Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
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- BULLETIN
- .. DELA -
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- N POUR
- L’INDUSTRIE NATIONALE.
- Publié avec l'approbation de S. Ecc. le Ministre Secrétaire dEtat du Commerce et des Manufactures.
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- VINGT-HUITIEME ANNÉE.
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- ;paris, . ; ;
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD ( hée VALLAT LA CHAPELLE ),
- IMPRIMEUR-LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ,
- RUE DE L’ÉPERON-SAJNT-ANDRli-DES-ARTS, N°. *].
- 1829.
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- VINGT-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CCXCY.) JANVIER 1829.
- BULLETIN
- DELA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Des cri p t ion dune machine propre a net loyer et à ouvrir la laine et a débarrasser les poils de leur jarre; par M. Williams. *
- On connaît en Angleterre une sorte de laine provenant de l’Amérique méridionale, qui est très fine et d’excellente qualité, mais tellement agglomérée et salie par des impuretés de toute nature, qu’elle n’a presque aucune valeur dans le commerce. M. Williams a cherché à remédier à cet inconvénient en purgeant cette laine de ses matières hétérogènes , et c’est dans ce but qu’il a imaginé la machine dont nous allons nous occuper. Quoique plusieurs parties en soient déjà connues et aient beaucoup d’analogie avec le batteur-éplucheur du coton, construit par M. Pïhet, dont nous avons donné la description dans le Bulletin de l’année 1824, page 197, cependant l’ensemble présente une combinaison qui n’est pas sans mérite. D’ailleurs la machine est susceptible d’être appliquée à débarrasser de leur jarre les poils employés dans la chapellerie, et surtout la laine de Cachemire, qui arrive en Europe chargée de bouchons et d’autres matières qu’on ne peut en séparer qu’avec beaucoup de difficulté.
- La jig. 1, PI. 377, est une élévation latérale de la machine, vue du côté droit.
- La Jig. 2, le plan ou la vue à vol d’oiseau.
- La Jig. 5, coupe longitudinale, prise par le milieu de la machine.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures. .
- La machine est montée sur un bâtis en bois AA; à son extrémité postérieure est disposée une toile sans fin horizontale a, tendue sur deux rouleaux qui la font tourner : c’est sur cette toile que l’ouvrier étale avec soin et bien également la laine ou les matières destinées à être soumises à l’ac*
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- tion de la machine; bc sont deux cylindres alimentaires, entre lesquels passe la nappe de laine étendue sur la toile a; ces cylindres, qui sont pressés l’un sur l’autre par l’effet d’un levier en forme de romaine u, tiré par un poids z, reçoivent leur mouvement par un engrenage v3 composé d’un pignon et de deux roues dentées" : ce même engrenage fait tourner la toile sans fin ; d est un tambour garni à sa circonférence de douves eee3 sur lesquelles sont fixées, dans une position oblique, des dents en fer f3 dont la forme est représentée sur une plus grande échelle, Jîg- 5; g est une archure qui recouvre la partie supérieure, afin d’empêcher que la laine ne soit jetée au dehors par l’effet de la force centrifuge.
- Le mouvement est transmis au tambour par une poulie h montée sur son axe et enveloppée par une courroie communiquant avec une machine à vapeur ou tout autre moteur. Le même axe porte une autre poulie i, qui, par l’intermédiaire d’un ruban croisé j, fait tourner une poulie k3 montée sur l’axe du cylindre alimentaire c. Dans cette première opération, la laine, en sortant de la toile sans fin, passe entre les cylindres bc; là, elle est saisie par les dents du tambour, qui en détachent le jarre et les impuretés, lesquels tombent sur la planche inclinée m3 après avoir traversé la grille l. La nappe de laine est ensuite entraînée sur la toile sans fin n3 qui la fait passer entre les cylindres op. Au dessus de cette toile est une grille x3 qui donne passage à la poussière produite par la rotation du tambour. Celui-ci fait tourner les cylindres op3 au moyen d’une courroie croisée q passant de la poulie r sur celle s fixée sur Taxe du cylindre p. Le mouvement est transmis à la toile sans fin n par un engrenage tf composé, comme le précédent, d’un pignon et de deux roues dentées. Un levier, en forme de romaine j3 auquel est suspendu un poids a'3 presse les cylindres l’un sur l’autre. i: î ; ,
- La laine, après avoir passé entre ces cylindres, subit l’action des peignes rotatifs b’3 montés dans une position oblique sur des douves assujetties à des croisillons d d’un tambour plus petit que le précédent. Ces peignes, dessinés sur une plus grande échelle,' jtfg’. 4 , tournent par l’effet d’une grande poulie f 3 enveloppée d’une courroie d3 qui embrassé une poulie d, fixée sur l’axe des peignes. Comme ils ont une très grande vitesse* les impuretés qui auraient pu échapper aux dents du tambour d sont définitivement détaehées et lancées, tant contre l’archure g qui recouvre les peignes, que contre une planche en fer courbe b'; elles s’échappent ensuite par l’ouverture ir. • , V : r
- Après cette opération, les brins de laine, parfaitement nettoyés et ouverts, descendent; sous forme de nappe, sur la platiche inclinée kr.
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- '/in/fi'tt/i t/t’ fri ifocd’/e tf Kfuuï/irtri/i'ffU'/f/, - \ ? CCA Cf
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- Description d une pompe a mouvement de rotationy par MM. Siebe et Mariott.
- M. Dietz est l’inventeur d’une pompe portative, composée d’une boîte cylindrique hermétiquement fermée , et dans laquelle le vide est établi par le mouvement de rotation, imprimé, à l’aide d’une manivelle , à une roue verticale, munie de quatre ailes mobiles. Cette pompe, qui est décrite dans le cahier d’octobre 1826 de Y Industriel, est simple, solide, d’un transport facile, d’un petit volume, et donne un jet d’eau continu.
- La pompe pour laquelle MM. Siebe et Mariott ont pris une patente en Angleterre, le 29 mars 1828, et dont ils se prétendent les inventeurs, est construite sur les mêmes principes que celle de M. Dietz, à quelques légères différences près; elle est représentée,^#. 6, 7 et 8, PI. 577. La Jig. 6 est une coupe verticale laissant voir l’intérieur de la boîte qui ren -ferme le mouvement ; la Jig. 7 est une coupe verticale dans le sens de la longueur de la manivelle, et la Jig. 8, une élévation vue du côté de la manivelle , dessinée sur une échelle réduite.
- La pompe de MM. Siebe et Mariott se compose d’une boîte ou tambour cylindrique a, en cuivre, dans l’intérieur de laquelle tourne une roue creuse b , fixée sur un arbre horizontal q, portant une manivelle c. Cette roue est percée, à des intervalles égaux, de quatre entailles, qui reçoivent un pareil nombre de plaques ou d’ailes mobiles en fer d d; les ailes glissent dans ces entailles et s’appuient par leur bord intérieur contre un excentrique saillant, fixé solidement sur le fond de la boîte ; ee sont deux courbes en fer formant un second excentrique dans l’intérieur de la boîte, et avec lesquelles le bord extérieur des ailes vient successivement en contact; ce qui les force à rentrer dans leurs entailles. A mesure que la roue b tourne, les ailes, qui partagent l’intérieur de la boîte en quatre parties égales , y produisent un vide qui s’établit également dans le tuyau d’aspiration t; l’eau monte dans ce tuyau, et après avoir pénétré dans la boîte par l’orifice g, elle est renfermée entre deux cloisons pour être conduite, en suivant ladirection des flèches, jusqu’à l’ouverture h, d’où elle est forcée de passer dans le tube ascensionnel u. On conçoit que la sortie de l’eau par ce tuyau donne un jet continu, parce que, renfermée entre deux cloisons, elle n’est pas totalement entrée dans le tuyau d’ascension, qu’une nouvelle quantité contenue entre les deux cloisons suivantes se présente pour entrer à son tour dans le tube ascensionnel, en poussant celle qui la précède.
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- Pour adoucir le frottement des ailes mobiles contre les parois intérieures de la boîte, ou du moins pour le rendre égal sur tous les points, les auteurs ont imaginé divers artifices, dont il nous reste à rendre compte. D’abord ils fixent dans l’intérieur de la roue b et sur l’excentrique y, au moyen d’une vis k, une pièce courbe i, contre laquelle s’appuient trois des ailes, tandis que la quatrième est en contact avec l’excentrique lui-même : cette pièce i, étant poussée en dehors par un ressort /, les ailes se trouvent toujours serrées contre la périphérie intérieure de la boîte a ; mais pour qu’elles joignent également bien contre les deux fonds, et pour les garantir de l’oxidation, elles sont garnies sur leur longueur de pièces de cuivre m pressées par des ressorts n (voyez ftg. 7 ). De cette manière, elles se trouvent parfaitement à l’épreuve de l’air et font l’effet d’un piston métallique. * < ' ;
- L’espace compris entre les deux orifices g et h est occupé par une pièce mobile o, pressée par un ressort p contre la roue b. Cette pièce, dont la hauteur est égale à F épaisseur de la boîte, est aussi à l’épreuve de l’air, de même que l’axe q, qui traverse une garniture à étoupes r. La soupape s sert à empêcher le retour de l’eau élevée dans le tuyau, d’aspiration t.
- Rapport fait par M. Molard aîné, au nom du Comité des arts mécaniques, sur une machine à séparer la chenevotte de la filasse du lin et du chanvre, soit avant, soit apres le rouissage, établie par M, André Delcourt, à Saint-Ouen, près Paris ( 1). • . . , '-
- Messieurs, ce n’est pas sur un mémoire ni sur un simple modèle que nous avons à vous faire un rapport, mais bien sur une machine établie en grand et fonctionnant, que notre collègue M. Ternaux aîné vous a invités à faire examiner. . , - . ;
- Plusieurs des membres du Conseil d’administration de la Société d’En-couragement se sont empressés de se rendre à l’invitation de M. Ternaux, le 20 septembre 1827. .. , , . , ' . « >> v-
- (1 j Ce rapport est déjà d’une date ancienne ; mais nous avons dû en différer la publication jusqu’après le jugement du concours pour le prix relatif à la préparation du lin et du chanvre sans rouissage, M. Delcourt s’étant mis sur les rangs pour disputer ce prix. Quoiqu’il n’ait pas rempli toutes les conditions du programme , il a cependant approché du but et a été jugé digne d’une récompense distinguée, la médaille d’or de première classe. (Voyez Bulletin de novembre dernier, page 377. ) ; ï
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- La machine de M. André Delcourt, nommée par lui linourgos, est composée d’un système de paires de cylindres cannelés, en assez grand nombre, et renfermés dans un encaissement disposé pour empêcher la poussière qui se dégage pendant l’opération du broyage de se répandre dans l’atelier, et d’en garantir les personnes chargées du service de la machine : elle reçoit un mouvement continu de rotation dans le même sens par la machine à vapeur employée à faire mouvoir toutes les mécaniques qui composent l’intéressant et utile établissement de Saint-Ouen. - -
- Avant de rendre compte des effets que produit la machine de M. André Delcourt, et dont un très grand nombre de nos collègues ont été les témoins avec noms, nous croyons devoir profiter .de cette occasion pour rappeler à votre souvenir que c’est en 1784 que fut rendue publique dans le treizième volume dns Opuscules choisis, imprimés à Milan, la première machinea du moins à notre connaissance, propre à broyer le lin et le chanvre, au moyen de trois cylindres cannelés, mis en mouvement à bras d’homme, ou par manège. •
- Ce serait peut-être ici le lieu de faire l’histoire des efforts plus ou moins heureux des mécaniciens de divers pays pour atteindre le but proposé, au moyen de machines à broyer le lin et le chanvre non rouis.
- Mais comme la Société d’Encouragement a jugé convenable de proposer un prix de six mille francs pour la préparation du li,n et du chanvre sans employer le rouissage, et que très probablement plusieurs concurrens se présenteront d’ici au 1<r. mai prochain, époque fixée par le programme, c’est alors qu’il conviendra de rendre compte, dans un rapport détaillé, de toutes les tentatives faites à ce sujet avec plus ou moins de succès. ’ * • - * -—-v -
- Nous nous contenterons donc maintenant d’exposer succinctement les résultats du travail de la machine de M. André Delcourt^ établie à Saint-Ouen. ' .
- Le 20 septembre 1827, en présence de plusieurs des membres du Jury central de l’Exposition, de la Société d’Agriculture du département de la Seine et de la Société d’Encouragement, on a pesé 38 hilog. a5o gram. de lin non roui de Fère en Tardenois. -
- Une jeune fille présentait le lin en baguettes, par poignées , à l’action de la machine; une autre ouvrière, placée de l’autre côté, recevait les poignées broyées et dépouillées en très grande partie de la chenevotte.
- Un homme recevait des mains de cette ouvrière les poignées parfaitement broyées dans toute leur longueur, les appareillait et secouait de manière à obtenir une filasse prête à être espadée.
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- Cette opération du broyage de 38 kilog. s5o gram. a duré quarante-six minutes. ’ ; : — '-'-••••• \
- Ces 38 kilog» a5o gram. de lin en baguettes ont rendu 16 kilog. j5o gram. défilasse. - - • ^ •• • :;-r
- La chenevotte a été de ai kilog. 5oo gram.
- On a passé ensuite à l’opération de l’espade, et pour qu’elle fût moins longue, on a réduit à moitié les 16 kilog. y5o gram. de filasse non espadée, en pesant seulement 8 kilog. 2^5 gram. " v •'
- L’espadage de cette quantité, fait par un seul jeune homme, a duré une heure cinquante-huit minutes. ‘ : ^ ^ ^
- Le poids de la filasse, après cette opération, s’est trouvé de 6 kilogrammes et le déchet de 2 kilog. nj5 gram. - - - -
- Cette courte expérience, faite par un temps pluvieux dans des lieux humides, nous a offert la preuve, d’une part, que la machine est organisée de manière que les tiges de lin brut, soumises à son action, sont parfaitement broyées, et que la filasse est conservée en entier dans toute sa longueur, et d’autre part, qu’elle est également propre à broyer le chanvre de toute longueur, à en juger par celui qu’on y a fait passer ensuite, en petite quantité seulement, pour nous assurer des effets de la machine sur cette dernière plante. „
- Nous n’avons pas pu apprécier la force qu’exige le travail de la machine dont il s’agit; mais M. André Delcourt, qui s’en est rendu compte par un travail suivi, en opérant sur des quantités considérables de lin et de chanvre, assure qu’au moyen d’une force de deux chevaux on peut donner le mouvement a trois machines et leur imprimer la vitesse nécessaire pour broyer, chacune, 6oo"É:ilogrammes de lin brut, non roui, par journée de travail de douze heures. ^ ^ -
- M. André Delcourt a dressé un tableau comparatif, qui établit la différence qui existe entre le produit des lins travaillés après le rouissage et celui de ces mêmes lins non rouis, travaillés par la machine nommée linourgos. ' y K r • " '
- En résumé, la machine à broyer le lin et le chanvre, de M. André Delcourt} remplit parfaitement son objet, ainsi que le prouve l’expérience dont nous venons de rendre compte, et dont les résultats sont encore confirmés par les échantillons que nous mettons sous vos yeux. * '
- En conséquence, nous avons l’honneur de vous proposer d’insérer dans votre Bulletin le présent rapport. ' = , . ; . v - ; ,,
- Adopté en séance 3 le 1.9 décembre 1827 .
- «m Signé Molard aîné, rapporteur.
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- Rapport fait par M. Francœur, au nom du Comité des arts mécaniques, sur un Mémoire de M. Olivier, relatif a la vis sans fin.
- M. Théodore Olivier est ancien élève de l’École polytechnique, ancien officier d’artillerie et membre de la Société d’Encouragement; déjà connu par d’utiles travaux, il est compté parmi les personnes qui s’occupent avec le plus de succès des recherches géométriques : le mémoire qu’il vous a présenté, Messieurs, est un nouveau titre qu’il a à votre bienveillance.
- Dans l’engrenage des vis sans fin quelle est la nature de la surface des dents? Comment s’opère le contact d’une dent de la roue avec le filet de la vis ? Quel est le lieu géométrique des points de contact? Quelle est enfin la courbe génératrice et de la dent et du filet, pour que les vitesses angulaires soient dans un rapport constant? Telles sont les questions que M. Olivier résffat dans son intéressant Mémoire,
- Il est d’abord conduit à examiner l’engrenage des crémaillères, dont il emprunte la théorie à la mécanique de notre savant collègue M. Hachette : il y ajoute l’épure de la crémaillère à dents triangulaires, qui n’avait pas encore été faite. Cette analyse des dents de crémaillères, sous forme de parallélipipèdes ou de prismes triangulaires droits et obliques, est une des bases nécessaires à établir pour la suite des discussions; et les particularités géométriques qui naissent de ces systèmes très différens l’un de l’autre sont exposées avec la rigueur géométrique qui distingue ç§s sortes d’examens.
- D’aprcs ces considérations, l’auteur donne la construction d’une machine pour fabriquer les dents d’après les principes qui concourent à la formation de leur surface. Ces préliminaires indispensables composent la première partie du Mémoire ; la seconde traite de la vis, tant à filet carré qu’à filet triangulaire.
- Concevant par l’axe de la vis un plan méridien qui coupe cette surface suivant une crémaillère et la roue suivant un cercle, dont les développantes forment les dents de cette roue, il appelle ce plan le plan milieu, et cherche quel est, sur le filet de la vis, le lieu des points de contact de cette développante avec toutes les crémaillères qui se succèdent l’une à l’autre dans ce plan milieu, à mesure que la vis tourne, c’est à dire le lieu géométrique des points de contact delà développante avec la surface hélicoide gauche du filet. Si le filet est carré, ce lieu géométrique n’est autre chose que l’hélice cylindrique formant l’arête vive et saillante du filet : s’il est triangulaire, Vingt-huitième année. Janvier 182g. 2
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- la courbe tracée sur le filet sera une spirale hélicoïde gauche. M. Olivier cherche ensuite les surfaces engendrées par ces lieux géométriques; ce qui lui sert à trouver la forme de la dent.
- h y a deux manières de construire cette surface de la dent, soit en ne lui supposant qu’un seul point commun avec le filet de visf»soit en usant la dent avec la vis qu’elle doit mouvoir, et qui sert, dans cette opération , d’outil tranchant pour façonner l’une dès surfaces sur l’autre.
- Dans le premier cas, la surface de la dent est réglée; c’est l’enveloppe des paraboloïdes hyperboliques menées tangentiellement à la surface hélicoïde gauche du filet. La caractéristique de cette enveloppe est une ligne droite lorsque le filet est carré; lorsqu’il est triangulaire, la surface latérale de la dent est une enveloppe dont les génératrices touchent différentes hélices tracées sur le filet suivant une loi connue.
- ~ Dans la Seconde manière de travailler la dent, elle est une surface hélicoïde courbe, dont les caractéristiques sont invariables pour la vis à filet carré, et variables pour le cas du filet triangulaire. L’aiJÜUr donne deux constructions géométriques pour former la surface dans ce dernier cas.
- Conclusions.
- Le Mémoire de M. Olivier est digne d’intéresser les géomètres ; il sert de préliminaire à d’autres travaux, qui auront pour vous , Messieurs, l’avantage de recevoir une application directe aux arts que vous encouragez, et la mécanique en pourra retirer d’utiles résultats.
- J’ai l’honneur de vous proposer de remercier M. Olivier de la communication qu’il vous a faite, et de l’engager a continuer ses recherches et à les rendre facilement applicables à l’industrie et d’une intelligence aisée pour les mécaniciens : car, tant que Fauteur se tiendra dans les hautes régions de la géométrie, ses travaux 11e seront pas à la portée des hommes dont il a le dessein de perfectionner les œuvres. Il lui sera facile d’extraire de son Mémoire et de ceux qui en sont la suite des descriptions simples et des procédés d’exécution peu compliqués, qui donneront à la mécanique pratique plus de précision et de sûreté. Le Mémoire de M. Olivier est digne, sous tous les rapports, de votre approbation distinguée.
- 1 Adopté en séance, le 3i décembre 1828.
- 1 Signe Francoeur, rapporteur.
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- ARTS CHIMIQUES.
- B Apport fait par M. Gaultier de Claubry, au nom du Comité des arts chimiques, sur la métallochromie de M. Léopold Nobili.
- Messieurs, un savant etranger, connu par d’ingénieuses recherches, M. Léopold Nobilivous a présenté des essais relatifs à un art nouveau, auquel il a donné le nom de métallochromie; vous avez chargé votre Comité des arts chimiques d’examiner ces produits, je vais avoir l’honneur, en son nom, de vous faire un rapport sur cet objet.
- Un grand nombre d’essais plus ou moins heureux ont étq/aits à diverses reprises pour appliquer d’une manière solide des peintures sur des métaux; mais, ou la solidité des peintures ne répondait pas à ce qu’on pouvait attendre, ou l’épaisseur des couleurs appliquées rendait les traits flous et diminuait beaucoup la finesse des dessins. M. Nobili est parvenu, par des recherches assidues et un travail de plusieurs années, à produire, par un procédé qu’il n’a pas fait connaître, des dessins sur divers métaux , dont le brillant des couleurs et l’harmonie des teintes ne laissent rien à désirer : ici, ce ne sont pas des couleurs appliquées offrant quelques uns des inconvé-niens que nous avons signalés, ce sont des couleurs développées à la surface des métaux sans produire d’épaisseur , et si stables , qu’elles ne disparaissent que par une chaleur rouge vive ou la destruction de la surface par un moyen mécanique ou l’action de quelques agens chimiques.
- Rien de plus brillant et de plus remarquable que les couleurs des plaques deM. Nobili y surtout à la lumière du jour, et si tous les dessins qu’il a exécutés ne sont pas d’un goût aussi pur qu’on aurait pu le désirer pour-une aussi jolie application, la régularité des formes et des contours peut faire juger de ce qu’il est possible de faire dans ce genre.
- M. Nobili n’a encore fabriqué des plaques que comme objets de curiosité, il en a seulement fait monter quelques unes, qui ont été singulièrement goûtées par les amateurs : on peut facilement juger que ce genre agréable aurait un grand succès s’il était exploité convenablement, et il est bien à désirer qu’un art si nouveau et si curieux ne soit pas perdu pour la France, où M. Nobili paraît disposé à le laisser mettre en pratique. On ne peut pas se faire encore une idée juste de l’étendue que pourrait prendre cette branche de fabrication, et quand on remarque que plusieurs métaux peuvent prendre des couleurs d’un ordre différent, mais toutes très remarquables, on se figure facilement tout le parti qu’un homme habile et con-
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- naissant le commerce peut tirer de l’exploitation de cette branche nouvelle d’industrie. Rien , par exemple, ne présente plus d’harmonie que l’or, sur lequel les teintes sont bien différentes de celles que présente l’acier. C’est sur ce dernier métal qu’avaient été exécutés tous les dessins qui vous ont été présentés par M. Nobili. L’argent offre encore des couleurs différentes , et un artiste exercé ne pourrait manquer de faire de belles applications du procédé de M. Nobili.
- Ces procédés ne nous sont point exactement connus : beaucoup de personnes ont fait à cet égard bien des suppositions et quelques tentatives ; mais quand il serait vrai que leurs suppositions fussent fondées, il y a loin de quelques essais plus ou moins heureux et de quelques couleurs développées à la surfacff d’un métal à l’art bien créé et parvenu, entre les mains de M. Nobili, à une perfection qui laisse peu de chose à désirer.
- Dans l’impossibilité où nous sommes de vous rien dire de positif sur la manière de produire les effets curieux que M. Nobili est parvenu à obtenir, no]^ ne pouvons qu’applaudir aux efforts soutenus qu’il a faits pour conduire cet art à l’état où il se trouve aujourd’hui. Tous ceux qui ont exploité des branches nouvelles d’industrie savent combien de difficultés s’offrent chaque jour et ne peuvent être surmontées que par un zèle soutenu et des efforts souvent infructueux. M. Nobili n’est pas arrivé sans les avoir développés au point où il vous a présenté sa métallochromie, et vous ne sauriez trop applaudir aux succès qu’il a obtenus.
- 11 serait bien à désirer , nous le répétons, que cet art curieux ne fût pas perdu pour la France, et le Comité des arts chimiques, pour procurer, autant qu’il est en lui, ce résultat, me charge de vous proposer, en remerciant M. Nobili de son intéressante communication, d’ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de la Société. .
- Adopté en séance, le 28 janvier 1829. . 1 ' ' '.
- Signé Gaultier de Claubry, rapporteur.
- Rapport fait par M. Gaultier de Claubry, au nom du Comité des arts chimiques, sur les tapis et les stores de MM. Atram-. blé, Briot fils et compagnie l 5 > o U t u nu'r *
- Messieurs, il y a déjà fort long-temps que MM. Atramblé, Briot fils et compagnie vous ont présenté un assortiment de tapis pour divers usages,
- (1) Le dépôt de la fabrique est rue de Richelieu , n°. 89.
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- fabriqués à l’instar de ceux qui sont si répandus en Angleterre , et dont il serait àdésirer que l’usage se répandît de plus en plus en France. Successeurs de M. Chenavard, auquel vous avez accordé une médaille d’or pour ce genre de fabrication , MM. Atramblê, Briot fds et compagnie ont cherché à mériter toujours vos suffrages. A l’occasion d’un rapport sur les tapis de MM. Kernet frères, une réclamation de priorité ayant été élevée devant vous par M. Chenavard, vous n’avez pas voulu vous immiscer dans une discussion qui n’était pas de votre ressort : MM. Atramblê, Briot fils et compagnie n’ayant pas adressé de produits nouveaux, votre Comité a cru devoir attendre une nouvelle demande de ces fabricans pour vous présenter un rapport : ils l’ont fait en vous adressant des échantillons de papier imprimé pour tapis , qu’ils ont fabriqués depuis assez long-temps déjà, et des stores remarquables par leur belle exécution, et dont quelques uns ont été admirés à la dernière Exposition des produits de l’industrie..
- On se sert, depuis plusieurs années, en Angleterre de papier imprimé pour tapis; MM. Atramblê, Briot fils et compagnie l’ont imité depuis plus d’une année, et en expédient à leurs commis voyageurs dans toutes leurs cartes d’échantillons. Des demandes leur ont été faites, et vous pouvez vous convaincre qu’ils le fabriquent bien, par les échantillons de papier anglais et de ceux de ces fabricans que vous avez sous les yeux : il n’y a pas lieu de croire que cet article puisse jamais devenir très important; mais si MM. Montgolfier cherchent à eh répandre l’usage, il est juste de faire connaître au public que d’autres fabricans en ont versé avant eux dans le commerce.
- Les stores transparens que votre Comité a été chargé d’examiner ont dû particulièrement fixer son attention , et ce genre, quoiqu’il ne soit pas lui-même à la’portée de toutes les fortunes , est si remarquable , que les fabfieàns qui l’ont entrepris ne sauraient être trop encouragés, quand on considère surtout qu’ils ont à lutter contre l’Angleterre , avec laquelle ils rivalisent déjà dans plusieurs pays. ; ;
- Les stores transparens sont d’un magnifique effet par la beauté et la variété des couleurs, vues en transparent, et les dessins ne laissent rien à désirer. On pouvait craindre, et cette crainte;avait,été conçup par quelques personnes, que les couleurs n’eussent pas la solidité que l’on;doit désirer à ce genre d’objets; la preuve du: contraire est acquise, qt l’un des stores que votre Comité a eus à sa disposition a été fabriqué en 1825 et n’a rien perdu de son éclat. Vous vous rappelez sans doute, Messieurs, le bel effet que produisaient à l’Exposition dernière des produits de l’industrie plusieurs de ces stores, et le public en a bien jugé de même : la preuve en
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- est dans le nombre de ces stores qui ont été commandés depuis cette époque. Vous jugerez de l’importance de ce genre de fabrication par le tableau suivant des ventes faites à l’étranger par MM. Atramblé, Briot fils et compagnie. Depuis l’Exposition de 1827 jusqu’à la fin de décembre dernier, ils ont expédié : .
- > 1 En tapis vernis de tout genre, pour. . 38,153 francs . . "V .
- Stores transparens et écrans. > , V » vo ; 25,702 ; . ; v «iov qui forment à peu près le cinquième de leurs ventes pour ce genre de pro-* duits. Ces expéditions ont été faites à Buenos-Ay res, au Mexique, au Brésil, à Saint-Pétersbourg, à Vienne, à Leipsjck, à Tournay, à Madrid, à Turin , à Gênes, à Livourne, à Florence, à Rome et à Naples. Sur tous ces points Ces fabricans avaient à lutter contre l’Angleterre, et ce qui prouvé que leurs produits sont goûtés, c’est que des demandes nouvelles leur sont faites, et qu’ils sont chargés en ce moment d’exécuter sur soie une suite de vues de Vienne pour la princesse de Calabre. Il est remarquable que la vente de cet article nouveau s’élève aux cinq huitièmes de celle des tapis vernis, pour lesquels des relations avaient déjà été établies depuis longtemps , et l’on ne peut douter rjue ces stores et les écrans ne forment bien-* tôt une branche importante de notre industrie, . J; v * . ;
- A la dernière Exposition , le Roi avait daigné agréer Fhommage que MM. ' Atramblê, Briot fils et compagnie lui avaient fait de l’un des stores exposés ; Sa Majesté a été si satisfaite , qu’elle eu a fait exécuter un semblable sur soie pour le salon de famille aux Tuileries. •• :
- Vous voyez, Messieurs, d’après ces détails, que MM. Atramblê, Briot fils et compagnie n’ont pas démérité de la faveur que vous aviez accordée à leur prédécesseur, et qu’ils continuentavèc zèle à parcourir la carrière qui leur était ouverte. La beauté et la solidité de leurs produits, la quantité toujours croissante de leur fabrication, ont paru à votre Comité devoir leur mériter de votre part une attention toute particulière, et j’ai l’honneur de vous proposer en son nom : ; i ; i •
- i°. De remercier MM. Atramblé, Briot fils et compagnie de leur communication ; - ; <••••> -:~5 t .... v f a „ . . ' '
- 20, De faire connaître leurs nouveaux produits, en ordonnant l’insertion du présent rapport au Bulletin. feoa/nu'u ' n ; ^
- Adopté en séance j le 2&jctfwieriSzÿ;^}'>ni y 1
- • ' 1 > ; ; r è.:noJr SignéGavltie* pe Claubry, rapporteur,
- - : • . *. - J'k; k; • an > v . ‘
- . 1 !.. ? > I : : n j A i (•.oijiîicqzjl. i r h Ai,
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Mémoire sur la fabrication des poteries, des faïences et des grès, à L'imitation des produits anglais > introduite en France par M. cle Saint-Amans.
- Nos lecteurs se rappellent que M. de Saint-Amans présenta, l’année dernière , à la Société d’Encouragement une nombreuse collection de poteries et de grès de toutes formes et grandeurs, semblables et même supérieurs à ceux provenant des manufactures anglaises les plus estimées. Ces objets avaient été fabriqués à la Manufacture royale de Sèvres avec des argiles prises sur notre sol. Le Comité des arts économiques, chargé de les examiner, en ayant rendu un compte favorable, la Société décerna à M. de Saint-Amans une médaille d’encouragement, dans l’espoir que sa fabrication, qui alors n’était qu’en essai, pourrait bientôt recevoir le développement nécessaire et produire une réforme utile dans nos ateliers.
- Depuis cette époque, M. de Saint-Amans, ayant obtenu la permission de construire un four à la Manufacture royale de Sèvres, a pu travailler sur une plus grande échelle : en effet, il a fabriqué quantité de pièces, soit en grès, soit en faïence et demi - porcelaine couverte d’un émail dur et inaltérable; ces objets, exposés dans le palais du Louvre avec les autres produits des manufactures royales et confectionnés avec des matières françaises, ont excité l’intérêt et l’attention du public : ils se distinguaient par la solidité et la dureté de la couverte, par l’élégance et la variété des formes, le bon goût des dessins et des reliefs qui les ornaient, et surtout par un prix extrêmement modique ; aussi les personnes admises à visiter les salles du Louvre se sont-elles empressées d’acheter toutes les pièces qu’il avait été permis à M. de Saint-Amans de vendre, en regrettant de ne pouvoir s’en procurer davantage.
- Le Roi et les Princes de la Famille royale ont daigné applaudir aux succès qui ont couronné les efforts de cet habile fabricant. Encouragé par cet auguste suffrage, il cherche à s’en rendre digne en s’occupant de la création d’une manufacture en grand dans l’un de nos départemens.
- D’après le vœu manifesté par la Société d’Encouragement, nous allons donner dans ce Mémoire tous les détails des procédés importés et perfectionnés par M. de Saint-Amans, d’après les renseignemens qu’il a bien voulu nous communiquer, procédés dont il a fait généreusement l’abandon à l’industrie française, en renonçant aux droits de son brevet.
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- Les Anglais nous ont devance's dans l’art de fabriquer cette faïence en terre de pipe, si remarquable par sa légèreté; ils nous ont encore appris à la décorer d’ornemens en bleu, qui lui donnent l’apparence de la porcelaine de Chine : leur procédé est d’une exécution prompte et facile. ;
- Lorsque les pièces ont subi la première cuisson, on applique dessus l’empreinte fraîche d’une gravure,* l’encre employée dans cette circons-* tance est composée d’arséniate de cobalt uni à un fondant et broyé avec de l’huile de lin épaissie et préparée convenablement. .
- Les planches de cuivre sont gravées au burin, et les tailles plus ou moins profondes, admettant des quantités diverses de couleurs, donnent lieu à des teintes pâles et vigoureuses qui font ressortir la gravure. Le cobalt, en fondant, s’épand de manière que les tailles formées par le burin se confondent et forment ufie peinture au lavis,
- On imprime la gravure sur du papier mince npn collé et trempé préalablement dans une forte eau de savon. Ce papier, encore humide, s’applique sans peine sur la surface un peu grenue de la faïence ; on le fait adhérer avec un tampon de flanelle, ensuite on trempe la pièce dans l’eau : le papier se détache aussitôt et laisse sur la terre à demi cuite l’empreinte qu’il avait reçue de la planche ; il ne reste plus qu’à faire évaporer à une médiocre chaleur l’huile mêlée avec le cobalt : après quoi, on enduit les pièces de leur couverte vitreuse et on les met au four.
- Ce genre de poteries est depuis quelques années l’objet d’une fabrication très étendue en Angleterre, surtout dans le comté de Stafford, où se trouvent les célèbres manufactures de terre de Wegdwood, et un très grand nombre d’autres établissemens qui s’occupent de la fabrication, tant des porcelaines, des grès de différentes espèces, que de celle des faïences blanches et imprimées, Ces manufactures sont tellement ' rapprochées qu’elles semblent ne former qu’une seule ville. Une population de soixante mille âmes y trouve un travail assuré; des mines de houille inépuisables les alimentent; la machine à vapeur est là, comme ailleurs, le moteur universel. L’air y est continuellement embrasé par les feux des fours ; des canaux creusés dans toutes les directions servent pour le transport des produits dans les divers ports de l’Angleterre, d’où ils se répandent sur tous les marchés de l’Europe. Si l’on ajoute à ces avantages l’activité que répand le transport continuel sur les routes d’Angleterre des matières premières et des objets confectionnés, l’exploitation de la houille à l’usage de ces manufactures, et celle des argiles, du silex et des autres matières, on concevra quel immense développement a pris ce genre
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- d’industrie. Cette fabrication a un avantage qui lui est particulier, en ce que la valeur des objets confectionnés consiste presque entièrement en main-d’œuvre, et qu’un tonneau de matières premières produit plusieurs tonneaux de poteries terminées et prêtes pour l’embarcation, qui se paient en raison du volume, au lieu de se payer au poids; ce qui occflpe un nombre considérable de petits bâtimens, employés au transport.
- La houille étant en grande abondance dans le comté de Stafïord, les •Anglais ont pu donner à leurs poteries le degré de cuisson nécessaire pour procurer à la couverte la dureté, le glacé et l’inaltérabilité dont elles jouissent. Si l’on ajoute à cet avantage celui de la division bien entendue du travail, qui a permis de livrer au commerce les marchandises à très bas prix, on ne sera pas étonné de l’immense consommation qu’on fait. Cette concurrence a été extrêmement fâcheuse pour nos manufactures, qui, n’étant pas placées dans les mêmes circonstances, ont été^ souvent obligées de sacrifier la qualité à l’apparence extérieure.
- M. de Saint-Amans s’est convaincu de la possibilité de fabriquer en France, si riche en matières premières de toute dlpèce, des poteries dont l’excellente qualité et le bon marché ne nous laissent plus rien à envier à l’industrie étrangère. -
- Mais pour atteindre ce but, il ne suffit pas de suivre exactement les procédés anglais, il faut encore former des ouvriers habiles, actifs, ayant des habitudes d’ordre et l’amour du travail. Sous ce rapport, nos voisins ont une intelligence rare pour employer tous les bras. Personne n’entend aussi bien qu’eux l’art de classer les poteries dans les localités qui leur sont propres, et d’ei\répartir les travaux selon les âges, les sexes et les facultés. Dans les manufactures du Staffordshire, on voit des vieillards , des femmes, des enfans tous occupés à des travaux qui leur sont relatifs. La supériorité des faïences anglaises ne dépend pas, comme on l’a cru mal à propos, de la pureté et de l’excellence de leurs matières, mais bien de la bonne direction qu’ils ont su donner à la main-d’œuvre, de l’ébauche, du poli des pièces, du garnissage, de l’exactitude dans les proportions, du broyage, du tamisage, de la finesse extrême de leurs pâtes, de l’adresse des tourneurs, enfin de plusieurs moyens particuliers dont ils se réservent la connaissance.
- M. de Saint-Amans j pour donner à ses produits toute la perfection désirable, a fait venir d’Angleterre des ouvriers dont l’expérience et l’habileté lui étaient connues. Ce sont eux qui ont fabriqué les poteries exposées au Louvre, et quoique le prix de leur journée soit assurément très élevé, Vingt-huitième année. Janvier 182g. 3
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- il a cependant trouvé de l’économie à les employer, parce que les pièces sortaient de leurs mains sans aucun défaut.
- Toutefois, avec l’intelligence et l’activité naturelles à nos ouvriers, ils se seront bientôt rendus familiers tous les détails de la fabrication et nous permettront de nous passer des étrangers. ' *
- Première partie. — Faïence dite de terre de pipe. *
- i°. Composition des terres. En France comme en Angleterre, l’alumine et le silex constituent la base fondamentale des poteries; le fabricant les mêle selon les convenances, les formes et les proportions ; mais il existe des différences dans les procédés : c’est aussi du choix de l’argile alumineuse que dépend le succès de la fabrication de la faïence fine.
- Les Anglais possèdent des procédés particuliers pour la composition de leurs pâtes et pour celle des couvertes dont ils enduisent leurs poteries.
- La base de ces pâtes est une argile bleuâtre qu’on tire des comtés de Devon et de Dorset*(i) ; on la trouve à 25 ou 3o pieds de profondeur : elle s’extrait par grosses masses et contient 24 parties d’alumine et 76 parties de silex; beaucoup d’autres substances y sont mêlées, mais leurs proportions n’influent pas sur le travail. Cette argile est très réfractaire, propriété qui, jointe à son extrême blancheur quand elle est cuite, lui fait accorder la préférence sur toutes les autres argiles de la Grande-Bretagne’;
- Cette même argile est la base de toutes les poteries de terre de pipe appelées cream colonr; de celle destinée à recevoir les impressions sous couverte, nommées prïnting bodj; des poteries vitrifiées, de l’invention de FFedgwood, et des porcelaines tendres.
- La faïence la plus commune est la terre de pipe; ses matières constituantes sont l’argile dont on vient de parler , le silex calciné et la pierre de Cornouailles ( cornis h stone), qui est un granit décomposé, qu’on broie: avant de le faire concourir à la formation de la pâte.
- Les proportions varient parmi les manufacturiers; les suivantes sont celles qui sont le plus généralement adoptées dans l’un des principaux éta-blissemens du Staffordshire.
- (1) M. de Saint—Amans remplace cette argilè par des terres françaises, auxquelles il a reconnu d’excellentes qualités. Les objets exposés au Louvre ont été fabriqués avec des terres argileuses provenant des départemens de Seine-et-Marne, de la Seine-Inférieure, de la Loire, dé la Gironde, etc.
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- Composition de la terre de pipe (cream colour ).
- Silex. ...................20 parties
- Argile. . ...............ioo
- Granit décomposé. ... 2
- Composition de la pâte propre à recevoir les impressions sous couverte
- (printing body ).
- Pour bien faire cette pâte il est nécessaire d’augmenter les proportions du silex et du granit ; on réduit ces deux substances en barbotine d’une consistance qui doit les faire peser par pint (1).
- Silex. ...... 32 onces
- Granit. ..... 28
- On ajoute à cette pâte du kaolin de Cornouailles ( cornish clay ); on la réduit également en barbotine, qui doit peser 24 onces par pint : alors, à 40 mesures de barbotine d’argile du Devon il faudra ajouter :
- i3 mesures de silex
- 12.........de kaolin
- 1.........de granit
- On mêle le tout ensemble, on le sèche à moitié et on le passe dans la machine à couper l’argile, dont nous allons parler, pour bien mêler ensemble toutes les parties constituantes de la pâte avant de la livrer à l’ouvrier pour la mettre en usage.
- Lorsque cette pâte est cuite elle est très blanche, très dure, sonore et susceptible de recevoir toutes sortes d’impressions sous couverte.
- Le silex, mêlé avec le kaolin dans les proportions indiquées, lui procure une texture compacte, et l’impression reste fixée entre la pâte et la couverte, sans communiquer ni à l’un ni à l’autre aucune nuance de la couleur métallique employée pour l’impression. *
- Le granit donne de la force à la pâte et la rend très sonore après la cuis-
- (1) Le pint est une mesure de capacité équivalant à o,473htre,‘. Les argiles en barbotine pèsent 24 O»068 Par pint Pour mêler les corps de pâte, et le silex 32 onces. Ces 24 onces se réduisent au tiers après l’évaporation. Le pint de kaolin pèse, sec, 17 onces^j en barbotine 24 ; évaporé, 8. Le caillou pèse, sec, par pint, i4 onces e't demie; délayé dans l’eau, 32; évaporé , 8. Une pareille mesure de barbotine de terre du Devonshire, du poids de 24 onces, se réduit par la dessiccation à 4 onces et demie ; tandis que 32 onces de barbotine de silex rendent 16 onces entièrement desséchées.
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- son, tandis que le kaolin réunit le double avantage de lui communiquer une blancheur agréable et une grande solidité. Quoique ces matières soient très abondantes en France et à bas prix, leur usage est cependant inconnu dans nos manufactures de terre de pipe. . ,jy
- 2°. Broiement et mélange des terres. Ces opérations^ se font en grand dans des moulins établis au bord des rivières et canaux.
- La première opération consiste à couper ou hacher l’argile ; on emploie pour cet objet un cylindre en fonte de fer a, Jig. i, PL 378, de 4 pieds de haut sur 20 pouces de diamètre, ouvert en dessus, et contre les parois intérieures duquel sont fixées des lames horizontales d, destinées à couper l’argile : entre ces lames passent des couteaux c, implantés sur un arbre vertical b, lequel est mis en mouvement par un moteur quelconque. On voit la forme et la disposition de ces couteaux, jig. 2. Ils sont distribués sur l’arbre de manière à former, en tournant, une hélice, qui non seulement coupe l’argile, mais l’oblige aussi à déscendre au fond du cylindre et à sortir par l’ouverture latérale e : par ce moyen elle se trouve parfaitement divisée.
- Après cette première opération on la soumet à l’action d’un autre cylindre à peu près semblable au précédent, avec la seule différence que le fond est percé d’une ouverture de 6 pouces carrés, à travers laquelle l’argile est forcée de passer pour être ensuite coupée en morceaux d’à peu près un pied de long , à l’aide d’un fil de cuivre.
- Pour mêler les argiles et obtenir une combinaison intime de toutes leurs parties on fait usage d’un moulin à manège représenté en coupe verticale, Jig. 3, Pi. 378. a est un tonneau ouvert par le haut, composé de fortes douves cerclées en fer, et garni d’un fond b. Ce tonneau repose sur deux pièces de bois cd, disposées en croix, comme on le voit dans la coupe, Jig. 5, et recouvertes par des bandes en fer plat e,jig. 4, fixées sur les extrémités de la croix au moyen de quatre boulons à écrous ff. Sur la croix en fer s’élèvent verticalement quatre oreilles g, embrassant extérieurement le tonneau a, auquel elles sont solidement fixées par des boulons à écrous i.
- Le milieu de la croix est percé d’un trou qui donne passage à l’extrémité inférieure de l’arbre vertical en fer h, Jig. 3; cet arbre occupe le centre du tonneau et tourne dans une crapaudine z scellée dans un pilier en maçonnerie a!. L’extrémité supérieure de ce même arbre est reçue dans un collier attaché à la poutre p. k est une lame tenue dans une position oblique , et fixée horizontalement à 1-arbre h ; elle est destinée à faire descendre au fond du tonneau l’argile, qui, dans son passage, est déchirée et mêlée en tous sens par cinq branches ou rayons l, implantés également sur
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- l’arbre tournant, et munis de lames plates -et trâûchaiitesdëgèreBQeîitincli4 nées. Arrivée au fond du tonneau, Pargile rencontre ixm çauteàù droù \ qui, la poussant devant lui, la fait sortir par les ouvertures no. q est un grand levier attaché d’un bout à l’arbre % et recevant à l’autre bout l’attelle r; pour y placer le cheval qui fait tourner le mouliru L’extrémité de ce levier, munie d’une armature en fer v; se voit en plan> fig. 6ÿ embrassant l’arbre h et serré contre lui par une clavette, w est uue tring'le de fer âccro-ehée à l’arbre et servant a soutenir le levier 7/'v est l’escalier par où l’on descend pour enlever l’argile sortie par les ouvertures tz o, et qu’on coupe avec un fil de laiton x, attaché près de chacune de ces ouvertures. La porte y, pratiquée sur l’un des côtés du tonneau, sert à le nettoyer au besoin. ’ . ' ! - : • '
- Les cinq rayons / sont disposés de manière à recevoir sept lames. au lieu de cinq quand on veut diviser davantage l’argile.
- Les machines que nous venons de décrire sont applicables au mélange et à la division des mortiers, plâtres et cimens de toute espèce.
- Lorsqu’on veut obtenir des lames d’argile très minces et très compactes pour fabriquer des pièces plates, telles que carreaux, tuiles, etc., on comprime l’argile au moyen de la presse à cylindre représentée en élévation, vue de face et de côté, fig. 7 et 8.
- Cette presse est solidement établie sur le plancher A, percé d’une rainure de 9 pouces et demi de long pour laisser passer la lame d’argile. B est une poutre à travers laquelle monte et descend une tige verticale en fer, qui se termine inférieurement en une vis K ; sur cette tige est fixé, à la hauteur jugée nécessaire, un levier D servant à faire tourner la vis. E,jig. g , est une armature en fer composée d’une pièce cintrée et d’une traverse portant l’écrou qui reçoit la vis K. Le refouloir F est surmonté d’une griffe à trois pattes ayant pour objet d’égaliser la pression sur tous les points : ce refouloir est attaché au bout du levier K, où il est retenu par une clavette. L’argile est comprimée dans la boîte cylindrique G, qu’on voit en coupe, fig. 10 , et qui porte intérieurement un rebord, sur lequel se pose un faux-fond H, fig. 11, percé d’une rainure transversale donnant passage à la lame d’argile. On a plusieurs de ces faux-fonds de rechange percés de fentes circulaires, demi-circulaires, triangulaires ou de toute autre forme, suivant les objets qu’on veut confectionner. I est une planche inclinée pour recevoir la lame L sortant du cylindre G ; M M sont les montans de la presse.
- Pour terminer ce qui est relatif aux machines employées dans la fabrication des poteries, nous allons faire connaître une machine à bras propre a broyer à l’eau le silex et les autres matières qui entrent dans la composi-
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- tion des; Coa¥^fes. Ge moulin^ l'epréseaté en plan , coupe et élévation, PI. S79, diffère peude celui que nous avons décritdaris la vingt-sixième an* née du jBulletin, pâge-545* H cou si sjteen u n egrand e cuve de bois A, cerclée en fer, posée sur un pied en cfcarpm\teet maintenue entredeux montans B B. Le fond de cettè cuiVe^ési ûdéupe par unejaire én. pierre duré K , percée au centre d’um, Irou^ôà /lequel passe unftébre vertical ;en fen-J- Y,ers
- le milieu deJa iOggûeiunée eetiarbre. est Ji&ée , ipar iïÉr fort boulon à écrou, une armad^ret on; bande de- fersplatlH', ëmbr&ssànltideux molettes ï également en pierre dure, et que l’arbre entraîne dans; son mouvement de rotation <: ces molettes , qui portent exactement sur tous’le points de l’aire, sont destinées à opérer le broiement. lAél i ;3 j; i *
- Le mouvement est imprimé à ce moulin par un homme appliqué à la manivelle 0; cette manivelle est montée sur l’arbre JD, qui porte une roue d’angle E, de trente-quatre dents, laquelle engrène dans une roue d’angle horizontale G, de soixante dents, qui couronne l’arbre J. Une barre en bois de chêne C sert à consolider ce mécanisme, dont le mouvement est régularisé par un volant E.. uriLc ,..... r,t ; l ^ e: o . .• . ;
- r. Le silex mêlé avec de l’eau r ayant été convenablement broyé dans la cuve A, est soutiré par la chantepleure L et passe à travers le tamis N, d’où il tombe dans le baquet M. Celte première opération terminée, on le soumet à plusieurs autres tamisages à travers des cribles plus fins , pour enlever tontes les matières étrangères, et rendre la masse douce et bien lisse. -, - -
- Après que les différentes matières qui font la base des poteries ont été coupées, broyées et mêlées comme il vient d’être dit, on y ajoute de l’eau dans les proportions ci-dessus indiquées pour obtenir^ une combinaison intime, et on les garde dans des fosses. Il s’agit ensuite d’enlever à la masse la quanité d’eau surabondante qu’elle contient j ce qui se fait à l’aide de la chaleur. Pour cela, ou la verse dans des espèces de réservoirs pblongs, chauffés en dessous, pour entretenir la masse en ébullition jusqu’à ce qu’elle soit réduite en consistance convenable : il ne faut pas pas,-ser un certain degré, parce que si le mélange était presque sec, on ne pourrait pas le pétrir convenablement, et il serait très difficile de le mouler et de le tourner, ' i vî ' ? ^ ; i ,
- ; Les réservoirs ont ordinairement 22 pieds de long sur 8 pieds de large et 8 pouces de profondeur, et peuvent contenir une tonne (2,400 livres) de barbotine. Le fond est pavé en larges dalles de terre cuite de 5 à 4 pieds carrés, bien jointes, sous lesquelles régnent des tuyaux qui se croisent en tous sens et communiquent entre eux ; c’est dans ces tuyaux que circule
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- la flamme du foyer. Le feu dure ordinairement vingt-quatre liëûfëâ ^fin$ discontinuer : pendant ce terüps, des ouvrîërs armés dë râteah&' ét ]5làcé& de chaque côté de la fosse brassent la matière énébullition^ afin d’obtënftf une Combinaison intime de toutes ses parties. L’eau étant évàpèrée, la matière, à moitié sèche , est portée dans un atelier, oit elle ë§t soumise dü Battage.' Cette opération, se fart’ en prenant la pâte par' grOS'mdi^Céàu^q qu’on place sur une table , lès coupant en long et en large avec un fil dë laiton, remettant ensuite un morceau par dessus l’autre y et frappant dcs^ sus avec une massue : quand ils sont réunis on les coupe et on lès bat dë nouveau. Ce travail doit être continué jusqu’à ce que toutes lès bulles d’air que la masse contient en grande quantité aient entièrement disparu, et que la pâte soit parfaitement unie et homogène. .
- 3°. Ebauchage et tournage. Ces opérations se font en Angleterre commé chez nous et par les mêmes moyens. Le tour anglais n’a rien de particulier dans sa construction; seulement, au lieu d’etre mis en mouvement par 1 ouvrier lui-même >‘ il l’est par des femmes et des en fans; '
- 4°. Moulage. On se sert, dans toutes les manufactures de poteries anglaises, de moules pour les ornemens délicats, pour les bas-reliefs, et enfin pour tout.ee qu’on appelle, en terme de fabrication, garnitures. Ces moules sont faits en plâtre ou en terre cuite. Pour faire les premiers, on pulvérise le plâtre, et après l’avoir étendu de suffisante quantité d’eau, on le fait bouillir dans des fosses’ semblables à celles décrites plus haut; le plâtre yf est continuellement remué jusqu’à ce que l’eau soit évaporée. L’ouvrier chargé de cette opération met un mouchoir devant sa bouche pour se garantir des vapeurs délétères qui s’élèvent du plâtre. Après avoir été privé" d’eau, on réduit le plâtre en poudre douce et impalpable ; si on le mêle alors avec une quantité convenable d’eau, il l’absorbe sur-le-champ et forme une masse lisse et compacte , qui a aussi la propriété d’absorber promptement i’hùmidité' des autres substances; ce qui le rend très convenable pour faire des moules de toute espèce pour la poterie. Les pièces qu’on y placé sèchent très rapidement; Les moules dans lesquels on forme les plats et les assiettes se placent dans une étuve dont la température est’ peu élevée, et en moins de deux heures tout se trouve assez sec pour être remplacé. De la manière dont on dirige ordinairement ce travail, on fait servir les mêmes moules quatre ou cinq fois dans l’espace dé douze heures. La pâte des moules d’argile est composée de :
- Argile crue de Devon. ...... 70 parties
- La même, frittée et broyée. . . . 4°
- Le modèle sur lequel on doit faire le moule de terre cuite doit être de
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- la #ïême.matière ; on fait des croûtes, (\u!on pose sur le relief; on tamponne avec l’éponge et on retirç le çreux^d’un relief avec la même facilité que
- pour obtenir le relief d’une partie creuse. , r ?.,r. , • 4 /
- M* de Saint-Amans fait, par le même procédé, des moules de vases et des moules d’anses riches, dans lesquels il moule des pâtes qui n’ont pas besoin d’être réparées. Par ce moyen, il obtient en un seul coup ce que,le$iAnglais ne; font qu’en vingt coups au moins : cesperfeclionnemens re'uSsissejwt d’autant mieux qu’on peut prendre des empreintes d’objets de, lja plus grande délicatesse sur des modèles de plâtre, de soufre et même de cire ; tandis que les Anglais ne peuvent le faire que sur des modèles en terre cuite , capables d’absorber l’humidité de la pâte. Au lieu de faire ses moules en tamponnant plusieurs fois avec une éponge, M, de Saint-Amans ne donne qu’un seul coup aussi fort et aussi précipité que le coup du balancier. • ; , * . .
- Pour faire des moules par projection, en un seul coup, il prend une masse de terre, à laquelle il donne une forme conique; il place le modèle dont il veut prendre l’empreinte sur une table très solide ; il le graisse légèrement avec de l’huile, au moyen d’un pinceau de poil de blaireau; puis se plaçant directement vers le milieu de la table, il saisit avec les deux mains la masse de terre préparée, il la lève à bras tendus au dessus de sa tête et il là lance avec force sur le modèle, dont l’empreinte est prise à l’instant. Le cône renversé frappe d’abord sur le centre, et, par l’élasticité de la terre qui s’affaisse, chasse l’air qui nuirait à la netteté de l’empreinte : si elle tombait à plat, elle ne pourrait pas s’étendre sur toute la surface du modèle, qui, se trouvant couvert sur tous les points à la fois, ne rendrait jamais d’empreinte parfaite et empêcherait les parties fines du modèle de se remplir (l)., . '
- Il est à remarquer que le mouleur anglais, après avoir battu sa pâte et fait une quantité de croûtes, les polit avec son couteau, les porte sur le moule, passe l’éponge, les calibre et en polit le pied avec un morceau de terre cuite. Il reprend, au bout de quelque temps, sa pièce, sur laquelle il repasse lestement le même outil de terre cuite sans se servir de lame de couteau. L’assiette qui est démoulée n’est jamais polie dans l’intérieur, j M. de Saint-Amans a appliqué le procédé de moulage dont nous venons de parler à la confection des planches en relief avec la composition dite
- (i) Ce procédé est employé avec succès à la Manufacture royale de Sèvres; il en a été rendu compte à la Société d’Encouragement en 1819. (Yoyez Bulletin, dix-huitième année, page 54- ) s,r; ' ': ‘-il ^ ' v..'.-- !
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- pierre de fer (iron stone), grès ou autres pâtes vitrifiées, qui seront propres a imprimer sur les faïences et porcelaines. On obtiendra de cette maniéré des matrices, qui produiront d’autres planches en relief, à l’aide desquelles on pourra imprimer les faïences sous couverte.
- 5°. Garnissage, séchage, gazettes. Après que les pièces sont sorties du moule ou des mains des tourneurs, on y adapte les anses, ornemens ou reliefs qui doivent les décorer. Cette opération , qui s’appelle garnissage, exige des mains délicates et très exercées. Ensuite on fait sécher les pièces, soit à l’air, soit à l’étuve; quand elles sont arrivées au degré de siccité convenable , on les place dans des étuis ronds appelés gazettes, faits en argile très réfractaire, unis intérieurement et dont on forme des piles dans le four. Les dimensions de ces gazettes varient suivant celles des pièces qu’elles sont destinées à recevoir. Les gazettes dans lesquelles on place les poteries de couleur vitrifiée et sans couverte doivent être enduites d’un vernis composé de 12 parties de sel commun et 3o parties de potasse, ou 6 parties de potasse et 14 parties de sel, qu’on mêle avec une petite quantité de l’émail pour les poteries vitrifiées.
- Les gazettes employées dans le Staffordshire pour cuire l’émail des terres de pipe sont exactement semblables aux nôtres ; mais étant d’une texture beaucoup plus serrée , elles peuvent recevoir un feu prolongé sans que l’émail se dessèche. Le fond de chaque gazette est garni de fragmens de silex, qui deviennent, au, premier feu, tellement adhérens, qu’ils forment une infinité de petites pointes, sur lesquelles on place la marchandise lorsqu’elle ne consiste pas en assiettes.
- Les gazettes s’empilent les unes sur les autres et n’ont de rondeau que sur la dernière; les plus grandes sont évasées dans la partie supérieure, pour mieux les asseoir, surtout lorsque les enfournemens d’émail, se trouvant plus élevés, sont sujets alors à être dérangés. •
- En Angleterre, les cuiseurs du four d’émail font leurs gazettes dans le temps qu’on ne cuit pas; et pendant la cuite, comme ils se relèvent alternativement , celui qui ne cuit pas fait des gazettes, ( La suite au N°. prochain.)
- Vingt-huitieme année. Janvier 182g.
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- AGRICULTURE.
- Rapport fait parM. le baron de Silvestre sur la IV*. Livraison des Annales agricoles de Roville.
- Messieurs, vous m’avez chargé de vous rendre un compte verbal de la IVe. Livraison des Annales agricoles de Roville, dont M. Mathieu de Dombasle vous a fait hommage. Déjà j’ai eu l’honneur de vous présenter l’analyse des premiers volumes de cette collection (i) : je vous ai fait connaître quel était l’état de la terre de Roville lorsqu’elle a été destinée à former une ferme d’expériences, d’améliorations et d’études rurales; j’ai développé les projets et les travaux successifs de son estimable directeur, et j’ai cherché à vous faire apprécier ses premiers succès.,
- Ce quatrième volume renferme les résultats obtenus pendant deux années, une maladie grave dont M. de Dombasle a été attaqué ne lui ayant pas permis de rien publier l’année dernière. Comme les précédentes livraisons, ce volume renferme beaucoup d’objets divers, et ce qui concerne les opérations de l’établissement et les résultats obtenus en forme la plus petite partie. Deux comptes rendus et deux rapports de la Commission permanente des actionnaires établissent des bénéfices remarquables ; ils indiquent une bonne direction dans les travaux et une grande régularité dans la comptabilité, qui est établie en parties doubles. Les comptes qui ont donné le plus de profit sont la fabrique d’insirumens aratoires, les élèves, les betteraves porte-graines et la bergerie : ces profits ne sont pas arrivés à leur maximum, puisque le travail d’amélioration n’est encore qu’a sa quatrième année, et que M. de Dombasle a déclaré qu’il fallait au moins six ans pour porter les terres de Roville au degré de fertilité dont elles sont susceptibles.
- f On ne peut donc en ce moment que prévoir l’avenir en considérant la direction suivie, et cet avenir peut faire espérer d’heureux résultats, d’après l’attention soutenue de M. de Dombasle, d’après les travaux d’amendement des terres et d’après les succès qu’il a obtenus, notamment dans l’extension de la culture de la luzerne et des pommes de terre, qui sont les produits les plus importans à considérer dans les exploitations rurales judicieusement dirigées.
- Mai», dans les entreprises de cette nature, le travail et l’instruction ne suffisent pas ; il faut encore d’assez grands capitaux, et cette nécessité
- (i) Voyez Bulletin de la Société , année 1825, page 425 , et année 1827, page go.
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- est si bien reconnue, qu’il serait superflu de chercher ici à en établir les motifs. A l’époque de >la formation de la ferme-modèle de Roville, le capital destiné à son amélioration s’élevait à 4^,000 francs; depuis, une émission nouvelle d’actions a porté ce capital à 60,000 francs. Le rapporteur de la Commission permanente admet l’évaluation de M. de Dombasle à 87,125 francs, tant en mobilier de la ferme et de la fabrique, qu’en animaux et approvisionnemens divers. Il y aurait, d’après cet exposé, un produit capitalisé de plus de 27,000 francs. **' .
- On voit avec plaisir que des élèves suivent avec assiduité le développement d’amélioration de ce domaine et les leçons de M. de Dombasle. Ces leçons ont pour objet la botanique, la. minéralogie, l’arpentage , l’art vétérinaire et la comptabilité en parties doubles. M. de Dombasle annonce que dix-neuf de ces jeunes gens sont instruits dans l’établissement et que quelques uns ont déjà été appelés à diriger des domaines ruraux, après avoir terminé leur instruction à Roville.
- Le directeur a inséré dans son ouvrage plusieurs dialogues instructifs, résultant des questions qu’il autorise ses élèves à lui adresser sur les difficultés et les doutes qu’ils peuvent éprouver : il y a joint les solutions qu’il a données à ces différentes questions.
- La fabrique d’instrumens d’agriculture perfectionnés acquiert toujours . un plus grand degré d’extension : plus de neuf cents gros instrumens, tels que charrues, extirpateurs, houes à cheval, y ont été construits jusqu’ici, et les demandes se multiplient : aussi une forte partie du capital, plus de 43,ooo francs sont-ils employés au débit de ce compte. Cette partie , étrangère à l’exploitation du domaine et qui absorbe une portion notable de la somme destinée à l’amélioration, oblige le directeur à recourir en ce moment à une nouvelle émission d’actions.
- Après les détails intéressans que M. de Dombasle a présentés sur la situation actuelle du domaine de Roville, il a inséré dans ce quatrième volume plusieurs mémoires et dissertations, qu’il a rédigés ou recueillis, sur l’amélioration de l’agriculture générale : tels sont un Examen critique de la Chimie agricole de Davy et un Mémoire sur le mode de nutrition des plantes aux diverses époques de leur croissance : le premier avait déjà paru, il y a quelques années, dans les Annales d’Agriculture; le second avait concouru à un prix proposé par la Société d’Agriculture et d’His-toire naturelle de Lyon.
- On trouve aussi dans ce Recueil une Dissertation sur l’Institution royale agronomique de Grignon ; la Traduction par M. Fortier; l’un des élèves de M. de Dombasle, du Système de Jermage suivi dans la Grande-Bretagne,
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- par Robert Brown; un Mémoire de M. de Dombasle sur les baux à partage de fruits; l’Extrait d’un voyage agronomique fait en Allemagne par MM. Bella et Desjobert; une Traduction, par M. Bourdon, autre élève de l’établissement, d’un ouvrage concernant l’amélioration des races de bestiaux ; l’Extrait d’une Instruction sur la pomme de terre, publiée en grec moderne par M. Gregorios Palailogos, et différentes lettres qui ont été adressées à M. de Dombasle pour le consulter sur divers objets agricoles; ses réponses, toujours instructives, auront contribué à répandre d’utiles documens. * ,
- Ce nouvel ouvrage, publié par le Directeur de Roville, m’a paru digne de l’intérêt de la Société ; il peut faire concevoir l’espérance que l’établissement soumis à un administrateur aussi éclairé pourra prospérer et fournir un exemple utile de culture perfectionnée et de bonne administration. Le haut intérêt que Monseigneur le Dauphin a daigné prendre à des succès si désirables ; l’honorable coopération du Prince dès l’origine de l’association ; le prix qu’il a fondé pour la machine la plus utile à l’agriculture ; et d’ailleurs la visite attentive que S. Exc, le Ministre de l’intérieur a faite récemment à Roville, et la récompense honorable qu’il a accordée à M. de Dombasle sont pour lui des encouragemens qui doivent exciter au * plus haut degré son zèle et son dévouement pour le succès de cette utile entreprise. >,s
- " Signé baron de Silvestre.
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (née Vallat la Chapelle),
- IMPRIMEUR DE LA SOCIETE , RUE DE x’ÉPERQN , N°. 7.
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- VINGT-HUITIÈME ANNÉE. ( N°. CCXCVI. ) FÉVRIER 1829.
- BULLETIN
- : DE LA
- S O CIÉ T É IV E NCOU RAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE
- . ARTS MÉCANIQUES. '‘'i: ;
- Extrait dune Notice historique sur les machines a vapeur; - : ; — ;.;:oo-: par M. Arago (1). v '
- L’auteur a eu principalement pour but, en publiant cette notice, de revendiquer en faveur des ingénieurs français l’invention du principe de la machine à vapeur, que jusqu’alors les Anglais s’étaient exclusivement , attribuée. Ne pouvant suivre le savant académicien dans les raisonnemens dont il étaie son opinion, sans excéder les limites du Bulletin, nous nous contenterons d’extraire de son intéressant travail tout ce qu’il est utile de connaître. Quoiqu’il soit impossible de présenter un exposé à la fois plus clair, plus précis etfplus méthodique de la composition et des effets de toutes les parties d’une machine qui a fondé la prospérité industrielle de l’Angleterre ; cependant nous avons cru devoir éclairer des descriptions, d’ailleurs si exactes , par des figures que nous avons réunies sur une seule planche, afin de pouvoir saisir l’ensemble des divers perfectionoemens ajoutés à la machine à vapeur depuis son origine jusqui’à PFatt. Tout ce qui est relatif aux travaux et aux découvertes de ce célèbre ingénieur se trouve déjà consigné dans un mémoire sur la même matière, inséré dans la huitième année du. Bulletin de la Société, page 225, cahier d’aout 1809, et auquel nous renvoyons nos lecteurs.
- Après avoir payé un juste tribut d’éloges au mérite de l’important ouvrage de Robert Stuart sur les machines à vapeur, et à l’impartialité de cet auteur (2), M. Jrago fait observer que , pour rendre son travail plus clair,
- (1) Extrait de Y Annuaire du Bureau des longitudes pour 1829. ..
- (2) Nous réclamons le même témoignage en faveur de M. Farey, qui, dans son bel ouvrage
- Vingt-huitième année. Février 1829. , .5 J
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- v,fe7j: (. v-:jvILM & ) ; -'A .
- il a fallu grouper ensemble les paragraphes relatifs aux modes divers de faire agir la vapeur, qui ont été successivement imaginés, et placer en seconde ligne les détails du mécanisme. -rr i <
- Hérony d’Alexandrie, "qui Vivait environ Vent vingt ans avant notre ère , parait avoir eu , le premier, l’idée d’appliquer la vapeur comme force motrice. Sa machine, décrite dans un Traité intitulé Spiritualia seuPneu-matica y était établie Sur les .principes auivans ; soit un tube coudé abc, Jîg. i, PL 58o, doht fes deux branch eS a b et b c Se rencontrent rectan-gulairement. Supposons la branche verticale a b passant librement dans un anneau fraefy et iie^oèa^t par Ï6 bas sur une pointe aigUë e, de manière à pouvoir tourner sur elle-même sans obstacle : si, dans cet état, on verse de l’eau par l’entonnoir supérieur g, et qu’elle s’écoule par la branche horizontale dans la direction bc, l’appareil demeurera immobile. Si, au contraire, on bouche le tube bc à son extrémité, et que le liquide sorte seulement par une ouverture latérale d, la machine tournera autour de a b y tant que l’écoulement durera, mais en sens contraire de la direction suivant laquelle s’élancera le jet ; cette propriété lui a fait donner le nom de 77iachine a réaction. \ \ ;
- Un gaz qui parcourt rapidement le tube Coudé a h C produira les niêihës effets que l’eaü. On comprendra dès lors lé mddë d’aétion de la Vapeur dans la machine Héron. Pour cela, imaginons qu’une sphère métallique Creusé A,Jig.' h, susceptible dé tourner entré dëüx tourillons ab, soit remplie d’iihe vapéür très éiasti^üè; que ëettè vapeur puisse sortir de la Sphère par un tuyau saillant e c, pëi pebdictilaire haby et plaéë sur leprolôngëmént d’un des rayons; il estévitîent, d’après le principe posé plus haut, que si le tuyau ec est ouvert à son ë^tféffiité, il'ne tendra pâs à tourner et n’exërcera aucune action sur la sphère , tandis que Si l’écoulëmént s’opère par une ouverture latérale d d’arrière en avant, par exemple , le tuyau reculera et fendra a faire dôuriiër d’avant ën arrière la sphère à laquelle il est lié. Pour rendre ce moüVëmènt dè rotation continu, il suffira que l’un'des tourillons creux soit en communication avec une cbaiicfiêrë, et quVinsi la vapeur dépenséë en d puisse être à l’ihstant ët continuellement fèmpracëë. i S ^ .
- On trouve un certain emploi de’la Vapëûr Vquëüsë dans im des dpparëils décrits par' Héron ; 'mais ‘cet appareil 'y agît 'tout autrement que tlatîs les machinés à feu employées' de "nos jours.. ‘
- Salomon de ‘Càüs, ingénieur1 français, a publié en Ï6i5, ‘ a 'Francfort,
- sur les machines à vapeur, s'est également dépouillé de tout préjugé national. Nous en citerons un passage plus bas. : .‘v ; Wi *:\s . '
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- uq oqyrage intitule : La raison des forces mouvantes, etc. On y trouve un théorème ainsi conçu : Veau montera par aide du feu plus haut que son niveau. yqiçj en quels termes de Çaus justifie cet énoncé.
- a Le troisième niojen de faire monter l’eau est j>ar l’aide du feu, dont il >) se peut faire diverses machines, 4’en donnerai ici la démonstration d’une.
- » §pil?une balle de cuivre marquée a,Jîg. 3, bien soudée tout à l’en->) tpui^ a laquelle il y aura un tuyaq b muni d’un soupirail (robinet) mar* >? qué ç, par qù l’on mettra l’eau? aussi un tuyau marqué ef, qui sera >) soudé en haut de la balfe, et le bout^ approchera près du fond sans y » toucher. Après, faut emplir ladite balle d’eau par l’entonnoir d, en ou-» yrant le soupirail c, puis le bien reboucher et la mettre sur le feu : alors « la chaleur, donnant contre ladite balle, fera monter toute l’eau par le » tuyau ef. » Voici comment Salomon de Caus explique la cause de l’ascension du liquide : « La violence de la vapeur (produite par l’action du » feu), qui cause l’eau de monter, est provenue de ladite eau, laquelle » vapeur sortira après que l’eau sera sortie par le robinet avec grande » violence. »
- La machine dont nous venons de parler est une véritable machine à vapeur propre à opérer des épuisemens.
- , On ne peut pas considérer comme telle un appareil publié à Rome, en 1629, par Branca, mathématicien italien. C’était simplement un éolipyle a, fig. 4, placé sur 110 brasier A, et disposé de manière que le courant de vapeur , sortant par un tuyau latéral e, muni d’un roJ>inety, allait frapper |es ailes d’urie roue 4 et la faisait tourner (1). . '
- Le marquis de Worcester publia, en i663, un livre connu squs le .titre de Centurj of inventions, et renfermant une foule de projets extravagans et chimériques. C’est lui que les Anglais regardent comme le premier inventeur de la machine à feu. Le célèbre professeur John Robison, d’Edimbourg, le docteur Thomas Young et nombre d’auteurs d’ouvrages de mécanique qui ont paru en Angleterre n’élèvent aucun doute à cet egard.
- (1) On peut voir upp description plus étendue,des machines HeSalompn de fiaus et de Gio-va,ni Branca , dont il est ici question , dans une Notice historique sur les mahcines à vapeur, que M. Baillet, inspecteur divisionnaire au Corps royal des mines, a donnée , en i8i3 , dans le Journal des mines.
- L’auteur de cette Notice y réclame aussi la priorité d’invention pour l’ingénieur français. J1 fait remarquer tous les inconvéniens de la machine de Branca, qui est mue par le choc de la vapeur, et à cette occasion il cite un tournebroche à vapeur, qui a été rapporté de Philadelphie à-JParis, et qui est construit sur Je iqême principe. (Voyez le Journal des mines, t. XXXIII, page 32.1, r8i3. r. ' T
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- Le marquis de JVorcester décrit en ces termes sa soixante-huitième invention :
- « J’ai inventé un moyen admirable et très puissant d’élever l’eau à l’aide » du feu, non par aspiration , car alors on serait renfermé, comme disent » les philosophes, intra sphœram cictivitatis, l’aspiration ne s’opérant que » pour certaines distances; mais mon moyen n’a pas de limites sije^vase a » une force suffisante. Je pris en effet un canon entier, dont là bouche » avait éclaté, et l’ayant rempli d’eau aux trois quarts, je fermai par des » vis l’extrémité rompue et la lumière ; j’entretins ensuite dessous un feu » constant, et au bout de vingt-quatre heures le canon se brisa en faisant » un grand bruit. Ayant alors trouvé le moyen de former des vases qui » se fortifient par le développement de leur force intérieure et qui se rem-» plissent l’un après l’autre, j’ai vu l’eau couler d’une manière continue , » comme celle d’une fontaine, à la hauteur de 4° pieds. Un vase d’eau » raréfiée par l’action du feu élevait quarante vases d’eau froide. L’ouvrier » qui surveille la machine n’a que deux robinets à ouvrir, de telle sorte » qu’au moment où l’un des deux vases est épuisé, il se remplit d’eau froide » pendant que l’autre commence à agir, et ainsi successivement. Le feu est » entretenu dans un degré constant d’activité par les soins du même ou-» vrier; il a pour cela le temps nécessaire durant l’intervalle que lui laisse »'la manœuvre des robinets, >*'.*“ ,
- M. Galloway a cherché à reproduire l’appareil du marquis de TVorees-ter j en se renfermant dans les termes de la description qu’on vient de lire. Nous joignons ici le dessin qu’il en donne dans le troisième volume du Register of arts.
- " Soient aa,Jig. 5, deux chaudières sphériques, dont l’une est vue en coupe; bb, tuyaux descendant dans chacune des chaudières, presque jusqu’au fond, et se réunissant en un seul tuyau ascensionnel e, qui va plonger dans une bâche ou réservoir supérieur d; cc, deux entonnoirs faisant corps avec des tuyaux insérés dans le sommet de la sphère et munisde robinets.
- Pour concevoir les effets de cette machine, supposons que l’une des chaudières ait été remplie d’eau par l’entonnoir c, dont le robinet est fermé aussitôt après. Si alors on allume du feu sous la chaudière, et qu’après qu’une suffisante quantité de vapeur s’est formée dans l’intérieur, on ouvre le robinet^, la force élastique de la vapeur, agissant sur la surface du liquide, fera passer celui-ci rapidement dans le tuyau b , et de là dans le ttfbe ascensionnel e. Pendant cette opération, l’ouvrier remplit d’eau froide la chaudière opposée et allume du feu dessous , de manière que, pendant le temps que la première chaudière se vide, l’autre commencera à agir, et ainsi alternativement.
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- Cette machine, dit M. Galloway, parait avoir été perfectionnée d’après celle de Salomon de Caus y par l’emploi d’une seconde chaudière. On ne peut douter en effet de l’intention du marquis de JVorcester d’utiliser, par cette addition, le temps qu’il perdait à attendre que la chaudière fût chauffée et épuisée.
- M. Arago, ayant examiné avec beaucoup d’attention le paragraphe de la Century of inventions } que nous venons de rapporter, et qui a été tant et si souvent cité par les auteurs anglais, y trouve : i°. une expérience propre à montrer que l’eau réduite en vapeur peut, à la longue, rompre les parois des vases qui la renferment, expérience déjà connue en i6o5; car Florence Rivault dit expressément, dans ses Elémens dartillerie, que les éolipyles crèvent avec fracas quand on empêche la vapeur de s’échapper ; a°. l’idée d’élever de l’eau à l’aide de la force élastique de la vapeur , qui appartient à Salomon de Caus, et a été publiée quarante-huit ans avant l’auteur anglais ; 3°. la description d’une machine propre à opérer cet effet ; mais on a vu que la machine de Salomon de Caus élèverait aussi de l’eau à une hauteur quelconque si l’on supposait le vase suffisamment fort et la chaleur assez intense. Ce qui précède établit donc sans réplique que la première idée de soulever des poids, à l’aide de la force élastique de la vapeur, aj^artient à l’auteur français, et que si la machine de son compétiteur a jamais existé, elle était, selon toute apparence, la même que celle décrite dans l’ouvrage déjà cité'de Raisons des forces mouvantes.
- Il existe au Musée britannique un manuscrit de sir Samuel Moreland} intitulé : Élévation des eaux par toutes sortes de machines, réduite à la mesure, au poids et à la balance, et qui date de i683; on y trouve le passage suivant ;
- « L’eau étant évaporée par la force du feu , ses vapeurs demandent in-» continent un plus grand espace (environ deux mille fois) que l’eau » n’occupait auparavant, et plutôt que d’être toujours emprisonnées, fe-» raient crever une pièce de canon ; mais étant bien gouvernées selon les j) règles de la statique, et par science réduites à la mesure, au poids et à m la balance, alors elles portent paisiblement leurs fardeaux ( comme de » bons chevaux); et ainsi seraient-elles d’un grand usage au genre humain, » et particulièrement pour l’élévation des eaux, selon la table suivante, )j qui marque le nombre de livres qui pourront être levées dix-huit cents » fois par heure à 6 pouces de terre par des cylindres à moitié remplis d’eau, » aussi bien que les divers diamètres et profondeurs desdits cylindres. »
- Ce projet, étant postérieurà ceux de Salomon de Caus etd ede JVorcester y ne peut être considéré que comme un plagiat. Toutefois, les nombres que donne Moreland pour exprimer les volumes relatifs de l’eau et d’un poids
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- égal de vapeur sont moins éloignés de la ve'rité qu’on aurait dû l’attendre d’expériences faites en 1682, i ;:;r I ;; r; ^ \
- r Papin est l’auteur d’une machine à vapeur dont l’explication se trouve dans les Actes de Leipsick pour l’année 1688 , et dans une Lettre au comte Guillaume^Maurice de Hesse, imprimée à Cassel en 1695 (1). Voici, d’après M. Arago, l’idée de cette machine.;
- Soit abcd, Jig. 6, un large cylindre vertical, ouvert à la partie supérieure ejPrepôsant sur une base métallique armée d’une spupape s, sus-r ceptible de s’ouvrir en dedans. Le milieu de ce cylindre est occupé par un piston mobilep, qui en ferme bien exactement l’ouverture. L’atmosphère pesera de tout son poids sur la face supérieure de Ce piston j elje le poussera de haut en bas. Si la soupape s est ouverte, la portion d’atmosphère dont la capacité cdef se remplira tendra, au contraire, par sa réaction , à faire remonter le piston. Cette seconde force sera égale à la première , parce que , dans un gaz comme dans un fluide, la pression en chaque point est la même dans tous les sens, Le piston, sollicité ainsi par deux forces opposées qui se font équilibre, descendra toutefois, mais seulement en vertu de son propre poids. Il suffira donc d’un effort un peu supérieur à ce même poids pour faire monter le piston jusqu’au haut du cylindre et pour l’y maintenir. r , 7 •ah ri
- Supposons que le piston soit amené ainsi à l’extrémité supérieure de sa course, comme on voit Jig. 7, et cherchons à le faire descendre avec force. Un moyen très efficace consisterait à fermer la soupape ^ et ensuite , si cela était possible, à anéantir tout à coup et complètement, dans le corps de pompe la portion d’atmosphère qui remplit la capacité abcd : alors le piston ne recevrait plus d’action que de l’atmosphère extérieure dont il est chargé. Cette action s’exercerait sur sa surface supérieure de haut en bas., et aurait pour mesure le poids d’un cylindre d’eau de 3a pieds de hauteur, et dont la base serait égale à celle du corps de pompe; le piston descendrait alors nécessairement et pourrait même entraîner dans sa course un poids égal àceluidu cylindre d’eau dont 011 vient
- de parler. v - -• -- •-"tvv !.. X .
- , En suivant la même hypothèse , admettons qu’à l’instant où le mouvement descendant s’est complètement opéré ypnouvre la soupape l’atmosphère
- ;(i) Cette lettre est insérée dans un ouvrage extrêmement rare aujourd’hui et dont M. Mo-lard, membre de l’Académie des Sciences, possède un exemplaire. Il est intitulé : Ke^ cueil de diverses pièces touchant quelques nouvelles machines et autres subjets philosophiques, dont on voit la liste dans 'les pages suivantes y par M. D. Papip , docteur en,médecine, professeur en mathématiques à l’Université de iMafbourg,.et membre de la-Société royale da Londres: ''À. Casselpour Jacob Estienne.^marchand hbrajre de lacpur. $1DGXG\, ,
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- viendra agir par dessous et coutré-balancer l’action de l’atmosphère supérieure. Il suffira dès lors d’un petit effort pour faire rétrograder le piston jusqu’au sommet du corps dé pompe, et ramener toutes les parties de l’appareil à leur position initiale. Un second anéantissement de l’atmosphère intérieure fera descendre de nouveau le piston, et ainsi de suite.
- Dans cét appareil il Shffit d’une petite dépense de force pour soulever lé piston , tandis que son mouvement descendant peut produire les plus grands effets. Si une cordé est attachée au centre du piston et s’enroule par son autre extrémité sur la gorge d’une poulie, on pourra, à -chaque mouvement descendant, Soulever Un très grand poids d’une quantité égale à la hauteur du corps de pompe. *
- •Pour anéantir aux momens convenables la couche d’air atmosphérique, qui, placée sous le piston, aurait empêché son mouvemcntdescendant, où, ce qui revient au même, pour faire le vide dans la partie inférieure du corps de pompe, Papin eut quelque temps l’idée de se servir d’une roue hydraulique, qui aurait fait mouvoir les pistons d’une pompe aspirante ordinaire. Lorsque le cours d’eau chargé de mettre cette roue en mouvement se serait trouvé très éloigné de la machine, il aurait lié celle-ci a la pompe par l’intermédiaire d’un tuyau métallique continu, semblable à céu-x des usines à gaz de nos jours.
