Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale
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- BULLETIN
- S. E. I. N.
- Bibliothèque
- BSPI-63
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR
- L’INDUSTRIE NATIONALE,
- PUBLIE SOUS LA DIRECTION
- DES SECRÉTAIRES DE LA SOCIÉTÉ,
- MM. COMBES ET PELIGOT ,
- MEMBRES DE l’aCADEMIK DES SCIENCES.
- SOIXANTE-TROISIÈME ANNÉE.
- DEUXIÈME SÉRIE.—TOME XI.
- a.a fiociclé a été rccoaimo comme établissement d’utilité publiç(uc par ordsnnancc roj'alo
- du SI avril £824.
- Jikris,
- MADAME VEUVE BOUCHARD-HUZARD,
- IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ ,
- RUE DE L'ÉPERON-SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS , 5.
- 1864
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- SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ.
- Communications, dépôts, renseignements, abonnements au Bullet tous les jours, de midi à quatre heures.
- RÉDACTION DU RULLET1N.
- Renseignements, tous les jours, de deux à cinq heures.
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- 63- ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME XI. — Janvier 1864.
- BULLETIN
- DE
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- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE,
- DONATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
- Dans la séance du 13 janvier 1864, M. Dumas, Président, a annoncé que le Conseil municipal de la ville de Paris, voulant donner à la Société d’encouragement un témoignage particulier des sympathies que lui inspirent ses travaux et les services qu’elle rend aux industriels, lui avait voté, sur la proposition de M. le sénateur Préfet de la Seine, une subvention annuelle de 6,000 francs.
- M. Dumas a également annoncé au Conseil que M. Fauler, membre de la chambre de commerce de Paris, remettait à la Société un capital de 4,143 fr. provenant d’une souscription ouverte dans l’industrie du cuir, et destinée à venir en aide aux inventeurs malheureux appartenant à cette industrie.
- BEAUX-ARTS APPLIQUÉS A L’INDUSTRIE.
- Rapport fait par M. Albert Barre, au nom du comité des beaux-arts appliqués à l industrie, sur les procédés de gravure en rfxief et en taille-douce de M. Dülos, graveur de l'Académie des sciences, de l'Observatoire, de l'Administration des ponts et chaussées et de l'École polytechnique, rue des Mat hurins-Saint-Jacques, n° 11.
- L’importance prise, à notre époque, par les ouvrages et les journaux illus-
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- très, la rapidité d’exécution et le bon marché, conditions esssentielles du succès de ces publications, ont provoqué depuis longtemps la recherche de procédés permettant, à l’exclusion du burin, de graver directement, de convertir en gravure typographique principalement, l’œuvre du dessinateur.
- La plus grande partie des nombreux essais tentés en vue de ce résultat peuvent se ramener à un principe général, celui de la morsure par les acides. Appliquée à la taille-douce, la morsure offre un concours précieux ; mais dès qu’il s’agit d’en prolonger l’action, comme il est nécessaire pour la gravure en tailles de relief, l’acide, qui ronge latéralement aussi bien que dans le sens de la profondeur, atténue les vigueurs du dessin et en compromet les finesses.
- C’est en vain que, pour éviter ce grave inconvénient, on a fait intervenir l’électricité, la dorure, les surcharges de vernis, les encrages partiels, etc., etc. ; la multiplicité même des travaux faits dans cette direction n’a servi qu’à mieux démontrer l’insuffisance des procédés de cette nature.
- Cependant, en appliquant la morsure au zinc, M. Gillot et, plus récemment, M. Comte ont obtenu des résultats remarquables. La paniconographie vous est connue (1), elle a été jugée digne de vos encouragements; devenue l’objet d’une exploitation commerciale assez importante, pourra-t-elle se prêter jamais à la production des travaux délicats et précis? C’est ce dont il est permis de douter.
- Le procédé de M. Comte, plus parfait peut-être, est d’un emploi plus difficile et plus capricieux que le précédent ; le dessinateur y trouve également de remarquables facilités, mais nous craignons que la néographie ne fournisse souvent, au tirage, que des noirs affaiblis ou des demi-teintes altérées par l’acide.
