Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
-
-
- p.n.n. - vue 1/836
-
-
-
- BULLETIN
- DE LA
- S. E. I. N.
- Bibliothèque
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT ÇSîr-ot
- POUR
- L’INDUSTRIE NATIONALE,
- reeenmie comme établissement d’utilité publique par ordonnance royale
- du *1 avril 18*4.
- MVVUU1tVVVWVWVVVVV%lV\VUlVVl\iVU<VVV\VniUtVVU'VVVV4iViUlVVtVV%kV%
- CINQUANTE-DEUXIÈME ANNÉE.
- A PARIS,
- MADAME VEUVE BOUCHARD-HUZARD,
- IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ,
- RUE DE l’ÉPERON-SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS , 5.
- 1853
- Page de titre 1 - vue 2/836
-
-
-
- p.2 - vue 3/836
-
-
-
- cinodaste-iîëuxiéihe année. (N° DLXXXIIL) janvier 1853.
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES. — voitures.
- Rapport fait par M. Callon, au nom du comité des arts mécaniques, sur les divers perfectionnements apportés à la fabrication des voitures de luxe, *par M. Moussard, allée des Veuves, 58, Champs-Élysées.
- Messieurs, M. Moussard, carrossier, à Paris, a demandé que la Société d’encouragement voulût bien se faire rendre compte, par une commission prise dans son sein, de différentes améliorations apportées récemment par lui dans la construction des voitures de luxe , améliorations qui lui semblent dignes, de fixer l’attention de la Société.
- Cette demande a été renvoyée au comité des arts mécaniques, qui s’est transporté dans les ateliers de M. Moussard, et m’a chargé de vous présenter, dans un rapport, le résumé des observations auxquelles il s’est livré.
- M. Moussard a mis sous les yeux de votre comité deux voitures qu’il avait envoyées à l’exposition universelle de Londres, où beaucoup d’entre vous, sans doute, ont pu les distinguer.
- L’une d’elles est une élégante calèche à eou-de-cygne qui peut fonctionner à volonté, soit comme calèche découverte, soit comme berline, en y adaptant des châssis à glace d’une construction soignée et d’une ornementation bien en harmonie avec celle du corps de la voiture, soit enfin comme équipage à la Daumont, en enlevant le siège de devant qui est simplement fixé par quatre vis à la romaine. >
- La seconde voiture est un coupé-chaise de ville et de voyage, qui, sous une apparence plus modeste, est également d’une exécution parfaitement
- p.3 - vue 4/836
-
-
-
- ARTS MÉCANIQUES.
- i
- soignée, et présente plusieurs détails fort intéressants sur lesquels s’est spécialement portée l’attention de votre comité.
- M. Moussard, en effet, n’est pas seulement un dessinateur plein de goût et un fabricant habile, c’est en même temps un industriel intelligent qui sait s’appliquer d’une manière heureuse les idées nouvelles, et, au besoin, en tirer aussi de son propre fonds.
- Nous allons vous indiquer rapidement en quoi consistent les principales améliorations que présentent les voitures soumises à l’examen de votre comité, améliorations dont M. Moussard s’est réservé, du moins pour plusieurs d’entre elles, la propriété exclusive au moyen de brevets d’invention.
- 1° Dans le coupé-chaise, l’avant-lrain est muni d’une cheville ouvrière unique fort bien disposée, qui se graisse comme un essieu-patente sans avoir besoin de toucher à l’avant-train ; en outre, celte cheville , au lieu d’être à l’aplomb de l’essieu antérieur, se trouve reportée en avant d’une assez grande quantité. Cette disposition, nous le reconnaissons, n’est pas nouvelle ; elle a été appliquée précédemment par plusieurs entreprises de messageries, et, nous devons le dire, on y a généralement renoncé.
- Elle a cependant un avantage assez notable , pour un coupé comme celui auquel M. Moussard l’applique , c’est la possibilité de diminuer la distance entre les deux essieux sans raccourcir la caisse, et tout en obtenant le même raccourcissement de l’avant-train qu’avec le système à double cheville et à deux points de centre.
- 2° Une seconde disposition fort intéressante est celle des ressorts que M. Moussard nomme compensateurs. Ces ressorts se composent de deux parties distinctes : l’une, construite comme à l’ordinaire, constitue le ressort proprement dit qui doit fonctionner sous la charge minimum de la voiture ; l’autre, accolée à la première, est une pièce rigide ayant une moindre courbure que le ressort, et ne venant en contact avec lui que successivement, soit sous un excès de charge, soit sous l’influence des cahots auxquels la voiture est exposée. Un pareil système, tout en conservant une flexibilité suffisante sous les très-fortes charges, a l’avantage de ne pas présenter un excès de flexibilité sous les charges ordinaires, de diminuer beaucoup l’amplitude des oscillations accidentelles, et d’avoir ainsi un roulement beaucoup plus doux soit en charge, soit à vide. M. Moussard est entré ainsi, de son côté , dans la voie d’un perfectionnement qui s’applique aujourd’hui sur une grande échelle au matériel roulant des chemins de fer ; nous voulons parler des ressorts dits à auxiliaires, dont la théorie a été complètement étudiée par M. Phillips, ingénieur des mines, directeur du matériel au chemin de fer de l’Ouest.
- p.4 - vue 5/836
-
-
-
- VOITURES.
- 5
- 3° Les serrures des portières présentent une disposition intéressante que M. Moussard a , du reste , empruntée, comme il se plaît à le reconnaître , à un habile serrurier de Paris, M. Peudenier. Voici en quoi consiste cette disposition qui, sur le r .pport d’un de nos collègues, a obtenu une médaille de bronze en 1849.
- Les pênes des serrures, au lieu d’être taillés en biseau ou en bec-de-cane, sont coupés carréme at ; ils ne font point saillie lorsque la portière est ouverte ; ils ne donm nt pas lieu au frottement latéral des becs ordinaires, frottement qui oblige; à un graissage fréquent, cause de malpropreté, et d’où résulte, en outre, une plus prompte dislocation de la serrure. Après que la poignée a ouvert la portière , le bec-de-cane reste entièrement, à l’intérieur, retenu par un arrêt; la poignée ne peut le faire sortir, et il sort, au contraire, de lui-même au moment où la portière se refermant vient appuyer contre la feuillure dans laquelle elle se loge.
- 4° M. Moussard a imaginé un nouveau genre de marchepied mécanique invisible lorsque la portière est fermée, se déployant en même temps qu’elle, et toujours à l’abri de la boue que projettent les pieds des chevaux et les roues des voitures.
- Le mécanisme de ce marchepied, bien qu’un peu compliqué, nous a paru établi dans de bonnes conditions de solidité.
- 5° Comme dispositions ayant pour but le confortable du voyage , nous indiquerons, dans le coupé-chaise de M. Moussardt un strapontin fort bien disposé pour recevoir au besoin une troisième personne ; un coffre-cachette pour l’argent et les bijoux auquel on ne peut arriver qu’au moyen de cinq secrets, et qui nous a paru habilement dissimulé ; enfin plusieurs malles mobiles d’une grande capacité, disposées de manière à se loger sans nuire sensiblement à l’élégance de la voiture, en partie sur le bouclier placé derrière la voiture , et que l’on rabat au moyen d’une charnière , en partie sur l’impériale, et le reste, enfin, à la place du siège du cocher.
- 6° Signalons enfin, comme accessoire utile, un appareil qui peut servir à la fois de clef anglaise, de cric et même de marteau en cas de besoin, et qui offre ainsi, sous un volume assez réduit, des ressources fort utiles en cas d’accident survenu à la voiture ; toutefois il serait désirable que cet instrument fut construit avec plus de légèreté.
- Tels sont, Messieurs , les objets principaux que nous avons cru devoir signaler dans ce rapport. Nous aurions pu augmenter la nomenclature des divers points sur lesquels s’est dirigé avec succès l’esprit d’invention ou de perfectionnement de M. Moussard. Nous croyons en avoir dit assez pour vous faire juger que la carrosserie lui doit des améliorations réelles, et pour ap-
- p.5 - vue 6/836
-
-
-
- 6
- ARTS MECANIQUES.
- BALANCES.
- peler sur lui votre intérêt et votre bienveillance. M. Moussard avait obtenu , à l’exposition de 1849, une médaille d’argent ; s’il n’a pas été aussi heureux à l’exposition universelle de 1851, cela tient, pour ce qui concerne sa calèche, à ce qu’elle était hors de concours comme présentée deux mois trop tard; pour ce qui concerne le coupé-chaise, à un malentendu sur lequel le jury international n’a pu être appelé , en temps utile , à délibérer. M. Mous-sard a mis sous nos yeux une correspondance échangée entre l’honorable M. Arnoux, membre de la sous-commission formée pour l’examen des voitures, et M. Holland j grand carrossier de Londres , président et rapporteur de cette sous-commission ; il en est résulté, pour nous, la conviction que M. Moussard avait été désigné comme méritant une médaille, et qu’il a été victime d’une omission involontaire.
- Votre comité pense, Messieurs, que vous êtes plus compétents que personne pour donner à M. Moussard, par votre approbation éclairée, l’espèce de réparation à laquelle il a droit, et nous venons, en conséqence, vous proposer de le remercier de sa communication intéressante, et d’ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Signé Caleon , rapporteur.
- Approuvé en séance, le janvier 1853.
- BALANCES.
- Rapport fait par M. Alcan, au nom du comité des arts mécaniques, sur une balance à échantillonner les fils présentée par M. Laborde, ingénieur-mécanicien, rue du F a ubourg-d u- Temp le, 50.
- Messieurs, M. Laborde a présenté à la Société une balance à échantillonner les fils. La romaine destinée à cet objet étant bien connue, votre Bulletin du 10 juillet 1822 en contenant d’ailleurs une description détaillée par Fran-cœur, nous n’avons pas à y revenir. Nous ferons seulement remarquer, avec M. Laborde, que les balances employées sont très-susceptibles à être faussées accidentellement, ou à dessein, dans une intention frauduleuse. Il suffit d’agir sur le petit bras du levier de l’instrument pour rendre ses indications inexactes ; elles accusent alors des finesses inférieures ou supérieures à ce quelles sont en réalité. L’ouvrier, payé en proportion du degré de filage, se trouve lésé dans le premier cas ; le patron est, au contraire, victime dans la seconde hypothèse. Le grand nombre d’accidents et de fraudes de cette espèce est incontestable. L’absence d’un moyen facile et direct pour vérifier l’exactitude des indications de l’instrument peut en prolonger les conséquences fâcheuses.
- p.6 - vue 7/836
-
-
-
- ARTS ÉCONOMIQUES. r-r- RELIURE.
- 7
- Afin de mettre la balance qu’il vous présente à l’abri de cet inconvénient, IÆ, Laborde ajoute au cercle gradué de la balance en usage, qui donne seulement les numéros, un second cercle concentrique au premier et divisé de manière h indiquer les poids correspondants aux finesses. La vérification de l’instrument devient dès lors facile et à la portée de tous les intéressés, qui peuvent s’assurer si l’aiguille constate exactement un poids connu placé dans le plateau de la balance ; s’il en est autrement, l’indicateur a été faussé.
- Le troisième cercle gradué que l’on remarque sur l’appareil est destiné au titrage des fils de lin pour lesquels on se sert encore , à tort, du système de numérotage anglais.
- La balance modifiée comme nous venons de l’indiquer offre , par conséquent, des avantages sérieux, et se recommande surtout par les garanties de sécurité et de loyauté qu’elle offre aux transactions commerciales.
- M. Labwde, déjà encouragé par la Société pour ses ingénieux travaux, continue donc de mériter ses suffrages.
- Votre comité des arts mécaniques vous propose, en conséquence, de remercier cet habile constructeur de son intéressante communication, et d’insérer le présent rapport dans votre Bulletin.
- Votre comité des arts mécaniques émet en même temps le vœu que les balances à échantillonner les fils soient comprises dans les poids et mesures soumis à la surveillance de l’administration, et qu’un exemplaire de ce rapport avec une lettre de votre président soit adressé, dans ce but, à M. le ministre de l’intérieur, de l’agriculture et du commerce.
- Signé Alcan , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 26 janvier 1853,
- «««<
- ARTS LCQJNOTOim
- RELIURE.
- Rapport fait par M, R, de Silvestre, au nom du comité des arts économiques, sur les reliures mobiles de M. Weber, relieur, rua Bautefeuille, 2.
- Messieurs, M. Weber a soumis à l’examen de la Société une sorte de reliure mobile applicable aux collections d’estampes, de plans, de cartes géographiques, de dessins, de lettres autographes, commerciales et autres, en un mot de toutes les œuvres artistiques ou littéraires qu’on est dans l’usage de conserver en portefeuille.
- La mobilité de la reliure de M. Weber ne consiste que dans la disposition
- p.7 - vue 8/836
-
-
-
- 8
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- de certaines pièces de l’intérieur, toute la partie extérieure étant fixe et ayant l’avantage de pouvoir être assimilée, tant pour la forme que pour la solidité, aux reliures ordinaires.
- On monte d’abord, sur des onglets d’un papier mince et nerveux, les feuilles simples ou doubles que l’on veut collectionner, puis on les assemble et on serre la masse des onglets entre deux languettes placées à l’intérieur et contre le dos de la reliure. La première de ces languettes, taillée à gorge , est fixée à demeure ; la seconde, dont la face comprimante se trouve légèrement arrondie, est entièrement libre. On les serre l’une contre l’autre au moyen de vis tournant dans des écrous métalliques et qui traversent les onglets entaillés préalablement à des distances convenables.
- La simplicité de cette opération permet, comme on peut le voir, de mettre aisément en reliure telle quantité de feuilles qu’on voudra, depuis une seule jusqu’à une limite marquée par la grosseur du volume. On voit combien il est facile d’en ajouter, d’en ôter, d’en déplacer, sans dommage ni perte sensible de temps. On comprend surtout combien ce genre de reliure est utilement applicable aux collections destinées à être chaque jour examinées, feuilletées, étudiées et augmentées. Aussi les grands établissements publics, tels que la Bibliothèque impériale, le Muséum d’histoire naturelle, la bibliothèque de la faculté de médecine et d’autres encore, se sont-ils empressés de l’adopter pour la conservation de leurs collections.
- Votre comité, Messieurs, après avoir attentivement comparé la reliure mobile de M. Weber avec celles qui, précédemment, avaient été faites dans le même but, a reconnu qu’elle présentait des avantages réels. Ce jugement, qu’on pourrait déjà considérer comme sanctionné par l’expérience, est aussi celui des savants et des artistes de mérite qui dirigent les établissements ci-dessus mentionnés, et que votre comité , en celte circonstance , a cru devoir consulter. Nous avons donc l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. Weber de sa communication et d’autoriser l’insertion du présent rapport dans le Bulletin.
- Signé E. de Silvestre, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 26 janvier 1853.
- p.8 - vue 9/836
-
-
-
- CANNELLES,
- 9
- Rapport fait par M. E. de Silvestre, au nom du comité des arts économiques, sur une cannelle aérifère de M. Cheval, à Raismes ( Nord ).
- Messieurs, on vous a déjà communiqué divers instruments destinés au même but, celui de permettre l’introduction de l’air dans un vase clos au fur et à mesure que s’en échappe le liquide qui s’y trouve contenu.
- Le nouvel appareil que vous présente M. Cheval diffère peu d’un de ceux qui l’ont précédé et qui est décrit dans plusieurs recueils, et notamment dans le Manuel du sommelier. Ce qui le distingue de ce dernier, c’est que le tuyau qui sert au passage de l’air dans la partie supérieure du vase est formé de caoutchouc au lieu de l’être de métal. Le comité considère que ce changement , si simple qu’il paraisse, est un perfectionnement qui n’est pas sans importance, puisque 1° la nouvelle cannelle peut être appliquée aux fûts des grandeurs les plus variables ; T le fausset pouvant s’adapter à la partie la plus élevée du fût, à côté de la bonde si l’on veut, l’air s’introduit dans la capacité sans passer à travers le liquide et sans, par conséquent, le troubler; 3° enfin le bas prix de la matière qui forme le tuyau permet de livrer l’instrument à un prix moins élevé que les autres cannelles aérifères du même genre.
- Il est bon d’ajouter que l’appareil de M. Cheval a fonctionné avec succès en présence des membres du dernier congrès de Valenciennes, et que, à cette occasion, notre président, M. Dumas, a engagé l’auteur à soumettre son invention à l’examen de la Société.
- Votre comité, Messieurs, pense que M. Cheval a rendu un véritable service à l’industrie de détail des liquides ; il vous propose , en conséquence, de le remercier de sa communication et d’ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin.
- Signé E. de Silvestre, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 26 janvier 1853.
- BEAUX-ARTS. — ouvrages nouveaux.
- Rapport fait par M. Salvétat, au nom de la commission permanente des beaux-arts appliqués à l’industrie, sur l’ouvrage intitulé, les Arts et l’Industrie, dessiné par M. Hoffmann, et présenté par MM. Gide et J. Baudry.
- Messieurs, vous avez renvoyé à l’examen de la commission permanente des beaux-arts appliqués à l’industrie, la publication ayant pour titre, les Cinquante-deuxième année. Janvier 1853. 2
- p.9 - vue 10/836
-
-
-
- 10
- BEAUX-ARTS.
- Arts et l’Industrie, ou Recueil de dessins relatifs à l’art de la décoration, destinés à servir de motifs et de matériaux aux fabricants et aux dessinateurs de fabriques, réunis et dessinés par M. Hoffmann, ouvrage présenté, dans la séance publique du 17 novembre 1852, par MM. Gide et J. Baudry, éditeurs, rue Bonaparte, 5.
- La commission des beaux-arts m’a chargé d’être auprès de vous l’interprète de son opinion, et si, pour la seconde fois depuis qu’elle est instituée , quoique privé de titres personnels, je n’ai point refusé cet honneur, je ne saurais néanmoins me faire illusion sur les véritables motifs qui ont déterminé ce choix. Votre commission a voulu que ses premiers jugements émanassent en quelque sorte de la Manufacture de Sèvres, si pleine du souvenir de M. Ebelmen; elle a voulu rendre encore ce dernier hommage à la mémoire du savant regrettable dont elle a pour mission de féconder la noble pensée.
- Tout jugement en ce qui touche aux arts est chose délicate , tellement délicate giême à mes yeux, que le rôle de rapporteur ne me paraît acceptable qu’à la seule condition de rester l’écho fidèle des idées de la commission. Bien plus, j’aurais décliné toute compétence, si ma position dans un établissement modèle qui met en pratique permanente, pour la gloire de la France, l’alliance des sciences, des arts et de l’industrie, ne me donnait quelques droits à votre indulgence, et si des contacts presque journaliers, des rapports intimes même avec les artistes, en m’initiant à leur but, à leurs ressources, à leurs besoins, ne m’avaient rendu plus facile le devoir qui m’est imposé.
- Le grand acte industriel accompli l’année dernière, l’Exposition universelle de Londres, a placé la France, d’une manière incontestable, sous le rapport de l’art, dans un rang des plus honorables. Mais la lutte n’est pas terminée ; chacun a pu reconnaître et mesurer ses forces. Tous, vainqueurs et vaincus, sont disposés à recommencer le combat, et tous se préparent devant l’éventualité d’une nouvelle et prochaine rencontre. Dans ces circonstances, la France, quoique certaine de nouveaux succès, ne peut rester passive en présence des efforts cle toute nature que font, pour la surpasser, les nations rivales. Dans ce but, vous le savez, l’Angleterre s’est imposé déjà de grands sacrifices ; elle cherchera le succès à tout prix. Vous avez, des premiers, compris le danger, et dans un rapport remarquable, au nom d’une commission spéciale, M. Olivier réclamait l’initiative de votre Société, qui a déjà rendu de si grands services au pays, pour organiser la défense et diriger le mouvement ascensionnel de notre industrie ; il vous demandait, comme puissants moyens d’action, d’encourager les écoles spéciales d’application des beaux-arts, de motiver la création de nouveaux établissements de ce genre ,
- p.10 - vue 11/836
-
-
-
- OUVRAGES NOUVEAUX.
- 11
- et de réserver, pour les véritables artisans comme pour les dessinateurs de fabriques, quelques-unes de ces récompenses par l’attrait desquelles vous avez créé chez vous plus d’une industrie. Certes, il n’entrait pas dans l’idée du rapporteur d’exclure ces publications entreprises par des artistes habiles, par des éditeurs dévoués, souvent dans des conditions onéreuses, toujours par amour de l’art et de l’industrie. La presse, ce grand levier de la civilisation moderne, a pris trop de part dans ce qui s’est fait, dans ce siècle, de bien et de mal, pour qu’il soit permis de lui contester son influence. Nous espérons donc que vous voudrez bien accorder votre approbation aux publications utiles, de quelque ordre qu’elles soient, que la morale et le bon goût peuvent également avouer, et nous n’hésitons pas à vous le demander, dès aujourd’hui, pour la collection des dessins réunis par M. Hoffmann, collection qui joint au mérite d’une grande utilité celui d’une incontestable opportunité.
- Le recueil que vous présentent MM. Gide et Baudry satisfait, en effet, à cette double condition, et c’est à ce titre principal que nous venons vous en rendre compte. La commission a cru devoir néanmoins se préoccuper, tout h la fois, du but de l’ouvrage, des moyens employés pour le poursuivre, de l’exécution matérielle et de l’opportunité de cette publication. Je ferai tous mes efforts pour rapporter fidèlement toutes les pensées émises dans nos réunions.
- Le but de l’ouvrage, ainsi que l’auteur l’explique, est de donner aux fabricants et aux dessinateurs de fabriques des spécimens, non encore édités, dans lesquels ils iront, sans perte de temps, puiser des exemples nouveaux pris à des sources pures et des moins connues, d’époques et de styles différents , empruntés à des fabrications variées. D’après l’examen des planches qui composent la lre livraison , votre commission pense que les nombreuses industries qui appliquent à leur profit les arts du dessin pourront y puiser des motifs variables à l’infini, transportables avec avantage et nouveauté d’une fabrication dans une autre. L’artiste y trouvera réunies la pureté grecque, la richesse orientale, la naïveté du moyen âge, l’originalité de la renaissance. Un grand nombre de planches est particulièrement réservé pour reproduire les grandes compositions de tapis, de tentures, de décorations, etc., dont elles représentent non-seulement le trait, le contour ou le modelé, suivant le cas, mais même la couleur, et en cela l’ouvrage de M. Hoffmann se sépare nettement des autres publications qui l’ont précédé. Disons de suite ici que, dans cette circonstance, les éditeurs n’ont pas craint, et nous les en félicitons, d’adopter la coloration originaire, en réparant, après les avoir judicieusement observées, les altérations dues aux ravages du temps; ils n’ont pas hésité, en effet, à restaurer en quelque sorte , et ils l’ont fait souvent avec
- p.11 - vue 12/836
-
-
-
- 12
- BEAUX-ARTS.
- OUVRAGES NOUVEAUX.
- bonheur, les exemples qu’ils offrent aux études des artistes : ils ont pensé, avec raison, que, s’il faut savoir respecter les chefs-d’œuvre altérés des maîtres des anciennes écoles, il faut craindre , dans un ouvrage écrit pour l’enseignement , de prêter à une fausse interprétation de l’esprit décoratif des époques ou des peuples chez lesquels on étudie le goût ou l’art.
- Pour ajouter à l’intérêt des planches, chaque dessin est accompagné d’un texte très-court indiquant l’époque et la nature de l’objet représenté, son origine et l’échelle de proportion si utile à connaître, puisque l’effet produit sur notre vue par un sujet quelconque, soit au trait, soit en couleur, se modifie suivant les dimensions ; cette dernière notion permet à l’artiste de représenter, en grandeur naturelle , le motif dont il désire tirer parti. Une table systématique , qui termine chaque série, groupe par époques tous, les dessins épars dans les quatre livraisons, facilite au dessinateur toutes ses recherches, et le tient en garde contre des mélanges incohérents ou des anachronismes.
- Les textes explicatifs des planches sont réunis en une ou deux pages d’impression paraissant avec chaque livraison, et chaque série sera complétée par un rapport succinct sur les progrès industriels réalisés pendant l’année et relatifs aux fabrications spéciales dont des spécimens auront été publiés.
- À ces moyens divers de satisfaire aux besoins des artistes vient s’ajouter une exécution matérielle qui répond au but élevé de l’ouvrage. Les treize premières planches que votre commission met sous vos yeux sont généralement bien choisies ; elles sont toutes bien dessinées et font le plus grand honneur au talent de M. Hoffmann. La lithographie, par M. Kellerhoven, est fine; enfin la coloration obtenue par les procédés lithochromiques est belle, nette et reproduite avec une régularité que ne peuvent donner les autres procédés.
- Il est naturel de supposer que les éditeurs feront des sacrifices constants, pour maintenir une confiance entièrement libre de se retirer, et les souscripteurs trouveront, dans le mode de publication par années isolées, le gage assuré que l’ouvrage conservera, tout le temps de sa durée pour ainsi dire illimitée, la perfection qui le recommande à ses débuts.
- Quant à l’opportunité de cette publication, votre commission pense qu’elle résulte d’une manière évidente, ainsi que nous l’avons déjà dit, de cet état de lutte industrielle, lutte toute pacifique il est vrai, mais très-dangereuse cependant, puisque l’honneur de la France , la suprématie de ses productions, les débouchés de son commerce y sont engagés, lutte vers laquelle sont dirigés tous les efforts des manufactures, et dans laquelle sont entraînées , depuis quelque temps, toutes les forces vives du génie de ce siècle.
- Toutefois, même dans ces conditions, l’auteur ne peut espérer s’adresser qu’à un public choisi, qu’à la haute industrie ; le prix élevé de l’ouvrage ,
- p.12 - vue 13/836
-
-
-
- PRIX PROPOSÉS.
- 13
- parfaitement motivé, du reste, par le luxe de l’édition et par les frais résultant de l’emploi des procédés lithochromiques, s’opposera toujours nécessairement à l’introduction de ce Recueil dans les fabriques de second ordre. Votre commission croit cependant que, placé dans nos bibliothèques publiques, il pourrait être consulté par les fabricants et les dessinateurs peu fortunés, qui d’ailleurs, par une réaction toute naturelle, profiteront à leur tour des avantages que les industries de luxe en retireront tout d’abord, et sous ce point de vue, encore, l’ouvrage de M. Hoffmann mériterait votre approbation.
- Assurément l’enseignement par voie de publication paraît moins propre que tout autre à conserver à la France la supériorité qu’elle a su conquérir; car il peut être plus perdu pour nous-mêmes que pour nos rivaux : très-probablement cette publication va se répandre en Angleterre. Mais il ne dépendra pas de vous qu’elle reste, en France, inconnue de nos manufacturiers et de nos artistes. Votre voix réclamera pour elle les encouragements des bibliothèques publiques, des écoles de dessin et des chambres de commerce si dévouées aux véritables intérêts de notre industrie. Et, sans admettre qu’à tout jamais un génie trop exclusivement porté vers l’industrie doive diminuer chez le peuple anglais l’aptitude artistique, nous pourrons voir les beaux exemples développer plus vite les heureuses dispositions de nos élèves , qui ont, en quelque sorte, inné le sentiment du goût.
- Votre commission espère que vous entrerez dans ses vues, et qu’en conséquence vous adopterez les conclusions que j’ai l’honneur de vous soumettre en son nom.
- Elle vous propose
- 1° De donner votre approbation à l’ouvrage de M. Hoffmann ayant pour titre, les Arts et l’Industrie;
- T De remercier MM. Gide et Baudry de leur communication ;
- 3° De faire connaître le recueil qu’ils vous ont présenté par l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Signé Salvétat, rapporteur.
- Approuvé en séance, le \ % janvier \ 853.
- PRIX PROPOSÉS.
- Programme d’un concours ayant pour objet de propager, faciliter et récompenser l’emploi de constructions incombustibles.
- La valeur, ordinairement moins élevée, des matériaux non incombustibles, la plus grande facilité de leur emploi, et, il faut le dire, l’imprévoyance et
- p.13 - vue 14/836
-
-
-
- 14
- PRIX PROPOSÉS.
- l’empire des habitudes, ont rendu, jusqu’ici, l’emploi de ces matériaux bien plus général que celui des matériaux incombustibles.
- Ces derniers, sans doute, ont dès longtemps été appréciés et plus ou moins employés, surtout aux époques de progrès de la prospérité publique et des arts utiles. Dans ces dernières années principalement, on a cherché à mettre les bois à l’abri des atteintes du feusans leur faire perdre leur force, leur élasticité, etc.; on a recouru à l’emploi des pierres naturelles ou artificielles, et des briques plus ou moins réfractaires ; on a étudié l’application des fers, recherché les formes et les dimensions les plus propres à rendre leur emploi facile, sûr et économique ; et on. exécute, dès à présent, par ces divers moyens, un certain nombre de constructions incombustibles.
- Mais l’usage de ces constructions est, malheureusement, encore beaucoup moins répandu, beaucoup moins apprécié, beaucoup moins connu même » au moins dans une partie des départements, et surtout dans les campagnes, que ne le demanderaient la sûreté publique et la conservation des propriétés publiques ou privées, immobilières et mobilières. Nos édifices principaux mêmes ne sont pas toujours ainsi exécutés. Quelques règlements avaient été promulgués à l’effet de prescrire l’emploi de matières incombustibles pour les théâtres et autres lieux de réunions publiques, etc. ; mais ces règlements sont à peu près tombés en désuétude ou inappliqués, même dans un grand nombre de villes de premier ordre.
- Quant aux habitations privées, il n’y en a, jusqu’ici, qu’un petit nombre oii des matériaux incombustibles soient employés : ils ne le sont presque jamais surtout pour les habitations des classes pauvres ; et ces dernières habitations n’étant que bien rarement assurées, principalement quant aux objets mobiliers , en cas de sinistre les pauvres habitants perdent entièrement le peu qu’ils possèdent.
- Enfin tel est également le cas de beaucoup d’établissements industriels, ateliers, magasins, usines, etc., qui cependant, soit par les bâtiments mêmes, soit par leur contenu, constituent presque toujours des valeurs si considérables, et qu’il importerait essentiellement de mettre à l’abri de sinistres tels que ceux qui, tout récemment même , se sont multipliés d’une manière si notable.
- Et en effet, dans ces différents cas, si, lorsqu’il y a assurance, il n’y a pas de perte pour les propriétaires , il n’y en a pas moins perte pour la fortune générale, indépendamment des accidents irréparables que ces sinistres entraînent presque toujours.
- Cependant, dès à présent, les constructions incombustibles peuvent ne revenir qu’à des prix égaux ou peu supérieurs à ceux des constructions or-
- p.14 - vue 15/836
-
-
-
- PRIX PROPOSAS,
- 15
- dinaires; et dès lors, considération prise ou des risques à courir, ou du taux d’assurance , il est de l’intérêt bien entendu des propriétaires, non moins que des locataires , d’adopter enfin généralement, ou du moins dans les cas les plus nombreux et les plus importants, un mode d’exécution entièrement rassurant. ; / ,
- A cet effet, il est nécessaire d’avertir, de renseigner les intéressés et tous ceux qui participent à l’exécution des constructions ; de faire appel, dans leur propre intérêt et dans l’intérêt général, à leurs lumières , à leurs capacités, à leurs influences diverses, et d’assurer des récompenses convenables à ceux qui répondront à cet appel avec le plus de zèle, de distinction et d’utilité.
- La Société d’encouragement a pensé qu’elle pouvait intervenir à cet effet, ainsi qu’elle a déjà été assez heureuse pour le faire dans plusieurs autres circonstances en faveur de l’utilité publique ; tel est le but du présent programme.
- Première proposition. Prix de 3,000 francs pour la rédaction d'une instruction générale contenant l'indication des diverses sortes de matériaux naturellement ou artificiellement incombustibles, de leur nature, de leurs dimensions habituelles, de leur application la plus convenable, de leurs prix, etc.
- Pour obtenir la totalité du prix proposé, cette instruction devra, comme l’énonce le titre précédent,
- 1° Comprendre l’indication de toutes les sortes de matériaux et de modes de construction susceptibles de produire l’incombustibilité, et de présenter en même temps toutes les autres conditions voulues de force, de convenance et d’économie nécessaires ;
- 2° En donner, avec tous les développements théoriques et pratiques convenables, une connaissance aussi complète que possible, de façon à la propager principalement dans les villes de département et dans les campagnes oii cette connaissance est loin d’être suffisamment répandue ;
- : 3° Exposer les applications diverses auxquelles chacune de ces espèces est le plus convenable, le mode qu’on doit préférer pour sa mise en œuvre, la dépense approximative à laquelle chacune peut donner lieu ;
- 4° Être séparée en sections distinctes et spécialement consacrée, d’une part, aux diverses espèces de matériaux, savoir aux bois rendus incombustibles, aux métaux, aux pierres naturelles ou artificielles, aux briques , etc., et, d’autre part, aux diverses parties de construction, murs, cloisons, planchers, escaliers, combles, couvertures, etc.;
- 5° Enfin être accompagnée de tous les détails descriptifs, estimatifs et graphiques nécessaires.
- p.15 - vue 16/836
-
-
-
- 16
- PRIX PROPOSÉS.
- Toute instruction qui, bien qu’embrassant l’ensemble des matériaux et modes de construction incombustibles, ne renfermerait qu'une partie des notions qui viennent d’être indiquées , ou toute instruction qui ne s’occuperait spécialement que d’une des sections précitées, etc., pourront être l’objet de l’allocation, soit de telle partie du prix total proposé, soit de telle médaille ou mention qui sera jugée convenable.
- Deuxième proposition. Prix de 3,000 francs pour tous nouveaux procédés, nouvelle espèce de matériaux, ou nouveaux modes de construction susceptibles de produire l’incombustibilité.
- Peut-être est-il peu à espérer qu’on puisse indiquer de nouvelles espèces de matériaux ou de nouveaux modes de construction propres à produire l’incombustibilité avec les diverses convenances ci-dessus rappelées ; cependant cela n’est pas non plus impossible, et la Société accueillera avec intérêt toutes les communications utiles qui pourraient lui être faites à ce sujet.
- Le prix total de 3,000 francs ne pourra être accordé que pour une espèce de matériaux ou un mode de construction qui en seraient reconnus parfaitement dignes par leur nature, leur importance, et la manière dont il en serait donné connaissance par l’auteur.
- Toute indication moins importante pourra être l’objet de l’allocation de telle portion dudit prix, ou de telle médaille ou mention qui sera jugée convenable.
- Toute communication de ce genre devra nécessairement être accompagnée d’échantillons ou modèles, ou au moins de détails descriptifs et graphiques, de l’indication de prix de revient, et de certificats dûment légalisés, constatant l’extraction, la fabrication, l’emploi, etc.
- Conditions générales. Tous envois et communications relatifs au concours devront être adressés au secrétariat de la Société avant le 31 décembre 1853, accompagnés de toutes les pièces nécessaires : mémoires descriptifs, dessins , modèles, certificats soit d’autorités publiques, soit d’architectes, ingénieurs ou autres personnes, dûment légalisés. L’envoi sera revêtu d’une devise qui sera répétée dans un billet cacheté contenant exactement les noms, profession et demeure du concurrent.
- Le concours sera l’objet d’un examen spécial, de tels essais et expériences qui pourraient être nécessaires, et d’un rapport motivé au conseil, d’après la décision duquel les prix, médailles et autres récompenses seront décernés dans la séance générale du second semestre de 1854.
- p.16 - vue 17/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES
- 17
- extraites de diverses publications périodiques françaises et étrangères.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Notice sur le Chaptal, navire à hélice construit par M. Gavé; par M. Jules Gaudry,
- ingénieur civil (1).
- La corvette à vapeur le Chaptal a été construite à Asnières en 1845, par M. Cavé. Plusieurs dispositions neuves s’y rencontraient, et il était prudent, pour les juger, d’attendre l’expérience. Aujourd’hui le navire a fait plusieurs campagnes et subi de rudes épreuves; sa valeur est désormais jugée ; le moment est donc venu de faire connaître , à l’honneur de notre marine et du mécanicien , soit les résultats obtenus , soit les dispositions de la coque et de la machine qu’on a depuis reproduites avec succès, particulièrement en Angleterre.
- Il est à peine besoin de dire que M. Cavé, donnant pour moteur au Chaptal une machine d’un tout nouveau système, n’a pas échappé à la nécessité d’y apporter ultérieurement quelques modifications de détails. Toutefois, dès 1848 , les essais faits en présence de la commission donnèrent, sous une pression moyenne de 0,7 d’atmosphère, une vitesse de 10 nœuds passés.
- Après avoir constaté ce résultat, le rapport de la commission ajoute ce qui suit : « En ce qui concerne la confection de l’appareil moteur, l’ajustage de toutes les « pièces, le montage de la machine , etc., la commission n’a que des éloges à donner « au constructeur qui lui paraît avoir loyalement rempli ses engagements. Elle a été « aussi extrêmement satisfaite de l’examen qu’elle a fait de la coque dont la construc-« tion, dans tous ses détails, lui a paru solidement et consciencieusement exécutée.»
- Dans le cours de cette même année 1848, le Chaptal est parti pour les Antilles. Rentré à Cherbourg, on fit quelques changements dans les machines, et l’on s’occupa de nettoyer la coque, qui offrit une particularité remarquable : l’un des côtés, peint au minium, était couvert de coquilles; l’autre, peint depuis un an en vert dit dans le commerce Schweinfurth, était parfaitement sain. Le premier côté fut alors peint de même. Mais bientôt, soit par une de ces anomalies que l’on constate sans pouvoir les expliquer, soit à cause de la couleur, différente de la première dans sa composition, les deux côtés se recouvrirent également de coquilles, et l’on est revenu au minium qui ne s’écaille pas et protège mieux le métal (2).
- Le navire fut ensuite envoyé en Orient, où il fit un très-actif service, notamment des remorquages par de mauvais temps. Laissons parler le rapport officiel adressé au ministre de la marine par le capitaine Labrousse, son éminent commandant : « Le «c Chaptal, dit-il, s’est bien comporté dans les diverses circonstances de sa navigation,
- « soit à la voile , soit à la vapeur. Il gouverne parfaitement bien.... Il obéit très-
- « vivement à la barre.....Il porte très-bien la voile.
- (1) Cette notice a été lue dans la séance de la Société du 3 novembre 1862.
- (2) Voyez le mémoire de M. Bobierrc, Bulletin d’octobre, p. 706.
- Cinquante-demièiM année. Janvier 1853.
- 3
- p.17 - vue 18/836
-
-
-
- 18
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- « Les mouvements de tangage sont aussi doux qu’on puisse le désirer lorsque les te circonstances permettent de modérer la machine. Lorsque, au contraire, le bâtiment « marche à l’encontre de la lame avec une grande vitesse, les mouvements alors sont
- « assez durs (1)...Les mouvements de roulis n’ont rien d’exagéré , même dans les
- « circonstances les plus défavorables ; le navire n’a jamais fatigué sous ce rapport.»
- Répondant ensuite à cette question : Le Chaptal marche-t-il bien à la voile 1 le rapport ajoute : « Lorsque la carène est propre , avec les quatre voiles majeures le navire « atteint 10 nœuds à l’heure..., et par une bonne brise ll11Ui'Rls,9; avec voile, machine « et bonne brise, 13meluU,7... Le navire a été construit avec un grand soin; il est en-« core en parfait état. Les cloisons étanches, solidement établies , sont réellement « et absolument étanches. La machine vient, du reste , d’être soumise à une rude « épreuve en remorquant, par de très-mauvais temps, la frégate la Pandore, du Pirée « à Constantinople et à Smyrne, et rien n’a bougé dans l’appareil. »
- Une autre fois le Chaptal a remorqué la frégate la Pandore, le brick russe Jason et le brick français Fabert, à la vitesse de 6 nœuds et demi par heure en temps calme , la mer étant cependant un peu houleuse. Remorquant la Pandore seule, on a obtenu, avec un chauffage ordinaire, un sillage moyen de 7 nœuds passés. Pendant une lutte de vitesse avec un paquebot autrichien, le sillage s’est élevé à 8 nœuds passés.
- On avait conçu des inquiétudes sur les chaudières dont le tirage est peu actif, mais, dit le rapport, « les modifications sont peu urgentes, puisque la production de la vapeur « est assez grande pour assurer au Chaptal une marche supérieure à celle de la plu-« part des bâtiments de la flotte. »
- Qu’il me soit ici permis de placer un regret : combien n’est-il pas à déplorer que, d’essais en essais, on en vienne à perpétuellement changer de modèle en France, sans jamais laisser aux constructeurs la faculté de perfectionner leur système et de retrouver, sur plusieurs éditions d’une même machine pour ainsi dire , le bénéfice légitime qu’il est presque impossible d’obtenir dans la première exécution d’un modèle! Voilà encore un des secrets de la prospérité des constructeurs anglais. Combien de fois déjà Penn, Bury , Maudslay, Miller, Napier, Rennie, Fawcett n’ont-ils pas reproduit la même machine en la perfectionnant. 31. Cave a obtenu sur le Chaptal, premier en son genre, tout le succès qu’il est permis d’attendre cl’un premier essai. Que n’eût-il pas fait si, appelé à recommencer son œuvre, il eût pu profiter de l’expérience du premier travail?
- Passons maintenant en revue les dispositions nouvelles qui distinguent le Chaptal, et dont l’usage a consacré le mérite.
- 1° Machine à vapeur. Dès les premiers essais de l’application de l’hélice à la propulsion des navires, on reconnut la nécessité de lui imprimer une rotation rapide. Les machines alors usitées ne donnaient guère plus d’un coup simple de piston et 1 mètre de vitesse par seconde, nombre qu’on n’osait pas trop dépasser, principalement à cause du peu d’efficacité des appareils condenseurs aux grandes vitesses. Dans
- (î) On sait que tous les navires à vapeur sont dans le même cas.
- p.18 - vue 19/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 19
- les premiers bateaux à hélice, on accélérait donc le mouvement reçu du moteur à l’aide d’engrenages , de courroies , de chaînes sans fin..., aussi incommodes par leur ferraillement, leur poids et leur encombrement, que nuisibles au travail utile par leur frottement.
- Le constructeur du ('hapial proposa , dès 1843, une machine manœuvrant directement l’hélice'donnant 70 tours, on moyenne, par minute , et par suite incomparablement plus légère. C’est celle qui fonctionne dans le Chaptal; en Angleterre, on n’en construit plus d’autres que dans de rares exceptions.
- Il s’engageant, en outre, 1° à ce que la machine tint peu de place et fût installée sous la ligne d’eau à l’abri des projectiles d’artillerie en temps de guerre ; 2° à ce que l’hélice fût, en toute circonstance, facile à visiter, enlever et replacer. Des rapports officiels nous ont prouvé que ces promesses étaient tenues , que ces engagements étaient loyalement remplis; voyons maintenant par quels procédés.
- On voit, par la planche 1246, que la machine est quadruple, c’est-à-dire composée de quatre cylindres horizontalement fixés sur un grand coffre en fonte A, qui, lui-même, repose sur les carlingues , et n’est autre que les condenseurs, bâches, etc., avec leurs pompes à air, clapets et autres accessoires de la condensation. Les cylindres sont placés en travers du navire de manière à ce que les bielles F, reliant les tiges de piston D aux manivelles O', viennent directement agir sur l’arbre de l’hélice T.
- Ce système de machine, qui rappelle le mouvement des locomotives, est aujourd’hui très-usité. Mais ce qui spécialise le moteur du Chaptal consiste en ce que les deux paires de cylindres sont très-rapprochées vers l’axe du navire , l’arbre de l’hélice étant entre eux avec ses manivelles coudées et équilibrées. Chaque tige de piston D sort de son cylindre par le couvercle qui regarde les flancs du navire; elle est terminée par une traverse E que guident des glissières G; ses extrémités reçoivent les bielles qui longent le cylindre commandant la machine à balancier de côté, dite side lever engine, et vont derrière ce cylindre retrouver les manivelles. Le mérite de cette disposition consiste surtout en ce que, tout en ramassant la machine de manière à n’occuper que 6m,40 dans la largeur du bateau, les bielles motrices ont sept fois la longueur des manivelles, tandis que dans le type exposé en 1851, à Londres , par la maison Bolton-Watt, et souvent reproduit depuis, il faut éloigner les cylindres d’environ 6 mètres, et donner à la machine entière au moins 8 mètres de large pour atteindre à peine quatre fois la manivelle, circonstance éminemment défavorable à la bonne marche de la machine.
- Voici maintenant les principales dimensions de la machine et de la coque :
- Jaugeage en nombre rond......................
- Longueur de la coque à la flottaison. . .
- 1,000 tonneaux, 54 mètres,
- Largeur
- id,
- Rapport entre ces deux dimensions. . . .
- Creux total...........* .....
- Tirant d’eau moyen en charge. « # . . .
- Nombre de coups de piston moyen par minute. Pression initiale de la vapeur..............
- 1 atmosphère,
- p.19 - vue 20/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Détente commence au..................... 1/7,
- Diamètre des pistons.................... 1 mètre,
- Chambre de vapeur dans la chaudière.... 30 mètres,
- Longueur de la machine.................. 6m,40,
- Largeur id..................... 5m,80,
- Hauteur totale id....................... 3 mètres,*
- Au-dessous de la flottaison............. 0m,40.
- Force nominale suivant la commande.. . . 220 chevaux,
- Force id. donnée par le constructeur. . 340 chevaux.
- Cette augmentation de puissance donnée par M. Cavé, sans augmentation de prix, est un fait très - habituel chez quelques-uns des constructeurs français ou anglais. L’un de ces derniers a même été jusqu’à doubler la puissance demandée, tenant à cœur, pour sa réputation, de dépasser de beaucoup les résultats promis. Il s’ensuit non-seulement que le possesseur de la machine obtient d’elle des ressources inespérées, mais qu’il l’a payée, toutes considérations faites, un prix fort réduit, puisqu’il possède en réalité , pour 200,000 francs par exemple , une machine non pas de 200 chevaux , mais de 300 chevaux, qui lui revient, par conséquent, à moins de 700 fr. par cheval. Ainsi se trouve expliqué en même temps le secret de bon marché de certains constructeurs qui ne diffèrent des premiers que parce qu’ils donnent juste ce qu’ils ont promis et rien au delà.
- 2° Hélice. La théorie de l’hélice était encore peu connue lors de la construction du Chaptal, et M. Cavé dut, avant tout, procéder à des expériences en grand que nous nous proposons de publier prochainement. Bornons-nous à dire ici qu’elles conduisirent à donner à l’hélice la forme dite en aile de moulin à six branches formant au total un pas de 5 mètres avec 3 mètres de diamètre. On l’a depuis remplacée, à titre d’expérience, par diverses hélices qui ont plus ou moins bien réussi. Celle qui existe actuellement a quatre branches , 6m,40 de pas et 3,20 de diamètre : c’est celle qui est représentée dans les planches 1246 et 1247.
- 3° Rondelle de poussée. Cet appareil est l’un des plus ingénieux du Chaptal. L’hélice , en prenant son point d’appui dans l’eau à la façon d’une vis dans un écrou fixe où chaque rotation la fait avancer d’un pas, tend nécessairement à exercer, en sens contraire, une poussée considérable dont il est important de garantir la machine. L’appareil de poussée dont le Chaptal est muni est représenté sous la lettre Z', en plan, pl. 1246, en élévation, pl. 1247, et en coupe verticale sous une échelle quatre fois plus grande dans la figure 2 de cette même planche. Il offre une analogie complète dans son principe avec les plaques tournantes des chemins de fer, qui, par l’interposition de galets entre deux surfaces frottantes, tournent aisément sous des charges énormes. Mais, comme l’hélice joint une rotation rapide à une poussée de plusieurs tonnes, le constructeur, sur la demande de M. Labrousse, a superposé, pour ainsi dire, trois plaques tournantes l’une sur l’autre en commandant chacune d’elles par des engrenages qui ralentissent leur mouvement respectif dans un rapport donné. Et de cette manière les galets, tournant librement avec une vitesse égale à la différence des
- p.20 - vue 21/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 21
- vitesses des surfaces entre lesquelles ils se trouvent, donnent, en somme, un frottement tellement doux, qu’après plusieurs mois de service l’usure était encore insignifiante.
- 4° Puits de l’hélice. Pour rendre en tout temps l’hélice facile à visiter, enlever et replacer, il a été ménagé au-dessous d’elle , dans le corps de la poupe , un puits par lequel on peut la remonter sur le pont après avoir dégagé son axe d’avec l’arbre de la machine, lequel se termine par une partie carrée entrant dans une fourche. Quant à l’hélice elle-même, on voit, planche 1247, qu’elle est portée dans un cadre dont les montants peuvent glisser dans des coulisses ménagées sur toute la hauteur du puits. Ce cadre est remonté à volonté par un treuil installé sur le pont. Quand on veut redescendre l’hélice à sa place , il suffit de laisser tomber le cadre au fond de la coulisse.
- Afin que la fourche qui termine l’axe de l’hélice et la partie carrée de l’arbre moteur puissent se séparer, ce qui ne peut évidemment avoir lieu que dans la position verticale , on a dû ménager un mouvement d’engrenages d’angle indiqué en a' b' sur les planches 1246 et 1247, à l’aide duquel il est aisé de faire tourner l’arbre lorsque la machine n’est pas en feu, pour l’amener à la position voulue. Quant à l’hélice, il suffit, pour que la fourche soit verticale, d’arrêter l’une des ailes sur la traverse supérieure du cadre à l’aide d’un verrou, crampon, etc.
- Maintenant, que doit-on penser du puits en lui-même et de la faculté d’enlever l’hélice, au lieu de la rendre tout simplement folle sur son arbre. La commodité du puits n’est pas contestée ; mais ce n’est qu’à la condition d’être vraiment nécessaire, et éminemment supérieur à tous autres procédés connus, qu’un mécanisme peut prétendre se faire adopter. Le premier auteur du système , le capitaine Labrousse, l’un des hommes les plus versés dans la science de la marine à vapeur, a traité la question des puits à tous ses points de vue, dans son savant ouvrage sur les propulseurs, et dans un mémoire spécial sur le sujet en particulier; nous ne pouvons mieux faire que d’y renvoyer le lecteur en nous bornant à établir les quatre points suivants :
- 1° Le puits et l’enlèvement de l’hélice ont jusqu’ici trouvé peu de faveur auprès de nos ingénieurs de la marine, parce qu’ils regardent le simple affolement de l’hélice sur son axe comme suffisant pour la pratique.
- 2° La marine royale anglaise, au contraire, paraît l’avoir généralement adopté.
- 3° Ses plus chauds partisans sont ordinairement ceux qui en ont fait le plus long usage. Russel et Napier figurent, en Angleterre , au premier rang des ingénieurs illustres qui recommandent le système de MM. Labrousse et Cave.
- 4° L’amiral Baudin écrivait en 1850 : « Il n’y a, selon moi, de navire à hélice « complet que celui qui est muni d’un puits. »
- 5° Registre du puits. On sait que l’arbre commandant l’hélice sort de la coque par un presse-étoupe ordinaire d', planches 1246 et 1247, qui empêche l’eau d’entrer dans le navire. Ce presse-étoupe a besoin d’être de temps en temps regarni ; il peut arriver même que l’arbre, y trouvant trop de frottement, s’y échauffe et grippe. Ces réparations, pour le moins très-difficiles dans les navires non munis des appareils de MM. Labrousse et Cave, sont très-aisées dans le Chaptal.
- p.21 - vue 22/836
-
-
-
- NOTICES 1N1i ï 'STI! I ELLES.
- 22
- Il suffit, après avoir remonté hors du puits l’hélice et son cadre , de descendre un registre ou même une simple planche de bois le long de la coulisse e', fig. 1, pl. 1247, de manière à empêcher l’eau d’entrer dans la chambre ou petit puits f, au fond duquel se trouvent l’embrayage et le trou muni du presse-étoupe d' qui reçoit l’arbre. L’eau ne pouvant plus pénétrer dans cette chambre , on laissera d’abord écouler celle qui s’y trouvait avant l’abaissement du registre ; puis on fera sans difficulté, à l’arbre, les réparations voulues.
- Ainsi sont complétés les moyens par lesquels M. Cave s’était engagé à rendre l’hélice et même la machine dans tous ses détails faciles à visiter et réparer en toutes circonstances.
- Légende explicative des figures des planches 1243 à 1247.
- PL 1243. Elévation latérale de la machine à vapeur à quatre cylindres horizontaux et à action directe construite par M. Cave pour la cbrvette h hélice le Chaplal.
- PL 1244, fig. 1. Coupe verticale par l’axe des cylindres de la machine.
- Fig. 2. Section verticale de la pompe à air.
- Fig. 3. Section horizontale de la même sur la ligne À B, fig. 2.
- Fig. 4. Elévation du mécanisme destiné à faire varier la détente.
- Fig. 5. Le même vu en plan.
- Pl. 1245. Elévation longitudinale et coupe verticale d’une partie de la machine à vapeur.
- PL 1246. Plan de la machine et développement de l’arbre portant l’hélice.
- Pl. 1247, fig. 1. Détails du système de poussée de l’arbre moteur et élévation du puits de l’hélice.
- Fig. 2. Système de poussée dessiné sur une échelle quadruple.
- Fig. 3. Portion de l’arbre de l’hélice et de sa fourche d’embrayage, vue en élévation sur la ligne A B, fig. 1.
- Fig. 4. Section horizontale du châssis destiné à enlever l’hélice pour la faire monter dans le puits, prise sur la ligne C D, fig. 1.
- Les mêmes lettres désignent les mêmes objets dans toutes les figures des cinq planches.
- A, coffre en fonte solidement établi sur les carlingues du navire, et sur lequel est monté tout le système. B B, cylindres horizontaux au nombre de quatre. C, pistons métalliques. D, tiges des pistons assemblées au moyen de clavettes a a, à l’extérieur des cylindres, avec un T ou traverse E formant, avec les bielles F F, un châssis qui prend un mouvement horizontal de va-et-vient dans les coulisses G. II, pompes alimentaires. HH, tiges de ces pompes attachées à la traverse E. FF, pompes de cale. IF H’, tiges de ces pompes attachées à la même traverse. JJ, les deux fonds des cylindres, K K, tuyaux amenant la vapeur dans les cylindres, h, registre ou soupape placé dans ces tuyaux, et destiné à intercepter le courant de vapeur; on le manoeuvre à l’aide d’une clef. L, boîte du tiroir de détente. L', boîte du tiroir de distribution de la
- p.22 - vue 23/836
-
-
-
- >) ;.|. 11 '| ;! | [ \ IV! M *. i ï • ». ! \ ? : ! .1. : \V.\.< \ u.) "i.; ,*VI’.i h ! \nl.i..i\ V II V’îïMM'iU Vi'I.IA 11* V ii 1VI. I \ \ \ VI \ ül.*\ l\ \ ! VMi 'A ' ! V U V!.!.\ ' ! \ n l.|.\ V.-IT.-I
- J.
- ; î
- v.tzr ni
- Zi7'/!! r.r.r/(/,;.].' n> ,/// m/.'/iin/
- pl.1243 - vue 24/836
-
-
-
- pl.1244 - vue 25/836
-
-
-
- ' -;ï a\ . » !\ ’A.i ’i\.i.,i\ m.) u; ;i uu\ \ \ '.-i \ m i. >\ i\ \'i .a; ;-i u.\i\,i ;i\.i,(i vr i\a> u.\! ;-i \ '.-1,1.10.» .i.'-i .1 i\\U! i.iaaoi voua v.-it.-i
- / ’ •/*/' -'""/'/-'y vr
- pl.1245 - vue 26/836
-
-
-
- pl.1246 - vue 27/836
-
-
-
- pl.1247 - vue 28/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 23
- vapeur. M, tiroir de détente couvrant et découvrant alternativement les orifices c c; ce tiroir est mû par une tringle N articulée avec un levier pendant 0 qui reçoit son impulsion d’un excentrique Q, pl. 1245, par l’intermédiaire d’une bielle Q' articulée au point cl avec un levier c, fig. 4, pl. 1244; ce levier est reçu dans un fourreau f et est taillé en crémaillère sur son bord ; une vis sans lin g, portant une manivelle h, s’engage dans les dents de la crémaillère et fait avancer ou reculer le levier e.
- Il résulte de cette disposition la possibilité de faire varier la détente suivant qu’on augmente ou diminue la longueur du levier c, et par suite la course du tiroir M.
- U, tiroir de distribution couvrant et découvrant alternativement les passages i i qui conduisent la vapeur au-dessus et au-dessous du piston ; sa tringle est manœuvrée par le levier pendant R, lequel est mû, comme dans les anciennes locomotives, par deux excentriques R' R', pl. 1245 (l’un pour la marche en avant, l’autre pour la marche en arrière ), et s’embraye avec le levier R à l’aide de fourches ou pieds-de-biche// qui terminent les barres d’excentriques h k.
- S S, leviers réunis à leur partie, supérieure par une tringle P et commandés par le levier pendant R en meme temps que les tringles V des tiroirs; leur centre de mouvement est sur les axes 11 attachés à l’un des fonds des cylindres. À l’extrémité inférieure de ces leviers sont attachées les tringles X portant le tiroir Y qui ouvre ou ferme alternativement le passage de la vapeur ayant produit son effet, dans le condenseur. L’extrémité de la tringle X glisse dans un fourreau m qui lui sert de support et de guide. Z, condenseurs.
- A', tuyaux d’injection de l’eau froide dans les condenseurs ; ils sont munis de robinets placés aux points n n, et de gros robinets B' qu’on ferme pour interdire entièrement l’entrée de l’eau, dans le cas où il y aurait quelques réparations à faire à la machine.
- G', tuyaux d’expulsion de l’eau de condensation.
- D', corps de la pompe à air aspirante plongé au fond de la bâche E' sur laquelle il s’appuie par son rebord F'. G', piston de la pompe. H', tige creuse de ce piston de forme elliptique, dans laquelle oscille , sur un axe o placé au fond du piston , la tige I' de l’excentrique J' qui reçoit son mouvement de l’arbre T sur lequel il est monté, p p, clapets de la pompe.
- K', pl. 1245, clapet de refoulement de l’air et de l’eau de condensation.
- M', pl. 1244, grand levier à poignée au moyen duquel on embraye l’un ou l’autre excentrique, soit pour la marche en avant, soit pour la marche en arrière.
- X', pl. 1245, paliers de l’arbre à hélice. O' O', coudes ou manivelles au moyen desquels le mouvement lui est transmis. P' P', réservoirs d’huile pour lubrifier les parties frottantes de l’arbre T, dont le prolongement porte des manchons S' S', pl. 1246, servant à assembler les diverses portions de cet arbre, au bout duquel est montée l’hélice à quatre ailes T'. U', axe de l’hélice muni d’une fourchette d’embrayage Y' dans laquelle s’engage la partie carrée g de l’arbre T.
- X', fig. 1, pl. 1247, puits dans lequel est plongée l’hélice. Y', châssis au moyen duquel on la remonte.
- Z', système de poussée composé de trois cercles en bronze r rr qui tournent libre-
- p.23 - vue 29/836
-
-
-
- NOTI< 1ES INDTJSTHI ELLES.
- 24
- ment sur l’arbre T. Ces cercles sont entourés de trois viroles en acier s s s, et ceux-ci de trois roues dentées ttt de différents diamètres, lesquelles commandent trois autres roues dentées u u u montées sur Taxe v. La première virole de droite, s’, fait corps avec un cercle en fonte 10 qui est solidement claveté sur l’arbre et tourne avec lui. La quatrième rondelle x est solidement fixée au support y de l’arbre. Les viroles en acier sont séparées entre elles par des galets z z z destinés à adoucir les frottements. Tout le système plonge dans un réservoir d’huile A". On voit donc que la poussée s’exerce par la virole s' contre les deux autres, et celles-ci contre le cercle fixe x. Ces viroles tournent avec des vitesses qui varient suivant le diamètre des roues d’engrenage.
- a', roue d’angle verticale montée sur l’arbre T : elle reçoit son impulsion d’un pignon d’angle horizontal b' dont l’axe c' communique avec le pont du navire. Cet engrenage est employé lorsqu’on veut débrayer l’arbre de la fourche de l’axe de l’hélice.
- d', presse-étoupe du registre du puits, e' e', coulisse le long de laquelle on fait descendre ce registre, f', petit puits au fond duquel est logé l’embrayage.
- B”, gouvernail du navire.
- ARTS CHIMIQUES.
- Note sur un accident qui sest produit en alliant de l’or avec de Vargent ;
- par M. A. Le vol (1).
- En fondant de l’argent pur au contact de l’air, Samuel Lucas découvrit, il y a une trentaine d’années, la propriété singulière et très-inattendue que possède ce métal, d’absorber, lorsqu’il est en fusion, de l’oxygène, qu’il abandonne en se solidifiant; il remarqua, en outre, que la présence du cuivre s’oppose à cette absorption, et que l’oxygène absorbé par l’argent pur peut en être séparé très-rapidement au moyen du charbon. Peu de temps après, Chevillot répéta et étendit les expériences de Samuel Lucas , il en constata l’exactitude , en tira une explication nouvelle et plus rationnelle que celle admise jusque-là pour expliquer le phénomène désigné par les essayeurs sous le nom de rochage, et il fit remarquer l’analogie qui existe entre cette nouvelle propriété de l’argent avec celle observée autrefois par B. Pelletier dans l’argent phos-phuré par la voie sèche. Quelques années plus tard, Gay-Lussac s’occupa du même sujet; il établit que l’argent fondu peut absorber jusqu’à vingt-deux fois son propre volume d’oxygène, et il avança que la présence à’un peu d’or comme celle d’un peu de cuivre s’opposait à toute absorption de cette nature. De mon côté , j’avais reconnu depuis longtemps, et sans aucun doute d’autres essayeurs l’avaient remarqué comme moi, que la présence de l’or, dans la proportion de j pour | d’argent, n’empêche aucunement le rochage d’avoir lieu. Il est constant, en effet, que les boutons d’essais de l’or fin, qui renferment les deux métaux précisément dans cette proportion , sont très-susceptibles de rocher; aussi les essayeurs sont-ils obligés d’avoir recours à certaines précautions pour éviter les inconvénients qui pourraient en résulter; mais passé une certaine limite que des expériences synthétiques m’ont permis d’apprécier, et qui peut être fixée sensiblement au rapport de 1 à 1 entre les deux métaux, l’alliage cesse com-
- (l ) Cette note a été lue dans la séauce de la Société du 3 novembre 1852.
- p.24 - vue 30/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 25
- plétement de rocher. L’expérience que je vais citer, en même temps qu’elle fera connaître un moyen de séparer, à l'état de liberté, de l’argent fondu, l’oxygène qu’il avait absorbé, mettra en garde ceux qui auraient à faire des alliages d’or et d’argent contre un accident qui peut se produire dans cette simple opération.
- Voici en quoi elle consiste :
- Ayant voulu former, avec des métaux purs, environ 1 kilog. de l’alliage Aw2 -f- kg, représenté sur 1000 parties par
- 645,1 d’or,
- 354,9 d’argent,
- je fondis, comme c’est l’usage, le métal le plus réfractaire, c’est-à-dire l’or, le premier, puis j’y ajoutai l’argent, de telle sorte qu’en raison de la différence très-grande qui existe entre les densités des deux métaux et de leur affinité assez faible, ils purent rester fondus et superposés sans se combiner; mais, lorsque j’introduisis un brassoir dans le creuset pour les mêler, le mouvement détermina aussitôt une effervescence si violente et si instantanée, qu’une portion de la matière en fusion s’éleva au delà des bords du creuset, bien qu’ils s’élevassent de plusieurs centimètres au-dessus du niveau du bain métallique, et se répandit dans le fourneau.
- Cet accident est facile à expliquer; en partant de l’observation de Samuel Lucas, on voit, en effet, que les deux métaux, bien que liquéfiés dans un même creuset, étant néanmoins restés séparés, l’argent en dessus , ce métal a pu emprunter de l’oxygène à l’atmosphère, comme s’il eût été fondu isolément; mais, dans cette circonstance, l’agitation étant venue provoquer sa combinaison avec l’or, il devait nécessairement arriver qu’il abandonnât l’oxygène dont il s’était emparé et qu’il ne pouvait plus retenir en s’unissant avec l’or; de là l’effervescence, et par suite l’accident.
- Il est donc bien évident, d’après les faits qui viennent d’être rapportés , que pour éviter cette fâcheuse circonstance, lorsque l’on se propose de former un alliage d’or et d’argent, il faudrait opérer la fusion des deux métaux en présence du charbon.
- Je n’ai pas besoin d’ajouter que toute substance qui, comme l’or, serait susceptible de se combiner avec l’argent, et qui en même temps ne serait douée que d’une très-faible affinité pour l’oxygène, produirait vraisemblablement le même effet. Le platine et quelques autres métaux seraient très-probablement dans ce cas.
- STATISTIQUE.
- Statistique des industries de Paris, en 1847 et 1848. ( Extrait d’un rapport de M. Ch.
- Dupin, présenté à l’Académie des sciences, sur le concours pour le prix de statistique fondé par M. de Montyon. )
- M. Horace Say, fils du célèbre économiste J. B. Say, présente au concours de statistique un volume in-folio de 1,008 pages. Ce volume porte pour titre, Statistique de l’industrie à Paris, résultant de l’enquête faite par la chambre de commerce de Paris, pour les années 1847 et 1848.
- Ce grand travail est composé de trois parties : la premièie embrasse les résultats généraux; la deuxième, les faits propres à chaque espèce d’industrie; la troisième réu-
- Cinquante-deuxième armée. Janvier 1853. 4
- p.25 - vue 31/836
-
-
-
- 26
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- nit des enquêtes exceptionnelles sur les travaux qui s’effectuent dans quelques établissements publics , l’Imprimerie impériale , la Monnaie , les Gobelins , les théâtres , les pompes funèbres, etc.
- La première partie est celle qui devait surtout fixer notre attention.
- Elle présente d’abord un historique abrégé des efforts infructueux tentés, depuis soixante ans, pour obtenir la statistique des industries parisiennes.
- La population soumise à l’enquête dont nous examinons les résultats est celle des douze arrondissements qui composent la ville de Paris, et qui sont terminés par l’enceinte que définit le mur d’octroi.
- Cette population s’est trouvée,
- En 1817, de. . En 1831, de. . En 1846, de. . En 1851, de. .
- 713,765
- 774,338
- 1,053,897
- 1,053,262
- La population de Paris étant presque identiquement la même en 1846 et 1851, on connaît ainsi le terme de comparaison fondamental pour les recherches entreprises dans la capitale entre ces deux époques.
- Afin de limiter le cercle des relevés statistiques , l’enquête sépare avec soin les professions industrielles et les professions purement commerciales.
- « Tout entrepreneur qui fait subir aux produits, par le travail, un changement « quelconque est un industriel ; tous ceux qui se bornent à revendre les produits tels « qu’ils les ont achetés , sans autre façon qu’un transport ou un fractionnement né-« cessairc à la vente, sont des commerçants. »
- Ce qui caractérise l’enquête actuellement examinée , c’est qu’elle est la première et la seule qui, pour arriver à des résultats complets , ait procédé par énumération individuelle. On a suivi pour cela l’exemple remarquable donné pour recenser la population de Paris en 1817, d’après les vues éclairées de l’illustre Fouricr.
- On a donc fait le recensement individuel de tous les chefs d’industrie, depuis ceux qui dirigent les plus grands ateliers , jusqu’à l’ouvrier indépendant qui n’a pour atelier que sa propre famille.
- On a constaté de la sorte, par des bulletins isolés, l’existence de 63,685 chefs d’industrie n’exerçant qu’une seule profession , et de 1,131 chefs d’industrie exerçant ou dirigeant à la fois plusieurs professions.
- A chacun de cos chefs ont été posées vingt questions ayant pour objet
- 1° La nature de la fabrication ;
- 2° L’importance de la fabrication en 1847 et la réduction du chiffre des affaires en 1848 ;
- 3° Le nombre des ouvriers sédentaires travaillant à l’atelier;
- V Le nombre des ouvriers sédentaires travaillant en ville ;
- 5° Le nombre des ouvriers sédentaires travaillant en chambre ;
- 6° Le nombre des ouvriers mobiles;
- 7° Le nombre des ouvriers travaillant à l’atelier;
- 8° Le nombre des ouvriers travaillant en chambre;
- p.26 - vue 32/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 27
- 9° Le nombre des jeunes garçons de six à douze ans ;
- 10° Le nombre des jeunes garçons de douze à seize ans;
- 11° Le nombre des jeunes filles de six à douze ans;
- 12° Le nombre des jeunes filles de douze à seize ans ;
- 13° Le nombre des apprentis compris dans l’énumération précédente, avec l’indication des conditions d’apprentissage ;
- 14° Le nombre des ouvriers congédiés pendant les quatre mois de mars, avril, mai et juin 1848 ;
- 15° Le salaire journalier des hommes payés, soit à la journée, soit aux pièces ;
- 16° Le salaire journalier des femmes payées, soit à la journée, soit aux pièces ;
- 17° Le salaire journalier des enfants et jeunes gens non considérés comme apprentis;
- 18° La durée et l’époque de la morte-saison ;
- 19° Les habitudes et les conditions générales d’existence des ouvriers ;
- 20° Enfin, pour les industries textiles, le matériel industriel, c’est-à-dire le nombre des métiers.
- L’enquête portant sur toute l’industrie manufacturière et sur l’ensemble de la population laborieuse qu’elle occupe, on a recensé
- 1° Tout individu fabriquant pour son compte;
- 2° Tout individu fabriquant à façon et employant un ou plusieurs ouvriers ;
- 3° Tout individu fabriquant k façon et travaillant seul, lorsque son ouvrage était destiné à une clientèle bourgeoise : bien qu’il pût être considéré comme simple ouvrier en chambre, on ne pouvait se dispenser de le considérer comme entrepreneur, car sans cela il n’eût figuré nulle part dans l’enquête ;
- 4° Tout individu fabriquant à façon et travaillant seul, lorsque, employé par divers entrepreneurs, il ne pouvait être considéré comme attaché spécialement à l’un d’eux.
- Pour no pas commettre d’omissions, les agents de l’enquête ont visité complètement les 32,000 maisons qu’offre la ville de Paris.
- Afin d’opérer avec méthode, on a subdivisé la capitale en trois cent soixante-deux circonscriptions : elles correspondaient au même nombre de compagnies qui composaient, en 1848, la garde nationale de Paris.
- Dans la distinction faite entre l’industrie qui élabore des produits et le commerce qui se contente de les revendre , il y avait nécessairement des points de partage assez délicats, et quelques-uns nous semblent fixés suivant des idées trop arbitraires. On a compris parmi les industriels producteurs les bouchers qui tuent, dépècent et revendent les viandes crues , et l’on n’a pas compris parmi les industriels les restaurateurs , qui font subir aux viandes ainsi qu’aux végétaux des transformations bien plus laborieuses.
- On a compris parmi les industriels les boulangers et les pâtissiers, en excluant les rôtisseurs.
- On n’a pas compris parmi les industriels les nourrisseurs de bétail , les jardiniers et les maraîchers, qui certainement sont des producteurs.
- Nous regrettons que l’enquête ne se soit pas étendue h ces diverses catégories ;
- p.27 - vue 33/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- mais, comme les professions auxquelles on a cru devoir se borner sont parfaitement définies, il ne saurait en résulter ni confusion ni cause d’inexactitudes.
- L’investigation relative à Y importance des affaires de chaque chef d’industrie présente , sous cette désignation , le produit brut des ventes annuelles, premièrement en 1847, secondement en 1848. On opère ainsi : 1° pour un temps de paix civile et de prospérité commerciale ; 2° pour un temps d’extrême misère, de chômage immense et de production industrielle réduite à son minimum. Ce contraste, imposé par la nature des choses, est plein de résultats qui jettent une vive lumière sur les conditions qu’on a trop méconnues de la prospérité , de l’existence même d’une grande cité manufacturière.
- Paris est à la fois la ville la plus peuplée , la plus industrieuse et la plus productive de tout le continent européen. Elle renferme aujourd’hui trois cent vingt-cinq industries essentiellement distinctes, et beaucoup d’entre elles se subdivisent avec une rare intelligence , pour arriver à l’exécution la plus économique , la plus rapide et la plus parfaite des travaux productifs.
- L’enquête explique avec soin les moyens de contrôle et de vérification des résultats obtenus par les recensements nominatifs ; il est dit comment on vérifiait à nouveau tous ceux qui paraissaient douteux ou fautifs.
- Afin d’arriver à des points de vue généraux , d’où la lumière et l’instruction pouvaient sortir, on a réuni les industries qui sont analogues, au moins quant à leur ob-
- jet, en treize groupes collectifs.
- Désignation des groupes Nombre des industries
- d’industries. de chaque groupe.
- 1° Alimentation........................................................17
- 2° Bâtiment........................................................... 21
- 3° Ameublement.........................................................32
- 4° Vêtement............................................................21
- 5° Fils et tissus......................................................36
- 6° Peaux et cuirs...................................................... 7
- 7° Carrosserie, sellerie, équipements militaires.......................14
- 8° Industries chimiques et céramiques..................................33
- 9° Travail des métaux, mécanique, quincaillerie....................... 33
- 10° Travail des métaux précieux, orfèvrerie, bijouterie, joaillerie. 35
- 11° Boissellerie, vannerie, layeterie...................................15
- 12° Articles de Paris...................................................34
- 13° Imprimerie, gravure, papeterie..................................... 27
- Total des industries..................325
- Après avoir fait connaître le système et l’exécution de l’enquête , nous allons en signaler les principaux résultats, qui sont d’une extrême importance.
- On a trouvé que les 64,816 chefs d’industries emploient 342,530 travailleurs de tout âge et de tout sexe; ce qui donne en somme 407,346 personnes dont l’intelligence ou les bras sont occupés par 325 industries productives, dans la ville de Paris.
- Il faut voir maintenant la corrélation de ce nombre de travailleurs avec le produit des ventes pour chaque groupe de professions.
- p.28 - vue 34/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 29
- Parallèle des ouvriers employés 1° pendant l’année 1847 ; 2° pendant la crise commerciale de 1848 ( mars, avril, mai et juin ), nombre qui n’avait pas même atteint son minimum en juillet et août de cette même année.
- OUVRIERS EMPLOYÉS. en 1847. en 1848.
- Alimentation 10,428 8,4«4
- Peaux et cuirs 4,573 2,754
- f Industries chimiques et céramiques 9,737 5,2 1 2
- Imprimerie, gravure, papeterie 16,705 8,950
- Boissellerie, vannerie 5,4o5 2,905
- Carrosserie, équipements militaires 13,754 7,168
- Vêtements 90,064 44,o5i
- Articles de Paris 35,679 17,233
- Fils et tissus. . 36 685 17,233
- Travail des métaux précieux 16,H19 7,163
- Travail des métaux communs 2.4.804 1 o,4o8
- Bâtiments i 41.60 3 14,812
- Ameublement | 36,184 1 q,832
- : Total des ouvriers occupés | 349,53o l 156,125 1
- Ces disproportions énormes sont d’autant plus à considérer, que chacune en particulier affecte non pas une industrie unique, mais un groupe de 10, 20, 30, et jusqu’à 36 industries distinctes. Aussi, parmi les industries isolées, celles qui sont les plus souffrantes dépassent-elles de beaucoup la misère moyenne de chaque groupe.
- Ce qui doit ensuite attirer le plus l’attention , ce sont les chiffres qui constatent l’importance absolue des affaires, c’est-à-dire la vente des produits dans les divers groupes d’industrie.
- vente totale des produits. en 1847. en 1848.
- Peaux et cuirs Fr. 4i ,762,96.5 Fr. 28,0 ! 4,000
- Alimentation 226,863,080 i5o,8i 1,980
- Industries chimiques et céramiques 74,546,6o6 40,867,552
- Carrosserie, sellerie, équipements militaires 5?,,357,176 28,106,557
- Imprimerie 51,171,873 27,363,484
- Boissellerie, vannerie Vêtements 20,482,3o4 io,o35,6o4
- 24o,q47,2q3 114,801,8o3
- Articles de Paris j 28,698,777 6o,o3o,223
- Fils et tissus. io5,8i8,474 45,78? ,971 49,657,804
- Travail des métaux précieux 134,830,276
- Travail des métaux communs io3,631,601 37,165,698
- Bâtiments 145,412,67g 5o,i70,045 34,7x6,396
- Ameublement •37,145,246
- 1,463,628,35o 677,524,117
- p.29 - vue 35/836
-
-
-
- 30
- NOTICES ^INDUSTRIELLES.
- La statistique est précieuse lorsqu’elle parvient à constater authentiquement des résultats d’une aussi grande conséquence.
- Il est une autre portion intéressante de l’enquête , et qui dans la première partie forme l’objet d’un chapitre spécial. Elle fait connaître les lieux qui sont plus particulièrement le siège des diverses industries. De là résultent la richesse comparée et l’activité des divers arrondissements, qui di isent Paris en douze villes ayant chacune un caractère et des ressources qui leur sont propres.
- j ARRONDISSEMENTS. Jj POPULATION totale. CHEFS et ouvriers. IMPORTANCE des affaires. TOPOGRAPHIE DES ARRONDISSEMENTS. |
- I 112,740 24,956 102,792,486 Champs-Elysées, place Vendôme, Roule, Tui- lt1 ICS.
- 2 1 4,616 40,457 177,668,700 Chaussée d’Ântin , faubourg Montmartre,
- Fe y d e a u, t'a 1 a i s-Ro\ a 1.
- 3 65,359 32,331 127,125,591 Faubourg Poissonnière, Montmartre, Saint-
- Eustache, le Mail.
- 4 45,896 21,042 72,350,401 Louvre, Saint-Honoré, Banque, les marchés-
- ! 5 97,208 51,416 l69>777>482 Porte Saint-Martin, faubourg Saint-Denis,
- Monlorgueil, Bonne-Nouvelle.
- 6 0 D? 0 68,3i2 235,178,629 Porte Saint-Denis, Lombards, Temple.
- 7 69,735 41,576 153,898,974 Mont cle-Piété, Sainte-Àvoie, marché Saint
- Jean, les Arcis.
- 8 1 4>27J 5°, 999 175,163,964 Saint-Antoine, Marais, Popincourt, Quinze-
- Vin gts.
- 9 50,198 13,426 39'9o3>794 Hôtel de vdle, Arsenal, Cité, île Saint-Louis.
- I 0 i13,870 20,096 70,721,813 Invalides, "Monnaie, faubourg Saint-Germain,
- Saint Thomas d’Aquin.
- 11 69,581 19,853 63,735,882 Luxembourg, Ecole de médecine, Sorbonne,
- Palais de justice.
- 12 95,243 22,582 75,3i o,63q Quartier Saint Jacques, Observatoire, Jardin
- des Plantes, Saint- Marceau.
- 1,053,262 407,046 i,463,628,35o
- En partant de ce tableau , nous avons calculé les chiffres du suivant, qui sont dignes de la plus sérieuse attention.
- p.30 - vue 36/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 31
- Richesse industrielle comparée des divers arrondissements de la. capitale, en prenant pour terme de comparaison la hase de 10,000 habitants.
- 1 PAR 10,000 HABITANTS. TRAVAILLEURS industriels de tout sexe et de tout âge. VENTE TOTALE des produits élaborés.
- ier arrondissement 2,214 LO 05 0 0
- 1 2° arrondissement 4,°46 15,564,100
- j 3e arrondissement 4,946 19,450,100
- 4e arrondissement 4,084 15,764,000
- 5e arrondissement 5,289 16,745,000
- 6e arrondissement 6,534 22,495,200
- 7 e arrondissement 6,138 22,724,000
- 8e arrondissement 4,463 15,329,000
- -i qc arrondissement 2,675 7,949,300
- joe arrondissement 1,765 6,210,600
- i i° arrondissement 2,853 9,159,90°
- 12e arrondissement 2,371 7,907,3oo
- Le chapitre des ouvriers et des salaires est un des plus intéressants de la première partie ; il renferme , si nous pouvons parler ainsi, les conditions d’existence de la population laborieuse.
- Il constate en premier lieu que cette population d’ouvriers présente :
- 204,925 hommes,
- 112,851 femmes,
- et seulement
- 24,714 adolescents ou enfants.
- Parmi ces derniers, on trouve :
- Sexe masculin» Sexe féminin.
- Enfants au-dessous de 12 ans, 1,249 869,
- Adolescents de 12 à 16 ans, 15,614 6,982.
- Il y aurait à faire un beau travail, et plein d’humanité , sur l’inégalité d’occupation entre les deux sexes , et sur le salaire du sexe le pius faible. Ce salaire est, à mon avis, inférieur à l’intelligence et même à la puissance de travail des filles et des femmes. Il faudrait en même temps montrer quelles voies on pourrait ouvrir pour diminuer cette inégalité déplorable, et ses conséquences funestes à la morale publique. Les recherches statistiques dont l’enquête offre le détail, industrie par industrie , seraient du plus grand secours dans les études qu’on entreprendait afin d’atteindre ce noble but.
- Le salaire des hommes, constaté pour 204,185 ouvriers payés soit à l’année, soit à la journée, soit à la tâche, donne ces résultats totaux :
- 195,062 hommes à la journée reçoivent 739,424 fr. par jour, c’est-à-dire par journée moyenne 3 fr, 79 c. jJ?.
- p.31 - vue 37/836
-
-
-
- 32
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Un tel salaire est plus que double du salaire qu’ont les ouvriers de l’agriculture et de l’industrie dans quatre-vingt-cinq départements. Cette extrême inégalité représente la supériorité des ouvriers de Paris sous les différents rapports de l’activité , de l’adresse et de l’intelligence.
- Lorsque les soi - disant réformateurs de l’organisation du travail proclamaient, comme un droit de l’homme, l’égalité des salaires entre les ouvriers de toutes les professions et pour toute la France , ils demandaient purement et simplement qu’ori réduisit des deux tiers ou de moitié la solde des ouvriers de la capitale ; et c’est à ces derniers qu’ils adressaient de telles propositions ! Aussi, malgré toute l’éloquence des promoteurs de semblables idées, les propositions ont été repoussées par les travailleurs de la capitale, à la presque unanimité.