- La machine 'fut présentée dans cet état à là Société royale de Londres ën 1687. Auparavant, Papin avait essayé de faire le vide sousde piston au moyen de la poudre ; mais « nonobstant toutes les précautions » qu’on y a observées,ditdl, il est toujours demeuré daus;le tuyau environ » la •cinquième;partie de l’air qu’il contient d’ordinaire; ce qui cause deux « inConVéniëns : l’un, que4’on -perd environ la moitié de la force qu’on a devrait avoir, 'en Sorte que l’on ne pouvait élever que i5o livres à un » pied de haut, au lieu de 3oo livres qu’on aurait dû élever si le tuyau » avait été parfaitement vide ; l’autre , qu’à mesure que le piston descend , » la foree qui le pousse en bas diminué de plus en plus, etc.
- » J’ai donc tâché, ajoute-t-il, d’en venir à bout d’une autre manière, et -» vcommeVeéua 'propriété, 'étant par le feu changée en sapeurs, de
- » faire-éessOH comme l’air, 'et1 ensuite de se reearidemer'svbien par le froid, » lfuîlJHe liii resteplusàutime apparence, de^tte force de ressort, fai cru » ’ qw il; rie serait pas difficile "de faire des machines dans lesquelles, par )) le moyen d’une1 ChaleuY médiocre et à peu de frais , l’eau ferait le‘vide » paifait, pu on a inutilement cherché par1 le moyen de la poudre à canon. » L’appareil que Papin proposa pour cet objet est gravé dans l’ouvrage déjà cité de Farey, et décrit par cet auteur dans les termes suivans : a La machine 1 se composait d’un cylindre a, fig. muni d’un tpis-
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- .» ton mobile b, susceptible de monter et de descendre librerîient. Après » avoir mis une petite quantité d’eau dans ce cylindre, on appuya le piston .» dessus* de manière que l’air contenu entre la surface du liquide et le pis-» ton pût s’échapper par un trou c, qu’on bouchait ensuite au moyen d’une » tige m. En appliquant alors du feu sous le fond du cylindre, fait en • » métal très mince, l’eau entra promptement e^|pbullition et se convertit » en vapeur : cette vapeur exerça une pression assez forte sous le piston » pour surmonter celle de l’atmosphcre et faire monter le piston jusqu’au » haut du cylindre, où il était arrêté par un cliquet e, s’engageant dans un » cran de la tige h. En ôtant ensuite le feu, lai*vapeur se condensa par le » froid et le vide s’établit dans l’intérieur du cylindre. Dans cet état, la » machine était’prête à exercer sa force; car en dégageant le cliquet, le » piston descendit par l’effet de la pression atmosphérique. Si maintenant » on attachait à la tige h une corde 1 passant sur des poulies tt3 la machine » était susceptible d’élever des poids. » ?
- On aperçoit déjà dans cet appareil le principe de la machine atmosphérique. Papin le perfectionna ensuite, et se servit, pour essayer son invention, d’un cylindre de 2 pouces et demi de diamètre, qui ne pesait pas 5 onces. A chaque oscillation, il élevait cependant 6o livres d’une quantité égale à celle qui mesurait l’étendue de la course descendante du piston. La vapeur disparaissait si complètement quand on ôtait le feu, que le piston , . dont cette vapeur avait amené le mouvement ascensionnel, « redescendait » jusque tout au fond, en sorte qu’on ne saurait soupçonner qu’il n’y » eût aucun air pour le presser au dessous et résister à sa descente. » Papin rapporte qu’avec un feu médiocre, une minute lui suffisait, dans les expériences de 1690, pour chasser ainsi le piston jusqu’au haut de son tuyau; mais, dans les essais postérieurs, il vidait les tuyaux en un quart de minute.- ' < s ^ :
- Au reste, il déclare lui-même qu’en partant toujours du principe de la condensation de la vapeur par le froid, on peut arriver au but qu’il se propose, par différentes constructions faciles à imaginer.
- M. Arago conclut de ce qui précède : i°. que Papi^a imaginé la première machine à vapeur à piston; 20. qu’il a vu, le premier, que la vapeur aqueuse fournissait un moyen simple de faire le vide dans une grande capacité ; 3°. qu’il est le premier qui ait songé à combiner, dans une même machine à feu, l’action de la force élastique de la vapeur avec la propriété dont cette vapeur jouit, et qu’il a signalée, de se condenser par le refroidissement (1). ’ r i.;; /J'
- (1) Plusieurs auteurs anglais , entre autres Robison, Mdlington, Lardner et Partington
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- Il n’existé aucune preuve que Salomon de Caus ait jamais fait construire sa machine à feu ; on peut en dire autant du marquis de JVorcester. Celle des machines de Papin, dans laquelle l’action de la vapeur et sa condensation sont successivement mises en jeu, n’a été exécutée qu’en petit ; mais la machine à feu due au capitaine Savery, et pour laquelle il se pourvut d’une patente en 1698, a été véritablement la première qu’on ait appliquée. Elle est décrite dans un ouvrage intitulé The Miners Friend (l’Ami du Mineur), qui parut en 1702 : nous l’avons représentée7%. 9.
- Le premier soin qu’il faut avoir, dit Savery, consiste à placer l’appareil dans un double fourneau en maçonnerie a, disposé de manière que la flamme puisse circuler autour et l’envelopper de toutes parts. Avant d’allumer le feu on ouvre les robinets g et n adaptés aux petits tuyaux à entonnoirs qui surmontent les chaudières Id : on y verse l’eau dont on emplit la grande chaudière / aux deux tiers de sa capacité, et la petite presque entièrement. Après avoir fermé les robinets, on allume le feu en c, et quand l’eau de la chaudière l est en ébullition, on ouvre le robinet^du premier récipient p, vu en coupe. La vapeur se précipitera aussitôt dans ce récipient en traversant le tuyau o, et en occupera toute la capacité, après avoir chassé l’air qui s’échappe par la soupape r dans le tuyau s. On
- ont contesté à Papin l’invention de la machine à vapeur pour l’attribuer exclusivement à leurs compatriotes. Farey et Galloway ont rendu plus de justice à cet habile ingénieur. Le premier s’exprime ainsi , pages g3 et 96 de son Traité des machines à vapeur. « Parmi les » physiciens qui se sont occupés de l’invention de machines mues par la force de la vapeur, » nous citerons le célèbre Denis Papin, qui, ayant donné de la publicité et une utile direc-» tion à ses travaux , mérite plus de confiance que ses prédécesseurs. S’étant familiarisé lors » des expériences qu’il fit en Angleterre, en 1682 , sur le digesteur, avec le maniement de la » vapeur, il proposa de la substituer à la poudre à canon , dont il n’avait pas obtenu de résul-« tats satisfaisans, et de l’appliquer à l’épuisement des mines et à la navigation des bateaux » contre le courant des rivières. 11 a imaginé aussi un nouveau fourneau et des soufflets tour-»> nans pour faire bouillir l’eau au moyen d’un foyer intérieur entouré par le liquide ; il donne » les détails de cet appareil, qui, appliqué à chauffer les cylindres de sa machine, aurait, » suivant lui, augmenté la vitesse de la course du piston. Plusieurs de ses idées ont été mises » à exécution dans les bateaux à vapeur modernes. » '
- Galloway déclare que Papin mérite la reconnaissance de la postérité pour l’invention de la soupape de sûreté, sans laquelle la vapeur aurait été abandonnée depuis long-temps comme un agent dangereux et difficile à gouverner : cette invention contribua puissamment à porter la machine à sa perfection Papin, ayant renoncé à l’usage de la poudre pour produire le vide dans son cylindre , la remplaça , en 1690, par la vapeur, dont la force élastique lui servait à élever le piston, et qu’il condensait ensuite pour former le vide au dessous et le faire des,, cendre. (N. D. R.)
- Virigt-huitieme année. Février 1829.
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- ferme alors le robinet f et on ouvre le robinet h du récipient ï, jusqu’à ce que l’air qu’il renferme passe aussi dans le tuyau s en traversant la soupape q. Pendant ce temps, l’air extérieur ayant condensé la vapeur dans le récipient p, le vide s’y établit et aspire l’eau d’un niveau inférieur ; cette eau pénétrera dans le récipient après avoir soulevé la soupape m, et accélérera la condensation de la vapeur. Si, à ce moment, on ouvre de nouveau le robinet^, la vapeur entrera dans le récipient p et agira , par sa force élastique, qui surmontera celle de l’atmosphère, sur l’eau pour la faire monter dans le tuyau s. Afin de rendre le jet continu, l’opération se répète alternativement dans l’un et dans l’autre récipient, c’est à dire que quand la condensation a lieu dans l’un, l’ascension de l’eau a lieu dans l’autre, et réciproquement. . _
- - La chaudière l est constamment alimentée de vapeur par la petite chaudière d} sous laquelle on fait aussi du feu; un tuyau e, communiquant avec le tube ascensionnel s, amène une quantité d’eau suffisante pour remplacer celle qui s’est vaporisée ; on l’introduit dans le cylindre d en ouvrant
- lé robinet b. "i'--=< ‘ ; ...
- . M. Ara go, en comparant cette machine avec celle de Salomon de Caus, fait observer que, dans la dernière, dès que la vapeur produit son effet, un ouvrier remplace l’eau expulsée par un orifice situé à la partie supérieure de la sphère métallique, et qui s’ouvre ou se ferme à volonté : H ne reste plus alors qu’à aviver le feu. Dans la machine de Saverj, ce n’est pas un ouvrier , c’est la pression atmosphérique qui amène l’eau dans le vase à liquide. La vapeur, en poussant devant elle dans la première période de son action l’eau que ce vase contenait, l’a remplacée : or cette vapeur, quelle que soit sa force élastique primitive, se précipitera en grande partie si fon abaisse beaucoup sa température. Il suffira pour cela de jeter de l’eau froide sur les parois du vase dont elle remplit la capacité ; ensuite la pression atmosphérique pourra surmonter aisément le ressort à peine sensible de la vapeur que le refroidissement n’a pas anéantie, et si le vase est en communication avec une nappe d’eau dont le niveau ne soit pas à plus de de à 3o pieds au dessous, il se remplira par aspiration.
- On a reproché à l’appareil de Salomon de Caus de n’élever l’eau que chaude; mais ce reproche s’applique aussi à la machine de Saverj, dans laquelle la vapeur provenant de la chaudière , devant agir sur la surface de l’eau , sans intermédiaire, s’y condense en grande quantité. Son ressort ne devient efficace qu’après que l’eau a acquis une température élevée : quand l’eau commence à monter , elle est donc chaude et il y a une énorme déperdition de vapeur.
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- Papin, pour remédier a çe grave inconvénient, imagina, en 1707, de recouvrir l’eau d’un flotteur. La machine qu’il propose pour cet effet est représentée Jig. 10 : elle consiste en une chaudière de cuivre a, qui communique par un tuyau l avec un cylindre i formant corps de pompe. A ce cylindre est fixé un tuyau ascensionnel oq, qui pénètre dans un récipient r hermétiquement fermé, où il s’élève presque jusqu’au sommet. Le fond de ce récipient porte un tuyau w, dont le diamètre est plus petit que celui du tuyau o q. Le tuyau l est muni d’un robinet c ; d est une soupape de sûreté. Dans l’intérieur du cylindre i il y a un flotteur n, composé de plaques de métal très minces, formant un cylindre creux h qui flotte sur l’eau.
- Une suffisante quantité de vapeur s’étant formée dans la chaudière a, on ouvre le robinet c ; elle passe aussitôt dans le cylindre i, où, par sa pression sur le flotteur, elle fait monter l’eau qui se trouve au dessous dans le tuyau o : cette eau déverse dans le récipient r, et comme elle ne peut pas sortir avec la même abondance qu’elle est entrée, à cause du plus petit diamètre du tuyau w, l’air est comprimé dans la partie supérieure du récipient r; alors elle s’échappe avec beaucoup de violence par l’orifice w, et tombe sur la roue hydraulique s, à laquelle elle transmet le mouvement. Quand le flotteur est parvenu au fond du cylindre, on ferme le robinet c ; ce qui empêche l’admission d’une nouvelle quantité de vapeur : alors, en levant la soupape g-, la vapeur qui se trouve au dessus du flotteur s’échappe, le vide se forme dans cet espace, et l’eau du réservoir inférieur pénètre dans le cylindre i en poussant le flotteur devant elle; la soupape o, s’ouvrant en dessus, empêche le retour de l’eau de la colonne o q, pendant que l’air comprimé en rr opère une décharge continuelle sur la roue. Le flotteur étant remonté à sa première position, la vapeur introduite de nouveau fait monter l’eau comme auparavant, et ainsi de suite.
- Cette machine ne fut pas adoptée, à cause des défauts inséparables de ce genre de construction ; cependant elle était susceptible d’élever l’eau à line très grande hauteur, même en n’employant la vapeur qu’à une très fàïble tension : tout se réduisait pour cela à donner au corps de pompe üu assez grand diamètre.
- La machine d’épuisement, connue sous le nom de Newcomen ou de machine Atmosphérique, est la première qui ait rendu de véritables services à l’industrie. Elle est encore en usage dans un grand nombre de lieux où le charbon est à bas prix. Cette machine, sauf quelques détails de construction, n’est autre chose que la machine proposée en 1690 et 1695 par Papin, et qu’il avait essayée en petit; elle est représentée Jig. na
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- a est la chaudière ; b , soupape de sûreté ; c, corps de pompe métallique fermé par le bas et ouvert par le haut ; le fond est percé de trois orifices def. L’orifice e donne passage à la vapeur provenant de la chaudière; celui dadmet un courant d’eau froide descendant du réservoir g, et destiné à condenser la vapeur ; f est l’orifice du tuyau q, qui évacue l’eau de condensation; h est un piston bien ajusté et garni d’étoupes, afin de conserver un vide aussi parfait que possible; Z est le balancier destiné à transmettre le mouvement du piston aux pompes établies dans le puits.
- Aussitôt qu’une suffisante quantité de vapeur est formée dans la chaudière, un ouvrier abaisse la poignée ou le levier i jusqu’au point j ; ce levier fait ouvrir, par l’intermédiaire de poulies enveloppées de cordes, le robinet k, et permet à la vapeur d’entrer dans le cylindre; mais comme elle n’a que la force nécessaire pour faire équilibre à la pression atmosphérique , elle ne pourra pas soulever le piston. Pour aider à cette opération, Newcomen attachait un contre-poids ma la tige n de la pompe, qui faisait descendre le balancier et levait le piston. L’ouvrier ramenait le levier i dans la position indiquée par la figure ; ce qui fermait le passage de la vapeur et ouvrait en même temps le robinet o; aussitôt une certaine quantité d’eau froide sortant du réservoir g était injeetée dans le cylindre : en se dispersant à travers la vapeur, elle la condensait et produisait le vide; la pression de l’atmosphère, pouvant alors s’exercer librement, faisait descendre le piston et lever par conséquent la tige de la pompe. Pour empêcher l’accumulation dans le cylindre de l’eau de condensation, on ouvrait de temps en temps un robinet de tuyau <7 servant à l’évacuer..
- V En comparant cette machine avec celle de Papin, M. Arago trouve que, dans l’une comme dans l’autre, le mouvement ascensionnel du piston s’opère quand la vapeur d’eau remplit librement la capacité située au dessous, et que dès que le piston est arrivé à l’extrémité de sa course ascendante, on, condense la vapeur qui l’y avait poussé; on. fait ainsi le vide dans toute la capacité qu’il vient de parcourir, et l’atmosphère le force alors à descendre., Papin avait annoncé qu’il fallait opérer la condensation parle froid; c’est par le froid que Newcomen et Savery se débarrassent aussi de la vapeur qui contre-balanceraitla pression atmosphérique; mais, au lieu d’enlever le feu comme le pratiquait Papin, Savery et Newcomen faisaient couler une abondante quantité d’eau froide dans l’espace annulaire compris‘entre les parois extérieures du corps de pompe et un second cylindre un peu plus grand qui lui servait d’enveloppe. Le refroidissement se communiquait ainsi peu à peu à toute l’épaisseur du métal et atteignait bientôt la vapeur elle-même. , : ; ; l
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- Pour empêcher la vapeur de s’échapper par les interstices compris entre la surface du cylindre et les bords du piston, celui de la machine de Newcomen était couvert, à sa surface supérieure, d’une couche d’eau qui pénétrait dans tous les vides et les remplissait. Un jour qu’une machine de cette espèce marchait sous les yeux des constructeurs, ils virent, avec une extrême surprise, le piston descendre plusieurs fois de suite beaucoup plus rapidement que de coutume. Cette vitesse leur parut d’autant plus étrange, que le refroidissement du corps de pompe, produit par le courant d’eau froide qui descendait extérieurement le long de sa surface , n’avait amené jusque-là la condensation de la vapeur intérieure qu’assez lentement. Aussi fut-il constaté que le piston se trouvant accidentellement percé d’un petit trou, l’eau froide qui le recouvrait tombait par gouttelettes dans l’intérieur même du cylindre, à travers la vapeur, la refroidissait et la condensait plus rapidement.
- Depuis cette époque , on a muni la machine atmosphérique d’une ouverture en pomme d’arrosoir, d’où part la pluie d’eau froide qui se répand dans la capacité du cylindre, et y condense la vapeur au moment où le piston doit descendre. Le refroidissement extérieur se trouve ainsi supprimé.
- La destination de la machine atmosphérique resta long-temps encore affectée seulement à l’élévation de l’eau. Cependant , dès l’année 176g, l’objet des machines à vapeur appela la méditation et les recherches d’un esprit fait pour sortir de la route ouverte par Newcomen et que suivaient les divers constructeurs de ces machines. Poqr atteindre ce but, il fallait étudier la vapeur elle-même et porter dans l’examen de ses fonctions r comme moteur, les lumières acquises dans ce temps sur la chaleur et sur les phénomènes qu’elle présente dans sa relation avec les corps; il fallait de plus unir aux lumières d’un savant la persévérance/ infatigable d’un bon observateur et l’habileté d’un artiste.
- Watt eut ces qualités-là, et s’affranchissant pour ainsi dire de tout ce qui s’était fait avant lui, il posa, pour la première fois, ce problème r non seulement dans toute sa généralité, mais encore avec toutes ses conditions d’économie et de construction, et le résolut.
- Nous allons faire connaître , d’après M. Arago, les divers perfeetionne-mens ajoutés par Watt à la machine à vapeur.
- Du Condenseur. Pour que la machine de Newcomen produise de bons effets , il faut i°. qu’à l’instant où le mouvement descendant du piston commence , il y ait, dans toute la capacité inférieure du corps de pompe, le vide le plus parfait possible; 20- que, pendant le mouvement ascendant,
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- la vapeur venant de la chaudière dans la même capacité ne perde rien de la force élastique qu’elle avait acquise au prix de beaucoup de charbon. I La première condition exige impérieusement qu’au moment de la condensation, l’eau d’injection aille refroidir les parois du corps de pompe. Sans, cela, la vapeur qu’on veut anéantir! conserverait un ressort considérable et elle opposerait un grand obstacle au mouvement descendant du piston , que la pression atmosphérique doit déterminer. La seconde condition nécessite au contraire que les mêmes parois soient très chaudes. Eu effet, la vapeur à ioo° de température ne conserve, en arrivant dans, un vase , toute la force élastique qui lui est propre qu’autant que les parois de ce vase sont elles-mêmes à ioo°. Si la température des parois est moindre, la vapeur affluente perd aussitôt une partie de sa chaleur primitive et avec elle une fraction considérable de la densité ou de la force élastique qu’elle possédait. ^ Ainsi, durant le mouvement descendant du piston, les parois du cylindre métallique qu’il parcourt doivent être aussi froides que possible, si c’est dans ce' cylindre que la condensation a lieu ; pendant le mouvement ascendant, il serait très utile au contraire qu’elles fussent à ioo°. ; i .o-ir- -, -,
- Le refroidissement s’opère assez simplement en projetant l’eau d’injection non seulement au milieu de la vapeur , mais encore sur les parois du cylindre. Quant à réchauffement qui doit suivre, il faut qu’il soit consi-; dérable et prompt. La vapeur produira bien elle-même cet effet, mais ce sera à la longue, et comme elle n’échauffe le cylindre qu’aux dépens de sa propre chaleur ou en se condensant en partie, la dépense du combustible sera très considérable : si donc l’on parvenait à faire disparaître la nécessité des réchauffemens et refroidissemens successifs , on obtiendrait une notable économie. Tel est précisément le problème que Watt a résolu par une méthode qui permet de laisser toujours au corps de pompe sa température de ioo°. Il lui a suffi pour cela d’opérer la condensation dans un vase séparé, appelé condenseur, totalement distinct du corps de pompe et ne communiquant avec lui qu’à l’aide d’un tube étroit. Voici l’explication donnée par M. Arago de cet ingénieux procédé. ; > j;:.. ! r
- S’il existe quelque communication entre un corps de pompe rempli de vapeur et un vase vide de vapeur et d’air, la vapeur du corps de pompe passera en partie dans le vase; l’écoulement ne cessera qu’au moment où l’élasticité sera la même partout. Supposons, dès à présent, que le vase soit maintenu constamment froid dans toute sa capacité et dans son enveloppe, à l’aide d’une injection d’eau abondante et continuelle ; la vapeur s’y condensera alors dès qu’elle y arrivera : ce vase restera donc toujours
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- vide de fluides élastiques , et toute la vapeur dont le corps de pompe était primitivement rempli viendra s’y anéantir successivement. Le corps de pompe se trouvera ainsi purgé de vapeur sans que ses parois aient été refroidies, et la vapeur nouvelle dont il pourra devenir nécessaire de le remplir un moment après n’y perdra rien de son ressort.
- Le condenseur n’a entièrement absorbé la vapeur dont le corps de pompe était rempli qu’à cause qu’il contenait de l’eau froide et que le reste de sa capacité se trouvait vide de fluides élastiques ; mais après que la condensation de la vapeur s’y est opérée, ces deux conditions de réussite ont disparu. L’eau condensante s’est échauffée en absorbant tout le calorique de la vapeur; une quantité notable de vapeur s’est formée aux dépens de cette eau chaude; l’eau froide contenait d’ailleurs de l’air atmosphérique, qui a dû se dégager pendant son échauffement. Si l’on n’enlevait pas après chaque opération l’eau, la vapeur et l’air que le condenseur renferme, il finirait par ne plus produire d’effet. TVatt opère cette triple évacuation à l’aide d’une pompe ordinaire qu’on appelle la pompe à air, et dont le piston porte une tige attachée au balancier que la machine met en jeu.
- Machine à double effet. La machine atmosphérique, soit que l’injection s’opère au milieu du corps de pompe, ou dans un condenseur séparé, n’a de force réelle que pendant le mouvement descendant du piston : c’est alors seulement que le poids de l’atmosphère produit tout son effet. Durant le mouvement ascendant, ce poids est contre-balancé par la pression de la vapeur, qui pousse le piston de bas en haut. Le mouvement est alors uniquement déterminé par un contre-poids, qui ne sufpasse le poids du piston que de la valeur du frottement qu’éprouve celui - ci sur les parois du corps de pompe. Cela n’est pas un inconvénient quand la machine à feu est employée à extraire des mines l’eau qui les inonde. La descente du piston détermine en effet un mouvement de même sens dans l’extrémité du balancier auquel sa tige est attachée et dès lors un mouvement ascendant à l’autre extrémité. Or, c’est pendant ce dernier mouvement que l’eau, située verticalement sous cette seconde extrémité du balancier, est soulevée d’une partie égale à l’excursion du piston du corps de pompe. Quand le piston de la pompe d’épuisement descend et va se charger de nouveau liquide, il est parfaitement inutile qu’il soit poussé vivement; la force qui servirait à cela serait de la force perdue. Ainsi, comme moyen d’épuisement, la machine atmosphérique est parfaite; il n’en est pas de même dans le cas où elle est employée comme moteur. Les appareils, les outils qu’elle ébranle ont des mouvemens très rapides
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- durant la course descendante du piston; mais pendant le mouvement ascendant ils s’arrêtent ou ne continuent à agir qu’en vertu de la vitesse acquise : une machine à feu qui aurait de la puissance pendant que s’exécutent les deux excursions opposées du piston présenterait donc alors des avantages réels. Tel est l’objet de la machine inventée par FFatt, et qu’on appelle machine à double effet. : r
- Dans cette machine, représentéeJig. 12, l’atmosphère n’a plus d’action; le corps de pompe a est fermé dans le haut par un couvercle métallique b} percé seulement dans son centre d’une ouverture c, garnie d’étoupe grasse et bien serrée, à travers laquelle la tige cylindrique du piston se meut librement sans pourtant donner passage à l’air ou à la vapeur. Le piston partage ainsi le corps de pompe en deux capacités fermées et distinctes. Quand il doit descendre, la vapeur de la chaudière arrive librement dans la capacité supérieure par un tube d, convenablement disposé à cet effet, et pousse le piston de haut en bas comme le faisait l’atmosphère de la machine atmosphérique. Ce mouvement n’éprouve pas d’obstacle, attendu que, pendant qu’il s’opère, le dessous du corps de pompe est en communication avec le condenseur. Dès que le piston est descendu tout à fait, les choses se trouvent complètement renversées par le simple mouvement de deux robinets f, g : alors la vapeur que fournit la chaudière par le tuyau h ne peut aller qu’au dessous du piston qu’elle doit soulever et où elle pénètre par le tuyau e, et la vapeur supérieure qui, l’instant d’avant, a produit le mouvement descendant, va se liquéfier dans le condenseur, avec lequel elle est, à son tour, en libre communication par le tuyau i. Le mouvement contraire des mêmes robinets replace toutes les pièces dans l’etat primitif dès que le piston est au haut de sa course. La machine marche ainsi indéfiniment avec une puissance à peu près égale, soit que le piston monte, soit qu’il descende; mais la dépense de vapeur est précisément double de celle qu’une machine atmosphérique ou à simple effet aurait' occasionée.
- Machine à détente. Dans la machine à double effet, le piston est alternativement pressé par la vapeur de haut en bas et de bas en haut. Si la communication de la chaudière avec le cor^ps de pompe est ouverte pendant tout le temps que chacune de ces oscillations nécessite, le piston se trouvera soumis à l’action d’une force accélératrice constante ; il aura donc un mouvement accéléré; il arrivera à l’une et à l’autré extrémité du corps de pompe avec une vitesse très grande, et qui, sans produire aucun effet utile, contribuera à ébranler l’ensemble de l’appareil. Si, au contraire , chaque robinet de communication entre la chaudière et le corps de pompe
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- ne demeure pas ouvert pendant toute la durée des excursions du piston ; s’ils se ferment, par exemple, quand le piston est parvenu aux deux tiers de sa course, le tiers restant sera parcouru en vertu de la vitesse acquise, et surtout par l’action que la vapeur déjà introduite alors continuera d’exercer. Cette action deviendra de moins en moins forte pendant le reste du mouvement piston, attendu que la vapeur se dilatera graduellement et qu’à mesure qu’elle occupera des espaces de plus en plus grands, son élasticité, comme celle de tout autre gaz, s’atténuera : dès lors il n’y aura plus d’accélération nuisible vers les deux limites des excursions du piston, et, ce qui est bien plus important, une moindre quantité de vapeur sera employée pour produire les mouvemens désirés. En effet, si le robinet était ouvert pendant toute la course du piston, l’injection détruirait chaque fois un volume de vapeur égal à celui du corps de pompe; tandis que si le robinet se ferme quand le piston est aux deux tiers de sa course, il entrera et il se détruira un tiers de vapeur de moins. On prétend qu’en employant ainsi la détente de la vapeur, on peut économiser, à égalité d’effet, une quantité considérable de combustible ; il ne semble cependant pas que TVatt ait eu d’autre but que de rendre le mouvement du piston à peu près uniforme.
- Enveloppe du corps de pompe. On a vu plus haut que le condenseur a pour objet de laisser constamment le corps de pompe à la température de la vapeur, afin qu’elle ne s’y condense pas en partie quand elle vient de la chaudière. Mais ce côrps de pompe est en contact avec l’atmosphère sur toute l’étendue de ses parois extérieures. Ily aura donc, sur ces parois et par suite dans toute l’épaisseur du cylindre, un refroidissement continuel, auquel la vapeur motrice devra pourvoir aux dépens de sa propre élasticité. TVatt a proposé d’atténuer cet effet en enveloppant le corps de pompe d’un seq^nd cylindre. Une telle enveloppe, si elle est fermée en- haut et en bas, empêchera non seulement descourans d’air refroidissans de se former, mais permettra encore d’introduire de la vapeur dans l’espace annulaire compris entre les deux cylindres; et dès lors la température du corps de pompe proprement dit sera si peu différente de celle de la vapeur fournie par la chaudière, que, dans la pratique, on pourra les considérer comme étant parfaitement égales.
- Machines à vapeur à haute pression. Les machines dont nous venons de parler n’exigent pas que la vapeur qui les fait mouvoir exerce une pression supérieure à celle de l’atmosphère. Pour se débarrasser de la vapeur quand elle a agi, il suffît de la condenser; mais cette opération nécessite l’emploi d’une abondante quantité d’eau froide, et dans beaucoup de localités c’est
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- un grand inconvénient (i). Quant aux machines locomotives propres à faire marcher des chariots sur des chemins de fer, on ne peut pas songer à les construire sur ce système. Elles devraient en effet porter avec elles non seulement le charbon nécessaire à l’alimentation du foyer et l’eau qui doit remplacer incessamment dans la chaudière celle qui est graduellement transformée en vapeur, mais encore une énorme quantité d’eau froide, destinée à opérer la condensation. Une telle machine ne produirait pas de grands effets : elle pourrait à peine se traîner elle-même. Le besoin de se soustraire à la nécessité de la condensation de la vapeur a fait inventer les machines à haute pression.
- Dans ces machines, quand la vapeur a poussé le piston de bas en haut, l’ouverture d’un robinet lui permet de s’échapper dans l’air; mais comme c’est la différence d’élasticité qui détermine cet écoulement , il cesse dès que la pression de la vapeur intérieure ne surpasse plus celle de l’atmosphère. Ainsi le corps de pompe n’est pas entièrement évacué comme dans le cas de l’injection. La vapeur, qui devra ensuite pousser le piston de haut en bas, aura donc à surmonter une pression égale à la pression atmosphérique, avant de produire aucun effet utile. La même remarque s’applique au mouvement ascendant qui succède ; car le haut du corps de pompe renferme de la vapeur quand il s’opère, et ainsi de suite.
- Papin est le premier qui ait construit une machine dans laquelle la vapeur à haute pression s’échappait dans l’atmosphère après avoir produit son effet. Cette machine était exclusivement destinée à élever de l’eau. Leupold, qui l’a fait connaître, en a décrit une du même genre, en 1724, dans son Theatrum mach. hydraul. Celle-ci était à piston et à balancier, mais à simple effet. On la voit en coupe verticale, fig. i3. Cette machine était construite de manière que la vapeur, portée à un haut degré d’élasticité, pouvait agir alternativement sur deux pistons, dans des cylindres séparés, dont l’un montait pendant que l’autre descendait, et vice versa.
- La chaudière a communique par un robinet à quatre voies b avec les fonds de deux cylindres ouverts par le haut, et dans lesquels montent et descendent les pistons cd. Les pistons sont chargés de plomb , de manière à entraîner ceux des corps de pompe op, qui plongent dans le réservoir inférieur n; ils sont attachés par leurs tiges e^aux balanciers g h, mobiles sur les supports i i. A l’autre extrémité des balanciers sont fixées les tiges k l, qui font agir deux pompes foulantes op; q est un tuyau ascensionnel,
- (1) Voyez un Mémoire sur les moyens d’économiser l’eau d’injection dans la machine à vapeur j parM. Madeleine, Bulletin delà Société, année 1827, page 188.
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- courbé à son extrémité supérieure pour verser l’eau dans un réservoir t»* b est un robinet construit de manière à conduire alternativement la vapeur dans chaque cylindre; 772 est l’orifice par où s’échappe la vapeur apres avoir exercé son action sur les pistons cd.
- Dans la situation représentée par la Jig. i3, la vapeur, après avoir passe dans le cylindre r, fait monter le piston c ; ce mouvement abaisse la tige k, qui, agissant sur la pompe foulante o, élève l’eau dans le tuyau q. Quand le piston est arrivé au haut de sa course, on donne au robinet b un quart de tour, ce qui ouvre la communication, d’une part, entre le cylindre s et la chaudière, et de l’autre , entre le cylindre r et l’air extérieur ; alors le piston c, qui, étant chargé de plomb, entraîne la tige k et le piston o, descend par son propre poids au fond du cylindre, et chasse devant lui la vapeur qui s’échappe à l’extérieur. Au moment où le robinet ferme la communication avec le cylindre r, il en ouvre une autre entre la chaudière et le cylindre s; la vapeur, par sa force élastique, élève alors le piston d et abaisse la tige l; ce qui oblige l’eau de la pompe p de mçnter dans le tuyau q. Quand le piston d est arrivé au haut du cylindre, on ferme la. communication avec la chaudière, et la vapeur s’échappe à travers l’orifice m; aussitôt le piston d descend dans le cylindre en élevant la tige L De cette manière , un mouvement alternatif vertical est imprimé aux tiges k L
- En 1802, MM. Trevithick et Vivian obtinrent en Angleterre une patente pour une machine à haute pression et à double effet, qui a été appliquée, soit par eux, soit par d’autres constructeurs, au mouyement des voitures sur des ornières en fer. Les Jig. 14 et i5 représentent cette machine, dans laquelle nous avons été obligés d’omettre beaucoup de détails qui ne pouvaient entrer dans la figure, à cause de la petitesse de l’échelle.
- a9 tJig. 14, est la chaudière de forme cylindrique , pour pouvoir résister à une forte pression intérieure ; elle est établie dans un fourneau de fer b, garni intérieurement en briques et porté par quatre pieds ee, qui posent sur une plate-forme d. Un espace est ménagé autour de la chaudière pour la circulation de la flamme; la fumée s’échappe par le tuyau f; c est le cylindre plongé dans la chaudière ; il est fondu d’une seule pièce pour offrir plus de solidité : le couvercle y est solidement fixé au moyen de boulons à écrous, et hermétiquement fermé, de manière à être à l’épreuve de la vapeur. Deux montansÆÆ, assujettis sur le couvercle, reçoivent une roulette g, fixée sur l’extrémité supérieure de la tige du piston , et qui sert à guider son mouvement vertical. La vapeur passe au dessous du piston par le tuyau q et au dessus par le tuyau uy un robinet t3
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- vu en coupe horizontale, Jig. i5, et renfermé dans une boîte o, est destiné à distribuer la vapeur qui, sortant de la chaudière, passe par le canal 2, pénètre dans le cylindre par l’orifice 5, et après avoir produit son effet, s’échappe dans l’air par le canal 1. En faisant faire un quart de tour à ce robinet , on ouvre la communication entre la chaudière et le dessous du piston , en même temps qu’on permet à la vapeur qui se trouve au dessus de s’échapper au dehors; un second quart de tour produit l’effet opposé, c’est à dire amène la vapeur sur la tête du piston et évacue celle qui l’a poussée jusqu’au haut du cylindre. Une bielle r, attachée à la tige du piston, fait tourner une manivelle j, sur l’axe s de laquelle est monté un volant z, et un limaçon oc y, qui, en tournant, déprime la roulette o et lève le contre-poids n suspendu à l’extrémité d’un levier tournant sur le boulon m. Par ce mouvement, la tringle verticale l tire le petit bras de levier li et fait tourner la manivelle h, à laquelle est attachée la tige du robinet t; alors la vapeur passe au dessous du piston et celle qui est au dessus s’échappe ; lorsque la roulette arrive dans la partie évidée du limaçon, l’eflèt contraire se produit; le levier mn baisse et entraîne la tringle m l; aussitôt la vapeur passe sur la tête du piston, et celle qui est au dessous est évacuée : ainsi, à chaque demi-révolution du limaçon, ces deux mouvemens alternatifs sont obtenus. Différens mécanismes ont été employés pour ouvrir et fermer le robinet; mais ceux qui offrent le moins de complications sont toujours préférés (1).
- Dans sa première patente de 176g, Watt s’était déjà réservé le droit, « pour le cas où l’eau froide serait rare, de faire marcher les machines à » l’aide de la seule vapeur, laquelle pourrait s’échapper dans l’air après » qu’elle aurait produit son effet; » mais il ne paraît pas qu’on ait jamais construit dans ses ateliers une seule machine sur ce principe.
- Parmi les machines à haute pression et à condensation, celles qui, comme machines stationnaires , jouissent de la plus grande réputation sont celles qu’a proposées M. Arthur Woolf, en 1804. Dans les machines de cet ingénieur, la vapeur à haute élasticité, venant directement de la chaudière, pénètre d’abord dans un premier corps de pompe , tantôt par dessus, tantôt par dessous, comme dans une machine à double effet ; mais cette vapeur n’est pas condensée aussitôt qu’elle a amené le piston à l’une des
- (1) Nous avons donné dans la quatorzième année du Bulletin, page 80 , la description d’une machine à vapeur construite sur ce principe, et qui a quelque analogie avec celle de Lcupold, étant à simple effet et à deux cylindres , dans lesquels montent et descendent alternativement les pistons. J
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- deux extrémités de sa course (i) ; M. TVoolf en tire encore un certain parti avant de l’anéantir : voici de quelle manière.
- A côté du premier corps de pompe il en existe un second de même hauteur, mais d’un plus grand diamètre. La partie supérieure du premier communique par un tuyau avec la partie inférieure du second, et réciproquement. Quand la vapeur a poussé le piston du premier cylindre jusqu’au bas de sa course, au moment précis où ce même piston commence à monter par Faction de la nouvelle vapeur venant de la chaudière, qui le pousse de bas en haut, toute celle dont le cylindre qu’il parcourt est rempli, et qui a amené le premier mouvement descendant, va se répandre dans le second cylindre au dessous du piston qu’il contient, et le pousse aussi de bas en haut : ainsi les deux pistons marchent dans le même sens. Dès que ce mouvement est achevé, la vapeur dilatée, qui occupe toute la capacité du grand cylindre, va se liquéfier dans un condenseur isolé. Une nouvelle quantité de vapeur venant de la chaudière se rend alors au dessus du cylindre et pousse son piston de haut en bas. L’ancienne vapeur, dont tout le bas du premier cylindre était rempli à la suite du premier mouvement, passe en se dilatant au ^ssus du piston du second cylindre et le force à descendre , en sorte que les deux pistons, encore cette fois, marchent dans le même sens. Si chaque piston porte une tige verticale et si elles sont attachées à deux points du balancier situés du même côté de son centre de rotation, les oscillations que ce balancier éprouvera s’opéreront en vertu des impulsions réunies des deux pistons, et la même vapeur aura produit deux effets avant d’être condensée (2).
- Cette machine de TVoolf est une véritable machine à détenteassez, semblable à celle que M. Hornblower a décrite dans sa patente de 1781. On ne voit point au reste à priori pourquoi la détente de la vapeur ne produirait pas autant d’effet en l’opérant, comme TVatt l’avait proposé , dans un seul corps de pompe, qu’en suivant le système de TVoolf. Des expériences, publiées dans les rapports mensuels des mines de Cornouailles (3), semblent, il est vrai, très favorables à ce système; mais elles n’obtiendront l’assentiment général qu’après qu’on les aura faites en rendant tout égal de part et d’autre, sauf le mode de dilatation de la vapeur. (La suite au prochain Numéro. )
- (1) Voyez la description de cette machine dans la troisième année ( iSozf) du Bulletin de la Société , page x 02.
- (2) C’est sur ce principe qu’est construite la machine d’Edwards, dont on trouve la' description dans la dix-septième année du Bulletin, page 12 5.
- (3) Voyez Bulletin, quinzième année, page 120.
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- Rapport fait par M. Héricart de Thury, au nom du Comité des arts mécaniques, sur le pendule compensateur à demi-seconde _, présenté a la Société par M. Robert.
- Messieurs, élève de Breguet, successeur de notre confrère M. Laresche, M. Robert vous a présenté un modèle de pendule compensateur, à demi-seconde , de son invention, que vous avez renvoyé à l’examen de votre comité des arts mécaniques.
- Le pendule de M. Robert, d’une construction très simple, présente, au premier aspect, quelque analogie avec celui de M. Reid, de Woodwich, qui obtint, en 1812, un prix de 15 guinées de la Société des arts de Londres, et qui a été décrit dans le Journal de Nicholson; mais en examinant ces deux pendules avec attention, on y reconnaît des différences telles que l’invention du nouveau pendule compensateur reste entièrement à M. Robert y ainsi que nous allons chercher à vous le démontrer.
- Dans un mémoire qu’il lut à la classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut (1) sur la dilatabilité des fpétaux, M. Gujton-Mor-veau rendit compte des expériences de MM. Smeaton, de Londres; Jurgensen et Arnold, de Copenhague ; et Jean Martin, élève de Ferdinand Rerthoud, pour la construction des pendules de zinc et d’acier. Il fit ensuite connaître celui de M. Reid, de Woodwich (2), et exprima le regret de ce que le prix du platine s’opposait à ce que ce métal fût employé dans les pendules compensateurs, et de ce que M. Reid, qui avait reconnu la supériorité du platine pour leur construction, avait été arrêté dans son emploi par la seule considération que les compensateurs à verge de platine deviendraient trop chers, considération qui n’eût pas dû l’arrêter, s’il eût seulement essayé d’en établir le prix, en faisant état i°. delà grande ténacité de ce métal, presque égale à celle du cuivre, et 20. de la réduction des dimensions, à raison de la grande disproportion de sa dilatabilité avec celle du zinc (3) ; la facilité d’exécution des compensateurs en platine et cuivre compensant d’ailleurs et bien au delà .l’augmentation
- (x) Mémoires de la classe des sciences physiques et mathématiques de l'Institut, année 1808, 2e. semestre, et Annales de chimie, mars 1810, page ;
- (2) Description d’un nouveau pendule compensateur, par M. A. Reid; extrait par M. Guy-ton—Morveau. Annales de chimie, tome 85 , page 183.
- (3) Elle est dans le rapport de 862 : 3160, suivant Guyton—Morveau y de 85o : 294° d’après Lavoisier et Laplace, et de 856 : 3o45 , suivant Breguet et Borda.
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- du prix de la matière, le rapport de la dilatabilité de ces'deux métaux établissant une différence bien suffisante pour donner l’avantage d’un grand raccourcissement.
- M. Reid, en construisant son pendule d’après la différence de dilatabilité de l’acier et du zinc, se servit d’une verge d’acier fondu, terminée par une vis à écrou, destinée à élever ou à abaisser, suivant les corrections à faire, un cylindre compensateur de zinc, traversé par la tige d’acier et portant à son extrémité la lentille : de manière que lorsque la verge d’acier s’alongeait, le zinc, en montant, prenait de l’expansion en sens contraire, et maintenait toujours ainsi la lentille à la même distance du point de suspension.
- Pénétré de ce principe, établi d’après notre collègue, M. Francœur, qu’il importe essentiellement à un bon horloger de chercher les mojens de s’opposer auoc dilatations et condensations, parce que les machines destinées à la mesure du temps ne peuvent avoir de précision que sous cette condition, M. Robert, après avoir fait une étude comparée des quatre systèmes suivis jusqu’à ce jour dans la construction des pendules compensateurs à grille, à levier, à mercure et en bois, dont il examine rapidement, dans sa Notice, les avantages et les inconvéniens ; M. Robert a cherché, dans l’application des principes de Borda, Lavoisier, Laplace, Smeaton, Rreguet, etc., sur la dilatabilité relative du platine, du cuivre, du zinc et de l’acier, un moyen de combattre les effets de l’influence de la dilatation, et par suite il s’est décidé, conformément aux vœux et aux observations de Gujton-Morveauy à adopter le platine et le zinc de préférence aux autres métaux, en prenant particulièrement pour base de ses principes de construction la dilatation de la lentille , jusqu’à ce jour généralement négligée.
- Je dis généralement négligée, parce qu’en effet la dilatation de la lentille est comptée pour rien par la plupart des horlogers, qui font presque toujours porter la lentille par le centre de son diamètre. Cependant, quelques-uns , en la. supportant par le bas, ont employé, comme M. Robert, sa dilatation à achever la compensation lorsque la branche du pendule à grille était insuffisante. C’est ainsi, par exemple, qu’en 1823 M. Gambej a exécuté son pendule à grille de tiges d’acier et de cuivre, pour l’équatorial de l’Observatoire royal, dans la construction duquel il a fait entrer la dilatation du rayon de la lentille.
- M. Gambej ayant eu la bonté de nous communiquer la formule dont il a fait usage pour déterminer les proportions de ce compensateur, nous nous empressons de la consigner ici avec le dessin qu’il a bien voulu y joindre. (Voj.jig. 3, P/. 38i.) .
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- « Dans un pendule a compensation, dit M. Gambey, la dilatation des » verges d’acier a agit en sens inverse de la dilatation des verges de )) cuivre b. Pour qu’il y ait compensation , il est évident que la somme des » dilatations de toutes les verges d’acier doit être égale à la dilatation de )> toutes les verges de cuivre. Par conséquent, si on nomme A la longueur »> de toutes les verges d’acier, et D la dilatation de l’acier, on aura AD — )) la dilatation de toutes les verges d’acier ; et si on nomme C la longueur » de tontes les verges de cuivre et D'la dilatation du cuivre, on aura CD' = » la dilatation de toutes les verges de cuivre, ce qui donnera l’équation )) suivante AD = CD', formule qui peut servir à déterminer les propor-» tions de tous les pendules composés de verges qui agissent directement » dans le sens de leur longueur. Cependant il arrive quelquefois que dans » les pendules à demi-seconde, surtout lorsque la lentille est d’une grande » dimension , que l’espace restant entre la lentille c et le point de suspen-» sion d n’est pas suffisant pour donner aux verges les longueurs qu’elles » doivent avoir. C’est ce qui a fait que j’ai eu recours à la dilatation du » rayon de la lentille, comme on le verra dans le dessin annexé à cette note.
- » On peut se servir de la formule que j’ai déjà donnée, en y faisant )) entre le rayon de la lentille, de la manière suivante : en nommant le » rayon R, on aura
- AD‘ = (Ch-R)D\ »
- Mais revenons au pendule de M. Robert. Son compensateur est composé d’un tube de platine très léger de om,35.2 (i3 pouces) de longueur, y compris le crochet, ou moyen de suspension. A l’autre extrémité, est une tige d’acier à vis et écrou, supportant une lentille de zinc, de om,i5o (5 pouces 6 lignes) de diamètre, traversée par le tube de platine. La lentille est terminée par une queue fondue en même temps qu’elle.
- M. Robert représente, à l’égard des dimensions de son pendule , qu’il n’a pas cru devoir suivre les rapports des dilatations des métaux, donnés par les auteurs, parce qu’ils ne sont pas parfaitement d’accord, et qu’en outre la dilatabilité varie suivant l’homogénéité des métaux employés et les diverses manipulations auxquelles ils ont été soumis.
- Quant à la formule d’après laquelle il a déterminé la distance du point de suspension du pendule au centre de la lentille, autrement la différence entre la longueur et la dilatation des deux métaux, elle est rigoureusement conforme aux principes, puisqu’elle est établie sur le rapport de 294 : 85, différence de la dilatation du zinc à celle du platine, suivant Lavoisier y Laplace, Borda, Smeaton et Guyton-Morveau. .
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- ' Les pendules compensateurs à grille, à demi-seconde, exécutés par les ouvriers qui font ordinairement cette partie de l’horlogerie, n’ont pas de prix déterminé, parce que la construction en est très variée et qu’elle est modifiée suivant les goûts; mais le prix est en général de 4° a 6° francs.
- Le pendule de M. Robert coûte 70 francs, dont 4.0 francs pour la valeur intrinsèque du platine : ainsi, si on voulait remplacer le tube de platine par un tube d’acier , ce pendule ne coûterait que 20 francs ; mais alors la queue de la lentille devrait être d’environ om,270 ( 1 pouce) plus longue qu’elle ne l’est avec le tube de platine.
- Un compensateur construit d’après les principes de M. Robert doit nécessairement présenter les conditions exigées pour la correction des effets de la dilatabilité, et par conséquent établir une uniformité constante, puisque i°. l’alongement du tube de platine par une élévation de température éloignera du centre de rotation le point d’appui sur lequel pose la lentille, et 20. que la dilatation en sens inverse, mais égale en somme, de la partie de zinc comprise entre le point d’appui et le centre de la lentille , remonte ce centre vers le point de suspension d’une quantité égale à celle dont il aurait été descendu, si la lentille avait été faite d’une matière non dilatable.
- Résumé.
- De tout ce que nous venons d’avoir l’honneur de vous exposer, Messieurs, il résulte que , dans la composition de son compensateur, M. Robert a rigoureusement rempli les conditions qu’il s’était imposées ; savoir , i°. d’utiliser la dilatation de la lentille, presque généralement comptée pour rien et par conséquent négligée; 20. d’avoir une verge très légère, afin que le centre d’oscillation coïncide toujours (autant que possible) avec le centre de gravité de la lentille; 5°. de faire cette verge d’un métal très peu dilatable, tandis que la lentille jouirait au plus haut degré de la propriété contraire; 4°* enfin que son compensateur, quoique construit en platine, est d’un prix peu élevé, et que celui des pendules de précision n’en sera pas augmenté de manière à empêcher l’usage de s’en répandre.
- D’où il suit encore i°. que le compensateur de M. Robert diffère essentiellement de celui de M. Reid; 20. qu’il n’est pas fondé sur les mêmes principes ; 3°. que c’est à lui qu’on doit l’introduction du platine dans la construction des pendules, et 4°* que, sans avoir connaissance du régulateur de M. Gambejr, il a, comme lui, fait tourner au profit de la compensation tout ce qui était précédemment négligé, puisque la dilatation
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- de la lentille, jusqu’à ce jour comptée pour rien, est précisément le moyen de correction quil emploie pour obtenir ïuniformité constante, base essentielle de l’art de Vhorlogerie.
- Conclusion.
- Par ces considérations, et en vous exposant, Messieurs, que M. Robert, fils d’une famille distinguée dans la magistrature, après plusieurs années d’exercice, a abandonné le Barreau pour venir étudier, sous notre célèbre Breguet, la haute horlogerie de précision, à laquelle il s’est constamment voué, et dans laquelle il ne peut manquer de réussir, si nous en jugeons par ses premiers succès, nous avons l’honneur de vous proposer i°. de le remercier de la communication qu’il vous a donnée de la description de son pendule compensateur à. demi-seconde; 2°. de lui remettre une expédition du présent rapport; et 3 \ d’insérer la notice descriptive de son pendule dans votre Bulletin, à la suite de ce rapport.
- Adopté en séance, le 25 décembre 1828.
- Signé Hérica.rt de Thury, rapporteur.
- Note sur un pendule a demi-seconde, dune construction très simple, pour la correction des effets de la température ; par JM. Henry Robert, horloger -mécanicien, Palais - Royal? galerie de Palois, n°. 164.5 'a Paris*
- Lorsque le pendule fut employé comme régulateur des machines destinées à la mesure du temps, on en obtint une régularité telle, que les variations causées par son alongement ou son raccourcissement dans les changemens de température (quoique très* petits) devinrent sensibles, d’où l’on reconnut la nécessité de chercher un moyen de corriger le vice résultant de cette propriété indomptable des élémens.
- Trois systèmes différens ont été généralement adoptés, et les appareils construits sur ces principes ont reçu les noms de pendule à grille, pendule à levier et pendule à mercure.
- La verge du pendule à grille est formée de plusieurs branches parallèles de deux métaux différens; par leur disposition, les dilatations s’effectuant en sens inverse dans les branches qui ne sont pas de même nature, le centre d’oscillation est toujours également distant du centre de rotation. Cet ingénieux système a été traduit sous différentes formes ; celle qui fut employée par Rivaz a donné lieu à beaucoup de variétés, préférables aux grilles qui, cependant,sont encore très usitées en France.
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- Les inconvéniens du pendule à grille sont évidens : à l’inspection seule, il est facile de juger qu’un assemblage de neuf branches, de sept, ou meme de cinq, ne peut être ni facile à exécuter, ni invariabl^dans ses effets; qu’il présente une surface considérable à mouvoir dans un lieu résistant; que le poids des branches, rapproché du point de suspension, oblige a descendre la lentille au dessous du centre d’oscillation, alonge l’appareil et laisse une difficulté pour varier à volonté l’effet correctif.
- Le pendule à levier est composé de deux branches au moins, de métaux inégalement dilatables : l’une d’elles, agissant sur un levier qui a son point d’appui sur l’autre branche, fait remonter la lentille de la quantité nécessaire pour que le centre d’oscillation conserve sa position. Ce mode offre le grand avantage de varier à volonté la correction ; aussi a-t-il été souvent reproduit sous diverses formes, et cependant toujours critiqué, pour la destruction inévitable des points de contact.
- Le pendule à mercure, imaginé par le célèbre Graham, est toujours en grande faveur chez les Anglais. La lentille y est remplacée par un vase rempli de mercure, monté dans un châssis d’acier; la grande dilatation du mercure produit la compensation ; le réglage de ce pendule étant long et difficile, c’est sans doute une des raisons qui ont ëmpêché les artistes français de l’employer fréquemment ; il est d’ailleurs dispendieux.
- Divers autres moyens ont été essayés, notamment des lames bimétalliques, qui, par leuç déformation dans les changemens de température, remontent ou laissent descendre la lentille. Ce moyen simple, qui séduit au premier coup-d’ceil, est très peu usité, parce qu’il est à craindre que ces lames, se déformant sans cesse, ne reviennent pas au même état, surtout étant chargées d’un poids. En outre, il est des frottemens qui, sous une pression telle que celle exercée par la lentille, doivent altérer en peu de temps les parties frottantes.
- De longues recherches sur la dilatation des corps ont conduit à reconnaître que des tiges de bois de sapin bien choisies, débitées, séchées et préparées convenablement, ne jouissaient pas sensiblement de cette propriété; mais il a été rare de rencontrer des tringles de ce bois qui ne fissent pas, dans les changemens de température, un mouvement de torsion plus préjudiciable que la dilatation et la contraction : aussi les pendules de bois de sapin sont-ils peu usités pour les machines destinées à l’exacte mesure du temps.
- Ces considérations, combinées avec les principes de construction du pendule composé le plus propre à régler une horloge, m’ont porté à cher-
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- cher une disposition qui offrît des effets aussi sûrs et aussi invariables que ceux du pendule de Graham. Je me suis proposé de construire un pendule à demi-seconde-* de faire tourner au profit de la compensation tout ce qui a été négligé ; d’arriver à une rectitude de composition telle, que ce ne soit plus une machine qu’il faille suivre dans ses élémens pour en concevoir les effets, mais un système de deux pièces seulement; et pour y parvenir, j’ai dû i°. utiliser la dilatation de la lentille, généralement comptée pour rien ; 2°. avoir une verge très légère, afin que le centre d’oscillation coïncide autant que possible avec le centre de gravité de la lentille ; et 3°. faire cette verge d’un métal très peu dilatable, tandis que la lentille jouirait au plus haut degré de la propriété contraire.
- Ces conditions me paraissent devoir être remplies i°. avec un tube de platine dont les parois seraient très minces, et 2°. avec une lentille de zinc. En effet, soient A, R,jîg. i, PL 381, une tige de platine de om,352 ( 13 pouces) de longueur, G R une tige de zinc de om,i02 (5 pouces 9 lignes), toutes deux fixes à leur extrémité R, sur une ligne r, r,- le rapport entre la longueur des tiges étant en raison inverse de la dilatation des métaux dont elles sont formées, le point A et l’extrémité C de la tige de zinc seront toujours à une égale distance, quelle que soit la température a laquelle le système soit exposé.
- Un pendule formé d’un tube de platine A, R , de om,352 (i5 pouces) de longueur, y compris la suspension, et d’une lentille de zinc de om,i5o (5 pouces et demi) de diamètre, terminé vers l’écrou porteur par une queue de om,027 (un pouce) du même métal et fondu d’un seul jet, donnera le même résultat.
- Dans les dimensions qui viennent d’être indiquées, je n’ai pas suivi rigoureusement les rapports des dilatations données par les auteurs, parce qu’ils ne sont pas parfaitement d’accord , et qu’en outre cette propriété des métaux varie selon leur homogénéité et les manipulations auxquelles ils ont été soumis.
- La formule qui m’a servi à déterminer ces dimensions peut être utile dans divers calculs sur cette matière : la voici. Pour trouver les longueurs totales du platine et du zinc, ni l’une ni l’autre n’étant donnée, mais seulement la distance AC, différence entre ces longueurs et la dilatation des métaux , on fait cette proportion 294 (t) : 85 : : AC -H- CR ( longueur totale de la tige de platine) : C R longueur de la tige du zinc; retranchant
- (1) La dilatation du zinc esta celle du platine, selon Lavoisier, Smeaton et Laplace : : 294 : 85. D’autres auteurs donnent des rapports différens.
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- le quatrième terme du troisième et le deuxième du premier, on a :
- 29—485 : 85 : : AC : CR...CR = ^^4^
- 2 94--o5
- Description du nouveau pendule proposé.
- Fig. 1 et 2, PI. 38i. Pendule vu de face et de profil. L’extrémité supérieure A du tube de platine B est bouchée par un tampon soudé, percé et taraudé concentriquement aux parois du tube, pour fixer à vis le crochet e d’une suspension à ressort. A l’extrémité inférieure est soudée une tige taraudée, d’acier ou de cuivre a a, sur laquelle se visse l’écrou-R; la lentille L est terminée vers l’écrou par une queue D.
- Si le tube de platine employé est cylindrique, il faut, pour empêcher la lentille de tourner, faire passer une clavette d} ou simplement une goupille, à travers l’extrémité inférieure du tube dans la partie qui reçoit le bout de la tige taraudée, et ouvrir dans la queue de la lentille une entaille pour la recevoir. En exécutant ce pendule, il convient de tenir la lentille plus épaisse qu’on ne la suppose nécessaire, pour réduire cette épaisseur et arriver au poids convenable par rapport à la force motrice. Il est aussi à propos de conserver la queue B de deux ou trois lignes plus longue que les dimensions données ne l’indiquent, afin d’avoir d’abord une correction trop forte et de raccourcir ensuite selon que les expériences faites sous différentes températures en indiquent la-nécessité.
- Fonctions.
- Dans cette construction, l’aïongement du tube de platine par une élévation de température éloigne du centre de rotation le point d’appui sur lequel pose la lentille; la dilatation en sens inverse, mais égale en somme, de la partie du zinc comprise entre le point d’appui et le centre de la lentille (1), remonte ce centre vers le point de suspension, d’une quantité égale à celle dont il aurait été descendu, si la lentille eût été faite d’une
- matière non dilatable.
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- * Observation.
- Des savans ont craint que des influences magnétiques ne fussent une
- ‘ (1) J’ai supposé ici le centre d’oscillation coïncidant avec le centre du disque de la lentille , pour simplifier cet énoncé , ce qui n’est pas exact : cette supposition ne peut avqir aucun inconvénient, puisque le réglage se fait par l’experience.
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- source de variation dans les horloges dont le régulateur est en grande partie composé d’acier ; et ils ont manifesté le désir de voir exclure ce métal de la composition du pendule. Dans le pendule proposé, on ne peut avoir cette crainte, puisque la tige taraudée peut sans inconvénient être faite en cuivre.
- Notices sur le double puits foré a la Gare de S aint-Ouen , près Paris y par MM. Flachat frères et compagnie, lues à la Société d!Encouragement dans sa séance du 11 mars 1829, par M. le vicomte Hericart de Thury. '
- Une grande impulsion est donnée pour la recherche des eaux jaillissantes, au moyen des puits forés ou sondages artésiens.
- Dans plusieurs départemens, les Conseils généraux ont voté des fonds pour l’acquisition d’une sonde ; dans quelques uns, des associations se sont formées pour le percement des puits artésiens, et dans d’autres enfin, des propriétaires ont fait eux-mêmes des sondages, dont plusieurs ont été couronnés d’un plein succès. Ces puits se propagent de plus en plus; partout, sur tous les points de la France, on en entreprend. Nous pouvons espérer que tant d’efforts réunis produiront, d’une part, les résultats les plus avantageux pour l’agriculture, les arts et les manufactures, et que, d’autre part, la science acquerra bientôt des données exactes sur l’hydrographie souterraine, jusqu’à ce jour inconnue.
- Si j’ai été assez heureux, l’an dernier, pour fixer un moment l’attention de la Société sur les puits forés à Epinay, je ne doute pas qu’elle n’apprenne avec un nouvel intérêt le succès que viennent d’obtenir MM. Flachat frères et compagnie dans un puits qu’ils ont foré à la gare de Saint-Ouen, et je me flatte quelle voudra bien me permettre de lui soumettre les conséquences que je crois pouvoir déduire de tous les sondages faits aux environs de Paris, i°. pour prouver l’existence des grands cours d’eau souterrains dans le bassin de la Seine, soit entre le calcaire marin et les argiles plastiques, soit entre ces argiles él la grande masse de craie J soit enfin au dessous de la masse de craie, et 20. pour établir la probabilité du jaillissement de leurs eaux, lorsque ces cours d’eau seront atteints par des puits forés bien exécutés.
- Avant de parler des sondages faits par MM. Flachat f je crois convenable d’exposer en peu de mots la situation de la gare de Saint-Ouen, son étendue et sa destination, afin de faire apprécier les avantages qui peuvent
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- résulter du percement d’un certain nombre de puits forés sur ses bords pour l’alimenter.
- La gare construite à Saint-Ouen par MM. Ardoin et compagnie est destinée à servir.de port de déchargement aux bateaux venant de la basse Seine. Elle s’ouvre sur la rivière par un canal de 600 mètres de longueur sur 5o mètres de largeur, terminé par une écluse, dont le radier est de niveau avec le lit de la Seine, et qui forme une chute de om,92 à l’étiage de la rivière, et de 2m,rjrj du plafond du canal à celui du radier.
- A l’extrémité, du côté de Paris, est un bassin de 200 mètres de largeur, formant port, qui présente une surface de 2Ô,ooo mètres carrés.
- Le canal et le bassin sont entourés de murs d’enceinte verticaux et de routes pavées formant autant de quais.
- Entre ce bassin et la grande route pavée du Bois de Boulogne à Saint-Denis est une grande place régulière de 10,000 mètres carrés, destinée au stationnement des marchandises et des voitures.
- Le plafond du canal et celui du bassin, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, étant de 2m,77 au dessus du lit de la Seine, et à om,g-2 au dessus de ses eaux à l’étiage, la surface des eaux de la gare doit être maintenue à om,5o au dessous du couronnement des quais; ce qui donnera une profondeur d’eau de 2 mètres environ dans le canal et le bassin.
- Ce niveau constant sera soutenu, dans la saison des basses eaux, par une roue à aubes de 11 mètres de diamètre, mise en mouvement par une machine à vapeur à basse pression de la force de quarante chevaux.
- Dans la saison des hautes eaux , la différence des niveaux , décroissant à raison des crues de la Seine, disparaîtra dans les grandes crues de cette rivière, qui pourra alors atteindre le couronnement des quais du canal et du bassin.
- Les moyens d’alimentation du niveau des eaux de la gare étant l’objet le plus important des recherches de la compagnie, elle a dû préférer d’abord le mode suivi par plusieurs établissemens du même genre créés en Angleterre avec succès , celui de l’application d’une machine à vapeur à basse pression ; cependant, lors du creusement de la gare, on reconnut un grand nombre de sources coulant à peu de profondeur, qui inspirèrent un moment à la compagnie l’idée de les employer pour l’alimentation du niveau ; mais d’après la faiblesse de ces sources, elle y renonça bientôt pour rechercher des eaux jaillissantes. Elle s’adressa, à cet effet, à MM. Flcichat frères, qui, depuis long-temps, s’étaient adonnés spécialement à l’art de percer les puits forés, et qui avaient entrepris des sondages considérables, soit pour la
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- recherche des eaux et des mines , soit pour l’étude du grand canal maritime -4Îe Paris au Havre.
- MM. Flachat"rassemblèrent les différentes opérations qui avaient été faites, soit par eux, soit par d’autres sondeurs dans les environs de Paris (i) ; ils lièrent par des nivellemens ces différeüs points, et produisirent à la compagnie Ardoin une coupe hydrographique et géologique, de laquelle il résultait que trois sondages faits à i5,ooo mètres de distance avaient ramené de dessus la craie des eaux ascendantes à un niveau qui variait de i5 à 25 mètres au dessus d’un plan passant par le zéro de l’étiage du pont de la Tournelle.
- En effet le puits foré en i8iq à la brasserie de la Maison-Blanche, près et hors de la barrière d’Italie, et que nous avons décrit dans les Mémoires de la Société d’agriculture (2), a donné, à 3gm,5o de profondeur, une eau jaillissante de 28 mètres de hauteur dans le grand puits de cet établissement; ce qui, d’après le nivellement, revient à 21 mètres au dessus du zéro du pont de la Tournelle. La sonde, après avoir traversé toute la formation argileuse, était descendue rapidement dans la grande déposition des sables gris argileux, qui sépare les argiles de la masse de craie.
- Le puits foré à Montrouge, dans l’automne de 1828 , par MM. Flachat, à une profondeur de 70 mètres, a traversé les mêmes terrains que celui de la barrière d’Itaiie ; savoir, la partie inférieure de la masse du calcaire marin, puis les argiles plastiques, et, au même niveau, il a rencontré, dans les sables argileux qui recouvrent la craie, une nappe d’eau abondante, qui jaillit dans les tuyaux d’isolement à 27 mètres de hauteur, et par conséquent à 24 mètres au dessus du zéro du pont de la Tournelle.
- Enfin le puits foré, en 1827, à Epinay, a donné de l’eau jaillissante à un mètre du sol, à 18 mètres au dessus de l’étiage de la Seine et à i3ra,5o au dessus du zéro du pont de la Tournelle. Ces eaux proviennent des sables verts qui précèdent l’argile, à une profondeur de 67m,3o.
- À ces trois exemples nous pouvons encore ajouter cèux que nous fournissent i°. le puits foré du président Crosat, percé à Clichy en 1760, lequel produisit un jet de im,3o au dessus dé la Seine, débitant 58 mètres
- (1) Considérations géologiques et physiques sur le gisement des eaux souterraines relativement au jaillissement des fontaines artésiennes / et Recherches sur les puits forés en France fax M. Héricart de Thury, Imprimé par ordre de la Société royale et centrale d’agriculture. Paris, 1828. ...
- " (2) Mémoires de la Société royale et centrale d’Agriculture, tome XXII, année i8iq.
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- cubes d’eau par vingt-quatre heures; 2°. celui de l’École-Militaire, percé en 1775, dans lequel les sondeurs faillirent être noyés par l’impétuosité avec laquelle les eaux s’élevèrent de 20 mètres de hauteur ; 3°. celui du Jardin du Vauxhall, boulevart Bondy , dans lequel les eaux jaillirent d’une profondeur de 40 mètres par dessus la tête des ouvriers, et plusieurs autres qui ont présenté les mêmes phénomènes. 1
- Les rapprochemens faits au sujet de ces divers sondages par MM. Fla-chat frappèrent tellement MM. Ardoin et compagnie, qu’ils n’hésitèrent pas un seul instant; ils se déterminèrent a faire de suite la recherche de ces nappes d’eau souterraines, et pour y parvenir avec plus de certitude, MM. Flachat leur proposèrent de faire d’abord un sondage d’exploration d’un faible diamètre, tant pour reconnaître là nature du terrain, quoique déjà bien décrite dans la Géologie des environs de Paris, de MM. Cuvier et Brongniart, que pour mieux s’assurer de la présence des deux cours d’eau souterrains ascendans, trouvés à Épinay, distant de Saint-Ouen de 5>'éoô mètres. -
- La Société peut se rappeler que deux nappes d’eau ascendantes furent en effet reconnues à Épinay par les sondages de M. Mullot, en 1827, l’une à la profondeur de 54 mètres dans les sables et calcaires grenus ou faux grès argilo-calcaires, et qu’elle reprit un niveau de 8m,5o au dessus du zéro de l’échelle du pont de la Tournelle, tandis que l’autre , trouvée à 67”,5o dans des sables verts micacés, reprit son niveau a 14 mètres au dessus du même plan.
- Le sondage d’exploration fait par MM. Flachat à Saint-Ouen traversa d’abord la formation calcaire d’eau douce , ensuite le calcaire marin , et à 49m,20 la sonde s’enfonça d’elle-même dans les sables des faux grès argilo-calcaires, comme on l’avait éprouvé dans le sondage du puits foré de la brasserie de la barrière d’Italie. On reconnut à cette profondeur une nappe d’eau; mais elle ne donna alors aucun signe, aucune indication quelconque d’ascension : le trou de sonde s’engorgea ; cet engorgement fut vaincu par un fort glaisage, et le percement fut suivi jusqu’à 66 mètres de profondeur, où l’on reconnut des sables verts micacés, au dessous des lignites sableux, et enfin des sables gris-verdâtres chlorités, qui portaient F empreinte certaine d’un cours d’eau ; ils étaient lavés et produisaient, lors du remontage de la sonde, des engorgemens successifs : c’est dans ces derniers bancs qu’a été arrêté le sondage, qui nous paraît n’avoir pas entamé la formation des argiles plastiques. :
- Les résultats donnés par le puits d’exploration, ayant confirmé les pré-Fingt-huitième année. Février 1829. 9
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- somptions sur l’existence de plusieurs nappes d’eau souterraines dans le territoire de Saint-Ouen, déterminèrent le percement définitif du puits artésien, qui ne consistait plus dès lors, i°. que dans l’agrandissement du diamètre du trou de sonde pour la.descente des tubes destinés à isoler et à conserver les eaux ascendantes, et ?°. que dans le dégorgement des diffé-rens bancs, où des engorgemens subits pouvaient entraver l’ascension de ces eaux. • . . r
- Ce travail fut commencé le 29 décembre et poursuivi jusqu’à la profondeur de 49m,2o dans les calcaires grenus. Un engorgement se manifesta lors de leur percement ; on pensa que si l’on pouvait approfondir le trou de sonde à travers et au delà de cet engorgement, on déterminerait peut-être l’arrivée et le remontage des eaux? Qn descendit donc le forage jusqu’à 6q mètres, et on plaça sur le tube une pompe d’un fort diamètre, qu’on fit jouer plusieurs heures. Le trou de sonde se remplit d’abord de sable, de fragmens de caillasses et de calcaires grenus, ensuite les eaux arrivèrent, mais troubles et argilo-marneuses ; cependant dans cet état elles prirent un niveau égal à la hauteur du couronnement des murs de lu gare et s’y maintinrent. l X ; '
- Le trou de sonde fut alors entièrement nettoyé ; la pompe y fut encore appliquée ; il s’ensuivit un nouvel éboulement avec engorgement, mais moindre que le premier. Les eaux, qui étaient tantôt troubles, tantôt limpides , s’élevèrent, cette fois, à om,5o au dessus du couronnement des murs de la gare.
- On dégorgea de nouveau le trou de sonde ; l’opération se fit sans difficulté : il n’y eut plus d’engprgement, les eaux arrivèrent limpides, et quels que soient les efforts que Ion ait faits depuis, la pompe nu pu faire variée un seul instant le niveau^ . r ; ? . ? '
- Enfin, et pour s’assurer que CCS eaux ne provenaient point de cés sources peu profondes, reconnues.dans le creusement de la gare, ou d’infiltrations des eaux de pluie ou de fonte de neiges, que la saison actuelle pouvait faciliter, d’une part, QU perça cinq trous de sonde, à i, 2 et 3 mètres du puits foré, et l’on n’y rencontra les eaux d’infdtration qu’à 4 mètres, 11e présentant aucun indice d’asçension, et, d’autre part, çm fit un nivellement de tous les puits voisins de la gare* pour bien constater Létat de leurs eaux comparativement i°. à celles du puits foré, 2°. aux sources du fond de la gare, et 3°. aux eaux delà Seine; et l’on reconnut qu’il n’y avait aucune correspondance entre les eaux du puits foré et. celles de ces puits , qui présentaient entre elles des différences de niveau très remarquables ,
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- que nous attribuons aux bancs d’argile plus ou moins compactes qui se trouvent dans la formation d’eau douce.
- S’étant ainsi assuré que les eaux obtenües étaient bien des eaux ascendantes , et qu’elles provenaient réellement du niveau traversé-à 49“, 20 de profondeur, on établit, du puits foré à la gare, une rigole de 40 mètres de longueur pour la conduite de ces eaux, et l’on perça latéralement le tuyau d’ascension au point le plus élevé du niveau des eaux , laissant entre le quai et le puits une pente de om,5o.
- Le débit des eaux fut, le premier jour, de 25 mètres cubes; le jour suivant, il s’est élevé à 3o mètres, et comme cette quantité pouvait être augmentée en profitant dés om>5o d’élévation du niveau au dessus du quai, on perça plus bas l’ouverture latérale du tube, de manière à ne ménager que om,20 de pente, et l’on obtint alors un débit d’eau de 76 mètres cubes d’eau par jour.
- * Observations.
- Le puits foré de la gare de Saint-Ouen, commencé le 2g décembre, a été terminé en cinquante jours, au prix moyen de 3o à 35 francs par mètre, non compris le prix des tubes d’ascension.
- Les calcaires d’eau douce ont présenté dans leur percement des difficultés assez graves à raison de leur extrême dureté. Les éboulemens de caillasses et ceux des calcaires grenus au dessous de 49m>2o ont retardé la marche du travail. On aurait peut-être pu y remédier en le faisant suivre par des tubes ; mais dans cette circonstance ce système aurait amené la perte d’un niveau d’eau, dont alors le dégorgement n’eut plus été possible.
- La hauteur du niveau obtenu à Saint-Ouen est moindre de 5 mètres que le premier niveau trouvé à Epinay ; mais le débit des eaux,est plus que triple.
- L’intention de la compagnie Ardoin est de faire rechercher les eaux du second niveau reconnu à Epinay, à la profondeur de 66 mètres dans les sables verts micacés, mais sans perdre les eaux que peut fournir le premier niveau.
- Quant à l’économie de ce moyen d’alimentation, nous ne pouvons l’établir d’une manière exacte ; nous n’avons pas encore de données suffisantes pour y parvenir : elles ne pourront être déterminées rigoureusement que lorsqu’on connaîtra le nombre des puits forés, la quantité d’eau que chacun débitera, comparée à leur dépense et à celle de la machine à vapeur. Cependant s’il était permis de donner une approximation à cet égard, en prenant pour base les 75 mètres cubes présentement obtenus du premier puits
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- foré, pou* le prix de 3ooo francs environ, on trouverait que la valeur du mètre cube d’eau qu’il produit doit revenir à of,oo22 pour une période de soixante ans. Celui du mètre cube débité par la machine à vapeur, suivant les calculs de la compagnie, lui revenant , pour le meme temps, à of,oo4o (prix évidemment trop bas, cette machine devant être renouvelée en grande partie pendant cette période), il résulterait de cette comparaison, en faveur du prix du mètre cube d’eau du puits foré, une différence en moins de of,ooi8 sur celui du mètre cube de la machine à vapeur.
- Résumé et Conclusions. .
- Des faits que nous venons d’exposer il paraît bien démontré : i°. qu’il existe de grandes nappes d’eau souterraines sous le sol du bassin de Paris et des environs; .. . i; ‘ <
- 2°. Que la preuve de l’existence de ces nappes d’eau est, qu’à quelques endroits qu’on établisse des puits forés, les eaux s’élèvent à peu près au même niveau ;
- 3°. Que les nappes d’eau se rencontrent à différentes profondeurs, suivant la pente, les ondulations ou les déclivités que présentent les parties supérieures des argiles sous le calcaire marin, ou celles de la craie sous les argiles; • , : , i !
- 4°. Que ces nappes d’eau se trouvent particulièrement dans les sables qui recouvrent les argiles ou dans ceux qui sont au dessus de la craie ; mais qu’il est nécessaire, pour que ces nappes d’eau puissent être ascendantes, que ces deux formations de terrains soient dans leur intégrité, ou qu’à défaut des argiles, qui peuvent entièrement manquer, la craie soit alors recouverte par une autre formation, telle que le calcaire marin , les gypses ou les terrains d’eau douce ; !. k ;
- 5°. Que ce serait en vain qu’on chercherait des eaux jaillissantes dans ces formations si elles étaient relevées ou se montraient à la surface de la terre, comme à Meudon, à Vanvres, à Sèvres, à Bougival, etc., et que, dans ces diverses localités, on ne pourrait se flatter de faire avec succès des puits forés qu’autant qu’on traverserait entièrement la masse de craie pour chercher les niveaux d’eau qui lui sont inférieurs, ainsi qu’on le fait dans nos départemens du nord ; <>. ; ;
- 6°. Enfin, qu’il peut arriver qu’un puits foré traverse un cours d’eau souterrain qui ne présente d’abord aucun indice d’ascension, soit parce que les eaux suivent une pente naturelle ou une inclinaison de couches trop rapides , soit qu’elles aient besoin d’une force motrice , telle que l’aspiration plus ou moins accélérée d’une forte pompe, pour rompre les obstacles que
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- présentent les engorgemens on les ensablemens, et déterminer l’ascension des eaux , qui se prononce alors aussitôt que la pompe est mise en mouvement, et qui continue ensuite sans interruption (i), une fois le puits foré et sa communication avec le niveau d’eau bien dégorgés.
- D’où il nous sera peut-être encore permis de conclure qu’en perçant à des profondeurs convenables on obtiendra très probablement et à peu de frais des eaux jaillissantes de bonne qualité dans tous les points peu élevés de Paris, tels que le Jardin des Plantes, l’Hospice de la Salpêtrière, l’Entrepôt général des vins, l’Hôtel-de-Ville, les Boulevarts, le Palais-Royal,-les Tuileries , les Champs-Elysées, le Champ de Mars, et en général dans la plupart de nos établissemens publics placés dans le bassin de la Seine. .
- Coupe géologique du puits foré artésien percé à la gare de Saint-Ouen ,
- Numéros' • Épaisseur Profondeur
- des des de
- couches. couches. chaque couche.
- I . Tuf marneux.. ............ . . . . Im,47 -47
- 2. Tuf sablonneux o 98 2 45
- Ces deux couches contiennent des bancs de si-
- lex carié, ménilite, ainsi que quelques masses de grès. . , .
- 3. Marne blanchâtre.. . . .' V . . . . Ô 38 2 85
- 4- Marne jaunâtre argileuse. . ... . . . . . . . i 34 4 J7
- 5. Sable fin argileux o 95 5 12
- 6. Sable argilo-calcaire très compacte. . . . . . . . r 4* 6 53 •
- 7* Marne blanche renfermant une grande quantité
- de noyaux siliceux . . . . * . . . 8 54 i5 °7
- 8. Sable blanc calcaire. . . . 2 3i T7 38
- 9* Sable vert très argileux et très compacte. . . . Il contient quelques petits bancs de même nature, mais beaucoup plus durs. 7 o3 H 4t
- io. Caillasse silicéo-calcaire.. . . . . . . . .... o 97 25 38
- A reporter. ..... 25 38
- (x) Il est essentiel lorsque dans un puits foré on trouve de ces nappes ou cours d’eau qui ne donnent point d’indices d’ascension; il est essentiel, dis-je, avant d’enfoncer plus bas les buses ou tubes d’isolement, de déterminer le remontage de leurs eaux par le mouvement accéléré d’une pompe aspirante ; car une fois les tubes descendus , on perd pour toujours des eaux qui auraient peut-être pu devenir jaillissantes si on avait provoqué leur ascension.
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- --••*-' • — , ( Épaisseur Profondeur
- des de
- couches. . . couches. chaque couche.
- Report. . .... 25m, 38
- Couche composée d’une série de petits bancs siliceux du terrain lacustre , alternant avec des bancs de marne calcaire blanche, ii. Même couche que la précédente, si ce n’est qu’elle est plus com/pacte et que les bancs siliceux, peu épais, sont en plus grand nombre
- et plus durs. . . . ... . . . . . . . . . 7 g5 33 33
- Entre ces deux bancs,*la sonde est tombée de ^ om, 10e comme dans un-vide.
- 12. Marne calcaire très tendre. . . . . .... . . . . o 26 33 5g
- 13. Calcaire compacte............................... 1 07 34 66
- Ce banc, d’une dureté constante, paraît ho- . mogène et assez pur.
- 14. Argile verdâtre, imprégnée de calcaire, d’un
- petit gravier quartzeux et peut-être aussi de
- quelques cristaux de sulfate de chaux. . . . o 6g 35 35
- 15. Marne blanche calcaire, renfermant des débris
- . siliceux)...................* .............2 1.4 37 49
- 16. Marne blanche arborisée de noir (matières tour-
- bacées). ........................... o 83 38 32
- Les parties inférieures ne présentent point cet aspect; mais elles contiennent quelques petits bancs siliceux.
- 17. Marne grise, compacte et dure sans être ho-
- mogène.............. ................* . . o 67 38 gg
- 18. Caillasse siücéo-calcaire......................o 88 3g 87
- Cette couche n’a aucune consistance, malgré les noyaux siliceux qu’elle renferme et qui sont en très grand nombre et très forts. Entre cette couche et la suivante, la sonde est de nouveau tombée dans un vide de om, 10.
- ig. Calcaire grenu ou faux grès argilo-calcaire. . . o g5 4° 62
- Couche tendre légèrement calcaire et renfermant des matières terreuses.
- 20. Caillasse silicéo^caleaire.. ........... o 12 4° g4
- « _ _ - ---------------------------
- <4 reporter..........4° 94
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- - Numéros des
- couches.
- 2 I .
- 22.
- 23.
- 24.
- 25.
- «\ 26.
- Épaisseur
- • des
- couches.
- Report...............4°m, g4
- Marne grise argileuse. .......... 1 3g
- Couche assez compacte; elle renferme de pe- j|: tités nodules siliceuses.
- Banc coquifter argilo-calcaire. ........................ 1 11
- Il est presque impossible de distinguer quelles sont les espèces de coquilles qui se trouvent dans cette couche ; cependant un des débris qu’on y a reconnus ferait présumer qu’elle renferme des limnées.
- Calcaire grenu ou faux grès argilo-calcaire. . . o 3o Couche très compacte et très dure, arborisée en noir.