- MM. Yial etMerget, qui depuis peu de mois se disputent la priorité de méthodes encore imparfaitement connues, nous paraissent devoir se heurter contre le même obstacle.
- Dans une direction toute différente, des tentatives ont été faites, de 1841 à 1846, par MM. Frédéric de Kobel, Édouard Palmer et Volkmar-Àhner, et, plus récemment, par M. Beslay ; les moyens qu’ils ont proposés seraient excellents, s’ils permettaient de dessiner avec quelque liberté.
- C’est lorsque la question était parvenue à ce point, que M. Dulos a trouvé dans une voie toute nouvelle un procédé ou, pour mieux dire, des procédés appelés, selon nous, à un grand avenir.
- (1) Voir Bulletin de 1858, 2e série, t. V, p. 7.
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- Ces procédés sont basés sur l’observation suivante des phénomènes capillaires : si, après avoir tracé, avec un vernis, des lignes sur une plaque d’argent ou de cuivre argenté, on verse du mercure sur celte plaque mise de niveau, il se forme, à droite et à gauche des lignes tracées, deux ménisques convexes, et le mercure s’élève en saillie au-dessus de la plaque. La même expérience peut se faire avec une feuille de verre dépolie, en y dessinant des figures avec un corps gras, et en jetant de l’eau sur la partie qui a reçu le dessin ; on peut dire d’ailleurs que tout liquide mouillant une surface sur laquelle on a tracé des traits avec un corps qui ne se laisse pas mouiller lui-même se comportera de la même manière que le mercure sur l’argent et l’eau sur le verre.
- On prend donc une plaque de cuivre argenté sur laquelle on décalque, on transporte ou l’on trace un dessin quelconque; nous supposons que c’est un dessin fait à l’encre lithographique; le travail du dessinateur terminé, la plaque est recouverte, au moyen de la pile, d’une légère couche de fer dont le dépôt ne s’opère que sur les parties non touchées par l’encre; cette encre étant enlevée avec de l’essence de térébenthine ou avec de la benzine, les blancs du dessin se trouvent représentés parla couche de fer, et les traits par l’argent même. En cet état de la plaque, on versera, sur sa surface, du mercure qui ne s’attachera que sur l’argent et, après avoir chassé avec un pinceau doux le mercure en excès, on verra ce métal s’élever en relief là où se trouvait précédemment l’encre lithographique ; on peut alors prendre une empreinte dont les creux, offrant la contre-partie des saillies du mercure, figureront une sorte de gravure en taille-douce. Cette empreinte ne peut êtremoulée qu’au moyen du plâtre, de ladre fondue, etc., etc., corps trop peu résistants pour fournir une impression convenable ; mais en métallisant le moule et en y effectuant un dépôt galvanique de cuivre, on obtiendra la reproduction exacte des saillies primitivement formées par le mercure et, en quelque sorte, une matrice au moyen de laquelle on pourra reproduire à l’infini des planches propres à l’impression en taille-douce.
- S’il s’agit d’exécuter une gravure typographique, la planche de cuivre, en sortant des mains du dessinateur, reçoit une couche d’argent qui ne se dépose que sur les parties non touchées par l’encre lithographique; on enlève cette encre avec de la benzine, on oxyde le cuivre recouvert primitivement par le dessin et on continue les opérations indiquées plus haut. La planche galvanique destinée à l’impression se trouve alors avoir pour saillie les traits mêmes du dessin et pour creux les épaisseurs formées au début par le mercure.
- Ces premières combinaisons ont conduit M. Dulos à des méthodes plus
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- simples et plus complètes : c’est ainsi que le mercure peut être remplacé par un alliage fondant à une basse température, tel que le métal d’Arcet, auquel on ajoute un© petite quantité de. mercure. Le métal à clicher se comporte exactement comme le mercure dans les applications ci-dessus décrites, et, lorsque les saillies sont fixées par le refroidissement, un dépôt de cuivre effectué au moyen de la pile donne une planche de service pouvant facile* ment se remplacer, si on a conservé la planche mère. Observons toutefois qu’avec le métal d’Arcet on ne doit pas opérer à l’air libre ; il est préférable de mettre la plaque sous une couche d’huile que l’on fait chauffer à une température de 80 degrés environ, température à laquelle l’alliage précité entre en fusion ; on évite ainsi l’oxydation qui nuirait au succès de l’opération ; en outre, le métal se distribue avec plus de facilité sur la plaque et s’élève à une plus grande hauteur au-dessus de la surface de celle-ci.