- Les ouvriers de Paris, suivant leur instruction , leur force et leur habileté, sont eux-mèmes rétribués à des degrés fort inégaux et parfaitement justifiés.
- L’enquête a trouvé :
- 24,463 ouvriers qui reçoivent par jour moins de 3 fr.;
- 157,216 ouvriers qui reçoivent de 3 à 5 fr.; enfin, 10,393 simples ouvriers qui reçoivent plus de 5 fr., et dont quelques-uns gagnent par jour jusqu’à 20 fr.; l’enquête dit même jusqu’à 35 fr. par jour !
- Commençons par faire observer que la première catégorie renferme la plupart des ouvriers qui ne savent ni lire ni écrire; ceux qui n’ont pas d’intelligence, ni d’adresse, ni d’activité , ni de ponctualité ; les hommes de peine , les manœuvres qui servent les maçons, etc.
- Les ouvriers proprement dits, les vrais artisans de la catégorie intermédiaire, forment par bonheur les cinq sixièmes de la masse. Ceux-là gagnent de 3 à 5 fr., près de 4 fr. en moyenne, c’est-à-dire, à 300 journées par an , qu’ils gagnent plus de 1,100 fr. par année.
- Il est très-honorable, pour la population parisienne, d’avoir graduellement élevé la valeur moyenne de ses salaires jusqu’à ce taux, qui démontre sa supériorité artistique et industrielle.
- Les meilleurs ouvriers de la France ne sont pas les seuls qui, attirés par cette juste rétribution de leurs talents, accourent à Paris. Dans beaucoup d’industries, les plus habiles artisans de l’Allemagne , de l’Italie , de la Hongrie , de la Suisse et de la Belgique s’empressent de mettre à profit l’hospitalité française pour jouir du sort des ouvriers parisiens ; la gratitude aurait dû leur rappeler plus souvent les devoirs d’obéissance aux lois d’un pays qui les accueille et les nourrit comme ses propres enfants.
- C’est une belle récompense assurée par l’industrie d’une cité que celle d’offrir à 10,393 ouvriers d’élite un salaire qui s’élève de 1,500 fr. à 6,000 fr. par année.
- Le sort de ces artisans distingués est d’autant plus heureux, qu’ils forment la classe au milieu de laquelle se trouvent le plus ordinairement les sujets qui joignent à l’habileté du travail l’esprit d’ordre , de calcul et de commandement indispensable au bon chef d’industrie. Chaque sujet d’élite est libre de se classer, au moment qu’il juge opportun, parmi les maîtres d’atelier; sa fortune, alors, ne dépend plus que de lui-même.
- p.32 - vue 38/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 33
- De cette faculté résulte un mouvement annuel d’une extrême activité, qui tend à faire monter progressivement chaque artisan , chaque artiste capable, jusqu’au rang le plus élevé de l’opulence industrielle.
- Telle est dans la société française, et particulièrement à Paris, la véritable organisation du travail. Les hommes industrieux , comme les molécules d’un grand fluide en équilibre, se rangent par couches d’un niveau juste et naturel, suivant leur pesanteur spécifique , laquelle représente ici la capacité , l’économie, l’esprit et l’activité. Voilà l’organisation qui, loin d’être un état imparfait, révoltant, et qu’il faille à tout prix détruire, est le résultat naturel de vingt générations dont chacune a développé, multiplié les arts utiles, et les a fécondés par les sciences qui les dirigent en les éclairant.
- Une observation qui nous a frappés lorsque nous avons comparé des industries très-diverses, c’est la faible différence du salaire moyen pour les bons ouvriers dans
- ces nombreuses industries.
- Salaires moyens.
- Vêtements : tailleurs, bottiers, cordonniers, etc..........................3 fr. 33 c.
- Fils et tissus : châles, bonneterie, passementerie.........................3 42
- Boissellerie, vannerie , layeterie, tonnellerie, etc.......................3 44
- Alimentation : garçons bouchers, boulangers, etc...........................3 50
- Arts chimiques et céramiques...............................................3 71
- Le bâtiment : charpentiers, menuisiers, maçons, etc........................3 81
- Carrosserie : carrossiers, charrons, selliers, etc.........................3 86
- Peaux et cuirs : tanneurs, mégissiers, chamoiseurs, etc................... 3 87
- Anîeublement : ébénistes, bronziers, sculpture pour ameublement. . 3 90
- Articles de Paris ; facteurs d’instr. de musique, horlogers, tabletiers. . 3 94
- Métaux communs : mécaniciens, fondeurs, armuriers, etc..... 3 98
- Métaux précieux : orfèvres, joailliers, bijoutiers, horlogers. ... 4 17
- Imprimerie : gravure, lithographie.........................................4 18
- Somme. ....... 49 11
- Salaire moyen des treize groupes.......................................... 3 77
- Une question du plus haut intérêt a , pendant plusieurs années, été l’objet d’une incroyable controverse. On prétendait que les salaires des ouvriers de Paris, loin de s’accroître par la richesse publique et par le progrès des arts , diminuaient de plus en plus. L’année même où commençait l’enquête sur l’industrie de Paris, ces assertions étaient répétées avec plus d’assurance que jamais. On s’en servait pour irriter les ouvriers contre la forme même de la société laborieuse , et contre ce qu’on osait appeler l’organisation inhumaine et stupide du travail.
- De semblables assertions tombent aujourd’hui ; elles sont pleinement réfutées par les chiffres que l’enquête statistique a constatés pour toutes les professions. C’est un service éminent qu’elle seule pouvait rendre à la concorde publique.
- Loin qu’on ait lieu de regarder comme un édifice mal construit et barbare la corrélation merveilleuse des métiers, des beaux-arts, des arts libéraux et des sciences , dans une grande cité telle que Paris, ne doit-on pas, au contraire, être saisi d’admira-CüiquoMte-deuxième année. Janvier 1853. 5
- p.33 - vue 39/836
-
-
-
- U
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- tion pour cet équilibre animé , mouvant et pourtant stable , qui coordonne tant d’esprits, d’imaginations et de forces physiques, pour les répartir entre plusieurs centaines d’industries , et dans chacune offrir à l’habileté , à l'activité, à la bonne conduite, des salaires proportionnés à la puissance productive.
- Lorsque des novateurs, dont aucun n’avait perfectionné une science , un art, un métier, un outil, ont essayé d’anéantir, à titre de progrès , cette harmonie des travaux et des intelligences, faut-il s’étonner qu’à T instant même la richesse épouvantée se soit cachée sous la terre, que l’activité des ateliers ait été paralysée, et qu’aussitôt une immense misère ait démontré l’ignorance et. Terreur de ceux qui prétendaient rebâtir sur des modèles impossibles les sociétés modernes, telles (tue les ont développées, améliorées, embellies quatre siècles de progrès dans les sciences et les arts?...
- Voyez de quelle manière l’enquête statistique de l’industrie parisienne traduit en chiffres écrasants la vérité de ces observations, pour deux années qui se suivent sans intervalle :
- En 1847, dans Tannée où les capitaux sont en paix, les industries respectées et le travail laissé libre, l’importance totale des affaires industrielles de Paris s’élève à. ........................ 1,463,628,350 fr.
- Eu J848, où les capitaux sont effrayés, où les salaires sont taxés à titre de minimum , où la durée du travail est réduite par force à titre de maximum , l’importance totale des affaires industrielles de Paris descend, par une chute immédiate, à.............. 677, 524,117 fr.
- Et, dans, cet appauvrissement la moitié des citoyens de la ville d’un million d’âmes revoit le pain de la charité municipale !
- Nous montrerons encore un service qui peut être produit par de semblables recherches statistiques.
- Toutes les foig qu’on a voulu diminuer le bienfait des caisses d’épargne , en s’effrayant , chose singulière !,que les économies des classes laborieuses fussent trop accumulées , on s’est efforcé de faire accroire que l’institution était faussée. On affirmait qu’au lieu de servir aux ouvriers, elle servait surtout à des classes qu’on faisait remonter jusqu’à l’opulence.
- Pour dissiper ces erreurs systématiques, il a fallu que notre respectable confrère, M. Benjamin Delessert, fit dresser la statistique de trente mille déposants pris sans distinction dans la même année à la caisse de Paris ; il a fallu qu’on les rangeât par professions , pour reconnaître qu’en réalité les classes assimilables au simple ouvrier formaient, à Paris, plus des 70 centièmes de la totalité des déposants.
- Les commissions législatives formées à diverses époques pour abaisser la limite des dépôts, ralentir les économies et réduire les avantages des caisses d’épargne refusaient de croire que des charpentiers , des menuisiers , des bronziers , en un mot de simples artisans, pussent déposer à la fois, non pas un franc, comme on leur offrait de le faire en créant l’institution, mais jusqu’à trois cents francs, limite la plus élevée des dépôts à recevoir en une fois.
- Il a fallu, pour vaincre leur incrédulité, que MM. les directeurs de la caisse d’épargne de Paris montrassent eux-mêmes aux incrédules dfficiels , parmi les livrets aua
- p.34 - vue 40/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 35
- tiens et récents , avec les professions des déposants régulièrement inscrites , la réalité des dépôts qu'on aimait à croire impossibles.
- Si l’enquête sur l’industrie de Paris avait été publiée . il aurait suffi de montrer lO 393 ouvriers qui reçoivent depuis 5 francs jusqu’à 20 francs par jour, sans compter les ouvriers diefs d’industrie dans leur propre famille. Alors les esprits incrédules auraient compris aisément combien ils supposaient à tort qu'un ouvrier de la capitale ne peut s’élever qu’à des économies misérables. Ils auraient reconnu que cet ouvrier, dans sa prospérité , doit trouver et remplir, à la caisse d’épargne d’une grande capitale, autre chose qu’un tronc des pauvres.
- La statistique dont nous venons d’expliquer le plan , l’exécution et quelques-uns des résultats répandra beaucoup de lumière sur la nature et les rapports des diverses professions exercées par une grande population.
- La chambre de commerce de Paris a dépensé plus de 100,000 francs pour faire exécuter le recensement général des industries et la publication des résultats. Cette entreprise honore à la fois l’esprit qui dirige ce corps et sa libéralité.
- Cette chambre présente aux grandes cités du monde civilisé un exemple digne d’être imité.
- Il serait d’un extrême intérêt que les capitales du premier ordre et les principales villes manufacturières en Europe, ainsi qu’aux Etats-Unis, fussent recensées d’après le plan qu’on a suivi pour la ville de Paris. Nous voudrions qu’on étudiât, au premier rang , Londres , Berlin , Vienne, Pétersbourg , Moscou, Naples, etc., etc. ; New-York , Philadelphie, Boston,.Cincinnati; ensuite Lyon, Rouen et Marseille, Manchester, Glas-cow, Liverpool, etc., parmi les villes les plus renommées.
- Il est à regretter que la chambre de commerce de Paris ait laissé son œuvre incomplète , et qu’elle ait omis, elle, chambre de commerce, les industries purement commerciales, c’est-à-dire celles qui s’occupent de transporter, d’acheter et de revendre , soit en gros , soit en détail, pour la ville et pour le dehors. Ce genre de professions fait travailler des classes nombreuses : le tableau de leur vie intérieure , le dénombrement de leur population par catégories , les taux variés des salaires, etc., présenteraient à coup sûr un intérêt, une instruction comparables aux résultats des industries manufacturières.
- L’Académie serait heureuse de voir la chambre de commerce de Paris, en accomplissant cette tâche nouvelle, doubler le service éminent qu’elle a rendu.
- En résumé , la Statistique de l’industrie de Paris est un travail qui nous paraît mériter, par la sagesse du plan , la grande étendue des études et l’exposé méthodique des résultats, l’approbation de l’Académie. Nous proposons de décerner Je prix annuel fondé par M. Montyon pour la statistique à M. Horace Say, secrétaire à la fois de la chambre de commerce et de la commission de l’enquête, dont il est devenu le rapporteur. Il a , pendant trois années , dirigé , surveillé les opérations du recensement et la formation des tableaux dont nous avons indiqué les résultats.
- Nous devons aussi mentionner honorablement son fils, M. Léon Say, et M. Ron-dot, qui, sous ses ordres, concouraient aux travaux de collection et de rédaction.
- p.35 - vue 41/836
-
-
-
- 36
- PROCÈS-VERBAUX.
- Extrait des procès-verbaux des séances du conseil d’administration de la Société
- d’encouragement.
- Séance du 12 janvier 1853.
- M. le baron Seguier, l’un des vice-présidents, occupe le fauteuil.
- Correspondance. M. Calard, ingénieur-constructeur de machines, rue Leclerc , 8 , envoie une collection d’échantillons de sa fabrication de feuilles métalliques percées.
- M. de Tülancourt, rue de Chaillot, 85 , directeur fondateur de la filature de soies grèges, a déposé , le 30 décembre 1852, un mémoire sur une amélioration dans le tirage de la soie, pour le concours d’un prix proposé par la Société pour être décerné en 1853.
- M. le secrétaire entre dans quelques détails sur les moyens proposés et mis en pratique par M. de Tülancourt.
- Sont présentés au concours des médailles fondées en faveur des ouvriers et contremaîtres , 1° par M. Karmel, directeur de la ferme expérimentale de Kervignac ( Morbihan ), M. Jacques Lecloisec, contre-maître , chargé depuis seize ans de la fabrication des instruments aratoires de l’atelier de cette ferme expérimentale; 2° par M. Lebrun, directeur de l’école impériale des arts et métiers de Châlons-sur-Marne, M. Langonnet, sous-chef de l’atelier d’ajustage de l’école; 3° par M. Brosset, au nom de la chambre de commerce de Lyon, dont il est le président, M. Cognet {Louis), fondeur dans l’atelier d’affinage des matières d’or et d’argent le plus important de Lyon; 4° par M. Tes-sié Mengan, membre du conseil général de l’Aube, M. Aubinet {François ), son contre-maître gérant pour la direction des travaux agricoles et leur surveillance sur ses domaines; 5° par MM. Couderc et Soucaret, filateurs de soies grèges, à Mon-tauban (Tarn-et-Garonne), M. Louis Lavau, leur contre-maître; 6° par M. Voruz aîné, ingénieur-constructeur, à Nantes, M. Cuny, contre-maître des tours et d’ajustage de son usine; 7° par M. Guillory aîné, au nom de la Société industrielle d’Angers, dont il est le président, MM. Choinet ( Paul ), ouvrier plâtrier, Delestre ( René) , ouvrier sellier, Gabaud ( Joseph ), contre-maître mécanicien , Matignon ( François ), contremaître fabricant de meules, Sommier ( Jean-Baptiste), prote d’imprimerie, et Trioche (Jean), employé au chemin de fer; 8° par M. Kaeppelin, imprimeur-lithographe, M. Grandjean ( Joseph ), contre-maître de ses ateliers d’impression; 9° par M. Lan-gronne, entrepreneur de maçonnerie, M. Poulain ( François ), contre-maître.
- M. Billard, employé à la manufacture des tabacs, à Paris, expose ses titres à une des récompenses de contre-maître.
- M. Plon, imprimeur de S. M. l’Empereur, demande l’inscription de deux de ses contre-maîtres.
- MM. Émile et Pierre Thomas et Victor Dellisse, ingénieurs civils, rue du Faubourg-Poissonnière, 100, se présentent au concours pour le rouissage salubre et économique des fibres textiles par la méthode qu’ils ont découverte. Ils énoncent que leurs recherches les ont amenés à reconnaître que la matière agglutinative des fibres textiles est d’autant plus soluble dans l’eau, que ce liquide est porté à une température plus
- p.36 - vue 42/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX,
- 37
- élevée, la dissolution étant accélérée, soit par la fermentation, soit par l’exposition à la vapeur libre ou mieux soumise à une certaine pression.
- M. Beuvière, ingénieur civil, place Louvois, 8, rappelle qu’il a présenté à la Société d’encouragement, vers le mois de septembre 1849, un mémoire ayant pour objet l’np-plication de la photographie aux arts industriels. Quoique ce mémoire renferme toutes les explications nécessaires, et que M. Beuvière, en opérant en présence d’une commission , ait complété les éclaircissements qui ont été reconnus utiles , aucun rappoit n’a encore été fait sur sa présentation.
- L’époque où ce rapport sera présenté n’est sans doute pas éloignée ; mais , comme un des procédés qu’il a décrits a été annoncé comme nouveau dans la dernière séance, M. Beuvière a pensé qu’il serait inutile de remettre sous les yeux de la Société quelques-uns des produits et appareils qui prouveront qu’il y a plus de trois ans qu’il est en possession du procédé de gravure et d’impressions photographiques qui a été communiqué à la Société d’encouragement le 28 décembre 1852 par M. Salières.
- M. Ernest de Bibra , docteur en médecine , à Nuremberg , en Bavière , annonce qu’il est auteur d’un procédé pour empêcher le vin et les liqueurs spiritueuses de contracter, dans les tonneaux , aucune altération , procédé qui s’applique également à la conservation de l’eau à bord des navires.
- M. de Bibra ne fait pas connaître son procédé ; mais il demande à en donner communication moyennant une rémunération, après que des expériences en auront constaté l’efficacité.
- M. Ch. Lamy, chimiste, directeur de la fabrique de céruse et minium de M. Roard, à Clichy, avait été chargé, en 1849, par la Société d’encouragement, d’une mission qui avait pour objet de recueillir, en Allemagne, des documents sur l’extraction du sucre de betterave des cossettes. Il adresse un mémoire et un atlas comprenant quarante dessins sur ce mode de traitement des betteraves , dans lesquels sont consignés les résultats de sa visite dans plusieurs fabriques de sucre.
- M. Lequien annonce qu’il vient d’ouvrir une exposition des travaux de l’école de dessin qu’il a fondée et qu’il dirige depuis dix-sept ans sous le patronage de la ville de Paris. Deux cent quatre-vingt-douze élèves ont pris part à ce concours et ont laissé onze cent cinquante dessins à cette exposition et quarante-deux études en sculpture.
- Les élèves qui fréquentent cette école se classent ainsi par industries, 1° ciseleurs et monteurs pour le bronze, 2° sculpteurs sur bois , 3° sculpteurs sur plâtre pour modèles de bronzes ou d’orfèvrerie, 4° sculpteurs en ivoire , 5° dessinateurs pour papiers de tenture, 6° dessinateurs pour étoffes , 7° graveurs pour l’estampe , 8° graveurs sur bijoux et lithographes.
- Ce sont, ajoute M. Lequien, les industries qui ont besoin du dessin et de la sculpture.
- M. Lequien demande que la Société veuille bien nommer une commission pour examiner les produits exposés.
- M. Gourlier fait observer que M. Lequien a retardé jusqu’à ce jour la clôture de cette exposition, que les membres de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie ont pu visiter. Les résultats obtenus dans cette école paraissent à M. Gourlier dienes de toute l’attention de la Société.
- p.37 - vue 43/836
-
-
-
- 38
- PROCfïS-VKlVBAUX.
- M. Villette, ouvrier contre-maître imprimeur en taille-douce chez MM. Goupil et comp., rue d’Enghien, 12, informe la Société que, occupé depuis douze ans à imprimer les chefs-d’œuvre de la gravure, il s’est appliqué à rechercher la cause des difficultés qui existent dans l’impression des planches en cuivre gravées au burin.
- M. Villette rend compte de ses essais et des moyens qu’il a imaginés pour vaincre ces difficultés.
- A l’appui de ses observations, M. Villette dépose une épreuve qui est la millième du tirage d’une gravure du tableau de M. Paul Delaroche, représentant le général Bonaparte franchissant les Alpes, gravure exécutée par M. François, qui énonce que, dans le travail d’impression , M. Villette a dépassé toutes ses espérances sous le rapport de la perfection et du nombre d’exemplaires produits , et que l’épreuve présentée par lui et signée de M. Goupil est la millième qui ait été tirée sans retouches, et que, d’après sa conviction, il a fallu des soins excessifs et un talent supérieur pour obtenir ce résultat.
- Un concurrent prenant pour devise J’ai voulu , je veux , je voudrai, a déposé , le 30 décembre 1852, deux paquets cachetés renfermant des procédés de fabrication économique des bougies.
- Un autre concurrent a adressé à la même époque, avec cette devise, Une des erreurs les plus ordinaires est de prendre la suite d’un événement pour sa conséquence, un mémoire intitulé, Recherches sur la cause de l’altération de la betterave et autres produits agricoles, analogie de toutes ces maladies entre elles ; seule et même cause qui doit les produire et moyens d’y remédier.
- Un concurrent, qui prend pour devise Quand vous aurez trouvé la vérité, ne craignez pas de creuser, vous n’arriverez qu’à des conséquences justes et fécondes, a fait remettre, le 31 décembre 1852, un mémoire sur la question suivante mise au concours, « Indiquer les causes de l’altération de la betterave et les moyens d’y remédier.»
- Un autre concurrent a adressé, à la même date, des études sur les betteraves en végétation considérées au point de vue de leur richesse saccharine et de leur travail manufacturier dans la fabrication du sucre, avec cette devise, Uagriculture ne deviendra une industrie véritable que quand elle connaîtra toutes les influences qui contribuent à sa production et les moyens de les diriger ou de les remplacer selon son intérêt.
- Par une lettre en date du 26 décembre 1852 , M. Davril, quai de la Râpée , 37, à Bercy, expose que, comme inventeur d’une claie coconière qui offre les perfectionnements relatifs aux améliorations dans le tirage de la soie des cocons consignées dans les programmes de la Société, il sollicite la faveur d’être admis au concours en offrant un modèle de ses claies coconières expérimentées depuis plusieurs années.
- Un concurrent a remis, le 30 décembre 1852, un mémoire intitulé Considérations sur les réformes monétaires ; il demande à être inscrit comme candidat pour le prix proposé par madame la princesse Galitzin.
- M. J. B. Thomas, ancien maître de forges , rue de Monceau , 17, adresse un mémoire sur les perfectionnements à apporter dans la carbonisation du bois, afin de concourir au prix proposé sur cette question par la Société.
- p.38 - vue 44/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 39
- M. Barrai, membre du conseil d’administration , fait hommage à la Société d’un ouvrage intitulé, Recherches analytiques sur les eaux pluviales.
- L’auteur est remercié pour le don de cet ouvrage.
- La chambre de commerce de Paris ayant fait et publié une importante enquête sur l’industrie parisienne, M. GourUer propose de demander un exemplaire de cette publication dont il regrette que la Société irait point eu communication. Mais, indépendamment de cette enquête, il conviendrait de publier dans le Bulletin la partie du rapport de M. le baron Ch. Dupin relatif au prix de statistique Montyon, qui contient un extrait de l’enquête.
- Cette double proposition est adoptée.
- Rapports des comités. Au nom du comité des arts mécaniques, M. Benoît lit un rapport sur un appareil proposé par M. Moreaux, pour faire connaître lés distances et l’endroit précis d’un incendie.
- C’est en exécutant les opérations par lesquelles on ajoute à la carte topographique d’un pays un point visible de deux points connus sur cette carte et auxquels on peut faire des stations, que M. Moreaux résout le problème qu’il s’est proposé. Ce peu de mots suffit pour pressentir que l’appareil dont il s’agit doit se composer d’une carte ou plan topographique de la localité et de deux alidades , et que , pour en faire usage , on doit choisir et disposer d’avance deux ou plusieurs points d’observation connus sur la carte, et établir des repères suffisants pour y assurer l’orientation de celle-ci.
- M. Benoît, après avoir indiqué le moyen de faire usage de cet appareil, ajoute que le comité des arts mécaniques trouve très-louable le but que M. Moreaux s’est proposé; il reconnaît l’utilité et l’importance de la détermination de la distance à laquelle on se trouve des sinistres, afin de savoir si l’on peut ou non apporter dü secours.
- Il propose d’insérer le rapport dans le Bulletin et de remercier l’auteur de sa communication.
- M. Paul Thénard, membre du comité des arts chimiques, ne pense pas que les appareils de M. Moreaux présentent, sous le point de vue de l’économie et de la promptitude, les avantages des plaques de plomb percées de trous employées en Bourgogne. Deux plaques de plomb sont percées de manière que la coïncidence de deux trous correspond dans une direction donnée. Comme il faut que les secours soient prompts, ces distances sont de 8 à 10 kilomètres.
- M. Benoît fait observer que le procédé de M. Moreaux est mathématique et a reçu l’approbation des chefs du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Paris.
- M. Combes, tout en rendant justice au but louable que M. Moreaux s’est proposé , pense, d’après ce qui vient d’être énoncé , qu’il suffira d’adresser des remercimehts à l’auteur.
- Celte proposition est adoptée.
- M. le président croit devoir rappeler que M. Schwilgué, ingénieur en chef des ponts et chaussées, a posé sur la cathédrale de Chartres des appareils agissant par réflexion pour reconnaître le lieu d’un incendie.
- p.39 - vue 45/836
-
-
-
- 40
- PROCÈS-VERBAUX.
- Au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie , il est donné lecture, pour M. Salvétat, d’un rapport sur un ouvrage intitulé, les Arts et l'Industrie.
- Après de nombreux développements pour faire ressortir le mérite de cette publication , M. le rapporteur propose , au nom de la commission , 1° que la Société accorde son approbation à l’ouvrage dont il s’agit, 2° que MM. Gide et Baudry, qui en sont les éditeurs, soient remerciés de leur communication , 3° que le rapport soit inséré dans le Bulletin. ( Approuvé. ) ( Voyez plus haut, p. 9. )
- Communications. — Nouveau moteur. M. Combes, l’un des secrétaires, pense que la Société entendra avec intérêt quelques détails sur la machine dite calorique de M. Ericson, dont la description, consignée dans les publications américaines, a été traduite et insérée dans plusieurs recueils périodiques et d’après les renseignements qui sont parvenus au gouvernement.
- M. le président adresse les remercîments du conseil à M. Combes pour les intéressants détails dans lesquels il vient d’entrer, et exprime le désir qu’une notice soit insérée dans le Bulletin sur la machine calorique de M. Ericson.
- Chaussures imperméables. M. Châtelain a la parole pour la communication d’un procédé de M. Wernick, pour rendre les chaussures imperméables.
- M. Châtelain est remercié de cette communication.
- Portrait de M. Francœur. M. le président annonce que Mme Y® Francœur fait hommage à la Société d’une copie du portrait de M. Francœur.
- La Société, ajoute M. le président, aime à se rappeler un des membres de son conseil d’administration que son zèle, son désintéressement, son dévouement lui avaient rendu cher, et que le suffrage de la Société avait appelé à Furie des places de vice-président.
- Sur sa proposition , le conseil, en acceptant l’hommage de ce portrait, décide que ses remercîments seront consignés au procès-verbal, et qu’une lettre sera adressée à Mme Ve Francœur, pour lui témoigner tout le prix que la Société attache au don de ce portrait.
- Séance du 26 janvier 1852.
- M. Darblay, l’un des vice-présidents, occupe le fauteuil.
- Correspondance. M. le ministre de l’intérieur, de l’agriculture et du commerce, rappelle.qu’en 1850 l’administration a communiqué à la Société vingt et un dessins et descriptions des inventions les plus importantes brevetées aux États-Unis d'Amérique pendant les années 1847 et 1848, et qui étaient destinées au Conservatoire des arts et métiers.
- Cet établissement réclamant ces pièces, M. le ministre invite la Société à les faire réintégrer dans les bureaux de son département.
- Le conseil décide qu’il sera fait droit à cette demande.
- M. Laignel, rue de la Harpe, 13, appelle l’attention de la Société sur plusieurs perfectionnements qu’il annonce avoir apportés dans les chemins de fer, notamment
- p.40 - vue 46/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 41
- d’un nouveau moyen qu’il a imaginé pour prévenir le danger des rencontres auxquelles peuvent être exposés deux convois par suite de changement de la voie.
- M. de Lamolère, à Chartres ( Eure-et-Loir), ayant lu, dans le Bulletin de novembre 1852, que M. Watson, de Manchester, était auteur d’un bateau à voiles tournantes, pense qu’il ne doit pas laisser inconnus les résultats des travaux qu’il a entrepris dans cette direction, et qui sont 1° un bateau marchant par le moyen de voiles tournantes avec le vent, contre le vent directement contraire, avec un système à hélice auquel on peut substituer des roues semblables à celles d’un bateau à vapeur ; 2° un bateau remontant avec- le courant et même contre le courant ; 3° une voiture marchant avec le vent, et qui, au moyen de voiles tournantes, peut aller dans toutes les directions.
- M. de Lamolère tient ses modèles à la disposition de la Société,
- M. Moinier, à la Villette, rappelle que le comité des arts mécaniques a été saisi d’un mémoire de M. Bouligny, d’Evreux, sur un nouveau générateur à vapeur, que les membres du conseil de la Société ont vu fonctionner dans l’usine de MM. Jaillon, Moinier et comp., à la Villette.
- Sur l’invitation de M. Boutigny absent et en son nom, M. Moinier prie la Société de vouloir bien provoquer l’opinion du comité sur ce nouveau système de chaudière.
- M. Maloisel, sourd-muet, rue du Four-Saint-Germain, 33 , expose qu’inventeur d’une machine à reproduire les statuettes, sculptures , etc., sa position ne lui permet pas de prendre un brevet d’invention qui, selon lui, serait destiné à apporter un notable progrès dans la reproduction des objets d’art.
- M. Blanchet, chirurgien de l’institut impérial des Sourds-muets, recommande M. Maloisel à la bienveillance de la Société.
- M. Brosset, au nom de la chambre de commerce de Lyon , dont il est le président, sollicite en faveur du sieur Bey, ouvrier tisseur, l’une des médailles de contre-maîtres.
- M. Calla, membre du conseil d’administration, adresse une lettre par laquelle MM. Petin et Gaudet, maîtres de forges, à Rive-de-Gier ( Loire ), demandent une médaille d’encouragement pour leur contre-maître Jacques Poldevin. M. Calla ajoute qu’il a eu plusieurs fois l’occasion d’apprécier les travaux de cet excellent contremaître, et qu’il le considère comme digne de la distinction que ses patrons sollicitent pour lui.
- M. le ministre de l’intérieur, de l’agriculture et du commerce , venant de recevoir de M. Belleville, capitaine au 20° léger, un mémoire relatif à l’application de la gutfa-percha à la conservation des grains, en adresse une copie à la Société d’encouragement en la priant de vouloir bien faire examiner ce travail.
- MM. Geoffroy et Lepelletier, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie , 46, transmettent une demande de MM. Bertrand fils et Hugues, à Grasse ( Var ), lesquels soumettent à la Société un nouveau mode d’étamage des estagnons ou vases métalliques servant à contenir les eaux de fleur d’oranger.
- L’estagnon qu’ils déposent est en tôle émaillée très-solidement; leur mode d’émaillage obvie à tous les inconvénients reprochés aux estagnons en cuivre, et offre, sur les moyens proposés jusqu’à ce jour, tous les avantages désirables.
- CAnquante-deuxième année. Janvier 1853. 6
- p.41 - vue 47/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX,
- M. Lequien, directeur de l’école de dessin , rue Ménilmontant, 9, qui, dans la dernière séance, a appelé l’attention de la Société sur l’école qu’il dirige depuis dix-sept ans sous le patronage de l’autorité municipale, expose les dessins des élèves qui suivent ses cours.
- M. Bürresœill fait connaître que M. Lequien désirerait que la Société d’encouragement mît à sa disposition une ou plusieurs médailles de bronze pour être décernées aux élèves les plus méritants et qui suivent la carrière industrielle.
- M. Peligot, l’un des secrétaires, donne lecture d’une note sur les aluns qui a été remise au secrétariat par M. Roard, et énonçant qu’elle lui est commune avec M. le baron Thénard,
- Dans cette note, on trouve l’exposé suivant :
- « Dès la première année de sa fondation, en 1801, la Société d’encouragement, qui savait très-bien que nous tirions, chaque année, de l’étranger des aluns de Rome, et pour des sommes considérables, sentit la nécessité de nous affranchir de ce tribut en proposant un prix sur cette importante question ; mais comme elle ne fut pas résolue, même après quatre années d'attente, et quoique ce prix eût été doublé, elle chargea MM. Thénard et Roard, de Clichy, de ce travail.
- « Dans sa séance du 21 juin 1806, ces messieurs présentèrent à la Société les résultats de leurs recherches, qui se composaient des analyses chimiques des aluns de Rome, de France et de l’étranger, et surtout, comme elle l’avait si positivement indiqué dans son programme, d’un très-grand nombre d’échantillons teints et dans toutes les applications à la teinture. Ces expériences prouvèrent que la supériorité attribuée, avec raison, à l’alun de Rome provenait de ce qu’il ne contenait que de très-petites quantités de fer, mais qu’en purifiant d’une manière convenable nos aluns les plus impurs et en leur donnant le même degré de pureté ils jouissaient bien exactement des mêmes propriétés de ce sel étranger.
- « D’après l’ensemble de toutes ces expériences théoriques et pratiques, il fut alors démontré que ce problème était entièrement résolu.
- « Cette conviction paraît avoir été unanimement partagée par le conseil d’administration de la Société d’encouragement, qui a consigné dans le procès-verbal de cette même séance la déclaration suivante :
- « MM. Thénard et Roard, de Clichy, ayant exposé un grand nombre d’échantillons de soie, de laine, de fil et de coton qui fournissent des preuves convaincantes des faits annoncés dans leur mémoire, le conseil, après avoir entendu la lecture de cet ouvrage avec le plus vif intérêt, s’empresse de rendre hommage au zèle de ces messieurs, à l’importance de leurs recherches, à l’exactitude de leurs opérations, et arrête l’impression du rapport séparément du Bulletin et au même nombre d’exemplaires. »
- M. le secrétaire fait observer que le désir exprimé est que cette note soit insérée au Bulletin.
- Le conseil peilse qu’un extrait de la note insérée au procès-verbal de cette séance rappellera que la solution du problème proposé par la Société a été obtenue par MM. Roard et Thénard.
- p.42 - vue 48/836
-
-
-
- PROCES-VERBAUX. 43
- Rapports des comités. Au nom du comité des arts mécaniques, M. Callon lit un rapport sur les divers perfectionnements apportés aux voitures de luxe par M. Moussard.
- Le comité propose de remercier l’auteur de sa communication et d’insérer le rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. ) ( Voyez plus haut, p. 3. )
- Au nom du même comité, M. Alcan lit un rapport sur une balance à échantillonner les fils, présentée par M. Laborde.
- Le comité propose de remercier l’auteur de sa communication et d’insérer le rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. ) ( Voyez plus haut, p. 6. )
- Le conseil décide qu’une ampliation du rapport sera adressée à M. le ministre de l’intérieur, en exprimant le vœu que les balances à échantillonner les fils soient comprises dans les poids et mesures soumis à la surveillance de l’administration.
- Au nom du comité des arts économiques , M. de Silvestre lit un rapport sur le système de reliure mobile présenté par M. Weber.
- Le comité propose de remercier l’auteur de sa communication et d’insérer le rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. ) ( Voyez plus haut, p. 7. )
- Au nom du même comité, le même membre lit un rapport sur la cannelle aérifère de M. Cheval.
- Le comité propose de remercier l’auteur de sa communication et d’insérer le rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. ) ( Voyez plus haut, p. 9. )
- Au nom du comité des arts économiques, M. Gourlier lit un rapport sur des coulisses à garniture métallique pour tables à rallonges et autres meubles présentées par M. Filleul.
- Le comité propose 1° de remercier M. Filleul de sa communication, 2° de donner l’approbation aux divers systèmes de coulisses mentionnés au rapport, 3° d’ordonner la publication, dans le Bulletin , du rapport et de la gravure de ces coulisses , 4° enfin de remettre à M. Filleul cent exemplaires du rapport. ( Approuvé. )
- Communications. — Photographie. M. Barreswill, membre du conseil, présente plusieurs épreuves positives de photographie, résultant d’un procédé qui lui est commun avec MM. Lerebours et Lemercier, pour transporter les épreuves négatives sur pierre et tirer des exemplaires par le moyen de la lithographie, procédé auquel ils ont donné le nom de litho-photographie.
- Ces messieurs ont attendu que le procédé donnât des résultats qui en fissent apprécier les nombreuses applications.
- M. le président adresse à MM. Barresivill, Lerebours et Lemercier les remercîments de la Société pour leur intéressante communication.
- Eclairage. M. Jobard présente une lampe économique ne consommant que 7 gram. d’huile par heure. Elle bride dans l’air chaud : la flamme en est terminée en pinceau très-mince; son niveau est rigoureusement constant; elle est à l’abri du vent et offre toute garantie contre l’incendie.
- M. Jobard fait observer que la flamme arrondie en brosse prouve que la lampe brûle exactement son huile et ne la distille pas comme les flammes pointues terminées par des vapeurs fuligineuses.
- p.43 - vue 49/836
-
-
-
- 44
- PROCÈS-VERBAUX.
- Cette lampe se compose d’un vase en verre surmonté d’un chapiteau conique mobile; on met l’huile dans le vase, et un flotteur en verre soutient un petit appareil qui porte une mèche plate enroulée autour d’un axe et d’une longueur suffisante pour servir pendant longtemps.
- M. Jobarcl ajoute que l’huile mal débarrassée de l’acide sulfurique qui sert généralement à l’épurer détruit les lampes métalliques : elle n’agit pas sur la sienne qui est tout en verre.
- M. le président adresse à M. Jobard les remerciments du conseil pour son intéressante communication.
- Machine calorique d’Ericson. M. Galy-Cazalat donne lecture de la note suivante sur la machine dite calorique d’Ericson.
- Au moment où l’empereur paraît vouloir subventionner les compagnies formées pour l’exploitation de vingt-quatre paquebots transatlantiques, la prospérité ou la ruine des armateurs français dépend du choix des machines dont la puissance collective sera de 14,000 chevaux.
- Cette considération , plus forte que la réserve imposée par l’intérêt personnel que j’ai dans la question soumise à vos lumières, et par ma reconnaissance pour l’ingénieur célèbre qui a fait adopter les propulseurs hélieoïdes, me détermine à rendre publique l’erreur fondamentale de l’appareil dont la presse américaine fait un si grand bruit.
- En résumé, la machine-calorique d’Ericson se compose de tous les organes qui constituent les appareils à vapeur sans condensation, savoir
- 1° Un réservoir d’air comprimé qu’ort chauffe à mesure pour le faire agir, comme agit la vapeur d’une chaudière, dans une machine à simple effet;
- 2° Un cylindre dans lequel fonctionne le piston travailleur;
- 3° Un cylindre alimentaire dont le piston injecte, dans le réservoir d’air comprimé, autant d’air qu'il en sort pour aller remplir le cylindre travailleur : ces deux cylindres superposés sont liés par une tige commune qui les force de se mouvoir ensemble;
- 4° Un autre cylindre porté par le fourneau qui le chauffe directement et sur lequel est assemblé le cylindre travailleur, dont le piston est élevé par l’air comprimé qui s’élance du cylindre alimentaire pour se surchauffer dans le troisième cylindre;
- 5° Enfin une caisse contenant un paquet de toiles métalliques à travers lesquelles passe l’air chaud pour y déposer son calorique quand le piston descend, puis l’air froid qui doit reprendre ce même calorique avant d’aller faire remonter ce piston.
- Les deux courants contraires et successifs d’air chaud qui se refroidit et d’air froid qui s’échauffe, en traversant les toiles , sont réglés par une boîte de distribution semblable à celle des machines à vapeur.
- Dans le préambule de la patente que M. Ericson a prise en Angleterre, il est dit textuellement ce qui suit : « Le but de celle machine est de produire une force motrice « par l’application de la chaleur à l’air atmosphérique, ou autres gaz permanents sus-« ceptibles de procurer une dilatation considérable par un accroissement de tempéra-« ture ; le mode d’application de la chaleur étant tel que, après avoir provoqué la dé-
- p.44 - vue 50/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 45
- « tente et la dilatation qui produit la force motrice, cette chaleur soit transportée à « certains corps métalliques, puis restituée par ces corps au milieu actif, à certains « intervalles de temps, ou à chaque pulsation successive de la machine motrice ; la « principale alimentation de chaleur étant ainsi rendue indépendante de la combus-« tion, ou de la consommation de combustible.
- « En conséquence , tandis que dans les machines à vapeur la chaleur est constam-« ment dissipée et perdue en passant par le condenseur, ou en s’échappant dans l’at-« mosphère, la chaleur, au contraire, étant sans cesse utilisée de nouveau dans la ma-« chine-calorique, dispense de l’emploi des combustibles, si ce n’est pour réparer la « portion de cette chaleur qui est perdue par la dilatation du milieu, celle qui s’échappe « par rayonnement, et pour réparer la perte légère qui a lieu inévitablement dans le « transport de la chaleur. »
- L’idée formulée par ces paroles est une de celles par lesquelles la possibilité du mouvement quasi-perpétuel se glisse dans les intelligences qiii n’ont pas suffisamment réfléchi, ou qui ne sont point suffisamment éclairées par les connaissances physiques. Quand on a longtemps étudié , beaucoup expérimenté les forces naturelles qui transportent les corps en s’incorporant avec eux , on se trouve éclairé par un petit nombre de lois infaillibles, de principes tellement lumineux , qu’on aperçoit, à priori, les erreurs mécaniques, de quelques nuages qu’elles soient entourées.
- C’est en lui appliquant la loi qui la régit que nous avons découvert, avant toute expérience, le principe erroné de l’économie fabuleuse de la machine-calorique.
- Tout le monde sait que la force élastique des gaz est uniquement due à la chaleur qui communique à leurs molécules sa force répulsive. Or, par cela seul que la combinaison d’une quantité plus ou moins grande de calorique avec un poids déterminé de gaz produit une force plus ou moins grande , il faut, pour enlever mécaniquement ce calorique au gaz, employer une puissance plus ou moins considérable. En effet, quand un volume d’air est emprisonné par un piston dans un cylindre, il y a équilibre entre la force qui pousse le piston contre l’air et le calorique qui donne à l’air la résistance opposée au piston. Si l’on augmente la force comprimante d’une quantité P, l’air se comprime jusqu’à ce que son accroissement de résistance soit égal à P, et il dégage une quanlité de calorique correspondante. Telle quantité de calorique mesure exactement l’accroissement de résistance ; car, si l’on supprime l’accroissement de force P, le calorique dégagé devient une force réactionnaire égale à P qui fait reprendre à l’air le volume qu’il avait sous la pression initiale.
- Les accroissements de chaleur qui mesurent les accroissements de résistance dans les états d’équilibre des gaz sous des pressions croissantes se retrouvent pareillement dans les accroissements de résistance opposés à leur vitesse d’écoulement. L’expérience démontre que l’air qui s’échappe d’un vase en soufflant par une ouverture, sous une pression quelconque, ne change pas de température, quoiqu’il se dilate en sortant du vase. Il suit de là qu’il y a de la chaleur produite par la résistance que l’atmosphère et le rétrécissement de l’ouverture opposent à l’écoulement de l’air, et que celte chaleur est d’autant plus considérable que la différence de la pression à la résistance, dif-
- p.45 - vue 51/836
-
-
-
- 46
- PROCÈS-VERBAUX.
- férence qui produit la vitesse du souffle , est plus grande ; il suit de là que, dans un mouvement de va-et-vient d’un piston dans un cylindre , le calorique emporté par le moteur sortant ( vapeur ou air ) ne peut être retenu en partie , par un filtre solide, sans développer une résistance équivalente qui détruit l’économie.
- Cette déduction des lois de la physique expérimentale est en opposition complète avec les merveilles que les journaux arrivés par le dernier paquebot nous racontent de l’essai fait, le 4 janvier, dans la baie de New-York, par le navire Ericson. Le Courrier des États-Unis, plus circonspect que son confrère le New-York Jlérald, donne la description technique de la machine composée de deux appareils égaux. Dans chaque appareil , le cylindre travailleur a 26 mètres cubes de capacité , le cylindre alimentaire 13 mètres cubes, et les toiles de fil de cuivre renfermées dans le générateur ont une surface totale de 455 mètres carrés, qui pèse 15,000 kilogrammes.
- Selon le récit du Courrier, M. Ericson affirme que son colossal appareil, dont la force est de 600 chevaux, ne dépensera que 6 tonnes de houille par vingt-quatre heures ; or les machines de nos meilleurs bateaux à vapeur dépensent, pour une force de 600 chevaux, 60 tonnes de houille par jour, c’est-à-dire dix fois plus dans le même temps. Nous allons démontrer mathématiquement que l’immense mystification de la presse américaine doit nécessairement provenir de ce qu’on n’a pas tenu compte du combustible brûlé pour faire un grand approvisionnement de calorique, aux dépens duquel les machines ont fonctionné en partie pendant l’essai d’une trop courte durée.
- Tous les physiciens savent que le calorique abandonné par 1 kilogramme d’air, en s’abaissant de 1 degré, peut élever de 1 degré la température de 2,8 kilog. de cuivre. Au moyen de ce principe , on peut facilement calculer le calorique enlevé par les toiles métalliques du régénérateur, au volume d’air chaud qui les traverse pour s’échapper dans l’atmosphère, quand le piston descend, et la portion de ce calorique que les toiles restituent au volume d’air comprimé qui s’élance du récipient pour aller soulever le piston.
- Supposons d’abord que le régénérateur ne reçoive directement rien du foyer et que l’air moteur soit maintenu à la température de 272 degrés qui est nécessaire pour doubler le volume d’un poids de gaz pris à zéro. Admettons que la température initiale des toiles métalliques soit de zéro degrés, comme celle du réservoir d’air comprimé et de l’atmosphère. Enfin, ne voulant pas tenir compte des résistances éprouvées par les courants d’air, ne tenons pas compte non plus de la température équivalente de 80 degrés que le petit piston donne à l’air alimentaire, en le comprimant sous deux atmosphères avant de l’injecter dans le récipient.
- Cela posé, 26 mètres cubes d1 air à 272 degrés pèsent autant que 13 mètres cubes à zéro, dont le poids est de 17 kilogrammes sous une atmosphère mesurée par une hauteur de mercure égale à 0,77 mèt. Quand ces volumes d’air sont comprimés à deux . atmosphères, ils pèsent 34 kilogrammes. Calculons d’après les idées erronées à1 Ericson.
- Au premier abaissement du piston travailleur, l’air expulsé du cylindre pesant 34 kilogrammes, sa température doit s’abaisser de 270,29 degrés en élevant à 1,71 la température de 15,000 kilogrammes de toile de cuivre à zéro. Quand le piston remonte ;
- p.46 - vue 52/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 47
- les 34 kilogrammes d’air qui s’élancent du récipient à travers les toiles à i,71 degré abaissent leur température à 1,69 degré en s’élevant de zéro à 1,69. Au second coup de piston, le régénérateur s’élève à 3,33 degrés par le passage de l’air sortant, et il s’abaisse à 3,31 degrés par le passage de l’air du récipient. Et ainsi de suite , jusqu’à ce que les toiles métalliques cèdent au courant d’air froid autant de calorique qu’elles en enlèvent à l’air chaud.
- Le calcul démontre que cet équilibre a lieu lorsque la température du régénérateur est à 132 degrés, avant le passage du courant d’air froid. Dès ce moment, la marche de la machine devient régulière, et elle dépense, à chaque coup de piston, 140 degrés de chaleur que l’air évacué emporte dans l’atmosphère. Pour réaliser cette économie considérable, et pourtant beaucoup moindre que celle affirmée par Ericson, il faudrait que l’air évacué traversât les toiles métalliques sans se dilater, sans se refroidir, ou en conservant la force élastique de deux atmosphères qu’il a dans le cylindre travailleur. Or, cette force s’affaiblissant jusqu’à la somme des résistances de l’atmosphère et du régénérateur qui lui sont opposées, le calorique thermométrique qui la mesure s’affaiblit aussi de toute la portion qui est employée à augmenter le volume du gaz, sans se transmettre aux toiles de cuivre.
- Il résulte de là que chaque volume d’air sortant emporte dans l’atmosphère la presque totalité de sa chaleur qui est devenue latente, dans le régénérateur, en se dispersant dans un volume deux fois plus grand. La portion insignifiante du calorique qu’il partage avec le cuivre, proportionnellement à leurs poids et à leurs capacités, est correspondante à la différence de la diminution de son volume, qui est un peu moindre dans le régénérateur que dans l’atmosphère, où elle est égale à la moitié (1).
- Lorsque le foyer chauffe à la fois le régénérateur et la chambre désignée par le nom de chauffeur de détente, les toiles métalliques peuvent s’élever jusqu’à la température-limite, qui est de 272 degrés. Dans ce cas, l’air du récipient reçoit d’autant plus de calorique des toiles qu’elles sont plus chauffées, et il prend d’autant moins au foyer pour s’élever à 272 degrés. Mais c’est toujours aux dépens du combustible que les machines fonctionnent, soit qu’on fournisse à l’agent moteur le calorique à mesure qu’il travaille, soit qu’il dépense la chaleur dont on a fait un approvisionnement.
- Il est inutile de nous arrêter à une autre disposition de l’appareil Ericson, décrite et dessinée dans la patente. Suivant cette disposition , le régénérateur devait alternativement refroidir le volume d’air chaud expulsé du cylindre travailleur, avant de l’injecter dans le récipient, au lieu de l’évacuer dans l’atmosphère, puis réchauffer un volume égal d’air froid partant du récipient pour aller relever le piston. Il est évident, qu’après quelques minutes de mise en train , la température de la masse d’air destinée à circuler incessamment dans le récipient et dans les deux cylindres aurait été la même dans ces trois capacités. Dès lors, les pistons seraient restés indéfiniment relevés
- CO l‘e Courrier des Etats-Unis nous apprend que la température de l’air sortant est de 17 degrés. La formule de Poisson, rectifiée d’après les données physiques les plus récentes, nous a donné 30 degrés , en supposant la pression effective de l’air chaud égale à i kilogramme par centimètre carré, ait lieu de 0,7 kilogramme, comme dans la mao bine essayée à New-York.
- p.47 - vue 53/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 4$
- par l’air comprimé agissant de bas en haut sur le grand piston , avec une force double de la résistance opposée par le petit piston dont la surface est deux fois plus petite.
- Nonobstant ce que nous venons de dire, dans l’intérêt du progrès de la mécanique, tous les mécaniciens doivent de la reconnaissance à M. Ericson et aux capitalistes qui l’ont secondé. Quoi qu’il arrive, M. Ericson aura la gloire d’avoir encore une fois porté les premiers coups h l’esprit de routine, en substituant, dans un grand paquebot, l’air surchauffé à la vapeur, qui est beaucoup moins économique, comme il a substitué le premier l’hélice aux roues à aubes. Toutefois, qu’il nous permette de lui dire que sa machine deviendra plus simple et plus économique, s’il consent à supprimer son régénérateur, et à donner, par force de cheval, 40 décimètres carrés à la surface de chauffe. Cette surface est tellement petite et tellement chaude dans la machine-calorique, qu’elle laisse s’échapper inutilement du foyer dans l’atmosphère les deux tiers du calorique engendré par la combustion, en sorte que l’économie , fût-elle réelle, ne s’appliquerait que sur le tiers du combustible utilement dépensé.
- C’est pour empêcher cette perte immense, c’est pour réaliser l’économie correspondante , qui est plus considérable que toutes celles qu’on attend du perfectionnement des machines, que nous avons imaginé un appareil plus économique , plus simple et moins volumineux que celui d’Ericson.
- Dans la séance prochaine , j’aurai l’honneur de vous soumettre cette nouvelle machine pour l’expérimentation de laquelle M. Aspinwall, le plus grand propriétaire de paquebots américains , m’avait offert son puissant concours , à la condition que j’irais la faire construire en Amérique.
- M. Galy-Cazalat reçoit les remercîments du conseil pour cette intéressante communication.
- PARIS.
- IMPRIMERIE DE M*"*3 Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L’ÉPERON, 5.
- p.48 - vue 54/836
-
-
-
- (IQtlMïE-DMIMIE ANNÉE. (N° DLXXXIY.) février 1853.
- DE LA
- SOCIETE D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES. — chaudières a vapeur.
- Rapport fait par M. Gallon, au nom du comité des arts mécaniques, sur un appareil de sûreté pour les chaudières à vapeur, présenté par M. Black, mécanicien , à Cambray.
- Messieurs, M. Georges Black, mécanicien, à Cambray ( Nord ), a présenté à la Société d’encouragement un mémoire sur un nouvel appareil de sûreté destiné, comme le flotteur d’alarme , à avertir le chauffeur d’une chaudière à vapeur que le plan d’eau est descendu au-dessous du niveau normal.
- Cet appareil est, sauf quelques modifications de détail, celui que M. Black a présenté déjà à M. le ministre des travaux publics, et qui a obtenu l’approbation de la commission centrale des machines à vapeur.
- Considéré dans ses dispositions essentielles, il consiste en un tuyau implanté verticalement sur le dôme de la chaudière. Ce tuyau, ouvert par la partie inférieure, descend au niveau le plus bas que l’eau doive atteindre ; il se prolonge au-dessus de la chaudière, et porte, à 80 centimètres environ du dôme, une ouverture latérale hermétiquement fermée par une rondelle de métal fusible à 100°, laquelle est fixée par une rondelle de cuivre percée d’un certain nombre de trous. Sur l’un de ces trous se trouve adapté un petit ajutage fonctionnant comme sifflet d’alarme. Enfin, au-dessus de la rondelle , le tuyau se prolonge en une sorte de serpentin fermé à la partie supérieure.
- Le jeu de cet appareil est facile à concevoir.
- Tant que l’eau est en quantité convenable dans la chaudière, il suffit d’un Cinquante-deuxième année. Février 1853* 7
- p.49 - vue 55/836
-
-
-
- 50
- ARTS MECANIQUES.
- excès de pression d’un dixième d’atmosphère pour que le tuyau se maintienne rempli. En meme temps la partie extérieure du tuyau tend à se mettre en équilibre de température avec l’air ambiant, et se maintient au plus à 40 ou 50°, température insuffisante, non-seulement pour fondre, mais même pour altérer d’une manière quelconque la rondelle en métal fusible.
- Au contraire , dès que , par la négligence du chauffeur ou par toute autre cause, le niveau de l’eau est descendu au-dessous de l’orifice inférieur du tuyau, celui-ci se vide d’eau et se remplit de vapeur à la même température que celle de l’intérieur de la chaudière. Cette vapeur, se condensant sur les parois tant qu’elles sont à une température inférieure, les réchauffe rapidement; bientôt la rondelle entre en fusion, la vapeur s’échappe par tous les orifices de la rondelle de cuivre, et notamment par celle qui se trouve munie d’un sifflet.
- Le chauffeur est prévenu, par le bruit, de la nécessité d’une prompte alimentation ; il peut, en même temps qu’il alimente, mettre une rondelle neuve en place de celle qui a été fondue. Que, si l’absence du chauffeur ou le dérangement de la pompe alimentaire empêchait de rétablir promptement le niveau de l’eau, la vapeur continuerait à s’échapper d’une manière continue, et la pression tendrait à revenir vers la simple pression atmosphérique.
- Votre comité, Messieurs, émet l’avis que l’appareil présenté par M. Black est bien disposé pour atteindre le but que l’auteur a eu en vue, que par ce motif, et aussi parce que cet appareil est un de ceux dont l’emploi est autorisé par l’administration , il y a quelque intérêt à le porter à la connaissance du public. En conséquence, votre comité vous propose
- 1° De remercier M. Black de sa communication,
- 2° D’ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin avec un dessin et une légende explicative.
- Signé Callon, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 décembre 1852.
- Description de l}appareil de sûreté pour les chaudières à vapeur; par M. Black.
- La fig. 1, pi. 1248, représente cet appareil en section verticale, et la fig. 2 en élévation.
- Dans la chaudière A est engagé un tuyau plongeur B C qui descend jusqu’à la limite que ne doit pas dépasser la plus basse alimentation pour assurer à la machine une marche régulière et exempte de danger.
- Ce tuyau est en communication, à l’extérieur du générateur, avec un tube D E qui s’élève au-dessus de la chaudière, et qui est fixé sur un robinet F.
- p.50 - vue 56/836
-
-
-
- A., AlMWlU’l L DK Sl'liKTK PUUl i.KS CI1.U DlkllES À VW\:X\{, PAR 'i M.ACk . Ik KriiAPKKAlK.NT D’JIOIILOCK PAR AK \T LLiAMV .
- pl.1248 - vue 57/836
-
-
-
- CHAUDIÈRES À VAPEUR.
- 5t
- Le tuyau DE présente, à 0m,80 au-dessus du générateur, une ouverture hermétiquement fermée par une rondelle G de métal fusible à 80° R. Cette rondelle est fixée dans l’ouverture du tuyau par une rondelle de cuivre percée de trous : sur l’un de ces trous se trouve adapté un cylindre de cuivre H présentant l'apparence et produisant les effets d’un sifflet de chasse.
- Au-dessus de la rondelle, le tuyau D E se prolonge en un serpentin terminé à son extrémité par un robinet I.
- Toutes les parties de l’appareil sont en cuivre ; le tuyau présente, depuis sa sortie de la chaudière jusqu’à l’extrémité, une longueur totale de 2“,50 et un diamètre de 0ra,03. Le tube plongeur va s’élargissant de haut en bas de 0m,03 de diamètre à Qm,10. Quant à sa longueur, elle varie suivant le diamètre de la chaudière.
- L’appareil étant ainsi disposé, lorsque l’on chauffe le générateur, la vapeur qui se produit graduellement, opérant une pression sur l’eau, la fera monter par l’orifice inférieur C jusque dans la partie D E du tuyau ; arrivée là, cette eau tend à se mettre en équilibre de température avec l’air ambiant, de telle façon qu’à üm,80 au-dessus de la tôle de la chaudière , c’est-à-dire à peu près à la hauteur de la rondelle, elle atteint à peine une température de 30 à 35 degrés Réaumur.
- Si, maintenant, on suppose que , par l’absence ou la négligence du chauffeur chargé de l’alimentation de la chaudière , l’eau descende au-dessous de l’orifice inférieur du tuyau plongeur en C, la vapeur mise en contact avec l’eau qui est renfermée dans le tuyau la fera promptement descendre, et, parvenue à la hauteur de la rondelle, cette vapeur, à la même température que celle de l’intérieur de la chaudière, mettra instantanément la rondelle en fusion et s’échappera par les ouvertures que laisse la fusion de la rondelle.
- Cet échappement de la vapeur produit un sifflement aigu, rendu d’une intensité extraordinaire par la présence du sifflet qui y est adapté, et dont le bruit peut s’entendre à une grande distance.
- Aussitôt que le chauffeur a connaissance, par l’échappement de la vapeur, que l’abaissement du niveau d’eau nécessite une prompte alimentation de la chaudière, le robinet F lui sert à fermer, pour quelques instants, la communication entre le tuyau plongeur et le tube extérieur, ce qui lui permet d’alimenter et de remplacer la rondelle fondue.
- Si , au contraire , on suppose que, par l’absence du chauffeur, l’alimenta-tation de la chaudière n’a plus lieu, la vapeur, continuant de s’échapper, finira par avoir une tension insuffisante pour faire marcher la machine, que pourra subir un temps d’arrêt momentané, mais qui sera sans danger pour l’usine.
- p.51 - vue 58/836
-
-
-
- 52
- ARTS MÉCANIQUES.
- Des expériences multipliées faites dans diverses usines, chez MM. Jourdan, a Cambray, Descat, à Roubaix, Arnoux, directeur des messageries générales, à Paris, ont toutes donné des résultats satisfaisants.
- Indépendamment de la généralité des applications qui peuvent en être faites à toutes les espèces de chaudières à vapeur, l’appareil est d’une construction simple et fonctionne avec régluarité. Quant à la plaque métallique fusible qui en forme le complément, l’eau contenue dans le tube de l’appareil n’atteignant jamais , quelle que soit la tension, hors du générateur, une température qui lui permette d’opérer sur les parois des dépôts de matières calcaires ou autres, la rondelle fusible restera complètement intacte, quelque temps que l’on suppose qu’elle demeure en place.
- HORLOGERIE.
- Rapport fait par M. Duméry, au nom du comité des arts mécaniques, sur un échappement d’horloge à chevilles de M. Vulliamy, horloger, à Londres.
- Messieurs, votre comité des arts mécaniques nous a chargé de vous rendre compte de l’échappement de l’horloge de Windsor, construit par M. Vulliamy, de Londres, et présenté à la Société par M. Henry Robert,
- Cet échappement est à chevilles et à repos, c’est-à-dire trop ancien et trop connu pour absorber les instants de la Société , si les détails de sa construction, en lui donnant un intérêt tout nouveau, ne lui faisaient occuper un des premiers rangs parmi les échappements d’horloge de tour, et ne plaçaient son auteur au nombre des hommes éminents de notre époque.
- L’une des lois de la mécanique pratique qui a le plus contribué à donner à l’art de la construction des machines une marche assurée, et aux machines elles-mêmes une solidité et une durée plus considérables, est, sans contredit, celle qui a fait reconnaître que l’étendue des surfaces est étrangère à la résistance occasionnée par les frottements.
- Cette loi que la grosse mécanique a promptement appliquée parce qu’elle constitue, à son égard, une question vitale, l’horlogerie, dans laquelle les efforts sont, dans beaucoup de cas, négligeables, l’a presque dédaignée, et c’est par la dureté et le fini des surfaces frottantes , c’est par l’emploi de l’acier trempé très-dur et parfaitement poli mis en contact avec le rubis, la cornaline, etc., que d’ordinaire l’horlogerie combat ou modère l’usure et les résistances dues aux frottements.
- M. Vulliamy n’a pas suivi cet errement; il a de bonne heure compris que ces moyens devaient être insuffisants, que , surtout en ce qui concerne un
- p.52 - vue 59/836
-
-
-
- HORLOGERIE.
- 53
- échappement et sa roue, quels que soient les soins et la précision de l’exécution , il suffisait d’une variabilité dans la dilatation des pièces pour troubler leur harmonie réciproque ; que, quelque dure et bien polie que soit une surface, elle doit infailliblement s’altérer, si les corps qui agissent sur elle l’attaquent obliquement et partiellement. M. Vulliamy, disons-nous, au lieu d’arrondir les surfaces, comme cela se pratique d’ordinaire, pour que les chevilles plantées mal droit ne touchent qu’au milieu et ne détruisent pas les angles, a voulu, au contraire, s’assurer une somme positive de surface frottante.
- Pour cela, il ne lui suffisait pas d’allonger les chevilles et d’agrandir les plans inclinés de l’échappement, car, ainsi que nous venons d’avoir l’honneur de le faire remarquer, un simple effet de dilatation pouvait détruire toutes les précautions de construction ; il fallait être certain que , dans tous les instants et malgré même quelques imperfections d’exécution , les surfaces ne cesseraient pas d’être bien réellement en contact dans toute l’étendue de la levée et de l’arc supplémentaire. Heureusement, M. Vulliamy joint à la pénétration d’esprit, qui fait entrevoir les principes, la fécondité avec laquelle on parvient à les matérialiser, et c’est par un dispositif très-simple et très-rationnel qu’il est parvenu à résoudre cet important problème.
- M. Vulliamy a construit sa roue d’échappement avec les soins qu’on apporte habituellement à ces sortes de mécanismes ; mais, pour s’assurer les contacts dans toute la longueur des chevilles, il a, comme vous le verrez par la pièce que vous avez sous les yeux, articulé les touches, non-seulement suivant un axe horizontal passant par le plan moyen de chaque touche, mais encore dans le sens vertical ou perpendiculaire au plan de cette même touche , de façon que chaque cheville de la roue d’échappement fasse successivement prendre aux deux touches la double inclinaison que réclame chacune d’elles, au fur et à mesure qu’elle se présente et qu’elle passe.
- Pour que les deux plans inclinés occupent, dans le sens de leur longueur, une position aussi rigoureusement fixe que si la fourchette était d’un seul morceau, M. Vulliamy, après avoir limité les amplitudes angulaires par deux petits pieds, a eu le soin de les faire appuyer sur leur base par deux ressorts qui sont cependant assez souples pour ne pas nuire à leur mouvement d’articulation.
- De cette souplesse, de cette facilité du plan de la touche à se prêter à toutes les positions qu’exigent les chevilles, il est résulté que l’échappement de l’horloge de Windsor, qui est actionné par un poids moteur de 62 kilog., a offert, après une marche de sept années, ce phénomène de plans inclinés qui ont reçu 236,500,000 fois un frottement accompagné d’une pression ef-
- p.53 - vue 60/836
-
-
-
- 54
- ARTS MÉCANIQUES.
- fective de plus de 120 grammes, et dont les surfaces, après ce long travail, présentent un poli aussi net, aussi vif que si elles n’avaient point encore fonctionné.
- Aussi, Messieurs , cette horloge, dont toutes les autres parties sont sagement conçues, a -1 - elle donné, pendant toute cette période de sept années, une marche d’une très-grande et très-précieuse régularité, comme on en jugera par la description qui accompagne ce rapport, sans qu’aucun de ses organes ait éprouvé la plus légère altération.
- Du reste, on sent, à l’examen de l’œuvre de M. Vulliamy, le fruit d’un talent mûr et consommé qui, par un long et persévérant labeur, a fini par reconnaître que c’est moins par le nombre et le brillant des combinaisons qu’on laisse des traces durables que par le choix du sujet, la solidité du raisonnement, l’importance et futilité du résultat.
- Le progrès réalisé par M. Vulliamy nous paraît devoir marquer dans les annales de la haute horlogerie, et sous ce rapport mériter à son auteur la sympathique approbation de la Société d’encouragement.
- C’est ce que votre comité nous a chargé de vous exprimer en vous demandant l’autorisation
- 1° D’insérer dans le Bulletin le présent rapport et le dessin qui l’accompagne;
- 2° D’émettre, en votre nom, le vœu que M. Henry Robert veuille bien, après avoir accepté les remerciments de la Société pour cette intéressante communication , être l’interprète de vos sentiments auprès de son éminent et digne ami.
- Signé Duméry, rapporteur.
- - Approuvé en séance, le 15 décembre 1852.
- Description de l’échappement à chevilles à leviers mobiles employé dans la grande horloge du château de Windsor; par M. Vulliamy.
- Quelque soin qu’on apporte dans l’exécution d’un échappement à chevilles, on ne peut se flatter que les chevilles porteront parfaitement sur le repos et dans toute leur longueur. Pour éviter que les chevilles portent sur les angles, on est dans l’usage d’arrondir celte partie de telle sorte que la cheville, lors même qu’elle serait plantée mal droit, ne touche jamais les angles.
- L’horloge du château de Windsor est construite dans de si grandes proportions , que M. Vulliamy a conçu l’idée d’v adapter un échappement tel, que
- p.54 - vue 61/836
-
-
-
- HORLOGERIE.
- 55
- ]a cheville portera toujours, dans toute sa longueur, sur le repos pendant l’arc supplémentaire et sur le plan incliné pendant l’impulsion.
- Au mois de septembre dernier, cette horloge a été démontée complètement pour être remise en état. Les leviers de l’échappement étaient dans un état de conservation parfait, et cependant la machine marchait depuis sept ans.
- De temps en temps, de i huile avait été mise à ces leviers, mais sans démonter la pièce ; l’état de la pièce l’indiquait assez. Celle conservation parfaite, dans une telle machine, est un fait des plus remarquables ; il serait difficile d’en trouver la cause ailleurs que dans l’ingénieuse disposition de cette partie de l’échappement qu’on va décrire.
- La fig. 3, pl. 1248, est une élévation de l’échappement, et la fig. 4, le même vu en section horizontale sur la ligne k B.
- a a a est une plaque de laiton fixée sur l’axe de l’échappement et formant l’ancre ; les leviers l l ne sont pas, comme de coutume , fixés sur cette pièce et faisant corps avec elle; ils ont deux mouvements : la partie V de chaque levier est terminée par un cylindre g qui traverse la pièce pp; elle a, dans le trou qu’elle traverse, la liberté nécessaire; lors même qu’une cheville ne serait pas plantée rigoureusement perpendiculaire au plan de la roue, elle porterait néanmoins en plein sur le plan incliné, car sous la pression de la cheville le plan tourne sur lui-même et devient parallèle à l’axe de la cheville, tandis que, dans ce qui se pratique généralement, on arrondit le levier pour éviter que la cheville porte contre l’angle du plan incliné ; mais il résulte de cette forme arrondie que la cheville est tangente à une courbe, que le contact a lieu sur un point seulement, et que les destructions sont plus à craindre : elles le seraient surtout dans une machine aussj puissante que cette horloge, la plus volumineuse de celles construites par son auteur.
- Après s’être assuré, par ce moyen, que la cheville porterait sur le levier dans tôute sa longueur pendant le repos , il fallait nécessairement obtenir le même effet pendant la levée, c’est-à-dire pendant le temps que la cheville agit sur le plan incliné pour donner l’impulsion. Le moyen suivant a résolu la seconde partie du problème.
- Les vis v v traversent des équerres portées par la pièce a, et faisant corps avec cette pièce. Les pointes de ces vis s’engagent dans des trous pratiqués à la pièce p p qui peut tourner autour de la ligne v v comme axe, On conçoit, dès lors , que lorsque la cheville arrive sur le plan incliné , si la direction de ce plan n’est pas parallèle à l’axe de la cheville, il prend de suite cette position, et qu’alors, pendant toute l’action de la cheville sur le
- p.55 - vue 62/836
-
-
-
- 56
- ARTS MÉCANIQUES. — HORLOGERIE.
- plan, les deux parties sont en contact dans toute leur longueur et dans les meilleures conditions possibles pour éviter la destruction.
- r est un ressort traversé par le cylindre g, l’écrou e appuie sur le ressort et assure la position constante du plan incliné contre la pièce p p; ce sont deux petites chevilles c c qui maintiennent la direction du ressort r.
- Marche de ïhorloge de F église Saint-Étienne de Londres, du 10 août au
- 25 septembre 1851.
- Étal de l’horloge Mouvement État de l’hor oge Mouvement
- sur le temps moyen. diurne. s ur le temps moyen. diurne.
- 10 Mise sur l’heure Sept. 3 4 19' ' 4 1"
- 11 0 0 4 4 20 4 1
- 12 0 0 5 4 21 4 1
- 13 4 2" 4 2" 6 4 22 4 1
- 14 4 4 4 2 7 4 23 4 1
- 15 4 4 0 8 4 23 0
- 16 4 4 0 9 4 23 0
- 17 4 5 4 1 10 4 23 0
- 18 4 5 0 11 4 22 — 1
- 19 4 6 4 1 12 4 20 — 2
- 20 4 6 0 13 4 21 — 1
- 21 4 7 4 1 14 4 20 — 1
- 22 4 8 4 1 15 4 19 — 1
- 23 4 8 0 16 4 18 — 1
- 24 4 9 4 1 17 4 16 — 2
- 25 4 10 4 1 18 4 15 — 1
- 26 4 11 4 I 19 4 14 — 1
- 27 4 12 4 1 20 4 13 — 1
- 28 4 13 4 1 21 4 13 0
- 29 4 13 0 22 4 12 — 1
- 30 4 14 4 1 23 4 10 — 2
- 31 4 15 4 1 24 .4 9 1
- 1er -f 16 4 1 25 4 9 0
- 2 4- 18 4 2
- Les comparaisons ci-dessus ont été faites à l’aide d’un chronomètre d’Ar-nold, apporté directement de l’observatoire de Greenwich, avec le plus grand soin; elles ont été prolongées jusqu’à ce jour ( 30 janvier 1852) avec le même succès.
- La marche de plusieurs autres horloges construites par M. Vulliamy a été suivie rigoureusement. Le résultat a été que ces horloges n ont donné que rare m en i une différence excédant trois ou quatre secondes en huit jours.
- p.56 - vue 63/836
-
-
-
- ARTS CHIMIQUES. — caoutchouc.
- 57
- Rapport fait ]par M. Barreswil, au nom du comité des arts chimiques, sur la fabrique de fil de caoutchouc de MM. Aubert et Gérard, à Grenelle, près Paris.
- Messieurs, l’industrie dont nous avons à vous entretenir est toute française, et il ne saurait y avoir, sur ce point, aucun doute. L’usine qui va être décrite est à Paris, à deux pas du pont de Grenelle, et elle est la seule qui existe dans ce genre. Il s’agit de la fabrication du caoutchouc en fil rond continu par pression. Jusqu’au moment où est apparu le procédé Gérard et Aubert, pour préparer le fil de caoutchouc nécessaire à la confection des tissus élastiques, on n’avait pas d’autre moyen que de débiter mécaniquement (1) ou avec des ciseaux soit le caoutchouc en poire ou caoutchouc naturel, comme font les faiseurs de balles de nos collèges, soit le caoutchouc régénéré, c’est-à-dire pétri avec l’essence et mis en feuilles. Ce moyen, encore employé dans les grandes manufactures dont la petite usine de Grenelle est devenue la rivale, donne, on le comprend, des fils plats, et dont la longueur et la grosseur sont limitées, tandis que le procédé Gérard et Aubert produit des fils parfaitement cylindriques, dont la longueur n’a pas de limite, et dont la grosseur peut varier à l’infini, du câble au cheveu.
- La petite usine de Grenelle est construite en tous points selon les préceptes de J. B. Say, sans colonnes, sans moulures, formée de simples hangars abrités seulement du vent et de la pluie ; mais on y trouve un excellent matériel confortablement établi et agencé, fonctionnant avec aisance et produisant régulièrement au milieu d’un concours vraiment remarquable de dispositions savantes et ingénieuses toutes marquées au cachet d’une excessive simplicité. Le caoutchouc y arrive dans un état quelconque, en poires, en plaques, en débris ; il y est aussitôt déchiqueté, c’est-à-dire divisé de manière à se nettoyer aussi complètement que possible. Pour opérer cette division, ce déchiquetage, la matière est jetée entre deux cylindres placés horizontalement , et dont la surface est rugueuse. Ces deux cylindres sont tous deux mis en mouvement, mais l’un marche plus vite que l’autre, et pendant cette opération la matière est soumise à l’action d’un courant d’eau sans cesse renouvelé qui enlève tous les corps étrangers. Le caoutchouc, ainsi tiraillé, étiré, ne se met pas en poudre, pas même en morceaux; il forme une espèce de toile ou plutôt de lambeau de peau chagrinée et piquetée.
- Après le déchiquetage vient la mise en pâte , l’opération chimique, si l’on
- (i) La machine à découper le caoutchouc a élé décrite dans le Bulletin de la Société, 33« année, 1834, p. 282; on en (rouve également une d.'«eripi on dans le Dictionnaire de tcchnoloyie, t. 21, p. to, et dans la collection des Brevets expirés, t. ;>r>, p. 442.
- Ginquonte-deuxième année, péerier 18i>:l.
- 8
- p.57 - vue 64/836
-
-
-
- 58 ARTS CHIMIQUES.
- peut dire ainsi. La toile de caoutchouc est divisée en petites lanières qu’on introduit , à la main , dans des bonbonnes de zinc à large ouverture ; par-dessus le caoutchouc on verse , dans la bonbonne , du sulfure de carbone , non pas pur, mais contenant 5 pour 100 d’alcool environ. La quantité à employer est double du poids du caoutchouc, un peu plus, un peu moins, suivant la qualité de la gomme ; cela fait, on ajuste le couvercle de la bonbonne qui s’engage dans une rainure très-profonde munie d’étoupe imprégnée d’un mélange de colle et de mélasse ou d’autre matière molle et humide, formant une sorte de mastic imperméable au sulfure de carbone. Après douze ou quinze heures de macération dans le liquide, le caoutchouc est prêt à servir ; il n’est pas dissous, comme on pourrait le croire, il est seulement, si je puis dire ainsi, éteint, il est ramolli au point de ressembler à de la pâte de farine, se pétrissant comme elle.
- Le sulfure de carbone, employé seul, dissout le caoutchouc; l’alcool ajouté à cette dissolution l’eût précipitée d’une manière complète. Le mélange semble réaliser simultanément ces opérations successives; il parait dissoudre et précipiter à la fois, en un mot diviser le caoutchouc.
- Cette action ne saurait être mieux comparée qu’à celle du carbonate de soude sur les huiles ou les graisses qui n’en sont pas dissoutes, mais sont émulsionnées.
- La pâte de caoutchouc est introduite dans des cylindres verticaux dont l’extrémité inférieure est garnie de toile métallique où, à l’aide d’un piston et par pression, elle est tamisée et retamisée, dans le but de la nettoyer et de la mieux pétrir ; puis elle est déposée dans un autre cylindre vertical assez semblable à ceux dont se servent les vermicelliers. La matière élastique, chassée par le piston , sort en fils par de petites ouvertures ou filières placées sur un seul rang, afin que les fils ne puissent être superposés, précaution inutile lorsqu’il s’agit de vermicelle. Les fils sont reçus sur un velours sans fin mis en mouvement, et font ainsi un parcours de A mèt. ; ils sont pris alors par une toile métallique, également sans fin, reposant sur un châssis et recouverte d’un tamis métallique qui, mis en action par le mouvement saccadé que produit un excentrique, verse sur les fils de la poudre de talc destinée à empêcher toute adhérence. Après la toile métallique, les fils sont repris par une toile ordinaire qui parcourt un espace de 150 à 200 mètres en dix minutes environ. Au bout de cette course, ils sont suffisamment secs : le dissolvant est en grande partie séparé ; les fils quittent alors la toile et sont reçus dans des conduits ou rigoles qui les dirigent dans de petits godets placés sur sept rangées, de manière que chaque fil ait son godet particulier. Lorsque les godets sont pleins, on en sort le fil, qui est abandonné pendant quelques
- p.58 - vue 65/836
-
-
-
- CAOUTCHOUC.
- 59
- jours à l'action de l’air. Les fils fournis par la pression ont une grosseur quelconque et qu’on peut faire varier à volonté. La pratique a démontré que la grosseur de 1 millimètre était préférable pour un travail régulier ; mais ces fils ne suffisent pas pour tous les genres de tissus; dans un grand nombre de cas, il convient d’en employer d’une plus grande finesse. Heureusement que MM. Gérard et Aubert ne sont jamais à bout de ressources; par le procédé le plus neuf, le plus ingénieux, ils peuvent convertir ce fil trop gros en fil du degré de ténuité qu’on désire. Chacun sait que le fil de caoutchouc s’étire sous le moindre effort; on sait aussi que, l’effort cessant, ce fil revient sur lui-même, mais ce qu’on ne savait pas, c’est la merveilleuse propriété qu’ont découverte et si ingénieusement appliquée MM. Gérard et Aubert, je veux parler du recuit du caoutchouc. Le caoutchouc étiré, exposé à une température de 115 degrés, ne revient plus sur lui-même et conserve la longueur qui lui a été donnée, et de plus il est apte à être étiré de nouveau. En l’étirant ainsi et le recuisant successivement, un fil de caoutchouc peut être amené à un degré de finesse dont l’habileté de l’ouvrier fixe le terme , et qui, par exemple, peut être représenté par une longueur de 50,000 mètres au kilogramme.
- Le fil ainsi obtenu est de caoutchouc ordinaire , mais rien n’est plus simple que de faire, de la même manière, du fil vulcanisé ; il suffit d’incorporer au caoutchouc en pâte de la fleur de soufre et de chauffer à la température de 130 ou 140 degrés. Notons, en passant, qu’à la température de 115 degrés, nécessaire pour le recuit du fil étiré, il n’y a pas de vulcanisation.
- MM. Gérard et Aubert savent vulcaniser par un autre procédé qui leur appartient, en exposant le caoutchouc à l’action d’une température de 150 degrés dans un polysulfure alcalin. Ce procédé donne des résultats excellents ; il y a toutefois une différence qui permet de reconnaître les produits de l’un ou l’autre système. Le fil vulcanisé au soufre est gris, celui vulcanisé au sulfure reste noir comme en état de nature.
- Le tissage emploie, suivant les cas, les deux sortes de fils, naturel ou vulcanisé : le fil naturel est roulé sur des bobines, il a son maximum d’extension; dépourvu d’élasticité, il peut être travaillé comme toute matière textile; on lui rend son pouvoir extensible en passant un fer chaud sur le tissu. Le caoutchouc vulcanisé ne peut être employé au tissage qu’à l’aide d’un artifice particulier; il doit être sous-tendu par des poids.
- Tel est le procédé ingénieux dont MM. Aubert et Gérard ont doté notre pays : les produits de leur fabrication ont eu le sort de toute chose nouvelle et ingénieuse; ils ont eu à lutter contre l’inexpérience ou la routine des ouvriers, le mauvais vouloir des intérêts lésés et la concurrence commerciale.
- p.59 - vue 66/836
-
-
-
- 60
- ARTS CHIMIQUES.
- Aujourd’hui leur place est acquise non-seulement en France, mais en Angleterre , ou plutôt, pour être plus vrai, non-seulement en Angleterre, mais même en France. Le travail heureux des inventeurs a trouvé sa récompense; leurs efforts ont été couronnés par un succès bien mérité. Votre comité a pensé que vous aimeriez à consacrer cette victoire industrielle, et dans ce but il vous propose de voter des remercîments à MM. Aubert et Gérard , et d’insérer le présent rapport dans le Bulletin.
- Nota. MM. Gérard et Aubert ont réuni à leur exploitation de caoutchouc une fabrique de sulfure de carbone ; ils livrent aujourd’hui ce produit au commerce au prix de I fi*. 50 le kilog. ; ils se proposent d’adresser sur cette fabrication une note détaillée.
- Signé Barreswil, rapporteur.
- Approuvé en séance t le 17 novembre 1852.
- Mémoire sur un nouveau travail du caoutchouc; par M. Gustave Gérard.
- On emploie ordinairement deux procédés pour travailler le caoutchouc ; l'un consiste à le faire macérer dans l’essence de térébenthine ou de houille, jusqu’à ce qu’il ait absorbé le liquide et soit devenu gluant ; on le broie alors entre des cylindres, et l’on obtient, après ce broyage, une dissolution extrêmement poisseuse et ayant l’aspect de la mélasse ; en cet état, on l’applique généralement entre deux étoffes, qui, ainsi collées, servent à fabriquer des vêtements, des coussins, et une foule d’autres objets imperméables.
