Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
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- BULLETIN
- s. e. i. n:
- Bibliothèque
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR
- L’INDUSTRIE NATIONALE,
- Publié avec l'approbation de M. le Ministre de l'Agriculture
- et du Commerce.
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- QUARANTE-SEPTIÈME ANNÉE.
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- A PARIS,
- MADAME VEUVE BOUCHARD-HUZARD,
- IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ,
- RUE DE l’ÉPERON-SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS , 7.
- 1848
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- QUARANTE-SEPTIÈME ANNEE» (N° DXX1II.) JANVIER 1848.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES. — tissage.
- Rapport fait par M. Alcan, au nom du comité des arts mécaniques, sur les inventions et les perfectionnements apportés par M. Eck à la fabrication des châles.
- Au nombre des opérations que comprend l’art du tissage, il en est deux assez importantes pour constituer des branches d’industrie exploitées séparément : ce sont la mise en carte et le lisage. On sait que la première a pour but de tracer sur un papier quadrillé le dessin que le tissage doit reproduire sur l’étoffe ; l’un des systèmes de lignes parallèles représentant les fils de la chaîne, et l’autre ceux de la trame , tous les points du broché, c’est-à-dire du dessin produit par l’entrelacement des fils au tissage, y sont, par conséquent, nettement déterminés. On sait également que le but du lisage est d’établir les relations entre les fils tendus sur le métier à tisser et le moteur qui doit les mouvoir, de manière à réaliser, à chaque coup de navette, le dessin de la ligne correspondante sur la mise en carte. Pour cela, il suffit d’avoir autant de bandes de carton que le broché doit recevoir de duites, de les disposer à la suite l’une de l’autre dans l’ordre que celles-ci doivent occuper dans l’étoffe, et de percer ces cartons à tous les points correspondants à ceux où la trame doit être apparente sur le tissu, pour en former les entrelacements réguliers du fond et de la partie façonnée. Chacune des bandes se présentant successivement aux aiguilles du métier portant les fils de la chaîne, elles laissent en repos ceux dont les aiguilles rencontrent des vides, et permettent, par consé-
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- ARTS MÉCANIQUES.
- quent, à la trame de les recouvrir, tandis que ceux qui ont été soulevés à la suite de la rencontre de la partie pleine recouvriront, au contraire , la trame sur le reste de la même ligne ou duite. Le travail du lisage, tel qu’il a lieu maintenant, n’est donc qu’une conséquence de l’invention récente des métiers à aiguilles et à crochets , destinés à faire mouvoir les fils isolément et principalement du métier à la Jacquart. L’application du principe de la mise en carte est plus ancienne ; elle remonte à 1770. Ces deux opérations ont été plus ou moins modifiées et améliorées depuis leur origine ; mais aucune modification n’est aussi simple, n’a été aussi généralement adoptée et n’est aussi féconde en résultats que celle dont M. Eck a libéralement doté l’industrie, il y a plus de vingt-cinq ans.
- Antérieurement à l’usage du procédé de M. Eck, les dessins brochés, à contours déliés et à plusieurs nuances , comme le sont, en général, ceux de nos beaux châles, présentaient deux inconvénients graves : les contours n’étaient pas d’une netteté désirable, parce que leur jonction ou liage avec le fond se faisait mal, et le façonné laissait voir de nombreuses piqûres, c’est-à-dire des points de la chaîne recouverts par la trame et qui ne devaient pas l’être d’après la mise en carte.
- Ces défectuosités provenaient de ce que les entrelacements des fils, qu’on peut considérer comme une suite de petites hachures formant le tissu, ne conservaient pas la même étendue sur toute la surface : celle - ci, qui devait être composée d’un système uniforme de fils croisés de quatre en quatre places , par exemple , offrait souvent un mélange d’entrelacements irréguliers ; le croisement s’effectuait tantôt de deux en deux , tantôt de trois en trois places, au lieu de se faire constamment de quatre en quatre fils. Des irrégularités analogues avaient lieu avec tout autre système d’entrelacement que celui du croisé ou batavia, auquel nous venons de faire allusion. Il en résultait un effet analogue à celui d’un damier dont tous les carreaux n’auraient pas les mêmes dimensions : or il suffit d’examiner avec quelque attention la mise en carte avec le papier dont nous avons parlé plus haut, et le lisage qui en résulte , pour reconnaître que les défauts dont nous venons de parler y sont inhérents, et que le travail présente une complication très-grande et exige, par conséquent, un temps assez long et une dépense considérable, ce qui constitue le second inconvénient grave que nous avons annoncé. On se rappelle, en effet, que, par l’emploi de ce système, le nombre de cartons nécessaires et, par conséquent, de lignes à lire est égal à celui des coups de navette qu’il faut donner pour exécuter le broché, et il augmente en proportion des couleurs et des nuances qui le composent ; il fallait donc, pour éviter une dépense et une complication trop grandes , restreindre leur nombre. La limite qu’on
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- était obligé de s’imposer était d’autant plus fâcheuse, que c’est dans la grande variété des tons et des couleurs que consiste un des principaux éléments de succès des châles indiens, avec la fabrication desquels notre industrie cherche à rivaliser.
- Le procédé de M. Eck> généralement en usage aujourd’hui dans notre industrie des châles, a fait disparaître les imperfections que nous venons de signaler, en apportant une économie de 50 pour 100 dans les frais de lisage et en simplifiant le montage si compliqué des métiers : ainsi un dessin pour l’exécution duquel il eût fallu, par les anciens procédés, 100,000 bandes de carton et 1,600 aiguilles, par exemple, n’a plus besoin aujourd’hui, pour réaliser un travail incomparablement plus parfait, que de 50,000 cartons et 800 aiguilles; il s’ensuit une facilité proportionnelle pour la multiplication des couleurs et des nuances. M. Eck est arrivé à ce résultat important en substituant , pour la mise en carte , au papier quadrillé ordinaire , son papier bri-quetè, si connu dans l’industrie, que nous pouvons nous dispenser d’en donner une description détaillée ici. Il nous suffit de dire que les divisions sont telles que celles qui sont dans la direction de la chaîne représentent chacune deux fils, lesquels vont se fixer à deux crochets différents de la meme aiguille du métier, de façon qu’un même carton peut successivement agir sur la même aiguille pour lui faire mouvoir deux séries différentes de fils : cela explique l’économie des cartons et des aiguilles. ( Voir, pour plus de détails, la légende qui fait suite à ce rapport. )
- Quant à la régularité avec laquelle les entrelacements ou hachures sont produits , elle résulte du système de mise en carte et de lisage dont nous venons de dire quelques mots, et des empoulages qui en sont la conséquence. Leur combinaison est constamment telle , que le nombre de fils levés pour former le fond et le liage à chaque coup de navette est exactement divisible par le nombre de ceux en repos, ce qui est une condition fondamentale de régularité qu’il était impossible de réaliser jusqu’ici.
- En résumé, on voit que les procédés de M. Eck ont, sur ceux qu’ils ont remplacés, les avantages de la simplicité , de la perfection et de l’économie, c’est-à-dire qu’ils remplissent les conditions que l’industrie doit constamment rechercher. Ces avantages, généralement appréciés aujourd’hui, sont attestés particulièrement par un très-grand nombre de nos plus habiles fabricants de châles et de nouveautés, et entre autres par MM. Deneirouse, Fortier, Frédéric Hébert, Croco, etc. Les améliorations que nous venons de signaler parurent déjà si évidentes au jury de l’exposition de 1823 , qu’il décerna une médaille d’argent à leur auteur ; une nouvelle médaille d’argent lui fut accordée par le jury de 1814, « en considération de la constance des travaux de M. Eck, et
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- « des services importants qu’il a rendus à la fabrication des châles. » Telles sont les expressions des juges les plus compétents. En effet, depuis les premiers services rendus à l’industrie par cet inventeur, il n’a cessé de travailler dans la même direction, et aujourd’hui, qu’il est déjà avancé en âge, il est réduit à un très-modeste emploi de comptable pour pouvoir exister et continuer ses recherches ; car les travaux de l’intelligence ne conduisent pas toujours à la fortune, comme l’a dit M. Remilly dans son rapport à la chambre des députés sur les inventions de M. Eck. « Les manufacturiers, les consommateurs, a-« t-il ajouté, ont profité de ses inventions , et lui, il a soixante ans, il est pau-« vre ; à ses souffrances, toutefois, vient un allégement, le souvenir d’avoir « été utile au pays et l’espoir qu’on ne l’oubliera pas. »
- Votre comité des arts mécaniques s’associe avec empressement à cette digne manifestation. Il pense que vous voudrez bien ajouter votre témoignage à celui de la chambre des députés, qui a recommandé M. Eck à M. le ministre du commerce. Il vous propose , en conséquence , de remercier cet habile industriel de son importante communication, de l’assurer de votre sympathie, et d’insérer le présent rapport dans le Bulletin, en y ajoutant les dessins et la légende des procédés de M. Eck.
- Signé Alcan , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 septembre 1847.
- Description des procédés de M. Eck, rue du Chantre-Saint-Honoré, 24.
- Pour arriver à la complète imitation des châles indiens, il fallait mettre le sillon du broché en harmonie avec celui des fonds, opération qui, par les anciens procédés, était impossible. Ces procédés étaient
- 1° Un encartage des dessins sur l’antique papier réglé canevas (fig. 1, pl. 1050 ) ;
- 2° Quatre lisses pour le liage du broché batavia ou sergé;
- 3° Des arcades à simples branches pour empouter les métiers , fig. 10 ;
- 4° Des xemples simples pour opérer le tirage au métier, fig. 11.
- Ces procédés, sans concordance entre eux, devaient nécessairement produire un travail défectueux ; en effet, tous les châles, soit au spouliné, soit au lancé, fabriqués d’après ces procédés, étaient remplis de piqûres, fig. 6, et c’est avec ces imperfections qu’ils figuraient encore à l’exposition publique de 1823.
- M. Eck a le premier obtenu, par son système, la solution de cette difficulté ; les châles spoulinés qui figuraient à cette exposition de 1823, sous les noms d’lsot et Eck, représentaient le véritable croisé des châles cachemire des Indes, exempt de tout défaut.
- Il a atteint ce résultat en créant
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- l9 Un papier pointé deux-le-deux, fig. 3, pour l’encartage des dessins au spouliné à exécuter sur des métiers à corps double ;
- 2° Un papier pointé un-le-un, fig. 4 , pour l’encartage des dessins au lancé à exécuter sur des métiers à corps simple et le concours des quatre lisses d’usage;
- 3° Un empoutage avec des arcades à doubles branches, fig. 12, pour les deux genres de métiers à double et à simple corps ;
- 4° Un tirage au métier, avec des xemples divisés en deux parties égales, fig. 13, pour les deux genres de métiers également.
- Ces deux dernières innovations sont les plus importantes ; aussi ont-elles été les plus difficiles à découvrir. Quelques fabricants avaient prétendu que l’amélioration des châles provenait du papier pointé ; c’était une erreur, les arcades à doubles branches et la division du tirage au métier dont jusqu a présent personne n’avait parlé étant les bases principales de ces améliorations.
- Ce nouveau système, tout en apportant à la fabrication des châles le perfectionnement désiré, réduit encore de 50 pour 100 le coût de la lecture des dessins ; la carte pointée, fig. 4, ne figure que la première et la troisième des quatre passées dont se compose la course d’une étoffe au liage croisé ou sergé ; il s’ensuit qu’on n’a que deux passées à lire pour chaque course, au lieu de quatre, comme cela a lieu avec l’encartage des dessins sur le papier-canevas, fig. 1 : or, le tirage au métier, fig. 13, étant divisé en deux parties égales 1, 2, la lecture de toutes les passées impaires s’opère d’abord sur la première partie, et ensuite, sur la deuxième, celle de toutes les passées paires. L’ouvrier tisseur doit lancer alors deux fois toutes les passées sur chaque partie du tirage. D’abord la première passée impaire se double pour faire la deuxième ; après, la passée paire première, qui est la troisième du tissu, se double également pour faire la quatrième ; ainsi se complète la course de la carte : d’où une économie très-importante, car un dessin comportant pour sa lecture 60,000 cartons ( il en est qui dépassent ce nombre ) s’exécuterait avec 30,000, dont chacun du prix de 40 à 45 fr.
- Ce nouveau système, en pleine activité antérieurement à la mécanique Jacquart, qui venait remplacer les xemples du métier, la forçait, pour ainsi dire, à de nombreux perfectionnements. Les arcades à doubles branches doublaient ses moyens de tirage ; il en était de même pour les xemples : il suffit, en effet, d’un seul crochet de la mécanique ou d’une seule corde du xemple pour lever au métier deux maillons à la fois, au lieu d’un seul, comme cela arrivait avec des arcades à simples branches. Quant au tirage, il fallait diviser la mécanique en deux parties égales comme les xemples, et pour leur action successive ajouter à sa griffe un mouvement de va-et-vient, puis, pour le retour des cartons sur eux-mêmes, appliquer à l’une des extrémités du cy-
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- lindre, un engrenage, afin de doubler le coup du travail, comme il arrivait avec les xemples en tirant deux fois les mêmes lacs.
- On remarquera que l’ingénieuse invention Jacquart n’a aucune part à la contexture du nouveau système de fabrication relatif au perfectionnement des châles, son unique résultat étant d’opérer un tirage plus régulier et plus prompt que celui obtenu par les xemples au moyen des enfants.
- Créé en 1823, généralement appliqué en 1825, ce nouveau système de fabrication fut suivi jusqu’en 1833. Ayant alors remarqué que la carte pointée un-le-un, fig. A, pouvait amener quelques imperfections par l’inattention des dessinateurs, M. Eck imagina le papier briqueté, fig. 2, qui, aussitôt employé par tous les fabricants, permettait au plus faible dessinateur l’encartage des dessins sans aucune imperfection possible.
- Les fig. 6 et 7, pl. 1050, représentent le résultat du tissu des châles d’après les anciens procédés. La fig. 6 est un tissu au lancé liage sergé ; le sillon du broché est incorrect et présente des piqûres. La fig. 7 est un tissu au spouîiné liage batavia, présentant aussi des imperfections.
- Les fig. 8 et 9. sont le résultat du tissu des châles d’après les nouveaux procédés. La fig. 8 est un tissu au lancé liage sergé. Le sillon du broché est correct et en harmonie avec celui du fond. La fig. 9 est un spouîiné liage batavia conforme au véritable croisé du châle des Indes.
- Fig 10. Empoutage à arcades simples branches, a, mécanique Jacquart dans sa simplicité primitive, b, les huit premiers crochets, c, lames de la griffe. d, aiguillettes, e, boîte à élastiques, f, cylindre, g, arcades à simples branches. h, planchette d’empoutage. i, lissettes supérieures, j, lissettes inférieures. k, maillons pour le passage de deux fils chacun. /, plombs.
- Fig. 11. Montage primitif avec xemples et queue de rame d’un seul corps, c’est-à-dire sans division, m, corps de poulies dit cassin ou cage, n, collets, o, queue de rame, six cents cordes, p, xemples, six cents cordes.
- Fig. 12. Empoutage, arcades doubles branches, la mécanique Jacquart étant divisée en deux parties, r, première partie, course impaire, s, deuxième partie, course paire. t% aiguilles, u, cylindre, v, boîte à élastiques, x, arcades à branches doubles.
- Fig. 13. Montage du métier avec des xemples divisés en deux parties égales pour fabriquer les châles d’après le travail indien ; un fil au maillon et mise en carte des dessins sur le papier, fig. 3, pointé deux-le-deux. Pour fabriquer des châles au lancé, on emploie deux fils au maillon, les quatre lisses d’usage et l’encartage du dessin sur le papier pointé, fig. A, un-le-un, ou briqueté, fig. 2. y, xemples divisés en deux parties, z, queues de rames divisées également en deux parties. ( D. )
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- ARTS ÉCONOMIQUES. — optique.
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- Rapport fait par M. Silvestre fils, au nom du comité des arts économiques, sur un nouveau système de lorgnette jumelle, présenté par M. Lebrun , fabricant d’instruments de précision, rue Grenetat, 4.
- Messieurs, la lorgnette jumelle que M. Lebrun a présentée à l’examen de la Société diffère d’une manière notable de celles du même genre qui sont communément en usage aujourd’hui. On sait, en ce qui regarde ces dernières , qu’un mécanisme très-simple , placé dans la colonne qui sépare les deux corps de l’instrument, a pour objet de rapprocher et d'éloigner le plan des oculaires de celui des objectifs , en maintenant ces plans dans un état de parallélisme parfait; mais ce mécanisme n’atteint que très - rarement son but. On comprend, en effet, que le mouvement étant transmis aux coulants par l’intermédiaire de la seule branche mobile, il faut, pour que le centrage des montures reste invariable, que cette branche garde constamment la même position par rapport aux axes optiques : or cette condition ne peut être remplie qu’autant que les coulants se meuvent sans frottement dans les deux corps ou avec un frottement très-doux et parfaitement égal. Dans le premier cas , la branche est sujette à basculer à la moindre pression, et le centrage des montures manque de fixité ; dans le second cas , l’instrument a plus de solidité , il est vrai, mais il est à remarquer qu’il est presque impossible que les coulants éprouvent de la part des deux corps une résistance qui soit identiquement la même ; aussi il y a, le plus souvent, tiraillement à l’une des extrémités de la branche , et le parallélisme des axes optiques s’en trouve dérangé.
- l)e plus, comme le diamètre de la molette horizontale au moyen de laquelle on fait agir le mécanisme dépend de l’écartement des oculaires et de la grosseur de la lorgnette, il s’ensuit que, dans beaucoup de cas, ce diamètre est trop petit, que les doigts ont trop peu de prise sur la roue et que l’usage de l’instrument est difficile.
- M. Lebrun a remédié à ces inconvénients divers par un moyen ingénieux que nous allons faire connaître en peu de mots.
- Entre les deux corps de la lorgnette se trouve une molette dont le plan est, non pas horizontal comme dans les jumelles ordinaires, mais bien vertical et perpendiculaire à celui des axes optiques. À chaque extrémité de l’arbre qui passe par le centre de cette molette se trouve fixée une roue conique d’engrenage à 45°. On fait engrener ces premières roues qui sont verticales sur d’autres roues horizontales et de même forme auxquelles sont soudés des écrous destinés à recevoir la partie inférieure des coulants façonnés en forme de vis. Lorsqu’on tourne la molette , les deux coulants qui, au moyen de bonnet-Quarante-septième année. Janvier 1848. -
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- ARIS ÉCONOMIQUES. -— OPTIQUE.
- tes, sont fixés supérieurement et invariablement à la branche mobile, sont forcés de monter ou de descendre dans les écrous, et le mouvement se fait, de part et d’autre, avec ensemble et régularité , puisque les deux coulants sont soumis, à la fois et indépendamment l’un de l’autre, à la même action du mécanisme.
- On voit de plus, d’après la disposition qui précède, que la lorgnette a de la solidité, et que les coulants peuvent éprouver certaines pressions, certains chocs même, sans que les qualités les plus essentielles de l’instrument s’en trouvent compromises.
- Enfin il est clair que, dans tous les cas, on peut donner à la molette, vu sa position verticale, un diamètre suffisant pour que le jeu du mécanisme soit doux et facile à la main.
- Il faut ajouter que M. Lebrun donne un soin tout particulier à la fabrication de ses verres, ce qui fait que ses lorgnettes sont, en même temps, solides et d’une excellente qualité.
- En conséquence de ce que vous venez d’entendre, messieurs, le comité des arts économiques a l’honneur de vous proposer de donner à M. Lebrun un témoignage de votre satisfaction en faisant insérer dans le Bulletin le présent rapport ainsi que le dessin du mécanisme dont cet ingénieux praticien a fait l’application aux lorgnettes jumelles.
- Signé E. de Silvestre, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 8 décembre 1847.
- Explication des figures de lapl. 1051.
- Fig. 1. Lorgnette-jumelle à écartement fixe.
- À, arbre horizontal au milieu duquel est ajustée une molette qui sert à imprimer le mouvement à deux roues d’angle verticales B B montées sur le même arbre À et engrenant avec deux autres roues d’angle horizontales C C faisant corps avec un écrou dans lequel passent les vis D D dont le pas, en spirale , est taillé de manière que les unes tournent à droite et les autres à gauche. E E, corps des lorgnettes. F F, coulants munis des vis D D, qui montent et descendent dans l’écrou 0. G, branche qui réunit les coulants. H H, bonnettes fixées à l’autre extrémité des coulants. I, molette pour faire monter ou descendre les coulants. J, branche qui maintient l’écartement des deux corps de la lorgnette. K K, viroles assurant la position centrale des vis D B. L L, vis de pression agissant sur la branche J. M, branche qui réunit la base des deux corps E E. N, virole de pression qui agit sur cette branche. O O, écrous traversés par les vis D D. {D. )
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- NOTICES INDUSTRIELLES
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- extraites de diverses publications périodiques françaises et étrangères.
- ARTS MECANIQUES.
- Notice sur un niveau d’eau perfectionné par P. M. N. Benoît, ingénieur civil (1).
- Je fis admettre à Y exposition des produits des arts et de T industrie qui eut lieu, en 1839, à Montpellier, un niveau d’eau que j’avais perfectionné depuis longtemps et introduit dans le service des agents voyers du département de l’Hérault, dont j’étais alors le chef.
- Mon perfectionnement tient à bien peu de chose ; mais il n’en est pas moins très-utile. Les facilités qu’il procure dans la pratique des nivellements et le temps qu’il économise sur le terrain l’ont fait conserver jusqu’à ce jour par les agents voyers de l’Hérault.
- Ce ne peut être, certainement, que parce que je n’ai pas donné plus de publicité à mon niveau d’eau perfectionné qu’il s’est peu répandu, car
- 1° Il ne coûte pas plus qu’un niveau d’eau ordinaire, dont il ne diffère pas en apparence ;
- 2° On s’en sert de la même manière ;
- 3° On peut, sans en boucher les fioles, le transporter d’une station à une autre, sans même le séparer de son pied et sans perdre une goutte d’eau ;
- 4° Il suffit, par conséquent, de le remplir d’eau une seule fois pour s’en servir plusieurs heures de suite, sans addition de ce liquide.
- J’ai pensé que la Société d’encouragement apprécierait ces avantages réels de mou niveau d’eau perfectionné, qui a servi encore à effectuer plusieurs nivellements importants en Tunisie, et entre autres ceux qu’a nécessités la construction de la belle manufacture de draps que S. A. Ahmed, pacha-bey, a fait bâtir, joignant le pont de Te-bourba, sur les plans dressés par mon frère, et dont les récepteurs hydrauliques, de la force utile, l’un de 20 chevaux, l’autre de 30 chevaux, et toutes les machines de fabrication sont sortis de mes ateliers de construction de machines et de fonderie de Montpellier.
- Description. — La fig. 2 de la planche 1051 représente le niveau muni de toutes ses pièces, et la fig. 3 la coupe verticale, dessinée sur une échelle triple, de l’une des fioles A qui se placent à chaque extrémité du tube horizontal B. Mon perfectionnement consiste en un petit tronc de cône creux abc, ouvert à ses deux bases a et b c, placé à demeure dans l’un des tubes verticaux f du niveau d’eau ordinaire, de manière que la grande base 6 c de ce tronc de cône joigne exactement la paroi intérieure du tube f du niveau, et que l’ouverture ou base supérieure a de ce même tronc de cône n’ait que 2 ou 3 millimètres de diamètre.
- On conçoit facilement que le tronc de cône que j’ai ainsi introduit dans la construction du niveau d’eau joue le rôle d’un diaphragme percé d’une petite ouverture, et qu’il
- (1) Cette notice a été lue dans la séance du 13 octobre 1847.
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- NOTICES INDUSTR TELLES.
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- s’oppose ainsi au passage rapide de l’eau d’une branche à l’autre de l’instrument ; on conçoit aussi que l’air ne peut pas séjourner au-dessous de ce tronc de cône lorsqu’on verse un liquide dans le niveau, et c’est évidemment à ces deux circonstances que sont dues les propriétés de ce niveau.
- Il y a trois manières de réaliser ce perfectionnement dans la pratique.
- 1° On peut se servir d’un tronc de cône métallique mince, fig. 4, que l’on soude par sa grande base contre la paroi intérieure de la partie métallique d’une des branches verticales d’un niveau d’eau de forme ordinaire, précisément au-dessous de l’endroit occupé par la jonction de la fiole de verre avec cette partie métallique de la branche du niveau.
- 2° En emboutissant un tronc de cône métallique mince faisant corps avec une virole cylindrique fendue suivant un plan méridien pour former ressort, on pourra introduir e cette pièce à frottement, soit dans la partie métallique de la branche verticale cylindrique du niveau, soit même dans la fiole de verre dont cette branche est garnie si cette fiole est assez^cylindrique pour cela.
- Si l’intérieur de cette fiole n’avait pas une forme cylindrique régulière, on pourrait envelopper d’une bande de peau de gant la virole servant de ressort, et cette bande de peau rachèterait les inégalités de la fiole en même temps qu’elle maintiendrait le tronc de cône dans la place où on l’aurait mis.
- 3° Un troisième mode de construction consiste à se servir d’une fiole de verre particulière dont le fond ait la même forme que les fioles à contenir les liquides ; il suffit de percer un petit trou au sommet du renflement intérieur d’une telle fiole et d’en roder le pied sur un grès, afin que ce pied ne soit pas arrondi extérieurement, mais bien terminé par une arête vive, pour rendre la fiole dont il s’agit propre à réaliser mon perfectionnement en l’emmanchant, comme à l’ordinaire, à l’une des deux branches verticales du niveau.
- Mon perfectionnement peut être appliqué de deux manières aux niveaux d’eau en cuivre dont les fioles se vissent aux retours d’équerre du tube principal de l’instrument pour donner la facilité d’en nettoyer, au besoin, l’intérieur.
- On peut, en effet, introduire dans le haut de l’un de ces retours un petit tronc de cône à virole formant ressort, comme il a été expliqué pour les niveaux d’eau ordinaires, ou bien on peut poser simplement, sur le haut de ce retour, un petit tronc de cône ayant à l’extérieur de sa base un petit rebord plan qui sert à l’y maintenir quand on visse la fiole correspondant à ce retour d’équerre, contre lequel cette fiole le serre à demeure tant qu’elle reste en place.
- On trouve chez M. Kruines, ingénieur en instruments de mathématiques, quai de l’Horloge, à qui j’ai expliqué ces divers moyens de réaliser mon perfectionnement, mes niveaux cl’eau, dans tous les systèmes de construction usités, sans aucune augmentation de leur ancien prix. C’est de ses ateliers que sortent les niveaux d’eau perfectionnés qui ont été présentés dans la séance du 27 octobre 1847.
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- ÏKAITKMKXT K.T iM\KIK\i\AT! 0 X DK LA COM MK Kl
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Perfectionnements introduits dans la préparation de la gomme élastique connue sons le
- nom de gutta-percha, et dans son emploi, soit seule , soit combinée avec d’autres substances; par M. C. Hancock.
- Nous avons parlé, p. 404 et 624 du Bulletin de 1846, de l’origine de la gutta-percha et des propriétés qui la distinguent du caoutchouc.
- Le premier qui ait introduit, en France, la fabrication de cette substance est M. Ça-birol, rue du Faubourg-Saint-Martin, 222, qui a pris, pour cet objet, trois brevets, les 28 juillet, 5 septembre et 10 décembre 1846. Il en fabrique des tuyaux, courroies pour mécaniques, bâches, prélarts et tentes de toute espèce, cuirs pour chapeaux, pour capotes, tabliers et coussins de voitures, chaussures, étoffes imperméables de tous genres pour collets, manteaux, pantalons, blouses, vestes, etc., complètement imperméables.
- M. Cabirol assure que la gutta-percha remplace avec avantage le cuir et le caoutchouc à des prix bien inférieurs; MM. Rattier et Guibal en fabriquent aussi des courroies qu’ils annoncent comme préférables à celles en cuir et d’une plus longue durée.
- M. Hancock a pris en Angleterre, le 10 février 1847, une patente pour les divers perfectionnements imaginés par lui pour la fabrication de la gutta-percha. Ces perfectionnements consistent :
- 1° Dans une nouvelle méthode d’épuration de la gutta-percha brute, ordinairement mêlée de beaucoup d’impuretés, ce qui oblige de la diviser en petits fragments à l’aide de scies, de couteaux ou d’autres instruments tranchants. L’auteur avait d’abord annoncé que cette division était rendue plus facile en plongeant la gutta-percha dans de l’eau bouillante jusqu’à ce qu’elle fût suffisamment ramollie ; mais il a trouvé depuis que, en employant une machine représentée fig. 1 et 2, pl. 1052, cette dernière pratique était inutile, et que la gutta-percha pouvait être divisée en tranches minces avec la plus grande facilité : il a reconnu aussi que l’épuration et le ramollissement de la matière s’opèrent mieux en passant les tranches obtenues par la première machine dans l’appareil représenté fig. 4. Voici quelle est la construction et quelles sont les fonctions de ces machines.
- La fig. 1 est une élévation latérale, la fig. 2 une vue de face, et la fig. 3 une section verticale de la machine à découper.
- A, bâti de la machine. B, plateau circulaire en fer d’environ lm,523 de diamètre, dans lequel sont pratiquées trois rainures recevant trois couteaux C C dirigés suivant les rayons. D, arbre portant le plateau B et au moyen duquel on imprime à celui-ci le mouvement qu’il reçoit d’une machine à vapeur ou de tout autre moteur, par l’intermédiaire d’engrenages ou de courroies. E, trémies dans lesquelles sont jetés les morceaux de gutta-percha brute pour être amenés contre les couteaux du plateau B, qui les coupent en tranches d’une épaisseur correspondant au degré d’inclinaison donné aux couteaux. Ces tranches sont ensuite plongées dans un vase rempli d’eau chaude, où on les laisse se ramollir suffisamment. Au lieu d’employer un découpoir rotatif circulaire tel qu on
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- vient de le décrire, on peut se servir d’un découpoir vertical à mouvement alternatif en modifiant convenablement les autres parties de la machine ; mais l’auteur préfère le premier, qui est d’une construction plus simple et dont l’effet est plus certain.
- lorsque la gutta-percha est plus dure que de coutume, M. Hancock remplace les couteaux droits C C par des couteaux courbes en forme de croissant.
- La fig. h est une élévation longitudinale de la machine dans laquelle on passe la gutta-percha après qu’elle a été ramollie dans l’eau chaude, de manière à être souple au toucher.
- E est un grand réservoir ou bâche divisé en trois compartiments abc; les deux per-miers sont remplis d’eau jusqu’au niveau de la ligne xy, et le troisième, c, jusqu’à la ligne zz. F1 F2 F3 sont trois rouleaux garnis, dans le sens de l’axe, de lames dentelées. Ces rouleaux sont montés transversalement sur la bâche E et se meuvent hors de l’eau. Vis-à-vis de chacun de ces rouleaux est une paire de cylindres cannelés alimentaires e e. Une trémie conique V fournit les morceaux de gutta-percha amollis aux cylindres cannelés du premier rouleau broyeur F1. H2 est une toile sans fin inclinée qui tourne sur deux rouleaux dd; elle plonge d’un côté dans l’eau tandis que l’autre arrive en face de l’intervalle des cylindres alimentaires du broyeur F2. H3 est une seconde toile sans fin analogue à la précédente et disposée en face des cylindres alimentaires du broyeur F3. K est un laminoir armé de lames semblables à celles des moulins à triturer les chiffons. Ce laminoir est monté transversalement sur le troisième compartiment c, mais plus bas que les rouleaux broyeurs et plongeant à moitié dans l’eau. L, couteaux circulaires disposés de manière que les lames du cylindre K les joignent parallèlement pour produire l’action de ciseaux. Le laminoir K est muni, comme les broyeurs F1 F2 F3, d’une toile sans fin H4 et d’une paire de rouleaux alimentaires f. M est un agitateur rotatif complètement immergé dans le liquide du compartiment c. N est une toile sans fin qui roule dans une direction inclinée dans toute la profondeur de l’eau de c et subdivise ce compartiment en deux. O O1 O2 O3 O4, séries de cylindres couplés, montés transversalement sur la seconde partie du compartiment c, de telle façon que les cylindres inférieurs se meuvent sous l’eau et les cylindres supérieurs à la surface. P P, séries de tables ou de bancs placés entre chaque paire de rouleaux pour supporter la gutta-percha dans son passage de l’un à l’autre.
- Fonctions de cet appareil. — Les rouleaux alimentaires, les rouleaux directeurs des toiles sans fin H2 H3 H4 et les cylindres O O tournent de gauche à droite, tandis que les broyeurs F1 F2 F3, le laminoir K et l’agitateur M se meuvent de droite à gauche. Les broyeurs et le laminoir font G00 à 800 tours par minute, tandis que les cylindres alimentaires et les toiles sans fin n’en font que 100 à 130. La première série de rouleaux O fonctionne à raison de 15 à 20 tours par minute et guide les autres de manière à ce qu’ils exercent un étirage sur la matière en faisant marcher plus rapidement que les précédents une, deux ou plusieurs paires des dernières séries. La gutta-percha brute est présentée par les cylindres alimentaires à l’action du premier broyeur F1 ; elle est ainsi brisée en fragments et débarrassée de la majeure partie des impuretés qu’elle contient et qui tombent dans la bâche a, où elles se déposent suivant leur densité, ce qui permetde re-
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- cueillir quelques parties encore riches en gutta-percha. La toile sans fin H2 s’empare de la gutta-percha qui flotte sur l’eau, l’amène aux seconds cylindres alimentaires e e, qui la soumettent à Faction du broyeur F2, lequel lui fait subir une seconde épuration. De la surface de l’eau, dans le second compartiment b, la gutta-percha est saisie parla toile H3, qui la conduit vers le troisième cylindre alimentaire, lequel la livre au broyeur F3 monté sur le compartiment c; la matière est ainsi complètement débarrassée des impuretés qu elle contenait. La toile sans fin H4 la porte ensuite à d’autres cylindres qui la présentent au laminoir K, lequel la divise en très-petites tranches. Ces tranches sont projetées dans l’eau en c dans la direction de l’agitateur M. Celui-ci tournant dans une direction opposée à celle de la masse flottante, la gutta-percha est forcée de cheminer sous l’eau vers la grande toile sans fin N, où elle arrive parfaitement nette et pure. De là la matière passe entre les rouleaux O O1 O2O3; enfin elle est enlevée par une toile sans fin R, qui l’amène à une paire de laminoirs finisseurs SS', auxquels on donne, au moyen de vis de rappel, un écartement proportionné à l’épaisseur de la feuille de gutta-percha qu’on veut obtenir. Cette feuille est alors reportée au-dessus du cylindre S' et de là sur un tambour en bois T pour être enroulée sur un cylindre enleveur U. Pendant que la feuille remonte sur le cylindre S', on peut y joindre une pièce d’étoffe quelconque qui y est réunie par compression entre S' et le tambour T.
- L’eau du réservoir a doit être froide. Lorsque la gutta-percha exhale une odeur fétide, ce qui n’arrive pas ordinairement, on mêle à l’eau une dissolution de sel de soude ou de chlorure de chaux.
- L’appareil qui vient d’être décrit est également applicable à l’épuration et à la préparation du caoutchouc en bouteilles.
- 2° Le second perfectionnement décrit dans la patente de M. Hancock consiste dans la sulfuration de la gutta-percha et dans l’application de ce perfectionnement à la sulfuration du caoutchouc, ainsi qu’il est indiqué dans le brevet précédemment obtenu pour cet objet. L’auteur avait recommandé l’emploi des sulfures, tels que l’orpiment ou le foie de soufre, préférablement au soufre lui-même, et il a fait remarquer que, quoiqu’une partie de soufre pût être employée au lieu d’une partie égale de sulfure, ce moyen présentait cependant deux inconvénients, celui de l’odeur du soufre et sa tendance à s’effleurir. Il s’est assuré, depuis, qu’en ajoutant aux sulfures une petite quantité de soufre on obtient un meilleur résultat de ce mélange que de chacune de ces deux substances employées séparément. Voici quelles sont, en pratique, les meilleures proportions. A 48 parties de gutta-percha on ajoute 6 parties de sulfure d’antimoine, de calcium ou de tout autre analogue, et 1 partie de soufre. Le mélange de ces matières avant été fait, on le place dans un générateur, et on élève la température de 260 à 300 degrés Fahrenheit ; on le laisse dans cet état d’une demi-heure à deux heures, suivant l’épaisseur de la matière, qui, au bout de ce temps, est complètement sulfurée ou autrement volcanisée.
- M. Hancock applique la même combinaison à sulfurer le caoutchouc. La matière n exige pas^moins d’un sixième ou d’un huitième de son poids de soufre ; mais, en y substituant
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- un sulfure dans la proportion qui vient d’être indiquée, on n’emploie plus qu’un cinquantième de soufre, et on obtient un plus beau produit.
- 3° Le troisième perfectionnement de M. Hancock est relatif au mode d’effectuer la combinaison du soufre et des sulfures avec la gutta-perc-ha et le caoutchouc. L’auteur indique quatre moyens d’effectuer cette combinaison. 1° Après que la gutta - percha ou le caoutchouc ont été nettoyés, épurés et réduits en feuilles, on les expose à l’action combinée de la vapeur à une haute température et de la vapeur de l’orpiment ou de tout autre sulfure volatil et du soufre mêlés dans les proportions indiquées plus haut, dans un appareil représenté fig. 5. À est un récipient très-solide en métal établi sur un massif en maçonnerie B ; on y place la matière qu’il s’agit de sulfurer. C est un couvercle hermétiquement fermé par des boulons à écrous, de telle sorte qu’on puisse l’enlever selon les besoins. D est un bouilleur ordinaire à haute pression. E , vase très-solide en métal dans lequel on place l’orpiment, d’autres sulfures ou le soufre seul. a, ouverture par laquelle on introduit les substances sulfureuses. F, fourneau servant à chauffer le vase E. G, tuyau qui fait communiquer le bouilleur avec la partie supérieure du vase E. b , robinet qui sert à ouvrir ou à fermer cette communication. H, tuyau qui fait communiquer le vase E avec le récipient A. c, robinet qui ouvre ou ferme cette communication. I, soupape de sûreté fixée sur le bouilleur D. K, autre soupape de sûreté adaptée au sommet du récipient A. L, thermomètre indiquant la température. Cet appareil fonctionne de la manière suivante. On allume d’abord le feu sous le bouilleur, et, lorsque la soupape indique qu’on approche de la température de 280° Fahrenheit, on allume le second fourneau pour volatiliser le sulfure et le soufre. Les robinets b et c sont alors ouverts, et la vapeur commence à passer, par les tuyaux G et H, dans le vase E et dans le récipient A ; de cette façon , les matières contenues dans ce récipient sont préalablement chauffées avant d’être sulfurées. Après un temps très-court, les vapeurs sulfureuses se dégagent du vase E et se mêlent à la vapeur. On abandonne ces matières aux influences dont nous venons de parler, depuis une demi-heure jusqu’à deux heures , suivant leur épaisseur. On ferme alors le passage au récipient A au moyen du robinet c, on éteint les fourneaux, on ouvre la soupape de sûreté K, et, quand le récipient est débarrassé des vapeurs, on enlève les matières soufrées. La soupape desûreté I est tenue, pendant tout le temps que les vapeurs sulfureuses se forment, à une pression un peu plus élevée que celle de la soupape K, afin d’établir le courant vers le récipient A. d est un robinet qui sert à évacuer l’eau de condensation accumulée dans lp récipient A.
- Le second moyen recommandé par l’auteur consiste à prendre la gutta-percha ou le caoutchouc dans un état parfaitement sec, et de les frotter avec les sulfures et le soufre combinés dans les proportions indiquées plus haut et réduits en poudre très-fine ; après quoi on les place dans le récipient A, et on les soumet, pendant une demi-heure ou deux heures, à l’action de la vapeur chauffée à 280° Fahrenheit, sans faire usage du fourneau servant à volatiliser les sulfures. Au lieu de soumettre les matières à l’action de la vapeur, on les plonge, suivant leur volume, dans de l’eau chauffée sous la pression d’environ 280° Fahrenheit.
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- Le troisième moyen a pour objet, après avoir saupoudré les matières séchées avec des poudres des sulfures et du soufre, de leur faire subir la suite des opérations précédemment décrites, c’est-à-dire de les soumettre à l’action de la vapeur à une haute température et des vapeurs sulfureuses. Enfin on fait une pâte avec les sulfures et le soufre avec addition d’une petite quantité de gutta-percha ou de caoutchouc en dissolution; on en frotte les matières qu’il s’agit de soufrer, et on les soumet alors à l’une ou à l’autre des trois opérations précédemment décrites.
- 4° Le quatrième perfectionnement relaté dans la patente de M. Hancock consiste à exposer les matières pendant une ou deux minutes à l’action du bioxyde d’azote obtenu par les moyens ordinaires en dissolvant le zinc, le cuivre ou le mercure, etc., dans de l’acide nitrique, ou bien on les plonge dans une dissolution bouillante et concentrée de chlorure de zinc pendant une période variant d’une à cinq minutes, suivant la force de la dissolution ; dans l’un et l’autre cas, on lave ensuite les matières dans une liqueur alcaline ou même dans de l’eau douce. On peut soumettre les matières à l’influence du bioxyde d’azote, en les plongeant dans l’acide pendant que le métal se dissout et que le gaz s’échappe, ou en les introduisant dans un récipient où l’on recueille le gaz. La gutta-percha qui a été traitée de cette matière, qu’elle soit ou non soufrée, devient excessivement douce au toucher et polie comme un métal ; de même que le caoutchouc ordinaire conserve cette viscosité qui lui est particulière, le caoutchouc soufré acquiert, par un tel traitement, la douceur du velours.
- 5° Le cinquième perfectionnement consiste dans l’application des moyens décrits précédemment pour améliorer la qualité du caoutchouc soufré ou volcanisé en le soumettant à l’action du bioxyde d’azote ou en le plongeant dans du chlorure de zinc, et en le lavant bien ensuite ; il perd alors entièrement ou presque la forte odeur de soufre qui rend son usage difficile.
- 6° L’auteur produit de nouveaux composés de gutta-percha convenables pour certains usages industriels, en mélangeant, au moyen de l’appareil tritureur, 6 parties de gutta-percha avec 1 de chlorure de zinc et en formant de nouveaux composés de caoutchouc par une combinaison analogue. Tous ces composés peuvent, d’ailleurs, être ensuite soufrés ou volcanisés par la méthode ordinaire.
- 7° L’auteur combine des matières pour produire une gutta-percha poreuse ou spongieuse propre à rembourrer les chaises, les coussins, à remplir les matelas, les selles, les colliers de chevaux, les tampons des waggons des chemins de fer, etc. Ce procédé, qui est également applicable au caoutchouc, consiste à prendre 48 parties de gutta-percha ou de caoutchouc ( lorsqu’on veut obtenir des produits très-doux, on humecte ces matières avec de l’huile de térébenthine, de naphte, etc.); 6 parties d’hydrosulfate de chaux ou de sulfure d’antimoine, ou tout autre sulfure analogue; 10 parties de carbonate d’ammoniaque ou de carbonate de chaux, ou de toute autre substance vola-tde ou susceptible de donner naissance à des produits volatils ; puis enfin 1 partie de souhe. Toutes ces matières sont mélangées dans la machine à triturer et soumises ensuite à une température élevée, en remplissant les conditions énoncées précédemment à 1 art. 4 ; toutefois, en élevant un peu plus la chaleur, soit de 260° à 300° Fahrenheit. Quarante-septième année. Janvier 1848. 3
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- 8° Le huitième perfectionnement a pour objet d’appliquer des moyens et des procédés variés pour améliorer non-seulement la qualité de la gutta-percha, comme il a été dit aux articles 3 et 4, mais encore les articles manufacturés de gutta-percha ordinaire après qu’ils ont été travaillés ; enfin l’apphcation des mêmes moyens aux articles fabriqués avec le caoutchouc ou tout autre composé dans lesquels entrerait une partie de l’une de ces trois substances. Parmi les articles de gutta-percha ou de caoutchouc, ceux qui méritent le plus d’être perfectionnés par ces procédés sont les tissus imperméables, simples et doubles, connus dans le commerce sous le nom de waterproofs, les bottes , souliers , galoches, guêtres, bretelles, bandages, casquettes, coussins, bouteilles flexibles, sacs, scaphandres, tubes, boîtes, étuis, fourreaux, gibernes, chapeaux, coupes, vases, tabliers de voitures, rouleaux d’imprimerie, cylindres de' filatures de coton, plaques de cardes, dos de brosses, marteaux de pianos, bouchons de bouteilles, capsules , cordes, fils, cordons, anneaux, portefeuilles, trousses, courroies, etc.
- 9° Ce perfectionnement consiste à produire, en combinant la gutta-percha et le caoutchouc avec d’autres matières, un lustre permanent semblable à celui des objets vernis et en donnant cet éclat aux articles fabriqués avec une de ces substances sulfurées ou non. M. Hancock prend la gutta-percha ou le caoutchouc préalablement soufrés par une méthode quelconque de manière à ce que ces matières puissent supporter une haute température , et soit qu’elles aient déjà été travaillées pour faire des objets usuels, on les frotte avec une solution de résine dans de l’huile bouillante ; on place alors l’objet pendant deux ou cinq heures dans une étuve chauffée de 75 à 100° Fahrenheit, et ensuite on les polit par les moyens employés par les vernisseurs. Dans certains cas, on mêle une matière colorante avec les substances lustrantes, et on les applique au moyen de rouleaux, comme pour les tapis de pied.
- 10° Le dernier perfectionnement indiqué par M. Hancock consiste dans l’emploi d’une machine ou appareil pour couper la gutta-percha en rubans et pour la transformer en cordons de la forme voulue. La fig. 6 représente cette machine en élévation vue de face. C C sont deux cylindres cannelés en fer montés sur un bâti D. Les cannelures de chaque cylindre sont creusées de telle sorte que, lorsque celles de l’un des cylindres correspondent aux cannelures de l’autre, elles forment ensemble une série d’ouvertures circulaires. Les bords des cannelures sont tranchants, de manière à diviser, suivant des lignes droites, les feuilles ou plaques de gutta-percha qu’on présente aux cylindres. Le cylindre inférieur C a, de chaque côté, une bordure plate saillante E, et le cylindre supérieur C' a également deux rondelles planes F F qui viennent s’ajuster entre les deux précédentes, de manière à ce que les cannelures soient toujours exactement juxtaposées, et que les bords tranchants ne s’ébrèchent pas. Pour couper en filets minces une feuille de gutta-percha, la matière est passée à froid entre les cylindres, et les lames tranchantes agissent seules dans l’opération. Pour faire des fils ou des cordes, on prend une feuille de gutta-percha d’une épaisseur égale au diamètre des cannelures, et on la passe entre les cylindres à la température d’environ 200° Fahrenheit (en plaçant préalablement les feuilles de gutta-percha dans une étuve chauffée à 200° par la vapeur ou par tout autre moyen), et les fils et cordes sont, au sortir des laminoirs cannelés, plongés dans une
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- bâche d’eau froide, d’où on les retire pour les enrouler sur des dévidoirs ou sur un tambour placé convenablement, ou bien la gutta-percha est employée à l’état plastique et on la passe à la machine sous une jauge, comme cela se fait dans les manufactures de caoutchouc et de gutta-percha.
- Si l’on désire produire des cordes méplates, il suffit d’enlever l’un des cylindres et de le remplacer par un cylindre uni ; si l’on voulait des cordes carrées ou rectangulaires, triangulaires ou polygonales, il suffirait d’employer des cylindres dont les cannelures présentent cette forme. (Rep. of patent inventions, octobre 1847.)
- Extrait d’un ouvrage intitulé, Recherches historiques sur la construction des fosses d’aisances et l’emploi des matières fécales; par M. Ernest Vincent
- ( suite ) (1).
- Suite du Chap. V. Construction de fosses mobiles et d’appareils ayant pour objet la séparation des matières solides d’avec les liquides.
- En 1821, M. Mathieu prit un brevet pour un appareil de fosses d’aisances portatives représenté fig. 1, pl. 1053 (2).
- Il se compose de quatre récipients ou tonneaux en bois de chêne cerclés en fer. Deux de ces tonneaux sont destinés à recevoir les matières solides ; les urines se rendent dans les deux autres.
- a, tuyau de chute en poterie.
- b, boîte recevant les matières solides et liquides.
- c, filtre ou plaque criblée de trous séparant les liquides des matières solides.
- d, raclette percée d’un grand nombre de trous, et au moyen de laquelle les solides sont précipités dans leurs récipients.
- e, tringle ou bascule traversant la voûte m, et servant à faire agir la raclette.
- f, petite porte par laquelle on peut retirer de la boîte les objets qui y seraient tombés , sans être obligé de faire la vidange des récipients.
- g, tuyau mobile qui conduit les matières solides de la boîte b dans le récipient ou tonneau h.
- i, deux tuyaux conduisant les urines dans leurs récipients k.
- I, pièces de charpente sur lesquelles reposent les tonneaux.
- Chacun des petits côtés de la boîte est percé d’un trou. L’un de ces trous sert au passage des matières solides, et l’autre, qui est plus petit, offre une issue aux urines.
- L’appareil représenté fig. 2 est celui que, d’après divers certificats, M. Gallet aurait inventé et exploité en 1839, et qu’il a soumis au concours de la Société en 1842.
- A B, tuyau de descente rétréci en B.
- C C, gouttière inclinée, afin que rien n’y séjourne.
- D D, calotte sphérique terminée en gouttière.
- (1) "Voyez Bulletin de la Société , novembre 1847, p. 662.
- (2) Description des brevets, t. XXI, p. 263.
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- E, continuation du tuyau de descente : il est soudé à la gouttière, et les bords supérieurs en sont évasés pour la recouvrir jusqu’à 1 centimètre de la paroi intérieure et arrêter les corps légers qui pourront y être entraînés par l’eau.
- F, tuyau conduisant les liquides, soit dans une fosse séparée, soit dans la rue. L’auteur pense que cette dernière disposition ne doit être tolérée que lorsqu’un courant d’eau emporte les liquides immédiatement, ainsi que cela a lieu à la salle de spectacle du Havre, où quatre appareils portent continuellement les matières liquides dans la rue sans qu’il en résulte le moindre inconvénient.
- Dans le cas de fosses séparées, on peut faire plonger le tuyau F dans un tonneau G.
- H, ouverture fermée par un couvercle pour nettoyer la gouttière si elle venait à s’engorger.
- A la caserne des douaniers d’Ingouville, douze de ces appareils desservent une population de quinze cents personnes et opèrent la séparation d’une manière presque complète.
- Cet appareil convient aux départements qui ne peuvent avoir de fosses, à cause de la proximité des eaux à quelques mètres de la surface du sol.
- L’appareil représenté en élévation et en coupe verticale, fig. 3 et 4, est celui que M. Houssard fit breveter en décembre 1839, et qu’il présenta en 1842 aux concours ouverts par la Société, de concert avec MM. de Clacy et compagnie.
- Cet appareil consiste en un tonneau en bois B rendu imperméable, cerclé en fer, et dont le couvercle mobile se ferme et se fixe au moyen de forts boulons et de clavettes de fer. L’intérieur de ce tonneau est garni, dans tout son pourtour, de feuilles de zinc ou de tôle galvanisée percées de trous. Ces feuilles suivent la courbure des douves, sur lesquelles elles sont fixées par des tasseaux de 15 millimètres d’épaisseur; cet intervalle donne issue aux liquides le long des parois du tonneau, entre les feuilles et les douves, jusqu’au double fond b, de 2 centimètres d’élévation, où des conduits c, munis de robinets, servent à leur écoulement dans un ou plusieurs tonneaux inférieurs A, également imperméables et cerclés en fer.
- Au moment de la chute des matières, les liquides se séparent des solides par tous les points de la circonférence ; les solides retenus dans le filtre s’y égouttent et s’y conservent à l’état de glaise humide.
- Un vase en zinc d, en forme d’entonnoir, fixé par le tuyau de conduite perpendiculairement à l’orifice de l’appareil et du même diamètre, correspond avec l’intérieur; li contient du chlorure de chaux en suspension et a pour objet d’absorber les gaz qui s’échappent et d’empêcher leur ascension dans le tuyau de conduite C.
- L’appareil représenté fig. 5 est celui proposé, en 1840, par M. Guinièr (1).
- a, cuvette ordinaire en faïence garnie de sa soupape.
- b, cuvette en fonte.
- c, contre-poids.
- (i) Description des brevets, t. LVIII, p. 216.
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- d, boîte sans fond attachée, dans l’intérieur de la cuvette en fonte, au couvercle e.
- f, partie grillée percée de trous destinés à l’écoulement de l’eau qui doit tomber dans un réservoir et se séparer, dès lors, lorsque le fond mobile est levé.
- g, fond mobile à pivot fermant la boîte où s’opère ainsi la séparation des matières d’avec l’eau.
- i, crochets de tirage au moyen desquels on soulève le fond mobile : ils sont mus par une tige ordinaire à laquelle ils correspondent.
- Lorsque la soucoupe j fonctionne, le fond mobile se relève et reçoit l’eau et les matières que cette soucoupe laisse échapper; l’eau s’écoule naturellement, par la pente de ce fond, vers la grille pratiquée à la paroi de la boîte, et, lorsque la soucoupe se relève, le fond mobile s’abaisse et fait tomber les matières dans la fosse.
- En 1840, M. Roehn fit breveter l’appareil séparateur représenté fig. 6 (1).
- Cet appareil se compose d’une boîte de forme carrée ou ronde, ou d’un tonneau en métal ou en bois asphalté, muni d’un couvercle a, auquel est fixé un tuyau b, destiné à s’ajuster avec la partie supérieure du conduit des latrines ; au fond de la boîte est une semblable ouverture b' avec douille qui communique avec la portion du conduit inférieur, lequel débouche dans la fosse. Sur le côté est une ouverture c, avec sa douille, communiquant avec le réservoir ou réceptacle des urines, de telle sorte que les matières, entrant par l’ouverture 6, tombent sur le diviseur, et passent par l’ouverture b', tandis que les liquides sortent par le tuyau c.
- La fig. 7 représente les deux bouts du diviseur portant une sorte de roue à augets.
- f, palettes ayant un petit rebord à la partie saillante, lesquelles sont fixées longitudinalement sur l’axe g, comme on le voit fig. 8 ; les tourillons h de l’axe reposent suides coussinets.
- Un des bouts du diviseur est fermé ; l’autre, fig. 7, est percé d’ouvertures i disposées circulairement autour de l’axe, et qui sont entourées d’un entonnoir.
- Chaque auget est séparé transversalement vers les bouts du diviseur par deux cloisons percées de trous. Entre ces deux cloisons et parallèlement à l’axe, est aussi une cloison criblée, qui tombe perpendiculairement sur sa palette f et forme avec elle un angle droit k, de telle sorte qu’entre les angles de K, fig. 8 bis, il y a un espace vicie de forme triangulaire qui règne d’un bout à l’autre du diviseur. Entre les cloisons et ces bouts il y a également un angle droit avec des ouvertures qui communiquent avec l’espace vide que nous venons de décrire. A un des bouts du diviseur, du côté de l’entonnoir, sont fixées des chevilles saillantes m, m.
- La fig. 9 représente un poids à bascule fixé dans l’appareil, de manière à permettre au diviseur de ne tourner que dans le sens qui lui est propre ; le bout de la tige o de ce poids rencontre successivement les chevilles lorsque le diviseur tourne.
- Fonctions de Vappareil. — Les matières tombent par l’ouverture supérieure sur une des palettes du diviseur. Au fur et à mesure de leur chute, le liquide s’échappe par
- (i) Description des brevets, t. LIT, p. 115.
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- les trous des cloisons, et tombe dans l’espace vide triangulaire qui règne d’un bout à l’autre du diviseur, pour sortir par l’entonnoir, d’où il se rend dans l’auge pour être conduit à un réservoir ad hoc par la douille c c.
- Pendant ce temps, les matières solides sont restées à sec sur la palette ; il en arrive d’autres jusqu’à ce que le poids de la masse fasse échapper la cheville qui était retenue par la bascule ; alors le diviseur, en tournant, se décharge et présente une autre palette vide. Le diviseur se trouve ensuite retenu comme auparavant, de telle sorte qu’il n’y a jamais interruption dans la séparation des liquides et des solides.
- Le réservoir qui reçoit le liquide par le tuyau c peut être un tonneau, qu’on enlève souvent pour le remplacer par un autre , sans toucher à l’appareil et sans communication avec les ouvertures de la fosse ; mais on peut, à volonté, placer dans ce réservoir un conduit communiquant au dehors, d’où, sans entrer dans la maison, on pourra le vider aussi souvent qu’il sera jugé nécessaire.
- La même année, M. Brun fit breveter l’appareil représenté en coupe et en élévation fig. 10 et 11 (1).
- Le séparateur est composé d’une cuiller c placée sous le tuyau de chute a.
- Cette cuiller, percée de trous dans sa partie supérieure, reçoit les matières tant solides que liquides : ces dernières s’échappent par les trous pour se rendre, en tombant sur la palette e, et par les conduits f, m, dans le récipient n destiné à les recevoir; les matières solides restent dans le fond de cette cuiller jusqu’à ce qu’un poids assez lourd la fasse basculer.
- Le contre-poids d ramène la cuiller à sa position primitive.
- Les matières solides tombent de cette cuiller sur la palette e, qui, par son inclinaison, laisse encore écouler, par la partie f, les eaux qui auraient pu rester au fond de la cuiller.
- Cette palette e ne se renverse que lorsque la cuiller c est revenue à sa position première.
- A la cuiller c est attachée une tige g portant, par le bas, un goujon qui repose sous la partie cintrée de la tringle h ; ce goujon maintient la tringle dans sa position inclinée tant que la cuiller c est en mouvement.
- Lorsque la cuiller a ramené le goujon placé au bas de la branche g, la tringle h ne se trouvant plus soutenue, le poids des matières entraîne la palette e ; elles se rendent alors dans le récipient j après avoir traversé la partie k raccordée au récipient par un manchon.
- Les matières étant tombées de la palette inclinée e, le contre-poids o la ramène dans sa position première.
- Pour appuyer la tige g et la guider dans son mouvement, un appui p est adapté à l’appareil.
- En 1841, M. Bourg fit breveter l’appareil de séparation dit départiteur, qu’il pré-
- (1) Description des brevets, t. LX, p. i.
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- senta, en 1842, aux concours ouverts par la Société. Cet appareil, représenté en plan, coupe et élévation, fig. 12, 13 et 14, est ainsi composé :
- La partie inférieure A, qui a la forme d’un vase elliptique, est recouverte par la partie supérieure B ; la réunion de ces deux pièces est effectuée par un joint en mastic et des boulons d’assemblage.
- La partie B reçoit au centre, à l’intérieur d’un rebord circulaire, la cuvette C qui y est maintenue par un joint en mastic ; sur cette partie B est montée une capacité D pour loger le contre-poids.
- Un tube E partant d’un réservoir supérieur communique, par un robinet a, au haut de la cuvette C pour, au besoin, en laver la paroi intérieure; ce robinet, dont la tige se prolonge en contre-bas à l’intérieur du vase A, fonctionne au moyen de la poignée G ; à cet effet, l’axe de cette poignée reçoit une manivelle b qui, par une bielle c, transmet le mouvement à la manivelle d, adaptée à la tige du robinet.
- La poignée G porte une came e, fig. 14, pressée par un ressort f ; en manœuvrant cette poignée, on opère simultanément l’ouverture de la soupape à biseau H et celle du robinet a, afin que le tube E livre passage à l’eau pour nettoyer la cuvette et se répandre sur une soupape à bascule I de forme concave qui oscille autour d’un arbre pivotant, à chaque extrémité, sur des appuis qui appartiennent au vase A. En travers de cet arbre agit le contre-poids j. La soupape I est percée d’une série de trous destinés à livrer passage aux liquides qui se répandent dans le tube incliné m et de là par l’ouverture O dans des réservoirs disposés ad hoc. Les matières fécales séjournent, au contraire, sur la soupape I et ne tombent dans la fosse que quand cette soupape s’abat par le mouvement de bascule communiqué à l’arbre par le couvercle qui enveloppe le siège. Ce mouvement de bascule s’effectue par une chaînette p, qui, fixée par son extrémité supérieure au couvercle de la caisse en contre-bas, se lie à un levier q, puis par la bielle r et la manivelle s, laquelle fait osciller l’arbre de la soupape I.
- En mai 1842, M. Dalmont prit un brevet pour un appareil de séparation qui, au moyen d’un plancher mobile, faisait fermer une soupape légèrement bombée et livrait passage, par ses rebords, aux liquides qui se rendaient, par un tuyau, dans le tonneau ou récipient destiné à les recueillir. Lors du retrait de la personne, la soupape s’ouvrait et les matières tombaient dans la fosse.
- En décembre 1842, M. TIely proposa, pour la séparation, d’employer une cuvette à double compartiment semblable à celle imaginée par M. Cazeneuve en 1818 et décrite p. 659 du Bulletin de novembre 1847.
- M. de Latour Arlet prit, en 1842, un brevet pour un moyen d’obtenir la séparation des matières, en se servant de treillis en crin ou de tamis superposés, ajoutant que, par l’emploi d’une pompe atmosphérique pour faire le vide, on forcerait les liquides à s’écouler par les orifices.
- Dans la même année, MM. Bélicard et Chesneaux proposèrent divers systèmes et présentèrent aux concours ouverts par la Société un appareil fondé sur la propriété bien connue qu’ont les liquides de couler le long des parois qu’ils mouillent, tandis que les matières solides sont détachées de ces parois par la gravité.
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- Partant de ce principe, ils évasent, vers le bas, le tuyau d’une fosse d’aisances et ménagent, autour de la capacité qui se trouve verticalement au-dessous de l’axe du conduit destiné à recevoir les matières solides, une rigole annulaire où se versent les liquides, qui, malgré l’action de la gravité, restent adhérents aux parois inclinées en surplomb.
- La fig. 15 représente le système de séparation appliqué à la construction des fosses fixes.
- A , fosse recevant les matières solides.
- B, fosse recevant les liquides.
- C, flotteur indicateur avec graduation faisant connaître le moment de la vidange et la quantité de liquide à enlever.
- 1), tuyau de chute évasé vers le bas.
- E, conduit des urines.
- F, porte pour retirer les objets qui pourraient obstruer la marche de l’appareil.
- Ue système est également applicable aux fosses mobiles, et les fig. 16 , 17, 18 et 19 en font connaître les diverses modifications.
- L’appareil fig. 20 est celui pour lequel MM. Panchost et Meleton prirent un brevet en 1844 (1). Il s’applique vers le bas du tuyau de descente d’une garde-robe et opère la séparation des matières.
- a, tuyau de descente qui se prolonge en contre-bas par la pièce additionnelle b formant une partie cylindrique et une partie allongée pour constituer deux compartiments c, d.
- La capacité c est percée, sur son demi-développement, de plusieurs rangées de petits trous ; la partie inférieure de la double capacité c, d aboutit à un clapet e qui se manœuvre à la main, soit chaque jour, soit au bout d’une période quelconque.
- Toutes les matières tombent dans la capacité c : les liquides se déversent par des trous dans la capacité d pour s’écouler dans le compartiment correspondant du clapet et s’échapper par un vide très-faible ménagé entre le bas de la double capacité c d, sur le côté ; ils tombent ensuite par le plan incliné du clapet dans l’espace concentré entre la paroi fixe g et celle h, enfin dans le conduit i. A la suite de ce conduit peut aboutir un filtre pour éclaircir les parties liquides et les désinfecter en partie.
- L’appareil de séparation proposé, en 1844, par M. Descheneaux se compose d’un conduit de forme cylindrique recevant les matières solides ; ce conduit, plus ou moins prolongé, aboutit à une fosse fixe ou mobile. Un autre vase de forme ovale ou triangulaire est placé devant le premier et reçoit les urines ; ce vase aboutit à un ruisseau ou à un tonneau.
- En décembre 1844, M. Ringard présenta un appareil séparant les matières au moment de leur émission et avant leur introduction, par une disposition fondée sur l’action des parois, et qui consiste en trois ou quatre lames inclinées et distantes», fig. 21, et placées en sens inverse; après la dernière lame, les liquides et les solides séparés aboutissent dans des conduits particuliers.
- (i) Description des brevets, l. LXI, p. 294.
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- L’appareil de fosse mobile destiné au curage des fosses d’aisances, pour lequel M. Voyant a pris un brevet le 6 janvier 1845, n’est autre qu’une série de tonneaux placés les uns à côté des autres, et recevant les matières dans un réservoir qui les transmet aux tonneaux ; chaque tonneau est muni d’un tube communiquant avec un conduit qui forme cheminée d’appel.
- L’appareil séparateur de M. Lasserre Camelot, breveté le 14 février 1845, se compose d’un réservoir qui reçoit les matières et qui porte dans son intérieur une grille ou un cylindre percé de trous, afin de laisser échapper les liquides qui se rendent dans une fosse spéciale placée au-dessous du récipient qui reçoit les solides.
- L’appareil de MM. Cas et Fulcrand, breveté le 9 juillet 1845, est une cuvette avec soupape et réservoir à pompe ; il a pour objet la séparation et a de l’analogie avec ceux déjà décrits.
- Le 28 novembre 1845, MM. Fleury et Cappot prirent un brevet d’invention pour un appareil qui reçoit les matières solides et liquides dans un grand récipient muni de .deux robinets : l’un , à la partie inférieure , sert à l’extraction des solides ; l’autre, à la partie supérieure, est destiné à l’écoulement des liquides.
- Deux tubes traversent le récipient à la partie supérieure et portent, de chaque côté, une ouverture donnant passage aux gaz qui s’échappent 'des matières en fermentation , pour les conduire au sommet d’une maison et en opérer la dispersion dans l’atmosphère.
- Ils ont proposé aussi un système de fosse mobile à déversement, au moyen d’un siphon.
- Chapitre VI. Appareils séparateurs et désinfecteurs.
- On peut regarder Chaumette comme le premier inventeur des appareils de désinfection et de séparation des matières solides d’avec les liquides. Il prit, en 1815, un brevet pour des appareils qu’il désigna sous le nom de latrines carbonicinéraircs inodores, ou lieux d’aisances pulvéricarboniques (1).
- La fig. 22 est une élévation latérale et la fig. 23 le plan de cet appareil.
- A, porte d’entrée des lieux d’aisances.
- B, siège de forme nouvelle composé de deux disques C creusés en demi-cercle dans un sens, et ayant les arêtes abattues dans l’autre sens ; chacun de ces disques est attaché à une des extrémités des leviers D, fixés sur le siège par l’autre extrémité, au moyen d’un axe sur lequel ils pivotent, pour s’écarter et se rapprocher à volonté.
- E, cuvette urinaire remplie de charbon pulvérisé.
- E, tuyau par lequel s’échappe l’eau provenant de l’urine, après la filtration.
- G, passage des matières solides.
- H, tonneau recevant les matières solides et faisant l’office de réservoirs mobiles.
- I, dépôt de cendres de houille ou de substances désinfectantes destinées à couvrir les matières solides et à en empêcher les émanations.
- (1) Description des brevets, t. VIII, p. 231.
- Quarante-septième année. Janvier 1848.
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- K, fig. 22, soupape servant à mesurer et à répandre la poudre désinfectante sur les matières : elle s’ouvre et se ferme au moyen du levier L et du contre-poids M, correspondant par une corde à la marche N, sur laquelle il faut monter et qui s’élève lorsqu’on descend.
- O, couvercle à charnière ouvrant et fermant en même temps que la soupape K, à l’aide du levier L et du contre-poids M.
- Un tuyau aboutissant au-dessus des combles ou dans une cheminée conduit, hors de l’appartement, la mauvaise odeur; ce tuyau peut être surmonté d’un aspirateur ou ventilateur, mû par le vent ou par engrenage.
- En 1817, M. Duplat prit un brevet pour la construction de latrines inodores dont la description suit (1).
- Au milieu du siège de ces latrines est un avancement qui se divise en deux parties sur la hauteur; la partie supérieure contient le récipient des urines, et la partie inférieure est une petite armoire dans laquelle se trouve le vase qui doit recevoir ces liquides qui arrivent par un tuyau partant de la partie supérieure.
- La lunette est de forme circulaire; elle a, sur le devant, une échancrure qui livre passage aux urines.
- Deux caisses sont disposées sur les côtés de la lunette ; l’une n’ayant pas de destination particulière, et l’autre contenant un tamis au-dessous duquel est un plan incliné établi de manière que le tamis laisse passer du sable sur la matière.
- Le tamis porte un manche qui reçoit son action d’un châssis.
- Le vase contenant la matière est placé dans un tiroir auquel est adapté, en avant, un petit buffet ayant la forme de l’avancement du milieu du siège, et placé au-dessous de cet avancement.
- Deux autres tiroirs disposés pour divers usages complètent l’appareil.
- La fig. 24 est la coupe verticale d’une fosse ordinaire, munie de l’appareil des nouvelles latrines et surmontée d’un cabinet d’aisances établi au rez-de-chaussée.
- Ces latrines, pour lesquelles M. Dufour a obtenu un brevet d’invention en 1820 (2), sont salubres et portatives, et remédient aux inconvénients des fosses d’aisances.
- L’appareil de salubrité renfermé dans cette fosse se compose des parties suivantes :
- a, douze tonneaux disposés horizontalement sur le sol de la fosse et sur deux rangées de chacune six tonneaux. Tous les tonneaux se communiquent entre eux par un seul et même tuyau b; ils sont disposés entre les pieds c d’un bâti rectangulaire en bois, ayant, au-dessus des douze tonneaux a, un plancher sur lequel sont posés, sur leur fond, huit tonneaux e destinés à recevoir d’abord les matières liquides et solides ; ces tonneaux sont garnis, intérieurement, d’une plaque courbe en zinc, percée de trous et ajustée à coulisse dans deux des douves du tonneau ; elle est destinée à séparer les matières solides des liquides ; ces derniers passent par les trous de la plaque de zinc, et se rendent dans un trou pratiqué au fond des tonneaux ey entre la plaque de zinc et les
- (0 Description des brevets, t. XIV, p. 217. (2) Idem, t. XII, p. 212.
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- douves. Chacun de ces trous est garni d’un tuyau f, qui conduit le liquide dans l’un des tonneaux a, d’où il est distribué dans chacun des douze tonneaux couchés sur le sol de la fosse. De cette manière, les matières solides restent dans les tonneaux e, et les douze tonneaux a ne contiennent que les urines. Tous les tuyaux f, conducteurs de l’urine, se rendent dans un seul et même entonnoir g donnant dans une cuvette qui se ferme hermétiquement au moyen d’un couvercle dont le bord intérieur entre dans une rainure pleine de liquide et dont le bord extérieur emboîte la cuvette.
- h, cuvier demi-circulaire posé sur la surface supérieure du bâti rectangulaire qui porte les tonneaux e; de la surface extérieure de ce cuvier partent huit tuyaux courbes i, dont chacun se rend dans l’un des huit tonneaux e. Ce cuvier est recouvert par une espèce de toiture conique, et disposé intérieurement de manière à former des plans inclinés qui divisent la matière en huit portions égales et la dirigent dans les tonneaux e par les tuyaux i.
- Une porte j, pratiquée sur la surface extérieure de la toiture du cuvier, permet de le laver quand-le besoin l’exige.
- k, tuyau conduisant les matières de la cuvette l du cabinet d’aisances dans le cuvier h; cette cuvette se meut au moyen d’un mécanisme à garde-robe ordinaire qui fait ouvrir et fermer une soupape.
- m, petit tube ventilateur entrant de 32 centimètres dans le cuvier et traversant la voûte du cabinet d’aisances.
- n, autre tube ventilateur disposé comme le précédent : son diamètre est double de celui du tube m ; sa base est à fleur du cuvier, et son sommet s’élève de 32 centimètres au-dessus de celui du tube m. Le cône qui forme la tête de chacun de ces tubes ventilateurs est muni de quatre bouts de tuyaux renversés, par lesquels s’échappent dans l’atmosphère les émanations qui s’élèvent du cuvier, sans que les effets du vent s’opposent à cette fuite.
- Un des huit tonneaux est armé d’un petit appareil ou flotteur qui avertit quand ces tonneaux sont pleins.
- Le même avertissement a lieu pour les tonneaux a par un moyen analogue.
- o, conduit communiquant avec l’atmosphère.
- La fig. 25 représente une nouvelle disposition de l’appareil antiméphitique (1).
- a, siège mis en action par la main ou par le pied de la personne assise dessus.
- b, masse reposant sur la tige c, qui fait lever et baisser la bassine d, laquelle est toujours remplie d’eau pour empêcher l’odeur.
- e, cage renfermant la bassine et son cercle.
- f, poids pour rappeler la bassine.
- g, tuyau faisant corps avec la cage e et communiquant au tuyau de chute h, qui communique avec la cuve i.
- k, cylindre que l’on met en action pour vider la cuve i.
- m, tuyau mobile dans lequel entre plus ou moins le tuyau L
- (0 Description des brevets, t. XII, p. 256.
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- I, tuyau faisant corps avec la surface du cylindre k.
- n, tonneau de vidange dont on ne fait usage qu’au moment du service.
- o, flotteur pour avertir la personne qui remplit le tonneau n.
- p, tuyau d’air pour faciliter l’emplissage du tonneau n et empêcher l’odeur de pénétrer à l’intérieur.
- q, ventilateur placé, autant que possible, au nord et communiquant à la cuve i.
- r, chapiteau d’évaporation.
- Un orifice est pratiqué au fond de la cuve pour la vider.
- Le 29 septembre 1821, le même M. Dufour prit un brevet pour des perfectionnements ayant pour objet de clarifier les urines par la filtration, de les dégager de toute odeur et de leur donner un écoulement dans la rue au lieu de les renfermer dans une fosse (1).
- La soupape du siège privé se ferme en même temps que le couvercle s’ouvre, par le seul effet de la charge produite par les pieds de la personne qui approche de la lunette, et, lorsque cette personne se lève, la soupape s’ouvre et le couvercle se ferme.
- La soupape est garnie, en avant, d’un tablier sous lequel est un jour qui laisse passer dans l’entonnoir le peu d’urine qui échappe à l’évacuation.
- De l’entonnoir les urines sont conduites, par un tuyau, dans une première caisse ou réservoir dont le fond est muni d’un godet percé ; ce réservoir et ce godet sont garnis, chacun, d’une éponge qui arrête la partie la plus épaisse des urines ; un second réservoir est garni de la même manière que le premier, et au-dessus est un filtre de charbon pareil à ceux de M. Ducommun.
- Une seconde caisse renferme également du charbon préparé à fdtre plus fin, et rend ses eaux dans un troisième réservoir garni d’un fdtre définitif, de sorte que les eaux qui en tombent au rez-de-chaussée, par un robinet, sont sans couleur et sans odeur.
- Le tuyau de chute, muni d’un tuyau mobile, peut communiquer aux tonneaux au lieu de communiquer au cuvier demi-circulaire h, fig. 24.
- Les tonneaux s’emplissent l’un par l’autre au moyen de bouts de tuyaux qui établissent la communication entre tous les tonneaux.
- Le ventilateur peut être placé dans le tonneau ou l’être dans le cuvier demi-circulaire.
- Le tuyau évaporateur est placé dans le tonneau à l’opposé du ventilateur.
- La suite au numéro prochain.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Sur la possibilité d’acclimater en France et en Algérie le lama, l’alpaca et la vigogne ;
- par M. de Castelnau.
- Le genre lama se compose de trois races d’animaux reléguées dans la cordilière des Andes, au Pérou. Deux d’entre elles sont bien distinctes l’une de l’autre par leur caractère physique et par leurs mœurs ; ce sont le lama et la vigogne ; mais la troisième, l’alpaca,
- (l) Description des brevets, t. XIII, p. 312.
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
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- ne se distingue qu’avec peine du lama : ce dernier ainsi que l’alpaca ne se trouvent nulle part à l’état sauvage, tandis que la vigogne n’a jamais, jusqu’ici, été soumise à la domesticité. Cette espèce habite généralement, par petites troupes, sur les plateaux les plus élevés des Andes ; ses mouvements sont d’une extrême vivacité, et, aussitôt que la petite troupe aperçoit un voyageur, elle s’enfuit avec rapidité.
- Le lama vit aussi par troupes nombreuses dispersées dans les plaines et sur les plateaux des Andes ; mais, depuis longtemps, soumis à l’empire de l’homme, il n’éprouve aucune crainte à son approche. Il fournit, par sa laine, des habillements parfaitement appropriés à la rigueur du climat ; sa chair, semblable à celle du mouton, remplace, dans bien des endroits, toute autre viande ; enfin il tient lieu , à l’Indien, de tout autre animal de somme. Des troupes de ces animaux chargés de marchandises parcourent des distances de 1,600 kilomètres.
- Destiné à vivre à une hauteur de 3,000 à 3,500 mètres, les lamas sont habitués à un climat froid. La chaleur des plaines leur est nuisible ; on les conduit seulement, à de certaines époques de l’année, dans les vallées voisines des villes, afin de leur faire porter eux-mêmes leurs toisons sur des points plus favorables au chargement, que l’on fait ensuite à dos d’âne.
- Il ne faudrait cependant pas conclure de ce qui précède que la tonte des lamas fut universellement pratiquée ; la plupart d’entre eux n’y sont, au contraire, jamais soumis', et bien que, par une anomalie singulière, la toison du lama vaille souvent plus que l’animal entier, l’incurie des Indiens est telle qu’ils perdent souvent, par simple paresse, des revenus considérables.
- Il y aurait une très-grande utilité d’introduire le lama dans l’ancien monde : les moyens d’y réussir seraient de chercher à le répandre dans les contrées dont le climat et la nature du sol se rapprochent le plus de sa résidence naturelle, et les montagnes de l’Algérie semblent favorablement situées sous ce rapport ; là ses services pourraient être immenses, et, véritable chameau des montagnes, il continuerait, dans des terrains accidentés, les services que celui-ci rend dans les plaines sablonneuses.
- Pour réussir dans l’entreprise dont il s’agit, il faudrait embarquer une quarantaine de ces animaux, dont la moitié devrait être des alpacas, car leur laine est très-supérieure à celle du lama. Il serait nécessaire de faire accompagner le troupeau par quelques Indiens habitués aux soins qu’il réclame et aux opérations nécessaires à la propagation de l’espèce.
- A l’époque de son expédition, M .de Castelnau s’était procuré au Pérou un troupeau d’une trentaine de ces animaux; mais les bâtiments de l’Etat n’ayant pas reçu d’ordres à cet égard ne purent se charger de leur transport, et le commerce demandait des sommes énormes pour l’effectuer.
- Diverses tentatives ont été faites pour naturaliser en Europe le lama et ses congénères. En Angleterre, lord Derby s’était déjà procuré des alpacas et les avait fait reproduire. M. Stephenson avait aussi quelques individus en Ecosse. L’attention publique ayant été fixée sur ce progrès, une Société se forma pour tenter de l’accomplir, et les hommes les plus éminents de l’Angleterre s’empressèrent d’en faire partie.
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
- En Hollande, le roi Guillaume s’étant procuré, il y a quelques années, plusieurs lamas et alpacas, et même des vigognes, et ayant ordonné que ces précieux animaux reçussent, dans l’un de ses parcs, les soins les mieux dirigés, a vu pleinement réussir cette expérience, d’autant plus concluante qu’elle était tentée dans des circonstances défavorables. Trente-quatre individus sont aujourd’hui à la Haye.
- Buffon est le premier, en France, qui ait compris toute l’importance future de cette question d'application. Il écrivait, dès 1765, « que ces animaux seraient une excellente acquisition pour l’Europe, spécialement pour les Alpes et pour les Pyrénées, et produiraient plus de biens réels, disait-il, que tout le métal du nouveau monde. »
- Après Buffon vint, en 1782, l’abbé Beliardy, qu’un long séjour en Espagne avait mis à même de recueillir de nombreux documents sur le lama et ses congénères ; il insista sur l’utilité de l’importation de ces animaux. Le ministre, disait-il, qui aurait contribué à enrichir le royaume d’un animal aussi utile pourrait s’en applaudir comme de la conquête la plus importante; mais rien ne fut fait, et Buffon, alors dans un âge avancé, ne put que déclarer qu’il persistait à croire qu’il serait possible de naturaliser chez nous les trois espèces d’animaux si utiles au Pérou.
