enfin quelle serait la somme nécessaire pour donner aux travaux toute l’extension convenable. Le préfet répondit à ces questions que la fabrique occupait soixante-dix ouvrières, qu’elle pouvait fournir annuellement huit cents à mille chapeaux, que le prix de ces chapeaux était à -peu - prés le même que ceux d’Italie , qu’ils égalaient en qualité ; il annonçait aussi que ces prix baisseraient d’un sixième si Madame Reyne avait des fonds suffisans pour monter son établissement : il demandait pour elle une somme de 12^000 francs. Le 12 avril 1820, le Ministre consentit à accorder 2,400 fr. pour être employés à donner plus d’étendue aux travaux de Madame Reyne : il parait qu’en effet une partie de cette somme a servi à l’acquisition d'une presse pour l’apprêtage des chapeaux de paille.
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- Mais bientôt apres Madame Reync éprouva de nouveaux besoins ; elle s’adressa à vous, Messieurs, par une lettre quittait appuyée parle préfet de la Drôme et par le maire de Valence, et qui, renvoyée à l'examen de vos Comités des arts mécaniques et d’agriculture, a été l’objet du rapport provisoire qui vous a été présenté le 28 novembre dernier, et d’après lequel, suivant vos intentions, vos Comités ont dû s’occuper de recherches et de vérifications nouvelles.
- Deux ordres de renseignemens principaux nous sont parvenus depuis cette époque; les uns ont été puisés dans un dossier volumineux, relatif à cette affaire, qui vous a été communiqué par S. Exc. le Ministre de l’intérieur, et dont nous venons de vous présenter l’analvse ; les autres proviennent de la correspondance directe que nous avons entretenue avec Madame Reync ou avec son commettant à Paris. Nous ne pouvons vous présenter ces derniers que comme de simples assertions, le mémoire principal qui en fait partie n’avant été vu que par le maire de Valence, comme certifiant que la fabrication des chapeaux envoyés avait eu lieu dans ladite ville, et vu par le préfet pour la légalisation de la signature du maire.
- Quoi qu’il en soit, il résulte de celte correspondance, 1°. que le chapeau dont vous avez distingué la confection est bien de la fabrique de Madame Reync ; 2°. que cette dame et son commettant déclarent qu’elle continue à se servir de la paille de l’espèce de blé qu’elle a rapporté d’Italie, et dont la culture réussit parfaitement bien dans les environs de Valence ; que le bénéfice des ouvrières qu’elle emploie dépend de leur habileté; que ce sont ordinairement des enfans qui tressent; que le jN°. 30, pris pour exemple, coûte 15 centimes l’aune à coudre et à tresser; qu’une tresseuse fut par jour 7 à Saunes, et une couturière en coud toujours le double. La main-d'œuvre d’un chapeau de ce numéro revient à 8 francs; savoir, 6 francs 75 centimes pour tressage et couture, 75 centimes pour la paille, et 50 cent, pour l'apprêt. Les numéros supérieurs deviennent plus chers ; savoir, te N°. 40, à 16 francs 70 centimes; le 50, à 27 francs 50 centimes; enfin le N\ 60, qui est à-peu-près pareil à celui qui est exposé sous vos yeux, revient à 5‘2 francs.
- Quant au nombre de chapeaux fabriqués annuellement, Madame Reync fut observer que cette fabrication n’a de limites qu’à raison du peu de capitaux cfu’elle peut vconsacrer : elle cite plusieurs villes du Midi, et surtout la foire de Beaucaire, comme ses principaux débouchés.
- Elle n'a pu répondre à la demande d’envoi de chapeaux de qualité supérieure à celui qu’elle avait précédemment adressé à la Société; elle a seulement envoyé quelques chapeaux d’hommes, dont la qualité est insignifiante nom
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- prouver la supériorité de sa fabrication. Elle fait remarquer que sa situation actuelle, dans une ville peu populeuse et qui fournit trop peu d’ouvrières à bas prix, n’est pas très-favorable; elle se propose de changer encore de domicile : elle voudrait qu’à défaut de la Société d’Encouragement, le Gouvernement ou des capitalistes la missent à même de donner tout iV$«indésirable à sa manufacture.
- Après vous avoir exposé l’état actuel des choses , votre commission ne doit pas vous laisser ignorer qu’elle s’est trouvée embarrassée de vous présenter des conclusions dans l'affaire de Madame licj iie. Sa fabrication est bonne et intéressante, sés produits sont très-remarquables dans les parties les plus importantes et les plus difficiles de ce genre de travail : elle ucuvera les perfectionnements à faire à sa manutention ici même, où l’on an aussi bien, et même mieux qu’en Italie, réunir les tresses bout à bout, blanchir la paille et apprêter les chapeaux; ainsi on ne fait aucun doute que Utile puisse atteindre par la suite la perfection en ce genre. ]\ous ne doutons pas non plus que des capitaux plus considérables que ceux qu’elle a pu -e procurer jusqu’à ce jour, ne soient très-nécessaires pour donner une impulsion convenable à sa fabrique ; mais vos réglemens ne vous permettent ares de consacrer des fonds à vivifier des manufactures particulières. D’une au!impart, le .Ministre de l’iiitérieur, en donnant 3,000 francs à Madame DG;..- , a sagement exprimé qu’il n’entendait pas monter sa manufacture, mais seulement lui fournir quelques encouragemens.
- Ruinée, ainsi qu elle l’expose, par différentes circonstances qui lui sont étrangères, elle ne peut attendre des moyens suffisans d’action que des capitalistes qui pourraient prendre intérêt à son travail.
- Vous ne pouvez donner à Madame Reyne que des conseils et des témoignages d’estime.
- Sous îc premier rapport, vous pouvez lui recommander de soigner particulièrement la réunion de ses tresses bout à bout, le blanchiment et l’apprèt de scs chapeaux; vous pouvez l’inviter à placer, s’il est possible, son établissement dans un hospice d’orphelins ou dans une maison de détention , dans un lieu enfin où la main-d’œuvre soit au plus lias prix possible.
- Sous le second rapport, et considérant que Madame Reyne paraît être la première qui ait introduit, en grand, la culture de la plante qui sert à fabriquer les chapeaux de paille en Italie ; considérant que ce qui manque à sc-n travail s’exécute d’ailleurs ici avec une grande perfection et peut facilement -dre introduit dans sa propre fabrique, nous avons l’honneur de vous me-
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- poser de lui décerner une médaille d’argent dans votre prochaine séance publique (1).
- Signé Silvestre, rapporteur.
- Adopté en séance, le 20 février 1822.
- OUVRAGES NOUVEAUX
- h a p po rt fait par M. Iîosc, sur un ouvrage intitulé . Calendrier du bon cultivateur ou Manuel de l’agriculteur praticien; par M. Mathieu de Douibasle.
- Un assez grand nombre d'ouvrages ont déjà paru sous le nom de calendrier ou à'almanach, pour indiquer aux cultivateurs la série des travaux qu’ils doivent exécuter pendant le cours de l’année - mais aucun n'a encore rempli complètement ce but. Celui d’entre eux qui se rappelle le plus avantageusement à ma mémoire, a été rédigé par M. Lullin, de Genève. Chaque année, il faisait suivre l’exposé ci-dessus de développemens fort étendus et fondés sur les meilleurs principes, relatifs à une des parties essentielles de l’agriculture, de manière que l’ouvrage ne doit être complet qu’au bout de douze ans : j’ignore s’il a été terminé.
- M. Mathieu de Dombasle, déjà avantageusement connu par d’excellens ouvrages, a entrepris de présenter la totalité de notre système agricole dans un seul volume, en le rattachant aux travaux de chaque mois, et en traitant séparément des instrumens aratoires perfectionnés, des irrigations, de la marne, du fumier, des prés, des assolemens, etc.
- C’est cet ouvrage, intitulé le Calendrier du bon cultivateur ou Manuel de ïagriculteur praticien, que la Société m'a chargé d’examiner.
- Comme il est aussi concis que possible, en présenter un extrait n’est pas facile; en conséquence, je me contenterai d’indiquer la manière d’exposer les faits et les raisonnemens adoptés par hauteur.
- L’époque des travaux agricoles de même nature offre, de Marseille à Lille, une latitude d’un mois, terme moyen; et, dans chaque canton, ceux des semailles, des récoltes, etc., offrent la même latitude, lorsque les circonstances atmosphériques, la nature du sol, l’exposition, etc., influent trop sur l'ordre ordinaire de la nature.
- u Celte proposition a été renvoyée à la commission des médaillés.
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- Un calendrier unique ne peut donc être exact s’il est très-précis; aussi M. Mathieu de Dombasle n’indique-t-il pas rigoureusement le commencement et la fin des travaux; au commencement de chaque mois, dit-il, il faut continuer ceux qui n’ont pu être finis dans le cours du mois précédent .
- Nulle erreur grave ne peut lui être reprochée, et on devait s’y attendre. M. Mathieu de Dombasle étant très-instruit dans les sciences qui servent de base à l’agriculture, les procédés nouveaux sont indiqués et jugés par lui avec une rare lucidité.
- Il y a d’excellentes pratiques fort peu connues, et c’est sur elles qu’il insiste le plus : tels sont le binage des céréales, le hersage des prairies naturelles et artificielles.
- Les soins à donner aux bestiaux de toute espèce, les movens d’engraisser ceux qui se mangent, sont trés-développés.
- Après avoir passé en revue les travaux de la grande agriculture pendant les douze mois, M. Mathieu de Dombasle décrit dans sa seconde partie intitulée, Pièces détachées, les instrumens perfectionnés d’agriculture.
- Il établit d’abord les avantages d’une opération faite plus rapidement et mieux, sous les rapports de la diminution de la dépense et de l’augmentation du produit, puis fait connaître ceux de l’extirpateur, autrement houe à cheval à plusieurs rangs de socs, instrument dont l’emploi peut augmenter de bien des millions les produits de nos récoltes; le rajonneur, qui n’en diffère que parce qu’il a un rang de socs seulement, lequel sert à semer en rangées; le rouleau, les semoirs, parmi lesquels je regrette qu’il n’ait pas indiqué celui de M. Hajot, à mon avis, le plus simple et le moins coûteux. 11 appelle houe à cheval ce que d’autres écrivains nomment la charrue à biner ou le cultivateur.
- La charrue dont M. Mathieu de Dombasle a si bien établi la théorie, et qu’il construit en fabrique, devait être et est en effet l’objet d’un article de quelque étendue, extrait des excellons écrits qu’il a publiés sur cet instrument si utile et cependant encore si défectueux dans beaucoup de cantons de la France.
- Cette partie de l’ouvrage est terminée par l’introduction de nouveaux instrumens d’agriculture dans une exploitation rurale, réflexions dont il est à désirer que tous les cultivateurs puissent se pénétrer.
- Les irrigations servent de texte au chapitre suivant. L’auteur ne pouvait manquer, étant également versé dans les sciences physiques et dans les sciences mathématiques, de traiter ce sujet d’une manière remarquable; aussi î’est-il.
- La marne d’abord, les fumiers ensuite, offraient matière à des dévelop-
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- peineiiS de première* importance; aussi l’auteur s'est-îl beaucoup étendu sui ce qui les concerne. Je remarque cependant qu’il n’a pas indiqué la chaux comme pouvant suppléer à la première, et qu'il ne parle pas de deux excellons moyens d’améliorer les fumiers, le premier, en les soustrayant à l’action du grand, air; le second, en les réduisant sous forme liquide (le lizé des Suisses j.
- .'lettre les prés en culture et les champs en prés , après une révolution d im certain nombre d’années, est une pratique à laquelle les cultivateurs v* livrent quelquefois, mais qui, d’après le principe des assolemens et la théorie des labours, n’est pas aussi générale qu’il serait à désirer. Je n’ai ju’; applaudir aux moyens que l’auteur a mis en avant pour y déterminer ceux qui ne sont pas encore convaincus des grands avantages de cette pra-
- Le chapitre qui suit est un petit traité des assolemens, extrêmement remarquable par sa concision et sa clarté. Les faits et les raisonnemens qu’il contient prouvent de plus en plus combien il est à désirer, pour leur avance;- rl celui de la société, que tous les cultivateurs le 'lisent avec l’attention convenable.
- Enlin 1 ouvrage est terminé par une fiction pleine d’intérêt, destinée à •donner des leçons d’agriculture aux babiîans des campagnes trop bornés pour profiter de celles contenues dans les chapitres dont je viens de parier, Celle fiction est intitulée, De la richesse du cultivateur ou les Secrets de Jean Nicolas Benoît. L’auteur en fait tirer des exemplaires à part ; je crois qu’il peut être fort utile d’en distribuer en grande quantité dans tous ies departemens de la France, en substituant les noms des mesures légales à ceux des mesures de Lorraine, qui y sont employés.
- Quelque incomplet qu’il soit, la Société peut juger, d’après cet exposé, du mérite de l’ouvrage qu’elle m’a chargé d’examiner. Comme je l’ai déjà fait observer, j’y ai trouvé des lacunes, parce que l’auteur n’a voulu offrir au public qu’un volume in-12 de 400 pages; mais il est exempt d’erreurs, de faux principes, d’exagérations, etc. En conséquence, je propose au conseil de l’annoncer dans le Bulletin de la Société par un court extrait, et de remercier l’auteur par une lettre flatteuse.
- Signé Bosc, rapporteur.
- Adopté en séance, le 23 janvier -1822.
- Paris, de l’Imprimerie de Madame KL Z ARD (née VALLAT LA CHAPELLE (. rue de PÉperon-Sainl-André-des-Arcs, n°. 7,
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- VINGT-UNIÈME ANNÉE. ( N°. CCXIII.) MARS 1822.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M. Baillet, au nom du Comité des arts mécaniques, sur les différentes fabriques de M. Pradier, rue Bourg-ï Abbé, n° 22, à Paris.
- Messieurs, les fabriques de M. Pradier vous sont connues depuis long-temps; plusieurs rapports vous ont été faits sur sa manufacture d’ouvrages divers de marqueterie, de tabletterie, etc., en nacre de perle, sur ses rasoirs en acier fondu et sur ses cuirs à rasoir et ses pâtes minérales, par nos collègues, MM. Pa~ jol Descharmes, Francœur et Bouriat (1). D’après l’avis de votre commission des médailles, vous lui avez décerné une médaille d’or dans votre séance publique du mois d’avril 1821.
- Depuis cette époque, M. Pradier, encouragé par la récompense qu’il avait obtenue, a redoublé de soins, de zèle et d’activité, pour perfectionner les produits divers de ses fabriques, les varier, les multiplier, et pour se livrer à de nouvelles fabrications. Il a désiré vous rendre confidens de ses efforts et de ses progrès, et il vous a priés d’examiner dans tous leurs détails ses ateliers et ses magasins : vous avez accueilli sa demande et vous avez chargé votre comité des arts mécaniques de faire cet examen et de vous en rendre compte.
- Nous nous sommes en conséquence transportés, vers la fin de février dernier, dans les magasins et les ateliers de M. Pradier.
- (1) Ces rapports ont été insérés dans les Bulletins A05. CXCIII, CXCI\ et CXCIX des années î 820 et 1821 .
- Fingt-unième année. Mars 1822. ï
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- Ouvrages en nacre cle perle.
- Nous y avons vu d’abord une foule d’objets divers de riche coutellerie, de tabletterie, de marqueterie, de bijouterie, etc., en nacre de perle, du travail le plus soigné, du fini le plus parfait, de la plus grande richesse : ce genre de fabrication est, à vrai dire, une fabrication de luxe ; aussi M. P radier n’a-t-il rien épargné pour donner à cette brillante coquille des mers de l’Inde les formes les plus variées et les plus élégantes, et pour l’enrichir d’or, de ciselure, de gravure, de sculpture, de pièces à musique, etc.
- Plusieurs de ces objets sont exposés aujourd’hui dans la salle de vos séances, et pour ne vous offrir qu’un exemple du haut prix que la main-d’œuvre peut ajouter à la matière, nous nous bornerons à appeler votre attention sur un petit instrument de bureau, exécuté par M. P radier lui-même avec tout le talent qui le distingue, un canif richement orné, dont la confection présentait réunies toutes les difficultés de la coutellerie ( I).
- Nous devons vous rappeler, Messieurs, que les diverses préparations que la nacre exige et tous les ouvrages les plus élégans pour lesquels on l’emploie sont exécutés en grande partie par les détenus de la maison de Poissy, à l’aide d’outils et de procédés inventés ou perfectionnés par M. P radier, et que c’est, à Paris que les pièces préparées, sculptées, gravées ou percées à jour achèvent d’être montées, et qu’elles reçoivent leurs divers ornemens et leurs différons accessoires.
- Rasoirs en acier fondu et cuirs à rasoir.
- Outre cette fabrication importante d’ouvrages de toute espèce en nacre de perle, M. P radier, qui cultive avec succès plusieurs arts, qu’il a appris dans sa jeunesse dans les ateliers de la fabrique d’armes de Versailles, a entrepris une manufacture d’un genre bien different, celle des cuirs à rasoir et des rasoirs, du prix le plus bas comme du prix le plus élevé.
- Depuis le dernier rapport qui vous a été fait, le 10 janvier 1821, la fabrication des cuirs à rasoir de M. P radier a acquis une extension remarquable; elle s’élève maintenant à quatre mille cuirs par mois ; mais celle des rasoirs s’est augmentée, depuis le rapport du 23 août i 820, dans une plus grande proportion : elle est aujourd’hui sextuplée ou de neuf mille rasoirs par mois au lieu de quinze cents. Ces rasoirs, comme vous le savez, Messieurs, sont tous de la même matière, d’acier fondu de fabrique française, de M. Jackson et compagnie, de Saint-Etienne, département de la Loire : ils sont tous de même
- (t) M. Pradier porte le prix de ce canif à 1,200 francs.
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- [or me de même dimension et de qualité semblable. Si l’on remarque parfois quelques différences, elles ne sont dues qu’à l’affilage seul, et on peut dire en général qu’ils ne se distinguent les uns des autres que par la monture et le poli, qui en changent le prix. Ils sont fabriqués sous les yeux de M. Pradier avec des outils, par des procédés et suivant une méthode qui rend cette fabrication plus simple, plus facile, plus rapide, plus uniforme et plus soignée. M. P radier semble ici s’être proposé d imiter cette division du travail, qui, dans d'autres arts et notamment dans V Art de fabriquer les aiguilles, que l’un de nous a décrit (1), produit en même temps une plus grande perfection et une moindre dépense.
- 11 a partagé les opérations différentes qu’exige la confection d’une lame de rasoir en sept sortes distinctes, qui ont pour objet : 1 °. de forger la lame ; 2°. de rajuster, c’est-à-dire de lui donner la forme rigoureuse qu’elle doit avoir; H°. de la tremper et de la recuire ; 4°. de l’émoudre; 5°. de la polir ; 6°. de la monter; 7°. de l’affiler. Ces opérations , à l’exception de celles de la troisième sorte, qu’il s’est réservées et qu i! exécute lui-même, sont confiées à autant de classes d’ouvriers différons, qui, exécutant toujours les mêmes travaux et pour ainsi dire les mêmes mouvemens, acquièrent bientôt une adresse surprenante pour les répéter continuellement de la même manière, adresse qu’on serait tenté d’appeler machinale, si, en certains momens, la main de l’ouvrier rfavait pas besoin d’être guidée par son intelligence. Nous ne pouvons nous refuser de vous citer, à cette occasion, un forgeron de NI. Pradier, qui d’abord ne pouvait forger qu’une douzaine et demie de rasoirs par jour, et qui maintenant forge, chaque jour, cinq et quelquefois sept douzaines de lames de rasoir, qui approchent tellement d’être identiques, que l’ajusteur, qui s’en empare ensuite pour les réduire aux mêmes dimensions et à la forme exacte du modèle, n’a presque plus rien à limer.
- Nous avons dit que cette fabrication de rasoirs était aujourd’hui de neuf mille par mois ; nous ajouterons qu’elle va bientôt recevoir un nouvel accroissement. al. Pradier vient, d’acheter l’ancien moulin de Chaville, et il s occupe d’y transporter sa manufacture. L’emploi des machines hydrauliques pourra lui permettre d'y multiplier ses produits et les lui faire obtenir avec plus d’économie.
- Le prix des rasoirs en acier fondu, garnis d’un manche commun, est de
- p Ou sait que chaque aiguille (même la plus petite, celle du n°. 9, dont trente-deux mille ne pèsent que 5 hectogrammes ou une livre, subit successivement plus de quatre-vingts opérations ditlë-rentes qui sont subdivisées en cinq séries principale;. (Voyez l'Art de fabriquer les aiguilles, par BoWet, Annales des Arts et Manufactures, tome IV-
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- 15 francs la douzaine, avec les remises d’usage; mais, en détail, M. P radier les vend 2 francs l’un, pour ne pas nuire aux marchands qui viennent s’approvisionner dans ses magasins.
- Le prix des cuirs à rasoir est de 1 5 francs la douzaine pour les cuirs simples, et de 30 francs pour les cuirs en forme de boîte.
- Couteaux et canifs en acier fondu,
- M. Pradier vient d’ajouter une nouvelle branche d’industrie à celles qu’il avait cultivées jusqu’ici : il fait maintenant, en fabrique, des couteaux de table et des canifs en acier fondu, qu’il offre à des prix très-modiques, eu égard à la nature et à la qualité de la matière. 11 vend 15 et 18 francs la douzaine de-couteaux de table, avec un manche de couleur noire et une garniture en argent ; il vend 5 francs la douzaine de canifs montés sur des manches noirs de forme élégante : ces prix sont ceux du commerce. 11 fait aussi des couteaux et des canifs montés avec beaucoup de recherche et de goût, et dont les prix sont élevés proportionnellement à la richesse des ornemens (1).
- 11 ne faut pas perdre de vue, Messieurs, que tous ces instrumens sont en acier fondu, et que l’acier fondu est véritablement celui qui, par son homogénéité constante et par sa grande dureté, convient le mieux pour des trancha ns fins des instrumens de coutellerie. Les expériences que nous vous ferons connaître ci-aprés pourront servir à prouver la bonne qualité des aciers qn emploie M. Pradier,
- Jusqu’ici, Messieurs, nous vous avons entretenus de grandes fabriques qui occupent de nombreux ouvriers, qui versent leurs produits dans toutes les parties de la France et les exportent aux extrémités de l’Europe et dans les deux Amériques ; il nous reste à vous parler de deux inventions nouvelles de M. Pradier et de ses essais récens sur les aciers dits damas.
- Cachet à légende et à armoiries changeantes.
- La première de ces inventions est un cachet à légende et à armoiries de rechange; il est construit de manière qu’on peut changer à volonté le chiffre, l’emblème, la date ou la devise qu’il doit servir à imprimer.
- (1) M. Pradier fabrique encore un petit nécessaire de Vécrivain, qui se met dans un émi m maroquin. Ce nécessaire, en forme de boîte, est garni d’une pierre pour aiguiser les tranchons et d’un cuir pour les entretenir dans un bon état : il est divisé en deux eompartimens, dont l’un contient un canif à manche de nacre ou d’autre matière, et deux lames de rechange, et dont l’autre renferme un grattoir. Le manche en ivoire se démonte à vis : il contient une petite bouteille de sandaraque et porte un cachet à son extrémité.
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- On connaissait déjà des cachets à légende mobile; celui de M. P radier, pour lequel il a obtenu un brevet d’invention, leur ressemble sous quelques rapports, mais il en diffère sous plusieurs autres,
- Dans ce cachet, chaque lettre est gravée sur une petite pièce de métal de forme trapézoïdale; ces pièces, convenablement choisies pour composer une légende désignée, sont d’abord disposées en cercle sur le bout du cachet, autour d’un disque central fixe et sous le rebord d’une gorge ou sertissure mobile qui règne au pourtour. On place ensuite au centre la pièce qui porte remblème ou les armoiries. Cette pièce recouvre un peu le bord intérieur de la légende, et sa tige s’engage dans un ressort à boudin destiné à la repousser lorsqu’on veut la changer. Un mouvement de torsion, qu’on donne à l’appareil, fixe solidement la pièce d’armoiries , resserre en même temps la gorge, et sert ainsi à contenir la légende en la pressant sur ses deux bords.
- Cette armure du cachet s’en détache aisément quand on le veut, et forme une pièce cylindrique en cuivre ou en argent, qui peut se placer sous une presse et constituer un timbre sec. On y remarque une cavité qui reçoit les disques à emblème ou armoiries; chacun d’eux a la forme d’un petit bouton, portant au centre du revers une sorte de queue ou de tige plate à double crochet, qui sert à l’attacher au centre du cachet, et à l’aide du mouvement de torsion dont nous avons parlé.
- Le manche de ce cachet se compose de pièces ou de rondelles disposées F une sur l’autre, et divisées en cassetins, pour recevoir les trapèzes portant les lettres. Chaque case en contient plusieurs d’une même dénomination. On place ces rondelles en vue sur une table, et on compose la légende, comme font les imprimeurs. Ces lettres se retirent de leurs cassetins à l’aide d’une aiguille, dont le bout est garni d’un peu de cire : on y colle la lettre qu’on veut retirer de sa case, en l’attaquant par le devant, et on la pose à sa place sur le bout du cachet.
- Toutes ces rondelles des cassetins sont percées au centre pour recevoir un tube de métal, qui les assemble et les fixe par deux vis entre les deux bouts du cachet. Ce tube sert à recevoir une plume métallique sans fin. L’aiguille qui sert au maniement des lettres est reçue dans un trou du manche où elle est cachée. Le même manche contient une petite boîte où on met des pains à cacheter. Enfin des chiffres et des lettres gravées sur le manche, ou plutôt sur des anneaux mobiles, permettent de former un assemblage, qui donne les différens jours du mois courant, et compose ainsi un calendrier perpétuel.
- Le cachet que nous venons de décrire réunit donc une légende et des ern-
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- blêmes ou armoiries variables, les lettres et les disques mobiles qui les composent, un timbre sec, une plume, de l’encre, des pains à cacheter et un calendrier.
- L ensemble de toutes ces pièces n’excède pas le volume d'un cachet ordinaire, et même en supprimant quelques parties, le cachet entier n a pas plus de 2 centimètres et demi de largeur et 8 et demi de hauteur.
- M. P radier exécute maintenant ces sortes de cachets en cours de fabrique, avec des inslrumens particuliers de son invention, qu’il nous a montrés, et qui servent à donner avec précision à toutes les pièces nombreuses qui les composent la forme qui leur convient.
- T! vend 10 francs le grand cachet en cuivre et en bois, et 20 fr. celui en ivoire et en argent; il vend 5 francs et 10 francs le petit cachet des dames? dont les emblèmes seuls sont variables à volonté.
- Plume métallique sans fai, a bec de plume ordinaire
- La seconde invention nouvelle de M. P radier est une piume métallique sans fin ou à réservoir d’encre; elle diffère en plusieurs points de celles d< même espèce qui ont été proposées jusqu’ici. Sa construction est simple, elle est en argent et se vend 12 francs : voici en peu de mots en quoi consiste cette plume métallique sans fin, à bec de plume ordinaire.
- L’encre est contenue dans un tube d’argent garni intérieurement, d'un tu vau de plume d’oie ou d’une composition inaltérable.
- Un bec de plume ordinaire s’adapte au bout du tube métallique au rnoven de deux brides qui le tiennent en place.
- Une tige saillante au dehors de l’autre bout du tube est maintenue dans cette position par un ressort à boudin; mais, quand on appuie avec te doigt sur cette tige, elle comprime une éponge placée au fond du tube . et force l'encre à couler en petite quantité dans le bec de la plume.
- Le bout inférieur de cette plume se ferme par un couvercle, quand on cesse de s en servir.
- Les becs de plume qu’on adapte au tube de meta! sont taillés mécaniquement. IM. Pradier a imaginé les outils nécessaires pour diviser chaque tuyau de plume en deux moitiés parfaitement égales, suivant sa longueur, pour couper ensuite chaque moitié en quatre liées, et enfin pour tailler et fendre chacun de ses becs par les deux bouts.
- U vend 1 franc 50 centimes une petite boite contenant cent becs de plume.
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- Aciers Jondus} aciers Clonet et aciers de Damas.
- ii nous reste à vous parler, Messieurs, des essais nouveaux que M. Pracher vient de faire.
- Jusqu’ici l’acier fondu a été estimé, sur-tout à cause de sa parfaite homogénéité. On pourrait penser que les aciers de l’Inde ou les aciers d'alliages divers, qui offrent des apparences très-différentes dans l’arrangement, si ce n’est dans la nature de leurs différentes molécules, ne sont pas aussi homogènes qu’on doit le désirer pour les tranchans très-fins et très déliés de certains instrumens de coutellerie; mais ce que personne ne révoquera en doute, c'est que Y acier damas, de Clouet, qui se compose, comme chacun sait, d'un mélange de divers aciers ou de fer et d’acier, est loin d’avoir cette qualité. Cet acier convient parfaitement quand on fabrique des lames qui doivent être en même temps très-élastiques et très-résistantes ; mais, si l’on veut une lame à trancher, Clouet dit positivement qu’il faut employer de l’acier fin ou de l’acier fondu pour en former le tranchant (1). M. P radier, convaincu de cette vérité, ne s’est pas occupé jusqu’à présent de fabriquer des lames damassées, suivant la méthode de Clouet; mais si les besoins du commerce, les fantaisies du luxe on les caprices de la mode le demandent, il vient de prouver, par des ‘essais dont nous allons vous rendre compte, qu’il pourra aussi se livrer avec succès à cette fabrication.
- M. P radier nous a montré des couteaux de table, des rasoirs et une blinde couteau de 36 centimètres de longueur, qu’il a fabriqués eu acier-damas de Clouet, et dont les surfaces, à l’exception des bords du tranchant, sont recouvertes de ces figures variées qu’on remarque sur les lames orientales.
- Tous ces objets sont sous vos yeux; la longue lame a été soumise par nous à des épreuves dont les résultats sont trop remarquables pour que nous ne nous empressions pas de vous les faire connaître.
- Cette lame longue et mince a un tranchant fin qui permet de 1 ’emplovn pour tailler une plume ou raser la barbe, et elle réunit plusieurs qualités qui paraissent s’exclure réciproquement, une grande ductilité, qui a permis de la réduire à une très-petite épaisseur, et l'élasticité la plus grande jointe à la plus grande dureté.
- Nous avons plié cette lame cireulairement autour d’une bouteille ordinaire, c’est-à-dire autour d’un cylindre qui n’avait qu’un décimètre environ dedia-
- i "Voyez Y Instruction sur la fabrication des lames figurées dites damas, par Clouet. tournoi des Mines, tome XV, page 421.
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- mdre, et elle a repris d’elle-même sa première forme : cette épreuve, répétée trois fois, a été faite trois fois avec le même succès.
- Nous avons ensuite coupé avec cette lame, et d’un coup de marteau, un clou de 4 millimètres de grosseur, sans que la lame se soit ébréchée le moins du monde.
- Enfin nous avons essayé avec un marteau plus lourd de couper avec cette lame un petit barreau de fer de 8 millimètres d’équarrissage, et du premier coup le barreau a été coupé à la profondeur de 5 millimètres, et la lame, malgré la finesse de son tranchant, n’a pas éprouvé la plus petite breche.
- On se rappellera que cette lame de couteau est du damas de Clouet, c’est-à-dire que son tranchant est d’acier fondu, et que ses surfaces seules soni figurées comme les lames de Syrie (1).
- Coticlusions.
- Ici, Messieurs, finit la tâche que vous nous avez imposée.
- Nous vous prions de jeter les yeux sur les difïérens ouvrages que M. Pra-dier a exposés dans la salle de vos séances ; nous espérons que vous penserez, comme les membres du comité dont j’ai l’honneur d’être aujourd’hui l’organe, que M. Pradier, par ses nouveaux efforts, par ses nouvelles fabrications, par les outils qu’il a imaginés, enfin par ses derniers essais, mériterait une médaille, si cette honorable récompense ne lui avait pas déjà été accordée l’année dernière, et qu’il est digne de nouveaux éloges.
- Nous avons en conséquence l’honneur de vous proposer de lui donner un témoignage public de votre satisfaction, en faisant une mention honorable de ses fabriques, dans votre prochaine assemblée générale, et en ordonnant l’insertion de ce rapport dans votre Bulletin.
- Signé Baillet, rapporteur.
- Adopté en séance, le 20 mars 1822.
- (ij Depuis que ce rapport est rédigé, M. Pradier a fait fabriquer des lames de couteau et uni-lame mince de 36 centimèt. de longueur en acier fondu de Jaclison, de Saint-Étienne, qu’ii nous a dit avoir travaillées et trempées d’une manière particulière, et qui, soumises aux mêmes épreuves d’élasticité et de dureté que celles d1 acier-damas de Clouet, dont nous venons de parler, nous ont donné des résultats aussi satisfaisants ; ce qui mérite d’autant plus d’être remarqué, qu’il est bien reconnu généralement que l’acier fondu, le plus dur de tous les aciers, est aussi celui qui est le moins élastique,
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- 'Rapport fait par M. Baillet, au nom du comité des arts mécaniques, sur les fontaines forées (puits artésiens) et les instruments de sondage de MM. Beurrier, sondeurs-fontai-niers a Abbeville , département de la Somme.
- L’art de rechercher les eaux souterraines à l’aide de la sonde, et de les amener auprès ou même au-dessus de la surface du sol, est connu depuis long-temps en Europe et en Amérique.
- Bélidor a décrit , il y a déjà près d’un siècle (1), le puits foré du monastère de Saint-André, à une lieue et demie d’Aire, dont l’eau s’élevait à 4 mètres au-dessus du rez-de-chaussée, et qui fournissait par heure plus de cent tonnes d’eau.
- Cinquante ans auparavant, Cassini avait fait connaître (2) les eaux jaillissantes de la basse Autriche, les puits des environs de Modène et de Bologne, qui versent l’eau à gueule-bée, et la fontaine forée qu’il avait fait percer dans le fort Urbain , et dont l’eau montait au-dessus du sol, à une hauteur de 5 mètres, d’où elle retombait dans un bassin de marbre pour le service du public.
- L’Angleterre a aussi depuis long-temps, dans plusieurs comtés (3), des fontaines et des eaux courantes, qui n’existeraient pas si la sonde ne leur avait ouvert une issue au fond de puits plus ou moins profonds (4).
- L’Amérique elle-même possède des puits forés, comme le rapporte Darwin (5^ on voit à Hartfort, dans le Connecticut, un ruisseau créé par l’art et dont les eaux, qui n’ont point cessé de couler depuis plus de cent ans , proviennent d’un trou de sonde qu’on a percé dans un puits de 20 mètres de profondeur et dont on a agrandi l’ouverture par un coup de mine (6).
- (i) Science des Ingénieurs, liv. IV, chap. 12.
- (2} Voyez tes Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Paris, année 1GG6, et le Traité publié en latin, en 1G91, par Bernardin Rarnazzini : De fonlium mutinensium admirandâ sca-turigine.
- ^ Le Lancashire, le Dorsetshire, l’Yorckshire, le Derbyshire, etc.
- (4) Voyez les Transactions de physique de la Société royale de Londres, les Essais sur l’agriculture d’Anderson, le Magasin de Tilloch, etc.
- (5) Voyez Philologia or the -philosophy of agriculture and gcirdening. London, 1800. Voyez aussi Travcls trough America. London, 1789.
- (G) L’Afrique peut aussi fournir des exemples de faits analogues. Voyez dans le Voyage en Barbarie. par Shaw, tome Ier., page 1G9, la description des puits qu’on perce au milieu des plaines immenses du royaume d’Alger, et du fond desquels l’eau sort avec impétuosité quand on a percé le liane de pierre semblable à de l’ardoise, qui recouvre ce qu’on appelle dans le pays bahar-taht-el-reel. nu la mer au-dessous de la terre.
- Vingt-u7iic:?ie année. Mars 1822.
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- Quelque publicité qu’aient eue les faits que nous venons de rappeler, quelque grands que soient les avantages que promet l’emploi de la sonde pour la recherche des eaux souterraines, la méthode des fontaines et des puits forés est restée propre à certains pays et ne s’est point propagée. En France, elle n’est encore bien connue que dans les deux départemens du Pas-de-Calais et du Nord, et ce n’est que depuis très-peu d’années qu’elle a été essayée avec un plein succès dans le département de la Somme (1).
- Persuadés, comme vous l’étiez, Messieurs, de toute l’importance et de toute Futilité de cette méthode pour découvrir, soit des eaux salubres qui pussent convenir à la boisson des hommes et des bestiaux, soit des eaux abondantes qui pussent servir à arroser les campagnes, et quelquefois à faire mouvoir des machines hydrauliques (2), vous avez voulu répandre l’usage des fontaines et des puits forés partout où il serait possible d’en établir, et c’est pour atteindre ce but qu’après avoir couronné l’auteur de la meilleure Instruction sur l’art de percer les puits forés ou artésiens, vous avez offert des médailles d’or aux agriculteurs, qui, dans un pays où ces sortes de puits n’existent pas encore, les auront fait servir à l’irrigation de leurs terres.
- Mais lorsque, pour rendre usuel un art aussi utile, vous offrez des palmes aux propriétaires qui voudront essayer de le mettre en pratique, vous ne devez pas oublier ceux qui l’exercent habituellement, et vous leur donnerez aussi des récompenses honorables s’ils se distinguent par leur zèle, leur habileté, leur expérience et leurs succès ; s’ils améliorent les procédés qu’ils suivent, s’ils inventent ou perfectionnent les outils et les instrumens dont ils se servent.
- C’est sous ces dififérens points de vue, Messieurs, que MM. Beurrier père et fils, sondeurs-fontainiers, ont paru mériter votre bienveillance.
- [ï] En is!G, AI. Traulié, procureur du Roi à Abbeville et correspondant de l’Institut, me fit l’honneur de me consulter et me demanda si je pensais qu’on pût obtenir à Abbeville, avec la sonde, des fontaines jaillissantes comme à Aire et à Saint-Omer. Je m’empressai de lui répondre qu’il m’était impossible de rien affirmer à ce sujet ; mais que la position d’Abbeville, que dominent au nord et au sud des collines crayeuses et des plaines élevées et très-étendues, me paraissait très-favorable pour ve genre de recherches , et que je contribuerais volontiers avec lui aux frais d’un premier sondage. AI. Traulié, qui réunit à des connaissances très-variées un grand amour du bien public, se décida à courir seul les risques de cette entreprise. Il fit venir plusieurs sondeurs de Saint-Omer, qui percèrent un trou de sonde au milieu de son jardin : le succès répondit à ses espérances. Le banc aquifère 'la craie) fut atteint à 12 mètres de profondeur, et l’eau qui en sort continuellement s’élève en jet à 7 ou 8 décimètres au-dessus des eaux de la rivière voisine : c’est de cette époque que date l’introduction de la méthode des fontaines forées dans le département de la Somme. Xote du Rapporteur.)
- fl) Le département du Pas-de-Calais offre plus d’un exemple de roues de moulin? qui sont mue? par les eaux réunies de deux ou trois fontaines forées.
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- Depuis cinq ans, iis ont percé avec beaucoup de succès un grand nombre de fontaines forées dans différens quartiers d’Abbeville; ils en ont fait plusieurs dans la vallée de l’Authie, à Doullens, et à Rouval près de Doul-lens : ils en ont percé d’autres dans la petite vallée de la Maie, à Crécj, à Rue, à Noyellc-sur-Mer. Ils en ont fait une aussi aux Andelys, département de l’Eure; mais les eaux de cette dernière fontaine ne se sont élevées qu’au niveau de la Seine.
- Nous n’entrerons ici dans aucun détail sur les différens terrains qui ont été traversés par les nombreux trous de sonde que MM. Beurrier ont percés pour la recherche des eaux, ni sur les difficultés qu’ils ont quelquefois rencontrées et qu’ils ont surmontées avec beaucoup d’habileté; mais nous croyons devoir vous rapporter le fait suivant, parce qu’il prouve en même temps l’utilité et les ressources de l’art du fontainier-sondeur.
- La fontaine forée de No y elle-sur-Mer, que nous venons de citer, a été percée dans un champ qui sert de pâturage et où l’on manquait d’eau. La sonde y a atteint le terrain aquifère (la craie) à 17 mètres environ de profondeur, et a ouvert une source abondante de bonne eau , qui s’est aussitôt élevée dans les buses. Cette eau est reçue dans un bassin creusé exprès et disposé pour servir d’abreuvoir aux bestiaux : elle se tient ordinairement, «à marée basse, à la hauteur de 2 mètres au-dessous de la surface du sol; mais à marée haute, elle s’élève presque jusqu’aux bords du terrain, et un clapet, convenablement placé sur l’orifice des buses , empêche l’eau de retourner vers sa source, et la conserve dans le bassin, quand la mer vient à baisser dans la baie de la Somme (1).
- MM. J)ciir rier se recommandent encore a votre attention par quelques perfectionnemens qu’ils ont apportés aux instrumens de sondage et notamment à ceux qu’on nomme tarauds, et qui servent à donner aux bouts des tuyaux ou buses la forme qui leur est nécessaire pour s’emboîter exactement les uns dans les autres.
- L’un de ces instrumens est destiné à former, à l’une des extrémités du tu vau, une gorge cylindrique creuse : il était employé depuis long-temps par les sondeurs-fontainiers ; mais MM. Beurrier y ont ajouté une vis de rappel et un double écrou, ce qui permet de faire varier la position du fer de
- (Ç Les différentes fontaines forées d’Abbeville sont aussi soumises à l'influence des marées et elles ont un flux et un reflux aux e'poques où la mer monte et baisse dans la rivière de Somme. La source d’eau douce du port de Bidlington, dans l’Yorckshire, qui a été ouverte par un trou de sonde, en i8i î, présente le même phénomène.
- K 2
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- l’outil à volonté, et de lui donner, selon l’expression technique, plus ou moins de mordant.
- Le deuxième instrument a été imaginé pour former, à l’autre extrémité des tuyaux, une sorte de collet cylindrique, destiné à entrer dans la gorge creusée par le premier taraud j on y remarque deux vis de rappel placées perpendiculairement l’une à l’autre. Une de ces vis sert à faire avancer le fer de l’outil parallèlement à sa longueur; l’autre le rapproche ou l’éloigne de l'axe du tuyau, pour donner à la surface cylindrique extérieure du collet un diamètre rigoureusement égal à celui de la gorge creuse qu’il doit remplir.
- Ces deux instrumens, dont nous avons fait faire les modèles pour la collection des machines de l’École royale des mines, sont employés depuis plusieurs années, avec beaucoup de succès, par MM. Beurrier; ils servent non seulement à faire, avec toute la précision désirable, les assemblages des tuyaux entre eux, mais encore, lorsque ces tuyaux ont été introduits dans le trou de sonde et enfoncés au mouton dans le banc aquifère, à tailler sur place l’extrémité supérieure des tuyaux, et à la joindre hermétiquement avec le fond de la cuve ou du réservoir en bois qu’on a coutume d’y adapter.
- Les emboîtages faits suivant cette méthode sont fermes, solides, invariables et complètement imperméables ; ils n’ont besoin d’aucune garniture ni d’aucun calfatage , comme cela était nécessaire quand on n’employait que le premier taraud pour creuser la gorge, et qu’on se servait du ciseau et de la plane ou d’autres outils analogues pour tailler le collet (1).
- Tels sont, Messieurs, les différens titres auxquels MM. Beurrier vous paraîtront sans doute mériter quelque témoignage honorable. Nous avons l’honneur de vous demander de renvoyer à l’examen de votre Commission des médailles la proposition de leur accorder une médaille d’encouragement pour les outils qu’ils ont perfectionnés et pour les nombreuses fontaines forées qu’ils ont faites depuis peu d’années dans les vallées de la Somme, de LAuthie et de la Maie.
- Signé Baillet, rapporteur -
- Adopté en séance, le § février 1822.
- [i ) Voyez ci-après la description de ces deux instruments.
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- Description de deux instrumens appelés tarauds ou tarières
- d’embase, et qui servent a faire les emboîtages des tuyaux
- des fontaines forées.
- Explication des fig. de la Pl. 219.
- Eig. 1. Coupe sur la longueur ou par l’axe de deux tuyaux réunis par un emboîtage cylindrique à mi-bois.
- a b, Gorge cylindrique creuse, dans laquelle s’adapte avec précision le collet ccl, qui a le même diamètre.
- Fig. 2. Coupe sur la longueur d’un tuyau dont la gorge ou embouchure cylindrique est presque entièrement creusée, et dans lequel on voit en élévation l’instrument ou taraud mâle qui a servi à creuser cette gorge.
- Fig. 3. Élévation du même instrument, perpendiculaire à celle de la
- fg- 2-
- Fig. 4. Plan de cet instrument vu en dessous.
- Fig. 5. Coupe prise au-delà de la vis de rappel.
- Fig. 6. Fer de cet instrument, en plan et en élévation ; le tranchant est en forme d’équerre pour couper en avant et latéralement.
- Fig. 7. Coupe sur la longueur d’un tuyau dont le collet cylindrique est presque achevé, et dans lequel on voit en élévation le second instrument ou taraud femelle qui a servi à faire le collet.
- Fig. 8. Élévation de cet instrument, perpendiculaire à celle de la ligure précédente.
- Fig. 9. Plan du même instrument vu en dessous.
- Fig. 10. Coupe prise au-delà de l’étrier.
- Fig. il. Fer du même instrument en plan et en élévation ; il a, comme celui de la fig. 6, deux tranchans en équerre pour couper le bois en avant et latéralement.
- Fig. 12. Manche des deux instrumens; il s’adapte au tenon k des fig. 2, 3, 7 et 8, et y est fixé par une cheville.
- Fig. 13. Plan du manche vu par l’un de ses bouts.
- Détails des fig. 2, 3, 4, 5 et 6.
- A B CD, Tuyau ou buse dont l'embouchure ou gorge cylindrique a b est presque entièrement creusée.
- ek, In strument ou taraud mâle servant à creuser la gorge cylindrique abx
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- il est formé d’une seule pièce de bois qui offre quatre parties différentes, savoir : le tourillon e, les deux embases^et g, et la tête hk.
- Le tourillon e a le même diamètre que le canal cylindrique du tuyau dans lequel on l’introduit; il sert de guide et d’appui à la lame tranchante de l’outil, quand on le fait tourner à l’aide du manche }Jig. 12.
- L’embase cylindrique/a un diamètre plus petit de quelques millimètres que celui de la gorge a b, qu’il s’agit de creuser ; elle est entaillée ou éehan-erëe latéralement en n pour loger le fer ou la lame / m, et recevoir les copeaux : la hauteur de cette embase est plus courte de plusieurs millimètres que la profondeur que doit avoir la gorge a b.
- La deuxième embase cylindrique g sert à déterminer la profondeur de la gorge, car l’outil cesse de mordre quand cette embase vient à toucher le bout CD du tuyau; elle a une rainure latérale o dans le prolongement de rentable n pour le passage de la lame, et une grande entaillep sur sa base.
- Un support q, en forme de fer à cheval, est fixé par quatre vis sur l’extrémité de l’embase g au-dessus de l’entaille p. La vis r de la lame l ni traverse ce support, et les deux écrous st servent à faire mouvoir cette lame suivant sa longueur, et à lui donner ainsi plus ou moins de mordant.
- La lame Im a deux tranchans en équerre , dont l’un coupe le bois du fond de la p-orçe, et dont l’autre éqalise la surface cylindriaue de cette qoree : ces deux tranchans doivent toujours dépasser de plusieurs millimètres le bout et le côté de l’embase.
- La lame Im est maintenue dans une position fixe par la pression de deux vis u u; les trous à travers lesquels passent ces vis sont oblongs, afin que la lame puisse être mue à l’aide des deux écrous st quand les vis un sont desserrées.
- Détails des fig. 7, 8, 9, 10 et 1 I.
- E F GI1, T uyau dont le collet cylindrique cd, jig. 1, est presque achevé.
- e k, Taraudfemelle servant à faire le collet cylindrique cd.
- e, Tourillon qui, comme dans le premier instrument, sert de guide et d’appui à l’outil quand on le fait tourner.
- j\ Première embase sur laquelle on fixe par des vis xx une grande virole cvlindrique en tôle yy} dont le diamètre intérieur est plus grand de quelques millimètres que celui du collet qu’il s’agit de faire : cette virole est formée d’une feuille de tôle épaisse de 3 millimètres, dont les deux bords longitudinaux z " sont repliés en dehors parallèlement l’un à l’autre, et contiennent la lame l m serrée par les vis u u.
- La longueur comprise entre l’extrémité de la virole et l’embase /est égale
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- à la hauteur cîc l’embase/des Jig. 2 et 3, ce qui détermine la hauteur juste que le collet doit avoir.
- Deuxième embase semblable à celle des Jig. 2 et 3 ; elle a 1°. une rainure latérale o dans le prolongement des bords zz de la virole , pour laisser passer la tige de la lame, et 2°. une entaille p sur sa base.
- La vis r de la lame / m traverse un support q, et les deux écrous s1 servent aussi à faire avancer ou reculer la lame parallèlement à sa longueur, de manière que le tranchant du bout de cette lame dépasse plus ou moins l’extrémité de la virole.
- b' c', Etrier fixé par les vis a'cl' en dehors de la virole et en travers d e la lame.
- Une vis, e , dont le bout /' tient à charnière ou par une goupille à ia lame Im, traverse l’étrier, et ses deux écrous g lr servent à faire avancer plus ou moins en dedans de la virole le tranchant longitudinal de la lame; c’est par ce moyen qu’on parvient facilement à donner au collet cylindrique un diamètre exactement égal à celui de ia gorge cylindrique creusée avec le premier instrument.
- Lorsque la lame im a été placée dans la position convenable, à l’aide des deux vis /’ et e, on la fixe invariablement dans cette position par les deux vis u u. Les trous dans lesquels passent ces vis sont circulaires et assez grands pour que les tiges de ces vis n’empèehent pas les deux rnouvemens de ia lame parallèlement et perpendiculairement à sa longueur.
- La virole y y doit être échancrée en n en forme de quart de cercle , en avant et près de l’angle des deux tranchans delà lame lin, pour la sortir des copeaux.
- Détails des Jig. 12 et 13.
- La tète k des deux instrumens qu’on vient de décrire doit s’assembler à tenon et mortaise, et a l’aide d’une cheville, avec le manche Jig. 12. Lorsque ce manche est arrondi dans toute sa longueur et que toutes ses sections sont circulaires comme dans la Jig. 13, cet assemblage demande en outre deux onglets i i.
- Manière d'employer les tarauds ou tarières d’embase-
- Ces deux instrumens s’emploient de la même manière que les tarières qui servent à percer les tuyaux.
- Lorsqu’un tuyau est percé et qu’il s’agit de pratiquer à l’un de ses bouts soit une gorge, soit un collet cylindrique pour l’emboiler dans un autre tuyau . on ajuste et on fixe le tuvau horizontalement sur le banc de forerie ;
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- 011 y introduit le tourillon e du taraud mâle ou femelle, et à l’aide au manche, fi 12, on le fait tourner comme une tarière ordinaire : le tranchant du bout de la lame coupe les fibres du bois en travers, et le tranchant longitudinal coupe le bois latéralement, égalise la surface cylindrique concave ou convexe de la gorge ou du collet, et rejette les copeaux roulés dans l’échancrure; l’opération est terminée quand l’embase vient toucher le bout du tuyau.
- Extrait dune note de M. de Prony, sur un moyen de mesurei
- lejfet dynamique des machines de rotation, publiée en 1821 ;
- par M. Hachette.
- AL de Prony a exposé dans cette note le moyen qu’il a employé pour mesurer un effet dynamique partiel de l’arbre tournant d’une machine à vapeur, établie, à Paris, dans le bâtiment des eaux du Gros-Caillou. Le ba lancier de cette machine communique le mouvemement à un arbre horizontal, lequel le transmet à des pompes qui élèvent l’eau au sommet d’une tour: à 3G mètres au dessus de son niveau. Des expériences faites en janvier 1819, sous la direction de AI. Girard, de l’Académie royale des Sciences, avaient constaté qu’en une demi-heure , ees pompes élevaient 50 mètres cubes d’eau, et que l’arbre qui les mettait en mouvement faisait seize à dix-sept révolutions par minute. L’effet dynamique utile qu’on obtient dans ce cas de la machine à vapeur est, par heure, de 100 mètres cubes d’eau élevés à 3G mètres, ou de 3600 unités dynamiques (chacune de 1000 kilogrammes élevés à 1 mètre). On brûlait par heure 38 kilogrammes de charbon d< terre , et, par conséquent, 2,G kilogrammes par force de cheval vapeur de 250 unités dynamiques. Al. de Prony a eu l’intention de reconnaître si la machine à vapeur était capable d’un plus grand effet dynamique, et pour résoudre cette question, il a fait usage d’un frein (fig. 14, PL 219), semblable à celui que j’ai décrit dans mon Traité des machines, édition de 1819 , page 33, et qui est représenté,^. 8, Pl. 2 de ce Traité. Il a appliqué ce frein sur l'arbre tournant de la machine à vapeur, et a maintenu la branche L K fig. 14 ) chargée d’un poids donné dans une position horizontale. On satisfait à cette condition, en rapprochant plus ou moins les mâchoires KL, AIN, au moyen de deux vis qui les traversent.
- Dans cette expérience, la résistance factice du frein s ajoute a la résistance du jeu des pompes, et pour la calculer, il suffit de connaître, 1°. le poids suspendu à la branche horizontale du frein ; 2\ la distance de l'axe
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- de rotation de l’arbre à la verticale passant par le point de suspension du poids. M. de Prony nous apprend que le poids était de 70 kilogrammes ; que la verticale du centre de gravité de ce poids passait à 2m,214 de l’horizontale qui sert d’axe de rotation; enfin que l’arbre tournant faisait dix-huit révolutions par minute. La circonférence sur laquelle est situé le point de suspension du poids étant de 4m,4 de diamètre, de 14 mètres en développement, le point d’application de la force, qui agit tangentiellement à la même circonférence pour faire équilibre au poids, décrit par minute dix-liuit fois 1 4 mètres, et par heure 3 5120 mètres. Multipliant cette longueur par 70 kilogrammes , et divisant par mille pour avoir des unités dynamiques, chacune de 1000 kilogrammes, élevés à un mètre, on a 1058 pour le nombre de ces unités. Cet effet partiel est équivalent à celui de quatre chevaux vapeur, chacun de 250 imités par heure, ou de 3 f chevaux, chacun de 288 unités dans le même temps (1). il s’ajoute à l’effet utile qui correspond à la vitesse de rotation de l’arbre faisant 18 tours par minute, et M. Girard ayant observé que pour la vitesse moyenne de 1 6 tours par minute, cet effet était, par heure, de 14-^- chevaux vapeur, sa valeur correspondante à la vitesse de 18 tours par minute, est à très-peu près 1 5 f chevaux vapeur.
- Ayant augmenté la résistance utile provenant du jeu des pompes, de la résistance factice du frein, il est entendu que, dans l’expérience de M. de Prony, on a aussi augmenté la puissance de la machine par l’élévation de la température de l’eau de la chaudière, et qu’on a réglé approximativement le poids et le levier du frein, d’après la force élastique de la vapeur, en ayant soin de ne pas dépasser les limites au-delà desquelles on pourrait occasionner la rupture des parois de la chaudière.
- Observations sur ïapplication du jrein à la mesure des effets dynamiques
- des arbres tournans.
- I.
- On voit par l’extrait précédent que dans l’expérience de M. de Prony le frein embrasse l’arbre, et tournerait avec lui, si le poids suspendu à sa branche horizontale ne le maintenait en équilibre. Cet appareil ne serait-il
- (i) Il est assez indifférent qu’on prenne pour la force du cheval vapeur 250 ou 300 unités dynamiques; mais ce qui est important pour l’estimation d’une machine à vapeur, c’est de connaître le temps nécessaire pour !a production de celte force, et le rapport du nombre d’unités dynamiques qui exprime sa valeur, a la quantité de charbon employée pour l’obtenir.
- Pingt-imième année. Mars 1822.
- L
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- pas d’un usage plus commode, si Ton substituait au poids la tension du ressort d’un dynamomètre, qu’on attacherait d’un.bout à la branche du frein et de l’autre à un point fixe hors de l’arbre tournant? On éviterait, par cette substitution, les tâtonnemens qu’il faut faire sur la position primitive du frein, pour que, dans l’état d’équilibre de ce frein, la branche qui porte le poids soit horizontale; quelle que fut cette position primitive, la tension du ressort mesurerait le poids qui fait équilibre au frottement. Dans la machine dynamométrique que j’ai décrite dans mon Traité des machines, le support du frein qui embrasse l’arbre est fixe; le dynamomètre qui mesure le frottement est attaché d’un bout à la puissance qui fait tourner l’arbre, et de l’autre bout au rayon de l’abre auquel cette puissance est appliquée. Les avantages qui résultent de cette dernière disposition sont, 1°. que le frein sert de collet à l’arbre tournant et donne de la stabilité à son axe de rotation ; 2°. qu’on peut multiplier les freins sur la longueur de l’arbre, et mesurer, par un seul système de ressorts, la tension qui correspond au frottement de plusieurs freins agissant simultanément; 3°. qu’on peut, par la multiplication des freins, mesurer la puissance des plus fortes machines à arbres tournans.
- IL
- Quel que soit le mode d’application du frein à la mesure d’un effet dynamique de rotation, on aura la mesure de cet effet dans un temps donné, en multipliant (a résistance qui est appliquée tangentiellement au cercle que décrit un point donné autour d’un axe de rotation, par l’espace que parcourt ce point dans le môme temps : d’où, il suit que la puissance qui fait tourner un arbre étant constante, il y a une résistance pour laquelle l’effet dynamique de la puissance devient un maximum, et qu’on pourra toujours déterminer cet effet maximum par l’application du frein à l’arbre tournant.
- III.
- Dans l’expérience de M. de Pronj, la puissance de la machine à vapeur a été augmentée par l’élévation de la température de l’eau dans la chaudière, et Fefiet dynamique total observé se composait, 1°. de l’ascension de l’eau au sommet de la tour du batiment du Gros-Caillou; 2°. du frottement du frein sur l’arbre tournant. Pour connaître le maximum d’effet total, il faudrait faire varier le frottement, en serrant plus ou moins les mâchoires du frein, et observer les changemens dans les quantités d’eau élevées; on déterminerait, par une suite d’observations, la vitesse de rotation de l’arbre pour laquelle la somme des deux effets partiels serait la plus grande.
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- IV.
- Lorsque la puissance est appliquée à un arbre tournant qui transmet son action à des pompes ou à toute autre espèce de machines, l’effet total de cette puissance, supposée constante, peut aussi se mesurer au moyen du frein, en substituant à toute la résistance utile, la résistance factice du frottement. Cette dernière résistance est déterminée par la condition que le nombre de révolutions de l’arbre tournant, dans un temps donné, soit le même pour l’une et l’autre résistance, agissant séparément. (Voyez mon Traité des machines, page 35, et les notes insérées dans les Bulletins des Sociétés d’encouragement et philomathique, cahiers de décembre 1811 et janvier 1812.)
- V.
- Plusieurs physiciens ont fait des expériences pour déterminer le rapport des poids qui mesurent le frottement et la pression correspondante; le frein à support fixe, que j’ai proposé, pourrait, par une modification facile à concevoir, indiquer la pression perpendiculaire à la surface de l’arbre tournant qui produit le frottement, et comme il donne la mesure de la force tangentielle capable de vaincre ce frottement, on aurait le rapport de la pression au frottement correspondant, pour les diverses valeurs de la vitesse de rotation de l'arbre tournant.
- Explication de la fig. 14, PL 219.
- A CB, Section transversale de l’arbre tournant.
- MN, Mâchoire du frein.
- L K, Autre mâchoire prolongée et portant â son extrémité un poids P.
- EL, DK, Tiges en fer taraudées, portant ies écrous D et E.
- p, q, r, s, Tasseaux de rechange qui frottent sur l’arbre tournant, et qu’on fixe sur les mâchoires MN, KL.
- Les diverses parties en fer ou en bois, qui composent le frein de M, de Prony, sont équilibrées de manière que le centre de gravité du système se trouve sur l’axe de l’arbre tournant, dont la section transversale est A C B. Le poids P, qui fait équilibre au frottement, s’ajoute à la masse du frein.
- On trouve dans le cahier des Annales de Chimie et de Physique, février 1822, pages 165-173 du tome XIN, la note de M. de Prony et la figure du frein qui s’y rapporte.
- L 2
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- ARTS CHIMIQUES.
- Recherches sur le dessin ou le moiré des aciers damassés y par
- M. Héricart cle Thury.
- M. le professeur Hachette publia en 1804, dans le Journal des Mines (1) et dans les Annales des arts et manufactures (2), une instruction sur la fabrication des lames figurées ou damassées, œuvre posthume de Clouet. Ce célèbre métallurgiste indiquait, dans cette instruction, trois méthodes pour faire toute espèce de lames figurées en étoffes d’acier, et au moyen de ces trois méthodes, il ne voyait, disait-il, aucune sorte de dessin quon ne pût exécuter. Ces méthodes , qu’il nous semble convenable de rappeler, sont, 1°. celle des lames parallèles y 2°. celle de torsiony et 3°. celle des mosaïques.
- La méthode des lames parallèles, encore suivie avec succès par plusieurs fabricans, consiste à creuser avec le burin une étoffe composée de lames parallèles. Ces creux et ces entailles, faits avec le burin, se remplissent et se remettent de niveau avec le reste de la lame dans le travail, et forment ensuite des figures composées de lignes à-peu-près parallèles, enfoncées les unes dans les autres.
- La méthode de torsion, la plus généralement employée pour la fabrication de nos beaux damas d’étoffe, consiste à faire un faisceau de différentes baguettes ou lames réunies soudées et corroyées ensemble, offrant un dessin qui ne s’aperçoit qu’au bout de la barre, qu’on tord à plusieurs fois sur elle-même et qu’on reforge pour la tordre de nouveau à plusieurs reprises, en la reforgeant et la corroyant chaque fois avec le plus grand soin, enfin qu’on refend, suivant son axe de torsion, pour développer les figures qu’on veut faire paivùtre.
- La méthode des mosaïques, qui est employée dans celle de torsion pour la composition des barreaux ou cylindres qu’on veut tordre, consiste à disposer et à ajuster à côté les unes des autres les différentes pièces dont on se propose de former un dessin; ces pièces doivent être longues, afin d’en former un faisceau qu’on puisse souder plus facilement. Lorsqu’il a été bien étiré
- Cl) Journal des Mines, tome XY, n°. 90. page 421; Instruction sur la fabrication des lames figurées, ou lames dites de Damas.
- (2) Annales des arts et manufactures d’Oreilly. tome XVII; sur l'art de fabriquer des lame? figurées, dites lames de Damas
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- et parfaitement ajusté, on en prend un bout qu’on incruste dans l’étoffe de la lame, et on forge le tout ensemble.