- L’autre procédé a pour but d’agglomérer différents morceaux de caoutchouc de manière à n’en faire qu’un seul bloc. Voici le moyen employé pour y parvenir :
- On met, dans un pétrin chauffé à 100 degrés et davantage, les morceaux de caoutchouc que l’on veut réunir en un seul ; dans ce pétrin se trouve un arbre armé de dents, qui exerce, eu tournant, une pression considérable sur les morceaux de caoutchouc. La chaleur donne au caoutchouc une propriété adhésive, et au bout de quelques heures les morceaux finissent par se coller les uns aux autres ; l’on retire alors la masse de caoutchouc, et on la lamine entre des cylindres fortement chauffés, afin de faire adhérer encore plus complètement tous les morceaux. Quand l’adhésion est complète, on met en presse , afin de donner autant que possible la forme d’un parallélipipède au bloc de caoutchouc pendant qu’il est encore chaud. Au bout de quelques jours, on descend le bloc à la cave , et on l’y laisse ordinairement six mois , afin que la masse puisse s’v durcir uniformément.
- Après ce temps, on coupe les blocs, soit en feuilles, par un procédé ana-
- p.60 - vue 67/836
-
-
-
- CAOUTCHOUC.
- 61
- logue à celui au moyen duquel on débite les bois en feuilles minces pour le placage, avec la différence d’une lame tranchante au lieu d’une lame de scie, soit en fils. Pour les obtenir, on commence, au moyen d’un couteau circulaire, par couper, dans la masse du caoutchouc, des disques de 2 centimètres environ d’épaisseur sur 15 de diamètre ; ces disques sont découpés en un ruban ayant pour largeur l’épaisseur du disque et pour épaisseur habituellement 1 à c2 millimètres ; ce ruban part de la circonférence du disque, et est débité progressivement en spirale presque jusqu’au point de centre ; ce ruban est ensuite replacé devant de petites lames circulaires posées Tune auprès de l’autre, qui, en tournant, le fendent dans sa longueur et en font ainsi des fils carrés.
- Ces deux manières de travailler le caoutchouc ont un grave inconvénient, celui d’attaquer sa qualité en le rendant poisseux ; le premier, parce que les huiles essentielles ne peuvent s’évaporer complètement, et se résinifient en partie dans le caoutchouc ; le second, parce que la chaleur que l’on applique ou celle que le travail lui-même développe dans le caoutchouc que l’on pétrit y produit un commencement de décomposition qui est cependant nécessaire pour que les différents morceaux puissent adhérer les uns aux autres.
- Les procédés entièrement nouveaux que j’emploie pour travailler le caoutchouc ont l’avantage de n’attaquer aucunement la nature du caoutchouc ; ils permettent, en outre, de l’employer du jour au lendemain, et enfin donnent des produits qu’il est impossible d’obtenir par les procédés connus et en usage.
- Si l’on met du caoutchouc dans un dissolvant, quel qu’il soit, il l’absorbe, se gonfle, et finit même par s’y dissoudre, si ce dissolvant est en assez grande quantité ; mais le dissolvant ne change pas ses propriétés, son élasticité; toutes ses parties sont gonflées, distendues par l’absorption du liquide, mais elles sont toujours collées les unes aux autres, et, si l’on fait effort dessus, il y a toujours tendance, en raison de l’élasticité et de l’adhésion des molécules, à revenir à la forme précédant cette pression.
- Je suis arrivé à vaincre celte difficulté et h réduire le caoutchouc en une pâte assez semblable à celle de farine ; cette pâte n’est nullement poisseuse, et conserve la forme qu’on lui imprime. On sait que l’alcool est de tous les liquides celui qui précipite le plus promptement le caoutchouc de ses dissolutions ; il est donc l’antidissolvant par excellence de ce corps : c’est cette propriété dont j’ai fait l’application. En faisant pénétrer, au moyen d’un dissolvant, l’alcool dans l’intérieur du caoutchouc, j’y décolle, désunis toutes les molécules adhérentes formant la masse du caoutchouc, de la même façon que
- p.61 - vue 68/836
-
-
-
- m
- ARTS CHIMIQUES.
- cela a lieu au sein d’une dissolution très-claire, dans laquelle on verse de l’alcool; ces molécules, n’étant plus ou du moins beaucoup moins adhérentes entre elles par l’interposition de l’alcool, se déplacent facilement sous la pression qu’on leur donne, conservent l’empreinte qui résulte de cette pression, et ne reviennent pas, comme cela a lieu avec le caoutchouc ordinaire , à leur forme primitive. Le dissolvant et l’alcool étant évaporés, le caoutchouc reprend son état primitif, puisque ce qui était la cause de ce changement n’existe plus, s’est évaporé.
- Pour arriver à ce résultat, je laisse macérer le caoutchouc dans un dissolvant mélangé préalablement d’alcool; au bout de vingt-quatre heures, il a absorbé tout le liquide, et est arrivé à l’état de pâte que l’on peut pétrir et qui conserve la forme qu’on lui imprime. J’emploie de préférence , comme dissolvant, le sulfure de carbone , il pénètre très-rapidement le caoutchouc, et s’évapore de même, sans attaquer en aucune façon sa qualité. J’ajoute au dissolvant depuis 2 jusqu’à 25 pour 100 de son poids d’alcool, je mets, pour 1 partie de caoutchouc , depuis poids égal jusqu’à 30 et -40 parties de dissolvant alcoolisé, selon que je veux obtenir des pâtes ou des dissolutions plus ou moins épaisses.
- Les dissolutions claires peuvent s’appliquer au pinceau et sèchent promptement; celles qui sont à l’état de pâte sont destinées à faire des fils, des tuyaux, des feuilles, etc. J’emploie une presse semblable à celles qui servent à fabriquer les pâtes d’Italie; j’y ai cependant apporté des modifications nécessaires pour mon genre de travail. Je remplis le cylindre de pâte épaisse de caoutchouc; le piston, en descendant, presse sur cette pâle et la fait sortir par les ouvertures pratiquées dans la partie qui ferme le bas du cylindre, soit en fils, soit en tuyaux, soit en feuilles, suivant la forme de ces ouvertures.
- La dissolution de caoutchouc, ayant perdu son élasticité et sa ténacité, sort de l’appareil par la pression ; elle est reçue, à sa sortie du trou de la fdière, sur une toile sans fin qui lui fait faire un parcours assez long pour que la plus grande partie du dissolvant soit évaporée et pour que l’on puisse recueillir les produits sans les déformer.
- Je fabrique à Grenelle, avec M. Aubert, mon associé, 700,000 mètres de fil de caoutchouc en moyenne par jour; ce fil, qui sort par des filières dont les trous sont ronds, reste lui-même rond comme le vermicelle : c’est le seul fil rond fabriqué et employé en France, en Angleterre, aux États-Unis ou en Allemagne. Tous les fils de caoutchouc autres que ceux de notre fabrique sont carrés et obtenus au moyen du découpage ; ils n’ont et ne peuvent avoir la force et l’homogénéité d’un fil rond formant un même corps, et qui ne présente pas quatre angles, cause générale de rupture dans les fils
- p.62 - vue 69/836
-
-
-
- CAOUTCHOUC.
- 63
- ordinaires. En effet, le frottement commence par écorcher ces angles, et par la tension l’écorchure s’ouvre , augmente , et le fil se rompt.
- Les tuyaux sont faits, comme le macaroni, en sortant par une ouverture ronde au milieu de laquelle se trouve une tige qui sert de mandrin.
- Les feuilles s’obtiennent en faisant sortir la dissolution entre deux surfaces planes, espacées de l’épaisseur que l’on veut donner à la feuille.
- Nous obtenons des fils d’un seul bout et d’une longueur indéterminée; leur grosseur et leur finesse dépendent du trou de la filière ; nous sommes parvenus à faire du fil n° 200, c’est-à-dire ayant une longueur de 40,000 mètres au kilogr. Des fils de caoutchouc de cette finesse étaient inconnus, car il était impossible d’arriver, malgré tout le soin possible, à couper des fils aussi minces.
- Les tuyaux de notre fabrication n’ont pas l’inconvénient des tuyaux ordinaires qui s’ouvrent parfois à l’endroit de la soudure, puisqu’ils sont faits d’un seul jet et n’ont pas de soudure dans leur longueur.
- Les feuilles peuvent, à la rigueur, être sans fin, leur fabrication ayant quelque analogie avec celle du papier dit papier mécanique sans fin.
- Légende explicative.
- PL 1249. Pétrin servant à bloquer le caoutchouc et à le mettre en pain.
- Fig. 1. L’appareil vu en dessus.
- Fig. 2. Le même vu de côté.
- Fig. 3. Section verticale, suivant la ligne À B.
- Fig. 4. Section horizontale, sur la ligne C D.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans ces quatre figures.
- AA, cylindre en fonte de fer, fermé sur les côtés et garni, dans l’intérieur, de dents taillées en pointe de diamant a a. B, chaises supportant la cage du pétrin : elles sont solidement fixées au sol. C , porte mobile sur des charnières c c, par laquelle on introduit le caoutchouc : elle est formée de barreaux b b, espacés de manière à pouvoir glisser entre eux une barre de fer, avec laquelle on aide au travail du pétrin, en soulevant le caoutchouc et le serrant contre les dents g h du cylindre E. D, poignée de la porte C. d d, goupilles servant à tenir fermée cette porte, e e, tourillons du cylindre E, tournant sur des paliers f f. F, roue dentée recevant son mouvement d’un pignon au tiers, marchant avec une vitesse de 50 tours par minute. Le bloc de caoutchouc occupe environ le quart de la capacité intérieure du pétrin ; en tournant sur lui-même , il est pétri par les dents g h, contre la paroi intérieure A; les dents à pointe de diamant a a l’empêchent de glisser»
- p.63 - vue 70/836
-
-
-
- \ '<r.i ! iv i\ \i\tois.».!..io\ j ;-i-| \i\,i v:i ,i.:i ïi:r.r.-n\ ii i:n\ v ,i.\\v«r.-i> \nu/.-i.r \
- U .01 ,j
- ÏW;
- I I I
- M 'MXXY'la t>j •>/> ////.y/////
- pl.1249 - vue 71/836
-
-
-
- 64
- ARTS CHIMIQUES.
- Fig. 5. Cylindre déchiqueteur vu de côté.
- Fig. 6. Le même vu en dessus.
- Fig. 7. Le même vu de face.
- Fig. 8. Coupe verticale suivant la ligne E F.
- G, bâti en fonte. H H, entretoises reliant entre eux les deux flasques du bâti. 11', cylindres en fonte dure légèrement rugueux à leur surface et tournant sur des tourillons J J' ; l’un de ces tourillons, celui J', peut glisser sur son palier, afin de rapprocher le rouleau I du rouleau I', ce qui s’opère à l’aide de deux vis de pression RK, tournant dans le coussinet-écrou L. M, manivelles des vis K. N, poulie folle, et N', poulie fixe, recevant, au moyen d’une courroie, la commande du moteur, à raison de 50 tours par minute. O, arbre des poulies N N', tournant sur des paliers i i, et portant à son autre extrémité un pignon P, engrenant avec la grande roue Q montée sur l’un des tourillons du cylindre I'. L’autre tourillon du même cylindre porte un pignon R qui engrène dans une roue dentée S fixée sur l’axe du rouleau I.
- Le cylindre I doit marcher un tiers moins vite que le cylindre F, d’où il résulte que le caoutchouc qu’on fait passer entre eux est plus attiré par l’un que par l’autre; il est, par conséquent, déchiré en même temps qu’il subit une espèce de laminage qui colle grossièrement les morceaux déchirés ; un filet d’eau que l’on fait couler continuellement sur les cylindres enlève la terre ou autres impuretés contenues dans le caoutchouc et qui sont mises à nu par ce déchiquetage.
- Cette machine est originaire d’Angleterre , et rend de grands services pour le nettoyage du caoutchouc.
- PL 1250. Presse à comprimer la pâte du caoutchouc, afin d’obtenir des feuillesj des tuyaux et des fils.
- Fig. I. La presse vue de face.
- Fig. 2. L a même vue de côté.
- Fig. 3. Vue en dessus.
- Fig. 4. Section verticale suivant la ligne A B, fig. 5.
- Fig. 5. Section horizontale suivant la ligne C D, fig. 4.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- E, vis de la presse tournant dans son écrou E'. F, roue d’engrenage faisant tourner la vis. G, grand pignon long commandant la roue F : il reçoit son mouvement du pignon d’angle I, par l’intermédiaire de la roue d’angle H. Ce pignon I ainsi que la roue L s’embrayent et se débrayent à volonté au moyen du levier à tête de compas K, qui se relie à la roue L par
- p.64 - vue 72/836
-
-
-
- fUi/fcfiJi tfi*
- CO.Mm.Ml-’,
- pl.1250 - vue 73/836
-
-
-
- CAOUTCHOUC.
- 65
- un piton a tournant librement clans son moyeu. M, pignon commandé par l’arbre de la poulie N : il engrène avec la roue L lorsque celle-ci est embrayée. O, fourchette de débrayage. P, levier à poignée de cette fourchette ; b, charnière de ce levier. Q, contre-poids tendant à amener le levier de débrayage, et, par suite, la fourchette et la courroie sur la poulie folle NV c, coulisse montée à charnière en d et garnie, dans son intérieur, d’un arrêt contre lequel vient buter le levier de débrayage P quand la courroie se trouve sur la poulie fixe N ; mais, quand le guide B est descendu sur le collier R , celui-ci, au moyen de la tige /*, fait légèrement basculer la coulisse c dans la charnière d; alors la tige P de la fourchette O, entraînée par son contre-poids Q, amène la courroie sur la poulie N', et la presse s’arrête d’elle-même.
- Le piston J se remonte par un procédé à peu près semblable. On débraye le pignon M par le levier K, ainsi qu’il a été expliqué plus haut ; alors, en tirant sur la corde C qui passe sur la poulie à gorge D, on fait arriver en Z, fig. 1, la tige Y de la fourchette de débrayage Y, et la courroie qui était sur la poulie folle S' passe sur la poulie fixe S. Cette poulie , par l’intermé diaire des deux roues d’angle T et T', fait tourner à grande vitesse le long pignon G, lequel transmet le mouvement à la vis E au moyen de la roue d’engrenage F. Ce mouvement de rotation ayant lieu de gauche à droite , la vis et le piston sont forcés de remonter.
- La roue F, comme on le voit fig. 1, occupe tout l’intervalle compris entre les deux colonnes A À'; le collier U, qui supporte la tige de débrayage U', dépasse de 2 centimètres en dedans de la colonne A', de sorte que la roue F le soulève quand, en remontant, elle arrive au point oii ce collier est placé, La tige U' est fixée au collier U par la vis de pression g; cette tige est reliée par une tête de compas à une coulisse portant un cran dans lequel tombe le levier Y de la fourchette de débrayage, quand celte tige est en Z, fig. J, c’est-à-dire quand la courroie est sur la poulie fixe S ; mais lorsque la vis F soulève le collier U, et par conséquent la tige U' et la coulisse h, la tige de débrayage sort du cran de cette coulisse, et son contre-poids e l’entraîne en i, ainsi que la fourchette Y, ce qui fait passer la courroie sur la poulie folle et arrête le mouvement. Ce mécanisme est, du reste, à peu près celui d’en bas renversé.
- La petite pièce h est une coulisse dans laquelle glisse librement la tige Y; elle sert à arrêter son élan quand elle arrive en i, lors du débrayage.
- k, petit arbre portant un carré sur lequel s’emmanche une manivelle. Le pignon d’angle H', monté à son extrémité, commande la roue d’angle H qui Cinquante-deuxième année. Février 1853. 9
- p.65 - vue 74/836
-
-
-
- 66
- ARTS CHIMIQUES.
- fait tourner le grand pignon G ; on peut, par ce moyen, faire descendre à la main et rapidement le piston.
- /, vis de pression s’appuyant sur l’extrémité du grand pignon, pour l’empêcher de se soulever quand la presse fonctionne.
- J, piston en fer suspendu par deux charnières J' J', qui permettent de lui donner la position indiquée par les lignes ponctuées fig. 4, quand on veut remplir le cylindre W. Le haut du piston est garni d’une plaque d’acier sur laquelle pivote le pointai de la vis également en acier.
- m, porte-filière en bronze qu’on voit de face fig. 1, et en coupe fig, 4. Dans la partie inférieure , et sous un angle de 30 degrés, sont vissées des filières en étain o, d’un calibre plus ou moins gros,
- Fig. 6. Vue de la filière plane servant à faire des feuilles ou bandes de caoutchouc.
- Fig. 7. Coupe suivant E F, fig. 6.
- Celte pièce est vissée sur l’écrou n, que l’on voit en coupe fig. 4.
- La pâte de caoutchouc, pressée dans l’intérieur du récipient W, est forcée de sortir en feuilles par l’ouverture o qui lui est ménagée ; elle est reçue sur la toile sans fin A, fig. 1, planche 1250, qui l’entraîne; cette toile passe sur un rouleau p.
- PL 1251. Métier à filer le caoutchouc.
- Fig. 1. À, coupe de la presse, a, intérieur du récipient dans lequel la pâte est pressée, h, porte-filière par où celte pâte sort en fils. ( Voy. pl. 1250, m, fig. 1 et 4. )
- B, velours sans fin commandé par le rouleau p, entraînant le fil à sa sortie des filières. C , toile métallique sans fin recevant le fil du velours B, et le versant ensuite sur la toile sans fin D.
- En passant sous la boite J, le fil est saupoudré de talc tamisé par le tamis hexagone k. L’excès de talc tombe en passant à travers la toile métallique C dans la boîte L au fond de laquelle est un tiroir que l’on change quand il est rempli.
- D E F G H, toile sans fin d’une longueur double de 35 mètres. La toile D prend le fil de la toile métallique en c, fig. 2; elle le verse sur la toile E, en e, fig. 3; celle-ci le verse à son tour sur la toile F, en fig. 2, et ainsi de suite jusqu a l’extrémité de la toile H, en h , fig. 3 , d’où le fil tombe dans l’appareil de réception.
- Y Y, velours mou s’appliquant sur la première toile D, et servant à saisir les fils qui tombent de la toile métallique C. Les cinq toiles et le velours V
- p.66 - vue 75/836
-
-
-
- pl.1251 - vue 76/836
-
-
-
- CAOUTCHOUC.
- 67
- peuvent marcher plus vite que le premier velours B et la toile métallique C. Les fils se trouvent alors étirés dans l’espace compris entre S et V, fig. 2.
- S est un rouleau très-léger qui appuie sur l’extrémité de la toile métallique pour empêcher les fils de glisser au moment de l’étirage. N N, glissières supportant l’extrémité de l’arbre des quatre rouleaux du haut de la chaise, fig. 3, au moyen de contre-poids M M, dont les cordes passent sur les poulies à gorge X et X', et s’attachent aux extrémités des arbres des rouleaux. Ces poids font toujours tension sur les toiles qui peuvent s’allonger ou se raccourcir sous l’influence de l’atmosphère, sans inconvénient pour la marche du métier.
- Pour le velours B, on a adopté un autre système de tension en P, fig. 1 ; il est le même pour la cinquième toile H en Q Q.
- L’appareil de réception, fig. 3 et A, est composé d’un système de conduits ou gouttières m m, dont la partie supérieure n n a la forme d’un entonnoir aplati sur deux de ses côtés. L’extrémité inférieure aboutit au-dessus d’un godet en zinc g qui s’emboîte à volonté dans le dessus d’un engrenage o évidé dans son milieu. Ces engrenages, dont on voit le détail et le système de commande, fig. 1 et 4, tournent sur leur pivot o', et font, par conséquent, tourner les godets g g dans lesquels le fil, qui tombe par les extrémités des gouttières m, vient s’enrouler d’une manière uniforme.
- t, babillard qui, par son mouvement saccadé , facilite la descente des fils dans les gouttières.
- Fig. 5 et 6. Coupe et plan d’une plaque percée d’une rangée de trous dans lesquels viennent entrer à frottement les filières fig. 7.
- Fig. 8 et 9. Plan et coupe de l’écrou qui reçoit le porte-filière m, fig. 1, pl. 1250. s, plaques en fer percées de trous sur lesquelles se placent les toiles métalliques servant à retenir les impuretés qui pourraient se trouver dans la pâte de caoutchouc.
- Fig. 10 et 11. Coupes verticales d’une filière pour faire des tuyaux en caoutchouc par pression.
- Fig. 12. Section horizontale de la même, sur la ligne À B, fig. 11.
- a, filière se vissant dans la plaque b du bas de la presse, c c, croisillons servant à maintenir le mandrin d dans le milieu du trou cylindrique de la filière a.
- La pâte comprimée dans l’intérieur du cylindre de la presse passe dans les vides laissés par les quatre ailes du croisillon, pour sortir par l’espace circulaire compris entre la paroi intérieure de la filière et la paroi extérieure du mandrin d. Afin d’empêcher le tuyau de caoutchouc de s’aplatir et de se coller sur lui-même, au sortir de la filière, le mandrin est creux , et le trou
- p.67 - vue 77/836
-
-
-
- 68
- ARTS CHIMIQUES.
- dont il est percé communique, au moyen d’un petit tuyau à robinet r, à l’extérieur, par l’un des croisillons, percé lui-même jusqu a la rencontre du trou du mandrin. Ce tuyau r se visse à travers la filière a dans le bas du croisillon c. Cette disposition permet, au moyen d’un réservoir en communication avec le tuyau r, de remplir d’eau le tuyau à mesure de sa sortie de la filière ; il suffit, pour cela, de pincer l’extrémité du tuyau, au moment où il commence à sortir, afin de le fermer et de le souder ; on ouvre alors le robinet. ( D. )
- FILTRE.
- Rapport fait par M. Barreswil, au nom du comité des arts chimiques, sur un
- nouveau filtre de M. Dublanc, pharmacien3 chef des laboratoires à la pharmacie centrale de Paris.
- Les chimistes et les pharmaciens savent quelles tribulations, quels ennuis de toutes sortes causent les filtrations, surtout lorsque l’on a à opérer sur des liquides visqueux. Si parfait que soit le filtre , si excellent que soit le papier, bientôt les plis s’affaissent, se collent contre les parois de l’entonnoir, et la filtration, d’abord rapide, décroît bientôt et souvent s’arrête. On a cherché à parer à cet inconvénient; cent moyens ingénieux ont été proposés, mais aucun, jusqu’ici, n’a obtenu l’assentiment des praticiens, si bien que chacun emploie son petit procédé, faute d’en connaître un assez supérieur pour être généralement préféré.
- Le système proposé par M. Dublanc semble appelé à rendre tous les services qu’on peut se proposer; il consiste dans la substitution, à l’entonnoir en verre, d’un double entonnoir en fil de fer ou de cuivre étamé ou argenté, ou plutôt d’un double filtre en fil métallique, dont les plis correspondent à ceux de nos filtres ordinaires. Dans le filtre extérieur, on ajuste le filtre de papier, et par-dessus on place l’entonnoir intérieur de telle façon que les plis du papier se trouvent régulièrement espacés et ne peuvent se déplacer étant emprisonnés par les deux entonnoirs. On obtient, par ce moyen, le plus de surface et la plus grande perméabilité possible. Les essais les plus multipliés et comparatifs ont été faits avec le même papier sur l’entonnoir ordinaire et sur l’entonnoir Dublanc; ils ont été généralement à l’avantage de ce dernier. Un entonnoir ordinaire a débité moitié moins d’eau ou de dissolutions aqueuses les plus diverses dans le même temps que l’entonnoir Dublanc. Les sirops épais se sont comportés de la même manière ; souvent même les différences ont été plus marquées. (Juant aux corps gras et aux essences, ils ne filtrent guère plus rapidement dans un cas que dans l’autre, et cela se com-
- p.68 - vue 78/836
-
-
-
- CORAIL ET ÉPONGES.
- 69
- prend, ces liquides ne ramollissant pas le papier. Les résultats, en somme , ont été satisfaisants ; ils ont prouvé qu’il y a lieu de recommander le filtre de M. Dublanc, surtout pour les liquides aqueux, les dissolutions salines et les sirops, mais seulement dans les cas ( très-nombreux ) où le fil métallique ne court aucun risque d’être altéré chimiquement. Dans ce but, votre comité des arts chimiques vous propose d’insérer dans le Bulletin le présent rapport, et d’adresser des remerciments à l’auteur de cette intéressante communication.
- Signé Barreswil, rapporteur. Approuvé en séance, le M novembre 1852.
- CORAIL ET ÉPONGES.
- Rapport fait par M. Félix Leblanc, au nom du comité des arts chimiques, sur deux notices de M. Lamiral, relatives à la pêche et au commerce du corail et des éponges, et sur l’emploi du bateau sous-marin de M. Payerne dans ce but.
- Messieurs, vous avez renvoyé à l’examen de votre comité des arts chimiques deux notes de M. Lamiral, associé de M. le docteur Payerne pour l’exploitation du bateau sous-marin inventé par ce dernier.
- La première de ces notices est relative à l’histoire naturelle du corail, à sa pêche et à son commerce.
- La deuxième, relative aux éponges, est rédigée au même point de vue.
- M. Lamiral termine en appelant l’attention de la Société sur l’utilité que pourrait présenter l’emploi du bateau plongeur du docteur Payerne, soit pour la pêche du corail, soit pour la pêche des éponges et l’acclimatation de celles-ci aux environs de nos côtes.
- Rappelons que la Société a déjà accueilli favorablement la lecture de deux notices de M. Lamiral, l’une relative à la pêche des huîtres et l’autre sur la pisciculture ; des extraits de ces notices ont été insérés dans le Bulletin de la Société.
- Votre comité ne s’est pas cru suffisamment compétent pour juger, au point de vue de la zoologie et de la physiologie, la valeur des notices présentées par M. Lamiral, et pour apprécier, en conséquence, les conclusions de l’auteur.
- Il a cru devoir faire appel aux lumières d’un savant éminemment compétent en pareille matière, M. de Quatrefages, de l’Institut, qui a bien voulu examiner les notices de M. Lamiral. Nous croyons ne pouvoir mieux faire
- p.69 - vue 79/836
-
-
-
- 70
- ARTS CHIMIQUES.
- CORAÏI, ET ÉPONGES.
- que de citer textuellement la réponse du savant naturaliste qui a prêté son concours à votre comité.
- « J’ai lu attentivement les deux manuscrits qui m’ont été communiqués ; « voici le résumé de mes impressions à ce sujet. L’auteur n’est pas natura-« liste, et la partie relative à l’histoire naturelle, soit du corail, soit des « éponges, est très en arrière de l’état actuel de la science. On connaît fort « bien aujourd’hui l’organisation et le mode de reproduction des polypes « coralligènes ; on sait de même comment se propagent les éponges.
- « Les détails historiques sur le commerce m’ont intéressé, mais ne sont « pas, d’ailleurs, de ma compétence.
- « Quant aux idées émises sur l’emploi du bateau sous-marin pour la « pêche, elles me paraissent applicables à la pèche, soit du corail, soit des « éponges, en supposant vrai ce qui est dit de ce bateau.
- « La pensée de naturaliser sur les cotes de France les espèces marchandes « de la famille dos éponges pourrait mériter une certaine importance. « Toutefois il faudrait faire bien des observations et des expériences avant « de songer à une réalisation. Les notions de l’auteur sur la distribution de « la chaleur dans la mer sont évidemment erronées. Puis il ne tient aucun « compte de la nature du fond ; on 11e saurait, en effet, prendre comme ter-« rain de culture un grand banc de roches molles. Mes observations person-« nelles m’ont parfaitement démontré que la multiplication des animaux « fixés est, pour ainsi dire, en rapport direct avec la résistance des roches « de fond, ce qui, d’ailleurs, s’explique aisément. Des roches molles ne sau-« raient donc en aucune façon convenir à l’élève des éponges. Le mode de « transport proposé par l’auteur ( dans des caisses pleines d’eau j serait éga-« lement inapplicable ; les éponges vicient l’eau de mer avec une incroyable « rapidité et périssent promptement. Le seul moyen d’opérer ce transport « serait de remorquer à la suite d’un bateau les fragments de rocher aux-« quels adhéreraient les éponges.
- « Je borne là mes observations : elles suffisent, je pense , pour montrer « que les projets de l’auteur des deux notices, réalisables peut-être, ont en-« core grand besoin d’être étudiés. »
- En conséquence, votre comité est d’avis 1° de remercier l’auteur de sa communication, en l’engageant à continuer et perfectionner ses études sur un sujet qui peut intéresser le commerce des éponges et du corail ; T d’insérer le présent rapport dans le Bulletin, en y joignant la partie des notices de M. Lamiral, relative au mouvement commercial des éponges et du corail, tout en laissant à l’auteur la responsabilité des chiffres présentés.
- Signé Félix Leblanc , rapporteur.
- Approuvé en séance, le W. septembre -1852.
- p.70 - vue 80/836
-
-
-
- BEAUX-ARTS. — dessin.
- 71
- Rapport fait par M. Gouriier, au nom de la commission permanente des beaux-arts appliqués à l’industrie, sur les communications de M. Lecoq de Bois-baudran, de M. Jobard et de madame Gavé, relatives à l’enseignement du dessin.
- La Société a successivement reçu, et renvoyé à sa commission des beaux-arts ,
- 1° De M. Lecoq de Boishaudran, professeur à l’école gratuite de dessin et de mathématiques, un exemplaire de son Éducation de la mémoire pittoresque ( 18-48 ) ; un mémoire manuscrit appelant principalement l’examen du conseil au point de vue de l’application aux arts industriels ; enfin des dessins faits d’après l’application de sa méthode, depuis 1847, à l’école de dessin, ainsi que sous les yeux de la classe des beaux-arts de l’Institut;
- '2° Un extrait d’un numéro de la Renaissance illustrée, publié à Bruxelles, reproduisant une partie de la publication de M. de Boishaudran, ainsi qu’un article publié en 1831 par M. Jobard, à Bruxelles, sous le titre de Mémoire des ijeux appliquée à l'enseignement du dessin;
- 3° Enfin, de madame M. ÉL Cavé, un exemplaire de ses publications intitulées le Dessin sans maître, méthode pour apprendre à dessiner de mémoire ( 3e édition, 1852, avec cette épigraphe : Voir, comprendre, se souvenir, c’est savoir, Rubens), et Y Aquarelle sans maître, méthode pour apprendre l’harmonie des couleurs (1852), accompagné d’une lettre qui en demande l’examen, ainsi que de la méthode qu’elle annonce enseigner depuis 1837, et être répandue en France et à l’étranger.
- La commission a procédé à l’examen , nécessairement comparatif, de ces diverses présentations avec tout le soin, tout l’intérêt, il est superflu d’ajouter toute l’impartialité qu’elles devaient inspirer, en se renfermant, autant que possible, dans ce qui concerne l’application aux arts industriels, et en ne se livrant à quelques considérations purement artistiques qu’autant que cela était indispensable pour rendre cet examen suffisamment complet.
- Si, en pareil sujet, il pouvait y avoir invention proprement dite, propriété personnelle et privée, voire commission aurait eu, conformément aux sages précédents de la Société, à vous proposer de surseoir jusqu’à jugement par qui de droit. Mais telle n’est la prétention d’aucun des présentateurs; tous s’accordent à reconnaître que la mémoire des yeux (comme ils ont été amenés à l’appeler) est un don naturel susceptible, comme tout autre, d’être perfectionné , développé , et qu’elle a toujours été plus ou moins appréciée, employée , recommandée même ; tous s’accordent à citer, comme type de Cèttê
- p.71 - vue 81/836
-
-
-
- 72
- BEAUX-ARTS.
- faculté, une famille depuis trois générations, l’une des gloires de la peinture française; mais chacun réclame l’honneur, déjà assez grand , d’avoir le premier attiré d’une manière spéciale l’attention publique sur ce sujet, et indiqué les résultats auxquels on peut atteindre, ainsi que les moyens d’y parvenir.
- Votre commission n’a cru ni convenable, ni possible, ni utile de chercher à se prononcer quant à cette priorité ; mais elle exposera successivement les travaux des divers présentateurs dans l’ordre qu’ils y assignent eux-mêmes, l'examen qu’elle a fait des résultats obtenus, les remarques auxquelles il donnera lieu, et elle vous soumettra les conclusions qu’il lui a paru motiver.
- § 1er. Exposé des diverses communications.
- 1° De la publication de M. Jobard en 1831.
- D’après ce qui précède, nous ne croyons pas que , comme M. Jobard paraît le penser, il y ait à créer une mémoire des yeux; et nous n’avons pas à examiner si l’école de David a négligé l’emploi de cette mémoire autant qu’il le lui reproche. Mais, du reste, M. Jobard a dès lors convenablement indiqué, « comme moyen d’exercer l’œil à retenir une plus longue impression des objets, » la reproduction successive et de mémoire , d’abord de simples lignes, puis de figures plus compliquées, d'ombres, de lumières et de couleurs; puis enfin de tous ces objets réunis, d’un portrait, de 1 habitude de corps d’un personnage, il ajoute même d’un tableau tout entier qu’on n’aurait vu qu’une fois, ce qui serait, sans aucun doute, en même temps et moins facile et moins utile.
- M. Jobard terminait ainsi : « Voilà un projet qui devrait être saisi avec « avidité par toutes les académies de dessin, par tous les maîtres en général; « eh bien ! il n’en sera rien, etc. »
- On va voir que ces craintes ont été heureusement trompées.
- 2° De la publication cle M. de Boisbaudran.
- Nous croyons également, d’après ce qui précède , que M. de Boisbaudran s’est exagéré la crainte de reproches d’innovation. Il donne, du reste, à juste titre, à la mémoire des yeux le sens d’observation conservée, de façon, « non à « absorber l’intelligence par la mémoire, mais à perfectionner l’une par « l’autre ; » il établit une analogie rationnelle entre « la culture habituelle « de la mémoire des mots et des idées , » et celle « de la mémoire des for-« mes et des couleurs, » surtout quant aux aspects fugitifs de la nature. Il « remarque que les exercices mnémoniques doivent s’ajouter aux autres étu-
- p.72 - vue 82/836
-
-
-
- DESSIN.
- 73
- « des, mais non les remplacer ; que ce dont il importe de conserver la mé-« moire, c’est moins encore les objets eux-mêmes que les idées, les impres-« siens qu’ils font naître. La mémoire ( dit-il ) n’est ni l’esprit, ni l’imagi-« nation, ni, à plus forte raison, le génie ; elle les sert puissamment, mais « elle ne peut avoir la ridicule prétention de les créer ni les suppléer. »
- Il expose ainsi qu’il suit la marche observée dans les exercices qu’il a institués dès 1847 (1) à l’école de dessin : mettre sous les yeux des élèves , pendant plus ou moins de temps, des modèles d’abord très-simples, puis de plus en plus compliqués; leur en faire remarquer ou plutôt leur recommander d’en bien remarquer les particularités ; faire copier ces modèles une ou plusieurs fois, enfin les faire reproduire entièrement de mémoire, et arriver ainsi jusqu’à la reproduction totale de figures, de parties d’ornementation plus ou moins compliquées et même colorées.
- Il expose également l’empressement de ses élèves à suivre ces exercices, la facilité qu’ils ont successivement acquise à meubler leur mémoire et à conserver des impressions quelquefois confuses, mais qu’ils parviennent, avec un peu de temps, à rendre plus distinctes et à reproduire.
- Il recommande l’étude de la nature et de modèles variés comme devant maintenir l’imitation vraie et sévère, et préserver d’une préoccupation exclusive pour tel ou tel style, telle ou telle manière. En donnant ainsi une direction méthodique à la mémoire, on doit la guider, l’instruire, et même la préserver.
- Enfin il présente, principalement dans son mémoire manuscrit, des considérations développées sur les services que peut rendre, à son avis, sa méthode à l’instruction des arts en général, et particulièrement des arts industriels , ainsi qu’au public même, en popularisant l’étude du dessin et en répandant dans les masses un goût plus sûr et plus exercé ; services qu’il regarde comme d’autant plus utiles en raison de la lutte que la France a à soutenir pour maintenir la supériorité de son industrie sous le rapport du goût.
- Il fait connaître, en outre, que les élèves de l’école de dessin qui ont suivi cette méthode ont acquis, dans les concours, une supériorité que M. le directeur a signalée à M. le ministre de l’intérieur.
- Plusieurs des artistes et savants qu’il cite comme lui ayant accordé leurs suffrages nous ont, en effet, confirmé le cas qu’ils font de sa méthode; enfin le rapport adressé à ce sujet à M. le ministre de l’intérieur par la classe des
- (i) M. de Boisbaudran nous a, de plus, déclaré avoir conçu, dès 1832, ses premières idées à ce sujet, et en avoir commencé, peu de temps après, les premières communications.
- Cmqmnte-demième année. Février 1853. 10
- p.73 - vue 83/836
-
-
-
- 74
- BEAUX-ARTS.
- beaux-arts de l’Institut, et qu’il nous a communiqué , en exprime également l’opinion la plus favorable. Enfin une lettre de M. le grand chancelier de la Légion d’honneur lui a également exprimé une entière satisfaction de l’application qu’il avait faite de sa méthode, à titre d’essai, dans la succursale de la Légion d’honneur, rue Barbette.
- 3° Des publications de madame Cave.
- Madame Cavé annonce avoir adressé, dès 1837, au prince Louis Napoléon, alors à liant, la première des lettres où elle expose sa méthode du dessin sans maître ou pour apprendre à dessiner de mémoire, dont la lre édition a eu lieu en 1850, et elle déclare avoir ouvert des cours suivant cette méthode dès 1837 ainsi qu’en 1840.
- Cette méthode consiste à faire opérer d’abord par l’élève, soit sur une gaze tendue (précédemment indiquée par M. Rouillet), soit sur un papier transparent, un calque d’un modèle, d’abord extrêmement simple, puis de plus en plus compliqué ; calque qu’elle permet, au besoin, de recommencer plusieurs fois , et qui, une fois bien arrêté / devient, pour l’élève qui l’a exécuté et au besoin pour un autre élève, le véritable professeur, « professeur sévère, scru-« puleux et toujours écouté par l’élève (1). » Faisant ensuite copier le modèle même, le calque superposé sur le dessin sert à en obtenir l’exactitude jusqu’à complète satisfaction ; enfin la reproduction entièrement de mémoire constate l'impression que l’élève en a gardée, et contribue à la rendre plus parfaite.
- Madame Cavé insiste sur les avantages de ces exercices combinés pour procurer la justesse du coup d’œil, la vérité et la naïveté de l’expression, la connaissance du raccourci, de la perspective, et des qualités des différents maîtres ; et elle combat les préjugés qu’elle dit avoir existé à cet égard dans l’enseignement des arts en général. Enfin, rappelant que l’emploi de la vitre ou de la gaze tendue a été indiqué par les plus grands maîtres (notamment par Léonard de Vinci, Perugin et Raphaël ) pour l’étude de la nature en général, elle dit : « En remettant le calque en usage comme professeur, j’ai trouvé « ou plutôt j’ai retrouvé un grand secret. Je ne m’en vante pas, car rien « n’est plus simple ; l’idée , d’ailleurs, est née de l’invention du daguerréo-« type, et je ne l’aurais pas eue qu’elle serait venue à un autre. »
- Plusieurs artistes éminents ont également donné leur approbation à la méthode de madame Cavé, notamment M. Eugène Delacroix, dans un important
- (IJ C’est là, hâtons-nous de le dire, uniquement ce qui a déterminé le litre du Dessin sans maître; madame Cavé n’a eu et, plus que personne, elle ne pouvait avoir l’intention d’indiquer l’inutilité de l’assistance directe d’un bon professeur.
- p.74 - vue 84/836
-
-
-
- DESSIN.
- 75
- article de la Revue des deux mondes, et M. Cottereau, inspecteur général des beaux-arts ( actuellement décédé ), dans un rapport adressé à M. le ministre de l’intérieur en 1851 ; cet article et ce rapport sont reproduits dans la 3e édition du Dessin sans maître. « Voici la première méthode de dessin qui « enseigne quelque chose, » dit en commençant M. Delacroix. « En exer-« çant la mémoire des enfants ( dit M. Cottereau ), en donnant de la justesse « à leur coup d’œil et de la sûreté à leur main, à l’âge où leurs organes en-« core neufs sont dociles, madame Cavé les rend plus aptes aux professions « industrielles, en fait des instruments habiles pour tous les métiers qui « tiennent aux arts. On peut donc voir là un véritable perfectionnement pour « l’éducation des enfants du peuple (1). »
- La deuxième publication de madame Cavé, relative à Y Aquarelle, sortant presque entièrement des attributions de la Société, nous pensons n’avoir pas à en parler en détail.
- § %. Examen, par la commission, des travaux des élèves et des résultats obtenus.
- 1° Travaux des élèves de M. de Boisbaudran.
- Il a d’abord été mis sous les yeux de la commission des dessins faits antérieurement par ces élèves, et elle a dû s’en rapporter, quant à leur exécution de mémoire, à leur propre déclaration et à celle de leur professeur.
- Ce sont ( indépendamment de ceux qui ont été faits lors de l’examen par la classe des beaux-arts de l’Institut ) plusieurs dessins des élèves Plot et Cuisin, d’après des statues, statuettes et bas-reliefs du musée des antiques.
- Il y a d’abord un mérite remarquable de rendu dans ces divers dessins ; de plus, la comparaison attentive qui en a été faite avec les modèles a constaté leur extrême exactitude de proportions, de détails, et même, en grande partie, de style. Un torse antique, un discobole présentaient surtout des difficultés qui ont été rendues de la manière la plus satisfaisante.
- La commission s’étant, en outre, transportée , à plusieurs fois différentes, à l’école de dessin, elle y a vu divers élèves reproduisant de mémoire des modèles qu’ils avaient préalablement étudiés. Elle a prié notamment M. le
- (1) Madame Cave ainsi que M. Eugène Delacroix infèrent du bon goût qu’on remarque jusque dans les moindres ouvrages qui nous soient parvenus des anciens, que l’étude et la connaissance du dessin étaient généralement répandues chez eux, plus peut-être que celles de l’écriture. Cette remarque ne peut nécessairement s’appliquer qu’à la portion, si peu considérable, de la population, qui, comme Je reconnaît madame Cavé, faisait seule la loi ; et ces heureux résultats pourraient bien provenir aussi de ce que, par suite de la démarcation qui existait ordinairement entre les diverses classes, les arts, li*-béraux ou industriels, n’étaient guère pratiqués que par ceux qui y avaient été de bonne heure destinés et convenablement préparés.
- p.75 - vue 85/836
-
-
-
- BEAUX-ARTS.
- %
- directeur de l’école et M. le professeur de faire terminer, en l’absence du modèle, une main écorchée; et le conseil jugera de l’exactitude remarquable avec laquelle ce modèle, peu satisfaisant, mais d’autant plus difficile, a été terminé par l’élève.
- Elle a fait procéder ensuite, entièrement sous son inspection, dans le local de la Société, et d’après des modèles apportés inopinément par des membres de la commission, aux trois épreuves ci-après, au sujet desquelles il importe de remarquer qu’elles ont eu lieu dans des conditions absolues et forcées, qui s’éloignent du mode d’enseignement habituel du professeur.
- 1. Un petit groupe antique a été mis sous les yeux des élèves Piot, Solon et Cuisin pendant deux heures et demie un jour, et pendant une demi-heure le lendemain, et ils ont, immédiatement après et en quatre ou cinq heures , exécuté de mémoire les dessins qui, ainsi que le modèle, sont sous les yeux du conseil.
- Le premier de ces dessins surtout est rendu d’une manière fort satisfaisante ; mais , en général, ce modèle sortait un peu , et par sa matière et par ses dimensions, de ceux que ces élèves sont habitués à étudier; et ils avaient peut-être été un peu intimidés par cette épreuve inusitée.
- Pour terme de comparaison, la commission a conçu le désir de faire faire la même reproduction par des élèves de l’école des beaux-arts, et, sur la communication de ce désir, trois des honorables professeurs de l’école, MM. Léon Cogniet, Petitot et Picot, ont exprimé, verbalement et par écrit, le cas qu’ils font, en général, des exercices de mémoire, et en particulier des résultats obtenus par M. de Boisbaudran; l’hésitation qu’ils mettraient eux-mêmes à accepter une pareille lutte, bien qu’ayant souvent exercé leur mémoire et recommandé à leurs élèves d’exercer la leur, et la conviction que ces élèves seraient certainement inférieurs dans une pareille lutte.
- Cependant deux élèves, MM. Coellin et Droz, se sont vaillamment présentés , et, après une ou deux heures d’étude devant le modèle, en ont fait, en cinq ou six heures, les reproductions qui sont également sous les yeux du conseil. L’une d’elles surtout est remarquable de rendu, et elles prouvent, à notre avis, que les élèves de l’école des beaux-arts sauraient facilement profiter des avantages de la méthode.
- 2. Un vase bas-relief a été mis sous les yeux des élèves Piot et Cuisin pendant quatre heures, et reproduit en quatre ou cinq heures. Le dernier de ces dessins, surtout, est extrêmement remarquable et par le rendu et par l’exactitude non-seulement des proportions, mais même des dimensions ainsi que de la plupart des détails.
- Une‘épreuve comparative a également eu lieu de la part des élèves Com-
- p.76 - vue 86/836
-
-
-
- DESSIN.
- 77
- pand, Pradeau et Farge, de l’école Turgot, que M. Lequien, professeur (1), avait bien voulu amener à cet effet. Les dessins dénotent nécessairement le moins d’habileté des élèves et leur inexpérience des exercices de mémoire ; mais ils donnent occasion de remarquer l’excellente habitude, mise en usage par M. Lequien, de tracer les lignes droites sans le secours de la règle.
- 3. Enfin, M. de Boisbaudran ayant également mis sous les yeux de la commission des études de reproduction de la couleur, dont quelques-unes extrêmement remarquables , un carré d’étoffe à grandes feuilles de couleurs de fantaisie et nuancées, choisi inopinément, a été mis sous les yeux des élèves Cuisin, Piot et Solon. Afin de réduire l’exercice à ce qui concernait les couleurs, les formes ont été copiées d’après le modèle ; l’étude des couleurs a duré moins d’une heure, et la reproduction à l’huile a employé trois séances successives en raison de Y embu des couleurs, qui, presque toutes, ont été rendues avec une fidélité très-satisfaisante.
- 2° Travaux des élèves de madame Cavé.
- Votre commission ne pouvait penser à demander aux jeunes élèves de madame Cavé des épreuves entièrement comparatives avec celles qui viennent d’être mentionnées; mais, cette dame ayant, d’ailleurs, renouvelé le désir que les résultats de sa méthode fussent examinés, votre commission a été convoquée à son atelier, et votre rapporteur a particulièrement suivi l’application de la marche qui a été précédemment indiquée. Le conseil pourra juger des résultats remarquables qu’elle procure par la collection, qui est sous ses yeux, de nombreux dessins, tant au trait qu’ombrés, même coloriés, dont plusieurs doubles et même triples, c’est-à-dire en copie d’après le modèle et corrigés au moyen de la gaze ou du calque, et en reproduction de mémoire.
- La commission reconnaît, en général, la justesse de trait et d’expression de ces divers dessins, ainsi que les avantages, déjà antérieurement constatés, de l’emploi de la gaze pour les dessins d’après la bosse ou la nature, comme donnant, en effet, aux élèves, dès leurs premiers exercices, une appréciation du raccourci et de la perspective, qui souvent manque, sans cela, à des élèves d’étude bien plus avancée.
- La commission croit seulement devoir émettre une observation qu’elle livre à l’expérience de l’habile professeur. L’exécution du calque, ou sur la gaze, ou sur le papier végétal pour les simples dessins, précédant ordinairement
- (1) La commission aura, très-prochainement, à entretenir le conseil de l’importante école d’adultes dirigée par M. Lequien, et des travaux remarquables de ses élèves, dont une partie a été dernièrement mise sous les yeux du conseil.
- p.77 - vue 87/836
-
-
-
- 4
- 7-8 BEAUX-ARTS. — DESSIN.
- la copie d’après le modèle même, l’intelligence, la faculté d’observation de l’élève ne sont peut-être pas aussi puissamment exercées que si la copie était d’abord exécutée d’après le modèle, sauf à la corriger ensuite à l’aide du calque.
- Résumé et conclusions.
- L’exercice et la culture de la mémoire appliquée à l’étude et à la pratique du dessin et de la peinture ont toujours été, sinon entièrement développés, du moins appréciés et recommandés par les plus grands maîtres.
- Dès 1831, M. Jobard a parfaitement indiqué, et la marche à suivre pour développer cette culture, et les avantages qu’elle peut procurer.
- Madame Cavé ainsi que M. de Boisbaudran, nous en sommes persuadés, sans avoir connaissance ni du précédent écrit de M. Jobard, ni des travaux respectifs auxquels chacun d’eux s’est livré, ont l’un et l’autre donné des développements parfaitement combinés à celte méthode, et en ont obtenu des résultats remarquables , en ce sens surtout que l’un et l’autre ne considèrent la mémoire que comme un auxiliaire , puissant sans doute, mais qui ne doit pas dispenser de l’étude continuelle de la nature ainsi que de modèles variés et bien choisis, et qui doit être considérée principalement comme un moyen de perfectionner la faculté d’observation, et d’en rendre les impressions plus sûres et plus durables.
- Les maîtres les plus distingués de notre époque ont reconnu, comme il leur appartenait de le faire , les avantages qui pourront résulter de cette méthode pour l’élude et le progrès de l’art proprement dit.
- Votre commission a été unanime pour reconnaître que ces avantages ne pouvaient manquer d’avoir également lieu en ce qui concerne l’application à l’enseignement et à la pratique des arts industriels, toujours en subordonnant l’emploi de la mémoire aux restrictions qui viennent d’être rappelées ; et c’est dans ce sens qu’elle a l’honneur de vous proposer
- 1° De remercier M. Jobard, M. de Boisbaudran et Mme Cavé de leurs communications ;
- T De féliciter chacun d’eux de l’idée qu’ils ont conçue des avantages qu’on pouvait tirer d’une culture spéciale de la mémoire appliquée à l’étude
- ji, du dessin et de la peinture, ainsi que des moyens à employer à cet effet ;
- ! 3° De féliciter également Mme Cavé ainsi que M. de Boisbaudran des tra-
- vaux d’application auxquels ils se sont respectivement livrés à cet effet, et des résultats remarquables qu’ils ont obtenus ; de les engager à continuer leurs utiles travaux* et de les assurer de l’intérêt avec lequel la Société ap*
- t.
- j
- l
- p.78 - vue 88/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 79
- prendrait qu’ils en ont fait ou fait faire des applications spéciales a l’enseignement des arts industriels ;
- 4° Enfin de décider l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de la Société, comme moyen de publication de ces travaux et de votre satisfaction.
- Signé Gourlier, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 9 février 1853.
- NOTICES INDUSTRIELLES
- extraites de diverses publications périodiques françaises et étrangères.
- ARTS CHIMIQUES.
- Recherches sur la composition des matières employées dans la fabrication et la décoration de la porcelaine en Chine; par MM. Ebelmen et Salvétat.
- Nous avons fait connaître dans la première partie de ce travail, dont un extrait se trouve p. 348 du Bulletin de l’année 1851, la composition des substances employées par les Chinois comme matières premières dans la fabrication des pâtes et des couvertes à porcelaine.
- La deuxième partie du mémoire de MM. Ebelmen et Salvétat est consacrée à Texa-men des diverses matières colorantes employées pour la décoration de ces poteries. Les auteurs traitent successivement de quelques matières premières et des oxydes isolés, ensuite des couleurs brutes et préparées, les blancs, les noirs, les bleus, les verts, les jaunes, les rouges , dont ils donnent l’analyse. Quelle que soit l’origine de ces couleurs, elles présentent toutes un caractère de généralité ainsi qu’une grande simplicité. Le fondant, qui n’est pas distinct dans la couleur, est toujours composé de silice, d’oxyde de plomb, dans des proportions peu variables ( 6 parties de minium , 2 de sable siliceux , 1 de borax fondu ) et d’une quantité plus ou moins grande ( soude et potasse). Ce fondant tient en dissolution, à l’état de silicates, quelques centièmes seulement d’oxydes colorants dont le nombre est très-restreint.
- Les matières colorantes sont l’oxyde de cuivre pour les verts et verts bleuâtres, l’or pour les rouges, l’oxyde de cobalt pour les bleus, l’oxyde d’antimoine pour les jaunes, l’acide arsénique et l’acide stannique pour les blancs. L’oxyde de fer et les oxydes de manganèse impur, qui donnent l’un du rouge et l’autre du noir, font seuls exception.
- Cette composition spéciale des couleurs de la Chine entraîne des habitudes spéciales dans les décorations qu’elles servent à produire , et c’est d’elle que les peintures chinoises et japonaises tirent leur aspect distinctif.
- Quelques couleurs s’appliquent directement; d’autres, au contraire, exigent, avant de pouvoir être employées, une addition variable fixée par l’expérience; on les ramène, de la sorte, à se développer toutes h une température déterminée.
- p.79 - vue 89/836
-
-
-
- 80
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Les auteurs ont reconnu des différences très-tranchées entre les couleurs chinoises qu’ils ont examinées et celles qui leur correspondent dans la palette en usage en Europe ; entre l’aspect des porcelaines européennes et des produits similaires fabriqués en Chine et dans le Japon, aspect si opposé qu’il est impossible de confondre les productions des deux pays.
- On a vu que les oxydes colorants, dans la palette des Chinois, sont bornés à l’oxyde de cuivre, à l’or, à l’antimoine, à l’arsenic , à l’étain et à l’oxyde de cobalt impur qui donne tantôt du bleu, tantôt du noir; enfin à l’oxyde de fer qui fournit une nuance de rouge, tandis qu’en Europe on tire un très-grand parti de substances inconnues des Chinois. Ainsi on modifie la nuance de l’oxyde de cobalt pur en le combinant à l’oxyde de zinc oir à l’alumine. L’oxyde de fer pur fournit une dizaine de rouges nuancés du rouge orangé au violet de fer très-foncé. On obtient des ocres pâles ou foncées, jaunes ou brunes en combinant diverses proportions d’oxyde de fer, d’oxyde de zinc et d’oxyde de cobalt ou de nickel. Les bruns se préparent en augmentant la dose d’oxyde de cobalt contenue dans la composition qui fournit les ocres ; les noirs, par la suppression de l’oxyde de zinc dans la même préparation. Nous varions les additions de nos jaunes par des additions soit d’oxyde de zinc ou d’étain pour les éclaircir, soit d’oxyde de fer pour les rendre plus foncés. L’oxyde de chrome pur ou combiné à l’oxyde de cobalt ou aux oxydes de cobalt et de zinc donne des verts jaunes et des verts bleuâtres qui peuvent varier du vert pur au bleu presque pur. L’or métallique nous fournit le pourpre de Cassius que nous transformons ensuite, à volonté, en violet, en pourpre ou en carmin.
- Tous ces différents principes colorants se trouvent dans les couleurs européennes à l’état de simple mélange; dans les couleurs des Chinois , les oxydes sont, au contraire, dissous, et cette circonstance les rapproche d’une autre sorte de produits qui, répandus à la Chine, se présentent aussi fréquemment dans l’industrie d’Europe.
- En effet, les auteurs ont trouvé, dans les composés vitreux qui sont désignés en France sous le nom à’émaux, non-seulement la même coloration obtenue par les mêmes oxydes, mais une composition de fondant analogue et même identique.
- Les fondants qui servent pour l’émaillage soit de l’or, soit de l’argent, soit du cuivre, celui que l’on applique sur la peinture , dit sous-fondant, peuvent être comparés avec les couleurs dont les Chinois se servent pour décorer leurs porcelaines ; on trouve encore que ces composés sont semblables ; il n’y a de différence entre eux que sous le rapport de la fusibilité, qui est un peu plus grande pour les émaux chinois.
- Si l’aspect des porcelaines chinoises est différent de celui de nos productions, si l’harmonie de leur décoration paraît plus variée , c’est le résultat forcé de leurs méthodes. Toutes les couleurs dont ils se servent sont peu colorées ; elles n’ont de valeur que sous une certaine épaisseur qui donne à leurs peintures un relief impossible à obtenir par d’autres moyens ; l’harmonie de leurs peintures est la conséquence de la nature et de la composition de leurs émaux.
- L’or seul est employé par les Chinois pour la décoration de la porcelaine ; il est réservé pour les pièces d’un prix élevé, à cause de sa grande valeur commerciale ; il doit
- p.80 - vue 90/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 81
- d’abord être mêlé à de la céruse et à de la colle de peau de bœuf, puis applique sur la porcelaine.
- Les Chinois ne se servent pas d’essence de térébenthine pour délayer leurs couleurs, comme on le fait en Europe ; ils les emploient à l’eau sans addition. Pour se servir des couleurs de Chine, il faut broyer la couleur finement et l’amener avec l’eau en consistance convenable.
- L’examen des matières employées en Chine à la décoration des porcelaines a conduit les auteurs aux conclusions suivantes :
- 1° Les couleurs dites de moufle, c’est-à-dire cuisant à une température très-basse relativement à celle à laquelle se cuit la porcelaine , sont en nombre essentiellement réduit.
- 2° La palette se compose non de couleurs proprement dites , mais d’émaux , c’est-* à-dire de cristaux plombo-alcalins directement colorés par quelques centièmes d’oxydes colorants dissous.
- 3° La composition du cristal est, en général, peu variée , la coloration toujours légère, et c’est cette légèreté de ton ainsi que la vivacité de la nuance qui donnent aux porcelaines chinoises leur harmonie et leur richesse caractéristiques.
- k° Ces émaux sont colorés par l’oxyde de cobalt, l’oxyde de cuivre à l’état de bioxyde, l’or, tous corps facilement solubles dans les flux vitreux et d’une préparation très-simple.
- A ces nuances ils joignent du jaune par l’antimoine et du blanc opaque , tantôt à base d’étain, tantôt à base d’acide arsénique, qu’ils mélangent aux autres émaux comme ils mêlent ces derniers entre eux pour obtenir des nuances variées en quelque sorte à l’infini, mais qu’il est toujours possible de décomposer et de ramener aux cinq composés élémentaires suivants : bleu par l’oxyde de cobalt, bleu ou vert par l’oxyde de cuivre, rose par l’or, jaune par l’oxyde d’antimoine.
- En ajoutant à ces émaux l’oxyde de cobalt très-impur qui, sous couverte , donnera toujours du bleu, ce même oxyde mêlé à de la céruse pour le faire adhérer avec la couverte et former du noir ; de l’oxyde de fer calciné qui, mêlé à de la céruse ou du fondant, donne des rouges de fer mats ou brillants, clairs ou foncés, enfin de l’or qu’on fait adhérer par l’addition d’un dixième de céruse, on pourra se faire une idée complète des moyens qui constituent toutes les ressources du décorateur chinois.
- 5° Les émaux sont appliqués à l’eau quelquefois avec de la dissolution de gomme de peau de bœuf.
- Les auteurs attribuent à la composition particulière des couvertes de la Chine la possibilité de les recouvrir de matières vitreuses de la nature des émaux sans que ces derniers écaillent. Une couverte purement feldspathique se refuse à l’application des émaux. ( Annales de chimie, juillet 1852. )
- Conservation des bois de construction par la naphtaline.
- La Société des ingénieurs de Londres s’est occupée d’un mémoire sur l’emploi d’un procédé chimique susceptible de conserver indéfiniment les bois. Ce procédé Cinquante-deuxième année. Février 1853. 41
- p.81 - vue 91/836
-
-
-
- 82
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- n’a de nouveau que les faits pratiques, car l’idée est ancienne. Toutefois nous ferons remarquer, dès à présent, que l’ingénieur s’est gravement trompé sur la nature de l’agent dont il a étudié les effets. Ce n’est point la créosote, mais la naphtaline qu’il emploie. La créosote est le produit de la distillation du goudron de bois; la naphtaline est le produit de la distillation du goudron de houille. Le premier est en grande partie soluble dans l’eau , le second ne l’est que dans l’alcool et l’éther; comme il est évident que l’auteur a voulu parler de la naphtaline, nous substituerons ce principe essentiel à la créosote, dans les extraits que nous allons donner du travail intéressant de M. Clift, de Birmingham. A une époque où les grands travaux d’utilité publique, ceux du génie, des exploitations de mines, etc., exigent de si grandes quantités de bois de construction, et où ceux-ci deviennent si rares, il est, en effet, extrêmement important de rechercher avec soin les moyens les plus propres de les rendre le plus durables possible et aux moindres frais tout à la fois. Les personnes qui font usage de quelques procédés de conservation sont aussi en si petit nombre , qu’il est plus que probable que cette découverte a passé inaperçue, même de ceux des constructeurs quelle intéresse le plus. Ce doit donc être une raison , dit M. Clift, pour que la Société accueille ce travail sur un procédé appliqué depuis bon nombre d’années.
- En parcourant les houillères, il est facile de s’assurer que d’immenses quantités de bois y sont employées , chaque année , en constructions diverses. Ce bois, qui pourrit bientôt sous l’action combinée d’une atmosphère humide et d’une température élevée , pourrait, au moyen d’une faible dépense , recevoir une durée considérable. D’un autre côté, les ingénieurs de chemins de fer, dans le but de rendre les traverses plus résistantes, n’ont rien trouvé de mieux que de substituer le fer au bois , dédaignant le facile moyen d’employer avec succès une matière sur laquelle la locomotion est la plus douce, et qui forme le matériel le plus durable et le plus économique pour un chemin permanent.
- Le procédé dont il s’agit ici a été inventé par M. Bethell, qui a pris une patente pour l’emploi d’une matière obtenue par la distillation du goudron de houille. Cette matière consiste dans une combinaison d’huiles bitumineuses et de naphtaline, celte dernière possédant, comme on le sait, les propriétés antiseptiques les plus puissantes. Son action s’explique de la manière suivante : si l’on plonge une pièce de bois dans le produit du goudron de houille distillé, la naphtaline coagule l’albumine du bois et en prévient ainsi la décomposition putride, et l’huile bitumineuse, pénétrant dans tous les tubes capillaires, cuirasse hermétiquement la fibre ligneuse, et ferme ainsi de tous côtés les pores qui se trouvent abrités à la fois et de l’air et de l’eau. Cette huile bitumineuse, étant insoluble dans l’eau et inattaquable par l’atmosphère, permet l’application du procédé dans toutes les situations possibles. Nous disons cela d’une manière absolue, car la quantité de matière affectée par les variations atmosphériques est tellement minime, que l’auteur a vu des tuyaux en fer qui avaient été recouverts d’une seule couche de cette substance et enterrés à 33 centimètres de profondeur dans un sol poreux être retirés de là, vingt ans après, en aussi bon état que le premier jour. Ce procédé donne une grande durée à un bois de qualité inférieure qui tendrait % par exem*
- p.82 - vue 92/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 83
- pie, à dépérir promptement pnr l’effet de sa nature poreuse ou trop molle, qui aurait été abattu trop vieux ou en mauvaise saison. Cela se conçoit aisément lorsqu’on réfléchit que ce bois poreux absorbe une bien plus grande portion du liquide préservateur que le bois dur et serré. Les ingénieurs trouveraient donc plus d’avantage à employer, avec ce procédé, du bois de qualité supérieure qui ne devrait pas recevoir de préparation. Si l’on porte le prix d’une traverse en pin du Canada à 4,65 et celui d’une traverse en sapin d’Ecosse à 3,50, en joignant 1,15 pour la préparation de cette dernière, la dépense sera égale pour les deux traverses. Mais, secondée par les influences les plus favorables , la première ne durera pas plus de dix à douze ans , tandis que , quelles que soient les circonstances, l’autre sera encore en bon état, selon toutes probabilités, au bout de cent ans.
- Ce système préservatif des bois de construction est mis en pratique sur plusieurs chemins de fer, depuis un grand nombre d’années. Une portion du London and North-Western-Raihvay, 17 miles environ de longueur, repose sur des traverses naph-talisées il y a dix ans. Pendant cet espace de temps, les ingénieurs n’ont pas remarqué un seul cas d’usure ou de décomposition dans ces traverses qui sont encore aussi saines que le jour où elles furent enfouies. Sur le Stockton and Darlington-Railway, les traverses préparées aussi à la même époque n’ont subi aucune modification. Sur le Lancas-hire and Yorkshire-Raihvay, les traverses furent traitées à la naphtaline il y a cinq ans, ainsi que des blocs pour pavés, des bornes, des poteaux, etc. La partie supérieure de ces derniers est devenue très-dure ; la partie souterraine est restée aussi parfaitement intacte qu’avant son immersion dans le bain chimique , quoique ce bois fût encore vert et de qualité très-médiocre. Dans une expérience entreprise, il y a douze ans, par un M. Price, de Glocester, sur la durée comparative du bois employé à la couverture de châssis exposés constamment à l’action dissolvante des éléments atmosphériques, le bois non préparé dépérit au bout de quelques mois et exigea son remplacement en peu d’années. Le bois qui avait reçu une couche de peinture dura bien environ sept ans, après lesquels la pourriture le prit peu à peu; mais celui qui avait été naphtalisé est encore aussi dur, on peut dire aussi neuf qu’il y a douze ans. De ces faits, qu’aucun insuccès n’est venu démentir, on est en droit de conclure que, si le bois a pu résister ainsi sans montrer aucun symptôme de décomposition, au bout de dix à douze ans, sous l’action qui réduit habituellement en poussière en deux ans le bois non préparé, il est évident qu’on peut assigner au bois préparé par la naphtaline une durée illimitée.
- Mais non-seulement l’emploi de la naphtaline donne de la valeur à un bois que la décomposition aurait déjà atteint, elle le préserve aussi de l’attaque des insectes xylophages dans les travaux de constructions maritimes, telles que navires , ports , docks. Ces faits ont été prouvés d’une manière très-satisfaisante au port de Lowestoft, où le procédé reçoit, depuis quatre ans, les applications pratiques les plus larges. Le rapport de l’inspecteur en chef des travaux dit formellement que pas un seul des pilotis non préparés n’est resté sain ; tous ont été attaqués très-profondément par les insectes lim-noria et teredo ; quelques pieux ont même été troués à jour en certains endroits. Mais
- p.83 - vue 93/836
-
-
-
- 84
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- il n’y a pas d’exemple qu’un pieu naphlalisé ait etc touché par aucun insecte; tous sont parfaitement sains, quoique couverts d’une végétation cryptogamique qui attire particulièrement les insectes qui se nourrissent de bois au sein des eaux. Ce fait extraordinaire s’explique par la naphtaline, qui, ne s’altérant point dans le bois humide et sec, empêche l’attaque de ces parasites, qui redoutent son action délétère instantanée. Dans les autres procédés appliqués aux travaux hydrauliques, les sels métalliques sont emportés par la lévigation , ou bien la portion qui s’unit avec l’albumine, en la coagulant, reste sans effet ultérieur. Divers échantillons de bois déposés sur le bureau de la Société, et qui étaient restés quatre ans dans la mer; ont prouvé que les ravages des insectes avaient réduit les pièces non préparées à un état complètement criblé, tandis que les pièces naphtalisées n’avaient subi aucune atteinte.
- M. Bethell a deux procédés pour imprégner de naphtaline les bois de construction.
- Le premier consiste à placer la pièce dans un fort cylindre de fer, et à opérer ensuite le vide au moyen d’une machine pneumatique; la naphtaline est alors introduite vivement dans le cylindre, et reloulée par une colonne d’air que pousse le piston d’une pompe. Le bois est prêt à servir. Le deuxième moyen consiste à placer le bois dans une chambre à air chaud communiquant avec le foyer, et à faire passer au travers des pièces les produits de la combustion. Non-seulement le bois sèche ainsi rapidement, mais il s’imprègne encore, à une certaine profondeur, de l’huile volatile et du principe contenu dans les produits donnés par le combustible employé à chauffer la chambre. Sorties de là , les pièces de bois sont plongées dans un bain de naphtaline pour servir aussitôt. Ce dernier moyen évite l’emploi d’une pompe ou d’une machine à vapeur.
- M. Bethell a fait remarquer que, lorsque le premier il commença à appliquer ce procédé de conservation , il s’aperçut que l’humidité contenue dans les pores rendrait difficile l’introduction du liquide dans le bois, et qu’il devenait indispensable de sécher d’abord celui-ci. Il se mit à le sécher comme il put ; mais, au bout de quatorze jours, le bois n’avait perdu que 3 livres en poids pour chaque pied cube : ce fut alors que, dans le but d’opérer une dessiccation plus prompte, il inventa son séchoir à courant d’air chaud où en dix à douze jours les traverses de sapin d’Ecosse perdent 8 livres par pied cube et absorbent un égal poids de naphtaline. Tous les bois qui ont servi au port de Leith en reçurent alors une moyenne de 11 livres qui fut introduite à l’aide d’une pression de 180 livres par pied cube.
- M. Bethell a cité un cas de perforation par un insecte, c’était à Lowestaft; une pièce de bois naphtalisée avait été à moitié coupée pour une mortaise, mais n’avait pas reçu une seconde préparation à cette place : l’insecte avait alors fait un certain chemin dans cette partie du bois, s’était dirigé à droite, puis à gauche, et enfin avait fini par abandonner le bois sans essayer de pousser une reconnaissance plus loin. L’expérience du praticien lui a fait découvrir que les traverses naphtalisées sont encore meilleures, après huit à dix ans, que neuves, par la raison que la naphtaline gagne en qualité en se consolidant, et donne au bois plus de dureté.
- On connaissait depuis longtemps faction des dissolutions salines et particulièrement du sublimé corrosif, dans lesquelles on immergeait les bois pour les conserver ; mais,
- p.84 - vue 94/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 85
- outre que ces produits étaient coûteux, l’imbibition du liquide n’était jama is complote, c’était un moyen imparfait.
- Enfin M. Boucherie découvrit, comme on le sait, il y a plusieurs années, un procédé ingénieux que tout le monde connaît, et qui, malgré ses perfectionnements , ne donne de bons résultats qu’autant que les liquides employés ont de puissantes propriétés préservatrices. La naphtaline est l’agent le plus actif dont on puisse se servir aussi bien contre les insectes que contre l’oremacausie, si l’on veut compter sur la solidité des bois employés dans la construction ; et ce n’est que par ce moyen que l’on peut les soustraire sûrement à ces causes de destruction. L’odeur de la naphtaline repousse les insectes et prévient la moisissure ; il suffit donc de badigeonner avec une dissolution de cette substance les charpentes et tout le bois servant aux constructions ; quant aux bois qui doivent être soumis à l’humidité , l’huile essentielle de goudron , si riche en naphtaline, devra être préférée, sous tous les rapports, à l’acide pyroligneux , qui est soluble dans l’eau et qui renferme la créosote.
- Pour employer l’huile essentielle de goudron de houille qui contient le principe conservateur, on se sert avec avantage du procédé Boucherie perfectionné. Ce liquide pénètre les bois avec la plus grande facilité , en vertu de sa fluidité et de sa volatilité ; il est inutile de dire que l’huile essentielle de goudron de houille revient à meilleur marché que toute espèce de dissolution saline. (Civil engineer and architecte journal, décembre 1851.)
- Extrait d'un mémoire de M. Lamiral sur le commerce du corail (1).
- On trouve le corail dans le golfe Persique , dans la mer Rouge , dans l’Atlantique , dans la Méditerranée, sur les côtes de Sicile et de Naples, sur les côtes de l’Algérie, depuis Bone jusqu’aux frontières tunisiennes, aux îles de Majorque et Minorque, de Corse, au cap de Cruz, à l’embouchure de l’Adriatique, etc., etc.
- On vend facilement le corail, et par grandes quantités , en Orient, dans les Indes , au Japon, en Chine, en Afrique, en Europe; il est un objet de mode pour la parure des dames, mais on en fait aussi des chapelets, des incrustations dans les meubles, des manches de couteau, de poignard, de sabre, etc., etc.
- Dans le commerce français du corail, avant 1793, on en distinguait un grand nombre de variétés qui, en raison de leurs couleurs, portaient les noms de
- Corail écume de sang,
- Corail fleur de sang,
- Corail 1er sang,
- Corail 2e sang,
- Corail 3e sang,
- Corail blanc.
- Mais aujourd’hui ces qualifications ne sont plus employées, et le corail, qui ne vient
- (î) Voyez plus haut/p. 69, le rapport de M, F. Leblanc sur ce mémoire et sur le suivant.
- p.85 - vue 95/836
-
-
-
- 86
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- plus en France que préparé et de seconde main, reçoit des dénominations empruntées à l’étranger.
- Avant de faire connaître les moyens de ramener en France cette fructueuse industrie, la pêche du corail, l’auteur jette un coup d’œil rétrospectif sur l’importance que cette branche d’industrie avait acquise dans notre pays.
- En 1561, deux marchands de Marseille, Thomas Lincher et Carlin Didier, furent les premiers qui s’associèrent pour la pêche du corail dans le golfe de Store, entre le cap de Fer et le cap Burgaroni, côtes de Barbarie, à l’extrémité de l’Algérie et sur les frontières de Tunis ; ils avaient obtenu de la Porte, sur la fin du règne de Soliman II, l’autorisation de s’établir, et, après avoir traité avec les cheiks, ils commencèrent cette petite forteresse qu’on nomme encore le bastion de France.
- En 1604, le sieur Moissac, également de Marseille, continua l’établissement, autorisé par Mahomet III, et ensuite par Achmet Ier.
- En 1628, le sieur Samson Napollon, qui avait succédé à Moissac, donna une telle impulsion à cet établissement, qu’il comptait, en 1633 , plus de huit cents Français sous ses ordres, officiers, soldats, commis, corailleurs, matelots et autres ouvriers.
- Malheureusement, ce gouverneur-négociant ayant été assassiné dans un voyage qu’il lit à Tabarca, île sur la côte à l’embouchure de la Zhor, appartenant alors aux Génois, qui y faisaient aussi la pêche du corail, l’établissement diminua tellement que, l’année après sa mort, on ne comptait plus que quatre cents employés.
- D’autres compagnies se succédèrent avec plus ou moins de réussite jusqu’en 1673; mais les guerres avec la Hollande et celles qui eurent, lieu jusqu’à la fin du règne de Louis XIV diminuèrent l’importance de ces établissements.
- En 1730, la compagnie paraît cependant assez florissante, d’après l’extrait suivant d’un ouvrage posthume du sieur Jacques Savary des Bruslons, inspecteur général des douanes du roi.
- « Les soldats des garnisons, les commis, les frégataires, c’est-à-dire ceux qui chargent les marchandises à bord des navires, sont Français établis au bastion de France, et entretenus aux dépens de la compagnie dite compagnie d’Afrique.
- « Les frégataires sont nourris et ont 9 livres tournois de gages par mois.
- « Les corailleurs sont des pêcheurs qui ne travaillent que dans le temps de la pêche et sous les conditions dont on parlera par la suite.
- « Cette pêche se fait depuis le commencement d’avril jusqu’à la fin de juillet.
- « Quand la saison est proche, les corailleurs viennent au Bastion faire leur marché, recevoir les avances qu’on a coutume de leur faire, et prendre possession du satteau ( barque ) que la compagnie leur fournit avec tous ses apparaux dont ils doivent rendre compte quand la pêche est finie.
- « Les avances que l’on fait aux corailleurs sont de 200 piastres environ, à condition que ni les maîtres de barque ni leurs matelots ne pourront vendre le corail de leur pêche qu’aux commis du magasin, à peine de punition corporelle, etc., et seulement au prix fixé par la compagnie, qui est de 58 sols la livre.
- « Sept ou huit hommes montent un satteau, le patron commande, le project jette la drague, et les cinq ou six autres matelots manœuvrent.
- p.86 - vue 96/836
-
-
-
- 8?
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- La pêche du corail ne sé fait pas sans fatigue ni péril, dit toujours M. Sabary des Bmslons. Les pêcheurs, après avoir lié deux chevrons de bois en croix qu’ils appesantissent par un poids de plomb, y attachent quantité de chanvre négligemment entortillé autour, à quoi ils mêlent quelques gros filets; ensuite ils laissent descendre cette machine dans les lieux où ils supposent qu’il y a du corail, et, lorsque le corail est fortement embarrassé dans le chanvre et dans les filets, ils la retirent par le moyen d’une corde qui y tient et dont ils ont fiié autant qu’il a été nécessaire, employant quelquefois jusqu’à six chaloupes pour ravoir les chevrons. Mais si, à cause des trop grands efforts, la corde vient à se rompre, les pêcheurs courent risque de se perdre.
- « Quand la pêche est achevée, elle se partage en treize parts sur chaque satteau, dont le patron en a quatre, le project deux, chacun des matelots une; la treizième appartient à la compagnie pour la location du satteau qu’elle fournit.
- « On emploie ordinairement vingt-cinq satteaux, et chaque satteau ne pêche guère moins de 25 quintaux de corail par saison.
- « Le corail du bastion de France se met en caisses de 130 liv., poids de Marseille.
- « Le corail se vend ordinairement, à Marseille, à raison de 300 piastres la caisse, s’il est de bonne qualité, et au-dessous, s’il est de qualité inférieure.
- « La compagnie d’Afrique, outre le Bastion, la Calle et le cap de Rose, a encore dans sa concession les ports de Bone et de Calle, dont, aussi bien que les trois autres , elle fait le commerce, sur les cuirs, chevaux, blés, fruits, etc., à l’exclusion de tous négociants français.
- « Le corail fait une partie du commerce des Marseillais. Il n’y a même présentement qu’à Marseille et à Gênes qu’on en fasse des bracelets, des colliers, des chapelets, etc., qui se débitent assez bien dans tout le Levant.
- « Outre le corail rouge et le corail blanc qui sont les plus ordinaires , il y en a encore de couleur rose, de couleur de chair, de moitié rouge et de moitié blanc, de feuille-morte et de gris de lin frisé, mais ce dernier vient du Canada.
- « Le corail travaillé se vend ordinairement, à Marseille, à raison de 100 sols l’once de Marseille. »
- En réduisant les documents extraits du rapport au roi par le sieur Jacques Savary des Bruslons en chiffres qui ne laissent point d’incertitude, on verra que,
- 1° À cetle époque de 1730, la compagnie pêchait le corail avec des moyens très-primitifs, et recueillait, par ses vingt-cinq barques, 625 quintaux de corail à raison de 1,800 fr. le quintal, 1,125,000 fr.
- Le bénéfice brut de la compagnie pouvait s’établir ainsi :
- Vente total du corail............................... 1,125,000 fr.
- A déduire pour frais de pêche ,
- 577 quintaux de corail à 2 fr. 90 la livre. . . 167,330 fr. )
- 48 quintaux d° pour usure du bateau . » ' (
- 625 quintaux.
- Sauf les frais généraux, bénéfice
- 957,670
- p.87 - vue 97/836
-
-
-
- 88
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 2° Ce corail ( 625 quintaux, poids de marc, représentant 1,000,000 onces) était
- revendu par les fabriques à raison de 5 francs l’once.......... 5,000,000 fr.
- Déduisant le prix de la matière, 1 franc l’once............. 1,000,000
- C’était donc annuellement une somme de...................... 4,000,000
- de bénéfice de main-d’œuvre répandue parmi les ouvriers bijoutiers en corail à Marseille; mais cette somme se décuplait par les ventes de ces objets fabriqués pour l’Orient, l’Afrique, etc.
- Une loi du 29 juillet 1791 supprima la compagnie d’Afrique qui avait le privilège exclusif de la pêche du corail; mais une autre loi du 17 floréal an X ordonna qu’il serait établi une nouvelle compagnie ; voici le texte de cette loi :
- Article 1er. La compagnie d’Afrique, supprimée par la loi du 29 juillet 1791 et qui avait le privilège exclusif de la pêche du corail et celui d’exploitation des concessions faites au gouvernement français par les puissances barbaresques, reste définitivement supprimée.
- Article 2. Il sera formé une nouvelle compagnie qui jouira des avantages et prérogatives stipulés dans les derniers traités.
- La pêche du corail demeure libre à tous les Français moyennant une rétribution qui sera payée à la compagnie par chaque bâtiment pêcheur, et dont la quotité sera fixée tous les ans par le gouvernement.
- Article 3. Les consuls, etc., feront, en conséquence, avec les actionnaires de la nouvelle compagnie, toutes les stipulations et conditions ainsi que les règlements nécessaires.
- Les guerres nationales qui eurent lieu à cette époque empêchèrent l’esprit d’entreprise de se développer, et il n’existe plus de traces de l’ancienne compagnie française organisée pour l’exploitation de la pêche du corail.
- En 1850, d’après le rapport de M. le commandant de la station de pêche entre Bone et Tunis, le capitaine de frégate Bouchet Larivière , deux cent cinquante voiles , napolitaines, espagnoles, toscanes, génoises, ont récolté, en moyenne, 50,000 kilog., de corail, dont le prix de vente est évalué à 50 fr. le kilogramme, soit une valeur de 2,500,000 fr. extraite des eaux qui appartiennent à la France , et dont le produit enrichit les spéculateurs étrangers, puisque l’industrie du corail a presque complètement échappé à notre nation.
- L’auteur fait connaître les tables statistiques d’importation en France pendant les dix dernières années, et il en extrait le chiffre moyen, qui donnera une évaluation, aussi exacte que possible, de cette branche d’industrie exploitée maintenant de seconde main pour la consommation de notre pays.
- p.88 - vue 98/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES
- 89
- PAVILLONS D’IMPORTATION. ENTREPÔTS. CONSOMMATION.
- 1841. kilog. kilog.
- Espagne 971 1097
- Etats sardes 1S88 1326
- Deux-Siciles 1710 1705
- Toscane 1067 1422
- Algérie 331 331
- Saint-Pierre et Miquelon 137 137
- 6104 6018
- 1842.
- Espagne 508 508
- Etats sardes 2392 —
- Deux-Siciles 2771 2834
- Toscane 647 647
- Algérie 347 287
- Etats-Unis 27 27
- Bourbon 78 78
- 6770 4381
- 1843.
- Espagne 1626 1026
- 2772 760
- Deux-Siciles 1440 1325
- Toscane 243 290
- Algérie 198 16
- Saint-Pierre 380 380
- Autres pays 30 30
- 6689 3827
- 1844.