- Même couche que la précédente,, mais plus homogène.................................. o 24
- Banc coquiller argilo-calcaire. . . . . ... . o 56 Couche tendre et assez homogène. Les coquilles sont tellement broyées, qu’il est impossible de reconnaître leur espèce. * *
- Calcaire grenu ou faux grès argilo-calcaire. . 1 84
- La partie supérieure de cette couche est une marne très blanche, arborisée c{£ noir et contenant de nombreux cristaux de Sulfate de chaux. Les échantillons des autres parties, qui ont été sortis du trou de sonde sans qu’ils aient été pulvérisés par les instrumens et dont quelques uns ont om,38 carrés, sut om,o3 de hauty permettent de déterminer parfaitement la nature de cette couche, ainsi que celle des précédentes, qui sont désignées sous les mêmes dénominations. Ce sont des noyaux généralement aplatis, dont les contours sont peu arrondis et ‘l dont quelques faces sont corrodées : ils sont composés de sulfate et de carbonate de chaux, mélanges d’argile noire et de sable; leur cassure présente un aspect tantôt spathique, tantôt
- Profondeur
- de
- chaque couche.
- 42 33
- 43 44
- . 43 74
- 4’3 98
- 44 54
- 46 38
- A reporter. .
- . 46 38
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- Numéros Épaisseur Profondeur
- des des de
- couçhes. couches. eliaque couche.
- * Report................46m, 58
- saccharoïde, comme celle d/un grès à grains très fins. Quelques uns ont des cavités remplies de marne blanche pulvérulente ; d’autres, * plus arrondis, présentent un aspect granulaire, et semblent comme infiltrés d’une matière argileuse noirâtre. Ils font tous, étant broyés, une assez grande effervescence avec l’acide nitrique. Il est encore une autre observation que l’on a pu faire , c’est que toutes les couches pareilles à celle-ci, de cette formation lacustre, sont recouvertes d’une marne blanche, arbori-sée de noir, et même alternant avec des couches tourbaçées.
- 27. Marne calcaire et calcaire grossier. ....... 2 o3 48 41
- L’empreinte de deux cérites trouvée dans un échantillon de ce terrain détermine positive-r ment cette formation, dont quelques parties sont très coquillè.res, et dont d’autres présentent une grande homogénéité et. un tissu très serré.
- 28. Calcaire chlorité. ................... 12 82 61 25
- Cette couche présente une alternance de bancs plus ou moins durs; toutefois elle est généralement très compacte et très résistante.
- Il s’y trouve aussi quelques bancs plus blancs et moins fermes que les autres.
- 29. Sable quartzeux et ligniteux . im, 5j 62 80
- Cette couche dégage, à la chaleur, une odeur très forte, semblable à celle du charbon de terre embrasé.
- 30. Sables chlorités verts très fluides. . . . .... 1 27 64 07
- ' • Total. . . . . . 64 07
- »
- L’épaisseur de cette couche est inconnue. Elle varie dans chaque localité, quelquefois elle n’a pas un mètre ; mais souvent elle est de 8, 10, 12, i5 mètres et au delà. Au dessous se trouve communément la formation des
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- argiles plastiques, et lorsque celles-ci manquent par l’effet du relèvement de la niasse de craie, les sables chlorités reposent sur la craie immédiatement , ou ils en sont séparés par des amas irréguliers de silex lavés, provenant de la partie supérieure de la craie, qui a été délayée et entraînée par les eaux : ces sables chlorités, lorsqu’ils reposent sur l’argile, renferment ordinairement des cours d’eau qui donnent des eaux jaillissantes très abondantes. *
- Seconde Notice sur le double puits foré de la gare de Saint-
- Oueji.
- Depuis l'établissement de leur puits foré, MM. Flachat ont fait les travaux nécessaires pour recueillir et porter dans la gare de Saint-Ouen la première nappe d’eau découverte à 4gm,20 de profondeur, et s’élevant à un mètre au dessus du niveau de l’eau de la gare. La quantité d’eau débitée par ce puits, qui n’était primitivement que de 25 à 3o mètres cubes par jour, et qui était déjà de mètres lorsque je lus ma Notice à la Société, est aujourd’hui de 120 mètres cubes par vingt-quatre heures.
- MM. Flachat ont continué, depuis, la recherche de la seconde nappe d’eau, dont ils présumaient l’existence dans les sables verts chlorités, jusqu’où ils avaient poussé leur sondage d’exploration.
- Je dois rappeler ici :
- i°. Que le puits foré était garni jusqu’au niveau d’eau de tuyaux ou de tubes de tôle de om, 14 de diamètre ;
- 2°. Que lorsque l’ascension eut lieu, le sondage était parvenu a une profondeur de 5g mètres ;
- Et 3°. que le travail du forage était devenu très difficile au dessous de cette profondeur, parce que le courant souterrain qui existe à 4g mètres entraînait dans le trou de sonde une si grande quantité de sable et de frag-mens de calcaire, qu’il en était sans cesse engorgé. Ainsi, pendant le temps employé à dériver la nappe d’eau dans la gare, le trou de sonde fut comblé sur une hauteur de plus de 5 mètres.
- Le travail du percement a été repris, le 23 février : en très peu de temps, le puits foré a été entièrement dégorgé, et le sondage suivi jusqu’à la profondeur de 64 mètres.
- Le trou de sonde étant garni de tubes de om, 14 de diamètre , on a descendu dans leur intérieur des tuyaux en fonte de seconde fusion, confectionnés avec le plus grand soin, et d’un diamètre intérieur de onl,o8, ayant và l’extérieur om,n à l’emmanchement.
- Pendant cette opération , les eaux de la première nappe dérivées n’ont
- plngt-huitième année. Février 182g. 10
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- pas cessé de couler dans la gare, en remontant par l’espace compris entre les premiers tuyaux de tôle , de om,i4 de diamètre, et les tuyaux de fonte placés dans leur intérieur Ces eaux ont même progressivement augmenté dans le travail du dégorgement du puits foré après son ensablement , puisqu’elles sont aujourd’hui, ainsieque nous l’avons dit plus haut, de 120 mètres cubes par vingt-quatre heures.
- C’est dans les tubes de fonte de om,o8 dfë diamètre, que le forage a été continué pour chercher la nappe d’eau inférieure. On a d’abord percé 6 mètres de calcaire chlorité et, le 5 mars, on est entré dans les sables verts qui précèdent l’argile plastique.
- A peine était-on entré dans ces sables, que l’eau s’est élevée à l’orifice des tuyaux de fonte, et par conséquent à la hauteur du sol naturel. Cette eau vint d’abord avec beaucoup de lenteur ; elle était chargée de sables verts et elle en remplissait continuellement le trou de sonde de plus de 2 mètres.
- Le 6, au matin, on descendit une longue tarière ; elle fut relevée pleine de sable : on s’aperçut alors d’une plus forte ascension des eaux. Ayant ajouté plusieurs tuyaux au dessus de l’ouverture des tuyaux de fonte, les eaux y montèrent en une demi-heure jusqu’à 2m,5o au dessus du sol.
- Mais de nouveaux engorgemens de sable se manifestèrent; on fit alors jouer pendant près d’une demi-heure une forte pompe. Quatre hommes1, en la manœuvrant avec force, n’ont pu faire baisser un instant le, niveau de 2m,5o. . -*p 9
- L’eau amenée par la pdmpe était tellëfdênt trouble, qu’elle formait dans un verre ordinaire un dépôt de plus d’un sixième de sa hauteur.
- Pendant la durée de cette manœuvre, les ouvriers entendaient dans les tuyaux un bruit très fort, semblable à celui d’une forte ébullition, et que nous attribuons à un dégagement considérable d’air de quelque cavité souterraine.
- Une demi-heure après que la pompe eut cessé de jouer, on remarqua que l’eau augmentait sensiblement ; bientôt elle se dégagea d’elle-même avec impétuosité, mais plus trouble encore qu’auparavant, et le plancher sur lequel les ouvriers travaillaient fut même couvert en peu d’instans d’une forte couche de sable vert chlorité.
- Enfin cette agitation des sables s’apaisa peu à peu , le niveau se fixa définitivement à 2m,5o au dessus du sol : l’eau devint limpide, elle augmenta de volume : il est présentement de 120 mètres cubes par vingt-quatre heures et n’éprouve aucune variation (1).
- (1) Pour bien .juger et apprécier les effets que pourraient produire * dans une fontaine
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- En nous résumant, nous ferons observer à la Société :
- i°. Que le puits artésien foré à la gare de Saint-Ouen par MM. Flachat présente deux circonstances également remarquables : la première est celle de deux grands courans souterrains, amenés à la surface du sol par un même puits foré, parfaitement Jsolés l’un de l’autre et coulant simultanément. T = 0
- La seconde est celle de la force et de la beauté du jet d’eau provenant du courant inférieur, et jaillissant à 5 mètres environ à travers et au dessus ^ du premier, et à plus de 7 mètres au dessus du sol ;
- 20. Que les deux courans souterrains ne sont pas probablement les seuls qu’on pourra ramener au dessus de la surface du sol dans le bassin de Paris, puisqu’ils se trouvent dans la formation du calcaire marin, et qu’à la barrière d’Italie, ainsi qu’à Montrouge, les puits forés ont en outre indiqué, dans les sables inférieurs à l’argile plastique, une nappe d’eau souterraine, qui tend à remonter à son niveau avec plus d’impétuosité encore que celle du puits foré de la gare de Saint-Ouen j
- 3°. Enfin, que cet important résultat, qui confirme pleinement les conclusions que j’ai eu l’honneur de soumettre précédemment au jugement de la Société, me parait devoir fixer l’attention de l’Autorité supérieure, puis-
- -JS.-
- publique, les eaux jaillissantes obtenues dans ce puits foré, que nous ne craignons pas de comparer aux plus belles fontaines artésiennes de nos départçpiens du nord et des environs de Londres, nous avons fait quelques essais dont nous allons rendre compte à la Société.
- i°. Le jet d’eau a d’abord été disposé ainsi qu’il suit :
- Les tuyaux de fonte s’élèvent à im,6o au dessus du sol ; ils ont été terminés par une coupe de fonte de om,75 de diamètre et de om, 12 de creux ; au centre de cette coupe est un orifice de om,o6; l’eau, arrivant par cet orifice à plein tuyau, forme au milieu de la coupe une belle gerbe de om,o6 de diamètre et de 35 à 4o centimètres de haut, ou de 2 mètres environ de hauteur au dessus du sol. • .
- 20. Lorsqu’on met sur l’orifice de la coupe un tuyau conique, terminé par une ouverture de om,oi5 millimètres de diamètre, l’eau s’élève en formant un jet d’eau de 80 à go centimètres au dessus de la coupe , ou de 2m,4<> à 2m,5o au dessus du sol.
- 3°. Lorsqu’on diminue encore l’orifice par un tube ou tuyau d’un plus petit diamètre , on produit un jet de ira à im,5o au dessus de la coupe , et ainsi de 3m à 3m,5o au dessus du sol.
- 4°. En couvrant l’orifice d’une plaque de fer percée de trous , en forme de tête d’arrosoir , on obtient une belle gerbe de plusieurs jets d’eau , dans le genre de celle du bassin du Palais-Royal.
- Enfin , en élevant sur la tête des tuyaux de fonte un tube de fer-blanc de om,o3 centimètres de diamètre et de 10 mètres de longueur, l’eau s’y élève jusqu’à la hauteur de 7 mètres au dessus du sol.
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- qu’il prouve évidemment, ainsi que je l’ai déjà annoncé dans ma première Notice, qu’en perçant à des profondeurs convenables on obtiendra infailliblement et à peu de frais des eaux jaillissantes de bonne qualité sur tous les points peu élevés de Paris , tels que l’hospice de la Salpêtrière , le Jardin du Roi, l’Entrepôt général des vins, les Champs-Elysées, le Champ de Mars, et en général dans la plupart de nos établissemens publics placés dans le bassin de la Seine. ' -
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- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (née Vallat la Chapelle),
- imprimeur de la société, rue UE l’éperon , K°. 7.
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- VINGT-HUITIÈME ANNÉE. (N°. CCXCVÏÏ.) MARS 1829.
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- . DE LA;. ^ - . - ;;j; , .
- SOCIÉTÉ D’ENCOÜRA GE ME N T
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Suite de la Notice historique sur les machines h vapeur ; par
- M. Arago (i).
- Artifices qui donnent à la machine à vapeur la propriété de marcher d’elle-même sans le secours dïaucun ouvrier. On a vu plus haut que Newco-men faisait ouvrir et fermer à la main les robinets, pour introduire alternativement la vapeur et l’eau d’injection dans le corps de pompe. Un jeune garçon, chargé de ce soin et probablement ennuyé de répéter sans cesse les mêmes mouvemens sans pouvoir quitter un instant la machine, imagina de se faire remplacer par la machine elle-même, en établissant une communication fort simple dans le système du régulateur employé alors par Newcomen: pour cet effet, il attacha les extrémités de deux ficelles aux manivelles des deux robinets qu’il devait ouvrir et fermer; les autres extrémités ayant été liées au balancier, les tractions que celui-ci occasio-nait en montant et en descendant remplaçaient les efforts de la main. Henri Beighton, mécanicien éclairé, profita de l’idée du jeune homme en diminuant de beaucoup la complication de son système. Il fixa au balancier une tringle de bois verticale, armée de différentes chevilles, qui venaient presser, aux momens convenables, déterminés aussi par les excursions du balancier, les tiges des différentes soupapes. Le mécanisme de Beighton fut adopté par TVatt avec quelques modifications avantageuses. (VoyezJig. 12, PL 58o. ) Aujourd’hui, la distribution de la vapeur dans les diverses par-
- (1) Voyez le Bulletin de février, page 49-
- Vingt-huitieme année. Mars 1829. 11
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- «üM,- ( 744 v : ' ::: -7,:; ;- /
- lies du corps deqmmpe s’opère par un moyen plus simple et qui a permis de renoncer à la tige droite de Beighton, du moins dans les machines dont la force n’est pas excessive / et qui sont destinées à faire tourner un axe. Ce moyen s’appelle un tiroir àu glissoir. Une roue excentrique, attachée à l’arbre que la machine doit faire tourner, imprime au tiroir deux mouve-raens opposés pendant chacune de ses révolutions, et ces deux mouve-mens suffisent pour amener successivement la vapeur de la chaudière au dessus et au dessous du piston , et pour fournir- à celle qui a déjà agi un écoulement convenable vers le condenseur (1).
- Le mécanismqdq tiroiç et son excentrique ont été imaginés par M. Murray, de Leeds, en 1801.
- Dans les machines à haute pression et à double effet, la vapeur se rend successivement dans les deux capacités du corps de pompe et s’écoule ensuite dans l’atmosphère a chaque quart de tour d’un seul et même robinet, désigné par le nom de robinet à quatre voies. Cet appareil, extrêmement ingénieux, est employé de nos jours dans toutes les grandes machines à colonne d’eau exécutées en Allemagne. C’est à Papin qu’on en doit l’invention ; Leupold l’a proposé plus tard. (Voyez la description du robinet, page 47 du Bulletin de février. ) .
- Manivelles et volans. M. Keane Fitzgerald publia en 1 y58 la description d’un procédé propre à transformer le mouvement rectiligne de va-et-vient qu’éprouve le piston d’une machine à feu en un mouvement de rotation continu ; il se servait pour cela d’un système assez compliqué de roues dentées. La méthode de cet ingénieur rentre dans celle que Papm avait proposée long-temps auparavant; mais il avait imaginé, de plus, de jqindre à son mécanisme un volant, moyen aujourd’hui généralement employé. . f
- Tant que le mouvement oscillatoire du balancier d’une machine à feu ne se communiquait à un axe de rotation que par l’intermédiaire de roues dentées, on était exposé à des ruptures et à des causes d’interruption dé travail qu’elles occasionaient. En 1778, M. JVasborough, de Bristol, proposa d’opérer cette communication à l’aide d’une manivelle coudée faisant corps avec l’axe tournant. Quoique ce mécanisme fût connu et employé depuis long-temps dans les rouets des fileuses, une patente fut accordée pour çe.t objet. Pour se soustraire à la redevance qu’il aurait dû payer à l’ingénieur de Bristol pour chacune de ses machines , ffîàtt se servit d’une
- (1) Voyez la description de ce tiroir dans la machine à vapeur de M. Saulnier, décrite dans
- - la vingt-sixième année du Bulletin, page 41 24> < v;i. .-.i / ,
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- communication de mouvement qui s’opérait à l’aide d’une rçue denteep, Jig. 12, Pl. 38o, liée à l’axe tournant, et qu’il appelait la rouç solaire, parce que son centre demeurait fixe, et d’une autre roue egalement dentée u} attachée à l’extrémité de la biélle r du; balancier n, et que, par opposition, il nommait la roue planétaire; mais à l’expiration de la patente, Watt revint à la manivelle simple.
- Moyen de diriger 'verticalement la tige du piston et de là lier au balancier. Dans la machine à simple effet de Newcomen (-voyez,Jig. n, Pl. 38o), le balancier l se terminait .par ùn arcade cercle. r,. et une chaîne flexible s, attachée à l’extrémité de cet axe la plus éloignée du piston, était Je seul moyen de communication de ces deux parties de l’appareil; quand le pistou descendait par la pression de l’atmosphère, il tirait le balancier; quand le piston remontait par l’action du contrer-poids m, placé: à l’extrémité opposée, c’était le balancier qui tirait le piston : or, une chaîne située entre deux points, quelque flexible qu’elle soit, est toujours un excellent moyen d’opérer une traction ; ainsi son emploi dans la machine à simple effet ne pouvait donner lieu à aücune difficulté.
- Il n’en est pas ainsi de la machine à double effet. Dans son excursion descendante, le piston tire bien le balancier; mais quand il remonte, le balancier doit être poussé de bas en haut : or, upe chaîne flexible ne peut jamais servir à pousser. L’ancien mécanisme exigeait donc ici une modification. j ;
- La première qu’on ait employée consistait à denter la portion de la tige du piston qui reste toujours en dehors du corps de pompe, à en former une véritable crémaillère et à la faire engrener dans un arc circulaire, également denté, fixé à l’extrémité du balancier : -c’était ce que Papin avait proposé en 1695.
- Plus tard, Watt imagina une méthode de beaucoup préférable, et qui est maintenant généralement adoptée partout où l’espace ne manque pas; c’est celle qu’on appelle du mouvement parallèle. C’est un parallélogramme, aux quatre angles duquel se trouvent quatre tourillons m q a' b', Jig. 12, Pl. 38o, et qui conséquemment peut prendre toutes sortes de formes sans cesser d’être parallélogramme ; il est fixé par ses deux angles supérieurs ai b' au balancier n de la machine. La tige du piston est.attachée à l’angle inférieur et le quatrième angle m est lié à une verge rigide k, inextensible et mobile autour d’un centre fixe l. Quelle que soit la position de ce centre, il suffit que le levier qui en part soit de longueur invariable, pour que le parallélogramme se déforme inévitablement durant les oscillations du balancier, pour qu’il soit tantôt rectangle, tantôt obliquangle; mais quand le centre
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- auquel le levier aboutit est convenablement choisi, l’angle du parallélogramme mobile et de forme variable , auquel la tige du piston est attachée , ne quitte pas sensiblement la verticale pendant les oscillations du balancier. La tige du piston se trouve ainsi parfaitement guidée, et sa communication avec le balancier ayant lieu par l’intermédiaire d’un système rigide , elle pourra tout aussi bien tirer le balancier du haut en bas, durant le mouvement descendant du piston, que de le pousser de bas en haut quand le piston remontera.
- Régulateur à force centrifuge. Le tuyau h,fg. 12, PL 38o, qui, dans la machine de TVatt, amène la vapeur de la chaudière dans le corps de pompe, renferme une plaque mince ou soupape oc, semblable à celle qudn adapte*aux tuyaux de nos poêles. Dans une certaine position, la plaque laisse l’ouverture du tuyau presque entièrement libre; dans une autre, le tuyau est tout à fait fermé. Pour les positions intermédiaires, l’ouverture a des dimensions plus ou moins grandes, suivant qu’on s’approche davantage des deux positions limites dont nous venons de parler. Les mouvemens de la plaque peuvent s’opérer à l’aide d’un axe qui se prolonge jusqu’à l’extérieur du tuyau. *
- Si la soupape est entièrement ouverte, la vapeur remplit le corps de pompe très rapidement ; si elle est presque fermée, il faudra, au contraire , un temps sensiblement plus long pour opérer l’écoulement de la même quantité de vapeur. Or, la rapidité des oscillations du piston dépend évidemment de la rapidité avec laquelle la vapeur va le presser sur l’une ou l’autre de ses faces. La soupape du tuyau donne donc jusqu’à un certain point le moyen de régulariser cette vitesse. Si l’axe qui le porte est terminé par un coude, de manière à former à l’extérieur une manivelle, il suffira de la faire tourner dans un sens ou dans le sens contraire pour accélérer ou retarder les oscillations du piston. En adaptant à la machine une pièce qui doive nécessairement monter quand son mouvement s’accélère et descendre dès qu’il se ralentit, le problème se trouvera résolu; car il suffira de lier cette pièce d’une manière quelconque à la manivelle de la soupape. Tel est l’objet du mécanisme nommé régulateur à force centrifuge. Cet appareil est formé d’un axe vertical 1 ,fig. 12, que la machine fait tourner plus ou moins rapidement, suivant qu’elle marche elle-même plus ou moins vite. Sur l’extrémité supérieure de cet arbre se trouve implanté un tourillon horizontal, auquel deux tringles 5, 5 sont suspendues par des collets un peu libres , de manière quelles puissent s’écarter plus ou moins de la verticale. Chaque tringle porte dans le bas une grosse boule métallique 2, 2. Quand l’axe vertical est mis en mouvement
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- par la machine, les boules qui tournent avec lui s’eu écartent jusqu’à une certaine limite par l’effet de leur force centrifuge. Si ensuite le mouvement s’accélère , l’écartement devient plus fort ; il diminue dès que le mouvement se ralentit. Les boules montent donc dans le premier cas et elles descendent dans le second. Ces oscillations ascendantes et descendantes se communiquent par des tringles d d! a la manivelle de la soupape tournante du tuyau qui fournit la vapeur, et tout changement trop considérable dans la vitesse de la machine se trouve ainsi prévenu. Le mouvement est communiqué au régulateur par une corde 7 passant sur des poulies, dont l’une 9 est montée sur l’axe du volant et l’autre 6 sur la tige 1 (1).
- Cet appareil avait été employé fort anciennement comme régulateur dans les moulins à farine. On s’en était également servi pour régler l’ouverture de la vanne qui traverse le liquide destiné à mettre une roue à auge ts en mouvement. Cette dernière application était exactement semblable, pour le but et pour les moyens, à celle que TVatt en a faite à la machine à vapeur dans l’année 1^84.
- Soupape de sûreté. Le feu placé sous les chaudières des grandes machines n’est jamais réglé avec assez d’uniformité pour qu’on puisse éviter de donner de temps en temps à la vapeur dont ces chaudières sont à moitié remplies une force élastique supérieure à celle que la résistance de leurs parois surmonterait. Eviter cet inconvénient et les dangereuses explosions qui en seraient la suite, tel est le but du petit appareil, qu’on nomme avec raison une soupape de sûreté.
- La soupape de sûreté a été inventée par Papin ; elle forme une partie essentielle de son digesteur, et l’on en trouve la description dans un petit ouvrage imprimé à Paris en 1682 , sous le titre de ha Manière d’amollir les os y etc. Le mécanisme de Papin est précisément celui des soupapes de sûreté en usage aujourd’hui : son priucipe d’ailleurs est très simple.
- On veut éviter qu’une chaudière éprouve jamais intérieurement des pressions supérieures à une certaine limite déterminée d’avance. Pour cela faire , on découpe circulairement une très petite partie de sa paroi et l’on couvre le trou qui en résulte avec une soupape bien dressée et mobile de dedans en dehors; c’est comme si la petite portion correspondante de la chaudière était devenue mobile elleHmême. Supposons que le trou ait, par
- (1) Voyez, pour plus de détails, la description du régulateur Bulletin de la Jjiociété, dix-septième année, page 383.
- de la machine à feu d’Edwards,
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- exemple, un centimètre carré de surface : Papin calcula alors ce qu’un centimètre carré de la chaudière doit éprouver de pression quand l’élasticité de la vapeur y a atteint la limite convenue, et trouve ainsi de quel poids le bouchon doit être chargé pour qu’il ne soit pas soulevé dans toutes les pressions inférieures à lalimite, et pour qu’il se soulève au contraire et donne un libre passage à la vapeur dès que cette pression-limite est dépassée. Pour remplir cet objet, il agit sur le bouchon b, Jig. g,Pl. 38o], par l’intermédiaire d’un levier d; un poids médiocre J -suffit alors pour contrebalancer les plus fortes pressions. Ce poids, suspendu successivement sur des entailles pratiquées le long du levier, à diverses distances du centre.de rotation, comme le poids d’une romaine, procure des pressions variables et graduées, parmi lesquelles le mécanicien adopte celle qui convient le mieux au genre de travail qu’il veut exécuter.
- La soupape de sûreté est d’une extrême importance, parce qu’elle prévient en grande partie les aecidens désastreux auxquels les explosions des chaudières donnaient inévitablement lieu avant son adoption.
- A l’époque où des explosions de marmites autoclaves montrèrent qu’une soupape de sûreté ordinaire ne peut être confiée sans danger à des mains inexpérimentées, on songea à munir ces ustensiles d’une pièce qui dût agir simultanément elle-même dès que la température serait devenue trop forte. On fit choix pour cela de l’alliage connu sous le nom de métal fusible et qui est composé de bismuth, d’étain et de plomb. Une portion de cet alliage, ajustée sur un trou fait à la marmite, se fondait et donnait issue à la vapeur dès qu’elle acquérait une élasticité trop forte. Depuis, ces plaques fusibles sont appliquées en France à toutes les chaudières des machines à haute pression, l’Autorité en a imposé l’obligation (1 ). Le degré de fusibilité de la plaque, variable avec la proportion des divers métaux qui entrent dans sa formation, est toujours réglé d’avance par l’élasticité sous laquelle le constructeur annonce que sa machine marchera (2).
- M. Arago résume ainsi les diverses conséquences qui lui paraissent découler des faits établis dans son mémoire.
- 1615. Salomon de Caus est le premier qui ait songé à se servir de la
- (1) Yoyez les ordonnances royales concernant les précautions à prendre dans 1’emploi des chaudières à vapeur, Bulletin de la Société, vingt-deuxième année, page 35o, et vingt-septième année , page i36.
- (2) Yoyez un Mémoire sur l’emploi des plaques fusibles, Bulletin de la Société, vingt-
- sixième année , page 14. .
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- force élastique de la vapeur aqueuse dans la construction d’une machine hydraulique propre à opérer des épuisemens.
- 1690. Papin a conçu la possibilité de faire une machine à vapeur aqueuse et à piston j il a combiné, le premier, dans une même machine à feu à piston, la force élastique de la vapeur avec la propriété dont cette vapeur jouit, de se précipiter par le froid.
- Il a aussi proposé) le premier, de se servir d’une machine à vapeur pour faire tourner un arbre ou une roue , et a donné un moyen pour atteindre ce but. Jusqu’à lui, les machines à feu avaieiit été considérées comme propres seulement à opérer des épuisemens.
- Papin a. également proposé la première machine à feu à double effet , mais à deux corps de pompe. Avant 1710, il avait imaginé la première machine à vapeur à haute pression et sans condensation, et les robinets à quatre voies, qui jouent un si grand rôle dans ces machines; enfin il a inventé, en 1682, la soupape de sûreté.
- 1705. Newcomen, Cœwley et Savery ont vu, les premiers, que pour amener une précipitation ptompte de la vapeur aqueuse , il fallait que l’eau d’injection se répandit sou§ la forme de gouttelettes ffans là* masse même de cette vapeur.
- 1769. Watt a montré les immenses avantages économiques qu’on obtient en supprimant la condensation qui s’opérait dans le cylindre même, et en la remplaçant par la condensation dans un vase séparé. 11 a signalé, le premier, le parti qu’on pourrait tirer de la détente de la vapeur aqueuse; il a inventé la première machine à double effet et à un seul corps de pompe; on lui doit aussi le parallélogramme articulé et l’application à ses diverses machines du régulateur à force centrifuge , déjà connu avant lui.
- 1724. Leupold a décrit la première machine à haute pression et à piston.
- 1801. Les premières machines à haute pression locomotrices sont dues à MM. Trevithick et-Vivian, . - « 5
- 1718. Beighton a inventé la tringle verticale mobile àvec le balancier , qui ouvre et ferme les diverses soupapes dans les grandes machines.
- 1758. Fitzgerald s’est servi, lé premier, d’un volant pour régulariser le mouvement de rotation communiqué à un axe par une machiné à vapeur.
- 1778. Wasborough a employé la manivelle coudée pour transformer le mouvement rectiliguç du piston en mouvement de rotation.
- , 1801. Murray a décrit et exécuté les premiers’ tiroirs ou glissôirs ma-noeuvrés par un excentrique.
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- Description dune presse lithographique à cylindre} inventée par MM. François jeune et Benoist, mécaniciens ? à Troyes.
- Les presses employées dans la plupart de nos établissemens lithographiques diffèrent de celles des imprimeurs en taille-douce et des presses typographiques, en ce que la pression, au lieu de s’exercer entre deux cylindres ou au moyen d’une platine qu’une vis fait descendre sur la planche, s’exerce par le frote ment d’un râteau attaché à un chariot, qu’on amène à l’aide de cordes enroulées sur un treuil : ce râteau appuie fortement, par l’effet d’un levier, sur un cuir tendu dans un châssis et qu’on rabat sur la pierre. Cette précaution a été jugée nécessaire pour éviter la rupture des pierres , qui doivent être assujetties d’une manière invariable et parfaitement de niveau ; mais ces presses sont d’une manœuvre longue et fatigante, et le râteau étant susceptible de se déranger, il en résulte une perte de temps et des inégalités de pression qui peuvent produire de mauvaises épreuves. ê
- Pour remédier à ces inconvéniens, la Société 4’Encouragement proposa, en 1826, un prix de 2,400 francs pour celui qui lui présenterait une presse à laquelle une puissance mécanique quelconque pourrait être appliquée, et qui procurât économiquement un tirage au moins aussi parfait que celui obtenu par des ouvriers adroits des presses à bras actuellement en usage.
- MM. François et Benoist, auteurs de la presse dont nous allons nous occuper, n’ont rempli qu’une de ces conditions; mais la Société, ayant reconnu qu’ils avaient fait une heureuse application du cylindre employé dans les presses des graveurs en taille-douce, leur a déeerné un encouragement de 1,200 francs dans sa séance générale du 3 décembre 1828 (1).
- La Jig. 1 de la PL 382 représente une élévation latérale, et la Jîg. 2 une élévation vue de face de la presse à cylindre. La PL 383 est une vue en dessus.
- a a y bâtis de la presse , qu’on peut construire en bois ou en fer ; b b, cylindre inférieur en bois, porté par deux coussinets sur les grandes traverses supérieures du bâtis; c, roue en fonte de quatre-vingts dents, fixée sur l’axe du cylindre b; d, chariot en bois, garni en fer ; il s’appuie sur le cylindre c et reçoit la pierre lithographique ; ee, roulettes à gorge du chariot , qui cheminent sur des tringles a! établies sur le sommier de la presse;
- (1) Voyez Bulletin de décembre 1828, page 355.
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- (8.)
- jf, étvier$ adaptes aux quatre angles; du chariot et a travers lesquels passent les saxes g g des roulettes; hh, cylindre de pression , qu on peut faire en carton ou en fofcte de fer ; i i, supports en fonte fortement assujettis sur le bâtis par des boulons à écrous ; Furi de ces supports reçoit 1 axe de la manivelle. Indépendamment du mouvement de rotation, le cylindre de pression peut prendre entre les supports un mouvement vertical, qui se règle sur l’épaisseur des pierres ; j j, ppnts faisant saillie en dehors du bâtis et portant le coussinet de l’axé de la manivelle k ; l> rouleau en bois, dont l’axe tourne sur des coussinets en cuivre b' b', qui peuvent monter et descendre entre deux coulisses cV/ mm, peau de veau suffisamment épaisse, cousue ou lacée , comme on le voit, jig. 2 , et enveloppant le petit rouleau l et le cylindre h, de manière à former manchon ; nn, deux vis d’ajustage, sur lesquelles s’appuient les coussinets du rouleau, et qui servent à élever ou baisser ce rouleau pour donne^â la peau une tension plus ou moins forte ; o, roue en fonte de fer, de trente-trois dents, montée sur l’axe de la manivelle k ; elle engrène avec la roue c du cylindre inférieur b, et transmet à ce cylindre le mouvement qu elle reçoit de la manivelle ; -pp, étriers qui tiennent suspendu le cylindre de pression h h; leurs tiges filetées passent dans les talons de la traverse q, sur lesquels elles s’ap* puient au moyen des éçrous u; en serrant ou desserrant les écrous, on règle la position du cylindre d’après l’épaisseur de la pierre; q, traverse servant à maintenir l’écartement des supports ii, et à recevoir les tiges des étriers p; rrr, roues d’engrenage, au moyen desquelles le mouvement du cylindre inférieur b est transmis au cylindre supérieur h. Deux de ces roues sont fixées sur les axes des cylindres. Les deux roues intermédiaires sont disposées de telle sorte qu’elles suivent le mouvement vertical du cylindre h sans cesser d’engrener. Leur objet est de faire tourner le cylindre de pression quand il ne se trouve pas encore ou ne se trouve plus en contact avec la pierre; s s, pierre lithographique indiquée ici dans les plus grandes dimensions usitées; 1t, deux brides de pression suspendues aux axes du cylindre h; elles portent à leur extrémité inférieuredes étriers d'd'suspendus par des vis ë ë, de manière à pouvoir alonger qu raccourcir les brides, suivant l’épaisseur de la pierre. Deux grands leviers de pression zz, mobiles sur des boulons^', passent dans les étriers; c, troisième levier de pression mobile sur l’axe g'; xx, barre ronde de fer, dont les bouts, taillés en gorge, s’appuient sur les extrémités des leviers s ; c’est sur le milieu de la longueur de cette barre que vient presser le troisième levier c/ J, poids en fonte de fèr de 10 kilogrammes , dont on peut varier la position à volonté, poi*r faire appuyer plus ou moins le cylindre h sur la pierre. Vingt-huitième année. Mars 1829.
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- - Manœuvre de la presse. Après avoir placé Sur le chariot là pierrô dessinée et l’avoir ajustée pour que sa surface soit bjpn horizontale, on élève ou on abaisse, d’après l’épaisseur de la pierre et au moyen des étriers pp, le cylindre de pression h, de manière qu’il puisse appuyer de tout son poids sur la pierre ; ensuite on règle les brides 11 et les étriers d'd', afin de faire prendre aux leviers z z une position horizontale , et on tourne la peau m autant qu’il est nécessaire pour que la couture ne vienne pas en contact avec la pierre, quand cette dernière se présentera sous le cylindre de pression.
- Il est à observer que le chariot a dû être amené préalablement à l’aide de la manivelle, soit à droite, soit à gauche du cylindre de pression , en sorte que ce cylindre se trouve suspendu uniquement sur les deux étriers pp , et laisse ainsi à découvert la partie du chariot sur laquelle la pierre doit être placée. *
- L’imprimeur, ayant mis l’encrier vis à vis de la manivelle, mais à une distance qui ne puisse gêner la manœuvre, prend de l’encre avec son rouleau, et le passe sur la pierre d’après le mode usité. La pierre étant encrée , il pose dessus une feuille de papier et fait tourner la manivelle pour amener le chariot sous le cylindre de pression. ,
- On conçoit qu’au moyen des deux roues deritéesc et o le mouvement est donné au cylindre inférieur b, et que ce cylindre le transmet au chariot qui appuie dessus, et au cylindre dépréssion h par l’intermédiaire des engrenages rr. ^
- Dans cette opération, le cylindre de pression tourne d’abord par ses tourillons sur les étriers pp; mais aussitôt qu’il se trouve en coutactavec la pierre, il la comprime de tout son poids^ aidé par celui suspendu au levier jy qui fait baisser les leviers e et z.
- La pierre étant parvenue à l’autre côté du cylindre, l’imprimeur arrête son mouvement ; il enlève la feuille imprimée, encre de nouveau, met une autre feuille, et ramène le chariot en tournant la manivelle en sens contraire. Il opère ainsi alternativement à droite et à gauche, c’est à dire que dans une allée et une venue il imprime deux feuilles.
- Cette presse, dont la,manœuvre est moins fatigante que celle des presses à râteau, est susceptible d’être appliquée au tirage des registres par l’emploi du tympan de la presse typographique ; elle a l’avantage de ne pas faire babocber l’encre, et donne a,5oo bonnes épreuves dans un travail de douze heures. On la voit en activité chez M. Mantouæ, imprimeur lithographe, rue du Paon-Saint-André, n°. i, à Paris. Son prix est de r, ioo f. pour le format carré, et de 1,200 fr. pour le format dit Nom-de-Jésus.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Suite du Mémoire sur la fabrication des poteries, des faïences et des grès, a L’imitation des produits anglais, introduite en France par M. de Saint-Amans (i).
- 6°. Fours à cuire le biscuit de la faïence et delà porcelaine. Les fours anglais diffèrent des nôtres par leur construction, la nature du combustible employé et la haute température à laquelle on y cuit le biscuit de faïence, condition essentielle sans laquelle on ne peut jamais obtenir un email dur et glacé.
- On se sert dans le Stafïordshire, pour toutes espèces de fabrication de poteries, de fours de même forme et qui ne varient que dans les proportions. Les fours à biscuit de faïence ont 16 pieds dans oeuvre et sont entourés de huit alandiers, ceux de porcelaine n’en ont que sept et excèdent rarement i s pieds. Les fours à cuire l’émail sont aussi munis de sept alandiers ; mais ils n’ont que n pieds à 11 pieds et demi de diamètre.
- La forme et le tirage du four nécessitent en Angleterre l’élévation plus ou moins grande des cheminées des alandierschaque manufacturier suit à cet égard larègle qu’il croit la plus convenable au succès de l’opération. Toutefois, lorsque les cheminées des alandiers sont à 3 pieds environ au dessous de l’épaulement, les objets contenus dans les gazettes se trouvent mieux garantis des coups de feu au commencement de l’opération, et la fumée, ainsique les vapeurs sulfureuses de la houille, s’échappent plus rapidement par la lunette supérieure sans circuler autour des gazettes.
- Les fours anglais sont placés dans une tour conique nommée hovvèll, dont les dimensions se règlent d’après celles du four. f
- Cette tour a ordinairepient de 20 à 3o pieds de diamètre à sa base , sur 40 à 5o pieds d’élévation. La lunette a 6 à 8 pieds d’ouverture, de manière à laisser une libre issue à la fumée.
- Nous avons représenté un de ces fours, construit en briques réfractaires , PL 384* La Jig. 1 est une vue du four enveloppé de sa tour conique , moitié en élévation et moitié en coupe. ha Jig. 2 est le plan coupé au niveau de la ligne a b 3 fig. 1 ; la Jig. 3, le plan pris au dessus du plancher ou au niveau de la ligne cd j la Jig. 4 est la vue de face d’un des alandiers dessiné sur une plus grande échelle; la Jig . 5, une coupe verticale du même
- (ï) Voyez Bulletin de janvier, page- 25.
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- sur la ligne e/ du plan fig. 7. La fig. 6 est une section verticale del’alan-dier, de la cheminée et du couloir, prise sur la ligne gh du plan. La Jîg. 7 est le plan des mêmes pièces coupé au niveau de la ligne ik de la section, jîg: 6. ' '> - '' ^ ; '
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- A, tour conique enveloppant le four cylindrique voûté B; C C, alan-diers carrés, au nombre de sept, placés à égale distance l’un de l’autre ; c’est dans ces alandiers qy’on met le combustible pour chauffer le four. D , cheminée de l’alandier. E, regard dans l’intérieur de la cheminée. FF, carneaux pratiqués dans la coupole du four. G, lunette du four. H, porte; elle est très étroite et ne donne aux enfourneurs que juste la place pour y passer avec une gazette. Cette précaution est nécessaire pour éviter la perte du calorique et pour que lés objets placés sur le devant du four cuisent aussi bien que le reste.
- I, cintre pratiqué pour soutenir le four lors des réparations des alandiers.
- J, couloir conduisant le feu au centre du four. R, plancher du four; il est
- légèrement incliné du centre à la circonférence, où le feu est plus fort. L, briques protubérantes, sur lesquelles s’appuie l’armateur du four. M, regard ou trou d’observation dans l’intérieur du four. N N, armature en fer pour consolider le four. 0, lunette de l’enveloppe conique. P, lunette ou plancher réunissant les rayons de flamme provenant des alandiers. Q, couloir circulaire par où s’échappent les flammes des alandiers. R, couloirs conduisant le feu sous le plancher du four; ils vont toujours en diminuant de largeur vers le centre. S , entrée au couloir pratiqué s devant l’alandier. T, régulateur descendant perpendiculairement dans l’alandier et horizontalement dans la cheminée D. U, jîg. 5 , plan supérieur du four. V, plancher5 du four. ! --i; •* j y y"• 1,1
- Le diamètre du four augmente pfogréssivëment jusqiï’à l’épauleritent où il se trouve de 5 à 6 pouces pîusfarge. Gef'évasement a, suivant les manufacturiers anglais, l'avantagé dd fÿrre mieux circuler la flamme, qui enveloppe alors les gââettéâ d’uneAnamére plus égale. ,riDlii’V; ' 0 ^ <s
- Chargement du four. Les gazettes sont placées dans l’espace qui sépare chaque alandier;: elles forment la première pile, s’élèvent jusqu’au niveau de la chëminée et contiennent dejpet,ites pièces de fabrication ; au dessus de ce niveau sont des renversoirs ’càurônnés par d’autres gazettes renfermant des tasses, bols, sucriers, etc. Vient ^ensuite la deuxième pile, dont; les gazettes inférieures contiennent les mêmes objets. Le reste de la pile se compose de toutes sortes de pièces qui exigent une température élevée. Quatre piles de petites gazettes terminent le four avec celle du milieu, dont les gazettes ont 10 pouces de hauteur. Comme il se trouve six piles entre
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- chaque alandier et que le four à biscuit a huit alandiers, le chargement est par conséquent de quarante-huit à cinquante piles, composées chacune de dix-huit à dix-neuf gazettes.
- L’encastement doit suivre exactement la forme du four et toujours pencher vers le milieu, afin d’éviter que le tirage des alandiers ne fasse tomber les gazettes contre les parois du four, ce qui aurait lieu si les piles s’élevaient verticalement. La dernière gazette de chaque pile est couverte d’une gazette crue, de 3 pouces de hauteur, à boureton en place de rondeau.
- Les montres sont de petites tasses du même biscuit que la cuite, placées dans des gazettes au nombre de quatre, au dessus du niveau des cheminées ; ourles tire très promptement de leurs gazettes pour qu’elles ne s’enfument pas , et on les jette ensuite dans l’eau froide.
- Cuite. Quand l’enfournement est terminé, on procède à la cuite; qui se fait dans le Staffordshire avec du coke ou du charbon de terre, lequel doit toujours être de la> meilleure qualité. Le foyer du combustible est dans les alandiers, qui, placés à l’extérieur du four, envoient par réverbération la chaleur dans l’intérieur.
- La cçuduite du feu est d’une grande importance pour le succès de la fabrication j, il ne faut d’abord, pour ainsi dire, que faire évaporer l’humidité pour agglutiner ensemble les diverses substances qui entrent dans la composition de la pâte ; on ne doit pas chauffer assez pour mettre la pâte en fusion, on ferait une faïence cassante, ce qu’il faut éviter.
- Aussitôt que la bouche du four est terminée, un enfant de huit à dix ans rassemble plusieurs masses de charbon qu’il allume dans le voisinage de Yhowellow enveloppe conique, pendant qu’un autre transporte, à l’aide d’une brouette, le combustible nécessaire pour la cuite. Il en place devant chaque alandier et les garnit aussi de plusieurs gros morceaux de charbon. Les masses de charbon partagent l’alandier en deux parties, afin de pouvoir placer sur le devant celui qu’on doit brûler pour la fournée, sans qu’il puisse tomber vers l’entrée des couloirs, qui se trouveraient alors obstrués.
- Les alandiers étant chargés, on allume le feu pour commencer la cuite ; on les ouvre , ainsi que la brique du régulateur : une heure après, on arrête les briques du bas de l’alandier. La flamme commence à prendre de là force , et s’élève jusqu’à moitié de la hauteur de la cheminée. Le feu , allumé ordinairement à six heures du soir, est progressivement augmenté jusqu’à dix ; la seconde charge est mise à huit heures , et les alandiers sont couverts de leurs plateaux : à ce moment, la flamme sort par la lunette du four. Une heure apivs, on charge de nouveau; les plateaux qui couvrent les alandiers sont reculés; les braises sont tirées sur le devant et
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- remplacées par du charbon menu. Vers onze heures et demie, le cuiseur examine les alandiers pour s’assurer si le feu est convenablement réglé. Au bout d’une heure, on met une nouvelle charge de charbon, et cette manœuvre se répète d’heure en heure, jusqu’à six heures du matin. A ce moment, le cuiseur tire sa première montre pour s’assurer des progrès de la cuite ; elle est d’un rouge très clair. La montre de sept heures est plus foncée. Le cuiseur visite les alandiers, ouvre les plateaux de ceux qui lui paraissent trop avancés, et dont la flamme sort par les ouvertures faites au dessous de l’épaulement, et ferme ceux des alandiers qui ne le seraient pas assez. La flamme sillonne avec vivacité et d’une manière régulière : les montres se tirent alors tous les quarts d’heure; le cuiseur les compare avec celles d’une cuite antérieure qu’il porte sur lui, et, s’il trouve qu’il y a entre elles parité de nuance, il laisse brûler les alandiers quelques minutes de plus, et les ouvre avec soin et peu à peu : à l’instant le four baisse et la cuite est terminée. •
- La cuite dure ordinairement quarante heures ; le four à biscuit est chargé de quatorze tonnes de houille ; on en met quatre le premier jour, sept le leu-demain et la nuit suivante, et les quatre dernières pour donner le grand feu.
- Défournement. Le défournement est très lent comparé avec celui de nos fours. Le biscuit est toujours cuit au degré convenable et très compacte; il y a rarement des pièces fendues, et plus rarement encore de gauches, malgré la grande variété des argiles employées. Au sortir de leurs gazettes, les biscuits ne sont jamais frottés; on les transporte aussitôt dans l’endroit où on les passe à l’émail; un enfant les fait sonner lestement du manche de la brosse, qu’il passe dessus , et les jette dans le baquet d’émail, où il les abandonne à l’émailleur, qui les y pêche et les secoue le dos en l’air ; ce baquet ne contient que 4 à 5 pouces de profondeur d’émail, afin que l’ouvrier puisse saisir aisément les pièces, qu’il pose sur une planche qu’un enfant charrie à mesure qu’elle en est couverte. Il est à remarquer que les biscuits anglais n’ont pas besoin d’être grattés et nettoyés pour enlever les parties rougeâtres et graveleuses qui se trouvent quelquefois sur les nôtres.
- 7°, Couverte. Une bonne couverte est une condition essentielle de la fabrication ; elle doit éprouver,,par la chaleur et le froid, la même dilatation et le même retrait que le biscuit qu’elle recouvre. Les couvertes anglaises ne contiennent aucune substance nuisible à la santé ; il n’y a que la quantité de plomb strictement nécessaire pour opérer leur fusion , et ce métal est parfaitement neutralisé par la silice et les autres matières avec lesquelles la couverte entre en combinaison. • •»
- Trois espèces de couvertes sont employées dans les manufactures du
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- StafFordshire, l’une pour la terre de pipe commune dite cvectm colour ; la seconde pour la terre de pipe fine propre à recevoir des impressions (printing body) ; la troisième pour celle qui doit être ornee de peintures,
- La couverte pour la terre de pipe commune se compose de 53 parties de blanc de plomb, 16 de pierre de Cornouailles, 36 de silex et 4 do flint-glass, ou bien de 4° de blanc de plomb, 36 de pierre de Cornouailles, i2 dé silèx, 4 de flint-glass.
- Ces deux compositions ne frittent point et s’emploient âpres avoir été simplement broyées.
- Les Anglais ne font jamais usage, pour le service de la table, des terres de pipe communes et unies Çcream colour), à cause de la qualité de leur couverte; c’était cependant la seule faïence qu’ils fabriquaient il y a trente ans. Depuis, ils ont perfectionné la fabrication, et l’on ne fait plus dans les manufactures anglaises que des objets imprimés sous Couverte, dont la mode est devenue presque générale.
- Voici la composition de la couverte destinée à recouvrir toutes sortes d’impressions métalliques.
- On fait fritter 26 parties de granit, 6 de soude, 2 de nitre et une de borax ; 011 ajoute à 20 livres de cette fritte 26 parties de feldspath , 20 de blanc de plomb, 6 de silex , 4 de carbonate de chaux, une d’oxidé d’étain , et une petite quantité d’oxide de cobalt pour donner à la couverte une teinte légèrement azurée.
- O
- La composition suivante peut être également employée :
- On fait fritter 20 parties de flint-glass, 6 de silex , 2 de nitre et ünë de borax ; on ajoute à 12 parties de cette fritte 4° parties de blanc de plomb, 36 de granit, 8 de .silex et 6de flint-glass, et on broie le tout ensemble.
- M. de Saint-Amans a substitué, pour les couvertes dures, l’emploi du feldspath à celui de la pierre de Cornouailles.
- Quant aux terres de pipe qui doivent être ornées de peintures, on les enduit d’uye couverte composée de i3 parties de la fritte à couverte d’impression , auxquelles on ajoute 60 parties de minium, 40 de blanc de plomb et 12 de silex , et on broie le tout ensemble.
- Les compositions dont nous venons de donner la recette produisent une couverte très dure qui ne se raie pas par le couteau , est inattaquable par les acides végétaux, et n’a aucun inconvénient pour la santé ; elle conserve long-temps un brillant et un glacé que ne possèdent pas les vernis des terres de pipe ordinaires.
- Pour que les étuis dans lesquels on fait cuire les pièces après qu’elles ont reçu leur couverte n’en absorbent pas le bridant, on les enduit d’un
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- vernis composé de i3 parties de sel et de 3o parties de potasse qu’on fait dissoudre dans l’eau.
- 8°. Cuite de l’émail. Les fours à émail, un peu moins grands que ceux à biscuit, renferment ordinairement 40 à 45 piles de gazettes, chacune composée de 16 à 17 gazettes. Celles de la première pile reposent sur des rondeaux et sont bien colombinées oulutées (1); celles delà seconde pile sont supportées par un bricot de plus. Les gazettes inférieures contiennent les pièces de crearn colour, dont l’émail est plus tendre que celui qui recouvre les bleus d’impression, qu’on place toujours entre les alandiers et dans les gazettes élevées du four. Deux rangs de petites gazettes achèvent de compléter le four avec une dernière pile portée au dessus de la lunette du plancher sur trois bricots.
- Le bas du four où la couverte ne cuit pas est occupé par des biscuits imprimés pour s’y dégourdir.
- Le moyen employé en Angleterre pour s’assurer de la température des fours à émail est tout à fait différent de celui que nous mettons en usage. Ce sont des boules pyrométriques d’argile rouge recouvertes d’un émail de plomb très fusible ; cet émail est si gras, et l’argile sur lequel il est porté est si serrée, que, quoiqu’il soit exposé pendant trois heures à la flamme la plus vive , il ne perd pas son brillant. La couleur de l’argile change seule, et c’est d’après la nuance qu’elle acquiert dans le feu qu’on juge de la température des fours à émail. D’abord ces boules paraissent d’un rouge clair; la teinte se rembrunit à mesure que la température s’élève. Les boules, d’un rouge légèrement foncé, indiquent la cuite de l’émail dur des terres de pipe ; quand elles sont d’un brun foncé, l’émail est déjà beaucoup plus dur : c’est celui de la poterie nommée pierre de fer ( iron stone) ; enfin, lorsqu’elles ont acquis une couleur presque noire, c’est un indice que l'émail de la porcelaine est parfaitement glacé.
- Le cuis eu r se munit, à chaque fournée, de montres provenant de la dernière cuite, qui servent de terme de comparaison pour celles qu’il tire du four; il n’arrête le feu qu’autant qu’il a obtenu la même nuance et même un peu au dessus ; car il est à observer que plus un four cuit de fournées d’émail, plus les moutres d’argile se rembrunissent. Un four neuf cuit plus promptement une fournée d’émail; on brûle alors moins de charbon et la température est aussi moins élevée. Les montres de ces premières fournées sont généralement moins foncées en couleur que lorsque le four a
- (1) Le colombin ou lut se fait d’une substance seulement assez adhérente pour pouvoir le plaefer ; on en forme autour des gazettes un bourrelet qu’on aplatit en dehors.
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- servi deux ou trois mois. Après ce temps, il se manifeste ordinairement des crevasses dans les alandiers; les couloirs s’engorgent, les briques ne sont plus aussi bien jointes ; il y a perte de calorique et augmentation dans la consommation du combustible ; la cuite de l’émail dure plus long-temps, et les boules pyrométriques prennent une nuance différente de celle qu’elles ont au sortir du four, tellement que les premières montres ne peuvent jamais servir deux mois après. *
- La manière de cuire à la houille dans des fours à émail est exactement la même que celle suivie pour les fours chauffés au bois. On commence la cuite à une basse température, qu’on augmente progressivement; arrivé au degré nécessaire pour faire fondre l’émail, le feu est maintenu également, et les alandiers sont visités avec soin pour ne pas le laisser tomber. La cuite, qui dure quatorze heures, se termine toujours à un feu très doux. Le four reste cinq à six heures à refroidir.
- g°. Moufles. Les peintures et les impressions appliquées sur couverte de faïence et de porcelaine sont cuites dans des moufles qui, en Angleterre, ont une forme particulière. Nous donnons ici la figure d’un de ces moufles que nous avons fait dessiner d’après un modèle que AL de Saint-Amans a bien voulu nous confier. ^
- La flg. i de la PL 385 est une élévation latérale du moufle ; la flg. 2, une vue de face ; la flg. 5, une coupe verticale, et la flg. 4> le plan.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures. aj fourneau,* b, moufle oblong en terre réfractaire surmonté d’un dôme percé de trois trous kkk pour l’évaporation des couleurs et des huiles volatiles; c, cheminée ; dd, couloirs par où l’on met le combustible; c, grille; fJ cendrier ; g, rigoles pratiquées au fond du fourneau pour faciliter le passage de la flamme au dessous du moufle ; e, trou latéral qui communique à travers le fourneau dans le moufle ; il sert au chauffeur pour s’assurer de ce qui se passe dans l’intérieur ; k k9 fentes latérales pour observer les progrès de la flamme ; /, ouverture pratiquée sur le devant de la cheminée pour faciliter le tirage.
- Les pièces imprimées ou peintes sur couverte sont placées dans le moufle sans gazettes, sur des rayons mobiles reposant sur des pieds. Le moufle étant chargé, on le bouche avec une plaque de terre réfractaire, bien lutée sur ses bords. Ensuite on allume le charbon dont on a chargé les foyers ddfe ton ferme la porte du fourneau avec des briques dans lesquelles on ménage une ouverture pour tirer des échantillons et observer l’intérieur du moufle ; ces échantillons, attachés à un gros fil de fer, font juger du Vingt-huitième année. Mars 1829. i3
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- degré d’avancement de la cuite. Le devant des foyers est fermé par une porte en tôle U coulisse,.mobile latéralement et qu’on ferme quand le four est chargé. Aussitôt que le feu est allumé, la flamme, qui communique latéralement d’un foyer à l’autre, enveloppe le moufle sur toutes ses faces et s’élève ensuite dans la cheminée. : < ; r : . ( . .«
- io°. Impression des faïences. Les impressions sous couverte des faïences se font généralement en Angleterre avec le cobalt, dont on obtient diverses nuancés suivant la quantité de couleur employée. Après avoir fait subira cet oxide les préparations nécessaires pour le purifier, on le mêle avec une certaine quantité de silex et de sulfate de baryte ; cette quantité est indéterminée et dépend de la nuance qu’on veut produire. Ces matières sont frittées et broyées, et avant de les employer, on y ajoute un fondant composé de parties égales en poids de flint-glass et de silex, et qui sert à fixer la couleur sur le biscuit, afin, que l’immersion dans la couverte ne déplace pas les traits de rimpression et puisse aider à la fusion du cobalt.
- Voici les procédés qu’on suit généralement dans les manufactures du Staffordsbire pour'obtenir des impressions sous couverte.
- Le cobalt ou toute autre couleur dont on veut se servir doit être incorporé avec une huile grasse préparée de la manière suivante : on fait bouillir jusqnà consistance1 de miel épais une pint (0,473 litres) d’huile de lin, 4 onces de résine, demi-livre de goudron *et demi-/?îd^ (o,236 litres) d’huile d’ambre. Cette huile est très, tenace et doit être exposée au feu pour qu’on puisse s?en servir ; pour cet effet, l’imprimeur l’étend sur une palette de fonte qu’il a fait préalablement chauffer. . .
- Les planches servant à l’impression sont en cuivre et gravées deux ou trois fois plus profondément que celles dont on se sert en France.
- L’imprimeur, muni d’une molette de cuir, étend sur la planche gravée et préalablement chauffée la couleur mêlée'-.avec l’huile grasse; il enlève l’ex<-cédant de la couleur avec un large couteau, et nettoie la planche avec un tampon rempli de sou, en tapant et effleurant comme s’il enlevait de la poussière. Cette opération terminée, le papier destiné à recevoir l’impression et qui a dû être préalablement trempé dans une eau de savon (1) est plfetcé tout humide sur la planche chaude. On fait passer sous la presse, on relève l’épreuve et on la remet à des;femmes, qui la coupent par pièces détachées qu’elles portent ensuite sur les pièces; de biscuit.A
- (1) Oâjtrempe ïe papier danâ le savon , afin qu’il se détache taieax de la plancbçi de cuivre et pour que t’éncre épaisse s’enlève de dessus le biscuit avec plus de facilité.
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- Le papier dont on se sert pour cet lisage doit être fait uniquement avec des chiffons de lin ; il est très mince, de couleur jaunâtre et non colle, semblable au papier joseph.
- Le biscuit des faïences ne reçoit jamais de préparation avant' d’etre imprimé, l’huile d’impression étant composée de manière a fixer fortement la gravure. On fait adhérer celle-ci au moyen d’un bâton de flanelle d’un pouce et demi de diamètre sur 12 à 10 pouces de longueur, ficelé comme une carotte de tabac. On se sert de ee bâton comme d’un brunissoir , en appuyant un bout contre l’épaule et frottant avec l’autre bout sur le papier : par ce moyen, tous les traits dont il est couvert se décalquent sur le biscuit.
- La pièce de biscuit étant imprimée et décalquée, on laisse l’impression dessus pour lui donner le temps de bien gripper ; on la plonge ensuite dans l’eau et on en détache le papier avec une éponge.
- Lorsque le papier est détaché, on trempe la pièce de biscuit imprimée dans de l’alcali caustique pour saponifier l’huile, et on la plonge aussitôt après dans l’émail, avec lequel l’impression adhère parfaitement. Ce procédé, qui est d’une exécution prompte et offre une grande économie, est préférable à celui usité de passer le biscuit au moufle, après qu’il a reçu les impressions, pour les fixer et volatiliser les huiles.
- Quand l’impression est appliquée sur des pièces de porcelaine , elles sont chauffées avant d’être trempées dans l’eau, parce qu’étant déjà vitrifiées, le papier grippe plus fortement que sur le biscuit, et ne peut être enlevé qu’avec une brosse dure.
- L’impression sur couverte se fait par un procédé tout différent et qui dispense de recourir à l’usage de la presse.
- On commence par couler dans un grand plat delà colle de Flandre chaude et très pure, de manière à produire une couche de 2 à 3 lignes d’épaisseur, et de la consistance d’une gelée ; lorsqu’elle est refroidie, on la divise par plaques de la grandeur des planches qu’elles doivent couvrir.
- L’ouvrière passe légèrement sur la planche gravée de l’huile de lin bouillie jusqu’à consistance épaisse; elle y applique aussitôt après la plaque de colle, qu’elle presse avec un tampon de soie rempli de son : la plaque, qui se charge de toute l’huile entrée dans les traits de la gravure, est alors enlevée avec précaution de dessus la planche, et portée sur la pièce émaillée qui doit recevoir l’impression ; par une légère pression exercée avec le tampon, l’huile se détache de la colle et se fixe sur l’émail. Après avoir soulevé doucement la plaque, on frotte sur la pièce émaillée, avec un peu de coton, les couleurs métalliques pulvérisées, qui ne s’attachent que sur les traits
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- chargés d’huile, et on chauffe sous le moufle. La même plaque de colle peut servir à plusieurs impressions (i). ;
- ii°. Ornemens et coloration. Les Anglais colorent leurs poteries communes au moyen de deux appareils nommés, l’un le pot à souffler ou à en-goberf et l’autre le pot à serpentiner. -
- Les ornemens qui, en France, se font en relief se font en creux en Angleterre , à l’aide d’une molette gravée en relief qu’on passe sur la pièce. L’empreinte qu’elle produit est remplie de barbotine épaisse que l’ouvrier répand avec le pot à souffler ou à engobery c’est un vase semblable à une théière, muni d’un bec, et qui est hermétiquement fermé avec un bouchon d’argile, après que la barbotine y a été introduite. L’ouvrier, en soufflant dans le bec, fait jaillir la couleur par un tuyau de plume traversant le bouchon et plongeant dans le liquide : le jet est dirigé sur la pièce pendaut qu’elle tourne rapidement sur le tour ; de cette manière, les creux formés par la molette se trouvent remplis de pâte de couleur différente de celle du fond. Lorsque la pièce a acquis assez de consistance pour pouvoir être travaillée, l’ouvrier enlève avec ùn instrument nommé tournasin l’excédant de la pâte, jusqu’à ce qu’il ait mis à découvert l’ornement produit par la molette : alors la couleur paraît seulement au fond des empreintes.
- En passant ainsi plusieurs couches de barbotine l’une sur l’autre, avec le pot à souffler, on produit très rapidement des filets et des ornemens de différentes couleurs eJ nuances.
- Les pots à serpentiner établis sur le même principe sont en fer-blanc a trois compartimens, dans chacun desquels on met des couleurs différentes. Ces trois compartimens s’ouvrent au sommet du vase dans un conduit commun, terminé par de petits tuyaux de plume. Lorsqu’on incline l’appareil , les trois couleurs sortent à la fois en même proportion par le même orifice, et tombent sur la pièce tandis qu’elle tourne lentement sur le tour : il en résulte des ornemens serpentinés fort agréables.
- La barbotine doit être préparée autant que possible de manière à être en harmonie avec la pâte. Les bleus ne viendraient jamais beaux si les en-gobes n’étaient pas faits avec les matières indiquées pour la composition des terres de pipe fines. ( La fn au Numéro prochain. )
- (i) Voyez un procédé analogue , décrit dans la quatrième année du Bulletin de la Société ,
- cahier de mars 1806, page 223.
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Mémoire sur les substances alimentaires extraites des os ; par M. D’Arcet, membre de VAcadémie royale des Sciences et du Conseil de salubrité. Extrait par M. Hachette (i).
- L’auteur de ce Mémoire, M. D’Arcet, a créé l’art d’extraire en grand la gélatine des os de boucherie, et de l’employer à la nourriture de l’homme. Il a entrepris, pour atteindre le but philantropique qu’il s’était proposé, de longs et difficiles travaux. Le Bulletin de la Société (23e. année, page 292 , cahier de décembre 1814) contient un rapport de la Faculté de médecine sur un premier travail de M. D’Arcet; ce travail avait pour objet l’extraction delà gélatine des os et son •application aux différens usages domestiques. Le 7 mars 1817, M. D’Arcet prit un brevet d’invention et de perfectionnement pour des procédés à l’aide desquels on peut extraire toute la gélatine contenue dans les os et en faire du bouillon. Un modèle'de l’appareil, décrit dans ce brevet, ayant été monté à l’hôpital de la Charité, fut mis en expérience, le i3 octobre 1828, en présence de S. Exc. le Ministre de l’intérieur et de MM* les administrateurs des Hospices civils de Paris. Le succès des opérations fut suivi de la commande d’un appareil, qui pourra fournir par jour mille rations de dissolution gélatineuse de la force du bouillon ordinaire.
- CHAPITRE Ier. — De la composition des os et de leur emploi comme substance alimentaire.
- Les os qui forment les parties solides ou la charpente des animaux doivent, sous le rapport économique r se diviser en deux classes: les uns compactes , plats ou cylindriques, ne contenant que peu de graisse, sont destinés aux ouvrages des tourneurs, boutonniers, tabletiers , éventail-listes, qui les achètent fort cher 5 les autres os, parmi lesquels se trouvent les têtes spongieuses des gros os et les extrémités des os plats, peuvent être employés avec économie comme substance alimentaire ; étant séchés , ils contiennent environ sur cent parties en poids :
- Substance terreuse. . . 60
- Gélatine............ 3o -
- Graisse............. 10
- 100
- (1) Ce Mémoire est imprimé dans les Annales de l’industrie française et étrangère, rédigées par MM. Dumas, Péclet, etc. Cahier de février 1829 , page 97.
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- La graisse des os de mouton et des os de viande rôtie est souvent rance ; il est essentiel de mettre ces os à part pour les traiter séparément. Les têtes des gros os contiennent jusqu’à cinquante pour cent de graisse.
- L’hectolitre d’os concassés à la grosseur d’un œuf pèse 4$ kilogrammes.
- Comparaison de la viande et des os pour la préparation économique des
- bouillons.
- Le mot bouillony pris dans l’acception ordinaire, s’applique à la substance alimentaire liquide, animaiisée et aromatisée soit par des légumes, soit par la viande elle-même. M. D’Arcetîait abstraction de ce qui donne du goût ou de l’odeur au bouillon, et il applique le même mot à une dissolution de io gram. de gélatine dans un demi-litre ou 5oo gr. d’eau potable.
- Un kilogramme de viande non désossée fournit quatre bouillons ; un kilogramme d’os donne 3oo grammes de gélatine, et par conséquent trente bouillons contenant chacun io grammes de cette substance.
- Ainsi, à poids égal, le rapport des nombres de bouillons fournis par la viande et par les os est de 4 à 3o ou de i à 7 et demi.
- Cinq kilogrammes de viande de boucherie contiennent environ un kilogramme d’os, et fournissent ensemble vingt bouillons ; le§ os à part en donneraient trente ; en désossant la viande, on aurait donc cinquante bouillons au lieu de vingt.
- Cette économie est de la plus haute importance : le seul département de la Seine peut fournir par an à peu près 10 millions de kilogrammes d’os , qui suffiraient pour la préparation journalière de huit cent mille rations de bouillons.
- Suivant l’estimation faite par les illustres savans Lavoisier et Lagrange, de la consommation totale de la viande de boucherie en France, elle s’élèverait à 606 millions kilogrammes, qui donneraient plus de 120 millions kilogrammes d’os et 56 millions kilogrammes de gélatine pure.
- Les 10 millions de kilogrammes d’os du département de la Seine ont en ce moment une valeur argent d’un million 200,000 fr. (à 12 fr. les 100 kil. ) CHAPITRE H. — Du broiement des os.
- M. de Pujmaurin fils, directeur de la Monnaie des médailles, vient d’organiser (en 182g), au profit des ouvriers de ce grand établissement (ij, un appareil construit sur les principes de M. D’Arcet; on se sert de l’un des balanciers pour concasser les os des viandes nouvellement cuites, et pour les réduire en une espèce de pâte contenant de petits os de la grosseur
- (x) Le Mémoire de M. de Puymaurin, contenant la description de son appareil, sera imprimé à la suite de cet Extrait. ..........
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- du doigt. Kn une heure, six hommes préparent 6 kilogrammes d’os ; la dépense de force qu’un homme appliqué à un balancier fait en une heure est d’environ douze unités dynamiques ( chacune de mille kilogrammes élevés à un mètre). En adoptant cette base, le broiement des 10 millions de kilogrammes d’os fournis en un an par le département de la Seine exigerait 120 millions d’unités de force. Deux machines à vapeur, chacune de la force de trente-cinq chevaux, feraient facilement ce travail mécanique : la réduction des os en poudre exigerait peut-être une force double.
- CHAPITRE III. — De la conservation des os
- M. D’Arcet applique à la conservation des os le procédé qui a servi de base à la patente anglaise prise, en 1808, par M. PlowdeniPepertorj of Arts, 2e. série, i5e. volume, page 54); il prend une dissolution de gélatine contenant de gélatine sèche; il la fait chauffer jusqu’à 8o ou go° centigrades, et il y trempe, à plusieurs reprises , les os nettoyés, concassés en petits morceaux, chargés de leur graisse, ou dégraissés; les os, ainsi enveloppés d’une couche de gélatine, sont mis à sécher sur des filets exposés à l’air libre, et sont ensuite traités une ou deux fois de la même manière pour augmenter à volonté l’épaisseur de la couche de gélatine qui en recouvre toute la surface. Les os ainsi enrobés de gélatine doivent être parfaitement desséchés , d’abord à l’air libre et ensuite dans une étuve chauffée seulement à 20 ou 25° centigrades. Amené à cet état, chaque os se trouve comme renfermé dans une vessie, ne craint pour ainsi dire pas même l’humidité de l’air, puisque la gélatine n’est que faiblement hygrométrique et se trouve alors dans un état de parfaite conservation.
- La gélatine extraite des os par le procédé de M. D'Arcet convient très bien pour l’application qui vient d’être indiquée; elle n’est pas d’ailleurs perdue, puisqu’elle se retrouve au moment où les os qui en sont enrobés servent à la préparation des gelées ou du bouillon.
- Le chapitre IV est consacré.à rappeler les procédés qui avaient été proposés pour extraire la gélatine des os. M. D’Arcet cite les travaux de Papin, Grenet, D’Arcet père, Proust, Cadet de Vaux, etc. Le chapitre V contient la description de l’appareil actuellement employé à l’hôpital de la Charité, pour extraire en grand la gélatine des os et pour préparer environ mille rations gélatineuses par jour. Le procédé consiste à exposer les os concassés à l’action de la vapeur d’une faible tension. Les précautions à prendre pour le succès de ce procédé sont l’objet du chapitre VI.
- Le chapitre VII indique les différens usages de la dissolution de gélatine et les moyens de rendre cette substance alimentaire agréable au goût et à
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- l’odorat. M. D’Arcet conseille de saler les aliraens animalisés par la gélatine, avec un mélange de 5o parties de chlorure de potassium et de 70 parties de sel marin.
- CHAPITRE VIII. —M. 0Arcet propose, dans ce chapitre, de dégraisser les os concassés à l’eau bouillante, avant de les soumettre à la vapeur qui se charge de la gélatine.
- CHAPITRE IX. — Les os, après l’extraction de la gélatine, ne contiennent plus sur 100 parties en poids que 92 d’un résidu terreux et 8 de graisse qui s’y trouve combinée chimiquement à la chaux.
- Les chapitres X et XI traitent de la production de la vapeur employée pour extraire la gélatine des os, et des applications qu’on peut faire des procédés décrits par l’auteur du Mémoire, dans les établissemens et ateliers où il y a une chaudière de machine à vapeur, et notamment sur les vaisseaux qui naviguent par la vapeur.
- Il résulte des chapitres V et X i°, que la cuisson des os se fait en quatre-vingt-seize heures dans un bain de vapeur dont la température peut varier de 100 degrés centigrades a 107 , et la pression de 76 à 96 centi;-mètres (en colonne de mercure) ; 20. que, pour produire mille rations gélatineuses par jour, il faut disposer quatre cylindres, et mettre dans chacun d’eux 4° kilogrammes d’os; 5P. qu’en mettant ces cylindres en communication avec un réservoir de vapeur, la vapeur condensée en une heure dans chaque cylindre serait de i5oo grammes, ce qui porte à 6 kilogrammes le poids de la vapeur condensée par heure dans les quatre cylindres ; 4°* que la consommation du charbon de terre en une heure sera au moins d’un kilogramme.
- Le chapitre XII et dernier contient la légende explicative des deux planches jointes au Mémoire.
- L’analyse chimique avait appris à M. D’Arcet que 100 parties d’os en poids contenaient 60 de phosphate de chaux, 10 de graisse et 3o de gélatine. Déjà, en 1681, un médecin français, Papin, mathématicien, et l’inventeur de la première machine à vapeur, s’était servi du vase connu sous le nom de marmite à Papin, pour amollir les os. A cette époque, on était loin de prévoir ce qui se passe dans un vase clos contenant des os et de la vapeur d’os à une haute température. Il était réservé à M. 0Arcet de nous apprendre comment la vapeur à haute pression agissait sur les élémens terreux et alimentaires des os. Il a le premier reconnu les grands change-mens qui s’opèrent par l’action mutuelle de ces corps ; il a vu que la géla-tine se décomposait, qu’on formait de l’ammoniaque, de l’acide carbonique et du savon de chaux; il eri a tiré cette conclusion importante, que pour
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- extraire la gélatine des os sans altérer ses propriétés alimentaires, il fallait broyer ces ôs, et ensuite les exposer à une vapeur douce ou à faible tension, quatre jours entiers.
- Le Mémoire dont nous venons de présenter l’analyse contient les résultats de vingt ans de recherches ; sous le double rapport d’analyse chimique et d’art économique, il confirme le jugement porté, le i3 décembre 18i5, par la Faculté de médecine de Paris sur les premiers travaux de notre confrère M. D’Arcety ellë a reconnu que ce savant avait rendu un 'véritable service à l’humanité, en aidant à la subsistance des classes laborieuses et peu fortunées.
- Mémoire sur les applications dans l’économie domestique de la gélatine extraite des os au moyen de la vapeur; par M. A. de Puymaurin, directeur de la Monnaie royale des médailles. Lu à la Société d’Encouragement dans sa séance du 2 5 mars 1829 0).
- Papin est le premier physicien qui, en 1681, s’occupa du moyen d’extraire des os une substance alimentaire. Son appareil, modifié de diverses manières, a reçu les plus importantes applications dans l’industrie ; il a été peu employé dans l’économie domestique : les dangers qu’il pouvait offrir le classèrent au nombre des instrumens de laboratoire plus propres à des recherches scientifiques qu’à un usage journalier (2). Ce n’est que
- (1) Ce Mémoire, joint à celui que vient de publier sur le même sujet M. D'Arcet, membre de l’Académie des Sciences, et dont nous venons de donner un extrait qui nous a été communiqué par M. Hachette, formera un volume , qui sera vendu au profit des ouvriers de la Monnaie royale des médailles. A Paris, chez Madame Huzard, imprimeur-libraire, rue de PÉperon-Saint-André-des-Arts, n°, 7 ; chez Béchet jeune, libraire, place de l’École de Médecine , n°. 4» et '® fa Monnaie des médailles , rue Guénégaud, n°. 8.
- (2) Papin se servait de la machine connue sous le nom de digesteur ou de machine à Papin. Il mesurait le degré de chaleur au moyen de la tension qu’éprouvait une soupape et le rap-povt du poids dont elle était chargée avec la surface de l’orifice du trou. Il parvint ainsi à évaluer exactement la pression produite dans son appareil et à déterminer son rapport avec celle de l’atmosphère. Il chercha ensuite le rapport qui pouvait exister entre cette même pression et le temps nécessaire à l’évaporation d’une goutte d’eau placée à la partie supérieure de son digesteur. Un pendule lui servait à mesurer le temps, et le nombre de ses oscillations était en. raison inverse de la pression. Il mettait dans son appareil une quantité d’eau à peu près égale en poids à celle des os. Une partie de l’eau formait de ht vapeur, et le reste montait à une haute température. Ce procédé offrait un danger continuel pour l’opérateur *, et l’ineou-
- * Papin avait inventé la soupape de sûreté, comme on le voit plus haut : le peu de capacité de son
- Eingt-huitième année. Mars 1829. 14
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- vers la fin du dix-huitième siècle et le commencement du dix-neuvième que l’on a cherché des moyens moins compliqués pour utiliser.les principes nutritifs que Papin avait découverts (i). Déjà des ébullitions prolongées avaient offert des résultats satisfaisans lorsque M. D’Arcet, enlevant , par des acides, les sels calcaires qui font partie des os, créa le nouvel art d’en extraire la gélatine* C’était rendre un service important à l’humanité, à l’économie domestique, et acquérir un titre à la reconnaissance publique. Ce savant prit ensuite un brevet d’invention et de perfectionnement pour un procédé de l’extraction de la gélatine des os par la va^-peur, et ce sont les résultats de l’application de ce procédé qui feront le sujet de ce Mémoire (2).
- vénient de provoquer la formation d’une certaine quantité d’ammoniaque, de savon, dç chaux, etc. , et d’altérer ainsi la qualité de la gélatine. Papin s’en était aperçu ; car il dit en parlant de la corne de cerf, quaprès avoir fait cinq fois son poids de gelée, elle se change encore presque toute en substance fort semblable à du fromage, et dont on ne saurait manger, qu!en petite quantité*.
- (1) Parmi les recherches faites à cette époque on doit remarquer les travaux de MM. G renet, D’Arcet père, Proust, etc. ; enfin les nombreuses publications de M. Cadet de Vaux.
- (2) La durée de ce brevet d’invention et de perfectionnement, en date du 7 mars 1817,
- est expirée. _
- M. D’Arcet emploie par des moyens différens le même agent que Papin pour retirer des os des substances alimentaires. De sages précautions font disparaître les causes d’un accident. La tension ou la température de la vapeur nfe peut varier que fort peu, et elle est calculée de manière à enlever aux os leur graisse et leurs principes nutritifs sans pouvoir former d’ammoniaque , etc. ; enfin tous les phénomènes qui ont lieu sont expliqués , les accidens sont prévus et les moyens d’y remédier sont également indiqués. (Voyez les Annales de l’industrie, février 182g. ) • ,
- On trouve dans le Register of the Arts and Sciences (vol. III, page 3i3, 1826) et dans le Bulletin de la Société d’Encouragement, vingt-deuxième année (1823), p. 74, les détails du procédé employé par Charles Yardley pour extraire la gélatine des os. Il se sert d’une grande sphère ou globe en tôle ou en fonte : les os sont placés dans l’intérieur, et une grille les empêche d’arriver dans la partie inférieure. Cette sphère roule sur deux tourillons ; un d’eux est creux et sert de conduit à la vapeur : son mouvement de rotation met constamment les
- digestenr et de sa soupape ont pu pre'venir beaucoup d’accidens ; mais l’expérience acquise depuis cette époque ne permet pas de douter que son digesteur, construit sur une grande échelle, ne serait une machine fort dangereuse. Papin avait introduit dans son digesteur une modification qui a le plus grand rapport avec celle qu’on lui a donnée il y a quelques années dans le vase connu sous le nom d’ autoclave. « Je voulus en faire un autre, dit-il (page i4), fermé sans vis par le moyen d’une grande soupape ovale,
- » qui peut pourtant s’ôter tout a fait a cause de safgure ovale, etc.J’y ai cuit les plus gros os de
- » bœuf s.ans brûler la viande. ...Si V on faisait cette machine avec une soupape assez forXe pour pouvoir la 3) garnir de papier, celte manière vaudrait bien l’autre; on serait assuré que plus la pression serait )) forte au dedans, tant plus fort la soupape serait fermée. »
- * Ce.passage, ainsi que tous ceux qui sont cités dans ce Mémoire, sont extraits de l’ouvrage de Papin,, intitulé : La Manière d’amollir les os et défaire cuire toutes sortes de viandes en fort peu de temps et a fort peu de frais. Chez Henry Desbordes, à Amsterdam, en MDCLXXXV1II.
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- La préparation par les acides ne pouvait avoir lieu qu’en grand, dans une usine spéciale et par l’emploi de diverses manipulations : le choix des os, les soins qu’exigeaient la propreté et la salubrité, tout en un mot reposait sur la confiance que pouvait inspirer le chef de l’établissement et sur sa plus ou moins grande aptitude; et quoique les matières premières eussent disparu pour se transformer en produits nouveaux, la masse des consommateurs ne pouvait vaincre une défiance qui paraissait en partie fondée. Des motifs pnissans luttaient contre le succès de cette découverte, et ils concouraient tous à fortifier la répugnance que devait inspirer une substance dont les premiers élémens pouvaient provenir de tant de sources diverses. Cependant ces préjugés s’affaiblissaient de jour en jour lorsque des circonstances entièrement étrangères en ont arrêté le développement.
- Le nouveau procédé fait disparaître les manipulations compliquées qu’exigeait l’emploi des acides; il est à la portée de tous, peut être établi partout, et le même appareil peut utiliser le produit au fur et à mesure de sa formation : la gélatine obtenue par la vapeur est en dissolution dans l’eau, elle est employée directement à sa sortie des cylindres, et l’on peut à volonté varier le titre du liquide et le porter à la consistance des gelées. Ce produit se fait sous les yeux du consommateur; il a pu choisir les os, les laver, connaître leur origine; aucune substance acide ne peut plus exciter ses craintes; le consommateur devient producteur, et il peut proportionner ses précautions et ses recherches à la délicatesse de son goût : dès lors toute répugnance, tout dégoût, toute objection doivent cesser, toute manipulation a disparu. Les dépenses sont l’achat des os et la production de la vapeur, objets si minimes, que le prix du demi-litre de substance alimentaire non aromatisée (valeur de la graisse non déduite ) ne coûte que o,83 centièmes de centime; tandis que par l’emploi de la gélatine en tablettes la même quantité coûterait 5 centimes environ.
- Ce nouveau procédé offre à l’humanité une nourriture saine, d’une
- os en contact avec la gélatine, au fur et à mesure qu’elle se forme. On la retire ensuite par un robinet placé au dessous de la grille ; on la verse de nouveau dans la sphère après l’avoir dégraissée, et on l’y laisse jusqu’à ce qu’elle ait acquis le degré de concentration convenable. Charles Yardley la clarifie ensuite avec un peu d’alun, et en forme des tablettes qu’il fait sécher à l’air. La pression de la vapeur est de i5 livres par pouce anglais; ce qui répond à peu près à 8 dixièmes et demi d’atmosphères.
- Ce procédé me paraît avoir le grave inconvénient de combiner avec la gélatine une très grande quantité de phosphate et de carbonate de chaux : le froissement continuel des os entre eux et contre les parois de la sphère doit inévitablement amener ce résultat.
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- préparation facile et qui prévient toute répugnance; il peut procurer à l’économie domestique des ressources inconnues et incalculables (i); il offre aussi à la bienfaisance le moyen de multiplier ses secours.
- Ce procédé est essentiellement applicable aux hôpitaux, aux bureaux de distribution de secours en nature, aux fabriques, aux corps militaires sédentaires; il peut même être employé dans les villes.de garnison, les équipages des vaisseaux, les ateliers de la marine, en un mot dans toutes les réunions d’hommes que leur position sociale oblige à rechercher les moyens les plus économiques.
