Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
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- S. E. I» N.'
- Bibliothèque
- BULLETIN
- DE
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- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
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- POUR
- L’INDUSTRIE NATIONALE,
- REDIGE
- PAR LES SECRÉTAIRES DE LA SOCIÉTÉ ,|
- MM. COMBES ET PELIGOT ,
- MEMBRES DE ^ACADEMIE DES SCIENCES»
- SOIXANTIÈME ANNÉE.
- DEUXIÈME SÉRIE.—TOME VIII.
- La (Société a été reconnue comme établissement d’utilité publique par ordonnance royale
- du 3 R avril 3834.
- Parts,
- MADAME VEUVE BOUCHARD-HUZARD,
- IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ,
- RUE DE l’ÉPERON-SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS, 5.
- 1861
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- 60' ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME VIII. — JANVIER 1861.
- BULLETIN
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Compte rendu, par M. E. Peligot, d’une délibération d’une commission spéciale, sur l’envoi du Bulletin, à prix réduit, aux associations industrielles.
- Dans la séance du 5 de ce mois, M. le Président a donné communication d’une lettre de M. Henriet, Président de la Société amicale de secours mutuels de Metz.
- Dans le but de développer l’instruction de ses membres participants, cette Société a fondé une bibliothèque qu’elle cherche à enrichir de publications propres à propager les connaissances industrielles dont chaque ouvrier a besoin dans la pratique de son état. A ce titre, le Bulletin a spécialement appelé son attention.
- M. Henriet demande qu’on lui indique le moyen de procurer à l’association dont il est président le recueil des travaux de notre Société.
- La Société d’encouragement s’est toujours empressée d’échanger ses publications avec celles qui intéressent l’industrie et l’agriculture ; elle se félicite aussi de compter au nombre de ses souscripteurs plusieurs sociétés avec lesquelles elle a établi des relations de confraternité.
- Elle porte un intérêt tout spécial aux associations qui, comme la Société amicale de secours mutuels de Metz, créent des bibliothèques à l’usage de leurs membres, et qui concourent aussi à la propagation des meilleurs procédés employés dans l’industrie.
- Le Conseil, mû par ses sentiments, a pris en considération la proposition
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- 4 arts mécaniques.
- qui lui a été faite de rechercher les conditions d’envoi du Bulletin aux sociétés et associations industrielles.
- La Commission spéciale, après en avoir délibéré,
- Considérant que la Société d’encouragement a pour mission de provoquer les découvertes et de propager les connaissances industrielles, et qu’il est d’un haut intérêt que ses publications soient mises à la portée de ceux qui peuvent en faire d’utiles applications,
- Propose :
- 1° De réduire à vingt-cinq francs le prix de l’abonnement au Bulletin pour les sociétés et associations qui sont dans les circonstances précitées ;
- 2° De les faire jouir, relativement aux années antérieures, du prix réduit pour les sociétaires, en se conformant aux arrêtés du Conseil d’administration;
- 3° De décider que toute demande de cette nature sera soumise aux Commissions des fonds et du Bulletin, qui en apprécieront l’opportunité.
- Signé E. Peligot, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 19 décembre 1860.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M. Tresca, au nom du comité des arts mécaniques, sur le modérateur a bras croisés de MM. Farcot et fils, ingénieurs-mécaniciens, à Saint-Ouen.
- Pour qu’une machine à vapeur fonctionne avec une vitesse constante, il faut nécessairement que le travail résistant soit constamment égal au travail moteur, tout au moins lorsque l’on considère dans son ensemble une révolution entière de l’arbre principal. Si le travail résistant augmente ou diminue, la machine tendra à ralentir ou à accélérer sa marche, et dans un grand nombre d’industries il importe d’éviter ces variations.
- On sait que dans les machines à vapeur le modérateur de Watt a généralement pour objet de maintenir, entre des limites fixées à l’avance, la vitesse de l’arbre moteur. Si cette vitesse vient accidentellement à augmenter, les bras du modérateur, en s’ouvrant, font tourner un papillon qui diminue l’orifice par lequel la vapeur se rend dans la boîte à tiroir, ce qui diminue la pression dans l’intérieur du cylindre et, par suite, le travail moteur. L’effet contraire se produit lorsque la vitesse vient à se ralentir.
- Mais cette propriété du modérateur ordinaire n’est réellement efficace que pour des variations très-faibles dans le travail, et cet organe important n’est
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- ARTS MÉCANIQUES.
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- plus d’un emploi sûr lorsque les variations du travail résistant peuvent être considérables, comme, par exemple, lorsque la machine à vapeur fait fonctionner des laminoirs, dont la résistance est souvent décuplée au moment du laminage.
- MM. Farcot et fils se sont proposé de construire un modérateur à boules qui puisse cependant satisfaire aux exigences de ces grandes variations de travail, et nous nous proposons d’examiner les moyens par lesquels ils y sont parvenus.
- Le problème à résoudre, envisagé dans toute sa généralité, était celui-ci : maintenir la vitesse constante, quelles que soient les variations du travail dépensé.
- Supposons que cette vitesse de régime soit de 30 tours : si le travail dépensé vient à diminuer, la machine s’accélérera et le régulateur viendra fermer plus ou moins l’orifice d’admission, par cela seul que les boules se seront écartées au premier accroissement de vitesse. Mais, si cette fermeture de l’orifice est celle qui convient au nouveau régime de travail de la machine, il ne sera pas possible de maintenir à la fois l’ancienne vitesse et le nouveau travail, puisque ces deux éléments sont absolument liés entre eux, l’ouverture convenable de l’orifice ne correspondant qu’à une position déterminée des boules, et chacune des positions des boules correspondant à une vitesse différente. Pour que le nouveau régime de travail pût s’établir avec l’ancien régime de vitesse, il faudrait que les boules pussent indifféremment se maintenir à tous les degrés d’écartement possibles, tout en conservant leurs propriétés ordinaires au point de vue de l’ouverture et de la fermeture de l’orifice.
- Si un tel modérateur pouvait être construit, chaque augmentation de vitesse amènerait une fermeture de l’orifice, mais la vitesse convenable pourrait encore être maintenue avec cette fermeture.
- C’est ce but bien défini que l’on a déjà cherché à atteindre avec les modérateurs dits paraboliques, et que MM. Farcot ont vraiment atteint avec leur nouveau modérateur à bras et à bielles croisés, qu’ils ont soumis à la Société d’encouragement.
- Pour apprécier l’influence des différents éléments de la question, il nous faut nécessairement rappeler ( voir pl. 212, fig. 1 ) que si OC représente la tige du pendule, ou la distance entre le centre O de suspension et le centre C de la boule, si, de plus, on désigne la projection OA par H, la distance CA
- par L, et par Y la vitesse de la boule, on a V* = —.
- u
- Soit T le temps d’une révolution, c’est-à-dire d’un parcours de la boule
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- ARTS MÉCANIQUES.
- T 1"
- égal à ïttL, alors qu’en i" on sait que le parcours est V, on aura >
- d’où T = et en mettant pour V sa valeur, T= ]7 5..
- V 7f
- Cette formule suffit pour faire voir que la durée d’une révolution ne dépend, pour un lieu donné, que de la hauteur H ; et s’il était possible, par une disposition particulière, de rendre cette hauteur constante, le pendule réglerait, quelle que fût son ouverture.
- Or la courbe qui satisferait à cette condition est une parabole qu’il sera toujours facile de construire si l’on donne à priori la longueur OA = H.
- On sait, en effet, que, dans cette courbe, la sous-normale est égale au double du paramètre ou de la distance entre le sommet et le foyer de la courbe. Si,
- OA
- nous donnant le sommet S de la courbe ( fig. 2 ), nous prenons SF = ,
- nous aurons immédiatement en F le foyer, et la connaissance de ce point nous permettra de déterminer tous ceux de la courbe elle-même.
- Prenant ST = SF, nous mènerons la directrice DE; nous tracerons une ligne quelconque FP, du point F à la directrice ; par son milieu M nous élèverons la perpendiculaire MN, qui rencontrera en N la perpendiculaire élevée par le point P sur DE ; le point N sera un point de la parabole qui répond à la question, car il sera également distant du foyer F et de la directrice DE.
- On construirait de même autant de points que l’on voudrait de la courbe, et ils jouiraient tous de cette propriété que, si l’on trace une normale quelconque RV, et par le même point R la perpendiculaire RU à SF, on aura VU = 2FS = OA.
- C’est sur cette propriété qu’on a basé la construction des modérateurs paraboliques dans lesquels les boules, au moyen de galets convenablement placés, ne pouvaient jamais quitter la parabole NSR. Ces galets déterminaient des frottements inutiles qui ont fait abandonner ce système , et MM. Farcot réalisent aujourd’hui le même principe d’une manière approximative en remplaçant la parabole par un arc de cercle qui s’en rapproche, autant que possible, ce qui exige que le centre de ce cercle soit quelque part en X, au delà de l’axe de rotation. Ce centre de rotation de l’un des pendules étant ainsi déterminé, le centre de rotation de l’autre sera symétriquement placé en X', et les bras de ces deux pendules seront croisés, ainsi que l’indique la figure 4.
- MM. Farcot indiquent un autre tracé pour la courbe première ainsi qu’il suit : après avoir fixé la longueur SV = OA ( fig. 3 ), ils mènent les horizontales équidistantes 0,1, 2, 3, 4, etc., à partir du point S sommet de la courbe,
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- ARTS MÉCANIQUES.
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- et après avoir fixé les points équidistants 0', 1', 2', 3', 4', à partir du point Y, ils décrivent les arcs de cercle 0-1, 1-2, 2-3, 3-4, etc., en prenant pour centres successifs des points 0', a3 b3 c, d, tels que chacun d’eux, le point b par exemple, satisfasse à cette double condition que, décrivant de ce point l’arc de cercle 2-3 et limitant cet arc à l’horizontale 3, le rayon 3b passe par la division 3' de l’échelle supérieure. MM. Farcot désignent cette courbe sous le nom de développante, par rapport à la courbe enveloppée O'abcd formée par les rayons successifs considérés comme tangentes, mais elle n’est, en réalité, que la parabole dont nous venons d’indiquer le tracé, et c’est cette parabole qu’ils remplacent par un arc de cercle qui s’écarte d’elle aussi peu que possible, dans les limites des déplacements que les boules de leur modérateur peuvent effectuer.
- L’emploi d’une articulation autour d’un centre ne peut réaliser le problème qu'approximativement : sa circonférence, ayant nécessairement un rayon moindre que le rayon de courbure de la parabole qu’elle renferme, aura une courbure plus prononcée ; ils la disposent de telle façon quelle fasse saillie au dehors de la parabole vers le milieu de l’arc utile, et qu’elle pénètre, au contraire, dans la courbe vers les extrémités de cet arc. Il résulte de cette circonstance que, pour les positions extrêmes, la hauteur H est trop petite, et que, par conséquent, le mouvement de rotation normal du pendule tendrait à s’accélérer ; mais une disposition particulière est prise pour parer à cette légère cause de perturbation.
- Le manchon sur lequel doit agir le système est, à la manière ordinaire, embrassé par la fourchette d’un levier, à l’autre extrémité duquel se trouve la tige qui agit sur l’admission de la vapeur. Cette tige porte, à son extrémité inférieure, un galet qui repose sur une pièce mobile équilibrée par un contrepoids dont la fonction est de régulariser l’action de l’appareil, en même temps qu’il sert à équilibrer le poids de la tige elle-même. Si la portion de levier sur laquelle repose le galet a reçu une courbure convenable, on pourra facilement faire en sorte que l’action de ce contre-poids soit moins énergique pour les positions extrêmes, et qu’ainsi la résistance opposée au fonctionnement du régulateur, étant plus grande, s’oppose plus efficacement à l’accélération que l’on pourrait craindre, par suite de la diminution de la hauteur H.
- Le contre-poids est d’ailleurs mobile sur son levier et permet de régler l’appareil de telle façon que les boules puissent occuper toutes les positions de leur parcours pour les différentes vitesses de régime que l’on cherche à obtenir.
- L’action des boules se transmet toujours au manchon par l’intermédiaire de deux bielles qui sont respectivement articulées sur les bras des boules ;
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- en croisant ces bielles et en les faisant agir sur des points d’attache éloignés de l’axe de rotation, autant que le sont les points d’articulation des pendules, on arrive à ce résultat que les actions du contre-poids et celles des boules restent toujours proportionnelles.
- Nous n’avons pas parlé, jusqu’ici, de l’influence propre du poids des tiges des boules au point de vue de la force centrifuge. Il convient cependant de remarquer que telle portion de ces tiges qui se trouvait à droite de l’axe, pour les positions les plus basses des boules, passe nécessairement à gauche pour les positions les plus élevées, et qu’ainsi leur poids, qui agissait d’abord en sens contraire de celui des boules, vient concourir, dans cette dernière position, avec le leur ; l’action de la force centrifuge serait donc prépondérante pour les positions supérieures des boules, et MM. Farcot compensent cette influence perturbatrice au moyen d’un ressort qui agit sur le manchon, et qui est d’autant plus comprimé que ce manchon est plus relevé. On voit avec quel soin toutes les influences nuisibles sont écartées dans le régulateur de MM. Farcot ; aussi fonctionne-t-il avec une admirable précision.
- Dans tout ce qui précède, nous avons supposé que le modérateur agissait sur une valve d’introduction; mais il est évident qu’il y a tout avantage à le faire fonctionner sur les organes de distribution dans les machines à détente variable, puisque, par ce moyen, on réduit, autant que possible, la consommation de vapeur, eu égard aux dimensions de la machine.
- MM. Farcot nous ont remis la liste de vingt-cinq établissements dans lesquels leur régulateur est maintenant installé ; ces usines sont particulièrement sujettes à des variations considérables de travail dépensé, et c’est dans ces conditons que l’appareil devait être jugé.
- Aucune des forges qui y sont indiquées n’étant à proximité de Paris, nous n’avons pu voir ce modérateur en fonction que dans une scierie ; voici dans quelles circonstances nous avons expérimenté :
- L’atelier des scies, chez MmeÉrard, à la Villette, est assez voisin de la chambre de la machine pour que l’on puisse noter l’instant précis du débrayage de plusieurs des outils.
- Un compteur à pointage étant placé de manière que la bielle même fasse fonctionner l’aiguille de pointage, on pouvait obtenir sur le cadran une trace des différents coups de piston pendant une minute entière, et c’est au milieu de cette minute à peu près que l’on faisait débrayer trois ou quatre scies ; le pointage continuait assez longtemps pour qu’on pût reconnaître si la vitesse s’était accélérée pendant quelques tours.
- Nous n’avons pu reconnaître, à plusieurs reprises, aucune différence dans
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- l’intervalle des points, marqués ainsi d’une manière automatique, alors cependant que l’aiguille indicatrice de la détente variait du cran 2.5 au cran 4 d’admission. La première indication correspondait à une introduction de 4 millimètres ou de y2oo seulement du volume du cylindre ; la deuxième à une admission de 40 millimètres.
- Dans ces conditions, la puissance de la machine a varié brusquement de 3 à 20 chevaux sans aucune variation de vitesse ; le problème est donc résolu de la manière la plus satisfaisante (1).
- Le régulateur de MM. Farcot est donc un appareil d’un emploi sûr, nous dirions presque indispensable, dans tous les cas où les variations de travail sont grandes. La Société rendra un véritable service en appelant sur cet appareil l’attention des chefs d’usine, auxquels elle croit pouvoir le recommander tout spécialement.
- Votre comité vous propose, Messieurs, de remercier ces habiles constructeurs de leur communication, en réservant vos éloges les plus mérités à M. Joseph Farcot fils, qui nous a été plus spécialement désigné comme ayant poursuivi tous les calculs et tous les essais nécessaires pour atteindre le but qu’il s’était proposé.
- L’insertion, au Bulletin, du présent rapport, avec une description et une figure, sera la conséquence obligée de cette première proposition.
- Signé Tresca, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 1er août 1860.
- Depuis la séance dans laquelle ce rapport a été approuvé, le rapporteur a eu occasion de voir, à Saint-Dizier, deux régulateurs du nouveau système, établis dans cette ville, l’un chez MM. Adam Drouot et comp., sur une machine de 80 chevaux, l’autre chez MM. Bonnor Malgras et comp., sur un appareil de 160, et dans ces deux forges on lui a formellement assuré qu’il n’y avait plus à s’occuper de la vitesse des machines depuis l’établissement du régulateur, dont les fonctions s’exécutent avec une précision telle qu'aucun accident ne s’est produit depuis lors. T.
- LÉGENDE DE LA PLANCHE 212 REPRÉSENTANT LE MODÉRATEUR A BRAS CROISÉS
- DE MM. FARCOT ET FILS.
- Fig. 1, 2, 3. Épures relatives au rapport précédent.
- Fig. 4. Vue du modérateur dans un plan perpendiculaire à l’axe du cylindre à vapeur.
- Fig. 5. Autre vue dans un plan vertical parallèle à ce même axe.
- (1) Les membres du comité des arts mécaniques ont été assez heureux pour visiter, à l’occasion de ces expériences, les ateliers de Mme Ërard dans tous leurs détails. Aucune visite ne saurait être plus instructive, soit au point de vue de l’organisation et de l’importance exceptionnelle des ateliers, soit au point de vue des moyens employés pour produire, avec précision et rapidité, les mille organes qui entrent dans la construction d’un piano ou d’une harpe.
- Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Janvier 1861.
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- Les lettres des figures 4 et 5 n’ont aucun rapport de désignation avec celles des figures 1,2 et 3.
- A, A', boules du modérateur.
- B, B', bras croisés du modérateur.
- C, G', centres de rotation des boules.
- D, D', bielles croisées articulées à leur partie supérieure sur les bras B, B', et à leur partie inférieure sur le manchon mobile I; les choses sont disposées de telle sorte que les longueurs BC, B'C' soient respectivement égales à celles des bielles, et que, dans toutes les positions de l’appareil à force centrifuge, les verticales menées des centres C et C' passent constamment par les articulations inférieures des bielles correspondantes.
- E, F, G, H, engrenages d’angle transmettant le mouvement de la machine à l’axe autour duquel tournent les boules et, par conséquent, à l’appareil à boules lui-même.
- I', second manchon mobile, relié au manchon I par une communication établie à l’intérieur de l’axe vertical qui les traverse ; sa position règle l’admission de la vapeur.
- J, levier à bras inégaux, mobile en un point K et articulé d’une part à l’aide d’une fourchette sur le manchon F, et d’autre part sur l’extrémité supérieure de la tige L ; le petit bras est composé de deux parties pouvant rentrer l’une dans l’autre, de manière à permettre un allongement suffisant dans les cas d’inclinaison extrême du levier.
- M, bras fixé à l’une des colonnes de l’arcade en fonte qui surmonte le cylindre à vapeur et servant de support à l’axe de rotation du levier J.
- L, tige verticale agissant sur la distribution de la vapeur au moyen d’une vis sans fin engrenant avec une roue dentée N ; cette tige n’ayant qu’un mouvement oscillatoire vertical, la vis sans fin n’agit sur la roue que comme une crémaillère.
- N, roue dentée sur sa demi-circonférence et calée sur un axe mobile qui commande directement la distribution de la vapeur; un demi-cadran divisé, adapté sur le plat de cette roue, indique, au moyen d’une aiguille fixe placée au centre, l’amplitude des oscillations qui se produisent. Quand le machiniste met en marche, ii agit directement sur la vis sans fin en tournant avec la main le disque O, et partage à peu près l’oscillation en raison du travail.
- P, douille attachée par un bras à la boîte à vapeur et donnant passage à la vis sans fin de la tige L, qui rencontre la denture du disque N par une fenêtre convenablement ménagée; cette douille porte l’aiguille indicatrice du cadran.
- Q, contre-poids destiné à régulariser l’action de l’appareil et à équilibrer le poids de la tige L.
- R, levier mobile au point d’intersection de ses deux bras, dont l’un est rectiligne et l’autre courbé suivant une développante de cercle; le premier porte le contre-poids Q qu’on peut fixer en un point quelconque à l’aide d’une vis de pression, et le second réagit sur la tige L munie, à cet effet, d’un galet qui roule sur la courbe. Le bas de la tige ainsi que le levier R sont placés dans une cage ménagée sous le plancher de la chambre de la machine.
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- S ( fig. 1 ), ressort entourant l’axe de rotation du modérateur et dont l’extrémité supérieure est fixe, tandis que l’extrémité inférieure réagit sur le manchon I' pour compenser l’influence perturbatrice que pourrait produire l’accroissement de la force centrifuge dans les positions élevées des boules ; la tension de ce ressort croît donc à mesure que les boules s’élèvent.
- (M.)
- Rapport fait par M. Amédée-Durand , au nom du comité des arts mécaniques, sur une machine destinée aux opérations préparatoires de la photographie et nommée polisseur mécanique par son auteur, M. Richardin, rue Louis-le-Grand, 37.
- En construisant la petite machine qu’il a présentée à la Société, M. Richardin a eu en vue deux applications; l’une est le polissage des plaques daguer-riennes, et l’autre, devenue bien plus importante aujourd’hui, est le polissage des glaces servant à constituer les clichés négatifs auxquels on doit cette merveilleuse multiplicité d’épreuves sur papier, si justement en possession de l’admiration universelle.
- L’un et l’autre des buts que s’est proposés l’auteur, et surtout le second, a une importance capitale. En effet, dans le premier cas, la perfection de l’image daguerrienne dépend, pour toutes ses conditions de vigueur et de transparence d’ombres, ainsi que de netteté de contours, du poli qu’a reçu la plaque métallique. Dans le second cas, la glace qui sert de support à la substance impressionnée qui constitue l’épreuve négative remplira d’autant mieux le rôle neutre qui lui est dévolu , qu’un poli plus parfait l’aura douée d’une translucidité plus complète.
- Cette opération du polissage des plaques s’est faite primitivement, et se fait encore, en partie, à la main. Si de grands établissements ont appliqué à ce travail la force de la vapeur, il n’en est pas moins resté dans les ateliers privés une quantité assez importante d’opérations de polissage ayant pour objet d’effacer les épreuves non réussies, ou de raviver le poli des plaques restées trop longtemps sans emploi. C’est là qu’intervient très-convenablement l’appareil de M. Richardin pour remplacer le travail manuel, travail considérablement réduit, il est vrai, quant aux plaques daguerriennes, par la prépondérance décisive que les épreuves sur papier ont conquise sur les planches métalliques.
- Si une partie du but que s’était proposé M. Richardin lui échappe, il lui reste incontestablement l’avantage de mettre chaque artiste à même de faire
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- opérer sous ses yeux et économiquement ce dernier degré de poli qui permet à toutes les qualités d’une épreuve de se manifester sans aucune altération.
- Pour faire comprendre, par une simple description, le dispositif adopté par M. Richardin, il est utile de rappeler la manière dont s’effectue le travail à la main qu’il est destiné à remplacer, et qui est des plus simples.
- Une ou plusieurs plaques étant fixées sur un établi reçoivent l’action d’un frottoir dit rabot, assez semblable, pour l’organisation, à ceux employés dans les machines électriques. La plaque de cet outil, en contact avec la plaque de métal ou de verre, est le plus ordinairement en peau garnie d’une poudre dure amenée à son état de plus grande ténuité. Ce rabot, frotté à la main sur les plaques et dans des directions variées, produit le poli désiré.
- Dans le dispositif de M. Richardin, les plaques à polir sont placées verticalement et fixées comme sur des arbres de tour en l’air, qui leur permettent de recevoir successivement des positions angulaires variées à l’infini, reproduisant ainsi les changements de direction que la main imprimait au rabot.
- Si on se représente ces arbres de tour montés sur une plate-forme horizontale animée d’un mouvement rectiligne alternatif assez lent, et passant ainsi devant un ou plusieurs rabots animés d’un mouvement vertical alternatif très-précipité, on aura l’idée du fonctionnement de l’appareil.
- Quant aux éléments qui le composent, on aperçoit qu’ils peuvent être d’une grande simplicité ; aussi se réduisent-ils à une pédale que fait mouvoir l’ouvrier, et qui est le point de départ d’une transmission composée de deux poulies et de deux roues d’angle qui, suivant la vitesse dont ils sont animés, produisent, au moyen de deux bielles, les mouvements accélérés ou lents qui s’appliquent soit à l’action très-vive des frottoirs, soit à la translation lente des plaques.
- Relativement à cette translation des plaques qui, théoriquement, devrait avoir une vitesse uniforme, on peut remarquer que l’auteur, rassuré, sans doute, par les bons résultats obtenus de son appareil, s’est contenté de les demander à un mouvement de manivelle, constituant ainsi un agencement beaucoup plus simple qu’aucun de ceux connus, possédant la propriété d’une translation rectiligne avec uniformité de vitesse.
- Une circonstance, heureusement fort rare, attache un intérêt particulier à la présentation qu’a faite M. Richardin. Privé de l’ouïe et de la parole, cet inventeur a dû joindre à une volonté plus qu’ordinaire, pour mener son œuvre à bonne fin, la perspicacité qui devait le mettre en possession de principes mécaniques dont l’intelligence n’est pas sans difficulté pour ceux même qui ont reçu de la nature l’entière disposition de tous leurs sens.
- L’examen auquel s’est livré le comité des arts mécaniques de l’appareil
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- de M. Richardin l’a conduit à charger son rapporteur d’avoir l’honneur de soumettre au Conseil les propositions suivantes :
- 1° Remercier l’auteur de son intéressante communication;
- 2° Insérer le présent rapport au Bulletin, avec figure et description de l’appareil ;
- 3° Délivrer à l’auteur 200 exemplaires du présent rapport.
- Signé àmédée-Durand , rapporteur. Approuvé en séance, le 29 février 1860.
- DESCRIPTION DU POLISSEUR MÉCANIQUE DE M. RICHARDIN REPRÉSENTÉ PLANCHE 213.
- Fig. 1. Vue de profil de la machine.
- Fig. 2. Vue de face.
- Fig. 3. Vue en dessus.
- Fig. 4. Vue du porte-plaques.
- Fig. 5. Support du porte-plaques vu en bout.
- Fig. 6. Le même en section longitudinale.
- A, bâti en bois portant les différents organes de la machine.
- B, frottoir dit rabot contre lequel sont appliquées les plaques à polir ; il se compose d’une table rectangulaire en bois garnie, sur ses deux faces, d’étoupes recouvertes d’une peau solidement tendue et enduite de la poudre à polir.
- C, châssis portant le frottoir et maintenu verticalement entre les deux montants d’arrière du bâti au moyen de deux coulisses intérieures dans lesquelles il glisse suivant un mouvement rapide de va-et-vient.
- D, axe vertical tenant au châssis et sur lequel est monté le frottoir; il est rendu mobile de manière à permettre le retournement de ce frottoir et à faire servir à volonté l’une ou l’autre des deux surfaces garnies de peau.
- E, petit levier placé à l’extrémité supérieure de l’axe D et servant à opérer le retournement du frottoir; il se fixe à droite ou à gauche dans des crochets à ressort F attachés de chaque côté du châssis.
- G, lame de ressort curviligne fixée au châssis derrière l’axe D et destinée, par la pression qu’elle exerce sur. le petit levier E, à assurer l’immobilité du frottoir, quel que soit le sens dans lequel on le place.
- H, table ou plate-forme sur laquelle est adaptée une espèce de manche en bois I qui porte les plaques à polir; rendue mobile au moyen de deux lames fixées sur ses longs côtés et engagées dans des rainures correspondantes du bâti, elle accomplit un mouvement de va-et-vient horizontal suivant une ligne parallèle au plan du frottoir. Une ouverture rectangulaire J, ménagée suivant le grand axe de cette plate-forme, reçoit, au moyen d’une double patte, la pièce qui supporte le manche I et qu’on peut faire glisser en un point quelconque en desserrant l’écrou à oreilles qui sert à la maintenir en place.
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- I, manche en bois (fig. 4) terminé à l’une de ses extrémités par une tablette également en bois K, sur laquelle on dispose les plaques et les fixe au moyen de six doigts mobiles, munis de vis de pression et placés aux quatre angles et au milieu de cette tablette.
- L’appareil du porte-plaques se compose de trois parties ( fig. 5 et 6 ) :
- 1° D’un support L occupant toute la largeur de la plate-forme H, dans l’ouverture J de laquelle il peut glisser ;
- 2° D’une boîte cylindrique M pouvant glisser sur le support L et s’ouvrant à volonté pour recevoir le manche I garni de ses plaques; deux vis N, N pressant sur des lames de ressort intérieures au couvercle de cette boîte permettent de serrer à volonté le manche l, qui est en outre maintenu en place à l’aide d’un petit levier 0 ( fig. 4 ) qu’on renverse dans une quelconque des encoches du couvercle de la boîte ;
- 3° D’un cylindre P pouvant également glisser sur le support L et contenant un petit piston en bois Q ( fig. 5 ) continuellement chassé contre la boîte M par un ressort à boudin qui a pour but de presser contre le frottoir le manche I des plaques à polir ; la tension de ce ressort se règle au moyen d’une vis placée à l’extrémité du cylindre P.
- Lorsque la machine doit fonctionner, la boîte M et le cylindre P sont maintenus en place sur leur support L au moyen d’une lame élastique R fixée à ce support et munie d’un doigt d’arrêt qui butte contre le cylindre P; au contraire,si on arrête le polissage et qu’on veuille sortir les plaques, on appuie sur la lame R et le ressort à boudin se détendant, le cylindre P recule, et la boîte M n’étant plus dès lors en pression contre le frottoir, on peut l’ouvrir et sortir le manche I.
- Cela posé, voici quels sont les organes à l’aide desquels on parvient en même temps à communiquer un mouvement vertical alternatif au frottoir et un mouvement horizontal alternatif à la plate-forme.
- S, pédale motrice (fig. 1, 2 et 3).
- T, arbre moteur horizontal portant le volant principal et mis en mouvement par la pédale au moyen d’une manivelle et d’une tige à crochet faisant fonction de bielle.
- U, arbre vertical commandant le mouvement de la table H par une manivelle attachée à une tige en fer fixée sous cette table.
- U', petit arbre horizontal recevant le mouvement de l’arbre T par les roues d’angle 1 et 2 et le communiquant à l’arbre U au moyen des pignons et roues 3, 4, 5 et 6.
- Y, arbre moteur du frottoir muni d’un volant et d’une bielle W attachée derrière le bâti au châssis du frottoir.
- X, Y, poulies reliées par une courroie et transmettant le mouvement de l’arbre T à l’arbre Y et par conséquent au frottoir. ( M. )
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- Rapport fait par M. le vicomte Th. du Moncel, au nom du comité des arts économiques, sur le système de sonnerie télégraphique de M. Aubine, construit par M. Mouilleron, place Dauphine, à Paris.
- Messieurs, les sonneries électriques peuvent être construites de deux manières différentes, soit en employant un mécanisme d’horlogerie pour faire tous les frais du mouvement et alors l’électricité n’intervient que comme organe directeur du déclanchement de ce mécanisme, soit en faisant réagir le courant électrique lui-même pour produire un mouvement vibratoire par l’intermédiaire d’un rhéotôme à la fois disjoncteur ét conjoncteur, tel que celui vulgairement connu sous le nom de trembleur. Dans le premier cas, la force électrique nécessaire pour mettre l’appareil en mouvement peut être très-faible; dans le second, elle doit être nécessairement assez forte.
- Sur les lignes télégraphiques, la force dont on dispose étant toujours relativement très-faible, on s’est trouvé dans la nécessité d’employer les sonneries à mouvement d’horlogerie. Pourtant la simplicité des autres sonneries, leur bon marché et l’avantage qu’elles présentent de n’avoir jamais besoin de remontage devaient nécessairement faire rechercher les moyens de les substituer aux premières, et plusieurs inventeurs y sont parvenus, les uns, comme MM. Digney, en donnant aux appareils une très-grande sensibilité, les autres en ayant recours à un relais muni d’un rhéotôme conjoncteur ; enfin d’autres, comme M. Aubine, en prenant ce dernier moyen, mais en faisant en sorte que la sonnerie elle-même pût constituer son relais.
- Ce dernier système, qui a été soumis au jugement de votre comité des arts économiques, est excessivement simple ; il se compose d’une sonnerie trembleuse ordinaire, dont l’armature articulée porte une dent sur laquelle vient appuyer un levier articulé, sans cesse sollicité à s’abaisser par l’action d’un ressort. Ce levier articulé est placé entre deux ressorts dont l’un est en communication avec le fil de ligne, l’autre avec la pile locale de la station où se trouve la sonnerie. Enfin le levier lui-même communique avec celui des ressorts du trembleur qui appuie contre l’armature de l’électro-aimant dont le fil est d’ailleurs en rapport avec la terre.
- Quand le levier articulé est soutenu par la dent de l’armature de l’électro-aimant de la sonnerie, il touche le ressort supérieur, et par cela même la sonnerie est introduite dans la ligne. Sous l’influence du courant envoyé de
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- la station correspondante, l’armature se trouve attirée, et le levier articulé, en se dégageant de la dent qui le retenait, tombe sur le ressort inférieur. La sonnerie change alors de circuit, et, au lieu de rester interposée dans le circuit de ligne, elle se trouve introduite dans le circuit fermé de la pile locale dont le courant a, cette fois, l’énergie nécessaire pour la faire vibrer avec force.
- L’innovation dans cet appareil n’est donc simplement que l’addition d’un rhéotôme disjoncteur et conjoncteur, ou plutôt d’un rhéotôme permutateur à la sonnerie ordinaire. Pour mettre cet appareil en état de fonctionner, il suffit, après chaque appel, d’armer le levier articulé du rhéotôme, ce qui est facile à l’aide d’une pédale placée extérieurement sur la boîte renfermant l’appareil.
- Ce nouveau système de sonnerie a été habilement disposé par MM. Mouil-leron et Gaussin.
- Le comité des arts économiques vous propose, Messieurs, de vouloir bien décider,
- . 1° Que des remercîments seront adressés à M. Aubine pour son intéressante communication ;
- 2° Que le présent rapport soit inséré au Bulletin avec le dessin de l’appareil;
- 3° Que ^00 exemplaires du présent rapport soient adressés à M. Aubine.
- Signé Th. du Moncel, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 février 1860.
- DESCRIPTION DE LA SONNERIE DE M. AUBINE REPRÉSENTÉE PLANCHE 214.
- Fig. 1. Vue de l’appareil avec section verticale de la boîte qui le recouvre.
- A, timbre fixé sur la boîte.
- B, marteau dont le manche flexible traverse la boîte par une ouverture dont la forme oblongue est nécessaire aux oscillations.
- C, armature portant le manche du marteau et munie, à son extrémité inférieure, d’une lame élastique destinée à butter alternativement contre deux vis de contact entre lesquelles elle est placée.
- D, console supportant l’axe d’oscillation de l’armature.
- E, bobines de l’électro-aimant constituant le relais.
- F, petite came ou dent disposée en haut de l’armature C avec laquelle elle fait corps, et supportant le levier mobile G lorsque la sonnerie est au repos, ainsi que l’indique la figure.
- G, levier à deux bras, mobile autour de son point d’attache H et communiquant avec la lame de ressort I.
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- I, ressort appuyant constamment contre l’armature C.
- J, autre ressort appuyant sur le petit bras du levier G et tendant ainsi à faire'échapper la came ï1 qui supporte le grand bras.
- K, ressort supérieur communiquant au fil de ligne et avec lequel le levier est en contact lorsqu’il est en prise sur la came.
- K', ressort inférieur communiquant avec la pile locale de la station où se trouve la sonnerie.
- L, bouton où vient s’attacher le fil de ligne.
- M, autre bouton établissant la communication entre l’électro-aimant E et la terre. Le bouton où s’attache le fil de la pile locale en communication avec le ressort K' est placé derrière le bouton L, à l’autre angle du support de l’appareil.
- Les communications que nous avons indiquées sont représentées sur la figure par des lignes ponctuées.
- Les choses étant placées selon la figure, c’est-à-dire le levier étant en prise sur la came, position qui est celle du repos, si le courant vient de la ligne, l’armature C se trouvera attirée, et aussitôt le levier, abandonné par la came F, tombera en venant reposer sur le ressort inférieur K'; à ce moment on voit que la sonnerie se trouvera introduite dans le circuit de la pile locale, et dès lors l'armature C, attirée avec énergie, fera sonner le timbre jusqu’au moment où on relèvera le levier pour le remettre en prise sur la came.
- N, bouton à ressort placé extérieurement contre une des parois de la boîte et tou-
- chant une lame de ressort O fixée verticalement contre la paroi interne correspondante et en face de la queue du petit bras du levier G ; en pressant une seule fois sur ce bouton, on chasse la lame O contre la queue du levier, et celui-ci venant ressaisir la came, la sonnerie cesse aussitôt. ( M. )
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- Rapport fait par M. Gaultier de Claubry, au nom du comité des arts chimiques, sur LES PROCÉDÉS EMPLOYÉS PAR M. DE MlLLY POUR LA FABRICATION
- des acides gras employés à réclairage.
- La découverte des acides gras était venue ouvrir à la science une voie nouvelle ; mais, malgré leurs propriétés combustibles, ce n’est que nombre d’années après que Gay-Lussac et M. Chevreul prirent, pour cette application, un. brevet qui, malheureusement, entre leurs mains, ne produisit pas les résultats qu’ils étaient en droit d’en attendre. La science éclaire l’indus-Tome VIII. — 60e année. 2* série. — Janvier 1861. 3
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- trie, elle ne suffit pas seule pour la pratiquer : aussi ce n’est qu’après que Cambacérès eut inventé les mèches tressées, et MM. Motard et de Millg; substitué aux alcalis solubles la chaux dans la saponification et appliqué l'agitation des acides gras fondus jusqu’à leur prise en masse molle pour empêcher la cristallisation dans les moules, que l’industrie des bougies d’acides gras fut réellement fondée.
- La saponification par la chaux fournissait des produits supérieurs en qualité à ceux qu’on obtenait par le moyen de la potasse et de la soude, et les mèches pouvaient brûler sans pétillement ; elle procurait une grande économie, mais le sulfate de chaux provenant de la décomposition du savon retenait de fortes proportions des acides gras, et comme la quantité de chaux nécessaire pour l’opération, IL pour 100 environ, surpassait énormément celle que ces acides exigeraient pour former des savons neutres, 5,4 pour 100, la perte s’accroissait dans cette proportion, en même temps que celle d’acide destinée à saturer la base.
- Il restait donc beaucoup à faire pour perfectionner cette industrie.
- A l’époque où la France, en guerre avec l’Europe, manquait de presque toutes les matières premières dont elle se pourvoyait jusque-là au dehors, le manque absolu de soude avait fait rechercher tous les moyens de suppléer à son défaut. Les huiles traitées par l’acide sulfurique avaient fourni un produit qui, pour certains usages, avait pu remplacer le savon. Mais on était loin de pouvoir alors penser que cette action donnait précisément naissance aux acides gras qui, avec les bases, constituent les. savons.
- L’action de l’acide sulfurique bien dirigée devint plus tard un moyen de fabriquer les acides gras propres à l’éclairage.
- Gay-Lussac avait démontré qu’un courant de vapeur d’eau ou de gaz déterminait la vaporisation des corps gras amenés à l’état de fusion ; mais ce fait, curieux en lui-même, ne pouvait, en cet état, servir de base à un nouveau procédé de fabrication de ces corps.
- M. Dubrunfaut, en faisant traverser à la température de 200° le produit de l’action de l’acide sulfurique sur les graisses à celle de 100° par un courant très-considérable de vapeur, créa un nouveau mode d’obtention qui, entre les mains de MM. Masse et Tribouillet, fournit de si beaux résultats industriels.
- Ce procédé offre l’avantage important de donner naissance à des produits d’une qualité supérieure, même en opérant sur des matières premières si impures, que par la saponification alcaline il serait impossible d’.en tirer aucun parti utile.
- MM. de Milly et Motard avaient, dès l’époque de leur première fabrica-
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- tion, employé des vases clos pour la saponification par la chaux ; mais les conditions dans lesquelles ils s’étaient placés rendaient ce mode d’opérer sans importance et presque inapplicable : en le modifiant d’après des données nouvelles, M. de Milly l’a amené à l’état pratique le plus remarquable et le plus avantageux ; les détails dans lesquels nous allons entrer en feront comprendre toute la portée.
- James Hall nous paraît être le premier qui s’occupa de vérifier l’action d’une haute température exercée concurremment avec une haute pression sur des composés dont quelques-uns sont volatils.
- Cagniard-Latour, Faraday et postérieurement M. Berthelot, ont obtenu, par l’application de ce moyen, des résultats du plus haut intérêt que nous devons signaler.
- C’est dans ces conditions qu’il a été démontré que Veau seule, à une pression de \ ‘ atmosphères, peut transformer les corps gras en acides gras et en gly -cérine, comme le font la potasse et la soude, même à la température ordinaire, la chaux à celle de Vébullition.
- Ces deux faits expliquent le mode d’action sur lequel est fondé l’important procédé que M. de Milly a soumis à l’examen de la Société, et dont les recherches de M. Pelouse sur l’action exercée par l’eau de savon sur les matières grasses pour les convertir en acides gras et en glycérine rendent parfaitement compte.
- Dans une chaudière, où ils sont soumis à une pression de 8 atmosphères, on introduit de l’eau, les matières grasses et une proportion de chaux qui ne s’élève qu’à % pour 100 du poids de celle-ci, c’est-à-dire beaucoup moindre que celle qu’exige la saturation des acides gras ; la saponification est complète et s’opère chaque jour sur 6,900 kilogrammes de suif, en fournissant les résultats suivants :
- Économie de temps, de main-d’œuvre, de corps gras, de combustible, de chaux, d’acide sulfurique, et production facile et économique de glycérine dont les usages se multiplient continuellement.
- On comprend facilement que, par leur action simultanée, une pression moindre, une moindre proportion de base et la présence d’un savon déterminent les mêmes effets que des actions plus puissantes détermineraient séparément.
- M. de Milly n’est pas parvenu, d’un seul coup et sans avoir à surmonter de nombreuses difficultés, aux résultats que nous venons d’indiquer. Ce n’est, en effet, qu’à cette condition que l’on parvient à doter l’industrie de moyens nouveaux, alors même qu’il ne s’agit que d’appliquer les données
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- de la science ; par sa persévérance et son habileté, il a apporté à la remarquable fabrication des acides gras des perfectionnements qui semblent laisser aujourd’hui peu à désirer.
- C’est dans l’usine qu’il a établi sur la commune de la Chapelle-Saint-Denis qu’il exploite ce procédé, ainsi que celui de la distillation; les produits qu’il livre au commerce sont de nature à démontrer qu’ils n’ont pas à craindre de se trouver en concurrence.
- Les résultats importants dont nous venons d’entretenir le Conseil justifient suffisamment les propositions du comité qui consistent,
- 1° A remercier M. de Milly de sa communication ;
- A insérer le présent rapport au Bulletin avec figure de l’appareil.
- Signé Gaultier de Claubry, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 23 novembre 4859.
- LÉGENDE DE L’APPAREIL EMPLOYÉ PAR M. DE MILLY POUR LA FABRICATION DES ACIDES GRAS EMPLOYÉS A L’ÉCLAIRAGE. ( PLANCHE 214. )
- Fig. 2. Vue de l’appareil.
- A, chaudière en cuivre rouge.
- B, générateur de vapeur.
- C, soupape de sûreté de la chaudière A.
- D, robinet de manomètre.
- E, gaine fermée pour thermomètre.
- F, robinet à trois eaux, auquel aboutit un tuyau pour la vidange descendant jusqu’au bas de la chaudière A.
- G, tuyau d’amenée de la vapeur.
- H, robinet d’introduction de la vapeur auquel aboutit un tube descendant jusqu’au fond de la chaudière A.
- I, trou d’homme.
- J, cuve à suif.
- K, robinet de chargement.
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- RAPPORT DE LA SOUS-COMMISSION DES PROCÉDÉS DE PANIFICATION (1) A S. EXC. LE MINISTRE DE L’AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS,
- SUR LES PROCÉDÉS MÈGE-MOURIÈS.
- Les procédés spéciaux de mouture et de panification dont M. Mège-Mouriès est l’auteur ont leur point de départ dans des recherches théoriques, dont voici le résumé :
- Le grain de blé se compose de couches farineuses concentriques, dont la dureté va en croissant à mesure qu’elles s’éloignent du centre ; autour de ces couches farineuses s’étend la membrane embryonnaire qui contient une substance spéciale désignée par M. Mège-Mouriès sous le nom de céréaline; enfin le grain est recouvert par les enveloppes corticales qui constituent le son. Après les opérations de la mouture ordinaire, on obtient différents produits, dans lesquels se retrouvent ces diverses parties du grain, savoir :
- 1° La farine de blé, ou fleur de farine, qui contient à peu près exclusivement la partie centrale des couches farineuses ;
- 2° Les gruaux blancs, composés des couches farineuses supérieures, d’une légère portion des enveloppes corticales et de la membrane embryonnaire;
- 3° Les farines bises, dans lesquelles ces dernières matières sont mélangées à la farine en proportion beaucoup plus considérable;
- 4° Les remoulages, dans lesquels elles entrent en quantités prédominantes;
- 5° Enfin les sons.
- La farine servant à la fabrication du pain blanc vendu à Paris est formée de la réunion de la farine de blé et des gruaux blancs; elle est à peu près complètement exempte de son et de parcelles de la membrane embryonnaire.
- Cette membrane et la céréaline qu’elle contient ont fait l’objet des études spéciales de M. Mège-Mouriès, et les propriétés qu’il a découvertes dans ces substances constituent le point capital de ses recherches théoriques et pratiques. Sans entrer dans le détail des résultats scientifiques auxquels l’auteur est arrivé à la suite d’analyses contrôlées par l’Académie des sciences, il suffit de rappeler que M. Mège-Mouriès a observé que la membrane embryonnaire et la céréaline sont douées de propriétés Chi-
- li) Cette sous-commission était composée de,
- MM. Payen, membre de l’Institut;
- Colonel Favé, aide de camp de l’Empereur;
- L. Foubert, chef du bureau des subsistances au ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics;
- Salone, directeur de la boulangerie centrale de l’assistance publique ;
- Doisneau, ancien syndic de la boulangerie de Paris;
- J. Robert de Massy, rédacteur au ministère de l’agriculture et du commerce, secrétaire.
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- miques telles que, sous l’influence de la fermentation qui se produit dans le travail de la panification, elles décomposent les farines auxquelles elles se trouvent mélangées.
- Ces observations amenèrent M. Mège-Mouriès à donner une nouvelle explication de la différence que présente le pain bis, sous le rapport de la nuance et de la qualité, comparativement au pain blanc.
- On avait attribué, jusque-là, l’infériorité du pain bis à la présence du son dans les farines qui servent à le fabriquer.
- Suivant l’auteur, ces défectuosités sont dues uniquement à l’influence de la céréa-line et de la membrane embryonnaire, qui sont de véritables agents de décomposition. tandis que les parcelles de son contenues dans la farine conservent isolément la couleur qui leur est propre, mais n’altèrent pas l’ensemble des farines.
- D’un autre côté, M. Mège-Mouriès conclut de ses analyses que les farines inférieures contiennent des éléments précieux pour l’alimentation que ne renferment pas les farines blanches ; que, conséquemment, un pain fait avec ces farines devait posséder des qualités intrinsèques supérieures à celles du pain blanc ordinaire. Il s’est appliqué, dès lors, à trouver un procédé pratique qui permît d’obtenir avec ces farines un pain réunissant ces avantages, sans présenter la coloration et l’altération du pain bis. A la suite d’essais poursuivis dans ce but pendant plusieurs années, M. Mège-Mouriès soumit, en 1856, à l’Académie des sciences un mémoire ayant pour titre : Recherches chimiques sur le froment, sa farine et sa panification.
- Sur les conclusions qui lui furent adressées par une Commission spéciale composée de chimistes éminents (1), l’Académie des sciences donna une entière approbation aux travaux scientifiques de M. Mège-Mouriès, et témoigna, en outre, de l’intérêt et de la confiance que lui inspiraient les moyens d’application présentés par l’auteur, en ordonnant l’envoi du rapport de la Commission aux divers départements ministériels que la question intéressait ( séances des 12 janvier et 2 mars 1857 ).
- Dès le mois de février 1857, avant même de recevoir la communication officielle de l’Académie des sciences, M. le ministre de l’agriculture et du commerce prenait l’initiative de soumettre à l’appréciation de la Commission des procédés de panification, instituée près de son département, le nouveau système de M. Mège-Mouriès, et la chargeait d’étudier ses procédés sous le rapport de leur application à la boulangerie et de leur portée économique.
- Au moment où la Commission recevait cette communication et où elle instituait, pour faire cette étude, la sous-commission dont nous avons l’honneur de vous adresser le rapport, M. Mège-Mouriès annonçait qu’il avait acheté un établissement de boulangerie ( rue Descartes, 8 ) dans lequel il se proposait d’appliquer industriellement les procédés de panification qu’il avait jusque-là expérimentés sur une échelle assez restreinte, dans un four de son laboratoire.
- (1) Cette Commission était composée de MM. Chevreul, Dumas, Pelouse, Payen et Peligot.
- M. Chevreul en était rapporteur. (Voir, pour le rapport de cette Commission ainsi que pour les travaux de M. Mège-Mouriès, la 2e série du Bulletin, t. Y, p. 789, t. VI, p. 580, et t. Vil, p. 152.)
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- Au commencement de juin 1857, M. Mège-Mouriès obtint l’autorisation officielle d’exploiter dans cet établissement son nouveau mode de fabrication. Pendant les premiers mois de cette exploitation. M. Mège-Mouriès s’attacha à consulter le goût du consommateur et à recueillir les observations auxquelles le nouveau produit pouvait donner lieu. Le pain fabriqué dans la boulangerie de la rue Descartes comprenait, à cette époque, outre le pain rond, du pain fendu et des petits pains; c’était déjà un résultat important, car l’impossibilité d’obtenir du pain fendu avait été l’écueil devant lequel avaient échoué toutes les tentatives faites jusque-là dans le but d’introduire des farines basses dans la fabrication du pain de Paris. Tant que le pain livré par M. Mège-Mouriès fut vendu au prix de la taxe et sans désignation spéciale, il paraît qu’aucune réclamation ne se produisit; mais l’inventeur ayant abaissé le prix de 3 centimes par kilogramme, en annonçant qu’il vendait un produit fabriqué d’une manière particulière, des critiques s’élevèrent. On reprocha surtout au nouveau pain de présenter une saveur particulière différente de celle du pain ordinaire, de tremper imparfaitement et d’avoir une mie moins ouverte, plus compacte et plus friable que celle du pain de Paris.
- M. Mège-Mouriès s’appliqua à corriger les imperfections signalées et réclama quelque délai pour apporter à ses procédés les modifications jugées nécessaires pour se conformer au goût du public parisien, avant de soumettre sa fabrication au contrôle de la Commission.
- L’expérimentation officielle commença au mois d’août 1857; 30 quintaux de blé, de qualité moyenne, furent moulus à la boulangerie centrale de l’Assistance publique, dans les conditions indiquées par l’inventeur : tous les produits de la mouture furent obtenus d’un seul jet, et on ne soumit pas les gruaux aux remoutures usitées dans le travail ordinaire.
- La transformation en pain des farines provenant de l’essai de mouture eut lieu à la boulangerie de la rue Descartes vers le milieu du mois de septembre 1857, un délai de six semaines environ ayant été jugé nécessaire pour laisser reposer les farines, afin de les employer dans les conditions habituelles de la boulangerie.
- Dans l’intervalle, la Commission fit examiner par plusieurs de ses membres du pain de la fabrication courante de M. Mège-Mouriès. On trouva que ce pain était plat, peu développé, que la présence des farines bises s’y révélait, soit par une nuance grisâtre, soit par une odeur et une saveur particulières; enfin l’un des membres chargés de l’examen des produits déclara que le pain trempait mal; fait qui avait de la gravité, en raison de l’importance qu’attache au trempage la population de Paris, qui consomme une notable proportion de son pain sous forme de soupe.
- Les expériences directes de panification furent faites sous la surveillance des délégués de la Commission, les 24 et 25 septembre 1857, à la boulangerie de la rue Descartes. Le pain fut fabriqué avec les farines provenant de l’essai de mouture et représentant dans leur ensemble 84 pour 100 environ du poids du blé.
- La Commission compara les produits de cet essai avec le pain de la boulangerie de Paris. A cet effet, des pains furent pris au hasard dans les boulangeries ordinaires,
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- par les soins d’agents du ministère de l’agriculture et du commerce. Ces pains et des échantillons des pains Mège, marqués de numéros destinés à en dissimuler l’origine, furent soumis aux membres de la Commission. Quatre classements furent opérés au double point de vue de l’aspect extérieur et de la nuance intérieure. Dans les deux premiers, le pain Mège fut placé au dernier rang ; dans les deux autres, il soutint mieux la comparaison avec le pain de Paris : sur 11 pains comparés, 8 de la boulangerie ordinaire et 3 pains Mège, ces derniers obtinrent dans l’un des classements les n01 2, 3, 4; dans l’autre, les nos 2, 10 et 11.
- Dans toutes ces expertises, le pain Mège fut reconnu supérieur au pain de munition fabriqué avec de la farine dont le taux du blutage est le même, à peu de chose près.
- La Commission avait l’intention de donner plus d’extension aux essais de panification; mais, après les deux épreuves du 24 et du 25 septembre 1857, elle interrompit ses opérations, sur la demande de l’inventeur, qui réclama un nouveau délai pour améliorer et simplifier sa fabrication (1).
- Au commencement de décembre 1857, M. Mège annonça qu’il avait réalisé des perfectionnements consistant surtout à substituer le sel marin à la levûre pour le traitement des farines inférieures. Il croyait avoir remarqué que la levûre employée en quantités importantes, comme elle l’était précédemment dans son travail, donnait au pain la saveur dont on s’était plaint, et contribuait à rendre la fabrication moins régulière et plus difficile à diriger. L’emploi du sel permettait, en outre, de réunir chaque jour, en une seule opération, la préparation des gruaux bis qui, précédemment, donnaient lieu à des manipulations répétées autant de fois qu’il y avait de fournées à faire.
- Avant de renouveler les expériences rigoureuses de mouture et de panification ana-
- (1) Voici en quoi consistait, à cette époque, le procédé de M. Mège-Mouriès, dont la description ainsi que celle des méthodes adoptées ultérieurement se trouvent détaillées dans les procès-verbaux de la sous-commission, déposés au ministère de l’agriculture et du commerce.
- On employait à la panification la farine commerciale ordinaire, blutée à 70 pour 100 environ, et la proportion de gruaux bis nécessaire pour former, avec la farine à 70 pour 100, un ensemble de produits représentant 84 pour 100 du poids du blé. Les levains étaient faits séparément avec la farine ordinaire du commerce, d’après la méthode ordinaire. Les gruaux étaient soumis à un premier tamisage à sec, qui séparait la partie la plus blanche ; l’autre, plus grise et plus chargée de son, était soumise à un second tamisage par la voie humide. Les résidus de son provenant de ce tamisage étaient recueillis à part ; le liquide farineux était versé dans un vase où l’on introduisait une levûre spéciale, dite levûre Ladwig, adoptée alors par plusieurs boulangers. On ajoutait au mélange les gruaux provenant du tamisage à sec, et on laissait le tout fermenter pendant plusieurs heures ; le liquide ainsi préparé était employé à la place d’eau ordinaire pour le pétrissage des fournées ; la levûre avait pour effet d’empêcher l’action de la céréaline. La préparation qui vient d’être décrite exigeait beaucoup de soins, parce que la fermentation devait être maintenue dans des conditions de durée assez rigoureuses et qui variaient avec la saison et l’état atmosphérique. Le travail était, en outre, assez compliqué, et il le fallait renouveler pour chaque fournée ; enfin l'addition de la levûre avait l’inconvénient de donner au pain une saveur à laquelle le public de Paris n’est pas accoutumé.
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- logues à celles qu’elle avait déjà faites, la sous-commission suivit le travail de la boulangerie Descartes pendant plusieurs jours (du 8 au 12 décembre 1857 ); elle procéda, en outre, à de nouvelles comparaisons entre le pain de cette fabrication et le pain de la boulangerie ordinaire, en prenant toutes les précautions d’impartialité indiquées plus haut. Chaque comparaison porta sur 10 pains : 2 pains Mège, 2 pains de la boulangerie des hospices vendus sur les marchés, 6 de la boulangerie ordinaire.
- La moyenne des 6 classements opérés attribua au pain Mège le 5e rang pour l’aspect extérieur et le 6e rang pour la nuance intérieure. Le pain de la boulangerie des hospices se classa au-dessous du pain Mège, et n’obtint que le 8e rang pour l’apparence extérieure, de même que pour la nuance intérieure.
- Après ces constatations, la Commission reprit ses expériences de mouture et de panification ; des nécessités de service de la boulangerie centrale de l’Assistance publique n’ayant pas permis de recourir, comme précédemment, à cet établissement, les essais de mouture eurent lieu dans un moulin particulier appartenant au sieur Brichard et situé à Ivry, rue Nationale, 38; les opérations furent faites comparativement d’après le système ordinaire et d’après la méthode de M. Mège-Mouriès. Dans ce dernier travail, tous les produits furent obtenus d’un seul jet; dans l’autre, on fit la remouture des gruaux, conformément aux habitudes du commerce. Voici les résultats auxquels on arriva, de part et d’autre, pour 100 parties de blé :
- MOUTURE MÈGE. MOUTURE ORDINAIRE.
- Farines panifiables. Farines panifiables.
- Farine de blé. . . 52 ] Farine de blé . . 51 | 74
- Gruaux blancs... 25,5 } 83,5 Gruaux remoulus. . . . . 23 f
- Gruaux bis. . . . 6 1 Issues 24
- Issues Déchet 16 0,5 100,00 Déchet 2 100,00
- Les farines provenant de ces deux moutures furent employées, dans les proportions respectivement indiquées ci-dessus, à fabriquer des pains d’après le système ordinaire et d’après les procédés de M. Mège-Mouriès.
- Les opérations de panification faites sous la surveillance de la Commission eurent lieu à la Boulangerie commune du syndicat de Paris, du 21 février au 8 mars 1858.
- Le rendement de la farine en pain fut, dans le travail ordinaire, de 132,5 de pain pour 100 de farine, et dans le travail Mège de 131,5. La différence entre les deux systèmes, sous ce premier rapport, parut trop faible pour qu’il y eût lieu d’en tenir compte.
- Pour apprécier la qualité des produits, la Commission compara les pains des expériences entre eux et avec le pain de la boulangerie ordinaire. Les comparaisons portèrent chaque fois sur 10 pains :
- 2 du procédé Mège-Mouriès;
- Tome VIII. — 60e année. 2* série. — Janvier 1861. 4
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- m
- 2 des expériences comparatives de panification faites d’après la méthode ordinaire;
- 6 de la boulangerie ordinaire.
- La moyenne générale des classements attribua le 8e rang au pain Mège-Mouriès, au point de vue de l’aspect extérieur et de la nuance. Le pain fait au syndicat, d’après la méthode ordinaire, se classa, en moyenne, au 7e rang pour l’apparence, et au 6e pour la nuance. La Commission constata que, bien que ces classements ne fussent pas très-favorables au pain Mège, ce pain se rappMèhait beaucoup plus, sous le rapport de la blancheur et de la qualité, du pain ordinaire que lors des comparaisons faites en 1857 ; elle reconnut que le pain ne présentait plus aucune infériorité sous le rapport du trempage, mais elle fut d’avis que, malgré ces incontestables progrès, la fabrication Mège-Mouriès comportait encore certains inconvénients; il lui semblait, d’une part, que les opérations spéciales relatives au tamisage humide et à l’emploi des gruaux bis étaient trop compliquées pour être facilement pratiquées dans la boulangerie de Paris. D’un autre côté, M. Mège-Mouriès faisait usage, pour la préparation des levains, de farines de blé blutées à 50 pour 100, et qui ne sont pas habituellement vendues sous cette forme par le commerce. Il parut que la difficulté de se procurer des farines dans ces conditions pouvait encore être un obstacle à l’application industrielle de ce nouveau système (1).
- M. Mège tint compte de ces observations et annonça qu’il allait faire de nouveaux efforts pour lever les difficultés pratiques qui lui étaient signalées.
- Les laborieuses et persévérantes recherches poursuivies par M. Mège-Mouriès, dans le but d’atteindre ce résultat, motivèrent une interruption de deux années dans les travaux de la Commission, qui, sur la demande de l’inventeur, furent repris au mois de mai 1860.
- Pendant cet intervalle, il s’était produit, dans l’exploitation de la boulangerie de la rue Descartes, des faits sur lesquels l’attention de la Commission fut tout de suite appelée.
- D’abord la fabrication de cet établissement, qui ne comportait en 1858 que 5 sacs de farine par jour en moyenne, s’était élevée à 10 sacs. D’un autre côté, le pain livré
- (1) A cette époque, M. Mège-Mouriès avait déjà apporté à son procédé les modifications suivantes :
- Les levains étaient faits séparément avec de la farine blutée à 50 pour 100; les gruaux blancs représentaient 27 pour 100 environ du poids du blé; ils étaient introduits directement dans la pâte au moment du pétrissage des fournées ; les gruaux bis (6 pour 100 environ du poids du blé) étaient seuls soumis à un tamisage humide, destiné à séparer les sons de la farine ; l’effet de la cé-réaline était ensuite neutralisé par le sel marin que l’on introduisait dans l’eau farineuse provenant du tamisage; le sel marin n’avait plus, comme la levûre, l'inconvénient de produire une fermentation difficile à diriger; le travail était, en-outre, simplifié, car le tamisage, au lieu d’être répété pour chaque fournée, était fait en une seule fois pour toutes les opérations de la journée. On remplaçait d’ailleurs l’eau ordinaire par le liquide farineux chargé de sel pour le pétrissage des fournées.
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- à la consommation était vendu au prix de taxe du pain de première qualité, et la réduction de 3 centimes consentie précédemment avait été supprimée. M. Mège-Mouriès déclara que cette assimilation de son pain au pain de Paris, sous le rapport du prix de vente, au lieu d’être une cause de défaveur, avait eu pour effet, au contraire, de détruire les préventions dont le pain avait été l’objet de la part d’une certaine partie de la population.
- Enfin M. Mège-Mouriès, désirant s’assurer que le pain fabriqué par ses procédés était de nature à satisfaire certaines classes de consommateurs réputées plus difficiles que le public ordinaire, avait soumissionné la fourniture d’établissements publics, tels que l’École1 polytechnique, l’École normale, l’Institution des sourds-muets, les lycées Louis-le-Grand, Napoléon, Saint-Louis, etc. (1).
- Des certificats présentés par M. Mège-Mouriès constatent que ces établissements sont satisfaits de la fourniture du nouveau pain.
- Ainsi, au moment où la Commission a repris ses études, il était démontré, par l’expérimentation industrielle pratiquée dans la boulangerie de la rue Descartes, que les procédés de M. Mège-Mouriès comportaient une fabrication régulière et suivie analogue au travail de la boulangerie ordinaire, et que ses produits étaient facilement acceptés au prix de la taxe par la masse de la population, aussi bien que par certains consommateurs d’une nature spéciale. Ces résultats importants une fois acquis, il ne restait plus à la Commission qu’à apprécier, par des constatations directes, les conditions dans lesquelles la fabrication de M. Mège-Mouriès se maintenait, et à examiner si les farines inférieures y étaient employées dans les proportions indiquées par l’auteur.
- La Commission se transporta d’abord au moulin situé à Ivry, dans lequel les essais de 1858 avaient été faits, et dont M. Mège-Mouriès a pris l’exploitation depuis la fin de l’année 1859.
- C’est dans cet établissement qu’il fabrique, depuis cette époque, les farines nécessaires à la confection de son pain.
- La Commission reconnut que le travail accompli dans ce moulin était plus simple que celui de la meunerie ordinaire, en ce qu’au lieu de soumettre une notable portion des produits à une série de remoutures successives on ne repassait qu’ une seule fois sous la meule une faible portion des gruaux. La moyenne générale des produits de la mouture s’établit ainsi d’après les livres de commerce tenus dans cet établissement :
- (1) Les pains livrés à ces établissements se composent exclusivement de pains fendus de 750 grammes, vendus au poids et au cours de la taxe dans toutes les institutions, sauf à l’Ecole polytechnique, où M. Mège-Mouriès reçoit une plus-value de 1 pour 100 sur le prix de la taxe.
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- Farines panifiables.
- Farines analogues à la farine du commerce. 69,83 1
- Gruaux blancs............................ 7,82 J 82,05
- Gruaux bis............................... 4,40 )
- Sons divers........................................ 15,97
- Petit blé............................................... 67
- Perte et évaporation.................................. 1,41
- Total égal au poids du blé mis en mouture. . . 100,00
- Ces résultats ont été contrôlés indirectement par des appréciations commerciales, faites par des facteurs aux farines de la halle de Paris.
- Ces experts, auxquels des échantillons des produits de la mouture Mège-Mouriès ont été soumis sans qu’ils en connussent l’origine, ont trouvé que la farine blutée à 70 pour 100 était assimilable à la moyenne des farines premières employées dans la boulangerie de Paris. Le prix de ces farines étant alors de 43 fr. 63 c. le quintal, ils ont établi une différence de 13 fr. environ par quintal métrique entre ces farines et les gruaux blancs, et un écart de 12 fr. entre ces mêmes gruaux et les gruaux bis.
- La Commission, après avoir examiné les produits de la mouture, s’est rendu compte du travail de la panification dans la boulangerie de la rue Descartes. Pendant plusieurs jours, deux de ses membres ont suivi dans tous leurs détails les opérations de l’établissement.
- Il est résulté des constatations faites par ces membres que la méthode actuelle de M. Mège-Mouriès ne présente plus, avec le travail ordinaire, que deux différences consistant dans une modification du pétrissage des fournées et dans un tamisage par la voie humide des gruaux bis introduits dans la panification. Ce tamisage a, du reste, été simplifié par suite de modifications que l’on a fait subir à l’appareil dans lequel il est effectué, et l’opération est terminée plus rapidement que précédemment. L’un des inconvénients signalés en 1858 se trouve ainsi notablement diminué. Le sel ajouté précédemment dans l’eau du tamisage ayant été supprimé,! le liquide, une fois recueilli, ne reçoit plus aucune préparation. Enfin, les levains, au lieu d’être faits comme précédemment avec la farine de fleur ( à 50 pour 100 de blutage ), sont préparés avec de la farine ordinaire du commerce, et la seconde^des principales objections faites précédemment contre l’application du procédé se trouve aujourd’hui complètement détruite (1).
- (1) Il paraît inutile d’insister ici sur les détails du procédé actuelfde M. Mège-Mouriès, qui sont indiqués avec beaucoup de développement dans l’instruction pratique annexée au présent rapport. Il importe seulement de faire remarquer que cette nouvelle méthode repose sur un principe différent de celui qui servait de base aux premiers procédés de l’auteur. Au lieu de combattre l’effet de la céréaline à l’aide de substances étrangères, telles que l’acide tartrique, le glucose, la levûre ou le sel marin, qu’il a successivement employés dans ce but, M. jMège-Mouriès empêche maintenant la céréaline d’altérer la farine en arrêtant son action avant qu’elle ait eu le temps de se produire.
- Pour obtenir ce résultat, il n’introduit les farines basses (gruaux blancs et gruaux bis tamisés) qu’au moment du pétrissage des fournées. Ces matières ne restent pas plus d’une heure au contact de la farine avant le moment de la cuisson, et cet intervalle est trop court pour que la décomposi-ion de la farine puisse avoir lieu.
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- Pour ce qui concerne la proportion des farines employées à la panification, il a été reconnu qu elles se composaient moyennement ainsi :
- Farine blanche ordinaire blutée à.......... 70 p. 100.
- Gruaux blancs................................... 7
- Gruaux bis..................................... 5
- Total pour 100 de blé.................. 82
- Ces trois produits représentent 82 pour 100 du poids du blé; le tamisage humide sépare environ 20 pour 100 du poids des gruaux soumis à l’opération; cette dernière proportion, indiquée par M. Mège-Mouriès, a été vérifiée par des expériences directes faites par la Commission. Les 5 parties de gruaux bis se réduisent donc à 4, et l’ensemble des matières qui concourent réellement à la fabrication du pain, dans le système Mège-Mouriès, représente environ 81 pour 100 du poids du blé. Les résidus du tamisage rejetés de la panification peuvent d’ailleurs être utilisés pour la nourriture des animaux.
- Après avoir contrôlé l’ensemble delà fabrication de M. Mège-Mouriès, la Commission a dû se rendre compte de nouveau de la qualité relative des produits au moyen de comparaisons directes, faites avec le pain ordinaire et avec le pain vendu sur les marchés par l’administration municipale.
- Ces comparaisons ont été faites par la Commission elle-même et par des experts pris parmi d’anciens syndics de la boulangerie de Paris retirés des affaires.
- Elles ont porté sur les pains de la fabrication courante de la rue Descartes, achetés dans cet établissement, et sur des pains achetés chez des boulangers de Paris, ainsi que sur des pains fabriqués à la boulangerie Mège, pendant les jours où ses opérations ont été soumises au contrôle de la Commission. Dans toutes ces comparaisons, les pains étaient marqués de numéros qui en dissimulaient l’origine aux personnes chargées du classement.
- Yoici le résultat de ces diverses comparaisons :
- 1° Comparaisons faites par la Commission : sur 14 pains comparés chaque fois, (3 pains Mège, 2 de la boulangerie des hospices, 9 de la boulangerie ordinaire), le pain Mège a obtenu les nos 2, 4, 6 pour l’aspect extérieur, les nos 8, 10, 12, et 11, 12, 13 sous le rapport de la nuance intérieure. Le pain de la boulangerie des hospices a été classé pour l’aspect extérieur 13 et 14, et pour la nuance 7, 14, 8 et 14.
- 2° Comparaisons faites par les experts entre le pain de la fabrication courante de la boulangerie Mège, le pain de la boulangerie ordinaire et le pain des hospices vendu sur les marchés :
- Sur 6 pains comparés chaque fois ( 1 Mège-Mouriès, 1 des hospices, 4 de la boulangerie ordinaire), le pain Mège a obtenu en moyenne, dans 20 classements opérés par les experts, le n° 3 sous le rapport de l’aspect extérieur, et le n° 4 sous le rapport de la nuance.
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- Dans toutes ces comparaisons, le pain des hospices a été constamment classé après le pain Mège.
- Les experts ont constaté en outre que le pain Mège trempait aussi bien que le pain ordinaire, et cette expérience paraît être la plus concluante.
- Il faut ajouter qu’il n’y a été trouvé aucune infériorité sous le rapport du goût.
- 3° Comparaisons faites par les experts entre le pain Mège fabriqué sous la surveillance de la Commission et le pain ordinaire :
- 7 pains comparés chaque fois : 1 pain Mège, 1 pain de la boulangerie des hospices et 5 pains de la boulangerie ordinaire ;
- 4 classements ont été faits d’après l’aspect extérieur et autant d’après la nuance ; le pain Mège a obtenu, pour l’aspect extérieur, les nos 6,2 et 6,5, moyenne 4 1/2 ; pour la nuance, les nos 5,5 et 4,4, moyenne 4 1/2.
- De l’ensemble de toutes ces comparaisons il résulte que le pain Mège peut être considéré comme égal, sous le rapport de la fabrication, à la moyenne du pain de lre qualité, et qu’il s’est classé, sous le rapport de la nuance, un peu au-dessous seulement de cette moyenne ; mais il a été constamment supérieur au pain de la boulangerie des hospices, fabriqué avec de la farine dont le taux de blutage est moins élevé que le sien.
- Ces appréciations ont démontré qu’aux yeux même des praticiens les plus exercés le pain de la fabrication Mège-Mouriès ne présente qu’une très-faible différence avec le pain de Paris sous le rapport de la nuance, et qu’il trempe aussi bien que celui-ci. La Commission, considérant, d’un autre côté, que ce pain se vend journellement au prix de la taxe, en quantité importante, aux consommateurs parisiens, a été conduite à penser que ce pain pouvait être regardé comme commercialement égal au pain de lre qualité de Paris.
- Elle ne doute pas, d’ailleurs, que les perfectionnements que l’on doit attendre encore d’une application plus étendue du procédé aient pour résultat d’améliorer encore la qualité des produits fabriqués avec les mêmes farines.
- La Commission s’est préoccupée, en outre, de déterminer l’économie que l’application des procédés Mège-Mouriès permet de réaliser.
- Cette économie résulte principalement de la substitution, dans la confection du pain, d’une certaine portion de farines inférieures à des farines de prix supérieur. Ainsi, pour obtenir une même quantité de pain, M. Mège-Mouriès, au lieu de 100 kilogrammes de farine ordinaire à 70 pour 100 de blutage, emploie 85 de farine à 70 pour 100, 9 de gruaux blancs et 6 de gruaux bis. L’économie due à l’emploi des 15 parties de gruaux blancs et bis dépend nécessairement de l’écart entre la valeur commerciale des farines et celle des gruaux ; cet écart n’est pas constant ; il s’accroît généralement dans le temps de cherté et diminue aux époques de bas prix 5 de telle sorte que les avantages économiques du procédé devront être d’autant plus importants que la cherté se fera plus vivement sentir.
- Les estimations des produits de la mouture Mège-Mouriès faites, comme il a été dit
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- plus haut, par des facteurs aux farines de la halle de Paris, avaient attribué un prix de 43 fr. 63 c. par quintal à la farine à 70 pour 100, de 30 fr. aux gruaux blancs et de 18 fr. aux gruaux bis. L’économie résultant de l’emploi des procédés Mège-Mouriès se déduit de la comparaison ci-après, d’après ces bases de calcul.
- Système Mège-Mouriès. Système ordinaire.
- Farines à 70 p. 100. 85 k. 37 fr. 08 Farines ordinaires à 70 p. 100 100 k. 43 fr. 63
- Gruaux blancs. ... 9 2 70
- Gruaux bis........ 6 1 08
- 100 40 86 ci........................ 40 86
- Différence par 100 kilogrammes de farine employés.......... 2 77
- Pour un prix de farine ordinaire de 43 fr. 63 c. le quintal, ou de 68 fr. 50 c. le sac, l’économie ressort donc à 2 fr. 77 c. par 100 kil. de farine employés (4 fr. 35 c. par sac ), ou 2 centimes par kilog. de pain. D’après les calculs faits par M. Mège-Mouriès et contrôlés par la Commission, l’économie ressort à 3 fr. seulement par sac de farine, ou à 1 centime et demi par kilog. de pain, lorsque le cours de la farine ordinaire s’abaisse à 50 fr. le sac. L’économie dépasse 7 fr. par sac, ou 3 centimes et demi par kilog. de pain, quand le prix de la farine s’élève à 110 fr. le sac.
- Les chiffres de 50 fr. et 110 fr. indiqués dans ces diverses hypothèses comme prix du sac de farine, représentant les termes extrêmes des variations que subissent les cours des temps d’abondance aux époques de cherté, on peut dire que l’économie résultant de l’application des procédés Mège-Mouriès est comprise entre un minimum de 1 centime et demi et un maximum de 3 centimes et demi par kilog. de pain ; elle s’accroît en outre d’une manière constante des bénéfices réalisés par la simplification du travail de la mouture, et des produits de la vente des résidus du tamisage des gruaux. Ces deux derniers éléments d’économie sont évalués, en moyenne, par M. Mège-Mouriès, à 95 centimes par sac de farine élaborée ( 0 fr. 75 c. pour l’économie de mouture, et 0 fr. 20 c. pour les produits du son humide).
- Ces diverses économies dans le prix de revient du pain, qui, du reste, se trouvent atténuées dans une certaine mesure par un léger accroissement des frais de main-d’œuvre, ne sont pas, dans la pensée de la Commission, le principal avantage que présente le système Mège-Mouriès.
- Le résultat le plus important du procédé consiste à appliquer à la fabrication du pain des farines inférieures, aujourd’hui réservées, dans le plus grand nombre des localités. à la nourriture des animaux. Ainsi, actuellement, les boulangers de Paris n’emploient guère que des farines représentant 70 pour 100 du poids du blé, et dans les villes il paraît y avoir tendance à augmenter également la blancheur du pain, en diminuant le taux du blutage de la farine. Grâce à l’application des procédés de M. Mège-Mouriès, le goût des consommateurs pour le pain blanc serait satisfait avec
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- une extraction d’issues beaucoup moindre, car 100 parties de blé donneraient 80 parties au moins de farines panifiables au lieu de 70; ce qui revient à dire que, pour fournir une même quantité d’un pain d’une nuance et d’une quantité égales, à une population déterminée, il faudrait, avec le système Mège-Mouriès, 100 kilog. de blé au lieu de 114, ou 87 au lieu de 100.
- La mise en pratique du procédé, si elle se généralisait, aurait donc pour effet d’apporter une économie d’un huitième dans la quantité totale du blé employé pendant une année à la fabrication du pain blanc, économie qui correspond à une consommation de quarante-cinq jours; il est facile d’apercevoir les conséquences que produirait un fait semblable sur la richesse alimentaire du pays.
- D’après ces considérations, la Commission pense qu’il est à désirer, dans un intérêt public, que les procédés de M. Mège-Mouriès puissent se propager à Paris et dans le reste de la France ; mais elle ne se dissimule pas que cette propagation devra rencontrer des difficultés et des obstacles très-sérieux.
- Le système Mège-Mouriès, s’appliquant à la mouture des grains et à la fabrication du pain, ne pourra entrer dans la pratique industrielle qu’à la condition que les deux industries y prêteront leur concours.
- Or la Commission considère que, en dehors de tout esprit de parti et de tout sentiment d’opposition systématique, des motifs très-légitimes d’intérêt personnel peuvent éloigner la meunerie et la boulangerie de l’adoption des nouveaux procédés.
- Depuis vingt-cinq ou trente ans, l’industrie meunière a fait de grands efforts pour obtenir du blé la plus grande proportion de farine blanche.
- Le système Mège-Mouriès, en donnant les moyens d’employer les farines inférieures à la confection du pain blanc, enlève aux procédés perfectionnés de la meunerie une partie de leur intérêt, et fait perdre à ces industriels le fruit des sacrifices qu’ils ont faits pour réaliser ces progrès.
- Une industrie ne saurait renoncer ainsi volontairement aux bénéfices d’une situation chèrement acquise, sans y être excitée par la perspective d’une large compensation, et les procédés Mège-Mouriès n’offrent pour avantage, au point de vue de la meunerie, qu’une assez faible économie résultant des simplifications apportées dans le travail.
- D’un autre côté, l’organisation actuelle de la boulangerie rend les industriels qui exercent cette profession très-peu intéressés et souvent contraires à un changement quelconque dans leur fabrication ;car, s’ils parvenaient, à l’aide de nouveaux procédés, à diminuer leurs dépenses, ils seraient exposés à voir réduire d’autant l’allocation réglementaire qui leur est attribuée par la taxe. Ils n'ont donc aucun profit à espérer de perfectionnements qui ont toujours l’inconvénient pour eux de leur faire perdre en partie les avantages de l’expérience que leur a donnée la pratique de leur profession difficile.
- En dehors de ces obstacles généraux qui s’opposent à l’adoption de toute nouvelle méthode dans la boulangerie, il existe certains inconvénients inhérents au procédé
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- Mège-Mouriès, et qui résultent de l’achat de trois farines au lieu d’une, et d’une certaine complication introduite dans le travail de la panification (1).
- D’après les considérations qui précèdent, la Commission n’hésite pas à penser que l'on ne saurait compter sur l’initiative du commerce de la meunerie et de la boulangerie pour l’application industrielle des procédés Mège-Mouriès.
- D’un autre côté, contraindre les boulangers à pratiquer le nouveau système n’a pas paru un seul instant admissible.
- Dans cette situation, voici à quoi la Commission s’est arrêtée :
- L’inventeur a déclaré qu’il consentait à abandonner complètement au Gouvernement sa découverte, dans la confiance que, si les résultats répondaient aux espérances qu’il est en droit de concevoir, l’administration le dédommagerait des déboursés que l’élaboration de ses procédés a nécessités.
- Il appartient donc au Gouvernement de seconder et d’encourager, par tous les moyens en son pouvoir, la propagation des nouveaux procédés.
- (1) Un des membres de la Commission, qu'une longue pratique de la boulangerie a rendu très-compétent pour toutes les questions techniques qui se rattachent à cette profession, a présenté les observations suivantes sur la complication introduite par la méthode Mège Mouriès dans les opérations de la panification, et sur les frais supplémentaires qui peuvent en résulter.