- Espagne 1503 1078
- Etats sardes 1445 1302
- Deux-Siciles 2367 2045
- Toscane 493 589
- 999 836
- Saint-Pierre et Miquelon.... 333 333
- Autres pays 90 90
- 7230 6273
- 1845.
- Espagne 1005 1248
- Etats sardes 555 822
- Deux-Siciles 2474 2474
- 1010 387
- Algérie 600 336
- l\oiivpll«-Urenade 63 63
- Autres pays 33 33
- 5740 5363
- PAVILLONS D’IMPORTATION. ENTREPÔTS. CONSOMMATION.
- 1846. kilog. kilog.
- Deux-Siciles 3562
- Espagne 1294 1986
- Etats sardes — 1029
- Autres pays 240 373
- 1534 6950
- 1847.
- Deux-Siciles 1693 1693
- Espagne 1959 1328
- Toscane 986 304
- Algérie 1203 6
- Saint-Pierre et Miquelon 157 157
- Autres pays 922 651
- 6920 4139
- 1848.
- Deux-Siciles 1042 1042
- Espagne 2200 2449
- Toscane 438 261
- Algérie 3JL5 8
- Autres pays 54 55
- 4069 3815
- 1849.
- Deux-Siciles 161 161
- Espagne 12572 953
- Etats sardes 718 87 8
- Toscane 596 596
- Saint-Pierre et Miquelon 363 363
- Autres pays 334 57
- 14744 3008
- 1850.
- Deux-Siciles 1316 1301
- Espagne...» 4687 2768
- Etats sardes 381 231
- Toscane 1120 1045
- Algérie 502 18
- Autres pays 456 457
- 8462 5820
- Cinquante-deuxième année. Février 1853.
- 12
- p.89 - vue 99/836
-
-
-
- 90
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Récapitulation.
- ANNÉES. COMMERCE GÉNÉRAL. CONSOMMATION FRANÇAISE.
- 1841 6104 kilog. 6018 kilog.
- 1842 6770 4381
- 1843 6689 3827
- 1844 7230 6273
- 1845 5740 5363
- 1846 1534 6950
- 1847 6920 4139
- 1848 4069 3815
- 1849 14744 3008
- 1850 8462 5820
- — 68262 49594
- D’après ce qui précède, on voit que,
- En 1730, la France pêchait............................... 31,200 kilog. de corail,
- En 1850, la France ne pêche plus le corail et reçoit de
- l’étranger............................................. 4,959 kilog.
- Ces chiffres n’ont pas besoin de commentaire.
- Les droits de douane se perçoivent ainsi :
- Corail de pêche française, par navire français ou étranger, 1 fr. les 100 kilog.;
- D° de pêche étrangère, par navire français, 20 fr., étranger, 22 fr., les 100 kilog. Voici le prix courant authentique, à la date du 25 janvier 1852, de la vente du corail brut à Marseille :
- Olivettes dites tuyaux de pipe, suivant le poids,
- 1 Fde d’olivettes pesant 48 grammes vaut de. . 3 fr. 50 à 7 fr.
- 388 grammes de. . 150 à 250
- Capiresti, 1 File pesant 250 gram. à 290 grâm. de. . 120 à 150
- Pimenti, 1 masse 250 gram. à 290 gram. 70
- Filotti, 1 file 190 gram. 68
- Grossesse, 1 masse de 36 files, le demi-kilog., 75 à 100
- Mezzani, 1 masse de 54 files, le demi-kilog., 30 à 50
- A la suite de sa notice, M. Lamiral propose un nouveau mode de pêche du corail au moyen du bateau plongeur du docteur Payerne.
- Il fait observer que la pêche du corail, abandonnée en 1791 par les Français, a été, depuis cette époque, continuée par les nations étrangères, qui Font exploitée principalement sur les côtes de nos possessions d’Afrique. Cette pêche se fait encore avec ces
- p.90 - vue 100/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 91
- mêmes moyens primitifs et imparfaits d’autrefois, qui consistent dans l’emploi d’une espèce de drague faite avec des paquets de chanvre dits fauberts, qu’on traîne sur le fond où croissent les arbres de corail, afin de les y arracher par morceaux.
- Dès ce moment, la pêche du corail peut être pratiquée à l’aide du bateau plongeur. L’équipage qui manœuvre ce bateau parcourra aisément les champs sous-marins où végètent les arbres de corail, qu’il déracinera en entier et qui seront, par conséquent, d’une plus grande valeur. Cette nouvelle méthode de pêche du corail changera donc en notre faveur les intérêts qui se rattachent à cette branche d’industrie et de commerce, et servira à ramener à Marseille ou à Alger les avantages de cette pêche, qui procurera à nos artistes ouvriers une précieuse matière, qui sous ‘leurs doigts décuplera de valeur.
- Extrait d’une notice sur le commerce des éponges; par M. Lamiral.
- D’après l’usage le plus fréquent de l’éponge, qui consiste à laver et nettoyer en portant dans sa capacité capillaire une quantité de liquide qu’on peut étendre ou faire couler en frottant les surfaces avec le tissu fibreux , il est évident que plus ce tissu est finement poreux et élastique, plus il a de valeur dans le commerce; aussi, suivant leurs qualités, les éponges servent aux usages les plus grossiers dans l’industrie et dans nos maisons, ou bien on les emploie à la toilette, aux soins chirurgicaux, dans les arts, etc.
- Si les éponges étaient plus répandues dans le commerce et d’un prix moins élevé, on pourrait en faire d’excellents sommiers , des garnitures de meubles, des tissus feutrés, etc. Avant de livrer les éponges à la vente, on leur fait subir une préparation essentielle dans le but de les priver d’une odeur chloreuse qui leur est particulière et qui est due à une substance animale qu’elles renferment dans leur tissu poreux au moment où on les pêche; on presse, on malaxe et on lave un grand nombre de fois ces éponges dans de l’eau douce fréquemment renouvelée jusqu’à l’entière disparition du mucus gélatineux; on les trempe ensuite dans de l’eau chaude.
- Lorsqu’on veut les blanchir, on les plonge dans une solution aqueuse d’acide sulfurique de 1° à 1°,03, et on les y laisse quelquefois macérer pendant cinq ou six jours, en ayant le soin de les presser de temps en temps. Au préalable, les matières calcaires qui peuvent se trouver dans les éponges sont éliminées par l’acide muriatique dilué en les y laissant tremper pendant une heure.
- Dans le commerce français, les dénominations qui classent les éponges à la vente sont les suivantes.
- Éponge fine-douce de Syrie. *— Vivante , cette éponge est d’une couleur de boue jaunâtre, elle parait compacte et pesante; mais, dès qu’elle a été foulée et lavée , elle devient légère et d’une teinte blond fauve : sa forme est celle d’un cône ou d’un hémisphère creux. Les parfumeurs la recherchent à cause de la finesse , du velouté de son tissu , et de la beauté de sa forme, qui souvent est d’un volume considérable.
- On peut la rendre d’un blanc parfait à l’aide des chlorures, mais sa qualité en est altérée ; sans cette préparation chimique et en lui laissant ses qualités naturelles > elle est d’un usage très-durable.
- p.91 - vue 101/836
-
-
-
- 92
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- L’importation en est faite dans des balles qui varient de poids et qui sont recouvertes d’une grossière étoffe de crin.
- Eponge fine-douce de l’Archipel. — Au sortir de la mer, cette éponge ressemble à celle dont nous venons de parler ; mais , après sa préparation , elle en diffère par sa texture moins fine et surtout parce que la sommité du cône ou de l’hémisphère est percée de cavités quelquefois assez grandes pour laisser passer la lumière : en général, elle a des trous plus larges et plus profonds.
- On s’en sert pour la toilette , mais son usage est plus général pour l’industrie ; on l’emploie dans les manufactures de porcelaine , dans la mégisserie et la corroierie, dans les ateliers de lithographie, chez les graveurs à l’eau-forte, etc.
- Ces éponges arrivent par balles de 80 à 100 kilog. et sous étoffe de crin.
- Eponge fine-dure de Syrie , dite chimousse. — Lorsqu’on vient de pêcher cette éponge, d’une forme irrégulière, on la trouve ferme et compacte, et sa couleur est d’un jaune bistré; mais, quand elle a été ramollie par la préparation, son tissu serré devient d’un blond pâle et offre un grain dur. La partie qui a adhéré au sol reste feutrée, tandis que les surfaces latérales sont semées de petits trous , et la sommité est percée de trous assez grands qui se perdent à l’intérieur sans perforer l’éponge en entier.
- Les chimousses servent aux usages domestiques , et on les emploie dans diverses industries.
- On les importe dans des balles en tissu de crin variables de poids.
- Eponge Monde de Syrie, dite venise fine-blanche. — Cette éponge présente, lorsqu’on la sort de l’eau, une masse jaunâtre dont la couleur va en brunissant vers la partie qui adhérait au roc; mais, quand elle a été purgée de la substance muqueuse , elle devient légère, d’une texture fine, serrée et nerveuse : sa couleur est, alors, d’un blond pâle. Sa forme, arrondie comme un champignon, est semée de trous dont les bords sont hérissés d’oscules déliés et semblables à des poils. Dans la partie concave , ces trous sont assez larges, et ils traversent l’éponge jusqu’à sa base, où ils sont arrêtés par le feutrage épais de la racine.
- On recherche cette éponge à cause de sa légèreté et de la solidité de son tissu; en la triant suivant ses qualités, on la fait servir à tous les usages domestiques.
- On les expédie dans des balles en crin pesant de 60 à 125 kilog.
- Éponge Monde de l’Archipel, dite venise commune. — Le fond argileux sur lequel cette éponge végète lui donne une couleur brunâtre. Elle est lourde et chargée d’un mucilage visqueux.
- Lorsqu’elle a été foulée et convenablement lavée, elle a une forme oblongue , plate dessous, arrondie dessus, d’une apparence vermiculée par ses trous ; elle est d’un tissu feutré et qui semble savonneux au toucher.
- Elle est d’un bon usage dans tous les travaux domestiques et industriels.
- Les balles d’expédition sont en crin et pèsent de 100 à 180 kilog.
- Éponge géline de Barbarie. — Cette éponge est d’une forme droite , cylindrique et do peu de hauteur; sa texture fine est tenace, quoique très-poreuse; la partie supérieure est, percée de grands trous dont les orifices sont garnis de fins oscules.
- p.92 - vue 102/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 93
- Le trou principal traverse l’éponge, et les autres ne vont que jusqu’à la moitié. L’éponge géline est d’une couleur fauve tirant sur le rougeâtre du côté de la base.
- Cette espèce n’est, pas très-répandue dans le commerce en France , où elle sert à la toilette.
- On expédie les gélines par chapelets emballés sous toile.
- Eponge brune de Barbarie, dite marseille. — Au fond de la mer, cette éponge représente une masse allongée, aplatie vers la partie qui touche le sol, arrondie en dessus, pesante et chargée d’une boue noirâtre ; lorsqu’elle a été lavée à l’eau douce, elle prend une forme allongée et arrondie. Son tissu brun clair, rougeâtre vers les parois qui ont adhéré au sol, est percé d’un grand nombre de trous irréguliers et à grands interstices. La texture est assez compacte et d’une grande résistance.
- Cette éponge est très-estimée dans le commerce ; elle est vendue pour les lessivages à l’eau seconde chez les carrossiers, les peintres en bâtiments, etc., et sa solidité la fait rechercher pour tous les usages domestiques.
- On reçoit ces éponges par chapelets du poids de 5 à 6 kilog. composés de marseilles grosses, moyennes et petites; vingt-quatre chapelets ainsi assortis forment une balle.
- Éponge salonique de Turquie. — Cette éponge, lorsqu’elle est préparée, est d’une forme aplatie et épaisse d’environ 20 à 30 millimètres ; son tissu est fin , mais il manque d’élasticité ; elle est d’une couleur grisâtre , et sa surface , qui semble déchirée en plusieurs endroits, est semée de petits trous qui ne traversent pas la masse, dont la partie inférieure est d’un tissu feutré rouge-brique.
- On se sert de cette éponge en chirurgie et dans les arts.
- Les saloniques sont enfilées en chapelets de différents poids pour être expédiées en balles.
- Éponge bahama d'Amérique. — C’est dans l’archipel du Mexique, sur les côtes des îles de Bahama et sur les côtes de la Floride qu’on pêche ces éponges faciles à reconnaître dans le commerce par les deux formes particulières qu’elles affectent.
- La première forme est celle d’une masse arrondie, surmontée de plusieurs mamelons de longueurs inégales et qui lui donnent l’apparence d’un pis de vache. La partie qui fait la base de l’éponge est d’une couleur rougeâtre et occupe un large espace.
- La seconde forme est aussi celle d’une masse arrondie, mais qui va en s’aplatissant sur les deux côtés de la partie supérieure de manière à finir en coin.
- Le tissu de ces éponges est fin; la surface en est unie, quoique la partie la plus volumineuse soit percée d’une multitude de trous irréguliers qui se perdent dans la masse et s’arrêtent vers la base ou racine large et rougeâtre.
- On les trie en fines et communes. Ces éponges sont, en général, d’un mauvais usage; leur tissu est mou, sans élasticité, facile à déchirer : aussi c’est une éponge qui se vend à bas prix, comparativement aux autres éponges d’Europe.
- Afin de donner une idée exacte de l’importance de notre commerce en éponges, voici les tables statistiques des importations pendant le cours de dix années :
- p.93 - vue 103/836
-
-
-
- 94
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- PAVILLONS D’IMPORTATION ou pays de provenance. transit et entrepôts. CONSOMMATION. PAVILLONS D’IMPORTATION ou pays de provenance. TRANSIT | et entrepôts. g » 0 H < S s 0 m 8
- vj- CO 1842.
- Eponges communes. Eponges communes.
- kilog. kilog. kilog. kilog.
- Russie 55o2 » Association allemande. . 22 22
- Association allemande. . 65 65 Pays-Bas 46 46
- Autriche 4248 2.40 5 Angleterre 4993 1
- Toscane 19516 13844 Autriche 326 2248
- Grèce » i54o Etats sardes 436o 1754 I
- Turquie 64g39 85338 14379 852i 8
- Etats barbaresques.. . . 72921 32638 Grèce 5 4217 |
- Etats-Unis )) Turquie
- 167190 135953 Etats barbaresques. . . 74i% 58oo8
- Algérie 201 »
- Etats-Unis 4a5 425
- Éponges fines. Guadeloupe 2 2
- Russie 454 374 195904 133517
- Association allemande. . 104 104
- Belgique » 1 Eponges fines.
- Angleterre 2 2
- Portugal 2 » Association allemande.. 76 76
- Autriche 88 151 Pays-Bas 5 5
- Etats sardes 5 5 Belgique 4 4
- Deux-Siciles 3 3 Angleterre 2 2
- Toscane 158 3 Autriche 5o .39
- Suisse 1 1 Etats sardes 45 45
- Grèce » 80 Deux-Siciles 7 7
- Turquie 7040 9250 Toscane 5i5 142
- Etats barbaresques.. . . 1906 8i5 Suisse 9 9
- Guadeloupe . 8 5 Grèce » 34
- Martinique. ...... 5 5 Turquie 11906 10676
- 9776 0 CD CO CO Etats barbaresques. . . 8o5 1913
- 13424 i3o52
- p.94 - vue 104/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 05
- PAVILLONS D’IMPORTATION ou pays de provenance. TRANSIT j et entrepôts. _ CONSOMMATION. PAVILLONS D’IMPORTATION ou pays de provenance.
- i843. 1844.
- Eponges communes. Eponges communes.
- kilog. kilog.
- Association allemande, . i74 174 Pays-Bas
- Pays-Bas i°47 1026 Belgique
- Angleterre........ ioi 100 Autriche
- Autriche.. ....... » 502 Etats sardes
- Etals sardes 1623 »9°9 Toscane
- Toscane i?.35 69° Suisse
- Suisse 2 » Grèce
- Grèce » 94° Turquie
- Turquie 92838 71240 Etats barbaresques.. . .
- Égypte . 3 3 Cuba. . . .
- Etats barbaresques.. . . i233i 26868 Texas
- Etats-Unis 66 66 Autres pays
- Cuba 115 i4i
- 1og535 io3659
- Eponges fines. Eponges fines.
- Russie 6 6 Pays-Bas
- Association allemande. . i52 l52 Belgique
- Belgique.' I I Angleterre
- Angleterre.. ...... 56 56 Autriche.. . .
- Autriche 1 I i63
- Etats sardes 43 76 Grèce
- Dçux-Sieiles Q Q Tnvqniet . 1 . r
- Toscane U » V ll9 Etats barbaresques. . .
- Suisse 8 2 Nouvelle-Grenade. . . .
- Turquie......... 15201 8539 Autres pays
- Etats barbaresques.. . . 182 912
- États-Unis 3i 1 151
- 15980 10186
- TRANSIT il et entrepôts. I CONSOMMATION.
- kilog. kilog.
- 2924 2842
- i48i 1481
- 2921 1541
- I 123 2428
- 1261 606
- 57 57
- » 4665
- 126380 85980
- 11212 I 5212
- 73 73
- 34 34
- 57 57
- i475a3 114926
- 6a5 426
- 64 64
- 2l3 36
- 43 »
- 336 4i3
- 375 S)
- 11395 si QO 00 O*
- 39 1028
- 42 34
- 32 38
- i3i64 9924
- p.95 - vue 105/836
-
-
-
- 96
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- PAVILLONS D’IMPORTATION ou pays de provenance. TRANSIT et entrepôts. CONSOMMATION.
- i845.
- Eponges communes.
- kilog. kilog.
- Pays-Bas 2894 2836
- Belgique 4691 4608
- Villes anséatiques. . . • 3i4 3i4
- Autriche 2223 2428
- Etats sardes 204 1 3323
- Toscane 4657 2674
- Grèce 2711 io56i
- Turquie 81276 60811
- États barbaresques. . . 18149 23876
- Etats-Unis • 38o9 1612
- Autres pays 226 210
- 122991 II3252
- Éponges fines.
- Belgique 4« 1 336
- Suisse 337 5
- Grèce » 298
- Turquie 21585 11720
- États barbaresques. . . 77 1111
- Etats-Unis 1268 247
- Autres pays 5i8 46o
- 24196 14177
- PAVILLONS D IMPORTATION
- ou pays de provenance.
- 1846.
- Éponges communes.
- Pays* Bas..........
- Belgique...........
- Villes anséatiques. .
- Autriche...........
- Toscane............
- Turquie............
- Etats barbaresques..
- Etats-Unis.........
- Autres pays........
- Éponges fines.
- Pays-Bas..........
- Belgique..........
- Turquie...........
- États barbaresques. Autres pays.......
- H <0 <n Cu
- £ P < £
- H
- P* q; «-»
- kilog.
- 11831
- ioi 55 i43o 1723 8o5 123093 27567 7138 5o4
- 184246
- 3176
- 1507
- 17566
- 443
- 804
- 23496
- i3473
- kilog.
- i6io3
- 8171
- i2qi
- 674 1136 80734 8945 2824 339
- 843
- 1279
- 10073
- 4o6
- 872
- p.96 - vue 106/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 97
- PAVILLONS D’IMPORTATION ou pays de provenance. TRANSIT et entrepôts. consommation. PAVILLONS D’iMPOKTATION ou pays de provenance. TRANSIT et entrepôts. CONSOMMATION.
- CO ** i849.
- Éponges communes. kilog. kilog. Kponges communes. kilog. kilog.
- Pays-Bas jo85 6441 Pays-Bas 1040 25 l 2
- RpInirttiP. ... 32o5i Angleterre 718 3
- Autriche 4^; 1 u ?-433 2100 Belgique i485 i5oo
- Tn«rj»np. ... ... 3 2q4 1824 Etats sardes 208 14842
- Crpfp i 6857 12.045 Toscane 1074 668
- Turqnii» n i6rvf Grèce. ......... 64çj3 13724
- Etats barbaresques.. . . j i3889 17022 Turquie 60624 55412
- rjnha i i a i 1 i5i Etats-Unis........ 25540 24782
- Autres pays. 1864 2o4 I Autres pays 120 802
- 161983 154224 97302 114245
- Éponges fines. Éponges fines.
- Pays-Bas. r .... 5i4 4 *76 Pays-Bas » 426
- Rplorimip .... 1675 17465 8116
- Turquie. 56^5 7578 Etats-Unis 10480 1422
- Autres pays 3792 572 Autres pays 651 4* 1
- 11656 9878 28596 10375
- CO CO i85o.
- Éponges communes. Éponges communes.
- Pays-Bas 3329 1773 Pays-Bas 24793 21181
- Belgique 14487 25920 Angleterre 1283 1437
- Autriche . 835 179 Autriche 1578 3391
- Etats sardes 8267 1283 Etats sardes 53 1662
- Toscane 2204 1 Toscane 3 086 1206
- Grèce. I2l3l 3700 Grèce 1000 3311
- 25554 1870 28866 Turquie 63046 90897
- Etats barbaresques.. . . 3175 Etats barbaresques. . • 2196 2359
- Etats-Unis 6613 7o56 États-Unis 48567 48348
- Autres pays 5407 1 o3 Autres pays 290 246
- 80697 72o56 144892 174o38
- Éponges fines. Éponges fines.
- Belgique 1 i3o 834 Pays-Bas 546 538
- Turquie 8568 25o6 Belgique 201 172
- Etats barbaresques.. . . 2235 77 Turquie 1467 4s5o
- Autres pays 994 170 États-Unis 36oo 72
- 12927 3587 Autres pays 491 840
- 63o5 5872
- C mqmnte-dmxième armée, F étrier 4 853. 43
- p.97 - vue 107/836
-
-
-
- 98
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Récapitulation.
- ANNÉE;S. COMMERCE GÊNERAI., transit et entrepôts. CONSOMMATION EN FRANCE.
- 4844 176996 kilog. 146752 kilog.
- 1842 209328 146569
- 4843 125515 113845
- 1844 160687 124850
- 4845 147187 127429
- 1846 207732 133690
- 1847 173639 164102
- 1848 93624 ! 75643
- 1849 125898 124620
- 1850 151197 179910
- 10 années. ^ — 1571803 1337410
- Moyenne annuelle.
- Commerce général de transit et entrepôt. Éponges communes. . 141228 kilog. Eponges fines. . . . 15952
- 157180
- Consommation en France. Éponges communes. . 124608 kilog
- Eponges fines. . . . 10132
- 134740
- De la pêche des éponges.
- Dans le Levant, de Beyrouth à Alexandrette, la pèche des éponges est principalement exploitée par les Syriens et par les Grecs.
- Les Grecs commencent leur travail en mai et finissent en août, afin de pouvoir rentier chez eux avant la mauvaise saison ; mais les Syriens continuent la pêche sur leurs côtes jusqu’après la fin de septembre.
- Les éponges sont plus abondantes sur les fonds rocailleux de la Syrie, où les qualités fines se trouvent, que sur les côtes sablonneuses de la Caramanie.
- A l’époque de la pêche, les Grecs débarquent à Saïde, à Beyrouth, Tripoli, Tortosa, Lalfaquié et autres points de la Syrie ; ils y désarment leurs embarcations nommées $arc&lèves, qui, généralement, portent de quinze à vingt hommes. Ils louent alors, aux habitants du pays, des barques de pèche, et sur chacune d’elles quatre ou cinq hommes vont explorer les côtes et plonger à la recherche des éponges. Chaque plongeur est armé d’un couteau à forte lame, afin de détacher du rocher les éponges qui f adhèrent
- p.98 - vue 108/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 99
- fortement. Ils plongent en tenant à la bouche une éponge enduite d’huile ; mais, si l’on considère la petite quantité d’air que renferment les éponges et l’énorme pression que l’eau ambiante exerce sur cet air, il devient évident que le plongeur ne peut retirer aucun avantage de ce moyen imparfait.
- Les Grecs de Morée , et parmi eux surtout les Hydriotes , font la pêche avec un trident à lames recourbées et à poche. Lorsque la mer est calme, les pêcheurs voient mieux au fond de la mer les éponges sur lesquelles ils doivent diriger leur drague. Cette manière de pêcher a l’inconvénient de déchirer les masses, aussi se vendent-elles au moins 30 pour 100 meilleur marché que les éponges dites plongées.
- On ne saurait préciser l’évaluation du produit de la pêche aux éponges dans la Méditerranée , car chaque année plusieurs causes amènent des variations. On peut dire, néanmoins , que les qualités d’éponges pêchées peuvent être assez régulièrement classées 1/4 fines, 3/8 chimousses, 3/8 venises.
- Sur les bancs de Bahama, dans le golfe du Mexique, les éponges croissent à de faibles profondeurs, et les pêcheurs, après avoir enfoncé dans l’eau une longue perche qu’ils amarrent près du bateau, se laissent glisser le long de ce guide sur les éponges, dont ils font une récolte plus facile que celle entreprise par les plongeurs de la Méditerranée. Ces éponges nous viennent par la voie des Etats-Unis, ou par l’Angleterre, à laquelle appartient ce groupe des iles de Bahama.
- Dans la mer Rouge, les Arabes pêchent les éponges en plongeant, et viennent ensuite les vendre à Aden, ou les expédient en Egypte.
- Considérations sur la naturalisation des éponges sur les côtes de la France et de ses îles dans la Méditerranée.
- La pêche des éponges, sur la côte de Syrie, sur celle de la Carainanie, dans l’archipel grec, enfin sur tous les points de la Méditerranée où elle se fait, manque d’une direction intelligente, car elle est exploitée sans prévoyance.
- La consommation commerciale des éponges va toujours croissant, et il est bien certain que la spéculation, qui éclaircit, chaque année, les champs sous-marins de ces zoo-phytes, causera leur destruction, ou tout au moins une rareté de production très-préjudiciable à l’intérêt général.
- Il devient donc urgent de prévenir ce cas fâcheux et de s’y soustraire en naturalisant les différentes espèces d’éponges en France, et en favorisant, par la culture , leur reproduction sur les côtes rocailleuses de la Méditerranée , depuis le cap de Crux jusqu’à Nice, à l’entour des îles d’Hyères et de la Corse, et même dans certains grands étangs salés des départements voisins de Ta mer.
- Voici comment cette conquête précieuse peut être facilitée :
- Le bateau plongeur adopté par le gouvernement pour les travaux hydrauliques et hydrographiques peut descendre un équipage de huit à dix hommes à toutes les pro-
- p.99 - vue 109/836
-
-
-
- 100
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- fondeurs permises à l’organisation humaine. Cet équipage peut rester immergé et respirer un air pur et vital pendant tout le temps qu’il travaillera en contact avec les objets environnant le milieu dans lequel il navigue. Ce bateau plongeur manœuvrera donc au milieu des éponges de manière à choisir celles qu’on devra naturaliser en France; on aura soin d’éclater les parties des rochers ou d’enlever les blocs sur lesquels les éponges sont adhérentes, et l’on transportera ensuite ces quartiers de rochers pour les déposer sur nos côtes dans les profondeurs désignées à l’avance , afin de les laisser pendant quelques années se propager naturellement dans leur élément.
- Quand ces nouveaux champs sous-marins auront fructifié , on pourra les mettre en exploitation méthodique.
- Améliorations obtenues dans l’exploitation de la tourbe, de ses produits et des autres substances carbonées ; par M. William Benson Stones.
- Les perfectionnements apportés par l’auteur à cette industrie consistent
- 1° En une méthode de distillation de la houille ou du bois ou d’un mélange de ces deux matières, en recueillant les gaz qui se produisent pendant l’opération, et une espèce de coke.
- Dans le but d’obtenir un combustible compacte et d’obvier à la nécessité de comprimer la tourbe avant de la transporter d’un lieu dans un autre , l’auteur a imaginé de mélanger, au moyen d’un appareil particulier, parties égales de tourbe sèche réduite en poudre et de coke également pulvérisé, et de soumettre ensuite le tout à l’action de la chaleur dans des cornues destinées à cet usage. Ce n’est que lorsqu’on veut obtenir un combustible plus dur que l’on doit le soumettre à l’action simultanée de la pression et de la chaleur. Dans tous les cas, les gaz qui proviennent de l’opération peuvent servir à l’éclairage.
- 2° Dans l’application des graisses et de la matière résino-adipeuse obtenues pendant la distillation de la houille, et que M. Benson appelle adipoléine et adiposole, à certains usages, tels que le corroyage des peaux et la préparation des matières textiles, dans le but de les rendre imperméables à l’eau et douées d’une certaine élasticité. Il est plus convenable d’employer ces matières à chaud, afin qu’elles pénètrent plus profondément dans les pores des tissus qu’on soumet à leur action.
- Lorsqu’on soumet la graisse adiposole à une nouvelle distillation , on obtient un liquide oléagineux qui peut produire un beau poli lorsqu’on l’applique sur les peaux.
- 3° Dans la préparation de nouveaux engrais en combinant la tourbe , l’humus ou d’autres matières végétales avec diverses substances, telles que l’urine, le fumier d’étable , le sang, la sciure de bois, les cendres, etc. ( Repertory of patent inventions, avril 1852.)
- p.100 - vue 110/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 10 î
- Ciment pour raccommoder la porcelaine.
- Prenez 8 grammes de colle de poisson, arrosez-les avec de l’eau et laissez les ramollir, puis ajoutez-y assez d’alcool pour les couvrir, et dissolvez-les à une douce chaleur. Mélangez cetfe solution avec un soluté de 4 grammes de mastic dans 8 à 12 grammes d’alcool rectifié. Mélangez les deux liquides et agitez le tout avec 4 grammes de gomme ammoniaque, préalablement réduite en poudre fine et humectée ; puis évaporez au bain-marie jusqu’à consistance convenable pour faire le ciment, et conservez la matière dans un flacon. Lorsque l’on désire en faire usage, on plonge le flacon dans l’eau bouillante, et on applique le ciment, avec un petit morceau de bois, sur la porcelaine, qu’on a eu le soin de chauffer. On comprime ensuite les pièces jusqu’à ce que le refroidissement soit complet.
- On peut préparer une composition servant au même usage en dissolvant de la colle de poisson dans de l’acide acétique glacial, et réduisant le tout en consistance d’une gelée légère. Ce nouveau ciment peut être appliqué comme le précédent, et sans le secours de la chaleur. ( Pharmaceutical journal, février 1852. )
- LÉGISLATION INDUSTRIELLE.
- Acte du parlement anglais qui impose aux industriels l’obligation d’avoir des fourneaux consumant leur fumée.
- Cet acte, promulgué en 1851, portait que, à partir du 1er janvier 1852, toute fabrique , de quelque nature qu’elle soit (imprimerie, brasserie, fonderie, boulangerie, pompe à feu , fabrique de gaz , etc. ), placée dans l’intérieur de la cité, que la vapeur y soit ou non employée, devra être construite de manière à consumer la fumée que produisent ses fourneaux. Les [personnes qui contreviendraient à cet acte seront condamnées à une amende qui ne pourra excéder 5 livres ( 125 fr. ), ni être moindre de 40 sçhellings ( 50 francs ) par chaque jour de retard qu’elles auront mis à se conformer à ces dispositions.
- Extrait des procès-verbaux des séances du conseil d’administration de la Société
- d’encouragement.
- Séance du 9 février 1853.
- M. Dumas, président, occupe le fauteuil.
- Correspondance. M. Belleville, rue Rambuteau, 20, rappelle qu’en 1852 il a adressé à la Société une notice sur un générateur à vapeur inexplosible à vaporisation instantanée.
- Il annonce que depuis cette époque il a perfectionné et simplifié ce système, et fait
- p.101 - vue 111/836
-
-
-
- m
- PROCÈS-VERBAUX.
- connaître qu’un de ses appareils modifiés fait mouvoir l’usine de MM. Gandillot et comp., au port de la Briche, près Saint-Denis.
- M. Belleville désirerait qu’une commission de la Société d’encouragement vînt constater les résultats obtenus et les avantages que peut procurer le nouveau système sur l’emploi des chaudières à vapeur.
- M. Lemoine, à Rouen , expose les droits qu’il croit avoir à la priorité d’invention de l’emploi des toiles métalliques dans la machine à air dilaté à’Ericson.
- Tl annonce avoir pris, en 1847, un brevet de quinze ans pour une machine qu’il a fait construire à Rouen. Elle a fonctionné; mais, comme elle consommait beaucoup de combustible , il eut l’idée d’y employer un système de toiles métalliques pour arriver à se servir toujours du même calorique. Cette idée parut à M. Lemoine si féconde en bons résultats, qu’il la fit breveter le 2 septembre 1848.
- Pour lui, le résultat d’économie était certain et le problème résolu; mais sa machine était déjà construite, et il ne put qu’imparfaitement y adapter ce système. Comme dans cette machine l’air chaud était saturé d’humidité, il rencontra là un obstacle à cause de la condensation delà vapeur dans les toiles; il fallut reconstruire, do toutes pièces, une nouvelle machine.
- M. Lemoine, après avoir rendu compte des essais qu’il a faits, depuis cinq ans, pour découvrir un moyen simple d’utiliser la propriété si remarquable des toiles métalliques, appelle l’attention de la Société sur un dernier appareil qu’il a exécuté. Cet appareil fonctionne depuis six mois, et lui sert à démontrer la possibilité d’employer avec économie l’air chaud comme force motrice. M. Lemoine regarde son système de toiles métalliques comme plus simple que celui d’Ericson.
- Il dépose des plans et un mémoire qui, suivant lui, suffiront pour l’intelligence de son appareil.
- M. Barrai, membre du conseil, rappelle les titres de M. Franchot dans l’emploi de la force motrice de l’air dilaté par la chaleur.
- Les recherches de M. Franchot datent depuis au moins dix-huit ans. Ce ne fut cependant qu’en 1836 que furent publiés la description et les dessins d’une machine à air.
- « En donnant la description de cette machine j’exposais déjà, écrit M. Franchot dans sa communication à l’Académie des sciences , l’idée de l’échange de température entre un courant d’air froid arrivant au cylindre moteur et un courant d’air chaud venant dudit cylindre ; ces courants se croisaient étant séparés par des feuilles en tôle cannelée.
- « Ce ne fut que postérieurement, dans un brevet de 1838, que j’exposai l’idée plus heureuse de faire passer alternativement ces deux courants contraires dans le même canal, ajoutant qu’il serait bon que ce canal fût rempli de toile métallique ou de fragments de métal très-divisés pour emmagasiner la chaleur. Or cette idée , que je crois avoir le premier émise, paraît jouer un rôle capital dans l’économie de la machine d’Ericson. »
- p.102 - vue 112/836
-
-
-
- PROCKS-VERBAUX.
- 103
- M. Barrai ajoute que c’est à M. Franchot qu’on doit la lampe dite à modérateur, dont l’emploi est général et à laquelle il aurait été juste de donner le nom de son auteur.
- M. Toutey, cultivateur, au Château-cle-Vaux, commune de Feuchères, près Bar-su r-Seine ( Aube ) , fait connaître qu’il est inventeur d’une turbine à air qui, dans les localités éloignées des cours d’eau, peut être appliquée à la mouture du blé.
- M. Lussereau, mécanicien de la maison impériale de Charenton, annonce avoir fait subir à son appareil de sièges d’aisaneCS inodores, divers changements ayant pour objet d’apporter, dans la construction de son appareil et dans le mécanisme , plus de simplicité et d’économie.
- M. Paul Dumesnil, boulevard Beaumarchais, 7, adresse un- échantillon de pierre factice propre à la construction des bâtiments.
- M. Perousset, maire de Brandon, arrondissement de Mâcon ( Saône-ët-Loiré ), rappelle qu’à la date du 28 décembre 1852 il a adressé à la Société, de la part de M. Claude Forest, chef d’un atelier agricole existant dans sa commune , un paquet renfermant plusieurs pièces tendant à lui faire obtenir une récompense qu’il mérite par ses talents et son zèle.
- M. Rorel, libraire, offre à la Société un ouvrage intitulé Manuel complet du physicien préparateur, par M. le docteur Fau et M. Charles Chevalier.
- M. Frédéric Kuhlmann , au nom de la chambre de commerce de Lille, adresse une lettre dont, la teneur suit :
- Lille, le 27 janvier 1853.
- « Monsieur le président,
- « La chambre de commerce de Lille, dans l’intention de donner Une destination digne de leur origine à des bronzés provenant de canons pris sur les Russes et les Autrichiens à la bataille d’Austerlitz, et qui sont restés sans emploi dans l’hôtel des monnaies , a décidé qu’ils seraient consacrés à l’érection d’un monument dédié à l’empereur Napoléon Ier, pour perpétuer le souvenir des actes législatifs par lesquels il a provoqué la création, en France, du sucre de betterave et de’la filature mécanique du lin, industries qui, l’une et l’autre, ont contribué puissamment à la prospérité publique.
- « Elle a pensé que le monument dont il s’agit aurait le caractère d’une manifestation nationale, en même temps qu’il serait l’expression de la reconnaissance des populations industrielles et agricoles du nord de la France.
- ce La chambre de commerce , pour aviser aux moyens d’exécution, a nommé une commission composée d’hommes qui, par leur dévouement aux intérêts publics, leur haute position dans l’administration oü l’importance et la spécialité de leur industrie, lui ont paru les mieux placés pour la seconder dans la réalisation de ses vues.
- « Cette commission est composée de membres honoraires pris dans les cadres administratifs, de membres résidants domiciliés dans l’arrondissement de Lille et de membres correspondants choisis dans les diverses parties de la France où les industries du sucre et du lin ont acquis le plus de développement, tous agissant au même titre et avec les même» attributions.
- p.103 - vue 113/836
-
-
-
- 104
- PROCÈS-VERBAUX.
- « J’ai l’honneur de vous informer que la chambre de commerce vous a désigné pour faire partie de la commission, en qualité de membre honoraire.
- « La chambre espère pouvoir compter sur votre concours personnel et sur celui de la Société d’encouragement dont l’appui sympathique se traduirait d’une manière très-heureuse par un vote qui augmenterait les ressources de la souscription destinée à assurer l’exécution du monument.
- « Agréez , monsieur le président, l’expression de mes sentiments de haute considération.
- « Le président de la chambre de commerce,
- « Signé Fred. Kuhlmànn. »
- M. le président fait observer que M. le ministre de l’intérieur est président de la commission du monument. Il ajoute que la chambre de commerce de Lille n’est pas dirigée, dans la demande qu’elle adresse à la Société d’encouragement, par l’embarras de couvrir les dépenses qu’entraînera l’érection du monument projeté , les offres dépassant les sommes jugées nécessaires; mais c’est l’adhésion de la Société d’encouragement qui est demandée.
- M. E. Clerget, artiste ornemaniste, rue de la Fidélité, 17, annonce que M. le ministre de l’intérieur, sur la proposition de M. le directeur des beaux-arts, a bien voulu lui confier la mission de se rendre en Angleterre pour y examiner la situation de l’art ornemental, c’est-à-dire étudier les institutions ayant pour objet et pour but le développement et le progrès des beaux-arts appliqués à l’industrie dans les trois royaumes.
- Désirant remplir cette mission avec toute l’étendue qu’elle comporte et n’osant se fier à la seule impulsion de son désir de bien faire, M. Clerget prie la Société de lui accorder l’appui de ses conseils et de ses recommandations , afin que , soutenu par son autorité et ses lumières, il puisse remplir dignement et avec fruit la mission qui lui est confiée.
- M. Jules Lenne , fabricant de porcelaines , à Limoges , adresse quelques spécimens de ses produits céramiques en porcelaine ou biscuit, avec application d’émaux métalliques translucides , à basse température , leur servant de couverte. Il demande que la Société fasse examiner le mérite de sa découverte.
- M. Louvet, domicilié dans l’usine de M. Cottard, à Soissons (Aisne), annonce avoir introduit dans l’industrie du tannage une nouvelle méthode qui a pour but d’accélérer les opérations.
- M. Salamlle, à Alger, dans la pensée que la Société a proposé un prix pour la conservation des blés, décrit les procédés qui lui sont propres et qu’il pense pouvoir atteindre le but proposé.
- Bapports des comités. Au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l'industrie, M. Gourlier lit un rapport sur les communications de M. Lecoq de Boisbaudran , de M. Jobard et de Mme Cave', relatives à l’enseignement du dessin.
- La commission propose 1° de remercier respectivement M. Jobard, M. de Boisbaudran et Mme Cavé de leurs communications ; 2° de féliciter chacun d’eux de l’idée
- p.104 - vue 114/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 105
- qu’ils ont conçue des avantages qu’on pouvait tirer d’une culture spéciale de la mémoire des yeux et aussi des moyens employés à cet effet; 3° de féliciter Mme Cave et M. de Boisbaudran des travaux d’application auxquels ils se sont respectivement livrés à cet effet et des résultats remarquables qu’ils ont obtenus ; 4° de les engager à continuer leurs utiles travaux, de les assurer de l’intérêt avec lequel la Société apprendra qu’ils en ont fait faire des applications spéciales à l’enseignement des arts industriels ; 5° enfin de décider l’insertion du rapport dans le Bulletin, comme un moyen de publicité de ces travaux et de la satisfaction de la Société. ( Approuvé. ) ( Voy. pliis haut, p. 71. )
- Au nom de la même commission , M. Gourlier fait la proposition suivante : Lorsqu’une école industrielle aura réclamé l’examen de la Société et aura été jugée digne de ses encouragements par la nature de son enseignement et le mérite des travaux de ses élèves, il pourra être distribué à ces derniers, aux époques et suivant les formes qui seront ultérieurement déterminées, une ou plusieurs médailles d’encouragement accompagnées, s’il y a lieu, de livres ou d’objets dont la valeur sera fixée.
- Après une discussion, le conseil prend cette proposition en considération et la renvoie à l’examen du bureau et de la commission des fonds.
- Communications. — Poids et mesures. M. Silbermann, conservateur du Musée des arts et métiers, communique une note sur la vérification des mesures et des poids envoyés aux États-Unis d’Amérique par la France.
- «Le gouvernement des Etats-Unis, à la sollicitation de M. Vattemare, a envoyé à la France une belle collection de poids et mesures , que M. le docteur Bâche , intendant général des poids et mesures de l’Union, a bien voulu vérifier lui-même.
- «A cette collection étaient jointes deux balances, chefs-d’œuvre de précision.
- «En échange de ce présent, le gouvernement français a voulu donner à celui des États-Unis une collection complète des mesures du système métrique, aussi exactement vérifiée , afin de rapprocher le moment si désirable pour les intérêts commerciaux , où un seul système de mesures serait employé par les deux pays.
- « Aux mesures commerciales et usuelles on a joint quatre modèles de balances adoptées dans le service des bureaux de vérificateurs et les autres appareils de vérification ; on y a ajouté des types du mètre, du kilogramme et du litre, dont j’ai fait la vérification en les comparant aux prototypes du commerce déposés au Conservatoire.
- «Pour légitimer nos types , je rapporte ici les résultats que j’ai obtenus en comparant ces types avec ceux des Archives ; j’ai trouvé 1° que les 2 mètres en platine ne diffèrent pas de de millimètre l’un de l’autre à 10 degrés, 2° que le kilogramme en platine du Conservatoire vaut, dans le vide, 1000gr,00388 , tandis que , dans l’air, à 752 millimètres de pression, dont 9mm-,305 de tension hygrométrique et l’air à 15°,7, il ne pesait que 9998r,999, le prototype des Archives valant 1000.
- « Cette correction a été établie sur le volume des deux poids; ces deux volumes sont, pour le kilogramme des Archives, = 48cc-,6973, et pour celui du kilogramme du Conservatoire, 52cc',3220.
- CinquamU-deuxihne omise. Février 1853. 14
- p.105 - vue 115/836
-
-
-
- 106
- PROCès-VERBAl't.
- «Pour déterminer ces deux volumes, je me suis servi d’un instrument de nos collections, fait exprès par Gambey pour mesurer les dimensions linéaires des kilogrammes.
- « Les types destinés aux États-Unis étaient 1° un mètre , un kilogramme doré et un litre, le tout en laiton et exécuté par Gambey; 2° un mètre exécuté par M. Brunner, d’après la forme que je lui ai indiquée.
- « J’ai d’abord comparé le mètre de Gambey à la glace fondante sur l’appareil suivant.
- «Il m’avait été accordé de faire construire, chez M. Brunner, un comparateur spécial pour le mètre ; je Fai fait faire à deux leviers, l’un servant de heurtoir et l’autre conduit par une vis micrométrique servant de terme ; les deux leviers ainsi que la vis micrométrique accusent de millimètre. Ces leviers n’appuient contre les bouts du mètre qu’avec une force de 5 grammes.
- « Pour assurer l’invariabilité de l’axe de ces deux leviers , la règle en bronze qui les retient porte une règle en platine de meme longueur qu’elle ; ces deux règles sont solidement Fixées, l’une à l’autre, à l’une de leurs extrémités, tandis que les deux autres, libres, forment un thermomètre de Borda à levier permettant d’apprécier ^ de degré de température. Voici comment je me suis servi de cet appareil :
- « Ayant d’abord placé le prototype en platine entre les deux leviers, sur la règle supérieure , et en contact avec les extrémités des petits bras de chacun de ces leviers, garnissant le tout de glace fondante, on ramena les deux leviers à leur ligne de foi, et, quand il n’y eut plus de variation depuis une heure et que, pendant ce même temps, le thermomètre de Borda fut resté fixe, on nota la position du vernier de la vis et la division du thermomètre.
- «Puis on remplaça le prototype par le mètre à comparer qu’on avait placé dans la glace, à côté du précédent. On procéda pour ce dernier comme pour le premier, et, quand le thermomètre fut redevenu fixe au même point, on fit la lecture, et on la compara avec la précédente ; le résultat de la comparaison donna la différence qui existait entre les deux mesures , d’où l’on lira la longueur absolue du mètre comparé. Ce mètre = 1™,0002992.
- « Le mètre type que j’ai fait construire est en acier fondu parfaitement recuit ; il est à bout comme le précédent ; mais de l’une des rives j’ai fait un mètre à trait en rapportant à chaque extrémité un petit prisme en acier vissé sur la tranche et ne la couvrant que dans la moitié de sa largeur. Pour rendre celle jonction visible après le poli, on a préalablement interposé une lame d’or d’environ de millimètre d’épaisseur. De celte sorte, le mètre à trait est limité par les extrémités mêmes du mètre à bout, mais avec cet avantage, que la limite est une ligne géométrique formée par le contact de deux métaux de couleur différente.
- « Ce mètre en acier a été placé sur une règle en bronze à laquelle il a été fixé par l’un de ses bouts pour constituer ensemble un thermomètre de Borda par la division tracée vers l’extrémité libre du mètre, et en regard d’un vernier tracé sur l’un des guides fixés latéralement contre la règle de bronze ; le vernier donne les ~ de milli-
- p.106 - vue 116/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 107
- mètre. Une pareille division et un pareil système de guides se trouvent au bout fixe , pour servir dans le cas où la cheville qui les relie viendrait à se déplacer.
- a Ce mètre a été comparé, comme le précédent, avec le prototype en platine et à la glace fondante. A la fin de celte comparaison , on a lu la coïncidence aux deux ver-niers; puis le mètre a été porté à l’eau bouillante, la coïncidence a encore été lue ; de la différence 0mm,62 entre ces deux lectures , on peut tirer la formule qui indiquera la température du système pour chaque lecture nouvelle. Mais ce qu’il importe le plus de connaître, c’est la longueur absolue du mètre qui correspond à ces lectures, ce que donnera la connaissance du coefficient de dilatation de l’une de ces règles ; les deux précédentes lectures donnent seulement la différence de dilatation entre elles pour 100 degrés.
- <c Voici comment j’ai déterminé non-seulement le coefficient de l’une d’elles, mais des deux, et comment a été faite la contre-épreuve :
- «Pendant que le mètre a été comparé au prototype à la glace fondante , et au moment de la première lecture des deux verniers, j’ai porté sur chacune de ces règles les
- deux pointes d’un compas à verge en acier, comprenant 1 mètre entre elles. Celte rè-
- gle séjournait dans une auge en bois pleine de glace fondante ; les pointes du compas traversaient librement son fond pour permettre le pointage sans sortir le compas de la glace.
- «Ce pointage est de nouveau répété sur les deux règles après la lecture faite aux deux verniers à l’eau bouillante.
- « Mesurant ensuite la distance entre les deux points faits à chacune des extrémités des deux règles, au moyen du microscope que fait mouvoir la vis micromélrique du comparateur, on trouve
- que la dilatation absolue du bronze a été de 0° à 100 degrés....................lDim,7030
- que la dilatation absolue de l’acier a été de 0° à 100 degrés....................lmm,0502
- « Ainsi ces deux mètres, égaux à 0°, différaient entre eux, à 100 degrés, de 0mm,6528
- «Pour comparer cette différence à celle lue précédemment aux verniers du système, il faut savoir que, du centre de la cheville qui relie les deux règles jusqu’au 0 du vernier des bouts libres, il n’y a que 954 millimètres. Or, si la différence précédente était réduite dans la proportion de 1000 à 954, on aurait 0mm,6225 pour valeur correspondante à la lecture 0mm,G2 ; ces deux quantités étant égales , la contre-épreuve justifie, dans sa limite d’appréciation, l’exactitude de la détermination directe.
- «Tous les éléments étant connus, on peut établir la formule de correction de Ce mètre, pour assigner sa longueur absolue à chaque nouvelle lecture des verniers.
- «Passons maintenant à la comparaison du kilogramme en laiton doré.
- « Cette comparaison a été faite dans l’air, j’ai rapporté les pesées au vide par les formules connues; mais je tenais à vérifier ce résultat d’une manière directe; or, mes appareils n’ayant pas été prêts à temps , j’ai dû opérer sur un autre kilogramme en tout Semblable au précédent qui était expédié.
- p.107 - vue 117/836
-
-
-
- 108
- PROCÈS-VERBAUX.
- « Ma disposition consiste en une petite cloche en verre surmontée d’un robinet en cuivre : la cloche contient environ 200 centimètres cubes; elle repose sur un disque de glace dépoli. Au lieu de lut gras pour tenir le vide, j’ai employé le procédé de M. Poinsot, chimiste au Conservatoire, et qui consiste à enceindre le bord de la cloche et sa tranche rodée, par une bague de caoutchouc vulcanisé.
- « Une deuxième cloche , en tout pareille à la première , sert à contenir le contrepoids.
- «La cloche contenant le contre-poids est mise dans l’un des bassins de la balance , et l’autre cloche renfermant le prototype est portée dans l’autre bassin. On dispose d’avance les poids pour les pesées; ensuite on joint les deux robinets, par des tubes de verre et des ligatures, à un tube en croix muni de quatre robinets , dont deux servent de garde aux deux cloches, puis le troisième pour la communication avec une machine pneumatique, et enfin le quatrième, communiquant à un réservoir d’hydrogène sec.
- « On fait d’abord le vide d’air dans les deux cloches, puis on les laisse se remplir d’hydrogène sec, et enfin on fait le vide sur l’hydrogène. Dans ce cas, le poids du gaz qui reste dans chaque cloche est impondérable , et les poids qui y sont placés peuvent être considérés comme étant dans le vide absolu, eu égard surtout au poids du gaz déplacé.
- « Après que les deux bassins chargés auront été parfaitement équilibrés , on rétablit les communications avec les tubes précédents, on rend l’air aux cloches, puis on retire le prototype pour lui substituer le kilogramme à comparer, en refaisant le vide comme la première fois et au même degré, et en rétablissant l’équilibre.
- «L’identité entre ce second poids et le précédent, démontrée par l’invariabilité de l’équilibre , a été parfaite , c’est-à-dire au-dessous de i milligramme qu’accusait la balance, et les deux méthodes se sont contrôlées l’une par l’autre.
- « Il est inutile d’indiquer comment j’ai comparé les mesures de capacité, puisque je n’ai employé que la méthode connue.
- « De ce travail, et d’un précédent fait avec MM. Alfonso et Froment, sur la comparaison des types pour l’Espagne , comparaison qui a été faite ensuite à l’Observatoire , il résulte 1° que les trois mètres officiels , le prototype déposé aux Archives en l’an vn, celui du commerce fait en l’an vu et déposé au Conservatoire, et celui déposé en 1806 à l’Observatoire, sont tous trois égaux à moins de 7-™- de millimètre; 2° que les trois kilogrammes en platine des mêmes établissements sont égaux dans l’air, à moins de 1 milligramme, mais qu’ils diffèrent un peu plus entre eux dans le vide, où ils devraient être égaux. »
- Pyromètre à gaz. M. Sübermann, continuant de porter la parole, lit une note sur un pyromètre à gaz de son invention.
- Les instruments employés à la détermination des hautes températures, au moyen de la dilatation des gaz , se composent , en général, d’un réservoir en verre pour les
- p.108 - vue 118/836
-
-
-
- PROCès-VERBAUX.
- 109
- températures de 350° à 400°, ou bien d’un réservoir métallique pour des températures plus hautes que les précédentes.
- Lorsqu’on se propose d’apprécier, par la dilatation d’un gaz, la température correspondante , tantôt on perd le gaz dilaté , ou bien on le jauge ; tantôt on conserve au gaz dilaté son volume primitif en laissant s’accroître sa force élastique, et dans ce dernier cas il faut opérer à des températures impuissantes à ramollir la matière du réservoir.
- Le pyromètre que je propose et que j’ai fait construire pour des expériences entreprises de concert avec M. Jcicquelain se distingue des appareils précédents en ce qu’il permet 1° de conserver la totalité du gaz contenu dans le réservoir ; 2° d’exposer tout le gaz au foyer de chaleur ; 3° d’augmenter, à mesure du besoin , la capacité du réservoir de manière à maintenir constamment le gaz emprisonné à la pression extérieure.
- C’est par l’accroissement de volume du gaz, traduit en'dehors par l'agrandissement de capacité du réservoir, que l’on trouve la température correspondante.
- Dans ce cas, un degré de l’instrument représente, à toutes les températures, un même accroissement de volume. En d’autres termes, l’échelle thermométrique peut devenir constante dans des limites très-rapprochces de la vérité, si l’on néglige les variations de dilatation du réservoir aux diverses températures.
- Ce pyromètre se compose de deux parties distinctes, l’une formée par deux tubes concentriques, et l’autre représentée parla, portion micrométrique.
- Les deux tubes concentriques sont fermés d’un même côté; l’intérieur glisse librement dans le tube extérieur, avec un jeu d’environ l/10e de millimètre.
- Ce mouvement permet d’agrandir à volonté la capacité du réservoir. Quant à la fermeture hermétique de ce réservoir variable , on l’obtient au moyen d’une boîte à étoupe traversée par le tube intérieur, et qui se trouve elle-même soudée à l’orifice du tube extérieur.
- D’autre part, l’appareil micrométrique est formé d’un tube de laiton portant, suivant sa longueur, une règle divisée.
- Le long de la rive graduée de cette règle , le tube de laiton se trouve fendu de manière à permettre au vernier, que supporte la tête du tube intérieur, de parcourir cette fente.
- L’une des extrémités du tube de laiton enveloppe la boîte à étoupe et s’y fixe solidement par des vis ; l’autre extrémité porte une armature dont le collet retient la tête d’une vis de rappel que fait mouvoir une manivelle.
- La partie filetée de cette vis s’engage dans un écrou formant la tête du tube intérieur, et, suivant le sens du mouvement transmis par la manivelle, on peut retirer ou enfoncer ce tube intérieur, c’est-à-dire augmenter ou diminuer à volonté le réservoir à gaz.
- La fixité du vernier sur la tête du tube intérieur a pour effet utile de forcer ce dernier à se mouvoir en ligne droite.
- p.109 - vue 119/836
-
-
-
- 110
- PROCES-VERBAUX.
- Quant à l’appareil tout entier, il est vissé, par les deux Louis du tube de laiton, sur un étrier à charnière posé à l’extrémité d’un tube vertical retenu dans une douille à pied plombé.
- Par ce mécanisme, on peut élever ou abaisser l’appareil, et même lui donner une inclinaison quelconque.
- Il me reste maintenant à décrire deux pièces importantes pour lé remplissage de l’appareil et pour maintenir le gaz dont il a été chargé à une pression constante.
- En arrière de la boîte à étoupe et sur le tube extérieur, on a soudé deux douilles diamétralement opposées , l’une supérieure et l’autre inférieure à ce tube. Celle-ci reçoit un tube en cuivre coudé à angle droit, afin d’établir la communication entre la source de gaz purifié et le réservoir du pyromètre , par l’intermédiaire de l’espace annulaire.
- Dans l’autre douille vient s’engager l’extrémité d’un tube recourbé en U, fonctionnant d’abord comme tube d’échappement du gaz excédant introduit dans l’appareil et ensuite comme tube manométrique, complétant la fermeture de ce réservoir au moyen d’une colonne de mercure dont les deux niveaux avertissent des différences de pression entre l’air extérieur et le gaz emprisonné.
- Afin de garantir de l’oxydation et, par conséquent, de la fusion le tube extérieur, on a entouré d’une gaîne en platine longue de 30 centimètres la partie de ce tube qui devait rester exposée au feu; l’autre portion, de 35 centimètres, n’a pas été revêtue, attendu qu’elle ne s’échauffe pas assez pour s’oxyder.
- Ce tube extérieur a 2 centimètres de diamètre et 1 millimètre d’épaisseur. Quant aux tubes concentriques, ils sont tous deux en fer embouti de M. Palmer.
- Observations de M. Jacquelain sur la note précédente.
- D’après la description que M. Silbermann a faite de son pyromètre à gaz, on a compris que l’important avantage de cet appareil est de présenter un réservoir à capacité variable, à mesure que le gaz confiné se dilate.
- Il suit de là qu’à toutes les températures
- 1° La force élastique du gaz est constamment ramenée à la pression extérieure;
- 2° Que le tube-enveloppe n’est point exposé à se déformer par suite d’une diminution ou d’un excès de pression dans le réservoir ;
- 3° Que les causes de fuite sont, pour ainsi dire, écartées;
- 4° Que l’allongement du cylindre de gaz confiné s’exprime , pour chaque température, par une même longueur de l’échelle thermométrique parcourue par le 0 du vernier ;
- 5° Enfin, comme à toutes les températures on conserve la totalité du gaz primitivement mesuré, il en résulte que les modules de dilatation correspondent à des unités de l'échelle assez longues pour en faire l’évaluation avec une précision suffisante.
- Je dois dire aussi que notre intention ayant été de fixer, à 2 ou 3 degrés près , le
- p.110 - vue 120/836
-
-
-
- 111
- PROCES-VERBAUX.
- point de fusion d’une longue série d’alliages, on a cru , tout d’abord , inutile d’avoir égard aux coefficients de dilatation du métal, dont les tubes concentriques sont formés.
- Pour mener à bonne fin des expériences de ce genre , toujours longues et fort dispendieuses , nous n’avons pas hésité à préférer le fer au platine , comme matière première de moindre valeur et capable de résister à de très-hautes températures.
- Pourtant c’est l’emploi du fer qui a fait surgir les difficultés dont j’entretiens la Société.
- Après la construction de l’appareil, nous nous sommes appliqués à en examiner toutes les parties que le gaz devait toucher, à les nettoyer par frottement avec de l’alcool, puis à les sécher par un courant d’air chaud.
- Ce nettoyage terminé, notre premier soin a été d’assurer la fermeture complète et durable de la boite à étoupe.
- Le seul moyen qui nous ait réussi, c’est l’emploi d’une mèche de chanvre assez longue dont tous les brins étaient rendus solidaires en les imprégnant d’un mastic en fusion composé avec 75 de cire blanche et 25 de suif.
- Cette mèche étant enroulée sur l’extrémité antérieure du tube faisant office de piston, l’on enfilait, en avant cle cette mèche, un anneau cylindrique de caoutchouc sulfuré , puis on essayait de faire mordre la vis, et l’on continuait de serrer avec les mâchoires d’une tenaille.
- A la suite de ces dispositions préliminaires, ou s’est occupé de remplir l’appareil tantôt d’oxyde de carbone, tantôt de gaz hydrogène parfaitement secs et purifiés. Il va sans dire que l’on maintenait la circulation du gaz dans l’appareil jusqu’à certitude d’avoir expulsé la totalité de l’air.
- Alors on plongeait le réservoir soit dans la glace londante, soit dans la vapeur d’eau bouillante, sans changer la pression ; ou bien encore on faisait varier la pression, sans changer la température du réservoir. Dans tous les cas , nous avons pu constater avec satisfaction 1° que le pyromètre gardait rigoureusement ces deux gaz à 0°, à 100°, sous la pression intérieure de 80e, pendant 24 , 48 et 96 heures ; 2° que la marche du piston s’accordait parfaitement avec les variations de volume du gaz confiné dans le réservoir.
- Cette harmonie entre l’observation et le calcul prouvait, en outre , la régularité du calibrage des tubes concentriques.
- Satisfaits de ces premiers résultats, il nous a paru présumable, à fortiori, que le pyromètre fonctionnerait encore avec la même précision lorsqu’au lieu de maintenir le gaz sous la pression de 82e on le ramènerait sans cesse à la pression extérieure.
- Dans cette persuasion , nous avons étudié la marche de l’appareil, aux températures les plus élevées, sans compromettre pourtant les cinquante alliages préparés depuis longtemps.
- Mais notre surprise fut grande, pendant cinq séances consécutives, lorsque nous vimes fidèlement se reproduire l’anéantissement du gaz confiné.
- Comme nous avions concentré toute notre attention sur les moyens d’obtenir une
- p.111 - vue 121/836
-
-
-
- m
- PROCÈS-VERBAUX.
- fermeture hermétique et durable, nous demeurâmes convaincus que des fuites insaisissables à 0°, à 100° pouvaient devenir très-évidentes au rouge-bianc.
- Mais , en opérant sur un volume considérable de gaz hydrogène mis en communication permanente avec le réservoir et le soutenant à une haute température pendant quatre heures , nous avons observé , de la manière la plus décisive , que le fer absorbait de l’hydrogène en telle proportion , que , pendant cette seule séance , une surface à environ 200 centimètres des tubes concentriques a condensé 1\5 d’hydrogène.
- Ce fait inespéré nous causa d’abord une impression pénible ; mais en peu d’instants une inspiration soudaine réveilla mes souvenirs d’expériences passées.
- Je me rappelai avoir constaté, puis annoncé dans un mémoire sur les anthracites publié en 1840, t. 74, p. 200, Annales de chimie et de physique, que le potassium absorbe rapidement l’hydrogène pur; que dans un autre travail inédit, commencé en 1843, avec le mémoire de la sulfamide, j’avais encore constaté l’absorption de l’hydrogène par le fer chauffé â la température du rouge-blanc.
- Ce fer hydrogéné, sans perdre beaucoup de sa malléabilité, présentait l’éclat et presque la blancheur de l’argent.
- Pour moi tout s’expliquait. Ce qui venait de nous paraître étrange n’était que très-ordinaire, quoique nouveau, et de plus se trouvait mis hors de doute avec l’appareil de M. Silbermann.
- Je ne voudrais pas entretenir plus longtemps la Société d’un travail incomplet ; je demande donc la permission d’ajourner la communication de faits curieux et qui m’ont paru se rattacher à des industries du premier ordre.
- Quant aux expériences que nous poursuivons, M. Silbermann et moi, nous nous ferons un devoir de les faire connaître à la Société , aussitôt qu’elles mériteront de fixer l’attention de ses membres.
- M. le président témoigne à M. Silbermann, ainsi qu’à M. Jacquelain, tout l’intérêt que la Société attache aux communications qui viennent de lui être faites.
- PARIS. — IMPRIMERIE DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L’ÉPERON, 5.
- p.112 - vue 122/836
-
-
-
- (IJÿliffiïE-MlMtlE MME, (N° DLXXXY.) mars 1853.
- BULLETIN
- DE LA
- vSOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Séance générale du 9 mars I 852.
- La Société d’encouragement pour l’industrie nationale s’est réunie, le mercredi 9 mars 1853, en assemblée générale, à l’effet de procéder à la distribution des prix remportés dans l’année 1852 , et d’entendre la lecture des programmes des nouvelles questions de prix que, dans l’intérêt des constructions, le conseil d’administration a jugé utile de mettre au concours.
- Ces prix, au nombre de cinq, sont d’une valeur de 19,000 fr., savoir :
- 1° Pour la rédaction d’une instruction générale contenant l’indication des diverses sortes de matériaux naturellement ou artificiellement incombustibles, de leur nature, de leurs dimensions habituelles , de leur application la plus
- convenable, de leurs prix, etc.................................. 2,000 fr.
- 2° Pour tous nouveaux procédés, nouvelles espèces de matériaux ou nouveaux modes de construction susceptibles de
- produire l’incombustibilité..................................... 3,000
- 3° Pour un procédé propre à faire reconnaître les matériaux et bétons qui résistent à l’action de l’eau de mer. . . 2,0Ü0
- -4° Pour la découverte de chaux hydrauliques ou de pouzzolanes artificielles possédant les mêmes qualités pour les constructions sous-marines, égales aux chaux hydrauliques et
- pouzzolanes naturelles. ........................................ 2,000
- 5° Pour l’emploi de chaux hydrauliques ou pouzzolanes, matériaux artificiels, dont la résistance aura été constatée par
- une expérience de huit années...................................10,000
- Totai....................... 19,000
- Cinquante-deuxième année. Mars 1853, 15
- p.113 - vue 123/836
-
-
-
- m
- CONSEIL DADMINISTRATÏON.
- La séance a été ouverte à sept heures et demie du soir, sous la présidence de M. le sénateur Dumas, membre de l’Académie des sciences.
- M. le baron Charles Dupin, sénateur, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des sfcien'ces inorales et politiques, secrétaire, a lu le rapport suivant sur les résultàts dès eoiïcohrë ouverts ÿtour l’année 1852.
- CONCOURS.
- Compte rendu du résultat des concours ouverts par la Société pour l'année 1852; par M. le baron Charles Dupin, secrétaire.
- Messieurs, les industries dont la Société d’encouragement désirait surtout le progrès ont présenté des travaux qui répondent à vos sacrifices, à vos désirs, à vos espérances.
- Mais le temps est un élément nécessaire pour apprécier les résultats qu’on est en droit d’attendre et pour proportionner les récompenses à la valeur des solutions plus ou moins fidèles aux programmes que vous avez publiés.
- Par exemple, pour porter un jugement sur les questions mises au concours pour la conservation de la viande, sans employer le fumage ou la salaison, ainsi que pour celle du lait, des œufs, des fruits et des légumes, votre conseil d’administration a du faire des expériences, des essais nombreux et répétés ; il a dû s’abstenir de se prononcer avant d’avoir mûrement apprécié ce que les procédés nouveaux peuvent offrir d’avantageux pour l’économie domestique et pour l’approvisionnement de notre marine.
- Les commissaires de la Société, en attendant qu’ils puissent résumer dans un rapport général l’ensemble de leurs investigations et de leurs expériences, ont signalé à l’attention du conseil d’administration les travaux de concurrents qui déjà méritent une mention spéciale. C’est ainsi que la Société a publié, par la voie de son Bulletin, les modifications apportées par M. Man-sonnier au procédé à’Appert; le mode de conservation du lait, si heu-reuseiîient mis en pratique par M. de Lignac; les procédés de M. Willaumez, de Lunéville, qui a fait faire des progrès réels à l’art de préparer les conserves alimentaires.
- Votre conseil d’administration avait espéré faire connaître, dès aujourd’hui, son opinion sur le résultat du concours ouvert pour la construction d’une machine à battre les céréales. Il avait chargé M. Philippar de rendre compte de ce concours, lorsqu’une mort prématurée et bien regrettable est venue l’enlever à l’affection de ses collègues, à ses études fructueuses ainsi quh ses expériences d’un si grand intérêt pour l’agriculture.
- p.114 - vue 124/836
-
-
-
- CONCOURS.
- 115
- M. le comte de Lambel, dont la Société aime h rappeler les travaux et les connaissances, s’était empressé d’offrir son concours pour suppléer, dans la mission de rapporteur, M. Philippar, dont il avait été souvent le collaborateur dans l’examen des nombreux documents adressés par suite de l’appel fait par la Société.
- Malheureusement la mort n’a pas permis à M. le comte de Lambel de remplir la tâche qu’il s’était imposée : il a succombé au moment où son utile coopération allait ajouter un nouveau titre aux travaux qui recommandent si puissamment sa mémoire au souvenir de ses collègues.
- Le comité d’agriculture et celui des arts mécaniques soumettront à l’appréciation du conseil d’administration les résultats de l’examen appuyés de l’opinion émise par ces deux honorables collègues.
- La valeur des prix à décerner pour encouragements de l’agriculture s’élève à 30,000 francs proposés en 1852 et dans les années précédentes. Quant au jugement à porter sur les améliorations auxquelles les questions posées dans les programmes ont donné lieu, une année ne peut pas suffire ; mais le comité d’agriculture poursuit les expériences qui sont nécessaires avec tout l’intérêt que mérite l’importance des questions mises au concours. Dès à présent, il en est une, Y Histoire critique et raisonnée de la production chevaline dans une ou plusieurs régions de la France, qui nous présente une solution satisfaisante. M. Huzard fera le rapport sur ce concours.
- Dans la séance générale du deuxième semestre de 1853, les comités des arts mécaniques , des arts chimiques et économiques présenteront leurs rapports sur les concours dont la clôture est prononcée.
- Photographie.
- Dès 1839, la Société d’encouragement ouvrit un concours pour provoquer des perfectionnements dans cet art nouveau.
- La Société a clù s’applaudir de son initiative ; les prix qu’elle avait proposés ont été vivement disputés. Nous avons été très-heureux de les décerner aux concurrents qui les avaient mérités, et de distribuer des médailles, des encouragements à ceux qui s’étaient approchés du but, à ceux même dont les travaux, sans être spécifiés dans les programmes , semblaient dignes de concourir.
- Le conseil d’administration , fidèle interprète des intentions de la Société, a voulu , par de nouveaux concours, ajouter encore au progrès de la photographie.
- Une commission spéciale, pénétrée de ces intentions, pour établir des
- p.115 - vue 125/836
-
-
-
- 116
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- questions dont la solution conduisit à de tels progrès, a fait un appel aux lumières des personnes qui se sont dévouées aux études et à l'expérimentation des procédés photographiques.
- De ces conférences pleines d’intérêt résulte un programme qui pose des questions en rapport avec les besoins de l’art :
- En premier lieu, relativement aux épreuves sur papier ou sur toute autre substance non métallique;
- En second lieu, relativement aux épreuves sur métal;
- En troisième lieu, pour atteindre au plus grand progrès désirable, un grand prix de 5,000 francs est offert à la reproduction des objets avec leur couleur véritable.
- La Société avait imposé pour condition que tous les procédés devaient être pratiques et d’un résultat certain.
- Ce concours a produit des résultats qui mériteront à leurs auteurs les récompenses de la Société : quelques expériences restent à faire ; aussitôt qu’elles seront achevées, la commission exposera les motifs qui l’auront guidée dans ses propositions de prix et médailles.
- Don de M. Christofle.
- M. Christofle a mis à la disposition de la Société , dont il est membre , et cela pendant cinq années consécutives, une somme de 1,000 francs.
- Avec l’assentiment du donateur, la Société a décidé que cette somme annuelle de 1,000 francs serait répartie
- 1° Entre les inventeurs dont les ressources personnelles ne suffisent pas pour s’assurer la propriété d’une invention par voie de brevet ;
- T Entre ceux dont la position ne leur permettrait pas de faire le versement de la seconde partie de la taxe sur les brevets ;
- 3° Entre les personnes dont les inventions ou perfectionnements auraient été l’objet de rapports favorables, et qui, par leur situation, mériteraient un encouragement pécuniaire.
- Pour apprécier la validité des inventions et des perfectionnements, la mission était délicate, en vue de la loi de 1844, qui régit les inventions et découvertes. Néanmoins, d’après les faits exposés et en consultant la position des auteurs et leur demande d’une subvention pour payer la première annuité d’un brevet, le conseil d’administration a jugé que cinq d’entre les concurrents ont rempli les intentions du donateur.
- À l’égard de la seconde catégorie, trois personnes ont mérité de participer au bénéfice de la répartition du don de M. Christofle.
- p.116 - vue 126/836
-
-
-
- CONCOURS.
- 117
- Une seule personne se trouve comprise dans la troisième catégorie ; c’est l’auteur d’un procédé de réparation partielle du tain des glaces, procédé que la Société a récompensé par sa médaille d’argent.
- Le conseil d’administration a pensé qu’il était utile de tenir en réserve un dixième de la somme annuelle, afin de répondre aux circonstances imprévues qui pourraient se présenter. On a considéré que les généreuses dispositions de M. Christofle sont encore trop peu connues ; lorsqu’elles auront reçu toute la publicité qui leur est due, elles donneront certainement lieu à des demandes plus nombreuses et non moins dignes d’intérêt. On se réserve le moyen d’y faire droit.
- Récompenses aux élèves des écoles industrielles.
- Dans un rapport fait par M. Théodore Olivier, au nom d’une commission spéciale, sur la création d’une commission permanente des beaux-arts appliqués à l’industrie, il s’exprime ainsi :
- « Vous n’ignorez pas que la Société d’encouragement a, d’après ses statuts, la haute mission de récompenser les efforts tentés en vue du perfectionnement de l’enseignement industriel.
- « Plus d’une fois vous avez donné des encouragements à diverses écoles en y fondant des bourses, et vous conservez encore la nomination à un certain nombre de bourses dans les écoles d’arts et métiers.
- « Les observations que, plus d’une fois, vous avez eues à présenter au sujet du mode suivi dans l’enseignement des écoles ont porté leurs fruits ; l’enseignement de nos écoles d’arts et métiers a été complètement modifié; ces écoles ne sont plus des collèges universitaires, elles sont maintenant de véritables écoles d’ouvriers.
- « Ne pensez-vous pas qu’il y ait aussi quelque chose à faire au sujet de l’enseignement des beaux-arts dans ses applications à l’industrie ? »
- Ce sujet a été l’objet des délibérations du conseil d’administration, qui, après un rapport de M. Gourlier} au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie , étendant la pensée de la commission spéciale , dont M. Olivier était l’organe, a pris l’arrêté suivant :
- « Lorsqu’une école industrielle aura sollicité l’examen de la Société sur les travaux de ses élèves, et que, d’après cet examen fait par une commission ou comité compétent, ces travaux auront été reconnus mériter des marques de satisfaction de la Société , il pourra, d’après décision du conseil, être accordé , au nom de la Société , à ceux des élèves qui seront jugés les plus dignes par leurs travaux et leur conduite , des livres, dessins, modèles ou instruments , lesquels porteront chacun mention du don fait par la Société,
- p.117 - vue 127/836
-
-
-
- 118
- CONSEIL I)’ ADMI MST RATION.
- ainsi que des noms de l’école et de l’élève, accompagnés d’un diplôme ou certificat qui contiendra la meme mention.
- « Le nombre des élèves ainsi récompensés sera de quinze au plus chaque année pour les diverses écoles, et la valeur totale des dons pour ces quinze élèves sera au plus de 500 francs. »
- La Société d’encouragement s’est proposé d’exciter les ouvriers à se distinguer dans leur profession et d’encourager ceux qui se font le plus remarquer par leur bonne conduite et les services qu’ils rendent aux chefs qui les emploient ; elle a pensé que le moyen le plus propre à produire ce résultat était de récompenser les contre-maîtres et les ouvriers employés dans les établissements agricoles et manufacturiers qu’une longue expérience aurait fait reconnaître comme ayant servi avec zèle, avec activité et avec intelligence.
- Chaque année fait mieux apprécier la haute utilité de la mesure prise par la Société ; les titres des candidats se recommandent non-seulement à raison des services qu’ils ont rendus par leur zèle, leur activité, leur intelligence, mais encore pour plusieurs d entre eux à raison des innovations dans l’industrie qui décèlent un esprit d’observation et des connaissances remarquables.
- Le conseil d’administration a voulu que l’influence de la Société s’exerçât sur les adultes sortant des écoles qui, s’étant placés au premier rang, à la fin de leurs études, se destinent aux carrières agricoles et manufacturières. Ces premières marques du patronage de la Société d’encouragement stimuleront leur zèle et soutiendront leur courage ; ils savent que les récompenses de la Société les attendent à tous les degrés de leur carrière, soit comme ouvriers ou contre-maîtres, soit comme agriculteurs ou manufacturiers.
- Prix nouveaux.
- La Société entendra la lecture d’un programme , rédigé par M. Gourlier, sur des prix ayant pour objet de propager, de faciliter et de récompenser l’usage et la construction des bâtiments incombustibles.
- Le conseil d’administration a pensé que la Société d’encouragement pouvait intervenir à cet effet, ainsi qu’elle l’a déjà fait avec bonheur dans plusieurs autres circonstances en faveur de l’utilité publique.
- Concours ayant pour objet de propager} de faciliter et de récompenser l’emploi des constructions incombustibles.
- 1° Un prix de ^,000 francs pour la rédaction d’une instruction générale contenant l’indication des diverses sortes de matériaux naturellement ou ar-
- p.118 - vue 128/836
-
-
-
- CONCOUÜS.
- 410
- tificiellement incombustibles> et faisant connaître leur nature, leurs dimensions habituelles, leur application la plus convenable, leur yaleur vénale, etc.;
- 2° Un prix de 3,000 francs pour de nouveaux procédés, de nouvelles espèces de matériaux ou de nouveaux modes de construction susceptibles de produire l’incombustibilité.
- Nouveaux prix proposés pour les constructions sous-marines.
- M. Dumas j président, a appelé l’attention du conseil sur l’utilité d’une proposition de prix pour la confection d’une chaux hydraulique destinée aux constructions sous-marines. Les chaux hydrauliques sont éminemment utiles afin de bâtir sous l’eau des fleuves, des rivières et des canaux ; mais on s’est demandé si l’eau de mer, à la longue, n’agirait pas sur ces chaux autrement que l’eau douce. L’expérience a malheureusement vérifié cette appréhension. Toutes les chaux hydrauliques ne conviennent pas au même degré pour bâtir sous l’eau de la mer. Il appartient à la Société d'encouragement de compléter l’œuvre de M. Vicat, auquel elle a décerné, en 1846, le prix fondé par M. le marquis d’Argenteuil.
- La Société d’encouragement s’associera de la sorte aux travaux des ingénieurs dont les essais ont pour but de vaincre ces graves difficultés.
- M. Félix Leblanc, au nom du conseil d’administration, donnera lecture des programmes de prix proposés pour les chaux hydrauliques et les conr structions à la mer, qui se divisent en trois questions.
- 1° Un prix de 2,000 francs est affecté à la solution de la question suivante :
- Procédé pour reconnaître les qualités des piments et chaux hydrauliques qui ont résisté (à l’action de l’eau de la mer.
- Le concours sera clos le 31 décembre 1854.
- 2° Un prix de 2,000 francs pour ]a découverte de chaux hydrauliques ou pouzzolanes artificielles, mortiers, bétons, et pour les constructions à la mer, réunissant les qualités des chaux hydrauliques et pouzzolanes naturelles.
- La clôture de ce concours sera la même que pour le concours précédent.
- 3° Le conseil, voulant qu’une expérience et un emploi prolongé viennent donner une certitude, aussi grande que possible, des qualités dps chaux hydrauliques et pouzzolanes artificielles, a établi un prix de 10,000 francs a décerner dans dix ans pour les constructions sous l’eau de mer qui auront résisté pendant huit ans.
- p.119 - vue 129/836
-
-
-
- m
- CONSEIL DAOMINISTRATION,
- Extrait d’un rapport sur le concours ouvert pour un mémoire sur l’histoire
- critique et raisonnée de la production chevaline dans une ou plusieurs régiom
- de la France; par M. Huzard (1).
- La Société avait proposé un prix de 1,000 francs, et un second prix de 500 francs, pour un concours dont le programme était formulé de la manière suivante :
- Mémoire sur l’histoire critique et raisonnée de la production chevaline dans une ou plusieurs régions de la France.
- Trois mémoires ont été envoyés à la Société :
- Le 1er, sur la race chevaline du marais de Saint-Gervais, dans la Vendée;
- Le T, sur les races du département de Lot-et-Garonne;
- Le 3e, sur les races des quatre départements de l’ancienne Champagne.
- Les trois concurrents ont atteint le but que le concours avait eu en vue.
- Ce but était, par suite de l’indication de ce qui s’est passé dans l’histoire des races et dans les tentatives d’améliorations auxquelles elles ont été soumises, et ce qui en est résulté jusqu’à présent, de pouvoir présumer ce qu’il y avait désormais de mieux à faire pour continuer et amener une multiplication plus grande ou une simple amélioration.
- Reconnaître le mérite des concurrents a été chose facile.
- Le rapport sur le concours , inséré dans le Bulletin d’avril de l’année dernière, indique celui de chacun des concurrents, en donnant une analyse de leur travail ; mais balancer et juger ces mérites était une difficulté autrement grande et devant laquelle force a été de reculer. Le comité d’agriculture et le conseil ont jugé qu’il n’y avait pas lieu à ranger les concurrents, et qu’ils devaient être portés sur la même ligne. En conséquence, ils ont décidé que le prix serait partagé entre les trois concurrents qui sont
- M. Charles de Sourdeval, propriétaire et éleveur, à Saint-Gervais;
- M. Goux, vétérinaire , à Agen ;
- Et M. de Challemaison, gérant de la colonie agricole des forges de Clairvaux.
- PRIX PROPOSÉS.
- M. Gourlier, membre du comité des arts économiques, a donné lecture du programme d’un concours ayant pour objet de propager, faciliter et récompenser l’emploi de constructions incombustibles, programme adopté par le conseil d’administration dans sa séance du Ier décembre 1852 (2).
- .fl) Nous avons publié, p. 269 du Bulletin de l’année 1852, le rapport complet sur ce concours. (?) Voir les programmes insérés dans le Bulletin de janvier ism, p. J i.
- p.120 - vue 130/836
-
-
-
- PRIX PROPOSÉS.
- m
- Deux prix sont mis au concours,
- 1° Pour la rédaction d’une instruction générale contenant l’indication des diverses sortes de matériaux naturellement ou artificiellement incombustibles , de leur nature, de leurs dimensions habituelles , de leur application la
- plus convenable , de leurs prix , etc...........................2,000 fr.