- Avant d’examiner le mode le plus convenable pour ces diverses applications, je crois devoir rendre Compte de celle que j’ai faite moi-même et des résultats que j’ai obtenus. J’examinerai ensuite la question sous le rapport sanitaire et sous le rapport moral ; je terminerai cet exposé par des considérations générales et la description d’un appareil que j’ai construit, et dans lequel, tirant parti de toutes les connaissances acquises, je me suis efforcé de réunir les conditions que la salubrité, la sûreté , l’économie, la propreté, le défaut d’emplacement, etc., m’imposaient impérieusement.
- Les relations d’amitié que je m’honore d’avoir avec M. D’Arcet m’ont mis à même, dès le principe, de m’occuper de l’application de ce procédé. Placé sous ce rapport d’une manière avantageuse, je me rendis compte du parti que je pourrais en tirer pour améliorer la position des ouvriers de la Monnaie des médailles : tout était à créer, et cela était d’autant plus difficile, que les préjugés existant contre la gélatine déjà dans le commerce, la défiance naturelle d’une certaine classe contre les innovations qu’elle n’est pas à même d’apprécier, enfin les ressources des ouvriers eux-mêmes, présentaient plus d’obstacles.
- Les circonstances me secondant, je hasardai les premières ouvertures : je développai peu à peu mon projet., j’annonçai les résultats; et quand je fus assuré de trouver une bonne volonté assez générale, je fis faire des soupes et des ragoûts pour ceux qui me paraissaient le mieux disposés. Ces alimens furent trouvés bons et dégustés par le plus grand nombre. J’augmentai de jour en jour mes distributions, et je les portai au point de suffire à la presque totalité des ouvriers ; je continuai à agir ainsi pendant plus de quinze jours; je recevais des témoignages non douteux d’approbation, et je voyais cette innovation utile s’acclimater de jour en jour.
- (i) La viande de boucherie seule fournit, à Paris, 10 millions de kilogrammes d’os ; ce qui donne huit cent mille bouillons par jour environ. . .«
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- Quoique toutes ces distributions eussent été gratuites, je n’en avais paB moins tenu un compte exact de mes dépenses ; le résultat offrait 7 centimes environ par tête et par jour : pour cette somme chacun avait eu un demi-litre de bouillon, pour tremper la soupe à neuf heures , et un demi-litre de ragoût de légumes (choux, haricots, lentilles, pommes de terre, etc.), à deux heures.
- Je les engageai alors à s'organiser en ordinaire, comme font les soldats, et à prendre, dans l’intérieur de l’établissement, une nourriture saine, succulente et dont le prix était si modique. J’établis un parallèle entre les alimens qu’ils prenaient à l’auberge et ceux qui leur étaient offerts ; entre les dépenses nécessitées précédemment pour leur nourriture et les économies qu’ils pouvaient désormais réaliser. L’ordinaire s organisa, et son premier acte constitu tif fut de nommer son cuisinier (1). On régla ensuite les tours de corvée, l’heure à laquelle elle serait faite et le mode à suivre dans les distributions. J’ai, dans tous les détails de cet établissement, évité d’employer d’autre moyen que la persuasion ; je me suis appliqué à faire naître les diverses impulsions, que j’avais soin de diriger pour arriver plus sûrement à mon but.
- Chaque homme en entrant à l’ordinaire reçoit un numéro; ce numéro sert à établir les tours de corvée et l’ordre de la distribution; la corvée est pour la journée et se fait aux heures des repas. Le matin on prépare les légumes pour le ragoût de deux heures; et à deux heures, ceux qui sont destinés à la soupe du lendemain matin. Les numéros servent aussi à appeler les ouvriers au moment de la distribution, et l’on a soin de suivre leur ordre, de manière que celui qui a été servi le premier un jour soit le dernier le lendemain, l’avant-dernier le jour suivant et ainsi de suite. Chaque homme a un certain nombre de jetons marqués de son numéro : les uns sont en cuivre rouge, les autres en cuivre jaune. Les premiers représentent une ration, les autres une demi-ration. Il en résulte que chacun peut à sa volonté prendre une plus ou moins grande quantité de nourriture et ne paie que suivant sa consonimation : un tronc, dont le-chef d’atelier garde la clef, est placé dans le lieu des distributions , et chacun recevant sa ration met ostensiblement dans ce tronc le jeton ou les jetons représentant la quantité qu’il a reçue. On procède chaque samedi, en présence du chef d’atelier, au recensement des jetons et chacun les retire en
- (0 L’expérience m’a appris que le choix du cuisinier, fait entre camarades, est une condition importante pour le succès, parce qu’un chef d’administration peut ignorer, sous le rapport sanitaire , beaucoup de détails qui ne peuvent rester cachés entre camarades.
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- payant leur valeur représentative, fixée d’après les dépenses de l’ordinaire pendant la semaine. -
- Les ouvriers peuvent consommer au dehors les ali mens préparés dans l’intérieur et il leur est permis d’en prendre pour leur famille. Plusieurs ont adopté ce genre de vie économique, et les avantages de cette institution se répandent ainsi au dehors. Ceux qui logent fort loin peuvent même emporter le soir de la gélatine dissoute dans de l’eau , telle qu’elle sort des cylindres, et les préparations partielles ont lieu dans leur intérieur ; cette mesure leur procure l’avantage de réaliser des économies le dimanche, ou du moins de diminuer la quantité de bœuf bouilli, et donne aux familles la facilité de varier alors leurs mets.
- Je crains que tous ces détails ne paraissent trop longs, trop minutieux ; j’ai cru cependant qu’il était important de les donner : je marchais dans une route nouvelle, entièrement inconnue; de nombreuses difficultés se sont présentées; chaque jour amenait de nouvelles observations, j’ai dû tirer parti de celles qui étaient fondées , satisfaire tous les intérêts, qui sont peut-être d’autant plus exigeans, que leur importance réelle est moindre.... Je suis parvenu par ces moyens au but que je me proposais; j’ai pensé qu’il était utile de les indiquer, afin que mon expérience ne fût pas perdue pour les propriétaires de fabriques et les personnes qui par un motif de charité chrétienne voudraient mettre les classes indigentes à même de profiter de cette précieuse découverte.
- Je crois utile de donner les prix détaillés de la soupe et de divers alimens au moyen desquels on peut varier la nourriture. Ces prix sont établis d’après une expérience de deux mois (février et mars) et les observations les plus exactes. Il n’est pas inutile de remarquer que ces prix ont été calculés pour une saison où la rareté des légumes contribue beaucoup à les augmenter (i).
- (i) La main-d’œuvre et le combustible n’y sont pas compris, parce que le travail se fait , comme je l’ai dit, par corvée, et que l’appareil est construit de manière à n’exiger aucune surveillance. Une base générale peut servir à évaluer la consommation du combustible ; on doit compter un kilogramme de houille ou de charbon de bois par 5 ou 6 litres d’eau volatilisée. On peut évaluer la main-d’œuvre d’une femme avec sa nourriture à i fr. 25 c. ; mais je dois faire observer que , pour i fr. 25 c. ,-on pourrait faire préparer une quantité d’ali-mens quatre fois plus considérable que ceux qui sont journellement consommés à la Monnaie des médailles. ^
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- ( to3 )
- Prix de la soupe.
- POUR PAR TETE
- DÉTAILS. PRIX. 60 ov
- « PERSONNES. DEMI-LITRE.
- Gélatine de 2 kilogr. ‘/a d’os • • : » fr. 5o c.
- Poireaux, . ........ „ . ...... . , .. ...... » j 5
- » o5
- Navets ou clioux . • • • • • • » 10
- » 20 \ i fr. 80 c. 3 c.
- Sel et poivre. . . . ,, 25 [ . x
- Café de chicorée remplaçant l’oignon brûlé. » o5 1
- Accessoires divers ( 1 ). . . . . . . . . . . . 56
- Ragoût de pommes de terre.
- 2 boisseaux ou 24 litres de pommes de terre. 1 fr. » c.
- 2 kilogr. 1/2 d’os. . . . » 5o
- Sel et poivre » - 25
- Thvm et laurier. Graisse fournie par les os. ... V .... • • » o5 )> » > 2 fr. 60 c. 4 e. 33jioo
- Oignon et ail. ....... . . . ...... » 25 •
- Café de chicorée remplaçant F Oignon brûlé. . . >» o5
- Aeeessoires divers . ......
- Ragoût de haricots.
- 10 litres de haricots 2 fr. »
- 2 kilogr. 1/2 d’os . . » 5o
- Sel et poivre » 25 f
- Thym et laurier. ... . .. . ... -, ... . . Graisse fournie par les os. . . . ....... » o5 » » \ 3 fr. 60 c. 6 c.
- Oignon et ail . ...... » 25
- Café de chicorée remplaçant l’oignon brûlé. . . o5
- Accessoires divers. ............. » 5o
- (1) Sous la dénomination d’accessoires divers sont compris les clous de girofle ou autres
- epices, etc. , objets qui peuvent varier suivant le goût des consommateurs.
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- ( «°4 )
- Ragoût mi-parti de pommes de terre et haricots.
- POUR PAR TETE
- DETAILS. PRIX. 60 OU
- PERSONNES. DEMI-LITRE.
- i boisseau ou 13 litres de pommes de terre. . . » fr. 5o e.
- 5 litres de haricots . i »
- 2 kilogr. i/2 d os . » ’ 5o
- Sel et poivre » 25 I
- Thym et laurier. . ............. Graisse fournie par les os » o5 » * » ^ 3 fr. 10 c. 5 c. 17/100 8
- Oignon et ail. . . . . . . . . ... . . » 25
- Café de chicorée. ... . . . . . » o5
- Accessoires divers. . • » " 5o
- Ragoût aux choux.
- Huit choux. . . x fr. 20 c.
- 2 kilogr. 1/2 d’os » 5o |
- Sel et poivre . » 25 \ 2 fr. 70 c. 4 c. 5ojioQ
- Graisse fournie par les os » » /
- Oignon et ail » 25 \
- Accessoires divers » 5o
- Ragoût mi-parti de pommes de terre et choux•
- Quatre choux * . . . . . ...... » fr. 60 c.
- i boisseau ou 12 litres de pommes de terre. . . - » • 5o • 1
- 2 kilogr. 1/2 d’os Sel et poivre ... » 5o î » • 2.5 | 2 fr. 35 c. 3 c. 91/100
- Graisse fournie par les os )> » I
- Accessoires divers . . . . .... » 5o j 1
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- ( ,o5 )
- Ragoût mi-parti de choux et haricots.
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- Quatre choux 5 litres de haricots. . ~~. . 2 kilogr. 1/2 d’os Sel et poivre Graisse fournie par les os. Accessoires divers. » fr. 60 c. 1 » » . 5o » 2.5 » » ,» 5o ) 2 fr. 85 c. 4 c., 66^00
- Ragoût aux lentilles.
- lo litres de lentilles. 2 kilogr. 1/2 d’os. Sel et poivre . Graisse fournie par les os Thym et laurier Oignon et ail, Accessoires divers 3 fr. 5o c. j » 5o j » 25 j » » >5 fr. 05 c. » o5 | » 25 1 » 5o I 8 c. 42/ioo
- Macaroni ou vermicelle remplaçant le ragoût.
- Vermicelle à raison de ioo gram. par ration. 2 kilogr. 1/2 d’os Sel et poivre Graisse fournie par les os Accessoires divers. 4fr. 20 c. J » 5o / » 25 \ 5fr. 45c. » » 1 » 5o j 9 e* 8°/ioo
- Riz remplaçant le ragoût.
- Riz à raison de 100 grammes par ration. . . . 2 kilogr. 1/2 d’os Sel et poivre. . Graisse fournie par les os Café de chicorée Accessoires divers. . 3 fr. 60 c. j » 5° j * 25 U*. 9oc. » o5 1 » 5o j 8 c. 17/100
- Vingt-huitième année. Mars 1829. 15
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- ( *o6 )
- Tableau général du prix de la soupe et du ragoût consommés par les ouvriers
- de la Monnaie rofale des médailles.
- SOUPE. RAGOUT. TOTAL.
- Pour Pour Pour
- ÔO Par tête. ÔO Par tête. ÔO Par tête.
- DÉTAILS. personnes. personnes. personnes* OBSERVATIONS.
- 8 a <8 S S a U A ^ a 8 A S • a S B cr « S a -B A • S A 8 .a 8 a <0 « 4) e aj :S d
- A - 0 A 0 0 A 8 rs A . 0 * 0 A 8 A 0 O O A a; . 0 A - 0 0 a 8 0 0 c
- Soupe. ... 1 80 3 » » » » )) » )> )> )) Ces pris sont établis
- Ragoût de pommes de terre. 1 80 3 » 2 60 4 33 4 4° 7 33 au mots de inars, époque de la plus grande
- Id. de haricots . 1 80 3 » 3 60 6 )) 5 4° Q » cherté des légumes.
- Id. pommes de terre et haricots. Le prix du charbon
- 1 80 3 w 3 10 5 *7 4 9° 8 *7 et de la main-d’œuvre
- Id. aux choux i 80 3 )> 2 7° 4 5o 4 5o 7 5o n’est pas compté. La quantité d’os
- Id. choux et pommes de terre. 1 80 3 » 2 35 3 9* 4 i5 6 91 employée 'représente
- Id. choux et haricots 1 80 3 » 2 85- 4 66 4 65 7 66 la gélatine qu’auraient fournie, pour les deux
- Id. lentilles 1 80 3 » 5 o5 8 42 6 85 I X 42 repas , 3q kilogram .
- Id. macaroni ou vermicelle. 1 80 3 » 5 45 9 08 7 25 12 08 5oo gram. de viande. On verra plus tard
- Id. au riz. . 1 80 3 » 4 90 8 *7 6 7° 11 17 qu’il est avantageux
- d’animaliser ces ra-
- Prix moyen. . . . . 1 80 3 » 3 62 6 o3 5 42 9 o3 goûts autant que "possible.
- Le tableau précédent est établi d’après la quantité des matières premières employées. J’ai cru utile de vérifier son exactitude par le dépouillement du livre d’ordinaire. En voici le résultat :
- L’ordinaire a reçu tant de divers que de la vente des rations de bouillon et ragoût, représentées par les jetons déposés pendant la semaine , et celles,
- vendues à l’extérieur................................. . . 616 f, 4<> c;f
- Son actif en argent, provisions et ustensiles est.de. „ ,. . . 440 , 45 II
- Différence, ou dépense totale. . . . . . iy5 f. 95 c.
- Il a été livré aux membres de l’ordinaire la quantité de mille six cent onze" rations de bouillon et mille six cent onze rations de ragoût ; mais dans ce nombre cinq cent soixante-seize rations de bouillon et ragoût, ont été livrées gratuitement. Si elles eussent été payées à 5 centimes les deux (1), l’actif serait augmenté de 14 fr. 40 centimes. .
- (1) Quoique la valeur du bouillon et du ragoût soit au dessus de 5 centimes, les ouvriers ne paient que ce prix : la perte est supportée par les sommes diverses données à l’établisse-^
- ment de l’ordinaire. - .... v . •
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- ( I07 )
- Il en résulte donc que les rations de soupe et de ragoût ont coûte ensemble io cent, au lieu de 9 cent. o3 centièmes , portés à l’état précédent. Cette différence de 97 centièmes de centime paraîtra naturelle, si l’on considère que les rations vendues à divers et payées en argent ne figurent pas dans le nombre porté plus haut, puisque celles-ci n ont été évaluées que d’après les jetons : les rations de ragoût non vendues ou non livrées sont toujours mises dans le bouillon du lendemain, sans que toutefois l’on tienne compte de cette augmentation de valeur.
- On a vu que dans toutes ces évaluations ne sont pas compris la valeur du charbon, le prix de la main-d’œuvre et l’intérêt du capital de l’appareil, .levais, pour compléter ce travail, indiquer ces diverses dépenses, en les calculant d’après celle nécessitée pour la nourriture de deux cents personnes.
- 75 litres de gélatine pour cent rations de bouillon et cent rations, de ragoût (attendu l’espace occupé par les légumes) nécessiteront l’emploi de ï 5 kilogrammes de houille pour la génération de la vapeur et 5 kilogrammes pour la cuisson du bouillon et du ragoût. Ces 20 kilogrammes coûteront. . . ............................. 80 cent.
- Prix de la main-d’œuvre d’une femme ou d’un manœuvre, nourriture comprise. . . . . 1 f. 5o
- En évaluant l’appareil à 1200 fr. et en calculant l’intérêt à 10 pour cent, celui d’une journée sera. .................................» 33 33 centièmes.
- Total général de l’augmentation par jour. 2 f. 63 cent. 33 centièmes.
- Augmentation de la ration de bouillon et
- de ragoût.............................. 1 cent. 3s centièmes.
- Le prix moyen, toutes dépenses comprises, deviendrait, d’après l’état précédent. ..... 10 35
- Si l’on veut même, pour éviter toute erreur, n’admettre comme positif que le résultat du dépouillement du livre d’ordinaire, ce prix ne
- pourra s’élever au dessus de. .... . . « . . n cent. 32 centièmes.
- Il est bon de se rendre compte des dépenses des ouvriers, afin de mieux apprécier les économies qu’ils sont à même de faire.
- L’ouvrier prend habituellement sa nourriture dans des auberges; il fournit toujours son pain, en dispose une certaine quantité dans un bol de la capacité d’un demi-litre environ ; l’aubergiste ne fournit que le bouillon, quelques légumes et un morceau de viande du poids de 5o à 60 grammes.
- i5.
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- Il n’est pas hors de propos de faire observer que cette viande provient, pour la plupart, des débris de table des restaurateurs, etc. Cette ration, appelée ordinaire, coûte 35 centimes'; elle ne suffit pas pour la journée, et un ouvrier y supplée habituellement par du fromage et alimens accessoires, etc., qu’on peut évaluer à io cent. Le terme moyen de la dépense totale est donc, pain non compris, de 45 cent. D’après l’état précédent, il y aura 35 centimes gi centièmes d’économie par jour.
- Lorsqu’un ouvrier prendra à l’ordinaire intérieur de la fabrique où il est employé un nombre de rations suffisant pour sa famille, l’importance de son économie sera naturellement en raison du nombre de personnes qu’il aura à nourrir : en voici un exemple :
- Un ouvrier de la Monnaie royale des médailles, dont la famille est composée de cinq personnes, dépensait, pour sa nourriture (pain non compris) du dimanche au mercredi inclusivement,
- i°. 6 livres de viande à 45 cent, pour son bouillon. ... 2 fr. 70 c.
- 20. Légumes, sel, etc..* .......... • * ......... » 20
- 3°. Alimens accessoires , tels que haricots, pommes de terre, salade, fromage, fruits, etc., à 20 c. par tête et par jour ; ci pour quatre jours.......................... 4 w
- Total pour quatre jours.. ......... 6 fr. go c.
- D’après le nouvel état des choses :
- i°. 2 litres et demi de bouillon chaque matin, et 2 litres et demi de ragoût à deux heures à 5 c. (1); pour quatre
- jours..................................................... » fr. 5o c.
- 20. Une livre et demie de viande par jour , pour faire un ; ragoût ou mettre à la broche, etc., le soir, pour quatre jours,
- comme ci-dessus.......................... . . > 2 70
- Total pour quatre jours. ........ 3 fr. 20 c.
- Économie par mois de vingt-six jours de travail. . . ., . 24 fr. 5
- ïd. par an (2).............. ... . . . . . .... . 288 60
- Il est à remarquer que l’économie ne porte que sur les alimens acces-
- (1) Voir la note de la page 106. ' ’ ' : i .:-
- (2) Si les alimens étaient payés non d’après l’état page ro6 , mais d’après le prix de 11 cen-
- times 32 centièmes, établi page 107, l’économie par an n’en serait pas moins de 23g francs 3o centimes. , : • - •
- Si cette famille se nourrissait uniquement pendant la semaine de légumes fortement ani—
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- soires de mauvaise qualité, remplacés par des alimens excellens, et que dans cette hypothèse la consommation de viande de 6 livres pour quatre jours reste la même. '
- Cette économie paraîtra bien plus importante, si l’on considère la position des ouvriers, dont les plus rétribués ne gagnent que io5o fr. ; on sentira que c’est le quart d’augmentation dans leur existence.
- Je dois développer les moyens à employer pour obtenir des diminutions et recouvrer une partie de la valeur des os; je parlerai ensuite de l’avantage qu’il y aurait de n’employer que des dissolutions de gélatine concentrées , dût-on même augmenter le prix des rations.
- Un établissement de ce genre, quoiqu’il doive être organisé de manière à ce que les rentrées couvrent les dépenses, ne peut prospérer et même s’établir, si l’on n’a créé un fonds de réserve destiné à faire des provisions, et à parer aux cas fortuits ; il doit être calculé à raison de ia à 20 JK par homme. Si l’on est privé de cette ressource, on est obligé d’acheter au détail des légumes, etc., qui, passant par plusieurs mains, doublent et triplent de valeur avant d’arriver au consommateur. Sentant l’importance de cette précaution, je donnai l’exemple et je provoquai une souscription parmi les fonctionnaires de la Monnaie des médailles. M. le vicomte de Larochefoucauld, directeur général des Beaux-Arts, ajouta ïOO fr. à la somme déjà en caisse. M. le baron de la Bouilleriex intendant général de la Maison du Roi, ayant eu indirectement connaissance de l’établissement que je formais, me fît appeler. Ce ministre, frappé des avantages qu’offrait cette institution, m’autorisa à lui présenter un rapport j et sur sa proposition, le Roi, dont la bonté et la bienveillance paternelles s’étendent sur toutes les choses utiles, a ajouté au nombre de ses bienfaits une rente annuelle de 3oo fr. J’ai pu dès lors acheter des légumes en gros, réaliser de fortes économies, passer un marché pour la fourniture des os, donner des dissolutions de gélatine concentrées,, établir dans les prix une fixité que n’admettait pas la différence des saisons ou le haut prix de certains légumes. J’ai pu aussi établir des primes d’encouragement en faveur des ouvriers qui, dans l’année, réaliseraient les plus fortes économies.
- Il paraîtra peut-être singulier que la consommation d’os n’étant environ que de 6 à 7 kilogr. par jour, j’aie cru utile de passer un marché. Je me procurais ces os dans le quartier et dans les auberges fréquentées précé-
- malisés, et ne mangeait de la viande que le dimanehe, elle pourrait prendre un nombre double de rations, et son économie serait de 36i fr. 60 c. ' Voir la note page 115. )
- /
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- demment par les ouvriers; mais les aubergistes s’étant bientôt aperçus qu’ils fournissaient des armes contre eux-mêmes, je fus privé de cette ressource et obligé d’aller faire mes provisions dans un quartier éloigné. J’ai calculé dans le tableau des prix la quantité d’os à i franc par jour ou 5 kilogr. (2 kilogr. et demi le matin etri kilogr. et demi à deux heures pour le ragoût). Cette quantité suffit seule à la consommation ; le reste est employé à faire de la gélatine destinée à la vente : le prix du litre est fixé à 10 cent. ; il renferme 60 grammes de gélatine sèche, et quoiqu’elle se vende huit ou dix fois au dessous du cours de la gélatine obtenue par les acides, il y a sur cette vente un bénéfice de i45 à i5o pour 100, qui tourne en entier au profit de l’ordinaire ; ^e n’ai pas dû le faire entrer en déduction de dépense dans mes calculs, parce que ce nouveau débouché n’est pas encore établi d’une manière fixe : le temps et l’habitude suffiront.
- J’ai trouvé un grand avantage à concentrer dans les cylindres la dissolution de gélatine ; les alimens étant ainsi plus animalisés, la consommation du pain diminue : des raisonnemens théoriques exacts peuvent servir à démontrer la possibilité de ce résultat. Les substances végétales fortement animalisées peuvent être considérées comme une viande artificielle : leurs parties farineuses remplacent la fibrine, et la dissolution de gélatine concentrée qu’ils renferment fournit à l’économie animale une énorme quantité de sucs nourriciers. L’expérience commence à confirmer entièrement ces prévisions. Ces résultats n’ont pu être évidens dès les premiers jours; mais ils deviennent de plus en plus sensibles : en voici deux exemples, et je pourrais en citer quelques autres qui en sont les modifications. Ces modifications consistent en un appétit généralement moins prononcé, en une diminution sensible dans la consommation faite dans le repas du soir, etc. L’état de santé, dans tous les cas, a été le même, et la force musculaire de chaque individu a bien plutôt éprouvé un développement qu’une diminution quelconque, .
- Voici les deux exemples que je crois utile de citer : .
- Premier exemple. Un ouvrier de dix-sept ans et demi, qui vivait à l’auberge avant l’établissement de l’ordinaire intérieur, dépensait par jour ,
- savoir: >
- i°. Un ordinaire ou portion d’auberge, le matin. ...... 35 c.
- 20. Une portion de légumes, à deux heures. , . . . , . . » ; 5 3o
- 5°, Une portion, id. pour le soir. ....................« 3o
- 4°. Un pain de 4 livres pour deux jours, au prix moyen pour Paris de 80 cent. : pour un jour. 4°
- 1 f'r. 55 c,
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- Depuis que ce même ouvrier vit à l’ordinaire, sa dépense journalière
- a éprouvé les modifications suivantes : .
- T°. Bouillon le matin: pour tremper la soupe., pour laquelle il fournit ie pain, et deux rations de ragoût formant son repas de deux heures et son
- souper. ................. . . • ............. io cent, (i)
- 2°. Un pain de 4 livres pour trois jours, à 8o centimes, comme ci-dessus, ce qui donne par
- .......... .........................26 60
- jour.
- 56 cent. 60 centièmes.
- Économie de pain par jour.. ....... l3 cent* 4° centièmes.
- Jd. totale par jour. .... • • * • • • • 9^ 4°
- Jd. par mois de vingt-six jours de travail. s5 f. 48 4o
- Jd. par année.........................3o3 W
- Cet ouvrier ne gagne que 2 fr. par jour et 5a fr. par mois de vingt-six jours de travail ; son livret prouve que, depuis le 20 janvier, où a commencé l’ordinaire jusqu’au 8 avril, il a déjà placé à la Caisse d’épargne et d’accumulation la somme de 70 francs.
- Deuxième exemple. Un autre ouvrier, âgé de trente-six ans, consommait, avant l’établissement de l’ordinaire, alternativement cinq et six pains de 4 livres par mois sa dépense moyenne était donc de cinq pains et demi valant au prix établi dans l’exemple précédent, 4 fr. 4o c. Sa consommation journalière était de. . . . . . . . ... • • 16 cent. 92 centièmes.
- Lait à neuf heures. .............. »
- Alimens divers tels que fromage, salade, fruits,
- pommes cuites, etc. ...... . . .... . * •• • - 20_______”__________
- 5i cent. 92 centièmes.
- jSf, fi. Cet ouvrier est marié et prend son troisième repas dans sa famille, qui habite un quartier fort éloigné.
- Depuis 1’établissement de Fordinaire, le même ouvrier ne consomme plus que de quatre à cinq pains de 4 livres par mois : en admettant les prix et conditions ci-dessus, sa dépende journalière n’est en pain que de. . . • < « - * • * * * * * • • • • < • > * • i3 cent, 84 centièmes.
- Bouillon pour tremper la soupe, et une ra-
- Report . . ... . 15 cent. 84 centièmes.
- (1) Voir la note de la page 106. ‘ ;
- ' (2) Cet ouvrier n’a pas mangé de viande depuis l’établissement de l’ordinaire. ( Voir la note page m5„)
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- D’autre part . . i i3 cent. 8/j centièmes, tion de ragoût à deux heures........... 5 » (i)
- 18 cent. 84 centièmes.
- Économie de pain par jour. ... . ... 3 cent. 08 centièmes.
- Id. totale par jour. 32 08
- Id. par mois de vingt-six jours.. .... 8 f. 98 08
- Id. par année. .................. . . . . 107 76 • 96 (2).
- Les pâtes telles que macaroni, vermicelle, etc., le riz, offrent ce résultat d’une manière bien plus positive. Quoique les rations de ce genre soient d’un prix plus élevé, les ouvriers les préfèrent et les demandent, non pas tant à cause de leur goût ou de leur saveur, mais parce qu’ils ont remarqué que lorsqu’ils en prenaient la consommation du pain était presque nulle (3). • • . , ,
- A ces considérations pécuniaires se joint un autre avantage du plus grand intérêt et de la plus haute importance, si on le considère uniquement sous le rapport de la morale, celui de préserver les ouvriers d’une occasion non interrompue de dérangemens et qui peut devenir la source de mauvaises habitudes et de vices dont les suites sont incalculables. L’ouvrier qui prend sa nourriture à l’auberge peut se laisser entraîner à l’usage immodéré du vin et des liqueurs fortes. Ces excès énervent sa santé, abrutissent ses facultés, pervertissent son cœur et son caractère et rendent ses ressources insuffisantes pour ses nouveaux besoins. Des privations sans nombre sont bientôt imposées à une famille entière pour assouvir le vice d’un seul homme, et ce vice le privera bientôt des ressources que son travail et une conduite régulière lui auraient procurées. L’établissement de l’ordinaire intérieur prévient cette cause de dérangemens. L’ouvrier est obligé de verser dans sa famille le fruit de ses économies, parce que, payé au mois, elles se sont accumulées et qu’il lui serait difficile de
- (1) Voir la note, page 106.
- (2) On voit par les exemples cités que le genre de nourriture des ouvriers diffère, et l’économie doit nécessairement éprouver ces variations.
- (3) 200 grammes de macaroni, préparés à la gélatine et coûtant 8 centimes 16 centièmes, suffisent pour la nourriture d’un homme pendant toute la journée , et remplacent plus d’une livre et demie de pain dans sa consommation. Le riz, le vermicelle, etc., offrent les mêmes avantages. Cet homme , vivant de pain et d’eau , consommerait à Paris , dans ce moment, au moins 2 livres de pain valant 5o centimes. Cette observation est aussi importante sous le rapport de l’économie que sous celui de l’hygiène. On obtiendrait le même résultat avec une dépense de 3o à 35 cent., en employant de la gélatine extraite par le moyen des acides. Oi* peut se procurer cette gélatine chez M. Fontaine, à l’île des Cygnes, à Paris. .
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- les dépenser en un seul jour. Cette mesure atteint donc un double but, celui de grossir son épargne et de lui éviter l’occasion de contracter de mauvaises habitudes, occasion dont il triomphe rarement.
- Lors même enfin que l’ouvrier négligerait un moyen si commode de réaliser des économies, il est probable que cette différence dans les dépenses journalières servirait à préparer chaque soir un aliment plus succulent. Sa famille le partagera, tandis que quand il vit au cabaret, elle supporte seule des privations, suite de l’économie imposée par les excès de son chef.
- L’économie par homme est, comme on l’a vu plus haut, de 56 centimes environ par jour. Il était à désirer que cette somme fut destinée à former un capital. Je ne pouvais considérer mon but comme rempli, si, en donnant aux ouvriers le moyen de faire des économies, je leur fournissais en même temps l’occasion de se créer de nouveaux besoins. Je leur exposai la facilité qu’ils avaient de réaliser, au bout de quelques années, une assez forte somme sans s’imposer des privations nouvelles ; je leur prouvai qu’en, économisant 20 cent, par jour seulement, ils auraient au bout de l’année 72 fr., et au bout de dix ans, près de 1000 fr. Profitant d’un moment favorable, je réchauffai les bonnes dispositions qui commençaient à se manifester, en établissant des primes pour ceux qui dans l’année auraient économisé plus que la somme fixée. Mes efforts ne furent pas infructueux, et le dimanche suivant, diverses sommes furent portées à la Caisse d’épargne : j’ai lieu de croire que ce premier exemple sera généralement suivi. Les primes sont prélevées sur le fonds commun que les bontés du Roi ont mis à ma disposition. D’autres établissemens qui n’auraient pas cette ressource pourraient la créer en fixant le prix de chaque ration à un centime ou une fraction de centime au dessus de leur valeur réelle. Le nombre d’hommes mangeant à l’ordinaire servirait à déterminer la quotité de cette augmentation.
- Cette mesure doit faire naître dans la classe ouvrière le goût et l’habitude de l’économie, qualité malheureusement presque ignorée chez elle. L’ouvrier économe est rarement vicieux, ses économies sont un cautionnement qui répond de sa probité et de son exactitude. Cette mesure ne saurait donc être assez encouragée tant dans l’intérêt des ouvriers et de leur famille que dans celui de leur maître.
- La question de salubrité est établie d’une manière spéciale dans le rapport fait à la Faculté de médecine, le 13 décembre 1814, par MM. Leroux, Dubois, Pelleian, Duméril et Vauquelin : il suffira d’en citer quelques phrases (1).
- (1) Voyez Bulletin de la Société , treizième année ( 181P- 292. L^ingt-huitième année. Mars 182g. 16
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- (. *i-4 }. .
- k L’expérience la plus convaincante et à laquelle tout le monde doit se » rendre, c’est celle qui a été faite sous nos jeux, pendant trois mois, » a l’Hospice de Clinique interne de la Faculté. On a préparé le bouillon » avec le quart de la viande qu’on emploie ordinairement ; on a remplacé » avec de la gélatine et des légumes les trois autres quarts , qu’on a donnés » en rôti; et les malades, les convalescëns et même les gens de service » n’ont pas aperçu de différence entre ce bouillon et celui qu’on leur don-» nait précédemment ; ils ont été aussi abondamment nourris et très satis-» faits d’avoir du rôti au lieu de bouilli.... Quant à la seconde partie, la » salubrité du bouillon , nous pouvons assurer que des quarante personnes » qui en ont fait usage pendant trois mois, pas une n’a éprouvé quoi que ce )) soit qui puisse être raisonnablement attribué a la gélatine... Nous sommes » donc en droit de conclure avec certitude que non seulement la gélatine » est nourrissante, facile à digérer, mais encore qu’elle est très salubre, » et ne peut, employée comme le propose M. D’Areet, produire, par son » usage, aucun mauvais effet dans l’économie animale. »
- L’application de ce procédé doit de jour en jour devenir plus générale , si l’on peut préjuger ses succès d’après ceux qu’obtinrent les soupes économiques, bien qu’il existe une différence essentielle entre ces alimens, L’un fournit à l’homme une nourriture saine et fortement animalisée, et l’autre leste seulement l’estomac avec des substances inertes, renfermant peu de principes nutritifs : dans ce dernier cas, l’abondance devient insuffisance et même pénurie pour l’économie animale (i).
- On peut également employer la gélatine seule comme aliment, et ce
- (i) Les soupes connues sous le nom de soupes économiques ne renferment que des substances végétales contenant excessivement peu d’azote et de la graisse ou beurre, qui, quoique substances animales, ne renferment pas ce principe. Ces soupes s’aigrissent èn quelques heures et fatiguent à la longue l’estomac par un volume hors de proportion avee les substances nutritives qu’elles renferment. : ;
- Il est aujourd’hui démontré que les alimens qui ne contiennent pas d’azote ou qui en contiennent peu ne suffisent pas à la nourriture de l’homme et des animaux.
- On trouve un grand nombre d’observations et d’expériences importantes sur ce sujet dans un Mémoire lu à l’Académie des Sciences , en 1816, par un de nos plus savans physiologistes, M. Magendie. Des chiens, nourris avec des substances non azotées et de l’eau distillée, n’ont vécu que trente—deux à trente-six jours. Il est à remarquer qu’un chien peut vivre dix à douze jours privé de tout aliment.
- Aux faits cités.par M. Magendie j’ajouterai qu’en 1816, à l’époque de la plus grande cherté des grains, M. Sivard de Beaulieu, administrateur des monnaies, à Paris, ayant essayé de nourrir ses chiens de chasse avec des pommes de terre et d’autres légumes , en perdit deux sur sept ou huit qu’il avait ; les autres étaient si faibles qu’ils ne pouvaient plus se traîner , et le hasard ayant fait qu’on leur donnât de la viande , ils se rétablirent promptement.
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- (.i5)
- mode est le plus convenable pour les établissemens de charité, dont le but est bien plus de multiplier les secours que de donner des alimens d’un goût recherché. Ce mode convient aussi pour les ordinaires établis dans les fabriques ; on évite de la sorte l’écueil qu’offriraient les difficultés d’une répartition égale dans la masse, de la viande employée à raison de 20 gram. à peu près par tête. L’unique but de cette institution doit être de donner
- En décembre 1793, le vaisseau le Caton fit rencontre, à trois cents lieues des côtes de France, d’une galiote de Hambourg, démâtée et presque entièrement coulée par une tempête. La partie de l’arrière du navire, nommée couronnement, était seule restée au dessus de l’eau. Cinq hommes qui s’y étaient réfugiés n’avaient eu pour nourriture , pendant neuf jours que du sucre et une très petite quantité de rhum. M. Moreau de donnes , qui, depuis long-temps s’occupe avec succès d’hygiène militaire, était dans une des embarcations qui recueillit ces malheureux. Leur faiblesse était si grande , qu’à l’exception des plus jeunes , ils pouvaient à peine se prêter à faire ce qu’il fallait pour quitter le vaisseau naufragé : malgré les soins qu’on leur prodigua, les trois plus âgés moururent à Lorient.
- Le médecin anglais Stark, voulant apprécier la propriété nutritive du sucre, s’en nourrit exclusivement pendant un mois environ ; mais au bout de ce temps il fut obligé d’y renoncer. Il était devenu très faible et bouffi; son visage présentait des taches rouges, livides, qui semblaient annoncer une ulcération prochaine : il est mort peu de temps après son expérience , et les personnes qui l’ont connu pensent qu’il en a été victime.
- M. Clouet, connu par des travaux importans sur l’acier, voulut se nourrir seulement de pommes de terre et d’eau : au bout d’un mois sa faiblesse était extrême ; il fut obligé de reprendre la nourriture azotée et se rétablit en quelques semaines.
- Tous ces faits prouvent la nécessité de joindre aux alimens privés d’azote des alimens contenant ce principe. Il est incontestable qu’aucun aliment azoté n’offre plus d’avantages que la gélatine pour animaliser en quelque sorte les substances végétales. Quelques personnes demanderont sans doute si l’on a essayé de nourrir des chiens à la gélatine et à l’eau distillée , MM. D’Arcet et Robert, ont fait cette expérience. Un chien est resté cinquante-quatre jours environ enfermé dans une chambre et a été nourri de cette manière : il en est sorti bien portant. On lui avait d’abord donné 12 onces de gélatine, on la réduisit à 3 onces, quantité qui fut suffisante pour le nourrir.
- Ce qui précède est extrait de l’intéressant Mémoire de M. Michelot sur l’emploi de la gélatine , publié dans la Revue encyclopédique, année 1822.
- Je dois ajouter que , dès le sixième jour, le chien dont il est question cessa de rendre des excrémens d’aucuue nature, et il n’en conserva pas moins sa gaîté et son appétit ordinaires. La négligence de là personne qui le soignait permit à ce chien de s’échapper et fit perdre les observations physiologiques qui auraient été le résultat de l’examen de ses intestins. Il est probable que cet animal aura succombé à une indigestion , suite de l’inactivité prolongée où s’était trouvée une partie des organes.
- On a remarqué souvent des effets opposés, qui étaient le résultat de l’usage exclusif des soupes économiques, et, dans beaucoup de cas, de diarrhées qui auraient pu prendre uu caractère alarmant, ont oblige d en suspendre 1 usage.
- À ces considérations on peut en joindre une autre, puisée dans la différence de nature
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- aux ouvriers les moins fortunes le moyen de subvenir aux besoins de leurs familles, et il est facile à ceux qui ont des ressources étrangères d’employer les économies de la journée à se procurer des alimens plus savoureux, qu’ils peuvent consommer le soir dans leur intérieur. ^
- L’emploi de la gélatine seule avec la quantité convenable de légumes suffit pour former des bouillons fort agréables au goût. On peut, comme le propose M. Braconnot, lui donner celui du bouillon de viande en employant du sel composé de deux parties de muriate de soude (ou sel ordinaire) et d’une partie de muriate de potasse. Cela ne peut offrir aucun inconvénient, puisque ce dernier sel se trouve dans les bouillons de viande : la seule différence qui existe encore est l’absence de l’arôme connu sous le nom d’oj-mazome. Cette différence n’est d’aucune importance sous le rapport nutritif et sous le rapport sanitaire : un palais délicat peut seul l’apprécier. L’os-mazome est très volatil et se dégage à 60 ou 70 degrés de température ( 1}. Cet arôme doit se trouver rarement dans les soupes des établissemens publics , dans celles des collèges, même dans celles des ménages, quand elles sont faites sans soin ou en trop grande quantité : il n’existe pas dans la chair du veau, dans celle du cochon et des volailles, qui sont cependant fort nourrissantes.
- On peut remplacer les légumes verts , quelquefois fort rares, par l’emploi de leurs graines : il me serait difficile de pouvoir en déterminer les proportions, elles doivent être subordonnées au goût des consommateurs. Une très petite quantité de graine est suffisante ; le meilleur moyen de les employer est de les renfermer dans une boîte d’étain percée de beaucoup de petits trous , ou même dans un sac de crin, que l’on a la faculté de retirer lorsque le liquide paraît suffisamment aromatisé. Je me suis aperçu que leur usage était peu convenable pour la soupe , mais fort utile pour les ragoûts de légumes. On peut substituer aux graines une préparation connue sous le nom de racines potagères , etc. La qualité des alimens compense le supplément de dépense (2).
- existant entre les inspirations de l’homme et ses expirations , et la nécessité où il est de prendre des substances azotées pour réparer la déperdition continue qu’éprouve chacun de ses organes.
- Enfin un ouvrier de la Monnaie , désirant augmenter ses économies , a pris le parti de ne plus manger de viande : il prend chaque jour deux rations ; l’une fait ses repas de la journée et l’autre celui du soir. Tl a vécu ainsi depuis le x 1 février jusqu’au 19 avril : sa santé 11’a éprouvé aucune altération et il a même engraissé. Ce fait vient à l’appui des observations consignées plus haut, page 110. C’est de ce même ouvrier qu’il est question, exemple Ier., même page. ,
- (1) Les bonnes cuisinières ont le soin de ne jamais laisser trop bouillir leur pot.
- (2) Ces préparations faites par M. Duvergier se vendent rue Sainte-Appoline. (Voir à ce sujet le Rapport fait à la Société d’Encouragement, Bulletin année 1822 , p, 227.)
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- L’emploi de la gélatine obtenue par la vapeur doit présenter d’énormes avantages pour les hôpitaux, les pensionnats, etc. (i), qui, obligés de consommer une certaine quantité de viande, trouvent ainsi le moyen d’utiliser des os qui étaient entièrement perdus ou vendus à vil prix. Un kilogramme d’os fournit une quantité de gélatine égale à celle que fourniraient 7 kilogrammes et demi de viande (2). Le kilogramme d’os doit donner en outre 100 grammes de graisse environ. Il est donc facile de réaliser de fortes économies ou d’améliorer le régime alimentaire en remplaçant les viandes bouillies par des viandes rôties et d’animaliser davantage les ragoûts.
- Un récipient ou cylindre ayant un mètre carré de surface produira par heure au moins un kilogramme de dissolution de gélatine, se prenant en gelée , et suffisant pour préparer le bouillon ou pour annualiser dix rations de soupe. En employant quatre récipiens, on aurait quarante bouillons par heure ou neuf cent soixante bouillons par jour, ce qui sera plus que suffisant pour un hôpital ordinaire. La consommation ne sera que de 32 kilog. d’os par vingt-quatre heures : ces os donneront une quantité de graisse assez considérable pour pouvoir fournir aux besoins de l’établissement. On peut établir .ainsi qu’il suit le compte du travail de vingt-quatre heures.
- 32 kilogrammes d’os au prix auquel les hôpitaux de Paris les ven-
- dent. ................ . . . . . . . . . . . ... 2 f. 87 c.
- 16 kilog. de houille*. . . .. .................. 80
- Deux journées d’ouvrier. .................. 4 »
- Intérêt à 10 p. 100 de la valeur de l’appareil. .» 28
- Total. ....... 7 f. g5 c.
- (1) Il serait bon , dans les hôpitaux , de charger le pharmacien du soin de vérifier, chaque jour, le titre du bouillon. La condensation étant subordonnée au degré de la température de l’air environnant et au plus ou moins de pression de la vapeur produite par la chaudière, la quantité de matières animales renfermées dans les bouillons devra être subordonnée à ces diverses circonstances. Une simple évaporation suffit pour l’apprécier exactement. Si l’on ne prenait pas cette sage précaution , il pourrait arriver qu’à dosage égal on donnât deux et trois prises de bouillon à la fois à un malade. Dans les établissemens qui ne renferment que des gens valides, «cette précaution devient inutile.
- (2) 7 kilogrammes et demi de viande donneraient trente bpuillons : des expériences positives prouvent qu’un kilogramme d’os en donnerait autant, et ce résultat est connu depuis près d’un siècle et demi, puisque Papin avait retiré i5 livres de gelée d’une livre de râpure d’ivoire , 2e. section , page 19.
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- Chaque ration de bouillon ne coûtera donc que 83 centièmes de èén-tiïne(l). ‘ r ’K’:' v J "s ' ' :•
- Leâ ateliers de lamariiie, les établissemens qui en dépendent peuvent y trouver des avantages analogues; ils seront encore plus sensibles à bord des bâtiniens de guerre et de commerce. La cuisine pourra être rétrécie, des chaudières placées sur le pont fourniraient là vapeur* des marmites chauffées à la vapeur serviraient à préparer tes alimens»: dans un des points les moins utiles de l’entrepont, on pourrait disposer six cylindres, dans quatre desquels ôn ferait la gélatine : ce local servirait de chauffoir pour les matelots, et cette ressource serait inappréciable à la suite des gros temps ou d’un quart froid ou humide (V: ; avec le cinquième et le sixième cylindre, considérés comme objets de rechange , on pourrait blanchir à la vapeur le
- (1) Le prix du demi-litre de bouillon non aromatisé, étant de 83 centièmes de centime ,
- le kilogramme de gelée qui a servi à en annualiser 10 coulera 8 centimes ou 6 liards environ. . , , c : ' ,, '
- ; L’exactitude de ce calcul se trouve en rapport av-ec les expériences faites par Papin. Voici comment il s’exprime, page 114 : • - , r . . .
- « Or, dans Paris, où quelques traiteurs tiennent toujours de la gelée prête pour ceux » qui en veulent acheter, on la vend communément 20 sous la livre ; mais dans Londres,
- » où l’on n’en-fait que quand on la demande, les apothicaires la vendent 2 scbeîlings :
- » ce serait donc rendre un bon service au public, si quelqu’un entreprenait de fournir la » gelée à 4 sous la livre; cependant un homme pourrait à ce prix-là faire, par jour, pour
- » environ 20 livres tournois de gelée avec une telle machine. ,
- » Le feu ne coûterait pas 6 sous et on aurait aussi les os et un peu de corne de cerf à bon -» marché, n’étant pas nécessaire de les râper; il ne faut pas non plus beaucoup de sucre
- » pour la gelée; mais supposons que la dépense monte à 8 Jivres tournois par jour, il restera
- 1» toujours 4 éeus de profit pour le maître de la machine , et ainsi, en quatre jours de temps ,
- >> il pourra être remboursé de la dépense de l’achat ; et un homme seul pourrait faire tra-» vailier cinq ou six machines à la fois, et les employer pour divers usages, dont quelques » uns seraient peut-être de plus grand profit que de faire de la gelée. Il ne faut donc point » douter que ceux qui auront les avances nécessaires pour travailler à bon escient à ees sortes » de choses y pourront faire parfaitement leurs affaires, et en même temps rendre service » au public. »
- (2) Cette disposition serait doublement avantageuse aux bâtimens qui vont à la pêche de la
- morne. Le chauffoir paraîtrait d’autant plus utile que le climat en ferait mieux apprécier la commodité , et les grandes arêtes et les têtes de morues qui sont jetées à la mer pourraient , étant placées dans les cylindres, être transformées en colle de poisson ou être employées à la nourriture de l’équipage. : i * ;
- Les arêtes de poisson fournissent une grande quantité de gélatine; mais il est important de pe les employer que lorsqu’elles sont très fraîches , la moindre fermentation suffit pour flpnner à la gélatine une odeur infecte. '•
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- lioge de l’équipage. Deux autres cylindres ou récipiens, de forme élégante, placés l’un dans la chambre du commandant, l’autre dans celle des officiers, serviraient de Calorifères, et l’eau condensée, devenue potable par sa distillation, offrirait une ressource utile à l’équipage. Tout l’appareil, ayant des jonctions mobiles, pourrait être démonté pendant l’été et être placé où l’on voudrait. Un kilogramme de charbon doit volatiliser au moins 5 kilogrammes d’eau ; en considérant la dissolution de gélatine et l’eau distillée sous le même rapport, puisqu’elles remplacent l’eau mise dans le bouillon et l’eau potable, on doit en conclure que le charbon embarqué serait bien plutôt un allégement qu’une surcharge pour le bâtiment. U en serait de même des os, puisqu’à poids égal ils renferment sept fois et demie plus de bouillon que la viande. M D'Arcet (i) indique comme un moyen de conservation pour un temps,indéfini un procédé qui consiste à tremper les os dans une dissolution de gélatine concentrée; une enveloppe de gélatine en couvre toutes les parties et les met à l’abri du contact de l’air. On peut également les conserver dans de l’eau contenant le quart de son poids de sel commun (hydrochlorate de soude). J’ai employé ce moyen, et bien qu’au bout d’un mois il se soit manifesté une odeur assez forte (pour des gens habitués à ne manger que de la viande fraîche), cette odeur se volatilisait dans l’ébullition et la dissolution de gélatine n’en conservait pas la moindre trace. Cette odeur est due à la saumure, et si on a la précaution de laver les os avant de les mettre dans le cylindre, l’odeur disparaît en partie (2).
- L’adoption de ce procédé à bord des bâtimens permettrait de diminuer l’étendue des cuisines. L’appareil que j’ai construit à la Monnaie royale des médailles et qui renferme deux chaudières à vapeur et accessoires, divers cylindres de forme et de dimension variées, peut suffire à la nonr-
- (x) D’après le procédé pour la conservation des viandes, qui a servi de base à la patente prise, en x 808, par M. Plowden. *
- (2) Lorsque je renouvelai cette expérience devant MM. les Membres du Comité des arts économiques, la gélatine sortie des cylindres conservait une odeur presque aussi désagréable-que celle des os. Etonné de ce résultat, je dus enl’ecbercber la cause, et je crus devoir l’attribuer à ce que le cylindre venant d’être chargé, la dissolution n’avait sans doute pas eu le temps de bouillir suffisamment, et à ce qu’elle devait être en partie composée de la saumure qui restait à la surface des os. J’en mis en présence de ces Messieurs une certaine quantité dans une casserole , et dès qu’elle eut bouilli à l’air libre , l’odeur diminua d’une manière si sensible qu’il n’y eut plus à douter du résultat. Le bouillon du lendemain, fait avec cette gélatine, n’avait aucune odeur de pourri ni aucun goût désagréable. (Voyez la note au bas de la page 121.)
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- riture de cent vingt personnes (1). Il est établi dans une armoire ayant 160 décimètres carrés, ou i5 pieds 18 pouces carrés de surface. L’emplace-„ ment occupé par les chaudières et les marmites n’a que 73 décimètres carrés, ou 7 pieds carrés; cette partie de l’appareil doit seule être placée sur le pont, puisqu’on peut mettre indifféremment les cylindres dans l’endroit du bâtiment qui paraîtra le moins utile.
- Une augmentation d’un cinquième dans le diamètre des marmites et dans les dimensions des chaudières à vapeur rendrait cet appareil suffisant pour une corvette ou brick dont l’équipage serait de cent soixante-douze hommes. Si une prévoyance sage et éclairée engage à établir deux appareils semblables sur deux points différons , ils n’occuperont ensemble qu’un mètre 78 décimètres carrés ou 16 pieds 11 pouces carrés; ces deux appareils, fonctionnant à la fois, pourraient au besoin fournir trois cent quarante-quatre rations. ^ :
- En augmentant de i5 centimètres ou 6 pouces le diamètre des marmites et les dimensions des chaudières, les deux cuisines, placées comme ci-des-^ sus, pourraient fournir séparément deux cent soixante rations et ensemble cinq cent vingt rations. Ces deux cuisines n’occuperaient ensemble qu’une surface de im,84 décimètres carrés, ou 17 pieds un pouce carrés; elles suffiraient à l’équipage d’une frégate ordinaire.
- Une suite de calculs du même genre prouve que, pour une frégate de 60 canons, les deux cuisines 11’occuperont qu’un espace de 2m,gg carrés , ou 28 pieds un demi-pouce carrés : elles pourront fournir séparément cinq cent vingt rations et ensemble mille quarante. ; ' s
- Trois cuisines, ou deux cuisines à trois chaudières, de capacités égales à celles de la frégate de 60 canons, n’occuperont, à bord d’un vaisseau de 74? que 4m?4^ carrés, ou une toise 6 pieds carrés, et donneront un nombre de rations qui de cinq cent vingt peut aller jusqu’à mille cinq cent soixante.
- Quatre cuisines séparées, ou plutôt deux cuisines à quatre chaudières chaque (comme ci-dessus), peuvent, à bord d’un vaisseau de 120, fournir jusqu’à deux mille quatre-vingts rations; la surface qu’elles occuperont sera de 5m,g8 carrés, ou d’une toise 20 pieds carrés.
- J’ai cru prudent de multiplier le nombre des foyers et des chaudières à vapeur, quoiqu’un seul foyer puisse chauffer les chaudières voisines, qui se trouvent à volonté toutes liées ensemble et ne faisant qu’un seul corps , ou formant chacune un appareil séparé, (Voyez la description des plans de l’appareil.)
- (1) En fixait les rations à un demi-îitre.
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- J’aurais pu augmenter successivement les dimensions des divers appareils, comme je l’ai fait pour les bâtimens d’ordre inferieur, et éviter ainsi de trop les multiplier. Je me suis arrêté à la frégate de 60 canons, parce qu’une marmite plus grande aurait pu devenir embarrassante : elle eut occupé plus de volume .et il eût été impossible de la faire en fer-blanc. Du reste la multiplicité des appareils multiplie également les ressources et donne la facilité de préparer en même temps des alimens de différens genres. Cette considération ne sera pas dédaignée, si l’on tient compte de l’avantage qu’il y a à préparer séparément certains légumes, qui, quoique fort bons seuls, perdent leur qualité par un mélange que la nécessité oblige de faire quelquefois.
- Ces appareils donnent la facilité de précipiter ou de ralentir la cuisson des alimens. Si l’on met les légumes à sec dans la marmite, on peut les faire cuire dans trente à trente-cinq minutes, à la vapeur; en y ajoutant ensuite la gélatine, on peut manger la soupe ou le ragoût dès que la température est arrivée à soixante-dix degrés, c’est à dire une heure après le commencement de l’opération. Si l’on fait marcher la marmite au bain-marie, la cuisson exige un peu moins que le temps ordinaire. Si l’on veut au contraire manger d’excellens potages comparables aux meilleures préparations de ce genre, on mettra dans la marmite ioo grammes de viande fraîche (boeuf) pour un litre de gélatine et on les fera bouillir avec un bain d’air échauffé (i) ; la gélatine prendra tout l’osmazome ou arôme de la viande, que la température peu élevée et la fermeture de l’appareil empêcheront de se volatiliser. Ces potages ne seront parfaits qu’au bout de dix à douze heures de cuisson. 11 est inutile enfin de parler des avantages qu’offriront des vases clos et avec pression dans les roulis du bâtiment. On verra aussi, dans la description du fourneau, que j’ai ménagé le moyen de faire marcher l’appareil avec la vapeur produite par une chaudière employée pour une machine ou un chauffage à la vapeur. On sentira que cette précaution ne sera pas sans utilité à bord d’un bâtiment à vapeur, et que, dans le cas d’accident survenu à la chaudière principale, celle du fourneau n’en est pas moins indépendante.
- On peut considérer 1 usage de cet appareil comme une précieuse ressource dans certains cas malheureusement trop fréquens, lorsque la santé et même la vie de l’équipage sont compromises soit par l’usage exclusif des viandes salees, par le manque absolu d’eau potable, ou de vivres viande.
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- (i) Dans ce cas, l'ébullition sera bien moins vive.
- Vingt-huitième année. Mars 1829.
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- Dans le premier cas, cet appareil permettra non seulement de diminuer la consommation des viandes salëes, puisque les os de la veille deviennent un aliment pour le lendemain; mais encore il donnera la facilité de varier la nourriture de l’équipage. La salaison peut altérer la qualité de la viande, racornir la fibrine qu’elle contient, changer les proportions de ses principes constituans ; mais son effet doit être infiniment moindre sur les os. La cohésion de leurs molécules ne peut lui permettre d’agir à une grande profondeur, et l’on est donc porté à croire que la gélatine extraite des os de la viande salée est la même sous tous les rapports que celle qui est fournie par ceux de la viande fraîche (i). >
- On pourra ainsi, tout en utilisant les os de la veille, varier en même
- (i) Des os qui, depuis un mais, étaient dans de saumure, ont fourni à la Monnaie des médailles de la gélatine semblable à celle de la viande fraîche’. Lorsque je fis cette expérience, j’ignorais celle qu’avait faite Papin; je crois devoir la citer. \
- « Expérience EU. Comme cette machine semble devoir être désormais un meuble néces-» saire sur les vaisseaux, où l’on a avec la viande la quantité d’os salés qu’on jette d’ordi-» naire, et dont on pourrait, au lieu de cela, tirer de bonne gelée fraîche , qui serait une » nourriture beaucoup plus saine que la viande même ,. j’ai voulu m’en assurer par expé— * rience. Je mis donc un jour dans une grande terrine une bonne quantité d’os, que je cou-» vris tous de sel, et après les avoir ainsi gardés l’espace de quinze jours , en sorte qu’ils » devaient être autant salés que des os le sauraient être , je les mis à dessaler dans de l’eau de » mer, de même qu’on dessale la viande sur les vaisseaux-, et les ayant ensuite mis à bouillir » dans la nouvelle machine, avec le double de leur poids d’eau douce , je poussai le feu jus-» qu’à faire évaporer la goutte d’eau en quatre secondes”, et je trouvai qu’il se fit de forte » gelée bonne et fraîche : je réitérai ensuite l’opération avec les= mêmes os et de nouvelle eau, » et j’eus encore de fort bonne gelée, de même que si les os n’eussent jamais été salés ; de .» sorte qu’il n’y a point à douter que, par le moyen de cette machine , on pourra avoir, sur » les vaisseaux, une nourriture dont la matière ne coûtera rien et qui sera pourtant meilleure » et plus saine que la viande, qui coûte cher, et cette matière ne causera même aucun em-» barras, puisqu’on la porte toujours ; car, en salant la viande, on y laisse les os, quoiqu’ils » ne soient d’aucun usage. » (Section Ire., page 21. )
- Le même auteur dit, page 63 :
- « Toutes ces expériences me font croire que si l’on veut conserver des os, des cartilages, » des tendons, des pieds et autres parties d’animaux qui sont assez solides pour se conserver » sans sel, et.dont on perd, tous les ans, dans Londres plus qu’il n’en faudrait pour fournir » tous les vaisseaux que l’Angleterre a en mer, on pourrait avoir toujours sur les vaisseaux » des alimens plus sains et bien meilleurs et à meilleur marché que l’on n’en a d’ordinaire : je » dis même que ces sortes d’alimens seraient moins embarrassans, parce qu’ils contiennent » bien plus de nourriture , à proportion de leur poids. »
- * Yoir la page 118.
- ** La température devait être fort élevée, puisque Papin dit, en rendant compte d’une autre expérience : Je fis exhaler la goutte en trois secondes et dix press ions. Voir à ce sujet la note (2), page 97.
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- temps Ja nature des alimens de l’équipage et ne lui donner que tous les deux jours de la viande salée : il y aura probablement moins d’affections scorbutiques, et les malades pourront trouver à bord les alimens nécessaires à leur état. »
- Le manque absolu d’eau sera (à provisions égales) bien plus rare , puisque la dissolution de gélatine, faite avec de l’eau de mer distillée, diminuera la consommation. Si cependant, par un accident quelconque, l’eau venait à manquer ou à n’être plus potable , on peut employer les cylindres comme les condenseurs d’une distillerie, et leur produit en eau distillée deviendra plus grand que celui des rations de bouillon, parce qu’une température aussi élevée n’étant plus nécessaire , on pourra .activer la condensation de la vapeur. La marmite pour la soupe peut être en même temps employée à la cuisson des viandes.
- Des retards dans la marche d’un navire peuvent rendre insuffisante la provision de vivres (viande) et le forcer de gagner l’attérage le plus prochain. Il est possible qu’il trouve dans ce lieu des ressources, non pour arrivera sa destination, mais suffisantes pour gagner une relâche plus commode. L’usage de l’appareil doit doubler ces provisions, puisque les os de cette même viande pourront devenir un aliment. Ils sont à la viande sur pied dans le rapport d’un à cinq pour le poids, et de sept et demi à un pour la nutrition. Des vivres qui auraient suffi pour quinze jours peuvent donc, après leur consommation, fournir une nourriture saine pendant vingt-huit jours. Le navire pourra, dans cette hypothèse, tenir la mer quarante-trois jours au lieu de quinze.
- Le désir d’être utile a pu seul m’engager à sortir des bornes qui m’étaient naturellement tracées : entièrement étranger au corps de la marine, je n’ai voulu qu’indiquer les applications que je prévoyais possibles. Je serais amplement récompensé de mon zèle, si les réflexions que je me permets de hasarder pouvaient un instant fixer l’attention d’un corps qui mérite et justifie la haute réputation qu’il a acquise dans le monde savant ; je réclame donc toute son indulgence.
- J’ai lieu d’espérer que ces renseignemens ne seront pas inutiles pour les autres applications auxquelles peuvent donner lieu les avantages qu’offre ce procédé.
- L’emploi de la gélatine peut également améliorer les alimens des troupes de terre. L’application de ce procédé pour les compagnies sédentaires ne doit offrir aucune difficulté. Quant aux troupes de ligne, on peut les faire jouir de ces avantages en plaçant dans la chambre de l’armurier et sous sa responsabilité la chaudière à vapeur; dans une des salles du rez-de-chaussée
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- seraient placés les cylindres, et au moyen d’une distribution journalière, leur produit serait réparti dans les compagnies et dans les escouades. Combustible compris, le demi-litre de dissolution de gélatine ne doit coûter que 83 centièmes de centime, et il représente un quart de kilog. de viande. On pourrait donc diminuer la quantité de celle que l’on emploie, ou la remplacer par du rôti, des légumes à la gélatine, du vin, etc. Tous ces détails sont subordonnés à la localité et à la prudence du chef du corps : la chaudière à vapeur et les cylindres seraient portés sur les états de caser-nement comme les autres meubles, etc.
- Ce nouveau genre de préparation donne aux curés des paroisses, aux bureaux de charité, etc., le moyen de multiplier les bienfaits et les secours qu’ils prodiguent aux indigens, et il est d’autant plus précieux pour eux que les ressources se trouvent rarement en proportion avec les besoins. Mais si leur charité les porte à accueillir favorablement cette heureuse innovation, il est possible que le prix de l’appareil et son entretien soient un sujet de réflexions pour leur prévoyance éclairée. Je ne puis résoudre les diverses objections que le caractère des personnes, la différence des lieux, des ressources, des besoins, etc., peuvent faire naître et modifier. Je dirai seulement que les frais de construction d’appareil sont loin d’être en raison de ses produits. Un appareil de deux mille rations d’un demi-litre de dissolution de gélatine coûterait de 1^200 à i,5oo francs au plus (1); ne pourrait-on pas s’entendre, s’associer en quelque sorte, établir l’appareil dans un point central, répartir ses produits sur des points de distribution où la gélatine, versée dans des chaudières ordinaires et mêlée avec des légumes, servirait à faire des soupes ou des ragoûts ? La gélatine qui ne serait pas consommée pourrait être vendue aux aubergistes qui nourrissent les ouvriers. Ce serait un moyen indirect d’être utile à Cette classe en leur procurant des alimens aussi sains et à un prix bien inférieur. Dans l’hypothèse où un aubergiste adoptât cette nouvelle méthode , il pourrait, moyennant 11 fr. 5o c., donner d’excellentes soupes à soixante personnes et gagner 100 pour 100. Voici le détail des prix. •; -V ^
- (1) Dans ce prix n’est pas compris celui des chaudières pour la cuisson des alimens. Il est bon de faire observer que l’augmentation du volume de l’appareil doit augmenter fort peu son prix, puisque les pièces d’ajustage, telles que les régulateur, soupapes, niveau d’eau > robinets , etc. , sont à peu près les mêmes dans tous les cas. Dans le doute , j’ai préféré forcer l’évaluation des prix que d’induire involontairement en erreur les personnes qui seraient à même de faire établir des appareils. ,
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- Combustible.; 7 7 7 7 7 7 ....... . . 7 7 .
- i5 litres d’eau.. .........
- i5 litres de gélatine. ................
- 6 livres de viande, à 5o c..........
- Légumes divers................................
- Sel, poivre, etc. .................
- Main-d’œuvre, etc. et gain de l’aubergiste. . . .
- Total pour soixante personnes.
- » f. 5o c. 5
- i 5o 3 «
- 5o 25 5 70
- 11 f. 5o c.
- Chaque homme aurait eu un demi-litre de bouillon, des legumes et près d’un quart de livre de viande. Le prix de la portion serait de 19 cent. 1 dixième, ou près de 4 sous. C’est une quantité égale à celle que les ouvriers achètent sous le nom d’ordinaire et qui leur coûte 5o ou 35 centimes, de 6 à 7 sous (1). .
- Un quart de litre ou portion de ragoût de légumes se vend chez les aubergistes 20 c. ou 4 sous; le prix pourrait se réduire à moins de 9 c., d’après les prix ci-dessous calculés , pour soixante personnes :
- 7 litres et demi de gélatine................... . 75 c.
- Un demi-boisseau de pommes de terre............... 25
- 2 litres et demi de haricots. . .............. . 5o
- Assaisonnement.. ........................ i5
- Oignons.. . ..................................... 10
- Graisse....... . . ................ 40
- Combustible. .................................... 5o
- Main-d’œuvre et gain de l’aubergiste. .......... 2 f. 65
- Total pour soixante personnes.... 5 f. 3o c.
- On peut extraire de la gélatine de toute espèce d’os : son prix dépendra de plus ou du moins de recherche apporté dans le choix des matières premières. Dans beaucoup de cas, la quantité de graisse obtenue sera plus que suffisante pour payer les frais, si même dans les os les plus communs on a le soin de réserver ce qui peut être propre à d’autres usages, et de n’employer que les parties les plus riches en graisse, telles que les jointures, vertèbres, etc. Cette gélatine, qui ne coûtera effectivement rien, peut être utilement employée à animaliser les grains etles farines destinés à
- (1) Il est bon de remarquer que les rations de la Monnaie sont d’un demi-litre et que celles des aubergistes sont plus petites , et qu’ils ne donnent en général que des ragoûts de choux , de haricots et de pommes de terre , légumes à fort bon marche.
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- l’engrais des animaux qui recherchent les substances animales elles digèrent fort bien. Ne pourrait-on pas aussi animaliser du son, des farines d’orge, d’avoine, de maïs, de sarrasin, etc., en calculant les doses de manière à les rendre semblables aux meilleures farines de froment, par l’addition d’un gluten artificiel? Ces farines pourraient être employées à l’engrais des bestiaux de toute espèce, et si Fexpérience prouvait que ce mode d’engrais est praticable et avantageux, on pourrait employer les squelettes du cheval , du chien, du bœuf et du mouton à l’engrais de la viande de boucherie : ce serait, il faut en convenir, une nouvelle et singulière métempsycose des corps.
- La gélatine peut avoir de nombreuses applications dans les arts : elle peut remplacer la corne de cerf, la colle de poisson, etc. Papin avait remarqué quelle pouvait donner beaucoup de consistance au feutre et améliorer la fabrication des chapeaux (i). Il l’avait également employée à la conservation des fruits (2) ; il avait réussi sur quelques espèces et sur d’autres le résultat de ses expériences avait été moins positif. Dans tous les cas, la gélatine avait pris le parfum des fruits avec lesquels elle avait été en contact et était devenue foi^t agréable au goût. Cet habile physicien avait même essayé de conserver ainsi des fleurs (3). La couleur des roses et des œillets fut, au bout de huit mois, légèrement altérée, et leur parfum avait aromatisé la gelée qui les enveloppait. La couleur du hyacinthe bleu n’avait éprouvé aucune altération. « Je crois , dit-il à la fin du détail de » ses expériences, que cette maniéré de conserver les fruits 'vaut mieux » que toutes celles qui sont en usage, tant pour le bon marché que pour con-» server le goût du fruit (4). »
- Il est à désirer que ces expériences soient répétées et appliquées principalement à la conservation de quelques légumes verts, que l’on ne se procure que dans certaines saisons. Il est probable que les résultats seraient satisfaisans, et que les légumes conservés, étant ainsi parfaitement annualisés, seraient plus agréables au goût et d’une digestion plus facile.
- On peut aujourd’hui dire avec vérité que Papin fut aussi utile à l’humanité que profond dans les sciences. Ce sera un nouveau titre à joindre à l’hommage qu’un savant illustre (5) vient de rendre à son génie. La pos-
- (1) Page 119.
- (2) Page 3^ et suivantes.
- (3 ' Page 62. '
- (4) Page 67.
- (5) M. Arago, membre de l’Académie des Sciences.
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- térîte vengera ainsi sa mémoire de l’oubli dans lequel elle avait été plongée pendant si long-temps. Cet homme étonnant pour son siècle semblait en avoir le pressentiment lorsqu’il écrivait ces lignes (i ) : « Les gens ne sont pas » si prompts à donner dans les nouveautés : chacun se tient sur ses gardes et » on est bien aise de voir les autres sonder légué. Cet écrit nous en fournit une y> bonne preuve y car il confirme assez clairement que le digesteur est une » invention utile fondée sur de bons principes et appuyée par l’expériencey » cependant, depuis cinq ans que fai publié cette découverte, il ny a que » peu de personnes qui se soient mises à en faire usage : on sait meme que » quand Vinvention des moulins à vent et à eau était nouvelle, Pline, » quoiqu’il fût un des plus habiles gens de ce temps-là, ne traitait ces » machines que de simple curiosité y il ny a eu que le temps qui ait bien » fait voir combien elles étaient avantageuses. » •
- 11 faut espérer que nos efforts ne seront pas aujourd’hui infructueux ; les circonstances ne sont pas les mêmes. L’instruction, généralement répandue , ne permet pas de douter que ce procédé n’ait de nombreuses applications. (Zrt suite au Numéro prochain.)
- AGRICULTURE.
- - . (
- Rapport fait par M. Baudrillart, au nom du Comité dagriculture , sur une Notice de M.. Girod Chantrans, relative a Ut culture du pin laricio.
- Messieurs, vous avez renvoyé au Comité d’agriculture une Notice de M. Girod Chantrans sur la culture que cet agronome a faite du pin laricio de Corse dans un bois communal du département du Doubs. Cette iNotice, rédigée pour la Société d’agriculture de Besançon , et dont l’auteur a fait hommage à la Société d’Encouragement, fait connaître qu’en 1822 M. Girod Chantrans sema environ 2 livres de graine de pin laricio dans un espace vide d’un mauvais canton de bois appartenant à la ville de Baume, sur la montagne de Burmont. Le terrain est incliné à l’aspect du nord et se compose d’une légère couche de terre et d’un fond rocailleux. Les arbres forestiers ordinaires y ont la plus chétive apparence et tombent en vétusté avant d avoir acquis la moitié de la grandeur commune à leur espèce. Malgré la pauvreté du sol, le semis du laricio a eu un succès com-
- (1) Préface de la seconde partie de la? continuation, etc.
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- plet; et, à l’âge de cinq ans, les plants de ce semis étaient généralement dans l’état le plus prospère , lorsqu’un incendie, qui consuma une partie de la forêt, détruisit les trois quarts de ces plants. M. Girod Chantrans s’occupa alors de transplanter les sujets qui avaient échappé au feu, e( cette plantation, qui fut faite en novembre 1827 et avec beaucoup de soin, se compose de trois cent dix jeunes laricios et s’étend sur une surface d’environ un hectare. Les plants y ont fait, dès la première année, des pousses ayant depuis 3 jusqu’à 10 décimètres de hauteur.
- Ce succès, obtenu dans un terrain où les arbres forestiers ordinaires ' sont languissans et ne donnent que de faibles produits, doit encourager à semer le pin laricio dans des lieux analogues.
- M. Girod Chantrans n’a pas eu l’intention , en communiquant sa Notice à la Société d’Encouragement, de concourir pour le prix relatif à la culture des pins; il reconnaît que ses essais ont été faits sur une trop petite échelle; mais il pense que la Société prendra quelque intérêt à un succès qui peut exciter à propager dans nos forêts un arbre qui parvient à de grandes dimensions et dont le bois est employé à un grand nombre d’usages et même à la mâture des vaisseaux.
- Nous ne sommes point surpris du succès obtenu par M. Girod Chantrans ; les soins que cet habile agronome avait donnés au choix de l’emplacement qu’il a planté et à l’exécution de la plantation devaient en assurer la réussite ; et d’ailleurs la culture du pin laricio ne présente aucune difficulté : cet arbre réussit dans toutes les situations analogues à celle qu’il occupe dans sa terre natale. Ainsi il croît sur les montagnes du second ordre, dans les plaines sableuses sur les bords de la Méditerranée, et dans la plus grande partie du nord et de l’ouest de la France , et il n’exige en définitive pas plus de soins que le pin maritime, avec lequel il a beaucoup de rapport.
- Nous avons l’honneur de vous proposer de remercier M. Girod Chantrans de son utile et obligeante communication et d’insérer le présent rapport dans le Bulletin, comme un témoignage de la satisfaction de la Société et comme un moyen d’encourager de plus en plus la culture du pin laricio, qui est l’objet de l’un des prix proposés par là Société.
- Adopté en séance, le 2.5 mars 182g.
- Signé Baudrïllart, rapporteur.
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (née Vallat la Chapelle),
- IMPRIMEUR DE LA SOCIETE , RUE DE l’ÉFERON , N°. 7.
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- VINGT-HUITIÈME ANNÉE. ( N\ CCXCVIII. ) AVRIL 1829.
- BULLETIN
- PE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES. J =.0
- Rapport fait par M. Molard, au nom du Comité des arts mécaniques y sur des outils fabriqués.par M, Camps, serrurier-mécanicien y à Paris. -
- M. Camus vous a fait part qu’ayant été admis à fabriquer l’acier da-massé sous la direction du célèbre Clouet, auteur du procédé au moyen duquel on convertit le fer en acier fondu par une seule opération, il est parvenu à souder l’acier fondu fin non seulement sur lui-même, mais encore sur le fer, sans en altérer la qualité. ?
- Encouragé par ces premiers résultats, fruits d’une longue expérience, M. Camus s’est déterminé à établir à Paris , rue de Charonne, n°. 117, une fabrique d’outils de fer, rechargés d’acier fondu et de pur acier, à l’usage du menuisier, de l’ébéniste, du charpentier, du tourneur, etc.
- M. Camus a rais sous les yeux des membres de la Société les outils suivans, en témoignant le désir qu’ils fussent essayés comparativement avec les meilleurs du commerce: - n '-a , . ......
- ; : i°. Deux fers de varlope, un double et un simple; 20. un fer de gutj-laume ; 3°. une paire de fers de bouvet, un mâle et un femelle; 4°. un ciseau dé menuisier ; 5V une gouge et une plane à douille, à l’usage du tourneur en bois; 6V une plane à deux poignées; 70, un sécateur à res--sort double, pour la taille des arbres à fruits et de 1$ vigne. o ;
- Nommés par la Société pour soumettre les outils ci-dessus à tous les essais comparatifs d’usage, à l’effet d’en constater la qualité, suivant le désir du fabricant, nous les avons examinés sous le rapport de la forme Vingt-huitieme année. Avril 182c). 16
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- et de la solidité et nous les avons trouvés parfaitement conformes à ceux qui, sous ce rapport, méritent la préférence.
- Nous avons remarqué aussi que l’acier fondu, uni au fer par la soudure, était dans les proportions convenables suivant l’usage auquel l’outil est destiné, et que le joint de ces deux métaux n’offrait aucun défaut apparent. <
- On sait qu’une mise d’acier trop épaisse dans les fers de rabot a l’inconvénient d’en rendre l’affûtage trop long sans rien ajouter à leur durée, et d’en augmenter le prix de fabrication. '
- Des gouttes d’acide nitrique affaibli posées sur le tranchant des outils nous ont offert la preuve que l’acier n’avait pas changé de nature, ni par l’opération de la soudure, ni parcelle de la trempe, et l’essai que nous avons fait de chaque o#til en particulier nous a convaincus que le fabricant avait su donner au tranchant le degré de recuit convenable , suivant son usage, et surtout suivant la qualité de l’acier employé dans sa confection, précaution indispensable pour former de bons tranchans, même avec les aciers de première qualité.
- Les fers de rabot et les outils de tour de M. Camus se sont comportés, dans tous nos essais, comme les outils de même genre de première qualité; même facilité dans l’affûtage, même durée pour la coupe; nous ajouterons que les outils du tourneur en bois de M. Camus sont, en quelque sorte, supérieurs à la plupart de ceux des fabriques étrangères les plus renommées. ; - , , ,
- Indépendamment de nos propres essais, nous avons encore jugé utile d’interroger des fabricans d’affûtages, des menuisiers, des ébénistes, des tdurneurs> des mécaniciens et des ouvriers qui font journellement usage des outils de bffabrique de M. Camus. Leurs témoignages, consignés dans les neuf certifieàtsqué nous joignons ici, nous confirment dans l’opinion avantageuse que nous avions conçue des produits de ce fabricant. .
- La faveur publique est sans doute le meilleur encouragement pour les entrepreneurs de manufactures, et cette faveur est acquise à M. Camus; néanmoins, il attacherait la plus grande importance à obtenir le suffrage de la Société d’Encouragement ; et, d’après ce qui précède, notis pensons qu’elle voudra bien le lui accorder. En conséquence, nous avons l’honneur de vous proposer, Messieurs, en témoignage de satisfaction, d’ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- : Adopté en séance, le 2-5 mars 182$. • s a-;
- tur /-.os id h; .>-’6 r* 1 Signé. Molard, rapporteur, ?»
- aunoi ül éb ol s:jo& aluilmc-v ^ v.'-t . V>
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- . ( i5i )
- Rapport fait par 3f. le 'vicomte Hëricart de Thury, gu nom du Comité des arts mécaniques, sur le linge damassé présenté a la Société par 31. Pelletier, manufacturier, a Saint-Quentin.
- La France a, jusqu’à ce jour, été tributaire de la Hollande et de la Saxe pour le linge damassé, dont la fabrication nous était entièrement inconnue (i). En 1810, M. Gaspard, sous-inspecteur aux revues, offrit, du pays de Brandebourg où il était alors, d’envoyer au Gouvernement un métier à tisser le linge damassé, avec tous les accessoires nécessaires (2).
- Le Gouvernement répondit aux offres de M. Gaspard, en lui demandant deux métiers, que cet administrateur lui adressa avec des tisserands destinés à former des élèves. Ces métiers furent montés à Versailles, par les soins et sous la surveillance de notre collègue M. Molard, qui fit exécuter par ces ouvriers un service complet. On ignore pourquoi il ne fut, dans le temps, donné aucune suite à cette importation, qui devait introduire chez nous la fabrication du linge damassé. Les tisserands saxons ne furent point encouragés; ils retournèrent chez eux sans avoir formé d’élèves; les deux métiers de M. Gaspard furent déposés au Conservatoire des Arts, où ils sont encore, et ce genre d’industrie fut entièrement abandonné. ;
- En 1817, M. Pelletier, de Saint-Quentin, tenta différens essais sur des métiers qu’il avait montés exprès pour la fabrication du linge de table damassé, et, en 1818, il présenta à la Société d’Encouragement des échantillons de linge de table, représentant différens sujets d’une grande per-* fection (3), Cette même année, il exécuta un service de vingt-quatre couverts , en coton , aux armes de S. A. R. Monseigneur le Duc d’Angoulême , aujourd’hui Monsieur le Dauphin.
- (1) Le linge damassé de Hollahde, qui se fabrique en partie sur les bords du Rhin dans le ci-devant département de la Roer et qui a paru avec distinction dans plusieurs de nos expositions publiques, a long-temps joui dans le commerce d’une plus grande faveur que celui de Saxe, quoiqu’à prix égaux ce dernier eût plus d’apparence, en raison de sa finesse comparative; mais celui de Hollande avait plus de force , et l’expérience avait fait reconnaître qu’il pouvait servir plus long-temps en së maintenant toujours beau. Bien que depuis vingt à vingt-cinq ans le damassé de Hollande soit d’un usage moins fréquent que celui dç Saxe , l’opinion du commerce et des fabricans n’a pas changé , et la préférence serait encore accordée à celui de Hollande, si les prix , à raison du travail et de la qualité, n’en étaient plus élevés que de celui de Saxe.
- (2) Moniteur, page q2g , année 1810. \ 1 2 3
- (3) Moniteur, 1818, page j ? et Bulletin de la Société d’Encouragement, septembre 1818, page 261.
- 18.
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- («50.
- A l’exposition des produits de l’industrie française de 181g, M. Pelletiei' présent# du linge damassé, i°. en coton et 2°. en fil de lin, unissant des dessins de bon goût à une belle qualité de tissu (i) ; le jury lui décerna une médaille d’argent. ; ^ -
- A la fin de cëtte même année 181g, parut le premier service damassé en fil de lin, fabriqué en France. Il avait été commandé par S. M. Charles X, alors Monsieur; il représentait le songe de Henri IV.
- . Les progrès de cette nouvelle industrie furent assez rapides entre les expositions de 181g à 1823, et plusieurs grands services damassés en fil de lin furent livrés au commerce.
- Quatre fabricans présentèrent a l’Exposition de 1823 du linge de table ouvré et damassé, savoir: i°. M. Henry Pelletier de Saint-Quentin ; 2°. M. Dollé de la même ville; 3°. M. Ferey d’Essone, et 4°* MM. Joly frères et Perrieràe Voiron (Isère). JLe jury , après avoir dit dans son rapport i°. que le linge de table est fabriqué en France avec beaucoup de perfection depuis que nos manufactures ont adopté des métiers construits sur le modèle de ceux dont on fait usage en Saxe et en Silésie ; 20. que le linge de table français, exécuté en lin ou en coton, peut, sans désavantage , être comparé à ce que les fabriques étrangères produisent de plus beau en ce genre ; et 3°. que notre industrie n’aura bientôt plus à redouter aucune supériorité à cet égard, le jury central décerna la médaille d’or à M. Henry Pelletier, les produits de sa fabrique étant remarquables par une fabrication très régulière et très belle, par une grande réduction dans les dessins, par des prix, en général, modérés, par la perfection des dessins et des figures; enfin, par les grandes dimensions de ses nappes (2)- Elles étaient de ~ de large. <
- De 1823 à 1827, les progrès des fabriques de linge damassé furent encore plus saillans que dans l’intervalle des expositions de 1819 à 1823. Les procédés de fabrication furent améliorés par l’application de mécaniques à la Jacquart, et le prix de la main de l’œuvre ayant diminué , les services de linge damassé baissèrent de prix, de manière à être à la portée d’un plus grand nombre de consommateurs, les fabriques françaises étant arrivées au point de rivaliser, pour les prix, les qualités et la perfection , avec les premières fabriques de Saxe. ! -
- A l’exposition de 1827, quatre fabricans présentèrent, comme à la
- (1) Rapport du Jury central sur l’Exposition de 1819, pages 62 et g3.