- Au commencement de notre siècle, nous voyons le vœu de Buffon et de Beliardy reproduit, et cette fois avec plus d’efficacité, par l’impératrice Joséphine, qui eut la généreuse ambition de doter notre pays, non-seulement du lama, mais de ses congénères, plus précieux encore que lui-même. Elle obtint que le roi d’Espagne, Charles IV, fît venir pour la France un troupeau assez considérable pour que l’on fût à l’abri des chances ordinaires d’accident et de mortalité ; mais on n’avait pas prévu celles de la guerre. Le troupeau resta six semaines à Buenos-Ayres sans qu’il fût possible de l’embarquer, et lorsque, en 1808, neuf individus, reste de trente-six, arrivèrent à Cadix, l’Espagne était en feu, et non-seulement les lamas ne purent recevoir les soins convenables , mais il s’en fallut de peu qu’ils ne fussent jetés à la mer. Ainsi échoua cette tentative, faite sur une grande échelle ; mais elle prouva, du moins, avec quelle facilité les lamas s’habituent à une nourriture fort différente de celle qui leur est naturelle.
- Dans ces derniers temps, on a fait à la ménagerie du muséum d’histoire naturelle des expériences tendant à établir qu’il est possible de propager, en France, les diverses espèces de lamas qui se plient, avec beaucoup de facilité, au régime de nos bestiaux.
- M. Geoffroy Saint-Hilaire pense que, lorsqu’une tentative sera faite sur un point bien choisi de nos Alpes et de nos Pyrénées, le succès en sera aussi assuré que peut l’être celui d’une entreprise nouvelle, à deux conditions toutefois, que l’essai soit institué sur une échelle suffisamment grande et dirigé selon les vrais principes de la science. (Acad, des sciences y 13 décembre 1847.)
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- INDUSTRIE ETRANGERE.
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- TABLEAU du nombre de fabriques de sucre de betterave existant dans les États de Vunion douanière, et des quantités de betteraves converties en sucre.
- — —
- NOMBRE QUANTITÉS DE BETTERAVES EMPLOYÉES.
- ÉTATS de fabriques.
- de d’union douanière. —
- 183G 1838 1841 1845 1841-42. 1842-43. 1843-44. 1844-45. 1845-46.
- quintaux (1) quint. quint, quint. quint.
- I Prusse. — 1® Prusse
- orientale » 2 1 2 10,554 11,443 16,652 10,224 12,393
- 2° Prusse occidentale... » 4 3 » 20,378 33,882 36,727 1,262 »
- 3° province de Posen.... )) 7 5 7 71,302 57,581 96,787 96,638 101,421
- 4» Poméranie » 10 6 5 113,873 108,392 120,637 104,053 94,298
- 5° Silésie 2 16 21 16 537,526 241,808 626,911 619,011 604,247
- 6° Brandebourg 2 11 4 3 228,883 64,836 145,876 145,992 131,550
- 7° Province deSaxe, y eom-
- pris le duché d’Anhalt. 11 43 48 37 2,460,040 1,397,421 2,529,516 2,224,136 2,656,531
- 8° Westphalie 1 2 3 4 225,639 108,871 190,821 162,331 266,345
- 9° Prusse rhénane 1 10 8 3 109,717 52,278 57,402 32,526 2,477
- Ensemble. 17 105 99 77 3,777,912 2,076,512 3,821,329 3,396,173 3,869,262
- II. Grand-duché de Bade. » 9 8 2 607,741 101,776 218,494 244,466 316,968
- III. Royaume de Wurtem-
- berg 1 4 2 2 209,176 122,854 81,700 55,863 59,521
- IV. Duché de Brunswick. » )) )) 2 » 54,680 51,807 55,715 65,707
- V. Royaume de Bavière.. 1 17 11 8 194,711 74,796 70,540 62,858 52,621
- VI. États de Thuringe... » 5 4 2 63,341 34,537 43,001 30,711 36,127
- VII. Hesse électorale » 7 4 2 41,679 26,498 23,914 23,648 25,375
- VIII.Royaume de Saxe... 1 5 2 1 42,578 » 25,605 24,426 20,887
- IX. Grand-duché de Hesse 1 4 4 )) 120,098 )) » » »
- X. Duché de Nassau.... )) 2 2 » 7,052 )) )) )) »
- Totaux 21 158 136 96 5,064,288 2,491,653 4,336,390 3,893,860 4,446,468
- (1) La livre de Prusse = 467 gr.; par conséquent, 1 quintal ou 100 livres = 46 kil. 700 gr.
- Les chiffres indiqués dans le tableau précédent donnent lieu aux observations suivantes :
- 1° La quantité de betteraves employées dans la province de Saxe est à celle fabriquée dans les autres parties de la monarchie prussienne comme 2 : 3 ; elle forme, par conséquent , les deux tiers de ces dernières.
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- 32
- INDUSTRIE ÉTRANGÈRE.
- 2° En comparant les chiffres de la province de Saxe avec la production de tous les autres Etats du Zollverein, on trouvera que, dans la campagne de 1811-1842, cette proportion était comme 1 à 2; mais que, plus tard, elle est descendue de 1 à 1,78, 1 à 1,71, 1 à 1,75, 1 à 1,52.
- 3° La Silésie emploie environ le sixième des betteraves converties en sucre dans toute l’étendue de la monarchie prussienne, ou le quart de celles consommées dans la province de Saxe ; aussi cette industrie a-t-elle fait des progrès en Silésie, quoique dans une proportion inférieure de celle de la province de Saxe.
- 4° Dans le Brandebourg, la quantité de betteraves travaillées est descendue de 229,000 quintaux, quelle était pendant la campagne de 1841-1842, à 131,000 dans celle de 1845-1846; tandis que, dans la province de Posen, le résultat a été inverse : 71,000 pendant la première époque et 101,000 pendant la seconde.
- 5° La production est insignifiante dans la Prusse orientale ; elle a décru en Poméranie.
- 6° La fabrication a entièrement cessé dans la Prusse occidentale et en W'estphalie ; elle est près de s’éteindre dans la Prusse rhénane.
- 7° Après la Prusse, c’est le pays de Bade qui offre la production la plus importante.
- 8° Dans presque tous les Etats du Zollverein, la fabrication a diminué depuis 1842 ; toutefois elle s’est un peu relevée dans ces dernières années.
- 9° La fabrication a entièrement cessé dans le grand-duché de Hesse et dans le duché de Nassau.
- 10° Le nombre des fabriques, qui, en 1838, était de 158, est réduit à 96 en 1845, quoique la masse des betteraves fabriquées ait éprouvé une augmentation sensible pendant ces sept années. Il y a dix ans, la fabrication du sucre de betterave réunissait un grand nombre de partisans enthousiastes qui considéraient cette branche d’industrie comme un moyen infaillible de faire fortune ; mais cette illusion a cessé depuis que des capitaux considérables ont été engloutis dans cette spéculation par l’appât de bénéfices qui ne se sont point réalisés.
- 11° En 1845, 77 fabriques de sucre de betterave étaient en activité en Prusse, et chacune d’elles travaillait 50,250 quintaux ; dans la même année , les 19 fabriques des autres États du Zollverein ne consommaient chacune que 30,367 quintaux.
- 12° Le rendement étant ordinairement de 5 pour 100 de sucre brut, il en résulte que le produit total de la campagne de 1845-1846 a été de 222,323 quintaux; mais, comme dans certains pays la culture des betteraves est très-avancée et que les méthodes de fabrication ont été perfectionnées, on peut établir que le rendement est de 6 et demi pour 100, ce qui donnerait 289,020 quintaux ou 13,500,000 kilogr. (1). ( Mémoires de la Société pour Vencouragement de l’industrie en Prusse, 3e livraison de 1847.)
- (1) Le nombre des fabriques de sucre existant en France, en 1847, était de trois cent soixante-sept, et leur production de 50 millions de kilogrammes de sucre environ ; c’est près de quatre fois plus que ce qui se fabrique en Allemagne, non compris l’empire d’Autriche. {N. d. R.)
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- INDUSTRIE ÉTRANGÈRE.
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- Liste des brevets d’invention délivrés en Prusse pendant Vannée 1846.
- 1. M. Muller, facteur d’instruments de musique à Berlin; nouveau mécanisme de piano. ( 4 janvier. — î> ans. )
- 2. LemémeetM. Schoenemann, à Berlin; disposition des claviers de pianos qu’on peut faire fonctionner avec des touches d’une dimension réduite. ( 16 février. — 8 ans. )
- 3. Les mêmes; claviers à octaves accouplés. ( 12 juin. — 5 ans. )
- 4. M. Schoenemann, professeur de mathématiques au gymnase de Brandebourg; balance à bascule et à plateau. ( 5 janvier. — 8 ans. )
- 5. M. Stephanowski, ingénieur civil à Posen; disposition nouvelle des gares d’évitement dans les chemins de fer. ( 18 janvier. — 8 ans. )
- 6. M. Mylius, à Berlin ; appareil de condensation et de rafraîchissement employé dans les brasseries. ( 12 février. — 8 ans. )
- 7. Le même ; nouvel appareil de distillation par la vapeur. ( 12 février. — 8 ans.}
- 8. M Goldschmidt, à Berlin; préparation d’un papier sur lequel on peut écrire avec une encre incolore. ( 12 février. — 6 ans. )
- 9. M. Ulmann, négociant à Berlin; méthode de soudure des barres de fer pour en former des arbres, des essieux et autres objets analogues. (25 février. —6 ans.)
- 10. M. Scholz ( E. ), instituteur à Breslau; appareil pour guérir le bégayement. ( 25 février. — 8 ans. )
- 11. M. Borchard, ingénieur des ponts et chaussées à Tannhausen; disposition mécanique des presses à comprimer les tuiles. (25 février. — 5 ans. )
- 12. M. Schildknecht, fabricant à Berlin; nouveau moyen de contrôle des cochers de voitures publiques. ( 26 février. — 8 ans. )
- 13. M. Wolf, fabricant à Elberfeld; disposition adaptée au métier Jacquart, pour la fabrication des tissus rayés transversalement, avec économie de cartons. ( 9 mars. — 8 ans. )
- 14. M. Mendelssohn, à Berlin; machine à fendre le bois de chauffage. ( 13 mars. — 5 ans. )
- 15. MM. ICamphausen et Dister, à Cologne; procédé de transport des vieux manuscrits et imprimés. ( 20 mars. — 5 ans.)
- 16. M. Hoffman, inspecteur des manufactures à Breslau; machine propre à déblayer les neiges sur les chemins de fer. ( 31 mars. — 15 ans. )
- 17. Le même; mécanisme pour régler la marche de machines à vapeur fonctionnant sans manivelle et sans volant. ( 28 avril. — 8 ans. )
- 18. M. Blumenreich, propriétaire de la verrerie de Neudorf, près Gleiwitz en Silésie ; nouvelle forme de pots pour fondre le fer au moyen de la houille. ( 20 avril. — 5 ans.)
- 19. M. Fabian, facteur d’orgues à Braetz ; disposition des soufflets d’orgues facilitant le jeu de ces instruments. ( 20 avril. — 8 ans. )
- 20. M. Taurinus, à Cologne; nouveau système d’écluses. ( 23 avril. — 8 ans. )
- 21. M. Brehmer, maire à Carmenfelde; charrue à double soc. (23 avril. — 5 ans. )
- Quarante-septième année. Janvier 1848. 5
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- INDUSTRIE ÉTRANGÈRE.
- 22. M. Komyn, propriétaire à Wardhausen ; métier mécanique pour la filature en fin du coton et de la laine. ( 23 avril. — 5 ans. )
- 23. M. Becker, facteur d’instruments à Winterscheid ; nouvelle méthode pour toucher du piano. ( 30 avril. — 5 ans. )
- 24. M. Milde, fabricant de toiles peintes à Breslau ; disposition pour préparer et étirer le coton, la laine et autres matières filamenteuses. ( 17 mai. — 5 ans. )
- 25. M. Schermeng, dessinateur à Elberfeld; cage à navette pour être adaptée au métier à fabriquer les étoffes brochées. ( 21 mai. — 10 ans. )
- 26. M. Elliot, négociant à Berlin ; moyen de recouvrir les fils de fer d’un enduit de résine ou de plomb. ( 21 mai. — 8 ans. )
- 27. Le même; métier mécanique pour filer en fin le coton et la laine. ( 18 juillet. — 8 ans. }
- 28. M. Hanewald, propriétaire d’une sucrerie à Brieg; nouvelle presse à vapeur.
- ( 31 mai. — 8 ans. )
- 29. M. Hirtz ( N. ), constructeur de machines à Berlin; nouveau procédé d’étirage du fil de fer. ( 5 juin. — 8 ans. )
- 30. M. Baunscheidt, mécanicien à Poppelsdorff près Bonn; semoir pour les graines forestières. ( 5 juin. — 5 ans. )
- 31. M. Engelhardt, horloger à Berlin; arrêt de montre à repos et à force constante.
- ( 8 juin. — 8 ans. )
- 32. M. Michaut, plombier à Berlin; procédé pour extraire le plomb des crasses de plomb qui surnagent le bain pendant la fusion. ( 19 juin. — 10 ans. )
- 33. M. Grebin, horloger à Berlin; cache-entrée de serrures mettant celles-ci à l’abri des fausses clefs et rossignols. ( 20 juin. — 8 ans. )
- 34. Le meme; appareil pour blanchir le linge. ( 22 juin. — 8 ans. )
- 35. M. Steimmig, mécanicien à Dantzick; machine propre à triturer, mélanger et nettoyer l’argile pour la fabrication des tuiles. ( 28 juin. — 8 ans. )
- 36. MM. Scheibler et comp., fabricants à Cresfeld; métier pour fabriquer le satin uni et broché. ( 28 juin. — 8 ans. )
- 37. M. Kraekwitz, mécanicien à Anclam; cadre et charronnage pour des waggons de chemins de fer, à dix roues, avec essieux tournants. ( 7 juillet. — 8 ans. )
- 38. M. Reinhardt, de Manheim; nouveau condensateur pour des appareils de distillation. ( 13 août. — 8 ans. )
- 39. M. Einsel, maître ouvrier à Crefeld; machine pour monter, sur l’ensoupîe, les chaînes des tissus, principalement les chaînes de soie. ( 13 août. — 8 ans. )
- 40. MM. Çlarenbach et fils, fabricants à Hukeswagen; nouvelles dispositions mécaniques applicables aux machines à carder la laine. ( 22 août. — 8 ans. )
- 41. M. Serre, major au service de Prusse, à Maxen près Dresde; nouveau pétrisseur.
- ( 27 août. — 8 ans. )
- 42. M. Piepenstock, fabricant à ïserlohn ; anneaux applicables à diverses industries.
- ( 30^août. — 5 ans. )
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
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- 43. M. Lange, à Berlin; alliage applicable à la fermeture de portes des poêles. 17 septembre. — 5 ans. )
- 44. M. Knaus, facteur d’instruments de musique à Coblentz; mécanique à double échappement pour pianos. ( 30 septembre. — 5 ans. )
- 45. M. Warker, facteur d’instruments de musique à Trêves; moyen d’attacher les cordes sur la table d’harmonie des pianos. {12 octobre. — 5 ans/)
- 46. M. Burbach, négociant à Cologne; appareil photographique propre à la représentation des panoramas. ( 12 octobre. — 5 ans. )
- 47. M. Semper, à Guben; disposition mécanique pour alimenter de laine les loups et les machines à carder. ( 15 octobre. — 5 ans. )
- 48. M. Kufahl, ingénieur-mécanicien à Berlin; nouveaux barreaux pour grilles. ( 3 novembre. — 5 ans. )
- 49. M. Kiepe, teinturier à Limbourg; appareil pour la teinture en réserve des dessins en blanc sur fond bleu. ( 7 novembre. — 5 ans. )
- 50. M. Oechelhaeuser, à Siegen; locomoteurs pouvant franchir des pentes inclinées. ( 15 novembre. — 8 ans. )
- 51. M. Naeter (E. ), facteur d’instruments de musique à Demmin ; genre de cordes de pianos. ( 25 novembre. — 5 ans. )
- 52. MM. Gaebel et Pohl, à Mittelwalde; nouveau mode de rouissage du chanvre. ( 25 novembre. — 5 ans. )
- 53. M. Fischer, facteur d’orgues, à Bole; soupape pour les soufflets d’orgues. ( 6 décembre. — 5 ans. )
- 54. M. Leonhardt, horloger à Berlin; télégraphe électrique. (10 décembre —5 ans.)
- 55. M. Zoller, à Berlin ; frein de sûreté pour les waggons des chemins de fer à huit roues. ( 18 décembre. — 5 ans. )
- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
- Livres français.
- De l’état de l’industrie dans la société moderne et de la part qui lui revient dans les progrès de la civilisation ; par G. Pigeon. In-8, Lyon, Boitel.
- Loi sur la police des chemins de fer, promulguée le 21 juillet 1846. In-32, Paris, Mathias, quai Malaquais, 15.
- Système métrique et légal des poids et mesures ; par Àstier. In-lS, Paris, Delalain, rue des Mathurins-Saint-Jacques.
- Considérations générales sur l’origine et la formation des asphaltes, et de leur emploi comme ciment naturel appliqué aux travaux d’utilité publique et privée; par Huguenet, In-8, Paris, Mathias.
- Cours d’analyse de l’école polytechnique ; par Duhamel. 1 vol. in-8, Paris, Bâche* lier, quai des Augustins, 55.
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
- Mémoire sur la meunerie, la boulangerie et la conservation des grains et des farines ; par A. Roîlet. 1 vol. in-4 et un atlas in-folio de 62 planches, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont, quai des Augustins.
- Mémoire sur le gisement du sel gemme dans le département de la Moselle ; par Le~ vallon. In-8, Nancy, Rayhois.
- Almanach Bottin du commerce de Paris et des départements pour 1847. 1 gros vol. in-8, Paris, rue J.-J.-Rousseau, 20.
- Bulletin des travaux de la Société libre d’émulation de Rouen pendant l’année 1845-1846. 1 vol. in-8, Rouen, Rivoire.
- Caloridores et calorifuges, nouveau système d’économie sur le combustible ; par P. Pimont. In-8, Paris, Mathias.
- Collection de tableaux polytechniques ; par Roguet. In-plano, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Eléments de perspective linéaire ; par À. Guiot. 1 vol. in-8 avec atlas, Paris, Bachelier.
- Description des machines et procédés consignés dans les brevets d’invention dont la durée est expirée, t. 62, 63 et 64. 3 vol. in-4 avec pl., Paris, Bouchard-Huzard.
- Mémoires de l’Académie royale de Metz, 27 et 28e années, 1845-1846, 1846-1847. 2 vol. in-8, Paris, Derache, rue du Bouloi, 7.
- Nouveau mode de culture et d’échalassement de la vigne; par Collignon d'Ancy. In-8, Metz; Warion.
- Résumé de l’histoire du commerce et de l’industrie de la France; par Chandelier. In-8, le Havre, Carpentier.
- Etudes chimiques sur, les cours d’eau du département de la Loire-Inférieure ; par MM. Bobière et Moride. In-8, Nantes, Sebire.
- Note sur le débordement des fleuves et rivières ; par Polonceau. In-8, Paris, Mathias.
- Le télégraphe électromagnétique américain, trad. de l’anglais. 1 vol. in-8, Paris, Mathias.
- Traité de chimie appliquée aux arts; par M. Dumas; t. II. 1 vol. in-8, Paris, Bé-chet, rue de FEcole-de-Médecine, 4.
- Relation entre la nitrification et la fertilisation des terres ; par Kuhlman. In-8, Lille, Lefort.
- Tableau général du commerce de la France avec ses colonies pendant les années 1845 et 1846, publié par l’administration des douanes. 2 vol. in-4, Paris, Renard, rue Sainte-Anne, 71.
- Annuaire de la typographie parisienne et départementale ; par Prétot. In-18, Paris, rue Neuve-des-Mathurins, 18.
- Association pour la défense du travail national ; examen des théories du libre échange. In-4, Paris, rue Hauteville, 58.
- Essai sur l’industrie des matières textiles ; par M. Alcan. 1 vol. in-8 avec atlas in-4 oblong, Paris, Mathias.
- Instruction pour le peuple. Cent traités. Filature, tissage. In-8, Paris, Dubochet, rue de Richelieu.
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
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- Rapport annuel sur les progrès de la chimie, présenté à l’Académie royale de Stockholm par M. Berzélius. 1 vol. in-8, Paris, Masson, place de l’École-de-Médecine, 1.
- Traité de chimie minérale, végétale et animale; par le meme; 2e édit. 1 vol. in-8, Paris, Didot.
- Guide du sondeur; par Degousée. 1 vol. in-8 avec atlas in-4, Paris, Langlois et Leclerc, rue de la Harpe, 81.
- Guide des cultivateurs; par Dczeimeris. 1 vol. in-18, Paris, Dusacq, rue Jacob, 26.
- De la taille des arbres fruitiers; par G. D. In-18, Paris, Bouchard-Huzard.
- Traité de la culture du noyer dans les départements du centre ; par Huard Duplessis. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Annuaire de l’Académie des sciences , inscriptions et belles-lettres de Toulouse. In-18, Toulouse, Douladoure.
- Architecture civile ; maisons de ville et de campagne ; par Dubut. In-folio, Paris, Marie et Bernard, rue des Grands-Augustins, 1.
- Description des divers types de machines à vapeur dites d’épuisement, du bassin houiller de la Loire ; par Baure. In-8, Saint-Etienne, Théolier.
- Manuel complet du teinturier; par Biffault, Vergnault, Julia Fontenelle. 1 vol. in-18, Paris, Roret.
- Opinions des hommes politiques, des savants, des agronomes et des agriculteurs sur l’utilité du sel pour les plantes et les animaux ; par M. Demesmay. In-8, Paris, Dusacq, rue Jacob, 26.
- Cours d’agriculture; par M. le comte âe Gasparin; t. III. 1 vol. in-8, Paris, Dusacq.
- Cours de dessin linéaire appliqué aux arts et à l’industrie. 1 vol. in-8, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Procédés employés pour obtenir les épreuves photographiques sur papier ; par Blan-quart Evrard. In-8, Paris, Baillière.
- Atlas général des phares et fanaux à l’usage des navigateurs ; par Coulier. In-4, Paris, rue du Bac, 67.
- Dictionnaire des arts et manufactures ; par Alcan, Barrai, etc. 1 vol. in-8 , Paris, Mathias.
- Eléments de trigonométrie ; par Lefèvre de Fourcy; 6e édition. 1 vol. in-8 , Paris, Bachelier.
- Leçons de géométrie analytique; par le même. 1 vol. in-8, Paris, Bachelier.
- Exposé des faits relatifs à la fabrication des tresses de paille française ; par Fleschelle. In-8, Paris, Appert.
- Notions élémentaires de balistique appliquée aux armes à feu ; par Thiroux. 1 vol. in-8, Versailles, Montalant Bougleux.
- Cours élémentaire de chimie ; par Deguin. 1 vol. in-8, Paris, Belin, rue Christine, 5,
- De la marne, de sa véritable nature et de son emploi en agriculture ; par Desvaux. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts de Bayeux; t. III. 1 vol. in-8, Bayeux, Leméteyer.
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
- Mémoires de la Société royale des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille ; année 1845. 1 vol. in-8, Lille, Danel.
- Mémoires de la Société royale et centrale d’agriculture, sciences et arts du département du Nord, séant à Douai; 1845-1846. 1 vol. in-8, Douai, Adam d’Aubers.
- Libre échange et protection ; par Goldenberg. In-8, Paris, Didot, rue Jacob, 56.
- Peinture sur porcelaine, sur verre et sur cristaux, procédés de la manufacture royale de Sèvres. In-18, Paris, Desloges, rue Saint-André-des-Arts, 39.
- Théorie des effets optiques que présentent les étoffes de soie; par Chevreul. 2 vol. in-8, Paris, Didot.
- Traité du dessin géométrique; par Burg. 1 vol. in-4 avec atlas de planches, Paris, Corréard, rue de l’Est, 9.
- L’agriculture allemande, ses écoles, son organisation, ses pratiques; par Royer. 1 vol. in-8, Paris, Dusacq, rue Jacob, 26.
- Ce qu’il adviendrait de l’agriculture en France avec le libre échange; par M. Huzard. ïn-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Considérations sur les moyens à employer pour améliorer la Sologne; par M. de Larocque. In-8, Paris, Pillet aîné.
- Culture des plantes économiques, oléagineuses, textiles et tinctoriales ; par Schwerz. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Enquête sur la maladie des pommes de terre en France pendant les années 1845 et 1846; par M. Payeti. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Notice sur diverses questions de chimie industrielle, médicale et agricole ; par Girar-din. In-8, Rouen, Lefèvre.
- Agriculture française; par MM. les inspecteurs de l’agriculture,—département de l’Aube. 1 vol. in-8, Paris, Roret, rue Hautefeuille, 10 bis.
- Chemins de fer français. Code annoté ; par Bacqua. 1 vol. in-8, Paris, rue des Pou-lies-du-Louvre, 9 bis.
- Congrès scientifique de France; 13e session tenue à Reims en septembre 1845. 1 vol. in-8, Reims, Jacquet.
- Dictionnaire analytique et raisonné des articles indigènes et exotiques ; par Roussel. 1 vol. in-8, Paris, Roussel, rue Marsollier, 7.
- Lettres sur la chimie considérée dans ses applications à l’industrie ; par Justus Liebig. 1 vol. in-12, Paris, Masson.
- Mémoire sur l’importance de l’emploi du sel pour les animaux ; par Miche Tronc. In-8, Lyon, Perrin.
- Application à l’agriculture des éléments de physique et de chimie; par Caillet. 2 vol. in-12, Paris, Mathias.
- Congrès des agriculteurs du nord de la France; 3e session tenue à Amiens les 6 et 8 novembre 1846. In-8, Amiens, Duval.
- De la culture du topinambour; par Bagot. In-8, Paris, Dusacq, rue Jacob, 26.
- Traité élémentaire d’arpentage et de nivellement ; par Pouillet-Ducatez. 1 vol. in-8, Arras, Brissy.
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- bibliographie industrielle.
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- Expériences sur le sel employé pour l’amendement des terres et l’engraissement des animaux; par M. le baron Faurier. In-4, Nancy, chez l’auteur.
- Traité élémentaire de physique; par Péclet; 4e édit. 2 vol. in-8, Paris, Hachette, rue Pierre-Sarrazin.
- Cours de chimie appliquée professé à l’école centrale des arts et manufactures et au Conservatoire des arts et métiers ; par M. Payen. In-8, Paris, Brière.
- Mémoire sur l’apprentissage et sur l’éducation industrielle ; par César Fichet. In-4, Paris, rue Basse-du-Rempart, 28.
- Mémoire sur l’état de la production du sucre indigène et du sucre colonial ; par Fa-vard. In-8, Paris, Blondeau.
- Annales de la Société séricicole fondée pour l’amélioration de l’industrie de la soie en France ; 10e année. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- De la liberté du commerce et de la protection de l’industrie. In-8, Paris, Amyot, rue de la Paix, 6.
- Essais sur la taille et la conduite des arbres fruitiers. In-12, Nantes, Gailmard.
- Nouvelles manipulations chimiques simplifiées ; par Violette. 1 vol. in-8, Paris, Mathias.
- Affranchissement de l’industrie anglaise dans l’intérêt de la richesse du pays ; par Bœderer. In-8, Paris, Didot.
- Mémoire de la Société royale d’agriculture du département de Seine-et-Oise ; 46° année. 1 vol. in-8, Versailles, Dufaure.
- Traité complet de l’évaluation de la menuiserie ; par Boileau et Bellot. 1 vol. in-8 avec atlas de planches, Paris, Carilian jeune, rue Saint-André-des-Arts, 15.
- Traité de minéralogie ; par Dufresnoy. 2 vol. in-8, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Application de la géométrie descriptive aux ombres, à la perspective, à la gnomonique et aux engrenages ; par Théod. Olivier, 1 vol. in-4 avec atlas de 58 planches, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- De l’organisation de l’enseignement agricole en France ; par Fabre. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Exercice de dessin linéaire ; par Bouillon. In-8, Paris, Hachette.
- Le guide du magnanier ; par Fraissinet. 1 vol. in-8, Nîmes, Ballivet.
- Traité de l’exploitation des mines ; par Combes ; t. III. In-8 avec atlas, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Manuel des inventeurs et des brevetés; par Perpigna; 8® édition. 1 vol. in-8, Paris, rue Neuve-Saint-Augustin, 10.
- De la liberté commerciale et de la marine marchande ; par Delaunay. In-8 , Havre, Brindeau.
- De l’art aérostatique et de son application aux transports par air ; par Dupuis Del-court. In-4, Paris, Bachelier.
- Ecole centrale des arts et manufactures; année 1846-1847. In-8, Paris, Bachelier.
- Manuel complet de la fabrication des allumettes chimiques, du coton et du papier-poudre ; par Roussel. In-18, Paris, Roret.
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
- AO
- Observations sur le fumier de basse-cour et les engrais artificiels. In-8 , Paris, Bou-chard-Huzard.
- Recherches expérimentales sur l’alimentation des bestiaux et des vaches-laitières; par Robert Dundas Thompson, trad. de l’anglais. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Recueil de documents relatifs à l’exploitation des mines métallifères de l’Aveyron. 1 vol. in-8, Paris, Langlois et Leclercq, rue de la Harpe, 81.
- Théâtre d’agriculture du xixe sièle ; par Gustave Heuze. 1 vol. in-8, Paris, Roret.
- Àutophotographie ou méthode de reproduction par la lumière des dessins, lithographies, gravures, etc.; par Mathieu. Paris, Chevalier, place du Pont-Neuf, 15.
- Éléments populaires de chimie agricole ; par Lhéritier et Roussel. 1 vol. in-12, Paris, Gouet, rue des Beaux-Arts, 6.
- Cours élémentaire théorique et pratique de dessin linéaire; par Lebeaïïe. In-4, Paris, Bachelier.
- Mémoires d’agriculture, d’économie rurale et domestique, publiés par la Société royale et centrale d’agriculture; année 1847. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Notice sur l’importance des produits résineux que l’on peut retirer des pins maritimes de la Sarthe; par Demande. In-8, le Mans, Julien.
- Documents relatifs au coton détonant. In-8, Paris, Corréard, rue de l’Est, 9.
- Éléments de physique terrestre et de météorologie; par Becquerel. 1 vol. in-8, Paris, Didot.
- Mémoire sur les quantités de sel chloruré de sodium contenu dans les plantes des terrains salifères et non salifères ; par le même. In-8, Paris, Didot.
- Recherches expérimentales sur l’action du sel dans la végétation ; par le même. In-8, Paris, Didot.
- Études sur l’aérostation ; par Marey-Monge. 1 vol. in-8, Paris, Bachelier.
- Études sur les voies de communication perfectionnées; par Ed. Teisserenc. 2 vol. in-8, Paris, Mathias.
- Nouveaux renseignements pratiques sur le procédé de photographie sur papier de M. Blanquart-Evrard ; par de Valicourt. In-8, Paris, Roret.
- Du travail des enfants employés dans les ateliers , usines et manufactures ; par le baron Charles Dupin. In-8, Paris, Bachelier.
- Éléments de trigonométrie rectiligne ; par Cirodde. In-8, Paris, Hachette.
- Méthode pour suppléer aux instruments dans les opérations de géométrie pratique ; par Renaud. In-4 , Paris, Bénard.
- Code-manuel des ouvriers, contre-maîtres et apprentis; par Louis Bellat. In-16, Paris, rue Notre-Dame-des-Yictoires, 46.
- Mission commerciale en Chine. Industrie des soies et soieries; par Hedde. In-8, Lyon, Barret.
- Expériences pour déterminer les principales lois physiques et les données numériques qui entrent dans le calcul des machines à vapeur; par V. Régnault. 1 vol. in-4 , Paris , Didot.
- Trigonométrie rectiligne et sphérique ; par Latière. In-8 , Paris , au dépôt des cartes marines.
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
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- Agriculture élémentaire théorique et pratique ; par Legras. In-12, Mirecourt, Humbert.
- Contrefaçon des procédés de dorure et d’argenture de MM. Elkington et Ruolz ; rapport d’expertise ; par MM. Barrai, Chevalier et Henry. In-4, Paris, Duverger.
- De l’amélioration du bétail en Limousin; par de Tourdonnet. In-8, Paris, Guiraudet.
- Manuel du cultivateur de dahlias; par Legrand. In-18, Paris, Dusacq, rue Jacob, 26.
- Mémoires de la Société d’émulation de Cambray; Cambray, t. XX, 1844-1845. 1 vol. in-8 , Lesne Daloin.
- Cours d’horticulture ; par Poiteau. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Cours élémentaire et pratique de dessin linéaire ; par MM. Boniface et Choquet. In-8, Paris, Delalain, rue des Mathurins-Saint-Jacques.
- Guide du chemin de fer de Paris au Havre. In-16, Paris, Bourdin, rue de Seine, 51.
- Méthode théorique et pratique de photographie sur papier; par Guillot Saguez. In-8, Paris, Y. Masson, place de l’École-de-Médecine.
- Code du commerce des bois carrés ou à œuvrer ; par F. Moreau. 1 vol. in-8, Paris, Dauvin et Fontaine, passage des Panoramas.
- Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnés ; par Armengaud aîné ; t. V. 1 vol. in-8 avec atlas de planches, Paris, Mathias.
- Annuaire de l’horticulteur; par Bixio. In-16, Paris, Pagnerre, rue de Seine , 14 bis.
- Instruction sur une nouvelle méthode de cultiver la vigne sans échalas ; par Lebœuf. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Maison rustique du xix* siècle ; par Ysabeau et Bixio. 5 vol. in-8 , Paris, Dusacq , rue Jacob, 26.
- Règles pratiques sur l’art de conduire les machines locomotives ; par Martial Chevalier. In-18, Paris, Mathias.
- Histoire de la recherche, de la découverte et de l’exploitation de la houille dans la Flandre ; par Ed. Grar. 1 vol. in-4, Valenciennes, Prignet.
- Vade-mecum du mécanicien constructeur de machines locomotives ; par Florentin Coste. In-18, Paris, Mathias.
- Eléments de géométrie descriptive; par Bertaux Levillain. In-8, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Guide universel indiquant le service des chemins de fer, bateaux à vapeur, etc.; par Lebouteiller. Paris, place de la Bourse, 27.
- Voies de communication aux États-Unis; par Stuchlé. 1 vol. in-8, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Dictionnaire abrégé des sciences, des lettres, des arts, de l’industrie, etc., par Louis Renier. 2 vol. in-8, Paris, Didot.
- Traité de chimie élémentaire ; par Allain. 1 vol. in-8, Paris, Baillière, rue de l’École-de-Médecine, 17.
- Cours de mécanique professé à l’École des ponts et chaussées ; par J. B. Bélanger. 1 vol. in-8, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Guide des constructeurs ou traité complet des connaissances théoriques et pratiques relatives aux constructions ; par Mignard. 2 vol. in-8, Paris, Bachelier. Quarante-septième année. Janvier 1848.
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
- Des travaux publics dans leurs rapports avec l’agriculture; par Aristide Dumont. 1 vol. in-8, Paris, Guillaumin, rue de Richelieu, 14.
- Rapports sur les instruments inventés et construits par Charles Çhevalier. In-8, Paris, Palais-Royal, 163.
- Recueil de mémoires et de procédés nouveaux concernant la photographie; par le même. 1 vol. in-8, Paris, Roret.
- Colonie agricole et horticole de Petit-Bourg. Compte rendu des exercices 1844-1845. In-8, Paris, Yinchon.
- Eléments de physique; par Ch. Roguet. In-8, Paris, Dupont, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 55.
- Abrégé des sciences et des arts ; traduit de l’anglais de Blair. In-12 , Limoges, Martial Ardant.
- Etudes sur le chemin de fer de Lyon à Avignon et sur l’endiguement du Rhône ; par Mortillet. In-8, Lyon, Perrin.
- Méthode simple et facile pour lever les plans; par Lecoq. In-12, Paris, Mathias.
- Nouveau manuel du menuisier en bâtiments; par Teyssèdre. In-18, Limoges, Martial Ardant.
- Société d’horticulture de Paris; séance publique du 19 septembre 1847. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Aperçu sur quelques systèmes de chauffage, spécialement sur le chauffage à l’eau chaude ; par Hermann. In-8, Guebwiller, Bruckert.
- Chimie élémentaire, par Bouchardat; 3e édit. 1 vol. in-12, Paris, Baillière.
- Congrès central d’agriculture ; 4e session , du 22 mars au 1er avril 1847. 1 vol. in-8 , Paris, bureau rue Coquillière, 22.
- Conseils aux agriculteurs; par Dezeimeris. In-12, Paris, Dusacq, rue Jacob, 26.
- Des fermes-écoles, des instituts agricoles et des fermes modèles; par Chambray. In-8, Paris, Pillet aîné.
- Histoire naturelle agricole des animaux domestiques de l’Europe ; trad. de l’anglais. ln-4, Paris, rue Saint-Honoré, 288.
- Leçons élémentaires de physique; par Baume et Poirier. In-12, Paris, Lecoffre, rue du Vieux-Colombier, 29.
- Manuel de l’éducateur des vers à soie; par Robinet. Paris, rue Jacob, 26.
- Manuel théorique et pratique du jardinier; par Pirolle. 1 vol. in-12 , Paris, Pigo-reau, quai des Augustins, 9.
- Traité de la culture des champignons ; par V. Paquet. In-12, Paris, Cousin, rue de Seine, 31.
- Du pin maritime et de sa culture dans les dunes ; par Boitel. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Cours de chimie générale ; par J. Pelouze et Frémy. 1 vol. in-8, Paris, Masson, place de l’École-de-Médecine.
- Dictionnaire de bromatologie végétale exotique; par Mouchon. 1 vol. in-8, Paris, Baillière,
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- BIBLIOGRAPHIE INDUSTRIELLE.
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- Précis sur les chemins de fer de la France ; par Cronier. 1 vol. in-8 , Paris, Mathias-
- Sténographie perfectionnée ; par Pillon. In-4, Paris, Delalain.
- Cours élémentaire de chimie de Régnault. 2 vol. in-8, Paris'Masson.
- Notions industrielles contenant l’explication des forges, verreries, machines à vapeur, etc.; par Boucard. In-18, Paris, Hachette.
- Notions sur les arts et métiers; par le même. In-18, Paris, Hachette.
- Recherches sur les arrosages chez les peuples anciens ; par Jaubert de Passa. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Éléments de physique expérimentale et de météorologie ; par Pouillet. 2 vol. in-8, Paris, Béchet jeune, place de l’École-de-Médecine, 1.
- Étude pratique des tissus de laine convenables pour la Chine ; par Nathalis Rondot. 1 vol. in-8, Paris, Guillaumin.
- Leçons instructives et morales sur l’industrie; par Mazure. In-18, Paris, Delalain.
- Mémoires de l’Institut royal de France ; t. XVII. In-4.
- Documents officiels sur le matériel des chemins de fer ; par Valerio et de Brouville. In-4, Paris, Mathias.
- Nouveau manuel complet du charpentier ; par Biston, Boutereau et Hanus. In-18 , Paris, Roret.
- Mémoires de l’Académie des sciences , agriculture et commerce du département de la Somme. 1 vol. in-8, Amiens, Duval.
- Mémoires de la Société des sciences , agriculture et arts de Lille ; année 1846. 1 vol. in-8, Lille, Danel.
- Traité du nivellement; par Breton. 1 vol. in-8, Paris, Mathias.
- Traité complet du dessin linéaire; par J. Lipowski. In-4, Strasbourg, veuve Levrault.
- Ouvrages périodiques.
- Portefeuille des horticulteurs. In-8, Paris, Michaud, rue d’Enfer, 66.
- Bulletin de la Société d’émulation du département de l’Ailier. In-8, Moulins, Des-roziers.
- L’Avant-garde agricole; par le marquis de Travanet. In-8, Paris, rue St.-Lazare, 10.
- Le Territorial, journal d’agriculture et d’industrie. In-fol. , Paris , rue Sainte-Anne , 51 bis.
- Revue agricole et industrielle de la Côte-d’Or ; par Joigneaux. In-8 , Dijon, veuve Noellat.
- Revue du travail, journal mensuel des classes laborieuses ; par l’abbé le Dreuille. In-8, Paris, rue J.-J.-Rousseau, 5.
- Moniteur des architectes. In-4 , Paris, rue Laffitte, 45.
- Le Daguerréotype, revue de la photographie ; par Meyer frères. Paris, rue Saint-Antoine, 110.
- Journal des patentes et brevets d’invention; par Leclerc. In-4, Paris, rue Fontaine-Saint-Georges, 29.
- Bulletin agricole de l’arrondissement de Schelestadt. In-8, Schelestadt, Helbin.
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- PROCÈS-VERBAUX.
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- . La France agricole. In-folio, Paris, rue Saint-Honoré, 337.
- L’Écho de l’industrie française ; journal des inventeurs. In-fol., Paris, rue de Seine, 10. Moniteur agricole; par M. Magné. In-8, Paris, rue J.-J.-Rousseau, 8.
- Bulletin de la Société centrale d’agriculture et d’industrie du département de la Nièvre. In-8, Nevers, Duclos.
- Extrait des procès-verbaux des séances du conseil d’administration de la Société
- d’encouragement.
- Séance du 5 janvier 1848.
- Correspondance. La commission du monument à ériger à la mémoire de Geoffroy Saint-Hilaire invoque l’appui de tous les amis des sciences naturelles pour élever à ce savant illustre une statue dans la ville d’Étampes, lieu de sa naissance. Elle transmet le programme de la souscription, à la tête de laquelle elle prie la Société d’encouragement pour l’industrie nationale de vouloir bien se placer.
- M. Moreau, rue de Clichy, 48, annonce qu’il a reçu de M. Vattemare, son beau-père, douze volumes dont la Société d’agriculture de New-York fait hommage à la Société d’encouragement.
- Le conseil vote des remercîments à cette Société ainsi qu’à M. Vattemare pour son utile coopération.
- M. Pons, ancien député de l’Hérault, demande son admission au concours pour la fabrication des tuyaux destinés à la conduite des eaux. Il annonce avoir fondé , à Ville-mur, commune de Jouques ( Bouches-du-Rhône ), un établissement pour la fabrication des poteries réfractaires pour tous les usages domestiques, et des tuyaux pour la conduite des eaux et du gaz. Ces poteries ont, suivant M. Pons, un très-grand degré de finesse et de légèreté ; elles subissent au feu, sans casser et sans éprouver la moindre altération dans le vernis, toutes les épreuves auxquelles elles peuvent être soumises. Les tuyaux de différents diamètres et de 1 mètre de long, essayés par MM. les ingénieurs des ponts et chaussées, notamment par M. l’ingénieur en chef du canal de Marseille, sont adoptés par lui pour la distribution de l’eau dans toute l’étendue de la ville , ont supporté , sans casser, une pression de 20 atmosphères. M. l’ingénieur des mines, à Marseille , a fait l’analyse de la terre employée dans l’établissement de M, Pons, et a constaté sa supériorité sur toutes celles du midi de la France.
- M. Lerot, horloger à Argentan ( Orne), en adressant le plan et la description du mécanisme d’horlogerie dit réveille-matin, qu’il a soumis à l’examen de la Société, y joint le plan de la grande horloge qu’il a établie au collège de cette ville.
- M. Mathon, à Saint-Quentin ( Aisne ), adresse le plan d’un nouveau moteur sur lequel il appelle l’attention de la Société.
- M. Mansonnier, ancien employé de la maison Appert, me du Delta projetée, 18, dépose un mémoire sur l’amélioration des classes ouvrières.
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- PROCÈS-VERBAUX.
- M. Boutigny, d’Évreux, en remerciant la Société d’avoir bien voulu insérer, dans son Bulletin, un extrait de son ouvrage sur le chauffage de l’eau à l’état sphéroïdal, annonce qu’un journal anglais , le Mechanics magazine du mois d’octobre 1847, a publié une analyse étendue de cet ouvrage.
- M. Sourel, lithographe à Neuchâtel ( Suisse ), adresse, comme complément de la communication qu’il a faite le 23 juin 1847, des spécimens de gravure de billets de banque sur pierre lithographique.
- Objets présentés. M. Donduran, rue Notre-Dame-de-Lorette, 36, présente un appareil sécheur pour lequel il a pris un brevet d’invention.
- M. Joseph de Créma, avenue des thamps-Élysées, 77, fait hommage d’une brochure accompagnée d’une planche autographiée ihtitulée , Nouveau moteur.
- M. Ch. Chevallier, ingénieur-opticien, Palais-Royal, 163, fait hommage d’un ouvrage intitulé , Mémoires et procédés nouveaux concernant la photographie sur plaques métalliques et sur papier.
- M. de Beauvoys, h Seiches par Suette ( Maine-et-Loire ), fait hommage d’un ouvrage ayant pour titre , Guide de Vapiculteur. Il fait remarquer l’utilité qui doit résulter de la propagation de l’éducation des abeilles.
- Les ouvrages suivants sont déposés sur le bureau :
- 1° Annales forestières, décembre 1847 ;
- 2° Annales de Vagriculture française, décembre 1847 ;
- 3° Moniteur industriel des 5, 9, 12 et 16 décembre 1847 ;
- 4° Belgique industrielle;
- 3° Le Technologiste, janvier 1848.
- M. Combes appelle l’attention de la Société sur un article inséré dans ce dernier journal et relatif à des expériences sur la résistance que l’air oppose au mouvement des véhicules sur les chemins de fer. Après un résumé des travaux entrepris dans cette direction, le rédacteur de cet article fait observer que la question dont il s’agit a été reprise par M. Bessemer et traitée dans une brochure que l’auteur vient de publier à Londres, sous ce titre, Sur la résistance de l’atmosphère aux convois sur chemins de fer; moyen de la diminuer et perfectionnements dans les essieux pour les véhicules sur ces chemins.
- M. Combes pense qu’il serait utile de se procurer cette brochure dont un extrait trouverait place dans le Bulletin.
- Cette proposition est renvoyée à la commission du Bulletin.
- Rapports des comités. Au nom de la commission de lithographie, M. Gaultier de Claubry lit un rapport sur le résultat du concours relatif au perfectionnement de la lithographie.
- M. le rapporteur, après avoir fait l’énonciation des divers objets qui, en dehors des programmes pour des questions déterminées, ont été adressés à la Société, expose les motifs qui ne permettent pas, quant à présent, de se prononcer sur le mérite des ces objets. Il fait connaître ensuite le résultat du concours pour Y encrage des pierres lithographiques par un moyen mécanique indépendant de la main de l’imprimeur.
- Le programme exige que cet encrage mécanique puisse fournir des épreuves compa-
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- PROCÈS-VERBAUX»
- râbles dans un tirage consécutif de mille exemplaires. La commission a constaté que, pour un tirage de six mille exemplaires, toutes les conditions du programme ont été remplies.
- Elle propose, en conséquence, d’accorder à M. Perrot le prix de 1,500 fr. que la Société a proposé sur cette question. ( Approuvé. )
- M. Lemercier, partant du point qu’avait étudié M. Tudot, mais en y ajoutant tout ce que sa longue expérience l’a mis à même de réaliser, est parvenu à fournir aux artistes des moyens d’une remarquable simplicité et d’un facile emploi, qui apportent, dans la pratique du dessin lithographique, des perfectionnements tels qu’ils en font, pour ainsi dire , un art tout nouveau.
- La commission , convaincue de l’importance du procédé de M. Lemercier, propose de lui décerner une médaille d’or de la valeur de 3,000 fr. ( Approuvé. )
- Communications. M. Sainte-Preuve ht un mémoire sur la question du remplacement des machines à vapeur actuelles par les moteurs à combustion sans l’emploi médiat de la vapeur d’eau.
- L’auteur déclare qu’il est amené à traiter cette question, un peu plus tôt qu’il ne l’aurait voulu faire, par la publication des articles des journaux français et anglais sur des expériences faites en Angleterre avec un moteur à essence de térébenthine et à résine.
- 11 croit devoir rappeler les principes suivants dans l’intérêt de la science comme dans celui des industriels que pourrait abuser cette nouvelle : il est possible de remplacer avec avantage, par d’autres moteurs, les moteurs à vapeur actuels dans lesquels le pouvoir calorifique du charbon n’arrive à l’eau qu’après avoir éprouvé une grande perte. Lebon, Rivaz, Barber, Congrève, L^owe, Brown, Selligue, et d’autres encore, n’ont pu résoudre économiquement ce problème parce qu’ils se sont trompés dans le choix du mécanisme et dans celui du combustible moteur.
- M. Sainte-Preuve déclare que M. Selligue a commis des fautes graves dans les évaluations du travail dynamique fourni par la détonation du gaz mixte, obtenu en faisant passer de la vapeur d’eau sur des charbons portés au rouge , et il discute en détail ces calculs. Néanmoins il reconnaît qu’en publiant dans le Bulletin, sur l’ensemble des travaux de M. Selligue, un rapport approbateur de ces mêmes travaux, la Société a rendu un véritable service à l’industrie, qui est ainsi prévenue qu’il y a là un problème important à résoudre.
- M. Sainte-Preuve compare les quantités de travail utile que l’on pourrait tirer de la combustion de l’essence de térébenthine, du gaz d’éclairage, du gaz mixte employé par M. Selligue, de la houille, en plaçant celle-ci tantôt dans les nouveaux moteurs à combustion , tantôt dans les foyers des machines à vapeur actuelles.
- Il trouve, comme il l’avait annoncé en 1845 dans l’une des séances de la Société, que l’essence de térébenthine, et en général les hydrocarbures liquides qu’on trouve dans le commerce, ne peuvent être employés avantageusement que dans certains cas exceptionnels.
- Il trouve aussi que le gaz mixte employé par M. Selligue, que le gaz hydrogène tiré de l’eau par l’action des métaux et des acides, que le gaz d’éclairage n’ont jamais donné de résultats aussi économiques que le fait actuellement la houille brûlée dans les
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- fourneaux des meilleures machines à vapeur de France et d’Angleterre, de grandes dimensions ; mais il trouve en même temps que les charbons peuvent donner, dans les machines à combustion, un travail supérieur au travail actuel de la houille brûlée dans les fourneaux et au travail de tous les autres combustibles indiqués ci-dessus.
- M. Sainte-Preuve rappelle les détails qu’il a donnés sur ces moteurs à combustion dans une communication, faite à l’Institut, sur la locomotion pneumatique, et qu’il a consignés dans un paquet cacheté accepté par la Société. Il déclare que ces principes sont appliqués à des machines de son invention destinées à faire mouvoir les charbons, les minerais de toutes sortes, ainsi que les hommes dans les puits des mines et carrières, machines qui, en général, servent à la locomotion verticale.
- M. Sainte-Preuve prie le conseil de remarquer qu’il ne s’est nullement occupé, dans le mémoire qu’il vient de lire, du bateau de MM. Galy-Cazalat et Dubain, et qu’en demandant l’exposition prochaine des recherches du premier de ces ingénieurs il n’a fait allusion qu’aux moteurs à combustion imaginés par lui depuis quelques années. Néanmoins il a reconnu que l’emploi du gaz hydrogène pur ou des hydrocarbures peut trouver des applications utiles, notamment dans la navigation sous-marine. Pour la guerre navale telle que l’entendait Fulton, pour la pêche aux huîtres et les travaux sous-marins tels qu’on va les pratiquer bientôt, on peut s’accommoder de moteurs peu volumineux et légers, à gaz hydrogène et à hydrocarbures , et négliger le haut prix du travail dynamique qu’ils fournissent.
- Il émet, en terminant, le vœu que M. Galy-Cazalat, qui s’est livré depuis longtemps et avant lui à l’étude du même problème, veuille communiquer bientôt à la Société les modèles des machines qu’il a fait construire depuis deux ans et les dispositions pour lesquelles il s’est fait breveter tout récemment.
- M. Galy-Cazalat expose que le Bulletin de la Société renfermant un rapport sur un nouveau moteur dit propulseur à gaz, imaginé par M. Selligue, il saisit cette occasion pour donner la description de son système de propulseur à gaz hydrogène dont l’essai fut fait en 1825 dans le parc de Collioure, et pour lequel il prit en 1826, de concert avec M. Dubain, un brevet d’invention,
- M, Galy-Cazalat entre ensuite dans quelques développements sur la plus grande puissance dynamique qu’on peut obtenir de la déflagration du gaz Selligue combiné avec l’air, et il pense être arrivé, par un calcul basé sur des données expérimentales, aux conclusions suivantes :
- 1 litre de gaz obtenu par la décomposition de l’eau passant à travers les charbons incandescents coûte au moins autant et ne donne pas plus de force que 4 litres de vapeur à 4 atmosphères.
- M. Galy-Cazalat cherche ensuite à établir la preuve que ce gaz, applicable aux machines Fixes pour lesquelles on peut le préparer d’avance en l’emprisonnant dans de grands réservoirs, est inapplicable à la navigation ; car, sans de grands réservoirs, il serait nécessaire d’engendrer ce moteur dans une proportion égale à sa dépense ; il faudrait dès lors faire passer à travers le charbon incandescent un volume de vapeur tel qu’il serait impossible, dans des dimensions acceptables, de maintenir l’incandescence du
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- charbon. Or le charbon qui n’est pas incandescent ne décompose pas la vapeur d’eau.
- M. Galy-Cazalat, en prenant un brevet en 1826, n’ignorait pas que le gaz hydrogène pur qui se dégage par réaction chimique entre l’eau, le zinc et l’acide sulfurique est d’un prix trop élevé, nonobstant sa puissance supérieure à celle du gaz Selligue.
- Il avait espéré que le sulfate de zinc trouverait des applications qui diminueraient le prix de revient du gaz, ce que de récentes expériences semblent devoir réaliser. S’il en était ainsi, la faible dépense de la force motrice produite par la réaction chimique dont il vient d’être parlé la rendrait utilisable dans les opérations de l’industrie.
- M. Bussy, comme rapporteur de la commission spéciale qui a examiné le propulseur à gaz de M. Selligue, fait observer que dans le rapport on n’a pas négligé de rappeler les travaux antérieurs qui ont eu pour but d’appliquer à l’industrie la puissance mécanique produite par la combustion du gaz hydrogène, tels que ceux de Lebon en 1790, de MM. Galy-Cazalat et Dubain en 1826, etc. Quant à l’effet utile du propulseur à gaz de M. Selligue, il rappelle que dans son rapport la commission a énoncé que, privée des renseignements que cet ingénieur aurait pu lui fournir, elle s’est bornée à indiquer les appréciations qui avaient été faites de cet effet utile, mais sans en garantir l’exactitude.
- La commission ne s’est pas dissimulé non plus que la sanction de l’expérience manquait encore à l’application que M. Selligue se proposait de faire de son système de navigation.
- M. le président fait remarquer qu’il ressort des exposés de MM. Sainte-Preuve et Galy-Cazalat deux points distincts, la relation d’expériences et des priorités acquises par des brevets et des publications. Il regrette que le Bulletin n’ait pas donné, dans le temps, ces documents, et relaté les résultats des expériences, quoiqu’il ait été négatif. Le compte rendu de ces faits aurait nécessairement donné lieu à de nouvelles expériences plus décisives.
- M. Théod. Olivier fait observer qu’en rendant compte d’une expérience on ne doit pas négliger de faire connaître l’effet obtenu, et qu’il est nécessaire que dans l’obtention d’une puissance motrice on sache à quel prix elle a été produite.
- 31. le président répond que, dans la question dont il s’agit, il importait de connaître d’abord le résultat indépendant de toute autre considération ; ainsi l’emploi de l’oxyde de zinc donnera lieu à une production d’hydrogène à bas prix dont l’utilisation offrira dès lors des avantages et des bénéfices.
- M. Combes ajoute qu’il est à désirer qu’il soit donné de la publicité aux tentatives dans la manière de créer de la force par un moyen nouveau ; des perfectionnements et des expériences ultérieurs viennent confirmer l’utilité dont elle pourrait être dans l’industrie et les applications qu’elle pourrait recevoir.
- M. le président demande à M. Paul Thénard si on a conservé les résultats des expériences faites avec une machine dont le principe moteur était l’air dilaté par le feu, et que M. Niepce, son auteur, regardait comme propre à mettre en mouvement toutes sortes de mécaniques.
- M. Paul Thénard fait connaître que des expériences eurent lieu sur la Saône, et que
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- les recherches auxquelles il s’est livré n’ont, jusqu’ici, rien appris ni sur ce qu’est devenu l’appareil établi par M. Niepce, ni sur les expériences de l’auteur.
- M. le président fait observer que cet appareil a été, en 1807, l’objet d’un rapport de Carnot, à l’Institut; mais il pense qu’il serait utile qu’une série d’expériences fût entreprise sur les moteurs, basés sur ce principe.
- M. Combes fait connaître que MM. Niepce frères prirent, le 3 avril 1807, un brevet de dix ans sous ce titre : Pyrëolophore, machine dont le principe moteur est l’air dilaté par le feu, propre à mettre en mouvement toutes sortes de mécaniques. Ce brevet a été publié t. VII, p. 47 de la collection des brevets.
- Séance du 19 janvier 1848.
- Correspondance. La Société française pour l’abolition de l’esclavage adresse une lettre par laquelle elle annonce qu’une souscription est ouverte pour faire frapper une médaille destinée à perpétuer le souvenir de l’abolition de l’esclavage décrétée par le bey de Tunis.
- Sur l’observation d’un membre que cette souscription ne peut être qu’individuelle, la lettre est renvoyée à la commission du Bulletin, qui examinera si cette annonce peut être insérée dans le Bulletin.
- M. J. Fouschard, à Neuilly-sur-Seine, adresse un plan, un mémoire descriptif et une notice relatifs à un appareil dont il est inventeur et qui est propre à révivifier le noir animal et à carboniser les matières organiques.
- M. Chevalier fils, quai Saint-Michel, 25, convaincu que la pomme de terre est, jusqu’à présent, la seule production naturelle susceptible d’empêcher les disettes, puisqu’on peut conserver la fécule, qu’elle ne moisit pas et qu’elle n’est pas attaquée par les insectes, a conçu l’idée de rechercher ce qui a été publié jusqu’ici sur l’emploi de la pomme de terre et de sa fécule. Le résultat de ces recherches est consigné dans un mémoire qu’il adresse à la Société.
- M. Loriot, rue des Dames, 86, aux Batignolles, annonce avoir entrepris des essais de panification des farines de mais et de pommes de terre préparées dans des conditions particulières et très-simples; il ajoute que la farine de maïs pourrait être remplacée par celle de sarrasin.
- M. Salomon fils, rue des Postes, 33, expose que, en raison de la différence qui existe entre le papier dit à la main et celui fabriqué à la mécanique, il a cru devoir appliquer à l’une et à l’autre de ces deux sortes de papier la propriété chimique de rendre les écritures infalsifiables, pour s’assurer de l’efficacité de son mode de préparation. C’est dans ces conditions que M. Salomon présente son papier de sûreté.
- M. Gonfreville, ayant terminé l’ouvrage sur la teinture des laines qui l’occupe depuis dix-huit mois, demande qu’il soit publié sous les auspices de la Société et fasse suite à sa bibliothèque industrielle ; il sollicite l’autorisation d’apposer cette énonciation sur le titre de son ouvrage.
- S. E. Sidi-Mustafa, kasnadar de S. A. le bey de Tunis, adresse en communica-Quarante-septième armée. Janvier 1848. 7
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- tion à la Société une nouvelle disposition donnée au ventilateur de Désaguliers par M. Benoît, ingénieur au service du gouvernement tunisien.
- M. PhilippeDaleth, à Asswiller, arrondissement de Saverne (Bas-Rhin), demande que la Société veuille bien lui procurer les moyens de mettre à exécution un appareil de force motrice dont il est inventeur.
- M. Jobard, directeur du musée industriel de Bruxelles, adresse une notice sur les moyens que les oiseaux possèdent pour se soutenir en l’air sans battre des ailes. L’oiseau est, à mon avis, dit M. Jobard, un éolipyle vivant qui aspire de l’air, l’échauffe dans ses poumons et le lâche par les valvules que l’on aperçoit dans toutes les plumes ; la réaction est le matelas d’air chaud qui se renouvelle sans cesse et soutient l’oiseau en l’air.
- La notice de M. Jobard est renvoyée à la commission du Bulletin.
- Objets présentés. M. Dinocourt, constructeur d’instruments de physique et de chimie, quai Saint-Michel, 9, présente cinq modèles de thermomètres qu’il nomme chrysochlores, garnis de nouvelles montures et pour lesquels il est breveté;
- M. Vauchelet, rue de Charenton, 95, un nouveau modèle de nécessaire d’armes qui, suivant lui, remplace avec avantage, tant sous le rapport économique que sous celui de la simplicité du mécanisme, les modèles en usage ;
- M. Claret, dit Toulouse, à Belleville, des essieux à spirale pour voitures ordinaires ou voitures de chemins de fer à essieux droits ;
- M. Fournier de Saint-Martin, deux tableaux indicatifs des distances des villes entre elles : il fait observer que le dictionnaire géographique n’indique les distances qu’au point de départ de Paris.
- M. Valerio, ingénieur du chemin de fer du Nord, rue Tronchet, 23, fait hommage de deux premières livraisons de son ouvrage sur le matériel des chemins de fer, en faisant observer que ces deux livraisons forment un travail complet sur la machine locomotive du chemin de fer du Nord ;
- M. Huzard fait hommage à la Société, au nom de M. Guinon, teinturier, à Lyon , d’une note sur l’emploi du sucre pour préserver les chaudières à vapeur des incrustations salines.
- Les ouvrages suivants sont déposés sur le bureau :
- 1° Berne générale de l’architecture et des travaux publics, par M. César Daly, 7e vol., n° 9, année 1847;
- 2° Le travail intellectuel, n° 6, première année ;
- 3° La Belgique industrielle ;
- 4° Le Moniteur industriel, nos des 6, 9, 13 et 16 janvier 1848;
- 5° Annales de Vagriculture française, n° 97, janvier 1848;
- 6° Le vigneron, journal de viticulture et d’œnologie, t. I, lre livraison, janvier 1848 ;
- 7° Revue scientifique et industrielle, sous la direction de M. le docteur Quesneville , n° 95, novembre 1847 ;
- 8° Bulletin de la Société libre d’émulation de Rouen pendant l’année 1846-1847;
- 9° Projet de loi sur les brevets d’invention, rédigé à la demande du ministre de
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- l’intérieur de Belgique et considéré comme moyen d’introduire des industries nouvelles dans les Flandres, par M. Jobard, directeur du musée de l’industrie belge ;
- 10° Cours de cinématique (mécanique géométrique), séance d’ouverture du 7 janvier 1848, par M. Ch. Laboulaye.
- Communications. M. Gaultier de Claubry rend compte de la mission dont il a été chargé par le comité des arts chimiques de visiter l’établissement modèle formé à Lyon, par la compagnie générale des engrais, pour la vidange des fosses d’aisances, le transport des matières, leur désinfection et leur transformation en engrais.
- Il entre dans des détails sur cet important établissement et sur le système qui y est suivi dans l’intérêt de la salubrité publique et de l’agriculture.
- Pendant son séjour à Lyon, M. Gaultier de Claubry a visité quelques autres établissements dignes de fixer l’attention de la Société, tels que
- 1° La fabrique formée depuis deux ans par M. Neuss pour le tréfilage des aciers et la fabrication des aiguilles ; les fils y sont cuivrés, ce qui facilite leur étirage ; au lieu de se débarrasser, par un système de ventilation, de la poussière de grès provenant de l’empointage des aiguilles, on fait pénétrer dans l’atelier de la vapeur d’eau qui précipite la poussière ;
- 2° Les moyens photographiques employés par M. Thierry et qui reproduisent les images avec une grande perfection ;
- 3° La fabrique d’outremer factice de M. Guinet, montée sur une très-grande échelle, et qui livre 4,000 kil. d’outremer par semaine ;
- 4° L’atelier de construction des locomotives et des waggons pour le chemin de fer de Lyon à Avignon, dont l’étendue est très-considérable ;
- 5° L’emploi, dans la verrerie de la Guillottière, de la machine de M. Dutramblay, qui fonctionne par le moyen de l’éther réduit en vapeur, et dont nous avons parlé p. 51 du Bulletin de 1846.
- M. le président adresse à M. Gaultier de Claubry les remercîments du conseil pour ses intéressantes communications, en l’invitant à rédiger sur les diverses industries qu’il a observées une note qui sera insérée au Bulletin.
- M. Benoît communique des renseignements sur les produits de la fabrique d’horlogerie de M. Jarossay, qui emploie dans ses pendules un système de vis sans fin dont il a tiré un parti avantageux. Ses pièces d’horlogerie ont toute la précision nécessaire et marchent six mois sans être remontées.
- Le comité des arts mécaniques est chargé de rendre compte du mécanisme d’horlogerie de M. Jarossay.
- M. Emile Thomas, en son nom et en celui de M. Victor Dellisse, lit une note sur un nouveau procédé de décapage des métaux.
- Une des premières opérations que l’on fait subir aux métaux bruts laminés ou fondus , pour les transformer en métaux ouvrés, consiste à les débarrasser de la couche d’oxyde plus ou moins épaisse, plus ou moins adhérente qui existe à leur surface ; on y parvient ordinairement en les maintenant, pendant un temps plus ou moins long, dans une eau fortement acide, dans de l’acide sulfurique ou chlorhydrique de 8 à 15° B. par
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- exemple : or cette méthode a le grave inconvénient d’exposer le métal à être attaqué ; aussi, sur le bord des feuilles métalliques, dans les angles, partout où se présente une pointe ou une arête, l’acide creuse-t-il le métal ; de là perte assez considérable et de l’acide employé inutilement et du métal dissous, impossibilité d’un décapage complet sans l’aide d’opérations mécaniques coûteuses ou sans altération des pièces décapées.
- MM. Thomas et Dellisse annoncent être parvenus à faire disparaître ces inconvénients en combinant avec l’acide du bain certaines matières organiques qui jouissent de la propriété d’empêcher l’attaque des métaux par les acides, ou du moins de la diminuer considérablement. Selon les auteurs, la glycérine, le tanin artificiel, la naphtaline, la créosote sont propres à atteindre ce but. Dans des bains ainsi composés, l’écaille d’oxyde se détache sans se dissoudre, sans que le métal soit attaqué, et les pièces peuvent rester aussi longtemps qu’on le veut dans le bain de décapage sans être altérées.
- Les faits annoncés par MM. Thomas et Dellisse sont corroborés par des expériences de M. E. Flachat, ingénieur en chef des chemins de fer de Versailles et de Saint-Germain. M. Mertian, directeur-propriétaire des forges de Montataire, M. S. Falatieu, maître de forges, à Bains, attestent qu’ils ont essayé ces procédés sur de la tôle, et qu’ils les ont adoptés à l’exclusion de tous autres. L’économie que procure ce procédé sur les anciens est environ des deux tiers de l’acide employé et de 50 pour 100 de la perte en poids du métal au décapage
- Cette note est renvoyée au comité des arts chimiques.
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- Errata.
- Bulletin de décembre 1847, page 682, ligne 4, au lieu de 25 grammes, lisez 225 gramme*.
- Même page , ligne 18, au lieu de les enlever, lisez de l’enlever.
- Même page, ligne 32, au lieu de s’en imprègnent, lisez ne s’en imprègnent Page 685, ligne 20, au lieu de précis, lisez prévu.
- Page 687, ligne 31, au lieu de donnait, lisez donne.
- me
- IMPRIMERIE DE M'
- Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE l’ÉPERON, 7.
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- QUARANTE-SEPTIÈME ANNEE. (N° DXXIV.) FEVRIER 1848.
- BULLETIN
- DE LÀ
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES. — ponts.
- Mémoire sur les ponts-levis et sur une nouvelle machine-embarcadère; par
- M. Dehargne, ingénieur des ponts et chaussées attaché à la marine (1).
- Parmi les divers systèmes de ponts-levis, les ponts à flèches et ceux à bascule sont, malgré tous leurs défauts, les seuls qui aient reçu de nombreuses applications dans les travaux publics ; les autres modes employés dans le génie militaire ont constamment été rejetés par les ingénieurs des ponts et chaussées.
- Cette exclusion des ponts-levis à courbe et de ceux à contre-poids variable, si en usage dans les fortifications, tient à ce que les murs latéraux des portes de ville formant les points de support naturels des appareils de mise en équilibre de ces ponts seraient à remplacer, aux abords des canaux et rivières, par des maçonneries d’une exécution trop dispendieuse.
- Néanmoins, chargé de construire un pont-levis sur le canal de la fonderie de la Villeneuve, au port de Brest, nous l’avons établi d’après le mode de pont à courbe de M. Delile, modifié suivant une proposition de M. le colonel du génie Bergère, et, comme les résultats obtenus ont été jugés avantageux, nous croyons utile de faire connaître cette application de ce mode simplifié.
- Après un précis rapide des défauts de construction des ponts à flèches et à
- (i) Le comité des arts mécaniques de la Société d’encouragement, ayant pris connaissance du mémoire de M. Dehargne, a proposé au conseil de le publier dans le Bullelm avec les dessins qui l’accompagnent. Cette proposition a été adoptée. ( Voyez Bulletin de décembre 1847, p. 665 et 707. )
- Quarante-septième année. Février 1848. 8
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- 54 ARTS MECANIQUES.
- bascule, et un exposé du système de M. Bergère, nous entrerons dans les détails d’établissement de notre pont de la Villeneuve, afin que les résultats de l’expérience aident des comparaisons exactes et puissent convaincre de tous les avantages que présenterait ce système dans ses applications aux ouvrages isolés du ressort des ponts et chaussées.
- Aujourd'hui que les ponts-levis peuvent être employés non-seulement sur les canaux et les rivières, mais encore pour les chemins de fer, il nous a semblé qu’une étude d’un mode simple et peu dispendieux pour ces ponts pourrait offrir quelque intérêt.
- L’application que nous avons faite du principe de M. Bergère nous a conduit à la découverte d’une machine destinée à embarquer avec une grande célérité de lourds chargements de charbon de terre a bord des bateaux à vapeur de la marine royale, machine que nous venons de construire et qui fonctionne actuellement au port de Brest (1).
- PREMIÈRE PARTIE. — PONTS-LEVIS.
- section première. — Examen sommaire des principaux modes de ponts-levis en usage. — Système de M. Bergère.
- § 1. Ponts-levis à flèches. — Dans le système représenté fig. 1, pl. 1054, un assemblage en charpente, composé de deux flèches À, de traverses et d’entretoises parfaitement reliées dans toutes leurs parties, est appuyé sur deux poteaux montants B, de manière à faire équilibre au tablier du pont C, à la tête duquel ce châssis est relié par deux chaînes D, attachées aux extrémités antérieures des deux flèches.
- Le pivotement de cette bascule se fait autour d’un axe transversal ou de deux tourillons fixés aux flèches et reçus dans des colliers a, établis sur le chapeau des montants.
- Les poteaux sont consolidés, le mieux possible, au moyen de jambes de force et de contre-fiches latérales scellées dans les maçonneries. Deux chaînes de manœuvre E, accrochées aux extrémités de la bascule, permettent d’abaisser celle-ci et, par suite, de lever le tablier du pont.
- Ce mode de pont-levis, souvent adopté et qui parait fort simple, présente cependant de grands inconvénients, comme on va le voir par les considérations suivantes.
- (0 Nous consignons, à la fin de ce mémoire, un extrait du procès-verbal de la commission nommée par le préfet maritime pour faire des expériences sur celte machine-embarcadère dont la construction a été ordonnée par le ministre de la marine.
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- 1° Difficulté de bien établir et maintenir l’équilibre.
- On sait que le principe fondamental d’équilibre dans les ponts-levis en général peut se formuler ainsi : La somme algébrique des moments des poids des diverses pièces de tout le système, par rapport à un plan horizontal quelconque , doit être zéro pour un plan horizontal passant par le centre de gravité de tout l’ensemble.
- En effet, puisque la condition à remplir est que, dans toutes les positions du tablier, la puissance n’ait aucun effort à produire, abstraction faite des frottements, il est clair qu’il faut que le centre de gravité général des pièces ne puisse ni s’élever ni s’abaisser à aucun instant, et, par conséquent, reste constamment dans un même plan horizontal, ce qui entraîne nécessairement cette égalité des moments.
- Voici maintenant quelles sont les dispositions que cette loi générale rend obligatoires dans les ponts-levis à flèches en particulier.
- Il faut d’abord que les lignes passant par les axes des tourillons et par les points d’attache des flèches et du tablier forment un parallélogramme. La démonstration de ce principe a été donnée par M. Morlet, chef de bataillon du génie, dans son analyse des ponts-levis ; nous ne la répéterons pas ici.
- Une nouvelle condition est également indispensable ; elle résulte de la démonstration suivante, extraite du cours de mécanique appliquée aux machines de M. Poncelet.
- Supposons le poids des chaînes de suspension décomposé en deux parties égales, agissant aux points d’attache b et b', fig. 1, et comprises parmi les composantes qui constituent le poids total de la bascule et celui du tablier, dont les centres de gravité sont ici figurés en G' et en G.
- Soit o le centre de gravité général tant de ce tablier que de la bascule considérés dans une position quelconque ; ce centre de gravité devra donc demeurer à la même hauteur pour toutes les autres positions du système, et, si l’on tire l’horizontale L a M, qu’on abaisse les verticales G g, G' g' sur sa direction et qu’on nomme P le poids total du tablier, P' celui de la bascule, on devra avoir constamment l’égalité
- P. G</ — P'. G' g' = o>
- pour que l’équilibre soit rigoureusement établi.
- Nommons « l’angle formé, à un instant donné, avec l’horizontale AX, par la droite À G qui va de l’axe A au centre de gravité G du tablier ; supposons que l’on fasse décrire à G l’arc de cercle infiniment petit G S = d S, d S cos a représentera évidemment la hauteur élémentaire dont se sera déplacé le point G, et P d S cos * sera la quantité dont aura varié le moment P. G g
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- du poids P du tablier. Si donc nous nommons pareillement «•', d S' les quantités analogues relatives au centre de gravité G' de la bascule, nous aurons, d’après ce qui précède,
- P. d. S cos a = P', d. S'cos et';
- mais, en désignant par R,R' les distances AG et A'G', par a, a les angles b A G, b' A' G', formés par ces distances avec la direction prolongée des côtés A b, A' b' de notre parallélogramme, nous aurons aussi
- d. S = R. d a, d. S = R d. a et -A === et -f- et :
- donc l’équation ci-dessus deviendra, en divisant par d. * = d. et',
- P. R cos « = P’ R'cos = P'R' cos [a + * — a).
- Cette équation, ne renfermant plus que la variable *, ne pourra être satisfaite constamment et pour toutes les positions du système qu’autant qu’on aura a — a = o, condition qui exprime que les droites A G, A' G', qui joignent les centres respectifs des tourillons aux centres de gravité du tablier et de la bascule, doivent être parallèles entre elles, comme le sont les lignes mêmes qui vont de ces tourillons aux points d’attache des chaînes.
- L’équation de condition ci - dessus se réduisant dès lors à la suivante, PR = P’R', on voit que les moments du tablier et de la bascule, pris par rapport à l’axe de leurs tourillons respectifs, doivent être égaux entre eux.
- Il faut donc, en résumé, pour qu’un pont-levis à flèches, soit en équilibre, que la figure formée parles lignes joignant les tourillons et les points d’attache soit un parallélogramme, que les lignes joignant les tourillons aux centres de gravité des systèmes inférieur et supérieur soient parallèles, et que les moments des poids du tablier et de la bascule, par rapport aux tourillons, soient égaux ( le poids des chaînes étant compté pour moitié dans le système supérieur et pour moitié dans l’autre ).
- D’après cela, lorsqu’il s’agit de l’établissement d’un pont-levis à flèches, on commence par construire le tablier d’après les conditions de convenances locales et de solidité. Le centre de gravité G est ainsi déterminé, de même que le poids P et le moment P. R. On fixe ensuite la saillie A' b' des flèches sur l’entretoise qui porte les tourillons de la bascule, d’après la condition qu’elle soit égale à peu près et même un peu supérieure à la longueur A b du tablier ; on fixe aussi provisoirement les dimensions et positions des pièces qui constituent la charpente de la bascule et sa ferrure, d’après les convenances locales et de manière à pouvoir calculer approximativement P' et R' tout en satisfaisant à l’équation
- P'R' = PR;
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- h»
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- c’est-à-dire que, après avoir réglé la disposition et les dimensions des principales parties, suivant l’usage, on laisse quelque chose d’arbitraire, par exemple l’entretoise opposée à celle des tourillons, afin d’être maître d’en faire varier la position ou l’équarrissage, selon que l’exige l’équation des moments. Ces premières données fixant d’une manière à peu près invariable la position du centre de gravité de la bascule, il ne reste plus qu a satisfaire à la condition du parallélisme des lignes A G, A' G'.
- On voit que, dans la pratique, la mise du système en équilibre nécessite des sujétions et des tâtonnements qui offrent quelques inconvénients. On n’obtiendrait, d’ailleurs, que des approximations si l’on ne faisait peser directement les ferrures et les pièces de la charpente ; car la densité des bois de chêne peut varier beaucoup suivant l’âge, la qualité et le degré de siccité.
- Mais, en admettant même cet équilibre bien calculé et bien établi, il est très-difficile, pour ne pas dire impossible, de le maintenir; il arrive toujours qu’un pont-levis à flèches bien construit et dont la manœuvre s’opère aisément avec deux hommes ne peut plus, au bout de peu de temps, se manœuvrer avec moins de quatre ou cinq.
- Cette altération de l’équilibre provient de deux causes : d’abord d’un changement dans la densité des bois, qui fait varier le poids du tablier et de la bascule ; ensuite de ce que la figure du parallélogramme ne subsiste plus peu de temps après la mise en place de la bascule, en raison de ce que la forte tension des chaînes de suspension fait courber les flèches et détruit le parallélisme établi.
- Cette tension est augmentée encore par les oscillations et par l’élasticité du tablier, qui produisent d’autant plus d’effet que le point d’attache des chaînes se trouve moins rapproché de la tête du pont.
- On peut, sans doute, jusqu’à un certain point, avoir égard à cette flexion lors de l’établissement ; mais, comme elle croit avec le temps, il est toujours impossible de bien rétablir l’équilibre, même en plaçant, comme on le fait ordinairement, des surcharges à l’extrémité de la bascule : du moins, on ne peut mettre le système en équilibre que pour des positions distinctes.
- Cette inflexion permanente des flèches allant souvent jusqu’à 0m,16, on conçoit que la bascule forme alors, en quelque sorte, un levier brisé analogue à celui des balances qu’on nomme sourdes, ce qui tient à ce que le centre de gravité général ne reste plus à la même hauteur, et qu’il faut un effort pour l’élever ou pour l’empêcher de baisser.
- Voilà pour les difficultés de mise et de maintien en équilibre.
- La construction d’une bascule dont toutes les parties soient bien solidaires et ne se gauchissent pas à l’air, la consolidation des poteaux montants,
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- au moyen de contre-fiches en bois ou en fer sur l’arrière et sur les côtés, présentent des difficultés faciles à comprendre, quand on pense que tout cet énorme châssis, chargé de contre-poids, ne s’appuie que sur un axe reposant sur deux poteaux, sans cesse ébranlés par les manœuvres.
- 3° Il est difficile de préserver de l’humidité le pied des montants en bois et, par suite, d’assurer une parfaite stabilité à tout l'appareil.
- 4° Il y a beaucoup de bois employés pour donner le mouvement, et leur exposition à l’air rend leur renouvellement fréquent et dispendieux.
- 5° Enfin la dépense d’installation de ces ponts est encore assez forte quand ils sont faits avec tous les soins nécessaires, lorsqu’on renforce, par exemple, les diverses pièces du châssis au moyen de bandes et d’équerres en fer, ou que, pour diminuer la flexion des flèches, on emploie des armatures en fer, comme on l’a fait au canal de FOurcq , ou enfin lorsqu’on remplace les poteaux montants par des piliers en pierre de taille de forte épaisseur, dont toutes les assises sont reliées entre elles de manière à ne pouvoir être ébranlées par les mouvements de la bascule.
- § %. Ponts-levis à bascule. — Dans ces sortes de ponts, représentés fig. 2, 3, 4, 5, 6 et 7, pl. 1054, encore souvent employés, on sait que la volée se compose de plusieurs flèches garnies de madriers pour former le tablier et prolongées au-dessus d’une chambre ménagée dans la culée. Le plancher au-dessus de cette cave, composé de fortes poutrelles indépendantes des prolongements des flèches, qui sont d’un équarrissage plus fort dans cette partie que sous le tablier mobile, sert à lui faire équilibre, et le poids de cette culasse est augmenté par des entretoises d’assemblage.
- Des tourillons fixés à la première entretoise traversent les flèches des rives et portent dans des crapaudines scellées sur les murs latéraux de la chambre.
- Ici pas de difficultés pour remplir parfaitement les conditions d’équilibre, puisque le système est tout simplement celui d’une balance, et, quant au mouvement de rotation du tablier, on peut toujours l’opérer facilement.
- Tantôt on fixe un quart de cercle denté sur une des flèches latérales de la volée, de telle sorte que son centre soit dans l’axe des tourillons (voy. la fig. 2), et un pignon porté par deux chevalets attachés à ces poutrelles et monté sur l’arbre d’une roue à poignées engrène dans ce quart de cercle et sert à communiquer le mouvement imprimé à la roue.