- Cependant la nécessité de chasser l’excès du mercure ou du métal fusible ne permettrait pas d’obtenir des finesses extrêmes si d’autres ressources ne se présentaient.
- L’amalgame de cuivre remplace très-avantageusement 1© mercure et le métal fusible. Sur la plaque dessinée et traitée comme ci-dessus, on applique l’amalgame avec un rouleau de cuivre argenté qui retire l’amalgame restant en liberté sur le fer et le dépose au contraire sur l’argent. Une fois l’amalgame cristallisé, on prend une contre-empreinte en cuivre sous l’action de la pile.
- Par tout ce qui précède on voit que, pour obtenir une gravure en relief, il faut que le métal fusible, ou l’amalgame, monte autour du dessin en l’épargnant et que l’on prenne une empreinte galvanique qui offre alors, sous forme de tailles saillantes, la reproduction exacte du dessin. Pour la gravure en taille-douce, on monte en relief le dessin même que l’empreinte galvanique traduit par des creux.
- M. Dulos indique un moyen encore plus rapide suggéré par la propriété qu’il a reconnue à l’argent d’attirer plus facilement le mercure que ne le fait le cuivre et par la tendance du mercure à s’attacher plus fortement sur l’argent.
- Voici la manière d’opérer : après avoir dessiné au crayon lithographique sur une plaque de cuivre, on argentera celle-ci et on enlèvera le dessin qui ne sera plus figuré que par le cuivre laissé à nu, le reste de la plaque demeurant argenté. Si cette plaque est plongée dans un bain contenant un sel de mercure, par exemple une solution de sulfate de mercure, l’acide sulfurique du sulfate quittera le mercure pour se combiner avec le cuivre, formera un sulfate de cuivre, et le mercure régénéré sera attiré par l’argent;
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- celle opération, continuée pendant quelques minutes, produira des creux dont les parois latérales sont préservées par le passage du mercure qui se fait du cuivre à l’argent.
- Tous les sels de mercure peuvent également servir, mais le bain qui réussit le mieux est un sulfate ammoniacal de mercure.
- Ces principes posés, nous décrirons les diverses applications qui en sont faites par M. Dulos.
- 'dessins au crayon et a la plume, reports d’estampes ou de lithographies
- TRANSFORMÉS EN GRAVURE EN TAILLE-DOUCE OU EN GRAVURE TYPOGRAPHIQUE.
- Avec le crayon lithographique on dessine sur une plaque de cuivre grainée aussi facilement que sur la pierre, et un dessin fait de la sorte peut être transformé en taille-douce ou en gravure typographique, soit par l’amalgame de cuivre, soit par un sel de mercure.
- 1° Taille-douce par l’amalgame de cuivre.
- La planche, étant dessinée et ayant reçu au moyen de la pile une couche de fer, est soumise, après l’enlèvement du dessin, à un dépôt galvanique d’argent qui adhère sur le cuivre à l’exclusion des parties ferrées, c’est-à-dire de celles qui avaient été primitivement touchées par le crayon ; alors un rouleau de cuivre argenté portant de l’amalgame de cuivre doit être promené sur la surface de la plaque ; l’amalgame se fixe sur l’argent à l’exclusion du fer et, une fois solidifié, permet de prendre une empreinte galvanique en cuivre qui peut être mise sous la presse.
- 2° Gravure typographique par l’amalgame de cuivre.