- (2) Rapport du Jury central sur l’Exposition de 1823, chap. VII, page 110, Linge de table. ~
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- ( >33 )
- precedente, du linge damasse en fil de lin , savoir : i°. M. Henri Pelletier, 2°. M. Dolléy 3°. MM. Bruneel et Callemieu de Lille (Nord), et Ç°. M. Louis Philippe de Lille./
- Le jury central déclara que M. Pelletier, dont les services damassés en fil et en coton attestaient une connaissance approfondie des procédés de la fabrication, continuait à se montrer digne de la médaille d’or qui lui avait été décernée à l’Exposition de 1823 (1).
- Une médaille d’or fut décernée à M. Dollé, une médaille de bronze à MM. Bruneel et Callemieu de Lille, et une mention honorable à MM. Louis Philippe et compagnie, delà même ville. !
- Ainsi cette exposition confirma l’opinion et le jugement que le jury avait prononcés en 1823, lorsqu’il déclara que la fabrication du linge de table damassé était définitivement acquise à la France -, qu’elle devenait une des brancbesjde son industrie, et que, d’après la perfectiou à laquelle étaient arrivées nos fabriques, nous n’avions plus à redouter aucune supériorité étrangère. : ‘-in
- Depuis cette dernière exposition, M .Henri Pelletier, encouragé par ses succès, conçut l’idée d’affranchir la lingerie du Roi du tribut qu’elle paie encore aux manufactures étrangères ; mais, pour appuyer la demande qu’il se proposait de faire à cet égard, il fallait produire des titres capables de prouver qu’il méritait la confiance à laquelle il aspirait. Ayant obtenu qu’une Serviette damassée lui fût confiée par la lingerie de la Maison du Roi , il monta exprès un métier en 1828 pour exécuter, avec la plus rigoureuse exactitude, le dessin adopté.
- G’est la seconde serviette exécutée par ce métier qu’il a eu l’honneur de vous soumettre , et que vous avez renvoyée à votre Comité des arts mécaniques, en le chargeant de l’examiner comparativement avec une des serviettes du service de Saxe.
- Il résulte de cet examen, i°. que la serviette de Saxe est de trois mille six cents fils de chaîne, et que le dessin est fait sur du papier 8 en 12, c’est à dire que, sur un carré, la quantité de fils de chaîne est à la quantité de fils de trame dans le rapport de 8 à 12 : f
- Tandis que la serviette française est de quatre mille fils de chaîne , et que le dessin est fait sur du papier de 8 en 14, ou sur un carré dont les fils de chaîne sont à celle des fils de trame : 8 : i4;
- 2°. Que les dessins de la serviette de Saxe sont découpés par trois fils,
- >{i) Rapport du Jury central sur VExposition de 1827, chap. VII, Linge de table, p. 124*
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- puisqu’il y a trois fils ou maillons, et que chaque changement de tirage doit taire ülfe différence de trois fils : v 3 ^ ^ - ,A
- Tandis que le dessin de la serviette de France est découpé par fils, ce qui en rend le contour du dessin aussi pur que s’il était exécuté au crayon ;
- 3°. Que la serviette de Saxe porte au dessus du chiffre de S. M. une couronne qui n’est pas la couronne de France, ou qu’on ne la reconnaîtrait pas pour telle, si les fleurs de lis n’y avaient pas été ajoutées pour indiquer que c’est elle qu’on a voulu dessiner : J si
- Tandis que, dans la serviette française, les détails les plus minutieux de la couronne de France ont été scrupuleusement rendus; les perles, le bourrelet, l’intérieur, tous les détails s’y distinguent à merveille ;
- 4°. Enfin que les serviettes de Saxe ont été payées par la Maison du Roi un prix qui a varié de n à io fi\ ; ; ^ t ;
- Tandis que les serviettes françaises seront fournies au prix moyen de celles auxquelles ont été cotées les premières jusqu’à présent.' ’-'î
- M. Pelletier a sollicité, Messieurs, votre intervention pour qu’en cas de supériorité constatée dans les produits de sa fabrique vous voulussiez bien demander à M. l’intendant général de la Maison du Roi que le linge de table damassé de la Couronne ne fût plus fourni par des fabriques étrangères, et qu’à l’avenir les armes et la couronne de France fussent exécutées parles fabriques françaises. î , w p c ^ j
- D’après les motifs que nous venons d’exposer, et bien convaincus d’avance que la Société d’Encouragement partagera le voeu éminemment patriotique émis par M. Pelletier dans l’intérêt de la gloire des fabriques françaises , nous avons l’honneur de vous proposer ,'Messieurs, i°. d’adresser le. rapport de votre Commission à M. le Ministre du OOmiiierce et à M. l’intendant général delà maison du Roi; <lli:::> 1 0 4 r i ; ü
- a0. De leur demander, à mérite égal, la préférence des produits français sur ceux de la Saxe, nos fabriques de linge de table damassé, ainsi que l’a déclaré le jury central de l’Èxposition des produits de l’industrie française en 1823, étant arrivées à un tel degré de perfection,*que nous n’avons plus à redouter aucune supériorité étrangère; nopqx;i 01 «ifni»- ‘-.Jtini -u> ^ at*
- 3°. De remettre copie de ce rapport à M. Henri Pelletier J en le félicitant sur les héureux succès de sa fabrication;; ’ r ^ mvî T-.o i î -n et mm Et 4°. d’insérer ce rapport- dans:le 'BûlUtifùàQ la 'SociétéP ili°* •:> eh jidoptéen séance, le 8 avril 1829. ' ' i:> wi> rU!-xr-e:"} ' ^ '
- ____ ..________ _________Signé Hébicart de Thury, rapporteur^
- . f ,-.AkY v'- ..,3 J* , TV/ .."it-j .r.y >c--;p:3VÎ -mx foUrc/* . ? : .
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- Rapport fait par M. le 'vicomte Héricart de Thury, au nom du Comité des arts mécaniques sur les marbres des Pyrénées , présentés à la Société d’Encouragement par la compagnie
- Pugens, de Toulouse. ' ' ; 5i •
- Considérations générales sur l’état actuel des exploitations des Carrières de ! t marbre de. France. u • ' . < *
- Il est aujourd’hui bien avéré que les carrières de France peuvent fournir non seulement les marbres propres aux différens travaux de la statuaire, de la sculpture et de l’architecture, mais encore tous ceux qui s’emploient dans Fart du marbrier. Sous ces divers rapports, nous n’avons rien à demander, rien à envier à nos voisins ; il y a même lieu de croire que, quand nos exploitations auront acquis plus d’activité, nos marbres entreront dans le commerce d’exportation, dont plusieurs font déjà même une partie remarquable. Personne n’a mieux traité cette question que M. le baron ' de Puymaurin dans ses diverses opinions à la Chambre des députés.
- Depuis les dernières expositions, les entreprises de cette nature se sont multipliées dans plusieurs départemens du Nord et du Midi. Nos marbriers commencent à bien connaître les ressources qu’offre notre territoire, et convaincus enfin que les marbres étrangers ne peuvent plus long-temps soutenir la concurrence, ils tournent leurs vues vers nos carrières de marbre. • ;-' —
- Avant la loi du 27 juin 1822, relative aux droits d’entrée des marbres étrangers^ il ny avait dans les départemens du Nord que douze carrières en exploitation et deux cents lames.de scie en activité; depuis cette loi, plus de quatre-vingts carrières nouvelles ont été ouvertes ; le nombre des lames s’est élevé jusqu’à quinze cents, et le prix des marbres a baissé de 20 à 25 pour cent. ^
- Les exploitations de nos départemens du Midi ont , comme celles du Nord, besoin d’être protégées contre la concurrence des marbres étrangers; elles doivent même exciter plus particulièrement encore la sollicitude du Gouvernement, parce que les marbres qu’elles produisent sont plus nécessaires aux arts ; qu’ils doivent remplacer , dans la statuaire et les grands travaux d’architecture, les marbres d’Italie, et que ce sont ceux dont l’extraction et la mise en circulation rencontrent le plus de difficultés.r ;w>< •
- De l’aveu des minéralogistes et de nos plus habiles statuaires, tels que
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- MM. Bosio j David y Nanteuil3 P radier} etc., nos marbres blancs des Pyrénées sont au moins égaux en beauté et en qualité aux plus beaux marbres de Carrare ; quelques uns présentent une très grande analogie avec les marbres de Paros, et quelques autres avec le pentélique.
- Cependant leurs qualités même ont été, pour les artistes d’un ordre inférieur, et surtout pour les praticiens, un prétexte de dépréciation.
- Ces marbres sont plus durs que ceux de Carrare, et conséquemment un peu plus difficiles à travailler ; mais cette propriété, qui peut avoir en effet quelque inconvénient pour le sculpteur, est d’un avantage réel pour les arts et pour la société ; car tandis que les marbres de Carrare se détériorent assez facilement à l’air, ceux des Pyrénées bravent au contraire les injures des saisons et des siècles, ainsi que l’attestent les monumens dans la construction desquels ils ont été employés, et qui nous sont parvenus sans autre altération que le ton gris ou jaune que le temps a imprimé à leur surface comme une patine conservatrice. " " . . . ; ;v,-.
- Au surplus, les premiers blocs essayés par nos statuaires avaient été pris à la surface des carrières, et il n’y a pas de doute que leur dureté ne diminue à mesure que les extractions pénétreront plus avant dans les masses.
- D’ailleurs, et au jugement de nos premiers statuaires, si les marbres des Pyrénées sont plus difficiles à ébaucher, le travail devient aussi plus facile et plus agréable pour l’artiste lorsqu’il s’agit de terminer l’ouvrage, et ce marbre comporte même à cet égard une finesse dans les détails qu’on ne peut souvent obtenir avec le marbre de Carrare.
- Néanmoins , et malgré cette supériorité qu’on ne peut plus contester, il n’en est pas moins vrai que, par préjugé ou dans des vues intéressées, les praticiens, pour la plupart étrangers, répugnent à travailler ces marbres, et qu’ils s’y refuseront tant que les marbres étrangers pénétreront librement en France, ou qu’on ne déterminera ces ouvriers à travailler nos marbres qu’en payant leur travail beaucoup plus cher.
- Pour encourager nos exploitations, le Gouvernement a bien décidé qu’il n’approvisionnerait plus ses dépôts que de marbres de nos carrières ; mais ce moyen sera encore long-temps insuffisant, si les commandes ne sont pas assez étendues pour soutenir seules les exploitations, qui exigent de très grandes avances de fonds, à cause de la situation des carrières dans les gorges les plus profondes, ou sur les cimes les plus escarpées des Pyrénées.
- Aussi, et malgré l’abondance de nos richesses en marbre blanc statuaire, est-il à craindre que nous ne soyons réduits à aller encore long-temps chercher à Carrare ou en Toscane, avec des frais de transport énormes, ce que iiQUS possédons chez. nous en meilleure qualité , et ce que npus poyr^
- i
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- rions avoir à un bien moindre prix, si nos exploitations étaient convenable-ment encouragées.
- A cet égard, quel que soit le prix accordé aux marbres des Pyrénées, et fût-il égal ou même plus élevé que celui du marbre statuaire de Carrare du plus beau choix, le Gouvernement aura toujours un avantage immense à lui donner la préférence, puisque les capitaux resteront en France, qu’ils vivifieront un pays présentement sans industrie ; que les frais de transport étant moindres de moitié que pour ces marbres étrangers, il y aurait encore une économie notable à employer les marbres des Pyrénées ; enfin que la surélévation du prix ne saurait être de longue durée, les choses devant rentrer dans leur premier état du moment que les marbres de Carrare ne pourront plus entrer avec avantage dans le commerce.
- On ne saurait, d’un autre côté, être arrêté par la crainte de nuire aux intérêts des praticiens et autres ouvriers qui travaillent les marbres blancs. D’abord, et c’est une chose généralement reconnue , que nos artistes sont communément trop dans la dépendance des praticiens, et leur paient un prix trop élevé j ensuite il est aujourd’hui bien prouvé, d’après l’assertion des statuaires qui les travaillent eux-mêmes, i°. que la dureté des marbres des Pyrénées n’en rend le travail plus pénible que pour les manœuvres qui dégrossissent les blocs, et non pour les statuaires praticiens qui mettent au point, et 2°. que lorsque ceux-ci seront un peu plus exercés à ' les travailler , ils parviendront sans peine à surmonter les légères difficultés contre lesquelles ils se récrient maintenant.
- Enfin, il est évident, je le répète, que les marbres statuaires de Carrare 11e doivent la préférence qu’ils obtiennent encore qu’aux préjugés des ouvriers, et il est déplorable qu’une opposition de ce genre ait prévalu jusqu’ici sur l’intérêt général.
- Quant à nos marbres de couleur, on ne nie pas qu’ils soient aussi faciles à travailler que ceux d’Espagne et d’Italie j qu’ils ne les égalent par la variété, la vivacité des couleurs, les grands effets que produisent leurs mélanges et leurs bigarrures j mais on dit que ces marbres ne conviennent point aux monumens publics, parce qu’ils sont sujets à s’altérer, et l’on cite à cet égard les marbres de Versailles et de Trianon. Il me sera facile de répondre à cette objection : je l’ai même déjà examinée et réfutée, il y a plusieurs années (i), lorsque je présentai l’état général des carrières de
- (i) Rapport fait à la Société d’Encouragement sur l’état des carrières de marbre de France , à la séance générale du 17 avril 1822, Bulletin N°. CCXIY, et État général des carrières de marbres de France, par M. Héncart de Thury, Journal des mines, tomp YIJI, 1823,
- Vingt-huitième année. Avril 182g. ig
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- marbre de France. Je vous disais alors, Messieurs, que l’alteration des marbres de ces palais provient du défaut de connaissance de ceux qui les ont employés sans discernement, en exposant à l’extérieur tels ou tels marbres fins de première qualité, qui ne peuvent et ne doivent être employés que dans les intérieurs, et que d’ailleurs ces marbres n’ont éprouvé que les mêmes altérations qu’éprouvent généralement ceux qui sont également employés sans égard et sans distinction de leur nature, en Italie , en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, etc., etc. Nos marbres de couleur réunissent toutes les qualités désirables, et à cet égard l’admiration générale s’est hautement prononcée pour les beaux assortimens de marbres indigènes que plusieurs expîoitans ont présentés à la dernière exposition. , .. v : ' •
- Cependant tel est encore l’effet de la prévention et du goût pour tout ce qui est étranger, que, pour vendre plusieurs de ces marbres, qui sont très recherchés, les expîoitans ont été obligés de les présenter comme venant en effet de l’étranger : ainsi plusieurs espèces de marbres se vendent généralement comme marbres d’Italie, notamment ceux qui sont connus sous la dénomination de griotte, qui sont extraits des carrières des dépar-temens de l’Aude et de l’Hérault, où des marbriers italiens viennent s’en approvisionner et les travailler , pour les revendre ensuite comme marbres d’Italie. »,
- Heureusement enfin les marbres présentés aux dernières expositions ont appris aux artistes, aux marbriers et au public quelles sont en ce genre les richesses de notre territoire (i). Des blocs de forts volumes, arrivés au dépôt du Gouvernement, et employés à la décoration des édifices publics, tels que nos nouvelles églises, la Chambre des députés, les nouveaux hôtels des ministres, enfin le monument de la Bourse, dans lequel il n’est entré que des marbres indigènes, ont prouvé que nos exploitations peuvent fournir avec abondance les marbres propres à la décoration des grands édifices comme aux usages ordinaires de la marbrerie ; en un mot, qu’elles peuvent répondre à tous les besoins des arts et de l’industrie.
- Aussi, Messieurs, nous ne craignons pas d’affirmer, i°. que pour nous affranchir entièrement des 4 à.5 millions de tribut que la France paie annuellement à l’étranger pour le commerce des marbres , le Gouvernement n’a qu’à le vouloir réellement et fortement; et, 2°. que si cette branche d’industrie est suffisamment protégée, les marbres indigènes seront, dans
- (i) Rapport du Jury d’admission de FExpôsition de 18x9, et Rapports au Jury central des Expositions de J 82 3 et 182^ ; par M. Héricart de Thury : Marbres et granits de France.
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- peu d’années, versés dans le commerce avec une telle abondance, que leurs prix seront à la portée de tous les consommateurs ; et certainement le moment est favorable, puisque nous voyons déjà, dans Paris et aux environs, l’emploi ou l’usage des marbres se répandre à un tel point, que les passages, les comptoirs, les boutiques et les devantures des magasins de nouveautés sont aujourd’hui généralement décorés en marbre.
- Afin de donner une idée précise de l’importance du commerce de la marbrerie dans Paris, nous indiquerons ici, d’après M. Payen , les docu-mens statistiques qu’il a insérés dans le Rapport du jury d’admission du département de la Seine , à l’exposition de 1827 (1).
- Article premier. — i°. Marbres bruts des départemens méridionaux et de l’étranger arrivant en blocs, valeur
- moyenne à 45 fr., g,000 pieds cubes* . ...... . 4°5>oôo fr,
- 2°. Sciage, taille, sculpture, polissage à 90 fr. ... 810,000
- Art. it.—1°. Marbres des mêmes provenances , sciés ' en tranches , près de HonHeur , 36,000 pieds superfi-
- ciels, valeur compensée, à 5 fr. . . ,......., 180,000
- 20. Surplus de façon à Paris, à 6 fr. ........ . 216,000
- Art. m. —1°. Marbres bruts en blocs des départe-mens du Nord et de la Belgique, 5oo pieds cubes, valeur compensée, à 22 fr. . . ; .... : ... . . 11,000
- 20. Sciage, façon, etc., terme moyen, à 44 fr, . . , . 22,000
- Art. iv.—Marbres sciés en tranches, près des lieux d’extraction, 180,000 pieds superficiels, valeur moyenne, à 2 fr. 5o cent. .... . ; ... . . ... . .. 45o,ooo
- 20. Surplus de façon, polissage, etc., à 2 fr. . . . , , 36o,ooo
- Art. v.—Marbres des départemens du Nord et des Pays-Bas, arrivant tout travaillés, savoir : i°. Cheminées capucines mises en place, trois mille, à 3of. 90,000
- 20. Cheminées à consoles et à colonnes, six cents,
- à i5o fr. ... . , , 90,000
- 3°. Mortiers de diverses dimensions, deux cents produisant environ 1,600 pouces, à 4 fr.. ....... 6,400
- Report* * t , , < . .... 2,640,400 fr.
- (1) Rapport du Jury départemental de la Seine sur les produits de l’industrie admis &U concours de l’Exposition publique de 1827; par M. Payen. Paris, ïb-8, 1829.
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- 2,64o,4oo fr.
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- D’autre part..............
- 4°. Carreaux noirs, équivalant à 4,000 toises, évaluées, compris la pose, à 12 fr. . . .... . . . 4^>00°
- Art. vi. — Pierres ( le commerce de la marbrerie comprend aussi la taille et pose des carreaux en pierres qui s’ajustent aux carreaux noirs), 4>°°° toises à
- 12 fr. , pose comprise........................... 4^°°°
- Art. vii. — Le doublage des cheminées en marbre , les fontaines, tombeaux , cheminées et quelques autres ouvrages en pierre font encore partie de la marbre-
- rie. Leur valeur totale est au moins de. . . . . . . . 210,000
- Art. viii. — i°. Granit de Cherbourg, 100 mètres
- cubes, à 200 fr....... . . . . ....... 20,000
- 20. Granit de Sainte-Honorine, 700 mètres cubes
- à 25o fr......... . . . ...... ...... .... . . 175,000
- Valeur totale annuelle des produits de la marbrerie à Paris. 3,141 ,4°° fr •
- On peut en outre estimer que le commerce et l’industrie des marbres de Paris emploient annuellement un capital, en circulation et propriétés foncières, de 5,23o,ooo fr. , réparti entre dix négocians ou commissionnaires et cent entrepreneurs environ. Le bénéfice total est de 335,000 fr. Ils occupent(non compris les statuaires ) neuf cent vingt-cinq ouvriers qui gagnent ensemble un salaire de 938,875 fr.
- Plusieurs de nos Rois se sont particulièrement occupés de la recherche et de l’exploitation de nos carrières de marbres.
- Ainsi, François 1er., qui avait naturellement le goût du grand et du beau, après avoir vu les admirables monumens de l’Italie, encouragea l’exploitation des carrières de marbres de France, afin de les employer dans ses maisons royales. ; •
- Henri II, son successeur, continua ses travaux. Il fit faire des recherches dans les montagnes. Il avait même une telle passion pour les marbres , dit M. de Puymaurin d’après Scaliger, que ce prince nomma maître des requêtes un avocat de Toulouse qui lui avait envoyé un bloc de marbre des Pyrénées; ce maître des requêtes, que le Parlement de Toulouse refusa de recevoir à cause de son extrême ignorance, fut surnommé le maître des requêtes de marbre.
- Henri IV, que nous retrouvons toujours lorsqu’il s’agit d’ouvrir de nouvelles sources de prospérité et d’affranchir l’industrie française de tout tribut étranger, fit plus encore que ses prédécesseurs. Aussitôt qu’il eut
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- rétabli la paix dans le royaume, il donna aux gouverneurs de ses provinces les ordres les plus précis pour faire mettre en exploitation les carrières de marbres qui s’y trouvaient; et je me flatte, Messieurs, qu’en faveur du sujet vous me permettrez de vous remettre sous les yeux la lettre de cet excellent roi au fameux connétable de Lesdiguières 3 gouverneur du Dauphiné, qui avait lui-même fait ouvrir dans ses domaines de grandes exploitations de marbres pour décorer ses magnifiques châteaux de Vizile et de Lesdiguières. Voici cette lettre :
- (( Mon compère,
- » Celui qui vous remettra la présente est un marbrier, que j’ai fait venir » expressément de Paris, pour visiter les lieux où il y aura des marbres » beaux et faciles à transporter , pour l’enrichissement de mes maisons des » Tuileries, Saint-Germain-en-Laye et Fontainebleau, en mes provinces » de Languedoc, Provence et Dauphiné; et parce qu’il pourra avoir be-» soin de votre assistance, tant pour visiter les marbres qui sont en votre » gouvernement que les faire transporter, comme je lui ai commandé, je » vous prie de le favoriser en ce qu’il aura besoin de vous. Vous savez » comme c’est chose que j’affectionne, qui me fait croire que vous l’affec->» tionnez aussi , et qu’il y va de mou contentement.
- » Sur ce, Dieu vous ait, mon compère, eu sa garde.
- » Henry.
- » Le 3 octobre, à Chambéry/(i). »
- Aucun roi n’a plus fait que Louis XIV pour l’exploitation des carrières de marbres de France. L’intendant général des bâtimens de la couronne , dAntin, qui avait de grandes propriétés dans les Pyrénées, y fit ouvrir de vastes exploitations dans toutes les vallées où on lui indiqua des marbres. Il avait fait venir d’Espagne et d’Italie un grand nombre d’ouvriers , et c’est aux travaux de M. dAntin que l’on doit la connaissance d’une grande partie des richesses en ce genre que renferment les Pyrénées, d’où Louis XIV fit venir tous les marbres qui décorent Versailles, Trianon , Meudon, Rambouillet, Marly, etc.
- Richement approvisionnés parM. dAntin, les magasins de la couronne fournirent, sous Louis XV, tous les marbres de France qui furent successivement employés dans les travaux des maisons royales ; et c’est encore
- (i) Cette lettre est sans millésime , mais probablement de 1600, après la prise de cette ville et la conquête de la Savoie.
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- dans ce magasin que nos architectes ont trouvé les marbres dont plus tard ont été décorés le Louvre, le palais de la Chambre des pairs, celui de la Chambre des députés, le palais de Saint-Cloud, l’arc du Carrousel, etc.
- Quant aux belles colonnes que nous admirons dans ces monumens, c’est une des obligations que la France doit à notre vénérable Président; elles allaient être débitées ou passer à l’étranger , et subir le sort de plusieurs maisons royales vendues et démolies en détail. Nouvellement nommé Ministre de l’intérieur, M. de comte Chaptal appela auprès de lui les acquéreurs, et leur annonça la résiliation des ventes s’ils ne consentaient immédiatement à la restitution de ces colonnes. Les ventes leur étaient probablement favorables, ils acquiescèrent promptement à la demande; et, ne pouvant faire mieux, M. le comte Chaptal eut du moins la satisfaction de sauver du grand naufrage près de cent belles colonnes monumentales qu’il fit de suite rentrer dans les magasins du Gouvernement.
- Si le projet de construction du palais qui devait être élevé sur la montagne de Chaillot, en face du pont de l’Ecole Militaire, avait été exécuté , il aurait donné une grande activité à notre industrie et à nos carrières de marbres. L’empereur avait résolu de n’employer dans ce magnifique palais que des marbres, granits et porphyres de France : déjà des ordres avaient été donnés à cet effet ; mais les malheurs du temps n’ont pas permis de donner suite au beau travail qu’avaient fait MM. Percieret Fontaine.
- Depuis i8i5, plusieurs compagnies ont repris l’exploitation des anciennes carrières de marbres autrefois ouvertes dans la haute chaîne des Pyrénées. Diverses commandes leur ont été faites par le Ministre de l’intérieur pour le magasin du Gouvernement , et par M. le comte de Chabrol, préfet du département de la Seine, pour celui de la ville de Paris. Parmi ces compagnies, nous distinguerons particulièrement MM. Pugens et compagnie, de Toulouse ; M. Lajerle-Capel, de la même ville ; MM. Thomas , Dequesne et de Couchy, à Paris ; M. Gaudy, à Boulogne-sur-Mer; MM. Félix Boudon y à Chassai, près Saint-Claude, département du Jura; Maurel-.Courront, à Belesta (Ariége); Grimes, à Caunes (Aude); Giraud, à Ampus ( Var ) ; Bellot de la Digne, à Belesta (Ariége } ; Quivy à Mau-beuge (JNord); le baron Morel, à Bavay (Nord); Collin des Gimées, à Nancy ( Meurthe ) Dutac frères, à Épinal (Vosges); François Caillou, à Pau (Basses-Pyrénées); la compagnie de Moncy-Notre-Dame (Ardennes) ; M. le marquis de Galiffet, propriétaire des carrières de marbres brèches d’Alep (i), etc. , etc. De grands travaux ont été entrepris par quelques
- (i) A l’Exposition des produits de l’industrie, en 1827, il fut décerné par le Jury central
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- unes de ces Compagnies : espérons que le Gouvernement prendra leurs efforts en considération , qu’il facilitera l’accès des carrières par l’ouverture ou la réparation des routes, qu’eilès ne peuvent faire à elles seules , et que bientôt, à notre tour, nous fournirons à nos voisins les marbres de leurs temples, de leurs palais et de leurs habitations, comme les Gaules les fournissaient autrefois aux Romains.
- Nous ne pouvons avoir encore de données exactes sur l’importation des marbres pendant l’année 1828; nous savons que, de 1817 à 1820, elle s’était élevée à plus d’un million de kilogrammes, et l’on pourra juger, par les tableaux ci-joints qui nous ont été communiqués par M. le directeur général des Douanes, quelle a été annuellement l’importation de 1820 à
- I. Marbres importés avant la Loi du 17 mai 1826. j ;
- ' ; î 4
- DÉSIGNATION DES MARBRES. 1820- 1821- 1822- 182 3- 1824- 18231 1826-
- / Brut, 1 équarri et I statuaire lébauché. kilog. ^ 2,688,778 kilog. 1,020,619 kilog. 2,241,981 kilog. 1,832,474 kilog. ‘ 2,64i,8i5 kilog» 3,549, kilog. 2,117,306
- Marbres Scié sans 1 aucune I autre ’ f main- U;-, 3,697, 4,187,047 2,8i3, 541 3,567,019 2,806,765 2,232,702
- V d’oeuvre. J
- Totaux... | 3,85i, o35 4,7l8,44.I 6,429,028 4,646, oi5 6,208,834 6,355,g5o 4,340,008
- une médaille d’or à la compagnie Pugens ; des médailles d’argent à MM. Layerle-Capel, Thomas-Dequesne et Decouchy, Gaudy et Félix Boudon; des médailles de bronze ont été accordées à MM. Maurel-Courrent, Grimes, Giraud, et à la compagnie de Moncy-Notre-Dame ; enfin M. Çuioy a été signalé comme ayant droit à une médaille d’argent, et M. François Caillou à une médaille de bronze.
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- II. Marbres importés depuis la Loi du 17 mai 1826, dans les années 1826
- et 1827.
- DÉSIGNATION DES MARBRES. 1826- 1827.
- Brut, simplement équarri, ou kilog. 6,379 kilog. 3> »
- / Blanc statuaire..., Scié, sans distinction, mais sans aucune autre main-d’œuvre... ' 4,9°° » »
- 1 Jaune de Sienue, Brut, ou simplement équarri... » 17 67>739
- 1 vert de mer, por-, 1 tor Scié, sans distinction, mais sans , aucune autre main-d’œuvre. .. » » 9,028
- Marbre./ Bla?c, clai,r non \ veiné.—Blanc va- Brut, ou simplement équarri... 54,i 85 » ))
- I rie de couleurs...
- 1 Blanc veiné bar- 1 Brut, ou simplement équarri... 561,178 ',939>‘27°
- 1 dille , bleu tur-1 quin, brocatelle.. | 1 Scié, sans distinction, mais sans aucune autre main-d’œuvre.. . • 40,829 501,494
- \ Tous autres. Bruts, ou simplement équarris.. 784,273 781,467 1,681,239 3.524,214
- Totaux 2,233, 228 7,722,984
- Examen des Marbres des Pyrénées > de la compagnie Pugens ,
- de Toulouse,
- Messieurs, la compagnie Pugens > qui a présenté aux expositions de 1823 et de 1827 de riches assortimens de marbres des Pyrénées, vous a offert une belle suite d’échantillons de ces marbres pour augmenter vos collections. Quelques unes de ses carrières étaient connues depuis long-temps, et paraissent même avoir été exploitées par les anciens, ainsi que l’attestent les traces de travaux d’extraction plus ou moins considérables qu’on y retrouve; mais elles sont, pour la plupart, de nouvelles découvertes, qui n’ont pu être faites qu’à force de sacrifices.
- y
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- « Ranimer une industrie utile aux progrès des arts, occuper des ouvriers » nécessiteux, dans une contrée populeuse et pauvre, affranchir enfin » notre pays de tout ou partie d’un tribut onéreux, tel est, dit la compa-» gnie Pugens, dans la lettre jointe à sa collection de marbres, tel est le )) but que nous nous sommes proposé lorsque nous nous sommes livres à « l’exploitation des marbres des Pyrénées. Nous n’avons pas été arrêtes » par les difficultés que devait présenter une entreprise naissante, qui avait » à lutter contre des préjugés défavorables à ses produits. Quelques succès » aux expositions générales de 1825 et de 182,7 ont couronne nos efforts, * et l’emploi-des marbres français, dans plusieurs édifices de la capitale, et » notamment au palais de la Bourse, a diminué l’espèce de défaveur qui » semblait s’attacher aux marbres indigènes ; mais pour détruire entière-» ment des préventions nuisibles à notre entreprise, il nous reste mainte-» nant, Messieurs, à obtenir votre suffrage.))
- Les carrières de la compagnie Pugens sont ouvertes dans trois départe-mens. Nous allons successivement les passer en revue.
- I, DÉPARTEMENT DES HAUTES-PYRÉNÉES.
- 1. Marbre statuaire de Sost,
- Nous avons déjà eu l’honneur de vous entretenir en 1822 des marbres blancs statuaires de la carrière de Sost ( 1). Depuis cette époque, la compagnie Pugens y a fait de très grands travaux, et en a extrait des blocs de toute dimension. Malheureusement les chemins de cette haute partie des Pyrénées sont dans un tel état de dégradation, qu’on ne peut en descendre que des blocs de petit volume. Cependant ce marbre, que les praticiens avaient d’abord refusé à cause de sa dureté, est de première qualité, et ceux de nos statuaires qui le travaillent eux-mêmes en sont tellement satisfaits, qu’ils l’emploient de préférence à tous les autres, à raison du fini qu’ils peuvent donner aux détails, de sa demi-transparence et de son ton blanchâtre, exempt des taches et des veines des marbres d’Italie. Ce marbre est en effet d’un grain fin, serré, uniforme et homogène ; sa dureté est égale dans toute la masse, sans distinction de passe et de contrepasse; sa couleur varie entre le blanc de neige et le blanc de lait, avec une demi-transparence naturelle que les statuaires désirent trouver dans les marbres ou qu’ils cherchent à leur donner par des préparations qui souvent les al-
- (1) Voyez Bulletin de la Société , vingt et unième année , page 134*
- J^ingt-huitième année. Avril 1829.
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- tèrent et font promptement perdre aux parties les plus délicates des statues la pureté du travail.
- On connaît plusieurs statues antiques faites avec ce marbre , qui sont encore de la plus belle conservation.
- 2. Marbre bleu turquin de Sost.
- Le marbre turquin de Sost est un marbre très fin, gris bleu, avec de légères nuances blanchâtres. Ce marbre, de nouvelle découverte, soutiendra très bien la concurrence avec les bleus turquins d’Italie, dont il présente tous les caractères et la qualité, et qu’il peut remplacer saris aucune distinction ni différence.
- 3. Marbre Héréchede.
- Les carrières d’Héréchède sont également dans la commune de Sost, située dans la vallée de Barousse, arrondissement de Bagnères. Elles donnent un marbre très estimé, d’un ton gris, veiné de rose et de brun. Ce marbre, qui est très fin , ne peut être employé que dans les intérieurs.
- 4* Marbre rosé.
- Ce marbre est d’un grain très fin, à fond rose, jaspé de blanc et de gris, avec des veines blanches ; il est susceptible d’un beau poli et d’un bel emploi dans la marbrerie : les carrières d’où on le tire sont situées dans la commune de Sost. •
- 5. Marbre rosé vif. •
- Marbre qui a beaucoup d’analogie avec le bel incarnat ; il est d’un ton rosé plus animé que celui qui précède, avec des veines et des jaspures blanches : ses carrières sont aussi dans la commune de Sost.
- ; Le marbre rosé a été employé aux travaux de la Bourse et dans plusieurs
- églises. i : :: <.., ;. --r ' -
- , i ; , 6. Marbre griotte coquïllèr de Sost.
- La griotte de Sost est un beau marbre d’un rouge brun, avec des nodules d’un rouge clair, dans lesquelles on distingue de petites coquilles blanches. Ce marbre est bien plein, très vif, susceptible d’un beau poli. Les blocs, lorsqu’ils sont bien choisis, sont aussi beaux que ceux du département de l’Hérault, où l’on exploite les premières qualités de la ‘griotte, connue improprement sous le nom de griotte d Italie.
- Les parties inférieures du soubassement des pieds-droits des arcades et des murs de fond de la grande salle de la Bourse sont revêtues en griotte de Sost.
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- 7. Marbre vert sanguin.
- Ce marbre, à fond gris brun verdâtre, nuancé de rouge et de blanc, est encore exploité dans la commune de Sost. Les carrières peuvent fournir des blocs de toute dimension : c’est un beau marbre, bien plein et susceptible d’un poli vif, qui s’accorde parfaitement avec les ajustemens de bronze doré.
- 8. Marbre vert bronzé.
- Le vert bronzé ressemble beaucoup au vert sanguin ; mais il en diffère cependant par un fond plus sombre et d’un vert de bronze nuancé de brun.
- 9. Marbre vert rubané.
- Ce marbre est une découverte de la compagnie Pugens : il est exploité à la carrière de Portillon, commune de Sost. C’est une des plus belles espèces de marbre que l’on connaisse; il présente des nuances rouges et vertes rayées de noir sur un fond gris, coupé de veines blanches avec des arborisations. Pris dans sa contrepasse, il offre de beaux effets rubanés qui doivent le faire rechercher pour le décor intérieur des édifices (1).
- . 10. Marbre dAntin ou Sarran colin.
- Le marbre d’Antin, autrement dit Sarrancolin, se trouve dans la commune de Beyrède. C’est une belle brèche, d’un calcaire compacte, rosée ou couleur de chair, flambée de rouge plus ou moins vif, avec des veines blanches, grises, bleues et vertes. Souvent les parties rouges sont fortement prononcées et d’un ton aussi vif que dans les belles brèches de Messine. Ce marbre, qui est dur et susceptible d’un beau poli, est du plus bel effet dans la décoration des monumens publics, et, lorsqu’il est bien choisi, il peut être employé à l’extérieur comme à l’intérieur. 11 a été très recherché sous Louis XIV et Louis XV, et c’est un des plus beaux marbres que rarchitec-* ture monumentale puisse employer.
- 11. Marbre corallique de Beyrède.
- Le marbre corallique de Beyrède est exploité dans les mêmes carrières que le Sarrancolin d’Antin, dont il diffère en ce qu’il est généralement d’un
- (1) M. le comte de Vaudreuil dit avoir vu dans un vallon voisin de Baréges un marbre rubané de la plus grande beauté , dans lequel les couches sont si bien parallèles, qu’avee la règle et l’équerre l’ouvrier ne les figurerait pas plus exactes. Ce marbre , qui est de cinq à six couleurs différentes , formerait des tables magnifiques. Promenade de Bagnères-de-Luchok à Paris ; par M. le comte P. de Vaudreuil. Paris, in-8°.
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- fond gris jaspé de blanc, avec des fragmens roses, rouges et jaunâtres , dans lesquels on distingue des coraux et des coquilles. Ce marbre est souvent aussi beau et aussi fin que le Sarrancolin : il est employé avec le même succès, et on les confond souvent ensemble.
- Les revêtemens à hauteur d’appui, dans la grande salle de la Bourse de Paris, sont de marbre Sarrancolin de Beyrède. On trouve aussi ces marbres dans la décoration de la salle des pas perdus et de la salle des conférences du palais de la Chambre des députés.
- 12. Marbre brèche Caroline.
- Le marbre brèche Caroline s’exploite dans la commune de Baudéant , arrondissement de Bagnères-de-Bigorre. C’est une espèce de brèche universelle dont le fond ou la pâte jaunâtre a aggloméré des fragmens de différens marbres noirs, noirâtres, gris, bleus, blancs et veinés. Ce marbre est beau, et même très beau. Il est fin, bien plein , susceptible d’un vif poli, et d’un fort bel effet pour la décoration intérieure des monumens publics et des habitations particulières.
- i3. Marbre brèche de Sauveterre. 1
- La brèche de Sauveterre a la plus grande analogie avec la brèche dite la Florentine, parce qu’elle fut particulièrement employée dans les édifices du temps de la reine Marie de Médicis. Elle a joui pendant long-temps d’une très grande vogue. Elle présente un amalgame de fragmens de marbre du plus beau noir dans une pâte jaunâtre, accidentée de veines blanches.
- II. DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-GARONNE.
- 14. Marbre isabelle.
- Le marbre isabelle r ou gris de Signae, est un calcaire argileux gris, d’un grain très fin, jaspé de veinules isabelles, d’un ton très doux â l’œil. Ce marbre, qui est peu prononcé, ne peut être employé que dans les intérieurs, Il est d’un bon effet dans la marbrerie de marqueterie, pour les oppositions et les contrastes. Les carrières sont à Signae, arrondissement de Saint-Gaudens.
- 15. Marbre gris perlé.
- Le marbre gris perlé, qui s’exploite également dans la commune de Signae, appartient à la même formation que l’isabelle; mais il lui est supérieur et peut avoir beaucoup de succès, à cause de la douceur et de l’harmonie de ses nuances. C’est un marbre très fin , à fond gris, jaspé de veines brunes et noirâtres.
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- 16. Marbre clorinde*
- Ce marbre, qui appartient à la formation des marbres griottes ou mar* bres à nodules, est d’un fond gris brun avec des veines d’un vert bronze; il contient, comme certaines variétés de griottes, de belles coquilles et ammonites blanches ou rosées. Comme la griotte, le marbre clorinde est un marbre très fin, susceptible d’un beau poli et du plus bel effet, avec le bronze doré. Quelquefois les ammonites blanches et roses y sont disséminées également. Ce marbre est alors un des plus beaux qu’on puisse employer. Ainsi les tables qui furent présentées à l’exposition de 1827 furent' généràlement trouvées de la plus grande beauté, et il y eut un assentiment unanime à leur égard.
- 17. Marbre griotte de Signac,
- La griotte de Signac est un des plus beaux marbres des Pyrénées, et peut rivaliser avec la griotte de l’Hérault, improprement appelée d'Italie. C’est un beau marbre d’un rouge brun, avec des taches d’un rouge clair sanguin et quelques veines grises ou verdâtres. On en distingue une jolie variété, qui est accidentée par de belles ammonites blanches et roses. La griotte de Signac est un marbre très recherché pour la décoration des habitations particulières ; elle est également employée avec le plus grand succès dans les monumens publics.
- 18. Marbre brèche africaine.
- Ce beau marbre est tellement identique avec celui qui est vulgairement connu sous le nom de brèche africaine, qu’il est impossible de les distinguer. Les Romains ont beaucoup employé la brèche africaine dans leurs plus beaux monumens ; mais on ignore oir ils les faisaient extraire. Peut-être les carrières de Rize,. qui offrent des vestiges d’anciens travaux, ont-elles été exploitées par ce peuple conquérant, qui paraît avoir employé égale-lement nos marbres des Alpes et des Pyrénées. La brèche africaine de Bize est un calcaire noirâtre d’un grain très fin, qui a empâté des fragmens de marbre blanc, vert, jaune, gris et brun; enfin, c’est un marbre d’un très bel effet dans les monumens publics.
- 19. Marbre rouge antique de Cierp.
- Le rouge antique des anciens est un marbre rouge homogène, sans veines et sans taches. Quoique le rouge des Pyrénées soit assez souvent coupé de petites veinules blanches, il présente cependant une grande analogie avec le rouge antique, par la couleur, le grain et l’homogénéité de quelques uns des bancs de la carrière de Cierp. Mais le plus communément, ce marbre
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- est coupe' de veines blanches plu& ou moins nombreuses; quelquefois il contient des ammonites blanches. C’est, au reste, un de nos plus beaux marbres; il est d’un b‘el-effet dans les monumens publics, et la marbrerie peut en tirer le plus grand parti. : r i
- 20. Marbre noir antique.
- Le noir antique est un beau calcaire noir, et même d’un noir très intense, légèrement veiné ou jaspé de blanc. Ses carrières, qui sont ouvertes à Saint-Bertrand de Comminges, ont été exploitées par les anciens. On en trouve beaucoup de monumens dans les églises du Midi.
- zi. Marbre jaune d’Hers.
- Le jaune d’Hers est un calcaire compacte jurassique, d’un jaune foncé, avec quelques légères veines rouges ou brunâtres. Ce marbre, quoique moins fin que le jaune de Sienne , peut lui être substitué avec avantage, à raison de la différence des prix.
- III. DÉPARTEMENT DES BASSES-PYRÉNÉES.
- 22. Marbre blanc statuaire de Louvie.
- Le blanc statuaire de Louvie-Soubiron, connu sous le nom de marbre de la Vierge, est un marbre tellement identique avec ceux de Carrare et de Luni, qu’aucun statuaire ou marbrier ne pourrait les distinguer. Ce marbre est d’un blanc de neige cristallin, à grains fins ou petites écailles très fines. Les statues qui ornent la façade de la chapelle de Notre-Dame de Betharram, célèbre pèlerinage, où l’on accourt de toutes les parties du Béarn, sont de marbre blanc de Louvie. On trouve dans les carrières un autre marbre blanc à gros grains, qui est plus dur et plus transparent, et qui a plus d’analogie avec le marbre grec.
- 25. Marbre blanç veiné de Louvie-Soubiron.
- Le marbre blanc veiné de Louvie est de même nature que le précédent : c’est un beau calcaire à grains très fins, blanc, légèrement veiné de gris ; il jouit de la même dureté; enfin il est susceptible d’un beau poli, et peut être employé avec le même succès que le Carrare, pour la statuaire, la sculpture d’ornement, et en général dans tous les ouvrages de marbrerie et d’architecture monumentale et particulière.
- 24. Marbre bardille de Louvie-Soubiron.
- ~ Le bardille de Louvie est une belle variété du blanc veiné qui précède ,
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- mais dans lequel la teinte grise est par nuages, comme dans certains bleus iurquins, dont ce bardille n’est probablement que le passage au vénta-ble bleu turquin, que l’on trouvera peut-être dans le voisinage. C est à cette variété qu’il faut rapporter les quatre belles colonnes de maibre blanc jaspé de gris bleu de l’autel de l’église de Bielles, a peu de distance de Louvie. On rapporte, au sujet de ces colonnes, qu’elles furent demandées par Henri IV, devenu roi de France à la communauté de Bielles, qui répondit en idiome béarnais : « Sire , bous quets meste de noustes » cood et de noustes bes, mai per çoqui es deus pilias deu temple aquets » que son Diu, d’abeig quep at bejats. » Ce qui signifie : Sirey 'vous êtes le maître de nos cœurs et de nos biens ; mais quant à ce qui regarde les colonnes du temple y elles appartiennent à Dieu, arrangez-vous avec lui ; et la chronique ajoute que probablement les arrangemens ne purent avoir lieu, puisque Véglise de Bielles a conservé ses colonnes.
- Vous pourrez juger, .Messieurs, par la description des échantillons de marbre que la compagnie Pugens vous a présentés, de la richesse des carrières qu’elle exploite, et des ressources quelles offrent à la marbrerie pour l’architecture civile et monumentale. Ces carrières sont, pour la plupart, dans les hautes vallées des Pyrénées, dénuées de toute espèce d’industrie f elles assurent des travaux aux malheureux habitans de ces montagnes ; chaque carrière emploie un grand nombre d’ouvriers de tout âge : les travaux sont partout en pleine activité ; les magasins de la compagnie à Toulouse, à Bordeaux, à Paris, sont bien approvisionnés et en état "de fournir à toutes les demandes^
- En vous faisant hommage de la belle série d’échantillon s de marbres qui est sous vos yeux, la compagnie Pugens s’est bornée à vous demander votre approbation comme la récompense la plus honorable et la plus désirée. Pour vous, Messieurs,, vous aurez à examiner si, en remerciant cette compagnie de la belle suite de marbres dont elle à enrichi vos collections, il ne conviendrait pas de lui donner en séance publique un témoignage authentique de votre satisfaction , surtout si vous vous rappelez que la France paie encore un tribut annuel de plus de 5 millions, dont les sacrifices de la compagnie Pugens ienàe^t irnous affranchir si elle est encouragée dans ses généreux efforts (r).
- Adopté en séance y le 22 avril 1829;
- Signe Héricart de Thury, rapporteur.
- (1) Cette proposition a été renvoyée à ta Commission des médailles. -
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- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Fin du Mémoire sur la fabrication des poteries_, des faïences, et des grès a limitation des produits anglais, introduite en France par M. de Saint-Amans (i),
- 12. Lustres métalliques appliqués sur les poteries,
- Depuis quelques années, on a cherché en Angleterre à donner aux vases de faïence, et principalement aux théières, pots à crème, etc., l’apparence de vases métalliques imitant l’or et l’argent , et on est parvenu à obtenir ces effets en employant des procédés aussi simples qu’économiques. Ces procédés ont été introduits en France , et sont aujourd’hui en usage dans quelques manufactures (2).
- Les lustres métalliques, n’étant appliqués qu’à l’extérieur, n’ont aucun inconvénient pour la santé; et comme la couverte destinée à les recevoir est tendre et contient une assez grande quantité de plomb pour rendre la fusion facile, l’enduit s’emploie sans fondant. La couverte préparée pour cet usage est composée de 60 livres de litharge, 56 de granit et 15 de silex.
- On pose généralement les lustres d’argent et de platine sur un fond blanc, tandis que les lustres d’or et de cuivre ne réussissent, à cause de leur transparence, que sur un fond coloré. Cependant les Anglais préfèrent les poteries foncées, parce que les couleurs y paraissent plus belles : c’est pour cela qu’ils ont trouvé les moyens de varier les nuances de leurs lustres par les différentes couches d’engobes qu’ils donnent à quelques unes de leurs pièces.
- Les lustres d’or et de platine se mettent presqud toujours sur un corps de pâte fait exprès, et qui est enduit de la couverte de plomb dont nous venons de parler. Cette pâte est brune et composée de 4 parties d’argile , 4 parties de silex, pareille quantité de kaolin , et 6 parties de granit.
- Pour porter des engobes brunes sur de£ corps de pâte blanche, on fait avec cette pâte une barbotine qui doit peser 26 onces par pint pour qu’elle fasse bien corps avec l’autre pâte , et qu’elle ne s’écaille pas après qu’elle sera cuite.
- (1) Voyez Bulletin (}e mars, page 92.
- (2) On peut consulter à ce sujet un rapport sur les poteries à lustre métallique présentées à la Société d’Encouragement par M. Legros d’Anisy, inséré au Bulletin de la Société, année 1822, page 187.
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- Les lustres placés sur des engobes de couleurs paraissent etre tous de nuances differentes , d’après les fonds sur lesquels ils sont appliques.
- Préparation du lustre d'or. On fait dissoudre, à froid d abord, puis en chauffant, 48 grains d’or fin dans 288 grains d’eau régale, composée d’une once d’acide nitrique et de 5 onces d’acide hydrochlorique; ou y ajoute peu à peu 4 4 grains d’étain en grenaille, et on verse une petite partie de cette dissolution dans 20 grains de baume de soufre étendu de 10 grains d’huile de térébenthine. Le baume de soufre se prépare en faisant chauffer une pinte d’huile de lin et 2 onces de fleur de soufre , et remuant continuellement jusqu’à ce que le mélange commence à bouillir ; on le laisse refroidir ensuite en plaçant le vase dans l’eau froide ; on remue de nouveau, et on passe la composition à travers un linge.
- Les ingrédiens ci-dessus étant bien mêlés , on les laisse reposer pendant quelques minutes, puis on verse le restant de la solution d or, et on triture jnsqu’à ce que la masse ait pris assez de consistance pour que le pilon s’y tienne debout ; finalement ou ajoute au mélange 3o grains d’huile de térébenthine : on triture de nouveau , et le lustre d’or se trouve préparé pour l’usage.
- Voici une autre recette pour préparer le lustre d’or.
- On fait dissoudre 4$ grains d’or fin dans une eau régale composée de 7 once d’acide nitrique, et de même quantité d’acide hydrochlorique , à laquelle on ajoute 7 once d’eau distillée ; on met le tout au bain-marie jusqu’à saturation complète ; d’autre part, on fait fondre de l’étain fin, et on le jette dans de l’eau froide; puis on dissout 48 grains des petits globules d’étain recueillis dans une dose d’eau régale semblable à celle employée pour l’or. Ensuite on laisse infuser pendant une heure du houblon dans de l’eau bouillante ; on filtre cette infusion et on en verse dans une tasse 3o- gouttes , on y ajoute 4° de solution d’or et 7 de solution d’étain. Après avoir bien trituré ce mélange , on le porte sur la pièce avec un tampon de mousseline rempli de coton; on fait sécher sous le moufle de fonte, puis on cuit sous un moufle ordinaire, et l’or se trouvera parfaitement fixé sur la pièce.
- Si les lustres d’or sont trop légers, on y ajoute de l’or, et s’ils ne sont pas assez violacés et purpurins, on y ajoute de l’étain.
- Lustre de platine. On obtient avec le platine deux lustres, l’un semblable à de l’acier poli, l’autre plus clair et d’un blanc d’argent.
- Pour donner aux poteries la couleur d’acier par le platine, on fait dissoudre ce métal dans une eau régale composée de deux parties d’acier by-drochlorique et d’une partie d’acide nitrique. On laisse refroidir la disso-
- Vingt-huiiième année. Avril 1829. 2l
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- lution, et après l’avoir versée dans une capsule, on y ajoute goutte à goutte, et en remuant continuellement avec un tube de verre ou de porcelaine, de Y esprit de goudron, composé de parties égales de goudron et de soufre, qu’on fait bouillir dans de l’huile de lin et qu’on filtre ensuite. Si la dissolution de platine est trop forte, on y ajoute de l’esprit de goudron ; si au contraire elle est trop faible on la fait bouillir : alors elle arrivera au degré convenable et on pourra s’en servir sur la pièce, qui, ayant été passée dans le moufle, aura l’aspect de l’acier.
- L’oxide de platine, au moyen duquel on donne à la poterie la couleur d’argent, se prépare de la manière suivante.
- Après avoir fait dissoudre jusqu’à saturation le platine dans une eau régale composée de parties égales d’acide hydrochlorique et nitrique, on verse la dissolution dans de l’eau bouillante. D’autre part, on prépare une dissolution de sel ammoniac volatil et ou met au bain-marie la capsule qui la contient. On répète cette opération jusqu’à ce que tout soit précipité ; on lave le précipité à l’eau froide jusqu’à ce qu’elle sorte parfaitement pure, puis on le fait sécher et on le conserve pour l’usage.
- Pour appliquer ce lustre métallique on le couche avec une brosse très douce, ayant soin de ne pas employer le fond de la bouteille. On le fait cuire au feu de moufle à la même température que l’or de la porcelaine ; la pièce ressemble alors à de l’acier poli ; mais le procédé n’est complet que lorsqu’on y a passé une seconde fois l’oxide de platine.
- Pour cet effet, on verse cet oxide dans une capsule, et on laisse reposer. On décante le liquide qui surnage le précipité; on triture celui-ci, on y ajoute un peu du liquide dont nous venons de parler, et on le passe sur la pièce déjà couverte de la première dissolution ; on fait sécher et cuire au moufle à une température au dessous du rouge cerise. Aussitôt que l’oxide est devenu noir, ce qu’on connaît en introduisant un papier allumé dans l’intérieur du moufle, on cesse le feu et on laisse refroidir les pièces qui sortiront noires ; mais, en les frottant avec du coton , on découvrira une surface aussi brillante que l’argent.
- Lustre de fer. Pour obtenir ce lustre, les Anglais font dissoudre un morceau d’acier dans de l’acide hydrochlorique , mêlent cette dissolution avec de l’esprit de goudron , et l’appliquent sur les poteries , par les moyens employés pour^es lustres précédens.
- Couverte aventurine* des poteries. On mêle avec la couverte dont nous avons donné la recette ci-dessus une certaine quantité de feuilles d’argent battu, qu’on broie avec du miel bien lavé à l’eau bouillante, pour que le métal se mêle dans la couverte en parties aussi fines que du sable. La cou-
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- verte, étant naturellement jaunâtre, donne la teinte de l’or aux petits fragmens d’argent qui se trouvent identifiés avec la couverte.
- M. de Saint-Amans remplace l’argent par le molybdène pour imiter le lustre aventurine ; il le pulvérise et le met sur la pièce de biscuit, qu on passe ensuite en émail. La pièce étant cuite, le molybdène prendra l’as-pect de Faventurine.
- Lustre d’or granité. Il s’obtient en jetant légèrement avec un pinceau quelques gouttes dé térébenthine sur la pièce déjà couverte du lustre d’or, qui se sépare et paraît en taches ou gouttelettes imitant le granit.
- Lorsqu’on veut imiter des marbrures sur les poteries, on se sert du lustre d’or, de platine et de fer qui, se fondant ensemble, forment sur la pièce des veinures semblables au marbre.
- Les Anglais travaillent aussi les lustres à la pointe , comme on le fait de For sur la porcelaine, et y tracent des paysages ou d’autres ornemens ; on dore sur le lustre d’or et de platine , et on les entremêle de couleurs ; mais, pour réussir, il faut que les couvertes soient broyées très fines, afin qu’étant cuites, elles présentent un aspect glacé sans aucun grain.
- Les lustres d’or et de platine sont si économiques, que M. de Saint-Amans recommande de les adopter pour la porcelaine dure , en y ajoutant une certaine quantité de bismuth, qui est nécessaire pour les faire gripper sur nos couvertes»
- Seconde partie. — Poteries et Grès couleur de TVedgwood.
- On trouve en Angleterre des poteries vitrifiées connues sous le nom de dry bodies (corps secs), qui ne sont pas susceptibles de recevoir des couvertes extérieures. Ces poteries sè composent dç deux manières : la première, avec des terres barytiques, qui agissent comme fondans sur les argiles et forment des émaux ; c’est ainsi que sont composés les jaspers, terres jaspées de Wedgwood.
- Les pâtes blanches vitrifiantes, propres à recevoir toutes sortes de couleurs métalliques, sont composées de 4? parties de sulfate de baryte, i5 de granit, 26 d’argile de Devon , 6 de sulfate de chaux, i5 de silex, et io de strontiane.
- Cette composition est susceptible de recevoir les teintes des oxides et chaux métalliques, ou des ocres terreuses des métaux.
- Le manganèse produit la couleur pourpre; For précipité par l’étain, Je rose; l’antimoine, l’orange; le cobalt, diverses teintes de bleu ; le cuivre est employé pour les bruns et les verts feuille morte; lé nickel rend les potasses verdâtres.
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- On met par céut à peu près une partie de chaux de cobalt ; une demie ou même un quart pour 100 suffirait pour faire le beau bleu de Wedgwood, lorsque le nickel et le manganèse doivent entrer dans la proportion de 3 pour ioo, et le carbonate de fer dans la même proportion. .
- Pour obtenir des terres noires, quelques manufacturiers anglais mettent jusqu’à 7 livres de manganèse avec l’oxide noir de fer ou avec l’ocre.
- Le nickel et la terre d’ombre donnent un beau brun.
- Le carbonate de fer, mêlé avec du bol ou terre de Sienne, forme une belle nuance de pâte, de même que le manganèse et le cobalt, le cobalt et le nickel.
- L’antimoine produit une fort belle couleur lorsqu’il est combiné avec le carbonate de fer dans la proportion de 2 pour 100, avec les ingrédiens nécessaires pour confectionner la pâte vitrifiante dont nous venons d’indiquer la composition.
- Yoici une autre composition de pâte vitrifiante beaucoup plus tendre que la première :
- Granit........... 3o parties.
- Sulfate de chaux........................... . 23
- Silex.................................... 17
- Argile........... . . . . . . . . ... ... 15 . .
- Kaolin de Cornouailles................... . . i5
- Sulfate de baryte. ............... 10
- Les pâtes vitrifiantes possèdent une grande ductilité, et se travaillent avec autant de facilité que la terre de pipe anglaise.
- On tourne les pièces rondes, on en moule aussi quelques unes; les pièces ovales le sont toujours, et les ornemens les plus délicats sont moulés dans des creux en terre cuite par des femmes et des enfans, et appliqués avec une adresse étonnante sur les pièces tournées et moulées.
- Les pâtes colorées ont une si grande affinité l’une pour l’autre, que les ornemens détachés sont non seulement placés avec un peu d’eau gommée sur les formes concaves et convexes, mais encore que le feu les fait adhérer sans qu’ils éprouvent la moindre déchirure.
- Les pâtes colorées ne reçoivent qu’un seul feu, à moins qu’on ne veuille en émailler l’intérieur, ou donner un brillant à la surface extérieure.
- L’émail pour l’intérieur des poteries noires de Wedgwood se compose de 6 parties de minium, d’une de silex, et de 2 onces de manganèse, si on mesure par livre.
- . L’opération qui consiste à donner un lustre extérieur aux parties vitrifiées et sans couverte est désignée en Angleterre par le mot de smearing. Les pièces ne reçoivent alors aucune immersion ni même le secours du
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- pinceau de l’artiste; mais elles exigent un second feu. Les étuis ou gazettes dans lesquels on les place sont enduits de la couverte dont nous avons donné la composition , page 2 5 du Bulletin de janvier. Les étuis leur communiquent par la réverbération le lustre qu’on remarque ordinairement sur l’extérieur des poteries anglaises, qu’on imaginerait avoir été mises en couverte ou passées au pinceau. Souvent aussi on jette sur les parois intérieures du moufle une composition particulière très fusible ; on place vers le centre cinq ou six pièces appelées réfracteurs, qui sont pareillement enduites de la même composition ;. l’intensité de la chaleur vaporise le fondant, une partie de la vapeur vient se condenser et se fixer sur la surface des pièces voisines et leur donne le brillant qu’elles doivent avoir.
- On nomme pâte à mortier ( mortar body) une pâte composée de 6 parties d’argile, 5 de granit, 2 de silex et une de kaolin.
- Les impressions blanches et jaunes sur des poteries de couleur sont aujourd’hui très en usage dans les manufactures anglaises. Pour les impres-* sions jaunes sur poteries brunes, on broie de l’ocre avec une petite quantité d’antimoine. Le fondant est formé d’une égale quantité en poid§ de flint-glass et de silex. Quant à la composition pour les impressions blanches, on broie du silex , que l’on mêle avec ce fondant, et on imprime, comme pour les couleurs bleues, sur des poteries brunes ou d’autres couleurs susceptibles de faire paraître les impressions de couleur tendre.
- Troisième partie. — Porcelaines.
- Les porcelaines anglaises sont tendres, c’est à dire qu’elles ne sont pas composées , comme en France, de kaolin et de pétunzé; qu’elles cuisent à une température plus basse et qu’elles sont recouvertes d’un émail artificiel : elles réussissent constamment au feu, et le peu de combustible nécessaire pour leur cuisson permet de les vendre à très bas prix. Les porcelaines tendres sont qonnues en Angleterre sous la dénomination d’iron stone china ou porcelaine de pierre de fer. Elles sont composées ordinairement de 6oparties de granit, 4° d’argile et de 2 de flint-glass, ou bien de 42 parties de granit, même quantité d’argile, 10 parties de silex et 8 de flint-glass. $
- La couverte pour la première composition se fait avec 3o parties de granit, i5 de silex, 6 de minium et 5 de soude; on fait fritter et on ajoute à 44 parties de la fritte 22 parties de flint-glass et i5 parties de blanc de plomb.
- La couverte pour la deuxième composition est formée de flint-glass, 8 parties; granit, 36; blanc de plomb, 4° > silex, 20.
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- Les manufactures anglaises ont trois sortes décompositions de pâtes pour les porcelaines; savoir, deux compositions non frittées, l’une pour le service ordinaire de table, l’autre pour le dessert et le service à thé; et la troisième, qui est frittée, correspond à notre pâte de sculpture, avec laquelle on fait des figures et toutes sortes d’ornemens les plus délicats.
- Première composition.
- Silex. . .......... j5 parties.
- Os calcinés. ........ 180
- Argile. 7°
- Kaolin. • - 4°
- Deuxième composition.
- Silex. . 56 parties.
- Os calcinés................100
- Kaolin. . ......... 96
- Granit, 8q
- Troisième composition frittée.
- Sable de Lynn, comté de Norfolk. . . . i5o parties.
- * Os calcinés.................................3oo
- Potasse. . . ............................ 10
- Ajoutez 100 livres de kaolin.
- Couverte pour les trois compositions, précédentes.
- Granit. ....................45 parties.
- Silex....................... 9
- Borax. .................. . 21
- Flint-glass. ........ 20
- Nickel...................... 4
- Faites fritter et ajoutez 12 livres de minium.
- Pour la composition frittée, qui est la plus fusible, la couverte doit recevoir 12 parties de silex au lieu de 9 parties, et on doit réduire le borax à i5 parties.
- Fnv du Mémoire sur les applications dans Véconomie domestique de la gélatine extraite des os au moyen de la vapeur y par M. A. de Pnymaurin, directeur de la Monnaie royale des médailles (1).
- Le premier appareil construit d’après le système de M. D’Arcet était destiné à fournir des dissolutions de gélatine à la cuisine de l’hôpital de la
- (1) Voyez Bulletin de mars, page 127.
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- Charité. Son service n’a été régulier que vers la fin de janvier, époque à laquelle je faisais construire celui de la Monnaie des médailles.
- M. D’Arcet vient de publier la description de cet appareil, et quoique celui de la Monnaie des médailles soit établi sur le même principe, il est utile de le faire connaître, parce que les modifications que j’y ai apportées peuvent rendre son emploi plus approprié à certains usages.
- L’appareil de l’hospice de la Charité ne peut fournir que de la gélatine dissoute dans de l’eau. Cette dissolution , versée dans les chaudières de la cuisine de l’établissement, y reçoit les autres préparations. Un appareil de ce genre eût été insuffisant pour l’usage auquel je le destinais ; la gélatine dissoute dans de l’eau n’eût pu être employée par les ouvriers : il se serait présenté de grandes difficultés, soit pour la transformer en bouillon, soit pour l’employer à la préparation des ragoûts ; il aurait fallu créer un grand nombre de cuisines particulières, pour lesquelles les connaissances premières et le temps eussent également manqué; le but que je me proposais n’aurait pas été atteint si mon appareil n’avait pu servir à la fois à la préparation des alimens et à l’extraction de la gélatine des os. Il était bon qu’il n’exigeât aucune surveillance, aucun soin, él que sa marche fût régulière la nuit comme le jour. J’ai dû appliquer à sa construction toutes les ressources offertes par les connaissances acquises, tant pour atteindre le plus haut degré de perfection que pour prévenir les accidens de tout genre. Je suis loin d’oser espérer avoir rempli la tâche que je m’étais imposée : il n’est pas douteux que ce premier essai ne soit destiné à recevoir d’importantes modifications. La publicité que je lui donne ne sera pas, sous ce rapport, sans utilité, et je dois prévenir que si, depuis plus de deux mois que je m’en sers, j’y ai apporté de légères modifications, elles ont été peu importantes, et qu’il remplit entièrement le but que je m’étais proposé.
- Le premier appareil que j’ai fait construire est portatif, de forme cylindrique ; il est représentéJig. i et 2, PL 386. J’en ai fait construire un second, parce que je crois qu’il est bon d’avoir un double équipage de chaudières à vapeur, pour qu’un service aussi important n’éprouve pas d’interruption. Les conséquences en seraient d’autant plus fâcheuses, que leur résultat serait de rappeler les ouvriers à leurs anciennes habitudes, et de perdre ainsi tous les efforts et les sacrifices qu’on aurait faits pour leur en donner de nouvelles.
- Ces deux appareils sont à peu près semblables dans leurs détails, et la seule différence qu’offre la forme des chaudières 111’a été imposée par la localité. Les formes rondes ont l’avantage d’offrir plus de résistance et de permettre de diminuer les épaisseurs : les meilleures dimensions pour les chaudières de ce genre sont 1 de largeur sur 4 de longueur. (Voyez Jig. 12. )
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- On peut objecter le rayonnement du calorique contre les chaudières cylindriques; mais je ne pense pas que cet inconvénient puisse compenser leurs avantagés.
- Mon appareil se compose d’une chemise en tôle ou en maçonnerie, d’une chaudière à vapeur, d’une chaudière plus petite entrant dans la première , dont elle forme le couvercle et sert à renfermer le bain-marie ou le bain de vapeur, d’une marmite pour la cuisson des alimens, d’un couvercle, d’un tuyau de distribution de la vapeur, de six cylindres, d’un flotteur, d’une machine pour briser et concasser les os.
- La Pl. 386 représente le pian général de l’appareil à demeure, et les coupes verticale et horizontale de l’appareil portatif.
- On voit dans la PL 587 les élévations et les coupes longitudinale et latérale de l’appareil à deux chaudières.
- Les détails des différentes pièces dont il se compose sont représentés PL 388.
- Fig. 1, P/. 386. Coupe verticale de l’appareil portatif sur la ligne cd de la fig- 2. .
- Fig. 2. Coupe horizontale «prise au niveau de la ligne a b,ji^. 1.
- Fig. 3. Pian général de l’appareil complet à deux chaudières.
- Fig. 4. Tuyaux distributeurs de la vapeur, vus en dessus.
- Fig. 5. Vue de face du tube indiquant le niveau de l’eau dans la chaudière.
- Fig. 6, Pl. 587. Coupe verticale du fourneau et des marmites, dont l’une est vue en élévation avec ses accessoires.
- Fig. 7. Coupe latérale du fourneau, de la chaudière et de l’une des' marmites, et vue de face des cylindres.
- Fig. 8. Section verticale de la boite renfermant le flotteur.
- Fig. 9. La soupape pour la rentrée de l’air dans la marmite, vue en coupe et en dessus.
- Fig. io. Mécanisme du régulateur du feu, vu en plan et en élévation.
- Fig. 11. Disposition du flotteur, montrant l’arrivée et la sortie des divers tuyaux qui y aboutissent. •
- Fig. 12. Coupe longitudinale de la chaudière et élévation de la marmite, dans les dimensions les plus convenables à donner à ces pièces.
- Cette figure n’est qu’une simple indication ; elle est, ainsi que la précédente , dessinée sur une plus petite échelle.
- Fig. i3, PL 388. Bride du couvercle, vue en élévation et en plan.
- Fig. 14. Croisillon en fer pour maintenir les couvercles des cylindres.
- Fig- i5. Un des cylindres, vu séparément.
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- Fig. 16. Autre cylindre plus petit.
- Fig. 17. Cylindre en toile métallique entrant dans le Cylindre précédent, et dans lequel on met les os concassés.
- Fig. 18. Maillet en bois dur, garni en dessous d’une plaque en fonte taillée en pointe de diamant.
- Fig. 19. Couvercle de la marmite vu en élévation et en plan.
- Fig. 20. Marmite vue en coupe. ,
- Fig. 21. Autre marmite qui reçoit la précédente et se place dans la chaudière à vapeur.
- Fig. 22. Chaudière à vapeur, vue de face. r
- Fig. 25. La même , vue de profil.
- Fig. 24* Billot surmonté d’une plaque de fonte taillée en pointe de diamant, sur laquelle on casse les os.
- Fig. 25. Plan de la plaque de fonte fixée sur le billot.
- Fig. 26. Virole en plan et élévation.
- Fig. 27. Boîte qui reçoit les os.
- Fig. 28. Plan et coupe d’un disque en fonte avec de profondes cannelures concentriques , sur lequel on brise les os sous le balancier.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- A, fourneau en tôle ou en maçonnerie, convenablement percé pour donner passage aux diverses pièces de l’appareil; B, chaudière à vapeur d’une épaisseur proportionnée à sa forme, à la pression qu’elle doit soutenir et à la nature du métal dont elle est composée; C, chaudière plus petite que la chaudière à vapeur, logée dans son intérieur, et lui servant de couvercle : elle est destinée à recevoir le bain-marie ou le bain de vapeur : de forts boulons la réunissent avec les bords de la chaudière à vapeur; D, marmite pour la cuisson des alimens; elle est en fer-blanc, avec deux fortes anses à charnière ; on peut y cuire les alimens de trois manières différentes: i°. à la vapeur, en ne mettant pas d’eau dans son intérieur, et en introduisant la vapeur par le robinet l, Jig. 3 ; 20. comme marmite ordinaire, au bain-marie ou au bain de vapeur; 3°. dans un bain d’air échauffé, comme dans un four; E, couvercle de la marmite aussi en fer-blanc; sa base est garnie d’étoffe, ce qui le rend élastique et capable de supporter la compression d’une garniture en fer : le couvercle est enveloppé de laine; F, tuyau distributeur de la vapeur; G, cylindres en fer-blanc, dans lesquels s’opère l’extraction de la gélatine; deux de ces cylindres ont une capacité double de celle des quatre autres : on peut donc considérer leur ensemble comme formant quatre capacités égales. Il est bon d’avoir quatre cylindres, parce que ce 11’est qu’au bout de quatre-vingt-
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- seize heures que les os se trouvent entièrement dépouillés de tous leurs principes nutritifs. On renouvelle alternativement, toutes les vingt-quatre heures, les os de chacun des cylindres ; on mêle les dissolutions obtenues, et l’on a ainsi une dissolution moyenne constante. Les petits cylindres sont construits d’après les proportions les plus convenables pour la condensation; elle est activée, dans les grands cylindres, par des serpentins en plomb qui les entourent ; l’eau renfermée dans leur partie inférieure et chauffée à près de ioo degrés, au moyen d’une quantité de calorique qui serait perdue, se rend dans la chaudière, active et régularise la marche de l’appareil, et diminue la consommation du combustible : l’eau, échauffée dans la partie supérieure, se rend au robinet, et est employée pour les besoins de la cuisine; H, tuyau par où s’échappe la fumée ; I, foyer qui doit être assez grand pour contenir la quantité de combustible pour le service ~ de la nuit : la quantité de vapeur à produire servira à calculer son volume ; J, grille; K, cendrier; L, baquet pour recevoir la dissolution de gélatine ; M, flotteur qui sert à maintenir un niveau constant dans les chaudières.
- a, robinets pour l’introduction de l’eau ; b , robinets pour l’introduction de la vapeur provenant d’une chaudière employée dans l’établissement à d’autres usages ; c,fig. i, tube en verre avec ses accessoires, indiquant la hauteur de l’eau dans la chaudière; d, robinet de vidange de la chaudière; e, tuyau de sortie de la vapeur; f, régulateur du feu d’après le système dè Bonnemain. On appelle ainsi un instrument qui se place dans l’intérieur du fourneau ou des chaudières, et qui en règle la température. Celui qui est établi dans le fourneau cylindrique a été exécuté d’après les détails consignés dans le N°. CCX.LII du Bulletin de la Société. Le régulateur placé dans les chaudières rectangulaires est construit sur le même principe, rhais il est plus simple; g, Jîg. 5, 4, 6, 7 et 22, tuyau pour l’introduction de l’eau, au moyen de robinets différens ; on peut diriger l’eau dans Tune ou l’autre chaudière, ou dans les deux à la fois ; h}Jig. 3 et 4, tuyau aboutissant aux robinets bb7 et servant à l’introduction de la vapeur provenant d’une autre chaudière. Cette disposition est spéciale pour les usines qui ont des machines ou des chauffages à vapeur; i, soupape de sûreté; k, prise de vapeur ménagée pour différons services ; /, robinet d’introduction de la vapeur dans l’intérieur du bain-marie; m tu, oreilles auxquelles tient la bride du couvercle; n, petit robinet que l’on ouvre pour laisser sortir la vapeur, afin d’avoir la facilité d’ouvrir l’appareil ; o, garniture en fer qui exerce une pression sur la jonction du couvercle avec la chaudière; p, bride en fer, et vis de pression du couvercle; q, robinets au moyen desquels en ouvre la communication de la vapeur avec le tuyau e; r, soupape adaptée
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- au tuyau F, et disposée de manière à permettre, dans un cas de refroidissement subit, l’introduction de l’air dans l’appareil : il se forme alors un vide, et la gélatine contenue dans les cylindres serait, sans cette précaution, aspirée par la marmite; s, rondelles en métal fusible ; t, manomètre indiquant la pression. On peut employer indifféremment un thermomètre ou v un manomètre; mais le premier de ces instrumens est préférable; u, tuyau conduisant la vapeur dans les cylindres; v, jig. 16, disque de feivblanc, servant de couvercle au cylindre ; on place à la jonction une rondelle de carton ; æ, Jig. 17 , enveloppe en toile métallique entrant dans le petit cylindre, et dans laquelle on met les os concassés , pour être exposés à Faction de la vapeur; y, tuyau d’introduction de la vapeur dans les cylindres ; z z y robinets pour extraire la dissolution formée.
- ar, Jig. 1 et 1 y grand tube de tôle du régulateur du feu, en communication avec la chaudière, au moyen des tuyaux alimentaires des niveaux d’eau ; è', tige de plomb soudée au fond du tube a!; c’, tige de cuivre sou-<lée au bout de la tige de plomb; d, fermeture du grand tube de tôle a'; elle est garnie d’une boite à étoupes, dans laquelle passe la tige b'; ë, levier appuyé sur l’extrémité de la tige b', et multipliant douze fois la dilatation de la tige de plomb ; la vis qui est à son extrémité règle sa position 'yff, second levier multipliant douze fois le mouvement du premier levier ; un contrepoids sert à le maintenir en place; gr, écrou auquel est attachée la tringle destinée à ouvrir ou fermer la soupape par laquelle l’air entre dans le fourneau ; cet écrou est à coulisse sur le levier f, afin que l’on puisse le placer suivant la température désirée ; h!, soupape du régulateur. Dans les fourneaux de forme rectangulaire et construits à dèmeure, le régulateur a été placé horizontalement au fond de la chaudière. Cette disposition, qui a |)ermis de supprimer la boîte à étoupes d!, augmente la sensibilité de l’instrument, et la différence de dilatation du plomb et du fer doit être plus forte, ce dernier métal étant isolé; i', tube de plomb ouvert par une de ses extrémités, et fixé contre les parois de la chaudière ; k’, tige de fer soudée à l’une des extrémités du tube ir; il se retire ou s’avance, suivant le degré de contraction ou de dilatation du plomb ; V, plaque de fer sur laquelle sont placés les leviers ; m! nileviers multipliant le mouvement de la tige k’: j’ai cru utile de placer également une soupape dans les cheminées HH; elle est mue par le régulateur, et obvie aux accidens qui pourraient nuire à l’exactitude de l’instrument; or3jig. 14, chapiteau en fer pour résister à la pression; //, brides du cylindre, et vis de pression; <j, jig. 3 et 7, grand cylindre ayant la même hauteur que les petits cylindres, et une capacité double. Son diaphragme, son tuyau d’introduction de la
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- vapeur, son robinet pour l’extraction de la gélatine, son couvercle, son chapiteau et la bride sont semblables aux parties analogués des petits cylindres; r', partie supérieure du serpentin qui fournit de l’eau bouillante pour les usages de la cuisine ; sr, tuyau amenant au robinet tr l’eau chauffée dans la partie supérieure du serpentin ; t', robinet de sortie de cette eau; ur, partie inférieure du serpentin fournissant aux chaudières de l’eau échauffée; vr, soupape d’introduction de la boîte du flotteur ouvrant en dedans ; x', tuyau d’introduction de l’eau du réservoir; ce réservoir est placé à une hauteur calculée sur la pression ; y*, tuyau de départ de l’eau qui se rend dans les chaudières; zr, tuyau d’introduction de la vapeur dans la capacité de la boîte du flotteur pour maintenir l’équilibre dans la pression. L’eau condensée dans les tuyaux de plomb se rend dans cette même boîte; cette précaution est essentielle pour n’avoir pas de plomb dans la dissolution.
- Je brise les os dans la boîte, fig. 27, sous le balancier de la Monnaie des médailles. Ce moyen pourrait être appliqué aux usines qui ont des presses hydrauliques ou autres moteurs capables de produire de' fortes compressions. ,, ~
- Il est très important que les os soient concassés en très petits fragmens. Cette préparation accélère et facilite l’extraction de la gélatine. Dans les établissemens où l’on n’a pas a sa disposition un moteur pour concasser les os, on peut se servir d’un tas et d’un maillet garnis en fer, et remplacer Je manche du maillet par un grand bras de levier qu’on ferait mouvoir comme celui d’un martinet. On peut aussi employer la batte à ciment ou un mortier et son pilon, en ayant soin de l’envelopper d’une toile pour empêcher les éclats d’os de se répandre au loin ; un mouton ou un moulin faisant marcher deux cylindres cannelés entre lesquels les os sont broyés, etc. Il faut, en général, éviter de produire de la chaleur par des coups trop répétés, parce qu’alors les os contractent un goût d’empy-r reume; on doit les humecter pendant l’opération.
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (née Vallat la Chapelle), *
- ; • IMPRIMEUR DE LA SOCIETE, RUE DE l’ÉPERON, K°. 7.
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- VINGT-HUITIÈME ANNÉE. (NV CCXCIX.) MAI 1829.
- ' BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’E N COU R A G E M E N T
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- A , . . . , AllTS MÉCANIQUES. . V , v: ;
- Description d une machine nommée épinceteuse mécanique > propre à remplacer l épincetage manuel dans les fabriques de tissus de toute espèce ; par MM. Westermann frères .
- L’épincetage est une opération manuelle qui a lieu dans la fabrication des cachemires, mérinos, alépines, prunelles et autres étoffes de ce genre. Des femmes sont occupées à enlever avec de petites pinces d’acier les bouchons , les noeuds, les vrilles et autres aspérités qui se trouvent sur la surface des étoffes de laine peignée, des cachemires , etc. Cette opération est longue, vétilleuse, difficile même, et par conséquent dispendieuse : elle exige un grand nombre de bras, et souvent l’inattention des ouvrières occasione des entailles et d’autres tares et défauts au détriment de la marchandise. f* ; ; • . ‘ ^
- Pour remédier à cet inconvénient, MM. Westermann ont imaginé une machine qui peut remplacer le travail manuel des épinceteuses, et pour laquelle ils ont obtenu un brevet le 9 mars 1825. La combinaison de cette mécanique est à la fois simple et d’un effet constant et invariable; la surveillance en est facile. L’étoffe, étant enveloppée sur le rouleau, passe lentement dans un plan horizontal au dessous de deux rangées de pinces métalliques, alternées et disposées sur toute la largeur de l’étoffe * de manière à ne laisser aucun vide entre elles : par un mouvement très simple , elles descendent ouvertes sur l’étoffe pour saisir les aspérités, se ferment ensuite et se relèvent après les avoir détachées du tissu pour s’ouvrir de nouveau , et continuer ainsi l’opération au fur et à mesure que Vétoffe, f^ingt-huitième année. Mai 1829. « 2 3
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- . (.66) , . /, attirée par un autre rouleau, s’avance. Au dessus des pinces est un ventilateur, qui chasse toutes les ordures enlevées par les pinces.
- Il résulte de l’emploi de cette mécanique une économie de main-d’œuvre tèlle, qu’une simple? mackinaifait dans uïl Jour, ce que le travail de deux femmes ne peut produire dans une semaine, et le danger des entailles et des tares est évité. ; '
- L’explication des figures rendra cette description plus intelligible.
- LaJig. i, PL 38g, représente une élévation latérale de la machine.
- 2 est une élévation vue de face.