- Tel était naguère l’état de nos connaissances sur l’art de fabriquer les lames figurées, art entièrement français, dû au célèbre Clouet, puisque, le premier, il en a établi la théorie d’après des considérations géométriques à trois dimensions, dit notre collègue Hachette. Par l’application de ces principes dans la pratique, Clouet a en effet prouvé que, sans connaître les procédés des Orientaux, il pouvait fabriquer, avec des aciers naturels, et mieux encore avec des étoffes d’acier et de fer, des lames d’excellente qualité, parfaitement nuancées, et présentant, à sa volonté, tel ou tel genre de dessin ou de damassé. On conçoit comment il est possible de parvenir à un semblable résultat, puisque, suivant les dessins ou les figures qu’on veut obtenir, il suffit d’introduire, avec les divers aciers qui entrent dans la composition de l’étoffe, des lames ou des barres de fer doux, nerveux, lin, serré, bien corroyé et préparé, la réunion de différentes qualités de fer et d’acier donnant les dessins les mieux prononcés ou les figures les plus apparentes.
- Indépendamment de leur excellente qualité, de leur souplesse et de leur extrême élasticité, les lames à la Clouet (nous aimons à croire qu’on ne nous désapprouvera pas de les désigner du nom de l’homme de génie auquel nous devons l’art de les fabriquer) ont encore sur celles de l’Orient le précieux avantage de présenter, dans le corps même de l’étoffe, des dessins, des lettres, des inscriptions, et généralement toute espèce de figures régulières; tandis que celles de l'Orient, les plus estimées, n’offrent généralement que des dessins moirés, jaspés, fibreux, tourbillonnés ou cristallins, qui, quelque fins, quelque précieux qu’ils soient, ne sont jamais que l’effet mécanique d’une main habile qui a su plus ou moins ménager ou plus ou moins développer la contexture lamellaire ou cristalline de l’acier fondu, dont sont faites ces lames; et telle est la différence caractéristique des belles lames fabriquées suivant le procédé de Clouet et de celles de l’Orient tant recherchées.
- Aujourd’hui que nous sommes éclairés par la belle découverte de notre collègue Bréant, nous ne pouvons plus concevoir la valeur fantastique et vraiment imaginaire cpie les Orientaux peuvent attacher à ces mêmes lames.
- Les travaux auxquels nous avons été obligés de nous livrer pour déterminer et constater la nature et la qualité des aciers des lames damassées présentées à la Société d’encouragement, nous ont entraînés dans des recherches sur les différens genres de dessins ou moirés des lames figurées, soit qu elles fussent d’étoffe damassée, suivant les procédés de Clouet, soit qu’elles
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- aient été obtenues directement du travail de l’acier fondu, comme les lames orientales.
- Quelque incomplet que soit encore notre travail, nous croyons cependant devoir le faire connaître pour faciliter l’intelligence des descriptions ou des expressions employées dans nos précédens rapports.
- Nous sommes persuadés que d’après l’importante découverte de M. Bréant, les beaux résultats qu’il en a obtenus et les travaux auxquels se livrent en ce moment nos aciéristes, le sujet dont il s’agit sera bientôt approfondi, et que la question qui s’y rapporte, mieux étudiée, ne laissera plus rien à désirer.
- Pour parvenir à déterminer les différens genres de dessins des lames damassées, nous nous sommes d’abord attachés à bien caractériser les diverses contextures des fontes, des aciers et de nos variétés de fer, convaincus qu’elles doivent avoir une certaine influence sur celle des lames damassées
- Nous n’entrerons point ici dans le détail de tous nos essais et de toutes nos recherches ; nous nous bornerons à l’exposé de quelques-unes de nos observations, laissant à ceux qui voudront approfondir cette question le soin de faire eux - mêmes les rapprochemens et d’en comparer les résultats.
- Les fontes de fer présentent trois espèces distinctes : 1°. les fontes blanches, qui ont souvent l’apparence d’une cristallisation régulière, mais dont le plus souvent la cassure est lamelleuse, striée, parfois rayonnante et quelquefois ramifiée, ou imitant les feuilles de fougère; 2°. les fontes grise et noire. dont le grain varie pour la grosseur, la compacité, et la structure quelquefois un peu lamelleuse, sans être cependant cristalline, comme dans la précédente; et 3°. la f onte truitée, qui tantôt sur un fond gris présente des roses ou taches blanches, et tantôt au contraire, sur un fond blanc, présente des roses ou des taches grises (i).
- Les fers forgés ont été divisés d’après leur cassure, par Réaumur (2), en sept espèces, savoir : 1°. les fers à grandes lames plates; 2°. à lames moyennes; 3°. à petites lames; 4°. à lames et grains mélangés; 5°. à grains moyens ; 6°. à lames convexes; et?0, à cassure fibreuse.
- Mais d’après leur qualité et leurs propriétés, ces fers peuvent être réduits à cinq espèces (3), savoir : 1°. doux et mou; 2°. doux et dur; 3°. cassant
- (1) Rinman, Histoire de l’art du fer ; Bergman , Analyse du fer ; Tieman, Traité des forges.
- (2) Réaumur, Art de convertir le fer forgé en acier.
- (3) Hassenfratz, Sidéroteehnie , ou Art de traiter les minerais de fer pour en obtenir de la fonte, du fer ou de l’acier. Paris, 1812.
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- à froid; 4°. brisant à chaud, et 5°. aigre, c’est-à-dire cassant à froid et brisant à chaud. Les deux premières espèces seulement peuvent être converties en acier.
- Quant à la contexture ou à la cassure des aciers et à leurs diverses espèces, nous croyons les avoir suffisamment fait connaître dans les considérations générales qui précèdent notre rapport sur les aciers de M. Sir-Henry. Ainsi nous nous bornerons à rappeler que, quelle que soit la nature de l’acier, soit de fusion, de forge, soudable, brut ou naturel, soit de cémentation, soit enfin d’acier fondu, sa cassure est toujours grenue, plus ou moins fine, quelquefois fibreuse ou nerveuse, et quelquefois aussi cristallisée confusément comme dans le woolz des Indiens, et les aciers fondus de M. Bréant, ou ceux que nous a présentés M. Sir-Henry. (Hoy. les fig. I, 2 et 3, Pl. 220.)
- Enfin, et ainsi que nous l’avons déjà fait dans le rapport précité, nous rappellerons ici le fer natif ou fer météorique de certaines pierres atmosphériques, dont la cassure, lavée dans l’acide nitrique, présente des parties noirâtres en creux et d’autres blanches en relief, se rencontrant et se pénétrant d’une manière régulière. Ces parties forment entre elles des triangles et un arrangement particulier qui indique dans la masse une loi de cristallisation qui a lieu sous des angles de 60 et de 120 degrés, ainsi que nous avons cherché à l’exprimer dans l’échantillon de la figure 4 (1).
- D’après ce que nous venons d’exposer sur la contexture des différentes espèces de fonte, de fer et d’acier, il est évident que les lames fabriquées soit d’une seule espèce, soit du mélange de deux ou plusieurs espèces de diverse nature, toutes les conditions étant égales d’ailleurs, doivent présenter, dans la qualité, les propriétés et la contexture ou le damassé, des différences plus ou moins prononcées. C’est en effet ce que Clouet avait si bien énoncé, lorsqu’il avait recommandé de mélanger, dans la composition des lames figurées, divers aciers doux, nerveux, fins, serrés et bien corroyés, avec des fers de bonne qualité et des lames d’acier fondu; leur réunion devant, disait-il, d’après la différence de leur contexture, produire les dessins les plus variés, ainsi que nous allons le faire voir dans les exemples suivans.
- La fabrication de la coutellerie et des armes blanches en étoffes d’acier de différentes espèces est déjà très-ancienne. Nous avons examiné des lames d’épée, de sabre, de cimeterre et de poignard de vieille origine, travaillées avec
- '0 Note sur un aérolithe tombé en Moravie et sur une masse de fer natif tombée en Bohème : par M. Gillet de Laumonl, inspecteur général des mines. Journal des Mines, tome XXXYIII, page 232-, et Bulletin de la Société d’encouragement, 14e année ( îS15 ), p. 221.
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- le plus grand soin et avec une perfection admirable : lavées à l'acide nitrique, ces lames nous ont présenté des dessins moirés, tordus et contournés, qui annoncent qu’à une époque reculée on suivait les mêmes procédés que nous pratiquons aujourd'hui; mais comme alors on tenait probablement plus au poli de l acier et au glacé métallique qu’à la figure des élémens ou des barreaux d’acier, toutes ces lames parfaitement brunies recevaient ensuite un beau poli, qui masquait et faisait entièrement disparaitre leur moiré ou damassé. Au reste, quelque ancienne que puisse être la fabrication des lames d’étoffe d’acier damassé, Clouet n’en sera pas moins toujours le premier qui ait déterminé rigoureusement et même géométriquement les principes d’après lesquels on doit agir pour obtenir à volonté tel ou tel genre de dessin, et c'est en effet à lui qu’on doit la manière de faire les figures régulières dans les lames damassées.
- M. Degrajid-Giirgcj- a élevé, depuis plusieurs années, à Marseille, une lubrique de lames figurées qui sont très-recherchées dans le commerce, qui ont même le plus grand succès dans le Levant. Les lames de M. Degrand-Gur-gej, comme nous l’avons dit dans nos deux rapports insérés dans les Bulletins de la Société, n05. CXC, 1820, et CC, 1821, présentent un beau moiré ou dessin à lignes fines, contournées et parallèles, formant des jaspures et des figures irrégulières très-variées, qui se confondent entre elles ou entre des lignes sinueuses et rubanées, qui les enveloppent sous des nuances métalliques plus ou moins prononcées, et qui sont séparées entre elles par des filets blancs argentoïdes. M. Garnier, ingénieur au Corps royal des Mines, auquel la Société a décerné, dans sa séance générale du 3 octobre 1821, le prix pour le manuel des puits artésiens, a bien voulu se charger de rendre l’effet des différées dessins damassés des lames figurées, que nous aurions desespéré de pouvoir jamais exprimer et bien faire ressortir, sans le concours de son talent et de celui non moins précieux et non moins distingué de M. Leblanc, dont la Société est journellement à portée d’apprécier le mérite, dans les planches dont il enrichit le Bulletin. On peut, d’après la figure 5, qui présente un fragment d’un magnifique kandjar ou poignard persan, juger de la beauté du dessin des lames de M. Degrand-Gurgej’, qui a trouvé le secret d’en relever l’effet, déjà si admirable, par l’introduction du platine dans ses étoffes. Ses damassés se distinguent encore par les lettres, les légendes et les inscriptions qu’il y insère; mais ce que nous avons vu de plus parfait et de plus remarquable en ce genre est un joli médaillon d’étoffe d’acier platiné (jfig. 6), qui présente, à travers les veines marbrées de son damassé, un beau profil de la tête du roi.
- MM. CouleauDc, de Kiingentbal, qui obtinrent à l’exposition du Louvre
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- en 1819 une médaille d’or, fabriquent depuis long-temps dans leur célèbre manufacture des lames figurées d’étoffe damassée à grande moire, du plus bel effet, et que nous assimilons au damassé de M. Degrand- Gurgey. Han-dermonde, dans son traité des armes blanches (1), a décrit les procédés usités à Kiingenthal pour la fabrication des lames figurées.
- Il est impossible de déterminer à quelle époque la fabrication des étoffes d'acier a été introduite dans la coutellerie : elle doit être déjà très-reculée., si nous en jugeons par les lames de vieille origine que nous avons examinées, Plusieurs de ces lames , sous une surface rouillée et endommagée par une forte oxidation , nous ont offert des dessins damassés , largement rubanés , dont les veines blanches et argentines , ondulées , enlacées ou enroulées, annonçaient que ces lames avaient été fabriquées suivant la méthode de torsion : nous en donnons dans la fi g. 7, Pi. 220, un exemple qui nous a d autant plus frappés que nous avons trouvé plusieurs lames d’un damassé absolument semblable dans l’ancienne coutellerie de M. Sir-Henry, avant qu'il ne se fût livré à ses travaux sur les aciers fondus. C’est à ce même genre de fabrication que nous rapportons encore les lames de sabre que divers fabri-?nns font en étoffe composée de plusieurs espèces d’aciers et dont la surface offre l’assemblage de différentes lames tordues et soudées ensemble. La /o:, . S présente un fragment d’un magnifique cimeterre de forme orientale , de la fabrique de M. Sir-Henry, composé de six lames d’acier, d’abord tordues ou roulées sur elles-mêmes, et ensuite forgées et soudées ensemble
- Les dessins figurés des lames orientales ou mieux d’acier fondu diffère zû. essentiellement de ceux des lames d’étoffe. La véritable cause du bel effet de Sein damassé a été long-temps pour nous un mystère; mais elle vient enfin de nous être révélée par notre collègue Bréant. Frappé de l’analogie du damassé que donnaient des alliages métalliques très-différens, tandis que des alliages semblables faits dans les mêmes proportions, produisaient des damassés diversement figurés, ce savant chimiste avait conjecturé que le carbone devait avoir la plus grande part dans la production de ce phénomène, et nous avons nous-mêmes constaté cette vérité dans la série de nos expériences sur les aciers fondus de M. Sir-Henry, depuis la notice que M. Mérimée a publiée sur cette découverte.
- M. Bréant a présenté à la Société d’Encouragement des lames fabriquées en acier fondu, d’après son procédé, par M. Cardeilhac; tout le monde a pu en juger et en apprécier le travail et la beauté : pour nous, qui les avons
- ;i) Procédé de la fabrication des armes blanches, rédigé par Vandermonde, et publié par le Gouvernement. An II, 1 7 94.
- Vingt-unieme année. Mars 1822. M
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- comparées avec différentes lames orientales de la plus grande valeur, nous déclarons n’avoir pu trouver aucune différence entre elles, et que le damassé des lames de M. Bréant, dont on voit dans la Jig. 9 un échantillon dessiné avec le plus grand soin par M. Garnier, est tellement semblable à celui des plus belles lames orientales, qu’il nous est absolument impossible de les distinguer. Leur dessin est de la plus grande beauté : il est à veinules blanches argentoïdes, sur un fond gris bleu ; la jaspure est très-fine et très-déliée; dans quelques parties elle offre de fibres enlacées et contournées en dessins ronceux, très-élégans, tandis que, sur le tranchant, ces fibres sont légèrement ondulées , parallèles et plus ou moins prolongées. Quelques-unes de ces lames présentent, sur un fond bleu ou noirâtre, des lignes blanches croisées ou réticulées comme les mailles d’un filet, et nous les comparons aux dessins des lames orientales Cristallisées , parce qu’elles offrent, comme elles, des ramifications de feuilles de fougère, ou mieux, semblables aux dendrites cristallines du wootz et des régules métalliques, ou à celles qui se forment en hiver, pendant les gelées, sur les vitres des appartenions dont l’air est échauffé. Enfin M. Bréant a réussi jusque dans le beau glacé métallique des lames ( giohar ou Jlowering des Anglais ) , et celui qu’il donne à ses lames est au moins égal, s’il n’est même plus beau que celui des plus belles lames orientales.
- M. Sir-Hemy, en travaillant les aciers fondus et en les soumettant à diverses préparations, a fait de son côté, comme nous l’avons dit dans notre rapport, des lames damassées de très-bonne qualité, dont le dessin n’a pas, il est vrai, l’élégance de celui des lames de M. Bréant, mais qui a également une très-grande analogie avec celui de certaines lames orientales.
- Le damassé de ces lames, dont la Jig. 10 présente un échantillon, offre un dessin égal, d’une jaspure uniforme, à petits fdamens blancs, tantôt suivis et tantôt interrompus, plus ou moins contournés et plus prolongés vers le tranchant, auquel ils sont presque toujours parallèles. Examinée avec une forte loupe, la contexture des lames de M. Sir-Henry ressemble beaucoup à certains damas orientaux noirs, dont nous avons représenté un tronçon, Jig. 1 1, et qui semblent être composés de parties fibreuses d’un gris métalloïde, légèrement contournées ou ondulées, sur un fond noir. Cette même contexture des damas noirs est plus ou moins développée dans les lames de la fabrique de M. Sir-Hemy, et c’est ce que M. Garnier a parfaitement rendu dans les Jig. 12, 13, 14 et 15.
- L’examen que nous avons fait de ces différentes variétés de damassé de M. Sir-Henry nous a amenés à penser que le développement de la contexture est déterminé par le degré de préparation auquel cet artiste soumet ses
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- aciers, et que par cette raison il peut réellement faire varier le damassé à sa volonté. Enfin ses lames présentent souvent, comme les damas orientaux , au milieu des parties les mieux damassées , quelques places unies , blanches , lisses et compactes , qui n’offrent aucun dessin , et qui semblent avoir entièrement perdu leur contexture fibreuse dans le corroyage de la lame, ainsi qu’on le voit fig. 13.
- Explication des figures de la PL 220.
- I. Aciers fondus.
- Fig. 1. Acier indien , wootz, dans lequel on aperçoit une cristallisation confuse, ou une certaine disposition régulière dans les molécules.
- Fig. 2. Acier fondu de M. Sir-Henry, présentant dans sa cassure une cristallisation confuse et laminaire.
- Fig. 3. Acier fondu de M. Sir-Henry, refroidi lentement dans le creuset, cristallisé dans le bas du culot, et grenu dans le haut.
- II. Fer natif météorique.
- Fig. 4. Fer natif dans une pierre atmosphérique. Il présente un certain arrangement de parties blanches cristallines qui se rencontrent sous des angles de 60 et de 120 degrés.
- III. Aciers d'étoffe damassés.
- Fig. 5. Kandjarou poignard persan, d’acier d’étoffe platiné, de la manufacture de M. Degrand-Gurgey, de Marseille.
- Fig. 6. Médaillon d’acier d’étoffe platiné, qui présente à travers la marbrure de son damassé un profil de la tête du Roi, indiqué par des lignes ponctuées ; de la fabrique de M. Degrand-Gurgey.
- Fig. 1. Lame d’acier tordu d’étoffe damassée, à grande moire ou veines rubanées, de vieille origine et de fabrique inconnue.
- Fig. 8. Cimeterre de forme orientale, en étoffe d’acier de différentes qualités, de M. Sir-Henry.
- IV. Aciers fondus damassés.
- Fig. 0. Lame d’acier fondu présentant, sur un fond sablé gris, de charmantes veinules blanches argentoïdes, très-fines , très-déliées et très-élégantes , parallèles , et légèrement ondulées sur le tranchant ; ce damassé est également celui des plus belles lames de l’Orient et des beaux damas de
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- iM. Bréant, qui sont tellement identiques avec ceux de FOrient qu on ne peut les en distinguer.
- Fig. 10. Lame de M. Sir-Henry, en acier fondu, à fond gris, présentant un dessin égal, d’une jaspure uniforme, à petits filamens d’un blanc argentin, tantôt suivis, tantôt interrompus, plus ou moins contournés, enroulés et parallèles. sur-tout sur le tranchant.
- Fig. 11. Grande lame orientale d’acier fondu, d’origine inconnue. Ce beau damas, à fond noir, présente des veinules grises, fibreuses, croisées ou enlacées comme les fibres du tissu réticulé ou cellulaire de l’écorce intérieure du
- ùUeuI,
- Fig. 12, 13, 14 et 15. Essais d’acier fondu de M. Sir-Henry, à fond non tl ? veinules grises fibreuses , comme dans le damas précédent , mais qui en liftèrent cependant par les proportions et dimensions des fibres, lesquelle; varient suivant les divers degrés de préparation ou de cémentation de?
- aciers.
- La lame noire damassée à petites fibres,^g-. 13, présente, comme quelque •< dîmes orientales, des parties unies et qui n’offrent aucun dessin. Ainsi on s oit, sur le tranchant et au dos de cette lame, des veines qui ont entièrement [c relu leur tissu fibreux dans le corrovaçe.
- Jxxpfôlt fait par M. Mérimée, au nom d une commission spermie sur les mesures à prendre relativement a la publication du travail entrepris pour découvrir le procédé des aciers damassés de rInde.
- messieurs, vous nous avez chargés d’examiner une question assez impôt faute, élever à l’occasion des découvertes faites par notre collègue M, B rca; a. v-r la fabrication des aciers damassés.
- Convient-il de faire cette publication par la voie ordinaire du Bulletin, d' manière qu’elle soit également profitable aux fabricans étrangers er os nôtres , ou bien ne devrait-on pas prendre quelques précautions , coins ! intérêt do notre industrie, pour assurer à nos manufactures l’avantage <1 êfi\
- I premières a connaître un procédé dont la découverte a été entreprise pour
- J gC /
- Vos commissaires, messieurs, sc sont reunis pour approfondir cette question . et après avoir de nouveau examiné quelques-uns des échantillons cru vous ont été présentés, ils ont d’abord félicité notre collègue sur ic ••noces qu’il a obtenu. Ils ont reconnu en effet qu’il v a identité ou du moins
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- ressemblance parfaite entre ses aciers damassés et ceux des lames orientales ; ainsi vous pouvez maintenant vous flatter que le problème auquel vous attachiez beaucoup d’importance est pour la première fois complètement résolu.
- Les avantages qu’on peut retirer de cette découverte ont été unanimement reconnus : car, en supposant ciue le prix extraordinaire que les Orientaux attachent à leurs armes damassées soit fondé sur des qualités imaginaires i qu’on puisse faire de meilleures lames avec nos aciers corroyés d’Euroom il n’en résulterait pas moins un très-grand avantage pour notre commerce , si nos fabriques d’acier pouvaient pendant quelque temps profiter du préjugé existant et envoyer dans le Levant des pacotilles d’armes qui seraient recherchées de préférence à celles des autres manufactures de l’Europe.
- Dans tout le cours de la discussion qui a eu pour objet d’éclaircir ia question d’économie politique que vous avez posée, il n’y a pas eu de dissentiment d’opinion : chacun de vos commissaires a d’abord reconnu en principe,
- Que tout travail entrepris par suite de vos arrêtés doit en généra! cire rendu public ;
- Que les travaux de la Société ayant pour objet ia prospérité de nos manufactures, il ne convient dans aucun cas de faire le monopole des découvertes résultant des travaux qu’elle aurait ordonnés.
- Mais on a reconnu en même temps que la Société irait contre le but de son institution , en ne prenant pas quelques précautions pour que les travaux entrepris dans l’intérêt de notre industrie lui soient profitables.
- Passant ensuite à l’application de ces principes , il a paru évident qu’en publiant le travail de M. Brêant dans le Bulletin de la Société, on sacrifiera nos fabriques aux fabriques étrangères, qui, plus expérimentées que les nôtres, sont aussi mieux approvisionnées de tout ce qui est nécessaire nom profiter d’une découverte.
- On agirait donc mieux dans l’intérêt de notre industrie en ne faisant connaître les procédés découverts qu’à cc-ux de nos fahricans qui sont présumés les plus capables d’en tirer parti, parce qu’ils ont tous les movens de réussir ; et pour que cette précaution ne fût pas illusoire, la communication ne devrait être faite qu’à ceux qui s’engageraient à faire en grand des expériences dont ils vous rendraient compte, et qui, par des succès antérieurs , éloigneraient i idée qu’une vaine curiosité les ait portés à vous demander de leur faire connaître le procédé,
- Enfm on a pensé que , malgré la beauté des résultats du travail de notre collègue, ses procédés doivent encore se perfectionner lorsqu’ils seront
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- appliqués en grand ; et que l'honneur de cette Institution , autant que l’in-térêt de notre industrie , demandaient qu’on ne les publiât que lorsqu iis auront toute la perfection dont ils sont susceptibles.
- Tel est, messieurs, le résultat de l’opinion unanime de vos commissaires. Si vous l’adoptez, l’exécution de ce qu’ils ont à vous proposer ne doit présenter aucune difficulté.
- D’abord les procédés découverts par M. Bréant seront décrits le plus clairement qu’il sera possible.
- Il sera donné connaissance des résultats qu’il a obtenus aux chefs des principales fabriques d’acier, de celles, par exemple , qui dans les expositions publiques ont obtenu des prix. L’offre leur sera faite de leur donner communication des procédés à l’aide desquels notre collègue est parvenu à produire de l’acier parfaitement semblable à celui de l’Inde ; et l’on n’exigera d’eux que la promesse de les mettre incessamment en pratique en grand , et de rendre compte des résultats obtenus.
- Les fabricans qui accepteront seront adressés par le conseil à M. Bréant, chez qui ils pourront par eux-mêmes ou par leurs délégués prendre copie de ïa description des procédés et recevoir de l’inventeur les explications qui seront indispensables; car quelque soin qu’on apporte à détailler toutes les circonstances d’une opération, on fait presque toujours des omissions.
- Enfin il sera écrit au Ministre de l’intérieur, pour informer Son Excellence de l’heureuse issue du travail auquel il a bien voulu coopérer,* et en lui faisant connaître toute l’importance du succès, on ne lui laissera pas ignorer que c’est à notre collègue M. Bréant & qui nous en sommes particulièrement redevables.
- Signé Mérimée, rapporteur.
- Adopté en séance, le 3 avril 1822.
- éSouvEAu moyen de préserver le fer et l acier du la rouille;
- pareil. Aikin.
- Les diverses tentatives qui ont été faites jusqu’à ce jour pour garantir le fer et l’acier de l’oxidation, ont eu peu de succès. Les substances grasses ou résineuses forment ordinairement la base des préservatifs qu’on a proposés dans ce but ; mais les premières rancissent et produisent un acide qui attaque le fer; les autres , en se gerçant par la chaleur, permettent à 1 humidité de pénétrer jusqu’au métal : dès que l’oxidation se manifeste, le fer augmente de volume et le vernis tombe par écailles.
- C’est pour remédier à ces graves mconvéniens que 1 auteur a fait des
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- essais qui l’ont conduit, à considérer le caoutchouc ( gomme élastique ) fondu comme le meilleur préservatif contre l’oxidation du fer et de l’acier. Cette substance n’est pas sujette aux influences atmosphériques; elle conserve à toutes les températures sa consistance résineuse et élastique ; elle adhère très-fortement à la surface du fer, et peut ensuite être facilement enlevée avec un chiffon.
- Des plaques de fer et d’acier à moitié recouvertes d’une couche très-mince de caoutchouc fondu et déposées pendant six semaines dans un laboratoire étaient, au bout de ce temps, presque entièrement corrodées dans leurs parties nues, tandis que celles qui étaient protégées par le caoutchouc n’offraient aucune altération.
- On prépare le caoutchouc en l’introduisant dans un vase fermé , de cuivre, qu’on place ensuite sur le feu ; il se fond à la même température que le plomb. Lorsqu’il est fluide, on le remue avec un agitateur horizontal, dont le manche s’élève au-dessus du couvercle, pour empêcher qu’il ne s’attache au fond ; on l’étend ensuite avec un pinceau sur la planche de métal, qu’on pose debout afin que le caoutchouc surabondant puisse s’écouler.
- M. Perkins, inventeur de l’art sidérographique, dont nous avons parlé dans notre Bulletin de juillet 1820, page 208, a perfectionné ce procédé en faisant dissoudre le caoutchouc dans l’huile de térébenthine. Le vernis qui en resuite, après qu’on l’a convenablement laissé sécher, est ferme et ne s'altère pas par i’humidité. On l’enlève en se servant d’un pinceau très-doux plongé dans de l’huile de térébenthine chaude,
- M. Perkins a employé avec avantage cette espèce de vernis pour conserver intactes ses planches gravées sur acier.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Pore sur des chaudières à sucre d une nouvelle forme.
- Le Ministre de 1 intérieur a adressé à la Société, avec une note et un dessin relatifs à des changemens proposés dans la construction des oreilles ou tourillons des chaudières à sucre , une lettre par laquelle le Ministre de la marine et des colonies, d’après l’avis du gouverneur de la Guadeloupe et du président du Comité consultatif de cette colonie, a émis le vœu que les fabricans d’ustensiles de fer expédient à la Guadeloupe quelques chaudières faites suivant le nouveau modèle.
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- Pour répondre au désir de Son Excellence, la Société a arrêté que la note dont il s agit serait publiée dans le Bulletin, où les fabricans pourront prendre connaissance des modifications à apporter à la forme des chaudières à sucre Voici cette note telle qu'elle nous a été transmise.
- L expérience a démontré que, pour hâter l’évaporation, il faut que le-chaudières à sucre soient scellées sur les fourneaux, de manière que le feu puisse agir sur toute la surface extérieure. 11 est par conséquent indispensable de changer le système des oreilles ou tourillons, qu’on plaçait à 5 ou 6 pouces au-dessous des bords, pour servir à la pose des chaudières sur les fourneaux ; ce qui obligeait d’envelopper de maçonnerie toute la surface comprise entre les tourillons qui portent sur le revêtement du fourneau et le bord supérieur de la chaudière, ainsi qu’on le voit fig. 15, PL 219, qui représente la coupe d’une chaudière construite d’après le mode actuel,
- Pour remédier à ce grave inconvénient, on propose de couler les chaudières avec un rebord de 5 pouces sur toute la circonférence , tel que l’indique la op , 16 : ce rebord servira a la pose de la chaudière sur le fourneau, sans qu on soit obligé d’envelopper de maçonnerie aucune partie de la surface ex téneure, ainsi qu’on le voit dans la même figure. Le feu circulera librement autour, agira par-tout avec la même intensité, et il y aura très-peu de calorique perdu. La forme hémisphérique est la plus convenable.
- Les chaudières en potin coûtent de 25 à 30 fr. les 50 kilog. de matière ; ou peut les faire construire à ce prix à Bordeaux ou à Nantes,
- Explication des fig. de la PL 219.
- Fig. 15. Coupe d’une chaudière à sucre établie d’après le système aetin-i.
- Fig. 16. Coupe d’une chaudière construite d'apres le nouveau mode
- Fig. 17. Plan de la même chaudière.
- A A, Fourneau ; B, chaudière ; C C , oreilles ou tourillons des chaudière,', maintenant en usage. DD, rebord qu’on propose de substituer à ces tourillons : ce rebord qui pose sur le bord du fourneau est percé tout autour de trous destinés à recevoir des vis à écrou, pour assujettir la chaudière.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HüZARD 'née A ALLAT LA CHAPELLE b rue de l’Éperon-Saint-Àndré-des-Arcs, n°. 7.
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- Y1NGT-UNIÈME ANNÉE. (N°. CGXIY.) AVRIL 1822.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Séance générale du 17 avril 1822.
- La Société d’Encouragement pour l’industrie nationale s’est réunie le mercredi, 17 avril 1822, en assemblée générale, pour entendre le compte rendu des travaux du Conseil d’administration depuis le 18 avril 1821, et celui des recettes et des dépenses pendant l’année 1821. Plusieurs médailles d’encouragement ont été distribuées dans cette séance.
- Parmi les produits de l’industrie exposés dans les salles de la Société , on remarquait :
- 1 °. Des lames figurées de M. Brêant, montées avec goût par M. Cardeilhac, coutelier, rue du Roule , n°. 4, et qui sont les premiers essais de damas fabriqués en France ; cette nouvelle et précieuse branche d’industrie promet les plus heureux résultats.
- 2°. Di vers échantillons de marbre blanc statuaire et de marbre gris et noir, provenant des carrières découvertes dans le département des Hautes-Py rénées par M. Dumège, et dans les départemens du Nord et des Ardennes par MM. le baron Morel, Quivy et Bourguignon.
- 3°. Des poteries-grès de la fabrique de M. Laujorrois, au Montet, département de Saône-et-Loire ; ces poteries , d’une grande dureté , conviennent particulièrement aux fabriques d’acide, aux laboratoires de chimie, etc. (\'oyez Bulletin de février, page 53.)
- 4°. Des faïences émaillées d’or et agathisées, fabriquées par M. Morial, nie Travt rsière-Saint-Honoré , n°. 29 , d’après un nouveau procédé , dont
- Vingt-uniéme aimée. Avril 1822. N
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- M. Legros cV Anisy est l’inventeur. Ces faïences sont d’un très-bel effet et résistent au feu.
- 5°. Des boîtes et des nécessaires décorés de bordures et d’ornemens en doublé d or et d’argent, de la fabrique de M. Morin de Guêrivière , rue Chapon, n°. 2 bis. Ce genre de produit est recherché dans le commerce; il s’en fait des envois considérables à l’étranger.
- 6°. Une chaise en bois indigène avec ornemens en nacre de perle, de la plus belle exécution, présentée par M. TVerner, fabricant de meubles, rue de Grenelle-Saint-Germain, n°. 126.
- 7°. Un fauteuil avec ornemens lithographiés, par M. Engelman, rue Louis-le Grand, n°. 27.
- 8°. Des tableaux peints par impression d’après un nouveau procédé dont M. Malapeau, lithographe, rue Mazarine, est l’inventeur.
- 9°. Des bijoux dorés, tels que chaînes, colliers, cachets et clefs de montres, etc., de la fabrique de M. Orbelin fds, rue aux Ours, n°. 23.
- 10°. Des échantillons de fil de lin teint en couleur écarlate, d’une grande vivacité, présentés par M. Maigret, négociant, rue Saint-Denis, n°. 134.
- 11°. Des légumes cuits et réduits en farine par M. Duvergier fils, rue des Barres-Saint-Paul, n°. 9 ; ces légumes, qui s’allient facilement avec le.vermicelle et autres pâtes, sont propres à donner en un instant de la purée.
- 12°. Une voiture mécanique, à l’usage des paralytiques et des autres malades, inventée par M. Dupont, mécanicien, à Rouen.
- 13°. Des chapeaux en baleine tramée d’osier, de la fabrique de M. de Ber-nardière, à Poissy, et dont le dépôt est établi boulevart Saint-Martin, n°. 8. Ces chapeux , très-légers et en même temps solides , conviennent pour la campagne,
- 14°. Un planisphère universel imaginé par 41. Brice, ingénieur-géographe, rue du Temple, n°. 38.
- 15°. Divers objets d’ébénisterie et de sellerie, provenant de la manufacture des apprentis pauvres et orphelins, rue du Faubourg-Saint-Denis , n°. 152 , tels que des planches formées de déchets de cuir et qui sont propres à entrer dans la composition de la chaussure , et des traits , soupentes et dossières composés des mêmes déchets , d’après un procédé pour lequel M. Dufort, rue J.-J. Rousseau, n '. 18, est breveté d’invention ; une toilette en bois indigène, imitant le bois de citron ; des caisses à fleurs et des seaux enduits de mastic de bitume, etc.
- 16°. Des barres d’acier naturel obtenu par la fusion immédiate , dans les forges et afhneries de M. Bernadac , à Sahorre , département des Pyrénées-Orientales.
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- I 7 . ! h petit instrument à réveil inventé par M. Laresche, horloger, Palais-Rv.vai , n • 167, et dont nous avons fait connaître le mécanisme dans le Bulletin du mois de février dernier, page 50.
- 18 . Un fusil de chasse à deux coups, fabriqué par M. Joseph Jourjon, aruuebusier à Rennes. Cette arme est un véritable chef-d'œuvre, tant sous le rappoi t de la sculpture de la crosse et de la monture que sous celui des ornemens en acier ciselé dont sont enrichis les canons , la sous-garde , la plaque de couche et les platines.
- <9°, Des tableaux transparens sur verre, présentés par M. Laharthe , rue de Paradis, n°. 39, faubourg Poissonnière.
- '20". Des peintures sur velours de M. J aiicliclet, rue Chariot, ir. 19, qui se distinguent par une exécution soignée et par la vivacité des couleurs.
- 21 . Divers objets de coutellerie et de nacre de perle de la fabrique de M. Pnulier, rue Bourg-l’Abbé, n". 22.
- La séance a été ouverte à sept heures et demie du soir sous la présidence de M. le comte Chaptnl, pair de France, qui a prononcé le discours suivant .
- - Messieurs , cette séance est consacrée à faire connaître à la Société les travaux qui ont occupé le Conseil pendant l’année qui vient de s’écouler, refat de ses recettes et de ses dépenses , et à vous soumettre les motifs qui ont déterminé les encouragemens qu’il vous propose de décerner.
- ’ Depuis son institution, la Société n’a pas dévié un instant des principes qu elle avait adoptés à l’époque de sa création.
- Instruire et encourager, tel est le double but qu’elle s’est constamment proposé.
- Elle remplit le premier :
- - 1e. Par les discussions qui ont lieu dans le sein du Conseil, et dans lesquelles l’artiste apporte le résultat de son expérience , et le savant le tribut de ses lumières.
- » 2:. Par les conseils qu’on transmet , par la correspondance , à tous ceux qui les réclament.
- , 3°. Par l'impression de tous les rapports qui présentent des vues nouvelles et d'un grand intérêt.
- 4°. Par la publication dans son Bulletin de toutes les découvertes nationale» ou étrangères.
- La Société ne se borne pas à propager l'instruction par ces seuls moyens ; elle connaît les lacunes que l’industrie éprouve encore dans plusieurs de ses branches, et elle cherche à les remplir , soit par des prix qu’elle propose , soit en formant dans son sein des commissions spéciales, qui se
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- livrent à des recherches avec un zèle presque toujours couronné de Succès : c’est ainsi que les travaux qu’elle a entrepris récemment sur la fabrication importante des aciers damassés en ont fait une opération sûre, facile et peu coûteuse, qui va enrichir notre industrie.
- » La Société n’a pas voulu se borner à répandre l’instruction dans les ateliers : elle a cru qu’elle pouvait exciter puissamment l’émulation des artistes, en désignant dans l’une de ses réunions solennelles ceux d’entre eux qui venaient de rendre à l’industrie les services les plus éminens.
- » Dans les choix qu’elle fait à cet égard , elle comprend les établissemens qui manquaient à la France, les découvertes qui nous enrichissent d’un produit nouveau , les procédés qui améliorent ou simplifient l’exécution , l’importation de méthodes inconnues chez nous.
- » Mais la Société s’est fait un devoir de n’accorder ses encouragemens qu’à des objets déjà jugés par le commerce sous le double rapport de la qualité et du prix ; elle n’adopte que ce qui a déjà reçu la sanction de l’expérience, et rejette tout ce qui ne porte pas avec soi un grand but d’utilité publique.
- » Néanmoins, lorsqu’une idée heureuse, un modèle ingénieux , un procédé qui promet des succès, sont soumis à l’examen de la Société, elle les accueille avec bienveillance, elle encourage les auteurs; et, comme dans la classe industrielle la fortune est rarement en proportion du talent, elle fait exécuter en grand et à ses frais les modèles et les procédés qu’elle a jugés utiles, pour en mieux apprécier les résultats. C’est ainsi que , par de bien faibles sacrifices , elle enrichit l’industrie et ouvre au génie une carrière qui peut-être sans cela lui eût été fermée pour toujours.
- » Tels sont les principes d’après lesquels se dirige la Société d’encouragement. : les services immenses qu’elle a rendus à l’industrie , ses ressources pécuniaires s’élevant chaque jour au-dessus de toutes les espérances , la confiance et la considération dont elle jouit ne lui présentent plus de difficultés à vaincre, plus de regrets à éprouver, et l’avenir lui promet la seule récompense qu’elle ait ambitionnée, les progrès toujours croissans de Vindustriefrançaise. «
- M. le baron de Géraudo, secrétaire, a pris ensuite la parole pour lire le rapport suivant sur les travaux du Conseil d’administration depuis le 18 avril 1821.
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- COMPTE RENDU des travaux du Conseil d'administration de la Société cV Encouragement, depuis le 18 avril 1821.
- Messieurs, il y a deux genres de prospérités pour l’industrie d’un pays : l’une , qu’on pourrait appeler à quelques égards artificielle, parce qu’elle est due en partie à des circonstances extraordinaires, comme celles qui procurent, par exemple, des débouchés forcés au dehors ; l’autre, qu’on peut à bon droit appeler naturelle, parce qu’elle dérive de causes inhérentes au sol, causes au premier rang desquelles il faut compter la liberté des fabrications elles-mêmes, la bonne direction donnée à leurs travaux, et les progrès des connaissances qui leur servent de flambeau.
- Le premier de ces deux genres de prospérités peut être gigantesque, mais il est sujet à de grandes vicissitudes; il est aussi toujours accompagné d’in-eonvéniens plus ou moins graves : le second s’obtient plus lentement , mais il est plus durable et rien n’en altère les avantages.
- Nous nous croyons fondés à reconnaître dans l’état actuel de l’industrie française le second de ces deux caractères. En effet, si elle jouit des faveurs inappréciables de la paix, les circonstances n’ont point encore donné aux grandes spéculations de notre commerce extérieur le développement qu’il nous est permis d’espérer dans l’avenir. Les causes de notre prospérité sont essentiellement intérieures et éminemment naturelles ; aussi , dans les progrès obtenus par l’industrie française depuis vingt-cinq années , progrès devenus encore plus sensibles depuis trois ou quatre ans , il y a trois circonstances particulièrement dignes d’attention pour les moralistes, pour les hommes qui cultivent la science de l’économie publique , et qui observent la marche des institutions sociales : 1°. la France n’a point offert cette lutte constante entre l’industrie manufacturière et l’industrie agricole qui afflige un pays voisin , et. qui tourmente sa législation , en faisant redouter pour l’une de ces branches la protection accordée à l’autre. En France, elles se sont développées ensemble , et loin de se contrarier, elles se sont prêté des secours mutuels. Si l’agriculture éprouve en ce moment quelques embarras, ils ne sont que l’effet momentané de l’extrême abondance des récoltes, et la prospérité des manufactures, en augmentant les consommations, tempère encore cet inconvénient : il n’v a pas de pays mieux cultivés parmi nous que ceux où les fabriques fleurissent. 2°. On ne se plaint point en France de voir l’activité de la production , quoique toujours croissante, dépasser les limites de la consommation , encombrer les marchés, contraindre de rechercher à tout prix des débouchés artificiels, et faire
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- craindre par leur cessation quelque grande catastrophe : tout suit à-la-fois ]a même progression, et l’aisance répandue dans toutes les classes vient offrir un emploi naturel aux objets versés dans le commerce. 8°. Enfin la multiplication de nos manufactures n’amène point à sa suite l’augmentation du nombre des prolétaires et les inconvéniens qui en résultent ; 1 introduction des machines n’a point avili les salaires : on ne voit pas, comme «dans un pays voisin , la masse des secours publics croître d’année en année auprès d’une industrie florissante, et les taxes des pauvres apporter, sous un nom déguisé , un supplément de salaire aux ouvriers. On n'a point lieu de s'affliger, comme ailleurs, que la présence et la réunion des ateliers favorisent la corruption des mœurs, mettent obstacle à l’éducation des classes inférieures et contraignent le législateur à venir au secours de l’enfance aveuglément sacrifiée par l’avidité qui spécule sur l’emploi de ses bras encore débiles ; au contraire, c’est le travail même qui prévient la misère chez les individus valides , ou qui v remédie. Jamais l’éducation des classes inferieures n’avait été en France l’objet de soins aussi actifs et aussi paternels, et nous aimons à proclamer ici lin fait honorable pour notre patrie et dont nous avons été les témoins oculaires. Dans les départemens les plus industrieux, ce sont ’ies chefs mêmes des grandes manufactures qui ont ouvert dans leurs propres établissemens et à leurs frais, soit des écoles pour les enfans de leurs ouvriers , soit des écoles d adultes [jour les ouvriers eux-mêmes : ce sont eux qui ont institué au milieu de leurs ateliers des caisses d’épargne et de prévoyance locales, pour exciter les ouvriers à l’économie et ieur en faciliter les moyens.
- La Société d’Encouragement peut se flatter d’avoir eu quelque part a ce développement de causes naturelles qui ont amené les résultats dont nous sommes témoins, et que nous espérons voir s accroître de jour en jour par in persévérance de ses efforts.
- D’apres son institution, elle y concourt principalement de deux mameies l’une consiste dans les concours qu'elle a établis et les recompenses qu’elle décerne; l’autre dans les communications et les publications dont elle est i organe ; mais elle y participe depuis quelque temps , sur-tout , sous deux autres rapports, par les expériences auxquelles elle se livre. et par ses rapports avec l’administration publique.
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- Procèdes récompensés ou appt omus
- Les concours par lesquels vous cherchez a provoquer Es recherches forment l’objet de votre séance d automne. Les médaillés par lesquelles
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- vous récompensez les découvertes qui ont eu lieu doivent être l’objet de rapports spéciaux dans le cours de cette séance : nous nous abstiendrons donc en ce moment de vous entretenir des uns et des autres; mais il peut être utile d’indiquer ici la suite et les effets qu’a eus ce premier ordre d’encou-ragemens, et de voir s’ils ont continué à fructifier,
- C’est ainsi que les divers échantillons de pierres lithographiques, qui ont été envoyés à la Société et qu’elle a soumis à des essais _, ont encore confirmé la supériorité de celles découvertes à Beîîev ( Ain) par M. Lefèvre, professeur de dessin, à Lyon, et auxquelles vous avez décerné le prix l’année dernière.
- C’est ainsi que M. Pradier, auquel vous avez donné une médaille d’or l’année dernière, a redoublé d’ardeur et d’activité pour perfectionner les divers produits de ses fabriques , les varier, les multiplier encore : il nous a présenté, dans une des dernières séances , de nouveaux ouvrages en nacre de perle, des rasoirs en acier fondu et des cuirs à rasoir, des couteaux et canifs de la même matière, des cachets à armoiries et à légendes mobiles, des plumes métalliques sans fin, à bec ordinaire, enfin des échantillons d’acier fondu, d’acier Clouet, et d’acier de Damas : il a fait plus, il vous a priés d’examiner dans tous leurs détails ses ateliers, ses magasins; il vous a admis dans la confidence de ses moyens, et vous avez pu applaudira l’accroissement progressif et rapide qu'obtiennent ses fabrications.
- La gravure en taille de relief, dont vous aviez cherché, par un concours, à provoquer le perfectionnement, et qui est en effet un auxiliaire si précieux pour l’imprimerie, a fait de nouveaux progrès; les essais de vignettes que M. Deschamps vous a présentés nous ont paru mériter d’être encore cités , indépendamment du talent du graveur, à raison de la perfection du travail et de l’économie des procédés employés pour varier les dessins et les adapter aux différens ouvrages pour lesquels ils doivent servir de décoration ; une récompense pécuniaire a été accordée à leur auteur. Une avance pécuniaire a été faite aussi à "M. le comte de Thiville pour son nouveau système de roulage qui avait mérité votre suffrage l’année dernière , et dont l’expérience a confirmé futilité : elle doit lui servir à établir des tonnes à eau.
- Vous avez pour principe , Messieurs , d'èire très-sobres en encourage-mens de ce genre , parce que les découvertes vraiment utiles doivent trouver dans leur utilité même la source des plus vraies spéculations pour les inventeurs ; vous avez aussi la juste confiance que votre approbation, en attirant 1 attention publique sur leurs travaux , concourt à leur assurer le fruit qu ils doivent en attendre. Nous devons en effet rendre cette justice à 1 e-
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- lévalion des sentimens ordinaires aux artistes, qu'ils considèrent eux-mêmes cette approbation comme la récompense la plus flatteuse , et que c’est presque toujours la seule qu’ils vous demandent.
- Parmi les constructions mécaniques vous avez distingué cette année :
- L’application qu’a faite M. Lenoble de la machine à vapeur au laminage du plomb en tables et à l’étirage des tuyaux sans soudure ;
- Les presses d’imprimerie en fonte de fer de M. Giroudot et les nouveaux pressoirs ambulans de M. Delahoje;
- Dans les arts qui se rattachent à l’horlogerie, la pendule à sphère mouvante de M. Richer, appelée sphère à lanterne; les horloges en fer fondu de M. Wagner, et l’instrument à réveil de M. Laresche, propre à être adapté à toutes les montres.
- Vous avez signalé divers perfectionnemens apportés à la fabrication des instrumens de musique, par M. J ans s en, pour la clarinette ; par M. Labbaye, pour la basse d’harmonie ou ophicléide; et pour tous les instrumens qui se composent de tubes courbés, tels que le cor et la trompette, en parvenant à les courber sans y employer le plomb.
- Deux instrumens remarquables pour dessiner la perspective ont fixé votre attention ; l’un est de M. Boucher, qui vous a présenté en même temps un autre instrument pour tailler les crayons ; l’autre , auquel l’auteur donne le nom d’hyolographe, est dû à M. Clinchamp, et sert également à obtenir des épreuves du dessin.
- M. Gambej vous a présenté un théodolite portatif, qui , sous une petite dimension, conserve une parfaite exactitude , et qui est maintenant à l’usage des arpenteurs et des géomètres.
- Notre collègue , M. Jomard, ne s’est pas borné à nous faire connaître les règles à calculer imaginées en' Angleterre, et qui consistent à transporter sur une échelle graduée les propriétés des logarithmes ; il a fourni à M. Lenoir les données nécessaires pour construire des règles de ce genre. M. Collardeau en a exécuté aussi, moins précises, mais plus portatives que les précédentes ; M. Clouet s’est exercé aussi sur le même sujet. M. Hoyau a transporté en France la régie ou échelle synoptique des équivalens chimiques, inventée par M. le docteur Wollaston.
- Vous avez approuvé également l’arithmomètre ou machine à calculer de 4L Thomas, de Colmar.
- La fabrication des poteries communes a fait de nouveaux progrès en France pendant cette année. M. Léon Thiessé, de Forges-les-Eaux, département de la Seine-Inférieure , nous a présenté des faïences très-solides , M. Laujorrois, du Montet, département de Saône-et-Loire , des poteries de
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- grès inattaquables par les acides, et qui remplaceront peut-être les capsules de porcelaine dans les laboratoires de chimie ; M. Legros (VAnisy, des poteries à l’instar des poteries anglaises, qui paraissent leur être au moins égales; leurs couvertes imitent l’éclat de l’or.
- La préparation des bitumes artificiels destinés à être employés dans les vernis et peintures a excité l’émulation de MM. Garros et Bonnet de Coutz; M. Dihl nous a fait connaître de nouveaux emplois de son mastic.
- \ous avez approuvé l’application faite par MM. Arago et Fresnel des lampes à plusieurs mèches concentriques et à double courant d’air, propres à l’éclairage des phares.
- En fait de tissus, vous avez particulièrement remarqué la belle fabrication de linge de table damassé qui vous a été présenté par MM. Dollé, de Saint-Quentin.
- M. V auchelet et sa sœur font de nouveaux efforts pour donner à leurs peintures sur velours un succès qui désormais dépendra essentiellement, du choix et de la perfection des dessins.
- § IL
- Publications cl communications.
- La publicité seule est déjà un moyen très-efficace d’accroître futilité de> perfcctionnemens obtenus dans Jes arts et de les multiplier en même temps , surtout quand cette publicité a lieu par des organes accrédités dans l’opinion : elle éclaire et attire les consommateurs ; elle favorise les rapproche-mens ; elle excite l’émulation ; elle met en circulation les exemples et les idées.
- Nous avons publié la nomenclature des prix et des médailles décernes en 1820 parla Société d’Encouragement de Londres. Il est utiie de comparer ses opérations aux nôtres : les médailles qu elle a données en 1820 s’élèvent à quatre-vingt-deux , seize en or, soixante-six en argent.
- Nous avons publié aussi la description de l’appareil construit à Londres par M. Taylor, pour l’éclairage du théâtre de Covent-Garden, au moven du gaz obtenu de la distillation de 1 huile, description qui nous a été communiquée parM. Hoyau,- celle d’une lampe perfectionnée destinée à l’éclairage des rues, et inventée par M. Cochrane ; celle d'une pompe aspirante et foulante, destinée à élever l’eau des puits, par M. Perkins (cette pompe est analogue à celle pour laquelle M. Binet a obtenu parmi nous un brevet d’invention en 1817); la méthode employée à Glasgow par M. Cameron, pour fabriquer les creusets , et qui a été répétée avec succès à la Monnaie de Paris , par
- P ingt-unieme année. Avril 1822. O
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- M. Bréant; la méthode employée en Allemagne par M.Dingler, pour épurei de leur couleur jaune les bains faits avec des bois de Brésil d'une qualité inférieure, et pour les substituer avec succès au véritable fernambouc ; les expériences faites par votre Conseil d'administration ont parfaitement confirmé le mérite de ce procédé.
- M. le baron de Fahnenberg qui nous communique fidèlement, chaque année, avec une obligeance si constante, les renseignemens relatifs à la marche de Findustrie en Allemagne, nous a adressé cette année un ensemble d’informations qui embrassent les progrès obtenus récemment dans cette portion de l’Europe , les ouvrages les plus importans qui y ont été publiés et les rapports de la commission formée à Darmstadt pour les intérêts de l’industrie des principaux Etats de l’Allemagne ; nous avons inséré dans le Bulletin un résumé extrait de ces riches matériaux. Le nombre de vos cor-respondans étrangers s’est beaucoup accru cette année, et nous nous flattons que cette circonstance étendra aussi nos relations avec les différentes parties de l’Europe.
- L’examen des aciers damassés de M. Sir-Henry, au sujet desquels il vous sera présenté un rapport spécial dans le cours de cette séance , a fourni à notre collègue M. Héricart de Thury l’occasion d’embrasser, dans un travail approfondi, tout l’ensemble de la fabrication de l’acier. Ce travail, que votre Conseil d’administration a considéré comme une sorte de traité élémentaire sur la matière, et qu’il a inséré dans le Bulletin, présente l’histoire de cette branche de l’art, la nomenclature des différens aciers, les propriétés des diverses espèces, les procédés employés pour les obtenir ; il est accompagné de tables comparatives des différens aciers cémentés et non cémentés.
- Nous remarquons en général avec une grande satisfaction , Messieurs , l’avancement sensible qu’a présenté depuis quelques années le traitement de ces métaux dont la nature a libéralement doté notre territoire, et qui fournissent à tous les arts le premier de leurs instrumens. Une émulation active régne dans nos forges ; une sorte de révolution s’opère, et les mesures protectrices qu’on attend en ce moment des trois branches de la législature achèveront sans doute de seconder ces efforts. De vastes établissemens se forment pour appliquer les procédés employés en Angleterre, soit à obtenir la fonte, soit à la convertir en fer au moyen de la houille.
- Nous avons eu sous les veux des échantillons de l’acier naturel obtenu du minerai de fer que fournissent les Pyrénées, traité dans les forges à la Catalane : ces échantillons, présentés par MM. Bernadac père et fils, ont été vus avec beaucoup d’intérêt; et nous espérons que les encouragemens et les
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- indications donnés à ces maîtres de forges les mettront bientôt à portée de donner un grand développement à la fabrication de l’acier naturel, et de réunir la simplicité et l’économie des procédés à l’excellente qualité de la matière.
- A la préparation des métaux on peut associer la construction des mécaniques , comme formant ensemble les deux grandes bases de toute prospérité industrielle vraiment solide ; la seconde a en effet comme la première une influence générale sur toutes les branches de fabrication. Parmi les efforts que nos artistes continuent à faire dans cette seconde carrière, nous devons signaler particulièrement ceux qui se dirigent sur la construction des machines à vapeur. L’attention de votre Conseil a été appelée, cette année, sur un appareil de ce genre exécuté par M. Saulnier, et employé à l’abattoir de Montmartre; sur les machines à vapeur construites par MM. Cazalis et Cordier, à Saint-Quentin ; ces deux derniers artistes établissent aussi des appareils de chauffage à la vapeur, des mouvemens intérieurs pour la filature, et un grand nombre d’autres espèces d’appareils mécaniques. Un vaste établissement a été formé depuis peu à Cernay (Haut-Rhin) par MM. Risler et Dixon , pour l’exécution de tous les genres de mécaniques nécessaires à la filature du coton; il occupe cent vingt ouvriers. MM. Risler et Dixon ne se sont point bornés à imiter les procédés adoptés en Angleterre ; ils y ont apporté de nombreux perfectioimeincns qui leur sont propres. Cet établissement est heureusement situé au centre des nombreuses et florissantes manufactures qui animent toute l’Alsace. L’un de nous a eu l’occasion de les visiter cette année, et n’a pu refuser son admiration au spectacle de ce vaste atelier, qui s’étend depuis les vallées des Vosges jusque dans la plaine de Mulhausen ; il occupe par le tissage jusqu’aux moindres hameaux ; il livre annuellement au commerce plus de cinq cent mille pièces de tissus de coton imprimés , qui ont subi sur les lieux toutes les opérations successives, et dont Wcsserling seul produit environ un cinquième. La fabrication y est dans un progrès continuel et non interrompu : les machines à vapeur y sont introduites dans les filatures ; avec elles rivalisent des chutes d’eau, dont le volume a exigé des constructions monumentales ; plusieurs fabricans exécutent eux-mêmes les pièces nécessaires à leurs ateliers. Les cylindres pour l’impression s’v meuvent de toutes parts, et les procédés pour les graver acquièrent une célérité surprenante : la chimie y perfectionne de jour en jour les préparations ou l'application des couleurs. Les fabricans du Haut-Rhin se portent en ce moment avec ardeur vers la filature en fin , et promettent d’affranchir la France du tribut qu’elle paye à l’étranger pour la fabrication des mousselines. Deux grands établissemens viennent de se développer dans le
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- meme but, l’un à Guebwiller, par MM. Schlumberger , l’autre à Munster, par Ai. Hartmann.
- Son Exe. le Alinistre de l’intérieur a jugé que le procédé mécanique inventé par AI. Bellanger, de Saint-Léger-du-Bourg-Deny, près Rouen, pour Hier en fin la laine cardée, méritait, par son importance, d’être généralement connu des fabricans ; il a acquis le droit de le publier et a bien voulu vous en confier le soin.
- La Société a publié également : 1°. un mémoire de M. Halcourt , ren-iermant la description de plusieurs machines à vapeur; il peut être utile de le comparer au Manuel de M. Oliver Evans , traduit en français par M. Doolitle;
- 2°. L’extrait d’un mémoire sur les carbonisations du bois , par M. de la
- Chabeaussiere y
- 3°. Un nouveau moyen de conserver les grains, par M. le comte Dejta/i . pair de France. M. Ternaux ainé continue à Saint-Ouen ses essais sur l ent' ploi des fosses souterraines dans le même but.
- Parmi les ouvrages imprimés cette année , il en est plusieurs qui ont particulièrement excité notre intérêt : tel est le recueil des machines , ins-u unions et appareils qui servent à l’économie rurale, recueil que AI. Leblanc continue, en v apportant toujours autant de discernement dans le choix des sujets que de talent dans la manière de les représenter ; on peut placer à coté de ce recueil la collection lithographiée de notre collègue Al. le comte de Lastejrie, exécutée presque tout entière d’après ses propres dessins , et qui est maintenant terminée.
- Le nouveau Dictionnaire universel des arts et métiers, ouvrage réellement classique, manquait à l’état actuel de notre industrie ; plusieurs membres de la Société y coopèrent ; le premier volume a déjà paru. L’introduction aeule de Al. Francœur , en annonçant l’esprit dans lequel il est rédigé, subit pour le recommander.
- AI. Bonafous , en faisant connaître la méthode du comte Dandolo pour i éducation des vers à soie, l’a résumée dans un manuel qui sera très-utile pour les cultivateurs dans les opérations qu’exige cette intéressante et difficile production.
- § 111.
- Expériences jaites par la Société ou par ses Membres.
- Vous vous rappellerez 5 Alessieursque notre collègue AI. Dartigues s est généreusement offert pour exécuter lui-mème les expériences méthodiques sur les plantes qui , par leur incinération, peuvent donner U plus de potasse,
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- expériences que vous vous étiez proposé de provoquer par un concours. Déjà ce travail, fruit d’une persévérance de plusieurs années, a donné des résultats bien prononcés, dont nous nous sommes empressés de faire jouir le public. Ils consistent dans un tableau comparatif, qui donne la quantité de potasse contenue dans un quintal de cendres , et des degrés alcalimétriques de cette potasse. Il reste à déterminer l’utilité pécuniaire de ces diverses manières d’obtenir l’alcali, et même à savoir'si parmi ces cultures il en est qui offrent un bénéfice assuré ; c’est à celte recherche que M. Dartigiies se livre maintenant , pour compléter la solution du problème.
- Deux grandes séries d’expériences ont été directement entreprises par votre Conseil d’Administration : l’une sur la fabrication des aciers damassés , l’autre sur la conductibilité de la chaleur dans les métaux.
- La première, par l’importance de ses résultats, demande quelques détails. Des échantillons d’une espèce d’acier provenant de l’Inde , appelé ivootz, qu’avait reçus à Londres la compagnie anglaise, attirèrent l’attention des savants et donnèrent lieu à des expériences d’après lesquelles on se crut fondé à affirmer que l’acier pouvait être considérablement amélioré par son alliage avec certains métaux. Pendant le même temps , on s’occupait à Paris d’un travail particulier sur le ivootz, dont quelques morceaux avaient été apportés de Londres et présentés à la Société d’Encouragement; on avait reconnu que son caractère distinctif était de se damasser , lorsqu'on le plonge dans un acide faible. La publication du travail des chimistes anglais sur le ivootz détermina le Conseil d’Administration de la Société à
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- faire vérifier leurs expériences sur la combinaison des divers métaux avec l'acier, en rattachant ce travail à celuit de Clouct sur les aciers damassés. Nous nous faisons un devoir de rappeler que la Compagnie anglaise des Indes n’a pas voulu recevoir le prix de 2 quintaux de ivootz que la Société avait fait venir pour des essais ; M. le Directeur général des douanes en a autorisé l’entrée en exemption de droits. Une Commission spéciale fut nommée pour exécuter ces recherches. M. Bréant , l’un de ses membres , voulut bien se charger de diriger ce travail ; il s’y livra tout entier, et ce qui augmente le mérite de son dévouement, c’est qu’il ne pouvait s’abuser sur l’étendue de la carrière qu’il avait à parcourir. Lorsqu'il commença son travail, on supposait généralement que les aciers damassés de l’Orient provenaient d’une réunion de diverses lames ou fils de fer et d’acier soudés, tordus et coiroyés; mais des essais répétés pendant quelques mois lui apprirent que les damas orientaux étaient le produit d’une espèce particulière d’acier fondu, et il en donna une preuve irrécusable, en présentant plusieurs petites lames damassées , qui avaient tous les caractères de beau-
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- coup d’armes persanes. Ce premier résultat fit espérer qu’en poursuivant ses recherches M. Bréant arriverait à une complète solution du problème. En conséquence , il fut invité à les continuer. Son Excellence le Ministre de l’intérieur voulut bien contribuer aux frais de l’entreprise , en ajoutant 3,000 fr. à la somme allouée par la Société pour cet objet. Plusieurs membre:? de la Société se sont empressés d’assister M. Bréant dans ses opérations et ont été témoins chaque jour de la persévérance de ses efforts.Divers rapports successivement insérés dans le Bulletin vous ont instruits delà marche de ce travail : il a enfin atteint son terme, il est couronné du succès, et votre vœu est désormais rempli d’une manière qui surpasse peut-être nos espérances. Toutes les variétés connues de damas ont été parfaitement imitées par M. Bréant, et il en a môme trouvé une espèce particulière, qui réunit et le damassé très-sensible des lames asiatiques et, une élasticité qu’on ne trouve dans aucune d’elles. M. Bréant, convaincu plus que personne qu’un procédé n’est bon qu’autant. qu’il est économique, a regardé comme le premier de tous les succès d’obtenir de beaux résultats au moins de frais possible , et il a amené les procédés à un tel degré de simplicité que , s’ils étaient exécutés en grand , ils coûteraient beaucoup moins que ceux de nos manufactures.