- Il lui semble difficile que les diverses opérations relatives au tamisage des gruaux bis puissent être accomplies sans augmentation de nombre par les ouvriers qui composent les brigades de la boulangerie. Il fait remarquer, en outre, que, dans la fabrication Mège-Mouriès, les opérations relatives au pétrissage des fournées sont doublées, et, bien que les quantités à pétrir soient diminuées de moitié chaque fois, il n’en est pas moins nécessaire d’employer deux hommes pour exécuter le travail qui se fait aujourd'hui par un seul ouvrier.
- De ces diverses considérations il conclut que l’application du système Mège-Mouriès nécessitera l’emploi d’un ouvrier supplémentaire, chargé tout à la fois de tamiser les gruaux et de pétrir une partie de la pâte des fournées.
- Dans la pensée du même membre, un des hommes employés à la confection du pain, d’après la méthode Mège-Mouriès, devrait être investi d'une certaine autorité sur les autres ouvriers, afin d'assurer aux opérations la régularité nécessaire et de prévenir les défectuosités que le travail pourrait présenter, si les détails de la fabrication, et notamment la préparation et l’emploi des gruaux, n’étaient pas rigoureusement surveillés.
- Cette opinion est fondée sur des observations directement faites sur le travail de la boulangerie de la rue Deseartes, et qui ont permis de constater des inégalités assez frappantes dans les produits de cet établissement, inconvénient qu’une meilleure marche ferait disparaître.
- Sous la réserve des observations qui précèdent, la Commission pense avec M. Mège-Mouriès que, dans les villes où le goût public est moins délicat qu’à Paris, où la population ne s’attache pas autant à la finesse et à la blancheur des produits, on pourrait s’affranchir d’une partie des difficultés qui viennent d’être signalées, en supprimant toutes les opérations du tamisage et en introduisant directement les gruaux bis dans la pâte au moment du pétrissage des fournées, comme cela a déjà lieu pour les gruaux blancs. Dans les villes dont il s'agit, l’inventeur affirme qu’il ne serait pas nécessaire de diminuer sensiblement la proportion des gruaux bis. A Paris, au contraire, si l’on voulait supprimer le tamisage, on devrait retrancher à peu près complètement les gruaux bis, et n’introduire que les gruaux blancs. On arriverait encore à un emploi de farines pa-nifiables d’environ 77 à 78 pour 100 de blutage, parce qu'on pourrait augmenter un peu l’extraction des gruaux blancs.
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- Parmi ces moyens, la Commission croit devoir signaler les suivants :
- En premier lieu, la ville de Paris semble la mieux placée pour prendre l’initiative de l’application des nouveaux procédés ; c’est à Paris que le procédé a été expérimenté, et tous les efforts de l’inventeur ont eu pour but de satisfaire au goût des consommateurs de cette ville. De plus, la réunion de la meunerie à la boulangerie, dans un établissement appartenant à l’administration des hospices, offre à la ville de Paris des facilités d’application qui ne se rencontreraient sans doute dans aucune autre ville et dont elle semble devoir profiter.
- La Commission pense donc qu’il conviendrait d’inviter la ville de Paris à appliquer dans la boulangerie des hospices le système Mège-Mouriès avec la coopération de l’inventeur.
- Si les résultats présentaient les avantages que la Commission a lieu d’attendre de cette application, les bénéfices provenant de l’emploi du nouveau système devraient être abandonnés, pendant un certain temps, par la ville de Paris, de manière à couvrir les sacrifices pécuniaires faits par les intéressés.
- En second lieu, aussitôt que l’application des procédés Mège-Mouriès aurait commencé à la boulangerie des hospices, il serait donné, à tous les boulangers de Paris, connaissance de cette fabrication. Dans ce but on pourrait leur adresser des exemplaires de l’instruction pratique que la Commission a fait préparer et qui se trouve annexée au présent rapport. Ces industriels seraient d’ailleurs invités à venir étudier la pratique du procédé à la boulangerie des hospices, et l’administration municipale leur faciliterait l’apprentissage des procédés dans l’établissement.
- L’instruction pratique dont il vient d’être parlé serait également adressée aux municipalités et aux boulangers des principales villes de France.
- Pour encourager la propagation du système, en faisant appel à l’intérêt même des boulangers, les administrations municipales de Paris et des autres villes devraient réserver, pendant un certain temps, par un engagement formel, la jouissance entière des bénéfices de cette fabrication aux boulangers qui en feraient l’application, et régler, en conséquence, à l’égard des boulangers, les calculs de la taxe officielle.
- Pendant ce temps même, la population profitera déjà de l’excédant de rendement du blé en farine et de la diminution qui en résultera dans le prix du pain.
- La Commission croit que les mesures qu’elle indique auront une assez grande efficacité, et elle est portée à penser que, si les boulangers n’étaient pas disposés à changer immédiatement leur mode de fabrication, cette transformation pourrait se trouver accélérée lorsqu’il surviendrait une année de cherté, par suite de l’accroissement de bénéfices que les nouveaux procédés permettraient de réaliser dans ces circonstances : or ce serait aussi à une semblable époque que le développement du système servirait le mieux l’intérêt général, par l’économie qu’il apporterait dans les quantités de blé employées à la consommation.
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- CONCLUSIONS.
- Le pain blanc vendu actuellement à Paris se fait avec de la farine blutée à 70 pour 100 environ.
- M. Mège-Mouriès fabrique un pain de même qualité avec une farine blutée à 80 pour 100 au moins.
- Il y a lieu, dans un intérêt public, d’encourager la propagation des procédés à l’aide desquels l’inventeur obtient ce résultat.
- A cet effet, la Commission exprime à titre de vœux les résolutions suivantes :
- Engager la ville de Paris à appliquer industriellement le système Mège-Mouriès dans la boulangerie centrale de l’Assistance publique, avec le concours de l’inventeur. Les bénéfices de cette application seraient employés, pendant un certain temps, à couvrir les déboursés faits pour l’élaboration du procédé ;
- Donner à tous les boulangers de Paris et des autres villes de l’Empire connaissance des procédés Mège-Mouriès, et les inviter à en faire l’application ;
- Informer, en outre, ces industriels de l’application des procédés faite à la Boulangerie des hospices de Paris, et leur faciliter l’apprentissage de la nouvelle fabrication dans cet établissement;
- Inviter les administrations municipales de Paris et des autres villes à prendre l’engagement de conserver, pendant un certain temps, aux boulangers qui feraient l’emploi des procédés, la totalité des bénéfices résultant de cette application, et à régler, en conséquence, le calcul de la taxe réglementaire.
- La Commission joint au présent rapport l’instruction pratique ci-dessus mentionnée.
- Paris, le 5 septembre 1860.
- Le président de la Commission,
- Payen.
- Colonel Favé , rapporteur,
- L. Foubert,
- Doisneau ,
- Salone;
- J. Robert de Massy, secrétaire.
- INSTRUCTION PRATIQUE POUR L’APPLICATION DES PROCÉDÉS MÈGE-MOURIÊS.
- Mouture.
- Il n’y a rienli changer à l’installation des moulins actuels, ni aucune modification à apporter à la disposition des meules, des appareils de nettoyage ou des bluteries. Le travail de la mouture est seulement simplifié :
- Ainsi, lorsque le grain a été broyé sous la meule et que les bluteries ont séparé les
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- PANIFICATION.
- différentes parties de la boulange, le meunier n’a plus à reprendre qu’une portion des gruaux blancs et les fait repasser une seule fois sous la meule. Tous les autres produits sont obtenus d’un seul jet, et il n’y a plus à y retoucher.
- On réunit, après la mouture, de la manière ci-après indiquée, les différents produits, dont voici moyennement les proportions relatives :
- Farine de première qualité, savoir : ^
- Farine de fleur ou farine de blé.... 80 p. 100
- Gruaux blancs.......................... 7
- Gruaux bis............................. 8
- Total des produits panifiables.......... 82 p. 100.
- Sons ( gros et petits )........................... . 16.5
- Déchet........................................... 1.5
- Poids égal à celui du blé mis en mouture. . . . 100.0
- Parmi ces produits, les farines premières à 70 pour 100 de blutage ( farine de fleur et premiers gruaux repassés ), les gruaux blancs et les gruaux bis doivent entrer dans la panification, et sont vendus à la boulangerie; mais il est nécessaire de maintenir ces produits séparés, parce qu’ils doivent être employés d’une manière distincte pour la fabrication du pain.
- La meunerie n’aura d’ailleurs à vendre, en dehors des produits destinés à la boulangerie, que les 16.5 de sons, gros et petits.
- Panification.
- Pour faire le pain blanc, on prend la farine de première qualité ( à 70 pour 100 ), les gruaux blancs et les gruaux bis; on met de côté les sons divers, gros et petits.
- Il est essentiel de laisser, comme cela se pratique, du reste, dans la boulangerie ordinaire, reposer la farine et les gruaux pendant un mois au moins après la mouture ; cette précaution est particulièrement indispensable pour les gruaux blancs et bis.
- Pour rendre plus facilement saisissables les explications relatives au travail de la panification, on suppose une boulangerie dans laquelle on fait huit fournées de pain et où l’on cuit cinq saCs de farine par jour ou 785 kilog. Les farines employées à la fabrication du pain, d’après le nouveau procédé, devront se composer ainsi :
- Farine lre ordinaire, blutée à 70 pour 100 environ, un peu moins
- de quatre sacs et demi, soit.......................... 670 kilog.
- Gruaux blancs.............................................. 70
- Gruaux bis.................................................. 45
- 785 kilog.
- Ces trois produits sont employés séparément de la manière suivante :
- Le levain chef, le 1er, le 2e levain et le levain de tous points sont faits exclusive-
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- PANIFICATION.
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- ment avec de la farine lre à 70 pour 100. Le pétrissage a lieu dans les conditions ordinaires.
- Les gruaux blancs sont introduits en nature dans le travail, au moment du pétrissage de chaque fournée.
- Les gruaux bis sont soumis à un tamisage par la voie humide, qui a pour but de séparer le son de la farine, et dont voici la description :
- A une heure de l’après-midi en été, à onze heures et demie du malin en hiver, on verse 90 litres d’eau dans un vase en fer-blanc d’une contenance de 300 litres environ. Sur cette eau on étend régulièrement et avec soin les 45 kilogrammes de gruaux bis et on laisse ces gruaux s’imprégner d’eau sans les remuer ni les toucher.
- Au bout d’une heure en été, et de deux heures et demie en hiver, on laisse tomber 135 litres d’eau à l’aide d’un robinet; à mesure que l’eau descend dans les gruaux imbibés, on les remue avec une sorte de spatule semblable à un râteau et ayant la largeur du vase. Cette agitation dure un quart d’heure environ, après quoi l’on sépare le son de la farine ainsi qu’il suit :
- A l’intérieur du vase est adapté un tube en caoutchouc qui, sortant par le fond, s’élève et s’abaisse à volonté ; au-dessous de ce tube se trouve un tamis métallique du n° 50, et au-dessous du tamis un second vase pouvant contenir 250 litres au moins. Ce vase soutient, à l’aide de deux traverses en bois, le tamis qui doit se mouvoir librement.
- Quand le mélange de l’eau et des gruaux bis est fait comme il vient d’être dit, le son tombe peu à peu à la partie inférieure du liquide, et, à mesure que cette séparation se fait, on tire le tube de caoutchouc sur le tamis; alors le liquide, débarrassé de la plus grande partie du son, tombe sur ce tamis et de là dans le vase. Le tamis retient le son restant, et une secousse régulière non-seulement facilite le passage du liquide chargé de farine, mais encore force le son resté sur la toile à gagner une échancrure du tamis, formée d’une petite gouttière de fer-blanc qui conduit le son dans un sac.
- Quand tout le liquide farineux est passé, on remet sur le dépôt de son resté dans le vase supérieur 75 litres d’eau pour épuiser tout à fait ce dernier ; on abaisse encore le tube qu’on avait relevé et on recommence le tamisage, en ayant soin, cette fois, de laisser couler avec l’eau farineuse tout le son qui est reçu dans le sac.
- Ce son humide constitue un bon aliment pour les animaux, et peut être vendu pour cet usage.
- On laisse le liquide farineux au repos, et, à six heures du soir, on le trouve divisé en deux parties : l’une inférieure, chargée de farine; l’autre, qui n’est que de l’eau un peu jaunie. On rejette la moitié de ce liquide à l’aide d’une ouverture pratiquée dans le vase qui le contient.
- La partie farineuse restante est destinée à servir, avec l’eau ordinaire, au pétrissage des fournées. Il est préférable d’employer ce liquide avec l’eau ordinaire, afin de pouvoir régler plus aisément la marche du travail, et obtenir la température convenable.
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- PANIFICATION.
- La quantité de liquide approximativement nécessaire pour chaque fournée est d’environ 15 litres. Il est bon, pour faciliter les opérations, de se servir de seaux ayant cette contenance, et d’employer un vase dont la capacité, au-dessous de l’ouverture par laquelle s’écoule l’eau rejetée, représente autant de fois 15 litres que l’on doit faire de fournées.
- A six heures, on débouche l’ouverture du vase, et l’excès d’eau s’écoule. A ce moment, les levains préparés par les procédés ordinaires sont prêts et l’on commence. Il importe, dans le nouveau procédé, de ne pas se servir de levains qui soient trop avancés; en termes techniques, il faut qu’ils soient jeunes.
- Lorsque le levain de tout point est prêt, il est divisé en deux parties : la première (environ les 3/5es du levain), mélangée avec de la farine ordinaire (à 70 pour 100) et de l’eau, sert de levain de tout point pour la 2e fournée; ce levain est pétri séparément par un premier ouvrier : la 2e partie du levain de tout point (2/5es environ) est destinée à former la pâte de la première fournée. Pour la préparer, un second ouvrier ajoute au levain 15 litres d’eau farineuse provenant du tamisage des gruaux bis, et la quantité d’eau froide ou tiède nécessaire pour la fournée. Il délaye son levain et met sa farine ordinaire (à 70 pour 100) comme d’habitude. Seulement, après la première frase, il ajoute, au lieu de farine, une mesure contenant 9 kilogrammes de gruaux blancs, il termine la pâte, et toutes les autres opérations se font comme dans le travail ordinaire.
- A la seconde fournée, on divise encore le levain en deux parties ; l’une sert à faire le levain pour la troisième fournée; l’autre sert à faire la pâte, comme on l’a dit, pour la première fournée ; les opérations se succèdent ainsi jusqu’à la fin.
- Le boulanger doit s’arranger de manière à ce que la pâte et le levain soient pétris séparément par deux ouvriers travaillant simultanément à chaque extrémité du pétrin.
- Toutes les quantités respectives d’eau, de farine et de gruaux se rapportent à une fabrication évaluée par hypothèse à 5 sacs de farine par jour: on doit les augmenter ou les diminuer, en ayant soin de conserver les mêmes proportions lorsque la fabrication réelle excède 5 sacs ou est inférieure à ce chiffre.
- Dans les pays où l’on s’attache moins qu’à Paris à la blancheur du pain, on peut supprimer le tamisage humide des gruaux bis. Dans ce cas, on fait, comme il est indiqué ci-dessus, des levains indépendants avec de la farine blanche ordinaire à 70 pour 100, et l’on introduit les gruaux blancs et bis en nature au moment du pétrissage des fournées. La proportion des gruaux à employer varie suivant la nuance du pain en usage dans le pays ou dans les établissements où il doit être consommé.
- A Paris, on pourrait aussi supprimer l’opération du tamisage humide, mais on devrait alors éliminer de la panification la plus grande partie des gruaux bis.
- Il importe, toutefois, de faire remarquer que l’extraction pourrait être, dans ce cas, poussée plus ou moins loin, suivant qu’on ferait usage de blé blanc ou de blé roux.
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- ARTS CHIMIQUES.
- REMARQUES AU SUJET DU PROCÉDÉ DE CONSERVATION DES BOIS DU DOCTEUR BOUCHERIE:
- PAR M. A. PETITJEAN.
- Parmi tous les moyens proposés pour augmenter la durée des bois, le procédé du docteur Boucherie a fourni des preuves très-remarquables d’efficacité. C’est celui qui a reçu les applications les plus étendues ; mais, dans ces derniers temps, les résultats n’ont pas répondu aux espérances que les premiers essais pratiques avaient fait concevoir. En groupant les observations relevées jusqu’à ce jour, on est conduit à imputer les effets de décomposition rapide qui ont été constatés, non au procédé, mais à son mode d’application.
- Si Ton étudie les phénomènes qui se produisent quand on prépare une pièce de bois par ce procédé, on voit que l’antiseptique n’agit pas seulement par sa présence ; dans les conditions où se trouvent les traverses de chemins de fer, l’action des eaux pluviales et des variations de température suffirait pour faire disparaître assez rapidement le sulfate de cuivre introduit et ramener le bois, au moins en grande partie, à son état naturel.
- Nous pouvons décomposer comme suit l’action de la liqueur préservative :
- 1° Réaction du sulfate de cuivre sur l’albumine végétale ;
- 2° Réaction entre le sulfate de cuivre et les sels minéraux interposés dans le tissu ligneux; ainsi le sulfate de cuivre, en présence de carbonates alcalins et de carbonate de chaux, abandonne au bois de l’hydrocarbonate de cuivre, et laisse écouler des sulfates alcalins et du sulfate de chaux. — II y a, en outre, chez les résineux, formation d’un composé dans lequel la résine joue le rôle d’acide.
- On conçoit, d’après cela, que la proportion de sel de cuivre fixé puisse varier, dans des parties de bois très-voisines, suivant les proportions de substances organiques ou minérales sur lesquelles il a réagi.
- Ces deux actions sont simultanées : la première, celle du sulfate de cuivre sur l’albumine végétale, est essentielle à la conservation du bois ; elle dénature les principes de végétation ; — la seconde se produit forcément, mais son utilité ne m’est pas démontrée.
- Les réactions que je viens d’indiquer se développent parfaitement en présence de dissolutions à très-faible titre; le sulfate de cuivre est un antiseptique puissant, mais son action sur l’albumine végétale n’est pas complète, quelle que soit, d’ailleurs, la quantité employée, et sa présence ne s’oppose pas d’une manière absolue à la formation des végétations cryptogamiques. C’est peut-être à cette cause que l’on doit attribuer, comme nous le verrons bientôt, les effets de destruction rapide observés sur des bois dans lesquels on retrouvait, après leur décomposition, des quantités très-notables de sulfate de cuivre fixé.
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- Dans les chantiers, pendant toute la durée d’une campagne, le liquide ayant servi à la préparation est recueilli dans un bassin, enrichi par l’addition de sulfate de cuivre en cristaux, puis élevé de nouveau dans les cuves pour repasser ensuite dans les billes mises en chantier. — Le dosage du sulfate de cuivre se fait de la manière suivante : connaissant le cube G de bois préparé en moyenne pendant vingt-quatre heures, sachant, d’ailleurs, que chaque mètre cube de bois doit absorber 5t,500 de sulfate de
- cuivre, ——— est la quantité qui doit être dissoute, par heure, dans le liquide
- recueilli.
- Cette manière d’opérer, très-simple et très-pratique, me paraît devoir présenter de graves inconvénients, non pas sous le rapport du dosage que je crois très-suffisant, mais parce que l’on fait repasser toujours le même liquide dans les bois soumis à la préparation, en se bornant à y ajouter une quantité déterminée de sulfate de cuivre.
- On voit, en effet, d’après ce qui précède, que le bois ne se prépare pas seulement en absorbant du sulfate de cuivre, mais en faisant un échange avec la dissolution qui le traverse; il en résulte que, si la liqueur s’appauvrit en sel de cuivre qu’on lui restitue, elle s’enrichit, d’autre part, en sels alcalins et terreux et en matières azotées qu’on ne lui enlève pas, et qui peuvent paralyser l’action de l’agent antiseptique, si même ils n’activent pas la décomposition des bois dans lesquels on les introduit. Le ferment commence, il est vrai, à se développer sous l’influence des variations atmosphériques, mais il peut se continuer, dans certaines limites, aux dépens des principes constitutifs du ligneux et de la cellulose, et le bois perd alors toute résistance.
- Je citerai quelques observations que j’ai faites sur la manière dont ces dissolutions se comportent : si l’on conserve du liquide ayant servi à la préparation des bois, on voit des végétations cryptogamiques se former à la surface, et ce phénomène persiste pendant longtemps, malgré la présence du sel antiseptique. Lorsque la surface du liquide est exposée à l’air libre, l’action commence à se développer en vingt-quatre heures, et continue tant qu’il y a quelque point de contact avec l’air. Elle s’arrête, au contraire, au bout d’un certain temps lorsqu’elle se produit en présence d’une quantité d’air limitée, non renouvelable, et se montre de nouveau quand l’air est renouvelé. L’expérience suivante fixera mieux encore les idées :
- J’avais pris, dans les cuves d’un chantier en activité, de la liqueur servant à la préparation ; cette liqueur était conservée dans un flacon bouché contenant peu d’air. Les végétations qui se sont formées ont pris rapidement un développement superficiel de 1 centimètre à 15 millimètres, et sont devenues des corps solides, de couleur ocreuse, qui, desséchés, s’écrasaient facilement sous les doigts, et présentaient l’apparence de certains bois décomposés par la pourriture sèche. Sous l’influence d’une plus grande quantité d’air, il s’est formé dans la même liqueur une végétation qui, desséchée, avait une longueur de 0m,09 et présentait le même aspect que les précédentes. Enfin la liqueur filtrée, au bout de deux ans, et conservée dans un flacon ouvert, a donné encore des végétations très-abondantes, accompagnées d’un dépôt brun pulvérulent. Cette dissolution contient 7 grammes de sulfate de cuivre par litre d’eau;
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- elle a une couleur fauve, et les phénomènes que je viens d’indiquer s’y produisent encore après un intervalle de deux ans et demi.
- D’autres circonstances remarquables font également ressortir l’action des matières organiques extraites des bois préparés par ce procédé. Pendant l’opération, il se dépose sur la section par laquelle se fait l’admission du liquide une couche de crasses dont la couleur varie du vert-jaunâtre au noir, et devient d’autant plus foncée, que la date de mise en exploitation du chantier est plus ancienne. Ces dépôts sont souvent assez abondants pour qu’il soit nécessaire de nettoyer plusieurs fois les sections pendant la durée d’une opération.
- J’ai analysé deux échantillons de crasses noires séchées à l’air, et obtenu les résultats suivants :
- 1er ÉCHANTILLON.
- Perte au feu.............................................. 15,030
- Partie insoluble ( sulfate de chaux, silice, argile ).. 66,600
- Peroxyde de fer.......................................... 6,180
- Oxyde de cuivre........................................... 10,356
- 98,166
- 2e ÉCHANTILLON.
- Perte à la calcination..................................... 55,370
- Perte au grillage.......................................... 19,369
- Partie insoluble........................................... 10,357
- Peroxyde de fer............................................ 4,294
- Oxyde de cuivre............................................. 7,864
- Sulfate de soude............................................ 0,632
- 97,886
- Les matières volatiles brûlaient avec une flamme longue et fuligineuse, en répandant une odeur empyreumatique.
- Ces dépôts se comportent donc comme de véritables combustibles, et l’on voit que les réactions entre les éléments constitutifs de la matière ligneuse se développent dans la liqueur employée à la préparation. Lorsque ces réactions se produisent dans le bois même, il me paraît probable qu’elles doivent y exercer une action destructive.
- S’il est admis que l’injection de liqueur contenant des éléments de végétation constitue, pour les bois, une cause active de décomposition, on comprendra comment des traverses de chemins de fer contenant du sulfate de cuivre fixé n’ont pas pu atteindre la moitié de la durée moyenne des mêmes essences non préparées; mais il sera facile d’y remédier en renouvelant complètement les dissolutions de sulfate de cuivre en temps utile et à des intervalles que l’expérience déterminera. Il y aura, il est vrai, perte de sulfate de cuivre; mais, en abaissant préalablement le titre de la dissolution, on réduira la dépense supplémentaire qui résulterait de ce fait, et on pourra, sans interrompre l’opération, se débarrasser entièrement de la liqueur à rejeter, en injectant le bois avec de l’eau pure pendant quelque temps, avant d’employer la dissolution nouvelle.
- Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Janvier 1861.
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- En supprimant ainsi, dans les liqueurs employées pour conserver les bois, la concentration prolongée des matières séveuses non fixées, on retrouvera, je n’en doute pas, les résultats si remarquables qui ont été obtenus par les premières applications de ce procédé.
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- NOTE SUR UN APPAREIL PROPRE A PRODUIRE DU FROID; PAR M. CARRÉ (1).
- « J’ai l’honneur de soumettre à l’Académie une méthode de production du froid au moyen de l’absorption, par l’eau ou par d’autres corps, de gaz liquéfiés ou de vapeurs condensées, absorption suivie de leur retour à l’état liquide primitif par la chaleur appliquée au corps absorbant, ces opérations étant exécutées en vases clos, et pouvant dès lors se répéter indéfiniment.
- « Étant donnée la propriété inhérente à certains corps d’absorber à froid des quantités considérables de gaz ou de vapeurs, et de les émettre lorsqu’on les chauffe, j’ai pensé qu’en se servant de gaz facilement liquéfiables, et pouvant être absorbés en grande quantité par l’eau, on trouverait une source économique de froid, pouvant être mise en œuvre au moyen d’appareils simples, peu coûteux, et d’une manœuvre élémentaire. Parmi les divers gaz qui peuvent concourir à ce résultat, le gaz ammoniac, dont M. Régnault nous a appris qu’il se servait depuis longtemps dans ses expériences, m’avait paru le plus convenable. Sa stabilité, son calorique latent très-élevé, la propriété qu’il a de se dissoudre sans dégager presque de calorique de combinaison, paraissaient lui valoir toute préférence, justifiée, du reste, par les résultats qu’il m’a fournis.
- « Les appareils que j’emploie sont de deux genres; ils sont intermittents ou continus.
- « L’appareil intermittent est d’une simplicité tout à fait rudimentaire. Que l’on se figure deux cornues suffisamment résistantes, d’une capacité respective de 1 à 4 volumes, et dont les deux cols un peu élevés et allongés seraient soudés par leurs extrémités; la plus grande, remplie aux trois quarts d’une solution ammoniacale concentrée, est placée sur le feu, tandis que la plus petite plonge dans l’eau froide. On chauffe la solution jusque vers 130 ou 140°, point où presque tout le gaz s’est séparé de l’eau pour venir se liquéfier dans la seconde cornue; on constate facilement la température sur un thermomètre placé dans un tube fermé qui pénètre dans la solution.
- (1) Antérieurement à cette communication, M. Carré a présenté à la Société d’encouragement un appareil à éther de grande dimension sur lequel M. Ch. Laboulaye a fait un rapport au nom du comité des arts mécaniques. ( Voir Bulletin de 1860, p. 129. )
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- La séparation terminée, on met au contact de l’eau froide le récipient contenant l’eau épuisée; la réabsorption du gaz liquéfié commence immédiatement, et sa volatilisation détermine dans la petite cornue un froid qui peut facilement congeler l’eau dont on l'entoure. Ce froid est intense et peut descendre au-dessous de — 40°. M. Balard, en faisant fonctionner l’appareil au collège de France, a pu solidifier le mercure.
- « Au lieu de cornues, j’emploie dans la pratique de simples récipients cylindriques reliés par un tube. Il est nécessaire que ces vases soient exactement clos et purgés d’air pour faciliter la liquéfaction et l’absorption; celle-ci se trouve en outre favorisée par la disposition en couches superposées du liquide dans le récipient où elle se produit. Cette même disposition intervient encore pour épurer le gaz de vapeur d’eau pendant son dégagement qui a lieu progressivement de bas en haut, à travers des liquides de plus en plus riches qui retiennent la plus forte partie de l’eau entraînée.
- « Malgré le lavage du gaz pendant son dégagement, il entraîne toujours un peu de vapeur d’eau qui reste liquide dans le réfrigérant après chaque opération, et l’appareil se trouverait bientôt hors de service s’il n’était disposé pour restituer l’eau de l’un à l’autre récipient après une série d’opérations. Cette restitution s’opère d’elle-même en maintenant pendant quelques secondes le réfrigérant au-dessus de la chaudière. Cet instrument intermittent, spécialement destiné aux usages domestiques, produit un minimum de 5 kilogrammes de glace par kilogramme de charbon brûlé dans un fourneau de cuisine.
- « L’appareil continu est susceptible de développements presque illimités. Il se compose principalement d’une chaudière chauffée à feu nu ou au moyen de la vapeur, d’un barboleur superposé à la chaudière pour l’épuration du gaz, d’un liquéfacteur tubulaire où le gaz se liquéfie sous l’influence d’un courant d’eau froide, d’un réfrigérant dont la forme est appropriée à la destination et dans lequel le gaz liquéfié s’écoule à mesure, d’un vase à absorption dans lequel le gaz s’élance du réfrigérant pour se dissoudre dans l’eau comme la vapeur d’eau se résout dans un condenseur ordinaire, avec cette différence qu’ici l’eau d’absorption doit être constamment refroidie par un courant d’eau passant dans un serpentin et qui emporte le calorique latent dégagé par l’absorption, d’une pompe qui refoule à la chaudière l’eau saturée dans le vase à absorption, et enfin d’un régénérateur dans lequel l’eau qui doit servir à l’absorption, prise épuisée ou à peu près au bas de la chaudière, échange sa température avec celle de l’eau saturée qui s’y rend en sens inverse.
- « La fonction de la chaudière est assimilable à celle d’un appareil distillatoire, la séparation du gaz ammoniac de l’eau s’y produit facilement, et comme l’eau n’a pas besoin d’être complètement épuisée, puisqu’elle n’est pas écoulée au dehors, il est inutile de multiplier les engins séparateurs. Le barbotage du gaz dans le récipient où arrive la solution au maximum de concentration l’épure suffisamment pour donner de bons résultats ; la liquéfaction du gaz toujours un peu aqueux se produit sous une tension de 6 à 7 atmosphères à la température de 25°.
- « L’absorption du gaz par l’eau est accompagnée d’un dégagement considérable de calorique qui est l’équivalent du froid produit par le calorique absorbé dans le réfri-
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- gérant. Étant donnés, la quantité du gaz ammoniac à absorber, égale à 30 pour 100 en poids de la quantité d’eau, le calorique de dissolution de 1 kilogramme d’ammoniaque égal à 514 calories, on trouve que 1 kilogramme d’eau pour se saturer au point voulu sans changer de température nécessiterait la soustraction de 154,20 calories; l’absorption serait impossible dans la mesure nécessitée par le travail si la solution n’était constamment refroidie par le passage de l’eau froide dans un serpentin placé à l’intérieur du vase où elle se produit.
- « La solution ammoniacale de la chaudière s’est d’abord dépouillée de la plus forte partie de son gaz, et lorsque l’appareil est prêt à entrer en travail de réfrigération, elle se trouve très-appauvrie surtout dans les couches inférieures; mais comme elle contient encore une quantité notable d’ammoniaque, et qu’il y aurait en outre perte majeure à l’écouler chaude, il devient important de la rendre propre à l’absorption en échangeant sa température avec celle de l’eau saturée qui retourne à la chaudière; il résulte de cet échange que la chaudière n’a à fournir que l’équivalent en calories à haute température, de la somme des calories à basse température qui seront absorbées dans le réfrigérant, et sauf des pertes qui ne peuvent être majeures, par rayonnement et imperfection d’échange on peut déterminer à priori, par le pouvoir calorifique d’un combustible, la quantité de calories qu’il pourra soustraire à un corps donné.
- « L’intensité du froid que l’on peut produire avec cet appareil peut varier dans des limites très-étendues, et se déterminer par la quantité de gaz dont on chargera l’eau dans le vase à absorption ; plus elle y passera abondamment, plus l’absorption sera énergique et conséquemment le froid intense; en ne faisant absorber que 15 à 20 pour 100, le froid descendra facilement à — 50 ou — 60°.
- « L’eau entraînée en vapeur avec le gaz ammoniac finirait, en s’accumulant dans le réfrigérant, par paralyser son action ; une extraction intermittente ou continue avec échange de la température du liquide sortant avec celle du liquide entrant obvie à cet inconvénient. L’échange de température est encore pratiqué entre le gaz qui sort très-froid du réfrigérant et le liquide qui y arrive du liquéfacteur à 20 ou 25°; ces échanges s’obtiennent facilement en faisant serpenter l’un des deux tubes abducteurs autour de l’autre.
- « Outre la fabrication de la glace, la production facile et économique du froid peut donner lieu à d’importantes applications hygiéniques et industrielles ; ainsi la réfrigération de l’air peut s’obtenir à prix double seulement de son chauffage par un calorifère pour un même équivalent de calories. L’industrie des produits chimiques y trouvera un puissant auxiliaire. Cette production du froid peut notamment faciliter la cristallisation de divers sels et produits. Je citerai comme exemple la précipitation du sulfate de soude des eaux mères du sel marin, de la paraffine des huiles, la cristallisation de la benzine, de l’acide acétique. L’une des plus importantes salines du Midi, celle de MM. Henry Merle et comp., va appliquer ce procédé sur une très-grande échelle au traitement des eaux salées, d’après les méthodes de M. Balard. On pourra l’appliquer à la séparation de l’eau d’avec les corps qu’elle tient en dissolution et qu’elle rejette en cristallisant, comme fabrication de glace douce et de sels avec l’eau
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- de mer et les eaux minérales ; à condenser directement des produits tTès-wiatü?- à favoriser des réactions qui ne peuvent s’obtenir qu’à une température très-basse , l’hydratation de divers sels* la dissolution de certains gaz; à la concentration par congélation de l’eau de diverses solutions diluées, par exemple des vins, alcools, acides; à modérer réchauffement produit par la fermentation, notamment des vins, bières, vinaigres ; à raffermir, pour faciliter diverses opérations, certains corps que la chaleur rend pâteux, tels que les stéarines, paraffines, suifs, avant la compression qui doit en exprimer les huiles.
- « Les réfrigérants employés à fabriquer la glace consistent principalement en un ou plusieurs alvéoles rentrant dans un récipient clos et entourés du gaz liquéfié. Les réfrigérations d’air, de liquides, les cristallisations se font mieux autour de réfrigérants tubulaires disposés en faisceaux dans des cuves, avec agitation pour renouveler les points de contact ou empêcher l’adhérence des cristaux sur les tubes. L’extraction des produits, l’arrivée des liquides à dépouiller, l’écoulement des liquides épuisés sont continus; les liquides épuisés échangent préalablement leur température avec celle des liquides qui arrivent en circulant en sens inverse dans des appareils tubulaires, de sorte que toute la puissance réfrigérante est utilisée au profit du travail effectif.
- « L’obtention d’eau douce avec l’eau de mer par voie de congélation n’exige qu’une dépense de calories beaucoup moindre que celle qu’exigerait sa vaporisation.
- Étant donnés d’une part : Nous avons d’autre part :
- Calorique latent de vaporisation Calorique latent de congélation
- d’un kilogramme d’eau 537,00 d’un kilogramme d’eau 79,25
- Calorique spécifique de 15 à 100°. 85,00 Calorique spécifique de +15 à — 5. 20,00
- Calorique spécifique sur 1/4 de ré- Calorique spécifique sur 1/4 de ré-
- sidu 21,25 sidu 3,75
- Total 643,25 Total 103,00
- « En faisant geler lentement l’eau de mer, la glace formée est pure. Si elle gèle rapidement, de l’eau salée s’interpose entre les cristaux ; mais on peut expulser celle-ci en concassant la glace et la soumettant à l’action d’une turbine centrifuge.
- « Des précautions particulières doivent être observées dans la construction de ces appareils; le cuivre allié de la plus petite quantité de zinc doit en être proscrit, parce que sa constitution moléculaire est rapidement altérée et sa ténacité détruite. Le cuivre jaune immergé quelques heures dans une solution ammoniacale faible et à froid devient aussi friable que l’argile. Parmi les métaux usuels, le fer, la fonte, l’acier, l’étain, le plomb, résistent sans altération ; les rivures soudées à l’étain ou au plomb ne laissent d’ailleurs possibilité à aucune fuite, condition essentielle pour éviter l’appauvrissement de la solution et permettre un fonctionnement indéfiniment prolongé. »
- (Comptes rendus de l’Académie des sciences.)
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- SUR UN MOYEN DE PURIFICATION DES SUCS VÉGÉTAUX APPLIQUÉ A LA FABRICATION DU SUCRE; PAR M. ÉMILE ROUSSEAU.
- « En 1849, j’ai publié déjà un nouveau mode d’extraction du sucre. Ce procédé est uniquement basé sur l’emploi d’une défécation méthodique, opérée par une quantité de chaux proportionnelle à celle des matières étrangères au sucre contenues dans les jus sucrés, faite à basse température ; et comme conséquence, sur la neutralisation de la chaux à l’aide d’un réactif propre à cette action, soit par l’acide carbonique, comme le plus inoffensif sur le sucre, comme le plus économique et le plus facile à manier en fabrique. Non-seulement ce procédé a triomphé de tous les obstacles qui entourent presque toujours une chose nouvelle, mais encore il a été assez apprécié par l’industrie pour que deux cents usines l’emploient aujourd’hui tant en France qu’en pays étrangers. Malgré ses avantages, ce procédé porte encore avec lui plusieurs inconvénients. Toutefois le succès qu’il a obtenu a été pour moi, dès l’origine, l’engagement moral de continuer l’étude de cette belle fabrication, et de chercher non-seulement à parer aux défauts actuels, mais encore à la rendre plus simple.
- « Dans le suc de la betterave on trouve toujours deux espèces de substances organiques qui s’opposent le plus à l’extraction du sucre.
- « La première espèce appartient au groupe des matières albuminoïdes et caséeuses; elle subit toutes les modifications que les réactifs exercent sur les dissolutions d’albumine et de caséine. Les sels de chaux et la chaux la coagulent, mais, avec cette dernière, soit que, par son action alcaline propre, elle dissolve une partie de la substance végétale, et la retienne en combinaison, ainsi que l’a démontré dernièrement M. Fremy, soit qu’elle mette en liberté de la potasse ou de la soude, les jus sucrés ainsi traités restent toujours alcalins après l’actioii de l’acide carbonique. Ces deux effets se trouvent même réunis, et il en résulte une altération ultérieure des sirops qui se fait surtout sentir dans les bas produits de la fabrication du sucre.
- « La seconde matière est une substance non colorée, le plus ordinairement, tant qu’elle est renfermée dans les cellules du végétal ; mais très-avide d’oxygène, elle se colore rapidement sous l’influence de l’air, et se modifie très-vite par l’action des agents d’oxydation, à ce point d’être en totalité transformée en cette substance brune bien connue qui prend naissance lorsqu’on évapore les sucs végétaux. M. Chatin, dans un travail tout récent, constate à un autre point de vue l’existence de cette substance. Mon assertion se trouve donc encore contrôlée et en tout point confirmée. Cette substance, en effet, lorsqu’elle est dépouillée de toute la matière albuminoïde,
- réduit par la chaleur les sels d’argent, le bioxyde de mercure, etc. Par l’action de
- ce dernier corps, la dissolution prend même la teinte naturelle que possède le sucre exposé pendant longtemps à l’air.
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- « Ces faits établis, les données du problème de la simplification de la fabrication du sucre peuvent être ainsi posées; il fallait trouver :
- « 1° Une substance peu soluble en général, pouvant coaguler toutes les matières albuminoïdes, sans aucune action fâcheuse ni sur le sucre ni sur la santé, pouvant être retirée facilement du suc dans le cas où il en resterait une certaine quantité en solution, et enfin d’un prix peu élevé;
- « 2° Une autre substance d’un pouvoir oxydant pour ainsi dire limité, qui pût, par son action, soit détruire la matière colorable, soit la transformer en matière brune et l’absorber ensuite, réunir aux qualités d’innocuité l’action absorbante du corps précédent, le bas prix et enfin le pouvoir d’être régénérée indéfiniment.
- « Le sulfate de chaux dans quelque état qu’il soit, naturel ou artificiel ( le plâtre cru ou cuit ), est celui, de tous les corps que j’ai étudiés, qui m’a paru remplir le mieux toutes les indications. Il est neutre, condition que je regarde comme essentielle; sans action sur le sucre, très-peu soluble ; unit aux conditions d’innocuité et de bon marché un pouvoir coagulant des plus remarquables sur les matières albuminoïdes des sucs végétaux, de celui de la betterave en particulier. Cette propriété est telle, que sa dissolution suffit même, en quantité relativement fort petite, pour produire cet effet. L’opération de la défécation peut donc être exécutée dans d’excellentes conditions et avec fort peu de matières ; les écumes sont très-consistantes, se rassemblent bien, et le jus peut être très-facilement soutiré, dans un état de limpidité convenable.
- « Le sulfate de chaux, qui enlève parfaitement toutes les substances coagulables, ne touche pas à la matière colorable ; aussi le jus ne tarde-l-il pas, après sa séparation des écumes, à se colorer profondément. Le noir animal est presque sans effet immédiatement après la défécation ; il n’enlève que la matière qui s’est oxydée, car, après son action , le jus , dont la coloration a beaucoup diminué , ne tarde pas à se colorer de nouveau. Il fallait donc un corps oxydant qui pût faire en un temps très-court ce que l’air produit à la longue, ou bien modifier cette substance de manière à la détruire ou à l’absorber.
- « Parmi les nombreux corps que j’ai examinés à ce point de vue, et dont je m’abstiendrai de faire aujourd’hui l’énumération, le peroxyde de fer hydraté offre toutes les conditions les plus avantageuses. Ainsi, lorsque, après avoir enlevé par le sulfate de chaux toutes les matières coagulables d’un suc sucré, si on l’agite, soit à froid, soit à une température qui, dans aucun cas, ne doit atteindre l’ébullition, avec du peroxyde de fer hydraté, la liqueur, filtrée, passe entièrement décolorée et purifiée de la presque totalité des matières étrangères de toutes sortes qu’elle contenait. En outre, le peroxyde de fer, par sa propriété bien connue d’absorber les sels alcalins et terreux, enlève la petite quantité de sulfate de chaux qui était restée en dissolution. Aussi le jus, qui, après la défécation au sulfate de chaux, réduisait le nitrate d’argent, le bioxyde de mercure, etc., ne leur fait-il subir aucune altération après son contact avec l’oxyde de fer.
- « Ce jus, lorsqu’il provient d’un végétal pris dans des conditions normales, après
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- cette purification, est parfaitement neutre aux papiers réactifs, et l’on peut le conserver au contact de l’air pendant plusieurs jours sans qu’il subisse la moindre altération ni coloration, ce qui prouve que toutes les matières pouvant jouer le rôle de ferment en ont été enlevées. Il bout très-bien, ne se colore pas non plus par l’action de la chaleur. Le sirop, amené au point de cuite, ne possède que cette légère teinte jaune propre à tous les sirops les plus purs. Il a fort bon goût, est dépouillé de cette saveur salée et désagréable que l’on trouve dans tous les sirops de betterave, conserve une fluidité et une limpidité remarquables; la cristallisation s’y fait avec facilité, et les cristaux sont blancs. Enfin, comme dernière preuve de la bonne purification du jus sucré par cette méthode, si l’on ajoute à du sirop cuit une quantité d’eau convenable pour le ramener à 25 ou 30° de l’aréomètre, et si on le mêle en cet état avec un grand excès d’alcool à 90°, il ne se fait aucun trouble ni dépôt, même après plusieurs jours : il ne retient non plus aucune trace de fer.
- « Dès lors la fabrication du sucre est donc réduite à ces seules manipulations : chauffer le jus sucré dans une chaudière avec quelques millièmes de sulfate de chaux ( le plâtre naturel est le meilleur ), toutes les matières coagulées se réunissent en écume compacte. Le jus clair, ainsi dépouillé, est ensuite agité avec le peroxyde de fer. Après la séparation de l’oxyde, il ne reste plus qu’à évaporer l’eau, c’est-à-dire à cuire.
- « Le peroxyde de fer hydraté , qui jusqu’ici m’a paru le plus convenable, doit être à l’état de pâte consistante. 1 litre pèse 1,145 environ; il contient 70 à 80 pour 100 d’eau. La quantité qui doit être employée varie en raison de la nature du végétal, de son espèce et de son état de conservation. Elle ne dépasse pas, comme limite extrême, 8 à 10 pour 100 du jus, ce qui revient à 2 pour 100 environ de matière solide, le reste étant de l’eau. Dès à présent son prix est de beaucoup inférieur à celui du noir animal, car il peut être livré à 5 ou 6 francs les 100 kilogrammes, et sans doute ce prix s’abaissera beaucoup encore par la suite.
- « En résumé, le procédé que je propose aujourd’hui n’est plus basé sur des moyens plus ou moins empiriques, ni sur l’action de machines plus ou moins ingénieuses , mais dont les effets sont subordonnés à des conditions variables ou à des tours de main ; il repose sur des relations chimiques déterminées, précises, qui en sont la justification en même temps qu’elles en font la certitude. Le sulfate de chaux et le peroxyde de fer enlèvent les substances étrangères au sucre et ne lui cèdent rien.
- * Pour compléter cet ensemble, concurremment avec mon ami M. Mariotte, ingénieur, nous approprions en ce moment un matériel aussi simple que peu coûteux à cette fabrication, afin de la rendre pratique partout, et particulièrement aux colonies, et pour l’agriculture, à qui la pulpe de betteraves est devenue aujourd’hui presque une nécessité pour l’alimentation du bétail. » ( Comptes rendus de l’Académie des sciences. )
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- EXTRAITES DES PUBLICATIONS FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES.
- Perfectionnements dans la fabrication du carbonate de soude et utilisation des résidus provenant de cette fabrication, par M. William Hunt.
- L’invention consiste à fabriquer le carbonate de soude en mélangeant le sulfate de soude avec de la houille ou du coke dans la proportion de 4 parties environ en poids du premier pour 3 parties du second. Le mélange est chauffé, dans un fourneau à réverbère, à une température suffisante pour produire la fusion; il en résulte un sulfure de sodium qui est souillé par du coke. On laisse alors refroidir, puis on casse le sulfure en morceaux de 7 à 10 centimètres de grosseur, qu’on place dans des récipients et au milieu desquels on dirige un courant d’acide carbonique pur ou presque pur en même temps qu’on fait entrer une petite quantité de vapeur. L’humidité de cette vapeur favorise la décomposition du sulfure par l’acide carbonique; il se forme du carbonate de soude et de l’hydrogène sulfuré qui se dégage, tandis qu’une petite quantité de soufre libre reste mélangée au carbonate de soude et au coke. C’est alors qu’on lessive à l’eau chaude le carbonate obtenu pour le séparer du soufre et du coke, et il ne reste plus qu’à faire évaporer la liqueur pour le recueillir par cristallisation. Ce lessivage se fait soit dans les récipients mêmes où l’on a reçu l’acide carbonique, soit dans les cuves ordinairement employées pour cette opération.
- Quant à l’hydrogène sulfuré qui se forme en même temps que le carbonate de soude sous l’influence de l’acide carbonique et de la vapeur d’eau, on le convertit, par combustion, en acide sulfureux, et celui-ci, à son tour, est transformé en acide sulfurique par le procédé ordinaire. Afin de déterminer la combustion complète du soufre de l’hydrogène sulfuré, on introduit le dégagement de gaz dans une petite chambre construite en briques réfractaires et remplie de blocailles de briques ; cette introduction se fait par le bas, et en même temps, par une ouverture convenablement ménagée et qu’on règle à volonté, on y fait pénétrer de l’air atmosphérique. On enflamme le gaz, et la biocaille qu’il est obligé de traverser rougit bientôt et conserve une température suffisante pour entretenir la combustion au cas où le gaz arriverait d’une manière irrégulière.
- Le soufre libre qui reste mélangé au coke après la séparation du carbonate de soude peut être recueilli de la manière suivante : comme il est à l’état de flocons, on l’entraîne facilement par aspersion d’eau, et on dirige le courant dans un réservoir où le soufre arrive avec une petite quantité de matières terreuses et de fines escarbilles; celles-ci, plus légères, surnagent et se laissent facilement écumer, tandis que le soufre et les matières terreuses se déposent au fond et peuvent être retirés de temps en temps. On peut alors obtenir le soufre par voie de combustion ou de distillation, et l’employer à la fabrication de l’acide sulfurique.
- Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Janvier 1861.
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- Au lieu d’agir par aspersion comme il vient d’être dit, on peut simplement chauffer le mélange de coke et de soufre dans une cornue en terre et recueillir ce dernier par distillation.
- Le coke isolé et provenant des différentes opérations qui viennent d’être décrites peut être employé de nouveau et servir, avec du coke frais, à décomposer de nouvelles quantités de sulfate de soude. (Newton s London Journal.)
- Préparation des cyanures de barium et de strontium, par M. William Clarke.
- L’auteur fait passer un courant d’azote à travers un tube chauffé au rouge et contenant un mélange de carbonate de baryte ou de strontiane et de charbon divisé par de la sciure de bois; le courant de gaz est maintenu jusqu’après réduction de la baryte et refroidissement de la matière. On traite ensuite par l’eau, et le produit fournit une quantité notable de cyanure de barium. L’auteur conseille d’opérer comme suit :
- Prendre du carbonate de baryte, le mélanger avec 10 à 30 pour 100 de goudron ou de résine, et y ajouter une certaine quantité de sciure de bois, de charbon de bois ou de coke, de manière à diviser la masse pour la rendre poreuse; calciner ensuite le mélange, et y faire passer lentement un courant d’air atmosphérique ou d’azote à une haute température. L’azote se combine avec les particules de carbone déposées par le goudron, et forme un cyanogène qui détermine la production du cyanure de barium.
- On peut également employer du carbonate de baryte et de la sciure de bois ou du charbon, et faire passer un mélange de gaz d’éclairage et d’azote à la chaleur rouge; ou bien encore on peut prendre un mélange de carbonate de baryte et de matières animales divisé par du charbon de bois ou de la sciure, et introduire un courant d’air ou d’azote.
- Suivant l’auteur, le cyanure de barium ainsi préparé a, sur les cyanures de potassium et de sodium obtenus au moyen de l’azote de l’air, les avantages suivants : 1° la température relativement basse à laquelle se produit le cyanure; 2° l’infusibilité de la baryte qui reste poreuse et plus facilement pénétrable à l’azote; 3° la résistance et la durée de l’appareil; 4° la grande infériorité du prix de la baryte comparativement à celui delà potasse; 5° enfin la possibilité d’obtenir le cyanure de potassium par une double décomposition du sulfate de potasse avec le cyanure de barium. (Ibid.)
- Fabrication d'un bleu-pourpre dindigo pour la teinture et l'impression, par M. John Henry Johnson.
- Prenez, dit l’auteur, une quantité de bisulfate de soude, qui représente de 10 à 20 fois le poids de l’indigo qu’il s’agit de traiter; faites-la fondre et maintenez-la en fusion à une température de 2 à 300°. Prenez alors l’indigo pulvérisé et tamisé, et ajoutez-le graduellement, en ayant soin d’agiter constamment le mélange pour l’empêcher de s’attacher au fond du vase qui le renferme, lequel vase peut être en fer, en platine ou en porcelaine.
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- La masse se boursoufle bientôt, laisse dégager du gaz et prend une couleur foncée. L’opération doit être discontinuée aussitôt qu’on reconnaît, après plusieurs essais successifs, que l’eau claire se colore en violet-rouge par l’addition d’une petite quantité de la matière. A ce moment, le mélange ayant acquis une consistance pâteuse, on le verse dans une grande quantité d’eau (environ 75 litres pour chaque kilog. de matière) , et on remue bien soigneusement; puis on ajoute environ 2 livres (0k,906) de chlorure de sodium (sel ordinaire); on laisse refroidir, et on obtient ainsi,’à l’état brut, une sorte de bleu-pourpre qui a besoin, avant d’être employé, d’être lavé avec soin dans une grande quantité d’eau salée. Au lieu d’eau salée, on peut se servir d’une eau alcaline dans laquelle le bleu n’est pas soluble, comme, par exemple de l’eau contenant de l’acétate de potasse ou du chlorure de potassium. On filtre ensuite pour recueillir le précipité, qu’on fait sécher après avoir eu soin d’en enlever la couche supérieure, laquelle est formée de particules d’un vert noirâtre, et ne se forme en vertu de la légèreté relative de son poids, qu’après un certain temps de repos de la matière dans le filtre. Ainsi séché, le produit est obtenu sous forme de petits cristaux Le sulfate de soude que retient l’eau de lavage peut être extrait de sa solution et transformé, par les méthodes connues, en bisulfate, pour servir à une nouvelle opération.
- Au lieu de fondre en premier le bisulfate de soude, ainsi qu’on l’a indiqué plus haut, pour y ajouter ensuite l’indigo, on peut mélanger de suite les deux substances et les soumettre dans des creusets à une haute température. Le bisulfate de soude peut également être remplacé par le bisulfate de potasse.
- On peut préparer le même bleu-pourpre :
- 1° En traitant l’indigo par un mélange d’acide phosphorique anhydre et d’acide sulfurique (il est convenable d’opérer à chaud, car, à froid, il ne faut pas moins d’un mois pour arriver au même résultat); 2° en soumettant l’indigo aux vapeurs de 3 fois son poids d’acide sulfurique anhydre; 3° ou bien encore en faisant réagir sur lui un mélange de chlorure de potassium et d’acide sulfurique anhydre. Quel que soit le procédé qu’on emploie, il est indispensable de filtrer la matière dès qu’elle est dissoute avant d’y ajouter le sel marin, afin de séparer les parties insolubles. Quant à la pureté de l’indigo à employer, moins elle sera grande et plus il faudra de temps et de chaleur pour obtenir un résultat satisfaisant. (Ibid. )
- De l'emploi du carbone comme agent conservateur des manuscrits , par M. John Spiller.
- L’incontestable supériorité que l’impression typographique ordinaire possède sur les différentes espèces de manuscrits au point de vue de la conservation du texte fait désirer que des recherches soient dirigées dans le but de nous mettre en possession, pour l’écriture à la main, de la substance principale qui entre dans la composition de l’encre d’imprimerie, c’est-à-dire d’une sorte de carbone inaltérable venant remplacer le tannate de fer dans les encres noires ordinaires. Le défaut de stabilité de l’écriture
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- manuscrite semble, en effet, dépendre de la nature de l’encre dont on s’est servi; or la solidité de cette encre ne repose que sur l’affinité, généralement faible, qui existe entre les oxydes de fer et l’infusion végétale employée, et l’on sait que cette infusion, abandonnée à elle-même, tend constamment à se transformer : de là la facilité avec laquelle l’écriture s’altère sous l’action des acides minéraux et organiques étendus d’eau, ainsi que sous l’influence d’une atmosphère humide ou impure.
- Au contraire, le carbone, soit à l’état de noir de fumée, soit à l’état de noir d’ivoire, de charbon de bois ou de graphite, offre des qualités d’inaltérabilité qui sembleraient devoir rendre bien précieuse une encre à écrire dans la composition de laquelle on le ferait entrer. Il est vrai qu’il est détruit ou plutôt oxydé par le feu ainsi que par l’action prolongée des acides les plus énergiques ; mais, dans ce cas, la surface d’essence végétale ou animale sur laquelle il est étendu est incapable elle-même de résister à cette action. Quoi qu’il en soit, pourvu qu’un procédé efficace permette au carbone d’adhérer parfaitement à la surface du papier ou même d’en pénétrer les pores, il y a toute probabilité qu’une matière colorante dans laquelle on l’aura incorporé résistera mieux à l’action du temps, ainsi qu’aux autres causes de destruction, que tout autre produit simple ou composé capable de lui être comparé. L’état de conservation parfaite des gravures et textes typographiques anciens prouve suffisamment la vérité du fait qui vient d’être avancé; et, si l’on y remarque des traces de destruction, il est facile de se convaincre que c’est le papier seul qui a souffert et non l’encre qui le recouvre.
- L’idée de faire jouer au carbone le rôle que nous venons d’expliquer découle de ce fait, que cette substance, qui existe en forte proportion dans certaines matières organiques, par exemple le sucre, la gomme, etc., s’isole sous l’action combinée de la chaleur et des acides, tels que l’acide sulfurique et l’acide phosphorique. Partant de là, si on parvient à faire pénétrer le carbone dans les pores du papier par un procédé qui ne le mette en liberté qu’après que l’encre à écrire dont on se sera servi aura été elle-même absorbée jusqu’à un certain point, on aura résolu le problème. Yoici, à cet égard, les éléments qui entrent dans la composition d’une encre dont on a obtenu les résultats les plus satisfaisants :
- Acide sulfurique concentré, fortement coloré par de l’indigo. . 28?r,34
- Eau..................................................... 170 ,04
- Sucre en pain........................................... 31 ,09
- Mucilage épais de gomme arabique............. de 56&r,68 à 85 ,02
- En écrivant avec une plume d’or trempée dans cette encre, on obtient des caractères qui présentent, en se séchant, une couleur d’un bleu pâle; mais si, après siccité, on passe un fer chaud sur le papier, ou même si l’on expose le manuscrit à la chaleur d’un foyer, l’écriture se colore bientôt en noir par suite de la carbonisation du sucre sous l’influence de l’acide chaud contenu dans l’encre, et s’incorpore si bien au papier qu’il devient d’une extrême difficulté de l’enlever ou de l’altérer à l’aide du grattoir. Comme elle pénètre profondément, le choix du papier n’est pas indifférent, et l’on devra prendre les plus épais, tels que le papier à gargousse blanc, le papier vergé, de
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- préférence à ceux qui sont colorés en bleu par l’outremer et sur lesquels l’acide ne serait pas sans action.
- Tracée avec cette encre, l’écriture semble indélébile; elle résiste à l’action des citrates et des acides oxalique, tartrique et chlorhydrique étendus d’eau, action qui est extrêmement sensible sur les caractères tracés avec de l’encre noire ordinaire ; les solutions alcalines n’exercent également sur elle aucun effet appréciable. Il en résulte donc qu’une telle encre peut offrir d’incontestables qualités dans toutes les circonstances où la conservation d’un texte est de la plus haute importance; mais, d’un autre côté, on doit reconnaître que, dans cet état, elle ne pourrait qu’imparfaitement remplir les conditions qu’un usage courant exige. La chaleur nécessaire au développement de la couleur, le degré de cette chaleur qui doit dépasser quelque peu celui de l’eau bouillante, l’impossibilité, dans le cas d’emploi d’un papier assez mince, d’écrire sur les deux côtés de la feuille, doivent certainement être regardés comme des inconvénients de premier ordre.
- Bien qu’elle ne soit peut-être pas susceptible d’emploi sur le vélin et le parchemin, l’encre dont il vient d’être question pourra très-probablement servir sur le parchemin végétal obtenu, comme on sait, par l’action rapide d’un acide énergique sur le papier ordinaire. ( London chymical News, et Journal of the Franklin Institute. )
- Construction d'un coffre-fort gigantesque par MM. Milner et fils, de Liverpool.
- MM. Milner et fils, de Liverpool, viennent de construire, dans leur usine bien connue du Phénix, un coffre-fort en fer de dimensions extraordinaires destiné à la banque commerciale de l’île Maurice. Ce coffre-fort, qui est à double enveloppe, n’a pas moins de 13 pieds de large (3m,960), 19 pieds de profondeur ( 5m,790 ) et 10 pieds 1/2 de haut ( 3m,20 ). L’enveloppe extérieure est formée de 45 grandes plaques de 0m,012 d’épaisseur, 3m,20 de hauteur et 0m,760 de largeur. Entre elle et l’enveloppe intérieure existe un espace vide de 0m,038; cette dernière est destinée non-seulement à augmenter la solidité du coffre, mais à lui permettre de résister aux atteintes du feu, car elle se compose d’une série de 30 cloisons de 0m,114 d’épaisseur, construites suivant le système particulier à MM. Milner et remplies d’une composition telle que l’intérieur du coffre reste froid tandis que sa chemise extérieure est enveloppée de flammes. La paroi supérieure du coffre est pourvue de cloisons semblables; quant à la base, elle est composée de deux plaques extrêmement épaisses et n’a pas besoin d’être cloisonnée, car elle est destinée à reposer sur une solide dalle de pierre.
- L’intérieur du coffre est divisé en deux compartiments, l’un d’avant et l’autre d’arrière, séparés par une cloison munie d’une double porte à volets. Le compartiment d’arrière est destiné à recevoir les lingots de métaux précieux , il a 3m,657 de large sur 3m,045 de profondeur. Quant au compartiment antérieur, il est fermé par deux portes successives semblables à la précédente, en sorte qu’il faudrait forcer trois serrures de sûreté pour voler les lingots. ( Practical Mechanic's Journal. )
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- Sur le procédé de M. de Paiera pour extraire l'argent de ses minerais, par M. Clément Le Neve Foster.
- M. le docteur Percy, attaché à la direction de l’école des mines de Londres, a imaginé autrefois une méthode d’extraction de l’argent de ses minerais qui, dans ces derniers temps, a été appliquée sur une grande échelle par un des plus éminents chimistes de l’Autriche, M. de Patera. Cette méthode offre surtout de l’intérêt en ce sens qu’elle a de l’analogie avec le procédé du fixage bien connu des photographes, procédé qui consiste à réagir sur le chlorure d’argent ( lorsqu’il n’a pas été impressionné par la lumière ) au moyen de l’hyposulfite de soude. Voici comment cette réaction est utilisée dans le procédé métallurgique dont il s’agit :
- Les minerais dans lesquels l’argent est associé soit avec du soufre, soit avec du soufre et de l’arsenic sont grillés avec de la couperose verte et du sel ordinaire ; il se produit un chlorure d’argent qui peut être dissous par une solution d’hyposulfite. L’argent peut alors être précipité par le sulfure de sodium à l’état de sulfure d’argent. Ce sulfure est ensuite chauffé dans une moufle au contact de l’air; le soufre se dégage sous forme d’acide sulfureux, et l’argent, mis en liberté, est, en dernier lieu, fondu dans des creusets de plombagine et coulé en moule.
- Telle est la description très-sommaire du procédé tel qu’il est, depuis quelques années, employé à Joachimstahl, sur la frontière nord de la Bohême. Les minerais qu’on traite renferment une proportion d’argent qui est, en moyenne, de 2 pour 100 et qui s’élève souvent jusqu’à 10. Quant aux variétés qui en contiennent moins de 1 pour 100, on les fond avec des pyrites dans un fourneau à manche, de manière à obtenir des mattes qu’on traite comme ci-dessus.
- La dépense que nécessite ce procédé est minime; ainsi l’extraction d’une livre d’argent ( 0k,453 ) revient, en moyenne, à 9 sch. 9 d. ( 12f,15 ), tandis que par la méthode de traitement ordinaire on dépense au moins 16 sch. (20 francs). ( Journal of the Society of arts. )
- Recherches sur les matières colorantes des baies du nerprun des teinturiers et sur plusieurs rapports généraux existant entre les principes colorants jaunes, par M. le professeur Bolley.
- Les principaux travaux publiés sur les baies du nerprun des teinturiers (graines de Perse, graines d’Avignon) peuvent être résumés comme il suit :
- 1° M. Kane distingue dans ces baies deux substances tinctoriales différentes; l’une que l’on peut extraire au moyen de l’éther, et qui est jaune, cristallisable en aiguilles, facilement soluble dans l’éther, presque insoluble dans l’eau froide, et nommée par lui chrysorhamnine. Deux analyses ont fait connaître qu’elle contient, en moyenne, 58,02 de carbone et 4,70 d’hydrogène. Si on la dissout à chaud dans l’alcool ou dans l’eau, et que l’on fasse bouillir la solution, elle se décompose, et donne lieu à la formation d’une autre matière colorante, la xanthorhamnine, soluble dans l’alcool et
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- dans l’eau, insoluble dans l’élher et qui, séchée à 160° C., contient 52.55 de carbone et 5.15 d’hydrogène.
- 2° M. Gellatey, en employant l’éther, dit n’avoir obtenu ni chrysorhamnine, ni aucune autre matière caractérisée. Mais l’alcool lui a donné une substance jaune, cristallisable en aiguilles, facilement soluble dans l’eau froide ou chaude, insoluble dans l’éther, composée de 52.10 de carbone et de 5.78 d’hydrogène. Il regarde cette substance comme de la xanthorhamnine pure. Traitée à chaud par l’acide sulfurique étendu, cette substance se décompose ou se divise, et donne, outre de la glucose, un corps, la rhamnétine, soluble dans l’eau, l’alcool ou l’éther, et qui contient 59.41 de carbone et 4.38 d’hydrogène.
- 3° M. Hlasiwetz, dans un travail sur la quercitrine, a discuté les expériences de M. Gellatey, mais il s’y est renfermé dans les considérations de l’analyse élémentaire. Voici le résumé de son travail :
- Le quercilrin, séché à 100°, contient, d’après M. Bolley en 1841, et d’après M. Hlasiwetz en 1859, 52.49 de carbone et 5.03 d’hydrogène.
- La xanthorhamnine de M. Kane contient 52.55 de carbone et 5.15 d’hydrogène.
- La xanthorhamnine de M. Gellatey a donné 52.10 de carbone et 5.78 d’hydrogène.
- La quercétine de M. Rigand a été trouvée composée de 59.23 de carbone et de 4.13 d’hydrogène.
- La chrysorhamnine de M. Kane renferme 58.02 de carbone et 4.70 d’hydrogène.
- La rhamnétine de M. Gellatey a produit à l’analyse 59.41 de carbone et 4.38 d’hydrogène.
- M. Hlasiwetz considère la xanthorhamnine comme identique avec le quercitrin. Il croit aussi que l’on doit regarder comme une même substance la rhamnétine et la quercétine. Au reste, il n’a fait par lui-même aucune expérience sur les baies du nerprun.
- M. Bolley, en présence des contradictions qui résultent des notions précédentes, a cru devoir faire l’analyse des graines de Perse. M. Térisse, de Neuchâtel, qui l’a secondé dans ce travail, a d’abord obtenu, avec l’éther ordinaire du commerce, un riche extrait, ce qui explique peut-être la différence entre les données de M. Kane et celles de M. Gellatey. On a fait évaporer l’éther, traité le résidu par l’alcool, filtré et évaporé la liqueur après avoir ajouté de l’eau. On a ainsi obtenu une cristallisation d’aiguilles jaunes, groupées en étoiles, qui de nouveau, dissoutes, portées à la température de l’ébullition et cristallisées, n’ont pas subi de changement. L’analyse de deux portions de cette substance a donné, pour la première, 58.87 de carbone et 4.66 d’hydrogène, et, pour la seconde, 60.24 de carbone, et 4.18 d’hydrogène. Dans l’éther pur, ces cristaux étaient un peu solubles ; ils se dissolvaient difficilement dans l’eau, mais facilement dans l’alcool. Leur solution, mêlée à celle d’acétate de plomb, a donné un précipité rouge brique ; avec la solution d’argent, on a obtenu d’abord un dépôt rouge de sang, puis la réduction de l’argent. L’auteur avait déjà observé que la précipitation par le plomb est caractéristique pour la quercétine, mais il a remarqué, dans cette occasion, qu’il en est de même pour la précipitation par l’argent. La quercétine, en effet,
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- SG comporte avec ces deux métaux absolument comme il vient d etre dit. On ne peut donc douter que la substance cristallisée et isolée par M. Bolley ne soit de la quercétine. L’auteur regarde comme très-intéressant ce fait, qui démontre dans une substance végétale la préexistence des produits extraits du quercitrin.
- On peut ajouter que la chrysorhamnine de M. Kane, que M. Gellaley n’a pu obtenir, n’est autre que la quercétine, mais M. Bolley, d’après ce qui précède, doute qu’elle se décompose facilement, et qu’elle donne lieu à la formation d’un corps tel que celui qui a été désigné par M. Kane sous le nom de xanthorhamnine. Il n’est pas non plus nécessaire d’admettre une séparation de substances, si, comme le pense M. Hlasiwetz, la rhamnétine ne diffère pas de la quercétine. Ou bien cette séparation se fait-elle naturellement dans certaines baies tinctoriales jaunes, tandis qu’elle ne s’effectuerait pas dans les autres? Cette hypothèse, qui n’est certainement pas invraisemblable, concilierait plusieurs contradictions entre les résultats de M. Gellatey et de M. Kane, et expliquerait pourquoi l’un a obtenu directement par extrait la chrysorhamnine (la rhamnétine ou la quercétine), tandis que l’autre n’a rien remarqué de semblable.
- A cette occasion, l’auteur croit devoir faire observer que, d’après l’opinion générale des teinturiers praticiens, la matière colorante des graines jaunes est considérée comme un peu moins solide que celle de l’écorce de quercitron. Ce qui précède rend cette assertion au moins invraisemblable. Les graines jaunes ont beaucoup baissé, en partie parce que les couleurs d’application qui constituaient presque leur seul débouché sont aujourd’hui beaucoup moins demandées, et en partie parce que l’on emploie, en plus grande quantité d’autres matières colorantes jaunes, telles que l’acide picrique, le lo-tier ou le chromale de plomb. (Schweizerische Polytechnische Zeitschrift, et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Sur l’emploi du sulfate de plomb, produit dans les fabriques d’indiennes, par M. Wichmann, chimiste, à Dresde.
- On a proposé plusieurs moyens pour utiliser le sulfate de plomb qui se précipite dans les fabriques d’indiennes, lors de la fabrication de l’acétate d’alumine. Le plus souvent on l’a traité dans des fourneaux de réduction, avec des flux et d’autres mélanges, pour en retirer du plomb métallique, et ce moyen semble devoir être d’autant plus avantageux que le métal ainsi extrait possède une très-grande douceur. L’absence complète du cuivre et du fer, dans ce sulfate, a engagé l’auteur à l’employer, autant que possible, pour la fabrication des poteries, où un oxyde de plomb très-pur est d’une haute utilité, par exemple pour la fabrication des poêles et des carreaux blancs vernissés.
- Le procédé publié par M. Mohr pour la préparation de la baryte a suggéré à l’auteur l’idée de réduire le sulfate de plomb de la même manière et au moyen de la soude caustique : il y a réussi parfaitement et a déjà traité par ce procédé quelques centaines de quintaux de ce sel.
- On trouve généralement dans les fabriques d’indiennes le sulfate dont nous parlons
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- sous forme d’une pâte d’un brun-rouge plus ou moins foncé. Par le repos, on en sépare un liquide coloré qui contient en solution de l’acétate d’alumine et de l’alun ammoniacal ; la couleur provient du pyrolignite de plomb employé à la décomposition de l’alun. On agite toute cette masse en y faisant arriver de l’eau; il est même bon de la transvaser dans un autre vaisseau, en la passant dans un tamis fin, pour en extraire les corps étrangers, et les petites masses de sulfate qui ne sont pas suffisamment délayées.
- Pour parvenir à la décomposition, il faut préparer une solution de soude caustique, marquant de 28 à 30° Baumé, ou 1.25 environ au densimètre, et aussi exempte que possible de carbonate. On porte cette solution à la température de l’ébullition dans une chaudière en fer, et l’on y introduit, en l’agitant continuellement, une quantité de sulfate de plomb déterminée par une expérience préalable. Lorsque cette quantité approche d’être complète , on doit veiller avec le plus grand soin à n’en pas employer un excès, et le moyen le plus simple de s’en assurer est de goûter le liquide. Tant que ce liquide pique la langue, comme disent les savonniers, il faut ajouter de nouveau sulfate de plomb, mais on doit s’arrêter dès que la langue ne perçoit plus l’impression de la causticité. Il est même bon de laisser encore un peu de soude libre, afin d’être sûr de n’avoir pas de sulfate de plomb dans la couverte; mais la présence de cet excès introduit dans la solution de sulfate de soude un peu d’oxyde de plomb uni à la soude non sulfatée. La décomposition s’effectue rapidement et complètement pendant l’ébullition, mais il se forme une écume blanche lorsque la soude caustique contient encore une certaine quantité de carbonate. Ordinairement il se dégage aussi un peu d’ammoniaque provenant de l’alun qui avait été retenu par le sulfate de plomb.
- L’oxyde de plomb ainsi préparé possède une couleur d’orange pâle, et se compose de petites écailles cristallines très-fines; mais, si l’on emploie une solution caustique plus concentrée, marquant, par exemple, 40° Baumé, on voit se précipiter des cristaux un peu plus gros et d’un rouge foncé.
- Lorsque la décomposition est terminée, on lave convenablement le précipité pour en extraire tout le sulfate de soude; l’oxyde de plomb se dépose facilement, et, lorsqu’il ne retient plus de sulfate de soude, on le fait sécher, puis rougir dans un fourneau où on le laisse refroidir le plus lentement possible. Il présente alors l’aspect d’une poudre extrêmement douce, d’une couleur orangée, et ressemble exactement à de la litharge préparée. Cet oxyde de plomb retient cependant obstinément environ 2 pour 100 d’alumine, qui ne présentent aucun inconvénient pour le vernissage des poteries; il peut aussi renfermer plus ou moins de carbonate de plomb, selon que la lessive caustique contenait elle-même plus ou moins de carbonate de soude.
- On fait évaporer la solution de sulfate de soude, qui contient, à la vérité, de l’alumine, de l’oxyde de plomb uni à la soude, de l’acétate de soude, et même du sel marin provenant de la soude employée. Toutes ces matières entrent dans la fabrication du cristal; et comme, d’ailleurs, le sel est absolument exempt de fer, il est très-volontiers accepté par les verreries. (Polytechnisches Centralblatt et Dinglers Polytechnis-ches Journal.)
- Tome VIII. — 60a année. 2e série. — Janvier 1861s
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- Note sur les modifications éprouvées par la gutta-percha, par M* te professeur
- Hofmam, de Londres.
- Tout le monde sait que la gutta-percha exposée à l’air éprouve, avec le temps, des changements considérables; elle devient de plus en plus cassante et perd presque toute sa cohésion. Cette expérience a été faite dernièrement d’une manière fâcheuse, sur une très-grande échelle, lors de la pose du câble destiné au télégraphe des Indes orientales. Des masses énormes de gutta-percha se sont montrées hors d’usage dans un temps relativement court, et il en est résulté des pertes qui s’élèvent à des milliers de livres sterling. L’auteur, ayant été chargé, par la compagnie actuellement dissoute, d’examiner la substance altérée, a fait plusieurs analyses dont nous allons extraire les principaux résultats.
- La gutta-percha modifiée présente une masse brune, extrêmement friable, qui cependant se ramollit dans l’eau bouillante. Comme les sortes que l’on trouve dans le commerce n’agissent pas toutes de la même manière, l’auteur s’est pourvu d’échantillons non altérés, que l’on employait pour recouvrir le câble, et, par des essais comparatifs, a reconnu que ces échantillons se comportaient avec les dissolvants tout autrement que la gutta-percha altérée. Tandis que les premiers se montraient à peu près insolubles dans l’alcool, la gutta-percha modifiée s’y dissolvait en assez grande quantité. Le traitement par l’éther présentait aussi des différences, et l’auteur cite les résultats de plusieurs analyses où l’on remarque des inégalités considérables dans les proportions et même dans la nature des principes constituants.
- M. Hofmann conclut que le changement éprouvé par la gutta-percha exposée à l’air provient d’une véritable oxydation. Aussi, ce produit, avant d’avoir subi une altération, est-il tout à fait exempt d’oxygène, tandis que, quand il est devenu soluble dans l’alcool, il en contient près de 28 pour 100.
- La proposition qui attribue à une oxydation le changement subi par la gutta-percha au contact de l’air est, au reste, confirmée par le fait bien connu de sa conservation pendant plusieurs années, lorsqu’elle est placée sous l’eau. (Annalen der Çhemie und Pharmacie et Dingîer's Polytechnisches Journal.)
- Conservation des raisins et des autres fruits, par M. le DT Rauch.
- On a tenté beaucoup de moyens plus ou moins efficaces pour conserver les raisins, que l’on peut regarder comme un des fruits les plus agréables et les plus sains, mais aussi les moins durables.
- Un des procédés les plus simples consiste, comme on sait, à suspendre à des perches ou à des cordes, dans une cave ou dans une chambre non chauffée, mais à l’abri de la gelée, les grappes dont on a enduit la queue avec de la cire à greffer. En ayant soin d’enlever de temps en temps les grains qui commencent à pourrir, on peut ainsi conserver les raisins jusqu’à la fin de décembre. Dans les caves, ils gardent généralement leur fraîcheur plus longtemps que dans les chambres où l’air est plus sec, et l’expé-
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- rience a prouvé qu’il en est de même à peu près pour tous les autres fruits. On conçoit, d’après cela, pourquoi on peut conserver des prunes fraîches pendant des mois entiers dans des pots remplis de sable sec, en ayant soin de fermer hermétiquement ces vases et de les enfouir dans la terre. Dans ce cas, la suppression de l’action de l’air doit également contribuer au résultat.
- On emploie dans la Russie méridionale une autre méthode pour conserver les raisins. On les cueille avant qu’ils soient complètement mûrs, on les enferme dans de grands pots, que l’on achève de remplir avec du millet bien sec, de telle sorte que les grains ne puissent se toucher. On couvre les pots avec soin et on les mastique de manière à intercepter complètement le passage de l’air. C’est ainsi emballés que les raisins sont expédiés pour les marchés de Saint-Pétersbourg. Ils peuvent se garder pendant une année entière, après laquelle on les trouve encore très-doux, parce que la maturation qui se complète dans les pots y développe tout le sucre.
- Des expériences récentes ont démontré que le coton possède une propriété utile pour la conservation de plusieurs substances. On a reconnu, par exemple, que si l’on emplit une bouteille de bouillon de viande, et qu’on la ferme faiblement avec du coton, le bouillon se maintient sans altération pendant plus d’une année. Il était naturel, d’après cela, d’essayer si le coton ne pourrait pas exercer la même influence sur d’autres substances. Cependant, si nous ne nous trompons, on ne l’a pas fait encore en Europe. Au contraire, on en a profité depuis longtemps avec beaucoup de succès, en Amérique, pour les raisins. Voici comment on opère :
- On laisse les grappes sur le cep aussi tard que possible, même jusqu’aux premiers froids, pourvu que les gelées soient légères. On les coupe alors avec un couteau bien affilé; et, après avoir enlevé avec des ciseaux tous les grains endommagés, on les laisse pendant quelques jours dans une chambre froide. Alors on les emballe entre des couches de coton ordinaire, dans des vases tels que des boîtes en fer-blanc ou des pots à conserves en verre. On a soin de ne faire qu’un petit nombre de couches, afin que le poids des grappes supérieures ne charge pas trop les inférieures, et de manier les raisins avec beaucoup de ménagements. On ferme alors exactement les vases, et l’on mastique le couvercle avec de la cire à bouteilles. Cette dernière précaution est assurément utile ; cependant les fermiers américains la négligent ordinairement, et n’en ont pas moins de bons raisins souvent jusqu’en avril. On garde les vases dans une chambre fraîche, mais à l’abri de la gelée.
- La conservation des pommes et des poires est encore plus facile dans le coton, qui doit cependant en entraver la complète maturation que la laine favorise au contraire. Les fermiers américains emballent donc pendant quelques jours dans cette dernière matière textile les poires qu’ils destinent à la vente, et qui doivent présenter une belle couleur dorée ; ils retirent des fruits ainsi mûris un prix plus que double de celui des poires encore un peu vertes.
- La méthode la plus récente est due à un Français, M. Charmeux, qui a excité beaucoup l’attention par les raisins qu’il a envoyés dans plusieurs expositions. L’auteur a expérimenté cette méthode l’année dernière, et l’a trouvée très-bonne. Elle repose es-
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- sentiellement sur un des principes que nous avons énoncés ci-dessus, celui d’entretenir toujours une certaine humidité pour conserver les raisins frais, et s’exécute ainsi :
- Les grappes restent attachées au cep aussi longtemps que la saison le permet, et, lorsqu’on les cueille, on laisse adhérent à la queue un morceau du rameau comprenant environ deux nœuds en haut et trois ou quatre en bas. On mastique soigneusement le haut du rameau, dont on plonge l’extrémité inférieure dans une fiole à médecine pleine d’eau où l’on a délayé un peu de charbon en poudre, afin de prévenir la corruption. On ferme ensuite également la fiole avec de la cire. On dispose alors les raisins, en couche, sur de la paille ou du coton dans une chambre froide, mais exempte de gelée. Peut-être serait-il mieux encore de les suspendre, ce qui serait facile, pourvu que les fioles à médecine fussent bien fixées. On n’a plus ensuite qu’à visiter de temps en temps les grappes, pour en retrancher les grains qui s’altèrent. L’auteur a conservé ainsi des raisins depuis l’automne de 1859 jusqu’au commencement d’avril 1860, et les a trouvés très-savoureux. Pour les garder plus longtemps, il suffirait sans doute de les placer dans une cave ou dans un autre endroit où la température fût basse et constante. L’obscurité serait même vraisemblablement avantageuse. (Allgem. deutscher Telegraph et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Préparation facile de l’amalgame d’argent, par M. Guglielmo.