- La Jig. 5 est le détail de l’excentriq\ie opérant sur les branches intérieures des pinces. . •
- PZ. 3go. Le mécanisme vu en dessus; —
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures. a, bâtis de la machine, qu’on peut construire en fer ou en bois; b} arbre moteur ; c d, poulie fixe et poulie folle montées sur l’arbre b et recevant le mouvement d’un moteur quelconque; d, pignon fixé sur l’arbre b et engrenant avec la grande roue dentée e ; f , autre pignon qui mène la roue dentée g. L’axe de ce pignon , qui est commun avec la roue e, glisse dans une mortaise cintrée ï du bâtis, afin de pouvoir désengrener le pignon quand on veut ralentir le mouvement des rouleaux; h, petit pignon monté sur l’axe de la roue g et qu’on peut faire engrener, soit avec la roue e, soit avec celle i, en faisant glisser son axe à droite ou à gauche dans la mortaise kr; k, axe du rouleau l sur lequel s’enroule l’étoffe, après qu’elle a été soumise à l’opération de l’épincetage; m, pignon monté sur l’axe b et menant la roue intermédiaire n : cette roue transmet le mouvement à la roue o, et celle-ci a la roue r; l’une et l’autre sont fixées sur les axes p et q portant les cames ou excentriques zs zz. Ces cames compriment en tournant les pièces t, 11, auxquelles sont attachées par des vis les lames extérieures des pinces s, ss. Celles-ci sont composées de deux bandes d’acier plat assez large; chaque bande est pliée en arc, de manière à former, en se rapprochant, une mâchoire presque tranchante. Les deux bandes d’acier font ressort et tendent toujours à se séparer, de sorte que la mâchoire est sans cesse ouverte.
- . L’arbre principal b porte un excentrique u tournant dans une lunette v-fixée à la tige verticale w; cette tige est liée par son extrémité supérieure avec l’arbre transversal x , auquel sont attachées les lames intérieures des pinces. , . -
- La rotation de l’excentrique u produit le mouvement ascendant et descendant de la tige verticale w : ce mouvement, combiné avec la pression
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- des cames z} zz sur les pièces t, tt, fait fermer et ouvrir alternativement les pinces s, s s. ' — • .... ;v:
- L’arbre & porte aussi une grande poulie JJ> laquelle, par le moyeu d’une corde ou courroie hTy dont elle est enveloppée, communique un mouvement très rapide à la petite poulie cü; celle-ci est fixee sur l’axe b d un ventilateur à deux ailes g\ qui chasse les bouchons et autres impuretés, a mesure que les pinces les détachent de l’étofle. ' - >
- c" est le rouleau sur lequel s’enroule l’étbffe soumise à l’action des pinces ; un poids f, suspendu à une corde dont il est enveloppé, sert à donner au rouleau une résistance suffisante pour que l’étoffe, attirée par le rouleau l à l’opposé de la machine, reste constamment tendue.
- d! d! montre le passage de l’étoffe à travers la machine; elle doit cheminer lentement, de manière à ce que toute sa surface soit également soumise à l’action des pinces élastiques s, s s.
- é ë sont les barres sur lesquelles passe l’étoffe et qui servent à la guider dans son mouvement.
- On conçoit que les pinces, en descendant sur l’étoffe par la rotation des excentriques u, sont soustraites à la pression des cames z, zz, qui n’agissent plus alors sur les pièces t, tt; et comme ces pinces, par leur élasticité, tendent toujours à s?ouvrir, elles sont disposées à saisir les bouchons qui se trouvent sur l’étoffe; en remontant, ces pinces, rencontrent les cames zy zz et, se fermant aussitôt, saisissent les bouchons et les détachent. Afin que rien n’échappe à leur action, elles sont placées sur toute la largeur de l’étoffe, de manière à ne laisser aucun vide.
- Au moyen de cette machine, qui est employée avec succès dans plusieurs manufactures, l’opération de l’épincetage manuel est non seulement remplacée, mais les effets utiles de cette machine procurent, par sa constante action, une économie majeure dans le prix de fabrication, une grande célérité de travail, et la fonction des pinces élastiques ajoute aux étoffes un lustre et une apparence que l’épincetage manuel est loin de produire. •
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- Rapport fait par M. Hachette, au nom du Comité des arts mécaniquesy sur un niveau de poche à bulle d air et a réflecteur, présenté à la Société par M. Welter, correspondant de b Académie des Sciences.
- Le niveau-pendule inventé par M. Burel, officier supérieur au corps royal du génie, a été l’objet d’un Rapport publié dans le Bulletin de la Société, cahier d’août 1827. Le niveau de M. Welter est construit sur le même principe ; il est formé d’un niveau ordinaire à bulle d’air de 14 centimètres de longueur, et d’une petite glace étanaée dont le plan est perpendiculaire à l’axe du cylindre qui contient la bulle d’air. Cette glace, carrée de 2, centimètres de côté, est montée dans un châssis en cuivre qu’on fixe au moyen de deux vis sur un montant de mêmes dimensions placé à l’extrémité du niveau. Eh serrant l’une ou l’autre vison met le miroir dans le plan vertical perpendiculaire à la ligne de niveau. ; .
- Le support du niveau de M. Welter ne diffère pas de celui qui a été proposé en 1790 par feu Chézj, ingénieur des ponts et chaussées. On voit, par le dessin ci-joint de cet instrument, que la distance des deux pinnules qui détermine la direction du rayon visuel est d’environ 5a centimètres, et que la longueur du niveau est de 19 centimètres. Le niveau de M. Welter, ayant seulement r3 centimètres de longueur, est plus portatif, et néanmoins il suffira que l’observateur se tienne à 16 centimètres du miroir en donnant les coups de niveau , pour que la direction du rayon visuel réfléchi vers l’œil soit déterminée par une longueur égale à la distance des deux pinnules du niveau Chézj i *
- Chaque pinnule du niveau-Chézj porte deux fils croisés à angle droit et une plaque oculaire, en sorte qu’en retournant le niveau on peut, par deux observations consécutives, s’assurer que le rayon visuel est parallèle à la ligne du niveau marquée par la bulle d’air.. On peut faire la même vérification sur le niveau de M. Welter , comme sur le niveau-pendule de M. Burel:, le moyen de la faire est indiqué dans le cahier cité du Bulletin, page 282. On a aussi remarqué que l’œil étant armé d’un disque blanc percé à son centre d’un très petit trou , l’observateur verrait l’image de son œil sur la ligne milieu du miroir, aussi exactement que si l’œil était réduit à un point, ou que le diamètre de la prunelle fût insensible.,
- M. Welter a proposé de simplifier son niveau et la manière de s’en servir, en supprimant la pièce de cuivre qui fait ressort, et qui porte la douille dont on coiffe le jalon , support du niveau, -
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- Ayant deux règles ou jalons dont les extrémités seraient réunies par une charnière, le bout de l’une de ces règles qui porterait contre terre servirait de point d’appui, et l’autre règle, qu’on tiendrait d’une main, porterait ce niveau , qui serait pose près de la charnière ; un miroir,de la longueur et de la largeur du niveau, un peu incliné et placé au dessus de la course de la bulle d’air, renverrait l’image de cette bulle, et l’observateur, abaissant plus ou moins la main, amènerait la bulle au centre du niveau et la maintiendrait facilement dans cette position. En réduisant le pied et le support du niveau au système de deux règles assemblées à charnière, la longueur du rayon visuel réfléchi par ce miroir vers l’œil de l’observateur serait double de la longueur du jalon ou de la règle qu’on tient à la main.
- Votre Comité des arts mécaniques a pensé que l’application du réflecteur de M. Burel au niveau simple à bulle d’air était digne de l’attention des ingénieurs et des constructeurs d’instrumens de mathématiques; il a l’honneur de vous proposer de faire connaître par la voie du Bulletin le niveau proposé par notre collègue M. JFelter, et de le remercier de sa communication.
- adopté en séance , le janvier 182g. Signé Hachette, rapporteur.
- . • Explication des Jig. dé la PL 3g 1.
- Fig. 1. Élévation latérale du niveau à bulle d’air de feu M. Chezy, dessiné de deniLgrandeur naturelle. .
- Fig. 2 et 3. Vue de face et coupe de la pinnule oculaire.
- Fig. 4* Vue de face de la pinnule objective.
- AB, support en cuivre du niveau; CD, lame de cuivre formant ressort, fixée en C par deux vis sur le support, et traversée à l’autre extrémité par une vis d’ajustage E; cette lame porte un genou enveloppé par la coquille I, dont ori rapproche les deux segmens au moyen de la vis à oreilles L placée à l’extrémité supérieure de la douille K; F, niveau à bulle d’air ; GG, tube du niveau. On se sert des deux vis E et K pour faire arriver la bulle d’air du niveau au milieu du tube.,
- - < HH', pinnules dont chacune porte deux fils croisés à angle droit et un disque percé à son centre, qui tourne de manière que son centre arrive dans la direction de la droite,, passant par les points> d’intersection des^ deux croisées. * . .
- La Jig. 2 montre la pinnule oculaire avec le disque sur lai croisée des fils,, et la Jig. 4, la pinnule objective, dont la croisée n’est plus couverte par le disque. Chaque pinnule est, à volonté, objective ou oculaire- . ;
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- C !7« )
- Fig. 5. Élévation latérale du niveau de poche à bulle d’air et à réflecteur, par M. Welter^ de grandeur naturelle. s \ r , ç ; , . ;
- Fig. 6. Miroir vu 'de face. »; v / ^ \
- abj châssis en cuivre dans lequel est monté le miroir; c d, lame de cuivre fixée en c sur le support; e, vis d’ajustage; f, niveau à bulle d’air; g g, tube portant le niveau ; h h, vis au moyeu desquelles on fixé le châssis a b sur un montant placé à l’extrémité du niveau ; i3 genou enveloppé d’une coquille comme dans le niveau- Chézj. Le tube g g étant horizontal, le miroir doit être vertical.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Payen, au nom d’une Commission spéciale 3 sur le plomb coulé en feuilles perfectionnées ; par MM. Voisin et compagnie y rue Neuve - Saint - Augustin 3 n°. 32, à Paris.
- Vers la fin de l’année 1827, MM. Foisin et compagnie témoignèrent le désir à la Société d’Encouragement que des commissaires choisis dans son sein prissent connaissance de leur manufacture de plomb coulé en tables de diverses épaisseurs et de grande dimension , et rendissent compte à la Société du degré de perfection auquel les produits de leur manufacture sont parvenus, et des avantages que les arts peuvent retirer des tables ou feuillets de plomb coulés par leurs procédés.
- La Société chargea le Comité des arts économiques de remplir cette mission, et m’invita ensuite à m’adjoindre à ce Comité, parla considération que les arts chimiques font un très grand usage du plomb en feuilles et en tables plus ou moins épaisses, et que, par ce motif, aidé de ma propre expérience, je.pourrais concourir à l’examen qui lui avait été confié. M. Molard aîné fut également invité à s’adjoindre à ce Comité.
- Pour répondre autant qu’il est en moi à l’appel dont la Société a bien voulu m’honorer dans cette circonstance, je viens , au nom de mes honorables collègues , soumettre à la Société le résultat de notre examen.
- Mais avant de fixer votre attention, Messieurs, sur le procédé et le mérite des produits de la manufacture de plomb coulé de MM. Voisin et compagnie, qu’il me soit permis d’entrer dans quelques détails historiques sur ce métal réduit en lames.
- L’emploi du plomb sous cette forme date de loin, , 1
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- M- Valmont de Bomare, dans sa Chimie métallurgique} observe que la méthode de couler en tables le plomb purifié est fort ancienne; il en donne pour preuve des lames de ce métal trouvées dans la province d’York, sur lesquelles était gravée une inscription de l’empereur Domitien*
- On lit, dans le Dictionnaire des origines et des découvertes de M. Noël, que la cuirasse et le bouclier d’Agamemnon étaient ornés de bandes de plomb.
- Caylus annonce qüe les anciêns Romains connaissaient le procédé du laminage du plomb.
- M. Millin observe que l’usage d’écrire sur le plomb remonte à une haute antiquité ; que Job faisait des vœux pour que ses discours fussent gravés sur le plomb. Frontin et Dion Cassius nous apprennent que le consul Hirtius, assiégé dans Modène, fit tenir des avis écrits sur des lames de plomb à Decimus Brutus, qui lui répondit par le même moyen. Pau-sanias fait mention des livres à’Hésiode écrits sur des lames de plomb ; et, si l’on en croit Pline, les actes publics furent consignés dans des volumes composés de feuillets de même métal, etc.
- Nous bornerons ici cet exposé rapide de l’ancienneté de l’emploi du plomb dans les arts, nous ajouterons seulement que les grands monumens anciens qui existent encore et qui sont recouverts de plomb attestent que la méthode de le couler en tables ou. feuilles remonte à la plus haute antiquité.
- On commença d’abord, probablement , à couler le plomb en feuilles sur des tables recouvertes de sable ; mais comme par ce procédé on ne pouvait obtenir des feuilles minces et unies, on substitua au sable une étoffe de laine, et ensuite du coutil croisé avec du suif : ce n’est même qu’en 1787 qu’on a cessé de faire usage de ce moyen, quoique le Gouvernement eut autorisé l’emploi des laminoirs pour le plomb, par arrêt du 19 janvier 1730.
- Lorsqu’on fait usage du laminoir, on coule d’abord le plomb en tables de 7 à 8 centimètres d’épaisseur- Ce procédé n’a reçu d’autres perfeetion-nemens que ceux apportés dans le mécanisme de cette machine.
- Le plomb coulé , qui était d’abord très défectueux, a reçu un degré de perfection très remarquable : en effet on est parvenu à foudre sur le sable des tables aussi unies et aussi égales d’épaisseur que si ou les eût passées au laminoir, mais on ne pouvait en obtenir d’une épaisseur moindre de a millimètres : pour avoir des feuilles plus minces, on remplaça le coutil par des tables en pierre ; par ce moyen , on est parvenu à couler des feuilles en plomb pour presque tous les usages.
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- Votre Commission n’ayant pu se procurer de notions assez précises sur les procédés anciens, elle se contentera d’expliquer ici succinctement Ta méthode employée par MM. Voisin, qui ont coulé plusieurs feuilles en présence de vos commissaires. . ‘ -,
- MM. Voisin y persuadés, d’après de nombreuses expériences, que le plomb coulé pouvait être employé avec avantage et économie pour les besoins des arts, se sont appliqués à donner à leurs produits un degré de perfection qui les distinguât de tous ceux 'obtenus par des méthodes analogues : de sorte qu’ils ont pensé pouvoir les nommer plomb coulé perfectionné j dénomination que nous avons conservée dans la suite de ce rapport. - . r • , ;
- Méthode de fabrication du plomb coulé perfectionnée
- • Le plomb est mis en fusion par la houille (i) dans des chaudières de fonte, contenant i,800 à 2,5oo kilogrammes de métal.
- Ces chaudières sont placées près des parties les plus élevées des moules,, qui sont de deux espèces différentes. * é
- L’une représente une table, avec rebords, ayant g mètres 18 centimètres de longueur sur 2 mètres 3o centimètres de large, hors œuvre. Les rebords, qui forment le bâtis du moule, ont 36 centimètres.de hauteur et. 8 centimètres d’épaisseur : ils sont en chêne. Le fond de cette table, qui est en bois, est fixé à 14 centimètres plus bas que le dessus des bords qu’on nomme bandes. ; • . , " , ; : >
- Au milieu de leur longueur, sont fixés deux supports en bois, entaillés en portion de cercle ; ces entailles reposent sur une pièce de bois fixée solidement au sol et arrondie; elle sert d’essieu. Cette disposition est nécessaire pour donner la pente convenable aux diverses épaisseurs qu’on veut obtenir. Cette table est recouverte d’une couche de sable humecté, de 4 centimètres d’épaisseur, qu’on étend également avec des râteaux de fer; puis on prend une planche dont la longueur excède de 38 centimètres la largeur de la table. Cette planche, qu’on nomme râble, large de i5 centimètres, est entaillée à ses extrémités, de manière que les 38 centimètres excédans forment deux manches de la longueur chacun de 19 centimètres, qui servent à la manier; les parties des manches qui reposent sur les’ bandes sont garnies de fer, et le râble n’entre dans le moule que jusqu’à la hauteur que doit avoir le sable. *
- (1) MM. Voisin ont substitué avec avantage la houille au bois et au charbon de bois, d?où
- résulte une économie notable dans les frais de fabrication. *
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- Deux hommes prennent ce râble, avec lequel ils refoulent et égalisent le sable. Cette opération faite, on se sert d’une autre planche de la même forme que la précédente, mais qui descend un peu plus bas ; on la nomme batteur. C’est avec cet outil, qui a un centimètre d’épaisseur à sa partie inférieure, qu’on tasse le sable, en commençant par la partie la plus élevée, et en avançant vers le bas de la moitié de l’épaisseur du batteur, à chaque coup, et en ayant soin que les manches touchent chaque fois les bords, afin que le sable soit régulièrement battu; après quoi, on rejette tout le sable excédant, et qu’on peut enlever avec le râble, en le promenant de haut en bas à plusieurs reprises. On l’unit ensuite davantage avec une plaque de fer non poli qu’on nomme platiney elle a 26 centimètres de longueur sur 2 1 de largeur; finalement, on passe une seconde platine de cuivre, qui unit le sable, puis une troisième en fer poli, qui termine la préparation de la table.
- La table ainsi disposée, le lit de sable se trouve également éloigné du dessus des bandes} qui doivent être parfaitement dressées, et de niveau ou dans le même plan , sans quoi le plomb coulerait tout d’un côté. ;f
- Lorsque le métal est arrivé au degré de température convenable, deux hommes, munis chacun d’une cuiller de fer, puisent le plomb dans la chaudière et le versent dans une poêle de tôle, faite en forme d’une large trémie évasée, de la largeur du moule, et fixée dans un châssis de fer dont le dèvant repose sur des tourillons, au bord de la table. L’autre côté est suspendu par une chaîne au bout de laquelle est fixée une corde qui s’enroule sur un tambour, mis en mouvement par deux leviers fixés à son axe.
- Lorsque la poêle est pleine de métal, on enlève à la surface avec une palette de fer l’oxide qui s’y est formé, puis deux hommes saisissent les leviers, deux autres la poêle, et renversent ainsi le plomb, qui coule rapidement vers le bas et couvre toute la largeur du moule. Au même instant, les quatre hommes qui ont versé la poêle prennent une espèce de râble, qu’on nomme suiveur, terminé à chaque bout par un manche en forme de T, dont la double branche glisse sur les bandes; l’espace qui reste entre le bord inférieur du suiveur détermine l’épaisseur que doit avoir la table de plomb : le suiveur conduit en même temps devant lui l’excédant du plomb dans des creux qu’on nomme rejets. Cet excédant du plomb est à peu près du même poids que celui qui forme la table.
- Cette opération est à peine finie, que la table a déjà pris assez de consis*-tance pour pouvoir être enlevée; elle a déjà éprouvé un retrait de 2 centimètres sur sa largeur et de 5 sur sa longueur, retrait qui augmente encore à mesure du refroidissement.
- Vingt-huitieme année. Mai 1829. 24
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- On enlève à chaque côté une bande de 8 centimètres de largeur (i), et à la tête une de 3o centimètres, de sorte que les bords de la table ne présentent aucun défaut, et qu’elle peut être livrée au commerce. Lorsque la première table est enlevée, on dispose de suite le moule pour en couler une seconde, de sorte qu’on peut en couler six par jour, de 2 ihillimètres au moins d’épaisseur.
- L’autre espèce de moule propre à couler des feuilles de 2 millimètres et au dessous est appelée moule en pierre.
- La pierre qui remplace la couche de sable est fort tendre, mais d’un grain uni et homogène. Son épaisseur est d’environ 22 centimètres; sa longueur est de 7 mètres 22 centimètres, sur 1 mètre 87 centimètres de largeur. On a fixé sur ses bords des bandes en bois de 10 centimètres carrés. - .
- L’opération du coulage des feuilles de plomb se fait de la manière suivante : le plomb est fondu de même que pour le coulage sur sable ; mais au lieu de le verser dans une poêle, il est reçu dans un châssis de bois, posé sur la pierre à la partie la plus élevée , et descendu graduellement jusqu’à l’autre extrémité ; à 1 mètre de distance marche le suiveur, dont le bord inférieur est élevé au dessus de la pierre, suivant l’épaisseur que doit avoir la feuille. Le restant de l’opération s’effectue de la même manière que pour le plomb coulé sur sable.
- La pierre a l’avantage, sur le sable, d’être toujours prête à recevoir de nouveau métal, et de permettre de couler trois fois autant de feuilles que sur le sable, mais seulement d’une ligne (2mm,25) d’épaisseur, et au dessous, jusqu’à une demi-ligne ou (imm, 12). La célérité qui résulte de l’emploi de cette méthode est la principale cause de l’égalité du prix des feuilles minces et épaisses, résultat que n’aurait pas procuré le laminage, par la raison qu’il faut passer un plus grand nombre de fois les feuilles minces que les feuilles épaisses, si la concurrence du plomb coulé n’eût forcé le cours régulier de toutes les épaisseurs.
- MM. Voisin composent un mastic servant à joindre les différentes pierres dont leur moule est formé, de sorte qu’il paraît être d’un seul morceau, et donne les mêmes résultats.
- (1) Dans plusieurs fabriques, les bassins ou chaudières doivent être faits sans soudure ; la pureté du plomb est, même dans ce cas, d’un grand avantage, parce que ce métal résiste mieux à l’action des acides : relativement à cet emploi, la plus grande largeur possible est souvent utile, et pour l’obtenir on conserve quelquefois les sortes de lisières latérales ou bavures. , : %
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- Toutes les tables que nous avons vues dans les magasins étaient très unies et d’une épaisseur régulière. Un certain nombre a été coulé en notre présence, la plus grande partie a parfaitement réussi, et quelques unes seulement présentaient des soufflures ou autres imperfections partielles, qui sont, du reste, de peu d’importance, puisqu elles s’empêchent pas que les parties saines de ces tables ne soient débitées pour divers emplois. MM. Voisin pensent que les variations de l’atmosphère ne sont pas sans influence sur ces accidens ; peut-être cette opinion est-elle fondée, peut-être aussi leurs procédés seraient-ils encore susceptibles d’être perfectionnés; et, par exemple, peut-être quelques moyens mécaniques pourraient-ils être employés avec succès dans ce but. Le bon esprit qui anime ces fabricans les portera sans doute à entreprendre’ à cet égard tout ce qui pourrait paraître convenable et possible. Nous pensons, du reste, qu’il ne serait pas sans intérêt que la Société ouvrît un concours qui eût pour but de donner à ce genre de fabrication toute la perfection dont il peut être susceptible.
- Nous avons remarqué que les tables coulées sur pierre étaient d’un gris blanc, tandis que celles fabriquées sur le sable humide avaient une couleur noirâtre, ce qui a fait dire que le plomb coulé sur pierre n’était pas pur. Cette assertion est inexacte, puisque c’est avec le même bain de plomb qu’on a coulé devant nous, par les deux procédés, des tables qui présentaient les nuances indiquées ci-dessus ; l’humidité seule est la cause de cette variété de nuance*
- En général, les plombs coulés par MM. Voisin nous ont paru mériter, sous tous les rapports, le nom qu’ils leur ont donné, de perfectionnés. La preuve que leur manufacture jouit de là faveur publique , c’est qu’elle livre annuellement à la consommation et au commerce 800,000 kilogrammes de plomb en tables. Il est facile encore de se rendre compte de la ductilité de ces plombs, en les soumettant au laminage.
- Nous ajouterons qué MM. Voisin nous ont communiqué un très grand nombre de lettres attestant la bonne qualité de leurs produits, et la préférence que leurs correspondans leur donnent sur tous ceux du commerce. Ces faits ont d’ailleurs été appréciés par l’un de nous, qui fait usage des plombs coulés, pour la fabrication en grand de l’acide sulfurique et de divers autres produits chimiques, dans plusieurs manufactures.
- Il a pu se convaincre, par l’analyse , que les plombs coulés de MM. Voisin offrent le degré de pureté des meilleurs plombs d’Espagne, le plomb anglais étant d’un prix trop élevé pour la fabrication des tables 'soit coulées, soit laminées,
- / 24.
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- . Conclusion. ,
- Votre Commission a l'honneur de vous proposer de publier dans le Bulletin de la Société la description, avec figures, des appareils et des procédés employés par MM. Voisin et Compagnie pour couler le plomb en tables perfectionnées qui font l’objet de ce rapport, et de leur décerner une médaille d’encouragement, comme un témoignage de l’intérêt que la Société prend au succès qu’ils ont obtenu ( i ). : ...
- - Adopté en séance, le 22 avril 1829. t-. ;,0 ../ i);
- * • Signé Payen , rapporteur., nr.
- ’ ' arts économiques.; f ;
- SuR le chauffage des serres en Angleterre ; par M. Decaiid.olle (2).
- Les serres sont chauffées dans les grands jardins de botanique anglais, soit par la circulation de l’air chaud, soit par celle de la vapeur, soit par la circulation de l’eau chaude. ,
- , i°. Circulation d’air chaud. On peut chauffer des serres à 20 ou a5° par
- le simple effet de la fermentation. Supposez une couche ou bâche contenant, par exemple, des ananas; on entasse du fumier, des feuilles sèches, etc., contre le dos de cette couche, jusqu’à la hauteur de 5 à 6 pieds. Des canaux en briques traversent sous ce tas de fumier et aboutissent au bas de la couche dans l’intérieur. La fermentation du fumier développe du calorique, en sorte que l’air qui se trouve dans les canaux est réchauffé. Il se produit ainsi un courant d’air chaud, qui, joint à l’action du soleil, suffit pour faire mûrir des ananas. On peut se borner à changer quatre fois par an le tas de fumier. Ce moyen est encore plus facile lorsqu’on peut bâtir une serre contre une écurie. Oh fait traverser des canaux en briques dans l’écurie, de telle façon que l’air qu’ils contiennent, et qui vient de dehors, se réchauffe en passant sous la litière des chevaux; il arrive au bas de la couche, et lui donne une température de serre tempérée, sans la moindre dépense dé combustible. C’est au moyen
- (1) Cette dernière proposition a été renvoyée à la Commission des médailles.' » 'r‘-
- (2) Extrait de la Bibliothèque universelle, cahier de février 1829. • nû'v
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- de ces procédés de chauffage parla fermentation que M. Knight, président de la Société d’horticulture de Londres, l’un des plus habiles agriculteurs de l’Angleterre, obtient, dans son jardin de Daunton-Castle, une abondance remarquable d’ananas et autres fruits.
- i 2°. Circulation de la /vapeur. Lorsqu’on chauffe des serres par la vapeur, on emploie des conduits en fonte d’environ 4 à 6 pouces de diamètre, dans lesquels la vapeur circule. C’est le système employé dans les nouvelles serres des frères Loddiges, à Haékney, près de Londres, et de beaucoup d’autres. On se plaint de la trop grande rapidité de ce moyen de chauffages .En effet, dès que le ! feu s’arrête, la vapeur cesse d’être comprimée et chassée dans les conduits ; ceux-ci, étant métalliques , sont promptement refroidis. Pour remédier à cet inconvénient, un fabricant de Glasgow, M. Houldsivorth, a proposé une modification qui consiste à faire circuler la vapeur dans des conduits élargis d’espace en espace, de telle sorte qu’un canal métallique qui fait le tour de la serre, et qui, dans presque toute son étendue, n’a qu’une largeur de 4 à 6 pouces, est renflé dans un Ou deux endroits, au point de former un cylindre horizontal de 3 pieds de diamètre. Ce cylindre est plein de cailloux, dans les interstices desquels la vapeur est fortement chassée. Elle réchauffe ainsi une espèce de poêle dont l’effet continue long-temps après que le feu est éteint. Cè procédé, qui n’a pUs encore en sa faveur une expérience suffisante, obvie à l’inconvénient de la trop grande rapidité du chauffage ; mais il a donné lieu aux objections suivantes : i°. le poids des pierres dont on remplit les cylindres ou poêles horizontaux est tel, qu’il doit, au bout de peu d’années, produire des fissures, ou tout au moins une courbure du métal; 2°. l’humidité intérieure et extérieure oxide très vite les canaux métalliques. M. Graham, directeur du jardin d’Edimbourg -y a cherché à remédier au premier inconvénient, én appuyant les cylindres sur de petits soubassemens en -pierre ; mais le second subsistera toujours^ < •
- Jr mitage Rhodes a inventé et construit dans ses serres, près Leeds, un appareil de chauffage à la ^vapeur, fort ingénieux. La vapeur circule dans de larges cavités sous le, plancher de la serre; ces canaux sont recouverts de dalles de pierre y'dont les bords sont taillés de manière à s’emboîter mutuellement, en sorte que la vapeur ne peut pas s’échapper au dehors. Ce système aurait été fort simple, si la vapeur se répandait dans toutes les cavités également, et échauffait le plancher uniformément comme un*poêle; mais il n’en est pas ainsi : si les canaux sont larges, il s’établit des courans locaux et un chauffage inégal. Pour obvier à cet inconvénient, M. Pihodes a disposé dans les cavités des canaux métalliques ra-
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- mifiés, de l'épaisseur des conduits de gaz par lesquels la vapeur est ré-? pandue dans divers points de l’espace à réchauffer, h : î ! ^ ri o.h
- 5°. Circulation d’eau chaude. Le procédé de chauffage Le plus récemment introduit et qui a le plus de faveur est celui des courans d’eau chaude. Il remonte aux expériences du comte de Rumford, en 1794, mais n’a été appliqué que depuis deux ou trois ans (1). Le principe est fondé sur l’inégalité de température de l’eau contenue dans deux vases réunis par deux tuyaux horizontaux, et sous l’un desquels on allume du feu ; aussitôt que l’un de ces vases est échauffé, il s’établira un courant ascendant; l’eau chaude s’élèvera, et s’écoulera dans l’autre vase par le tuyau supérieur ; elle sera remplacée dans le premier par l’eau froide, arrivant du tuyau inférieur. C’est ainsi qu’il s’établit une circulation d’un vase à l’autre, qui ne cesse que quand tous deux sont arrivés au maximum de température que la source de chaleur peut leur donner, ou plutôt qui ne s’arrête jamais complètement, puisque le refroidissement, qui a lieu surtout dans les canaux et dans île vase non réchauffé, maintient toujours une inégalité de température. Les courans sont d’abord très rapides, puis ils se ralentissent quand les deux réservoirs d’eau sont chauffés comme deux poêles. On conçoit qu’on peut faire faire aux canaux de jonction tous les détours imaginables, pourvu qu’on les maintienne toujours horizontaux. Cet appareil est surtout applicable aux serres où un cer tain degré d’humidité est un avantage. On conçoit cependant qu’on peut éviter presque entièrement l’humidité en recouvrant les réservoirsd’eau, et-en les plaçantdans de petites pièces voisines de celles à réchauffer, et surtout en se servant de canaux qui joignent hermétiquement. Ce procédé, appliqué aux serres des Sociétés d’horticulture de Londres et d’Edimbourg, a été imité par plusieurs propriétaires et jardiniers. On peut augmenter ou diminuer à volonté la rapidité du chauffage , en jetant dans les réservoirs des pierres, qui diminuent la masse d’eau à réchauffer. La proportion des parties de l’appareil qui est chauffé au coke est peu importante ; ordinairement, réservoirs sont de 3 à 5 pieds en tous sens, et sont formés de feuilles de tôle. Il n’est pas nécessaire de leur donner beaucoup d’épaisseur, car les parois n’ont pas d’autre pression s soutenir que celle du poids de l’eau. Les canaux sont en fonte, de 3 à 4 pouces de diamètre extérieur, ou en terre cuite, joints par un ciment hydraulique. L’appareil est si simple, que chacun peut le construire chez soi sans le secours d’un architecte.
- j (1) Ce procédé, dû à M. Bonnemain, a été appliqué en France avec un grand succès à divers usages, entre autres, au chauffage des fours pour faire éclore des poulets.
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- Moyen d augmenter la lumière du gaz.
- Ori annonce une découverte importante du révérend TV. Taylor sur la combustion du gaz : il a trouvé le moyen d’augmenter beaucoup la lumière d’une lampe à gaz ordinaire, en fermant le haut de la cheminée de verre avec un tissu métallique; la flamme a pris de suite un développement considérable, et la clarté a plus que doublé. La même expérience, répétée sur une lampe à huile ordinaire ou sur un quinquet à mèche plate, a de même augmenté la flamme, mais eii la décolorant et diminuant sa lumière. Posez le doigt sur un morceau de liège, de manière à fermer le bas de l’ouverture qui donne accès à l’air dans l’intérieur d’une lampe à gaz, et la flamme s’élèvera et prendra plus d’intensité; tandis qu’une fois le passage de l’air fermé dans une lampe à huile, la flamme se détériore et s’éteint. Si après que l’on a bouché le canal de l’air dans une lampe à gaz et que le volume de flamme s’est accru, on coiffe d’une gaze métallique le haut de la cheminée de verre, aucun changement n’aura lieu. Une expérience faite à York, dans les salles de l’Institut des mécaniciens, a prouvé que six lampes à gaz, dans leur état ordinaire, avaient brûlé en trois heures vingt-cinq minutes ioo pieds cubes de gaz ; tandis que les mêmes lampes, pourvues de coiffes en gaze métallique, adaptées à leur cheminée, ont donné, pendant le même temps, une lumière au moins égale, en ne consommant que lâbilié. (Revue encyclopédique, mars 182g.)
- Description d’un appareil pour obtenir de la résine du gaz propre a Véclairage; par M. Daniel.
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- L’applicatiou du gaz hydrogène à l’éclairage domestique peut être considérée comme une des plus belles découvertes des temps modernes. La houille offre ce gaz en grande abondance et avec une économie d’autant plus marquée, que la valeur du résidu de la distillation (le coke) employé avec succès pour le chauffage des appartemens et la fusion des métaux compense presque le prix de la matière première ; mais cet éclairage a des inconvéniens qu’on s’efforce chaque jour de faire disparaître. Lorsque le gaz de la houille n’est pas suffisamment épuré, les vapeurs sulfureuses qui s’en exhalent répandent une odeur insupportable et altèrent les lustres métalliques. On a cherché à remédier à cet inconvénient en substituant l’huile et les graines oléagineuses au charbon ; mais on a bien-
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- tôt reconnu qu’il y avait plus d’économie à brûler l’huile directement plutôt que de la convertir en gaz, et quant aux graines oléagineuses, elles sont d’un emploi difficile , et embarrassent les cornues. L’éclairage au gaz de la houille est donc encore le plirs généralement employé ; toutefois on na pas abandonné les recherches dirigées sur d’autres matières, et parmi celles-ci la résine extraite du pin a offert d’assez grands avantages pour qu on en fit l’essai. M. Pepjs, de l’Institution royale de Londres, a , le premier, appelé l’attention du public anglais sur l’emploi qu’on pourrait faire de la résine, et M. Daniel a imaginé, pour la distiller, un appareil placé dans les salles de l’Institution royale. -
- Cet appareil, simple et économique , a quelque analogie avec celui pour la production du gaz de l’huile, dont nous avons donné la description dans la vingtième année du Bulletin ( 1821 ), page 208.
- LaJig. 1, Pl. 58g, est la coupe verticale de l’appareil et du fourneau.
- La Jig. 2 est une élévation vue de face.
- A, fourneau; B, foyer; C, cendrier; D, cornue cylindrique en fonte, en partie remplie de coke; E , récipient en fer, dans lequel on met la résine dissoute dans une quantité convenable d’huile de térébenthine; F, récipient inférieur, qui reçoit les produits de la condensation du gaz; G, bâche inférieure remplie d’eau froide; II, tuyau ascendant pour le gaz; I, dépura-tçur du gaz ; J, réservoir enveloppant le récipient F et rempli d’eau froide pour condenser le gaz; K, tuyau par où's’échappe le gaz pour passer dans le gazomètre; L, tuyau aboutissant au récipient H qui, ployé en siphon , plonge dans la bâche G ; M , autre tuyau semblable qui monte dans le récipient ou dépurateur K ; JN , bouchon de la cornue ; O , porte de la même; P, diaphragme au fond de la cornue pour retenir le coke ; il est percé , dans le haut, d’une ouverture par où s’échappe le gaz; Q, porte du foyer; R, porte du cendrier ; S, armature du fourneau.
- ay Diaphragme en toile métallique pour empêcher les morceaux de résine non dissous de se mêler avec la résine liquide; bb, robinets qu’on ouvre pour laisser couler la résine; cy entonnoir ; d, siphon faisant corps avec l’entonnoir; e, tube droit descendant dans la cornue;^, tube par où s’échappe le gaz. ,
- , On met de la résine brune ordinaire du commerce dans le récipient E, et on y ajoute*, pour la faire dissoudre, de l’huile de térébenthine, dans la proportion de 10 gallons ( 40 litres) de celle-ci pour 100 livres de résine. Le fourneau étant allumé, la flamme, en frappant sous le récipient, l’échauffe et maintient la résine dans un état constamment fluide ; un registre placé dans la cheminée règle exactement le degré de température de là
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- résiné. Un diaphragme en toile métallique a, placé dans l’intérieur du réci pient E, empêche les m.orceaux de résine non dissous d’obstruer l’orifice du robinet b.
- Le coke contenu dans les cornues ayant été chauffé au rouge, on ouvre les robinet^ù b; la résine fluide coule d’abord dans les cuvettes c c, et passe ensuite dans les siphons d d, d’où elle tombe par les tuyaux e e sur le coke incandescent, et se décompose aussitôt pour se convertir en gaz. En arrivant au fond de la cornue, une grande portion d’huile de térébenthine mêlée à la résine se condense et tombe par le tuyau^dans le réfrigérant F constamment entouré d’eau froide contenue dans le réservoir J , et qui descend d’un réservoir supérieur. Le gaz non condensé monte par le tuyau ascendant H, dont l’extrémité coudée est plongée dans l’eau dont est rempli aux deux tiers le dépurateur I; le gaz, après s’y être épuré et débarrassé de toutes les matières hétérogènes, se rend, dans un grand état de pureté , parle tuyau K dans un gazomètre ou plutôt dans un réservoir flottant qui en tifent lieu.
- L'huile de térébenthine, en sortant du récipient F, passe par le siphon L dans la bâche G. L’emploi d’un siphon est ici nécessaire pour éviter que le gaz ne s’échappe en même temps que l’huile de térébenthine; un autre siphon M conduit cette huile dans le dépurateur I.
- Les becs placés dans l’Institution royale consomment à peu près 1000 pieds cubes de gaz par jour; cette quantité est fournie par 100 livres de résine qui coûtent environ 7 francs 5o centimes. On ne comprend pas dans cette dépense l’huile essentielle, parce qu’elle est recueillie après que le gaz s’en est séparé et sert à plusieurs opérations successives.
- La puissance éclairante du gaz de la résine, comparée à celle du gaz de charbon, est, suivant M. Daniel, comme a 7 esta 1. Indépendamment de cet avantage, ce procédé offre encore une notable économie, parce que la résine est à meilleur marché que toute autre matière qu’on pourrait employer pour produire une pareille quantité de gaz. On consomme ordinairement 4 bushels de charbon et 2 peks de coke par jour pour chauffer les cornues. ' ‘ ’ ,
- Pour apprécier la quantité de gaz fournie chaque jour, nous donnons ici le résultat des opérations de la première semaine de janvier 182g.
- f^ingt-huiti'eme année. Mai 182g
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- Résine. Èuile essentielle. Pieds cubes de gaz.
- Janvier ief . . .... ioo . ïo ... ... 1Qoo
- 2 ...... ioo •'..... io ...... io5o
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- 4 dimanche » » »
- 5 ...... 75 ..... . 8 ...... 700
- 6 ...... 75 ...... 8 ..... . 1000
- 7 75 ...... 10 ...... 900
- 5a 5 54 565o•
- La consommation moyenne a donc été pour chaque jour : résine 87 huile essentielle 9, pieds cubes de gaz obtenus 941 §.
- Nous ajouterons que le fond de la cornue est occupé par une cloison P, qui empêche les fragmens de coke de tomber dans le tuyaujf. Cette cloison est percée dans le haut d’un trou pour donner passage au gaz.
- Observations. Plusieurs brevets d’invention et d’importation oi^t été pris en France pour des appareils propres k convertir la résine en gaz ; mais quoique cette matière soit recueillie sur notre sol , dans le département des Landes, tandis que les Anglais la tirent d’Amérique, cependant on s’est borné en France à des essais et à des tentatives. On ne peut disconvenir que l’emploi de la résine n’ait des inconvéniens et quelques dangers lorsque sa manipulation est abandonnée à des mains inexpérimentées ; mais si l’on considère que le gaz qui en provient se purifie aisément, ne noircit pas les dorures, ne répand aucune mauvaise odeur, et que la résine qu’on tire des Landes pourrait être obtenue à 4 et 5 francs la quintal, on concevra qu’il y aurait de l’avantage à introduire cet éclairage dans nos habitations, concurremment avec celui du gaz de la houille.
- M. James Collier, habile ingénieur anglais, s’est occupé, depuis longtemps et avec un grand succès, de l’application de la résine à l’économie domestique. Il employait dans l’origine l’appareil de Daniel;, qu’il avait monté à Gand ; mais il y reconnut bientôt quelques défauts, auxquels il chercha à remédier ; et d’abord il s’attacha à perfectionner le mode de dissolution de la résine. On a vu plus haut que cette dissolution s’opère dans un vase fermé simplement par un couvercle ; ce qui fait perdre beaucoup de résine par l'évaporation, le vase étant placé sur le banc des cornues ou la maçonnerie qui le sépare du fourneau. Cette maçonnerie peut se dégrader par la violence du feu, alors le vase étant lui-même exposé à être endommagé, des fuites auront lieu, et la résine, étant extrêmement inflammable, causera l’incendie de l’établissement, accident qui est arrivé plusieurs fois à M. Collier. -
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- Pour éviter ce danger, ce fabricant f^it fondre la résine dans ün vase clos et loin du fourneau, auquel il communique par un tuyau; il la remue continuellement et y ajoute ensuite de l’huile essentielle de goudron et de l’alcool, dans la proportion d’un quart ; ce qui rend la dissolution parfaitement fluide.
- En second lieu, M. Daniel} en introduisant dans la cornue par un tube courbé en siphon la résine dissoute, la fait toujours tomber sur le même point; elle refroidit alors le coke et la cornue et forme bientôt un dépôt, qui non seulement est difficile à enlever, mais arrête aussi la fabrication en empêchant le gaz de se produire en suffisante quantité.
- M. Collierf pour obvier à ce défaut, injecte la dissolution au moyen d’une petite pompe placée horizontalement à la bouche des cornues, et dont le piston est mu par un pendule, de manière à produire un coup par seconde ; le fluide est ainsi répandu sur toute la surface du coke incandescent, et comme il est introduit, en quantités déterminées, les cornues conservent une température toujours égale ; conséquemment la fabrication est plus régulière et le produit plus abondant.
- Il est à remarquer que l’alcool employé peut servir indéfiniment pour les opérations subséquentes, parce qu’on le retrouve presque en même quantité dans le réfrigérant, et que la résine préparée par ce moyen est parfaitement pure et ne répand aucune mauvaise odeur. Cette résine liquide brûle très bien dans les lampes et peut remplacer l’huile.
- M. Collier va bientôt établir à Lille un appareil ainsi perfectionné, et nous ne doutons pas qu’il n’en obtienne des résultats satisfaisans.
- Rapport fait par M. Vallot, au nom du Comité des arts économiques., sur les œillets métalliques présentés par M. Daudé, rue des Arcis, n . 22 , à Paris.
- Messieurs, M. Daudé9 ex-pharmacien des hôpitaux civils et militaires, vous a adressé plusieurs échantillons de toiles à corsets, sur lesquels sont fixés des œillets métalliques destinés à remplacer les œillets au poinçon, bordés de fil dans toutes les parties du vêtement et des chaussures où l’on emploie des lacets.
- Ces œillets métalliques, pour lesquels M. Daudéa pris un brevet d’invention , sont fixés solidement à la toile au moyen de rebords qui la pincent fortement. Le rebord du dessous est aplati, celui du dessus est arrondi : ils sont faits à la machine.
- Le métal dont ils sont composés est un alliage où l’étain domine, afin
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- de le rendre doux et assez malle'able pour recevoir la forme qu’il s’agit de lui donner ; mais comme un pareil alliage n’offrirait pas assez de résistance à la traction, à la pression et au frottement, les œillets sont fortifiés par deux petits anneaux en cuivre placés de chaque côté de la toile et entièrement recouverts par les rebords de l’œillet. Ces anneaux, indépendamment de la solidité qu’ils procurent, servent encore à conserver au rebord supérieur le bombement nécessaire pour faciliter l’introduction du lacet et en adoucir le frottement. , £ , • •>.• >
- Les anciens œillets, faits au poinçon et à l’aiguille, avaient l’inconvénient de.s’allonger et de s’user très promptement. Depuis quelque temps, on y avait en partie remédié en garnissant avec un anneau de fil de laiton les trous faits par les poinçons ; mais l’anneau n’était retenu que par des points pareils à ceux qui garnissaient et fortifiaient précédemment le tour de l’œillet. Le frottement du lacet sur le fil se faisait sentir tout aussi fortement qu’auparavant, et si la forme de l’œillet en était mieux conservée, sa durée n’en était pas plus assurée. *
- Les œillets métalliques de M. Daudé n’ont aucun de ces incDnvéniens ; ils présentent tous les avantages que l’on peut désirer pour ces sortes d’objets.
- Leur durée est plus grande que celle des toiles ou étoffes auxquelles on les applique; leur forme ne peut être altérée ni par l’usage ^ ni par le lavage du vêtement; leur bord, lisse et arrondi, laisse glisser facilement le lacet sans le détruire : leur principale destination, enfin, étant de remplacer dans les corsets les œillets faits ou fixés à l’aiguille, les dames qui se lacent seules y trouveront le moyen de se lacer beaucoup plus vite, mieux et avec une bien plus grande facilité.
- Votre Comité pense donc que le perfectionnement que M. Daudé vous a soumis mérite votre approbation ; en conséquence, il a l’honneur de vous proposer d’ordonner l’insertion du présent rapport dans 1 e Bulletin de la Société (i).
- Adopté en séance 3 le 22 avril 182g. Signé Vallot rapporteur.
- (1) E11 1823, il a été pris à Londres et à Paris un brevet d’invention pour des oeillets mobiles en métal, ivoire, os, bois, etc. , à l’usage des corsets et autres vêtemens ; mais ces œillets diffèrent entièrement de ceux de M. Daudé. Les premiers sont fondus ou tournés ; ils ne peuvent être fixés à l’étoffe ou à la toile qu’en les plaçant dans des ouvertures en forme 3e boutonnières, et en les reliant fortement aux barbes de ces ouvertures.
- Il ne pai’aît pas que l’on ait fait usage de ces œillets en France, probablement à raison de la difficulté de les fixer solidement, du temps qu’exigeait cette opération, et par conséquent du prix élevé qui devait en résulter. • . . i . . . . ,
- Ces œillets et la manière de s’en servir sont décrits au tome XVI, page 319 de la Deserip•» tion des machines et procédés spécifiés dans les brevets dont la durée est expirée.
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- AGRICULTURE. . .
- Rapport fait par M. Tessier, au nom du Comité d’agriculture^ sur un Mémoire présenté a la Société par M. le baron de Ladoucette sur des claies vivaces destinées a préserver et ci soutenir les rives des torrens. - *
- Il y a, dans divers pays, des ruisseaux qu’on appelle rus ou rupts, qui, faibles une partie de l’année, débordent lors des pluies et des fontes de neige, et enlèvent des terres de leurs rives. M. de Ladoucette assimile ces ruisseaux à des torrens, parce qu’ils produisent le même effet : s’opposer à leurs ravages est une chose importante, on l’essaie dans beaucoup d’endroits ; mais on s’y prend mal et d’une manière peu durable. M. de Ladoucette3 autrefois préfet des Hautes-Alpes, qu’il a administrées avec autant de zèle que d’intelligence, a pensé qu’un moyen employé avec succès dans ce département pouvait être appliqué utilement à un pays moins éloigné, où il a des propriétés. Ce pays est Vieils-Maisons, dans la Brie champenoise; sous ses yeux, ce moyen perfectionné a été employé avec un grand succès : il lui a paru utile de le faire connaître pour qu’on en profitât. ' ^ '
- Il conseille de commencer par faire une tranchée au bord du ru; s’il est trop sinueux, de rectifier son lit dans quelques points , en le rendant le plus droit possible, pour que les eaux s’écoulent et entraînent ce qu’elles ont enlevé. On travaille ensuite à établir la claie, pour laquelle on emploie du saule et cleFosier, et même de l’aune, si l’osier manque. Les différentes espèces et variétés de saules sont bonnes ; l’espèce rouge est préférable, parce que son bois est plus dur. Quant à l’osier, celui qui sert à faire des paniers convient le mieux : on peut se servir aussi du broussonetia3 et, dans le Midi, du tamariæ* . l : )j ; l. : : r lïo” . ; ;
- On enfoncera des pieux à 2 ou 3 pieds de distance les uns des autres, en les faisant entrer de 18 pouces enterre ; ils devront dépasser d’un pied la claie en hauteur ; des branches de saule seront piquées par le gros bout, en biais sur le talus, de manière à les ramener et à les tresser comme des claies de parc; on rapprochera de la ferre contre le lit de saules; pour soutenir la claie, on y adaptera des gaules ou perches flexibles : après cela, le sol sera égalisé. - ; -’ 'J"
- On a réussi à mettre à 10 pouces de l’osier et sur deux rangs des plan-çons de peupliers de 12 a i5 pouces de longueur, prisa des élagages et tenus douze jours dans l’eau pour hâter leur végétation. Au bout de quatre ans, on a pu les dépresser en n’en conservant qu’une partie, qu’on a étêtée ou qu’on a laissée s’élever, suivant les localités ; ceux qu’on a ôtés ont été
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- placés ailleurs; dès la cinquième année, le produit des peupliers a couvert une bonne partie de la dépense.
- L’eau tendant toujours à dégrader, il est bon de surveiller la claie et de réparer le mal qui se serait fait sous elle. On y parvient en enfonçant sur la partie menacée ou endommagée des pieux jusqu’à moitié de la hauteur de la claie, et en la garnissant très fort d’osier sur ce point. Si les eaux empêchent de le tresser jusqu’au fond de la brèche, on descendra les plants en les appuyant sur les pieux sans les déranger, ou bien , dans le cas où il y aurait trop de difficultés, on introduirait jusqu’au fond des bourrées d’épine noire chargées de pierres. . <
- Personne ne doutera de l’avantage qu’il y a à faire ces sortes de travaux ; je pense qu’il est intéressant d’en répandre la description telle que M. de Ladoucette la donne, parce que beaucoup de pays pourront en faire usage. Il me paraît convenable d’insérer le Mémoire en entier dans le Bulletin de la Société. ,
- Adopté en séance, le 8 avril 1829.
- Signé Tessier , rapporteur.
- Sun les claies vivaces destinées à préserver et a soutenir les rives dé un torrent; par M. le baron de Ladoucette.
- Objet des travaux.
- Le ruisseau qu’on appelle ru ou rupt dans plusieurs provinces de France est un véritable torrent, faible dans une partie de l’année , qui déborde lors des pluies et de la fonte des neiges, et qui, surtout dans les terres argileuses, mine , dévaste et entraîne ses bords. C’est pour les protéger qu’à Yieils-Maisons, bourg de la Brie champenoise , l’auteur de ce mémoire a employé des procédés usités dans les Hautes-Alpes, et qu’il a cherché à améliorer. Il doit citer comme doué de beaucoup d’intelligence celui qu’il a chargé de l’exécution des travaux, Joseph Clément, né dans ce département, qui est ravagé par un si grand nombre de torrerts.
- Travaux préliminaires.
- Comme il faut commencer par faire une tranchée au bord du ru, examinez s’il 11’est pas trop sinueux , s’il n’y a pas de l’avantage à rectifier sur quelques points son lit, qui doit être autant que possible sur une ligne droite, afin que les eaux s’écoulent facilement avec ce qu’elles ont enlevé, ne heurtent pas la claie et ne creusent pas le sol par dessous et derrière elle. Si le terrain à garantir présente des angles, travaillez à les adoucir , la moindre négligence vous priverait des fruits de vos peines ; préparez,
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- pour votre claie vivace, le saule et l’osier : vous pourrez la fortifier avec le peuplier. Employez Faune, si l’osier vous manque ; mais ne les entremêlez pas; le premier, deveuu fort, étoufferait son rival. Vous pouvez vous servir du salix caprea, du salix triandra, L., du scdix hélix ou osier sauvage, du salix viminalis, L., du salixpentandra, L., du salix hastata, et de plusieurs autres. Le saule rouge est préférable, parce que son bois est plus dur, et qu’on peut vendre ses pousses avec celles de l’osier. L’espèce que dans la Brie champenoise on appelle marselée a besoin d’être fortement enfoncée dans un lieu très humide, sans quoi il est très rare qu’elle reprenne. Pour l’osier, préférez le rouge, et surtout celui qui est vulgairement connu sous le nom d’oser à panier ; ses jets annuels sont de 6 à 7 pieds de long. On peut se servir aussi pour nos digues du broussonetia papjrifera ( Ventenat ), et, dans le Midi, du tamarix. Le saule doit provenir du bottelage de cinq à six ans; on le prendra assez long pour qu’il puisse entrer de 18 pouces à 2 pieds dans la terre, et que les pieux dépassent la claie d’.environ 1 pied; leur pourtour sera de 10 à 12 pouces : plus faibles , on les rapprocherait davantage; on en aiguise le gros bout par deux fortes entailles. Enfin on coupe dans un taillis de 15 à 18 ans, et l’on conduit sur le terrain des gaules de 6 pouces de pourtour , et qu’il vaut mieux avoir en saule qui reprend, sinon en chêne, qui est dur, ou en noisetier, qui est flexible ; le charme et le frêne ne sont pas à employer , parce qu’ils passent rapidement et ne donnent pas le temps aux jets de la claie vivace de les remplacer.
- Construction de La claie.
- Ces dispositions faites, et le cordeau tendu à l’endroit disposé pour y établir la claie, faites avec un pieu ferré et à 2'à 3 pieds de distance, suivant l’étendue et la disposition des rives à garantir, des trous pour y recevoir les piquets de saules à y introduire sur-le-champ, afin que le gravier ne vienne pas à obstruer ces trous ; enfoncez les piquets en frappant avec un maillet leur tête, qui ne doit pas être ronde, ce qui l’exposerait trop à éclater, mais avoir la forme du bas d’un coin. Le maillet vous servira aussi pour rejeter dans les trous où sont les arbres la terre que le pieu a tirée en les formant. Prenez ensuite des branches de saule dont vous piquez le gros bout dans le talus, en biais, de manière à les ramener et à les tresser comme des claies de parc. Mettez et tassez de la terre contre ce lit de saules. Agissez de même pour des branches d’osier piquées contre la rive, et s’enlaçant dans la claie. Continuez tant que vous avez du plant vivace; s’il peut compléter votre claie, n’employez les gaules dont nous avons déjà parlé que pour la brider, c’est à dire la soutenir et consolider* A cet effet, insi-
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- nuezTune de celles-ci par son gros bout dans la terre, derrière la claie, où vous la ramenez et la conduisez par des entrelacemens successifs, tantôt devant, tantôt derrière chaque piquet. Entre chacun de ces piquets sort ainsi une gaule destinée à brider la claie jusqu’à l’extrémité de celle-ci , et en suivant la direction de l’eau pour ne lui opposer aucun obstacle. Une nouvelle gaule s’appuie entre les pieux sur celle qui l’a précédée. Si l’on n’avait pas assez de plants vivaces pour que la claie fût au moins au niveau de la rive, on y suppléerait par des gaules , mais en réservant toujours les plus belles pour l’action de brider. La claie faite, on l’ébrousse, et avec une serpe on rafraîchit les pieux à 6 pouces de la claie, en mettant la partie taillée du côté du couchant, afin de la défendre contre les intempéries, qui feraient pourrir bientôt un bois si tendre : le côté du nord serait le plus pernicieux. ' • •
- Vous égalisez ensuite votre sol ; vous y faites au besoin une jetée de terre que vous tassez ; vous y piquez trois rangs d’osier , enfoncés le plus possible pour les garantir de la sécheresse, qui leur serait dangereuse en été , puisqu’ils sont placés sur la tranchée qu’il a fallu pratiquer pour y établir la claie. < ; : - '
- . Des peupliers. . ,
- Depuis plusieurs années, on a placé avec succès, à 10 pouces de l’osier et sur deux rangs, des plançons de peupliers pris sur les sujets, élagués l’année d’avant, et que vous réduirez à une longueur de 12 à i5 pouces ; tenez-leur le pied dans l’eau pendant une douzaine de jours, afin de hâter leur végétation. Lorsque vous voyez que vos boutures sont bien gonflées, et que la partie qui est dans l’eau montre une quantité de boutons blancs , c’est le germe des racines futures r vous pouvez planter avec sûreté ; enfoncez-les, en ne les laissant sortir qu’un pouce de terre. Au bout de quatre ans, ces peupliers seront déjà trop serrés; plantez-en ailleurs une partie, conservez l’autre sur les lieux, lorsque ses racines et son ombrage ne nuiront pas aux productions voisines ; suivant la localité, on laissera ces peupliers s’élancer, ou on les étêtera, afin de se procurer beaucoup de branches latérales. Tous les genres de peupliers conviennent, surtout ceux d’Italie, qui trouvent une humidité habituelle dès qu’ils ont atteint le niveau du torrent. Dès la cinquième année, le produit des peupliers aura couvert une forte portion des dépenses de la claie, .
- Entretien et réparations de la claie. .
- C’est peu d’avoir établi un système de défense, s’il est privé de soins, exposé aux attaques du torrent. Vous aurez quelquefois à entrelacer des
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- branches de la claie vivace là où il faudra la fortifier, à y greffer à l’approche et derrière elle, à provigner des osiers pour mieux garnir et défendre le terrain. Les eaux cherchent souvent, comme nous l’avons déjà remarqué , à creuser sous la claie et à enlever la rive. Dès que la saison propre aux plantations sera arrivée, enfoncez devant ou sous la partie menacée ou endommagée, et jusqu’à moitié environ de la hauteur de votre digue vivace, des pieux, assez rapprochés pour ne laisser à l’ouvrier que l’espace nécessaire tant à les planter qu’à réparer la claie avec de l’osier et à l’en hérisser sur ce point.
- Quelquefois les eaux empêchent de tresser l’osier jusqu’au fond de la brèche, prenez alors une fourche en fer, et descendez vos plants graduellement, en les appuyant sur les pieux sans déranger ceux-ci. Si ce travail présente trop de difficultés, il faut introduire jusqu’au fond de petites bourrées d’épines noires, chargées de pierres, sinon retenues avec un pieu qui y forme crochet ; vous vous occuperez ensuite plus facilement à remplir le trou. Vous pouvez y jeter de grosses pierres; mais, malgré la précaution de les y placer debout et serrées l’une contre l’autre comme pour l’encaissement d’une route, quelques jours suffiront peut-être au torrent pour détruire ce travail. Les pieux rapprochés, qu’on prend de bois dur, et , à leur défaut, de saule ou d’aune, offrent plus de solidité : il est bon qu’ils aient au moins io pouces de pourtour. Si on ne les plaçait qu’à la distance d’un ou 2 pieds, on mettrait entre eux, et chargés de pierres, des fagots d’épines noires : ils se conservent long-temps dans l’eau ; car, en travaillant dans d’anciens viviers, on a trouvé de ces épines qui avaient plus de cinquante ans. Ces moyens peuvent s’employer partout où l’on trouve le torrent trop profond : c’est un barrage qu’on met à travers son lit, au dessous du point qui inquiète ; on l’enlève, aussitôt que le lit est convenablement relevé.
- Tout le monde connaît les effets de la dent des bestiaux sur les plantations. Si on ne peut les éloigner de la claie vivace, il faut au moins la défendre par une barrière en bois ou par une haie sèche.
- Produits de la claie.
- On ne doit pas se plaindre de tous les soins, de toutes les dépenses qu’exigent la construction et l’entretien de ces digues vivaces; elles conservent des terrains précieux, et l’on a calculé, dans la Brie champenoise, qu’un hectare occupé par elles rapporte plus de 120 fr.
- Vingt-huitieme année. Mai 182g.
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- Rapport fait par M. Bellangé, au nom d une Commission spé~ ci ale j sur des plantations de mûriers et des soies cultivées dans les départemens de la Lozère et du Jura par MM. Bo-relli de Serres et Dezmaurel.
- Messieurs, le Conseil d’administration, dans sa séance du 22 octobre dernier , a renvoyé à l’examen d’une Commission spéciale dont j’ai l’honneur d’être l’organe une lettre de M. Borelli de Serres, receveur général des finances du département de la Lozère, accompagnant l’envoi de deux flottes de soie grège, l’une jaune, l’autre blanche, produits d’une plantation de mûriers qu’il a faite il y a environ six ans dans ses domaines, et d’une filature qu’il y a établie.
- M. Borelli de Serres avait observé les avantages que cette branche d’agriculture si intéressante offre par dessus tout aux propriétaires, et c’est en grande partie dans la vue de répandre cette précieuse amélioration dans son département qu’il a fait cette heureuse entreprise, dont il recueille déjà abondamment les fruits. •
- Six cents pieds de mûriers tirés des pépinières d’Alais et d’Anduze, département du Gard, ont été le commencement de la plantation, qui s’est augmentée d’une pépinière en pourrettes de trois mille pieds.
- Les détails contenus dans la lettre susdite prouvent que M. Borelli de Serres a suivi les bonnes méthodes , qu’il a eu la satisfaction de voir ses compatriotes imiter son exemple, et des plantations déjà assez considérables enrichir les vallons de Mende, de Marvejols, etc.
- M. Borelli de Serres aurait pu vendre ses cocons comme font la plupart des propriétaires qui ont des cocognières ; mais son ambition ne s’arrêtant pas, dit-il, eh si beau chemin , il fit d’abord filer dans sa maison, et l’été dernier un bâtiment fut construit exprès dans les dimensions et proportions voulues pour une magnonière. L’Académie d’agriculture, arts et commerce de la Lozère, dans sa séance publique du mois de septembre 1827, ayant entendu avec intérêt un rapport de son secrétaire sur les plantations de mûriers et la filature de l’intéressant créateur de ce double produit , considéra ses travaux comme une amélioration vitale et la plus importante qui pût être tentée dans ce pays.
- M. Borelli de Serres, en s’adressant à M. le comte Chaptal, président de la Société d’Encouragement, exprime les sentimens les plus généreux ; abstraction faite des profits qu’il pourra tirer de son utile entreprise : il a vu, dit-il, avant tout le bien de son pays; il est fier de ses premiers succès,
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- et de ceux qu’un avenir prochain assure, aussi bien qu’à lui, aux imitateurs auxquels il a servi de modèle.
- Je dois dire ici que les échantillons de soie présentés par M. Borelli de Serres} qui me paraissent filés de sept à huit cocons, s’ils ne sont pas d un degré de finesse élevé, ce qui n’est pas nécessaire pour en déterminer le mérite, chaque genre ayant son utilité, sont d’un brin nerveux , d’une bonne qualité, d’une couleur brillante, l’échantillon blanc n’ayant d’ailleurs rien de remarquable sous le rapport de la blancheur, parce qu’il n’est pas le produit de graines de Chine, mais convenant à beaucoup d’emplois ; la filature est bonne, exempte de bourres et d’inégalités. M. Borelli de Serres dit que M. Rochëblave d’Alais, l’un des premiers fileurs et négo-cians dans cette partie, lui a donné de sa soie le prix le plus élevé, sans doute eu égard au degré de finesse ; puis, comme il ajoute modestement, son établissement étant encore dans l’enfance, à mesure qu’il grandira, ses procédés mécaniques pour la confection la plus belle et la plus fine obtiendront successivement la perfection.
- Dans cet état de choses, votre Commission vous invite, Messieurs, à renvoyer à la Commission des médailles la proposition qu’elle vous fait d’offrir à M. Borelli deSerres une médaille d’encouragement, en honneur et en récompense des soins louables qu’il a pris dans le désir de procurer à son département une branche d’agriculture et d’indus-trie dont il ne jouissait pas encore, dont les avantages n’ont pas besoin d’être démontrés , et pour les succès qu’il a obtenus.
- Ici, Messieurs, ne pouvait se borner la mission qui a été confiée récemment à votre Commission lorsque la lettre et les échantillons de M. Borelli de Serres lui ont été adressés pour vous en faire un rapport. Vous ne voudrez pas sans doute refuser la même faveur, ou plutôt une justice égale, à un propriétaire-cultivateur distingué, qui a paru à votre Commission avoir aussi des droits à votre bienveillance et des titres non moins certains.
- M. Bezmaurel, négociant et membre de la Société d’agriculture de Dole, dans le but de s’éclairer des conseils des honorables membres de la Société d’encouragement, adressa, il y a déjà long-temps, à ]JÏ. le président une lettre, dans laquelle il disait que, depuis cinq ans, il s’était occupé de la culture des mûriers blancs, et, depuis trois ans, de l’éducation des vers à soie, dans une province où jusqu’alors ce genre d’industrie était regardé comme impossible.
- Le départemént du Jura est, comme on sait, très montueux ; Dole est placée vers le quarante-septième degré de latitude, et, dans sa partie supérieure, à nSj mètres au dessus du niveau de la mer.
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- Dès 1825 , M. Dezmaurel avait suivi avec succès la méthode de M. Bo-nafous. Pour son premier essai, il avait obtenu des cocons, appréciés par des connaisseurs de Lyon. Il avait déjà planté plusieurs centaines de mûriers dont on admirait la vigueur, et depuis ayant obtenu de nouveaux succès, il avait progressivement augmenté ses plantations.
- Les expériences faites, depuis cinq années, sur les vers à soie avec le produit des jeunes mûriers plantés par M. Dezmaurel, justifiaient d’une manière évidente les espérances que l’on devait concevoir dans ce département pour l’extension de ces nouveaux produits.
- Des échantillons de soies jaune et blanche, adressés à la Société par ce cultivateur, ayant été remis à la Commission, ont été examinés soigneusement de concert avec M. Lecomte, ancien négociant dans cette partie, membre de notre Société; nous les avons trouvés de belle apparence, bien filés de cinq à six cocons, et les ayant fait dévider, nous avons reconnu que la qualité en était bonne et facile au dévidage ; ce qui est une chose essentielle.
- Cette même année 1827, M. Dezmaurel envoya à l’exposition des produits de l’industrie une collection d’échantillons de ses soies, qui fixa l’attention du jury central, dont le rapport s’exprime ainsi à son égard : M. Dezmaurel, de Dole {Jura), a introduit, depuis quelques années, la culture du mûrier dans les environs de Dole ; sa plantation, aussi intéressante pour ce pays quelle y est nouvelle, comprenait, en 1827, cent vingt pieds de haute tige de l’âge de trois à quatre ans, deux cents pieds en buisson et deux mille cinq cents en pépinière. M. Dezmaurel s’occupe aussi avec un soin digne de remarque de l’éducation du ver à soie, dont il a bien étudié les habitudes. L’exemple de cet agriculteur éclairé peut avoir des suites heureuses non seulement pour le département du Jura, mais pour une foule d’autres localités.
- C’est, Messieurs, d’après des progrès aussi bien constatés, des succès aussi intéressans, et dont M. Dezmaurel s’était empressé de vous faire l’hommage, dans l’intérêt public, que votre Commission vous invite également à renvoyer à la Commission des médailles la proposition qu’elle vous fait, de lui décerner, comme à M. Borelli de Serres, une médaille d’encouragement, pour les mêmes motifs. ;
- J’ai encore, Messieurs, à vous entretenir, mais brièvement, du renvoi qui a été fait à votre Commission de deux lettres de notre honorable collègue, M. Bonafous, adressées à M. le président. La première a pour objet de vous communiquer un passage d’une lettre de M. Vanhoobouck de Fiennes} datée de Gand, du 16 décembre dernier, énonçant les succès re-
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- marquables qu’il a obtenus d’une petite éducation de vers à soie, 170 livres de cocons de 1 once ~ de graine, qui ont donné 2,0 livres de fort belle soie. La qualité nous a paru, ainsi qu’à M. Bonafous, aussi fine et aussi nerveuse que celle que l’on récolte dans plusieurs contrées méridionales, offrant de l’analogie avec celle de la Calabre. L’essai de cet agronome est propre, comme dit M. Bonafous, à encourager la propagation de cette industrie dans tous les climats où le mûrier, effeuillé une fois, peut encore, dans la même année, produire une seconde feuille, et bien aoûter son nouveau bois.
- La seconde lettre de M. Bonafous, du 24 février dernier, renvoyée à votre Commission, lui a paru fort intéressante. Elle est relative à une culture nouvelle, sous le nom de Culture des mûriers en prairies. Nous pensons, Messieurs, que l’insertion textuelle de cette lettre au Bulletin, et même celle d’une Notice imprimée, ci-jointe, pourraient être fort utiles.
- Enfin, Messieurs, nous terminerons ce Rapport en vous rendant compte des envois faits à la Commission d’une lettre de M. Saint-Ourens} membre de la Société d’agriculture des Landes, accompagnant un Mémoire imprimé, qui a pour titre : Manuel de l’amateur des 'vers à soie.
- Précédemment, M. Saint-Ourens avait adressé à la Société un opuscule portant pour titre Coup-diœil des Landes, avec le plan d’une ferme expérimentale, que l’Académie des sciences a, dit-il, honoré de son suffrage, et un extrait d’une promenade industrielle et agricole dans le département des Landes ; la Commission vous propose, Messieurs, d’arrêter qu’il sera écrit à M. Saint-Ourens pour le remercier de ces diverses communications.
- Adopté en séance, le 22 avril 1829.
- Signé Bellangé, rapporteur.
- Lettre adressée a M. le Président de la Société d’Encouragement par M. Bonafous.
- Paris, 24 février 1829.
- Monsieur le Président,
- Persuadé de l’utilité, qu’il y aurait a introduire dans beaucoup de localités une méthode de culture que je désigne sous le nom de Culture du mûrier en prairies, dans le double but de faire servir la feuille des jeunes plants à la nourriture du ver à soie, et d’employer leurs tiges à la fabrication d’un papier imitant celui de la Chine, j’ai engagé la Société d’agriculture de Lyon, dans sa séance du 15 décembre dernier, à faire connaître aux cultivateurs les avantages de cette méthode, et à décerner des primes à ceux qui lui présenteraient des résultats satisfaisans.
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- Mais l’influence que la Société de Lyon exerce dans le département du Rhône ne pouvant s’étendre dans les autres contrées où l’introduction de cette culture peut être utile, j’ai l’honneur de donner communication à la Société d’Encouragement de la proposition que j’ai faite à la Société de Lyon, dans l’espoir où je suis qu’elle appréciera de même les avantages de ce mode de culture, sous le rapport de deux genres d’industrie qu’elle a constamment encouragés, et quelle voudra bien prendre les délibérations convenables, afin de provoquer, avec sa libéralité ordinaire, des expériences que je désirerais voir répéter sur tous les points où le climat ne s’oppose pas à la propagation du mûrier.
- Je saisis cette circonstance pour présenter à la Société un exemplaire d’une deuxième lettre qui m’a été adressée par M. Amans Carrier, de Rodez, sur l’éducation des vers à soie et la culture du mûrier dans le département de l’Aveyron, dont les cultivateurs ont bien voulu suivre les méthodes que je me suis attaché à leur faire connaître.
- J’ai l’honneur, etc., Signé Bonafous.
- Note sur la culture des mûriers en prairies ; par M. Bonafous,
- Membre de la Société royale et centrale d Agriculture (i).
- Si le grand nombre de mûriers qui existent dans le département du Rhône atteste l’heureuse influence que la Société royale d’agriculturç exerce sur les cultivateurs, on est fondé à croire que ces hommes utiles accueilleront constamment tous les moyens qu’elle peut leur offrir pour donner un nouvel essor à la culture de cet arbre.
- Parmi ces moyens, il en est un que je soumets à l’attention de la Société, lequel consiste à essayer sur le sol européen un mode de culture pratiqué chez les Chinois , et introduit avec succès dans une partie des Etats-Unis où l’éducation du ver à soie est l’objet d’un soin particulier.
- Dans cette contrée de l’Amérique du nord , plusieurs fermiers sèment, au printemps, sur un sol bien préparé des graines de mûrier, et, dans le cours de la saison suivante, ils fauchent les jeunes tiges pour alimenter leurs vers à soie, jusqu’à ce que, devenues trop fortes, elles ne poussent plus qu’un bois rabougri : alors on défriche le sol, qui retourne à l’assolement général de la ferme, tandis qu’un autre terrain a été semé en mûriers pour remplacer le premier. Cette récolte se fait chaque jour pour la quan-
- (i) Lue à la Société d’Agriculture de Lyon dans sa séance du i3 décembre 1828.
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- tite de feuilles que Ton veut employer ; et, à moins d’une extrême sécheresse, les jeunes mûriers peuvent êtres coupés deux ou trois fois avant qtfe le ver commence à monter (i).
- Une telle méthode, il est vrai, ne peut s’appliquer à notre industrie agricole, sans subir quelques modifications que la nature du climat et d’autres circonstances locales feront connaître à nos cultivateurs ; et ainsi, au lieu de récolter les feuilles de semis de l’année, il conviendrait de semer au printemps, ou vers la fin de l’été, pour faire la cueillette l’année suivante; tout comme il serait convenable de ramasser la feuille plus long-temps d’avance, afin de laisser dégager l’humidité que la proximité du sol peut lui avoir fait contracter ; de même que dans un grand nombre de localités, au lieu de faire le semis des graines sur place et à demeure , il vaudrait mieux le faire en pépinière, pour être repiqué.
- Les avantages de cette méthode seraient :
- i°. De faire la cueillette avec moins de travail et de dépense;
- 2°. D’avoir besoin d’un terrain moins étendu pour nourrir une même quantité de vers à soie ;
- 3°. De pouvoir, dans le cours d’une année à l’autre, faire ses semis, jouir de leur produit, et abréger par là l’intervalle qui s’écoule entre la plantation du mûrier et le temps où il donne sa récolte ;
- 4°. De pouvoir mettre les jeunes plantes à l’abri de la pluie au moyen d’une banne en toile, que l’on change de place à volonté.
- 5°. Il est vrai que la soie provenant de la feuille de ces jeunes mûriers pourrait être d’une qualité plus nerveuse, mais elle n’en serait pas moins une bonne soie, ainsi que l’expérience me Ta démontré ; et une considération très importante, c’est que ce mode de culture permet aux plus petits propriétaires de se livrer à l’éducation du ver à soie, et aux personnes qui ne jouissent que temporairement d’un terrain, de pouvoir en. retirer les mêmes avantages. • .
- 6°. Enfin, cette culture offre l’avantage de pouvoir s’étendre ou se restreindre en proportion des besoins de l’industrie manufacturière.
- Je pense donc qu’il serait utile de provoquer des expériences, en invitant les cultivateurs à faire connaître à la Société le résultat de leurs essais, le produit comparé d’un terrain ensemencé de mûriers, et celui d’un terrain de la même nature et de la même etendue, cultivé en céréales ou en plantes fourragères. Les cultivateurs ajouteraient à ces renseignemens
- (i) Ces tiges de mûriers, soumises à une préparation particulière, pourraient servir à la fabrication d’un bon papier, imitant celui de la Chine, qui est très recherché par nos graveurs.
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- les observations qu’ils auraient faites sur l’emploi de leur feuille à la nourriture du ver à soie, et sur la qualité des cocons qu’ils en auraient obtenus.
- Or, dans la persuasion où je suis que ce mode de culture mérite toute la sollicitude des agriculteurs, et pénétré de l’obligation que je me suis faite de consacrer aux progrès de l’industrie agricole le produit des ouvragés que j’ai publiés sur la culture du mûrier et l’éducation du vér à soie, je termine cette Note en offrant à la Société royale de Lyon un fonds de 1,200 francs, destiné à accorder des primes aux cultivateurs du département du Rhône qui lui présenteront des résultats dignes de son approbation et de ses encouragemens.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Rapport fait par M. Agasse, au nom d une Commission spéciale j sur le compte de la succession de Madame la comtesse Jollivet. h
- M. Drageon, administrateur judiciaire de la succession de madame la comtesse Jollivet, a rendu le compte de son administration ; ce compte a été dressé par acte devant M. Mois tint, notaire à Paris, le g janvier dernier; la commission du testament a dû l’examiner, et elle m’a confié le soin d’en faire un rapport au Conseil.
- Déjà un premier compte avait été présenté par M. Drugeon, et une délibération du Conseil avait autorisé à l’arrêter; mais cet arrêté est resté en suspens, M. Drugeon ne l’a pas réclamé, et il eût été de peu d’utilité; il restait alors beaucoup de recouvremens à faire : ainsi il aurait fallu des comptes ultérieurs, et la comptabilité se serait trouvée divisée, au lieu d’être réunie en un seul corps comme le présente le compte actuel. Ce compte a donc le précieux avantage d’offrir l’ensemble de toutes les opérations et de faire voir toute l’importance de la disposition de madame Jollivet en faveur de la Société d’encouragement.
- Vous savez, Messieurs, que cette disposition était de la totalité de la succession, mais que le Roi n’en a autorisé l’acceptation que pour moitié ; aussi l’autre moitié a été recueillie par les héritiers. Il est résulté de cette communauté d’intérêts que le compte devait être commun auxdits héritiers, il est donc rendu tant à eux qu’à la Société d’encouragement.
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- J’ai examiné ce compte avec le plus grand soin, je dois dire que l’ordre et la méthode qui y régnent Ont rendu cet examen facile et j’ai la satisfaction de vous annoncer que, sauf une observation qui a trait à l’interprétation des volontés de madame Jollivet, il m’a paru ne rien laisser à désirer.
- Je vous parlerai plus loin de cette observation, et je vais commencer par m’occuper du compte; en raison de son importance, je crois devoir vous en présenter lanalyse avec quelques détails.
- Des observations préliminaires en facilitent l’intelligence.
- La première contient l’énonciation des diverses dispositions contenues dans deux testamens faits par madame Jollivet. Nous y voyons que les seules conditions imposées au legs fait à la Société d’Encouragement sont : i °. d’employer tous les capitaux en inscriptions sur le Grand-Livre 5 pour 100 ; 2°. d’en consacrer le produit à distribuer à perpétuité des prix pour l’encouragement de l’industrie nationale française ; 5°. de ne jamais entamer les capitaux, et 4°. que pendant soixante ans un quart des revenus soit employé tous les ans, avec les intérêts et les intérêts des intérêts sans en rien distraire, mais sans limitation dans le genre de placement, à accroître le principal, afin , dit la testatrice, qu’à l’expiration de cette période la Société d’Encouragement se trouve avoir accumulé un capital et réuni des moyens assez énergiques pour vaincre les obstacles qu’opposerait au développement de l’industrie française la rivalité des peuples voisins mieux encouragés ou plus protégés par leur Gouvernement ; pour assurer l’exécution de laquelle disposition madame Jollivet a prié la Société d’Encouragement de préposer un de ses membres, qui rendrait compte de cette exécution tous les ans dans une assemblée générale.
- A cette observation est joint un tableau présentant d’un seul coup-d’œil tous les legs particuliers. Ce tableau, divisé en autant de colonnes que de natures de legs, indique que ceux de rentes viagères se sont montés à i,625 francs, pour lesquels il a été fourni aux légataires des usufruits d’inscriptions sur l’État. (On verra plus loin que déjà trois desdites rentes montant à 975 francs sont éteintes. ) ,
- La seconde observation rend compte de l’apposition des scellés, de l’inventaire et de la vente du mobilier.
- Dans la troisième, on parle de ! ordonnance du Roi, qui, sur la demande des héritiers, n’a autorisé l’acceptation du legs universel que pour moitié; on indique cette acceptation et la délivrance faite des legs particuliers.
- La quatrième énonce les ventes des immeubles et diverses résiliations de baux préalablement faites par M. Drugeon, en vertu d’autorisations judi-
- pingt-huitième année. Mai 1829. 27
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- ( )
- ciaires, pour faciliter les ventes ; les décomptes des prix des divers acquéreurs sont divisés en autant de paragraphes qu’il y avait de propriétés à vendre ; on y voit ce qui restait dû au jour de la présentation du compte, et il y est observé que quelques portions pourront être arrêtées par l’existence d’inscriptions frappant contre d’anciens propriétaires. On y voit aussi que sur un objet vendu, mais dont le prix a néanmoins été touché, il existe une inscription prise contre M. Noël, laquelle inscription madame Jollivet s’était engagée à souffrir. Nonobstant cet engagement, on s’est adressé à M. Noël, en l’invitant à tâcher d’obtenir main-levée de l’inscription en question; il est à désirer qu’il y parvienne, pour éviter un recours en garantie de la part de l’acquéreur.
- Ap rès les observations dont nous venons de parler, et après avoir tracé le plan du compte, on annonce qu’il sera divisé en fonds et en fruits, division indispensable à l’égard de la Société d’Encouragement, pour faire connaître le montant des capitaux et rendre possible la mise en réserve du quart des revenus destiné à l’accroissement..
- Nous arrivons au compte proprement dit.
- Il est divisé en plusieurs parties.
- La première comprend la recette %i qui monte ;
- En fonds du capitaux à. ....... . .. . fr. c. fr, c.
- 675;597 79
- Et en fruits à. . . . . ..... ... . . . . En rapprochant cette recette des sommes restant dues, dont nous parlerons plus loin , on voit que toutes les sommes qui devaient y figurer s’y trouvent portées. La dépense forme la seconde partie.. j a » fOg,545 4o
- Elle est, à la charge des fonds, de. . . . 238,33o 28
- Et à celle des fruits, de. ... . .. . . . . Elle comprend tous les legs particuliers faits par madame Jollivet, ainsi que toutes les charges de sa succession, autres que les petites sommes restant dues, dont il sera parlé ci-après , et sauf encore les droits de mutation , » » 29,500 6l
- attendu qu’ils n’étaient pas dus sur le même pied par la Société d’Encouragement et par les héritiers ; ceux à la charge de la Société ont
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- Report. . ......
- ete reportés dans son compte particulier, dont je parlerai plus loin.
- Tous les frais de succession se trouvent portés dans cette dépense ; je dois vous faire remarquer qu’il y figure une somme de 1,660 fr. 5g e., payée pour frais d’une .licitation qu’il a fallu suivre pour régulariser la propriété d’une portion de terrain, rue des Martyrs ; cette portion de terrain , réunie à mie propriété vendue dans la succession de madame Jollwet a M. Mejnard, avait été acquise par M. Jollivet de plusieurs individus, qui ont agi tant en leurs noms que comme se portant fort d’un absent leur copropriétaire. Comme les vendeurs sont les héritiers présomptifs de l’absent, il ne resterait à payer quelque chose, par suite de cette adjudication , que dans le cas où l’absent reparaîtrait ; mais il y aurait alors un recours à exercer contre les vendeurs.
- On a appelé troisième partie la balance de la recette et de la dépense.
- Cette balance présente un excédant de recette :
- En fonds de..............................
- Et en fruits de..............-...........
- Dont la moitié revenant à la Société d’En-couragement est : ...
- En fonds de............................ .
- Et en fruits de...................... . .
- Fonds.
- fr. c.