- Vous apprécierez le service rendu à notre industrie par votre Commission des aciers et par M. Bréant en particulier. Nous ne pouvons, Messieurs, offrir ici à un membre de votre Conseil d’administration que les remerci-mens de la Société pour un tel service , pour tant de persévérance et de désintéressement, seule manière que nous ayons de nous acquitter. Nous devons aussi des remereîmens à M. Saulnier, mécanicien de la Monnaie, qui a eu la complaisance de mettre ses ouvriers et ses instruments à la disposition de votre Commission des aciers, pour lui fournir les moyens d’exécuter cette longue suite d’expériences.
- La Société peut se féliciter d’ètre en mesure de faire à l’industrie française le présent de cette importante découverte. Vous avez sous les yeux les aciers obtenus par ce procédé, et vous pouvez reconnaître qu’ils ne le cèdent en rien aux plus beaux aciers damassés de l’Orient. L’utilité de cette découverte ne se bornera pas à donner les moyens de fabriquer facilement des lames parfaitement semblables à celles auxquelles les Orientaux mettent tant de prix ; elle exercera une puissante influence sur la fabrication de l’acier en France , en répandant une lumière nouvelle sur la théorie de cet art, f t par là, en multipliant parmi nous les établissements où il est exercé , nous affranchira d’un tribut onéreux que nous payons à l’étranger. Votre Conseil d’Administration, Messieurs, a pensé que les vues qui vous animent
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- iui commandaient de faire jouir sans délai l’industrie française d’une conquête aussi importante ; mais il a dû prévoir en même temps que la publicité donnée au procédé pourrait offrir aux étrangers le moyen d’en profiter immédiatement et peut-être avec plus de célérité ; le patriotisme lui faisait donc un devoir de réserver du moins aux fabricants français l'avantage de la priorité* en même temps, l’équité lui prescrivait aussi d’éviter parmi les fabricants français toute acception de personne. Il a espéré atteindre à ce but en suspendant la publication pendant deux années , et en appelant dans l’intervalle à une communication confidentielle du procédé tous ceux de nos fabricants d’acier qui sont connus pour avoir des établissements en activité, Nous espérons d’eux une discrétion qui est toute dans leur intérêt ; nous espérons aussi que, pendant ce délai, ils se hâteront de se mettre en mesurt pour ne plus redouter la rivalité étrangère.
- Les expériences relatives à la conductibilité de la chaleur dans les métaux ont été confiées à notre collègue M. Desprez , professeur au Collège roval de Henri IV -, elles touchent à leur terme , et il nous en promet un résultat complet et prochain. Déjà M. Desprez a communiqué sur ce sujet à l’Académie royale des Sciences un mémoire qui, sur le rapport de MM. Fourier et Poisson , a obtenu le suffrage de cette Compagnie savante et dont elle a ordonné l’impression.
- Deux autres problèmes sont encore devenus l’objet des recherches de votre Conseil d’Administration ; l’un et l’autre lui ont été proposés par b Gouvernement.
- § IV.
- Rapports cle la Société avec F Administration publique.
- On a remarqué que dans les Colonies les insectes détruisent très-rapidement le papier et la reliure des livres ; cependant les papiers anglais y sont en général moins exposés que ceux fabriqués en France. Le Ministre de la marine a communiqué à celui de l’intérieur des observations qu’il avait reçues à ce sujet de M. le gouverneur de la Martinique. Votre Conseil d’Administration , invité à proposer un prix sur les moyens de prévenir cet inconvénient , a pensé qu’on pourrait se dispenser d’ouvrir un concours ; qu en chargeant une commission spéciale de faire des expériences suivies, on atteindrait facilement au but, à l’aide des procédés déjà connus, et qu’on éviterait des délais inutiles. Vos Commissaires ont en effet rempli leur mission, et la préparation qu’ils ont indiquée, en donnant le moyen de préserver le papier
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- de la destruction par les insectes , aura une utilité générale. Le procédé vient d'être transmis à Son Exc. le Ministre de la marine.
- La Société a été également invitée à proposer un prix pour le perfectionnement des machines à égrener le coton. Ces machines sont d’un grand intérêt pour nos colonies qui cultivent cette plante. Votre Conseil a cru qu’il suffirait aussi de diriger sur cet objet les travaux d'une commission ; mais il exige plus de temps ; il faut faire venir un modèle d’Amérique. En attendant, plusieurs membres delà Société nous ont procuré des renseignements utiles ; dans leur nombre nous citerons M. de Valcourt, propriétaire à Toul, et M. Poidebard, fabricant à Lyon.
- Parmi les sources de richesses dont la nature a libéralement doté le territoire de la France, il en est une qu’on s’affligeait depuis longtemps de voir entièrement négligée , et que cependant les Romains jadis avaient abondamment exploitée dans les Gaules. Nous tirons a grands frais des marbres de l’étranger, lorsque nous en possédons dans nos propres carrières et que nous pourrions en tirer un parti si avantageux , non-seulement pour les ouvrages de la sculpture, mais aussi pour l’architecture monumentale, civile et particulière. La communication que Son Excellence le Ministre de l’intérieur nous fit donner en 1819 des marbres et granits ou porphyres, présentés à 1 exposition du Louvre , attira l’attention de la Société, et bientôt les matériaux et les renseignements recueillis par elle la confirmèrent dans l’idée que nos richesses en ce genre sont immenses et bien loin d’être connues; que nous possédons des marbres blancs aussi beaux que ceux de la Grèce ou de Carrare , des marbres de tous genres , ceux qui sont les plus rares et les plus précieux.
- Sur un premier rapport fait, il y a un an , par M. Héricart de Thury. votre Conseil d’Administration adoptant un vœu déjà exprimé en 1819 par le jury d’exposition du département de la Seine, pria Son Excellence le Ministre de l’intérieur de faire exécuter une description détaillée de toutes les carrières de marbres ou granits des départements ; d’en rassembler les échantillons; de les faire classer, reconnaître; d’y réunir les mémoires et renseignements qui existent tant dans les archives de l’administration que dans les travaux de nos géologues , et de faire d’après ces données un travail général sur les moyens de procurer l’exploitation de nos carrières et l'emploi des richesses quelles contiennent. Par une lettre du 23 juin 1821, Son Excellence a annoncé qu’elle avait favorablement accueilli les vues de la Société, et qu’elle s'occupait de leur exécution. C’est pour y concourir de son côté , autant qu’il peut dépendre de lui, que votre Conseil d’Administration
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- vous proposera dans cette séance de décerner quelques médailles pour la découverte des carrières de marbres indigènes. Le rapport qui accompagnera cette proposition entrera dans les plus grands détails sur cet intéressant sujet.
- Il avait été formé, dans le département des Vosges, un établissement pour le débit des granits cpie ses montagnes fournissent en abondance; il a succombé sous le poids des obstacles que lui opposaient les frais de transport : on peut espérer que ces obstacles disparaîtront par l%uverture du Canal de Monsieur. En général les canaux, dont la construction tend à prendre parmi nous un accroissement si rapide et si heureux , favoriseront beaucoup ces exploitations désirées, en facilitant les transports.
- Son Exc. le Ministre de l’intérieur a désiré concourir à faire connaître au public le rapport fait par M. Tarbé sur le moulin à eau de M, Pouguet, d'Ornans, que vous avez couronné, l’année dernière, et le mémoire de M. Garnier, ingénieur des mines à Arras, qui a remporté aussi, l’année dernière, le prix sur les puits artésiens. Il a pris 300 exemplaires du premier, et a fait imprimer le second à ses frais, au nombre de 2000 exemplaires.
- Par une circulaire du 12 décembre dernier, le Ministre, en transmettant aux Préfets des départemens les programmes de vos concours , a renouvelé auprès de ses administrés les invitations les plus pressantes , pour seconder les efforts de la Société d’Encouragement par tous les moyens dont ils peuvent disposer.
- Les huit places d’élèves à l’École de Châlons-sur-Marne, dont la Société dispose par l’effet d’une munificence royale , sont actuellement remplies ; trois de ces élèves ont mérité des éloges particuliers : ce sont les jeunes Cambier, Gâte aux et Le Royer.
- Vous attendons en ce moment du Gouvernement du Pioi l’autorisation qui nous est nécessaire pour entrer en possession de l’héritage qui nous a été si généreusement légué par M. le comte et Mmo la comtesse Jollivet.
- Cet héritage légué à la Société d’Encouragement, et dont nous aurons l'honneur, dans quelques instans, de vous entretenir avec plus de détail, va vous mettre bientôt en état de donner une plus grande étendue à la sphère de vos opérations. Déjà le capital formé par votre prévovance avait consolidé l’institution que vous avez fondée : cette année, le nombre de ceux qui y contribuent s’est encore accru de cent sept souscripteurs ; il est en ce moment de près de neuf cents. Vous ne saurions trop nous applaudir de voir s augmenter de jour en jour le concours de ceux qui prennent part à notre association; il atteste l’intérêt toujours croissant qu’inspirent des progrès de notre industrie, celte branche si précieuse de la richesse et de la gloire
- Vingt-unième année. Avril 1822. P
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- iiationaîes ; il multiplie les canaux par lesquels les résultats de nos travaux peuvent se répandre au dehors; il multiplie aussi ceux par lesquels les lumières parviennent à votre Conseil d’Administration, car un grand nombre d’entre eux lui apportent fréquemment des renseignemens utiles. jNous attendons de tous une coopération plus ou moins active; nous avons la jouissance de voir nos séances fréquentées par un certain nombre d’entre eux. Votre Conseil d'Administration , Messieurs, en s'efforçant de remplir la tâche que vous lui avez Confiée et qui chaque jour acquiert une plus haute importance, réclame l’assistance de chacun de vous, et trouvera sa récompense dans votre suffrage, comme il trouve son guide dans les intentions qui vous animent.
- AI. Michelin (Hardouin), ayant pris la parole au nom de la Commission des fonds, a présenté l’état suivant des recettes et des dépenses de la Société pendant l’année 1821.
- COMPTE RE JS DU des recettes et clés dépenses de la Société pendant ïannée i 821, par M. Michelin.
- Alessieurs, chargé par la Commission des fonds de vous présenter l’état des recettes et des dépenses de la Société pendant l’année 1821, je vais vous faire connaître successivement les divers chapitres du compte de AL Monta-niant, notre estimable trésorier. Ce compte, approuvé dans toutes ses parties par votre Commission, le 2 avril, présent mois, l’a été également le même jour par MAI. 1 es Censeurs,
- Recette.
- La recette est divisée en six chapitres :
- Le premier chapitre comprend le reliquat du compte de I année 1820 arrêté par votre Commission et par AI AI. les Censeurs, le 30 mars 1821, à la somme de............................................... . 9,400 f, 90 c,
- Dont 7,000 fr. 96 e. appartenant à la Société, et 2,000 fr. déposés dans sa caisse, par feu AL le chevalier Raton, pour un sujet de prix relatif à la substitution des presses hydrauliques aux pressoirs ordinaires à huile et à vin.
- Le deuxième chapitre se compose du produit de la vente, pendant l’année \ 820, du Bulletin de la Société et de la notice de ses travaux. . ................. 1,900 50
- J reporter. . 1 1,361 f. 76 c.
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- Ci-contre. . . 11,361f. 40 e
- iv ti-oisieme chapitre, des intérêts reçus pendant le dernier semestre 1820 et le premier semestre 1821, pour 150 action» de la Banque de France, dont la Société est propriétaire, ci, . . . , , ................................. 11,4)2
- Le quatrième, des souscriptions reçues pour 1821 et années
- ultérieures. . ................................. 21,840
- Le cinquième chapitre, de la souscription du Gouvernement
- ;u Bulletin de la Société. .... .................4,000
- En lin, te sixième et dernier chapitre, des contributions des Sociétés élémentaires et des méthodes dans les dépenses de invei - eclait aee et chauffage communes avec la Société d’En-
- t.J U
- oouragcmcnf. . .........................................1,225 »
- Total de la recette. .... 49,838 f. 46 c .
- Dépense.
- La dépense est divisée en neuf chapitres :
- Le prenne] chapitre comprend les sommes payées à l’agent de la Société, pour dépensés administratives et du Bulletin, droits sur les souscriptions re-
- ‘ue», frais d’assemblées, etc. .......... 8,530 f. 75 e
- Le deuxième chapitre, les frais de la rédaction du Bulletin. 3,294 »
- Le troisième chapitre, les dépenses générales relatives au
- Bulletin ci autres dépenses. .................11,418 20
- La somme payée pour le loyer forme le quatrième chapitre ................................................................. 4,500
- Le cinquième chapitre se compose du montant de la sous-
- TiptH.n ae la Société, pour la Société élémentaire........ 4-0 >,
- Le sixième chapitre, delà somme payée pour l’achat de
- pmire actions de la Banque de France......................5,975
- Le septième, des frais d’éclairage des Sociétés élémentaires
- -i des méthodes........................................... 240 >
- La pension payée pour un élève à l’École vétérinaire d’Al-
- fort forme le huitième chapitre , montant à............... 331
- Le neuvième et dernier chapitre présente Sa valeur des mmmes payées pour prix, encouragemens et médailles accordes par la Société pendant l'année 1 821.................. 9,61 7 60
- Total de la dépense. . . . 13,955 f 55 c.
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- Résultat.
- La recette s’est élevée, pour l’année 1821, à. .... 49,838 f. 46 c.
- La dépense à. . ........................................ 43,955 55
- Ainsi l’excédant de la recette sur la dépense est de. . . 5,882 f. 91 c.
- Dont 3,882 fr. 91 c. appartiennent à la Société, et 2,000 fr. sont à titre de dépôt, par suite du don fait par feuM. le chevalier Raton.
- Toutes les pièces a l’appui des recettes et des dépenses sont restées, après avoir été dûment vérifiées, entre les mains de l’agent de la Société, pour être déposées aux archives, ainsi que le compte de M. le trésorier.
- La Société se trouvait, en outre, au 31 décembre 1821, propriétaire de cent cinquante actions de ia Banque de France, achetées à diverses époques , moyennant une somme de....................................... 180,290 f. 35 c.
- Et représentant au cours dudit jour, 31 décembre dernier, celle de............................................... 231,3751.» c.
- qui, jointe au reliquat ci-dessus , fixé à................... 5,882 91
- La constituait réellement propriétaire, au premier janvier 1822, de..................................................... 237,257 f. 91 c.
- Ce sera toujours avec un véritable intérêt, Messieurs, que je vous ferai remarquer, ainsi que l’a fait l’un de vos censeurs, dans un compte précédent, l’accroissement successif du capital de la Société, qui, en 1802, n’étant que de 16,286 fr. 32 c., s était déjà élevé, dix ans après, à 87,616 fr., et se trouvait au premier janvier dernier de 237,257 fr. 91 c., indépendamment de l’accroissement qu’il a pris depuis.
- Tout nous fait donc espérer qu’avant peu, la Société, assez riche de ses propres fonds, pour pouvoir parer à toutes ses dépenses obligées, pourra offrir, sur le montant des souscriptions , de plus grands secours à l’industrie, en proposant de nouveaux prix et en accordant des encouragemcns et des primes plus considérables, qui, dédommageant les artistes et fabricans de leurs frais, les exciteront à tenter de nouvelles découvertes et à chercher des perfectionnemens.
- Heureuse alors de voir ses dépenses s’augmenter d’un plus grand nombre de récompenses, elle se félicitera, comme elle l’a fait l’année dernière, de voir la somme qu’elle a dépensée pour cet objet égaler à elle seule celles pavées à pareil titre en 1819 et 1820.
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- Pour justifier cette assertion, je rappellerai à la Société qu’en 1819 le total
- des récompenses a été de.................................4,812 f. 1 5 c.
- Et en 1820 de. . .................................. 4,845 95
- Total.............. 9,658 f. 10 c.
- En 1821 , il était de. ... ......................9,61 H 60 c.
- Divisés ainsi qu’il suit :
- Prix. . .................... 5,391 35
- Médailles d’or et d’argent................................1,261 25
- Encouragemens. .......................................... 2,965 »
- Total égal...................9,617 f. 60 c.
- J’ai cru devoir, Messieurs, entrer dans ces détails, afin qu’aucun reproche de parcimonie ne pût être fait à la Société, qui saisit, au contraire, toutes les occasions possibles de répandre ses bienfaits. Si quelque candidat, croyant avoir droit aux premières récompenses, a vu son espérance déçue, soit parce qu’un concurrent lui a enlevé la palme, soit parce que le prix a été remis à un autre concours, et en a témoigné son mécontentement, qu’importe à la Société? Toujours juste, et d’autant plus sévère qu elle compte maintenant une longue suite de bienfaits accordés à l’industrie, elle ne doit marcher qu’à pas lents et sûrs pour soutenir sa réputation et mériter la confiance qu’on lui accorde ; confiance qui ne se borne plus maintenant à être nationale , mais qui est, et nous pouvons tous le répéter avec orgueil, qui est universelle, caries bulletins de ses travaux pénètrent et sont consultés avec, intérêt dans toutes les parties du monde.
- Avant de terminer ce rapport, qu’il me soit encore permis de faire deux rapprochemens trop avantageux à la Société pour les passer sous silence ; le premier a pour objet la vente du Bulletin et de la notice de ses travaux ; ce produit qui, pendant les années 1 819 et 1820, était de 2,000 fr. seulement, s’est élevé, en 1821 , à prés de 3,000 fr., d’après les relevés qui viennent d’être communiqués par Madame HuzarcL
- Le second est relatif au nombre , toujours croissant, des membres de la Société. Les évènemens de 1814 et 1815, ainsi que la diminution du territoire, avaient réduit les souscripteurs à 400 environ ; aujourd’hui ils sont au nombre de près de 800, non compris l’abonnement du Gouvernement pour les préfectures.
- Il est temps de m’arrêter, Messieurs, nos succès pécuniaires vous sont
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- connus, et l ancine des chiffres ne peut que vous fatiguer, Plusieurs de mes collègues ont à vous entretenir d’objets plus intéressa ns et je retarde encore le moment de nos triomphes, qui est celui où nous décernerons des récompenses justement méritées.
- A la suite de ce rapport, AI. le duc de la Rochejoucauld, i un des censeurs, a rendu un hommage verbal à l’exactitude et au zèle de Ai. le trésorier et à la sage administration de la Commission des fonds,
- 'VL le baron de Gérando a repris ensuite la parole pour lire une notice sur feu AI. le comte Jollivet, membre du Comité de commerce de la Société /Vovez plus bas.)
- Au nom de la Commission des médailles et de celle de révision, AI. Motard a lu le rapport suivant sur l’établissement de scierie mécanique <n AI. Mo gain.
- M apport su/' / établissement de scierie mécanique de [VI. tlogum
- par M. Tvloiaid jeune.
- Le Conseil d’Administra lion de la Société a fait examiner , par son Cornue .les arts mécaniques, l’établissement que AL Roguin a formé à la Gare„ pies la barrière de ce nom, dans Paris, pour débiter et travailler, au mover Je machines, les bois indigènes à l’usage des menuisiers, charpentier.1 et charrons.
- Sur le rapport du Comité, le Conseil a décidé qu’une médaille d'or serau décernée à Al. Roguin dans sa séance publique de ce jour
- Cet établissement, imité de ceux que Aï. Brunet, notre coueitoven , «• formés dans les principaux arsenaux de la marine anglaise, est le premier e; même encore le seul de ce genre qui existe en France; car il n’a rien ds commun avec les établissemens où l’on débite, en feuilles très-minces, tes bois de placage pour les ouvrages d’ébénisterie. Il se compose de scies ver ticales. de scies circulaires, de machines à planer, à rainer, a languetter *•? h pousser des moulures dans le bois ; toutes reçoivent leur mouvement d une machine à vapeur de la force de douze chevaux, du svstème de TEooif que AL Edwards a fournie.
- A cette réunion de rnovens puissans de travaille?' les bois, AL Roguin a joint un procédé nouveau et prompt de les sécher, procédé qui jouit en même temps, suivant i auteur, de la pronriété ne jeç rrose? ' v fie L ptnùre dev
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- Tout, dans ceî établissement, est conçu avec intelligence, exécute avec habileté : il est assurément du nombre de ceux qui font le plus d’honneur à notre industrie; sa formation a coûté quatre armées entières de soins, de travaux et de dépenses. Les sacrifices inévitables dans toutes les nouvelles entreprises, où l’on ne marche qu’en tâtonnant, deviennent, encore plus considérables quand il s’agit de former un système composé de plusieurs machines qui doivent toutes successivement et efficacement concourir à un môme but, l’économie de main-d’œuvre et, par conséquent , de production. Le fondateur de cet établissement n’a, du reste, qu’à se féliciter de sa persévérance ; ses espérances sont remplies, puisqu’il peut, livrer et. qu’il livre en effet ses produits au commerce à 25 pour 100 au-dessous du cours.
- Le rapport du Comité des arts mécaniques ayant été inséré dans un des Bulletins de la Société, et contenant des détails circonstanciés sur chacune des machines particulières qui forment cet ensemble de moyens, nous n’en parlerons ici que succinctement et comme pour en donner une idée.
- Les bois en grume.ou équarris sont d’abord coupés par des scies à tronçonner, à la longueur de G, 9 ou 12 pieds, et sont débités ensuite par madriers d’une épaisseur plus ou moins considérable, à des scies verticales alternatives, qui contiennent toujours autant de lames qu’il en faut pour débiter le morceau d’un seul vovage du chariot. La quantité de sciage d'un châssis garni de quatre lames est d’environ 180 pieds superficiels par heure; mais perdant la moitié du temps pour les remplacemens, ce travail se réduit à 90 pieds : d’où il résulte qu’une scie mécanique de cette espèce, qui emploie, suivant M. Roguin, une force équivalente à celle de deux chevaux , débile autant de bois que neuf paires de scieurs de long, c’est-à-dire dix-huit hommes.
- Les madriers résultant de ce premier travail, sont portés à des scies circulaires qui les réduisent en frises ou en battaus, avec une incroyable la-piditc, Ces scies, formées de disques de tôle d’acier, ont depuis 12 jusqu à 50 pouces de diamètre ; la vitesse des plus petites est d’environ sept cents tours par minute et celle des plus grandes de 500. Les madriers minces se débitent aux premières, et ceux qui ont le plus d’épaisseur aux secondes. M. Rog uin a substitué aux chariots, dont le mouvement absolu amenait le-bois sur la scie, la simple poussée d’un ou de deux hommes, et il a troir-n^ dans cette substitution, un grand avantage, tant sous le rapport du travail que sous celui de la conservation des machines. Un trait de 9 pieds de long mr h pouces et demi de large, dans du bois de chêne-vert, est fait en mon»
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- de quarante secondes : il faut une minute pour faire le même Irait dans le même bois quand il est sec. A ce compte, on voit qu’une scie circulaire peut débiter 270 pieds superficiels de bois vert par heure; mais en défalquant la moitié pour le temps perdu dans les changemens de morceaux et dans les mouvemens rétrogrades, il reste un travail effectif de 135 pieds par heure, ce qui excède d’un tiers le travail des scies alternatives. Ce résultat ne paraît point étonnant, quand on considère que la scie circulaire agit sans interruption , tandis que la scie alternative n’agit utilement qu’en descendant.
- Les planches larges ou étroites, sortant des scies circulaires , sont portées dans un bassin rempli de l’eau de condensation encore chaude de la machine à vapeur, d’où, au bout de huit à dix jours, on les retire pour les empiler dans un vaste séchoir, chauffé par un calorifère. Cette immersion du bois vert dans l’eau chaude a , suivant fauteur, plusieurs avantages : 1". de le disposer à une dessiccation plus prompte, en le dépouillant des parties solubles, gommeuses ou mucilagineuses de la sève; 2°. de le rendre moins sujet à se tourmenter par l’alternative de l’humidité et de la chaleur; 3". enfin de le préserver de la piqûre des vers , dont la partie gommeuse parait être f aliment.
- Lorsque les planches destinées à faire des parquets ont reçu le degré de dessiccation convenable, elles sont portées à une machine qui dresse un de leurs côtés, à six à-la-fois, placées et serrées l’une contre l’autre par des presses à vis. Cette machine est celle que feu M. Brmnah, ingénieur à Londres, avait imaginée, il y a vingt ans, pour planer et raboter les bois, particulièrement les flasques d’affût de canon : elle a été gravée et décrite dans l’ouvrage de M. Ch. Dupin, notre collègue, sur les Forces de terre et de mer de VEmpire britamikpue.
- Les planches, dressées ainsi d’un côté , sont reportées à une scie circulaire, qui, en les tirant de largeur , dresse en même temps le deuxième côté ou joint.
- L’opération qui termine cette série de travaux , est de pratiquer sur les joints de chaque frise une rainure et une languette pour former, par leur assemblage, des planchers ou des parquets. M. Roguin a inventé, pour cet objet, deux machines très-ingénieuses, mais sur lesquelles nous devons, à sa prière , nous abstenir de donner des détails, voulant, comme de raison , jouir au moins, pendant quelque temps, du bénéfice de son invention, pour laquelle il a pris un brevet. Nous devons donc nous borner à en faire connaître les résultats.
- L'une de ces machines fait les rainures et l’autre les languettes, à six
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- frises à-la-fois, et tellement exactes qu’étant assemblées il est difficile d’apercevoir le joint. La machine à rainer en fait 12 pieds par minute , et la machine à languetter 9. La force employée à les faire mouvoir l’une et l’autre est estimée devoir être d’un cheval et demi.
- M. Roguin s’occupe en ce moment d’ajouter à son établissement une scie circulaire pour tronçonner les bois ; il se propose aussi de disposer la troisième scie alternative, qui lui reste à monter , de manière à pouvoir chantourner toutes sortes de courbes pour roues de voitures et autres. Les sciures de bois, façonnées en mottes, concourent, avec le charbon de terre, à chauffer le fourneau de la machine à vapeur; elles chauffent aussi le calorifère du séchoir à bois : ainsi, dans cet établissement, tout est mis à profit.
- Jusqu’à ce moment, M. Roguin a borné ses produits à faire des planchers et des parquets; il y a été déterminé par la considération qu’un établissement quelconque, et particuliérement de la nature du sien, est obligé de consulter les besoins locaux; il a vu que 1 emploi des planchers et parquets est très-considérable à Paris, et qu’il le deviendra encore davantage par la diminution d’un quart sur le prix. Cette circonstance contribuera à décider les propriétaires et les architectes à les employer de préférence au carrelage en terre cuite, si peu solide, si froid et si pernicieux pour la santé : sous ce dernier point de vue, les produits de l'établissement de M. Roguin ont donc un but d’utilité fort recommandable.
- Il a un autre mérite, qui produira sans doute une noble émulation parmi nous, c’est de nous avoir fait connaître, par des réalités, la puissance des moyens mécaniques imaginés par M. Brunei, et appliqués par lui, en Angleterre , aux constructions navales. Une enquête faite par ordre de l’Amirauté de Londres, a prouvé que les économies obtenues sur ces constructions, par l’usage des machines de M. Brunei, sont de 7,000 liv. sterling par année; et, par une marque de bienveillance et d’estime pour M. Brunei, on lui a accordé cette somme, à litre de gratification, quoiqu’il eût déjà, depuis long-temps, reçu la récompense de ses utiles travaux.
- C’est d’après ces considérations que la Société d’Encouragement, fidèle au but de son institution, a décidé qu’il serait accordé à M. Roguin la plus honorable récompense qui soit à sa disposition , la médaille d’or, comme un juste hommage rendu à son mérite , et à la louable résolution qu’il a prise d’enrichir notre industrie d’un utile et bel établissement.
- Les conclusions de ce rapport ont été adoptées par l assemblée. En conséquence, M. le président a remis à M. Roguin la médaille d’or votée en sa faveur.
- Vingt-unième année. Avril 1822.
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- Au nom de la Commission des médailles et de celle de révision , M. Hé ricart de Thuy a lu le rapport suivant sur la fabrique d’aciers de AI. Sir-Henry.
- Rapport sur les aciers de M. Sir-Henry
- de Tliury.
- par M. Hericart
- Messieurs, AI. Sir-Henry, coutelier et fabricant aciériste à Paris , vous a présenté des lames de sabre et divers instrumens de coutellerie et de chirurgie, en vous demandant de les faire examiner et d’en faire constater la qualité.
- Vous avez chargé votre Commission des aciers de cet examen; vous connaissez son travail ; nous ne vous en rapporterons donc que les principaux faits.
- Nous n’avons pas cherché à déterminer, Messieurs, le rang que la fabrique de AI. Sir-Henry doit occuper dans la classification de nos aciéries et coutelleries : ce n’était point là la question. Nous nous sommes bornés à examiner ses aciers, et nous nous bornerons également ici à vous remettre sous les yeux les résultats de nos essais et de nos analyses.
- Nous vous rappellerons d’abord que c’est moins au dessin ou figuré damassé proprement dit, que AI. Sir-Henry s’est attaché, qu’à i amélioration des aciers en général. Ses travaux Font amené au développement du dessin damassé , et c’est ce motif, qu’il ne s’était pas d’abord proposé, qui l’a engagé à nommer son acier, aaier damasse, quand il a reconnu qu’un des effets de son procédé était de développer dans le corps de l’acier la contexture damassée ; mais cependant sans attacher aucune importance à la qualification de damassé, qu'on aurait, conséquemment tort de lui contester, si on lui reprochait de ne pas toujours donner à ses aciers le véritable figuré des damas de l’Inde ou de l’Orient. Au reste, ce figuré était plus ou moins développé dans quelques-uns de ses aciers que nous avons examinés, et AI. Sir-Henry le développe actuellement à sa volonté, en fondant l’acier avec le carbure de fer à une haute combinaison.
- Votre Commission a reconnu que ces aciers présentent différens genres de dessins damassés, suivant qu’ils ont été soumis aux divers degrés de préparation cémentaire : mais quelque variés , quelque rapprochés qu’ils soient des damas orientaux , aucun cependant ne nous a offert le genre de damassé des étoffes d’acier platiné si élégant et si remarquable de AI. De-grand-Gu rgey de Alarseille , ou le véritable damassé oriental des aciers de notre collègue AI. Bréant.
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- Les aciers prépares par M. Sir-Henry se divisent en aciers soudables , et aciers non soudables ou difficilement soudables. Ils ont été examinés , les uns et les autres, avec des aciers pris.dans les mêmes barreaux non préparés, sous les rapports suivans :
- 1°. De l’homogénéité et de la grainure ;
- 2L De la plus ou moins grande facilité à les travailler ;
- LL De la dureté qu’ils acquièrent par la trempe;
- VL Du corps qu’ils présentent et qu’ils conservent ;
- 5°. Enfin de leur élasticité, et nous avons eu l’honneur de vous faire connaître dans le plus grand détail les résultats que nous avons obtenus.
- La coutellerie de table de M. Sir-Henry est bonne ; elle est estimée et elle mérite de l’être : mais c’est particulièrement sur ses instrumens de chirurgie que nous avons fixé notre attention. L’extrême dureté, la souplesse et l’élas-ficite de ses aciers , les rendent particulièrement propres à la fabrication des instrumens qui exigent un tranchant fort acéré, et qui ne sont communément que trop sujets à le perdre, dès qu’ils ont coupé des corps qui offrent une •. ertaine résistance : à cet égard les instrumens de chirurgie de M. Sir-Henry ï éunissent toutes les conditions et les qualités désirables, suivant MM. Dubois et liée lard, professeurs de l’école de médecine de Paris, Larrey, chirurgien en chef de la garde royale, Bogras, professeur de la faculté, Ribes , le baron Se ec} . Breschcl, Cloquet, etc., etc.
- Nous ajouterons encore à ces détails, PL que MM. Massard, Bein et Muller, célèbres graveurs en taille-douce, qui ont eu la complaisance d'es--,;;ver les burins que nous avons fait faire avec l’acier de M. Sir-Henry, ont o s tine qu’ils les trouvaient préférables à ceux dont ils se servaient communément , et 2l que M. ï Sallai, entrepreneur lithogivpte du Garde-meuble de la muronru , auquel vous avez décerné une médaille d’argent dans votre séance générale du mois de mai 1820, et auquel nous avons confié l’essai des ciseaux, Lunns, trépans et forets d’acier de M. Sir-Henry, les a mis à l’épreuve sur 'U s roches les plus dures, telles que des granits, des porphyres et des serpentines ou ophit.es.
- Enfin, Messieurs, après avoir fait des lames de sabre et des cimeterres de damas d’étoffe, suivant les procédés indiqués par Perret et par Clouet, M. Sir-Henry s’est livré à la fabrication des lames d’acier fondu, et nous eroyom pouvoir affirmer que s’il n’a pas encore obtenu le véritable dessin figuré des damas orientaux, il n’en possède pas moins un procédé par lequel il fait des lames damassées d’excellente qualité, puisqu’après des estais nombreux , il a été constaté que ses lames réunissaient à-la-fois la dilate e corps et 1 élasticité des meilleurs aciers , et que ses lames de sabre,
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- d’ailleurs parfaitement travaillées, présentent toutes un figuré damassé plus ou moins développé.
- D’après ces motifs, et sur le rapport de la Commission, le Conseil d’administration a décidé qu’il décernerait en séance générale une médaille d’or à M. Sir-Henry y aeiériste-coutelier de l’école de médecine; mais il a en même temps arrêté 1°. que le concours sur les aciers resterait toujours ouvert , et 2°. qu’il décernerait annuellement des médailles d’or et d’argent a ceux qui lui présenteraient des améliorations ou des perfectionnemens dans la fabrication et le travail des aciers.
- L’assemblée a approuvé les conclusions de ce rapport. En conséquence, M. le président a remis à M. Sir-Henry, coutelier, place de l’Ecole-de-Méde-cine, n°. 6, la médaille d’or qui lui a été décernée.
- M. Héricart de Thury ayant repris la parole au nom des mêmes Commissions, a lu le rapport suivant sur les carrières de marbre nouvellement découvertes en France.
- Rapport sur différentes carrières de marbre nouvellement découvertes en France , et sur l’état actuel de nos marbrières;
- par M. Héricart de Thury.
- Observations préliminaires.
- Messieurs, avant de vous parler des médailles que vous allez décerner, veuillez, je vous prie, me permettre quelques observations sur l’état actuel de nos exploitations de marbre , et fixer un moment votre attention sur cette branche importante de nos richesses minérales , autrefois florissante , aujourd’hui négligée , ou même bientôt entièrement perdue pour nous, si le Gouvernement n’avait enfin répondu à votre sollicitude; car telle était la situation de nos marbrières, que dans ce même pays, où les empereurs romains, où Charlemagne, François Ier., Henri IV et Louis XIV, trouvaient les marbres de leurs superbes palais, aujourd’hui les tempdes, les édifices publics, le Louvre, les tombeaux de l’abbaye de Saint-Denis , les statues des rois et jusqu’à la fontaine de l’Eléphant, tout est décoré de marbres étrangers , apportés à grands frais des pays voisins au détriment des marbrières françaises.
- Telle était notre position que dans les Gaules, dont les Romains connaissaient mieux les marbres que nous ne les connaissons, et où ils puisaient les matériaux des magnifiques monumens dont nous voyons les vestiges précieux à Lyon, à Vienne, à Valence , à Aix, à Ximes, à Avignon, à Arles,
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- a Marseille, à Toulouse, à Bordeaux , à Limoges, etc., etc.; telle était enfin, nous le répétons, notre position, qu’il semblait déjà, à voir nos édifices, nos palais et nos monumens , qu’on ne connaissait plus en France aucune carrière de marbre, et que l’étranger avait le privilège exclusif de nous en approvisionner (1), puisque, suivant les états produits par M. le directeur-général des douanes ; l’importation des marbres a été, en 181 7, de 3,111,831 k.
- En 1818, de,................................... 3,998,026
- En 1819, de.................................... 3,874,688
- En 1820, de.................................... 4,080,872
- Et ce n’est pas sans un véritable sentiment de peine que, d’après les renseignemens que nous avons recueillis , nous nous sommes assurés que les importations de marbres, pendant les années 1821 et 1822, offrent encore, comparativement avec les années antérieures, une progression effrayante.
- Nous avons cherché, Messieurs, les motifs de cette progression ; on nous a assuré (et nous le désirons) qu’elle n’était due qu’au bruit qui a été répandu que, pour encourager nos marbrières françaises, nous avions sollicité du Gouvernement l’augmentation des droits d’entrée sur les marbres étrangers. Ce moyen est en effet le seul de remettre en activité nos anciennes marbrières de Flandre, de Languedoc, du Bourbonnais, du Dauphiné, de Provence, de Corse, des Pyrénées, etc., etc. , en attendant que le Gouvernement, à l’exemple de Louis XIY, puisse ouvrir et rétablir les routes de nos anciennes marbrières, ou qu’il ordonne à ses entrepreneurs d’employer nos marbres, concurremment avec ceux de l’étranger, ou enfin qu’à titre d’encouragement, il accorde à nos exploitans la fourniture des marbres de décors de quelques-uns de ses palais et de nos monumens publics.
- Qu’on ne vienne pas, à ce sujet, nous accuser de demander la prohibition des marbres étrangers ; cette pensée rfest point la nôtre. Nous connaissons trop les abus et les inconvéniens de la prohibition , nous apprécions trop
- (i) Nos exploitations de marbre sont en ce moment absolument annihilées, parle bon marché des marbres étrangers et sur-tout de ceux d’Italie. Les carrières de ces derniers sont très-près du port où on les embarque sur des petites tartanes; la navigation, soit maritime, soit intérieure, les apporte à peu de irais en France: ces marbres y coûtent alors moins cher que les marbres français, qui, placés dans de hautes montagnes peu h portée des rivières navigables , ont des frais énormes de transport à supporter. La plupart des marbriers étant Italiens, sont disposés à préférer, à ceux de France , les marbres d'Italie, qu’ils sont accoutumés à travailler, ët auxquels ils supposent une supériorité qui décourage les exploitons. (Opinion de M. le baron de Puymauria, député de la Haute-Garonne, à la tribune de la Chambre des Députés, sur le projet de loi relatif aux douanes; séance du 22 avril 1S20C .
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- mon les avantages de ia concurrence dans les différentes branches de notre industrie, pour jamais solliciter aucune prohibition , même à titre d encouragement : aussi, nous le répétons, nous ne demandons pour nos marbrières que la faveur d être admises à fournir les marbres de nos palais, de nos temples et de nos monumens, concurremment avec les étrangers, ou plutôt avec ces nëgoeians, qui sont connus sous le titre d’agens de commerce intermédiaires.
- Tels étaient, Messieurs, les moyens que Louis XIV employa lorsque voulant décorer les palais de Versailles, de Meudon, de Marly et de Tria-non, il appela toutes ses provinces à lui fournir des marbres dont nous admirons la beauté et dont les carrières, pour la plupart encore ouvertes, sont cependant aujourd’hui abandonnées (1).
- Tels furent également et plus anciennement les moyens de François Tr.,
- .Vous voyons par l’extrait d'un estai au vray des bâtimens du Roi, de Vannée i(;:s à no, tenu par M. de Colle, pour les exercices de MM. les officiers des bâtimens (in-4fc, manuscrit . mare-piin rouge, tranche dorée), que le Roi acheta en ÎGGG, r. des sieurs Dorbay, Misson et Legroaj dix colonnes de marbre de rance jaspé français, de IG pieds de bailleur, trav liiiées. polie- et poser-, .000 francs la pièce.
- 2 . Du sieur Fromont, des colonnes de 16 pieds , de Sainte-Baume et des Pvrénées. .mon iranc-
- eeiles de 20 pieds, 3,000 francs.
- •Vr Des sieurs Chantemerîe, Boileau et Compagnie , des colonnes de griotte de Garnies et de rouim i" Languedoc , de toutes grandeurs, à 8 livres 11 sous le pied cube ; ceiles de Yert-Campan. de tome.-grandeurs,, à 8 livres 10 sous le pied cube , et celles de Sarrancolin a G livres 2 sous
- El 4 . Des sieurs Blancourl, Castille, Lebrun et Compagnie, en i68i. pour les colonnes d< marbre blanc de Saint-Béat, dans ia vallée d’Ar ou d’Arreau (Pyrénées* . à ix fr.mcs R pied
- uhe.
- M. Lfantin, intendant général des bâtimens. qui avait de grande- propriétés dans le- Pvrent-es . avait fait venir des marbres de Campan , Lourdes, Luz , Sarrancolin , Saint-Baudrv. Saint-Béat. >eix Languedoc, Cannes , etc., etc., et suivant ses états de situation . i! avait dans les maison- du Bu; mi i co9 en marbres de France,
- i x En colonnes de Languedoc.. . 1 , / l iC 4 2 de de de de 18 pieds. 20 1 0 12 ( i \ Eu tailles. t dalles, tranches'; et blocs t 1 i 5s0
- r . En colonnes de Sarrancolin . . . i 12 de iC i
- f G de 1 ù t. 0
- - de 1 G i
- a". En colonnes du Campan , ' G de 1 S ni ion. < - v -,
- 2 de 20 \
- r\ Eu co,ormes de giioiie de Cauue ‘S • - G de S aient. 54 0 0
- •V . En Bourbonnais {(it'HÏ. j s ;] j
- GE En Saint-Maximin. . . t d c m. 5 G- <;
- S de 1 h
- * En '.donnes de rance tiancai?- . de î G idem G D t
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- de Henri II son successeur (1), et ceux d’un prince qu’on ne saurait jamais trop citer pour le bien qu’il fit et pour celui qu’il voulut faire, Henri IV, dont vous nous saurez gré de vous rapporter une lettre autographe trop peu connue , et qui semble avoir été écrite pour nous diriger dans cette discussion. Cette lettre est datée de Chambéry, le 3 octobre , et sans millésime, mais probablement de 1600, après la prise de cette ville et la conquête de la Savoie. Elle est adressée au Gouverneur du Dauphiné, le fameux connétable Bonnes de Lesdiguières, lequel avait lui-même déjà fait ouvrir, dans ses domaines, de grandes exploitations de marbres, pour décorer ses châteaux de Vizille et de Lesdiguières- Voici la lettre (2) :
- « Mon compère , celui qui vous rendra la présente est un marbrier que » j’ai fait venir expressément de Paris, pour visiter les lieux où il y aura » des marbres beaux et faciles à transporter à Paris pour l’enrichissement » de mes maisons des Tuileries, Saint-Germain-en-Laie et Fontainebleau , » en mes provinces de Languedoc, Provence et Dauphiné, pour ce qu’il pourra » avoir besoin de votre assistance, tant pour visiter les marbres qui sont en » votre gouvernement, que les faire transporter, comme je lui ai commandé, » je vous prie de le favoriser en ce qu’il aura besoin de vous. Vous savez » comme c’est chose que j’affectionne, qui me fait croire que vous Pafiection--» nerez aussi et qu’il y va de mon contentement.
- » Sur ce, Dieu vous ait mon compère en sa garde. »
- Henry.
- Le 3 ocLbre, à Chambéry.
- Combien, Messieurs, cette lettre est touchante ! Quelle âme, jusque dans les choses les plus simples ! Quelle profonde pensée du bien public animait toutes les actions de ce grand, de cet excellent roi ! Combien nous avons à regretter que ses vues n’aient pas toujours été suivies, et qu’ici par exemple, ses intentions aient été sacrifiées au goût bizarre et capricieux de la mode ,
- ’i) Tü acoeat de Toulouse envoya au Roi Henri II, par la Garonne et la Seine , le premier bloc de marbre des Pyrénées qui soit arrivé à Paris. Ce don, accepté par le Roi avec le plus grand plaisir, fut récompensé par une charge de maître des requêtes, et Scciliger nous apprend que cet avocat, que !e parlement de Toulouse avait refusé de recevoir Conseillera cause de son ignorance, fut surnommé le Maître des requêtes de marbre. {Puymaurin, opinion précitée.]
- '2: Le beau mausolée du connétable de Lesdiguières, clans l’église Saint-Arnoud, à Gap, est en marbre noir, dur, très-vif et très-compacte, de la montagne du Faru , au-dessus du château de Lesdi-guières. La statue du connétable, couchée sur son mausolée, est en bel albâtre gypseux saeeha-roide, blanc de neige, de la vallée de Sellier, près des ruines de l’abbaye cîe Boseodon , dans le même département,
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- qui nous a fait abandonner nos plus beaux marbres français, pour nous rendre tributaires des étrangers!
- Pendant la révolution, le Gouvernement manifesta plusieurs fois l’intention d’encourager l’exploitation de nos marbrières; il ordonna, à cet effet, la construction de divers inonumens en marbre de France, mais rien n’a été fait.
- Sous le régime impérial, le chef du Gouvernement lit dresser, par des ingénieurs du Corps des mines, un état exact de toutes nos carrières de marbres, et l’on ne peut avoir oublié que, dans le nombre d’édifices ou de monu-mens qu’il avait résolu d’élever , il avait, entre autres, ordonné la construction d'un immense palais , dans lequel on ne devait employer que des marbres et des bois indigènes.
- Plusieurs grands monumens publics, tels que le Louvre, l’Arc de Triomphe du Carrousel, le palais de la Chambre des Pairs, la salle des Députés, le palais de Saint-Cloud , etc., etc., ont bien été décorés a cette époque de beaux marbres français ; mais ces marbres et ces colonnes ne provenaient point de marhrières nouvellement mises en exploitation. Ils étaient dans les magasins du Gouvernement qui en devait la conservation à Al. le comte Chaptal, lequel, durant son ministère, les avait sauvés de la démolition de l’ancien château de Meudon , que Louis XIV avait décoré de plus de deux cent cinquante colonnes des plus beaux marbres de Languedoc et des Pyrénées. Ces colonnes allaient être exploitées et débitées, lorsque M. le comte Chaptal, averti des intentions des acquéreurs, s’empressa de prendre les mesures nécessaires pour nous conserver ces précieux vestiges de l’antique splendeur de nos rois.
- En 1820, le Gouvernement, en augmentant les droits d’entrée sur les marbres étrangers, chercha à encourager nos exploitations de marbre; malheureusement son but fut entièrement manqué : l’augmentation était insuffisante, elle était, d’ailleurs, mal établie, elle ne fit qu’aggraver le mal et accroître les importations.
- En 1821 , la Société d’Encouragement adressa les réclamations les plus pressantes à S. Exe. le Ministre de l’intérieur, et lui fit connaître la nécessité, 1°. d’augmenter promptement les droits d’entrée sur les marbres étrangers; 2°. d’établir une série de droits proportionnés à l’état et aux dimensions des masses; et 3°. d’employer nos marbres dans les monumens publics pour en encourager les exploitations.
- Le Ministre répondit aux instances de la Société qu'il allait ordonner de faire des recherches pour reconnaître les marbres de France, afin de les substituer autant et aussitôt que possible aux marbres étrangers dans nos
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- travaux publics ou particuliers , comme si ce travail qui avait été fait à differentes époques, et pour la dernière fois, il y avait à peine douze ans, par MM. les ingénieurs des mines, était encore à faire.
- Tel est, Messieurs, l’état présent des choses. Nos plus beaux établissemens sont successivement tombés ; nos grandes marbreries ne sont plus que de simples polisseries • Paris est encombré de marbres de la Belgique et des Pays-Bas : on nous apporte nos statues, nos bustes, nos tables, nos consoles, nos cheminées , et même jusqu’à nos tombeaux ou monumens funéraires, terminés et prêts à mettre en place ; nos dernières carrières de marbres seront bientôt abandonnées, nous serons alors entièrement à la merci des étrangers; enfin, à voir nos monumens publics et nos constructions civiles ou particulières, on pourra douter à l’avenir, s’il a jamais existé en France une seule exploitation de marbre.
- Un tel état de choses ne pouvait, Messieurs, échapper à votre sollicitude ; vous avez éclairé le Gouvernement, et il s’est empressé de proposer aux chambres une nouvelle augmentation des droits d’entrée sur les marbres étrangers.
- M. de Bolivienne, au nom de la commission chargée d’examiner le projet de loi , dit dans son rapport au sujet de cette augmentation : a Une exploi-» fation dont la France s’enrichit à présent, est celle des marbres de toute » espèce qu'on tire des carrières de nos départemens des Alpes, des Pyré-
- > nées, du Lot, du Mont-d’Or, des Ardennes, etc., etc. Les conseils de com-» merce et de la Société d’Encouragement pour 1 industrie nationale, ont » reconnu que ces marbres , très-divers en espèces , pouvaient satisfaire au
- > plus grand nombre de nos besoins. Les savantes recherches de l’un de nos « collègues ne laissent aucun doute à cet égard. Vous pouvez, par les droits a de douanes, hâter le développement de cette richesse, en élevant la valeur » des produits , et en contrariant des habitudes qu’on attaquerait vainement a par d’autres moyens. Nous proposons donc, dit le rapporteur en terminant, ); de porter à 3 francs au lieu de 2 francs le droit sur les marbres bruts , et a de faire subir aux taxes subséquentes portées au projet de loi, une augmen-; talion relative, a
- Ainsi, Messieurs, la Commission des douanes, en approuvant vos remontrances au .Ministère , a proposé à la Chambre des Députés d’augmenter les droits portes au projet de loi, à l’effet d’encourager nos exploitations. Malheureusement l'augmentation proposée par la Commission est insuffisante ; d ailleurs elle n’est point établie , ainsi qu’elle devrait l’être , par séries et dans des proportions déterminées, soit par les dimensions , soit par les divers états dans lesquels les marbres étrangers sont importés.
- J in^l-nnieme année. Avril 1822.
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- Ne craignez point, comme quelques personnes en ont manifesté l’inquiétude, ne craignez point, Messieurs, que, par suite de l’augmentation de droits que nous vous proposons de solliciter, la France ne manque de marbres pour ses ateliers, ou que son sol ne puisse leur fournir ceux dont ils ont besoin ; déjà nous avons suffisamment répondu à cette objection, qui n’est en effet nullement fondée : d’ailleurs nous vous dirons, et c’est avec connaissance de cause, que la France possède en marbres, brèches, albâtres, granits, porphyres, etc., etc., tout ce qu’elle peut désirer; qu’elle est plus riche eu ce genre que beaucoup de contrées ; qu’aucune de ces matières ne lui manque ; que les anciens en ont ouvert d’immenses carrières; que nous pouvons les remettre en exploitation avec avantage : nous ajouterons meme, d’après les nouvelles reconnaissances qui viennent d’être faites, que nous possédons dans plusieurs de nos départemens (ce dont on avait douté jusqu’à ce jour) d’abondantes car-rièresde marbres blancs statuaires, plus fins, plus homogènes et plus blancs que ceux de Carrare et de Luni, et qu'il est même impossible de distinguer des plus beaux marbres blancs statuaires de la Grèce, avec lesquels ils ont la plus parfaite identité pour leur blancheur, leur pureté, leur grain et leur contexture (1).
- Enfin, Messieurs, dans l’intérêt de la statuaire et de l’école française , permettez-nous une dernière observation. Les tarifs des douanes ont bien distingué les livres , les cartes de géographie, les gravures noires, les gravures coloriées, les lithographies et la musique gravée, de leur matière première, le papier blanc. Pourquoi donc n'ont-ils pas établi de semblables distinctions pour les marbres travaillés, ou pourquoi, sous la dénomination générale d’ouvrages en nmrbre, l’administration des douanes confond-elle, en les prenant indistinctement au poids, et les chefs-d’œuvre de l’art et les vases ou les meubles de marbre destinés aux derniers usages ?
- Les commerça ns et sculpteurs étrangers n’ont que trop bien senti le vice de nos tarifs à cet. égard ; aussi ont-ils profité du défaut de distinction qu’ils présentent dans les marbres ouvragés , pour introduire dans la patrie des Germain Pilon , des Jean Goujon , des Cointou , des Girardon , des Cor-zevox, des Puget, des Bouchardon, des Lemoyne, des Pigalle et des Chau-det, des pacotilles de statues , de bustes , de bas-reliefs et de sculptures en tout genre, comme si la France n’avait pas ses Bosio , ses Carteiier, ses Dé-
- fi) La belle statue en pied de Henri IV, enfant, exécutée par le célèbre Bosio , pour la ville de Pau. et le charmant buste de Clémence Tsaure. qui institua les jeux floraux à Toulouse, exécuté par mademoiselle Julie Charpentier, sont l’un et l’autre en marbre blanc des Pyrénées. ( Exposition du Musée royal des Arts, 1 822, nos. 1377 et 1779, ;
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- seine, ses Dupaty, ses Gojrs, ses Lemire , ses Lesueur, ses Raggi, ses Ro-magnesi, ses Valois et leurs nombreux élèves, qui soutiendront dignement la haute réputation de l’École française.
- Déjà, dans les dernières sessions, des observations très-sages avaient été faites aux Chambres, et M. de Pujmaurin disait même à ce sujet : « Il s’est » établi en Italie des ateliers de sculpture, où l’on travaille le marbre sta-» tuaire à côté des carrières. Des sculpteurs accoutumés à manier le marbre, » fournissent actuellement l’Europe entière de statues et de bas-reliefs , et » paralvsent chez nous les talens de nos sculpteurs. Ceux-ci ne travaillent » que des blocs de marbre transportés de Carrare à grands frais ; ils ne peu-» vent lutter avec des artistes inférieurs en talens, le bon marché de ees » derniers les faisant souvent préférer aux chefs-d’œuvre de nos artistes. » Ainsi les lions de marbre placés aux Tuileries ont été faits dans les ateliers » de Carrare ; ainsi les statues qui décorent nos jardins et nos boudoirs » sortent des ateliers de Carrare : ainsi enfin les tombeaux , les mausolées et ,> tous les monumens funéraires, que des sentimens bien respectables et y, quelquefois l’orgueil entassent dans nos cimetières, nous sont également » apportés de Carrare, n’attendant plus que le nom de celui auquel sera des-» tiné le monument. >;
- Dans scs conclusions, M. le baron Paymaurin demandait une augmentation et une distinction dans les droits d’entrée sur les statues, les bas-reliefs et autres objets sculptés en marbre blanc ou en albâtre -, mais de plus graves motifs étaient alors en discussion : ses observations, quoiqii’écoutées favorablement, ne purent être prises en considération. Aujourd’hui le gouvernement parait vouloir enfin s’occuper de nos marbrières ; nous crovons donc de notre devoir de vous soumettre nos réflexions, et de vous demander de le solliciter d’augmenter les droits d’entrée sur les ouvrages en marbre, en les divisant et les distinguant en plusieurs séries, ainsi que l’ont, établi avec le pins grand succès les douanes anglaises : mais nous aurons soin préalablement de vous faire observer, 1°. qu’on ne devra comprendre dans les tarifs m ies statues et sculptures antiques, ni les statues ou sculptures des élèves de : Académie française de Rome, lesquelles ne doivent jamais supporter aucun -droit à leur entrée en France ; *2°. que tout en cherchant à encourager l’ex-nioitation de nos carrières de marbre blanc statuaire , par tons les moyens que le Gouvernement jugera les plus favorables , tels que des primes d’en-soul agement. des exemptions de droits sur les canaux , des ouvertures de routes, etc., etc., on ne devra augmenter que modérément les droits d entrée '•tr les marbres dont l’art doit tirer ses chefs-d'œuvre, jusqu'à ce que nos nou-
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- \ elles marbrières soient dans une telle activité d’exploitation qu elles puissent fournir tous nos ateliers.
- C’est d’après ces motifs qu’a été rédigé le projet de tarif suivant, qui a été remis à M. le directeur général des douanes et à la commission chargée d’examiner le projet de loi présenté par le Gouvernement. Ce tarif est divisé en deux séries , l’une des marbres bruts, l’autre des marbres ouvragés, comme dans le tarif actuel ; mais elles ont été ensuite subdivisées, ainsi que l’ont fait avec le plus grand succès les douanes anglaises (1), en autant de classes que le comportent les divers états dans lesquels ces marbres sont importés.
- PROJET DE TARIF DES DROITS d’eNTREE SUR LES MARBRES ETRANGERS.
- I. Marbres bruts.
- Les marbres bruts, sans autre main-d’œuvre que d’être débités en tranches, paieraient suivant les épaisseurs ci-après :
- 1°. Au-dessus de O®,20 d’épaisseur, les marbres seront considérés comme blocs , et comme tels ils paieront, à raison du mètre cube , 2 fr. 50 c. les
- 100 kilogrammes, ci......................................... 2 f. 50 c.
- 2°. Au-dessus de 0ra,16 exclusivement à 0m,20 inclusivement, le mètre superficiel de 0m,16 d’épaisseur, pesant environ 475 kilogrammes, paiera 3 fr. par 100 kilogrammes, ci............. 3
- 3°. De 0m,11 exclusivement à 0ra,16 inclusivement, le mètre superficiel de 0m,11 d’épaisseur, pesant 315 kilogrammes envi-
- (i) Droits d’entrée des marbres bruts et ouvragés en Angleterre.
- i. Les blocs de marbre, par pied cube, paient.................................... c 4
- ( Nota. Le pied anglais n’est que de 0m,304m,9 , tandis que l’ancien pied français est de 0m,-324m,8. )
- 2 Bassins, tables de marbre, mortiers, le pied de surface ou carré................. 3 -
- 3. Pavé de marbre poli, de moins de 2 pieds carrés................................ io
- 4. Pavé de marbre non poli....................................................... 6 *
- 3. Le marbre statuaire sculpté paie , par quintal................................... 2 (
- ( Si les statues et les groupes du même bloc excèdent le poids d’un tonneau de 1000 kilogrammes, ils ne paient que pour le tonneau.)
- 6. Les bustes, bas-reliefs, petites figures en marbre, 50 pour 100 de leur valeur.
- '. Les vases de marbre et autres objets terminés et polis, 50 pour 100 de leur valeur.
- 8. Les cénotaphes, les tombeaux, les mausolées de marbre poli, le pied carré...... 2
- ( Le shilling anglais vaut 1 franc 25 cent., monnaie de France. )
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- ron, paiera 3 fr. 50 c., ci.................................. 3f 50 e,
- 4°. De 0“,08 exclusivement à 0m,11 inclusivement, le mètre superficiel de 0m,08 d’épaisseur, pesant 235 kilogrammes environ, paiera 4 fr. par 100 kilogrammes, ci................ 4
- 5°. De 0m,05 exclusivement à 0m,08 inclusivement, le mètre superficiel de 0m,05 d’épaisseur, pesant 160 kilogrammes envi-
- ron, paiera 5 fr. par 100 kilogrammes, ci.................... 5
- 6°. De 0m,03 exclusivement à 0m,05 inclusivement, le mètre superficiel de 0m,03 d’épaisseur, pesant 80 kilogrammes environ, paiera 6 fr. par 100 kilogrammes , ci..................... 6
- 7°. De Qm,02 exclusivement à 0m,03 inclusivement, le mètre superficiel de 0m,02 d’épaisseur, pesant environ 60 kilogrammes,
- paiera 7 fr. les 100 kilogrammes, ci......................... 7
- 8°. Au-dessous de 0m,02, le mètre superficiel, pour la pesanteur, sera considéré comme moitié du produit de la tranche ci-dessus de 0m,02, n°. 7, pesant environ 30 kilogrammes, et paiera 8 fr. les 100 kilogrammes, ci......................... 8
- Observations.
- Dans les sept classes ci-dessus, du n°. 2 au n°. 8 , tous les marbres sont compris indistinctement sans désignation de nature , de qualité ou de couleur ; ils ne sont distingués que par les épaisseurs des tranches.
- Les marbres blancs de Carrare, les marbres blancs veinés, les bleus tur-quins, les bardilîes, les bleus antiques, etc., s’y trouvent compris s’ils sont débités en tranches ; mais s’ils sont en blocs pour le statuaire, ils forment la première classe sur laquelle nous ne proposons que la faible augmentation de 50 c. par mètre cube, espérant que le Gouvernement encouragera nos exploitations de marbre blanc statuaire par les moyens les plus efficaces.
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- r ar)
- il. Marbres travaillés ou ouvrages.
- O
- ï.v.' ouvrages exécutés en marbre seront à l’avenir distingués et divisés en quatre classes, lesquelles paieront à leur entrée en France, savoir :
- i Statues. .classe.../ Bustes.
- ) Bas-reliefs.
- / Yases et bassins ornés et sculptes.
- I Tombeaux et cénotaphes. classe . .. < Piédestaux.
- j Sculptures et morceaux divers d’archi-\ lecture monumentale.
- / Colonnes et chapiteaux. co asse . .. <’ Colonnes tronquées, fûts, gaines, socles, l bases.
- / Chambranles à colonnes.
- ' Idem à pilastres.
- ''<*** - ' \ Idem à consoles avec arrière-corps ou
- i à face unie,
- l
- !
- | Exécutés, j finis
- ' et polis.
- i Exécutés, ? finis
- \ et polis.
- 60 lr. par îoo kilogr.
- 10 fr. par ion kilogr
- 30 fr. par lüO kilogr.
- 20 fr. par too kilogr
- Ob servaüons.
- Les statues, sculptures et bas-reliefs antiques, et ies statues , les bustes , les bas-reliefs et autres sculptures des élèves pensionnaires de l’Académie française de Rome, ne pourront sous aucun prétexte être compris dans ce tarif.
- Tous les ouvrages en marbre exécutés et terminés, soit tables et tablettes, t ondes, ovales, carrées, longues, les panneaux et pilastres, bassins, mortiers, vases, etc., etc., avec paremens dressés et polis, paieront, par mètre superficiel , 10 fr. en sus des droits d’entrée portés pour les marbres en tranches de chacune des classes 2, 3, 4, 5, 6 , 7 et 8, établies dans'le premier paragraphe, ci. ............. 10 fr.
- Les compartimens de marbre de toute nature et de toute forme, carrée, longue , ronde , ovale, en échiquier, etc. , avec parement dresse quel qu’il soit, paieront, en outre les droits du marbre en tranche, 8 francs par métré superficiel, ci. . 8 fi
- EXAMEN DES MARBRES NOUVELLEMENT DÉCOUVERTS ET PRESENT!S A LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT.
- 1. Des marbres blancs statuaires d.p± Han les - Pyrénées.
- Les marbres blancs statuaires nouvellement déeouveris dans ies Hautes-Pyrénées, par M. Alexandre Dume^e, inspecteur des antiquités nationales, ont été exploités par les anciens . qui en ont extrait des blocs et des masses
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- de toutes dimensions ; mais il parait qu’après avoir été en grande exploita-' tion, ces marbrières , à une époque très-reculée , ont été entièrement abandonnées, puisqu’elles étaient ignorées dans le pays, qu’aucun ouvrage n'en fait mention, que la tradition n’en a conservé aucun souvenir, qu'il n’en existait plus aucune trace , enfin que les places ou ateliers d’extraction étaient recouverts de déblais et de broussailles, lorsque M. Dumège, en-recherchant nos antiquités nationales, et les carrières d’où avaient été extraits les matériaux des monumens dont il retrouvait des restes précieux , découvrit d’anciennes exploitations de marbre blanc statuaire à Sost, dans la vallée de Barousse, département des Hautes-Pyrénées.
- Déjà nous devions aux recherches de M. Layerle Cape lie , marinier à Toulouse, la connaissance des carrières de marbre noir et blanc de Seix et de la Taule dans l’Ariége , et de Rapp Saint-Béat dans la Haute-Garonne, qui ont également été exploitées par les anciens : on peut voir dans notre rapport sur les produits de l’industrie française, exposés au Louvre en 1819 (1), les notices que nous avons données sur les marbres découverts par M. Layerle Capellc
- Suivant nos plus célèbres statuaires, les marbrières nouvellement découvertes par M. Dumège ne laissent rien à désirer. En effet, sous les diffé-rens rapports de la nature , de la dureté , de la blancheur, et généralement de toutes les propriétés du marbre blanc statuaire, celui des carrières de Sost réunit toutes les conditions exigées ; ainsi il présente un grain fin, serré, et toujours uniforme ou homogène.