- 2° Pour tous nouveaux procédés, nouvelles espèces de matériaux ou nouveaux modes de construction susceptibles de produire l’incombustibilité........................................ 3,000 fr
- Exposé des motifs et programme de divers prix à décerner et relatifs aux mortiers à employer à la mer; par M. Félix Leblanc.
- Tout le monde connaît aujourd’hui le nom de M. Vicat et les importants et persévérants travaux qui ont conduit ce savant à signaler les substances naturelles susceptibles de fournir des chaux hydrauliques, c’est-à-dire capables de durcir sous l’eau à la manière des ciments employés par les Romains.
- On sait aussi que M. Vicat a pu assigner la nature et la proportion des substances naturelles qui, associées artificiellement, deviennent capables de fournir des chaux précieuses pour les constructions hydrauliques.
- Votre rapporteur ne commettra pas la faute de rien ajouter aux éloges prononcés par des hommes éminents et qui ont contribué à la décision par laquelle une récompense nationale a été décernée à M. Vicat, décision suivie bientôt du vote du conseil de la Société d’encouragement qui a décerné à cet illustre ingénieur le prix fondé par M. le marquis d’Argenteuil.
- Rappelons seulement, et d’une manière succincte, que l’on sait aujourd’hui , grâce aux recherches de M. Vicat, que ce sont les matières calcaires contenant de l’argile en certaines proportions qui peuvent fournir, par la calcination, des chaux susceptibles de durcir sous l’eau ; le temps nécessaire à la solidification des mortiers construits avec ce genre de chaux est ( entre certaines limites), pour ainsi dire, en raison inverse de la proportion d’argile contenue dans le calcaire calciné.
- L’opinion admise par M. Vicat et par la plupart des chimistes consiste à attribuer les propriétés des chaux hydrauliques à un silicate double de chaux et d’alumine qui prend naissance ; ce composé est susceptible de s’hydrater peu à peu, et la combinaison complexe de silice, d’alumine, de chaux et d’eau, opérée dans les conditions les plus convenables, devient insoluble dans l’eau et capable de résister à l’action ultérieure de ce liquide.
- On voit donc qu’il existe une certaine analogie entre les chaux hydrauliques et le plâtre calciné ; la chaux hydraulique provenant de la cuisson de certains calcaires, étant mise en contact avec l’eau, s’hydrate comme le plâtre
- CAngttante-deuxième année. Mars 4853. 16
- p.121 - vue 131/836
-
-
-
- CONSEIL D ADMINISTRATION.
- m
- calciné, en donnant un composé solide ; seulement, au lieu d’une matière susceptible de se dissoudre dans un excès d’eau , comme cela arrive pour le plâtre gâché et solidifié, on peut obtenir une substance absolument inattaquable par l’eau et capable de cimenter d’une manière durable les matériaux immergés.
- Ajoutons, pour compléter l’analogie avec le plâtre , que si la matière calcaire propre à faire de la chaux hydraulique a été trop calcinée, si elle a subi une sorte de fritte, elle sera comme la pierre à plâtre trop calcinée, impropre à absorber l’eau nécessaire à la formation du composé hydraté que l’on se propose de produire. De là l’importance d’une bonne cuisson pour que la chaux fasse prise sous l’eau.
- En associant artificiellement le calcaire à peu près pur, la craie, par exemple avec de l’argile, on obtient, par la cuisson, des chaux hydrauliques semblables , quant à leurs effets , à celles qui proviennent de la calcination de certains calcaires argileux naturels. C’est ainsi qu’on a fabriqué, avec de la craie de Meudon et l’argile plastique des environs de Paris, la chaux hydraulique qui a servi à la construction du canal Saint-Martin.
- On donne le nom de pouzzolane à une substance naturelle d’origine volcanique, riche en silicate d’alumine, et qu’on trouve en Italie, notamment près de Pouzzoles; elle possède la faculté remarquable de communiquer à la chaux grasse affectée aux constructions aériennes la propriété de durcir sous l’eau. L’affinité de la pouzzolane pour la chaux est telle, qu’elle peut dépouiller rapidement l’eau de chaux de la totalité de cette base tenue en dissolution.
- Les substances naturelles connues sous le nom de trass partagent les propriétés des pouzzolanes.
- M. Vicat a reconnu que ces propriétés étaient communes à diverses matières préparées par l’industrie, et que la faculté d’agir sur l’eau de chaux était, pour ainsi dire, en rapport avec l’énergie hydraulique de ces matières.
- On a donné le nom de pouzzolanes artificielles à ces matières qui sont ordi nairement des substances argileuses ayant subi un certain degré de cuisson.
- Un mortier hydraulique résulte de l’association d’une pouzzolane naturelle ou artificielle avec la chaux caustique plus ou moins pure.
- Telles sont, en résumé, les principales bases sur lesquelles repose actuellement la théorie des propriétés hydrauliques des mortiers et les considérations qui guident pour l’association des éléments qui doivent concourir à la confection d’une chaux ou d’un mortier hydraulique.
- Le problème technique, hérissé de difficultés, a été complètement résolu par M. Vicat, en ce qui touche les constructions immergées dans les eaux douces.
- p.122 - vue 132/836
-
-
-
- PRIX PROPOSÉS.
- 123
- Des économies considérables ont été réalisées, et aucun reproche ne s’élève contre les constructions baignées par l’eau douce depuis un certain nombre d’années (1).
- On avait cru pouvoir étendre les principes ordinaires de confection des mortiers aux constructions à la mer; mais on n’a pas tardé à reconnaître que, dans ce cas, le problème se complique d’éléments nouveaux qui interviennent d’une manière fâcheuse pour détruire peu à peu l’adhérence des mortiers qui avaient d’abord fait prise sous les eaux.
- En effet, l’emploi des pouzzolanes artificielles a , dans beaucoup de cas , donné lieu à des altérations auxquelles ont échappé beaucoup de constructions romaines à base de pouzzolane naturelle. Ces altérations ne se sont pas manifestées non plus pour des constructions faites sur nos côtes de l’Océan , en employant comme éléments des pouzzolanes naturelles d’Italie et des chaux un peu hydrauliques. On peut citer des exemples d’une résistance de vingt et même de près de quarante années en France.
- Le mortier du phare d’Edystone , construit sur les côtes d’Angleterre , par Smeaton, avec des pouzzolanes naturelles d’Italie, est resté inaltéré depuis sa solidification, qui remonte à quatre-vingt-seize ans.
- Hâtons-nous de dire que M. Vicat a donné le premier l’explication de l’action des eaux salées sur la chaux des mortiers, dans son ouvrage sur les pouzzolanes artificielles publié en 1846.
- Indépendamment de l’action dynamique et du choc des lames, les eaux de la mer agissent chimiquement sur les mortiers, même lorsqu’ils sont solidifiés ; les sels magnésiens contenus dans l’eau de mer cèdent de la magnésie à un grand nombre de mortiers ; et une partie de la chaux combinée est enlevée et rendue soluble par les acides primitivement unis à la magnésie.
- L’ignorance où l’on était, jusqu’en 1846, de ces effets a causé déjà, dans quelques ports, des avaries évaluées à plusieurs millions.
- Depuis qu’une importante innovation a fait remplacer, par des blocs de béton d’un volume colossal, les enrochements ordinaires à pierres perdues
- (l) Des recherches intéressantes faites par M. de FilleneuveU paraît résulter la possibilité d’utiliser, avec plus d’avantages que ne l’avait cru M. Ficat, les chaux limites pour les constructions hydrauliques dans l’eau douce. Ces chaux limites, c’est-à-dire dont la proportion d’argile est intermédiaire entre celle des chaux très-hydrauliques et des ciments, exigent seulement des précautions particulières pour leur extinction et leur association avec des incuits ou calcaires à chaux grasse imparfaitement calcinés.
- L’essai de ces mortiers a élé fait dans les constructions du tunnel sur le chemin de fer d’Avignon à Marseille. Des expériences ont été faites près Meudon sur la qualité des mortiers fabriqués d’après les indications de M. de Villeneuve. Peut-être faut-il attendre encore avant de juger définitivement la valeur de ces procédés. ( Voyez un mémoire de M. de Filleneuve sur les lois de l’hydraulicité et de la solidification des mortiers, Bulletin de la Société d’encouragement, 49e année (1850), p. 467.)
- p.123 - vue 133/836
-
-
-
- m
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- dans la construction des môles ou digues à la mer, on s’est aperçu, en divers points de notre littoral et dans nos colonies, que quelques-unes de ces digues pouvaient être exposées à périr par des causes ignorées d’abord et qui menacent , par une attaque sourde et incessante , la chaux des mortiers ou des blocs factices dont nos digues sont construites.
- C’est ainsi que les constructions faites à la mer à Calais, au Havre, à Saint-Malo, à la Rochelle, avec des pouzzolanes artificielles, ont déjà beaucoup souffert, quoique d’une date peu ancienne. Ces effets ne se manifestent sou vent pas avec évidence dès les premières années.
- Ainsi il paraîtrait qu’à la Rochelle les effets destructeurs n’ont été bien évidents qu’au bout de près de sept ans, et qu’ils ont ensuite rapidement augmenté d’intensité.
- L’expérience semble indiquer que les mêmes mortiers employés dans la Méditerranée ne subissent pas, en général, une détérioration comparable (1) et sont moins exposés aux causes de destruction plus actives sur les côtes de l’Océan.
- Faut-il expliquer cette différence par une cause exclusivement chimique tenant à une différence dans la nature des eaux , ou bien faut-il plutôt attribuer les effets à des actions dynamiques des marées et des courants s’exerçant sur les côtes de l'Océan avec plus d’intensité que dans la Méditerranée? Ces diverses hypothèses ont été émises ; la dernière explication, qui laisse une part égale à l’influence de la composition chimique des eaux, paraîtrait plus plausible en supposant, toutefois, une similitude complète de matériaux employés dans les deux mers.
- Dès 18A6, M. Vicat s’était occupé de rechercher la composition à laquelle devaient satisfaire les argiles à employer comme pouzzolanes artificielles pour que les mortiers construits avec ces pouzzolanes pussent résister à l’eau de mer. Ces premiers essais semblaient indiquer le rapport le plus convenable à observer entre la silice et l’alumine (2) ; malheureusement la réponse à attendre de l’expérience est fort longue. S’il ne fallait que quelques mois d’immersion, soit en mer libre, soit dans le laboratoire, pour constater la convenance d’un mortier ou d’un ciment, ou son insuffisance, des expériences faciles répondraient bientôt à la question (3); mais, malheureusement, des exemples récents prouvent que des mortiers qui avaient pu satisfaire pen-
- (1) Béton supportant les murs du quai de la Ciolat ( treize ans de durée ); blocs immergés de la digue d’Alger ( dix-sept ans ).
- (2) Silicates de la formule minéralogique, Al SC-f- Aq ou approchant, savoir : silice, 76 à 85 ; alumine , 15 à 24. L’association de ces argiles cuites avec des chaux hydrauliques paraissait d’abord offrir un haut degré de résistance à l’eau de mer. ( Lettre de M. ricat à M. Dumas. h’ulleUn de la Société d’encouragement, année 1846, p. 466. )
- Cî) D’après l'opinion actuelle de U. Paient, les seules matières qui paraissent bien réussira la mer,
- p.124 - vue 134/836
-
-
-
- PRIX PROPOSÉS.
- 125
- darit quelques années, sans donner aucun signe précurseur de leur détérioration prochaine, se sont tout à coup décomposés avec une effrayante rapidité.
- Cet état d’incertitude , s’il devait durer, ramènerait forcément à l’emploi exclusif de quelques pouzzolanes naturelles tirées de l’étranger.
- En effet, l’expérience d’un grand nombre d’années paraît démontrer qu’il existe, dans la catégorie particulière des silicates introduits dans les mortiers, des combinaisons que la mer respecte.
- C’est ainsi que certains ciments, certains mortiers à chaux éminemment hydraulique, et enfin les pouzzolanes des environs de Rome, ont résisté, depuis d’assez longues années, à une immersion constante, tant dans les eaux de la Méditerranée que dans celles de l’Océan, pour que leur stabilité indéfinie ne soit pas mise en doute. Nous avons déjà cité quelques exemples à cet égard.
- M. Minard, inspecteur général des ponts et chaussées, frappé de cette exception entre tant de composés de même nature et dont quelques-uns semblent identiques, a récemment appelé l’attention des ingénieurs sur les dangers qu’il y aurait, dans l’état actuel des choses, à continuer l’emploi des pouzzolanes artificielles pour les constructions à la mer.
- Il fait remarquer que c’est l’association des pouzzolanes naturelles avec des chaux maigres qui a donné les constructions les plus durables, et il conclut à la proscription de la pouzzolane artificielle pour les constructions à entreprendre en ce moment à la mer.
- Les expériences de M. Fêburier, ingénieur en chef, directeur des ponts et chaussées, paraissent démontrer que le trass de Hollande (1) peut donner de bons résultats à la condition de ne pas l’associer avec des chaux grasses (2); mais l’expérience doit être prolongée.
- Faut-il désespérer d’obtenir une solution pratique relativement à l’emploi de matériaux tirés de notre sol ? Auquel cas, le prix des immenses travaux ré-
- d’après l’expérience de quatre à cinq ans ( qu’il faut prolonger ), sont formées de 2 parties ou mieux de 3 parties de ciment éventé et de 1 de chaux. Iis deviennent d’une dureté extrême.
- Relativement aux pouzzolanes, M. Ficat fait remarquer que l’emploi des pouzzolanes très-énergiques commande l’association de chaux médiocrement hydrauliques, et que des pouzzolanes peu énergiques exigent des chaux très-hydrauliques. {Annales des ponts et chaussées, mai et juin 1852.)
- (l) Chaux de Doué moyennement hydraulique............... 5,
- Trass de Hollande..................................... 4,
- Sable................................................ 5.
- (Mortier employé dans les fossés du fort de Nay immergés dans l’eau salée (deux ans d’expérience).
- ( Rapport de M. Fêburier, ingénieur en chef, directeur des ponts et chaussées à Rennes ( Annales des ponts et chaussées, mai et juin 1852 ).
- (2) L’emploi du ciment de Yassy, pour les rejointoiements de parements en moellons destinés à protéger de l’action de l’eau de mer des constructions faites avec des matériaux hydrauliques à pouzzolanes artificielles, paraît, jusqu’à présent, donner de bons résultats; mais on sait que ce ciment est d’un maniement difficile.
- p.125 - vue 135/836
-
-
-
- 126
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- clamés par notre commerce maritime et par la défense militaire de nos côtes pourrait devenir exorbitant, et l’on rendrait le sort de ces travaux dépendant d’une guerre ou de tout autre événement.
- Votre conseil d’administration a pensé, Messieurs, que quelques efforts pourraient être tentés dans l’intérêt d’une question importante, pour répondre aux doutes et aux inquiétudes légitimes exprimés par plusieurs ingénieurs.
- M. Vicat, qui ne s’est pas dissimulé les difficultés du problème, s’exprimait récemment en ces termes :
- « Si la cause qui détruit est simple et bien connue aujourd’hui, celle qui « conserve est, au contraire, complexe, et, jusqu’à ce que tous les agents « auxiliaires qui lui viennent en aide soient connus et bien définis , le pro-« blême d’appréciation certaine d’un composé hydraulique pour l’eau de « mer, indépendamment d’une longue observation3 restera insoluble. »
- Il ajoutait :
- « J’espère, néanmoins, que la chimie ne restera pas impuissante devant ces « difficultés, et que notre sol nous fournira des matériaux d’un emploi moins « cher que ceux auxquels on est forcé d’avoir recours aujourd’hui. »
- Espérons que des travaux analogues à ceux de MM. Sauvage (1), Kuhl-mann (2), Rivot (3), prenant en considération plus qu’on ne l’avait fait pré-
- (1) Les intéressants travaux de M. Sauvage , ingénieur en chef des mine-s, ont établi l’existence de la silice libre et à l’état gélatineux dans un grand nombre d’argiles : la gaize des Ardennes contient jusqu’à 60 pour 100 de silice gélatineuse; la gaize fonctionne comme pouzzolane ordinaire, sans cuisson préalable. (Note de M. Vicat, Bulletin de la Société d’encouragement, 45° année (1846), p. 249.) C’est un exemple de pouzzolane naturelle d’origine non volcanique. Plusieurs argiles du département de la Marne ont été signalées comme offrant une composition analogue. En Angleterre, l’argile appartenant à l’Oxford-Clay se rapproche de la constitution des argiles précédentes, toujours d’après les analyses de M. Sauvage.
- Les arènes de la Gironde jouent un rôle semblable. Il ne paraît pas malheureusement, du moins en ce qui concerne la gaize, que sa constitution présente une uniformité suffisante à des distances un peu éloignées, dans la même couche géologique. Quoi qu’il en soit, ces travaux prouvent l’utilité d’un examen chimique approfondi des matériaux des mortiers, en prenant mieux en considération l’état particulier des éléments que l’on dose dans un calcaire. Au surplus, tant qu’on ne pourra pas faire pour les mortiers ce que l’on fait, par exemple, pour les pâtes céramiques de service à Sèvres, on ne pourra pas , à la suite de résultats imparfaits pour la technique, conclure nécessairement contre les principes déduits des analyses chimiques.
- (2) Voir les intéressantes recherches de M. Kuhlmann sur la présence des silicates alcalins dans les argiles. ( Annales de chimie et de physique, t. XXI, p. 364, 3e série. ) Les vues ingénieuses présentées par ce savant, au point de vue de la géologie et des expériences sur l’action qu’exercent les silicates alcalins sur le carbonate de chaux, méritent assurément d’être prises en considération dans la question importante et si complexe de l’hydraulicité des mortiers.
- (3) Au moment de la lecture de cet exposé des motifs, le public ne connaissait encore que le rapport annuel fait sur les travaux des ingénieurs des mines et adressé, quelques jours auparavant, au ministre des travaux publics, par M. Dufrênoy; ce rapport contenait une mention des travaux de M. Ri-votf comprenant entre autres recherches l’examen chimique des divers matériaux des mortiers.
- p.126 - vue 136/836
-
-
-
- MONUMENT A NAPOLEON I°r.
- 127
- cédemment la présence de quelques matières étrangères et soumettant à un examen attentif les différents états que peuvent affecter les éléments qui figurent dans les substances naturelles utilisables pour les mortiers, espérons, disons-nous, que des travaux de ce genre ouvriront la voie à des solutions techniques du problème qu’il s’agit de résoudre.
- D’après les considérations précédemment exposées, la Société d’encoura-* gement pour l’industrie nationale met au concours la solution des questions suivantes :
- I. Trouver un procédé qui permette de reconnaître, à la faveur d’expériences d’une exécution prompte et facile, les matières hydrauliques susceptibles de résister à l’action de l’eau de mer à l’état de repos et d’agitation.
- La remise des mémoires et renseignements devra avoir lieu le 31 décembre 1854.
- Le prix est fixé à la somme de 2,000 francs.
- IL La Société décernera, en outre, une récompense de 2,000 francs à l’auteur des meilleures études sur les mortiers déjà employés ou destinés aux constructions à la mer.
- Le délai fixé pour la remise des mémoires et pièces justificatives expirera également le 31 décembre 1854.
- III. Enfin la Société fonde un prix de la valeur de 10,000 francs à décerner à celui qui aurait découvert le moyen de fabriquer, avec des matériaux artificiels et d’un emploi économique, des mortiers hydrauliques capables de résister complètement à l’action de la mer pendant dix ans au moins.
- Les mémoires et pièces justificatives devront parvenir au secrétariat de la Société le 31 décembre 1864.
- MONUMENT A NAPOLÉON Ier.
- Rapport sur lf érection, par la ville de Lille, d’un monument à Napoléon Ier;
- par M. Dumas, président.
- Messieurs, l’hôtel des monnaies de la ville de Lille possède des balanciers dont le bronze provient des canons pris à la bataille d’Austerlitz. L’adminis-
- Dans l’intervalle qui a précédé l’impression de ces programmes, l’extrait des travaux faits au bureau d’essais de l’école des mines, en 1852, par MM. Rivot, Beudant, Daguin et Bouquet, a paru dans les Annales des mines. Ces recherches comprennent l’examen et les analyses d’un grand nombre de matières employées dans la confection des mortiers hydrauliques. ( Voyez Annales des mines, ï8i>2, t. Il, p. 621.) F. h*
- p.127 - vue 137/836
-
-
-
- m
- CONSKIL D ADMINISTRATION.
- tration des finances, pour obéir au progrès de l’industrie, ayant dû les remplacer par des presses monétaires, ces bronzes historiques devenaient sans emploi ; la chambre de commerce de Lille , jalouse de les conserver, a sollicité et obtenu du gouvernement l’autorisation de convertir ces glorieux trophées en un monument à la gloire de Napoléon Ier, protecteur de l’industrie française.
- Elle a voulu ainsi rappeler à la postérité la reconnaissance des chaumières et celle des ateliers pour le souverain que le peuple a toujours vu si fier des progrès de nos manufactures, si jaloux de la sécurité du laboureur et si heureux du bonheur que l’ouvrier des campagnes comme l’ouvrier des villes avaient retrouvé pendant les belles années de son règne.
- Le monument de Lille dira que Napoléon Ier ne fut pas seulement le plus grand des hommes, comme guerrier, comme législateur et comme administrateur, mais qu’il fut aussi le créateur de deux de nos industries les plus vivaces.
- Lui seul pouvait deviner, en effet, que le lin filé par des machines forcerait, un jour, le coton à compter avec lui, et que cette nouvelle industrie rendrait à l’Europe un riche produit agricole qui semblait perdu pour elle.
- Lui seul pouvait deviner encore que la betterave , même à armes égales, lutterait avec bonheur contre la canne à sucre ; qu’elle marierait l'agriculture à l’industrie, qu’elle donnerait au nord de l’Europe une partie du commerce des tropiques , qu’elle abolirait peut-être un jour l’esclavage , en supprimant sa cause.
- Aussi la chambre de commerce de Lille n’hésite-t-elle point, après avoir consacré son monument à Napoléon Ier, protecteur de l’industrie française , à réserver deux des faces du piédestal qui supportera sa statue en bronze pour rappeler les décrets célèbres par lesquels il a fondé la filature du lin à la mécanique et la fabrication du sucre indigène.
- Comment refuserions-nous nos sympathies, notre concours le plus actif à cette pensée, nous qui n’existons qu’en vertu de la protection spéciale et, pour ainsi dire, de l’initiative de Napoléon Ier? N’est-il pas inscrit pour cent exemplaires parmi nos premiers fondateurs? Leur liste ne renferme-t-elle pas tous les hommes éminents que le premier consul honorait de son amitié et de sa confiance, Chaptal et Berthollet, Laplace, Monge et Conté, Cambacérès ?
- Votre commission n’aurait pas hésité h vous proposer de voter une somme importante en signe de la reconnaissance éternelle que vous avez vouée à celui qui voulut personnifier, dans votre institution naissante , la protection qu’il étendait avec tant de sollicitude sur tous les éléments de la prospérité de nos manufactures ; mais elle sait qu’il ne s’agit ici que d’une manifesta-
- p.128 - vue 138/836
-
-
-
- DISCOURS DE M. DUMAS.
- 429
- tion, el que ce n’est pas l’importance de la somme qui donnera la mesure de l’intérêt que vous inspire la pensée à laquelle vous allez vous associer.
- En conséquence, votre conseil d’administration a voté une somme de i,000 francs pour la souscription de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale au monument que la ville de Lille va élever en l’honneur de Napoléon Ier, protecteur de l’industrie française.
- Discours de M. Dumas, président de la Société.
- Messieurs, il y a trois ans, lorsque l’Angleterre convoquait à Londres les peuples du monde entier au concours universel des arts, la France hésitait. En présence de l’immense production de la Grande-Bretagne, elle pouvait soupçonner un piège, craindre une défaite ; aussi la vit-on attendre à la dernière heure pour répondre à l’appel et se parer, comme à regret, de ses atours, lorsqu’il fallut s’y rendre.
- Comment nos grandes maisons industrielles n’auraient-elles pas douté, en effet?
- N’y allez pas, disaient les uns, l’exposition universelle est un piège du libre échange. Si vous êtes battus par l’Angleterre, elle saura bien exploiter son triomphe et y trouver un aliment nouveau pour son commerce ; et, si vous en êtes vainqueurs, comment vous refuserez-vous à traiter désormais avec elle ? De quel droit repousserez-vous ses produits, si elle vous propose d’admettre les vôtres sur le pied d’égalité ?
- Eh quoi ! s’écriaient les autres, vous voulez donc renoncer au commerce du monde ? Quand les nations se donnent rendez-vous au grand marché de l’univers, qui ose conseiller à la France d’abdiquer? Quand sonne l’heure suprême de la bataille du génie et des arts, qui ose lui proposer de s’abstenir?
- Et la France, longtemps indocile, mais que le danger attire toujours, envoyait au palais de cristal, et au dernier moment, ses produits improvisés.
- L’impression produite par leur bel ensemble , les incidents de la lutte au jour du jugement, le triomphe incontesté de notre industrie ont fourni de belles pages à l’illustre président de la commission française dans le savant rapport qu’il prépare; j’aurais voulu qu’il vous les fit entendre.
- A leur défaut, vous me pardonnerez, si, revenant à distance sur nos impressions communes, j’essaye d’en détacher, d’en faire ressortir quelques traits généraux.
- Messieurs, l’Angleterre avait préparé de longue date l’exposition universelle ; elle l’avait préparée en pleine prospérité et en pleine paix ; elle avait mis à la disposition de ses industriels son immense capital, ses houilles à
- Cinquante-deux-ième OMnée, Mars 1853. 17
- p.129 - vue 139/836
-
-
-
- 430
- DISCOURS DE M. DUMAS,
- profusion et à bas prix , ses machines puissantes et innombrables, son expérience consommée, et l’Angleterre n’a pas vaincu.
- La France, au contraire, se présentait au tournoi, au milieu des désordres d’une révolution saignante encore des plaies de la veille, incertaine des chances du lendemain, ses capitaux dispersés, son crédit anéanti, ses ateliers désorganisés, et pourtant, s’il est une nation qui ait mérité les palmes de la victoire, c’est à la France qu’elles sont dues.
- C’est que depuis un demi-siècle l’Angleterre et la France, par une fortune singulière, ont redoublé d’efforts, l’une pour accroître sa puissance matérielle, l’autre pour élever son intelligence.
- Et c’est, croyez-le bien, qu’il n’est pas donné à la matière de dominer l’esprit, à la mécanique de vaincre la pensée.
- L’Angleterre l’a compris enfin, et, si elle sait ce que vaut le travail musculaire ou mécanique, elle sait maintenant aussi le prix du travail intellectuel ou nerveux. Elle n’ignore pas que, si elle a pu créer par millions ces machines qui remplacent des populations entières et qui rendent inutiles sur la terre les muscles de plusieurs centaines de millions de créatures animées, elle ne s’était pas montrée également attentive à développer ces intelligences d’élite dont la pensée se répand comme une flamme sur les nations, qu’elle vivifie et qu’elle domine à leur insu.
- Aussi, à peine le palais de cristal était-il fermé, que nous la voyons demandant au continent par quels moyens on fortifie la haute culture des sciences; comment on arrive à soutenir l’étude des mathématiques, de la mécanique, de la physique et de la chimie ; demandant à l’histoire comment on forme des artistes d’un talent pur et élevé ; comment on communique à une nation tout entière ces délicatesses de goût ou ces artistes puisent leurs inspirations et qui font leur récompense la plus nécessaire et la plus haute.
- C’était, il faut l’avouer, un imposant spectacle que celui de ces deux nations mises tout à coup en présence et venant comparer les résultats d’une expérience séculaire poursuivie par chacune d’elles avec des vues si distinctes et souvent si opposées.
- Pour nous, familiers dès longtemps avec les expositions françaises, et accoutumés à y chercher ces nuances délicates et fugitives par lesquelles on arrive non sans peine à démêler ce qui caractérise des mérites qui se sont inspirés à une source commune, ce qui distingue des produits où les ressemblances l’emportent sur les différences, nous comprenions mieux encore combien le point de vue était changé.
- Par l’effet du contraste et du parallèle avec les produits anglais, vous au* riez dit que tous les nôtres sortaient d’une même fabrique * et rien n’eût été
- p.130 - vue 140/836
-
-
-
- ,r;^ï3.'..sïA.
- DISCOURS DE M. DUMAS. 131
- plus difficile, à coup sur, que d’effectuer, à Londres, ce travail de comparaison entre nos divers manufacturiers qui s’accomplit sans trop de peine à Paris.
- L’industrie française se révélait comme l’expression d’une école ; on ne pouvait pas refuser à l’industrie anglaise le même caractère d’unité. Nous avions en présence deux types venus des points de l’horizon les plus opposés, et qui, bien qu’arrivés sur certains traits à se confondre en apparence. n’en gardent pas moins encore leur certificat d’origine.
- Le type de l’industrie anglaise , fille du commerce , demeure toujours démocratique; le type de l’industrie française, fille de la science, des arts et de la royauté, se conserve éminemment aristocratique.
- L’une demande aux masses leur goût et s’y conforme; l’autre fait connaître le sien et l’impose souvent au monde.
- Tout produit anglais rappelle le marchand qui l’a commandé; on sait qu’il l’a commandé après s’être assuré seulement que ce produit est déjà admis dans la consommation d’une population nombreuse, après s’être enquis des moyens de le fabriquer à bon marché en Angleterre ; on devine qu’il se fût bien gardé d’en changer la matière, d’en modifier la forme , d’en altérer le dessin, de peur de se fermer le débouché qui avait fait le point de départ de sa spéculation.
- Tout produit français relève de l’artiste qui l’a conçu; il lui appartient: celui-ci a dû s’en séparer comme à regret et se sentir heureux de le voir tomber en des mains dignes de le posséder. Pas un où ne se révèle le souffle inspirateur qui lui a donné sa poésie, la main amoureuse qui en a caressé les détails.
- L’artiste anglais a créé pour vendre ; l’artiste français a créé pour créer. Sans doute, il lui faut aussi acheter de la matière première, payer de la main-d’œuvre , songer à ses ouvriers, à sa famille , à sa propre vieillesse, et dès lors vendre à profit; mais combien j’ai constaté de fois, dans le cours de ma vie, que l’industriel français produit par passion et vend par nécessité, tandis que pour l’industriel anglais c’est le commerce qui est le but et la production manufacturière le moyen.
- En un mot, l’industrie anglaise s’appuie sur le commerce pour arriver au profit par le bon marché ; l’industrie française s’appuie sur la science et l’art pour arriver à l’honneur par la perfection.
- Et pourtant, lorsque l’Angleterre a vu nos produits laisser les siens bien loin pour tous les objets de goût, les égaler au moins pour tous les objets d’usage, lorsqu’elle a vu nos prix, s’abaissant chaque jour, se rapprocher des siens, elle s’est émue,
- p.131 - vue 141/836
-
-
-
- 132
- DISCOURS DE M. DUMAS.
- Elle a rendu justice aux glorieux efforts de cet enseignement des sciences fondé par Louis XIV, généralisé et étendu par Napoléon, qui a valu à la France tant d’esprits pénétrants et tant d’inventions merveilleuses; elle a fait plus, elle a essayé de l’importer.
- Voyant que la supériorité des modèles compense souvent la surélévation du prix des matières premières, elle s’est demandé si le goût artistique dont nous avions fait preuve ne compenserait pas bientôt le bas prix de ses houilles, si le consommateur, entre deux objets, l’un à meilleur marché, mais d’une forme douteuse, l’autre un peu plus cher, mais d’un modèle pur, n’en viendrait pas à préférer le dernier.
- L’Angleterre a donc fondé des musées industriels, des écoles de dessin ; elle a centralisé l’organisation de ces créations nouvelles ; elle y a consacré des millions ; elle n’a rien négligé pour exciter désormais dans ses grands centres manufacturiers le goût des arts, pour y faire pénétrer le sentiment du beau, pour développer le génie inventif de ses artistes , et pour donner une âme à ces ouvriers qu’elle avait réduits au rôle de machines.
- Enfin l’Angleterre n’a pu méconnaître que chez nos industriels le sentiment de l’honneur est porté au plus haut degré; qu’une distinction leur est une récompense aussi nécessaire et plus douce que celle qu’ils trouvent dans l’accroissement de leur fortune. Elle a compris que la recherche de la perfection , de la beauté, de l’idéal serait poursuivie en France , tant que nos industriels y seraient excités par ces médailles décernées aux plus habiles à la suite de nos expositions et de nos concours, par les croix d’honneur qui viennent consacrer d’éclatants services ou de longs succès , par ces dignités publiques qui, parfois même , couronnent de grandes carrières industrielles.
- On a conseillé à son gouvernement de donner les mêmes excitations à l’industrie anglaise , d’instituer à son profit des médailles, des croix , des dignités , une noblesse; jusqu’ici on a échoué. Les vieilles coutumes ont prévalu ; Arkwright et Watt peuvent renaître , ils ne sortiront pas de leur caste, et, si sur leur tombe la liste de leurs services est longue, celle de leurs titres prendra peu de place.
- Vous le voyez, les esprits éminents qui ont été chargés d’organiser l’exposition universelle n’ont pas méconnu ses conséquences. Ils ont vu que la perfection, toujours croissante, des moyens de transport met à la disposition de tous les peuples les mêmes matières premières ; que l’usage universel des machines tend à avilir le loyer de la puissance musculaire pour tout le travail susceptible de continuité ; que les objets livrés par le commerce ne promettent , dans l’avenir, préférence et profit qu’en raison de la perfection de l’exécution, de l’élévation du style , de la pureté des formes ; que la pensée,
- p.132 - vue 142/836
-
-
-
- DISCOURS DE M. DUMAS.
- 133
- enfin, reprenant ses droits, triomphe de la matière qui semblait l’avoir pour toujours asservie.
- C’est donc à la recherche de l’idéal qu’ils ont poussé la jeunesse industrielle de l’Angleterre, et c’est pour lui en ouvrir les routes qu’ils ont demandé à la science et à l’art le secours de leurs leçons, de leurs conseils, de leurs exemples et de leurs inspirations.
- Il y a, je l’avoue, quelque chose qui m’a plus étonné que l’exposition elle-même, c’est l’impartialité avec laquelle les Anglais en recherchaient et en démêlaient la véritable conclusion; c’est l’ardeur avec laquelle, une fois cette conclusion reconnue, ils ont poursuivi l’application pratique des conséquences qui en découlaient. Une fois reconnu que la matière première et la force brutale peuvent s’obtenir ou se réaliser partout, tandis que la science et l’art, c’est-à-dire la pensée, sont l’apanage des peuples les plus avancés et constituent désormais un élément commercial du premier ordre, ils ont voulu faire pénétrer partout la science, l’art et la pensée.
- Nous nous sommes trompés, me disait un Anglais éminent, il y a quelques années, en assistant à une séance de l’Académie des sciences ; nous nous sommes trompés, car je vois autour de moi, dans cette salle, plus de savants connus et honorés de l’Europe que n’en pourrait fournir l’Angleterre tout entière.
- Ah ! oui, nous nous sommes trompés, reprenait-il quelque temps après en parcourant avec moi l’exposition universelle, nous avons laissé la science à elle-même , et vous lui avez élevé des temples ; nous avons glorifié le métier, et vous l’avez laissé à ses seules forces ; et voilà que c’est de la France , c’est de Paris que surgissent les applications qui depuis cinquante ans ont transformé le monde : la soude factice, la distillation continue, la pensée première de l’éclairage au gaz, la filature mécanique du lin, le sucre de betterave , le premier jet du télégraphe électrique, les phares à lentilles, les chaux hydrauliques factices, la bougie stéarique, l’alizarine, le daguerréotype, la potasse de mer, l’outremer artificiel, le blanc de zinc, etc.
- Qu’animés de tels sentiments, émus de telles pensées, les esprits éminents qui veillent à l’avenir de l’Angleterre aient été conduits à déplacer le gouvernail et changer la route, qui en serait surpris?
- Mais quel doit être à son tour le rôle de la France? Faut-il qu’en vue de la lutte qui se prépare elle s’attache à accroître les forces matérielles ou à perfectionner sa puissance intellectuelle ? A mon sens , nul doute n’est permis à ce sujet.
- Si les matières premières étaient fournies à meilleur prix à nos fabriques, elles y trouveraient une source de production plus abondante et de bénéfices
- p.133 - vue 143/836
-
-
-
- !)1 SCOIJilS I)K il. IM'MAS.
- 134
- plus étendus, cela est évident ; mais est-ce bien là que notre industrie puisera la force nécessaire pour soutenir les combats qui s’apprêtent ?
- Non; j’en ai la conviction bien profonde. Mais qu’elle persévère dans sa voie , qu’elle maintienne la force des études littéraires dans ses lycées , tout en y développant l’enseignement des sciences; qu’elle y bisse pénétrer l’enseignement du dessin avec l’intention bien arrêtée de donner le sentiment et le goût de l’art, et elle aura communiqué à la masse de la jeunesse des forces créatrices demeurées jusqu’ici le privilège de quelques esprits choisis ou privilégiés.
- Que la France organise douze ou quinze centres universitaires, oii les lettres, les sciences, l’art soient l’objet d’un culte sérieux, et elle aura répandu sur la masse de la nation des bienfaits dont jusqu’ici Paris a gardé le monopole.
- Qu’enfm elle continue à honorer les lettres, les sciences, les arts dans leurs représentants les plus dignes ; qu’elle se montre fidèle dans les académies, dans les réunions savantes, dans les expositions publiques au culte sévère du vrai, du beau, du grand ; qu’elle ne se lasse pas de l’idéal et de la poésie, et la France gardera longtemps encore cette souveraineté du goût que l’exposition universelle de Londres lui a décernée.
- Napoléon F1 disait : Il n’y a de beau que ce qui est grand.
- Sous un prince bien doué, les lettres et les arts sont honorés , les sciences sont respectées.
- S’il demande aux arts d’embellir son pays et d’illustrer son siècle, il veut que les lettres transmettent son souvenir à la postérité ; il charge les sciences d’assurer le bien de la société qu’il gouverne.
- Car il sait que, conduite par la main du pouvoir, la science est capable des plus grands résultats pour les intérêts de la patrie.
- Ce sont ces pensées, traduites par tous les actes de son règne, qui ont préparé notre glorieux succès à l’exposition universelle : elles sont une tradition de famille à laquelle s’est montrée fidèle l’âme élevée qui a reçu des mains de la Providence le dépôt du pouvoir souverain, et qui en fait un si noble usage pour la prospérité de la France et pour la paix du monde.
- p.134 - vue 144/836
-
-
-
- CONSEIL D’ ADMINISTÎIATI0N. — NÉCROLOGIE. 133
- Eloge de M. le comte Charles de Lasteyrie; par M. le baron Charles Dupin.
- Messieurs, dans la séance publique de l’année dernière, lorsque j’ai fait la triste revue des pertes éprouvées par la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, je n’ai pu que citer le nom d’un de ses fondateurs les plus vénérables , M. Charles de Lasteyrie. Je viens aujourd’hui payer notre dette commune envers un homme qui fit honneur a son pays par ses vertus , son amour des arts et les services nombreux qu’il a rendus à ses contemporains.
- M. Charles de Lasteyrie naquit en 1759 à Brive-la-Gaillarde. Enfant d’un pays de montagnes, ami passionné pour la vie des champs, il fortifia par l’exercice une constitution naturellement robuste ; il devint l’un des marcheurs les plus infatigables ; il fut l’un des voyageurs qui surent le mieux mettre à profit leurs fatigues pour connaître l’intérieur et je dirai presque les entrailles des pays qu’il a parcourus et si parfaitement explorés.
- Ses parents le destinaient à l’état ecclésiastique ; il ne put se faire à la perspective d’une vie sédentaire et contemplative.
- Afin de satisfaire avec succès sa passion dominante , son ardeur le tourna vers l’étude des langues vivantes, et surtout de l’anglais. Il n’avait encore que vingt et un ans lorsqu’il fit son premier voyage en Angleterre : là, deux agronomes, Arthur Young et sir John Sinclair, attirèrent surtout son attention. Il revint sur le continent et parcourut tour à tour la Prusse , l’Italie et la Sicile.
- Ainsi s’écoulèrent neuf ans de sa vie , jusqu’à 1789. Par sa naissance il appartenait à la classe privilégiée ; son frère aîné, le marquis de Lasteyrie du Saillant, avait épousé la sœur du célèbre Mirabeau; cela lui servit à connaître le grand orateur, mais sans qu’une telle alliance l’attirât vers la politique. Au lieu d’émigrer comme ses frères, il vécut paisible dans une campagne près de Paris, s’occupant de mettre en pratique les perfectionnements agricoles qu’il avait étudiés, appréciés dans ses voyages.
- Au milieu de la vie des champs, ses idées le ramenaient vers sa passion favorite. A ses yeux c’était voyager encore que de traduire et de publier l’ouvrage intéressant de Léopold Berthold, qui porte ce titre, Essai pour diriger et pour étendre les recherches des voyageurs qui se proposent rutilité de leur patrie. Jamais traducteur n’est resté , par sa plume et par sa vie , plus fidèle à son auteur.
- La révolution , qui ne pouvait pas dévorer tout le monde, laissa vivre le laboureur Lasteyrie, quoiqu’il eût été l’ami de Lafayette. Leur intimité s’est continuée, avec une constance de cinquante ans, à travers les temps adverses ou prospères.
- p.135 - vue 145/836
-
-
-
- 136
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Lorsque nous cessâmes un peu d’être en guerre avec tout le monde , l’amour des voyages revint au cœur du cultivateur qu’on pouvait appeler le sédentaire malgré lui. Il passa d’abord en Espagne ; ensuite il revint du côté du nord et parcourut, de proche en proche , la Hollande , le Danemark, la Aonvége et la Suède. En poussant toujours du côté du pôle, il alla jusqu’en Laponie, et put dire avec les savants français qui l’avaient devancé : nous nous sommes arrêtés à l’unique endroit où la terre nous ait manqué.
- Charles de Lasteyrie ne s’occupait pas seulement des pratiques de l’agriculture et des arts ; il aimait à connaître, dans chaque contrée, les hommes les plus utiles à leurs semblables. A Malte, il avait trouvé Dolomieu, le célèbre géologue, qu’il accompagna plus tard , quand celui-ci fit l’exploration savante des montagnes de l’Auvergne. Parmi les Suisses, il cultiva l’amitié du général Laharpe, le sage et digne précepteur de l’empereur Alexandre ; il connut Lavater, le plus ingénieux des physionomistes, celui qui lisait le mieux le cœur de l’homme et son esprit sur le simple aspect de nos traits. Il tira plus de fruit encore de sa liaison avec HofwyC le créateur d’un excellent système d’éducation et d’instruction dans le but réel de la vie pratique.
- M. Charles de Lasteyrie avait mis à profit la trop courte paix d’Amiens pour visiter de nouveau la Grande-Bretagne. Il avait surtout porté ses regards sur une association qui datait déjà d’un demi-siècle , et qui, sous le titre de Société pour Vencouragement des arts, des manufactures et du commerce, rendait à l’Angleterre des services incessants.
- Il sollicita le zèle de ces amis du bien public dont j’ai déjà signalé les noms quand j’ai prononcé l’éloge de M. de Gerando; il leur montra l’avantage de créer en France une Société du même ordre , et la Société fut créée.
- Pendant cinquante ans M. de Lasteyrie est resté l’un des plus zélés, des plus assidus, des plus éclairés et des plus utiles entre nos collègues éminents. Aussi la Société, par une constance digne d’éloges, a-t-elle réélu M. Charles de Lasteyrie quarante et une fois parmi ses présidents annuels.
- C’est ici le moment de signaler ses travaux utiles.
- Il a des premiers appelé l’attention de la France sur cette race précieuse de moutons espagnols appelés mérinos; il a préparé de la sorte la matière première d’une industrie dans laquelle la France n’a pas de rivaux, industrie qui fleurit surtout à Reims et dans nos départements du nord.
- On a traduit en diverses langues les descriptions instructives données par M. de Lasteyrie sur les cultures du pastel et du cotonnier.
- Il a plus fait que de rester comme un utile moniteur pour des industries qu’il ne cultivait pas lui-même.
- Dès 1809 il s’était occupé d’un art que la Bavière avait vu naître; il re-
- p.136 - vue 146/836
-
-
-
- NÉCROLOGIE.
- 437
- prit sérieusement, en 1814, le projet d’en doter la France. Il visita deux fois, à Munich, les ateliers de Senefelder. Il aurait pu prendre un brevet d’importation ; il aima mieux garder pour lui les sacrifices, et laisser à ses concitoyens la liberté d’imitation avec des avantages achetés moins chèrement que les siens.
- Dans les ateliers de lithographie établis par M. de Lasteyrie ont été publiés les machines , les instruments et les ustensiles, conformes aux dessins qu’il en avait faits dans ses voyages : production originale et pleine d’utilité. Nous citerons seulement, parmi ses publications lithographiques les plus importantes qui concernent les sciences, les planches coloriées de YHistoire naturelle des mammifères, par Geoffroy-Saint-Hilaire et Frédéric Cuvier; Y Anatomie de F homme, par Béclai'd et Jules Cloquet; enfin les grandes planches anatomiques de l’homme, ouvrage d'Automarchi.
- M. Charles de Lasteyrie aurait voulu doter son pays d’une belle collection de produits d’agriculture et d’industrie, en y joignant les objets essentiels de l’économie domestique, et les livres qui concernaient tous ces objets dont il était possesseur ; il aurait voulu qu’un musée d’utilité publique fût institué dans ce dessein.
- C’est beaucoup plus tard que les collections importantes du Conservatoire des arts et métiers, successivement agrandies et diversifiées, ont à peu près réalisé ce plan.
- Dans les derniers temps de sa vie, M. Charles de Lasteyrie offrit à la Société d’encouragement sa bibliothèque, précieuse en livres consacrés aux arts utiles, et ses collections soit d’instruments technologiques, soit de produits d’agriculture et d’industrie.
- Parmi ces dons, tout ce qui pouvait intéresser plus particulièrement certaines écoles publiques, la Société d’encouragement s’est empressée de les en gratifier. C’est ainsi qu’elle remplissait le vœu du donateur primitif, c’est-à-dire le vœu de la plus grande utilité nationale.
- Notre savant collègue M. Jomard a rendu le premier hommage aux travaux de M. Charles de Lasteyrie dans le sein de la Société formée pour l’enseignement élémentaire , Société si redevable à notre célèbre collègue.
- Dès 1814, comme en 1801, M. de Lasteyrie avait profité du premier jour de pacification pour retourner en Angleterre. Il avait été frappé des progrès et du succès des méthodes, alors si nouvelles, propagées par Bell et par Lancaster pour enseigner à la jeunesse nos premières et plus utiles connaissances : lire, écrire et compter.
- Presque au même moment parurent deux écrits qui faisaient connaître à la France de si précieuses méthodes; le seul nom des auteurs en annonçait
- Ciwiumte-domème mmée. Mars 1853. 18
- p.137 - vue 147/836
-
-
-
- 138 CONSEIL d’administration. — NÉCROLOGIE.
- l’avantage pour le peuple : c’étaient les noms de la Rochefoucauld~Liancoiirt et de Charles de Lasteyrie.
- Ce fut bien peu de temps après ces publications, en 1815, que l’autorité s’empara de ces précieuses indications.
- Un ministre illustre, Carnot, mit à profit cent jours d’une incroyable activité pour prêter l’appui le plus généreux, le plus assidu aux efforts de quelques bons citoyens ; il se servit d’eux pour doter la France du mode nouveau d’instruction primaire connu sous le nom à'enseignement mutuel.
- Dès le 27 avril, Carnot fait rendre un décret pour le perfectionnement de l’instruction primaire ; le 7 mai suivant, il institue un comité d’action composé de MM. Charles de Lasteyrie, de la Borde, l’abbé Gauthier, de Gerando et Jomard. Ce comité , qui s’assemblait quotidiennement, M. le ministre en personne le présidait presque toujours, malgré les affaires et la gravité des temps.
- Les termes mêmes dans lesquels était conçu l’acte de nomination montrent de quel point de vue élevé Carnot jugeait cette entreprise.
- « Je compte sur vos soins et sur vos lumières , disait-il à de tels hommes, pour me seconder dans cette entreprise que l’on peut appeler grande et importante, puisqu’elle intéresse la prospérité de l’Etat et doit contribuer au bonheur d’une grande partie de la nation. »
- Je m’estime heureux d’avoir à rappeler ces belles paroles d’un homme d’État qui fut à la fois un éminent géomètre, un grand ingénieur, et qui fut, dans la vie privée, le plus excellent des hommes. Il savait accorder à la jeunesse studieuse une amitié que mon cœur n’oubliera jamais.
- La Société d’encouragement, fidèle à son noble titre , s’empressa de concourir à former une grande association, qui prit naissance dans son sein, pour la propagation des nouvelles méthodes d’enseignement élémentaire.
- M. Charles de Lasteyrie sut y prendre un rang des plus éminents, rang qu’il conserva par des travaux incessants si bien énumérés et si bien appréciés dans la notice de notre collègue M. Jomard.
- M. Charles de Lasteyrie comptait au premier rang parmi les fondateurs de nos institutions d’utilité nationale : par exemple, la Société philotechnique fondée dès l’année 1801.
- Il ne s’est pas contenté de prendre part à leur naissance, et, si je puis parler ainsi, d’assister à leur baptême; il les a suivies, soutenues et nourries par sa présence, ses conseils, ses travaux et ses présents.
- N’est-ce pas un spectacle charmant, qui élève à la fois et repose l’âme, que celui de cet illustre vieillard, dont la vie s’est écoulée comme s’écoule, en grandissant, un cours d’eau pur et paisible ; que celui d’une existence
- p.138 - vue 148/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 139
- toujours d’accord avec elle-même, depuis 1759 jusqu’à 1850, et conduite d’un pas si ferme à travers neuf gouvernements et quatre révolutions; que celui de l’homme qui voit supprimer trois fois la classe élevée dans laquelle il était né, sans s’en apercevoir, et la rétablir sans daigner y prendre garde ; de celui qui, sous la royauté, la république et l’empire, se constitue en quelque sorte citoyen inamovible* et qui ne se laisse déranger de ce, poste volontaire par aucun emploi public? Éclairer l’agriculture, avancer l’industrie, professer la vertu , non pas avec des paroles, mais avec des actions ; devenir célèbre et rester simple ; se montrer plein d’aménité, de douceur, avec un esprit qui connaissait l’atticisme et par conséquent la grâce ; et cette grâce était empreinte sur sa physionomie à la fois fine et riante. Voilà, Messieurs, l’un des plus heureux caractères et des plus profondément honorables que puissent montrer, dans l’histoire de nos moeurs, quatre-vingt-dix ans de la vie française.
- M. Ferdinand de Lasteyrie, l’unique fils de l’homme éminent dont nous venons de rappeler les vertus et les talents, s’efforce, à ces deux litres, de paraître digne de son père. Il chérit les arts ; il s’adonne avec distinction au perfectionnement de la peinture sur verre, si précieuse et pour nos monuments religieux et pour une architecture imitée de la renaissance. Ferme et modéré dans ses idées, comme l’auteur de ses jours, il honore les opinions qu’il adopte, même aux yeux de ceux qui ne sauraient les partager. Nous avons encore présent à notre pensée le jour où vos présidents et vos secrétaires sont allés lui témoigner la douleur et les regrets de la Société, au sujet d’une perte irréparable pour nous et surtout pour un fils. Sa réponse, pleine d’âme et d’élévation, est restée gravée dans nos coeurs.
- NOTICES INDUSTRIELLES
- extraites de diverses publications périodiques françaises el étrangères.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Extrait d’un mémoire sur la fabrication, par voie ignée, de blocs artificiels destines aux constructions hydrauliques, et plus particulièrement aux travaux maritimes ; par M. Bérard.
- Voici les conditions à remplir pour l’emploi du nouveau procédé de M. Bérard :
- 1° Pouvoir construire, sur place ou à proximité du point à échouer, des blocs d’une densité et d’un volume tels que la résistance que leur masse doit offrir par inertie soit supérieure à la pression des vagues provoquant au déplacement.. On peut admettre
- p.139 - vue 149/836
-
-
-
- 140
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- comme limite devant être atteinte le volume de 15 mètres cubes avec une densité de 2,1 à 2,2, laquelle se trouve réduite à environ 2,0 à 2,1 après une immersion dans les eaux salées.
- 2° Que ces blocs offrent une solidité suffisante pour supporter le transport et l’immersion sans se rompre , et une dureté assez grande pour que l’action mécanique des vagues agissant par frottement soit sans effet sur leurs surfaces.
- 3° Que leur composition chimique soit de telle nature que les eaux alcalines ou même acides soient sans aucune influence pour opérer la décomposition ou la désagrégation des éléments constitutifs.
- 4° Enfin que les matériaux composant ces blocs soient des substances communes que l’on trouve à peu près partout, et conséquemment d’un prix assez peu élevé pour que leur emploi soit économique et toujours accessible dans tous les travaux.
- L’auteur a pensé qu’en employant l’argile ordinaire et en lui faisant subir un commencement de vitrification , on pourrait obtenir un corps parfaitement inattaquable à toutes les eaux possibles et jouissant des conditions précitées.
- Les moyens d’exécution mis en usage sont des plus simples.
- Un bloc est construit en briques non cuites et simplement desséchées au soleil. Les briques, posées de champ, sont stratifiées par couches avec le combustible sur quelques rangées de briques de champ servant de grilles et convenablement espacées entre elles.
- Une chemise construite également en briques et à quelques centimètres de distance du bloc l’enveloppe dans tout son pourtour; l’espace vide laissé entre la chemise et le bloc est rempli avec du charbon menu ; on peut mettre également une petite quantité de ce même combustible entre les couches de briques de la chemise, si celle-ci est en briques crues, ce qui servira à les faire cuire. Le feu est mis à la base du bloc; bientôt il se propage en montant, échauffe toute la masse intérieure formant le bloc qu’il porte à la température du ramollissement de l’argile, voisine de la fusion. Le retrait qui se produit par la cuisson des briques et la combustion du charbon intercalé donne naissance à des affaissements et à des vides qui sont comblés à mesure qu’ils se produisent.
- La chemise et le bloc sont ainsi montés jusqu’à la hauteur que celui-ci doit atteindre; alors on recouvre le tout d’une dernière couche de charbon et de plusieurs épaisseurs de briques, puis on bouche toutes les ouvertures et on laisse refroidir.
- Pour procéder à l’enlèvement du bloc, il suffit de démolir la chemise qui fournit des briques cuites ; le bloc ainsi dégagé peut être transporté à sa destination.
- Quant au combustible à employer pour développer la chaleur qui doit déterminer la vitrification naissante ou le ramollissement de la masse , on peut se servir de houille ordinaire ou de houilles maigres anthraciteuses, ou enfin de débris de coke. La quantité nécessaire à la cuisson d’un bloc varie suivant la nature des argiles et les mélanges de sable qu’on jugera quelquefois à propos d’y introduire ; elle n’est pas de beaucoup supérieure à celle exigée par la simple cuisson des briques.
- Il résulte de ce qui précède qu’on peut établir des blocs de forme déterminée, d’un volume très-considérable qui n’aurait de limite que dans la possibilité du transport, et
- p.140 - vue 150/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 141
- dépasser, par conséquent, de beaucoup le chiffre indiqué de 15 mètres cubes. La den-sité de ces blocs est supérieure à celle des blocs à la chaux ; elle est variable suivant la nature des argiles employées. Les argiles ferrugineuses peuvent donner des blocs ayant une densité de 2,4 à 2,5, correspondant, après immersion, de 1,3 à 1,4, c’est-à-dire supérieure de plus d’un quart, comme effet de résistance, aux blocs ordinaires. On peut même, par extension des procédés indiqués, construire hors de l’eau clés digues ou jetées entières sans solution de continuité, et dont la masse serait aussi inébranlable qu’indestructible.
- Lorsque l’opération est conduite convenablement, la solidité de ce produit ou sa résistance au brisement ne laisse rien à désirer; quant à sa dureté , les instruments en fer sont impuissants à entamer ses surfaces, d’où il est permis de conclure que l’action destructive des vagues agissant par frottement sera nulle. Le simple examen des fragments de ces blocs ignés suffit à justifier leur parfaite inaltérabilité dans toutes les eaux marines. ( Académie des sciences, 21 mars 1853. )
- Perfectionnements apportés à la machine pneumatique ; par MM. Berton.
- Une machine pneumatique construite avec soin sur les principes généralement suivis satisfait aux conditions désirées tant que l’élasticité de l’air se trouve encore assez forte, quoiqu’à chaque abaissement du piston une petite quantité en soit refoulée dans les conduits avant que la soupape d’exhaustion ait suffisamment produit son action ; mais, alors que l’élasticité de l’air est devenue très-faible, le jeu des pistons ne produit plus qu’un effet très - incomplet ; aussi le perfectionnement apporté à la machine pneumatique par le système de double épuisement a-t-il introduit, dans la construction de cet important instrument, d’incalculables avantages.
- Yoici en quoi consiste le système des auteurs :
- Si une soupape est mise en mouvement par le moyen d’un plan incliné et d’un ressort agissant en sens inverse, elle ouvrira ou fermera exactement l’ouverture sur laquelle elle repose, avec une force proportionnée à l’effort de ces deux agents.
- Si donc on place au fond du corps de pompe d’une machine pneumatique deux soupapes établies sur ce principe et mises en mouvement alternatif par un plan incliné doué d’un mouvement alternatif horizontal, quelle que soit l’élasticité de l’air à leur surface, elles lui donneront passage par suite du jeu seul du plan incliné et du ressort.
- Mais la soupape d’exhaustion , soulevée par une tige métallique qui traverse le piston, reste soulevée au moment où celui-ci commence à s’abaisser, et de là résulte le refoulement d’une petite quantité d’air dans les conduits.
- Pour obvier à ce grave inconvénient, les auteurs ont eu recours à l’artifice suivant :
- La partie supérieure de la tige de cette soupape est fixée à un levier brisé dont l’uné des extrémités vient se poser sur le piston lorsqu’il parvient au point le plus élevé de sa course, et par la pression qu’elle transmet à la tige de la soupape détermine, par le moyen de celle-ci, la clôture exacte de l’ouverture qui ne permet plus d’introduction d’air dans les conduits.
- p.141 - vue 151/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- m
- Par suite de celte disposition, il serait possible de supprimer te double épuisement.
- Le système de soupapes dont il s’agit pourrait recevoir des applicalions dans les appareils à vapeur et l’hydrodynamique. ( Académie des sciences, 28 mars 1853. )
- Fabrication des tuyaux en fer étiré; par M. Gandillot.
- La bande de tôle qui doit former le tube est roulée sur un mandrin cylindrique d’un diamètre tel que les rebords de la tôle se recouvrent de 0"',01 au plus. Le tube ainsi préparé est placé dans un four à étirer dont la paroi postérieure est percée d’un trou.
- Lorsque le tube a atteint la température du blanc soudant, on introduit par le trou de derrière un mandrin en fer forgé et tourné, se terminant comme un œuf, mais présentant une partie cylindrique de 8 à 10 centimètres de longueur. Ce mandrin est soudé à l’extrémité d’une tringle en fer assez longue pour pouvoir arriver à la partie antérieure du banc d’étirage, où s’exerce l’action de la fdière. Cette tringle se termine à l’intérieur des mordacbes de la filière.
- Ce mandrin , qu’on n’introduit dans le tube qu’au moment où l’on va serrer la filière pour étirer, doit avoir un diamètre suffisant pour remplir sans effort la capacité du tube. Entraîné par la chaîne sans fin du banc d’étirage, le tube, à la sortie du four, est pris entre les mordaches et le mandrin , ce qui suffit pour opérer la soudure sur toute la longueur qui a été chauffée. Pour faire disparaître la double épaisseur, on fait passer le tuyau dans une filière ovale qui presse seulement sur le joint ayant le mandrin pour appui. On répète cette opération autant que cela est nécessaire en serrant de plus en plus la filière. Cela fait, on étire le tuyau dans une filière qui lui donne la forme et le diamètre demandés.
- On peut faire des tubes en soudant par juxtaposition. On chauffe au blanc soudant la feuille de tôle préparée sur un mandrin ; on introduit un mandrin dans le tuyau, à sa sortie du four, et le tout passe dans la filière.
- L’auteur indique ensuite la confection de tuyaux soudés par le doublage.
- Deux feuilles de tôle ayant été préparées sur un mandrin, on introduit un des tuyaux dans l’autre, de manière que les joints soient opposés; puis on chauffe et on passe à la filière. Pour raccorder les tuyaux, on peut fileter les extrémités; mais s’il s’agit de tuyaux très-minces, la résistance qu’ils présentent serait insuffisante. Dans ce cas, l’inventeur introduit à chaque extrémité des tuyaux à joindre une douille conique. Les douilles sont jointes par des colliers qui embrassent les tuyaux. Le rapprochement de ces pièces a lieu au moyen de boulons qui passent dans des trous percés dans les colliers. ( Description des brevets pris sous le régime de la loi de 1844 , t. VI, p. 207. )
- Procédé de blanchiment des épingles, aiguilles, etc. ; par MM. Vantillard et Leblond.
- On sait que les épingles fabriquées avec le laiton manquent de résistance et de fermeté f aussi les a-t-on remplacées par des épingles en fer et en acier; mais il fallait les
- p.142 - vue 152/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- m
- étamer. Cet étamage ne se fait pas aussi bien que sur le laiton; les épingles présentent des rugosités qui déchirent les étoffes.
- Les inventeurs, voulant éviter cet inconvénient, ont eu l’idée d’appliquer sur les épingles en fer une couche de cuivre ou d’un autre métal ayant pour l’étain plus d’affinité que n’en a le fer; mais, pour que le résultat soit satisfaisant, il faut polir et décaper les épingles avant de les cuivrer. Les inventeurs ont apporté une amélioration au travail lui-même en faisant en une seule opération le poli, le décapage et le cuivrage.
- Pour traiter, par exemple, 2 kilog. de produits, on met dans un vase en verre 4 lit. d’eau douce, 300 grammes d’acide sulfurique, 30 grammes de sel d’étain, 40 grammes de sulfate de zinc cristallisé , 7 grammes de sulfate de cuivre ; on laisse dissoudre pendant vingt-quatre heures.
- Le bain étant préparé , on le met dans un baril en bois, en forme de broc , monté sur ses axes. Ce baril, de la capacité de 20 litres, reçoit les aiguilles ou les épingles; on tourne pendant trente minutes, et on obtient à la fois un décapage, un polissage et un commencement de cuivrage.
- Au bout de ce temps, on ajoute 20 grammes de sulfate de cuivre en cristaux; ou agite en tournant le baril pendant douze minutes, et l’on obtient un cuivrage solide et un beau poli sur le cuivre. Cela fait, on décante la liqueur qui peut servir indéfiniment , et on lave les objets à grande eau froide; on les met dans un baquet contenant de l’eau de savon chaude, et on les agite pendant deux minutes; on décante les liqueurs et on met les objets dans un sac avec de la sciure de bois, on agite, et le cuivre devient très-brillant. ( Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d*invention ont été pris sous le régime de la loi du § juillet 1844, t, VI, p. 70. )
- ARTS CHIMIQUES.
- Perfectionnements dans la fabrication et le raffinage du sucre; par MM. Robert
- et J. Oxland.
- Lorsqu’on se sert, pour fabriquer et raffiner le sucre, de l’acétate d’alumine, et qu’on emploie la chaux pour se débarrasser de l’alumine, que , même par le travail le plus soigné, on ne parvient pas toujours à enlever toute l’alumine de la solution, la présence de bette terre persiste dans toutes les manipulations auxquelles on soumet le jus sucré et finit par se trouver dans les mélasses. Quand on se sert de l’acétate d’alumine et de la chaux, on parvient à séparer le restant de cette alumine à l’aide du phosphate de cette base ou de celui de chaux qu’on ajoute par petites quantités au sirop, qu’on fait bouillir ensuite pendant deux à trois minutes, en ayant soin de neutraliser tout excès d’acide par l’addition d’aluminate de chaux ou de saccharate de cette base , d’eau ou de lait de chaux *, l’opération se termine après l’élimination de toute l’alumine.
- MM. Robert et John Oxland ont découvert qu’au lieu d’employer le moyen précédent , on pourrait appliquer directement les phosphates et les perphosphates f que ce$
- p.143 - vue 153/836
-
-
-
- 144
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- sels sont susceptibles de produire les mêmes effets , mais avec cet avantage qu’on peut éliminer de la matière sucrée la totalité du réactif employé.
- Pour traiter les jus sucrés ou les solutions de sucre brut par les phosphates, par exemple une bonne quatrième ordinaire , on dissout en chauffant à la vapeur et à la manière ordinaire, mais sans employer de sang, qu’on remplace, dans la solution, par un phosphate soluble. Si c’est le phosphate ordinaire ou cristallisé de soude dont on fait usage, il en faut environ 630 grammes par 1,000 kilogrammes de sucre. On porte cette solution à l’ébullition en neutralisant avec soin l’excès d’acide par l’aluminate ou le saccharate de chaux, ou bien par de l’eau ou un lait de chaux , et le sirop, qui marque alors 23° à 30° Baumé , ' est filtré à travers les poches h la manière ordinaire. En cet état, la défécation est complète. Le résidu retenu dans les filtres est lavé avec de l’eau, pour enlever toute trace de matière sucrée, et la solution qu’on obtient ainsi sert à dissoudre de nouvelles quantités de sucre brut.
- Au moyen de cette opération , le sirop est en partie décoloré, et, dans quelques cas, à un degré qui suffit pour la cuisson dans le vide et la cristallisation ; mais sa décoloration peut encore être plus complète par une addition de 5 à 8 pour 100 d’hydrate d’alumine séché à 100°, et qu’on démêle dans l’eau dont on se sert pour la dissolution, ce qui dispense entièrement de l’emploi du charbon animal.
- L’alumine qui reste dans les poches du filtre, après avoir été privée de toute matière sucrée, peut être séchée et calcinée pour brûler la matière organique, lavée ensuite pour enlever les substances salines solubles, puis employée à la fabrication de l’hydrate ou du phosphate d’alumine ; ou bien, après les lavages et la calcination, on peut, par l’addition d’une nouvelle quantité d’hydrate d’alumine , la rendre propre à servir de nouveau.
- Quand on emploie des perphosphates, on opère de la manière suivante :
- Le perphosphate, celui d’alumine par exemple, est mêlé avec l’eau qui sert à la dissolution dans le rapport de 3 kilogrammes d’alumine dissoute dans de l’acide phos-phorique pour 1,000 kilogrammes ou un tonneau de sucre. Pendant que le sirop, qui a une densité de 23° à 30° Baumé , est porté à l’ébullition , on y ajoute une quantité suffisante d’alumine ou de saccharate de chaux, ou bien d’eau ou de lait de chaux, pour neutraliser l’excès d’acide; on filtre à travers les poches, et la liqueur claire est conduite dans le réservoir qui alimente les appareils à cuire dans le vide ou dans les bassines. Les opérations suivantes sont les mêmes que dans le procédé ordinaire. Les matières qui restent dans les filtres sont traitées comme on l’a dit ci-dessus.
- On obtient le perphosphate d’alumine en dissolvant cette base dans de l’acide phos-phorique que l’on prépare ainsi qu’il suit :
- On calcine des os à blanc, on les réduit en poudre dans un moulin, et on les fait digérer dans une quantité d’acide chlorhydrique suffisante pour dissoudre le carbonate de chaux seulement. Le résidu , après les lavages qui ont enlevé les matières solubles, est séché, pesé et mélangé à de l’eau pour en faire une pâte fluide sur laquelle on verse de l’acide sulfurique en quantité propre à se combiner avec la majeure partie de la chaux présente, et à en laisser encore environ 2 à 3 pour 100 à l’état de liberté. Ce
- p.144 - vue 154/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 145
- mélange est alors bien agité, maintenu à une température d’environ 32° centig. pendant vingt-quatre heures; après quoi on lave la masse dans de l’eau jusqu’à ce que la matière soluble soit séparée du sulfate de chaux qui se précipite. Les liqueurs concentrées ainsi obtenues peuvent être combinées immédiatement à l’alumine, et les liqueurs faibles peuvent être employées à laver de nouveau de l’acide phosphorique dans le courant de la fabrication. Quand l’alumine a digéré dans l’acide phosphorique pendant un temps convenable, il s’est formé un phosphate de cette base insoluble dans l’eau. Ce phosphate est traité par une nouvelle quantité d’acide phosphorique pour le dissoudre, et le perphosphate qu’on obtient ainsi est filtré pour le rendre propre à l’emploi indiqué ci-dessus.
- L’aluminate de chaux se prépare en dissolvant de l’alumine dans de la soude ou de la potasse caustique, et ajoutant un lait de chaux ou une eau de chaux à la dissolution.
- Il se précipite alors un aluminate de cette base qui, après avoir été séparé de la liqueur et démêlé dans l’eau, est employé sous cette forme. Ce réactif doit être préféré au saccharate de chaux, au lait ou à l’eau de chaux.
- Quand on fabrique du sucre avec la canne , et que la défécation du jus s’opère avec l’aluminate de chaux à la manière ordinaire, l’excès de chaux est neutralisé par du perphosphate d’alumine ou de chaux, et, après avoir concentré la liqueur jusqu’à ce qu’elle marque 25° à 30° Baumé , on la traite par le phosphate de soude de la même manière qu’on l’a indiqué précédemment pour le sucre brut. On observe le même procédé dans le traitement des jus de betterave ; seulement on emploie une plus grande quantité d’aluminate, d’eau de chaux ou de lait de chaux à la première défécation.
- ( Repertory of patent inventions, mars 1852. )
- Procédé pour granuler les sirops de fécule et opérer la dessiccation et le blanchiment des sucres en grains ainsi obtenus; par M. Fousehard, à Neuilly.
- Pour granuler le sirop de fécule, il faut, quand la décomposition est faite, cuire pendant huit heures environ et rapprocher ce sirop jusqu’à 30° bouillant.
- On laisse ensuite refroidir, dans des cuves , ces matières jusqu’à ce que la chaleur soit réduite à 20 degrés environ. Alors on verse ces jus dans des vases percés, par le bas, d’un nombre de trous proportionné à la contenance desdits vases; ces trous sont fermés au moyen de faussets ou de bouchons quand le sirop est introduit, et on les ouvre pour laisser écouler les parties encore liquides. Au bout de quelques jours, le sirop commence à prendre ; on retire les bouchons ou les faussets, et on laisse ainsi égoutter pendant plusieurs jours.
- Comme la cristallisation s’opère toujours à la partie inférieure du vase, la mélasse se trouve à la partie supérieure, et, quand on ôte les bouchons, la mélasse s’écoule par les trous, lave les cristaux et les laisse isolés dans le vase.
- Quand , par suite de l’état de l’atmosphère, la cristallisation est trop prompte et que le contenu du vase est arrivé à l’état mielleux avant qu’on ait donné cours aux parties liquides, il faut diviser les grains. A cet effet., on verse de l’eau dans les vases , on retire les bouchons ; le liquide traverse les cristaux et s’échappe par le bas. Cinquante-deuxième année. Mars 1853. 19
- p.145 - vue 155/836
-
-
-
- 146
- NOTICES INDUSTRIELLES»
- Au lieu de bouchons et de faussets on peut employer des robinets et des cannelles adaptés au fond des vases de la manière convenable.
- On reprend les parties liquides écoulées du vase, on les étend de 50 pour 100 d’eau; on fait bouillir, et on amène sur les filtres, conjointement et par parties égales, ce mélange et du sirop neuf ; on traite ensuite la clairce obtenue en employant les moyens ci-dessus. De cette manière, on utilise complètement tous les résidus en les employant successivement avec des sirops neufs.
- Dessiccation. Pour opérer la dessiccation des sirops granulés, les auteurs établissent des tablettes en plâtre, ou toute autre substance absorbante , telle que terre à brique , terre glaise ou autres ; on peut aussi se servir de feutres ou de toiles métalliques.
- La dessiccation s’opère dans des étuves chauffées de 20 à 40°. Quand les tablettes ont servi à une opération, on les fait sécher avant de les employer à une opération subséquente.
- Les couches de sirop granulé étendues sur ces tablettes ont 0m,10 d’épaisseur. Quand on s’aperçoit que la partie inférieure de ces couches éprouve un commencement de dessiccation et de blanchiment produit par son contact avec le plâtre , on retourne les couches pour que la seconde face subisse le même effet.
- Quand ce résultat est obtenu, ce qui a lieu ordinairement au bout de trois ou quatre jours, les grains du sirop sont divisés en les passant dans un crible et les plaçant de nouveau sur une tablette en plâtre, où ils séjournent encore vingt-quatre ou trente heures.
- Blanchiment. On décolore le sirop de fécule par les procédés suivants, qui s’appliquent l’un avant de commencer la décomposition, l’autre quand la cristallisation partielle est opérée et que l’égouttage commence.
- On jette dans une cuve 10 kilog. de noir animal par 50 kilog. d’acide sulfurique ; on laisse macérer ce mélange pendant douze à quinze heures, après quoi on agite les matières et on les verse dans les cuves à décomposer. On traite de la même manière tout l’acide employé pour la décomposition , et les produits obtenus sont convenablement décolorés.
- Le liquide, en traversant la masse grenue, blanchit les cristaux, les rend plus isolés et plus faciles à sécher.
- Les proportions peuvent varier entre les limites de 1/4 à 1/2 litre et même au delà par tonneau de la contenance de 150 kilog. de sirop de fécule, suivant le degré de blancheur qu’on désire.
- Le goût que laisse l’acide peut être éliminé soit par un lavage à l’eau pure, soit par l’eau précédée d’une addition de chlore étendu. ( Description des brevets, t. 76. )
- Épuration de la houille destinée à la fabrication du fer; par M. Galvert.
- L’auteur a cherché les moyens d’épurer la houille destinée au travail du fer, et parmi les agents d’épuration qu’il a soumis à l’expérience il a reconnu que le chlorure de sodium remplit toutes les conditions désirables d’efficacité et d’économie.
- p.146 - vue 156/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 147
- Sous l’influence de la chaleur, le bisulfure de fer est transfotüié en protosulfure qui, avec le chlorure de sodium, donne lieu à la production de sulfure de sodium et de chlorure de fer. Ce dernier réagit, à une haute température, sur la vapeur d’eau, produit de l’acide chlorhydrique qui se dégage et de l’oxyde de fer que le charbon ramène à l’état métallique. Quant au soufre et au sodium, ils passent dans les scories.
- Le procédé de M. Colvert est établi, aujourd’hui, en grand dans trois usines, deux en Ecosse et une dans le pays de Galles; le fer obtenu par ce procédé a une fibre très-longue et très-résistante.
- L’auteur a déterminé les rapports de ténacité pour les fontes. Il a pris des barres de 6 centimètres carrés, longues de lm,50 ; il les a posées sur des supports placés à lm,50 l’un de l’autre. Au centre de la barre , une pression graduelle a été exercée au moyen d’une vis et continuée jusqu’à rupture. Les nombres qui représentent les pressions varient, pour la fonte impure, de 456 à 487, et, pour la fonte purifiée, de 525 à 569. La première contenait six millièmes de soufre , il n’y en avait qu’un millième dans la seconde.
- Le même procédé d’épuration a été employé pour la fabrication du coke destiné à l’exploitation d'un chemin de fer anglais : comme ici, le soufre reste dans les cendres, il ne peut pas agir sur les enveloppes en cuivre des boîtes à feu ni sur les tubes en laiton ; il en résultera une économie importante qu’il sera facile d’évaluer en tenant compte du temps de parcours sans réparation des locomotives chauffées avec du charbon épuré ou non. ( Académie des sciences, septembre 1852. )
- Procédé pour la fabrication, sans danger, de la céruse par les éponges métalliques ;
- par M. Chenot.
- Dans ce procédé, les matières principalement employées sont les sulfures purs connus sous le nom d’alquifoux, ou les sulfates de fabrique. Ceux-ci sont transformés en sulfates , par un grillage fait avec des soins particuliers, qui sont la seule difficulté du procédé ; ces difficultés consistent à éviter la moindre vitrification et à faire que toute la masse soit parfaitement sulfaturée; on doit de même, dans certains cas, employer la chloruration.
- On sulfatise ou l’on chlorure convenablement les matières plombeuses ; cette opération faite, on mélange les sulfates formés avec de l’éponge de fer ou de l’éponge de zinc. Ce mélange est placé dans l’eau un peu acide, et il est convenable de le mettre dans un lieu chaud ; la réaction dont nous allons parler marche plus vite.
- Au bout de très-peu de jours-, quinze jours au plus, si la sulfatisation a été bien faite, on a, d’une part du plomb, à l’état d’éponge, et d’autre part les sulfates correspondant au fer ou au zinc employé.
- On lave, après décantation des sulfates , l’éponge de plomb avec de l’eau acidulée par de l’acide sulfurique , pour séparer, par dissolution , le peu de fer ou de zinc en excès qu’on doit nécessairement employer pour que l’action soit complète. On décante encore cette eau, qui servira, plus tard, à mouiller un autre mélange; on lave de non-
- p.147 - vue 157/836
-
-
-
- 148
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- veau à l’eau pure l’éponge de plomb jusqu’à ce que l’eau n’indique aucune trace de fer.
- Dans cet état, si l’on expose l’éponge de plomb ainsi obtenue ( ayant eu soin de ne pas la comprimer dans les différentes opérations ) sur des claies en couches de 1 ou 2 centimètres à l’air humide, elle sera transformée, suivant les circonstances, en quinze jours ou un mois, en céruse du plus beau blanc et du plus beau velouté.
- La même éponge de plomb oxydée à 200 degrés environ de température de combustion, on a l’un ou l’autre, et les tons de ces oxydes sont supérieurs à ceux que l’on fait et jouissent de propriétés très-énergiques. ( Académie des sciences, 21 mars 1853. )
- Préparation de la colle forte liquide; par M. Dumoulin.
- On fabrique à Paris , sous le nom de colle forte liquide et inaltérable, une colle qui est très-commode pour les ébénistes, les menuisiers, les cartonniers, les tabletiers, etc., attendu qu’elle s’applique à froid et n’a pas besoin d’être chauffée. Voici comment on la prépare :
- On prend 1 kilog. de colle forte dite de Givet, on la fait dissoudre dans 1 litre d’eau et dans un pot vernissé placé sur un feu doux, ou mieux au bain-marie. On a soin de remuer de temps en temps. Quand toute la colle est fondue , on y verse peu à peu et par fractions jusqu’à concurrence de 200 grammes d’acide azotique à 36 degrés. Cette addition produit une effervescence due au dégagement de l’acide hypoazotique. Quand tout l’acide est versé, on ôte le vase de dessus le feu et on laisse refroidir.
- L’auteur assure avoir conservé de la colle ainsi préparée pendant plus de deux ans dans un flacon débouché ; elle n’avait, subi aucune altération. ( Académie des sciences , 27 septembre 1852. )
- AGRICULTURE.
- De la nécessité d’introduire, en France, des races nouvelles de vers à soie; par M. Lamare-Picquot.
- Depuis trente ans un grand nombre d’essais d’éducation ont été faits avec diverses espèces d’attacus europæa et autres bombyees d’Amérique ; mais ils n’ont eu d’autre résultat que de prouver que la France n’avait rien à attendre, à cet égard, du nouveau continent, à raison de l’infériorité du fil de ces larves, et du caractère errant des insectes parfaits, qui semble s’opposer à leur domestication. Il n’en est pas ainsi des bombyees de l’Asie orientale ; presque toutes les espèces fournissent un fil plus ou moins fin et élastique.
- La chenille saturnia cynthia présente une soie à la fois délicate et remarquablement forte au tissage ; elle offre le précieux avantage de pouvoir être nourrie avec la feuille d’une plante devenue vulgaire dans nos départements, le ricinus palma chrisli. Ces bombyees sont d’un transport aisé ; ils passent sept à huit mois à l’état d’œuf; ils
- p.148 - vue 158/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 149
- passeront facilement des contrées tropicales dans les parties chaudes de l’Algérie , et par suite dans nos départements méridionaux. ( Acad, des sciences, 21 mars 1853.)
- BEAUX-ARTS.
- Sur la reproduction des gravures et des dessins par la vapeur de l’iode; par M. Niepce de Saint-Victor.
- Si, après avoir obtenu un dessin à l’iodure d’amidon sur papier ou sur verre , on plonge le dessin dans une solution d’azotate d’argent, le dessin disparait; mais, si l’on expose le papier ou le verre pendant quelques secondes à la lumière, voici ce qui arrive : le dessin primitif, qui était de l’iodure d’amidon, s’est transformé en iodure d’argent, et, par l’exposition à la lumière, cet iodure, étant beaucoup plus sensible que l’azotate d’argent contenu dans le papier ou la couche d’empois du verre, s’est impressionné avant cet azotate ; dès lors il suffît de plonger le papier ou le verre dans une solution d’acide gallique pour voir apparaître aussitôt le dessin primitif, que l’on traite ensuite par l’hyposulfite de soude, absolument comme on le fait pour les épreuves photographiques.
- Par ce procédé, le dessin devient aussi stable que ces dernières.
- Ce nouveau mode sera certainement pratiqué dans beaucoup de circonstances.
- M. Bayard vient de faire une autre application de la vapeur d’iode, c’est-à-dire qu’après avoir exposé la gravure à la vapeur d’iode il l’applique sur une glace préparée à l’albumine sensible pour former une épreuve négative ou cliché, avec lequel il tire ensuite, sur papier, des épreuves positives par les procédés connus des photographes.
- C’est ainsi qu’il a obtenu de magnifiques reproductions de très-anciennes gravures sans aucune déformation d’images.
- Ces deux dernières applications prouvent que la vapeur d’iode se porte sur les parties noires des dessins et des gravures de préférence aux parties blanches. ( Académie des sciences, 21 mars 1853. )
- LÉGISLATION INDUSTRIELLE.
- Décret concernant la future exposition universelle des produits industriels et agricoles.
- Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des Français.
- A tous présents et à venir, salut ;
- Avons décrété et décrétons ce qui suit :
- Art. 1er. Une exposition universelle des produits agricoles et industriels s’ouvrira à Paris, dans le palais de l’industrie, au carré de Marigny, le 1er mai 1855, et sera close le 30 septembre suivant.