- L’auteur a observé qu’on obtient presque instantanément cet amalgame à l’état de très-grande pureté, en dissolvant 1 partie de nitrate d’argent dans 2 ou 3 parties d’eau distillée, puis en ajoutant 4 parties de mercure métallique.
- La réaction chimique a lieu aussitôt ; le liquide contient ensuite de l’acide nitrique uni à du protoxyde de mercure et aux oxydes des métaux étrangers qui se trouvaient dans l’argent.
- Le mercure séparant de la solution seulement ce dernier métal qui peut ensuite être recueilli à l’état pur par la distillation , il serait possible que cette méthode devînt quelquefois utile pour l’analyse quantitative des monnaies , de la pierre infernale, etc. ( Wittstein’s Vierteljahresschrift für praktische Chemie et Ding 1er’s Polytechnisches Journal.)
- Verre ardent de grande dimension, par M. Brettel.
- M. Brettel, d’Islington, près de Londres, a construit dernièrement un verre ardent de 0m,90 environ de diamètre, et en a obtenu des effets très-remarquables. Le platine, le fer, l’acier, le quartz se fondent au foyer en quelques secondes. Un diamant de 0gr,65, après une exposition d’une demi-heure, ne pesait plus que 0gr,39. Il répandait une fumée blanchâtre, augmentait de volume et s’exfoliait comme le bouton d’une fleur. (Breslauer Gewerbeblatt et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
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- PROCÈS-VERBAUX.
- Séance du 16 janvier 1861.
- M. le baron A. Séguier, vice-Président, occupe le fauteuil.
- Correspondance. — M. E. Krafft, ingénieur civil, à Strasbourg, adresse un mémoire sur la graduation du volume d’air employé à la combustion du gaz d’éclairage, et quatre becs construits sur le principe établi dans ce mémoire. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. F. Cantagrel, rue de Buffault, 7, dépose un mémoire à l’appui de la présentation qu’il a faite de son indique-fuites du gaz dans la séance du 7 novembre 1860. ( Renvoi au même comité. )
- M. Georges, ingénieur civil, rue de Saintonge, 91, présente les dessin et description d’un système de pompe atmosphérique, dans lequel l’aspiration du liquide est produite par la raréfaction et le refoulement par la compression de l’air. ( Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. Grieu, à Rouen, rue du Champ-des-Oiseaux, 7, soumet un système de pompe analogue au précédent et destiné à l’épuisement des eaux de mines. ( Renvoi au même comité. )
- MM. F. Martin et comp., constructeurs-mécaniciens, à Paris, rue du Champ-de-l’Alouette, 20, sollicitent l’examen d’une machine à fendre les cuirs en tripe, c’est-à-dire avant le tannage, laquelle peut également fendre les cuirs en croûte, pourvu qu’ils aient été préalablement foulés. ( Renvoi au même comité. )
- M. David [Claude), ingénieur-mécanicien, à Batignolles-Paris, rue de l’Église, 29, désire soumettre à l’examen de la Société des appareils et procédés pour la fabrication des tonneaux, ainsi qu’un nouveau système de scie à mouvement alternatif. ( Renvoi au même comité. )
- M. Marillier, à Ische ( Vosges ), auteur de plusieurs instruments agricoles, se recommande à la bienveillance de la Société. (Renvoi à la commission de répartition des dons de MM. Christofle et Besançon. )
- M. Hamel, ancien inspecteur de colonisation en Algérie, rue Lacépède, 23, transmet, par l’intermédiaire de S. Exc. M. le Ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, l’ouvrage qu’il a publié sur la maladie des plantes alimentaires. ( Renvoi au comité d’agriculture. )
- MM. H. Brossette et comp., rue de Charonne, 100, rappelant la médaille d’argent qu’ils ont reçue de la Société dans la séance générale du 28 mars 1860 (1) pour leur
- (1) Voir Bulletin de 1860, p. 234.
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- système d’argenture des glaces ( procédé Petitjean), expriment le désir de mettre à la disposition du Conseil une somme de 200 francs pour un prix qui serait décerné, cette année, au plus méritant parmi les jeunes dessinateurs. ( Renvoi à la commission des fonds. )
- M. Leuchs ( Jean-Charles ), à Nuremberg ( Bavière ), adresse une note sur l’utilisation des œufs de poissons pour en obtenir l’albumine. ( Renvoi au comité des arts chimiques. )
- Melle Brossard- Vidal, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 29, dépose une notice descriptive sur l’ébullioscope centésimal ( système Yidal ) et sur les modifications qu’elle a apportées à l’appareil de son frère. ( Renvoi au même comité réuni à celui des arts économiques. )
- M. Salle, rue de la Parcheminerie, 5, soumet à l’appréciation du Conseil le procédé qu’il annonce avoir découvert pour la préparation d’une matière filamenteuse tirée d’une plante connue sous le nom d'ortie de Chine. ( Renvoi aux mêmes comités. )
- M. Molozay, rue d’Angoulême-du-Temple, 68, présente un appareil à frictionner, destiné à remplacer la main de l’homme dans cette fatigante opération. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. Boulanger, ferblantier-lampiste, rue du Faubourg-Saint-Denis, 142, a imaginé un mode de fermeture de sûreté pour les boîtes à lait, ainsi qu’une disposition de lampe permettant d’en opérer soi-même le nettoyage, et il exprime le désir que ces deux inventions, qu’il a fait breveter, soient l’objet d’un examen. (Renvoi au même comité.)
- M. E. Hautefeuille, rue des Juifs, 1, à Paris, met sous les yeux du Conseil une nouvelle cheminée de lampe moitié verre et moitié laiton, qui sert de régulateur à la mèche et l’empêche de fumer. ( Renvoi au même comité. )
- M. Félix Maréchal, maire de Metz, président de la commission générale de l’exposition agricole et industrielle qui doit avoir lieu, cette année, dans cette ville, adresse les programmes d’admission à cette exposition.
- Rapports des comités. — Au nom du comité des arts mécaniques, M. Tresca donne lecture d’un rapport sur une machine dite à leviers de MM. Bluzart, Rivière et Aleysson.
- Au nom des comités des arts économiques et mécaniques, M. Th. du Moncel lit un rapport sur les chronographes électriques de M. Gloesner, professeur de physique à l’université de Liège.
- Ces deux rapports paraîtront au Bulletin.
- Communications. — Au sujet du dernier rapport relatif aux chronographes, M. Lis-sajous explique la méthode qu’il emploie pour mesurer le nombre absolu des vibrations qui correspond à un son donné.
- M. Albert Barre, membre du Conseil, donne une description succincte d’un appareil imaginé par M. Cheret, mécanicien, pour faire marcher mécaniquement des balanciers ou découpoirs de toute puissance. ( Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. Guérin-Méneville, membre de la Société impériale et centrale d’agriculture de France, fait hommage à la Société de son rapport à S. M. l’Empereur sur les travaux
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- entrepris par ses ordres pour introduire le ver à soie de l’ailante en France et en Algérie. ( Renvoi au comité d’agriculture. )
- M. de la Bertoche, correspondant de la Société impériale et centrale d’agriculture de France, appelle l’attention du Conseil sur un système de torréfaction des bois appliqué industriellement depuis plus d’une année par l’un des inventeurs, M. de la Gressière, maître de forges, à Buzancy, et fait ressortir les avantages de ce procédé au point de vue de l’agriculture et de la conservation du sol forestier. (Renvoi aux comités d’agriculture et des arts chimiques. )
- Le Conseil se forme en comité secret.
- Séance du 30 janvier 1861.
- MM. le baron A. Séguier, vice-Président, et Dumas, Président, occupent successivement le fauteuil.
- Correspondance. — M. de Caligny, rue de l’Orangerie, 18, à Versailles, adresse une brochure contenant des observations critiques sur l’inslallation, au mont Cenis, d’une de ses machines hydrauliques couronnées en 1839 par l’Institut de France. ( Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. Ch. Idoux, ancien graveur sur bois, rue du Cherche-Midi, 57, présente des planches de buis destinées à la gravure, lesquelles sont composées de plusieurs morceaux assemblés par des broches à vis et pouvant se démonter à volonté. ( Renvoi au même comité. )
- M. Lacoste, ancien carrossier, à Toulouse, allée Louis-Napoléon , 5, signale une frette mobile pouvant s’adapter aux voitures à quatre roues et permettant d’y monter et d’en descendre sans arrêter le mouvement et sans courir de danger. ( Renvoi au même comité. )
- M. Bassot fils, tuilier, à Coudun, près Compiègne ( Oise ), transmet le plan d’un tombereau avec frein à double effet, destiné à permettre d’avancer sans pouvoir reculer. ( Renvoi au même comité. )
- MM. André Hermann et comp., fabricants de sonnettes et tableaux électriques, rue Neuve-Saint-Augustin , 8, présentent un appareil télégraphique. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. Bernachon, rue Breda, 29, sollicite l’examen d’une plinthe mobile calfeutrante, applicable au bas de toutes les portes. ( Renvoi au même comité. )
- M. Gagnage, à Montrouge, chaussée du Maine, 93, dépose un mémoire traitant de l’azote et de son influence sur la végétation. (Renvoi aux comités des arts chimiques et d’agriculture. )
- M. Dosnon, au port de Charrey ( Yonne ), adresse un précis sur les nouvelles couleurs minérales à base de fer et sur les avantages qu’elles peuvent offrir par leur fixité, leur densité et leur innocuité dans la peinture et l’impression. (Renvoi au comité des arts chimiques. )
- M. Bernât ( Friedrich ), à Vienne ( Autriche ), envoie, en langue allemande, une
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- étude sur les ornements ou représentation d’une partie des plantes et des fleurs d’après nature, etc. ( Renvoi à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.)
- Mm® Ve Mauvielle, fabricante de bluteries, fait don à la Société d’un modèle de blu-terie dans lequel elle s’est proposé de réunir les tissus et les dispositions les mieux appropriés au blutage. ( Vote de remercîments. )
- Rapports des comités.—Au nom du comité des arts mécaniques, M. Tresca donne lecture d’un rapport sur la fabrication mécanique des épingles de M. Cribier, à Vi-roflay ( Seine-et-Oise ).
- Au nom du comité des arts économiques, M. Th. du Moncel donne lecture des deux rapports suivants :
- 1° Rapport sur les appareils stéréoscopiques de M. Philippe Benoist;
- 2° Rapport sur le nouveau système d’impression des gravures en taille-douce imaginé par M. Chazelle.
- Au nom de la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie, M. Albert Barre lit un rapport sur un manuscrit légué à la Société par M. Maurisset et traitant de la gravure chromatique sur ivoire.
- Au nom du comité des arts chimiques, M. Salvétat lit un rapport sur l’emploi, sur porcelaine, de la dorure brillante sans brunissage présenté par MM. Dutertre frères, à Paris.
- Au nom du comité des arts économiques, M. Duchesne lit un rapport sur une nouvelle application du système de moulage de M. Stahl.
- Ces divers rapports paraîtront au Bulletin.
- Nomination d’un membre adjoint. — Conformément à l’arrêté du Conseil du 16 janvier 1855, il est procédé à la nomination d’un membre adjoint au comité des arts économiques.
- M. F. P. Le Roux, répétiteur de physique à l’école polytechnique, professeur de géométrie au Conservatoire des arts et métiers, obtient l’unanimité des suffrages.
- Erratum.
- Dans la table alphabétique des noms des auteurs mentionnés dans la 59e année du Bulletin (voir numéro de décembre 1860 , p. 755 ), il s’est produit, par suite d'une transposition de ligne, une erreur qu’il importe de rectifier. C’est M. Masson, membre du Conseil, dont la mort a été annoncée, et non celle de M. Ferdinand Masson, fabricant de feuilles d’étain ; cette erreur n’existe, du reste, que dans la table des auteurs.
- PARIS. — IMPRIMERIE DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L’ÉPERON, 5. — 1861.
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- 60' ANNÉE. DEUXIÈME SERIE. TOME VIII. — FÉVRIER 1861.
- BULLETIN
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Barral, au nom du comité des arts chimiques J sur les travaux de M. Crespel-Dellisse relatifs a la fabrication du sucre de
- BETTERAVE.
- Messieurs, vous avez renvoyé à votre Comité des arts chimiques une lettre en date du 7 novembre 1860, par laquelle M. Crespel-Dellisse demandait l’examen de ses travaux sur la fabrication de sucre de betterave. Cette lettre était accompagnée d’un volumineux dossier, contenant des pièces très-intéressantes concernant Thistoire de l’établissement, en France, de la sucrerie de betterave, et donnant la preuve de la part importante prise par M. Crespel-Dellisse dans cette grande conquête de la chimie au xixe siècle. Il a paru à votre Comité que la Société d’encouragement ferait une chose utile à l’industrie en jetant un coup d’œil en arrière sur les cinquante ans qui se sont écoulés depuis que le premier pain de sucre de betterave est sorti des mains des premiers fabricants, et qu’elle donnerait un bon exemple en montrant à ceux qui, jeunes encore, cherchent à féconder de nouvelles inventions, qu’elle n’abandonne pas les vieillards dont la vie s’est écoulée dans un travail incessamment productif.
- Dans la séance générale tenue le 27 avril 1825 par la Société d’encouragement, Chaptal, alors votre Président, donnait lecture du rapport suivant, Tome VIII. — 60e année. 2e série. -7 Février 1861. 9
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- sur îa fabrique de sucre de betterave établie à Arras par M. Crespel-Dellisse :
- « La possibilité d’extraire économiquement le sucre de betterave a produit une vive sensation en Europe. En effet, cette découverte ne tendait à rien moins qu’à changer nos relations avec le nouveau monde, dont le sucre est le principal produit, et à enrichir l’agriculture européenne de 300 à 400 millions par an.
- « L’importance de cette découverte détermina le gouvernement à en hâter l’exécution; des ordres furent donnés partout pour cultiver des racines; plus de 200 fabriques furent formées pour en assurer l’exploitation en France ; mais les procédés d’extraction étaient encore imparfaits, les lumières manquaient partout, et la plupart de ces établissements ont eu des résultats fâcheux. Bientôt le découragement s’est annoncé de toutes parts, et cette belle industrie aurait disparu de notre sol, si des hommes courageux et éclairés n’eussent persisté et perfectionné les procédés.
- « Gloire soit rendue aux hommes qui ont surmonté toutes les difficultés, supporté des sacrifices, méprisé les plaisanteries grossières et futiles, et conservé à la France une industrie qui doit enrichir son agriculture.
- « Cette industrie a le double avantage de donner à notre sol un produit de plus, et d’augmenter sensiblement, par le marc et les feuilles de la betterave, nos ressources pour la nourriture et l’engrais de nos bestiaux ; elle forme une récolte intermédiaire et prépare admirablement les terres pour la culture du blé ; elle fournit un travail précieux aux colons et aux animaux d’une ferme pendant la saison rigoureuse de l’hiver, ou les travaux des champs sont suspendus ; elle ouvre à l’agriculture une nouvelle source de richesses, lorsque l’abondance des autres récoltes surpasse la consommation et ne présente que des pertes.
- « De tous les citoyens recommandables qui ont obtenu le plus de succès, M. Crespel doit être placé au premier rang. Établi d’abord dans le département du Nord, ses ateliers ont été dévastés par l’irrupt'on des armées étrangères ; ce triste événement n’a ni abattu son courage ni refroidi son zèle; il a réuni les minces débris de sa fortune et est venu s’établir à Arras. Chaque année, il a employé ses bénéfices à étendre ses cultures et à augmenter ses ateliers; il est parvenu à fabriquer aujourd’hui 140 milliers de beau sucre dans son établissement d’Arras, et 40 à 50 dans celui qu'il a créé près de Senlis ; sa fortune s’est accrue rapidement, et vous penserez avec moi que jamais fortune ne fut plus honorable, car elle a pour base le bien public, les lumières et la philanthropie de son auleur ; vous jugerez que la source en est aussi pure que sacrée.
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- « Mais ce n’est pas là le seul mérite qui recommande M. Crespel; loin de soustraire son procédé à l’œil curieux des hommes qui veulent s’instruire, il les appelle, il les provoque, il les admet dans ses ateliers, les fait participer à toutes ses opérations, et leur en confie la direction dès qu’ils sont exercés. Déjà plusieurs de ses élèves se sont établis et prospèrent autour de lui; des seigneurs de l’Ukraine sont venus se former à son école et transportent chez eux cette importante industrie.
- « Les succès de M. Crespel prouveraient seuls que cette branche précieuse de l’agriculture peut être exploitée partout avec avantage ; son noble désintéressement mérite la reconnaissance publique, et la Société d’encouragement, en lui décernant le premier de ses prix, sera l’organe de la France tout entière. »
- Pour bien apprécier les éloges donnés à M. Crespel dans ce rapport qui concluait à lui décerner la médaille d’or, pour se rendre un compte exact de la part qui lui revient dans la grande industrie dont la France a été dotée, il est nécessaire de remonter à l’origine des faits et d’en tracer un historique complet.
- Vers la moitié du siècle dernier (1747), un célèbre chimiste allemand, Margraff, découvrait le sucre dans la betterave; ce n’était alors qu’une expérience curieuse de laboratoire, dont il ne soupçonnait peut-être pas toute la portée. Quarante ans après, en 1787, un autre chimiste allemand, mais d’origine française, Achard, associé au baron Koppi, de Berlin, répétait les expériences de Margraff, et tentait, à plusieurs reprises, d’exploiter en grand cette précieuse découverte, dont la France, quelques années plus tard, allait tirer un si merveilleux parti. En effet, les travaux d’Achard avaient eu un certain retentissement, et malgré les grands événements qui avaient marqué la fin du dernier siècle et le commencement de celui-ci, malgré la préoccupation des esprits, plus avides alors de politique que de science et d’industrie, malgré les moyens encore restreints dont la publicité disposait, on avait appris en France les essais d’Achard, continués jusque vers 1808, grâce à une subvention de 500,000 francs que le gouvernement prussien lui avait accordée.
- C’est à peu près à cette époque que va commencer la carrière industrielle de M. Crespel. Marié de bonne heure, il avait quitté Lille, sa ville natale, au commencement de 1809, pour aller à Béthune entreprendre le commerce de grains, lorsqu’un de ses amis d’enfance, son parent Parsy, vint lui faire part de la découverte de procédés permettant de tirer du sucre de la betterave. Et voilà nos deux jeunes gens, enthousiasmés et pleins de foi dans l’avenir, qui se mettent à l’étude, chacun de leur côté, pour entreprendre des
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- expériences et chercher à reproduire les procédés découverts en Prusse. En les voyant se livrer à de pareils travaux, sans guide, sans connaissances spéciales, on eût, certes, pu les taxer de présomption d’oser tenter de faire passer dans la pratique un procédé encore naissant et mal étudié; en un mot, d’oser tenter de réussir là où un chimiste de mérite avait échoué ; mais le génie de l’industrie était destiné à s’incarner dans l’un de ces deux hommes, et devait le conduire à occuper un rang éminent dans la carrière qu’il se choisissait. v
- Les essais, commencés en 1809 et continués presque sans interruption, donnèrent, en 1810, des résultats tels, que nos deux jeunes gens conclurent une association qui ramena M. Crespel dans sa ville natale. Que d’espé -rances fondées sur cette association ! A cette époque, où le sucre de la canne était rare et cher, le bruit courait que l’Empereur était dans l’intention de décerner un prix de 1 million à la première fabrique de sucre indigène capable de fournir une quantité déterminée de produit marchand.
- Il était vrai que l’Empereur s’était vivement intéressé à la solution du beau problème que les événements posaient à la chimie. M. Flourens, dans son éloge de Benjamin Delessert, dpnt le souvenir est vénéré dans celte enceinte, rapporte en ces termes un des épisodes de l’histoire de la création de la fabrication du sucre : « Lorsque, en 1806, dit l’illustre secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, la France, maîtresse du continent, mais exclue des mers, n’eut plus de communication possible avec ses colonies, Napoléon demanda aux sciences ce que le nouveau monde lui refusait. Il encouragea, il ordonna même de nouvelles recherches. Un membre de celte Académie, Proust, venait de découvrir le sucre de raisin. Le problème n’était pourtant pas résolu. Le sucre de raisin n’est pas le même que celui de canne à sucre. Il fallut donc revenir à celui de la betterave. Deyeux s’en occupa d’abord, puis Chaptal. Je cite deux membres de cette Académie ; je pourrais citer presque tous les chimistes de cette époque.
- « Durant quatre années entières, M. Delessert se livra, dans sa raffinerie de Passy, aux études les plus assidues et les mieux conduites. La difficulté était, à ce moment-là, d’obtenir en grand le sucre de betterave bien cristallisé. Il y réussit.
- « On ne se figure plus aujourd’hui, à cinquante ans de distance, et quand, d’ailleurs, toutes les circonstances ont tellement changé, l’intérêt passionné qui s’attachait alors à ces grands travaux.
- « Le 2 janvier de l’année 1812, M. Delessert annonce son succès à M. Chaptal. Celui-ci en parle aussitôt à l’Empereur. L’Empereur ravi s’écrie : « Il faut aller voir cela ; partons. »
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- « Et, en effet, il part. M. Delessert n’a que le temps de courir à Passy, et, quand il arrive, il trouve déjà la porte de sa raffinerie occupée par les chasseurs de la garde impériale qui lui ferment le passage. Il se fait connaître, il entre. L’Empereur avait tout vu, tout admiré ; il était entouré des ouvriers de la fabrique, fiers de cette grande visite; l’émotion était au comble. L’Empereur s’approche de M. Delessert, et, détachant la croix d’honneur qu’il portait sur sa poitrine, il la lui remet.
- « Le lendemain, le Moniteur annonçait « qu’une grande révolution dans le « commerce français était consommée. » L’Empereur avait raison. La science venait de créer une richesse nouvelle, et qui s’est trouvée immense. »
- En même temps que Chaptal, que Benjamin Delessert et quelques autres hommes dévoués poursuivaient leurs essais avec des succès divers (1), M. Cres-pel-Dellisse travaillait, de son côté, avec une ardeur infatigable. Les nombreux documents authentiques, manuscrits ou imprimés, qui ont été mis sous les yeux de votre comité, vont nous permettre d’établir nettement la part qui lui revient dans la fondation de l’industrie sucrière. On lit dans le rapport du jury départemental du Pas-de-Calais pour l’exposition des produits de l’industrie en 1827 (2) :
- «...........Enfin M. Crespel obtenait du sucre dont il remit, en 1810,
- des échantillons au maire de Lille, M. le comte de Brigode, ainsi qu’à Mme veuve Colle, raffineur, qui les soumit au raffinage, et en obtint un superbe pain de sucre, qui fut exposé à Lille avant l’annonce de celui que MM. Barruel et Isnard produisirent, dans la même année, par des procédés différents.
- « Au commencement de 1810, fort de ce premier succès, il monte un établissement, et doit à lui-même ses machines et ses procédés. Il fabrique, dans la même année, 10 à 12 milliers de sucre brut, qui furent placés aussitôt dans le commerce.
- (1) Il est juste de rappeler ici la fabrique de MM. Schumacher, Remkes et Trons, à Crevelî, département de la Roër, sur laquelle M. Thénard a fait à la Société d’encouragement un rapport approbatif en 1815; dans ce rapport, on constate comme remarquable un rendement en sucre brut de 2 pour 100 du poids de la betterave; aujourd’hui on retire 0 pour 100. Les fabriques élevées à Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) par M. Leray de Chaumont, à Toury (Eure-et-Loir) par M. Gre-net-Pélé, à Chàteauneuf (Loiret) par M. de la Nouvelle, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or) par le duc de Raguse, h Bellou-sur-Huine ( Orne ) par M. de Beaujeu, à Pont-à-Mousson ( Meurthe) par M. Masson, par M. André, par M. Maguin, et qui sont signalées dans les rapports de M. Costaz et de MM. Héricart de Thury et Migneron sur les expositions nationales de 1819 et de 1823, doivent encore être citées pour compléter ces notions historiques sur les premiers développements de la sucrerie indigène.
- (2) Dans tout ce qui va suivre, il n’est point question de Parsy, car la mort est venue le surprendre en 1812, et M. Crespel, privé de son concours, s’adjoignit alors son beau-frère Dellisse.
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- « En 1811, il a connaissance de l’ouvrage de M. Achard. La cristallisation lente y était enseignée, et c’est précisément celle qu’il avait trouvée, de lui-même, être la plus favorable. Du reste, rien n’était à prendre dans cet ouvrage pour les procédés mécaniques, et M. Crespel reconnut à ses dépens que les moyens qui y étaient indiqués, pour l’extraction de la mélasse, n’étaient point praticables. Il en chercha d’autres, et les obtint avec le secours de la presse à vis et d’une machine particulière qu’il imagina pour détacher les cristaux accumulés les uns sur les autres, et leur faire subir un frottement qui les délivrait de la portion de mélasse qui vient se dessécher à leur surface. Ce moyen, quoique simple, paraît être un de ceux qui ont demandé le plus d’essais à M. Crespel. Peu après, il perfectionna cette machine avec laquelle alors il tint ses succès pour assurés ; et, en effet, sa fabrique fît des progrès rapides et d’autant plus surprenants, que dans le même temps, en 1811, celle de M. Barruel, élevée à Douai par les encouragements du gouvernement, ne réussit pas plus que toutes celles qui s’étaient formées ailleurs.
- « En 1812, M. Crespel apprend que le charbon animal décolore le vinaigre ; il l’essaye pour le jus de betterave, réussit en petit et échoue dans l’application en grand. Il fait part de celte circonstance à M. Derosne, qui se trouvait à Lille pour l’établissement d’une manufacture projetée par le gouvernement et qui n’eut pas lieu. M. Derosne chercha les moyens de cette application en grand et réussit complètement.
- « Jusqu’en 1814, les succès de M. Crespel allèrent toujours croissants; mais les événements politiques de cette époque firent retirer des capitaux qui lui avaient été confiés. Son beau-frère, qui était son associé, se sépara de lui ; il fallut partager et vendre, dans un temps défavorable, 100 milliers de sucre au quart de leur valeur. M. Crespel, resté seul, réduisit sa fabrique en raison des faibles capitaux qu’il possédait et ne cessa pas de produire du sucre de betterave.
- « Cependant l’abondance des denrées coloniales, revenue avec la Restauration, rendait les résultats de cette fabrication à peu près négatifs, et M. Crespel était pressé, par ses plus proches parents et ses meilleurs amis, de quitter une exploitation qui n’avait causé que des pertes à ceux qui s’y étaient livrés, lorsque la cherté du sucre devait procurer des bénéfices ; à plus forte raison ne pourrait-il, lui disait-on, échapper à sa ruine lorsque le prix de cette denrée était baissé des deux tiers. Ces observations, dont la justesse paraissait évidente à tout le monde, ne purent arracher M. Crespel à une industrie dont il pouvait se croire le créateur ; mais elles l’obligèrent à méditer sur des moyens de simplification et d’économie. Des arrangements de famille le privèrent alors du local où sa famille était établie à Lille, et, blâmé qu’il était
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- continuellement par ses parents et ses amis qui ne le traitaient plus que de fou, il la transporta à Arras en 1815.
- « Des contrariétés d’un autre genre l’attendent là à son arrivée. Les cultivateurs des environs, déjà victimes des premiers fabricants de sucre de betterave, ne veulent plus se livrer à la culture de cette plante qu’aux conditions les plus onéreuses. Dans cette année 1815, qui se fit remarquer par une extrême sécheresse, M. Crespel ne put fabriquer que 20 milliers de sucre brut.
- « En 1816, il n’en produisit que 10 milliers, parce qu’une partie de sa récolte fut gelée en terre. Les années 1817 et 1818 commencèrent à le dédommager des deux précédentes. Mais, lorsque la nature venait à son secours, il eut à se défendre contre des contrariétés locales qui menacèrent l’existence de sa fabrique à Arras. Cet établissement fut dénoncé comme incommode et insalubre pour le voisinage. Des procès-verbaux furent produits dans ce sens, et M. Crespel eût peut-être succombé ; les lumières et la prudence du premier magistrat du département (1) suspendirent sa chute, et la présence du duc d’Angoulême à Arras, en 1818, vint le relever tout à fait. Le prince visite l’établissement, est témoin de tous les détails de la fabrication, en admire les résultats, et se répand en expressions de satisfaction et de bienveillance. Sa haute protection est assurée à cette branche d’industrie dont il désire recevoir à Paris des produits traités avec tout le soin possible. Alors un certain appareil est déployé pour constater la fabrication du sucre de betterave destinée au prince, et cinq commissaires, pris dans la Société royale des sciences d’Arras, sont désignés par le préfet pour assister aux plus petits détails de cette fabrication et dresser procès-verbal de tout ce qu’ils auront vu (2). C’est même chez l’un d’eux que le raffinage est traité et s’opère. Il en sort un sucre magnifique qui parait l’emporter, par le grain, la pureté et le goût, sur le sucre de canne, et qui est adressé, avec le procès-verbal des commissaires, au duc d’Angoulême et au ministre de l’intérieur. Les éloges qui en revinrent à M. Crespel firent taire l’envie et disparaître les contrariétés auxquelles il était en butte. On se rapprocha d’un homme qui avait fixé l’attention et mérité les félicitations d’un héritier du trône ; on vit de près ses succès ; il les démontra et en fit voir de pareils à ceux qui voulaient l’imiter; puis il ouvrit ses ateliers, qui devinrent une école pratique pour l’extraction du sucre, et
- (IJ M. le baron Siméon, préfet du Pas-de-Calais.
- (2) Voir ce procès-verbal dans les Mémoires de la Société royale d’Arras (t. I, 1818, p. 379) ; on trouve également dans le même volume, p. 125, un rapport fait par une commission de trois membres, sur la fabrique de M. Crespel.
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- bientôt s’élevèrent autour de lui d’autres fabriques, qui, toutes, ont réussi à la faveur de ses conseils et, au besoin, de sa direction momentanée... »
- Ainsi, de 1815, époque de son arrivée à Arras, jusqu’à 1819, M. Crespel a déjà lutté vigoureusement pour asseoir sa position; mais, doué de cette rare énergie qui ne doit pas l’abandonner un seul instant pendant le cours de sa longue carrière, il est à peine débarrassé des entraves que les circonstances lui créent, qu’il ne songe plus qu’à améliorer son industrie et à résoudre les nombreux problèmes que son esprit essentiellement industriel sait y découvrir. C’est ainsi que, à partir de 1820, il change tout son matériel, substitue à ses presses à vis des presses hydrauliques, construit des chaudières à bascule et parvient à développer tellement sa fabrication, qu’il se décide, en 1823, à établir lui-même une raffinerie. En même temps il monte de nouvelles usines soit pour son compte, soit de compte à demi avec diverses personnes que ses succès attirent dans l’espoir de les partager ; il reçoit même (1826) des propositions de Londres pour venir fonder des établissements en Angleterre ; et, sans l’opposition du gouvernement britannique, ces projets eussent, sans doute, reçu quelque exécution.
- Entraîné par une activité dévorante qui le pousse à perfectionner sans cesse, il construit de nouvelles chaudières de défécation, des pompes d’injection, de nouveaux systèmes de presses hydrauliques ( 1), et bientôt c’est la vapeur qu’il introduit dans son industrie toujours grandissante. Il est l’inventeur d’une grande partie des machines dont il fait usage ; il cultive lui-même la majeure partie de la betterave qu’il consomme, et dans l’année 1828, qui est celle de sa dix-neuvième campagne, il peut déjà produire, à lui seul, 319,000 kilog. de sucre brut.
- Une lettre adressée à Gay-Lussac par M. Crespel-Dellisse, et insérée dans les Annales de chimie et de physique (lresérie, t. XXXVII, 1828, p. 53), permet d’établir la situation de la fabrication du sucre indigène à cette époque, et de la comparer à la situation actuelle. On voit dans cette lettre, qui fit une grande sensation dans le monde savant, qu’en 1827 il existait 39 fabriques de sucre de betterave produisant 1,218,000 kil.; aujourd’hui 350 fabriques produisent 130,000,000 kilogrammes (2).
- En 1828, un nouvel écueil attendait la fabrication du sucre de betterave. La
- (1) Voir la description de ces presses au Bulletin de la Société d’encouragement, t. XXXVI, p. 140.
- (2) D’après les registres de M. Crespel-Dellisse, qui ont été mis sous nos yeux, le sucre brut se vendait, en 1812, de 6 à 7 fr. le kilogramme ; en 1813, de 5 à 6 fr.; en 1814, de 2 à 3 fr. Le sucre raffiné valait 12 fr. le kilogramme en 1812, et 5 fr. en 1814.
- En prenant pour base les documents officiels publiés par le ministère de l’agriculture, on peut
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- sucrerie indigène, accueillie à son début par l’empereur Napoléon Ier comme une rivale puissante du sucre colonial dont l’Angleterre avait, en 1809, le
- établir le tableau suivant donnant, depuis 1816 jusqu’en 1860, la consommation, en France, des sucres tant indigènes que coloniaux, et les prix ( droits compris ) du sucre des colonies bonne quatrième :
- Années. Consommation totale Prix des 100 kilog. de sucre brut des colonies
- du sucre en France. (bonne quatrième).
- 1816 Kil. Fr. à Fr.
- 24,590,000 .... . . . . 174 à 184
- 1820 48,616,000 .... . . . . 148 à 152
- 1822 55,481,000 .... . . . . 123 à 132
- 1825 56,080,000 .... . . . . 149 à 190
- 1827 60,317,000 .... . . . . 150 à 165
- 1836 80,200,000 .... . . . . 130 »
- 1840 . . . 124,700,000 .... . . . . 127 à 150
- 1845 . . . 118,254,000 .... . . . . 120 à 130
- 1849 . . . 115,955,000 .... . . . . 115 à 135
- 1856 . . . 170,000,000 .... . . . . 130 à 150
- 1858 . . . 202,220,000 .... . . . . 110 à 135
- 1859 . . . 208,000,000 .... . . . . 120 à 135
- 1860 . . . 216,000,000 .... .... 120 à 130
- La production, la consommation et le prix du sucre de betterave ont varié, en France , de la manière suivante depuis 1827 :
- Années. Nombre de fabriques en activité. Production. Consommation. Prix'des 100 kil. de sucre brut indigène (bonne quatrième).
- 1827. . . 39 . . . Kil. 1,218,000 . . . Kil. » Fr. à Fr. »
- 1828. . . 58 . . . 2,685,000 . . . » »
- 1836. . . »... 49,000,000 . . . 13,000,000 »
- 1838. . . 555 . . . 47,106,000 . . . 38,216,000 . . . 114 à 130
- 1841. 386 .. . 26,842,000 . . . 27,162,000 . . . 114 à 140
- 1845. . . 303 .. . 37,019,000 . . . 35,132,000 . . 124 à 133
- 1849. . . 288 .. . 54,551,000 . . . 53,793,000 . . 115 à 138
- 1856. . . 345 .. . 92,000,000 . . . 90,000,000 . . 130 à 150
- 1858. . . 340 .. . 151,514,000 . . . 118,820,000 . . 125 à 145
- 1859. . . 349 .. . 132,650,000 . . . 104,974,000 . . 120 à 130
- 1860. . . 336 .. . 126,180,000 . . . 104,273,000 . . 120 a 125
- Depuis le 24 mai 1860, les droits sur le sucre indigène sont fixés à 25 fr
- par 100 kilog. ( 30 fr.
- avec le double décime de guerre ) ; le sucre indigène brut coûte actuellement (mars 1861), droits compris, de 95 à 100 fr., et le sucre des colonies de 98 à 105 fr. Le sucre raffiné, bonne sorte, se vend 125 fr. Ces prix tendent à diminuer de jour en jour.
- Selon M. Mac-Culloch, la production totale du sucre de betterave, en 1856, s’est répartie de la manière suivante entre les différents pays :
- France......................... 92,197,000 kil.
- Belgique.................. 9,180,000
- Zollverein.................... 80,753,000
- Russie........................ 21,207,000
- Autriche. . *.................. 19,102,000
- Total............... 222,439,000
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- monopole, fut protégée par ses encouragements, au nombre desquels le dé-
- D’après le même auteur, l’année 1856 représente assez exactement la production moyenne du sucre de canne pendant les dix dernières années ; cette production est donnée par les chiffres qui
- suivent :
- Cuba.................................... 357,347,000 kil.
- Porto-Rieo............................... 53,377,000
- Brésil.................................. 105,603,000
- États-Unis.............................. 115,713,000
- Colonies françaises...................... 94,000,000
- Colonies danoises........................ 11,204,000
- Colonies hollandaises.................... 18,291,000
- Colonies anglaises (moins Maurice). . 147,911,000
- Indes orientales........................ 58,383,000
- Maurice................................. 106,000,000
- Java.................................... 68,240,000
- Manille.................................. 48,422,000
- Total
- 1,184,491,000
- Selon M. Payen. la production totale du sucre dans le monde entier s’élèverait à 2,550,247,000 ki logrammes ainsi répartis :
- Sucre de canne.. ,
- — de betterave,
- — de palmier.
- — d’érable. . .
- 1,950,000,000 kil. 480,000,000 100,000,000 20,247,000
- Total......... 2,550,247,000
- M. Mac-Culloch évalue comme il suit la consommation du sucre dans les différentes contrées :
- Grande-Bretagne................................ 430,000,000 kil.
- France......................................... 200,000,000
- Allemagne, Hollande, Belgique, Hongrie, Ports
- hanséatiques, Trieste, Venise, etc........... 265,000,000
- Espagne......................................... 35,000,000
- Portugal........................................ 10,000,000
- Russie.......................................... 60,000,000
- Danemark et Suède............................... 13,000,000
- Italie, Malte, Turquie, Grèce et Levant......... 52,000,000
- États-Unis..................................... 360,000,000
- Canada, Australie, cap de Bonne-Espérance. . . 45,000,000
- Total....................... 1,470,000,000
- La consommation annuelle du sucre, par tête, chez les différents peuples, est donnée par les
- chiffres suivants :
- Cuba..........;.................... 28 kil.
- Angleterre et Écosse............... 15
- Hollande........................... 8
- France.......................... . . . 6
- Belgique, Espagne, Suisse.......... 3
- Portugal, Danemark, Pologne. ... 2 5
- Prusse, Suède, Norwége. ...... 1.5
- Italie, Autriche, Russie........... 1
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- cretdu 15 janvier 1812(1); mais elle vécut à peine, dans le principe, à l’abri d’une protection excessive ; elle était condamnée par les incrédules à ne pas survivre au système continental. Cependant, malgré tous les pronostics les plus fâcheux, elle a trouvé, dans la concurrence, de puissants mobiles favorables à son développement et à sa prospérité. Aussi elle commence à exciter l’inquiétude des colonies. Des réclamations sont adressées au gouvernement et donnent lieu à une enquête où doit se discuter la réduction des droits sur l’importation des sucres étrangers. Les fabricants indigènes sont alors appelés devant la commission pour défendre leurs intérêts ; M. Crespel est à leur tête, et prévoyant l’avenir avec une sûreté de vue peu commune : « Laissez faire et laissez passer, dit-il, encore quelques années, et vous verrez surgir du sol français des ressources dont naguère on ne se doutait pas et qui affranchiront notre pays, d’abord du tribut qu’on paye à l’étranger pour les 944,000 kilog. qu’en ce moment on importe, et de celui dont les raffîneurs voudraient grever encore la France par de plus fortes importations. »
- Nous ne rappellerons pas les résultats de cette enquête, qui se termina en faveur de la fabrication indigène, mais qui contenait le germe de celte grande lutte entre les producteurs français et coloniaux qui devait éclater à partir de 1836 (2) et qui, depuis lors, n’a jamais cessé d’exister avec une intensité variable suivant les époques et les tarifs. De là cette question palpitante des sucres qui a préoccupé tant d’économistes, passionné tant d’esprits sérieux et produit parfois bien des ruines. C’est surtout dans ces circonstances difficiles que M. Crespel sut trouver le plus d’énergie et d’expédients, et, tandis que bien des usines avaient cessé d’exister, il fut du petit nombre de ceux qui, sans périr, mais non sans être considérablement affaiblis, réussirent à traverser la crise commerciale de 1830 et à se maintenir en dépit des obstacles de toute nature.
- (1) Voir ce décret au t. XI du Bulletin, p. 25; en voici la substance : —Sont déclarées écoles de chimie pour la fabrication du sucre'de betterave la fabrique de MM. Barruel et Chapelet, dans la plaine des Vertus, et les fabriques de Wachenheim , Douai, Strasbourg et Castelnaudary; cent élèves, pris parmi les étudiants en pharmacie, en médecine et en chimie, et auxquels, à leur sortie, une indemnité de 1,000 fr. sera allouée, seront attachés à ces écoles. — Le Ministre de l’intérieur doit prendre des mesures pour que 100,000 arpents métriques de terre soient ensemencés en betteraves dans l’étendue de l’empire.— Cinq cents licences, exemptant pendant quatre ans de tout octroi et de toute imposition, seront accordées aux fabricants qui produiront au moins 10,000 kilog. de sucre brut, de 1812 à 1813. — Quatre fabriques impériales, devant produire 3 millions de kilog., seront établies. —Une fabrique sera créée sur le domaine de Rambouillet, aux frais de la Couronne.
- (2) Voir le rapport sur le projet de loi relatif au sucre indigène rédigé par M. Dumon, député du Lot-et-Garonne ( 6 juin 1836).
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- A dater de cette dernière époque, M. Crespel se multiplie et trouve, dans les ressources de son infatigable esprit, des éléments suffisants pour soutenir la concurrence et réédifier une fortune qui, dès lors, ne va plus qu’en grandissant. En 1841, la lutte devient vive, tellement vive, qu’il ne s’agit de rien moins que de la suppression de la fabrique indigène ; mais l’orage passe, et M. Crespel grandit encore au milieu des impôts qui le frappent de tous côtés. Il est une autorité déjà respectable, digne d’égards, et à qui le prince Louis-Napoléon Bonaparte adresse de Ham l’exemplaire signé d’une remarquable étude sur la question du jour. Disons-le tout de suite, l’empereur Napoléon III n’a pas oublié l’industriel d’Arras, et lui a donné plusieurs fois, dans ces derniers temps, des marques non équivoques de sa sollicitude.
- Il faut consulter les livres de M. Crespel pour juger de l’accroissement de cette fortune édifiée au milieu des plus grandes difficultés, avec une intelligence qui ne s’est pas affaiblie un seul instant pendant plus d’un demi-siècle, et qui bien des fois et dans différentes parties de la France a su fournir des secours inespérés à des fabricants aux abois, dont il a rétabli les opérations chancelantes.
- Mais nous touchons au moment oh sa prospérité est près d’atteindre son apogée (1849), grâce à un ensemble de moyens admirablement combinés, grâce au prodigieux développement de ses cultures, grâce au concours éclairé que lui prête son fils Tiburce Crespel, le collègue si modeste et si instruit dont nous déplorons la mort récente.
- A cette époque, des commissaires sont nommés par la Société centrale d’agriculture pour aller à Arras visiter ce grand centre d’industrie agricole et manufacturière ; MM. Payen, de Kergorlay et Pommier rendent compte de leur examen dans les termes les plus élogieux (1).
- « La fabrication du sucre indigène, dit M. Payen, n’est pas, il s’en faut, restée stationnaire chez M. Crespel-Dellisse ; les perfectionnements, qui datent de cette année même, portent cette belle industrie aa niveau des plus avancées parmi celles de nos plus habiles fabricants de sucre. On ne devait pas moins attendre du manufacturier qui, seul peut-être en France, n’a jamais désespéré de la sucrerie métropolitaine, qui seul ne cessa jamais, même pour une campagne, sa fabrication au milieu des désastres de' l’invasion, en présence du libre accès, en France, des sucres coloniaux. M. Crespel-Dellisse exprimait, dès lors, l’opinion que la fabrication indigène pouvait soutenir la concurrence des Antilles. Ce qu’il croyait à cette époque, tout le monde en est aujour-
- (1) Voyez années 1848-1849, deuxième partie, p. 580 et suivantes, des Mémoires de la Société centrale d’agriculture.
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- d’hui convaincu ; mais s’il y avait du mérite à comprendre les ressources de l’industrie créée sous la pression du système continental, s’il y eut depuis du courage à soutenir la fabrication à ses risques et périls, il est juste de tenir compte aujourd’hui à M. Crespel d’avoir eu cette confiance, d’avoir montré ce courage et cette persévérance qui conduisent au succès.
- « Où trouverait-on, d’ailleurs, à citer un plus bel exemple des puissants efforts de l’association des industries aux travaux des champs, que cette extension graduée de l’industrie sucrière autour de la fabrique d’Arras ; que l’agglomération successive de nouvelles propriétés labourables au moyen desquelles, plaçant ainsi, chaque année, ses bénéfices, M. Crespel est parvenu à livrer annuellement à la consommation 2 millions à 2 millions et demi de sucre extrait de betteraves presque toutes récoltées sur ses terres, tout en élevant la puissance du sol et en développant la production des céréales et des subsistances tirées des animaux. »
- Au sujet des huit sucreries exploitées alors par M. Crespel, M. Payen ajoute :
- « Dans chacune de ces usines, des générateurs à vapeur fournissent la puissance mécanique et transmettent le chauffage ; on emploie des laveurs mécaniques, des râpes en fonte et des presses hydrauliques. Des grandes bassines à retours d’eau chauffent économiquement le jus ; les chaudières à déféquer, les filtres à écumes et à noir en grains, les chaudières évaporatoires dans le vide, des réchauffeurs à double enveloppe et des caisses-cristallisoirs servent aux opérations successives sur les jus et sirops. Enfin de grandes citernes permettent de prolonger pendant huit mois la cristallisation, avant de livrer le dernier liquide aux applications spéciales qu’il reçoit sous le nom de mélasse.
- « Tous ces ustensiles et ces appareils constituent un immense matériel qui est établi dans des ateliers de forges, d’ajustage, etc., construits à Arras, et dirigés par M. Crespel-Dellisse. C’est aussi dans ces ateliers que se font les réparations de tout le matériel des huit fabriques, la construction et les réparations des instruments aratoires et des divers ustensiles agricoles.
- « D’autres ateliers accessoires sont établis à portée des matières premières pour fabriquer le charbon d’os et révivifier le noir en grains, pour préparer la chaux et les engrais pulvérulents....
- « Un moyen d’action centrale non moins utile, mais tout récemment
- réalisé, s’applique aux produits bruts des sucreries...M. Crespel s’est décidé
- à construire une raffinerie centrale où les produits du clairçage méthodique des sucres bruts et le raffinage par les appareils perfectionnés s’exécutent dès aujourd’hui, et lui permettront de livrer annuellement au commerce
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- 2 millions de kilog. de sucre blanc en pains prêts à entrer dans la consommation.... »
- Plus loin, M. Pommier, rendant compte des cultures de MM. Crespel père et fils, écrit :
- « M. Crespel, le plus grand fabricant de sucre indigène de TEurope et peut-être du monde entier, en est peut-être aussi le plus fort cultivateur, tant par l’étendue des terres qu’il exploite que par la nature même de ses cultures.
- « M. Crespel, ajoute M. Pommier, peut être regardé comme un des fondateurs de la fabrication du sucre indigène..... Outre ses huit fabriques et
- raffinerie, il a neuf exploitations rurales réparties dans quatre départements. Ces exploitations (1) fournissent toutes les betteraves nécessaires aux huit fabriques dont la production s’élève à 2,500,000 kilog. de sucre acquittant, chaque année, pour environ 1,250,000 fr. d’impôts....... »
- Enfin M. de Kergorlay, dans un rapport complémentaire de ceux de ses collègues, ou il est appelé à juger MM. Crespel père et fils au point de vue de l’élevage en grand des bestiaux, termine en ces termes son appréciation :
- « Ainsi, production d’une quantité considérable de viande de boucherie, création d’un grand et bel établissement d’élevage, introduction, clans le pays, d’une race notablement améliorée, et d’un système d’alimentation très-avantageux pour les animaux et très-économique pour l’agriculteur, réunion des soins les plus minutieux pour l’hygiène des animaux, tels sont les résultats que j’avais mission de vous exposer ; en les rapprochant de ceux que mes deux collègues vous ont déjà fait connaître, vous n’hésiterez pas à penser que si le mérite de la création de ces grands établissements doit être reporté à M. Crespel père, qui est regardé, à juste titre, comme le père de la sucrerie indigène en France, M. Tiburce Crespel, qui, presque en sortant des bancs des écoles, en a pris la direction, qui leur a donné de nouveaux développements, et qui y apporte une habileté incontestable, un zèle des plus ardents, une suite infatigable, mérite d’être placé au premier rang parmi les agriculteurs dont la France s’honore.......»
- Telle était donc la position de M. Crespel, alors qu’on sortait à peine des secousses d’une nouvelle révolution, et des embarras financiers qui en sont inévitablement la suite. S’arrêtera-t-elle à ce niveau, ou bien est-elle destinée à grandir encore ? C’est ce que nous apprend le concours universel de
- (1) Ces exploitations comprenaient alors 1,519 hectares de terre sur lesquels on n’entretenait pas moins de 2,300 têtes de bétail de toute espèce.
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- 1855, où l’honorable industriel se présente avec de nouveaux titres acquis dans le seul espace de cinq ans qui sépare l’exposition de la visite des commissaires de la Société d’agriculture. Nous lisons, en effet, dans le rapport du jury international de cette exposition :
- « M. Crespel est aujourd’hui le seul fabricant en activité qui n’ait jamais interrompu les travaux de l’extraction du sucre de betterave depuis 1810 jusqu’à ce jour, ni cessé d’accroître ses usines, ni de développer ses cultures. Il traite annuellement 50 millions de kilogr. de betterave ; la quantité de sucres bruts produits par les sept fabriques (l) qu’il exploite est de 2 1/2 à .8 millions de kilog., d’une valeur de 1 et demi à 2 millions de francs, payant à l’État 1,350.000 à 1,620,000 francs. L’étendue de ses terres en culture est de 2,278 hectares (2)... »
- Arrêtons-nous, car la fortune de M. Crespel va bientôt s’arrêter elle-même; encore trois ans à parcourir, et cette grande œuvre industrielle, longuement et péniblement édifiée pendant un demi-siècle, va tout à l’heure être frappée au cœur, et subir une désorganisation contre laquelle son créateur reste malheureusement impuissant.
- Un conflit dont nous n’avons pas à rechercher les causes, et qu’il ne nous appartient pas de juger, s’est élevé, en 1858, entre l’administration et M. Crespel. Qu’en sortira-t-il? C’est ce qu’il serait difficile de prévoir; mais ce qu’il est impossible de contester, c’est l’espèce de paralysie qui a atteint la majeure partie des usines de l’honorable industriel, et les pertes importantes qui en sont la conséquence.
- Aujourd’hui M. Crespel est accablé par le sort ; il a vu mourir son fils, Tiburce Crespel, qui n’a pu résister à l’impétuosité du coup qui les a frappés ; il a perdu une partie de cette grande fortune si noblement acquise ; mais, malgré ses 71 ans, il a conservé toute son énergie de jeune homme, et, voulant couronner dignement sa longue carrière, se sentant assez fort pour relever sa position, il vient demander à l’État de le soutenir en lui accordant une part dans les prêts destinés à secourir l’industrie nationale.
- La Société d’encouragement, dont M. Crespel est membre depuis trente-deux ans, qui lui a décerné, en 1827, sa plus haute récompense, et qui n’a
- (1) Le nombre de fabriques, qui était de huit lors de la visite des commissaires de la Société d’agriculture, s’est accru pendant un certain temps, puis s’est réduit à sept en 1855, bien que la production n’ait pas cessé de suivre sa progression ascendante.
- (2) On lit également dans le même rapport : « M. Crespel fut un des premiers qui reconnurent les avantages du charbon d’os que lui fournirent MM. Payen et Pluvinet en 1812, et qu’il a constamment employé jusqu’à ce jour... » On sait que la découverte de la propriété décolorante du charbon est due à Lowitz, chimiste russe, et remonte à 1791.
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- cessé d’être mise par lui au courant de tous les perfectionnements qu’il a apportés à son industrie, ne pouvait rester indifférente à cette grande infortune ^aujourd’hui que M. Crespel se présente devant elle avec des titres que personne ne peut méconnaître (1) et que tant de documents attestent, elle est heureuse de le recommander à la bienveillance du Gouvernement, et fait des vœux pour que sa demande, favorablement accueillie, lui permette d’atteindre le but ardent de ses désirs (2).
- Votre Comité des arts chimiques a l’honneur de vous proposer de vouloir bien voter l’insertion du présent rapport dans votre Bulletin.
- Signé J. A. Barral, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 février 1861.
- (1) M. Crespel-Dellisse est chevalier de l’ordre du Mérite du Grand-duc de Hesse (1831);
- Chevalier de la Légion d’honneur...................(1832);
- Chevalier de l’Aigle rouge de Prusse...............(1838).
- Il a reçu les récompenses suivantes :
- Mention honorable. Exposition de....................1819.
- Médaille d’argent. Exposition de................... 1823.
- Médaille d’or. Société d’encouragement............. 1825.
- Grande médaille d’or. Exposition de. . . ......... 1827.
- Médaille d’or. Société d’agriculture............. . 1828.
- Médaille de bronze. (Pour un semoir.) Exposition. . . 1834. Médaille d’honneur. Exposition de.................. 1855.
- — — (Pour sa race bovine.) Exposition régionale. 1857.
- (2) Rappelons ici les nombreux témoignages d’estime et d’amitié que M. Crespel a reçus pendant le cours de sa longue carrière, et que lui ont valus la bienveillance et le désintéressement avec lesquels il a constamment accueilli tous ceux qui ont réclamé ses conseils et qui sont venus de tous les pays visiter ses travaux. Tantôt c’est l’école polytechnique de Vienne qui envoie cinq de ses élèves étudier chez lui ; tantôt c’est M. Jacobs, de Potsdam, qui s’instruit à son école, et trouve ainsi les moyens de rapporter à son pays une industrie qui doit bientôt l’enrichir : c’est un célèbre chimiste, M. Liebig, qui, de 1831 à 1836, vient visiter a plusieurs reprises ses usines, dont il remporte les plans détaillés ; c’est le professeur Krans qui lui demande les éléments et matériaux qui doivent servir à la publication d’un ouvrage sur la fabrication du sucre de betterave ; ce sont enfin MM. Beuth, conseiller d’État, président de la Société d’encouragement de Berlin ( M. Crespel en a été nommé membre honoraire sur la proposition de M. Beuth ), le baron de Closen de Bavière, Schubarth, professeur de chimie et de technologie à l’université de Prusse, qui se mettent avec lui en relations suivies. Savants et industriels, tout le monde s’adresse à M. Crespel et s’inspire de ses leçons.
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- Rapport fait par M. Benoît, au nom du comité des arts mécaniques, sur la planchette photographique inventée par M. Chevallier , médecin militaire.
- Messieurs, M. A. Chevallier s’est proposé d’appliquer la photographie aux opérations topographiques : l'instrument qu’il a fait construire, pour réaliser ses idées à ce sujet, ayant été soumis à votre appréciation et renvoyé par vous à l’examen de votre comité des arts mécaniques, je vais avoir l’honneur, au nom de ce comité, de vous fixer sur la portée de cette très-curieuse, quoique très-simple, invention.
- On sait que les opérations de détail des cartes, en général, sont rattachées entre elles par un Canevas, c’est-à-dire par la projection horizontale, à l’échelle adoptée, d’un réseau de triangles ayant pour sommets des signaux naturels ou artificiels, convenablement répartis dans l’étendue de la surface du pays à représenter.
- Pour obtenir cette projection, après avoir mesuré la longueur de la projection de l’un des côtés d’un triangle, choisie pour Base, deux méthodes différentes sont employées. Lorsque l’étendue de pays dont on veut faire la carte est considérable, on mesure avec un cercle répétiteur, ou avec un théodolite qui dispense d’en calculer fa réduction à l’horizon, tous les angles de ces triangles, dont ces instruments donnent l’amplitude en degrés et fractions. Ces opérations terminées, on peut obtenir la projection du réseau soit en traçant de proche en proche, à l’aide d’un Rapporteur ou d’une Table des cordes, tous les triangles à partir de celui qui a fourni la base; soit en rapportant, sur le papier où la carte doit être dessinée, les projections des sommets des triangles du réseau, d’après les coordonnées que l’on en aura calculées, relativement à la méridienne et à la perpendiculaire de l’une des extrémités de la base choisie.
- Lorsque les cartes n’ont pas une grande étendue, on peut en établir le canevas à l’aide d’une Planchette et d’une Alidade à lunette. Cette méthode, évidemment plus simple et plus expéditive que celle ci-dessus indiquée, peut être utilisée avec avantage pour l’établissement des cartes cadastrales.
- Ces diverses opérations, sans être difficiles, sont d’une exécution plus ou moins longue et demandent assez de soins pour éviter les diverses chances d’erreur inhérentes à leur nature : tandis que l’ingénieux procédé photogra-Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Février 1861. 11
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- phique imaginé par M. Chevallier est exempt d’erreur, d’une exécution très-prompte, et n’exige pas, dans le triangulateur, d’autre connaissance spéciale que celle de la pratique de la photographie, ainsi qu’on le reconnaîtra bientôt.
- La Planchette photographique se compose d’un solide trépied de Planchette ordinaire, autour de l’axe duquel peut pivoter un Daguerréotype dont M. Chevallier a modifié la construction et dont l’objectif peut être mis successivement en regard de tous les points visibles de celui où l’instrument est installé.
- La plaque de verre, enduite de collodion ou d’albumine, est circulaire et retenue dans un encadrement concentrique métallique de même forme, dont la périphérie est garnie de dents à la manière des roues d’engrenage et présente encore comme une sorte de virole, reçue à frottement doux, par un évidement pratiqué dans un châssis vertical en bois percé à jour, à sa partie inférieure. Cet encadrement et le disque de verre peuvent ainsi tourner ensemble dans l’évidement du châssis, autour de leur axe commun de figure •qui passe au-dessus de l’image daguerrienne, de sorte que celle-ci se projette entièrement sur la partie inférieure de la plaque et peut y être limitée latéralement par deux systèmes différents de volets ajustés dans un châssis vertical particulier ; soit par deux verticales aussi rapprochées l’une de l’autre que l’on veut; soit par deux droites concourant au centre du disque et embrassant un angle aussi aigu qu’on le désire.
- Il résulte évidemment de ces dispositions que, sans sortir la plaque de l’intérieur du daguerréotype modifié, et qu’en la faisant seulement pivoter autour de son axe de figure, assez pour qu’une nouvelle image daguerrienne se projette à côté de celles déjà reçues, on pourra, en dirigeant successivement l’objectif vers des points différents de l’horizon de la station, obtenir autant de tableaux partiels dont l’ensemble constituera une sorte de panorama de la localité.
- Cet ensemble n’est pas une véritable image panoramique, telle qu’on l’obtient avec le daguerréotype modifié par M. Garella (1) par exemple, mais on a sans doute déjà pensé qu’il est éminemment propre à résoudre le problème topographique que M. Chevallier s’est proposé. En effet, que faudrait-il pour que cet ensemble, tout en montrant l’aspect des divers signaux de la carte à lever, visibles de la station occupée par la planchette photographique, donnât en même temps la projection graphique horizontale des angles embrassés par les directions de ces signaux? Il suffirait évidemment que l’image
- (1) Voir Bulletin de 1856, 2e série, t. III, p. 800.
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- des verticales de ces derniers fût tracée dans les vues partielles dont ils feraient partie, et que ces images qui se croiseraient, par construction, au centre même de la plaque, comprissent, entre elles, des angles égaux aux azimuts correspondants, mesurés à la station, et c’est précisément un tel tracé graphique que M. Chevallier obtient immédiatement avec sa planchette photographique par des dispositions très-simples et très-ingénieusement ajoutées à celles qui ont été précédemment signalées.
- 1° L’image de la verticale du signal observé est fournie par l’interposition d’un crin fin, tendu verticalement entre la plaque et l’objectif et passant par l’axe de ce dernier et par l’axe de rotation de la plaque , parce que le plan que ces axes et le crin déterminent passe par la verticale du signal.
- 2° Les angles azimutaux sont reproduits à l’aide d’un cercle denté, formant le plateau du trépied de l’instrument et d’une communication de mouvement entre ce cercle denté, rendu fixe dans l’espace, et celui du cadre de la plaque. Cette communication est composée de deux petits arbres se croisant à angles droits, communiquant ensemble par deux petites roues d’angle et munis chacun d’un pignon cylindrique engrenant, celui de l’arbre horizontal avec le cadre vertical denté de la plaque, et celui de l’arbre verti-tic-al avec le cercle denté horizontal, fixe, du trépied. Ces engrenages sont combinés de telle sorte que la plaque fasse une révolution entière autour de son axe de figure pendant qu’en faisant tourner un arbre horizontal, dont les supports sont fixés au corps du daguerréotype et qui est muni d’une vis sans fin dont les filets engrènent avec le cercle denté du trépied, on oblige l’instrument à faire exactement un tour d’horizon. Or comme il est évident que, pour que l’axe optique de l’objectif passe de la verticale de l’un des signaux à celle d’un autre signal quelconque, il faut nécessairement que, en détournant l’instrument, cet axe décrive un angle azimutal égal à celui compris entre les deux plans verticaux passant par ces signaux, on voit que les dispositions mécaniques adoptées par M. Chevallier feront décrire exactement par la plaque circulaire et embrasser, sans erreur possible, le même angle, par les images des verticales de ces signaux, si la transmission de mouvement se fait sans temps perdu.
- Ainsi se trouve très-ingénieusement résolu le problème du tracé photographique des éléments du canevas d’une carte topographique, tels qu’on les obtiendrait avec la planchette ordinaire et sans risque d’erreur, parce que l’instrument de M. Chevallier donne le moyen de s’assurer, avant de recevoir l’image daguerrienne, que le plan dans lequel l’axe de rotation de la plaque, l’axe optique et le crin vertical ont été établis passe réellement par le sommet d’un signal proposé. Cette condition essentielle s’obtient en diri-
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- géant vers le signal, une lunette plongeante établie extérieurement de manière que son axe optique particulier se meuve dans le plan du crin, de Taxe de rotation de la plaque circulaire et de Taxe optique de l’instrument,
- 11 est évident que, l’image daguerrienne négative étant obtenue, on pourra en tirer autant d’épreuves positives que l’on voudra, ce qui permettra de les mettre simultanément à la disposition de divers opérateurs.
- Dans le but de garantir son invention contre les atteintes de prétendus perfectionnements qui n’en seraient réellement pas, M. Chevallier a combiné son instrument photographique avec les parties essentielles, limbe et vernier, d’un théodolite ou double graphomètre, à l’aide desquels on peut lire l’amplitude numérique des angles azimutaux, ainsi que celle des angles compris entre les images des verticales des signaux sur la plaque : une boussole y donne, en outre, l’orientation magnétique de ces angles, parce que, en amenant l’axe optique dans le plan du méridien magnétique, l’image du crin représentera la trace de ce plan sur l’horizon. Tel qu’il est constitué et présenté à la Société, cet instrument permet donc à un observateur d’opérer soit trigonométriquement, soit photographiquement, et, dans tous les cas, les deux modes d’opérations devront conduire à des résultats identiques et se servir mutuellement de vérification.
- Si j’ai eu l’avantage de faire apprécier l’invention de M. Chevallier, on reconnaîtra qu’en réduisant l’instrument présenté, à ce qui ne doit constituer que la Planchette photographique, il sera possible de l’établir à un prix modéré, lors même que la plaque circulaire de verre aurait pour rayon la hauteur de la Plaque des photographes, ce qui sera d’ailleurs nécessaire pour que les tracés qu’elle présentera puissent remplacer ceux que l’on obtient avec la planchette ordinaire et l’alidade à lunette.
- Abstraction faite de ses applications topographiques, on voit que l’instrument de M. Chevallier peut fournir facilement, non pas seulement les divers points de vue que l’on découvre de la station, mais encore les divers épisodes, presque simultanés, d’une action générale qui se passe à la ronde, quelle qu’en soit la nature. Pour de telles applications, le mécanisme de communication de mouvement nécessaire aux applications topographiques est inutile ; il suffit d’utiliser le limbe vertical extérieur que l’on voit en arrière de la plaque circulaire de verre et autour de l’axe duquel tourne une aiguille liée à l’encadrement de cette plaque et qui sert à indiquer, au moyen de fiches introduites et laissées dans les trous ouverts sur ses bords, les secteurs de la plaque utilisés et, par conséquent, celles de ses parties encore disponibles, ce qui prévient toute superposition d’images.
- Telles sont, Messieurs, les modifications apportées au daguerréotype par
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- M. Chevallier, et les diverses applications qu’elles lui ont permis de réaliser. Sans prétendre, toutefois, que l’emploi purement topographique de cet instrument doive être substitué à celui de la planchette et de l’alidade à lunette, et tout en constatant que, pour qu’il donnât des résultats d’une exactitude comparable, son mécanisme devrait présenter toute la perfection des instruments de précision, ce qui en élèverait sans doute le prix, votre comité des arts mécaniques espère que vous partagerez la satisfaction qu’il en a éprouvée et que vous encouragerez cet inventeur à raison de la nouvelle voie d’utilisation qu’il a ouverte à un art dont le domaine s’accroît tous les jours.
- Organe de ce comité, j’ai l’honneur de vous proposer, en son nom,
- 1° De remercier M. A. Chevallier de son intéressante communication ;
- 2° D’ordonner l’insertion du présent rapport dans votre Bulletin ;
- 3° De consacrer une de vos planches à la représentation de l’instrument que vous avez sous les yeux, réduit à ce qui est strictement nécessaire pour constituer la Planchette photographique, et d’en donner l’explication dans une légende.
- Signé Benoît, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 27 avril 1859.
- LÉGENDE DE LA PLANCHE 215 REPRÉSENTANT LA PLANCHETTE PHOTOGRAPHIQUE
- DE M. CHEVALLIER.
- Fig. 1. Yue de profil de l’appareil.
- Fig. 2. Section longitudinale partielle suivant l’axe.
- Fig. 3. Yue en bout du côté opposé à l’objectif.
- Fig. 4. Yue en dessus.
- Fig. 5. Élévation du châssis à volets.
- Fig. 6. Section verticale de ce même châssis passant par son axe.
- A, solide trépied de planchette ordinaire portant un plateau circulaire évidé, sur lequel l’appareil photographique est disposé de manière à pouvoir accomplir une révolution entière autour du centre de ce plateau.
- B, axe de rotation de l’appareil photographique; la figure 2 indique que le mode de réunion au plateau a lieu au moyen de deux cylindres ou manchons emboîtant l’un dans l’autre.
- C, chambre noire de l’appareil.
- D, tiroir mobile, dont le mouvement est obtenu au moyen de deux crémaillères engrenant avec des pignons de commande.
- E, E, crémaillères pour la manoeuvre du tiroir.
- F, F, boutons portés par l’axe des pignons de commande et servant à faire sortir
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- ou rentrer à volonté le tiroir; la rentrée est, en outre, facilitée au moyen de ressorts à boudin ( fig. 2 ) attachés d’une part au tiroir et de l’autre à la chambre noire.
- G, objectif fixé au tiroir.
- H, boussole vissée sur la chambre noire et destinée à donner l’orientation magnétique des angles compris entre les images photographiques des verticales des signaux.
- I, galets de support de la chambre noire, lesquels ont pour but de faciliter la rotation de l’appareil photographique.
- J, couronne dentée fixée au plateau sur lequel pivote l’appareil.
- K, arbre moteur de l’appareil, lequel porte une vis sans fin engrenant avec la couronne dentée J et reçoit son mouvement d’une petite manivelle qu’on place à volonté sur l’une de ses extrémités.
- L, châssis contenant une glace circulaire de verre enduite de collodion ou d’albumine; cette glace, montée dans un encadrement circulaire denté N, peut tourner avec lui dans l’épaisseur du châssis et recevoir un mouvement de rotation vertical autour de son axe de figure. La face antérieure du châssis, montée sur charnières, s’ouvre et se ferme au moyen de crochets qu’indique la figure 1 ; le châssis lui-même est maintenu verticalement en place à l’extrémité de la chambre noire, au moyen de pattes mobiles M fixées aux parois de cette chambre.
- N, couronne dentée de même diamètre que la couronne J et garnissant l’encadrement de la glace de verre quelle entraîne dans son mouvement de rotation; cette couronne est visible en ponctué sur la figure 3.
- O, pignon conduisant la couronne dentée N ( fig. 1 ).
- 1, Autre pignon disposé dans un plan perpendiculaire au précédent et engrenant avec la couronne J qui est fixe; entraîné dans la rotation de l’appareil sous l’action de l’arbre K, il tourne donc sur lui-même tant qu’on fait pivoter cet appareil autour de son axe de rotation.
- 2, 3, roues d’angle transmettant au pignon O le mouvement du pignon 1.
- Les pignons 0 et 1 ont le même diamètre ainsi que les roues d’angle 2 et 3.
- Il résulte de ces dispositions que, en faisant tourner l’arbre moteur K qui porte la vis sans fin, l’appareil photographique accomplira, autour de la couronne dentée J qui est fixe sur le trépied, un mouvement de rotation horizontal dont la vitesse se réglera à volonté en même temps que la glace de verre sensible accomplira un mouvement de rotation vertical d’une vitesse angulaire égale.
- P, aiguille double (fig. 1, 2 et 3 ) fixée sur l’axe de rotation de la glace sensible et indiquant, sur un limbe divisé en 360 degrés que porte le châssis L, l’amplitude des angles décrits par l’appareil.
- Q, châssis vertical à volets interposé entre la chambre noire et le châssis L de la glace sensible ( voir le détail, fig. 5 et 6 ) ; il est muni, à sa partie inférieure, d’une fenêtre demi-circulaire ayant le même centre et le même diamètre que la glace sensible et devant laquelle cette glace, dans son mouvement de rotation, vient successivement présenter les différentes parties de sa surface qui doivent être impressionnées par la lumière. L’ouverture de cette fenêtre est variable et se règle à volonté au moyen
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- de deux volets rectangulaires R ou en forme de secteurs S, manœuvrant, ainsi qu’il va être expliqué, dans l’épaisseur du châssis Q; un demi-cercle gradué indique en degrés l’amplitude de l’ouverture.
- R, volets rectangulaires de même hauteur que la fenêtre du châssis et se manœuvrant à la main; on les rapproche ou on les écarte à une même distance de la verticale qui passe par le centre de la fenêtre, de manière à laisser impressionner la glace sensible sur une aussi petite surface que l’on veut.
- S, volets en forme de secteurs fixés par leurs sommets au centre de la fenêtre, autour duquel ils peuvent tourner d’une égale quantité en découvrant sur la glace sensible un angle aussi petit qu’on le désire.
- T, crémaillère dont l’axe passe par le centre de rotation des volets S et servant à la manœuvre de ces volets, qui y sont reliés par des leviers articulés indiqués en ponctué sur la figure 5.
- U, bouton de commande de la crémaillère T, qu’on fait mouvoir à l’aide d’un pignon fixé sur l’axe de ce bouton.
- Y, vis de pression agissant sur la crémaillère pour la maintenir en position et rendre invariable l’ouverture des volets pendant une opération.
- W, pinnule fixée en tête du châssis Q et dont le crin est tendu dans une direction verticale qui passe par l’axe de rotation de la glace sensible ( fig. 3 et 5 ).
- X, autre pinnule placée à l’extrémité d’une alidade fixée au châssis à volets et dont le crin est situé dans le plan vertical qui passe par l’axe de l’objectif et. par l’axe de la glace sensible ; cette pinnule et son alidade sont montées sur charnières et peuvent se replier dans la position indiquée figure 6.
- Les deux pinnules W, X tiennent lieu de la lunette plongeante extérieure mentionnée au rapport. ( M. )
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M: Tresca , au nom du comité des arts mécaniques* sur me machine dite a levier de MM. Bluzart, Rivière et Aleysson, rue Morel, 4.
- Chargé, par votre comité des arts mécaniques, d’examiner la machine à levier de MM. Bluzart, Rivière et Aleysson, nous nous serions borné à vous dire qu’il n’y avait pas lieu de faire de rapport sur cet appareil, si d’une part les intéressés ne demandaient ce rapport avec instance, encore bien qu’ils connussent parfaitement notre opinion, de tous points défavorable, et si d’autre part la présentation de cette machine n’avait été accompagnée d’une appréciation toute différente, qui, dans les questions de ce genre, emprunte à la position du signataire une certaine autorité, et qui pourrait induire
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- en erreur les personnes qui s’intéressent trop facilement aux promesses de résultats chimériques.
- Déjà plusieurs ouvriers ont cru pouvoir tout quitter pour s’occuper de cette question, et ils en sont à se repentir d’avoir mis leur espoir dans la poursuite d’un résultat qui leur échappe; ils ont fait des dépenses auxquelles il importe de mettre un terme, en leur faisant connaître sans réticence l’opinion de la Société.
- À peine est-il nécessaire de dire que cette prétendue machine, destinée à augmenter la puissance des moteurs, a pour organe principal un levier. Ce levier, qui doit être animé d’un mouvement alternatif, agit, par une de ses extrémités, sur une roue à rochet ; il est chargé, en un point quelconque de sa longueur, de poids plus ou moins considérables, et porte à l’autre bout un arc divisé, qui engrène avec un pignon concentrique avec l’arbre moteur.
- Quand ce pignon est solidaire avec l’arbre, il relève l’arc denté, et avec lui le levier et les poids dont il est chargé ; puis la solidarité cesse, et le levier, en retombant, fait tourner, comme nous venons de le dire, la roue à rochet, dont l’action se transmet à-la machine à faire mouvoir.
- Le déclanchement est obtenu au moment convenable par une came, qui dégage une sorte de mentonnet, chargé d’établir la solidarité nécessaire entre l’arbre et le pignon, pendant que celui-ci doit agir sur le levier pour le relever.
- Ce dispositif ne peut fonctionner sans produire de notables secousses à chaque chute du levier, et il ne saurait, non plus que d’autres, conduire au but avoué du rapport que nous avons sous les yeux, et qui ne craint pas de dire que la machine a pour objet d’augmenter la puissance des moteurs, assertion d’autant plus fâcheuse qu’elle est corroborée par de prétendus résultats d’expériences incomplètes et mal appréciées.
- L’appareil a eu un assez grand retentissement pour être visité par plusieurs ingénieurs. Tout en repoussant le principe, quelques-uns d’entre eux ont vu, dans ce mode particulier de transformation d’un mouvement de rotation en un mouvement alternatif, une combinaison qui pourrait avantageusement être appliquée à la manœuvre des leviers à mouvement alternatif employés dans les divers appareils à élever les fardeaux ; mais nous ne saurions même conseiller cette application, puisqu’elle ne pourrait se réaliser que par une double transformation, fort inutile, d’un mouvement alternatif en mouvement circulaire, et d’un mouvement circulaire en mouvement alternatif.
- Par suite de ces observations, nous avons l’honneur de vous proposer, Messieurs, de donner votre approbation au présent rapport, qui sera tenu à la disposition des personnes qui en demanderont communication.
- Signé Tresca, rapporteur
- Approuvé en séance, le 16 janvier \ 861.
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- AGRICULTURE.
- Rapport fait par M. Hervé Mangon , au nom du comité d’agriculture,
- sur le Traité des constructions rurales, 2e et 3e parties (fin), de M. Louis
- Bouchard-Huzard.
- Messieurs, votre comité d’agriculture vous a rendu compte, en 1858 ( séance du 23 juin) (1), de l’examen auquel il s’était livré du premier volume d’une publication considérable, le Traité des constructions rurales de M. Louis Bouchard-Huzard.
- La Société d’encouragement, dans sa séance générale du 4 août 1858, a décerné à l’auteur de cet ouvrage une de ses médailles d’argent.
- Aujourd’hui, l’ouvrage de M. Louis Bouchard-Huzard est complètement terminé, et votre comité d’agriculture est heureux d’avoir à vous dire que l’auteur a pleinement justifié les éloges et les encouragements que la Société lui a donnés.
- Je n’essayerai pas, Messieurs, de vous présenter une analyse détaillée du Traité de M. Louis Bouchard-Huzard ; je me bornerai à indiquer les principales divisions du travail.
- La 2e livraison ( fin du tome Ier ) est partagée en deux chapitres :
- Le premier chapitre comprend une étude très-détaillée des constructions destinées aux récoltes et aux produits d’une exploitation agricole. L’auteur passe en revue toutes les constructions de cette espèce, depuis les plus simples abris à fourrages jusqu’aux féculeries, distilleries, etc. Je signalerai d’une manière toute spéciale la section consacrée aux fumières, ces modestes ouvrages si nécessaires aux progrès de notre agriculture.
- Le second chapitre est consacré aux constructions destinées à recueillir les eaux nécessaires à une exploitation rurale.
- La seconde partie du livre de M. L. Bouchard-Huzard (tome II) traite de la réunion, en corps de ferme, des différentes constructions étudiées isolément dans la première partie. L’auteur donne, pour chaque classe d’exploitation rurale, un grand nombre d’exemples, et discute avec soin leurs avantages et leurs inconvénients respectifs.
- La troisième partie, enfin, est consacrée aux procédés d’exécution des maçonneries et autres ouvrages qui composent les constructions rurales.
- (1) Voir Bulletin de 1858, 2e série, t. V, p. 461.
- Tome VIII. — 60e année. 2* série. — Février 1861.
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- ENGRAIS.
- Les deux dernières parties du Traité des constructions rurales sont enrichies, comme la première, d’un très-grand nombre de figures dessinées avec soin. L’ouvrage complet renferme 151 planches gravées sur bois et tirées à part, et un très-grand nombre de figures intercalées dans le texte.
- En résumé, les deux dernières parties de l’ouvrage de M. L. Bouchard-Huzard sont dignes des éloges donnés à la première. Nous vous proposons donc, Messieurs, au nom de votre comité,
- 1° De remercier l’auteur de son intéressante communication ;
- 2° D’ordonner l’insertion, dans le Bulletin, du présent rapport.
- Signé Hervé Mangon, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 19 décembre 1860.
- ENGRAIS.
- FRAGMENT d’uN MÉMOIRE SUR LES GISEMENTS DU GUANO DANS LES ÎLOTS ET SUR LES CÔTES DE L’OCÉAN PACIFIQUE; PAR M. BOUSSINGAULT.
- « Les gisements de guano (huano de pajaro) sont répartis sur le littoral du Pérou, entre le 2e et le 21e degré de latitude australe. J’ai vu les premiers dépôts dans la baie de Payta. En avançant vers le sud, on en trouve de distance en distance jusqu’à l’embouchure du Rio-Loa. En dehors de ces limites, le guano se rencontre encore, quelquefois même très-abondamment; mais alors il est à peu près dépourvu des sels ammoniacaux et des principes organiques auxquels il doit une grande partie de ses propriétés.
- <c En allant du sud vers l’équateur, les huaneras principales sont celles de : Chi-pana, Huanillos, Pmta de Lobos, Pabellon de Pica, Puerto ingles, Islas patillos, Punta grande, Isla de Iquique, Pisagua, Ilo, Jésus y Cocotea, les îles de la baie d Tslay.
- « Entre May et un point situé à quelques lieues de Pisco, on ne connaît pas de guano de pajaro (guano d’oiseau), les eaux étant principalement fréquentées par des phoques, des marsouins, des loups de mer (lobos) ; aussi les amas de guano, d’ailleurs fort restreints, que l’on aperçoit dans ces parages, sont-ils presque entièrement formés des excréments et des squelettes de ces animaux.