- Sa cassure est pleine , compacte , légèrement écailleuse , quelquefois cristalline ou spathique , mais le plus souvent semblable à celle de la plus belle cire blanche, et alors parfaitement égale dans quelque sens qu’ait été opérée la rupture.
- Sa dureté est égalé dans toute la masse et elle v est au même degré dans quelque sens qu’on l’éprouve en passe et contre-passe.
- 11 ne présente point la disposition fissile ou feuilletée de certains marbres talqucux ou magnésiens ; sa contexture est au contraire de la plus parfaite homogénéité.
- O
- Sa couleur varie entre le blanc de neige et le blanc de lait.
- Il offre une demi-transparence qui le rapproche de certains marbres grecs tant recherchés par les sculpteurs, qui considèrent la translucidité comme
- g .Rapport du Jury d’admission à l'exposition de i s 19, par M. Héricart de Thury, ehap. XL N L marbres et granits de France, page 300 U suiv.
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- une qualité essentielle, qu’ils ne parviennent à donner artificiellement aux marbres qui en sont privés que par des préparations particulières qui peuvent les altérer et faire perdre aux parties les plus délicates des statues la pureté du travail.
- Sous le rapport de la glyptique et de la sculpture, le marbre statuaire des Hautes-Pyrénées doit être placé avant ceux de Carrare. Il se travaille avec la même facilité ; mais il a sur eux l’avantage d’une plus parfaite égalité dans le grain et la dureté, et celui bien plus précieux encore de ne point contenir de noyaux siliceux ou quartzeux, qui font souvent rebuter des blocs des plus beaux marbres de Carrare et de Luni.
- Essayé chimiquement, ce marbre jouit des mêmes caractères et propriétés que les marbres blancs regardés comme les plus purs , et nous n’y avons pas trouvé les parties talqueuses, magnésiennes ou argileuses, qui déterminent l’altération de beaucoup de marbres.
- Quant au volume des blocs, ce marbre constituant la montagne même, on peut en extraire des masses de toutes dimensions, et M. Dumègc annonce, par des certificats des autorités locales, que sur les trois cents blocs présentement extraits, il y en a plusieurs de dix à onze mètres de longueur, sur plus d’un mètre d’épaisseur.
- Après la découverte de ees marbrières , M. Dumègc a formé à Toulouse une Société sous la raison de MM. Lajont, Prilliers et compagnie.
- L’exploitation des marbrières se fait à découvert et par gradins , comme le pratiquaient les anciens, qui ont laissé dans quelques carrières des autels, des piédestaux, et autres monumens ébauchés et plus ou moins parfaits.
- Les marbres sont descendus sur des traîneaux ou des chars à la marbrerie de la compagnie , établie dans la petite ville de Saint-Bertrand sur la Garonne.
- Cette usine comprend, 1°. une scierie de trente-six lames sur un des bras de la Garonne; 2°. un atelier de statuaire en grand ; 3°. un atelier de figu-riste en médaillon et bas-reliefs ; 4°. un atelier de sculpture pour vases, nrnemens, candélabres, urnes, mausolées, etc., etc. ; 5°. un atelier pour la coupe des marbres en tables, chambranles , consoles , etc. , etc. , et 6°. un grand atelier de polisserie.
- La Garonne à Saint-Bertrand porte de forts radeaux, sur lesquels on place des blocs de grandes dimensions, et à peu de distance est le port de Mont-rejeau où se réunissent tous les radeaux des vallées de Luchon, de la Garonne, de Barousse, d'Aure , de la Ncste , d’Àrreau , etc. , pour descendre à Toulouse et de là à Bordeaux.
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- Enfin, quant au prix de ses marbres, M. Dumège nous a annoncé que sa compagnie a pris l’engagement de donner les gros blocs de première qualité de 15 à 16 pour 100 de rabais sur le prix de ceux de Carrare et de Luni, et les petits blocs à un rabais de 20 pour 100. Ainsi les prix des marbres d’Italie régleront ceux des marbrières de Sost ; or, vous savez, Messieurs, que les beaux marbres statuaires de Carrare et de Luni varient de 2,000 fr. à 2,500 fr. et au-delà le mètre cube, suivant la qualité et les dimensions des blocs, et de1,000fr. à 1,200 fr. le mètre cube de marbre blanc d’architecture monumentale (1).
- De tout ce qui précède il résulte que le marbre blanc statuaire de la vallée de Sost est égal en qualité aux plus beaux marbres statuaires connus ; qu’il est tellement semblable à certains marbres grecs, qu’il est impossible de l’en distinguer ; et que pour ceux de Carrare et de Luni , nous pouvons affirmer d’après notre célèbre sculpteur Bosio, qui les a essayés comparativement, et oui exécute en ce moment une statue de Henri IY en marbre français, qu’il peut leur être substitué avec le plus grand avantage, surtout , et si, comme nous l’assure M. Dumège , il parvient à nous livrer ce marbre à plus bas prix que les plus beaux marbres statuaires étrangers.
- D’après ces motifs, et en considérant l’importance de la découverte des anciennes carrières de marbre blanc statuaire de la vallée de Sost , puisque suivant nos budgets des années 1816, 1817, 1818, 1819 et 1820, le Ministre de l’Intérieur a acheté annuellement pour nos monuments publics , pour 100,000 francs de marbre blanc statuaire d’Italie, et ainsi pour 500,000 fr. en cinq ans seulement, indépendamment de ce qui çn a encore été acheté annuellement pour le compte du Ministère de la maison du Roi , la Société d’Encouragement a décidé qu’elle décernerait, 1°. une médaille d'or à M. Alexandre Dumège , déjà connu si avantageusement par ses travaux et ses recherches sur nos antiquités nationales ; 2 x qu’elle enverrait le rapport de sa commission à MM. les Ministres de l’Intérieur et de la maison du Roi, en les priant de faire essayer le marbre de M. Dumège dans les travaux publics, et de l’y employer comparativement avec les marbres étrangers.
- fi) Au sujet des prix actuels des marbres blancs statuaires, nous pensons qu’on ne lira pas sans intérêt la note suivante, extraite d’un état de la dépense de l’intendance des bcàtimens du Roi, de 1699 à 1705.
- Les deux blocs de marbre blanc , que Mansard fit venir de Carrare pour les deux groupes des chevaux de Marly, coûtèrent, rendus à Paris , 32,000 francs; ils étaient chacun de 400 pieds cubes, ce qui établit à 40 francs le pied cube de marbre blanc, lequel vaut aujourd’hui de 7 5 à 80 francs, en première qualité de statuaire.
- J ingt-unième année. Avril 1822.
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- IL Marbres des départements du Nord et des Ardennes.
- Nos belles marbrières de Flandre, qui fournissaient autrefois la capitale, ont depuis longtemps cessé d’approvisionner nos ateliers ; nous en avons recherché les causes, et nous ne pouvons attribuer qu’à la facilité des transports des marbres de la Belgique, après sa réunion à la France, les motifs qui ont successivement fait abandonner toutes nos exploitations , abandon tel, qu’aujourd hui la ville de Paris et tout le nord de la France sont entièrement et uniquement fournis de marbre par les Pays - Bas. Nous connaissons cependant encore nos nombreuses marbrières du Nord; nous savons celles qui étaient exploitées avec le plus de succès; nous voyons que plusieurs de leurs marbres, tels que le Royal, le Cerfontaine , le Givet, le Rance, le Franchimont, le Charleviile, le Barbançon, etc., etc., autrefois très-estimés, jouissaient d’une très-grande faveur, et qu’ils étaient employés dans le décor de nos temples et de nos églises (i ). Espérons que l'ouverture des canaux de navigation , la confection des nouvelles routes, et surtout l'augmentation des droits d’entrée , proposée par le projet de loi des douanes sur les marbres étrangers , mettront bientôt nos marbriers à même de reprendre et de remettre en activité nos anciennes carrières , et qu’ils chercheront à en découvrir de nouvelles. Déjà la médaille que vous avez décernée en 1820 à "SI. Vallin, entrepreneur lithoglyptc du Garde-Meuble de la couronne , pour ses travaux sur nos marbres, nos granits et nos porphyres indigènes, a prouvé à tous nos marbriers français que vous aviez l’intention d’encourager leur industrie comme ^Tous encouragez toutes les autres. Plusieurs exploitants du Nord ont répondu à votre appel , et vous ayant déjà fait différents rapports sur chacun d’eux, nous allons rapidement vous représenter leurs travaux et les droits qu’ils ont acquis à vos encouragements.
- I. M. ie chevalier Quivy, propriétaire d’une marbrerie à Maubeuge, vous a adressé un mémoire sur la situation du commerce des marbres en France , et sur la nécessité d’encourager ce genre d’industrie par de nouvelles lois. Au mémoire de M. Quivy étaient jointes des observations, 1°. sur les droits que les Belges évitent en faisant entrer en France leurs marbres en tranches ; 2°. sur les bénéfices qu’ils font au détriment du commerce et de notre in-
- (î; Un des plus beaux magasins de marbres français, que nous puissions citer, est celui qui a été nouvellement établi à Paris, boulevard du Pont-aux-Choux, n°. 5, par la demoiselle Lebrun et Compagnie On y trouve également un riche assortiment de marbres étrangers les plus rares et les plus recherchés.
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- dustrie nationale , d’après la mauvaise fixation de l’impôt des marbres à leur entrée ; et 3°. sur les conséquences qui en résultent pour cette branche de commerce, et sur les moyens de rétablir l’équilibre et d’encourager l’exploitation des marbres français.
- Le mémoire de M. Quivj est celui d’un homme qui a mûrement approfondi et étudié la question qui nous occupe : il est propriétaire et exploitant, il est négociant en marbres, il a donc été à même de recueillir à cet égard tous les renseignements sur la matière.
- Il a ouvert de très-grandes carrières de lumachelle noire , à Ferrière-la-Petite , près Avesnes , bien supérieure à la pierre féline dite le granitin des éeaussines de Mons.
- On lui doit les beaux marbres Sainte-Anne de Jeumonl qui rivalisent avec les premières variétés de la Belgique.
- Il a fait construire à Douzy-lès-Maubeuge une grande usine marbrière qui a trente-deux scies constamment en activité.
- Par son exemple et par tous les sacrifices qu’il a faits, il a donné un élan général à toutes les marbrières de nos départements du Nord.
- Enfin son unique vœu est que la France, par vos soins et par vos instances , soit promptement délivrée du tribut étranger auquel elle est asservie , convaincu, dit-il, que notre belle patrie saura, comme Athènes, imprimer sur ses marbres le génie de ses habitants, et transmettre aux siècles futurs les témoignages de sa gloire.
- Sur le rapport de votre Commission , vous avez décidé 1e. que vous décerneriez, en séance publique, une médaille d’argent à M. le chevalier Quivy ; 2°. que vous recommanderiez à M. le Directeur général des douanes les observations qu’il vous a adressées sur les droits que les Belges évitent en faisant entrer les marbres en tranches , et sur la nécessité d’augmenter les droits d’entrée de tous les marbres étrangers.
- IL M. le baron Morel, ancien adjudant général, colonel d’état-major, a découvert à Honhergies , près Bavav, de belles marbrières dont il vous a présenté divers échantillons (1). Ces marbres disposés en bancs d’abord horizontaux , et ensuite inclinés vers le nord , de 60 à 70 degrés, reposent sur le calcaire bleu ; ils forment une masse de six mètres d’épaisseur divisée par des fentes verticales qui facilitent l’exploitation : cette masse présente différentes espèces de marbres , gris , blanc et bleu, variés et accidentés par une foule de coquilles, de coraux , de madrépores et autres corps marins.
- : Bulletin de la Société d'Fncouragement, n°. CCIII, mai 1821, page 139.
- S 2
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- Ces marbres , qu’on ne peut distinguer de ceux des Pays-Bas, seront d’un très-bon emploi dans nos constructions civiles et particulières, où ils devront à l’avenir remplacer tous les marbres de la Belgique. Sous ce rapport, la découverte de M. le baron Morel est d’une très-grande importance , et nous dirons, à cet égard , avec M. Becquej , directeur général des Ponts-et-Chaussées et des Mines , que le Gouvernement ne saurait trop encourager les travaux de ce brave et digne militaire, qui, après avoir honorablement servi sa patrie, emploie aujourd’hui les débris de sa fortune et les loisirs de sa retraite , à nous affranchir du tribut auquel nous avait asservis envers l’étranger notre indifférence à profiter de nos richesses minérales.
- La Société d’Encouragement, prenant en considération les travaux de M. le baron Morel, a décidé qu elle lui décernerait une médaille d’argent, et qu elle le recommanderait au Gouvernement, pour qu’il lui accordât, à titre d’encouragement, la fourniture des marbres de quelques-uns de ses palais ou monuments publics présentement en construction.
- III. M. Bourguignon- Tautou , marchand marbrier à Rubecourt, a découvert â Moncy-Notre-Dame-les-Bois et à la Folie-Cassan des marbres très-variés et de la plus grande beauté (1). Ces inarbres appartiennent au calcaire de transition : ils sont en couches inclinées de 70 degrés à l’horizon, avec un schiste argileux exploité comme ardoise, qui contient des empreintes végétales et de nombreux vestiges d’animaux , dont quelqties-uns n’appartiennent qu’à tel ou t 1 banc et servent ainsi à les caractériser. Ces carrières offrent des marbres du plus grand effet pour les monuments publics , parla manière large et prononcée dont leur fond noir ou noirâtre est coupé par de belles veines blanches plus ou moins régulières , elles-mêmes accidentées par diverses causes contemporaines de leur formation. Ces marbres qui ont une certaine analogie avec le tigre-chou de Flandre, ou avec ceux delà Mayenne, et même parfois avec le grand antique à fond'noir, se rapprochent dans quelques parties du Sainte-Anne à grandes veines, et dans quelques autres , du Peschagnard de l’Isère ou du Bourbonnais à fond noirâtre ; mais ils sont distingués de ces différents marbres par de beaux fossiles droits multiloculaires, à cloisons transversales simples et perforées d’un tube ou siphon. Ces fossiles ont une fausse apparence de bélemnites , et une certaine analogie avec les nautiles ; mais ils diffèrent de ceux - ci en ce qu’ils sont droits. Ils sont réunis par faisceaux ou par groupes ; enfin ils
- (i) Bulletin de la Société d’Encouragement. n°. CCIII, mai i52i. page 141.
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- ont de O/l 5 à 0,20 de longueur , et sont remplis de chaux carbonatée spa-thique et blanchâtre, que fait ressortir la teinte noire du calcaire qui les enveloppe.
- Parmi les autres marbres de ces carrières, les uns se rapprochent du Sainte-Anne, du Barbançon et du Yaudelet, et d'autres des lumachelles du Jura, du Pas-de-Calais, deGivet, et des écaussines de Mons.
- Les marbrières de Moncy-Notre-Dame-les-Bois et de la Folie-Cassan ont été visitées par M. Thiria_, ingénieur des mines. M. le préfet du département des Ardennes, en adressant au Ministre son rapporrt et une série d’échantillons de leurs marbres, a sollicité du Gouvernement, en faveur de M. Bourguignon , les encouragements que méritent son industrie, l’importance de sa découverte et les sacrifices considérables qu’il n’a pas craint de faire, quoiqu’il ne soit, dit M. le préfet, qu’un simple marbrier.
- D’après ces motifs , la Société d’Encouragement , sur le rapport de sa Commission, a décidé qu’elle décernerait une médaille d’argent à M. Boni -guignon-Tautou , de Rubecourt , et qu elle le recommanderait au Gouvernement pour qu’il lui accordât la fourniture des marbres d’un de ses palais ou monuments publics.
- L’assemblée ayant adopté les conclusions de ce rapport , M. le président a remis à M. le chevalier Quivy la médaille d’argent votée en sa faveur, et â M. Bréant celle qui est destinée à M. Morel.
- MM. Alexandre Dumège et Bourguignon-T'a. ulou n’étant pas présents à la séance, la médaille d’or décernée au premier et la médaille d’argent décernée au second leur seront envoyées.
- M. Baillet de Belloy ayant ensuite pris la parole au nom de la Commission des médailles , a lu un rapport sur les instruments de sondage de MM. i>carier père et fils, à Abbeville (ce rapport est inséré au Bulletin du mois de mars , page 75j; il a conclu à ce qu’une médaille d’argent leur fût décernée, pour avoir perfectionné les outils de sondage et avoir percé, depuis quelques années, de nombreuses fontaines forées dans les vallées de la Somme , de l’Authie et de la Maie.
- Ces conclusions ayant été adoptées par l’assemblée, M. le président a remis à M. Baillet y qui veut bien se charger de la leur faire parvenir, la médaille d’argent votée en faveur de MM. Beurier.
- Au nom de la même Commission, M. F rancœur a lu le rapport suivant sur les presses d’imprimerie de M. Amédée Durand.
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- Rapport sur les nouvelles presses d'imprimerie de M. Amédée Durand, rue du Colombier} it a(3. a Paris; par M. Francœur.
- On a remarqué que plusieurs nations ont tour-à-tour fleuri sur la terre , mais qu’à peine leur civilisation produisait des jouissances inconnues aux peuples barbares, qu’elles devenaient la proie de ces derniers : ces douceurs de la vie étaient des appas pour ceux qui en étaient privés, et une invasion renversait l’édifice de prospérité que de longues années avaient construit. Ainsi, les nations , depuis un temps immémorial, ont plusieurs fois passé de la barbarie à la civilisation, et des lumières à l’obscurité; mais, depuis l’invention de l’imprimerie , ce retour est désormais impossible , et l’homme n'a plus à redouter qu’une invasion détruise les progrès des sciences et des arts : un nouvel Omar peut brûler la plus belle des bibliothèques , un nouvel Attila ravager l’Europe, sans que les connaissances acquises soient oubliées.
- La Société d’EneouranemeiU a dû concourir de tous ses efforts à perfection-ner l’art typographique, dont l’objet est d’une utilité si grande, qu’on peut l appeler le premier des arts de la civilisation. C’est dans ces vues qu’elle a fondé un prix pour l’application des machines à vapeur aux presses d’imprimerie , dont on trouve des exemples chez une nation voisine ; et si ce prix n’a pas encore été remporté , on peut prévoir qu’il ne tardera pas à hêtre, parles succès qu’a obtenus Al. Amédée Durand.
- Cet habile mécanicien est auteur de deux presses, l’une à platine, l’autre à cylindre , mues par une manivelle , dans lesquelles l’encre se distribue d’eUe-même sur les caractères d'imprimerie ; cette machine n’exige que l’emploi d’un seul ouvrier, aidé d’un enfant qui enlève les feuilles après qu’elles ont reçu l’empreinte. Le tympan s’y meut de lui-même; il n’y a pas besoin d’elançon , et on peut placer la machine dans toute chambre, n’eût-elle que 6 pieds de largeur, et la déloger sans dépenses. Ce n’est pas ici le lieu d’exposer les détails de ces deux presses ; mais nous pouvons en indiquer les avantages, en les comparant à celles qui sont en usage, indépendamment de la diminution des frais.
- La presse à platine , qui est formée en grande partie des éléments des presses à la Stanhope, pour obtenir le registre et la retiration, donne une pression indéfinie qu’on règle à volonté ; elle ménage beaucoup plus les caractères, donne une plus belle impression, sans exiger autant de force et de fatigue : les produits sont, pour la quantité , au moins aussi nombreux que
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- ceux qu’on a coutume d'obtenir des autres presses; mais elle n’emploie qu’un homme au lieu de deux hommes.
- La presse à cylindre de M. Amédée Durand est surtout propre aux impressions qu’on veut faire rapidement, comme celles des journaux, registres, etc., sous les plus grands formats, et avec un développement très-médiocre de puissance ; comme elle n’exige jamais qu’une faible pression , elle n’est exposée à presque aucune cause de destruction ; enfin le procédé est tellement économique, qu’un ouvrier, aidé par un enfant, peut, dans un temps donné , imprimer autant de feuilles que deux presses ordinaires manœuvrées chacune avec deux hommes.
- M. Amédée Durand a tellement disposé son mécanisme qu’il ne lui a manqué, pour obtenir le prix de deuœ mille francs , que d’avoir fait tourner sa manivelle par la force de la vapeur, problème qui n’offre aucune difficulté. Le Conseil d’Administration , en considérant qu’il ne pouvait accorder le prix , parce que toutes les conditions du programme n’avaient pas été remplies , a voulu donner à l’auteur de cette ingénieuse invention un témoignage de son estime en lui décernant une médaille d’argent.
- Les conclusions de ce rapport ont été adoptées par l’assemblée ; en conséquence, M. le président a remis à M. Amédée Durand la médaille d’argent votée en sa faveur.
- La parole avant été accordée à M. Silvestre, il a lu, au nom de la Commission des médailles , le rapport suivant sur les chapeaux de paille de Madame Reyne, demeurant a Valence, département de la Drôme.
- Rapport sur les chapeaux de paille imitant ceux d" Italie,
- de Madame fieyne ; par Tf. Silvestre.
- Vous avez annoncé que vous étiez dans l’intention de décerner aujourd’hui une médaille d’argent à madame veuve Reyne , et vous m’avez chargé d’exposer brièvement les motifs qui vous ont déterminés à accorder à cette dame une semblable marque de distinction.
- Madame veuve Reyne, pendant un long séjour qu’elle a fait a Florence , a conçu le projet de transporter en France la fabrique de chapeaux de paille, qui fournit chaque année pour plus d'un million et demi à notre commerce d importation. Elle a étudié avec soin tous les procèdes de cette fabrication , et ceux de la culture de la céréale qui fournit la paille nécessaire à ce genre de travail. Elle a rapporté en France des graines de cette
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- céréale, les a cultivées avec succès en grand, d’abord à la ville du Bourg-Saint-Andéol, département de l’Ardèche , ensuite à Valence, département de la Drôme; elle y a établi une fabrique de chapeaux de paille, façon d’Italie, qui déjà fournit au commerce depuis plusieurs années , et dont la confection soutient la comparaison avec les beaux produits du même genre de la Toscane ; elle vous a communiqué tous les détails de sa fabrication, tous les éléments des prix auxquels elle peut établir cette sorte de marchandise, et il parait que ces prix sont inférieurs à ceux d’Italie. Un chapeau à soixante-deux tours, qui fait partie des échantillons qu’elle vous a adressés, ne vous a paru rien laisser à désirer pour la perfection de la contexture de la tresse , et nous avons en France tous les moyens de corriger les faibles imperfections que vous avez remarquées , relativement au blanchiment et aux points de suture des tresses entre elles. Ce chapeau , évalué à 52 francs par Madame veuve Reyne , coûterait au moins le double de ce prix s’il avait été apporté d Italie.
- Vous avez apprécié aussi , Messieurs, les motifs que Madame Reyne vous a exposés, sur les difficultés résultant de son peu de moyens pécuniaires, et qui l’ont empêchée de donner plus de perfection encore et plus d’extension à sa fabrique. En conséquence, vous avez jugé convenable de lui décerner, dans celle séance, une médaille d’argent, comme un témoignage d’estime et d’intérêt pour le zèle qu’elle a mis à faire des recherches utiles pour introduire en France une branche d’industrie exotique, pour avoir apporté avec elle et avoir cultivé en grand avec succès le blé qui fournit la paille employée en Italie pour la fabrication des chapeaux de qualité supérieure, et pour avoir monté une fabrique dont les échantillons indiquent un travail excellent dans ses parties principales , et dont les prix sont de beaucoup inférieurs à ceux des chapeaux de même qualité importés de la Toscane.
- L’assemblée ayant adopté les conclusions de ce rapport, M. le président a remis à M. Chcirbonnel, fondé de pouvoirs de Madame veuve Reyne, la médaille d’argent destinée à cette dame.
- Sur la proposition de M. le baron de Gérando , et d’après l’avis de la Commission des médailles, l’assemblée a mentionné honorablement:
- 1°. M. P radier, rue Bourg-l’Abbé, n°. 22, à Paris, pour la grande extension qu’il a donnée à son établissement de coutellerie et d’objets en nacre de perle, et surtout à sa fabrique de rasoirs ;
- 2°. M. et Mademoiselle Vauchelet, fabricants de peinture sur velours, rue Chariot, n°. 19, à Paris , pour la louable émulation qui les porte à con-
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- limier l’établissement créé par leur père, et pour le succès avec lequel ils marchent sur ses traces.
- La séance a été terminée par le renouvellement du bureau et des divers comités du Conseil d’Administration.
- MM. les président, vice-présidens, secrétaire, secrétaires-adjoints, trésorier et censeurs ont été réélus.
- A la Commission, de fonds, M. Boscheron, démissionnaire , a été remplacé par M. le comte Bigot de Préameneu.
- Au comité des arts chimiques, M. Cadet de Gassicourt, décédé, a été remplacé par M. Despretz, professeur de chimie, à l’École polytechnique.
- Au comité d’agriculture, M. Challan, déjà adjoint au comité, a été nommé en remplacement de M. de Mirbel, démissionnaire.
- Enfin, au comité de commerce, M. le baron Dufougerais, décédé, a été remplacé par M. François Ddessert.
- Tous les autres membres sortans de ces comités, ainsi que ceux des comités des arts mécaniques et économiques, ont été réélus.
- Nous donnerons dans un prochain Bulletin la liste complète des membres et adjoints du Conseil d’Administration.
- NÉCROLOGIE.
- Notice nécrologique sur M. le comte et Madame la comtesse Jollivet; par M. le baron de Gérando.
- Messieurs , parmi les devoirs qu’imposent à votre Conseil d’Administration les dispositions généreuses qu’ont faites M. le comte et Madame la comtesse Jollivet, il en est un auquel il devait mettre un empressement particulier ; c’est celui qui se rapporte à ce qui peut intéresser leur mémoire.
- Il a bien voulu me charger d’y concourir et de vous entretenir un instant de ces deux bienfaiteurs de l’industrie française, qui l’ont dotée récemment avec une libéralité dont aucun particulier parmi nous n’avait, jusqu'à ce jour, donné un exemple aussi remarquable.
- M. Jean-Baptiste-Moïse Jollivet était né le 18 septembre 1753 à Thury, près Saint-Florentin, département de l’Yonne. Il suivit d’abord la carrière du notariat; il avait dès-lors associé trois genres d’études dont les corrélations présidèrent constamment dans la suite à la direction de ses travaux : celle du droit civil , celle de l’économie publique et celle de la Vingt-uni'eme année. Avril 1822. T
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- science du calcul. C’était une préparation naturelle à la carrière adminis trative; aussi , à la première formation des administrations nouvelles, en 1790, M. Jollivet fut-il appelé, par le suffrage de ses concitoyens, aux fonctions de membre du directoire du département de Seine-et-Marne, et la manière dont il sut les remplir lui obtint l'honneur d’être, l’année suivante, député par eux à l’assemblée législative. Il présenta à cette assemblée, le 24 août 1792, un rapport et un projet de décret sur la nouvelle organisation de la contribution foncière, accompagnés d’éclaireissemens sur l'emploi des nouvelles mesures dans la confection du cadastre : l’année suivante, il publia un écrit sous le titre de Principes fondamentaux du régime social comparé avec le plan de contributions présentés à la Convention nationale ; il rattachait ces principes fondamentaux aux droits delà propriété, à la protection qui lui est due, aux obligations qu’elle impose.
- Pendant qu’il travaillait à cet ouvrage, la Convention décréta, le 18 mars 1793, Vétablissement de l'impôt progressif. Jollivet, alors simple particulier, entreprit d’arrêter, à sa naissance, un système aussi ruineux pour la société qu’injuste pour les contribuables, mais que les passions du moment avaient saisi avec chaleur; il usa de la voie des pétitions pour faire entendre la vérité : cette pétition fut présentée le 10 avril, accompagnée d’un écrit qui a été regardé comme un modèle de concision et de logique, mais dont la publication fut aussi, à cette époque, une action courageuse. Il y montra que l’impôt, progressif est une véritable loi agraire; qu’il attaquerait les sources de la reproduction; qu’il ne pourrait s’établir que par des moyens tyranniques. Aussi la Convention nationale, qui cependant alors ne reculait guère, recula devant son propre ouvrage : le décret du 18 mars ne fut point révoqué; mais il demeura sans exécution, et la France, parmi tant de maux, échappa du moins à l’essai de ce désastreux système.
- Ces deux écrits appartenaient à un ensemble de travaux auxquels Jollivet s’était livré, et qui embrassaient la science entière de l’économie publique, considérée principalement dans ses rapports avec les divers genres de contributions, avec le droit civil et avec la législation commerciale. Un grand nombre de mémoires manuscrits qu’il a laissés à sa mort appartenaient à ce plan dont il a exécuté seulement quelques parties. Les circonstances lui ont successivement fourni l’occasion de détacher quelques branches de cet ensemble, pour les publier, lorsque les mesures projetées par le Gouvernement et les discussions qu’elles ont fait naître lui ont paru rendre cette publication utile; mais la part active qu’il a prise lui-même à ces controverses et les fonctions auxquelles il a été successivement appelé ne lui ont pas permis de compléter ce travail et d'y mettre la dernière main.
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- Il rédigeait un grand ouvrage sur le Cadastre et l’avait presque achevé, lorsqu’au printemps de l’an III il fut obligé de l’inierrompre , pour rédiger le Code hypothécaire présenté à la Convention nationale le 9 messidor de la même année. La loi du 1fr. thermidor suivant l’appela aux fonctions de conservateur général des hypothèques. Peu de mois après, il publia un mémoire sur l’établissement de la conservation générale des hypothèques et ses effets (ventôse, an IV, in-40.); les développemens sur le nouveau système adopté (germinal, an IV), et une suite d’instructions destinées aux conservateurs institués dans les départemens.
- On agita, en l’an VI, la question de savoir lequel est préférable de l’impôt sur les successions ou de celui sur le sel. Cette discussion lui suggéra un mémoire qui a aussi fixé l’attention publique par la généralité des vues qu’il renfermait et par un talent très-remarquable d’analyse : il assigna une préférence marquée à la seconde de ces deux contributions. Ce mémoire ainsi que celui sur l’impôt progressif ont fourni à M. Destutt-Tracy, aujourd’hui pair de France, le sujet de deux notices dans lesquelles ils sont fort judicieusement appréciés, et qui ont été aussi publiées dans le temps (Moniteur de l’an III et de l’an VI). « Il aurait été plus heureux sans doute, » dit cet écrivain, que Jollivet eût pu terminer un grand ouvrage déjà fort » avancé, et où tous les travaux partiels auraient paru comme parties in-» tégranles d’un système complet et se seraient prêté successivement » l’appui et la clarté qui naissent de la liaison et de l'ensemble ; alors on ») aurait vu toutes les idées sur le choix et l’assiette des contributions, sur » la confection d’un cadastre, sur le régime hypothécaire, sur la législa-» tion du commerce et du prêt, sur plusieurs autres parties du Code civil , » dériver d’un petit nombre de principes communs, qui eux-mêmes viennent » se rattacher à la distribution des pouvoirs sociaux et à l’exercice des droits » de citoyen. »
- On a encore de Jollivet quelques écrits détachés sur divers sujets, tels que l’expertise, le mode de consulter les naissances , mariages et décès, sur le thalweg du Rhin, etc.
- Parmi ses travaux manuscrits, se trouvent des recherches sur h s monnaies de France ; des aperçus d’un Traité élémentaire sur les finances ; un Mémoire sur les principes de cette administration ; d’autres Mémoires sur la statistique, sur les colonies, sur le régime forestier, sur le prêt à intérêt et la contrainte par corps, sur la grande voirie, sur la banque, sur l’imprimerie, sur la contribution foncière, sur les contributions indirectes; des conférences sur le système général des contributions publiques, etc. Il a laissé aussi un recueil d applications diverses des mathématiques au calcul des intérêts, et
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- des tables de logarithmes à la gnomonique, au système métrique, à la numération, au calendrier.
- Jollivet fut appelé à faire partie du Conseil d’État à sa première formation, en l'an VIII, et a continué d’y siéger jusqu’en 1814, à l’exception des intervalles pendant lesquels il a rempli diverses missions successives. A la fin de l’an VIII, il fut envoyé dans les départemens de la rive gauche du Rhin en qualité de commissaire général; en l’an XIII, il fut chargé de la liquidation de la dette de ces mêmes départemens : peu après, il fut nommé Ministre plénipotentiaire près les princes et états de la Confédération germanique; puis, en 1807, l’un des régens du royaume de Westphalie. Dans ces diverses fonctions publiques, comme dans la part qu’il prit aux travaux du Conseil d’Etat, il se fit remarquer par son esprit de méthode, par une précision singulière, par une exactitude scrupuleuse : sa manière de procéder, son langage, son style , quel que fût le sujet qu’il embrassât, étaient toujours empruntés aux formes des géomètres. Dans toutes les fonctions qu'il fut appelé à remplir , il ne se fit pas moins estimer par sa modération que par un esprit d’équité , qui était le trait dominant de son caractère. Quels qu’aient été les emplois exercés par Jollivet, les honneurs et les titres dont il a été revêtu, il n’a jamais été accusé d’ambition : aucun homme n’était moins propre à former un courtisan; sa vie était retirée, laborieuse. La simplicité de ses manières, de ses habitudes, était telle qu’elle avait une apparence d’originalité : il avait l’air d’un savant attaché à son cabinet et jeté par hasard dans la scène des affaires et du monde.
- En 1814, il reçut le titre de conseiller d’Etat honoraire, mais cessa d’être employé activement; il vécut dès-lors dans le sein de la retraite, rendu à l’étude, et jouissant sans réserve du commerce d’une épouse qui était le modèle de toutes les vertus , et qui fut presque l’unique société de toute sa vie.
- 11 n’avait point d’enfants; il avait conçu le projet de disposer de sa fortune d’une manière qui pût. contribuer un jour à la prospérité de son pays. Quelques années avant sa mort, il jeta les yeux sur la Société d’Encourage-ment, comme lui offrant un organe propre à réaliser cette idée; nommé membre de votre Conseil d’Administration , il devint témoin plus immédiat de vos travaux et se confirma dans sa résolution. Vous avez, Messieurs, la jouissance de pouvoir vous dire que la conviction qu'il acquit de l’utilité de ses travaux et de leur bonne direction fut le seul motif qui le détermina. Madame Jollivet, confidente de toutes ses pensées, s’associait aussi à tous ses desseins. Ils arrêtèrent ensemble cette disposition commune ; ils convinrent que celui des deux qui survivrait jouirait de la fortune entière, mais exécute-
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- rait à sa mort le plan concerté entre eux. Madame Jollivet était plus àgee que lui; elle lui survécut cependant. Il mourut le 29 juin 1818 : nous ne connûmes point encore alors la destination que devait un jour recevoir cet héritage. M. le comte Jollivet avait exprimé ses intentions dans un testament ouvert lors de son décès et déposé chez Me. Moisant, notaire , en se reposant de l’exécution sur les soins de sa digne épouse; celle-ci y a été fidèle : c’est elle qui a été l’exécutrice du dessein qu’il avait formé. On assure que plusieurs de ses amis lui ont souvent représenté qu’elle pourrait faire d’une fortune considérable d’autres emplois qui répondaient aux affections les plus chères de son cœur; elle se bornait à dire : Je l’ai promis.
- Madame Jollivet réunissait à une bonté parfaite, à une sérénité inaltérable, à une piété exemplaire, une grande netteté d’esprit et beaucoup d’instruction. Dans un âge très-avancé, son commerce offrait encore autant d’agrémens que ses conseils d’utilité. Sa mort, arrivée le 30 janvier 1822, a offert un modèle de ce courage religieux et paisible qui couronne une vie vertueuse.
- Elle a consacré la moitié de cette fortune environ à doter des établisse-mens religieux, des établissemens de bienfaisance, en divers lieux; à récompenser un grand nombre de vieux serviteurs; à laisser des souvenirs à des amis; à disposer de quelques dons en faveur de ses nièces, dons qu’elle ne se crut point autorisée à étendre davantage d’après les intentions de son mari. L’autre moitié est consacrée à fonder, en faveur de l’industrie française, des prix annuels que la Société d’Encouragement est chargée de décerner. On évalue à 300,000 fr. environ le capital qui doit recevoir eet emploi, quand la succession sera liquidée. On reconnaît, dans les combinaisons prévoyantes et extrêmement détaillées qui sont relatives à cet emploi, l’esprit de calcul qui était propre à M. Jollivet. Il veut que tous ses biens soient vendus par petites portions, lentement, aux enchères publiques, pour accroître d’autant le produit qui en résultera. Ce produit sera tout entier converti en rentes sur l’État : pendant soixante ans, la moitié seulement du revenu sera annuellement distribuée en prix ; l’autre moitié sera progressivement capitalisée pour former enfin, dit le testament, un fonds à l’aide duquel l’industrie française puisse recevoir des encouragemens assez énergiques pour la faire triompher de toute rivalité étrangère. Si notre Société cessait d’exister, la mission que nous avons reçue passerait à tout autre établissement analogue, autorisé à cet effet par le Gouvernement.
- Vous le voyez, Messieurs, cet héritage appartient bien moins à notre Société elle-même qu’à l’industrie française , qu’à la France entière. Loin
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- que cette remarque affaiblisse notre juste gratitude, nous nous félicitons et nous nous honorons d’être les mandataires appelés à exécuter des dispositions aussi généreuses, et de servir d’interprètes à la reconnaissance publique envers la mémoire de leur auteur. Votre Conseil d’Administration se propose de consacrer l’expression de ce juste sentiment sur la tombe où reposent leurs dépouilles mortelles. Lorsqu’il aura reçu du Gouvernement l’autorisation d’accepter, il vous soumettra aussi l’ensemble des mesures nécessaires pour assurer l’exécution du testament de M. le comte et de Madame la comtesse Jollivet de la manière la plus conforme aux vues qui l’ont inspiré; car alors commencera, en quelque sorte, une ère nouvelle dans la marche de vos opérations appelées désormais à recevoir une extension si importante.
- A Paris, de l'Imprimerie de Madame HUZARD ( oée VALLAT LA CHAPELLE rue de PEperon-Saint-André-des-Arcs , n°. *.
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- VIXGT-UMÈME ANNÉE. ( N°. CCXV. ) MAI 1822.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- j'Rapport fait par M. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniques, su/' le théodolite de M, Gambey, fabricant dinstrumens de précision, rue du Faubourg-Saint- Denis , n 52, a Paris,
- On sait qu’on ne doit porter sur le papier les angles mesurés dans l’espace qu’après les avoir réduits à l’horizon ; ce n’est pas l’angle formé par les ravons visuels dirigés de l’œil de l’observateur à deux objets qu’on doit tracer sur le plan, c’est la projection horizontale de cet angle. Comme cette réduction exige un calcul, on a imaginé un instrument qui a pour objet de faire connaître cet angle réduit. Qu’on place le plan d’un graphomètre dans une situation horizontale, et les angles observés avec les pinnules seront réduits à l’horizon. L’imperfection des observations faites avec des pinnules, et le peu d’étendue que l’œil peut saisir, leur ont fait préférer l’usage des lunettes : il est vrai que celles-ci ne pouvaient remplacer les pinnules quand les rayons visuels ne sont pas parallèles au plan du graphomètre ; de là cette nécessité de les rendre plongeantes. C’est la première idée qu’on a eue pour composer un théodolite, dénomination dont l'origine nous est inconnue.
- Qu’on se figure donc un cercle parfaitement horizontal , divisé en ses 360 degrés , et au centre une colonne verticale , mobile sur son axe, entraînant une alidade et portant au bout une lunette susceptible de prendre diverses inclinaisons sur l’horizon. Ajoutez-y même un arc vertical de quei-flngt- unième année. Mai 1822. V
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- ques degrés pour mesurer ces inclinaisons , et une lunette inférieure destinée par sa fixité sur l’instrument à vous attester que dans la manœuvre de l’alidade le cercle ne s’est pas dérangé, et vous aurez le théodolite tel qu’il a été longtemps en usage.
- Cet instrument , quoique plus commode à employer que le graphomètre, était encore bien imparfait. La manière de le caler ou de rendre son limbe horizontal, la disposition des lunettes, celle des vis de rappel , et beaucoup d’autres détails, qui ne peuvent être décrits ici, ont successivement été perfectionnés. Depuis l’invention des cercles répétiteurs, dont l’utilité est chaque jour mieux sentie, on a rendu les théodolites répétiteurs ; l’un de ces instru-mens, que M. Richer a fait sous de petites dimensions, et qui pourtant est d’une exécution très-précise, a fait le sujet d’un rapport favorable, inséré page 70 du Bulletin de l’année \ 820.
- Ce qui distingue particulièrement le théodolite de M. Gcimbey, c’est qu’il est répétiteur dans le sens vertical, et aussi dans le sens azimutai, en sorte qu’il est propre à-la-fois aux observations géodésiques et astronomiques. La colonne centrale, qui porte l’alidade horizontale pour indiquer les angles azimutaux, sert de support à un axe horizontal qui soutient le cercle vertical répétiteur et sa lunette. Chacun de ces deux cercles porte quatre verniers ; ses degrés sont divisés chacun en douze parties , c’est-à-dire que chaque division est de cinq minutes ; les verniers portant cinquante-neuf divisé en soixante, donnent donc cinq secondes. Ainsi une seule observation suffit pour connaître un angle à cinq secondes prés, et même à l’aide de l’estime, à deux secondes : c’est un degré de précision auquel personne n’était encore arrivé dans les instrumens de cette dimension : avec la répétition on peut obtenir l’angle à un dixième de seconde.
- Une épreuve que vos commissaires ont fait subir au théodolite, et qui est une preuve décisive de sa précision, a été de transporter les alidades en divers points du limbe, et de lire les quatre verniers, pour reconnaître si les degrés indiqués différaient juste de quatre-vingt-dix degrés ; et cette épreuve souvent répétée a donné des différences si minimes qu’il est inutile d’en parler. Vous ne serez pas étonnés d’une telle précision, Messieurs, lorsque vous saurez que la plus délicate des opérations à faire lorsqu’on veut diviser un cercle, est de le centrer sur la machine qui divise ; et M. Gambey, par un procédé qui lui est propre, n’a nullement besoin de prendre cette peine; il peut mettre son centre à un pouce de distance de celui de sa machine, sans altérer en rien la rigoureuse exactitude de ses divisions.
- Nous ne nous arrêterons pas , Messieurs , à vous décrire les minutieux détails d’exécution de l’instrument, quoique la perfection soit le résultat
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- de tous ces soins. Les vis de rappel n’ont aucun temps perdu : lorsqu'on pèse sur la lunette , l’alidade marche , sous cet effort , d’environ cinq secondes ; mais lorsqu’on l’abandonne à elle-même, elle se rétablit juste où elle était avant cette petite torsion. Les niveaux sont d’une exactitude parfaite, et assemblés sur l’instrument de manière à ne laisser aucun doute sur la précision : l’excentricité de la lunette est fort grande; mais dans les observations géodé-siques elle se compense de droite à gauche sur l’instrument même.
- Le Comité des arts mécaniques, après un examen très-attentif du théodolite de M. Gambej et des épreuves qui toutes ont été à son avantage , vous propose d’accorder votre approbation à cet instrument, tant sous le rapport de son admirable exécution que sous celui de la conception de l’artiste. C’est une des découvertes de notre siècle, d’avoir su donner à des instrumens portatifs et de petite dimension une exactitude au moins égale, pour ne pas dire supérieure, à celle de ces énormes quarts de cercles qu’on ne pouvait transporter sans des embarras infinis, et souvent sans les détériorer par le voyage. Les Anglais refusent encore d’employer les cercles répétiteurs , et leur préfèrent les grands instrumens, dont les lunettes ont bien plus de force. Mais les travaux entrepris, de concert avec les astronomes anglais, par MM. JBiot, Mathieu et Arago, ont dû montrer tous les avantages des instrumens répétiteurs.
- M. Gambej n’est pas seulement un artiste digne d’estime, ses travaux d’invention le placent parmi les savans : il est auteur d’un héliosiat conçu sur un plan nouveau et bien supérieur à celui qui était en usage ; il l’est aussi d’une nouvelle boussole de déclinaison dont la précision est incroyable. Ces deux instrumens ont été présentés par l’auteur à l’Académie des sciences, et M. Arago, qui doit en faire incessamment le rapport, nous en a parié dans des termes très-avantageux, opinion bien flatteuse, puisqu’elle est celle d'un savant qui est connu pour ne pas être prodigue d’éloges. M. le baron de Zach , qui parait avoir adopté dans ses écrits la méthode de louer toutes les productions de l’industrie étrangère aux dépens de la nôtre, n’a pu se refuser à avouer le mérite distingué de M. Gambej, et lui a commandé un théodolite. C’est un hommage qui ne peut être arraché que par la pensée que M. Gambej est le plus habile artiste de l’Europe.
- Nous terminerons en rappelant que, lors de la dernière exposition des produits de l’industrie, M. Gambej a reçu une médaille d'or; le suffrage de la Société d'Encouragement se réunira à ces honorables distinctions. Nous demandons aussi l’insertion du présent rapport au Bulletin.
- Signé Francoeür , rapporteur.
- Adopté en séance, le 3 avril 1822.
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- îiAPPüRrr fait par i\'l. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniques j sur un instrument nommé hyalographe , imaginé par M. Clincliamp , pour dessiner des perspectives et obtenir des épreuves du dessin.
- i
- M. Mathieu, officier de marine, ayant remarqué à Toulon, et vu fonctionner Y hyalographe de M. Clinchamp, professeur de dessin dans la même ville, proposa à celui-ci de faire connaître cette invention à la Société d’En-couragement, les besoins de son service l’appelant pour quelques jours dans la capitale. Vous avez chargé votre Comité des arts mécaniques d’examiner cet instrument et de vous en rendre compte.
- Trois tiges de bois horizontales, assemblées en T, sont portées par trois pieds placés aux extrémités des branches ; sur la transverse est élevée une glace non étamée, dans un cadre que soutiennent deux colonnes : le long de la branche perpendiculaire est pratiquée une rainure, dans laquelle on peut faire glisser une tige verticale, qui porte à son extrémité un petit disque nommé oculaire, parce que c’est derrière un trou qui y est pratiqué que le dessinateur place l’œil pour diriger sa vue sur la glace , et apercevoir à travers celle-ci tous les objets qu’il veut figurer en perspective. Pour faciliter l’opération, et permettre à l’œil toutes les positions à l’égard de la glace et des objets , on peut, comme on voit, reculer ou approcher à volonté, dans de certaines limites, le porte-oculaire de la glace, et cette même tige se brise en deux endroits pour pouvoir l’incliner ou la dresser. Une pièce opaque et mobile autour d’un genou est placée à la hauteur de l’autre œil, et destinée à intercepter le passage à la lumière, afin que le dessinateur ne se fatigue pas à tenir cet œil fermé.
- D’après les règles connues de la perspective, règles que nous avons exposées
- dans le compte que nous avons rendu de la machine de M. Boucher
- ( pag. 161 du Bulletin de 1821 ), il est manifeste que l’œil étant fixé derrière
- l’oculaire, si tous les rayons visuels qui se portent aux objets situés au-delà
- de la glace laissaient sur celle-ci leur empreinte, l’ensemble de ces traits
- formerait la perspective demandée : il ne faudrait , pour avoir un tableau
- parfaitement exact, que colorier et#ombrer les parties aux degrés que la nature
- #
- présente.
- Le dessinateur, armé d’un crayon blanc, trace en effet sur la glace les contours des objets tels qu’il les voit : cette glace est enduite d’une couche d’eau gommée, qu’on a laissée sécher, et qui, sans troubler la transparence, permet au crayon d’y laisser son empreinte. Une tige horizontale, qu’on peut à volonté avancer au degré nécessaire, soutient le bras dans l’attitude
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- qui convient pour assurer la régularité et la netteté des traits. Jusqu’ici , les personnes qui compareront l’hyalographe de M. Clinchamp avec les machines imaginées par différens artistes, et particulièrement avec celle qu’a si ingénieusement conçue M. Boucher, n’y verront de différence qu’en ce que le dessin perspectif est un peu plus incommode à tracer sur un plan vertical que sur une feuille tendue horizontalement. Mais, outre qu’on s’habitue aisément à faire ce dessin au crayon , sur un plan vertical, nous allons trouver dans l’hyalographe des avantages particuliers, qui compensent l’inconvénient dont, on vient de parier.
- Quand la perspective est tracée au crayon sur la surface gommée de la glace, on la rabat horizontalement sur le T, et la tige qui était destinée à soutenir la main du dessinateur, supporte alors la glace ainsi renversée, de manière à présenter en-dessus sa surface non gommée. Une encre préparée à la manière de celle de la Chine, est broyée à l’eau dans un godet; on la tient un peu épaisse. Puis armé d’un pinceau dont on a coupé tous les poils de dehors pour ne conserver qu’un faisceau intérieur très-mince, on suit tous les traits de crayon qui sont empreints sur la surface opposée de la glace : cette nouvelle opération produit donc, à l’encre , un dessin identique à celui du crayon,, On laisse sécher, puis on étend sur ce dessin une feuille de papier très-humide, et on l’oblige à s’appliquer exactement sur la glace en la lissant avec un corps dur et poli, ou même avec l’ongle : après quoi on retire la feuiiie qui présente à l’encre la copie exacte de la perspective demandée. On peut obtenir aisément trois et même jusqu’à cinq épreuves semblables ; mais comme les traits vont en s’affaiblissant de plus en plus, pour en obtenir un plus grand nombre, il faut repasser les traits avec l’encre préparée, ce qui est aussi facile que la première fois, puisque les traits du crayon blanc sont demeurés sur la surface gommée. On peut ainsi tirer un nombre indéfini d’épreuves.
- Les avantages de l’hyalographe sont, 1°. de ne coûter que 60 fr. environ, et même en mettant moins de luxe dans l’exécution on peut ne le paver que 40 francs; 2°. de donner sur le papier plusieurs épreuves d’une perspective demandée; 3°. de connaître toujours le rapport du dessin aux objets ; car si l’œil est distant d’un objet d’une quantité décuple de sa distance à la glace, la perspective aura chacune de ses lignes réduite au dixième ; en sorte qu’on pourrait à la rigueur, quoique imparfaitement, conclure de ces distances la hauteur et l’étendue de la façade d’un édifice.
- M. Mérimée a pensé qu’on pouvait aisément ajouter à l’hyalographe un genre de perfection qui rendrait cet instrument bien précieux aux arts. On sait qu'un dessin perspectif, sous peine de présenter des déformations con-
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- sidérables, ne peut être exécuté qu’en plaçant l’œil en de certains lieux à l’égard des objets qu’on veut dessiner, et aussi par rapport au plan du tableau qui est ici la glace. Sans cette précaution , le dessin ne présenterait l’image fidèle de la nature qu’autant que l’œil serait précisément au point de vue d’où on l’a fait. Si on veut que la perspective soit juste pour tous les lieux où l’œil serait placé aux environs du point de vue, il faut ne pas placer l’œil trop près du tableau ni des objets. Cette condition est souvent très-embarrassante à remplir avec l’hyalographe : il faudrait que l’œil pût s’éloigner beaucoup de la glace ; mais alors la main ne pourrait plus y atteindre, et même elle perd toute sûreté pour le dessin , dès que le bras est obligé de demeurer tendu. M. Mérimée propose d’adjoindre à l’hyalographe une partie du pbysionotrace de Chrétien.
- Qu’on se figure une tige très-légère et longue de plusieurs pieds, dont un bout porterait le crayon, tandis que l’autre serait fixé en un lieu de l’espace où l’œil serait placé ; qu’en dirigeant convenablement le crayon, on trace sur la glace l’empreinte des objets vus à travers, et on aura la perspective, l’œil étant placé aussi loin qu’on veut du tableau. Mais il serait bien difficile de manœuvrer ainsi ce long porte-crayon, et de suivre avec précision les indications de l’œil, parce qu’un grand espace est parcouru par le crayon, pour un très petit mouvement de la main qui le fait mouvoir. M. Mérimée propose d’adapter le disque oculaire sur le porte-crayon même et tout près de la glace, de se placer proche celle-ci, de diriger ainsi la pointe qui donne l’empreinte selon les droites qui vont de l’oculaire aux objets, droites qui, à raison des distances des objets à figurer et du point fixe, sont censées partir toutes de ce dernier point. Il sera donc facile de manœuvrer le crayon et de lui faire parcourir ainsi tous les points de la glace, à l’aide d’un tirage propre à alonger ou accourcie le porte-crayon selon les besoins : on éviterait ainsi toutes les déformations de la perspective. Cette idée a paru fort ingénieuse aux membres du Comité des arts mécaniques, qui engagent l’auteur à en faire son profit.
- Le Comité vous propose d’accorder votre approbation à l’hyalographe de M. Clinchamp, et de le faire connaître au public, par la voie de votre Bulletin, en y insérant le présent rapport, ainsi qu’une figure offrant l’aspect et les détails de ce joli instrument (1).
- Signé Frais coeur, rapporteur.
- Adopté en séance, le 3 avril 1822.
- (1 ) Nous donnerons cette figure dans le Bulletin, aussitôt que M. Clinchamp nous en aura fait parvenir le dessin, l’auteur ayant fait éprouver des changemens à son invention, d’après les conseils renfermés dans le rapport.
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- ARTS CHIMIQUES.
- B apport fait par M. Mérimée, au nom du Comité des arts chimiques, sur les couleurs en détrempe de M, Berry.
- M. Berry y peintre à la Rochelle , à qui vous devez plusieurs communications intéressantes, vous a transmis un essai de couleurs en détrempe rendues insolubles dans l’eau. Il vous demande si quelqu’un avant lui a eu l’idée de fixer la détrempe, et dans le cas où il serait le premier qui ait pensé à trouver le moyen d’assurer la conservation d’une peinture qui se détruit facilement, il vous prie de lui donner acte de sa découverte.
- Nous ne connaissons rien de fait en ce genre, si ce n’est quelques expériences tentées pour retrouver l’encaustique des anciens, qui, dans cette peinture, se servaient de cire punique, laquelle, selon quelques-uns, n’est autre chose qu’un savon de cire.
- Nous savons qu’en Italie on a fait quelques essais de peinture en détrempe, qui est insoluble lorsqu’elle est achevée ; mais personne en France , à notre connaissance, a mis en pratique de semblables procédés.
- Nous croyons donc que l’on peut donner acte à M. Berry de sa déclaration, et lui dire que si son procédé est d’une exécution facile, il aura rendu service aux arts, en trouvant un moyen de fixer la peinture en détrempe de manière qu’on puisse la nettoyer comme la peinture à l’huile, en la lavant.
- Signé Mérimée , rapporteur.
- Adopté en séance, le 3 avril 1822.
- Rapport fait par M, Mérimée, au nom du Comité des arts chimiques, sur les poteries dorées de M. Legros d’Anisy.
- Messieurs, on fabrique depuis plusieurs années, en Angleterre, une faïence rouge, recouverte de vernis métalliques, qui produisent des effets de dorure très-briüans. L’un de ces vernis donne à la poterie l’aspect du platine , et il y a quelque chose de réel dans cette illusion , puisqu’elle est produite pai une couche extrêmement mince de ce métal. L’autre vernis, par lequel on a voulu imiter la dorure, n’imite réellement qu’un alliage de cuivre, et cependant c’est aussi avec de l’or qu’on obtient ce résultat.
- Plusieurs de nos fabricans de poterie ont fait diverses tentatives pour décorer leurs vases avec ces brillantes couvertes, et des essais plus ou moue heureux, présentés à la dernière exposition, nous donnèrent Heu d’espérer un prochain succès.
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- M. Legros d'Anisy s’est mis sur les rangs des imitateurs, et il a surpasse ses modèles , ainsi que vous avez pu vous en convaincre par les nombreux échantillons que vous avez eus sous les yeux. On ne devait pas moins attendre d'un homme dont les inventions dans l’art de la poterie ont été plus d’une fois l’objet de récompenses nationales.
- A l’exemple des fabricans anglais, M. Legros d’Anisy a choisi de préférence la faïence rouge pour la dorer. L’or, quoique très-opaque, peut néanmoins être réduit en feuilles tellement minces que la lumière passe au travers : il est encore plus transparent lorsqu’il est dissous ou précipité. Dans eet état de division, s’il était appliqué sur un fond blanc, il n’aurait plus ni la couleur ni l’éclat qui lui sont propres : c’est par celte raison que l’on couvre d’une couche de bol rouge le fond blanc sur lequel on applique des feuilles d’or.
- Le procédé du fabricant français ne paraît pas être le même que celui qu on suit en Angleterre, ou du moins il a reçu une modification importante; car, au lieu de la teinte cuivrée que présente toujours la poterie dorée des Anglais, celle de M. Legros d: Jnisy a la véritable couleur du métal, et approche beaucoup de la dorure sur porcelaine.
- Cette dorure sur porcelaine est d’uifê grande beauté; mais elle est incomparablement plus chère. Elle se fait avec une poudre très-ténue , que l’on prépare en précipitant une dissolution d’or avec du sulfate de fer.
- Lorsqu’on retire la pièce du feu, l’or qui a été précipité à l’état métallique n’a pas plus d’éclat que l’ocre jaune ; il ne devient brillant que par l’effet du brunissoir.
- Dans le procédé anglais, l’or extrêmement divisé est à l’état d’oxide. La couche infiniment mince de ce métal n’est revivifiée qu'à sa surface , et si elle était appliquée sur un fond blanc, la teinte pourpre, qui est le caractère propre de l’oxide, serait très-sensible et donnerait lieu à celte couleur chatoyante, appelée burgos. Elle ne produit plus que l’effet du cuivre un peu oxidé , lorsqu’elle est sur un fond rouge.
- Dans le procédé de M. Legros d’sJnisy, l’or parait être complètement revivifié. De quelque sens qu’on le regarde, on n’aperçoit aucune nuance de rouge ; la véritable couleur de l’or est donc mieux imitée.
- Cette supériorité d’imitation tient aussi à ce qu’il entre réellement plus d'or dans la couverte de notre fabricant que dans celle des Anglais; aussi ne pourrait-il pas la donner à un aussi bas prix
- Il assure toutefois qu’il emploie moins de matière sur les vases que s’il les couvrait avec les feuilles d’or les plus minces : on ne peut révoquer cette assertion en doute . et comme il suffit d’un décagramme d’or pour couvrir
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- mie surface de 40 mètres carrés, il est évident qu’on peut, sans beaucoup de dépense, transformer une poterie commune en poterie de luxe.
- C’est sur la faïence rouge de Sarrcguemines que M. Legros d’Anisy a jusqu'à ce jour appliqué la dorure ; c’est donc à l’excellente qualité de cette poterie qu’il faut attribuer le précieux avantage des vases dorés de supporter, sans se briser, les alternatives subites du chaud et du froid.
- Nous avons fait employer journellement, depuis un mois, un petit poêlon pris indistinctement parmi les échantillons qui vous ont été présentés, et non seulement il a parfaitement résisté, ainsi qu’on devait s’y attendre, mais la dorure n’a pas reçu la moindre altération ; tandis qu’un petit vase rapporté d’Angleterre a été dédoré dans l’intérieur, parce qu’on y avait laissé aigrir du lait.
- M. Legros d’Anisy vient de faire un voyage à la manufacture de poteries rouges de M. Thiessé, à Forges-les-Eaux, département de la Seine-Inférieure. Il a fait des essais sur la terre que l’on y travaille, et la dorure a réussi aussi bien que sur celle de Sarreguemines.. C’est une circonstance très-avantageuse pour cette fabrique ; elle sera intéressée davantage à apporter le plus grand soin dans le choix des formes de ses vases et dans leur exécution ; car un très-léger défaut, imperceptible sur une Surface brune , devient très-apparent lorsqu’elle est dorée.
- Nous avons visité l’établissement de M. Legros dé Anisy, rue Traversière-Saint-IIonoré, n°. 29, et nous pouvons vous assurer que, parmi une grande quantité de pièces de différentes formes et grandeurs , nous n’en avons pas aperçu une seule qui ne fût aussi parfaite que celles qui .vous ont été présentées.
- L’application du platine ne présente assurément pas plus de difficultés que celle de l’or; M. Legros d’Anisj y réussirait également, et nous en avons la preuve par des échantillons qu’il nous a montrés. Probablement la masse des consommateurs préfère la poterie dorée à la poterie platinée, qui en effet a moins d’éclat. Si l’on en désirait, nul doute qu’il ne soit en état de satisfaire à toutes les demandes qui pourraient lui être faites.
- Si l’on peut contester à M. Legros d’Anisy le mérite de l’invention , il faut du moins lui accorder celui d’un perfectionnement réel. Ce fabricant devra , par cela seul, être cité avec distinction , pour avoir, des premiers , introduit dans nos manufactures de faïence un genre de décoration qui relève considérablement le mérite des produits , et transforme, sans beaucoup de frais, une poterie commune en une infiniment supérieure.
- D après ces considérations , Messieurs , nous avons l’honneur de proposer au Conseil d’ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin Vingt-unième année. Mai 1822. X
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- comme un témoignage de l’intérêt que vous prenez au succès de l’établissement formé par M. Legros d’Anisy et comme une recommandation aux consommateurs.
- Signé Mérimée , rapporteur.
- Adopté en séance, le 3 avril 1822.
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. de Lasteyrie, au nom du Comité des arts économiques, sur le duvet de chèvres des Hautes-Alpes.
- M. Serres, sous-préfet à Embrun , département des Hautes Alpes , a adressé à la Société d’Eneouragement un chapeau, deux échantillons de feutre, et un petit échantillon de tricot , le tout fabriqué avec le duvet de chèvres indigènes.
- Le chapeau est parfaitement confectionné, le feutrage en est égal, solide, ferme et élastique : la teinture est d’un beau noir et parait être solide, mais elle n’a pas le brillant que l’on trouve dans les chapeaux de poil de lapin. Le chapelier de Lyon qui l’a fabriqué croit que la teinture détruit le moelleux et le brillant du poil. On voit en effet, par les deux échantillons de feutre pris sur le même morceau, que celui qui a passé à la teinture est dur et roide, tandis que celui qui n’a pas subi cette opération est beaucoup plus souple et plus moelleux. Ce genre de chapeau manque aussi du beau brillant que donne le poil de castor ou celui de lapin ; mais il serait facile d’obtenir cette qualité, par le mélange d’un de ces poils avec le duvet de chèvre. Il est encore à remarquer qu’à dimensions égales, le poids d’un chapeau de duvet de chèvres est moindre d’un huitième , comparé à celui d’un chapeau fait avec du poil de lièvre. Au reste, il parait que l’emploi du duvet de chèvre dans la chapellerie est connu depuis longtemps sous le nom de chevron d’Abyssinie ; il a été reconnu qu’il fortifie beaucoup le feutre.
- Il résulte de tous ces faits qu’on peut fabriquer d’excellens chapeaux avec le duvet de nos chèvres indigènes, et tout porte à croire qu’ils auront autant de solid"ité et de durée que les chapeaux ordinaires. Leur prix de fabrication est à-peu-près le même.