- Les produits de toutes les nations seront admis à cette exposition.
- p.149 - vue 159/836
-
-
-
- \ 50
- BIBLIOGRAPHIE.
- Art.. 2. L’exposition quinquennale, qui, aux termes de l’art, 5 de l’ordonnance du 4 octobre 1833, devait s’ouvrir le 1er mai 1854, sera réunie à l’exposition universelle.
- Art. 3. Un décret ultérieur déterminera les conditions dans lesquelles se fera l’exposition universelle , le régime sous lequel seront placées les marchandises exposées et les divers genres de produits susceptibles d’être admis.
- Art. 4, Notre ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur eq chargé de l’exécution du présent décret.
- Fait au palais des Tuileries, le 8 mars 1853.
- Signé Napoléon.
- —-----------
- BIBLIOGRAPHIE SCIENTIFIQUE, INDUSTRIELLE ET AGRICOLE, ANNÉE 1852.
- SCIENCES MATHÉMATIQUES.
- Arithmétique. — Algèbre.
- Cours complet d’arithmétique; par Guilmin. 1 vol. in-8 , Paris, Durand , rue des Grès, 5.
- Traité d’arithmétique; par l’abbé Ballot. 1 vol. in-8, Besançon, Jacquin.
- Méthode nouvelle pour apprendre et enseigner à calculer; par Grandsard. In-8, Épinal, veuve Gley.
- Notions d’arithmétique, de système métrique, de dessin, d’arpentage, h l’usage des écoles élémentaires de la Meuse. In-12, Saint-Mihiel, Casner.
- Cours élémentaire d’arithmétique; par Merlin. 2e édit. , in-18, Vouziers, Flament-Ansiaux.
- Traité d’arithmétique; par Gaucher. 1 vol. in-12, Paris, Dondey-Dupré.
- Cours d’arithmétique à l’usage des écoles régimentaires; par Bailly. In-8, Bayonne , veuve Lamaignère.
- Éléments d’arithmétique; par Dieu. In-8, Paris, Bachelier.
- Arithmétique à l’usage des classes d’humanité ; par Vernier. 9e édit., in-12 , Paris, Hachette.
- Arithmétique des logarithmes; par Monferrier. In-8, Paris, Hachette.
- Règle à calcul modifiée; par Manheim. In-4, Paris, Gravet, rue Cassette, 44.
- Notice sur l’emploi de la règle à calcul; par Guiraudet. In-12, Paris, Mathias.
- Instruction pour se servir de l’arithmomètre de M. Thomas de Colmar. In-8, Paris, rue du Helder, 13.
- Le Calculateur universel, tableau donnant immédiatement les résultats des opérations les plus usitées de l’arithmétique. In-plano, Paris, Cosson.
- Éléments de calcul différentiel et intégral; par Boncharlat. 6e édit., 1 vol. in-8 avec planches, Paris, Bachelier.
- Calcul des dérivés, contenant l’introduction au calcul différentiel et au calcul intégral; par Guilloud, 1 vol. in-8, Paris, Arthus Bertrand, rue Hautefeuille, 21.
- p.150 - vue 160/836
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE.
- 1 51
- Éléments d’algèbre; par Lacroix. 1 vol. in-8, Paris, Bachelier.
- Géométrie. —*• Trigonométrie.
- Leçons nouvelles de géométrie descriptive; par Amiot. In-8 avec pl., Paris, Guirau-det et Jouaust, rue Saint-Honoré, 338.
- Traité de géométrie supérieure; par Chasles. 1 vol. in-8, Paris, Bachelier.
- Cours pratique de géométrie et d’arpentage; par Chardon. In-8, Paris, Hachette. Éléments de géométrie de Clairault; par Saigey. In-12 avec pl., Paris, Hachette. Géométrie théorique et pratique; par Sonnet. 4 e édit., 1 vol. in-8 avec p]., Paris, Hachette.
- Traité élémentaire de géométrie descriptive ; par Catalan. In-8 avec atlas, Paris, Carilian-Gœury.
- Éléments de géométrie; par Bede. 6e édit., in-16, Paris, Philippart, boulevard des Italiens, 6.
- Cours de géométrie descriptive; par Théod. Olivier. 2e édit., 1 vol. in-4 avec pl., Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Trigonométrie rectiligne; par G. Delatouche. 1 vol. in-12, Paris, Bachelier.
- Traité élémentaire de trigonométrie rectiligne; par Lacroix. 1 vol. in-8, Paris, Bachelier.
- Éléments de trigonométrie; par Tarnier. 1 vol. iil-8, Paris, Hachette.
- Traité abrégé , théorique et pratique , des éléments de mathématique ; par Guenin. 3e édit., in-8, Paris, Périsse frères. . ' ' '
- Cours de mathématiques théorique et pratique; par Dumouchel et Dupuis. In-12, Paris, Dezobry et Madeleine.
- Éléments d’arpentage, de levée des plans et de nivellement; par Alboize du Pujol. In-12, Troyes, Anner André.
- Traité complet et élémentaire de métrologie ancienne et moderne ; par Chamois. 1 vol. in-12, Châlons-sur-Saône, Dej ussieu.
- Leçons élémentaires de mathématiques; par Poirier. 1 vol. in-8, Paris, Lecoffre. Leçons sur la théorie mathématique de l’élasticité des enrps solides; par Lamé. 1 vol. in-8, Paris, Bachelier.
- Traité complet d’arpentage; par Brossard. In-4 oblong, Paris,--Didot.
- . Nouveau manuel complet d’arpentage; par Lacroix. 1 vol. in-18, Paris, Roret.
- Hydraulique. — Navigation.
- Des puits artésiens en général et des services qu’ils peuvent rendre en popularisant leur usage aux États-Unis; par Parquin et Calard. In-8, Paris, Boisseau.
- Étude sur le forage d’un puits artésien à Troyes,; par Boutiot. In-8, Troyes, Bouquot. Mémoire sur les turbines du système hydropneumatique; par MM. Girard et Cation. In-8, Paris, Claye.
- Annuaire des marées des côtes de France pour l’année 1853; par Chazallon. In-18, Paris, Ledoyen, Palais-Royal.
- p.151 - vue 161/836
-
-
-
- 152
- BIBLIOGRAPHIE.
- De la circulation de l’eau considérée comme moyen de chauffage des édifices publics; par Boudin. Paris, Baillière.
- Nouveau système de clouage à clous invisibles pour les ponts des navires, etc.; par Catherineau. In-4, Bordeaux, Métreau.
- Mécanique.
- Cours élémentaire de mécanique théorique et appliquée; par Delaunay. 1 vol. in-18, Paris, Victor Masson.
- Exposition du principe de l’équilibre et du mouvement ; par Desnanot. In-12 , Paris, Hachette.
- Travaux publics.
- Nouveau Manuel complet des ponts et chaussées; par Gayffier. 1 vol. in-18, Paris , Roret.
- Traité élémentaire des routes et des ponts; par Birot. 1 vol. in-8 avec pl., Carcassonne, rue du Mail, 41.
- Cours de construction ; par Melin. In-8, Nancy, Nicolas.
- Aperçu sur les cités ouvrières; par Fontaine Guichard. In-8, Lille, Reboux.
- Mémoire sur le pont-levis à la Belidor; par Cadiot. In-4, Montpellier, Boehm.
- Construction des viaducs, ponts, aqueducs, ponts et ponceaux en maçonnerie; par Toni Fontenay. 1 vol. in-8 avec atlas, Paris, Carilian-Gœury.
- Notice sur le mouvement des ponts volants; par Gosselin. In-8, Metz, Lamort.
- Nouveau système de locomotive sur les chemins de fer; par Girard. In-4, Paris, Bachelier.
- Nouvelles couvertures métalliques, système Rabatel. In-8, Lyon , chez l’auteur, cours Napoléon.
- Nouveau Manuel complet du maçon, plâtrier, carreleur, etc.; par Toussaint. In-18 avec pl., Paris, Roret.
- Astronomie. — Cosmographie.
- Dictionnaiie d’astronomie; par Guynemer. 1 vol. in-8, Paris, Didot.
- Usage du cercle méridien portatif pour la détermination des positions géographiques; par Laugier. Broch. in-4, Paris, Dupont.
- Éléments de cosmographie; par A. Boniface. In-12, Paris, Delalain.
- Leçons de cosmographie; par H. Faye. 1 vol. in-8 avec pl., Paris, Hachette.
- Notions élémentaires de cosmographie; par Delamarche. In-4, Paris, Raçon.
- Annuaire pour l’an 1853, publié par le Bureau des longitudes. 1 yoI. in-18, Paris, Bachelier.
- Connaissance des temps ou des mouvements célestes pour l’année 1854, publiée par le Bureau des longitudes. 1 vol. in-8, Paris, Bachelier.
- p.152 - vue 162/836
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE.
- 153
- SCIENCES PHYSIQUES.
- Physique.
- Éléments de physique expérimentale et de météorologie; par Pouillet. 2 vol. in-8 avec atlas, 6e édit., Paris, Hachette.
- Notions générales de physique et de météorologie; par le même. 1 vol. in-12, Paris, Hachette.
- Éléments de physique; par l’abbé Pinault. 4e édit. , i vol. in-8 aveepl., Paris, Gaume.
- Notions élémentaires de physique; par M. Meissas. 1 vol. in-18, Paris, Hachette. Cours de physique ; par Koeppelin. 3e édit., 1 vol. in-8 avec pl., Paris, Lecofïre, rue du Yieux-Colombier, 29.
- Leçons de physique et de chimie; par Bartayrès. 1 vol. in-8, Agen, Noubel.
- Précis de physique; par Humbert. In-8, Paris, Hachette.
- Notions de physique et de chimie applicables aux usages de la vie; par Sainte-Preuve. 1 vol. in-18, 5e édit., Paris, Hachette.
- Instruction pratique pour l’usage du thermomètre alcoométrique. In-8, Paris, Lere-bours et Secretan, place du Pont-Neuf, 1.
- Recherches sur le thermomètre; par Isidore Pierre. In-8, Caen, Hardel. Électro-calorique, ou les paratonnerres réformés ; par Marsault de Pamprovx. In-18, Niort, Robin.
- Chimie.
- Recherches de chimie organique et inorganique ; par J. Lefort. In-8, Gannat, Bourroux.
- Abrégé de chimie; par Pelouze et Frémy. 3 vol. in-18, Paris, Victor Masson.
- Leçons élémentaires de chimie appliquée aux arts, à l’industrie et à l’agriculture; par A. Bobierre. 1 vol. in-12, Paris, Victor Masson.
- Nouvelles lettres sur la chimie; par J. Liebig. In-18, Paris, Victor Masson.
- Traité comparé de chimie organique, théorique et pratique; par A. Huard. In-18, Paris, Borani et Droz, rue des Saints-Pères, 7.
- Nouvelles recherches sur l’acide hyperiodique et les hyperiodates; par Langlois. In-8, Metz, Lamort.
- Considérations générales sur l’origine et la formation des bitumes fossiles; par Hu-guenet. 1 vol. in-8, Paris, veuve Mathias.
- Analyse chimique de l’eau de la mer Morte et de l’eau du Jourdain; par Boutron-Charlard et Henry. In-8, Paris, Thunot.
- Mémoire sur une nouvelle méthode pour obtenir des combinaisons cristallisées par la voie sèche; par Ebelmen. In-4, Paris, imprimerie nationale.
- Du noir animal résidu de raffinerie; par Romanet. In-8, Paris, Bouchard-Huzard. Cinqimntc-deuxième armée. Mars 1853. 20
- p.153 - vue 163/836
-
-
-
- 151 BIBLIOGRAPHIE.
- Géologie. — Minéralogie. — Métallurgie.
- Statistique géologique, minéralogique et métallurgique du département de la Meuse; par Buvignier. 1 vol. in-8 avec atlas, Paris. Baillière.
- Essai de géologie pratique sur la Flandre française; par Mengy. 1 vol. in-8, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Histoire des progrès de la géologie, de 1834 à 1850; par d’Archiac. 1 vol. in-8 avec pl., Paris, rue du Yieux-Colombier, 24.
- Description historique, géologique et topographique du hassin boitiller de Brassac ( Puy-de-Dôme ); par Baudin. Atlas in-folio, imprimerie nationale.
- Notice sur les mines de fer aciéreux de Bone (Algérie). In-4, Paris, rue du Marché-Saint-Honoré, 15.
- Rapport sur les mines de cuivre de rOued-Allelah, près Tenez ( Algérie ); par La-cretelle. In-4, Paris, Dupont.
- Études sur les aciers dont l’artillerie fait usage ; par Massas. Brochure in-8, Paris , Corréard.
- Traité de l’exploitation des mines de houille; par Ponson. 4 vol. in-8 avec atlas, Paris, Borani et Droz.
- Mémoire sur la résistance du fer et de la fonte; par Lowe. In-8, Paris, Carilian-Gœury.
- Notice générale sur l’industrie des fers creux; par Gandillot. In-4, Paris, rue Belle-fond, 40.
- Note relative à l’emploi de la vapeur dans certaines opérations métallurgiques; par Cumenge. In-8, Paris, Carilian-Gœury.
- Mémento monétaire et d’orfèvrerie; par Bonneville. In-8, Paris, rue Rambuteau, 32.
- Electricité.
- Mémoire sur les électromoteurs; par Dumoncel. In-8 , Paris , Archercau , boulevard Bonne-Nouvelle, 9.
- Mémoire sur la substitution des électromoteurs aux machines à vapeur; par Liais. In-8, Paris, Bachelier.
- Télégraphie nautique; par Conseil. In-8, Dunkerque, Drouillard.
- Traité de télégraphie électrique ; par l’abbé Moigno. 1 vol. in-8 avec atlas, Paris, France, rue de Richelieu, 67.
- ARTS INDUSTRIELS.
- Arts mécaniques.
- Analyse mathématique de la machine à vapeur à mouvement direct; par Mont-ferrier. In-4, Paris, Simon Dautreville.
- Essai sur les origines de la machine à vapeur; par L. Lalanne. In-8, Paris, Didot.
- La machine à vapeur, son histoire et sa description; par L. Figuier. 1 vol. in-18 , Paris, Victor Masson.
- p.154 - vue 164/836
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE.
- 155
- Théorie de la stabilité des machines looomotives; par Yvon Villarceau. ln-8, Paris, Carilian-Gœury.
- Établissement de tissage mécanique fondé à Lille en 1839 par MM. Sorive frères. In-8, Lille, Danel.
- Notice sur l'origine et les travaux des manufactures de tapisserie et de tapis réunis aux Gobelins; par A. Lacordaire. Paris, Roret.
- Description des machines et procédés consignés dans les brevets d’invention dont la durée est expirée, t. 75, 76 et 77. 3 vol. in-4 avec pl., Paris, Bouchard-Huzard.
- Catalogue des brevets d’invention pris du V* janvier au 31 décembre 1851. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Description des machines et procédés pour lesquels des brevets ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844, t. 6, 7, 8 et 9. 4 vol. in-4 avec pl., Paris, Bouchard-Huzard.
- Conservatoire des arts et métiers, catalogue des collections ; par H. Morin. 1 vol. in-8, Paris, Guiraudet,
- Organisation de l’industrie; par Banfield. Traduit do l’anglais. 1 vol. in-8, Paris, Guillaumin.
- Industries comparées de Paris et de Londres; par Ch. Dupin, ln-18, Paris, Didot.
- Description de la fabrication des armes portatives de guerre; par Emy. 1 vol. in-4 avec pl., Paris, Leneveu, rue des Grands-Augustins, 18.
- Notice sur l’horloge d’Arnieourt (Ardennes); par Calame. In-4, Rethel, Beau-varlet.
- Histoire et traité de l’horlogerie ancienne et moderne; par P. Dubois. In-4 avec pl., Paris, rue du Pont-de-Lodi, 5.
- Recherches sur l’échappement à roue de rencontre; par Saunier. In-8, Paris, Pillet.
- L’art chronométrique , sa décadence , moyen de le régénérer ; par Gonlard. In-8 , Paris, Simon Dautreville.
- Études sur diverses questions d’horlogerie; par H. Robert. 1 vol. in-8, Paris, rue du Coq-Saint-Honoré, 8.
- Considérations pratiques sur l’huile employée en horlogerie ; par le même. In-8.
- Dictionnaire des arts et manufactures; par Ch, Raboulaye. 2e édit., 2 vol. in-8, Paris, Comon.
- Les mesures, poids et monnaies de tous les pays; par Danbreville. In-8, Paris, rue Saint-Gilles, 18.
- Arts chimiques.
- De la substitution du blanc de zinc au blanc de plomb ; par Richelot. In-8 , Paris, Malteste.
- Notice historique sur la découverte de la soude arli ridelle ; par Leblanc et Dizé. In-8, Paris, Thunot,
- Question de la céruse et du blanc de zinc envisagée sous les rapports du commerce , des arts et de l’hygiène ; par Soudée. Paris, In-8, Beaulée.
- p.155 - vue 165/836
-
-
-
- 156
- BIBLIOGRAPHIE,
- Indigo et cochenille, leur emploi en teinture; par Chaudruc. In-8, Bordeaux, Delmas.
- Nouveau manuel complet de l’artificier, du poudrier et du salpêtrier; par Vergnaud. 1 vol. in-18, Paris, Roret.
- Industrie des sucres; par Lacour. Rouen, Rivoire.
- Nouveau manuel théorique et pratique du savonnier. In-18, Paris, Roret.
- Nouveau manuel complet du fabricant de papiers de fantaisie ; par Fichtenberg. In-12, Paris, Roret.
- Nouveau manuel complet du fabricant et de l’épurateur d’huile; par Julia Fonte-nelle. In-18, Paris, Roret.
- Industries dangereuses, insalubres et incommodes ; par Avisse. Paris, rue de Lille ,
- 69.
- Dictionnaire des altérations et falsifications des substances alimentaires; par Chevallier. 2 vol. in-8 avec pl., Paris, Béchet.
- Notice sur la culture de la canne à sucre et la fabrication du sucre à la Louisiane ; par Dureau. ïn-8 avec pl., Paris, Mathias.
- De l’albumine et de ses divers états dans l’économie animale; par Mialhe. In-8, Paris, Malteste.
- Exposition de Londres. Rapport sur l’industrie du papier blanc ; par Journet et Rieder. In-8, Mulhouse, Baret.
- Exposition de Londres. Rapport sur l’industrie du papier; par J. Zuber. In-8, Mulhouse, Baret.
- De la gutta-percha et de ses applications à l’industrie et aux arts. In-16, Paris, cité Bergère, 6.
- Arts économiques.
- Nouveau traité de la plomberie pour le gaz ; par Lemoine. In-16 , Paris, rue Balayette, 41.
- Traité des conserves alimentaires; par Faucheux. 1 vol. in-8, Nantes, Mangin.
- Notice sur les substances alimentaires; par E. Schwartz. In-18, Mulhouse, Baret.
- De l’alimentation des peuples et des réserves de grains; par Delamarre. In-12, Michel Lévy frères.
- De la fécondation et de l’éclosion artificielle des œufs de poisson; par Godenier. In-8, Paris, Germain Baillière.
- Manuel du pêcheur à la ligne; par Massas. In-12, Paris, Dusacq.
- Études économiques sur l’industrie de la soie dans le midi de la France. In-8, Paris , Lafarelle.
- Assainissement des rues et des boulevards de la ville de Paris ; par Leclerc. In-8 , Paris, rue de Malte, 6.
- Manuel du liquoriste; par Caron. In-8, Paris, rue de la Bourse, 8.
- Nouveau manuel complet du destructeur des animaux nuisibles; par Verardi. In-18, Paris, Roret.
- p.156 - vue 166/836
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE.
- 1 57
- Note sur la ganterie de Grenoble. In-8, Grenoble, Maisonville.
- Rapport sur les procédés de conservation des bois du docteur Boucherie. In-8, Paris, Claye.
- Commerce.
- Commerce des houilles en France; par A. Burat. ïn-8, Paris, Gratiot.
- Annuaire général du commerce, de l’industrie , de la magistrature et de l'administration pour 1853. 1 vol. grand in-8, Paris, Didot.
- Tableau général des mouvements de cabotage pendant l’année 1851. 1 vol. in-4, Paris, imprimerie nationale.
- Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l’année 1851. 1 vol. in-4, imprimerie nationale.
- Almanach commercial et illustré de l’exposition de Londres, 1852. In-18, Paris, Féret, Palais-Royal.
- Almanach Bottin , du commerce de Paris, des départements de la France et des principales villes de l’étranger. 1 gros vol. in-8, Paris, rue J. J. Rousseau, 4.
- Dictionnaire du commerce et des marchandises; par Guillaumin. 2 vol. in-8, Paris, Lecou, rue du Bouloi, 10.
- Du système commercial connu sous le nom de système protecteur; par M. Chevalier. 1 vol. in-8, Paris, Guillaumin.
- Eléments de la tenue des livres en partie simple et en partie double ; par Edmond Desgranges. In-12, Paris, Hachette.
- Comptabilité commerciale, financière, industrielle, agricole et manufacturière ; par Mézières. In-8 , Paris, veuve Mathias.
- ÉCONOMIE ROHALE.
- Agriculture.
- Cours élémentaire d’agriculture ; par Girardin et Dubreuil. T. 2, 1 vol. in-18 avec fig., Paris, Victor Masson.
- Manuel de l’emploi de la chaux en agriculture; par Villemotte. In-12, Nancy, veuve Ray bois.
- Cours d’agriculture et d’hydraulique agricole; par Nadault de Buffon. 1 vol. in-8 , Paris, Carilian-Gceury.
- Théorie des bases et des sels dans la composition des plantes cultivées ; par de Sus-seæ. In-8, Paris, Preves.
- De l’existence des courants interstitiels dans le sol arable et de l’influence qu’ils exercent sur l’agriculture; par Baudrimont. In-8, Bordeaux, Chaumas.
- Machines et instruments d’agriculture à l’exposition de Londres ; par Boitier. In-4, Paris, Malteste.
- Congrès d’agriculture du Nord ; maladie de la betterave , engrais et amendements. In-8, Valenciennes, Prignet.
- p.157 - vue 167/836
-
-
-
- 158
- BIBLIOGRAPHIE.
- Conseils donnés aux agriculteurs du département du Puy-de-Dôme; par Pennaulier. In-8, Clermont-Ferrand, Perol.
- Premiers éléments d’agriculture ; par Bentz et Chrétien, de Roville. 3e édit., in-18, Paris, Fourant.
- La nouvelle Maison rustique , encyclopédie-manuel à l’usage des habitants des campagnes. 2 vol. in-8 avec pl., Limoges, Ardant.
- De l’agriculture au point de vue chrétien. Cours élémentaire à l’usage de la ferme-école de Roussel ( Ariége ); par Lanrens. 1 vol. in-18, Toulouse, Chauvin.
- Du chanvre, de son rouissage et des meilleurs modes de préparation ; par L. Ter-wagne. In-8, Lille, Reboux.
- Moyen de développer la culture du lin en France; par Gomart. In-8, Laon, Fleury.
- Mémoires d’agriculture, d’économie rurale et domestique , publiés par la Société nationale et centrale d’agriculture, année 1851. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Tableau analytique de quelques observations agricoles faites par M. Girou de Buzci-reingues. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Notice sur la nécessité du chaulage des terres de l’arrondissement d’Avranches ; par Lemarchand. In-8, Avranches, Tostain.
- Cours de géologie agricole ; par Nérée-Boubée. 1 vol. in-8, Paris, Élotîe, rue de l’École-de-Médecine, 10.
- Mémoire sur le drainage et les irrigations; par Pinteville Cernon. In-i, Châlons-sur-Marne, Boniez Lambert.
- Du drainage et de son application aux terrains du département de la Meuse ; par Raillard. In-8, Bar-le-Duc, Numa Rolin.
- Mémoire sur le commerce des engrais pendant l’année 1851-1852 ; par Bobierre. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Nouveau traité sur la maladie des pommes de terre ; par Chevreuæ. In-8 , Metz , Veronnais.
- Maladies des pommes de terre, de la vigne et de la betterave; par C. Chillard. In-8, Lyon, Rey.
- Force de traction des charrues; par Thackeray. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Registre du cultivateur; par le même. 1 vol. petit in-foh, Paris, Bouchard-Huzard.
- Manuel populaire d’agriculture; par Vigneral. In-8, Argentan, Barbier.
- Manuel d’agriculture pratique et d’économie rurale ; par O. Chaptul. 1 vol. in-8, Paris, rue Madame, 5.
- Almanach du cultivateur de France pour 1853. In-16, Paris, Courcier.
- Almanach du bon laboureur; par Lebeuf. In-18, Paris, Martinon, rue du Coq-Saint-Honoré.
- Recherches sur l’alucite des céréales; par Doyère. 1 vol. in-8 avec pl., Paris, Dusacq.
- Traité de la culture du tabac applicable à l’Algérie; par Gros. In-8, Paris, Lacour.
- p.158 - vue 168/836
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE»
- 159
- Horticulture.
- Société d’horticulture de Paris , fondée en 1827; exposition des fleurs et fruits en mars 1852. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Exposition de la Société d’horticulture de Seine-et-Oise ; par Baudement. In-8, Paris, Duverger.
- Plantation des arbres fruitiers en terre de Champagne ; par Pelletier. In-8, Sainle-Menehould, Poignée Darnaud.
- Culture des champignons de couche; par Louesse. In-8, Paris, Gros.
- Traité pratique des champignons comestibles ; par Lavalle. In-8, Paris, Baillière.
- Avantages clc la culture du prunier d’Agen; par Doniol. Clermont-Ferrand, Perol.
- Pratique raisonnée de la taille du pêcher; par Lepère. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard .
- Traité pratique de l’éducation et de la culture du pommier à cidre. In-18 , Rouen , Mégard.
- Traité complet de la greffe; par Noisette. 2e édit., in-12, Paris, Bouchard-Huzard.
- Monographie des greffes; par Thoüin. In-18, Paris, Roret
- L’Art de cultiver les jardins, ou Nouveau manuel complet des jardiniers; par Bossin. 1 vol. in-18, Paris, Roret.
- Flore du centre de la France et du bassin de la Loire; par Boreau. 2 vol. in-8, Paris, Roret.
- De la taille des arbres fruitiers; par Punis. In-12, Paris, Dusacq, rue Jacob, 20.
- Taille raisonnée des arbres fruitiers; par Butret. 1 vol. in-18, Paris, Bouchard-Huzard.
- Notice sur les plantations d’arbres fruitiers; par Jamin. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Cours élémentaire de culture maraîchère; par Courtois-Gérard. Paris, Dusacq.
- L’Art de composer et de décorer les jardins; par Boitard. In-8 avec atlas, Paris, Roret.
- Le Jardinier pratique ; par Jacquin et Rousselon. 1 vol. in-18, Paris, Langlumé, rue des Noyers, 63.
- Annuaire de l’horticulture, almanach du jardinier, année 1853. In-16, Paris, Dusacq.
- Le Bon Jardinier, almanach pour l’année 1853. 1 vol. in-12, Paris, Dusacq.
- Viticulture.
- Etudes sur la maladie de la vigne ; par Lapierre. In-12, Lyon, Denis et Petitpierre.
- Maladie de la vigne connue sous le nom ftoidium Tuckeri; par Londet. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Mémoire sur la champanisation des vins; par Rousseau. In-8, Paris, Martinet.
- p.159 - vue 169/836
-
-
-
- ICO
- BIBLIOGRAPHIE.
- Silviculture.
- Recherches sur Jes divers amendements dans la culture des forêts; par E. Chevan-dier. In-4, Paris, Bouchard-Huzard.
- Reboisement des montagnes; par Jouyne. 1 vol. in-8, Digne, Repos.
- Sériciculture.
- Notice sur les principaux résultats des éducations des vers à soie; par Guérin-Méneville et Robert. In-8, Paris, Raçon.
- Méthode pour élever les vers à soie: par Saint-Vincent. Valence, Marc-Aurel.
- L’Art d’élever les vers à soie; par Gourdon. 1 vol. in-8, Nîmes, Ballivet.
- Considérations sur le décreusage des soies; par Marty. In-8, Lyon, Mongin-Rusand.
- Manuel du magnanier pour le midi de la France; par Fabre. In-8, Avignon, Bonnet fils.
- Abeilles.
- La véritable manière d’élever et de multiplier les abeilles; par Lombard. In-12, Pa ris, Tissot.
- Lettre sur les abeilles; par Sirand. In-8, Bourg, Milliet-Bottier.
- Elèves des animaux.
- Atlas statistique de la production des chevaux en France; par Gayot. Grand in-fol. avec pl., Paris, Bouchard-Huzard.
- Essai sur l’engraissement des bœufs, vaches et moutons; par Danzel d'Aumont. In-8, Amiens, Yvert.
- Manuel des éleveurs de bêtes à laine ; par Roche Lubin. 1 vol. in-12, Paris, Comon.
- Mémoire sur les chenilles des bois en général; par Métivier. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Rapport sur le concours d’animaux reproducteurs ouvert par le congrès des agriculteurs du Nord; par Baudement. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Note sur l’engraissement précoce des bêtes à cornes ; par M. de Béhayue. Paris, Bouchard-Huzard.
- BEAUX-ARTS.
- Dessin. — Peinture. — Photographie.
- Le Dessin des écoles, cours élémentaire. In-8 , plus un atlas de planches, Paris, Dezobry et Madeleine.
- Cours théorique et pratique de dessin linéaire; par le Béalle. 4e édit., in-4, Paris, Delalain.
- Le Dessin sans maître; par madame Cavé. 3e édit., in-8, Paris, Aubert, place de la Bourse.
- Dessin linéaire à vue considéré comme étude préparatoire à l’enseignement du dessin et à la peinture. In-4 oblong, Paris, Bonaventure.
- p.160 - vue 170/836
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE.
- 161
- Cours de dessin topographique; par Corréard. 1 vol. in-4 avec dessins coloriés, Paris, Corréard.
- Traité de l’art de broder. In-18, Paris, Plon.
- Traité de la couleur et de la lumière ; par Ziegler. In-8.
- Nouveau cours élémentaire de coloris et d’aquarelle; par Coulern. In-16 , Paris, Schneider.
- Traité de la composition , de la fabrication et de l’emploi, en peinture , du pastel ; par Jozon. In-8, Paris, rue Louis-le-Grand, 29.
- Photographie sur collodion; par Legros. In-8, Paris, rue Saint-Honoré, 199.
- Résumé général du daguerréotype, photographie sur papier; par Gaudin. Paris, rue de la Perle, 9.
- Méthode de photographie sur ivoire; par Bouet et Mante. In-8, Paris, place de la Bourse.
- Traité pratique de photographie sur verre ; par Couppier. In-8 , Paris , Chevalier, Palais-Royal, 158.
- Description des appareils photographiques employés par M. Ch. Brooke à l’observatoire de Greenwich. In-8, Paris, Mathias.
- Traité nouveau théorique et pratique des procédés et manipulations de photographie sur papier sec, humide, et sur verre et collodion; par Legray. Brochure in-8, Paris, Lerebours et Secretan.
- Photographie nouvelle, procédé pour obtenir des épreuves positives sur glace; par Martin. Paris, Roret.
- Photographie sur verre; par Bertsch. In-8, Paris, Delahaye, rue de Lancry, 35.
- SOCIÉTÉS SAVANTES.
- Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des sciences; t. 13. 1 vol. in-4, Paris, imprimerie nationale.
- Congrès scientifique de France; 18e session, tenue à Orléans en septembre 1851. 2 vol. in-8 avec pl., Paris, Derache.
- Annuaire de l’institut des provinces et des congrès scientifiques. 1 vol. in-12, Paris, Derache, Dumoulin.
- Société séricicole fondée en 1837 pour le progrès de T industrie de la soie; compte rendu des travaux de l’année 1851 ; par Boullenois. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Annales de la Société séricicole pour 1851. 1 vol. in-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Bulletin de la Société d’agriculture et d’horticulture de Vaucluse. In-8, Avignon, Jacquet.
- Publications agricoles et horticoles de la Société d’agriculture du département du Nord. 1 vol. in-8, Douai, Adam d’Aubers.
- Mémoires de l’Académie du Gard. 1 vol. in-8 avec pl., Nîmes, Durand Belle.
- Bulletin de la Société de l’industrie de la Mayenne. In-8, Laval, GodberL
- Almanach agricole publié par la Société d’agriculture de l’arrondissement de Grenoble pour 1852. In-8, Grenoble, Allier.
- Cinquante-deuxième année. Mars 1853. 21
- p.161 - vue 171/836
-
-
-
- m
- BIBLIOGRAPHIE.
- Almanach annuaire de la Société d’agriculture pour le département d’Ille-et-Vilaine ; par Chevalier de la Teillais, pour 1852. In-12, Rennes, Marteville.
- Bulletin des travaux de la Société libre d’émulation de Rouen pendant l’année 1850-1851. 1 vol. in-8, Rouen, Rivoire.
- Précis analytique des travaux de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen. 1 vol. in-8, Rouen, Peron.
- Société libre du commerce et de l’industrie de Rouen; mémoire sur l’exposition universelle de Londres. In-4, Rouen, Peron.
- Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille ; années 1848, 1849, 1850. 1 vol. in-8, Marseille, Barlatier Feissat.
- Comptes rendus des séances de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. In-4, Lyon, Dumoulin et Rouet.
- Compte rendu des travaux du comice agricole de l’arrondissement de Corbeil (Seine-et-Oise); par Magniant. In-8, Corbeil, Crété.
- Annales de la Société agronomique de Grignon; par Bella. In-8, Paris, Bouchard-Huzard.
- Annales de l’institut agronomique de Versailles. 1 vol. in-4, Paris, Dusacq.
- Société nationale d’horticulture de la Seine; exposition de septembre 1852. In-8, Paris, Gros.
- Bulletin de la Société d’horticulture de la Sarthe. In-8, le Mans, Lanier.
- Société des anciens élèves d’écoles nationales d’arts et métiers; annuaire 1852. Rue Bergère, 27.
- PUBLICATIONS DIVERSES.
- Nouvelle loi des patentes anglaises; par Gardissal. Paris, boulevard Saint-Martin , 29.
- Loi sur la police des chemins de fer. In-8, Paris, Dupont.
- Statistique annuelle de l’industrie; almanach du commerce du Havre, 1852. 1 vol. in-8, Havre, Lemale.
- Notice biographique sur M. le baron de Silveslre; par L. Bouchard. In-8, Paris, Bouchard-Huza rd.
- Rapport sur l’exposition universelle de Londres; par Castel. In-8, Bayeux, Duvant.
- Exposition universelle de Londres en 1851 ; distribution des récompenses aux exposants français. 1 vol. in-8, Paris, Panckoucke.
- De la contrefaçon des inventions brevetées; par Cailmels. In-8, Paris, Roret.
- Notice sur la suppression des voiries, la vidange des fosses, la conversion des matières en engrais; par Sussex. In-4, Paris, place de la Bourse, 10.
- Rapports sur les faits constatés depuis le 8 mai 1851 jusqu’au 7 mars 1852 ; par MM. Berlhot et Delzem. In-4, Mulhouse, Risler.
- Fécondation artificielle du poisson; par les mêmes. In-4, Mulhouse, Risler.
- Détermination des diverses ondes de la marée ; par Chazallon. In-8, Paris, Dupont.
- Traité élémentaire de géographie physique et politique; par Cortembert. 1 vol. in-12, Paris, Hachette.
- p.162 - vue 172/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 163
- Éléments de géographie générale ; par A. Balbi. 1 vol. in-12, Paris, Renouard, rue de Tournoi), 6.
- Les ouvriers en famille; par Audiganne, 2e édit., in-32, Paris, Lecoffre.
- OUVRAGES PÉRIODIQUES.
- Journal de l’éclairage au gaz. In-4, Paris, cité Trévise, 8 bis.
- Le Propagateur des sciences appliquées; par Dumoncel. In-8, Paris, veuve Mathias.
- Echo de la métallurgie et de la quincaillerie; par Duvigneau. In-folio, Paris, rue J. J. Rousseau, 14.
- Le Dock, journal de l’industrie, de l’agriculture et du commerce. In-4 , Paris , rue de Provence, 12.
- Bulletin commercial, agricole, courrier des halles. In-folio, Paris, rue Coq-Héron, 5.
- Mercuriale des halles et marchés. Petit in-folio, Paris, pointe Saint-Eustache, 1.
- Le moniteur du commerce et de l’industrie. In-folio, Paris, rue Notre-Dame-des-Victoires, 44.
- La Tribune agricole. Paris, rue Montmartre, 18.
- Revue horticole de la Côte-d’Or. In-8, Dijon, Loireau-Feuchot.
- Le Courrier de l’industrie et de la propriété. In-8 , Paris , Gardet, boulevard Pi-galle, 36.
- Publication industrielle des machines, outils et appareils; par Armengaud ainé. In-8 avec atlas de planches, t. 8, Paris, Carilian-Gœury et Dalmont.
- Le 3!oniteur de la fabrique. In-folio, Lyon, rue Tupin, 22.
- Extrait des procès-verbaux des séances du conseil d'administration de la Société
- d’encouragement.
- Séance du 23 février 1853.
- M. le baron Segnier, vice-président, occupe le fauteuil.
- Correspondance. M. Lemoine, teinturier, à Rouen, adresse quelques observations sur la communication de M. Gahj-Cazalat, relative aux machines à air dilaté. Il annonce que dans son établissement fonctionne un appareil de ce genre dont il a sollicité l’examen.
- M. Palmer, ingénieur-mécanicien, rue Montmorency, 16, appelle l’attention de la Société sur un niveau-pente de son invention.
- M. Tournade, chez M. Filliol, rue du Faubourg-du-Temple, 24, présente un appareil qui a pour but d’établir, dans les fosses d’aisances, la séparation des matières solides et liquides , et de s’opposer à toute émanation d’odeur méphitique.
- M. Picault, fabricant de coutellerie, rue Dauphine, 46, a entrepris des essais pour apporter, dans la fabrication des lames de rasoirs, des perfectionnements qui en assurent la bonne qualité jointe à la modicité du j rix.
- p.163 - vue 173/836
-
-
-
- 161
- PROCÈS-VERBAUX.
- Les lames de rasoirs, au lieu d’ôtre d’une seule pièce, sont composées de deux parties, la lame proprement dite qui est en acier fondu et le dos qui est en fonte malléable.
- Aujourd’hui que , par un outillage approprié , M. Picaull est arrivé à une fabrication régulière, il appelle la bienveillante attention de la Société d’encouragement sur les perfectionnements qu’il a apportés à la fabrication des lames de rasoirs.
- M. Lourmand, membre de la Société d’instruction élémentaire, afin de propager l’arrêté de la Société d’encouragement relatif aux médailles instituées en faveur des contre-maîtres et des ouvriers , annonce avoir fait, auprès de la Société d’instruction élémentaire, une démarche dont la mention et le résultat sont consignés dans deux numéros du Journal d’instruction populaire du mois de décembre 1852 et janvier 1853.
- Le conseil vote des remercîments à M. Lourmand pour son efficace coopération dans cette circonstance.
- M. Féry, à la Teste ( Gironde ), par une lettre en date du 25 décembre 1852, adresse une notice sur l’introduction et l’état actuel de la culture du riz dans les landes de Gascogne.
- Croyant avoir acquis, par ses travaux pour naturaliser et développer cette culture dans des terrains improductifs, quelques droits à concourir aux récompenses proposées par la Société d’encouragement, M. Féry lui adresse un mémoire et des échantillons de riz de sa récolte.
- M. Chérot, colon agricole, à Bou-Ismaël ( Algérie ), adresse un supplément au mémoire qu’il a soumis à la Société sur la culture du lin en Algérie.
- M. Bossin, grainier-pépiniériste, dépose un mémoire sur les meilleurs moyens à employer pour préserver les pommes de terre de la maladie.
- M. Pernot, artiste peintre, rue Richepance, 4, sur l’invitation de M. Dumas, président, présente un album de dessins, vues et croquis divers des minières et des forges de l’arrondissement de Yassy ( Haute-Marne ), faits en 1850 et 1851.
- M. Gourlier signale un journal anglais intitulé the Builder ( le Constructeur ), renfermant des articles qui sont de nature à intéresser la Société. M. Gourlier pense qu’il serait utile de se procurer ce journal soit par voie d’échange , soit par abonnement.
- La commission du Bulletin est invitée à prendre en considération la proposition de M. Gourlier.
- Rapports des comités. Au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie, M. Gourlier a la parole pour une proposition.
- La commission dont il est l’organe l’a chargé de soumettre au conseil la proposition suivante, qui a obtenu l’assentiment du bureau et de la commission des fonds.
- « Lorsqu’une école industrielle aura appelé l’examen de la Société sur les travaux « de ses élèves, et que, d’après cet examen fait par les commissions ou les comités « compétents, ces travaux auront été jugés dignes de témoignages de satisfaction de « la part de la Société, il pourra, sur les avis des commissions de récompenses et la « décision du conseil, indépendamment des récompenses que mériteraient les chefs
- p.164 - vue 174/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 165
- « ou professeurs, être mis à leur disposition une ou plusieurs médailles d’émulation, « que ces professeurs auront la faculté de distribuer, au nom de la Société, aux élèves « jugés les plus dignes, par leurs travaux ou leur conduite, de ces récompenses.
- « Ces médailles, ne devant jamais être considérées qu’au point de vue de leur valeur « morale, seront en bronze et du module du jeton de la Société ; elles porteront le « nom de l’école et de l’élève. Chacune d’elles sera accompagnée d’un don de livres, « dessins, modèles ou instruments en rapport avec les études de l’élève.
- « Le maximum des médailles d’émulation ne pourra excéder quinze chaque année, « et celui de la valeur des livres 25 fr. pour chaque médaille. »
- Il résulte, de la discussion à laquelle cette proposition a donné lieu, 1° que les chefs et professeurs des écoles étant dans le droit commun pour les récompenses auxquelles leurs services peuvent leur donner des droits, il n’est pas utile de les mentionner dans l’arrêté de la Société; 2° que les médailles ayant une destination spéciale, il ne faudrait pas en étendre l’application et par conséquent en faire abus, mais qu’en en conservant le principe les élèves recevraient un diplôme sur parchemin. Quant à la somme affectée à ces récompenses, elle serait annuellement de 500 francs.
- M. le président résume la discussion, et le conseil prend l’arrêté suivant :
- « Lorsqu’une école industrielle aura appelé l’examen de la Société sur les travaux « de ses élèves, et que, d’après cet examen , fait par les commissions ou comités eom-« pétents, ces travaux auront été reconnus mériter des marques de satisfaction de « la Société, il pourra, après décision du conseil, être accordé, au nom de la So-« ciété, à ceux des élèves qui en seront jugés les plus dignes par leurs travaux et leur a conduite , des livres, dessins , modèles ou instruments , lesquels porteront chacun « la mention du don fait par la Société , ainsi que le nom de l’école et de l’élève , et « seront accompagnés d’un diplôme ou certificat qui contiendra la même mention.
- « Le nombre des élèves ainsi récompensés sera de quinze chaque année pour les « diverses écoles , et la valeur totale des dons pour ces quinze élèves ne pourra excé-« der 500 francs. »
- M. Gourlier, continuant de porter la parole au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie, lit un rapport sur l’école municipale de dessin et de sculpture fondée pour les adultes par M. Lequien, statuaire.
- M. le rapporteur, après un exposé des travaux de dessin et de sculpture des élèves de cette école, après avoir donné des renseignements sur sa fondation par M. Lequien, ajoute qu’en 1852 cette école a été fréquentée par deux cent soixante-sept élèves, qui se répartissent ainsi qu’il suit : industrie des métaux, sculpteurs, peintres, dessinateurs, ébénistes, menuisiers, table tiers, doreurs sur bois, etc.
- M. Gourlier ajoute que le conseil a pu juger, par les détails contenus au rapport, que les résultats des honorables efforts de M. Lequien s’étendent à toutes les branches si nombreuses et si variées de l’industrie parisienne. La commission croit superflu d’insister sur l’importance de ces résultats, non-seulement au point de vue industriel et artistique, mais aussi au point de vue moral et du véritable progrès. Sans aucun doute, M. Lequien a des droits incontestables aux honorables encouragements qu’il a
- p.165 - vue 175/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- lf)C>
- déjà reçus de l'administration et à ceux qu’elle voudra bien lui accorder de nouveau, ainsi qu’aux marques de satisfaction de la Société.
- En conséquence, la commission propose 1° de remercier M. Lequien de sa communication et de le féliciter de ses louables efforts , des résultats remarquables qu’il a obtenus, et de l’engager à persévérer dans une voie aussi utile ; 2Û de le charger d’exprimer à ses élèves toute la satisfaction de la Société; 3° enfin de faire connaître l’opinion du conseil sur cette utile institution par la publication du rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. )
- Au nom du comité d’agriculture, M. Huzard lit un rapport sur le résultat du concours ouvert pour la construction d’une machine à battre les céréales.
- Après avoir exposé les motifs qui n’ont pas permis au comité de venir rendre compte de ce concours, M. le rapporteur soumet à l’appréciation du conseil les résultats des investigations du comité d’agriculture, et appuie son opinion sur celle émise par M. Philippar et par M. le comte de Lambel, qui avait été adjoint au comité pour l’examen de cette question.
- Les concurrents sont partagés en deux catégories : 1° mis hors de concours pour ne s’être pas conformés aux prescriptions du programme, pour défaut de production de pièces ou pièces incomplètes; 2° mentionnés comme méritant non le prix, mais des médailles et des encouragements.
- Quatorze concurrents se sont mis hors de concours par les motifs précités.
- Le rapport relate les machines des concurrents qui lui ont paru se rapprocher des conditions du programme, et le comité , d’après les pièces et certificats qu’ils ont envoyés, a pensé qu’ils étaient dignes de prendre part aux encouragements de la Société.
- Le comité a dû faire remarquer que, depuis la clôture du concours, des perfectionnements et des améliorations ont été apportés dans la construction des batteurs. Dès lors il a pensé qu’il n’y avait plus lieu à proroger le concours, mais qu’il était juste de récompenser les efforts de ceux qui ont répondu à l’appel de la Société, et dont les travaux ont exercé une influence heureuse, non-seulement sur les meilleures dispositions des machines, mais encore sur leur propagation.
- En conséquence, le comité n’est pas d’avis de décerner des prix; mais, conformément à l’article XI du programme, il propose d’en partager la valeur, qui est de 3,000 francs, entre les concurrents qui ont le plus approché du but et dont M. le rapporteur fait connaître les noms.
- Le comité propose, en outre, de retirer ce sujet de prix du concours.
- Il résulte, de la discussion qui s’est élevée sur les conclusions du rapport, que ce document devrait renfermer des renseignements plus étendus sur les appareils des concurrents, et qu’il serait utile que les machines fussent classées par système.
- Sur la proposition de plusieurs membres, le conseil invite le comité des arts mécaniques à nommer un de ses membres pour s’adjoindre au comité d’agriculture, et prononce l’ajournement de la décision à prendre jusqu’à la présentation d’un rapport supplémentaire.
- Au nom des comités des arts chimiques et des arts économiques réunis, M. Félix
- p.166 - vue 176/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 167
- Leblanc donne lecture du programme de prix pour la fabrication et l’emploi de chaux hydrauliques et de pouzzolanes artificielles propres aux constructions à la mer.
- Le conseil, après une discussion sur la position des questions de prix , sur les époques assignées au dépôt des pièces , sur les conditions imposées aux concurrents, renvoie la teneur de ces questions aux comités réunis des arts chimiques et des arts économiques, pour, d’après les observations présentées, diviser les sujets de prix et assigner à chacun d’eux une classification spéciale , les sommes affectées à la solution des problèmes et les époques de clôture des concours.
- Au nom du comité des arts chimiques , M. Barreswil lit un rapport sur le procédé d’essai industriel du cyanure de potassium, par MM. Fordos et Gelis.
- M. le rapporteur, après avoir fait connaître les expériences auxquelles le comité s’est livré pour constater l’efficacité du procédé dont il donne la description, ajoute que ce procédé est pratique, que la manutention en est simple et la réaction sur laquelle il repose, positive.
- Le comité pense que ce procédé d’analyse industrielle appliqué avec discernement peut rendre des services réels en permettant d’apprécier avec une très-grande exactitude la valeur d’un sel dont l’aspect n’est nullement caractéristique , et qui peut être mal préparé ou profondément altéré sans que l’attention de l’acheteur soit appelée par une modification appréciable dans son caractère extérieur.
- En conséquence, le comité propose d’adresser des remercîments aux auteurs pour leur intéressante communication, et de faire insérer dans le Bulletin le rapport ainsi que le mémoire de MM. Fordos et Gelis. ( Approuvé. )
- Au nom du comité des arts mécaniques, M. Amédée-Durand lit un rapport sur un moyen de préserver les ouvriers piqueurs de meules de l’action de la poussière siliceuse, présenté par M. Poirel, ouvrier dans la fabrique de meules à moudre de M. Bouchon, à la Ferté-sous-Jouarre.
- Deux moyens semblent, à première vue , devoir atteindre ce résultat, l’un l'élimi* nation de la poussière par une ventilation active, l’autre par un empêchement à sa formation; c’est cette dernière idée que réalise l’outil de M. Poirel, qui consiste dans la réunion d’un petit réservoir rempli d’eau au marteau servant à piquer les meules.
- M. le rapporteur fait connaître comment ce réservoir est organisé et la manière dont il fonctionne.
- Le comité propose 1° qu’il soit écrit à M. Poirel pour lui témoigner la satisfaction de la Société; 2° d’autoriser l’insertion du rapport dans le Bulletin avec la figure du nouvel outil. ( Approuvé. )
- Communications. — Machine à air dilaté. M. Barrai, membre du conseil d’administration, donne communication de la note suivante de M. Franchot, à l’occasion d’une notice présentée à l’Académie des sciences et <\ la Société d’encouragement par M. Galy-Cazalat, sur la machine-calorique d'Ericson.
- « La notice de M. Galy-Cazalat a été rédigée d’après des hypothèses qui sont en dehors des données de notre système de machines à air ; par conséquent, elle n’atteint pas le régénérateur de calorique dans les circonstances où nous l'appliquons. Nous
- p.167 - vue 177/836
-
-
-
- 168
- PROCÈS-VERBAUX.
- n’avons donc pas à discuter les formules de M. Galy-Cazalat. Cependant, pour éviter toute méprise sur la portée des formules produites par ce savant, nous nous bornerons à une seule réflexion.
- « Dans nos machines , la température de l’air est maintenue à peu près constante, malgré la variation de volume dans la chambre chaude aussi bien que dans la chambre froide, par l’influence des parois mêmes qui ont servi à chauffer ou à refroidir le fluide avant la variation de volume. En d’autres termes, le calorique d’expansion est fourni par le foyer et non aux dépens de la température du milieu; de même le calorique produit par la compression repasse dans le réfrigérant, sans élever sensiblement la température du milieu.
- « Si l’air, après son expansion , rentrait refroidi dans le régénérateur, il n’y aurait pas eu de raison pour qu’il entrât surchauffé sous le piston, puisque la même quantité de ce fluide aurait subi le contact des mêmes parois en revenant aussi bien qu’en allant. Ce raisonnement s’applique, d’ailleurs, à l’air contenu dans le réfrigérant ou sur le piston froid.
- « Dès lors nous nous trouvons en présence de deux milieux dont la température peut différer de 300°.
- « Dira-t-on que, dans ce cas, le régénérateur n’a aucun rôle à remplir?
- « Au surplus, ces circonstances, qui sont celles dans lesquelles se trouvent nos machines à air, ces influences des contacts se reproduisent plus ou moins dans les machines d’Ericson, et en général dans toutes les machines où les gaz agissent par expansion. On connaît l’influence de la chemise de vapeur surchauffée sur les cylindres de détente pour la vapeur.
- « Enfin , de quelques précautions qu’on s’entoure , on n’arrivera probablement jamais, dans la pratique, ni à conserver la chaleur résultant de la compression de l’air dans une capacité qui doit être froide, ni à maintenir dans ce fluide le refroidissement qui tend à se manifester dans une capacité qui doit être chaude et présenter les plus grandes surfaces de contact possibles.
- « Et pourquoi le tenterait-on , puisqu’on doit favoriser et non contrecarrer cette influence des contacts pour obtenir la plus grande somme de force motrice? Nous avons donc raison de dire que les différences de température que le régénérateur est destiné à neutraliser ne sont pas autant à dédaigner que les raisonnements de M. Galy-Cazalat le supposent.
- ce Nous avons établi, dans notre mémoire de 1840, ces deux principes que l’on doit chercher à rapprocher, sinon à réaliser dans les moteurs différentiels, savoir, 1° constance de volume pendant le changement de température ; 2° constance de température pendant le changement de volume. »
- A la suite de la lecture de cette note , M. le baron Seguier déclare qu’il ne voudrait pas laisser accréditer l’opinion que l’Académie des sciences ne s’est pas prononcée sur le mérite des machines à air dilaté par des motifs d’inertie. La commission de l’Académie s’est montrée animée de la plus entière bienveillance ; mais le principe sur lequel sont établis les diveis appareils qu’elle était chargée d’examiner ne produisant
- p.168 - vue 178/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 169
- pas d’effet utile, ne fournissant pas une solution profitable à l’industrie, la commission a dû attendre que les auteurs la missent h même de constater des faits qui, dans l’intérêt de la science et de l’industrie, fussent de nature à être portés à la connaissance de l’Académie.
- Séance générale du 23 mars 1853.
- Cette séance, présidée par M. Dumas, a été consacrée au renouvellement du bureau et des comités.
- Avant de passer aux opérations prescrites par le titre XI du règlement, il est donné lecture de la correspondance.
- M. Fontaine, fabricant de soieries façonnées , à Lyon , soumet à la Société un nouveau procédé de tissage appliqué à la fabrication des étoffes à formes , et spécialement des corsets et des ceintures. L’intention et le but de ses travaux ont été de régulariser, par des moyens mécaniques, la fabrication d’un vêtement devenu d’un usage général, d’en rendre l’application facile et sans danger pour toutes les conformations normales, et de mettre ces produits à la portée de toutes les classes de la société.
- MM. VHernant et Richard , mécaniciens , à Remiremont ( Vosges ), appellent l’attention de la Société sur un nouveau système qui permet de détacher les chevaux d’une voiture et de l’enrayer instantanément. Ce système , dont la base est un palon-nier à bascule, peut être mis en fonction par le cocher ou les personnes placées dans la voiture.
- M. Blanchet, boulevard d’Italie, impasse Toulait, présente le dessin et la description d’une machine économique avec carton contre-semplé et autres accessoires propres au tissage des étoffes façonnées. Il s’agit de la substitution du papier au carton pour la reproduction des dessins dans le métier Jacquard.
- M. Jacquet, à Ivry-sur-Seine , transmet la description d’un système de croisée dont le mécanisme a pour but d’éviter le jeu que l’on est dans l’usage de donner aux croisées lorsque le bâtiment vient à tasser.
- M .Henri Fauvel, rue de la Michodière , 12, adresse un mémoire et la description d’un nouveau système pour les grilles formées de barreaux à double rangée et à courant d’air pour tous les fourneaux de chaudières ou générateurs de machines à vapeur.
- M. Virey, à Clichy, communique les résultats d’un mode de fusion de minerais d’étain qui gît dans le département du Morbihan.
- M. Rabiot, rue de l’Ecole-de-Médecine , sollicite l’examen d’un système de lit mécanique pour les malades et les blessés, qui a obtenu l’approbation de l’Académie de médecine, et auquel il vient d’ajouter des perfectionnements.
- M. Janson, propriétaire, à Vitry-le-Français, indique un moyen pour rendre bons et salubres les mauvais appareils de chauffage. Il suffît d’envelopper ces appareils d’une sorte de manchon en tôle en descendant jusqu’aux pieds et laissant un intervalle au bas duquel on amène l’air’extérieur par un conduit quelconque.
- M. Gouezel, conducteur des ponts et chaussées , à Lorient, annonce qu’il vient de
- Cinquante-deuxième année. Ma/rs 1853. 22
- p.169 - vue 179/836
-
-
-
- 170
- PROCÈS-YERBAUÏ.
- terminer un travail qui donne le moyen d’établir des moulins à marée à mouvement perpétuel.
- M. Cheval, à Raismes ( Nord ), appelle l’attention de la Société sur les perfectionnements apportés par lui à son robinet, permettant d’extraire les boissons des tonneaux qui les contiennent et de les élever sans les mettre en contact avec l’air.
- M. Cheval présente également de nouveaux moyens d’empêcher la fermentation des liquides contenus dans clés vases quelconques. Il expose que, jusqu’à ce jour, les liquides que l’on a renfermés dans des tonneaux ou autres futailles n’ayant eu à supporter, dans ces vases , que la pression atmosphérique , il en résulte que ces liquides retiennent à l’état de dissolution une plus ou moins grande quantité d’air ou d’autres gaz auxquels on attribue avec raison la fermentation qui se produit souvent dans les tonneaux et qui altère la qualité des boissons. Pour remédier à cet inconvénient, M. Cheval a imaginé de soumettre les liquides dans les tonneaux à une forte pression.
- La Société d’horticulture transmet des documents concernant cinq candidats qui se présentent pour obtenir des médailles de contre-maîtres.
- M. Marin , artificier de la ville de Paris , grande rue de la Chapelle , 437, présente un perfectionnement qu’il a ajouté aux bombes à parachutes.
- M. Badin , pharmacien , rue Lenoir-Saint-Antoine , 4 , adresse une matière qui est restée sans emploi jusqu’à ces derniers temps ; c’est la partie cornée de la plume pouvant remplacer dans la confection d’une foule d’objets la baleine, et qui en possède la flexibilité et la solidité.
- M. Badin, au moyen de machines de son invention, est parvenu à remplacer, sous le rapport de la solidité et du fini du travail, la paille, l’osier> etc.
- M. Bassins , rue de Sèvres, 11 , appelle l’attention de la Société sur un enduit hydrofuge qui arrête l’humidité, et a la propriété de faire prendre les peintures sur les ciments romains sans en altérer les couleurs les plus tendres.
- MM. Jaillon, Moinier et Boutigny fils adressent un mémoire sur un nouveau perfectionnement apporté dans la distillation des corps gras. Ce travail est la partie complémentaire du mémoire que ces messieurs ont adressé le 30 décembre dernier, indiquant qu’ils se présentaient comme candidats au prix relatif à la fabrication écono-que des bougies.
- L’auteur d’un mémoire ayant pour épigraphe : « B agriculture ne deviendra une « industrie véritable que quand elle connaîtra toutes les influences qui contribuent à « sa production, et les moyens de les modifier ou de les remplacer selon son intérêt, » et envoyé au concours pour l’amélioration des produits de la betterave, prie la Société de vouloir bien joindre à son travail 1° trois nouveaux chapitres dont le titre avait été indiqué dans le premier travail, mais que l’époque de la clôture du concours n’avait point permis à l’auteur de terminer ; 2° un résumé des conséquences déduites des faits observés et consignés dans le premier mémoire.
- M. Bérard, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 36, adresse une notice sur un nouveau système de fabrication de blocs artificiels qui lui paraissent essentiellement propres aux constructions maritimes.
- p.170 - vue 180/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 171
- M. Vayson, me des Petites-Écuries, 57, adresse une brochure qu’il vient de publier, sur les sangsues médicinales, sous le titre de Guide pratique des éleveurs de sangsues.
- M. Ballin, archiviste de l’Académie de Rouen, fait hommage d’une notice sur M. le baron Lezurier de la Martel, que la Société d’encouragement a compté parmi ses membres.
- M. Guérin-Méneville adresse une brochure intitulée la Maladie de la vigne.
- A cette occasion , M. le président émet le vœu de réunir une commission spéciale pour s’occuper de ce sujet, qui intéresse la plus belle industrie de la France , laquelle se trouve compromise.
- Celte proposition est adoptée. Les comités d’agriculture et des arts chimiques sont invités à présenter leurs vues sur les moyens d’intervenir dans cette importante question.
- Rapports des comités. Au nom du comité des arts chimiques, M. Salvétat lit un rapport sur les fleurs artificielles en émail présentées par M. Lacombe.
- Il résulte des faits consignés au rapport que M. Lacombe travaille avec un égal succès les émaux durs et les émaux tendres. Les premiers offrent la même fusibilité et peut-être la même composition que le cristal ; il y aura donc possibilité de peindre les fleurs modelées.
- Le comité pense que M. Lacombe, en ajoutant à l’emploi des émaux pour la confection des objets de fantaisie, s’est rendu digne de la bienveillance de la Société; il propose, en conséquence, de le remercier de sa communication et d’ordonner l’impression du rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. )
- Proposition de prix. M. Dumas, président, fait l’exposé suivant:
- On sait que l’acide borique et le borax sont indispensables pour les couvertes des poteries. Les Anglais se sont rendus adjudicataires de l’exploitation de l’acide borique en Toscane, sous la réserve d’une partie qui est abandonnée au commerce français. La Société d’encouragement doit se préoccuper des moyens de remplacer ce produit. Le problème n’est point insoluble ; les essais par l’acide phosphorique et les phosphates promettent d’arriver à ce résultat dans le cas où nos fabriques viendraient à être privées de l’acide borique.
- M. Dumas fait remarquer que notre industrie céramique a fait de notables progrès, puisqu’en 1852 la valeur des exportations s’est élevée à 20 millions , dont 18 millions pour la porcelaine ; depuis dix à douze ans , le chiffre des exportations a plus que triplé. Le commerce anglais s’est ému de cette situation ; de là la pensée de priver nos fabriques de l’acide borique.
- Il appartient à la Société d’encouragement de faire acte de patriotisme et de prévoyance ; cet acte servirait à régler le commerce de l’acide borique et du borax, comme en Sicile on a réglé le prix du soufre.
- M. E. Peligot, en partageant les vues émises par M. le président, fait observer que la découverte, faite dans les eaux des Pyrénées, de l’acide borique pourrait donner lieu à l’extraction de cet acide.
- p.171 - vue 181/836
-
-
-
- 172
- PROCÈS-VERBAUX.
- M. Dumas pense qu’il y a lieu de mettre au concours des questions de prix sur ce sujet.
- Cette proposition est prise en considération.
- Communications. M. Paul Thénard, membre du conseil, a la parole pour une communication relative au percement d’un puits dans le département de Saône-et-Loire.
- M. Champonnois, à Châlons-sur-Saône, a construit un puits à l’aide d’un procédé particulier. Il a fait pénétrer dans le sol, au milieu d’une couche de gravier, un tube en fonte de 15 centimètres de diamètre, percé, à la partie inférieure, d’un grand nombre de trous sur une longueur de 1 mètre environ.
- Ce puits fournit plus de 300 litres d’eau par minute; la dépression dans le tube devient alors de lm,80.
- L’eau est toujours très-limpide et à la température de 10 à 11°.
- Il y a dix-huit mois que ce puits existe.
- La ville deChâlons veut en établir plusieurs par le même procédé : ils auraient à fournir les pompes d’une machine de 10 à 15 chevaux, élevant l’eau à 12 ou 15 mèlres environ.
- M. le président adresse à M. Thénard les remercîments de la Société pour cette intéressante communication.
- La séance a été terminée par le renouvellement des membres du bureau et des comités.
- MM. le président, vice-présidents, secrétaire, secrétaires adjoints, trésorier ont été réélus.
- M. Jomard a été réélu censeur; M. Théodore Olivier a été nommé également censeur en remplacement de M. le vicomte Héricart de Thury, que l’état de sa santé tient éloigné de Paris, et auquel a été conféré le titre de censeur honoraire.
- Les membres sortants de la commission des fonds, du comité des arts mécaniques et du comité d’agriculture ont été réélus.
- Au comité des arts chimiques, M. Levol, premier essayeur de la Monnaie, membre adjoint de ce comité, remplace M. Ebelmen, décédé. Au comité des arts économiques, M. Ch. Priestley, qui faisait partie de ce comité à titre d’adjoint, a été nommé en remplacement de M. Dizé, décédé. M. Julien , chef de la division du commerce intérieur au ministère de l’intérieur, de l’agriculture et du commerce, succède à M. De-lambre, auquel les fonctions qu’il exerce dans le département de l’Isère ne permettent plus de prendre part aux travaux du conseil.
- En levant la séance, M. le président adresse à l’assemblée des remercîments pour le témoignage d’estime que les membres de la Société viennent de donner à lui ainsi qu’à MM. ses collègues.
- p.172 - vue 182/836
-
-
-
- LISTE
- des membres titulaires, des adjoints et des membres honoraires composant le conseil dadministration de la Société d’encouragement.
- Année 1853.
- BUREAU.
- Il 1 MM. 8 js g S
- * 9) S •n P Président. 0 s •S rt
- 1829 Dumas (C. ^), sénateur, membre de l’Académie des sciences, vice-président du conseil supérieur de l’instruction pu- 1825
- blique, professeur à la faculté des sciences, rue de Yaugirard, 58. Tice-présiden ts. 1816
- 1B33 Le baron A. Seguier (0. ^ ), avocat à
- la cour d’appel, membre de l’Académie des sciences, de la Société impériale et centrale d’agriculture et du comité consultatif des arts et manufactures, rue Garancière, 11. 1831
- 1828 Darblay (0. ^), membre de la Société
- impériale et centrale d’agriculture , rue de Lille, 74. Secrétaire. •^r 0 00
- i845 Le baron Charles Dupin (G. 0. ^ ), sénateur, membre de l’Académie des sciences, professeur au Conservatoire
- impérial des arts et métiers , rue du Bac, 24. 00 0
- Secrétaires adjoints.
- i839 Combes (0. ^ ), de l’Académie des sciences, de la Société impériale et
- centrale d’agriculture, inspecteur général des mines, professeur à l’école impériale des mines, rue du Regard, 3. 0 CO
- i836 Peligot (E. ) ( ^ ), membre de l’Acadé-
- mie des sciences, professeur au Conservatoire impérial des arts et métiers et à l’école centrale des arts et manufactures, vérificateur des essais à la Mon- 1816
- naie, quai Conti, 11. 1816
- MM.
- Trésorier.
- Agasse ( ^ ), notaire honoraire , rue du Bac, 86.
- Censeurs.
- Jomard ( O. ^ ), membre de l’Institut de France, conservateur-administrateur de la bibliothèque impériale, rue Neuve-des-Petits-Champs, 12.
- Olivier ( Théod. ) ( O. ), administrateur du Conservatoire impérial des arts et métiers, professeur à l’école centrale des arts et manufactures, rue Saint-Martin, 292.
- Président honoraire.
- Le baron Thénard (G. O. ^), membre de l’Académie des sciences, ancien chancelier de l’université, membre du conseil supérieur de l’instruction publique , place Saint-Sulpice , 6.
- Vice-président honoraire.
- Le comte de Gasparin ( G. O. membre de l’Académie des sciences et de la Société impériale et centrale d’agriculture, rue de Courcelles, 29.
- Secrétaires honoraires.
- Cl. Anth. Costaz (^), ancien chef de la division des arts et manufactures au ministère de l’intérieur, rue des Trois-Frères, 7.
- Jomard (O. ^ ), membre de l’Institut de France, conservateur-administrateur de la bibliothèque impériale.
- Censeur honoraire.
- Le vicomte Héricart de Thury ( O. ^ ), /
- p.173 - vue 183/836
-
-
-
- 174
- MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Année de Tentrée au conseil. MM. membre de l’Académie des sciences et de la Société impériale et centrale d’a- c c ~ P ^ s
- griculture, ancien inspecteur général des mines, rue Saint-Dominique-Saint-Germain, 71. 1840
- COMMISSION DES FONDS. 1846
- 1823 Michelin ( Hardouin ) ( ^ ), doyen des conseillers référendaires à la cour des 1847
- comptes, rue Saint-Guillaume, 20, faubourg Saint-Germain.
- 1832 Le duc de Montmorency (Raoul) (0. '•.),
- rue St.-Dominique-St.-Germain, 119. l84o
- 1842 Le comte B. de Mon y-Cglchen, conseiller référendaire à la cour des comptes rue Chauchat, 18. 1847
- cc 45» OJ de Valois ( ), régent de la banque de France, rue Joubert, 3 1.
- CO 00 Vauvilliers ( 0. {§£ ), ancien conseiller d’Etat, rue de la Ferme, 34 bis. 1829
- cc -Cn CO E. de Ladoucette ({f|), député au corps législatif, ancien sous-préfet, rue Saint-Lazare, 58.
- i85o Boulard (Çfè), notaire honoraire, rue des Petits-Augustins ,21.
- i85o Le marquis de Pastoret (Ainédée) (C..;-',),
- sénateur, membre de l’Institut et du conseil général de l’assistance publi- i85o
- que , place de la Concorde, 6. Membre honoraire. i85o
- 1835 Le comte de Perrochel (Maximilien ), ancien maire de Saint-Aubin (Sartlie). i85o
- COMITÉ DES ARTS MÉCANIQUES. 1851
- 1823 Mallet ( Ch. ) (0. ^), inspecteur général honoraire des ponts et chaussées, rue
- de Verneuil, 38. 1831
- 1831 Amédée-Durand (^), ingénieur-mécanicien, membre de la Société impériale et centrale d’agriculture, rue de l’Ab-baye-Saint-Germain, 10.
- i83i Saulnier ( Jacq.-Franç.) (^), ancien in- i845
- génieur-mécanicien de la Monnaie,
- MM.
- ancien membre du conseil général des manufactures, rue d’Enghien, 46.
- Calla (^), ingénieur-mécanicien, membre de la chambre de commerce et du conseil général des manufactures, rue Lafayette, n.
- Féray (Ernest) (O. 0), manufacturier, membre du conseil général des manufactures, à Essonne (Seine-et-Oiseh
- Baüde (O. '•.'••/), ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue Royale-Saint-Hono-ré, i3.
- Le Ghatelier (%), ingénieur en chef des mines, membre de la commission des chemins de fer près du ministère des travaux publics, rue de Yaugirard, 84.
- Alcan , ingénieur civil, professeur au Conservatoire impérial des arts et métiers et à l’école centrale des arts et manufactures, rue d’Aumale, 23.
- Benoit ( (^ ), ingénieur civil , ancien professeur à l’école d’application d’état-major, ancien constructeur de machines et d’usines hydrauliques, rue de Grenelle-Saint-Germain, 34-Adjoints.
- Dumery, ingénieur civil, rue des Petites-Ecuries, 45.
- Laboulaye (Ch.), ancien élève de l’école polytechnique, rue Madame, 3o.
- Pihet ( Eugène ), ancien constructeur-mécanicien, rue Saint-Gervais, 3.
- Callon (0) , ingénieur des mines , professeur suppléant à l’école des mines, rue de Coudé, 24.
- Membres honoraires.
- Olivier ( Théod. ) (O. , administra-
- teur du Conservatoire impérial des arts et métiers, professeur à l’école centrale des arts et manufactures, rue Saint-Martin, 292.
- Kerris ( ), ingénieur de la marine , à
- Toulon ( Var ),
- p.174 - vue 184/836
-
-
-
- MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- 175
- 4) « •
- sil MM. c ! s c £*; 0 v 4) S '"O es
- l824 COMITÉ DES ARTS CHIMIQUES. Gaultier de Claubry (0. ^), professeur i85i
- 1827 à l’école de pharmacie, membre de l’Académie impériale de médecine, rue des Fossés-Saint-Victor, ^5. Payen (0. ^), membre de l’Académie
- des sciences, secrétaire perpétuel de la Société impériale et centrale d’agricul- 1851
- ture , professeur au Conservatoire impérial des arts et métiers et à l’école i85i
- centrale des arts et manufactures, rue
- i83o Saint-Martin, 292. Bussy ( ), membre de l’Académie des
- sciences, de l’Académie impériale de 180Ô
- j83i médecine et du conseil de salubrité, directeur de l’école de pharmacie, rue de l’Arbalète, i3. Chevallier (^), membre de l’Académie
- impériale de médecine et du conseil de salubrité, professeur à l’école de 1824
- 0 00 pharmacie, quai Saint-Michel, 29. Frémy ( ^ ), professeur de chimie à l’é-
- cole impériale polytechnique et au 1827
- 1844 muséum d’histoire naturelle, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 16. Balard ( ^), membre de l’Académie des 1828
- 1844 sciences, professeur de chimie au collège impérial de France et à l’école normale, rue d’Enfer, 16. Cahours ( ^ ), examinateur à l’école 1832
- impériale polytechnique , rue d’Orléans, au Marais, 9. 0 s^t- co
- 1847 Leblanc , ingénieur civil des mines, ré-
- pétiteur de chimie à l’école impériale polytechnique, rue de la Vieille-Estra- 0 ^-r co
- co M pade, 9. Levol , premier essayeur à la Monnaie ,
- quai Conti, 11. 0 VJ- 00
- CO JÏN Oi Adjoints. Thénard ( Paul ) ( ^ ), chimiste , place
- Saint-Sulpice, 6. I> Vi- 00
- i85i Barrai., ancien élève de l’école poly- . •
- MM.
- technique, professeur de chimie, rue Notre-Dame-des-Champs, 82.
- Barreswjl (^7), professeur de chimie à l’école Turgol, l’un des commissaires experts pour la vérification des marchandises au ministère de l’intérieur (division des arts et manufactures), rue du Coq-Saint-Honoré, 9.
- Jacquelain , chimiste , ingénieur , rue Soufïlot, 10.
- Salvétat, chimiste de la manufacture impériale de porcelaines de Sèvres ( Seine-et-Oise ).
- Membre honoraire.
- Boullay (O. ^), membre de l’Académie impériale de médecine, rue de Provence, 21.
- COMITÉ DES ARTS ÉCONOMIQUES.
- Poüulet (O. ^ ) , membre de l’Académie des sciences, rue du Faubourg-Poissonnière, 75.
- Gourlier ( ^ ) , inspecteur général, secrétaire et membre du conseil des bâtiments civils, rue Bonaparte, 43.
- Péclet (O. ^), ancien inspect. général de l’université , professeur à l’école centrale des arts et manufactures, rue de la Harpe, 81.
- Herpin , docteur en médecine , rue Ta-ranne, 7.
- Trébuchet (^), chef de bureau à la préfecture de police, membre du conseil de salubrité, rue de l’Est, 1.
- Becquerel (Ed.) (^), professeur de physique au Conservatoire impérial des arts et métiers, rue Cuvier, 57.
- Le baron E. de Silvestre , ancien élève de l’école polytechnique, rue de Ver-neuil, 33.
- Barre ( ), graveur général des mon-
- naies, quai Conti, tt.
- p.175 - vue 185/836
-
-
-
- i*16 MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- l’entrée conseil. Vnnéc l’entrée conseil.
- Ji- MM. c s H3 « MM.
- 847 Priestley (Ch. ), professeur-répétiteur à taire-cultivateur, fabricant de sucre de
- l’école centrale des arts et xnanufactu- betterave, place Saint-Georges, 28.
- res, rue Pavée, 3, au Marais. in GO Ad. Dailly, membre de la Société impé-
- Adjoint. riale et centrale d’agriculture, rue Pi-
- 852 Clerget (^j), chef de division à l’admi- galle, 6.
- nistration des douanes, rue de Condé, Membre honoraire.
- 5. l84o Le comte de Gasparin ( G. 0. ^ ),
- Membres honoraires. membre de l’Académie des sciences et
- 804 Bouriat (^), membre de l’Académie de la Société impériale et centrale d’a-
- impériale de médecine, rue du Bac, 39. griculture, rue de Courcelles, 29.
- 818 Le baron Cagniard de Latodr ( ) ,
- membre de l’Académie des sciences , COMITÉ DE COMMERCE.
- rue du Rocher, 5o. 1827 Le baron Büsche ( ^ ), ancien préfet,
- COMITÉ D’AGRICULTURE. membre de la Société impériale et
- 8 jo Vilmorin aîné (4^), membre correspon- centrale d’agriculture et du conseil
- dant de l’Académie des sciences et de général des manufactures , rue des
- la Société impériale et centrale d’a- Saints-Pères, 5.
- griculture, lue du Bac, 39. CS 00 de Colmont (0. ), ancien inspecteur
- 828 Huzard (^) , membre de la Société impé- général des finances, rue Saint-Domi-
- riale et centrale d’agriculture, de l’Aca- nique, 182, au Gros-Caillou.
- démie impériale de médecine et du con- 1843 Gautier (0. ^), sénateur, sous-gouver-
- seil de salubrité, rue de l’Eperon, 5. neur de la banque de France, rue de la
- 828 Darblay ( 0. ), membre de la Société Vrillière, 3.
- impériale et centrale d’agriculture, 1844 Gaulthier de Rumilly (^), ancien con-
- rue de Lille, 74. seiller d’Etat, rue du Houssay, 7.
- CD Moll (^), membre de la Société impé- 1846 Biétry (0. ^ ), manufacturier, rue de
- riale et centrale d’agriculture, profes- Richelieu, 102.
- seur au Conservatoire impérial des CO 03 Chapelle ( ), ingénieur-mécanicien ,
- arts et métiers, rue d’Enfer, 57. rue du Chemin-Vert, 3.
- 846 Brongniart (Adolphe) (0. ^), membre CO CO Delessert (Benj. ), banquier, rue Mont-
- de l’Académie des sciences, vice-secré- martre, 176.
- taire de la Société impériale et centrale 1853 Julien ( {^)), chef de la division du coni-
- d’agriculture , professeur au muséum merce intérieur au ministère de l’in-
- d’histoire naturelle, rue Cuvier, 35. teneur, de l’agriculture et du com-
- 849 Vilmorin (Louis ), membre de la Société merce.
- impériale et centrale d’agriculture, Membres honoraires.
- quai de la Mégisserie, 28. 1818 Bérard (0. ^), ancien conseiller d’Etat,
- 85o d’Havrincourt ( 0. ’ÿfè ), ancien officier rue de Provence, 27.
- d’artillerie , propriétaire - cultivateur, 1823 Delessert (François) (0. ^ ), membre
- rue de Varenne, 43. de l’Académie des sciences, rue Mont-
- 85o Crespel-Dellisse (Tiburce) ($$), proprié- martre, 176.
- PARIS.--IMPRIMERIE DE MADAME VEUVE BOUCHARD-HUZARD, RUE DE l’ÉPERON, 5.
- p.176 - vue 186/836
-
-
-
- ÜJIfUMIt-DliliXIEM AMÉE, ( N° DLXXXYI.) avril 1853.
- BULLETIN
- DE LÀ
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES. — abmes a feu.
- Rapport fait par M. Ch. Laboulaye, au nom du comité des arts mécaniques, sur les perfectionnements ajoutés aux armes à feu par M. May, rue Saint-Honoré, 217.
- M. May a présenté plusieurs perfectionnements aux armes à feu qui méritent d’autant plus l’attention de la Société d’encouragement, que leur auteur est un ouvrier ingénieux qui, pendant de longues années, a apporté le contingent de son habileté pratique à plusieurs inventions qui ont fait progresser l’arquebuserie.
- La première invention présentée par M. May consiste en un système de sûreté pour les armes à feu , en une nouvelle solution de ce problème si important à résoudre, d’empêcher l’arme de partir sans la volonté du chasseur. Ce système rentre dans la classe de ceux qui, au moyen d’un arrêt convenablement placé, empêchent de faire feu, si ce n’est quand on met en joue. Il en résulte, comme dans tous les systèmes de ce genre, quelque léger changement dans les habitudes du chasseur ; c’est à l’expérience, nous l’avons déjà dit, à faire apprécier le système de sûreté le moins embarrassant et le plus efficace.
- Celui de M. May peut se présenter à ce concours avec des chances sérieuses de succès. La partie essentielle du mécanisme consiste en des verrous, perpendiculaires à la platine, qui s’opposent au mouvement des chiens, devant lesquels ils viennent se placer. Ces verrous , très-apparents, permettent de voir si le système fonctionne toujours bien ; ils sont mus par deux longs leviers placés dans le haut de la platine, à l’intérieur, qui tournent par Cinquante-deuxième année. Avril 1853. 23
- p.177 - vue 187/836
-
-
-
- 178
- ARTS MÉCANIQUES.
- l’effet de plans inclinés qui les terminent et sur lesquels agit une pièce glissante placée derrière la sous-garde. C’est celte pièce qui est repoussée et qui fait rentrer les verrous lorsqu’on porte la main à la poignée de l’arme pour faire feu. Cette disposition simple et solide doit donner de bons résultats dans la pratique (1).
- Les autres inventions présentées par M. May ont pour objet un perfectionnement du fusil se chargeant par la culasse , et une nouvelle cartouche métallique pour ce fusil.
- Pour le fusil., il remplace le système qui accroche le canon , dans le fusil de M. Lefaucheux, par un levier tournant autour d’un axe situé sur la partie fixe de l’arme et qui vient presser sur la partie supérieure du canon.
- Ce moyen est très-efficace pour assurer un bon serrage, surtout si l’entaille pratiquée sur le canon est en plan incliné; mais la présence du levier placé au milieu d’un des canons est un inconvénient. Dans sa forme actuelle, en effet, ce système ne peut s’appliquer qu’aux fusils à deux coups, tandis que le plus beau succès des armes de ce genre serait, sans aucun doute, de produire un modèle tout à fait satisfaisant pour le mousqueton de cavalerie, c’est-à-dire une arme pouvant facilement se charger à cheval. M. May pourrait peut-être y parvenir en coudant convenablement le levier de fermeture.
- Quant à la cartouche en cuivre, l’inventeur s’est proposé de réunir les trois avantages suivants : emploi d’une capsule ordinaire, inflammation produite au centre de la charge, enfin placement facile de la capsule.
- La cartouche est formée d’une douille en cuivre percée, au milieu de son fond, d’un trou rond donnant passage à une petite broche dont la tête , cannelée et destinée à recevoir la capsule, se loge dans la partie la plus large (pratiquée extérieurement) de ce trou. La broche se meut librement, de manière que les jours latéraux de l’ouverture qu’elle traverse font office de lumières ; elle est maintenue en place par l’élasticité de la capsule, et retirée facilement après l’explosion à l’aide d’un petit morceau de bois introduit dans la douille.