- Tantôt la manœuvre se fait en dessous de la bascule, au moyen de chaînes pendantes appliquées à l’extrémité de la culasse (voy. la fig. 3). Les hommes agissent alors, par leur poids, pour faire descendre la bascule et emploient leur force de la manière la plus avantageuse.
- Ces systèmes de manœuvre ont, du reste, été variés et perfectionnés de
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- PONTS.
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- bien des manières, comme on peut le voir par les dessins des collections lithographiques et ceux du cours de construction de M. Reibcll s ou 1 on trouve , par exemple, les détails les plus complets du pont à bascule à double volée, construit sur le bassin neuf du port du Havre, par M. Lamblardie.
- Mais, quelle que soit la méthode employée, ces ponts ont tous le défaut d’entraîner dans de grandes dépenses, résultant 1° de la nécessité de faire un plancher et des flèches d’une longueur beaucoup plus grande que la largeur du passage à franchir; T de la construction, en maçonneries hydrauliques, d’une cave, d’un escalier et d’un mur de contre-fort isolé.
- Ils ont, d’ailleurs, les inconvénients résultant de l’humidité de la chambre, qui hâte la détérioration des bois de la culasse et du plancher.
- Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces sortes de ponts ; nous dirons seulement quelques mots des deux systèmes de ponts à bascule, se renversant du côté du passage à franchir, systèmes mis à exécution par M. le colonel Émy. Voici en quoi ils consistent :
- Dans le premier, fîg. A, le tablier est composé de trois poutrelles sur lesquelles le plancher est cloué. Cette charpente légère porte deux tourillons K, fixés aux poutrelles latérales ; ces tourillons sont reçus dans des anneaux attachés aux flèches d’un châssis b, qui porte, par deux charnières, sur deux petites semelles d, encastrées au pied de la culée. Ce châssis est représenté fig. 5 ; il est garni de deux chaînes aux extrémités e de ses flèches.
- Lorsqu’on veut interrompre le passage, on attire à soi le châssis, au moyen des chaînes; ce châssis devient vertical : le tablier est enlevé de quelques centimètres, et il se trouve dégagé de la feuillure dans laquelle il portait ; il peut alors être abattu dans le fossé en tournant autour de ses tourillons, dont' la nouvelle position devient K'.
- Le second mode, fig. 6, est plus simple encore, en ce qu’il évite la construction d’un châssis et les dépenses de la fondation, qui entraîne quelques sujétions.
- Les deux tourillons K sont établis aux deux cinquièmes environ de la longueur totale du tablier, et Ton fait basculer le système à l’aide d’un levier établi de chaque côté du pont et dont le point d’appui, peu distant de l’axe des tourillons, repose sur le couronnement du massif même de la culée C.
- Une poutrelle à, formant essieu, porte les tourillons du levier exhaussé par deux larges chantignoles n, fixées aux deux extrémités de l’essieu d au moyen de deux forts étriers. Les tourillons h sont reçus dans des crapaudines établies dans les culées ; ceux du tablier sont reçus dans des crapaudines fixées sur les leviers m.
- Au moyen des chaînes des extrémités de ces leviers, ceux-ci sont abattus
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- sur le sol ; leur mouvement fait tourner l’essieu d sur ses tourillons h, et le tablier est enlevé. N’ayant plus d’appui sur les culées, il tourne autour des tourillons K et se renverse verticalement le long de la paroi du mur.
- On voit que, dans ces deux modes, il faut un tablier parfaitement équilibré, et que la manœuvre nécessite un assez grand nombre d’hommes pour que le poids de l’appareil ne puisse entraîner les leviers et causer des accidents.
- D’une autre part, ces systèmes, mis à exécution avec succès sur des fossés de place, seraient difficilement applicables aux canaux et rivières où l’équilibre serait détruit au moment où le tablier renversé viendrait à plonger dans l’eau ; ils ne sont donc réellement avantageux que toutes les fois qu’il s’agit de franchir un fossé de fortifications au moyen d’une passerelle légère de peu de portée et facile à soutenir.
- § 3. Des ponts-levis à courbe et de ceux à contre-poids variable. — Nous avons dit que les ponts-levis à courbe employés dans les fortifications nécessiteraient de trop grandes dépenses dans leur application aux travaux des ponts et chaussées, et que cette raison probablement les avait toujours fait rejeter des ingénieurs. (
- Les systèmes de ces ponts, en effet, consistent, en général, à faire passer les chaînes de suspension sur des poulies fixes, et de là sur de grandes roues, où l’effort du tablier est contre-balancé soit par un contre-poids constant agissant avec un bras de levier variable, comme dans le pont de M. Derché, fig. 11, soit par un contre-poids variable, avec levier constant, comme dans le système ingénieux de M. Poncelet, fig. 12.
- On voit que, dans ces deux modes, les poulies et l’axe des contre-poids, devant être placés au-dessus du passage, nécessiteraient, pour supports, des appareils en charpente très-coûteux ou des maçonneries fortes et élevées, et, par suite, trop de dépenses en dehors de celles de l’appareil même de la manœuvre.
- Dans le pont à courbe de M. Delile, fig. 8, dont nous allons parler, il y a la difficulté et la dépense d’établissement de deux courbes en maçonneries très-élevées et d’une assez grande épaisseur.
- À part donc les sujétions et difficultés d’installation de ces systèmes sous le rapport théorique, les dépenses en seraient trop fortes dans les travaux isolés.
- Nous n’insisterons pas plus sur ce fait, que ces sortes de ponts-levis ne nous semblent pouvoir être appliqués avec avantage qu’aux entrées des places fortes où les points d’appui se trouvent déjà exécutés.
- Nous arrivons maintenant au système de M. Bergère, qui n’est autre qu’une simplification de celui de M. Delile.
- Comme les considérations analytiques que le premier de ces officiers a pré-
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- sentées, dans le Mémorial du génie, sur ce pont de M. Delile, sont suivies de l’exposé du système que nous voulons particulièrement faire connaître, et qu elles sont indispensables à l’intelligence du sujet, nous allons en donner un extrait,
- § 4. Théorie du pont-levis à courbe de M. Delile (1). — Déduction du principe deM. Bergère. — Le tablier A, fig. 8, du pont de M. Delile s’élève au moyen de deux barres de fer B B, qui, par l’une de leurs extrémités, embrassent un fort boulon fixé au tablier, et, de l’autre, un essieu aussi en fer, terminé par deux cylindres a, qui descendent en roulant sur deux courbes c tracées de telle manière que le système soit en équilibre dans toutes les positions successives du tablier.
- La manœuvre se fait au moyen de chaînes sans fin cl qui enveloppent deux grandes poulies b invariablement fixées à l’essieu.
- Toute la difficulté consiste dans la détermination de la courbe que doit parcourir le centre de gravité du contre-poids, pour que le système soit en équilibre dans toutes les positions du tablier; M. Bergère y parvient de la manière suivante, au moyen du principe des vitesses virtuelles.
- Soient C A, fig. 9, la position primitive du tablier, P son poids, d la distance de son centre de gravité au point d’appui, r la distance du point d’attache A au même point d’appui, D la longueur de la barre de fer et P' le poids du contre-poids. En appelant p la force verticale qu’il faudrait appliquer au point d’attache A pour soutenir le tablier s’il ne s’appuyait plus que sur ses tourillons , on aura
- P : p : : r : d;
- p d
- d’où l’on tire p = —.
- r r
- Ainsi, en considérant le tablier comme une ligne sans pesanteur, on peut
- Prf
- substituer à son poids un autre poids p = — que l’on considérera comme agissant au point d’attache A.
- Supposons la courbe déterminée et le tablier arrivé en CM et la barre de fer en M M' = D : prenons l’horizontale C A pour axe des abscisses et la verticale C D pour axe des ordonnées ; appelons a et b les coordonnées du point M et x et y les coordonnées du point M' de la courbe cherchée. En supposant le poids du tablier p réuni au point M et le contre-poids P' réuni au point M', on peut réduire la question à la considération de deux points matériels M' et M soumis aux forces verticales P' et p, reliés par une barre inflexible M' M et
- (i; Celte the'orie a déjà été publiée p. 14 du Bulletin de la Société, 23e année (1824).
- Quarante-septième année. Février 1848. 9
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- astreints à se mouvoir, le premier sur la courbe cherchée et le second sur le cercle A M. On aura * par le principe des vitesses virtuelles,
- P’.d.y + p.db = o ,
- d’où l’on tire dy = — ^ db,
- et en intégrant y = — b + c. (A)
- Pour déterminer la constante c, il faut remarquer qu’à l’origine du mouvement , lorsque le tablier est horizontal, l’on a b = o, et qu’alors le contrepoids est au sommet de la courbe , point donné , à priori, et dont nous représentons par h la hauteur au-dessus du plan du tablier ; cette donnée suffit pour fixer la position de ce point, puisque l’on connaît d’ailleurs la longueur D de la barre. On aura donc, dans ce cas,
- y = h = c,
- et l’équation (À) deviendra
- V = h b.
- Si maintenant on suppose le tablier arrivé à la fin de ce mouvement, c'est-à-dire dans la position verticale C D , on aura b = r, et le contre-poids sera au point le plus bas de sa course : appelons h' la hauteur à laquelle il se trouvera au-dessus du plan C A, nous aurons donc
- h' = h — — r>
- ou h — h' = ~ ;
- d’où l’on tire P' = r— r~ry.
- h — h
- Ainsi, en connaissant le poids du tablier, la distance du point d'attache à l’axe de rotation et les hauteurs au-dessus du plan C A , de l’origine et de la fin du mouvement du contre-poids, on pourra en conclure le poids à donner à ce contre-poids pour qu’il y ait équilibre ; et, en général, lorsque les localités obligent à donner des valeurs particulières à quatre de ces cinq quantités , féquation précédente fournira le moyen de déterminer la cinquième.
- L’équation y = h — ^ (B)
- suffit, avec les conditions connues du mouvement, pour tracer la courbe parcourue par le contre-poids. En effet, ~r est le rapport numérique de poids
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- connus : appelons n ce rapport : l’équation ( B ) devient y = h — nb ( C ) , qui suffît pour décrire la courbe, puisque pour chaque position C M du tablier on connaîtra l’ordonnée du point M', et qu’en outre il doit se trouver à une distance M M' = D du point M.
- Si l’on suppose P' = p, n est égal à l’unité, et l’équation ( C ) devient
- y = h — b.
- Ainsi, pour avoir le point de la courbe correspondant à la position C M du tablier, il faut retrancher l’ordonnée du cercle BM = b de la hauteur oE = h en la portant de o en G, mener l’horizontale M'G, dont la rencontre avec l’arc K L, décrit du point M avec D pour rayon, donne le point de la courbe. L’équation de la courbe , lorsque n = 1 étant
- y — h —b,
- on en tire y -f b = h,
- ou bien
- y -+- b________h_
- 2 ” 2 *
- Ainsi, dans toutes les positions de la barre, la quantité —^-, qui exprime la
- hauteur du milieu de cette barre au-dessus du plan horizontal du tablier, est constante et égale à la moitié de la hauteur de l’origine de la courbe au-dessus du même plan. Il est évident, d’après cela, que l’on pourra concevoir la courbe décrite par le centre de gravité des contre-poids comme engendrée par le mouvement d’une ligne droite de la longueur de la barre et dont une extrémité parcourra l’arc A D tandis que le milieu de cette même droite sera astreinte à se mouvoir sur une horizontale menée par le milieu de E o ; l’autre extrémité de la droite décrira la courbe.
- Il suit de là que , pour décrire la courbe des contre-poids, dans le cas particulier que nous examinons , il faudra mener par le milieu de o E une ligne horizontale HJ, prendre une ouverture de compas égale à la moitié de la longueur A o de la barre et décrire successivement, des différents points M de l’arc AMD comme centres, avec cette ouverture de compas, des arcs RS qui couperont l’horizontale en une suite de points T qu’on joindra aux points^correspondants M par des lignes M T que l’on prolongera au delà de l’horizontale d’une quantité T M' = T M et dont les extrémités M' seront des points de la courbe.
- M. Bergère termine ces considérations en disant : « On peut conclure, de ce « qui précède , que pour les ponts-levis de petites dimensions l’on pourrait * supprimer entièrement la courbe des contre-poids et manœuvrer le pont-
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- « levis en établissant les contre-poids solidaires aux extrémités des barres et « en faisant mouvoir le milieu M de ces barres, fig. 10, sur un plan horizon-« tal M N placé à la moitié de la hauteur de l’extrémité supérieure de la barre. « Il suffirait, pour cela, d’établir à ce milieu une petite roue dont l’axe tra-« verserait la barre et qui roulerait sur le plan horizontal à mesure que l’on « tirerait les contre-poids de haut en bas, ou le milieu de la barre horizonta-« lement, pour élever le tablier. Si la partie M o de la barre était trop longue, « on pourrait la diminuer en augmentant proportionnellement le contre-« poids. »
- Telle est l’idée de M. Bergère, idée on ne peut plus ingénieuse et dont on n’a pas tiré parti jusqu’à ce jour.
- C’est ce principe qui nous a servi de guide dans l’établissement du pont-levis de la Villeneuve, dont nous allons donner les détails.
- Explication des figures de la pi. 1054.
- Fig. 1. Pont-levis à flèches.
- Fig. 2, Pont-levis à bascule à manœuvre en-dessus,
- Fig. 3. Pont-levis à bascule à manœuvre en-dessous.
- Fig. 4. Pont-levis se renversant dans le fossé.
- Fig. 5. Châssis de ce pont. v
- Fig. 6. Autre pont-levis se renversant dans le fossé,
- Fig. 7. Châssis de ce pont.
- Fig. 8. Pont-levis à courbe de M. Delile.
- Fig. 9. Tracé géométrique de la courbe de ce pont,
- Fig. 10. Pont-levis, système de M. Bergère.
- Fig. 11. Pont à courbe de M. Dercké.
- Fig. iri. Pont-levis, système de M. Poncelet.
- SECTION DEUXIEME. — PONT-LEVIS ÉTABLI SUR LE CANAL DE LA FONDERIE DE LA VILLENEUVE , AU PORT DE BREST.
- § 1er. Considérations générales sur Vapplication du principe de M. Bergère. — On voit que la solution de M. Bergère n’est autre que la conséquence du principe général d'équilibre des ponts-levis rappelé au commencement de ce mémoire.
- D’après cela, si le contre-poids P' n’est pas égal à la composante p du poids du tablier, le plan M N, fig. 10, ne sera plus à la moitié de la hauteur oK; mais ce même plan contenant le centre de gravité du système, on aura la relation
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- d’où
- p x AI — P' x oH = o ; F _ AT p oH ’
- ur on a
- On aura donc l’équation
- AI __ AM oH oM * F _ AM p ~~ oM ’
- Dans l’application, on se donnera donc la position initiale du point M suivant les convenances de localité , et par suite A M : on fixera de même arbitrairement la longueur du second bras oM , et P' se trouvera aussitôt déter-, miné.
- On voit, par conséquent, que, si la flexion de la flèche diminue la hauteur primitive o H, on n’aura pas la moindre difficulté pour corriger la perte d’équilibre , puisqu’il suffira d’augmenter le contre-poids , d’après la relation
- Quant à la mise à exécution de ce système, elle peut être extrêmement simple : en effet, on peut prendre deux flèches en bois et faire porter chacune d’elles sur l’axe de deux roues en fonte se dirigeant sur des rails en fer établis de niveau sur la paroi supérieure d’un certain nombre de pilastres en pierre de taille de faible épaisseur, espacés convenablement entre éux. L’appareil de la manœuvre deviendrait, de cette manière, peu dispendieux, léger dans son ensemble, d’une bonne stabilité sur les rails et d’une grande durée.
- La force des flèches en bois serait augmentée par l’addition de deux lattes en fer encastrées et boulonnées dans les faces latérales, et les extrémités supérieures de ces deux flèches seraient reliées par l’axe portant les contre-poids, afin de rendre le mouvement du tablier uniforme des deux côtés et d’empêcher le gauchissement du plancher.
- La manœuvre s’opérerait facilement au moyen de deux petites chaînes égales appliquées aux bouts supérieurs des flèches et réunies en une seule sur laquelle la force motrice agirait suivant l’axe du pont, c’est-à-dire dans la direction de la résultante des deux chaînes supérieures.
- Le roulement sur les rails présenterait, de cette manière , une grande facilité , et la moindre force pourrait suffire à la manœuvre d’un pont-levis de poids assez considérable.
- Ce mode serait applicable à des ponts de 5 à 6 et 8 mètres de portée , en fixant les points d’attache des flèches sur le tablier à une certaine distance de la tête de celui-ci pour diminuer la longueur des grands leviers.
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- On voit, par ces dispositions, qu’en tenant le plan des rails à une hauteur de 2m,20 à 2m,50 environ au-dessus du sol et les pilastres convenablement espacés entre eux , on laisserait la circulation parfaitement libre dans toutes les directions aux abords du passage , avantage qui peut être très-grand dans la plupart des cas.
- Nous avons dit que pour l’établissement de ces ponts on se donnera la position initiale du centre des roues suivant les convenances de localités, et qu’ensuite on fixera, à volonté, la longueur du bras supérieur des flèches. Nous allons entrer dans quelques détails à ce sujet, et déterminer le minimum et le maximum de longueur de ce bras de levier.
- Comme il serait nécessaire de ménager dans l’épaisseur du dernier pied droit, à sa partie supérieure, une rainure longitudinale pour le jeu du bras supérieur de la flèche quand le contre-poids viendrait à se mouvoir au-dessous de l’axe des roues , et comme cette rainure étroite pourrait occasionner des frottements et d’ailleurs trop diminuer la solidité du pilier, il faudrait donner un assez grand diamètre à ces roues, afin de tenir leur axe le plus haut possible au-dessus du plan des rails et pour diminuer ainsi la profondeur du refouille-ment à faire dans le pilastre.
- Il nous semble convenable , par cette raison, de donner aux roues environ 1 mètre de diamètre, limite qu’elles peuvent atteindre sans devenir trop lourdes pour la manœuvre.
- Cette dimension étant arrêtée, on n’aura plus, pour la mise à exécution de ce système de pont-levis, qu’à fixer l’élévation du plan des rails suivant le plus ou moins de facilité que l’on voudra donner à la circulation entre les pilastres de support.
- On prendra ensuite pour position initiale du centre des roues un point situé à quelque distance en arrière de la verticale passant par les tourillons du pont, afin de soulager l’arête de tête du premier pilier, et pour donner une certaine inclinaison au parement antérieur de ce pied-droit le long duquel viendra s’appuyer le tablier.
- La longueur du bras inférieur de la flèche ne dépendra plus alors que de la position assignée à son point d’attache sur le plancher.
- Cela posé, déterminons les longueurs minimum et maximum du bras supérieur.
- La longueur minimum est facile à connaître d’après la condition suivante : il est nécessaire que le contre-poids se trouve en dehors de la paroi extérieure du dernier pilastre, lorsque le dessous de la flèche vient à toucher le plan des rails; car, sans cela, la manœuvre du pont ne pourrait s’opérer, puisque le plan des rails retiendrait l’axe du contre-poids. Il faut donc , dans le tracé graphe
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- que des positions successives du pont, prendre sur la ligne horizontale passant par l’axe des roues, et à partir du point de rencontre de cette ligne avec l’arc de cercle décrit par le point d’attache de la flèche sur le tablier, une longueur égale au bras inférieur, afin d’avoir la position du centre de rotation : la distance horizontale comprise entre ce point et le parement extérieur du dernier pilastre sera, pour la pratique, la longueur minimum convenable à donner au second bras de levier, en raison de l’épaisseur du rouleau formant contre-poids.
- Pour déterminer sa longueur maximum, il faut remarquer qu’il est important que le contre-poids décrivant la courbe de M. Delile n’ait pas à descendre au-dessous du niveau du sol : car alors, dans le cas oii les deux flèches seraient reliées entre elles au-dessus du passage, la manœuvre serait arrêtée au moment où la barre transversale arriverait au niveau du quai ; et, dans le cas où l’on aurait tenu ces deux leviers isolés , on serait forcé de construire , de chaque côté , un puits en courbe pour recevoir les contre-poids dans leur trajet en contre-bas du sol, ce qui aurait des inconvénients.
- D’après cela, la longueur maximum du bras supérieur doit être la distance comprise entre le sol et la position de l’axe des roues quand le tablier est vertical, cette distance étant comptée sur le prolongement de l’axe de la flèche. -
- Ces deux limites étant données, il ne reste plus qu’à rappeler que le contrepoids devant être d’autant moindre que le bras supérieur a plus de longueur, et, d’un autre côté, la puissance à appliquer pour vaincre les résistances passives ( après l’établissement de l’équilibre ) ayant d’autant plus d’effet que son bras de levier est plus long, il y a toujours avantage à donner à la flèche la longueur maximum, puisque la correction des changements d’équilibre provenant de la flexion ne peut d’ailleurs entraîner la moindre difficulté d’après ce que nous avons dit précédemment.
- La mise à exécution d’un semblable système nous paraît donc excessivement simple , et l’on voit, de plus, qu’elle n’exige aucune des précautions, ni aucun des calculs obligatoires, comme nous l’avons vu dans les autres ponts-levis.
- § 2. Description du pont-levis de la Villeneuve. — Nous ne parlerons ni du système des fondations, ni des maçonneries de la culée, non plus que du pont dormant, pour ne pas sortir de notre sujet, qui est la description de l'appareil de la manœuvre; nous dirons seulement que sous chacune des longuerines du tablier nous avons établi dans le parement de la culée un corbelet en pierre de 0m,30 de saillie sur 0m,!20 de largeur, pour soulager les tourillons lorsque le pont est livré au passage, pour faciliter le montage et le démontage du plancher en cas de réparations, et enfin pour empêcher les ébranlements
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- que les vibrations du tablier pourraient causer dans les premiers piliers.
- Dispositions premières d’installation. 1° La largeur, 4m,80, du passage à franchir étant donnée, le point d’attache a des flèches A, fig. 1, pi. 1055, au tablier B, a été pris à 0ra,80 en deçà de la tête du pont, afin de diminuer un peu la longueur de ces pièces.
- 2° Le terre-plein de la Villeneuve, sur lequel est établi ce pont, est limité d’un côté par un cours d’eau, et de l’autre par des clôtures de l’usine. La circulation étant donc complètement arrêtée le long du quai, nous n’avons pas eu besoin de chercher à la maintenir sous les rails C entre les piliers de support.
- Nous avons alors disposé de la hauteur à donner aux rails, et nous avons établi notre pont dans le système qui nous a semblé présenter le plus de facilité et de sécurité pour la manœuvre, celui dans lequel le fléau supérieur a le maximum de longueur, en même temps que l’égalité est conservée entre les deux parties de la flèche. Dans ce cas, en effet, le plus favorable à la puissance, puisqu’il lui donne le plus long bras de levier possible, l’extrémité de la flèche vient toucher le sol quand le plancher du pont est vertical et peut être retenue dans cette position par un crochet scellé dans le quai, ce qui permet d’abandonner à lui-même le système entier de la manœuvre pendant tout le temps que le pont est levé. De cette manière , on ne peut craindre que le tablier vienne à retomber par suite d’un accident quelconque, et d’une autre part les scellements des crochets affleurant le niveau même du terre-plein ne sauraient gêner l’entrée du pont.
- 3° Pour parvenir, d’après ces considérations, à la détermination de la hauteur du point milieu de la flèche, nous nous sommes imposé la condition que l’axe H des contre-poids D ne fût qu a 0m,16 au-dessus du quai quand le tablier serait vertical, ce qui correspond au cas oü le bout des flèches toucherait le sol. L’équation y — h— b (1)
- de la courbe décrite par le contre-poids nous a offert un moyen très-facile d’arriver de suite à ce résultat, y représentant les ordonnées de la courbe , h l’ordonnée maximum, c’est-à-dire la hauteur o K, fig, 10, b l’ordonnée du point d’attache À quand le tablier est vertical, et la ligne horizontale passant par le point A étant prise pour axe des x.
- En effet, si le pont était vertical, on aurait
- b = lm, 00 + 0m,12,
- 0m,12 étant la hauteur du tablier au-dessus du point A.
- D’une autre part, on veut avoir, lorsque le tablier est debout,
- y = 0m,16 + 0m,12,
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- l’équation (1) devient donc
- 0m,16 + Om,lâ = h — ( 4m,00 + 0m,12 ) ; d’où ^ =
- Le plan horizontal dans lequel restera constamment le centre des roues E doit donc être à 2ffi,20 au-dessus du point A, ou bien à 2m,20 — 0m,12, c’est-à-dire 2m,08 au-dessus du sol.
- Telle est la hauteur que nous avons adoptée.
- 4° Nous avons établi l’axe F des roues à 0m,ÜÜ5 en arrière de la verticale passant par les tourillons, et les deux cinquièmes de cette distance ont été pris pour fruit du parement.
- 5° La position de ce centre de rotation étant ainsi déterminée, les longueurs des bras de la flèche se sont trouvées fixées, puisqu’elles devaient être égales toutes deux , et le rayon des roues étant porté d’avance à 0m,50, il est resté lm,58 pour hauteur du plan des rails C au-dessus du quai.
- 6° L’arbre transversal H du contre-poids devait se trouver, d’après cela , à 4m,28 au-dessus du sol; mais, au lieu de l’établir à cette élévation et dans l’axe longitudinal de la flèche, nous l’avons mis à 0m,085 plus haut, c’est-à-dire dans le parement supérieur des fléaux, et cela par les raisons suivantes : nous avons pensé que la flexion des flèches , après leur mise en place, serait d’environ 0m,085 sous l’action du contre-poids et qu’elle ramènerait ainsi ce dernier à la hauteur qu’il devait avoir. D’une autre part, cet arbre ainsi appuyé sur la paroi supérieure des flèches laisse à celles-ci toute leur force, et il pourrait d’ailleurs être retiré plus facilement de ses supports à charnière toutes les fois qu’il y aurait lieu d’augmenter ou de. diminuer le contre-poids.
- 7° Quant aux maçonneries portant les deux rails dont l’étendue s’est trouvée déterminée par les deux positions extrêmes des roues , nous en avons divisé la longueur en trois parties égales au moyen de quatre pilastres G réunis par un petit garde-corps évidé en pierre de taille. De cette manière , la dépense des maçonneries a été diminuée sans que la portée des rails soit trop forte.
- 8° Enfin on a déterminé le contre-poids P', qui, dans ce cas, est égal à p> au moyen de l’équation
- p, _ _Fd
- P r
- ou P représente le poids total du tablier égal à............. 943k
- d la distance du centre de gravité à l’axe des tourillons id. . 2m,35 et r la distance de ce même axe au point d’attache A. . . id. . 4m,00
- On a trouvé ainsi P' = 554k.
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- De ce chiffre on a déduit, après l’achèvement du pont, le poids de l’arbre , de la chaîne de manœuvre , des ferrures du bout supérieur des flèches , et le reste a donné la pesanteur que devait avoir le cylindre en plomb D formant contre-poids.
- Voilà pour les premières dispositions d’installation ; nous allons maintenant entrer dans les détails.
- Largeur de voie et portée du pont. La voie entre les parements des pilastres est de im,63. Le tablier a lm,75 de largeur et Lm,80 de portée. ( Voy. la planche 1055. )
- Quoique ce pont ne doive servir qu’au passage des piétons, sa description et l’évaluation de la dépense feront voir de suite le peu de modifications qu’on aurait à y faire pour en construire un semblable d’une voie beaucoup plus large. Il est clair, par exemple, que tout ce qui concerne l’appareil de la manœuvre ( sauf le contre-poids ) serait complètement le meme et que l’accrois-sement du nombre des longuerines et de la surface du plancher serait, à peu de chose près, tout l’excédant de dépense. Un pont à large voie de ce système coûterait donc très-peu en sus de celui-ci (1).
- Il ne faudrait pourtant pas en conclure que l’application de ce mode serait trop dispendieuse pour la construction d’une passerelle. À cet égard, l’évaluation de la faible dépense de celle-ci pourra dissiper toutes craintes. Qu’on ouvre les collections lithographiques des ponts et chaussées, et l’on verra de suite que le moindre pont à bascule ou le plus petit pont tournant, nécessitant une chambre ou des maçonneries particulières et un tablier presque double de la volée, coûterait nécessairement beaucoup plus que ce pont-levis , à part l’avantage du peu d’entretien de l’appareil de ce dernier, ce qui doit cependant encore être pris en grande considération.
- Maçonneries de support des rails. Les quatre pilastres G, formés chacun d’une seule pierre de lm,5L d’élévation, sont composés d’un socle de 0m,53 de longueur, 0m,42 de largeur et 0m,54 de hauteur, et d’une partie supérieure taillée en forme de borne octogonale et ayant 1 mèt. de hauteur sur 0m,37 d’épaisseur et 0ra,48 de largeur réduite à 0m,39 en haut. L’arête seule du premier pilier, sur laquelle s’appuie le tablier lorsqu’il est vertical, reste saillante de chaque côté de la voie.
- (i) Si l’on veut, de plus, comparer les autres ponts mobiles, tels que les pouls tournants ou roulants, à celui que nous venons de décrire , on verra que leur dépense , à égalité de portée, serait trop considérable ; et pour celte comparaison nous n’avons qu’à renvoyer à l’examen des dessins de ponts mobiles faisant partie des collections lithographiques des ponts et chaussées, et aux détails de ces ponts déjà donnés dans les ouvrages sur les chemins de fer.
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- La tête du dernier pilastre porte un refouillement ba fig. 3, de 0m,20 de largeur pour le passage de la flèche.
- Des garde-corps en pierre de 0m,30 d’épaisseur sur 0m,54 de hauteur, arrondis à leur paroi supérieure , sont posés dans l’intervalle de chacun des socles des pilastres , avec lesquels ils sont reliés au moyen de tenons en pierre encastrés horizontalement et bien scellés dans les faces contiguës ; ces tenons sont nécessaires pour consolider l’ensemble des pierres de taille et soutenir principalement les efforts des premiers piliers.
- Tablier du pont. Sa charpente se compose d’une poutre transversale c de 0m,20 sur 0ra,20, portant les colliers à tourillons a; de trois longuerines ddd de 0m,14 d’épaisseur, ayant 0m,20 de hauteur vers la culée et 0m,16 à l’autre extrémité; d’une traverse de 0m,16 sur 0m,16 et de lm,75 de longueur, engagée dans les abouts des longuerines de rive et recevant celle du milieu ; d’une seconde traverse de 0m,16 sur 0m,13 et de lm,65 de longueur, encastrée à mi-bois en dessous des longuerines et destinée à les soutenir, à consolider l’ensemble de la charpente et à porter les axes d’attache des flèches. Toutes ces pièces sont en bois de chêne du pays.
- La frette, dont le tourillon traverse le bout des flèches et forme leur point d’attache au tablier, se compose, fig. 6, 7 et 8, de quatre branches , savoir, deux s’appliquant sur la paroi latérale de la longuerine et deux embrassant la traverse , l’une en dessus, l’autre en dessous, et serrées par un boulon traversant le tout. De cette manière , l’axe - tourillon , ne pouvant vaciller, fait parfaitement corps avec la charpente.
- Les deux coussinets e, scellés dans les maçonneries et qui reçoivent les tourillons f du tablier, fig. 12 et 13 , s’ouvrent à charnière dans leur partie supérieure, afin qu’on puisse, au besoin , retirer et réparer le plancher sans toucher aux maçonneries ; une petite cavité est, à cet effet, ménagée dans la pierre de taille pour faciliter le jeu de cette charnière.
- Flèches et roues. Les flèches A, en bois de chêne, ont pour épaisseur 0ra,14 au milieu et 0m,12 aux extrémités, et pour hauteur 0m,30 au centre et 0m,17 à chaque bout : chacun des deux bras a 5 mèt. de longueur, dont 4m,81 compris entre le centre des roues et le point d’attache sur le tablier, ce qui fait 10 mèt. pour longueur totale. Les flèches sont renforcées latéralement, dans toute leur longueur, par deux lattes en fer de 0m,015 d’épaisseur et 0ra,10 de largeur au milieu, encastrées à affleurer le bois ; et, pour ne pas diminuer la force de ces leviers par un trop grand nombre de boulons, surtout vers le milieu , on a serré les lattes au moyen d’étriers en fer g embrassant la pièce sans encastrement.
- L’arbre transversal H en fer, qui porte le cylindre en plomb D formant
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- ARTS MÉCANIQUES.
- contre-poids, repose sur deux supports à charnière h fixés sur la paroi supérieure des flèches. Cet arbre, bien boulonné à ces deux bouts, relie les deux fléaux supérieurs et empêche le ballottement des flèches. Son effet, joint à celui des quatre roues de support E, qui sont retenues latéralement sur les rails C, contribue beaucoup, dans la manœuvre, à rendre le mouvement complètement égal des deux côtés du pont et à empêcher le tablier et les flèches de se gauchir.
- Les roues en fonte E, de 1 mètre de diamètre, fig. 9 et 10, sont évidées autant que possible dans leur pourtour garni d’un rebord de 0m,02 de hauteur; chacune d’elles pèse 41\75. Les deux roues d’une même flèche sont reliées à leur axe par une clef, de manière à faire corps et à tourner toutes deux avec lui. De cette manière, c’est sur l’axe de chaque train que tourne la flèche. On sait que cette disposition rend le système plus stable et moins vacillant que si l’essieu était fixé au fléau pour faire tourner les roues, et qu’elle a, de plus, l’avantage de forcer le train à marcher toujours en ligne droite.
- Quand le tablier est levé , l’extrémité supérieure des fléaux vient s’appuyer sur le sol, oii elle peut être retenue au moyen d’un crochet scellé dans le quai.
- Garde-corps. Enfin nous avons cru convenable et suffisant d’employer pour garde-corps, de chaque côté du tablier, une chaîne fixée au premier pilier des rails et s’accrochant à son autre extrémité sur le parapet du pont dormant. Dans la manœuvre, la tête du tablier soulève en même temps le bout mobile des deux chaînes, force le dernier anneau à sortir de son crochet d’attache, et ces deux chaînes alors tombent en dehors du tablier sans en augmenter le poids et sans changer les conditions d’équilibre ; comme elles sont légères, elles sont faciles à reprendre ensuite et à remettre en place après 1’abaissement du pont.
- § 3. Résultats d’expériences. — Nous croyons utile de consigner ici quelques résultats d’observations et d’épreuves.
- 1° Pesanteur du tablier. Le tablier pèse en tout 943 kilog., savoir :
- Charpente en bois de chêne..............................532 kilog.
- Eordage du plancher id.....................................297
- Deux frettes à tourillons du pont...........................34
- Deux tourillons d’attache des flèches avec écrous et boulons. 70
- Deux étriers des extrémités du tablier.................. 7
- Clous du plancher........................................... 3
- Total. . '............ 943 kilog.
- 2° Pesanteur du contre-poids. Les deux bras des flèches étant égaux, le contre-poids doit comprendre non-seulement le rouleau en plomb avec son
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- PONTS.
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- arbre en fer et ses supports à charnière , mais encore le second étrier en fer 4u bout supérieur du fléau, puisque l’autre bras de cette même flèche n’en a qu’un seul. La chaîne de manœuvre doit également faire partie de l’excédant.
- D’après cela, le contre-poids se compose des éléments suivants :
- Un arbre en fer avec ses écrous. ... 49 kilog.
- Les deux supports à charnière................. 24
- Le rouleau en plomb...........................461
- Deux étriers................................... 8
- Chaîne de manœuvre avec ses crochets. . 12
- Pesanteur totale du contre-poids. . ... 554 kilog.
- 3° Flexion des flèches sous la charge du contre-poids.
- Nous avons dit qu’au lieu de placer l’arbre du rouleau en plomb dans l’axe même des flèches nous l’avons fait reposer sur la paroi supérieure des leviers, c’est-à-dire à 0m,085 trop haut, pensant que la flexion le ferait descendre à la hauteur voulue. Voici à cet égard les résultats de l’expérience.
- Le pont-levis a été mis en place le 10 mai 1845. Avant et après la pose du rouleau, on a pris exactement la hauteur des flèches au-dessus du bout des rails, et cette hauteur a de même été mesurée, depuis, à diverses époques assez éloignées : on a trouvé ainsi les élévations suivantes de chacune des flèches, ce qui constate déjà une flexion uniforme des deux côtés.
- DATE DES EXPÉRIENCES. HAUTEURS mesurées. ABAISSEMENT dû à la flexion des flèches.
- Le 10 mai 184S avant la pose du contre-poids 2m,640
- Le 12 mai id. après la pose id 2m,585 0m,055
- Le 23 juillet id. id. id 2ra,560 0m,025
- Le 20 août id. id. id 2m,560 >»
- Le 23 sept. id. id. id 2m,56®
- FLEXION TOTALE | 0m,080
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- n
- ARTS MÉCANIQUES.
- Il suit de là quç rabaissement total a été de 0m,08, et qu’il est resté stationnaire au bout de peu de temps, malgré les alternatives de sécheresse et de pluies qui ont eu lieu dans les mois de juillet, août, septembre. Tout porte donc à croire que les lattes en fer ayant une fois pris leur position dans leur rainure d’encastrement suffisent pour arrêter tout accroissement de flexion.
- 4° Manœuvre du pont. Un seul homme lève et baisse ce pont avec la plus grande facilité, ou, pour mieux fixer l’effort nécessaire à cette manœuvre, une surcharge de 32 kilog., ajoutée au contre-poids, a suffi pour lever le pont de manière à amener le tablier dans la position verticale. .Cette épreuve, faite dans les premiers jours de juin, a été répétée le 20 août et depuis, et il a fallu encore ajouter le même poids, 32 kilog., pour obtenir le même résultat.
- Voici enfin le tableau des expériences faites pour connaître la durée de la manœuvre.
- NUMÉROS NOMBRE DURÉE DE LA MANŒUVRE POUR
- des d’hommes
- expériences. employés. lever le pont. baisser le pont.
- 1 1 homme. 0', 12" 0', 9"
- 2 Id. ÉO" 0’,10"
- 3 là. 0', 13" 0', 15”
- 4 Id. 0', P” 0', 9"
- 5 Id. 0', 8" 0’, 8ff
- 0', w n* zif/
- - v 9pi
- nnEWR MftVF.MNR. P O ô' 10"
- Dix secondes suffisent donc pour lever le pont et autant pour le baisser.
- § 4. Évaluation de la dépense. — Enfin le tableau suivant fera connaître r avec tous les détails nécessaires, le montant de la dépense.
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- PONTS»
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- Tableau de la dépense du pont4evis de la Villeneme.
- INDICATIONS DES OUVRAGES.
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- -Maçonnerie en pierre de taille des huit piliers. Id. id. des six garde-corps...
- 1 Taille des parements......................
- Fourniture et pose de douze tenons en pierre. |Refouillements pour les enclaves de ces douze tenons et pour préparer le passage des flèches dans les piliers....................... • •
- Longuerines et traverses du plancher en chêne.
- | Deux flèches..............................
- | Bordages en chêne pour le plancher, pose et
- cio u....................................
- Deux coussinets à branches scellées dans la
- culée....................................
- ÎDeux colliers à tourillons embrassant la traverse du pont...............................
- [ Deux tourillons d'attache des flèches, écrous
- et boulons...............................
- (Deux étriers pour les extrémités du tablier... Deux verrous pour fixer le tablier au pont
- dormant..................................
- r Quatre lattes pour les flèches............
- iFrettes, boulons, écrous id................
- J Deux essieux pour les roues ..............
- Deux supports à charnière pour le contrepoids ............................».........
- Un arbre du contre-poids....................
- k Chaîne de manœuvre avec ses crochets......
- Quatre rails de 0m,04 sur 0®,04 et 4m,52 de
- longueur.................................
- Deux chaînes pour garde-corps du pont, crochets , etc..............................
- Poids total................
- Fonte. Quatre roues de l®,00 de diamètre..........
- Cuivre. Deux boîtes pour les essieux des roues....
- Plomb. Cylindre du contre-poids...................
- Main-d’œuvre pour scellement des rails--------------
- Peinture à deux couches des flèehes et: ferrures..
- Montant total de; k a dépense-----
- QUANTITÉS. PRIX. SOMMES.
- 2 m. C. 267 45 fr. 80 103 fr 83
- 0 m. c. 843 id. 38 61
- 29 m. 50 9 265 50
- 8 journées 2 25 18
- 6 journées 2 25 13 50
- 0 stère 50 113 56 50
- 0 stère 63 id. 71 10
- 8 m. c. 40 7 58 80
- 22 kilog.
- 70
- 7
- 4
- 634
- 121
- 24
- 10
- 49
- 12
- 239 kilog. 10
- 1136 kilog. 1 30 1475 50
- 167 kilog. 0 40 66 80
- 22 kilog. , 3 60 79 20
- 461 kilog. 0 80 368 80
- 2 journées 50 2 23 5 62
- » » 15
- 2,636 fr. 85
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- ARTS CHIMIQUES.
- Explication des figures de la planche 1055 représentant l’ensemble et les détails
- du pont-levis construit sur le canal de la fonderie de la Villeneuve, au port
- de Brest, par M. Dehargne.
- Fig. 1. Élévation du pont.
- Fig. 2. Plan.
- Fig. 3. Profil des quatre pilastres du pont.
- Fig. 4. Élévation du bout de la flèche.
- Fig. 5. Plan du dessus du bout de la flèche.
- Fig. 6. Coupe transversale des attaches des flèches au tablier.
- Fig. 7. Élévation des attaches.
- Fig. 8. Plan.
- Fig. 9. Coupe verticale des roues de support des flèches.
- Fig. 10. Élévation d’une roue.
- Fig. 11. Coupe sur Taxe de la flèche.
- Fig. 12. Les colliers et tourillons du tablier vus en élévation..
- Fig. 13. Les mêmes vus en plan.
- A, flèche du pont. B,, tablier. C, rails. D, cylindre en plomb formant contrepoids. E E, roues. F, axe des roues. G, pilastres. H, arbre du contre-poids.
- a, point d’attache de la flèche au tablier, b, entaille dans l’un des pilastres pour recevoir le bout de la flèche, c, traverse, ddd, longuerines du tablier. ef coussinets des tourillons f. g g, brides de la flèche, h, coussinet de l’arbre H du contre-poids.
- ARTS CHIMIQUES. — ACIDES.
- Rapport fait par M. Payen, au nom du comité des arts chimiques 3 sur un nouveau procédé de fabrication de l’acide sulfurique, par M. Schneider.
- Messieurs,.M. Schneider 3 chimiste, ancien chef des travaux chimiques aux établissements de Sainte-Marie-d’Oignies , près Charleroy ( Belgique ), vous a présenté un intéressant mémoire concernant l’historique et les progrès de la fabrication de l’acide sulfurique , en indiquant la part qu’il a lui-même prise dans les nombreux travaux théoriques et pratiques qui ont fondé cette fabrication, base de toutes les industries chimiques. M. Schneider annonce qu’il est parvenu à un résultat très-digne d’intérêt.
- Le système qu’il a organisé et met en pratique permet de fournir exclusivement, aux dépens de l’air atmosphérique et sans faire usage d’un agent in-
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- acides. 7*?
- termédiaire, tout l’oxygène utile au maximum d’oxydation du soufre, c’est-à-dire à sa transformation complète en acide sulfurique.
- M. Schneider sait bien que les recherches expérimentales de plusieurs savants, et surtout, durant ces dernières années, les belles expériences de M. Kuhlmann, ont mis hors de doute la possibilité d’unir directement, sous l’influence des corps poreux ( mousse de platine, pierre ponce ), l’oxygène de l’air à l’acide sulfureux, de façon à compléter les trois équivalents nécessaires à la constitution de l’acide sulfurique.
- Mais votre comité des arts chimiques sait aussi qu’aucun procédé économique n’avait jusqu’alors été signalé pour réaliser, dans les usines, une pareille combinaison.
- M. Schneider vous offrit de répéter, devant les membres du comité, l’expérience dans un appareil construit en plomb et présentant un modèle de hx construction nouvelle. *
- Votre comité, acceptant l’offre de M. Schneider, examina avec soin les ingénieuses dispositions de cet appareil, qui lui parut pouvoir remplir les conditions d’une exécution manufacturière.
- Voulant, d’ailleurs, apprécier le mieux possible l’effet de ces dispositions, les membres de votre comité s’assurèrent le concours éclairé de deux jeunes chimistes, MM. Poinsot et Brunet, qui suivirent les opérations durant toute une journée.
- La pierre ponce préparée par l’auteur fut d’abord distribuée dans les récipients spéciaux ; on n’ajouta que de l’eau dans les différents vases où les gaz et vapeurs devaient circuler.
- Tous les orifices des différents gaz ayant été clos alors par des fermetures hydrauliques, on alluma le soufre, et la combustion fut continuée sans interruption.
- Vers cinq heures, tout le liquide acidifié fut recueilli mélangé pour en former un échantillon commun. M. Péligot, l’un des membres de la commission, constata l’absence de composé azotique dans ce liquide.
- Nous reconnûmes, par la saturation, après l’avoir fait bouillir, que la quantité totale d’acide approchait du maximum pratique obtenu par les procédés actuels.
- Une deuxième expérience semblable, à deux jours d’intervalle, a donné sensiblement les mêmes résultats.
- Nous devons en conclure 1° que le procédé de M. Schneider permet de fabriquer l’acide sulfurique sans l’intervention d’azote ou d'acide azotique ;
- T Que les quantités d’acide obtenues pour un poids de soufre brûlé approchent du nîaximum réalisé dans les fabriques , et, en tout cas, dépassent
- Quarante-septième année. Février 1848. 11
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- 78 ARTS ÉCONOMIQUES.
- de beaucoup les proportions obtenues expérimentalement jusqu’ici sous l’influence des corps poreux ;
- 3° Que» ne connaissant pas le moyen de donner et de rendre à la ponce l’énergie nécessaire pour obtenir les résultats précités, nous ne pouvons que répéter, à cet égard,, l’assertion'de l’auteur, c’est-à-dire que son mode de préparation est tellement économique , qu’il s’engagerait à fournir, durant plusieurs années, la pierre ponce préparée comme à la révivifier.
- Votre commission ayant vu avec un vif intérêt l’appareil et les expériences de M. Schneider, espérant que son procédé pourra exercer une heureuse influence sur la fabrication de; l’un des produits les plus utiles à la fondation et au développement des arts chimiques, vous propose d’adresser à l’auteur vos remercîments pour son importante communication, et de renvoyer son mémoire à la commission du Bulletin, afin qu’il soit publié in extenso ou par extrait, dans votre recueil (1).
- Signé Payen, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 16 février 1848.
- ii i»ooo
- ARTS ÉCONOMIQUES. — arbres.
- Rapport fait par M. Silvestre fils, au nom du comité des arts économiques, sur le prompt-cubateur métrique de MM. Dulac et Gillet.
- i
- Messieurs, en vertu de la loi de 1837 qui annonçait le renversement de l’ancien système des poids et mesures, l’industrie forestière dut substituer à ses tarifs d’autres tarifs en harmonie avec le système métrique dont l’usage devait être bientôt obligatoire.
- Les manuels qui furent calculés d’après l’ancien système, comme ceux qui les remplacèrent définitivement en 1840, servirent à opérer le cubage des bois selon les différents modes d’évaluation adoptés par le commerce ; et il fut toujours facile, par leur moyen, de calculer avec assez de promptitude le volume des bois abattus ou sur pied, en grume ou équarris, en pièces ou façonnés , en un mot quels que fussent leur état et leur forme.
- Dans le cas particulier où il s’agit de cuber les arbres en grume, c’est-à-dire de trouver sous l’écorce le volume de la partie utile à telle ou telle industrie, on a coutume, depuis longtemps, dans la pratique, de considérer comme
- (i) Le mémoire de M. Schneider, accompagné du dessin de l’appareil employé par lui, paraîtra dans un prochain numéro du Bulletin.
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- ARBRES.
- 79
- côté de la base du solide équarri le quart de la circonférence moyenne de l'arbre préalablement diminuée de f ou de f ; ou bien, dans quelques cas, de prendre pour côté de la base le quart de la circonférence moyenne, sans déduction. Comme circonférence moyenne, il est généralement d’usage d’adopter celle de l’arbre prise à lm,30 du sol, diminué de de sa longueur. Quant à la hauteur de la pièce, on l’évalue ordinairement à la simple vue , et quelquefois aussi, mais plus rarement, à l’aide d’instruments particuliers. Au moyen de ces données et avec le secours des tarifs, on arrive aisément aux résultats cherchés.
- Le produit obtenu par le cubage au y et au j déduits et au j sans déduction est regardé comme représentant le volume de l’arbre, débarrassé de la partie variable qui tombe lors de l’équarrissage. On sait que c’est d’après l’état du sujet, d’après sa forme et l’usage auquel on le destine que les praticiens font choix d’un de ces divers modes d’évaluation.
- Le commerce ordinaire des bois estime généralement au ÿ déduit ; l’artillerie et la marine se servent de la déduction au Quant au £ sans déduction, il ne s’applique guère qu’au cubage des pièces les plus droites et les mieux venues, et lorsque le volume de la partie utile peut rester considérable après l’équarrissage (1).
- Malgré les avantages que présentent les manuels-tarifs dont on se sert communément , on ne laisse pas que de perdre beaucoup de temps à les compulser, quand on a, surtout, à opérer sur un grand nombre de pièces. MM. Du-
- (1) On pourrait se faire une idée de la différence qui existe entre les résultats fournis par les divers modes de cubage au moyen des formules qui suivent, et il n’est pas sans intérêt aussi de comparer ces résultats à celui qu’on obtient en considérant comme base de l’arbre équarri le carré inscrit dans la circonférence moyenne.
- Représentant par a le côté du carré inscrit, par a' le côté du carré provenant de la circonférence dont on déduit le £, par a" le côté du carré au | déduit, et par a"' le côté du carré au j sans déduction ; appelons C la circonférence moyenne et r le rayon. On aura
- “=r'/2=^c=Sc = (0’m)C-
- c
- = ..... = (0,208) C,
- __ C
- a" = g C = .......= (0,200) C,
- o'" = | =jC =...........= (0,250) G ;
- d’où l’on voit que le carré inscrit est plus petit que celui au £ sans déduction, mais qu’il est plus grand que les autres.
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- ARTS ECONOMIQUES.
- lac et Gillet, attachés à l'administration forestière du domaine, ont exécuté et mis en pratique, avec succès, un instrument qu’ils ont appelé prompt-cu-bateur métrique, avec le secours duquel on peut avoir la circonférence d’un arbre en grume sur pied à lm,30 du sol, et obtenir immédiatement, sur cette seule indication, la circonférence moyenne de l’arbre et le cubage de la pièce.
- Cet instrument se compose d’un ruban en toile imperméable qui s’enroule dans un fourreau cylindrique au moyen d’une petite manivelle. Sur une des faces de ce ruban sont marquées des divisions métriques qui servent à prendre la circonférence d’un arbre sur pied, et qu’on mesure à lm,30 du sol, selon l’usage. Au-dessous de chaque division se trouve un petit tableau dont les résultats ont été calculés avec beaucoup de soin par les inventeurs, et qui indique 1° la réduction du de la circonférence trouvée, ce qui, selon la pratique, fournit la circonférence moyenne de l’arbre ; la longueur des arbres de mètre en mètre; 3° le volume des arbres, de décistère en décistère, au -f et au | déduits et au \ sans déduction ; 4° enfin l’équarrissage correspondant à chacun des trois modes de cubage.
- La seconde face, destinée à l’évaluation des arbres abattus, est divisée comme la première, et donne, au moyen de petites tables analogues aux précédentes , le cubage des arbres au j déduit d’après la circonférence prise au milieu.
- MM. Dulac et Gillet n’ont pas inscrit sur leur ruban les volumes des arbres entiers, c’est-à-dire avant tout équarrissage, parce que, dans la pratique , on a coutume, pour trouver ces volumes, de doubler les résultats obtenus au f déduit. On commet alors, il est vrai, une légère erreur, comme on peut le voir par les deux formules qui suivent : soit l la longueur de la pièce ; on aura, pour le double du volume au f déduit, -^c2l = ( 0,080 ) c21, et, pour le volume de la pièce en grume, -~c21= (0,079) âl; mais MM. Dulac et Gillet ont cru, avec raison , devoir respecter l’usage établi et admettre cette erreur, qui pourrait, pourtant, devenir très-sensible s’il s’agissait d’importantes opérations.
- On vous a déjà présenté , messieurs , plusieurs cordons gradués propres à mesurer les arbres, il en est même qui ont justement fixé votre attention ; mais il a paru à votre comité des arts économiques que le prompt-cubateur métrique avait un avantage réel sur tous les cordons du même genre qui l’ont précédé. Non-seulement il dispense le praticien de feuilleter les tables des tarifs et de faire aucun calcul ultérieur, mais il offre aussi des résultats importants dont les anciens instruments ne font pas mention ; en un mot, le comité le regarde comme plus complet et comme répondant d’une manière plus commode en même temps que plus large à tous les besoins du commerce.
- Nous avons donc l’honneur de vous proposer, messieurs, d’accorder votre
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- EMBALLAGE.
- 81
- approbation à la communication de MM. Dulac et Gillet, et de faire connaître, par la voie du Bulletin, l’instrument de ces jeunes praticiens aux personnes qui s’occupent spécialement de la gestion et du commerce des bois.
- Signé E. de Silvestre , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 16 février 1848.
- emballage.
- Rapport fait par M. Trébuchet, au nom du comité des arts économiques, sur un nouveau système d’emballage de M. Cotel, place du Louvre, 8.
- Messieurs, dans un précédent rapport publié p. 497 du Bulletin de la Société, année 1846, nous avons appelé votre attention sur les perfectionnements apportés par M. Cotel au mode généralement suivi pour l’emballage et le transport des objets d’art ; vous avez récompensé ses travaux en lui décernant une médaille de bronze dans votre séance générale du 20 janvier 1847.
- M. Cotel, encouragé par votre approbation , ne s’est point arrêté dans la voie de progrès où il était entré ; il vient aujourd’hui vous soumettre les nouveaux perfectionnements dont son industrie lui est redevable.
- Ces perfectionnements sont nombreux ; ils s’appliquent aux procédés que vous connaissez déjà ; ils consistent, en outre, dans des procédés nouveaux. Parmi ces derniers, nous avons particulièrement remarqué une charpente destinée au transport des statues, groupes et sculptures en marbre, de toutes dimensions ; un châssis à coulisses mobiles pouvant servir au transport de tableaux de dimensions diverses ; une caisse à rouleaux pour l’emballage des grandes toiles, etc.
- Le système d’après lequel est disposée cette caisse est des plus ingénieux. On sait les difficultés qu’éprouvent les artistes à préserver de tout accident les toiles qu’ils font transporter, surtout quand elles ont une grande dimension ; et ce que nous disons des toiles s’applique également aux gravures, aux étoffes précieuses, etc.
- Le mode de M. Cotel consiste dans un cylindre creux placé dans une boite dont les planches sont mobiles, et qui est disposé de manière à se poser, à se manœuvrer et à s’enlever avec une grande facilité. La toile se fixe sur ce cylindre au moyen d’une petite planchette qui s’ouvre sur toute la longueur du cylindre pour donner passage à la toile qu’elle maintient ensuite en se refermant. On évite ainsi les elous avec lesquels on fixe habituellement l’extrémité des toiles, ce qui les détériore souvent dans les parties correspondantes aux clous. Ces cylindres ont, en outre, l’avantage de tenir en suspension les objets emballés, sans aucun contact avec les parois de la boîte.
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- 82 ARTS ÉCONOMIQUES. --- EMBALLAGE.
- Les cadres ou châssis à coulisses mobiles peuvent s’allonger ou s’élargir au moyen d’une coulisse ménagée dans l’intérieur du châssis, sur chacune de ses faces ; le jeu de cette coulisse n’ôte rien à la solidité de l’emballage ; le tableau ou cadre qu'on veut emballer repose toujours sur la base du cadre et est maintenu par de petits tasseaux en liège garnis de caoutchouc et de molleton disposés dans les angles du châssis ; ce dernier est ensuite solidement maintenu au moyen d’une corde disposée de manière qu’on n’ait à craindre aucun écart.
- Pour compléter ce qui concerne le transport des tableaux, nous citerons les châssis à volets mobiles pour le transport et l’exposition des tableaux sans enlever le châssis ; les pitons-poignées propres à faciliter le transport des tableaux d’un certain poids, en évitant de toucher à la dorure du cadre. Ces pitons se fixent de chaque côté du cadre au moyen d’une entaille faite dans la bordure, et sont disposés de telle sorte qu’au moyen d’un ressort qui agit sur eux ils peuvent servir alternativement soit de poignée pour enlever le cadre, soit de piton pour le suspendre.
- Enfin des emboîtures de sûreté servent à garantir les angles des cadres, dans les différents déplacements qu’on leur fait subir, surtout lors des expositions.
- Nous ajouterons que le prix de ces différents appareils est fort modéré.
- Nous voudrions pouvoir parler avec détails des autres inventions de M. Cotel, et surtout des perfectionnements remarquables qu’il a apportés à ses boites servant à l’emballage des statuettes, porcelaines et autres objets fragiles. Rien, en effet., n’est plus ingénieux que la disposition de ces boîtes, dans lesquelles les objets les plus délicats, les plus fragiles peuvent être transportés à de grandes distances, subir même les chocs les plus violents, sans en éprouver le moindre dommage. Aussi nous n’hésitons pas à dire que M. Cotel a opéré une véritable révolution dans l’industrie de l’emballeur, et qu’il a fait un art de cette industrie qui, jusqu’à lui, avait fait des progrès peu sensibles.
- En résumé, nous ne pouvons que répéter ce que nous avons déjà dit au sujet des inventions de M. Cotel; on doit les considérer comme ayant rendu surtout aux artistes de véritables services, et sous ce rapport elles méritent tout l’intérêt de la Société.
- Nous avons donc l’honneur de vous proposer, messieurs, de remercier M. Cotel de sa communication, et d’insérer le présent rapport au Bulletin avec les dessins de ses principaux appareils (1).
- Signé Trébuchet, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 16 février 1848.
- (1) Nous donnerons, dans un prochain numéro du Bulletin, la description et les dessins des appareils d’emballage de M. Cotel.
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- NOTICES INDUSTRIELLES
- 83
- extraites de diverses publications périodiques françaises et étrangères.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Sur les forages artésiens exécutés à Venise par M. Degousée.
- Nous avons parlé , p. 558 du Bulletin de 1847, des forages exécutés à Venise pour alimenter cette ville d’eau douce dont elle est en partie privée. Voici quelques nouveaux détails sur ces travaux entrepris par M. Degousée , dans le but de doter Venise de très-belles fontaines jaillissantes.
- L’alimentation de Venise, en eau douce , reposait, jusqu’ici, sur les eaux pluviales recueillies dans cent quarante-quatre citernes publiques, dans dix-neuf cent quatre-vingt-dix citernes particulières, à quoi il faut joindre ce que de nombreuses barques allaient prendre journellement dans la Sériole, canal de dérivation de la Brenta.
- De 1825 à 1830, le gouvernement autrichien fit faire de nombreux essais pour obtenir, au moyen de sondages, des eaux artésiennes. Les difficultés de l’opération, provenant de la présence de sables fluides dans les couches à traverser, rendirent ces tentatives infructueuses. Toute espérance était perdue, lorsque M. Degousée, après avoir étudié attentivement le régime des eaux dans la contrée , proposa de faire l’opération à ses risques et périls. Le contrat fut conclu le 1er février 1846. Les équipages de sonde partirent de Paris en mai; en août, les travaux commencèrent sur la place Santa-Maria-Formosa. Au bout de six mois l’eau jaillissait, au-dessus du sol, d’une profondeur de 61 mètres.
- Au commencement de janvier 1847, un second forage fut commencé sur la place Saint-Paul; le 14 avril suivant, une nappe d’eau jaillissante, venant de la profondeur de 60 mètres, déversait, à 4 mètres de hauteur au-dessus du sol, 250 litres d’eau par minute.
- Ce succès inespéré de M. Degousée excita l’envie. Une commission de pharmaciens soutint que les eaux étaient minérales et mauvaises ; mais la question ayant été portée devant la faculté des sciences de Padoue, ce corps savant déclara que l’eau des puits artésiens de Venise, après qu’elle a été exposée quelques instants à l’air, pour laisser dégager l’hydrogène carboné et l’acide carbonique qu’elle renferme, dissout bien le savon, cuit parfaitement les légumes, est agréable au goût et doit être rangée parmi les meilleures eaux potables connues. ( Acad, des sciences, 10 janvier 1848. )
- Oculaire astronomique polyalde ; par MM. Barbotte et Rossin.
- Les oculaires imaginés par les auteurs présentent, sur ceux en usagé, l’avantage d’une plus grande netteté à égalité de grossissement. Leur procédé consiste dans l’addition, à l’oculaire, d’une lentille divergente achromatique mobile, placée entre l’oculaire et l’objectif, un peu en avant du lieu du foyer de ce'dernier. En faisant varier la position de cette lentille entre des limites comprises dans une course double de sa longueur focale, on intercepte les rayons émargés de l’objectif, qui vont former leur foyer à des
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- distances de plus en plus grandes, selon qu’on rentre davantage la lentille divergente, de telle sorte que , lorsqu’elle se trouve en avant du foyer initial de l’oculaire d’une quantité double de sa longueur focale, les rayons provenant de l’objectif. au lieu de converger en un point quelque éloigné qu’on le suppose surtout de la lentille divergente parfaitement parallèle, divergeront si cette lentille était un peu plus rentrée.
- Pour tous les points intermédiaires de la course de cette lentille, le foyer se trouve porté à une distance où il est toujours possible d’observer l’image produite en y portant l’oculaire qu’on fait glisser convenablement dans un tube à tirage. ( Acad, des sciences, 10 janvier 1848. )
- ARTS CHIMIQUES,
- Sur la fabrication des bougies stéariques.
- On sait, d’après les beaux travaux de M. Chevreul sur les corps gras, que le suif peut être divisé en plusieurs substances, les unes solides, cristallisables, nommées stéarine, les autres fluides à la température ordinaire, désignées sous le nom d’oléine. On parvint, dès 1833, à éliminer économiquement ces dernières et à transformer les autres en véritables bougies douées des principales propriétés qui conviennent à l’éclairage de luxe.
- S’appuyant sur les données précises de la science , des manufacturiers habiles parvinrent à fonder une industrie nouvelle qui n’a cessé , depuis quinze ans , de faire des progrès remarquables.
- M. de Milly fut l’un des premiers qui s’occupa en France de cette industrie dont il créa les principaux procédés (1). Le jury de l’exposition de 1834 lui décerna une médaille d’argent, et celui de 1839 une médaille d’or qui fut rappelée en 1844. De son côté, la Société d’encouragement accorda à cet habile manufacturier une médaille d’argent en 1833 et une médaille d’or en 1836, pour les notables perfectionnements qu’il avait introduits dans cette fabrication.
- Depuis 1834, des rivaux habiles sont parvenus à rendre cette fabrication plus économique , et à livrer à la consommation , sous le nom de bougie royale, de Yéclipse, de la comète, des princes, du phare, etc., des produits qui jouissent d’une réputation méritée. Ils se présentèrent, à l’exposition de 1839, au nombre de dix, et de vingt-cinq à celle de 1844. Parmi eux se distinguaient MM. Tresca et Eboli, Delacretaz, Paillasson et quelques autres qui furent jugés dignes des récompenses du jury. La production annuelle s’élève aujourd’hui à plus de g millions de kilog. de bougies ; plusieurs améliorations ont été introduites dans les opérations, entre autres la suppression de l’alcool et l’emploi de moyens mécaniques pour nettoyer et lustrer les bougies. On a aussi tiré un parti avantageux des résidus oléiformes dans le travail des laines et dans la confection d’un savon économique.
- (1) En 1825, MM. Gay-Lussac et Chevreul prirent, en Angleterre, une patente pour la fabrication des bougies stéariques.
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- Les diverses manipulations que subit le suif pour être converti en acide stéarique ont déjà été indiquées succinctement dans un rapport sur les bougies de M. de Milly, publié p. 304, année 1836, du Bulletin de la Société. Nous croyons devoir compléter ces renseignements en entrant, sur cette fabrication, dans des détails que nous empruntons à l’important traité de chimie appliquée aux arts de M. Dumas.
- Les procédés en usage pour la fabrication de la bougie stéarique se divisent en onze opérations, savoir :
- 1° Saponification. Elle a pour objet de combiner les acides gras avec la chaux, d’éliminer ainsi la glycérine et d’obtenir des stéarates, margarates et oléates de chaux ; la glycérine, mise en liberté, se dissout dans l’eau nécessaire pour déterminer la combinaison.
- Cette opération se fait dans une grande cuve en bois légèrement conique et garnie de plusieurs cercles sur toute sa hauteur ; on y jette 500 kilog. de suif en branches, de bœuf ou de mouton, avec une quantité d’eau plus que suffisante pour dissoudre la glycérine. On chauffe toute cette matière à la vapeur au moyen d’un tube en plomb contourné en serpentin et placé dans le fond de la cuve ; ce tube est percé d’une multitude de petits trous à travers lesquels passe la vapeur.
- Quand le suif est fondu, on ajoute peu à peu 75 kilog. de chaux délayée, blanche, pure, caustique et sans grumeaux, et on laisse à la combinaison le temps de s’effectuer, en ayant le soin d’agiter fortement la masse à l’aide d’un agitateur composé de plusieurs branches réunies par des entretoises et portant des espèces de couteaux fixés aux quatre bras de l’agitateur. Ce système est monté sur un arbre vertical portant une roue d’angle commandée par un pignon ajusté sur un arbre de couche qui communique avec un moteur à vapeur.
- Dans les premiers moments de l’agitation, le suif et le lait de chaux forment une masse pâteuse et homogène. Au bout de deux heures, l’eau commence à se séparer du savon calcaire ; on arrête alors l’agitateur, mais on n’en continue pas moins le chauffage ; le savon calcaire devient de plus en plus dur. On laisse reposer pendant six ou huit heures, puis on soutire, à l’aide d’un robinet placé au bas de la cuve, le liquide qui entraîne en dissolution la glycérine. Après avoir retiré de la cuve les stéarate, margarate et oléate de chaux sous la forme de savons très-durs, on les soumet à la pulvérisation.
- 2° Pulvérisation. On écrase les savons de chaux soit sous une meule, soit sous un rouleau de fonte que l’on promène sur la matière par un mouvement alternatif qui lui est imprimé à bras d’homme.
- M. Dumas a proposé, pour atteindre le même but, de faire passer les savons durs entre deux cylindres cannelés continuellement refroidis par un courant d’eau fraîche qui les arroserait ou les traverserait, précaution indispensable parce que le savon s’échaufferait par la pression; il s’amollirait et se réduirait plutôt en lame qu’en poudre.
- 3° Décomposition des savons de chaux par Vacide sulfurique étendu d’eau. Les cuves de décomposition dans lesquelles on transporte les matières solides après qu’elles ont été broyées et réduites en poudre sont semblables à celles de saponification, à peu près de même capacité et doublées en plomb, afin d’être préservées de l’action de l’acide Quarante-septième année. Février 1848. 12
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- sulfurique. On y agite les savons pulvérisés1 avec de l’eau froide, de manière à en former une bouillie claire , puis on y ajoute 25 kilog. d’acide sulfurique étendus de 100 litres d’eau pour le savon calcaire provenant de la saponification de 100 kilog. de suif. On laisse reposer pendant quelques jours en agitant fréquemment ; l’acide sulfurique s’empare de la chaux pour former le sulfate de chaux et met en liberté les acides gras. On fait ensuite arriver dans la cuve un courant de vapeur d’eau; le sulfate de chaux se sépare et se précipite au fond, tandis que les acides gras se fondent et viennent surnager le liquide ; on procède alors au lavage des acides.
- 4° Lavage des acides. On les soutire au moyen d’un robinet placé au-dessus du dépôt, dans une cuve de bois semblable aux précédentes, doublée en plomb et également chauffée à la vapeur par un tuyau en serpentin placé au fond. Dans cette Aive, les dernières traces de chaux sont enlevées au moyen d’une solution très-étendue d’acide sulfurique. Une seconde cuve, en tout semblable à la première, est destinée à opérer un deuxième lavage à l’eau pure.
- 5° Moulage des acides. — Fonte des masses cristallines en plaques minces. Les trois acides gras, stéarique, margarique et oléique, privés autant que possible de chaux et d’acide sulfurique, sont coulés dans des moules en fer-blanc disposés en gradins dans la longueur de l’atelier, de telle sorte qu’en versant la matière dans le premier moule elle se divise successivement dans les moules suivants, ce à quoi on est parvenu en ménageant, sur l’un des bords de chaque moule, une ou deux petites rigoles qui permettent cet écoulement dès que la matière arrive à leur hauteur.
- Ces moules présentent la forme d’un.prisme rectangulaire de 70 à 75 centimètres de longueur sur 16 à 18 centimètres de largeur et environ 5 centimètres de hauteur. On forme ainsi des plaques d’acide solidifié que l’on enlève après les avoir enveloppées d’une serge de laine pour les porter à une presse hydraulique verticale, construite comme les presses ordinaires.
- 6° Pressage à froid des acides formés en plaques. La presse verticale doit être construite de manière à permettre d’obtenir une pression de 200,000 kil. Une grande partie de l’acide oléique s’écoule à froid sous l’action de cette presse ; cependant les dernières portions ne peuvent s’extraire qu’à l’aide d’une certaine température ; c’est pour cela qu’on a imaginé d’autres presses que l’on a cru devoir disposer horizontalement et qui sont chauffées par la vapeur.
- 7° Pressage à chaud. On ne se contente pas de chauffer cette presse, mais on chauffe aussi les plateaux en fer forgé entre lesquels sont placés les tourteaux qui proviennent de la presse verticale et qui, en sortant de cette1 presse , ont été entourés d’une seconde étendelle qui est alors en crin au lieu d’être en laine (1). La vapeur provenant des géné-
- (l) MM. Tresca et Eboli proposent de réduire les tourteaux en eopeaux par un couteau mécanique; ces tourteaux sont pressés entre deux cylindres qui achèvent de les diviser. La matière ainsi pulvérisée est mise dans des sacs et exposée pendant quelque temps dans un endroit chauffé à 25°; ensuite elle est pressée fortement. On lave souvent ces sacs, et on évite ainsi, suivant les auteurs, l’emploi des plaques et des étendelles. ( Yoy. Description des brevets, t. LI, p. 445.}
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- râleurs se rend dans les parois creuses latérales et dans le double fond de la presse pour échauffer cette dernière ; elle chauffe ensuite les plateaux renfermés dans une capacité rectangulaire en fonte et bien fermée.
- La pression que peut exercer le piston de la presse s’élève souvent de 4 à 500,000 kil.
- L’acide oléique qui s’écoule soit de la presse verticale , soit de la presse horizontale se rend dans une bâche inférieure, d’où on le soutire pour le recevoir dans des vases plats ; par le refroidissement, il laisse déposer l’acide stéarique qu’il avait entraîné à la faveur de la température élevée qu’il possédait pendant l’action de la presse horizontale.
- Les deux pressages étant achevés , 1 acide oléique est suffisamment séparé ; les pains formés d’acide stéarique et d acide margarique qui restent pour résidus sont d’une blancheur éclatante ; mais ils ne forment guère que 45 à 50 pour 100 du suif employé, e’est-à-dire 225 à 250 kilog. pour 500 kilog. de suif environ.
- 8° Épuration des acides solides. Les pains d’acide stéarique et d’acide margarique que l’on retire de la presse horizontale sont portés dans une cuve en bois doublée en plomb et chauffée par la vapeur, pour être épurés par l’acide sulfurique très-étendu d’eau. Ce lavage a surtout pour objet de débarrasser les acides gras des dernières traces de chaux qu’ils peuvent contenir.
- Après cette opération, il ne reste plus qu’à les dégager de l’acide même par des lavages à l’eau ; puis on laisse reposer la matière ; on la décante dans une autre cuve qui renferme de l’eau pure que l’on doit renouveler plusieurs fois : on la laisse reposer de nouveau, on la soutire dans des moules, et on obtient enfin des pains propres à la confection des bougies.
- 9° Fonte et moulage des acides solides blancs. On se sert, pour cet objet, soit de pots en grès chauffés au bain-marie, soit d’une chaudière en cuivre plaquée d’argent, afin d’éviter la coloration des acides. Cette chaudière est à double fond, pour être chauffée par la vapeur à une température qui ne dépasse pas généralement 100 degrés. On ajoute ordinairement, aux pains d’acide stéarique, 10 pour 100 d’acide sulfurique, afin de rendre les bougies moins friables.
- On coule la matière fondue dans des moules formés d’un alliage d’étain et de plomb; on fixe la mèche à la partie supérieure par une grosse épingle, et à la partie inférieure par une petite cheville en bois qui la serre contre les parois de l’orifice. Ces mèches sont nattées, disposition qui évite la nécessité de moucher continuellement les bougies ; il faut aussi pour cela, dit M. Dumas, avoir soin de les plonger dans une dissolution d’acide borique qui forme, avec la chaux, un borate qui se fixe dans la mèche.
- Dès que les mèches sont fixées au centre des moules, on porte ces derniers à un bain-marie dont la température correspond à celle de l’eau bouillante.
- Lorsque les moules sont suffisamment chauds, on les remplit à l’aide d’une poche : il importe, pour cela, que l’acide commence à cristalliser. Cette précaution , ainsi que celle que l’on prend pour chauffer les moules ; est nécessaire pour troubler la cristallisation de l’acide gras. Après le refroidissement des moules, on enlève la petite chevilla de bois qui retient la mèche, et on retire les bougies au moyen d’une espèce de poirw çon ; il faut les couper ensuite afin de les mettre de longueur.
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- 10° Blanchiment des bougies. Les bougies étant moulées, il est nécessaire de les exposer quelque temps à l’air, à la lumière et à l’humidité, pour qu’elles acquièrent toute la blancheur désirable.
- 11° Polissage et pliage des bougies. Les dernières opérations que l’on fait subir aux bougies sont le polissage et le pliage. Le polissage s’effectue soit en frottant vivement la bougie avec un morceau de drap humecté d’alcool ou d’ammoniaque, soit par des machines imaginées pour cet effet.
- Le pliage consiste à réunir les bougies cinq par cinq et à en former des paquets d’un demi-kilog. qu’on enveloppe pour être livrés à la consommation.
- Après avoir fait connaître les diverses opérations en usage aujourd’hui pour la fabrication des bougies stéariques, nous allons nous occuper d’un perfectionnement imaginé par M. Durnerin, et pour lequel il a pris une patente en Angleterre le 13 janvier 1846. La spécification de cette patente se trouve dans le journal anglais intitulé, Repertory of patent inventions, cahier d’octobre 1846.
- Ce perfectionnement a principalement pour objet la séparation de l’oléine de la stéarine, du suif ou de toute autre matière grasse, ainsi que la séparation de l’acide oléique de l’acide stéarique.
- Pour séparer l’oléine de la stéarine, M. Durnerin met le suif dans des sacs de laine qu’on place dans l’appareil que nous allons décrire.
- Cet appareil se compose d’un cyjindre de fonte percé de trous à son périmètre et dans lequel entre un second cylindre de zinc perforé. L’intervalle des deux cylindres est occupé par une étoffe feutrée. Les sacs doivent être séparés par des diaphragmes disposés dans l’ordre suivant : d’abord une pièce de feutre recouverte d’une plaque de zinc perforée, puis une toile métallique, une seconde plaque de zinc, enfin une pièce de feutre.
- L’appareil étant rempli de sacs et de diaphragmes interposés comme on le voit fig. i, pl. 1056, on place au sommet un dernier sac rempli de sciure de bois qu’on charge d’un bloc en bois qui reçoit l’effort de la presse hydraulique.
- On donne, avec cet appareil, deux pressions consécutives, l’une à 22° centig., l’autre à 35°.
- Explications des figures de la fil. 1056.
- Fig. 1. Section verticale de l’appareil chargé de ses sacs. Fig. 2. Section horizontale du même.
- A, cylindre en fonte entouré de forts cercles de fer a, et dont le périmètre est percé de trous.
- B, étoffe feutrée appliquée contre la paroi intérieure du cylindre.
- C , cylindre de zinc perforé.
- E E , diaphragmes composés ainsi qu’on l’a expliqué plus haut.
- F F , sacs de grosse toile dans lesquels est renfermée la matière grasse.
- G , sac rempli de sciure de bois. 4
- H, bloc de bois sur lequel s’exerce l’effort de la presse hydraulique.
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- Le diaphragme inférieur b repose sur le plateau de la presse, comme on le voit en K. fig. 3.
- Quand on veut vider le cylindre, on ôte d'abord le bloc de bois H, et on enlève l’appareil au moyen de deux chaînes fixées à la partie supérieure de la presse et qui s’attachent aux crochets c. Le cylindre repose, par quatre pattes d, sur un soubassement en bois.
- La fig. 3 est une section verticale, et la fig. 4 une section horizontale d’une modification de l’appareil précédent.
- A , cylindre en bois cerclé de bandes de fer a a.
- LL, rainure pratiquée dans la face interne du cylindre.
- D , feuille de zinc perforée posée en face des rainures. Entre cette feuille de zinc et une seconde C est placée une étoffe feutrée.
- Dans ce système, au lieu de toile métallique pour les diaphragmes, on a employé des cordes. — Fig. 4. 1, cordes. 2, plaque de zinc perforée. 3, pièce de feutre.
- Le surplus des indications répond à la légende de la fig. lre.
- L’appareil que nous venons de décrire a pour objet d’extraire l’oléine parfaitement claire et de produire de la stéarine sèche et fusible à 43°; ce qui permet d’en fabriquer des chandelles aussi dures que des bougies.
- Pour faciliter la séparation des acides gras, M. Durnerin a trouvé avantageux de mêler à ces acides de 2 à 6 pour 100 d’alcool à 36°, qu’on retrouve en distillant l’acide oléique. Au moyen de ce procédé, on obtient plus facilement et en plus forte proportion l’acide stéarique.
- Il est souvent utile de filtrer les matières grasses pour en retirer des produits plus purs. Voici, dans ce cas, l’appareil qu’emploie l’auteur.
- La fig. 5 représente cet appareil en élévation, et la fig. 6 vu en dessus. Fig. 7, section verticale, et fig. 8, section horizontale au niveau du filtre, ou sur la ligne AB, fig. 7.
- L’appareil est formé de deux parties assemblées par des boulons a a; il est fermé à la partie inférieure. L’intérieur est divisé en trois compartiments. E, compartiment dans lequel on place la matière à filtrer. O, tube communiquant avec un autre vase non représenté dans la figure et disposé au-dessus du filtre : on obtient, par son moyen, une pression sur la matière à filtrer.
- H, milieu filtrant qui peut être composé de sciure de bois, de pâte à papier, de coton ou de toute autre matière propre à cet usage. Ces matières sont étendues sur un plateau I, qu’on recouvre d’une étoffe feutrée b.
- J, plateau perforé garni d’un autre feutre et placé sur la matière filtrante.
- N, vis traversant un écrou qui fait corps avec le croisillon M et agit sur le plateau J, lequel comprime la matière filtrante. La pression fait monter le liquide à travers cette matière ; il passe au-dessus du plateau dans le compartiment K, d’où il s’écoule, par le tuyau L, dans' un récipient disposé ad hoc.
- G, robinet à air du compartiment H. Quand le liquide commence à couler, on ferme ce robinet.
- F, autre robinet servant à vider le compartiment E.
- B, double fond rempli d’eau chauffée par la vapeur au moyen des tuyaux C D.
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- A, bâti portant l’appareil.
- Fonctions de Vappareil. On verse le suif ou les acides gras préalablement liquéfiés par la chaleur dans le réservoir qui se trouve au-dessus de l’appareil ; on fait bouillir l’eau du double fond jusqu’à ce qu’il passe une petite quantité de vapeur dans le compartiment K; on ouvre alors le robinet de communication P, le suif arrive dans le compartiment E et chasse l’air par le robinet G, qu’on ferme ensuite.
- La matière grasse filtrée remonte dans le compartiment K à l’aide de la pression opérée en tournant la vis et s’écoule par le tuyau L.
- Pour blanchir et désinfecter le suif, on peut faire usage du procédé suivant :
- On fait bouillir le suif pendant une heure et demie avec 5 pour 100 de son poids de noir animal en poudre ; on laisse reposer le mélange pendant quelques heures , et la majeure partie du noir se dépose : la matière grasse filtrée ensuite dans l’appareil que nous venons de décrire sera alors parfaitement blanchie et désinfectée.
- Sur Vindustrie du caoutchouc.