- « Le guano est déposé sur de petits promontoires, sur des falaises, il remplit des anfractuosités; en général, il est là où les oiseaux trouvent un abri contre les fortes brises du sud. _
- « Les roches de cette partie de la côte consistent en granit, en gneiss, en syénite, etsyénite porphyrique; le guano qu’elles supportent est le plus souvent en couches
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- horizontales, quelquefois cependant elles sont fortement inclinées, comme à Chipana où elles deviennent presque verticales. Dans certaines huaneras on observe un mélange d’excréments d’oiseaux et d’excréments de poissons ou de cétacés (lobos). M. Francisco de Rivero signale particulièrement ce mélange à Punta-Lobos, où, sur des strates d’un guano d’un gris obscur, l’on trouve superposées d’autres strates presque noires, d’une épaisseur de 2 pieds, recouvertes à leur tour par de nouvelles couches de couleurs variées. La strate noire est remplie de petites pierres de porphyre, luisantes, elliptiques, que les phoques (lobos) ont l’habitude d’avaler et qui accompagnent toujours leurs déjections.
- « Les dépôts de guano sont ordinairement recouverts par un agglomérat de sable et de substances salines, le caliche, que les ouvriers enlèvent pour commencer une exploitation. Sur quelques points, comme à Pabellon de Pica et à Punta grande, le gite est au-dessous d’un amas de sable descendu des montagnes voisines, et rien n’établit mieux son ancienneté dans cette localité qu’une observation faite par M. F. de Rivero. Sur la roche qui leur sert de base, l’on voit des couches horizontales de guano supportant un dépôt appartenant à l’alluvion ancienne, de 3 mètres de puissance et dans lequel on trouve des empreintes de coquilles marines, et sur cette alluvion, contrairement à ce qui a lieu ordinairement, sont placées plusieurs strates de guano recouvertes par le sable de l’alluvion moderne.
- « Le plus souvent, l’exploitation du guano a lieu à ciel couvert, après avoir décapé le gîte en enlevant la croûte de caliche. Cependant la huanera de Chipana est exploitée par des travaux souterrains poussés au-dessous de l’agglomérat salin et arénacé.
- « Dans la huanera de Pmta de Lobos, le guano de pajaro, en strates horizontales légèrement ondulées, est d’un brun très-foncé et renferme du guano de lobo, comme l’indiquent des ossements de marsouins, de phoques (lobos) et les pierres polies elliptiques qui caractérisent les déjections de ces animaux. On attaque la masse au pic et à la poudre. Le guano, mis en sac, est glissé sur des radeaux (balsas), qui le transbordent ensuite sur de petits bâtiments (guaneros). Les ouvriers reçoivent une piastre (5<r ,40) par jour, la nourriture et de l’eau douce que l’on est obligé d’aller chercher au Rio-Loa quand les navires en chargement n’en apportent pas.
- « La huanera de Pabellon de* Pica prend son nom du village de Pica, placé à 30 lieues dans F intérieur. C’est une montagne conique de 325 mètres d’altitude 5 la roche cristalline, que l’on suit jusqu’à 160 mètres de hauteur, est recouverte par un grès parfaitement caractérisé et très-moderne. La puissance des strates de guano superposées au grès est de 15 à 20 varas. Le produit le plus estimé provient d’un escarpement de plus de 200 varas de largeur que recouvre un amas de sable. Dans la zone inférieure, les strates sont séparées par une alluvion ancienne de 2 à 3 varas d’épaisseur et d’une grande dureté. Une soixantaine d’ouvriers sont établis sur la huanera, dont la rade est assez profonde pour que les bâtiments (guaneros) y jettent l’ancre à 25 varas de l’embarcadère.....
- « Au nord d’Iquique sont les trois îles de Chincha, les plus riches en guano ammo-
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- nïaeaî, par 13 degrés de latitude australe, et alignées du sud au nord. Leurs sommets ne dépassent pas 110 varas; la base, en granit, est entourée de récifs d’autant plus dangereux pour la navigation, qu’il règne presque constamment un vent très-vif, la paracà, depuis 10 à 11 heures du matin jusqu’au coucher du soleil. La réverbération du sol, la poussière élèvent singulièrement la température ; aussi les ouvriers ne travaillent-ils que la nuit.
- « Le guano est en strates horizontales, assez ordinairement ondulées vers les extrémités. Dans les tailles, on remarque des fissures remplies de cristaux de sels ammoniacaux. On trouve dans ces huaneras des œufs pétrifiés, des plumes, des ossements et même des oiseaux momifiés....
- Constitution du guano.
- « Les premières notions sur la nature du guano sont dues à Fourcroy et Vau-quelin. Dans un échantillon rapporté par Humboldt des îles de Chincha, ils ont trouvé (1): •
- « 1° De l’acide urique, en partie saturé par de l’ammoniaque et par de la chaux;
- « 2° De l’acide oxalique combiné à de l’ammoniaque et à de la potasse;
- « 3° De l’acide phosphorique uni aux mêmes bases et à de la chaux;
- « 4° De petites quantités de sulfate de potasse, de chlorure de potassium et de chlorhydrate d’ammoniaque;
- « 5° Un peu de matière grasse;
- « 6° Du sable, en partie quartzeux, en partie ferrugineux.
- « La composition dn guano ammoniacal était définitivement fixée : depuis on y a reconnu de faibles proportions de xanthine, de guanine.
- « De quinze analyses faites par M. Nesbit sur des échantillons provenant des Iles
- de Chincha, on a eu pour la composition du guano :
- Matières organiques et sels ammoniacaux. . . . 52,52 (2)
- Phosphate de chaux.......................... 19,52
- Acide phosphorique........................... 3,12
- Sels alcalins, etc........................... 7,56
- Silice et sable.............................. 1,46
- Eau......................................... 15,82
- 100,00
- Phosphate de chaux soluble ( neutre )........ 6,76
- Phosphate de chaux insoluble ( basique ). . . . 19,52
- Phosphate total................26,28
- Azote dosé.................................. 14,29
- répondant à ammoniaque.................... 17,32
- (1) Annales de chimie, lre série, t. LVI, p. 258.
- (2) Ces matières organiques comprennent l'acide urique et l'acide oxalique. Je donne, dans mon mémoire, les résultats des analyses faites au Conservatoire des arts et métiers.
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- « Les caractères des guanos provenant des gisements éloignés des côtes du Pérou sont une grande richesse en acide phosphorique et l’absence presque complète de matières azotées.
- a II semble d’ailleurs évident que les guanos terreux et les guanos ammoniacaux ont une même origine : les déjections et les dépouilles des oiseaux de mer. La disparition de l’ammoniaque, dans les premiers, est due probablement à des circonstances locales, telles que l’abondance et la fréquence des pluies qui favorisent naturellement la décomposition des substances organiques ou la dissolution des sels à base d’ammoniaque.
- « La partie du littoral de la mer du Sud où gîte le guano ammoniacal offre en effet cette particularité que, sur une étendue considérable, depuis Tumbes jusqu’au désert d'Atacama, la pluie est pour ainsi dire inconnue, tandis qu’en dehors de ces limites, au nord de Tumbes, dans les forêts impénétrables et marécageuses du Cboco, il pleut presque sans interruption. A Payta, placé au sud de cette province, lorsque je m’y trouvai, il y avait dix-sept ans qu’il n’avait plu. Plus au sud encore, à Chocope (lat. 7°46' S.), on citait comme un événement mémorable la pluie de 1726; il est vrai qu’elle dura pendant quarante nuits, car elle cessait pendant le jour.
- « La rareté des pluies dans ces contrées est attribuée à la permanence et à l’intensité des vents S. S. E. C’est en mai et juin qu’ils soufflent avec le plus de force. Le ciel est alors d’une admirable pureté; la température baisse par l’effet de ces courants d’air venus des régions polaires australes, qui annoncent la fin de l’été (verano). Il n’y a pas d’orage sur cette côte péruvienne 5 un habitant de Lima, de Piura, de Se-chura, s’il n’a pas voyagé, n’a aucune idée du tonnerre. Cependant on se tromperait singulièrement si l’on s’imaginait que la sécheresse est permanente sur le littoral. Pendant plusieurs mois la terre est abreuvée sans recevoir de pluie; les vallées, les coteaux se couvrent de verdure. C’est qu’il arrive une époque où le vent des régions australes est remplacé par un vent du nord à peine perceptible, si faible, qu’il a tout juste la force nécessaire pour faire mouvoir une girouette, pour agiter les banderoles des navires; c’est une légère agitation de l’air, un calme indécis, indiquant que la brise S. S. E. a cessé. A partir de ce changement, de juillet à novembre, l'atmosphère prend un aspect tout différent, que le vent, en reprenant peu à peu, avec mollesse, la direction normale S. S. E., ne modifie qu’avec lenteur. On est alors en hiver (m-vierno). A la vive lumière dont le pays était comme inondé, a succédé un demi-jour qui attriste l’esprit. Le ciel est voilé par un épais brouillard; ce n’est plus que rarement, pendant quelques éclaircies, que l’on aperçoit le soleil ; régulièrement, entre 10 heures et midi, de la vapeur vésiculaire s’élève et se maintient à une certaine hauteur où elle devient un nuage. Pendant ce mouvement ascensionnel, une partie du brouillard se résout en bruine, en garua qui mouille la terre à la manière de la rosée. Les garuas, c’est l’expression indienne, ne sont jamais assez abondantes pour rendre les chemins impraticables, pour pénétrer les vêtements les plus légers ; mais par leur persistance elles introduisent dans le sol assez d’eau pour le rendre fertile, pour le maintenir dans un état convenable d’humectation quand le vent du sud,
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- reprenant son impétuosité, les chasse et s’oppose à leur apparition. D’ailleurs, sur des points heureusement assez nombreux du littoral, l’aridité est seulement à la surface; à une certaine profondeur l’on rencontre une nappé aquifère dont l’origine est dans la Cordilière. Les eaux pluviales que reçoivent les montagnes des Andes, à moins d’être extrêmement abondantes, ne parviennent pas toujours jusqu’à la mer; durant un parcours de 20 à 30 lieues elles sont absorbées par le sable, et, comme cela a lieu à Piura, à Sechura, pour les trouver il faut creuser le lit des torrents desséchés. C’est à la fois à cette imbibition d’un sol arénacé et à la fréquence des bruines ou garuas que le pays compris entre Tumbes et le Chili doit de ne pas être un désert sur toute son étendue.
- a C’est précisément dans cette zone, où la pluie est assez rare pour être considérée comme un événement, entre Payta et le Rio-Loa, que sont situés les gîtes de guano ammoniacal. Au delà, plus au nord, comme plus au sud de ces points extrêmes, le guano exposé aux pluies tropicales est généralement dépourvu d’ammoniaque et de sels solubles; un sel insoluble a résisté : c’est le phosphate de chaux, la base et le caractère des guanos terreux.
- « Pour que le guano ait été accumulé en aussi énormes quantités dans les huane-ras, il a fallu le concours de circonstances aussi favorables à sa production qu’à sa conservation : un climat d’une sécheresse exceptionnelle, sous lequel les oiseaux n’aient pas à se garantir de la pluie, des accidents de terrain offrant des crevasses, des anfractuosités où ils pussent reposer, pondre et couver à l’abri des fortes brises du sud ; enfin une nourriture telle qu’ils la trouvent dans les eaux qui baignent la côte. Nulle part au monde le poisson n’est plus abondant; il arrive quelquefois, pendant la nuit, comme j’en ai été témoin à Payta, qu’il vient échouer vivant sur la plage en nombre prodigieux, sans que la mer soit agitée, comme s’il voulait échapper à la poursuite d’un ennemi.
- « Un des navigateurs espagnols qui accompagnèrent les académiciens français à l’équateur, Antonio de Ulloa, rapporte que « les anchois sont en si grande abon-« dance sur cette côte, qu’il n’y a pas d’expression qui puisse en représenter la « quantité. U suffit de dire qu’ils servent de nourriture à une infinité d’oiseaux qui « leur font la guerre. Ces oiseaux sont communément appelés Guanaes, parmi les-« quels il y a beaucoup d'Alcatras, espèce de Cormoran, mais tous sont compris « sous le nom général de Guanaes. Quelquefois, en s’élevant des îles, ils forment « comme un nuage qui obscurcit le soleil. Us mettent une heure et demie à deux « heures pour passer d’un endroit à un autre, sans qu’on voie diminuer leur mulet titude. Ils s’étendent au-dessus de la mer et occupent un grand espace, après quoi « ils commencent leur pêche, d’une manière fort divertissante; car se soutenant dans « l’air en tournoyant à une hauteur assez grande, mais proportionnée à leur vue,
- « aussitôt qu’ils aperçoivent un poisson, ils fondent dessus, la tête basse, serrant les a ailes au corps, et frappant avec tant de force, qu’on aperçoit le bouillonnement de « l’eau d’assez loin. Us reprennent ensuite leur vol en avalant le poisson. Quelque-v « fois ils demeurent longtemps sous l’eau, et en sortent loin de l’endroit où ils s’y
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- « sont précipités, sans doute parce que le poisson fait effort pour échapper'et qu’ils « le poursuivent disputant avec lui de légèreté à nager. Ainsi on les voit sans cesse « dans l’endroit qu’ils fréquentent, les uns se laissant chévir dans l’eau, les autres « s’élevant; et comme le nombre en est fort grand, c’est un plaisir que de voir cette « confusion. Quand ils sont rassasiés, ils se reposent sur les ondes; au coucher du « soleil, ils se réunissent et toute cette nombreuse bande va chercher son gîte. On « a observé, au Callao, que les oiseaux qui se gîtent dans les îles et les îlots situés « au nord de ce port vont dès le matin faire leur pêche du côté du sud, et revienne nent le soir dans les lieux d’où ils sont partis. Quand ils commencent à traverser « le port, on n’en voit ni le commencement ni la fin (1). »
- « La rareté des pluies, comme la prédominance des vents du sud, l’abondance extraordinaire du poisson et des oiseaux pêcheurs sur ces côtes, n’avaient pas échappé à l’attention des premiers Espagnols qui foulèrent le sol péruvien. Un des historiens, qui fut aussi un des acteurs de la conquête, Âugustino Zarate, écrivait au xvie siècle : « Ceux qui ont soigneusement examiné la chose prétendent que la cause naturelle de « ce phénomène (le manque de pluie) est le vent du sud qui règne pendant toute « l’année sur les côtes et dans la plaine, où il souffle avec tant de violence, qu’il « emporte les vapeurs qui s’élèvent de la terre et de la mer sans qu’elles puissent « monter assez haut en l’air pour s’y rassembler et former des gouttes de pluie. Ce « même vent est aussi la cause qui fait que les eaux de la mer du Sud courent tou-
- « jours vers le nord, ce qui rend difficile la traversée de Panama au Pérou.....
- <t Dans la vallée où Lima est situé, ajoute Zarate, le séjour y est fort agréable, « parce que l’air est si tempéré, qu’en aucune saison on n’y est incommodé par le <c froid ou par la chaleur. Pendant les quatre mois durant lesquels on a l’été en Este pagne, l’on sent à Lima un peu plus de fraîcheur qu’il n’en fait dans le reste de « l’année, et il y tombe alors le matin, jusqu’à vers midi, une sorte de rosée menue,
- « à peu près comme les brouillards que l’on voit à Yalladolid......
- « Tout le long de la côte, on y trouve des poissons de toutes espèces, surtout des « veaux marins qui sont la pâture des vautours. Il y a aussi des oiseaux nommés « alcatraz, ressemblant à nos poules ; ils sont fort communs, puisqu’on les observe « partout sur un espace de plus de 2,000 lieues; ces oiseaux se nourrissent de pois-« sons de mer (2). »
- « Sous un climat aussi constant, sur un sol que l’action érosive des météores aqueux ne modifie pas, sur des plages où les marées sont à peine perceptibles, où l’on ne voit nulle part des dunes envahissantes, l’aspect de la nature est immuable. En 1832, sur ces rivages baignés par l’océan Pacifique, j’assistais à ces mêmes scènes qu’avaient décrites Ulloa, Fraizier, et bien avant eux, Zarate. Des alcatraz, des pheni-copterus, des ardéas se livraient à la pêche comme sous le règne des Incas. A Piura, l’on trouvait encore de l’eau en creusant dans le lit du torrent desséché. A Chocope
- (1) Ulloa, t. I, p. 486.
- (2) Zarate, Histoire de la conquête du Pérou, t. I.
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- il n’avaît pas plu depuis 88 ans. Le rio Tumbes entrait dans la mer avec le môme calme, efr peut-être qu’en cherchant bien on aurait reconnu sur ses bords les traces laissées par cette poignée de soldats intrépides qui le franchirent en 1531, pour exécuter, avec un éclatant succès, l’entreprise la plus audacieuse qu’on ait jamais tentée; les bandes de Pizarre et d’Almagro avaient passé par là pour aller s’emparer du Pérou; et pas un de ces hardis compagnons ne daigna jeter un regard sur ces inépuisables gisements de salpêtre, sur ces humeras, dont l’importance dépasse aujourd’hui celle des mines les plus productives du nouveau monde.
- « Les intéressants travaux géodésiques exécutés par M. Francisco de Rivero donneraient pour le volume du guano, dans les huaneras, en 1844 :
- Varas carrées.
- Huaneras du sud.................................... 713,637
- Guano de Punta Grande et guano déjà extrait........
- Iles de Chincha.................................... 1,450,224
- Huaneras de Yiejas y Carretas, Ballesta............
- Varas cubiques. 15,842,814 6,157,186 36,500,000 60,000
- 58,560,000
- « M. Francisco de Rivero a trouvé, pour le poids de la vara cubique, 1,400 livres espagnoles, soit 645 kilogrammes.
- « On aurait alors, pour le poids du guano ayant existé dans les huaneras, 378 millions de quintaux métriques.
- « Dans celte évaluation ne sont pas compris les gisements au sud du Rio-Loa, parce qu’ils appartiennent au Chili, ni ceux que l’on connaît au nord des îles de Chincha jusqu’à Payta, où je les ai vus reposer sur des schistes noirs, argileux, dont les cimes, vues d’une certaine distance, paraissaient couvertes de neige.
- « Les gisements de guano sont tellement considérables, que l’on a douté qu’ils fussent bien réellement formés par des excréments d’oiseaux appartenant à l’époque actuelle. Humboldt était très-enclin à les considérer comme antédiluviens, comme des amas de coprolithes ayant conservé leur matière organique originelle. Il reculait devant l’âge qu’il faudrait assigner à ces dépôts dont l’épaisseur atteint quelquefois 30 mètres, parce qu’il supputait qu’en trois siècles les déjections des oiseaux qui fréquentent les îles de Chincha ne dépasseraient pas une épaisseur de 1 centimètre.
- « M. Francisco de Rivero croit, au contraire, que cette prodigieuse accumulation de guano est tout naturellement expliquée par la multitude des guanaes, désignés sur les côtes du Pérou sous les noms de piqueros, sarcillost gaviotas, alcatraces, pagaro-ninoSy patillos, etc. Si aujourd’hui, dit-il, malgré la persécution qu’ont soufferte et que souffrent encore les guanaes, on en voit néanmoins des milliards se poser sur les récifs ou sur les sommets escarpés des îlots, qu’était-ce avant l’occupation du Pérou par les Européens, lorsqu’ils étaient pour ainsi dire les seuls habitants du littoral? Il ajoute que pour concevoir la formation du guano des îles de Chincha, évalué à 500 millions de quintaux espagnols, il suffit d’admettre, ce qui n’a rien d’exagéré, qu’un guanaes rend chaque nuit une once d’excréments et que toutes les vingt-quatre heures 264,000 de ces oiseaux fonctionnent dans les huaneras. En 6,000 ans,
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- M. Francisco de Rivero ne va pas au delà, par égard pour la date du déluge, le guano déposé pèserait 361 millions de quintaux, et l’on ne doit pas oublier qu’aux déjections s’ajoutaient nécessairement les dépouilles des oiseaux. 264,000 guanaes habitant à la fois les îles de Chincha est unfnombre que l’on ne répugne aucunement à accepter, quand on a vu se mouvoir ces nuées de volatiles dont, pour employer l’expression d’Ulloa, cc on n’aperçoit ni le commencement ni la fin, » qui font naître l’obscurité et, en rasant la surface de la mer, empêchent un navire de manœuvrer. Ce nombre peut d’ailleurs subir une sorte de contrôle. Les guanaes ne pêchent que pendant la journée ; la nuit ils se retirent dans les huaneras. Dans l’hypothèse de M. Francisco de Rivero, les îles de Chincha en recevraient 264,000; la question est donc de savoir si la place ne leur manquerait pas. Or la surface de ces îles est de 1,450,224 varas carrées; un guanaes y pourrait donc disposer de 5,5 varas, soit à peu près 4 mètres carrés sur lesquels il se trouverait parfaitement à l’aise.
- « Que le guano appartienne à l’époque actuelle ou qu’il ait été déposé à une époque antérieure, toujours est-il qu’il représente une masse énorme de substances organiques ayant appartenu aux habitants de l’Océan, et comme les déjections dérivent des aliments, les poissons détruits par les oiseaux pêcheurs en ont été la matière première ; tous les éléments enfouis dans les huaneras ont incontestablement fait partie de leur organisation, et il n’est pas impossible d’estimer la quantité de poisson qui a été consommée.
- « En négligeant ce qu’un oiseau de mer dissipe pendant la combustion respiratoire, l’on est autorisé à croire que la presque totalité de l’azote de la nourriture se retrouve dans les déjections, et par conséquent dans le guano ammoniacal, qui n’est autre chose que la déjection conservée par l’effet de circonstances particulières sur lesquelles j’ai insisté précédemment. L’albumine, l’acide urique ont donné lieu sans doute à une production d’ammoniaque, ou ont éprouvé d’autres modifications dans lesquelles se trouve l’azote qui entrait dans les fèces des guanaes, et, par conséquent, dans le poisson digéré par ces oiseaux. Un poids donné de guano ammoniacal aura donc pour équivalent un certain poids de poisson dans lequel il entrera la même quantité d’azote.
- « Le guano du Pérou quand il vient d’être extrait, lorsqu’il n’est pas avarié, renferme, comme nous l’avons vu, en moyenne, environ 14 pour 100 d’azote.
- « Des recherches que j’ai faites il y a quelque temps m’autorisent à admettre que le poisson à sa sortie de la mer contient 2,3 d’azote pour 100.
- « Ainsi 100 kilogrammes de guano contiendraient l’azote de 600 kilogrammes de poisson de mer, et comme dans les huaneras, avant qu’on eût poussé aussi activement leur exploitation, il y avait 378 millions de quintaux métriques de guano, on aurait 2,268 millions de quintaux de poisson de mer.
- « Telle a dû être, en effet, l’énorme quantité de poissons dévorés dans le cours des siècles par une suite de générations non interrompues de guanaes, et les 53 millions de quintaux d’azote qui s’y trouvaient avaient réellement appartenu à l’atmo-Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Février 1861. 13
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- sphère 5 car l’azote, comme je l’ai énoncé depuis longtemps, n’a pas d’autre gisement primitif (1).
- « Les êtres organisés ont dans leur constitution, indépendamment des sels minéraux, du carbone, les éléments de l’eau et de l’azote. Le carbone, dans les carbonates, dans le graphite, appartient aux plus anciennes formations; le carbone pur, le diamant, accompagnent l’or et le platine dans les détritus du granit, du gneiss, dessyé-nites. L’eau, d’après les belles expériences de MM. de Senarmont et Daubrée, a joué un rôle important dans le métamorphisme des terrains cristallins. Des éléments de l’organisme, l’azote est donc le seul qu’on ne trouve pas fixé dans les roches d’origine ignée ; nous ne le voyons apparaître que dans les dépôts sédimentaires, là où il y a des vestiges d’êtres ayant végété ou respiré sur la terre, et tout nous porte à croire qu’il n’a pénétré dans les tissus des plantes et par suite dans les tissus des animaux qu’après avoir été transformé en acide nitrique ou en ammoniaque, états sous lesquels on le rencontre habituellement dans l’atmosphère.
- « Comme les houillères, comme les dépôts tourbeux, comme les diluviums à ossements et à coprolithes, les humeras recèlent, en les tenant en quelque sorte sous le séquestre, des matériaux des anciens mondes que l’homme, dans son incessante activité, fait entrer dans le monde moderne.
- « En fertilisant un champ avec leurs produits, on métamorphose en aliments les excréments des oiseaux de mer; de même que, en brûlant des combustibles minéraux, on restitue à l’atmosphère du carbone, de la vapeur aqueuse, de l’azote, qu’en avait soustraits la végétation propre à l’époque houillère. C’est ce qu’exprimait avec autant d’esprit que de vérité un illustre ingénieur anglais, G. Stephenson, en voyant avancer à toute vitesse un convoi sur un des nombreux chemins de fer qu’il avait créés : Ce ne sont pas, disait-il, ces puissantes locomotives dirigées par nos habiles mécaniciens qui font marcher ce train, c’est la lumière du soleil; la lumière qui, il y a des myriades d’années, a dégagé le carbone de l’acide carbonique, pour le fixer dans des plantes qu’une révolution du globe a modifiées en houille.
- « Les restitutions des anciens mondes n’ont pas lieu seulement envers l’océan aérien, mais aussi envers le sol. Les huaneras renferment des substances minérales parmi lesquelles figure le phosphate calcaire; dans le guano le plus ammoniacal d'Àngamos ou des îles de Chincha il n’y en a pas moins de 25 pour 100; les guanos terreux en sont presque entièrement formés, et l’on peut, sans aucune exagération, estimer le phosphate de chaux de ces gisements à 95 millions de quintaux métriques, de quoi former le système osseux de quatre billions d’hommes (2), et cependant ce n’est réellement là qu’une parcelle des phosphates répartis dans les divers étages de la série géologique. Dans le guano, tout le phosphate a nécessairement pour origine le poisson consommé par les guanaes, ou, en prenant les choses de plus loin, la terre;
- (1) Annales de chimie et de physique, 2e série, t. LXX1, p. 116; 1839.
- (2) D’après une donnée de notre savant confrère M. Jobert de Lamballe.
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- ARTS MÉCANIQUES.
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- ce qui a fait dire à M. Élie de Beaumont, avec une grande justesse de vue, que, dans les êtres organisés, « l’azote vient d’en haut et le phosphore d’en bas. »
- « Les matériaux accumulés dans ces ossuaires des temps primitifs que l’on rencontre dans le calcaire jurassique, dans le calcaire néocomien, dans les grès verts, dans les cavernes anciennement habitées par des générations de carnassiers, les co-prolithes n’ont offert, jusqu’en 1847, qu’un intérêt purement scientifique; mais aussitôt que la chimie eut signalé leur richesse en acide phosphorique, l’on comprit que, dans certaines limites, ils devaient agir comme le guano; dès lors on les rechercha avec ardeur. Aujourd’hui l’agriculture européenne reçoit ces phosphates des extrémités du monde : des îles de l’océan Pacifique, de la mer Caribe, du golfe du Mexique, des côtes de l’Afrique et de l’Australie; pour s’en procurer, les navigateurs abordent des bancs de coraux, des récifs qu’ils évitaient autrefois comme de dangereux écueils.
- « Qu’il me soit permis, en terminant, de constater devant l’Académie des sciences que ce grand mouvement commercial, qui a pour résultat la diffusion des matières fertilisantes, a eu pour unique impulsion une observation faite par un géologue éminent, le docteur Buckland, et les analyses si remarquables de l’un de ses membres les plus distingués, M. Berthier. »
- ( Comptes rendus de l’Académie des sciences. )
- ARTS MÉCANIQUES.
- ARDOISIÈRES D’ANGERS.
- On se rappelle que la Société d’encouragement, dans sa séance du 20 février 1856, a décerné une médaille d’or à M. Larivière, gérant de la commission des ardoisières d’Angers, pour les perfectionnements apportés successivement par lui dans l’exploitation de ces importantes carrières ainsi que dans le mode de préparation de leurs produits (1).
- Depuis cette époque et malgré les inondations de 1856, les travaux n’ont pas cessé de se développer pour satisfaire aux besoins d’une consommation toujours croissante. On jugera de l’augmentation considérable de l’exploitation commerciale par le tableau suivant qui met en regard la situation au 31 décembre 1855 avec celle au 31 décembre 1860.
- (1) Voir Bulletins de 1852, 1« série, t. LI, p. 309; 2e série, 1855, t. II, p. 7, et 1856, t. [II.
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- TABLEAU COMPARATIF DE LA SITUATION
- AU 31 DECEMBRE 1335.
- SUPERFICIE DES FONDS EXPLOITÉS. . 22,597 mètres carrés. MACHINES A VAPEUR.
- Fresnais................. 1980“a.06
- Paperie................ 4955 .00
- Gravelle............... 2800 .00
- Petits-Carreaux.......... 3253 .60
- Hermitage................. 3500 .00
- Grands-Carreaux.. . . . 2688 .79
- Porée.................... 2520 .00
- Ruisson................... 899 .55
- Total........ 22597m2.00
- CHEVAUX POUR L'EXPLOITATION. 192 chevaux.
- 34 machines
- d’une force totale de 573 chevaux-vapeur.
- NOMBRE D’OUVRIERS EMPLOYÉS.
- Ouvriers d’en haut..................... 1,030
- — d’en bas.............................. 537
- Journaliers............................. 756
- Enfants. ................................. 168
- Employés................................... 37
- Ouvriers employés à l’atelier mécanique. 12
- Total.......2,540
- f
- FABRICATION.
- Ardoises ordinaires.........'. . . . 138,632,100 ardoises pesant 60,785,872 kilogr.
- modèles anglais........... 1,608,062 — 2,979,495 —
- Pierres travaillées mécaniquement. . . ponr mémoire. — .........
- Total............. 140,240,162 ardoises pesant 63,765,367 kilogr.
- LIVRAISON.
- Ardoises ordinaires.............
- — modèles anglais............
- Pierres travaillées mécaniquement.
- 138,322,500
- 1,126,160
- Pour mémoire.
- Se divisant' comme suit:!
- Par ch. de fer.
- — batellerie.
- — roulage. .
- 30,693,000 ardes pes‘ 14,694,127k 85,653,000 — 36,248,567k
- 24,102,660 — 9,882,090k
- Total
- 139,448,660
- Total. . . 140,448,660 ardes pes* 60,824,784k
- PRODUIT DES VENTES.
- Toutes ardoises réunies,
- 2,803,379 fr. 03 c.
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- DES ARDOISIÈRES D’ANGERS
- AU 3 fl DÉCEMBRE fl 360.
- SUPERFICIE DES FONDS EXPLOITÉS. . 24,983“2,86c-
- Fresnais . . 5599“ 8.50
- Paperie . . 2400 .00
- Petits-Carreaux.. . . . . 6166 .00
- Hermitage . . 2940 .00
- Grands-rarrAair* - . . 2924 .36
- Trélazé . . 4954 .00
- Total. . . , . . 24983“ 2.86
- CHEVAUX POUR L’EXPLOITATION. 213 chevaux.
- MACHINES A VAPEUR.
- 32 machines
- d’une force totale de 537 chevaux-vapeur.
- NOMBRE D’OUVRIERS EMPLOYÉS.
- Ouvriers d’en haut.......................1,344
- — d’en bas............................ 676
- Journaliers............................... 648
- Enfants................................... 148
- Employés................................... 42
- Ouvriers employés à l’atelier mécanique. 25
- Total.......2,883
- FABRICATION.
- Ardoises ordinaires.................. 205,745,100 ardoises pesant 87,276,852k
- — modèles anglais................. 1,106,620 — 2,599,105k,5
- Pierres travaillées mécaniquement.... Pour mémoire* ••••••«•
- Total............ 206,851,720 — 89,875,957k,5
- LIVRAISON.
- Ardoises ordinaires.............
- — modèles anglais............
- Pierres travaillées mécaniquement.
- 222,414,200 .. . / Par ch. de fer. 114,824,600 ardes pest 53,422,587k
- 1,543,570 be dlV1Santt] — batellerie. 94,782,470 — 39,498,591k
- Ponrmémoire.COmmeSUlt:( - roulage. . 14,350,700 — 5,740,280k
- Total......... 223,957,770
- Total. . . 223,957,770 ard” pest 98,661,458k
- PRODUIT DES VENTES.
- Toutes ardoises réunies.
- 3,932,181 fr. 05 c.
- NOTA. La surface de toiture produite par l'ensemble des ardoises livrées en 1860 et employées suivant les règles de Fart du couvreur est égale à 4,281,201 mètres
- superficiels.
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- SILVICULTURE.
- SILVICULTURE.
- DE LA CULTURE ET DE LA RÉCOLTE DU LIÈGE EN ALGÉRIE; PAR M. GAULTIER DE CLAUBRY.
- ( Extrait d’une notice lue dans la séance du 18 juillet 1860. )
- L’écorce du Quercus Suber, connue sous le nom de liège, jouit de propriétés qui la font rechercher pour des usages dans lesquels nul autre produit naturel ou fabriqué n’a pu la suppléer, malgré les nombreux essais tentés, en présence d’une consommation toujours croissante, pour suppléer à l’insuffisance de la matière première.
- Jusqu’ici le liège n’a été trouvé que dans quelques parties méridionales de l’Europe, telles que la Catalogne, la Corse, la Sardaigne, les départements du Lot-et-Garonne et du Var, l’Algérie et le Maroc.
- Les forêts de la Corse et de la Sardaigne, presque entièrement, sinon complètement épuisées par le système de récolte destructif qu’ont suivi des compagnies anglaises, ont laissé presque uniquement peser sur la Catalogne et sur nos deux départements le soin de fournir aux exigences d’une consommation qu’ils sont impropres à satisfaire. Quant à l’Algérie, on l’avait pendant longtemps regardée comme une terre sans aucun avenir pour la silviculture, et par conséquent incapable de fournir en liège ce qui manquait dans les pays qui l’avaient jusqu’alors fourni. Mais la vérité s’est fait jour, et l’on a fini par reconnaître, dans notre colonie, des richesses en forêts que les évaluations les plus modérées n’estiment pas à moins de 1,109,000 hectares.
- Dès 1846, on y a reconnu l’existence de forêts de chêne-liège dont quelques parties, aux environs de la Galle, ont été concédées; et, depuis cette époque, l’Administration en a fait étudier des étendues si considérables, principalement dans la province de Constantine, qu’elle évalue aujourd’hui à 300,000 hectares les parties con-cessibles. Aussi a-t-elle déjà accordé 28 concessions variant entre 2,000 hectares pour un très-petit nombre, et 4 ou 5 pour la plupart des autres, et l’on peut prévoir que, dans peu d’années, la récolte du liège y sera pratiquée sur la plus large échelle.
- En présence d’une question qui touche à la fois aux intérêts de l’État, du commerce et de l’industrie, on doit comprendre que les efforts de l’Administration et des concessionnaires doivent tendre à exploiter ces nouvelles forêts de la manière la plus avantageuse. Or, la culture et la récolte du liège étant connues et pratiquées depuis longtemps, on doit surtout chercher à profiter de l’expérience acquise pour introduire, dans les méthodes suivies jusqu’ici, les améliorations qu’elles sont susceptibles de recevoir.
- Pour acquérir l’épaisseur et les qualités voulues, l’écorce du chêne-liége doit être développée pendant un temps suffisant, mais qui ne saurait être dépassé sans des inconvénients très-graves, et dès lors c’est par un système de rotation intelligemment combiné que la récolte doit en être opérée.
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- SiLVICULTURE.
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- La première écorce, désignée sous le nom de liège mâle, d’où vient le nom de dé-masculage ou démasclage, est dure, profondément crevassée et impropre à aucun usage tant soit peu important, si ce n’est la madrague, qui n’est appelée à en consommer qu’une très-faible partie : aussi ce liège de démasclage devient-il une charge pour les exploitants ; sa présence dans les forêts y augmente et y perpétue les chances d’incendie. Au bout d’un intervalle de huit à douze ans, l’écorce nouvelle, ayant acquis l’épaisseur voulue pour la fabrication des bouchons, est récoltée, et bientôt apparaît une nouvelle écorce qui, à son tour, recevra la même destination lorsqu’elle sera devenue suffisamment épaisse.
- Deux systèmes de récolte sont en présence : l’un qui consiste à rentrer, par périodes régulières, dans les parties des forêts dont le liège a été enlevé; l’autre à n opérer que sur les arbres dont l’écorce a acquis l'épaisseur nécessaire, en laissant celle des autres parvenir au point où elle a toutes les qualités voulues. Cette seconde méthode, seule rationnelle, seule de nature à fournir constamment des produits comparables, à assurer les intérêts des exploitants, est appelée furetage on jardinage. Quant à la première, elle est désignée, par certains forestiers, sous le nom de coupes; mais cette désignation nous semble impropre en ce sens que, bien loin d’abattre les arbres, on les conserve avec le plus grand soin pour la reproduction du liège, et nous préférons lui donner la dénomination de rotation régulière, qui nous paraît mieux appropriée.
- Abstraction faite des qualités telles que le moelleux, Vuniformité de la masse, etc., le liège doit avoir une épaisseur minimum donnée pour être accepté par le commerce; cette épaisseur est de 0m,022 (1). Si, pour la fabrication de quelques espèces de bouchons, l’épaisseur peut être portée jusqu’à 40 et 50 millimètres, il ne peut être indifférent aux producteurs que la masse de liège qu’ils récoltent ait acquis une épaisseur surpassant la moyenne ; car le travail doit la faire disparaître, et dès lors, toute la partie excédante étant perdue pour la fabrication, le liège ne peut être acheté à sa véritable valeur.
- Le système de récolte par coupes ou rotation régulière, ainsi que nous avons cru plus convenable de l’appeler, conduit donc à ce résultat défavorable que, pour le très-grand nombre d’arbres dont l’écorce n’a pas acquis, à l’époque de la rotation, l’épaisseur minimum, on est forcé de laisser s’écouler une nouvelle période avant d’enlever ce liège, qui se trouve alors exposé soit à durcir, à se fendiller, à perdre une partie de sa valeur, soit à acquérir une épaisseur superflue n’offrant aucun rapport entre sa valeur vénale et les dépenses qu’a occasionnées sa récolte. D’où cette conséquence que le jardinage est la seule méthode rationnelle de récolte; mais cette méthode est en opposition directe avec celle des forestiers, et par conséquent avec la manière de voir de l’Administration portée tout naturellement à adopter l’opinion des agents chargés de l’inspection des forêts en Algérie.
- Du jour où le Gouvernement a adopté le système des concessions pour l’exploita-
- it) L’art'cle 23 du cahier des charges pour les exploitations du liège en France dit que « le « liège doit avoir sur....de son étendue une épaisseur de 0m,023. »
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- SILVICULTURE.
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- tion de cette richesse forestière, l’Administration a dû dresser un cahier général des charges destiné à les régulariser. Or celui qui a été rédigé en 1849 par M. Cetto, alors chef du service forestier en Algérie, repose sur une base inacceptable; Y abatage des arbres en forme le principal, la récolte des écorces Y accessoire, c’est-à-dire précisément l’inverse de ce qui devrait être. L’idée qu’on avait alors des bénéfices que pouvait fournir l’exploitation du liège l’avait conduit à borner à quarante années, dont l’insuffisance est aujourd’hui démontrée, les concessions accordées, et à fixer à 10 pour 100 du produit brut pour la première levée du liège de reproduction les redevances à payer à l’État, à 15 pour 100 pour les levées suivantes, et à 30 pour 100 pour la dernière. Une étude plus approfondie de la question n’a pas tardé à démontrer l’erreur de ces évaluations, et l’Administration s’est vue dans la nécessité de refondre complètement le cahier des charges primitif.
- L’importance d’une question à laquelle se rattachent tant d’intérêts divers doit appeler sur chaque détail une discussion sérieuse ; d’ailleurs cette discussion est d’autant plus nécessaire, qu’un inspecteur des forêts de l’Algérie, M. Lambert, auquel sa position a dû permettre de connaître, jusque dans ses plus minimes détails, tout ce qui a rapport à l’exploitation du liège, a publié, sur les conditions à imposer aux concessionnaires, une brochure (1) qui a attiré l’attention de tous ceux qu’intéresse à divers titres cette importante question.
- L’existence des forêts de chêne-liége de l’Algérie une fois bien constatée, il importe de s’appliquer à les conserver et à leur faire rendre tout ce qu’elles sont de nature à fournir. Pour parvenir à ce but, il est, selon nous, indispensable d’adopter, après mûr examen, le système de culture et de récolte le plus approprié au climat et à la nature du sol; d’appliquer ce système dans toutes les conditions d’une bonne exploitation; de favoriser, au lieu de la comprimer par des entraves, l’initiative des concessionnaires; d’offrir enfin, aux capitaux qui consentent à vivifier cette grande indus-trie, des chances honorables et positives d’une large rémunération, seule de nature à les attirer et à les maintenir dans une colonie dont la valeur a été trop longtemps méconnue.
- La rotation de huit années avait été adoptée dans le principe pour l’exploitation du liège, dans la conviction où on était alors de l’influence du climat de l’Algérie sur la rapidité d’accroissement de cette écorce. Mais aujourd’hui des preuves irrécusables ayant démontré qu’à huit ans le liège n’atteint pas l’épaisseur voulue, c’est à une période de dix ans qu’il semble convenable de se fixer. Quel que soit, d’ailleurs, le chiffre de cette période, il ne s’en présente pas moins une difficulté importante : ainsi, par exemple, la récolte ayant lieu par séries, si elle doit être complète dans chacune de ces séries, il pourra se faire que sur beaucoup d’arbres le liège n’ait pas atteint l’épaisseur minima; dès lors il y aura perte pour l’exploitant, car une partie de sa récolte ne sera pas acceptée par le commerce. Faudra-t-il, dans ce cas, laisser huit ou dix ans
- (1) Exploitation des forêts de chêne-liége et de bois d’olivier en Algérie; par Ernest Lambert, inspecteur des forêts. — Paris, 1860, bureau des Annales forestières.
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- de plus le liège sur l’arbre et attendre ainsi une rotation nouvelle? Mais l’épaisseur anormale qu’il prendra donnera lieu inévitablement à une quantité de déchets qui deviendra également une source de perles.
- En présence de ces inconvénients, le système de récolte par furetage ou jardinage est le seul qui nous semble devoir conduire à des résultats normaux, puisqu’il permet d’enlever le liège à l’époque où il a acquis sa véritable valeur.
- Telle n’est pas cependant la conclusion à laquelle arrive M. Lambert, qui, sous le nom d'exploitation rationnelle, propose un système rendant impossible toute large exploitation et nécessitant un plus grand nombre d’agents forestiers. Ce système repose sur la formation de lots parmi lesquels on choisirait, pour en former des séries annuelles, ceux qui offriraient le plus grand nombre de caractères analogues, quelle que fût leur position relative sur la surface d'une concession, et pour lesquels l'exploitation varierait de huit à douze ans.
- Sans aucun doute, il est assez probable que les écorces d’arbres choisis ainsi dans certaines conditions de nature, d’élévation du sol, etc., offriraient des analogies. Mais, d’une part, qui pourrait affirmer que beaucoup d’arbres ne se trouveraient pas en retard sur d’autres, et qu’on ne retomberait pas ainsi dans les inconvénients précédemment signalés ; et, d’un autre côté, comment appliquer ce mode de récolte à des forêts dans lesquelles le démasclage a été opéré par séries ou coupes, de sorte que tous les arbres doivent être regardés comme propres à être récoltés à la fin d’une même rotation? En vérité, ce n’est guère la peine de créer de nouveaux modes de récolte quand le jardinage satisfait complètement à toutes les conditions d’une bonne exploitation.
- Qu’oppose-t-on, en définitive, à ce dernier système? Sont-ce les difficultés de parcourir de grands espaces, l’augmentation de dépenses qui en résulterait pour les exploitants, le danger de récoltes anticipées ou de nature à compromettre les arbres ? Or les concessionnaires nous semblent les meilleurs juges des deux premières questions, et certes il n’en est aucun qui serait disposé à adopter un mode capable de compromettre ses intérêts. Quant à la troisième, ce que nous avons dit sur le maximum d'épaisseur du liège offre une garantie suffisante dans le cours des concessions. A l’approche de leur expiration, il pourrait peut-être se produire quelques tentatives ayant pour but de prélever des écorces qui devraient appartenir aux années postérieures. Mais des mesures administratives convenables pourraient parer à ce danger, et d’ailleurs l’Administration est suffisamment armée à cet égard pour réprimer les délits et en punir les auteurs.
- En résumé, le système de M. Lambert aboutit à une augmentation du personnel forestier ainsi qu’à une plus grande intervention de sa part dans les exploitations, modifications qui, étant la source de plus grandes charges pour les concessionnaires, ne peuvent tendre qu’à surélever le prix des produits au détriment du commerce et de l’industrie. Et qu’on ne pense pas qu’il y ait exagération ou interprétation erronée; c’est dans la brochure même de M. Lambert qu’on en peut trouver la preuve. Construction de maisons dispendieuses au lieu de baraques pour les agents forestiers, établissement de 20 kilomètres de routes carrossables et de 4 0 kilomètres de sentiers Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Février 1861. 14
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- muletiers, défrichement de 1,200,000 mètres carrés de broussailles avec formation de tranchées séparatives, confection d’un plan aussi détaillé que s’il s’agissait de l’aménagement d’une forêt destinée à l’exploitation des bois, telles sont les charges extrêmement lourdes que M. Lambert voudrait voir imposer aux exploitants pour une concession de 3,000 hectares. A ces dépenses, il faut nécessairement en ajouter une foule d’autres, telles que les frais généraux (directeurs et employés); la main-d’œuvre, qui, pour l’enlèvement du liège d’un seul arbre, revient à plus de 0f,15 ( M. Lambert ne l'évalue qu’à 0f,10 ); les intérêts et l’amortissement du capital inévitablement improductif pendant huit ou dix ans (M. Lambert ne l’évalue pas à moins de 500,000 fr.); l’abatage des arbres morts, mal-venants; le repeuplement, qui doit se faire sur grande échelle suivant le système de M. Lambert; etc., etc. Pour subvenir à ces dépenses multipliées, le liège, il ne faut pas l’oublier, constitue le seul revenu dont on dispose; examinons donc quel est le peuplement des forêts par hectare, quelle est la quantité de liège fournie par chaque arbre et quelle est la nature du produit exploité.
- Disons de suite, relativement à ce dernier point, que rien n’autorise, ainsi que le fait M. Lambert, à considérer le chêne-liége d’Algérie comme une variété particulière meilleure que ses congénères d’Europe et à attribuer à son écorce une supériorité de qualité.
- A l’origine des concessions, des rapports émanant des agents de l’Administration forestière portaient de 350 à 360 le nombre d’arbres par hectare, et de 20 à 25 kiiog. la quantité de liège fournie par chacun d’eux; mais ces évaluations étaient exagérées, et, aujourd’hui que la question est mieux étudiée sous ce rapport, on admet, en général, une moyenne de 110 à 120 arbres avec 8 kilog. de liège par arbre.
- Dans son mémoire, M. Lambert fixe à 155 le nombre des arbres ( en réalité 11S, en déduisant les vides), à llk,740 la quantité de liège dans le cas d’une rotation de huit années, et à 17k,293 cette même quantité pour une rotation de dix ans. Pour justifier ses assertions, l’auteur a choisi, dans la forêt de l’Edough, près de Bone, 116 arbres dont les positions lui ont semblé représenter les diverses parties de la concession ; les expériences qu’il a exécutées avec beaucoup de soin et qui ont nécessairement dû fournir des quantités de produits supérieures à celles que peut fournir l’exploitation courante l’ont conduit aux résultats que nous venons de citer.
- Sans entrer dans une discussion détaillée de ses opérations, nous pouvons immédiatement comparer ses chiffres avec ceux fournis par l’exploitation d’un lot de cette même forêt de l’Edough, exploitation opérée sous son inspection et dont les produits reconnus par les agents forestiers ont acquitté la redevance sur son attestation. Or la moyenne de deux récoltes à huit et neuf ans, sur 33,546 arbres, a été de 6k,5 par arbre; d’où il résulte, sur la totalité, une différence considérable avec la proportion qu’on aurait dû obtenir d’après les expériences.
- Nous ne pousserons pas plus loin l’examen du système de M. Lambert, mais nous rappellerons que l’Administration a depuis longtemps acquis la certitude que les conditions primitivement imposées pour l’exploitation du liège devaient être réformées ; les tentatives faites à diverses reprises dans ce sens, les remarquables rapports aux-
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- quels a donné lieu l’étude de cette importante question, les nombreux renseignements qui ont été fournis, ceux qui peuvent se produire encore, ne laissent plus de doute à cet égard. Et quand on pense que d’énormes capitaux ont déjà été appliqués à l’aménagement des forêts de chêne-liége de l’Algérie, que les plus graves intérêts de la colonie sont attachés à cette exploitation, que le commerce, la marine et l’industrie y doivent trouver les plus importants éléments d’action, on ne saurait appeler trop sérieusement l’attention sur les conséquences que pourrait entraîner l’adoption de mesures basées sur des données d’autant p us dangereuses qu’elles semblent être le résultat de faits bien observés.
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- DE L’EMPLOI DU CHARBON DE BOIS COMME FILTRE A AIR POUR LA VENTILATION ET LA DÉSINFECTION DES ÉGOUTS; PAR M. JOHN STENHOUSE,
- ex-professeur de chimie à l’hôpital Saint-Barthélemy de Londres (1).
- Lorsqu’on examine les égouts de Londres, dont le réseau s’étend sur presque tous les points de cette immense cité et présente un développement de plus de 2,400 kilomètres; lorsqu’on considère qu’ils sont en communication plus ou moins directe avec la majeure partie des habitations, il est impossible de méconnaître l’influence qu’ils exercent sur les conditions d’hygiène et de salubrité publiques.
- Un égout établi dans de mauvaises conditions est un foyer permanent d’infection pour les habitants du voisinage, sans cesse exposés aux atteintes d’affections épidémiques; c’est là un fait à l’appui duquel les exemples sont malheureusement loin de manquer et qui se reproduit toutes les fois que les règles de l’hygiène sont négligées. La ventilation des égouts n’est donc pas une précaution secondaire' car, toutes les fois qu’elle n’est pas favorisée soit directement, soit par des moyens artificiels, les gaz délétères engendrés par la fermentation putride des matières organiques contenues dans ces conduits souterrains rencontrent une résistance considérable à leur écoulement et ne tardent pas à s’infiltrer dans les rues et maisons adjacentes en y déterminant souvent des phénomènes d’une haute gravité. Et qu’on ne croie pas que les faits que nous citons soient spéciaux aux quartiers les plus pauvres; souvent les plus riches en offrent des exemples, même dans les villes les mieux dotées. Qu’en résulte-t il? C’est que certains architectes qui ignorent ou qui négligent les règles les
- (1) Cet article est extrait d’une lettre adressée par l’auteur au lord Maire de Londres, M. William Cubitt, sous le titre de : The successful application of charcoal air-filters to the ventilation and desinfection of sewers, Londres, 1861. ( John Churchill, 11, New-Burlington Street. )
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- plus élémentaires du drainage construisent des maisons qui, pour être les plus splendides, ne sont pas toujours les plus salubres.
- Jusque dans ces derniers temps, les cheminées de ventilation des égouts étaient en nombre extrêmement réduit et placées dans l’axe des rues en raison des émanations désagréables et souvent dangereuses qui s’en échappent, principalement dans la saison des chaleurs. Mais aujourd’hui on peut les multiplier et les disposer où l’on veut, grâce à l’application des filtres à charbon de bois, qui non-seulement absorbent, mais détruisent réellement les gaz délétères en les soumettant à une sorte de combustion lente transformant leur carbone en acide carbonique, leur hydrogène en eau et leur azote en ammoniaque. Pour comprendre la nature de ces filtres et le rôle qu’ils sont appelés à jouer, il est nécessaire d’expliquer comment l’idée m’en est venue.
- On sait, depuis longtemps, que le charbon animal et le charbon végétal de différentes espèces possèdent, à divers degrés, surtout lorsqu’ils sont secs, la propriété d’absorber, en majeure partie, les émanations gazeuses. La découverte en a été faite par Lowilz , qui, vers la fin du dernier siècle, démontra qu’à l’aide du charbon de bois on peut désinfecter les matières putrides. Il y a sept ans environ, M. John Turnbull, de Glascow, remarqua qu’en recouvrant des cadavres d’animaux d’une couche de quelques centimètres de charbon de bois en poudre et en les exposant à l’air dans cet état ils ne dégageaient pas la plus faible trace d'odeur désagréable malgré leur décomposition rapide. En 1853, j’ai répété moi-même cette expérience dans mon laboratoire en enterrant un gros chat et deux rats sous une couche de 5 centimètres environ de charbon, et j’affirme qu’elle a complètement réussi; aucune odeur ne s’est décelée, et pas une des huit ou neuf personnes qui fréquentaient chaque jour le laboratoire n’a éprouvé la moindre sensation désagréable.
- Vers la fin de cette même année, étudiant de nouveau les propriétés désinfectantes du charbon de bois, je fus amené à reconnaître que l’explication qu’on avait jusqu’alors donnée de ce phénomène était complètement erronée. On supposait que le charbon agit comme un antiseptique et, par conséquent, retarde la décomposition des matières putrides avec lesquelles il est en contact ; mais c’est tout le contraire qui a lieu. Le charbon, en effet, en raison de l’énorme quantité d’oxygène condensée dans ses pores qui en renferment de 8 à 9 volumes, non-seulement absorbe, mais oxyde rapidement les miasmes putrides en donnant lieu aux composés les plus simples. Toutes les substances poreuses, telles que l’éponge de platine, la pierre-ponce, etc., ont la propriété d’absorber les gaz, mais aucune ne la possède à un degré aussi élevé que le charbon de bois. Dans ses lettres sur la chimie {Setters on chemistry ), Liebig établit que les pores d’un seul pouce cube ( 16e3,386 ) de charbon de hêtre doivent représenter une surface d’au moins 100 pieds carrés ( 9m2,29 ).
- C’est en réfléchissant à cette précieuse et puissante propriété du charbon de bois, c’est en constatant, comme je l’avais fait dans mon laboratoire, qu’il suffisait d’en recouvrir d’une simple épaisseur de 5 centimètres un volume assez important de matières animales en décomposition pour que toutes les émanations infectes fussent ab-
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- soée>, q t e l’idée m’est venue de la possibilité, par un artifice à peu près semblable, c’est-à-dire en interposant le charbon entre deux toiles métalliques, de prévenir les causes d’insalubrité produites par les nombreux foyers d’infection dont les gaz délétères souillent sans cesse l’atmosphère des villes. De là le filtre que j’ai construit et que j’ai, pour la première fois, montré et décrit, il y a quelques années, dans une séance de la Société des arts de Londres (1).
- Ce filtre se compose d’une couche de charbon de bois en poudre grossière, disposée entre deux toiles métalliques fixées dans un châssis; il est applicable aux maisons, aux navires, aux cheminées d’égouts, aux cabinets d’aisances à l’anglaise, aux appareils respiratoires ainsi qu’à beaucoup d’autres usages. En raison des qualités absorbantes du charbon, il ne laisse passer qu’un courant d’air pur et retient ainsi tous les miasmes dont ce courant pourrait être souillé. La grosseur de la poudre de charbon doit varier entre les dimensions d’une petite fève et celles d’une noisette, mais il va sans dire que, toutes les fois que les exhalaisons seront abondantes, elle pourra être augmentée , et la couche , préparée sur une plus grande épaisseur , pourra être aussi bien disposée soit sur des feuilles de zinc perforées, soit sur un simple treillis de gros fils métalliques.
- Vers la fin de 1854 on a posé, à l’hôtel du lord Maire ( Mansion-House) ainsi qu’à l’hôtel de ville de Londres, des appareils de ce genre auxquels on a donné un diamètre de plusieurs décimètres avec une couche d’une épaisseur de 0m,035, et depuis cette époque le charbon n’a pas eu besoin d’être renouvelé une seule fois, n’ayant pas cessé d’agir avec la même énergie comme agent d’oxydation. Peu de temps après, les filtres à air ont reçu de nombreuses applications dans les maisons particulières, surtout pour les drains et les lieux d’aisances ; ils ont été également employés avec succès dans les appareils respiratoires, dont la construction n’a pas cessé, depuis cette époque, de s’élever annuellement à plusieurs milliers (2).
- Au commencement de l’année 1856, un ingénieur éminent, M. Robert Rawlinson, a appliqué mon système aux cheminées d’égouts. Les filtres sont disposés de telle sorte que, tant que le charbon reste sec, il détruit tous les gaz impurs en les décomposant et ne laisse arriver dans les rues que de l’air parfaitement pur. L’extrême porosité de ce charbon ne peut nuire au tirage, mais, en tout cas, toutes les fois qu’il y a crainte de le voir diminué, il vaut mieux, au lieu d’un seul filtre d’une certaine épaisseur, en prendre de plus minces et en disposer plusieurs à une petite distance les uns des autres ; le résultat est le même et la dépense, déjà très-faible, n’est pas sensiblement augmentée. Pendant les quatre années qui viennent de s’écouler, M. Rawlinson a ventilé de cette manière tous les égouts de West-Ham, près Londres, de Swansea,
- (1) Voir le journal de cette Société, année 1853-54, vol. II, p. 245.
- (2) Ces petits appareils, qui se placent sur la bouche et dont l’emploi oblige à n’aspirer l’air que par cet organe et à l’expirer par les narines , sont spécialement construits par M. W. B. Roof, à Kentish, 7, Willow-Walk.
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- Worksop, Buxton, Bowood, résidence de lord Lansdowne, ainsi qu’une partie de ceux de Brighton.
- Le docteur Letheby, professeur de chimie et de jurisprudence médicale au collège médical de l’hôpital deLondres, a publié en 1858 un important mémoire sur l’état des égouts, dans lequel il passe en revue les divers moyens proposés pour les désinfecter. Après avoir examiné avec le soin le plus rigoureux tous ces procédés qui, pour la plupart, sont très-dispendieux, témoin celui qui préconise l’emploi du chlorure de chaux et du permanganate de soude, et qui n’exigerait pas moins de 5 à 6 millions et demi de dépenses annuelles, l’auteur a reconnu que le charbon de bois était le désinfectant le moins cher et le plus efficace. En conséquence et depuis une année, M. Haywood, ingénieur de la Commission des égouts, a commencé, sous la direction du docteur Letheby, à appliquer mon système de filtre dans le quartier de Shoreditch et dans quelques rues adjacentes qui, plus que tout autre district de Londres, ont à souffrir des exhalaisons des égouts. Qu’on emploie, comme M. Haywood, trois ou quatre couches minces de charbon disposées horizontalement à une faible distance les unes au-dessus des autres, ou bien, comme le fait M. Rawlinson, des filtres uniques placés de champ, le résultat est également satisfaisant, et, tant que le charbon reste sec, il conserve avec la même énergie la propriété d’absorber les gaz méphitiques. Quant à la dépense, elle ne comprend, pour ainsi dire, que les frais de premier établissement, d’ailleurs peu considérables. C’est ainsi que dans l’immense district de Shoreditch on n’a dépensé que 25,000 francs pour appliquer les filtres aux égouts, encore cette somme a-t-elle été absorbée, en majeure partie, par les changements qu’il a fallu apporter aux constructions; mais il est évident qu’elle eût été de beaucoup inférieure si, dans le principe, les égouts avaient été disposés en vue de cette application (1).
- Un des grands avantages de ce système de ventilation consiste dans la possibilité qu’il offre de pratiquer, sans ménagement, des ouvertures dans les égouts partout où le besoin s’en fait sentir ; on empêche ainsi les gaz de s’accumuler sur un point quelconque, car la multiplicité des filtres en favorise l’absorption pour ainsi dire à mesure qu’ils se forment. De telles dispositions ont donc une grande analogie avec les drains ouverts, sans en avoir aucun des inconvénients. Cette multiplicité des filtres et, par conséquent, des ouvertures fait en même temps disparaître l’un des plus grands défauts du système d’égouts ordinaire, c’est-à-dire la sous-pression qui tend parfois à soulever les trappes dont sont munis les drains des maisons.
- On a vu que les filtres se plaçaient dans les cheminées d’égouts; mais cette position n’est pas invariable. Ainsi on pourrait les mettre sous les accotements du pavage ou même dans l’épaisseur des murs des maisons, et y conduire les gaz à l’aide de larges tuyaux, en ayant soin, toutefois, de boucher les trous d’air ménagés dans l’axe des rues; on pourrait également utiliser, dans ce but, les candélabres d’éclairage dont on
- (1) Pour tous les détails de construction, l’auteur renvoie à M. Haywood, qui doit publier un mémoire sur ce sujet.
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- élargirait la base, ou bien encore employer des bornes analogues à celles qui servent de boîtes à lettres. Quelle que soit la disposition qu’on adopte, il est essentiel que les filtres soient tenus à l’abri de toute humidité et maintenus constamment en libre communication avec l’atmosphère (1). ( M. )
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- OBSERVATIONS SUR LA FAUCHEUSE WOOD (2), PAR M. LE GÉNÉRAL MORIN.
- Cette machine, qui a obtenu à l’exposition d’agriculture de 1860 la médaille d’or, et qui la méritait, en effet, par l’heureuse combinaison de ses organes, a très-bien fonctionné dans les prairies hautes et peu fournies d’herbage du bois de Yincennes. Dans ces prés, où l’herbe assez rare, composée presque exclusivement de graminées, dont les tiges assez rigides offraient à la scie une résistance modérée et ne pouvaient l’engorger, la faucheuse Wood a été reconnue supérieure aux autres appareils analogues.
- Transportée dans le département du Ras-Rhin, sur des prés plus fournis en légumineuses, au mois de juillet 1860, elle y a aussi donné des résultats satisfaisants; mais cette application a fourni l’occasion de plusieurs remarques que l’on croit utile de consigner ici.
- Les observations faites sur le fauchage des foins ont été exécutées le 9 juillet 1860. L’expérience, commencée d’abord le matin, ayant montré que le sabot en fonte placé en avant de la scie relevait beaucoup trop de foin qui encombrait les pièces mobiles, l’on a été obligé de suspendre les essais et de les renvoyer à l’après-midi; dans cette seconde séance, l’on a employé deux faneuses qui, placées aux angles opposés du pré, suivaient chacune la machine sur deux côtés du rectangle, et débarrassaient la piste à
- (1) En terminant sa lettre, M. Stenhouse indique que, depuis six ans, il ne cesse de préconiser l’emploi de ses filtres à charbon dans les maisons pour les drains, les éviers et les lieux à l’anglaise; à l’égard des water-closets, il indique les dispositions suivantes :
- Au-dessous de la soupape de la cuvette on dispose un conduit secondaire, se branchant sur le conduit principal à une petite distance de cette soupape et venant déboucher au dehors à 25 ou 30 centimètres au-dessus du niveau du siège. C’est sur cette extrémité supérieure ouverte à l’air libre qu’on place le filtre, dont la couche de charbon, ayant de 15 à 20 centimètres d’épaisseur, doit envelopper le conduit sur une hauteur de 6 à 7 centimètres, de manière à lui servir en quelque sorte de coiffe; sous le filtre et à l’intérieur du conduit quelques fils de fer formant treillis sont placés dans le seul but d’arrêter les fragments de charbon qui, par hasard, pourraient tomber. Cela établi, on comprend que, toutes les fois qu’on ouvrira la soupape, les gaz méphitiques refoulés par l’eau et qui, dans les appareils ordinaires, tendent à se répandre dans le cabinet et de là dans l’appartement se rendront dans le conduit secondaire, comme cela a lieu quand la soupape est fermée par son obturateur hydraulique, et seront immédiatement absorbés par le filtre.
- (2) Voir la description de cette faucheuse au Bulletin de 1860, p. 675.
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- parcourir; dans ces conditions, le travail, repris à une heure cinquante minutes, a été continué, sans interruption sérieuse, jusqu’à quatre heures cinquante-cinq minutes.
- L’examen du pré a montré que la coupe ne laissait rien à désirer, et que le travail était, au dire de tous les agriculteurs présents, aussi bon que celui de la faux.
- La machine était mue par un cheval seulement; mais la résistance était trop forte, et, quoique les deux chevaux successivement employés fussent bons et jeunes, après une heure et demie à deux heures de travail, ils étaient en nage et devaient être relevés. Il me paraît douteux qu’ils puissent ainsi fournir une journée de plus de huit heures, en supposant qu’on les attelle ensemble.
- En déduisant quelque temps perdu, faute d’habitude ou pour donner des explications aux personnes qui assistaient à l’expérience, la faucheuse a coupé l’herbe d’une superficie de 0,918 hectare en 4 heures 30 minutes, ce qui revient à i hectare en 4 heures 54 minutes.
- En admettant qu’en fauchant le matin la résistance, et surtout la fatigue causée par la chaleur, fussent un peu moindres, il me paraît plus que probable que deux chevaux attelés ensemble ne pourraient, dans un pré donnant plus de 3,000 à 3,500 kilogr. de foin par hectare, de première coupe, faucher plus de 2 hectares par jour.
- Deux hommes sont nécessaires, l’un pour manœuvrer et surveiller la machine, l’autre pour conduire les chevaux et aider à débarrasser la scie quand elle s’engorge.
- D’après cela, le devis du fauchage du foin, dans les conditions dont il s’agit, peut
- s’établir ainsi qu’il suit :
- 2 journées de cheval, à 3 fr................... 6 francs,
- 2 journées d’homme, à 1 fr. 50................. 3
- Entretien, graissage, réparations.............. 3
- Dépense par jour................ 12 francs
- à répartir sur 2 hectares; soit, par hectare, 6 fr.
- Le prix du fauchage à la main étant de 12 fr., l’économie produite par l’emploi de la machine s’élèverait au plus à 6 fr. par hectare. Ces chiffres peuvent, d’ailleurs, varier notablement avec les conditions locales.
- Passons aux essais faits sur la coupe des regains, au mois de septembre de l’année si pluvieuse que nous venons de traverser.
- Les regains frais, presque toujours, sont beaucoup plus tendres et plus difficiles à couper que le foin. Ils échappent, quand ils sont courts, à l’action de la scie, et, lorsqu’ils sont touffus et abondants, ils engorgent assez fréquemment l’outil, surtout quand le terrain est humide et qu’il y a des taupinières nouvelles ou des fourmilières, ce que l’on ne peut éviter, même avec les plus grands soins. La terre humide empâte la scie, se loge dans ses angles rentrants, et alors l’outil ne coupe plus l’herbe, et l’on est obligé d’arrêter la machine à chaque instant.
- Les herbes trop courtes ou trop tendres n’offrent pas à l’outil assez de résistance; elles ne sont pas coupées, et en définitive il y a, sur la récolte du regain, une perte notable, par rapport au produit obtenu à l’aide de la faux. Le travail moteur néces-
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- saire pour faire fonctionner cette machine sur les regains exige deux bons chevaux, comme pour la coupe des foins, attendu que la plus grande partie de ce travail est absorbée par les résistances passives.
- Ainsi, en quatre heures de temps, on a coupé les regains d’une pièce de pré contenant 1 hect-,20, ce qui revient à 0hect ,30 par heure, ou 2hect*,40 par journée de huit heures. Mais il fallait, pour conduire la machine, l’effort de deux bons chevaux d’artillerie, qui, après trois ou quatre heures de travail, auraient eu besoin de repos. Je doute donc qu’avec l’intervalle d’un repas l’on puisse exiger de ces deux chevaux beaucoup plus de huit heures de travail, ce qui ne correspondrait, comme nous venons de le dire, qu’à 2bect-,40 par jour.
- Dans une autre partie de pré plus humide et plus fournie d’herbe, mais point du tout marécageuse, où il y avait, en certains endroits, des taupinières nouvelles formées pendant l’été, la machine s’est très-souvent engorgée, et le travail a été, en quelques places, très-défectueux. Sur des parties où l’herbe était courte, parce qu’elle avait été fauchée peu de temps auparavant, la scie passait sans rien couper, ou à peu près.
- Dans les endroits où elle fonctionnait le mieux, le travail était peut-être aussi bien exécuté que celui d’un faucheur ordinaire, mais moins bon que celui d’un homme qui fauche pour son compte.
- En général, il convient de dire que, dans le fauchage des regains et des herbes fraîches, le travail de la faucheuse est moins satisfaisant que pour la coupe des foins, des luzernes et des trèfles, et que, comparativement à celui de la faux, il donne lieu à un déchet considérable dans le produit.
- Si donc le travail de la machine à faucher est, pour les foins, assez satisfaisant pour que l’on puisse regarder, sous ce rapport, le problème comme résolu, il n’en est pas de même dans les terrains un peu frais, en ce qui concerne les regains, pour la récolte desquels il serait si important, dans bien des localités, d’avoir une bonne machine capable de couper aussi ras que la faux. (Journal d’agriculture pratique. )
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- EXTRAITES DES PUBLICATIONS FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES.
- Travaux à la mer. — Décapage, par l’acide chlorhydrique, des roches couvertes de goémon, par M. l’ingénieur Marin.
- Dans les travaux en pleine mer, de leur nature essentiellement discontinus, la croissance rapide du goémon sur les rochers et sur les maçonneries est souvent une cause de retards fâcheux.
- En effet, dix ou douze jours suffisent pour qu’on retrouve la surface complètement recouverte d’un goémon naissant, offrant l’aspect d’un chevelu blanchâtre qui verdit Tome VIII. — 60e armée. 2e série. — Février 1861. 15
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
- rapidement. On est obligé de l’enlever complètement pour que la maçonnerie nouvelle puisse faire prise convenablement sur la roche ou sur la partie commencée; il faut donc, au préalable, gratter la surface, ce qui est déjà assez long pour les pierres calcaires; mais sur le granit les petites grattes à main ne sont plus efficaces, et il faut avoir recours à la pointe d’un marteau de tailleur de pierre : alors on use beaucoup de pointes et on passe un temps énorme à l’opération, de telle sorte que, tant qu’on est dans les parties basses, il peut arriver qu’on passe la marée à nettoyer le rocher, et que, l’état de la mer changeant le lendemain, tout cela devienne encore une peine perdue.
- C’était là, du moins, une cause de retards considérables pour l’établissement, sur les rochers granitiques des Barges, des premières maçonneries du phare en construction, et notre attention a dû être appelée sur les moyens de remédier à ce grave inconvénient.
- Recherchant comment le goémon pouvait prendre racine sur un rocher granitique, ehréfléchissant à cette action puissante de l’eau de mer, considérée comme fournissant des éléments calcaires aux nombreux dépôts qui se forment dans son sein, nous fûmes amené à penser que, probablement, la racine du goémon se fixait sur le rocher par un élément calcaire , et que, par conséquent, l’acide chlorhydrique devrait être un agent efficace de décapage. Nous fûmes confirmé dans cette idée par un amateur d’herbes marines, qui nous dit que les grands goémons, dont il faisait des collections, tenaient toujours aux cailloux par quelque chose de blanchâtre. Nous essayâmes donc le décapage sur une pierre granitique prise dans le port; le lendemain, nous répétions l’expérience avec un plein succès sur le rocher des Barges, et, depuis le commencement de la campagne de 1859 , ce procédé , appliqué en grand, nous a rendu les plus grands services, tant pour le décapage du rocher que pour celui des diverses assises de pierres de taille granitiques. On verse l’acide sur le rocher; puis, avec des balais durs ou des brosses de chiendent, on le répand partout en frottant, et au bout de dix minutes on a un décapage complet. Quand la couche de goémon est très-épaisse, il est bon d’enlever un peu le dessus, au préalable, en grattant avec une pelle, pour que les racines soient plus facilement atteintes par l’acide. On lave ensuite à grande eau et à plusieurs reprises, pour se débarrasser, d’une manière bien complète, de l’élément dissolvant, lorsque la mer ne se charge pas elle-même de ce travail.
- L’acide chlorhydrique ne coûtant presque rien, ce procédé joint à l’avantage de la rapidité d’exécution, si essentielle dans les travaux en mer, celui d’être bien moins coûteux que le grattage à la main. Quant à la cause dissolvante, nous croyons, comme nous l’avons dit plus haut, qu’il faut l’attribuer à l’action de l’acide chlorhydrique sur la matière calcaire qui sert à fixer le goémon sur le rocher, car la matière végétale de la plante ne paraît pas attaquée d’une manière bien sensible. L’acide sulfurique, qu’on nous a dit avoir été essayé auparavant, n’avait pas donné de résultats satisfaisants, et on y avait renoncé. Ne peut-on attribuer cette inefficacité de l’acide sulfurique et son impuissance à enlever le goémon d’une manière complète à la for-
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- mation du sulfate de chaux insoluble qui s’oppose à la continuation de l’action commencée ? Dans tous les cas, ce procédé ne serait pas pratique, tant en raison de la cherté de ce produit qu’à cause des précautions qu’exigeraient son transport et son emploi. ( Annales des ponts et chaussées. )
- Sur les huiles minérales de VAmérique septentrionale (1).
- L’emploi de l’huile minérale pour les besoins de l’éclairage n’a commencé à prendre de l’extension aux Élats-Unis que vers 1857, époque à laquelle deux compagnies dites Kerosene oil company et Carbon oil company exploitèrent soit l’huile de pétrole, soit l’huile provenant de la distillation de la houille. Mais cette exploitation ne produisit pas, à son début, des résultats bien satisfaisants, en raison des qualités médiocres de l’huile et de l’insuffisance de sa production, comparativement aux besoins de la consommation , et le public, qui avait commencé par l’adopter avec empressement, y renonça à cause de sa rareté et de son prix trop élevé, jusqu’au moment où la découverte de riches sources d’huile naturelle est venue relever cette industrie et lui donner une grande impulsion.
- Les charbons américains ne sont pas, en général, assez riches en huile pour supporter les frais d’une distillation; leur infériorité, comparativement à ceux de l’Écosse
- et du New-Brunswick, ressort dû tableau suivant : Angleterre. Derbyshire 372u% 28 par tonne anglaise.
- Écosse. I f*he?d t Lesmahago.. . . 544 ,80
- 435 ,84
- New-Brunswick. Albert Coal. . . . 499 ,40
- 1 Pittsburg 222 ,46
- 1 Kanawha 322 ,34
- Amérique. \ Falling Rock. . . 363 ,20
- i Casliocton 335 ,96
- \ Breckenridge.. . 454 ,00 .
- On voit, d’après ce tableau, qu’à part ceux de Breckenridge les charbons américains restent au-dessous de ceux de la Grande-Bretagne; on sait que ces derniers, et surtout la variété dite boghead, fournissent des huiles lourdes dont on extrait une certaine proportion de paraffine utilisée pour la fabrication des bougies.
- La découverte des sources d’huile en Pennsylvanie, et la certitude qu’on a aujourd’hui de leur existence sur de nombreux points , ont ranimé les affaires auxquelles avait déjà donné lieu le commerce de cette substance, et les recherches n’ont pas tardé à se multiplier.
- Il résulte de ces recherches qu’il existe un vaste dépôt qui s’étend presque du nord au sud, à partir du lac Érie, et qui traverse les Étals de New-York, de Pennsylvanie, de l’Ohio, de Virginie, de Kentucky, de Tennessee , d’Alabama et de la Floride. On
- (i) Voir Bulletin de 1839, 2e
- série, l. VI, p. 581. -
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- trouve également l’huile en assez grande quantité dans l’ouest du Canada, et surtout au lieu dit Eniskellen, à environ 20 milles de Porlsarina ; mais, dans cet Etat, elle n’a qu’une faible valeur commerciale, en raison de sa mauvaise odeur qui résiste à tous les traitements.
- Mais ce n’est pas tout 5 l’huile minérale existe aussi en abondance au Texas et sur la côte du Pacifique en Californie, où on la rencontre associée au bitume : ces richesses n’ont cependant pas encore attiré l’attention de l’industrie. On en trouve également à l’ouest du Mississipi, dans l’Illinois et dans quelques autres États de l’Union ; mais l’étendue de ces dépôts n’est pas déterminée.
- Quant au mode d’extraction, il est très-simple, et voici comment on opère :
- On fore, avec le trépan, des trous de sonde de 0m,076 à 0m,152 de diamètre et d’une profondeur qui varie de 15 à 150 mètres ; à cette dernière limite, on abandonne ordinairement le travail s’il n’a rien produit. Lorsque la sonde a rencontré l’huile, on tube le trou et on y installe une pompe que des ouvriers manœuvrent avec les mains ou avec les pieds, et qui déverse le mélange d’huile et d’eau dans des réservoirs placés à proximité; en cas de rendement considérable, c’est la vapeur qui fait marcher la pompe. Le nombre de sources productives est, en ce moment, de 200 environ, principalement en Pennsylvanie, dans la Virginie et l’Ohio, et l’on estime à 2,500 le nombre de points où l’on fait des recherches. Le prix du forage varie nécessairement avec la profondeur du trou; on compte, en général, 6,000 fr. pour ce travail, en y comprenant les frais d’installation des appareils d’extraction. Quant à la production, elle est, en moyenne, sur les points productifs, de 8 barils par jour, soit l,452m ,80. (American railway Review.)
- Sur le procédé de M. Th. Coupler contre la pébrine des vers à soie, par M. de
- Chavannes.
- Il s’agit tout simplement, dit M. de Chavannes, de placer, dans la magnanerie, des vases plats (des assiettes font parfaitement l’affaire) contenant du goudron minéral artificiel (celui produit par les usines à gaz d’éclairage); ce sont ces émanations qui, se répandant dans le local, agissent sur les vers d’une façon si marquée. Chez M. Cou-pier, l’odeur a toujours été très-prononcée. Pour s’assurer si ces exhalaisons, même dégagées à l’excès, nuisaient aux vers, M. Coupier en a renfermé quelques-uns dans des cartons de bureau, à côté d’une soucoupe contenant du coaltar, et ces vers ont supporté fort bien cette atmosphère, pour ainsi dire saturée. Je relate ce détail, afin que les éducateurs ne craignent point de mettre trop de goudron minéral dans leurs ateliers. L’odeur du coaltar est loin d’être agréable, et il faut quelques jours pour s’y accoutumer ; c’est un petit inconvénient avec lequel il n’y a pas à marchander.
- Le procédé, comme on le voit, est des plus faciles à mettre en pratique. Non-seulement la dépense est insignifiante, non-seulement on peut se procurer du coaltar avec la*plus grande facilité dans toutes les usines à gaz, mais son emploi ne nécessite aucun changement dans l’installation des ateliers. Tout se borne à placer dans ies
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- coins quelques assiettes, dont il n’y a plus à s’occuper que pour renouveler le liquide
- qu’elles contiennent lorsqu’il s’est évaporé, et cette évaporation est très-lente..
- ( Journal d'agriculture pratique. )
- Teinture du caoutchouc avec l'aniline, par M. Lieghtfoot.
- On applique aujourd’hui l’aniline sur le caoutchouc comme on applique les autres couleurs, soit en trempant le caoutchouc dans une dissolution rouge d’aniline ou de violet qu’on appelle aussi anileine, soit en recouvrant auparavant le caoutchouc d’une matière gélatineuse. Ce procédé est employé non-seulement pour l’aniline, c’est-à-dire pour le rouge ou le violet d’aniline, mais même pour la murexide. Ainsi, lorsqu’on veut teindre en pourpre, selon M. Lieghtfoot, du caoutchouc ou des fils qui doivent servir à la fabrication des tissus, on n’a qu’à plonger préalablement la matière, lorsqu’elle est sèche, dans une dissolution de gélatine. Si on veut se servir de la murexide, on trempe d’abord à chaud dans une dissolution de bichlorure de mercure, puis dans le bain de teinture.
- L’auteur prétend qu’on peut même produire les couleurs brunes par le même procédé, c’est-à-dire en imprégnant d’abord le tissu de tanin et de colle; quelle que soit la couleur, elle se fixerait ensuite parfaitement. (Teinturier universel.)
- Imperméabilisation des cordages, par M. Grenier.
- L’auteur fait fondre du saindoux, du suif; puis il y mélange de l’huile de lin, de la terre d’ombre et du bioxyde de manganèse. Lorsque ce mélange est devenu homogène par le brassage, il y plonge les cordes et les retire pour les faire sécher.
- Suivant l’auteur, celte manière de revêtir les cordages d’un enduit imperméable serait préférable, sous le rapport du bon marché, à la dissolution de caoutchouc et de gutta-percha. {Ibid.)
- Quantités de houille et de coke entrées à Londres en 1860.
- Londres a reçu, en 1860, des quantités de houille et de coke dont la somme dépasse de beaucoup celles des années précédentes. C’est ainsi que les chemins de fer seuls ont amené 1,477,545 tonnes, réparties comme suit, selon les différentes lignes :
- London and North-Western. . . 693,418 tonnes.