- La plaque dessinée étant soumise à l’argenture, l’argent se dépose sur le cuivre à l’exclusion du crayon ; on enlève le dessin qui n’est plus figuré que par le cuivre même de la plaque, que l’on chauffe pour l’oxyder; puis le rouleau argenté, muni d’amalgame, est promené sur la plaque. L’amalgame ne prend que sur l’argent ; en d’autres termes, il monte autour des traces du dessin primitif qu’une empreinte galvanique traduit définitivement par des tailles en relief. Cette épreuve en cuivre peut servir immédiatement à l’impression typographique.
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- 3° Taille-douce par un sel de mercure.
- La plaque dessinée est, comme ci-dessus, argentée au moyen delà pile, et le crayon enlevé avec la benzine ; après quoi on plonge cetle plaque dans une bassine contenant le sulfate ammoniacal de mercure et, en même temps, on promène sur sa surface, pendant quatre à cinq minutes, le rouleau argenté ; l’excès de mercure se précipitera sur l’argent. La planche ainsi obtenue est en état de donner des épreuves.
- 4° Gravure typographique par un sel de mercure.
- La plaque, successivement dessinée, ferrée et argentée, est privée de son fer au moyen d’eau acidulée, plongée dans le bain de sulfate ammoniacal et traitée avec le rouleau argenté pendant cinq minutes environ; les traits du crayon se transformeront en relief, et la planche même exécutée par ce procédé direct pourra être livrée à l’imprimeur-typographe.
- GRAVURE DANS LS GENRE DE l’aQUA-TINTA.
- Un grain ordinaire d’aqua-tinta étant donné à une planche de cuivre, on en prend une empreinte galvanique également en cuivre, on argente la surface de cette empreinte présentant le grain d’aqua-tinta renversé; à l’aide du crayon lithographique, on dessine sur cette surface, avec la ressource d’enlever au grattoir les blancs ou rehauts de lumière ; puis on dépose du fer sur l'empreinte, on en fait disparaître le crayon avec la benzine et on passe l’amalgame de cuivre à l’aide du rouleau argenté.
- En dernière opération, on forme, par un dépôt, galvanique, une seconde empreinte qui devient la planche à imprimer et dont les creux reproduisent le grain primitif d’aqua-tinta, le dessin tracé au crayon elles rehauts de lumière enlevés au grattoir.
- GRAVURE TYPOGRAPHIQUE ET EN TAILLE-DOUCE AU MOYEN D’UN DESSIN SUR VERNIS BLANC.
- On livre au dessinateur une plaque de cuivre recouverte d’un vernis dans la composition duquel entrent le caoutchouc et le blanc de zinc; ce vernis se coupe avec la plus grande facilité à l’aide de plumes d’oie ou de pointes d’ivoire. Le dessin terminé, la plaque est plongée dans un, bain de fer dont le dépôt ne s’effectue que sur les parties de la planche découvertes par le tra-
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- vail de la pointe. Si l’on entend faire une gravure en creux par un sel de mercure, on enlève le vernis et on argente ; l’argent se dépose sur le cuivre à l’exclusion du fer; on attaque le fer avec de l’acide sulfurique étendu d’eau et on traite la plaque par le sel de mercure comme précédemment.
- Pour obtenir le même dessin en relief avec le sel mercuriel, il faudrait, en suivant d’ailleurs la méthode précédente, déposer de l’argent et non du fer.
- Les dessins sur vernis peuvent également se transformer en gravure par l’emploi de l’amalgame de cuivre.
- Nous ajouterons, en terminant cette exposition des travaux de M. Dulos, que les moyens décrits ci-dessus se prêtent à la gravure des outils de relieur dits fers à dorer et des planches destinées à recevoir des émaux cloisonnés.
- Ces procédés, que l’inventeur, sous un ordre d’idées très-louable, livre sans restriction à la publicité, répondent largement, depuis plus d’une année, à toutes les exigences de publications importantes ; c’est assez dire que nous ne sommes pas ici en présence d’ingénieuses expériences de laboratoire, mais bien d’une solution essentiellement pratique et de méthodes d’une certitude éprouvée.
- Nos dessinateurs les plus habiles ne peuvent qu’adopter avec empressement ce mode de gravure qui transporte sur le cuivre leur personnalité tout entière et traduit, avec la même fidélité, le dessin le plus sévèrement étudié comme le croquis le plus libre et le plus capricieux.