- Le caoutchouc, vulgairement nommé gomme élastique, importé pour la première fois de l’Amérique méridionale, au commencement du xviif siècle, mais qu’on tire, depuis quelques années , en quantité considérable de l’île de Java, de Penang, de Sincapore et du royaume d’Assam, eut pendant longtemps un emploi très-borné; peu à peu ses applications se sont étendues et développées, et il entre aujourd’hui dans une foule de combinaisons industrielles, surtout en Angleterre, où il sert non-seulement à imperméabiliser les tissus et à divers objets de toilette qui demandent une certaine élasticité, mais aussi à la confection des bouchons, des bâches, des tubes flexibles, etc.
- Cette industrie est pratiquée en France depuis 1830 ; elle a fait de notables progrès entre les mains de nos habiles fabricants , et paraît être arrivée à son dernier degré de perfection.
- Nous allons faire connaître l’origine de cette industrie dont nous avons parlé pour la première fois il y a vingt-quatre ans. On trouve, en effet, page 309 du Bulletin de l’année 1823, une note sur le moyen découvert par M. Makintoseh, chimiste de Glasgow, pour dissoudre le caoutchouc et pour l’appliquer sur les tissus nfm de les rendre complètement impénétrables à l’eau. On sait que les vêtements confectionnés avec les tissus ainsi préparés ont conservé le nom de Makintoseh. Indépendamment de cet emploi, on est parvenu à réduire le caoutchouc en fils dont on a formé des tissus élastiques ; c’est en France qu’on s’est spécialement occupé de cette partie de l’industrie du caoutchouc, pour laquelle MM. Rattier et Guihal ont obtenu une médaille d’or delà Société d’encouragement, dans sa séance générale du 9 juillet 1834. (Voyez p. 281 du Bulletin, 33e année. )
- En Angleterre, M. Nickel prit, en 1836 , une patente pour un procédé propre à réduire le caoutchouc en feuilles, en le ramollissant dans de l’eau bouillante et le passant dans des laminoirs en fonte : on le soumet ensuite à un broyage ou pétrissage très-énergique, et on le comprime dans des moules en fonte à parois très-épaisses, à Laide de la presse hydraulique; enfin on le coupe dans les dimensions voulues.
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- Celui qui s est le plus spécialement occupé, dans ce pays, de l’industrie du caoutchouc est M. Thomas Hancock, qui a obtenu successivement, pour l’application de cette substance et pour sa combinaison avec d autres matières, dix patentes dont voici 1 énumération.
- 1° Le 29 avril 1820, matière élastique propre à la confection des vêtements. Nous avons donné la traduction de la spécification de cette patente Bulletin de l’année 1825, p. 45.
- 2° Le 29 novembre 1824, matière remplaçant lé cuir propre à divers usages. Nous en avons également parlé dans le Bulletin de la même année, p. 292.
- 3° Le 25 mars 1825, moyen de rendre imperméables la cale des vaisseaux, les vases contenant les liquides, etc. Le Bulletin de 1 année 1826 , p. 315 , indique un procédé de dissolution du caoutchouc.
- 4° Le 5 août 1830, confection de tissus impénétrables à l’air et à l’eau.
- 5° Le 14 juin 1835, matelas à air, coussins, etc., enduits de caoutchouc.
- 6° Le 18 avril 1837, moyen de rendre les tissus entièrement impénétrables à l’air.
- 7° Le 23 janvier 1838, nouveau mode de préparation du caoutchouc, soit pur, soit combiné avec d’autres substances, publié Bulletin de 1840, p. 481.
- 8° Le 9 novembre 1843, fabrication du caoutchouc et de ses diverses combinaisons avec d’autres substances. ( Voyez Bulletin de l’année 1846, p. 30. )
- 9° Le 14 mars 1846, mode de fabrication des dbjets en caoutchouc, soit pur, soit mêlé avec d’autres substances. ( Voyez même année du Bulletin -, p. 400. )
- 10° Le 19 novembre même année , patente prise de concert avec M. Brokedon pour la fabrication d’objets composés dé caoutchouc et de gutta-percha. Nous donnons ci-après la traduction de cette patente.
- Le nombre des brevets pris en France ayant pour objet l’industrie du caoutchouc n’a pas été moins considérable que celui des patentes délivrées en Angleterre ; on en compte trente-six depuis 1830, dont plusieurs sont tombés dans le domaine public et ont été publiés dans la collection des brevets (1).
- Dans ces derniers temps, on a beaucoup étendu chez nous les applications du caoutchouc ; on en a fait des ressorts , bandes de billard , bandages, chaussures , fourreaux d’armes, rouleaux d’imprimerie, plaques de cardes, etc.
- (l) Les brevets publiés dans !a collection des brevets expirés sont les suivants : Jay, emploi du caoutchouc dans la fabrication des chapeaux, t. 31, p. 344; Gantier, machine à découper le caoutchouc dans son état naturel, t. 33, p. 128; Blanchin, tissus, étoffes et toiles élastiques, t. 35, p. 380; tâcheron, emploi de la gomme élastique à divers tissus, t. 37, p. 72 ; Daubrée, tissus fabriqués avec des fils de gomme élastique seuls ou mêlés avec des fils de soie, t. 32, p. 304 ; le même et Barbier, travail général du caoutchouc, t. 43, p. 373 ; Bottier et Guibal, art de réduire en fil le caoutchouc et d’en former divers tissus, t. 55, p. 442 ; les mêmes, application du caoutchouc a divers objets d’ih* dustrie, t. 64, p. 446; Bonnevin, emploi du caoutchouc à la confection de divers objets par la compression et le moulage , t. 59 , p. 284 ; Gagin, procédé de dissolution du caoutchouc, t. 45, p. 461 ; Garnier, ballons en caoutchouc, L 58, p. 449; Colpin', application du caoutchouc sur cuir et tissus; t. 65, p. 129 ; Westhead, machine à couper en lanières le caoutchouc, t. 64, p. 15.
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- Perfectionnements apportés dans les industries qui emploient le caoutchouc ou la gulta-percha ; par MM. Hancock et Brokedon
- Les perfectionnements que les auteurs ont introduits dans la fabrication des articles pour lesquels on fait usage du caoutchouc consistent dans des moyens particuliers d’appliquer cette substance à une grande variété d’objets, d’après les procédés- décrits dans la spécification dune patente délivrée à M. Alexandre Parkes le 25 mars 1846 (1), et qui modifient les qualités du caoutchouc et de la gutta-percha, soit d’une manière analogue à ce qui se passe en soufrant ou en volcanisant le caoutchouc, soit en purifiant et en colorant ces substances afin de les rendre applicables à une grande variété d’objets.
- Dans cette spécification, nous désignerons, comme M. Parkes, par gutta-percha ou caoutchouc, toutes les substances végétales analogues. Quelques-unes ont des noms donnés dans les contrées mêmes qui les produisent, comme à Para, à Assam, dans les Indes occidentales, à Madagascar, à Java, etc.; les naturels les nomment saikwah, jintarvan, gutta - turban, gutta-percha, doll, etc. Quelques autres ont diverses dénominations suivant qu’elles arrivent solides ou liquides, en pains, en bouteilles, en feuilles ou rognures, etc, ; elles diffèrent aussi de couleur, elles sont blanches, noires, rouges, brunes, jaunes, etc. Le docteur Roxburgh et le lieutenant Veith en ont fait connaître beaucoup de variétés dans les Transactions de la Société d’agriculture et d’horticulture de l’Inde. Ces produits se présentent aussi sous des aspects physiques différents ; les uns ont la dureté du bois, d’autres la mollesse de la glu. Nous établirons donc que la gutta-percha ou toutes les autres substances analogues sont extraites des arbres ou des plantes par ponction, et se coagulent généralement , l’évaporation faisant disparaître la fluidité ; le produit ainsi obtenu n’est pas soluble dans l’eau ; enfin ces substances, par la distillation, donnent de la caoutchou-cine.
- Tous ces produits, sous quelques noms qu’ils se présentent, dans quelques mélanges qu’ils soient, sont solubles dans les mêmes dissolvants, et exigent le même traitement dans leurs manipulations préliminaires ; ce sont toujours les laminoirs ou rouleaux , les appareils masticateurs , allongeurs , coupeurs et autres ; ce sont les mêmes procédés de coloration, de gravure, de moulage, etc., etc., qui sont bien connus et qui sont décrits dans des brevets précédents de M. Thomas Hancock, des 18 avril 1837, 23 janvier 1838, 9 novembre 1843 et 14 mars 1846, de même que dans la patente citée de M. Parkes. Les détails des manipulations sont suffisants pour guider les personnes qui s’occupent de l’industrie du caoutchouc. Relativement à la dissolution des diverses variétés, comme le caoutchouc ou la gutta-percha, les procédés sont absolument les mêmes pendant l’été ; et, bien que la première puisse être dissoute à quelque température de l’atmosphère que ce soit, l’action est toutefois facilitée par la chaleur ; il faut donc traiter le caoutchouc dans la même chambre que la gutta-percha, à une température de 80 à 90°
- (l) Voyez Bulletin de décembre 1847, p. 700.
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- Fahrenheit (27° à 32° centig.). Le principal défaut de la gutta-percha consiste en ce que , quoique plus ferme que le caoutchouc à de basses températures , elle devient plus molle et plus plastique à des températures peu élevées; mais, en employant les procédés de M. Parités, ces inconvénients disparaissent.
- Nous ferons observer que nous emprunterons désormais à la spécification de M. Parkes l’expression changement, pour désigner le résultat de l’emploi des procédés qu’il indique, de même que par le mot immersion nous entendons la manière de produire ce changement, en plongeant les matières dans des dissolvants convenables , procédé que nous préférons d’ailleurs. Nous imperméabilisons les peaux, les étoffes, la toile, la soie, etc., en totalité ou en partie, en recouvrant leur surface de couches de caoutchouc, de gutta-percha, ou de composés de ces matières, soit à l’état de dissolution, soit à un autre état, comme cela est décrit dans les brevets précédents de Thomas Hancock, ou en collant ensemble plusieurs étoffes à l’aide de ces matières ; nous pouvons rendre les surfaces unies ou colorées, estampées ou imprimées, ou ornées d’une manière quelconque, et ensuite nous produisons le changement par immersion. Ces fabrications diffèrent de celles de M. Parkes et de M. Hancock seulement en ce qu’on opère sur des produits manufacturés au lieu d’agir sur les matières premières de caoutchouc, de gutta-percha ou de tout autre composé de ces substances. Lorsqu’il s’agit de faire l’immersion des produits imprimés ou teints recouverts d’une couche de caoutchouc d’un côté seulement, on joint les lisières, les bordures et les bouts de manière à former une espèce de sac dont on imperméabilise les coutures, puis on l’immerge sous cette forme. En opérant sur des étoffes délicates susceptibles de s’altérer au contact des solutions qui doivent produire le changement, on les recouvre d’une couche de colle forte que l’on enlève ensuite à l’eau chaude, ou d’une couche de solution de gomme laque que l’on fait disparaître dans un bain alcalin. On emploie le même moyen quand on veut garantir certaines parties des articles en caoutchouc ou en gutta-percha de l’action des liqueurs de changement. Nous appliquons cette fabrication à une foule d’objets, tels que manteaux, casquettes, pardessus, bas de pêcheurs, chapeaux, bonnets, tabliers ou toute autre partie du vêtement ; nappes, sacs, bâches de voitures, sièges, bains portatifs, costumes de bain, scaphandres, lits , coussins, etc.
- Ces articles sont fabriqués par les mêmes moyens que ceux usités pour les objets en caoutchouc. Lorsque les marchandises nécessitent des coutures, les substances imperméabilisatrices devront être soumises au changement par l’application, à l’aide d’une brosse, de la solution convenable. Quelquefois nous fabriquons les vêtements ou autres objets analogues, tels que gants, bottes, etc., en cuir ou en étoffe, à la manière ordinaire ; puis on les recouvre de couches de caoutchouc ou de gutta-percha à l’état de dissolution avec des brosses ou même avec la main, enfin on les immerge pour obtenir le changement.
- Nous ferons remarquer que, bien que la gutta-percha soit améliorée par l’opération du changement, l’élasticité diminue un peu; lors donc qu’il s’agira d’objets qui nécessitent cette propriété, il faudra opérer le changement avec mesure.
- Quarante-septième armée. Février 1848.
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- Les articles qui doivent être gonflés d’air, tels qu’oreillers, coussins, etc., sont préparés à la manière ordinaire, et on leur fait subir ensuite Y immersion. Nous préférons, pour cet emploi spécial, le caoutchouc à la gutta-percha, qui est trop rigide. Lorsque les articles sont en drap extérieurement, il est nécessaire de les protéger contre l’action des agents qui produisent le changement, et pour cela il faut recouvrir tout l’intérieur de l’étoffe imperméable , et immerger avec précaution. Si l’extérieur est en caoutchouc ou en gutta-percha , on immerge simplement l’objet. Dans tous les cas, il faut toujours orner, teindre les articles avant d’effectuer le changement.
- Nous fabriquons aussi des vases pour contenir de l’air, de l’eau, etc. ; ils sont entièrement en caoutchouc ou en gutta-percha ; nous suivons d’ailleurs les procédés décrits dans les patentes de M. Thomas Hancock. Lorsque les objets sont façonnés, nous leur faisons subir l’immersion pour produire le changement.
- Nous travaillons également le caoutchouc , la gutta-percha , ou une combinaison de ces matières, avec ou sans poudres colorantes ou substances fibreuses, et nous en formons des feuilles de toutes dimensions, par des procédés semblables à ceux décrits dans les patentes de M. Thomas Hancock. Avec ces feuilles nous fabriquons les divers articles mentionnés précédemment, et nous produisons le changement soit sur les feuilles, soit sur les objets fabriqués. De ces feuilles combinées ou non avec des étoffes, nous confectionnons des courroies pour les machines, des brides, ou autres parties de harnachement; des colliers de chevaux, des genouillères, des selles, des semelles de bottes , des portemanteaux, des trousses, des empeignes, des bouteilles et autres vases pour contenir les liquides, des rouleaux d’impression , des tuyaux et des tubes, des tampons ou ressorts pour empêcher le recul des canons, des soupapes de pompes et des seaux , des bosses et des tampons pour la marine, des capsules pour bouteilles, des bandages, ligatures et autres appareils de chirurgie. Une grande variété d’articles repoussés , tels que les vêtements de fantaisie, des bordures d’ornement, des imitations de crépines et de passementerie ; des cadres de tableaux, des formes d’imprimerie, etc.
- Nous fabriquons encore des bandes de billard ; en unissant ensemble plusieurs feuilles de caoutchouc ou d’un mélange avec la gutta-percha, on intercale quelques bandes de drap pour varier le degré de l’élasticité, et on soumet ensuite à l’immersion. On emploie aussi ces feuilles à garnir les bâches en bois, en effectuant l’application par la chaleur ou en se servant de la solution ordinaire de caoutchouc : on produit le changement lorsque les feuilles sont appliquées ; s’il avait été produit auparavant, on appliquerait le ciment qui sera décrit plus loin.
- On peut encore , avec ces feuilles, faire des ressorts de voitures, ou des tampons de chemins de fer, dans les formes et par les moyens décrits dans le brevet délivré à M. Thomas Hancock en 1846 , en réunissant les parties par les procédés qui y sont détaillés , et quant à ce qui regarde la gutta-percha ou ses composés, par les procédés décrits ci-après; on immerge ensuite pour produire le changement.
- Nous fabriquons aussi des fils avec le caoutchouc , là gutta-percha et leurs composés ; nous les soumettons au procédé de M. Parkes, et nous en obtenons des composés doués de différents degrés d’élasticité, suivant les proportions employées. On opère le change-
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- ment après ou avant de réduire la substance en fils ; nous préférons, toutefois, le faire, auparavant, sur des feuilles de l’épaisseur du fil que l’on veut obtenir. Pour découper ces feuilles nous les roulons autour d’un cylindre de bois, nous en couvrons la surface d’une solution de gomme laque pour retenir ensemble toute la masse, et nous faisons mouvoir le cylindre contre un couteau sans cesse arrosé d’eau. La laque est ensuite enlevée par l’ébullition dans une solution de potasse. Quand les feuilles sont destinées à donner du fil épais, il suffit d’employer la laque sur la face externe de la feuille roulée. Nous fabriquons, avec les fils ainsi préparés, des cordes, des ficelles, des tresses, des fouets, et d’autres articles semblables, dans lesquels nous faisons entrer des fils de différentes couleurs et qu’on ne traite par immersion que lorsqu’ils sont terminés, afin d’en agréger plus fortement les parties. Les manches de fouets, ou certaines parties de ces objets, peuvent être en bois ou en métal, pour donner plus de solidité ou de roi-deur. Si le fil élastique est tissé avec d’autres fils de natures diverses, nous maintenons l’objet aussi tendu que possible pendant la durée de l’immersion ou du séchage ; il se contracte ensuite considérablement. Nous obtenons, du caoutchouc, de la gutta-percha ou de leurs composés, des reliefs ou des modèles variés, en les coulant, les imprimant ou les estampant au moyen de moules ou de planches, par des moyens semblables à ceux décrits pour le caoutchouc , dans le brevet déjà cité de M. Hancock, et nous les traitons par immersion après ou avant cette opération. Quand les objets à travailler sont légers ou délicats, nous les plongeons dans le dissolvant, et nous les retirons sur-le-champ afin d’en durcir les surfaces, puis, lorsqu’ils sont secs, nous les replaçons dans le dissolvant et les y laissons le temps voulu.
- Nous fabriquons, avec les substances susnommées, des crosses de fusils, de pistolets, des manches de parapluies, de couteaux, des poignées d’épées et d’autres armes, au moyen de moules gravés ou imprimés ; nous colorons ces objets avant ou après le moulage, quelquefois nous faisons une âme de bois, de métal, ou d’autre matière, que nous introduisons dans l’intérieur de l’objet avant de le mouler. Quand l’objet est entièrement fait de gutta-percha sans l’emploi de dissolvant, nous opérons de la manière décrite par le docteur Montgomery, en novembre 1843, lorsqu’il introduisit cette substance en Angleterre, par l’entremise de la Société des arts. Voici comment il s’exprimait : « La gutta-percha devient plastique et se soude lorsqu’on la plonge dans l’eau presque bouillante ; on peut ainsi lui donner toute espèce de formes avant qu’elle refroidisse (entre 130 ou 140° Fahr., 55° à 60° centigr.) ; elle garde la forme qu’on lui a donnée tant que la température ne dépasse pas 110° (40° centigr,). Pour la travailler, il suffit donc de placer dans l’eau bouillante la quantité qu’on en veut employer; elle s’y adoucit, devient aussi plastique que du mastic et peut se modeler comme on le désire. » La meilleure température à donner aux moules est celle de la chaleur animale. Quand on emploie de la gutta-percha pure, on la réduit en feuilles, en la ramenant à l’état plastique par la chaleur, et la traitant par des procédés semblables à ceux qui font l’objet des brevets pris par M. Hancock en 1837 et 1838. On peut traiter ensuite ces feuilles par immersion ou en obtenir préalablement des objets sur lesquels on produit le changement. C’est ainsi qu’en combinant
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- la méthode de laminage de M. Hancock avec le procédé de M. Parkes on arrive à une fabrication perfectionnée de feuilles de gutta-percha. On peut incorporer à la gutta-percha, si on le désire, des matières colorantes ou des substances fibreuses. Pour empêcher la gutta-percha ou ses composés d’adhérer aux rouleaux, nous les recouvrons de calicot ou d’autres étoffes que l’on maintient mouillées à l’aide d’une dissolution de savon ou de soude. Les feuilles se roulent plus également et s’attachent moins quand la gutta-percha contient des matières colorantes, telles que de l’ocre ou du plâtre de Paris. Nous employons quelquefois la gutta-percha sans la réduire en feuilles, et lorsqu’elle est amenée par la chaleur à la consistance du mastic, comme le recommande le docteur Montgomery, et nous en produisons nombre d’objets en les modelant à la main ou autrement, et les immergeant ensuite pour obtenir le changement.
- Quand la gutta-percha seule (ou ses composés ne contenant qu’une petite proportion de caoutchouc) est formée en bloc par les moyens déjà cités, on peut en obtenir facilement des copeaux ou des feuilles au moyen d’une plane de menuisier, à laquelle on donne la force et les dimensions nécessaires pour produire diverses épaisseurs de feuilles. Nous coupons sur des blocs cylindriques les matières précitées, au moyen de la plane ou de tout autre instrument ; des bandes héliooïdes en feuilles étroites étant immergées, et par cela même changées, donnent des courroies pour les machines ou pour d’autres usages. Nous devons cependant faire remarquer que le défaut des courroies de gutta-percha est de s’altérer promptement par la chaleur et le frottement, ce à quoi on obvie en grande partie par l’opération du changement; néanmoins, dans quelques circonstances, ces articles peuvent recevoir un revêtement de caoutchouc préalablement à Yimmersion. Les blocs dont nous venons de parler se découpent mieux quand ils contiennent une forte proportion de matière terreuse en poudre fine, telle que de l’ocre ou de la terre de pipe. Ces blocs peuvent être percés avec une machine à percer, ou tournés au tour ; on peut en faire des vis et des écrous au moyen des outils employés à cet usage ; on peut les ciseler, les tailler, en fabriquer ainsi divers objets et les immerger ensuite pour produire le changement.
- Nous avons remarqué que quelques articles de gutta-percha sont améliorés par une légère couche de caoutchouc coloré ou non ; Yimmersion se fait ensuite pour produire le changement. La même remarque s’applique quand on recouvre le caoutchouc d’une couche de gutta-percha.
- Pour quelques articles très-délicats et lorsqu’on désire une couleur bien claire, on purifie la gutta-percha par le procédé de M. Parkes.
- Nous employons le caoutchouc, la gutta-percha ou ses composés pour la reliure des livres, portefeuilles et autres articles semblables ; on immerge les parties qui l’exigent ou bien l’on applique le dissolvant changeur. Par ces moyens, nous évitons le grand défaut qui résulte de l’emploi du caoutchouc pour la reliure, celui de devenir très-roide par le froid, tandis que, par notre procédé, les dos de livres conservent leur flexibilité et leur élasticité. Pour la couverture du livre, nous employons de la peau ou de l’étoffe recouverte de caoutchouc estampé, coloré, ou orné de quelque manière que ce soit Nous formons avec le caoutchouc, la gutta-percha ou leurs composés, un produit;
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- propre à une foule d’objets, et nous découpons, à l’aide d’un emporte-pièce ou d’un autre instrument, des patrons ou des dessins, dans des feuilles de diverses couleurs, de telle manière que les pièces d’une couleur, soit rouge, coïncident avec celles des autres couleurs ; tous ces morceaux sont appliqués contre le drap à l’aide de la pression et d’une température tiède ; on imnterge ensuite pour produire le changement. Au lieu de placer ces pièces les unes avec les autres, on peut les poser isolément sur des feuilles colorées ou non, ou sur du drap, de manière à former un relief ; on immerge ensuite pour produire le changement. Lorsqu’on veut faire des tapis pour escaliers ou antichambres, on prend des étoffes plus épaisses.
- Nous couvrons ou enveloppons complètement les objets en bois, en cuir, en papier, en métal, etc., en plongeant ces articles dans une solution de caoutchouc, de gutta-percha ou composé, et, quand ils sont secs, on les immerge pour produire le changement. On répète l’opération avant l’immersion jusqu’à ce que le nombre de couches soit suffisant pour arriver à l’épaisseur voulue. D’autres objets de compositions diverses de mélasse et de colle, par exemple, ou de matière semblable, après avoir reçu les formes voulues, peuvent être plongés dans la solution de caoutchouc ou de gutta-percha ou de leurs composés, et seraient ainsi rendus imperméables ; après quoi on les immerge pour produire le changement. Des substances diverses, telles que la sciure ou les copeaux de bois, de liège, de cuir, et de semblables matières, mêlées et cimentées avec de la colle, de la pâte ou de la gomme, et mises sous la forme qu’on désire, peuvent être traitées de la même manière. Nous fabriquons un article qui ressemble beaucoup ,à de l’éponge, en mêlant, avec une solution de caoutchouc, etc., une solution de chlorure de soufre, comme l’a décrit M. Parkes; au bout de peu de temps, la masse se coagule sous forme gélatineuse ; on l’expose alors à une température d’environ 212° Fahr. (100° centig.), dans l’eau ou autrement, jusqu’à ce que les dissolvants soient évaporés, et, si l’on veut obtenir plus de solidité, on immerge le produit. Nous préférons, dans ce cas, le caoutchouc à la gutta-percha. Une autre manière de procéder est de diviser en morceaux plus ou moins gros le caoutchouc, et de remplir presque avec ces morceaux un vase ouvert de la forme requise, de Yimmerger pour produire le changement, de laisser couler les dissolvants en excès ; par ces moyens, on obtient une masse élastique et compressible, propre à faire des coussins, des matelas, etc. Nous fabriquons des tuyaux et tubes de caoutchouc et de gutta-percha par plusieurs moyens. Nous prenons des fds des substances susdites d’une longueur proportionnée et les appliquons sur un noyau formé d’une corde préalablement revêtue de mélasse et de colle, ou de colle et de craie, et parfaitement unie ; on donne ensuite une couche de l’une des solutions, et, lorsque le tout est sec, on roule le tube sous une pression à une température légèrement élevée. On finit en immergeant le produit pour obtenir le changement et agglomérer la matière; le noyau est ensuite enlevé par l’ébullition dans l’eau. Pour les tubes de fantaisie, on emploie des fils colorés. En procédant d’une autre manière, nous prenons de la laine filée ou de l’estame d’une épaisseur proportionnée à la force du tube que l’on veut obtenir; nous la recouvrons d’une couche de caoutchouc, de gutta-percha ou d’un de leurs composés ; quand cela est sec, nous l’appliquons sur un noyau comme ci-dessus
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- et le faisons passer par la même série d’opérations. Nous fabriquons aussi ces articles en enroulant en spirale, autour du noyau, ces fils ou bandes étroites, en en maintenant les tours l’un contre l’autre, et, si cela est nécessaire, en roulant un autre fil en sens inverse ; nous soumettons ensuite le tout à l’action de la pression et de la chaleur, et nous l’immergeons pour en produire le changement, enlevant ensuite le noyau comme on l’a dit plus haut.
- Lorsque nous voulons faire des tubes, du cuir ou du feutre réunis ou soudés par l’un des composés ci-dessus mentionnés, nous les traitons par immersion pendant leur fabrication ou lorsqu’ils sont finis. Nous enduisons aussi la face externe ou interne des tubes de caoutchouc ordinaires avec l’une des solutions indiquées dans leur état ordinaire ou eoloré, et les immergeons ensuite pour produire le changement.
- La soie, la laine ou toute autre fibre animale est plus convenable à employer en combinaison avec ces substances pour les objets que l’on veut traiter par immersion.
- Dans certains cas, nous recouvrons la surface du caoutchouc, de la gutta-percha ou de leurs composés, de laine tontisse ou d’autres matières en poudre, en leur donnant d’abord un enduit de vernis de caoutchouc, puis répandant la poudre à la surface ; lorsque l’objet est sec, nous l’immergeons pour en produire le changement ; de telles surfaces peuvent être employées principalement à garnir tes empeignes et l’intérieur des chaussures.
- Nous colorons des feuilles ou d’autres objets formés en tout ©u en partie de caoutchouc ordinaire ou volcanisé, en les enduisant de vernis de caoutchouc coloré, puis les immergeant pendant peu de temps.
- Comme on peut unir 1e caoutchouc et la gutta-percha très-facilement avant le changement , nous préférons agir ainsi ; mais, lorsqu’il est indispensable de faire des joints après cette opération, nous employons un ciment composé de caoutchouc volcanisé fondu par la chaleur, auquel nous ajoutons, lorsqu’il est presque froid, une quantité égale de la dissolution employée pour faire 1e changement : on tes mêle ensemble à une douce chaleur. Nous appliquons ce ciment chaud en couches minces, et, si cela est nécessaire, nous donnons une seconde couche aux deux surfaces à joindre; lorsque le ciment est presque sec, on tes réunit en les maintenant pendant quelque temps dans un lieu chaud sous une légère pression. Il est difficile d’indiquer exactement le moment le plus favorable à cette opération ; mais c’est lorsque 1e ciment est presque sec, et d’ailleurs l’opérateur l’apprendra facilement avec un peu de pratique.
- Lorsque les articles fabriqués au moyen du caoutchouc, de la gutta-percha ou de leurs composés doivent être d’une épaisseur considérable, M. Parkes recommande d’affaiblir la solution de chlorure de soufre et d’y laisser plus longtemps les objets. Nous avons aussi reconnu que l’on peut donner au caoutchouc et à ses composés une épaisseur suffisante en unissant, par la pression, des feuilles, lorsqu’à la suite de l’immersion elles sont encore humides ou du moins à peine sèches.
- Si l’on veut obtenir une grande dureté dans certains objets fabriqués au moyen des matières susdésignées, on y parvient en plongeant à plusieurs reprises l’article dans la dissolution changeante et le laissant sécher chaque fois : il devient alors aussi dur,
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- plus dur même que de l’ivoire, et peut être limé et travaillé au tour, recevoir enfin le plus beau poli. On peut arriver plus promptement à ce résultat en augmentant la proportion de chlorure de soufre dans la dissolution chang eante.
- Pour produire le changement, nous préférons employer le chlorure de soufre mêlé au sulfure de carbone ou à tout autre dissolvant convenable du caoutchouc dans les proportions indiquées par M. Parkes; mais, quant au temps que doivent durer les immersions nous varions la durée de l’opération suivant l’épaisseur de l’objet ou le degré de changement que Ion veut obtenir.
- Nous avons trouvé aussi que parties égales de sulfui^e de carbone et de naphte obtenu «lu goudron de houille donnent une solution qui réussit bien; dans ce cas, le naphte doit être parfaitement purifié. (Repertory of patent, inc., août 1847.)
- Extrait des procès-verbaux des séances du conseil d'administration de la Société
- d'encouragement.
- Séance du 2 février 1848.
- Correspondance. M. Fer y, à Mailly ( Marne), appelle l’attention de la Société sur un nouveau système de chauffage qu’il a imaginé. Ce système résout, suivant lui, un problème dont la difficulté a toujours paru insurmontable à ceux qui ont étudié cette matière, c’est-à-dire qu’il a paru impossible d’obtenir, dans un foyer couvert, autant de calorique, toutes choses égales d’ailleurs, que dans un calorifère bien construit.
- M. Miallet, à Biot ( Yar ), demande à prendre part au concours pour le vernissage des poteries.
- M. Péligot entre dans quelques détails sur les procédés suivis par l’auteur, qui est admis à concourir.
- M. le président met sous les yeux des membres du conseil les titres produits par Mme Ve Lambert pour participer au legs Bapst destiné aux auteurs peu fortunés.
- M. Bottin, membre du conseil, adresse un exemplaire de Y Almanach du Commerce pour l’année 1848, qui est continué par ses enfants.
- Le conseil vote des remercîments à M. Bottin et à ses enfants pour le don de cet important ouvrage.
- M. Sainte-Preuve fait hommage de la 4e édition de son ouvrage intitulé, Notions les plus essentielles sur la physique, la chimie et les machines, développées dans l’ordre du programme officiel du 18 juillet 1837, relatif à l’enseignement dans les écoles normales primaires.
- M. le président exprime l’opinion que l’ouvrage de M. Sainte-Preuve, par la clarté des définitions qu’il renferme, contribuera à répandre la connaissance de l’application des principes les plus usuels de la chimie , de la physique et de la mécanique.
- M. Jomard pense que cet ouvrage satisfait à un but d’utilité et d’opportunité, et qu’il mérite d’être mentionné dans le Bulletin.
- La commission du Bulletin est chargée d’en faire l’examen et d’en rendre compte.
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- PROCÈS-VERBAUX.
- Les ouvrages suivants sont déposés sur le bureau :
- 1° Transactions de la Société royale d Edimbourg, t. 16 et 17 ( en anglais ) ;
- 2° Procès-verbaux des séances de la Société royale d’Edimbourg, 2 vol., 1846-1847, nos 29 et 30 ;
- 3° Annales de la Société d’agriculture, arts et commerce du département de la Charente , t. 29, n° 3, mai et juin 1847 ;
- 4° Bulletin de la Société pour l’instruction élémentaire, 3e série, novembre 1847;
- 5° Journal des économistes, janvier 1848 ;
- 6° Moniteur industriel, 20, 23, 27 et 30 janvier 1848;
- 7° Belgique industrielle, des 20, 23, 27 et 30 janvier 1848 ;
- 8° Journal des travaux publics, du 27 janvier 1848;
- 9° Le Brevet d’invention, n° 16 ( 2e année ), 1er février 1848;
- 10° Appel respectueux adressé aux gouvernements de la France, de l’Angleterre, de la Prusse, des autres Etats de l’Allemagne et de la Suisse, dans le but de provoquer des lois particulières et une loi internationale destinée à protéger la classe ouvrière contre le travail; janvier 1848 ;
- 11° Académie royale de Belgique, extrait du t. XIV, n° 11 du Bulletin, — Falsification des céréales et recherches sur la proportion relative des éléments inorganiques de ces graines, par M. Louyet.
- M. le président annonce qu’il a été récemment publié à Londres un mémoire sur les progrès de la fabrication du fer en Angleterre. Ce mémoire étant de nature à intéresser tous ceux qui s’occupent de cette fabrication, il invite la commission du Bulletin à examiner s’il ne serait pas utile d’en publier une traduction.
- Rapports des comités. Au nom du comité des arts chimiques, M. Chevallier lit un rapport sur les résultats des concours ouverts pour la désinfection des matières fécales et des urines dans les fosses d’aisances mêmes, et pour des appareils propres à opérer la séparation des solides et des liquides, de manière à désinfecter les premiers et à rendre les seconds impropres à se putréfier.
- Il résulte, des documents dont M, le rapporteur donne une analyse détaillée, qu’ils peuvent se classer ainsi, selon leur mode d’inscription :
- 1° Moyen de désinfection et de conversion en engrais. Dix concurrents, savoir, MM. Kraft et Suquet, Marchai, Salmon, Seiler, Raphanel et Ledoyen, Gagnage et Régnault, Pagnon-Vuatrin, Coutaret, la Société des engrais gradués, la Société générale des engrais.
- 2° Séparation des solides et des liquides, dans les fosses mêmes, et désinfection. Sept concurrents, MM. Houssard, Huguin, de la Tour Arlet, Sanson, Legras, Bayard et Boitel.
- 3° Séparation des solides et des liquides avant l’introduction dans les fosses. Huit concurrents, MM. Belicard et Chesnaux, Gallet, Ringard, Godard, Hély, Deschenaux, Bourg .et François.
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- 4” Mode particulier de curage des fosses sans séparation des solides et des liquides. La compagnie générale des engrais.
- Le comité fait observer que les prévisions émises dans le rapport sur le concours de 1844 (voy. Bulletin de l’année 1844, p. 301) se sont réalisées; d’importants établissements fonctionnent dans les départements, et le comité est convaincu que la ville de Paris est appelée à donner satisfaction aux nombreux intéressés qui réclament un mode de vidange et de fabrication d’engrais mieux approprié et en rapport avec les progrès de la science et les prescriptions de l’hygiène publique.
- Les questions posées dans le programme doivent être considérées comme ayant reçu une solution satisfaisante, non par un seul concurrent, mais par l’ensemble des travaux entrepris par plusieurs d’entre eux, et même en dehors du concours.
- La Société demeure aujourd’hui désintéressée dans les questions objet du concours, Set en demandant de retirer ces prix, le comité va au devant de là justice de la Société en proposant de récompenser des efforts, des travaux et des applications d’un intérêt général.
- Le comité a été d’avis de décerner, pour la première question posée dans le programme , les récompenses suivantes r
- 1° Une médaille d’or de la valeur de 3,000 fr. à la compagnie générale des engrais, fondée par M. Baronnet.
- 2° Une médaille de platine de la valeur de 1,000 fr. à la compagnie des engrais gradués du domaine de la Verge.
- 3° Des médailles d’argent aux gérants de la compagnie générale des engrais dont les noms suivent, savoir : pour la division de Lyon, à M. Léon Vallée; pour la division de l’Ouest, à M. Henri Valin; pour celle de Marseille, à M. Calvo ; et pour celle du Cher, de l’Indre et de l’Ailier, à M. Rabier.
- 4° De mentionner honorablement les concessionnaires de la compagnie générale des engrais pour les villes de Poitiers, Nevers, Niort, Besançon, Rochefort, Bordeaux, Orléans, Nantes, Montauban, Limoges, Metz, Amiens, Troyes, Rouen et Toulouse.
- 5° De décerner une médaille de platine à MM. Kraft et Suquet.
- 6° Des médailles d’argent à M. de Granier, gérant de la compagnie des engrais gradués;
- 7° A M. le docteur Bayard;
- 8° A M. Siret.
- ff° Une médaille d’argent et 300 fr. à M. Houssard.
- 10° Une médaille d’argent et 200 fr. à M. Coutaret.
- 11° Une médaille de bronze à M. Pagnon- Vuatrin.
- Sur la deuxième question, le comité propose de décerner
- 1° Une médaille d’or de 1a. valeur de 1,000 fr. à M. Gallet, du Havre.
- 2° Une médaille d’argent et 500 fr. à MM. Belieard et Chesnaux.
- 3° Une médaille d’argent et 200 fr. à M. Legras.
- 4° Une médaille d’argent à M. de la Tour Arlet.
- 5° Des médailles de bronze à MM. Hély, Maze et Godard, Deschenaux et Ringard.
- Le comité propose de retirer ces sujets de prix du concours, et de renvoyer à la com-Qmrante-septième année. Février 1848. 14
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- mission du Bulletin les documents adressés par les concurrents, afin d’examiner quels sont ceux qu’il serait utile d’insérer dans le recueil des travaux de la Société.
- Il propose, en outre, de faire tirer, à part, 500 exemplaires du rapport pour être distribués dans les départements.
- M. Sainte-Preuve fait remarquer que le rapport ne parle pas de certains réactifs et de certaines méthodes propres à la désinfection des vidanges et des urines, à la conservation des engrais azotés de toute sorte, et à leur manipulation ; appareils et réactifs dont quelques-uns dérivent des indications fournies par MM. Payen, Chevallier, Dumas, Boussingault, qui n’ont pas été soumis au jugement de la Société et dont plusieurs membres connaissent cependant la haute valeur : il demande, en conséquence, qu’une phrase ajoutée au rapport empêche le public de croire que ce qu’il y a de mieux en 1848 est ce que la Société récompense à la suite du concours clos en 1847.
- M. Chevallier répond que le rapport énonce que les questions posées dans les programmes doivent être considérées comme ayant reçu une solution satisfaisante, non par l’un des concurrents, mais par l’ensemble des travaux entrepris par plusieurs d’entre eux, et même en dehors du concours, ce qui n’exclut aucun perfectionnement, aucune méthode nouvelle. Le comité a voulu prouver qu’avec les procédés et modes inscrits au concours on pourrait, ainsi que cela se pratique, opérer la conversion des matières fécales en engrais utilisables.
- M. Chevallier ajoute qu’il serait utile que le comité d’agriculture entreprît ou provoquât des expériences tendant à la propagation de ces engrais.
- Le conseil approuve le rapport et en adopte les conclusions.
- Communications. M. de Lasteyrie appelle l’attention de la Société sur les travaux de Fulton dans l’établissement de la navigation à la vapeur, et dépose une notice historique de M. Michaux sur cet homme célèbre. M. de Lasteyrie pense que la Société rendrait un juste hommage à la mémoire de Fulton en plaçant son buste dans la salle des séances, et il demande qu’une commission en fasse l’objet d’une proposition au conseil.
- M. Costaz donne quelques explications sur ce qui s’est passé pendant le séjour de Fulton en France.
- M. le président revendique, en faveur de M. de Jouffroy père, la priorité de l’invention des bateaux à vapeur. On sait qu’avant 1789 M. de Jouffroy fit, sur la Saône, l’expérience d’un bateau mû par la vapeur, expérience qui devait nécessairement être connue en Amérique.
- M. Rouget de Lisle fait observer que l’invention de l’emploi de la vapeur comme force motrice a été décrite par Papin en 1695; qu’en 1775 Périer a le premier, en France, construit un bateau à vapeur qui a navigué sur la Seine, fait consigné dans les Essais sur les machines hydrauliques de Ducrest. En 1781, l’abbé Damai, chanoine d’AIais, a fait hommage, au gouvernement et à l’Académie des sciences, d’un modèle de bateau à vapeur pour remorquer les navires. Tout porte à croire que ce modèle est celui qui a été découvert, il y a quelques années, dans les archives du Conservatoire des arts et métiers, par M. le baron Seguier. M. Rouget de Lisle établit qu’on attribue à tort ce modèle à feu Dallery, qui prit un brevet d’invention en 1803.
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- Quant à l’offre d’un bateau à vapeur, qui aurait été faite , en 1802, par Fulton , au premier consul, elle manque d’exactitude : il lui soumit un bateau poisson qui fut expérimenté à Rouen le 11 thermidor an VIII ( 1801 ). Ces expériences ont été consignées dans le Journal des Débats du 14 thermidor an VIII.
- En réalité, Fulton n’a construit ou fait naviguer son premier bateau à vapeur que vers le commencement de l’année 1807. Ce fait est mis hors de doute, en consultant les écrits des auteurs américains, anglais et français.
- La notice sur les travaux de Fulton est renvoyée au comité des arts mécaniques.
- M. Sainte-Preuve annonce que la lecture d’un brevet qui jusqu’ici avait échappé à ses recherches vient de lui apprendre que M. Cliameroy avait mentionné, avant lui, l’emploi des tubes élastiques en métal pour la locomotion pneumatique; il reporte donc à cet habile ingénieur la priorité d’invention, tout en se réservant la propriété des perfectionnements qu’il a joints à cette idée première, comme le constate le Bulletin de la Société.
- M. Sainte-Preuve ajoute que M. Cliameroy doit expérimentée prochainement, sur , une très-grande échelle, son dernier système de locomotion à pistons fixes et à cylindres voyageurs.
- Le même membre communique à la Société une nouvelle qui lui paraît de la plus haute importance. Une machine à vapeur construite à Paris, d’après des principes dont M. Combes a entretenu la Société et l’Institut, il y a longtemps déjà, est installée à Marquise, près Boulogne-sur-Mer ; elle consomme moins de 1 kilog. et demi de houille par heure et par force de cheval.
- M. Alcan fait remarquer que la consommation du combustible ne peut être appréciée sur ces simples données; il annonce que, dans Une prochaine séance, il fera une communication au conseil à ce sujet.
- M. le président remercie M. Sainte-Preuve de ses communications, et invite M. Alcan à faire part au conseil des renseignements qu’il promet et qui seront d’un grand intérêt pour les propriétaires de chaudières de vaporisation.
- M. Rouget de Lisle obtient la parole pour faire l’historique des chapeaux pliants et recouverts en tissus, dont l’invention première paraît appartenir à MM. Robert Loyd et James Rowbotham, qui prirent une patente en Angleterre le 19 février 1824; c’est là, sans doute, ce qui a fait dire, avec quelque raison, que M. Gibus aîné n’avait pas inventé les chapeaux pliants.
- Ce fait a été établi dans le sein du conseil à la suite d’une discussion qui se trouve aujourd’hui éclaircie.
- Mais M. Gibus aîné prit un brevet d’invention en France, en 1834, pour un chapeau pliant perfectionné et plus commode surtout que les chapeaux anglais , et en 1837 un brevet d’invention et de perfectionnement pour le premier chapeau réellement mécanique.
- M. Rouget de Lisle pense que M. Gibus aîné doit être considéré comme le véritable inventeur des chapeaux mécaniques tels qu’on les fabrique aujourd’hui, parce qu’il a posé et décrit le premier les moyens mécaniques qui les constituent et qui ont été heureusement appliqués et bien perfectionnés depuis par MM. Duchène, Gibus jeune, Lefèvre, Dauphin, etc.
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- Usant, à son tour, des principes qui appartiennent au domaine public, M. Rouget de Liste présente deux mécanismes pour chapeaux de son invention. L’un, celui à axe mobile, lui a été suggéré, dit-il, à la suite d’une conversation qu’il avait eue avec M. Théod. Olivier, membre du conseil. Il déclare que tous les éléments qui composent ce mécanisme sont empruntés à MM. Gibus aîné, Gibus jeune, Mirot et Dauphin, qui ont fait précédemment des mécanismes fort remarquables ; que, néanmoins, le sien est nouveau, eu égard à la mobilisation de l’axe qui n’avait pas été appliqué avant lui.
- M. Rouget de Liste fait remarquer, en outre, que le point d’attache du ressort est fixé à l’axe même, ce qui établit une différence avec tous les mécanismes actuellement connus.
- M. Rouget de Liste demande que le conseil nomme une commission pour examiner ses produits dont les éléments sont exécutés mécaniquement par M. Lempereur, rue Saint-Marcoul, 3, qui a inventé lui-même plusieurs mécaniques pour chapeaux.
- Les perfectionnements présentés par M. Rouget de Liste seront l’objet de l’examen des comités des arts mécaniques et des arts économiques.
- Séance du 16 février 1848.
- Correspondance. M. le ministre de l’agriculture et du commerce adresse, pour être déposé à la bibliothèque de la Société d’encouragement, le 65e volume des Rrevets d’invention expirés.
- M. Fleuriau de Bellevue, membre correspondant de la Société à la Rochelle, appelle l’attention de la Société sur le travail de deux de ses concitoyens , MM. Rigondeau frères, et qui consiste en un mandrin universel pour le tour qu’ils croient supérieur à ceux connus.
- M. Schneider, rue du Faubourg-Saint-Martin, 93, qui a épuisé ses ressources dans la recherche d’un nouveau moteur, expose sa pénible situation qu’il croit digne de la bienveillance de la Société.
- Sa lettre est renvoyée à la commission du legs Bapst.
- M. Lenfant (Frédéric), rue de Londres, 33, soumet un plan d’amélioration qu’il intitule, Questions des subsistances, de la production des chevaux d’armes, du recrutement personnel de l’armée, de l’organisation et de la remonte de la gendarmerie et de la cavalerie.
- M. Leclaire, entrepreneur de peintures , rue Saint-Georges, 11, adresse un mémoire sur la substitution du blanc de zinc et des couleurs à base de zinc au blanc de plomb et aux couleurs à base4e cuivre et de plomb dans les arts et dans l’industrie.
- M. Leclaireavait disposé, dans la salle des séances, un tableau sous verre peint en partie avec des couleurs au blanc de plomb et des couleurs au blanc de zinc. En faisant agir l’hydrogène sulfuré, l’altération du blanc de plomb se manifeste instantanément.
- M. Chérot, peintre préparateur, rue de la Chopinette, 14, en rappelant que la Société , sur la proposition d’une commission spéciale, a voté une allocation pour les essais de ses procédés de peinture mixturale qui ont été l’objet d’un rapport favorable, demande que la Société fasse vérifier l’état de la peinture à fresque qu’il a exécutée dans l’une des chapelles de l’église Saint-Louis et Saint-Paul, il y a un an. Quoique
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- apposée sur des murs défectueux et malgré l’humidité provenant de l’écoulement de l’eau de deux fontaines voisines, cette peinture s’est bien conservée.
- M. Cherot joint à sa lettre des certificats constatant les résultats qu’il a obtenus.
- M. Hocquari expose que M. Langlumé, libraire, rue du Foin-Saint-Jacques, 11, désirant publier un Cours de dessin linéaire appliqué aux machines, l’a chargé de la direction de cet ouvrage dans lequel seront consignées les machines les plus intéressantes de l’industrie moderne, gravées au trait,"avec une courte notice explicative.
- M. Hocquart demande la permission d’y comprendre, sur la même échelle, mais seulement au trait, cinq machines gravées dans le Bulletin de la Société d’encouragement.
- M. Guérin-Méneville, rue des Beaux-Arts, 4, expose que son fils, chirurgien de là marine, offre ses services à la Société pour les observations dont elle croirait devoir le charger sur les différents points des côtes d’Afrique dépendants de notre colonie du Sénégal. Il va passer trois années dans ces contrées. Il a étudié l’anatomie comparée et l’histoire naturelle sous les yeüx de son père, et il pourrait se rendre utile en suivant les instructions que la Société croirait devoir lui donner.
- Si la Société d’encouragement juge à propos d’accepter l’offre de son fils, M. Guérin-Méneviîle assure qu’il ne négligera aucune occasion de concourir, autant que ses moyens le lui permettent, aux travaux de la Société.
- Le conseil accepte avec empressement l’offre de M. Guérin-Méneville fils, et décide qu’une commission spéciale sera chargée de rédiger les instructions de la Société, pour être transmises à M. Guérin-Méneville.
- Objets présentés. M. Combes présente, de la part de M. Boisse, dqux appareils héliographiques. L’auteur a eu pour but de fournir un instrument à l’aide duquel, par une opération purement mécanique, les personnes étrangères aux calculs et aux principes de la géométrie descriptive pourront tracer, avec facilité, un cadran solaire, quelles que soient la latitude et la position du plan qui doit recevoir le cadran. L’opération du tracé se simplifie beaucoup dans le cas où le plan du cadran est horizontal. M. Boisse a construit, pour ce cas particulier, un appareil spécial.
- M. Ormières, à Puteaux, chez M. Depouilly, présente des produits qu’il obtient de l’orseille et du bois de campêche.
- Les ouvrages suivants sont déposés sur le bureau :
- 1° Bulletin des séances de la Société centrale d’agriculture, par M. Payen, secrétaire perpétuel, 2 e série, t. 3, n°7 ;
- 2° Annales de la Société d’horticulture, janvier 1848;
- 3° Bulletin des séances de la Société d’agriculture et de commerce du département du Var, 4e série, t. 2 , n03 2“ et 3, 1847;
- 4° Annales de Vagriculture française, n° 98, février 1848;
- 3° Revue scientifique ét industrielle sous la direction du docteur Quesneville, janvier 1848;
- 601 Glanes photographiques. Notes complémentaires concernant la photographie sur papier, par M. Brebisson;
- 7° Pétitions à divers ministres pour MM. Xavier, Echert et Thibaut Ulrich, anciens
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- préposés de la batellerie de Strasbourg, précédées de quelques mots d’introduction, par M. Louis Schertz ;
- 8° Des avantages d’une assurance générale contre l’incendie étendue à tous les immeubles de la France sous le contrôle des chambres ;
- 9° Les effets de l’islamisme ou les projets des Turcs et la solution de la question d’O-rient, par M. E. Marcello,;
- 10° Annales des ponts et chaussées, septembre et octobre 1847.
- M. Combes signale, dans ce numéro, les observations sur les conditions dans lesquelles on doit placer les canaux de navigation pour qu’ils puissent augmenter la fortune publique. Conséquences que l’on doit en tirer pour le mode d’exploitation en France, par M. Comoy, ingénieur en chef des ponts et chaussées.
- Un mémoire sur les dunes du golfe de Gascogne, contenant les résultats d’expériences et d’observations sur le mouvement et la marche de ces dunes et sur les travaux destinés à les fixer, par M. Laval, ingénieur en chef des ponts et chaussées.
- Rapports des comités. Au nom du comité des arts chimiques, M. Payen lit un rapport sur le procédé de M. Schneider pour fabriquer l’acide sulfurique.
- Le comité propose d’adresser à l’auteur les remercîments de la Société pour son importante communication, de publier le rapport et de renvoyer à la commission du Bulletin le mémoire de l’auteur afin qu’il soit compris en entier ou par extrait dans le recueil des travaux de la Société. ( Approuvé. ) ( Voy. plus haut, p. 77. )
- Au nom du comité des arts économiques, M. Trébuchet lit un rapport sur le nouveau système d’emballage de M. Cotel,
- Le comité propose de remercier l’auteur de sa communication et d’insérer le rapport dans le Bulletin avec le dessin des principaux appareils imaginés par M- Cotel. ( Approuvé. ) ( Voy. plus haut, p. 81, )
- Au nom du même comité, M. de Silvestre fils lit un rapport sur le prompt-cubateur métrique de MM. Dulac et Gillet.
- Le comité propose d’accorder son approbation à cet instrument et de le faire connaître en insérant le rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. ) { Voy. plus haut, p. 78. )
- Au nom du comité des arts chimiques, M. Balard lit un rapport sur le résultat du concours relatif à la panification de la pomme de terre.
- Le comité propose 1° de remercier MM . Porcheron et Voinchet de leur communication , de réserver les droits de M. Dard aux récompenses ultérieures de la Société et d’encourager M. Auguste Clerget dans ses efforts pour convertir en grand la pomme de terre crue en farine ;
- 2° De décerner à M. Martin le prix de 2,000 fr. pour ses essais sur la panification de la pomme de terre, pour l’obtention d’une farine mixte de pommes de terre et de fécule, et surtout pour son procédé propre à enlever le goût de ce dernier produit ;
- 3° Enfin d’insérer, dans le Bulletin, des extraits des mémoires des concurrents qui renfermeraient des données utiles à faire connaître, et notamment le procédé de purification de la fécule imaginé par M, Martin. ( Approuvé. )
- M. le président annonce que le bureau et la commission des fonds se sont réunis
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- pour examiner les titres des candidats à la répartition de la somme de 2,400 fr. du Jegs Jiapst laissée disponible pour l’exercice de 1847.
- M. le président propose de donner connaissance des noms des candidats et d’insérer dans le Bulletin, à la suite du procès-verbal, les titres nombreux qui militent en leur faveur.
- Cette proposition est approuvée.
- Le bureau et la commission proposent de répartir, de la manière suivante, la somme
- de 2,400 fr. dont il s’agit :
- 1° Candidats anciens.
- MM. Da Olmi 300 \ l
- -t. Eck père 250
- — Dumas 150 1
- — Laurent 100 [
- — Wàldeck 100 V 1,300 fr.
- — Oubriot 100 j
- — Girault 100 1
- — Saniewsky 100 1
- — Schwickardy 100 J
- 2° Candidats nouveaux.
- MM. Richer aîné 300 )
- — Veuve Lambert. . . . . . 300
- — Simon 250 / 1,100 fr.
- — Chérot 200
- — Dejernon 50
- Total. . 2,400 fr.
- Cette répartition est approuvée.
- Communications. M. Louis Vilmorin expose que des essais entrepris par lui dans d’autres vues l’ont amené à faire faire des cheminées de lampes en verres de diverses couleurs. Parmi ces verres', il en a trouvé un d’un bleu moyen dont la nuance, à peu près complémentaire de celle de la flamme, lui a donné une lumière qui se rapproche beaucoup de la teinte de celle du jour et lui a paru être moins fatigante que la lumière orangée des lampes, soit pour un travail prolongé du soir, soit surtout pour les observations microscopiques à la lumière. L’appréciation des couleurs au moyen de cette lumière ( quoiqu’elle ne soit encore qu’imparfaitement compensée ) se fait aussi d’une manière plus exacte qu’avec celle des lampes ordinaires. *
- La perte de lumière qui résulte de l’emploi du verre bleu est assez considérable, et le paraît surtout au premier instant ; mais, au bout de quelques minutes, les yeux s’habituent à cette nouvelle teinte des objets qui les entourent. Malgré cet inconvénient, M. Vilmorin annonce qu’il les a adoptés pour le travail du soir; il pense qu’il pourra en être ainsi de la plupart des personnes qui les essayeront.
- M. Vilmorin présente, à l’appui de sa communication, des cheminées de lampes en verre coloré en bleu.
- Leconseil, par l’organe de M. le président, remercieM. Vilmorin de sa communication.
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- NAVIGATION A LA VAPEUR.
- M. Alùan, membre du conseil, a la parole pour une communication relative à la consommation du combustible dans les machines à vapeur, d’après l’engagement qu’il avait pris dans la précédente séance. Il présente les dessins d’une machine à vapeur anglaise de la force de 30 chevaux, importée en France par M. Félix Aroux, manufacturier à Elbeuf, et un procès-verbal d’expériences faites sur cette machine par M. de Saint-Léger, ingénieur en chef des ponts et chaussées.
- Après une discussion, les documents déposés par M. Alcan sont renvoyés à la commission du Bulletin.
- M. Benoît, ancien membre du conseil, lit la notice historique suivante sur la navigation à la vapeur.
- Note sur la navigation à la vapeur; par M. Benoît.
- La Société d’encouragement a pour principe d’attribuer à chacun le mérite des travaux auxquels il s’est livré pour l’avancement de l’industrie humaine, dans une quelconque des nombreuses branches dont celle-ci se compose.
- Certes, Fulton, pour lequel, dans la dernière séanee de la Société, un de ses honorables membres a cru devoir solliciter l’érection d’un buste, en lui attribuant le mérite de l’invention des bateaux à vapeur, a concouru très-efficacement à faire adopter l’usage de ce merveilleux véhicule, et, sous ce rapport, il a bien mérité du siècle ; mais il faut reconnaître aussi que d’autres, avant lui, avaient non-seulement proposé de faire mouvoir les vaisseaux par la force de la vapeur, mais qu’ils avaient encore mis en pratique cet ingénieux moyen de naviguer contre les vents et malgré les calmes.
- Voici ce que je lis dans la nouvelle édition de 1 ’ Histoire descriptive de la machine à vapeur de Stuart, imprimée à Londres en 1831 :
- « La première application pratique, sur une grande échelle, de la machine à vapeur « à l’impulsion des vaisseaux était faite en ce temps-là par un noble français. Il paraît « qu’un marquis de Jouffroy s’est livré, en 1781, sur la Saône, près de Lyon, à quei-« ques expériences en grand, avec un bateau qui avait 140 pieds de longueur. J’ignore « les détails du mécanisme et quelle en avait été la disposition sur ce vaisseau, aussi « bien que les circonstances qui ont occasionné l’abandon de ce modèle. »
- À ce témoignage d’un historien anglais j’en ajouterai un autre, celui de Partington, son compatriote. On lit, en effet, clans- sa Relation historique et descriptive de la machine à vapeur, imprimée à Londres en 1822 :
- « La possibilité de l’emploi de la vapeur comme puissance motrice, dans la naviga-« tion des vaisseaux, fut reconnue de bonne heure durant le dernier siècle ; néanmoins « son application pratique sur une grande échelle n’a été pleinement réalisée que de-« puis vingt ans.
- « En 1698, Savery recommanda l’usage de roues à courtes rames (paddle wheels), « semblables à celles si généralement employées maintenant, sans faire la moindre allu-« sion à l’application de sa machine à vapeur, comme premier moteur, et il est pro-«: bable qu’il entendait employer la force des hommes ou des animaux, agissant sur « un guindal ou vireveau pour cet objet. Environ quarante ans après la publication de c( çe mode de faire marcher les vaisseaux, M. Jonathan Huit obtint une patente pour
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- navigation a LA VAPEUR. 109
- « un bateau dans lequel les roues à courtes rames étaient mises en mouvement par une « machine atmosphérique d’une grande puissance.
- « En décrivant son moyen de produire une force suffisante pour remorquer les vais-« seaux et autres objets, l'ingénieux patenté dit : Dans un endroit convenable du bateau « remorqueur, on placera un vase aux deux tiers plein d’eau, et dont l’ouverture sera « exactement bouchée; ce vase, étant porté à l’ébullition, raréfie l’eau en vapeur; cette « vapeur, étant conduite par un gros tuyau dans un vase cylindrique et y étant con-« densée, fait le vide, ce qui occasionne que le poids de l’atmosphère presse sur ce vase « et pousse ainsi en bas un piston qui est ajusté dans ce vase, de la même manière que « dans la machine avec laquelle Newcomen élève l’eau par le feu.
- « Il a déjà été démontré que, lorsque l’air est chassé d’un vase de 30 pouces de dia-« mètre (soit 2 pieds 1/2), l’atmosphère le presse avec un poids de k tonneaux 16 quinte taux et au delà ; lorsque des mécanismes propres à ce travail y sont adaptés, il peut « mouvoir un vaisseau avec une grande force.
- « La patente de M. Hull est datée de 1736 ; il employa une manivelle pour produire a le mouvement de rotation de ses roues à courtes rames, et ce moyen ingénieux de con-c( vertir le mouvement de va-et-vient en mouvement rotatif était plus tard recommandé « par l’abbé Damai, chanoine d’Alais, en Languedoc, qui, en 1781, proposa la mani-« velle pour faire tourner des roues à courtes rames dans la navigation des barques ou « allèges.
- « Il est probable que M. Ilull prévit quelques objections à son nouveau mode de « mouvoir les vaisseaux, et il paraît, par un rapport du capitaine Savery, auquel j’ai « déjà fait allusion, qu’un puissant préjugé s’éleva contre l’usage des roues propulseurs « dans les vaisseaux. M. le secrétaire Trenchard, qui était alors à la tête de l’amirauté, « donna aussi un avis contraire à cette proposition.
- « C’est pourquoi, en réponse aux objections qu’il avait pu prévoir, M. Hull proposa « les demandes suivantes :
- « Est-il possible d’établir des instruments d’une force suffisante pour mouvoir un « poids aussi prodigieux que celui qui peut être contenu dans un très-grand vaisseau ?
- « La force des vagues n’est-elle pas capable de mettre en pièces tout engin placé de « manière à se mouvoir dans l’eau?
- « La mise en mouvement de la machine étant l’objet d’une dépense continuelle, « quelle en est l’importance ?
- « Il donna une solution satisfaisante à ces demandes.
- « M. Duquet paraît avoir essayé des rames rotatives comme autrefois, en 1699, avec « lesquelles des expériences furent faites en grand au Havre et à Marseille (voir les ma-« chines approuvées par l’Académie royale des sciences, tom. 1, p. 173) : toutefois ce « moyen de mouvoir les vaisseaux fut bientôt reconnu comme impraticable ; et après « notre compatriote Hull le marquis de Jouffroy tient incontestablement le rang le plus « distingué sur la liste des ingénieurs praticiens qui ont donné de l’importance à cette « invention.
- « Il est évident, d’après un article publié dans le Journal des Débats, que, en 1781, « le marquis avait fait construire, à Lyon, un bateau à vapeur de 14-0 pieds de lon-Quarante-septième armée. Février 1848. 15
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- NAVIGATION A LA VAPEUR.
- « gueur, avec lequel il fit sur la Saône, près de cette ville, plusieurs expériences succès-« sives. Les événements de la révolution , qui éclata peu d’années après, empêchèrent « M .de Jouffroy de poursuivre son entreprise et d’en recueillir aucun avantage.
- « À sa rentrée en France, en 1796, après un long exil, il lut dans les papiers publics « que M. Desblancs, artiste de Trévoux, avait obtenu un brevet pour la construction d’un « bateau à vapeur combiné probablement d’après les informations qu’il avait pu se pro-« curer relativement aux expériences du marquis. Ce dernier fit des réclamations auprès « du gouvernement, qui était alors trop" occupé des affaires publiques pour s’attacher à « celles des particuliers.
- « Dans ces entrefaites, Fulton, qui s’était procuré les mêmes informations et qui faite sait des expériences semblables près Y île des Cygnes, alarma M. Desblancs, qui croyait « avoir plus à craindre de l’habileté en mécanique d’un Anglo-Américain que de celle « d’un émigré. Il usa du droit que son brevet lui conférait pour obtenir la saisie des « ouvrages de Fulton, qui répondit à Desblancs que ses essais ne concernaient point la « France; qu’il n’avait pas l’intention de lui faire concurrence sur les rivières de ce « pays ; qu’il devait, au contraire, retourner bientôt en Amérique avec ce qu’il avait « fait, et qu’il avait enfin commencé la construction de ses machines sans y attacher les « prétentions d’un inventeur exclusif. »
- J’espère que ces témoignages d’écrivains anglais, bien informés, contribueront, dans tous les cas, à faire surtout reporter les sympathies de la Société d’encouragement et des amis de tous les progrès utiles sur M. de Jouffroy, dont la mémoire doit être honorée plutôt que celle d’étrangers recommandables, d’ailleurs, quoique venus après lui.
- Avant de terminer cette note, je dois faire remarquer 1° que ce n’est pas Savery, comme le dit Partington, qui a proposé le premier de faire mouvoir des bateaux à l’aide de roues à courtes rames. Il est facile de vérifier que la planche 152 de l’ouvrage de Ramelli, ingénieur du roi de France, imprimé en 1588 à Paris, en français et en italien, représente des barques ou pontons destinés à établir des ponts militaires qui sont munis de roues ordinaires pour faciliter leur transport sur terre et de roues à palettes courbes montées sur un arbre à manivelles pour que des hommes puissent les mettre en mouvement et les faire marcher sur l’eau.
- 2° Le dessin de moulins à bras faisant partie , sous le n° 128, des planches du même ouvrage de Ramelli montre encore que, bien longtemps avant Hull et le chanoine Dar-nal, on savait transmettre, à l’aide d’une bielle , à une manivelle un mouvement de rotation dérivé d’un mouvement de va-et-vient imprimé à l’autre extrémité de la bielle, dans une direction perpendiculaire à l’axe de rotation de la manivelle.
- Bien que les Français se soient plus attachés autrefois aux études littéraires et aux productions de l’esprit qu’à étudier les sciences sous le point de vue de leur application à l’industrie, il est cependant très-remarquable que des noms français figurent plus ou moins honorablement dans l’histoire de toutes les inventions dues au génie de l’hoinme. Aussi, toutes les fois que la Société d’encouragement voudra consacrer la mémoire des services rendus à une industrie quelconque, comme à la navigation à vapeur par exemple, il sera bien rare qu’elle ne trouve pas un Français à honorer,
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- Rapport sur le legs Bapst en faveur des auteurs peu fortunés.
- M. Favreau, auteur de perfectionnements remarquables dans les métiers à bas et à tricots, et un des premiers qui établirent des métiers à filer le coton, est décédé en 1847, à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans.
- A cette perte est venue se joindre celle de M. Gouet, âgé de plus de soixante-dix ans, et que recommandaient à la sollicitude de la Société des perfectionnements dans les cisailles à découper les métaux, les appareils de taraudage et d’ingénieuses dispositions dans les découpoirs.
- La Société avait fait participer au legs ces deux hommes utiles, dont les travaux et la position répondaient aux généreuses intentions de M. Bapst.
- Dans la répartition de la somme de 2,400 francs disponible pour l’exercice de 1847, le bureau et la commission des fonds ont examiné les titres des candidats qui, par leur âge et les services rendus à l’industrie, sont dignes de jouir des dispositions testamentaires de M. Bapst.
- Les candidats dont les titres ont été jugés admissibles se divisent en deux catégories :
- 1° Ceux qui, dans les années précédentes, ont participé au legs;
- 2° Ceux qui sont appelés à y participer pour la première fois.
- Nous allons exposer succinctement les travaux des uns et des autres.
- 1° M. Da Olmi, ancien professeur des sciences physiques à l’école de Sorèze, âgé de quatre-vingt-sept ans.
- Ses mémoires sur la culture des bois, les engrais, les épizooties ont été, à l’époque de leur publication, la preuve d’études et d’expériences d’un grand intérêt sur ces questions.
- M. Da Olmi s’est présenté aux concours ouverts par la Société pour la purification des fers cassants à chaud et à froid, pour la fabrication des litharges. Son traité d’hygiène navale, ses travaux pour la conservation des eaux potables à bord des vaisseaux ont été justement appréciés (1).
- 2° M. Eck père, dessinateur pour châles.
- Les cachemires des Indes importés en France à la suite de l’expédition d’Egypte inspirèrent au génie français le désir de les imiter ; les efforts de M. T émaux et autres manufacturiers produisirent d’heureux résultats ; mais, pour atteindre à une entière imitation , il fallait résoudre une difficulté immense, celle de mettre en harmonie les sillons du broché avec celui du fond.
- Pour changer les procédés suivis alors, en présenter de nouveaux, atteindre le but éminemment utile d’une complète imitation, il ne fallait reculer devant aucun sacrifice soit de temps, soit d’argent.
- M. Eck se mit à l’œuvre avec ardeur, et ses efforts ont eu les plus heureux résultats.
- En effet, les jurys des expositions de 1823, 1829 et 1844 ont donné leurs suffrages aux procédés de M. Eck.
- Les manufacturiers les plus distingués se sont empressés de les adopter.
- Le comité des arts mécaniques, par l’organe de M. Alcan , est venu démontrer que
- (1) Voy. Bulletin de la Société, 9e année, p. 204; 28e année, p. 240; 29e année, p. 63.
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- le mode de mise en carte et de lisage dû à M. Eck a apporté, dans cette importante partie du tissage, en la simplifiant et en diminuant les chances d’erreur, une économie qui ne saurait être évaluée à moins de 50 pour 100.
- 3° M. Dumas, âgé de soixante-huit ans, aujourd’hui d’une santé débile, livra, le premier, au commerce, de la bijouterie de fonte à l’imitation de celle de Berlin.
- Dès 1819, le jury de l’exposition apprécia les travaux de M. Dumas et l’encouragea; il a puissamment contribué à la perfection des procédés de moulage que ses élèves propagèrent.
- 4° M. Laurent, âgé de soixante-douze ans.
- Est l’un des plus anciens constructeurs de machines à filer la laine peignée. Les principes qu’il a introduits dans le système de ces machines sont encore suivis aujourd’hui.
- Il est auteur du peigne cylindrique à hérisson. C’est à ses talents qu’eut recours M. Philippe de Girard pour matérialiser les principes qu’il avait découverts pour la filature mécanique du lin.
- 5° M. Oubriot ( Maurice ), à Revigny ( Meuse ), âgé de soixante-seize ans.
- Il s’est livré à la construction de moulins, de machines à battre; son système de charrue a reçu l’approbation de plusieurs sociétés et comices d’agriculture, qui l’ont honoré de leurs médailles.-
- Au concours que la Société avait fondé pour un dynamomètre propre à l’agriculture , une médaille d’argent de la valeur de 200 francs fut la récompense de la production d’un appareil dont la simplicité et les effets ont été constatés" (1).
- 6° M. Waldeck, âgé de soixante-cinq ans, a été jugé digne du prix que la Société avait mis au concours, en 1834, pour la construction des tarauds et filières. Le jury central et la Société ont suivi, avec un intérêt marqué, les perfectionnements que son esprit inventif lui suggérait dans la construction de ces outils.
- Lorsque des infirmités graves se firent sentir, la persévérance et le courage de M. Waldeck ne se démentirent pas; il a trouvé dans l’établissement de M. Calla une occupation en rapport avec ses facultés, occupation trop souvent interrompue par les soins qu’exige sa santé.
- 7° M. Girault.
- On lui doit un nouveau système d’assemblage rigide applicable à la formation de poutres de ponts, de planchers, qui a reçu la triple approbation de l’Académie des sciences, de la Société d’encouragement et du conseil général des ponts et chaussées.
- Il a mérité de partager la valeur du prix proposé par la Société d’encouragement pour un système de pompes alimentaires des chaudières de vaporisation.
- M. Girault trouve difficilement l’occasion d’utiliser ses connaissances étendues en mathématiques. Le faire participer au legs Bapst, c’est lui donner le moyen de suivre la confection d’appareils nouveaux, dont les combinaisons attestent et son esprit investigateur et l’application raisonnée de ses connaissances.
- 8° M. Schwickardy, âgé de soixante-quatre ans, se recommande par des conceptions
- (1) Yoy. Bulletin de la Société, 35e année, p. 444.
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- utiles ; entre autres son système de charpente en tôle a obtenu, sur le rapport de MM. Briet et Leclerc, inspecteurs généraux, l’approbation du conseil des bâtiments civils; il a donné lieu à d’intéressantes expériences, par les ordres de M. le ministre de la guerre.
- La position de M. Schwickardy est digne de l’intérêt de la Société.
- 9° M. Saniewsky.
- Dès 1818, la Société d’encouragement proposa un prix pour la construction d’un moulin propre à décortiquer le sarrasin, de manière à séparer la partie blanche , farineuse et nutritive de sa balle.
- On est redevable à M. Saniewsky d’avoir apporté parmi nous un perfectionnement notable, dans la préparation du sarrasin, au moyen d’un petit moulin.
- La commission, considérant que M. Saniewsky, par son long séjour en France, peut être assimilé aux Français que M. Bapst a eu en vues, considérant que ce réfugié polonais a contribué à la solution d’un problème que la Société avait mis au concours , est d’avis que les intentions philanthropiques de M. Bapst seront remplies par l’application de son legs à M. Saniewsky.
- Dans cette énumération des titres des candidats dont nous venons de parler, nous n’avons pas cru devoir comprendre ceux d’autres candidats qui avaient participé aux répartitions précédentes, soit parce que la Société avait donné son approbation à la mesure qui limitait leur inscription au concours, soit parce que leur âge et leurs travaux précédents permettent que de nouveaux faits viennent se révéler pour apprécier les titres qui pourraient être invoqués en leur faveur.
- La commission va exposer les droits que lui ont paru avoir de nouveaux candidats d’être portés sur cette liste d’auteurs, objet de la sollicitude de M. Bapst.
- 1° M. Richer aîné, fabricant d’instruments de précision, rue du Plâtre-St.-Jacques, 28.
- En l’an VII, M. Richer, comme contre-maître de la fdature de coton de Saint-Remy, département de la Seine-Inférieure, qui occupait trois cents ouvriers, établit un modèle de métier à filer qui fut, à cette époque, mis sous les yeux de l’administration du Conservatoire des arts et métiers.
- Contre-maître de la filature de coton, au Lua, près Saint-Brice, il a monté un métier de filature de quatre-vingts broches, qui a donné un fil de 275,616 mètres avec 5 centigrammes de coton.
- À l’exposition des produits de l’industrie , ce résultat valut à M. Denis Julien , propriétaire de cette filature, la médaille d’or ; il n’hésita pas à gratifier son contre-maître d’une somme de 500 fr.
- M. Richer se livra ensuite, et d’une manière spéciale, à la fabrication des instruments d’aréométrie comparative.
- Les soins que M. Richer a pris pour rendre ses instruments comparables lui ont mérité une mention honorable à l’exposition des produits de l’industrie en 1819 , et une prime de 500 fr. du ministère de l’intérieur.
- En 1834, le comité des arts mécaniques, par l’organe de M. Francœur, reconnut le mérite de ses niveaux à bulle d’air (1).
- (1) Voy. Bulletin de la Société, 83e année (1834), p. 379.
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- Le même artiste avait soumis un excellent niveau usé plan sur une de ses faces longitudinales.
- On lui doit aussi un niveau dont les deux bouts du patin sont armés de pinnules.
- Le rodage des tubes de ses niveaux valut à M. Richer la médaille de bronze à l’exposition des produits de l’industrie en 1839.
- Les travaux de M. Richer aîné ont eu surtout pour but la fabrication des instruments ‘en verre; de très-utiles perfectionnements en ont été le résultat.
- Mais l’âge et les infirmités ont épuisé ses ressources , et, parvenu à 78 ans, il espère que sa situation pourra lui mériter la bienveillance de la Société.
- 2° Madame Lambert-Despaux, née Mazade.
- C’est à M. Lambert, ancien maire de Sèvres, chevalier de la Légion d’honneur, que la France doit son premier établissement de cristallerie manufacturée en grand, celui de Montcenis, fondé en 1787, ainsi que diverses fabriques d’émaux, de terre de pipe, de terre de couleur à l’imitation des procédés anglais (1).
- La création de ces établissements, les soins persévérants que M. Lambert donnait à * leur développement, les sacrifices qu’il dut s’imposer pour doter son pays du fruit de ses inventions, finirent par épuiser ses ressources. Il est décédé.
- Le bureau et la commission des fonds, tout en déplorant la position de la veuve d’un homme dont les laborieux et utiles travaux ont enrichi la science et l’industrie sans enrichir leur auteur, auraient eu le regret de ne pouvoir vous proposer d’inscrire le nom de sa veuve au nombre des personnes qui ont des titres au legs de M. Rapst.
- Mais en considérant que, pendant plus de quarante années, Mme Lambert prit notoirement et personnellement une part très-active aux travaux industriels de son mari ; qu’initiée aux procédés qu’elle a plus d’une fois perfectionnés de ses mains et qu’elle a pratiqués seule pendant vingt années, elle n’hésitait pas à se charger de manipulations qui étaient loin d’être sans danger ; que, guidée par ses conseils, il lui dut une intelligente coopération,
- Votre bureau et votre commission des fonds aiment à penser qu’en reportant, pour cette fois, sur sa veuve l’intérêt dont la Société aurait donné à M. Lambert un haut témoignage, les prescriptions de M. Bapst se trouveront religieusement remplies.
- 3° M. Simon (Pierre), mécanicien, du département de l’Isère, est le premier, en France, qui fit des recherches suivies pour combiner un appareil propre à cambrer lès cuirs.
- Nous ne décrirons pas cette machine, pour laquelle M. Simon a pris un brevet en 1838 (2).
- A l’exposition de 1844, le jury central, en décernant une médaille de bronze à M. Simon, reconnut que l’idée qui a présidé à la composition de cette machine paraît fort simple au premier aperçu ; cependant, en examinant ses détails, on remarque quelques dispositions indispensables au succès de l’opération et qui ont probablement exigé des recherches dont on doit tenir compte à «son auteur, aussi bien que de la bonne exécution de l’appareil.
- (1) Bulletin de la Société, 2e année (fructidor an XIj, p. 39.
- (2) Vov. Description des brevets expirés, t. LI, p. 19.
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- Bans sa lutte contre les contrefacteurs, M. Simon a épuisé ses ressources ; aujourd’hui que les droits que lui conférait son brevet sont périmés, sa machine a remplacé, dans les ateliers français et étrangers, les opérations manuelles, fatigantes et incertaines du cambrage des cuirs.
- Quoique atteint d’une affection grave, M. Simon n’a pas perdu courage ; la machine qu’il a imaginée pour pulvériser l’écaille et la corne, sans développement de chaleur, a donné des produits qui ont été appréciés dans les industries ayant pour objet le moulage de ces matières
- Les conceptions de M. Simon ont un caractère d’utilité qui est digne d’attention.
- 4° M. Chérot, peintre préparateur, rue de la Chopinette, 14.
- Nous extrairons d’un rapport de M. Gourlier, au nom d’une commission spéciale, les faits qui militent en faveur de M. Chérot.
- Cet artiste a consacré de longues années à l’étude de produits qu’il destine particulièrement soit à la préparation des surfaces en pierre, en plâtre, etc., qui doivent recevoir des peintures monumentales, soit à l’exécution même de ces peintures ; ces produits peuvent être employés aux mêmes usages pour les tableaux ordinaires sur bois, sur-toiles, etc. Le but qu’il s’est principalement proposé dans ces différentes applications, c’est d’obtenir
- 1° Une grande solidité, inattaquable par l’eau et l’humidité ;
- 2° Une grande facilité d’exécution ;
- 3° Des tons mats et exempts de reflets, avantages que seules ont procurés jusqu’ici la cire et l’encaustique, et qui sont, en effet, particulièrement indispensables pour les peintures murales.
- Les commissaires de la Société ont fait préparer, par M. Chérot, des panneaux en pierre, plâtre, bois et toiles, sur lesquels des peintures ont été exécutées avec ses couleurs par plusieurs artistes, qui tous ont paru satisfaits de ces produits et ont pensé qu’ils pouvaient être avantageusement employés, principalement pour les peintures monumentales.
- Un autre essai, plus en grand, a également été fait sous les yeux des commissaires de la Société, dans une salle attenante à l’église Saint-Paul, dont le fond circulaire de 70 mètres de développement est adossé à une fontaine publique, et était fortement imprégné d’humidité.
- Il a été préparé par M. Chérot et recouvert de peintures exécutées par lui et par plusieurs artistes, et, malgré les circonstances défavorables qui viennent d’être indiquées, ces peintures ont généralement bien réussi et paraissent devoir conserver une longue durée.
- Le jury central de l’exposition de 1844 a accordé à M. Chérot la mention honorable; la Société d’émulation de Rouen lui a successivement décerné une médaille d’argent et une médaille d’or.
- M. Chérot, doué d’un esprit investigateur, a fait des sacrifices au-dessus de ses forces, et, quoique la Société ait contribué, par une allocation, aux expériences qui ont fait le sujet du rapport de ses commissaires, cet encouragement, tout en démontrant l’utilité qui s’attache aux travaux de cet artiste, n’a pu encore contribuer à donner à leur auteur les moyens d’en tirer le profit qu'il a droit de prétendre.
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- La position de M. Chérot, ses efforts, sa persévérance , ses sacrifices lui méritent la bienveillance et l’appui de la Société.
- 5° M. Dejernon, rue Saint-Martin, 150'.
- Arrivé à un âge très-avancé, M. Dejernon a consacré de longues années à diverses applications de la lithographie.
- Admis, depuis 1819, à presque toutes les expositions des produits de l’industrie, si on ne lui doit pas de ces perfectionnements qui attestent un progrès sensible , on doit lui savoir quelque gré que, l’un des premiers , il reconnut tout le parti que l’instruction pouvait retirer de la lithographie.
- Une application bien entendue des procédés de transport lui acquiert des droits à la bienveillance de la Société.