- Great-Northern........... 502,813 —
- Eastern-Counties......... 121,225 —
- Great-Western............. 63,944 —
- Midland................... 58,490 —
- South-Weslern............. 17,589 —
- South-Eastern............. 14,588 —
- Hertfort, Luton and Dunstable. 4,416 —
- London, Tilbury, Southend. . . 958 —
- London and Brigbton........ 104 —
- Total.......... 1,477,545 tonnes.
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- Quant aux importations par mer, elles ont été de 3,573,377 tonnes amenées par 11,226 navires , représentant, comparativement à l’année précédente, une augmentation de 274,207 tonnes et de 533 navires. (The Artizan.)
- Impression héliographique des tissus tels que colon, laine, soie, fil, mousseline. ainsi que du bois, du marbre et autres surfaces, par MM. Dreyfus et Werth, à Paris.
- La surface sur laquelle on veut opérer est baignée successivement dans trois bains dont la composition est donnée ci-après. On doit avoir soin de ne tremper exactement que la partie que l’on veut rendre sensible à l’action des rayons solaires ; résultat qu’on obtient en employant, pour contenir les liquides, une cuvette de forme convenable; on a également soin de laisser sécher après chaque bain.
- Premier bain. — Solution saturée de sel marin dans l’eau ( selon l’intensité de
- l’effet que l’on veut produire ). . . 10, 20 ou 30 grammes.
- Eau distillée.........................100 grammes.
- Deuxième bain.—Nitrate d’argent........................... 5,10 ou 15 grammes.
- Eau distillée.........................100 grammes.
- La proportion de nitrate varie selon le plus ou moins de blancheur du tissu; ainsi on emploie pour :
- Soie demi-teinte, 10 pour 100 de nitrate d’argent.
- Soie teinte foncée, 15 pour 100 —
- Lorsque, après le second bain , la surface a été séchée, on la pose sur un verre ou une glace non étamée, de 5 à 15 millimètres d’épaisseur, puis on y dispose les dessins que l’on veut reproduire ou les objets dont on veut lever le dessin. Cela fait, on recouvre le tout d’une seconde glace transparente qu’on serre sur la première au moyen de quatre vis, de manière à bien aplatir la surface, et on expose le tout à l’action de la lumière pendant cinq à soixante minutes, selon l’état du temps.
- L’exposition de la glace se fait tantôt au soleil et tantôt à l’ombre, d’après la force de la teinte du tissu ou de la surface sur laquelle on opère. Toutefois on peut remplacer la glace inférieure par une table polie et plane de matière quelconque.
- Lorsque l’insolation est terminée, on retire la surface exposée d’entre les deux glaces, et pour assurer et fixer la solidité des nuances on la trempe dans la dissolution suivante, qui constitue le troisième bain :
- Troisième bain. — Hyposulfite de soude cristallisé. . . 10, 20 ou 30 grammes.
- Eau distillée. . . . . . . . 100 grammes.
- La quantité d’hyposulfite de soude qu’on doit employer, ainsi que la durée de l’immersion, dépendent de la force des nuances qu’on veut produire.
- Au sortir du bain, on lave le tissu ou la surface dans l’eau de pluie ou l’eau filtrée, et on la sèche. Si, par hasard, la nuance était trop forte, on pourrait la réduire au gré du fabricant, par l’application du cyanure de potassium mis en bain. (Brevets d’invention, t. XXXIV.)
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- Statistique de Vindustrie des montres à Besançon.
- La fabrication des montres a pris depuis quelques années, à Besançon, un développement considérable que l’exposition qui a eu lieu dans cette ville en 1860 a permis de constater. On peut juger, parle tableau suivant, de la progression croissante qu’a suivie dans cette seule ville, depuis 1848, cette importante branche d’industrie :
- NOMBRE DE MONTRES
- ANNÉES. • — VALEUR.
- en or. en argent.
- 1848 3,175 24,447 1,141,595 francs.
- 1849 6,149 32,431 1,688,495
- 4850 11,235 48,626 2,588,059
- 1851 14,785 53,091 2,983,094
- 1852 19,419 57,052 3,436,236
- 1853 27,742 65,255 4,464,320
- 1854 32,594 73,482 4,795,979
- 1855 49,484 92,459 6,422,568
- 1856 60,511 99,654 7,826,907 iT i i —i 538
- Ainsi la fabrication qui représentait, en 1848, une valeur de 1,141,595 francs s’est élevée, en 1856, au chiffre de 7,826,907, ce qui constitue, dans l’espace de neuf ans, une augmentation qui dépasse 6 millions et demi de francs. t
- Un autre fait non moins remarquable ressort de ce tableau, c’est qu’en ne considérant que les seules montres en or on voit que, de 1848 à 1856 , la production s’est accrue dans la proportion de 1 à 20, tandis que les valeurs correspondantes à ces deux années ne sont que dans le rapport de 1 à 7; résultats qui sont dus entièrement à l’économie de la main-d’œuvre réalisée par l’emploi des machines et de la vapeur comme force motrice.
- Exposition universelle de 1862.
- Les préparatifs de l’Exposition universelle des arts et de l’industrie qui, pour la seconde fois, doit se tenir à Londres en 1862 se poursuivent avec activité. Une charte royale, récemment accordée, autorise les commissaires (1) à faire un emprunt de 250,000 livres (6,250,000 francs), destiné à subvenir aux frais de construction des bâtiments ainsi qu’aux autres dépenses relatives à l’organisation de l’Exposition. Une partie de ces bâtiments doit être provisoire et l’autre définitive, et à cette dernière on consacre une étendue superficielle de 1 acre (4,046 mètres carrés) et une somme
- (1) Ces commissaires sont MM. le comte de Granville, marquis de Chandos, Thomas Baring, Charles Wentworth Dilke jeune et Thomas Fairbairn.
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- de 50,000 livres (1,250,000 francs). En outre, certaines conditions ont été posées parmi lesquelles on remarque les suivantes :
- Si l’Exposition donne des bénéfices, les bâtiments à destination définitive reviendront à la Société des arts, manufactures et commerce (1), qui les utilisera au mieux des intérêts industriels qu’elle représente. Si, au contraire, il y a perte, la Société pourra, une fois l’Exposition terminée, prendre à bail les bâtiments moyennant l’engagement de payer aux entrepreneurs une somme égale à celle qu’ils réaliseraient en démolissant les constructions. *
- Les bâtiments doivent être érigés sur un terrain appartenant aux commissaires royaux de l’Exposition de 1851; et c’est MM. Kelk et Lucas, entrepreneurs bien connus, qui s’en sont rendus adjudicataires. ( The Artizan. )
- Pont tubulaire Victoria, à Montréal ( Canada ).
- On a construit, il y a peu de temps, sur le fleuve Saint-Laurent, un pont tubulaire ditpont Victoria, dont les proportions gigantesques méritent d’être signalées.
- Ce pont, destiné à relier les 500 milles de voie ferrée de la compagnie du Grand-Tronc ( Grand Trunk company ) qui se développent de chaque côté du fleuve, présente une longueur de 9,000 pieds (2,743 mètres) et une hauteur de 60 pieds ( 18m,287) mesurée du centre au niveau de l’étiage. Il contient 3,000,000 de pieds cubes de maçonnerie ( 84,642 mètres cubes) et 8,000 tonnes de fer employées à la construction des tubes dans lesquels circulent les trains du chemin de fer. Le passage s’effectue ordinairement en quatre minutes environ, mais telle est la solidité du pont qu’on prétend que les waggons pourraient en toute sûreté y circuler à une vitesse de 60 milles à l’heure, soit 96,5 kilomètres.
- Grâce à cette oeuvre grandiose dont l’Amérique est redevable au génie de Stephen-son et de Ross, Montréal, la commerçante métropole du Canada, se trouve placée au centre d’un chemin de fer continu d’une étendue de 1,000 milles se dirigeant à l’ouest vers le lac Huron, et à l’est vers Portland, sur la côte de l’Atlantique et vers la rivière du Loup.
- A Detroit, dans l’ouest, un embranchement a été construit sur le réseau américain, de telle sorte que tout voyageur venant d’Europe et débarquant à Quebec ou à Portland peut être transporté directement à Chicago et parcourir ainsi une étendue de plus de 1,000 milles ( 402 lieues ) sans changer une seule fois de waggon.
- A Portland, dans la gare même de la compagnie du Grand-Tronc, on trouve les waggons des chemins de fer de Boston, si bien qu’il existe une communication directe avec toute la Nouvelle-Angleterre, New-York et les États du sud.
- L’extension projetée des lignes d’Halifax et de Saint-Jean devant amener leur réunion près de la rivière du Loup, il s’ensuit que les capitales du Canada, de la Nouvelle-
- (1) On sait que l’Exposition de 1862 estd ue à l’initiative de cette Société. (Voir Bulletin de 1859, 2e série, t. Yl, p. 52 et 373.} t
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- Écosse et de New-Brunswick se trouveront rapprochées et qu’il ne faudra plus qu’une vingtaine d’heures pour se rendre de l’une à l’autre.
- Par suite de ces premiers travaux, le tiers environ de la distance qui sépare l’Atlantique du Pacifique, suivant la ligne directe projetée à travers l’Amérique anglaise, aura sa route terminée; c’est là la première étape d’une entreprise qui, ainsi qu’on doit l'espérer, sera achevée avant une dizaine d’années et qui aura pour résultat inappréciable de permettre à tout voyageur se rendant d’Angleterre aux Indes de traverser le continent américain et de n’employer que dix-sept jours environ pour franchir la distance qui sépare Londres de Hong-Kong. La fertilité du pays que traverse cette nouvelle route, la salubrité qu’il offre en raison de sa position au pied des Montagnes Rocheuses, son étendue qui n’a pas moins de 10,355,524 kilomètres carrés dans les seules possessions anglaises du nord de l’Amérique, enfin ses immenses richesses en forêts, en mines de charbon, de fer, etc., font espérer à l’Angleterre que les émigrants s’y rendront un jour en bien plus grand nombre qu’aux États-Unis et dans les colonies du Pacifique. ( Thepractical mechanic’s Journal. ) ( M. )
- Moyen de décarburer la fonte et de la rendre malléable, par M. le professeur Eaton.
- M. le professeur Eaton, d’Élisabethport (New-Jersey), vient de proposer d’employer l’oxyde blanc de zinc, au lieu de l’oxyde de fer, pour décarburer les objets en fonte que l’on veut rendre malléables. Il entoure donc ces objets d’oxyde de zinc, et les porte à une température élevée. L’oxyde se réduit aux dépens du carbone de la fonte, et le zinc libre se volatilise ; on le recueille en faisant passer la vapeur dans de l’eau. Par les procédés ordinaires, on est obligé de soutenir l’incandescence pendant huit ou neuf jours sans interruption, et l’on a souvent ensuite beaucoup de peine à nettoyer les pièces métalliques auxquelles le cément d’oxyde de fer s’est soudé en quelque sorte. Non-seulement l’emploi de l’oxyde de zinc dispense de ce travail pénible et coûteux, mais encore il accélère ladécarburation, quis’effectue moyennement en quaranteheures et qui exige même une température moins élevée. Le cément, d’ailleurs, n’adhère nullement à la surface des objets. On a déjà opéré par ce procédé, avec le plus grand succès, sur des anneaux, des mors, des étriers, des objets de taillanderie et de petites pièces de machines. Le fer que l’on obtient est de très-bonne qualité, se forge bien, et coûte moins parce que la chaleur n’a pas besoin d’être aussi longtemps prolongée et que l’on recueille en grande partie le zinc contenu dans la poudre de cémentation.
- Un avantage particulier de ce procédé est la sûreté de l’opération ; car, si l’on a soin d’employer un excès d’oxyde de zinc, la cessation de la distillation du métal avertit que la décarburation est complètement terminée. (Dingler’s Polylechnisches Journal.)
- Moyen de réparer le tain des glaces.
- La réparation du tain des glaces est considérée comme une opération très-difficile. Cependant on a décrit récemment, dans la Société polytechnique de Leipzig, un pro-Tome VIII. — 60e année. 2° série. — Février 1861. 16
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- cédé que plusieurs expériences ont permis de recommander comme simple et pratique. Lorsque le tain est endommagé sur une glace, on nettoie la place mise à nu en la frottant doucement avec du coton fin, jusqu’à ce que l’on soit certain qu’il n’y reste aucune trace de poussière ni de graisse. Ce nettoiement doit être fait avec le plus grand soin, si l’on ne veut laisser un cerne autour de la place réparée. On découpe alors avec la pointe d’un couteau, sur le tain d’un morceau d’une autre glace, une surface de même forme que celle de la lacune, mais un peu plus grande. On y dépose ensuite une petite goutte de mercure, de la grosseur d’une tête d’épingle, par exemple, pour une surface égale à la grandeur de l’ongle. Le mercure s’étend aussitôt, pénètre l’amalgame jusqu’au bord de la petite tranchée faite par le couteau, et permet d’enlever le tain pour le porter sur la place que l’on veut réparer. Cette manipulation est la partie la plus difficile du travail. On presse alors doucement sur le verre, avec du coton, le tain que l’on vient d’appliquer; il se durcit bientôt, et la glace présente le même aspect que si elle était neuve. (Dingler’s Polytechnisches Journal.) ( Y. )
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- PROCÈS-VERBAUX.
- Séance du 13 fécrier 1861.
- M. Dumas, Président, occupe le fauteuil.
- Correspondance. — M. Boulanger, ferblantier-lampiste, rue du Faubourg-Saint-Denis, 142, présente un système de lanterne économique pour indiquer d’une manière apparente les numéros des maisons. ( Renvoi au comité des arts économiques.)
- M. Larivière, gérant de la commission des ardoisières d’Angers, membre de la Société, adresse le tableau comparatif de la situation des ardoisières au 31 décembre 4855 et 1860 ( Voir plus haut, p. 99. )
- M. Jourdier, membre du Conseil (comité d’agriculture), dépose divers échantillons de toiles peintes, provenant de l’établissement de M. Hubner, de Moscou. (Renvoi au comité des arts chimiques. )
- Parmi les ouvrages déposés sur le bureau, l’un de MM. les Secrétaires cite une brochure relative à la dérivation des eaux courantes, publiée par M. l’ingénieur Francesco Colombani, de Milan. ( Renvoi au comité d’agriculture. )
- Rapports des comités. — Au nom du comité des arts chimiques, M. Cahours lit un rapport sur la neutralisation de la nicotine contenue dans la fumée de tabac, par M. Ferrier, pharmacien, à Paris.
- Ce rapport sera inséré au Bulletin.
- A l’occasion de ce rapport, M. Barrai, membre du Conseil, fait observer que la neutralisation de la nicotine n’entraîne pas celle de la nicotianine, et il se demande,
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- en supposant qu'on vienne à supprimer également cette dernière substance, si la fumée de tabac aurait encore pour le fumeur les qualités qui la lui font apprécier.
- Le rapporteur se trouvant incompétent pour répondre à la question de M. Bardai, propose d'ajouter à son rapport une note qu’il se chargerait de demander à M. Schlc-sing, chimiste, attaché à la manufacture des tabacs.
- Communications. — M. Pinondel de la Bertoche met sous les yeux du Conseil :
- 1° Une notice explicative sur les travaux exécutés par le Gouvernement toscan depuis 1828 jusqu’à 1859 pour le dessèchement et l’amélioration des maremmes;
- 2° Une note su'r un système mixte de colmatage employé en Vénétie pour le dessé chement des marais situés sur le littoral, système que l’auteur appelle hollando-italien, car il consiste dans la création de polders que l’on colmate suivant le mode usité dans certaines parties de l’Italie ;
- 3° Un mémoire sur les maremmes de Toscane et un projet de mise en valeur d’une portion de la colmate de Castiglioni dell’Pescala et des territoires avoisinants.
- En présentant ces documents, M. Pinondel de la Bertoche a pour but d’offrir à la Société quelques matériaux utiles à consulter au point de vue des questions relatives à l’emploi du colmatage comme moyen de dessèchement de certaines parties du littoral français sur la Méditerranée. (Renvoi au comité d’agriculture. )
- M. Combes, l’un des secrétaires, décrit le rouleau compresseur mû par la vapeur qu’il a vu fonctionner. Ce rouleau, qui est dû à M. Lemoine, de Bordeaux, et qui présente d’incontestables avantages pour les chaussées macadamisées, pourrait, avec quelques modifications, recevoir un utile emploi dans l’agriculture.
- M. le vicomte du Moncel, membre du Conseil, entretient la Société de l’application faite par M. Gaiffe, graveur, d’un appareil électro-magnétique destiné à graver des cylindres de cuivre pour l’impression des étoffes.
- M. le baron Séguier dit qu’il ne comprend pas comment le procédé de M. Gaiffe peut être plus économique que celui de la gravure ordinaire au moyen des molettes d’acier; M. du Moncel fait alors remarquer qu’il s’agit ici d’un procédé applicable aux dessins à grandes dispositions pour lesquels l’emploi de la molette devient impossible.
- ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. du Moncel développe ensuite l’exposé des recherches auxquelles il s’est livré sur la détermination des constantes voltaïques par la méthode d’Ohm avec des boussoles à multiplication.
- MM. Dumas et baron Séguier présentent, pour devenir membre de la Société, M. Jamin, professeur de physique à l’école polytechnique. En raison des titres du candidat, M. le Président propose que, par dérogation aux règlements, il soit immé-diatement statué sur cette élection.
- En conséquence de cette proposition, M. Jamin est nommé, à l’unanimité, membre de la Société.
- Séance du 27 février 1861.
- M. Michelin, membre de la commission des fonds, occupe le fauteuil.
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- SÉANCES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- Correspondance. — M. Ménard-Laurent, à Brunoy ( Seine-et-Oise ), adresse les dessin et description d’une pompe à système rotatif. ( Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. Malteau, ingénieur-manufacturier, membre de la Société, à Elbeuf ( Seine-Inférieure), sollicite l’examen d’un mode d’apprêt applicable à toutes les étoffes de laine et de coton, feutrées ou non feutrées, qui ont besoin d’être soumises à l’opération du garnissage ou lainage. ( Renvoi au même comité. )
- M. J. B. Vin, entrepreneur de travaux publics, à laCapelette (Bouches-du-Rhône), transmet les dessin et description de son système perfectionné de laminage au rebours, appliqué spécialement à la fabrication des courbes de bateaux, des boîtes de roues des voitures, etc. ( Renvoi au même comité. )
- M. Ducourneau, ingénieur civil, rue Lacuée, 6, à Paris, dépose un mémoire dans lequel il cherche à démontrer les vices qui contribuent à la destruction des chaussées macadamisées, et indique en même temps les principes qu’il croit les meilleurs pour obtenir une bonne construction de ces chaussées. ( Renvoi au même comité. )
- MM. Bourry frères, fabricants de broderies, à Saint-Denis ( Seine), sollicitent, par l’intermédiaire de M. Desnos-Gardissal, ingénieur civil, l’examen des nouveaux métiers qu’ils emploient. ( Renvoi au même comité. )
- M. N. F. de Chodzko, ingénieur-chimiste, rue de Vintimille, 6, appelle l’attention du Conseil sur un appareil fumivore de son invention, lequel fonctionne chez MM. Yarral, Elwells, Poulot, constructeurs-mécaniciens, avenue Trudaine, 1. (Renvoi au même comité réuni à celui des arts économiques. )
- M. Jobard, directeur du Musée de l’industrie belge, membre correspondant de la Société, adresse un mémoire dans lequel il examine les pertes auxquelles donnent lieu les différents modes de combustion dans le chauffage et l’éclairage.
- Selon l’auteur, on brûle en France, pour le chauffage seul, une quantité de combustible d’une valeur de i ,034,235,500 fr., et la perle due à l’imperfection des appareils ne s’élèverait pas à moins du tiers de cette somme, sans compter celle que produisent en gaz, huile, bougie, suif, etc., les différents modes d’éclairage.
- Mme Ve Cadiat, rue de l’Odéon, 12, présente un nouveau système économique de fourneau à rôtir, pouvant être chauffé au charbon de bois. ( Renvoi au comité des arts chimiques. )
- M. Daniel, artiste graveur et guillocheur, rue Neuve-Saint-Augustin, 58, met sous les yeux du Conseil des produits obtenus par l’application du tour à guillocher à la décoration de la porcelaine. ( Renvoi au même comité. )
- M. E. Kopp, chimiste, à Saverne ( Bas-Rhin ), envoie la première partie d’un mémoire traitant des recherches qu’il a entreprises sur la garance d’Alsace. ( Renvoi au même comité. )
- M. Jourdier, membre du Conseil, offre à la Société :
- 1° Des échantillons de draps, de tissus, de toiles peintes de diverses fabriques russes ;
- 2° De la garance en racine et en poudre cultivée en Russie, à laquelle les teintu-
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- riers de ce pays donnent la préférence sur les garances de la France méridionale;
- 3° Des spécimens d’indiennes imprimées, de dentelles en soie, de châles et pointes de dentelle, etc., de M. Rochefort, Français établi à Moscou ( des gravures de mode spéciales sont faites à Paris pour ce fabricant ) ;
- 4° Des échantillons de laines de béliers ordinaires, provenant d’un troupeau ap-parlenant à S. A. I. la grande-duchesse Hélène.
- ( Renvoi au même comité réuni à celui des arts mécaniques. )
- M. le Sénateur maire de Nantes adresse le programme de l’exposition nationale des produits de l’industrie, de l’agriculture, des beaux-arts et de l’horticulture qui doit s’ouvrir dans cette ville le 1er juillet prochain (1).
- On remarque dans ce programme une disposition nouvelle, suivant laquelle chaque jury d’exarùen doit se composer : 1° de la commission organisée pour chaque groupe de produits; 2° des exposants de la classe soumise à l’examen de la commission.
- M. J. Damourette, ancien élève de l’école polytechnique, membre de la Société, rue Saint-Lazare, 66, annonce que, comme correspondant officiel du comité d’action de l’exposition de Nantes, il se met à la disposition des industriels qui pourraient avoir besoin de renseignements spéciaux.
- M. Combes, l’un des secrétaires, indique que l’un des derniers numéros du journal de la Société des arts de Londres contient la Charte royale qui nomme les commissaires de l’Exposition internationale, dont l’ouverture doit avoir lieu à Londres en 1862. (Voir plus haut, p. 119, quelques détails relatifs à cette Exposition.)
- Rapports des comités.—Au nom du comité des arts chimiques, M. Salvétat donne lecture des deux rapports suivants :
- 1° Rapport sur l’ouvrage de M. Kœppelin intitulé , Fabrication des tissus imprimés;
- 2° Rapport sur l’appareil ceram-autopractor de M. Bellay.
- Ces deux rapports seront insérés au Bulletin, et le dernier sera accompagné du dessin de l’appareil.
- Au nom du même comité, M. Barrai lit un rapport sur les travaux de M. Crespel-Dellisse relatifs à la fabrication du sucre indigène.
- Ce rapport paraîtra au Bulletin.
- Au nom des comités des arts mécaniques et d’agriculture, M. Benoît donne lecture d’un rapport sur le grenier conservateur de M. Pavy.
- Ce rapport paraîtra au Bulletin avec le dessin de l’appareil.
- Communications. — M. Barrai, membre du Conseil, décrit sommairement un appareil à faire le pain, imaginé par un Anglais, M. Dauglish, dans lequel l’eau chargée de gaz acide carbonique joue le rôle du levain qu’on ajoute à la farine.
- L’appareil se compose d’une sphère pouvant être hermétiquement fermée et contenant un pétrin mécanique à lames fixes et mobiles. Après y avoir introduit la farine
- (1) On peut consulter ce programme, ainsi que celui de l’exposition de Metz , au secrétariat de la Société d’encouragement.
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- et une certaine quantité d’eau chargée d’acide carbonique, on fait le vide à l’aide d’une pompe aspirante, puis, au moyen de la même pompe qui joue alors le rôle de pompe foulante, on fait entrer de l’acide carbonique à haute pression provenant d’un gazomètre installé à côté de l’appareil. Quand le gaz est introduit, on met en mouvement le pétrin, et au bout de quelques minutes on n’a plus qu’à sortir la pâte, qu’on fait couler, par un robinet spécial, dans les moules prêts à la recevoir; il ne reste plus alors qu’à porter au four. (Renvoi au comité des arts chimiques. )
- MM. Combes et Peligot ayant présenté, pour devenir membre de la Société, M. de Senarmont, de l’Académie des sciences, ingénieur en chef des mines, par dérogation au règlement il est procédé de suite à cette élection, ainsi qu’il a été fait pour M. Jamin.
- M. de Senarmont obtient l’unanimité des suffrages.
- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
- La Société d’encouragement a reçu, dans les séances des 16 et 30 janvier, 13 et 27 février 1861, les ouvrages dont les titres suivent :
- Ouvrages offerts à la Société.
- Annales télégraphiques. Novembre et décembre 1860.
- Annales du commerce extérieur. Décembre 1860.
- Annales de l’agriculture française. NoS 11,12, et nos 1, 2, 1860.
- Annales des conducteurs des ponts et chaussées. Novembre, décembre 1860, et janvier 1861. Annales de la Société impériale d’agriculture de la Loire. Livr. 2, 3, 4.
- Annales de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne. Septembre à décembre 1860.
- Annales de la Société d’horticulture de la Gironde. N° 6.
- Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d’agriculture. N° 7 et n081, 2 de 1861. Bulletin de la Société française de photographie. Janvier et février 1861.
- Bulletin de la Société protectrice des animaux. Novembre et décembre 1860.
- Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. Décembre 1860 et janvier 1861.
- Cosmos, revue encyclopédique, par M. l’abbé Moigno. Livr. 26 et lre à 8e, 1861.
- Catalogue des brevets d’invention. N°* 6 à 10.
- Culture ( la ). Écho des comices, par M. Sanson. NoS 13 à 16.
- Cultivateur de la Champagne ( le ). Décembre et janvier, février 1861.
- Génie industrie] ( le ), par MM. Armengaud frères. Janvier, février 1861.
- Invention (T ), par M. Desnos-Gardissal. Janvier, février 1861.
- Journal d’agriculture pratique, par M. Barral. N° 24, 1860, et nos 1 à 4,1861.
- Journal des fabricants de papier, par M. L. Piette. Décembre 1860.
- Journal d’éducation populaire. Novembre et décembre 1860, et janvier 1861.
- Journal de la Société impériale et centrale d’horticulture. Décembre 1860 et janvier 1861. Journal des fabricants de sucre. Nos 38 à 45.
- Journal de la Société d’agriculture des Ardennes. Janvier.
- Journal d’agriculture de la Côte-d’Or. Novembre et décembre 1860, et janvier 1861.
- Lumière (la). N# 52, 1860, et nos 1, 2, 3, 1861.
- Moniteur scientifique ( le ), par M. le docteur Quesneville. Livr. 97 à 100.
- Propriété industrielle ( la ). NoS 156 à 165.
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- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
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- Presse scientifique des deux mondes, sous la direction de M. Barral. N» il, 1860, et noi 1 à 4,
- 1861.
- Revue universelle des mines, de la métallurgie......., sous la direction de M. Th. de Cuyper.
- 5e et 6e livr.
- Répertoire de chimie pure, par M. Wurtz. Décembre 1860 et janvier 1861.
- Répertoire de chimie appliquée, par M. Barreswil. Décembre 1860 et janvier 1861.
- Revue générale de l'architecture et des travaux publics, par M. César Daly. N9S 7, 8.
- Réforme agricole ( la ). Décembre 1860 et janvier 1861.
- Société des ingénieurs civils. Séance du 7 décembre 1860.
- Société d’agriculture, du commerce......du département de la Marne. Année 1860.
- Technologiste (le ), par MM. Malepeyre etVasserot. Janvier et février 1861.
- Avenir de l’exploitation des mines métalliques en France, par M. E. PeTiTGAND, ingénieur civil des mines, directeur de mines et usines métallurgiques. Br. Paris, E. Lacroix, libraire.
- Analyse de l’engrais flamand, par M. J. Girardin, doyen de la faculté des sciences de Lille, correspondant de l’Institut, etc. Br. Lille, 1860. Imp. Leleux.
- Année scientifique et industrielle ( 1’ ), ou exposé..., par M. Louis Figuier. 5e année. 1 vol. in-12. Paris, Hachette et comp., libraires-éditeurs.
- Annuaire des cinq départements de la Normandie, publié par l’Association normande. 27e année.
- 1 vol. in-8. Rouen, impr. de Le Brument.
- Brevets d’invention ( loi de 1844). T. 36.
- Culture de la vigne et vinification, par M. le docteur Jules Guyot. 2e édit. 1 vol. in-12. 1861. Paris, librairie agricole de la Maison rustique.
- Éloge de M. E. Robiquet, prononcé à la séance de rentrée de l’école de pharmacie, le 14 novembre 1860, par M. Gaultier de Claubry, professeur à l’école de pharmacie. Br. Paris, imp. de Thunot.
- Exposé des motifs, projet de loi, statuts sociaux, résumé moral et financier. Constitution d’une banque de prévoyance spéciale au blé, aux réserves, aux approvisionnements, par la création des docks, magasins généraux, etc., par M. Gosset. Br.
- Mémoire sur l’emploi de la main-d’œuvre dans l’industrie, traitant spécialement des moyens d'accélérer le travail des ateliers sans augmenter le capital à y employer, par M. H. Hamers, ingénieur civil ( lu à la Société des ingénieurs civils, séances des 7 décembre 1860 et 11 janvier 1861 ). Paris, br. in-8, Mallet-Bachelier, éditeur.
- Maladie des poiriers et de l’épine blanche, attribuée, en Normandie, à l’influence du voisinage Ù.U juniper us sabina, par M. Victor Chatel. Br. in-18, 1860. Vire.
- Mémoire sur les eaux insalubres, présenté à l’Académie des sciences, par M. Émile Monnier. Br. in-8, 1860.
- Mémoires de l’Académie d’Arras, t. 30,31,32. —1858, 1859, 1860.
- 1° Almanach d’Artois, par M. Auguste Parenty, membre résident;
- 2° Ambassade en Espagne et en Portugal ( en 1582, de R. P. dom Jean Sarrazin, abbé de Saint-Waast, du conseil d’Estat de S .M. Catholique, son premier conseiller en Arthois..., etc.), par Philippe de Caverel, religieux de Saint-Waast. Arras, 1860. 9
- Note sur les rouges d’aniline, par MM. Ch. Lauth et Paul Depouilly. Br. 1860.
- Notice sur l’exposition de Besançon, lue à la Société libre d’émulation, du commerce et de l’industrie de la Seine-Inférieure, dans la séance du 21 novembre 1860, par M. Gaignoeux, vice-président. 1860. Br. Rouen.
- Note sur la cité ouvrière de Mulhouse, par M. Gaignoeux, lue à la même Société dans la séance du 2 janvier 1861. Br. in-8.
- Recherches chimiques sur les sucres destinés au raffinage, par M. Émile Monnier. Br.
- Réforme du service de la poste dans l’intérieur de Paris et des grandes villes, par M. Amédée Sébillot. Br.
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- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
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- Rouge d'aniline (le). Brevets de MM. Renard frères et Franc. Rapport de MM. Persoz, de Luynes et Salvétat. Br. in-4.
- Solanine ( de la). Accidents produits chez les animaux et chez l’homme par l’usage des pommes de terre trop germées et dus à la solanine. Br. in-8, 1861, par M. Victor Chatel. Vire. Journal of the Society of arts. Nos 423 à 431.
- Il nuovo Cimento, par Matteucci e Piria. Novembre et décembre 1860.
- Newton’s London Journal. Janvier et février 1861.
- Polytechnisches Journal, von Max. Dingler. Nos 909 à 914.
- Philosophical Transactions of the royal Society of London. 1841 et les volumes suivants jusqu’à la lre partie inclus, de 1860.
- Proceedings of the royal Society of London. T. VII, 1854 et suivants, le n° 42 du t. XI (1860 ). Philosophical Transactions ( Abstracts of the ). Vol. I ( 1800 ) jusqu’à vol. VI ( 1854 ). Proceedings of the royal Society of Edinburgh. Session 1859-1860.
- Transactions of the royal Society of Edinburgh. Vol. XXII, part. II, for the session 1859-1860. Appendix to the Makerstoun magnetical and meteorological Observations. 1847 à 1855.
- Revista de obras publicas. N° 24, ano VIII, et n°* 1 à 4, ano IX.
- Sull' edificio di estrazione del nuovo modulo d’acqua, per l’ingenere Francesco Colombani. Milano. Br.
- Zeitschrift des œsterreiehischen ingénieur vereines. Septembre 1860.
- Publications périodiques.
- Annales des ponts et chaussées. Juillet à décembre 1860.
- Annales de chimie et de physique. Janvier et février 1861.
- Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences. Nos 25, 26, 27, 1860, et nog 1 à 7,1861.
- Journal des économistes. Janvier et février 1861.
- Revue municipale. Janvier et février 1861.
- Teinturier universel ( le ). Nos 19 à 21.
- The Artizan. Décembre 1860 et janvier, février, 1861.
- The Mechanics’ Magazine. Novembre, décembre 1860, et janvier 1861.
- The Repertory of patent inventions. Décembre 1860, et janvier, février 1861.
- The practical Mechanic’s Journal. Décembre 1860, et janvier, février 1861.
- PARIS. — IMPRIMERIE DE Mme V9 BOUGHARD-HUZARD, RUE DE L’ÉPERON, 5. — 1861.
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- 60' ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME VIII. — MARS 1861.
- BULLETIN
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Salvétat, au nom du comité des arts chimiques, sur l'emploi, sur porcelaine, de la dorure brillante sans brunissage présentée par MM. Dutertre frères, à Paris, rue d’Angoulême-du-Temple, 66.
- Messieurs, s’il est un produit qui dans la décoration de la porcelaine ait été l’objet d’efforts persévérants, c’est assurément la dorure brillante sans brunissage. On n’a pas oublié l’émotion produite par le dépôt, dans les collections du musée céramique de Sèvres, des pièces dorées rapportées par le regrettable M. Rrongniart, lors du voyage qu’il fit à Meïssen en 1836. C’est que tout le monde comprenait l’intérêt que présentait une méthode courante, permettant d’appliquer, sur une pièce de porcelaine cuite en blanc, une matière capable de déposer de l’or sous une minceur excessive, partant économique, avec le plus vif éclat métallique, supprimant le brunissage, et susceptible d’être étendue sur tous les points, dans les plus petits replis des surfaces les plus ondulées, là oii le brunissoir eût été sans puissance pour transformer l’or mat sortant du moufle en or poli prêt à la consommation.
- La découverte de cette dorure, que les plus incrédules regardaient comme impossible, mais que faisaient pressentir comme vraisemblable les chatoyants et les lustres d’or importés d’Angleterre vers le commencement de ce siècle, avait été faite en Saxe en 1830, par M. Kühn, directeur de la manufacture royale de Meïssen. Depuis cette époque, les procédés étaient restés secrets» Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Mars 1861. 17
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- ARTS CHIMIQUES.
- et toutes les recherches que nous avons faites ou que nous avons demandé qu’on fit pour nous en Allemagne n’ont pu nous amener à connaître la prétendue publicité qu’auraient reçue les différents procédés propres à fournir la dorure brillante. Les documents que nous avons recueillis ou bien avaient trait aux lustres d’or légers qu’on nomme lustres burgos, ou bien encore ne pouvaient s’appliquer qu’aux lustres chatoyants qu’on appelle lustres d’or. Avant 1851, époque à laquelle MM. Dutertre frères ont pris leur brevet, aucune recette ne conduisait, ainsi que nous nous en sommes assuré par de nombreuses expériences, à d’autres produits que des lustres chatoyants ou burgos; encore les procédés indiqués étaient-ils incertains, incomplets et trop concis ; ils ne permettaient pas de comprendre les conditions nécessaires à remplir, pour obtenir un liquide aurifère propre à la dorure brillante sans brunissage. Ces recettes, en effet, que ce n’est pas le lieu de discuter ici, ne pouvaient produire que des liquides trop peu chargés d’or, se boursouflant sous l’impression de la chaleur, et ne contractant avec la porcelaine aucune adhérence suffisante pour résister au maniement des pièces en fabrication. L’or, après la cuisson, ne tenait que sur les poteries dont la glaçure était ramollissable au feu de dorure; il ne pouvait, par conséquent, être employé dans la décoration des glaçures feldspathiqucs.
- D’après le procédé de MM. Dutertre, on chauffe légèrement un mélange de 32 gr. d’or, 128 gr. d’acide azotique et le même poids d’acide chlorhydrique de commerce ; on ajoute, après dissolution, l8r,2 d’étain et lgr,2 de beurre d’antimoine ; quand tout est dissous, on étend de 500 grammes d’eau ordinaire.
- Cette dissolution d’or dans l’eau régale étendue est décomposée par un baume spécial (1), qu’on forme en dissolvant à chaud, jusqu’à ce que la dissolution prenne une consistance visqueuse et une coloration brun foncé, 16 gr. de soufre et 16 gr. de térébenthine de Venise dans 80 gr. d’essence
- (1) Lorsqu’on met le chlorure d’or en contact avec certains liquides, il peut se présenter plusieurs circonstances :
- 1° Ou l’or est réduit instantanément à l'état métallique; il se précipite sous forme d’une poudre brune plus ou moins volumineuse qu’on emploie pour dorer les porcelaines par les procédés ordinaires ; c’est ce qui arrive avec le protosulfate de fer, le protonitrate de mercure ; l’or, dans ce cas, cuit à l’état mat; il faut lui donner de l’éclat au moyen du brunissoir ; cette préparation est dans le domaine public.
- 2° Ou l’or se réduit lentement à l’état métallique ; il possède alors un certain éclat ; mais il est cristallisé sous forme de petits cubo-octaèdres qui s’aplatissent au broyage et font paillettes ; cet or ne peut être appliqué que difficilement au pinceau. C’est celui qui se prépare, par exemple, avec une dissolution d’acide oxalique.
- 3° Ou l’or se sépare de sa dissolution dans l’eau régale pour contracter une nouvelle combinaison
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- de térébenthine. Quand la dissolution est complète, on ajoute 50 gr. d’essence de lavande; par le refroidissement, il ne doit pas se déposer de soufre.
- On verse alors la dissolution d’or sur le baume de soufre; on chauffe modérément et on brasse lentement, pour amener le contact des deux liquides qui réagissent l’un sur l’autre; le chlorure d’or se décolore et l’or passe entièrement, si l’opération est bien conduite, en dissolution dans le liquide huileux qui devient lourd et résineux par refroidissement.
- On enlève l’eau qui surnage, elle entraîne les acides; on lave à l’eau chaude et, lorsque les dernières traces d’humidité sont éloignées, on ajoute encore 65 gr. d’essence de lavande et 100 gr. d’essence de térébenthine. On fait chauffer jusqu’à dissolution complète, puis on laisse déposer sur un mélange de 5 gr. de fondant de bismuth ( sous-nitrate ).
- On décante enfin la partie claire qui s’est complètement dépouillée d’or réduit et de toute autre substance insoluble ; cette partie claire est amenée, par une concentration convenable, à l’état voulu pour un emploi facile.
- Le produit chargé d’or se présente alors sous forme d’un liquide visqueux à reflets très-légèrement verdâtres ; l’or y est à l’état soluble. La térébenthine de Venise donne à la liqueur la propriété siccative qu’elle doit posséder pour que les décors sèchent promptement ; les résines aurifères abandonnées par le départ des huiles essentielles se décomposent par la chaleur, en donnant à basse température, sans se fondre, un dépôt de charbon chargé d’or qui conserve l’apparence d’une feuille d’or laminé sous une minceur excessive.
- La beauté de la dorure résulte, entre autres faits, de l’absence de toute fusion dans la matière résineuse.
- Une étude attentive des antériorités conduit à reconnaître, comme points véritablement importants et nouveaux dans les procédés de MM. Dutertre,
- avec le liquide en présence. Ce phénomène se présente avec certaines huiles. Il est rare qu’il n’y ait pas en même temps précipitation d’or à l’état de paillettes cristallines.
- Dans quelques cas, l’or qui reste dissous est en proportions minimes relativement au volume du liquide employé; dans d'autres cas, il n’y a que peu d’or séparé sous forme solide, il y en a beaucoup, au contraire, qui conserve l’état liquide et reste en combinaison dans la matière huileuse : le premier liquide, peu chargé d’or, ne donne pas de dorure brillante; il conduit, suivant la quantité d’or qu’il renferme, aru burgos, au chatoyant, au lustre d’or; ces liquides étaient connus, quoique encore leur préparation, spécifiée dans de nombreux brevets, ne pût être effectuée qu’avec de grandes difficultés.
- Lorsqu’il reste beaucoup d’or dans la dissolution, on obtient un liquide propre à la dorure brillante. C’est ce liquide qui constitue la nouveauté du procédé de MM. Dutertre. Sa préparation représente tout un système nouveau.
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- 1° L’addition, à la solution d’or, de l’eau, qui modère l’action trop énergique qu’exerce cette solution sur le baume de soufre et permet que la combinaison se fasse d’une manière plus régulière;
- 2° La substitution, au baume huileux (1), d’un baume spécial obtenu par le mélange des essences de lavande et de térébenthine, dont le but est de rendre le produit aurifère soluble et apte à se réduire sans se boursoufler, quand on l’expose à l’action de la chaleur ;
- 3° L’addition, au baume de soufre dont nous venons de parler, de la térébenthine de Venise, qui doit, d’une part, augmenter la consistance de ce baume, l’empêcher de couler, de s’étendre au delà des parties qu’on veut décorer, et d’exalter, d’autre part, les propriétés adhésives du baume, lorsqu’il est appliqué ;
- 4° Le lavage du produit aurifère, qui a pour but de soustraire ce produit à l’action ultérieure des acides et de le mettre dans les meilleures conditions de conservation;
- 5° L’addition, au produit aurifère obtenu, des essences de lavande et de térébenthine, qui dissolvent ce produit en lui donnant une fluidité suffisante pour qu’on puisse séparer par le repos les matières indissoutes, et concourent à la formation d’un liquide huileux, homogène dans toutes ses parties.
- En négligeant l’emploi de ces divers perfectionnements, ou bien on prépare un liquide trop peu chargé d’or, ou bien on obtient une matière huileuse non siccative, d’un emploi difficile, bouillonnant à la première impression de la chaleur et ne donnant qu’une dorure inégale ; leur ensemble, tel qu’il est défini plus haut, constitue donc un système nouveau qui peut être considéré comme une méthode générale typique autour de laquelle viennent se grouper des procédés dans lesquels on peut substituer, aux opérations et
- (1) Lorsque les huiles réagissent sur le chlorure d’or, il faut modérer la réaction trop énergique de ce produit, il faut et tempérer l’action chimique du chlorure d’or et modifier les huiles elles-mêmes, de telle sorte que, mises en contact avec le chlorure, elles ne réduisent pas l’or à l’état métallique; c’est surtout par l’hydrogène qu’elles renferment que les huiles réduisent; on a donc avantage à chasser l’excès d’hydrogène : on les fait bouillir avec le soufre; il se dégage de l’acide sulfhydrique, et l’huile sulfurée qui reste après la réaction et qu’on nomme baume de soufre peut être mélangée très-intimement au chlorure d’or sans qu’il y ait précipitation d’or cristallisé. Les huiles qui présentent les meilleurs résultats sous ce rapport sont les huiles de térébenthine et de lavande. Cette dernière dissout avec une énergie remarquable la résine qui résulte de l’absorption de l’or par l’huile liquide; elle a été introduite dans cette fabrication pour la première fois par MM. Dutertre.
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- ARTS CHIMIQUES.
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- matières employées, ou des opérations équivalentes, ou des substances analogues au point de vue de leurs réactions chimiques (1).
- Entre les mains de MM. Dutertre, la dorure brillante est devenue depuis longtemps une entreprise très-considérable ; sortie du domaine de l’expérience elle a grandi dans celui de l'industrie. La maison qu’ils ont fondée, rue d’Àn-goulême-du-Temple, consomme environ 4 kilos d’or par mois, soit en 1859 175,585 francs; la main-d’œuvre qui représente la façon de la dorure figure, dans le même exercice, pour 1,100,000 francs; elle porte sur environ 17,500 pièces par jour. On a cuit, dans l’année, 5,423 moufles. L’atelier emploie près de 500 ouvriers ; il faut ajouter près de 150 femmes occupées à déballer, nettoyer, emballer les pièces que quelques-unes d’entre elles sont très-capables de peindre.
- L’installation de l’usine de MM. Dutertre est parfaitement disposée : chaque atelier correspond avec une série de moufles, avec des séchoirs, avec un dépôt des pièces cuites ou à cuire ; la plus grande économie règne dans tous les temps de la fabrication.
- A côté de l’élément de succès pour les pièces à bon marché, MM. Dutertre accordent une attention particulière aux pièces de luxe, et votre Comité des arts chimiques a remarqué la réussite complète d’un grand nombre de pièces décorées de fonds demi-grand feu, cuites avec pureté et chargées d’or brillant , qui, dans ces conditions, ne laisse rien à désirer comme éclat et comme solidité.
- L’intelligence et l’activité dont MM. Dutertre ont fait preuve dans leur industrie, les difficultés qu’ils ont dû vaincre pour livrer un produit acceptable par le commerce, les débouchés que la dorure brillante ouvre tous les jours à la porcelaine, dont la fabrication s’est notablement accrue, autorisent le Comité des arts chimiques à vous proposer :
- (1) Différentes recettes, les unes brevetées, les autres non brevetées, ont été préconisées pour faire concurrence aux procédés de MM. Dutertre; il en est résulté de nombreux procès.
- La substitution, à la térébenthine de Venise, du galipot, de la poix de Bourgogne, de l'arcanson, de la colophane — celle de l’essence d’aspic à l’essence de lavande; les modifications apportées à la composition du fondant, acide borique, borate de plomb, borate de bismuth — la réaction du chlorure de soufre à froid sur les huiles essentielles pour former le baume de soufre — l’addition de quelque peu d’huile de noix, de lin, etc., aux huiles ordinaires — l’évaporation à sec du chlorure d’or — l’affusion d’une grande quantité d'essences pour éviter l’addition de l’eau — ïa neutralisation des acides par saturation — la filtration remplaçant le décantage pour éliminer les dernières parcelles d’or cristallisé : telles sont, entre autres, des modifications qui n’ont pas été admises par les tribunaux comme constituant des différences essentielles et de nature à permettre la libre concurrence. ( Tribunal de la Seine, jugements des 1er avril 1859 et 17 janvier 1861, et Cour impériale, chambre correctionnelle, jugements des 30 décembre 1859 et 26 mars 1861. )
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- 1° De remercier MM. Dutertre de leur communication;
- 2° De voter l’insertion du présent rapport au Bulletin de la Société.
- Signé Salvétat, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 30 janvier 1861.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M. Eue. Pihet, au nom du comité des arts mécaniques, sur une
- serrure de sûreté présentée par M. Emile Petit, rue Fondaries 63, à
- Grenelle-Paris.
- M. Émile Petit soumet à l’examen de la Société une nouvelle combinaison de serrure qui paraît tout à fait incrochetable.
- Divers organes sont mis en œuvre pour atteindre ce but.
- Le principal est la combinaison d’une ancre double, dont les deux éléments sont rendus solidaires par une charnière à épaulement et à ressort; un système de bascule destiné à recevoir le mouvement de la clef le transmet à cette ancre double.
- Dans le service régulier de la serrure, l’une de ces ancres tient le pêne au repos, c’est Y ancre de service,
- L’autre ne fonctionne que dans le cas de l’introduction d’une fausse clef, elle s’échappe alors et maintient le pêne immobile, c'est l’ancre de sûreté.
- Pour mettre celte serrure en mouvement, un disque est traversé par une broche et fait corps avec elle.
- Cette broche à laquelle la clef vient s’unir, de forme très-variable, est pourvue de paillettes de longueurs et de positions différentes qui forment par là un premier obstacle à l’introduction d’une clef étrangère.
- Un secteur plus grand que le disque est fixé sur la surface de celui-ci ; il tourne en même temps que la clef, dont il forme, pour ainsi dire, le prolongement.
- Son action, qui est capitale, est de supporter l’ancre de sûreté au moment où, dégagée de son cran de repos, elle se jetterait sur le pêne et le ferait prisonnier par des encoches spéciales.
- Ce secteur, pouvant occuper une position angulaire quelconque sur le disque et se réglant à cette position, présente une seconde série de combinai-
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- sons qui, s’ajoutant aux précédentes, dérouteront certainement l’habileté des malfaiteurs les plus adroits.
- Le mouvement du pêne et celui du demi-tour sont donnés par un engrenage placé dans l’axe du disque, qui l’entraîne au moment convenable par le contact d’une goupille.
- Comme dans les serrures à pompe, la clef présente l’avantage d’être petite.
- Un faux panneton lui sert de guide pour qu’on puisse l’introduire sans difficulté dans le groupe de paillettes de la broche.
- Une disposition ingénieuse l’oblige à s’excentrer pour prendre sa place, et contribue à rendre obscur l’intérieur du canon ; ce qui peut encore gêner les tentatives criminelles.
- Ces diverses dispositions nous paraissent fort bien remplir le but que l’inventeur s’est proposé, et nous les croyons assez intéressantes pour que votre comité vous propose :
- 1° D’adresser ses remercîments à M. Émile Petit pour sa communication ;
- 2° L’insertion, dans votre Bulletin, du présent rapport, avec le dessin qui l’accompagne.
- Signé Eug. Pihet, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 21 novembre 1860.
- DESCRIPTION DE LA SERRURE DE SÛRETÉ IMAGINÉE PAR M. ÉMILE PETIT ET REPRÉSENTÉE PLANCHE 216.
- Fig. 1. Vue de la serrure fermée, la plaque mobile du palastre étant enlevée.
- Fig. 2. Section longitudinale passant par la gorge extérieure de la serrure et montrant la clef engagée dans cette gorge.
- Fig. 3 et 4. Vues du pêne dormant.
- Fig. 5 et 6. Vues de l’ancre double de service et de sûreté.
- Fig. 7 et 8. Vues du disque à mortaise porteur de la broche de la clef.
- Fig. 9 et 10. Vues du disque denté servant à faire mouvoir le pêne dormant et le bec-de-cane.
- Fig. 11 et 12. Vues de la traverse destinée à recevoir le disque à mortaise et le disque denté.
- Fig. 13 et 14. Vues du pied-de-biche servant à maintenir au repos le système d’ancre de sûreté.
- Fig. 15, 16 et 17. Levier à trois branches transmettant au pied-de-biche le mouvement qu’il reçoit de la clef.
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- Fig. 18 et 19. Vues de la clef dans deux plans perpendiculaires.
- Fig. 20. Vue, en dessous, de la même clef.
- Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets sur toutes les figures.
- A, disque à mortaise circulaire porteur de la broche de la clef ( fig. 1,2,7 et 8 ). Cette broche de forme variable, triangulaire ou quadrangulaire, est munie, près du disque, d’une partie cylindrique faisant corps avec elle; en outre, elle est pourvue d’ailettes ou paillettes disposées normalement à sa surface, mais irrégulièrement espacées. On remarquera que la circonférence du disque n’est pas complète et qu’elle présente sur sa tranche une section plane, contre laquelle appuie la branche mobile d’un ressort dont il sera question plus loin.
- B, secteur en cuivre ou autre métal placé contre le disque A qu’il suit dans ses mouvements, et fixé au moyen d’une vis sur la partie cylindrique de la broche de la clef.
- C, disque annulaire denté sur une partie de sa circonférence; il est placé sur l’axe du disque à mortaise A et est muni d’une goupille c, qui glisse dans la mortaise circulaire de ce disque ( fig. 1, 2, 9 et 10) de telle sorte que, tout en restant indépendant, il peut, dans certaine position, être entraîné par le disque à mortaise et participer à son mouvement de rotation.
- D, traverse avec renflement en forme de manchon sur lequel vient s’ajuster, par sa partie annulaire, le disque denté C ( fig. 1,2, 11 et 12 ).
- E, pontet fixé, au moyen de vis, sur la traverse D ( fig. 2 ).
- F, gorge de la clef maintenue par le pontet E.
- G, pêne portant., en dessous, une crémaillère de cinq dents engrenant avec le disque C chargé de le conduire ( fig. 1, 3 et h ) ; sa queue est munie d’une coulisse ou glissière qui lui permet de se mouvoir horizontalement, en embrassant constamment une vis g lui servant de guide et fixée au fond du palastre. L’arête supérieure de ce pêne présente plusieurs encoches, lesquelles servent à en enrayer le mouvement par le jeu de l’ancre double disposée au-dessus.
- H, lame de ressort plate ( fig. 1 ) placée entre le fond du palastre et le pêne et tendant constamment à appuyer la queue de ce pêne contre la tête de la vis g.
- L ancre double, dite ancre de service et de sûreté ( fig. 1, 5 et 6 ), se compose de deux espèces de leviers à mouvements indépendants, I, J, mais rendus solidaires par une charnière à épaulement et tenus en place au moyen du teton K qui leur sert d’axe de rotation. Le levier I a sa partie antérieure terminée par un bec biseauté et par une dent i placée au-dessous; le levier J porte également en dessous une dent j. Un ressort L, s étendant sur l’un et l’autre levier en suivant le contour de la charnière à épaulement, presse constamment sur eux, tendant soit à pousser leurs dents dans les encoches d’arrêt du pêne G, soit à mettre seulement en prise le bec du levier I avec les crans correspondants d’une pièce M dite pied-de-biche. Le levier I constitue l’ancre de sûreté et l’autre l’ancre de service.
- Un ressort N, placé derrière le pêne G et indiqué en ponctué sur la figure 1, appuie sa partie mobile dans un cran de la charnière à épaulement concernant l’ancre de
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- sûreté I, et tend constamment à attirer en bas cette ancre dès qu’elle quitte le pied-de-biche M.
- O est un appendice faisant corps avec l’ancre I sous laquelle il est placé et buttant sur le secteur B, toutes les fois qu’il passe, de manière à être soutenu par lui, combinaison rendue nécessaire par cette raison que le mouvement de bascule du pied-de-biche M ayant lieu, comme on le verra plus loin, pendant le mouvement de rotation du secteur, il s’ensuit que, si, au moment où le pied-de-biche échappe, l’ancre I n’était pas soutenue , sa dent tomberait dans l’encoche du pêne et enrayerait le mouvement de la serrure.
- M, levier à deux bras inégaux, dit pied-de-biche, fixé au fond du palastre par une vis autour de laquelle il peut tourner ( fig. 1, 13 et Ik ). Le grand bras de ce levier porte à sa partie supérieure deux encoches destinées à soutenir, dans différentes positions, l’ancre de sûreté I; le petit bras est terminé par une espèce de fourche.
- P, autre levier à trois branches faisant corps avec un manchon mobile p fixé au palastre par une vis lui servant d’axe de rotation ( fig. 1, 2, 15, 16 et 17 ); deux des branches sont disposées l’une au-dessus de l’autre contre le fond du palastre, celle du dessous étant recourbée et ayant son extrémité engagée dans la fourche du petit bras du pied-de-biche M ; quant à la troisième branche, elle est en avant du manchon p à la même hauteur que la branche supérieure du fond ( fig. 2 ), et se recourbe en équerre pour porter une touche Q qui est engagée dans une fente ménagée à la base de la gorge F de la clef.
- R est un ressort curviligne fixé au palastre ( fig. 1 ) et appuyant sur la branche supérieure de fond du levier à trois branches P, pour maintenir la touche Q dans la gorge de la clef toutes les fois que la serrure est au repos.
- S, bec-de-cane ordinaire avec ressort à boudin le poussant en dehors et bouton extérieur pour la manœuvre à la main ( fig. 1 et 2 ) ; cet organe, identique à celui des autres serrures, n’en diffère que par la manière dont la clef le commande et qui va être expliquée ci-après :
- T est une griffe à trois dents mobile autour de son point d’attache, et dont la queue est engagée dans une mortaise pratiquée dans la tige du bec-de-cane S (fig. 1); cette griffe étant disposée de manière à pouvoir être saisie par le disque denté C, il s’ensuit que, lorsque ce disque tourne sous l’impulsion de la clef après avoir fait rentrer le pêne, c’est-à-dire ouvert la serrure, il vient saisir la griffe T qui agit immédiatement au moyen de sa queue sur le bec-de-cane.
- U est un ressort vertical à deux branches fixé au palastre, immédiatement au-dessus de la tige du bec-de-cane S; sa fonction est d’appuyer constamment contre le disque A afin d’empêcher que le jeu n’en soit trop facile; or, chaque fois que ce disque a opéré la fermeture ou l’ouverture de la serrure, il vient, ainsi qu’il est indiqué figure i, présenter la section plane de sa tranche devant le ressort qui, tendu pendant tout le temps de sa rotation, se détend alors et vient butter avec plus de force en raison de la plus grande surface qu’il rencontre.
- D’après tout ce qui vient d’être expliqué, on voit que c’est le mouvement du disque A et de son secteur B qui commande à tous les organes ; or, ce disque étant Tome VIÎI. — 60e année. 2e série. — Mars 1861. 18
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- lui-même commandé par la clef lorsqu’elle est placée sur la broche du disque, il convient de décrire cette clef et sa fonction.
- La clef V que représentent les figures 18, 19 et 20 est, comme toutes les clefs des serrures à pompe, pourvue d’un panneton et d’un canon foré; la différence consiste ici en ce que le canon porte plusieurs fentes à son extrémité ( fig. 18 ), et à sa surface deux faux pannetons. Ces fentes et ces faux pannetons, disposés normalement à la surface du canon et suivant des génératrices, sont destinés, les premières à recevoir les ailettes ou paillettes correspondantes placées sur la broche du disque A, les seconds à agir sur le levier à trois branches P. Lorsqu’on enfonce la clef dans la gorge F, il est évident que la correspondance indispensable qui doit exister entre les fentes du canon et les ailettes de la broche constitue un premier secret ; d’ailleurs le nombre, la dimension et l’écartement des ailettes et des fentes correspondantes peuvent varier à chaque serrure.
- Le deuxième secret de l’appareil réside dans l’existence des faux pannetons, dont la position est calculée pour faire fonctionner régulièrement le pêne. Pour comprendre cet artifice, voyons comment fonctionne l’ensemble du mécanisme : lorsque , placé en dehors de l’appartement, on veut fermer la serrure dans la position que représente la figure 1, on tourne la clef de droite à gauche ; le disque denté C, conduit par le disque à mortaise A, sollicite le pêne à s’avancer ; à ce moment, un des faux pannetons de la clef ( celui qui est le plus éloigné de l’orifice du canon ), rencontrant la touche Q de l’équerre du levier P, soulève ce levier; ce soulèvement fait basculer le pied-de-biche M, et aussitôt l’ancre L, s’échappant du cran supérieur de ce pied-de-biche, tombe et fait relever l’ancre J; dont la dent/ sort de l’encoche correspondante du pêne où elle était engagée. Mais, ainsi qu’on l’a vu plus haut, lorsque l’ancre I s’échappe, le secteur B, qui a suivi le mouvement des disques, se présente sous l’appendice O, et, empêchant l’ancre de tomber sur le pêne, le soutient jusqu’au moment où le pied-de-biche revient en place et le remet en prise sur son cran inférieur. Immédiatement après le passage du secteur, le mouvement de translation du pêne amène sous l’appendice O un petit épaulement en cuivre X ( fig. 1 ), lequel, fixé au pêne, soulève l’ancre I et la replace sur le cran supérieur du pied-de-biche ; c’est alors que le pêne arrive au bout de sa course et que l’ancre J l’enraye au moyen de sa dent/ qui tombe dans la dernière encoche.
- Lorsqu’on manoeuvre la serrure de l’intérieur de l’appartement, la clef n’étant plus enfoncée du même côté de la gorge, c’est alors l’autre faux panneton qui soulève le levier P en agissant sur la branche pressée par le ressort R. Quant au panneton proprement dit, il ne sert simplement qu’à guider la main pour empêcher que la clef ne soit introduite sur la broche dans un mauvais sens.
- Cela posé, si on veut introduire une fausse clef dans la serrure, on comprend qu’il ne suffira pas d’avoir muni cette clef de faux pannetons, il faudra encore (ce qui n’est pas à supposer dans l’impossibilité où l’on est de prendre des empreintes sur la serrure même ) que ces pannetons soient identiquement disposés comme dans la bonne clef; autrement, dès qu’on agira avec cette fausse clef, la touche Q du levier P sera facilement soulevée, mais ne l’étant pas au moment du passage du secteur B, l’ancre I
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- tombera sans être soutenue, et sa dent i viendra immédiatement enrayer le pêne. Dan« cette position, la clef pourra tourner avec le disque à mortaise, mais le secteur passera constamment-au-dessus de l’appendice O, et le disque denté restera immobile; c’est dans le but de permettre à ce secteur de passer au-dessus de l’appendice qu’il présente en dessous un évidement indiqué par la figure 8. ( M. )
- Rapport fait par M. Tresca, au nom du comité des arts mécaniques, sur LA POMPE A SOUFFLETS DE MM. LASSERRE et DiLLAYE.
- Chargé par le comité des arts mécaniques d’examiner la pompe à soufflets, de nouvelle construction, de MM. Lasserre et Dillaye, nous avons pu faire sur cet appareil, au Conservatoire impérial des arts et métiers, quelques expériences dont les résultats ont été consignés ainsi qu’il suit :
- « Le (1) principe de la pompe de MM. Lasserre et Dillaye est celui des pompes à soufflets ordinaires ; mais quatre appareils semblables sont intelligemment groupés ensemble, de manière à rendre l’effort plus continu et à donner lieu à un débit plus régulier.
- « Considéré isolément, chacun de ces appareils se compose d’un tuyau vertical placé entre deux brides : la bride inférieure sert à loger la soupape d’aspiration, la bride supérieure la soupape de refoulement intermédiaire ; le tuyau se prolonge latéralement et entre ces deux brides, par une poche, qui est fermée par une plaque assemblée avec les bords de l’ouverture par des bandes flexibles de cuir ; cette plaque, étant d’ailleurs garnie d’une charnière, peut, en tournant autour d’elle, s’éloigner ou se rapprocher de l’orifice de manière à augmenter ou diminuer la capacité du tube, qui est ainsi le véritable corps de la pompe. Cette disposition réalise les avantages de toutes les pompes à soufflets ; elle permet d’éviter le frottement des pistons ordinaires, mais en même temps il importe de remarquer que chacune des pulsations exige le développement et le reploiement des bandes de cuir, qui peuvent être, plus ou moins vite, mises hors de service.
- « Mais, si le principe en lui-même ne présente aucun intérêt de nouveauté, il n’en est peut-être pas de même pour le groupement des quatre pompes distinctes. Les quatre tuyaux qui réunissent le tuyau général d’aspiration au tuyau général de refoulement sont disposés aux quatre angles d’un bâti rectangulaire; les plaques se regardent deux à deux et fonctionnent à l’intérieur du bâti 5 un arbre coudé passe entre elles et leur communique alter-
- (1) Extrait du procès-verbal des expériences faites au Conservatoire impérial des arts et métiers.
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- nativement le mouvement de va-et-vient nécessaire au fonctionnement de la machine ; le constructeur a même pu utiliser la hauteur nécessaire du corps de pompe pour établir, vers le haut, un autre arbre parallèle qui est l’arbre moteur, qui porte le volant et qui marche six fois moins vite que celui des pompes.
- « Ce mode d’agencement permet de réduire à un faible volume un appareil puissant, qui demanderait, dans les conditions ordinaires, un emplacement beaucoup plus considérable. La pompe dont il va être parlé, et qui donnait à chaque tour de l’arbre des pompes 8 litres d’eau, ne pesait que 500 kilogrammes.
- « La Société d’encouragement a désiré que des expériences fussent faites sur la pompe de MM. Lasserre et Dillaye , et les résultats de ces expériences sont indiqués ci-après.
- « La pompe était chargée d’aspirer à lm,45, et la hauteur totale d’élévation était de 5m,53.
- « L’eau était recueillie, pour être jaugée, dans un grand canal en fonte de 30mq,315 de superficie; elle s’élevait, dans ce canal, entre deux repères fixes, placés à une distance verticale de 10 ou de 20 centimètres de distance l’un de l’autre.
- « Les quantités d’eau élevées étaient donc, dans chaque expérience, de 3031Ht',5 ou de 6063 litres.
- « Les efforts moteurs mesurés sur un dynamomètre de rotation, dont la poulie avait un diamètre de 0m,82, étaient calculés à raison de 2miU ,9 par chaque kilogramme.
- « Le nombre des tours du dynamomètre était déterminé par un compteur automatique, que l’on embrayait au moment même où l’eau était arrivée au repère inférieur, et que l’on arrêtait aussitôt qu’elle atteignait le point du repère supérieur.
- « Deux expériences seulement ont été faites dans les conditions normales de fonctionnement de l’appareil ; les données en sont réunies dans ce tableau.
- NUMÉROS des expériences. ORDONNÉES moyennes du diagramme. EFFORTS correspondants NOMBRE de tours du dynam. par i\ TRAVAIL total dépensé. EAÜ montée. TRAVAIL utile correspondant. EFFET utile en eau montée. durée de l’expérience.
- 1 2 9 137 8.448 26 484 24 486 375 54 5 54292 28074 6063 0 3031 5 33528 16764 0.617 0 597 21' 25" 8' 10"
- Moyenne. 0.60
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- « Ce rendement, assez faible pour une pompe dans laquelle une grande partie des frottements sont évités, doit, sans aucun doute, être attribué à la mauvaise construction des organes de transmission de mouvement, d’ailleurs assez simples.
- « Il en faut conclure que les frottements des pistons dans les corps de pompe sont tout à fait de même ordre que ceux des organes de transmission, et que c’est seulement aux bons soins de l’exécution qu’il faut, en général, attribuer les avantages de tel ou tel système.
- « Cette pompe a d’ailleurs fourni jusqu’à 371 litres par minute dans la deuxième expérience, ce qui correspondrait à plus de 22 mètres cubes par heure, débit considérable, qui est dû à ce que ce système de pompe peut marcher d’une manière sûre à la vitesse de 50 tours par minute. Dans la deuxième expérience, cette vitesse ne s’est élevée qu’à 47 tours environ. La pompe de MM. Lasserre et Dillaye est surtout recommandable par la facilité de son transport et de son agencement. »
- Malgré les résultats déjà favorables fournis par ces déterminations, les inventeurs s’étaient persuadé qu’ils en obtiendraient de plus satisfaisants encore en modifiant la course de leurs clapets; mais l’expérience même a démontré qu’en gênant cette course ils diminuaient, au contraire, le rendement dans une proportion considérable ; ce rendement s’est abaissé à 0.39 et même jusqu’à 0.32, ce qui suffit pour démontrer que dans les machines de ce genre tous les organes participent pour une grande part à l’effet d’ensemble, et qu’il ne faut perdre de vue, dans aucun d’entre eux, que les orifices doivent être grands et bien disposés, de manière que les accroissements momentanés de vitesse soient, autant que possible, évités, et avec eux les pertes de force vive correspondantes.
- Il n’est pas douteux que le rendement se fût élevé davantage avec des orifices mieux calculés et dans une machine mieux construite.
- Dans cette situation, la Société doit ses remercîments à MM. Lasserre et Dillaye pour leur communication ; ils trouveront dans l’insertion de ce rapport au Bulletin un double avantage, en ce qu’ils pourront faire connaître avec certitude ce que leur machine a déjà réalisé, et en ce qu’ils sauront désormais borner leurs espérances à la juste mesure de ce que leur système peut réaliser d’une manière pratique.
- Signé Tresca, rapporteur.
- Approuvé en séance, le il avril 1860.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Herpin , au nom des comités des arts chimiques et économiques, SUr Un APPAREIL POUR LA PRÉPARATION DES EXTRAITS PHARMACEUTIQUES
- au moyen du vide, et sur divers produits présentés par M. Rerjot jeune,
- pharmacien, à Caen.
- Messieurs, M. Berjot jeune, pharmacien distingué, à Caen, bien connu de vous par de nombreux et intéressants travaux, dont plusieurs ont été honorés de vos suffrages, vous a soumis, il y a déjà quelque temps,
- 1° Un appareil pour la préparation des extraits pharmaceutiques au moyen du vide ;
- 2° Une collection d’extraits et d’échantillons fabriqués à l’aide de son appareil ;
- 3° Des flacons pour la conservation des substances susceptibles d’être altérées par l’humidité atmosphérique.
- Les pharmaciens donnent le nom d’extrait à divers produits que l’on obtient en traitant une substance végétale ou animale au moyen d’un dissolvant approprié, tel que l’eau, l’alcool, l’éther, et faisant évaporer ensuite le dissolvant jusqu’à ce que le résidu ait pris une consistance plus ou moins solide.
- Les extraits ont l’avantage d’offrir, sous un petit volume, les principes essentiels ou actifs des plantes sans qu’ils éprouvent de changements notables dans leur nature et leurs propriétés médicamenteuses.
- Pour éviter l’altération à laquelle plusieurs substances sont exposées par une coction prolongée ainsi que par une température un peu élevée, il est de la plus haute importance de favoriser et de hâter l’évaporation tout en diminuant autant que possible la température.
- L’emploi du vide pour la concentration des sucs végétaux, des jus de betteraves, de cannes, etc., est un procédé usuel aujourd’hui dont les avantages sont reconnus et constatés dans plusieurs industries. Vous connaissez tous, Messieurs, les appareils Degrand, Roth et Rayvet, etc.
- La concentration et l’évaporation dans le vide sont donc très-convenables pour la préparation des extraits pharmaceutiques.
- Déjà M. Grandval, pharmacien en chef des hôpitaux de la ville de Reims, vous a présenté un appareil pour la préparation des extraits pharmaceutiques, du bouillon concentré, etc., au moyen du vide.
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- ARTS CHIMIQUES.
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- Nous avons eu l’honneur de vous faire sur cet objet un rapport que vous avez approuvé et qui a été publié dans le Bulletin de la Société pour l’année 1853, page 296.
- Mais les appareils employés par M. Grandval et par M. Berjot diffèrent essentiellement l’un de l’autre. M. Grandval produit le vide en faisant condenser, au moyen d’un jet d’eau froide, les vapeurs qui se dégagent des substances en évaporation ; M. Berjot fait usage d’une pompe pneumatique mue par une machine à vapeur.
- L’appareil de M. Berjot consiste en un grand vase en cuivre étamé, formé par deux parties hémisphériques à peu près comme les hémisphères de Magdehourg.
- La paroi de l’hémisphère inférieur est double ; c’est dans l’intervalle de cette double paroi que l’on fait circuler de la vapeur à •+• 70° centig. pour chauffer le liquide à évaporer.
- Dans l’hémisphère supérieur se trouve un conduit circulaire, en forme de serpentin, dans lequel on fait passer un courant de vapeur, qui a pour objet de maintenir dans cette partie de l’appareil une température suffisante pour prévenir la condensation des vapeurs produites par l’évaporation, et surtout pour empêcher que ces vapeurs condensées, qui contiennent souvent une petite quantité de sels déliquescents entraînés mécaniquement par la force de l’ébullition, ne retombent sous forme de gouttelettes dans le produit, dont elles altèrent la saveur en même temps qu’elles nuisent souvent à sa conservation.
- L’appareil de M. Berjot est double ; ce qui permet de faire simultanément deux opérations. Avec le plus grand, on peut faire évaporer 200 à 250 litres d’eau par jour ; l’autre sert à la dessiccation ou à la concentration des extraits et peut produire environ 6 kilogrammes d’extrait sec dans le même espace de temps.
- L’appareil se démonte et se nettoie très-facilement, ce qui est très-important, surtout après la préparation de certains extraits actifs, tels que ceux d’opium, de belladone, de noix vomique, etc.; le service en est commode: La partie qui est destinée à la préparation des extraits secs peut être détachée et transportée facilement dans une pièce convenablement chauffée et séchée, pour en retirer les produits qui seraient susceptibles de s’altérer par leur contact avec l’air humide. Il y a un manomètre barométrique servant à diriger l’opérateur; enfin des ouvertures fermées par des glaces permettent de voir et de suivre la marche des opérations dans l’intérieur de l’appareil. M. Berjot livre annuellement au commerce 2,000 kilogrammes d’extraits secs.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Les échantiilons d’extraits de quinquina, d’opium, de gentiane, etc., qui nous ont été remis par M. Berjot, sont d’une qualité et d’une beauté fort remarquables ; le jury de l’Exposition universelle les a distingués pour leur « excellente qualité. » Enfin M. Isidore Pierre, professeur de chimie, correspondant de l’Institut, a dit à ce sujet : « M. Berjot prépare ajourd’hui, pour la pharmacie européenne, des extraits d’une perfection que l’on a bien rarement atteinte ailleurs et qui n’a été surpassée nulle part. »
- Quelques soins que l’on ait apportés à la préparation de certains extraits, il y en a qui sont très-altérables et d’une conservation fort difficile, parce que, étant hygroscopiques, ils attirent l’humidité de l’air. Pour remédier à cet inconvénient, M. Berjot les conserve dans des flacons en verre dont le bouchon métallique creux, en étain, contient une petite quantité de chaux vive enveloppée dans une étoffe de laine. En ayant soin de la renouveler de temps en temps, cette chaux suffit pour absorber l’humidité de l’air contenu dans le flacon et le maintenir dans un état de siccité convenable.
- Cette disposition, à la fois simple et ingénieuse, aura pour résultat de généraliser l’emploi d’un moyen précieux de conservation dont l’efficacité a été déjà constatée dans plusieurs circonstances analogues.
- D’après ce que nous venons de vous exposer, vous avez pu vous convaincre, Messieurs, que M. Berjot a apporté, dans plusieurs parties de son art, d’utiles et ingénieuses améliorations.
- J’ai, en conséquence, l’honneur de vous proposer, au nom des comités des arts chimiques et économiques,
- 1° De remercier M. Berjot de ses intéressantes communications ;
- 2° D’insérer au Bulletin le présent rapport avec le dessin des appareils dont il y est question.
- Signé Herpin, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 février 1860.
- LÉGENDE DE LA PLANCHE 217 REPRÉSENTANT L’APPAREIL POUR LA PRÉPARATION DES EXTRAITS PHARMACEUTIQUES AU MOYEN DU VIDE, AINSI QU’UN SPÉCIMEN DE FLACON POUR LA CONSERVATION DE CES PRODUITS, IMAGINÉS PAR M. BERJOT JEUNE.
- Fig. 1. Élévation longitudinale de l’appareil.
- Fig. 2. Section verticale par un plan parallèle à celui de la figure 1.
- Fig. 3. Vue en dessus.
- Fig. 4. Section verticale, suivant l’axe, d’un flacon à conserver les extraits pharmaceutiques.
- ABC, récipient en cuivre étamé recevant les liqueurs à traiter pour en obtenir les
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- extraits ; il repose sur une table D et est formé de trois parties pouvant se démonter
- à volonté, qui sont :
- 1° Un couvercle cylindro-sphérique A ;
- 2° Un cylindre B ouvert par le haut et fermé par le bas 5
- 3° Une calotte sphérique C formant, avec la base du cylindre B, un double fond destiné à recevoir la vapeur employée pour évaporer les liqueurs.
- La calotte A et le cylindre B sont assemblés ( fig. 2 ) par une double bride circulaire avec languette en caoutchouc pénétrant dans une rainure correspondante ; le tout est réuni à la calotte C par un système de brides boulonnées.
- E, tuyau circulaire disposé dans le cylindre B et dans lequel on fait circuler de la
- vapeur ( fig. 2).
- F, conduite amenant la vapeur du générateur qui, par un simple jeu de robinet, peut être dirigée à volonté dans le double fond C ou dans le tuyau E.
- G, robinet pour vider l’eau de condensation du double fond C.
- H, robinet pour extraire l’eau de condensation du tuyau E ( fig. 3 ).
- I, regards fermés par des glaces, et permettant de voir dans l’intérieur du récipient pour juger de la marche de l’opération.
- J, siphon servant, pendant l’opération, à introduire dans l’appareil une certaine quantité de la liqueur à traiter; cette introduction ne se fait que lorsque le vide a été pratiqué, et c’est alors la simple pression atmosphérique qui fait monter la liqueur dans le récipient.
- K, condenseur se composant :
- 1° D’une cuve conique remplie d’eau froide ;
- 2° D’un récipient creux L fermé par deux calottes sphériques, dans lequel viennent se condenser les vapeurs qui proviennent de la liqueur contenue dans le récipient ABC ( fig. 1 et 3 ). Quatre tubes M, soudés aux deux calottes sphériques comme des tubes de chaudières tubulaires, sont en communication avec l’eau de la cuve et augmentent ainsi la surface de refroidissement; en même temps ils consolident le récipient L et lui permettent de résister plus sûrement aux pressions extérieures de l’eau et de l’atmosphère qui augmentent nécessairement à mesure qu’on fait le vide dans l’appareil.
- N, tuyau établissant une communication entre les récipients A B C et L et conduisant dans ce dernier les vapeurs provenant de la liqueur en traitement. La figure 2 indique le mode d’assemblage de ce tuyau au moyen de manchons à vis permettant de le démonter facilement.
- O, pompe pneumatique à double effet servant à faire le vide dans la capacité L et dans le récipient ABC; manœuvrée à bras ou par une machine à vapeur, elle fonctionne pendant toute la durée de l’opération et extrait de l’appareil l’air et l’eau de condensation.
- P, tuyau par lequel l’air et l’eau sont aspirés.
- Q, manomètre barométrique en communication avec l’appareil et indiquant le degré du vide.
- R, petit tuyau mettant en communication le manomètre et le récipient ABC.
- Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Mars 1861. 19
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- Pour opérer avec cet appareil, on commence par découvrir le récipient ABC en enlevant le couvercle A, et l’on verse la liqueur à traiter; on recouvre ensuite en ayant soin de bien assembler la languette de caoutchouc de manière à prévenir toute rentrée d’air, puis, après avoir assemblé le tuyau N, on met la pompe en action. Quand le manomètre a indiqué le degré de vide voulu, on ouvre successivement les robinets inférieur et supérieur du tuyau de vapeur et on laisse entrer la vapeur dans le double fond C du récipient et dans le tuyau circulaire E. La chaleur, qui ne larde pas à être portée à 60 ou 70°, active l’évaporation de la liqueur, et les vapeurs aspirées viennent se condenser dans le récipient L, dont le contenu est constamment vidé par la pompe. De temps en temps on introduit dans le récipient ABC de nouvelles quantités de liqueur, et il suffit, pour cela, d’ouvrir le robinet du siphon J qui plonge dans le vase contenant cette liqueur. L’opération terminée, il ne reste plus qu’à retirer l’extrait, ce qui se fait en démontant d’abord le tuyau N, puis en enlevant le couvercle A.
- Depuis quelque temps M. Berjot a remplacé le récipient L du condenseur par un serpentin ordinaire, et il a substitué au tuyau circulaire E un petit serpentin qu’il a disposé sous le dôme du récipient ABC et qui agit plus efficacement pour prévenir toute condensation sur les parois de ce récipient.
- Mode de bouchage des flacons.
- a, flacon de cristal à large ouverture et à col droit ( fig. 4 ).
- £>, cylindre creux en étain mastiqué sur le col du flacon; ce cylindre s’infléchit vers le milieu sur le bord du flacon et est terminé à sa partie supérieure par un pas de vis extérieur.
- c, capsule en étain formant le couvercle proprement dit et se vissant sur le cylindre b.
- d, étui de même métal soudé intérieurement à la capsule c; il est percé, latéralement, de petites ouvertures et se ferme au moyen d’un bouchon à vis e.
- », rondelles de caoutchouc placées au fond de la capsule c et destinées à augmenter l’herméticité de la fermeture.
- /, chaux vive enveloppée de laine et placée dans l’étui d pour absorber l’humidité du flacon.
- Nous extrayons du Journal de pharmacie et de chimie ( juin 1856) les quelques lignes qui suivent relatives à l’examen (1) de ce mode de bouchage :
- « Avant de faire quelques expériences pour apprécier les avantages des appareils de M. Berjot, nous avons pensé qu’il était utile de constater l’état dans lequel se trouvait in chaux qui était renfermée dans ces flacons, puisque nous savions qu’ils avaient figuré à l’Exposition universelle, qu’ils avaient été adressés à la Société d’encouragement et qu’ils avaient été ouverts très-souvent. Nous ouvrîmes donc un étui et nous
- (1) Cet examen a été fait par une commission composée de MM. Ducom, Durozier, et Deschamps, rapporteur.
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- reconnûmes que la chaux était en partie divisée en petits grains, représentant assez bien un calcaire oolithique désagrégé, qu’elle contenait de l’eau et de l’acide carbonique, et qu’une grande partie était encore à l’état de chaux vive.