- La matière qui entre dans celui qui vous a été envoyé est estimée par
- le chapelier de Lyon, à................... 6 fr. 90 e.
- Le feutrage, à. . .......................................... 3 30
- La teinture, apprêt et garniture, à. . . . .................. 5
- Total.
- 15 fr. 20 e.
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- En évaluant les bénéfices de fabrication à environ un quart, on aura des chapeaux qui reviendront a 20 ou 21 francs.
- M. Serres a aussi envoyé un petit échantillon de tricot , dont la finesse, le soyeux et sur-tout la mollesse, sont très-recommandables. C’est encore un genre d’industrie qui mérite l'attention des fabricans , et qui peut s’appliquer aux autres parties de la bonneterie ; enfin l’expérience lui a appris que l’on peut, en croisant les races indigènes avec les chèvres d’Asie, obtenir des produits aussi fins et aussi abondans, que ceux qu’on retire de ces dernières.
- Nous pensons que la Société d’Encouragement doit remercier M. le sous-préfet d’Embrun, pour le zèle actif qu’il a montré en cherchant à donner une nouvelle impulsion à notre industrie, et le prier de vous faire connaître, ainsi qu’il le propose, la méthode qu’il emploie pour extraire le duvet des chèvres.
- Signé de Làsteyrie , rapporteur,
- Adopté en séance, le 29 mai 1822.
- M j p poht fait par 11. Bosc, au nom d'une commission spéciale, sur les étuves de M. Ternaux.
- Des 1 origine des sociétés, les hommes ont senti la nécessité de faire dessécher des viandes et des fruits pour en prolonger la consommation. Le soleil et des feux en plein air ont été longtemps employés à cet effet; cependant comme le soleil ne brille pas toujours, comme les feux en plein air opèrent fort incomplètement, le progrès des lumières a fait abandonner ces deux méthodes pour les remplacer par des fours, par des tourailles, par des étuves er autres constructions analogues.
- Mais l’usage des fours est difficile à régler, celui des tourailles dispendieux et circonscrit ; ce sont donc les étuves qu'on a dû préférer, et qu’on préfère, surtout quand il est nécessaire d’opérer très en grand et très-fréquemment.
- Un grand nombre de sortes d’étuves ont été décrites; un bien plus grand nombre, encore inconnues, fonctionnent en France et dans le reste de l’Eu-iopé ; il n’en est peut-être pas deux qui soient parfaitement semblables. Ce qu’elles offrent de commun , c’est que les issues pour la vapeur sont à leur partie supérieure.
- M. Ternaux aîné, notre collègue , qui porte constamment son attention sur le perfectionnement des machines et ustensiles qu’il emploie, ayant établi à Saint-Ouen une fabrique de vermicelle de pommes de terre selon les principes de M. Cadet de Vaux, et en ayant suivi les opérations, n’a pas
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- tardé à s’assurer que la dessiccation dans l’étuve s’opérait trop lentement, ce qui occasionnait, indépendamment de la perte de beaucoup de ce vermicelle qui fermentait, une consommation considérable de combustible; et quoique les cadres sur lesquels ce vermicelle était étendu fussent aussi également distribués que possible dans la hauteur de l’étuve, l’humidité était constamment plus sensible dans le bas que dans le haut. De ces observations il a conclu, 1°. que l’eau en vapeur, comme plus pesante, descendait dans le bas , où elle était de plus refoulée par la distillation causée par la chaleur dans la partie supérieure de l’étuve, où elle se portait comme plus légère ; 2°. que si on ouvrait des issues à cette vapeur d’eau par le bas, il y aurait une dessiccation plus prompte, par conséquent une moindre perte de matières et une moindre consommation de combustible.
- En effet, M. Ternauœ ayant fermé les issues supérieures et en ayant ouvert d’autres, au niveau du carrelage, il a obtenu ce que la théorie ci-dessus lui faisait espérer.
- L’étuve de M. Ternaux est une chambre au premier étage, d’une capacité d’environ 5,000 pieds cubes. Elle est chauffée à 30 ou 40 degrés avec du charbon de terre, au moyen d’un calorifère de Desarnocî, dont le fourneau est au rez-de-chaussée. Aujourd’hui , les vapeurs enlevées à la pulpe de pomme de terre sortent par neuf ouvertures disposées trois par trois dans les murs, au niveau du carrelage, et se perdent au-dessus du toit; ces ouvertures sont susceptibles d’être instantanément fermées, au moyen d’une brique posée de champ sur un de ses petits côtés.
- Le Conseil ayant chargé MM. Baillet, Lasteyrie, Costaz et moi, de prendre connaissance des effets du perfectionnement annoncé par M. Ternaux, nous nous sommes transportés à Saint-Ouen, le jeudi 25 du mois dernier, et nous avons vu opérer ; mais comme il aurait fallu deux jours pour comparer les résultats de la dessiccation dans cette étuve ouverte par le haut, avec ceux de la même étuve ouverte par le bas, par des expériences faites sous nos yeux, nous avons dû accepter le tableau ei-joint, qui donne les résultats de cinq expériences faites dans l’une et dans l’autre de ces circonstances.
- Ces résultats sont, 1°. une économie de charbon d’environ un tiers ; 2°. une diminution de près de moitié sur la durée de chaque opération ; 3°. une cer-r-titude presque complète d’éviter les pertes , suite de la fermentation de la pulpe dans l’étuve.
- Nous proposons , en conséquence , au conseil de remercier M. Ternaux de sa communication et de faire imprimer notre rapport et le tableau dans le Bulletin delà Société. Signé Bosc, rapporteur.
- Adopté en séance, le 1 5 mai 1822.
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- TABLEAU des expériences faites à Saint-Ouen, dans Vétuve de M. Ternaux aîné, sur la dessiccation des
- pommes de terre.
- Degrés de chaleur de l’étuve
- a poids détailles. r| VERMICELLE a £ RESULTAT DU PRODUIT.
- Z sortie 3s z Ifj . vert £ .û
- Numéros s expérient DATES. donnée aux vapeurs. * Ig .2 £ Oh m -M H Pelures. Pommes de Perte. ombre de < employé: obtenu par chaque châssis. PERTE. TOTAUX. en plaçant en fermant « 4 barbon de consomm ire. 2e. Fermenté TOTAUX. OBSERVATIONS.
- TJ 3 W <y terre. les châssis. la porte. TJ qualité. qualité.
- . 3 janvier. Par le haut lil. 120 10 kii. 92,700 kil. 11, » 82 ; 3 à 1050 79 à 1100 : ; 0,850 kil. 92,700 30 1/4 25 » h. 8 kii. 108 20,800 1,250 2,250 24,300 2 h. 3/4 il 10 h. 3/4.
- 4 id. Par le bas. 120 18, » 93,450 8,550 82 [ idem. 1,000 93,450 32 20 » 7 72 24,040 )> )> 24,040 Midi à 7 h. du soir.
- ) 19 id. Par le bas. 120 31,700 87,000 0,700 133 i 2 h 1100 131 à 550 113,350 87,000 30 » 27 » 8 03 24,850 )) D 24,850 Il h. 1/2 à 7 h. 1/2.
- 2e. < 20 id. Le haut... 120 27,500 92,300 0,200 127 2 il 1100 125 à 550 21,350 92,300 30 » 20 » 9 99 23,950 2,920 J) 20,870 Il h. 1/4 à 8 h. 1/4.
- 23 id. Parle bas. 3G0 79,500 275,500 5, » 201 à 1200 34,300 275,500 30 » 20 1/2 9 90 09,450 1,850 » 71,300 2 h. 1/2 à 11 h. 1/2.
- 3». j 1 24 id. Le haut... 300 70,055 280,370 8,975 208 il 1200 30,770 280,370 30 » 27 » 18 99 01,150 4,500 10,540 70,190 4 h. du soir jusqu’au lendem. 10 h. du mat.
- ( 20 mars. Par le bas. 458 )) 314, » J) 229 à 1200 39,200 314, » 35 » 34 » 9 72 70,500 ». 2,400 78,900 1 h, à 10 h.
- 4°. 21 id. Le haut... 458 )) 314, » » 229 à 1200 39,200 314, » 35 » 33 1/3 19 72 7,450 50,500 11,500 75,450 11 h. 55 m. il 9h. du lendemain matin.
- 1er avril. Par le bas. 458 » 314, » » 215 il 1200 50, 314, » 37 » 33 » 8 72 52,200 10,250 » 68,450 Midi 3/4 à 8 h. 3/4.
- 5e. ) ) 1 2 id. Le haut... 300 . )) 210, » )) 215 à 800 38, 210, ü 40 » 34 1/2 20 72 31,400 » 14,705 40,150 11 h. 3/4 du soir à 8 h. du lendemain matin.
- Récapitulation des produits et du combustible consommé.
- j lrc. qualité. 2°. qualité. Fermenté. Charbon consommé.
- j Par le bas......... 247,040 18,100 2,400 369 kil.
- Sortie donnée aux vapeurs. <
- | Par le haut,. . . . 144,750 65,170 39,040 450
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- Description d'un fourneau fumivore a grille tournante dune machine a vapeur placée dans l établissement des bains du quai de (Deeres,
- Depuis longtemps on a cherché à établir des fourneaux ou foyers de combustion ayant la propriété de consumer leur propre fumée et de délivre] de celte incommodité les personnes placées dans le voisinage des fonderies , des brasseries et d'autres usines.
- En France , la construction de ces appareils est anciennement connue : on trouve dans les premiers volumes des Mémoires de éAcadémie des Sciences la description d’un fourneau fumivore qui remplissait fort bien son objet, et qui avait été présenté par M. Dalesme. Son foyer était placé à la partie inférieure d’un siphon renversé, dont l’une des branches, faisant l'office de cheminée, était plus longue que l’autre: dès que l’intérieur de cette longue branche était échauffé, ii s’y établissait un courant formé par Fair affluent de la petite branche, qui , refoulant la flamme sur le fover de manière à la faire passer par-dessous la grille , 'opérait la combustion de la fumée.
- Les conditions nécessaires pour obtenir une combustion complété et exempte d’incommodités sont : W une disposition du foyer telle qu’il s’établisse un courant d’air affluant , par sa porte, dans la' cheminée; 2° une affluence sur les corps combustibles d'une masse d’air qui soit en proportion convenable avec la masse de ce corps combustible (1 ); 3\ une élévation de température au contact de l’air ou du combustible, suffisante pour opérer la décomposition de î air (2 .
- En 1802, MM. Clément et Desormes appliquèrent ces principes tmx fourneaux de leurs manufactures de sulfate de fer et d’alun, de Paris et de Ver -berie , département de l’Aisne. Quelques années après, M. Champ/ fils fit construire dans la poudrerie d’Essone des fourneaux fumivoi es pour le séchage artificiel de la poudre. En j 808 , M. Gengembre adapta au fourneau de la machine à vapeur établie à l’Hôtel des Monnaies un moyen fort ingénieux de brûler Sa fumée ; M. Prony rendit , le 16 janvier 1809. à la première classe de l’Institut un compte avantageux de cet appareil,
- En 1814, le propriétaire des bains établis au bas du Ponf-Roval, avant
- t: M. clément a reconnu, par expérience. qu’en pratique ii fallait iaire affluai sur te combustible près de trois fois autant*d’air pour la combustion parfaite que ia théorie en indique.
- 2) Les lampes d’Argond offrent une application aussi ingénieuse uu utile ce prim inv
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- éfé invité par le Comité de salubrité publique à changer la construction de ses fourneaux, de manière à éviter la fumée, qui incommodait le voisinage, M. d’Arcet fit ouvrir sur le derrière du fourneau, en face et à la hauteur du foyer, une fente horizontale, destinée à donner à la fumée l’air neuf qui manquait pour en opérer la combustion; en même temps il fit élever la cheminée , afin d’augmenter le tirage : ce procédé réussit complètement, et les fourneaux brûlaient la presque totalité de leur fumée.
- Vers la même époque, MM. Blanc frères, à Lyon, firent construire , sur les dessins et d’après les renseignemens fournis par M. tïArcet, un fourneau destiné à brûler la fumée épaisse et désagréable , provenant de 1 incinération des lies de vin pour la fabrication de la cendre gravelée. L’établissement, de ce fourneau, dont nous avons donné la description dans le N°. CXXX du Bulletin , quatorzième année , page 87, a fait cesser les plaintes des voisins de la fabrique.
- Dans ces derniers temps,* plusieurs distilleries et raffineries de sucre à Paris, et des fabricans de charbon animal , ont, également adopté des appareils fumivores.
- En Angleterre , ces appareils sont employés avec succès depuis plusieurs années. En 1801, peu de temps avant les essais de MM. Clément et Desormes, M. Roberton, de Glasgow , en Ecosse, prit une patente pour un fourneau fumivore adapté à une machine à vapeur ; son procédé consistait à introduire immédiatement dans les foyers une lame d’air extérieur, dont on pouvait faire varier 1 épaisseur à l’aide d’un mécanisme fort simple , qui servait à régler l’écartement de deux plaques de fer inclinées, entre lesquelles passe cette lame d’air : l’espace compris entre les deux plaques communique avec l’atmosphère par une fente horizontale pratiquée au haut de la porte , et à laquelle les plaques aboutissent.
- Le célèbre iFatt s’était occupé des moyens de brûler la fumée dans les fourneaux des machines à vapeur, longtemps avant M. Roberton ; son appareil avait beaucoup d’analogie avec le précédent : la principale différence consistait en ce que, dans le fourneau de TValt ; le courant d’air arrive au foyer par-dessous la grille, au lieu d arriver par-dessus, comme dans le fourneau de Roberton. Le premier est ainsi à flamme directe, et le second à flamme renversée.
- A mesure que les machines à vapeur se multiplièrent dans les villes d Angleterre, l’inconvénient de la fumée qui s’élevait de leurs fourneaux devint plus sensible. Le parlement , pour faire cesser l’es plaintes des habitants , rendit une loi par laquelle les propriétaires de ces machines étaient tenus d adopter quelques-uns des moyens connus pour éviter la fumée ; mais tous
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- ceux employés jusqu’alors augmentaient la dépense du combustible , parce que l’air froid qu’on admettait, tant sur la surface du feu qu'entre le feu et la chaudière, tout en opérant la combustion de la fumée , occasionnait une perte de chaleur notable. Pour obvier à ce défaut, divers perfectionnements ont été ajoutés aux appareils fumivores ; nous nous contenterons de citer ceux de Thompson, Spencer, Murray, Dickson, Stein , Wakefield et autres, qui sont décrits dans les journaux scientifiques anglais.
- De tous ces moyens , deux particulièrement ont reçu l’approbation des plus habiles manufacturiers. Le premier, de MM. Parker et fils, de Warwick, consiste à faire arriver l’air entre le feu et l’endroit où la fumée pénètre dans la cheminée ; ce qui rend parfaite la combustion de la fumée, tant que la porte du fourneau est exactement fermée, et diminue la rapidité du courant d’air chaud , qui circule autour de la chaudière avant de passer dans la cheminée : l’admission de l’air extérieur est réglée au moyen d’une soupape. Après avoir bien allumé le feu le matin, on jette sur la grille, qui est de grandeur ordinaire et un peu inclinée , la quantité de charbon nécessaire pour la consommation de la journée. La porte du fourneau et la soupape placée dans la cheminée étant fermées, le chauffeur n’a presque rien à faire; seulement, s’il voit la vapeur diminuer, il attise le feu pour faire brûler les parties du charbon qui ne l’ont pas été, ce qui suffit pour le reste de la journée.
- Le second moyen, dont nous allons nous occuper spécialement, est dû à M. Brunton, de Birmingham, qui a obtenu une patente le 29 juin 1819. Le fourneau de cet habile ingénieur, déjà adopté dans un grand nombre de manufactures anglaises, a été récemment introduit en France par M. Caillai , propriétaire des bains du quai de Gèvres, et appliqué à une machine à vapeur de la force de six chevaux, qui fournit de l’eau non seulement à ces bains, mais aussi aux bains Saint-Sauveur, rue Saint-Denis.
- Ce fourneau, représenté PI. 221 et 222, est de l’espèce de ceux qu’on nomme athanor ou à trémie ; il diffère de tous les autres en ce qu’il a pour but d’obtenir le plus grand effet possible au moyen d’un feu très-clair. Sa partie antérieure Z, Jîg. U et 5, en forme de voûte très-surbaissée, est construite en briques réfractaires. La flamme circule en Y V autour de la grande chaudière B, dont la forme n’a rien de particulier. Un bouilleur semi-eer-culaire C, faisant corps avec la chaudière B, est établi en avant du fourneau et au-dessus de la grille : ce bouilleur, qui reçoit l’action directe de la flamme, est percé, au milieu, d’un canal U, à travers lequel le combustible tombe sur la grille : deux robinets d d servent à vider d’eau la chaudière.
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- La fosse aux cendres D, pratiquée au-dessous de la grille, a la forme d’une trémie ; les cendres, en glissant le long de ses parois, tombent sur une trappe placée au fond, et qu’on ouvre lorsqu’on veut vider le cendrier.
- Un canal E, à parois inclinées et pratiqué derrière la grille, reçoit les escarbilles et les cendres qui auraient pu être jetés par-dessus le bord de la grille ; on les retire par la porte b.
- La grille F est circulaire et proportionnée à la grandeur de la chaudière ; ses barreaux , espacés d’un pouce environ , ont un étranglement au milieu, comme on peut le voir, jig. 6, PL 222. La grille est entourée d’un revêtement G G en briques très-réfractaires, servant à maintenir le charbon : ce revêtement est supporté par un rebord en fer o o.
- Au-dessous de la grille est établie une rigole H H en fonte, remplie de sable bien sec, et dans laquelle tourne le bord inférieur p p. Cette disposition a pour objet d’éviter que l’air du cendrier pénètre dans le fourneau autrement qu’à travers la grille.
- Tout le système est porté par un croisillon composé de quatre bras en fer I, montés sur un arbre vertical K , tournant à pivot dans une crapaudine r et consolidé par un étrier en fer n.
- Le mécanisme qui donne le mouvement de rotation à la grille se compose d’un axe vertical L, à l’extrémité supérieure duquel est montée la roue d’angle M, mue par un pignon fixé sur un arbre de couche, qui communique à l’arbre de la machine à vapeur au moyen d’une roue à ruban. Nous n'avons pas cru devoir figurer cette partie du mécanisme, qui est bien connue.
- L’axe vertical L porte à son extrémité inférieure une lanterne N, qui engrène dans une roue dentée O ; cette roue commande la roue P, qui fait tourner l’axe K et la grille. Un plateau en fer R, disposé au-dessus de cette roue, empêche que les cendres ou les escarbilles ne s’introduisent entre ses dents et celles de la roue 0, et n’arrêtent le mouvement.
- Le charbon est jeté dans une trémie en fer S, placée au-dessus du fourneau, d’où il tombe, à des intervalles réguliers, dans un réservoir T et ensuite sur la grille , en traversant le canal U. La quantité de combustible qui s’échappe chaque fois de la trémie est réglée par un tiroir incliné g, dont le mouvement d’allée et devenue s’opère par le même mécanisme qui fait tourner la grille Voici comment ce mouvement a lieu.
- Une came e, fixée par une vis à la tige verticale L (voyez fig. 3), vient, à chaque révolution entière, frapper contre la patte d’un levier f, mobile à son extrémité postérieure au pointf : ce levier, qui communique avec Vingt-unième année. Mai 1822. Y
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- le tiroir g par deux tirans en fer, fait alternativement ouvrir et fermer ce tiroir de la quantité voulue, et laisse échapper le charbon contenu dans la trémie. Un contre-poids l, attaché à la plus longue branche d’un levier brisé k, tournant autour du point fixe k', en ramenant le levier/* à sa première position , ferme chaque fois le tiroir. La plus ou moins grande ouverture de ce tiroir est déterminée par un régulateur q, placé à droite du réservoir T, et composé d’une tôle portant des entailles de diverses profondeurs, contre laquelle s’appuie le levier f; ce qui procure un passage plus ou moins large. Un autre tiroir h, placé au fond du réservoir T, et qu’on gouverne à l’extérieur au moyen de la tige i,Jîg. 5, intercepte la communication entre la trémie et la grille, lorsqu’on veut nettoyer cette dernière, opération qui se fait en ouvrant les deux petites portes c c.
- La porte a du fourneau est garnie intérieurement d’un placage en briques, qui sert à empêcher la déperdition du calorique.
- Les pivots de la lanterne N et de la roue O tournent dans des crapaudines pratiquées dans la semelle de fonte ni, solidement fixée contre l’une des parois du cendrier ; une autre pièce de fer transversale r, scellée dans les murs du cendrier, reçoit l’extrémité de l’arbre K.
- On voit dans la coupe, fig. 4, que le charbon tombe constamment sur la grille dans la partie la plus rapprochée de la porte du fourneau; et comme il ne s’en échappe que de petites quantités à-la-fois et que la grille tourne très-lentement, le combustible est promptement séché, et la fumée qui s’en dégage est forcée, pour arriver à la cheminée lL,Jig. \, dépasser par-dessus un feu très-clair, où elle est presque entièrement brûlée. L’introduction de l’air nécessaire à la combustion et qui se fait par la fosse aux cendres est réglée suivant la quantité de charbon qu’on emploie ; et comme on n’a pas besoin d’ouvrir la porte pour attiser et renouveler le feu, ainsi qu’on le fait dans un fourneau ordinaire, la chaudière n’est pas continuellement refroidie par l’admission de l’air. Comme la trémie S contient du charbon pour deux à trois heures, le chauffeur a peu de chose à faire : par conséquent, la dépense du combustible et la durée de la chaudière, sur laquelle influe beaucoup la régularité du feu, ne dépendent plus d’un ouvrier, et peuvent se régler avec la même précision que la vitesse de la machine et le remplissage de la chaudière.
- L’appareil que nous venons de décrire produit une économie de charbon de 25 à 30 pour 100; il peut être adapté à toute machine à vapeur déjà montée, sans déranger la chaudière. La consommation du combustible est de 3 hectolitres en douze heures, c’est-à-dire pour environ 12 francs. Le charbon ne laisse presque pas d’escarbilles sur la grille, de sorte que l’ouvrier
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- est quelquefois une journée entière sans y toucher et, par conséquent, sans ouvrir la porte du fourneau.
- Nous ferons observer qu’il existe dans une filature de coton, à la Chapelle, près Paris, une machine à vapeur dont le fourneau est aussi à grille tournante; mais l’admission du charbon , au lieu d être réglée par un tiroir, l’est par un cylindre portant des cannelures longitudinales , qui reçoivent une certaine quantité de charbon à-la-fois.
- Explication des figures des Planches 221 et 222.
- Fig. 1. Plan du fourneau et de la chaudière à la hauteur de la fosse aux cendres.
- Fig. 2. Élévation vue de face du même fourneau.
- Fig. 3. Vue en dessus du tiroir du réservoir à charbon et du levier qui le fait ouvrir et fermer alternativement.
- Fig. 4. Section latérale du fourneau et de la chaudière sur la ligne A B du plan.
- Fig. 5. Section verticale sur la ligne C D.
- Fig. 6. La grille du fourneau vue en dessus.
- Fig. 7. Section de la même grille et de son entourage en briques.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- A A, fourneau; B, chaudière; C, chaudière supplémentaire, nommée houilleur, qui fait corps avec la précédente ; D, fosse aux cendres ; E, canal par où tombent les escarbilles qui auraient pu s’échapper de la grille; F, grille tournante en fer forgé, dont les barreaux portent un étranglement vers le milieu et aux extrémités; G, revêtement en briques réfractaires qui entoure la grille et qui est maintenu par un rebord en fer o o ; H, rigole circulaire remplie de sable sec et dans laquelle tourne le bord en fer p p, afin d’empêcher que l’air du cendrier ne pénètre dans le fourneau autrement qu’à travers la grille; I, croisillon en fer sur lequel repose tout le système ; K, axe vertical qui fait tourner la grille : l’extrémité inférieure de cet axe, taillée en pivot, tourne dans une crapaudine en fonte; L, arbre vertical établi en avant du fourneau et qui reçoit son mouvement d’une roue d’angle M en fonte, montée à l’extrémité supérieure de cet arbre. La roue M est menée par une autre roue qui communique avec la machine à vapeur, au moyen d’une roue à ruban fixée sur son axe; N, lanterne fixée à l’extrémité inférieure de l’arbre L; 0, roue dentée menée par la lanterne précédente; P, autre roue en fonte montée sur l’axe K, et dans laquelle engrène la roue 0 : cette roue fait une révolution entière en deux minutes et
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- communique le même mouvement à la grille tournante; R, plateau en fonte qui recouvre la roue P et qui est destiné à empêcher que les cendres ou les escarbilles qui tombent à travers la grille n’arrêtent le mouvement ; S, trémie en fer dans laquelle on jette la houille; T, boîte carrée en fer renfermant le tiroir à coulisse ; U , canal à travers lequel le charbon tombe sur la grille; V, conduits de la flamme au-dessous et à l’entour de la chaudière; X, cheminée ; Z, voûte du fourneau.
- a, porte du foyer dont l’intérieur est revêtu en briques ; b, petite porte du canal E, par où l’on retire les cendres et les escarbilles qui auraient pu tomber dans ce canal; c c, deux petites portes aboutissant à l’espace vide autour de la grille, et qu’on ouvre lorsqu’on veut la nettoyer; d d} robinets au moyen desquels on vide la chaudière; e, came montée sur l’arbre L; f, levier dont le centre de mouvement est en/', et qui porte à son extrémité antérieure une patte contre laquelle vient frapper alternativement la came en tournant. Ce levier est muni de deux tirans qui ouvrent et ferment alternativement le tiroir g, lequel est incliné, afin de faciliter la descente du charbon ; h, tiroir qu’on ferme entièrement lorsqu’on veut interrompre le service du fourneau ; i, tige de fer garnie d’une main, servant à faire mouvoir le tiroir; k, levier coudé qui règle le mouvement du levier y et qui tourne autour du point fixe /(': l, contre-poids attaché à l’extrémité du précédent levier, et qui, en ramenant le levier/lorsqu’il est dégagé de la came, opère la clôture du tiroir g; m, semelle de fonte portant des crapaudines dans lesquelles tournent les pivots de l’arbre L et de la roue O; n, étrier servant à consolider et à maintenir la verticalité de l’arbre K; o o, cercle en fer qui entoure le revêtement en briques G G ; p p, rebord inférieur de la grille qui tourne dans l’anneau H H rempli de sable; q, régulateur en fer servant à déterminer la plus ou moins grande ouverture du tiroir g; r, crapaudine qui reçoit le pivot de l’arbre tournant K.
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- INDUSTRIE ÉTRANGÈRE,
- Paix et médailles décernés par la Société d encouragement de /, ordres pendant T année 1821.
- Agriculture.
- U . A M. Fyshe Palmer, à Oakingham ('Berks ), pour une plantation de 893,420 arbres forestiers sur une étendue de 280 acres : la grande médaille d’or,
- 2 . Au même, pour une plantation de 30,700 chênes : la médaille d’or.
- 3°. Au même pour un semis de 216 boisseaux de glands : la grande médaille d’argent.
- 4o, A M. Th. Wilkinson, à Londres, pour un semis de 240 boisseaux de glands sur une étendue de 260 acres : la grande médaille d’or.
- 5°. A M. Ed. Dmvson, d’Àldcîiff-Hall, près Lancaster, pour avoir fertilisé 216 acres de terres marécageuses au bord de la mer : la grande médaille d’or.
- 6°. AM, T émpler Pôle, de Shut-iiouse, près Axminster, pour avoir élevé 896,000 chênes, provenant d'un semis d'e glands : la petite médaille d’or.
- 7°. A M. H. P oit s, à Chester, pour avoir planté 328,240 arbres forestiers sur une étendue de 194 acres : la grande médaille d’argent.
- Beaux-Arts.
- Des médailles d’or et d’argent à divers artistes , pour des peintures et des dessins originaux, des copies, des dessins d’architecture, des modèles ei autres objets de sculpture, des médailles , des gravures , etc.
- 8°. A M. George Steart, pour de nouvelles tablettes à dessiner : la médaille d’argent.
- 9°. A M. B. Rotch , pour un instrument nommé arcographe , propre à tracer des lignes courbes : la petite médaille d’argent,
- Man ufactures,
- 10°. A M. Salisbury , à Bromplon, pour des nattes et autres objets faits en jonc marin : la petite médaille d’argent.
- Chimie et Minéralogie.
- 11°. A M. Bishop, de Pistill, près Holywell, pour la découverte d’une Filial-unie me année. Mai 1822. Z
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- carrière de pierres propres à faire des meules d’une qualité supérieure : ia petite médaille d’or.
- Mécanique,
- 12°. A M. P. Barlow , professeur à l’Académie militaire de Woolwich, pour un instrument propre à corriger les variations locales de la boussole : la grande médaille d’or.
- 13°. AM. H.Earle, à Londres , pour un lit destiné aux malades et aux blessés, et propre à faciliter le pansement : la grande médaille d’or.
- 14°. A M. J. Perkins, à Londres, pour un instrument propre à déterminer l’arrimage d’un navire : la petite médaille d’or.
- 15°. Au même, pour une méthode d’aérer et de purifier les cales des navires et de chauffer et d’aérer les appartements : la grande médaille d’argent.
- 1 6°. A M. JY. Nicolas , lieutenant de marine, pour un sémaphore : la grande médaille d’argent.
- 17°. A M. Brandi , à Londres, pour une tige à ressort propre à être adaptée aux balanciers de pendules : la petite médaille d’argent.
- 18°. A M. Baker, à Londres , pour un nouveau moule à balle : la médaille d’argent.
- 19°. AM. J. Goodwin , pour une croix à ressort propre à être adaptée aux harnais des chevaux : la petite médaille d’argent.
- 20°. A M. J. Story, à Londres, pour un fourneau de boulangerie portatif : la petite médaille d’argent.
- 21°. A M. S. Lake, à Londres, pour des gonds et fiches de porte doubles : la médaille d’argent.
- 22°. A M. J. Allan, à Londres, pour sa méthode de diviser des cercles et des portions de cercles : la grande médaille d’argent.
- 23°. A M. B. Rider, à Londres, pour une machine propre à découper les garnitures et les fonds des chapeaux ; dix guinées.
- 24°. A M. TVitty, à Londres, pour une machine à sauver les incendies : dix guinées.
- Des mentions honorables ont été accordées : 1°. à M. Carwen , pour une nouvelle méthode de dessèchement ; 2°. à M. G. Reveley, pour un moyen de substituer l’eau de savon à l’huile, pour repasser les instruments tranchants sur une pierre à aiguiser.
- Le nombre des médailles décernées par la Société d’Encouragement de Londres pendant l’année 1821, est de soixante-cinq, dont dix-neuf en or et quarante-six en argent. La valeur de ces médailles s’élève à 39,000 francs.
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- 1 iP> Ijlé / VI3 par ordre alphabétique , des Patentes ou Brevets d’invention, et de perfectionnement, délivrés en Angleterre pendant Vannée 1821.
- Nota. La durée de chaque Brevet est de quatorze ans.
- NOMS ET PRENOMS
- des
- BREVETES.
- AlDEKSaY fW.
- Annesj.ey :(\\\). . AncHBOLD (J.-F.). Arnold (J.-R.).. ,
- AnNOTT (N.).....
- Bagsiiayv (S.).
- Barclay’ (D.).
- Barrer (Th.). Harris (R.)..
- Baury' (R.).. . Bâtes (J.). . .
- Baylis (W.).. Ben.net (Th.). Bill ;R.)....
- Bradeery (J.-L.). ..
- Brierley (S.). Ib RCDERIP (Ch.
- QUALITÉS 0 £ DÉSIGNATION DES OBJETS
- OU Professions. DOMICILE. COMTÉS. P i? 2 < "C P5 Q « ; ^ pour lesquels les Brevets ont été accordés.
- Homerton, Middlesex. 3 fév. Perfectionnemens dans la construction des machines à vapeur et des autres . machines de rotation à manivelle.
- architecte. Belfast. Irlande. 5 avril. Nouvelle construction des vaisseaux, des bateaux et autres embarcations.
- Londres. Middlesex. ier nov. Moyen d’aérer les voitures fermées.
- horloger. ChigYvell, Essex. 27 janv. Nouveau balancier de compensation I pour les chronomètres.
- médecin. Londres. Middlesex. i4 nov. I Nouveaux appareils de chauffage et 1 de distillation. 1
- D NcYveastie. Stafford. 26 juill. 1 Moyen de former des vases, des 1 urnes, des réservoirs et des ornemens, ! avec une substance qui n’avait point en-1 core été employée à cet usage et qui est 1 susceptible de remplacer la pierre et le marbre.
- négociant. Londres. Middlesex. 2G juill. Presse d’imprimerie perfectionnée.
- fab. de chajieaux. Oldham. Londres. Lanrashire. Middlesex. 26 juill. Moyen d’enlever le jarre et de nettoyer les poils et la laine qui entrent dans la confection des chapeaux.
- uL (H. 2G juill. Nouvelles voitures.
- mécanicien. Bradford. Yorkshire. 9 nov. j Machine pour alimenter constamment,de houille ou d’autre combustible, des fourneaux de toute espèce.
- fab- de draps. Painswick, Glocester. 27 nov. Machine pour laver et nettoyer les draps.
- constructeur. B e wclle v- YYorcester. 4 août. Nouveaux fourneaux de machines à ( vapeur.
- )) Londres. Middlesex. 5 dëc. Bateaux et embarcations d’une forme nouvelle.
- - Manchester. Lancashire. 9 janv. < Procédés pour graver soit en taille-douce, soit à l’eau-forte, les cylindres de métal employés pour l'impression 1 des toiles peintes, des étoffes de laine, du papier, etc.
- teinturier. Saliord. Manchester. 19 déc. Moyen de préparer et filer la soie.
- » Glasgow. Ecosse. b déc. Machines à vapeur perfectionnées.
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- -NOMS ET PRENOMS des
- BREVETÉS.
- Bro'vkk H.
- de Chaban>es :M.'i . .. .
- Champ.ehs (À.-H.
- Chapman (\V.).
- Christophers (J.).
- Church (W.)......
- Cole (J.-M.)
- Codes (W.).,.....
- Collard (W.-F.).
- COLLIKGE (J.). Le même.....
- CongrÈve (W. ).
- Le même....................
- COLQCHON (J.-N.)...........
- Cooper (R.-B.).............
- COOPER (S )..................
- Ml LL ER (W.)................
- Daniei.l (J.-F.).............
- Davey (PO....................
- Delà? " R ...................
- Det ; ci'OLCQ (P.-D.,........
- Dxcrinâon 'P«. ..............
- QUALITÉS ou Professions. DOMICILE, COMTÉS. & > > H - g < £ £
- chimiste. Derby. Derby, iG mars.
- ' Londres. Middiesex. i4 août.
- » id. id. I & MU,'. '
- ingénieur. Newcastle. Warwick. !2 avril.
- » Londres. Middiesex. 18 oct.
- « id. id. 3 juill.
- horloger. Chelsea. id. 27 janv.
- mécanicien. Londres. id. 5 juill.
- faeteur d’instru- id. 8 mars.
- mens de musique. ingénieur. id. id. i4 août.
- id. id. uï. 22 nov.
- i(I. cd. 28 sept. |
- » ut. id. ) |
- lieut. d'artillerie. Woolwich • Kent. ^ | 7 juin, j 1
- fourbissent’. Londres. Middiesex. : ! 0 mars.
- i ingénieur. ^
- Margate. Kent. i 17 juill.
- a r i
- Londres. Middiesex. îo janv.| 1
- mardi, de charb td. id. ! 18 oct. |
- négociant. Belfast. Irlande, ! itr mai. | j
- Londres. Middiesex, 11 sept. |
- « ' id. d. i 1 i juill, | i 1
- DESIGNATION DES OBJETS pour lesquels
- les Brevets ont été accordes.
- Nouvelles chaudières économisant le combustible, et fourneaux brûlant la ( fumée.
- 1
- Moyen d’attirer et de prendre les poissons.
- Composition du ciment, du plâtre et du stuc , avec des matières qui jusqu’alors n’avaient point été employées pour cet usage.
- Moyen de charger et de décharger les navires et les petites embarcations
- Nouvelle construction des ancres de vaisseaux.
- Presse d’imprimerie perfectionnée.
- Chronomètres nouveaux.
- Bandages herniaires.
- Piano-forte perfectionné.
- Nouvelle construction des cylindres des moulins à sucre.
- Gonds de porte nouveaux.
- Additions et perfectionnements au brevet qu’il a obtenu le 19 octobre 1818, pour des machines à vapeur perfectionnées
- Moyen de capturer les baleines à l’aide de fusées incendiaires.
- Nouveaux bouchons et couvercles pour les bouteilles, les tabatières, les écritoires, etc.
- Presses d’imprimerie perfectionnées.
- Clarification et raffinage des sucre: par des procédés nouveaux.
- Pre'paration de la houille à l’usagi
- Mécanisme pour produire un nouveau mouvement de rotation.
- Appareil pour condenser les vapeurs
- Bateaux et autres embarcations en fer et en cuivre,
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- ( '1 )
- NOMS ET PRÉNOMS des BREVETES. QUALITÉS. ; ou | Professions. DOMICILE. COMTES.
- Dickson (J.b .. ! l ... ! ingénieur. Londres. Middiesex,
- Ijoxat (A.) ! -a ni ni.
- Eckstein (G.-F.}.. j ; taillandier. i ni. td.
- j Egei.ls (F.-A.) | ingénieur. id. id.
- Erard (P . ) facteur d’instru-mens de musique. i id, ui.
- j Ferguson ; J.) imprimeur. id. id.
- j Foster (Jé maître de forges. Stourbridge. Worcester.
- Garbner (J. ) taillandier. Banbury . Oxford.
- ! Gibbins (B.) . . . , chimiste. Glamorgan.
- Wilkinson (C.-H.) ,, médecin. Rath. Sommerset,
- j Gladstone 'J , î. taillandier. Liverpool. Lancashire,
- Gladstone J.) ingénieur. Castle - Douglas. Galloway,
- Goldfinch (H.) lieut.-col. du gén. !ï y te. Kent.
- Goodman (J sellier. Northamptcn.
- Gordon (D.) V Edimbourg. Ecosse.
- Le meme V \ id. id.
- Griffith : J . ) 1 Brompton. Middiesex,
- Tryfa ti. Carnarvan.
- Grout ( J. ) fabr. de crêpes, j Londres. Middiesex.
- Hall (5.) fileur de coton. Basford. Nottingham.
- Hawkins ( R .-F. ) maître d’équip- ; Plumpstead. Kent.
- Hawkins (S.j. • • ingénieur, 1 Londres. Middiesex.
- DÉSIGNATION des objets
- pour lesquels
- les Brevets ont été accordés.
- h mai. i4 nov
- 5 déc.
- Moyen de transmettre la chaleur et le froid d’une matière à une autre , soit solide, soit liquide.
- Combinaison d’agens mécaniques , au moyen desquels le poids et la force musculaire des hommes peuvent être employés à faire agir des machines hy drauliques.
- Appareil de cuisine perfectionné
- Machine à vapeur nouvelle.
- Piano-forte perfectionné.
- Nouveau procédé d’impression stéréotype.
- Perfectionnemens dans la fabrication du fer forgé malléable.
- j Appareil pour fondre le suif et fabri-i‘k no, , | quer la chandelle et le savon.
- 1
- l Nouvelle cornue pour la préparation ’ du gaz hydrogène et autres, et pour la > 8 sept, j distillation, l’évaporation et la concen-; j tration des acides.
- j Moyen d’augmenter la force des bois 20 sept. | de charpente.
- i.
- >.o déc. Nouvelle construction des bateaux à vapeur.
- i j 5 avril. Nouveaux fers à cheval.
- i , ; o avril. Etriers perfectionnés.
- j i-i août. Voitures nouvelles.
- 8 sept. Perfectionnemens dans la construction des harnais de chevaux.
- i l | i Voitures à vapeur, susceptibles de i no qpg < transporter des marchandises et des ( voyageurs.
- 13 oct. Nouvelle construction de bandages herniaires.
- i3 nov. Fabrication du crêpe.
- . 9 mai. Perfectionnemens dans la fabrication de l’amidon.
- ri sept, i Ancres et amarres perfectionnées.
- i 8 oct
- l Soupapes pour les lieux d aisance . ' dits à l’anglaise et pour les chaises per-
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- NOMS ET PRÉNOMS des
- BREVETÉS.
- Higman (H.-W.).
- Hobday (S.)....
- Horrocks (W.)..
- Lake (W.)......
- Law (A.).......
- Lees (Th.).....
- Liston (G.)....
- London (P.)....
- Macnamara (R.).
- Marsh (J.-H.).
- Martin (Th.)... Grafton (Ch.).
- Masterman (T.).
- Mayor (J.). Cook ( R.)..
- Motlf.y (Th.
- Newman (C.).
- Nichol (J. )..
- Palmer (H .-R. ).
- QUALITÉS ou Professions. DOMICILE. COMTÉS. DATE de la délivrance des brevets. DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels les Brevets ont été accordés.
- sellier et harna-cheur. Bath. Sommerset. i4 août. Harnais qui soulagent les chevaux dans le tirage des voitures.
- f. de mouchettes. Birmingham. Warwick. i nov. Nouvelle monture des parapluies et des ombrelles.
- filât, de coton. Portwood. Chester. i4 déc. Métiers à tisser mus par des machines 1 à vapeur ou par un manège.
- serrurier. Birmingham. Warwick. a3 août. i Construction de tournebroches verticaux.
- fondeur. Londres. Middlesex. i mai. Chevilles et clous pour les bordages des vaisseaux et pour d’autres usages.
- f. de mouchettes. Birmingham. Warwick. 18 oct. Perfectionnemens dans la construction des mouchettes.
- mécanicien. Londres. Middlesex. 22 déc. Moyen de faire mouvoir des machines, sans le secours de la Y'apeur, de l’eau , du vent et du feu.
- chimiste. id. id. 3 févr. Nouvelle application de la chaleur aux chaudières et autres ustensiles.
- fondeur de fer. Newcastle. id. ii sept. Perfectionnemens dans la construction des chemins de fer.
- » Lambeth. Surrey. 20 nov. Moyen de paver les rues et les grandes routes.
- maître de forges Horseley. Stafford. 9 mai. Machines à vapeur perfectionnées.
- arquebusier. Londres. Middlesex. 3o juill. Platine de fusil à percussion.
- carrossier. id. id. 17 avril. Nouvelle construction de voitures.
- fatr. d’encre d’imprimerie. Birmingham. Warwick. 24 oct. Fabrication d’un noir d’une qualité supérieure, qu’ils nomment noir a l’es-pril-de-vin.
- brasseur. Londres. Middlesex. 3 févr. - Mécanisme destiné à transmettre le mouvement, et qui peut être mis en action par la vapeur ou par l’eau , sans emploi de cylindres ou dépistons.
- écrivain. caissier. S ha wb u i'y. Shrewsbury. Salop. 9 mai. Machine à élever l'eau qu’ils nomment hydragogue.
- fond, de caract. Londres. Middlesex, 27 nov. Nouveaux chandeliers et perfectionnemens dans la fabrication des cha-delles.
- carrossier. Brighton. Sussex. 17 juill. Construction des caisses et du charronnage des diligences , dans lesquelles le centre de gravité est plus rapproché du sol.
- maître d’équip. Hampstead. Middlesex. 22 août. Cabestan et treuil à l'usage de la ma-, rine.
- ingénieur. Hackney. ld. 22 nov. Perfectionnemens dans la construction des chemins de fer et des voitures propres à circuler sur ces chemins.
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- NOMS et PRÉNOMS QUALITÉS O a ® > DÉSIGNATION DES OBJETS
- des ou DOMICILE. COMTÉS. < B pour lesquels
- BREVETES. Professions. fl = ; les Brevets ont e'té délivrés.
- négociant. » Londres. Middlesex. 24 nov. Nouveau procédé d’imprimerie typographique. Ressorts applicables à diverses espè-
- Paul (R.) Norfolk. 1 17 mai.
- peintre. Starton. ees de voitures.
- Pellafinet (J.) » Londres. Middlesex. 27 mars. Nouvelle machine pour teiller, blanchir et filer le lin et le chanvre.
- prof, de physique meunier. Penzance. Cornwal!. 7 févr. Appareils économisant le combusti-
- Penrose (W.) Stummergangs. Yorkshire. 10 nov. Nouveau moyen de faire mouvoir des bateaux et autres embarcations.
- Phillips (G.) com, de marine. Londres. Middlesex, 19 janv. Appareil pour faciliter le mouvement des bateaux.
- Poole (J.) fournisseur. Sheiiield. Yorkshire. 18 oct. Moyen de plaquer le fer et l’acier avec | du cuivre et du laiton, et d’en former 1 des feuilles ou des barres pour différens
- usages.
- Redhead (J.) Parrey (W.) ingénieur, charp. de navire. Heworth. Walworth. Durham. Surrey. 5 mai. Nouveau moyen de faire mouvoir les bateaux.
- PlEDMUND (D.) inge'nieur. Londres. Middlesex. 9 nov. Fiches de porte nouvelles.
- PlICHARDS ( W.-W.) arquebusier. Birmingham. Wanvick. 10 nov. Construction des platines de fusil et de pistolet, perfectionnées.
- Ricketts (H.) fabr. de verre. Bristol. Sointnerset. 5 déc. | Nouveau moyen de fabriquer de9 bouteilles de verre.
- .Sauler (J ... J> Londres. Middlesex. 3 janv. Fabrication du carbonate de plomb ou blanc de plomb.
- 'Salsion (R . ) » Wobourn, Bedfordshire. i5 janv. Bandages herniaires.
- ^SlMPSON (J.) fabr. d’instrum. de chirurgie. Londres. Middlesex. 3 juill. MoucheUes perfectionnées.
- Slater (J.) manufacturier. Birmiughani. \Yarwick. 4 août. Cuisines économiques.
- Smith { J.) » Hackney. Middlesex. 18 avril. Machines à tondre et lainer les draps.
- SoUTHWELL ( W . ) . IStein (R •) facteur d’instr. de musique. brasseur. Londres. Lambetb. id. Surrey. 5 avril. 20 févr. Piano-forte perfectionné. Nouvelle machine à vapeur.
- Symes(B.) )) Londres. Middlesex. 10 nov, Piston hydrostatique a expansion, qui résiste à la pression de certains fluides 1 et se meut facilement dans toute espece de cylindres.
- ! Thomas (W.j marchand. fermier. Sithney. 1 mai. Machines pour cultiver les jachères d’une manière plus économique et en moins de temps que les laboureurs ordinaires .
- LOBB J . ) A
- Thompson (B.) )> Aylon - Cottage. Durham. 2! oct. Moyen de faciliter le mouvement des voitures sur les chemins de fer.
- Tomi.inson (R.-T.) négociant. Bristol. Sommersct. 3 mai. Nouvelle charpente pour ks toits.
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- aau NOMS et PRÉNOMS des BREVETÉS , QUALITÉS OU Professions, DOMICILE. COMTÉS. e J I «3 -a ffl G « -3 ~ ~ 1 =j=" DÉSIGNATION DES OBJETS pour lesquels les Brevets ont été délivrés.
- Tuely (Ch. .... ébéniste, Londres. Middlesex. i nov. Châssis de croisées à coulisses.
- YALfcANCE (J,) ,,,, brasseur Brighton. Sussex. IÇ) juin. Moyen d’aérer et de rafraîchir les appartenons dans les maisons particulières et les édifices publics.
- Van HfiïXHB’ïSEN ( F.-M.). -• » Londres, Middleses, ?3 juill.1 Nouvelle méthode de faire mouvoir de petites embarcations sur l’eau et des sur voitures légères sur la terre
- S'i'/i.t-ï) /"GA..... . . fabr, de draps. 3 fév r. Procédé pour apprêter et lisser les
- Wakc'jf k W . ) ingénieur, Dari tord. Kent. \ Machine pour laver les étofr.-.’:; de s o déc . | Sic , de coton et de laine
- Webstru f W . . arquebusier Londres. Middleses : 4 sept. Platine de fusil à percussion .
- Wii ïo>' ( 5M . ... St reatihain Surrev. -j mars . Perfectionnemens dans la construction des métiers propres à fabriquer les étoilés figurées,
- S’’i.XSi.£. (J.). ... ...... ... Si ci, o. So is mer.se;. '9H | Machine propre a piquer et coudre les gants de peau, d’une manière plus parfaite qae par l’opération manueJie.
- ingénieur Moui'ii sa.- a i Perfectionnemens dans le procédé de
- <> \ ]•>. CilsU -et 1
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- VINGT-UNIÈME ANNÉE. ( N°. CCXYI. ) JUIN 1822
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDU STRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Ti jpport fait par M. Molarcl , au nom du Comité des arts mécaniques, sur une machine a scier les arbres sur pied> inventée par M. Hacks ? mécanicien, a Paris.
- Messieurs, vous avez eu, à diverses reprises, à examiner les utiles et ingénieuses inventions de M. Hacks, mécanicien, demeurant cour Saint-Louis, rue du Faubourg-Saint-Antoine; savoir, les scies alternatives et circulaires pour débiter le bois en feuilles de placage , et le procédé économique de former des moulures dans ie bois à l’aide de scies circulaires.
- Il vient encore d’appeler votre attention sur deux mécaniques de son intention , dont une a pour objet de scier les arbres sur pied dans les forêts, or l’autre de les tronçonner dès qu’ils sont abattus.
- Ces deux sortes de machines lui ont été commandées par un particulier do la Nouvelle-Orléans , qui doit s’en servir pour exploiter des bois qu’il, possède dans ce pays. Avant de les faire partir pour leur destination, l’essai en a été fait devant nous sur des morceaux de bois de chêne sec, portant 18 pouces carrés, que M. Hacks avait convenablement disposés, à cet effet, dans son atelier.
- L’idée d’abattre les arbres à la scie , au lieu de la cognée, n’est pas nouvelle : on voit au Conservatoire des arts et métiers quelques modèles de machines oui ont été imaginées pour cet objet. La scie à receper les pieux sous l’eau , dont on se sert dans les travaux publics des ponts et chaussées, pour niveler la base sur laquelle doit poser un caisson ou pile de pont, est de la meme espèce ; mais il fallait qu’une machine destinée à couper les arbres dngt-iuiième année. Juin 1822. A a
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- dune forêt , de même que pour les tronçonner , fût facilement transportable , et que son établissement auprès de chaque arbre fût prompt et se prêtât aux diverses localités. Les scies de M. Hacks, qui se composent de deux parties distinctes , la scie proprement dite et un manège à bras d’homme, nous ont paru conçues de manière à remplir toutes ces conditions.
- Nous n’expliquerons ici que le mécanisme et le travail de la scie à abattre les arbres, dont on voit le plan et l’élévation, PL 225, j%. 1,2, 3, A et 5. La scie à tronçonner, que nous regardons d’ailleurs comme moins importante que la première, n’en diffère que par une disposition qui lui permet d’agir dans un plan vertical, ou pour mieux dire, perpendiculairement à la direction d’un arbre couché par terre, tandis que l’autre opère son travail suivant un plan horizontal ou à peu près : on en trouvera la description à la fin de ce rapport.
- Ainsique nous l’avons déjà dit, un morceau de bois de chêne sec, de 18 pouces de côté, portant par conséquent 324 pouces superficiels, planté verticalement en terre comme l’est ordinairement un arbre, a été constamment coupé à diverses hauteurs en trois minutes et demie. La machine était tournée par deux hommes avec une vitesse de manivelle de trente tours par minute, et comme cette vitesse se trouve doublée par l’effet des roues d’engrenage du manège, la scie faisait soixante voyages et par conséquent cent vingt allées et venues pendant le même temps.
- On sait que les dents des scies destinées à couper le bois en travers sont aiguës, également inclinées de part et d’autre, et travaillent également dans les deux sens. Une disposition qui nous paraît surtout contribuer efficacement à accélérer ce travail, c’est une espèce d’oscillation que la scie éprouve dans son mouvement de va et vient, et qui lui fait attaquer seulement une partie de l’arbre, quelle que soit sa grosseur, au lieu d’opérer son travail sur une seule et même ligne droite : il en résulte que la sciure est plus facilement jetée hors du trait, et que les dents n’ont pas besoin de sortir complètement du bois pour se vider; il en résulte encore que le poids qui donne le mouvement progressif à la scie produit mieux son effet, et que l’on évite la coupe ondulée qui se voit dans le sciage à la main, surtout dans le bois dur, et quand les dents de la scie sont trop obtuses.
- Nous avons lieu de penser, comme M. Hacks, que le transport de sa machine dans les forêts, et son placement auprès de chaque arbre qu’on veut abattre, n’offriront pas de difficulté , vu que cette machine se démonte et se remonte avec la plus grande facilité, et que le poids de chaque pièce isolée n’excède pas la force d’un ou de deux hommes. L’horizontalité de sa pose n’est
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- pas absolument de rigueur; mais il est nécessaire, pour qu’elle fonctionne bien, que le plan de la scie coïncide avec celui du manège, et qu’on ait soin de la diriger de manière à éviter les accidents qui pourraient résulter de la chute de l’arbre, qu’il faut d’ailleurs étayer et ne faire tomber qu’après avoir retiré la machine. M. Hacks estime qu’il faut dix à douze minutes pour la placer sur le terrain le moins favorable.
- L’essai fait avec la première machine qui a été construite ayant parfaitement répondu à l’attente du particulier qui l’avait commandée , il en a fait faire de suite deux autres plus et moins grandes, afin de pouvoir exploiter de cette manière ses plus gros comme ses plus petits arbres : il en a fait construire le môme nombre et de la même dimension pour les tronçonner.
- La longue expérience de M. Hacks dans l’art de débiter le placage le rendait très-propre à construire les machines dent nous venons de parler, et en notre particulier nous nous applaudissons de lui avoir fourni cette occasion de mettre en évidence et en valeur le savoir très-remarquable qu’il possède pour cet objet. Nous avons vu avec plaisir que l’exécution répond parfaitement à la bonne combinaison du mécanisme. L’établissement des modèles pour les pièces de fonte a élevé le prix des premières un peu haut ; mais actuellement il peut en livrer à 2,000 francs, y compris l’ensemble du manège et de la scie.
- Le Comité des arts mécaniques a l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. Hacks de sa communication, et d’insérer le présent rapport dans le Bulletin de la Société , ainsi que la description et le dessin de la machine dont nous venons de vous entretenir, et que M. Hacks consent à rendre publique par cette voie.
- Signé Molard jeune, rapporteur.
- Adopté en séance, le 15 mai 1822.
- Description de la machine à scier les arbres sur pied, de
- M. Hacks.
- On voit, PL 223, fig. 1, 2 et 3, le plan et deux élévations de cette machine , que met en mouvement un manège à bras d’hommes, représenté en plan et en élévation par les fig. 4 et 5.
- La machine se compose : 1°. d’un bâtis fixe AB CD EFG , placé horizontalement auprès de l’arbre I qu’on veut scier. Le dessus des morceaux de bois extrêmes BC et F G est garni des barres de fer j , dont la surface supérieure est dressée ; sur la traverse A H s’élèvent verticalement les deux poteaux K K, qui servent de supports en même temps au treuil L et au
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- rouleau de renvoi L', fig. 3 ; 2°. d’un châssis mobile MNO P, dont les côtés extrêmes MN et O P portent en dessous des galets en cuivre qui roulent sur les barres de fer /, afin d’en rendre le mouvement plus facile : ces mêmes côtés descendent, et emboîtent à droite et à gauche les pièces de bois du bâtis inférieur BC et F G, de manière à forcer le châssis MNO P à se mouvoir parallèlement à lui-même. Sur ce châssis sont fixés obliquement les quatre guides en fer a,b y c, d, et contre le côté MP est monté bon zontalement un châssis léger efg. Une corde h, passée dans la traverse y, va de chaque côté faire le tour sous le rouleau de renvoi L', et ensuite s’enroulei sur le treuil L. Un poids Q, attaché à une corde qui s’enveloppe dans une gorge pratiquée à la circonférence de la poulie Pi fixée sur le treuil L, force If-châssis mobile M N O P â se mouvoir vers l’arbre I; 3°. enfin de la monture de la scie ST, mobile dans le sens des guides obliques a, h , c , d, et qu-. reçoit son mouvement de va et vient du manège, fig. 4 et 5, par l’intermédiaire de la bielle X, assemblée à charnière au point x.
- II résulte de ces diverses dispositions que pendant que le manège imprirm a ia monture de la scie, et par conséquent à la scie elle-même, le mou veine u? alternatif, lo poids Q la fait appuyer constamment contre le bois qu’on scie et qu’on attaque par un mouvement oscillatoire , dû à l’obliquité des guldm n , b. c , d.
- La construction du manège est toute simple ; le bâtis, disposé comme on 1? voit fig. 4 et 5, porte un axe en fer horizontal i, à deux manivelles k» et sur îe milieu duquel est une roue d’engrenage d’angle I, en fer fonda Cette roue en conduit une autre semblable o , mais dont le diamètre es? moindre de moitié, et qui est montée sur l’axe vertical à vilebrequin m, qu’on a dessiné à part, fig. 6. Un volant n en fonte de fer , du poids d’environ 200 livres, est fixé sur le bout inférieur de cet axe. Tous les coussinets m même la erapaudine, sur laquelle pivote l'axe vertical, sont en bois de gaïae M. Hacks a reconnu par expérience qu’ils valent mieux, durent plus long temps , et n’ont pas besoin si fréquemment, de graisse que les coussinets de cuivre.
- La vitesse d’une roue tournée directement par un homme étant d’environ trente tours par minute , l’axe vertical à vilebrequin, qui fait aller et venir la bielle X , fera ici, par l’effet de l’engrenage , soixante tours par minute ; il y aura donc cent vingt coups de scie pendant le même temps. Un arbre sec, de 18 pouces de diamètre, a constamment été coupé eu quatre minutes, la machine étant mue par deux hommes.
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- Rapport fait par M. Moiard , au nom du Comité des arts mécaniques, sur une machine propre a arracher et soulever des pierres employée en Ecosse.
- Son Excellence le Ministre de l’intérieur vous a invités à examiner un moyen mécanique d arracher les pierres isolées qui peuvent gêner, dans les champs, les travaux du labourage, que lui a communiqué M. David Low, membre correspondant, du Conseil d’agriculture, en Angleterre.
- Le Comité des arts mécaniques , auquel cet examen a été renvoyé , a l’honneur de vous faire, à ce sujet, le rapport suivant.
- Ce moyen mécanique, que M. David Low annonce être en usage en x\n-gleterre, mais particulièrement en Ecosse, depuis plusieurs années, et qu’il explique très-clairement dans un mémoire qu’il a joint à son envoi, mémoire qui n’est, suivant lui, qu’une copie de celui qu il a fait insérer, l’année dernière, dans le journal du docteur Brewster, intitulé : the Êdimburgh philosopliical Journal, consiste à percer un trou rond et vertical, d’un pouce de diamètre et de 2 pouces de profondeur environ , dans la partie supérieure de la pierre qu’on veut arracher, et à introduire dans ce trou, à coups de marteau, la tige d’un piton en fer, dont la grosseur excède le diamètre du trou d’environ un seizième, et dont la tête porte un anneau par où s’applique la puissance. L’adhésion de l’un à l’autre est telle, qu’on peut exercer sur le piton, dans le sens de son axe , un effort équivalent à plusieurs tonneaux, sans aucun risque de l’arracher de la pierre, pourvu, toutefois , que cet effort se fasse graduellement et sans secousses violentes, et que la pierre soit dure.
- La machine dont on fait usage pour lever la pierre est une chèvre à trois pieds, munie d’un treuil à manivelles et à leviers, sur lequel s’enveloppe l’un des bouts de la corde d’un système de moufle, dont l’autre bout est attaché à l’anneau du piton. Cet appareil, dont le poids n’est pas considérable et qui se démonie facilement, n’offre aucune difficulté pour le transporter partout où on peut en avoir besoin.
- M. David Low attribue cette forte adhésion de la tige du piton de fer dans la pierre à l’élasticité de ces deux corps, qui, étant fortement comprimés, réagissent l’un contre l’autre et se pénètrent tellement par leurs surfaces , qu’il faut une très-forte percussion pour les séparer, surtout si la pierre est très-dure , comme du marbre, du granit, etc.
- Bien que nous devions avoir dans les assertions de M. David Low une grande confiance, nous avons voulu cependant nous assurer nous-mêmes
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- jusqu’à quel point elles sont fondées : nous avons en conséquence fait faire un piton en fer semblable à celui qu’il indique, et nous l’avons enfoncé , en deux ou trois coups de marteau , dans un trou percé pour le recevoir , dans une meule de pierre de liais^ du poids d’environ 8 à 900 livres. Non-seulement nous avons pu enlever la pierre par ce piton, mais encore il a été très-difficile de le retirer.
- Nous n’avions pas à notre disposition tout ce qu’il faut pour constater en grand l’efficacité de ce moyen; mais comme il est très-simple et peu dispendieux , et qu’il ne peut y avoir aucun danger à courir pour ceux qui voudraient s’en servir, nous n’hésitons pas à en conseiller l’usage.
- En conséquence , le Comité des arts mécaniques a l’honneur de vous proposer d’insérer dans le Bulletin de la Société la description et le dessin du moyen mécanique d’arracher les pierres, dont il vient d’être question, et de remercier Son Exc. le Ministre de l’intérieur de la communication qu’il a bien voulu en faire à la Société.
- Nous pensons qu’il serait peut-être convenable aussi de faire connaître en même temps les autres moyens qui sont en usage dans les travaux publics pour enlever les grosses pierres de taille sans les saisir, soit avec des chaînes, soit avec des cordes, qui pourraient en gêner la pose. Nous en connaissons trois , dont les deux premiers ont de l’analogie avec celui dont nous venons de vous entretenir ; la dilférence est que le trou dans la pierre doit être plus large dans le fond qu’à l’entrée, et qu’il faut des coins en fer pour y fixer le pilon, ainsi qu’on le voit fig. 2 et 3, PL 224. Le troisième , qui a été conseillé par l’ingénieur Leturc et qui est représenté, fig. 4, n’est autre chose que la tenaille du banc à tirer, renversée, de sorte que plus la chaîne tire sur les branches extérieures , plus les contre-branches qui sont engagées dans le trou à queue d’aronde pratiqué dans la pierre , y tiennent avec fermeté.
- Signé Molàrd, rapporteur.
- Adopté en séance, le 12 juin 1822.
- Description de la machine à arracher et soulever les pierresy
- par M. David Low.
- Cette machine, inventée il y a quelques années, par un mécanicien anglais, a été employée avec succès dans différentes localités pour débarrasser les terrains incultes des masses de granit ou autres pierres assez enfoncées dans la terre pour ne pouvoir être extirpées qu’au moyen de la poudre.