- En proposant de faire participer M. Dejernon, pour une légère fraction, dans la distribution du legs Bapst, la commission pense donner à la Société l’occasion de montrer de nouveau sa sympathie pour la propagation de bons procédés de lithographie et pour les hommes qui y ont contribué.
- La Société des lithographes a également pris en considération la situation dans laquelle des affections douloureuses ont mis M. Dejernon.
- Pour statuer sur les droits que pourraient avoir plusieurs candidats inscrits, la commission attendra que des rapports de vos comités viennent lui signaler les travaux qui en rendent dignes leurs auteurs.
- En résumé, le bureau et la commission des fonds proposent de répartir de la manière suivante la somme de 2,400 fr. de l’exercice 1847 provenant du legs Bapst.
- 1° Candidats anciens.
- MM. Da Olmi....................................... 300 fr.
- Eck.........................................250
- Dumas.......................................150
- Laurent.................................... 100
- Waldeck....................................100
- Oubriot.....................................100
- Girault.....................................100
- Saniewsky...................................100
- Schwickardy. 100
- 2° Candidats nouveaux.
- M. Richer aîné..............................300
- Mme Ve Lambert...............................300
- M. Simon.....................................250
- M. Chérot.................................. 200
- M. Dejernon...................................50
- Total. . . . 2,400
- C’est après avoir examiné avec la plus scrupuleuse attention les droits de tous les auteurs peu fortunés que votre commission a été amenée à vous proposer la répartition de cette somme de 2,400 fr.
- IMPRIMERIE DE Mrne Ve BOUCHARD*"HUZARD, RUE DE L’ÉPERON, 7.
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- QUARANTE-SEPTIÈME ANNEE» (N° DXXV.) MARS 1848.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Séance générale du 15 mars 1818.
- La Société d’encouragement pour l’industrie nationale s’est réunie le 15 mars 1818, en assemblée générale , à l’effet de procéder à la distribution des prix qu’elle avait proposés pour l’année 1817, et de mettre au concours quelques nouveaux sujets de prix, qui portent à 50,000 fr. la somme consacrée, cette année, par la Société à étendre le domaine de l’industrie, ou à perfectionner les procédés dont elle a enrichi la France.
- Les derniers sujets présentés au concours ont principalement pour objet la filature mécanique du lin, le tirage de la soie des cocons et le foulage des draps; 13,000 fr. sont destinés à récompenser la solution de ces importants problèmes.
- Parmi les objets exposés dans les salles de la Société, nous avons remarqué
- 1° Un nouveau tour avec accessoires et outils exécutés par les orphelins de l’institution de M. Armand Clerc, rue du Buisson-Saint-Louis, 18;
- 2° Des peintures faites avec des couleurs préparées au blanc de zinc, par M. Leclaire, rue Saint-Georges, 11 ;
- 3° Un nouveau niveau à eau de M .Benoît, ingénieur-mécanicien à Montpellier ;
- 4° Des caisses et boîtes d’emballage construites d’après un nouveau système , par M. Cotel, place du Louvre, 8 ;
- 5° Un grand nombre d’épreuves de paysages, marines et figures exécutées
- Quarante-septième année. Mars 1848. 16
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- lithographiquement, par les procédés de M. Lemercier, imprimeur-lithographe , rue de Seine ;
- 6° D’autres épreuves lithographiques obtenues par la machine à encrer de M. Perrot, à Vaugirard ;
- 7° Des épreuves sur verre et des transports de gravures produites par le procédé photographique de M. Niepce de Saint-Victor, dont nous avons parlé p. 680 du Bulletin de décembre 1847 ;
- 8° Des épreuves photographiques sur papier, par MM. Blanquart - Evrard et Martens;
- 9° Des portraits sur plaques métalliques exécutés avec une grande perfection par MM. Bisson et autres ;
- 10° Des objectifs pour chambres noires, de grande et moyenne dimension, construits par M. Désiré Lebrun, rue Grenetat, 4;
- 11° Le modèle d’un nouveau système de communication par câbles de suspension, par M. Schertz, à Strasbourg.
- La séance a été ouverte à sept heures du soir sous la présidence de M. Dumas, membre de l’Institut.
- M. Charles Dupin, secrétaire général, a lu le rapport suivant sur les concours ouverts par la Société pour l’année 1847.
- Rapport sur les concours ouverts par la Société pour l’année 1847 ; par M. Charles Dupin, secrétaire général.
- Huit sujets de prix étaient au concours pour l’année 1847 ; indépendamment de ces questions, le conseil d’administration avait à exposer le résultat de l’examen auquel se sont livrés vos comités, de vingt-quatre sujets de prix dont le jugement avait été différé. Pour éclairer la religion de la Société, vos comités ont recueilli tous les documents ; chacune des questions a été l’objet d’investigations dont on va rendre compte.
- 1° Machines à fabriquer des filets de pêche.
- Dès la première année de sa fondation, la Société ouvrit un concours pour la fabrication des filets destinés à la pêche maritime et fluviale. Le prix fut décerné à Jacquart, bien qu’il n’eût encore fait qu’ébaucher son sujet. MM. Buron et Barret soumirent, depuis , à la Société leurs moyens de fabrication ; mais le problème n’avait jamais été résolu d’une manière satisfaisante et économique.
- Des essais faits en France et en Angleterre donnaient lieu d’espérer que l’œuvre de Jacquart recevrait son complément, et que la Société d’encouragement attacherait de nouveau son nom à la création d’une industrie impor-
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- tante pour l’économie commerciale de la France autant que pour l’alimentation des populations maritimes.
- Mue par ces considérations, la Société avait offert un prix de la valeur de 3,000 francs à celui qui inventerait un nouveau métier propre à la fabrication des filets de pêche.
- Cette industrie devait, en outre, s’appliquer aux filets pour les treilles et à ceux pour le délitage des vers à soie.
- La Société doit se féliciter d’avoir mis cette question de prix au concours ; les communications qu’elle a reçues lui donnent le juste espoir que son appel a été entendu. Si les concurrents n’ont pas satisfait complètement aux prescriptions du programme, ils en approchent assez pour qu’on doive attendre un succès complet de leurs efforts prolongés.
- En conservant les droits des concurrents à l’obtention du prix, et en prorogeant cette question de prix, pour être jugée en même temps que les résultats des concoûrs ouverts pour 1849, la Société aura la double satisfaction de tenir compte des efforts tentés dans la direction de son programme, et d’appeler dans la lice de nouveaux concurrents auxquels le temps a manqué pour atteindre le but proposé.
- 2° Perfectionnement dans la construction des machines locomotives.
- La Société avait à décerner un prix de la valeur de 24,000 fr. aux auteurs des perfectionnements les plus importants apportés à la construction des machines locomotives à vapeur employées sur les chemins de fer.
- Sans exposer ici les conditions imposées par le programme, nous rappellerons que les divers perfectionnements soumis au concours devaient avoir été appliqués pour la première fois, en France, sur des machines locomotives postérieurement au 1er juin 1844, et leur importance constatée par un parcours régulier de 5,000 kilomètres au moins, sur un chemin de fer français.
- Aucun des concurrents n’a fait l’application des systèmes qu’il propose sur un chemin de fer français, dans les conditions voulues par le programme ; un seul expose les motifs qui ne lui ont pas permis d’introduire, sur les chemins de fer français, des locomotives dont les modifications ont été adoptées sur les chemins de fer étrangers, et qui lui paraissent répondre aux vues de la Société.
- Est-il utile d’apporter, dans les conditions du programme, des changements qui les rendissent accessibles à un plus grand nombre de concurrents ?
- Les travaux de quelques-uns des concurrents peuvent être dignes de récompenses.
- Ces considérations suffisent pour proposer de clore le concours.
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- 3° Application industrielle de l’action de la pile de Volta pour opérer des décompositions chimiques par la voie sèche.
- On sait, depuis longtemps, que la pile de Volta opère des décompositions chimiques quand on interpose, entre les deux pôles, des dissolutions métalliques ou des corps humides; on sait aussi, par les nombreuses expériences de Davy et par celles de M. Faraday, que la pile peut opérer la décomposition des corps secs, pourvu que ceux-ci soient amenés à l’état de fusion par la chaleur.
- L’électricité, utilisée sous cette forme, peut opérer des décompositions profitables.
- La Société, désirant encourager les essais qui peuvent assurer l’emploi de l’électricité dans cette circonstance ou dans des circonstances analogues, a proposé un prix de la valeur de 6,000 fr. pour une application de ce genre faite sur une échelle industrielle et bien constatée.
- Quoique aucun concurrent ne se soit présenté, la Société, en remettant cette question au concours, excitera l’esprit de recherches dans une voie où notre industrie métallurgique trouvera de nouveaux éléments de succès.
- 4° Découverte et exploitation de nouvelles carrières de pierres lithographiques.
- Depuis la découverte de Senefelder, la Société d’encouragement, convaincue qu’il existe en France un assez grand nombre de localités où l’on pourrait exploiter, avec avantage, les pierres lithographiques, a proposé des prix déjà remportés.
- Elle a proposé un nouveau prix de la valeur de 1,500 fr. pour la découverte et l’exploitation, en France, d’une nouvelle carrière de pierres lithographiques.
- Ce concours a amené l’inscription de pièces qui dénotent que ces recherches n’ont pas été discontinuées : elles nous donnent l’espérance de voir multiplier des exploitations qui donneront, aux imprimeurs, des pierres lithographiques réunissant les qualités nécessaires.
- La continuation de la mise au concours des questions de ce genre est d’une utilité générale.
- 5° Perfectionnement des sucreries indigènes; deux questions de prix, savoir :
- 1° Perfectionnement de la défécation du jus des betteraves;
- 2° Révivification du noir animal.
- Après les améliorations remarquables introduites dans l’extraction du sucre indigène, plusieurs problèmes très-importants restaient encore à résoudre ; leur solution intéressait l’avenir et la prospérité de nos sucreries indigènes,
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- et devait fournir de nouveaux éléments de succès à nos exploitations coloniales.
- D’après ces motifs, et dans la vue de pouvoir constater les résultats soit par des expériences scientifiques, soit par les faits pratiques recueillis dans nos grandes fabriques , la Société d’encouragement a mis au concours quatre questions relatives a des perfectionnements dans la défécation des jus, la revivification des charbons décolorants, le développement de la richesse saccharine des betteraves, enfin dans l’installation intelligente et l’exploitation manufacturière des ustensiles, des appareils et des procédés appliqués à l’extraction directe du sucre blanc.
- Un grand nombre de fabricants regrettent de n’avoir pas eu connaissance des termes fixés pour le dépôt des pièces , et, dans cette circonstance, il est utile de fixer une époque commune pour juger les questions qu’embrasse l’industrie sucrière.
- Quatre prix nouveaux avaient été proposés :
- 1° Perfectionnement de la défécation du jus des betteraves ;
- 2° Révivification du noir animal;
- 3° Améliorations des produits de la culture des betteraves;
- 4° Perfectionnement de la fabrication du sucre blanc en pains.
- Les deux premiers devaient être décernés dans cette séance, et les deux autres dans la séance générale du second semestre de 1849.
- 6° Fabrication de la glace.
- La Société d’encouragement, considérant les avantages d’un appareil simple et peu coûteux qui permettrait de s’approvisionner de glace pour les usages de l’hygiène et de la thérapeutique, avait proposé un prix de 1,^00 fr. pour la fabrication économique de la glace.
- Des appareils présentés antérieurement au concours avaient fait espérer que la fabrication de la glace répondant aux vues de la Société n’offrirait pas de grandes difficultés.
- Peut-être le temps a-t-il manqué aux concurrents : dans cette circonstance, la remise de cette question au concours est ainsi commandée.
- 7° Construction d’une machine propre à battre les céréales.
- Ce prix, de la valeur de 3,000 fr., était également applicable à une machine à battre fixe ou mobile, d’une construction simple et parfaite, nécessitant l’emploi de moins de force possible.
- Ce prix pouvait être partagé entre les concurrents si l’une des machines ne l’emportait et si plusieurs machines offraient des avantages égaux.
- Vingt-sept concurrents ont pris part à ce concours.
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- CONSEIL D ADMINISTRATION.
- L’étude des appareils, l’examen de leurs résultats exigent un temps qui en a fait demander la clôture.
- 8° Plantation des terrains en pente.
- Le déboisement progressif des montagnes est reconnu depuis longtemps, par ses influences générales comme par ses effets locaux, pour un des maux les plus funestes à l’agriculture -, et, afin d’en arrêter le cours, autant qu’il est en son pouvoir, la Société d’encouragement avait ouvert, depuis plus de vingt ans, un concours qui, successivement prorogé, n’a point encore atteint complètement son but, ou mal compris, ou trop étroitement appliqué.
- La Société , en prorogeant, quant à son objet, le concours anciennement ouvert pour la plantation des terrains en pente, l’a modifié quant à l’application des encouragements.
- Les commissaires de la Société n’ont pu, en temps opportun, recevoir les pièces justificatives des travaux des concurrents ; ils se proposent de rendre compte du résultat de ce concours en même temps que de ceux ouverts pour
- 1848.
- La Société d’encouragement remet à l’année 1849 les prix suivants :
- 1° La construction de machines à fabriquer les filets de pêche ;
- 2° U application industrielle de l’action de la pile de Volta pour opérer des décompositions chimiques par la voie sèche;
- 3° La découverte et l’exploitation de nouvelles carrières de pierres lithographiques;
- 4° Le perfectionnement de la défécation du jus des betteraves ;
- 5° La révivification du noir animal ;
- 6° La fabrication économique de la glace.
- Sont clos les concours des prix dont la nomenclature suit :
- 1° Perfectionnement dans la construction des machines locomotives;
- 2° Construction d’une machine propre à battre les céréales ;
- 3° Plantation des terrains en pente.
- Parmi les concours antérieurs dont le conseil d’administration avait prononcé la clôture, elle est maintenue pour quelques-uns d’entre eux dont le jugement a éprouvé des retards motivés par les nombreuses expériences auxquelles les commissaires de la Société ont dû se livrer pour apprécier les résultats de travaux entrepris dans la direction des programmes.
- Les documents qui doivent former l’opinion du conseil d’administration se complètent, et, dans le cours de cette année, il sera appelé à se prononcer sur leurs résultats.
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- CONCOURS.
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- Ces concours sont :
- 1° Substance propre à remplacer la colle de poisson dans la clarification de la bière;
- 2° Découverte et publication d'un procédé salubre et convenable pour remplacer le rouissage ordinaire du chanvre et du lin;
- 3° Découverte d’im procédé pour reconnaître le mélange de la fécule avec la farine de blé;
- 4° Fabrication des gélatines et des colles fortes ;
- 5° Perfectionnement dans la carbonisation du bois;
- 6° Fabrication des bouteilles de verre destinées à contenir les vins mousseux ;
- 7° Procédé pour rendre l’alcool impropre à entrer dans les boissons;
- 8° Perfectionnement dans la fabrication des faïences fines dures, des grès-cérames fins et ordinaires, et de la porcelaine tendre;
- 9° Meilleur procédé propre à la conservation des grains dans les fermes et les magasins;
- 10° Meilleur mode de nettoyage des grains attaqués pur les insectes et infectés de carie;
- 11° Fabrication des vases propres à contenir et à conserver, pendant plusieurs années, des substances alimentaires ;
- 12° Perfectionnement et extension des filatures de soie dans les départements où cette industrie existe depuis longtemps ;
- 13° Introduction et élève de vers à soie dans les départements où cette industrie n’existait pas avant 1830 ;
- 14° Introduction de filatures de soie dans les départements où cette industrie n’existait pas avant 1830.
- Parmi les concours qui étaient clos, quelques-uns n’ont pas donné lieu à l’envoi de pièces demandées par les programmes ; il est donc utile de replacer les questions dont il s’agit sur les programmes des prix pour 1849.
- 1° Transport des anciennes gravures sur la pierre lithographique;
- 2° Fabrication de pierres artificielles, de plaques métalliques ou cartons propices à remplacer les pierres lithographiques;
- 3° Transport, sur pierre, de dessins, gravures et épreuves de caractères typographiques ;
- 4° Perfectionnement de la construction des fourneaux;
- 5° Analyse de la betterave à diverses époques de sa maturation.
- Dans cette séance, la Société décerne, en tout ou en partie, les valeurs affectées aux prix
- 1° Pour l’encrage des pierres lithographiques et un nouveau lavis sur pierre ;
- 2° Pour la découverte d’un moyen saccharimétrique propre à faire connaître
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- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- promptement la quantité de sucre cristaüisable contenue dans la betterave ou tout autre produit sucré ;
- 3° Pour la panification de la pomme de terre;
- A0 Pour le perfectionnement de la photographie ;
- 5° Pour la désinfection des matières fécales et des urines dans les fosses mêmes, et appareils pour opérer immédiatement la séparation des solides et des liquides.
- C’est d’une somme de plus de 20,000 francs que la Société est heureuse de pouvoir disposer pour récompenser des progrès considérables dans d’importantes questions de salubrité, dans les applications des arts lithographiques et photographiques, dans les procédés saccharimétriques et dans l’alimentation des populations. .
- L’année dernière, les circonstances graves dans lesquelles la France s’est trouvée, par suite de l’insuffisance des récoltes, ont excité toute la sollicitude de la Société : par la mise au concours de questions qui intéressent le perfectionnement des cultures , l’élève des bestiaux, la conservation des substances alimentaires, etc., elle pourra contribuer à ramener l’abondance et à prévenir la disette dans les années moins fécondes, en propageant les méthodes de conservation améliorées ou nouvelles.
- Avec les prix déjà mis au concours, c’est une somme de 80,000 fr. que la Société apporte pour sa part dans les encouragements dont elle veut doter l’agriculture; c’est ainsi que , dans ses investigations sur les besoins des différentes branches de notre industrie , elle n’a pas hésité à reporter ses encouragements les plus puissants sur les progrès désirables dans notre agriculture, sans négliger les arts qui s’y rattachent, et dans cette séance elle a voulu ajouter des primes pour l’emploi plus judicieux de la laine, du lin et de la soie, qui occupent un rang si élevé dans nos productions nationales.
- En terminant l’énumération des prix proposés et des prix décernés aujourd’hui, qu’il soit permis à votre secrétaire général d’ajouter quelques mots inspirés par le désir de rassurer les producteurs et les consommateurs de tous les rangs, c’est-à-dire les citoyens de la France entière.
- Rassurons, avant tout, notre bienfaisante institution. La Société d’encouragement pour l’industrie nationale n’a rien à redouter en revenant, après un demi-siècle d’existence, sous un régime qui l’a vue naître et fleurir. C’est en 1802 qu’elle s’est constituée, dans le plus beau temps de la république la plus forte, la plus sage et la plus glorieuse que la France ait possédée, entre les deux époques immortelles de Marengo et d’Austerlitz. Elle a jeté son premier et brillant éclat sous une république où le ministre de l’intérieur, en même temps l’un des fondateurs et le président de la Société d’encouragement, était l’honneur des sciences, le promoteur des arts, le restaurateur du
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- CONCOURS.
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- commerce et du crédit ; tel fut l’illustre Chaptal, qui n’a cessé d’être ministre qu’au jour où la France a cessé d’être république. Votre Société , reconnaissante à juste titre, en traversant quatre révolutions, où quatre trônes sont tombés, a réélu ce bienfaiteur de l’industrie nationale; je le dis avec un grand orgueil pour vous, messieurs, votre Société l’a réélu président trente fois en trente années, sans s’inquiéter s’il passait dans l’intervalle de la disgrâce à la faveur, de la faveur à la disgrâce.
- Soyons toujours ce que nous avons été pendant ces trente années , tour à tour si prospères et si malheureuses ; restons les constants amis de la liberté, de l’équité, du bien public, et les protecteurs incessants de l’industrie nationale.
- Nous sommes la Société d’encouragement ! ce n’est pas seulement pour procurer, au travail physique, des stimulants matériels ou des protections pécuniaires ; c’est aussi pour offrir au travail intellectuel et moral, surtout pendant les jours de crise et de pénurie, des exhortations et des conseils qui raniment le courage et relèvent la confiance ; la confiance, principe vivifiant de tout commerce et de toute industrie...
- Aujourd’hui, les ateliers et les manufactures tiennent, dans la richesse nationale et dans la force de l’Etat, une place trop grande et trop nécessaire pour qu’on puisse impunément, je ne dis pas les désorganiser, même avec le dessein contraire , ni les défavoriser, ni les violenter, pour satisfaire à des idées systématiques, fussent-elles enfantées par le plus pur génie de la bienfaisance.
- En industrie comme en humanité, le bien s’opère uniquement par les voies possibles que la raison et la patience ouvrent à la modération.
- Les capitaux , qu’on le sache bien, ne se laissent rien imposer par la contrainte et la menace. Pour se venger de leurs persécuteurs, ils ont une voie plus sûre que la force ouverte : ils se retirent. Ils disparaissent dès qu’on veut les asservir. Ils ne discutent pas sur la manière dont on prétend les assujettir au travail ; ils s’abstiennent du travail : la misère prend leur place, et démontre leurs bienfaits par leur absence.
- De pareilles vérités ne peuvent pas rester une lettre morte , sous un nouveau gouvernement qui ne peut puiser sa force que dans l’opinion, sous un gouvernement où siègent les hommes les plus illustres dans les sciences et dans les lettres. Soyons certains que, sous une ère de liberté , jamais on ne voudra disposer, par la force du sort, des manufactures au détriment des manufacturiers, et de la destinée des capitaux sans écouter la raison des capitalistes.
- Que chacun de vous, suivant sa place et son rang, élève une voix amie en
- Quarante-septième année. Mars 1848. 17
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- CONSEIL D ADMINISTRATION.
- faveur de la vérité, en faveur de l’équité, qui mènent au bien général, et ce bien triomphera, quelle que soit la difficulté des circonstances.
- Gardons-nous d’être injustes nous-mêmes envers ceux à qui nous demandons la justice ; reconnaissons, avant tout, que la crise commerciale qui sévit sur Paris avait sa source, en premier lieu , dans l’imprudence des entreprises de nos grands chemins de fer, imprudence exploitée si scandaleusement par l’agiotage ; en second lieu, dans l’excès des dépenses publiques, excès contre lequel je puis parler aujourd’hui, puisque auparavant, puisque ailleurs je l’ai sans cesse combattu, sans craindre par là de déplaire à l’autorité.
- Ce qu’il faut chercher maintenant, c’est de porter* avec courage, avec zèle, un remède à la crise, chacun suivant sa position : gouvernants, par le respect des libertés, de l’industrie* et par la sauve-garde donnée aux propriétés, aux personnes ; gouvernés , par le concours complet et sincère d’un patriotisme affranchi de tout esprit de parti, de secte * de système et surtout de haine.
- La concorde ! la concorde î voilà le premier des biens qu’il faut conserver ou rendre à la cité, à la patrie ; la concorde ! que depuis vingt ans j’ai professée tour à tour et près des maîtres et près des ouvriers * surtout au milieu des époques de déchirements politiques.
- Je suis heureux de le dire : grâce au progrès de l’instruction populaire, grâce à l’amélioration, à l’adoucissement des moeurs chez les classes laborieuses , aujourd’hui plus que jamais l’immense majorité des ouvriers est accessible à toutes les idées de bon accord et d’équité, dans leurs rapports avec les classes qui les emploient. Loin de déserter à plaisir le travail, ils y reviennent d’eux-mêmes. Ils font plus ; les meilleurs d’entre eux prennent sur leurs salaires pour faire la part des camarades moins heureux que la fatalité des temps a privés d’emploi.
- Dimanche dernier, dans mon cours du Conservatoire, j’avais convié, pour les remercier de cette magnanimité, l’élite des ouvriers du faubourg Saint-Antoine; leurs acclamations m’ont appris avec bonheur tout ce que la paix sociale a de ressources puissantes dans les cœurs droits et généreux des enfants du travail.
- Un des plus nobles travaux de l’assemblée qui va donner une constitution à la patrie sera d’assurer aux ouvriers la fructification de leurs épargnes, pour les aider dans leur vieillesse et pour venir à leur secours dans les moments de pénurie.
- Je me résume en disant : Mettons en commun nos efforts patriotiques, afin de consolider la paix intérieure ; rendons la vie et le mouvement à la prospérité industrielle, momentanément paralysée. Nous y parviendrons par une
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- CONCOURS.
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- modération mutuelle, lorsque chacun ne croira pas qu’il a droit à tout, aux dépens de tous les autres ; par une modération qui conduira les esprits et les intérêts à la conciliation, dans cet admirable phénomène d’une grande société moderne, telle qu’est au premier rang la nation française, où les sciences perfectionnées et les arts fécondés par elles, ajoutés à l’intelligence, aux efforts combinés des ouvriers et des maîtres , sont les leviers d’une production qui donne aux travailleurs le bien-être, à l’Etat la puissance et la splendeur.
- Que l’autorité s’applique à calmer les inquiétudes, à dissiper les alarmes, à rassurer la liberté. Elle n’a qu’à se ressembler; elle n’a qu’à se montrer, chaque jour, ce qu’on l’a vue dans ces moments si glorieux où l’éloquence héroïque a remporté, c’est le mot, a remporté la victoire du drapeau tricolore et de l’unité nationale contre le guidon de la guerre sociale ; elle n’a qu’à rester ce qu’on l’a vue, dans le feu de la lutte la plus ardente, quand elle a déclaré du sein du triomphe qu’elle abolissait à jamais la vindicte de la mort contre les vaincus politiques; enfin quand elle a dit aux nations qu’elle respecterait les territoires et la paix de tous les États paisibles, quelles que fussent leurs formes et leurs lois. Que l’autorité provisoire fasse à présent pour les libertés pacifiques de l’industrie et du travail ce qu’elle a fait et pour le pavillon qui rallie les cœurs magnanimes à tous les souvenirs de gloire, et pour la paix de l’univers et pour la paix sociale, même à l’égard des antagonistes politiques ; qu’elle le fasse, et bientôt l’intelligence et le travail lui payeront leur dette sacrée de reconnaissance, par leurs présents accoutumés, le bien-être pour tous, la richesse pour la patrie et la gloire pour les inventions utiles à l’humanité.
- Voilà les vœux unanimes de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale.
- M. Chevallier a présenté le rapport sur le résultat des concours relatifs à la désinfection des matières fécales et des urines dans les fosses mêmes et aux appareils à opérer immédiatement la séparation des solides et des liquides. ( Voy. plus bas, p. 131.)
- M. Balard a donné lecture de deux rapports, l’un sur le résultat du concours relatif à la panification de la pomme de terre, l’autre sur le résultat du concours ayant pour objet la découverte d’un moyen saccharimétrique propre à faire connaître promptement la quantité de sucre cristallisable contenue dans la betterave ou tout autre produit sucré.
- M. Gaultier de Claubry a lu ensuite un rapport sur le résultat du concours ouvert pour des perfectionnements à introduire dans la lithographie.
- Enfin M. Seguier a lu un rapport sur le résultat du concours relatif aux perfectionnements de la photographie.
- A la suite de ces rapports, M. le président a prononcé le discours suivant.
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- DISCOURS DE M. DUMAS.
- Discours de M. Dumas, président de la Société.
- Messieurs, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale , fondée par l’élite de la France, vers les dernières années de l’ancienne république , en a reçu une constitution que rien n’a pu ébranler jusqu’ici.
- Elle a yu trois dynasties s’élever, trois dynasties disparaître , emportées par le flot irrésistible de cette marée qui brise , tous les quinze ans, les digues du pouvoir, et lorsque tout changeait autour d’elle , quand tout était détruit, elle s’est toujours appliquée, avec un soin religieux, à garder la direction, les instincts , les formes , le nom même qui lui furent légués par ses fondateurs.
- Aussi, après un demi-siècle troublé par tant d’orages, se retrouve-t-elle aujourd’hui en parfaite harmonie avec les besoins et les sentiments du pays , et n’a-t-elle rien d’essentiel à réformer dans les statuts qui la gouvernent.
- C’est que tout Français peut en faire partie ; c’est que tout membre peut y faire entendre sa voix ; c’est qu’un conseil émané d’une élection générale, renouvelé chaque année , en gouverne les intérêts ; c’est que jamais elle n’a dévié de sa route, consacrant tous ses soins à développer l’industrie et l’agriculture, récompensant les succès, venant en aide au talent malheureux, s’associant à tous les efforts qu’elle voyait naître, prenant sous sa tutelle tous ceux qu’elle avait provoqués.
- Appuyée sur le pays même , elle lui rend tout ce qu’elle en reçoit, elle féconde ses épargnes par le sage emploi que des intelligences spéciales leur impriment.
- La Société d’encouragement offre donc , depuis longtemps, à la France le modèle d’une institution vraiment patriotique et libérale; elle aura le privilège, espérons-le, de garder cette-situation , de rester elle-même, tout en mettant à profit, dans l’intérêt du travail national, les forces nouvelles que les événements politiques mettent entre ses mains.
- Ces forces sont grandes ; car vous êtes organisés de manière à constituer une académie des sciences industrielles , car vous êtes préparés à l’étude de toutes les questions que le mouvement des esprits soulève, car vous avez la certitude que votre voix sera écoutée des pouvoirs publics.
- Personne ne veut oublier ici cette longue chaîne de bons rapports, de confiance bienveillante qui unit, depuis tant d’années, le ministère de l’agriculture et du commerce et la Société d’encouragement.
- Mais nous avons bien le droit de penser que désormais nos préoccupations y seront mieux comprises, mieux appréciées.
- Que demande-t-on, en effet, aujourd’hui, qui n’ait été proclamé dès longtemps, ici, comme le besoin le plus pressant de la France?
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- DISCOURS DE M. DUMAS.
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- La vie à bon marché ; mais n’est-ce pas à résoudre ce grand problème que vous avez consacré, depuis deux ans, de longues et sérieuses études? N’avez-vous pas concentré toutes vos forces, engagé toutes vos ressources disponibles pour atteindre ce but si désiré ? Quand vous poussiez à la science agricole , à la pratique agricole des questions dont la solution avait pour résultat d’augmenter la production des fourrages , celle des fumiers, celle de la viande et du laitage, celle des céréales et des légumineux ; quand vous votiez si libéralement 100,000 francs de prix en faveur de l’agriculture française, n’aviez-vous donc pas compris qu’il était temps , pour la sécurité et le bonheur de la France, qu’elle inscrivît sur son drapeau : la vie à bon marché pour tous ?
- La vie saine ; mais n’est-ce pas ici que nous avons entendu proclamer, avec une persévérance digne d’un meilleur sort, la nécessité de faire intervenir dans les dispositions des manufactures, dans les travaux d’assainissement des villes, dans les dispositions des habitations elles-mêmes tous ces procédés de salubrité que la science a fait connaître, que la pratique a éprouvés et qui assurent à chacun la jouissance d’un air pur, celle d’une lumière abondante , qui éloignent de tous ces émanations dont l’effet prolongé affaiblit les populations et prépare à l’avenir des races énervées ? N’avez-vous pas couronné, aujourd’hui même, les efforts provoqués par votre longue et courageuse insistance, et lorsque nos habitations , nos villes, désormais assainies, verseront sur nos campagnes des engrais plus abondants et mieux aménagés, n’avons-nous pas le droit de dire que ce double bienfait sera votre ouvrage , qu’il appellera sur vos travaux la reconnaissance publique ?
- Mais il ne suffit pas à nos populations , anoblies par une longue pratique des libertés civiles, animées d’une juste fierté par le sentiment profond de l’égalité gravé dans tous les cœurs, d’obtenir des institutions du pays cette vie à bon marché, cette vie saine que vos travaux leur préparent : d’autres besoins agitent les âmes ; vous avez eu le bonheur de les deviner, vous avez réclamé pour tous une place assurée au banquet de la vie intellectuelle et morale.
- L’éducation des enfants de nos manufactures, celle des enfants de nos campagnes, l’éducation de la population des producteurs à tous les degrés, à tous les âges, vous a paru depuis longtemps l’un des objets les plus dignes des méditations de votre conseil. Il a consacré de longues séances à l’examen des questions qu’elle soulève, et ce n’est pas aujourd’hui qu’il voudra renoncer au droit de jeter dans la balance des pouvoirs publics le poids d’une autorité fondée sur une longue pratique , celui d’une raison mûrie par des travaux spéciaux , celui d’un dévouement aux intérêts des producteurs qui n’est pas né des circonstances du jour.
- Non , sans doute, et nous n’avons qu’à répéter ce que nous disions autre-
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- DISCOURS DE M. DUMAS.
- fois : « L’agriculture, l’industrie, le commerce forment la masse de la nation; « c’est dans leurs rangs, surtout, que l’armée se recrute ; c’est de leurs la-« beurs que le budget s’accumule, ce sont leurs produits qui assurent l’exis-« tence, le bien-être, les jouissances de chacun de nous. Il ne faut point « abandonner au hasard, livrer au caprice l’éducation des fils, des succes-« seurs de nos agriculteurs, de nos industriels, de nos commerçants. L’État. « doit à ses enfants, qui feront un jour sa force, sa richesse, sa sécurité, la « même protection qu’il accorde aux élèves de nos collèges qui s’y préparent « aux professions lettrées. »
- Désormais, l’État acquittera cette dette sacrée ; nous verrons le bienfait de l’éducation se répandre sur tous, et, grâce aux mesures qui se préparent, les succès de l’intelligence devenant un titre à la protection du pays, l’enfant qui se sera distingué dans nos écoles pourra s’élever, par son travail, son intelligence et sa moralité, des derniers rangs de la Société jusqu’aux situations les plus élevées.
- De même que chaque soldat a dans sa giberne le bâton de maréchal de France , que chacun des enfants du pays trouve sur les bancs de l’école le premier degré de cette échelle par laquelle on montera désormais aux sommets de la société.
- Fournissons à chacun le moyen d’élever son intelligence, de cultiver sa raison , de perfectionner sa moralité, lorsque l’empire des lumières, du travail et de l’honneur est le seul que nous voulions reconnaître.
- Ainsi la vie physique assurée par une alimentation abondante et saine , la vie morale et intellectuelle développée par une instruction largement répandue, voilà ce que vous demandiez sans cesse au nom de cette fraternité chrétienne gravée dans tous vos cœurs, inscrite dans tous vos actes, avant qu’elle eût pris sa place éclatante sur le drapeau national.
- Vous l’aviez bien comprise cette fraternité, vous qui savez si bien que l’industrie nationale embrasse la nation tout entière ; vous qui savez que dès longtemps, dans notre pays, elle tend à nous saisir tous dans son mouvement immense, qu’elle fait de nous tous des ouvriers occupés de l’intérêt commun; vous qui avez proclamé si souvent que le temps des oisifs est fini, que celui des travailleurs est venu ; vous qui prouvez si bien, par votre exemple, que chacun travaille, pour le bien général, à la création de la richesse qui se répand sur tous ; que , les bras et l’intelligence une fois unis dans leurs efforts communs, la confiance renaît d’elle-même et vient les féconder.
- Pour nous, la tâche est donc facile désormais. Venons en aide à l’agriculture , car c’est l’industrie qui nourrit toutes les autres ; continuons à récompenser tous les progrès de nos manufactures, car ce sont elles qui répandent
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- CONCOURS.
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- sur tous l’aisance et le bien-être ; faisons , dans nos études, la part du commerce , car c’est de lui que descend sur les masses la véritable organisation du travail ; réclamons les bienfaits de 1 éducation pour tous , et, nos devoirs accomplis, envisageons avec calme et sécurité les destins que la Providence , dans ses éternels décrets, a faits à notre pays.
- CONCOURS.
- Rapport fait par M. A. Chevallier, au nom du comité des arts chimiques, sur le concours pour la désinfection des matières fécales et des urines dans les fosses mêmes, et pour des appareils propres à opérer la séparation des solides et des liquides, de manière à désinfecter les premiers et à rendre les seconds impropres à se putréfier.
- La Société d’encouragement, pénétrée de la haute importance qui s’attache à l'assainissement des procédés des arts insalubres, a accueilli avec un juste intérêt toutes les communications qui avaient pour objet des travaux ou des essais entrepris dans cette direction.
- Les recherches des membres de son conseil d’administration, des essais faits par des hommes intelligents ont éveillé sa sollicitude, et, pour seconder les vues de tous ceux qui s’occupent de l’hygiène publique, elle a voulu, par ses programmes de prix, ses médailles, appeler l’attention sur l’introduction possible, dans les industries qui lui en paraissaient susceptibles, de tous les moyens d’assainissement qui, en donnant, à des produits infects et peu employés jusqu’ici, une nouvelle valeur ou une valeur qu’ils n’avaient pas, permettraient à ces industries de s’exercer sur des matières, cause permanente d’insalubrité et de prescriptions sévères de l’autorité, enfin d’étendre ainsi le cercle de leur exploitation.
- Les améliorations à introduire dans les fosses d’aisances, leur mode de vidange, l’état des voiries de la ville de Paris ont, ajuste titre, été l’objet de l’attention de l’autorité.
- En 1835, MM. les préfets de police et de la Seine, voulant, dit M. Parent-Du-chatelet dans un rapport fait au nom d’une commission composée de MM. La-barraque, Chevallier et Parent-Duchatelet, hâter le moment où il leur serait possible d’exécuter tout ce qui regarde la suppression de la voirie de Montfau-con, et, de cette manière, mettre fin aux réclamations sans cesse renaissantes d’une nombreuse population , réunirent, à cet effet, sous leur présidence , une commission dans laquelle ils firent entrer, indépendamment d’un certain nombre de membres du conseil municipal et du conseil de salubrité, quelques personnes qui, par leurs travaux et la nature de leurs fonctions, étaient à même de donner, sur un sujet d’une aussi haute importance, des avis salutaires.
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- CONSEIL DADMINISTRATION.
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- Dans une première réunion, qui eut lieu le 16 avril 1835, on se livra à des considérations générales, et, après une longue discussion, chacun resta convaincu que l’embarras actuel de l’administration provenait du mélange des matières solides avec les matières liquides ; qu’il fallait, avant tout, en faire le départ, non-seulement dans Paris, mais dans les fosses d’aisances mêmes, et que, sans cette séparation préalable , toute amélioration devenait en quelque sorte impraticable.
- Dans l’impossibilité de traiter en réunion nombreuse une question de cette nature, l’examen en fut renvoyé aux trois membres du conseil de salubrité qui faisaient partie de la commission.
- Le rapport fait par ces membres a été publié d’une manière officielle ; les conclusions en ont été approuvées, et le résultat du travail de cette sous-commission est résumé dans les conclusions que nous donnons ici.
- Résumé général et conclusion.
- « La vidange des fosses d’aisances dans la ville de Paris est devenue une charge très-grave pour les propriétaires , et cette charge tend toujours à s’accroître : cela tient aux modifications apportées clans la construction de ces fosses, à l’emploi plus abondant des eaux nécessité par la forme actuelle des sièges, et surtout à l’emploi des bains à domicile.
- « Montfaucon ne peut plus subsister, et Bondy offre des inconvénients tellement graves, qu’il faudra nécessairement l’abandonner un jour. Le projet d’établir un chemin de fer pour y conduire les vidanges de tout Paris ne saurait être adopté, et tout démontre la nécessité d’avoir recours à des moyens autres que ceux qui jusqu’ici ont été mis en usage.
- « Il est évident que la première des conditions pour obtenir un résultat à la fois économique et salubre est de séparer, sur les lieux mêmes de la production , les matières solides d’avec les matières liquides, d’enlever celles qui ont une valeur intrinsèque et de rejeter celles qui ne sont qu’embarrassantes.
- « Depuis plus d’un demi-siècle, quelques hommes animés de famour du bien public et plusieurs spéculateurs ont dirigé leurs recherches sur la manière d’obtenir cette séparation : nous devons mettre à leur tête Giraud et Gourlier, MM. Cazeneuve, Sanson, Derosne, Chaumet ; les auteurs de l’article qui se trouve dans le Mémorial de l’officier du génie; enfin MM. Payen 3 et Dalmont, architecte.
- « Le système de Gourlier est séduisant ; s’il n’a pas encore été soumis à toutes les expériences qu’il nécessite, on peut assurer d’avance qu’il doit réussir et qu’on en tirera un parti très-avantageux.
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- CONCOURS i
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- « Les avantages du projet de Gourlier se retrouvent à un plus haut degré dans celui qui a été adopté pour les urines par le corps du génie militaire.
- « Le système des fosses mobiles a pour lui la sanction du temps ; il peut s’appliquer partout, il facilite 1 enlevement des matières, et permet de le faire sans odeur et sans malpropreté ; il préserve les ouvriers des dangers de l’asphyxie; il empêche la dégradation de nos édifices et contribue à augmenter la masse disponible des engrais.
- « On ne peut, sans les conséquences les plus graves, envoyer ces liquides dans des puisards, et les mettre en communication avec la nappe supérieure du sol dans laquelle aboutissent nos puits ; la prudence exige qu’on ne les dirige pas dans la seconde nappe, qui, sur bien des points de Paris, fournit de très-bonne eau ; s’il est possible de les conduire, sans de grands inconvénients, dans les courants tout à fait inférieurs, l’avis de beaucoup de personnes expérimentées est qu’on ne doit pas le faire sous Paris pour des quantités d’eau trop considérables, et qu’il faut réserver cette ressource pour des localités mal disposées et qui se rencontrent rarement.
- « Tout prouve que l’on peut, sans inconvénient, envoyer à la Seine les liquides provenant des fosses d’aisances ; un travail fait autrefois, par Hallé et Fourcroy, sur les boues de Paris, ajoute un grand poids à cette opinion. Les jaugeages anciens et récents, ainsi que l’observation journalière des faits, démontrent que la quantité d’eau sale envoyée à la Seine, et comparée à l’eau de cette rivière, sera si minime, qu’elle restera toujours inaperçue, et ne pourra nuire, en aucune manière, à la salubrité.
- « Pour conduire ces eaux à la Seine , la première idée qui se présente , c’est de les jeter dans un des trois grands égouts qui entourent Paris du côté du nord.
- «Une foule de faits et d’observations prouvent que cet envoi, dans les égouts, des matières liquides provenant des vidanges n’infectera pas ces égouts, et ne fera pas courir de danger à ceux qui les parcourront ; que cette infection est d’autant moins à craindre avec les appareils de Giraud, avec ceux des fosses mobiles, avec l’appareil qui a été adopté par le génie militaire, que, par ces différentes méthodes, la séparation se faisant lentement et successivement , les liquides n’emportent avec eux que très-peu de matières solides.
- « Tout semble démontrer qu’en mélangeant dans une suffisante quantité d’eau les liquides provenant des fosses d’aisances on pourrait, sans inconvénient, les jeter sur la voie publique , et s’en débarrasser de cette manière ; mais la prudence exige que, avant de rien innover à cet égard, ce projet soit soumis à des expériences minutieuses et multipliées; ces expériences sont d’autant plus importantes qu’elles peuvent avoir pour résultat d’augmenter
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- les revenus de la ville , en lui faisant vendre une quantité considérable des eaux qu’elle possède et dont elle peut disposer (1).
- « Si la préparation de la poudrette a, jusqu’ici, été considérée comme une des industries les plus infectes et les plus incommodes, on peut dire qu’elle est aujourd’hui une des moins désagréables. Nous devons ces améliorations aux moyens d’assainissement récemment découverts, ou qui, plus anciennement connus, n’ont été mis en usage que depuis peu de temps pour des opérations montées sur une grande échelle.
- « Pour favoriser l’emploi de ces moyens et arriver par eux à des résultats d’une haute importance , il ne suffit pas à l’administration d’être animée des plus louables intentions, elle doit encore, par ses démarches, obtenir de l’autorité supérieure une modification dans la classification des établissements où se préparent les matières fécales , et surtout employer les moyens qui sont à sa disposition pour faire revenir le public des préventions qu’il a contre ces sortes d’établissements. Elle rencontrera d’abord de très-grands obstacles; mais elle peut être assurée du succès, si elle y met du temps et de la persévérance.
- (l) Ce mode de faire n’est plus à la hauteur des connaissances actuelles ; les urines, comme les matières solides, doivent être employées. Nous citerons ici quelques opinions, dues à IM. Durclé, et qui peuvent démontrer toute l’utilité qu’on peut tirer de l’engrais humain.
- Vous parlez bien à votre aise, d’ailleurs, de l’intelligence des capitaux et des engrais! vous en parlez comme d’une question tranchée, comme d’une solution donnée. A cette époque, en fait d’agriculture proprement dite, en fait de subsistances, en fait d’économie véritablement sociale, en France, que sait-on? rien! Bien labourer, bien fumer, bien assoler, là est toute l’agriculture. A cette époque on ne laboure pas, car on laboure à 0m,l0 de profondeur, quand on doit labourer à 0m,30; on ne fume pas, car l’engrais humain, si précieusement recueilli par 340 millions de Chinois, est perdu chez nous; on n’assole pas, car la théorie de l’assolement est encore confuse, vague et indéfinie , et tient au décret d’une loi sur l’engrais humain. Un jour viendra, sans doute, où les trois éléments de toute bonne agriculture seront connus. Voyez les États-Unis, avec la république : les hommes font des pas de géants ; qui sait si le jour du développement et de la richesse agricoles est éloigné? Je vous dis, moi, que les fermes nationales en bénéficieront les premières au profit de la république.
- Quatrième objection. Vous n’avez point d’engrais, je suis d’accord avec vous : toutes les terres médiocres sont infertiles sans engrais, mais toutes deviennent fertiles avec des engrais. Je n’ai point d’engrais aujourd’hui, j'en aurai demain, que la république décrète que la perle de tout engrais humainpar le fait ou la négligence d’un citoyen, sera punie des peines les plus sévères. L’engrais humain, c’est la condition de vie ou de mort du règne végétal, par suite la condition de vie ou de mort du règne animal; c’est enfin le secret de la richesse et de la sécurité publiques.
- L’engrais humain n’a point son égal ; les engrais animaux ne fertilisent que dans des conditions données ; souvent ils brûlent les récoltes. L’engrais des animaux a sa place ; mais, par une loi admirablement providentielle, l’engrais humain n’en a pas, sa place est partout.
- F. DURCLÉ,
- propriétaire agriculteur, à Verberie (Oise), ancien élève de l’école agronomique de Grignon.
- Extrait du journal la Presse du 27 mars 184 8.
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- « Les changements proposés dans ce rapport sont d une telle importance, ils ont des conséquences si utiles et si étendues, qu’ils suffiraient pour illustrer et recommander à la reconnaissance des générations futures le nom des administrateurs qui parviendraient à les obtenir ; cette gloire est réservée aux deux préfets actuels du département de la Seine et au conseil municipal de Paris ; il leur suffira de vouloir, pour faire disparaître des difficultés devant lesquelles nous avons vu échouer tous les efforts de leurs prédécesseurs. »
- Il appartenait à la Société d encouragement de ne pas rester étrangère à la solution de questions d’une si haute importance, d’un intérêt si puissant pôur la salubrité, l’agriculture et l’industrie ; aussi, dès l’année 1837, elle proposa un prix de la valeur de 3,000 fr. pour un procédé exécuté en grand, au moyen duquel les urines seraient séparées des matières solides, dans les fosses d’aisances , désinfectées complètement et avec économie , de manière à pouvoir être, sans inconvénient, versées sur la voie publique ou dans les égouts.
- Quoique le programme eût posé , d’une manière bien nette , les conditions du problème à résoudre, aucun des concurrents qui se présentèrent en 1839 ne les avait bien comprises.
- Un seul mémoire avait été adressé pour le concours de 18L2 ; des circonstances indépendantes de la volonté des concurrents les avaient forcés de suspendre leur exploitation : le comité des arts chimiques s’est alors trouvé dans l’impossibilité de vérifier les résultats.
- La question pouvant être envisagée sous deux points de vue différents qui offraient chacun leur degré d’utilité, la Société publia le programme de deux nouveaux sujets de prix, l’un pour la désinfection des solides et des liquides dans les fosses du système de construction actuel, l’autre pour la séparation complète, en les désinfectant, des solides et des liquides dans des fosses disposées à cet effet.
- Quatorze concurrents prirent part à ce concours.
- Quoique aucun des concurrents n’ait satisfait complètement aux conditions du programme, disait M. Gaultier de Claubry dans un rapport fait au nom du comité des arts chimiques, la Société doit se féliciter d’avoir mis au concours d’aussi importantes questions de salubrité. L’élan imprimé ne s’arrêtera pas, et nous avons la conviction que le temps n’est pas éloigné où l’on verra disparaître le repoussant système de vidange encore si généralement employé, et que les perfectionnements apportés aux procédés qui vous ont été soumis conduiront à la solution d’un problème si intéressant sous le rapport de la salubrité comme sous celui de l’agriculture.
- Sur la proposition du comité, ces sujets de prix furent remis au concours
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- pour l’année 1845, tout en conservant leur priorité d’inscription aux concurrents qui s’étaient déjà présentés.
- Pour bien apprécier les travaux des concurrents, votre comité a dû leur donner le temps de réunir tous les documents qui pouvaient faire ressortir le mérite et l’opportunité de leurs travaux ; il a dû faire examiner, par des commissaires pris dans son sein, les applications qui confirmeraient l’efficacité des procédés mis en pratique.
- Votre comité a consulté, avec avantage, le recueil des travaux entrepris depuis longtemps sur les fosses d’aisances, sur la désinfection et l’emploi des matières fécales ; ce recueil est dû à M. E. Vincent, l’un de vos employés. Ce travail nous a permis d’établir, d’une manière certaine, les droits que les concurrents peuvent avoir à la priorité des procédés et appareils qu’ils ont décrits ou présentés.
- Dans l’appréciation des travaux qui recommandent les concurrents à l’attention de la Société, le comité a eu surtout pour but de signaler leur application, sachant bien que cette grave question de salubrité a été, depuis plusieurs siècles, l’objet de la sollicitude des gouvernements, et qu’elle a donné lieu à l’invention d’appareils et de procédés consignés dans des mémoires et des ouvrages trop peu connus jusqu’ici de ceux qui se sont livrés à des travaux utiles dans l’intention d’atteindre un but si désirable.
- Aussi votre comité n’a fait entrer particulièrement ce mode d’appréciation que dans l’examen de procédés dont une application suivie n’a pas révélé l’efficacité ; il a voulu, dans l’esprit de justice qui l’anime, rendre à qui de droit l’honneur de découvertes qui se perdent faute d’application et donner , à ceux qui marchent sur leurs traces, connaissance des travaux de leurs devanciers, pour confirmer ou rectifier ce qu’ils ont imaginé.
- Aux quatorze concurrents du concours de 1844 sont venus se joindre treize nouveaux concurrents ; nous allons indiquer, dans l’exposé suivant, ce que chacun d’eux a fait pour la solution des problèmes.
- Avant de procéder à cette analyse et pour donner un aperçu de l’importance des sujets de prix proposés par la Société, nous extrairons de l’ouvrage de M. Girardin le passage suivant qui démontre l’utilité du problème,
- « Il est fort regrettable qu’on n’imite pas partout les bonnes pratiques des « pays qui savent utiliser les prodigieux effets de l’engrais humain. A peine « applique-t-on à l’agriculture, en France* l’engrais d’un cinquième de lapopu-« lation ; eh bien, tout ce qu’on perd pourrait pourtant faire produire au sol le « quart des grains et denrées nécessaires à la nourriture de la population entière.
- « Si l’on admet, avec MM. Liebig et Boimmqault, que les excréments li-« quides et solides d’un homme ne s’élèvent, par jour, qu a 750 grammes, sa-
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- « voir 625 grammes d’urine et 125 grammes de matières fécales, et qu’ils « renferment ensemble 3 pour 100 d’azote, cela donne, pour un an, 275 kilo-« grammes 750 grammes d’excréments contenant 8 kilogrammes 250 gram-« mes d’azote, quantité qui suffirait pour 400 kilogrammes de graine de fro-« ment, de seigle, d’avoine ou d’orge, et qui, ajoutée à l’azote puisé dans « l’atmosphère, est plus que suffisante pour faire produire annuellement à « 50 ares la récolte la plus riche. »
- La question des urines ne présente pas moins d’intérêt, si l’on réfléchit que chaque homme produit 625 grammes d’urine par jour, soit 228 kilogrammes par an, c’est-à-dire de quoi fumer plus d’un are de terrain.
- Ainsi, si nous prenions la ville de Paris pour exemple, nous verrions que son million d’habitants produit, chaque année,
- En matières solides... 275,000,000 kilog.,) kAQ nnn non i
- En liquides. . . .....228,000.000 kilo| J 503,000,000 kilog.,
- et que, si nous étendions ce calcul à toute la France, nous aurions, pour une population de 35,000,000 d’habitants, une masse
- ssarr*^ : : ssassEï"**»*"**-
- quantités suffisantes pour fumer 17,850,000 hectares de terrain (1).
- Parmi les faits les plus curieux que fournisse la statistique, il faut noter celui qui démontre l’avantage qu’il y aurait encore à employer, pour la fertilisation des terres incultes , les débris de toute nature, animaux ou végétaux , dont une grande partie se perd aujourd’hui. Il résulte, des calculs récents de MM. Hay-woodeïLee, que la ville de Sheffield, qui a 110,000 habitants, produit, en débris et en détritus de toutes sortes, environ 2,177 tonnes qui renferment 1,193,500 livres de potasse et de soude, 818,400 de chaux et de magnésie, 1,173,700 d’acide phosphorique et 1,683,800 d’azote. Tous ces débris équivalent à 3,140 tonnes de guano péruvien, ou à 30,000 livres sterling ( 750,000 francs). L’acide phosphorique seul vaudrait 250,000 fr. Ces débris pourraient servir d’engrais à 100,000 acres de terre.
- Le journal anglais auquel nous empruntons ces détails intéressants ajoute : « Tout cela est sans doute très-curieux, et nous sommes loin de contester « l’exactitude de ces calculs ; mais la seule question importante à résoudre est « de savoir comment il serait possible de rassembler tous ces débris dans un « espace donné, sans nuire considérablement à la santé des habitants qui
- (1) La France contient en terres imposables ou non 52,760,298 hectares 52 ares 72 centiares; ce qui tait 26,710 lieues carrées; on voit que les matières fécales et urines pourraient servir à la fertilisation du tiers du sol.
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- « les fournissent. Si les mesures adoptées jusqu’ici continuent à être mises « en usage, nous pensons que les habitants de Sheffield agiront très-sagement « en dédaignant des avantages qui pourraient leur coûter fort cher (1). »
- Nous allons maintenant faire connaître quels sont les travaux des concurrents.
- Sous le n° 1, au concours de 1843, MM. Krafft et Sucquet avaient fait inscrire un mémoire avec cette devise : Utilitati civitatis deceat. Ces concurrents, de concert avec M. Seveslre, avaient fondé près Paris un établissement pour l’exploitation de leurs procédés de désinfection.
- La Société avait réservé leurs droits.
- Des motifs indépendants de la volonté des concurrents et qui tiennent au maintien du privilège de l’exploitation des matières fécales de la ville de Paris ne leur ont pas permis de continuer la mise en pratique de leurs procédés désinfectants, dont l’établissement a absorbé une somme de plus de 80,000 fr.(l).
- Pour que la Société soit mise à même d’apprécier les recherches et les travaux si dignes d’éloges de MM. Krafft et Sucquet, nous ne pouvons mieux faire que de lui mettre sous les yeux un extrait du rapport fait par M. Payen au nom du conseil de salubrité , nous réservant de demander l’insertion, dans le Bulletin, du mémoire remarquable que ces savants ont adressé à l’appui de leur inscription au concours.
- « Les produits des vidanges, à leur arrivée dans l’usine, sont versés dans des réservoirs, citernes couvertes, où des oxydes métalliques en pâte y sont à l’instant mêlés pour détruire l’odeur forte due au sulfhydrate d’ammoniaque.
- « Les liquides décantés et ainsi désinfectés sont conduits dans un bassin en maçonnerie où l’addition et le mélange d’un excès de chaux hydratée mettent en liberté l’ammoniaque.
- « Les liquides, après cette deuxième opération, sont dirigés dans des appareils où une active ventilation à froid, enlevant l’ammoniaque, l’entraîne dans des solutions métalliques, afin de précipiter les oxydes propres à une nouvelle
- (IJ La réflexion du journal ne nous paraît pas juste, car tous les débris ne sont pas accumulés’, mais peuvent être employés successivement comme engrais; de plus, les parties non employées seraient placées dans les localités où elles ne seraient pas nuisibles pour l’hygiène publique.
- (2) La ville de Paris perçoit des adjudicataires de la voirie une somme de 600,000 francs ; à l’époque actuelle, il ne serait pas convenable, après tous les sacrifices qu’elle a faits par suite de l’inabondance des récoltes, etc., de la priver de cette rétribution , privation qui, cependant, tournerait au profit de l’bygiène publique ; mais il serait un moyen simple de remédier à cet inconvénient, ce serait de décider qu’un impôt de to francs par an fût admis pour chaque fosse; s’il y a à Paris, comme on le dit, au moins soixante-dix mille fosses, ce serait un revenu de 700,000 francs, revenu qui ne serait pas pour le propriétaire une nouvelle charge, mais un véritable dégrèvement, puisque les fosses seraient vidées à très-bas prix d’abord, puis pour rien ensuite, et qu’enfin il arriverait une époque où le propriétaire tirerait un lucre des matières fécales. Nous ferons observer que l’enlèvement du mètre cube de matière fécale coûte actuellement 9 francs, en moyenne.
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- désinfection, et de fournir des sels ammoniacaux utiles à l’industrie et à l’agriculture. Un dernier bassin, au besoin, contenant de l’acide sulfurique, arrêterait, en les saturant, les dernières traces d’ammoniaque.
- « Les liquides, ventilés et desinfectés, peuvent ensuite, et sans inconvénient, être dirigés vers les eaux courantes naturelles ou bien être employés comme engrais.
- '« On achève, d’un autre côté, la désinfection des matières pâteuses, déposées avec les oxydes, en y ajoutant encore une quantité suffisante de poudre charbonneuse absorbante ; on leur donne, a 1 aide de poudrette solide, la consistance convenable pour les soumettre à la presse.
- « Cette dernière opération fournit un engrais inodore, sous la forme de tourteaux durs, faciles à emmagasiner et à expédier chez les agriculteurs. »
- Sous le n° 2, M. Maze, au Havre, avait transmis, pour le concours de 1843, un mémoire sous cette devise : II n’est pas de sujets ni de matières viles qui puissent dégoûter lorsqu’on les rend utiles.
- L’auteur avait joint un appareil composé d’un siège à deux ouvertures : la première est destinée aux solides, qui tombent dans un vase cylindrique fermé en bas par une bascule oblique ; la deuxième reçoit les liquides et les conduit dans le récipient destiné à les recevoir.
- Dans le couvercle du siège est renfermée une boîte contenant des poudres désinfectantes.
- Un de vos commissaires a vu un de ces appareils au Havre, et il a pu se convaincre qu’il pourrait être mis au nombre des appareils bien conçus ; mais cet appareil manque de simplicité, et il est sujet à des altérations et h des réparations qui rendent son usage moins utile.
- Sous le n° 3, ainsi que le relate le rapport sur le résultat du concours de 1843, était inscrit M. de Clacy, qui a adopté les appareils pour lesquels M. Houssard avait pris un brevet. Un de ces appareils a fonctionné pendant quelque temps à l’hospice Beaujon, et M. le directeur de cet établissement en avait rendu un compte satisfaisant. Il consiste en une double enveloppe concentrique, l’intérieure percée de trous destinés à conserver les matières solides, et l’extérieure à recevoir et même à conduire les urines dans des tonneaux avec lesquels la communication est établie au moyen de tuyaux. (Voyez la description et la figure de cet appareil, Bulletin d,e la Société, janvier 1848, page 20.)
- À cet appareil M. Houssard a ajouté une machine destinée à mélanger les matières fécales avec les substances désinfectantes : ces deux appareils sont indépendants l’un de l’autre.
- Une machine sur une grande échelle, destinée à opérer le mélange des ma-
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- tières fécales et des matières désinfectantes, a été construite sur les plans de M. Houssard par les soins de M. Rouffet. Sur la demande du comité, la préfecture de police a autorisé l’apport de tinettes de vidange au moyen desquelles on a pu faire fonctionner l’appareil mélangeur dans deux essais qui ont convaincu le comité que cet appareil pourrait offrir beaucoup d’utilité ; mais, n’ayant pas été à même de le voir fonctionner sur une grande échelle et d’une manière réellement industrielle, l’application qui va en être faite, disait votre comité, lui permettra de se prononcer à cet égard.
- Dans les appareils de séparation et dans les appareils mélangeurs sont introduites des matières qui neutralisent l’odeur des déjections qu’ils convertissent en engrais.
- Les concurrents avaient appelé l’attention de la Société sur la composition et l’emploi de l’engrais préparés à l’aide de cet appareil. Des expériences variées , faites sous la direction de M. Philippar, au nom de votre comité d’agriculture, ont été entreprises avec succès à Grignon et à Versailles.
- Pour la mise en pratique de ces divers procédés, M. de Clacy a fondé, dans le domaine de la Verge, près Tours, une Société dite des engrais gradués : elle est dirigée par M. A. de Granier.
- Un de nous, sans y être attendu, a pu constater l’extrême propreté et la judicieuse distribution de cet établissement, l’emploi de la machine à triturer dont nous venons de parler, et au-dessus d’elle un mesureur à augets qui distribue les matières absorbantes, dans les proportions voulues, sur les matières fécales qui sont versées, désinfectées dans une trémie et ensuite triturées ; elles sont alors transportées sous des hangars à l’abri de la pluie et du soleil ; enfin elles sont séchées, criblées et tamisées, puis mises en tas et aérées pour ne pas éprouver de fermentation ; elles sont ensuite livrées à l’agriculture.
- Lors de l’examen que nous avons fait de cette fabrique, son directeur était absent; et, dans une notice qu’il a adressée à la Société, il entre dans des détails sur le mode de vidange, la confection des engrais et leur consommation, qui prend un accroissement digne de remarque.
- Cette intéressante notice, en même temps qu’elle atteste l’extension que prennent les travaux de la Société des engrais gradués, est aussi une preuve de l’aptitude et des connaissances du directeur auquel cette Société a confié ses intérêts.
- Tout en tenant compte à la compagnie de la Verge des résultats de l’utile entreprise habilement dirigée par M. A. de Granier, le conseil comprendra dans ses rémunérations le directeur ainsi que M. Houssard, breveté pour les appareils dont l’application a sanctionné le mérite, et qui, sous le n° 17 de ces
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- concours, a déposé un mémoire circonstancié sur la fabrication économique des engrais avec le dessin des appareils qu’il regarde comme les mieux appropriés à cette destination.
- Sous le n° 4, MM. Huguin, Domange et comp., qui, au concours de 1843, avaient obtenu une médaille d’argent pour leur bonne confection des appareils de séparation, leur mode simple de vidange des solides et des liquides, * n’ont pas, par suite de dissolution de société, maintenu leur inscription au concours.
- Sous le n° 5, M. Marchai, qui, pour le concours de 1843, avait annoncé qu’il avait fait une découverte ayant pour objet de solidifier instantanément, en les désinfectant, les matières fécales, n’a pas répondu à l’appel qui lui a été fait ; M. Marchai doit donc être considéré comme s’étant mis hors de concours.
- Au concours de 1843, le concurrent inscrit sous le ne 5 s’était présenté avec cette devise : Être utile est le devoir de tous; il avait indiqué l’emploi d’un appareil dont le dessin est annexé au mémoire. Cet appareil est basé sur le même principe que celui proposé par Chaumette en 1815, c’est-à-dire qu’il opère la séparation et la désinfection d’une manière permanente en utilisant la pression exercée sur un plancher mobile.
- L’auteur n’a pu exécuter son appareil, qui, dans son ensemble, paraît offrir des dispositions qui méritent d’être étudiées.
- Sous le n° 7 nous trouvons M. de Latour-Arlet, qui, dans un mémoire envoyé au dernier concours, donnait le dessin et la description des moyens qu’il croit les plus propres à la solution du problème posé par la Société. Ces moyens sont : 1° la ventilation par le mode dont M. d’Arcet avait fait une si heureuse application ; 2° la désinfection ; 36 un mode de filtrage des matières au moyen de tamis de crin, pour en séparer les liquides. Toutes ces opérations sont décrites dans le travail présenté par le concurrent.
- Dans ce mémoire, déposé le 21 décembre 1842 , Fauteur propose, pour la vidange, 1° d’exciter le dégagement des gaz par un jet de vapeur se dirigeant dans l’intérieur de la matière ; les gaz ainsi séparés s’échapperaient par un autre tuyau aboutissant dans une caisse pleine d’eau où les gaz solubles se dissoudraient, les gaz insolubles seraient brûlés à leur sortie. De cette manière les matières seraient désinfectées. Cela fait, M. Latour-Arlet intervertit les fonctions des conduits , le jet de vapeur presse à la partie supérieure des matières et les pousse extérieurement par un tuyau plongeant au fond dans un tonneau ou une voiture quelconque : ainsi la vidange se compose de deux phases distinctes : vapeur pour désinfecter les matières, vapeur pour les chasser au dehors.
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- M. de Latour-Arlet, qui a pris, le 31 décembre 1841, un brevet de cinq ans pour ses procédés, a le premier, à la connaissance du comité, proposé le vide pour l’extraction des matières des fosses. Ce procédé est digne d’attention et mérite à son auteur les récompenses de la Société.
- Le concurrent n° 8, qui a pris pour devise : Aspera me jurant, propose l’emploi d’une cuvette à double gorge pour la séparation des liquides et des solides.
- Nous ferons observer qu'en 1818 M. Cazeneuve et en 1836 M. Ch. Derosne avaient donné, à des appareils pour le même usage, des dispositions similaires fondées sur les dispositions des parties sexuelles.
- Mais, dans son mémoire déposé le 15 décembre 1841, le concurrent signale pour la première fois l’emploi de l’huile pour s’opposer aux émanations fétides.
- Il donne le dessin d’une fosse portative remplie d’une certaine quantité d’eau recouverte d’une couche d’huile ; la gorge courbe d’une lunette s’engage sous l’eau, et l’huile empêche les gaz de se dégager.
- Il propose l’application du même principe pour les tonneaux de vidange qui, au moment d’effectuer cette opération, contiendraient préalablement un certain volume d’eau recouvert d’une couche d’huile ; le tuyau d’arrivée des matières déboucherait sous l’eau.
- Cette ingénieuse idée doit valoir à son auteur une marque de satisfaction de la Société.
- Sous le n° 9, MM. Bélicard et Chesneaux, qui avaient pris pour devise : Économie, salubrité, ont présenté une série d’appareils fondés sur la propriété bien connue qu’ont les liquides de couler le long des parois qu’ils mouillent, tandis que les matières solides sont détachées de ces parois par la gravité.
- Partant de ce principe, ils évasent, vers la partie inférieure, le tuyau d’une fosse d’aisances, et ménagent, autour de la capacité qui se trouve verticalement en dessous de l’axe, 1° un conduit destiné à recevoir les matières solides ; 1° une rigole annulaire où se versent les liquides qui, malgré l’action de la gravité, restent adhérents aux parois inclinées en surplomb.
- Les liquides, lorsqu’ils ne sont pas perdus, sont enlevés et traités au moyen d’une poudre charbonneuse pour servir aux besoins de l’agriculture.
- Un de ces appareils fonctionne, depuis près de cinq années, au Conservatoire des arts et métiers.
- Quatre de ces appareils sont placés dans les ateliers de carrosserie de M. Malen, avenue de Saxe , qui occupe environ deux cents ouvriers. D’après le dire de M. Malen, ces appareils remplissent parfaitement le but que les
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- auteurs se sont proposé d’atteindre. M. Keller atteste qu’un de ces appareils a fonctionné chez lui pendant huit mois sans aucune réparation.
- Enfin un certificat de M. Labrouste, architecte des hospices civils de Paris , fait mention qu’un de ces appareils, établi, depuis le mois de mai 1845, à l’hôpital de Lourcine, et qu’il a constamment bien fonctionné.
- Vos commissaires ont pu vérifier plusieurs fois tous ces faits : un de nos collègues, lors de son séjour à Lyon, a, de plus, été, tout récemment, mis à même de constater le bon emploi de ce système, qui ne pouvait être jugé qu’après avoir été assez longtemps soumis à la pratique de F expérience . ( Voyez la description et les figures de ces appareils , Bulletin de la Société, janvier 1848, p. M.)
- Sous le n° 10, M. Gallet , fabricant de noir, à Ingouville, près le Havre , a pensé, dès 1838 ou 1839, qu’on pourrait résoudre le problème de la séparation des liquides et des solides en tirant parti de l’attraction que les parois des vases exercent sur les liquides. Après plusieurs essais, il a fait exécuter un appareil dont la simplicité est remarquable et qui n’est qu’une modification des tuyaux de descente.
- Il est à désirer, disait le rapporteur du concours de 1843, qu’une application plus étendue vienne confirmer les espérances de cet habile manufacturier.
- Les prévisions de votre comité ont été pleinement réalisées.
- M. Gallet, qui a continué ses essais et applications, a enfin fait adopter au Havre un appareil fondé sur l’action des parois.
- Le tuyau qui sert à la séparation est légèrement conique de haut en bas ; il se termine brusquement en forme de dôme, dont la gorge circulaire est inclinée de 30 centimètres environ ; un conduit placé au-dessous de cette espèce de dôme verse les urines dans un récipient ou dans la rue.
- Les solides, arrivés à la naissance du dôme, abandonnent la paroi et se rendent dans la tinette destinée à les recevoir. (Voyez la description et la figure de cet appareil, Bulletin de la Société , janvier 1848 , p.l9.) (l)
- L’appareil de M. Gallet a obtenu la sanction de l’expérience, puisqu’il est en activité dans plusieurs établissements publics et maisons du Havre ; il est d’une grande simplicité, ne comporte aucun mécanisme, puisque son prix d’établissement ne s’élève qu’à 75 ou 80 fr.
- Votre comité a voulu recueillir dans cette ville les documents sur l’emploi du séparateur de M. Gallet, et par votre rapporteur il a été heureux de con-
- fi) Nous joindrons au tirage à part du présent rapport un extrait du travail de M. Pincent (pii contient les figures, dont il est parlé dans ce rapport.
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- stater les utiles résultats, qui le rendent apte à rendre d’importants services non-seulement dans les villes qui, comme le Havre, ne peuvent avoir de fosses, à cause des eaux souterraines ; mais encore dans une foule d’autres localités.
- Il a vu fonctionner douze de ces appareils à la caserne des douaniers, et il a pu s’assurer qu’ils remplissaient parfaitement le but que l’auteur s’est proposé. M. Decvillez9 sous-inspecteur des douanes., spécialement chargé de la direction de cette caserne , a mis le plus grand empressement à lui donner non-seulement des renseignements dî vive voix, mais encore par écrit ; nous donnons ici quelques passages de la lettre qu’il a adressée à votre rapporteur.
- « Dernièrement j’ai assisté à l’enlèvement de toutes les tines, et sur douze « j’en ai trouvé onze dans l’état le plus satisfaisant, une seule contenait du « liquide.
- « En l’état., la séparation est complète et l’appareil atteint merveilleusement « le but que nous désirions : placé aux quatre coins de notre grande cour et « au milieu même de nos logements des ménages, il dessert une population « d’environ quinze cents personnes. Nous n’avons aucune odeur, et ce-« pendant nous n’avons pas encore fait usage de cheminées de ventilation, « qui complètent le système des appareils de M. Gallet; il est même pro-« bable que nous ne nous en serviroas pas.
- « Je suis convaincu que, appliqué à une fosse d’aisances partagée en deux « compartiments, l’appareil réunirai: aux avantages que je vous signale celui « d’éviter tout danger d’asphyxie pcwir les vidangeurs.
- « Enfin un grand mérite fie cet appareilet ce n’est pas le moindre à mes « yeux., réside dans sa simplicité même, ce qui fait qu’une fois en place il « n’y a pas de raison pour qu’il cesse de fonctionner. »
- M. Gallet a rendu un service signalé, et la Société aimera à lui prouver tout l’intérêt qu’elle attache à la part qu’il a prise au concours (1).
- Sous le n° 11, M, Bourg, mécanicien, avait adressé la description d’un appareil qu’il appelle départiteur ou siège inodore, séparant les liquides d’avec les matières fécales.
- Depuis le concours de 1843, rien n’est venu modifier l’opinion de votre comité, qui considère l’appareil de M. Bourg comme un bon système de cu-
- (i) L’appareil de M. Gallet pourrait, avec avantage, être établi dans l’hospice de la vieillesse-hommes (Bicêtre). En effet, nous savons que d’administration des hôpitaux doit supprimer l’usage de l’égout, dit le grand puisard de Bicêtre, égout qui est tin grave sujet d’infeclion. Si celte administration pouvait faire comme l’hôpitàl de Tours, qui vend 1,000 fr. les matières fécales et les urines qui sont recueillies dans eet établissement, elle tirerait une somme assez forte des produits qui sont pour elle un stijet, de dépenses considérables.
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- vette d’aisances, mais qui ne paraît pas satisfaire aux conditions de vos programmes. ( Voyez la description et la figure de cet appareil, p. 23 du Bulletin de la Société de janvier 1848.)
- Sous le n° 12, M. le docteur Sanson avait déposé le dessin et la description d’une fosse destinée à séparer les matières solides des matières liquides ; depuis 1843, rien n’est venu apprendre que ce système de construction , qui se recommande d ailleurs par sa simplicité, ait été appliqué.
- Au dernier concours se trouvait inscrit, sous le n° 13, le nom de M. Frédéric (de Lyon), qui avait présenté un modèle d’appareil propre au curage des fosses. Cet appareil est une espèce de noria, et il avait été employé à Lyon. À cette époque (1844), le comité , de concert avec son auteur ou son chargé de pouvoir, devait assister à une expérience avec une machine construite à Paris ; le décès de M. Frédéric avait suspendu cette expérience.
- M. Louis Cherrier, concessionnaire et acquéreur du brevet de M. Frédéric, se mit en mesure de faire, en présence de vos commissaires, des expériences pour démontrer l’efficacité de cet appareil.
- C’est alors qu’il conçut le projet d’une Société pour son exploitation.
- C’est en 1844 que MM. Cherrier, Baronnet et Peyredieu formèrent une Société ayant pour objet l’application et l’exploitation de procédés pour la fabrication de toute espèce d’engrais naturels et factices et de produits chimiques (noir animalisé, poudrette, alcali, sel ammoniac et autres produits servant à la fabrication des engrais).
- Cette Société fut reconstituée , en 1846., sous la raison sociale Baronnet et comp., puis, la même année, transformée en Société par actions, en vue de la constitution d’une compagnie anonyme ; mais les fondateurs ont, jusqu’à présent, renoncé au concours des actionnaires.
- M. de Lancosme-Brèves est membre du conseil général du département de l’Indre et président du conseil de surveillance.
- Par suite , M. Baronnet a dû résilier ses fonctions administratives en conservant dans le conseil une place où son expérience et ses connaissances sont appréciées et utilisées.
- La Société générale des engrais, ainsi que le porte un acte que nous avons eu sous les yeux, pour donner à son industrie tonte l’extension désirable, a déjà organisé, dans vingt-cinq villes de France, des établissements dont vingt-deux sont en pleine activité (1).
- (l) La compagnie générale des engrais a créé, h "Lyon, un établissement important qui opère la vidange de la presque totalité des fosses d’aisances de cette grande ville.
- Le conseil municipal a pensé que, quel que fût le nombre d’agents qü’emploierait l’administration, il serait impossible de surveiller, d’une manière régulière, le service des exploitants» tandis que la popu-
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- Les systèmes pratiques d’extraction, de désinfection des matières et de fabrication des engrais suivis dans ces établissements sont l’œuvre et la propriété de la maison ; ils sont le résultat d’une expérience de plusieurs années, de longs et coûteux essais.
- iation entière lui viendrait en aide si la vidange s’opérait dans le jour. — L’avis affiché dans la ville prescrit la vidange en plein jour, et une autorisation spéciale devient indispensable pour travailler pendant la nuit.
- La vidange s’opère donc en plein jour et dans les conditions les plus diverses.
- Le préfet du Rhône, M. Chaper, ancien élève de l’école polytechnique, a dit à M. Gaultier de, Claubry, l’un de vos membres, qui s’est rendu à Lyon pour visiter cet établissement, que, pour s’assurer de l’innocuité des moyens, il suit dans les rues, chaque fois que le temps le lui permet, les voitures de la compagnie, et que jamais il n’a trouvé rien à dire. De§ procès-verbaux ont quelquefois été dressés pour divers motifs, comme stationnement sur la voie publique, etc., jamais pour contravention aux conditions de la vidange sans odeur.
- L’administration municipale de Lyon n’a pas voulu établir ce privilège en faveur d’une compagnie ou d’un système, mais la compagnie générale a seule satisfait aux conditions de son arrêté.
- J’ai, dit M. Gaultier de Claubry, assisté à quatorze ou quinze vidanges faites en plein jour, dans tous les quartiers de Lyon. Cette opération a satisfait à tout ce que l’on peut exiger sous le rapport de la salubrité ; je citerai deux exemples seulement : dans la rue de la Barre, près Belleeour, une distance de 21 mètres 70 se trouvait entre le point de puisement et celui où stationnaient les voitures; la vidange s’est opérée sans que l’on ressentît le moindre inconvénient.
- Dans un des quartiers le plus resserrés de Lyon, la bonde d’une fosse s’ouvrait dans l’intérieur d’une boutique ; la vidange s’opérait en même temps que les chalands venaient acquérir les objets qui leur étaient nécessaires.
- La compagnie a de grandes voitures, de 16 hectolitres de capacité, pour recueillir les liquides; mais l’étroitesse d’une grande partie des rues, les pentes excessives de beaucoup d’autres rendant le service excessivement difficile, quelquefois même à peu près impossible, la compagnie a aussi adopté des tonnes de 1 hectolitre de capacité, que l’on charge sur une voiture en renfermant dix, et que l’on transporte à un entrepôt, à la Guillottière. Là, une voiture plus grande en prend vingt et les conduit à Villeurbanne (Isère), où se trouve la fabrique d’engrais. Les liquides sont extraits des fosses au moyen de pompes à soufflets hydrauliques, après que l’on y a mélangé un liquide renfermant du sulfate de peroxyde de fer.
- Les solides sont extraits à la hotte en y mêlant une poudre désinfectante composée de terre alumineuse préalablement mélangée de charbon très-divisé et de sulfate de fer. Les hottes portent un couvercle qui se ferme de lui-même au moyen d’un ressort ; un ouvrier placé sur la voiture lave, avec une éponge, les bords de l’entonnoir et de la hotte, si quelques matières solides s’y attachent.
- Arrivées dans l’établissement de Villeurbanne, les voitures déversent dans de grands bassins les produits qu’elles ont amenés ; des ouvriers les mêlent avec de la poudre charbonneuse en touillant la masse avec des rabots en bois; cette masse, abandonnée à elle-même par la pente des bassins dont le soi est incliné, se divise en un produit solide qui reste sur ce plan et en un liquide désinfecté qui s’écoule dans des bassins spéciaux, d’où il est extrait par des pompes et transporté dans des voitures appartenant à des agriculteurs, qui en enlèvent, chaque jour, des quantités considérables.
- Ces liquides désinfectés provenant de l’établissement et ceux que l’on extrait directement des fosses de la ville sont, comme nous Pavons déjà dit, journellement enlevés par des voitures qui se succèdent, ce service est régularisé par des numéros d’ordre.
- Ces voitures, qui se rendent ainsi à Lyon, favorisent singulièrement le service général des vidanges.
- Les produits solides , convenablement raffermis, sont portés sous des hangars, où s’achève leur dessiccation ; ils sont passés à la claie, afin de les amener à un état pulvérulent homogène.
- Un chimiste attaché à la compagnie générale , à Paris, analyse les produits de chaque opération , qui
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- La compagnie , en effet, comprenant le parti quelle devait tirer des découvertes des savants pour F agriculture ou l’hygiène des villes, s’est créé un laboratoire de chimie ou, tout en travaillant journellement les questions qui intéressent son industrie, un chimiste suit attentivement les découvertes
- sont vendus à titre connu et sont recherchés par tous les agriculteurs. A ce même chimiste sont adressés des échantillons des produits obtenus dans les diverses villes, au nombre de vingt-cinq, dans lesquelles la compagnie exploite les mêmes piocédés.
- Dans plusieurs de ces villes , à Amiens, Troves et Metz, par exemple, on réunit l’abatage des chevaux au travail des matières des fosses d’aisances. Lyon adoptera les mêmes errements sous très-peu de temps.
- Un règlement pour le service intérieur de l’établissement de Villeurbanne oblige (art. 15) les ouvriers, sous peine d’une amende de I fr. 50, à satisfaire à leurs besoins dans un endroit déterminé où les produits sont utilisés.
- On a curé, à Lyon , une fosse de 140 mètres cubes; le curage de cette fosse aurait coûté, à Paris , au prix de 9 francs le mètre, 1,260 francs. Beaucoup de ces fosses ont 80 mètres. Dans une des rues très-populeuses, on a trouvé, en face l’une de l’autre, deux maisons dont les fosses, d’une énorme dimension, communiquaient avec une troisième sise sous la rue.