- 675,597 79
- 238,53o 28
- 437,267 5i
- » »
- 2i8,655 75
- Fruits.
- fr. c.
- 109,545 4p 29,500 61
- 80,042 79
- 40,021 3g
- Dans la quatrième partie, on a indiqué l’actif restant à recouvrér et le passif restant à payer; j’aurai occasion de vous en parler plus loin en faisant connaître ce qui reste dû à la Société d’Encouràgement et ce qui reste à
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- payer par elle : ces sommes forment précisément la moitié de celles indiquées dans cette quatrième partie.
- Dans une cinquième partie, M. Drugeon a établi le compte particulier de la Société d’Encouragement, et il a divisé ce compte en deux chapitres. Le premier comprend la recette et se compose :
- i°. De la moitié de la balance du compte
- commun, étant en fonds de.
- Et en fruits, de. -.................... .
- 2°. De i,25i francs pour arrérages au 22 septembre, de 488 francs immatriculés au nom de la Société dans les gy5 francs d’inscriptions devenues libres par suite du décès de rentiers viagers, ci en fruits. ." . ... .
- 3°. De 24,061 francs 5o centimes pour arrérages, au 2.a septembre 1828, d’inscriptions dont le prix figure dans la dépense ci-après ; ci en fruits. . . . . ....................
- Totaux en fonds et fruits.
- La dépense est établie dans le chapitre 2.
- Elle se compose :
- ia. De 15,566 francs 34 centimes ps pour droits de mutation à la décharge de la Société, ci aux fonds. ..........
- 20. D’une indemnité de 10 francs à cause du partage inégal des 975 francs d’inscriptions devenus libres par le décès des rentiers, ci.
- 3®. De 94 francs y5 centimes alloués sur les fruits à un receveur de rentes , ci. . . . .
- Et 4°. de 221,695 francs 60 centimes payés pour achat de 10,918 francs d’inscriptions au nom de la Société ; laquelle somme ligure pour 2,128 francs 10 centimes dans la colonne des fruits à cause des portions d’arrérages
- A reporter .....
- Fonds. Fruits.
- fr. c. fr. c.
- 218,635 y5 » » 40,021 69
- » » i,a5i »
- » » 24,061 5o
- 2i8,633 75 65,355 89
- 15,566 34
- 10 »
- » » 9/, 75
- 15,576 34 94 7*
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- Fonds. Fruits.
- fr. c. fr. c.
- Report l5,576 34 94 75
- comprises dans les cours , et le surplus re-
- présente des capitaux, ci. ... 219,567 5o 2,128 io
- Total de la dépense. 255,143 84 2,222 85
- BALANCE.
- Recette 218,633 75 65,333 89
- Dépense 255,143 84 2,222 85
- Excédant de la dépense à la décharge des
- fonds, ci i6,510 09
- Excédant de recette en fruits » » 63?iii 04
- De cet excédant de recette ayant déduit
- l’excédant de dépense relative aux fonds. . . . M » i6,510 09
- Il s’est trouvé un excédant effectif de recette
- de. )) )) 46,600 95
- Un a vu qu un quart des fruits devait etre
- mis en réserve, ce quart a été reconnu etre de. » » 15,777 76
- De sorte qu’il n’est resté libre que » » 47,333 28
- Total égal audit excédant de fruits » » 63,in 04
- Ladite somme de 15,777 fr. 76 c. à mettre en réserve ayant été plus qu’employée au moyen de l’excédant de dépense ci-dessus de i6,5io fr. 09 c., le compte porte que, sur les premiers recouvremens, il y aura à rétablir au compte des fruits libres une somme de 732 fr. 33 c.
- M. Drugeon présente ensuite le tableau de la situation de la Société relativement à son legs.
- Il en résulte activement :
- Premièrement, qu’elle possédait 11,406 fr. de rente en inscriptions 5 pour 100, composée des 488 fr, devenus libres par l’extinction d’usufruits, et des 10,918 fr. acquis par M. Drugeon;
- Secondement, que ce dernier tenait à la disposition de la Société les-dits 46,600 fr. q5 c. , sur lesquels il a remis à votre trésorier une somme de 3o,ooo fr., qui a déjà figuré plusieurs fois dans les États de caisse ;
- Et troisièmement, que la Société avait encore droit à la moitié : i°. de quatre sommes, montant ensemble à 86,753 fr. 85 c. , dues par des acquéreurs pour solde de leurs prix j, 20. de 4*762 fr. 90 c. dus pour fermages ?
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- mais présentait de l’incertitude dans le recouvrement; et 3°. de la nue propriété de 65ofr. Revente sur l’État, 5 pour ioo, dont l’usufruit appartient à des légataires de rentes viagères.
- Quant au passif, il consiste en la moitié : i°. d’une somme de 2,833 fr. 63 c., restant due sur le prix d’une maison, rue des Martyrs, avec intérêts du Ier. juillet 1828; 20. de quelques frais extraordinaires de transcription faits par un acquéreur qui n’à pas soldé son prix ; 3°. d’un secours annuel de 120 fr., accordé à la veuve Detton. Enfin le compte est terminé, à l’égard de la Société d’Encouragement, par une observation intitulée : « Applica-» tion des conditions imposées par le testament de Madame la comtesse )) Jollivet au legs universel par elle fait à la Société d’Encouragement. » M. Drugeon y établit la division entre les capitaux et le fonds d’accroissement des io,g 18 ^r* d’inscriptions par lui acquises,et lui indique que les capitaux ont droit à 10,136 fr., et l’accroissement a 782 fr.
- Il exprime ensuite l’opinion que toutes les inscriptions applicables aux capitaux devront contenir la mention d’inaliénabilité à perpétuité, et que l’inscription de 782 fr. devra contenir cette mention peur soixante ans,
- à partir du 22 septembre 1828. .........
- Il ajoute que les mêmes règles devront s’appliquer aux rentes qui seront achetées avec les capitaux restant à recouvrer et à celles qui appartiendront au fonds d’accroissement : d’où il suit, et je me suis assuré epie c’est ainsi que l’entend le rédacteur du compte, que les soixante années fixées pour racornissement n’auraient commencé que du 22 septembre dernier.
- A la première lecture de cette opinion de M. Drugeon , on est tenté de se demander pourquoi il a cru devoir l’émettre et pourquoi il a cherché à nous tracer ainsi une règle de Conduite ; mais on reconnaît bientôt que le compte devait s’expliquer sur la manière dont les inscriptions déjà acquises devront être immatriculées ; cette immatricule n’aura lieu que sur un certificat délivré par M. Moisant, et celui-ci a besoin de trouver dans le compte , tel qu’il sera arrêté, la base de ce certificat : d’ailleurs ne perdons pas de vue que le compte de M. Drugeon est à la fois celui de l’exé-eution testamentaire , et que l’exécuteur testamentaire doit veiller à ce que les intentions de la testatrice soient remplies.
- Ainsi ne contestons pas le droit qu’a eu M. Drugeon de faire ses observations ; mais examdnons-en la justesse.
- La première, relative à l’inaliénabilité indéfinie des inscriptions acquises avec des capitaux, est entièrement d’accord avec les termes du testament, nous ne pouvons donc que la ratifier.
- Mais il n’en est pas- de même du surplus, et il nous a paru que M. Dru-geon n’avait pas saisi le sens des expressions de la testatrice.
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- Que demande madame Jollivet? « qu’un quart du revenu de son legs » soit employé tous les ans avec les intérêts et les intérêts des interets a » accroître le capital, et ce pendant soixante ans. »
- Telles sont les expressions du testament.
- Ne devons-nous pas y voir l’intention de former un nouveau capital pour accroître le premier, c’est à dire pour avoir la même nature que lui, et comme ce premier capital est inaliénable, celui d’accroissement devra 1 être aussi/ Mais de quand partiront les soixante ans pendant lesquels aura lieu l’accroissement? M. Drugeon dit que c’est du 22 septembre 1828, époque qu’on peut regarder comme celle du premier placement fait au profit de ce capital. Deux autres opinions peuvent se former : les soixante ans n’ont-ils pas dû commencer du moment du décès, ou bien de l’expiration des cinq années de saisine accordées à l’exécuteur testamentaire?
- Après avoir examiné les trois manières d’envisager la question, nous nous sommes arrêtés à l’opinion que les soixante ans devaient être comptés du moment du décès ; elle nous semble la plus naturelle, et nous avons pensé que si madame Jollivet n’avait pas voulu qu’on comptât les cinq années d’exécution testamentaire, elle l’aurait indiqué; son silence doit faire croire qu’elle ne l’entendait pas ainsi; une autre manière de compter augmenterait le terme de soixante ans, car veuillez vous rappeler que les 782 francs de rente qui font déjà partie du fonds d’accroissement proviennent du quart des revenus depuis le moment du décès ; si cette inscription n’est pas encore plus considérable, c’est que l’accroissement ne pouvait avoir d’abord un grand développement.
- Nous ne nous dissimulons pas cependant que jusqu’à présent toutes les règles indiquées pour l’accumulation, n’ont pu avoir lieu; mais madame Jollivet avait fait elle-même une exception pour les cinq premières années, puisqu’elle n’à-pas voulu que,, pendant ces cinq ans, on pût demander de compte à,l’exécuteur testamentaire r si par la force des choses, ce temps a duré quelques mois de plus ,( il n’en peut résulter aucun changement ;; disons d’ailleurs que dans les revenus dont le quart a produit L’inscription de 782 francs il y a des intérêts produits par des plaeemens de revenus.
- Nous pensons donc queles soixante ans pendant lesquels le capital d’accroissement doit être composé ont commencé à courir du jour du décès de madame Jollivet, et que ce capital une fois formé devra; rester intact comme le capital primitif : ainsi la mention d’inaliénabilité indéfinie nous paraît devoir être mise sur les titres des emplois faits pour le capital d’accroissement; seulement il nous paraîtra convenable d’y ajouter que ces emplois pourront être remplacés par d’autres en vertu de délibérations du Conseil d’administration de la Société d’Encouragemenf. La liberté que
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- madame Jollivet a laissée à la Société d’adopter le genre de placement qui lui conviendrait ne peut se limiter au premier emploi, et le droit de changer les emplois, si cela convient à la Société, ne parait pas pouvoir être mis en doute.
- La Commission a été unanime sur la manière d’envisager les points ci-dessus,* cependant elle a désiré s’entourer des lumières de M. le baron Mourre, exécuteur testamentaire, et elle m’a chargé de me concerter avec lui. L’examen du testament a promptement formé son opinion et il partage entièrement celle de votre Commission , tant sur l’inaliénabilité indéfinie du capital d’accroissement que pour faire partir du décès de madame Jol-livet les soixante ans pendant lesquels il doit se former ; je dois ajouter qu’il s’est plu à rendre hommage à la Société sur le désir exprimé en son nom de conserver au legs Je caractère qu’il doit avoir dans la partie qui doit en être inaliénable.
- De ce que nous venons de dire il résulte que , si le Conseil approuve l’opinion de la Commission et de M. le baron Mourre, il y aura une rectification à cet égard dans l’acte d’approbation du compte de M. Drugeon.
- Vous connaissez maintenant, Messieurs, l’ensemble du compte; peut-être trouverez-vous que je me suis tï'op étendu sur les détails : cependant il m’a paru que je devais parcourir avec vous toute l’opération, pour vous faire juger son importance et vous faciliter les recherches que vous pourriez désirer faire. Cette opération est pour la Société d’Encouragement un véritable monument, et nous ne saurions trop répéter l’avantage d’y trouver cet ordre parfait qui suffirait seul pour en prouver l’exactitude.
- Vous avez vu qu’il restait quelques sommes à recouvrer; mais elles sont peu considérables comparativement à l’ensemble de la succession, et elles ne nécessiteront qu’un supplément de compte fort simple : ainsi, Messieurs, nous pouvons regarder la grande affaire du legs de madame Jollivet comme terminée, et nous connaissons aujourd’hui toute l’importance de ce legs. Nous pouvons dire que madame Jollivet a doté l’industrie d’un capital d’au moins a5o,ooo fr., et nous pouvons nous livrer à des calculs sur l’accroissement que le fonds de réserve devra produire un jour. Nous sommes donc arrivés au moment de payer à la mémoire de notre illustre bienfaitrice le tribut de toute la reconnaissance que nous lui devons ; le meilleur, et nous pourrions dire le seul, est de faire un digne emploi des fonds qu’elle nous a confiés et d’enrichir l’industrie d’un plus grand nombre de prix ; c’est à cela que doivent être principalement employés nos revenus, et ce serait mal répondre à notre institution que d’en économiser une portion quand nous trouvons à les placer d’une manière utile au développement des connaissances humaines,
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- Je oe vous ai parlé que de madame Jollivet ; mais permettez-moi, Messieurs , de vous rappeler que les mêmes sentimens, si bien exprimés par elle, avaient animé M. le comte Jollivet. Les dispositions qu’il avait faites étaient entièrement semblables à celles de son épouse , et si ce fut lui qui eut survécu, c’est à sa mémoire que serait due la reconnaissance de l’industrie. Ne séparons donc pas M. et madame Jollivet, et voyons dans la disposition dont nous profitons le bienfait de tous les deux.
- Une dernière pensée m’a paru devoir vous être exprimée : me sera-t-il permis de faire remarquer que, comme madame Jollivet avait réuni la fortune de M. Jollivet h. la sienne , la disposition par elle faite en faveur de l’industrie n’a rien ôté de sa fortune personnelle à ses héritiers ceux-ci se sont trouvés recueillir précisément ce qu’ils auraient eu si madame Jol— livet fût décédée avant son mari sans avoir fait de dispositions, quelques legs particuliers ont même augmenté leurs droits. Ainsi nous pouvons avoir la satisfaction de penser que la disposition toute importante qu’elle est, dont profite la Société d’Encouragement et avec elle l’industrie en général, n’a véritablement pas nui à la famille de notre bienfaitrice.
- Nous sommes arrivés au terme du rapport; cependant, avant de conclure , nous avons à vous rappeler le désir exprimé par madame Jollivet, qu’il soit préposé un membre de la Société pour surveiller l’exécution de la disposition relative à la formation du capital d’accroissement ; la Commission a cru devoir prendre l’initiative sur la présentation d’un membre pour remplir ces fonctions, et elle vous propose de les confier à M. le duc de Montmorency, l’un de vos censeurs.
- En finissant mon travail, il m’a semblé que je devais appeler l’attention de la Société sur le genre d’emploi qu’il convient d’adopter pour le placement des fonds de l’accroissement, mais sans faire de proposition à cet égard. L’objet ayant été agité dans le sein de la Commission, plusieurs membres ont émis l’avis de faire les emplois en inscriptions 3 pour ioo, cette valeur présentant un caractère plus immuable que d’autres; cette opinion a paru devoir être soumise au Conseil.
- D’après tout ce que dessus et comme organe de la Commission du testament , j’ai l’honneur de proposer au Conseil :
- i°. D’approuver tel qu’il est présenté, sauf ce qui concerne le capital d’accroissement, le compte rendu par M. Drageon, et d’autoriser M. le président à arrêter ce compte conjointement avec les héritiers de madame Jollivet ;
- 2°. D’arrêter que, dans l’acte d’approbation du compte, il sera stipulé que l’inscription de 782 fr., ainsi que tous autres titres des placemens du capital d’accroissement, devront porter la mention d’inaliénabilité indéfî-
- Vingt-huitième année. Mai 182g. 28
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- nie, avec faculté toutefois de remplacement d’après délibération du Conseil d’administration de la Société d’Encouragement ;
- 5°. D’arrêter également que, dans le même acte d’approbation dudit compte, il sera indiqué que les soixante ans pendant lesquels doit se former le capital d’accroissement ont commencé à courir du jour du décès de Mme. Jollivetj au lieu de ne partir que du 22 septembre 1828, comme l’énonce le compte, contre laquelle énonciation il serait fait toutes réserves •
- 4°. D’autoriser M. Drugeon a continuer de toucher, conjointement avec lesdits héritiers, les sommes restant dues à la succession , même d’autoriser M. le président à arrêter le comptée supplémentaire que rendra M. Drugeon d’après les bases de celui dont nous venons de nous occuper ;
- 5°. De nommer M. le duc de Montmorency", l’un des censeurs, commissaire à l’effet de surveiller l’exécutfon de la disposition relative à la formation du capital d’accroissement, à la charge d’en faire un rapport tous les ans en assemblée générale,
- Et 6°. d’arrêter que lesPpl acemens du fonds de l’accroissement se feront en inscriptions 3 pour 100, tant qu’une autre nature d’emploi ne sera pas préférée par le Conseil. ; Signé Agasse.
- Les conclusions de ce rapport ont été adoptées dans la séance du 8 avril 182g, sauf le sixième article, qui a été renvoyé à la commission, en lui adjoignant le Bureau, le Comité des fonds et M. Francœur.
- Par une seconde délibération du 22 avril même année , le Conseil à arrêté que les fonds destinés à former le capital d’accroissement seront , quant à présent et sans rien préjuger pour l’avenir, placés en inscriptions 5 pour 100.
- CORRESPONDANCE.
- A M. le Président de la Société d’Encouragement.
- Paris j ce 10 avril 1829.
- Monsieur le Pre'sident, .
- Dans un rapport de la Société d’Encouragement, en date du a4 septembre 1828 , il est dit que j’ai été ^ l’associé du sieur Millet pour la fabrication de cheminées, et qu’à la rupture de la société j’ai pris seul un nouveau brevet d’invention pour cette même cheminée.
- U m’a été dit par quelques uns des membres du Comité des arts économiques que l’on avait été autorisé à croire qu’il en était ainsi d’après un imprimé mis sous les yeux du Comité , mais que l’on ne prétendait point décider une question qui estuniquement du ressort des tribunaux. ‘
- Je désire vivement que la Société veuille bien faire connaître dans son Bulletin cette déclaration ; je ne désire pas moins qu’elle soit persuadée de mes regrets de m’être, dans un premier mouvement de vivacité, servi d’expressions que je désavoue.
- J’ai l’honneur d’être, etc. Signé Lhomokd.
- IMPRIMERIE DE MADAME 1IUZARD ( née Vallat la Chapelle) ,
- IMPRIMEUR DE LA SOCIETE, RUE DE l’ÉPERON, 3Na. 7. C
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- VINGT-HUITIEME ANNÉE. ( N°. ÇCC. ) JUIN 1829.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
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- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Séance générale du 20 mai 1829.
- La Société d’Encouragement s’est réunie, le mercredi 20 mai 1829, en assemblée générale, à l’effet d’entendre la lecture du compte rendu des travaux du Conseil d’administration pendant l’année 1828, et le rapport sur les recettes et les dépenses de la Société pendant le même exercice. Des médailles d’encouragement devaient être accordées dans cette séance à de grands établissemens industriels et aux auteurs de plusieurs découvertes nouvelles.
- L’assemblée était très nombreuse, son intérêt a été vivement excité par le grand nombre de récompenses de premier ordre qui ont été décernées à des hommes recommandables par leurs talens, leurs lumières et les services qu’ils ont rendus à l’industrie française.
- Les salles de la Société offraient quelques nouveaux objets de fabrication , que nous allons indiquer succinctement.
- i°. La Société a déjà eu l’occasion de fixer l’attention publique sur la filature du lin par machines, établie à Nogent-les-Vierges, département de l’Oise, par les soins de MM. Schlumberger et compagnie. Ces Messieurs ont présenté plusieurs pièces de toile écrue et blanchie provenant de leur établissement, et qui se distinguent tant par la régularité du fil et du tissage que par la modicité du prix, eu égard à leur finesse.
- 20. Tout le monde connaît la belle manufacture de poteries de grès de couleur, établie par MM. Fabry et Utzchneider, à Sarguemiue, département de la Moselle. Ces habiles manufacturiers ont ajouté un nouveau
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- degré d’intérêt à leur fabrication en mettant dans le commerce des grès de couleur, ornés de bas-reliefs de très bon goût et imitant parfaitement les célèbres poteries de Wegdwood. La collection de ces grès qu’ils avaient exposée était aussi nombreuse que variée; les fornaes en sont pures et élégantes et les couleurs généralement très unies. On en voyait de gris, de bleus, de blancs et de jaunes clairs à reliefs noirs, et des noirs à reliefs blancs. Ces grès, qui sont à plus bas prix que les poteries anglaises du même genre, ont été cuits dans un four nouvellement construit et chauffé à la houille, qu’on peut aussi alimenter avec du bois, à volonté.
- 3°. M. Wagner, habile horloger, rue du Cadran, a présenté une horloge publique, exécutée avec un soin et une perfection dignes des plus grands éloges. Elle est à trois corps de rouages sonnant l’heure, la demie et les quarts par des effets simplifiés ; l’échappement est de Graham avec un nouveau remontoir à engrenages concentriques et à force constante ;
- 4°. M. Bricaille, successeur de M. Dollé, à Saint Quentin, des serviettes damassées en fil, d’un travail extrêmement soigné;
- 5°. M. Pelletier, de la même ville, des produits de même nature et fabriqués avec une rare perfection ;
- 6°. MM. Pugens et compagnie, à Toulouse, une nombreuse collection d’échantillons de marbres blancs et de couleur provenant des carrières qu’ils exploitent dans les Pyrénées : il a été déjà rendu un compte très favorable de ces marbres;
- y0. MM. Flachat frères et compagnie, rue Thiroux, n*\ 8, à Paris, une collection d’instrumens et d’appareils de sondage pour la recherche des fontaines jaillissantes;
- 8°. MM. Calla père et fils, rue du Faubourg-Poissonnière, n°. 92, un banc de jardin en fonte de fer aussi remarquable par sa légèreté que par sa solidité et le bon goût de ses ornemens. On se rappelle que c’est de la fonderie de ces Messieurs que sont sorties les jolis escaliers qui décorent les boutiques de la nouvelle galerie du Palais-Royal.
- 90. Des échantillons de soies cultivées dans les départemens de la Lozère et du Jura, par MM. Borelli de Serres et Dezmaurel.
- io°. Des boutons et plusieurs objets de bijouterie en fonte de fer ciselée, d’un travail très soigné et comparables aux plus beaux objets de ce genre, provenant des fonderies de Silésie, par M. Richard.
- ii°. Des rasoirs, des instrumens de chirurgie et un taille-plume d’une construction très ingénieuse et qui taille la plume d’un seul coup, par M. Weber} coutelier.
- 12°. Une serrure dite à pression, par M. RauX, passage Saucède.
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- i3°. De nouveaux parquets, par M. Raymond, rue Saint-Martin, n°. 120.
- *4°. Des clous fabriqués à la mécanique par M. Grun, ingénieur-méca-nien , à Guebwiller, département du Haut-Rhin.
- i5°. Des lampes et candélabres hydrostatiques, par M. Palluy, lampiste, rue Grenetat, passage de la Trinité.
- i6°. Des boutons de cuir naturel, fabriqués à la machine par MM. Jamin, Cordier et Tronchon, passage de la Trinité, rue des Arts.
- 170. Des vitraux colorés représentant Charlemagne et Louis IX, exécutés d’après les cartons de M. Hesse, par M. Higné, peintre; ils sont composés de verre découpé, uni, blanc pour les carnations, les linges et les draperies, coloré dans la masse pour les autres parties du vêtement, et réunis par d’étroits filets de plomb. Ces procédés ont , sur la manière de peindre employée en Angleterre et qui consiste à former les tableaux de morceaux de verre carrés, réunis par des baguettes de fer, l’avantage d’offrir à la peinture monumentale plus de solidité et de durée , de ne point couper les figures arbitrairement en long et en large et de les placer comme derrière une grille.
- 180. Divers modèles d’échelles à incendie, de scaphandres, de radeaux et de bateaux insubmersibles , par M. Castéra.
- MM. Thilorier et Barrachin avaient fait hommage à la Société de deux superbes candélabres en carton de 8 pieds de haut, surmontés, chacun, de huit becs de lampes hydrostatiques à régulateur. Ces candélabres ornaient la grande salle d’assemblée, où ils produisaient le meilleur effet.
- La séance s’est ouverte à sept heures du soir sous la présidence de M. le comte Chaptal, pair de France.
- M. le baron Degèrando, secrétaire, a lu le rapport suivant sur les travaux du Conseil d’administration depuis l’assemblée générale du 21 mai 1828.
- Comp te rendu des travaux du Conseil d administration pendant Vannée 18285 par M. le baron Degèrando.
- Messieurs, ces réunions annuelles , que nous pourrions appeler lès fêtes de l’industrie française, fêtes célébrées en famille et qui n’en sont que plus agréables, offrent toujours un spectacle nouveau, excitent toujours un nouvel intérêt : c’est que l’industrie est en effet dans un mouvement continu ; c’est qu’il lui est commandé de marcher sans cesse en avant ; c’est
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- qu’elle doit varier et multiplier ses fruits. Il eût été difficile sans doute d’obtenir d’elle cette activité ingénieuse et progressive, lorsqu’elle était encadrée dans le régime des corporations exclusives : alors les arts étrangers les uns aux autres, emprisonnés, chacun, dans les limites qui lui étaient fixées, asservis à des règles routinières, se voyaient condamnés à rester stationnaires, sous peine de devenir coupables. L’émancipation de l’industrie a pu seule préparer son alliance avec la science, et cette alliance a porté au sein de l’industrie le foyer d’une vie toute nouvelle. La première condition nécessaire au génie, c’est la liberté. L’ignorance, dans la guerre interminable quelle a déclarée aux lumières, s’en prend surtout au génie qui étend et propage les lumières. A l’entendre , les progrès des arts contribuent à la corruption des mœurs en excitant sans cesse le luxe par les jouissances qu’ils lui créent et les besoins qu’ils lui suggèrent. A l’entendre , le commerce, troublé par une concurrence imprudente et indéfinie, n’offre plus qu’une carrière périlleuse; et de là, suivant elle, ces entreprises téméraires, de là ces engorgemens de produits, de là cet embarras universel dont souffrent tous les marchés de l’Europe. A l’entendre, c’est la manie des inventions , c’est la marche rapide et progressive des arts utiles qui a produit cet état de stagnation et de gêne dont l’industrie est la première à ressentir les effets. Ces argumens de la routine prouvent seulement la douleur qu’elle éprouve de se sentir vaincue par la raison.
- Il est remarquable en effet que le bon goût a-, parmi nous, conduit à adopter aujourd’hui une plus grande simplicité dans toutes les choses d’ornement ; que le luxe même recherche beaucoup moins les choses qui n’ont de prix que par la rareté ou l’opinion, et s’attache de préférence au mérite de l’exécution et à celui de l’utilité. Tout perfectionnement véritable dans les arts industriels est utile à la fois au consommateur et au producteur, il n’y a même de perfectionnement réel que celui qui présente ce caractère; il est utile au consommateur en ce qu’il lui apporte ou le même objet à un prix inférieur, ou bien au même prix un objet parfait, c’est à dire qui satisfait mieux ou plus long-temps au besoin pour lequel il est exécuté: il y a donc pour celui-ci un accroissement de bien-être, ou du moins une économie qui lui en fournit le moyen. Le producteur qui exécute mieux ou à meilleur prix obtient un avantage certain dans la concurrence ; à mesure qu’on perfectionne on produit en moins de temps, avec moins de fatigue et de frais. Si, à la suite d’un mouvement progressif de l’industrie, qui se serait développé avec rapidité pour répondre à l’abondance des demandes une stagnation momentanée et inévitable donne lieu à un engorgement de produits, et par contre-coup à un ralentissement dans le travail; si des
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- spéculations téméraires ; si des espérances de débouchés trompées par des circonstances extérieures jettent l’embarras dans le commerce, font succéder la défiance à l’imprudence , la réserve à l’exagération , le perfectionnement des procédés industriels est entièrement étranger à l’action de ces causes diverses, et tend au contraire à en atténuer les effets. Si enfin les procédés industriels, en se simplifiant, exigeant ainsi moins de bras pour une égale quantité de produits, semblent menacer un certain nombre d’ouvriers de la diminution du travail, la consommation se trouve ordinairement accrue dans une proportion bien plus grande, et d’un autre côté des arts nouveaux prennent naissance et ouvrent aux hommes laborieux de nouvelles perspectives. Le bon sens seul le dit : quoi qu’on fasse, il y a toujours avantage à faire mieux, a faire aussi bien que possible.
- Ces vérités , Messieurs, trouvent, chaque année, une confirmation certaine dans votre propre expérience. Dans toutes les améliorations que vous avez eu la jouissance de provoquer ou de reconnaître , vous avez toujours signalé ce caractère éminent d’utilité dont nous venons de parler, comme vous l’avez toujours exigé comme une condition fondamentale. Vous avez toujours considéré l’intérêt du consommateur en appréciant le mérite de la production. Cette année,,encore, le tableau que nous sommes appelés à remettre sous vos yeux vous donne lieu de vous applaudir de l’influence que vous avez exercée, en considérant les avantages réels que le pays est appelé à en recueillir dans l’intérêt de la prospérité générale.
- Arts mécaniques.
- Le Conseil d’administration, convaincu de tous les avantages que les arts peuvent retirer des machines à vapeur à haute pression, mais considérant que le danger des explosions empêche souvent de les employer, a pensé qu’il était utile de provoquer des recherches et des expériences pour prévenir ces accidens terribles et leurs suites désastreuses. En conséquence, sur la proposition du Comité des arts mécaniques, il a résolu de mettre, cette année, au concours les questions suivantes :
- i°. Indiquer les meilleurs moyens de sûreté contre les explosions de machines à vapeur, et perfectionner ou compléter ceux qui ont été employés jusqu ici dans le même but ;
- 2°. Trouver une disposition de chaudière de machine à vapeur qui pré-vienne ou annulle le danger des explosions.
- Deux prix de 12,000 francs chacun sont attachés à la solution de ces questions, et seront compris parmi les nouveaux prix à proposer cette année.
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- Dessin d’une machine à vapeur exécutée en Ecosse. — Cette machine , récemment construite par M. Girwood et compagnie, de Glasgow, pour l’épuisement et l’exploitation des mines de charbon appartenant à sir John Hope, est la plus grande qui ait été établie en Ecosse. Le diamètre du cylindre est de 80 pouces ; le piston , dont la tige a 8 pieds de long, donne treize coups par minute. Sa force , qui est égale à celle de cent cinquante chevaux, dont l’action serait continue, ou de quatre cents chevaux travaillant par relais, est emloyée à extraire et élever l’eau d’une profondeur de 54o pieds, à l’aide de trois pompes de 16 pouces de diamètre, disposées l’une au dessus de l’autre en trois divisions.
- Le prospectus de la publication avec gravure de cette machine, ayant été communiqué à la Société par M. le chevalier Masclet, ancien consul de France à Edimbourg, le Conseil a souscrit pour trois exemplaires de cette publication.
- M. JVelter, membre correspondant de l’Académie royale des sciences , a présenté un niveau de poche à bulle d’air et à réflecteur , qui est construit sur le même principe que celui de M. Burel, décrit dans le Bulletin de la Société ; il a aussi quelque rapport avec celui qui a été pr oposé en 1 par feu Chezy, ingénieur des ponts et chaussées. Le Comité des arts mécaniques, après les avoir comparés, a pensé que l’application faite par M. Wel-ter du miroir réflecteur au niveau simple à bulle d’air , était digne de l’attention des ingénieurs : il en a été fait mention dans le Bulletin.
- M. Bobert, horloger à Paris, a soumis au jugement de la Société un pendule à demi-seconde. M. le vicomte Héricart de Thury, après avoir tracé l’historique des difîerens systèmes de pendule qui ont été généralement adoptés, décrit les appareils construits sur ces principes, tels que le pendule à grille, le pendule à levier et le pendule à mercure. Dans la construction de son pendule , M. Robert a cherché : ï°, à utiliser la dilatation de la lentille, généralement comptée pour rien ; 20. à avoir une verge très légère , afin que le centre d’oscillation coïncide , autant que possible, avec le centre de gravité de la lentille, et 3°. à faire une verge d’un métal très peu dilatable, tandis que la lentille jouirait au plus haut point de la propriété contraire. M. Gambey, avant M. Robert, a-employé le principe du même compensateur dans l’équatorial qu’il a exécuté pour l’Observatoire royal de Paris.
- M. Robert jeune, horloger à Blois, a présenté un compensateur d’horlogerie qui a paru ingénieux ;M. Duchemin, horloger distingué et membre de la Société, y a fait un perfectionnement qui en rendra l’usage plus général.
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- M. Tissotj horloger a Paris, a imaginé un moyen de remplacer les galets, pour éviter un frottement du second degré, c’est a dire de superposition , et il en a fait l’application dans un modèle de cloches* Le mouvement oscillatoire imprimé à cette cloche n’éprouve aucune résistance de la part des tourillons, puisque ceux-ci passent sur des appuis mobiles qui suivent leur mouvement de rotation alternatif en roulant sur leurs bases façonnées en arcs de cercle. Le poids des appuis n’a aucune influence dans ce mouvement, puisque l’un monte tandis que l’autre descend, et qu’étant de même poids elles se font équilibre. L’idée de ce mécanisme élémentaire, au moyen duquel on supprimerait le frottement direct des gros axes de machines ainsi que le graissage, a paru au Comité des arts mécaniques fort ingénieux et susceptible d’applications dans beaucoup de cas.
- Le Conseil a acheté le modèle de M. Tissot ^ moyennant une somme de ioo francs. On a appris, depuis, qu’un mécanisme semblable existait dans le clocher de la cathédrale de Metz, et qu’il était d’une date très ancienne; mais on assure que personne n’en avait connaissance, même dans cette ville.
- M. Amédêe Durand, mécanicien à Paris, a présenté un manège portatif en fer qui a fonctionné pendant deux ans ; un certificat délivré par M. Gengembre constate que deux de ces machines ont été employées avec succès dans les travaux du port Saint-Ouen. Ce manège, pour lequel l’auteur a pris un brevet d’invention, coûte 5oo francs, pose comprise ; sa simplicité n’est pas son moindre mérite : deux ouvriers suffisent pour le déplacer et l’installer en une demi-heure. Il n’exige pas de réparations coûteuses ni de suspension de travaux, çt il est à croire que son emploi sera avantageux dans plusieurs genres d’industrie.
- M. Camus, serrurier à Paris, a mis dans le commerce des outils en acier fondu, soudé sur lui-même et sur fer. Cet artiste, ayant été admis à fabriquer l’acier damassé sous la direction du célèbre Clouet, est parvenu à souder l’acier fondu fin non seulement sur lui-même, mais encore sur le fer sans en altérer la qualité. Il a établi à Paris une fabrique d’outils de fer rechargés d’acier fondu et de pur acier, à l’usage du menuisier,, de l’ébéniste, du charpentier et du tourneur, etc.
- Une Commission spéciale a examiné ces outils sous le rapport de la forme et de la solidité : ils sont parfaitement conformes à tous ceux qui, à cet égard, méritent la préférence. Indépendamment de ses propres essais , la Commission a jugé utile d’interroger les personnes qui en font un usage habituel. Leurs témoignages confirment l’opinion très avantageuse qu’elle avait conçue des produits de ce fabricants
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- M. Fevret de Saint-Memin, conservateur du Muse'e de Dijon, a soumis au jugement de la Société un pantographe descriptif, destiné à dessiner la perspective des machines, paysages, monumens, et de tous les corps qu’on n’a pas actuellement en vue; mais dont on a les projections horizontale et verticale. Cet instrument est très bien conçu; les effets en sont prompts , sûrs et simples ; il peut être employé avec beaucoup d’avantage par les peintres, les architectes, les mécaniciens , dont il abrège les travaux et facilite les opérations.
- M .Paillette, horloger à Paris, est inventeur d’un pupitre de musique, à l’aide duquel les feuillets des cahiers de musique sont non seulement tournés de droite à gauche et maintenus, mais peuvent être ramenés à leur position primitive lorsque l’exécution dq morceau de musique exige cette manœuvre. Ce dernier effet est ce qui contribuera sans doute à répandre l’invention : c’est à son abseqce dans les autres volti-presto imaginés jusqu’à ce jour qu’il faut principalement attribuer le peu d’accueil qu’ils ont reçu du public.
- M. Pelletier, de Saint-Quentin, présenta à la Société d’Encouragement, en 1812, le résultat de ses premiers essais de fabrication de linge damassé ; à l’Exposition de 1819, il obtint une médaille d’argent, et à celle de 1823 une médaille d’or. De 1823 à 1827, la fabrication du linge damassé reçut une grande amélioration par l’application des métiers à la Jacquart, et alors elle put rivaliser, pour les prix, les qualités et la perfection, avec celle de Saxe. M. Pelletier, dont la médaille d’or a été confirmée en 1827, a conçu le projet de fournir la Maison du Roi, et dans la vue d’obtenir le suffrage de la Société d’Encouragement, il lui a présenté un échantillon de ses produits , que le Comité des arts mécaniques a comparé avec une serviette de Saxe. Il résulte de cet examen que la serviette de Saxe 11’a que trois mille six cents fils de chaîne, tandis que celle de M .'Pelletier en a quatre mille ; que les dessins de cette dernière sont beaucoup plus purs; que les serviettes de Saxe ont été payées par la Maison du Roi de 11 à i3 francs, tandis que M. Pelletier annonce pouvoir donner les siennes au prix moyen de ceux auxquels ont été cotées les premières jusqu’à présent.
- Arts chimiques.
- Les échantillons de faïence blanche dont la couverte ne contient ni plomb ni étain, présentés par M. Bureau, ont déjà paru à l’Exposition de 1827 et ont été l’objet d’un rapport très favorable de M. Brongniart, qui les a placés au premier rang des faïences. M. Mérimée a donné con-
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- naissance de ce rapport, qui ne laisse aucun douté sur l’importance de la découverte'de M. Bureau. Ce fabricant a résolu le problème suivant : Déterminer l’action des oxides terreux les uns sur les autres à des températures et dans des proportions différentes. Sa faïence parait devoir être placée entre la porcelaine et la terre de pipe; elle est, par sa blancheur et son inaltérabilité, bien supérieure aux autres faïences, ef l’inventeur annonce qu’il pourrait la livrer au commerce à des prix modérés.
- M. de Saint-Amans s’est .occupé avec succès de la recherche des procédés anglais pour la fabrication des poteries, faïence et grès de toute espèce. Il a communiqué aux commissaires de la Société, dans le plus grand détail, ces procédés, dont l’introduction en France est d’une grande importance pour la prospérité de nos fabriques de poteries, et il y a ajouté lui-même divers perfectionnemens. Ces procédés ont été publiés dans le Bulletin. Une médaille d’argent a été décernée en 1828 à cet habile fabricant.
- M. Léopold JVobili, professeur de physique à Bologne, est parvenu par des recherches assidues et à l’aide d’un procédé qu’il n’a pas fait connaître, à exécuter sur divers métaux des dessins , dont l’éclat des couleurs et l’harmonie des teintes ne laissent rien à désirer. Il n’a opéré que sur l’acier : l’or et l’argent sont susceptibles d’effets bien plus brillans encore, et il est facile de pressentir les belles applications qu’on pourrait faire de ses procédés à l’orfèvrerie, à la bijouterie, etc., surtout en combinant plusieurs métaux. Le Comité des arts chimiques a émis le vœu que cet art curieux, auquel l’auteur a donné le nom de métallochromiene fût point perdu pour la France, et afin de procurer, autant qu’il est en lui, ce résultat, il a proposé l’insertion du rapport au Bulletin.
- On se sert depuis plusieurs années, en Angleterre, de papier imprimé pour tapis, MM. Atramblé et Briot l’ont imité avec succès ; mais le Comité des arts chimiques a particulièrement fixé son attention sur les stores transparens de ces fabricans, qui sont d’un magnifique effet par la beauté et la variété de leurs couleurs; on pouvait craindre que les couleurs n’eussent pas la solidité qu’on exige dans ce genre de peinture; mais la preuve du contraire est acquise par un dessiu de fleurs fait en 1825, que le Comité a eu à sa disposition, et qui n’a rien perdu de son éclat. Le mérite des produits de MM. Atramblé et Briot, et la quantité toujours croissante de leur fabrication ont paru au Comité dignes d’une attention toute particulière.
- M. Brardy ingénieur des mines dans le département du Var, a communiqué une notice sur la cuisson de la chaux dans un four mobile de son
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- invention. Toute la chaux hydraulique employée dans les travaux d’art des canaux de Bordeaux et de la Vezère a été cuite dans des fours de ce genre, que les ingénieurs ont généralement adoptés, après avoir reconnu qu’ils présentaient de très grands avantages sous le triple rapport de la célérité, de la santé des chaufourniers et de la facilité du service, puisque ces fours peuvent être immédiatement construits partout où le besoin l’exige et sur la place même des travaux.
- Le même ingénieur a présenté des échantillons de papier et carton faits avec du bois pourri. Le but que s’est proposé M. JBrarden établissant cette fabrication est d’utiliser une énorme quantité de matières sans valeur qui encombrent nos forêts alpines, et de créer pour les habitans une nouvelle branche d’industrie. Il ne paraît guère possible d’obtenir avec cette matière du papier d’une souplesse et d’une force moyennes ; mais on pense qu’elle pourrait servir à la fabrication des objets en carton verni et qu’elle se moulerait très bien. Le Comité des arts chimiques a indiqué les perfectionnera en s dont cette invention lui a paru susceptible, et M. Brard a été invité à tenir la Société au courant de ceux qu’il pourra obtenir.
- M. Danger, professeur de physique, a soumis au jugement de la Société un chalumeau à vent continu , qui dispense d’insuffler l’air avec la bouche sur la flamme de là lampe d’émailleur, et laisse la liberté des mains à celui qui en fait usage ; il occupe peu de place et coûte peu à établir : aussi a-t-il été promptement adopté par les chimistes et en général par les personnes qui font.des essais. M. Danger a ajouté à la lampe d’émailleur un capuchon mobile, qui empêche une partie de ia flamme de s’élever et produit plus de chaleur.
- L’appareil qu’emploie M. Farkes dans sa fabrique de Puteaux, pour raffiner le sel marin , utilise la chaleur produite dans la fabrication du coke, et qui est ordinairement perdue. Il est disposé de manière à économiser le plus possible la main-d’œuvre, et le sel raffiné qui en provient offre un degré de pureté qui se rencontre rarement dans celui du commerce. Le procédé de M. Parkes est à la hauteur des applications actuelles.
- M. Jourdainj manufacturier de draps à Louviers, a communiqué un nouveau procédé de catissage des draps par la vapeur. Ce procédé conserve aux étoffes un lustre permanent et dispense du décatissage ordinaire; il est à désirer qu’il soit généralement adopté dans l’intérêt de notre commerce.
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- Arts économiques.
- Les lampes hydrostatiques de M. Palluf paraissent avoir , sous le rapport de la sûreté du service, quelques avantages sur les autres lampes à robinet Vertical ; mais comparées aux lampes sans robinet, elles n’ont aucun avantage particulier et sont plus compliquées. Le candélabre hydrostatique à quatre becs du même fabricant est d’une forme élégante, et la disposition en est assez ingénieuse.
- M. Bonnemain, qui a enrichi le domaine de l’industrie par des inventions ingénieuses , telles que le régulateur du feu , et les nombreuses applications qu’il a faites de la circulation de l’eau, a depuis établi, sur ce dernier principe, un appareil particulier, destiné à chauffer une ou plusieurs chambres, au moyen d’un seul foyer muni d’un régulateur du feu. Une somme de 4^o francs a été mise à la disposition d’une Commission spéciale, tant pour subvenir aux premiers besoins de M. Bonnemain, qui est âgé de quatre-vingt-six ans, que pour faire d,es expériences sur son nouvel appareil.
- La cheminée portative de M. Millet constitue un meuble qui, comme un poêle, peut s’enlever à volonté et être replacé moyennant une très modique dépense ; ce qui en permet l’acquisition aux plus médiocres fortunes, de telle sorte que, pour 45 francs au moins et 53 francs au plus, non compris les accessoires de fantaisie et de luxe, qui se paient à part, on peut avoir l’appareil de M. Millet placé dans les plus grandes cheminées.
- La mitre fumifuge du même auteur consiste en une espèce de boisseau percé d’un grand nombre de trous comme les râpes, et dont les bavures sont, comme dans ces dernières, en dehors. Cette mitre a été employée avec succès par M. D’Arcet, à la Monnaie, et par M. Dacheuæ, au bas du Pont des Art^.
- . On se rappelle que la reliure mobile de M. Adam permet de déplacer les feuillets d’un livre et d’en augmenter le nombre à volonté, en conservant la forme commode d’un volume relié : cette invention vient de recevoir de son auteur un nouveau perfectionnement, qui consiste à arrêter le dos du livre en le serrant par une courroie, avec une boucle : ainsi maintenant la manœuvre est tellement simple, qu’il faut bien peu d’adresse pour l’exécuter ; le prix d’un volume ainsi relié ne dépasse pas celui des autres livres reliés, qui toutefois ne présentent pas les mêmes avantages. Une des plus utiles applications de ce système est celle qu’en a faite M. de Courdemanche à la jurisprudence, en publiant, sous le titre de Code
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- progressif j deux ouvrages comprenant les lois sur la presse et celles sur les hypothèques.
- M. FVerdet, à Paris, a imaginé un instrument pour maintenir ,1a taille des personnes qui apprennent à écrire. Il consiste dans une espèce de béquille qui redresse la poitrine, la rejette en arrière et l’empêche toujours de s’appuyer sur la table. Pour servir dans tous les cas, la béquille s’allonge ou se raccourcit au besoin, au moyen d’une vis placée à chaque extrémité, jusqu’à ce que les deux épaules se trouvent de niveau. Ce petit instrument a reçu l’approbation du Jury médical de Rouen, et a été adopté avec succès par Madame Deguaj, maîtresse d’institution, à Paris.
- M. Castéra a lu à la Société, il y a quelques années, un mémoire plein d’intérêt sur les secours qu’il serait possible de procurer aux naufragés, la Société accueillit alors ses observations et leur accorda son suffrage. Il a présenté, depuis, un nouveau mémoire, dans lequel il fait connaître en détail les moyens qu'il se propose d’employer. Ces moyens sont les scaphandres, les bateaux de sauvetage et les radeaux insubmersibles. Les sen-timens philantropiques dont M. Castéra est animé, et le zèle persévérant qu’il met à diriger tous ses travaux vers un but utile, sont dignes d’éloges.
- M. de Bretteville, gentilhomme de la chambre du Roi de Danemarck, est l’auteur d’un scaphandre composé d’un ceinturon rempli de tuyaux de plumes dont on a enlevé les barbes.-11 résulte des expériences faites à l’Ecole de natation i°. que la forme et la composition de ce scaphandre le rendent aussi peu gênant que possible; 20» qu’il donne toute facilité au nageur de se soutenir sur l’eau aussi long-temps qu’il peut le désirer, sans faire le moindre mouvement , par conséquent de ménager ses forces dans un long trajet et d’éviter les dangers qu’une crampe ou tout autre accident de ce genre pourrait lui faire courir; 3°. qu’il paraît devoir joindre à la commodité et au bon marché l’avantage de la durée et de,ia solidité.
- Les oeillets métalliques de M. Daudé sont destinés à remplacer les œillets au poinçon bordés de fil, dans toutes les parties de vêtemens et de chaussures où l’on emploie des lacets, et qui avaient l’inconvénient de s’allonger et de s’user très promptement. Ces œillets, composés d’un alliage où l’étain domine, sont fortifiés par deux petits anneaux en cuivre placés de chaque côté de la toile. Leur durée est plus grande que celle des toiles ou des étoffes auxquelles on les applique : leur forme ne peut être altérée par l’usage, et leur bord lisse et arrondi laisse glisser facilement le lacet sans le détruire.
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- Agriculture.
- M. Girod de Chantrans, correspondant de la Société, à Besançon, vous a fait connaître qu’il a entrepris en 1827, sur un terrain rocailleux d’environ un hectare, une plantation de trois cent dix jeunes laricio. Les plants ont donné, dès la première année, des pousses ayant depuis 3 jusqu’à 10 décimètres de hauteur. Le succès obtenu dans un terrain oùles arbres forestiers ordinaires sont languissans et ne donnent que de faibles produits, doit encourager à semer le pin laricio dans des lieux analogues.
- M. le baron de Ladoucette, membre du Conseil, a présenté un mémoire relatif aux claies vivaces destinées à préserver et à soutenir les rives des torrens. Le Conseil a pensé qu’il était utile d’en répandre la description telle que l’auteur la donne, parce que beaucoup de pays pourront en faire usage.
- Objets divers.
- M. Lavallée y directeur de l’Ecole centrale des arts et manufactures, a adressé plusieurs exemplaires du Prospectus de cette École, que MM. Benoit, Dumas ; Olivier, Péclet et lui ont fondée à Paris avec l’autorisation de Son Exc. le' Ministre de l’instruction publique. Ces Messieurs espèrent que le système d’enseignement qu’ils vont créer en France offrira des ressources nombreuses et nouvelles à l’industrie en général, et en particulier à la France : c’est cette considération qui les engage à offrir à la Société cinq demi-bourses, qu’ils mettront, chaque année, à sa disposition, dans leur établissement. Le Conseil a accepté avec reconnaissance cette offre généreuse*.
- Ouvrages offerts à la Société.
- Traité de la clialeur et de son application aux arts et aux manufac--tures; par M. Péclet. Cet intéressant ouvrage est le résumé de tous les résultats qu’on a obtenus jusqu’à ce jour en pyrotechnie, et dont l’ensemble forme une branche importante de la chimie appliquée aux arts.
- Traité sur U art de faire de bons mortiers et d’en bien diriger Vemploi, ou méthode générale pratique pour fabriquer, en tous pays, la chaux, les cimens et les mortiers les meilleurs elles plus économiques ; par M. le colonel Raucourt de Charleville. — M. Vicat est le premier qui ait donné la théorie des mortiers ; mais M; le colonel Raucourt a. pensé que s’il restait peu à faire pour cette théorie, il n’en était pas de même quant à l’art de fabriquer les mortiers, et qu’il pouvait rendre un nouveau service erv donnant des règles pratiques pour composer des mortiers dans toutes les
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- localités et partout où il se trouvera de la terre et du sable. La marche que l’auteur a suivie dans son ouvrage est neuve ; de nombreuses expériences en confirment l’exactitude, et ses avantages seront sans doute appréciés par les praticiens.
- M. Destigny, horloger à Rouen, a imaginé un pyromètre pour apprécier les effets de la dilatation de la pierre, et il a fait connaître dans une notice qu’il a publiée les résultats qu’il a obtenus avec son ingénieux instrument. Le Conseil a fait l’acquisition d’un de ces pyromètres.
- M. Bonafous, correspondant de la Société , à Turin, a décrit avec soin, dans un Mémoire sur la fabrication du fromage de Gruyères, les procédés de cette fabrication : c’est sur les lieux mêmes qu’il en a vu pratiquer les diverses manipulations, et les descriptions qui en avaient été données jusqu’à présent n’avaient jamais été aussi complètes.
- L'Encyclopédiepopulaire a pour objet de répandre en France la traduction des ouvrages de même nature qui paraissent en Angleterre, et principalement ceux qui sont faits sous l’influence de la Société des connaissances utiles. L’éditeur , M. Audot, a étendu son plan à divers autres ouvrages, dont les uns paraissent en ce même pays et d’autres sont nouveaux et rédigés par des auteurs français. Parmi les traductions on distingue celles faites par M. Bosquillon. On doit citer aussi avec éloge celle qui a pour titre De la machine à vapeur, et qui est due à M. Pelouze. M. Francœur a indiqué les améliorations dont l’entreprise de M. Audot est susceptible. Il pense qu’on doit recommander au public le Traité de la machine à vapeur, ceux de mécanique, d’hydrostatique et d’hydraulique, où l’on trouve des notions exactes de ces sciences et de leurs applications.
- M. Poux Francklin, avocat, professeur à l’Ecole du commerce, est auteur d’un Atlas commercial. Le Conseil a applaudi à l’idée ingénieuse qu’a eue M. Francklin de réunir en douze tableaux ce qu’il importe à tous les négocians et commerçans de bien savoir ; son Atlas présente en effet, au premier coup-d’œil, tout le Code de commerce et les parties du Code civil qui y sont applicables, et chacun, en repassant ces tableaux, peut faire réellement et avec fruit un cours de droit commercial.
- Correspondance.
- M. le baron de FaJinenberg annonce que, malgré les obstacles qu’opposent au développement de l’industrie les divers systèmes de douanes qui régissent chaque Etat de l’Allemagne, l’instruction s’y répand, les lumières pénètrent dans les ateliers, les voies de la routine sont abandonnées, et
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- bientôt il n’y aura pas de ville un peu considérable qui n’ait son école d industrie et de commerce. A l’exemple de la France, la plupart des Gouver-nemens allemands ont institué des expositions publiques des produits de l’industrie.
- M. Jomard a communiqué le sixième rapport des directeurs de 1 Ecole des arts à Edimbourg. Ce rapport présente entre autres résultats intéres-sans, qui prouvent que cette École , composée d’ouvriers de toute espèce, est dans un état florissant, la solution faite par ces ouvriers d’un grand nombre de problèmes de mathématiques et de physique plus ou moins compliqués. Une bibliothèque est attachée à l’établissement, qui compte deux cent cinquante-cinq élèves.
- Son Exc. le Ministre de la marine et des colonies a adressé une lettre de M. l’Administrateur général des établissemens de l’Inde, contenant plusieurs questions et demandes relatives à la culture du mûrier et à l’éducation du ver à soie à Pondichéry. Son Excellence a pensé que la Société d’Encouragement, par la variété des objets dont elle s’occupe et l’étendue de ses relations, serait à portée de donner des directions complètes sur les demandes de cet Administrateur, ainsi que sur les moyensd’enrempîir l’objet.
- S. Exc. le Ministre du commerce et des manufactures, en accusant réception de l’envoi qui lui a été fait par la Société du Mémoire de M. Rer sur la nécessité de construire un édifice spécialement destiné aux Expositions des produits de l’industrie nationale, a fait connaître que c’était à bon droit que l’industrie comptait sur raccomplissement des bienveillantes intentions de Sa Majesté à cet égard, et qu’il ne négligerait rien pour les seconder, en rendant fixe et invariable le retour d’une institution qui est si propre à exciter le zèle et l’émulation des artistes.
- Notre Société s’est accrue, Messieurs, pendant le cours de cette année, de cent cinquante nouveaux membres nationaux ; elle s’est félicitée aussi de recevoir plusieurs étrangers distingués parmi ses correspondans.
- Nous avons la satisfaction de pouvoir vous annoncer aujourd’hui que la liquidation de la succession de M. le comte et de Madame la comtesse Jol-livet est définitivement terminée, les comptes arrêtés, et votre entrée en possession de cette grande libéralité pleinefnent régularisée. Vous trouverez les détails dans le rapport de la Commission spéciale instituée pour ce qui concerne le testament Jollivet, rapport qui a été inséré dans notre Bulletin du mois de mai. Nous nous bornerons à vous annoncer ici que la Société possède définitivement pour sa part, réduite à moitié dans cette succession, environ i3,ooo francs de rentes sur le Grand-Livre, dont le quart, pendant soixante ans, doit être mis en réserve et capitalisé pour
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- composer une nouvelle et puissante donation. Nous nous félicitons, Messieurs, d’avoir encore cette occasion pour acquitter un juste tribut de notre gratitude envers la mémoire de ces deux bienfaiteurs, et de pouvoir l’acquitter au nom de l’industrie française, en même temps qu’au nôtre.
- Rapport sur les recettes et les dépenses de la Société pendant Vannée 1828 5 par M. Bordier.
- Messieurs , dans la réunion du i3 mai, présent mois, votre Commission des fonds a entendu le compte présenté pour 1828 par M. Amasse, votre trésorier : ce compte a été dressé dans la même forme que celui de l’année dernière, avec les mêmes divisions d’articles et le même classement des dépenses analogues.
- Nous vous annonçons, Messieurs, avec plaisir, que, malgré le déficit des 15,ooo francs résultant de la gestion de M. Montamant, qui, jusqu’à ce jour, n’ont pu être recouvrés, la situation financière de la Société est satisfaisante, au moyen de la recette d’une somme de 5o,ooo francs sur les revenus du legs de Madame Jollivet, courus depuis le décès. Non seulement l’excédant de dépense du compte de l’exercice de 1827, montant à .4,648 francs 82 centimes, a été couvert, mais encore la Société, après avoir distribué ig,g3o francs 'jS centimes en prix, médailles d’encouragement et achats d’instrumens et appareils , et fait face à toutes ses autres .dépenses, s’est trouvée avoir un excédant de recet te montant à 18,676 fr, 11 centimes.
- En 1827, la Société n’avait pu distribuer que pour 4>i32 fr. go cent, d’encouragemens, et encore elle avait eu un excédant de dépense de 4,648 fr. 82 cent., tandis qu’en 1828 elle a dépensé ig,g3o fr. 75 cent, •pour le même objet, et il lui est resté en caisse 18,676 fr. 11 c.; ce qui va ressortir de la discussion du compte.
- Ce compte est divisé en deux parties : la première contient l’état des recettes et dépenses antérieures au ier. janvier 1828, et la seconde, les recettes et dépenses de 1828.
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- I”. Partie. — Exercice 1827.
- Recettes antérieures au ier. janvier 1828.
- NUMÉROS des ARTICLES. NATURE DES RECETTES. EXERCICE 1827. TOTAL.
- I Souscriptions particulières applicables à 1826 et fr. '
- 1827 936
- fr.
- 2 Vente de Bulletins pendant 1827 3,o88 ^ 4>°54
- 3 Somme restituée par l’École d’Alfort, pour au-
- tant payé pour la pension d’un élève pendant le
- temps qu’il n’est pas resté à l’École 3o
- Dépenses antérieures au iev. janvier 1828.
- NUMÉROS des ARTICLES. DÉSIGNATION DES DÉPENSES. EXERCICE 1827. TOTAL.
- I Impression du Bulletin de la Société pendant les deux fr. c. -
- derniers mois de 1827 et brochage de la 26e. année. 2,208 5o
- 2 Idem, des programmes de prix de 1827. . . . 2,076 75
- 3 Affranchissement de la Table analytique du Bul— fr. c.
- letin de 1827 56 65 >4>837 82
- 4 Abonnement aux journaux étrangers pendant
- l’année 1827. 3g4
- 5 Agence de la Société , droit sur les recettes. . . IOI 92
- Balance.
- La dépense s’élève à.............................. 4,83y fr. 82 c.
- La recette, à..................................
- Excédant de dépense............. . j85 fr. 82 c.
- Vingt-huitieme année. Juin 182g.
- 3i
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- IIe. Partie. — Exercice 1828. Recette.
- NUMÉROS des ARTICLES. 5ATURE DES RECETTES. EXERCICE 1828. TOTAL.
- X Souscriptions particulières fr. I,2o3 Cio
- 2 Abonnement du Ministère du Commerce 4,000 ”1 fr. c.
- 3 Souscriptions ordinaires 37,44° »! v 93,521 85
- 4 Dividende des actions de Banque i8,3i5 »
- 1 5 Revenus du legs de Madame Jollivet. ..... 30,000 »
- 1 6 Vente du Bulletin pendant 1828 2,563 75
- Le ier. article se compose de sommes versées pour cotisations particulières par Monseigneur le Duc d’Orléans, M. le Préfet du département de la Seine, la Bibliothèque du Boi, M. de Martignac, Ministre de l’intérieur, par la Société des amis de 1 industrie de Brest et par M. Destignyy de Rouen.
- Le 2e. article représente la souscription payée par le Ministère du commerce, antérieurement cette souscription était acquittée par le Ministère de l’intérieur : c’est à l’époque de ce changement que M. le Ministre de l’intérieur, ne voulant pas rester étranger à nos travaux, s’est fait recevoir membre de la Société et s’est engagé à payer une cotisation annuelle de 5oo francs.
- Le 3e. article a pour objet la cotisation annuelle de chaque souscripteur. Il est bon de vous faire obs'erver, Messieurs, qu’à l’époque de la reddition du dernier compte de 1827, il restait en arrière soixante-huit souscriptions, lorsque le nombre des souscripteurs n’était que de mille cinquante-trois. En 1828, ce nombre était de onze cents environ , et il ne reste dû aujourd’hui que cinquante-neuf souscriptions.
- Le 4e- article (dividende des actions de Banque) se compose depaiemens faits au ier. juillet 1828 et ier. janvier 1829, le premier, à raison de 34 fr. par action, et le deuxième, à raison de 77 fr. par action, pour dividende de cent soixante-cinq actions de Banque.
- Le 5e. article a pour objet la recette des à-comptes sur les revenus libres du legs fait par Madame la comtesse Jollivet. J’observerai, Messieurs, que c’est en grande partie aux bienfaits de cette respectable famille que la Société doit l’état prospère où elle se trouve, et que si elle a été frustrée
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- de 15,ooo fr. par la gestion de M. Montamant et la répugnance de ses héritiers à acquitter cette dette sacrée > elle doit être pénétrée de reconnaissance pour une famille remplie d’honneur et qui, par ses actes généreux envers la Société, compense d’une manière si éclatante la perte qu’elle a éprouvée.
- L’art 6e. est relatif à la vente du Bulletin faite par Madame Huzard en 1828. La Société dépense beaucoup pour son Bulletin , et elle le donne dans le commerce à un prix inférieur de ce qu’il lui coûte ; mais c’est par lui qu’elle répand les lumières bienfaisantes , fruits de ses travaux persévérant, et c’est bien employer son argent que de le dépenser pour ce travail. Cependant la Commissioti des fonds, désireuse d’économie, a obtenu déjà quelques diminutions sur le prix du papier et sur différens frais d impression ; elle espère encore par la suite en obtenir davantage : son but es? de faire des économies sur les objets qui en sont susceptibles sans inconvénient, afin démultiplier, autant qu’il dépendra d’elle, les moyens de la Société pour encourager l’industrie et remplir dignement le but de son institution.
- Dépense.
- NUMÉROS des ARTICLES. DÉSIGNATION DES DÉPENSES. EXERCICE 1828. TOTAL.
- 1 Excédant de dépense de 1827.. fr. c. 4,648 83
- 2 Dépense totale du Bulletin de la Société 21,564 85
- 3 Réimpression des Bulletins des années antérieures. 4,6o5 90
- 4 5 Programmes des prix annoncés en 1828 Médailles. 3,471 » 7,5i5 60
- 6 Prix et encouragemens 11,290 4°
- 7 Pension d’élèves à l’École vétérinaire d’Alfort . . 36o »
- 8 Achat d’instrumens et appareils 1,124 7^* 1 fr. c. 455 » \ 74,845 74
- 9 Abonnemens et souscriptions
- 10 Affranchissemens divers 331 65j
- 11 Impressions diverses 1,573 60
- 12 Loyer 5,a5o »
- i3 Agence de la Société 4,7°5 72
- *4 Appointemens du sieur Delacroix 1,200 »
- i5 Dépenses administratives 3,710 »
- 16 Mémoires d’ouvriers et fournisseurs 2,192 3o
- *7 Dépenses diverses 846 i5
- 5i.
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- Dans le ier. article est compris la somme de 3,865 francs, formant l’excédant de de'pense du compte de 1827, arrêté au commencement de 1828, et celle de 783 fr. 82 c., formant l’excédant de dépense de la ire. partie du présent compte. >
- Le 2e. article se compose des sommes payées, tant à M. le rédacteur du Bulletin qu’aux graveur, dessinateur et imprimeur, employés par la Société :
- elles se subdivisent de la manière suivante.
- i°. Rédaction du Bulletin.......*. ............ 3,862 fr. 5o c.
- 20. Frais d’impression et papier.........-. . . 6,855 15
- 3°. Frais de gravure...........................4,310 »
- 4°. Gravure de lettres............................. 352 »
- 5°. Fourniture de cuivres.......................... 268 »
- 6°. Impression de planches et fourniture de papier. 4>77^ ^5
- 70. Affranchissement des Bulletins............... i,i38 95
- Total............21,564 fr* 85 c.
- Le 3e. article est applicable à la correction et à la réimpression de Bulletins d’années antérieures, la dépense est divisée ainsi qu’il suit :
- Corrections...................................... 3oo »
- Réimpression à trois cents exemplaires et papier des
- i8me. et 22e. années du Bulletin....................4? *79 4°
- Réimpression des planches......................... 126 5o
- Total.................4»6o5 fr. go c.
- Le 4e- article se compose des sommes payées pour l’impression des programmes et affiches, le tirage de la planche qui y est jointe, et l’affranchissement.
- Le 5e. article a pour objet l’achat de vingt-trois médailles, dont dix-sept en or, cinq en argent et une en bronze.
- Le 6e. article est relatif aux prix accordés à
- M. Savaresse-Sarra, pour la fabrication de cordes à boyaux.
- M. Gelinski, pour le même objet.
- M. Guimet, pour la découverte d’un outremer factice.
- MM. François et Benoit jeune, pour une presse lithographique à cylindres et une machine à dresser les pierres.
- M. Brisset, également pour la construction d’une presse lithographique.
- M. Térasson de Fougères, pour fabrication mécanique des briques.
- M. Lorillard, pour la construction d’une machine à broyer le lin et le chanvre.
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- M. Teste-Laverdet, pour la construction d’une machine à décortiquer les le'gumes secs.
- Le 7e. article a été employé au paiement de la pension de l’élève Girard pendant 1828, à l’École vétérinaire de Lyon.
- Le 8e. article est relatif à l’acquisition d’un niveau réflecteur, de 1 invention de M. Burel y d’un exemplaire du Testament de Louis XVI et de son encadrement; d’un dynamomètre de M. TVelter. Cet article de dépense a servi aussi pour l’exécution d’une étuve propre à faire sécher les cordes harmoniques, par M. Savaresse- Sarray à l’achat d’un baromètre de M. Bunten, et d’un modèle de suspension des cloches, par M. Tissot, horloger.
- Le ge. article concerne les paiemens faits pour abonnement aux journaux étrangers et souscription à la Société d’instruction élémentaire pour 1828.
- Le 10e. article est pour affranchissemens divers de lettres.
- Le 11e. article pour impressions diverses, telles que têtes de lettres, liste générale des membres de la Société, tableaux indicatifs des séances, circulaires , etc.
- Le 12e. article est le paiement du loyer, dont 2,25o francs pour les six premiers mois de 1828, sur le pied de 4>5oo francs, prix de l’ancienne location qui a fini le ier. juillet, et 3,000 fr. de loyer pour les six derniers mois de la même année, sur le pied de 6,000 francs, montant du nouveau bail.
- Le i3e. article se compose des sommes payées à l’agent de la Société, soit à titre de traitement et d’indemnité, soit à raison de son droit sur les recettes.
- Le 14e- est le paiement des appointemens au sieur Delacroix pour 1828.
- Le i5e. article concerne les dépenses administratives de tout genre.
- Le 16e. article a rapport aux sommes payées pour acquit de mémoires d’ouvriers et fournisseurs, tels que bois de chauffage, papier, quincaillerie, objets de menuiserie, serrurerie, etc.
- Le 17e. et dernier article comprend les dépenses diverses, telles que les frais de séances générales, de magasin pour le Bulletin, et pertes sur les différentes monnaies provenant des souscriptions de 1828.
- Toutes ces dépenses, Messieurs, sont classées avec le plus grand ordre dans le compte rendu par M. Amasse, votre trésorier, et appuyées de pièces très en règle, classées également avec tant de soin, que nous ne pouvons que le féliciter et le remercier de son travail et de son zèle, qui n’a laissé au rapporteur de votre Commission qu’une tâche facile à remplir.
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- Résumé général et situation au 3r décembre 1828.
- La recette s’étant élevée en 1828 à.................93,521 fr. 85 c.
- Et la dépense, à................................. 74,845 74
- Il en résulte un excédant de recette de. ... . . . 18,676 fr. 11 c.
- De laquelle somme nous vous proposons d’autoriser votre trésorier à faire recette dans son compte de 1829.
- Compte des jetons.
- La munificence royale ayant accordé à la Société une somme annuelle de 3,ooo francs, destinée à être distribuée aux membres du Conseil en jetons de présence, M, Agasse a également rendu compte à la Commission des fonds de cette comptabilité.
- La recette s’est montée à 4,516 fr. 55 c., savoir :
- Pour excédant de recette du compte de 1827. . . . 1,606 fr. 35 c.
- Reçu de la Maison du Roi.......................2,910 »
- Total. . . . . . - 4,5i6 fr. 35 c.
- La dépense a été de 4,173 fr. 85 c., savoir :
- Pour fourniture de 722 jetons payés à la Monnaie. . 2,910 fr. 35 c. Pour rachat de jetons à divers membres du Conseil. . i,263 5o
- Total...............4>I7^ fr. 85 c.
- Balance.
- La recette s’étant élevée à......................4*516 fr. 35 c.
- Et la dépense, à.................................. 4>I73 85
- Il y a un excédant de recette de.................... 542 fr. 5o c.
- Messieurs, d’après la situation actuelle des finances de la Société, d’après l’ordre qui règne dans la comptabilité et les améliorations qui ne peuvent que s’accroître de jour en jour, nous pouvons présager à la Société quelle deviendra un jour un des plus fermes soutiens de l’industrie française, et ce présage pourra d’autant plus se réaliser, que la Société possède la haute protection du Roi; quelle est soutenue dans ses travaux par les Autorités, et que le zèle ardent de tous ses membres ne se ralentira jamais quand il s’agira de répandre les lumières utiles et d’encourager et récompenser le mérite partout où il se rencontrera.
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- C 229 )
- La Commission des fonds, pénétrée de toute la reconnaissance que la Société entière doit à M. Agasse pour l’ordre qu’il a mis dans la comptabilité , et le zèle avec lequel il n’a cessé de s’occuper de ses intérêts , depuis qu’elle a l’avantage de l’avoir pour trésorier, vous propose, Messieurs, par mon organe, de lui voter des remercîmens.
- Adopté en séance générale, le 20 mai 182g.
- Signé Bordier, rapporteur.
- Rapport fait par M. le vicomte Héricart de Thury sur les ateliers de fabrication dinstrumens de sondage de MM. Flachat
- frères, et sur les diverses améliorations qu ilsy ont introduites.
- C’est à vos encouragemens, c’est à vos généreux efforts, c’est enfin aux prix et aux médailles que vous avez successivement décernés, que nous devons cette grande impulsion qui s’est étendue d’une extrémité de la France à l’autre pour le percement des puits artésiens, puisque plus de trente départemens ont acheté des sondes de fontenier, que des sondages sont partout en activité, et que déjà plusieurs fontaines jaillissantes artésiennes sont établies dans le midi et au centre de la France.
- J’ai eu l’honneur de vous rendre compte, dans la séance du 11 mars dernier, des importans résultats obtenus dans les sondages de la gare de Saint-Ouen par MM. Flachat frères, dont les travaux nous ont fait connaître exactement les diverses nappes d’eau souterraines ascendantes des environs de Paris, et qui viennent d’ajouter une nouvelle preuve de l’existence de ces eaux par le succès du dernier sondage, qu’ils ont également fait à Saint-Ouen (1).
- Aujourd’hui, Messieurs , ce n’est point des opérations de ces habiles ingénieurs que je viens vous entretenir : c’est sur leurs ateliers, encore peu connus et dignes à tous égards de votre intérêt, que je vais un moment fixer votre attention.
- En 1824 et 1828, MM. Flachat furent chargés d’organiser et de diriger les sondages du canal maritime de la Seine. Pendant deux ans, cinq équipages de sondage travaillèrent sous leurs ordres à reconnaître les terrains que devait traverser ce canal, et la profondeur totale de près de deux cent cinquante trous de sonde forés par ces équipages dépasse plus de 2,5oo mètres.
- Les premières sondes dont on se soit servi avaient été fabriquées à Anzin
- (1) Voyez Bulletin de février, page 58.
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- ou à Paris ; ils avaient aussi obtenu de la Compagnie des mines d’Anzin et de la Direction générale des carrières de Paris quelques ouvriers pour diriger leurs premiers sondages. Ces ouvriers en formèrent d’autres, et retournèrent ensuite soit aux carrières de Paris, soit aux mines d’Anzin. Quant aux premières sondes, elles furent successivement remplacées par d’autres instrumens, perfectionnés et fabriqués sous les yeux de MM. Fla-chat : en sorte que lorsque les sondages du canal maritime furent terminés ils se trouvèrent avoir à leur disposition un matériel important et des ouvriers déjà instruits dans la manœuvre de la sonde.
- C’est alors qu’ils conçurent la pensée de l’entreprise qu’ils ont depuis organisée, mais qu’ils ne réalisèrent qu’après un voyage en Angleterre et en Allemagne, où ils allèrent étudier les procédés de sondage employés dans ces deux pays. A leur retour , au mois de juin 1828, ils fondèrent leur Société.
- Cette Société, dont ils sont les gérans en nom collectif, et dont le siège est établi rue Thiroux, n°. 8, à Paris, a pour but, d’une part la recherche des eaux artésiennes et des mines, et de l’autre la fabrication des instrumens de sondage.
- C’est par le double but que s’est proposé cette Société qu’elle nous parait, Messieurs, devoir mériter votre attention d’une manière toute spéciale.
- Dès long-temps , en effet, la Société d’Encouragement avait vu avec regret que l’art des sondages n’était plus en France au niveau des arts métallurgiques, dont une paix de quinze ans a rendu les travaux si rapides. D’un autre côté , il devenait évident que les procédés employés dans le nord de la France pour la recherche des eaux souterraines, et dont nous devons une si excellente description à M. Garnier , étaient insufïisans pour des localités différentes de celles de l’Artois. De nombreux essais, tentés par des ouvriers de ce pays et surtout dans les environs de Paris, étaient restés sans résultat, et la Société ne pouvait apprendre qu’avec un vif regret que tant d’efforts fussent demeurés infructueux.
- L’établissement de MM. Flachat nous permet aujourd’hui de concevoir l’espérance que d’ici à peu d’années l’art des sondages aura fait les mêmes progrès et reçu les mêmes développemens que les autres branches de notre industrie.
- Cet établissement offre en effet une circonstance assez rare, et la plus propre de toutes à conduire à de rapides perfectionnemens, c’est que les instrumens que l’on y fabrique sont ensuite employés par les fabricans eux-mêmes. Ce n’est pas dans des livres, dans des théories que MM. Flachat trouvent la forme de leurs instrumens, et les améliorations dont ils
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- sont susceptibles : c’est une pratique de tous les mornens, une expérience de tous les jours, qui président à leur fabrication, et qui les conduisent aux perfectionnemens qu’ils adoptent.
- Dans une note que MM. Flachat viennent de faire imprimer sur leurs prix de fabrication, je trouve cette réflexion, qui confirme celles que je viens de vous soumettre : a Chaque perfectionnement que nos travaux nous « conduisent à apporter dans les formes et la fabrication des outils, disent » ces ingénieurs, est le fruitd’une expérience qui ne profite pas à nousseuls, » mais aussi à tous ceux qui nous achètent des sondes ; le dernier équipage -» que nous livrons est toujours le plus parfait. Notre établissement pré-» sente d’ailleurs une autre garantie, qui sera appréciée pour la bonté des » instrumens : nous ne faisons aucune difficulté de céder les équipages dont » nous nous servons , et aux prix portés dans nos devis. »
- J’ai pu vérifier par moi-même, Messieurs, ce résultat si important de l’entreprise dont je vous entretiens. La pensée des avantages qu’il pouvait offrir m’a fait suivre pas à pas, et avec l’intérêt le plus soutenu, l’établissement de MM. Flachat ; j’ai été témoin des améliorations déjà très remarquables qu’ils ont introduites dans l’art des sondages, ^améliorations que j’ai vues dirigées avec un esprit* de prudence et une simplicité de moyens que je ne saurais trop louer.
- Vous aurez sans doute remarqué, Messieurs , que la sonde qui est exposée aujourd’hui par MM. Flachat ne se compose guère , quant aux instrumens de forage, que de tarières et de trépans. Cette sonde, destinée à la recherche des eaux souterraines, et qui permet l’emploi de trois diamètres successifs, a été commandée par le grand-duc de Toscane.
- Cette simplicité dans les instrumens est un résultat important ; car ils peuvent être beaucoup plus soignés sans que la sonde revienne en somme à un prix très élevé, et l’entretien en est beaucoup plus facile et plus économique.
- La manœuvre au moyen de laquelle MM. Flachat montent et descendent la sonde avec une rapidité qui n’avait pas encore été obtenue, les moyens qu’ils emploient pour battre sur les terrains durs, sont des innovations également heureuses et qui leur sont dues.
- Mais, Messieurs, un autre avantage plus important encore est offert par cette entreprise, c’est celui de former des ouvriers ou des directeurs, qui, moyennant des conditions très modérées, accompagnent les équipages de sonde vendus par MM. Flachat frères, organisent les travaux , les dirigent et forment en même temps d’autres ouvriers, qui les remplacent lorsque leur instruction est suffisante. Ainsi l’entreprise offre à la fois, quant à la F'ingt-huitième année. Juin 182g. 32
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- Fabrication , un établissement-modèle, et quant à l’art du sondage, une école pratique.
- Tel est le point de vue sous lequel cet établissement naus parait mériter au plus haut degré vos suffrages, le but de votre Société étant d’encourager et d’honorer tout ce qui tend à développer, par les meilleures méthodes , les progrès de nos diverses industries.
- Toutes les conditions se réunissent en effet ici pour répandre et propager de plus en plus l’art des sondages, et même pour le populariser, s’il est permis d’employer cette expression.
- Notre territoire, Messieurs, ne sera sondé aussi souvent et aussi profondément que nous devons le désirer que lorsque les méthodes de sondage seront généralement connues et appréciées, et que ce genre de travaux pourra s’exécuter avec la rapidité et l’économie qu’on peut espérer aujourd’hui de lui voir atteindre.
- A cet égard, MM. Flachat ont déjà fait beaucoup : les conditions auxquelles ils traitent pour la recherche des mines et pour celle des puits artésiens sont telles, qu’une dépense peu importante suffit pour aller à une profondeur considérable , et qu’au moins une recherche infructueuse laisse peu de regrets à celui qui l’a tentée.
- Nous sommes instruits d’ailleurs que lorsque des sondages ont révélé à MM. Flachat des circonstances géologiques qui devaient faire désespérer du succès ou rendre la recherche plus longue et plus coûteuse, ils se sont empressés d’éclairer les propriétaires sur la position du travail. Ainsi, par exemple, dans un sondage qu’ils avaient entrepris aux Champs-Elysées, ils ont reconnu l’absence de toutes les formations dans lesquelles ils ont rencontré l’eau jaillissante de Saint-Ouen. L’argile plastique règne seule sous cette partie de Paris , et sa superposition sur la crête n’y est pas nette et distincte comme à Montrouge et à la barrière d’Italie, où un niveau d’eau a été rencontré entre ces deux mêmes formations. MM. Flachat, après avoir pénétré de 20 mètres environ dans la craie, ont arrêté le travail, et les propriétaires , instruits par eux , qu’il faudrait aller à une profondeur beaucoup plus considérable pour retrouver de nouvelles chances d’eaux jaillissantes, n’ont pas cru devoir en risquer la dépense : celle du forage de j5 mètres jusqu’à la craie s’était élevée à 5oo fr. seulement.
- Après les détails dans lesquels je viens d’entrer, vous ne serez pas étonnés d’apprendre, et vous apprendrez sans doute avec satisfaction, Messieurs, que l’entreprise de MM. Flachat obtient tout le succès que doivent faire espérer les bases sur lesquelles elle est fondée.
- Des demandes multipliées leur sont parvenues pour la recherche des eaux
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- souterraines , surtout dans le Midi de la France et dans les environs de Paris. Plusieurs départemens du Midi ont déjà traité avec eux, et 1 un d’eux s’est transporté sur les lieux pour diriger les recherches. D après les résultats qui ont déjà été obtenus dans plusieurs localités, nous pouvons espérer que leurs travaux seront suivis des mêmes succès, et qu’ils ajouteront une grande richesse à cette partie de notre territoire, déjà si belle et si fertile, mais malheureusement souvent brûlée et desséchée faute de moyens d’irrigation.
- Deux compagnies de sondages se sont organisées dans le Midi d apres les procédés et avec les instrumens fabriqués par MM. Flachat : une correspondance active existe entre ces deux compagnies et celle de Paris, qui se fait un devoir d’aider de ses conseils celles qui se sont établies avec des équipages pris dans ses ateliers.
- Parmi les commandes de sonde reçues par MM. Flachat, il en est une digne de remarque; elle est faite par MM. Perrier pour les mines d’Anzin, et’c’est précisément àcette même compagnie que MM. Flachat s’adressèrent il y a quatre ans pour acheter des sondes et avoir des sondeurs : aujourd’hui ce sont eux qui lui livrent une sonde. La Compagnie d’Anzin, qui jusqu’ici avait confectionné elle-même celles qui étaient nécessaires à ses exploitations, a donc reconnu que les sondes établies par MM. Flachat étaient supérieures aux siennes. Ce fait m’a paru, Messieurs, propre à fixer vos idées sur les progrès que MM. Flachat ont fait faire à l’art des sondages.
- La fabrique de sondes et d’appareils de sondage de MM. Flachat comprend de vastes ateliers de forge et de charpente. Chaque atelier est dirigé par un chef ayant la surveillance de tous les ouvriers.
- La direction des appareils de sondage est confiée à des élèves de l’École de Châlons, ayant sous eux dix chefs sondeurs, dont cinq sont forgerons; ils ont à leurs ordres cinq ouvriers chacun, la plupart forgerons, et destinés à devenir chefs-sondeurs, suivant leur zèle et leur intelligence. \ Les règles du travail sont sévères : les ouvriers, dans presque tous les ateliers de Paris, ne travaillent point le lundi; MM. Flachat ont pris, contre cet abus , des mesures dont l’efficacité prouve combien il serait facile de faire cesser une coutume qui ne tend qu’à démoraliser l’ouvrier,, lui donne le goût de la dépense et de la paresse; ils ont congédié immédiatement tout ouvrier qui était en retard d’une demi-heure le lundi matin , n’admettant pour excuse aucune raison , même celle de santé quand l’ouvrier était parti bien portant le samedi. Cette mesure leur a fait perdre d’abord quelques bons ouvriers ; mais ils ont été bientôt remplacés par des hommes plus économes et plus raisonnables. Il est, en effet, prouvé
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- et*reconnu i°. que lorsque les ouvriers connaissent dans Paris un atelier où toutes les journées sont employées au travail, ceux qui ont envie de faire des économies cherchent à y entrer de préférence à tout autre; et 2°. que le paiement du salaire des ouvriers, fait exactement chaque semaine, donne beaucoup plus de poids aux mesures de sévérité, cette exactitude étant, avec les bons traitemens, une juste compensation des mesures sévères contre lesquelle^ne s’élèvent jamais les bons ouvriers (i).