- Elle se compose de trois pieds ou piquets de bois AB C,fig. 1, PL 224, de
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- 14 pieds de long, percés à leur extrémité supérieure de trois trous abc, dans lesquels est passée une forte tige de fer D E, de telle manière que le piquet C soit le plus près du gros bout E de la tige, le piquet A le plus rapproché de D, et le piquet B dans l’intervalle et au-dessus de la partie courbe d’un étrier ou demi-anneau en fer GI, auquel s’accroche la poulie mouflée M : les piquets devront avoir le jeu nécessaire pour pouvoir être écartés et fixés dans le soi. Lorsqu’ils sont ainsi disposés , on passe successivement une corde sur les quatre rouets de la moufle M et sur ceux d’une autre moufle N, laquelle tourne dans une chape de fer dont la partie inférieure est armée d’un crochet. Un piton P, de 2 pouces de longueur, dont la partie supérieure est plate et la partie inférieure cylindrique, porte un anneau dans lequel s’engage le crochet ; ce piton a environ 10 lignes de diamètre à son extrémité inférieure, et va en s’élargissant d’un seizième de pouce vers le centre. Le bout de la corde O, qui passe sur les poulies, s’enroule sur un treuil F H qui a 6 pieds de long et même davantage, et qui repose par ses deux tourillons sur des tenons d d fixés aux piquets A G : à chaque extrémité de ce treuil sont des manivelles TV, au moyen desquelles on tend la corde avant d’agir sur le treuil, ce qui abrège l’opération. On fait tourner le rouleau F H a la manière ordinaire , en introduisant successivement dans les mortaises e e des leviers , sur lesquels on appuie. Une roue à rochet L, armée de son déclic Q, est montée sur l’une des extrémités du treuil pour empêcher le retour et la chute du poids lorsqu’on l’a élevé. Une traverse , qui lie entre eux les deux piquets AC , sert à consolider tout le système.
- La machine que nous venons de décrire est facile à monter et à mettre en activité ; on la place au-dessus de la pierre qu’on veut arracher du sol , en étendant les piquets également de chaque côté et en attachant le treuil. Quelque volumineuse que soit la pierre qu’on veut arracher, il suffit qu’une de ses parties s’élève au-dessus du sol pour pouvoir opérer : alors un ouvrier , armé d’un maillet et d’un ciseau ordinaire de maçon, creuse dans la pierre un trou rond, d’environ un pouce de profondeur et aussi perpendiculaire que possible. Ce trou devra être d’un seizième de pouce moins large que le piton P, afin que ce dernier ne puisse entrer que chassé à coups de marteau. Aussitôt que le piton est enfoncé d’un pouce dans la pierre, on passe dans son anneau le crochet de la moufle N, et on tend les cordes au moyen des manivelles du treuil : alors il suffira de placer autant de personnes qu’il est nécessaire pour manœuvrer le treuil, et quelque surprenante que la chose puisse paraître , la masse la plus pesante , sans être autrement saisie que par le piton P, sera arrachée de son lit, malgré tous
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- les obstacles qui s’y opposent, et soulevée de manière à rester suspendue en l’air.
- Pour expliquer un fait aussi extraordinaire, ceux qui ont été témoins de l’expérience pensent que le piton P ne pénètre pas exactement la pierre dans la direction de la force agissante, et que la masse est élevée et suspendue de la manière indiquée par les pitons RS. M. Low ne partage pas cette opinion ; il assure que c’est à l’élasticité de la pierre, et non à la direction de la puissance , qu’il faut attribuer l’effet produit. Le piton, chassé à coups de marteau dans le trou où il doit rester, y est retenu par le pouvoir élastique de la pierre , de la même manière qu’un semblable piton le serait dans un bloc de bois où on l’enfoncerait par le même moyen, avec cette différence, toutefois, que le pouvoir élastique de la pierre, exercé sur le fer, sera incomparablement plus grand que celui exercé sur le bois. Cette explication est confirmée par l’expérience ; car on a trouvé : 1°. que la force qui soulève la masse agit exactement dans l’axe du trou où le piton est enfoncé ; 2°. que lorsque cette masse est sortie de terre on peut lui faire prendre toutes les positions sans que le piton se détache ; 3°. que tandis qu’aucun effort ne pourra arracher le piton , un ou deux coups de marteau frappés dans le sens latéral le détacheront avec là plus grande facilité.
- La force qui retient le fer varie en raison du plus ou du moins d’élasticité de la pierre ; cette force sera moindre dans les pierres tendres que dans k marbre, le granit, le porphyre , etc,, et selon l’opinion de l’auteur, ce n’est que sur ces dernières que l’essai peut être fait avec quelque succès.
- Il est encore à remarquer que si l’on peut concevoir jusqu’à un certain point et dans certains cas que de grandes niasses de pierres puissent rester suspendues de la manière indiquée, il est bien plus difficile d’expliquer comment ces masses peuvent être soulevées d’une multitude de positions horizontales et inclinées , et comment, en admettant que c’est à la direction dont le piton est enfoncé qu’il faut attribuer son adhérence dans la pierre , il se trouve que ce qu’un effort constant, appliqué dans toutes les directions pour détacher le piton , ne peut produire , une percussion même légère repérera sur-le-champ. Pour prouver cette assertion, il suffit de faire I expérience suivante : prenez un piton de fer , enfoneez-le dans un bloc de-granit''de'la manière indiquée, et sans établir l’appareil, essayez, au moyen d’une corde attachée au piton, de l’arracher en tirant dans toutes les directions et avec la plus grande force possible; tous vos efforts seront inutiles. Il est donc évident que c’est la force élastique de la pierre, et non la direction dans laquelle la corde est tirée, qui empêche que le pilon puisse être arraché.
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- Il est nécessaire, lorsqu’on veut faire usage de l’appareil, de percer le trou aussi perpendiculaire que possible ; car s’il était percé dans la direction des pitons R et S, il serait à craindre que la portion de la pierre qui se trouve entre le fer et la surface du sol ne vînt à céder.
- On sera étonné, en faisant agir la machine sur de grandes masses de granit, de voir combien peu de prise est nécessaire pour les arracher du sol ; quelquefois le piton ne sera pas enfoncé de plus d’un quart de pouce dans la pierre, qu’il sera déjà immuable et capable de soulever un poids de plusieurs tonneaux.
- Rapport fait par M. Francœur , au nom du Comité des arts mécaniquesy sur le fixateur de M. Legros cle la Neuville, destiné a être adapté aux chevilles qui tendent les cordes des instrumens de musique.
- M. Scheibler, de Crevelt, vous présenta en 1818 (1) des chevilles de guitare : l’approbation que vous avez accordée à cette invention a reçu la sanction du public, et on fait maintenant un fréquent usage de ces chevilles, qui sont bien préférables à celles dont on se servait. Dans le rapport que je fis alors, je signalais les inconvéniens nombreux que présentent ces dernières, et je manifestais le désir que les chevilles conçues d’après le mode de pression de celles de M. Scheibler, fussent appliquées au violon, à la basse et à la quinte, et j’indiquais les principales modifications qu’elles devaient éprouver pour remplir ce but.
- M. le comte de Montlouis réussit très-bien dans ce projet. Ses chevilles , décrites et figurées dans le Bulletin de 1819, pag. 337, sont d’un emploi facile et suffisent pour donner aux cordes des instrumens le degré de tension convenable, sans effort et sans avoir à craindre que ces chevilles cèdent sous la puissance qui les tire : j’en ai fait usage, et il m’a paru qu’on pouvait y trouver des avantages. Toutefois je ne dois pas cacher que la pression doit être rendue très-forte au moyen de l’écrou qui les retient, et qu’il en résulte que la cheville ne se meut que par saccades, ce qui fait quelquefois casser les cordes, et souvent rend l’accord difficile à trouver, parce qu’on dépasse malgré soi le degré de tension convenable : c’est surtout pour la basse que cet inconvénient est remarquable.
- M. Legros de la Neuville_, professeur de guitare et artiste du Vaudeville ,
- B b
- (î) Voyez le Bulletin de celle année, pag. 22. Vingt- unième année. Juin 1822.
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- vous présente son fixateur, propre à retenir toutes les chevilles dans une position invariable sans de très-fortes tensions, et qui, n’exigeant pas le frottement du métal sur le bois, n’a pas l’inconvénient dont nous venons de parler. Cet appareil de son invention, et pour lequel il a pris un brevet, est représenté fig. 5, 6 et 7, PL 224; il consiste en un tambour ou espèce de cylindre en métal a, qu’on fixe vis-à-vis le trou que la cheville traverse ; une rondelle de fer b est de même fixée à cette cheville et entre dans ce tambour pour frotter sur son fond. La pression s’exerce entre ces deux pièces et le frottement les retient appliquées l’une sur l’autre , parce que le tambour est fermé par un couvercle à vis e9 qui presse la rondelle sur le fond, à un degré qu’on augmente à volonté. La cheville entre à l’ordinaire dans un trou pratiqué au manche, mais elle ne frotte plus dans ce trou; la rondelle, qui fait corps avec elle, frotte sur le fond du tambour, contre lequel il est fortement appliqué par le couvercle à vis qui les serre l’un contre l’autre, autant qu’on le juge à propos; et même M. Legros ayant remarqué que ce mode de frottement n’était pas assez gras et laissait encore saccader la cheville, imagina de faire frotter la rondelle unie à la cheville sur une autre rondelle libre c, qui s’applique entre elle et le couvercle, en sorte qu’elle est serrée entre deux disques : cette rondelle supérieure est fixe comme le tambour ; elle est retenue par deux dents insérées dans des encoches d d9 mécanisme ingénieux qui remplit très-bien son objet.
- S’il ne s’agissait que de remplacer les chevilles en usage par d’autres qui soient exemptes de leurs inconvéniens, celles de M. Legros seraient assurément employées par tous les musiciens, et le brevet qu’il a pris pourrait être très-profitable à ses intérêts ; mais ce mécanisme, tout simple qu’il est, exige néanmoins un travail assez délicat pour que le prix des quatre appareils s’élève de 20 à 45 francs, selon qu’ils sont fabriqués en cuivre ou en argent. Il y a donc lieu de craindre que beaucoup de personnes ne se refusent à faire cette dépense. Il se pourrait aussi que le poids du manche du violon et de l’alto s’en trouvât augmenté d’une manière incommode, car chaque appareil pèse environ 2 gros, ce qui ajoute un peu plus d’une once au poids du manche; mais le violoncelle peut très-bien s’accommoder de cette addition de poids, parce que l’instrument est soutenu dans une position où elle ne saurait incommoder.
- C’est probablement par les motifs qui viennent d’être exposés qu’on a renoncé à un autre mécanisme fort simple, qui n’est plus guère en usage que pour les contre-basses. Chaque cheville portait une roue dentée, qu’on faisait tourner par une vis sans fin , engrenant avec cette roue : la cheville
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- n’avait pas de tête et ne pouvait tourner que par la vis. Lorsqu’une corde venait à casser, il était très-long d’en remettre une autre, parce que la vis sans fin devait faire trente à quarante tours pour que la cheville en fit un seul : ce dernier inconvénient pouvait facilement être évité en plaçant la vis sans fin de manière à pouvoir en supprimer momentanément l’action à volonté. Aussi il parait que le poids de l’appareil, les frais qu’il exige, les entailles dont il fallait affaiblir le manche, ont déterminé à renoncer à ce moyen, fort commode d’ailleurs; et il est à craindre que celui de M. Legros n’ait le même sort, malgré ses avantages incontestables.
- Quoi qu’il en soit, votre comité des arts mécaniques pense que les chevilles de M. Legros sont d’une ingénieuse invention, qu’elles remplissent très-bien leur objet, et il vous propose de les approuver et de les décrire dans le Bulletin à la suite du présent rapport.
- Signé Francoeur, rapporteur.
- Adopté en séance, le 29 mai 1821.
- Explication desJig. 5, 6 et 7 de la PL 224.
- Fig. 5. Section de l’appareil nommé fixateur et de la cheville adaptée au manche d’une basse.
- Fig. 6. Vue en dessus de la cuvette ou du tambour sur le fond duquel frotte la rondelle fixée à la cheville.
- Fig. 7. Plan et élévation du couvercle à vis vu séparément.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans ces trois figures. a, Cuvette en cuivre fixée par trois vis sur le trou que la cheville traverse ; b, rondelle en acier montée solidement sur la cheville, et destinée à frotter sur le fond de la cuvette ; c, autre rondelle libre qui s’applique entre la précédente et le couvercle; elle est armée de deux petites dents qui entrent dans les encoches d d de la cuvette a, pour qu’elle ne puisse pas tourner sur elle-même ; e, couvercle à vis qui entre dans la cuvette, dont le rebord intérieur porte un écrou pour le recevoir; on fait tourner ce couvercle en appliquant les doigts contre les deux oreilles ff ; g, cheville en bois.
- Rapport fait par M. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniques, sur le polygraphe de M. Obrion, rue Saint-Martin5 n°. 3o, à Paris.
- Il est d’une grande importance pour le commerce de conserver des copies de toutes les lettres qu’on écrit, et dans les grandes maisons c’est l’objet d’un livre particulier, et souvent l’emploi de plusieurs commis, qui ne sont
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- occupés qu’à transcrire les divers objets de correspondance; mais dans les commerces qui ont peu d’étendue, cas qui est le plus fréquent, il est bien difficile que le chef d’un établissement puisse suffire à-la-fois à rédiger les lettres qu’il écrit et à en tracer les copies : aussi prend-ii rarement cette double peine, si ce n’est pour les choses qui ont pour lui une grande importance, et souvent ses intérêts se trouvent compromis, faute d’avoir jugé combien il lui était nécessaire de conserver une copie de ce qu’il a écrit. Dans toutes les relations sociales il peut même être utile de garder ainsi de ces sortes de copies ; mais on s’y résout difficilement par l’ennui qu’apporte ce genre de travail : en outre, il est bien des circonstances où on doit adresser la même lettre à plusieurs personnes différentes.
- Ces considérations ont porté à rechercher quelque moyen de tracer à-la-fois plusieurs lettres : tel est, par exemple, l’amhotrace de M. de la Cha-beaussiere, décrit page 113 du Bulletin de la Société, de 1816. L’instrument de M. Obrion ne ressemble nullement à ceux dont on a fait usage jusqu’ici, si ce n’est au pantographe, dont il imite les mouvemens et la construction sous certains rapports. Deux plumes, et même trois au besoin, sont liées entre elles par des réglettes en bois, mobiles autour de leur charnière d’assemblage ; l’une de ces plumes ne peut se mouvoir sans entraîner l’autre à suivre tous ses mouvemens, et comme les règles sont inflexibles, elles conservent dans toutes leurs positions le parallélisme qu’on leur a donné en les unissant. Les mouvemens de l’une de ces plumes sont identiquement les mêmes que ceux de l’autre; les caractères tracés par la première sont l’exacte contre-épreuve de ceux que la seconde a formés : l’une s’élève-t-elle au-dessus du papier et cesse-t-elle d’écrire, ou bien fait-elle une rature, ou se porte-t-elle vers l’encrier? fidèle aux mouvemens qui lui sont transmis par l’espèce de charpente légère qui la dirige, on voit l’autre ou s’élever, ou raturer, ou aller puiser de l’encre, et cela sans avoir besoin d’y donner aucune attention spéciale. La copie se fait d’elle-même et sans qu’on y songe.
- L’auteur donne à son instrument diverses formes, selon le prix, qui va de 25 à 36 francs; il suppose même que son polygraphe est propre à calquer un dessin et à en donner une épreuve fidèle, ou à suivre tous les contours d’une écriture, ou d’un plan ou d’un tableau; pour en former le trait. On pourrait contester ce genre d’utilité à un instrument qui manque peut-être de la précision que cette opération exige; mais, si on le considère comme propre à écrire deux lettres à-la-fois, il est certain qu’il remplit très-bien son objet. Le polygraphe est peu coûteux; on le manœuvre sans embarras et presque avec la même facilité qu’on écrit ordinairement, et nous ne
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- doutons pas qu’avec un peu d’habitude on ne puisse tirer un très-bon parti de cet instrument. A la vérité, il n’a rien de bien remarquable sous le rapport de l’invention ; mais il est utile, et ce motif nous décide à vous proposer de l’honorer de votre approbation, ainsi que d’accorder à ce rapport une place dans le Bulletin.
- Signé Fràncoeur, rapporteur.
- Adopté en séance, le 26 juin 1822.
- Note sur un moyen de transport des denrées, en usage aux Etats-Unis d’Amérique ,* par M. Bosc.
- Les denrées qu’on veut transporter sont mises dans des barriques construites exprès et fortement cerclées. Ces barriques ressemblent pour leur capacité à celles de Bordeaux. A la barre de chaque fond, est cloué un morceau de bois dur, noyer ou chêne blanc, percé d’un trou de 2 pouces de diamètre, qui correspond à un trou de même grandeur pratiqué dans les brancards, lesquels sont composés de deux perches liées par deux traverses, l’une en arrière et l’autre en avant du tonneau. C’est sur les boulons de fer qui entrent dans ces trous que tourne la barrique lorsqu’elle est entraînée par un cheval.
- La fig. 8, PL 224, donne une idée suffisante de ce moyen de transport.
- Toutes les denrées qui peuvent être pressées dans une barrique de manière à ne pouvoir ballotter par le mouvement de rotation, sont ainsi transportées des extrémités des Carolines, de la Virginie et de la Géorgie , dans le port de Charlestown. Je voyais chaque jour d’hiver, pendant mon séjour dajis cette ville, passer sous mes fenêtres plusieurs centaines de barriques de tabac destinées à l’exportation.
- Cette manière de transporter les denrées présente, dans le pays en question, les avantages suivans :
- 1 °. Il y a peu de frottement sur les boulons qui remplacent l’essieu, et par conséquent un cheval peut traîner le double de ce qu’il traînerait sur une charrette ;
- 2°. Les chemins, à peine tracés, offrent souvent des ornières très-profondes, qui ne se réparent qu’une fois l’an, et les barriques passent par dessus :
- 3°. L’économie et la solidité des barriques construites dans les habitations, là où le bois n’a pas de valeur et peut être choisi.
- Les inconvénients de cette méthode se réduisent à la possibilité qu’il se trouve dans la barrique des fentes qui laissent pénétrer l’eau, et que la
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- boue s'attache à la surface, laquelle demande à être souvent enlevée avec une petite pelle de bois.
- Lorsque les cercles cassent, ils sont de suite remplacés par le conducteur, qui est pourvu à cet effet d’une petite hache et de quelques autres outils.
- Je ne crois pas que ce moyen de transport soit dans le cas d’être, en France, préféré à celui du roulage, à raison de nos routes ferrées et pavées , de la cherté du bois, de la difficulté de réparer une avarie arrivée loin d’un village où il se trouve un tonnelier, de la nécessité de n’ouvrir la barrique qu’au lieu de l’arrivée ; mais il peut être utilisé pour transporter de i’eau dans les lieux où il n’y en a pas, soit pour la boisson des hommes et des animaux, soit pour les arrosemens des jardins, des prairies , des plantations , etc., etc. Alors on pourrait cercler la barrique en fer, ce qui devient fort économique depuis que les tréfileries se sont multipliées dans l’est de la France.
- Quant aux vins, ils ne peuvent faire des voyages de plus d’un jour dans ces barriques, à raison du grand mouvement qu’ils y reçoivent et qui accélère leur altération.
- ARTS CHIMIQUES.
- Extrait d’un mémoire sur la fabrication du chlorure de chaux ( muriate oxigéné de chaux); par M. le docteur Ure, de Glasgow.
- On connaît dans le commerce, sous le nom de poudre à blanchir de Tennant, une substance qui est aussi intéressante pour la science qu’importante dans les arts : c’est le chlorure de chaux (muriate oxigéné de chaux). Le procédé de préparation de cette poudre est décrit dans la patente qui fut accordée à M. Tennant en 1799; Dalton, Welter, Thompson en ont donné des analyses plus ou moins exactes , et récemment M. Grouvelle en a fait mention dans ses Recherches sur les combinaisons des oxides avec le chlore, l’iode et le cyanogène.
- Fabrication de la poudre à blanchir.
- Des appareils de différentes formes ont été imaginés pour favoriser en grand la combinaison du chlore avec la chaux. L’un des plus ingénieux est celui qui était employé, en 1816, dans là manufacture de toiles peintes de M. Oberkampf à Jouy ; il consistait dans un tambour ou cylindre, garni intérieurement de rayons de bois étroits et minces, et tournant autour d’un
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- axe creux, à travers lequel le chlore pénétrait dans le cylindre. Par ce moyeu d’agitation, la chaux en poudre, étant continuellement exposée à l’action du chlore, s’en trouvait bientôt saturée au degré nécessaire ; mais cet appareil était dispendieux et ne pourrait convenir à la fabrication en grand, telle qu’elle est pratiquée en Angleterre.
- L’appareil le plus simple et le plus efficace, suivant M. TJre, pour opérer la combinaison du chlore avec la chaux , est un récipient ou chambre carrée, de 8 à 9 pieds de haut, construit en pierres siliceuses, dont les joints sont lutés avec un mastic composé de parties égales de poix, de résine et de plâtre sec. A l’une des extrémités de la chambre est pratiquée une porte qui peut être fermée hermétiquement en l’entourant de lisières de drap, qu’on lute ensuite avec de l’argile. Une croisée ménagée de chaque côté permet de juger du degré de saturation, par la couleur des vapeurs intérieures, et procure le jour nécessaire pour disposer tout au commencement de l’opération. Les luts hydrauliques étant préférables à tous les autres là où la pression pneumatique est peu considérable, l’auteur conseille d’établir au sommet du récipient une grande soupape ou porte construite sur ce principe, et à la base des murs latéraux deux canaux. La porte et les croisées devront pouvoir s’ouvrir simultanément au moyen de cordes passant sur des poulies, afin que l’ouvrier ne soit pas incommodé par les gaz délétères au moment où il pénètre dans la chambre. Un grand nombre de rayons de bois, de 8 à 10 pieds de long, de 2 pieds de large et d’un pouce d’épaisseur, sont disposés pour recevoir la chaux pulvérisée et tamisée, qui contient ordinairement deux atomes de chaux pour trois atomes d’eau. Ces rayons sont rangés l’un au-dessus de l’autre jusqu’à la hauteur de 5 à 6 pieds; ils reposent sur des tasseaux, qui laissent entre chacun un intervalle d’un pouce , afin que le gaz puisse avoir un libre accès sur la surface de l’hydrate calcaire.
- Les alambics employés pour la production du chlore sont ordinairement de forme sphérique; on les construit soit entièrement en plomb, ou bien ils sont composés de deux hémisphères réunis ensemble, dont le supérieur est en plomb et l’inférieur en fonte de fer. La première espèce d’alambic est renfermée aux deux tiers, à partir du fond, dans un récipient de plomb ou de fonte de fer ; l’intervalle de 2 pouces, ménagé entre l’alambic et le récipient, est destiné à recevoir la vapeur d’une chaudière attenante. Les alambics dont le fond est en fer sont exposés directement à un feu doux ; autour du bord extérieur de l’hémisphère de fonte, est pratiquée une rainure, dans laquelle entre le bord de l’hémisphère en plomb : on lute les joints avec du ciment romain, composé d’un mélange de chaux, d’argile et d’oxide de
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- fer, calcinés séparément et réduits en poudre fine ; ce ciment doit être tenu dans des vases bien bouchés, et mêlé avec la quantité d’eau nécessaire lorsqu’on en fait usage.
- Le dôme de plomb est percé de quatre ouvertures, chacune desquelles est hermétiquement fermée par des luts hydrauliques. La première, de 10 à 12 pouces en carré, est fermée au moyen d’une soupape de plomb , dont les bords recourbés entrent dans une rigole remplie d’eau qui entoure la soupape : c’est par cet orifice qu’un ouvrier s’introduit dans l’alambic pour faire les réparations nécessaires au mécanisme de l’agitateur, et détacher les concrétions salines dures qui se forment dans l’intérieur. La seconde ouverture, pratiquée au sommet du dôme, reçoit un tuyau de plomb qui descend presque jusqu’au fond, et à travers lequel passe un axe vertical, dont l’extrémité inférieure est munie d’un croisillon en fer ou en bois garni de plomb. La rotation de ce croisillon ou agitateur opère le mélange intime de l’oxide de manganèse avec l’acide sulfurique et le sel. Le mouvement est communiqué à cet agitateur, soit par un ouvrier placé au haut de l’appareil et qui fait tourner une manivelle, soit par des engrenages montés sur l’axe vertical, et mus par un cours d’eau ou une machine à vapeur.
- La troisième ouverture reçoit un tuyau en forme de siphon , par lequel on introduit l’acide sulfurique, et la quatrième, le tuyau de sortie.
- Les manufacturiers diffèrent d’opinion relativement à la proportion des matières employées pour la production du chlore : en général od doit mêler 10 quintaux de sel (muriate de soude) avec 10 à 14 quintaux d’oxide de manganèse; après que ce mélange a été introduit dans l’alambic, on y ajoute peu à peu 12 à 14 quintaux d’acide sulfurique, étendu d’une quantité suffisante d’eau, jusqu’à ce que sa pesanteur spécifique soit réduite à 1,5. Comme les fabricans de poudre à blanchir préparent eux-mêmes l’acide au degré de concentration nécessaire, c’est-à-dire à la densité de 1,65, on n’a plus recours aujourd’hui à ce moyen.
- Nous avons dit que la quatrième ouverture de l’appareil était destinée à recevoir le tuyau de sortie; ce tuyau est conduit dans un réservoir de plomb, où aboutissent tous les autres tuyaux de sortie; ils sont réunis par des luts hydrauliques ayant une pression hydrostatique de 2 ou 3 pouces : c’est dans ce réservoir que le chlore est lavé et purgé de l’acide muriatique qu’il pourrait contenir, en passant à travers de l’eau dans laquelle chaque tube est plongé; de là, le gaz se rend par un grand tuyau de plomb dans la chambre de saturation : il y pénètre par le sommet, afin que le gaz se distribue également dans toutes les parties de l’appareil.
- Il faut ordinairement quatre jours pour préparer la poudre à blanchir,
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- propre à être livrée au commerce. Si on voulait accélérer l’opération , on courrait le risque d’élever la température et de produire du muriate de chaux, qui n’a pas la propriété de blanchir ; c’est pourquoi des manufacturiers intelligents emploient un procédé alternatif ; ils commencent par disposer les rayons de bois par séries alternatives ; au bout de deux jours, l’opération est suspendue et on ouvre la chambre ; deux heures après, l’ouvrier entre pour placer les rayons chargés d’hydrate de chaux nouveau , et en même temps pour retourner le chlorure à moitié formé, qui se trouve sur les autres. La porte est ensuite fermée hermétiquement, et la chambre, après avoir été remplie de chlore pendant les deux jours suivants, est de nouveau ouverte pour enlever la première série de rayons, et les remplacer par d’autres contenant une nouvelle partie d’hydrate de chaux. C’est ainsi que l’opération est continuée, en alternant régulièrement les rayons. On obtient, à la vérité , par ce procédé de la poudre à blanchir d’une qualité supérieure, et on a la possibilité de régler exactement la quantité qu’on veut introduire dans l’appareil; mais, à mesure que l’hydrate se sature de chlore, sa faculté absorbante diminue : il sera donc nécessaire, ou de diminuer proportionnellement le courant du gaz, ou de laisser échapper l’excédant ; ce qui cause une perte notable au propriétaire, et nuit à la santé des ouvriers. Le manufacturier obtient généralement d’un tonneau (2000 livres) de sel employé comme ci-dessus , un tonneau et demi de bonne poudre à blanchir. M. lire prétend même en obtenir deux par son procédé.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M, de Lasteyrie, au nom du Comité des arts économiques, sur la construction de deux silos et la conservation des grains, faite à Saint-Ouen, chez M. Ternaux.
- La conservation des grains, qui intéresse également l’agriculture, le commerce, le bien-être des particuliers, le bonheur et la sûreté publics, a attiré, dans ces derniers temps, l’attention du Gouvernement et celle de tous les hommes qui savent appliquer les connaissances acquises au perfectionnement de l’ordre social.
- M. Ternaux, qui a rendu de si grands services à l’industrie, et qui ne laisse échapper aucune occasion de lui être utile , a tenté , il y a plus de trois ans, de résoudre un problème de la plus haute importance, celui de la conservation des grains.
- Il a été rendu compte à la Société de la fosse ou silo que M. Ternaux avait Vingt-uniéme année. Juin 1822. C c
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- fait construire en 1819, et dans laquelle on avait versé 199 hectolitres de grains, dans le mois de novembre de la même année, et dont l’extraction avait eu lieu le 12 octobre 1820 (1). On se rappelle que les grains de cette fosse furent trouvés en bon état, sauf quelques portions situées à l’ouverture ; mais ce blé , vanné et exposé à l’air, et réduit en farine , donna un pain qui ne laissait presque aucune trace de ce commencement d’altération, et qui pouvait servir d’aliment aux personnes les plus délicates.
- Le même blé fut remis dans le silo peu de jours après en avoir été ôté, et après qu’on eut renouvelé la paille qui garnissait la circonférence. Il a été fait une seconde ouverture en 1821, qui a donné les mêmes résultats quant à la conservation du grain et à la confection du pain qui en est provenu. Il est à remarquer que ce pain était plus blanc et plus savoureux que celui qui avait été fait avec le môme blé conservé dans un grenier; ce qui peut être attribué à ce que le gluten du blé conservé dans le silo n’avait pas subi de dessiccation comme celui pris dans le grenier. C’est à la troisième ouverture de ce silo que vos commissaires ont assisté, et dont ils viennent vous rendre compte aujourd’hui.
- L’ouverture a eu lieu le 25 avril dernier, en présence d’un grand nombre de personnes, parmi lesquelles se trouvaient les administrateurs de la réserve. Après avoir enlevé la pierre qui sert de fermeture au silo, on a retiré la paille qui se trouvait à la partie supérieure, et la balle qui avait été mise pour remplacer la portion de grain employée pour la fabrication du pain dont nous avons parlé. La paille et surtout la balle se sont trouvées dans un état de siccité ordinaire. On a sorti hors du silo quelques sacs de blé qui étaient parfaitement conservés. Pour reconnaître l’état, de ce qui restait, on a enlevé avec une sonde des portions de grains au centre, au fond et sur plusieurs endroits de la circonférence : ces échantillons se sont trouvés dans un aussi bon état de conservation que le grain retiré de la fosse.
- On doit conclure des faits qui viennent d’être énoncés et des observations faites par vos commissaires, que la parfaite conservation des grains peut avoir beu dans des fosses situées en plein air et sans revêtement de maçonner .e , toutes les fois que le terrain sera élevé, sec, et qu’il ne permettra aucune iniiltration aux eaux pluviales ; bien entendu qu’il est nécessaire de revêtir les parois de la fosse d’une couche de paille assez épaisse pour s’opposer au passage de l’humidité du sol; il faut aussi que cette fosse soit recouverte d’une voûte en maçonnerie et même d’une terre assez compacte pour empêcher l’infiltration directe des eaux de pluie.
- (t) Voyez Bulletin de décembre 1820, pag. 331.
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- M. Ternaux pense que la construction des fosses sans maçonnerie, et simplement revêtues de paille, est préférable sous le rapport de l’économie à celles dont le fond , les parois et la voûte seraient murés. Vos commissaires ne partagent pas cet avis : ils croient que les fosses à grain de M. Ternaux peuvent être d’une grande ressource pour les cultivateurs peu fortunés et dans quelques autres circonstances; mais que les fosses en maçonnerie seront toujours préférables lorsqu’il s’agira de former des magasins destinés à une conservation habituelle de grains, pour les approvisionnements des villes ou du commerce, ou pour les spéculations particulières des propriétaires ou des cultivateurs. Les fosses du premier genre exigent des dépenses chaque fois qu’on veut y verser des grains, et peuvent, dans certains terrains, se dégrader au point d'être hors d’usage au bout de quelques années, tandis que les fosses bien construites en maçonnerie sont éternelles, n’exigent aucun entretien, et préservent les grains contre toute humidité lorsqu’elles ont été faites avec le soin nécessaire.
- M. Ternaux voulant pousser plus loin ses expériences, se propose de laisser le même blé dans la fosse pendant une ou plusieurs années, sans renouveler la paillç.
- Il a aussi fait construire une nouvelle fosse, dont nous allons vous rendre compte.
- Cette fosse est située vis-à-vis la grille d’entrée du parc de M. Ternaux, à peu de distance de la première : elle est creusée dans un tuf marneux et gyp-seux , à une profondeur de 7 mètres , à prendre de la superficie du sol, et à une grande élévation au-dessus du niveau de l’eau. Elle est recouverte par un dôme en briques et mortier, qui embrasse la moitié de la hauteur intérieure : cette hauteur est de 6 mètres sur une circonférence dont le grand diamètre et de 4 mètres et demi. Le dôme est surmonté par un cylindre en maçonnerie, long d’un mètre environ : le tout est terminé par une pierre avec un couvercle. Les frais de construction s’élèvent à la somme de 1,008 francs.
- Le fond de la fosse a été couvert d’une couche de fagots de 33 centimètres d’épaisseur, puis d’un lit de paille de 8 centimètres, et enfin d’un paillasson de 4 centimètres d’épaisseur. Les autres parties ont été tapissées d’une garniture de paille de seigle de 50 centimètres, qui était retenue avec des lattes et des crampons de fer : le tout était disposé avec beaucoup de soin, et l’intérieur de la fosse était très-sec.
- On a procédé, en présence de vos commissaires, au versement du blé dans le silo dont on vient de donner la description. Le blé fourni par la réserve de Paris à M. Ternaux , à charge par lui de le reproduire, a été jugé en
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- bon état de conservation. Quelques personnes ont cependant observé qu’il n’avait pas tout le degré de siccité qu’on aurait pu désirer, et qu’il était moins cassant sous la dent que celui qu’on venait de sortir du silo.
- Après avoir pesé le grain et en avoir conservé des échantillons, on a reconnu que le silo contenait 426 quintaux métriques 44 kilogrammes, y compris un quintal qu’on a versé le premier jour, et trois le second, pour remplir le vide qui s’était formé par le tassement. Après avoir recouvert le grain avec une planche soutenue par un rebord pratiqué dans le cylindre d’ouverture , on a rempli avec de la balle de blé le vide supérieur, et on a posé la pierre servant de fermeture : elle a été cimentée et recouverte de deux cordes qu’on a scellées avec les cachets de la Mairie , de la Réserve et de M. T émaux.
- Cette expérience et celles que M. Ternaux a déjà faites avec succès présenteront chaque jour des données plus certaines, lorsque le temps nécessaire pour constater d’une manière irrécusable la meilleure conservation des grains, aura démontré les avantages qu’on a lieu d’espérer.
- La solution de ce problème donnera à notre agriculture une prospérité assurée et invariable, des bénéfices certains à notre commerce, la stabilité des prix dans le premier objet de consommation; elle épargnera au Gouvernement bien des inquiétudes et de fortes dépenses , qui produisent toujours de faibles résultats.
- Nous avons l’honneur de proposer au Conseil de donner à M. Ternaux un témoignage de satisfaction en autorisant l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Signé de Lasteyrie , rapporteur.
- Adopté en séance , le 15 mai 1822.
- Explication de la Jig. 9, PL 224, représentant le silo de M. Ternaux.
- Fig. 9. Section verticale de la fosse à conserver les grains, telle qu’elle est établie à Saint-Ouen.
- ABCD, cône tronqué, creusé enterre, ayant 3m 30e de diamètre sur 2m 30e de hauteur; EE, voûte en maçonnerie formant la partie supérieure du silo ; FF, cheminée en briques qui s’élève à 20 centimètres au-dessus du sol ; G, couvercle en bois de chêne qui ferme l’orifice du silo; H, paillasson placé au fond de la fosse sur un lit de fascines et de paille ; I, revêtement intérieur du sol en paille de seigle bien sèche ; k k k , crampons de fer sur lesquels s’appuient des lattes d’osier qui retiennent le revêtement en paille.
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- AGRICULTURE.
- Rapport fait par M. Bosc sur un ouvrage de M. Bonafous , relatif a la culture du mûrier.
- M. Matthieu Bonafous vous a adressé une brochure intitulée : De la culture des mûriers, et que vous m’avez chargé d’examiner.
- Cet ouvrage, rédigé d’après les principes les plus généralement préconisés dans ces derniers temps, se distingue par l’ordre ,, la précision et la clarté. Je n’v ai pas trouvé de motifs de critique de quelque importance ; mais bien des omissions dues, sans doute, au désir qu’avait l’auteur d'être correct.
- Il est divisé en neuf chapitres. Le premier traite de la physiologie du mûrier, de ses variétés, des terrains qui lui sont propres; l’auteur reconnaît qu’il ne donne pas une bonne feuille dans les pays froids ou humides. Le second chapitre a pour objet le semis des mûriers. Dans le troisième chapitre, il discute les avantages et les inconvénients de la greffe du mûrier, et ne se prononce pas. A mon avis, cette opération est nécessaire dans un très-petit nombre de cas seulement ; elle est toujours nuisible lorsque ce sont des arbres à larges feuilles qu’on substitue à des arbres à petites feuilles.
- Les pépinières sont le texte du chapitre quatre, qui n’est certainement pas assez développé pour pouvoir guider un propriétaire qui voudrait en établir une.
- Je ne puis qu’applaudir aux principes du cinquième chapitre, intitulé : Des plantations à demeure.
- La conduite des mûriers pendant les quatre premières années de leur plantation est prise en considération dans le chapitre six , et celle des mûriers adultes dans le chapitre sept. On ne peut errer en pratiquant les conseils donnés dans ces deux chapitres.
- Il n’en est pas de même, selon moi, de ceux qui se trouvent dans le huitième chapitre , intitulé : Des haies , parce que les feuilles tirent de la terre, dans ce cas , une surabondance d’humidité nuisible à leur qualité. Ce n’est que dans les pays très-secs et très-chauds, et pour nourrir les vers à soie au sortir de l’oeuf, que je crois qu’on puisse approuver cette manière d’élever les mûriers.
- Cueillir la feuille semble une opération très-facile ; cependant elle est soumise à des règles, soit sous le rapport de la conservation de l’arbre en bon état de végétation, soit sous celui de la qualité de la feuille relativement aux vers à soie. Ce qu’en dit M. Bonafous , dans le neuvième chapitre , donne le moyen de prévenir la plupart des inconvéniens de cette opération.
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- Lis tf. des membres et adjoints composant le Conseil dAdministration de la Société d Encouragement, au 3o juin 1822.
- BUREAU.
- MM.
- Président.
- Le comte Chaptal ( G. O. chevalier de
- l’ordre du Roi, pair de France, membre de l’Académie des Sciences, rue de l’Université,
- ii°. 4^-
- Vie e-Présiden s.
- Le comte de Lasteyrie, membre de la Société royale et centrale d’agriculture, rue du Bac , passage Sainte-Marie.
- Le duc de la Rochefoucauld-Doudeauville pair de France, directeur général des postes, rue de Varennes, n°. 33.
- Secrétaire.
- Le baron de Gérando (C. ^), conseiller d’Etat, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, impasse Férou, n°. 7.
- Secrétaires-adjoints.
- Jomard (^), chef du bureau de l’Instruction publique , commissaire du Gouvernement près la Commission d’Egypte, membre de l’Académie des Inscriptions et Bel les-Lettres , rue de Grenelle-Saint-Germain, n°. i5.
- Cl.-Ànth. Costaz, ex-chef de la Division des Arts et Manufactures au Ministère de l’intérieur, rue du Mont-Blanc, n°. 48.
- Trésorier.
- Montamant ( O. ^), administrateur des Tontines, membre du Conseil général du département de la Seine,rue de Menais, n°. 4.
- Censeurs.
- Le baron Becqtjey (O. ^ ), conseiller d’Etat, directeur général des Ponts et Chaussées et des Mines, place Vendôme, n°. ig.
- Le duc de la Rochefoucauld-Liancourt ( -^ ), pair de France, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit , inspecteur général des Ecoles d’Arts Métiers , correspondant de l’Institut, rue Royale, n°. 9.
- COMMISSION DES FONDS.
- Le comte Abrial (G. O. pair de France, rue Plumet, n°. 18.
- Bigot de Préameneu ( G. O. ^ ), membre de l’Académie française, rue de Varennes, n°. 17.
- MM.
- Boulard père ( ), notaire honoraire , rue des
- Petits-Augustins, n°. 21.
- Brillât de Savarin (^), conseiller à la Cour de Cassation, ruedes Filles-Saint-Thomas,no. a3.
- Le comte Alex, de Laborde (O. ^j), maître des Requêtes , membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et de la Cham-bi-e des Députés, rue d’Artois, n°. 28.
- Le baron de Ladoucette ( ^ ) , ancien préfet, président de la Société royale des Antiquaires de France, rue Chantereine, n°. 8.
- Leroy (*J* ^), ancien consul général de France, rue de Tournon, n°. 12.
- Le marquis de Pastoret (C. ^), pair de France, membre de l’Académie française et de celle des Inscriptions et Belles - Lettres , place Louis XV, n°. 6.
- Pérignon ( ^ ) , chevalier de l’ordre du Roi , membre du Conseil général du département de la Seine, rue Neuve-Saint-Augustin, n°. 8.
- Le duc de la Vauguyon (C. >5*), pair de France, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit, rue St~ Lazare, n°. 88.
- Adjoints.
- Bordier , peintre d’histoire, rue du Roi-de-Sicile, n°. 28.
- Chaslon (£^), ancien administrateur des Douanes , rue Neuve-des-Petits-Champs, n°. 97.
- Michelin ( Hardouin ), conseiller référendaire à la Cour des Comptes, rue d’Orléans, n°. 5» au Marais.
- COMITÉ DES ARTS MÉCANIQUES.
- Ampère ( ^ ), chevalier de l’ordre du Roi, inspecteur général de l’Université, membre de l’Académie des Sciences, rue des Fossés-St.-Victor, n°. 19.
- Bréguet, horloger (^), membre de l’Académie des Sciences, quai de l’Horloge, n°. 79,
- Francoeur, professeur à la Faculté des Sciences, rue du Four-Saint-Germain, n°. 44*
- Le vicomte Héricart de Thury (O. maître des Requêtes , ingénieur en chef des Mines, inspecteur général des carrières , rue Poul-tier, n°. 7, île Saint-Louis.
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- MM.
- Humblot-Conté , membre de la Chambre des Députés, fabricant de crayons, rue de Gre-nelle-Saint-Germain, n°
- Molard aîné (^), membre de l’Académie des Sciences et du Comité consultatif des Arts et Manufactures , rue de Charonne , hôtel Vau-canson. ^
- Poisson (^), membre de l’Académie des Sciences , inspecteur général de l’Université , rue de Condé, n°. i o.
- de Prony ( O. chevalier de l’ordre du Roi, membre de l’Académie des Sciences, directeur de l’École royale des Ponts et Chaussées, rue Cnlture-Ste.-Catherine, n°. 27.
- Taïibé de Vauxclairs (O. ^), chevalier de l’ordre du Roi, maître des Requêtes, inspecteur général des Ponts et Chaussées, rue de Hanovre, n°. 5.
- Le baron Ternaex (O. ^ ), membre de la Chambre des Députés et du Conseil général du département de la Seine , place des Yic-toires, n°. 6.
- Adjoints.
- Baîleet de Belloy (^), inspecteur divisionnaire des Mines, rue du Bouloy, hôtel de
- Bretagne.
- Hachette , professeur cle géométrie descriptive à la Faculté des Sciences, membre du Conseil voval ci’Agriculture , cul-de-sac Sainte-Catherine Saint-Dominique-d’Enfer, n°. 6.
- Molard jeune, administrateur-adjoint du Conservatoire des Arts et Métiers , rue Mesîay, n°. 20.
- Pajot-Descharmes , membre du Comité consultatif des Arts et Manufactures , rue de la Verrerie, n°. 58.
- Regnier ( v»? ), ingénieur-mécanicien , membre honoraire du Comité consultatif des Arts et Manufactures, rue de l’Université, n°. 4-COMITÉ DES ARTS CHIMIQUES.
- Le comte Berthollet (G. O. ^), chevalier de l’ordre du Roi, pair de France, membre de l’Académie des Sciences, rue d’Enfer, n°. 18.
- Bréant, vérificateur des essais à la Monnaie.
- d’Arcet ( ^ ), chevalier de l’ordre du Roi, inspecteur des Essais à la Monnaie.
- d’Artigues (^), fabricant de cristaux, membre du Conseil général des Manufactures, rue du Faubourg-Poissonnière, u°. 3o.
- MM.
- Desprez , professeur de chimie â l’École Polytechnique.
- Mérimée (0), peintre , secrétaire perpétuel de l’École royale des Beaux-Arts, rue des Petits-Augustins, n°. 16.
- Pelletier, pharmacien, membre du Collège de Pharmacie, rue Jacob, n°. 11.
- Roard ( ^ ), propriétaire de la fabrique de céruse à Clichy, membre du Comité consultatif des Arts et Manufactures, rue Montmartre, n°. 160.
- Thénard (^), membre de l’Académie des Sciences et du Comité consultatif des Arts et Manufactures, professeur de Chimie au Collège de France, rue de Grenelle-Saint-Germain, n°. 42.
- Vauqüelin ( ^ ), membre de l’Académie des Sciences, administrateur du Muséum d’His-toire naturelle, rue de Seine-Saint-Victor.
- Adjoints.
- Boullay, pharmacien , rue des Fossés-Montmartre, n°. 17.
- Payen fils , fabricant cle produits chimiques, à Vaugirard.
- COMITÉ DES ARTS ÉCONOMIQUES
- Boüriat, membre de l’École spéciale de Pharmacie, rue du Bac, n°. 3g.
- Christian ('H), administrateur du Conservatoire des Arts et Métiers, rue et abbaye St.-Martin
- Le marquis de Grave ( *5* ^ ), pair de France, gouverneur des enfans de S. A. S. Mgr. le duc d’Orléans, rue du Lycée, au Palais-Royal.
- Le baron Delessert (O. , régent de la
- Banque de France, membre de l’Académie des Sciences et de la Chambre des Députés , rue Coq-IIéron, n°. 3.
- Derosne (Charles) , pharmacien, rue Saint-Honoré, u°. 115.
- Gillet de Latjmont (£&), chevalier de l’ordre du Roi, inspecteur général des Mines , membre de l’Académie des Sciences et de la Société royale et centrale d’Agricalture , quai de la Tournelle, n°. 3.
- Robert, propriétaire de l’établissement de la cuisson des abatis, au Gros-Caillou.
- Say (J.-B ), professeur d’économie politique au Conservatoire des Arts et Métiers, rue du Faubourg-St.-Martinj n°. 62.
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- i),
- rue du Ro-
- MM.
- Adjoints,
- Le baron Cagniard-Latour ( cher, n°. 36.
- Delunel, ancien pharmacien, rue de l’Echiquier, n°. 38.
- Le duc DE la RoCHEFOUCAULD-LrANCOUKT.
- Robiquet , professeur de chimie à l’Ecole centrale de Pharmacie, rue de la Monnaie, n°.g.
- Vallot, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, rue du Jardinet, n°. 8.
- COMITÉ D’AGRICULTURE.
- Baudrillart , chef de division adjoint à l’Administration des Forêts, membre de la Société royale et centrale d’Agriculture , rue Neuve-Saint-Augusiin, n°. 2Û
- Bosc ({§§), inspecteur général des Pépinières du Gouvernement, membre de l’Académie des Sciences et de la Société royale et centrale d’Agricultme , rue des Maçons-Sorbonne , n°. i5,
- Challan (O. ^), membre de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue des Champs-Elysées, n°. 8.
- Le baron de Chassiron (^), maître des Comptes, membre de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue Neuve-St.-Àugustin, n°. ig.
- Le comte François de Neufchateau (G. O. ^), membre de l’Académie française, président de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue du Faubourg-Poissonnière, n». g3.
- Hüzabd ( Lf ), inspecteur général des Ecoles vétérinaires, membre de l’Académie des Sciences, rue de l’Eperon, n°. 7.
- Le comte de Lasteyrie.
- SiLVESTRE(ïjl), bibliothécaire du Roi, membre de l’Académie des Sciences, secrétaire perpétuel de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue de Seine, liôtei de la Rochefoucauld.
- Tessier (^), inspecteur général des Bergeries royales , membre de l’Académie des Sciences et de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue des Petits-Augustins, n°. 26.
- Adjoints.
- Labre aîné, propriétaire, membre de la Société royale et centrale d’Agriculture, rue Duphot, n°. ir.
- MM.
- Vilmorin aîné, pépiniériste, quai de la Mégis sérié, n°. 3o.
- COMITÉ DE COMMERCE. Bellangé , manufacturier, rue Sainte-Apolline, n°. i3.
- Bérard (^), maître des Requêtes, rue du Hel der, n°. i3.
- Le baron Coquebert de Montbret ( , di
- 1 Academie des Sciences, rue Saint-Dominique, n°. 71, faubourg Saint-Germain. Davillier (#), banquier, boulevard Poisson nière, n°. i5.
- Delessert (François), banquier, membre de 1 Chambre de Commerce, rue Coq-Héron, n°.3 Gauthier de Brécy lecleur du Roi, me di Iloussaye, n°. 2.
- Laffon de Ladebat, ancien Député, rue Basse-du-Rempart, n°. 44-
- de Lavigerie ( ^ ) , inspecteur général des Douanes, rue Cadet, n°. 7.
- Sivard de Beaulieu ( ^ ), administrateur des Monnaies, membre de la Ch. des Députés. Vital—Roux ($£), régent de la Banque de France, rue Richelieu, n°. 104.
- COMMISSION DU BULLETIN.
- Cette Commission, chargée de diriger et surveiller la rédaction du Bulletin, est composée des membres suivans :
- Frakcoeur, j
- Mol a rd , /pour les Arts mécaniques
- Tarbé, î
- d’Arcet, |
- Mérimée , }pour !es A,ts chimiques
- Christian, )
- Boüriat , j Pour les Arts économiques
- °T * î pour l’Agriculture.
- de Lasteyrie , )1 0
- Coquebert de Montbret, pour le Commerce
- Boulard, pour les fonds.
- Rédacteur du Bulletin de la Société.
- M. Daclin , rue d’Anjou, n°. 24 , faubourg Saint-Honoré.
- Agent général de la Société.
- M. Güillard-Senainville (|&), secrétaire du Comité consultatif des Arts et Manufactures, rue du Bac, n°. 4^, au local de la Société.
- À Paris, de ITniprinierie de Madame HUZAUD (née VALLAT LA CHAPELLE rue de l’Eperon-Saint-André-des-Arcs, n°. 7.
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- VINGT-UNIÈME ANNÉE. (N°. CCXVIl.) JUILLET 1822.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR LT NDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- jRapport fait par AT. Tarbc, au nom du Comité des arts mécaniques, sur un bateau nommé zoolique, inventé par M. P.-A. Guilbaud, de JSantes.
- Messieurs, votre Comité des arts mécaniques a examiné attentivement un bateau que l’auteur nommé zoolique, et qui est destiné à remplacer économiquement, sur nos rivières, l’emploi des bateaux a vapeur. Ce projet est dû à M. P.-A. Guilbaud, de Nantes , qui a recherché s’il n’y avait pas un moyen convenable d’employer à bord des bateaux les animaux et de préférence les chevaux, comme force motrice. Ce moyen lui a paru devoir être moins dispendieux, d’un usage plus facile, sujet à moins d’inconvéniens et d’accidens sinistres que les machines à vapeur. M. Guilbaud déclare que M. Borgnis, dans son Traité des machines, lui a donné l’idée du mécanisme à employer, et qui est décrit sommairement sous le nom de plan incliné flexible. Ce système a l’avantage d’occuper moins d’espace que le manège ordinaire, qui présente souvent un obstacle insurmontable au passage des écluses et des ponts.
- Le projet du bateau zoolique, adressé à la Chambre de commerce de Nantes, a été accueilli favorablement : des essais ont été faits sur la Loire et sur l’Erdre. L’auteur a pris un brevet d’invention.
- Les premières expériences ont été constatées par des commissaires de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, dont les i ap-Vingt-unième année. Juillet 1822. B ^
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- ports, très-bien faits, vous donneront une idée exacte du système et des résultats obtenus.
- Premier rapport fait à la Société académique du département de la Loire-Inférieure, le 9 août 1821, sur le bateau zoolique de M. Guilbaud.
- Vous avez nommé une commission, composée de MM. Lebojer, de Toile-nare, Rapatel, Ledean, Testier et moi, pour vous faire un rapport sur le bateau zoolique de l’invention de M. Guilbaud.
- Ce bateau est mis en mouvement par les palettes d’une roue à aubes, que deux chevaux font circuler sur son axe, en marchant sur un plan incliné, composé de madriers de 5 pouces de largeur, fixés transversalement sur deux chaînes sans fin, qui embrassent, par leur courbure supérieure, l’axe des deux roues à aubes , et par leur courbure inférieure un autre cylindre , qui sert de second point de rotation et d’appui au plan incliné mobile.
- Les chevaux agissent en partie par leur force musculaire, en s’appuyant sur leurs colliers attachés à des points fixes, et en partie par leur propre poids, qui tend à faire descendre le plan incliné.
- Le bateau qui portait cet appareil avait 20 pieds de longueur, 7 de largeur, et calait 2 pieds dans l’eau.
- Chaque roue était armée de huit palettes de 15 pouces de hauteur sur 14 pouces de largeur. Les chevaux , en marchant au pas ordinaire , faisaient faire aux roues de treize à quatorze tours par minute.
- Votre commission n’a voulu établir aucun calcul théorique sur l’effet présumable de ce moteur, parce que la théorie de la résistance des fluides contre les solides n’est fondée que sur des expériences qui, quoique faites et répétées par des hommes du premier mérite, tels que Euler, Bossut, Borda, etc., se sont cependant trouvées contradictoires dans leurs résultats. Nous nous sommes donc bornés à prononcer d’après ceux des expériences dont nous allons vous rendre compte.
- Comme elles devaient avoir lieu sur la Loire, principalement depuis Chan-tenai jusqu’à Indret, nous avons cherché à connaître quelle était la vitesse moyenne du courant dans cette partie, et nous l’avons établie en jetant le loch à trois distances différentes, savoir :
- 1°. En face du chemin qui conduit de Chantenai à la rivière , au milieu du chenal, deux nœuds et un quart, ci..................... 2 nœuds |
- 2°. Devant Roche - Maurice, près de la Roche, trois nœuds, ci.................................................3 »
- 5 nœuds \
- 4
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- Ci-contre. .... 5 nœuds \
- 3°. En face du chantier de Crucy, dans le chenal, deux nœuds et demi, ci....................................... 2 » £
- 7 nœuds |
- Le terme moyen de ces trois vitesses est d’un peu plus de deux nœuds et demi à l’heure, ou d’une lieue de vingt-cinq au degré, plus un vingt-quatrième. C’est de cette lieue que nous nous servirons dans le cours de ce rapport.
- Les mesures des distances parcourues ont été prises sur la grande carte inédite du cours de la Loire, de Nantes à la mer, levée en 1758 par M. Magin, ingénieur de la marine, chargé par M. le duc d'Aiguillon des travaux hydrauliques sur ce fleuve.
- Première expérience. Le 15 juin dernier, jour de la pleine lune, le bateau est parti du chemin de Chantenai à la rivière , à six heures 42 minutes du soir; le jusant avait perdu 15 pouces perpendiculaires de la plus haute élévation du flot ; le courant était fort, il y avait bonne brise de vent d’est : ainsi le bateau avait contre lui le vent et le courant. Il est arrivé un peu plus loin que les Salorges en 45 minutes : l’espace parcouru est de 620 toises, ou une lieue, en deux heures 45 minutes.
- Deuxième expérience. Le 2 juillet, le bateau est parti du bas de l’île Glo-riette et a passé sous le Pont-Maudit ; mais il n’a pu franchir la troisième arche nord du pont de la Belle-Croix qu’à l’aide d’une ancre qu’on a mouillée en amont et sur laquelle le bateau a été toué, pour aider à l’effort des chevaux. Gn a jeté le loch sous cette arche, le courant filait dix nœuds ou quatre lieues et un sixième. Depuis l’ancienne poterne du château jusqu’à la tête de la prairie de la Magdeleine, l’espace est de 500 toises : il a été parcouru en 18 minutes, ce qui donne une lieue en 86 minutes.
- Troisième expérience. Le 6 juillet, le bateau est remonté de la tête de l’île d’Indret à la tête de la Haute-Indre, en 40 minutes : l’espace parcouru est de 1060 toises, ou une lieue, en 86 minutes.
- Quatrième expérience. Le 13, le bateau a fait le même voyage dans le même espace de temps ; ce qui donne également une lieue en 86 minutes. Les chevaux, pendant cette course, ont été soumis à l’examen d’un homme qui a une longue habitude de faire travailler ces animaux : il a jugé que ceux qui servaient de moteur sur le bateau ne faisaient qu’un effort médiocre , et pouvaient faire des stations de quatre heures , en continuant habituellement ce travail.
- Cinquième expérience. Le 24, le bateau a fait le trajet de Roche-Maurice
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- ail chemin de Chantenai en 47 minutes. Le chemin parcouru est de 1 300 toises ; ce qui fait une lieue et un onzième en une heure et demie.
- Dans cette expérience, le bateau traînait à la remorque un blain de Mon-toire, chargé de tourbes, estimées peser trois tonneaux.
- L’eau déplacée par l’immersion du bateau donne dix tonneaux ou 20 milliers , ci................................................. 10 tx.
- Le tonnage du blain est de............................. 3 *
- Total................13
- A DÉDUIRE :
- Pour le poids de deux chevaux......... 1000 liv. \
- Idem de l’appareil.................. 1000 f 2 tx. j
- Idem du bateau...................... 3000 j
- Le poids net est de. ... 10 tx. j
- pour le transport utile du blain et du lest représentant la cargaison.
- Dans cette expérience , le chemin a été parcouru avec un dixiéme de vitesse en plus que dans les trois expériences précédentes , quoique dans celle-ci il y eût un bateau en remorque. Cette différence peut provenir en partie de ce que les vents étaient arrière ; mais nous pensons aussi, d’après l’opinion des constructeurs et des marins, qu’un bateau court comme celui qui a servi aux expériences, présente au fluide une résistance presque égale à celle d’un autre bateau de même échantillon, qui serait de moitié plus long, parce que le fluide étant divisé par l’avant du bâtiment, les parties qui le suivent n’éprouvent qu’une légère résistance de leur frottement sur l’eau, et que plus il est long, moins il lance à droite et à gauche quand il sent l’action du gouvernail ) ce qui lui fait perdre une partie de sa marche.
- Cependant nous ne nous occuperons pas de cette expérience non plus que de la première, parce qu’elles ont reçu de l’action du vent, en plus et en moins, une perturbation qui influe sur les résultats, de manière à ne pouvoir les apprécier exactement. Nous nous en tiendrons donc aux trois expériences intermédiaires qui ont eu lieu par un vent faible, et qui donnent toutes une parité parfaite d’une lieue en 86 minutes contre un courant qui file une lieue et un vingt-quatrième à l’heure.
- D’après ces différentes données, nous pensons que si l’appareil de M. Guilbaud était monté sur un bateau construit pour la marche, à la manière des accélérés , il pourrait, dans des circonstances semblables à celles des expériences, remonter aisément une cargaison de vingt tonneaux , sur-
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- tout si l’inventeur portait la vitesse de ses roues de quatorze à vingt tours par minute, ainsi que nous le lui avons conseillé. Cet effet ne pourrait avoir lieu qu’avec une augmentation de puissance ; mais comme la force des chevaux qu’il a employés était bien au-dessous de la médiocre, cette augmentation de résistance serait plus que compensée par l’effet plus grand que produiraient de bons chevaux.
- M. Guilbaud nous a fait connaître le projet qu’il aurait d’établir un de ses bateaux sur la rivière de l’Erdre, depuis la chaussée de Barbin jusqu’à Nort, afin de faire tous les jours ce trajet alternativement, pour la commodité des nombreux voyageurs entre ces deux villes.
- Nous ne doutons pas que le moteur de M. Guilbaud, qui a vaincu le courant de la Loire avec facilité, n’ait une réussite encore plus complète sur une eau stagnante. Il aurait l’avantage, en suivant une opération fructueuse par elle-même, de faire, dans sa pratique journalière, un grand nombre d’observations , peut-être nécessairement préalables à l’entreprise d’une navigation lointaine sur la Loire.
- Les efforts que M. Guilbaud a faits pour l’améliorer méritent les plus grands éloges, et sont fondés sur des connaissances fort étendues en mécanique et sur le calcul des forces appliquées aux résistances. Cette tentative, couronnée d’un premier succès, est déjà , pour la Société académique de Nantes, une douce récompense de la direction qu’elle a imprimée aux bons esprits sur cet important objet, en proposant, pour l’année prochaine, un prix « sur l’application de l’invention des bateaux à vapeur à la navigation de la « Loire, depuis Nantes jusqu’à Orléans. »
- Signé P.-L. Athenas , rapporteur.
- Second rapport fait à la même Société, le h avril 1822, sur le même bateau.
- Messieurs, dans votre séance du mois d’août 1 821, nous vous avons fait connaître le système du bateau zoolique de M. Guilbaud, et nous vous avons rendu compte des cinq expériences que nous avons faites lorsqu’il naviguait sur la Loire.
- M. Guilbaud a transporté son appareil sur l’Erdre, rivière dont le courant est presque nul, à raison du barrage de Barbin : c’est là que, d’après vos désirs et les siens, nous nous sommes transportés, le 18 mars dernier, et que nous avons recueilli les observations suivantes.
- Il n’a point été fait de changement au principe du moteur ; il consiste toujours en deux roues à palettes, que mettent en mouvement deux ehe-
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- vaux placés sur un plan incliné mobile ; mais il a été construit un nouveau bateau à l’usage des passagers.
- Ce bateau est plus grand que l’ancien, et il a moins de tirant d’eau ; il a la forme des bateaux accélérés que nous employons sur la Loire : sa longueur est de 46 pieds à la flottaison , sa largeur de 8 et demi, et son tirant d’eau
- 21 pouces de derrière et de 18 devant. Il déplace un volume d’eau de 20 à
- 22 milliers quand il a à bord son lest, ses chevaux et ses apparaux : le poids du bateau seul est de 9 milliers. On y a pratiqué des distributions très-commodes pour les passagers.
- Ce bateau fait depuis quatre mois des voyages réguliers de Nantes à Nort. Les voyageurs habituels du pays , que nous avons consultés , nous ont paru très-satisfaits de cet établissement.
- Pour constater la vitesse avec laquelle il navigue , nous avons choisi l’espace renfermé entre la chaussée de Barbin et la maison dite de la Gâcherie, lequel a été mesuré à 8543 mètres, soit 26305 pieds, sur les plans très-déve-loppés du canal qui s’exécute dans cette partie de la Bretagne. Cet espace a été parcouru en une heure 31 minutes ; c’est un peu plus d’une lieue de 2850 toises à l’heure.
- Le résultat que nous avons obtenu l’an dernier sur la Loire mérite d’être comparé à celui-ci.
- Le courant de l’Erdre est à-peu-près nul ; celui de la Loire est d’un mètre 13 centimètres ( 3 pieds et demi ) par seconde, ou 210 pieds par minute ; ce qui donne 12600 pieds ou une petite lieue par heure.
- Sur l’Erdre, le bateau a parcouru en 91 minutes 8543 mètres ou 26305 pieds ; ce qui fait 1T340 pieds par heure et 289 pieds par minute.
- En remontant le courant de la Loire, il avait parcouru ( terme moyen ) 2500 toises ou 15000 pieds en 86 minutes; ce qui donne 174 pieds par minute.