- Les éditeurs, de leur côté, rencontrent dans la variété des résultats obtenus par M. Dulos de précieux éléments de succès ; suivant les circonstances, ils pourront demander, tour à tour, aux procédés nouveaux la reproduction typographique des effets de la gravure en relief, de la taille-douce, de la lithographie ou de l’aqua-tinta : déjà même il en est qui mettent ces ressources à profit pour reproduire et publier, avec la facilité et les prix restreints que procure seule la presse mécanique typographique, les gravures anciennes que leur rareté et leur valeur croissante rendent inaccessibles.
- Si nous insistons sur l’intérêt exceptionnel de cette communication, s’ensuit-il, dans notre opinion, que la gravure soit appelée, ou seulement exposée, à disparaître devant les applications de la physique et de la chimie? Telle ne saurait être notre pensée; loin de prévoir dans les découvertes modernes une menace pour cet art, nous croyons que la précision, la pureté, la finesse et l’éclat du burin, que cette interprétation du graveur qui complète ou modifie, au point de vue de l’effet et du tirage, l’œuvre du dessinateur, ne peuvent se remplacer, et nous demeurerons convaincu que les
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- COMPTEURS A GAZ.
- procédés empruntés aux sciences, en favorisant et en stimulant la production des publications illustrées, auront pour effet d’agrandir, au profit de l’art et des artistes, le domaine de la gravure typographique.
- En résumé, Messieurs, votre commission des beaux-arts a l’honneur de vous proposer :
- 1° D’adresser des remercîmenls à M. Dulos pour son intéressante communication ;
- 2° D’autoriser l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de la Société, avec l’adjonction de spécimens gravés par les procédés nouveaux (1) ;
- 3° De faire tirer à part cent exemplaires qui seront offerts à M. Dulos.
- Signé Albert Barre , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 juillet 1862.
- COMPTEURS A GAZ.
- Rapport fait par M. Y. de I.uynes, au nom du comité des arts économiques,
- sur de nouvelles modifications apportées dans la construction des compteurs
- à gaz, par M. Marçais, rue de Rivoli, 132.
- M. Marçais a soumis au jugement de la Société de nouvelles modifications qu il propose d’apporter dans la construction des compteurs à gaz.
- Un compteur à gaz se compose essentiellement d’une boîte séparée en deux compartiments par une cloison, et en partie remplie d’eau.
- Le premier compartiment renferme :
- 1° Une soupape munie d’un flotteur, destinée à régler l’entrée du gaz;
- 2° Une ouverture latérale destinée à régler le niveau de l’eau ;
- 3° Un tube ou siphon permettant au gaz de passer du premier compartiment dans le second.
- Le second compartiment contient la roue au centre de laquelle pénètre le gaz. L’axe de cette roue traverse sous l’eau la cloison, et se termine par une vis sans fin qui communique, à l’aide d’engrenages, avec les roues d’un compteur à trois cadrans.
- (1) Voir les planches 286, 287 et 288.
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- COMPTEURS A GAZ.
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- Le volume de gaz qui passe à chaque tour de la roue est égal à la capacité de la roue non immergée.
- Il résulte de là que les indications du compteur ne sont exactes que si l’eau y occupe un niveau invariable; et c’est précisément à la détermination de ce niveau que sert l’orifice d’écoulement latéral pratiqué dans le premier compartiment.
- Mais cette condition ne suffit pas.
- Il est, en outre, nécessaire que le compteur repose sur un plan horizontal ; or le compteur, étant à la libre disposition des agents des compagnies et des consommateurs, doit, par sa construction même, se trouver à l’abri de toute cause extérieure qui serait de nature à altérer l’exactitude de ses indications.
- Malgré les nombreux perfectionnements qu’a subis, dans ces dernières années, la construction des compteurs à gaz, ils présentent un inconvénient grave dont il est facile de se rendre compte par les considérations suivantes.