- « Cet examen terminé, nous remîmes l’étui en place et nous nous contentâmes d’ouvrir, plusieurs fois par jour, le flacon que nous avions à notre disposition et de peser chaque fois quelques centigrammes d’extrait que nous remettions dans le flacon; mais nous nous aperçûmes bientôt que cette méthode n’était pas expéditive et qu’il nous faudrait beaucoup de temps pour juger ces appareils; aussi changeâmes-nous de manière d’opérer.
- « Nous retirâmes l’extrait et nous suspendîmes dans le flacon une petite capsule qui contenait une goutte d’eau. La goutte disparut en douze heures ; elle fut remplacée par trois autres gouttes, qui disparurent aussi. Alors nous replaçâmes l’extrait dans le flacon et nous instillâmes dans la capsule d’abord 6 gouttes, puis 50 centigrammes d’eau, et nous abandonnâmes l’appareil. L’eau fut absorbée sans que l’extrait présentât la plus faible modification apparente.
- « Ces expériences suffisaient certainement pour apprécier l’efficacité des appareils de M. Berjot; mais nous voulûmes savoir jusqu’à quel point la chaux qui était contenue dans l'étui pouvait préserver l’extrait, et nous versâmes encore 1 gramme d’eau dans la petite capsule. Yingt-quatre heures après, la surface de l’extrait n’était pas modifiée. Après trente-six heures, l’extrait avait un peu diminué de volume et l’on reconnaissait évidemment qu’il absorbait de l’eau de la capsule, car il s’affaissait de plus en plus et se colorait en brun. Lorsque l’eau fut absorbée, nous trouvâmes la chaux presque entièrement désagrégée : les morceaux qui présentaient encore un certain volume se réduisaient en grains par une faible pression, et la chaux n’était pas complètement hydratée.
- « Cette expérience, qui fut plutôt faite pour connaître le terme de la puissance de la chaux que pour juger ces appareils, n’infirme pas les premiers résultats que nous avons obtenus*, car il est facile de comprendre qu’il faut ouvrir bien des fois un flacon pour que l’air qui y pénètre représente le poids de l’eau que nous avons versée dans la capsule; aussi croyons-nous pouvoir formuler les conclusions suivantes :
- « M. Berjot a inventé un très-bon appareil pour conserver les extraits secs. Il est, nécessaire de changer la chaux de temps en temps, car il n’est pas possible que la quantité de chaux qui peut entrer dans les étuis de ses flacons puisse servir indéfiniment. Il serait préférable de préparer la chaux en calcinant de la chaux hydratée que d’employer de ia chaux ordinaire. Il est bien probable que, si nous avions changé la chaux avant de faire nos expériences, l’extrait ne se serait pas emparé de l’eau de la capsule. » (M.)
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- Rapport fait par M. Albert Barre, au nom de la Commission des beaux-arts
- appliqués à ïindustrie, sur un manuscrit traitant de la gravure chromatique sur ivoire légué à la Société par M. L. Th. Maurisset.
- Un artiste qui s’était fait connaître, pendant ces trente dernières années, par de remarquables gravures sur bois et par de spirituelles eaux-fortes, M. L. Th. Maurisset, a légué à la Société d’encouragement un manuscrit traitant de la gravure chromatique sur ivoire.
- L’art de tracer sur l’ivoire des figures ou des ornements, au moyen des acides, paraît remonter au xvie siècle. A cette époque, et jusque sous le règne de Louis XIII, des applications fréquentes en furent faites pour décorer les meubles et même les bois d’armes à feu.
- Cette branche de la gravure, abandonnée depuis longtemps par suite des variations du goût, n’a pas cessé, cependant, de progresser; en effet, on retrouve encore, sur des jetons de jeu et sur des bâtons d’éventail du dernier siècle, des dessins à colorations variées, tandis que les anciennes plaques d’ivoire gravées ne présentent que des tailles noires rappelant les nielles.
- Parmi les travaux du même genre exécutés à notre époque, les plus remarquables sont dus à un artiste nommé Laprey, qui donna à M. Maurisset les premières notions de la gravure chromatique sur ivoire.
- Les essais, poursuivis avec persévérance par M. Maurisset, le conduisirent à perfectionner et à transformer, pour ainsi dire, les procédés qui lui avaient été confiés; mais ces progrès nouveaux passèrent inaperçus.
- Au milieu de l’indifférence qui accueillait ses études, l’artiste était soutenu par cette pensée que le jour viendrait oii, à l’imitation du xvie siècle, l’industrie moderne réclamerait le concours de la gravure sur ivoire ; et, dans cette prévision, il conserva la trace écrite des procédés qu’il avait complétés et enrichis, assurant ainsi à ceux qui s’engageraient dans la même voie le bénéfice de ses patientes recherches.
- Telle est, Messieurs, l’origine du manuscrit qui vous a été légué, et que nous signalons à l’intérêt des artistes industriels.
- Votre Commission des beaux-arts, appréciant la valeur du legs en lui-même et l’ordre d’idées qui l’a dicté, a l’honneur de vous proposer :
- 1° D’insérer le présent rapport dans le Bulletin de la Société ;
- De publier le manuscrit de M. Maurisset;
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- 3° D’en faire tirer à part cent exemplaires, lesquels seraient offerts à MeUe Maurisset, qui s’est faite, auprès de vous, l’interprète des dernières volontés de son frère.
- Signé Albert Barre, rapporteur. Approuvé en séance, le 30 janvier 1861.
- DE LA GRAVURE CHROMATIQUE SUR IVOIRE, OU NOUVEAU PROCÉDÉ POUR OBTENIR DES DESSINS
- DE COULEURS VARIÉES, EN CREUX ET EN RELIEF, AU MOYEN DECIDES COLORANTS;
- PAR M. LOUIS-THÉODORE MAURISSET.
- Ce procédé consiste à exécuter sur ivoire une gravure nette, en creux ou en relief, au moyen d’acides colorants, lesquels, attaquant l’ivoire en profondeur, y laissent une teinture colorée, capable de résister à un lavage, quand ce dernier n’est pas acidulé.
- Choix de l'ivoire. — Vernis.
- L’ivoire doit être d’un grain fin non veiné ; on le dégraisse avec du blanc de Meu-don et de l’alcool.
- On le vernit au pinceau avec le vernis liquide à étendre, employé par les graveurs sur acier et connu sous les noms Deleschamps ou Bruno. Ce vernis doit être déposé en couche plutôt légère qu’épaisse, et, s’il a une tendance à déposer, on agite un peu le flacon. On doit se garder de vernir trop longtemps à l’avance, attendu que le vernis peut s’écailler. Quand la couche de vernis est sèche, on trace avec des pointes de différentes grosseurs pour tous les travaux appelés taille-douce, en ayant soin d’attaquer un peu l’ivoire, afin qu’il soit mieux saisi par l’acide.
- Pour obtenir des reliefs, on compose soi-même un autre vernis plus épais et ne servant qu’à peindre, en faisant défoncer par l’acide autour des dessins tracés avec ce vernis. Ce vernis consiste en une dissolution de bitume de Judée dans l’essence de térébenthine rectifiée, à laquelle on ajoute un peu d’huile de pétrole qui a pour effet dè donner plus d’adhérence au vernis sur l’ivoire, et d’empêcher que les parties délicates du dessin, soulevées par le mordant, ne viennent à se détacher.
- Il importe que ce travail soit bien sec avant d’être soumis à l’action de l’acide.
- Mordants. — Morsure.
- Le seul mordant convenable pour l’ivoire est l’acide hydrochlorique pur à 22°. On l’étend d’eau filtrée et on l’amène, avec le pèse-acide, à 2, 3, 4 et même 5 degrés, selon le genre de gravure et selon la dureté de l’ivoire.
- Lorsqu’on fait mordre une pièce, il est prudent de voir si les tailles croisées n’éclatent pas à leur section ; dans ce cas, on arrête de suite l’effet de la morsure en étanchant avec du papier Joseph, doux et spongieux.
- Les effets de l’acide sont très-prompts. On obtient des tailles d’une moyenne force
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- en deux minutes, les plus fines en une minute, les plus fortes en trois minutes; quant aux nielles ou bas-reliefs, il faut laisser mordre au moins vingt minutes avec un mordant à 5 degrés, tandis que pour la taille-douce moyenne un mordant à 2 degrés suffit. J’ai fait défoncer des ivoires pendant trente et même quarante minutes, mais alors ils étaient durs.
- La température est aussi pour beaucoup dans l’effet des morsures; elle fait agir promptement un acide pendant l’été, tandis qu’elle rend son action plus lente pendant l’hiver.
- si r on veut obtenir une teinte qui ne soit pas très-foncée, mais qui soit creuse néanmoins, il faudra d’abord graver à blanc avec l’acide incolore, puis continuer la gravure avec le mordant coloré.
- Quand on a fait un dessin de diverses couleurs, on ne grave à la pointe que les parties qui doivent être mordues d’abord, soit bleu, soit rouge. On cache avec un vernis épais les tailles qui ont été attaquées par l’acide colorant, afin d’ouvrir ensuite de nouvelles tailles d’une couleur différente. Il y a autant de morsures qu’il y a de couleurs sur le dessin.
- On lave à grande eau chaque morsure avant de dévernir entièrement la pièce d’ivoire 5 de cette manière on évite le mélange des couleurs.
- Décalque.
- Lorsqu’on veut décalquer sur ivoire un dessin fait à la plume et à l’encre de Chine sur papier végétal, on passe d’abord de la sanguine sous le calque avec une houppette en peau, puis on étend de la sauce ( crayon noir très-tendre ) à l’aide d’une estompe en papier; en traçant ensuite avec une pointe sur le calque placé sur l’ivoire, on obtient un décalque d’un noir brun très-convenable. La pointe qui sert à décalquer doit être très-arrondie, pour ne pas écorcher le papier végétal.
- Au lieu d’un calque, on peut dessiner directement sur l’ivoire avec le crayon de mine de plomb, et vernir par-dessus sans craindre d’étendre ou d’effacer la trace du crayon.
- Couleurs dont les résultats sont certains.
- Bleu Wuy en écailles ou indigo purifié séché au soleil (1). — Soluble dans l’acide hydrochlorique, il produit beaucoup de matière colorante; donne un bleu trop foncé si on ne l’étend pas dans beaucoup de liquide ; se conserve longtemps en flacon; change peu à l’air, la pièce ayant été surtout bien lavée à grande eau; en un mot est précieux pour teindre et graver l’ivoire.
- Pour taille-douce, le bleu Wuy mordant se prépare avec de l’acide à 2 degrés; pour nielles, on prend de l’acide à 4 degrés.
- Pour colorer et foncer une taille-douce ou des reliefs, le bleu Wuy non mordant se
- (1) Se trouve à Paris, rue du Temple, près celle de la Verrerie.
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- prépare pour bain sans acide. Un bain d’une demi-heure (une heure au plus) donne un beau bleu assez foncé; ce bleu non mordant ayant encore une tendance à creuser l’ivoire, faire mordre avant, fin et léger.
- Carmin en poudre (1). —On le fait dissoudre dans de l’eau filtrée à laquelle on ajoute quelques gouttes d’alcali volatil, afin de le foncer et de le fixer sur l’ivoire. Cette couleur est magnifique et se conserve encore assez longtemps en flacon bien bouché.
- On fait aussi la même préparation épaisse, qu’on emploie alors au pinceau et qui sert à retoucher les parties d’une teinte trop faible. Il en est de même pour le bleu.
- Une pièce teintée bleu pâle passe au lilas ou violet quand on la plonge dans un bain de carmin, pendant une minute seulement. Un bain trop prolongé donne une gravure baveuse et sale.
- Jaune-safran. — Cette couleur ne se conserve pas longtemps, à moins qu’elle *• soit acidulée.
- On l’achète en feuilles et on la fait bouillir, pendant une heure environ, dans 1 m ordinaire.
- Elle convient pour les bains jaunes sans acide, et sert à faire virer le bleu au vert.
- On obtient aussi un jaune mordant en faisant une infusion à froid de safran dans l’acide à 2 degrés; mais il faut encore passer la pièce dans le bain non mordant, tant le jaune est pâle. Cette préparation doit être filtrée.
- Vert ( muriate de cuivre). — Ce sel est précieux pour donner un vert éclatant, le soir surtout. Il est soluble dans l’acide hydrochlorique ou muriatique à 3 ou 4 degrés; Ja dissolution doit être très-concentrée.
- Il passe à un bleu verdâtre si l’on plonge la pièce dans un bain d’eau de chaux.
- Soumis au bain bleu Wuy, il s’empare de la partie colorante de l’indigo et reste bleu pâle solide; quelquefois la teinte est d’un vert-émeraude, selon l’ivoire.
- On prépare aussi des bains de muriate non mordants en faisant dissoudre du muriate de cuivre dans de l’eau filtrée. La pièce peut y baigner au moins une heure sans danger.
- L’encre Sevin (2) passée sur un ivoire mordu par le muriate de cuivre prend un ton vert-bronze.
- L’ivoire attaqué et teint par le muriate de cuivre vire au bleu pâle quand on trempe la pièce dans un bain d’ammoniaque.
- Une pièce teinte en bleu Wuy pâle qu’on soumet à un bain de muriate de cuivre pendant une ou deux minutes devient plus solide.
- Vert moins éclatant que le précèdent, mais plus net comme gravure. — On l’obtient en faisant mordre d’abord avec le bleu Wuy un peu foncé, puis en laissant longtemps l’ivoire baigner dans un bain de safran non acidulé. Cette nuance est précieuse pour les feuilles et branchages.
- (1) Se vend 2 fr. les 4 grammes, chez Chenal, rue de Rivoli.
- (2) Se trouve rue Saint-Martin près celle de Rivoli.
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- Beau rouge éclatant. — C’est le carmin dissous dans l’eau alcalisée, mais dont la première morsure a été faite par l’acide hydrochlorique à 2 degrés, tenant en dissolution un peu de carmin en poudre sans alcali, rien que pour avoir une morsure rose. L’intensité de la couleur rouge est due à la longueur du bain de carmin non acide.
- Si, après la morsure rose, on met la pièce dans un bain jaune-safran pendant une heure au moins, et qu’on la plonge ensuite dans le bain de carmin pendant deux ou trois heures, on aura un rouge vermillon.
- Rouge-brun ou étrusque. — Teindre d’abord la pièce par le carmin ayant pour base un bain de safran, puis la plonger dans un bain de muriate de cuivre à 3 degrés, pendant quaire minutes environ.
- Un autre moyen consiste à teinter la pièce en jaune-safran foncé par un bain de deux heures environ, et à la plonger ensuite, pendant deux ou trois minutes, dans le. bain de carmin non acide; elle devient d’un rouge sanguin très-convenable pour les fleurs chinoises.
- Violet ou lilas.—C’est la durée du bain qui varie la nuance. Commencez par graver avec l’acide hydrochlorique à 2 degrés teinté rose, ou mieux encore avec un mordant bleu pâle (si le bleu est foncé sur ivoire, vous n’obtiendrez ni violet ni lilas ). Cette première morsure étant d’un bleu clair, passez la pièce au bain carminé alcalisé; vous verrez le bleu tourner au violet ou au lilas. On doit retirer vivement la pièce quand on juge la nuance convenable.
- On ne réussit qu’à la condition que la première morsure sera bleu pâle.
- Noir solide dont la base est le bleu Wuy. — On fait mordre en bleu foncé, et, pour donner plus d’intensité à la teinte, on fait baigner l’ivoire dans un bain bleu sans acide. On étanche et lave, puis, à l’aide d’un pinceau doux, on passe sur les tailles de la gravure un peu d’encre Sevin. Cette encre a la propriété de noircir promptement à l’air; il importe d’en mettre peu à la fois et d’éviter surtout qu’elle ne forme une boue qui élargirait alors la gravure et la rendrait baveuse.
- Même moyen pour les reliefs ou parties défoncées en creux.
- On produit un effet assez joli en faisant mordre tout le dessin en tailles noires comme ci-dessus, puis en cachant avec le vernis tout le fond, on fait mordre et on teint les parties plates en diverses couleurs, si bien qu’on voit le travail de la gravure noire à travers la teinte plate colorée.
- Il est très-important de se rappeler que le bain bleu non mordant, qui est la base du noir, attaque encore un peu l’ivoire en élargissant les tailles, et que l’encre Sevin a aussi une tendance à mordre et élargir; en conséquence, la première morsure devra être très-légère ou très-fine, puisque les bains suivants mordent encore un peu, quoique n’étant pas acides.
- Noir violelé. — C’est d’abord une morsure rouge carminé que l’on recouvre d’une couche légère d’encre Sevin. Le rouge passe au violet et deviendrait très-foncé si on réitérait les applications d’encre.
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- Action (tes acides sy,r l’ivoire.
- On ne s'étonnera pas de voir la matière se boursoufler en sortant d’un bain acide; plus tard la gravure redevient nette. On ne doit pas trop tarder à plonger la pièce dans le bain colorant, afin que les pores ouverts par l’acide n’aient pas le temps de se refermer.
- Comme l’effet d’une partie défoncée creuse est long à se produire, on fera bien de mettre sécher l’ivoire à un soleil doux ou sur un poêle peu chauffé,
- Imitation des dessins en relief des porcelaines du Japon.
- Avec du bon vernis épais et coulant ( peu siccatif), on fait des fleurs ou ornements qui doivent êlre d’un effet large et gras, car, avec un dessin maigre, les parties délicates ne résisteraient pas à l’action du mordant qui doit attaquer le fond. Le vernis étant bien sec, on défonce, avec l’acide à 5 degrés, à une profondeur convenable. Cette morsure se fait à blanc; cependant l’acide laisse, sur l’ivoire, une teinte jaunâtre qui n’est pas déplaisante et qui fait ressortir les parties cachées et réservées par le vernis. Si l’on voulait teinter de suite la pièce et donner une couleur au fond, ce serait le muriate de cuivre qui conviendrait pour bain pendant cinq minutes environ; mais il faudrait laver la pièce à l’eau filtrée avant l’action du muriate, afin d’empêcher le vert d’avoir une teinte jaune. On laisserait bien sécher la teinte donnée par le muriate, puis on passerait à l’Gau filtrée avant de dévernir.
- Quand la pièce est dévernie, on l’essuie avec un linge doux imbibé d’alcool. On revernit en plein sur tous les reliefs avec le vernis liquide à graver, et, quand il est bien sec, on trace à la pointe toutes les retouches du milieu des fleurs ou feuilles. Cela fait, on recouvre, au moyen d’un vernis épais, tous les contours de chaque dessin, précaution sans laquelle l’acide attaquerait le bord des reliefs et le fond serait tout taché. On fera bien également de passer une peau graissée sur les vives-arêtes des dessins avant de vernir au vernis léger; de cette manière, les angles seront mieux préservés, parce que le vernis adhère mieux aux parties arrondies.
- Si le fond doit rester blanc, c’est un dessin vigoureux de ton qu’il faut faire; au contraire, dans le cas d’un fond coloré, un dessin d’un effet clair sera préférable.
- Gravure à •IP' ( relief et taille-douce combinés).
- On procède ainsi :
- Ayant verni au vernis liquide un ivoire bien net, on Irace couleur par couleur avec des pointes variées. Quand toutes les morsures diversement colorées sont faites, on dévernit en plein pour revernir au pinceau et au vernis épais toutes les parties gravées à la pointe, de manière à laisser le fond intact pour le défoncer quand le dessin au vernis épais est bien sec. On fait mordre le fond très creux, si bien que tout le travail en taille-douce se trouve en relief, ce qui produit un bon effet.
- On défonce le fond avec l’acide à 5 degrés et on le colore ensuite; cependant le
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- fond blanc est d’un joli effet, surtout quand le dessin est vigoureux. Au contraire, on donnerait au dessin un effet pâle si le fond était très-coloré.
- Cette manière de procéder étant la plus sûre, je conseille de toujours commencer par la gravure en taille-douce et de terminer par le fond ; par ce moyen le fond n’est jamais taché.
- Il se produit un assez joli effet quand on ne défonce qu’après la gravure en taille-douce, en ce sens que le fond est mat, tandis que les parties gravées à la pointe sont brillantes ; l’effet n’est plus le même quand c’est par le fond qu’on a commencé. Cette dernière manière de graver est aussi la plus commode et la moins fatigante pour la vue.
- On peut défoncer jusqu’à quarante minutes, si l’ivoire est vert et dur, mais trente minutes suffisent ordinairement.
- Plus l’on défonce creux, plus le vert de muriate de cuivre est jaunâtre. En ne faisant mordre le fond que dix minutes au plus, le vert sera réellement vert; mais le défonçage n'est pas assez creux comme effet.
- Gravure à tailles noires recouvertes et colorées par des aplats de couleurs.
- Après avoir tracé à la pointe sur un vernis léger, on fait mordre en bleu, puis on passe à l’encre. On dévernit pour couvrir tout le fond avec un vernis épais, de manière que, si ce sont des fleurs, elles paraissent blanches avec leurs tailles noires. Quand ce vernis épais est sec, on fait mordre en aplat sur les tailles dont la couleur noire ne change pas. Ce genre de gravure est long à exécuter et ne peut convenir qu’aux pièces non sujettes à frottement.
- Les feuilles et branches doivent être gravées en tailles de grosseurs variées, et les fleurs au pointillé varié de points de différentes grosseurs également.
- Imitation de bas-relief en ébène sur Vivoire.
- On procède ainsi r
- Défoncer d’abord à blanc pendant quinze à vingt minutes avec l’acide à 5 degrés; ensuite laisser sécher et passer la pièce au bain bleu mordant à 2 degrés pendant deux minutes au plus. Laisser de nouveau un peu sécher, puis passer à un second bain bleu non acidulé pendant trois minutes environ ; la pièce étant devenue d’un bleu foncé, laisser sécher entièrement. Dévernir à l’essence le vernis épais avec lequel les fleurs ont été faites; bien essuyer et laver à l’alcool. Enfin, pour finir, tremper la pièce, qui, pour le moment, a des effets bleu foncé et blanc d’ivoire, dans un bain bleu mordant pendant une minute seulement, puis dans le bleu acidulé pendant deux minutes, et en dernier lieu dans l’encre Sevin pendant trois minutes environ. On laisse sur l’ivoire une teinte d’encre légère qui, exposée à l’air, deviendra d’un beau noir.
- C’est un dessin largement fait qui convient le mieux à ce genre de gravure.
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- BEAUX-ARTS APPLIQUES A L’iNDUSTRIE.
- 155
- Fond damassé pour jetons et fiches gravés en taille-douce sur ivoire.
- La gravure étant terminée, il s’agit de faire un damas sur le fond de la pièce.
- Après avoir verni en plein avec le vernis liquide sur tout^ la taille-douce gravée au commencement, on trace un fond d’ornements sur le fond du sujet; mais, avant de le faire mordre, on a soin de couvrir avec du vernis épais toutes les parties premièrement gravées, afin d’empêcher qu’elles ne soient mordues à nouveau. On emploie le muriate de cuivre liquide, mordant à 3 ou h degrés. On peut aussi faire mordre le fond tracé à la pointe en bleu pâle, lequel passera au vert, quand on donnera le bain au muriate de cuivre; mais le mieux est le muriate pour les tailles comme pour le fond.
- On laisse agir pendant quatre minutes environ, puis on dévernit le tout. On recommence à couvrir de vernis toutes les parties qui doivent se détacher sur le fond, et, quand le vernis est bien sec, on verse ou on trempe la pièce en plein dans le mordant ( muriate de cuivre ), de sorte que l’acide attaque tout le fond à nu et laisse voir néanmoins le travail à la pointe des ornements qui simulent le damas. Cet effet, quand il est réussi, est très-convenable pour les pièces plates.
- On ne pourrait pas produire ce genre de gravure quand on imite le relief des porcelaines chinoises, parce que, une fois que l’ivoire a sa surface attaquée par l’acide, il est impossible d’y tracer à la pointe un ornement quelconque.
- Attention qu'il faut apporter quand on défonce une pièce en creux pour obtenir
- beaucoup de relief.
- Les différentes natures d’ivoire empêchent de préciser exactement la durée de chaque morsure; ainsi tel ivoire se défoncera en creux en vingt minutes, quand tel autre en demandera trente-cinq à quarante. La température, ainsi qu’on l’a déjà dit, agit aussi sur cette substance ainsi que sur les mordants; ainsi l’ivoire est plus profondément attaqué en été qu’en hiver.
- Comme une morsure de vingt minutes commence à soulever le vernis épais pour relief, je fais mordre en deux ou trois fois; ainsi j’arrête ma première morsure à quinze minutes, je laisse bien sécher, je répare, avec le vernis épais, les parties qui ont pu être endommagées, puis je laisse bien sécher encore ; je reprends et continue la morsure pendant dix ou quinze minutes, je laisse encore sécher, je répare si c’est nécessaire, et je continue de faire mordre si le vernis ne se détache pas, car autrement il vaudrait mieux se priver d’un grand-relief que d’avoir une gravure trop vague.
- C’est donc en procédant par temps d’arrêt qu’on peut éviter que des parties de vernis se détachent; en procédant de cette manière, on a en même temps l’avantage d’obtenir une morsure plus nette qu’en faisant mordre tout d’un jet, surtout quand on prolonge le travail jusqu’à trente-cinq et quarante minutes. Comme l’acide cherche à passer sous le vernis, on doit avoir soin de faire sécher de temps à autre, sans quoi le travail devient baveux sur le bord des fleurs ou ornements.
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- BEAUX-ARTS APPLIQUÉS A l’INDUSTRIE.
- La gravure en taille-douce à la pointe est plus facile à conduire comme morsure ; cependant je dois avertir qu’il y a des ivoires qui sont attaqués en une minute, et d’autres en deux minutes; j’en ai gravé qui étaient même mordus en une demi-minute. Je conseille d’arrêter de minute en minute et, mieux encore, par demi-minute, pour avoir le temps d’examiner les progrès de la morsure. On se rend parfaitement compte de la grosseur des tailles mordues en laissant bien sécher l’ivoire.
- On remarquera qu’une pièce qui sort du bain mordant semble être gravée très-fin; mais, quand l’ivoire se sèche, les tailles grossissent et c’est alors qu’on peut juger de leur profondeur. De même pour les parties défoncées et le relief.
- Couleur sur couleur pour taille-douce.
- On obtient un joli effet en faisant soit un vase, soit une fleur, mordu bleu pour commencer, puis noirci par l’encre; le dessin étant fini et ombré doit donner des ombres en dessous des tailles de couleur que l’on fera ensuite.
- Quand j’ai fait mordre ce premier sujet en noir, pas trop creuoc ni trop large, je dévernis; puis je revernis encore avec le vernis liquide pour tracer ensuite, par-dessus les tailles noires, soit des figures, soit des ornements; j’ai soin de faire peu mordre ces dernières tailles qui doivent être rouges préalablement. Cet effet est très-satisfaisant.
- Outillage.
- L’outillage comprend :
- Quelques éprouvettes de diverses grandeurs bouchées par du liège ; elles servent à faire mordre les manches de couteaux des deux côtés h la fois.
- Plusieurs cuvettes carrées servant à plonger à plat des tablettes d’ivoire destinées à des incrustations sur bois. On renverse la partie tracée sur le vernis sur la surface du liquide mordant.
- Quelques verres à boire pour les jetons et fiches de jeux.
- Une auge en gutta-percha pour les grands bains.
- Un ou deux entonnoirs.
- Quelques bocaux à cols droits bien bouchés au liège graissé pour les sels de cuivre, et le muriate principalement.
- Quelques feuilles de papier joseph pour étancher les pièces sortant du bain.
- Des pointes tranchantes de diverses grosseurs, comme celles dont se servent les graveurs à l’eau-forte.
- Des pinceaux très-fins pour les imitations de relief.
- On use l’ivoire au moyen du papier de verre fin.
- On le rend brillant avec la ponce lavée tamisée fin.
- On le pâlit avec le blanc de Meudon ou du savon noir en pâte et un peu de suif.
- On ravive les couleurs avec l’alcool, puis on passe une peau de mouton graissée de suif. -
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- ARTS MÉCANIQUES.
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- ARTS MÉCANIQUES.
- THÉORIE DE L’ENGRENAGE HYPERBOLOÏDE; PAR M. J. B. BELANGER.
- On emploie depuis assez longtemps, dans les machines de filatures, un genre d’engrenage que, par un trop rapide aperçu, on confond aisément avec un engrenage conique, tandis qu’il en diffère essentiellement, parce que les axes des deux corps tournants ne sont pas dans un même plan. Par cette condition , les axes étant dans la pratique ordinaire à angle droit, le problème de la liaison des deux mouvements de rotation est celui dont la vis sans fin offre une solution ; mais c’est une solution qui ne conviendrait pas dans les machines dont il s’agit par plusieurs raisons et surtout parce que, dans les grandes vitesses, la vis sans fin exige un travail dynamique considérable perdu en frottements.
- L’expérience s’étant prononcée en faveur des engrenages pseudo-coniques que je viens de citer, il était intéressant d’en rechercher la théorie ; c’est le sujet de ce mémoire succinct.
- On sait que le premier pas fait dans l’étude des engrenages cylindriques et coniques consiste à remarquer que la liaison entre les mouvements de deux corps qui tournent, avec un rapport constant de leurs vitesses angulaires, autour d’axes différents situés dans un même plan s’obtient par l’emploi de deux cylindres de friction ( si les axes sont parallèles) ou de deux cônes de friction (si les axes se rencontrent), cylindres ou cônes qui se touchent le long d’une génératrice commune et roulent, sans glisser, l’un sur l’autre. Ces deux surfaces dites primitives une fois déterminées d’après le rapport connu des vitesses angulaires des corps qu’elles entraînent, on les arme le plus souvent de dents, ou plutôt on les remplace par des dents dont les formes doivent être telles que, lorsqu’elles se pressent mutuellement, rien ne soit changé à la loi de liaison des deux mouvements de rotation.
- On a été ainsi conduit à demander quelles seraient les surfaces de révolution qui, en roulant l’une sur l’autre et en se touchant suivant une ligne droite, rempliraient la fonction de surfaces cylindriques et coniques dans le cas le plus général où les deux axes de rotation ne seraient pas dans un même plan. Poser ainsi la question c’est dire que les surfaces cherchées doivent être des hyperboloïdes de révolution, et c’est en effet ce qu’a exprimé le savant auteur d’un ouvrage anglais justement estimé, ayant pour titre Principles of mecanism. Mais, faute d’une étude suffisamment approfondie de la matière, il lui est échappé deux erreurs graves : l’une, d’admettre que deux hyperboloïdes de révolution ayant une génératrice rectiligne commune sont, par cela seul, tangents suivant cette ligne ( will touch along Ihis line ); l’autre, de supposer que la génératrice de contact doit partager la plus courte distance des deux axes en deux parties réciproques aux vitesses angulaires, tandis que, comme on le
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- verra ci-après, lorsque les axes sont à angle droit, ces deux parties, qui sont les rayons des cercles de gorge, doivent être réciproques aux carrés des vitesses angulaires.
- Un modèle en relief très-bien exécuté d’après mes instructions et figures cotées, par M. Clair, habile mécanicien-constructeur, et dont un exemplaire est destiné aux galeries du Conservatoire des arts et métiers, confirme au besoin l’exactitude de la théorie qui va être exposée et dont les résultats s’énoncent d’une manière fort simple ( voir ci-après, page 162). Il est bien entendu que, dans la pratique, un engrenage de ce genre se compose de deux tronçons sensiblement coniques; les surfaces étendues du modèle n’v sont que pour bien faire comprendre quelles doivent être, sur ces surfaces primitives, les directions des génératrices.
- Les considérations qui suivent ne sont que des déductions immédiates de la théorie géométrique due à l’illustre L. Poinsot, sur la rotation des corps solides, qui nous a fait connaître ces deux propositions d’une admirable simplicité :
- 1° Si l’on veut se figurer la relation qui existe entre les vitesses à un même instant des différents points d’un corps solide animé du mouvement le plus général, il suffit d’imaginer ce corps lié à une certaine vis qui tourne actuellement clans son écrou immobile. L’axe de la vis ou axe central du mouvement actuel s’appelle axe instantané
- de rotation et de glissement, instantané parce que, dans le mouvement le plus général du solide, il change continuellement.
- 2° Les positions successives, dans l’espace, de l’axe instantané formant une surface réglée, et ses positions successives dans le système invariable dont fait partie le corps en mouvement en formant une autre, ces deux surfaces sont à chaque instant tangentes tout le long de leur génératrice commune, et elles roulent l’une sur l’autre en glissant suivant cette génératrice qui est l’axe central du mouvement à ce même instant.
- 1. Un corps C tourne autour de l’axe AB, supposé horizontal et dirigé de gauche à droite, avec une vitesse angulaire représentée par la longueur AB et par le nombre w. Un autre corps tourne autour de A'B' supposé dans un plan vertical parallèle à AB, avec une vitesse angulaire représentée par la longueur A'B' et par le nombre —w', le sens de cette rotation autour de A'B étant
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- contraire à celui de la rotation w autour de AB. La plus courte distance ou perpendiculaire commune aux deux axes est l’horizontale AA' = p. L'angle de A'B' et de l’horizontale A'6 parallèle à AB et de même sens est désigné par B'A'6 a.
- Quel est le mouvement du premier corps relativement au second ?
- Imprimons à l’ensemble des deux corps en mouvement une rotation additionnelle contraire à —w'. Le second corps est alors réduit au repos, et le corps C a un mouvement composé de w autour de AB et de w' autour de A'B'. Cherchons l’axe centrai de ce mouvement composé. Pour cela, introduisons autour d’une droite passant par A et parallèle à A'B' ( droite, par conséquent, projetée horizontalement suivant AB, et verticalement suivant A'B' ) deux rotations de grandeurs égales entre elles et de sens opposés : l’une w\ — w', l’autre w'2 — — w'. Les deux rotations w1 et w'2 appartenant ainsi au mouvement relatif du corps C, savoir : w' autour de A'B' et w‘2 de sens opposé autour de l’axe projeté suivant AB et A'B', forment un couple de rotations équivalent à une translation perpendiculaire au plan A A'B', savoir V =pw'. Les deux rotations w et w\, dont les axes représentatifs se coupent en A et se projettent en vraie grandeur en A'6 et A'B', équivalent à une rotation unique AV dont l’axe représentatif se projetterait horizontalement suivant AB et se projette verticalement et en vraie grandeur en A'6"-.
- Le parallélogramme 6A'B'6" donne immédiatement ( voir la figure )
- w
- sin /S'
- J£'_ _ W sin 0 sin «t
- [1]
- trois équations dont deux feront d’abord connaître les angles 0 et 0r'quand les vitesses angulaires ( ou simplement leur rapport ) et l’angle seront donnés, puisqu’on a, par exemple,
- w sin 0 — 10' sin ( & — 0 ) — w' ( sin <* cos 0 — cos «t sin 0 ), d’où
- 1 /ta V WW,
- cos 0 z= — ( —r — cos a. 1; puis on trouvera — ou — à volonté,
- sin a \w } F ta ta'.
- La translation V et la rotation W étant ainsi obtenues, on en conclut, par le moyen connu et comme il suit, la direction de l’axe central et d’abord la vitesse de glissement Yg qui s’y rapporte.
- V perpendiculaire à A'B' se décompose,
- 1° Suivant l’axe A'6" de la rotation W en Vs — V sin H'—pw' sin 0‘zzptc sin 0 [2], formule dont l’interprétation géométrique est très-facile ;
- 2° Perpendiculairement à l’axe de la rotation W, en Y cos 0' = pw' cos translation qui se compose avec W en une rotation simple dont l’axe ayant une vitesse nulle coupe la droite AA' en un point T situé à une distance de A qui, étant désignée par a, est déterminée par l’équation
- W a — pw' cos 0' =z 0.
- La distance TA', désignée par a', serait donnée par l’équation analogue
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- ARTS MÉCANIQUES.
- Wa’ — pic cos £ = 0,
- ce qu’on vérifie d’ailleurs en ajoutant ces deux équations qui donnent la relation évidente d’après le parallélogramme
- Wp ^ p ( te' cos + io cos Æ ),
- On en conclut par division et en recourant aux équations [lj,
- a wC v cos £'
- W ta A cos /3
- sin $ sin
- X
- cos#' cos j3
- et finalement
- a
- af
- tang g tang /3'
- [3]
- 2. Ainsi se trouve déterminée la position de l’axe instantané de rotation et de glissement du mouvement relatif du corps G, à l’instant où nous venons de le considérer. Que devient ce même mouvement relatif à un autre instant? Gè point À' est resté immobile 5 le point A, qui en réalité est fixe aussi, aura, dans le mouvement relatif dont il s’agit, tourné autour de A'B' en vertu de la rotation additionnelle w' attribuée au système des deux corps pour détruire la rotation —w' de celui qui tourne réellement autour du même axe A'B'. Ce point A décrit donc un cercle autour du centre A' dans un plan perpendiculaire à A'B', Le point T en fait autant; et l’axe instantané passant à chaque instant par ce point, toujours perpendiculaire à A'T et toujours faisant avec une parallèle à A'B’ l’angle constant décrit par conséquent un hyperboloïde de révolution, dont le cercle de gorge a pour rayon la distance a' et dont la génératrice rectiligne fait, nous le répétons, avec une parallèle à l’axe, l’angle /S'.
- Ce raisonnement s’appliquant aussi bien à l’axe AB qu’à A'B', on voit que le même axe instantané décrit autour de AB un hyperboloïde dont le cercle de gorge a pour rayon la distance a = AT et dont la génératrice fait avec une parallèle à l’axe l’angle jS.
- Or, suivant la proposition générale de cinématique rappelée à la page 158, les deux hyperboloïdes ainsi engendrés par Taxe central instantané jouissent de la propriété d’être continuellement tangents tout le long d’une génératrice et de rouler l’un sur l’autre en glissant suivant cette même génératrice. La vitesse \s de ce glissement est donnée par la formule [2].
- 3. Il est d’ailleurs facile de construire ou de calculer les hyperboles qui sont les sections méridiennes des hyperboloïdes. Prenant Taxe des x suivant AB et l’axe des y suivant une verticale passant par A, on a pour la méridienne de l’hyperboloïde autour de AB, projetée verticalement en t'm\
- 1/£*•+•xî et b = , ---- — b fang/3
- formules où l’on mettrait pour tang £ su valeur déduite des équations [1].
- La méridienne de l’hyperboloïde dont l’axe est A'B' est obtenue de même par les équations
- y'=*±r W1
- et b' =
- tang jS'
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- Or il résulte de l’équation [3] que les deux demi-axes non transverses b et b' sont égaux, de manière que l’équation de la méridienne relative à l’axe À'B' peut s’écrire ainsi :
- y' = ± y \/p+x\
- et, si l’on compare les deux ordonnées y et y' qui correspondent à des abscisses x égales, on trouve la proportion très-simple et commode pour construire l’une des courbes quand on a l’autre :
- y_— JL
- y' a' *
- 4. Une autre détermination utile est celle de la longueur de la portion A'M d’asymptote ou de génératrice qui correspond à une abscisse AO ou x donnée. En désignant
- cc
- A'M par z, on a simplement z — » ^ ~. Si donc on veut qu’à deux abscisses x et x' ré-
- X 3s
- ponde la même longueur de génératrice, il faut qu’on ait---- — --; et si l’on
- veut calculer y et y' en fonction de la longueur z, on aura entre ces quantités qu’on peut considérer comme une sorte de coordonnées
- y = jh \/<& z% sin2 /S = \A2 tang2 /3 -+- s2 sin2 $,
- et
- y' = + y/a'2H~ sin2 fi' = + Vb* tang2 & -t- z* sin2 î
- d’où l’on conclut que le rapport égal à quand on fait z = 0, c’est-à-dire
- quand y et y' sont les rayons a et a' des cercles de gorge, approche d’être égal à
- sin (î , , .. , w' , .... .
- -:p ,, c est-a-dire a —, a mesure que z augmente, sans jamais atteindre cette limite.
- 5. La théorie de la composition des mouvements qui nous a dirigé dans cette recherche nous donne la certitude que les deux hyperboloïdes tels qu’ils se sont trouvés déterminés sont tangents tout le long de leur génératrice commune; mais il sera peut-être intéressant de vérifier ce fait directement, par des considérations élémentaires.
- Soit proj'eté en M et en M' un point quelconque de la génératrice commune ; désignons par z sa distance au point T. Ainsi z = A'M. Ce point se trouvant sur l’hyper-boloïde dont l’axe est AB appartient à un cercle vertical dont le centre est 0 et dont le rayon est OMj, obtenu par rabattement en faisant = Mm. La tangente au cercle en ce même point est, en rabattement, MXP perpendiculaire à OM^ Sa trace horizontale est donc P, et la trace horizontale du plan langent au premier hyperbo-loide en M ( lequel plan contient la génératrice qui passe en T) est, par conséquent, la droite TP.
- Le même point (M,M') appartient à un cercle du deuxième hyperboloïde, dont le centre est 0' et dont le rayon est M20't obtenu en rabattant LO' en LO', et L' ( M,M' ) Tome VIII. — 60e armée. 2e série. — Mars 1861. 21
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- en L'M2. La tangente au cercle en ce même point est, en rabattement, M2P' perpendiculaire à M20',, et la trace horizontale du plan tangent au deuxième hyperboloïde en ( M,M' ) est la droite TP'.
- Il s’agit de savoir sous quelle condition les deux plans tangents se confondent, et pour cela écrivons
- PM' _ P'L' m
- TM' “ TL' * • *..................... 11
- 1° A cause du triangle rectangle PM,0 on a
- 2° Évidemment
- _ M M, _______z1 sinJ/3 _
- rJU “ M'O “ a ’
- TM' = z cos j3 ;
- 3° Les triangles semblables P'L'M2 et 0',Mimi donnent
- Or
- et
- 4°
- P'L' _ 0'im1. M2L' — M2m, ’
- M2L'= ML =
- Mm _____ z sin /3
- cos a COS cl ’
- M-jWj = a'; donc
- A "
- TL' = AL = ——
- COS a
- O'pn, = O'M = z sin $',
- P'L' = z sin v z sin & • cos a. a' ’
- z cos
- COS CL
- En substituant dans l’équation [4], on obtient
- z1 sin2 /3 az cos $
- z2 sin g sin £' a' cos cl
- X
- COS CL
- z cos jS' ’
- ou après réduction
- tang/3
- a
- tang £'
- c’est-à-dire l’équation [3] ci-dessus, indépendante de z.
- 6. Résumons en une règle simple les principaux résultats de cette théorie.
- Connaissant l’angle a des deux axes, p leur plus courte distance, w et w' les vitesses angulaires des deux hyperboloïdes qui doivent rouler l’un sur l’autre, en glissant suivant leur génératrice de contact,
- 1° Construisez le parallélogramme 6A'B'6" dont les côtés A'6 et A'B' sont parallèles aux axes et proportionnels aux vitesses angulaires w et w1 : la diagonale A'6" sera parallèle à la génératrice de contact des deux hyperboloïdes [1].
- 2° Menez, perpendiculairement à la diagonale, la droite dont la partie aa! interceptée dans l’angle 6A'B' sera égale à la distance p : elle se trouvera divisée à sa rencontre t avec la diagonale en deux parties at et a’t respectivement égales aux rayons AT et A'T des cercles de gorge des deux hyperboloïdes, ce qui détermine en même temps le point T où la génératrice de contact coupe la perpendiculaire commune aux deux axes [3].
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- 3° Portez de A' en at sur la diagonale une longueur égale à p : si vous imaginez que le point at ainsi obtenu tourne, soit autour de Mb avec la vitesse angulaire w, soit autour de À'B' avec la vitesse angulaire w’, la vitesse linéaire de ce point at est alors égale à la vitesse de glissement des deux surfaces.
- 7. Il serait superflu d’insister sur l’analogie frappante des deux hyperboloïdes tangents avec les cônes et les cylindres de friction employés comme organes de liaison de mouvement entre deux corps tournant autour de deux axes fixes situés dans un même plan, avec des vitesses angulaires qui restent dans un rapport constant. Si en réduisant la distance p à zéro on fait concourir les deux axes, les hyperboloïdes deviennent des cônes 5 si en laissant à la distance p une valeur quelconque, on réduit l’angle a à zéro, les deux axes devenant parallèles, les deux hyperboloïdes dégénèrent en cylindres. Dans les deux cas particuliers, suivant la formule [2], la vitesse de glissement Vs devient nulle.
- En général, qu’on trace sur les deux hyperboloïdes exécutés en relief des stries rectilignes fines et très-rapprochées entre elles suivant les génératrices de ces deux surfaces, et que ces stries également espacées sur chaque hyperboloïde soient en nombres inversement proportionnels aux vitesses angulaires, elles rempliront une fonction analogue à celle des dents d’un engrenage conique avec ces deux différences essentielles :
- 1° Que ces stries, pendant le mouvement des deux roues, glissent longitudinalement avec une vitesse qui croît proportionnellement à la distance p des deux axes, toutes autres choses égales ( formule 2 ) 5
- 2° Que les stries ou génératrices devant être, comme nous venons de le dire, en nombres inversement proportionnels aux vitesses angulaires, ne sont pas espacées de quantités égales sur deux circonférences ayant un point commun sur la génératrice de contact, puisque ( n° 4 ci-dessus) les rayons de ces circonférences sont dans un
- rapport qui varie entre t-n^ ^ et sans atteindre cette dernière limite. En
- 1 tang jg* sin M
- d’autres termes, le rapport des pas sur deux circonférences ayant un point commun approche de l’unité à mesure que ces circonférences augmentent, mais n’a nulle part cette valeur.
- 8. Cas particuliers où les axes sont rectangulaires. Il suffit, pour obtenir les formules relatives à ce cas, de faire et=90o dans celles qui ont été établies ci-dessus.
- On aura donc au lieu de [1]
- w _ cos p —
- La formule [2] devient
- L’équation [3] donne
- w’ wt J* ' * n 1 w
- sin 0 * & tang w
- Ye =zpw sin /S — pw' cos $.
- a ,2/5 W
- a. u w*
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- m
- ARTS MÉCANIQUES.
- La valeur de b ( n° 3 ) devient
- b = -w, - = —= l/W.
- 10 ta
- L’hyperbole méridienne dont la vitesse angulaire est w a pour équation y — + ^ l/62 + x* et son paramètre = 2a\
- L’hyperbole méridienne dont la vitesse angulaire est to' est exprimée par
- a> _________ 26*
- y' = jh, æ2 et son paramètre par = 2a.
- Or on sait, et il est facile de vérifier, qu’au sommet d’une section conique quelconque le rayon de courbure est égal au demi-paramètre ( c’est la sous-normale sur le diamètre au sommet ). Donc,
- Le rayon de courbure du fond de la gorge de l’un des deux hyperboloïdes est égal au rayon du cercle de gorge de Vautre hyperboloïde, de sorte que, s’il est permis d’employer cette image vulgaire, les deux surfaces sont en selle l’une sur l’autre de la manière la plus intime.
- Je me propose d’exposer ultérieurement quelques idées sur les formes qu’il convient de donner aux dents d’un engrenage hyperboloïde et sur les moyens de les exécuter en pratique. Une autre question moins difficile sera de calculer le travail du frottement inévitable dans ce genre d’engrenage.
- DESCRIPTION DE LA MACHINE A COUDRE ( SYSTÈME A DEUX FILS DE GROYER ET BAKER ) PERFECTIONNÉE ET CONSTRUITE PAR M. GOODWIN. ( PLANCHE 218. )
- La machine à coudre que nous allons décrire et que représente la planche 218 diffère essentiellement de celle que nous avons déjà publiée (1). Comme celle-ci, elle appartient à la classe des machines à deux fils, mais au lieu d’une aiguille et d’une navette elle possède deux aiguilles; au lieu du point dit de navette que fait la première, elle produit le point double de chaînette. On a reproché, nous l’avons dit précédemment, aux machines à navette les dimensions limitées de cet organe, imposées par la nécessité de lui faire traverser, toujours d’une manière sûre, la boucle formée par le fil de l’aiguille. C’est pour remédier à cet inconvénient, qui a pour résultat de produire, dans le travail, des intermittences indispensables aux changements de bobine, qu’on a imaginé divers systèmes au nombre desquels celui de MM. Grover et Baker.
- La machine de MM. Grover et Baker, à laquelle M. Goodwin, qui l’exploite, a apporté quelques perfectionnements, comprend une aiguille rectiligne verticale, percée près de la pointe comme celle que nous connaissons déjà, et une seconde aiguille de forme curviligne particulière, destinée à remplacer la navette et recevant, autour d’un
- (1) Voir Bulletin de 1860, 2® série, t. VII, p. 339 et suiv.
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- centre invariable, un mouvement alternatif de rotation dans un plan horizontal. Ces aiguilles prennent leur fil sur des bobines correspondantes de grandeur quelconque, dont l’une est placée au-dessus et l’autre au-dessous de la table de travail ; il y a cette particularité que le fil de l’aiguille curviligne doit être environ moitié moins gros que celui de l’aiguille verticale.
- Les deux aiguilles étant disposées l’une au-dessus de l’autre, leur mouvement relatif est combiné de manière à produire l’effet suivant : l’aiguille verticale descend et pénètre jusqu’aux deux tiers environ de sa longueur au travers de l’étoffe; dès qu’elle remonte, le fil qu’elle conduit forme une boucle dans laquelle l’aiguille curviligne s’introduit peu après avec son fil. Mais l’aiguille verticale continuant à remonter entraîne le fil de l’aiguille courbe et repasse bientôt de l’autre côté, en laissant nécessairement sous l’étoffe une espèce de point qui n’est autre que la boucle du fil supérieur dans laquelle se trouve engagé le fil inférieur. Immédiatement après, l’aiguille verticale redescend pour le point suivant, et pendant cette descente l’aiguille courbe revient sur elle-même en enveloppant avec son fil la boucle nouvelle du fil supérieur dans laquelle, par un mouvement analogue à celui que nous venons de décrire, elle va pénétrer dès que l’aiguille verticale arrivée à fond de course reprendra son mouvement ascendant. De cette double combinaison résulte la production, en dessus de l’étoffe, d’une espèce de piqûre, et, en dessous, d’une sorte de cordon un peu saillant, véritable double point de chaînette dans lequel les boucles successives du fil supérieur sont alternativement traversées et embrassées par celles que forme le fil inférieur. C’est pour diminuer autant que possible la saillie de ce cordon que le fil de l’aiguille curviligne, ainsi qu’il vient d’être dit, doit être moitié moins gros que celui de l’aiguille verticale.
- Dans cette machine, la tension des fils est assurée par un système de rondelles jumelles entre lesquelles ils passent, et dont la pression se règle à volonté. Quant au serrage du point, il est facilité par l’action d’un ressort vertical qui tend constamment à repousser de bas en haut le levier qui conduit l’aiguille rectiligne.
- L’entraînement de l’étoffe n’est plus ici produit par une roue d’alimentation comme dans la machine Callebaut ( système Singer )-, il est déterminé par un double mouvement de soulèvement et de translation dans le sens horizontal obtenu à l’aide d’un excentrique de forme spéciale calé sur l’arbre moteur de la machine.
- Enfin la commande est complètement identique à celle d’un rouet à filer, et la transmission s’obtient à l’aide d’une courroie, en sorte que la machine n’emploie aucune espèce d’engrenage.
- Fig. 1. Section longitudinale de la machine passant par le bord de la plaque de fondation qui porte tous les organes.
- Fig. 2. Yue de bout du côté des aiguilles, avec section parallèle faite perpendiculairement à la plaque de fondation pour montrer les organes placés dessous.
- Dans ces deux figures, tout le bas du bâti de la machine se trouve supprimé.
- Fig. 3. Partie de la figure 2 représentée à une plus grande échelle, avec section verticale de la boîte dans laquelle passent la tige de l’aiguille verticale ainsi que celle du presse-étoffe.
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- Fig. 4. Vue des organes de la figure 3 dans un plan vertical perpendiculaire à celui de cette figure.
- Fig. 5. Plan partiel destiné à montrer la forme de l’aiguille curviligne, ainsi que les organes qui produisent l’avancement de l’étoffe.
- Fig. 6. Vue en dessous d’une portion de la plaque de fondation, montrant les dispositions qui servent à régler l’entraînement de l’étoffe.
- Fig. 7. Positions relatives des deux aiguilles au moment où le point va se faire.
- Fig. 8. Indication amplifiée de la couture, les points étant très-espaces et les fils très-lâches pour montrer leur entre-croisement réciproque.
- A, plaque de fondation portant tous les organes et reposant sur une table en bois B évidée en son milieu, qui est la table de travail; quatre cales en caoutchouc C, disposées aux quatre angles de l’évidement, sont interposées entre la plaque et la table pour amortir les vibrations produites par le jeu de la machine.
- La table B repose sur deux supports en fonte D, entre lesquels est placé le volant moteur E.
- Nous allons, comme nous l’avons fait pour la machine à navette, procéder par la description séparée de chacune des trois fonctions qui concourent à la production de la couture.
- Aiguille verticale. — F, support en fonte fixé à la plaque de fondation A ( fig. 1 ) et portant les bras mobiles G, G' qui font mouvoir les deux aiguilles.
- G, G', bras moteurs des deux aiguilles ( fig. 1, 2, 3 et 4 ), disposés parallèlement et réunis d’une manière invariable par un large coude fixé au support F, en un point H qui leur sert d’axe de rotation; c’est le bras G qui fait mouvoir l’aiguille verticale.
- I, boîte rectangulaire verticale faisant corps avec l’extrémité antérieure du support F, à une distance de 0m,060 de la plaque A, et traversée par le porte-aiguille verticale J et par la tige K du presse-étoffe. La face postérieure de cette boîte, qui est venue de fonte avec le support F, est percée d’une mortaise oblongue pour laisser passer l’extrémité du bras G qui conduit le porte-aiguille J; la face antérieure, qui peut s’enlever ( fig. 3 ), est ajustée avec deux vis et sert à maintenir dans leurs glissières les tiges J et R.
- J, tige portant à sa partie inférieure l’aiguille verticale, qui s’y loge dans une rainure et y est fixée au moyen d’un bouton à écrou L; cette tige, qui se meut dans une glissière pratiquée dans la boîte I, est munie d’un petit galet M ( fig. 3 ) qui vient se placer devant la mortaise postérieure de la boîte et est saisi par le bras G muni, à cet effet, d’une fourche. Par suite de cette disposition, on voit que, si le bras G vient à se mouvoir, il fera monter ou descendre la tige J et son aiguille.
- N, bobine supérieure fournissant le fil à l’aiguille verticale ( fig. i et 2 ) ; elle est librement enfilée sur une broche horizontale, portée par la queue recourbée du support F et dont la longueur, variable avec la hauteur de la bobine, se règle à l’aide d’une vis de pression.
- Le fil, dont la direction est indiquée sur la fig. 1 par des flèches, se rend de la bobine entre deux rondelles jumelles O , portées par le bras G ; la pression de ces ron-
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- d’elles, qu’on règle à volonté au moyen d’un ressort à boudin commandé par une vis, a pour but d’assurer la tension du fil.
- En quittant les rondelles 0, le fil passe dans l’œil d’une petite tringle curviligne P, placée près de ces rondelles et destinée à empêcher qu’il n’en sorte.
- De là, il pénètre dans un petit tube Q (fig. 3 et 4) vissé au bras G près de la boîteï, le long de laquelle il se meut avec ce bras; ce tube reposant sur la tête d’un ressort vertical logé dans un petit cylindre Rattaché à la boîte I, il s’ensuit que, toutes les fois que le bras G descend avec son aiguille pour faire un point, le ressort du petit cylindre R est pressé par le tube Q et subit une tension en vertu de laquelle il tend constamment à repousser le bras G et à tirer en haut le fil pour assurer le serrage du point.
- Du tube Q le fil va rejoindre le bouton à écrou L, qui sert de presse-aiguille, traverse ce bouton et arrive enfin à l’œil de l’aiguille.
- S, support de l’axe de rotation de l’aiguille curviligne; il est vissé sous la plaque de fondation A, et est percé d’une cavité dans laquelle vient se loger l’aiguille verticale chaque fois qu’elle a traversé l’étoffe. Ainsi cette aiguille accomplissant sa descente traverse la plaque de fondation A en perçant l’étoffe et, continuant sa course, s’enfonce avec son fil dans la cavité du support S; mais aussitôt elle se relève en faisant une boucle , et c’est au moment où elle commence à remonter que l’aiguille curviligne , ainsi qu’on le verra plus loin, s’engage dans cette boucle avec son propre fil. Il est essentiel de remarquer qu’au point de contact avec le ressort du cylindre R le petit tube Q est coupé et laisse le fil à jour, en sorte que la tête du ressort appuie sur le fil lui-même. Celte disposition est indispensable afin que, dans le premier moment du relèvement du bras G, le fil ne soit pas tiré de suite et permette à la boucle qui se forme sous l’étoffe de subsister assez de temps pour que l’aiguille curviligne puisse la traverser.
- Les bras G, G' étant invariablement solidaires l’un de l’autre , il suffit donc de commander le second pour que le premier fonctionne et donne le mouvement à l’aiguille verticale.
- Aiguille curviligne.—T est l’aiguille curviligne ; sa tête forme le centre autour duquel elle tourne, sa pointe est située à l’extrémité de la courbe ( fig. 5 ) et enfin elle est munie, extérieurement, d’une gorge ou rainure ( fig. 3 et 4) dans laquelle est placé le fil qu’elle conduit. Fixée horizontalement par sa tête sur un arbre vertical U, elle accomplit autour de son centre deux mouvements de rotation, l’un de gauche à droite et l’autre de droite à gauche, le premier consistant à envelopper les deux brins du fil de l’aiguille verticale au moment où celle-ci arrive au bas de sa course descendante, le second à pénétrer avec son fil dans la boucle que l’aiguille verticale fait en remontant; dans les figures 5 et 6, on voit ce second mouvement près de s’accomplir.
- U, arbre vertical porteur de l’aiguille curviligne ; sa partie supérieure est maintenue dans un collier que lui présente le support S et sa partie inférieure tourne dans une crapaudine à vis qu’on peut élever ou abaisser au moyen d’un écrou. Tordu en hélice vers le milieu de sa hauteur et conduit par le bras G', cet arbre reçoit un mouvement de rotation alternatif, qui a pour effet de produire les deux mouvements de l’aiguille curviligne expliqués ci-dessus.
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- Le bras G’ qui commande l’arbre U porte à cet effet, à son extrémité antérieure, deux entailles parallèles, situées dans deux plans perpendiculaires, l’une horizontale V qui embrasse l’arbre U, l’autre verticale W dans laquelle est engagé un manneton Z animé d’un mouvement de rotation vertical. La rotation de ce manneton détermine donc le relèvement et l’abaissement du bras G’, ainsi que le mouvement de l’arbre U et de son aiguille.
- a est la bobine alimentaire de l’aiguille curviligne (fig. 1 ) • elle est librement enfilée sur une broche horizontale, fixée sous la table B.
- b (fig. 1 et 2) est un système de rondelles jumelles analogue au système O, entre lesquelles passe le fil de cette bobine avant de se rendre à l’aiguille T.
- En sortant de ces rondelles qui le pressent suffisamment pour assurer sa tension, le fil arrive à l’aiguille; il entre librement dans l’intérieur de la courbe vers le coude t (fig. 5 ), passe par un premier œil que lui présente ce coude, suit la gorge extérieure de l’aiguille, et ressort par une autre ouverture ménagée près de la pointe.
- La figure 7 indique les positions relatives des deux aiguilles au moment où celle de dessous va entrer dans la boucle formée par l’aiguille verticale.
- Entraînement de l’étoffe. — c, petite plaque striée ( fig. 3 et 5 ) disposée horizontalement sous l’aiguille verticale, dans un évidement de la plaque de fondation A; c’est sur elle que se place la portion de l’étoffe qui doit recevoir le point.
- d, presse-étoffe maintenant l’étoffe sur la plaque striée c; c’est une patte recourbée, terminée en avant par une fourche dans laquelle passe l’aiguille verticale, et fixée, par son extrémité relevée, à la tige K qui glisse dans la boîte I. Un ressort à boudin entourant le bas de cette tige et prenant son point d’appui contre la boîte I détermine la pression de la patte sur l’étoffe.
- e, levier coudé disposé en haut de la boîte I sur la tige K (fig. 1 et 2) et servant à relever le presse-étoffe par un simple mouvement de bascule.
- Supposons l’aiguille verticale remontant et sa pointe apparaissant au-dessus du presse-étoffe ; à ce moment un point de la couture venant d’être fait, il est nécessaire que l’étoffe soit entraînée aussitôt d’une petite quantité dans le sens de la flèche indiquée sur les figures 2 et 3, afin de présenter sa surface au nouveau point qui va se faire. Or cet entraînement a lieu par un double mouvement de soulèvement et de translation horizontale de la plaque striée c, lequel mouvement est obtenu de la manière suivante :
- f, cadre en fonte fixé sous la plaque de fondation A ( fig. 2 et 3 ) et portant tous les organes disposés sous la table; le support S n’est qu’un appendice de ce cadre, ainsi que celui qui soutient la crapaudine à vis dans laquelle tourne l’arbre U.
- g, plaque verticale mobile, en forme de console, portant la plaque striée c et engagée dans la tête h du cadre f, au moyen d’une fente verticale formée par une double paroi dans laquelle elle peut glisser.
- n', excentrique calé sur un arbre horizontal qui tourne dans deux collets venus de fonte avec les montants du cadre f. Les deux parties de cet excentrique ne forment qu’une seule pièce venue de fonte, et ont chacune une fonction différente :
- La rondelle i de plus grand diamètre porte le manneton Z, conducteur du bras G’; en
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- outre, son épaisseur est variable, et par conséquent, toutes les fois que pendant sa rotation la partie la plus large vient se présenter devant la plaque g, elle repousse cette plaque en la faisant glisser dans la fente du cadre f. Néanmoins l’amplitude de l’excursion horizontale de la plaque g reste indépendante de l’écart entre les épaisseurs maxima et minima de la rondelle i, parce que le talon de cette plaque ne vient pas toucher le parement de la rondelle dans sa partie la moins épaisse.
- Quant à la partie i' sur laquelle repose la plaque g, elle constitue l’excentrique proprement dit, et relève cette plaque au moment même où elle va être repoussée.
- Il suit de là que la plaque g reçoit un double mouvement de soulèvement et de translation horizontale, et la construction de l’excentrique est telle, que ces deux mouvements se produisent l’un à la suite de l’autre en commençant par celui de soulèvement qui dure jusqu’à ce que celui de translation soit terminé.
- Cela posé, on comprend que la plaque striée c, étant elle-même soulevée, va soulever en même temps l’étoffe qui repose sur elle ainsi que le presse-étoffe, et quelle entraînera ensuite l’étoffe horizontalement, en la faisant glisser sous la patte recourbée d\ mais, dès que cet entraînement aura eu lieu, la plaque striée redescendra en place avec le presse-étoffe et, déposant l’étoffe, reviendra sans elle à son point de départ.
- Ce retour au point de départ est obtenu par le jeu d’un ressort à boudin horizontal, attaché à la plaque g et logé dans la fente du cadre / (les figures 3 et 5 indiquent ce ressort en traits ponctués); ce ressort se tend quand la plaque g est poussée horizontalement par l’excentrique et se détend pour la ramener au point de départ.
- La course horizontale de la plaque striée représentant l’espacement des points, il est nécessaire de pouvoir la faire varier à volonté. Voici par quel artifice on obtient ce résultat :
- j est un petit levier courbe fixé sous la plaque de fondation A en un point autour duquel il peut tourner, et dont la queue traverse la plaque g et la tête du cadre f par une fente horizontale (fig. 3, 4 et 5). La fente de la plaque g venant butter contre ce levier, lorsque le ressort à boudin se détend, on comprend que de la position du levier dépend la course de la plaque et, par conséquent, l’espacement des points; or cette position se règle à la main en faisant glisser la queue du levier sous la plaque de fondation A, qui porte, à cet effet, une série d’encoches disposées en arc-de-cercle (voir fig. 6).
- Communication du mouvement. — k est une poulie calée sur l’arbre de l’excentrique i i\ entre les montants du cadre /; ainsi qu’on l’a vu plus haut, elle commande l’entraînement de l’étoffe au moyen de l’excentrique u’ et le jeu des deux aiguilles à l’aide des bras G, G’ et du mannetonZ placé sur la circonférence de l’excentrique.
- Le mouvement est transmis directement à la poulie k par une courroie qui la relie au volant E (fig. 1 ), et celui-ci est commandé par un jeu de bielle et de pédale qu’on a jugé inutile de représenter.
- I est une espèce de soucoupe vissée sous le cadre f et destinée à recueillir l’huile qui s’écoule lorsqu’on vient de lubrifier les organes moteurs.
- Fonctionnement de la machine. — Supposons l’aiguille verticale en haut de sa course, c’est-à-dire prête à descendre; voici quelles sont, à ce moment, les positions relatives des autres organes :
- Tome VIII. — 60e année. 28 série. — Mars 1861.
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- 1. L’aiguille curviligne a sa pointe tournée en avant, la partie rectiligne étant placée parallèlement à l’axe de rotation de la poulie motrice k.
- 2. La plaque striée c vient d’opérer sa translation horizontale en entraînant l’étoffe, et reste encore soulevée avec le presse-étoffe.
- Au moment où l’aiguille verticale redescend, la plaque striée et le presse-étoffe cessent d’être soulevés, et la première revient en place.
- Mais l’aiguille verticale continue à descendre et, aussitôt qu’elle passe dans la fourche de la patte recourbée du presse-étoffe, l’aiguille curviligne, se mouvant le talon en avant, opère une révolution de gauche à droite et vient se placer dans la position des figures 5 et 7, un peu avant que l’aiguille verticale ne soit arrivée au fond de sa course dans la cavité du support S.
- Immédiatement après, l’aiguille verticale se relève, et à peine a-t-elle commencé sa course ascendante, que l’aiguille curviligne, poussant sa pointe en avant, fait une révolution de droite à gauche, s’introduisant alors avec son fil dans la boucle du fil vertical, et vient se remettre dans la position 1.
- Aussitôt qu’elle est revenue dans cette position et au moment où la pointe de l’aiguille verticale va reparaître au-dessus de l’étoffe, c’est-à-dire au moment où le point est terminé, la plaque striée et le presse-étoffe se soulèvent, et la première opère avec l’étoffe son mouvement de translation pendant que l’aiguille verticale termine sa course ascendante-, les organes se trouvent alors dans les positions 1 et 2, et le travail recommence.
- Cette machine fonctionne avec une très-grande rapidité qu’expliquent l’absence de tout engrenage et la commande directe de tous les organes; elle peut faire 1,500 points par minute et elle se prête à un grand nombre de travaux divers, pour lesquels elle emploie, comme dans les autres machines, des guides de différentes formes.
- On peut lui reprocher de fournir une couture moins solide, quoiqu’un peu plus élastique, que celle de la machine à navette de Singer; mais, si l’on songe que, pour que cette couture se défasse, il faut au moins que trois boucles successives en dessus de l’étoffe et trois boucles en dessous parfaitement correspondantes viennent à casser, on reconnaîtra que le travail de cette machine peut être utilisé dans bien des circonstances où l’usure du point est, pour ainsi dire, nulle. ( M. )
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- RECHERCHES CHIMIQUES SUR LES COMBUSTIBLES MINÉRAUX, PAR M. E. FREMI.
- o Les études que je poursuis depuis longtemps sur les tissus des végétaux et dont l’Académie connaît déjà les principaux résultats devaient naturellement me conduire à déterminer les caractères chimiques des combustibles minéraux, et à rechercher si les substances qui les constituent présentent quelque analogie avec celles qui forment les tissus non altérés des végétaux,
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- « En admettant, avec tous les géologues, que la tourbe, le lignite, la houille et l’anthracite se sont formés dans des circonstances différentes et qu’ils appartiennent à des terrains d’âges variables, j’ai voulu suivre, dans ces variétés de combustibles, le degré d’altération du tissu organique.
- « L’étude de la tourbe ne m’a présenté aucun fait réellement nouveau : à côté des organes élémentaires non altérés que l’on rencontre en si grande quantité dans la tourbe fibreuse, j’ai trouvé, suivant l’état d’altération de ce combustible, des proportions variables de ces composés bruns, neutres ou acides, azotés ou non azotés, que nous désignons, dans notre ignorance, sous le nom général de composés ulmiques : la présence de ces corps, qui ont été étudiés déjà par notre confrère M. Payen, vient, du reste, établir une distinction très-nette entre les tourbes et les tissus organiques non altérés.
- « L’examen chimique des iignites devait m’offrir plus d’intérêt.
- a J’ai eu le soin de distinguer, dans mes recherches sur les Iignites, les échantillons présentant encore l’organisation ligneuse d’avec ceux qui offrent souvent l’aspect et la compacité de la houille.
- « Les premiers constituent le lignite xyloïde ou bois fossile; les seconds forment le lignite compacte et parfait.
- « Au point de vue des caractères chimiques, toutes les variétés de lignite que j’ai examinées rentrent dans les deux espèces précédentes.
- « Quoique le lignite xyloïde ait souvent la ténacité et l’apparence du bois ordinaire, j’ai reconnu que, dans ce combustible, le tissu ligneux a éprouvé une profonde modification : il se réduit en poudre fine par la trituration; soumis à l’action d’une dissolution étendue de potasse, il cède à l’alcali une quantité considérable d’acide ulmique.
- « Les deux réactions suivantes viennent établir une différence bien tranchée entre le bois ordinaire et le lignite xyloïde.
- « Lorsque l’acide azotique réagit à chaud sur le bois, il dissout une partie seulement des fibres et des rayons médullaires, et laisse la matière cellulosique très-pure qui se dissout sans coloration dans l’acide sulfurique concentré et qui jouit de toutes les propriétés que notre confrère M. Payen a étudiées avec tant de précision.
- « Dans les mêmes circonstances, le lignite xyloïde est attaqué avec une grande énergie et transformé complètement en une résine jaune, soluble dans les alcalis et dans un excès d’acide azotique.
- « Lorsqu’on soumet comparativement le bois et le lignite xyloïde à l’action des hypochlorites, on constate également entre ces deux substances des différences très-nettes.
- « Les hypochlorites exercent sur le bois une réaction qui peut être comparée à celle de l’acide azotique ; ils dissolvent rapidement une partie des fibres et des rayons médullaires et laissent la matière cellulosique à l’état de pureté.
- « Le lignite xyloïde est attaqué par les hypochlorites alcalins, se dissout presque entièrement dans ce réactif et ne laisse que des traces impondérables de fibres et de rayons médullaires incolores.
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- « Il résulte donc des faits qui précèdent que, lorsque les tissus ligneux sont arrivés à cet état de modification qui constitue le lignite xyloïde, tout en conservant l’apparence du bois, ils ont éprouvé dans leur substance une modification profonde et contiennent alors des principes immédiats nouveaux, caractérisés par leur solubilité complète dans l’acide azotique et dans les hypochlorites.
- « Après avoir déterminé les caractères chimiques du lignite xyloïde, il était intéressant de rechercher si le lignite compacte qui ne présente plus la texture des tissus ligneux, qui est noir et brillant comme la houille, et qui offre souvent avec cette dernière substance des analogies qui mettent en défaut les ingénieurs les plus exercés, conserverait les caractères chimiques du lignite xyloïde ou s’il se rapprocherait des houilles.
- « Au point de vue géologique, cette étude comparée du lignite xyloïde, du lignite compacte et de la houille me paraissait aussi d’une grande importance : si, en effet, il existait un rapport certain entre l’état d’altération des combustibles minéraux et l’âge des terrains qui les contiennent, on comprend quel serait l’intérêt, pour la géologie, de posséder un caractère chimique qui permît d’apprécier nettement le degré de modification du corps organique et de déterminer l’âge d’un terrain d’après l’état d’altération du combustible minéral qui s’y trouve. Je me suis donc appliqué à trouver une série de réactifs chimiques agissant différemment sur les combustibles minéraux, et me permettant d’ordonner la série de leurs variétés suivant leur degré d’altération et les caractères chimiques qu’ils pourraient ainsi présenter. Les réactifs que j’emploie sont la potasse, les hypochlorites, l’acide sulfurique et l’acide azotique : je tiens compte également des caractères excellents qui ont été donnés par M. Cordier.
- « J’ai démontré précédemment qu’il n’était pas possible de confondre le tissu ligneux avec le lignite xyloïde, ce dernier corps étant soluble dans les hypochlorites et dans l’acide azotique. Le lignite compacte, ne présentant plus d’apparence d’organisation, ne peut être confondu qu’avec certaines variétés de houille. Le mode de combustion, la réaction sur le tournesol des produits volatils et la couleur de la poussière forment déjà, comme on le sait, des caractères distinctifs très-importants : les réactifs chimiques viennent donner, à cet égard, un dernier degré de certitude. Lorsqu’on soumet, en effet, un lignite compacte à l’action de la potasse concentrée, on voit quelquefois la liqueur se colorer en brun et dissoudre une petite quantité d’acide ul-mique; mais ordinairement la liqueur alcaline ne réagit pas sur le combustible : ce qui établit immédiatement une distinction entre le lignite xyloïde et le lignite compacte.
- « J’ai toujours reconnu que les lignites qui résistent à l’action de la potasse sont ceux qui, par leur gisement, se rapprochent le plus des terrains houillers.
- « Les lignites compactes, noirs et brillants comme la houille, se dissolvent entièrement dans les hypochlorites alcalins, sont attaqués avec la plus grande rapidité par l’acide azotique, et produisent la résine jaune dont j’ai déjà parlé en traitant du lignite xyloïde.
- « Les deux caractères que je viens d’indiquer ne permettent donc pas de confondre les lignites et les houilles. Ces derniers combustibles, en effet, ne se dissolvent pas
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- dans les hypochlorites et ne sont attaqués que lentement par l’acide azotique. J’ai soumis à l’épreuve des hypochlorites presque toutes les houilles importantes appartenant à des étages différents, et j’ai vu constamment ces combustibles résister à l’action du réactif chimique : ce caractère me paraît avoir une telle valeur, que, lorsqu’on rencontre, par exception, une houille que les hypochlorites attaquent légèrement, il y a lieu d’examiner si le combustible qui offre cette propriété exceptionnelle est réellement de la houille ; car on conçoit que dans les terrains houillers il puisse exister des matières végétales inégalement décomposées.
- « La houille et l’anthracite qui résistent à l’action des dissolutions alcalines et à celle des hypochlorites se dissolvent, d’une manière complète, dans un mélange d’acide sulfurique monohydraté et d’acide azotique : la liqueur prend une coloration brune très-foncée et tient en dissolution un composé ulmique que l’eau peut précipiter complètement.
- « Je ne me suis pas proposé, dans ce travail, d’apprécier les influences qui ont pu transformer les tissus organiques en combustibles minéraux : je dois cependant signaler ici une observation qui me paraît intéressante.
- « J’ai reconnu que le tissu ligneux, exposé pendant plusieurs jours à une température de 200°, éprouve des modifications successives et donne naissance à des corps entièrement comparables à ceux que l’on trouve dans les lignites : les premiers sont solubles dans les alcalis et correspondent au lignite xyloïde ; les seconds sont insolubles dans les alcalis, mais se dissolvent entièrement dans les hypochlorites comme le lignite compacte.
- « Tels sont les faits nouveaux que je voulais soumettre à l’Académie : ils ont pour but, comme on le voit, de faire intervenir les caractères chimiques dans l’étude des combustibles minéraux et me paraissent conduire aux conséquence suivantes :
- « 1° En traitant les combustibles minéraux par les réactifs que j’ai indiqués, on reconnaît qu’avec l’âge les caractères chimiques des tissus s’effacent peu à peu et la matière organique se rapproche d’autant plus du graphite qu’elle est prise dans des terrains plus anciens : j’établis cependant ici une exception pour les terrains qui ont été modifiés sous l’influence du métamorphisme. Mes recherches s’accordent donc complètement avec les travaux de notre confrère M. Régnault, qui était déjà arrivé à la conséquence que je viens d’énoncer dans ses importantes recherches analytiques sur les combustibles minéraux.
- « 2° Le premier degré d’altération du tissu ligneux, qui est représenté par la tourbe, est caractérisé par la présence de l’acide ulmique, et aussi par les fibres ligneuses ou les cellules des rayons médullaires que l’on peut purifier et extraire en quantité très-notable au moyen de l’acide azotique ou des hypochlorites.
- « 3° Le second degré de modification correspond au bois fossile, au lignite xyloïde : il est en partie soluble dans les alcalis comme le corps précédent ; mais son altération est plus profonde, car il se dissout presque entièrement dans l’acide azotique et dans les hypochlorites.
- « 4° Le troisième état d’altération est représenté par le lignite compacte ou par-
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- fait : les réactifs manifestent déjà, dans celte substance, un passage de la matière organique à la houille : ainsi les dissolutions alcalines n’agissent pas, en général, sur le lignite parfait; ce combustible est caractérisé par sa solubilité complète dans les hypochlorites et dans l’acide azotique.
- « 5° Le quatrième degré de modification correspond à la houille, qui est insoluble dans les dissolutions alcalines et dans les hypochlorites.
- « 6° Le cinquième état d’altération est l’anthracite, qui se rapproche évidemment du graphite, qui résiste aux réactifs pouvant modifier les combustibles précédents et que l’acide azotique n’attaque qu’avec une extrême lenteur.
- « On voit donc que les réactions chimiques viennent confirmer ici la classification des combustibles minéraux qui est admise par les géologues.
- « Je suis loin de penser cependant que le lignite, la houille et l’anthracite, qui sont caractérisés aujourd’hui par leur composition élémentaire et par leurs réactions chimiques, constituent les seules modifications que les matières organiques ont éprouvées en se changeant en combustibles minéraux. Il doit exister des transformations intermédiaires des tissus organiques, qui correspondent aux différences que l’industrie a signalées depuis longtemps dans les diverses espèces de lignites et de houilles.
- « Mais les réactifs sont-ils assez sensibles pour caractériser ces différentes variétés dans un même combustible minéral, dans les houilles sèches ou grasses, ou bien dans les différents étages d’une même couche de houille? C’est cette question que j’examinerai dans une prochaine communication. » ( Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences. )
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- action de la lumière sur un mélange de perchlorure de fer et d’acide tar-
- TRIQUE : APPLICATIONS A L’iMPRESSION PHOTOGRAPHIQUE ; NOTE DE M. POITEVIN.
- « Depuis longtemps on a observé que les sels de sesquioxyde de fer sont ramenés à l’état de sels de protoxyde par la lumière et en présence de certains composés organiques, tels que l’alcool, l’éther, etc. Ayant eu pour but d’appliquer cette propriété à l’impression photographique, j’ai recherché des substances réductrices non volatiles. Les sels de sesquioxyde d’urane, réduits eux-mêmes par la lumière en présence des corps organiques (le papier, par exemple), réagissent sur les sels de fer au maximum, par le sel de protoxyde d’urane qui se forme d’abord; l’acétate d’ammoniaque, l’al-loxanthine, la glycérine, et surtout l’acide tartrique, m’ont également fourni des réactions très-nettes et utilisables en photographie. Bien que cette réduction soit commune à tous les sels de fer au maximum, et même au peroxyde de fer que j’ai également expérimenté, je me suis arrêté à l’emploi d’un mélange de perchlorure de fer et d’acide tartrique. Je ne parlerai donc ici que de ces deux corps.
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- « La formation partielle du gallate de sesquioxyde de fer sur le papier ou sur d’au-tres surfaces, pour y produire des images photographiques, est basée sur la réduction du perchlorure de fer en protochlorure, qui se forme seulement aux endroits soumis à l’action de la lumière.