- Maintenant encore, beaucoup de fosses perdent leurs liquides; aussi la plus grande partie des eaux des puits et des pompes sont-elles altérées; depuis peu de temps, on exige que, lors d’un curage ou d’une réparation, toute fosse soit étanche.
- La vidange, par les procédés ordinaires, occasionnait de grandes pertes au commerce de Lyon ; des quantités considérables d’étoffes étaient altérées; il fallait, dans tous les cas, déménager les magasins : tous ces inconvénients ont disparu.
- Le matériel de la compagnie de Lyon se compose de vingt tonnes de 16 hectolitres; elles sont établies sur ressorts et portent quatre roues ; elles sont conduites par deux chevaux.
- Huit haquets suspendus, à un cheval, portent dix tonnes de 1 hectolitre, i mètre cube.
- Trois haquets à deux chevaux portent vingt tonnes pour le service entre Villeurbanne et la Guil-lottière.
- Trente voitures pour les appareils, pompes, tuyaux désinfectants.
- Mille tonnes de 1 hectolitre pour le service des matières solides.
- Cent cinquante hottes en bois avec couvercle mobile pour le service des grandes tonnes.
- L’écurie renferme soixante chevaux; une semblable en recevra bientôt un aussi grand nombre.
- A partir du 5 juillet 1847, on a commencé le service régulier de Lyon; la compagnie a extrait 12,171 hectolitres cubes de matières solides ou liquides qui ont été transformés en engrais.
- L’usine de Villeurbanne contient environ 2,000 mètres cubes d’engrais humide, 500 mètres de matières sèches ; elle en a vendu pour 25,000 francs.
- La dépense de dessiccation s’élèvera, suivant les prévisions, terme moyen , à 40,000 francs.
- Un fait à signaler, c’est l’emploi fait par la compagnie des eaux grasses des fabriques de sulfate de fer pour la désinfection.
- Un autre d’une grande importance, c’est d’avoir amené les cultivateurs à adopter l’usage de liquides et de solides entièrement désinfectés.
- L’enlèvement, le transport, le déversement et la fabrication des produits ont lieu dans des conditions si avantageuses, que le préfet du Rhône disait, en visitant l’établissement, que la meilleure preuve en faveur des moyens employés, c’est que les yeux étaient nécessaires pour faire connaître la nature de l’industrie que Von y exerce.
- Dans le moment où les voitures versent leur contenu dans les bassins, il se produit une légère odeur qui disparaît aussitôt ; cette odeur n’est pas sensible à plus-de 3 mètres : sous le hangar même, on complète la désinfection par le travail décrit plus haut.
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- successives de la science, analyse les engrais des établissements de la province pour en constater la richesse , etc., etc. Aussi la Société croit-elle être parvenue à former dans tous ses établissements, par l’ensemble de ses moyens d’action, un mode uniforme de travail aussi complet que possible. Voici le but qu’elle se propose :
- « Convertir, dans le temps le plus court, à l’abri des influences atmosphériques , les matières fécales en un produit pulvérulent et inodore ; transformer en sels fixes les principes volatils qui en font la richesse. »
- On conçoit que la solution du problème que s'est proposé la Société intéresse à la fois la prospérité agricole et la salubrité des villes, puisque , en fixant les gaz qui se dégagent des matières, on désinfecte nécessairement les fosses et l’on enrichit d’autant les engrais.
- Les opérations que pratique la Société générale des engrais présentent un ensemble complet qui comprend
- 1° La désinfection préalable des matières renfermées dans les fosses d’aisances ;
- Leur extraction par des procédés perfectionnés
- 3° Enfin leur conversion en engrais solides, inodores et d’une grande énergie fertilisante.
- Nous ne relaterons pas ici les procédés mis en pratique : ils ont été décrits par M. Dumas dans son Traité de chimie appliquée aux a/rts3 et ils ont été l’objet d’un rapport plein d’intérêt de M* 1. Dupasquier, rapport fait au nom d’une commission chargée, par M. le maire de Lyon, de la recherche et de l’étude, 1° des meilleurs procédés de curage des fosses d’aisances, 2° des appareils et moyens de désinfection et de vidange de la Société dite compagnie générale des engrais.
- Sur le rapport de cette commission, M. le maire de Lyon a pris un arrêté qui a été affiché dans la ville de Lyon, oh il reçoit son exécution (1).
- Je dois aussi signaler ce fait que les portes et fenêtres de tous les bâtiments sont peintes en gris clair, et que ces peintures n’ont pas changé depuis que l’exploitation a commencé.
- J’ai vu, à l’improviste et sans être accompagné d’aucune personne appartenant à la compagnie, la vidange sur beaucoup de points de Lyon ; partout fai observé les mêmes avantages.
- La compagnie générale ne se contente pas de donner des primes pour l’application de ses moyens, elle aide les compagnies secondaires de ses capitaux et de son influence. — Si cette compagnie n’avait obtenu la propriété des matières, toute amélioration à l’état des choses eût été, comme on le pense bien, impossible.....
- Signé Gaultier de Claubry.
- (l) CURAGE DES FOSSES D’AISANCES.
- Arrêté de police.
- Nous, maire de la ville de Lyon ,
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- Le eomité, frappé de l’importance et de l’utilité des travaux de la compagnie générale des engrais , a pensé qu’il était de son devoir de constater, par des délégués pris dans son sein, l’état de deux exploitations parmi les vingt-
- deux mises en activité par ses soins.
- L’un de nous a pu vérifier, à Tours, celle sous la direction de M. Valin.
- Les renseignements qu’il a recueillis ont complètement dissipé quelques doutes que l’on avait fait naître sur 1 établissement de Tours. Le délégué du comité s’est assuré, d’après l’inspection des livres, que, dans la campagne dernière, cette exploitation a livre à la consommation plus de 4,000 kil. d’engrais, quoique la fabrique n’eût pas encore pris tous ses développements. Un autre membre du comité, dans l’examen de l’établissement modèle de Lyon, a vu avec satisfaction que la solution des problèmes avait fait
- Xru les lois des 14 décembre 1T89 (art. 6a), 16-24 août 1790, 18 juillet 1:857, et l’art. 471 du code pénal;
- Vu notre arrêté de police du 27 août 1845, relatif au curage des fosses d’aisances de la ville de Lyon ;
- Vu le rapport qui nous a été transmis par la commission désignée jiar nous, à l’effet de rechercher et d’étudier les meilleurs procédés de curage des fosses d’aisances;
- Considérant que la désinfection préalable des matières renfermées dans les fosses d’aisances peut être opérée d’une manière complète par l’emploi de moyens faciles et peu coûteux, et que les expériences auxquelles la commission spéciale précitée a assisté ne laissent aucune incertitude à cet égard ;
- Considérant que, si l’emploi de moyens non désinfectants pour opérer, dans les villes, le curage des fosses d’aisances entraîne toujours après lui de graves inconvénients, ces inconvénients sont plus graves encore pour une grande cité essentiellement manufacturière où la population est agglomérée;
- Considérant qu’il est du devoir de l’administration défaire jouir la ville de Lyon des avantages résultant de l’emploi de procédés inodores,
- Avons arrêté :
- Article premier. — A partir du 1er décembre prochain, tout entrepreneur de curage de fosses d’aisances, avant de procéder à l’extraction des matières contenues dans une fosse, sera tenu d’en opérer la désinfection préalable et de la continuer jusqu’à la fin du curage, de manière à ce que les habitants, même les plus voisins, ne puissent être incommodés par la moindre odeur ammoniacale ou hydro-sulfurée. . , •
- Art. 2. — Le curage sera pratiqué, à l’avenir, pendant le jour, en toute saison; il ne pourra être fait qu’en employant des tonneaux d’une capacité de 15 hectolitres au moins.
- S’il se présentait quelques cas exceptionnels dé naturé à exiger que l’opération du curage fût faite pendant la nuit, une autorisation spéciale devra être obtenue de l’administration municipale.
- Art. 3. — Le curage de chaque fosse d’aisances devra être complet, c’est-à-dire qu’après avoir extrait les matières, soit liquides, soit pâteuses ou solides, l’entrepreneur sera tenu d’enlever entièrement, à la pelle, les fragments de terre, les morceaux de poterie, les débris et objets solides de toute nature qui pourraient s’être accumulés dans la fosse. ^
- Art. 4. — Les arrêtés de police existants continueront à recevoir leur plein et entier effet en tout ce qui n’est pas contraire aux dispositions du présent.
- Art. 5. — Les contraventions au présent arrêté seront poursuivies conformément aux lois.
- Fait à l’hôtel de ville, Lyon, le 9 octobre 1847,
- Le maire de Lyon, membre de la chambre des députés,
- Terme.
- Quarante-septième année. Mars 1848. .19
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- un pas immense, et qu’il était à désirer que Paris, qui, sous le rapport de kl vidange, est encore dans l’enfance, suivit l’exemple donné dans la seconde ville de France (1).
- En s’occupant de la question si importante de la désinfection et de la conversion en engrais actifs des matières fécales, la compagnie n’a pas négligé non plus de rechercher les moyens d’employer au profit de l’agriculture et de l’industrie les cadavres des animaux, le sang et les issues des abattoirs, source non moins grande d’infection.
- La compagnie a, dans les principales villes, des établissements ou ses procédés sont mis en pratique ; partout la désinfection est si complète, que les conseils de salubrité ont proposé d’autoriser les vidanges en plein jour.
- (1) Nous avons donné plus haut l’arrêté concernant la ville de Lyon; voici celui qui s'applique à la ville de Tours.
- EXTRAIT DU REGISTRE DES ARRÊTÉS DE LA MAIRIE DE TOURS.
- Aujourd’hui vingt-trois août mil huit cent quarante-sept,
- Nous, premier adjoint au maire de la ville de Tours,
- Yu les lois des ie-24 août 1790 et du 18 juillet 1837, ainsi que l’article 471 du code pénal ;
- Considérant qu’il résulte de la combinaison de ces differentes lois qu’il est de notre droit, comme* de notre devoir, de réglementer tout ce qui concerne la construction, la réparation et la vidange des fosses d’aisances ;
- Qu’en ce qui concerne la construction de ces fosses nous devons prescrire les mesures nécessaires pour qu’elles ne perdent pas tout ou partie de leurs matières par infiltration, et ne portent pas préjudice aux constructions et aux caves des propriétaires voisins, aux puits et aux fontaines qui alimentent la ville ;
- Considérant qu’en ce qui concerne la vidange nous devons, dans un intérêt d’hygiène publiqu^ profiter des découvertes qui ont été faites récemment, et prescrire, avant tout, la désinfection des matières ;
- Considérant que, cette désinfection étant opérée, il est d’une bonne police dte supprimer le travail de nuit pour l’extraction et l’enlèvement des matières, attendu que ce travail est de nature à troubler le repos des habitants, et que d’ailleurs il ne peut être convenablement surveillé;
- Considérant, enfin, qu’en obligeant les habitants à faire désinfecter les matières insalubres et délétères, avant de les transporter au dehors, nous ne portons aucune atteinte aux intérêts privés et n’entravons, en quoi que ce soit, la liberté de l’industrie,
- Avons arrêté :
- De la construction et de la réparation des fosses.
- Article premier. — A l’avenir, aucune maison ne pourra, dans toute l’étendue de la commune, être construite, reconstruite ou réparée à neuf, sans qu’il y ait obligation, pour le propriétaire, d’y faire établir au moins une fosse d’aisances.
- Art. 2. — Les fosses seront faites de manière à empêcher l’infiltration des liquides dans le sol, et le déversement des matières dans les égouts, dans les puits et dans les canaux de la ville.
- L’aéragerde la fosse sera suffisant, et la clef ou l’ouverture ménagée pour l’extraction sera facilement abordable et aura 75 centimètres au moins sur 50, afin de permettre que la vidange se fasse sans dangers et sans inconvénients. v
- Art. 3. — Toute fosse qui devra être comblée ne pourra l’être qu’après avoir été curée et vidée à fond ; et, pour déblayer une fosse précédemment comblée, on usera des mêmes précautions que pour a vidange.
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- On voit, daprès ce qui vient d etre dit, que les travaux de la compagnie générale des engrais sont bien dignes de la sollicitude de la Société d’encouragement.
- An. 4. ____ Pour mettre l'administration municipale à même de s’assurer que les prescriplions ci-
- dessus sont observées, tout propriétaire ou entrepreneur qui voudra faire construire ou réparer à neuf une fosse d’aisances, la combler ou la déblayer, est tenu d en faire la déclaration préalable au bureau de la voirie, et devra se conformer, pour ces différents travaux, aux instructions qui lui seront données par l’architecte de la ville.
- De la vidange des fosses. x
- Art. 5. — A l’avenir, nul ne pourra vidanger une fosse d’aisances sans en avoir préalablement fait la déclaration au bureau de police.
- La déclaration indiquera le jour où le travail devra commencer.
- Art. 6. — Préalablement à toute opération, il devra être procédé à la désinfection complète des .matières contenues dans les fosses d’aisances.
- Art. 7. — En conséquence, tout individu qui voudra exercer, à Tours, la profession d’entrepreneur de vidanges devra justifier
- 1° Qu’il possède les moyens de faire la vidange par des procédés inodores ;
- 2° Qu’il a à sa disposition un matériel composé au moins de cinquante tonneaux de la contenance de 1 à 2 hectolitres, lesdils tonneaux cerclés de six cercles de fer, avec porte sur un des fonds, fermant hermétiquement et armée de baudes, de pitons et de crochets en fer ; de deux chariots fermés sur les quatre côtés ; d’une pompe à double soufflet ; de tuyaux en cuivre et en cuir, en longueur suffisante pour conduire les liquides des fosses aux tonneaux sans hotte ni transbordement ; de deux grandes tonnes poulie transport des liquides, lesquelles tonnes, de la contenance de 1,500 à 2,000 litres, seront montées sur chariot, cerclées en fer, avec bonde à vis en cuivre et avec raccords pour les tuyaux de la pompe, de manière qu’il n’y ait ni perte ni fuite; lesdites tonnes devant enfin être garnies d’un désinfecteur pour absorber les miasmes qui pourraient se dégager encore après la première désinfection ; enfin de tous les ustensiles necessaires pour assurer la désinfection, la célérité et la propreté du travail.
- Art. 8. — Pour toutes les opérations relatives à la désinfection et à la vidange, il est accordé cinq heures par fosse de 8 mètres cubes, et trente minutes par chaque mètre cube en sus de cette quantité.
- Le délai courra du moment où l’écoutille servant à la vidange aura été ouverte jusqu’à celui où la visite de la fosse pourra être faite après l’enlèvement du dernier tonneau, et après le curage et le lavage à fond de la fosse.
- Art. 9. — Les vidangeurs ou leurs agents sont tenus, avant de se retirer, de laver à grande eau les cours et les autres emplacements des maisons où ils auront fait la vidange.
- Ils fourniront, à cet effet, des seaux propres qui ne serviront qu’à cet usage.
- Art. 10. — Toutes les matières, après leur extraction, devront être portées dans un dépôt régulièrement autorisé.
- Art. U. — A l’avenir, la vidange des fosses d’aisances, le transport des matières devront, à moins d’une autorisation spéciale, s’opérer pendant le jour.
- Art. 12. — Lorsqu’il y aura.lieu de croire que la vidange, en raison de la situation ou de la construction particulière d’une fosse d’aisances, ne peut être faite avec les appareils perfectionnés, l’autorisation de la vider suivant les anciens systèmes devra préalablement être obtenue de l’administration municipale, qui fera vérifier les lieux.
- Dans tous les cas, il sera fait, avant tout, emploi des moyens désinfectants.
- Art. 13. — L’entrepreneur est tenu, même pour le lavage de la fosse après vidange, de ne laisser descendre aucun ouvrier sans qu’il soit muni d’un bridage dont l’extrémité sera tenue au dehors par un autre ouvrier, et il est défendu à tout ouvrier de se refuser à ce que ces précautions soient prises.
- Art. 14. — Dans le cas de travail de nuit, les voitures employées au transport des matières fécales
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- CONSEIL D ADMINISTRATION.
- Èn donnant à cette compagnie un témoignage distingué du haut intérêt qu’elle attache à ses nombreuses applications et en faisant participer à ses
- devront être munies, sur le devant, d’une lanterne allumée, et porter une plaque indiquant l’objet de ^entreprise. ,
- Il sera placé, en outre, une lanterne en saillie sur la voie publique, à* la porte de la maison où devra s’opérer læ vidange, et ce préalablement à tout travail et au dépôt des voitures,, des machines et des tonneaux sur la voie publique.
- Art. 15. — La vidange d’une fosse d’aisances, une fois commencée, devra être continuée sans interruption jusqu’à l’achèvement du travail.
- Art. 16. — Défense est faite à tous ouvriers vidangeurs ou charretiers
- 1° D’entrer chez lès habitants de la maison où ils travaillent et de celles voisines pour y demander de l’eau-de-vie, de la chandelle ou tous autres objets-;
- 2° De salir avec de là matière les portes, les murs ou l’escalier;
- 3° De tirer de l’eau d’un puits avec des seaux ou avec tous autres vaisseaux servant à la vidange;
- 4° De laisser couler dans les ruisseaux de l’eau provenant des fosses;
- 5° De s’arrêter en chemin à la porte d’un cabaret ou d’un marchand de vin ou d’eau-de-vie, enfin de se détourner du chemin du dépôt pour quelque cause que ce soit.
- Art. 17. —- Lorsque l’ouverture d’une fosse d’aisances aura-un motif autre que celui de la vidange, l’entrepreneur, dans la déclaration préalable qurdoit toujours avoir lieu au bureau de police, donnera avis du motif déterminant.
- Art. 18. — Les propriétaires ou ïes locataires sont tenus de donner à l’entrepreneur ou à ses ouvriers toute facilité pour le dégorgement des tuyaux et pour l’introduction de l’air dans la fosse pendant la vidange.
- Art. 19. — Le chef ouvrier ou l’entrepreneur présent à la vidange devra toujours être muni d’un flacon de chlorure dé chaux, pour en faire usage, au besoin, s’il y avait danger d’asphyxie.
- Si, malgré ces précautions et toutes les autres prescrites dans le présent arrêté, un ouvrier était frappé d’asphyxie, la vidange de la fosse serait suspendue immédiatement, et les travaux ne pourraient être repris qu’après que de nouvelles précautions, ordonnées par l’autorité, auraient été remplies en présence d’un de ses délégués.
- Art. 20. — Il est enjoint à tons vidangeurs ou if leurs agents, dans le cas où ils trouveraient dans Ses fosses d’aisances de l’argenterie, des bijoux ou tout autre objet analogue, d’en faire la déclaration au même instant au commissaire de police et de les rendre fidèlement sans en retenir aucun.
- Il leur est également enjoint, s’ils trouvaient quelques ossements ou parties du corps humain dans lesdites fosses, des indices d’un crime ou d’un délit, d’en donner avis sur-le-champ, et avant de les enlever, au commissaire de police de l’arrondissement.
- Art. 21. — Un délégué spécial de la mairie visitera au moins deux fois par an le matériel des entrepreneurs, pour s’assurer qu’il est toujours en état.
- Art. 22. — Les entrepreneurs sont responsables des faits de leurs agents ou de leurs ouvriers; conformément à l’article 1384 du code civil.
- Art. 23. — Toutes les dispositions du présent arrêté concernant la désinfection et le transport des matières fécales sont applicables aux eaux goudronneuses, résidu de la fabrication du gaz.
- Art. 24. — Le présent arrêté, après que les formalités prescrites par l’article 11 de la loi du 18 juillet 1837 auront été remplies, sera imprimé, publié, affiché et mis en vigueur.
- Art. 25. — MM. les commissaires de police1 et leurs agents sont spécialement chargés de son exécution.
- Pour le maire de la ville de Tours absent,
- Le premier adjoint,
- Signé Gcioxmèue.
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- récompenses les gérants des établissements quelle a fondés, la Société d’encouragement aura contribué à démontrer que la propagation de procédés plus rationnels pour l’exploitation des vidanges et le traitement des matières doit, dans l’intérêt bien entendu de notre agriculture et de l’hygiène publique, recevoir dans une foule de villes, et surtout à Paris, d’importantes et utiles modifications.
- Sous le n° 1-4 est inscrit M. Siret. A sa première composition, pour laquelle il a obtenu une récompense de l’Académie des sciences, il substitue une deuxième poudre composée de sulfate de fer, 100 kil.; de sulfate de zinc, 50 kil.; de tan en poudre ou sciure de chêne, 40 kil.; de goudron , 5 kil.; d’huile, 5 kil.; total, 200 kil. Cette composition de M .-Siret lui a été suggérée par l’analyse qu’il a faite des matières fécales et des urines, dans lesquelles il a trouvé de la bile, de la gélatine, des résidus fibreux, enfin des matières nutritives mal digérées.
- Le goudron et l’huile dont il fait usage ne sont employés que pour les fosses mobiles, afin de maintenir plus longtemps la poudre désinfectante à la surface des matières fécales et d’en faire, pour ainsi dire, une espèce de couvercle , qui en complète la désinfection.
- Dans le courant de juillet dernier, ce concurrent a adressé à la Société un nouveau mémoire dans lequel il signale l’avantage qui résulterait de l’emploi d’un mélange de tourbe et d’hydrochlorate de manganèse. Il indique aussi un procédé qui serait applicable à la désinfection en plein jour; il consiste dans l’emploi de 25 kil. de sulfate de fer, 1/2 kil. de limaille de cuivre dissous dans 10 kil. d’acide hydrochlorique et de 50 décag. d’éther sulfurique. Le mélange se fait dans un tonneau de la contenance de 200 litres : cette quantité, dit l’auteur, suffit pour désinfecter une fosse de la contenance de 4,000 litres.
- Le concurrent, dans son mémoire , cherche à établir qu’il est le premier qui ait indiqué et appliqué le sulfate de fer à la désinfection des matières, et que c’est à ses travaux qu’on doit tout ce qui se pratique aujourd’hui en fait de désinfection.
- Nous rappellerons, à propos de cette assertion, qu’en 1762, de Boissieu, dans son ouvrage sur les antiseptiques, avait indiqué l’emploi du sulfate de fer, et que notre collègue M. Bréant en avait fait l’application en 1825. Le brevet demandé par le concurrent pour cet emploi date de 1837; mais notïs ferons observer qu’il n’a été délivré et porté à la connaissance du public que le 31 août 1840, un mois après celui délivré à MM. Krafft et Sucquet pour l’application des sels et oxydes métalliques à la désinfection.
- Nous devons dirè aussi que, dès 1824, votre rapporteur, de concert avec M. Payen, avait signalé la possibilité d’employer pour la désinfection des ma-
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- tières fécales le protosulfate de fer, l’hydrochlorate de protoxyde de manganèse (résidu de la fabrication du chlore), l’acide pyroligneux; enfin l’huile py-rogénée obtenue de la distillation du bois. (Annales de l’industrie, t. XIX, p. 76, 1824.)
- Cependant, après avoir rendu à chacun ce qui lui appartient, nous dirons que M. Siret a rendu service en propageant l’emploi de procédés qui tendent à l’amélioration de la salubrité publique, et que, sous ce rapport, il est digne des encouragements de la Société.
- Sous le n° 15, M. Descheneaux propose d’employer comme poudre désinfectante les substances ci-après : charbon de bois, braise, charbon d’os, suie des cheminées, charbons provenant de la calcination des matières terreuses, de la vase desséchée des marais, des égouts, etc., etc., carbonisation des matières végétales, etc., etc. (1). ,
- Il propose un appareil pour la carbonisation de ces matières : cet appareil consiste en un four long très-incliné recouvert, à sa partie supérieure, d une plaque de tôle ayant une inclinaison parallèle à celle du four ; la plaque est garnie de tubes en tôle ou en fonte juxtaposés et qui contiennent les matières à carboniser. L’inclinaison du fourneau a pour but de permettre de faire tourner, par glissement , les tuyaux d’une demi-révolution, de manière à ce qu’ils soient portés, dans leur totalité, à la'température rouge.
- Un autre plan ayant une inclinaison plus prononcée faisant suite au premier sert à la descente des tubes.
- L’auteur propose pour la préparation du charbon de bois l’emploi bien connu pour la distillation du bois en vase clos, de l’appareil dont il donne le dessin, et termine en indiquant la chaux en poudre pour la désinfection des urines et l’emploi de substances qu’il appelle demi-désinfectant (les sciures de bois, les balles d’avoine, de blé, d’orge, de seigle, la paille), qu’on mélangerait avec les matières et qu’on laisserait fermenter pendant un ou deux mois de manière à former un engrais végéto-animal.
- Nous devons faire observer que les substances indiquées par le concurrent avaient été signalées antérieurement dans plusieurs ouvrages, et notamment dans l’ouvrage de M. Girardin intitulé, Des fumiers considérés comme engrais.
- Le procédé que M. Descheneaux propose pour la carbonisation des matières terreuses a de l’analogie avec celui employé par M. Salmon en 1832.
- L’appareil que le concurrent décrit pour la séparation des liquides et des #
- (1) Nous rappellerons ici que M. Payen a le premier, en 1827 (voir la notice sur les moyens d’utiliser toutes les parties des animaux morts dans les campagnes), indiqué dans cette notice, pag. C8 et 71, l’emploi de la terre séchée au four pour la mêler aux matières stercorales et au sang et les convertir en engrais.
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- solides est fondé sur le même principe que ceux de MM. Chaumette et De-rosne.
- Le comité se borne à signaler aux encouragements de la Société les travaux du concurrent.
- Sous le n° 16, M. Salmon a adressé un mémoire et des échantillons des substances qu’il propose d'employer pour opérer la désinfection.
- Son procédé repose sur l’emploi des plantes marines desséchées pour la conversion des matières stercorales en engrais.
- Il s’exprime ainsi :
- 80 kil. d’algues desséchées sont mêlés à 20 kil. de chaux; lorsque ce mélange est bien opéré, on mêle avec ces 100 kil. 300 kil. de matières fécales solides et liquides, on boule le tout de manière à en former une masse parfaitement homogène.
- « Si, au lieu d’employer les liquides, on n’emploie que les solides, il en faudra 600 au lieu de 300. L’auteur indique, pour arriver à une prompte désinfection, différentes combinaisons de substances, parmi lesquelles nous citerons
- « L’emploi de 20 kil. de plâtre et de 80 kil. d’algdes pour 300 kil. de matières fécales liquides et solides ;
- « L’emploi de 90 kil. d’algues et de 10 kil. de sulfate de zinc pour 300 kil. de matières solides et liquides ;
- « L’emploi de 20 kil. ou litres de chlorure calcique ( sel résidu de la fabrication de la soude) et de 80 kil. d’algues; ce mélange peut absorber 200 kil. de solides et liquides. »
- D’après l’auteur, l’algue desséchée retiendrait, à Paris, à 60 fr. les 1,000 kil., qui, mêlés à 20 pour 100 de leur poids de substances propres à les rendre désinfectants, formeraient un poids de 1,200 kil. qui, mêlés à 3,600 kil. de matières, donneraient un total de 4,800 kil. à l’état humide, et qui, par la dessiccation, se réduiraient à 1,740 kil.
- L’engrais humide serait rendu à Paris à raison de 1 fr. 50 cent, les 100 kil. , représentant 2 hectares environ ; soit, pour les 4,800, 72 fr.
- L’engrais desséché à 4 fr, 50 les 100 kil., plus de f hectares ; soit, pour les 1,740 kil., 70 fr. 49 cent.
- Le concurrent a créé une fabrique d’engrais dans la vallée Saint-Rambert, près Marseille, oii il fabrique, depuis quatre ans, de 40 à 50,000 hect. d’engrais par année.
- Un rapport du conseil de salubrité de la tille de Marseille atteste que cette fabrication est établie dans des conditions très-favorables sous le rapport de la
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- salubrité^ Le concurrent dit dans son mémoire qu’il est auteur d’un appare-de séparation, mais il n’en fait pas connaître la construction.
- Nous devons exprimer les regrets de la Société de ce que le concurrent qu le premier, de concert avec notre collègue M. Payen, a fait l’application d’u charbon désinfectant à la vidange des fosses, procédé qui lui mérita le pr Montyon et que nous sommes portés à regarder encore aujourd’hui comme u de ceux appelés à rendre de grands services dans la question qui nous occupi ait jugé à propos d’abandonner et de critiquer ce procédé pour le remplace par une application qui laisse beaucoup à désirer sous le rapport de la désir? fection. '
- En analysant les travaux sur la désinfection des matières stercorales et su leur conversion en engrais par la compagnie des engrais gradués, nous avon rendu compte des appareils dus à la coopération de M. Houssardî inscri sous le n° 17. y ' ' - :ii -,r’ :
- Sous le n° 18, M. Ringard a adressé un mémoire avec dessin représentan un appareil séparant les matières solides des matières liquides au momen de leur émission et avant l’introduction dans les fosses. L’action de cet appa reil ( sa disposition est analogue à celle décrite par le concurrent n° 9 ) es fondée sur l’action des parois. Il consiste en trois ou quatre lames inclinée,! distantes les unes des autres et placées en sens inverse ; après la dernière lame, les liquides et les solides, séparés, aboutissent, au moyen de conduits particuliers, dans des récipients. {Voyez la description et la figure de cet appareil, Bulletin de la Société, janvier 1848, page fi.)’ n < ; ^
- Depuis, dans un nouveau mémoire, le concurrent conseille, pour empêcher, les émanations de se dégager de la fosse, d’employer pour chute un tuyau coudé à sa base, tuyau qui recevrait une quantité d’huile qui aurait pour objet d’intercepter toute communication de l’air extérieur avec la fosse (nous rappellerons que ce moyen a déjà été indiqué par le concurrent n° 8).
- Il propose, en outre, de descendre dans la fosse une bouteille qui surnagerait à la surface des liquides et qui contiendrait soit du chlore, de la chaux ou du muriate de chaux, dans le but d’absorber les gaz qui se dégagent des matières en fermentation et d’opérer ainsi leur désinfection d’une manière permanente. t .
- Votre comité vous signale les travaux du concurrent.
- Sous le n° 19, M. Seiler a présenté un appareil de ventilation fonctionnant à l’aide d’un mouvement mécanique à poids que l’on remonte toutes les vingt-quatre heures. 1
- On a depuis longtemps proposé et employé la ventilation rien n’indique .que le moyen proposé par le concurrent ait été expérimenté en grand : votre
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- comité pense donc qu’il n’atteint pas le but que votre programme s’est proposé.
- Sous le n° 20, MM. Raphanel et Ledoyen proposent, pour opérer la désinfection, une eau à laquelle ils ont donné le nom d'eau inodore désinfectante, composée ainsi qu’il suit i quatre parties ou 125 grammes de nitrate de plomb sur une ou 32 grammes d’acétate de plomb, dissous dans 1,000 grammes d’eau pure.
- Des matières fécales désinfectées par cette eau ont été employées comme engrais, et M. Philippar, membre du comité d’agriculture, a bien voulu, par des expériences, examiner le pouvoir fertilisant de cet engrais et donner à la Société connaissance de ces résultats dans un rapport qu’il fit au conseil dans sa séance du 1er avril 1846 (Bulletin de la Société, année 1846, page 191). Il a reconnu que les matières désinfectées par cette eau jouissaient des mêmes propriétés que celles des matières non désinfectées, qui sont d’un emploi difficile, désagréable et souvent impossible dans certaines circonstances, à cause des émanations infectes qu’elles répandent. Sous ce dernier rapport, les matières désinfectantes offriraient un avantage réel, surtout pendant les chaleurs, où il se fait un dégagement considérable d’ammoniaque, avantage qui s’accroîtrait si on tenait les fosses d’aisances dans un état constant de désinfection, car alors la matière n’éprouverait aucune perte.
- Des expériences nombreuses ont été faites en Angleterre, et le rapport qui vous en a été transmis atteste qu’elles ont donné des résultats très-satisfaisants.
- D’autres ont été faites, au Val-de-Grâce et à l’Hôtel-Dieu, sur l’application de cette eau à la désinfection des plaies, et les certificats délivrés attestent qu’elles ont toutes été couronnées de succès.
- Une expérience assez prolongée et trop souvent interrompue n’a pas permis à vos commissaires d’apprécier l’efficacité des moyens proposés par les concurrents et le prix de revient de ces applications ; la Société, qui n’a pas eu tous les renseignements nécessaires, se réserve d’assigner plus tard la place que doivent occuper les travaux de MM. Raphanel et Ledoyen dans leur application à la salubrité et à l’hygiène publiques.
- Sous len° 21, M. Legros fait connaître, dans son mémoire, divers appareils qu’il propose pour la séparation des solides et des liquides.
- Ces appareils consistent en un coffre en tôle renfermant une roue à aubes cintrées recevant les matières qui tombent des chutes ; ces aubes sont doubles, et la paroi supérieure est percée de trous, tandis que la paroi inférieure est pleine. La roue tourne lors de la chute des matières et en même temps fait mouvoir, par un taquet, une boîte renfermant une poudre désinfectante char-
- Quarante-septième année. Mars 1848. 21
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- bonneuse(l) qui en opère la dessiccation ; les liquides passent par les trous des aubes et de là se rendent dans un réservoir ; ce réservoir est muni u’un piston qui a pour objet, au moment où on le désembraye, de chasser par son poids les liquides qui y sont contenus et d’en opérer ainsi la vidange en les transmettant, au moyen d’un tuyau, dans une voiture disposée ad hoc.
- Les matières solides sont reçues dans un récipient en tôle qui s’enlève et est remplacé par un autre.
- Une fosse de la contenance de 25 mètres, rue Neuve-Saint-Denis, n° 9, a été désinfectée par l’emploi de la poudre du concurrent; 100 kilogrammes de cette poudre ont suffi pour opérer cette désinfection.
- Cette même poudre a été appliquée avec succès, en 18L5, par MM, Marquet et Miami, à la désinfection de menus3 de débris d’animaux.
- Depuis le mois de juin dernier, le concurrent a adressé à la Société de nouveaux mémoires et modèles d’appareils basés sur la disposition adoptée par le concurrent inscrit sous le n° 10, mais avec cette différence qu’il désinfecte la matière au fur et à mesure de la production par la projection d’une poudre placée dans une trémie fixée à la partie supérieure de cet appareil.
- 11 donne la description d’un appareil dit hermétique, qui consiste en un robinet à double tube pour faciliter l’emplissage des tonnes de vidange et éviter les exhalaisons putrides, appareil exploité par M. Ch. Domange.
- Il a aussi adressé la description d’une tonne d’aspiration dont le vide est opéré par une petite machine pneumatique mise en mouvement par le roulement de la voiture au moyen d’une chaîne à la Vaucanson.
- Nous pensons que les efforts faits par le concurrent n° 21, pour atteindre le but proposé par la Société, lui méritent ses encouragements.
- Le mémoire du concurrent inscrit sous le n° 22 (M. Bayard),et qui a pour devise : Principiis obsta, se divise en trois parties.
- Dans la première, il signale non-seulement les inconvénients qui résultent de l’écoulement des urines le long des murs et sur la voie publique, mais encore dans les lieux où un grand nombre d’individus se réunissent.
- Il passe en revue les divers systèmes employés et en fait ressortir les inconvénients, qui sont f infection qu’ils répandent, la malpropreté et leur mode vicieux de construction.
- Dans la deuxième partie, il propose de remplacer les urinoirs connus par un système qui offrirait de grands avantages pour l’hygiène publique.
- Dans son travail, M. Bayard a aussi traité des questions suivantes :
- 1° Prévenir la fermentation ammoniacale qui se développe si rapidement
- fl) Celle poudre n’est autre que du poussier de charbon de bois arrosé d’eau acidulée ayant servi au décapage des métaux.
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- dans l’urine par son exposition à l’air, en versant, dans le réservoir destiné à la recueillir, une couche d’huile de 2 centimètres d’épaisseur ; mais cette préservation de putréfaction due à l’huile ne dure que quinze jours environ : il conseille, pour prévenir l’altération de cette urine, d’y dissoudre une certaine proportion de goudron de houille ou de suie en poudre, qui, en raison de l’huile qui y est mêlée, conserve une densité spécifique moindre que celle du liquide qu’elle surnage et empêche les exhalaisons de s’échapper dans l’atmosphère. Le concurrent a recherché quelle était sur l’urine l’action de plusieurs substances acides dont la facile extraction et le bas prix en permettraient l’emploi en grand.
- Il a reconnu que l’acide pyroligneux et l’huile de schiste communiquaient à l’urine une grande acidité et agissaient d’une manière énergique sur ce liquide sans l’altérer ; mais le second de ces agents exhale lui-même une odeur très-fétide que l’on est obligé de masquer ; enfin leur fluidité nécessite leur mélange à des substances solides de manière a leur donner une consistance pâteuse. C’est en raison de ces difficultés d’application que le concurrent donne la préférence au goudron de houille dont il décrit, dans son mémoire, l’action sur l’urine récente. À son travail M. Bayard a joint plusieurs flacons contenant de l’urine désinfectée et convertie en engrais par le mélange de divers absorbants. Il fait remarquer que l’action préservatrice exercée par le goudron de houille sur l’urine fraîche est impuissante sur l’urine en fermentation : en effet, dit-il, l’acidité du goudron ne suffit pas pour saturer l’alcalinité du liquide dès qu’il dégage du carbonate d’ammoniaque ; il faut alors avoir recours à des agents plus énergiques qui rendent fixes les sels ammoniacaux. Les acides et les sulfates arrêtent la fermentation en décomposant le liquide; c’est ce qu’il démontre dans le chapitre m de son mémoire.
- 2° Recueillir les urines et ne pas les laisser répandre sur le sol.
- M. Bayard donne la description d’un appareil remplissant cet objet. Il se compose d’une tinette ordinaire à l’ouverture de laquelle règne un bord intérieur sur lequel s’appuie une cuvette en zinc ou en fonte percée d’une ouverture au centre ; cette cuvette est mobile ou fixe à volonté. Dans le fond de la tinette est placée une bassine contenant du goudron, dans le but de prévenir la fermentation putride.
- Il donne aussi la description de divers appareils basés sur le même principe et qui peuvent recevoir d’utiles applications dans les établissements publics.
- 3° Conserver l’urine sans qu’elle entre en fermentation jusqu’au moment où on veut l’utiliser pour les arts et l’agriculture.
- L’urine étant conservée sans fermentation dans tous les réservoirs particu-
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- liers ou publics, il suffira de la recueillir dans des tonneaux ou dans des voitures à vastes réservoirs pour la transporter dans de grands bassins.
- Ce liquide pourra être employé pour la teinture, le dessuintage des laines, après lui avoir fait subir un commencement de fermentation par son mélange avec de l’urine putréfiée.
- L’auteur pense qu’on pourrait obtenir une prompte évaporation en disposant les bassins comme ceux des marais salins, ou bien en se servant de bâtiments de graduations ; enfin il propose d’employer différents matériaux réduits en poudre pour la transformation des urines en engrais, procédé analogue à celui indiqué par M. Donat en 1819.
- La troisième partie de son mémoire a pour objet, ainsi que l’exige le programme , d’opérer dans les fosses du système de construction actuel la désinfection des solides et des liquides de manière à ce qu’ils puissent en être extraits sans répandre d’odeur, tout en conservant les propriétés utiles qui les font rechercher pour l’agriculture et les convertir en engrais sans offrir aucun des inconvénients attachés à la fabrication de la poudrette.
- Il commence par signaler les inconvénients des divers modes de construction des fosses en usage, ceux des procédés de désinfection usités et du mode d’extraction des vidanges.
- 11 propose, pour remédier à ce mode, de diviser la fosse en deux parties d’inégale capacité par une cloison composée de briquettes filtrantes et désinfectantes maintenues de champ entre deux châssis.
- La fosse placée au-dessous du conduit de chute reçoit toutes les matières solides et liquides ; leur séparation s’y opère, et les liquides s’écoulent dans la fosse voisine à travers la cloison filtrante ; les matières solides restent dans la première fosse et se mêlent à une substance désinfectante et permanente qui n’est autre que du goudron de houille mélangé à des substances pulvérulentes, telles que l’argile, le plâtre, etc., ou bien encore aune poudre désinfectante composée ainsi qu’il suit :
- Sulfate de fer............ 250 parties.
- Argile ferrugineuse. . . . 200
- Sulfate de chaux.......... 150
- Goudron de houille, quantité variable.
- Une ouverture ménagée au-dessus de la fosse qui reçoit les urines permet de faire, au moyen d’un tuyau qu’on y introduit, l’extraction des liquides par la fonction d’une pompe qui les transmet au tonneau destiné à les recevoir.
- Le comité a pris connaissance de ce travail avec un vif intérêt, et en proposant, pour son auteur, une des récompenses de la Société, il pense contribuer à la réalisation de vues d’utilité générale.
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- Sous le n° 23, M. Godard propose un appareil pour la séparation des solides et des liquides reposant sur le même principe que celui des concurrents nos 9 et 10, c’est-à-dire sur l’action des parois.
- Après la séparation, les liquides se rendent dans un long tuyau et sont reçus dans des filtres disposés de chaque côté du tonneau destiné à recevoir les solides ; un moyen mécanique à soupape fait tomber une poudre désinfectante sur les matières dans le but d’en opérer la dessiccation. Les liquides, après avoir passé sur les filtres, s’écoulent, désinfectés et décolorés, soit sur la voie publique, soit dans un réservoir situé au-dessous du filtre et qu’on vide à des époques déterminées.
- L’auteur indique les substances nombreuses dont ses poudres peuvent être composées, mais il n’en précise aucune ; il dit que ses filtres sont composés de foin saupoudré de chlorure de chaux ou d’alun, de tan neuf ou vieux, criblés et saupoudrés de même avec du chlorure de chaux ou avec de l’alun.
- Votre rapporteur a vu un des appareils du concurrent fonctionner rue de la Victoire, 2 ter; mais il laissait à désirer sous le rapport de sa construction.
- Dans un autre mémoire, le concurrent propose la construction d’une fosse fixe ayant pour but la séparation au moyen d’une cloison verticale qui la partagerait en deux parties et en y faisant arriver les liquides par un conduit placé à l’embouchure de l’appareil de séparation ; ce moyen est analogue à celui décrit par M. Parent-Duchatelet, dans ses observations sur les fosses, publiées en 1836.
- Votre rapporteur s’est transporté chez le concurrent, où il a vu un grand nombre d’appareils en exécution ; mais il n’en a vu fonctionner aucun, le concurrent n’ayant pu obtenir de l’autorité supérieure 1° l’établissement de ces divers appareils, 2° des matières pour expérimenter (1).
- Tout annonce que M. Godard s’est sérieusement occupé de résoudre le problème proposé par la Société , et nous pensons que les efforts qu’il a faits dans ce but méritent d’être encouragés.
- Le moyen proposé par le concurrent inscrit sous le n° 24 (M. Cou tard consiste à désinfecter constamment les matières au fur et à mesure de leur production, en introduisant à l’avance , par un service régulier à domicile , dans les fosses, des réactifs désinfectants, afin de prévenir le dégagement des gaz insalubres et délétères dans les habitations , gaz qui, comme on le
- (1) Nous ferons remarquer qu’il est de la plus haute importance que le maire de ia ville de Paris, qui peut consulter des hommes à qui nulle question n’est étrangère , fasse étudier les moyens de désinfection des matières fécales ; en s’occupant de cette question, il arrivera à faire disparaître Mont-faucon , Bondy ; il viendra ainsi en aide à notre agriculture, qui a un si grand besoin de protection.
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- sait, se développent par suite du séjour des matières dans les fosses et lorsqu’on les agite pour en opérer la vidange.
- Dans sa description, l’auteur, après avoir indiqué d’une manière générale la composition des matières stercorales, commence, pour en opérer la désinfection , par s’emparer de l’ammoniaque en dégageant, dans la fosse , de l’acide hydrochlorique gazeux nécessaire à sa neutralisation ; il se forme aussitôt de l’hydrochlorate d’ammoniaque qui affecte la forme de vapeurs blanches épaisses.
- Lorsque le dégagement d’acide hydrochlorique a cessé, on projette dans la fosse la quantité de réactifs qui doivent neutraliser l’hydrogène sulfuré, l’ammoniaque et l’hydrosulfate d’ammoniaque.
- Les sels employés par ce concurrent sont des sels solubles susceptibles de former des précipités par la présence de l’acide hydrosulfurique, des hydrosulfates ou des alcalis; tels sont, l’alun, le sulfate d’alumine, le pyrolignite de fer, le sulfate de fer ; à ces sels il ajoute la créosote ou l’eau créosotée.
- D’après le concurrent, 5 pour 100 de réactifs , quelquefois 3 pour 100 et même 1 pour 100, suffisent pour opérer la désinfection.
- L’abonnement est de 1 fr. 50 c. par semaine au moins. Une expérience de vidange a eu lieu le 8 mars 18L4, en présence d’une commission du conseil de salubrité et de M. Brissot-Thivars; les résultats en ont été satisfaisants.
- Le concurrent a joint à son mémoire divers rapports faits dans les conseils de salubrité de diverses villes dans lesquelles son procédé de désinfection est exploité, notamment Lyon, Brest, Strasbourg, Nancy, Bordeaux , Lorient, Nantes , etc.; ces rapports attestent que les procédés du concurrent atteignent parfaitement le but qu’il se propose.
- Le concurrent mérite les encouragements de la Société pour la persévérance qu’il a mise à propager l’application de bons procédés.
- Nous pensons que c’est accomplir un devoir en vous proposant de comprendre M. Coutaret au nombre des concurrents dont les travaux méritent d’être signalés.
- Le mémoire du concurrent inscrit sous le n° 25 (M. Boitel) a non-seulement pour objet la séparation et la désinfection des matières, mais encore leur conversion en engrais.
- Il se divise en deux parties.
- Dans la première , il signale les inconvénients des fosses ordinaires , et il propose de les remplacer par une fosse spéciale dans laquelle on posera deux châssis en toile métallique galvanisée entre lesquels on placera un lit légèrement comprimé de charbon provenant de la distillation des matières stercorales ; ce charbon est destiné à filtrer les eaux vannes qui se déverseraient
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- CONCOURS.
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- dans une rigole : les matières solides seraient reçues dans un récipient en tôle renfermé dans une fosse en maçonnerie garnie de deux tuyaux montant jusqu’au faite de l’édifice, ou se perdant dans une cheminée d’usine habituellement chauffée dans le but d’entretenir une ventilation et de détruire ainsi les gaz méphitiques qui se dégagent des matières en fermentation.
- Lors de l’enlèvement du récipient destiné à contenir les matières solides, le concurrent recommande, avant d’en opérer la fermeture, de verser dessus une partie de charbon en poudre dans le but d’empêcher les exhalaisons de se répandre dans l’atmosphère.
- Dans la deuxième partie de son mémoire, le concurrent donne le plan d’un bâtiment à construire pour le traitement en grand des produits provenant de la vidange, et, comme moyen d’achever l’assainissement, il propose d’y placer, de distance en distance , des terrines contenant du chlorure de chaux.
- Les matières seront saupoudrées, de temps à autre , d’une petite quantité de charbon pulvérisé , afin d’en opérer la dessiccation.
- Quatre chaudières recevront de l’eau et des cendres de bois à l’effet de former une lessive pour le lavage des tonneaux après la vidange. Quant aux matières après dessiccation, elles seraient converties en charbon à l’aide de la chaleur. Les liquides fourniraient leurs sels ammoniacaux, mais le concurrent ne fait pas connaître le procédé qu’il se propose d’employer pour arriver à cette extraction.
- M. Boitel parle aussi d’un moyen de ventilation. Nous pensons que ce moyen est analogue à ceux proposés antérieurement par MM. Genneté, de Hemptine et d’Arcet.
- En ce qui concerne le mode de carbonisation des matières, nous rappellerons que, dès 1786, un médecin nommé Géraud a, dans une brochure , proposé ce moyen; de plus, que M. Loyer a pris, en 1842, un brevet d’invention pour un mode d’extraction et de carbonisation des matières fécales , afin d’en obtenir des produits utiles à l’industrie.
- Les moyens indiqués parle concurrent n’ont pas été, à notre connaissance, mis en expérience ; nous pensons, d’ailleurs, que leur exécution offrirait de grandes difficultés ; quoi qu’il en soit, le concurrent n’a pas rempli les conditions de votre programme.
- Dans leur mémoire, MM. Gagnage et Régnault, inscrits sous le n° 26, indiquent la manière d’opérer la désinfection ; mais ils ne font pas connaître les substances qu’ils emploient pour arriver à cette désinfection ; ils se bornent à établir, à la fin de leur mémoire, que leurs agents désinfectants sont des composés analogues à la suie, qu’ils ne sont, à proprement parler, que de la
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- CONSEIL DADMINISTRATION.
- suie liquide, qu’ils ne sauraient, en aucune manière, nuire à la qualité de Tendrais dit poudrette.
- Nous devons dire ici que l’emploi de la suie a été indiqué par Chaumette en 1815.
- MM. Gagnage et Régnault, n’ayant fourni aucun renseignement qui pût mettre la commission à même de juger de la bonté de leur procédé, ne peuvent être admis comme concurrents.
- Sous le n° 27, M. Pagnon-Vuatrin propose, pour opérer la désinfection, d’employer 1° les cendres de houille , qui sont en abondance à Reims; 2° la chaux, l’argile, la silice, etc.
- Bien que les procédés indiqués par le concurrent n’offrent rien de neuf dans leur application, car MM. Chaumette et Bondit, l’un en 1815 et l’autre en 1823, ont signalé les propriétés désinfectantes des cendres de houille , la Société n’en croit pas moins devoir le récompenser pour la persistance qu’il a mise à propager une application qui donne d’assez bons résultats sur les terrains forts des environs de Reims, et comme ayant donné un exemple de T utilisation de matières qui sont un objet d’embarras dans une ville manufacturière.
- Conclusions.
- 11 résulte des documents que nous venons d’énumérer que ces documents peuvent être ainsi classés :
- 1° Moyens de désinfection et conversion en engrais.
- Concurrents : MM. Krafft et Sucquet (1),
- Marchai,
- Siret,
- Salmon,
- Seiler,
- Raphanel et Ledoyen,
- Gagnage et Régnault,
- Pagnon- Vuatrin,
- Coutaret,
- La société des engrais gradués,
- La société générale des engrais.
- 2° Moyens de séparation des solides et des liquides dans la fosse même, et désinfection.
- (f) Nous avons désigné ies concurrents d’après l’ordre de leur inscription au concours.
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- CONCOURS. f|/ t:
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- Bourg, François,?
- ; Concurrents-îj MM*}iMazé y 7noq fT.uvr*»v>h «»h /tm>
- Houssard,
- ’î ’Hiu .Swm’.YisûX /if 'fiHuguifiyi .jm/iaoT* :>iu*î\u**
- De Latour-Ârlet, :u 5it»o J ,,
- ”*-'u ‘MH1 t O'-SÏO / la r »i> B&JnSOn f ; i ri f;;si)tijnVi ?’“h ' : <r
- Legras, ; /d ooo, * ?!< <<üii (
- ... ,*':•;b; fiiüh Bayard, ;rr si.., M ;
- Boitel. s , ,
- 3° Moyens de séparation des solides ides liquides avant ïintroductiony dans les fosses. Vi-vïti .K Z. t joïsO'î -,i> ^
- Concurrents : MM. Bélicard et Chesmauxi ' n , H f f. K h !
- A .Gallet, / OU :*'!hon on .-î-oD OU bA" i Ringard, u
- ’O. ' i [Cîii Si:U‘. &'ji) GodO/rd} LU s-U *4 j.J Ji« ;;jî À Vf i si H îiri;.5>• if
- e Zlfôü.bl'OÎî . j Hély^îl , fiU^}inuoî[ , bA/ u/o7 . .
- . :>^UvÏ1h4 lu fPUOll
- o: , -PbiPü éîliisno
- 4° Mode particulier de curage des fosses sans séparation des solides et des liquides. -,U b;w.bpi -m , yw^vV. b .(b-b ."j/ ;
- La compagnie générale te engrais. .\t(î?r , Vo >>.*«>, >U J La Société voit, par les développements dans lesquels nous venons d’entrer, que les prévisions émises dans )© rapport *sur le concours de 1844 se sont réalisées ; d’importants établissements fonctionnent déjàdans les départements, et nous avons la conviction i que la Tille de £aris o§t,appelée spus peu à donner satisfaction aux nombreux intéressés qui réclament un mode de vidange et de fabrication d’engrais mieux approprié et en rapport avec les progrès de la science et les prescriptions de l’hygièpe publique<\ o u / b Les questions posées dans.VOS programmes doivent être.regardées comme ayant reçu une solution satisfaisante, non par un.seul concurrent, mais par l’ensemble; des travaux entrepris par plusieurs d’entre eux* et même en dehors du concours. . xu su ;
- La Société demeure,, aujourd’hui, désintéressée dans les questions objet de ce concours, eUefiî retirant ces prjx de vos programmes, le comité va au-devant de votre justice, en vous proposant 4e récompenser des efforts, des travaux, enfin desapplications d’un.intéfr^ général (1)*I i -
- (l) La Société d’encouragement recevra toujours avec empressement les communications qui lui seraient adressées et quj seraient relatives à de nouveaux procédés, et particulièrement à rutilisation des
- matières fécales et des urines, v ... \ n v x
- Quarante-septième année. Mars 1848. 22
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- CONSEIL D’ADMINIStRAflOîf. — CONCOURS.
- Le conseil vous propose de décerner, pour la première question posée par les programmes, » b r oil
- 1° A la compagnie générale des engrais, fondée ^ar M. Baronnet, une médaille d’or de 3,000 fr. ; r SL ' A ^
- T A la compagnie des engrais gradués du domaine de la Verge , une médaille de platine de 1,000 fr. ; *
- 3° Aux gérants de la compagnie générale des engrais dont les noms suivent, savoir: .v
- Pourla divisionde Lyon, à M. Léon Vallée; s v .
- Pour la division de l’Ouest, à M. Henri Valin; . h
- Pour celle de Marseille, à M. Cû&ü/ 5 ^ ^ A‘.i: : : . ; n , ^
- Pour celle du Cher, de l’Indre et de l’AllieryA M. Rabier, des médailles d’argent; - —
- 4° Aux concessionnaires de la compagnie générante des engrais, pour les villes de Poitiers, Nevers, Niort, Besançon, RoCheïort, Bordeaux, Orléans, Nantes, Montauban, Limoges, Metz, AüiieM, Trc^es, Rouen et Toulouse, des mentions honorables (1) ; < ^
- 5° A M. A. de Granier, gérant de la compagnie des engrais gradués, une médaille d’argent ; '--u-vs —w -V •• .-.P.
- 6° A MM. Krafft et Sucquet, une médaille de platine ;
- 7° A M. Houssard, une médaille d*argeht et 300 fr.; fs rJ
- 8° A M. Coutaret, une médaillé dar^nf ét 200 fr.; > : " -
- 9° A M. le docteur^ , : >;
- 1G0: A M. Sfref,Urié’ïnédailîé,d’àr^nfï,:"‘-i*'-n?;* b
- 11° A M. jf^mm-Vnafrmi nhë fiiédâüle dë btfonzèi ^ >; v]ï ; r f, h;
- Sur la dë&xiëhïe ?qüe#tioiii du prëgràmnlé y 1# ëomité propose de décerner 1° A M. (Mïëtïdu TMte^uffleinêdailteid'of de k V&lëutde 1,000 frv* •
- 2° A MM. Béliüardel OAeÉïëûî&i’in^ntëdâiïïë âargenhei500fr.; ^ ;
- 3° A M. Le^à/Une’mëdadlë d^argënt ët ^ ^ i p
- 4° A M. Uriëmédailîë d’éngentyam; a-r Hum,
- 5° A MM. HëlyV Mèzé‘; GodMi Demkéneau&M Bingm'êj^ehacun une médaille de bronze. a a; • un ;
- Le comité ptôpésedèfrëtirer ëes1 sujets dë priï du coneomrs: ; >] >? < n.i Lé comité préposé, !ën outre, de fenvoÿép A te Commission du Bulletin leà documents adressés pôUf ces cbticUUrSpiafi^ d*ëxnunner quels sont/cébx qu’il serait utile d’insérer dans îé ¥ëèUe3 ièë trUMix4efe âueiété^f m’::-) : n* ;
- ' Signé Chevallier , rapporteur» .
- (ij MM. Montel et Huguct, Fartnel, Larffcau, Ïlùllard, Àresne, Leeoudreux, B lot, Dubois Ludicres, de Lancosme-Brèvcs et F ombelle, IVatrin, Lenormand, Thierry; Martigny.
- ' I - ' ' V* _ . .‘Z* /• - - * . ' ?
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- PROCÈS-VERBA-UX • 167
- Extrait des procès-verbam séanm du cmml d'administration de la Société
- ; Séance du lfcr mars 1848., v\.'.
- Correspondance. M, Francæur,Y\in des vice-présidents honoraires , rappelle que la Société a rendu de grands services un i830, qu’elle doit encore en rendre aujourd’hui. M. Francœur est fier d’avoir proposé, à cette époque, de récompenser les ouvriers et d’avoir réussi à les éclairer sur 1 utilité, pour eux-mêmes, des machines, et à s’opposer à la destruction de celles employées dans l’industrie; il propose d’adopter trois ou quatre enfants que les derniers combats ont rendus orphelins,, jusqu’à l’âge où ils pourront gagner leur vie comme ouvriers*
- Le conseil prend en considération la proposition de M, Francœur et la renvoie à Vexamen de la commission des fonds, • m ^ i V .
- M. Jules Deckherr, fabricant de cardes à Montbelliard ( Doubs) , adresse un mémoire sur un problème de mécanique ayant pour titre, Essai pur une espèce de navigation aérienne rapide.
- M. Bevenot, rue Choiseul, 8 bis, commimiquB le procédé qu’il a découvert pour prévenir les incrustations qui se forment dans les chaudières à vapeur et détruire celles qui sont déjà formées ; il dépose des fragments d’incrustations qui ont été recueillis dans différentes usines du département de la Seine par suite de l’emploi de son procédé. • ; \
- M, -Guette* rue Qinncampoix, 86, signale les améliorations dont sont susceptibles les diverses branches de notre industrie agricole,
- M. Lapointé f ingénieur civil, présente un mémoire sur le cylindre jaugeur ou appareil propre à jauger, pendant un temps indéterminé, le produit constant ou variable d’un cours d’eau. , ;
- L’appareil dont M. Lapointe propose l’emploi et qu’il nomme cylindre jaugeur se compose d’un gros cylindre creux .en fonte pu en tôle forte* d’un petit moulinet à ailettes hélicoïdes et d’un compteur, ; , :
- M. Lapointe relate, dans son mémoire,, les expériences sur le cylindre jaugeur exécutées à la poudrière du Bouchet et à Chaillot, ;
- M. Roret, libraire, rue Hautefeuille, 10 bis , .fait hommage d’un exemplaire du Manuel du tourneur, qu’il vient de réimprimer en deux volumes in-18, avec planches ; il fait remarquer que cet ouvrage a été entièrement refondu et mis au niveau des connaissances actuelles par M. de Valicourl, qui n’a rien négligé pour le rendre clair et précis afin qu’il puisse être d’une plus grande utilité à cette industrie.
- M. Roret fait également hommage d’un exemplaire d’un ouvrage de M. Brandely, intitulé, Manipulations éledrochmiques ûppUquêep dù& arts et à l'industrie.
- M. Roret demande que ces deux ouvrages soient l’objet d’un rapport.
- Le conseil les renvoie à la commission du Bulletin,
- M. Grenet, à Rouen, désirant prendre part au concours ouvert par la Société pour
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- 168 PROCÈS-VERBAUX.
- la découverte d’une substance autre que la collé de péisson pour la clarification de la bière, dépose, sous pli cacheté, la description de son procédé dont M. Payen, membre du comité des arts chimiques, a certifié l’exactitude.
- Objets 'présentés. M. Combes meit sous les yeux des' membres du conseil deux modèles de lampe de sûreté pour les mines inventée par M. Eloin, de Bruxelles; il donne la description de cette lampe,' qui se compose d’ün réservoir d’huile, d’un appareil servant à l’introduction de l’air et à sa distribution autour de la flammé, du vèrre, de la cheminée, et de la cage destinée à relier et à maintenir lés quatre parties précédentes.
- Après avoir donné des détails sur chacune de ces parties, M. Combes fait remarquer que le verre est en cristal / cylindrique intérieurement comme les autres verres de lampes; mais il diffère de ces derniers en ce qu’il présente extérieurement une’ courbe concave destin ée à disperser les rayons lumineux
- Les ouvrages suivants sont déposés sur le bureau H '
- 1° Moniteur industriel des 17, 20 et 27 février 1848; <
- 2° La Belgique industrielle des 17, 20, 24 et 27 février 1848 ; ^ ^ ; .
- 3° Le travail intellectuel, lre année, n" 7; ; ; v ’ ni 4° Bulletin de la Société pour V instruction élémentaire;
- 5° Journal des économistes, février 1848;
- 6° Procédé pour empêcher les rivières et les fleuves de servir de moyen pour débarrasser les villes des matières à engrais, par M. Maillet, membre du comice agricole de Reims.
- Bapports des comités. M. Michelin expose les motifs d’une proposition tendant à allouer une somme de 1,000 francs pour les blessés, les veuves et les orphelins des combattants de février. . > ^
- M. de Ladoucette demandé que cette somme soit également appliquée aux ouvriers sans travail. : • ;,!i :!'r!
- Cette proposition est prise en considération et renvoyée à l’examen de la commission des fonds.- — ' - -y-.- -- 5 • '•
- Au nom d’une commission spéciale, M. Seguier lit un rapport sur le résultat du concours relatif au perfectionnement de la photographie. . - i
- Après avoir rendu compte des travaux de chaque concurrent, M. le rapporteur propose de faire emploi des sommes consacrées aux progrès de la photographie, en considérant que la Société trouvera dans ses médailles le moyen d’entretenir l’émulation entre tous ceux qui se livrent à l’art photographique.1 ’’:' 'Y'" '
- Cependant deux propositions de prix ont paru encore indispensables pour hâter ‘ le développement complet de cet art nouveau, savoir : 1° un prix pour la fabrication du papier ou autres substances transparentes pour la reproduction des images négatives de la photographie sur papier; 2° un prix pour la fixation des couleurs. La solution de cet important problème est désormais démontrée possible par les travaux de M. E. Becquerel. ‘r ' ',J' ; -v: ^ -
- En résumé, la commission propose, Sur lâ première question concernant la gravure photographique, de décerner
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- PROCÈS-VERBAÜX.
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- 1° A M. Niepce de Saint-Victor une médaille d’or de la valeur de 2,000 fr. ;
- 2° A M. Fizeau une médaille d’or de la valeur de 1,000 fr. ;
- 3° A M. Lepoitevin une médaille d’argent <î& la valeur de 500 fr. à prélever sur les fonds de la troisième question.
- Sur la deuxième question relative à la photographie sur papier,
- 1° A M. Blanquart-Evrard, à Lille, une médaille d’argent de la valeur de 500 fr. ;
- 2° AM. Martens, une médaille d’argent de la même valeur.
- Sur la question concernant les perfectionnements divers,
- 1° A M. Brebisson, une médaille d’argent de la valeur de 500 fr.;
- 2° A M. Thierry, de Lyon, une médaille d’argent de la valeur de 250 fr. ;
- 3° A M. Désiré Lebrun, une médaille d’argent de la valeur de 250 fr.
- La commission propose, en outre, au conseil de prendre en considération les deux sujets de prix, 1° pour la fabrication des papiers ou autres substances transparentes propres à la reproduction des images négatives de la photographie sur papier ; 2° pour la fixation des couleurs.
- Ces propositions sont successivement mises aux voix et adoptées.
- M. J omard rend un compte verbal de deux tableaux présentés à la Société par M. Saint-Martin, indiquant les distances des villes de France, soit de l’une à l’autre , soit de chacune d’elles, à chacune des villes de l’Europe.
- Ces tableaux n’ayant aucun rapport direct avec les travaux de la Société, l’auteur se borne à exprimer le désir que l’utilité en soit reconnue pour le service de l’agence.
- M. Jomard propose, en conséquence, de renvoyer au bureau les deux tableaux dont il s’agit. ( Approuvé. )
- Au nom du comité des arts chimiques, M. Balard lit un rapport sur le résultat du concours pour la découverte d’un moyen saccharimétrique propre à faire connaître la quantité de sucre cristallisable contenue dans le jus de betterave ou tout autre produit sucré.
- M. le rapporteur rappelle le résultat du concours de 1834, et démontre que le problème de la saccharimétrie, dans les termes et avec les exigences des programmes, restait encore à résoudre; il annonce qu’il l’est aujourd’hui d’une manière entièrement satisfaisante par des méthodes variées qui, fondées sur les propriétés du sucre cristallisable complètement distinctes, peuvent ainsi se contrôler au besoin.
- Après avoir décrit les méthodes de MM. Péligot et Payen, et fait connaître leurs diverses applications, M. Balard, entrant dans l’examen des travaux de MM. Çlerget et Soleil, fait voir que leurs méthodes s’appliquent aussi bien à l’essai des sucres bruts qu’à celui des sirops, des mélasses, des sucs de betteraves et de la canne ; fondées sur les propriétés optiques des sucres, elles introduisent, d’ailleurs, dans la pratique, un élément d’appréciation nouveau dont d’autres industries sauront plus tard tirer parti.
- M. Balard rend compte des expériences et des recherches auxquelles le comité s’est livré. Il en résulte que le problème de la saccharimétrie, tel que la Société l’avait posé, est résolu. En conséquence, le comité propose de décerner à MM. Clerget et Soleil le
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- PROCÈS-VERBAUX.
- prix de 2,000 fr. quelle avait proposé pour ia solution de cette importante question. (Approuvé.) -f;::-.îv.i .i.K / l
- Le conseil décide que des exemplaires du rapport useront transmis aux 'ministres de l’agriculture et du commerce, des finances et de la marine et dés colonies.
- Séance générale du 15 mars 1848.
- Voyez plus haut les détails de cette séance. v . r ,
- Séance générale du%2 mars 18^8. , ; ,
- Cette séance a été consacrée aux élections annuelles, conformément aux paragraphes h et 5 de l’article 2 du titre IX du règlement.
- M. Dunias a été réélu président de la Société à une très-grande majorité.
- Il est procédé ensuite, par un seul scrutin, aux élections des membres du bureau et des comités. ‘
- MM. A. Seguier et Vauvilliers ont été réélus vice-présidents.
- Aucun des candidats présentés pour la place de secrétaire n’ayant réuni la majorité des suffrages , cette nomination aura lieu dans une prochaine séance. , .
- M. Héricart de Thury a été confirmé dans ses fonctions de censeur .ainsi, que M. Agasse dans celles de trésorier.
- Il reste à pourvoir à la nomination d’un second censeur* le candidat présenté n’ayant pas réuni un nombre suffisant de voix.
- Les membres sortants de la commission des fonds ont été réélus. ‘ ,
- Au comité des arts mécaniques, M. Bande remplace M. le Chatelier, absent de Paris;
- Au comité des arts chimiques, M. Ebelmen remplace M. Brongniart père, décédé.
- Au comité des arts économiques, M. Edmond Becquerel remplace M. Vallot, décédé.
- Les membres sortants des comités d’agriculture et de commerce ont été réélus.
- Nous donnerons prochainement la liste complète des membres du conseil.
- IMPRIMERIE DE Mrae Ve BOUCHARD HUZARD, RUE DE LÉPERON, 7.
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- QUARANTE-SEPTIÈME ANNÉE. (N° DXXVI.) AVRIL 1848.
- bulletin
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Suite de la séance générale du 15 mars 1848.
- Rapport sur le concours relatif à la saecharimétrie ; par M. Balard.
- Messieurs, au premier rang des services que les sciences rendent à l’industrie , il faut surtout placer l’acquisition de méthodes d’analyse à la fois simples et sûres qui permettent au manufacturier d’apprécier le véritable titre des matières qu’il emploie et des produits qu’il obtient ; grâce à ces méthodes, dont la fabrication et le commerce des chlorures et des alcalis décolorants nous offrent de si parfaits modèles, les transactions deviennent plus équitables , la fraude presque impossible, la fabrication moins chanceuse, la valeur des perfectionnements est mieux et plus vite appréciée, l’industrie, en un mot, est plus sure et plus prospère.
- La Société d’encouragement, qui a si puissamment contribué au perfectionnement de chaque branche de la grande industrie des sucres, ne pouvait rester indifférente à la découverte d’un procédé saccharimétrique exact et manufacturier; aussi, depuis dix ans, a-t-elle appelé sur ce sujet l’attention des industriels et des savants, et fondé le prix que vous allez décerner aujourd’hui.
- Un premier mémoire sur ce sujet, qui lui fut présenté en 1844, obtint une mention favorable et valut à son auteur, M. Barestcif un encouragement (1).
- Le procédé de M. Bareswil, régularisation du procédé de Frommers, consista Voy. bulletin de la Société, année 1844, p. 2G7.
- Quarante-septième année. Avril 1848.
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- in ' \ Conseil d’administraîiôi^.
- tait, la Société se le rappelle, à doser le glucose par la quantité d’une solution alcalino-cuivreuse dont il opérait la réduction, et le sucre lui-même par la proportion de glucose qu’il pouvait produire par l’influence des acides.
- Ces recherches n’ont pas eu de suite, et, si le procédé que nous venons de rappeler a servi quelquefois à démontrer la présence du glucose dans les sucres raffinés soumis à la réexportation, le problème de la saccharimétrie, dans les termes et avec les exigences du programme, restait encore entièrement à résoudre.
- Il l’est aujourd’hui d’une manière tout à fait satisfaisante, et par des méthodes variées qui, fondées sur des propriétés du sucre cristallisable , complètement distinctes, peuvent ainsi se contrôler au besoin.
- Deux de ces méthodes, la Société éprouve un véritable bonheur à se le rappeler, appartiennent à deux des membres de votre conseil d’administration. Ces méthodes sont des méthodes chimiques.
- M. Péligot, utilisant d’une manière heureuse ces propriétés des sucres sur lesquelles ses propres travaux ont attiré l’attention des chimistes , a essayé de doser le sucre en évaluant la chaux dont il provoque la solution, et de ramener ainsi un essai saccharimétrique à une simple expérience d’alcalimétrie. Le procédé, bien qu’il n’ait pas encore reçu la sanction de la pratique , parait renfermer le germe d’une méthode saccharimétrique exacte et simple qui n’attend que d’être convenablement régularisée dans ses détails pour rendre à l’étude des sucres des services très-réels. (Bull, de la Soc., ann. 1846, p. 289.)
- Ceux que le commerce des sucres tire déjà du mode d’essai que M. Payen nous a fait connaître sont appréciés par tous les fabricants. Ce mode consiste, vous le savez, en une application heureuse à l’essai des sucres, de ces méthodes de lavages dans des dissolutions saturées, dont l’essai des salpêtres avait déjà tiré parti (1). Ce procédé est entré dans la pratique, il n’en sortira pas. Le fabricant l’emploie avec plaisir parce qu’il le comprend ; il n’y perd pas , en quelque sorte, le sucre de vue ; il en apprécie les qualités physiques, et constate la consistance et le mode de dilution dans la dissolution sucrée, des matières étrangères associées au sucre lui-même. Ces propriétés sont liées trop intimement à la manière dont le sucre se comporte au raffinage ainsi qu’au rendement probable pour que le raffineur renonce à employer ce procédé , ne fût-ce que comme complément de méthodes saccharimétriques plus rigoureuses.
- Mais on conçoit que cette méthode saccharimétrique, qui n’est, en quelque sorte, qu’un raffinage en petit, ne peut s’appliquer à l’essai de ces dissolutions sucrées dont le fabricant et l’administration ont si souvent à apprécier la teneur en sucre.
- (1) Bulletin de h Société, année 1846, p. hg.
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- CONCOURS.
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- . La méthode de M. Clerget est, au contraire, tout à fait générale; elle s’applique aussi bien à l’essai des sucres bruts qu a celui des sirops, des mélasses, des sucs des betteraves et de la canne. Fondée sur les propriétés optiques des sucres, elle introduit d’ailleurs dans la pratique un élément d’appréciation nouveau dont d’autres industries sauront, plus tard, tirer parti.
- L’illustre physicien a qui la science est redevable de 1 etude de la polarisa-lion circulaire avait posé les bases de la méthode saccharimétrique qui nous occupe, en constatant le pouvoir rotatoire du sucre et les altérations qu’il éprouve dans ses propriétés par l’action des acides ; mais, pour la rendre pratique et manufacturière, il fallait une étude spéciale pour laquelle M. Clerget avait déjà, en 1813 , tenté quelques efforts que M. Biot voulut bien, dès leur origine, encourager de ses conseils et de ses inspirations. Rappeler cette date, c’est faire en même temps apprécier à la Société la persévérance dont a fait preuve M. Clerget, qui, n’étant, par position, voué ni à l’industrie ni à la science, a dû consacrer, pendant cinq ans, à ces recherches les courts loisirs que lui laisse l’administration à laquelle il appartient.
- Ce fut d’abord à l’appareil généralement employé pour l’étude de la polarisation circulaire que M. Clerget eut recours. En ayant, en effet, ainsi qu’il le conseille, le soin d’opérer sur des liqueurs presque incolores, et avec la lumière des lampes, qui donne des résultats plus comparables que la lumière du jour, on peut, avec l’appareil de M. Biot, et celui que M. M-itscherlich a mis en usage, obtenir des indications exactes, mais avec quelques difficultés qui disparaissent au moyen de l’appareil que M. Soleil a présenté à la Société. C’est seulement depuis la construction de cet appareil que les procédés de M. Clerget ont pu utre mis facilement en pratique, et que la fabrication des sucres, en utilisant les découvertes d’un savant fidèle au culte de la science pure sur les phénomènes les plus curieux et les plus délicats de l’optique, a montré encore une fois combien sont intimes les rapports qui lient la science à l’industrie, et comment,, dans l’étude delà nature, les faits scientifiques qui semblent, au premier aspect, n’intéresser que les spéculations philosophiques de l’homme, ont en même temps l’influence la plus directe sur son bien-être matériel. C’est, dès lors, à l’ensemble des méthodes dont M. Clerget a imaginé et coordonné l’usage ainsi qu’à l’appareil de M. Soleil, que nous vous proposons de décerner aujourd’hui le prix de 2,000 fr. destiné à la saccharimétrie.
- L’instrument de M. Soleil, décrit p. 545 et 551 du Bulletin de l’année 1847, a déjà été l’objet d’un rapport, et je n’ai point à vous en entretenir ici ; le procédé de M. Clerget, ainsi que le dessin des vases divers qu’il emploie pour que les opérations se fassent d’une manière simple et facile , a aussi été inséré dans le Bulletin de l’année 1846, p. 549, et, si je le résume rapidement ici,
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- c’est afin de montrer qu’il n’y a pas un point, dans les détails de ce procédé,, dans lequel les observations de M. Clerget ne soient intervenues d’une manière heureuse.
- Dans une méthode oii il est question de transmission lumineuse et d’appréciation de teintes* la première condition est d’opérer sur des liqueurs limpides et décolorées. Or la nature des liquides que l’étude des sucres amène à essayer est diverse ; mais à chacun d’eux M. € 1er gel a su approprier un mode d’épuration convenable. S’agit-il de décolorer les sucres bruts, il suffit d’une petite quantité d’acétate basique de plomb pour atteindre le but d’une manière complète. À-t-on à faire au suc de la canne, incolore, mais louche et d’une défécation difficile l’emploi de la colle de poisson et de l’alcool qui la coagule réussit pleinement. Il faut plus de temps et de soins quand il s’agit de la mélasse ; néanmoins, par l’emploi successif du noir animal en grain, puis de l’acétate de plomb, puis encore du noir, on parvient à- obtenir, avec des échantillons très-colorés, une liqueur incolore et limpide presque comme de l’eau. M. Clerget a observé que le charbon, outre la matière décolorante, enlevait aussi du sucre et appauvrissait ainsi la liqueur; il a fixé les limites de cette action et montré comment, en laissant perdre une partie de la première liqueur, on pouvait éviter une cause d’erreur qui, avant qu’il l’eût découverte, avait dû vicier plus d’un résultat.
- Le saceharimètre , on se le rappelle , est divisé de manière à pouvoir apprécier, au moyen d’un vernier, le pouvoir rotatoire qu’exercerait, à droite ou à gauche, une plaque de quartz d’un centième de millimètre d’épaisseur. En comparant le pouvoir rotatoire du sucre mesuré par M. Biol avec celui du quartz lui-même * on en conclut que 20 centimètres d’épaisseur d’une dissolution contenant I6S1*471 de sucre pur et occupant un volume de 100 centimètres cubes doivent produire cette identité de teinte que l’on cherche à obtenir dans l’appareil de M. Soleil, si l’on fait mouvoir de 100 divisions du vernier le zéro de la règle graduée mobile vers la droite de ce vernier. L’appareil, avant de servir comme saceharimètre * doit même être soumis à cette épreuve, qui apprendra s’il a été convenablement divisé. Maintenant, fait-on varieriez proportions de sucre, le nombre de degrés marqué par l’instrument restera toujours proportionnel à la quantité de sucre dissoute, et indiquera la richesse de la nouvelle dissolution. On voit, dès lors, que* si les sucres bruts ou les liqueurs sucrées que l’on examine ne renfermaient que des substances dénuées de pouvoir rotatoire, une simple observation, pour laquelle sept ou huit minutes suffisent, donnerait immédiatement le titre du produit. C’est ce qui arrive souvent, par exemple, pour le sucre indigène, dont le titre direct diffère si peu du titre définitif, que les fabricants chez lesquels la méthode de
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- M. Clerget est employée se contentent généralement de cette seule observation au saccharimètre.
- Mais les matières associées aux sucres peuvent posséder un pouvoir rotatoire s’exerçant soit a droite, soit a gauche , et susceptible, des lors, d augmenter ou de diminuer le titre des produits que Ion essaye. Le suc de la betterave , par exemple, d’après les nombreux essais de M. Clerget, renferme une faible proportion d’un principe tournant a droite et autre que le sucre lui-meme, tandis qu’il arrive parfois que le sucre des colonies contient une petite quantité de glucose incristallisable tournant à gauche , développé par un commencement de fermentation.
- Pour arriver, dans ce cas, à une détermination exacte de la quantité de sucre réel, on utilise ce que l’on appelle l’inversion du sucre, changement de sens et de pouvoir rotatoire, que M. Biot a appris à produire au moyen des acides. Mais l’action est lente à froid, et, si l’on essaye de l’accélérer par l’élévation de la température, on risque de colorer la dissolution en détruisant du sucre, et de rendre ainsi difficile la nouvelle observation du pouvoir rotatoire. M. Clerget a montré comment on évite ces inconvénients en élevant peu à peu le liquide à 68 degrés , température à la fois suffisante et nécessaire pour produire l’effet désiré.
- Le sucre cristallisable est, parmi les substances que contiennent les sucres bruts, la seule qui jouisse de la propriété d’ôtre ainsi intervertie par les acides. On conçoit, dès lors, que, en mesurant le degré que marque la nouvelle liqueur, la différence qui s’obtient en prenant la somme des deux rotations, quand la seconde est de signe contraire avec la première , ce qui arrive le plus souvent, indique l’inversion qui a eu lieu, et connaissant celle qu’éprouve le sucre pur, on peut en conclure la quantité de ce produit, qui existait dans un mélange complexe de substances douées du pouvoir rotatoire.
- M. Mîtseherlich a observé que ce pouvoir rotatoire à gauche du sucre interverti varie avec la température. M. Clerget, qui, de son côté, était arrivé aux mômes résultats, a dû nécessairement étudier les lois de cette variation, afin de construire la table qu’il a publiée dans vos Bulletins et au moyen de laquelle, étant données l’inversion produite et la température à laquelle elle a été observée, un en déduit la richesse en sucre du produit étudié. Le pouvoir rotatoire d’une solution marquant d’abord 100 degrés et ensuite intervertie diminue environ d’une demi-division de l’échelle pour chaque élévation de température de 1 degré, ainsi que l’a constaté M. Clerget par des recherches faites avec un soin scrupuleux et auxquelles l’Académie vient d’accorder sa plus haute sanction en ordonnant leur insertion dans son recueil des savants étrangers.
- Ces tables, votre comité a eu plus d’une fois à en constater l'exactitude, non
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- pas en en contrôlant d’une manière directe les principaux nombres, mais en analysant des mélanges saccharins connus, genre de vérification qui permet de juger à la fois l’instrument, la méthode et les tables elles-mêmes.