- La percussion a lieu à l’aide d’un chien percutant horizontalement et placé plus bas qu’à l’ordinaire ( forme à laquelle il est assez difficile de donner de l’élégance ); ce chien est terminé par une saillie en forme de broche, qui traverse le tonnerre fixe pour venir frapper la capsule. Il va sans dire que la cartouche, assez épaisse, est placée dans une chambre, ce qui lui permet de résister à la percussion. On voit que cette cartouche doit être exécu-
- (1) Voir, dans le Bulletin de 184G, un rapport de M. Th. Olivief sur un système de sûreté inventé par M. Guérin, qui a quelque analogie avec celui de M. May,
- p.178 - vue 188/836
-
-
-
- /ïu/ZeOn tf.’ /<> Jhtvt'/s iflinivur.'Jt/cf.'sr/U,.17'/)l.\A.. 1 / /,/'/ /7,9 . /V - /-<)- •
- SYSTKMK DK, SK RKT K POKR KKS FLS1KS DK CIIASSF. F.ï Kl SM, SK CII.\r»Dr.\.\T i’\K i.\ K ; i. \SSF.. i’ \l’< Al MAS .
- pl.1252 - vue 189/836
-
-
-
- ARMES A FEU.
- 179
- téeavec soin ; toutefois, s’il en fallait un grand nombre, son prix ne saurait être élevé.
- Les conditions de l’inflammation par le centre de la charge sont évidemment excellentes, et M. Peupin, rapporteur pour l’arquebuserie à l’exposition de 1849, a certifié, après expériences comparatives, que la portée du fusil de M. May est une des plus belles qu’on puisse espérer; il est permis de croire* ajoute-t-il avec raison, qu’on la doit principalement à la manière dont l’inflammation a lieu.
- Nous croyons que la Société d’encouragement doit accueillir avec faveur les travaux du laborieux inventeur dont nous venons de lui rendre compte, et avons l’honneur de lui proposer
- 1° De remercier M. May de sa communication,
- 2° D’insérer le présent rapport dans le Bulletin avec les dessins et légendes nécessaires.
- Signé Ch. Laboulaye, rapporteur.
- Approuvé en séance t U 15 décembre 1852.
- Explication des figures de la planche 1252.
- Fig. 1. Yu de face d’un fusil de chasse à deux coups, muni du moyen de sûreté de M. May.
- Fig. 2. Le même vu en coupe horizontale.
- Fig. 3. Fusil se chargeant par la culasse, vu de face.
- Fig. 4. Le même vu en plan.
- Fig 5. Cartouche métallique à percussion vue en coupe longitudinale.
- Fig. 6. Crochet-outil pour retirer cette cartouche du canon.
- Fig. 7. Cartouche du fusil, fig. 1.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures.
- a, bouton sur lequel on presse au moment de faire feu, et qui dégage les chiens. Ce bouton fait écarter la partie postérieure des leviers b b, tournant horizontalement sur les broches c, et rentrer des butoirs ou arrêts d, lesquels s’engagent sous le marteau, comme on le voit fig. 1. Il résulte de cette disposition que, tant que le fusil ne sert pas, le chien reste immobile, et que , en même temps qu’on fait feu, les arrêts se trouvent dégagés et les chiens s’abattent sur les amorces.
- Les canons du fusil, fig. 3, basculent sur l’axe e; c’est alors que la culasse est mise à découvert et qu’on peut introduire la cartouche, fig. 5. On relève ensuite les canons et on les arrête solidement au moyen du levier de serrage /*, dont l’extrémité courbée en crochet embrasse la broche g. (D.)
- p.179 - vue 190/836
-
-
-
- 180
- ARTS CHIMIQUES. — produits chimiques.
- Rapport fait par M. Barreswil, au nom du comité des arts chimiques, sur
- Fessai industriel du cyanure de potassium; par MM. Fordos et Gélis, rue de * Lancry, 8.
- Messieurs, MM. Fordos et Gélis ne sont pas seulement des chimistes expérimentés, ils sont aussi des fabricants habiles. Ce sont eux qui préparent, pour le commerce, le sel d’or des photographes. C’est comme fabricants autant que comme chimistes qu’ils soumettent à la Société le procédé dont il va être question.
- Le cyanure de potassium, à peine connu dans l’industrie il y a quelques années, est devenu, grâce à la découverte des procédés de dorure et d’argenture de M. Elkington, et au parti considérable qu’en a su tirer M. Chris-tofle, un produit commercial dont l’importance s’accroît chaque jour. La fabrication n’en est nullement secrète, chacun en fait et en vend; mais comme la préparation en est délicate, difficile, irrégulière, comme le produit est d’ailleurs altérable, et aussi, il faut bien le dire, comme l’état amorphe sous lequel on le vend ordinairement se prête singulièrement à la falsification , il arrive que, pour une raison ou pour l’autre , les divers cyanures qu’on rencontre dans le commerce sont autant de produits différents ; aucun n’est à l’état de pureté, quelques-uns sont tellement impurs, que le cyanure proprement dit en forme la moindre proportion.
- Cet état de choses offre de grands inconvénients : comment, en effet, peut-on amener quelque régularité dans les opérations si délicates des applications industrielles du galvanisme, si l’on n’est pas, avant toutes choses, sûr de son produit. Le moindre défaut d’un cyanure impur est de donner, quand on l’emploie à neuf, des résultats médiocres ou mauvais; mais, de plus, il laisse, à l’ouvrier qui l’applique à une fabrication commencée, la crainte de mettre dans des conditions mauvaises un travail qui marchait bien , et tous ces mécomptes si fâcheux ne sont rien auprès du danger que présente l’emploi, dans la thérapeutique, de cyanures qui ne sont pas d’une pureté éprouvée.
- C’est pour obvier à tous ces inconvénients et aussi pour permettre de comparer entre eux les divers produits du commerce, que MM. Fordos et Gélis ont fait connaître leur mode d’analyse.
- Le procédé est d’une extrême simplicité : c’est une application de la méthode générale de Descroizilles, si heureusement'modifiée par Gay-Lussac. Il repose sur la propriété que possède une solution de cyanure de potassium de décolorer la solution d’iode dans l’alcool ou dans l’iodure de potassium. M. Gerdy avait déjà cherché à tirer parti de cette réaction observée par M. Sérullas et M. Woehler, pour essayer le dosage des liqueurs contenant du cyanogène.
- p.180 - vue 191/836
-
-
-
- PRODUITS CHIMIQUES.
- 181
- La liqueur normale est une dissolution alcoolique d’iode (40 gram. d’iode pour 1 litre d’alcool à 33° ). L’indice de saturation est dans la couleur jaune que communique l’iode à la dissolution, couleur qui disparaît tant qu’il y a du cyanure dans la liqueur.
- Voici comment on opère.
- On pèse 5 grammes de cyanure que l’on dissout dans le vase de 1/2 litre employé pour les essais alcalimétriques, de manière à ce que le liquide occupe exactement le volume de 50 centilitres ; on prend, de cette dissolution, 50 centimètres cubes représentant 0gr-,5 de cyanure à analyser; on les introduit dans un ballon de verre de 2 litres environ, par-dessus on verse 1 litre et demi d’eau environ et 1 décilitre d’eau de Seltz. Cela fait, tenant le ballon d’une main, on le place au-dessus d’une feuille de papier blanc , et de l’autre main on verse peu à peu, au moyen de la burette alcalimétrique , la liqueur normale d’iode jusqu’au moment où celle-ci communique au liquide la teinte jaune caractéristique, ce qui indique que le dosage est terminé.
- La richesse du produit en cyanure de potassium réel est proportionnelle à la quantité de l’iode employé.
- Le mémoire de MM. Fordos et Gélis renferme une table qui donne le calcul tout fait. Des expériences de vérification faites par les soins de votre comité ont prouvé l’exactitude du procédé.
- On peut objecter que la réaction de l’iode , qui ne se révèle comme phénomène appréciable que par le fait de la décoloration, n’est pas particulière au cyanure, que d’autres substances décolorent l’iode et pourraient faire doser comme cyanure des corps étrangers, peut-être même nuisibles. MM. For-dos et Gélis ont prévu l’objection ; aussi établissent-ils , dans leur mémoire , que les seules substances attaquables par l’iode qui puissent se rencontrer dans les cyanures commerciaux sans en changer notablement les caractères physiques se réduisent aux alcalis caustiques, aux carbonates alcalins, aux sulfures alcalins. Or il est toujours facile, à l’aide d’opérations simples, de les éliminer ou de les modifier de manière à cé qu’elles ne puissent entraver l’action de l’iode.
- L’échantillon contient-il de la potasse ou son carbonate, la simple addition d’un décilitre d’eau de Seltz suffit pour les saturer et les rendre inattaquables par l’iode, et MM. Fordos et Gélis recommandent de faire cette addition dans tous les cas. Contient-il des sulfures , et disons, en passant, que la présence de ces corps serait toujours indiquée par le trouble ou le dépôt que l’iode formerait dans les liqueurs en mettant du soufre en liberté , ces sulfures pourraient être facilement éliminés par l’addition de quelques gouttes de sulfate de zinc ou d’acétate de plomb, en ayant, toutefois, le soin de filtrer les liqueurs avant le traitement par l’iode.
- p.181 - vue 192/836
-
-
-
- ARTS CHIMIQUES.
- 182
- Le procédé de MM. Fordos et Gélis est pratique , la manutention est simple, et la réaction sur laquelle il repose est positive.
- C’est en se servant de ce procédé que MM. Fordos et Gélis ont pu reconnaître que les cyanures du commerce, lorsqu’ils ne sont pas cristallisés, ne renferment, en moyenne, que 50 à 60 pour 100 de cyanure réel. C’est par des analyses multipliées qu’ils ont pu se fixer sur le meilleur procédé de fabrication, procédé qu’ils se proposent de faire connaître à la Société.
- Votre comité pense que ce procédé d’analyse industrielle, appliqué avec discernement, peut rendre des services réels, en permettant d’apprécier avec une très-grande exactitude la valeur d’un sel dont l’aspect n’est nullement caractéristique, et qui peut être mal préparé ou profondément altéré sans que l’attention de l’acheteur soit appelée par une modification appréciable dans ses caractères extérieurs.
- En conséquence, il vous propose d’adresser des remercîments aux auteurs pour leur intéressante communication, et de faire imprimer dans le Bulletin le présent rapport et le mémoire de MM. Fordos et Gélis.
- Signé Barreswil, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 23 février 1853.
- Note sur Fessai commercial du cyanure de potassium; par MM. Fordos et Gélis.
- L’augmentation considérable que la fabrication du cyanure de potassium a éprouvée, par suite de son emploi dans les opérations de la galvanoplastie et de la photographie, a donné à ce produit une importance nouvelle.
- De nombreux travaux ont été faits dans le but de le produire économiquement ; mais les procédés nouveaux, en diminuant son prix commercial aux dépens de sa pureté, lui ont beaucoup retiré de sa valeur réelle. Ce fait fâcheux s’est produit avec d’autant plus de facilité que le cyanure de potassium est vendu sous la forme d’une masse fondue , et se prête plus que tout autre produit aux sophistications, parce que rien, dans l’aspect, ne donne à l’acheteur une garantie suffisante de bonne préparation.
- Il nous a donc semblé utile d’indiquer un procédé industriel, c’est-à-dire rapide et à la portée des moins habiles, de constater la richesse d’un cyanure commercial.
- Le procédé que nous proposons est basé sur la méthode des volumes que nous devons à Descrokilles. Nous avons cherché, parmi les nombreux agents chimiques, celui qui pouvait exercer une action spéciale sur le cyanure de potassium, sans être influencé par les substances mêlées avec lui, soit dans un but coupable, soit naturellement par suite des altérations qu’il peut su-
- p.182 - vue 193/836
-
-
-
- PRODUITS CHIMIQUES.
- bir, ou des accidents de sa préparation, et l’iode nous a paru remplir ces diverses conditions.
- Nous avions songé d’abord à l’azotate d’argent : déjà deux chimistes anglais , dans un travail sur quelques cyanures doubles, en avaient fait usage pour apprécier la pureté du cyanure de potassium qui servait à leurs expériences ; mais nous avons bien vite compris que ce réactif ne saurait donner facilement de bons résultats dans les essais de l’industrie, à cause des diverses matières, et principalement des chlorures, qui se rencontrent constamment dans les cyanures du commerce et que, dans tous les cas, il ne serait que trop facile d’y ajouter.
- L’iode, au contraire, employé dans certaines conditions, répond à tous les besoins.
- Il agit rapidement sur le cyanure de potassium ; si les deux corps sont employés en dissolution, la liqueur d’iode se décolore instantanément sans qu’il se forme aucun acide. Si l’on a employé des poids connus des deux corps, on reconnaît que chaque équivalent de cyanure de potassium fait disparaître exactement deux équivalents d’iode. 814 gr. de cyanure en absorbent 3,172 d’iode.
- La nature des produits qui se forment dans cette circonstance est parfaitement connue. Les résultats que nous avons obtenus, dans l’étude de la réaction, sont conformes à ceux qui ont été décrits par MM. Sérullas et Wœhler.
- Les deux composants du cyanure de potassium se partagent également l’iode, et il se produit un équivalent d’iodure de potassium et un équivalent d’iodure de cyanogène, comme l’indique la formule suivante :
- Cy K + 2 I = I K -4- I Cy.
- Ajoutons que la réaction est instantanée, qu’elle se fait d’une manière très-nette, et que les produits formés sont assez stables pour n’apporter aucune perturbation pendant la durée de l’expérience.
- L’air humide parait, il est vrai, décomposer à la longue l’iodure du cyanogène et mettre de l’iode en liberté; mais cette décomposition ne se produit qu’après un temps assez long dans des liqueurs neutres, et n’a jamais été un embarras pour nous dans les nombreux dosages de cyanures que nous avons faits.
- Le cyanure du commerce est toujours très-impur. Nous prouverons ailleurs que sa richesse réelle ne dépasse jamais 55 pour 100, et qu’elle est souvent de beaucoup intérieure II peut être souillé par un très-grand nombre de produits qui proviennent de plusieurs causes : les éléments qui entrent dans la composition de ce corps sont doués d’une mobilité extrême qui le rend apte à une foule de transformations ; mais ces produits de métamorphoses, si nombreux qu’ils soient, ne sont pas les seuls qui puissent altérer
- p.183 - vue 194/836
-
-
-
- 184
- ARTS CHIMIQUES.
- la pureté du cyanure de potassium; il en est d’autres qui, employés dans la préparation, y sont introduits directement, souvent à dessein, en quantité trop considérable, et contre la présence desquels le chimiste chargé de l’analyse ne doit pas oublier de se mettre en garde.
- Afin de contrôler le procédé de dosage par l’iode que nous proposons, nous avons préparé des mélanges connus de cyanure de potassium et des diverses substances qui se rencontrent habituellement dans les cyanures commerciaux et de plusieurs autres que nous supposions pouvoir s’y rencontrer, et nous avons constaté que l’iode donne , dans tous les cas, des résultats exacts malgré la présence de ces composés , ou que, du moins, il est toujours facile, à l’aide d’opérations simples, de les éliminer ou de les modifier de manière à ce qu’ils ne puissent entraver son action.
- Les produits qui absorbent l’iode et qui peuvent se rencontrer dans les cyanures de potassium du commerce sont les bases caustiques, les carbonates alcalins, les sulfures alcalins.
- Ceci posé, passons à la partie manuelle de l’opération, et indiquons avec détails les précautions qu’elle exige.
- L’essai des cyanures peut être exécuté au moyen d’un très-petit nombre de mesures graduées, semblables à celles que les industriels emploient pour les essais analogues, et de quelques réactifs.
- Les objets indispensables sont
- Une burette divisée par demi-centimètres cubes, semblable à celle dont on se sert dans les essais alcalimétriques ;
- Une mesure d’un demi-litre, en verre ;
- Une mesure d’un décilitre ;
- Une pipette jaugée de 50 centimètres cubes, semblable à celle des essais alcalimétriques ;
- Un ballon de verre de 2 litres environ ;
- De l’eau de Seltz ;
- Une liqueur titrée d’iode.
- La liqueur d’iode que nous employons contient environ 4 pour 100 d’iode. C’est le degré de concentration qui nous a paru le plus ponvenable : nous la préparons en dissolvant 40 gramm. d’iode dans 1 litre d’alcool à 33°. Si l’on a employé de l’iode pur, la liqueur peut servir immédiatement à l’analyse ; cependant il est préférable de la titrer, et nous conseillons de le faire dans tous les cas. On obtient le titre de la liqueur d’iode par un procédé très-simple : il consiste à déterminer combien I gramme d’hyposulfite de soude pur ( et il est très-facile de se procurer ce sel pur dans le commerce ) absorbe de divisions de cette liqueur. L’essai se fait au moyen de la burette indiquée plus haut. La quantité de liqueur représentée par le nombre de di-
- p.184 - vue 195/836
-
-
-
- PRODUITS CHIMIQUES.
- 185
- visions absorbées contiendra 0s'am,,51 d’iode ; car nous avons fait voir, dans notre travail sur l’acide tétrathionique (1), que l’hyposulfite de soude absorbe un peu plus de la moitié de son poids d’iode, et que 1 gramme en absorbe exactement 0siam,51. La liqueur d’iode étant titrée, on pourra procédera l’analyse, et voici de quelle manière elle devra être conduite :
- On prélèvera, sur la partie de cyanure à examiner qui paraîtra représenter le mieux la masse entière du produit, un poids exact de 5 grammes. Ces 5 grammes de cyanure seront dissous dans la mesure d’un demi-litre avec de l’eau distillée.
- On prendra , au moyen de la pipette, 50 centimètres cubes de cette dissolution, contenant par conséquent 0sram,5 de cyanure à essayer; on les versera dans le ballon de verre, et par-dessus i litre ou 1 litre et demi d’eau , et 1 décilitre d’eau de Seltz.
- L’échantillon ainsi préparé , on placera le ballon sur un cercle de fer posé au-dessus d’une feuille de papier blanc, et on versera la liqueur d’iode au moyen de la burette, en agitant continuellement le ballon. Aussitôt que le liquide du ballon prendra la teinte jaune de l’iodure ioduré de potassium, on s’arrêtera et on notera la quantité de liqueur d’iode employée.
- On ne devra se servir ni d’empois, ni d’amidon, attendu que la coloration bleue de ces substances ne donnerait que des indications inexactes.
- Connaissant la composition de la liqueur d’iode , il sera très-facile de savoir la richesse du cyanure essayé, par une simple proportion, puisque nous savons qu’un équivalent ( 814 ) de cyanure de potassium absorberait deux équivalents ( 3,172 ) d’iode. La quantité d’iode absorbée , multipliée par 2 , puisque nous n’opérons que sur 0,5 de matière, indiquera la quantité de cyanure réel contenue dans 1 gramme.
- Pour plus de clarté posons un exemple : supposons que 1 gramme d’hy-posulfite de soude ait absorbé 40 divisions de la liqueur d’iode, nous dirons que ces 40 divisions contiennent 08,am\51 d’iode.
- Si la pipette, contenant 0sam ,5 de cyanure de potassium , a absorbé, par exemple, 120 divisions de cette liqueur, on en devra conclure que le cyanure contenu dans les 0gram ,5 examinés a absorbé lgian,,,53 d’iode. D’après la proportion, 40 : 0,51 : : 120 : x = 1,53.
- Par conséquent, 1 gramme aurait absorbé 3,06.
- Or, puisque deux équivalents d’iode (3,172) représentent un équivalent de cyanure (814), 3,06 d’iode représenteront 0,7852 de cyanure, et dès lors 78,52 pour 100. Bien que ce calcul soit très-simple, on pourra se dispenser
- (i) Annales de chimie et de physique, 38 série, t. V7T, p. 434.
- CÀnqnante-deuxième année. Avril 1853.
- 24
- p.185 - vue 196/836
-
-
-
- 186
- ARTS CHIMIQUES.
- de le faire, en consultant la table qui suit, dans laquelle nous indiqûons les quantités d’iode qui correspondent à chacun des degrés.
- L’addition de l’eau de Seltz, que nous avons recommandée, joue un rôle important dans l’essai des cyanures ; l’acide carbonique qu’elle contient fait passer les bases caustiques et le carbonate de potasse ou de soude qu’ils peuvent contenir, à l’état de bicarbonates composés qui n’absorbent pas l’iode. L’expérience nous a démontré qu’un décilitre d’eau de Seltz suffisait dans tous les cas (1).
- Lorsque le dosage du cyanure est terminé, la liqueur colorée par les quelques gouttes de teinture d’iode ajoutées en excès doit être transparente ; il arrive quelquefois que l’on remarque un léger louche : ce caractère est l’indice de la présence d’un sulfure alcalin dans l’échantillon examiné.
- Lorsque ce cas se présente, il est nécessaire de procéder, avant le dosage, à l’élimination de ce produit. Cette élimination ne présente, du reste, aucune difficulté. On dissoudra les 5 grammes de cyanure à essayer dans une petite quantité d’eau, et on ajoutera quelques gouttes d’une dissolution de sulfate de zinc ; le sulfure sera précipité, tandis que le cyanure de zinc restera dissous par le cyanure en excès. On filtrera, en ayant soin de bien laver le filtre, comme dans les analyses de cendres, et on complétera un demi-litre. Pour le reste de l’opération, on se conformera à ce que nous avons dit plus haut.
- On pourrait employer indifféremment presque toutes les dissolutions métalliques. Nous avons employé quelquefois l’acétate de plomb ; mais, dans tous les cas, il est indispensable de séparer, par le filtre, le sulfure précipité , car nous avons constaté que la plupart des sulfures métalliques sont attaqués par l’iode en présence des cyanures alcalins.
- Nous avons fait un grand nombre d’essais par le procédé d’analyse qui fait l’objet de cette note, et ces essais, exécutés pour la plupart sur des produits achetés dans le commerce, nous ont édifiés sur la valeur des différents procédés de préparation du cyanure employés jusqu’à ce jour. Nous avons reconnu que, par suite de la mauvaise direction donnée à la préparation de ce corps, il est à peu près impossible de trouver aujourd’hui, chez les marchands, un cyanure contenant plus de 55 pour 100 de cyanure réel.
- Nous examinerons plus tard les différents procédés recommandés, et particulièrement celui de MM. Roddgers frères, plus connu sous le nom de
- (l) Nous avons cherché à employer d’autres acides à celle saturation; mais nous n’avons pas réussi. Le point d’arrêt manquait de netteté, parce que les acides forts en présence de l’iodure de potassium paraissent accélérer beaucoup, et provoquer même la décomposition de l’iodure de cyanogène. On devra, par la même raison, se servir d’une liqueur d’iode préparée depuis peu de temps.
- p.186 - vue 197/836
-
-
-
- PRODUITS CHIMIQUES.
- 187
- M. Liebig, procédé sur la valeur duquel on s est généralement mépris. Nous indiquerons quelques-unes des conditions qui produisent l’impureté des cyanures du commerce, et nous pensons que la connaissance de ces conditions, qui nous permet de préparer industriellement des cyanures à 90 centièmes, ne sera pas sans utilité.
- Table indiquant les quantités d’iode correspondant à chacun des degrés.
- QUANTITÉ d’iode absorbée. ( Grammes. ) Degrés. QUANTITÉ d’iode absorbée. ( Grammes. ) Degrés. QUANTITÉ d’iode absorbée. ( Grammes. ) Degrés.
- 3,896 100 2,571 66 1,246 32
- 3,857 99 2,532 65 1,208 31
- 3,818 98 2,493 64 1,169 30
- 3,779 97 2,454 63 1,130 29
- 3,740 96 2,416 62 1,091 28
- 3,701 95 2,377 61 1,052 27
- 3,662 94 2,338 60 1,013 26
- 3,624 93 2,299 59 0,974 25
- 3,585 92 2,260 58 0,935 24
- 3,546 91 2,221 57 0,896 23
- 3,507 90 2,182 56 0,857 22
- 3,468 89 2,143 55 0,818 21
- 3,429 88 2,104 54 0,779 20
- 3,390 87 2,065 53 0,740 19
- 3,351 86 2,026 52 0,701 18
- 3,312 85 1,987 51 0,662 17
- 3,273 84 1,948 50 0,623 16
- 3,234 83 1,909 49 0,584 15
- 3,195 82 1,870 48 0,545 14
- 3,156 81 1,831 47 0,506 13
- 3,117 80 1,792 46 0,467 12
- 3,078 79 1,753 45 0,428 11
- 3,039 78 1,714 44 0,389 10
- 3,000 77 1,675 43 0,350 9
- 2,961 76 1,636 42 0,311 8
- 2,922 75 1,597 41 0,272 7
- 2,883 74 1,558 40 0,233 6
- 2,844 73 1,519 39 0,194 5
- 2,805 72 1,480 38 0,155 4
- 2,766 71 1,441 37 0,116 3
- 2,727 70 1,402 36 0,077 2
- 2,688 69 1,363 35 0,038 1
- 2,649 68 1,324 34 i
- 2,610 67 1,285 33
- p.187 - vue 198/836
-
-
-
- 188
- ARTS CHIMIQUES.
- ÉMAUX TRAVAILLÉS A LA LAMPE.
- Rapport fait par M. Salvétat, au nom du comité des arts chimiques, sur les
- fleurs artificielles en émail de M. Lacombe , rue du Landy, 37, à Clichy-la-
- Garenne.
- Messieurs, l’art de fabriquer les cristaux a pris, dans ces derniers temps, un développement considérable; les progrès de celte fabrication sont devenus le point de départ de nombreux perfectionnements qu’il serait possible de signaler dans la préparation des émaux. La science de l’émailleur ne pouvait que gagner à la variété des ressources que l’avancement de l’industrie mettait à sa disposition. On devait espérer voir bientôt pratiquer à nouveau et sans doute avec goût un art qui, comme on sait, avait jeté quelque éclat sur la fabrication de Venise. Toutes les collections vitriques renferment, en effet, quelques-uns de ces objets de curiosité travaillés en verre ou en cristal à la lampe d’émailleur. M. Lacombe, d’Alvignac (Lot), a repris cette idée, mais en se plaçant à un point de vue peut-être plus heureux. Il a dirigé tous ses efforts vers l’imitation des fleurs, et les derniers spécimens qu’il a soumis à votre approbation témoignent d’une grande habileté, ha plupart des objets qui sont sous vos yeux sont préparés pour ces presse-papier en cristal qui ont eu, dans ces dernières années, une vogue qui paraissait devoir continuer. M. Lacombe établit aussi des fleurs montées sur fil de platine, pour augmenter la flexibilité de la tige et protéger les points d’attache contre l’altération résultant d’un nettoyage à l’eau souvent répété.
- Votre comité n’a pas à se prononcer sur la valeur réelle des émaux comme produits de fabrique. M. Lacombe ne les prépare pas ordinairement lui-même. Mais votre rapporteur doit faire ressortir un mérite très-grand, celui d’avoir su choisir et grouper avec discernement ces émaux, soit monochro-nes, soit multicolores, si sujets à se fendiller ou à se séparer par des dilatations inégales.
- M. Lacombe travaille avec la même facilité les émaux durs et les émaux tendres; les premiers offrent la même fusibilité et peut-être la même composition que le cristal. Il y aura donc possibilité de peindre les fleurs modelées de la sorte, avec les couleurs plus variées que fournit la palette du peintre sur cristal, mais que ne peuvent donner les simples ressources de l’émaillage proprement dit.
- Votre comité, Messieurs, pense que M. Lacombe, en ajoutant à l’emploi des émaux pour la confection des objets de fantaisie, s’est rendu digne de votre bienveillance; il vous propose, en conséquence, de le remercier de sa com-
- p.188 - vue 199/836
-
-
-
- 189
- PORCELAINE.
- munication et d’ordonner l’impression du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Signé Salvétat , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 23 mars 1852.
- PORCELAINE.
- Rapport fait par M. Salvétat, au nom du comité des arts chimiques et de la
- commission des beaux-arts appliqués à l’industrie, sur les porcelaines décorées
- et vernissées de M. J. Lesme, de Limoges.
- Messieurs, M. J. Lesme, de Limoges (Haute-Vienne), fabricant et décorateur de porcelaine dure, vous a présenté, dans la séance du 9 février dernier, en sollicitant votre jugement, différents objets de sa fabrication. Vous avez renvoyé l’examen de ces produits au comité des arts chimiques et à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie; j’ai l’honneur de vous proposer, en leur nom, d’adopter les termes du rapport qui suit.
- Les pièces de porcelaine dure décorées par M. Lesme, et qu’il a soumises à votre appréciation, constituent deux sortes de produits céramiques tout à fait distincts.
- Les uns sont en porcelaine dure à pâte kaolinique, à couverte feldspathique, cuites, pâte et couverte, simultanément, au grand feu des fours de Limoges ; c’est de la porcelaine analogue à la porcelaine chinoise dans toute l’acception du mot. Nous n’aurions rien à en dire, si le genre de décoration qui les distingue ne permettait de confondre ces productions françaises avec les produits similaires des peuples de la Chine. Votre comité les a donc examinées sous ce point de vue spécial.
- Les autres objets que M. Lesme vous a présentés, établis à l’imitation des faïences que Bernard Palissy nommait ses antiques, ont une pâte en tout semblable à celle de la porcelaine dure. Elles sont cuites en biscuit, mais ce biscuit n’est plus rendu brillant et glacé par la véritable couverte des porcelaines nettement définies. Une glaçure tendre à base d’oxyde de plomb analogue à celle de la porcelaine tendre complète cette poterie. Or l’ensemble de cette association, c’est-à-dire l’union d’une pâte feldspathique et kaolinique et d’un enduit plombifère, paraît à votre commission, dans les conditions qu’a choisies M. Lesme, digne de tout l’intérêt de la Société. Il lui semble constituer le produit d’une fabrication entièrement nouvelle. Je ne crois pas, en effet, qu’il y ait d’autre pays que la Chine qui puisse présenter une fabrication analogue, et je me sers avec intention du mot de fabrication, car on ne sau-
- p.189 - vue 200/836
-
-
-
- 190
- ARTS CHIMIQUES.
- mit appeler de ce nom les essais déposés à diverses époques dans le musée céramique de Sèvres. Ces essais démontrent bien, il est vrai, que l’idée d’appliquer un vernis plombifère sur des biscuits durs et translucides avait été conçue par plusieurs artisans, mais tout prouve aussi que jusqu’à ce jour elle n’avait pas reçu la sanction de l’expérience, et qu’elle n’était pas encore entrée dans le domaine de l’industrie. À cet égard, les dernières productions de M. Lesme, bien qu’à peine répandues dans le commerce, y ont pris un rang honorable ; elles forment une classe particulière de poterie, établissant un lien naturel entre les porcelaines dures et les porcelaines tendres. Elles se confondent, en effet, avec les porcelaines dures quant à la nature de la pâte, et se rapprochent de la porcelaine tendre relativement aux qualités de la glaçure.
- La décoration de la porcelaine dure par les méthodes et dans le style usités en Chine exige, pour qu’on saisisse les difficultés qu’il a fallu vaincre , quelques détails dans lesquels je vais entrer. La fabrication de la porcelaine en biscuit décorée par des émaux transparents mérite, de même , quelques développements nécessaires pour motiver les conclusions de ce rapport.
- Porcelaine décorée dans le style chinois. On sait que l’aspect des porcelaines chinoises est tout différent des produits similaires européens, et que beaucoup d’amateurs les préfèrent même aux productions les plus renommées de notre pays. Des travaux analytiques récents, exécutés à la manufacture impériale de Sèvres et confirmés par la synthèse, ont démontré que l’harmonie si séduisante des peintures sur les porcelaines de la Chine dépendait uniquement des méthodes spéciales usitées par les Chinois, c’est-à-dire du nombre restreint des principes colorants dont ils se servent, de leur nature particulière, et enfin de l’épaisseur sous laquelle on est forcé d’appliquer la majeure partie des couleurs pour obtenir une coloration suffisamment intense. Les Chinois ne font usage que d’émaux, c’est-à-dire de cristaux transparents colorés par quelques centièmes, au plus, d’oxydes colorants dissous dans le flux vitreux, appliqués avec leur transparence primitive ou rendus opaques par des additions de blanc.
- Une expérience presque journalière a prouvé que nos porcelaines à couverte feldspathique se prêtent très-difficilement au genre de décoration résultant simplement de l’emploi des émaux, tandis que la porcelaine de la Chine, qui cuit généralement à une température plus basse que la nôtre et dont la glaçure est rendue plus fusible par une addition de chaux, s’en accommode beaucoup mieux.
- La porcelaine décorée par M. Lesme est une porcelaine française fabriquée dans toutes les conditions de la porcelaine de Limoges, et les procédés
- p.190 - vue 201/836
-
-
-
- PORCELAINE.
- 191
- dont il fait usage s’appliquent de même avantageusement à la porcelaine de Sèvres, dont la couverte communique si facilement aux couleurs, comme le savent les décorateurs de Paris, le défaut d’écailler. Le bol qui a été mis sous vos yeux témoigne de l’habileté de M. Lesme; il présente, comme imitation, une perfection telle, que des marchands de curiosités, hommes très-habiles pour reconnaître ces sortes de productions, ont pu le considérer comme étant de fabrication chinoise.
- Imitation des rustiques de Palissy. S’il n’a pas été facile de trouver une composition d’émaux qui pussent être appliqués sur la couverte de la porcelaine dure, s’il a fallu de nombreux tâtonnements pour arriver à la détermination exacte de la température convenable pour cuire ces émaux, il n’a pas été moins pénible ni moins difficultueux de composer un vernis plombifère susceptible d’être placé directement sur une pâte kaolinique et feldspathique comme l’est celle de la porcelaine dure.
- Le vernis dont M. Lesme fait usage est un boro-silicate de plomb et de soude, dans lequel l’oxyde de plomb entre pour une très-forte proportion. Ce cristal devient la base des émaux colorés dont il enduit le biscuit pour lui donner le brillant et le glacé que les porcelaines ordinaires tiennent de leur couverte; il le mélange à cet effet, pour le colorer par une fusion préalable avec des oxydes variés dont le nombre est très-réduit et qui sont à peu près ceux qui colorent les émaux pour peintures chinoises dont il a été question plus haut. Le vert est fourni par l’oxyde de cuivre. L’oxyde de manganèse seul donne du violet; en mélange avec l’oxyde de fer, il colore en brun. L’oxyde de cobalt est la base du bleu. L’antimoine, à l’état d’antimoniate acide de potasse, communique au vert, par le cuivre, une nuance jaunâtre et une opacité souvent nécessaire. Enfin les vigueurs et les noirs sont obtenus au moyen de l’oxyde de manganèse sans mélange, tantôt placé directement sur le biscuit pour être recouvert par les émaux soit brun, soit bleu, soit vert, tantôt mis en mélange avec ces mêmes émaux suivant le ton qu’on désire obtenir. Ce mélange est fait, sans le secours de balance, à simple vue, sur la palette, avec une assurance et une certitude d’arriver au ton demandé que votre rapporteur a pu constater par lui-même et qui annoncent une bien grande dextérité.
- Les émaux sont broyés à l’eau et appliqués à l’essence de térébenthine maigre, sous une épaisseur considérable, trop considérable peut-être; car bien des détails de la sculpture sont noyés et altérés. Les couleurs sont couchées à plat; elles offrent cependant des ombres et des clairs, les ombres étant données par l’épaisseur de la couche qui se réunit dans les parties déclives ; elles
- p.191 - vue 202/836
-
-
-
- m
- ARTS CmMIOI'FS,
- RORCELA1ÎSE.
- agissent dès lors à la manière des émaux ombrants dont vous avez, dès 18-43, encouragé la fabrication par une médaille d’argent.
- On cuit les pièces décorées, quand elles sont bien séchées, dans les moufles communément employés pour cuire la porcelaine peinte, sans autre précaution que celle de bien isoler les pièces les unes des autres et de les faire porter, par le plus petit nombre de points possible, sur des espèces de per-nettes qui marquent toujours leur place. On établit divers étages de planchers au moyen de barres de fer coupées de longueurs convenables. Le feu nécessaire pour cuire ces émaux est à peu près celui des peintures en premier feu d’ébauche; évaluée en degrés centigrades, la température correspondante est environ 850 à 900°.
- Un plat à fond d’eau, avec reptiles, feuilles et fruits, décoré dans ces conditions de peinture et de cuisson, à la manufacture impériale de Sèvres, sous les yeux de votre rapporteur, est sorti du moufle avec l’éclat et la variété de ton des produits qui vous ont été soumis, c’est-à-dire avec toutes les qualités que M. Lesme avait annoncées. Ce résultat atteste, sans contredit, la valeur des procédés renvoyés à l’examen du comité des arts chimiques ; il est suffisant à ses yeux pour déterminer un jugement favorable.
- Votre approbation, toutefois, ne saurait être acquise aux produits de M. Lesme qu’autant qu’il leur maintiendra la destination qu’il leur a donnée tout d’abord. Fidèles à vos antécédents, vous ne pourriez que blâmer, au nom de l’hygiène publique, toute tentative de remplacer, pour les objets d’usage domestique, la couverte résistante et saine des porcelaines françaises par un vernis tendre et dangereux.
- M. Lesme l’a compris, car tous ses produits, par leur forme, par leur nature, sont plutôt des objets d'ornementation que des vases propres à la consommation journalière; ce sont des pièces de dressoir, d’étagère, etc., comme les rustiques de B. Palissy, se rapprochant, dès lors, moins des poteries que des objets d’art. Sous ce rapport ils devaient être et ont été soumis à l’appréciation de votre commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.
- Acceptant dans toute son originalité l’idée de B. Palissy, M. Lesme a suivi l’exemple de son illustre devancier, en empruntant à la nature la forme de ses reliefs et cherchant dans l’art de l’émailleur les moyens de représenter la variété du coloris de ses riches modèles; les feuilles, les fruits, toutes les productions des différents règnes de la nature dont il orne ses plats ou ses vases, ont été moulés sur l’objet lui-même. Il a, de la sorte, réduit son travail à un agencement qui nous a paru généralement bien compris. Votre commission des beaux-arts, cependant, ne saurait trop recommander à M. Lesme, dans l’intérêt même de sa fabrication, d’apporter dans la disposition de ses
- p.192 - vue 203/836
-
-
-
- ARTS ÉCONOMIQUES. — MEUBLES.
- 193
- divers motifs et dans le réparage de ses pièces moulées tout le soin possible. Conserver à ses travaux le caractère artistique, ce sera leur assurer la faveur d’un public choisi. Faire peu, mais faire bien, tel doit être le moyen de prendre dans les collections des amateurs, à côté des faïences si recherchées de Bernard Palissy, une place justement ambitionnée.
- Le Musée céramique et le Conservatoire des arts et métiers, tous deux au point de vue de la technologie, ont ouvert leurs portes à ces nouveaux produits. Le cachet artistique leur donnera l’entrée dans les collections particulières. Sous ce rapport, l’élément du succès est entre les mains de M. Lesme; mais il croit que votre approbation le lui rendra plus facile. Votre commission des beaux-arts et le comité des arts chimiques réunis ont, en conséquence, l’honneur de vous proposer
- 1° De remercier M. J. Lesme de sa communication relative à ses porcelaines décorées dans le style chinois et le genre Palissy;
- 2° D’approuver le présent rapport et d’en ordonner l’insertion dans le Bulletin de la Société.
- Signé Salvétat , rapporteur.
- Approuvé m séance , le 6 avril 1853.
- ----------.w»t-0-l*srr---:----
- ARTS ÉCONOMIQUES. — meubles.
- Rapport fait par M. Gourlier, au nom du comité des arts économiques, sur des
- coulisses métalliques pour tables à rallonges et autres meubles, présentées par
- M. Filleul, rue du Four-Saint-Germainf 40.
- Messieurs, des coulisses métalliques pour tables à rallonges et autres meubles ont été présentées, dès 1842, à l’examen de la Société, par MM. Filleul et Feugère, et, dès lors aussi, le renvoi en a été fait au comité des arts économiques.
- Mais ces coulisses ayant été l’objet de longues et nombreuses contestations judiciaires, votre comité a dû s’abstenir conformément aux sages précédents de la Société.
- Cependant, M. Filleul vous ayant présenté récemment diverses modifications de ce système de coulisses, votre comité, après avoir reconnu , tant par sa propre opinion que par celle de plusieurs fabricants et marchands de meubles , des avantages à ce système , m’a chargé d’avoir l’honneur de vous en rendre compte ainsi qu’il suit :
- Un premier brevet, pris par M. Filleul en 1843, expose les inconvénients
- Cinquantc-dcmihne année. Avril 1853. 25
- p.193 - vue 204/836
-
-
-
- 194
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- du système ordinaire de coulisses , en raison du frottement bois contre bois, des effets du changement de température, etc., et il indique , pour y remédier, l’emploi, sur les faces opposées des coulisses, de bandes métalliques établissant un système de rainures et de feuillures dans lesquelles glissent des galets mobiles. Ce système , évidemment préférable au mode ordinaire , n’occasionnerait, suivant M. Filleul, qu’un excédant de dépense d’environ 20 fr. par table de moyenne grandeur, et de 10 fr. seulement d’après des simplifications apportées à la disposition des tringles métalliques, conformément à un deuxième brevet que M. Filleul nous a déclaré avoir été pris, en 1846, en son nom et au nom de MM. Penneqmn et Tarbés avec lesquels il était alors associé.
- M. Filleul présente également des simplifications plus considérables encore, consistant en une simple bande métallique glissant soit dans une rainure en bois , soit dans des conduits également métalliques. Il a ausi communiqué à votre rapporteur divers autres objets qui déposent de son esprit d’invention et de persistance à obtenir des perfectionnements avantageux.
- En résumé, votre comité des arts économiques a l’honneur de vous proposer
- 1° De remercier M. Filleul de sa communication ;
- 2° De donner votre approbation aux divers systèmes de coulisses ci-dessus mentionnés ;
- 3° D’ordonner la publication du présent rapport dans le Bulletin avec la gravure de ces coulisses ;
- 4° Enfin de remettre à M. Filleul 100 exemplaires de ce rapport.
- Signé Gourlier, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 26 janvier 1853.
- Explication des figures de la planche 1253.
- Fig. 1 et 2. Vue, en coupe et de champ, des coulisses pour tables à rallonges de M. Filleul.
- Fig. 3 et 4. Yue, en coupe et de face, des mêmes.
- Fig. 5 et 6. Autre système de coulisses à galets d’une plus forte dimension, vu en coupe et de champ.
- Fig. 7 et 8. Coulisses à bandes métalliques glissant dans des conduits également métalliques.
- Fig. 9 et lOv La même disposition vue en coupe transversale et en plan.
- a, tringles en bois formant les coulisses ; b, bandes métalliques fixées sur ces tringles et dans les rainures desquelles roulent les galets c; dd> règles
- p.194 - vue 205/836
-
-
-
- S Y ST K MK !)K COU.ISSKS POU\ TAI’.LKS
- \ IVWDKS A U Al..LO AO
- .MKTALL! O!' K S LT >
- ks. pal w: kilual l .
- pl.1253 - vue 206/836
-
-
-
- u\i\\s:m i\ \f\v! îii\.<i \t!i.i\ i u'.iii :,i-.h\ni'\ \-W)\.\.\ >\ ü.> .•K! ’ir.üi\.m\
- ... . ___ . ... . . ____________ . ............. .........
- t il
- trzr hi
- -'WJ,/ '/.lYST/t/»/
- pl.1254 - vue 207/836
-
-
-
- CHAUFFAGE.
- 195
- adaptées à lu face opposée de la tringle et munies de deux galets eê mobiles autour de leur axe; ff, arrêts ou butoirs fixés sur les tringles et empêchant qu’elles sortent de leurs coulisses ; g* coulisse métallique engagée dans une tringle entaillée à mi-bois; h, galets roulant dans ces coulisses intérieures; i, bandes métalliques glissant dans les conduits k-adaptés à la tringle /. (D.)
- CHAUFFAGE.
- Rapport fait par M. Priestley, au nom du comité des arts économiques, sur un
- appareil de chauffage présenté par M. Besnard, impasse Guémenée * 4, rue
- Saint-Antoine.
- Messieurs, JL Besnard a présenté à l’examen de la Société d’encourager, ment un appareil de chauffage pouvant se placer, sans dégradation, dans toute cheminée et s’enlever avec la même facilité pour ramonage ou réparations.
- Cet appareil se compose d’une caisse se plaçant dans le corps de la cheminée, d’une seconde caisse intérieure de fonte, oii se trouye le foyer; entre les deux caisses circule l’air à échauffer pris dans l’appartement si l’on veut éviter toute construction, pris au dehors si l’on veut remplir de bonnes conditions de ventilation. Cet air chaud, en s’introduisant dans la pièce, en élève rapidement la température ; son introduction s’effectue par une bouche de chaleur placée en avant et directement au-dessus du foyer, et dispense ainsi de toute construction.
- Quoique ces appareils de chauffage , qui fonctionnent comme calorifères sans priver de la vue du feu, présentent des dispositions connues , le comité des arts économiques a pensé qu’en raison de leur bonne exécution ils pouvaient mériter l’approbation du conseil. Aussi a-t-il l’honneur de vous proposer l’insertion du présent rapport dans le Bulletin, avec le dessin de l’appareil.
- Signé Priestley, rapporteur.
- Approuvé en séance* le 15 décembre 1852.
- ! Explication des figures de la planche 1254.
- Fig. 1. Section verticale de la cheminée amovible à circulation d’air, de M. Besnard* sur la ligne AB, fig. 2.
- Fig, 2. Section horizontale de la même, sur la ligne CD, fig, 1.
- . Fig, 3, Section de la prise d’air extérieur.
- Les mêmes lettres désignent les mêmes objets dans toutes les figures. . r
- Àt corps de la cheminée. B, foyer et grille. C, cendrier. D, galerie entourant
- p.195 - vue 208/836
-
-
-
- 196
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- le foyer. E, galerie extérieure faisant saillie dans l’appartement. F, conduit d’air passant au-dessous et derrière la cheminée où il s’échauffe. G, conduit horizontal recevant la chaleur qui se répand dans l’appartement après avoir traversé un grillage placé à la partie supérieure de la cheminée. Les flèches indiquent la direction de l’air chaud. H, cheminée par ou s’échappe la fumée. I, trappe qui, étant abaissée, intercepte le passage de la chaleur dans la cheminée H. J, plaque adaptée à la tige K qu’on fait tourner à l’aide du bouton dont cette tige est munie et qui relève la trappe. L, tablier. M, tige coudée sur laquelle s’appuie le tablier et qu’on détourne pour le faire abattre. N, prise d’air extérieur. (D.)
- SIEGES D’AISANCES.
- Rapport fait par M. Gourlier, au nom du comité des arts économiques, sur les sièges et cabinets d’aisances présentés par M. Lussereau.
- Messieurs, M. Lussereau, piqueur des travaux et mécanicien de la maison de santé de Charenton, ayant soumis au jugement de la Société des dispositions pour lesquelles il a pris un brevet d’invention relativement aux sièges et cabinets d’aisances des maisons d’aliénés et autres grands établissements publics, vous avez renvoyé cet examen au comité des arts économiques.
- A ce sujet, votre comité s’est rendu au bel établissement dû aux talents de M. Gilbert aîné, architecte, et confié aux lumières de M. Boué, et il a su d’eux que M. Lussereau, qui consacre depuis plusieurs années des soins assidus et intelligents au service de cette maison, s’y est particulièrement occupé, sur leur demande, de l’amélioration des cabinets d’aisances, vainement tentée jusqu’à ce jour, et y a établi plusieurs de ces cabinets qui sont actuellement en usage à leur satisfaction, et à l’avantage et la convenance des malades et de ceux qui les soignent et les surveillent.
- Votre comité et votre rapporteur ont, en outre , pris une connaissance attentive d’un modèle, d’un dessin et d’un mémoire descriptif présentés par M. Lussereau, et qui sont sous vos yeux.
- Il est trop vrai, ainsi que l’énonce M. Lussereau dans son mémoire descriptif, que, malgré tous les travaux de mécaniciens habiles et les indications de savants illustres, et notamment de M, d’Arcet, la presque totalité des cabinets d’aisances de nos établissements hospitaliers sont, en général, dans un état peu satisfaisant, en raison de la difficulté de les tenir propres et d’éviter qu’il ne s’y produise , par cela même , ou qu’il n’y parvienne, des fosses ou des tuyaux de descente, des émanations qui, des cabinets mêmes, se répandent dans les salles et autres localités attenantes. Votre rapporteur, lors de la mission qu’il a eue à remplir à Londres, s’étant mis à la disposition de M. le
- p.196 - vue 209/836
-
-
-
- SIKGKS d’aISANCKS.
- 197
- directeur de l’assistance publique pour les examens qui pourraient intéresser les établissements hospitaliers, c’est principalement sur ce qui concerne les latrines qu’avaient porté les instructions de M. le directeur.
- Mais on sait qu’il y a à Londres, pour les latrines des hospices comme de tous autres établissements publics ou particuliers, cet immense avantage 1° que les cuvettes et les sièges sont, presque sans exception , lavés par des eaux abondantes, la loi en faveur de la santé publique forçant même les maisons les plus pauvres à y pourvoir, lorsque, comme cela a lieu ordinairement, on peut le faire au moyen d’une dépense de 20 centimes par semaine; 2° que les matières ne séjournent presque jamais dans des fosses permanentes, fixes ou mobiles, et qu’elles sont, au contraire, presque toujours immédiatement emportées, en même temps que les eaux de lavages et toutes celles pluviales ou ménagères, etc., dans les égouts, et de là dans la Tamise. Il n’y a alors à se préserver que d’émanations nécessairement moins fortes. Quant à la propreté des cabinets mêmes et surtout des sièges, on l’y obtient, dans la plupart des hospices, presque sans participation des personnes qui les fréquentent ou des domestiques, par des moyens divers, mais qui, en général, ont pour but des résultats plus ou moins analogues à ceux que M. Lus-sereau a eus, avec raison, en vue.
- Des améliorations notables avaient été également apportées depuis longtemps aux latrines de nos établissements hospitaliers; mais, malheureusement , presque toujours on a renoncé à ces dispositions dès qu’elles ont présenté quelques difficultés, quelques inconvénients, au lieu de s’attacher à en triompher. C’est notamment ce qui parait être arrivé au sujet d’améliorations que, à la connaissance personnelle de votre rapporteur, on avait apportées, il y a plus de quarante ans, aux latrines de la Salpêtrière, où depuis longtemps, il n’en subsiste plus trace ; et c’est ainsi encore que, avant 1830, des fonds avant été faits par le duc d’Angoulême pour l’établissement, dans les prisons de Paris, des fourneaux d’appel indiqués par M. d’Arcet, ces fourneaux une fois établis, mais le combustible nécessaire n’ayant pu être fourni, les latrines de ces prisons sont restées longtemps des foyers d’infection.
- M. Lussereau, au contraire, après avoir pris connaissance des diverses dispositions qui avaient été essayées sans succès satisfaisants à la maison de Charenlon, s’est attaché, avec intelligence et persévérance, à les améliorer et à les compléter.
- Son mémoire descriptif entre, à ce sujet, dans des détails très-circonstanciés, qui ne seront reproduits ici que sommairement, d’abord afin de ne pas rendre ce rapport trop étendu, ensuite parce que l’importance et la nature de ces diverses dispositions sont susceptibles de varier suivant les lieux, les
- p.197 - vue 210/836
-
-
-
- ARTS ECONOMIQUES.
- 198
- circonstances et les données diverses ; enfin par la raison que M. Lussereau, depuis la présentation de ces objets, a constamment cherché à obtenir des améliorations et des simplifications qui puissent en rendre l’application et l’emploi plus faciles et moins dispendieux, qu’il y est déjà parvenu d’une manière très-notable, et qu’il continue à s’en occuper avec le meme zèle. Je m’attacherai donc principalement à indiquer le but qu’il s’est proposé et les résultats obtenus.
- L’état intellectuel des pensionnaires de la maison de Charenfon imposait quelques données particulières , et M. Lmsereau a eu d’abord, avec raison , particulièrement en vue de réduire chaque cabinet aux dimensions à peu près indispensables; il a donné, en outre, aux diverses parois une disposition évasée qui détermine en quelque sorte d’une manière précise la position du malade; enfin il a revêtu ces parois d’une matière qui en empêche la salissure ou en facilite le nettoyage, et il a principalement employé avec succès, à cet effet, la tôle vitrifiée de M. Paris, dont il a été précédemment rendu compte à la Société ( Bulletin de la Société, 49e année ( 1850 ), p. 75 et 77 ).
- Il indique l’emploi d’une double porte comme moyen d’empêcher plus parfaitement la communication de toute émanation. Dans fous les cas, le jeu de la porte, lors de l’entrée , détermine l’émission de la quantité d’eau nécessaire pour mouiller et humecter la cuvette du siège afin que les matières n’y adhèrent pas , ainsi que les parties susceptibles de recevoir accidentellement les urines, pour lesquelles il a placé, au pied du siège, dans le sol, une cuvette particulière recouverte d’une grille à jour, et dont l’orifice d’écoulement est à fermeture hydraulique.
- Le jeu de la porte, lors de la sortie, peut être également employé à effectuer le mouvement de la valvule de la cuvette ainsi qu’à opérer un nouveau jet d’eau qui produit entièrement le nettoyage ; mais M. Lussereau a principalement disposé , à cet effet, le dessus du siège habituellement en pente et en bascule, de façon que le malade s’y asseyant ou montant dessus, le poids de son corps, en rétablissant l’horizontalité du siège , détermine le jet d’eau nécessaire.
- Enfin il indique le même système de bascule comme pouvant, au besoin, être appliqué à la grille qui recouvre la cuvette inférieure destinée à recevoir accidentellement les urines.
- L’ensemble de ces dispositions, exécuté avec soin , a procuré les résultats les plus satisfaisants, et de plus les malades paraissent, en général, n’y avoir pas eu de répugnance et s’y être facilement habitués.
- Toutefois, en reconnaissant le mérite de cet ensemble, votre comité pense
- p.198 - vue 211/836
-
-
-
- SIEGES D’AISANCES.
- 199
- qu’il y a lieu d'inviter M. Lussereau h renoncer à tout emploi de bascule du siège et de la grille inférieure. Le jeu de la porte, à l’entrée et à la sortie, est nécessairement obligatoire sans avoir rien de gênant, et l’on pourrait, au besoin, assurer ce jeu par un système de ferme-portes bien combiné; dès lors, comme le font voir, d’ailleurs, les propres indications de M. Lussereau, et comme cela a lieu assez habituellement en Angleterre , ce jeu peut parfaitement suffire pour l’imbibition préalable, et ensuite pour le nettoyage; et dès lors toute bascule, indépendamment de la complication qu’elle apporte et dé la facilité qu’elle a d’être viciée ou dérangée, peut occasionner des accidents qu’il est important d’éviter, ne dussent-ils être qu’extrêmement rares.
- Cette observation ne doit, du reste, nuire en rien aux éloges que mérite M. Lussereau; et il pourrait être invité à porter également son attention et ses recherches sur les points ci-après comme moyen de perfectionner et de compléter encore l’ensemble de ses dispositions.
- Dans un des hospices de Londres, on a également employé le jeu dé la porte à obtenir ce résultat, que la croisée ou châssis du cabinet, habituellement ouvert lorsque le cabinet est inoccupé, se ferme au moment oii le malade y entré, et se rouvre, au contraire, lorsqu’il en sort.
- On y emploie aussi, assez habituellement et avec succès, des cuvettes à siphons qui ont également été indiquées et employées , même à Paris, où l’ori paraît y avoir renoncé, probablement en raison de dispositions peu satisfaisantes qu’il aurait été préférable de chercher à améliorer.
- On établit» en outre, dès à présent, à Paris, des cuvettes qui ont pour objet d’opérer la séparation des solides et des liquides, ce qui, comme on sait, est le principal et le meilleur moyen 1° d’éviter la fermentation et de diminuer, par conséquent.» d’une manière considérable l’odofité ; 2° de faciliter les moyens d’utiliser, pour l’agriculture, non-seulement les matières solides, ainsi qu’on le fait depuis longtemps , mais aussi le& liquides dont les anciens eux-mêmes faisaient un emploi que nous avons, jusqu’ici, le tort de négliger presque entièrement, bien qu’il soit facile; par des moyens parfaitement connus maintenant, d’en retirer les produits utiles, de façon à pouvoir ensuite répandre le liquide sans aucun inconvénient. Cette opération pourrait probablement se faire facilement à la maison de Charenton, comme dans tout établissement public ou particulier, de façon à couvrir au moins les frais qu’il faudrait faire à cet effet, et qui, en outre, assureraient encore plus l’inodorité des cabinets.
- Enfin l’attention de M. Lussereau pourrait être appelée encore sur les avantages d’un appel par le feu ou par la chaleur sur les fosses, et par conséquent sur les conduits et sur les sièges mêmes, avantages réalisés d’une nia-
- p.199 - vue 212/836
-
-
-
- m
- ARTS ÉCONOMIQUES. — SIKOES d’aISANCES.
- nière remarquable à la maison Mazas. Déjà, sans aucun doute , le foyer de cuisine d’un établissement tel que la maison de Charenton pourrait être utilisé à cet effet; mais il en pourrait surtout être ainsi au moyen de la cheminée d’une machine à vapeur qu’on a, à ce qu’il parait, le projet d’établir dans cette maison pour l’approvisionnement de l’eau.
- Votre rapporteur a communiqué verbalement ces indications à M. Lussereau , qui a paru les comprendre parfaitement et être très-capable de s’en occuper avec fruit, et il y serait, sans aucun doute, puissamment aidé par les habiles directeur et architecte de cet établissement, ainsi que par la remise des diverses publications faites sur ce sujet important par la Société, notamment les rapports de nos collègues MM. Gaultier de Claubry et Chevallier, et le résumé des recherches de M. Vincent.
- Résumé et conclusions. D’après ce qui précède, votre comité des arts économiques a l’honneur de vous proposer
- 1° De remercier M. Lussereau de sa communication, de le féliciter des résultats qu’il a déjà obtenus, et de l’engager à continuer ses études de façon à apporter à ses dispositions toutes les améliorations et toutes les simplifications dont elles peuvent être susceptibles, en utilisant à cet effet, autant qu’il y aura lieu, les observations et les indications contenues au présent rapport ;
- 2° De lui remettre , pour l’aider également dans ses nouvelles recherches, les diverses publications faites sur ce sujet par la Société ;
- 3° De faire connaître ses travaux par l’impression, dans le Bulletin, du présent rapport accompagné de la gravure d’un cabinet établi, en dernier lieu, suivant ses dernières dispositions ;
- 4° De remettre à M. Lussereau 100 exemplaires de ce rapport.
- Signé Gouruer , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 29 décembre 1852.
- Explication des figures de la planche 1255.
- Fig. 1. Vue de face du siège d’aisances de M. Lussereau.
- Fig. 2. Le même vu en élévation latérale.
- Fig. 3. Coupe verticale de l’appareil.
- Fig. 4. Le même vu en plan.
- Les mêmes lettres désignent les mêmes objets dans toutes les figures.
- a, grille placée au-dessus de la cuvette destinée à recevoir les urines.
- b, cuvette placée dans le sol.
- c, cuvette supérieure du siège.
- p.200 - vue 213/836
-
-
-
- V-
- Ml
- ; ;
- '
- 'itlla'm /h fü ,i,/i i:'/r (/ !\/t nmritiiaiifiii,. I !' PL. 1.1.1 11, P‘. 200 • /'/./'Vv •
- pl.1255 - vue 214/836
-
-
-
- BEAUX-ARTS.
- DESSIN.
- 201
- d d, deux valves servant d’obturateurs, dont l’une est représentée verticalement et l’autre horizontalement.
- e> compartiments et porte.
- /*, contre-poids de la valve de gauche pour la faire tomber seule.
- g, branches portant les valves.
- h, châssis supportant le dessus du siège.
- i, siphon et conduit pour empêcher l’odeur et conduire l’urine.
- j, robinet pour envoyer dans les cuvettes b et c l’eau nécessaire pour les nettoyer.
- k, branche faisant ouvrir et fermer le robinet quand la porte s’ouvre ou se referme.
- /, colliers supportant la branche de tirage m.
- m, branche qui s’étend de la porte au mouvement n pour faire fonctionner les valves.
- n, mouvement se plaçant selon la disposition des portes, soit à droite, soit à gauche de la cuvette o.
- o, cuvette contenant les deux valves.
- p, tuyau amenant l’eau d’un réservoir supérieur : il est muni d’un robinet.
- q, bielles ou manivelles faisant marcher les valves.
- r, plate-bande portant la base des bielles.
- t, soubassement du siège.
- u, branchement sur la conduite pour laver la cuvette b.
- v, tuyau conduisant l’eau aux cuvettes b et c. ( D. )
- BEAUX-ARTS. — dessin.
- Rapport fait par M. Gourlier, au nom de la commission permanente des beaux-arts appliqués à l'industrie, sur l’école municipale de dessin et de sculpture instituée pour les adultes par M. Lequien, rue Ménilmontant.
- Dans la dernière séance du conseil, j’ai eu l’honneur de l’entretenir, au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie, des communications faites au sujet de l’enseignement du dessin par M. Lecoq de Boisbau-dran, ainsi que par M. Jobard et par madame Gavé; et j’ai fait connaître que, à propos des exercices comparatifs que la commission avait cru nécessaire de faire faire par les élèves de M. de Boisbaudran et par ceux d’autres écoles, quelques élèves avaient été amenés de l’école Turgot par M. Lequien, qui y est professeur.
- Cin/{aante-deuxièms ornée. Avril 1853. 26
- p.201 - vue 215/836
-
-
-
- BEAUX-ARTS,
- M. Lequien ( statuaire, ancien médailliste de l’école des beaux-arts ) a, de plus, institué, rue Ménilmontant, une école cle dessin et de sculpture pour les adultes, et qui a reçu le titre d’école municipale. Une exposition des travaux de ses élèves ayant eu lieu dernièrement, M. Lequien vous a invités à la visiter et à vous faire rendre compte des services que son école avait pu rendre et de la part qu’elle pouvait avoir dans la supériorité de l’industrie de la capitale au point de vue artistique.
- D’après votre désir, votre commission des beaux-arts appliqués a visité non-seulement cette exposition, mais aussi, depuis, les cours mêmes de l’école ; elle a, en outre, reçu de M. Lequien diverses notes sur la formation et le développement de cette école, et elle m’a chargé d’avoir l’honneur de vous en rendre compte ainsi qu’il suit :
- L’école a été fondée, il y a dix-sept ans, aux frais de M, Lequien, sur un terrain qu’il a loué à cet effet pour vingt ans, et oh il a fait élever, dès lors, une partie des constructions dont elle se compose maintenant.
- M. Lequien, assisté par ses fils, y a, dès lors aussi, enseigné, tous les soirs, le dessin, tant d’après des modèles gravés ou lithographiés, que d’après la bosse et le modèle vivant, ainsi que la sculpture ; et le prix en a été fixé à 3 fr. par mois, compris chauffage et éclairage.
- Dès la première année, le nombre des élèves a été de 90, et il a toujours été successivement en augmentant,*
- Mais un dévouement et des efforts individuels ne pouvaient suffire à une pareille oeuvre. M. Lequien a eu recours, avec succès, à la protection éclairée de l’administration municipale pour tous les établissements utiles.
- En 1852, l’école a été fréquentée par 269 élèves, qui se répartissent ainsi qu’il suit :
- Industrie des métaux
- Sculpteurs :
- Peintres :
- ciseleurs . 31 \
- monteurs . 10 |
- tourneurs 2 | 64
- graveurs ( estampé et bijoux ).. 17
- serruriers 4 ]
- sur bois . 27 ]
- en plâtre . 34 68
- en marbre 5
- en ivoire.. ...... . 2 )
- sur porcelaine . 26 X
- en décors 9 38
- sur plateaux 3 )
- A reporter. . • . , 170
- p.202 - vue 216/836
-
-
-
- DESSIN.
- 203
- Report.................170
- Dessinateurs : pfmr papiers peints. * ,. . . 7 ]
- pour étoffes. ....................... 6 i 21
- lithographes......................... 8 )
- Ébénistes. .................................................19 \
- Menuisiers.................................................. 5 /
- Tabletiers.................................................. 2 | 29
- Charpentier............................................ il
- Doreurs sur bois............................................ 2 ]
- Tapissiers......................................................... 8
- Passementier..................................................... 1
- Employé............................................................ 1
- Sans professions déterminées. ..................................... 39
- 269
- L âge des élèves est, en moyenne, de 16 ans.
- Ils fréquentent généralement l’école à peu près pendant deux ans, et la plupart y assistent régulièrement de 7 à 10 heures du soir, occupant ainsi utilement des heures qu’ils dérobent en partie au repos et qu’ils soustraient surtout à des plaisirs plus ou moins frivoles.
- L’exposition dernière comprenait les travaux de 29ï élèves, et consistait en 1150 dessins etL2 études de sculpture, les uns et les autres témoignant de la bonne direction donnée par les professeurs, et du zèle, de l’intelligence développés parles élèves, du talent même acquis déjà pâr plusieurs d’entre eux et dont ils recueilleront les avantages dans leur carrière industrielle. Le conseil pourra juger, par lui-même, du mérite de ces travaux, ayant sous les yeux 45 des principaux dessins exécutés soit au crayon, soit au lavis, soit même lithographiés, par 25 élèves pris dans la plupart des catégories précitées. En reconnaissant, en général, le mérite de ces divers dessins, nous signalerons prin-palement :
- Une frise à tête de satyre dessinée d’après la bosse par l’élève Adam aîné, et préparée ensuite pour planche de papier de tenture par l’élève Wagner;
- Un bouquet de lis ainsi qu’une étude de fleurs, d’après la bosse, dessinés et préparés pour le papier peint par le même élève ;
- Une étude de papier peint représentant une corne d’abondance, par l’élève Salmon ;
- Deux croquis d’après les réductions de bas-reliefs grecs, par l’élève Brossard;
- Une lithographie de l’élève Piecq, d’après un dessin de Lemaire 3 peintre, ancien élève de l’école. Cette lithographie représente un jeune Bacchus jouant avec un chevreau.
- p.203 - vue 217/836
-
-
-
- 204
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Enfin un médaillon, de Napoléon dessiné d’après David par l’élève Berthet, et lithographié, d’après ce dessin, par l’élève Totty.
- Plusieurs élèves de cette école poursuivent leurs études jusqu’à l’école des beaux-arts. Le conseil a pu juger, par les détails qui précèdent, que les résultats des utiles efforts de M. Lequien s’étendent à toutes les branches si nombreuses et si variées de l’industrie parisienne, et nous croyons superflu d’insister sur l’importance de ces résultats non-seulement au point de vue industriel et artistique, mais aussi au point de vue moral et de véritable progrès. Sans aucun doute, sous ces divers rapports, M. Lequien a les droits les plus incontestables non-seulement aux honorables encouragements qu’il adéjàreçus de l’administration municipale, mais aussi à ceux. qu’elle voudra bien, sans doute, lui accorder de nouveau, ainsi qu’aux marques de satisfaction de la Société.
- En conséquence, la commission a l’honneur de vous proposer
- 1° I)e remercier M. Lequien de sa communication, de le féliciter de ses louables efforts ainsi que des résultats remarquables qu’il a obtenus, et de l’engager à persévérer dans une voie aussi utile;
- 2° De le charger d’exprimer à ses élèves toute votre satisfaction ;
- 3° Enfin de faire connaître votre opinion sur cette utile institution, par la publication du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Signé Gourlier, rapporteur.
- Approuvé en séance, le %3 février 1853.
- NOTICES INDUSTRIELLES
- extraites de diverses publications périodiques françaises et étrangères.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Extrait d'un mémoire sur les machines à vapeur et à air chaud; par M. Reech , directeur de l'école d’application du génie maritime, à Lorient.
- D’après les principes les plus généraux de la théorie des effets dynamiques de la chaleur, la meilleure machine à vapeur d’eau ne saurait faire obtenir qu’une très-petite partie du maximum de force motrice rationnellement possible avec la quantité de chaleur employée à faire de la vapeur, indépendamment de la quantité de chaleur perdue par la cheminée dans tout fourneau à air libre et h combustion imparfaite.
- A part la question du chauffage d’une chaudière à vapeur par un fourneau à air libre et par un mode de combustion toujours imparfait, il y a des difficultés inhérentes à la nature meme de la vapeur d’eau qui empêchent d’employer cette vapeur d’une
- p.204 - vue 218/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- m
- manière avantageuse en dehors d’un certain intervalle thermométrique dont la limite inférieure est de 50 degrés pour les machines à condenseur, et de 100 degrés pour les machines sans condenseur; tandis que la limite supérieure paraît devoir être estimée de 110 à 120 degrés pour les machines à condenseur, et de 150 à 160 degrés environ pour les machines sans condenseur.
- Ni dans l’un ni dans l’autre cas on ne saurait réaliser avantageusement une partie un peu considérable de la force expansive de la vapeur d’eau.
- Toute autre espèce de vapeur offrira naturellement des difficultés analogues, à cela près que les limites de l’intervalle thermomélrique en dehors duquel une vapeur ne saurait être employée avantageusement seront essentiellement différentes d’une vapeur à une autre.
- Dès lors, on est entré dans la première phase du perfectionnement des machines motrices à l’aide de la chaleur, en accouplant de la vapeur d’éther ou de chloroforme à de la vapeur d’eau , et cette phase n’est point encore épuisée , puisque , d’une part, le raisonnement indique qu’on devrait faire agir à la fois un grand nombre de vapeurs différentes à une faible différence de pression chacune, dans un intervalle aussi étendu que possible de l’échelle thermométrique , et que , d’autre part, la seule machine un peu puissante à vapeur d’eau et à vapeur de chloroforme qui ait été construite jusqu’à ce jour ( dans les ateliers de Lorient ) n’a point encore été expérimentée.
- Il y a déjà longtemps qu’on a essayé de remplacer les machines à vapeur d’eau par des machines à air chaud; mais il y avait à cela des difficultés d’une autre espèce dont l’importance finale l’emportait sur la défectuosité reconnue des meilleures machines à vapeur d’eau.
- Il a fallu qu'Ericson fit connaître le parti qu’il est parvenu à tirer de l’emploi de ses toiles métalliques, pour que l’on put entrevoir la possibilité d’avoir un jour des machines à air chaud d’une moindre dépense de combustible que les machines à vapeur, soit simples (à vapeur d’eau), soit binaires ( à vapeur d’eau et à vapeur d’éther ou de chloroforme ), soit multiples.
- Les toiles métalliques d’Ericson ont pour objet de faire servir la chaleur de l’air sortant à échauffer de l’air froid entrant, et par cet artifice se trouve levée l’une des plus graves difficultés des machines à air chaud; mais l’emploi des toiles métalliques à'Ericson n’empêchera pas une machine à air chaud , à cylindres et à pistons , d’être excessivement encombrante ou volumineuse.
- D’abord, l’emploi de cylindres et de pistons ne permet pas d’élever la température de l’air chaud au delà de la limite qui empêcherait le graissage du piston du cylindre travailleur, et par cette raison Ericson ne peut pas aller jusqu’à doubler le volume de l’air froid ; par suite, son cylindre alimentaire dépasse en capacité la moitié du cylindre travailleur et dépense plus de la moitié de la force obtenue ; il en serait déjà ainsi pour une différence infiniment petite entre la pression du réservoir à air comprimé et la pression de l’atmosphère au dehors, auquel cas l’encombrement d’une machine de force donnée serait infiniment grand.
- Ensuite , la théorie enseigne que , pour une température donnée de l’air chaud , le
- p.205 - vue 219/836
-
-
-
- 206
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- rapport du volume du cylindre travailleur augmente avec la pression de l’air comprimé jusqu’à devenir égal à l’unité, à une certaine limite où l’encombrement d’une machine de force donnée serait de nouveau infiniment grand.
- Entre cette limite et celle du cas précédent il y aura un état intermédiaire où l’encombrement d’une machine de force donnée sera le plus petit possible; mais le rapport du volume du cylindre alimentaire au volume du cylindre travailleur sera plus grand que pour une différence de pression infiniment petite pour laquelle ce rapport était déjà plus grand de moitié; et par conséquent , il ne sera jamais possible de faire une machine à air chaud, à cylindres et à pistons, aussi peu encombrante qu’une machine à vapeur d’eau dans laquelle le volume de la pompe alimentaire sera presque négligeable et dans laquelle aussi la pompe à air, d’un volume égal à la quatrième ou cinquième partie seulement du volume du cylindre travailleur, ne dépensera qu’une partie très-minime de la force obtenue.
- La théorie enseigne encore que, pour une température donnée de l’air chaud , l’efficacité des toiles métalliques d’Ericson serait complètement nulle, si la pression de l’air dépassait une certaine limite bien déterminée, et de même, que, pour une pression donnée de l’air chaud, l’efficacité des toiles métalliques serait complètement nulle, si la température de l’air ne dépassait pas une certaine limite bien déterminée. En principe, l’efficacité des toiles métalliques (YEricson sera d’autant plus considérable que la température de l’air chaud comprimé sera plus élevée et que la pression correspondante de l’air différera moins de la pression atmosphérique.
- Ainsi, Ericson, par l’emploi de ses toiles métalliques, est bien entré dans une phase de perfectionnement très-importante des machines à air chaud : dans la seconde phase, si l’on veut, du perfectionnement général des machines motrices à l’aide de la chaleur; mais la machine qu’il est parvenu à faire fonctionner laisse encore beaucoup à désirer sous différents rapports, et la prééminence d’une telle machine sur les machines à vapeur simples ou binaires n’est point encore établie.
- Ce qui a manqué principalement jusqu’à ce jour dans la théorie des machines motrices à l’aide de la chaleur, pour la vapeur comme pour les gaz , ce sont les règles ou conditions scientifiques de la meilleure utilisation, comme aussi de la production même de la chaleur dans le phénomène de la combustion.
- La combustion ne saurait généralement être parfaite que dans un fourneau clos, avec insufflation d’air à travers le pied incandescent d’une colonne surabondante de combustible dont la tête sera renouvelée de temps en temps par du combustible frais. Ce renouvellement se fera à l’aide d’une disposition qui permettra d’arrêter momentanément le courant d’air et, par suite , l’état de fonctionnement du fourneau, chaque fois qu’on voudra en faire l’ouverture, la visite ou le chargement.
- Pour utiliser toute la chaleur produite, l’on ne devra pas mettre simplement en présence les gaz chauds de la combustion et la matière à échauffer, parce que de cette manière imparfaite il sortirait inévitablement beaucoup de chaleur par la cheminée; mais on devra faire usage d’une sorte de double serpentin ou de calorifère, de manière que les gaz chauds puissent aller du fourneau à la cheminée par un conduit
- p.206 - vue 220/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 207
- central, tout à l’entour duquel se mouvra, en sens contraire, de la cheminée vers le fourneau, la matière froide que l’on voudra échauffer.
- De cette manière, avec un conduit suffisamment long et avec un courant de matière froide assez abondant, les gaz de la combustion pourront arriver presque entièrement froids à la cheminée, et la matière froide s’échauffera graduellement jusqu’à une limite qui, dans certains cas, pourra être peu inférieure à la température de la combustion , et qui, dans tous les cas, pourra être abaissée autant que l’on voudra par un courant plus abondant de matière froide.
- Dans les machines à air chaud on ne devra plus omettre dorénavant l’emploi des toiles métalliques d’Ericson, ou du moins l’emploi d’une disposition quelconque propre à en tenir lieu et basée sur le même principe.
- Mais alors, dans une machine comme celle d ’Ericson, l’air sortant de la boîte des toiles métalliques aura déjà acquis une température assez élevée , et les gaz chauds de la combustion, qui devront servir à réchauffement ultérieur et complémentaire de cet air, ne pourront plus être refroidis au-dessous de la température à laquelle il se trouvera; par suite , les gaz de la combustion arriveront à la cheminée avec une température plus élevée que celle qui aura été communiquée à l’air par les toiles métalliques, et l’on perdra une quantité correspondante de chaleur.
- Pour éviter un tel inconvénient, il faudra renoncer ji l’idée d’un fourneau extérieur ; il faudra que ce soit l’air déjà échauffé par les toiles métalliques qui serve à la combustion, et, par suite, la combustion devra se faire en vase clos.
- Ainsi, un fourneau clos devra être établi entre la boîte des toiles métalliques et le cylindre d’Ericson ; ce fourneau devra être traversé par l’air entrant seulement, et non par l’air sortant; ce ne sera pas non plus la totalité de l’air entrant qui devra traverser le fourneau , mais une partie seulement, sans quoi la température serait celle de la combustion même , c’est-à-dire une température beaucoup trop élevée. Il faudra donc que le conduit d’air venant des toiles métalliques se bifurque en deux voies, dont l’une mènera à travers le combustible, et dont l’autre, sans traverser le fourneau, se rejoindra à celle-là dans une chambre à feu, où les deux courants de gaz, suffisamment mélangés, devront acquérir une température sensiblement égale dans toutes leurs parties. >•
- Une simple valve, placée au point de bifurcation avant le fourneau, pourra servir à fractionner le courant d’air initial en telle proportion que l’on voudra , suivant l’une ou l’autre voie, de manière à faire obtenir une température plus ou moins élevée dans la chambre à feu.
- Tel devrait être le mode de chauffage complémentaire dans la machine d’Ericson, au point de vue de la meilleure utilisation possible de la chaleur ; il faudrait que l’on y fît usage non-seulement d’un fourneau clos, mais encore d’un fourneau clos à air comprimé.
- A cela, on pourrait objecter d’abord la grande augmentation de l’espace nuisible , dont les capacités des tuyaux, du fourneau et de la chambre à feu feraient partie, et ensuite l’inconvénient d’envoyer des cendres dans le cylindre travailleur, de manière
- p.207 - vue 221/836
-
-
-
- â08
- XOTICFS IN 13USTRIRLLES.
- à augmenter les frottements , ainsi que l’usure du piston , et de faire craindre encore des ruptures par suite d’une accumulation de cendres sur le fond.
- La théorie enseigne encore que l’efficacité des toiles métalliques serait nulle, si, par une température donnée , la pression de l’air comprimé était trop élevée, ou si, pour une pression donnée, la température de l’air comprimé n’était pas assez élevée. La théorie enseigne , en un mot, que l’efficacité des toiles métalliques sera d’autant plus considérable que la température de l’air comprimé sera plus élevée et que la pression de cet air différera moins de la pression extérieure de l’atmosphère. ;
- Ainsi , au point de vue de la meilleure utilisation possible de la chaleur, il faudrait que, dans une machine à air chaud, comme celle d’Ericson, l’on fît usage non-seulement du fourneau clos dont il a été question , mais encore que l’on pût augmenter beaucoup la température de l’air comprimé, et diminuer, au contraire , la pression de cet air, ce qui, d’une part, empêcherait le graissage du piston dans le cylindre travailleur, et, d’autre part, augmenterait l’encombrement, déjà trop grand , d’une machine de force donnée.
- En un mot, l’on est conduit, par le raisonnement, à des règles certaines qui, au point de vue purement théorique , transformeraient une machine à air chaud , comme celle d'Ericson , en une machine motrice absolument parfaite, en ce qui concerne la meilleure utilisation possible de la chaleur ; mais à ces règles théoriques correspondent des difficultés pratiques véritablement insurmontables tant qu’on ne sortira pas de l'emploi des cylindres et des pistons.
- Or il y a un organe bien connu dans la théorie des moteurs hydrauliques, par l’emploi duquel toutes ces difficultés disparaîtront ; nous voulons parler de la turbine, qui, pour le cas du rendement maximum , n’exige pas, comme les roues à réaction proprement dites, une vitesse de rotation infiniment grande, mais une vitesse finie, dont la grandeur, mesurée au centre des orifices d’entrée, doit être peu supérieure à la moitié de la vitesse absolue du liquide ou ftuide entrant.
- Avec une turbine , il n’y aura plus d’espace nuisible ni d’intermittences de mouvement comme dans les machines à cylindres et à pistons : les gaz chauds circuleront partout avec une vitesse constante dans le même sens, et il ne faudra plus ni tiroirs ni soupapes. La turbine aussi tournera uniformément, et la seule transmission de mouvement se réduira à un engrenage pour faire mouvoir avec une vitesse plus modérée l’arbre travailleur de la machine.
- Avec une turbine, on ne craindra plus l’inconvénient des cendres entraînées hors du fourneau, et la température des gaz chauds n’aura d’autre limite que celle à laquelle les matières solides que l’on emploiera commenceront à rougir ou à perdre de leur cohésion, ce qui fera le double au moins de la limite d’Ericson, et ce qui est l’une des conditions essentielles de l’efficacité des toiles métalliques, comme aussi d’une bonne utilisation de la chaleur.
- Il n’y a pas jusqu’à la faible pression des gaz chauds, voulue par la théorie, qui ne soit un avantage et même une condition essentielle du bon emploi d’une turbine ; car ce ne sera qu’en abaissant suffisamment la pression des gaz chauds que l’on parvien-
- p.208 - vue 222/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 209
- dra à diminuer la vitesse absolue d’écoulement de ces gaz à travers un orifice, de manière qu’une turbine, animée d’une vitesse tangentielle à peu près moitié moindre , n’ait pas une vitesse de rotation excessive et pratiquement irréalisable pour le cas du rendement maximum de force motrice.
- Il y a des turbines qui donnent jusqu’aux 0,80 de la force théorique d’une chute d’eau, et l’on arriverait sans doute à un rendement analogue de 0,70 à 0,80 avec une turbine à gaz chauds. Â raison de sa grande vitesse, une turbine de force donnée aura d’assez faibles dimensions pour que la difficulté de l’encombrement, qui aurait été insurmontable avec l’emploi de cylindres et de pistons à une faible pression, disparaisse entièrement.
- L’arbre de la turbine sera placé entièrement à l’air libre, verticalement plutôt qu’horizontalement; il sera tenu à ses extrémités par des pivots coniques dans des crapaudines toujours alimentées d’huile fraîche; il pourra être maintenu aussi par de grandes roulettes à petits essieux, ou bien par des colliers de galets roulants. La turbine sera fixée sur son arbre entre les deux pivots ou points d’appui pour éviter tout porte à faux.