- « L’application des poudres de charbon ou d’autres couleurs et corps vitrifiables repose sur une autre propriété que je crois avoir observée le premier, c’est que le perchlorure de fer et l’acide tartrique, dissous dans de certaines proportions et appliqués sur une surface quelconque, desséchés soit artificiellement, soit spontanément dans l’obscurité, donnent une couche unie d’un composé non cristallin et non hy-groscopique, et qui reste tel tant qu’il est conservé à l’abri de la lumière, mais qui devient déliquescent au soleil ou à la lumière diffuse. J’ai constaté dans les parties influencées par la lumière la présence du protocblorure de fer, qui est déliquescent, et celle d’un corps à réaction acide et très-avide d’eau, qui a dû se former par la réaction du chlore sur l’acide tartrique; c’est surtout ce dernier produit qui joue le plus grand rôle dans l’application des poudres sèches sur les surfaces photogéniques que j’emploie, car il ne s’en forme pas assez pour happer les poudres, lorsque je diminue la dose d’acide tartrique. Voici mes moyens d’opérer :
- « 1° Pour l’impression au gallate de fer (encre ordinaire), je fais une dissolution contenant 10 grammes de perchlorure de fer pour 100 grammes d’eau; j’y ajoute 3 grammes d’acide tartrique, je la filtre et la conserve à l’abri de la lumière. Pour préparer le papier, je verse ce mélange dans une cuvette, et j’applique successivement à sa surface chaque feuille, en observant qu’il ne reste pas de bulles d’air interposées; je la retire aussitôt et la suspends pour la laisser sécher dans l’obscurité, ou bien, après égouttage, je la sèche au feu. Le papier.ainsi préparé peut se conserver longtemps; il est d’une couleur jaune foncé. Pour l’impressionner, on le met dans la presse sous un cliché photographique direct ou sous le dessin à reproduire, on le laisse exposé à la lumière traversant les blancs de l’écran, jusqu’à ce que la couleur jaune ait disparu, et qu’une image en jaune foncé se détache sur le fond blanc du papier. Pour transformer ce dessin en noir d’encre, je plonge rapidement la feuille impressionnée dans de l’eau distillée, puis dans une dissolution saturée d’acide gallique, ou dans une infusion de noix de galle, ou bien d’un mélange d’acides gallique et pyrogallique, selon le ton noir que je désire obtenir. Dans l’un ou l’autre cas, l’acide organique forme de l’encre, seulement sur les parties où le perchlorure de fer n’a pas été décomposé, et il est sans action sur le protochlorure qui recouvre les autres où la lumière a agi. On a donc ainsi une impression directe. Pour fixer cette image, il suffit de la laver à l’eau distillée ou à l’eau de pluie.
- « 2° Impression au charbon et aux couleurs en poudre, vitraux photographiques, peinture sur porcelaine et sur émail, etc.
- « En pratiquant le mode d’impression précédent, j’ai remarqué que le papier impressionné était devenu très-perméable à l’eau dans les parties insolées. J’ai utilisé cette propriété pour y former des images avec des poudres quelconques ; il m’a suffi, pour cela, de mouiller avec de l’eau gommée le revers de la feuille : cette eau traverse
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- le papier et retient les couleurs en poudre que l’on applique avec un pinceau. Plus tard, en remplaçant le papier par des surfaces de verre dépoli, en les recouvrant du mélange précité et les séchant, je remarquai qu’après leur exposition à la lumière à travers un négatif les parties influencées se recouvraient spontanément d’humidité, et que la préparation, de sèche, était devenue déliquescente dans ces parties seulement ; ce fait m’a conduit au nouveau mode d’impression que je vais décrire.
- « Je fais deux dissolutions, l’une contenant 16 grammes de perchlorure de fer pour 100 grammes d’eau, l’autre 8 grammes d’acide tartrique pour 100 grammes d’eau; des volumes égaux de ces deux liquides sont mélangés au fur et à mesure de l’emploi. Sur des surfaces de verre dépoli et douci, et parfaitement nettoyées, ou bien sur des surfaces de glace polie, mais préalablement recouvertes de collodion ou autre subjec-tile, je verse le mélange précité, je l’étends et fais égoutter l’excès; je laisse ensuite sécher spontanément dans l’obscurité ces plaques de verre posées soit sur champ, soit horizontalement, ou les fais sécher au feu, selon l’épaisseur de la couche de préparation que je désire obtenir. La plaque, séchée, peut être conservée très-longtemps avant de l’employer. L’impression se fait à travers un négatif du dessin; elle peut être de cinq à dix minutes au soleil : ce temps varie d’ailleurs selon la saison et l’intensité du négatif. Au sortir de la presse, le dessin est peu visible sur la plaque, mais il le devient bientôt par la buée d’humidité qui se forme seulement sur les parties impressionnées. Celte couche humide me permet de faire adhérer des poudres quelconques partout où elle existe, et le dessin apparaît graduellement sous un pinceau chargé des couleurs sèches. L’épreuve peut être conservée ainsi : elle est inaltérable, mais il vaut mieux enlever à l’alcool acidulé, puisa l’eau, les parties de la préparation non modifiées par la lumière (elles sont peu solubles dans l’eau pure); sécher ensuite la plaque et vernir le dessin. On obtient ainsi un transparent. Si l’on veut obtenir une peinture sur verre, on emploie, pour le poudrage, des oxydes minéraux ou des émaux en poudre, et l’on soumet les plaques de verre dans un moufle à une température suffisante pour liquéfier le fondant ou l’émail; on opère de même sur des surfaces de porcelaine ou émaillées.
- « Lorsqu’il ne s’agit que d’obtenir une épreuve sur papier, j’emploie des poudres de charbon ou autres couleurs insolubles dans l’eau, je verse sur la surface portant le dessin une couche de collodion normal, je lave à l’eau acidulée pour enlever l’excès de préparation et détruire l’adhérence du collodion à la plaque, et j’enlève cette couche au moyen de papier gélatiné; il ne reste aucune trace du dessin sur la surface du verre. Je gomme ou vernis l’image pour la solidifier, et je colle l’épreuve sur carton.
- « J’ai également observé que cette préparation au perchlorure de fer et à l’acide tartrique avait la propriété de retenir les corps gras seulement sur les parties qui ne reçoivent pas l’action de la lumière, et j’en ai fait un nouveau moyen d’impression photographique à l’encre grasse et de gravure chimique. » (Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences.)
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- SÉRICICULTURE.
- NOTE SUR L’OBSERVATION MICROSCOPIQUE DES GRAINES DE VERS A SOIE AVANT ET PENDANT L’INCUBATION, PAR MM. LALLEMAND ET SIRODOT.
- « Le professeur Cornalia, de Milan, a publié tout récemment un aperçu sur la maladie des vers à soie, dans lequel il indique un moyen pratique de décider à l’avance si les graines doivent donner naissance à des vers sains ou malades. Ce procédé consiste essentiellement dans l’observation microscopique des graines après une incubation plus ou moins prolongée, ou même des jeunes vers après l’éclosion. Cette méthode préventive a vivement excité l’intérêt des éducateurs du Midi, qui, forcés de s’approvisionner de graines provenant des pays non infectés par l’épidémie, n’ont aucun moyen de contrôler leur origine, et sont souvent victimes de fraudes commerciales. Ce procédé d’investigation exigeant un fort grossissement et, par suite, une certaine habitude du microscope, quelques éducateurs du Midi nous ont envoyé des échantillons de graines de diverses provenances, avec prière de vérifier les assertions de M. Cornalia.
- « Cette étude nous a conduits à des résultats assez nets pour qu’il nous ait paru utile de les publier, et nous demandons à l’Académie la permission de les lui exposer.
- « D’après les indications du micrographe italien, il suffit d’écraser quelques graines incubées entre deux lames de verre et au sein d’une goutte d’eau ; d’observer ensuite, à un grossissement de 500 à 600 diamètres, la pulpe grisâtre qui s’en échappe : an milieu de gouttelettes ou globules arrondis qui couvrent le champ du microscope, on . constate la présence ou l’absence de corpuscules elliptiques d’apparence celluleuse, que M. Cornalia appelle corpuscules oscillants y probablement parce qu’ils sont doués du mouvement Brownien, commun du reste à toutes les particules très-ténues en suspension dans un liquide. La présence de ces particules ovoïdes serait l’indice de graines déjà infectées et devant donner naissance à des vers malades. Dans fè cas contraire, les graines produiraient des vers sains.
- « Les expériences nombreuses que nous avons faites pendant le mois de janvier nous ont montré que ces corpuscules allongés ont une densité supérieure à celle de toutes les autres matières en suspension dans l’eau, et résident toujours dans la couche inférieure; c’est là seulement qu’on les observe. On les rechercherait vainement dans les couches moyenne et supérieure. Il arrive souvent que les granulations arrondies échappées des cellules organiques sont tellement abondantes, qu’elles masquent la présence des corpuscules ovales. Il est alors avantageux d’introduire entre les deux lames de verre une goutte d’acide acétique concentré qui dissout la plus grande partie des matières en suspension, sans altérer d’une manière appréciable ces particules ovalaires qui apparaissent alors avec une grande netteté.
- a Dans une première série d’expériences, nous avons opéré sur des graines prove-Tome VIII. — 60e année. 2a série. — Mars 1861. 23
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- nant de Bonnieux ( département de Vaucluse ), d’Odmich ( Anatolie), d’Argalas et de Bodémio (Turquie d’Europe), après une incubation de douze jours à la température du corps humain. Nous avons reconnu que la graine de Bonnieux, où l’épidémie sévit depuis longtemps avec intensité, renfermait un nombre considérable de ces corpuscules elliptiques qui nous ont d’autant plus frappés, que l’un de nous avait décrit et figuré (1) des corpuscules tout à fait identiques dans les cellules des taches de la peau des vers à soie malades. Cette circonstance tendrait à prouver que la maladie, indépendamment des influences locales, se transmettrait aussi par les germes. Ces corpuscules ont une forme elliptique un peu allongée; quelques-uns sont cylindriques dans leur partie moyenne : une observation minutieuse fait reconnaître dans leur intérieur un contenu faiblement granulé, les granules apparaissant sous l’aspect de petites taches plus claires ou plus foncées suivant leur position par rapport à l’objectif. Leur diamètre est compris entre et de millimètre, leur longueur est environ double du diamètre.
- « Les graines d’Argalas et d’Odmich nous ont quelquefois offert des corpuscules analogues, mais ils étaient toujours très-rares. Les graines de Bodémio en ont toujours été complètement exemptes.
- « Ces observations ont été répétées tous les jours jusqu’à l’éclosion des œufs, et ont confirmé les premiers résultats.
- « Dans une seconde série d’expériences, nous avons étudié les mêmes graines avant l’incubation. L’intervention de l’acide acétique devient ici nécessaire pour isoler et reconnaître ensuite les corpuscules toujours abondants dans les graines indigènes, moins nombreux toutefois qu’après l’incubation. Il nous a été impossible d’en voir dans les graines d’Argalas, Odmich et Bodémio.
- « Une troisième série d’observations microscopiques a porté sur de nombreux échantillons de graines incubées pendant vingt-cinq jours à une température de 25° centigrades par les soins de quelques éducateurs du Midi. Quelques vers étaient déjà sortis de la coque. Les divers échantillons provenant du département de Vaucluse ont tous présenté un nombre considérable de corpuscules ovoïdes; le champ du microscope en était couvert. Parmi les échantillons de la Turquie d’Europe ou d’Asie , quelques-uns nous en ont offert, et notamment ceux d’Idia et du mont Taurus.
- « Mais ici l’inégalité des résultats obtenus dans les diverses épreuves auxquelles un même échantillon a été soumis nous a conduits à opérer sur un petit nombre de graines choisies. Nous avons alors reconnu que les graines d’un aspect gris-bleuâtre étaient, en général, exemptes de corpuscules, tandis qu’ils étaient plus nombreux dans les graines d’une teinte verdâtre et d’apparence huileuse.
- « Sans rien préjuger sur la nature de la maladie et celle de ces corpuscules, nous avons cherché à nous rendre compte de leur distribution dans l’œuf. Nous sommes parvenus à les distinguer parmi les granulations que renferment les cellules des
- (D Recherches sur les sécrétions chez les insectes ( Annales des sciences naturelles, 4e série,
- t. X, pl. 20 ).
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- graines près d’éclore. Ils se distinguent du noyau des cellules par leur forme et leurs dimensions.
- « En opérant, comme nous l’avons fait, avec un excellent instrument d’Oberhauser, il est impossible de ne pas être frappé des différences bien tranchées que présentent les graines d’origines diverses. Tandis que les graines originaires des pays ravagés par la maladie renferment les corpuscules décrits en nombre surprenant, ils sont très-rares ou font complètement défaut dans les graines exotiques provenant des contrées que le fléau a jusqu’ici respectées. Les résultats obtenus par quelques éducateurs du département de Vaucluse, dans la campagne prochaine nous permettront d’apprécier la portée de ces indications micrographiques, et l’intérêt qu’il convient d’y attacher. Il serait à désirer que les éducateurs des départements séricicoles de la France eussent recours au microscope pour constater l’état de leur graine. Les résultats obtenus dans leurs éducations partielles permettraient de contrôler sur une plus grande échelle la valeur de ce procédé préventif. » ( Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences. )
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- EXTRAITES DES PUBLICATIONS FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES.
- Action destructive du minium sur les carènes des navires en fer.
- ( Lettre de M. Jouvin à M. Dumas. )
- u L’emploi des enduits au minium pour conserver les objets en fer a pris aujourd’hui dans la marine un développement très-considérable. Borné durant assez longtemps à ceux de ces objets qui étaient plongés dans l’atmosphère, aux œuvres mortes, cet emploi a été peu à peu étendu à ceux qui appartiennent aux œuvres vives, c’est-à-dire qui doivent être immergés dans l’eau. C’est ainsi, par exemple, que l’on a-peint au minium les bâtis en fer des roues de nos bateaux à vapeur, puis, avec le progrès des constructions navales en fer, le minium, gagnant toujours, a fini par s’étaler sur toute la carène de ces dernières, tantôt seul, tantôt associé au bioxyde de mercure, au sulfate mercurique, etc. Les composés mercuriels avaient pour but, en raison de leurs propriétés vénéneuses, d’empêcher les plantes marines et les mollusques de s’attacher à la carène; le minium, pensait-on, préservait le fer dans toutes les circonstances où on l’appliquait.
- « îi y a un an environ, j’ai lu dans un journal anglais que le minium détériorait les carènes en fer. Ce fait, annoncé par M. Mercer (1), n’avait point fixé mon attention et je l’avais complètement perdu de vue lorsque, ces jours derniers, il m’est revenu en mémoire, à l’occasion de l’entrée, dans un de nos bassins, de radoub du magnifique paquebot en fer la Guienne, venu à Rochefort précisément pour repeindre sa
- fl) Voir Bulletin de 1859, 2e série, t. VI, p. 518.
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- carène, enduite au minium un an auparavant. Depuis qu’il est armé, ce paquebot, qui appartient à la ligne du Brésil, n’a fait que trois voyages. Or voici l’état exact de sa carène, au moment où, mise à sec dans notre bassin, elle allait être livrée à la gratte des ouvriers :
- « La partie constamment immergée est presque en totalité recouverte de pustules de fer hydroxydé, disposées en lignes presque parallèles discontinues et offrant une saillie moyenne de 1/2 à 1 millimètre dans leur portion la plus mince et de 5 millimètres à 1 centimètre dans les points les plus volumineux. Chaque pustule ou concrétion est ainsi en forme de massue ou de larme, dont l’extrémité renflée se dirige invariablement vers l’arrière du navire, c’est-à-dire dans le sens du mouvement. Partout où ces oxydations existent, l’enduit a complètement disparu. Cà et là se voient encore quelques plaques de cet enduit, mais boursouflées pour la plupart et rappelant, par leur aspect, ces cloques qui se développent sur les peintures exposées au soleil et qui ont été vernies avant d’être parfaitement sèches. Si l’on perce ces sortes d’ampoules, tantôt elles ne contiennent que de l’air (?), tantôt elles laissent suinter un liquide acide, d’une saveur fortement atramentaire indiquant la présence d’un sel de fer en dissolution. Au fond des ampoules apparaît à nu le fer de la carène tout constellé de cristaux brillants de plomb métallique. Chaque ampoule a ainsi donné lieu à autant à'arbres de saturne microscopiques et est devenue une véritable géode de cristaux.
- « La matière des concrétions, soumise à un examen rapide, m’a fourni une proportion notable de chlorure ferreux à réaction très-acide. C’est aussi ce chlorure qui communique au liquide des ampoules la saveur que je signalais à l’instant.
- « Ainsi, l’enduit au minium appliqué, il y a un an , sur la carène de la Guienne a presque complètement disparu sur toutes les parties immergées. Les ampoules que présentent les portions d’enduit encore existantes me semblent indiquer assez clairement le mode selon lequel cet enduit s’est successivement détaché. La réduction du minium par le fer de la carène n’est-elle pas attestée par les milliers de petits cristaux de plomb qui hérissent cette carène et ne prouve-t-elle pas que l’oxyde de plomb, au lieu de préserver celle-ci, a contribué à sa détérioration? Enfin le chlorure ferreux, produit par la décomposition des chlorures de l’eau de mer, ne doit-il pas sa formation à une influence électro-chimique développée, soit primitivement, soit secondairement, sur l’immense surface de la carène enduite et plongée dans l’eau ? Chose digne de remarque, tout l’enduit situé au-dessus de la ligne de flottaison na subi aucune altération.
- « J’ose espérer, Monsieur, que cette observation vous offrira quelque intérêt et que, en ce cas, vous voudrez bien la communiquer à l’Académie des sciences. Je m’occupe d’analyser la matière des concrétions 5 sitôt que cette analyse sera terminée, j’aurai l’honneur de vous en faire connaître le résultat, si vous le permettez. Dès ce moment, il me paraît hors de doute qu’il faille abandonner absolument l’usage des préparations de plomb pour enduire les carènes en fer destinées à être immergées dans la mer. » ( Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences. )
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- Établissement, à Londres, d'un service urbain de télégraphie électrique.
- Il y a environ deux ans, une compagnie s’est formée pour sillonner Londres et ses faubourgs de fils télégraphiques. L’idée de l’affaire était basée sur cette conclusion raisonnable, qu’avec l’immense population comprise dans un rayon de 10 à 12 milles, à partir de Charing-Cross, il serait possible, en adoptant des tarifs modérés, de réaliser des bénéfices dans une entreprise très-avantageuse aux commerçants et presque nécessaire au public en général.
- De temps en temps, l’ouvrage s’avançant, des fils furent posés sur le sommet des principaux édifices, des postes furent établis dans divers quartiers, et la nouveauté de l’entreprise a fait prendre intérêt à son succès probable. Aujourd’hui plus de cinquante stations télégraphiques sont ouvertes au public dans Londres et dans les faubourgs, et, dernièrement, la compagnie a ouvert sa station centrale de Cannon-Street.
- Par un système analogue à celui de l’administration des postes, toutes les dépêches sont transmises à ce bureau central, qui les transmet à son tour à leurs diverses destinations. La compagnie reçoit également des dépêches pour les provinces et pour le continent à ses diverses stations, en sorte que toutes les parties de Londres vont être, dans peu de temps, en communication télégraphique avec toutes les lignes télégraphiques de l’Europe.
- Les dépêches des provinces ou du continent peuvent être transmises à leur destination par les fils de la compagnie, et de la sorte en éviter la transmission par les piétons, qui fait toujours perdre beaucoup de temps. L’intention de la compagnie est d’employer surtout des femmes; elle en occupe aujourd’hui cent cinquante dans ses divers bureaux.
- L’expérience ayant réussi, plusieurs autres compagnies emploient également des femmes ; c’est donc une nouvelle et fructueuse carrière ouverte aux femmes instruites et intelligentes. Le nombre de demandes d’emploi est incroyable, et le nom et l’adresse de tous les postulants éligibles sont inscrits sur un registre spécial auquel on se reporte dès qu’il arrive une vacance.
- La compagnie établit aussi des fils particuliers, et beaucoup de maisons qui expédient une grande partie de leurs affaires au moyen du télégraphe ont des fils pour leur usage, partant de chez elles et rejoignant la station principale, en sorte qu’elles pourront télégraphier leurs dépêches de leur bureau à destination. ( Annales télégraphiques. )
- Nouvelles expériences d'éclairage électrique.
- On vient de faire des essais sérieux d’éclairage électrique sur la place du Carrousel. Deux lampes électriques de M. Serrin ont été placées d’abord sur la plate-forme de l’arc de triomphe, puis au-dessus de deux colonnes de la grille qui ferme la cour des Tuileries. L’électricité était développée par deux machines magnéto-électriques de la compagnie Y Alliance, mises en mouvement par une locomobile de la force de 4 che-
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- •vaux. Ces deux machines, munies chacune de 96 bobines et d’autant de faisceaux aimantés, étaient placées à 300 mètres environ des lampes auxquelles elles communi-•quaient par de gros fils de cuivre. L’intensité de la lumière était très-sensiblement uniforme, et l’on peut regarder les expériences comme très-satisfaisantes. (Ibid. )
- Teinture de la soie en rouge murexide.
- Pour teindre la soie en rouge au moyen de la murexide, on commence d’abord par passer l’étoffe dans une eau acidulée; l’acide sulfurique, l’acide acétique et l’acide iartrique sont les plus employés. Il ne faut pas que l’eau marque plus de 3 à 4 degrés à l’aréomètre. L’usage le plus habituel chez le teinturier praticien, c’est de goûter la liqueur. Lorsque l’acidité est caractéristique, on plonge la soie dans le bain et on y abandonne l’étoffe pendant une petite heure; à la sortie de ce bain, on la plonge dans l’eau contenant en dissolution de la murexide. Ordinairement on opère à froid ou à une température de 12 à 15°. On abandonne ensuite la soie à elle-même pendant quelques heures, avant de la plonger dans de l’eau contenant quelques gouttes d’une dissolution de bichlorure de mercure. Cette liqueur est nécessaire pour changer la couleur de la murexide en rouge cramoisi. On lave ensuite à grande eau.
- Quoique cette teinture soit très-belle, elle n’a plus autant d’importance depuis la découverte du rouge d’aniline. En impression on en fait encore usage, mais en teinture on s’en sert peu à cause des dangers que présente toujours le sel de mercure et à cause de sa fugacité. ( Le Teinturier universel. )
- Industrie des écorces à tan aux Etats-Unis.
- On se sert principalement, aux États-Unis , de quatre espèces d’écorces de chêne. La première est le chêne d'Espagne qui croit au Maryland, dans le Delaware, la Virginie et dans tous les États au sud du 41e degré nord. C’est aussi l’espèce la plus abondante dans les États de l’Atlantique; en Géorgie et dans les Carolines, on la connaît sous le nom de chêne rouge. Son écorce, qui est épaisse, noire et à profondes rainures, est préférée pour les cuirs grossiers qu’elle rend plus souples et d’une couleur meilleure. Dans les États du sud, le chêne espagnol atteint une hauteur de 24m,30 ; le tronc a un diamètre de lm,215 à lm,520, tandis que dans quelques-uns des États du nord il a 9m,12 de hauteur et 0m,126 à 0m,152 de diamètre. Le chêne rouge commun est très-abondant au Canada et dans le sud de l’État de New-York, dans le New-Jersey, en Pennsylvanie et le long de la chaîne des Àlleghany. Son écorce est d’un emploi général, quoique d’une qualité inférieure à divers égards. Cet arbre atteint 21m,28 à 24m,30 et a 0m,910 à lm,215 de diamètre.
- Le chêne dit rock chestnut se rencontre rarement dans les États-Unis , mais il abonde dans les districts élevés ; sa surface est inégale et rugueuse ; il compose les 9/10 des arbres des Alleghany. De là le nom de rock oak, sous lequel on le désigne sur les bords de l’Hudson et du lac Champlain; en Pennsylvanie, au Maryland et en
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- Virginie, on l’appelle chestnut oak. Son écorce est épaisse, dure et a de profondes rainures; elle diffère des autres écorces en ce que l’épiderme contient beaucoup de tanin, qui, dans les autres espèces, se trouve principalement sous les couches de dessous. En Pennsylvanie et à New-York on n’emploie que l’écorce des petites branches et celle des jeunes arbres pour la tannerie.
- Le quercitron ou chêne noir croît sous la latitude du 43e nord et sur les parties élevées de la Géorgie et des Carolines. Sn écorce, peu serrée, est amère, profondément sillonnée et d’une couleur brune ou noire très-prononcée. Elle donne une couleur jaune au liquide vaseux, et le cuir pour chaussure, tanné de cette façon, laisse parfois une teinte jaune à laquelle on peut remédier au moyen d’agents chimiques peu coûteux. Le quercitron en écorce est abondant, riche en tanin et d’un usage commun. L’arbre atteint souvent 27m,360, et son diamètre est de lm,216 à lm,520.
- On trouve encore d’autres espèces moins connues : le chêne blanc, par exemple, qui croît en Floride et au sud du 46® degré nord. Son écorce est préférée pour le cuir de sellerie et autres industries analogues. Le chêne écarlate existe aussi loin que le 43e degré de latitude nord; son écorce est très-serrée. Le chêne gris existe dans le Maine, le New-Hampshire et le Vermont. Le chêne vert ne se rencontre qu’à 20 milles dans l’intérieur; son écorce est dure, noire, serrée et pleine de tanin.
- La majeure partie des cuirs des États-Unis sont tannés avec l’écorce de l’arbre dit hemlock tree, qui est inconnu dans l’ancien continent. Le chêne commun anglais existe partout en Europe et sert principalement à la tannerie. Au printemps, lorsque la sève circule activement, on trouve que l’écorce contient un tiers de plus de tanin qu’en automne; le moment préférable pour écorcer varie, suivant la latitude, de la fin d’avril au commencement de juillet.
- Les saisons humides et les localités trop arrosées rendent l’écorce d’une qualité inférieure et diminuent la force du tanin. L’écorce des chênes du sud existant dans les localités élevées est plus riche en tanin que celle qu’on rencontre dans les terrains bas et mal desséchés, marécageux, et dans les endroits ombragés. Dans le hemlock bark, la couche intérieure contient environ 8 pour 100 de tanin, celle du milieu environ 5 pour 100, et l’extérieur 3 1/2 pour 100.
- Les relevés officiels du trésor n’indiquent pas le mouvement commercial des écorces, ce produit y étant confondu sous la rubrique générale Bois de teinture. ( Hunt’s Mer chant’ s Magazine. )
- Découverte de minerais argentifères en Californie.
- On a constaté, dans le courant de 1859, dans la vallée de Washoe, la présence de gisements aurifères et surtout argentifères, dont la richesse et l’étendue semblent destinées à ouvrir de nouveaux aspects à l’avenir de la Californie.
- Le hasard a, comme presque toujours, amené la découverte de ces gisements. Cinq mineurs américains qui abandonnaient les placers et les diggings de la Californie, où ils n’avaient pas prospéré, se mirent, après avoir péniblement traversé les montagnes
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- Rocheuses, à la recherche de l’or dans la vallée de Washoe. Ces hommes, absorbés dans leur recherche du précieux métal, avaient rejeté dédaigneusement certains minerais qu’avaient amenés leurs pioches, et dans lesquels ils ne voyaient que des pierres d’une teinte bleuâtre, offrant d’ailleurs à leurs grossiers moyens de trituration une résistance qu’ils ne pouvaient vaincre.
- Or ces prétendues pierres, ayant été examinées par un ingénieur qui, lui aussi, accomplissait en ces lieux une tournée d’inspection, firent apercevoir à son œil exercé des traces d’une précieuse agrégation d’or, d'argent, de plomb et de cuivre. Cet ingénieur en fit immédiatement faire l’essai, et cette épreuve, quoique imparfaite, permit d’espérer du minerai expérimenté un rendement de 3,000 dollars (1) ( 16,000 fr. ) environ par tonne. On ne s’en tint pas là : des recherches plus sérieuses firent reconnaître, dans la même veine, trois filons suivant une ligne presque parallèle, dont deux contenaient plus d’argent que d’or, et le troisième plus d’or que d’argent.
- Ces précieuses mines, si riches en or, mais surtout en argent, se trouvent à 10 milles (un peu plus de 18 kilomètres ) de la vallée de Washoe proprement dite, sur le territoire de Carson, à 8 milles de la rivière de ce nom.
- A Virginia City ou Silver City ( ainsi que la localité est diversement désignée ) ont été ouvertes des mines qui ont donné, sur un espace de quelques centaines de mètres seulement, un rendement presque fabuleux d’argent et, par endroits, même d’or.
- Un essai fait à San-Francisco sur du minerai provenant de celte localité a donné 2,939 dollars d’or et 2,837 dollars d’argent par tonne, tandis que la même quantité de sable noir provenant d’un digging adjacent a donné 3,000 dollars d’argent et seulement 300 d’or. ( Annales du commerce extérieur. )
- Fourneau pour le chauffage, la trempe et le recuit des ressorts d’horlogerie, des lames de scie et des autres bandes analogues en acier, par M. Chesterman.
- L’auteur construit un fourneau muni de plaques en métal ou en fer percées d’ouvertures par lesquelles on fait passer la lame d’acier que l’on veut chauffer. Cette lame traverse ainsi le fourneau, puis passe entre des plaques froides ou dans un liquide dont le contact la trempe ; elle revient enfin sur la voûte du fourneau, où elle se recuit.
- Ce fourneau est traversé par un ou par plusieurs tuyaux abrités par une doublure en briques réfractaires, et ouverts dans le parement des deux murs extérieurs. La flamme entoure ces tuyaux ainsi que leur revêtement en briques, et se rend ensuite dans la cheminée, à l’entrée de laquelle elle chauffe une boîte dont nous aurons bientôt à parler.
- Chacune des bandes d’acier se déroule de dessus un tambour, et passe dans un des tuyaux horizontaux qui traversent le fourneau. Après s’y être échauffée, elle se rend entre les plaques froides, puis entre deux cylindres formant une espèce de laminoir
- (1) 1 dollar = 5 fr. 35 c.
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- et contenus dans une auge pleine d’huile dont ils sont baignés. Elle passe ensuite autour d’un cylindre et revient sur la voûte du fourneau, où elle traverse la boîte que nous avons indiquée et qui est chauffée par la chaleur perdue de la cheminée. Elle s’y recuit et de là va s’enrouler sur un tambour. Dans certains cas, on la conduit directement dans de l’huile, au lieu de la faire passer entre les plaques froides. Alors les deux cylindres et l’auge à l’huile dont nous avons parlé peuvent être supprimés.
- (11 est évident que la chaleur et le refroidissement doivent être dirigés de telle sorte que la lame ne soit pas trop dure, et ne se brise pas lorsqu’on l’enroule autour du cylindre pour la conduire dans la boîte placée à la naissance de la cheminée et lui donner le recuit.) (Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Notice sur le chemin de fer souterrain de communication à Londres, par M. le docteur Schwarz.
- La construction d’un chemin de fer destiné à relier les gares des principaux railways, à Londres, a exigé de si longs préparatifs, que pendant longtemps on a douté de l’exécution de cette intéressante entreprise. On a donc appris avec satisfaction qu’elle est enfin commencée, que les travaux sont pleinement en cours d’exécution, et qu’ils tendent à relier la Cité, centre des affaires, avec les têtes de ligne des nombreux chemins de fer qui partent de Londres.
- La méthode américaine qui consiste à disposer les rails dans les rues ordinaires a été jugée impraticable. II n’a pas paru possible non plus d’élever le chemin sur des viaducs qui auraient obstrué les rues étroites de la Cité , et les auraient privées d’air et de lumière. On ne pouvait donc penser qu’à l’établir dans des tunnels souterrains, et ce projet présentait encore l’avantage d’économiser en grande partie les frais d’achat de l’emplacement de la voie ferrée, frais qui, pour les terrains de la Cité, se seraient élevés à des sommes incalculables. Il n’interrompt pas d’ailleurs sensiblement la circulation.
- La construction des tunnels est fort simple. De distance en distance, on creuse la terre à la profondeur nécessaire, on exécute un plafond en arc renversé, on place dessus les rails, formant tantôt deux, tantôt trois voies, et enfin on construit les pieds-droits et la voûte. On comble alors la tranchée , on aplanit le sol et on le pave. Des regards et des becs de gaz, distribués de distance en distance, fournissent l’air et la lumière nécessaires. On arrive, par des escaliers et des perrons bien ventilés et bien éclairés, aux nombreuses stations souterraines qui se trouvent surtout aux embranchements.
- Les déblais sont emportés sur les rails, posés à mesure que le travail avance.
- Pendant le service, on ne fera partir que de petits convois, retirés dans des gares d’évitement, ménagées près des stations. Pour prévenir les collisions, les stations sont mises en relation par des fils télégraphiques, qui permettent de régler le départ et l’arrivée de chaque train, de telle sorte qu’entre deux convois il se trouve tou-Tome VIII. — 60e année. 2e série. — Mars 1861. 24
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- jours un intervalle égal à la distance de deux stations. On aura soin, d’ailleurs, de ne marcher qu’à petite vitesse, et de réserver pour la nuit la plupart des trains de marchandises.
- Pour éviter l’incommodité fort grande que la fumée pourrait produire dans ces tunnels, on ne chauffera pas les locomotives pendant le parcours, et on les alimentera d’eau puisée dans des chaudières fixes, établies aux stations extrêmes. Cette eau et sa vapeur seront assez chaudes pour que la tension, à cause de la grandeur des chaudières des locomotives, reste suffisante pendant un parcours double de celui que la locomotive devra exécuter. {Breslauer Gewerbeblatt et Dinglcr's Polytschnisches Journal.)
- Sur un enduit propre à préserver les objets de fer et d'acier, par M. le professeur
- Vogel jeune.
- On sait que les instruments en fer ou en acier, employés dans les ateliers de mécanique et dans les laboratoires de chimie même bien ventilés, se rouillent avec rapidité. Pour s’y opposer, on a coutume de les enduire d’huile d’olive, au lieu d’y appliquer un léger vernis de laque, comme on le fait pour les instruments en laiton. Cet emploi de l’huile est désagréable, et d’ailleurs l’usage enlève continuellement la couche onctueuse que l’on est obligé de renouveler souvent. On peut employer avec beaucoup plus d’avantage la cire blanche dissoute dans la benzine du commerce. A la température ordinaire, 15 parties de benzine dissolvent 1 partie de cette cire; mais il suffit de chauffer modérément pour que la benzine en prenne la moitié de son poids. L’auteur a précédemment employé cette composition à préparer très-simplement du papier ciré.
- La solution faite à froid doit être appliquée bien uniformément sur l’instrument avec une plume ou un pinceau. Après l’évaporation fort rapide de la benzine, il reste sur la surface une couche de cire très-mince, très-égale et très-adhérente qui la préserve parfaitement de la rouille, comme l’auteur s’en est assuré par une longue expérience. Des pièces d’acier ainsi préparées ont même été exposées tout exprès à l’action des vapeurs acides, et n’ont pas laissé apercevoir la moindre trace d’oxydation.
- Cet enduit de cire a d’ailleurs, sur les vernis ordinaires, l’avantage d’être flexible, de ne pas s’écailler et de ne pas nuire, comme l’huile, à l’application immédiate des instruments sur le papier que la couche de cire ne salit pas. ( Dingler's Polytechnis-chçs Journal.)
- Expérience sur la lumière électrique obtenue par l'emploi du mercure, par M. le professeur Way.
- Le Times a rendu compte des expériences faites par M. le professeur Way sur un nouveau moyen d’obtenir une lumière électrique plus brillante encore que par les m&bodes déjà connues, et qui, pour l’éclat et la blancheur, ne peut être comparée qu’à celle du soleil.
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- Ces expériences ont eti fieu à bord d’un yacht qui est parti de Portsmouth le soir, et qui s’est dirigé d’abord sur Cowes, puis sur Osborne, dans file de Wight. L’appareil, suspendu au mât de l’avant, jetait des rayons si purs et si vifs, que les lanternes de la ville et des nombreux navires du port paraissaient être des taches rouges sur un fond noir.
- La lumière était si intense, que l’œil nu ne pouvait la supporter. Lorsqu’on la regardait à travers un verre coloré, elle paraissait avoir environ le diamètre d’une pièce de 50 centimes.
- Celte lumière est produite par l’action d’un courant voltaïque sur un filet mince de raercüf’e qui circule dans l’appareil. Le mercure est contenu dans un ballon en verre, de la grosseur d’une orange, et coule par une petite ouverture dont le diamètre peut être comparé â celui de la pointe d’une aiguille très-fine. Le filet de mercure tombe dans une petite capsule disposée ali-dessous, et de là dans un réservoir d’où il retourne dans le ballon1 dont nous avons parlé. La lumière se produit dès que le courant est fermé et disparaît instantanément lorsqu’on le rompt.
- Ce qu’il y a de remarquable, c’ést que, malgré l’énorme quantité de la lumière et de la chaleur développées, on n’observe qu’une vaporisation minime de mercure. (Breslauer Gewerbeblatt et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Sur Voxydation de Valuminium, par M. Wôhler.
- L’indifférence de l’aluminium fondu et compacte pour plusieurs agents chimiques ne s’étend pas, d’après M. Wôhler, aux feuilles très-minces de ce métal. On sait que M. Degousse est parvenu dernièrement à le préparer en feuilles comparables à celles de l’or battu. Dans cet état, l’aluminium brûle rapidement et avec éclat dans la flamme de l’esprit-de-vin, et s’oxyde dans l’eau bouillante en produisant un dégagement d’hydrogène. Ces phénomènes expliquent plusieurs contradictions apparentes dans les observations publiées sur la décomposition de l’eau par l'aluminium. (Annalen der Che-mie and Pharmacie et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- * Fixation de la puissance du cheval-vapeur en Autriche.
- La Gazette de Vienne ( Wiener Zeitung ) a publié dernièrement la décision suivante :
- A cause des inconvénients occasionnésjusqu’à ce jour dans l’industrie des machines, par l’évaluation arbitraire de la force du cheval, il est enjoint provisoirement de prendre pour travail dynamique du cheval-vapeur 430 pfunds de Vienne, élevés à 1 fuss par seconde (ce qui revient environ à 76 kilog. élevés à 1 mètre aussi par seconde). Cette unité de mesure sera désormais prise pour type officiel dans l’appréciation de la puissance des machines et dans lè jugement des contestations. (Dingler's Polytechnisches Journal.)
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- Sur les différences remarquables observées entre les dimensions des médailles frappées ou fondues dans les mêmes matrices, mais avec divers métaux, par M. Dove.
- On sait que M. Baudrimont a fait connaître les différences qui existent entre les fils de divers métaux tirés par les mêmes trous de filières et qui proviennent de ce que ces métaux n’étant pas également élastiques reprennent des diamètres inégaux après avoir subi la compression. Cette expansion est si réelle qu’aucun fil, excepté le fil d’or, ne peut repasser dans le trou qui vient de le former, à moins que l’on n’emploie une certaine puissance. L’argent est le métal qui en exige le moins.
- L’auteur a donc pensé que l’on doit observer quelques phénomènes analogues quand on frappe les médailles; et que, par conséquent, celles qui sortent des mêmes matrices ne doivent pas présenter les mêmes dimensions, lorsqu’elles sont en différents métaux. Les médailles les plus convenables pour reconnaître ces variations sont celles qui portent, près de leur circonférence, des caractères ou des dessins symétriques, par exemple, celles de l’exposition universelle de Paris. M. Dove a placé dans un stéréoscope une de ces médailles en argent et une autre en bronze. Au bout de quelque temps, ces médailles ont donné lieu à une image qui représentait un écusson circulaire, creux, d’une couleur particulière, telle qu’eût été celle de la combinaison des métaux qui les composaient, et sur le fond duquel apparaissait, évidemment, la non-coïncidence des traits qui présentaient une disposition analogue à ceux d’un nonius. L’auteur a vérifié cette expérience en la répétant sur de grandes médailles d’or et d’argent qui lui ont été confiées par la Monnaie de Berlin.
- Il a supposé, en outre, que des médailles coulées laisseraient apercevoir les mêmes variations, et cette hypothèse a été confirmée par des expériences faites sur des médailles d’étain, de bismuth et de plomb, très-bien fondues, par M. le professeur Riss. ( Poggendorff’s Annalen et Dinglers Polytechnisches Journal.)
- Note sur deux moyens et augmenter la puissance lumineuse du gaz d’éclairage, par M. le professeur Rühlmam.
- Pour tous les becs où la flamme, disposée en éventail ou autrement, affecte une surface plane, on a imaginé avec beaucoup de succès, depuis quelque temps, à Osnabrück, d’employer un fil de platine, courbé en anneau et entièrement enveloppé par la flamme. Le fil vient se souder, par ses deux extrémités, à une douille fendue qui enveloppe le tube, sur lequel on la fixe, en vertu de son élasticité, à la hauteur convenable pour que le plan vertical formé par l’anneau de platine soit entièrement compris dans la flamme.
- L’anneau, lorsqu’il est bien placé, acquiert promptement la température rouge et active tellement la combustion, que, dans des expériences faites en sa présence, l’auteur a vu un photomètre de Bunsen accuser pour un bec, par suite de la présence de l’anneau, un accroissement de lumière représentant celle de deux bougies. MM. Prenzler et Dieckmann ne vendent ce petit appareil que 1 fr. 25 c. environ.
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- On attribue aussi à M. l’architecte municipal Richard un autre moyen d’augmenter la puissance d’éclairage des lampes où, comme dans celles d’Argand, on emploie des cheminées cylindriques en verre.
- L’appareil consiste en une feuille de tôle qui forme un couvercle plein et que l’on place à une hauteur convenable au-dessus de l’orifice de la cheminée; il y est maintenu par trois lames élastiques disposées en trépied et serrant par leur ressort la surface extérieure du cylindre.
- Toutefois, bien que cet appareil produise constamment un accroissement de lumière, il a l’inconvénient d’agiter un peu la flamme qui, par moments, s’allonge en prenant un mouvement incommode. ( Mittheilungen des Hannoverschen Gewerbe vereins, et Dingler’s Polytechnisches Journal. ) ( Y. )
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- PROCÈS-VERBAUX.
- Séance du 13 mars 1861.
- M. le baron A. Séguier, l’un des vice-Présidents, occupe le fauteuil. Correspondance. — M. Bineau jeune, quincaillier, à Tours, adresse les dessin et description d’un outil roidisseur des fils métalliques, lequel s’enlève lorsque le fil est tendu. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. Paganetti, fumiste, rue Greneta, 4-8, présente une cheminée-calorifère destinée à chauffer plusieurs pièces et pouvant s’adapter dans les cheminées à foyer ordinaire. ( Renvoi au même comité. )
- M. Dutteau , architecte , à Orléans , dépose un album d’architecture contenant les spécimens d’un procédé architectonique pour lequel il a pris un brevet d’invention, procédé qui consiste dans un système de revêtement en placage de pierre naturelle appliqué à l’extérieur des maisons neuves ou vieilles. ( Renvoi au même comité réuni à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie. )
- M. Jarre, arquebusier, boulevard des Filles-du-Calvaire, 1, sollicite l’examen d’un mécanisme applicable aux armes à feu, et permettant de tirer avec un seul canon un nombre de coups indéterminé. ( Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. J. B. Bellanger, ingénieur des ponts et chaussées, adresse une notice traitant de la théorie de l’engrenage hyperboloïde. ( Voir plus haut, page 157. )
- M. Combes, l’un des secrétaires, appelle l’attention du Conseil sur la fabrication des verres bruts coulés dits verres de toiture, à laquelle se livre la manufacture de Saint-Gobain. Les feuilles de verre sont blanches ou légèrement verdâtres; l’une des faces est lisse et brillante, tandis que l’autre présente des cannelures qui brisent les rayons
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- lumineux et les transforment en lumière diffuse. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- Mme Ve de Favre, rue du Faubourg-Saint-Martin, 78 bis, présente un petit sac à avoine dit musette, offrant à la respiration des chevaux une surface en mailles de filet tressé. (Renvoi au comité d’agriculture. )
- M. Picard ( Barthélemy ), ancien maire, à Nancy, transmet un échantillon de ligneux extrait de la plante du houblon, en indiquant les ressources que ce produit doit, selon lui, fournir à l’industrie et à l’agriculture. (Renvoi au même comité réuni à celui des arts économiques. )
- M. A. Terreil, aide de chimie au muséum, et M. Delacour, fabricant de conserves alimentaires, rue de la Roquette, 140, sollicitent l’examen des haricots verts conservés par leurs procédés avec leur couleur naturelle, sans l’emploi d’aucun sel métallique. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- MM. Michel, Amédée Cheminot et Picard, à Marseille, adressent des échantillons d’un papier à cigarettes fabriqué avec la feuille même du tabac. (Renvoi au même comité. )
- Rapports des comités. — Au nom du comité des arts chimiques, M. A. Chevallier lit un rapport sur le procédé de peinture sans essence de M. Dorange, mis en pratique par MM. Lefebvre,,entrepreneurs, à Paris.
- Ce rapport paraîtra au Bulletin.
- Au nom du comité des arts économiques, M. le baron Ed. de Silvestre lit un rapport sur une lampe-modérateur de M. Boulanger, modifiée de manière à rendre le nettoyage facile sans l’intervention du lampiste.
- Ce rapport sera inséré au Bulletin.
- Au nom du même comité, M. Molinos donne lecture des deux rapports suivants :
- 1° Rapport sur le ventilateur fumifuge de M. Ch. Venant, à Orléans;
- 2° Rapport sur l’emploi des toiles métalliques pour arrêter la propagation des flammes et sur leur application à certaines industries, par M. le docteur Surmay, à Ham ( Somme).
- Ces deux rapports paraîtront au Bulletin.
- Communications. — M. Christofle, membre du Conseil, entre dans quelques considérations relatives à la marque de fabrique obligatoire et aux heureuses conséquences qui pourraient découler de son adoption générale. ( Renvoi au comité de commerce.)
- M. le baron A. Séguier entretient le Conseil des cultures forcées de lilas blanc et de roses auxquelles se livre M. Laurent aîné, à Paris.
- Pour produire du lilas blanc avec des arbustes donnant des fleurs violettes, M. Laurent met les plants de lilas dans une serre chauffée à 40* et les arrose plusieurs fois par jour. La serre ne reçoit pas de lumière, en sorte que les plants, croissant dans l’obscurité, ne donnent que des fleurs blanches qui arrivent à un extrême développement.
- L’industrie de M. Laurent représente une valeur de 150 à 200,000 francs.
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- Séance du 27 mars 1861.
- M. Dumas, Président, occupe le fauteuil.
- Correspondance. — MM. Latry et comp., à Paris, rue du Grand-Chantier, 7, appellent l’attention du Conseil sur les produits de leur fabrication de sciure de bois durci. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. Saert, modeleur, à Ménilmontant-Paris, rue de Constantine, 10, présente une machine à tourner les bois qu’il appelle tour multiplicateur. (Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. Leprovost, rue de Londres, 51, sollicite l’examen de véhicules en fer laminé pour chemins de fer. ( Renvoi au même comité. )
- M. Collet-Lefrancq, filateur de soie, à Amiens, boulevard du Port, soumet à l’appréciation du Conseil des machines peigneuses pour la bourre de soie. ( Renvoi au même comité. )
- M. Lemielle (Théodore), ingénieur civil, à Valenciennes, et M. Hense ( Joseph-Augustin ), dessinateur à l’école des ponts et chaussées, déposent, par l’intermédiaire de M. Hervé Mangon, les dessin et description d’un système de compteur hydraulique fonctionnant à toutes les pressions et à toutes les vitesses. ( Renvoi au même comité. )
- M. Prestat, forgeron, rue des Vertus, 15, à la Chapeile-Saint-Denis, sollicite le bienveillant concours de la Société et lui présente un appareil à brûler la fumée s’appliquant à tous les foyers. ( Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. P. J. Jager, membre de la Société de géographie, à Montmartre, rue Belhomme, /»., présente une table circulaire sur laquelle est peint un phanisphère, et à l’aide de laquelle on peut résoudre les problèmes de géographie. (Renvoi au même comité.)
- MM. Rogier et Mothes, cité Trévise, 20, dont les appareils obturateurs pour cabinets d’aisances ont été l’objet d’un rapport favorable en 1854 (1), adressent une nouvelle cuvette pour eaux ménagères. ( Renvoi au même comité. )
- M. Âutran [Léopold), rue de la Jussienne, 17, sollicite l’examen de ses chandelles perfectionnées, dont la mèche brûle comme celle de la bougie. (Renvoi au même comité. )
- MM. A. Latry et comp., rue du Théâtre, à Grenelle-Paris, appellent l’attention du Conseil sur leur fabrication de cartes et papiers-porcelaine au blanc de zinc. ( Renvoi au comité des arts chimiques. )
- M. le docteur Reveil, professeur agrégé à la faculté de médecine, membre de la Société, signale, dans un mémoire, l’impureté des opiums de Perse. Ces opiums, qui commencent à se répandre dans le commerce, ne peuvent être considérés que comme des produits falsifiés, puisqu’ils contiennent du sucre et de la mie de pain pulvérisés.
- ( Renvoi au même comité. )
- (1) Voir Bulletin de 1854, 2e série, t. I, p. 204.
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- Communications. — M. Huzard, membre du Conseil, pour son collègue M. Jourdier empêché, donne lecture d’une notice sur le peignage et la filature des laines en Russie. (Renvoi à la commission du Bulletin. )
- Au sujet de ce renvoi, M. Alcan fait remarquer qu’il n’y a rien de nouveau dans l’industrie de la Russie que signale M. Jourdier, et, comme tous les procédés dont il est question ne sont que des applications de ceux que la France et l’Angleterre mettent depuis longtemps en pratique, il insiste sur l’importance qu’il doit y avoir, pour le Bulletin, à ne pas les présenter comme choses nouvelles.
- M. Félix Leblanc, membre du comité des arts chimiques, communique un mémoire sur les poudres de guerre, de mine et de chasse adressé par M. Melsens, membre de l’Académie royale de Relgique et membre correspondant de la Société. Ce mémoire a été rédigé à l’occasion du concours ouvert en Belgique par un arrêté royal du 10 décembre 1859 et posant cette question :
- « On demande si le principe de Joule est applicable aux effets de la poudre dans « les bouches à feu; dans la négative ou dans l’affirmative, déterminer les conditions « des mouvements des gaz produits par la déflagration de la poudre dans l’âme des « bouches à feu, et subsidiairement dans d’autres circonstances. »
- M. le Président rappelle , à cette occasion , que MM. Pouillet et Peligot ont entrepris depuis longtemps des recherches du plus haut intérêt sur la combustion des poudres, et il émet le vœu que ces travaux puissent être bientôt publiés.
- Après une discussion à laquelle prennent part plusieurs membres du Conseil, le mémoire de M. Melsens est renvoyé à l’examen des comités réunis des arts mécaniques et chimiques.
- M. Lenoir, ingénieur-mécanicien, membre delà Société, présente et fait fonctionner devant le Conseil son moteur à gaz, sur lequel il donne quelques explications. ( Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. E. Tremblay, ancien officier de marine et d’artillerie de marine, rue Saint-André-des-Arts, 46, donne lecture d’une note sur son système d’appareils de sauvetage pour les naufragés, qui a déjà été l’objet d’un rapport de la Société. ( Renvoi à la commission du Bulletin. )
- PARIS. — IMPRIMERIE DE Mm'î V4 BOUCHARD-aUZARD, RUE DE l/ÉPERON , 5. — 1861.
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- 60e ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME VIII. — AVRIL 1861.
- BULLETIN
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L'INDUSTRIE NATIONALE.
- CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- DÉCISION RELATIVE A LA NOMINATION DE MEMBRES ADJOINTS.
- Conformément à l’arrêté pris le 16 janvier 1855,
- M. le baron Ed. de Sylvestre entendu dans le comité secret du 10 avril 1861 pour le comité des arts économiques,
- Le Conseil, après délibération, a décidé que ce comité était autorisé à présenter une nouvelle liste de candidats pour la nomination de deux membres adjoints.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Gaultier de Claubry, au nom du comité des arts chimiques, Sur UN SYSTÈME DE SATURATION PAR L’ACIDE CARBONIQUE DES JUS SUCRES
- et des sirops traites par la chaux, présenté par M. Ozouf, rue de Chabrol, 32 et 36.
- Les procédés proposés ou suivis pour le traitement des jus sucrés dans le but d’en extraire le sucre ont beaucoup varié et présentent, chacun dans leur genre, des avantages et des inconvénients qui les rendent plus ou moins utilement applicables.
- Nous n’avons pas ici à en discuter la valeur relative, mais le traitement Tome VIII. — 60e année. 2e série• — Avril 1861. 25
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- ARTS CHIMIQUES.
- par la chaux adopté dans cette industrie, à examiner la question de savoir si le système qui vous est soumis peut satisfaire avec avantage aux conditions qu’exige un bon travail.
- La chaux, après avoir exercé l’action qu’elle est destinée à déterminer, doit être séparée complètement des liquides qui la renferment; l’acide carbonique étant depuis longtemps appliqué dans ce but, il ne peut donc être question que de sa production et de la manière de le faire agir sur les liquides.
- En brûlant au contact de l’air le charbon et tous les corps qui en renferment, ils fournissent de l’acide carbonique qui, théoriquement, devrait être le seul produit obtenu et serait le seul, en effet, dans des expériences exactes.
- Il en est tout autrement en réalité, surtout dans un travail en grand, et de là des inconvénients plus ou moins graves relativement à la question qui nous occupe, car, outre le manque d’action de l’oxyde de carbone, son insolubilité vient contrarier l’action utile du gaz carbonique.
- En effet, quelque soluble que soit un gaz, le mélange de quelques centièmes seulement d’un autre gaz insoluble suffit pour rendre difficile son absorption par l’eau et même par des dissolutions de nature à s’y combiner plus énergiquement que ce liquide.
- Ainsi l’eau dissout, à la température de 20°, 464 fois son volume de gaz chlorhydrique, et en raison de cette solubilité l’eau s’élève comme dans le vide dans un vase rempli de ce gaz qu’on met en contact avec elle.
- Deux centièmes seulement d’un gaz insoluble apportent à son absorption un tel obstacle, que par l’agitation seule on parvient à le dissoudre.
- À bien plus forte raison un gaz aussi peu soluble que l’acide carbonique, dont l’eau ne prend que son volume, devait être difficile à dissoudre, pour peu qu’il fût mélangé avec quelques gaz insolubles.
- On comprend facilement par là quel excès de leur mélange il devient indispensable de diriger au travers d’un liquide sucré pour enlever à celui-ci la chaux qu’il peut renfermer.
- À la vérité, il ne s’agit pas seulement de dissoudre un gaz ou de le faire absorber par une base qui forme avec lui un sel soluble, mais de produire du carbonate de chaux insoluble qui, en raison de cette insolubilité, se sépare immédiatement et laisse l’action du gaz s’exercer plus facilement sur le reste de la base; mais, alors qu’on dirige, au travers de jus sucrés ou du sirop renfermant de la chaux, le produit de la combustion du charbon , un excès considérable devient indispensable par suite de la présence de la proportion considérable de gaz insoluble qu’il renferme.
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- ARTS CHIMIQUES.
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- De là, malgré l'économie apparente de ce procédé, est-il loin d’offrir les avantages qu’il semblerait naturel d’en attendre, et c’est précisément ce qui a conduit M. Ozouf à celui qu’il vous a soumis.
- L’acide carbonique préparé à l’état de pureté sous lequel on l’emploie à la fabrication des eaux gazeuses, entièrement absorbable par l’eau et particulièrement par les bases, devait tout naturellement pouvoir servir à l’opération qui nous occupe ; mais son prix de revient, en raison de celui des matières premières servant à le dégager et des appareils producteurs ou récepteurs, semblait un obstacle à son emploi.
- En le supposant même très-soluble, les bulles d’un gaz qui traversent un liquide ne sont jamais complètement absorbées, même au commencement de l’opération ; à bien plus forte raison en est-il ainsi du gaz carbonique peu soluble et agissant sur un liquide qui n’en peut absorber que de faibles proportions.
- Mais si, sans s’arrêter à la plus ou moindre absorption effectuée , toute la partie non absorbée se trouvait recueillie pour être à nouveau portée au contact du liquide sur lequel doit s’exercer son action, il en serait tout autrement, et, de coûteux qu’eût été le gaz pur dans les conditions ordinaires, il aura pu devenir économique s’il se trouve utilisé en totalité, industriellement parlant. Telle a été la pensée de M. Ozouf; voici comment il l’a réalisée.
- Le gaz carbonique est produit par les moyens et dans les appareils employés à la fabrication des eaux minérales. Un gazomètre sert à l’entreposer; des tuyaux convenables le portent au contact du liquide sucré auquel il doit enlever la chaux, et la partie non absorbée retourne au gazomètre, et de cette manière son action s’exerce complètement.
- Mais, si ce gaz traversait le liquide sous la forme de bulles volumineuses, une faible portion seulement de chacune d’elles agirait dans leur passage, et de là la nécessité de ramener à plusieurs reprises la même quantité de gaz au contact du liquide.
- On pouvait le diviser par divers moyens, tels que des plaques percées de très-petits orifices par exemple, mais on augmentait par là la pression , à la fois par les frottements et par le poids de la colonne de liquide traversée, en même temps que l’opération restait intermittente.
- M. Ozouf a eu l’idée heureuse de la rendre continue tout en utilisant une beaucoup plus grande action du gaz, et il l’a réalisée par un artifice très-simple.
- Le liquide sucré se rencontre dans un tuyau qu’il traverse avec le gaz, forcés l’un et l’autre à un contact multiplié par la disposition de l'espèce de
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- robinet qui les reçoit de deux directions différentes et les oblige à cheminer ensuite pour se séparer alors que l’excès de gaz, ayant agi sur la chaux, retourne au gazomètre, tandis que le liquide sucré se rend dans les appareils convenables..
- Pour déterminer cet utile effet, le boisseau du robinet des pompes que doivent traverser ensemble le liquide et le gaz est à claire-voie, et, sans opposer au mouvement une résistance qui augmente la pression et exige une plus grande force d’injection du liquide, présente l’un à l’autre les corps réagissants dans des conditions très-favorables.
- La vue de ce robinet, dont un spécimen est placé sous les yeux du Conseil, rend facilement appréciables les avantages qu’il offre dans son emploi.
- Le système de M. Ozouf a été appliqué dans la fabrique de M. Boucher, au Pecq, où il a produit des résultats extrêmement importants. Une grande partie de l’approvisionnement en betteraves était compromise par la rude température qui s’est subitement développée en décembre dernier; force était, pour ne pas tout perdre, d’opérer avec une excessive rapidité : les appareils de M. Boucher ont permis de le faire et ont diminué, dans un très-grand rapport, des pertes qui pouvaient devenir désastreuses.
- Le rapporteur y a suivi les opérations et vérifié les résultats obtenus.
- Rien de plus facile que leur constatation : l’emploi du papier de curcuma au moment de l’opération, l’examen des sirops dans le laboratoire ont permis de vérifier la présence de la chaux à l’arrivée des sirops et son absence à leur sortie de l’appareil.
- Les sirops, débourbés par le repos qui détermine la précipitation du carbonate de chaux et de toutes les matières étrangères dont ils se trouvent débarrassés, sont cuits à l’ordinaire, et le sucre passé à la turbine, celui-ci a dû être examiné; l’échantillon placé sous les yeux du Conseil a été prélevé dans le cours même de l’opération.
- Celle-ci peut s’exécuter soit sur les jus sucrés, soit sur les sirops, et permet d’opérer également, quel que soit le système de traitement par la chaux qui soit suivi : c’est un avantage qu’il importe de signaler à cause de sa généralité même.
- Il nous semble inutile de décrire en détail l’appareil breveté de M. Ozouf, la seule partie sur laquelle il était nécessaire d’attirer l’attention du Conseil se trouvant le robinet dont nous avons fait connaître l’usage et la disposition générale dont une figure et sa légende rendront l’utilité bien autrement appréciable.
- En résumé, les avantages que procure le système suivi par M. Ozouf consistent dans Yutilisation économique du gaz carbonique pur substitué au produit
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- complexe et provenant de la combustion du charbon, la continuité du travail, la facile saturation de la chaux, la rapidité des opérations, la bonne qualité des produits.
- Votre comité, convaincu de l’intérêt qu’offrent pour la fabrication du sucre de betterave les bonnes conditions de ce système, a l’honneur de vous proposer,
- 1° De remercier M. Ozoufde sa communication ;
- 2° D’ordonner l’insertion, au Bulletin, du présent rapport avec la figure de l’appareil.
- Signé Gaultier de Claubry, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 février 1860.
- LÉGENDE DESCRIPTIVE DE L’APPAREIL IMAGINÉ PAR M. OZOUF POUR LA SATURATION,
- PAR L’ACIDE CARBONIQUE, DES JUS SUCRÉS ET DES SIROPS TRAITÉS PAR LA CHAUX.
- ( Planche 219. )
- Fig. 1. Vue longitudinale de l’appareil.
- Fig. 2. Vue de la machine à vapeur et de la pompe aspirante et foulante dans un plan perpendiculaire à celui de la figure 1.
- Fig. 3. Section verticale de la pompe suivant la figure 1.
- Fig. 4. Autre section verticale de la même suivant la figure 2.
- À, cylindre dans lequel se prépare l’acide carbonique destiné à la saturation des jus sucrés ( fîg. 1 ) ; il est fermé à la partie supérieure par un couvercle convexe, et à la partie inférieure par une calotte sphérique.
- B, douille à vis fermant l’ouverture par laquelle on introduit l’eau et le carbonate de chaux.
- C, petit réservoir en plomb ( indiqué en ponctué ) fixé sous le couvercle du cylindre A et contenant de l’acide sulfurique; le fond de ce réservoir est percé d’une ouverture par laquelle on laisse écouler l’acide, en agissant de l’extérieur sur la poignée d’un bouchon cylindro-conique D.
- E, agitateur circulaire ( représenté également en ponctué ) monté sur un axe horizontal qui traverse de part et d’autre le cylindre A au moyen de boîtes à étoupe.
- F, manivelle de l’agitateur.
- G, bouchon de vidange placé à la partie inférieure du cylindre A.
- H, tuyau conduisant le gaz acide carbonique au gazomètre.
- I, cuve en bois du gazomètre.
- J, robinet de purge d’air placé sur la cloche du gazomètre.
- K, tuyau élastique mettant le gazomètre en communication avec l’appareil séparateur.
- L’appareil séparateur se compose de deux réservoirs cylindro-sphériques L, L' mis en communication par le haut au moyen d’un tuyau recourbé M. L’acide carbo-
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- nique entraîné par l’aspiration d’une pompe se rend directement du gazomètre dans la capacité Lr; quant à la capacité L, elle reçoit les jus sucrés, qui y sont refoulés après saturation.
- M, pompe aspirante et foulante à piston plein ( fig. 3 et 4 }.
- N, soupape d’aspiration appelant d’une part l’acide carbonique, et d’autre part le sirop à saturer.
- N', soupape refoulant le sirop saturé et le gaz en excès.
- Ces deux soupapes sont de forme évidée dite à lanterne.
- O, machine à vapeur commandant directement la pompe M ( fig. 2).
- P, récipient où la pompe puise le sirop (fig. 1) ; il est alimenté par un tuyau muni d’un robinet à flotteur s’ouvrant et se fermant de lui-même suivant le niveau du liquide.
- Q, robinet mettant en communication la capacité L' et le récipient P avec la soupape d’aspiration de la pompe; la figure 3, qui représente ce robinet en coupe, montre qu’on peut régler à volonté les quantités relatives de gaz et de liquides aspirées.
- R, tuyau conduisant le sirop h la soupape d’aspiration.
- S, tuyau conduisant le gaz à la même soupape.
- T, tuyau par lequel le liquide saturé et le gaz en excès sont refoulés dans la capacité L. A la partie inférieure de cette capacité se trouve un agitateur analogue à celui du cylindre A et servant à favoriser, au besoin, la saturation du sirop; le gaz en excès se dégage du liquide et retourne, par le coude M, dans la capacité L'.
- U, siphon servant à sortir le liquide saturé.
- Y, robinet de vidange de la capacité L.
- W, robinet de purge d’air placé sur le coude M.
- Z, bâti en fonte aux flancs duquel sont attachées, d’un côté la pompe, et de l’autre
- la machine à vapeur. ( M. )
- STÉRÉOSCOPES.
- Rapport fait par M. le vicomte Th. du Moncel, au nom du comité des mis économiques, sur les appareils stéréoscopiques de M. Philippe Benoist, rue de Lancry, 7.
- Messieurs, M. Benoist, artiste lithographe très-distingué, élève de M. Da-guerre, a soumis depuis longtemps à yotre jugement plusieurs dispositions particulières de stéréoscope qui permettent à cet instrument 1° de fournir à volonté deux grossissements différents d’une même épreuve stéréoscopique ; %° de donner, par une combinaison mécanique très-simple, les effets de mouvement des corps sans leur faire perdre l’apparence du relief. Ces
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- appareils n’ont pas encore été, il est vrai, mis en exploitation, mais le comité a pensé que la manière ingénieuse dont ils ont été combinés était un motif suffisant pour les recommander à l’attention de la Société.
- Il y a déjà longtemps, M. J. Duboscq, voulant ajouter à l’aspect saisissant des objets dans le stéréoscope le mouvement dont ils pouvaient être animés, pensa à combiner les effets du phénakisticope à ceux du stéréoscope, et imagina, dans ce but, un appareil très-intéressant auquel il donna le nom de bioscope; mais cet appareil, exigeant seize images doubles du sujet dans des positions différentes et ne pouvant fournir la vue de ces sujets qu’à travers une fente assez étroite et par réflexion, laissait à désirer, et c’est pour cela, sans doute, qu’il ne s’est pas répandu davantage dans le public. M. Benoist, au moyen des appareils qu’il vous a présentés, semble avoir résolu plus simplement la question.
- Celui de ces appareils qui a paru le plus ingénieux à la commission est fondé sur ce principe que, si on fait succéder assez promptement l’une à l’autre, et sans qu’on s’en aperçoive, deux images dans lesquelles le corps en mouvement est représenté dans ses deux positions extrêmes, l’œil, dans ce changement d’images, pourra rétablir les positions intermédiaires et recevoir, par cela même, l’impression du mouvement accompli dans ses différentes phases : c’est, du reste, un principe analogue à celui du phénakisticope. Toute la difficulté du problème était de produire, sans qu’elle fût par trop visible, la substitution des deux images stéréoscopiques.
- M. Benoist a résolu ce problème en plaçant devant les bonnettes du stéréoscope, à l’intérieur de la boîte, une glace composée de deux parties moitié étamées moitié transparentes, inclinée à 45° et susceptible de se déplacer de côté par l’intermédiaire d’une pédale à ressort afin de faire arriver devant les lentilles des bonnettes tantôt les parties étamées de la glace, tantôt les parties transparentes. Avec cette disposition, en effet, l’une des doubles images stéréoscopiques étant placée verticalement en face des bonnettes et l’autre image étant placée horizontalement au fond de la boîte, l’œil peut percevoir tantôt l’une des images vue par transparence, tantôt l’autre image vue par réflexion, et la substitution des deux images devient ainsi presque insensible, puisque, au moment de cette substitution, les deux images se fondent en quelque sorte l’une dans l’autre. Comme la lumière, dans un pareil stéréoscope, doit éclairer à la fois deux images placées dans des compartiments différents, l’éclairage de la boîte doit se faire de côté et par l’intermédiaire d’une glace dépolie, en ayant soin de n’employer que de la lumière diffuse.
- Avec un appareil bien réglé et la lumière du jour ou la lumière d’une
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- lampe réfléchie par une feuille de papier, l’illusion est très-grande, ainsi que yotre commission a pu le constater.
- Dans une autre disposition d’appareils que vous a présentée M. Benoist pour atteindre le même but, on produit devant les bonnettes du stéréoscope une succession rapide de fermetures d’un diaphragme, fermetures pendant lesquelles s’opère la substitution mécanique d’une image stéréoscopique à l’autre. L’inconvénient de ce système est de fournir, quand l’appareil n’est pas mis très-vite en mouvement, une série d’éclipses assez désagréables à l’œil, ou, quand l’appareil va trop vite, l’apparence d’un mouvement trop précipité de la part de l’objet que l’on regarde.
- La troisième disposition de stéréoscope à effets de mouvement que vous a présentée M. Benoist est fondée en quelque sorte sur un escamotage visuel ; elle consiste, en effet, à boucher alternativement les deux bonnettes du stéréoscope au moyen d’une pédale placée sur le côté de l’appareil et à placer dans celui-ci, au lieu de deux dessins identiques, deux images prises l’une dans une position, l’autre dans une autre position. C’est alors l’œil droit et l’œil gauche qui, en percevant alternativement les deux images, font croire à un mouvement. Ce système, qui est extrêmement simple et qui avait été déjà proposé, il y a cinq ou six ans, par M. Claudet, est aujourd’hui exploité avec un certain succès par M. Furne. On peut cependant lui reprocher deux défauts, d’abord l’absence de relief des objets représentés qui sont réduits, par le fait, à une seule image, et en second lieu le déplacement latéral de ces objets qui ferait croire à un mouvement de transport du sujet entier de gauche à droite et de droite à gauche.
- Le stéréoscope de M. Benoist à deux grossissements se compose de deux boîtes rectangulaires dont l’une, moitié moins longue que l’autre, glisse librement à l’intérieur de celle-ci sous l’influence d’un bouton mobile dans une coulisse. La plus grande de ces boîtes est munie, sur sa face antérieure, d’un verre dépoli, et la plus petite porte l’épreuve stéréoscopique qui, par cette disposition, peut se trouver transportée à 16,2 centimètres et à 8,1 centimètres des lentilles du stéréoscope adaptées à la plus grande boîte. Ces lentilles ne sont, d’ailleurs, que des verres de lunettes disposés de manière que les yeux correspondent aux deux moitiés de ces verres les plus voisines, et au-dessous d’elles se trouve adaptée une petite planchette mobile autour d’une charnière qui porte également deux verres semblables aux précédents et leur correspondant exactement en position. Cette planchette est reliée, par une corde et une poulie, à la boîte mobile, de telle manière que, quand celle-ci porte à 8,1 centimètres des lentilles l’épreuve stéréoscopique, les verres de la planchette viennent s’adapter contre les verres de l’appa-
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- reil, et alors le grossissement est à son maximum. Au contraire, quand la boîte mobile est entièrement descendue, que, conséquemment, l’image stéréoscopique est à 16,2 cent, des lentilles de l’appareil, la planchette se trouve abaissée, et le grossissement est à son moindre degré.
- La simplicité de construction des appareils de M. Benoist et les effets curieux qu’ils produisent ont paru à la commission de nature à valoir à leur auteur l’approbation de la Société, et dans cette intention elle vous prie, Messieurs, de vouloir bien décider,
- 1° Que des remercîments soient adressés à M. Benoist pour son intéressante communication ;
- 2° Que le présent rapport soit inséré au Bulletin.
- Signé Th. du Moncel, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 30 janvier 1861.
- ARTS ÉCONOMIQUES.
- Rapport fait par M. Molinos , au nom du comité des arts économiques, sur le ventilateur fumifuge de M. Ch. Venant, à Orléans.
- M. Ch. Venant soumet à l’examen de la Société un ventilateur fumifuge applicable soit aux cheminées pour activer le tirage, soit à l’aérage des locaux où l’air est vicié par une cause quelconque.
- Cet appareil se compose d’une sphère aplatie, fixée sur un axe vertical et mobile. Cette sphère est formée de lames de tôle disposées à peu près en ailes de moulin, de manière qu’un vent très-léger suffit à la faire tourner. L’axe prolongé dans le tuyau de la chelninée porte lui-même une hélice qui, par le mouvement de l’appareil , produit un appel plus ou moins énergique.
- Appliqué aux cheminées, cet appareil est utile à activer le tirage et surtout à le régulariser en neutralisant l’influence des rafales de vent. Il a été employé dans ce double but au chemin de fer du Bourbonnais pour les poêles des guérites de garde, et a produit de très-bons résultats. On a constaté son efficacité contre l’action du vent; on ne lui a reproché que de donner parfois au tirage une trop grande activité, inconvénient auquel on a remédié par l’addition d’une clef régulatrice.
- L’appareil complet coûte environ 10 francs.
- Appliqué à la ventilation simple, cet appareil présente évidemment les inconvénients de tous les systèmes qui reçoivent le mouvement d’un moteur
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- aussi variable que le vent. Néanmoins, eu égard à son faible prix, il pourra sans doute se généraliser, et, en tous cas, il sera employé avec avantage lorsque le fonctionnement de Fhélice sera assuré par un mouvement propre, comme pour l’aérage des waggons de fumeurs des chemins de fer, des cales de navires, etc.
- En conséquence, le comité vous propose, Messieurs, de remercier M. Venant de sa communication, et d’ordonner l’insertion du présent rapport au Bulletin avec le dessin de l’appareil et une légende explicative.
- Signé Molinos, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 13 mars 1861.
- LEGENDE EXPLICATIVE DU VENTILATEUR FUMIFUGE DE M. CH. VENANT.
- La figure ci-dessous représente l’appareil de M. Venant avec arrachement d’une partie de la surface du tuyau pour laisser voir l’hélice intérieure.
- À, sphère aplatie composée de lames de tôle disposées à peu près en ailes de moulin. Ces lames sont découpées dans une feuille de tôle au centre de laquelle elles viennent toutes se réunir, et leurs extrémités sont fixées au rebord d’un chapiteau B.
- C, tuyau surmontant la cheminée et coiffé par le chapiteau B qui tient à la sphère.
- D, axe vertical mobile portant la sphère et tournant dans une crapaudine placée dans l’intérieur du tuyau sur une traverse diamétrale; cet axe est entouré d’une hélice destinée à favoriser l’appel.
- E, bras fixes formant arcade, attachés au tuyau C et recevant l’extrémité supérieure de l’axe D dans une ouverture qui lui permet de tourner librement.
- F, petit cône placé au sommet de l’arcade E et servant à recouvrir l’extrémité supérieure de l’axe D.
- La sphère, le chapiteau B, l’axe et l’hélice tournent ensemble.
- (M.)
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- Rapport fait par M. Benoît, au nom du comité des arts mécaniques, sur
- l échelle-rapporteur a boüssole, inventée par M. Trinquier, lieutenant au
- 3üe régiment de ligne.
- Messieurs, bien que les levers réguliers à la Boussole et même au Déclinatoire soient plus expéditifs que les levers à la Planchette, instrument que l’on doit pourtant préférer toutes les fois que l’on se proposera d’obtenir uri lever avec le plus d’exactitude possible, cependant la boussole, telle qu’on l’emploie même.en quadrillant le papier afin de se servir au besoin du Rapporteur complémentaire, est encore un instrument trop lent quand il s’agit de procéder, à la hâte, à de simples reconnaissances topographiques. Les carrés formés par des méridiennes et des parallèles, tracées préalablement, de décimètre en décimètre, sur le papier destiné à recevoir le dessin de la carte, combinés avec le rapporteur complémentaire en corne mince, facilitent singulièrement les moyens de rapporter les angles observés avec la boussole; mais la réduction, à l’aide de l’Échelle et du Compas ordinaire, des distances mesurées sur le terrain ou simplement estimées, afin d’en porter la longueur sur les lignes qui doivent les représenter, est une opération que l’on n’avait pas encore cherché à abréger. C’est ce but que M. le lieutenant Trinquier s’est proposé d’atteindre en même temps que la simplification du tracé des directions observées : et l’on doit reconnaître que c’est par la réalisation d’une idée bien simple, mais néanmoins très-ingénieuse, qu’il y est parvenu.
- M. Trinquier s’est sans doute dit : On a jusqu’ici tracé les levers topographiques sur du papier opaque, mais il est évident que si j’emploie pour cet objet un papier transparent, et que si je dispose, en dessous, un grand disque mobile autour de son centre, dont le bord soit divisé en degrés comme le limbe de la boussole, et sur lequel soient tracés, parallèlement aux diamètres 0° —180° et 90° — 270° de la graduation, deux systèmes de lignes droites équidistantes, ,en fixant au carton qui me servira de tablette un index déterminant avec le centre du limbe une droite parallèle au diamètre nord-sud de la boussole vissée sur ce carton, il est évident dis-je, qu’il me sera possible, en faisant tourner le disque, de rendre un des deux systèmes de droites, parallèle à la direction visée avec l’alidade de la boussole; de sorte
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- que l’une de ces droites passera par le point de station marqué sur le plan, ou qu’elle en sera, dans tous les cas, assez voisine pour que je puisse, en la prenant pour guide, tracer à la main avec le crayon, sur le papier transparent, la ligne qui doit y représenter la direction visée : et qu’enûn le second système de droites, qui est toujours dirigé d’équerre sur le premier, pourra en même temps me servir d’échelle pour indiquer, sur le plan, la longueur de cette direction.
- Cette manière de procéder se pratique facilement à l’aide de Y Échelle-rapporteur, imaginée par M. Trinquier, qui a soumis à l’appréciation de la Société l’exemplaire de cet instrument renvoyé à l’examen du comité des arts mécaniques, et qui est placé sous les yeux du Conseil, accompagné de Y Instruction publiée par l’inventeur pour en faciliter l’usage.
- Dans les reconnaissances topographiques, le pas de l’opérateur sert souvent d’unité de mesure des distances, et, comme le pas moyen a une longueur de 0m,80, les droites de l’un des deux systèmes, tracées à i’encre rouge, sont séparées par des intervalles de 0m,0008 pour servir alors d’échelle : ces lignes sont grossies de cinq en cinq, afin d’en faciliter la lecture. Les droites de l’autre système sont tracées de millimètre en millimètre à l’encre noire, et grossies également de cinq en cinq, pour servir d’échelle lorsque les distances sont mesurées ou estimées en mètres. On conçoit, d’après ce qui précède, que la division en degrés du limbe du disque doit porter deux graduations dont les nombres, correspondants à la même division, diffèrent de 90 degrés et qui sont écrits avec des encres de couleur différente, afin de pouvoir les distinguer à première vue.
- Pour rendre son appareil propre à fournir les indications servant de base au dessin du Relief du terrain, M. Trinquier a pratiqué un évidement dans le couvercle même de la boussole, afin d’y établir un niveau à pendule, dont le corps a la forme générale d’un rapporteur ordinaire métallique, pivotant sur son centre, avec addition d’une aiguille dirigée, dans son plan, perpendiculairement à son diamètre matériel. Deux très-petites pinnules fixées latéralement à ce diamètre et visibles à travers deux ouvertures pratiquées dans l’épaisseur du couvercle permettent de procéder aux nivellements ordinaires.
- Pour mesurer en degrés, soit l’Inclinaison sur l’horizon, soit la Distance zénithale des lignes d’un terrain en pente, ou des rayons visuels dirigés vers les objets observés, le demi-cercle* du pendule est divisé en degrés gradués de zéro à 90 degrés, de part et d’autre de son point le plus bas où le zéro est placé ; de sorte qu’une droite passant par le centre du demi-cercle, tracée sur le fond de l’évidement du couvercle, perpendiculairement à la droite
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- déterminée par les pinnules à crin qui y sont fixées, indique sur ce demi-cercle le degré qui est la mesure de l’angle proposé.
- Enfin, pour pouvoir réduire à l’horizon, sans calcul et sans table spéciale, les distances mesurées sur les terrains inclinés, et pour déterminer aussi, sans calcul et sans table, sur les lignes des terrains en pente, l’écartement des points de passage des Courbes horizontales verticalement équidistantes, qui doivent limiter la longueur des Hachures et en indiquer la direction, M. Trinquier a divisé en millimètres la rive supérieure, taillée en biseau, du diamètre matériel du corps du pendule, et les a gradués de part et d’autre de son point milieu, où est placé le zéro : il a tracé, sur le fond de l’évidement du couvercle et perpendiculairement à la direction donnée par les pinnules, un premier système de droites parallèles comprenant des intervalles d’un millimètre, dont l’une passe par le point de pivotement du pendule, et graduées comme les divisions du biseau auxquelles elles correspondent, et un second système de droites parallèles qui croisent le précédent à angles droits, et dont l’écartement est d’un demi-millimètre. On reconnaîtra facilement que toutes ces lignes, et la rive du biseau du pendule qui reste toujours horizontale, forment ensemble des triangles rectangles dont les longueurs de l’hypoténuse et du côté horizontal sont indiquées en millimètres, et celle du côté vertical en demi-millimètres, et que ces triangles donnent ainsi, à simple vue, la solution immédiate des questions ci-dessus énoncées.
- Ajoutons, pour terminer, que M. Trinquier a adapté à sa boussole deux touches pour arrêter, à volonté, l’aiguille aimantée et le niveau à pendule dans les positions qu’ils occupent au moment des observations, et qu’il a utilisé la partie de l’évidement non occupée par les systèmes de droites décrits, pour y tracer des spécimens des hachures à employer pour la représentation des terrains en pente sur lesquels on opère, spécimens que la position de l’aiguille dont il a été déjà question signale à l’opérateur.