- L’instruction élémentaire a été pour MM. Flachat wa second moyen de s’attacher les ouvriers. Plusieurs se réunissent habituellement le soir, et reçoivent des leçons de géométrie et de dessin de l’un des anciens élèves de l’Ecole de Châlons, directeur d’atelier. Les progrès qu’ont faits ces ouvriers en une année sont remarquables , plusieurs consacrent leurs soirées et le dimanche au dessin. Les directeurs de sondages leur donnent, en outre, des notions de mécanique pratique dont ils font journellement l’application aux travaux.
- Les ouvriers qui savent lire et écrire sont engagés de préférence pour les sondages ; on leur apprend à tenir la comptabilité des travaux, à faire les procès-verbaux des sondages, la collection et le numérotage des échantillons.
- Un supplément de journées, à titre de gratification, est accordé de six en sixmoisà l’ancienneté et à la bonne volonté; mais l’avancement, comme chef-sondeur, n’est donné qu’à l’intelligence , à l'adresse et à l’instruction de l’ouvrier.
- Le matériel de campagne se compose en ce moment de dix équipages complets, munis de chèvres, de tubes de travail et d’ascension, et de sondes de ioo à 200 mètres. Sur ce nombre, il y a deux équipages d’exploration plus légers, d’un transport plus facile, et destinés soit aux études des canaux, soit aux explorations d’eaux ascendantes, dans les terrains tels que la craie, où le travail de sondage est toujours de la plus grande facilité : ils sont également employés pour les sondages dans les puits profonds.
- Enfin, d’après les demandes qui arrivent de toutes parts, le nombre des équipages va être porté à vingt-quatre. A mesure des besoins, MM. Flachat font à l’École de Châlons une demande de jeunes gens en nombre suffisant pour fournir aux départemens qui ont fait des demandes de directeurs de sondages.
- (1) Les malades sont toujours soignés par le médecin de MM. Flachat : sur son certificat, et lorsque la maladie ne dure que quelques jours, les journées sont comptées à l’ouvrier, si la cause de la maladie ne tient pas à la débauche; lorsqu’elle se prolonge, l’ouvrier reçoit, à titre.de secours, la moitié du prix de sa journée.
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- Conclusions.
- Après avoir entendu le rapport qui lui a été fait par le Comité des arts mécaniques, votre Conseil d’administration, considérant
- i°. Que si la Société accorde annuellement des médailles d’encouragement aux sondeurs qui ont établi des puits forés dans les pays où il n en existait point, il convient encore plus d’en donner à ceux qui, indépendamment des sondages auxquels ils se livrent d’ailleurs avec succès, forment des entreprises dans lesquelles on trouve à la fois des sondes parfaitement exécutées, des équipages de sonde complets et des sondeurs instruits et expérimentés, de manière à pouvoir les diriger immédiatement sur tous les points où ils sont demandés;
- 2,0. Que, sous ce rapport, l’établissement ou Y École-modèle de sàndage de MM. Flachat, fondée sur l’application directe de la science à la pratique, réunit tous les élémens propres à assurer le succès de ce genre d’opération, savoir l’instruction, la parfaite exécution des instrumens, et la pratique la mieux éclairée de la part des sondeurs ;
- Votre Conseil d’administration, dis-je, a décidé, Messieurs, qu’il décernerait à MM. Flachat frères, au nom de la Société d’Encouragement, une médaille d’or de premièreclasse , en témoignage de sa satisfaction.
- Adopté en séance générale, le 20 mai 182g.
- Signé Héricart de Thury, rapporteur.
- Rapport fait par M, le vicomte Héricart de Thury sur les procédés, inventions et perfectionnemens introduits par M. Calîa père dans la construction des machines.
- Messieurs, élève du savant de Bettancourt, et chargé par lui d’exécuter les modèles des machines destinées à former son conservatoire d’arts et métiers, M. Calla mit à ce travail une exactitude et une précision qui décelèrent dès lors les talens dont l’avait doué la nature. Ce fut sous ce célèbre maître qu’il puisa la connaissance des machines à la construction desquelles il s’appliqua depuis particulièrement.
- Ainsi, en 1788, il exécuta, sous la direction de Bettancourt, la première machine à double effet qui ait été construite en France.
- M. Calla fut un de nos premiers mécaniciens qui s’occupèrent de la construction des machines à filer après leur introduction, en 1796. Celles qui sortirent de ses ateliers ont été distinguées par leur parfaite exécution.
- Pénétré de l’importance des services que M. Calla rendait à nos manufactures, notre vénérable Président, M. le comte Chaptal, alors ministre
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- de l’intérieur, lui fit accorder un logement dans un des bâtimens de l’État, et son digne successeur, l’un de nos censeurs, le respectable duc de Ca-dore, le confirma dans la possession des ateliers qu’on voulait lui retirer. C’est là que M. Calla se livra à un nouveau genre d’industrie, qui fut fécond en résultats importans, Vimitation en bois des tissus de sparterie.
- Les garnitures de cardes employées dans nos filatures de coton étaient anciennement d’une confection lente et dispendieuse, M. Calla en ayant vu qui avaient été fabriquées en Amérique à l’aide d’une machine et sans le secours d’aucun ouvrier, il résolut aussitôt d’exécuter une machine qui pût donner les mêmes résultats ; il s’y appliqua avec persévérance, et, après plusieurs années d’études et de travaux, sans avoir aucune machine analogue , il parvint heureusement, en 1809, au but qu’il s’était proposé , et monta une fabrique de garnitures de cardes qui fut distinguée par le jury d’exposition.
- En 1815, une Société voulut établir une manufacture de papier au moyen des machines qui, bien qu’inventées parle français Robert, n’étaient encore connues qu’en Angleterre. Quelques notes et un dessin imparfait furent remis à M. Calla, qui, sur ces simples données, exécuta cette importante machine, et parvint même, en i8i5, à en établir deux dans des papeteries.
- M. Calla est le premier qui ait construit en France les métiers à tisser le calicot par moteur, dont l’usage est aujourd’hui si général en Angleterre. En 1815, des métiers sortis de ses mains donnaient déjà des résultats satisfaisans.
- En 1816, il perfectionna particulièrement les machines à préparer et à filer la laine peignée, et c’est réellement aux améliorations qu’il y a intro duites que sont dus les nombreux progrès qu’a faits depuis cette importante branche d’industrie.
- Il fut le premier importateur des machines connues sous le nom de double batteur, employées à la préparation du coton , et dès le mois de février 1818 il en livra au commerce.
- Jaloux de voir notre industrie s’élever au niveau de celle de l’Angleterre, et voulant concourir de tous ses moyens à ce résultat, son unique ambition , il ne se contenta pas de se livrer à des investigations laborieuses et à des travaux opiniâtres ; il voulut juger lui-même l’état de l’industrie anglaise, y puiser de nouvelles inspirations, et y saisir les nouvelles inventions pour les rapporter , les perfectionner et en faire jouir la France : il fit donc, en 1817, 1822 et 1825, trois voyages en Angleterre qui furent suivis d’im porta ns résultats.
- Dès son premier voyage, il reconnut de quelle immense utilité pour lindustriç des ïiiacliines dey ait être la substitution de la fonte au boispoiir
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- leur exécution. En conséquence, en 1818, il ajouta à ses ateliers une fonderie dont les produits furent distingués à l’exposition de 1827.
- Depuis cette époque, M. Colla > après avoir associé son fils à ses travaux, leur a donné les plus grands développemens : ils y ont fait de notables améliorations. Il faut visiter leurs ateliers pour se former une idée exacte de la perfection à laquelle ils ont porté Fart de fondre le fer et des nombreuses applications qu’ils en ont faites; mais nous pouvons vous citer , Messieurs, comme exemples de leurs produits, les escaliers,, les candélabres et les girandoles de la nouvelle galerie du Palais-Royal, qui ont été fondus par eux.
- C’est M. Colla père qui imagina et exécuta ces ingénieux appareils établis au château des Tuileries pour le service de Louis XVIII, qui, sans quitter son fauteuil, pouvait se transporter de ses appartenons jusque dans nos établissemens industriels , dont l’immortel auteur de nos institutions se plaisait à voir et à encourager les travaux.
- Enfin, à la dernière exposition, MM. Colla présentèrent, entre autres produits de leurs ateliers , un tour qu’ils ont nommé avec raison tour universel , et qui peut être de la plus grande utilité dans la plupart des ateliers. Ce tour s’applique aussi facilement au travail du bois qu’à celui des métaux. Des renvois de mouvement du moteur qui le fait agir, disposés d’une manière convenable, peuvent donner lieu à trente vitesses différentes entre les limites de sept révolutions, jusqu’à trois cents par minute; la vis qui fait mouvoir le chariot porte-outil reçoit à volonté des modifications plus nombreuses encore, en sorte que l’on peut ainsi non seulement tourner des cylindres, mais encore fileter des vis et des écrous de plusieurs pas et de dimensions différentes, et un support à chariot qui peut se présenter sous tous les angles permet de dresser des surfaces plaues, de tourner des cônes et autres solides de ce genre.
- Votre Conseil d’administration, en considérant que chaque année le nom de MM. Calla est mentionné de la manière la plus honorable dans le Recueil de vos Bulletins pour les inventions et perfectionnemens de tout genre qu’ils ont introduits dans la construction des machines, a décidé qu’une médaille d’or de première classe serait décernée au nom de la Société d’Encouragement à M. Calla père (1).
- Adopté en séance générale, le 20 mai 1829.
- Signé Héricart de Thüry, rapporteur.
- (t) A l’Exposition de l’an ix , M. Calla obtint une médaille de bronze; à celle de l’an x, une mention honorable : en 1806, une médaille d’or; en 1819, une médaille d’argent et une mention honorable; enfin à l’Exposition de 1827 , une pouvelle médaille d’or et une citation.
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- Rapport fait par M. le vicomte Héricart de Thury sur les diverses machines fabriquées par MM. Piliet freres , avenue Parmentier, faubourg Saint-Antoine} a Paris.
- Messieurs, MM. Pihet frères ont établi à Paris, en 1822 (1), dévastés ateliers de mécanique, dont le début a été signalé par les plus grands succès, déterminés par la perfection avec laquelle étaient exécutés leurs produits.
- Depuis cette époque, MM. Pihet se sont particulièrement appliqués à changer le système de construction des machines à filer, en substituant la fonte et d’autres métaux là où jusqu’alors on n’employait que le bois.
- Leurs ateliers sont disposés de manière à pouvoir exécuter toute espèce de machines, soit de petite, soit de grande dimension; l’immense matériel de leurs instruments et outils, aussi complet que .bien organisé, leur permet de livrer des produits de première qualité à un prix peu élevé.
- Une de leurs principales fabrications, la construction des bancs à broches, importée d’Angleterre, qu’ils ont perfectionnée, et dont ils ont déjà livré au commerce plus de deux cent cinquante, a beaucoup contribué à établir leur réputation, et à la faire connaître de la manière la plus avantageuse auprès des filateurs de France et de l’étranger, notamment dans la Belgique, où leurs machines sont très recherchées, malgré la protection particulière que le roi des Pays-Bas accorde à un grand établissement de ce genre, dans lequel, à titre d’encouragement, il a versé des fonds considérables, à un intérêt très minime, et malgré les frais de transport, les droits de 2 pour 100 à la sortie de France, et ceux d’entrée en Belgique, qui sont de 6 pour 100.
- MM. Pihet exécutent avec le même soin toutes les machines à filer.
- La fabrication des lits en fer a été aussi l’objet spécial de leurs recherches. Déjà ils en ont fourni trente mille pour le ministère de la guerre ; ils font en ce moment la fourniture de toutes les casernes de la marine, et d’un grand nombre de pensionnats de Paris.
- L’établissement de MM. Pihet, qui occupe plus de trois cents ouvriers, emploie annuellement i5o,ooo kilog. de fonte de Berri, et 5o,ooo kilog. de fer de Champagne et de Franche-Comté.
- (p; Avenue Parmentier, vis à vis l’abattoir Popincourt, faubourg Saint-Antoine.
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- À la dernière exposition, ces fabricans présentèrent, entre autres produits de leurs ateliers,
- i°. Un batteur-étaleur, pour la préparation du coton avant le cardage. Au moyen de cet appareil, du prix de 1,900 francs , on peut battre, éplucher et disposer en nappe 25o kilog. de coton en douze heures. Deux femmes suffisent pour en faire le service (1).
- 20. Un banc de trente broches en gros, à l’aide duquel deux femmes peuvent obtenir par jour 125 kilog. de coton préparé en mèches pour le filage aux numéros 3o à 40,000 mètres.
- 3°. Un banc de quarante-huit broches en fin. Une femme peut soigner deux machines de ce genre ; elles rendent par jour 60 kilog. de fil en gros, ce qui réduit à 1 centime environ le prix de la main-d’œuvre pour chaque kilogramme de coton préparé.
- 4°. Une presse hydraulique du prix de 4000 francs, parfaitement exécutée, capable de produire un effet habituel de 200,000 kilog.
- 5°. Un banc de tour en fonte dressé au rabot mécanique, avec une exactitude aussi grande que celle qu’obtiendrait l’ouvrier limeur le plus habile.
- Nos grandes manufactures de Saint-Quentin, de Gisors, de Bolbec, de Lillebonne sont aujourd’hui généralement pourvues de bancs de la fabrique de MM. Pihet, et les avantages qu’elles obtiennent les propagent de plus en plus.
- D’après cet exposé, et sur la proposition du Comité des arts mécaniques, le Conseil d’administration a décidé qu’il décernerait une médaille d’or de première classe à MM. Pihet, au nom de la Société d’encouragement (2).
- Adopté en séance générale, le 20 mai 1829,
- Signé Héricart de Thüry, rapporteur.
- A la suite de ce rapport, M. le vicomte Héricart de Thurj a donné lecture de celui sur les exploitations des carrières de marbres des Pyrénées, par la compagnie Pugens, de Toulouse, que nous avons déjà publié dans le Bulletin du mois d’avril dernier, page i35, et auquel nous renvoyons nos
- (1) La description de ce batteur-étaleur a été publiée dans la 25e. année du Bulletin, p. 271, eabier de septembre 1826.
- (2) A l’Exposition de 1823, le Jury central décerna à M. Eugène Pihetnne médaille de bronze pour la machine nommée double batteur. A celle de 1827, MM. Pihet frères obtinrent une médaille d’argent pour leur presse hydraulique et diverses machines propres à la fabrication du coton : ils furent aussi cités pour un lit en fer.
- Vingt-huitième année. Juin 1829. 33
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- lecteurs. M. le rapporteur à proposé, au nom du Conseil d’administration, de décerner à la compagnie Pugens une médaille d’or de première classe, comme un témoignage authentique de la satisfaction de la Société pour la belle série d’échantillons de marbres dont elle lui a fait hommage. Cette proposition a été adoptée par l’assemblée.
- Rapport sur la découverte de M. Da-Oîmi d’un enduit pour préserver de ï oxidation V intérieur des caisses de fer substituées aux tonneaux pour contenir ï eau douce dans les vaisseaux de la marine royale ; par M. Mérimée.
- Les maladies dont les marins sont si fréquemment attaqués dans les voyages de long cours ont pour cause principale la mauvaise qualité des eaux qu’ils boivent. On sait que dans les tonneaux où on conserve l’eau, elle éprouve trois ou quatre fois de suite une fermentation putride, qui parvient à un tel degré, qu’on est quelquefois obligé de la filtrer à travers un linge pour en séparer l’immense quantité de vers qu’elle contient.
- On a donc fait, dans l’hygiène navale, une amélioration bien précieuse pour les gens de mer, en substituant aux tonneaux des caisses en fer, dans lesquelles l’eau se maintient parfaitement salubre.
- L’est à l’oxidation du fer qu’on doit la conservation de l’eau .* ainsi elle ne se maintient d’une bonne qualité qu’aux dépens du vase qui la contient, et qui se détruit assez promptement, d’autant que lorsqu’on a consommé l’eau douce d’une caisse on est obligé de la remplir avec de l’eau de mer , qui attaque le métal avec beaucoup d’énergie.
- La dépense qu’exige la construction de pareils réservoirs est tellement considérable, qu’il était bien important qu’on pût trouver un moyen de les préserver de l’oxidation ou du moins d’en ralentir considérablement les progrès ; c’est ce qu’a fait M. Da-Olmi, ancien professeur de physique au collège de Sorèze , en enduisant la paroi intérieure des caisses avec un mastic qui n’altère en rien la bonne qualité de l’eau et empêche qu’elle n’ait de contact avec la surface des caisses.
- Des essais faits à Paris sous les yeux d’une Commission, ayant donné des résultats satisfaisans, S. Exc. le Ministre de la marine ordonna une expérience en grand, et M. Dci-Olmiprépara à Brest plusieurs caisses, qui furent embarquées sur la corvette la Marne allant aux Antilles.
- Le procès-verbal dressé au retour de ce bâtiment porte que les six caisses d’épreuve ont été ouvertes en présence de la Commission chargée
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- de constater la qualité de l’eau; que cette eau, dans toutes les caisses, était très claire, bonne et d’une limpidité parfaite; qu’elle avait toujours un léger goût balsamique, mais que ce goût ne la rendait nullement désa-gre'able, et qu’enfin on lui donnait la préférence sur celle des caisses non enduites.
- La Commission, désirant en outre se fixer sur l’adhérence de l’enduit de M. Da-Olmi aux surfaces intérieures des caisses, a d’abord fait frapper de grands coups avec un fort marteau sur l’une de ces caisses , qu’elle se proposait de dégarnir de son mastic pour compléter ses expériences, et aucune de ces violentes secousses n’a pu faire tomber l’enduit.
- Elle a aussi fait arracher l’enduit de cette même caisse ; mais il a fallu un ciseau à froid et un marteau.
- La Commission est d’avis unanimement que ce mastic, appliqué avec tout le soin que cette opération demanderait pour que les parois intérieures des caisses en fussent exactement recouvertes, présenterait une grande économie, puisqu’il les préserverait de la rouille, et dès lors prolongerait leur durée ; qu’il ne nuit en rien à l’eau, avec laquelle il est toujours en contact, et qu’enfin c’est une découverte heureuse pour le Gouvernement.
- INous avons déjà fait observer qüe l’oxidation du fer est la cause de la conservation de l’eau, comment.donc cette oxidation peut-elle avoir lieu si les parois intérieures des caisses sont exactement enduites de mastic qui empêche lTaction de l’eau sur le métal ?
- ïl est certain que si l’eau contenue dans une caisse ainsi enduite n’avait aucun contact avec l’air atmosphérique, elle ne tarderait pas à se corrompre ; mais pour obtenir la combinaison chimique qui prévient cette altération, il suffit de mettre dans la caisse quelques morceaux de menue ferraille.
- Puisque ce n’est pas le métal du vase qui a de Faction sur l’eau, le même enduit peut être appliqué dans l’intérieur des tonneaux, et si l’on y met la quantité de ferraille nécessaire pour arrêter la fermentation , l’eau sera conservée salubre comme dans les caisses en fer. Cette préparation aurait sur la carbonisation des tonneaux un immense avantage , en ce qu’elle prolongerait considérablement leur durée.
- Ainsi, eü attendant que pour la facilité de l’arrimage la marine marchande adopte, pour conserver l’eau, l’usage des caisses en fer, les armateurs peuvent faire préparer leurs tonneaux avec l’enduit de M. Da-Olmi, dont la composition doit être incessamment publiée par le Ministère de la marine : ils pourront dès ce moment procurer, à peu de frais, aux
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- équipages de leurs navires de l’eau constamment salubre, même dans les voyages du plus long cours.
- Les avantages procure's par M. Da-Olmi à la marine ne pouvaient rester sans récompense. Une place de conservateur des caisses à eau a été créée pour lui, et par cette mesure le Ministre a assuré à la découverte tous les perfectionnemens qu’elle peut encore recevoir de son auteur.
- Connu depuis long-temps par de nombreux travaux utiles à l’industrie, M.Da-Olmi aurait, sous ce seul rapport, des droits aux récompenses que vous consacrez aux découvertes utiles ; mais la dernière qu’il a faite a paru à votre Conseil d’administration d’une si haute importance, qu’il n’a point hésité à voter en faveur de M. Da-Olmi une médaille d’or de première classe, afin de signaler par cet acte un des plus grands bienfaits que l’on pouvait rendre à nos marins.
- Adopté en séance générale, le 20 mai 182g. Signé Mérimée, rapporteur.
- Rapport sur la manufacture de fer-blanc de MM. Mertian (i)? h Montât aire ( Oise ) • par M. Gaultier cle Claubry.
- Messieurs, le but que s’est proposé la Société en décernant chaque année des médailles d’encouragement aux fabrieans qui se distinguent par l’importance et l’utilité de leurs produits ne saurait être mieux atteint que quand elle peut récompenser des efforts heureux pour diminuer ou détruire les inconvéniens attachés à diverses fabrications, et dont l’influence sur la vie des ouvriers mérite une sérieuse attention. C’est ce que votre Comité des arts chimiques s’est trouvé heureux de pouvoir faire, en signalant à l’attention de vos Commissions des médailles et de révision le bel établissement de Montataire, ou une importante fabrication se distingue par l’assainissement complet des’ateliers, modèle qu’il serait d’autant plus à désirer de voir imiter, que les étameries sont, même dans nos plus beaux établissemens, un foyer de vapeurs et d’émanations insalubres.
- L’établissement de Montataire, comme usine métallurgique, date de 1807. On y fabriquait de la tôle avec des ciblons et de l’acier de cémentation; mais cette fabrication, peu avantageuse, fut remplacée, en i8i4> par celle de la tôle et du fer-blanc. C’est de cette époque que l’établissement acquit de l’importance. De grandes constructions furent faites, les chutes d’eau bien utilisées, et les ateliers montés sur de très bons plans.
- En 1818, MM. Mertian versèrent dans le commerce du fer-blanc fabriqué par la méthode anglaise; ils nous firent jouir de ce genre de fabri-
- (1) Dépôt à Paris, rue Saint-Louis, au Marais, n°. y.
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- cation, qui a pris depuis une grande extension, et à l’exposition des pro-" duits de l’industrie, en 181g, une médaille d’or fut décernée à leur établissement, et la décoration de la Légion-d’Honneur accordée à chacun d’eux, récompense fondée particulièrement sur l’importation des procédés anglais pour la fabrication du fer-blanc.
- Au moment où MM. Mertian établirent leurs étameries, profitant des conseils de notre savant collègue M. dArcet, ils en firent, sur ses plans, construire les cheminées dans les dimensions nécessaires pour enlever tous les gaz et vapeurs sans incommoder les étameurs par un courant d’air trop vif. Le résultat fut aussi avantageux qu’on pouvait le désirer, et les ouvriers travaillent dans un air pur, tandis que, dans toutes les étameries, les vapeurs du suif se répandent dans les ateliers, et même au dehors, et exercent toute leur influence sur la santé des ouvriers. Beaucoup d’entre eux éprouvent des incommodités assez graves pour être souvent obligés de cesser le travail. C’est cependant, Messieurs, l’état où se trouvent encore actuellement toutes les usines où l’on fabrique du fer-blanc, et c’est par conséquent une amélioration qui mérite d’être signalée d’une manière bien particulière, que celle qui change la position des ouvriers, et rend salubre un art dont l’exercice avait une influence fâcheuse sur la santé de ceux qui s’y livrent.
- C’est un nouveau service que l’on doit à M. dArcet, mais dont il faut savoir gré à MM. Mertian d’avoir su profiter, quand on voit que, malgré cet exemple , toutes nos fabriques du même genre sont encore dans un état si déplorable d’insalubrité.
- En 1825, MM. Mertian firent établir, aussi sur les plans de M. dArcet, au dessus des chaudières à dérocher, une cheminée de ventilation dont les avantages ne sont pas moindres que ceux de la précédente construction; et pour compléter les améliorations relatives à l’étamage, ces fabricans ont établi récemment, d’après l’avis de ce même savant, un chauffage à la vapeur pour ces chaudières, de sorte que l’inconvénient qui provenait de la fusion de ces chaudières en plomb, par le dépôt qui s’y forme pendant le travail, a entièrement disparu.
- Votre Comité des arts chimiques a eu l’honneur, Messieurs, de vous faire, l’année dernière, un rapport sur les tôles étamées à l’abri de la rouille, de MM. Mertian (1). Leur usage devient plus important chaque jour. Susceptibles de servir pour les constructions, dès l’origine elles furent employées à faire des cristallisoirs pour la fabrication du sucre de betteraves.
- (1) Voyez Bulletin de février 1828, page 5o.
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- M. Crespel Dellisse les emploie exclusivement, et les propose comme très avantageuses, surtout depuis que MM. Mertian ont fabriqué des feuilles d’une dimension convenable, parce qu’une seule suffit à la construction d’un cristallisoir, les soudures que l’on était obligé de faire précédemment résistant peu de temps au travail des sucres.
- L’usine de Montataire est située sur les bords de l’Oise. Un chemin de 2,600 mètres, qui conduit de l’usine à Creil, dont l’état déplorable, comme le remarque M. le duc de Liancourt, dans sa Statistique du canton de Creil, nuisait beaucoup à la facilité des transports, vient d’être remplacé par un chemin ferré, dont 2,000 mètres aux frais de MM. Mertian, et le reste à ceux de la commune. Ce sont des sacrifices profitables à l’industrie du pays, et que nous avons cru devoir vous faire connaître.
- L’établissement de Montataire a été formé par les soins de MM. Mertian frères ; l’aîné, M. Bernard Mertian, qu’une cruelle et longue maladie, contractée dans les travaux de construction de son usine, retenait depuis long-temps éloigné des affaires, a terminé l’année dernière son honorable carrière. Fabricant distingué, il avait été appelé au Conseil général des manufactures, où l’état de sa santé lui avait permis à peine de paraître. Sa perte est d’autant plus sensible que l’on trouve plus rarement des hommes animés d’aussi honorables sentimens. L’établissement de Montataire est actuellement dirigé par M. Louis Mertian^ dont les talens sont bien connus.
- Votre Conseil d’administration a voté en faveur de MM. Mertian une médaille d’or de deuxième classe, pour l’ensemble de leur fabrication, et particulièrement pour l’importation et la mise en exécution, sur une très grande échelle, des procédés anglais de fabrication du fer-blanc, en prenant en grande considération surtout l’établissement de leurs ateliers salubres d’étamages.
- J’ai l’honneur de vous proposer de confirmer cette décision, qui, en même temps quelle est une récompense honorable pour les fabricans quelle concerne, peut exercer une haute influence sur l’art de fabriquer le fer-blanc , en procurant l’adoption des moyens d’assainissement des éta-meries qui ont été si heureusement employés à Montataire.
- Le but que se propose la Société ne se trouverait cependant pas entièrement rempli, si elle n’adoptait en même temps la proposition que j’ai l’honneur de lui faire, de publier, dans son Bulletin, la description et les plans des ateliers d’étamerie de Montataire, que M. Mertian sera engagé à procurer à la Société.
- Adopté en séance générale, le 20 mai 182g.
- Signé Gaultier de Claubry, rapporteur.
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- Rapport sur la fabrique des creusets réfractaires de M. Beauiay, rue Guénégaud, n. 28 0 à Paris ; par M. Gaultier cle Claubry.
- La presque totalité des creusets nécessaires à la fusion des métaux précieux et à toutes les opérations chimiques était tirée, jusqu’en 1817, de l’Allemagne, qui maintenant encore fournit au commerce une assez grande quantité de ces produits.
- En 1817 , M. Beaufay, que des recherches antérieures avaient conduit à s’occuper de ce genre de fabrication, commença à verser dans le commerce un certain nombre de creusets, qui furent immédiatement assez estimés , mais qui n’offraient pas encore toutes les qualités désirables ; il les livrait sans avoir été cuits. Leur friabilité, l’habitude qu’il fallait avoir pour les monter sans craindre qu’ils se fendillassent, retardèrent peut-être de quelque temps l’adoption qu’on en aurait faite ; cependant beaucoup d’ouvriers les recherchaient déjà; les laboratoires de chimie en étaient abondamment pourvus ; ils pouvaient toujours lutter avec ceux de Hesse, souvent supérieurs à ces creusets. A notre connaissance, ils avaient acquis assez de valeur réelle pour que la fabrication de M. Beaufay dût prendre un grand accroissement. .
- M. Beaufay s’occupait de fabriquer toutes espèces de moufles de poêlons pour la mise en couleur, de fourneaux de coupelles, etc.; il n’em-ployaif à cette époque que deux ouvriers ; mais ses creusets et ses vases de toute espèce étant recherchés, il donna peu à peu à sa fabrication une extension qui ne peut guère être dépassée maintenant. Ses creusets acquirent plus de qualités ; il s’attacha à leur donner toutes celles que les usages auxquels on les destinait pouvaient exiger, et, à notre avis, il y a longtemps qu’il est parvenu à faire tout ce qu’on peut demander à ce genre d’industrie.
- Avant d’aller plus loin , et pour bien établir aux yeux de la Société la question relative à M. Beaufay, et éviter toute critique, nous aurons l’honneur de vous faire remarquer, Messieurs, que le Comité des arts chimiques, en proposant de décerner à M. Beaufay une médaille d’encouragement, n’a pas voulu récompenser la fabrication des creusets réfractaires, ni préjuger en aucune manière la question qu’un programme a soulevée à ce sujet. Le concours relatif aux creusets réfractaires est ouvert; tous ceux qui croiraient pouvoir prétendre au prix se présenteront : M. Beaufay sera, s’il le veut, un des concurrens; la récompense qui lui est décernée ne préjuge en rien la question, et le Comité n’a prétendu ni récompenser
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- une fabrication de creusets réfractaires , ni établir aucune comparaison entre les creuséts de M. Beaufay et quelques autres que ce soit ; il s’est borné à proposer de récompenser un fabricant qui a fixé chez nous et établi sur une grande échelle une industrie importante, qui lui doit l’extension que de nouveaux établissemens viennent chaque jour accroître encore.
- La fabrique de M. Beaufay a. commencé en 1817; il n’occupait alors que deux ouvriers. La preuve que le commerce a goûté ses produits se trouve dans l’accroissement considérable qu’a pris son établissement. M. Beaufay occupe actuellement douze ouvriers, fabrique trente mille creusets de toute grandeur et leurs couvercles, six mille moufles de toute dimension pour les essayeurs et les émailleurs, six mille poêlons pour mettre en couleur, mille cornues, deux mille scarificatoirs et six mille briques.
- Cette quantité suffirait presque pour la consommation de la France; aussi l’importation a-t-elle singulièrement diminué, et si l’habitude ne guidait encore quelques fahricans , elle cesserait entièrement.
- Quelques fabriques se sont élevées, qui versent aussi dans le commerce de bons produits ; mais M. Beaufay est le premier qui se soit occupé de ce genre de fabrication, et l’impulsion procurée à cette industrie provint de ses efforts.
- Votre Comité s’est assuré que les établissemens et les principaux fabri-cans qui emploient les produits de M. Beaufay les ont adoptés depuis dix ans exclusivement. M. de Puymaurin, pour la Monnaie des médailles, ne fait usage que des moufles et creusets de M. Beaufay, et se sert avantageusement de sa terre pour garnir ses fourneaux de fusion. L’Administration des monnaies emploie ses moufles, auxquels on reconnaît de bonnes qualités. M. Berthier, professeur à l’Ecole des mines , si bon juge en cette matière, assure que ces creusets ont toutes les qualités que l’on doit y rechercher, et l’on n’emploie pas d’autres creusets au laboratoire de l’École. M. Bourguignon s’en sert pour fondre le strass, et certifie de leur excellente qualité.
- Nous pourrions facilement ajouter à cette nomenclature d’autres attestations qui confirmeraient l’opinion de votre Comité des arts chimiques ; il nous semble que les détails que nous avons donnés suffisent pour vous convaincre que vous aurez fait une chose utile en récompensant un fabricant que la quantité et la bonne nature de ses produits distinguent au milieu de tous ceux qui s’occupent de la même branche d’industrie.
- D’après ces considérations, Messieurs, nous avons l’honneur de vous proposer, au nom de votre Conseil d’administration, d’accorder à M. Beau-
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- jay une médaille d’or de deuxième classe pour sa fabrication de creusets, moufles, fourneaux -, etc., dont la quantité toujours croissante et la bonne nature ont singulièrement diminué l’importation des creusets d’Allemagne, dont notre industrie pourrait facilement se passer maintenant, et que 1 habitude seulement fait encore rechercher par quelques personnes.
- Adopté en séance générale, le 20 mai 182g.
- Signé Gaultier de Claubry, rapporteur.
- Rapport sur la fabrication des tables en plomb coulé de MM. Voisin; par M. Payen.
- Messieurs, votre Comité des arts économiques s’est adjoint M. Molard et moi dans l’examen des produits de la manufacture de MM. Voisin, et m’a chargé de vous présenter le rapport suivant :
- Les monumens anciens qui existent encore et qui sont recouverts de plomb attestent que la méthode de réduire ce métal en lames remonte à la plus haute antiquité.
- On commença d’abord probablement à couler le plomb en feuilles sur des tables recouvertes de sable ; mais comme par ce procédé on 11e pouvait obtenir des feuilles minces et unies , on substitua au sable une étoffe de laine, et ensuite du coutil enduit de suif; ce ne fut même qu’en 1787 qu’on cessa de faire usage de ce moyen, quoique le Gouvernement eût autorisé l’emploi des laminoirs dès le 19 janvier 1780.
- Le plomb coulé, qui fut d’abord généralement défectueux, a reçu, dans ces derniers temps, un degré de perfection.très remarquable. En effet, on est parvenu à fondre sur le sable des tables aussi unies et d’une épaisseur aussi régulière que si on les eût passées au laminoir ; mais on ne pouvait réduire cette épaisseur au dessous de 2 millimètres : pour obtenir des feuilles plus minces, on remplaça le coutil par des tables en pierre ; on est ainsi parvenu à couler des feuilles en plomb pour presque tous les usages.
- MM. Voisin, persuadés, d’après de nombreuses expériences, que le plomb coulé peut être employé avec avantage et économie pour les besoins des arts, se sont efforcés de donner à leurs produits un degré de perfection qui les distinguât de tous ceux obtenus par des méthodes ana--logues : en sorte qu’ils ont pensé pouvoir les nommer plomb coulé perfectionné ; dénomination qui nous paraît justifiée et que nous avons conservée dans ce rapport. Ces fabricans ont introduit dans leur usine plusieurs
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- moyens économiques, parmi lesquels nous citerons la substitution de la houille au bois pour la liquéfaction du métal.
- Deux méthodes sont actuellement appliquées à la fabrication du plomb coulé en tables : l’une , exclusivement réservée aux fortes épaisseurs, est une sorte de moulage sur sable; l’autre consiste à couler le plomb fondu et amené à une température convenable sur un fort dallage en pierre : toutes deux pourront être exactement décrites dans notre Bulletin, MM. Voisin nous ayant, à cet effet, ouvert leurs ateliers.
- La pierre a sur le sable l’avantage d’être toujours prête à recevoir de nouveau métal ; elle permet ainsi de couler trois fois plus de surface de feuilles dans le même temps, mais seulement pour les épaisseurs comprises entre amm25 et immi2.
- La célérité qui résulte de l’emploi de cette méthode est la principale cause de l’égalité du prix des feuilles minces et épaisses ; résultat que n’aurait pas procuré le laminage, qui exige l’emploi d’une plus grande quantité de puissance mécanique pour les feuilles minces que pour les tables épaisses, si la concurrence du plomb coulé n’eût forcé le cours régulier de toutes les épaisseurs.
- MM. Voisin composent un mastic servant à joindre les différentes pierres dont leur moule est formé, de sorte qu’il paraît être d’un seul morceau et donne les mêmes résultats.
- Toutes les tables que nous avons vues dans les magasins de ces fabricans étaient très unies et d’une épaisseur régulière.
- En général, les plombs coulés par MM. Voisin nous ont paru mériter, sous tous les rapports, le nom qu’ils leur ont donné, de perfectionnés : la preuve que leur fabrique jouit de la faveur publique, c’est qu’elle livre annuellement à la consommation et au commerce 800,000 kilogrammes de plomb en tables, dont 400,000 kilogrammes en plomb coulé sur sable et pareille quantité en plomb mince coulé sur pierre.
- Nous ajouterons que MM. Voisin nous ont communiqué un très grand nombre de lettres attestant la bonne qualité de leurs produits ,, et la préférence que leurs eorrespondans leur donnent sur tous ceux du commerce, et particulièrement les principaux manufacturiers et constructeurs du département de la Seine : ces faits ont d’ailleurs été appréciés par l’un de nous, qui emploie des plombs coulés pour la fabrication en grand de l’acide sulfurique, et de divers autres produits chimiques dans plusieurs manufactures. Les applications dans lesquelles le plomb est attaqué sur toute sa superficie offrent évidemment l’épreuve la plus rigoureuse qu’on puisse lui faire subir.
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- Il a pu se convaincre, par l’analyse, que les plombs coulés de MM. Voisin ont le degré de pureté des meilleurs plombs d’Espagne : il est facile encore de se rendre compte de la ductilité de ces plombs en les soumettant au laminage.
- Conclusion.
- Votre Conseil d’administration, au nom de son Comité des arts économiques, a l’honneur de vous proposer de publier dans votre Bulletin la description avec figures des appareils et des procédés employés par MM. Voisin et compagnie pour couler le plomb en tables perfectionnées, qui font l’objet de ce rapport, et de leur décerner une médaille d’or de deuxième classe, à titre d’encouragement et comme un témoignage de l’intérêt que la Société prend au succès remarquable qu’ils ont obtenu (i).
- Adopté en séance générale , le 20 mai 1829.
- Signé Payen, rapporteur.
- M. le vicomte Héricart de Thurj a lu ensuite un rapport sur les produits en fonte de fer, de bijouterie, de quincaillerie, etc., présentés par M- Richard, rue des Trois-Canettes, n°. 3, à Paris. Ce rapport ayant déjà été inséré dans la 27e. année du Bulletin, page 119, cahier d’avril 1828 , nous y renvoyons nos lecteurs. M. le rapporteur a conclu, au nom du Conseil d’administration, à ce qu’une médaille d’or de deuxième classe fût décernée à M. Richard. Ces conclusions ont été adoptées par l’assemblée.
- M. Degérando a rappelé, à cette occasion, que M. le duc de Cadore, alors Ministre de l’intérieur, envoya en Prusse M. Camille Perier, ancien élève de l’École polytechnique, aujourd’hui membre de la Chambre des Députés, qui avait été attaché à la fonderie de Chaillot, pour étudier les procédés au moyen desquels on fabrique la bijouterie en fonte de Berlin. M. Camille Perier remplit cette mission de la manière la plus complète, rapporta les échantillons, les descriptions de procédés, etc., et c’est à cette circonstance qu’est dû le premier mouvement de notre industrie dans cette carrière.
- (1) Les ateliers de MM. Voisin sont établis rue Neuve-Saint-Augustin, n°. 25, à Paris.
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- Rapport fait par M. Bellangé sur la culture des soies dans les départemens de la Lozere et du Jura.
- Messieurs, M. Borelli de Serres, receveur général des finances de la Lozère, a introduit dans ce département la plantation des mûriers et l’éducation des vers à soie, qui lui étaient encore étrangères ; 600 pieds de mûriers, tirés des pépinières d’Alais etd’Anduze, ont servi d’abord à cette plantation, augmentée depuis d’une pépinière en pourrette de 3,000 pieds. Une lettre adressée à M. le comte Chaptal, président de la Société, prouve que cet utile agronome a suivi les bonnes méthodes, particulièrement celle de M. Bona-fous , qu’il a eu la satisfaction de voir ses compatriotes imiter son exemple, et des plantations déjà assez considérables enrichir les vallons voisins. M. Borelli de Serres, après avoir commencé à élever ses vers à soie et à faire filer, comme la plupart des éducateurs, dans des chambres de son habitation , a fait construire un bâtiment à cet usage, dans les dimensions et proportions voulues pour une magnonière ; son établissement a acquis plus d’extension : il a obtenu de nouveaux succès. L’Académie d’agriculture, arts et commerce de la Lozère, dans sa séance publique de septembre 1827, en applaudissant à ses travaux, les a considérés comme une amélioration vitale et de la plus grande utilité pour le pays. Les échantillons de soie envoyés à la Société avec la lettre susdite sont de bonne qualité. La filature en est soignée le brin est nerveux , sans être d’ailleurs de première finesse, ce qui n’est pas nécessaire, chaque genre ayant son emploi. M. Ra-cheblave d’Alais, membre de la Société, et l’un de ceux qu’elle ajustement rémunérés de la manière la plus distinguée, a donné de cette soie un prix assez élevé pour en faire l’éloge.
- Nous tirons annuellement du dehors pour plus de 3o millions de soie. Ce commerce d’importation offre des moyens d’échange. Mais ici la balance n’est pas à notre avantage, et lorsque surtout nos concurrens multiplient de tous côtés leurs plantations de mûriers sur leur territoire et dans l’Inde, il serait du plus grand intérêt pour la France de récolter dans son sein, pour les besoins de ses manufactures, une plus grande quantité de cette matière première , qui se plaît sur notre sol, dont plus de moitié enrichit l’agriculture, dont le surplus tourne au profit de l’industrie , dont rien enfin ne peut égaler les avantages ni compenser la privation.
- C’est, Messieurs, d’après ces considérations que votre Conseil d’administration a jugé convenable de décerner à M. Borelli de Serres, comme à l’un des intéressans propagateurs d’une branche d’agriculture et d’industrie aussi précieuse, une médaille d’or de seconde classe.
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- Les mêmes motifs se présentaient en faveur de M. Dezmaurel, de Dole : ses droits sont même antérieurs et non moins certains.
- Négociant et membre de la Société d’agriculture du département du Jura, M. Dezmaurel s’est occupé, depuis sept à huit ans, avec beaucoup de soin de la culture des mûriers blancs et de l’éducation des vers à soie , dans un pays où jusqu’alors ce genre d’industrie était regarde comme impraticable. Ce département est, comme on sait, très montueux, et par là d’une température plus froide que ne le comporterait le quarante-septième degré de latitude sous lequel il est situé.
- En 1827, M. Dezmaurel envoya, à l’Exposition des produits de l’industrie une collection d’échantillons de ses soies qui fixa l’attention du jury central, dont le rapport s’exprime ainsi : ce M. Dezmaurel, de Dole ( Jura) , a introduit, depuis quelques années, la culture du mûrier dans les environs de Dole; sa plantation, aussi intéressante pour ce pays qu’elle y est nouvelle, comprenait, en 1827, 22opieds de haute tige, 200 pieds en buisson , 2,500 en pépinière. M. Dezmaurel s’occupe aussi avec un soin digne de remarque de l’éducation des vers à soie , dont il a bien étudié les habitudes. L’exemple de cet agriculteur éclairé peut avoir des suites heureuses, non seulement pour le département du Jura, mais pour une foule d’autres localités. »
- C’est d’après des succès aussi intéressans, dont M. Dez,maùrel s’était empressé , même avant ce temps, de faire hommage à la Société dans l’intérêt public, que votre Conseil d’administration a jugé M. Dezmaurel digne d’une médaille d’or de seconde classe, qu’il vous propose, Messieurs, de lui décerner comme à M. Borelli de Serres.
- Adopté en séance générale, le 20 mai 1829.
- Signé Bellajngé, rapporteur.
- Rapport fait par M. Peclet sur la fabrique de lampes hydrostatiques de MM. Thilorier et Barrachin.
- Aussitôt cya Argand eut découvert les becs à double courant d’air, on Tes appliqua aux appareils d’éclairage destinés à l’économie domestique. Le réservoir d’huile fut d’abord placé à côté du bec , et plus tard on le disposa en forme d’anneau autour, dé lui ; mais on ne tarda pas à reconnaître que ces dispositions du réservoir avaient de graves inconvénièns : dans toutes, une partie de la lumière était interceptée par le réservoir, les dépôts d’huile affluaient dans le bec et obstruaient le tube de communication ; et dans les lampes à réservoir annulaire, l’abaissement du niveau de l’huile
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- pendant la combustion faisait diminuer rapidement l’intensité de la lumière.
- Pour obvier à ces inconvéniens, on chercha à alimenter le bec par un réservoir d’huile placé au dessous ; on pouvait y parvenir par deux moyens différons, par une force mécanique ou par différons principes d’hydrostatique : l’un et l’autre furent essayés, mais avec des succès bien différens.
- Carcel fut le premier qui imagina d’alimenter les becs avec des pompes mises en mouvement par un ressort de pendule; ses premiers essais réussirent complètement ; il parvint ainsi à obtenir une lumière constante, et un effet utile plus grand que celui que l’on obtenait avec les autres modes d’alimentation. Les lampes de Carcel et celles qui sont construites sur les mêmes principes sont les meilleures ; mais elles ont l’inconvénient d’être d’un prix élevé, et d’être d’une réparation difficile en province, où l’on trouve rarement des horlogers qui en comprennent le mécanisme.
- 11 restait alors à obtenir le même résultat sans le secours des pompes et des mouvemens d’horlogerie, et avec moins de frais pour satisfaire aux besoins de la classe moyenne si nombreuse en France. Dès l’origine, on a senti l'importance de cette question , et on s’en est presque toujours occupé.
- Les premiers essais de l’emploi des principes d’hydrostatique à l’alimentation des becs paraissent remonter à Keir de Kentisch-Town, qui prit, en Angleterre, un brevet, en 1787, pour une lampe hydrostatique. La construction de cette lampe reposait sur ce principe : si deux liquides d’inégale densité sont renfermés dans un siphon renversé , les hauteurs des deux colonnes liquides sont en raison inverse de leur densité : les liquides employés par Keir étaient de l’huile et une dissolution saline. Plus tard, en 18o4, les frères Girard prirent, en France, un brevet pour une lampe hydrostatique , fondée sur le même principe que celle de Keir, et pour une autre, fondée sur le principe de la fontaine de Héron : ils exécutèrent en grand cette dernière; mais leur entreprise n’eut aucun succès. Depuis, un grand nombre d’essais ont été faits pour modifier la lampe de Girard ou la lampe à liqueur saline. Les volumes des brevets expirés sont remplis de ces appareils ; mais aucun n’a réussi, et en 1826 il n’existait encore aucune lampe hydrostatique dans le commerce. Ce fut à cette époque que M. Thilorier essaya de résoudre le problème qui avait provoqué tant d’essais infructueux, et il a réussi.
- Ce fait seul prouve que MM. Thilorier et Barrachin ont introduit dans les appareils qui ont été faits avant eux des perfectionnemens importans, puisque ce sont ces perfectionnemens qui ont fait adopter leurs lampes
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- par les consommateurs, malgré la défaVeur que tant d’essais infructueux avaient jetée sur les lampes hydrostatiques.
- Les lampes de MM. Thilorier et Barrachin sont d’une construction simple, exemptes de robinets, et d’un service facile ; elles vous ont été successivement présentées, en 1826 et 1828, avec différens perfectionne-mens, sur lesquels votre Comité des arts économiques fit chaque fois un rapport favorable.
- Récemment ces habiles fabricans ont imaginé un nouveau régulateur d’une construction simple et très ingénieuse, applicable aux lampes à plusieurs becs, et auquel vous avez donné votre approbation.
- La nouvelle branche d’industrie créée par MM. Thilorier et Barrachin quoique si récente encore, a cependant déjà acquis un grand développement ; car votre Comité des arts économiques s’est assuré que, depuis le mois de décembre 1827, environ huit mille lampes hydrostatiques avaient été fabriquées et livrées au commerce. Ce résulta# est dû non seulement à un grand esprit d’invention et de persévérance, mais encore à un système de fabrication bien entendu et bien dirigé.
- Dans la dernière séance du Conseil, considérant i°. que c’est à MM. Thilorier et Barrachin qu’on doit l’introduction des lampes hydrostatiques dans le commerce ;
- 2°. Que ces Messieurs ont créé en France une nouvelle branche d’industrie qui a déjà reçu une grande extension %
- 3°. Que ces habiles fabricans ont successivement introduit des perfec-tionnemens importans dans la construction des lampes hydrostatiques :
- Vous avez arrêté qu’il serait décerné une médaille d’argent à MM. Thilorier et Barrachin.
- Cette distinction est d’autant plus honorable, que c’est la première qui ait été accordée par la Société pour des appareils d’éclairage à l’huile.
- En terminant ce rapport, je crois devoir vous rappeler, Messieurs, que MM. Thilorier et Barrachin avaient obtenu une médaille de bronze à l’exposition des produits de l’industrie nationale, et que c’est à M. Thilorier que l’Académie des sciences vient de décerner le prix de mécanique : la Société d’encouragement doit voir avec plaisir ses décisions en quelque sorte confirmées parle premier corps savant (1).
- Adopté en séance générale» le 20 mai 1829*
- Signé Peclet, rapporteur.
- CM MM. Thilorier et Barrachin demeurent rue du Bouloi , u°. 4» à Paris.
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- Rapport fait par M. Vallot sur un nouveau taille-plume présenté par M. Wéber.
- Messieurs, les taille-plumes sont d’un usage tellement répandu, que tout perfectionnement de cet utile et commode instrument ne pouvait être que favorablement accueilli.
- Tous les taille-plumes, quoique de forme différente, sont construits sur les mêmes principes : dans tous, ce sont deux mâchoires tranchantes qui, par une forte pression, coupent et forment le bec de la plume. Mais pour que ces mâchoires puissent agir, il faut d’abord dégager l’extrémité du tuyau avec une lame de canif, et c’est cette première opération par un instrument étranger que M. Weber a cherché à éviter, en confectionnant le taille-plume de manière à pouvoir tailler la plume d’un seul coup.
- Pour obtenir ce résultat, M. Weber a ajouté à l’instrument une petite lame en forme de plan? à l’extrémité d’un châssis brisé, au moyen duquel elle peut recevoir un mouvement de va-et-vient selon que l’on éloigne ou que l’on rapproche les deux mâchoires. Il a, en outre, placé sur le couvercle un petit levier coudé pour pouvoir rétrécir à volonté l’ouverture par où la plume est introduite, afin de la fixer d’une manière invariable , jusqu’à ce que le mouvement de traction de la petite lame soit achevé.
- Pour se servir de l’instrument, il ne s’agit que de l’ouvrir, d’y introduire la plume, de la maintenir avec le levier de pression et de rabaisser entièrement le couvercle : la plume se trouve alors tout à fait taillée.
- Le problème d’opérer la taille de la plume avec un seul instrument et par une seule opération est donc complètement résolu.
- Le mécanisme ingénieux à l’aide duquel le mouvement est transmis à la lame pour dégager le bec est simple et ne complique nullement la manière de se servir du taille-plume. Le moyen également ingénieux de fixer la plume , loin de causer le moindre embarras , donne au contraire plus de facilité pour tenir l’instrument pendant l’opération. Aucune saillie incommode n’altère la forme de la boîte , qui est ornée avec goût; la lame et les mâchoires sont fixées par des vis, elles peuvent être facilement démontées lorsqu’il s’agit de les réparer.
- D’après ces considérations , votre Comité a été d’avis d’accorder à M. Weber une médaille de bronze à titre d’encouragement (i).
- Adopté en séance générale, le 20 mai 182g.
- Signé Vallot, rapporteur.
- (1) M. JVeber, coutelier, demeure passage du Commerce, n°. 3i.
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- Rapport sur les boutons en cuir moulé de la fabrique de MM. Jamin , Cordier et Tronchon ; par M. Gourlier.
- Messieurs, sur le rapport que j’eus l’honneur de lui en faire, le 19 décembre 1827, au nom du Comité des arts économiques, votre Conseil d’administration décida que MM. Jamin, Cordier et Tronchon seraient félicités et mentionnés honorablement dans le Bulletin pour les boutons en cuir inventés et fabriqués par eux.
- Mon rapport précité, contenant tous les détails relatifs à cette fabrication , a été inséré dans le Bulletin de décembre 1827, page 45*2.
- Ces fabricans ayant, depuis, amélioré leurs moyens d’exécution, tant sous le rapport de la solidité que sous celui de la facilité et de l’économie , et s’étant trouvés ainsi à même de fournir des produits perfectionnés à un moindre prix, leur exploitation a pris un accroissement notable et doit continuer à s’accroître encore.
- Ces motifs ont porté successivement le Comité des arts économiques , vos Commissions des médailles, de révision et votre Conseil d’administration à penser qu’il était juste de récompenser les efforts de MM. Jamin, Cordier et Tronchon, en leur décernant une médaille de bronze.
- Adopté en séance générale, le 20 mai 182g.
- Signé Gourlier, rapporteur.
- NECROLOGIE.
- Notice sur feu M. Bosc; par M. le baron Degéranclo,
- Si la science, cette belle et noble dotation des intelligences, peut recevoir encore un nouveau prix, indépendamment de celui qui lui appartient en propre, c’est sans doute par l’utilité de ses applications et par l’abondance des fruits qu’elle verse sur la société humaine. Si ceux qui cultivent la science et qui ont tant de titres à notre reconnaissance et à notre respect par la part qu’ils prennent à ses progrès peuvent acquérir dans leurs veilles un nouveau mérite, c’est sans doute îorsqu’en se dévouant à ces profondes recherches ils y portent tout à la fois le plus pur désintéressement et le plus généreux empressement à faire jouir leurs semblables des richesses intellectuelles qu’ils ont acquises. Vous me prévenez, Messieurs , lorsque j’applique ces deux considérations aux souvenirs que laisse Vingt-huitième année-Juin 1829. 35
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- au milieu de nous notre cher Bosc, qui a déjà disparu de cette réunion , jl y a plus de dix mois, mais auquel il nous est doux de pouvoir payer du moins un juste tribut de gratitude, d’affection et d’estime, dans la solennité qui nous rassemble.
- Bosc fut appelé à l’étude de la nature par l’une de ces vocations puissantes qui se manifestent quelquefois, dès l’enfance, comme une sorte d’instinct du génie : il s’y livra avec une passion persévérante ; il en embrassa toutes les branches; il la cultiva avec cet esprit d’observation, qui, seul, peut reculer les limites des connaissances expérimentales ; il en fit les délices de sa vie. Sans doute ces dispositions se nourrirent aussi en lui par les exemples et le commerce d’un père (M. Bosc d’Antic), qui lui-même cultivait avec distinction cette branche des connaissances humaines ; il eut le bonheur de pouvoir, en continuant les travaux de son père, honorer la mémoire de celui auquel il doit le jour, et de la manière la plus douce pour un fils. Il dut aussi à la considération dont jouissait son père parmi les savans de la capitale d’être admis, jeune encore, auprès de Buffon, de Daubenton, de Parmentier, de Rouelle, de B ris son, & A dans on et de Thoüin, d’être encouragé par leur bienveillance; mais, jeune encore, il sut déjà acquérir aussi des titres qui lui étaient propres à cette affection et à cette estime. Il concourut, avec Broussonet et Olivier, à fonder la Société d’histoire naturelle, qui prit d’abord le nom de Société linnéenne , comme un hommage rendu par les fondateurs au naturaliste suédois. 11 avait à peine vingt et un ans qu’il commençait à enrichir le Journal de physique de ses mémoires sur divers sujets; mais un théâtre plus vaste et plus nouveau devait s’ouvrir aux investigations de notre collègue : il alla explorer, dans les Etats-Unis, une terre neuve encore alors pour la science et en rapporta d’abondantes richesses. A son retour en Europe, il visita l’Italie , il parcourut la France à diverses reprises, et toujours en recueillant des notions de tout genre sur la géologie et la minéralogie, la zoologie et la botanique ; ses observations, comme ses études, embrassaient aussi l’économie politique. Les monumens et les principaux recueils scientifiques de la capitale, consacrés aux diverses branches de l’histoire naturelle, rendent témoignage à l’infatigable activité^ de ses travaux, par les nombreux mémoires dont ils lui ont été redevables : il entretenait avec les savans nationaux et étrangers une correspondance aussi vaste qu’assidue. L’exactitude et la précision caractérisaient tout ce qui sortait de sa plume. La variété de ses études n’introduisait dans son esprit ni confusion ni désordre , elles s’aidaient les unes les autres.
- Toutes conspiraient à un but commun et principal, ravancement du
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- premier des arts; s’il interrogeait sans cesse le grand livre de la nature, c’était pour multiplier et perfectionner les moyens de la rendre tributaire des besoins de l’homme. Appelé à la Section d’agriculture de 1 Institut de France, il dirigea en son nom le Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture > publié en 180g. L’édition dé Olivier de Serres, due aux soins de la Société royale d’agriculture, a été enrichie par lui de notes précieuses. Le Supplément au Dictionnaire de Rozier contient de lui les articles Succession de cultures et Pépinières; les Annales d’agriculture le comptaient au rang de leurs principaux rédacteurs ; Y Encyclopédie méthodique renferme d’abondans tributs qu’il a encore payés, dans cette collection , à cet art, objet de ses constantes sollicitudes. Appelé successivement à l’inspection des jardins et pépinière de Versailles, ensuite à celles dépendantes du Ministère de l’intérieur, enfin à une inspection agricole dans les départe-mens, il donna à l’amélioration des pépinières publiques des soins qui eussent obtenu un plus juste et un plus durable succès, si les vues qu’il avait conçues, les exemples qu’il avait donnés eussent été mieux suivis et leurs effets mieux conservés. La plantation et la culture de la vigne furent en particulier pour lui l’objet de recherches, d’essais, de comparaisons très étendus. Appartenant à un très grand nombre de Sociétés savantes, il semblait se complaire surtout au milieu de celles qui secondent la science par des applications pratiques. La Société d’agriculture possédait en lui un de ses membres les plus zélés ; vous vous rappelez, Messieurs, avec quelle assiduité il prenait part à vos travaux : il n’était presque pas une de vos séances où il ne fût pas mis par vous à contribution, et toujours il a répondu à votre attente. Il était toujours prêt lorsqu’il pouvait être utile.
- Etre utile, telle était sa seule et unique ambition; il n’en connut jamais d’autre. A une époque où les sciences positives ont offert, parmi nous, à ceux qui les cultivent avec distinction tant de moyens divers d’obtenir une honorable aisance, d’arriver*même aux honneurs, Dose a si complètement négligé ses propres intérêts, que, quoique ses amis s’en soient occupés souvent pour lui, il n’a jamais recueilli les avantages naturels qu’il devait attendre de ses travaux : il a connu plus d’une fois, dans une vie toute dévouée au bien public, les revers et l’adversité. Lorsqu’enfin, digne successeur du célèbre Thoüin, il avait trouvé au Jardin du Roi la situation qui lui convenait si bien et à laquelle il semblait destiné, atteint de souffrances cruelles, il a langui; bientôt il a succombé. Il n’a laissé à sa respectable épouse, à sa famille que l’héritage de son nom et des ébauches de travaux entrepris, qu’il ne lui a pas été accordé de terminer. Espérons que la munificence royale, sollicitée par les voeux de tous les amis des sciences,
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- répandra sur cette famille les récompenses que notre cher Bosc avait si hien méritées !
- Mais un désintéressement plus difficile encore peut-être et plus rare est celui que Bosc montra toute sa vie relativement à la propriété d’un ordre de biens dont les savans se montrent quelquefois trop exclusivement jaloux, c’est à dire les richesses scientifiques obtenues par leurs propres recherches. Bosc ne mettait de prix à celles qu’il recueillait que pour les répandre. 11 communiquait avec empressement les résultats de ses travaux. Dans ceux qu’un esprit de personnalité eût pu lui faire considérer comme des rivaux , il ne voyait que des associés, avec lesquels il se plaisait à mettre en commerce son âme, qui saisissait avec ardeur tous les intérêts du bien public, était indifférente et calme sur ceux qui excitent les passions égoïstes et vulgaires : sa simplicité, sa franchise, sa droiture lui méritèrent et lui acquirent de vrais amis : son caractère était dans une harmonie frappante avec les études de sa vie; il annonçait en lui l’homme habitué à être, par ses affections, ses recherches, ses idées, dans une sorte de commerce intime avec la nature.
- JSotice sur feu M. François-Emmanuel Molard, directeur-adjoint du Conservatoire des arts et métiers de Paris y par M. Cl.-Anth. Costaz, Vun des secrétaires de la Société dEncouragement pour Vindustrie nationale.
- La mort vient d’enlever M. François-Emmanuel Molard : c’est une perte que les amis des arts ne sauraient trop déplorer, peu de particuliers ayant montré autant de zèle que lui pour perfectionner notre industrie et en augmenter l’essor. Né, en 1774? aux Bouchoux, village situé près de Saint-Claude, département du Jura, il entra, en 1793, dans un bataillon de volontaires avec le grade de lieutenant. 11 resta peu de temps dans ce bataillon, qu’il quitta, en 1795, pour venir occuper, à l’École des aérostiers de Meudon, l’emploi de commandant des élèves, auquel le célèbre Conté l’avait fait nommer. La suppression de cette École le détermina à concourir pour être admis à l’École polytechnique. Après en avoir suivi les leçons avec un grand succès, il obtint le grade d’officier dans l’arme de l’artillerie, et il fit en cette qualité, jusqu’à la paix d’Amiens, en 1801 , les campagnes qui ont tant illustré nos armées.
- M. Molard serait, s’il en était besoin, une nouvelle preuve que les hommes doués d’une grande intelligence se distinguent presque toujours
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- dans les différentes professions qu’ils embrassent. Il avait été un militaire plein de bravoure et d’honneur, il se fit encore plus remarquer lorsque, rendu à la vie civile, il fut employé comme directeur des travaux de l’École d’arts et métiers de Compiègne. Dans cet emploi, qui exigeait une application continuelle des sciences à des ouvrages mécaniques, il eut à lutter contre les idées propagées par la routine et les préjugés, au sujet de l’éducation publique. Des personnes n’avaient pas manqué de trouver étrange qu’au lieu de continuer à donner, comme par le passé, aux enfans une instruction entièrement littéraire ou scientifique , on eût eu la pensée de combiner cette instruction de manière qu’ils apprissent à la fois uh métier , le dessin, le lavis , la grammaire et des principes d’arithmétique et de géométrie. M. Molard .prouva bientôt que les difficultés dont on annonçait l’existence n’étaient pas insurmontables, en établissant des ateliers où les élèves furent occupés suivant leur âge et d’après les forces qu’ils avaient reçues de la nature. Ceux de ces élèves qui ont fait, leur éducation sous sa direction savent qu’aux conseils et aux exhortations il joignait l’exemple; qu’il prenait souvent lui-même le marteau, le rabot, la lime, le ciseau, et qu’en faisant de ses mains un travail il démontrait qu’il était en même temps un ouvrier habile et un excellent professeur pour l’enseignement des arts mécaniques.
- Lors de la translation de l’École de Compiègne à Châlons-sur-Marne, il fut chargé de la foule de détails que cette opération nécessitait. Après avoir fait creuser un canal, disposer l’emplacement qui devait recevoir les ateliers , préparer des magasins et une infirmerie, il ordonna la construction d’une scie, mue par l’eau, afin de débiter les arbres en planches, ou en bois de charronnage, et, chose à peine croyable, ces différens travaux, il en conçut le projet, et les fît exécuter dans un intervalle de quelques mois.
- Un talent aussi distingué et une activité qu’aucun obstacle ne suspendait l’avaient fait remarquer par l’Administration : elle lui témoigna combien elle était satisfaite de son zèle, lorsqu’elle prit la résolution de créer une seconde École d’arts et métiers. Envoyé à Beaupréau, département de Maine-et-Loire, où cette École devait être placée, il la forma avec une promptitude et un ordre qui lui méritèrent les éloges du Ministre de l’intérieur. Il la dirigeait en i8i5, lorsqu’éclata un soulèvement dans le département de la Vendée et dans quelques uns des cantons qui l’avoisinent. La crainte qu’elle ne fût détruite par suite des troubles qui agitaient particulièrement l’arrondissement de Beaupréau détermina le Gouvernement a en ordonner la translation à Angers. M. Molard fut encore chargé de cette
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- translation. Après avoir réfléchi sur les moyens de l’opérer sans danger pour les élèves, et sans de grands dommages pour l’établissement, il s’arrêta au parti de s’entendre avec M. le comte dAutichamp, qui était à la tête des insurgés. Il n’eut qu’à se louer de cette résolution. Il obtint toute la protection dont il avait besoin de ce militaire, trop éclairé pour ne pas sentir que, dans les guerres civiles, les hommes livrés à l’exercice des arts doivent être à l’abri des maux qu’elles enfantent. Il aimait à rappeler cette action estimable de M. d Autichamp, et il nous en a parlé plusieurs fois dans des termes qui prouvent qu’il en avait conservé une vive reconnaissance.
- Il ne resta que quelques années à Angers, ayant été appelé, en 1817, à Paris, pour être directeur-adjoint du Conservatoire des arts et métiers. Depuis , il fut nommé membre honoraire du Comité consultatif des arts et manufactures, attaché au Ministère du commerce, place dont les fonctions sont gratuites. Malgré ses nombreuses occupations comme employé du Gouvernement, il ne cessa jamais de cultiver les arts et les sciences. Le nombre des machines et des procédés qu’il a imaginés et perfectionnés est considérable. Nous n’indiquerons ici que les principaux, comme une nouvelle preuve du désir dont il a été constamment animé de se rendre utile.
- Fis à bois, pour lesquelles il lui fut décerné une médaille et un prix de i,5oo francs par la Société d’Encouragement.
- Mécanisme au moyen duquel, sans rien changer à une scierie ordinaire, on fait débiter des courbes , des jantes de roues , etc.
- Freins à vis ou à leviers, substitués aujourd’hui par les rouliers aux perches, aux sabots trainans, avec lesquels ils enrayaient autrefois leurs voitures dans les descentes.
- Construction régulière en fonte, en fer, d’un grand nombre de machines et d’instrumens à l’usage de l’agriculture, tels que charrues, machines à battre, à vanner et à nettoyer les grains, à couper la paille, les racines pour la nourriture du bétail, à râper la betterave, etc. L’atelier qu’il avait formé à ce sujet fut jugé si utile par le Jury de l’Exposition de 1819 qu’il lui accorda une médaille d’argent, bien qu’il n’eût pas sollicité cette distinction.
- Introduction en France de l’usage des câbles plats dans Vexploitation des mines. Ce fut dans celles de Mont-Jean et de Decise qu’il fit le premier essai des câbles agissant avec des vis propres à les assembler. Il a encore établi les premières grues à engrenages et pivotantes sur elles-mêmes dans ÎQiite l’étendue du cercle, qu’on voit montées sur le bassin de la Viîlette
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- et à la voirie de Bondy, grues qui procurent les plus grandes facilités pour le chargement et le déchargement des bateaux.
- Indépendamment de ses recherches dans les arts, M. Molard s occupait encore des ouvrages étrangers qui pouvaient etre utiles. Déterminé par des vues de bien public, il traduisit le Système dagriculture de M. Coke3 pour lequel la Société d’agriculture lui décerna, en 1821, une médaille. 11 a été l’un des collaborateurs du Dictionnaire technologique que le public estime avec raison, à cause de la fidélité des descriptions des procédés industriels qu’il contient. Enfin, il fut chargé de surveiller la construction des machines à filer et à carder le coton, données à des villes manufacturières pour leur servir de modèles. Le Gouvernement 11’eut qu’à se féliciter de s’être reposé sur lui du soin de cette construction , qui fut exécutée, grâce à ses conseils, avec une perfection qui ne laissa rien à désirer.
- On serait dans l’erreur si l’on croyait que les services de M. Molard ont été bornés à ceux dont il vient d'être question. La France est remplie d’élèves qu’il a formés, et dont les talens ajoutent, tous les jours, à la prospérité de notre agriculture et de nos manufactures. Aussi capable de remplir une mission délicate et difficile que de concevoir un plan d’utilité publique, le Gouvernement n’eut qu’à se féliciter, en 1819, de l’avoir envoyé en Angleterre pour recueillir des documens sur l’industrie de ce pays. Bien qu’il ne dissimulât point qu’il était directeur du Conservatoire des arts et métiers de Paris et quel était le but de son voyage, les portes de tous les établis-semens où il se présenta lui furent ouvertes ; ce qu’il faut attribuer à un esprit cultivé et à des manières polies et aimables qui rendaient singulièrement agréables les relations d’affaires et de société qu’on était dans le cas d’avoir avec lui. Sa mission a été loin d’être stérile pour le royaume; elle nous a procuré une collection de produits de l’industrie anglaise, qu’à son retour il a déposée au Conservatoire. Consultée par plusieurs manufacturiers, elle leur a servi pour améliorer celles de leurs fabrications qui avaient besoin d’être perfectionnées.
- A des connaissances étendues et variées M. Molardjoignait de la bonté, une franchise naturelle, une gaîté dont il avait contracté l’habitude dans les camps. Guidé par les principes d’une probité sévère, il fut toujours juste dans ses jugemens sur les auteurs de découvertes. Autant il méprisait les charlatans qui, dans les arts, usurpent une réputation non méritée , autant il aimait à proclamer les succès des hommes modestes et véritablement utiles : c’est ce que prouve le Bulletin de la Société d’Encouragement, qui contient un grand nombre de rapports faits par lui , tous remarquables par un esprit de justice et des vues élevées sur les mesures à prendre pour amé-
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- liorer l’industrie. Aimé tendrement de ceux qui le connaissaient , il est mort, le 12 mars 182g, des suites d’un catarrhe pulmonaire dont il avait négligé de soigner la guérison. On entend souvent des vieillards dire que la perte de sa famille et des amis'de sa jeunesse est une des afflictions qui empoisonnent le plus la fin de l’existence des hommes. La mort prématurée de M.Molard est une confirmation de cette triste vérité : elle a plongé dans une profonde douleur sa veuve, son frère (1), ses nombreux amis, que la noblesse de son caractère et les qualités les plus estimables attacheront éternellement à sa mémoire.
- (1) M. Claude-Pierre Molard, membre de l’Académie des sciences et membre aussi, comme son frère François-Emmanuel, du Comité des arts mécaniques de la Société d’Encoura-gement.
- IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD (née Vallat la Chapelle),
- IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ, RUE DE u’ÉPERON, N°. 7.
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- VINGT-HUITIÈME ANNÉE. (N°- JCCCI.) JUILLET 1829. .
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- BULLETIN-
- ' " . .* • *
- DE LA ♦
- t, . \ • - ^ 1 •
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M. Francœur , au nom du Comité des arts mécaniques y sur un manège portatif en fer y présenté par M. Amédée-Durand, ingénieur-mécanicien y rue du Colombier y n . 27, à Paris.
- M. Amêdée-Durand 3 sollicite l’epamen d’un nouveau manège .de s$n invention, qui, en réunissant les avantages reconnus de ces sortes d’appareils, offre celui d’être portatif, c’est à dire qu’il est facile à déplacer et à transporter dans tous les lieux où l’on juge à propos de le faire fonctionner. Le Comité des arts mécaniques, qui a assisté aux expériences faites pour mettre en évidence les propriétés de cette machine, vous rend compte, Messieurs, des résultats qu’il a remarqués.
- Une grande roue en fonte, fondue d’une seule pièce avec ses rais, a sa circonférence creusée en gorge comme celle d’une poulie ; l’arbre, perpendiculaire à mqa plan, est eu fer, assemblé à la roue avec une simple clavette; il est vertical, et la roue, disposée horizontalement, rase de très près le sol où l’on veut établir Je manège. Pour maintenir fixement cet arbre et laisser à la Boue la liberté de tourner, on enfonce en terre un madrier vertical d’environ un mètre de long, qui porte en haut une barre de bois, équarrie, horizontale, de manière à imiter la figure d’un T, qui est entièrement enfoncé dans la terre jusqu a la branche supérieure inclusivement. Sur la tige verticale de ce T sont en haut un collet et en bas une crapau-dine de calibres convenables, dans lesquels on enfiie l’arbre de la roue. Cette partie inférieure de l’arbre a près d’un mètre de longueur et se trouvé Pingt-lmitième année. Juillet 1829, . 56
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- ainsi noyée dans le sol. L’arbre se prolonge de 2 décimètres en dessus de la roue pour servir d’attache à la barre du manège que le cheval doit tirer. Cette barre ou ce levier est d’ailleurs convenablement consolidé par un lien qui tient à la circonférence dé la roué : une simple tringle tient, comme il est d’usage, à l’attelage de l’animal, pour qu’il ne s’écarte pas du cercle qu’il doit parcourir.
- On se représente aisément un cheval attelé à ce manège et faisant tourner la roue qui rase le sol. Voyons maintenant comment ce mouvement se transmet à la machine qu’on veut faire fonctionner.
- Une chaîne sans fin, passée dans la gorge de la roue, y trouve des fiches en fer qui y sont implantées et s’engagent dans les maillons de la chaîne pour la tirer, sans lui permettre de glisser. Cette chaîne, située horizontalement près de terre, va se rendre à la roue ou à la manivelle qu’elle doit mouvoir; mais comme elle se trouve très près du sol, les jambes du cheval s’y embarrasseraient si on ne la faisait pas passer sous les pieds. A cet effet, on noie en terre et près de sa surface deux tuyaux de fonte, dans lesquels on la conduit ; en sorte que l’animal, dans sa circulation continuelle, passe périodiquement au dessus de ces tuyaux, dans lesquels se meuvent les chaînes de traction. Au delà du cercle qu’il décrit, on fait relever les branches de cette chaîne pour les envoyer où il convient de porter l’action : ce coude se fait àl’aide de deux petites poulies en fonte. Or, l’une des branches est toujours tendue par l’effort de l’animal, et c’est celle qui transmet le mouvement imprimé ; mais l’autre est lâche. Pour donner à celle-ci le degré de tension voulu, afin qu’elle.ne sorte pas des gorges des roues, la poulie qui la détourne de la direction horizontale a son axe soutenu par une pièce de fer mobile comme sur une charnière, et un poids, ramenant cet axe en bas, tend la partie de la chaîne, qui se dévide en même temps qu’elle la dévie de sa direction.
- L’effort du cheval s’exerce dans la direction qui, de l’arbre de la roue, se rend à la machine à mouvoir; pour résister à cette action, la branche horizontale du T est fixée en terre perpendiculairement à cette ligne; et comme en butant contre la terre où elle est enfoncée, cette branche horizontale est destinée nécessairement à rester inébranlable contre cet effort, on la consolide en butant au milieu de cette branche, et dans le sens de l’effort, un madrier en bois, qui passe entre les deux tuyaux de fonte où se meuvent les parties de la chaîne. Ce madrier, qui est aussi caché en terre, doit aller, par son autre bout, buter contre les semelles de la machine à mouvoir, de manière à conserver constante la distance entre ces deux appareils.
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- Les membres de votre Comité n’ont pas regardé comme neuve l’idee de transmettre le mouvement du manège sous le chemin que parcourt le cheval : cette disposition a déjà été employée dans d’autres manèges ; mais ceux-ci sont obligés de se servir d’engrenages, qui non seulement dissipent une partie de la force, motrice, mais qui ne conviennent que dans les manèges établis à demeure. L’objet principal de l’invention de M. Amédée-Durand étant de rendre son manège portatif, il devenait indispensable d’éviter ces engrenages, et cette condition est parfaitement remplie ici.
- Les manèges portatifs ne sont pas non plus inconnus en mécanique. Dans le Journal des mines de l’an 5, cahier n0, 3, on trouve un de ces appareils décrits par M. de Pronj ; mais cette machine, qui a été employée à l’Ecole militaire et aux mines de Châtel-Audren, en Bretagne, ne ressemble nullement à celle de M. Amédée-Durand.
- Nous ferons remarquer que nous n’avions pas à juger une de ces machines qui n’ont qu’une existence théorique et sur le papier : celle-ci a fonctionné avec succès pendant deux ans, et nous devons rapporter ici le texte d’un certificat délivré par M. Gengembredont le talent et la probité sont bien connus.
- « Je certifie les faits suivans : deux manèges portatifs en fer, de l’inven-» vention de M. A médée-D lira nd, ont été employés dans les travaux du » port Saint-Ouen, pendant les campagnes de 1827 et 1828, à faire mou-» voir des appareils qui confectionnaient des mortiers. Ces manèges ont » toujours fonctionné sans abri et n’ont exigé jusqu’à ce jour aucune » réparation. Leur déplacement et leur installation ont été assez prompts » pour que deux ouvriers les effectuent en une heure, et jamais ils n’ont » exigé l’emploi d’autres outils qu’une pioche et une bêche, et d’autres » matériaux que la terre même du sol. Ces manèges ont fonctionné cons-» tamment de la manière la plus satisfaisante, quoique abandonnés conti-» nuellement à de simples manœuvres, et exposés à tous les accidens iné-» vitables au milieu de grands travaux de terrassement. ^
- » Port Saint-Ouen , 16 novembre 1828.
- » Signé Gengembre ,
- » Architecte, auteur du projet, dirigeant les travaux. »
- Dans une expérience que les membres du Comité ont faite, deux ouvriers ont déplacé et installé le manège en une demi-heure seulement, et ces hommes n’usaient pas de toute leur force et n’avaient aucune habitude de ce travail. La roue et son arbre ne pèsent que i5o kilogrammes, le transport en est facile.
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- Ce manège pourrait être utilement placé à demeure comme le sont les manèges à engrenages ; en perdant son plus précieux avantage, qui est d’être portatif, il conserverait celui de fonctionner au moins aussi bien que ceux-ci lorsqu’on le ferait servir à des travaux fixes.
- En résumé, voici les faits qui résultent des épreuves :
- i°. Le manège de M. Amédée - Durand est plus prompt à établir et moins dispendieux qu’aucun autre, de simples manœuvres suffisent pour le démonter et le remonter en un autre lieu. On ne peut même le mal installer, puisque les pièces tendent toujours à se placer dans la situation qui convient à sa parfaite solidité.
- 2°. Il n’exige ni abri pour fonctionner, ni aucune construction pour être dressé, et paraît présenter moins de frottemens que les manèges à engrenages lorsqu'ils sont bien montés.
- 3°. Il ne peut se déranger, ni dissiper en pure perte une grande partie de la force motrice, ainsi que cela arrive aux manèges mal montés, dont les dents passent mal : les meilleurs de ces appareils ne sont jamais entièrement exempts de cet inconvénient.
- 4°. Il ne nécessite aucune autre réparation que le remplacement de quelque maillon de chaîne qui viendrait à se rompre : dans ce cas , on accroche en place un autre maillon ouvert sur le côté, ce que le premier ouvrier peut faire ; cette opération est si prompte et si facile qu’elle ne laisse pas chômer la machine.
- 5°. Le mouvement peut se transmettre dans toutes les directions et à toutes les distances avec facilité, et sans que la chaîne puisse glisser sur la gorge de la roue ni sur celle des poulies. '
- 6°. On peut changer les rapports de vitesse plus aisément que s’il j avait un engrenage ; le mouvement a même été transmis à une petite poulie qui n’a qu’un pied de diamètre.
- 7°. Enfin, on peut employer ce manège successivement à des travaux divers de t||ut genre, en le déplaçant et le faisant communiquer à différentes machines : ainsi, après avoir travaillé des mortiers, il pourra tirer l’eau d’un puits, ensuite faire tourner une vis d'Archimède, puis faire fonctionner un métier, etc.
- Cet appareil, pour lequel l’auteur a pris un brevet d’invention, coûte 5oo francs, pose comprise ; il recevra des applications très variées et très utiles. La commodité qu’on trouve à le faire mouvoir sans abri; son peu d’élévation au dessus du sol, qui ne va pas à un mètre , le rendront propre aux irrigations dans les jardins et maisons de plaisance. Les travaux agricoles en recevront un grand secours, parce qu’il servira à manœuvrer
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- différentes machines, telles que moulins à blé, râpes à betterave, hache-pailles, batteurs à blé, etc. ; enfin un grand nombre de branches d’industrie tireront parti de cet utile appareil, dont la simplicité n’est pas le moindre mérite, et qui n’exige pas de réparations coûteuses, ni de suspension de travaux.
- D’après ces considérations, Messieurs, votre Comité des arts mécaniques vous propose :
- i°. D’accorder votre approbation au manège portatif de M. Amédée-Durand;
- 2°. De féliciter Fauteur de son invention, et de l’encourager à continuer les recherches mécaniques de différens genres auxquelles il se livre avec succès ; , w
- 3°. D’insérer le présent rapport au Bulletin, avec une description et des figures de l’appareil.
- Adopté en séance, le 25 février 182g.
- Signé Francoeur , rapporteur.
- Description du manège portatif en fery breveté; par JM. Âmédéc-Durand.
- Pour concevoir l’importance actuelle d’une machine, il suffit d’en supposer la disparition subite et de replacer, par la pensée, les choses dans l’état où elles étaient avant son emploi. Qu’on suppose donc que le mouvement des machines hydrauliques, des moulins, des laminoirs, des râpes, des scieries, des batteurs à blé, des métiers de toute espèce, qui sont mus par des manèges, retourne subitement â la charge des bras de l’homme, et l’accroissement et l’excès de fatigue qui en résulteront seront la mesure des services que rendent cesrmachines : ils sont évidemment considérables, mais 11e peuvent-ils devenir plus considérables encore? Ces machines ne pourraient-elles s’employer que dans des bâtimens et protégées par des toits? Leur parfaite solidité doit-elle être assurée par des maçonneries épaisses et de grosses pièces de charpente? Ne pourrait-on les affranchir de toutes les sujétions qu’exige la pose d’un appareil dans lequel entrent des engrenages et des arbres de couche, si difficiles à accorder parfaitement ou à consolider sans frottemens préjudiciables ; les garantir de tout dérangement et de toute déperdition accidentelle de force et de réparations que des ouvriers exercés pussent seuls exécuter? Enfin, quand tous ces avantages auraient été obtenus, serait-il impossible d’utiliser la supériorité d’action que procurent les manèges, en rendant ces appareils mobiles et transpor-
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- tables, comme pourrait l’être un nombre d’hommes qu’on emploierait à faire mouvoir successivement des machines placées en différens lieux?
- Telles sont les questions qui se présentent relativement à l’état actuel des manèges, et auxquelles se rapporte celui de M. Àmédée-Durand, que nous allons décrire.
- On se ferait une idée fausse sur ce nouveau manège , si on le considérait simplement comme destiné à remplacer ceux actuellement existans. Sa plus grande importance consiste à pouvoir s’introduire dans une foule d’opérations restées jusqu’à ce jour à la charge des bras de l’homme, et d’appeler ainsi à son aide une quantité considérable de la force des animaux, qui n’avait pas encore été appliquée à ces mêmes travaux.
- Tout le monde sait que la force d’un cheval équivaut à celle de six hommes, tandis que sa dépense journalière équivaut au plus à celle de deux. Ainsi la quantité de travail exécutée par un homme dans une journée de dix heures peut être fournie par un cheval en une heure quarante minutes; mais les moyens de s’approprier une si grande supériorité d’action, en conservant toutes les facilités que donne l’emploi des hommes , manquaient jusqu’à présent. L’absence de ces moyens avait fait négliger ou rejeter l’usage de machines très utiles, mais trop fatigantes pour les bras de l’homme.
- Ainsi, pour les besoins domestiques, les nouveaux manèges rendront l’activité à ces petits moulins que la difficult&eac