- À un sucre brut d’une composition connue nous avons ajouté des quantités croissantes de sucre pur, et toujours nous avons pu, sans hésitation, apprécier à un centième près la quantité de sucre réel contenue dans le mélange examiné. Nous avons analysé des mélanges artificiels de sucre avec de la dex-trine du glucose, du sucre de fruits, etc., et ces composés si complexes nous ont toujours aussi donné les indications les plus fidèles. Nous pouvons donc assurer que le procédé pour lequel nous sollicitons votre approbation est d’une exactitude irréprochable, et d’une sensibilité plus grande que celle que demandait le programme , qui se contentait d’une indication fidèle à deux centièmes près.
- Mais ce procédé dont nous venons d’apprécier l’exactitude est-il manufacturier ? Question complexe et qui comprend les suivantes : est-il d’une exécution prompte, d’un résultat sûr, d’un emploi facile? jusqu’à quel point l’habitude des opérations délicates est-elle nécessaire pour mettre en oeuvre une méthode qui, outre une pesée et la lecture de deux thermomètres, exige l’appréciation d’une égalité de teinte et la lecture d’un vernier ?
- Quant à ce qui concerne la durée de l’épreuve, nous avons déjà dit que fessai sans inversion n’exigeait que sept à huit minutes. Avec l’inversion, vingt-cinq sont nécessaires ; mais on conçoit qu’en faisant marcher de front plusieurs opérations ce temps peut être notablement abrégé. Pour ce qui concerne la mélasse, malgré les moyens ingénieux que M. Clerget a imaginés pour rendre commode la filtration sur le noir, la nécessité de décolorer deux fois par le charbon et de déféquer par le sous-acétate de plomb fait que l’essai exige une heure et demie environ ; mais il faut dire aussi que, portant ordinairement sur de plus grandes quantités de matières , on n’a, dans la pratique, à l’exécuter que bien plus rarement que les autres.
- Voilà pour le temps ; quant à ce qui concerne la sûreté des appréciations, il nous suffira de dire que les indications fournies par l’instrument sont assez faciles à saisir pour qu’au bout d’une heure au plus d’apprentissage des observateurs différents tombent tous sensiblement sur les mêmes nombres.
- Pour apprécier la facilité de l’observation, nous avons enfin fait pratiquer des essais saccharimétriques par des personnes étrangères au maniement des instruments de précision, et les résultats qu’elles ont obtenus ont été conformes à la vérité. Des manufacturiers habiles, dans l’usine desquels cette méthode saccharimétrique commence à être employée en même temps que celle de M. Payen, nous ont d’ailleurs assuré que, pourvu que les indications de
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- l’instrument fussent fidèles, et nous venons de voir qu’elles l’étaient, il n’y aurait aucun obstacle à ce qu’il fût employé par les fabricants. Nous n’hésitons donc pas à affirmer que, si l’administration des finances voulait le prendre pour base de la fixation des droits sur les sucres, elle trouverait, dans les grands centres ou se font le commerce et la fabrication de ces produits, des agents pour lesquels la pratique de ce procédé ne présenterait point de difficultés sérieuses.
- Le procédé saccharimétrique est donc exact et manufacturier.
- Le problème de la saccharimétrie, tel que vous l’aviez posé, se trouve, par-conséquent, résolu, et nous venons avec confiance vous demander de décerner le prix de 2,000 fr. que vous aviez proposé pour la solution de cette importante question à M. Clerget pour sa méthode et à M. Soleil pour l’instrument qui en facilite l’application.
- Au moyen des procédés saccharimétriques que nous venons de caractériser, le fabricant saura rigoureusement ce qu’il achète ; mais il est une autre question qui le préoccupe plus vivement encore , c’est de savoir ce qu’il obtiendra.
- Dans les opérations manufacturières, le raffineur obtient toujours, en effet, beaucoup moins de sucre pur qu’il n’en existe dans les produits qu’il emploie. On conçoit, dès lors , que les procédés d’essai les plus exacts , par cela meme qu’ils accusent la totalité du sucre contenu dans un sucre brut donné, fournissent des nombres plus élevés, et, par conséquent, plus éloignés du rendement probable que des méthodes moins parfaites, simulant le raffinage lui-même, et dans lesquelles une petite quantité de sucre échappe toujours à l’investigation. Aussi, quoique moins exacte que celle de M. Clerget, la méthode des lavages proposée par M. Pmjen continuera peut-être à être employée par beaucoup de fabricants, parce que, accusant généralement moins de sucre qu’il n’y en a dans le produit examiné, ses indications directes concordent mieux, par cela même, avec les rendements que l’on observe dans l’état actuel de la fabrication.
- M. Clerget a cherché à déduire de l’essai saccharimétrique des mélasses une appréciation du rendement des sucres bruts dont nous devons dire ici quelques mots. La moyenne de plusieurs analyses de la mélasse donne, pour la composition de ce produit, 20 pour 100 eau, L0 pour 100 de produit incristallisable et de matières salines, et L0 pour 100 de sucre cristallisable non altéré dans ses propriétés rotatoires. Ainsi, pour chaque centième de matière solide autre que le sucre contenu dans le sucre brut, un autre centième au moins de sucre ordinaire ne pourra être amené à l’état cristallin, de telle sorte que, pour calculer le rendement probable , il faut retrancher du titre réel un nombre de centièmes égal à celui qui représente les matières étrangères autres que l’eau contenues dans le sucre examiné.
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- Cette correction faite, le nombre obtenu n*est même encore qu’un maximum qu’il est impossible au fabricant d’atteindre , et dont souvent il reste fort éloi-gué. Les matières étrangères au sucre cristallisable que renferme un sucre brut ne sont pas seulement de l’eau et du sucre incristallisable déjà existant ; une portion consiste en produits salins qui, avec le concours de la chaleur et de l’eau, réagissent sur le sucre pendant la cuisson des sirops et en modifient une partie : or, comme» pour une quantité qui se transforme ainsi, une proportion à peu près égale se trouve » quoique non altérée, empâtée cependant dans la mélasse produite, il en résulte que le chiffre maximum de rendement ainsi calculé se trouve, en réalité, diminué d’une quantité double de celle qui représente le sucre modifié. Tout porte à croire que cette dernière quantité va croissant d’une manière rapide à mesure que la proportion de matière saline est plus considérable, et que cette évaluation du rendement, appliquée au sucre à bas titre , donnerait ainsi des résultats bien supérieurs au rendement réel. Si celui-ci était constaté par des expériences bien faites, on pourrait en déduire, comme le propose M. Clerget, les relations qui existent entre le titre saccharimé-trique et le rendement probable, question importante qui reste encore à étudier. Mais ces expériences, qui les fera? Exécutées dans nos laboratoires, elles n’y représenteraient en aucune manière les résultats en grand. On peutcraindre, d’un autre côté, qu’exécutées par le fabricant, au milieu d’un roulement considérable de matières premières et des exigences de la fabrication, elles n’offrent pas assez de garanties d’exactitude. La question serait jugée, si l’État, qui possède des fermes modèles, leur adjoignait, sur quelques points, une usine à sucre, modèle aussi, où tout ce qui intéresse la fabrication des sucres serait essayé rigoureusement et dans des proportions manufacturières. Nous ne verrions pas alors beaucoup de nos fabricants partir des appareils les plus simples pour adopter ensuite les plus perfectionnés, revenir ensuite aux premiers pour un temps limité peut-être, et attester, par ces changements et cette indécision, combien il leur est difficile de se rendre un compte exact de leurs opérations.
- Si, maintenant qu’il nous est facile de fixer un maximum de rendement, nous étudions, le saceharimètre à la main, les diverses qualités de sucre et le mode de perception de l’impôt, nous arrivons à des conséquences sur lesquelles M. Clerget a déjà plus d’une fois appelé l'attention, et que nous regardons comme un devoir de faire ressortir ici.
- On sait que , dans l’état actuel de la législation des sucres, les droits sont gradués d’après la nuance et rapportés à deux titres déterminant trois classes. La première renferme tous les sucres dont les teintes varient, depuis les plus inférieurs jusqu’à ceux du premier type inclusivement; la seconde comprend les sucres supérieurs, et qui s’élèvent jusqu’au deuxième type inclusivement aussi ;
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- la troisième enfin comprend les sucres supérieurs au deuxième type. Quelques sucres, et le plus ordinairement les sucres indigènes, approchent beaucoup de la nuance du premier type ; dans cet état, ils renferment 94 pour 100 de sucre, et comme, en moyenne, ils contiennent aussi 3 pour 100 d’eau , il en résulte que la quantité de matières étrangères solides s’élevant à 3 pour 100 , c’est, d’après notre calcul, 95 — 3 = 92 qui doit représenter le rendement maximum. Mais beaucoup de sucres, et l’on peut dire la presque totalité de ceux des colonies, sont loin d’atteindre cette nuance ; aussi leur titre saccha-rimétrique est-il notablement inférieur. Sur quarante-cinq sucres du commerce recueillis indistinctement par M. Clerget et titrés par lui, il n’y en a que huit qui dépassent le premier titre, et ce sont là des qualités en quelque sorte exceptionnelles et qui ne participent à la consommation que pour des proportions très-petites. Parmi ces sucres colorés, quelques-uns, appartenant aux colonies françaises, marquent 81 degrés saccharimétriques. Appliquons à ces sucres l’évaluation du rendement proposé par M. Clerget; il en résultera, en admettant qu’ils contiennent aussi 3 pour 100 d’eau, que du titre 84 il faudra retrancher 16 — 3, c’est-à-dire 13, et que le chiffre maximum du rendement d’un pareil sucre sera de 69 pour 100 au plus. Le rendement réel sera même probablement beaucoup moindre, car c’est surtout quand l’impureté est si grande qu’on peut supposer que du sucre sera détruit dans le travail. Ainsi, pour terminer cette comparaison, ces deux sucres ayant versé dans la consommation , l’un 92, l’autre 68 de sucre cristallisé, auront néanmoins acquitté le même droit. Que si, au lieu de comparer les extrêmes, nous comparions les moyennes, la différence, moindre sans doute, ne s’élèverait pas pourtant à moins de 16 à 20 pour 100. On voit donc que l’égalité de l’impôt n’est qu’apparente. Elle ne deviendra réelle que lorsque, par l’application des procédés saccharimétriques, on fixera le droit du sucre brut en proportion, non pas seulement de ce qu’il contient, mais de son rendement en sucre raffiné.
- Lors même qu’on ne voudrait pas admettre l’emploi de la saccharimétrie pour l’essai de chaque partie de sucre, on pourrait multiplier les types déterminés par les nuances. A Java, le gouvernement hollandais, qui stipule à forfait avec des fabricants pour l’extraction du sucre des cannes provenant du domaine de l’État, a admis jusqu a vingt nuances différentes pour ce produit. Sans atteindre ce nombre, on pourrait, en France, avec avantage, F augmenter sensiblement et en déduire, sur la richesse des sucres, des probabilités que la saccharimétrie transformerait, au besoin, en certitude.
- Si à la dépréciation nécessaire que ces sucres coloniaux à bas titre doivent éprouver à la vente venait se joindre une juste diminution de l’impôt qui pèse sur eux, il en résulterait que ces produits, qui, à raison de leur saveur franche,
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- peuvent être employés directement, seraient accueillis par le consommateur peu aisé, et qu’un mode de perception éminemment équitable équivaudrait, en quelque sorte, à un dégrèvement opéré au profit spécial des classes pauvres et des colonies.
- Ce mode d’évaluation, s’il est utile dans la fixation de l’impôt des sucres, devient tout à fait indispensable quand il s’agit des jus, des mélasses et des sirops. Quoiqu’il fût à regretter de voir transporter en Europe des produits dans lesquels l’eau interviendrait pour une quantité notable, il n’en faut pas moins reconnaître cependant que les colonies peuvent avoir intérêt à apporter sur nos marchés des produits sucrés dans un certain état de liquidité. La tarification actuelle divise ces sucres en deux catégories ; aux liquides peu colorés qu’elle appelle sirops, elle applique le droit qui pèse sur les sucres bruts ; les produits plus colorés compris sous le nom générique de mélasse payent seulement un droit de 12 fr. par 100 kil. Mais, malgré la similitude de teinte, la richesse en sucre est souvent très-variable. Entre ces produits extrêmes, que d’intermédiaires d’ailleurs ne doit pas fournir la fabrication des colonies, que l’imperfection des procédés et le défaut d’outillage rendent si incomplète.
- Toutes les difficultés qui se présentent quand il faut percevoir le droit sur ces produits douteux cesseraient évidemment si l’on faisait intervenir dans leur fixation l’analyse saccharimétrique d’un côté et l’appréciation de la densité de l’autre, qui, seule, peut bien apprendre la quantité de matière solide contenue dans le liquide sucré, mais qui est tout à fait insuffisante pour apprécier la richesse en sucre lui-même.
- C’est cependant encore à elle seule que le fabricant a recours pour faire ses inventaires et que l’autorité demande l’appréciation de la richesse saccharine des jus dans la fabrication indigène. La loi veut que chaque degré de densité au-dessus de la pesanteur spécifique de l’eau soit considéré comme représentant 1,400 grammes de sucre pur par hectolitre, quantité que le fabricant prend en charge et qu’il doit représenter par ses produits ; ainsi, chose singulière , non-seulement des substances qui ne sont pas du sucre, mais plus encore des matières salines qui doivent en modifier nécessairement une certaine quantité dans la fabrication, augmentent ainsi la densité du liquide et comptent comme du sucre lui-même. Quoique ce mode d’évaluation empirique paraisse représenter en réalité la moyenne du rendement pendant une longue fabrication, il n’en est pas moins vrai que la nature des jus pouvant éprouver, selon les lieux et les années, des variations notables, le fabricant et l’administration se trouvent plus d’une fois dans cette position, l’un de prendre en charge plus de sucre qu’il n’en a et de payer ainsi des droits pour un produit qu’il n’a pas obtenu, l’autre de donner en charge plus de sucre qu’elle n’en compte, au risque de voir une
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- partie de l’excédant s’introduire dans la consommation par des voies détournées. Toutes ces fixations se feraient avec une parfaite équité par une appréciation du rendement probable faite comme le conseille M. Clerget, en tenant compte à la fois et de la densité du jus et de son degré saceharimétrique.
- C’est un principe admis sans contestation aujourd’hui que la fabrication du sucre doit tendre à obtenir, du premier jet, du sucre blanc et raffiné d’un côté, et delà mélasse incristallisable de l’autre. Mais, dira-t-on, si cette tendance est surtout utile à favoriser dans les colonies, dont les produits, pendant le transport, perdent en poids par le coulage et s’altèrent en qualité par la fermentation, n’est-il pas à craindre que la multiplication des types n’aille directement contre ce but, et que l’écoulement facile des produits à bas titre ne devienne un obstacle à l’introduction des perfectionnements ? Cette exagération du droit qui pèse sur les sucres à bas titre, loin d’être nuisible, ajoute-t-on , est un stimulant à bien faire dont il faudrait plutôt accroître que diminuer l’emploi. Mais peut-être en faisant ces objections oublie-t-on un peu trop que tout ne dépend pas de la volonté des colons eux-mêmes ; peut-être ne donne-t-on pas une assez large part d’influence au régime hypothécaire des colonies, à l’absence des capitaux , à l’altération si prompte des jus dans ces pays chauds, etc., etc. Certes ce stimulant existe bien aujourd’hui dans l’augmentation des droits, dans la dépréciation des sucres à bas titre, dans l’aggravation des prix du transport. Qu’a-t-il produit? M. Clerget nous l’a montré , des qualités de sucre dont la presque totalité est notablement au-dessous du premier titre. À Java, une expérience plus concluante encore justifie cette assertion. Ce sont des Européens à qui ne manquent ni l’activité, ni l’intelligence, ni les capitaux, ni les grands appareils que le gouvernement hollandais charge de l’extraction du sucre des cannes provenant du domaine de l’État, en leur rachetant les produits à des prix déterminés à l’avance, variables suivant les nuances et qui vont croissant d’une manière rapide avec la blancheur. Malgré tous ces motifs, pour bien faire , il n’y a guère pourtant, ainsi que le fait remarquer M. Clerget, que 5 ou 6 pour 100 des sucres de Java qui dépasse notre premier titre ; le reste, d’une qualité bien inférieure, ne vaut pas beaucoup mieux que la moyenne des sucres des colonies.
- Que l’excellence du but vers lequel doit tendre la fabrication du sucre ne nous fasse donc pas fermer les yeux sur la difficulté de l’atteindre, et n’éxagérons pas l’emploi d’un stimulant dont l’excès pourrait être mortel. Hâtons plutôt de nos vœux et de nos efforts le moment où chacun pourra produire à volonté des sucres plus ou moins bruts, claireés, même purs , en payant un droit proportionnel à la richesse saccharine réelle, et mieux encore à leur rendement probable en sucre raffiné. Les prix de vente et les frais de transport apprendront
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- bientôt à chacun qu’il a intérêt à fabriquer à la fois des produits et de la plus haute et de la plus inférieure qualité possible du sucre pur et de la mélasse, et comme le disait, dans une circonstance récente, notre honorable président, dont je ne saurais mieux faire que de répéter ici les expressions ; « Un droit « perçu sur de telles bases excitera l’industrie, récompensera ses efforts, « préviendra ses négligences et tournera tout entier au profit des consom-« mateurs. »
- Signé Balard, rapporteur.
- Rapport sur le concours relatif à la panification de la pomme de terre;
- par M. Balard.
- Messieurs, l’amidon est le principe immédiat végétal qui sert de base à l’alimentation humaine. Si, dans les climats plus chauds, l’homme a pu faire concourir à sa nourriture le sucre si abondant dans certains fruits, ce sont les produits amylacés qu’il consomme surtout dans le nôtre.
- Cet amidon, espèce de réserve que la nature avait ménagée au végétal pour sa reproduction et son développement ultérieur, l’homme se l’approprie pour sa propre alimentation, souvent après une simple coction; mais, le plus souvent aussi, il utilise la présence simultanée du sucre et du gluten dans les graines qui le fournissent ; il tire parti de la fermentation alcoolique qu’il sait y développer, et, à la place d’une pâte lourde et indigeste, d’un gâteau dense et cohérent, il obtient un produit léger et spongieux d’une digestion facile, il obtient le pain.
- Le pain est un aliment cuit, qui se consomme froid, qui se conserve sans altération, et peut, dès lors, se préparer d’avance et en grande masse ; c’est à la fois un aliment d’une digestion facile , d’un emploi commode, et dont la manutention comporte la plus grande économie de temps et d’argent.
- Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si, à chaque aliment amylacé nouveau dont l’alimentation humaine s’est enrichie, on a essayé de faire subir cette panification dont les graines des céréales seules sont surtout susceptibles, et si, lorsque la pomme de terre a commencé à prendre, dans l’agriculture et dans l’alimentation humaine, cette large part qui, dans ce dernier temps, a fait de l’altération de ces tubercules un événement social, on a essayé de lui faire acquérir la forme sous laquelle les graines des céréales étaient le mieux utilisées, on a essayé de la faire concourir à la fabrication du pain.
- On essaya d’abord la panification de la pomme de terre seule ; il est inutile de dire qu’on ressaya en vain. Le rôle que chacun des principes du blé joue dans la panification étant mieux apprécié, on se borna, plus tard, à essayer
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- d’introduire la pomme de terre dans la fabrication du pain en proportion limitée, mais suffisante néanmoins pour diminuer notablement le prix de ce produit alimentaire sans modifier sensiblement ses qualités.
- Le nombre de ces essais et la multiplicité des méthodes dont on a tenté l’emploi attestent l’intérêt que l’on a toujours attaché à la solution d’un problème dont les années de disette sont malheureusement venues, plus d’uni' fois, faire sentir toute l’importance.
- Dans l’appréciation des causes de la disette , il ne faut pas faire intervenir seulement la quantité absolue de matière alimentaire qui s’est produite et qui peut affluer dans un pays donné, mais encore, et pour beaucoup, la forme sous laquelle on peut la présenter à la consommation.
- Que la récolte des pommes de terre soit bonne et celle des céréales mauvaise, la diminution dans la proportion de ces dernières n’exercera qu’une influence légère sur le bien-être d’une population comme la population irlandaise, par exemple.
- Dans un pays comme la France, au contraire , là oii le pain est la base de l’alimentation, l’abondance des pommes de terre ne compensera l’absence des céréales qu'autant qu’on aura pu leur faire subir la panification et les présenter à la consommation sous cette forme spéciale que l’habitude a rendue pour nous un véritable besoin.
- Bouillie ou cuite sous la cendre, la pomme de terre n’est qu’un mets moins facile à digérer que le pain, et qu’il faut consommer au moment où on vient de le préparer, pendant qu’il est encore chaud. Serait-elle un pain tout fait, comme on l’a prétendu sans raison, ce nous semble, qu’il ne serait pas moins utile de chercher à lui donner la forme de notre pain ordinaire.
- D’ailleurs, et bien qu’on ait un peu exagéré l’augmentation de produits utiles qu’on peut obtenir d’un sol déterminé, avec des engrais donnés, en le cultivant en pommes de terre plutôt qu’en céréales, il n’en est pas moins vrai que la pomme de terre, indépendamment des autres avantages qu’elle présente dans les assolements, est le végétal qui, à surface égale, produit le plus de matière alimentaire ; en étendre la consommation dans un pays équivaut donc à augmenter l’étendue de son sol cultivable. Or, avec les habitudes d’alimentation de la France, la meilleure manière d’augmenter la consommation de la pomme de terre, c’est de l’employer à la fabrication du pain.
- On s’est préoccupé de la crainte que les perfectionnements des procédés pour la panification de la pomme de terre ne vinssent en aide à la fraude en lui permettant d’introduire clandestinement ce tubercule dans le pain ordinaire, dont le prix, on le sait, réglé par l’administration, suppose qu’il a été obtenu avec du froment pur. Une pareille pratique, laissant au pain sa valeur comme
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- aliment amylacé, aurait pour résultat fâcheux de diminuer la dose de matières azotées, qui jouent dans l’alimentation un rôle que ne saurait remplir l’amidon seul. Mais, parce que la fraude peut amener l’abus, sera-ce une raison pour proscrire l’usage d’un perfectionnement dont la fabrication des pains de luxe a déjà commencé à tirer parti? Ceux qui ne veulent pas que le pain soit même soupçonné ne se doutent peut-être pas qu’un grand nombre de ces qualités de pain les plus recherchées du public ne doivent leur supériorité qu’à l’introduction, dans la pâte, d’une certaine quantité de pommes de terre équivalant à 6 ou 7 pour 100 de la matière solide du pain lui-même. Cette addition faite à dose trop faible pour que la faculté alimentaire du pain en soit modifiée, et que l’on pourrait compenser d’ailleurs par l’emploi judicieux de farines riches en gluten ou de gluten lui-même, a pour résultat de donner, avec moins de ferment, un pain mieux levé, plus léger et bien dépourvu de cette saveur de bière qu’un excès de levûre lui eût communiquée. Eh bien, puisque sans nous la pomme de terre s’introduit ainsi dans le pain du riche, hâtons le moment où elle pourra aussi figurer dans le pain du pauvre, à dose notable, et en déterminant une diminution de prix proportionnelle à la quantité de pommes de terre employées; et, si l’abus survient, l’analyse chimique pourra toujours, au besoin, apprendre aux magistrats si la dose tolérée n’a pas été dépassée, et si le pain renferme bien cette quantité moyenne de gluten qu’il doit contenir encore après cette introduction.
- La panification de la pomme de terre est un problème complexe. La Société, qui l’avait ainsi compris, avait aussi partagé en trois sujets de prix distincts les objets sur lesquels elle avait attiré l’attention des concurrents. Un prix de 2,000 francs a été proposé depuis longtemps pour le meilleur mode de panification de la pomme de terre ; 1,500 francs ont été réservés pour récompenser le meilleur mode d’égrenage de ces tubercules cuits; 1,500 francs, enfin, pour l’amélioration des procédés propres à la dessiccation de la pomme de terre cuite et divisée en pulpe.
- Ce dernier problème présente, on le sent, une importance capitale. On sait combien sont fréquentes les altérations que peuvent éprouver les pommes de terre par l’action de causes diverses, la germination, la gelée, la maladie qui les a frappées récemment. On comprend, dès lors, combien il serait important de leur donner une forme qui, tout en les garantissant de ces altérations profondes, les ramènerait à un poids et à un volume moindres, et faciliterait ainsi leur emmagasinement et leur transport. La pomme de terre peut bien servir à contribuer à l’approvisionnement de la famille ; mais c’est seulement quand elle sera réduite en farine qu’elle pourra trouver place dans les greniers d’abondance d’un État ; c’est alors seulement que les aimées d’abondance pourront
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- venir au secours des années de disette, et les pays où la récolte aura été abondante alimenter ceux où cette récolte aura manqué.
- Aussi, dès l’an 1844, la Société, applaudissant aux efforts de M. Percheron pour la préparation en grand de la pomme de terre cuite, lui décernait un encouragement qui l’a engagé à faire de nouveaux efforts et a se présenter au concours actuel (1)* La Société doit citer ce zele et le remercier de sa communication; mais nous pensons que les moyens qu’il présente aujourd’hui rentrent dans ceux qui l’avaient déjà fait connaître et pour lesquels il avait obtenu une récompense antérieure.
- M. Auguste Clerget, auteur du mémoire n° 3, a eu l’intention de résoudre un problème analogue; mais, moins préoccupé que la Société des avantages de la cuisson de la pomme de terre, c’est ce tubercule pris dans son état de crudité qu’il a essayé de transformer en farine.
- Coupée en tranches et desséchée à l’air, la pomme de terre, en perdant l’eau de végétation qu’elle contient, donne un produit d’apparence cornée, qui se moisit souvent et se colore toujours par la concentration à la surface et par l’altération, au contact de l’air, des sucs qu’elle renferme. Dès 1813, un de vos vice-présidents, qui justifie à tant de titres le respect et la vénération dont vous l’environnez, M. de Lasteyrie, avait proposé l’emploi de lavages méthodiques pour enlever aux tranches de pommes de terre la matière âcre qu’elles contiennent, et produire ainsi une farine à la fois plus blanche et moins sapide (2). En Allemagne, depuis un certain nombre d’années, on a fait précéder ces lavages à l’eau froide par une macération dans de l’eau aiguisée d’acide sulfurique. Dans ces derniers temps enfin, on a conseillé l’immersion de ces tranches récemment coupées dans une dissolution saturée de chaux. Par ces diverses méthodes, on obtient, en effet, des galettes minces, très-sèches, d’un blanc éclatant, susceptibles d’être facilement réduites en farine, mais dans lesquelles on retrouve encore, à un degré assez prononcé, la saveur propre à la pomme de terre. C’est à l’obtention des produits de ce genre que M. Auguste Clerget a consacré ses efforts : seulement il lui a paru convenable de n’employer ni l’acide sulfurique ni la chaux , et d’en revenir au lavage méthodique de M. de Lasteyrie; il les complète seulement avec de l’eau à 25 ou 30 degrés, plus propre, selon lui, à enlever à la pomme de terre les principes auxquels elle doit sa saveur. Un inconvénient commun à ces diverses méthodes, c’est que, par ces lavages prolongés, on enlève aussi à la pomme de terre une partie notable de sa matière azotée, dont elle contient de trop faibles propor-
- (1) Voy. Bulletin de la Société, année 1844, p. 261.
- (2) Yoy. Bulletin de la Société, année 1813, p. 42.
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- tions pour qu’on puisse, sans inconvénient, s’exposer à en perdre une partie. L’emploi de l’acide sulfurique , qui coagule et rend insoluble l’albumine végétale, obvie en partie à cet inconvénient; on l’évite d’une manière complète par la dessiccation de la pomme de terre cuite et la conservation de tous les solides qu’elle contient. Quoi qu’il en soit, bien que la confection d’une farine de pomme de terre crue ne soit pas, à notre avis, le meilleur mode de conservation des pommes de terre, et que la méthode proposée par un des concurrents dont il nous reste à parler nous paraisse préférable, votre comité des arts chimiques vous aurait demandé une récompense pour M. Auguste Clerget, si celui-ci, ayant déjà mis à exécution en grand les procédés que nous venons de rappeler, était en mesure de livrer au commerce, à des prix modérés, la pomme de terre crue et réduite en farine. Nous attendrons cette époque, qui paraît devoir être prochaine, pour examiner de plus près cette industrie et solliciter pour elle, s’il y a lieu, les encouragements de la Société.
- Les divers concurrents ont essayé de répondre à la deuxième question et proposé des moyens mécaniques pour l’égrenage des pommes de terre cuites. M. Dard est l’auteur d’une machine pour cet usage, qui, à un premier examen fait par quelqu’un des membres de votre comité des arts mécaniques, a paru fort bien entendue. Cette machine a été provisoirement déposée dans vos collections, mais son auteur n’ayant pu se rendre aux invitations qui lui ont été adressées pour la faire fonctionner et édifier pleinement vos comités sur l’utilité de cet appareil avant la clôture du concours, nous n’avons pas à nous prononcer à son sujet, et nous ne pouvons que réserver à cet industriel tous ses droits aux récompenses ultérieures que pourra décerner la Société.
- M. Voinchet3 habile boulanger de Dijon, qui, de concert avec M. Porcheron lui-même, s’était occupé, il y a quelques années, d’introduire dans la panification la farine de la pomme de terre préparée par ce dernier, a présenté, pour prendre une part directe à ce concours, une note qui lui est personnelle. Aux essais qu’il avait exécutés précédemment il en a ajouté d’autres, dans lesquels, conformément aux conseils renfermés dans le programme de la Société, il a essayé, dans la panification de la farine de blé, d’associer à la farine de la pomme de terre cuite du gluten humide. Il a pu confectionner ainsi un pain dont les qualités constatées par l’Académie de Dijon ont été vérifiées en partie par les membres de votre comité. Quoique ces essais n’augmentent pas de beaucoup nos connaissances sur la panification de la pomme de terre, nous aurions proposé de décerner une récompense à M. Voinchet> si ses essais, exécutés en grand, avaient donné lieu à une fabrication régulière et à une vente à prix réduit d’un pain qui serait ainsi entré dans la consommation; mais M. Voinchet s étant contenté, jusqu’ici, d’exécuter ses essais en petit,
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- nous ajournerons à l’époque à laquelle il aura contribué, pour une certaine part, à introduire cet aliment dans la consommation populaire pour réclamer en sa faveur les récompenses de la Société.
- Celui des concurrents qui a fait faire à la panification de la pomme de terre un progrès notable est M. Émile Martin, que la Société connaît déjà, et a qui elle a décerné une juste récompense pour la fabrication en grand du gluten et son introduction dans l’économie domestique (1).
- Deux voies différentes ont été suivies, jusqu’ici, pour introduire les pommes de terre dans le pain : tantôt on a recours à la pomme de terre bouillie, employée d’une manière immédiate ou après sa dessiccation ; tantôt à la pomme de terre séchée ou à la fécule elle-même. Chacune de ces méthodes présente des inconvénients particuliers. La pomme de terre cuite, pour constituer une pâte susceptible d’être pétrie, absorbe, pour 1 partie de matière solide, 2 parties d’eau, donne un pain trop aqueux, qui s’affaisse pendant sa cuisson, dont la croûte se colore, et qui, possédant à un très-haut degré la saveur propre à la pomme de terre, ressemble plus à un mets qu’à du pain. Essaye-t-on , au contraire, d’introduire des quantités notables de fécule, chacun de ses grains se mouillant à peine à sa surface, la pâte que l’on obtient, si on lui communique la consistance nécessaire pour le pétrissage, ne renferme pas assez d’eau, et le pain est sec et mal levé, outre , d’ailleurs , qu’il possède cette saveur particulière de fécule qui n’est pas moins persistante que celle que communique la pomme de terre elle-même. Pour obvier au premier de ces inconvénients, M. Martin a eu l’heureuse idée d’associer la pomme de terre cuite et la fécule, dans des proportions convenables, pour que l’excès d’eau que le pétrissage laisse dans la première suffise à l’hydratation de la seconde. Nous avons assisté , dans les ateliers de M. Martin, à la préparation d’une farine qui a pu être introduite dans la fabrication du pain pour un poids égal et même supérieur à celui de la farine ordinaire, tout en conservant à cet aliment les qualités qui le caractérisent et qu’exigeait le programme. Le pain est léger, sans saveur spéciale sensible ; sa croûte ressemble à celle du pain ordinaire. Ce n’est pas seulement pendant trois jours, mais pendant un mois qu’il se conserve , dans son intérieur, frais et sans moisissure. La mie en est homogène, exempte de grumeaux, susceptible de se tremper, sans être sensiblement délayée, dans un liquide à 100° : nul doute que l’addition du gluten 1 n’augmentât encore cette dernière qualité d’une manière sensible. Ce pain, qui contient la dose de matière solide exigée, coûte un peu moins de 25 cent, le kilogr., prix fixé par le programme. Déjà, du reste, en 1761, Par-
- (1) Yoy. Bulletin de la Société, année 1836, p. 457, et année 1837, p. 55.
- Quarante-septième année. Avril 1848.
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- mentier, dans ses essais si divers, avait essayé , avec quelque succès, d’associer la fécule à la pulpe de pomme de terre. C’est aussi en associant, à sa farine de pomme de terre crue, de la farine de pomme de terre analogue à celle obtenue par M. Porcheron, que M. Auguste Clerget a pu introduire une quantité de pomme de terre égale à celle de la farine de blé elle-même , dans la fabrication d’un pain dont il a présenté, dans le temps, quelques échantillons à la Société.
- Cette association de farine cuite et de fécule, dont les expériences auxquelles nous nous sommes livrés ne permettent pas de contester l’utilité, n’obvie qu’à un des inconvénients ; M. Martin a essayé de faire disparaître l’autre , celui de la saveur de la fécule, et il l’a fait avec bonheur. Il a reconnu qu’un lavage avec une solution très-faible de carbonate de soude pouvait, sans augmentation presque sensible de dépense, enlever à la fécule la saveur qu’elle possède. On comprend toute l’importance que peut avoir l’emploi d’un pareil procédé pour la fabrication des pâtes alimentaires, du tapioka indigène, etc.
- Il est permis d’espérer qu’elle pourra trouver aussi sa place d’une manière utile dans la fabrication des eaux-de-vie de grain, et que la fécule , ainsi épurée, pourra donner naissance à une eau-de-vie d’un goût moins désagréable. Du reste , ces essais n’ont pas seulement été exécutés en petit : déjà M. Martin a préparé de grandes quantités de cette fécule insipide , et a purifié des quantités notables de fécule achetée dans d’autres usines et à l’état vert. Ainsi cette méthode a déjà reçu la sanction de l’expérience en grand. Aussi le comité n’hésite-t-il pas à vous proposer de décerner à M. Martin le prix de 2,000 francs, réservé pour le meilleur mode de panification de la pomme de terre. Il espère que, lorsque ces procédés seront répandus, il pourra en résulter des améliorations utiles dans l’alimentation de la population pauvre, et notamment de celle de nos campagnes. En matière d’alimentation populaire, le moindre perfectionnement ne saurait être trop encouragé ; quelque faible que soit l’amélioration du bien-être pour un individu, elle se répète trop de fois pour qu’elle n’influe pas d’une manière notable sur le corps social.
- En résumé, votre comité des arts chimiques vous propose
- De remercier MM. Porcheron et Voinchet de leur communication; de réserver les droits de M, Dard aux récompenses ultérieures de la Société; d’encourager M. Auguste Clerget dans ses efforts pour convertir en grand la pomme de terre crue en farine; de décerner à M. Martin un prix de 2,000 fr. pour ses essais sur la panification de la pomme de terre, pour l’obtention d’une farine mixte de pomme de terre et de fécule, et surtout pour son procédé propre à enlever le goût de ce dernier produit ; enfin d’insérer, dans le Bulletin, des extraits des mémoires des concurrents, qui renfermeront des
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- points utiles à faire connaître, et notamment le procédé de purification de la fécule imaginé par M. Martin.
- Signé Balard, rapporteur.
- Rapport sur le concours relatif au perfectionnement de la lithographie; par M. Gaultier de Claubry.
- Messieurs, la Société d’encouragement, en proposant, il y a déjà un assez grand nombre d’années, une série de prix sur des perfectionnements de la lithographie, s’est trouvée appelée à récompenser d’importants résultats dans un art de la création duquel l’Allemagne peut s’honorer, mais qui n’a réellement acquis qu’en France le degré d’utilité et de perfection qui le classe au nombre des plus dignes d’intérêt.
- Plusieurs des questions qui figuraient dans vos programmes, ayant reçu des solutions satisfaisantes, ont dû disparaître du nombre de celles que vous regardiez comme susceptibles de compléter la série nombreuse de prix que comportait l’art important que nous considérons; mais vous aviez prévu, dès l’origine, que le génie inventif de nos artistes pourrait faire surgir des objets auxquels la pratique aurait conduit, et vous aviez annoncé que la Société apprécierait toutes les inventions ou améliorations relatives à la lithographie qui lui seraient présentées et accorderait à leurs auteurs des récompenses proportionnées à Vimportance des objets qu’ils auraient fait connaître.
- Vous avez eu heu de vous applaudir d’une aussi libérale mesure, par la nature des objets sur lesquels ont porté plusieurs de vos récompenses; une preuve nouvelle va s’offrir aujourd’hui, et vous serez encore appelés à récompenser un grand perfectionnement dont l’influence sur la lithographie s’est déjà fait sentir, et s’étendra d’autant plus facilement que vos récompenses attireront sur lui l’attention des artistes.
- Votre commission signalera d’abord tous les objets qui vous ont été présentés ; elle s’attachera ensuite, d’une manière particulière, à vous faire connaître ceux qui lui paraissent dignes d’obtenir dès ce moment vos récompenses.
- Pouvoir fournir à l’artiste lithographe des crayons jouissant de toutes les qualités nécessaires est un objet d’une immense importance pour la lithographie ; il serait facile de citer des exemples nombreux d’accidents arrivés à d’importantes productions artistiques par suite de quelques défauts dans les crayons employés pour les exécuter, et, il faut le dire, malgré l’habileté de celui qui prépare ce genre de produits, le procédé suivi pour leur confection ne peut jamais être un garant assuré de leurs qualités.
- Remplaçant les procédés empiriques fondés sur la cuisson des huiles par
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- l’emploi d’acides gras pénétrant les crayons noirs ou mélangés avec des charbons à un état convenable, l’un des concurrents, M. Philippes, a présenté au concours un procédé parfaitement rationnel qui paraît susceptible de fournir des résultats utiles ; mais, comme ici l’expérience est le seul moyen de prononcer avec certitude, votre commission ne peut aujourd’hui que vous signaler le procédé du concurrent, et ce ne sera que pour la séance de 1849 qu’elle sera à même de vous faire connaître le résultat des essais réitérés auxquels elle doit nécessairement se livrer.
- M. Narats dont vous avez précédemment récompensé les efforts, s’est de nouveau présenté au concours, mais il n’a pas mis la commission à même de prononcer sur la nature des résultats qu’il a obtenus dans la production de reliefs destinés à la production des clichés.
- Il en est de même de M. Michel, qui a annoncé un procédé propre à fournir des clichés bitumineux.
- M. d’Aiguebelles, qui a, depuis longtemps, fait inscrire son nom parmi ceux des concurrents, n’a rien présenté qui nous permette d’asseoir un jugement sur ses procédés.
- MM. Villain et Lavaud n’ont adressé aucune pièce à l’appui des lettres par lesquelles ils annoncent à la Société des résultats nouveaux.
- M. Lottin vous a communiqué quelques détails sur des procédés d’autographie qui semblent de nature à fournir des résultats utiles ; mais il est nécessaire de soumettre ces moyens à des comparaisons qui exigent un temps assez long.
- Sous le nom de typolithographie, M. Papillon présente des moyens propres à réunir dans un même tirage la typographie et la lithographie. Yous avez déjà récompensé dans ce genre divers concurrents ; votre commission ne peut vous présenter, sur les moyens nouveaux, de propositions qu’après des essais comparatifs dont l’importance est facilement saisie.
- Frappés des résultats fâcheux de la reproduction, en pays étranger, de nombreux ouvrages publiés en France, MM. Jean et Lamoureux proposent l’emploi d’un papier préparé de manière à rendre cette reproduction impossible. On comprend facilement que pour prononcer sur une pareille question le temps est un élément indispensable.
- M. Sourel, lithographe à Neuchâtel, en Suisse, a adressé à la Société des exemplaires de lithographie présentant les effets fournis par le procédé Colas, et signale celui dont il se sert comme susceptible, par son économie et la facilité de son application , de fournir des résultats importants pour la reproduction des médailles, cachets, monnaies et autres objets analogues; mais, n’ayant pas fait connaître ce procédé, il est impossible de se prononcer sur son utilité.
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- M. Quinet a présenté le dessin d’une machine à repérer qui ne peut être jugée que par comparaison avec celles qui l’ont précédée déjà.
- M. Brissetj que vous avez déjà récompensé pour une presse lithographique, se présente de nouveau à vos concours pour des perfectionnements apportés à cette machine. MM. Nicolle et Barbasant ont également soumis à la Société des presses sur lesquelles on ne peut également prononcer qu’avec le secours de l’expérience.
- Vous avez proposé, depuis très-longtemps déjà, un prix pour Y encrage des pierres lithographiques par un moyen mécanique indépendant de l’adresse de l’imprimeur.
- Il y a plusieurs années, deux des membres de la commission se sont rendus à Rouen, pour vérifier l’emploi des procédés employés par deux concurrents, et la commission vous a rendu compte de l’état des choses à cette époque. L’un des concurrents s’est retiré, l’autre a continué, au contraire, à perfectionner sa machine en étudiant, avec une grande persévérance, toutes les conditions qui pourraient conduire au succès. Votre commission est heureuse de pouvoir vous annoncer que la question que vous aviez posée est maintenant résolue ; sa solution a présenté de nombreuses difficultés dont plusieurs n’étaient pas même prévues et qui ont longtemps arrêté la marche de cette machine, et auraient rebuté un artiste moins persévérant et moins habile que le concurrent.
- Mais dire que ce concurrent est l’ingénieux mécanicien auquel l’industrie est redevable de l’une des machines qui a produit le plus d’importants résultats dans la fabrication des toiles peintes, et dont le nom est si vulgaire dans les ateliers de toute l’Europe, c’est indiquer assez que la question a dû être traitée dans les meilleures conditions de réussite.
- L’une des plus importantes pour le tirage d’une épreuve lithographique consiste à faire adhérer uniformément l’encre à tous les détails qu’elle a reçus, mais en évitant en même temps Y empâtage; l’éponge mouillée dont l’imprimeur fait usage et réchauffement de la pierre par l’action du rouleau lui permettent, par l’habitude qu’il a acquise, de se placer dans ce milieu si difficile à saisir pour éviter sa trop grande imbibition qui empêcherait l’adhérence de l’encre et la sécheresse trop considérable qui déterminerait l’empâtage.
- Longtemps induit en erreur par les renseignements qu’il tenait cependant de bons imprimeurs, le concurrent a rencontré d’immenses difficultés pour arriver à un encrage régulier ; mais, lorsqu’à l’action des rouleaux il a ajouté celle de la ventilation destinée à amener la pièce au degré de dessiccation nécessaire , les résultats les plus satisfaisants sont venus couronner ses efforts et lui ont permis de parvenir à la solution de la question proposée.
- Un artiste dont vous avez récompensé précédemment les tentatives, M. Villeroi,
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- avait fait usage, dans le même but, de rouleaux en pierre lithographique ; mais de grandes difficultés s’offraient pour la construction et l’emploi de sa machine.
- M. Perrot ne fait usage que de pierres plates, reposant sur un chariot animé d’un mouvement de va-et-vient alternatif, lent dans le sens progressif, rapide pendant le retour. On conçoit facilement l’avantage de ce système.
- La pression est exercée sur la pierre par un petit cylindre maintenu latéralement dans une rainure et supporté par un gros cylindre qui l’empêche de fléchir; un cuir et un garde-main sont placés entre le rouleau et la pierre.
- Deux tampons cylindriques en laine, recouverts d’une peau par-dessuslaquelle est fixé un velours de coton, servent au mouillage. La pierre passe d’abord sur les rouleaux en creux et reçoit un second mouillage.
- Un encrier analogue à ceux des presses de typographie renferme l’encre nécessaire au travail. Un petit rouleau transporteur transmet à un rouleau-table animé d’un mouvement de rotation rapide, l’encre qu’il a reçue de l’encrier; un second transporteur plus gros transmet à un gros rouleau - table l’encre qu’il a reçue au contact du premier. Les diamètres des rouleaux sont tels que les mêmes points de contact ne se rencontrent qu’ après un grand nombre de tours, pour que l’encre se répartisse de la manière la plus uniforme dans le sens de la longueur.
- La répartition dans le sens de la largeur de la pierre est une condition de la plus haute importance dans le tirage des pierres que ne recouvre pas un dessin uniforme sur toute leur surface ; elle est déterminée par le moyen d’un petit rouleau coureur, oscillant, qui se présente dans une direction oblique au contact du gros rouleau-table, et reçoit, à l’extrémité de celui-ci, par Faction d’une came, une impulsion qui renverse sa direction ; il revient ensuite au point de départ pour subir une action analogue, et ainsi de suite.
- Un troisième rouleau transporteur transmet l’encre du gros rouleau-table à un gros rouleau sécheur en bois, animé d’un mouvement rapide de rotation et soutenu par un cadre qui les porte au contact de deux rouleaux encreurs, pendant que ces rouleaux n’agissent pas sur la pierre.
- Un second rouleau sécheur, placé sur le cadre dans le même plan horizontal que le premier, est mis en mouvement par le moyen d’un rouleau intermédiaire placé entre les deux.
- Deux autres rouleaux encreurs sont disposés à la hauteur des premiers au-dessous du deuxième sécheur.
- La fonction des rouleaux sécheurs est double : ils transmettent aux quatre rouleaux encreurs l’encre que leur fournit le gros rouleau-table et dissipent, par la rapidité de leur mouvement, F humidité que les rouleaux encreurs ont prise à la pierre humide.
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- La pression des encriers sur la pierre peut être graduée à volonté par le moyen d’un mécanisme particulier ; elle doit être énergique pendant le mouvement progressif de la pierre pour y déposer convenablement l’encre, et faible à son retour, dans le but de déterminer le nettoyage.
- La pierre, qui a passé d’une extrémité à l’autre de la presse, a été soumise, dans sa progression, à l’action de quatre rouleaux qui la chargent d’encre , et, à son retour, à celle de quatre autres qui la nettoient et régularisent l’encrage.
- L’écriture et les dessins au trait n’exigent pas l’emploi d’un plus grand nombre de rouleaux; mais les dessins en demandent davantage, et, quand on suit le travail d’un ouvrier, on s’aperçoit facilement qu’il fait agir plus de huit fois son rouleau sur la pierre.
- La pose du papier sur une tablette et son enlevage sont exécutés par des femmes qui n’ont autre chose à faire que de bien suivre le mouvement de la machine.
- Le mouvement est communiqué à celle-ci au moyen d’un moteur quelconque , la vitesse par une roue dentée et un pignon mis en mouvement par une courroie ou de toute autre manière.
- Le programme exigeait que l’encrage mécanique fournît des épreuves comparables dans un tirage consécutif de mille exemplaires. Votre commission , qui a suivi le travail de cette machine, a constaté que, pour un tirage à six mille exemplaires, toutes les conditions posées pour l’obtention du prix ont été remplies ; elle vient donc vous proposer d’accorder à l’habile mécanicien, M. Perrot, dont la persévérance a surmonté toutes les difficultés du sujet, le prix de 1,500 francs que vous aviez proposé sur cette question.
- Lors d’un brillant concours dans lequel la Société a été appelée, en 1830, à décerner de nombreuses récompenses, un jeune artiste dont nous sommes heureux de rappeler ici le nom, M. Tudot, soumit à son examen un procédé propre à obtenir en lithographie les effets de la manière noire : une médaille d’or de la valeur de 2,000 francs vint récompenser ses efforts ; mais, malgré la facilité d’exécution de ce procédé et les effets remarquables auxquels il peut donner lieu, un faible nombre seulement de produits furent obtenus par son moyen (1).
- Un imprimeur - lithographe dont la Société a été à même d’apprécier les talents et le dévouement à la pratique d’un art auquel il s’est consacré, M. Le-mercier, partant du point où M. Tudot avait laissé la question, mais y ajoutant tout ce que sa longue expérience, son habileté et son génie inventif l’ont mis à même de réaliser, est parvenu à fournir aux artistes des moyens d’une remarquable simplicité et d’un facile emploi, qui apportent, dans la pratique du
- (1) Voy. Bulletin de la Société, année !83t,p. 584.
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- dessin lithographique, des perfectionnements tels qu’ils en font, pour ainsi dire, un art tout nouveau.
- La gravure a produit de tels chefs-d’œuvre que l’on ne saurait trop désirer de la voir les multiplier encore ; mais elle a pour condition un travail long qui ne donne pas aux artistes la possibilité de jeter sur le métal le produit de leur imagination. Le dessin lithographique avait déjà apporté à ceux-ci des moyens d’exécution qui ne rendaient plus nécessaire l’intermédiaire du graveur pour reproduire en grand nombre le dessin qu’ils avaient eux-mêmes tracé.
- Les procédés présentés par M. Lemercier et dont un assez grand nombre de produits sont sous les yeux du conseil permettent à l’artiste un travail aussi facile et aussi rapide que celui qu’il exécuterait sur le papier avec le crayon ou l’estompe, et produisent sous sa main des effets que presque vainement on chercherait à obtenir au moyen du crayon lithographique.
- Rien de plus simple que les moyens que M. Lemercier vient de mettre à la disposition des artistes ; nous en tracerons brièvement l’exposé.
- On exécute un dessin avec le crayon et on le saupoudre de crayon en poudre que l’on étend à sa surface par l’action d’un blaireau ; on retouche par-dessus avec le crayon et l’encre ou le crayon d’estompe, et l’on obtient ainsi la puissance de ton à laquelle on veut parvenir.
- Le crayon d’estompe permet d’obtenir des dessins très-artistiques ; mais c’est comme adjonction au crayon lithographique qu’il est surtout précieux.
- Les pierres de teinte ont ajouté un grand charme aux dessins dans lesquels on les fait concourir : la première idée de leur emploi est due à M. Julien, connu par ses belles planches de figures faisant partie du cours d’étude aux deux crayons ; les perfectionnements sont dus à M. Lemercier.
- En diminuant la force du vernis , augmentant le ton avec du crayon d’estompe et l’encre lithographique, imprimant à plusieurs pierres ou avec une pierre à deux tons, et saupoudrant quelques parties avec des couleurs préparées à cet effet, on obtient des résultats extrêmement remarquables.
- On doit à M. Lemercier d’importantes améliorations à la chromolithographie pour laquelle vous avez accordé un prix à M. Engelmann en 1838 (1). Le beau vitrail de l’église de Dreux qui est sous les yeux du conseil montre tout ce que l’on peut attendre des procédés de M. Lemercier, qui, en même temps qu’il diminue le nombre des pierres, fournit une régularité de fondu que l’on n’avait pu atteindre jusqu’ici. L’exécution est très-simple.
- On frotte une pierre grainée avec une tablette de crayon lithographique de manière à l’en couvrir entièrement ; on adoucit le ton obtenu en passant sur
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- tous les points une brosse dure; on l’atténue avec une flanelle, et l’on modèle ensuite au crayon d’estompe, à l’encre et au grattoir, toutes les formes que l’on veut obtenir, ce qui permet, avec une seule pierre, de réaliser plusieurs tons.
- Quelques-uns des dessins que vous avez sous les yeux ont été exécutés par ces moyens dans un si court espace de temps qu’avec l’estompe sur le papier il serait difficile de procéder plus rapidement, et, comme nous l’avons déjà dit, beaucoup des effets obtenus n’auraient pu l’être par le crayon lithographique.
- Avec la libéralité qu’il met dans tous ses rapports avec les artistes, M. Le-mercier a communiqué ses procédés à tous ceux qui ont pu en tirer un utile parti. Vous lui tiendrez compte de la facilité qu’il leur a procurée de faire servir leur talent au perfectionnement d’un art aussi digne d’intérêt.
- Votre commission, convaincue de l’importance des procédés de M. Lemer-cier, a l’honneur de vous proposer de décerner à cet habile imprimeur une médaille d’or de la valeur de 3,000 francs.
- La Société aura lieu de s’applaudir d’avoir pu récompenser, cette année , deux procédés qui, chacun dans son genre, exerceront une heureuse influence sur le perfectionnement de la lithographie, mais dont le second est destiné à procurer un immense développement à des procédés qui ont déjà produit, entre les mains de nos dessinateurs, des résultats capables de fixer l’attention de tous ceux qui s’intéressent à l’amélioration des arts.
- Signé Gaultier de Claubry, rapporteur.
- Rapport sur le concours pour le perfectionnement de la photographie ;
- par M. Seguier.
- Messieurs, vos nombreux encouragements pour les progrès de l’art photographique ont déjà produit de très-heureux résultats. Dans vos précédentes séances générales, les vainqueurs dans ces luttes paisibles ont reçu de vous les palmes qu’ils avaient su conquérir. Aujourd’hui encore, nous venons vous demander de couronner des succès nouveaux.
- Depuis l’an dernier, l’art photographique a marché; vos justes récompenses lui ont imprimé un mouvement que nous sommes heureux de pouvoir constater.
- L’influence de la lumière sur les corps a été observée, étudiée , analysée au profit de la science , de l’art, de l’industrie. Permettez-nous, en ce moment , de passer rapidement en revue les conquêtes récentes faites en photographie. Commençons par la plus extraordinaire.
- Quarante-septième année. Avril 1848. 26
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- Un membre de votre conseil d’administration est parvenu à recueillir et à fixer momentanément les couleurs du prisme. Cette découverte , circonscrite encore dans le cercle purement scientifique, est venue révéler des faits jusqu’ici inconnus dans la composition et les propriétés des rayons solaires. Si l’industrie n’est pas appelée à tirer un profit immédiat des travaux persévérants couronnés par un si étonnant résultat, l’honneur et le mérite de l’œuvre n’en restent pas moins à l’auteur dont la modestie et la position parmi nous nous imposent le devoir d’être, envers lui, sobres d’éloges et avares de récompenses qu’il ne peut accepter.
- MM. Nicéphore Niepce et Daguerre nous ont révélé les propriétés de l’iode comme matière impressionnable par la lumière ; à M. Niepce de Saint-Victor était réservé de nous apprendre l’attrait bizarre de cette substance pour tout ce qui est noir ou foncé. À cet observateur aussi persévérant que modeste il a a été donné de nous faire connaître comment tous les délinéaments , tous les traits noirs ou foncés tracés sur la surface de matières blanches ou de couleurs claires étaient susceptibles de l’attirer à eux pour la retenir quelques instants.
- A la continuité de ces tentatives étaient bien dus les succès constatés par de nombreuses reproductions de gravures transportées sur papier, sur verre, sur porcelaine , sur métaux, sans la moindre altération de l’original. Ce nouveau champ d’expériences une fois ouvert devant M. Niepce de Saint-Victor, en chercheur infatigable , il l’a parcouru dans toutes ses directions , il l’a exploré sur tous les points, et c’est ainsi qu’il a reconnu aussi une troisième propriété de l’iode, celle de se fixer de préférence sur tous les corps en saillie et sur la tranche de toutes les substances ; il a trouvé encore que l’amour de l’iode pour le noir ou le foncé était partagé par les vapeurs de phosphore et de soufre. Si le noir a ses attraits pour certaines substances, le blanc prend aussi une puissance attractive pour certaines autres, telles que l’acide azotique, l’hypochlorite de chaux ; à l’opposé de Fiode, ces matières ont horreur du noir.
- Le désir de faire faire des progrès à la photographie proprement dite, à cette science devenue un art, que M. Niepce de Saint-Victor nous transmet comme un héritage de famille, lui a fait découvrir encore le moyen de recueillir, sur des lames de matières transparentes imprégnées d’acétonitrate soit directement, soit à l’aide d’un enduit, des images négatives dont la reproduction positive sur papier sensible devient d’autant plus fidèle que les différences de transparence de la matière sur laquelle a été recueillie l’image négative ne viennent plus altérer le résultat final.
- Les importants travaux de M. Niepce de Saint-Victor répondent à la fois à plusieurs parties de vos programmes de prix ; il enrichit la science de faits
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- aussi curieux que nouveaux, que personne avant lui n’avait indiqués ni prévus; il en fait découler des applications pratiques dont l’art et l’industrie s'enrichissent. C’est ainsi que les expériences sur les tendances diverses de certaines vapeurs à se porter, de préférence et suivant leur nature, sur le noir ou sur le blanc lui permettent d’offrir de nombreuses solutions en réponse à la demande de moyens de reproduction insérée dans votre programme. Il en est de même de ses observations sur les propriétés qu’ont certaines vapeurs de déposer, de prime abord, sur tous les points saillants et sur les tranches des corps : là aussi, messieurs, se trouve le principe de plusieurs méthodes de reproduction. Mais, pour que vos récompenses soient méritées, il ne suffit pas de s’être livré avec constance à d’intéressantes recherches scientifiques ; il faut, pour vous qui avez l’honorable mission d’encourager l’industrie nationale, que de ces travaux soient sorties des applications industrielles. Hâtons-nous donc de vous dire que déjà des épreuves de gravures sont obtenues à volonté en relief ou en creux, et sont tirées par les procédés ordinaires propres à leur nature, avec un succès qui ne laisse pas le résultat industriel un instant douteux.
- Oui , messieurs , en recevant des images négatives sur matière transparente comme le verre ou le mica , ou d’une diaphanéité uniforme comme la porcelaine , le verre opaque ou la corne, M. Niepce de Saint-Victor a fait faire un grand pas à la photographie sur papier. À ces titres divers, il est donc très-digne de vos récompenses, et vous savez les proportionner à l’importance de ces travaux. En nous montrant justes envers lui, ne soyons pas ingrats et sans mémoire ; n’oublions donc pas que la voie de la gravure chimique des planches sur lesquelles des images ont été photographiquement recueillies ou transportées a été ouverte par M. le docteur Donné.
- Rappelons-nous que MM. Choiselat et Ratel s’y sont élancés à sa suite, et que M. Berès, de son côté, à Vienne, marchait parallèlement avec eux. Mais reconnaissons aussi qu’à M. Fizeau appartiennent l’honneur et le mérite de s’être le plus approché d’un but qui n’est point encore complètement atteint par personne. Pourtant les très-nombreuses épreuves de dessins photographiques reproduits par des planches chimiquement gravées par la méthode de M. Fizeau , sans offrir encore un aspect tout à fait satisfaisant, témoignent si bien des efforts de cet habile chimiste pour répondre à votre programme, que nous n’hésitons pas à vous proposer de lui décerner, à titre d’encouragement, une partie du prix affecté à cette question. Vous vous associerez d’autant plus volontiers à cette proposition , que vous vous souvenez que c’est à M. Fizeau que l’épreuve photographique sur plaqué doit une solidité et une vigueur qui en font une oeuvre durable.
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- La gravure des planches par les méthodes chimiques est appelée à devenir un art véritable. Déjà M. Lepoitevin , inspiré par les travaux de M. Niepce de Saint-Victor, reproduit à volonté, en blanc ou en noir, au moyen d’une planche gravée, au besoin , en creux ou en relief, toute espèce de dessins directs ou transportés; c’est une industrie naissante que la Société prend sous son bienveillant patronage en offrant un honorable encouragement à M. Lepoitevin.
- La photographie sur papier vous a justement préoccupés. Vous avez compris tous les avantages qui résulteraient de la substitution de feuilles de papier minces , légères, économiques aux lourdes et dispendieuses plaques de métal. Dans un précédent concours , vous avez généreusement encouragé les efforts faits dans cette direction par M. Bayard. Espérons que sa reconnaissance envers la Société d’encouragement, pour ne s’être pas manifestée par une participation active au présent concours , apparaîtra bientôt par des travaux dont l’importance expliquera et justifiera la lenteur avec laquelle ils vous auront été présentés. En attendant, montrez-vous généreux envers M. Blanquart-Évrard, qui s’est empressé de publier toutes ses méthodes pour réaliser sur papier des épreuves de grandes dimensions dont la beauté, la netteté témoignent tout à la fois de la certitude de ses opérations et de la bonté des verres objectifs doubles de M. Charles Chevalier dont il a fait usage pour les obtenir.
- M. Martens's’est efforcé de mettre en pratique la photographie sur papier. Ses tentatives ont été couronnées des plus heureux succès ; le soin qu’il apporte dans les manipulations et le bon choix du papier de ses images négatives lui permettent de placer sous vos yeux les plus belles épreuves positives qui, jusqu’ici, aient été obtenues sur papier à l’aide de la double opération. Artiste ingénieux, M. Martens a essayé de tirer d’un objectif de petite dimension tout le parti possible ; s’il ne lui a pas été donné d’éviter, dans le plan vertical de ces épreuves, les aberrations de sphéricité et les déformations qui s’ensuivent dans les images, du moins par un mouvement successif de l’objectif et l’emploi d’un diaphragme longitudinal il a su s’en débarrasser dans le plan transversal, et il a pu recueillir, sur des plaques convenablement cintrées, des successions d’images qui en font de véritables vues panoramiques. Vous avez jugé convenable de témoigner à M. Martens toute votre satisfaction pour ces divers résultats, en l’admettant à la participation de vos encouragements.
- Vous vous êtes plu, messieurs, à récompenser, dans vos précédents concours, tous les perfectionnements dans les appareils, ou dans la manière d’opérer, qui contribueront à rendre la photographie plus facile , plus certaine , plus complète dans ses résultats; c’est ainsi que MM. Gaudin, Buron, Breton, Soleil, Voigtlander ont été appelés à recueillir des témoignages de votre syrn-
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- pathie pour leurs travaux divers. À cette première liste nous sommes heureux de pouvoir ajouter aujourd’hui, comme ayant bien mérité de l’art photographique, M. Brebissm; son esprit inventif s’est exercé sur toutes les parties des opérations. Le choix des substances, la forme des appareils pour polir les plaques, les boites à iode, à mercure , la chambre noire, les méthodes de lavage, de séchage des épreuves ont tour à tour été l’objet de ses perfectionnements ; les essais de photographie sur mica, corne et autres matières transparentes, les applications de la photographie à l’autographie , enfin à la confection des images pour la fantasmagorie, le placent à la tête des soldats du progrès, et lui donnent droit à vos générosités.
- L’emploi du bromure de chaux, mis en pratique en Amérique d’abord, maintenant généralement adopté en France, simplifie beaucoup le maniement des substances accélératrices. M. Bisson, par les plus belles épreuves qui aient jamais été recueillies sur plaqué, vient vous prouver, messieurs, que les procédés les plus simples sont souvent aussi les meilleurs. La Société d’encouragement s’estime heureuse de pouvoir, en récompensant d’aussi admirables résultats, témoigner sa reconnaissance à M. Bisson, au nom de tous les photographes , pour la généreuse franchise avec laquelle il communique les procédés qui assurent de tels succès.
- M. Thiéry n’a pas cru devoir être aussi expansif; des essais nombreux lui ont fait trouver une liqueur dite invariable, parce qu’elle donne , en restant dans certaines conditions, des résultats à peu près constants. Cette retenue vous avait empêchés, malgré l’envoi de très-belles épreuves, de comprendre M. Thiéry parmi les lauréats de votre précédent concours. Cette année, le dépôt de la formule de sa liqueur fait à votre secrétariat, et les expériences répétées devant un de vos commissaires, avec une quantité de liqueur dosée par lui suivant la formule , ne permettent plus de douter que l’art photographique ne soit réellement redevable à M. Thiéry d’un procédé utile ; vous n’hésiterez plus à lui décerner un encouragement.
- Les récompenses si justement accordées, au dernier concours, à M. Charles Chevalier pour l’invention de son objectif à verres combinés, à M. Voigtlander pour le soin si consciencieux qu’il prend de ne laisser sortir de ses ateliers que des objectifs de qualité supérieure, ont provoqué l’émulation d’autres artistes. Plusieurs ont fait de louables efforts ; parmi eux nous pouvons citer MM. Buron, Plagniol, Désiré Lebrun. Nous regrettons que parmi eux un seul ait concouru, alors surtout que nous savons que des souffrances physiques sont la seule cause de l’absence du plus rude de ces jouteurs.
- M. Désiré Lebrun, bien convaincu qu’avec un bon choix de matière et une attention soutenue pendant toute la durée du travail il était possible
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- d’obtenir, en France, des résultats semblables à ceux qui distinguent les excellents produits d’un rival étranger, a courageusement demandé une comparaison entre ses objectifs et ceux d’Allemagne. Nous le félicitons de sa hardiesse, puisqu’il a pu soutenir avantageusement la lutte pour certaines dimensions , et vous vous montrerez justes envers lui en l’associant à la distribution de vos récompenses.
- En sanctionnant toutes ces propositions , messieurs, vous aurez fait un judicieux emploi des sommes consacrées aux progrès de la photographie.
- Ce sera désormais dans les médailles que vous trouverez le moyen d’entretenir l’émulation entre tous ceux qui se livrent à un art par lui-même si plein d’attraits.
- Pourtant, deux propositions de prix ont paru encore indispensables pour hâter le développement complet de cet art si nouveau, savoir :
- 1° Un prix pour la fabrication de papier ou autres substances transparentes pour la reproduction des images négatives de la photographie à double opération sur papier ;
- 2° Un prix pour la fixation des couleurs.
- La solution de cet important problème, désormais démontrée possible par les travaux de M. Ed. Becquerel, n’en restera pas moins la découverte la plus extraordinaire et la plus admirable que l’homme ait jamais pu faire dans le livre des secrets de la nature.
- En résumé, nous avons l’honneur de vous proposer, sur la première question se reportant à la gravure photographique, de décerner à M. Niepce de Saint-Victor une médaille d’or de la valeur de 2,000 fr.;
- A M. Fizeau, une médaille d’or de 1,000 fr.;
- A M. Lepoitevin, une médaille d’argent de 500 fr. à prendre sur les fonds de la troisième question.
- Sur la deuxième question, concernant la photographie sur papier,
- A M. Blanquart-Êvrard, une médaille d’argent de 500 fr.;
- A M. Martens, une médaille d’argent de la même valeur.
- Sur la troisième question, perfectionnements divers,
- A M. Brebisson, une médaille d’argent de 500 fr.;
- A M. Bisson, une médaille d’argent de la même valeur ;
- A M. Thiéry, une médaille d’argent de 250 fr.;
- A M. Désiré Lebrun, une médaille d’argent de 250 fr.
- Signé Seguier , rapporteur.
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- PRIX PROPOSÉS.
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- ARTS MÉCANIQUES.
- Prix pour des améliorations à apporter dam la filature mécanique du lin.
- L’augmentation sensible du nombre des filatures de lin en France, la parfaite execution des métiers fournis par nos constructeurs, attestent un progrès réel. Cependant il faut reconnaître que les machines employées laissent encore à désirer sous certains rapports : elles sont beaucoup plus chères que celles qui sont en usage pour les autres matières filamenteuses ; elles absorbent plus de puissance mécanique pour arriver au même résultat. et la finesse des fils quelles peuvent produire est très-limitée ; celle-ci dépasse rarement le n° 40 métrique, et alors même le fil présente un caractère pelucheux, défavorable. Pour le coton, au contraire, il est facile d’obtenir des fils jusqu’au n° 160 et au-dessus, et l’aspect avantageux, c’est-à-dire la solidité, l’homogénéité et la netteté de la surface, va en augmentant dans le même rapport. On ne peut attribuer cette différence à la nature des matières premières, le travail à la main atteignant, pour le lin, des résultats supérieurs à ceux obtenus par les meilleures machines filant le coton aux n03 les plus élevés. Ce sont donc certaines parties du travail mécanique qui doivent être modifiées.
- La Société d’encouragement a déjà donné une preuve de sa sollicitude pour cette industrie à qui on peut promettre tant d’avenir, en appelant l’attention sur la question du rouissage et en distribuant des encouragements pour le peignage mécanique. Aussi les nouvelles méthodes de rouissage et les nouvelles machines à peigner sont-elles en pleine expérimentation , et ne tarderont-elles sans doute pas à se faire généralement adopter.
- Il reste à améliorer aujourd’hui la manière de pratiquer les étirages et les doublages, opérations qui succèdent aux préparations que nous venons de mentionner, et surtout les métiers à filer en fin. En effet, dans les filatures de lin, au lieu de former les rubans d’une manière continue, au moyen des couloirs et des machines à réunir, comme cela a lieu avec tant de succès dans les filatures de coton qui leur doivent leurs plus notables progrès depuis vingt ans, on reçoit encore les rubans dans des pots pour les porter d’une machine à l’autre, ce qui occasionne une perte de temps, des chances d’erreurs, plus de déchets, et donne des produits moins parfaits. Rien de sérieux cependant ne paraît s’opposer à ce que cette partie du travail soit modifiée pour le lin, comme elle l’a été pour le coton.
- Mais les principaux reproches faits à la filature mécanique du lin s’adressent aux métiers à filer. L’espèce de broyage ou d’assouplissage qu’on fait subir aux fibres réclame une puissance mécanique considérable, malgré la présence de l’eau chaude qui est elle-même une grave sujétion. L’inconvénient du duvet paraît également être une conséquence de l’action énergique que les cylindres des métiers exercent sur les fibres de la matière, pour les diviser à l’infini : or la tendance de celles-ci à se redresser perpendiculairement à l’axe est proportionnelle à leur nombre. Si l’on ne peut obtenir de grandes finesses, c’est encore au système de métier qu’il faut l’attribuer, le continu ou throstle anglais étant le seul dont on ait pu faire usage jusqu’ici. Tous les praticiens connaissent les obstacles que ce genre de machines présente à mesure qu’il faut augmenter le nombre de tours des broches pour donner une torsion convenable aux fils.
- Ces considérations déterminent la Société à proposer les deux prix suivants :
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- 1° Prix pour introduire les couloirs et les machines à réunir dans les filatures de lin.
- Une médaille d’or de la valeur de mille francs sera décernée au fîlateur de lin qui, le premier, aura supprimé les pots en usage pour les préparations, et les aura remplacés par les couloirs et les machines à réunir employés dans les filatures de coton, ou par tout autre moyen équivalent, de façon à ce que les préparations s’exécutent d’une manière continue, comme cela a lieu pour les filatures de coton.
- Cette modification devra être apportée à une filature se composant de deux assortiments au moins et avoir été appliquée sans interruption pendant trois mois.
- Le prix sera décerné , s’il y a lieu, dans la séance générale du second semestre de
- 1849.
- prix proposés pour l’année 1850.
- 2° Prix pour un nouveau métier à filer le lin.
- La Société d’encouragement propose un prix de la valeur de quatre mille francs pour celui qui aura appliqué un métier à la filature du lin pouvant produire des fils de parfaite qualité depuis le n° 10 jusqu’au n° 80 métrique au moins. Ce métier devra absorber moins de puissance mécanique que celui du système actuellement en usage. Le prix d’un assortiment nouveau ne devra pas dépasser celui qu’il doit remplacer, soit qu’on propose un métier d’un système complètement nouveau, soit que, par d’heureuses modifications dans les préparations ou dans le métier lui-même, on parvienne à se servir du mull-jenny. Le métier devra avoir fonctionné régulièrement pendant quatre mois au moins.
- Les concurrents devront adresser, avec les certificats constatant qu’ils ont rempli les conditions du programme, au moins huit échantillons différents de fils obtenus de dix en dix numéros, à partir du n° 10 jusqu’au n° 80.
- Le prix sera décerné , s’il y a lieu, dans la séance générale du second semestre de
- 1850.
- La Société se réserve d’accorder des médailles de prix à ceux des concurrents qui auraient le plus approché du but.
- 3° Prix pour une amélioration dans le tirage de la soie des cocons.
- Les divers éléments qu’embrasse l’industrie séricicole, tels que la plantation et la culture du mûrier, l’éducation des vers, les machines à tirer la soie des cocons , ont été, dans ces derniers temps, l’objet de nombreuses recherches. La Société d’encouragement a eu la satisfaction de publier et de récompenser les résultats les plus heureux qui en ont été la conséquence ; elle vient de nouveau signaler à l’attention des industriels un progrès à réaliser : il consiste à diminuer la quantité du déchet fait lors du tirage de la soie, et qu’on désigne sous les noms de bourrette et de frison. Ces deux produits inférieurs réunis s’élèvent moyennement au tiers environ de la soie du cocon qu’on obtient en fil continu : ainsi, si l’enveloppe en matière soyeuse de la chrysalide pèse 100, par exemple, et que les cocons soient de bonne qualité, le fîlateur en dévidera générale-
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- ment 70 en fil continu, qui constituent la soie grége, et 30 se composeront de résidus qui ne peuvent être dévidés : ceux-ci, comme on le sait, ne peuvent être utilisés que par une préparation spéciale, et leur valeur est bien moindre que celle de la soie grége ; ils ne conviennent qu’aux produits communs connus sous le nom d étoffés en bourre de soie ou fantaisie.
- Or il est incontestable que la soie grége et la bourre sont non-seulement de la même nature et de la même qualité, mais que l’insecte les file sans solution de continuité, et que, si l’on ne parvient pas à 1 en débarrasser de même, on doit l’attribuer 1° à l’irrégularité des points d’appui qu offrent les branchages des bruyères ou les arêtes vives des autres espèces de coconières, qui forcent le ver d’entre-croiser dans toutes les directions les fils des premières couches de son enveloppe, 2° à la manière dont on pratique généralement le battage et la purge pour enlever ces premières couches qui ne se prêtent pas au dévidage. Les habiles magnaniers de certaines parties de la Lombardie sont parvenus à diminuer notablement le déchet en substituant des copeaux aux bruyères. Les insectes choisissent ceux dont la forme se prêta le mieux à l’établissement des cocons; ils y filent comme ils le feraient dans l’intérieur d’un petit flacon. Cette méthode de faire travailler le ver a donc de plus l’avantage d’offrir des coconières à très-bas prix, et mérite, sous un double point de vue, d’être expérimentée. Quoi qu’il en soit, si, par ce moyen ou par une meilleure préparation, ou par les deux modifications réunies, on parvenait à rendre le dévidage des cocons presque complet, notre industrie s’enrichirait, chaque année, de plus de 50 millions.
- La Société d’encouragement ’ propose , en conséquence , deux prix de la valeur de trois mille francs chacun, l’un pour l’éducation des vers à soie, et l’autre pour le battage et la purge des cocons, pour celui ou pour ceux qui trouveront un moyen de tirer la soie des cocons sans faire un déchet, en bourrette et frison réunis, de plus de 10 pour 100 de la matière soyeuse. La qualité de la soie grége devra être au moins celle qu’on obtient par la méthode actuelle ; la quantité produite au minimum, 10 kilogrammes. Le procédé sera expérimenté sous les yeux des commissaires de la Société.
- La Société se réserve de décerner des médailles de prix à ceux des concurrents qui auraient le plus approché du but.
- Les prix seront distribués, s’il y a lieu, dans la séance générale du second semestre de 1850.
- Les concurrents déposeront au secrétariat de la Société, avant le 31 décembre 1849, un mémoire descriptif et des échantillons.
- 4° Prix pour l'amélioration des machines et des moyens employés dans le foulage des
- draps.
- L’opération du foulage est une des plus essentielles de la fabrication des draps ; elle est cependant restée stationnaire pendant bien longtemps. Les machines dont on se servait encore partout, il y a peu de temps, étaient ces anciens pilons hollandais déjà connus au moyen âge. Ce n’est que depuis ces dernières années qu’on eut l’idée, en Angleterre, de substituer l’action d’une pression continue, d’une espèce de laminage, en Quarante-septième année. Avril 18-48. 27
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- faisant passer l’étoffe entre les gorges de deux cylindres tournants, à celle du choc aller-ternatif qu’exerçaient les marteaux des moulins à fouler dont nous venons de parler. Mais les foulons cylindriques anglais présentaient plusieurs défauts graves, et n’auraient pu être propagés sans d’importantes modifications qui y ont été apportées par nos constructeurs et notamment par M. Benoît, de Montpellier, et MM. Valéry et Lacroix, de Rouen, qui eurent l’heureuse idée d’y combiner l’action de la percussion avec celle de la pression. M. Desplaces y réalisa tout récemment encore une amélioration en substituant , aux contre-poids ordinaires fixés à l’extrémité de bras de levier, et dont l’action résultante ne peut changer que par les soins du foulonnier, des ressorts presseurs disposés de telle sorte qu’elle varie spontanément suivant le besoin du travail, qui n’est plus exposé à l’imperfection par suite de la négligence de l’ouvrier.
- Nonobstant ces perfectionnements, la manière d’opérer laisse encore beaucoup à désirer : pour faire passer le drap entre les cylindres et sous le sabot, on est obligé de le replier plusieurs fois sur lui-même; les plis qui en résultent sont fixés par la pression et ne disparaissent que difficilement ; la durée de l’opération est généralement longue ; elle est d’ailleurs proportionnelle à la quantité de retraite que l’étoffe doit éprouver, et, par conséquent, à l’épaisseur et à la force qu’on veut atteindre. Cette durée est rarement au-dessous de cinq heures pour les étoffes légères ; pour la draperie corsée et fine, elle atteint souvent trente-six ou quarante heures.
- Quoique l’étoffe soit baignée d’une dissolution liquide, dans le but de hâter l’opération et de préserver le drap du fâcheux effet que l’action mécanique directe pourrait produire, il n’en résulte pas moins une certaine détérioration de la matière : la bourre qu’on peut recueillir après le travail et le froissement extraordinaire du duvet, que les apprêts ultérieurs doivent rétablir, en sont la preuve. A cet inconvénient et à la lenteur de l’action signalée tout à l’heure, il faut ajouter une puissance mécanique assez considérable absorbée par le travail ; la nécessité de sortir plusieurs fois l’étoffe des machines pour la remanier, afin de faire disparaître les plis et pour examiner si l’action s’effectue régulièrement ; enfin les déchirures assez fréquentes auxquelles le drap est exposé. La disparition complète de ces inconvénients rendrait un service signalé à l’industrie. Peut-être le problème serait-il plus promptement résolu si l’on ne se préoccupait pas exclusivement des organes mécaniques, comme on a paru le faire jusqu’ici ; ceux-ci, il est vrai, paraissent susceptibles de modification , car c’est de leur forme que dépend la disposition à donner à l’étoffe pendant le travail, et celle-ci a elle-même une grande influence sur les résultats, comme on peut s’en assurer par la construction des machines à produire le drap-feutre. Mais l’action des liquides employés dans le foulage, dont on n’a pas tenu assez compte jusqu’à présent, n’est pas moins importante, et paraît digne de la plus sérieuse attention. La chimie peut fournir des corps dont les dissolutions pourraient remplacer avec avantage celles qui sont en usage. Le tartre rouge, entre autres, paraît avoir été essayé dans certains cas avec succès. L’emploi de la vapeur appliquée à certaines périodes de l’opération pourrait aussi favoriser et activer le travail.
- La Société serait heureuse, si par ces indications elle pouvait faciliter les recherches, et contribuer à faire mériter le prix de deux mille francs qu’elle propose pour la construction
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- d’une machine à fouler, ou pour une nouvelle manière d’opérer pour toute espèce de draperies, dont le foulage ne devra rien laisser à désirer sous le rapport de la perfection. La durée du travail devra être diminuée de moitié au moins, comparée a celle qui est nécessaire actuellement ; la puissance mécanique ne devra, dans aucun cas, dépasser celle qui est employée aujourd hui avec les meilleures machines. Le foulage devra avoir lieu d’une manière continue, sans exposer l’étoffe à des déchirures ou tares quelconques , ni à des plis susceptibles de laisser des traces, ni enfin aux remaniements, qui occasionnent des pertes de temps et un refroidissement du drap et de la machine nuisibles à l’opération. La dépense pour le foulage ne devra pas excéder celle qu’il occasionne aujourd’hui.
- La machine devra avoir foulé cinquante pièces entières de drap et sera expérimentée sous les yeux des commissaires de la Société.
- Le prix sera décerné, s’il y a lieu, dans la séance générale du second semestre de 1850.
- La Société se réserve de décerner des médailles de prix à ceux des concurrents qui auraient le plus approché du but.
- Les concurrents déposeront au secrétariat de la Société, avant le 31 décembre 1849 , un mémoire descriptif et des échantillons.
- AGRICULTURE. — PRIX RELATIFS AUX PRAIRIES.
- 5° Prix de 1,000 fr. pour la meilleure méthode de consommation des pâturages relativement à l’alimentation des bêtes à lait.
- Parmi les moyens de faire consommer l’herbe des prairies on peut citer
- 1° Le pâturage en liberté.
- L’herbe alors ne se trouve pas régulièrement consommée : les animaux font un choix qui nuit à l’uniformité de la végétation ultérieure ; les excréments inégalement répartis produisent, çà et là, des touffes d’herbes élevées, moins appétissantes pour les animaux qui laissent sécher ces touffes sur pied, tandis qu’en d’autres endroits le défaut de fumure occasionne, au contraire , une végétation trop grêle. On peut diminuer ces inconvénients par l’emploi de clôtures fixes ou mobiles et la précaution d’étendre journellement les excréments solides ; mais on accroît, en même temps, la dépense de main-d’œuvre.