- Ainsi, la vitesse sur l’Erdre étant de 289, et celle sur la Loire de 174, la différence est de 115, qu’on serait disposé à attribuer à la résistance du courant de la Loire, qui est de 210 : l’accélération ne serait donc pas tout-à-fait en raison de la différence des courans ; elle serait de plus des soixante-cinq centièmes ou environ des deux tiers; mais il faut remarquer que le bateau de l’Erdre pèse plus d’une fois et demie le poids de celui qui était sur la Loire.
- On a recommandé certains calculs, d’après lesquels il faudrait évaluer aux deux tiers seulement l’effet utile des roues à aubes agissant dans un fluide : en conséquence, nous avons voulu vérifier si l’opération de M. Guilbaud y correspondait.
- Sachant que ses roues ont 30 pieds de circonférence, et ayant compté
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- qu’elles faisaient quatorze tours par minute, nous trouvons par minute :
- 420 pieds pour le chemin parcouru par une des aubes ou palettes ; déduisant 140 pieds ou un tiers pour la perte d’action dans le fluide, il reste 280 pieds pour l’effet utile ; et à notre grande satisfaction, nous avons reconnu que le bateau zoolique rendait mieux que cette proportion, puisqu’il donne 289 pieds de route.
- Nous ne vous présentons cependant ces calculs que pour essayer de motiver les différences que nous avons remarquées dans la marche du bateau quand il a navigué sur l’Erdre et quand il a navigué sur la Loire. Nous n’en ferons pas l’unique base de notre jugement; car nous devons vous répéter ce que nous avons eu l’honneur de vous dire dans notre rapport du 9 août 1821, c’est-à-dire que nous n’avons qu’une confiance médiocre dans les calculs théoriques au moyen desquels on a voulu expliquer la résistance des fluides ; ils nous aident seulement ici que le bateau de l’Erdre répond et au-delà à ce qu’il avait promis sur la Loire, toute compensation faite de la rapidité différente du courant des deux rivières. Cette explication ne laisse pas que d’être satisfaisante : du reste, c’est le résultat de ce que nous ont appris l’expérience et les informations, qui doit être l’objet de notre rapport.
- Ainsi qu’il a été dit ci-dessus, la marche du bateau zoolique sur l’Erdre est de 17340 pieds, ou d’un peu moins d’une lieue et demie de poste à l’heure.
- Ce travail s’obtient sans excéder de fatigue les deux seuls chevaux qui conduisent depuis quatre mois, à raison de huit voyages par semaine, dont quatre de nuit, chose qui nous avait paru douteuse l’an dernier. Nous avons appelé un homme habitué à traiter les chevaux de peine ou les chevaux médiocres; il s’est trouvé à l’arrivée du bateau revenant de Nort, par conséquent dans le moment où les animaux devaient être le plus fatigués : il nous a déclaré que les siens l’étaient plus quand ils avaient fini leur journée sur le port. Nous l’avons invité à prendre en considération que ces chevaux, travaillant sur un plan incliné de 21 pouces par toise, étaient peut-être exposés à perdre promptement leurs jarrets de derrière : cette objection ne lui a pas paru inquiétante, parce que, dit-il, l’habitude devient une seconde nature. En effet, on n’a pas remarqué que les chevaux de charge qu’on emploie dans les montagnes , se ruinassent plus tôt que les autres. Nous nous trouvons donc disposés à ne plus craindre, autant que l’an dernier, une consommation excessive de chevaux.
- Dans le commencement des expériences qui furent faites en 1821, les animaux, placés sur le plan incliné mobile, se tourmentaient beaucoup et s appuyaient avec force sur leur collier; aujourd’hui ils marchent avec
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- aisance, sans fatiguer leurs traits, qui, la plupart du temps, sont inutiles : nous en avons conclu qu’ils agissaient réellement par leur propre poids.
- D’après cette dernière considération, M. Guilbaud a le projet d’augmenter l’inclinaison de son plan mobile jusqu’à 24 pouces par toise : l’effet du poids sera plus grand, mais les chevaux n’en seront-ils pas sensiblement plus fatigués? C’est ce que l’expérience seule décidera. Nous en appelons d’autant plus volontiers à l’expérience , que déjà il s’est présenté des circonstances sur lesquelles elle seule pouvait nous éclairer : par exemple, M. Guilbaud, désirant accélérer la marche de son bateau, avait fait presser les chevaux de manière à se rapprocher de la vitesse des roues des bateaux à vapeur, laquelle est de vingt-deux tours par minute ; il avait atteint dix-sept tours au lieu de quatorze ; mais il fut bientôt obligé de revenir au taux de quatorze , l’accélération de la marche n’étant pas en proportion de celle des révolutions de la roue, et les animaux se trouvant très-promptement hors d’haleine. Il parait qu’il faut, pour ne pas fatiguer ceux-ci, les tenir dans une allure d’un peu moins de 3 pieds par seconde : de sorte que si le bateau zoolique doit naviguer sur une rivière à courant, comme il faudra probablement accélérer le mouvement des roues, il faudra aussi avoir recours à un pignon de renvoi. Voilà de ces vérités sur lesquelles l’expérience seule pouvait éclairer.
- Nous croyons superflu d’entrer dans tous les détails de construction du bateau zoolique de l’Erdre. Les chaînes du plan incliné se brisent quelquefois , mais il sera facile de les faire plus fortes ou d’un fer mieux choisi ; les traverses de bois sur lesquelles les chevaux posent la pince s’usent promptement, mais c’est une faible dépense et une réparation qui peut se faire par les hommes employés à bord. La coque est du reste aussi solide que celle de nos accélérés, qui portent de grands poids. Il serait possible de la faire plus longue ; on y placerait plus de passagers , et les chevaux n’en seraient pas sensiblement plus fatigués. Nous désirons que le nombre des voyageurs couvre la dépense journalière, car c’est là l'objet le plus essentiel pour les intéressés à cet établissement; mais c’est une considération indépendante du mérite même de la machine.
- Nous trouvons qu’elle remplit bien le but que l’auteur s’est proposé, celui d’en faire un paquet-boat sur une rivière qui n’a point de chemin de halage.
- M. Guilbaud mérite des éloges et des encouragemens pour avoir été le premier à employer comme moteur le plan incliné mobile , sur lequel les auteurs d’ouvrages de mécanique n’avaient donné que des idées très-vagues, et pour avoir procuré au public un moyen de transport sûr et commode.
- Signé L.-F. de Tollenare, rapporteur,
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- Maintenant M. Guilbaud se propose d’établir un bateau zoolique sur la Loire, pour le transport des marchandises de Nantes à Orléans. 11 a ouvert une souscription pour subvenir aux frais d’armement du bateau et à la construction des machines ; le capital demandé est de 33,000 francs , divisés en cent trente-deux actions de 250 francs l’une. Les conditions de la souscription sont énoncées dans un prospectus joint aux pièces qui nous ont été remises : on y voit les noms de plusieurs souscripteurs qui ont déjà pris soixante-quatre actions. M. Guilbaud vous écrit qu’il s’estimerait heureux s’il pouvait compter au nombre des actionnaires quelques-uns des me ni bres de la Société. Pour répondre à ce vœu, votre Comité vous propose de déposer le prospectus au secrétariat , afin que nos collègues puissent en prendre connaissance.
- Ce n’est pas que nous pensions que, sous le rapport de la célérité, le bateau zoolique puisse l’emporter jamais sur les bateaux à vapeur, les rapports delà Société académique de Nantes ne laissent aucun doute à cet égard ; mais chaque système a ses avantages et ses iuconvéniens, et pour les cas où la célérité n’est pas la condition exclusive, il est bon de pouvoir employer d’autres machines qui satisfont à d’autres conditions. D’ailleurs, si l’expérience confirmait les avantages de l’emploi du plan incliné flexible, ce moteur pourrait recevoir une foule d’autres applications utiles.
- C’est par ce dernier motif que M. Guilbaud a projeté un plancher mobile ambulant dont il a envoyé la description , avec une feuille de dessin. La cage même de la machine forme une sorte de chariot , sous lequel on place et on ôte à volonté deux roues ; se brancard est également facile à monter et à démonter. La notice donnée à cet égard par l’auteur ne laisse rien à désirer.
- En résumé, le comité des arts mécaniques a l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier 'M. Guilbaud de sa communication, et de déposer sur le bureau son prospectus pour la construction d’un bateau zoolique , destiné au trajet de Nantes à Orléans.
- Signé Tarbé , rapporteur.
- Adopté en séance, le 10 juillet 1822.
- Rapport fait par M. Tarbe, au nom du Comité des arts mécaniques, sur un moulin à vent h ailes horizontales , inventé
- par M. Bordier.
- Messieurs, M. Bordier, menuisier mécanicien, demeurant à Paris, passage des Quinze-Vingts , rue Saint-Honoré, n°. 265, a prié la Société d En-
- Bingt-unième année. Juillet \ 822. Ee
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- eouragement d'examiner un modèle de moulin à vent à ailes horizontales, de son invention : vous avez renvoyé sa demande à votre Comité des arts mécaniques, qui a assisté deux fois aux expériences faites sur la plate-forme d’une des barrières de l’Étoile.
- Le nouveau moulin est composé d’un grand arbre vertical, percé de plusieurs trous en spirale ; dans chaque trou est introduite une vergue horizontale, qui supporte des ailes disposées de manière à former entre elles un angle droit. Chaque vergue tourne librement dans un des trous de l’arbre, en sorte que quand une aile est horizontale et ne résiste pas au vent, l’autre aile est verticale et reçoit la force d’impulsion. Un arrêt est ingénieusement placé pour que l’aile ne puisse pas céder à cette force, tant qu’elle est au vent,-mais après avoir décrit la moitié de la circonférence, le même veut rend l’aile horizontale, tandis que l’aile opposée redevient verticale, et ainsi de suite; ce qui entretient un mouvement de rotation.
- Cette disposition n’est pas nouvelle; elle avait été imaginée depuis longtemps par un des membres de votre Comité, qui en a déposé les modèles au Conservatoire des arts et métiers, il y a plus de vingt ans. Un des modèles s’appliquait au vent, l’autre aux cours d’eau sujets au flux et au reflux de la mer : il est vrai de dire que dans ces modèles on n’a placé que deux vergues disposées en croix comme les ailes des anciens moulins à vent, et que les moyens de support et d’arrêt ne sont pas les mêmes que ceux qui ont été adoptés par M. Bordier, à qui l’on doit les modifications qu’il a conçues, et dont la plus heureuse est la distribution d’un plus grand nombre de vergues, placées autour de l’arbre comme des bâtons de perroquet,
- \otre Comité aurait voulu pouvoir déduire des deux expériences qui oui eu lieu en présence de plusieurs de ses membres , quelques résultats positifs, et pour cela il eut fallu que les expériences eussent été faites comparativement et en grand, entre les moulins horizontaux et verticaux ; mais M. Bordier n’a pu opérer que sur des modèles dont les vergues n’avaient que 2 mètres 30 centimètres de longueur.
- Le premier jour, le vent était assez fort ; mais les axes des ailes n’ont pu être chargés que de pierres de pesanteur inégale, et qui ne pouvaient parcourir qu’un mètre et demi de hauteur. Cependant le moulin horizontal paraissait avoir une grande supériorité de force, qui fut justement attribuée à ce qu’au moyen des six vergues qui le traversaient, il offrait au courant d’air trois fois plus de surface que le moulin vertical : il fut convenu qu’on recommencerait l’expérience, en ne donnant à chaque moulin qu’un nombre égal d’ailes, et qu’on leur ferait soulever des poids égaux qui pourraient parcourir une plus grande hauteur.
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- A la seconde expérience, tout étant ainsi diisposé , le vent se trouva beaucoup moins favorable ; il soufflait faiblement, inégalement et par intervalles : tantôt le moulin horizontal l’emportait, tantôt c’était le moulin vertical. Le premier avait généralement plus de force, le second avait plus de vitesse et. de régularité ; néanmoins les observations offrirent des variations si contradictoires , qu’il a été impossible à votre Comité de se faire une opinion éclairée et nous sommes demeurés convaincus qu’on ne pouvait rien conclure de certain sur des modèles aussi petits. Nous pensons avec le Comité consultatif des arts et manufactures, qui a donné un avis sur le moulin de M. Bordier, qu'on ne pourra l’apprécier à sa juste valeur que lorsqu’il aura été vécuté de grandeur naturelle, et après plusieurs mois de mise en mouvement, compara!ivement à un ancien moulin vertical placé dans les mêmes circonstances.
- Ainsi que la plupart des moulins horizontaux qui ont été essayés depuis long-temps, le moulin de M, Bordier marchera, et peut-être mieux que plusieurs d’entre eux ; mais , à surface égale de voiles , marchera-t-il au moins aussi bien et aussi régulièrement que les anciens moulins verticaux? C’est là ce que doivent se proposer ceux qui veulent résoudre ce problème ; et. comme nous l’avons dit, c’est ce qui pourra être vérifié d’après une longue -‘pieuve de monture.
- Malheureusement Si. Bordier, qui a épuisé son temps et ses ressources a faire de longs et nombreux essais, est dans l’impuissance de subvenir aux irais de première construction d’un moulin de grandeur naturelle : c’est un artiste industrieux et peu aisé; sous ces deux rapports, il a de justes droits i votre bienveillance.
- Nous vous proposons de remercier M. Bordier de la communication qu’il a hier? voulu vous faire, et en même temps nous croyons qu’il serait utile de •e prévenir que vainement il se bornerait à continuer de faibles essais sur de légers modèles qui ont pu lui faire illusion , et du résultat, desquels il a tiré les conséquences probablement exagérées.
- Signé Tarbh, rapporteur.
- Adopte en séance, le 10 juillet 1822.
- Le Conseil d’Admmislration a arrêté qu’une somme de 500 francs sera mise à la disposition du Comité des arts mécaniques pour subvenir aux frais ie construction d’un moulin de M Bordier, de grandeur naturelle.
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- Rapport fait par M. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniquesj sur une balance-romaine pour peser les écheveaux de coton j présentée par M. Gouault de Monehaux , vérificateur des poids et mesures.
- D’après l’ordonnance royale du 26 mai 1819, les échevettes de coton doivent avoir 100 mètres de longueur ; dix échevettes forment un écheveau : il en résulte que l’écheveau doit avoir 1000 mètres de long. Comme plus un fil est fin et moins aussi une longueur déterminée a de poids, il s’ensuit que le poids d’un écheveau est une mesure précise du degré de finesse du fil de coton. L’ordonnance prescrit d’indiquer combien il faut de ces écheveaux pour former une livre (ou 5 hectogrammes) : d’où l’on voit qu’en prenant le pois d’un écheveau en grammes, et divisant 500 par ce poids, le quotient exprimera le numéro du fil : ainsi le N°. 235 est de 2SIy128. parce que 235 fois ce nombre donne 500 pour produit.
- Une balance suffit donc au numérotage ; mais comme de très-petites différences de poids donnent des numéros très-distincts , que plus le fil est fin et plus cette différence a d’importance, on voit que la pesée doit être faite avec un grand soin et avec d’excellentes balances ; en outre, il reste un petit calcul de division à faire.
- C’est pour éviter ces difficultés, qui sont assez gênantes dans le commerce , qu’on a imaginé des balances à quart de cercle. Une aiguille fixée au centre de rotation d’un levier horizontal, se tient verticale dans son état d’équilibre; mais si on ajoute au bras du levier un écheveau de coton, elle monte jusqu’à ce que l’équilibre ait lieu, et va indiquer sur un quart de cercle le numéro du fil. Ce système est tellement simple, l’usage en est si facile, qu’il semblerait ne rien laisser à désirer; mais il présente plusieurs ineonvéniens, qui le rendent souvent d’une inexactitude qui en fait rejeter l’emploi. Cette balance est sourde, c’est-à-dire qu elle se décide difficilement à se mouvoir ; ses oscillations sont longues à s’apaiser, et sur-tout lorsque les fils sont très-fins et le numéro très-élevé, les divisions se serrent sur le limbe, au point qu’on n’a plus de précision. Ainsi, c’est précisément lorsqu’on a le plus besoin d un instrument exact, que la balance à quart de cercle a ses indications les plus défectueuses.
- M. Gouault de Mondiaux vous a présenté une balance qui n’a aucun de ces défauts : c’est une romaine parfaitement suspendue. On accroche au bras le plus court l’écheveau dont on cherche le numéro, et un curseur, qu’on promène sur la branche longue jusqu’à ce que l’équilibre ait lieu ,
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- va indiquer le nombre demandé. Une pince à piston sert à arrêter les oscillations du fléau, et en général la machine est d’un usage très-simple. Une vis placée au pied qui supporte la romaine , sert à la caler, c’est-à-dire à rendre le fléau horizontal dans l’état d’équilibre naturel.
- Cet instrument n’offre sans doute aucune idée neuve, aucune conception forte; mais il est d’un usage très-commode; il a une extrême précision, et le commerce pourra en retirer des avantages.
- Voici les bases de sa construction.
- Le fléau est naturellement horizontal lorsqu’il n’est chargé d’aucun poids subsidiaire ; l’ouvrier l’a construit de manière à remplir cette condition. Le poids curseur pèse 5 décigrammes; on donne 50 millimètres de distance du couteau au support destiné à recevoir l’écheveau : d’où résulte que la distance du couteau au point d’arrêt du curseur doit être d’autant de millimètres que marque le produit de 100 par le poids de l’écheveau en grammes Rien n’est donc plus aisé que de diviser et numéroter la romaine.
- Mais quelque soin que mette l’ouvrier dans l’exécution de son travail, ü serait bien difficile qu’il pût rigoureusement réserver une étendue de 50 millimètres d’intervalle du couteau principal au point du levier où pose le crochet qui reçoit l’écheveau. On doit donc admettre ici une très-légère erreur; mais cette erreur se corrige aisément : on reconnaîtra par expérience en quel lieu le curseur doit être appliqué pour faire équilibre à un poids répondant à un numéro désigné, et on en conclura l’erreur, qui servira à corriger es autres points d’arrêt du curseur (1).
- (i) P et Q étant deux poids, a et X leurs distances au point d’appui, on a pour l’équilibre l’équation a P — Q X. Soit P le poids connu en grammes qu’on attache au crochet fixe; on cherche le point où ie curseur de 5 décigrammes fait équilibre à ce poids : X exprimant sa distance à l’axe de la romaine. a celle du couteau qui porte le poids P, on a :
- X >< o,5 — aV.
- Vinsi :
- _ X ..
- ” 2 P ’
- dès-lors, pour que l’équilibre subsiste entre un autre poids P' et le curseur placé à la distance Xc il huit qu’on ait
- X P'
- X'xo,5 = ûF = ii..
- 2 P
- X P' X
- D’où : X = X - X - ; ('P' - P )
- P P ’ V 7
- D'où on conclut la distance du deuxième arrêt du curseur au premier, et par suite le point ou dmî s’arrêter le curseur dans la seconde épreuve, connaissant celui où il s’arrête dans la première.
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- L une des faces du fléau porte ainsi les numéros des écheveaux depuis 165 jusqu’à 250 et au-delà.
- Lorsqu’au poids du curseur on en ajoute un égal, qui compose un poids louai d’un gramme, on a un nouveau système propre à peser des poids plus lourds. L’autre face du fléau porte les numéros où ce curseur doit s’arrêter cour donner le poids des écheveaux, depuis le numéro 170 jusqu'au numéro 85.
- Ainsi la romaine de M. de Mondiaux est propre à peser depuis te numéro 85 jusqu’à 250 et plus : quant aux numéros inférieurs, qui se rapportent à des fils de coton plus gros, on continuera de se servir des balances à quart de cercle, qui suffisent à ce genre de mesure.
- L’instrument paraît devoir être plus coûteux; les soins qu’exige sa construction ne peuvent permettre d’espérer qu’il soit donné à bas prix : il nous semble que c’est le seul obstacle que puisse présenter au commerce l’emploi de cet instrument. Celui qui est s eus vos yeux est parfaitement exécm il sort des ateliers de M. Chemin, dont les talens vous sont connus.
- Nous vous proposons, Messieurs, de remercier M. de Mondiaux de sa communication, d’accorder votre approbation à la balance qu’il vous a pir • sentée , et d’ordonner l'insertion du présent rapport au Bulletin (1).
- Signé Fr an coeur , rapporteur..
- Adopté en séance, le 10 juillet 1822.
- ARTS CHIMIQUES,
- Description d un appareil à fabriquer les eaux minérales artificielles, de M, Bramait, de Londres : par M. Ho vau , ingénieur-mécanicien (2}.
- La fabrication des eaux minérales artificielles est due aux découvertes récentes dont l’analyse chimique a enrichi le domaine de la science; par son
- fi) M. Gouault de Monchaux demeure rue de la Lune, n°. 43.
- (2) 31. Hoyau ayant été chargé de la construction d’une machine de compression pour un établissement où l’on prépare les eaux minérales artificielles, nous avons cru devoir iui confier la description de celle que nous offrons à nos lecteurs , parce que personne mieux que lui n’en connaît les détails intérieurs et le jeu des différentes pièces qui la composent. 31. Hoyau, habile mécanicien . qui a enrichi le Bulletin de plusieurs articles d’un grand intérêt, vient d’établir, rue de Paradis, n°. 39, faubourg Poissonnière, des ateliers où l’on construit toutes sortes de machines, d’appareils et de mécanismes employés dans les arts.
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- secours on est parvenu à déterminer avec la plus grande précision les différons élëmens qui entrent dans la composition des eaux minérales naturelles; et ces élëmens, combinés dans leurs véritables proportions par des moyens simples et sûrs , ont reproduit les combinaisons dont il semblait que la nature s’était réservé le secret. ïl est résulté de cette fabrication l’avantage de rendre plus général l’emploi de ces eaux, en les offrant à un prix inférieur à celui des eaux naturelles, dont les sources, placées à de grandes distances, obligeaient à des frais de transport trop onéreux pour permettre d’en étendre l’usage à toutes les classes de la société.
- Un grand nombre d’eaux minérales , outre les substances salines, tiennent encore en dissolution différens gaz plus ou moins solubles, tels que l’hydrogène sulfuré, l’acide carbonique, etc.; mais pour que ces gaz puissent se combiner avec le liquide , on était obligé de dissoudre dans l’eau les sels qui les contiennent, et on ne pouvait obtenir que de faibles saturations, dans la crainte de charger ces eaux d’une trop grande quantité de substances salines.
- Cependant on avait remarqué que, sous de fortes pressions, les gaz se combinaient avec l’eau , et qu’elle en dissolvait une quantité d’autant plus considérable que la pression était plus forte : ainsi les combinaisons ne dépendaient plus que d’une puissance mécanique dont on était maître d’augmenter l’intensité , et qui pouvait fournir des mélanges à tous les degrés possibles de saturation, sans qu’on, fût obligé de forcer la dose des substances qui contiennent les gaz
- Nous ne nous occuperons point ici de la composition chimique des eaux minérales; leur analyse a été faite avec exactitude , et l’on trouve les proportions des substances qui les composent dans les différens ouvrages de nos chimistes modernes : notre seul but dans cette notice est de faire connaître les moyens mécaniques mis en usage pour opérer les combinaisons, et la manière de diriger ces moyens pour en obtenir des résultats avantageux.
- La machine que nous allons décrire et que l’on doit à M. Bramah, de Londres, a pour objet de comprimer les gaz dans une capacité qui renferme un liquide plus ou moins chargé de différentes substances, et de les combiner avec ce liquide à différens degrés de saturation.
- Le problème semble se réduire à ren fermer le liquide dans un vase parfaitement clos et suffisamment solide pour résister à la force expansive du gaz comprimé, ce qui pouvait se faire avec la plus grande facilité, et a retirer ensuite le liquide saturé pour le mettre en bouteilles, et le livrer au corn-
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- inerce. Cependant, il eût été plus avantageux d’assurer la continuité du travail, en disposant la machine de manière à fournir constamment le liquide saturé; et c’est à cette dernière condition que la machine de Brci-mah satisfait d’une manière aussi complète qu’ingénieuse.
- Elle se compose des parties suivantes :
- 1°. Un récipient A, PL 225 et 226, dans lequel se fait la décomposition de la substance qui fournit le gaz ; un gazomètre B, qui reçoit le gaz à mesure qu’il se forme , et donne passage à un agitateur dont on voit la tige et la manivelle au-dessus du gazomètre.
- 2°. Un vase C contenant la solution saline avec laquelle le gaz doit être combiné,
- 3°. Une pompe D qui refoule le liquide et le gaz dans un vase clos destiné à les recevoir.
- 4°. Un condensateur sphérique E renfermant le liquide et le gaz, et dans lequel s’opère la combinaison,
- Telles sont les pièces principales de la machine; voici les autres pièces qui en dépendent :
- Un volant F armé d’une manivelle G et monté sur un axe coudé H, qui donne le mouvement au piston de la pompe ; une fourchette ï portant à l'extrémité de sa queue un collet K, qui embrasse le tourillon de la manivelle coudée de l’arbre H : les deux branches de cette fourchette sont terminées par deux pattes percées, traversées par un boulon L, qui l’unit au châssis M du piston N de la pompe; ce châssis forme un rectangle composé de deux traverses O O, réunies par les deux petites colonnes P P, dont les deux bouts reçoivent des écrous Q Q, qui pressent les traverses sur les embases dont ces colonnes sont garnies : îa traverse supérieure porte une tige R servant de directrice et passant par un œil en cuivre S placé au milieu d’une traverse T fixe de la machine.
- Le piston N est un cylindre en cuivre qui passe à travers une boîte ou couronne de cuir embouti U,Jîg. 2, semblable à celle des presses hydrauliques. La bride ou le bord rabattu de cette couronne est fixé et fortement comprimé contre l’ouverture de la pompe, par un écrou V vissé dans cette même ouverture. Le corps de pompe D porte une large embase ou bride X, qui sert à le fixer sur une traverse Y de la machine.
- L’extrémité supérieure du 'Corps de pompe est fermée par une plaque à vis Z portant un tuyau a qui conduit à la boite à soupape : cette boîte b fait corps avec, la plaque Z , par l’intermédiaire du tuyau a; elle renferme deux soupapes : Tune, c, donne passage au liquide et au gaz dans le corps de la pompe; l’autre, d, les laisse échapper et leur ouvre le chemin du vase G,
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- au moyen du tuyau h qui les y conduit. Chaque soupape est placée au fond d’un irou cylindrique f, fermé par un bouchon à vis g.
- Avant d’abandonner cette partie de la machine , nous ferons remarquer le tuyau h, que l’on voit en coupe ,, fig. 2, et passant sous la soupape d’introduction c. Ce tuyau traverse toute la machine en passant sous le système des soupapes ; il communique par mie de ses extrémités au gazomètre R , et par l’autre au vase C , qui contient la dissolution ; ces deux branches sont coupées par les robinets i i, dont l’un intercepte l’arrivée du liquide, et l’autre celle du gaz : c’est au moyen de ces robinets que l’on règle la proportion du mélange du gaz, et par conséquent le degré de saturation du
- Le tuyau e porte le mélange, refoulé par la pompe , dans une capacité sphérique A-, où la saturation s’opère. Ce vase est muni des parties suivantes: 1°. une ouverture d’introduction l , 2°. un agitateur m,- 3°, une soupape de sûreté n; 4°. un robinet de sortie o. Nous allons examiner successivement ces différentes parties , dont la construction est fort ingénieuse.
- L’ouverture d’introduction /,j4g. 3 , PL 225 , reçoit l'extrémité du lubee, qui porte une petite bride , dont le diamètre est presque égal à celui de l’embouchure : le fond du trou est garni d’une rondelle de cuir percée à son centre d’un trou égal à l’intérieur du tube e ; l’intérieur de l’embouchure est taraudé et reçoit ia vis p, à travers laquelle passe le tuyau e. Cette vis sert à comprimer la bride du tube e sur la petite rondelle de cuir , et à joindre ainsi hermétiquement le tube au ballon E. La pièce d'introduction est aussi fixée à ce même ballon par son extrémité filetée q. qui reçoit l’écrou r : l'embase extérieure en est séparée par une rondelle de cuir qui ferme hermétiquement le passage au liquide et au gaz que contient la sphère.
- On a pensé que pour combiner plus complètement ce gaz , il était convenable d’agiter le mélange, afin de multiplier les points de contact du gaz avec le liquide : à cet effet, on a placé dans le ballon un disque rn,jig. 2, percé de trous et monté sur un axe s, qui, passe par le centre de la sphère et sort par la tubulure t : cette derniere pièce se compose de t"ois parties séparées : I°. le corps de ia tubulure t, qui, passant à travers une ouverture pratiquée dans le ballon, en est séparé par une rondelle de cuir placée entre son embase et la surface intérieure de ia sphère ; 2°. un écrou uf qui se visse sur la partie filetée du corps de la tubulure , et sert à comprimer l’embase dont nous venons de parler, contre la surface intérieure du ballon, de manière à fermer hermétiquement l’ouverture qui reçoit cette tubulure (voyez figure 4).
- Un autre objet très-important était d’éviter la sortie du liquide et du gaz Vingt-unième année. Juillet 1822. F f
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- par l’ouverture d’introduction de Taxe de l’agitateur, et pour parvenir à fermer exactement ce passage sans augmenter sensiblement 1 effort à exercer pour faire tourner l’agitateur. M. Bramah a disposé dans le corps de la tubulure t une petite couronne de cuir semblable à celle de la pompe, et fermée de la même manière par un bouchon à vis w. Cette sorte de bague , représentée jig. 4, a la propriété de fermer d’autant plus exactement, que l’expansion du gaz est plus forte , à cause de la pression qui s’exerce sur le petit cylindre de cuir, et qui l’applique plus fortement contre l’axe (1). Enfin ce même axe , dont une des extrémités repose dans une crapaudine e et l’autre dans un trou æ, porte une petite roue d’engrenage j , qui reçoit son mouvement d’une autre roue z montée sur l’arbre H : les deux roues étant égales, l’agita^ teur fait le même nombre de tours que la manivelle.
- La soupape de sûreté n, dont l’orifice est d’une ligne et demie environ de diamètre, se compose d’une tubulure faisant corps avec la sphère, et sur laquelle se visse un tube fermé d’un petit bouchon à vis percé au centre, de manière à laisser passer la tige de la soupape : cette tige est surmontée d’une masse i" qui presse la soupape sur son ouverture , et dont le poids est déterminé de manière à obtenir dans le ballon une pression de 1 5 à 20 atmosphères, avant de laisser échapper le gaz ; le tube qui reçoit la tige de la soupape, est percé d’un trou latéral pour laisser échapper le gaz quand la soupape se lève.
- Enfin, la dernière pièce est la tubulure du robinet de sortie ; elle est fixée à la sphère de la même manière que la tubulure de l’agitateur : ce robinet , qui n’est, à proprement parler, qu’une soupape , porte un petit tube a qui s’étend jusqu’au fond de la sphère. Le corps de la pièce est également percé d’un trou b’ qui va joindre le premier et qui se termine par un cône creux recevant l’extrémité de la tige c' qui forme le clapet. Cette tige, qui est lisse, passe à travers une boîte à étoupe qui termine la tubulure ; elle est filetée d’un filet très-gros à la partie qui traverse le bouchon de la boite qui lui sert d’écrou; enfin elle porte un manche cl', au moyen duquel on la fait avancer ou reculer, c’est-à-dire fermer ou ouvrir l’ouverture du tube b . Un troue’, percé près de cet orifice , donne passage au liquide saturé : im petit appendice / s’introduit dans la bouteille et dirige le liquide dont on ia remplit. (Voyez figure 4.)
- (t) J’ai employé ce moyen à l’établissement des usines rovaies pour garnir les axes des vis d’Archimède desCagnardelles; il a complètement réussi : et M. le baron Cagniard de la Tour, à qui les sciences sont redevables de tant de découvertes, et qui vient encore de nous enrichir tout récemment d’un travail important sur l’expansion des gaz, a bien voulu approuver cette disposition.
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- La pièce g' qui porte cet appendice est un collier qui reçoit le corps du robinet : l’ouverture de ce collier est rendue ovale dans le sens vertical. CeKe forme permet d’introduire une petite rondelle de cuir entre le corps du robinet et la surface intérieure du collier g-’,-pour fermer le passage du troue' an tuyau f’ : ainsi on commence par faire correspondre le trou e avec l’orifice du petit tuyau f et on comprime cette partie de l’anneau g’ sur la surface extérieure du cylindre, au moyen de la vis h', ce qui ferme le joint e avec/’. Le petit tuyau/' est fileté à sa base et porte la capsule i j cette dernière
- nieee est destinée à recevoir une rondelle k1 formée d’une substance flexible,
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- telle que le cuir ou la gomme élastique ; et pour la retenir à sa place on a aussi fileté le corps du petit tuyau/', en sorte que la rondelle est vissée sur ce tu va u jusqu a ce qu’elle porte sur le fond de la capsule F.
- Entre la pièce i et l’embase du collier, on a fixé un anneau plat qui tient à la cuirasse en sorte que cette cuirasse, formée d’une portion de cylindre, peut tourner et ;c placer dans la situation convenable : elle a pour objet de garantir l’ouvrier des éclats de bouteilles lorsqu’elles se rompent en les remplissant d’eau gazeuse.
- Les bouteilles employées en Angleterre ont la forme représentée par la . ür,- 7ri ; la pointe qui les termine n’a d’autre but que d’empêcher qu’on ne puisse les tenir debout lorsqu’elles sont en vidange : par cette disposition , tant qu’il reste une portion de liquide dans la bouteille , le bouchon est humecté , et le gaz ne peut s’échapper , ce qui arriverait infailliblement si le bouchon se séchait ; au surplus, lorsque les bouteilles sont pleines, on plonge le col et le bouchon dans la résine, afin de les fermer hermétiquement.
- Xons avons parlé plus haut d’une rondelle flexible k' ; elle sert à tenir fermée l’ouverture de la bouteille au moment où on l’emplit, afin que le gaz ... puisse s’échapper ; et pour tenir le col appliqué contre la rondelle , on a placé une bascule en bois ri tournant sur la charnière oh L’une des parties de cette charnière est vissée sur la bascule, l’autre sur un support en bois p : cette dernière pièce est fixée à un second support q en fonte , faisant corps avec la machine, par un boulon r . Une entaille L, pratiquée dans le support p, permet de le placer à la hauteur convenable pour la grandeur des bouteilles que Fou emplit.
- Le condensateur sphérique E en cuivre se compose de deux hémisphères portant chacun une bride servant à les réunir , au moyen de douze boulons qui , traversant la bride de Fhémisphère qui porte le robinet, vont se visser dans celle de l’autre : quatre autres boulons fixent cette dernière moitié de la sphère sur un cercle de fonte t h ( Y oyez Jig. 2 et h.
- F f 2
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- Toutes les pièces dont nous venons de parler sont montées sur un bâtis en fonte composé de deux parties semblables n', réunies par des pièces en fonte v qui font corps avec elles , et par des-boulons d’écartement en fer x' filetés à leurs extrémités et munis d’écrous/'. Ce bâtis porte les collets z' de l’arbre H. Les quatre colonnes inclinées a" sont montées chacune sur un patin traversé par deux vis qui assujettissent la machine sur un grand plateau en fonte ou en bois.
- Après avoir donné, avec autant de clarté qu’il nous a été possible, la description de toutes les parties qui composent la machine , il nous reste à faire connaître son jeu et la manière d’en faire usage; nous réservant d’indiquer, dans l’explication des figures, les parties de détail qui ne se trouvent point dans la description , parce qu’étant faciles à comprendre , leur énumération en aurait inutilement étendu les détails.
- Lorsqu’on veut faire usage de la machine , on remplit le vase C de la solution saline qui compose la base de l’eau que l’on veut produire ; on jette dans le récipient A les substances dont la décomposition doit produire le gaz, et l’on y verse le liquide qui doit opérer cette décomposifion. Le gaz , en se dégageant, soulève le gazomètre B, que d’ailleurs on équilibre par une chaîne passant sur une poulie et portant un poids à son extrémité. Un petit agitateur c' sert à remuer le mélange pour aider au développement du gaz.
- Ces deux parties ainsi préparées , on met la pompe en jeu en faisant tourner le volant, et l’on ouvre les deux robinets ii d une portion convenable, que l’expérience fait bientôt découvrir, et dont on s’assure en tirant une ou deux bouteilles d’eau. Lorsqu’on la juge suffisamment gazeuse , on commence à remplir les bouteilles et on règle définitivement l’ouverture des robinets i i, de manière que le temps nécessaire pour emplir une bouteille soit suffisant pour amener une même quantité de liquide saturé dans le condensateur. Par ce moyen, la continuité s’établit, et l’on peut placer autant de bouteilles qu’il est possible d’en emplir. Ce nombre, qui varie selon l’habileté de l’ouvrier, peut s’élever de cent cinquante à deux cents par heure.
- L’ouvrier chargé du remplissage place la queue du levier ri entre ses jambes , et fait baisser l’autre extrémité de ce levier jusqu’à ce qu’il puisse introduire le petit tuyau f dans le col de la bouteille : alors il pose la pointe de cette bouteille dans une petite cavité du levier ri destinée à la recevoir, et appuyant sur la queue du levier, il comprime l’orifice de la bouteille contre la rondelle h', afin de la fermer : ensuite en tournant le levier d' du robinet,
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- le clapet c s’ouvre , et le liquide se précipite dans la bouteille. Cependant l’air atmosphérique dont ce vase est rempli s’opposerait à l’introduction du liquide, si l’ouvrier n’avait pas soin, par quelques mouvements du levier»', d’ouvrir de temps en temps l’orifice delà bouteille : aussitôt qu’il s’aperçoit qu'elle est pleine, il ferme subitement le robinet , retire vivement la bouteille et enfonce le bouchon préparé pour la fermer. Cette opération doit être faite avec la plus grande promptitude, sans quoi le gaz s’échapperait, et beau ne serait, plus aussi chargée.
- Les bouteilles cassent quelquefois en les remplissant : aussi l’ouvrier doit-il avoir un gant très-fort à la main qui saisit la bouteille ; sa ligure doit être couverte d’un masque d’escrime, et il aura devant lui un tablier de cuir qui le couvre depuis le cou jusqu’aux pieds : enfin il placera la cuirasse de manière à garantir tout le corps; car l’explosion est souvent si forte, que le." éclats de verre pourraient couper les habits et pénétrer à travers. Cela arrive aussi en bouchant les bouteilles pour les ficeler , et ensuite en plongeant le col dans la résine.
- Les/zg. 7 et 8 représentent une petite machine dont on se sert pour ficeler les bouteilles ; elle se compose d’une forte pièce de bois 1, sur laquelle est assemblé un montant2 et un support. 3 : la première de ces pièces reçoit une vis 4, dont une extrémité porte une petite manivelle 5. La partie filetée de la vis passe dans un écrou fixé à la pièce 6, semblable au montant 2, et dont le pied glisse dans une coulisse pratiquée dans la pièce 1 : il est facile de voir que si l’on tourne la manivelle dans un sens ou dans l’autre, la vis étant fixe, on fera avancer ou reculer la pièce (h La partie supérieure de cette dernière est. garnie d’une plaque 7 portant une fente terminée par un petit, trou . fig\ 8, et Sa queue est aussi munie d’une plaque 8 fixée par des vis et servant à la retenir dans la coulisse. Un collet 9 retient la vis 4, et la crapaudine I0 du support 3 reçoit l’extrémité de cette même vis. De cette manière elle est retenue aux deux extrémités et ne peut avoir que le mouvement de rotation nécessaire pour faire avancer ou reculer la pièce 6.
- Pour faire usage de cette machine, il faut, après avoir préparé ia ficelle autour du col de la bouteille, la placer dans la position horizon!ale qu’on voit fig. 7, en assujettissant la pointe dans une cavité pratiquée dans le montant 2 , et faire passer la partie inférieure de la ficelle par la fente de la plaque 7 ; ensuite on fait agir la vis, qui, en attirant ia pièce 6, comprime le bouchon sur le col de la bouteille, on fait le nœud, et ia bouteille est ficelé- : il ne reste plus alors , pour compléter la fermeture, qu’à plonger le col dans la résine.
- Nous ne terminerons pas cette notice sans faire remarquer que la fabri-
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- cation des eaux minérales pourrait se faire dans certains cas sans ie secours d’une machine de celte espèce (1).
- Ln effet , le développement des gaz qui se dégagent dans les décompositions chimiques est souvent assez fort pour opérer la combinaison : ainsi le carbonate de chaux se décompose par les acides sulfurique ou muriatique, en développant, dans le vase où se fait la décomposition , une force expansive de 15 à 20 atmosphères : il suffirait donc d’établir la communication du gaz avec le vase rempli d’eau que l’on veut saturer. Cependant, il parait plus commode de faire usage d’une machine pour cet objet, à cause de la facilité de modifier le degré de saturation et de purifier les gaz.
- Explication des figures des Planches 225 et 226.
- PL 225,7%. '1 • Élévation de la machine du côté du robinet.
- Fig. 2. Coupe générale de la machine suivant l’axe des pièces principales,
- Fig. 3. La tubulure d’introduction du condensateur sphérique, vue coupe et séparément..
- Fig. 4. Coupe de la tubulure d’introduction de l’axe de l’agitateur de la soupape de sûreté et du robinet servant à remplir les bouteilles, détachés de la coupe générale.
- Ces deux dernières figures sont dessinées sur une échelle double de celi des fig. \ et 2.
- PL 226, jig. 5. Élévation latérale de la machine.
- Fis. 6. Plan général.
- Fig. 7, Vue delà petite machine pour ficeler les bouteilles,
- Fig. 8. Détail de furie des pièces de cette machine.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans les différentes figures.
- A, récipient en cuivre étamé, dans lequel plonge le gazomètre et où se fait la décompostion des matières qui produisent le gaz ; B, gazomètre; il doit être équilibré par une chaine de suspension , passant sur une poulie et portant à son extrémité un poids presque égal à celui du gazomètre ; C, vase en cuivre étamé contenant la solution saline que l’on veut saturer de gaz ; D , pompe de compression; E, condensateur sphérique en cuivre où s’opère la combinaison du gaz ; F, volant ; G , manivelle ; H, arbre coudé donnant i<_-
- :1. On trouve dans la troisième année du Bulletin, pus. i18, la description dam appareil très-simple, inventé par 31. Auslin. pour saturer l’eau de gaz acnle carbonique. 31. Planche a aussi imaginé un appareil portatif pour préparer ies eaux minérales. '3 oyez Journal des sciences médicales, année 1300, et Archives des découvertes, t. III. p. 164/
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- mouvement au piston de la pompe; I, fourchette en fer qui transmet le mouvement de la manivelle de l’arbre H au châssis du piston ; K , collet monté sur la tige de la fourchette I et embrassant le tourillon de la manivelle de l’arbre H ; L, boulon qui unit la fourchette à la traverse du châssis du piston , et sert d’axe pour le mouvement d’oscillation de cette fourchette; M , châssis qui porte le piston ; N, piston ; il est formé d’un cylindre de cuivre; 0 0, traverses du châssis; PP, colonnes formant les côtés du châssis ; QQ. écrous qui unissent les traverses 0 0 avec les colonnes P ; R, tige directrice du mouvement du piston : elle est fixée au milieu de la traverse supérieure du châssis M, et son axe est le même que celui du piston ; S , bague eu cuivre servant à diriger la course de la tige R qui passe au travers; T, traverse sur laquelle est montée la bague S; U, couronne de cuir embouti, à travers laquelle passe le piston ; V, bague à vis servant à comprimer le bord rabattu de la couronne U et à fermer la pompe; X , large bride traversée par des boulons et servant à assujettir la pompe D ; Y, traverse du bâtis de la machine sur laquelle repose la bride X qui reçoit les boulons qui fixent la pompe ; Z, plaque vissée et formant le fond de la pompe,
- a , tuyau qui conduit à la boîte aux soupapes ; b , boite aux soupapes ; c , soupape d’introduction dans la pompe; d, soupape de sortie; e , tuyau qui conduit le liquide et le gaz dans le condensateur E ; ff, trous cylindriques recevant les soupapes c et d ; g g, bouchons à vis servant à fermer les trous/ / h, tuyau qui conduit à la pompe l’eau et le gaz ; i i, robinets servant à régler la proportion du mélange du gaz et du liquide; k, intérieur du ballon E ; l, tubulure d’introduction du liquide et du gaz ; m , agitateur en cuivre étamé ; n, soupape de sûreté ; o} robinet de sortie du liquide gazeux contenu et formé dans la sphère ; p, vis servant à fixer le tuyau e dans rembouchure de la tubulure l; y, extrémité filetée de la pièce L; r, écrou destiné à comprimer l’embase de la pièce / contre la surface extérieure de la sphère , après avoir placé entre deux une rondellei de cuir ; v, axe de l’agitateur ; t, tubulure à travers laquelle passe l’axe s / u , écrou qui fixe la tubulure t sur la sphère ; on place encore une rondelle de cuir entre 1 embase de cette tubulure et la sphère ; v „ crapaudine du pivot de l’axe s ; w, bouchon à vis servant à comprimer le bord delà petite couronne de cuir qui entoure l’axe de ragitateur ; x , trou dans lequel passe l’autre extrémité de l’axe s ; y, roue d’engrenage en cuivre montée sur l'axe de l’agitateur ; z, autre roue fixée sur l’axe H et donnant le mouvement à la roue précédente , qui entraîne i’agitaleur.
- a > tube qui conduit le liquide au robinet; b’, trou percé dans le corps
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- du robinet et formant prolongement du tube précédent; c , tige formant clapet de la soupape du robinet ; d}, manche ou levier â l’aide duquel on fait tourner la tige c' ; e , trou d’évacuation du liquide; f, petit tuyau qui dirige le liquide dans la bouteille ; g', collier qui porte le tuyau/'y h'} vis servant à comprimer le collier contre le corps du robinet ; ï, capsule qui entoure le tu vau/7, sur lequel elle est vissée ; k', rondelle en cuir ou en gomme élastique; Zf cuirasse en cuivre destinée à garantir l’ouvrier des éclats de bouteilles lorsqu’elles se rompent en les remplissant ; rri, bouteille représentée dans la situation qu’elle doit avoir pour la remplir ; n , levier ou bascule servant à comprimer l’ouverture de la bouteille contre la rondelle flexible contenue dans la capsule ï • o', charnière de la bascule;pf, support en bois de la même: elle porte une des deux pièces de la charnière, dont l’autre est fixée sous la bascule; q , support en fer sur lequel on fixe le précédent ; r, boulon servant à assujettir le premier support p sur le second q; s, entaille pratiquée dans le support p, af;n de l’élever ou de rabaisser selon la hauteur des bouteilles ; t', cercle de fonte sur lequel est fixée la sphère E; u, bâtis de la machine; v , traverses en fonte qui réunissent les deux parties du châssis; x t autres traverses en fer forgé;ÿ, écrous de ces dernières pièces ; z', collets de l’arbre II.
- a', colonnes du bâtis; b", robinet servant à évacuer Fair lorsqu’on enfonce le gazomètre B dans le récipient A ; c', agitateur : cette pièce se compose d’un axe garni d’une manivelle à une extrémité, et portant à l’autre une croix
- servant à remuer le mélange qui fournit le gaz; d', poignées auxquelles on attache la chaîne de suspension du gazomètre ; e", tube s’élevant au-dessus du niveau de l’eau et correspondant au robinet i, qui conduit le gaz dans la pompe ; f", large robinet servant à vider le mélange contenu dans le récipient A ; g/ supports en fonte faisant corps avec le bâtis et servant â soutenir le réservoir A; /?", soupape adaptée à l’embouchure du tuyau qui conduit le liquide à la pompe : elle empêche l’introduction des corps étrangers dans le corps de pompe ; â cet effet elle porte un crible percé de petits trous ; z", masse dont est chargée la soupape de sûreté n.
- Fig. 1 et 8. 1, traverse inférieure de la machine à ficeler les bouteilles; 2, montant fixe ; 8, support de la crapaudine du bout de la vis ; 4, vis de pression sur le bouchon de la bouteille; 5, manivelle â l’aide de laquelle on fait tourner la vis.; 6, poupée mobile opérant la pression par l’effet de la vis dont c île porte l’écrou ; 7, plaque fendue recevant la ficelle qui retient le bouchon de la bouteille; 8, plaque retenant la pompe 6 dans la coulisse pratiquée à la pièce 1 ; 9, collet qui retient la vis dépréssion ; 10 , crapaudine clans laquelle tourne le bout de la vis.
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- R apport fait pur 1SJ. Ivobi(que1-, cm nom an Comité des arts économiques , sur les farines de légumes cuits de M. Duvergier, rue des Barres-Saint-Paul, n° 1, à Paris*
- Messieurs, vous m’avez chargé d’examiner des échantillons de diverses farines de légumes cuits, qui vous ont été adressés par M. Duvergier.
- L’intention de l’auteur est d’offrir aux consommateurs, et pour un prix assez modique, des substances alimentaires d'une facile conservation : ce sont principalement des racines potagères et des légumes qui forment l’objet de cette nouvelle branche d’industrie.
- Tous les échantillons qui m’ont été remis ont paru parfaitement conservés ; les farines étaient bien sèches, l’odeur propre à chacune des substances s’y reconnaissait le plus ordinairement, et je n’ai pu m’apercevoir des plus légers signes d’altération, quel que fût, d’ailleurs, le genre d’épreuve auquel je les ai soumis.
- J’ai témoigné à M. Duvergier le désir de visiter son atelier, afin d être plus à même d’établir un jugement précis sur ses diverses préparations, et tous les renseigne me ns désirables m’ont été donnés sans restriction.
- Il n’est point de mon objet de décrire ici les moyens employés par M. Du-vergier, et je dois me borner à dire qu’ils sont simples, bien entendus, et qu’on ne peut s’empêcher de remarquer, en visitant cet établissement, qu’il est dirigé par un homme fort intelligent et très-soigneux. Tout, dans cette fabrication naissante, est bien tenu, bien coordonné, et il y règne une propreté extrême relativement à la qualité des produits. J’ai fait tous les essais qu’il était en mon pouvoir de faire, et je crois devoir affirmer que le degré de coction et de dessiccation qu'ont subi les farines, ne nuit en rien à leurs propriétés nutritives. Je ne pense pas trop m’avancer en disant que ces substances alimentaires ainsi présentées à nos organes dans un état extrême de division, doivent être d’une digestion et plus prompte et plus facile.
- Il est cependant vrai de dire que ces légumes, ou du moins quelques-uns d’entre eux, perdent un peu de leur arôme et de leur saveur propres, soit pendant la coction , soit pendant la dessiccation ; mais les assaisonnemens qu’on peut y ajouter, offrent un moyen facile d’obvier à ce léger inconvénient.
- Resterait maintenant à examiner jusqu’à quel point ces préparations peuvent être conservées : or, cette fabrication est établie depuis trop peu de temps pour qu’il soit possible de prononcer à cet égard. J’ai vu et goûté des farines Pingt-unième année. Juillet 1822. G g
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- de haricots et de petits pois, que M. Duvergier m’a assuré être préparées depuis huit à dix ans; elles étaient distribuées par livres et renfermées dans des sacs de papier : elles ne m’ont paru différer en rien de celles qui avaient été confectionnées le jour même; mais il est bon d’observer que le magasin où elles étaient déposées était bien aéré et parfaitement sec, et on sait que c’est la condition nécessaire pour la conservation de toutes les matières végétales. Au reste, je ne serais point étonné que ces farines fussent plus faciles à conserver que les substances mêmes dont elles proviennent, et voici sur quoi je me fonde. On sait qu’en général les semences, les racines et autres parties des végétaux, ne doivent leur altération subséquente qu’au développement des larves que les insectes y déposent pendant la végétation, développement qui a lieu par le concours de l’humidité et d’une température modérée; mais dans les farines dont nous parlons, les larves n’existent plus ou du moins ont été anéanties par la chaleur qu’elles ont subies pendant la eoction : il est donc évident qu’elle ne contiennent plus en elles-mêmes ce germe de destruction. 11 y a encore une cause de conservation pour ces farines, et qu’il ne sera peut - être pas inutile de citer ici ; c’est que leurs molécules, toutes divisées qu’elles sont, n’en présentent pas moins individuellement une dureté excessive. Ces substances , cuites et ensuite poussées jusqu’à parfaite dessiccation , ont acquis la consistance de la corne , et dans cet état il est difficile que les insectes réussissent à les entamer. Il faudrait pour cela que, long-temps plongées dans une atmosphère très-humide, leurs particules pussent se distendre et se ramollir assez pour offrir beaucoup moins de résistance.
- On voit , d’après ce qui précède, que M. Duvergier a réellement atteint le but qu’il s’était proposé, et qu’il a complètement réussi à donner à ces sortes d’alimens les préparations convenables pour être employées extemporanément, et en outre pour devenir un objet d approvisionnement pour les voyages de long cours et pour toute autre circonstance où il est important d'avoir des subsistances en réserve.
- Nous pensons donc qu’on doit applaudir aux efforts de M. Duvergier, et nous croyons que la Société d’Encouragement doit accorder son approbation à cette nouvelle branche d’industrie, et la faire connaître par la voie de son Bulletin.
- Signé Robiquet , rapporteur,
- Adopté en séance, le 10 juillet 1822.
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- ÉCONOMIE RURALE.
- Ji apport fait par M. Tessier, au nom du comité d'agriculture, sur un mémoire de M. Bortic, relatif a la culture du cotonnier en France.
- M. John Dortic, de Bordeaux , a adressé à la Société un imprimé sous le titre de : Notice sur le cotonnier, sa culture , et sur la possibilité de le cultiver avec succès dans le département de la Gironde et les autres départemens méridionaux de la France.
- Il pense que la seule variété de coton qui puisse prospérer en France est celle à graine verte ou courte soie . et que c’est faute d’avoir fait ce choix et d’avoir cultivé convenablement, qu’on n’a pas réussi dans les essais qui ont eu lieu il v a quelque temps. Il cherche à détruire l’opinion où l’on est que le coton exige une température constamment chaude, et en conséquence il donne un aperçu du climat des États-Unis d’Amérique, pour mettre à portée de le comparer avec celui de France. Il cite la Nouvelle-Orléans , Boston. New-York et Philadelphie, la Virginie, la Caroline du nord, Charleston et Savannah, où cet arbuste a du succès, quoiqu’il y fasse souvent et. long-temps froid, et il fait voir que les deux hémisphères n’ont aucun rapport de saison. Par sa température , la Caroline du nord se rapproche beaucoup de la France méridionale ; les Landes, qui séparent Bordeaux de Baïonne, paraissent à l’auteur un sol et. une position favorables : il fait des vœux pour qu’on les vivifie en v jetant des capitaux; il indique le mode de culture du coton , la dépense à faire, qui, selon lui, est peu considérable, et le produit qu’on obtient; après avoir donné la description du cotonnier, il ajoute quelques observations.
- A cet imprimé est joint un mémoire manuscrit, dans lequel l’auteur rend compte de la dernière récolte des cotonniers; elle a suivi le sort des autres cultures de l’année 1821 , c’est-à-dire qu’elle a été mauvaise : il en accuse en partie l'inégalité des époques des ensemencemens, l’effet des pluies jusqu’au 11 juin , les pucerons, le vent, la sécheresse et les pluies de septembre. Il n’v a eu qu’une seule plante du coton à graine noire qui ait résisté, et faiblement; celui à graine verte a donné plusieurs capsules : en général , la production a été peu importante ; mais on a conçu l’espoir cl en obtenir de plus considérable dans la suite, en y mettant du soin. Un
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- échantillon de coton à graine verte, recueilli le 10 octobre à Bordeaux et envoyé au Conseil, paraît beau et fait désirer qu’on puisse parvenir à augmenter sa culture avec succès.
- Si nous jugions de ce qui arrivera par ce qui s’est passé, nous compterions peu sur cette tentative. Les Annales de Vagriculture française , qui renferment des instructions sur l’introduction des cotonniers en France, rendent compte aussi des efforts de plusieurs propriétaires, dans le Midi, pour en assurer la réussite. (Voyez les vol. 33, 34, 35, 41, etc. de ces Annales.) Le Gouvernement n’a rien épargné pour que leur culture fût avantageuse : des hommes intelligens s’en sont occupés ; on a payé des réfugiés maltois exercés dans ce genre de production. Nous avons bien regretté que les résultats n’aient pas répondu à notre attente, on a cru devoir y renoncer; cependant nous ne désapprouvons pas les recherches que voudraient faire les amis de la prospérité de la France : car dans les expériences que nous avons conseillées, on n’a peut-être pas pris assez de mesures, choisi et préparé le terrain le plus convenablement, etc.
- Nous proposons de remercier M. John Dorti.c de sa communication et de l’engager à continuer ses cultures et à vouloir bien en rendre compte à la Société.
- Signé Tessier, rapporteur,
- Adopté en séance, le 1er. mai 1822.
- CORRESPONDANCE.
- Lettre de M. Louis cle Freycinet , capitaine de vaisseau , sur les substances alimentaires conservées par JM. Appert, adressée au Secrétaire de la Société cl Encouragement.
- Paris, 14 juillet 1822.
- Monsieur,
- Vous me demandez par la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 25 du mois dernier, au nom de la Société d’Encouragement, quelques détails sur l’emploi des conserves alimentaires de M. Appert dont j’ai fait usage dans mon dernier voyage de découvertes. Je m’empresse de satisfaire à votre désir.
- L’usage prolongé des viandes salées en mer est, comme vous savez, Monsieur, un des inconvénients les plus graves que les marins aient à combattre;
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- il occasionne ou accélère le développement de ces maladies affreuses dont les relations de voyages offrent de si nombreux exemples. En vain avait-on cherché par différentes tentatives à améliorer le régime alimentaire des marins; long-temps on n’a fait que pallier le mal sans trouver le véritable remède. Il était réservé à M. Appert de résoudre dans son entier ie problème intéressant des approvisionnemens alimentaires maritimes. Ses préparations sont trop connues pour que j’entreprenne ici de les décrire ; mais ce que l’on ne sait point assez, c’est à quel point le service que al. Appert a rendu aux marins est important et digne d’éloges. Les Anglais, plus que nous, je le dis avec peine, rendent justice, non pas à l’auteur, mais à ses procédés ; car, suivant la manie qui leur est habituelle de prétendre être les inventeurs de tout ce qui se fait de bon et d’utile , c’est à un Anglais, au sieur Doniin, qu’ils attribuent la conservation indéfinie des substances alimentaires.
- Nos marins font peu d’usage encore des conserves d'Appert , parce qu’ils ne trouvent pas toujours à se procurer dans les ports ceux de ces objets qui leur sont nécessaires; si l’on en excepte Bordeaux et Marseille, où les conserves dont il s’agit se fabriquent en petite quantité , par-tout ailleurs il serait difficile d’en avoir, à moins de les faire venir de loin et à grands frais. Les Anglais en font un usage immense : dernièrement ils en ont envoyé une cargaison pour approvisionner l’escadre de l’amiral Cochrcine sur les côtes du Chili et du Pérou ; et calculant que les viandes ainsi préparées en Angleterre sont moins coûteuses et meilleures que celles qu’on peut avoir fraîchement, tuées dans l’Inde, c’est encore avec des conserves d'Appert qu’ils approvisionnent leurs hôpitaux du Bengale.
- Lors de mon départ pour le voyage autour du monde sur la corvette ïUranie, j’avais embarqué une quantité considérable de boites et cle bouteilles contenant des substances alimentaires de toules les espèces. Pendant trente-huit mois de mer, elles ont été soumises à toutes les vicissitudes de la navigation, à toutes les températures, depuis celle de 45 degrés de chaleur, que j’ai éprouvée sous la zone torride, jusqu’à celle de zéro degré, que j’avais eue en naviguant au milieu des glaces de l’hémisphère austral. Eh bien! à mon arrivée en France, il me restait encore des viandes, des végétaux et du lait dans un état de conservation aussi parfait que le jour meme de l’embarquement. Le capitaine russe Kotzebue, dans son voyage récent autour du monde et au nord du détroit de Behring, rend, comme moi, (injuste tribut d’éloges à l’inventeur de ces conserves alimentaires.
- Il reste cependant encore un pas à faire pour que les conserves d'Appert présentent aux navigateurs tous les avantages dont elles sont susceptibles ;
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- c’est de trouver un moyen moins dispendieux et plus durable de faire les enveloppes ou les boites.
- Les bouteilles sont parfaites pour les objets qu'on ne veut avoir qu’en petite quantité, tels que les jus de fruit, le lait, etc.; mais il faut, dans l’état actuel des choses , recourir aux boites de fer-blanc pour renfermer les viandes et certains végétaux. Quelle que soit l’attention que Ton ait en mer, et j’en ai fait avec soin l’expérience, il n’est guère possible que les boîtes de fer-blanc servent deux fois, parce que la rouille les attaque promptement et les détruit. L’obligation de renouveler ces boîtes sans cesse en rend l’emploi fort coûteux, je dirai même, à beaucoup d’égards, désagréable , puisque pendant une longue navigation il est dillicile, à l’époque des relâches, de pouvoir renouveler soi-même les conserves qu’on a consommées , tandis que si l’on trouvait un moven de faire des boîtes qui pussent servir un grand nombre de fois, la méthode d'Appert serait à la portée de tous les marins en même temps qu’elle leur serait moins coûteuse.
- Pour que les conserves d'Jppert pussent remplacer entièrement les viandes salées à bord des vaisseaux , il faudrait non-seulement que les vases qui les contiennent fussent forts et durables, mais encore cpie ceux-ci pussent contenir la quantité de viande nécessaire à la ration militaire de cent hommes pendant un jour, c’est-à-dire 50 livres de viande crue désossée ou l’équivalent en viande cuite. Je pense qu’il serait inutile, même pour l’usage de la marine de faire des boîtes de plus grandes dimensions.
- il serait digne de la Société d’Eneouragement, qui déjà a rendu tant et d*" si importans services à l’industrie française, de proposer un prix à ce sujet. Le programme devrait, cerne semble, contenir en substance la condition de la confection des boites propres à conserver en grand les substances alimentaires par la méthode a Appert, de manière à ce qu’elles aient assez de solidité pour servir un nombre indéfini de fois et résister long-temps au choc et à l’action fortement corrosive de l’atmosphère marine. I! serait également à propos de rechercher quel? peuvent être les meilleurs moyens de fermeture de ces boites (1
- Après ces réflexions sommaires sur les avantages qui doivent résulter pour l’avenir de la belle découverte de M. Appert, je ne puis ni empêcher d’un
- n) Le vœu deM. de Freycinet est déjà rerupii par la proposition d’un prix de 2,000 fr. pour la conservation en grand des substances alimentaires, prix qui a été prorogé jusqu’à l’année prochaine, et nui renier nr1 toutes les conditions propres à atteindre le luit. ' Voyez !e programme, Xv XXVII et le Bulletin de ia Société, 3N°. CCVTI, septembre 1821, pag. 201. ) ( N. D. R. ;
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- sentiment douloureux, envoyant cet homme, plus que sexagénaire, dans une position qui approche du besoin. Borné dans ses ressources, il ne peut faire tout le bien qu’il conçoit : sa fabrique est languissante, tandis que des personnes plus heureuses s’emparent et s’enrichissent ailleurs du produit de son industrie. La Société d’.Encourage ment, en donnant une impulsion nouvelle à l’utile établissement de M- Appert, acquitterait la dette de la reconnaissance et acquerrait de nouveaux titres à la gratitude des amis de l’humanité et de la prospérité nationale (1 ').