- Supposons, en effet, que le niveau de l’eau soit trop élevé, la capacité vide de la roue diminue : de là une cause d’erreur en moins dans le volume du gaz qui passe, au profit des compagnies et au détriment des consommateurs.
- Si, au contraire, le niveau de l’eau est trop bas, la capacité vide de la roue augmente; par suite, le volume de gaz qui passe pendant un tour de la roue est trop considérable : d’où résulte une erreur au bénéfice des consommateurs et au détriment des compagnies.
- Or ces circonstances se réalisent assez souvent. En effet, l’entretien des compteurs est confié, généralement, aux agents subalternes des compagnies, qui, en n’ouvrant pas l’orifice latéral, ajoutent un excès d’eau pour avoir à la renouveler moins souvent ; et cela, nons nous empressons de le dire, malgré la surveillance sévère que les chefs de service exercent sur eux à ce sujet. Il est vrai que le compteur est à la disposition de l’abonné, qui peut lui-même en vérifier l’état; mais, soit que ce dernier ignore le mode de construction du compteur, soit que, le sachant, il néglige de le faire, il ne s’en trouve pas moins lésé.
- Le second cas se présente plus souvent; et, il est triste de le dire, c’est toujours avec intention, dans le but de priver les compagnies de ce qui leur est légitimement dû, que cette fraude est pratiquée par le consommateur.
- Voici en quoi consiste l’artifice employé :
- Le compteur est assujetti, comme on le sait, à deux tuyaux, dont l’un donne entrée et l’autre issue au gaz. Ces tuyaux en plomb laissent au compteur un jeu suffisant pour que, avec un certain effort, on puisse introduire
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- sous le compteur une cale dont reflet est d’incliner le compteur sur le devant. Par suite, une partie de l’eau dans laquelle plonge la roue se rend dans le premier compartiment, d’où on la fait écouler en enlevant le bouchon de l’ouverture latérale. Le niveau de l’eau se trouve d’autant plus abaissé que l’épaisseur de la cale est plus grande, et il en résulte, pour chaque tour de la roue, une erreur proportionnelle, au détriment des compagnies.
- On pourrait se demander d’abord si l’erreur ainsi produite est assez grande pour qu’il soit utile de la prévenir. Les expériences que nous avons faites nous ont prouvé qu’en se servant de cales dont l’épaisseur varie de 8 à 15 millimètres la perte varie de 5 à 12 p. 100. Au delà elle augmente rapidement, et avec une cale de 26 millimètres l’axe de la roue ne plonge plus, et le gaz passe directement dans le brûleur sans faire mouvoir la roue.
- Pour obvier aux causes d’erreur que nous venons de signaler, M. Marçais adapte à l’ouverture latérale du compteur un tube horizontal qui contourne le compteur sur ses trois faces et vient s’ouvrir à l’autre extrémité de la face antérieure. L’orifice d’écoulement se trouve ainsi remplacé par un tube situé dans un plan horizontal ; et, par conséquent, toute manœuvre ayant pour effet de soulever le compteur dans un sens soulève en même temps la partie correspondante de ce tube et rend l’écoulement impossible.
- On pourrait objecter qu’en inclinant le compteur, sans faire écouler l’eau, une partie de la roue se trouve dégagée par le fait seul du passage de l’eau dans le premier compartiment.
- Nous ferons remarquer d’abord que l’erreur que l’on commet ainsi est peu importante, car, d’après des essais approximatifs pour des cales de 8 à 26 millimètres, elle varie de 0,5 à A p. 100; mais cette erreur, à supposer même qu’elle fût plus forte, devient impossible par la disposition suivante,
- M. Marçais termine l’extrémité du siphon qui se trouve dans le premier compartiment par un tube en col de cygne, dont l’extrémité vient s’ouvrir à l’avant du compteur, à quelques millimètres au-dessus de la surface de l’eau : de sorte que, si l’eau monte par une cause quelconque au-dessus du niveau normal, l’extrémité du tube en col de cygne plonge dans l’eau et rend le passage du gaz impossible.