- La partie centrale du plateau de la turbine tournera à l’air libre et fera naître une ventilation d’air frais qui empêchera le trop grand échaufïement de l’arbre.
- Quand la turbine sera complètement assemblée et fixée sur son arbre, on la soumettra à des expériences de manière que , par addition ou par retranchement de matière en guise de lest, on parvienne à équilibrer parfaitement l’action des forces centrifuges, afin de ne pas fatiguer inutilement les pivots.
- Les palettes de la turbine , d’une forme hélicoïdale convenablement étudiée, seront emprisonnées entre deux parties cylindriques ou coniques terminées par deux plans perpendiculaires à l’axe de rotation de la turbine ; dans l’un de ces plans seront pratiqués les orifices d’entrée, et dans l’autre plan les orifices de sortie. Les orifices de chaque espèce seront compris entre deux circonférences de cercle dont l’espacement annulaire fera comme un seul orifice d’une grande étendue.
- La zone annulaire des orifices de sortie sera au moins deux fois plus large que celle des orifices d’entrée, et la section normale du canal formé par deux palettes consécutives sera constante depuis l’orifice d’entrée jusqu’à l’orifice de sortie, afin que4 l’écoulement puisse se faire à plein jet ou à gueule bée partout sans changement de vitesse ni de pression. *
- La bague agissante d’une pareille turbine tournera dans une boîte annulaire complètement fermée à sa circonférence extérieure, et terminée du côté opposé vers le centre par deux rebords plans, parallèlement aux faces planes adjacentes de la turbine et à une petite distance de ces faces, afin que les joints soient libres et sans frottements. La pression dans la boite annulaire devant être très-peu supérieure à celle de l’atmosphère, il n’y aura pas à craindre une perte de gaz par ces joints à cause d’une certaine action centrifuge qui s’y manifestera, et que l’on sera toujours libre d’augmenter ou de diminuer autant qu’on voudra. On y parviendra en augmentant plus ou moins la largeur des rebords fixes de la boîte annulaire entre lesquels le corps tour-Cinquante-deuxième année. Avril ] 27
- p.209 - vue 223/836
-
-
-
- 210
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- nant de la turbine , muni de petites ailettes au besoin , fera l’effet d’un ventilateur à force centrifuge.
- De chaque côté de la boîte annulaire , il y aura une autre boite annulaire , dont l’une , munie de cloisons hélicoïdales , donnera issue aux gaz chauds comprimés vers la turbine , et dont l’autre , sans cloisons, donnera issue aux gaz chauds dilatés venant de la turbine.
- On sait que, dans la plupart des turbines, les canaux sont dirigés du centre vers la circonférence, et, dans quelques-unes, de la circonférence vers le cenlre; cette dernière disposition eût beaucoup convenu si l’on n’avait pas craint de trop diminuer l’espace central qu’on veut conserver accessible à l’air libre pour pouvoir empêcher le trop grand écliauffement de l’arbre à l’aide d’une ventilation d’air frais, après avoir garni préalablement les boîtes annulaires de substances peu conductrices de la chaleur.
- De ces développements, on doit conclure qu’une turbine à gaz chauds sera pratiquement exécutable, et que, par suite, en y adjoignant le fourneau à combustion intérieure, on aura un ensemble auquel il ne manquera plus que les toiles métalliques d’Ericson et une bonne soufflerie à air froid peu comprimé , pour faire une machine motrice presque parfaite au point de vue de la meilleure utilisation possible de la chaleur.
- Mais ce ne seront pas les toiles métalliques d’isncson que l’on pourra employer, à cause de la continuité incessante du mouvement des gaz dans les tuyaux; il faudra que ces toiles soient remplacées par une disposition équivalente à laquelle on parviendra sans difficulté en établissant verticalement une grande chaudière tubulaire de manière à faire circuler de haut en bas , à travers les tubes , les gaz chauds dilatés venant de la turbine, et de bas en haut, à l’entour des tubes, l’air froid comprimé venant de la soufflerie.
- En augmentant suffisamment le nombre des tubes et en diminuant l’épaisseur de leurs parois, on réussira à refroidir presque entièrement les gaz chauds sortants, et à réchauffer le plus possible l’air froid entrant. Une minime partie seulement de l’air entrant devra passer ultérieurement à travers le combustible du fourneau pour que la masse entière suffisamment mélangée dans la chambre à feu, auprès du fourneau, n’acquière pas une température supérieure à celle que l’on ne voudra pas dépasser dans les canaux de la turbine.
- Par cette disposition , il est manifeste que toutes les parties de la machine, sauf l’arbre de la turbine et le mécanisme de la soufflerie à air froid, pourront être enveloppées de substances conductrices de la chaleur, et que toutes ces parties, sauf encore le soupirail du fourneau, naturellement froid, pourraient être enterrées dans le sol ou du moins dans du sable , de manière que le refroidissement extérieur devînt à peu près nul ; comme, d’autre part, les gaz chauds , sortant de la turbine , arriveront à la cheminée du calorifère à une température peu supérieure à celle de l’air ambiant, il est clair que le système entier ne saurait manquer de satisfaire à toutes les conditions théoriquement nécessaires au point de vue de la meilleure utilisation possible de la chaleur.
- p.210 - vue 224/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Ml
- Il n’y aura que la condition d’une bonne soufflerie à air froid, sous une faible pression, qui pourra faire naître des difficultés et obliger d’essayer différents systèmes.
- Un puissant ventilateur à force centrifuge, établi sur l’arbre de la turbine, rendrait la machine d’une grande simplicité; malheureusement on ne saurait faire servir à cet usage le ventilateur généralement employé comme machine soufflante, parce que ce ventilateur ne produit de la pression qu’en imprimant de grandes vitesses aux parcelles d’air qui en sortent, ce qui nécessite une dépense de travail plus que double de celle qui serait strictement nécessaire pour produire la pression seulement; mais il est possible de perfectionner un tel ventilateur en établissant tout à l’entour un espace libre, d’un diamètre au moins double de celui de la circonférence du bout des ailettes, et en faisant raccorder la paroi extérieure de l’espace d’après une certaine forme spirale avec le canal de sortie , de manière à faire diminuer progressivement les grandes vitesses de l’air, et à produire une augmentation correspondante de pression , à partir du bout des ailettes jusqu’à la paroi spirale et jusqu’à l’orifice du canal de sortie.
- Ce sera donc un tel ventilateur perfectionné qui devra être essayé dès l’abord; mais, dans le cas où le perfectionnement du ventilateur ne serait pas reconnu suffisant, l’on emploierait une soufflerie à piston , malgré le grand encombrement qui en proviendrait. La soufflerie à piston pourrait, d’ailleurs, être faite de deux manières essentiellement différentes : de l’une des manières, très-facile à réaliser, une soufflerie à double effet emprunterait à l’arbre de la turbine la totalité de la force motrice dont elle aurait besoin; de l’autre manière , plus difficile à exécuter, mais avec la chance de faire augmenter à peu près du simple au double le rendement net de force motrice pour une dépense donnée de combustible, l’on ferait entrer, à chaque coup descendant du piston , dans le haut du cylindre , un volume de gaz chauds comprimés égal au volume d’air froid à comprimer et à chasser du bas du cylindre clans le calorifère. D’un autre côté , à chaque coup montant du piston , pendant que le bas du cylindre se remplirait d’air froid à la pression cl’une atmosphère, les gaz chauds du haut du cylindre s’échapperaient dans le tuyau de gaz chauds dilatés venant de la turbine et se rendraient aussi au calorifère.
- A.u moyen de cette disposition, le piston, toujours équilibré en descendant comme en montant par les pressions à peu près égales de l’air chaud dessus et de l’air froid dessous, n’aurait plus besoin de joindre hermétiquement les parois du cylindre ; il pourrait y avoir un jeu de quelques millimètres , et, pourvu que le piston fût d’une grande épaisseur, avec une garniture de brosses métalliques tout à l’entour dans le but de refroidir les gaz chauds et de réchauffer, au contraire, les gaz froids qui traverseraient le joint (1), la soufflerie pourrait fonctionner convenablement en n’empruntant à la turbine que le peu de force que nécessiteraient les frottements qu’elle aurait à vaincre.
- fl) Cette disposition aurait une certaine analogie avec le piston-refouloir de la machine de M. Franchol.
- p.211 - vue 225/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 212
- T e volume d’air chaud dépensé à chaque coup de pislon retournerait, d’ailleurs, au calorifère , et par cetle raison on ne dérogerait pas aux règles de la meilleure utilisation possible de la chaleur; mais il serait plus avantageux de ne pas avoir une aussi grande quantité de gaz chauds à faire circuler, tantôt de la chambre à feu dans le cylindre de la soufflerie, puis du cylindre de la soufflerie dans le calorifère. Pour réaliser ce dernier perfectionnement, on n’aura qu’à prendre la machine de M. Franchot comme machine soufflante de la turbine à gaz chauds.
- Si l’on admet qu’à l’aide d’une turbine la température des gaz chauds puisse être élevée jusqu’au point de tripler le volume de l’air froid, il est clair qu’avec la machine de M. Franchot, comme machine soufflante , la quantité d’air à souffler dans le calorifère et à débiter dans la turbine diminuera dans la proportion de 3 à 2; ce serait dans la proportion de 2 à 1, si la température des gaz chauds ne pouvait être élevée que jusqu’au point de doubler le volume de l’air froid; mais il n’y aurait que désavantage à cela, parce qu’une machine de force donnée serait beaucoup plus encombrante et dépenserait une quantité d’air beaucoup plus considérable.
- Les difficultés d’une bonne soufflerie à air froid peu comprimé, qu’on propose de lever et d’amoindrir par ces différents moyens, viennent principalement de ce que le volume d’air froid dont la machine devra être alimentée ne saurait guère être moindre que le tiers ( plus de la moitié dans la machine à’Fricson ) du volume d’air chaud à débiter, lequel est excessivement grand, à cause de la faible pression que nécessite le bon emploi d’une turbine.
- Il n’y a pas de pareilles difficultés dans les machines à vapeur, où le volume du liquide alimentaire est comme négligeable par rapport au volume de vapeur engendré ; et de cetle remarque on pourrait être tenté de conclure qu’il y aurait de l’avantage à alimenter la turbine d’un mélange d’air chaud et de vapeur d’eau très-surchauffée, ce qui permettrait de diminuer beaucoup les dimensions de la soufflerie; mais il ne faut pas perdre de vue qu’avec de la vapeur d’eau à refroidir dans le calorifère on ne saurait plus recueillir et réemployer la plus grande partie de la chaleur latente qui aurait servi à former cette vapeur, et qui s’échapperait par la cheminée.
- L’idée d’un mélange d’air chaud et de vapeur d’eau n’est donc pas admissible, à moins qu’on ne trouve quelque avantage secondaire à employer de la vapeur d’eau en très-petite proportion seulement.
- Il en serait ainsi, du moins, si de la vapeur très-surchauffée , entraînée par un courant d’air à travers du charbon incandescent, n’avait aucune action chimique sur ce charbon; car, si une action chimique était possible dans le fourneau entre du charbon incandescent et de la vapeur d’eau très-surchauffée, il en proviendrait des résultats entièrement nouveaux et dignes d’être expérimentés.
- Conclusions. — A part la double phase de perfectionnement encore ouverte pour les machines à vapeur à cylindres et à pistons, d’une part, par l’accouplement de deux ou d’un plus grand nombre de vapeurs différentes, et, d’autre part, par un mode de chauffage perfectionné avec insufflation d’air dans un fourneau clos, et avec une chaudière calorifère susceptible de produire le refroidissement à peu près complet des
- p.212 - vue 226/836
-
-
-
- NOTI CES INDUSTRIELLES.
- 213
- gaz chauds de la combustion avant leur entrée dans la cheminée; à part ces deux choses, et en admettant que le principe des toiles métalliques d’Ericson a fait prendre à la théorie des machines à gaz chauds une face entièrement nouvelle, on peut conclure de ce qui précède que la machine la plus avantageuse, au point de vue de la meilleure utilisation possible de la chaleur, devra être composée des quatre parties principales et fondamentales, savoir :
- 1° Une turbine mue par des gaz chauds à une très-haute température et à une très-basse pression ;
- 2° Un grand calorifère à petits tubes verticaux très-nombreux et à parois très-minces, recevant dans les tubes, par en haut, les gaz chauds dilatés à refroidir, et en dehors des tubes, par en bas, les gaz froids comprimés à réchauffer;
- 3° Un fourneau clos renfermant une colonne verticale de combustible, dont le pied , à l’état incandescent, sera traversé par une petite quantité d’air déjà échauffé venant du calorifère , tandis que le restant de l’air ou du gaz venant du calorifère se rendra dans une chambre à feu , où, après avoir été convenablement mélangé avec les gaz incandescents de la combustion , la température deviendra sensiblement uniforme, et n’excédera pas la limite à laquelle on voudra faire fonctionner la turbine;
- 4° Une soufflerie pour envoyer de l’air froid peu comprimé dans le calorifère , soit au moyen d’un ventilateur perfectionné à force centrifuge établi sur le même arbre que la turbine, soit au moyen d’un cylindre à double effet avec de l’air froid à comprimer en dessus et au-dessous du piston, soit encore au moyen d’un cylindre à double effet, mais avec de l’air chaud en dessus et avec de l’air froid au-dessous d’un piston épais garni de brosses métalliques et ne joignant pas hermétiquement le cylindre; soit enfin au moyen de la machine de M. Franchot, transformée en soufflerie.
- De ces quatre parties principales dépendra un tuyautage parfaitement déterminé et tellement disposé que, dans le voisinage du fourneau, le conduit d’air venant du calorifère se bifurquera en deux voies, avec une valve au point de bifurcation , au moyen de laquelle on pourra fractionner le courant d’air initial en telle proportion qu’on voudra suivant l'une des voies qui mènera à travers le combustible dans une chambre à feu , et suivant l’autre voie qui mènera directement dans la chambre à feu , de manière qu’on puisse faire naître dans cette chambre une température plus ou moins élevée. Quand la valve sera complètement fermée , la combustion s’arrêtera. Il y aura en outre un clapet qui permettra d’isoler le fourneau de la chambre à feu , et, quand ces deux organes seront fermés , rien n’empêchera de découvrir le fourneau par en haut pour le visiter et pour y remettre du combustible frais , pendant que la turbine continuera à fonctionner au moyen de la clialeur cédée par les gaz chauds à de l’air froid dans le calorifère.
- A part la soufflerie à air froid, il n’y aura dans la machine que les organes mobiles dont il vient d’être question pour la conduite et l’isolement du fourneau , sauf encore une valve pour l’opération de la mise en train.
- p.213 - vue 227/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- m
- Nouvelle fabrication des crayons; par M. Brokedon.
- On connaît la réputation des crayons anglais de mine de plomb fabriqués d’abord avec le graphite actuel des mines de Borrowdale, comté de Cumberland, par la division à la scie de la matière première. L’épuisement des échantillons convenables a fait chercher les moyens d’utiliser les débris pour lesquels le défaut de dimensions convenables était le seul obstacle.
- M. Brokedon a résolu cette question en pulvérisant avec soin les débris du graphite; il les tamise ensuite, puis après les avoir renfermés dans des vaisseaux convenables et avoir enlevé, à l’aide d’une machine pneumatique, l’air entreposé entre les particules, il les soumet à l’action d’une presse puissante. Il a ainsi obtenu des masses de graphite parfaitement homogènes d’une forme appropriée aux opérations mécaniques ultérieures qu’exige la fabrication des crayons et qui est semblable au beau graphite naturel.
- Nouvelle fabrication des briques et des poteries.
- Ce que l’on a fait avec tant de succès pour la plombagine , on l’a essayé pour l’argile. Il se fait maintenant, en Angleterre, des poteries par un procédé analogue.
- L’argile sèche ayant été pulvérisée, on la moule sans l’humecter; on la soumet ensuite à une pression considérable en permettant à l’air de s’échapper, et l’on obtient ainsi la poterie crue, que l’on soumet, comme à l’ordinaire, à la cuisson.
- On comprend que ce procédé permet d’éviter toutes les pertes de temps et les déformations qu’entraîne le séchage dans la fabrication ordinaire.
- M. Minton, qui est à la tête de l’une des plus grandes fabriques de porcelaine de l’Angleterre, a inventé une machine qui permet de fabriquer ainsi des briques sèches d’une manière continue. La pression est donnée graduellement à la poudre d’argile , ce qui permet à l’air d’être assez complètement expulsé pour que la consolidation par contact soit industriellement applicable à la fabrication des poteries communes, telles que les tuiles et les briques. Cette machine, mue par la vapeur ou tout autre moteur, est décrite et figurée dans le London journal de Newton du mois de janvier 1853; elle sert également à remplir les moules de l’argile pulvérisée et à enlever les briques et les tuiles à mesure de leur formation (1).
- M. Elliot a mis en pratique , dans le Northamptonshire , un procédé pour obtenir des briques de laitier de forges, en les moulant immédiatement suivant la forme requise. Un produit perdu jusqu’alors et dont la présence dans le voisinage des usines occupe des espaces considérables se trouve ainsi utilisé et converti en briques de bonne qualité sans une grande augmentation de dépense. L’idée n’est, du reste, nouvelle qu’au point de vue de la fabrication des briques, car on a souvent recommandé, en France, le moulage de ces matières en gros paraliélipipèdes, soit pour pouvoir en construire des murs de clôture , soit simplement pour diminuer l’encombrement qu’amène promptement autour d’elle une usine de quelque importance. Les
- fl) Nous avons publié dans le Bulletin de l’année 1852, p. 782, un procédé de fabrication des briques analogue à celui-ci ; il est dû à MM. Wooüworth et Moore, Américains.
- p.214 - vue 228/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 215
- briques de M. Elliot peuvent être obtenues de diverses couleurs et reçoivent, d’ailleurs, parfaitement la peinture. Reste à savoir si, en raison de leur nature vitreuse , il sera facile de les assembler assez solidement, pour que l’on puisse recommander leur emploi dans des constructions importantes (1).
- M. Adcock ne va pas chercher sa matière première dans les résidus dé quelque fabrication, il la trouve dans la nature même; ce sont les trapps, les basaltes et les autres roches magnésiennes qu’il soumet à la fusion dans des creusets ou dans des fours à réverbère; puis il déverse le produit de cette fusion dans des moules convenablement préparés, soit en sable, à la manière ordinaire, soit plutôt en fonte tournée et polie qu’il recouvre d’un peu de plombagine afin d’éviter l’adhérence-
- Le moule doit être chauffé au rouge et maintenu chaud pendant longtemps, en variant la durée du refroidissement; on fait varier aussi l’apparence des produits obtenus.
- Lorsque la matière a été maintenue bien fluide, qu’elle s’est refroidie lentement, le résultat est une véritable pierre retenant toutes les propriétés de la roche naturelle. La chaleur a-t-elle été moindre et le refroidissement plus rapide , la matière acquiert un peu l’apparence du marbre ; enfin , un refroidissement plus rapide encore laisse la matière comme vitreuse et transparente, même quand l’épaisseur est assez forte.
- Extrait des procès-verbaux des séances du conseil d'administration de la Société
- d'encouragement.
- Séance du 6 avril 1853.
- M. Dumas, président, occupe le fauteuil.
- Correspondance. M. Biauzon, conducteur des ponts et chaussées, à Évreux (Eure), adresse la description d’un nouveau système de mouvement rotatif continu applicable à l’élévation de l’eau et au fonctionnement de la vapeur.
- M. Dailly, à Pontoise , présente des tarières à vis double tracoir, qui découpent le bois. Il fait observer que ces tarières lui ont valu une mention honorable à l’exposition des produits de l’industrie en 1849, et en 1851 une médaille d’argent de la part de la Société des arts et métiers de l’arrondissement de Pontoise.
- M. Alcan, membre du conseil, expose que M. Bertrand Espouy, ouvrier tisseur, est inventeur d’une machine à lire, et des moyens pour substituer le papier au carton dans les métiers Jacquard.
- Le système de M. Espouy ayant des avantages réels sur tout ce que l’on a tenté jusqu’ici dans la même direction, M. Alcan lui en a remis l’attestation pour qu’elle puisse lui servir au besoin et lui faciliter le moyen de payer la seconde annuité de son brevet pour laquelle il est en instance auprès de la Société.
- (1) On a essayé, il y a longtemps, dans plusieurs forges de Bohême et de la Saxe, de fabriquer des briques de laitier; mais ces briques, quoique légères, étaient cassantes. M. Botrel, architecte, a présenté à la Société, en 1851, des tuiles et des carreaux fabriqués avec les laitiers et les scories des hauts fourneaux, et qui, suivant lui, ont certains avantages sur les produits similaires en argile.
- p.215 - vue 229/836
-
-
-
- 216
- rilOCKS- VEJ« BAUX.
- MM. Chalmin, Beer et Francfort, rue Thévenot, 24, appellent l’attention de la Société sur la fabrication d’une toile qui a le grain et le poids de la toile de fil, fabriquée avec le même coton qui sert à la fabrication des autres tissus de coton ; seulement, avant de tisser, on transforme le fil de coton en fil de lin au moyen de diverses substances et d’une manière de travailler toute particulière.
- M. Lemoine, à Rouen, adresse un mémoire et un plan au sujet d’une addition qu’il vient de faire à la machine à air dilaté qu’il a soumise à la Société. Cette addition consiste dans l’emploi de deux réservoirs compensateurs qui, mis en communication avec le grand cylindre, lui permettent d’augmenter beaucoup la force de sa machine, d’en simplifier la construction et de lui donner une marche plus régulière.
- MM. les administrateurs de la manufacture de glaces de Montluçon ( Allier ), adressent une demande de médaille de contre-maître en faveur de M. François Minet, l’un de leurs employés.
- M. de Montluisant, capitaine d’artillerie à la direction de Lyon , membre de la Société, demande une médaille de contre-maître pour l’ouvrier François.
- M. Linière, rue de Chaillot, 85, adresse les titres qu’il croit avoir à prendre part à la répartition du don de M. Christofle, en faveur des auteurs pci fortunés. L’appareil pour lequel il désire prendre un brevet a pour but un générateur à vapeur, particulièrement propre aux machines destinées à la navigation.
- M. Maloisel, sourd-muet, rue du Four-Saint-Germain , 33, expose ses titres à la répartition du même don , afin de lui faciliter les moyens de prendre un brevet pour une machine à sculpter dont il est l'auteur.
- M. E. Bezançon, fabricant de céruse, aux Deux-Moulins, commune d’Ivry-sur-Seine, adresse à M. le président de ta Société d’encouragement une lettre dont la teneur suit.
- « Monsieur le président,
- « M. Christofle voulant donner une marque de sa reconnaissance pour l’appui désintéressé qu’il a rencontré dans sa carrière industrielle auprès des hommes cultivant les sciences chimiques et physiques , a mis à la disposition de la Société d’encouragement une somme destinée à faciliter à un inventeur pauvre le moyen de s’assurer la propriété de son invention.
- « Le conseil d’administration a témoigné â M. Christofle l’intérêt que la Société attache à remplir ses intentions généreuses. De concert avec le donateur, il fait participer à celte somme les inventeurs dont les ressources personnelles ne suffisent pas pour s’assurer la propriété d’une invention par un brevet; ceux dont la position ne leur permettrait pas de faire le versement de la seconde partie de la taxe ; enfin les personnes dont les inventions ou perfectionnements auraient été l’objet de rapports, et qui, par leur situation, mériteraient un encouragement pécuniaire.
- « Comme M. Christofle, j’aimerais à témoigner aux personnes versées dans les connaissances chimiques et physiques ma gratitude pour leurs conseils dont l’utilité égale le désintéressement, et dans les limites de mes moyens.
- p.216 - vue 230/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX. 217
- « Je vous prie, en conséquence, monsieur le président, de faire agréer à la Société d’encouragement une somme de 300 francs, qui, jointe à celle dont la libéralité de M. Christofle a doté la caisse des inventeurs peu fortunés, permettra de faire participer un plus grand nombre de personnes méritantes dont l’appréciation des titres est si justement acceptée par la Société d’encouragement.
- « J’ai l’honneur, etc.
- « Signé Eugène Bezançon. »
- Le conseil vote des remerciments à M. Bezançon pour ce don.
- M. Lebrun , directeur de l’école d’arts et métiers de Châlons-sur-Marne , adresse le tableau des notes et du résultat du 1er semestre de l’année scolaire 1852-1853, concernant les élèves qui occupent à cette école des places affectées à la Société d’encouragement.
- MM. Lobereau et Meurgey, fabricants de ciment romain, chaux hydrauliques et pouzzolanes, à l’usine de Yenarey, près Flavigny ( Côte-d’Or), ayant appris que la Société d’encouragement offrait des primes pour la découverte des ciments , pouzzolanes et chaux hydrauliques qui peuvent résister à l’eau de mer, et s’occupant de la fabrication depuis vingt ans, font connaître leur intention de concourir aux prix proposés par la Société.
- M. Biard, rue J. J. Rousseau, 20, met sous les yeux de la Société un spécimen de carte-porcelaine à l’oxyde de zinc.
- MM. Delajuveny et comp., rue Saint-Louis, au Marais, rappellent qu’ils ont prié la Société de vouloir bien donner suite à la demande du rapport que M. Bertrand avait sollicité sur l’argenture autogène à la brosse d’acier.
- Ces messieurs ajoutent que leur association avait, par acte notarié, acquis la pleine et entière propriété du brevet. Ne se servant de leur mode d’argenture pour l’apprêt de leurs pièces, que des moyens appartenant au domaine public, leur société, pas plus que M. Bertrand leur prédécesseur, n’a jamais eu et ne craint aucune contestation avec les propriétaires de l’argenture galvanique. Si les tribunaux ont été saisis de cette affaire, ce n’a été qu’à cause d’une question d’intérêt toute personnelle entre M. Bertrand et son associé.
- MM. Delajuveny et comp. accompagnent leur lettre d’une copie de leur brevet et de la description de leur manière d’argenter.
- M. A. Pechinay fils, membre de la Société, communique un mémoire sur le parti que l’on peut tirer des eaux mères provenant de la fabrication du fulminate de mercure.
- Le fulminate de mercure se prépare , comme on sait, en faisant réagir l’alcool sur une dissolution excessivement acide de .nitrate de mercure ; autrefois, cette préparation se faisait à vase ouvert.
- M. Pechinay, en faisant ressortir les inconvénients de ce procédé, rappelle que c’est à M. Gaupillat qu’on doit d’avoir le premier employé la condensation pour recueillir les vapeurs nitreuses, et que dès lors la fabrication du fulminate de mercure est devenue non-seulement plus economique, mais surtout moins pernicieuse pour la santé Cinqtiant-e-deurMme année. Avril 1853. £8
- p.217 - vue 231/836
-
-
-
- ns
- PROCÈS-VERBAUX.
- des ouvriers. Aussi, en 1836, l’Académie des sciences a-t-elle honoré du prix Montyon cette heureuse invention.
- Après avoir décrit les dispositions de l’appareil condenseur de M. Gaupillat, qui permet de recueillir les liquides alcooliques contenant une certaine quantité d’éther, ainsi que le mode de traitement de ces liquides, M. Pechinay fait observer qu’outre ces liquides qui distillent du fulminate il reste dans la cornue le liquide au sein duquel est déposé ce sel. C’est sur le parti qu’on peut tirer de ces liquides que M. Pechinay appelle l’attention de la Société.
- Depuis longtemps on cherchait un emploi quelconque à ces liquides qu’on obtient dans les fabriques de capsules. On ne savait, en effet, comment s’en débarrasser en raison de leur acidité et de la petite quantité qu’ils renfermaient de sels mercuriels. M. Pechinay pense avoir atteint le but, sinon d’en tirer un profit notable, du moins de permettre de les détruire sans frais.
- M. Gorgen fait part à la Société d’une application qu’il a faite de la benzine pour la conservation des cristaux déliquescents et effloreseents.
- M. Montel, serrurier-mécanicien, rue des Blancs-Manteaux, 22, présente une nouvelle serrure de sûreté.
- M. Bertrand de Acetis, au château de Clément, par Aubigny (Cher), adresse le plan et la description d’une machine à air dilaté.
- M. Jourdan, mécanicien, rue de Bondy, 80, sollicite l’examen d’un appareil qu’il appelle épurateur des herbages.
- M. Benoît Duportail, ingénieur civil, à la Chapelle-Saint-Denis, signale une réforme qu’il croit utile d’introduire dans la législation des brevets d’invention.
- M. Guinard, greffier du tribunal de commerce de Cahors, annonce l’envoi d’un travail sur la maladie de la vigne , qui lui a été inspiré par le compte rendu des travaux de la Société d’encouragement et par les dangers qui menacent son pays entièrement vinicole.
- M. Bailly de Merlieux, secrétaire de la Société d’horticulture, transmet diverses pièces pour établir les droits de plusieurs personnes aux récompenses de la Société. 1° du sieur Troll é, garçon de ferme chez M. Dupuis , maire à Ivors ( Oise ) ; 2° du sieur Louis Sage et dame Véronique son épouse.
- M. Lafond , mécanicien, rue Notre-Dame-de-Nazareth , 35, dépose, dans l’intention de prendre date, cinq modèles variés concernant deux innovations pour la marque des jeux et des pipes imitant les cigares.
- Le dépôt est accepté.
- M. Lefevre, graveur, rue Serpente, 31 , prie la Société de lui accorder encore, cette année, une subvention de 100 fr. pour acquitter son annuité du brevet d’invention pour ses procédés d’impression en couleur sur cuir et étoffe. Il expose que le travail qu’il a fait pour perfectionner ses procédés, ne lui ayant pas permis de les exploiter, le met dans la nécessité de recourir de nouveau à la bienveillance de la Société.
- M. Mariano Lorente, secrétaire perpétuel de l’Académie de Madrid, communique le programme d’un concours ouvert pour 1853.
- p.218 - vue 232/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- m
- La même Académie adresse un volume de ses mémoires en demandant l’échange de ses publications avec le Bulletin de la Société d’encouragement.
- M. le président communique une lettre qui lui a été adressée par M. Lebret, régisseur de la compagnie des mines d’Anzin, relative au parachute de M. Fontaine.
- M. Lebret transmet l’extrait d’un rapport de l’ingénieur des mines à la résidence de Valenciennes.
- M. le président entre dans quelques détails sur deux ruptures de câbles à la suite desquelles le parachute de M. Fontaine a préservé la vie des hommes.
- M. Combes fait observer que les Annales des mines contiennent la description d’un mécanisme imaginé par M. Machecourt, ancien élève de l’école des mineurs de Saint-Etienne , et dont le principe est le même que celui de l’appareil de M. Fontaine.
- Rapports des comités. Au nom du comité des arts mécaniques, M. Laboulaye lit un rapport sur un système d’armes à feu portatives présenté par M. Huot, coutelier, à Dijon.
- Le comité propose de remercier l’auteur de sa communication et d’insérer le rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. )
- Au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie, M. Salvétat lit un rapport sur les porcelaines décorées et vernissées de M. Lesme , de Limoges.
- La commission propose 1° de remercier l’auteur de sa communication , 2° d’insérer le rapport dans le Bulletin. ( Approuvé. ) ( Voyez plus haut, page 189. )
- Communications. — Sonnerie électro-télégraphique. M. Clerget, membre du conseil d’administration, annonce que M. Miroud, mécanicien , rue du Petit-Pont, 10, l’a prié de présenter à la Société un système de sonnerie électro-télégraphique qu’il propose d’appliquer aux besoins des maisons particulières, des restaurants, des hôtels garnis, des grands établissements de l’industrie et du commerce, ainsi qu’aux trains en marche des chemins de fer pour établir des communications d’une extrémité à l’autre de ces trains, et sourtout pour donner aux conducteurs un avertissement instantané de la séparation fortuite des waggons.
- M. Miroud n’a pas la prétention de s’appuyer sur des principes nouveaux; mais il croit avoir trouvé des perfectionnements de nature à donner de l’intérêt aux dispositions qu’il a adoptées.
- M. Clerget donne la description du système de sonnerie électro-télégraphique que son auteur fait fonctionner en présence des membres de la Société.
- - M. le président adresse les remercîments du conseil à M. Clerget, pour les détails qu’il a bien voulu donner sur cet appareil.
- Maisons ouvrières. M. Gourlier expose qu’il a publié , dans le Moniteur universel, plusieurs articles sur les maisons ouvrières et sur les lavoirs publics. Us sont le résultat des études auxquelles il s’est livré sur les conditions que ces établissements doivent remplir, en tenant compte, pour la France, des mœurs et des habitudes. Ces documents lui paraissent de nature à intéresser les membres de la Société, et, si le conseil le jugeait convenable, à figurer dans le Bulletin. Les gravures qui accompagneraient cette
- p.219 - vue 233/836
-
-
-
- 220
- PROCÈS-VERBAUX.
- publication feraient mieux ressortir les dispositions qu’il propose de donner aux maisons destinées au logement des ouvriers ainsi qu’aux lavoirs publics.
- M. Alcan, partageant l’opinion de M. Gourlier, désirerait que cette publication, qui serait vue, sans nul doute, avec beaucoup d’intérêt, fût complétée par l’exposé d’un projet présenté à la Société industrielle de Mulhouse, et dont l’auteur est un ancien élève de l’école centrale des arts et manufactures. Dans ce projet, l’ingénieur avait ajouté un mode de payement par annuités qui rendait l’ouvrier propriétaire.
- M. Gourlier, entrant dans les vues exposées par M. Alcan, cite un renseignement qui honore M. le baron de Gerando.
- En 1835, cet honorable secrétaire de la Société d’encouragement publia, dans les Annales de la chanté, un mémoire d’un haut intérêt où se trouve un plan d’association qui avait pour but de réaliser le projet de l’ingénieur dont parle M. Alcan.
- M. Gourlier ajoute que M. Valadon, architecte , a fait des tentatives à Paris et aux environs, pour mettre à exécution un projet de ce genre. Depuis le décès de cet architecte , il ne paraît pas qu’on ait donné suite à ce projet.
- Le conseil, prenant en considération les propositions de M. Gourlier et de M. Alcan, charge la commission du Bulletin de s’entendre avec deux membres du conseil pour la publication des documents les plus intéressants sur ce sujet.
- M. le président prie M. Alcan de déposer les renseignements qu’il a recueillis à cet égard.
- Nouveau mode de dosage des acides chlorhydrique et sulfurique. M. Levol, membre du conseil, communique la note suivante sur un mode de dosage très-rapide des acides chlorhydrique et sulfurique.
- « C’est en les pesant directement, après les avoir éliminés , ou par la pesée de certains composés définis dans lesquels on les engage, que l’on procède le plus généralement au dosage des différents corps.
- « L’analyse des mélanges gazeux et l’alcalimétrie conduisirent par imitation, depuis un certain nombre d’années, aux méthodes de titrage par les volumes, qui ont déjà pris quelque extension ; mais ces méthodes sont malheureusement très-bornées, lorsqu’elles reposent sur des précipitations , parce qu’elles dépendent alors de la facilité plus ou moins grande que l’on rencontre à éclaircir les liqueurs par une simple agitation, et de manière à éviter le filtre dont l’emploi entraînerait des lenteurs que l’on a précisément pour but d’abréger quand on a recours au titrage par les volumes.
- « Cependant cette difficulté n’est pas toujours insurmontable, et, dans quelques cas particuliers , les chimistes ont su y obvier en se basant sur des phénomènes de coloration ou d’insolubilité de certains précipités. Toutefois il ne paraît pas que l’on n’ait encore rien indiqué dans cette direction touchant un dosage que l’on a très fréquemment à effectuer dans les arts chimiques ; je veux dire celui des chlorures et des sulfates alcalins. Celte circonstance me porte à penser qu’il ne sera pas inutile de faire connaître des méthodes auxquelles j’ai eu recours pour établir très-rapidement la teneur en acides chlorhydrique et sulfurique de divers produits commerciaux.
- p.220 - vue 234/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 221
- « Dosage des chlorures. Le procédé de Gay-Lussac, si précieux pour la détermination des litres des matières d’argent, et qui, évidemment, peut être appliqué à l’inverse pour doser le chlore dans les chlorures, perd malheureusement l’un de ses principaux avantages, celui de la célérité, lorsque la proportion de l’élément qu’il s’agit de doser n’est point connue par avance d’une manière suffisamment approximative ; en outre, on éprouve la plus grande difficulté à éclaircir les liqueurs par une simple agitation lorsqu’elles renferment le chlorure alcalin en excès, et, s’il faut filtrer, on retombe alors dans les lenteurs inhérentes au mode de dosage par la pesée du chlorure d’argent.
- « Ces difficultés de pratique m’ont conduit à me servir, dans ce cas, d’une méthode basée sur la décomposition qu’éprouvent de la part des chlorures alcalins le phosphate d’argent comme les autres sels argentiques plus solubles que le chlorure d’argent. Si, en effet, on verse sur un précipité de carbonate ou de phosphate d’argent, par exemple, une solution de chlorure de potassium ou de sodium , il se formera à l’instant du chlorure d’argent ou un carbonate et un phosphate alcalin , de sorte que , partant de ces faits qui reposent sur la différence de solubilité des deux sels , si l’on verse de l’azotate d’argent dans un mélange de phosphate et de chlorures alcalins, la précipitation du phosphate ne pourra se manifester qu’après l’entière précipitation du chlore. Il résulte de là que, si l’on ajoute du phosphate de soude ordinaire à la dissolution d’un chlorure, le précipité jaune de phosphate d’argent qu’y formera un sel d’argent soluble n’apparailra ou du moins ne se maintiendra, après une légère agitation, qu’autant que la totalité du chlorure alcalin aura été décomposée.
- « D’après cette donnée, le dosage du chlorure peut s’effectuer de la manière suivante :
- « On dissout, dans 50 parties à peu près d’eau distillée , une quantité déterminée, par exemple 1 gramme du sel dans lequel on se propose de doser les chlorures ; on y ajoute d’une dissolution saturée à froid de phosphate de soude ordinaire, bien exempt de chlorures, environ le dixième du volume de la première; si la liqueur est acide, on la sature ou sursature légèrement, au moyen de carbonate de soude pur, puis on y verse, d’une burette graduée donnant les dixièmes de centimètre cube, une dissolution acqueuse titrée, d’azotate d’argent neutre, jusqu’à ce que le précipité se maintienne très-légèrement jaune, ce qui arrivera seulement au terme de la précipitation du chlore, car s’il est bien vrai que l’addition des premières gouttes d’azotate d’argent produit déjà un précipité jaune, ce qui s’explique facilement par l’affluence du réactif en un seul point, on reconnaît que l’agitation le fait disparaître rapidement et qu’il ne se maintient jamais qu’après la précipitation complète du chlore.
- « Dosage des sulfates. C’est au moyen de l’azotate de plomb que j’établis la teneur en acide sulfurique dans les sulfates ; si la liqueur renferme un acide libre, je le neutralise à l’aide de la magnésie blanche, puis j’y ajoute , par petites quantités à la fois , assez de solution d’iodure de potassium (1) pour que les premières gouttes d’azotate de
- (l) La teneur de cette solution est peu importante; je dirai cependant que celle dont je fais usage renferme 10 pour 100 d’iodure.
- p.221 - vue 235/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- plomb versées de la burette y produisent, au point de contact, un précipité jaune que l’agitation fait bientôt disparaitre. Le terme de l’opération est annoncé, comme dans le dosage du chlore, par la permanence de la coloration jaunâtre dans la masse du précipité après l’agitation. Les manipulations sont donc exactement les mêmes pour les deux dosages ; elles sont des plus simples. J’opère dans un verre à expériences, et j’agite au moyen d’une baguette de verre ; ici, comme dans le dosage du chlore , la burette doit indiquer les dixièmes de centimètre cube.
- « Pour doser le chlore, j’emploie une liqueur renfermant, par centimètre cube, 0s'am; 03054 d’argent, représentant os'am ,010 de chlore — 1 gramme pour 100 centimètres cubes. Celle que j’ai adoptée pour le dosage de l’acide sulfurique contient 0sram ,04133 d’azotate de plomb par centimètre cube = 0s'am-,010 S03, ou 1 gramme pour 100 centimètres cubes, de sorte qu’on obtient immédiatement des résultats en centièmes.
- « Ces déterminations, dont on peut répondre à 1/2 ou même à 1/4 pour 100 près, n’exigent que quelques minutes.
- « Il est clair que, pour éviter toute confusion , on doit avoir préalablement recherché et éliminé, s’il y a lieu, les substances heureusement très-peu nombreuses qui pourraient être précipitées, comme les acides chlorhydrique et sulfurique, par les liqueurs d’épreuve.
- « Je dois m’empresser de reconnaître , en terminant, que le principe sur lequel sont fondés ces procédés ne m’appartient point; je n’ai fait que l’appliquer dans les conditions qui m’ont paru les meilleures aux cas particuliers du titrage des chlorures et des sulfates. »
- M. le président témoigne à M. Levol l’intérêt avec lequel la Société a reçu sa communication.
- Séance du 20 avril 1853.
- M. Michelin, membre de la commission, occupe le fauteuil.
- Correspondance. M. de Montureux, membre de plusieurs sociétés savantes, à Arra-court, près Moyenvic (Meurthe), annonce avoir imaginé, depuis vingt à vingt-cinq ans, un moyen de produire , sans combustible , tous les degrés de chaleur applicables à la formation de la vapeur, aux travaux métallurgiques, à la cuisson de la chaux, du plâtre, de la brique, etc. Il adresse une note contenant l’exposé de son idée et les applications que l’on pourrait en faire.
- M. Hermann, ingénieur-mécanicien , rue de Charenton , 92 , rappelle qu’au commencement de 1851 plusieurs membres du comité des arts mécaniques sont venus visiter, dans ses ateliers, quelques nouvelles machines qu’il a imaginées.
- Comme c’est à la Société d’encouragement, qui a couronné ses premiers efforts, que M. Hermann doit ses succès dans cette nouvelle industrie qui prend aujourd’hui un développement considérable, il la prie de vouloir bien nommer des commissaires pour examiner et rendre compte de ses nouvelles machines.
- M. Dameron, fabricant de voitures, rue du Dragon, 25, appelle l’attention de la So-
- p.222 - vue 236/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- 223
- ciété sur le résultat de ses expériences sur le tirage des voitures par rapport à la longueur des trains et au placement des roues dans les voitures particulières dites bourgeoises, qui ont presque toujours des portières sur le côté.
- M. Gelin, à Belleville, demande que la Société veuille bien le faire participer au don fait par M. Christofle, pour le payement de la première annuité d’un brevet qu’il a pris pour un compteur hydraulique. • .
- w M. Artur, agrégé à la faculté des sciences, rue Saint-Jacques, 56, communique une lettre, qu’il a adressée à l’Académie des sciences, sur le prix qu’elle a proposé pour une nouvelle étude comparative des théories relatives aux phénomènes capillaires.
- M. Artur fait hommage de ses publications sur la capillarité.
- M. le président adresse à M. Artur les remercîments de la Société pour le don de son ouvrage.
- M. Charpentier-Cour tin, à Reims, adresse diverses pièces pour prendre part au concours ouvert par la Société pour la plantation des arbres résineux.
- M. J. B. l’homas, rue de Monceau , 17, dépose un mémoire intitulé Silviculture , méthode pour la création des bois sans frais et avec la certitude d’un succès complet.
- M. Lançon, à Batignolles, adresse, avec un mémoire, les modèles et un dessin d’un appareil de blanchissage du linge.
- M. Philippe, négociant, rue Richer, 23, soumet à l’examen de la Société, de la part de M. Chopin, horloger, à Beaujeu ( Rhône ), le dessin et la description de balanciers d’horlogerie compensés.
- M. Adrien Gavard fils aîné , ingénieur en instruments de précision , quai de l’Horloge, demande que la Société fasse examiner la construction de ses pantographes, dia-graphes, etc. . .
- M. Verdelet, professeur de coupe et dessin géométrique à l’usage des tapissiers, rue Neuve-Coquenard, 28, exprime le désir que la Société veuille bien se faire rendre compte du Manuel géométrique du tapissier, ouvrage qu’il a publié sous les auspices de la chambre syndicale des tapissiers de la ville de Paris.
- M. Croux , horticulteur-pomologiste, à la ferme de la Saussaye, à Villejuif ( Seine ), fait hommage de son ouvrage intitulé Instruction élémentaire sur la conduite et la taille des arbres fruitiers. . \ i. t
- Parmi les ouvrages imprimés déposés sur le bureau, MM. les secrétaires signalent
- 1° Un ouvrage de M. Payen , intitulé les Maladies des pommes de terre , des betteraves, des blés et des vignes, de 1845 à 1853, avec l’indication des meilleurs moyens à employer pour les combattre. :
- 2° Deux brochures de M. A. Chevallier, membre du conseil, portant pour titre : l’une, Notice historique sur l’opium indigène; l’autre , Sur les falsifications qu’on fait subir au chocolat, nécessité de les réprimer.
- 3° Une brochure de M. Gourlier, Sur les voies publiques et les habitations particulières à Paris; Essai sur les améliorations qui y ont été successivement apportées.
- M. Gourlier, en essayant de retracer les améliorations successives des habitations particulières et des voies publiques de Paris, n’a eu, la plupart du temps, qu’à rappeler
- p.223 - vue 237/836
-
-
-
- PROCÈS-VERBAUX.
- tu
- les propres travaux de la Société et de plusieurs de ses membres; e’esl donc, pour lui un devoir, dont il s’acquitte, du reste, avec plaisir, que delà prier d’agréer l’hommage de cet essai.
- Le conseil décide que des remerciments seront consignés au procès-verbal pour le don de ces ouvrages.
- Rapports des comités. Au nom du bureau et de la commission des fonds, M. Mi-chelin lit un rapport sur le don d’une somme de 300 francs, par M. Bezançon, pour faciliter la prise des brevets d’invention aux auteurs peu fortunés.
- Le conseil adopte les conclusions du rapport tendant à l’acceptation de ce don.
- Communications. — Sériciculture. M. Guérin-Méneville lit une note sur la comparaison qu’il a faite entre la valeur des cocons de la grosse race améliorée et acclimatée à Sainte-Tulle ( Basses-Alpes).
- Avant d’exposer les résultats de ses études séricicoles , M. Guérin-Méneville donne un aperçu rapide de ses recherches antérieures pour montrer la marche , les progrès et l’état actuel de ses travaux.
- Le conseil entend ensuite les développements dans lesquels entre l’auteur pour motiver la comparaison qu’il établit entre la valeur des cocons de la grosse race de vers à soie de Provence et des cocons de la race acclimatée et améliorée depuis neuf ans par des procédés particuliers d’éducation, à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, près Manosque ( Basses-Alpes ).
- M. Combes présente des observations sur la production des graines de vers à soie par l’industrie privée; il reconnaît l'importance et l’opportunité de la communication de M. Guérin-Méneville, et pense que , par les faits qu’elle renferme, elle est digne d’être l’objet de l’examen simultané des comités d’agriculture et des arts mécaniques.
- Le conseil partage cette opinion.
- M. le président prie M. Guérin-Méneville de recevoir le témoignage de l’intérêt avec lequel le conseil a reçu sa communication.
- Erratum.
- Bulletin de mars, page i36, ligue 16, au lieu de Hofwyl, lisez M. Fellenberg, de Hofwyl.
- PARIS.
- IMPRIMERIE DE Muie Xe BOUCHARD-HUZARD, RUE DE i/ÉPEROlN, Ô.
- p.224 - vue 238/836
-
-
-
- CISOHAME-DEIXIËUE IWEü, (N« DLXXXVII.) «ai 1853
- BULLETIN
- DE LA
- SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS MÉCANIQUES. —armes a feu.
- Rapport fait par M. Ch. Laboulaye, au nom du comité des arts mécaniques, sur une nouvelle disposition des fusils de chasse présentée par M. Huot, à Dijon.
- M. Huot, coutelier, à Dijon, a soumis à la Société des fusils de sa construction, dans lesquels se rencontrent plusieurs dispositions nouvelles.
- Ses produits se distinguent par de nombreuses simplifications; malheureusement ils ne sont pas exécutés avec cette précision à laquelle l’arquebuserie parisienne nous a habitués. Cependant, même au point de vue de la construction, il y a quelque fruit à recueillir de l’examen d’armes traitées comme s’il s’agissait de coutellerie à établir à bon marché ; nous signalerons notamment l’emploi de la tôle d’acier qui, emboutie mécaniquement, remplace des pièces d’ajustement plus coûteuses.
- Le fusil de M. Huot, se chargeant par la culasse, diffère des systèmes connus en ce que le canon est maintenu en place par un verrou parallèle à l’axe de l’arme, ce qui empêche toute déviation du canon, ainsi qu’il pourrait arriver à des armes à verrou tournant qui seraient exécutées imparfaitement.
- Nous ne jugeons pas heureuse la disposition de sa batterie ; le chien percutant par-dessous rencontre les capsules placées de manière à abandonner la cheminée, si elles n’y adhèrent pas fortement. Néanmoins cetle batterie est curieuse de simplicité ; c’est en repoussant la détente que l’on arme en faisant basculer le chien et tendre un ressort. En développant ce système, Cinquante-deuxième année. Mai 1853. 29
- p.225 - vue 239/836
-
-
-
- ARTS MÉCANIQUES.
- M. Huot est arrivé à faire des pistolets dans un seul morceau d’acier, qui sont assez curieux.
- Nous ne parlerons pas du système de cartouches métalliques de M. Huot : il a retrouvé des combinaisons analogues à celles d’autres inventeurs qui l’ont devancé. Nous en dirons autant de son emploi de verrous de sûreté pour empêcher la détente de partir sans la volonté du chasseur.
- En dernier lieu, M. Huot a présenté le croquis d’une machine qui lui sert à repasser, et avec laquelle il fait, assure-t-il, à lui seul autant d’ouvrage qu’avec une meule mue par un tourneur de roue. Il emploie, à cet effet, le poids du corps, qui, porté alternativement sur deux pédales formant deux longs leviers, vient faire tourner une roue assez éloignée , et à l’aide d’une courroie la meule à aiguiser.
- Cet emploi de la force motrice du poids du corps est reconnu depuis longtemps comme avantageux ; il faudrait pouvoir expérimenter sur la machine pour reconnaître si le travail du repassage n’est pas un peu contrarié par les efforts musculaires des jambes.
- Nous avons l’honneur de vous proposer
- 1° De remercier M. Huot de sa communication ,
- T D’insérer le présent rapport dans le Bulletin.
- Signé Ch. Laboulaye , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 20 avril 1853.
- COMPAS.
- Rapport fait par M. Priestley, au nom du comité des arts économiques, sur un compas à tracer les ellipses, de M. le chevalier Bruno.
- Messieurs, M. le chevalier Bruno a présenté à la Société d’encouragement un compas à ellipses, objet du présent rapport.
- Chacun connaît le mode de tracé de l’ellipse dit tracé des jardinières. Les foyers d’une ellipse étant donnés ainsi que la longueur de son grand axe, on peut obtenir la courbe d’un trait continu en tendant une corde fixée par ses extrémités à ces foyers, et dont la longueur serait celle de l’axe donné.
- Le compas à ellipse de M. Bruno, exécuté par M. Lerebours, repose sur ce principe ; il se compose dune règle de bois le long de laquelle peuvent se mouvoir et se fixer deux curseurs où sont les foyers. Un fil dont la longueur peut varier à volonté et qui reste constant pour une même ellipse est fixé à ces foyers, et étant tendu sert à guider le mouvement du crayon ou du tire-ligne. Ce crayon ou tire-ligne doit être maintenu dans une position parfaite-
- p.226 - vue 240/836
-
-
-
- DYNAMOMÈTRE.
- m
- ment verticale, car la moindre déviation se traduit par une erreur de tracé. Cette difficulté a été assez bien surmontée par une large base dont ils sont munis et qui sert à les appuyer sur le papier pendant tout leur mouvement. Cet instrument ne peut être employé pour tracer de petites ellipses ; il ne permet non plus de tracer la courbe complète qu’en retournant la règle et en posant les points de repère, dont sont munis les curseurs, sur les foyers. Le raccordement des deux courbes demande un peu de précaution.
- Toutefois le comité des arts économiques, en raison du prix réduit auquel peut être livré cet instrument, pensant que, dans une main exercée , il peut rendre de bons services, ,a l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. le chevalier Bruno de sa communication et d’insérer le présent rapport dans le Bulletin.
- Signé Priestley, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 4 mai 4853. *
- dynamomètre.
- Rapport fait par M. Alcan, au nom du comité des arts mécaniques, sur un
- instrument dynamométrique pour essayer la solidité des tissus, présenté par
- M. Perreaux, ingénieur-mécanicien, rue Monsieur-le-Prince, 4 4.
- La plupart des instruments dynamométriques employés jusqu’ici pour essayer la solidité des tissus présentent des défauts graves qui en rendent la pratique presque nulle. Les causes suivantes contribuent à fausser leurs indications :
- L’aiguille , qui devrait accuser exactement la force nécessaire à la rupture et rester invariable lorsque cette rupture a lieu , prend, au contraire, un mouvement oscillatoire très-prononcé dû à la rapidité avec laquelle le ressort dynamométrique reprend sa position initiale.
- La surface du cadran est, en général, insuffisante ; le rapprochement des degrés rend les erreurs faciles. Le mode d’attache des échantillons à expérimenter est si défectueux, qu’il devient une cause de rupture.
- Enfin la forme même de ces instruments les rend incommodes et susceptibles de fréquents dérangements.
- L’appareil dynamométrique que vous avez sous les yeux est à l’abri de ces reproches ; il est d’un service facile et sûr. Le mode d’attache n’a aucune influence sur la rupture; l’échantillon soumis à l’épreuve enveloppe, à chaque extrémité, une petite réglette en métal qui s’engage dans des mortaises obliques dont l’une est pratiquée dans une pièce fixe reliée au ressort dynamo-
- p.227 - vue 241/836
-
-
-
- ARTS MECANIQUES.
- métrique, et l’autre dans une pièce mobile au moyen d’un écrou et d’une vis; l’inclinaison de ces mortaises leur fait jouer le rôle de coins , et la solidité des attaches est proportionnelle à l’effort auquel on soumet l’étoffe. La disposition et le développement du cadran sont tels, que les moindres variations, intéressantes à constater, peuvent être parfaitement saisies. Quelque brusque et considérable que soit l’action sous laquelle la rupture a lieu, l’aiguille s’arrête instantanément et garantit de cette manière l’exactitude de ses indications.
- Ce résultat important, qui distingue la machine de M. Perream et qui en fait le mérite fondamental, est obtenu par one disposition des plus ingénieuses ; la figure de l’instrument la fera saisir à première vue sans le secours de la description (1).
- Enfin, comme l’élasticité des tissus est un des éléments constitutifs de leur valeur, l’inventeur a eu soin de munir l’appareil d’une règle en cuivre, graduée, destinée à indiquer l’élasticité proprement dite et l’extensibilité de l’étoffe.
- Le nouveau dynamomètre de M. Perream est, d’ailleurs, exécuté avec le soin qui distingue les dignes élèves et les habiles continuateurs de Gambey; aussi a-t-il été apprécié, déjà, par la plupart de nos grandes administrations. Nous citerons, entre autres, les ministères de la guerre, de la marine et des finances, les administrations de la poste , des prisons, des sourds et muets, des collèges, des chemins de fer, etc., qui n’en ont fait l’acquisition qu’après s’être assurés de toute sa précision, comme nous l’avons fait nous-mêmes. Nous avons compris, après une suite d’expériences, toute l’utilité que les industriels pourront également en tirer ; ils pourront s’assurer que les réductions en usage, c’est-à-dire les rapports entre la quantité de chaîne et de trame, par unité de surface, ne répondent pas toujours aux résultats attendus.
- Les étoffes, qui devraient présenter la même résistance et la même élasticité dans tous les sens, se comportent rarement de la même manière dans la direction de la chaîne et de la trame; tantôt c’est l’influence de l’une, tantôt celle de l’autre qui prédomine dans la même espèce d’étoffe. Ces résultats une fois constatés, il sera facile au fabricant intelligent de modifier, avec une précision mathématique , ses dispositions au tissage , de façon à obtenir une résistance égale dans tous les sens.
- Le nouvel instrument dont M. Perream vient de doter les arts mécaniques n’est donc pas moins utile aux manufacturiers qu’aux consommateurs
- (l) Cette figure paraîtra dans l’un des prochains numéros du Bulletin.
- p.228 - vue 242/836
-
-
-
- OUTILS.
- m
- d’étoffes ; il contribuera à faciliter les transactions loyales dans le commerce des tissus et les progrès dans leur fabrication.
- M. Perream persévère d’une manière remarquable dans la voie qui lui a valu déjà les encouragements de la Société. Votre comité des arts mécaniques vous propose , en conséquence , de le remercier de sa nouvelle communica-tion et d’insérer dans votre Bulletin le présent rapport avec le dessin de la machine dynamométrique.
- Signé Alcan , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 18 mai 1853.
- OUTILS.
- Rapport fait par M. Amédée-Durand, au nom du comité des arts mécaniques, sur un moyen de préserver les ouvriers meuliers de Vaction de la poussière siliceuse, par M. Poirel.
- La taille des pierres qui composent les meules de moulin est au nombre des industries qui compromettent la santé et la vie des ouvriers. Trop de témoignages irrécusables s’élèvent à cet égard pour qu’on ne doive pas mettre au nombre des services rendus à l’humanité toute invention qui aurait pour effet de préserver les piqueurs de meules de l’action souvent mortelle qu’exerce sur eux la poussière siliceuse produite par leur travail.
- Une invention de ce genre a été présentée à la Société par M. Poirel, de la Ferté-sous-Jouarre , et le comité des arts mécaniques nous a chargé d’avoir l’honneur de vous en rendre compte.
- Deux moyens semblent, à première vue, devoir atteindre ce résultat : l’un, l’élimination de la poussière par une ventilation active, mais qui n’est praticable que dans des ateliers clos ; l’autre, par un empêchement à sa formation. C’est cette idée que réalise le petit outil présenté.
- La pierre dont se composent les meules n’est pas coupée, mais bien broyée par les outils qui la façonnent ; dès lors une grande quantité de poussière est produite, qui, pénétrant avec l’air dans les organes de la respiration, y devient la cause des phthisies auxquelles succombent en très-grand nombre les ouvriers de cette profession.
- On conçoit que, si la surface de la pierre était continuellement lavée par un courant d’eau, aucune poussière ne pourrait être produite; mais comment se procurer la quantité d’eau nécessaire? comment la diriger suivant les convenances du travail? comment enfin s’en débarrasser? Il faut donc renoncer à l’infaillibilité de ce moyen, en raison de son impraticabilité.
- p.229 - vue 243/836
-
-
-
- m
- ARTS MÉCANIQUES.
- M. Poirel n’a pas repoussé l’emploi de l’eau; mais il a pensé que, au lieu d’entretenir mouillée la surface de la pierre à façonner, on pouvait se contenter de mouiller seulement la partie de l’outil qui attaque la matière. Il a donc réalisé l’idée de lier à son outil un petit réservoir rempli d’eau; voici comment ce réservoir est organisé, ainsi que la manière dont il fonctionne : sa forme extérieure n’a rien de déterminé rigoureusement, mais on peut la comparer à celle d’un marteau ordinaire ; le trou ou l’œil qui, dans celui-ci, reçoit le manche étant formé, dans le réservoir, par une ouverture analogue garnie d’une douille en forte tôle, cet œil s’enfile librement sur le manche : c’est donc l’apparence d’un second marteau, placé entre celui qui travaille et la main de l’ouvrier, que présente l’ensemble de l’instrument combiné par M. Poirel, avec cette particularité que le réservoir est de beaucoup moins long que l’outil et est retenu par un anneau en chanvre ou en caoutchouc sulfuré.
- Ce réservoir est hermétiquement fermé à sa partie supérieure, par laquelle il se remplit; à sa partie inférieure est pratiqué un trou capillaire qui ne peut donner accès à l’air. L’outil et son réservoir peuvent donc être abandonnés sans aucun soin particulier; quant à la sortie de l’eau, elle est due à la vitesse que la masse acquiert à chaque coup frappé, et la gouttelette qui en résulte, étant ainsi sensiblement proportionnelle à l’intensité du choc, l’est à la quantité de poussière produite. Le trou est dirigé de manière à ce que la gouttelette vienne frapper le marteau à 4 ou 5 centimètres au-dessus de la partie opérante, et s’y épanouisse de manière à la lubrifier entièrement sur la face qui regarde le manche et à la partie contondante; on comprend qu’on peut augmenter à volonté la quantité d’eau versée et par le nombre et par le diamètre des trous qui, cependant doivent rester capillaires.
- Un inconvénient grave s’attacherait à ce procédé, si le renouvellement de l’eau devait être fréquent. Une expérience faite avec soin nous a démontré que la quantité d’eau renfermée dans le réservoir présenté, et qui est de 70 grammes, pouvait suffire à un travail de quatre heures à raison de cent coups par minute ; comme il pourrait être utile de verser une égale quantité d’eau sur la seconde face de l’outil, l’approvisionnement se réduirait alors à une durée de deux heures, et on peut dire que, n’eût-il qu’une durée d’une seule heure, son renouvellement est si simple et si facile, qu’on ne saurait le considérer comme un assujettissement préjudiciable au travail.
- Une objection a été faite contre l’organisation de cet outil, auquel on reproche l’augmentation de poids qu’elle produit. On va voir qu’il est bien facile de faire disparaître presque entièrement cet inconvénient.
- Le poids moyen de l’outil varie de lk.600 à 2k; le poids de l’eau contenue
- p.230 - vue 244/836
-
-
-
- OUTILS.
- 231
- dans le réservoir plein est de 70 grammes* le poids du réservoir vide de 200 grammes, et il peut très-facilement être réduit à 50 par l’emploi de matériaux très-connus, mais qui ne se seront pas trouvés à la portée de l’auteur ne disposant que de ressources locales. 11 ne faut donc admettre qu’une augmentation de poids de 120 grammes, qui, par l’écoulement des 50 gram. d’eau, se trouvent réduits en moyenne, c’est-à-dire, quand le réservoir est à moitié vide, à 85 grammes ou moins d’un vingt et unième du poids moyen de l’outil sans réservoir.
- Une autre objection pourrait résulter de ce que la poussière, en perdant sa volatilité, forme, par son mélange avec l’eau, une pâte qui s’attache à la surface travaillée et pourrait gêner pour en apprécier avec exactitude la forme. Mais un inconvénient qui peut être levé par un peu plus d’attention de la part de l’ouvrier ne saurait être mis sérieusement en comparaison avec un résultat qui consiste dans la préservation absolue d’un danger qui menace incessamment sa santé et sa vie.
- Les espérances présentées par ce rapport seront-elles confirmées parla pratique, et le piquage des meules cessera-t-il enfin d’être compté au nombre des industries dangereuses? on ne peut, à cet égard, rien affirmer en présence des blessures nombreuses dont sont atteints les casseurs de cailloux de nos routes, alors qu’il leur serait si facile de s’en préserver; quand on voit tant de catastrophes résultant de l’asphyxie, alors qu’il eût suffi aux ouvriers de se faire précéder d’une simple chandelle allumée pour en être entièrement préservés; et surtout, enfin, quand on a vu tout ce qu’il a fallu d’efforts et de moyens coercitifs pour faire employer par les mineurs la célèbre lampe de Davy.
- Ce n’est donc pas dans l’adoption des idées nouvelles qu’il faut chercher la mesure de leur mérite, et, quel que soit le sort de celle qu’a réalisée M. Poi-rel, elle n’en constitue pas moins, dès ce moment, un service réel offert à l’industrie et à l’humanité.
- En conséquence, le comité des arts mécaniques a chargé son rapporteur d’avoir l’honneur de soumettre au conseil les deux propositions suivantes :
- 1° Qu’il soit écrit à M. Poirel pour lui témoigner la satisfaction de la Société ;
- 2° Ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin, avec figures.
- Signé Amédée- Durand, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 23 février 1852.
- p.231 - vue 245/836
-
-
-
- ARTS ÉCONOMIQUES. — COUTELLERIE.
- 232
- Légende explicative.
- PI. 1256, fig. 1. Le marteau à piquer les meules de M. Poirel, vu en élévation, avec son réservoir d’eau en coupe verticale sur la ligne AB, fig. 3.
- Fig. 2. Le même marteau garni de son réservoir.
- Fig. 3. Le réservoir vu en dessus.
- a, marteau, b, réservoir rempli d’eau, c, bouchon à vis par lequel on introduit l’eau dans le réservoir, d, petit trou capillaire par où s’échappe une faible quantité d’eau à chaque coup frappé par le marteau et qui humecte sa face inférieure, e, lien en caoutchouc qui réunit le réservoir au marteau.
- COUTELLERIE.
- Rapport fait par M. Priestley, au nom du comité des arts économiques, sur un couteau à découper de M. Picault, coutelier, rue Dauphine, 52.
- Messieurs, M. Picault a présenté à la Société d’encouragement un couteau destiné spécialement à découper les volailles, et qu’il nomme couteau~ cis aille.
- On sait les difficultés que présente cette opération. Lorsqu’un couteau est très-fin, il est souvent ébréché par les obstacles que l’on rencontre et qu’une main peu exercée sait mal éviter.
- Le couteau-cisaille ,-qui peut aussi fonctionner comme couteau ordinaire, ne nécessite pas d’adresse particulière ; les morceaux qu’il permet de faire sont coupés net.
- Le comité pense donc que le couteau-cisaille de M. Picault est d’un bon usage domestique ; il a l’honneur de vous proposer de remercier son inventeur de sa communication et d’insérer le présent rapport dans le Bulletin.
- Signé Priestley, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 4 mai 1853.
- Légende explicative.
- PI. 1256, fig. 4. Le couteau-cisaille de M. Picault, ouvert.
- Fig. 5. Le même, fermé.
- Fig. 6. Lame du couteau détachée, vue de face et de profil.
- Fig. 7. Lame de la cisaille détachée, vue de face et de profil.
- /*, lame du couteau, g, lame de la cisaille, h, ressort double placé entre les deux manches et qui les tient écartés.
- p.232 - vue 246/836
-
-
-
- ' .i.'l )\ .) I «î : I \ \l\ .! i ’ ! ’ ! I \ > ï.» I\ vu hM » | T.IÏMw.l viv \iv«rs”m;-iiY vvn uvnoi.i ïi.hki îo \\iiisu\i v ivvu.uvw nv
- pl.1256 - vue 247/836
-
-
-
- ARTS CHIMIQUES. — glycérine.
- 233
- Rapport fait par M. À. Chevallier, au nom, du comité des arts chimiques, sur
- la purification de la glycérine et sur son emploi dans les arts économiques ;
- par M. Bruère Perrin, à Rennes.
- Messieurs, vous avez renvoyé au comité des arts chimiques l’examen d’un mémoire qui vous a été adressé, le 31 mai 1852 , par M. Bruère Perrin, et qui est relatif à la purification de la glycérine et à son emploi dans les arts , notamment dans la parfumerie. Je viens vous rendre compte de ce travail.
- On sait que la découverte de la glycérine remonte à 1782 ou à 1783, qu’elle est due à Scheele, qui fit connaître que les huiles et les graisses renferment une matière sucrée qu’on obtient en traitant 2 parties d’huile et 1 de li~ tharge, ajoutant une certaine quantité d’eau, chauffant, puis séparant et purifiant la matière sucrée qui se trouve dans les eaux mères. Ce savant fit connaître le résultat de ses recherches dans une publication portant le titre deMateria saccharina peculiari oleorum expressum et pinguedinum, publication qui fut imprimée dans les actes de l’Académie royale de Suède en 1783. Dans cette publication, Scheele avait donné le nom de principe doux des huiles à la glycérine, se basant sur ce qu’elle était sucrée, et sur ce qu’en l’évaporant on obtenait un produit sirupeux.
- La découverte de Scheele fut propagée par les journaux scientifiques, et notamment par les Annales de Crelle en 1781, puis par les Opuscules de chimie de Bergmann, traduits par Guyton de Morceau.
- Plus tard, par suite de recherches chimiques, on établit que les huiles étaient des composés d’acides gras et de glycérine ; que celle-ci, qui joue le rôle de base, se sépare lors de la saponification.
- La glycérine, quoique bien connue des chimistes, quoique produite en de très-grandes quantités depuis le développement, en France, des arts industriels, était inusitée et considérée comme un produit de laboratoire, produit curieux, mais dont on ne tirait aucun parti.
- Les premiers emplois connus de la glycérine ne se rattachent pas à l’industrie, mais à l’art médical ; en effet, l’emploi primitif du principe doux des huiles fut fait contre les maladies de l’oreille par un médecin anglais. Cet emploi ayant été connu , il attira l’attention des médecins sur la glycérine, et, peu de temps après, le docteur Startin, médecin de l’infirmerie des maladies de la peau, à Londres, annonça son efficacité contre quelques affections cutanées ; ces faits étant connus, des expériences furent faites 1° à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, par MM. Bazin et Cazenave; 2° à Londres, par M. le docteur Jearsley, et par le docteur Warklay, chirurgien de l’hôpital royal ;
- Cinquante-deuxième année. Mai 1853. 30
- p.233 - vue 248/836
-
-
-
- ARTS CHIMIQUES.
- GLYCÉRINE.
- m
- 3° en Russie, par le docteur Dallas, d’Odessa, qui, sans hésiter, proclama la glycérine comme le meilleur des cosmétiques. Les expériences faites par ces différents médecins établissent que la glycérine, appliquée sur le tissu cutané, le pénètre et l’assouplit; qu’en outre elle aide à cicatriser les crevasses et les fissures de la peau.
- Mais revenons au mémoire de M. Bruire Perrin et aux opérations qui ont pour but la purification de la glycérine. Oo sait que ce produit a une odeur peu agréable, et qu’on a proposé de purifier la glycérine en y faisant passer un courant cl’acide carbonique pour précipiter la chaux qu’elle contient encore; selon M. Br-uère Perrin, ce mode de faire ne débarrasse ce produit que de la chaux qui s’y trouve en excès, et non de celle qui est combinée aux acides gras.
- M. Bruère Perrin, pour atteindre le but qu’il s’est proposé, a fait usage des moyens suivants : 1° il détermine, au moyen de l’acide oxalique, la quantité de chaux existant dans le liquide qu’il veut purifier; 2° cette proportion de chaux déterminée, il ajoute au liquide en traitement une quantité d’acide sulfurique suffisante pour convertir la chaux en sulfate de chaux; 3° il fait ensuite concentrer dans une bassine de cuivre étamé , en agitant vivement pendant la concentration, en se servant d’un agitateur muni de palettes mis en mouvement par une manivelle; pendant la concentration, il y a dégagement de vapeurs ayant une odeur désagréable et décoloration partielle de la liqueur. i° Lorsque le liquide a acquis une densité de 10° à l’aréomètre, on laisse refroidir et on passe au travers d’un tissu de toile pour séparer le sulfate de chaux ; on sature alors l’excès d’acide qui aurait pu être ajouté, à l’aide du sous-carbonate de potasse ; on fait évaporer de nouveau en agitant. La liqueur, lorsqu’elle marque 2-4°, laisse déposer une certaine quantité de sulfate de potasse sous la forme d’une masse gélatineuse ; on laisse alors refroidir, on passe au travers d’une toile, et on lave le dépôt avec une petite quantité d’eau légèrement alcoolisée. 5° On fait évaporer une troisième fois toujours en agitant, et on amène la liqueur à 28° à chaud ( 30° à froid ); on laisse refroidir. Par suite de ce refroidissement, il y a encore précipitation d’une petite quantité de sulfate de potasse qu’on a séparée par la filtration. Le produit, résultat de ces opérations , a une couleur ambrée, et il est sans odeur marquée : sa saveur est douceâtre , il est onctueux au toucher; en cet état, on le traite à froid par le charbon animal, on le filtre, et on obtient la glycérine incolore sans odeur marquée et ayant une consistance sirupeuse. La glycérine, comme l’eau, se môle aux liquides aqueux, à l’alcool, au vinaigre; elle mouille les corps sans les graisser, comme l’huile; elle est onctueuse et ne s’évapore pas au contact de l’air; elle se charge fa-
- p.234 - vue 249/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 235
- cilement de l’arome des huiles volatiles ; elle n’est pas susceptible de rancir et de fermenter.
- Tel est le produit que M. Bruère Perrin a présenté à la Société d’encouragement.
- M. Bruère Perrin a fait entrer la glycérine dans des savons de toilette ; il la fait servir à la préparation d’un vinaigre cosmétique, d’alcools aromatiques et de divers autres objets de parfumerie. Nous nous sommes assuré que le savon à la glycérine conserve sa consistance première , qu’il donne de l’onctuosité à la peau ; nous avons fait essayer, et de la glycérine pure pour le lavage des mains, et du vinaigre à la glycérine, dans le cas où l’on fait usage du vinaigre cosmétique, et on nous a déclaré qu’on s’était très-bien trouvé de cet usage.
- Nous pensons, d’après ce qui vient d’être dit, que l'application de la glycérine, dans l’art du parfumeur, est une heureuse idée.
- Nous ne terminerons pas ce rapport sans vous rappeler que M. Barreswil, dans l’une des séances de la Société, vous a fait connaître qu’il avait employé, avec succès, la glycérine pour conserver à la terre que l’on voulait modeler l’humidité convenable. Nous pensons que la glycérine pourrait être introduite dans les colles ou parements qui sont employés pour conserver aux fils de lin et de chanvre , dans la fabrication de la toile, la souplesse nécessaire au travail; c’est, du reste, une expérience à faire.
- M. Bruère Perrin ayant rendu service à l’industrie , 1° en perfectionnant les procédés de purification de la glycérine, 2° en utilisant un produit resté jusqu’ici sans application importante, nous vous proposons de remercier M. Bruère Perrin de la communication qu’il a faite à la Société d’encouragement et d’imprimer le présent rapport dans le Bulletin.
- Signé À. Chevallier, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 18 mai 1853.
- NOTICES INDUSTRIELLES
- extraites de diverses publications périodiques françaises et étrangères.
- ARTS MÉCANIQUES. »
- Appareils à turbines multiples et à réactions successives pouvant utiliser le travail moteur que développent les fluides élastiques; par M. Tournaire.
- Les fluides élastiques acquièrent d’énormes vitesses sous l’influence de pressions même assez faibles. Pour utiliser convenablement ces vitesses sur de simples roues
- p.235 - vue 250/836
-
-
-
- 236
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- analogues aux turbines à eau , il faudrait admettre un mouvement de rotation extraordinairement rapide , et rendre extrêmement petite la somme des orifices, même pour une grande dépense de fluide. On éludera ces difficultés en faisant perdre à la vapeur ou au gaz sa pression, soit d’une manière continue et graduelle, soit par fractions successives, et en la faisant plusieurs fois réagir sur les aubes de turbines convenablement disposées.
- L’auteur rapporie l’origine des recherches auxquelles il s’est livré sur ce sujet à des communications que M. Burdin lui a faites en 1847. Cet ingénieur, qui s’occupait alors d’une machine à air chaud, voulait projeter successivement le fluide comprimé et échauffé sur une série de turbines fixées sur un même axe. Chacune d’elles, renfermée dans un espace hermétiquement clos, devait recevoir l’air lancé par des orifices injec-teurs et le déverser avec une très-faible vitesse. L’auteur songeait aussi à comprimer l’air froid au moyen d’une série de ventilateurs disposés d’une manière analogue. L’idée d’employer des turbines successives afin d’user en plusieurs fois la tension du fluide est simple et féconde ; on y trouve le moyen d’appliquer aux machines à vapeur ou à air le principe de la réaction.
- Dès que les différences de tension sont considérables, comme cela a lieu dans les machines à vapeur, on reconnaît qu’il est nécessaire d’avoir un grand nombre de turbines pour amortir suffisamment la vitesse du jet fluide. La légèreté et les dimensions très-faibles des pièces mises en mouvement permettent, d’ailleurs, d’admettre des vitesses de rotation très-grandes par rapport à celles des machines usuelles. 11 faut que , malgré la multiplicité des organes, les appareils soient simples clans leur agencement ; qu’ils soient susceptibles d’une grande précision , que les vérifications et réparations en soient rendues faciles. Ces conditions essentielles sont remplies au moyen des dispositions suivantes :
- Une machine se composera de plusieurs axes moteurs, indépendants les uns des autres et agissant, par l’intermédiaire de pignons, sur une même roue chargée de transmettre le mouvement. Chacun des axes portera plusieurs turbines; celles-ci recevront et verseront le fluide à une même distance de l’axe. Entre deux turbines sera placée une couronne fixe d’aubes directrices. Les directrices recevront le jet sortant d’une roue à réaction et lui imprimeront la direction et la vitesse le plus convenables pour que ce jet exerce son action sur la roue suivante. Chacun de ces systèmes d’organes mobiles et d'organes fixes sera renfermé dans une boite cylindrique. Les aubes directrices feront partie de bagues ou pièces annulaires qui se logeront dans le cylindre fixe et qui devront s’adapter exactement les unes au-dessus des autres. Les turbines auront aussi la forme de bagues et viendront s’enfiler sur un manchon dépendant de l’axe. Les directrices supérieures , qui feront simplement office de canaux injecteurs , pourront appartenir à une pièce pleine dans laquelle se logera la fusée ou le tourillon de l’axe, et qui servira à fixer celui-ci. Un appareil ainsi composé sera facile à monter et à démonter. Pour la transmission du mouvement, il faudra que l’axe traverse le fond de la boîte cylindrique dans une douille offrant une fermeture hermétique ; une seui<’. fermeture suffira pour chaque série de roues à réaction.
- p.236 - vue 251/836
-
-
-
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- 237
- Après avoir agi sur les turbines dépendant du premier axe et avoir ainsi perdu une pins ou moins grande partie de son ressort, le fluide exercera son action sur les turbines du second axe, et ainsi de suite. A cet effet, de larges canaux mettront en communication le fond de chaque boîte cylindrique avec la partie antérieure de celle qui la suit. L’ensemble des boîtes et de ces canaux pourra faire partie d’une même pièce en fonte. Comme la vapeur ou le gaz se détendra au fur et à mesure qu’il parcourra les aubes des roues et des directrices, il faudra que ces aubes offrent des passages de plus en plus larges, et les derniers appareils auront des dimensions plus grandes que les premiers.
- La dernière turbine placée sur chaque axe devra , comme les roues à réaction mues par les liquides, verser les fluides avec une très-faible vitesse. A la sortie des autres turbines, le fluide devra conserver la vitesse qui conviendra le mieux à son introduction dans les canaux directeurs. Le travail moteur exercé sur ces roues proviendra, en plus grande partie, non de l’extinction de la vitesse réelle du jet fluide, mais de la différence des pressions à l’entrée et à la sortie des aubes. Cette différence de pressions devra produire un grand excès de la vitesse relative de sortie sur la vitesse relative d’entrée; et, pour que cet effet soit obtenu, il suffira, en vertu de la continuité du mouvement , que les orifices de sortie des canaux présentent de moindres sections que les orifices d’entrée; c’est là , du reste , ce qui a lieu pour la plupart des turbines à eau. Relativement à leurs vitesses de rotation , les canaux de ces turbines seront parcourus avec des vitesses plus grandes que les canaux des roues à réaction ordinaires, et, par suite, elles seront susceptibles d’utiliser une plus grande quantité de travail moteur.
- Plusieurs causes tendront à diminuer l’effet utile de ces appareils et à le rendre inférieur à l’effet théorique.
- Une partie du fluide s’échappant par les intervalles de jeu qu’il est nécessaire de laisser entre les pièces mobiles et les pièces fixes n’aura point d’action sur les turbines et ne sera point guidée par les directrices ; il se produira des chocs et des tourbillonnements à l’entrée et à la sortie des aubes. Les frottements que l’exiguïté des canaux rendra considérables pourront absorber une assez notable partie du travail théorique.
- Tous ces effets nuisibles se produisent dans les turbines hydrauliques , les uns avec une intensité qui semble devoir être à peu près égale , les autres , tels que les frottements, à un degré moindre. Ces roues à réaction sont pourtant d’excellentes machines. Pour que les appareils à vapeur ou à air chaud de l’auteur pussent les égaler sous le-rapport de l’effet moteur utilisé, il faudrait une construction très-parfaite qu’il sera peut-être difficile d’atteindre complètement à cause de la petitesse des organes. Mais , en considérant les résultats obtenus avec les machines à pistons mues par la vapeur, on verra qu’on pourra faire une large part aux pertes de forces vives sans que les nouvelles turbines cessent de fonctionner dans des conditions relativement bonnes. Plusieurs causes de pertes inhérentes à l’emploi des cylindres et des pistons seront évitées. Ainsi le refroidissement provenant du rayonnement des parois extérieures et de leur contact avec le milieu ambiant sera négligeable, puisque les boîtes cylindriques
- p.237 - vue 252/836
-
-
-
- 238
- NOTICES INDUSTRIELLES.
- ne présenteront qu’une masse et un volume très-faibles parcourus par un très-grand flux de calorique.
- L’avantage principal des appareils moteurs proposés est la légèreté et le peu de volume qu’ils présentent. Appliqués aux machines à vapeur, l’auteur pense que ses turbines multiples permettraient de réduire les dimensions des réservoirs au magasin de fluide; car la consommation et la production de l’agent moteur se feraient très-régulièrement dans la chaudière , et l’on aurait moins à craindre l’entraînement d’une forte proportion d’eau.
- Si l’air chaud doit se substituer à la vapeur, comme peuvent le faire espérer les expériences d'Ericson, les turbines proposées remplaceront très-heureusement les énormes cylindres et pistons dont s’est servi l’ingénieur suédois pour recevoir l’action de l’air comprimé.
- M. Seguier a fait remarquer qu’un appareil qui paraît avoir beaucoup d’analogie avec celui proposé par M. Tournaire avait été, il y a déjà longtemps, apporté des Etats-Unis par'M. Réal, et que cet appareil, qui fonctionnait régulièrement, avait été trouvé peu avantageux au point de vue économique. (Acad, des sciences, 28 mars 1853.)
- Note sur les