- 2° Le pâturage à l’attache dit au piquet.
- Cette méthode semble économique de fourrage ; on lui reproche d’être dispendieuse de main-d’œuvre, de causer parfois des accidents II s’agit donc de balancer ses avantages et ses inconvénients.
- 3° Enfin la consommation à l’étable.
- Dans ce cas, les frais de main-d’œuvre, de transport du fourrage jusqu’aux écuries et du fumier sur les champs constituent évidemment une dépense assez forte et variable suivant les circonstances locales.
- La Société d’encouragement désire qu’un parallèle soit établi entre ces différentes méthodes et toute autre qui pourrait être plus avantageuse ;
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- PRIX PROPOSÉS.
- Que la discussion soit basée sur des expériences authentiques.
- Les concurrents, soit qu’ils se bornent à comparer les méthodes usitées, soit qu’ils indiquent des perfectionnements à l’une ou à l’autre de ces méthodes, devront démontrer quelle est celle qui mérite la préférence, parce qu’elle donnerait le maximum de produit net, c’est-à-dire que pour une superficie donnée de terrain, d’un demi-hectare au moins, elle nourrirait le plus grand nombre d’animaux sans diminuer le rendement en lait de chacun d’eux et sans que des frais plus considérables vinssent compenser l’accroissement de produit.
- On tiendra compte de l’influence de la méthode sur l’entretien du bon état du pâturage, sur le développement de la fertilité du sol, sur la régularité de la végétation et sur la qualité des herbages.
- Le prix sera décerné, s’il y a lieu, dans la séance générale du deuxième semestre
- de 1850.
- 6° Prix de 1,500 fr. pour les moyens d'obtenir le maximum de lait d’une consommation donnée d'aliments.
- La plupart des considérations que nous venons de développer relativement à l’engraissement des animaux peuvent s’appliquer à la formation économique du lait ; les concurrents devront donc se préoccuper des soins hygiéniques, et avec d’autant plus de raison que l’alimentation aqueuse qui convient à la production du lait, la température tiède de cette nourriture, notamment en hiver et pour les animaux tenus à l’étable, peuvent affaiblir l’organisme. Certains nourrisseurs, parmi les plus habiles, combattent ces influences à l’aide d’une dose de sel, variant de 30 à 60 grammes par jour, donnée à chaque vache.
- Les animaux, dans les circonstances précitées, de même que ceux que l’on nourrit et que l’on engraisse avec les résidus chauds des distilleries de grains, semblent plus impressionnables aux courants d’air et sujets à des affections des organes respiratoires.
- La Société verrait avec plaisir que toutes ces influences fussent étudiées par des observations directes.
- La nourriture qui provoque l’engraissement peut aussi déterminer une plus abondante production du lait ; l’un des effets exclut l’autre en général, et chacun sait que le lait tarit lorsqu’une vache, bonne laitière jusque-là, commence à engraisser d’une manière notable.
- Certains aliments, riches en principes gras, peuvent communiquer au lait une partie de l’odeur des matières huileuses ; tels sont la plupart des tourteaux qu’on ne doit employer qu’avec ménagement ; le tourteau de sésame ne paraît pas avoir cet inconvénient.
- Les prairies naturelles de quelques localités semblent avoir le privilège de fournir à la fois une production abondante de lait et un lait riche en principes azotés et bu-tyreux. Toutes ces observations pratiques peuvent guider les concurrents vers le choix d’une alimentation convenable au but proposé. D’ailleurs, leur étude approfondie expérimentalement pourrait mériter, à ceux qui n’auraient pas résolu le problème princi-
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- pal, les médailles d’or, de platine, d’argent ou de bronze que la Société se réserve de decerner à l’occasion des concours.
- En résumé, la question à résoudre consiste à déterminer expérimentalement l’ensemble des moyens qui, pour une consommation donnée d’aliments, donneraient lieu à la production maximum de lait ramenee a une richesse normale.
- Les concurrents devront donc tenir compte des proportions de substance sèche et, dans celle-ci, de la matière grasse contenue par litre ou toute autre unité de mesure du lait obtenu, et comprendre ces données dans l’énoncé des résultats.
- Les expériences devront porter sur six vaches au moins, et leurs résultats présenter une authenticité irrécusable.
- Le prix sera décerné en 1850.
- 7° Prix de 1,500 fr. pour l’indication d’un ensemble de moyens propres à fournir l'engraissement maximum relativement à une consommation donnée d’aliments.
- On sait que les animaux préparés à l’aide de soins hygiéniques convenables et d’une ration suffisante pour leur entretien et leur développement peuvent, à un moment donné, recevoir des doses plus élevées de nourriture, et faire tourner cet excès de nourriture au profit de leur engraissement.
- Les conditions à remplir pour résoudre le problème consistent à développer d’abord l’aptitude à l’engraissement, puis à employer, dans les meilleures conditions, des mélanges de nourriture tels que les fonctions de la respiration, de l’entretien et du développement, soit des muscles, soit des sécrétions adipeuses, s’accomplissent avec économie.
- En général, l’engraissement rapide utilise mieux la nourriture en excès sur la ration d’entretien, et cette dernière, qui constitue une dépense journalière constante, étant moins prolongée, devient moins dispendieuse.
- Très-généralement aussi, on favorise l’engraissement en ajoutant et augmentant, par degrés, jusqu’à un certain terme, les aliments riches en matières grasses, tels que les tourteaux de graines oléagineuses, le maïs, l’avoine, le son de froment. Il s’agit de déterminer la nature et les doses de ces mélanges qui peuvent réaliser l’engraissement le plus économique.
- La Société impose aux concurrents l’obligation de déterminer expérimentalement les conditions diverses qui rendront l’engraissement plus économique en faisant produire sous ce rapport le maximum d’effet à la nourriture employée.
- Les concurrents pourront Baser leurs expériences et leur discussion sur des faits déjà connus, pourvu qu’ils précisent tellement les conditions des procédés à suivre, qu’il ne reste aucune incertitude sur l’application de la méthode : les expériences devront porter au moins sur quinze bêtes de la race ovine ou sur quatre animaux de la race bovine ; les résultats seront constatés par la balance ; enfin la Société se réserve de répéter les essais dans le cas où ils laisseraient quelque incertitude.
- Le prix sera décerné en 1850.
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- PRIX RELATIFS AUX BESTIAUX.
- 8° Prix pour le meilleur mémoire sur l’histoire critique et raisonnée de la production chevaline dans une ou plusieurs régions de la France.
- Pénétrée de l’importance de la production chevaline tant au point de vue agricole et industriel qu’au point de vue de la défense du territoire national, et vivement frappée de l’état où se trouve cette production malgré les efforts du gouvernement, la Société d’encouragement, convaincue que la connaissance du remède ne peut venir que d’une connaissance approfondie du mal, fait un appel aux hommes spéciaux en les engageant à lui apporter le tribut de leurs lumières. Dans ce but elle décernera, en 1850, deux prix, l’un de 1,000 fr. et l’autre de 500 fr., pour Y histoire critique et raisonnée de la production chevaline, dans une ou plusieurs régions de la France.
- Cet historique comprendra un laps de temps plus ou moins long et s’appliquera surtout aux essais d’amélioration par les divers systèmes ; il sera suivi d’un exposé de l’état actuel des choses.
- Sans exclure les faits isolés, la Société croit cependant devoir recommander aux auteurs de ne s’attacher, avant tout, qu’aux faits généraux, à ce qui se passe chez la masse des producteurs.
- PRIX RELATIFS AUX ENGRAIS.
- 9° Prix de 3,000 fr. pour le meilleur mémoire sur l’analyse complète des engrais usuels.
- Chacun sait, aujourd’hui, que les engrais doivent rendre au sol les substances que les récoltes lui enlèvent.
- Afin de connaître la valeur des engrais et de pouvoir apprécier leur influence spéciale , il faut donc déterminer les matières organiques et inorganiques qui les composent. Parmi les premières, il convient de constater les proportions des substances azotées , d’indiquer, en outre, leur altérabilité plus ou moins grande et leur volatilité que peut déterminer l’emploi de matièies absorbantes ou d’agents chimiques propres à les fixer. Il est utile de tenir compte de la présence des principes capables de ralentir la décomposition , par exemple, de l’huile restée dans les tourteaux, du tanin dans les cuirs, du charbon dans les résidus des raffineries, noirs animalisés, etc.
- Pour les terrains habituellement trop secs, la propriété de retenir l’eau est utile et doit être constatée expérimentalement; il serait, en outre, de la plus haute importance de connaître , dans chaque localité, les amendements ou engrais minéraux qui pourraient venir en aide soit aux fumiers, soit aux engrais manufacturés. Cependant la Société n’impose pas aux concurrents un pareil travail : il doit être achevé ailleurs.
- La Société sait, en effet, qu’une commission prise parmi les professeurs du Conservatoire des arts et métiers (1) est chargée d’analyser tous les amendements appelés marnes, recueillis sur les différents points de la France par les soins de la Société nationale et centrale d’agriculture.
- (1) Cette commission est composée de MM. Boussingaull, Moll, Morin, Payen et Péligol.
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- Le concours ouvert par la Société d’encouragement se trouvait donc ainsi tout naturellement préparé ; il devait avoir pour but, il aura sans doute pour résultat, de compléter en temps opportun les mesures dont M. le ministre de l’agriculture et du commerce entend assurer la réalisation dans 1 intérêt des progrès de .1 agriculture en France.
- Les mémoires qui parviendront à la Société seront comparés entre eux sous les différents rapports précités. Le mémoire le plus complet méritera le prix; des médailles de divers ordres pourront être décernées à ceux des concurrents qui auraient plus ou moins approché du but sans 1 atteindre.
- Le prix sera décerné en 1850.
- PRIX RELATIFS AUX PLANTES FÉCULENTES.
- 10° Prix de 10,000 fr. pour la culture, en France, de racines alimentaires farineuses non cultivées en Europe jusqu à présent, et pouvant, par la quantité et la nature de leurs produits, se substituer en partie à la pomme de terre.
- L’importance de varier la nature des plantes alimentaires qui font partie de la grande culture doit faire sentir l’utilité de l’introduction d’espèces nouvelles qui puissent concourir, avec les céréales et la pomme de terre, à l’alimentation de l’homme.
- Plusieurs plantes à racines tuberculeuses remplissent cette destination dans divers pays éloignés; les unes étant soumises déjà à la culture peuvent être mieux appréciées, les autres recueillies à l’état sauvage s’amélioreraient peut-être beaucoup par la culture.
- Parmi les premières, on doit citer spécialement l’aracaeha ( aracacha esculenta de de Candolle, apio des Espagnols de la Nouvelle-Grenade ). Les renseignements sur la culture de cette plante, fournis par MM. Boussingault et Goudot, donnent lieu d’espérer qu’elle pourrait être cultivée avec succès dans diverses parties de la France ; l’abondance de son produit dans les parties tempérées de la Nouvelle-Grenade et sa richesse en fécule en feraient une acquisition précieuse pour l’agriculture.
- On pourrait encore citer plusieurs plantes tuberculeuses cultivées à la Chine, à Manille , etc., telles que les dolichos bulbosus et trilobus ( pachyrhizus angulatus et trilo-bus de de Candolle ) ; mais la nature de leurs produits est trop peu connue pour qu’on puisse affirmer qu’elles mériteraient d’être introduites.
- Plusieurs plantes sauvages de l’Amérique septentrionale produisent des tubercules qui servent à la nourriture des Indiens ; telles sont les psoralea esculenta et hypogœa ( pommes ou navets de prairie des voyageurs canadiens ), le lewisia rediviva (spetlum des Indiens ) , le quamash ( phalangium quamash de Pursh ). Celles de ces racines qui sont essentiellement amylacées pourraient, par la culture, fournir un aliment important.
- En général, la Société croit devoir exiger que les plantes qui seraient présentées au concours pour le prix proposé soient riches en fécule, susceptibles, par cette raison, d’une conservation plus facile et d’applications industrielles lorsqu’elles ne serviraient pas directement à l'alimentation de l’homme ou des animaux, qu’elles puissent, en un mot, offrir des avantages analogues à ceux de la pomme de terre et de la patate.
- La culture de ces plantes nouvelles devrait avoir eu lieu sur une échelle assez grande
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- pour qu’on fût assuré de son succès ; elle devrait avoir duré pendant deux ou trois ans sur une étendue qui, la dernière année, aurait été d’au moins 10 ares, portant mille pieds ou plus de la plante nouvelle et ayant produit au moins 2,000 kilogr. de racine fraîche.
- Les concurrents qui, sans obtenir des résultats aussi complets , auraient cultivé avec succès, mais sur une moindre échelle, des plantes à racines farineuses qui annonceraient pour l’avenir une culture avantageuse, ou qui auraient introduit et cultivé des racines alimentaires nouvelles, mais non farineuses, pourront obtenir des médailles dès que la Société se sera convaincue par elle-même de la réalité des faits qu’ils auront portés à sa connaissance.
- Le prix sera décerné, s’il y a lieu, dans la séance générale du second semestre de 1853.
- 11° Prix de 3,000 fr. pour un appareil propre à opérer le découpage et la dessiccation
- de la betterave dans les fermes.
- Au nombre des importantes questions relatives à l’industrie sucrière sur lesquelles la Société appelait, en 1838, l’attention publique, se trouvait un prix de la valeur de 4,000 fr. à décerner à celui qui ferait connaître le meilleur procédé pour opérer la dessiccation de la betterave dans les fermes ; ce prix n’a pas été remporté.
- L’intérêt que présente la solution de cette question décide la Société à rétablir ce prix sur ses programmes. La dessiccation de la betterave est le seul moyen connu, jusqu a ce jour, de préserver la matière sucrée qu’elle contient d’une altération incessante et rapide ; mais la Société pense que cette opération , pour être avantageuse, doit être exécutée sur les lieux mêmes de la culture de cette plante. Transformer la betterave en une denrée susceptible d’être transportée au loin, pour être exploitée en temps opportun dans les localités favorisées par l’abondance du combustible et par la proximité des centres de consommation, séparer la culture de la betterave de la fabrication du sucre, faire que cette culture devienne avantageuse dans toutes les localités en facilitant l’écoulement de ses produits, qu’ils soient destinés à la fabrication du sucre ou à la nourriture des bestiaux, tel est le but que la Société se propose d’atteindre.
- En conséquence, elle propose un prix de la valeur de 3,000 fr. à celui qui fera connaître le meilleur appareil propre à opérer le découpage et la dessiccation de la betterave dans les fermes, sans altération de sa matière sucrée.
- Le prix sera délivré en 1850.
- 12° Prix pour la culture des maïs précoces.
- La culture du maïs, introduite dans le midi de l’Europe vers le milieu du xvie siècle, est devenue une source de prospérité pour les contrées où elle s’est établie. Peu de plantes, en effet, parmi celles que la Providence a spécialement appropriées aux besoins de l’homme, offrent, au même degré que celle-là, l’abondance réunie à l’utilité des produits Aussi la pensée d’étendre, s’il était possible, à la France entière les bienfaits de sa culture a-t-elle vivement préoccupé plusieurs de nos meilleurs agronomes, parmi lesquels on doit, surtout, citer Parmentier. Leurs conseils , cependant, non plus que les efforts
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- tentés, de loin en loin, par les sociétés agricoles, n’ont eu que de faibles résultats ; la production en grand du maïs s’est très-peu étendue depuis un demi-siècle au delà des limites qu’elle axait alors.
- Le peu de succès de ces tentatives doit etre attribue , surtout, a ce qu elles ont porté sur le grand maïs ordinaire, dont les variétés, trop tardives pour nos provinces du nord, n’y acquièrent que difficilement leur maturité. Il n’est pas douteux qu’en s’attachant, au lieu de celles-là, aux variétés précoces, dont l’aptitude à mûrir sous le climat de Paris a été constatée par de nombreux essais, une grande partie des régions moyenne et septentrionale de la France ne pût trouver dans cette excellente plante des avantages sinon égaux à ceux qu’elle offre dans les contrées plus méridionales, du moins très-importants encore.
- Plus que jamais, aujourd’hui, il importe de redoubler d’efforts pour atteindre ce but. L’altération des produits de la pomme de terre, depuis deux ans, fait sentir vivement la nécessité d’augmenter, dans le système agricole des départements du Centre et du Nord, le nombre des plantes susceptibles de venir en aide, et au besoin , en remplacement de celle-ci, surtout de ces espèces qui, applicables en tout à la nourriture et à l’engraissement du bétail, peuvent, dans les années difficiles, fournir, pour ainsi dire instantanément, un grand supplément de ressources pour la subsistance publique. Le maïs satisfait à cette double condition : éminemment propre à créer de la viande si on lui donne cette destination, son grain ne l’est pas moins à fournir immédiatement à l’homme une nourriture parfaitement bonne.
- Déterminée par ces considérations et désirant contribuer à la solution d’une question pratique d’un aussi grand intérêt pour le pays, la Société d’encouragement a décidé de proposer, pour la culture des mais précoces, les deux prix dont les programmes sont énoncés ci-après.
- Le premier de ces concours est la conséquence naturelle et l’application immédiate des considérations qui viennent d’être présentées ; le second se fonde particulièrement sur les motifs suivants.
- Les variétés précoces du maïs, cultivées en France, ne sont ni nombreuses ni d’un emploi à beaucoup près général ; par cette raison, aussi, elles ne sont pas connues d’une manière bien précise. Il en existe, indépendamment de celles-là, un certain nombre d’autres dans les diverses contrées où la culture du maïs est ancienne et générale, mais les notions à leur sujet sont encore plus incomplètes. Or, pour augmenter les chances de succès de cette céréale dans le Nord, pour que sa production y devienne aussi profitable que possible, il importe beaucoup de faire choix des meilleures variétés, sous le double rapport du produit et de la précocité. Il faut donc d’abord les étudier, pratiquement et comparativement, afin d’arriver à leur connaissance précise. C’est dans ce but que la Société a proposé le second sujet du concours.
- A décerner en 1849.
- Des médailles de la valeur de 100 fr. chacune seront réparties entre les concurrents qui, dans un canton où la culture en grand du maïs n’est pas pratiquée, auront cul-Quarante-septième année. Avril 1848. 28
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- tivé et récolté à maturité 1 hectare, au moins, de l’une des variétés précoces de ce grain , telle que celle dite maïs quarantain, ou toute autre analogue.
- Les concurrents devront faire connaître
- 1° L’étendue du terrain employé à cette culture, sa nature et son exposition ;
- 2° La quantité du produit obtenu;
- 3° L’époque de l’ensemencement et celle de la récolte ;
- k° Le nom et le lieu d’origine de la variété employée ;
- 5° Le rendement ordinaire, en froment ou en «seigle, des terres de même nature et de même qualité que celle où aura été faite l’expérience.
- Ces renseignements devront être constatés par un certificat de la Société d’agriculture ou du comice agricole le plus voisin ; ils seront accompagnés d’échantillons de la récolte, consistant en trois tiges entières portant leurs épis, et douze épis détachés.
- A décerner en 1850,
- Un prix de la valeur de 500 francs pour la culture comparative, pendant deux années , dans un canton où la production en grand du maïs n’est pas habituelle, de plusieurs variétés précoces de ce grain, dont le nombre devra être de trois au moins.
- ( A mérite égal, le prix sera décerné au concurrent qui aura étendu cette comparaison au plus grand nombre de variétés. )
- L’étendue ensemencée devra être de 5 ares au moins pour chaque variété. Toutes seront placées dans des conditions semblables de terrain, d’exposition et de culture Les concurrents devront rendre compte, dans un mémoire,
- 1° Des époques d’ensemencement et de maturité de chacune des variétés;
- 2° De leur produit respectif;
- 3° Des différences qu’ils auront observées dans la végétation, les caractères extérieurs et les qualités de chacune.
- L’expérience et ses résultats devront être constatés par les autorités locales.
- Aux pièces à produire seront joints des échantillons de la récolte des deux années, consistant, pour chacune, en trois tiges portant leurs épis, et douze épis détachés de chaque variété.
- 13° Prix de 500 fr. pour la production d’une nouvelle variété de mais réunissant la précocité des maïs dits quarantains, avec un produit plus considérable se rapprochant de celui des gros maïs.
- Les maïs précoces dont le développement et la maturation ont lieu dans un court intervalle sont les seuls qu’on puisse espérer de cultiver avec succès dans le nord de la France ; mais ces maïs sont beaucoup moins productifs que les autres.
- Par un choix judicieux des porte - graine , par des fécondations croisées ou par un mode de culture convenable, on peut espérer de créer une race de maïs précoce plus productive que celles que l’on possède jusqu’à ce jour.
- Le prix sera décerné en 1852.
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- 14® Prix pour la culture des haricots.
- De toutes les semences farineuses, après les blés, les haricots sont, sans nul doute, une des plus généralement utiles à cause de leur qualité essentiellement nutritive; aussi sont-ils devenus, partout où le climat favorise leur production, soit dans les champs, soit dans les jardins, l’objet de cultures fort importantes.
- Dans le but que se propose la Société d’encouragement, l’extension de la culture des plantes légumineuses, du genre haricot (phaseolus ), ne pouvait manquer de fixer son attention.
- Le haricot donne lieu à de grandes cultures; il se garde plusieurs années dans un lieu sec sans perdre ses qualités, et il entre dans les grands établissements et dans la marine comme un des plus précieux approvisionnements. Ses usages économiques sont nombreux et n’ont pas besoin d’être rappelés.
- Les cultivateurs divisent les haricots en haricots à rames et haricots nains ; ses nombreuses variétés font espérer que sa culture pourra être étendue dans les parties de la France où jusqu’ici elle a été peu usitée, et des essais de culture comparative de plusieurs de ces variétés sont de nature à amener des résultats profitables à l’augmentation de nos ressources alimentaires.
- Déterminée par ces considérations, la Société d’encouragement propose les prix suivants, savoir;
- 1° Des médailles de la valeur de 100 francs chacune à répartir entre les concurrents qui, dans un canton où la culture en grand du haricot n’est pas pratiquée, auront cultivé et récolté à maturité un demi-hectare au moins de l’une des variétés de haricots.
- Les concurrents devront faire connaître
- 1° L’étendue du terrain employé à cette culture, sa nature et son exposition;
- 2° L’époque de l’ensemencement et de la récolte;
- 3° La quantité de produit obtenue ;
- 4* Le nom et le lieu d’origine de la variété employée ;
- 5° Le rendement ordinaire , en froment ou en seigle , des terres de même nature et de même qualité que celle où aura été faite l’expérience.
- Ces renseignements devront être constatés par un certificat de la Société d’agriculture ou du comice agricole le plus voisin ; ils seront accompagnés d’échantillons de la récolte.
- Ces médailles seront distribuées en 1849.
- 2° Quatre prix de la valeur de 500 francs chacun seront décernés en 1850, pour la culture comparée, pendant deux années, dans un canton où la production en grand du haricot n’est pas habituelle, de plusieurs variétés de cette plante légumineuse, dont le nombre devra être de trois au moins. ( A mérite égal, le prix sera décerné au concurrent qui aura étendu cette comparaison au plus grand nombre des variétés. )
- L’étendue ensemencée devra être de 5 ares au moins pour chaque variété. Toutes seront placées dans des conditions semblables de terrain, d’exposition et de culture.
- Les concurrents devront rendre compte, dans un mémoire,
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- PRIX PROPOSÉS.
- 1° Des époques d’ensemencement et de maturité de chacune des variétés ;
- 2° Des différences diverses qu’ils auront observées dans la végétation, les caractères extérieurs et les qualités de chacune ;
- 3° La quantité obtenue de chaque espèce.
- L’expérience et les résultats devront être constatés par la Société d’agriculture ou le comice agricole les plus voisins.
- A l’envoi des pièces seront joints des échantillons de la récolte de deux années, en grains et avec les gousses.
- PRIX RELATIFS A LA CONSERVATION DES SUBSTANCES ALIMENTAIRES.
- 15° Prix de 500 francs pour la conservation du lait.
- Malgré toutes les tentatives qu’on a faites pour assurer la conservation et le transport du lait, aucun bon procédé n’a été donné pour résoudre cette question que la multiplicité et la rapidité des voies de communication rendent, chaque jour, plus importante.
- La Société propose un prix de la valeur de 500 francs à décerner, en 1850, à celui qui fera connaître un procédé propre à conserver le lait pendant un voyage de dix jours, dans la saison d’été. Le lait, après cette épreuve, devra fournir un beurre de bonne qualité.
- 16° Prix de 500 francs pour la conservation des œufs.
- Plusieurs procédés sont déjà mis en pratique pour assurer la conservation des œufs ; mais ces procédés laissent à désirer. L’emploi de l’eau de chaux donne de bons résultats ; mais les œufs, ainsi conservés , ne peuvent supporter le transport sous peine de subir une prompte décomposition : ils doivent être employés peu de temps après qu’ils sont extraits du liquide conservateur. La coagulation d’une légère couche de l’albumine de l’œuf, au moyen de la vapeur d’eau, ne fournit point de résultats constants, à cause de l’impossibilité où l’on est de connaître le moment précis où l’opération doit être arrêtée. La cire, répandue à la manière d’un vernis sur la surface de l’œuf, paraît assurer sa conservation ; mais ce procédé est coûteux et d’un emploi peu commode. Le procédé chinois, qui consiste à imprégner les œufs d’une dissolution de sel marin , change entièrement la nature de cet aliment en y introduisant une forte proportion de sel.
- La Société décernera, en 1850, un prix de la valeur de 500 francs à celui qui fera connaître un procédé nouveau et peu coûteux pour assurer, pendant une année, la conservation des œufs.
- 17° Prix de 500 francs pour la conservation des fruits.
- Beaucoup de procédés ont été indiqués dans le but de prolonger, jusqu’à l’hiver, la conservation des fruits ; aucun n’a donné des résultats satisfaisants.
- La Société décernera , en 1850 , un prix de la valeur de 500 francs à celui qui fera connaître un procédé nouveau et peu coûteux pour conserver, jusqu’après la saison d’hiver, des fruits qu’on ne conserve pas sans qu’ils perdent les qualités qu'ils possèdent dans leur état de fraîcheur et de maturité.
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- 18° Prix de 500 francs pour la conservation des légumes.
- En dehors de la dessiccation , de la salaison et de l’emploi du vinaigre, le seul procédé efficace qu’on emploie pour conserver les légumes est le procédé à'Appert.
- La Société pense qu’il est possible d’assurer la conservation des légumes sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à l’emploi coûteux de vases hermétiquement fermés.
- Elle propose un prix de la valeur de 500 francs qu’elle décernera, en 1850, à celui qui fera connaître un procédé nouveau et peu coûteux pour conserver les legumes pendant une année, sans changer leur saveur à 1 état frais.
- 19° Prix pour la conservation de la viande dans nos climats, pendant une année, sans recourir au fumage ni à la salaison.
- L’insuffisance des procédés qu’on emploie pour conserver la viande fait, depuis longtemps, désirer des moyens plus efficaces pour assurer à cette substance alimentaire par-excellence une plus longue et plus complète conservation. La solution de cette importante question aurait pour résultat d’abaisser le prix de la viande, d’en augmenter la consommation, de la mettre à la portée de toutes les classes de la société.
- Les seuls procédés dont on fasse usage pour conserver les viandes sont la salaison, le fumage et la méthode d’Appert.
- La salaison et le fumage modifient profondément les conditions alimentaires des substances auxquelles ils s’appliquent.
- La méthode d'Appert donne d’excellents résultats ; elle rend journellement à l’économie domestique, à l’industrie, à l’hygiène de très-grands services ; mais elle augmente dans une trop forte proportion le prix des substances qu’elle conserve pour atteindre le but que la Société se propose.
- Une foule d’autres procédés ont été indiqués ou mis en œuvre pour assurer la conservation de la viande : on a proposé de la dessécher à des températures plus ou moins élevées, après l’avoir recouverte d’une couche de jus ou de gélatine, ou bien de gélatine et de tanin. Ces procédés, qui paraissent donner des résultats satisfaisants, ont probablement beaucoup de rapports avec ceux qu’employait Villaris il y a un demi-siècle ; un morceau de viande, préparé par eet inventeur, a été vu pendant de longues années, dans le laboratoire de à'Arcel père, dans un excellent état de conservation.
- Les détails du procédé Villaris ont été perdus, et, quoique la Société d’encouragement ait maintenu pendant longtemps sur ses programmes un prix dans le but d'arriver à ies mettre en lumière, ils n’ont point été retrouvés. Les essais et les résultats, consignés par MM. Dizé et d'Arcet dans les Bulletins de la Société, aideront sans doute à retrouver les détails d’exécution de ce procédé.
- Indépendamment des méthodes de conservation qui reposent sur la dessiccation préalable de la viande et sur l’emploi de différentes substances qui, répandues à sa surface, l’abritent du contact de l’air, on a proposé de la préserver de toute altération à l’aide de substances réputées antiputrides, telles que le charbon, le tanin, la noix de galle, le houblon, le cachou, le quinquina, l'ail, le poivre, etc.
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- L’efficacité de ces procédés n’est nullement démontrée. En 1740, Haies proposait de conserver les viandes fraîches en injectant dans les vaisseaux une dissolution de sel marin. M. Gannal a employé récemment de la même manière une dissolution de chlorure d’aluminium.
- Pénétrée de toute l’importance des questions relatives à la conservation de la viande, la Société propose un prix de la valeur de 2,000 francs, qu’elle décernera, en 1850, à celui qui conservera la viande, dans nos climats, pendant une année sans altérer sa saveur, sans recourir, par conséquent, au fumage ou à la salaison.
- PRIX RELATIFS AUX CULTURES INDUSTRIELLES.
- 20° Prix pour l’introduction d’un nouvel insecte capable de fournir une soie propre
- aux usages de l’industrie.
- La France produit une grande quantité de soie, et néanmoins l’heureux développement des industries fondées sur l’emploi de cette substance exige une importation annuelle de soie étrangère qui ne s’élève pas à moins de 40 millions de francs. Il y a donc là une large prime offerte au travail national.
- Pourtant les efforts tentés pour transporter la culture du mûrier et l’éducation du ver à soie dans les parties centrales de la France n’ont eu, jusqu’ici, qu’un résultat plus ou moins certain, et si l’on remarque, d’autre part, que les mûriers cultivés dans le Midi ne prospèrent dans le même sol que pendant un demi-siècle , et que leur culture paraît aujourd’hui s’être étendue sur toutes les terres qui pouvaient y être appliquées, on peut craindre que les ressources de la France pour la production de la soie n’aient pas une base aussi assurée pour l’avenir qu’on aurait le droit de le souhaiter.
- En conséquence, la Société propose un prix de la valeur de 3,000 fr. qui sera décerné à celui qui trouvera le moyen de doter le nord de la France d’une production de soie analogue à celle dont jouit le midi; elle espère qu’on en trouvera les éléments dans l’éducation de quelques insectes propres à la Louisiane.
- Le genre bombyx se compose de beaucoup d’espèces dont les chenilles construisent leurs cocons uniquement avec de la soie, sans associer à leur fil aucun corps étranger ; leurs cocons sont donc des cocons de pure soie. Le bombyx mori, c’est-à-dire le ver à soie ordinaire, occupe le premier rang parmi les espèces ainsi caractérisées, tant par la pureté et la finesse de sa soie que par son abondante exploitation.
- Néanmoins le bombyx mysitta donne une soie exploitée depuis longtemps dans les Indes orientales.
- L’Amérique septentrionale possède plusieurs espèces dont la soie est employée soit après la filature, soit par un simple cardage des cocons.
- Audouin a prouvé que le bombyx cecropia de la Louisiane peut être élevé facilement en France, où il se nourrit des feuilles du prunier et en particulier des feuilles du prunus communis ou du prunus spinosa: Plusieurs éducations poursuivies avec succès, des cocons filés d’une manière satisfaisante, la solidité et la pureté de la soie obtenue ,
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- tout prouve que le nouveau ver à soie peut réussir en France, et qu’il peut fournir un nouvel aliment à notre industrie.
- La Société indique aux concurrents le travail d’Audouin, parce qu’il se rapporte à une espèce dont le cocon est très-volumineux, dont la soie est très-belle et très-solide , et dont l’aliment est emprunté à un arbre d’une culture facile dans nos départements les plus froids ; cependant elle ne fait pas de ce choix une condition exclusive , et elle accordera le prix qu’elle propose a la personne qui aura fait deux éducations consecutives d’un nouveau ver à soie, propre à être élevé dans le centre et le nord de la France, avec des feuilles d’une plante bien connue pour résister au climat de ces régions, et qui, dans l’éducation de la seconde année, aura obtenu au moins 25 kilogr. de soie filée.
- Le prix sera décerné , s’il y a lieu, dans la séance générale du second semestre de 1850.
- 21° Prix pour la destruction d’un insecte, vulgairement appelé' /'écrivain, qui cause de grands dommages dans les vignes.
- Vécrivain est un petit insecte de la grosseur de la coccinelle ; il apparaît au moment de la floraison de la vigne, et il cause de tels dégâts, que, lorsque la végétation n’est pas active, il ronge les bourgeons au fur et à mesure qu’ils se développent, et la vigne semble ne pas pousser du tout.
- Plus tard , quand la vigne a acquis toute sa croissance , il se nourrit de l’épiderme de la feuille et de la grappe du fruit ; il enlève cet épiderme en traçant des lignes d’un demi-millimètre environ de largeur sur plusieurs centimètres de longueur, sans toucher au parenchyme, de sorte que la feuille semble avoir été gravée avec un instrument; c’est ce qui a fait donner à l’insecte, par les vignerons, le nom d'écrivain.
- Il y a bien longtemps que l’écrivain a été remarqué ; mais, depuis quelques années , il s’est développé d’une manière effrayante, et il a causé les plus grands dommages dans toute la Bourgogne ; en deux Ou trois ans une vigne est détruite, et l’on n’a, jusqu’à présent, d’autre parti à prendre que de l'arracher.
- Il est à croire que cet insecte détériore non - seulement la feuille et le fruit, mais encore les racines ; car l’on remarque que les feuilles sont attaquées longtemps avant que la vigne n’ait souffert d une manière notable, et que dans une jeune vigne, où les racines ne sont pas très-développées, il n’y a pas d’écrivain. De plus, les vignes plantées dans des terrains forts ou humides sont exemptes de cet insecte. Il se tient de préférence dans les terrains secs et légers, c’est-à-dire dans ceux qui produisent les meilleurs vins.
- Aussi les propriétaires qui voient leurs récoltes diminuer notablement se sont-ils déterminés à planter beaucoup de vignes dans la plaine , afin de pouvoir continuer à satisfaire aux demandes qu’on est dans l’usage de leur faire et de ne pas perdre leur clientèle. En effet, une grande partie des terrains qui n’auraient pas été plantés en vignes le sont aujourd’hui, de sorte que la moyenne de la récolte en blé, maïs , pommes de terre, etc., etc., a diminué, tandis que la production du vin n’a pas augmenté, et
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- PRIX PROPOSÉS.
- que sa qualité a tellement baissé, qu’il se conserve moins bien, voyage plus difficilement et donne lieu à de justes plaintes de la part des consommateurs, qui n’achètent qu’en tremblant les vins de ces contrées, autrefois si renommées.
- La destruction des petits oiseaux est une des causes de la propagation de l’écrivain. Autrefois les vignes étaient closes par des haies vives; dans beaucoup d’endroits laissés incultes , on voyait des buissons épais dans lesquels les petits oiseaux faisaient leur nid : aujourd’hui toutes ces haies sont détruites, et il n’y a plus de petits oiseaux pour faire la guerre à l’écrivain.
- Les propriétaires et les vignerons ne connaissent pas les mœurs de l’écrivain ; ils sont même divisés sur la question de savoir si la larve se retire en terre ou dans l’écorce : il n’est aucun vigneron qui ait pu émettre un avis à cet égard; chacun avoue même qu’il n’a jamais vu ni l’œuf ni la larve de cet insecte.
- La Société d’encouragement désire qu’on fasse connaître les mœurs de l’écrivain et les moyens de le détruire.
- Les services rendus par les travaux de M. Audouin, sur la pyrale, sont un exemple frappant de l’utilité de semblables recherches. En donnant l’histoire de la pyrale, M. Audouin a permis de trouver des moyens efficaces pour la combattre, si bien qu’elle a disparu aujourd’hui des pays qu’elle infestait. Celui qui donnerait l’historique de l’écri-vam, même sans avoir obtenu un procédé assuré de destruction, rendrait certainement un service important, et la Société lui saurait gré de ses efforts.
- Le prix de la valeur de 2,000 fr. sera décerné dans la séance générale du second semestre de 1850.
- 22° Prix pour un moyen de détruire les insectes qui attaquent l’olivier.
- Depuis quelques années, les insectes qui ravagent les récoltes de l’olivier, dans le midi de la France, ont fait de nouveaux progrès dans leur fâcheux développement. Les feuilles, les boutons, les noyaux des olives sont attaqués, et les récoltes, quelquefois complètement détruites, éprouvent toujours de notables diminutions.
- L’histoire des insectes qui attaquent l’olivier est encore le sujet de controverses; delà quelque incertitude sur le choix des moyens propres à remédier à leurs ravages, ou à les prévenir pour les années suivantes.
- La Société d’encouragement, voulant contribuer à conserver à nos départements méridionaux une culture précieuse, propose un prix de la valeur de 2,000 francs qu’elle accordera à l’auteur de la meilleure méthode pour la destruction des insectes qui attaquent l’olivier.
- Elle se réserve de récompenser les auteurs qui, sans avoir résolu le problème, auraient fait connaître d’une manière satisfaisante les habitudes des insectes qui attaquent les oliviers et auraient préparé de la sorte la découverte des moyens de les détruire.
- Le prix sera décerné en 1850.
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- 23° Prix pour la culture du chanvre et du lin.
- La chimie a prouvé que certaines récoltes consistent en substances formées de carbone, d’hydrogène et d’oxygène, c’est-à-dire d’éléments empruntés à l’air ou à l’eau. Le sucre, les fécules, les fibres textiles sont dans ce cas; il en est de même des huiles.
- Il serait du plus grand intérêt de s’assurer si en reportant sur le sol tous les produits fournis par la plante, la matière qui fait le but de l’exploitation exceptée, on lui assurerait une fécondité pour ainsi dire indéfinie.
- Ce qui paraît certain, c’est qu’on a pu, dans le Nord, cultiver la betterave pendant de longues années sur le même sol, sans diminution du rendement, l’exportation étant réduite au sucre lui-même, et tous les autres matériaux de la betterave étant rendus au sol par les fumiers.
- M. Kane a prouvé que dans la culture du lin il y avait un avantage considérable à restituer au sol les eaux du rouissage , les débris de chènevotte , et à exporter la fibre ligneuse pure.
- Les tourteaux de graines oléagineuses réunis au fumier produit par le fanage des plantes d’où elles proviennent devraient aussi restituer au sol la faculté d’en produire de nouvelles récoltes.
- On pourrait étendre, sans crainte, ces principes à la culture du mûrier et conseiller aux cultivateurs du Midi de réduire les emprunts qu’ils font à leurs terres à la soie proprement dite et de rendre à leurs arbres, comme fumure, les chrysalides et les crottes du ver à soie.
- Jusqu’où s’étend et où s’arrête l’application de ces principes? Faut-il tenir compte de l’opinion qui attribue aux plantes la faculté d’excréter certains produits qui donnent au sol où elles ont végété de fâcheuses propriétés pour la culture de nouvelles récoltes? Dans ce dernier cas, comment en neutraliser les effets?
- La Société voudrait que ces questions fussent examinées, discutées, résolues ; elle décernera , en conséquence, un prix de la valeur de 2,000 francs à l’auteur du meilleur mémoire fondé sur des expériences authentiques relativement à l’effet que produit, pour la culture du chanvre ou du lin, une fumure formée des eaux de rouissage, de chènevotte et de tous les débris de la plante.
- Le prix sera décerné en 1850.
- PRIX EXTRAORDINAIRES.
- 2à° Prix relatif aux inconvénients de la pomme de terre considérée comme nourriture
- trop habituelle des peuples.
- Madame la princesse Eudoxie Galitzin, née Ismailow, frappée de l’influence qu’exerce le régime hygiénique et alimentaire sur la constitution, le tempérament, le caractère des individus, sur les mœurs et les institutions des peuples, a fondé un prix qui sera décerné au meilleur ouvrage relatif aux effets de l’alimentation par la pomme de terre.
- Quarante-septième année. Avril 1848.
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- PRIX PROPOSÉS.
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- La tendance qui amène des contrées entières à répudier une nourriture que des siècles d’expérience ont démontrée excellente et pleinement appropriée aux conditions de climat, de température, de travail, etc., pour adopter des principes nutritifs nouveaux, mérite un sérieux examen.
- Quand cet effet nécessaire d’une civilisation plus avancée, de relations plus étendues de peuple à peuple, de découvertes lointaines aboutit à améliorer réellement le mode de nutrition des masses, à propager dans des proportions convenables l’usage des substances animales et des boissons alcooliques saines, on doit l’accepter comme un bienfait ; mais en est-il de même si l’on substitue des aliments moins nourrissants et peut-être moins salubres à ceux qu’un peuple possède?
- La pomme de terre a été acceptée avec difficulté en Europe ; aujourd’hui elle est devenue indispensable. Son usage assez prolongé et assez général dans quelques contrées permet d’étudier, avec quelque sûreté, les effets que son emploi journalier et presque exclusif peut produire sur les populations. Un examen attentif de la manière de la conserver, de modifier ses propriétés nutritives, si elles sont insuffisantes pour l’homme, ne peut être qu’utile à tous les pays.
- Il est surtout nécessaire de s’assurer si cette plante remplace utilement le pain de seigle, d’examiner dans quelles proportions elle nourrit, de s’assurer si l’eau-de-vie de pomme de terre est moins salubre que celle de vin ou celle de grains.
- Un prix de 1,000 francs, fondé par M*"® la princesse Gaiilzin, sera donc décerné, en 1849, à l’auteur du meilleur mémoire sur les deux questions suivantes :
- 1 ° Quelles sont les propriétés nutritives des pommes de terre comparées à celles du pain de seigle, de la soupe de chou et d’autres légumes, enfin du laitage, nourriture habituelle des pays agricoles ;
- Quels moyens employer, dans les pays où la pomme de terre est adoptée, pour corriger les inconvénients qui seraient reconnus à son usage trop exclusif comme matière alimentaire.
- 25® relatif au changement dans un système de monnaies de Vunité monétaire.
- Diverses circonstances amènent les gouvernements à changer le système monétaire précédemment en usage, et tout le monde convient que l’on ne doit procéder à cette grave opération qu’avec la prudence convenable ; car il ne serait pas impossible que, dans des conditions données, un changement dans le système des monnaies devînt une injustice réelle et compromît les intérêts des peuples.
- Ne serait-ce pas une grande erreur de supposer qu’on ne change rien en changeant Y unité monétaire?
- Peut-on ordonner que les transactions commerciales, les ventes et les achats se fassent dans un système qui suppose l’existence actuelle d’une fraction suffisamment petite de funité, lorsque cette plus petite monnaie n’existe pas? En France, la classe peu aisée, le pauvre ne souffre-t-il pas de la pénurie si grande de centimes quand le tarif du pain, etc., etc., quand le chiffre des impositions, etc., sont évalués en centimes?
- Telles sont les deux principales questions sur lesquelles Mme la princesse Gaiilzin ap-
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- PROCÈS-VERBAUX.
- pelle l’attention des personnes qui en auront fait ou qui en feront l’objet d’études plus approfondies.
- Un prix de la valeur de mille francs sera décerné à l’auteur du mémoire qui aura le mieux résolu les questions suivantes :
- 1° N’y a-t-il pas des inconvénients graves à adopter pour unité nouvelle un multiple de l’unité ancienne et à changer la valeur de la plus petite monnaie?
- 2° Un des effets certains de ce système ne sera-t-il pas d’élever le prix de toutes les denrées, qui devront subir forcément une évaluation nouvelle et être exprimées en fractions de la nouvelle unité? Cette évaluation ne pourra se faire qu’en partant de l’unité ancienne, que l’on ne peut oublier, puisqu’elle entre forcément dans l’expression reçue de valeur d’un objet quelconque ; on verra naître, dès lors, des fractions que l’on ne négligera qu’en donnant précisément aux denrées une plus-value autre que celle amenée naturellement par l’augmentation du numéraire.
- 3° Lorsque l’unité de monnaie a une valeur intrinsèque assez considérable, qu’elle vaut, par exemple, 4 francs, suffit-il que la plus petite monnaie soit la centième partie de l’unité, ou 4 centimes?
- 4° Quand, dans les transactions journalières, les payements ne peuvent pas se faire exactement par l’absence d’une monnaie suffisamment petite ou pour d’autres raisons quelconques, y a-t-il compensation? ou plutôt cet inconvénient retombe-t-il sur la portion la moins aisée de la population ?
- Extrait des procès-verbaux des séances du conseil d’administration de la Société
- cl’ encouragement.
- Séance du 29 mars 1848,
- M. le président annonce que, depuis sa dernière réunion, le conseil a perdu deux de ses membres, M. Vauvilliers, que les suffrages de la Société venaient de réélire vice-président, et M. de Ladoucette, membre delà commission des fonds depuis l’année 1819.
- En consignant au procès-verbal les vifs regrets que la Société éprouve de la mort de ces honorables membres, M. le président demande que le bureau soit autorisé à exprimer à leurs familles combien la Société a été douloureusement affectée de la perte de ees deux hommes distingués.
- L’autorisation est accordée.
- Correspondance. M. Frémy, membre de la Société, rue Beautreillis, 21, expose les motifs qui l’ont déterminé à faire la proposition suivante :
- Provoquer immédiatement une assemblée générale de la Société ayant pour objet V d’entendre chacun des membres du conseil qui se portent candidats à l’assemblée nationale ; 2° de les inviter à s’expliquer principalement sur leurs tendances relatives aux questions de douane et sur l’organisation du travail, afin que chaque électeur soit fixé sur les conséquences de son vote ; 3° de déterminer par un vote préparatoire le nombre
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- des candidats que la Société adopte, afin que les suffrages soient moins disséminés lors des élections.
- M. de Lasteyrie fait observer que la Société ne peut prendre à cet égard aucune mesure générale.
- Le conseil partage cette opinion.
- M. Armand Clerc, rue du Buisson-Saint-Louis, 18, rappelle que, par sa lettre du 21 septembre 18k3, le secrétaire de la Société d’encouragement avait informé l’institution qu’il a fondée en faveur des jeunes orphelins pauvres pour l’exécution des outils, machines et instruments de précision nécessaires à la fabrication de l’horlogerie, que sa demande d’examen avait été renvoyée à un comité.
- A cette époque, l’établissement avait à peine quelques mois d’existence. Aujourd’hui M. Armand Clerc place sous les yeux du conseil un travail remarquable entièrement exécuté par ses élèves, c’est-à-dire qu’à l’exception des matières premières ils n’ont eu recours à aucune main étrangère.
- M. Armand Clerc entre dans des développements pour faire apprécier le mode suivi dans son institution et les sacrifices sans nombre qu’il a faits pour l’amener à l’état d’avancement où elle se trouve; il prie la Société de venir à son aide dans l’œuvre qu’il a entreprise.
- Après une discussion,, cette demande est renvoyée au comité des arts mécaniques.
- Al. Jobard , directeur du musée de l’industrie, à Bruxelles, croyant utile de désillusionner les malheureux chercheurs de mouvement perpétuel, adresse à la Société une note portant pour titre, La maladie du volant ou du mouvement perpétuel.
- M. Girault, rue Notre-Dame-des-Champs, 46, dépose une ampliation du rapport fait à l’Académie des sciences sur une disposition vicieuse dès waggons dès chemins de fer et sur les moyens de la corriger.
- Il rappelle qu’il a soumis, depuis plusieurs mois, le même sujet à l’examen de la Société ; il espère que la commission voudra bien étudier la question et formuler son opinion.
- M. Tourillon, rue d’Qrléans-Saint-Marcel, 20, annonce qu’après de nombreux essais et expériences il a découvert un procédé de teinture en noir solide des schabraques de peau de mouton à l’usage de la cavalerie.,
- M.. Salmon fds, rue des Deux-Portes, 33, ayant fait la découverte d’une encre applicable au papier de sûreté qu’il a soumis à la Société, la prie de faire éprouver le papier et les caractères qui y ont été tracés, afin de constater la propriété de cette encre de résister aux acides et aux alcalis, et la sensibilité de son papier.
- M. Brun, à Rouen, transmet un supplément d’épreuves de transports lithographiques pour être joint à celles qui accompagnaient le mémoire envoyé par lui précédemment.
- M. Brunei expose que, bien que M. de Ruolz eût indiqué , dans un brevet pris en 1842, l’emploi des doubles cyanures alcalins pour précipiter, par la pile , de leurs dis=-solutions salines les alliages du cuivre, du zinc et de l’étain, cette découverte, peut-être à cause du haut prix des cyanures, était restée sans applications industrielles.
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- De nouveaux procédés brevetés en 184-7 , et dus à MM. Gaugain et Bisson, ont permis, en évitant les cyanures, de recouvrir h bas prix de cuivre jaune les métaux oxydables.
- Les applications de ces procédés sont aussi nombreuses que variées ; l’acier, le fer, la fonte, le zinc, le plomb, l’étain, leurs différents alliages sont recouverts d’une couche de bronze ou de laiton qui les préserve de la rouille; préparés ensuite convenablement, ils prennent l’aspect du bronze le plus riche dont ils. ne diffèrent que par leur bon marché.
- Après quelques développements sur la difficulté du problème qu’ont résolu MM. Gaugain et Bisson, M. le président invite le comité des arts chimiques à examiner cette découverte, qui est digne de toute son attention.
- Sur la demande de M. E. Becquerel, le comité des arts économiques est chargé, de concert avec celui des arts chimiques, de l’examen dont il s’agit.
- M. Chérot, rue de la Chopinette, 14- et 54-, prie la Société d’agréer ses remercîments pour la part qu’elle a bien voulu lui allouer dans la répartition du legs Bapst; il met sous les yeux du conseil le résultat de ses travaux sur fa conservation des viandes de boucherie qu’il destine à la marine.
- Il joint à sa demande une notice sur son mode de conservation des viandes.
- Objets présentés. M. Denombret, à Marne (Seine-et-Oise), présente une mèche servant à percer des trous carrés.
- M. Barrat, rue de Castiglione, 12, une machine dont il est l'inventeur, et qui paraît être d’une grande importance pour l’agriculture et particulièrement pour le défrichement des terres.
- M. Bouillant, rue Ménilmontant, 50, appelle l’attention de la Société sur un rouleau compresseur et portatif d’un nouveau système. Ce rouleau est destiné à écraser les cailloux pour les travaux des routes et chemins; il est accompagné d’un chariot à quatre roues qui sert à le- transporter et évite l’inconvénient de le faire rouler sur lui-même.
- M.Pimont, membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, ayant appris que la Société avait proposé un prix pour le perfectionnement des machines à vapeur destinées à produire un mouvement continu, se présente au concours. Une économie de 20 pour 100 sur la consommation du combustible , par l’application des caloridores et des calorifuges, lui fait penser qu’il a rempli les conditions du programme.
- M. Pimont joint à sa demande le dessin et la description de son appareil et un rapport de M. Girardin accompagné de diverses attestations.
- M. Canard, rue de la Parcheminerie, 2-7 , expose que la poudre de liège étant reconnue applicable au sauvetage, il a confectionné, avec cette poudre, des matelas et des camisoles sur lesquels il appelle l’attention de la Société.
- M. Tettamanzy, opticien, à Rochefort, présente quatre modèles de pèse-liqueurs avec thermomètre.
- Les ouvrages suivants sont déposés sur le bureau :
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- 1’ Le Technologiste, publié par MM. Malpeyre et Yasserot, mars 1842 ;
- 2° Revue générale de Varchitecture et des travaux publics, sous la direction de M. César Daly, septième volume, 10e numéro ;
- 3° Le Brevet d’invention , par M. Gardissal, mars 1848;
- 4° Le Moniteur industriel, mars 1848 ;
- 5° La Belgique industrielle, feuilles de mars 1848;
- 6° Mémoire sur les propriétés mécaniques des bois, par MM. E. Chevandier et Wer-theim ;
- 7° Moyen d’élever une fois plus d’eau avec moitié moins de dépense, 6e partie, mars 1848;
- 8° Mémoire sur les transformations principales de la mouche et sur certaines modifications qui permettent d’en rendre le mouvement uniforme, soit que l’on emploie des roues dentées, des courroies ou des cordes, par M. B. Sal-adin;
- 9° Nouveau manuel complet des falsifications des drogues simples et composées, par M. Pedroni fils ;
- 10° Journal des économistes, mars 1848;
- 11° Revue scientifique et industrielle sous la direction du docteur Quesneville, mai s 1848;
- 12° Rapport de M. Martens sur un mémoire présenté au concours de la classe des sciences de l’Académie de Bruxelles en réponse à la question suivante : « Exposer et discuter les travaux et les nouvelles vues des physiologistes et des chimistes sur les engrais et sur la faculté d’assimilation dans les végétaux indigènes, en même temps ce que l’on pourrait faire pour augmenter la richesse de nos produits agricoles ; »
- 13° Projet de cautionnement hypothécaire national adressé aux membres du gouvernement provisoire, par M. Hébert, notaire honoraire;
- 14° Annales de Y agriculture française, mars 1848;
- 13° Le Lithographe, sous la direction de M. Jules Desportes, 6e année, n° 64 ;
- 16° Bulletin des séances de la Société nationale et centrale d'agriculture, par M. Payen, secrétaire perpétuel, 2e série, t. 3, n° 8;
- 17° Annales de la Société centrale d’horticidture, février 1848;
- 18° Bulletin delà Société d’agriculture du département du Cher, n° 41, t. 7 ;
- 19° Programme des prix proposés par la Société philotechnique, concours de 1848 ;
- 20° De l’insuffisance des subsistances en France, par M. Bouvier-Dumolard ;
- 21° Cours d’hygiène et de prophylaxie à l’usage des gens du monde et des maisons d’éducation, par M. le docteur Valat;
- 22° Aux ouvriers, du pain, du travail et la vérité, par M. J. JP. Schmit.
- M. le président signale la brochure de M. Schmit comme digne d’intérêt et comme l’œuvre d’un bon citoyen.
- Rapports des comités. Au nom de la commission des fonds, M. Michelin lit le rapport suivant sur deux propositions, l’une relative à l’allocation d’une somme de 1,000 fr. pour les blessés de février et les ouvriers sans ouvrage, et l’autre à l’adoption des orphelins des victimes de la dernière révolution.
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- « Dans sa séance du 1er mars dernier, la Société a pris on considération deux propositions, l’une de notre honorable vice-président honoraire, M. Francœur, d’adopter plusieurs enfants que les derniers combats ont rendus orphelins, jusqu’à l’âge où ils pourront gagner leur vie comme ouvriers ; l’autre de voter une somme de 1,000 fr. pour les blessés et les ouvriers sans ouvrage.
- « Ces propositions ont été renvoyées à la commission des fonds.
- « La commission rappelle que, à l’époque de la révolution de 1830, la Société, sur la proposition de M. Francœur, institua des médailles en faveur des contre-maîtres et des ouvriers, mesure dont la Société a eu lieu de s applaudir. Ces médailles n’étaient distribuées que tous les quatre ans; mais, par un arrêté de 1847, la Société a rendu cette distribution annuelle en réduisant à vingt-cinq le nombre de ces médailles et en appelant à y participer d’une manière plus explicite les contre-maîtres et ouvriers des établissements agricoles.
- « La commission pense que la proposition de M. Francœur mérite d’être accueillie, et elle propose de faire les frais de l’éducation de deux enfants , soit dans une école industrielle, soit dans une école d’agriculture.
- « La Société ne fera ainsique rétablir momentanément des places dans des écoles, et, en même temps qu’elle donnera un témoignage d’intérêt aux orphelins, elle secondera les vues du gouvernement dans la direction à donner à l’éducation d’enfants si dignes d’intérêt.
- « La commission a aussi été d’avis de verser une somme de mille francs dans la caisse des blessés et des ouvriers sans ouvrage.
- « En conséquence, la commission propose 1° le placement, après examen préparatoire, de deux orphelins dans une école industrielle ou agricole; 2° de voter une somme de mille francs pour les blessés et les ouvriers sans ouvrage. » (Approuvé. )
- Au nom du comité des arts mécaniques , M. Kerris lit un rapport sur un instrument, de M. Julien Jaulin dit panorgue-piano, lequel présente une association de l’orgue expressif avec le piano.
- Le comité propose de remercier l’auteur de sa communication et d’insérer le rapport dans le Bulletin avec les dessins et légendes du panorgue-piano. (Approuvé.)
- Au nom du comité des arts économiques, M, Edmond, Becquerel lit un rapport sur les horloges électriques de M. Paul Garnier.
- Le comité a reconnu que M, Garnier a résolu la question de chronométrie électrique avec autant de simplicité que d’élégance, en mettant à profit toutes les ressources que son habileté, comme horloger, lui a suggérées, et les principes scientifiques connus sur le dégagement de l’électricité et la formation des électro-aimants.
- En conséquence, pour que la Société manifeste son approbation à cette application, le comité propose d’insérer le rapport dans le Bulletin avec la description et la gravure de l’appareil et d’en adresser une copie au ministre des travaux publics. (Approuvé.)
- M. Gourlier a la parole pour une proposition au nom du comité des arts économiques.
- 11 développe de la manière suivante les motifs d’une proposition lue et approuvée
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- dans une réunion de ce comité, le 28 mars, pour qu’il soit nommé une commission à l’effet d’examiner diverses questions qui touchent aux intérêts des maîtres et des ouvriers et du travail national,
- « La Société d’encouragement s’est toujours occupée de l’intérêt de tous les travailleurs, soit chefs d’établissement, soit contre-maîtres ou simples ouvriers. C’est ce que prouverait, au besoin, quant à ces derniers, le nombre des questions examinées dans leur intérêt et contenues dans la table générale publiée en 1838 et dans les tables des volumes subséquents, relativement surtout
- « 1° Aux moyens d’éviter les dangers que présentaient, sous le rapport de la santé, plusieurs arts industriels ;
- « 2° Aux moyens d’enseignement, et notamment aux bourses fondées dans plusieurs écoles industrielles ;
- « 3° Enfin aux récompenses, livres, médailles, etc., distribués à partir de 1830.
- « Aussi la voix de la Société a-t-elle été toujours écoutée de la part des ouvriers ; et, en 1830, une affiche , signée d’un certain nombre de membres de la Société , n’a pas peu contribué à assurer le respect dû aux propriétés industrielles et notamment aux machines.
- « Si la Société n’a pris aucune part, en ce qui la concerne, aux questions importantes qui s’agitent depuis un mois, on doit l’attribuer, sans doute, à la soudaineté des événements qui se sont accomplis, et à cette circonstance que la Société avait alors à s’occuper de ses séances générales et de ses élections.
- « Ces points maintenant accomplis, la Société n’a-t-elle pas quelque chose de plus à faire dans les circonstances solennelles où nous nous trouvons ?
- « Sans doute, les questions à l’ordre du jour sont principalement politiques et sociales; mais elles sont aussi essentiellement industrielles , elles intéressent et les maîtres et les ouvriers.
- « Comment la Société resterait-elle impassible, indifférente et muette?
- « Ne peut-elle pas, ne doit-elle pas, à peine de sembler se démettre de son noble titre, de ses précédents non moins nobles, examiner et peser mûrement ces différentes questions , et en dire consciencieusement, courageusement son avis, quel qu’il puisse et doive être, de façon à ce qu’il devienne un des documents, et l’un des plus importants, sans aucun doute, sur lesquels le gouvernement et la prochaine assemblée auront à prononcer?
- « Si les questions soulevées ( principalement celles de l’uniformité du salaire, de la fixation de la durée du travail, de l’abolition du marchandage et de la participation aux bénéfices) sont susceptibles d’une solution facile et avantageuse, la Société doit le reconnaître , le proclamer, et rassurer et convaincre les maîtres que ces questions effrayent ; si, au contraire, elles présentent des difficultés, des dangers sans avantages réels pour les ouvriers, c’est à ceux-ci que la Société doit de les éclairer sur leurs véritables intérêts.
- « Par sa composition et celle de ses divers comités, la Société peut facilement réunir
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- toutes les lumières, recueillir tous les renseignements propres à la solution de ces différentes questions.
- (( Pjj conséquence et sans se prononcer, du reste, en aucun sens, votre comité des arts économiques, à l’unanimité, a l honneur de vous proposer
- « 1° Que vos divers comités soient immédiatement réunis à l’effet de désigner chacun un ou plutôt deux commissaires spéciaux,
- « 2° Et que la commission soit invitée à s’occuper, sans aucun retard, de l’examen de toutes les questions dont il s agit. »
- Signé Silvestre fils, Herpin, Gourlier, E. Becquerel, POUILLET , TrÉBUCHET , PÉCLET , PRIESTLEY, CAGNIARD-Latour, Dizé.
- Après avoir entendu plusieurs de ses membres sur l’opportunité de ces propositions, le conseil décide qu’il se réunira extraordinairement’le mercredi'fi avril pour délibérer sur leur prise en considération.
- Communications. M. Sainte-Preuve fait connaître, en peu de mots-, les procédés de fabrication des tuyaux en terre cuite appliqués au dessèchement et à ^assainissement de? terres, dont l’usage s’est répandu en Angleterre et en Ecosse.
- M. le président émet l’avis que la Société pourrait consacrer une partie de la séance du 12 avril prochain pour entendre les renseignements qui seraient communiqués sur les meilleurs modes d’assèchement des terres ; il -cite l’emploi judicieux et sur une échelle immense des tuyaux dont vient de parler M. Sainte-Preuve, et qui pourrait recevoir, dans plusieurs localités de la France, une application non moins utile.
- Le conseil entend avec intérêt l’exposé succinct fait par M. Lescellier de Blécourt, sur l’extension donnée par 31. Makenzie sur ses propriétés en Ecosse, de ce mode d’assainir les terrains; il promet de recueillir, sur ce sujet, des documents qu’il communiquera à la Société.
- 31. le président adresse à 31. Lescellier les remercîments du conseil pour sa communication..
- Il rappelle que, dans la séance générale du 22 mars dernier, aucun des candidats à la place de secrétaire et à celle de censeur n’ayant obtenu la majorité des suffrages, la Société sera appelée à renouveler le vote ; que, par suite du décès de 31. Yauvilliers, les comités auront à délibérer sur son remplacement comme vice-président et comme membre du comité des arts mécaniques ; enfin que la commission des fonds aura à examiner s’il y adieu de procéder au remplacement de 31. de Ladoucette.
- 31. le président invite les divers comités à se réunir et à faire connaître le résultat de leurs délibérations à la séance-extraordinaire du fi avril.
- Il saisit cette occasion pour témoigner de toute sa gratitude pour l’honneur que la Société lui a fait en portant sur lui ses suffrages pour la présidence. Un entier dévouement aux intérêts de la Société continuera d’être la règle qu’il s’est imposée dans les honorables fonctions qui lui sont confiées.
- Quarante-septième année. Avril 1848.
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- Séance extraordinaire du 5 avril 1848.
- L’ordre du jour appelle la lecture d une proposition lue et approuvée dans la réunion du 28 mars dernier, pour qu’il soit nommé une commission à l’effet d’examiner diverses questions qui touchent aux intérêts des maîtres et des ouvriers et du travail national.
- Un membre du conseil, en appuyant la prise en considération dè la proposition, signale l’interprétation qu’on doit donner au marchandage comme l’objet d’une discussion grave entre les patrons et les ouvriers, et qui mérite surtout de fixer l’attention de la commission.
- 31. le président fait observer qu’il s’agit seulement de la prise en considération de la proposition..
- Un membre de la Société développe les motifs qui lui font penser que, dans un moment où les questions touchant aux intérêts qui divisent les chefs d’industrie et les ouvriers deviennent l’objet d’une discussion plus calme, il est utile que la Société d’encouragement fasse entendre des conseils qui seront d’autant mieux écoutés qu’ils sont plus désintéressés.
- M. le président pose la question sur laquelle le conseil est appelé à délibérer ; elle consiste, ainsi que le propose le comité des arts économiques, à nommer une commission à l’effet d’examiner diverses questions qui touchent aux intérêts des maîtres et des ouvriers.
- Un membre du conseil pense que la Société n’a pas toutes les données nécessaires pour étudier les questions administratives; que dans leur examen elle rencontrera des difficultés insurmontables : ces motifs l’engagent à demander l’ordre du jour.
- Un autre membre du conseil s’oppose à ce que la Société s’immisce dans des questions qui ont altéré si profondément les rapports établis entre les fabricants et les ouvriers. Si la Société entrait dans cette voie, il lui faudrait faire une enquête fort difficile et qui ne produirait, pour la Société, que la désaffection des uns et des autres.
- Un membre du conseil partagerait les craintes exprimées par les deux préopinants, s’il s’agissait, pour la Société, de rechercher la solution du problème socialiste de l’organisation du travail, et de formuler une opinion absolue sur cette matière. Mais il est d’avis qu’on doit entrer dans cette question, et qu’on peut, par exemple, commencer par recueillir les renseignements qui apporteront des éclaircissements aux questions pendantes. Il croit que la Société a un rôle convenable à jouer dans ces graves débats. Tandis que les bons citoyens agissent, la Société d’encouragement, par sa position indépendante, par l’impartialité de ses jugements, peut et doit faire quelque chose de vraiment utile. Sans parler des patrons, des ouvriers, ne pourrait-elle pas, en rayant ce mot, organisation du travail, rechercher ce qui a été fait pour l’avenir, la moralisation de la classe ouvrière, provoquer ces documents par la voie d’une circulaire? En les publiant, ce ne serait pas un des moindres services quelle aurait rendus à l’industrie. C’est sous ce point de vue qu’il appuie la proposition.
- Un membre du conseil ne voit aucun inconvénient à ce que la Société s’occupe de
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- l'origine des rapports qui existent entre les manufacturiers et ceux qui les emploient, de la direction à donner au travail. Le conseil a dans son sein un comité de commerce qui aurait dû prendre l’initiative de 1 étude de ces questions.
- Un autre membre du conseil rappelle que la Société a nommé une commission pour la direction à donner à l’enseignement industriel. La discussion des questions que cet enseignement doit suggérer fournira des documents précieux et utiles pour la solution des questions qui font l’objet de la proposition du comité des arts économiques. C’est un élément de discussion qui doit préoccuper la commission.
- Un membre du conseil partage l’avis du premier préopinant, en faisant observer que ce genre de travail est étranger aux attributions de la Société. Dans les précédents cités par le comité des arts économiques., il ne trouve rien qui vienne changer son opinion.
- Un membre du conseil, qui avait pris la parole pour appuyer la proposition, est d’un avis contraire à celui du préopinant. Il ne suffît pas d’étudier les errements de l’école sociale ; c’est un terrain où la Société craindrait de s’engager. Mais, avec son caractère de dignité, de convenance, elle n’excéderait pas ses attributions en adressant à tous ses souscripteurs, aux présidents des conseils des prud’hommes et des chambres consultatives des manufactures, de l’agriculture et du commerce, enfin aux préfets et sous-préfets des villes manufacturières, une circulaire par laquelle on demanderait communication , dans le plus bref délai, de toutes les mesures prises dans les diverses manufactures pour l’amélioration du sort des travailleurs et pour leur moralisation, 1° par des caisses de réserve pour secours aux blessés, aux malades et aux vieillards ; 2° par des sociétés de secours mutuels; 3G par l’enseignement; 4° par des récompenses ou des primes accordées aux ouvriers les plus méritants. On demanderait aussi d’indiquer avec soin la part prise par les chefs de manufactures dans la création eu la conservation de ces mesures philanthropiques. Le conseil général des manufactures., dans sa dernière session, a traité la question ainsi qu’elle vient d’être posée.
- L’un des préopinants, qui avait combattu la proposition du comité des arts économiques, appuie celle qui vient d’être produite et dont le but est parfaitement déterminé; en recueillant ce qui existe, ce sera une masse de notions les plus précieuses.
- Un autre membre, qui avait aussi été contraire à la proposition du comité, se réunit à celle qui vient d’être exprimée.
- Un membre du conseil énonce que les événements sont d’une nature telle qu’ils sont une véritable révolution sociale, laquelle laisse les bras inoccupés. Vaincre les difficultés qui surgissent est un problème très-difficile à résoudre. L’agriculture donne peut-être une solution qu’on ne peut espérer des opérations de l’industrie.
- Un membre du comité des arts économiques observe que le comité n’a voulu faire qu’une proposition de principe. Quant aux objections que cette proposition a soulevées, objections basées sur la difficulté d’obtenir des renseignements, de résoudre les questions qui y sont énumérées, ce membre, se référant à l’exposé des motifs, dit que, si ces questions sont susceptibles d’une solution facile et avantageuse, la Société doit le reconnaître , le proclamer et rassurer et convaincre les maîtres que ces questions
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- effrayent; si, au contraire, elles présentent des difficultés, des dangers, sans avantages réels pour les ouvriers, c’est à ceux-ci que la Société doit de les éclairer sur leurs véritables intérêts.
- Quant aux précédents, le titre seul de la Société suffirait. D’ailleurs il existe une époque où l’on ne peut s’appuyer sur des précédents ; cependant lé comité les a rencontrés; ils se trouveraient dans les mesures prises en 1830, qui n’ont pas peu contribué à assurer le respeet dû aux propriétés industrielles et notamment aux machines ; dans la part que la Société a prise dans la discussion de la loi des brevets, de celle sur l'industrie sucrière*. Il termine en émettant l’opinion qu’il y aurait’ un danger moral à ce que la Société, se croyant liée par ses statuts, par les précédènts, ne vînt pas apporter son avis, ses conseils, que la soudaineté des événements a fait naître.
- Un membre de la Société fait observer que, à une époque où les opérations industrielles ne peuvent procurer une existence à ceux qui s’y livrent, il faut recourir aux opérations agricoles*, il faut enfin marier le travail industriel avec l’agriculture, en laissant au comité de commerce le sein de s’occuper des questions générales.
- Pour sortir de la généralité de la question, ce membre rappelle qu’une proposition faite dàns* ïâ dernière séance, celle de rechercher les meilleurs moyens de dessécher les terrains humides, doit appeler une sérieuse attention, car il peut résulter de l’application de moyensdes mieux appropriés aux localités des produits plus abondants, et le moyen de fournir uno occupation utile et lucrative à un nombre considérable d’ouvriers. Il pense que d’Académie des sciences morales et politiques s’occupant de la question de l’alliance du travail agricole avec le travail manufacturier, la Société d’encouragement pourrait consacrer quelques -séances à la discussion du dessèchement des terrains^
- Plusieurs membres dû conseil et dé la Société‘prennent ensuite la parole sur la question de l’organisation du travail telle qu’elle est posée dans une autre enceinte ; sur le retour progressif des ouvriers-aux idées d’ordre et dû conciliation , idées que leur suggèrent leur participation aux droits-d’électeurs et d’éligibles et leur inscription sur les contrôles de la garde nationale.
- Après une délibération sur la position de la question réduite au titre de la proposition, en ajoutant et du travail national, le*conseil ferme la discussion.
- M. le président met aux voix la proposition tendant à ce qu’il soit nommé, par les comités, une commission à l'effet d’examiner diverses questions qui. touchent aux intérêts des maîtres et des ouvriers et du travail national..
- La majorité se prononce pour la prise en considération .
- Quant aux moyens d’exécution,. M. le président expose les motifs qui lui font considérer le comité de commerce comme devant former le noyau de la commission.
- Plusieurs membres indiquent des établissements, soit en France, soit en Angleterre-, auprès desquels la Société pourra recueillir des renseignements sur les- mesures prises pour l’amélioration du sort des travailleurs et pour leur moralisation.
- Un membre du conseil demande que M. le président soit invité à diriger les délibérations de la commission.
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- Cette proposition est accueillie.
- Le conseil adopte ensuite la proposition de considérer le comité de commerce comme le noyau de cette commission.
- Pour que la délibération ne souffre pas de retard, M. le président est invité ù désigner les membres de la commission.
- Elle se compose,
- 1° Pour la commission des. fonds, de MM. Michelin et Valois;
- 2° Pour le comité des arts mécaniques, de MM. Calla et Féray;
- 3° Pour le comité des arts chimiques, de MM. Payen et Ebelmen; rt° pour le comité des arts, économiques, de MM. Gourlier et Trébuchet;
- 5° Pour le comité d’agriculture , de MM. Huzard et Darblay.
- Séance du 12 avril 1848.
- Correspondance. M. Laignel, rue de la Harpe, 13, rappelle que M. Vauvilliers, à la suite de son rapport sur son système de frein pour modérer et arrêter promptement le mouvement des trains sur les chemins de fer, avait annoncé que dans un second rapport il rendrait compte de ses nombreux travaux..
- Dans cet état de choses, M. Laignel prie la Société de nommer une commission pour examiner ses travaux, surtout en ce qui concerne les chemins de fer et la navigation.
- M. Fouillon, inspecteur général du service de santé de la marine, annonce que M. Chérot a proposé au ministre de la marine d’utiliser, à bord des vaisseaux, son procédé de conservation de la viande de bœuf. Avant de l’admettre à faire des expériences, M. Fouillon désire connaître le résultat des essais auxquels la Société d’encouragement va se livrer pour constater l’efficacité du procédé de. M. Chérot.
- Objets présentés. M. Camus, de concert avec M. Cdrnuau, rue Neuve-des-PoLits-Champs ,18, soumet à l’examen de la Société une machine à fabriquer les briques, tuiles et carreaux, pour laquelle il a été pris un brevet d’invention.
- Ils demandent à prendre part au concours que la Société a ouvert pour la fabrication des briques, tuiles et carreaux.
- Les ouvrages suivants sont déposés sur le bureau :
- 1° De la collection géographique créée à la bibliothèque nationale, examen de ce qu’on a fait et de ce- qui reste à faire pour compléter cette création et la rendre digne de la France, par M. Jbmard, membre de l’Institut;
- 2° Vade-mecum du mécanicien-conducteur sur les chemins de fer, par M. Cos te;
- 3° Mémoire sur Vapplication des gaz des hauts fourneaux au chaitffage des chaudières à vapeur, par MM. Clément Désormeset Dubu ;
- V Traité des machines à vapeur^ ouvrage divisé en deux grandes sections,—2e section, n° 42 à 43, par M. C. E. Jullien;:
- 3° Le Tcchnologiste, publié sous la direction de MM, Malpeyre et Vasserot, avril 1848;
- G0 Le Moniteur industriel des 30 mars, 2, 6;et 9 avril;
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- 7° La cherté des blés est due à tous les Français, par M. Lainé, négociant droguiste et armateur;
- 8° F agriculture avant tout, par le même ;
- 9° Pacte industriel, système sur l’organisation des travailleurs, par M. E. Granger;
- 10° Précis analytique de VAcadémie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pendant l’année 1847 ;
- 11° Bulletin de la Société académique, agricole, industrielle et d'instruction de Falaise, — année 1847, 2e, 3e et 4e trimestres;
- 12° Journal des économistes, avril 1848;
- 13° Le brevet d’invention, sous la direction de M. Gardissal, n° 18, 2e année;
- 14° La Belgique industrielle des 30 mars, 2, 6 et 9 avril 1848.
- Rapports des comités. Au nom du comité de commerce, M. Chapelle lit un rapport sur un ouvrage de M. Salomon, intitulé, le Nouvel abréviateur universel ou les facteurs décimaux.
- Il suffit, dit M. le rapporteur, d’un simple examen du livre de M. Salomon pour en reconnaître toute l’importance. Le grand nombre de ses facteurs rend faciles tous les calculs d’intérêt, soit simples, soit composés, et font de cet ouvrage, par leur extrême simplicité, un véritable livre indispensable à tous ceux qui s’occupent d’opérations financières.
- Le comité propose d’adresser des remercîments à M. Salomon pour sa communication, et de faire connaître son ouvrage par la voie du Bulletin. ( Approuvé. )
- Au nom des comités des arts chimiques et des arts économiques, M. Edmond Becquerel lit un rapport: sur les procédés de laitonnage et de bronzage électrocbimiques de MM. Brunei, Bisson et Gaugain.
- Lorsqu’on veut préserver le fer, la fonte, le zinc, etc., des altérations dues aux agents atmosphériques, on les couvre d’une couche de peinture ; mais, grâce aux procédés de MM. Brunei, Bisson et Gaugain, il est possible de déposer, à l’aide de l’électricité, à la surface des corps métalliques, une couche mince d’un alliage tel que le laiton ou le bronze, ou de leur donner l’apparence des bronzes les plus beaux.
- M. le rapporteur fait voir que, s’il est facile d’opérer le dépôt d’un seul métal, il n’en est pas de même de la réduction simultanée de deux métaux.
- Plusieurs savants et industriels sont parvenus, dans quelques cas, à connaître les quantités des deux sels métalliques nécessaires pour donner lieu à un dépôt simultané de deux métaux. Toutefois, à cause de la dépense qu’occasionnaient les procédés, ou par tout autre motif, on n’a donné aucune suite industriellement à leurs méthodes.
- MM. Brunei, Bisson et Gaugain ont trouvé la composition de bains peu coûteux qui, dans les mêmes circonstances d’intensité électrique, déposent, à la surface des pièces de fonte, de fer, de zinc, etc., dns couches jaunâtres ayant tout à fait l’apparence du laiton ou du bronze. Leur procédé n’a pas été seulement mis en usage dans un laboratoire, mais il a donné lieu à une exploitation industrielle qui a déjà reçu de grands développements.
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- M. Becquerel décrit les procédés de MM. Brunei, Bisson et Gauguin, et signale leurs applications variées.
- Les comités, pensant que cette application industrielle naissante mérite d’être encouragée et qu’elle est digne de l’approbation de la Société , proposent de faire insérer le rapport dans le Bulletin. (Approuvé.)
- Communications. M. le président annonce que la Société va entendre plusieuis communications sur les procédés de dessèchement et d’assainissement des terres.
- .M. Combes donne la description de là machine à fabriquer les tuiles et les tuyaux inventée par 31. Ainslie.
- Cette machine confectionne des tuyaux en terre cuite, d’un prix modique et qui sont employés , avec avantage, en Angleterre et en Ecosse, pour le drainage ou dessèchement des terrains.
- La Société entend avec intérêt les détails dans lesquels entre M. Th. Thackeray sur le système de dessèchements souterrains exécutés sur une vaste échelle, en Ecosse et en Angleterre, et sur la machine à fabriquer les tuyaux dont vient de parler M. Combes. Cette machine fonctionne sous les yeux des membres de la Société, et produit des tuyaux d’une bonne exécution, qui, en sortant du moule, sont divisés en tronçons d’une longueur déterminée, au moyen d’un fil de fer. L’argile est fournie toute préparée à cette machine.
- M. Dumanoir donne quelques détails sur les essais de dessèchement par les tuyaux qu’il a entrepris dans une de ses propriétés du département de Seine-et-Marne.
- De son côté, M. Lupin entretient le conseil de l’application.qu’il a faite de ce mode de dessèchement dans le département du Cher.
- M. de Gourcy communique divers renseignements sur le drainage qu’il a recueillis en Angleterre et en Ecosse. Voici la méthode pratiquée dans ces pays : on divise le champ par un système de rigoles dont la direction et la coordination dépendent de la disposition du sol, de la quantité d’eau qu’ii reçoit et qu’il retient. Ces rigoles, creusées à lm,25 de profondeur, aboutissent dans d’autres rigoles principales qui déversent leurs eaux dans des fossés, d’où elles s’écoulent dans des ruisseaux ou des rivières. On doit faire les rigoles le moins larges possible à la surface et donner au fond la largeur nécessaire pour que les tuyaux puissent y entrer sans dévier de la ligne droite ; on recouvre ces tuyaux de terre qu’on tasse dé manière que l’eau ne puisse arriver au fond de la tranchée par le terrain remué ; elle doit y pénétrer après avoir été filtrée lors de 'son passage à travers la terre non remuée ou bien tassée, afin d’arriver claire dans les tuyaux.
- La longueur des rigoles est déterminée par l’étendue et la configuration du champ.
- On emploie ordinairement des tuyaux de 27 millimètres de diamètre, qui ne se remplissent jamais qu’aux deux tiers, même après une grande pluie.
- Il ne faut pas faire de rigoles à portée des haies ou des racines d’arbres, surtout de celles qui recherchent davantage l’humidité; car ces racines boucheraient complètement les tuyaux.
- Quant aux machines à les fabriquer, M. de Gourcy observe qu’il en a été présenté
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- quatorze au concours de la Société d’agriculture à Shrewsbury : celle qui a obtenu la préférence est de l&r