- Mais alors un autre inconvénient se produirait; la pression diminuant dans le second compartiment par la sortie du gaz, l’excès de pression existant dans le premier compartiment en ferait sortir une certaine quantité d’eau ; et l’écoulement du gaz aurait lieu de nouveau pour s’interrompre bientôt. Il résulterait de là un passage intermittent du gaz, qui ne serait pas sans danger. M. Marçais, pour obvier à ce dernier inconvénient, pratique une petite ouver-
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- ture dans la partie supérieure du tube en col de cygne. Cette ouverture permet au gaz de passer en quantité suffisante pour éviter son intermittence, mais aussi en quantité trop faible pour qu’on puisse l’allumer utilement.
- En résumé, l’invention de M. Marçais comble une lacune importante dans la construction des compteurs à gaz; la modification qu’il a imaginée remplit le but proposé d’une manière simple, et par un moyen qui peut s’adapter, avec une dépense insignifiante, à tous les compteurs en usage. C’est pourquoi votre comité a l’honneur de vous proposer :
- 1° De remercier M. Marçais de son intéressante communication ;
- 2° D’ordonner l’insertion du présent rapport au Bulletin, avec le dessin du compteur.
- Signé Y. de Luynes, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 25 février 1863.
- Légende relative au compteur a gaz modifié par M. Marçais (pl. 289).
- Fig. 1. Élévation du compteur, la plaque antérieure étant enlevée.
- Fig. 2. Détail du siphon.
- À, tube horizontal partant du régulateur B et contournant l’appareil pour aboutir de l’autre côté où il est fermé par le bouchon à vis C.
- DEF, siphon terminé en col de cygne, dont l’extrémité débouche à quelques millimètres au-dessus du niveau normal; c’est par ce siphon que le gaz passe du compartiment antérieur dans la roue; la figure 2 le représente dans un plan perpendiculaire à celui de la figure 1.
- G, place du petit orifice destiné à prévenir l’écoulement intermittent du gaz.
- Quant à l’appareil lui-même, c’est un compteur ordinaire du genre de ceux que le Bulletin a publiés il y a déjà longtemps.
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- Rapport fait par M. Y. de Luynes, au nom du comité des arts économiques, sur des objets en verre fabriqués par M. àlvergniat jeune, passage de la Sorbonne, 20.
- M. Àlvergniat a présenté à la Société un certain nombre d’objets en verre fabriqués par lui. Nous remarquons dans la collection qu’il a exposée divers
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- appareils destinés soit aux opérations de laboratoire, soit à des essais industriels.
- Nous citerons des appareils à doser l’acide carbonique, des appareils cle Liebig modifiés à plusieurs boules destinés à l’absorption des gaz, etc., etc. Ces instruments sont construits avec une grande perfection, et attestent chez leur auteur une rare habileté dans l’art de souffler le verre.
- Mais ce qui a particulièrement attiré l’attention de votre comité, ce sont ces tubes si connus aujourd’hui dans les cabinets de physique, qui servent à étudier soit la nature de l’étincelle d’induction dans les gaz raréfiés, soit ces effets si remarquables de fluorescence présentés par le sulfate de quinine et le verre d’urane, et qui ont été même proposés pour l’éclairage des mines.
- Ces tubes, dans l’origine fort simples (1), ont subi diverses modifications avant d’avoir la forme compliquée sous laquelle les a livrés, pour la première fois, M. Geissler, de Bonn. Jusqu’à ces derniers temps, ces tubes, connus sous le nom de tubes de Geissler, étaient fournis exclusivement par cet habile constructeur; et nous étions obligés de nous adresser à l’étranger pour nous les procurer.
- M. Àlvergniat est le premier, en France, qui les ait construits, et à des prix plus modérés que ceux auxquels ils avaient été vendus jusqu’alors.
- La difficulté de leur construction résulte non-seulement du travail compliqué du verre, mais des autres conditions auxquelles ils doivent satisfaire pour fonctionner avec succès. En effet, le tube intérieur doit être rempli de gaz de différentes natures, sous une pression qui ne dépasse pas un demi-millimètre environ. A une pression supérieure, l’étincelle ne passerait plus; du moins, pour la plupart des gaz. Il faut donc, avant de fermer le tube, y faire le vide avec une excellente machine pneumatique, ou bien avec des appareils spéciaux dans lesquels on utilise le vide barométrique. Cette dernière opération est une des plus délicates de leur construction.