- En résumé, Messieurs, votre comité des arts mécaniques, au nom duquel je viens d’avoir l’honneur de vous entretenir, a vu avec beaucoup d’intérêt l’appareil très-portatif dans lequel M. le lieutenant Trinquier a réuni et très-convenablement coordonné tout ce qui est nécessaire pour procéder rapidement aux Reconnaissances topographiques, puisque l’opérateur n’a plus à se servir de la Règle, de l’Échelle, du Compas ni du Rapporteur, quatre instruments dont il avait dû être muni jusqu’ici sur le terrain, et qu’il ne-conserve de l’ancien matériel que la Roussole à Éclimètre modifié, le Crayon et la Tablette qui se confond avec Y Échelle-rapporteur.
- Le comité des arts mécaniques vous propose, en conséquence,
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- 1° De remercier M. le lieulenant Trinqnier de sa communication ;
- 2° D’approuver l’appareil dont il est l’inventeur breveté, et d’en publier le dessin, relevé sur un de ceux dont la construction a été ordonnée par M. le ministre de la guerre, pour être mis à la disposition de certaines Écoles régimentaires de sous-officiers ;
- 3° Enfin de faire insérer le présent rapport dans le Bulletin.
- Signé Benoît, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 19 décembre 1860.
- LÉGENDE DESCRIPTIVE DE LA PLANCHE 220 REPRÉSENTANT L’ÉCHELLE-RAPPORTEUR A BOUSSOLE IMAGINÉE PAR M. TRINQUIER.
- Fig. 1. Plan de l'instrument complet, disposé pour entrer en opération.
- Fig. 2 et 3. Profils partiels de la boite contenant la boussole et le demi-cercle rapporteur.
- Fig. 4. Vue de face de la même boîte ouverte.
- A, carton rectangulaire épais, servant de tablette d’opération (fig. 1); il est échan-cré sur l’un de ses petits côtés, de manière à faciliter le port de tout l’instrument avec la main gauche qui le saisit en se plaçant dessous.
- B, disque en carton mince fixé sur la tablette A et pouvant, au gré de l’opérateur, tourner dans tous les sens autour de son centre; c’est Y échelle-rapporteur. Le limbe qui forme le bord de ce disque et qui est simplement tracé sur le carton est divisé en 300 degrés, dans le même sens que le limbe de la boussole; en outre, toute la surface intérieure est quadrillée par un double système de lignes perpendiculaires se rapportant à deux modes d’opération, celui qui se pratique au mètre et celui qui se fait au pas. Les lignes parallèles au diamètre 360°—180°, c’est-à-dire les lignes placées verticalement dans la figure 1, sont celles qui correspondent au premier mode d’opérer; elles sont espacées de millimètre en millimètre, c’est-à-dire de 10 mètres à Péchelle de 1/10,000 avec grossissement à chaque 5 millimètres pour en faciliter la lecture. Au contraire, les lignes perpendiculaires aux précédentes et qui sont parallèles au diamètre 270°—90° ne sont espacées que de 0m,0008 ( à la même échelle ) pour servir lorsqu’on opère au pas moyen de 0m,80 ; contrairement à la gravure qui ne pouvait les représenter qu’en noir, elles sont, dans l’instrument, tracées en rouge, ce qui permet de les distinguer plus facilement des autres. Par suite de ces deux espèces d’évaluation des distances, le limbe du disque doit porter, à chaque division, deux sortes de graduations complémentaires différant entre elles de 90°. C’est ainsi que dans l’instrument, à côté de la division 360® inscrite en noir, s’en trouve une autre en rouge de 270°, à côté du nombre noir 350 vient en rouge 260 et ainsi de suite; en sorte que le diamètre noir 360°—180° est marqué également en rouge 270°—90°, et le diamètre rouge désigné en noir par 270°—90° l’est également en rouge par
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- 180°__360°. Dans la figure 1, le limbe du disque n’indique que la seule graduation
- noire qu’on a pu représenter.
- C, index en cuivre fixé à l’un des longs côtés de la tablette A, dans une position telle que sa pointe et le centre du disque B déterminent une droite parallèle à la ligne nord-sud de la boussole ; cette pointe touche le limbe du disque sans l’empêcher, pour cela, de se mouvoir.
- D, quatre pointes dites punaises, piquées sur la tablette À et servant à maintenir sur le disque le papier transparent destiné à recevoir le tracé des opérations.
- E, boussole ordinaire ayant sa boîte vissée à l’un des angles de la tablette A, de manière que son diamètre nord-sud soit, ainsi qu’il vient d’être dit, parallèle au diamètre du limbe qui passe par la pointe de l’index C; son aiguille est, comme à l’ordinaire, munie d’un arrêtoir à touche F.
- G, demi-cercle rapporteur en métal, placé sous verre dans un évidement circulaire pratiqué dans le couvercle de la boîte de la boussole et fixé au centre de cet évidement de manière à pouvoir osciller librement autour de son propre centre ( fig. 4 ) ; son diamètre est divisé en millimètres en allant du centre vers chacune des extrémités.
- H, contre-poids fixé à l’extrémité du rayon vertical du demi-cercle G et constituant, avec ce demi-cercle, un niveau à pendule.
- I, aiguille attachée au centre du demi-cercle perpendiculairement à son diamètre matériel ; aux extrémités de ce diamètre sont disposées deux petites pinnules x (fig. 2 et 3), qui se correspondent.
- J (fig. 2) et J' (fig. 3), ouvertures garnies d’une glace, pratiquées de chaque côté dans l’épaisseur du couvercle de la boîte et correspondant aux pinnules# dans le but de permettre de procéder aux nivellements ordinaires.
- K, bouton vertical mobile, disposé sous le demi-cercle G et pouvant glisser de haut en bas ou réciproquement pour rendre libre ou arrêter à volonté ce demi-cercle pendant les observations. Lorsqu’on veut produire l’arrêt, ainsi qu’il est indiqué figure 4, on pousse avec le pouce un verrou L placé extérieurement au couvercle de la boîte entre les charnières; ce verrou soulève le bouton K et le maintient appliqué contre le demi-cercle. Au contraire, pour rendre libre le demi-cercle, on n’a qu’à retirer le verrou et le bouton retombe dans sa gaine.
- Le fond circulaire de l’évidement du couvercle au centre duquel est suspendu le niveau à pendule est divisé en deux parties par un diamètre horizontal, que l’auteur appelle la ligne de foi et que cache dans la figure 4 le diamètre matériel du niveau ; chacune de ces deux parties porte des indications différentes :
- La partie inférieure M est divisée d’une part, à partir du centre, par des lignes verticales distantes d’un millimètre et dont la graduation est indiquée de cinq en cinq sur le diamètre qui, dans la position horizontale de l’instrument, se confond avec le diamètre matériel du demi-cercle rapporteur; d’autre part, un second système de lignes parallèles, mais espacées d’un demi-millimètre, sont tracées perpendiculairement aux
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- précédentes et ont leur graduation marquée de chaque côté du haut en bas. en dehors du demi-cercle métallique.
- La partie supérieure où se meut l’aiguille I porte, à droite et à gauche de la verticale qui passe par le centre, des lignes exprimant la longueur, l’écartement et la grosseur des hachures qui correspondent aux diverses pentes du terrain et, dans le cas d’un lever militaire, les armes auxquelles ces pentes sont accessibles; c’est l’aiguille I qui, par sa position, indique les spécimens de hachures à employer.
- N, O (fig. 2), N', O' (fig. 3), pinnules découpées dans de petites alidades fixées à la même hauteur sur deux côtés opposés du couvercle de la boîte; les pinnules verticales N, N' sont affectées aux opérations à la boussole, celles horizontales O, O' servent pour opérer avec le niveau à pendule.
- P est une petite lame métallique faisant fonction de ressort, fixée perpendiculairement au couvercle de la boîte sous la plaque des pinnules N, O et servant, lorsque cette boîte est ouverte, à empêcher, au moyen de son extrémité recourbée, le couvercle de se fermer pendant que l’on opère; pour obtenir le rabattement du couvercle, il suffit de ramener à soi ce petit ressort, et l’on peut alors fermer la boîte au moyen de son crochet.
- Cette seconde partie de l’instrument qui vient d’être décrite et que renferme le couvercle de la boite constitue Yéclimètre au moyen duquel on obtient sans calcul :
- 1° Les points de même niveau sur les diverses pentes du terrain;
- 2° La réduction des bases à l’horizon ;
- 3° L’écartement des points de passage de courbe sur chaque pente;
- 4° La différence de niveau entre deux points;
- 5° L’écartement, la longueur et la grosseur des hachures correspondant aux diverses pentes ;
- 6° Les armes auxquelles les pentes sont accessibles ;
- 7° L’inclinaison sur l’horizon et les distances zénithales des lignes du terrain.
- Manière d'opérer avec Vinstrument.
- La boîte étant ouverte et le papier transparent mis en place, au moyen des punaises, sur le disque ou échelle-rapporteur, on prend l’instrument en tenant le carton de la main gauche et en plaçant le pouce de cette main près du verrou L; en même temps on saisit la boussole de la main droite en ayant l’index prêt à agir sur la touche F de l’arrêtoir.
- Nous extrayons d’une brochure imprimée et publiée par l’auteur quelques-unes des instructions qu’il a rédigées.
- Report des directions sur le papier. — Pour tracer sur le papier une direction du terrain dont la déclinaison, observée à la boussole, est 197° par exemple, on fait tourner l’échelle-rapporteur jusqu’à ce que la graduation (noire) 197° corresponde au nord. Le diamètre 180°—360 et toutes les lignes noires qui lui sont parallèles se trouvent dans la direction visée, puisqu’elles forment avec la ligne nord-sud du papier
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- le même angle de 197° que la ligne du terrain fait avec le nord; il n’y a donc qu'à tracer avec le crayon la ligne noire de l’échelle-rapporteur qu’on aperçoit, au-dessous de la feuille, passant par le point donné, ou de mener une parallèle à la plus voisine, pour avoir la direction cherchée.
- Mesure des distances au pas. —Pour mesurer au pas la distance d’un point X à un point X, il faut prendre dans la campagne et en arrière de Y s’il est peu éloigné, en avant s’il l’est beaucoup, un point saillant et distinct, afin de se diriger directement sur ce point, sans dévier à droite et à gauche et cheminer en comptant les pas.
- Report des distances au pas. — Ayant tracé la direction X Y et mesuré au pas la distance du point X au point Y, on placera les lignes noires de l’échelle-rappor-teur dans la direction X Y, et, puisque les lignes rouges sont espacées de dix pas, on n’aura qu’à compter sur la directrice qui passe par le point X autant de lignes rouges qu’il y a de fois dix pas dans le nombre de pas mesurés de X en Y pour avoir le point Y.
- Report des distances au mètre. — Si la distance était mesurée au mètre, comme cela arrive sur les routes kilométrées, on placerait les lignes rouges de l’échelle-rap-porteur dans la direction visée, en amenant la graduation rouge 197° vis-à-vis le nord, et, puisque les lignes noires sont espacées de 10 mètres, on placerait le point Y en prenant, sur la directrice rouge qui passe par ce point, autant de lignes noires qu’il y aurait de fois dix dans le nombre de mètres qui se trouvent entre X et Y.
- Réduction des bases à l'horizon. — Lorsque les distances mesurées au mètre ou au pas se trouvent sur des lignes inclinées, on les réduit à l’horizon, c’est-à-dire qu’on ne porte pas sur le lever leur vraie grandeur, mais leur projection.
- La projection d’une ligne ou sa réduction à l’horizon est donnée (lorsque l’on vise suivant son inclinaison) par la graduation de la ligne de foi, qui se trouve sur la même verticale que la graduation du diamètre de l’éclimètre, qui exprime la vraie longueur de la ligne mesurée.
- Détermination des points de même niveau. — Le diamètre du demi-cercle mobile se tenant toujours horizontal, on obtiendra un point de même niveau que le point où l’on se trouve par l’intersection avec le sol du rayon visuel qui passe par les pinnules du diamètre de l’éclimètre à travers les fenêtres du couvercle de la boîte.
- Mesure de ïécartement des courbes sur une pente. — On vise suivant celte pente avec l'alidade de Vèclimèlre et on lit les intersections des parallèles à la ligne de foi (équidistantes d’un demi-millimètre) avec le diamètre mobile,* leurs projections sur la ligne de foi donnent en millimètres Vécartement graphique des courbes sur la pente visée.
- Voici comment : pour représenter au moyen de courbes les ondulations du sol, on suppose (le relief du terrain étant construit à l’échelle du plan) que l’on trace, sur ce relief, des courbes horizontales espacées verticalement d’un demi-millimètre5 il en résulte que les points de ces courhes sur une pente quelconque sont espacés verticalement d’un demi-millimètre, et leur écartement en millimètres est l’écartement des courbes sur cette pente. Or les horizontales de l’éclimètre espacées d’un demi-millimètre interceptent, sur le diamètre mobile qui a la même inclinaison que la pente du Tome VIII. — 60e année. 2e sé^rie. — Avril 1861. 27
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- Telief et que la pente visée, des points distants verticalement d’un demi-millimètre, dont l’écartement sur ce diamètre est l’écartement des courbes sur la pente du relief, et les projections de ces écartements sur la ligne de foi sont en millimètres l’écartement des courbes de nivellement qui se tracent sur le papier, et qui sont les projections horizontales des courbes tracées sur le relief.
- Les courbes étant équidistantes sur une pente, il suffira d’avoir un écartement, celui, par exemple, compris entre la ligne de foi et l’intersection de la première horizontale pour avoir toutes les autres. Mais le renflement situé au pivot de l’instrument empêchant souvent de voir l’intersection de la première horizontale, on prendra la dixième et on divisera par 10 le nombre de millimètres compris entre cette ligne et la ligne de foi.
- En résumé, pour avoir l’écartement des courbes sur une pente, on prendra la projection en millimètres de l'intersection de la première horizontale avec le diamètre mobile, ou la projection de la dixième horizontale divisée par 10, par exemple : si la dixième horizontale coupe le diamètre mobile au 14me millimètre et que la projection de ce point sur la ligne de foi soit 12 millimètres, les courbes seront espacées de 12 millimètres divisés par 10, c’est-à-dire de 1, 2 millimètres.
- Tracé sur le papier des points de passage de courbe. — Ayant trouvé que l’espacement des courbes sur une pente visée, par exemple, d’un point X est de 1,2 millimètres, on détermine à la boussole la direction de cette pente (par exemple, 147°), on amène la graduation rouge 147° vis-à-vis du nord, et puisque les lignes noires sont espacées d’un millimètre, en prenant sur la ligne rouge qui passe par le point X une ligne noire et 1/5 de l’espace qui la suit, on aura la position du premier point de passage de courbe; deux lignes noires et 2/5 donneront le deuxième, trois lignes noires et 3/5 le troisième, et ainsi de suite.
- Différences de niveau. — Pour trouver la différence de niveau entre deux points, on vise, avec l’alidade de l’éclimètre, de l’un de ces points dans la direction de l’autre et on arrête l’instrument; on mesure ensuite, en se servant des graduations rouges de l’échelle-rapporteur, la distance en millimètres entre ces deux points (sur le dessin), par exemple 35 millimètres; l’horizontale de l’éclimètre qui passe par l’extrémité de la verticale 35 de la ligne de foi donne le nombre de courbes d’équidistance qui exprime la différence de niveau entre ces deux points, par exemple 18.
- Mesure de l'écartement des points de passage, de courbe d'une pente sur laquelle on ne se trouve pas. — On détermine, d’après le problème précédent, la différence de niveau entre deux points quelconques X et Y de cette pente et le point Z où l’on se trouve; soit, par exemple, 25 courbes entre le point Z et le point X, et 18 entre le point Z et le point Y. Il est évident qu’il y aura entre les points X et Y une différence de niveau de 25—18, c’est-à-dire 7 courbes, et si, en mesurant avec l’échelle-rapporteur la distance en millimètres qui existe sur le papier entre X et Y, on trouve, par exemple, 90 millimètres, les courbes seront espacées, sur cette pente, de 90/18, c’est-à-dire de 5 millimètres.
- (M.)
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- Rapport fait par M. A. Chevallier, au nom du comité des arts chimiques, sur
- un procédé de peinture sans essence imaginé par M. Dorange et présenté
- par MM. Lefebvre, rue Saint-Louis, 21. ( Extrait. )
- Messieurs, vous avez renvoyé au comité des arts chimiques l’examen d’un procédé de peinture de M. Dorange, présenté, au nom de MM. Lefebvre, entrepreneurs, à Paris, par M. Lourmand, chez lequel une application en a été faite. Ce procédé, qui exclut l’emploi de l’essence de térébenthine, offre un très-grand intérêt au point de vue de l’hygiène publique, puisqu’on peut, sans danger pour la santé, habiter immédiatement les lieux où il vient d’être mis en pratique ; votre comité a donc pensé qu’il méritait de fixer l'attention de la Société.
- On sait que l’emploi de l’essence de térébenthine dans la peinture est non-seulement nuisible aux ouvriers, mais encore et surtout aux personnes obligées d’habiter des appariements fraîchement peints, et chez lesquelles des accidents plus ou moins graves ont été produits par les seules émanations de cette essence. Si l’on recherche les observations qui ont été faites à ce sujet, on trouve :
- i° Que Pâtissier, dans son Traité des maladies des artisans, etc., 1822, dit, page 122, que « les couleurs à l’essence de térébenthine exhalent une odeur vive et pénétrante qui irrite les voies pulmonaires et gastriques ; » qu’en 1821, ayant visité un appartement où l’on peignait à l’essence , il fut affecté sur-le-champ par une toux sèche et pris de coliques qui se terminèrent par une diarrhée douloureuse.
- 2° Qu’en 1831 M. Corsin, médecin, à la Villette, fut atteint d’une maladie grave suivie de mort, pour avoir habité un appartement nouvellement peint.
- 3° Qu’en 1843 un élève en pharmacie, M. Journeil, a fait connaître les graves symptômes de maladie qu’il avait éprouvés pour avoir couché dans une chambre dont le papier avait reçu un vernis contenant de l’essence de térébenthine (1).
- A9 Que M. Bouchardat, s’étant livré, en 1845, à des expériences sur les
- (1) Le récit de M. Journeil a été inséré dans le Journal de chimie médicale {1843, p. 347
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- effets physiologiques de la vapeur d’essence de térébenthine, a établi que, chaque fois qu’il distillait cette essence sur de la brique et qu’il restait cinq ou six heures au laboratoire dans une atmosphère chargée de vapeurs, il ne ressentait d’abord qu’un peu de céphalalgie en conservant un pouls régulier et un appétit ordinaire, mais que, pendant la nuit qui suivait, des symptômes de maladie commençaient à se manifester. Ces symptômes consistaient en insomnie, agitation continue, chaleur de la peau, pulsations s’élevant de 65 à 86, difficulté d’émission de l’urine, qui possédait alors à un haut degré Codeur spéciale que lui communique la térébenthine ; le lendemain, une courbature excessive , accompagnée de pesanteur et de douleurs dans la région des reins succédait à cette agitation. Enfin un état de lassitude, de défaillance avec incapacité de travail persistait pendant deux ou trois jours. A trois reprises différentes, M. Bouchardat a répété les mêmes expériences, et, chaque fois, les mêmes phénomènes se sont reproduits en présentant des caractères identiques.
- En considérant que les peintres et vernisseurs, continuellement exposés aux vapeurs d’essence, n’éprouvent pas les incommodités qu’il a ressenties, et qu’en général ils ne sont pas affectés comme les personnes qui habitent des appartements fraîchement peints, M. Bouchardat en conclut que l’habitude seule a émoussé leur sensibilité.
- 5° Que M. Marchai de Calvi a fait connaître à l’Académie des sciences, en 1855 et en 1857, deux cas d’empoisonnement par les vapeurs d’essence de térébenthine. La première fois, il s’agissait d’une dame rapidement atteinte par les symptômes les plus alarmants pour avoir habité un appartement fraîchement peint, et qui n’a été sauvée, au bout d’un mois, que grâce à un traitement énergique. La seconde fois, les mêmes phénomènes se sont présentés chez une autre dame pour le seul fait d’avoir fait repeindre les portes et fenêtres de la chambre dans laquelle elle couchait; cette dame a dû être transportée immédiatement dans une autre maison, et ne s’est remise que longtemps après.
- 6° Qu’en 1856 M. Letellier faisait également connaître à l’Académie des sciences, dans la séance du i février, les accidents qu’il avait éprouvés, à trois reprises différentes, pour être resté dans une citerne remplie d’air atmosphérique chargé de vapeurs d’essence de térébenthine. Il avait été pris de vertige, avait éprouvé un peu de moiteur, des fourmillements aux poignets ; mais ces symptômes avaient disparu dès qu’il s’était retrouvé à l’air libre.
- Sans vouloir continuer ces citations, dont la liste pourrait être augmentée d’un grand nombre de cas analogues à ceux qui viennent d’être rapportés,
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- nous dirons, avec M. Marchai de Calvi, dont l’opinion est basée sur les recherches qu’il a entreprises,
- 1° Que la céruse est fixe dans la peinture dont elle forme la base, et qu’elle n’est pour rien dans les accidents qui peuvent résulter d’un séjour dans un appartement fraîchement peint ;
- 2° Que ces accidents sont dus aux vapeurs de térébenthine ;
- 3° Que. le danger est le même dans un appartement fraîchement peint, quel que soit le composé, blanc de plomb ou blanc de zinc, qui forme la base de la peinture ;
- 1° Qu’il y a danger d’empoisonnement par les vapeurs de térébenthine tant que la peinture n’est pas parfaitement sèche; que le plus sûr est de n'habiter un appartement peint que lorsque toute odeur d’essence a disparu.
- C’est pour remédier aux graves inconvénients qui viennent d’être signalés que M. Dorange a imaginé le procédé qu’exploitent aujourd’hui MM. Lefebvre. Nous avons expérimenté ce procédé, et nous allons maintenant vous rendre compte des résultats qu’il nous a été donné de constater.
- N’ayant point, à Paris, de local à notre disposition, nous avons été obligé d’installer MM. Lefebvre dans une petite pièce humide, sur les murs salpê-trés de laquelle l’eau s’était condensée. Cette circonstance nous avait fait craindre d’abord pour les résultats de l’expérience ; mais, hâtons-nous de le dire, l’épreuve n’a pas eu à en souffrir.
- On a commencé par faire un feu vif et continu dans la pièce, puis, après avoir épongé les murs, on les a grattés à vif. Cela fait, on a donné une première couche avec la peinture à l’huile sans essence.
- Cette première couche appliquée, on a procédé au bouchage des trous que présentaient les murs, puis on a donné une seconde couche, fait des encadrements et peint la cheminée et les boiseries.
- Tous ces travaux n’ont pas exigé plus de temps qu’à l’ordinaire, et la peinture nouvelle non-seulement a séché aussi promptement que la peinture à l’huile et à l’essence, mais encore elle s’est parfaitement conservée, malgré l’état des murs. Pendant toute la durée de l’expérience , votre rapporteur n’a pas quitté MM. Lefebvre. Facilement impressionné par l’essence de térébenthine, il n’a éprouvé, dans ces circonstances, aucune sensation désagréable ; aussi est-il convaincu que la nouvelle peinture peut être appliquée partout sans danger ni incommodité.
- MM. Lefebvre nous ont remis les certificats d’un grand nombre de personnes chez lesquelles ils ont employé le procédé de M; Dorange, certificats attestant les résultats les plus satisfaisants, ainsi que la facilité avec laquelle la nouvelle peinture s’est séchée sans déceler la moindre odeur. Sur notre
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- demande, ils nous ont déclaré que le prix de cette peinture n'est pas plus élevé que celui de la peinture à l’essence.
- De tout ce qui précède il résulte pour nous que la peinture dont se servent MM. Lefebvre, et dont la découverte est due à M. Dorange, est d'une application utile sous le rapport de l’hygiène publique, puisqu’elle peut être employée dans les appariements sans qu’il soit nécessaire de les abandonner pendant un certain temps et sans qu’on ait à craindre d’asphyxie ou d’empoisonnement. En conséquence, le rapporteur de votre comité des arts chimiques vous propose :
- 1° De remercier MM. Lefebvre de leur communication;
- %° D’ordonner l’insertion du présent rapport dans le Bulletin.
- Signé A. Chevallier, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 13 mars 1861.
- COMPOSITION ET MODE DE PRÉPARATION DE LA PEINTURE DE MM. LEFEBVRE DAPRÈS
- LES BREVETS DE M. DORANGE.
- Pour 1 kilogramme de peinture on prend :
- Blane de zinc........................... 494 grammes.
- Colle de Flandre......................... 15 —
- Eau..................................... 319 —
- Huile de lin.............................128 —
- Huile grasse ( lithargirée ).............. 7 —
- Potasse.................................. 12 —
- Siccatif zumatique de Barruel............ 17 —
- Vinaigre.................................. 8 —
- On fait dissoudre à chaud la colle de Flandre dans l’eau; quand la dissolution est opérée, on ajoute l’huile de lin et l’huile grasse, et on fait bouillir le tout pendant cinq minutes, en agitant constamment avec une spatule de bois ; on retire* ensuite du feu, on laisse refroidir à moitié, et on ajoute alors la potasse, le vinaigre et le siccatif zumatique en remuant continuellement pour favoriser le mélange. La préparation liquide terminée, on y incorpore enfin le blanc de zinc en faisant usage soit de la molette, soit d’un autre moyen mécanique, et c’est la peinture ainsi obtenue qu’on emploie sans faire intervenir l’essence de térébenthine. Son application donne un ton mat; mais, si on ajoute de l’huile de lin en plus grande quantité, la peinture n’est plus que demi-mate.
- Lorsqu’on veut avoir une peinture brillante, on a recours à la formule suivante, qui est aussi celle dont on se sert lorsqu’il s’agit de recouvrir des murs humides :
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- Blanc de zinc. .
- Colle de Flandre Caoutchouc.. . .
- Eau.............
- Huile de lin. . .
- Huile grasse. . .
- Litharge........
- Résine- arcanson
- On fait dissoudre le caoutchouc divisé dans une partie de l’huile de lin à l’aide d’une ébullition prolongée ; on ajoute ensuite à cette solution le reste de l’huile de lin, l’huile grasse lithargirée, puis la colle de Flandre dissoute dans de l’eau. Quand le mélange est fait, on le soumet à une ébullition de trois heures, et c’est alors qu’on y verse la résine pulvérisée et qu’on n’a plus qu’à broyer le blanc de zinc qui doit y être incorporé.
- 270 grammes. 3 —
- 13 —
- 125 —
- 560 —
- 5 —
- 5 —
- 19 —
- OUVRAGES NOUVEAUX.
- Rapport fait par M. Salvétat, au nom du Comité des arts chimiques, sur l'ouvrage de M. Koeppelin intitulé, Fabrication des tissus imprimés.
- M. Kœppelin a soumis à l’approbation de la Société le livre qu’il vient de publier sur la fabrication des tissus imprimés. L’opuscule dont nous avons l’honneur de vous rendre compte ne forme que la première partie d’un ouvrage plus complet que l’auteur se propose de faire paraître par publications successives.
- C’est une bonne fortune pour une industrie de rencontrer des hommes assez désintéressés pour livrer généreusement au public le résultat de leurs travaux, le fruit de leurs veilles. Chaque période de quelques années voit, en effet, se produire des perfectionnements qui n’arrivent jamais trop tôt à la connaissance du plus grand nombre. S’il n’est pas possible de blâmer les fabricants lorsqu’ils conservent précieusement les secrets de leurs procédés, puisque les perfectionnements qu’ils ont découverts leur assurent des avantages sur des concurrents habiles et font leur richesse, il n’en est que plus convenable de faire l’éloge de ces praticiens dévoués aux sciences appliquées, qui se croiraient coupables en laissant perdre des documents achetés par une longue expérience. Votre Société remplit un devoir en les encourageant.
- Sept années d’études industrielles passées dans le vaste établissement de Wesserling, une année tout entière consacrée à visiter les plus importantes fabriques de l’Europe, quinze autres années employées à diriger plusieurs
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- établissements considérables, tant en France qu’en Allemagne et en Russie, telle est la garantie d’exactitude offerte au lecteur par M. Kceppelin; elle peut et doit inspirer toute confiance.
- L’auteur a voulu conserver à son livre son caractère essentiellement pratique : il est écrit en style concis et clair; la première partie, la seule imprimée jusqu’ici, traite des opérations à la fois nombreuses et délicates de la fabrication des foulards et des tissus de soie imprimés. Elle comprend quinze chapitres distincts, où sont réunies tour à tour, avec des spécimens réunis à la suite du texte, des recettes importantes sur différents genres, parmi lesquels on remarque les genres vapeurs, les genres garances, les genres dérivés de la cochenille, de la murexide, de l’aniline ( violet ), de l’orseille (pourpre française).
- Votre Comité des arts chimiques ne peut qu'engager l’auteur à poursuivre la publication qu'il a commencée ; il exprime un seul regret, toutefois, c’est qu’il ait cru devoir réserver pour la dernière partie de son livre l’étude des matières tinctoriales, qui, logiquement, aurait dû précéder l’exposé des dosages dans lesquels leur emploi se répète souvent. L’impression des tissus de coton, de laine, et de laine et de coton mélangés, c’est-à-dire l’impression des indiennes, des jaconas et des mousselines, celle des mousselines de laine et des mousselines de laine chaîne coton, intéresse tout autant que l’impression des soies; elle s’applique à la consommation la plus générale. Les documents que M. Kceppelin promet ne peuvent manquer d’être accueillis avec intérêt par tous les manufacturiers qui s’occupent de ces industries.
- Votre Comité des arts chimiques a l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. Kœppelin du don de son ouvrage, et de voter l’impression du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Signé Salvétat, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 27 février 1861.
- ARTS MÉCANIQUES.
- EXTRAIT D’UNE NOTICE THÉORIQUE ET PRATIQUE SUR l’iNJECTEUR AUTOMOTEUR
- PAR M. GIFFARD (1) ;
- PAR M. COMBES, INSPECTEUR GÉNÉRAL, DIRECTEUR DE L’ÉCOLE DES MINES.
- M. Gifïard a publié lui-même, sur le remarquable appareil dont il est l’inventeur, une notice dont il nous a paru utile de donner un extrait.
- (1) Paris, chez H. Flaud, rue Jean-Goujon, 27 ( 1860 ).
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- ARTS MÉCANIQUES.
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- Lesfig. 1,2, 3., 4 et 5.de la.pL. 221, qui représentent i’injeeteur, sont empruntées à la publication de M. Gifford-. 11 donne le nom de tuyère au tube ou ajutage conique cc par lequel sort la vapeur émise par la chaudière, et dans l’intérieur duquel peut s’enfoncer plus oü'moins profondément l’aiguille e, terminée par un cône piein. La tuyère peut être elle-même plus ou moins engagéé dans l’intérieur de la cheminée bb, par l’orifice de.laquelle jaillit, dans un espace communiquant avec l’atmosphère, la veine formée-du mélange d’eau liquide amenée par le tuyau H et de la vapeur condensée complètement ou’en partie. Aune petite distance, cette veine est reçue dans l’ajutage divergent aa", légèrement évasé à sa partie antérieure de a en a. La cheminée et l’ajutage sont entourés d’une enveloppe cylindrique percée de quelques ouvertures/?; l’excès.de vapeur et l’eau qui rejaillit, soit lors de la mise en train, soit accidentellement-, sont Feçus dans cette enveloppe et évacués par le tuyau dit de trop-plein o.
- M est la soupape de retenue qui prévient l’issue de la vapeur ou de l’eau de la chaudière, pendant que l’appareil ne fonctionne pas.
- Les proportions données par l’auteur, pour les diverses parties de l’appareil, sont les suivantes :
- Ajutage divergent.
- Le diamètre de la section minimum en a étant représenté par.......................... 1
- La longueur de la partie divergente de a en a" est :
- Pour la-basse pression i environ........................................ 20
- Pour la haute et la moyenne pression............................... .... 30
- Le vide intérieur de l’ajutage divergent est une surface de révolution dont la génératrice est un are de-cercle tournant sa convexité vers l’axe, dont le centre est situé sur le prolongement d-un diamètre de la section a et dont le rayon est égal :
- Pour la basse pression à environ.. ........................................-. 200
- Pour la moyenne et haute pression à. . ....................................300
- 11 en résulte que l’inclinaison de la tangente à la génératrice sur l’axe de l’ajutage est nulle en a et égale respectivement à 6 ou 4 degrés, à l’autre extrémité du tube, suivant que l’appareil est construit pour la basse, ou pour la moyenne et la haute pression, et que le diamètre intérieur de l’ajutage divergent au gros bout est à peu près
- égal à......................................................................... 3
- L’évasement intérieur de l’ajutage de a en a' a pour génératrice un arc de cercle dont le centre est sur le prolongement d’un diamètre de la section transversale minima et
- dont le rayon est égal à...................................................... 7 ou 8
- Le diamètre du tube à l’extrémité de l’évasement est..............................1,8 à 2
- L’intervalle compris entre la cheminée et l’ajutage, dans lequel la veine liquide est soumise à la pression atmosphérique, est..........................................1,9 à 2
- Cheminée.
- Le vide intérieur est formé.par doux troncs de cônes dont les génératrices sont raccordées entre elles par un arc circulaire. Le-second tronc-de cône s’épanouit dans la chambre où arrive l’eau d’alimentâtion par un évasement dont la génératrice est un arc de cercle.
- Tome VIII. — 00e année. 2e série. — Avril 1861.
- 28
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- ARTS MECANIQUES.
- 218
- Diamètre intérieur de l’orifice de la cheminée. . . .................... 1,3
- Épaisseur de la paroi............................. ................... 0,25 à 0,35
- L’arête extérieure est arrondie.
- Demi-angle au centre du premier tronc de cône. ................................2° 3'
- Diamètre intérieur de la grande base du premier tronc de cône ou de la petite base du deuxième.
- Basse pression jusqu’à 3,5 atmos.. . 1,8 Moyenne et haute pression jusqu’à
- 10 atmosphères............ 2,2
- Au-dessus de 10 atmosphères.... 2,5
- ( Basse pression.................. 6
- 10
- Longueur du premier tronc. .............< Moyenne et haute pression._____________
- ( Très-haute pression.............14
- Demi-angle au centre du deuxième tronc de cône. .................. 7° à 7 1/2°
- Longueur de ce tronc de cône................................................. 4
- Diamètre du tronc à l’endroit où il s’épanouit circulairement................2,8 à 3,5
- Rayon de l’arc de cercle d’évasement......................................... 3
- Le raccordement entre les génératrices des deux troncs de cônes est opéré par un arc de cercle d’un rayon égal à.............................................. 30 ou 40
- Tuyère.
- Le vide intérieur de la tuyère et la paroi extérieure sont des troncs de cônes évasés près du point où la tuyère est vissée sur le conduit cylindrique qu’elle termine.
- Le demi-angle au centre de la paroi extérieure de la tuyère est exactement le
- même que celui du deuxième tronc de cône de la cheminée........................7* à 7° 1/2
- Le demi-angle au centre du vide tronc conique intérieur et de la pointe de l’aiguille e. 5° 1/2 à 6°
- Diamètre intérieur de l'orifice i Pour la basse pression.......................... 1,4
- de la tuyère. j Moyenne et haute pression......................... 1,3
- Diamètre extérieur de la tuyère « Basse pression.................................... 1,7
- à l’orifice. { Moyenne et haute................................. 1,8
- Piston ou conduit cylindrique terminé par la tuyère. i Pour appareils jusqu’à 3 millimètres de diamètre de la sec-
- J tion minimum de l’ajutage................................4,8
- Diamètre intérieur. \ Idem de 4 à 6 millimètres de la même section.............4,5
- J Idem de 7 à 10..........................................4,2
- [ Au-dessus de 10. . . ...................................4
- Aiguille.
- Le demi-angle au centre de l’aiguille est de 5° 1/2 à 6°, le même que celui du vide intérieur de la tuyère.
- Diamètre maximum du renflement qui ferme la tuyère :
- Pour appareils jusqu’à 3 millimètres d’entrée d’eau...........................2,6
- Idem de 4 à 6 millimètres.......................................».............2,4
- Idem de 7 à 10........................................................... 2,2
- Idem au-dessus de 10..........................................................2
- La pointe du cône de l’aiguille est enlevée sur une longueur de...................... 1 à 1,5
- et remplacée par une partie arrondie.
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- ARTS MÉCANIQUES. 219
- Course totale de l’aiguille, depuis la fermeture de la tuyère jusqu’à la rentrée suffisante de la pointe dans l’intérieur.........................................9 à 10
- La longueur du pas de la vis est réglée de sorte que l’ouverture entière se fasse en trois tours de manivelle.
- La section totale des petits trous par lesquels la vapeur s’introduit dans l’intérieur du cylindre doit être environ 20 fois celle de la tuyère.
- La largeur de l’espace annulaire compris à la hauteur des trous, entre la paroi externe du piston et la douille qui l’enveloppe, sera d’environ..............1,5
- Voici, d’après M. Giffard, ce que fournit l’injecteur par heure et par millimètre carré de la section minimum de l'ajutage divergent ou de l’entrée, quand l’appareil est aux environs du maximum :
- Pression delà vapeur |
- en atmosphères < 1 at. 1/4, 1 1/2, 2, 2,5, 3, 4, 5, 6, 7,
- dansla chaudière. (
- Quantité d’eau. . . 18 lit., 26, 36, 44, 50, 62, 72, 80, 88,
- Le débit, aux environs du maximum, est donné par la formule
- E 28d2 \/n,
- dans laquelle d est le diamètre de l’entrée ou section minimum de l’ajutage en millimètres, et n la pression de la vapeur en atmosphères. E est exprimé en litres par heure.
- M. Giffard recommande de donner aux tuyaux d’arrivée de vapeur, de refoulement de l’eau et de trop-plein des diamètres beaucoup plus grands que ceux de la tuyère et de l’entrée de l’ajutage; aux soupapes de retenue, un diamètre encore plus grand, etc. Il décrit ensuite la manière de manœuvrer l’appareil. Quand il ne fonctionne pas, le robinet de vapeur doit être fermé et l’aiguille descendue presque au fond de la tuyère; dans ce cas, il est inutile de la fermer entièrement, d’autant plus qu’à la longue le frottement de sa pointe pourrait user et élargir l’orifice de sortie de la vapeur. A haute pression, la section qui doit être ouverte pour la mise en train ne doit pas excéder 1/4 ou 1/5 de l’ouverture entière; à basse pression, elle peut en être la moitié. Dans cet état, pour mettre l’injecteur en marche, on ouvre entièrement le robinet d’admission ; la vapeur qui s’échappe par la section rétrécie de la tuyère fait le vide dans le tuyau d’aspiration de l’eau, et il faut attendre que celle-ci soit arrivée avant d’ouvrir entièrement la tuyère, en retirant l’aiguille. Le temps nécessaire pour cela dépend de la longueur, de la hauteur et du volume du tuyau d’aspiration. Dans les meilleures circonstances, avec la bâche en dessous et très-rapprochée et dans l’application aux machines locomotives, il est très-court et n’atteint pas une seconde.
- Il est nécessaire, en outre, pour que l’appareil fonctionne bien, que l’espace annulaire par lequel l’eau arrive entre la paroi extérieure de la tuyère et le vide intérieur de la cheminée soit convenablement réglé. Si cet espace était trop grand, il arriverait une trop grande quantité d’eau qui, après avoir rejailli autour de l’entrée, s écoulerait par le trop-plein; il faudrait alors rétrécir le passage en enfonçant davan-
- 8, 9, 10
- 95, 102, 108
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-
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-
- Î20 ARTS MÉCANIQUES.
- tage la tuyère dans la cheminée au moyen de la vis latérale f. Si, au contraire, le passage était trop rétréci, et qu’il ne pût arriver assez’d’eau pour opérer la condensation, de la vapeur, que l’on verrait s’échapper par les orifices k et le tuyau de trop-plein, on devra immédiatement diminuer l’affluence de la vapeur, soit en fermant le robinet qui lui livre passage, soit en enfonçant l’aiguille dans la tuyère; puis on augmentera la section du passage annulaire, en retirant la tuyère de l’intérieur de la cheminée au moyen de la vis latérale, après quoi l’on mettra en train, en procédant comme il a été dit précédemment.
- En marche, on reconnaît qu’il faut augmenter ou diminuer la section de passage de l’eau alimentaire, suivant que l’eau qui rejaillit autour de l’orifice et s’écoule par le trop-plein est ou n’es! pas mêlée de vapeur. Quand l’appareil est bien réglé, la totalité du jet sortant de la tuyère est reçue dans l’ajutage, sans qu’il y ait rejaillissement.
- Après avoir donné, sur les meilleures dispositions à prendre dans les divers cas et pour les chaudières de divers genres, des détails que nous ne reproduirons pas, l’auteur expose la théorie de son appareil.
- n désignant la pression effective exprimée en atmosphères de la vapeur dans l’intérieur de la chaudière, D le poids du mètre cube d’eau, H la hauteur d’une colonne qui
- exercerait sur sa base une pression égale à celle de la vapeur, on a H — ; il
- suffirait, abstraction faite des résistances passives, pour que le jet d’eau, dont le poids spécifique est supposé égal à D, pénétrât dans la chaudière, qu’il fût animé d’une vitesse v' égale à ! mais, à cause des frottements et résistances de toute espèce,
- des dépressions, du poids des soupapes de retenue, des différences de niveau et surtout de l’abaissement de densité de la veine liquide et de la réduction de la fnasse de vapeur sortant par l’orifice de la tuyère, il convient que ce jet ait un excès très-notable de vitesse, de façon qu’il soit capable de s’élever dans le vide à une hauteur H' égale à-IPX K, K désignant un coefficient supérieur à l’unité, et qui, suivant M. Giffard, doit être compris entre. 1,7 et 2. Si l’on avait H’ < 1,7H ou >» 2H, il y aurait à craindre, dans le premier cas, l’insuffisance de la force vive de la veine, qui rejaillirait et ne pénétrerait pas dans l’ajutage, et, dans le second, que la veine ne fût trop échauffée et la vapeur imparfaitement condensée. M. Giffard admet donc que la vitesse v du jet doit être égale à v/%HK = v' \/% K étant intermédiaire entre 1,7 et 2.
- Si l’on désigne par J le poids spécifique de la vapeur à la pression de n atmosphères, et si l’on admet que la vapeur sorte par la tuyère en conservant sa densité, elle sera
- animée d’une vitesse Y égale à \ 2<? X —j—? et, en représentant par S l’aire de
- l’orifice de la tuyère, le poids de vapeur sorti dans l’unité de temps sera SJV. M désignant la masse de l’eau entraînée dans l’unité de temps, et m la masse de vapeur débitée, que l’on suppose tout entière condensée et mêlée à l’eau, le principe de la conservation des quantités de mouvement fournit la relation
- mV = (m-f- M)t>,
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-
-
- ARTS MÉCANIQUES.
- d’où
- V — v'
- N/Kzz
- m
- m + M
- y.
- Le rapport des masses m et m-f-M peut être remplacé par le rapport des poids. Or ie poids de la vapeur est SLV. Appelant s la section du jet liquide dans lequel la vapeur est condensée, ou la section de l’entrée du tube divergent, si l’on suppose la densité du jet égale à celle de Peau, on a :
- par conséquent
- d’ailleurs
- donc
- m 4- M — sD«,
- m ______ SJ'
- m -h M «Do ’
- m _____ v #
- m -r M V ’
- v _ SJV S _ Da* Y “ sDv 6 s “ JY2’
- ou, remplaçant u2 par sa valeur ü'2K,
- D’autre part, donc
- S _ Dr'2K
- « ” JV2 ‘
- W* — J'Y2 ;
- s
- L’orifice de la tuyère doit donc toujours être plus grand que l’entrée de l’ajutage divergent.
- La cheminée, dit M. Giffard, est la partie de l’appareil qui a dû être principalement déterminée par l’expérience. Théoriquement, le diamètre de son orifice devrait être le même que celui de l’entrée ou section rétrécie de l’ajutage, avec laquelle elle pourrait se confondre, sans solution de continuité. Dans ce cas, la projection de Peau, quoique inaperçue, et son introduction dans la chaudière, n’en auraient pas moins lieu; mais, afin de faciliter la mise en marche et d’obtenir une stabilité de fonctions plus assurée, on a établi une solution de continuité et il a fallu donner à l’orifice de la cheminée un excès de grandeur, pour qu’elle pût donner issue au jet liquide et en même temps à une certaine quantité d’air ou de vapeur non condensée. Au maximum du débit, la veine liquide n’occupe qu’une partie de ce passage, et, lorsqu’il est aux environs du minimum, sa section n’est pas seulement moindre que l’orifice de la cheminée, mais plus petite encore que l’entrée de l’ajutage; elle est alors animée
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-
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- m
- AETS MÉCANIQUES.
- d’une force vive en excès, c’est-à-dire plus grande que celle qui suffirait pour la faire pénétrer dans la chaudière. L’auteur a trouvé par expérience que la dimension 1,3 était la plus convenable pour l’orifice de la cheminée, qui est ainsi le même, ou à peu près le même que celui de la tuyère.
- Quant à la température du jet, elle dépend de celle de l’eau froide et des proportions d’eau froide et de vapeur condensée qu’il renferme. Appelant t la température de l’eau froide, P le poids entraîné dans l’unité de temps, p le poids correspondant de vapeur et if la température du jet, M. Giffard observe que la quantité de chaleur contenue dans 1 kilogramme de vapeur saturée à la température T qui existe dans la chaudière est, d’après les expériences de M. Régnault, exprimée en calories par la formule
- L = 606,5 4- 0,305T.
- Mais il suppose que la vapeur ne peut communiquer au mélange que la quantité de chaleur qu’elle conserverait, après, s’être dilatée jusqu’à la pression atmosphérique, sa température étant alors réduite à 100 degrés. Chaque kilogramme de vapeur apporterait alors dans le mélange :
- 606,5 -}- 30,5 = 637 unités de chaleur, et la température en supposant que la totalité de la vapeur soit condensée, serait donnée par l’équation :
- d’où
- ou bien en remplaçant
- (P + |j]t' = PXf+|)X 637,
- p
- P + p
- t' = t -h ^ ( 637 — t ).
- Comme la température t' du jet liquide qui traverse l’atmosphère ne peut pas dépasser 100 degrés, on a pour limite supérieure de la température t à laquelle il soit possible de prendre l’eau alimentaire
- 100 — 637 ^ .
- le rapport
- 1 —
- * _t>' v/k V--V—
- v
- V
- ^exprimant le poids spécifique de la vapeur à la pression de la chaudière et D la densité de l’eau.
- Ceci suppose que la vapeur, au moment où elle franchit l’orifice de la tuyère, a
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- ARTS MÉCAMOtÉS.
- conservé la densité qu’elle avait dans la chaudière, et qu’elle est entièrement condensée dans le jet qui serait homogène et entièrement liquide. Mais le défaut de limpidité du jet suffît pour montrer que cette dernière hypothèse n’est point exacte. M. Giffard, en mesurant le poids de l’eau aspirée et le poids de l’eau injectée dans un temps donné, en a conclu par différence le poids de la vapeur qui a déterminé l’entraînement. Nous regrettons qu’il n’ait pas décrit ses expériences en détail ; mais le résultat qu’il annonce consiste en ce que la densité du jet ne serait qu’environ les 60 à 66 centièmes de celle de l’eau, et que le poids de la vapeur ne serait aussi, du moins aux pressions ordinaires, que les 60 centièmes du poids calculé en multipliant l’orifice S de la tuyère par le poids spécifique S de la vapeur saturée à la pression de la chaudière et par la vitesse V que donne la formule
- V = |/2g X 10330»
- Il faut donc que la vapeur se soit détendue dans l’intérieur de l’appareil, avant de franchir l’orifice de la tuyère, et, dans ce cas, elle était animée d’une vitesse plus
- grande que y
- r2g X 330«
- Il est intéressant d’apprécier l’influence que la diminution d’intensité de la vapeur émise par la tuyère et du jet formé par l’eau et la vapeur mélangées exerce sur les résultats. C’est ce qui peut être fait, au moins d’une manière approximative, par un calcul que M. Giffard n’a pas effectué et que nous présenterons ici.
- Désignons par P la pression de la vapeur dans la chaudière, cf étant le poids spécifique correspondant. Soit ^ le poids spécifique du jet de vapeur qui franchit l’orifice de la tuyère et qui sera une certaine fraction de <f. On doit admettre que la vapeur s’est détendue de la densité jusqu’à la densité ^ dans l’intérieur de l’appareil, avant d’arriver à la tuyère. La pression aura diminué dans le même sens que la densité. Si nous supposons qu’elle ait varié proportionnellement, comme pour un gaz permanent maintenu à une température constante pendant l’expansion, le travail moteur dû à la détente de la quantité de vapeur qui sort, dans l’unité de temps, par l’orifice de la tuyère, sera exprimé par ce volume multiplié par la pression P, et par
- P <f
- le logarithme hyperbolique du rapport — ou du rapport — qui est à peu près égal
- P| «i
- au premier. Désignant donc par 6 la section droite de la partie de l’appareil où la détente a été réalisée dans la limite indiquée, par u la vitesse avec laquelle la vapeur à la densité «f, traverse celte section, cette vitesse u sera donnée par l’équation
- d’où
- y‘XY = 6mPi 1oS- hyp- jr-
- M2 P.
- T =* JT
- A
- ô- = 9 -T l°S- hyp- — = 9 J log. hyp. J-
- (1)
- Si nous appelons Vt la vitesse avec laquelle la vapeur qui conserve désormais la dem
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-
-
-
- tu
- ARTS MÉCANIQUES.
- sité ^ franchit l’orifice S de la tuyère et par -r la pression atmosphérique qui s’exerce sur cet orifice, nous aurons l’équation :
- puisque
- (2)
- Ajoutant les équations (1) et (2) membre à membre, nous avons
- «T
- V42_ g 2
- | [ (P log. hyp. ^ + P 1 pJ]
- et finalement
- ('og-hTP^ + i-^).
- Le poids de vapeur écoulé dans l’unité de temps est exprimé par SV,/,.
- Si nous représentons par D, la densité du jet formé par le mélange de l’eau liquide et de la vapeur partiellement condensée, par <p le poids d’eau qui entre dans le mélange et est entraîné par le poids de vapeur SV,/,, par v, la vitesse du jet qui traverse l’atmosphère, à la sortie de la cheminée, nous aurons l’équation :
- SV,/,XV,=[ SV,/, + *)«,.
- D’un autre côté, s étant l’aire de l’orifice de l’entrée de l’ajutage, on a :
- SV, «T, 4- <p = sr,D,,
- donc
- S/,V,2 = sD,c,a.
- Mais la vitesse avec laquelle une colonne liquide de densité D, jaillirait par l’orifice s de l’ajutage sous la pression de la chaudière est égale à
- et l’on doit avoir
- y
- »,* = K x
- /%J (P — rr)
- Di
- 2/7 ( P — 7T
- K étant ce coefficient que M. Gitfard considère comme devant être pris égal à 1,7 ou 2, pour assurer la pénétration complète du jet, eu égard aux résistances passives de toute nature et autres causes de déperdition de force vive qu’éprouve la colonne de liquide lancée dans l’ajutage avant de pénétrer dans la chaudière.
- Portant cette valeur de vt dans l’équation (a), il vient :
- SV,«T, X V, = (SV,«T, + <p) V
- /2gK ( P
- D.
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-
-
-
- ARTS MÉCANIQUES
- équation qui nous donne le poids d’eau ? alimentaire introduite dans l’unité de temps; on a:
- sjyvy i/d;
- — sv,,
- (A)
- l/ 2</K (P — t
- 5 désignant Taire de l’entrée de l’ajutage que la veine liquide traverse avec la vitesse vit on a nécessairement
- SVtD, rr SV^ H- $,
- donc
- SVA = m.D, -j/!£LL^_Ü - ,
- S _ «i2Di _ ____2ffK (P — t )__
- VA
- 2j^(log. hyp--jH-1 - •£;)
- ce qui revient à
- T=Kx4x
- P —
- p(log. hyp.-j-+ !--£•)
- équation qui, lorsqu’on y fait <f =: Ji, P “ P, se réduit à — = K, comme cela de-vait être.
- Exemple : Soit une chaudière contenant de la vapeur à une pression de 8 atmosphères, auquel cas on a :
- P = 10.330 X 8 = S2.640\ -rr= 10.330k, <T=3S94.
- Si nous supposons que la vapeur franchisse l’orifice de la tuyère sans avoir éprouvé d’expansion, nous aurons :
- ir -, /2g X 10.330X7 *nA ,, ,
- V = T/ 0 ».—= 600 métrés par seconde.
- r 3,94
- Le poids de vapeur dépensé dans l’unité de temps sera :
- S X V X <f = S X 600 X 3,94 — SX 2.364 kilog.
- g
- Le rapport — de l’orifice de la tuyère à celui de l’entrée devra être égal au coeffi-
- S
- eient K.
- La vapeur étant supposée entièrement condensée dans le mélange, et le poids spécifique du liquide constituant la veine lancée de l’orifice de la cheminée dans l’ajutage égal à 1.000 kil., le rapport maximum du poids d’eau entraîné au poids des la vapeur dépensée dans l’unité de temps sera donné par l’équation (À), d’où Ton tire :
- ? v. y/p;
- SV A v2jK(P- *)’
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- 226
- ARTS MÉCANIQUES.
- en y faisant : '
- V, = V = 600 mètres ; = J- = 3,94 ; D, = D = 1.000 ;
- observant d’ailleurs que ___________
- V, = V = 1/5HE3; la relation précédente se réduit à :
- ® _ ,/DT < _ t/OÔÔ" 4 _ 15,93 4
- SVcf- v SK v 3,94 K [/üC 1
- Comme K est nécessairement supérieur à l’unité, la limite supérieure du rapport du poids de l’eau entraînée à celui de la vapeur qui est d’ailleurs restituée à la chaudière, est ici 15,93 — 1 = 14,93 ou 15 en nombres entiers. Si l’on prend, avec
- 15 93
- M. Giffard, K = 1,7, cette limite supérieure s’abaisse à --------1 = 11,25, soit 11
- 1,0
- en nombres entiers.
- Si l’on appelle / la température de l’eau d’alimentation, T la température du mélange dans lequel nous admettons, avec M. Giffard, que chaque kilogramme de vapeur apporte 637 unités de chaleur, on aura entre les températures T et t la relation
- 12,25 X T = 637 + 11,25/,
- et, comme T doit rester assez notablement inférieur à 100 degrés, il faudra que la température t de l’eau d’alimentation soit notablement au-dessous de
- 1225 — 637 11,25
- = 52 degrés.
- Admettons maintenant que , conformément au résultat annoncé par M. Giffard , la vapeur franchisse l’orifice de la tuyère à une densité qui soit égale à 0,60<f, et que la densité Dx du jet soit les 0,66 de celle de l’eau liquide, que son poids spécifique soit en conséquence de 660 kil. au lieu de 1.000 kil., la vitesse de la vapeur sera alors déterminée par l’équation :
- v,= (iog-hïP-7i + 1-fj).
- où il faut faire
- enfin
- P —
- 10.330 X 8, «T= 3,94, =
- S _ 100 _ 5 <Tt ~ 60 “ 3’ P, = 0,60P = 6.198 X 8 et
- 0,6 X 3,94 =2.364
- w = 10.330 ;
- g = 9,8088.
- Le calcul numérique effectué donne Yt = 652 mètres par seconde.
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-
- ARTS MÉCANIQUES.
- 227
- Le poids de vapeur dépensé dans l’unité de temps sera exprimé par SV^ = S X 652 X 2,364 = S X 1-541 kilog.
- Le rapport des orifices de la tuyère et de l’entrée de l’ajutage doit être ici
- S ___ S P - TT
- p(ios-hyp-4,+1-F;)
- et, en passant aux nombres,
- ®=KXgX 8
- 1,12 X K.
- est :
- (log. hyp.g+l-^-g.)
- Enfin le rapport G _? - du poids d’eau entraîné à celui de la vapeur dépensée
- &vi«i
- V1 l/D] , 652 1/660
- V/2ÿK ( P - 7T
- 1/2g X 7 X 10-330 \/K
- _ ____i __ i*,og _ i
- \/K
- La quantité d’eau entraînée par chaque kilogramme de vapeur est donc ici moins grande que dans la première hypothèse, et est tout au plus égale à 13 fois le poids de vapeur.
- g
- On remarquera que la valeur —- = 1,7 prise par M. Giffard a été déterminée expérimentalement, et qu’elle se trouve en rapport avec la vitesse de la vapeur à l’issue de la tuyère et la constitution du jet formé non d’eau pure, mais d’un mélange d’eau, de vapeur non condensée et d’air. Au surplus, la valeur attribuée assez arbitrairement au coefficient K n’influe, en ce qui concerne les proportions des diverses parties
- g
- de l’injecteur, que sur le rapport — des orifices de la tuyère et de l’entrée ou section
- rétrécie de l’ajutage. Or la détermination de ce rapport n’a heureusement rien d’absolu et pourrait même varier entre des limites assez écartées, sans entraver les fonctions de l’appareil, ainsi que nous le montrerons plus loin.
- Tube divergent.
- « Lorsqu’une veine fluide, dit M. Giffard, s’introduit dans un cône divergent, le « mouvement du liquide peut s’éteindre de deux façons très-différentes, entre les-« quelles il y a une infinité d’états intermédiaires, suivant l’angle du tube, la vitesse « et la résistance appliquée au mouvement, qui peut tout aussi bien être positive que « négative, quoique dans le cas actuel elle doive toujours être considérée comme « positive. Si l’angle est très-ouvert et le passage du fluide très-rapide, comme dans
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- 228
- ARTS MÉCANIQUES,
- « la figure ci-contre, les parois « n’auronTTpour ainsi dire, au-« cunejnnfluence ; le jet s'écoute lera et s’éteindra sans effet « utile, comme dans un milieu « indéfini; la force vive sera « anéantie par tourbillonne-« ments, remous, mouvements « moléculaires de toute espèce, « et la somme de tous ces petits « tournoiements représentera la « presque totalité de la force vive primitive ; en un mot, il y aura eu seulement « conservation de quantité de mouvement et non pas transformation de force vive « en travail.
- « Lorsque, au contraire, l’angle du tube est petit, comme dans cette autre figure, et
- « comme dans l’application à l’injecteur, les choses se passent tout différemment : <c chaque tranche de la veine a, pour ainsi dire, le temps de s’accroître en section et de « venir glisser contre la paroi et non contre une masse fluide, comme dans le premier « cas; ce n’est plus qu’un simple frottement de fluide contre solide; il faut considérer « chaque tranche liquide comprise entre deux sections différentes, comme sollicitée <c par la tension acquise à s’accroître en dimensions transversales, en perdant inver-« sement le degré de vitesse correspondant. Or, en vertu de la force d’inertie, un « corps quelconque ne pouvant être ralenti sans déterminer antérieurement ou pos-« térieurement contre l’obstacle qui l’arrête un effort d’impulsion ou de traction, il « s’ensuit que chaque élément transversal de la veine détermine successivement et « sans choc contre l’élément antérieur une espèce de propulsion, et la somme de «< tous ces effets ajoutés les uns aux autres dans toute la longueur du tube est préci-« sèment égale ou supérieure à l’effort de la pression intérieure contre la section « d’entrée. »
- Les idées exprimées dans ce passage textuellement emprunté à la notice de M. Gif-fard sont parfaitement justes. Quelques développements et l’emploi du langage algébrique leur donneront peut-être un degré de précision et de netteté.
- Lorsqu’un fluide circule dans un tube conique convergent ou divergent sous un assez petit angle, dont la grandeur dépend peut-être de la nature du fluide et des pa-
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- %<%)
- rois, il ne se manifeste sur aucun point des tournoiements ou remous. Les particules fluides se succèdent dans des trajectoires de forme invariable, constituant ainsi des filets permanents. Le filet axial ou central est rigoureusement rectiligne; les autres sont très-légèrement infléchis suivant des courbes d’autant plus marquées qu’ils s’éloignent davantage de l’axe et se rapprochent plus des parois; mais, pour toutes, le rayon de courbure est toujours très-grand et toutes les tangentes presque parallèles au filet central qui suit l’axe du tube. Enfin , dans tous les filets, le mouvement de progression des particules fluides est de même sens. Il résulte de là que la pression du liquide dans toute l’étendue d’une même section normale à l’axe du tube doit être sensiblement uniforme, ou plus exactement ne doit varier qu’en raison de la pesanteur qui sollicite les particules fluides; car, s’il n’en était pas ainsi, les particules liquides, pressées par des forces inégales dirigées dans le plan normal à l’axe du tuyau, ne pourraient parcourir des trajectoires sensiblement parallèles à cet axe, ainsi que cela a réellement lieu. Cela posé, considérons un filet fluide quelconque. Soient a la section normale à ce filet qui se confond sensiblement avec la section normale à l’axe du tube; lia distance de cette section à une autre section fixe prise arbitrairement comme point de départ sur le même filet; p la pression rapportée à l’unité superficielle dans la section a; m la vitesse avec laquelle les particules liquides successives traversent la section a.
- Soient dl la distance infinitésimale qui sépare la section a de la section infiniment voisine faite dans le même filet fluide ; dp, du, les accroissements différentiels de la pression et de la vitesse des particules liquides en passant de la section a à la section consécutive séparée de la première par l’intervalle dl; -r le poids spécifique du fluide.
- La force ou pression qui sollicite la petite colonne ou tranche fluide dont le volume est adl dans le sens du mouvement est due à la pression p et est exprimée par le produit pa. La seconde base de cette même tranche supporte la pression p -f- dp dirigée en sens inverse de la première, et qui donne lieu à la force totale (p -f- dp)a dirigée en sens contraire du mouvement. Les deux sections infiniment rapprochées doivent être considérées comme égales, parce que, étant entre elles comme les carrés des dimensions linéaires, elles ne diffèrent que d’une quantité infiniment petite du deuxième ordre. La résultante des deux forces opposées qui sollicitent la tranche infinitésimale
- est donc — adp. La masse de cette tranche est si donc nous fajSOns abstraction
- 9
- des frottements latéraux que le filet fluide éprouve de la part des filets ambiants ou de la paroi à laquelle il peut être contigu, l’équation différentielle du mouvement de la tranche considérée est :
- — adp du
- Tradl dt1
- ou bien 9
- — 9dp du
- rrdl dt
- Sur quoi il faut faire attention que la différentielle dp est prise par rapport à la distance l
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- 230
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- des deux bases de la franche considérée, c’est-à-dire qu’elle se rapporte à deux sections infiniment voisines faites dans le filet fluide à un instant déterminé, tandis que
- la différentielle du se rapporte à la petite masse liquide considérée au commencement et à la fin de l’intervalle du temps dt. Dans le mouvement permanent, la vitesse et la pression pour les particules fluides qui traversent une section fixe quelconque d’un filet restent invariablement les mêmes et sont indépendantes du temps. Donc, lorsque la tranche considérée aura parcouru un intervalle égal à son épaisseur dl, de sorte que sa base postérieure soit venue occuper la place de sa base antérieure, la pression sur cette base aura précisément varié de la quantité infiniment petite dp qui entre dans l’équation, et sa vitesse u aura varié de manière à devenir égale à celle qui existe constamment dans la section du filet situé à la distance l-\-dl de la section fixe prise pour point de départ; par conséquent, si nous prenons pour l’intervalle de temps dt celui que la tranche fluide emploie à parcourir son épaisseur dl, ce qui est
- exprimé algébriquement par l’équation dt = —, il suffira de porter cette valeur de dt
- dans l’équation (1), pour que les accroissements dp et du de la pression et de la vitesse correspondent à deux sections infiniment voisines faites au même instant dans un même filet fluide. La substitution nous donne
- gdp___udu
- 'jrdl dl
- En supprimant dans les deux membres le facteur dl, qui exprime l’intervalle infiniment petit et d’ailleurs arbitraire de deux sections consécutives il vient :
- — gdp — çr udu,
- où du et dp sont des différentielles indépendantes du temps et fonctions de la seule variable l. L’intégration définie nous donne :
- u 2 — « 2 — {Po—Pt)
- ui W0 --- >
- TT
- dans laquelle uQ et p0 sont la vitesse et la pression dans une section quelconque d’un filet liquide, ux et pt la vitesse et la pression dans une autre section du même filet séparée de la première par une distance finie.
- Si le tube conique divergent sous un petit angle est précédé d’une partie cylindrique où la vitesse soit uniforme pour tous les filets, l’uniformité des vitesses comme des pressions, dans une même section normale à Taxe, se maintiendra sensiblement dans toute l’étendue du tube conique, de sorte que l’hypothèse du parallélisme des tranches se trouvant à peu près réalisée, l’on pourrait appliquer au faisceau tout entier circulant dans le tube l’équation posée pour un simple filet liquide, abstraction faite, bien entendu, de l’influence du frottement contre les parois solides, et de l’adhérence du liquide pour lui-même. Toutes les circonstances qui peuvent justifier
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- 231
- les conséquences tirées de l’hypothèse du parallélisme des tranches se rencontrent dans la forme de l’ajutage adoptée par M. Giffard, qui se compose d’un tube conique divergent sous un petit angle précédé d’une partie évasée se raccordant avec lui par une partie de forme cylindrique, où la section est un minimum. Il considère cette section comme l’entrée de l’ajutage, et lui donne des dimensions égales à celles qu’il suppose au jet liquide traversant l’atmosphère, de façon que la pression dans la veine à ce passage soit égale à la pression atmosphérique.
- On voit sans peine que cette dernière condition n’est aucunement nécessaire. Pourvu que le cône convergent qui précède la section rétrécie soit évasé sous un angle assez petit, peu différent de celui du tube divergent, et présente une embouchure assez large pour recevoir en entier le jet liquide lancé par l’orifice de la cheminée, l’on pourra appliquer à la colonne liquide circulant dans l’ajutage entier l’équation : ; - :
- u* — w02 2 g
- T
- d’où l’on tire
- Pi =Po + £-g K2—O-
- Si nous désignons par A0 la section transversale du jet liquide dans l’atmosphère, ou, ce qui est la même chose, la section du tube conique convergent à l’endroit où ce jet y pénètre, p0 sera la pression atmosphérique, et u0 la vitesse du jet dans la section A0 par laquelle il s’engage dans le tube qui le reçoit; At désignant une section suivante du tube où la vitesse et la pression sont ui et p,, on aura, en considérant le jet comme entièrement liquide et incompressible :
- et par conséquent ,
- o >
- P,= Po +
- On voit que la pression p, est plus petite ou plus grande que la pression atmosphérique p0, suivant que la section At est plus petite ou plus grande que la section initiale A0 du jet liquide. Lors donc que ce jet entre dans la partie convergente de l’ajutage, la pression tombe au-dessous de celle de l’atmosphère, et diminue jusqu’à la section minimum du tube, augmente ensuite avec la section dans l’ajutage divergent jusqu’à l’extrémité de celui-ci. Elle doit alors avoir acquis une intensité suffisante pour soulever la soupape en surmontant la pression de la vapeur qui s’exerce de l’autre côté, à laquelle s’ajoute le poids ou la résistance propre de la soupape. Si P désigne la pression absolue dans la chaudière, il faudra, en négligeant cette dernière résistance, que la pression p, à l’extrémité de l’ajutage dont At représentera mianle-nant la section soit égale à P, ce qui donne
- "i,
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- Î32
- %
- P — Po
- y'2
- W» =
- 1 V
- Â?
- A 2 ’
- i A°
- Ai*
- En désignant par Y' la vitesse avec laquelle un liquide dont le poids spécifique se* rait égal à celui du jet jaillirait dans l'atmosphère sous la pression de la vapeur contenue dans la chaudière.
- En résumé, la pression dans la section rétrécie de l’ajutage n’est égale à celle de l’atmosphère qu’autant que cette section est précisément celle du jet liquide dans le trajet qu’il parcourt dans l’atmosphère même, entre sa sortie de la cheminée et son entrée dans l’ajutage. Il n’est pas nécessaire que cette égalité existe d’une manière absolue ; mais il importe que la section du rétrécissement ne soit pas plus grande que celle du jet libre ; dans ce cas, en effet, le jet ne remplirait pas la section de l’ajutage; une partie des filets s’infléchirait vraisemblablement à la rencontre de la masse liquide, de façon à rejaillir en arrière. Il est d’ailleurs utile qu’il n’y ait pas trop de différence entre la section du passage rétréci et celle du jet libre, afin d’éviter un allongement du parcours, un accroissement de vitesse et une dépression trop prononcée du liquide dans l’intérieur de l’ajutage.
- L’embouchure du tube en avant de la section rétrécie doit être évasée sous un petit angle, comme la partie divergente du tube.
- Il est naturel de donner à la grande base de l’embouchure une section égale à la section maximum du jet liquide, c'est-à-dire à l’orifice de la cheminée, un peu plus grande même, en prévision du cas où les axes du tube et de la cheminée ne seraient pas exactement sur le prolongement l’un de l’autre.
- M. Giffard donnant à la grande base de l’ajutage divergent un diamètre égal à trois fois à peu près celui de l'entrée ou section minimum, il en résulte que, lorsque le jet li-
- A 2 1
- quide dans l’atmosphère a une section simplement égale à celle de 1 'entrée, £- = - et
- A 8 8 9
- le dénominateur 1 — == -. Par cette seule cause, le coefficient K serait égal à -
- Ats y o
- et la vitesse w0 devrait être égale à la vitesse v’ due à la pression existante dans la
- chaudière multipliée par 1,06.
- Les conséquences pratiques des considérations précédentes se réduisent aux suivantes:
- Le jet liquide ou semi-liquide, entraîné par la vapeur émanée d’une chaudière, ne peut avoir une force vive suffisante pour surmonter la pression existante dans cette même chaudière et pour y pénétrer qu’autant que sa section transversale , dans l’atmosphère libre, est moindre que l’orifice d’émission de la vapeur.
- L’ajutage dans lequel arrive le jet doit avoir la forme d’un cône divergent sous un petit angle, précédé d’une embouchure évasée ou cône convergent aussi sous un petit angle, avec raccordement par une partie cylindrique. La section minima du tube, dans cette partie cylindrique, doit être tout au plus égale à la section minimum du
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- 233
- jet liquide à l’air libre, et par conséquent plus petite, dans tous les cas, que l’orifice d’émission de la vapeur.
- Il suffit que l’orifice de la partie évasée du tube soit égal à l’orifice d’émission de la vapeur, pour recevoir, dans tous les cas, la totalité du jet.
- L’orifice de la cheminée conique par laquelle sort le jet liquide doit être tout au plus égal à l’orifice d’émission de la vapeur.
- Au lieu d’être employé à l’alimentation de la chaudière, l’injecteur pourrait être installé de manière que le jet liquide sortant de la cheminée fût lancé dans une direction déterminée, ou même variable à volonté, si l’on s’était ménagé le moyen de faire pivoter l’appareil autour d’une sphère creuse, interposée sur le tuyau de conduite de la vapeur, et de mettre l’espace compris entre la tuyère et la cheminée en communication avec le réservoir d’eau froide par un tuyau flexible.
- KYl
- La vitesse du jet serait déterminée par l’équation v = jÿj V, V désignant celle
- de la vapeur à sa sortie de la tuyère, m et M les masses ou les poids respectifs de la vapeur et de l’eau entraînée. La hauteur verticale à laquelle arriverait le jet, abstraction faite de la résistance de l’air, serait :
- _ c* _ m2 Y2 h ~ 2g “ ( m -f- M )2 Tg
- y2 p — p
- Or —— est au moins égal à------------, c’est-à-dire à la hauteur d’une colonne de va-
- % *
- peur à la densité t qui existe dans la chaudière et qui exercerait sur sa base, en vertu de son poids, une pression égale à la pression effective P —p qui a lieu dans la chaudière. Appelant H cette hauteur, on a :
- h
- __ m2 „
- 2~g — ( m + M f
- Par exemple, si la pression absolue de la vapeur dans la chaudière est de 8 atmosphères,
- P —p — 10.330 X 7 = 72.310% * = 3,94 et II 18.353m.
- fît
- La vitesse v et la hauteur h seront d’autant plus grandes que le rapport ^ sera
- plus grand, c’est-à-dire qu’il y aura une moindre quantité d’eau ajoutée à la vapeur dans le mélange qui constitue le jet; mais cette quantité d’eau a un minimum déterminé par la condition que le jet puisse exister à l’état liquide, c’est-à-dire que la température soit au plus égale à 100°. t étant la température de l’eau froide, t' celle du Tome VIII. — 60e année. 2° série. — Avril 1861. 30
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- mélange d’eau et de vapeur condensée* on a, en admettant que chaque kilogramme de vapeur apporte 637 unités de chaleur dans le mélange :
- 637?» -P Mf — ( m -}- M ) t'>
- m
- m + M
- 637 -+- (l
- m
- M+ffl
- ;)' =
- t -f-
- m
- î»4-M
- 637 — t
- d’où L’on tire
- t' — t
- et comme t' doit être égal ou inférieur à 100, le rapport-------— est nécessairement
- tïi * | M
- 100 — t < 637 — <*
- Si l’on suppose t = 10 degrés, le second membre de cette inégalité est égal à
- ~ à très-peu près, c’est-à-dire que la vapeur doit entrer pour au plus en
- poids dans le mélange qui constitue le jet, dont l’eau doit former les 6 autres septièmes; en d’autres termes, la vapeur doit entraîner au moins 6 fois son poids d’eau pour que le jet subsiste à l’état liquide ; à cette limite on aurait
- . 1 _ 18353 Q_.
- h = H =: —--t— = 374 métrés.
- 49 49
- Si, la température de l’eau froide étant toujours supposée de 10°, on voulait limiter
- 1
- celle du jet à 55°, il faudrait que le poids de la vapeur entrât seulement pour — et la
- 14*
- vapeur, entraînant alors 13 fois son poids d’eau, formerait un jet capable d’atteindre
- 374
- la hauteur encore très-considérable de -7— = 93m,50.
- 4
- Au lieu d’un jet animé d’une très-grande vitesse, on peut se proposer d’employer l’impulsion de la vapeur pour l’élévation d’un volume d’eau considérable à une petite hauteur, et l’injecleur pourra être ainsi transformé, ainsi que l’observe M. Giffard, en un appareil d’épuisement très-souple., mais extrêmement défectueux, si l’on compare le travail mécanique représenté par l’élévation de l’eau au travail que développerait la vapeur convenablement appliquée dans une bonne machine.
- Lafig. 4 de la pl. 221 représente la disposition adoptée par M. Giffard pour l’appareil d’épuisement. Il se compose toujours d’un tube conique ou tuyère terminant le conduit qui amène la vapeur. La tuyère pénètre dans la partiejnférieure du tuyau ascensionnel qui est élargie, afin de laisser à l’eau afflaente par un tube latéral un passage annulaire assez grand. Le tuyau ascensionnel va se rétrécissant jusqu’à une petite hauteur
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- ÀilïS MÉCANIQUES.
- è35
- su-dessus de l’orifice de la tuyère, puis il s’évase en forme de tube conique divergent qui se raccorde avec une partie cylindrique recourbée pour déverser l’eau au niveau auquel on veut l’élever. Ici l’aiguille et tout le reste du système qui, dans l’injecteur, sert à régler les quantités de la vapeur émise et de l’eau entraînée sont supprimés. Le tube divergent prolonge, sans solution de continuité, la cheminée ou partie élargie où afflue l’eau à élever.
- Pour que l’émission de la vapeur par f orifice de la tuyère complètement ouvert détermine l'élévation de l’eau, dans Un appareil semblable, il est nécessaire d’établir entre l’aire S de l’orifice de là tuyère et la section s du passage rétréci du tuyau ascensionnel un rapport variable avec la pression delà vapeur dans la chaudière et qui diminue à mesure que celle-ei augmente.
- Voici quelles sont, d’après M. Giffard, lès valeurs cdrrésponèàntes de la pression
- g
- absolue de la vapeur ëxprimée en atmosphères et du rapport pour lesquelles l’issue de la vapeur doikre lieu à Un vide partiel et è une aspiration d’eau. Pour des va-
- g
- leurs un peu plus grandes du rapport —, la vapeur, ne trouvant pas une issue suffisante par la section rétrécie s, s’échapperait en partie par le tube latéral eh refoulant l’eau, au lieu de l’entraîner.
- 1 1/2, 2, 2 1/2, 3, 4, 5, 6, 7, 8,
- 0,83, 0,60, 0,50, 0,42, 0,36, 0,30, 0,25, 0,21, 0,18.
- Le maximum de puissance d’aspiration, au moment de la mise en train, a lieu lorsque les sections de la tuyère sont environ moitié des précédentesj il est environ de 2 mètres pour la pression de 1 atm. 1/2, va en croissant avec la pression, et atteint h à 5 mètres quand celle-ci est de 8 atmosphères. Au surplus, M. Giffard conseille d’installer les appareils, comme cela est indiqué dans la fig. 4, le plus près possible et à la hauteur ou même un peu au-dessous du niveau supérieur de l’eau à élever..
- g
- Le rapport — une fois déterminé, il indique les dimensions suivantes comme étant les plus convenables pour un appareil d’épuisemènt :
- Pression en atmosphères dans la chaudière.
- S
- Valeurs du rapport —.
- Le petit diamètre de la section minimum du tube ascensionnel étant représenté par. Tube divergent. — Rayon de l’arc de cerde qui forme la courbe méridienne génératrice du vide intérieur, environ............................................
- Diamètre au gros bout..........................................................
- Longueur du tube divergent, environ...........................................
- Tuyère. — Diamètre extérieur égal à 1,2 ou 1,3 fois le diamètre intérieur jusqu’à la limite d’épaisseur de 2 ou 3 millièmes pour les grands appareils.
- Demi-angle au centre du tronc de cône formant le vide intérieur et la paroi extérieure de la tuyère...........................................................
- 1
- 200
- 2,4 à 2,5 20
- 5*
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- 236
- ARTS MÉCANIQUES.
- La cheminée ou partie inférieure du tube ascensionnel [présente un vide intérieur tronc-conique dont le demi-angle au centre est de 5° comme celui de la tuyère, et qui s’épanouit dans la chambre à eau par un arc de cercle dont le rayon est égal à 4 ou 5. Elle se raccorde avec la section rétrécie du tube par un arc de cercle d’un rayon égal à 40 ou 50.
- Le plan horizontal passant par l’orifice de la tuyère doit correspondre à la naissance de l’évasement de la cheminée, suivant un arc de cercle. Le diamètre de la cheminée en ce point, et la section annulaire, doivent être tels que la vitesse moyenne de l’eau, calculée d’après le débit donné par la formule ci-dessous, y soit à peu près de 4 à 5 mètres par seconde.
- Si on admet que l’appareil d’épuisement soit assez heureusement [disposé pour que la masse liquide m -{- M, animée de la vitesse v dans la région du tuyau ascensionnel voisine et un peu au-dessus de l’orifice de la tuyère, soit composée de filets animés de vitesses sensiblement parallèles entre elles et à l’axe du tuyau , il n’y aura, à partir de ce point jusqu’à l’orifice de dégorgement, que des pertes de force vive peu considérables, et l’on aura très-approximativement, en désignant par H la hauteur à laquelle l’eau est élevée au-dessus du niveau du réservoir inférieur, par u la vitesse moyenne qu’elle conserve à l’orifice de dégorgement :
- (m + M)y = (m + M)ÿH+(m+M)
- qui se réduit à
- — 2</H + uK
- ( Nous supposons la pression dans la région où débouche la*tuyère sensiblement égale à la pression atmosphérique. )
- Si l’orifice de dégorgement a un diamètre égal au triple* de celui de la section dans
- 1
- laquelle existe la vitesse v, u sera — de v, et par conséquent l’équation précédente se réduit à
- = g X %H.
- La vitesse V de la vapeur à la sortie de la tuyère sera au moins égale à
- l/SS,
- p désignant la pression atmosphérique, et <f le poids spécifique de la vapeur à la pression P, qui existe dans^la chaudière.
- De la relation
- rnV = ( m -4- M ) v,
- on tire
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- ARTS MÉCANIQUES.
- m
- M . V
- ---1 — — :
- m v
- V
- i ( p—i>
- m
- ce qui fait connaître le nombre de kilogrammes d’eau qui peuvent être élevés à la hauteur H par chaque kilogramme de vapeur dépensé.
- S désignant toujours l’orifice de la tuyère, et 5 la section du tuyau ascensionnel ou le mélange de la vapeur et de l’eau liquide entraînée, étant complet, constitue une colonne composée de filets sensiblement parallèles, animés moyennement de la vitesse v, et dont le poids spécifique est D, on aura
- SV