- Signé L. de Freycinet.
- OUVRAGES NOUVEAUX.
- RECUEIL de machines, instrumens et appareils qui servent à Véconomie rurale, et dont les avantages sont consacrés par Vexpérience ; publié avec les détails nécessaires à la .construction; par M. Leblanc, dessinateur et graveur du Conservatoire des arts et métiers et de la Société d’Encouragement • sixième et septième livraisons, in-folio oblong , composées chacune de six planches gravées en taille-douce. Paris, chez Madame Huzard , rue de VEperon-Saint-André des-Arcs, n°. 7. Prix de chaque livraison : 6 francs (2).
- Celte belle et utile collection d’appareils et d inslrumens aratoires continue de justifier l’accueil favorable quelle a reçu du public, et qu’elle mérite à tous égards, tant par le choix des sujets que par la correction des dessins et le fini de la gravure. Les détails de construction et les explications qui accompagnent chaque planche sont d’une précision remarquable, et suffisent pour l’intelli-
- ; 1 ) La Société d’Enoouragemcnt a accordé à M. Appert, en 1820, une médaille d’or pour ses préparations alimentaires; elle n’a cessé de recommander l’usage de ces préparations qui, en effet, méritent les éloges que leur donne M. de Freycinet, tant par leur parfaite conservation que par leur prix modique, puisque le kilogramme de boeuf désossé, pour les approvisionnemens en grand, coûte 1 fr. 50 e. seulement. M. Appert aurait remporté, l’année dernière, le prix proposé par la Société, s’il eût satisfait à toutes les conditions du programme.
- On annonce, mais nous ne pouvons le garantir, que M. Appert conserve aujourd'hui jusqu’à 15 *u i S kilogrammes de substances dans le même vase de fer-blanc Sa fabrique est située rue Moreau, n° i ;. faubourg Saint-Antoine; des dépôts sont établis chez MM. Labour, hôtel des Américains, rue Saint-Honoré; Leroy, même rue, n°. 330; Corcelel, au Palais-Roval. (N. D. B.)
- 2) Nous avons rendu compte des précédentes livraisons dans les Bulletins N"os. CLXXXIT, août j s i ft, pag. 272, et CCV, juillet 1821, pag. 222.
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- gence des ouvriers chargés d’exécuter les différentes pièces dont se composent les machines.
- La sixième livraison, accompagnée d’une feuille de texte, renferme six planches, dont cinq représentent l'ensemble et les détails des moulins à blé anglais, établis par M. Maudsley, habile mécanicien de Londres, chez M. Cougouilhe, au Mont-Saint-Martin , près Saint-Quentin. Ces moulins , qui sont mus par une machine à vapeur, réunissent plusieurs avantages précieux qu’ils doivent à la vitesse, à la forme et à la dimension des meules, à riieureuse combinaison et à la parfaite exécution de toutes les pièces qui entrent dans leur composition.
- La dernière planche de cette livraison représente le plan et l’élévation de l’extirpateur rotatif de M. Morton, d'Edimbourg, instrument récemment introduit en France, et qui a eu un succès prodigieux en Ecosse, par l’économie qu’il procure dans la préparation des terres qu’on veut ensemencer soit en froment, soit en toute autre sorte de graine.
- On trouve dans la septième livraison, 1J. le plan et les détails d’un blutoir à brosses, qui fait partie du moulin à blé de M. Maudsley, et dont l’effet est bien supérieur à celui de nos blutoirs ordinaires; 2°. la presse à cylindre de M. Lauvergnat, construite pour la fabrique de sucre indigène de M. le Maréchal duc de Raguse, et qui parait offrir de grands avantages sur les presses employées jusqu’alors pour l’expression de la pulpe de betterave ; 3°. la charrue américaine en fonte de fer, introduite en France par M. Molnrd, dires Meur-adjoint du Conservatoire des arts et métiers, et qui diffère des autres charrues par la forme du soc et son placement, par la dimension et la forme du versoir, par l’addition d’une roue placée au talon, par un avant-train à une ou deux roues, tout en laissant le point d’application du tirage sur le bout de la haie, etc.
- A Paris, de l’Imprimerie de Madame HL'Z ATI L) ( née "S ALLAT LA CHAPELLE ;. rue de rÉperon-Saint-André-des-Arcs . n°. T.
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- VINGT-UNIÈME ANNÉE. (N°. CGXYIII.) AOUT 1822.
- ujLJUiiJüiBaBMBgg HlH IW UMMMHI-..IIW IWIIHWIIimm^JiH.llEH.MUÜi'WHWWWrW 'WM
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Description (ïune machine pour fabriquer la ficelle ou le fil de carret, inventée par M. Boichoz fils, controleur des contributions directes, à Lons-le-Saulnier ( Jura ).
- La Société cTEncouragement proposa eii 1816 un prix de 1,500 francs pour ia construction d’une machine propre à fabriquer la ficelle ou le fil de carret, de toutes grosseur et longueur, avec du chanvre sérancé : cette machine devait pouvoir être placée dans une chambre de grandeur moyenne, exiger au plus la force réunie d’un homme et d’une femme , ou d’un homme et d’un enfant, et donner des produits en qualité et en quantité au moins égaux à ceux qu’on obtient par la méthode ordinaire.
- L’objet spécial du prix était de rechercher les moyens d’opérer cette fabrication dans les demeures ordinaires des ouvriers cordiers, et d’éviter ainsi rétablissement de ces longues galeries ou hangars destinés aux travaux de corderie, qu’on voit dans quelques grands ports de mer, mais qui manquent dans la plupart des ports de commerce , et même dans l’intérieur de la France.
- Ce prix, qui avait été prorogé en 1817, parce que le seul concurrent qui s’était présenté n’avait pas rempli les conditions du programme , fut décerné en 1818 à M. Boichoz fils , pour avoir résolu complètement toutes les parties du problème ( voyez Bulletin de l’année 1818, page 280 ).
- Le modèle qu’il avait envoyé au concours se composait d’un cadre ou Vingt-unieme année. Août 1822. H h
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- châssis de forme parallélogramme, qui, en tournant sur lui-même, entraîne dans sa révolution toutes les pièces du mécanisme, à l’exception d’une grande roue dentée immobile, placée verticalement à l’une des extrémités du châssis. Autour de cette roue se meut une lanterne qui, par suite des révolutions du châssis, reçoit un mouvement particulier de rotation, qui lui fait faire quatre tours sur son axe par chaque tour que le châssis fait sur lui-même. L’extrémité de l’arbre de la lanterne porte une vis sans fin qui met en mouvement une poulie nommée régulateur, dont la gorge est cannelée pour empêcher le fil de glisser, et en même temps pour tirer le fil lorsqu’il sort des doigts de l’ouvrier. Ce régulateur, en faisant un tour, donne une torsion de seize tours à la longueur de la ficelle.
- Le modèle dont il s’agit ne différait de la machine en grand qu’en ce que la roue motrice, adhérente au bâtis, était remplacée par,une roue suspendue au plancher, que le fileur fait mouvoir au moyen d’une pédale. Cette disposition, en économisant la main-d’œuvre, contribue à la régularité du travail, le fileur pouvant à volonté augmenter ou diminuer la vitesse du mouvement et même l’arrêter entièrement lorsqu’il est embarrassé.
- En présentant sa machine au concours , M. Boichoz ne s’était pas dissimulé qu’elle était susceptible de quelques perfectionnemens propres à diminuer le bruit qu’elle occasionnait, ralentir la vitesse de la lanterne et simplifier la construction. Il avait fait observer qu’il y aurait de l’avantage à substituer des poulies à la roue dentée et à la lanterne, et il s’était fondé sur le raisonnement suivant.
- Si autour d’une poulie immobile et à une distance quelconque on fait tourner une autre poulie mobile sur son axe, en admettant qu’une corde sans fin, passée dans leur gorge , les réunisse, il en résulte 1e. que cette corde se développe successivement autour de tous les points de la gorge de la poulie immobile, et qu elle enveloppe avec la même vitesse les mêmes points de cette poulie; 2°. que la poulie mobile acquiert, par son mouvement autour de la première et au moyen de la corde croisée, un second mouvement qui la fait tourner sur son axe, d’où il suit que le frottement de la corde sur les deux poulies est le même pour la résistance que celui qui aurait lieu si ces deux poulies tournaient sur leurs axés seulement. Il est vrai qu’il faut un peu plus de force pour produire le même effet avec des poulies qu’avec des roues dentées, à cause de la roideur et de la résistance des cordes et de la tension qu’elles exigent ; mais le mécanisme s’en trouve considérablement simplifié, et la machine n’a pas besoin d’autant de réparations.
- M. Boichoz proposa aussi de remplacer le régulateur par la bobine elle-
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- même, munie d’un ressort de pression, qui permît au fileur de donner au filla torsion convenable avant de le laisser s’en vider.
- C’est ainsi modifiée, qu’après trois ans, l’auteur a adressé un nouveau modèle très-bien exécuté de sa machine. La connaissance de cette machine pouvant devenir très-utile à tous les ateliers de corderie et éviter des constructions dispendieuses, la Société a arrêté qu’une description en serait insérée au Bulletin, accompagnée d une gravure.
- Voici la composition de la nouvelle machine.
- Entre les montans d’un bâtis A, PL 227, fig. 1, 2, 3 et 4, est disposé un châssis C, mobile sur deux axes et qu’on fait tourner au moyen d’une poulie motrice D (1), laquelle transmet le mouvement à une petite poulie F montée sur l’axe du châssis, par l’intermédiaire d’une corde croisée, sans fin, passant dans les gorges des poulies. Une poulie verticale et immobile G, fixée contre le montant opposé du bâtis et également enveloppée d’une corde sans fin, est réunie à une petite poulie H qu’elle fait tourner. Cette poulie est montée sur l’extrémité d’une tige de fer I , qui règne le long d’un des côtés extérieurs du châssis , et porte une vis sans fin J, laquelle engrène avec un pignon K fixé sur l’arbre L de la bobine M.
- On conçoit que lorsque le châssis tourne, la corde enveloppée autour de la poulie immobile entraîne la petite poulie et par suite la vis sans fin et l’arbre de la bobine ; le premier mouvement donne à la ficelle N le tors nécessaire , le second opère son envidage sur la bobine. Pour qu’elle se distribue régulièrement, on la fait passer dans un guide O glissant le long d’une tringle P, et qu’on arrête à volonté au moyen d’une vis de pression. A mesure que le fil est formé et qu’il sort des doigts de l’ouvrier, il traverse un œil Q,fig* 8, percé dans l’axe de la poulie F.
- Nous avons dit que le régulateur, dans la première machine, était destiné à procurer au fil un tors toujours égal, et à alimenter d’une manière uniforme la bobine. L’auteur a reconnu que les cordiers exercés donnent naturellement un tors régulier, sans autre secours que l’habitude : cette observation l’a déterminé à supprimer le régulateur, pour simplifier le mécanisme ; mais s’il avait fixé la bobine directement sur son arbre, il n’aurait obtenu qu’une torsion inégale. Pour remédier à cet inconvénient, la bobine tourne librement sur son arbre, auquel elle est seulement réunie par un ressort de pression , qui lui fait suivre tous les mouvemens de cet arbre lorsqu’elle est
- (l) Cette poulie a été placée de la même manière que dans le premier modèle; mais la machine en grand est munie d’une roue de tour en l’air, suspendue au plancher et mise en mouvement par une pédale.
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- libre, tandis que celui-ci continue de tourner sans l'entraîner, quand le fileur oppose de la résistance.
- Pour obtenir ces effets, M. Boichoz a fixé contre un des grands côtés intérieurs du châssis un rochet a percé d’un trou dans lequel passe l’arbre de la bobine ; celle-ci reçoit à l’une de ses extrémités une rondelle de bois R portant un cliquet b et un ressort c qui le presse. Quand le fileur retient le fil, le cliquet, en s’engageant dans les dents du rochet, empêche la bobine d’obéir et par conséquent de se dévider ; et comme elle doit toujours tourner dans le même sens et n’être entraînée par son axe qu’après que le fil a reçu le tors nécessaire, on a adapté à son extrémité opposée un ressort S, dans lequel l’arbre L passe librement, et qu’on serre au moyen d’un coulant^’ afin qu’il exerce sur ce même arbre une pression capable d’entraîner la bobine quand elle est libre. Ce ressort roule dans une gorge plate, taillée sur l’arbre, pour que celui-ci ne soit dégagé qu’autant que le ressort est débandé.
- Cette disposition produit les effets suivans : le fil tourne sur lui-même tant que le fileur oppose de la résistance, et il acquiert ainsi le degré de torsion convenable ; aussitôt qu’il est lâché, il va s’envider sur la bobine : alors Je fileur recommence à serrer et à tirer le fil, en le formant, pour lui faire prendre le même tors qu’auparavant, puis il cède de nouveau pour opérer l’envidage ; et c’est ainsi que l’opération continue.
- Comme il devient nécessaire , pour la facilité du service, de changer souvent les bobines, l’auteur a construit la rondelle R de manière qu’elle puisse s’adapter à toutes les bobines de rechange. Il suffit pour cela qu’une de leurs extrémités soit d’un diamètre correspondant à celui de la rondelle , laquelle est échancrée sur son bord pour recevoir une petite goupille e : par ce moyen, la rondelle et la bobine font corps et ne peuvent tourner l’une sans l’autre. De même, pour n’avoir qu’un seul ressort pour toutes les bobines, celles-ci portent sur le bout opposé à celui de l’encliquetage, une goupille d servant à les unir au ressort.
- Lorsqu’on veut enlever la bobine , on détend le ressort et on laisse glisser le coulant jusqu’au bas de sa course , puis on peut tirer sans effort l’arbre L, en le saisissant par le pignon K : alors la rondelle, la bobine et le ressort tombent d’eux-mêmes ; on replace ces deux dernières pièces sur une nouvelle bobine qu on tient vis-à-vis du centre du rochet, dans l’intérieur du châssis ; on y passe 1 arbre L, on tend le ressort, et tout se trouve disposé comme auparavant.
- Dans le cas où I on ne voudrait employer qu’une seule et même bobine , il suffit, quand celle-ci est chargée , d’éloigner le cliquet des dents du rochet ; le ressort c est disposé de manière à tenir ce cliquet dans une position qui
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- permette à la bobine d’obéir lorsqu’on tire le fil ; le dé vidage est alors trés-pronipt : veut-on filer de nouveau ? on fait passer le ressort sur la tête du cliquet, et rien n’est dérangé dans les effets de la machine.
- Une précaution essentielle, à prendre, c’est de graduer la pression du ressort sur l’arbre : en le serrant trop, la machine est plus dure à faire mouvoir • en ne serrant pas assez, l’envidage ne se fait pas régulièrement : il ne faut qu’un peu d’habitude pour donner au ressort le degré de tension nécessaire.
- Quant aux avantages que présente la machine, voici ses caractères principaux :
- i°. Dans un local de petite dimension , un fileur , debout, peut, seul et sans changer de place , faire du fil de carret de toute grosseur et de toute longueur ;
- 2°. La machine peut être construite sur les plus petites comme sur les plus grandes dimensions, sans cesser de donner les mêmes résultats ;
- 3°. Non-seulement ses produits sont les mêmes que par les procédés ordinaires, mais elle file avec autant de rapidité que le fileur peut en apporter à former son fil.
- Quelle que soit la vitesse que l’on imprime à la machine, soit qu'on en accélère ou qu’on en ralentisse le mouvement, la torsion est toujours la même , parce qu’elle dépend à-la-fois du nombre de tours que fait le châssis et de celui que fait la bobine : or, le châssis ne pouvant se mouvoir sans que la vis sans fin fasse tourner la bobine , il en résulte que ces deux mou-vemens conservent constamment les mêmes rapports entre eux. On parvient aussi à une plus grande perfection dans la fabrication, parce qu'on est assuré que le fil aura reçu, dans la même longueur, une torsion parfaitement uniforme, et par conséquent qu’il sera d’une grosseur et d’une force égales sur tous les points.
- On conçoit que pour filer avec cette machine il faut toujours retenir h fil et ne le céder qu’en résistant; car, si on le lâchait, il glisserait et im serait pas attiré par la bobine. Cette habitude s’acquiert aisément, et en peu de temps un ouvrier ordinaire deviendra aussi adroit que le plus habile cordier.
- Les expériences laites avec la machine en grand ont constate que te lii qu’elle produit est aussi beau , aussi régulier et aussi soude que celui obtenu par l’ancien procédé. Quant à la promptitude du travail, on sait qu elle dépend ordinairement de deux choses : 1". de la vitesse du crochet auquel est attaché le fil, dons les machines généralement en usage; 2°. de 1 habileté de 1 ouvrier. Si celui-ci peut fournir son chanvre et. sa filasse très-rapidement, il faudra
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- donner une très-grande vitesse au crochet, afin que le fil reçoive toujours la torsion qu’exige sa grosseur ; il se fera donc très-promptement : si, au contraire, le fileur est embarrassé; si les matières qu’il emploie sont de qualités qui en rendent l’emploi plus long et plus difficile ; si enfin cet ouvrier n’est pas habile, alors il faudra donner peu de vitesse au crochet, pour laisser au fileur le temps de fournir uniformément son chanvre, sans quoi le fil serait fort inégal dans sa grosseur.
- Ainsi, la vitesse que l’on donne au crochet devant toujours être relative à l’habileté de l’ouvrier et à la qualité des matières , on voit qu’il n’y a jamais de vitesse absolue dans les machines ordinaires. On peut donc établir que, dans cette fabrication , on fait le fil plus ou moins promptement, mais qu’il est cependant un terme qu’on ne peut dépasser et qu’il est facile d’obtenir : ce terme est l’habileté du fileur, c’est-à-dire que le fil peut se faire aussi vite que l’ouvrier peut fournir le chanvre ou la filasse qu’il emploie.
- Les expériences citées ont prouvé que la machine de M. •Boichoz fait non-seulement autant d’ouvrage que par l’ancienne méthode , mais qu elle avance autant que l’habileté de l’ouvrier le permet. Toutes ses parties sont d’une construction simple ; elle est peu coûteuse , exige peu d’entretien et de réparations, et peut être employée dans une chambre de 4 mètres de longueur.
- Explication des jigures de la PL 227.
- Fig. 1. Élévation latérale de la machine à faire le fil de carret.
- Fig. 2. Vue par-devant de la même machine.
- Fig. 3. Vue par-derrière.
- Fig. h. Plan.
- Fig. 5. Le châssis mobile vu séparément.
- Fig. 6. Plan et élévation de la tige de fer portant la vis sans fin.
- Fig. 7. La bobine montée sur son arbre, vue séparément.
- Fig. 8. Plan et élévation de la petite poulie à double gorge placée sur le devant de la machine, et qui fait tourner le châssis mobile.
- Fig. 9. Rondelle d’encliquetage montée sur l’extrémité de la bobine, et munie d’un cliquet et d’un ressort.
- Fig. 10. Extrémité de la bobine portant le ressort de pression.
- Les cinq dernières figures sont dessinées sur une échelle double des cinq premières : leurs dimensions sont de moitié de celles du modèle.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- A, bâtis; B B, les deux montans entre lesquels se meut le châssis mo-
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- fin/ft'/at i/t- /t .fot'u-/,' •/ i'/fn•-w,t/i-/Hiit/, .'f*' ;'C.Xi'!/J
- Mm.-
- •e a.
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- bile G; D, poulie motrice qu’on fait tourner au moyen de la poignée E. Dans les machines en grand, cette poulie est remplacée par une roue de tour en l’air mue par une pédale ; F, petite poulie à double gorge, réunie à la précédente par une corde sans fin, croisée, comme on le voit, Jîg. 2 ; G, poulie immobile, fixée contre l’un des montans B, et enveloppée d’une corde sans fin qui, en se croisant, va passer dans la gorge de la poulie H et lui communique le mouvement; I, tige horizontale en fer qui reçoit la poulie H et tourne librement dans deux collets de cuivre ; J, vis sans fin taillée sur la tige de fer ; K, pignon de six dents qui engrène avec la vis sans fin ; L, arbre de la bobine qui reçoit le pignon précédent ; M, bobine enveloppée du fil N; O, guide en cuivre dans lequel passe le fil, et qui coule le long de la tringle P ; on l’arrête au moyen d’une petite vis de pression ; Q, œil percé dans l’axe creux de la poulie F, et qui donne passage au fil ; R, rondelle d’encliquetage qui s’engage par ses bords sur l’une des extrémités de la bobine; S, vis de pression * qui s’adapte sur l’autre extrémité de la même bobine et embrasse l’arbre L ; T, masse de plomb fixée sur l’un des côtés du châssis pour contre-balancer le poids de la tige de fer I, placée au côté opposé.
- a, rochet en cuivre solidement fixé sur l’un des côtés intérieurs du châssis ; il est percé d’un trou à travers lequel passe l’arbre L ; b, cliquet monté sur la rondelle R ; c, ressort qui presse le cliquet ; d, petite goupille qui reçoit l’extrémité du ressort de pression S ; e, autre goupille qui s’engage dans une échancrure taillée sur le bord de la rondelle R, et réunit ainsi cette dernière avec la bobine; j, coulant servant à comprimer les branches du ressort S : ces branches portent de pelits crans sur leur côté extérieur, afin que le coulant ne puisse glisser; g, petite goupille destinée à retenir la tige I dans son collet, en s’engageant dans une gorge taillée sur cette tige ; h h , collets en cuivre dans lesquels tourne la tige I.
- Note sur un appareil propre à préserver les ouvriers empoin-teurs d aiguilles des effets de la poussière de grés qu ils respirent.
- S. Exc. le Ministre de l’intérieur a adressé à la Société la description , en anglais, d’un appareil magnétique inventé par M. Abraham, pour préserver les ouvriers empointeurs d’aiguilles des effets de la poussière de grès qu’ils respirent. Cet envoi était accompagné de la lettre suivante.
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- Le Ministre secrétaire et Etat de V intérieur à MM. les Membres composant le Conseil cVadministration de la Société d’Encouragement.
- Paris, le 3 août 1822.
- » Messieurs 5 M. le baron Séguier, consul général de France, à Londres, m’a adressé la description, en anglais, d’un appareil magnétique inventé par M, Abraham pour préserver les ouvriers empointeurs d’aiguilles des funestes effets de la poussière de grès qu’ils respirent.
- » Le Comité consultatif, à l’examen duquel j’ai renvoyé la description dont il s’agit, vient de m’en présenter son rapport. U en résulte que le moyen de M. Abraham consiste à établir un courant d’air qui entraîne les molécules produites par le frottement de la pointe sur la meule , et à placer devant l’ouvrier un appareil magnétique propre à retenir les parties ferrugineuses qui, par leur légèreté, s’élèvent perpendiculairement et sont absorbées par la respiration ; que bien que ladite description ne soit, qu’une simple annonce de journal, elle donne cependant une idée suffisante de l’invention de M. Abraham, et que le moyen qu’il emploie paraît devoir produire un bon effet. Comme le Comité pense qu’il ne peut qu’être utile de publier ce moyen, je crois devoir vous adresser, à cet effet, la petite note où il se trouve décrit, et je vous prie de la faire insérer dans le plus prochain numéro du Bulletin de la Société d’Encouragement.
- » Recevez, Messieurs, l’assurance de ma considération. »
- Le Ministre secrétaire dJEtat de VIntérieur,
- Signé Corbieres .
- Voici la traduction de la note dont il s’agit, extraite d’un journal anglais intitulé : Sheffield-Iris.
- Un fait qui n’est peut-être pas assez connu, c’est que les ouvriers empoin-îeurs d’aiguilles et en général tous ceux qui sont employés à émoudre à sec sur des meules de grès , sont sujets à de graves accidens , qui ont résisté jusqu’ici aux secours de la médecine. Enveloppés, pendant leur travail, d’une atmosphère chargée d’une poussière fine et impalpable, formée de particules d’aeier et de grès d’une ténuité extrême, ils respirent continuellement cette poussière , qui, en pénétrant dans les poumons, leur occasionne un asthme très-funeste, lequel termine ordinairement leur vie à 1 âge de trente ou trente-cinq ans. Un médecin de Redditch, ville
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- ou se trouvent les principales fabriques d’aiguilles de l’Angleterre, a observé, pendant sa longue pratique, qu’à peine un seul ouvrier empointeur atteignait l’âge de quarante ans.
- Frappé des dangers auxquels sont exposés ces ouvriers, M. Abraham a cherché un moyen de faire disparaître la poussière qu’ils sont forcés de respirer. Pour cet effet, il a imaginé un appareil peu coûteux et très-simple dans sa construction.
- La pièce où travaillent les ouvriers est divisée en deux parties égales, sur toute sa hauteur, par un châssis ou écran composé de canevas ou de grosse toile. Cet écran est placé perpendiculairement au-dessus de la meule, qu’il entoure de chaque côté, en ne laissant qu’un espace suffisant pour son mouvement et pour la pédale que foule l’ouvrier. Une ouverture d’un pouce et demi est pratiquée dans la toile, directement au-dessus de la meule : c’est à travers cette ouverture que passe la poussière de grès formée pendant l’opération, et qui est entraînée derrière l’écran par le courant d’air que produit le mouvement de la meule. Quant aux particules très-fines d’acier, qui, à raison de leur légèreté spécifique, tendent toujours à s’élever, et peuvent être facilement absorbées par la respiration, parce qu’elles sont imperceptibles , des barreaux aimantés, disposés entre l’écran et l’ouvrier, les attirent et les arrêtent. Pour surcroît de précaution, M. Abraham a imaginé un appareil magnétique, que les ouvriers placent autour du cou et de la bouche, et qui empêche toute aspiration des particules d’acier ou de grès pendant le travail.
- Les résultats obtenus au moyen de l’appareil de M. Abraham ont été des plus satisfaisans ; des certificats, tant des fabricans d’aiguilles de Redditch et de Hatersage , que des couteliers de Sheffield, qui font émoudre à sec des tranclians sur des meules de grès, attestent que cet appareil remplit toutes les conditions voulues, et que son introduction dans les ateliers est un véritable bienfait pour la classe des ouvriers empointeurs.
- La Société d’Encouragement de Londres, après avoir fait examiner dans tous ses détails le moyen proposé par M. Abraham, et s’être convaincue de ses avantages, a décerné à cet artiste la grande médaille d’or, comme un témoignage de sa satisfaction (1).
- (l) Nous avons fait connaître dans le Bulletin , N°. CXLII, quinzième année, pag. 75, un appareil imaginé dans le même but, et qui ne diffère de celui de M. Abraham qu’en ce que la poussière est portée au dehors par un soufflet, au lieu d’être entraînée naturellement par le courant d’air que produit le mouvement de la meule. Pour remédier aux inconvéniens des meules de grès, M. Molard avait proposé de les remplacer par des meules en fer ou en fonte de fer oxidée : ce moyen parait avoir eu un plein succès. ( N. D. R. )
- T^iriÿt-unième année. Août 1822. I i
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- Note sur une fabrique de machines à vapeur établie en
- Les meilleures machines à vapeur, d’après le système de kVatt, qui se fabriquent en Angleterre, proviennent des fonderies dites de Y Union, situées à Bolton, dans le comté de Lancaster, et dirigées par la Compagnie de MM. Thwdites, Hick et Rothwell.
- Le tableau suivant donne le prix de ces machines, calculé d’après leurs dimensions et leur puissance.
- FORGE EN CHEVAUX. 2 4 6 8 10 12 14 16 20 25 30
- PRIX EN FRANCS. 4500 8750 11250 13000 14500 16000 17500 19250 22500 26250 30000
- PRIX PAR CHAQUE CHEVAL . 2250 2187 1875 1625 1450 1333 1250 1203 1125 1048 1000
- On voit, par ce tableau, que le prix moyen de la force de chaque cheval pour les machines au-dessous de quatorze chevaux, est de 1786 francs, tandis qu’il n’est que de 1125 francs pour celles depuis quatorze chevaux jusqu’à trente : d’où il suit qu’il y a plus d’avantage, sous le rapport de la dépense première, à employer des machines de grande que de petite dimension.
- Dans les prix ci-dessus établis sont compris tous les accessoires , tels que ciment pour l’assemblage des pièces, chaudières, supports des machines portatives au-dessous de quatorze chevaux et des machines au-dessus de cette force, qui ont leur point d’appui sur les murs; l’emballage, le transport à Liverpool, etc.
- Les dimensions des chaudières sont réglées sur la force des chevaux, de manière que la surface de l’eau soit de 51 décimètres carrés par cheval ( un peu plus d’un demi-mètre carré). On sait que la consommation du charbon pour la force d’un cheval est, par heure, de 5 kilogrammes, lesquels vaporisent au moins 30 kilogrammes d’eau : d’où il suit que cette vaporisation se fait en une heure sur une surface d’environ un demi-mètre carré.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Extrait d’un rapport fait au Comité consultatif des arts et
- manufactures du Ministère de Vintérieur, le 6 août 1822, sur les aciers de MM. Bernadac.
- MM. Bernadac père et fils, propriétaires des usines de Sahorre, arrondissement de Prades , département des Pyrénées-Orientales, avaient, dans le courant du mois de mars dernier, adressé à S. Exe. le Ministre de l’intérieur divers échantillons d’acier naturel provenant de la susdite usine, et ils avaient témoigné le désir que ces aciers fussent soumis à des essais propres à en constater la qualité.
- Le Comité consultatif, que S. Exc. avait chargé de cet examen, ne trouva pas, ainsi qu’il l’a consigné dans son rapport du 2 mai, que l’origine des échantillons d’acier qui lui étaient soumis fût constatée d’une manière assez régulière pour qu’il pût en faire légalement l’essai, et donner, à ce sujet, ses observations et son avis.
- S. Ex. ayant approuvé les observations du Comité, M. le préfet des Pyrénées-Orientales fut invité , par une lettre ministérielle, à faire procéder à la fabrication de nouveaux échantillons d'acier, en présence d’une commission nommée à cet effet, qui en dresserait procès-verbal authentique.
- Conformément à cette disposition, M. le préfet des Pyrénées-Orientales nomma une commission composée de M. le sous-préfet de Prades, du chef de bataillon Simon et de M. Ganaziola, membre du Conseil général du département. Cette commission s’étant transportée dans l’usine de Sahorre, a fait confectionner en sa présence de nouveaux échantillons d’acier, qui ont été réunis dans une caisse scellée du sceau de la sous-préfecture de Prades , et que M. le préfet a adressée à Son Excellence, avec le procès-verbal de la Commission, qui en constate légalement l’origine, ainsi que les détails des procédés de fabrication.
- Le Comité a reçu de cette manière les onze échantillons d’acier naturel, désignés comme il suit :
- 3N°. 1. Acier brut ; il provient de la fusion immédiate du minerai à une forge à la catalane, non forgé, mais seulement trempé.
- N°. 2. Étoffe de poule qui s’obtient de l’acier brut pur, forgé d’abord en languette, et corroyé avec un huitième de fer préparé de la même manière.
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- NJ. 3. Acier pour ressorts de voitures ; il s’obtient par le corroyage d’une trousse composée de trois quarts de languettes d’acier pur et d’un quart de languettes de fer entremêlées.
- N°. 4. Acier â taillandier; il provient du corroyage d’une trousse de languettes d’acier portant 2 pouces carrés, qu’on soude, qu’on étire et qu’on redouble une ou plusieurs fois sur elle-même.
- N°. 5. Acier en barre; il se confectionne comme le précédent : c’est de l’acier pur.
- N03. 6, 7, 8, 9, 10 et 11. Acier pour limes d’Allemagne d’une, deux, trois au paquet, pour limes plates, pour carreaux; il provient d’un choix d’acier corroyé comme l’acier à taillandier, N°. 4, qu’on étire en barres d’un échantillon convenable.
- Plusieurs membres du Comité ont suivi avec une attention toute particulière les essais qui ont été faits de tous ces aciers par des fabricans de limes, des taillandiers, etc.
- L’acier brut, N°. 1, a été forgé et réduit en barres .très-facilement; on en a aciéré des marteaux, des mâchoires d’étau, des instruirons aratoires : il se soude très-bien sur lui-même et sur le fer, et prend une trempe très-dure. Ceci prouve seulement que la nature de cet acier est telle qu’on peut l’affiner, sans qu’il se détériore, à de petites forges ; mais ce n’est pas dans cet état qu’il doit être livré au commerce. Cet échantillon n’a été envoyé que pour faire voir la matière première qui sert à fabriquer tous les autres aciers de cette nature.
- Les commissaires ont fait faire avec l’étoffe de poule N°. 2, quelques outils de quincaillerie, des couteaux, des hache-paille, des coupe-racines, des scies â métaux : tous ces objets se sont trouvés de bonne qualité.
- L’échantillon, N. 3, d’acier pour ressorts de voitures, n’était pas assez considérable pour l’employer à cet usage ; on en a fait des ressorts d’étaux, des baguettes semblables à des fleurets; l’élasticité en est parfaite ; on en a fait aussi une espèce de coutelas, semblable à ceux dont on se sert dans les colonies pour couper les cannes à sucre : il coupe très-bien et a l’élasticité d’un bon sabre, c’est-à-dire qu’en le pliant de côté et d’autre il revient toujours à la ligne droite. Il supporte également bien l’épreuve du billot sans se fausser. Les commissaires croient donc que cet acier, ainsi que le précédent, est propre non-seulement à faire des ressorts, mais encore des armes blanches, telles que baïonnettes, épées, sabres.
- On a fait avec l’acier N°. 4, préparé pour taillandier, une plane de charron, une hache, des fers de varlope ; il se comporte bien au feu, se forge bien, et les outils sont bons.
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- Des burins, des crochets et des tranches de forge, faits avec l’acier en barre, N°. 5, tiennent et coupent parfaitement.
- L’acier à limes d’une au paquet, N°. 6, se forge, se taille et prend une trempe très-dure à la simple volée : une lime faite avec cet acier a aussi bien tenu que les meilleures limes d’Allemagne.
- Mêmes observations pour les Nos. 7 et 8. Toutes ces limes, façon d’Allemagne , ont fait un bon usage, et ont encore été très-bonnes après une seconde taille. Enfin, ne pouvant plus servir comme limes, on en a fait des outils d’ajusteur, tels que burins, forets, tournevis, qui sont aussi bons que s’ils étaient d’acier neuf.
- Les limes plates à main, faites avec l’acier N°. 9, sont en tout comparables aux bonnes limes anglaises qui ne sont pas d’acier fondu. Plusieurs de ces limes, usées et retaillées deux fois, ont toujours été bonnes, et leur matière a servi ensuite à faire d excellens petits outils.
- L’acier N°. 10, sous forme de fuseau , a servi à aciérer des pivots d’axes, des crapaudines, des têtes de marteaux ; il prend une trempe dure.
- Un gros carreau (lime) fait avec l’acier IN°. 11 n’avait qu’une de ses faces dure, les trois faces se sont blanchies aux premiers coups de lime ; mais il convient d’observer que ce gros carreau n’a été trempé qu’à la volée, tandis qu’ordinairement on le trempe en paquet.
- En résumé, tous ces aciers, sans exception, ont paru au Comité, ainsi qu’à MM. Raoul et Freyla qui ont fabriqué les limes essayées, d’une excellente qualité, et tout-à-fait propres aux usages pour lesquels ils ont été préparés. Le Comité pense qu’ils peuvent être comparés aux aciers naturels de la meilleure qualité qui nous viennent d’Allemagne, et qu’ils peuvent être substitués à ceux-ci, en toute circonstance (1).
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. de Lasleyrie, au nom du Comité des arts économiques, sur le procédé de peignage des chèvres des Hautes-Alpes, communiqué par M. Serres.
- M. Serres, sous-préfet à Embrun, qui a fait des recherches spéciales sur
- (1) La Société d’Encouragement avait, la première, fait examiner les limes et les aciers de MM. Ber-nadac, qui ont été trouvés de très-bonne qualité. Voyez le rapport de M. Baillet, inséré au Bulletin. N”. CCI, vingtième année, page 80.
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- les divers emplois qu’on pouvait donner au duvet des chèvres indigènes (1), s’est aussi occupé des moyens les plus simples et les plus économiques d’extraire ce duvet du corps de l’animal, ou de le séparer du jarre après la coupe de la toison totale. Il a reconnu que, des deux méthodes employées en Asie, la première mérite la préférence ; mais ayant observé que le peigne ordinaire de corne présentait plusieurs inconvéniens, et sur-tout qu’il ne pouvait être convenablement maintenu entre les doigts de l’ouvrier, à cause de la résistance qu’il éprouve dans les poils longs et les touffes des extrémités, et qu’ainsi l’ouvrier se fatiguait, et qu’il exécutait très-peu de travail, M. le sous-préfet a imaginé une autre espèce de peigne, dont il a envoyé trois modèles à la Société. Le premier peigne, qui sert à démêler les poils de l’animal, est composé d’un manche et d’une plaque de bois longue d’un décimètre, dans laquelle sont implantées quinze dents en fil de fer, longues de 5 décimètres et ayant un diamètre de 3 millimètres. Les deux autres peignes ont un manche de bois auquel est adaptée une pièce de plomb qui supporte des dents en fil de laiton. Le premier de ces peignes, dont on se sert pour commencer l’extraction du duvet, est armé de dix-huit dents, et le second de vingt-cinq : ces dernières ont un millimètre et demi de diamètre, et sont placées à 2 millimètres de distance.
- Pour procéder au dépouillement du duvet, on emploie deux ouvriers et un enfant : le premier ouvrier tient la chèvre par les cornes, tandis que le second, étant assis , démêle les longs poils avec le peigne à dents de fer. Il serait facile d’économiser l’emploi du premier ouvrier, il suffirait pour cela d’attacher la chèvre par la tête ou par les cornes à un poteau ou à une muraille. L’enfant coupe avec des ciseaux l’extrémité des mèches qui résistent au passage du peigne. On emploie ensuite successivement les deux autres peignes, jusqu’à ce que le corps de l’animal soit entièrement dépouillé de duvet. Lorsque ces peignes sont chargés à moitié, l’ouvrier les donne à l’enfant, qui en extrait les longs poils. L’auteur pense que cette extraction se fait plus facilement et plus promptement sur le peigne, que lorsque les deux espèces de poils ont été confondues ensemble ; car le jarre, qui dans le premier cas dépasse la masse du duvet, s’enlève avec beaucoup de facilité ; mais dans ce cas il faut être pourvu de deux peignes au lieu d’un, afin que l’ouvrier ne soit pas ralenti dans son travail : il faut aussi avoir soin de suivre la direction naturelle des poils et ne jamais les prendre à rebours.
- (1) Il en a été rendu compte à la Société le 29 mai 1822. Voyez Bulletin, N°. CCXV, vingt-unièœe année, page 160.
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- Les prix de ces trois peignes sont de 90 c., de 75 c. et 60 c. , ce qui est à-peu-près le prix que coûtent des peignes ordinaires en corne ; mais comme ils présentent plus de solidité, et qu’ils facilitent beaucoup le travail, ils méritent detre adoptés dans ce genre d’opération. Nous pensons donc que la Société doit remercier M. le sous-préfet d’Embrun de la communication qu’il a bien voulu lui faire.
- adopté en séance, le 21 août 1822.
- Signé de Lasteyrie , rapporteur.
- Rapport fait par M. Bouriat, au nom du Comité des arts
- économiques, sur les chapeaux d’osier de M. de Bernardière.
- Le Conseil a chargé son Comité des arts économiques de visiter la manufacture de chapeaux d’osier de M. de Bernardière, située dans la maison de correction de Poissy, et de lui rendre compte des produits de cette manufacture. Le Comité, ne pouvant point se transporter en masse à cette distance, m’a chargé d’aller prendre tous les renseignemens qu’il désirait, et de lui en faire part avant de vous soumettre son opinion sur ce nouveau genre d’industrie. J’ai visité cet atelier et plusieurs autres qui existent dans la même maison. J’aurai l’honneur de vous en donner un aperçu après avoir parlé de celui de M. de Bernardière, qui fait l’objet principal de ce rapport.
- J’ai suivi dans les moindres détails les travaux qui s’y exécutent; j’ai vu que les mains les plus inhabiles pouvaient préparer l’osier qui sert à la confection des chapeaux. D’abord cet osier fendu en cinq ou six , suivant la grosseur du brin, est aminci par des espèces de filières tranchantes à travers lesquelles on le fait passer, et qui sont graduées de manière à ce que l’ouverture de la dernière ne peut plus laisser passer qu’une lanière très-mince et étroite. Ce sont ces lanières qui, suivant leur degré d’épaisseur, forment la trame ou la chaîne, car on peut se passer de baleine effilée pour soutenir le corps du chapeau dont le tissu est fait par des mains plus habiles que les premières. Ces chapeaux, confectionnés, sont portés à la teinture pour recevoir diverses couleurs, suivant le goût du marchand qui les achète. Ce n’est pas sans difficulté qu’on fixe la couleur sur l’osier; aussi cette partie de la fabrique mérite-t-elle encore quelques recherches de la part de M. de Bernardière et des teinturiers.
- La solidité de ces chapeaux est bien supérieure à ceux faits avec la paille ; aussi M. de Bernardière a-t-il eu l’intention de fabriquer pour les troupes légères, et en temps de paix, des schakos d’osier, beaucoup plus légers que
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- ceux de feutre. Je remets sur le bureau un échantillon de ces schakos, teint en noir, et revêtu d’une plaque pour désigner le régiment.
- Le prix de ces chapeaux, quoique inférieur à celui des chapeaux de feutre, n’a pas paru à votre Comité dans les proportions qu’on pouvait désirer : aussi a-t-il conseillé à M. de Bernardière d’employer des moyens mécaniques pour amincir l’osier. Si, comme nous n'en doutons pas, il peut parvenir à se passer de bras pour cette préparation, la plus longue et la plus dispendieuse, il pourra diminuer sensiblement le prix de ses chapeaux.
- Votre Comité a vu, dans ce genre d’industrie, un objet assez intéressant, puisqu’il tend à diminuer considérablement l’emploi du poil de lièvre qu’on tire de l’étranger, pour faire les légers chapeaux de feutre que les personnes riches portent pendant l’été. Déjà M. de Bernardière a fabriqué cette année une grande quantité de chapeaux d’osier; mais il n’a pu, malgré son zèle, fournir qu’a une partie des commandes qui lui ont été faites. Il va travailler sans relâche cet hiver pour être à même de satisfaire l’été prochain à toutes les demandes.
- Après vous avoir fait connaître la fabrique de M. de Bernardière, vous n’apprendrez peut-être pas sans intérêt l’activité qui règne dans la maison de correction de Poissy, et les avantages qu’en retirent la maison et les ouvriers. Chaque détenu y trouve un genre d’occupation suivant ses facultés morales et physiques ; l’enfant comme le vieillard se livrent à un travail doux et facile. Pour cela, on a établi des ateliers de diverses espèces : on y compte ceux de tisserand, de bijoutier, de passementier, d’ébéniste, de fabricant de cardes , de cordonnier, de tailleur, enfin une filature de coton et la fabrique de chapeaux dont je viens de vous entretenir. C’est avec de pareilles occupations qu’on est souvent parvenu à changer ou modifier le penchant de plusieurs criminels qui auraient peut-être passé le temps de leur détention à méditer les projets les plus sinistres s’ils fussent demeurés dans l’oisiveté.
- Ces résultats sont dus au zèle et à la capacité de M. Poirel, directeur de l’établissement, qui a trouvé un excellent auxiliaire dans M. Picard, entrepreneur des travaux de la maison.
- Le tarif des prix à accorder aux détenus est arrêté chaque année par M. le préfet du département de Seine-et-Oise. Ce salaire se divise en trois parties : Puiiepour l’entretien delà maison, l’autre distribuée aux ouvriers, tous les samedis, et la troisième est mise en réserve pour leur être donnée à leur sortie. Il en est déjà beaucoup qui ont reçu 300 fr. au moment de leur libération, malgré le peu de temps que ce régime est établi, car il ne l’a été qu’au mois de mars 1821. Le produit des ouvrages confectionnés pendant les
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- douze premiers mois a été de 48,000 francs ; et cette année , comme le nombre des détenus a augmenté, M. le directeur pense qu’il ne sera pas au-dessous de 80,000 francs.
- Je reviens maintenant à la fabrique de M. de Bernardière, sur laquelle votre Comité a pris tous les renseignements convenables, Il vous propose , par mon organe, de remercier ce fabricant de la communication qu’il vous a faite de son nouveau genre d industrie, et de tous les procédés qu’il emploie dans sa manufacture , digne d’être connue du public par la voie du Bulletin (1).
- Adopté en séance le 21 août 1822.
- Signé Bouri.vt, rapporteur.
- Nota. M. le comte Chaptal a confirmé les réflexions de M. le rapporteur sur l’excellente administration de la prison de détention de Poissy. Il rapporte qu’une personne qui a visité un grand nombre de maisons de force tant en France qu’en Angleterre, lui a déclaré n’avoir vu dans aucune un régime mieux entendu et des détenus mieux traités que dans cet établissement, digne d’être cité comme modèle.
- Un établissement analogue à celui-ci, non pas pour des détenus, mais pour des enfants pauvres ou délaissés, fut soutenu pendant trois années consécutives par MM. le vicomte de Montmorency, ministre actuel des relations extérieures , le comte de Car aman , le baron Delessert et M. Bouriat. Le but était de ramener à la morale et à la religion des enfants qui peut-être n’en avaient jamais entendu parler , parce qu’ils étaient nés pendant la tourmente révolutionnaire. Ils apprenaient en même temps un état avec lequel ils devaient aider leurs parents pauvres et dénués de presque tout secours. Les trois années suffirent à peine pour leur apprentissage ; mais , se voyant déjà à cette époque à même de gagner au-delà de leurs besoins , ils ne voulurent point rester la quatrième année , qui était destinée à récupérer une partie des fonds qui avaient été avancés. L’insuffisance des lois répressives sur l’apprentissage fit crouler un établissement formé à grands frais.
- Rapport fait par M. F rancœur, sur un procédé imaginé par M. Leroy, pour enseigner Vart décrire (2).
- Depuis longtemps on avait reconnu qu’il était bien difficile de former la main des enfants à tracer des caractères d’écriture avec les contours élé-
- (1) Le dépôt des chapeaux d’osier de M. de Bernardière est boulevard Saint-Martin, n°. 8.
- (2) M • Leroy, professeur d’écriture, demeure rue delà Chaussée-d’Antinn°. 52.
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- gants et réguliers que l’art exige. Les exemples qu’on met sous les yeux du jeune disciple, et dont il doit s’efforcer d’imiter les traits, les règles mêmes dont le maître expose le sens et dirige les applications, ne sont que d’un médiocre secours pour arriver facilement au résultat. La plupart des élèves ne sont pas doués par la nature de ce tact fin qui permet de saisir des yeux les contours et les proportions d’un dessin , pour imiter ensuite ce qu’ils ont senti et comparé : aussi les progrès sont-ils lents, et bien souvent il est des enfants qui, malgré leur application, ne peuvent réussir à bien écrire.
- Pour surmonter ces difficultés, d’habiles maîtres ont imaginé divers moyens ; je parlerai surtout de l’usage où sont plusieurs d’entre eux de tracer au crayon sur le papier les lettres que l’enfant doit ensuite former avec la plume, et dont il doit suivre tous les contours. Ce procédé est excellent; il offre un guide assuré que la main de l’enfant peut suivre jusqu’à ce que l’habitude lui ait rendu les contours faciles.
- Mais ce moyen laisse entière une autre difficulté : les pleins et les déliés ne sont pas esquissés par le crayon du maître, et l’élève ne trouve pas dans ce mode un secours suffisant pour atteindre à cet autre genre de perfection non moins important que la grâce et la fidélité du dessin des contours. En outre , que de temps le maître n’est-il pas obligé de perdre pour fournir son disciple de tous les modèles crayonnés qui doivent être écrits par l’enfant!
- M. Leroy a imaginé un moyen très-simple qui ne laisse rien à désirer, et qui, outre de nombreux succès et d’honorables témoignages, réunit des preuves non douteuses d’utilité. Il pose un exemple sous une feuille de corne mince et transparente ; la surface en est dépolie, et la plume de l’enfant suit fidèlement tous les contours qu’il aperçoit à travers cette feuille. Comme la surface est frottée d’une substance résineuse, elle ne boit pas , et l’encre y laisse empreints les caractères avec la même facilité que si on eut écrit sur du papier. Les lettres, ainsi marquées à l’encre sur la corne, s’enlèvent ensuite très-bien avec un peu d’eau, surtout en se servant d’une encre préparée, qui a peu de mordant. On conçoit que rien n’est plus commode pour exercer la main de l’enfant à suivre les formes des lettres de l’exemple, et en marquer les pleins et les déliés : l’habitude s’acquiert avec un peu d’exercice, et une fois que la main l-’a contractée, elle peut continuer à l’exercer sur le papier, et n’éprouve dans ce changement aueune difficulté nouvelle.
- Par ce procédé , l’enfant peut être exercé à tous les genres d’écriture, puisqu’il suffit de mettre sous la feuille de corne des exemples choisis dans ce but. Un père de famille peut, en l’absence du maître, faire écrire ses
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- enfants , presque comme le ferait celui-ci, et le talent de l’instituteur est une condition moins nécessaire que dans les autres procédés : les bons exemples sont un excellent supplément qui peut en tenir lieu. Quoique l’économie du papier ne soit qu’une chose d’un intérêt secondaire, cependant elle n’est point à dédaigner : on sait combien les enfants gâtent de papier dans les commencements, où leurs essais sont si imparfaits et leur main si mal assurée. Avec une feuille de corne, dont le prix n’est que de 5 francs, on est dispensé de cette perte de papier ; la feuille n’est pas plutôt couverte de caractères qu’on la lave, et tout disparait ; on l’essuie et l’on recommence à écrire.
- Un procédé analogue a été usité en Angleterre , mais comme l’auteur n’avait pas dépoli la corne , on ne pouvait écrire avec de l’encre : l’enfant ne formait ses traits qu’au crayon , et par conséquent ne s’exercait qu’à former les contours, mais non pas à mettre la plume sur son plein et à marier les déliés : il en résultait un médiocre avantage. L’auteur ne faisait donc que remplacer les transparents en usage par une matière plus économique, mais aussi imparfaite. M. Leroy a bien mieux réussi (1).
- Le procédé de M. Leroy réunit donc toutes les conditions désirables ; il a été approuvé par le Comité consultatif des arts et manufactures, par la Société académique des maîtres d’écriture de Paris, par là Société d’enseignement élémentaire , et par plusieurs autres associations recommandables.
- J’ai l’honneur de proposer au Conseil d’écrire à Son Exc. le Ministre de l’intérieur, en lui adressant le présent rapport, pour l’intéresser en faveur de M. Leroy, et de lui faire obtenir une gratification (2). Je pense aussi qu’il
- (1) La Société d’Encouragement de Londres a accordé, en 1814, une mention honorable et une récompense de cinq guinées à M. Keyworth, de Sleaford, dans le comté de Lincoln, pour l’invention de tablettes de corne transparente, propres à l’écriture. Ces tablettes, après avoir été mises à tremper dans l’eau pendant une demi-heure, sont assujetties au moyen de petites vis sur l’exemple d’écriture à copier, lequel est posé sur une planche en forme de pupitre. Pour se servir de ces tablettes, on commence par les frotter avec un chiffon jusqu’à ce qu’elles soient bien sèches, ensuite on passe dessus un peu de blanc d’Espagne : les lettres de l’exemple, vues à travers la corne, sont tracées avec de l’encre ordinaire et une plume, qui doit être un peu plus dure et taillée plus fine que celles employées pour écrire sur le papier : on efface aisément la trace de ces lettres avec un chiffon. L’auteur préfère des tablettes de petite dimension, propres à recevoir trois ou quatre lignes d’écriture seulement, aux grandes tablettes, i°. parce qu’elles sont à bas prix et faciles à préparer ; 2°. parce qu’elles ne sont pas sujettes, comme ces dernières, à gauchir ou à se voiler par l’humidité. (Voyez Transactions de la Société d’Encouragement de Londres pour l’année 1814, page 167.)
- (2) S. Exc. le Ministre de l’intérieur a accueilli cette recommandation, et a accordé une récompense pécuniaire à l’auteur.
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- convient d’insérer ce rapport au Bulletin, afin de répandre la connaissance d’un procédé extrêmement simple et utile.
- Adopté en séance, le 21 août 1822.
- Signé Francoeur, rapporteur.
- Nouveau procédé pour repasser les instruments tranchants.
- M. G. Reveley a communiqué à la Société d’Encouragement de Londres un procédé aussi simple qu’économique pour repasser des instruments tranchants. Voici comment il s’exprime.
- (( Ayant besoin de repasser mes rasoirs sur la pierre, et ne trouvant pas l'huile que j’emploie ordinairement pour cet usage, j’imaginai d’essayer le savon. Ce moyen , qui a complètement réussi, est préférable à l’huile, 1°. parce qu’il opère plus promptement, donne un bon tranchant au rasoir, et fait disparaître facilement les brèches qui pourraient s’y trouver; 2°. parce qu’il est plus économique et ne salit pas les mains et les vêtements comme l’huile. On procède de la manière suivante :
- « Après avoir nettoyé la pierre à repasser avec une éponge, du savon et de l’eau , essuyez-la bien , trempez le petit pain de savon de Windsor ou tout autre dans de l’eau pure, et humectez aussi la pierre; puis frottez légèrement le savon sur sa surface jusqu’à ce qu’elle en soit couverte partout : repassez alors votre instrument de la manière accoutumée, en tenant le savon suffisamment humide, et en ajoutant de temps en temps, s’il est nécessaire, un peu plus de savon et d’eau. Ayez soin avant de frotter le savon sur la pierre qu’il soit propre et exempt de poussière; s’il ne l’était pas il suffirait de le laver. Lorsqu’on ne fait plus usage de la pierre, on la nettoie bien avec une éponge et de l’eau , et on l’essuie. »
- Plusieurs couteliers de Londres ont essayé ce procédé et en font un grand éloge ; ils le considèrent comme plus prompt, plus économique et plus propre que l’huile, tout en donnant un excellent tranchant aux instruments (1).
- SALUBRITÉ PUBLIQUE.
- Note sur les nouveaux appareils d’assainissement de M. d’Arcet, inspecteur général des essais à la Monnaie.
- M. à’Arcet, qui s’est acquis de justes droits à la reconnaissance publique, pour avoir procuré aux ouvriers livrés à des professions insalubres les moyens
- (1) Nous avons répété et fait répéter par M. Cardheillac, habile coutelier, ce procédé, qui en effet
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- de se garantir des funestes effets des émanations délétères qu’ils étaient forces de respirer, a adressé à la Société d’Encouragement un rapport du Comité de salubrité de la ville de Paris , sur la construction des latrines publiques et sur l’assainissement des latrines et des fosses d’aisances. Dans l’impossibilité «le donner ce rapport en entier (1), nous nous contenterons d’en publier un extrait et nous ferons connaître en même temps les autres travaux de M. d’Arcet relatifs à l’assainissement des cuisines et des salles de spectacle, et à la construction de nouveaux soufroirs. Déjà nous avons inséré dans le Bulletin, N°. CLXXX , dix-huitième année , page 194, une description détaillée de son ingénieux appareil à l’usage des doreurs sur métaux.
- 1°. Latrines inodores. On sait qu’il est peu de maisons qui ne soient plus ou moins infectées par la mauvaise odeur qui s’exhale des latrines, et que les gaz délétères qui se dégagent des fosses d’aisances présentent une cause puissante d’insalubrité que l’on doit éloigner avec soin des habitations.
- Pour remédier à ces graves inconvénients, M. d'Arcet propose un moyen simple, sûr, peu coûteux, indépendant de la volonté de l’homme, et déjà employé depuis longtemps pour l’assainissement des galeries de mines; il consiste dans l’application de la ventilation par l’air échauffé ; mais pour obtenir le succès désirable, il faut établir une ventilation forcée et continue, ce qui ne s’est pas fait jusqu’à présent.
- Une cheminée d’appel , en tôle , disposée à l’une des extrémités de la maison et élevée de deux mètres au-dessus du toit, aboutit à la fosse, avec laquelle elle communique librement ; en échauffant cette cheminée, soit par une lampe placée dans l’intérieur, soit par un poêle, soit en la faisant passer derrière la cheminée de la principale cuisine de la maison _, l’air qu’elle renferme se raréfie, et il s’établit un courant ascensionnel qui entraîne tous les miasmes délétères ; l’air destiné à opérer la ventilation pénètre par l’ouverture du siège et par chaque tuyau de chute dans la fosse ; il la parcourt dans toute sa longueur, passe de là dans la cheminée d’appel et va se perdre dans l’atmosphère au-dessus du toit : cet air doit être pris au dehors du cabinet d’aisance, au moyen d’un vasistas placé autant que possible au nord sur une cour, sur une rue ou sur un jardin.
- On conçoit qu’un tel courant, régulièrement établi, est le plus sûr moyen
- réunit plusieurs avantages ; seulement il faut humecter souvent la pierre, ce qui demande du temps, et le tranchant, quoique très-vif, est un peu dur, défaut qu’on fait disparaître, néanmoins, en passant le rasoir sur un bon cuir. (N. D. R.)
- (t) Ce rapport, ainsi que les autres instructions du Comité de salubrité sur les appareils de M. d’Arcet, se trouve chez Bachelier, libraire, quai des Augustins, n°. 55.
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- d’assainissement que l’on puisse appliquer aux latrines. Ici les sièges sont non-seulement rendus inodores par le système de ventilation continue, mais les cabinets où ces sièges se trouvent placés, étant traversés par un courant d’air convenable, sont par là même complètement assainis et désinfectés. Il est évident que la désinfection est d’autant plus complète qu’il passe plus d’air dans le cabinet et à travers la fosse. Le vasistas doit donc toujours rester ouvert, et l’ouverture des sièges ne doit jamais être entièrement fermée : pour cela , ou ne doit pas mettre de bonde à la cuvette ; il faut en laisser l’ouverture inférieure libre et recouvrir seulement le siège d’une planche ou couvercle fermant mal et permettant toujours à une petite portion d’air de pénétrer dans le tuyau de chute, en s’introduisant par l’espace vide ménagé entre le dessus du siège et son couvercle.
- Une soupape placée sur la cheminée d’appel servira à y régler la vitesse du courant d’air, de manière à ne pas refroidir et incommoder les personnes qui feront usage de ces latrines, et à n’établir juste sur les sièges que la ventilation convenable pour les rendre inodores (1).
- 2°. Cuisines salubres et économiques. L’insalubrité des cuisines est due à deux causes : la première se trouve dans l’usage où l’on est de ne pas construire les fourneaux de cuisine sous le manteau de la cheminée, et de laisser répandre librement la vapeur du charbon dans la pièce ; la seconde provient du faible tirage des cheminées de cuisine , effet qui a lieu soit par suite du mauvais rapport établi entre les ouvertures des manteaux des cheminées et la capacité de leurs tuyaux, soit parce qu’il s’v établit un courant d’air descendant, commandé par le tirage plus fort d’une cheminée voisine , ou par l’ascension de la couche d’air échauffée le long d’un mur voisin exposé au midi, couche d’air qui fait alors le vide dans la cuisine en montant et en passant devant les croisées.
- Pour obvier à ces défauts , M. d’Arcet construit les fourneaux sous le manteau de la cheminée, et il y établit en tout temps un tirage suffisant dont on peut accélérer la vitesse selon le besoin , soit à l’aide d’un appel convenablement ménagé, soit au moyen de rideaux coulant sur des tringles , qui peuvent à volonté servir à fermer en tout ou en partie l’ouverture qui se trouve entre le manteau de la cheminée et la partie supérieure du fourneau de cuisine. Plus on ferme ces rideaux, plus le courant d’air ascendant devient rapide dans le tuyau de la cheminée, et moins les gaz délétères et les odeurs désagréables peuvent se répandre dans la cuisine.
- (1) Le moyen que nous venons d’indiquer a été appliqué avec beaucoup de succès pour désinfecter les latrines de l’hôpital Saint-Louis : il l’a été également aux fosses d'aisances publiques, situées rue des Filles-Saint-Thomas, vis-à-vis la rue des Colonnes.
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- L'économie du combustible résulte soit de la suppression totale du foyer ordinaire , soit de l’emploi de plusieurs appareils économiques , tels que le fourneau potager, la coquille à rôtir, la cafetière-porte, les fourneaux de cuisine servant à volonté d’étouffoir, le four et la chaudière sous lesquels ou substitue au bois le charbon de terre, et où le combustible brûle dans un foyer fermé.
- 3°. Nouveaux soujroirs. Les soufroirs sont ordinairement de simples chambres, de petits cabinets, des coffres en bois fermant bien, et dans lesquels on expose les tissus de laine ou de soie et d’autres matières que l’on veut blanchir, à la vapeur du soufre en combustion. Le soufre est placé dans un vase posé sur le sol de la chambre et de manière à ne pas s’exposer à mettre le feu aux marchandises enfermées dans le soufroir ; on allume le soufre, l’ouvrier se retire et ferme la porte exactement.
- Le soufre brûle et s’éteint bientôt, l’acide sulfureux formé se répand dans la pièce, et produit sur les tissus ou sur les matières qui y sont exposées l’effet particulier qu’on veut obtenir. On laisse le soufroir fermé pendant le temps convenable, après quoi l’on ouvre les portes et les croisées pour laisser échapper dans l’air l’acide sulfureux et les gaz délétères dont le soufroir est plein,- et qui causeraient l’asphyxie ou la mort de l’ouvrier qui y pénétrerait sans avoir pris cette précaution.
- M.. dAreet propose d’assainir les soufroirs en construisant ces ateliers de telle manière que l’on puisse y renouveler l’air à volonté , et rejeter à une grande hauteur et au-dessus des toits les gaz délétères qui s’y forment et qu’on ne pourrait impunément respirer.
- Son appareil est muni de deux croisées qui servent à éclairer l’intérieur et qui doivent clore exactement. L’acide sulfureux et les gaz délétères s’échappent par une ouverture fermée par une porte à coulisse , qui se manœuvre du dehors au moyen d’une corde graissée et passant sur des poulies de renvoi placées convenablement. Une grande cheminée les conduit au-dessus du toit de la maison et à la plus grande élévation possible. L’ascension des gaz est forcée dans cette cheminée au moyen d’un fourneau d’appel, qui peut être celui d’un poêle ordinaire ou celui du fourneau d’une chaudière qui serait utilisé pour le travail de la fabrique. Le tuyau de ce fourneau doit être garni d’une clef ou soupape, pour en fermer l’ouverture lorsqu’on ne se sert pas de l’appareil. La cheminée ne doit communiquer ni avec des poêles ni avec d’autres cheminées aux étages supérieurs ; on lui conserve toute l’ouverture qu’elle a vers le haut, et on la couvre seulement d’un toit en tôle pour empêcher la pluie d’y pénétrer.
- Voici les précautions à prendre pour bien conduire l’appareil.
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- Lorsqu’on veut se servir du soufroir, on commence par s'assurer que tes fenêtres sont bien calfeutrées ; on pl