- Les tubes construits par M. Alvergniat ne le cèdent en rien à ceux qui nous venaient d’Allemagne.
- Nous ferons remarquer que l’art du souffleur est généralement cultivé avec plus de succès à l’étranger qu’en France. C’est pourquoi votre comité
- (1) M. Masson est le premier qui ait eu l’idée de détacher la chambre vide d’un baromètre pour obtenir une capacité en verre, dans laquelle le vide pouvait être obtenu d’une manière permanente. En introduisant dans cette capacité deux fils de platine soudés dans la masse même du verre, il put obtenir de très-beaux effets de lumière électrique dans le vide, qui étaient même beaucoup plus développés que ceux que l'on obtenait avec un vide fait à la machine pneumatique. Depuis, M. Gassiot a employé le même procédé avec un succès encore plus éclatant.
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- pense qu’il y a lieu d’encourager M. Alvergniat dans la voie qu’il suit, et de donner votre approbation à ses premiers essais ; et il a l’honneur de vous proposer de le remercier de sa communication, et d’ordonner l’insertion de ce rapport au Bulletin, avec le dessin d’un ou deux spécimens de ses appareils.
- Signé Y. de Luynes, rapporteur.
- Approuvé en séance, le février 1863.
- Légende relative aux tubes de Geissler construits par M. Alvergniat jeune
- (pl. 289).
- Fig. 3. Tubes à lumière colorée.
- Les extrémités A, A' sont soudées avec les boules intérieures B, B", lesquelles sont soufflées concentriquement aux boules extérieures C, C'.
- La partie A B renferme de l’azote \ celle A' B' contient de l’hydrogène.
- La capacité médiane D et les boules C, C' sont remplies d’acide carbonique.
- E, E' sont les conducteurs métalliques auxquels s’attachent les fils de la pile; l’étincelle électrique traverse le verre des boules B, B' pour passer à travers l’espace D.
- Fig. k. Section verticale partielle de l’appareil destiné à l’éclairage des mines (1).
- F, spirale en verre de très-petit diamètre terminée par deux boules allongées G, G' contenant de l’acide carbonique.
- H, tube enveloppant la spirale F et soudé à ses deux extrémités aux deux boules G, G'.
- I, éprouvette dans laquelle est enfermé l’appareil.
- J, J', bouchons annulaires servant à maintenir l’appareil dans une position fixe au milieu de l’éprouvette.
- K, calotte en laiton recouvrant l’éprouvette I, sur laquelle elle est mastiquée.
- K', douille en laiton mastiquée au bas de l’éprouvette.
- L, L', boutons d’attache des fils de la pile.
- L’étincelle qu’on fait passer dans cet appareil donne une lumière blanche.
- (t) Voir, pour les expériences faites avec ce genre de tube, le Bulletin de 1862, 2e série, t. IX,
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- MÉTALLURGIE.
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- Étude sur la fonte malléable , par M. Brüll (1).
- I. Historique.
- Donner à la fonte coulée en moules une résistance analogue à celle du fer forgé et une douceur qui permette l’action des outils, tel est le problème. Réaumur, dans une série de mémoires datés de 1722, expose que, d’après la tradition des ouvriers, les ouvrages ciselés que les connaisseurs admiraient n’avaient pas été faits autrement. Mais cet utile secret était perdu, et Réaumur entreprit une longue suite d’essais pour obtenir un résultat dont la possibilité seul lui était démontrée.
- Il fit chauffer les objets en fonte blanche dans des vases fermés remplis de toutes sortes de matières, et s’arrêta, après bien des recherches, à un mélange de craie ou de chaux d’os avec du charbon, mélange qui lui donnait les meilleurs résultats.
- L’invention de Réaumur a été oubliée plus tard, et on représente aujourd’hui en France l’adoucissement de la fonte comme un procédé qui aurait été importé d’Angleterre il y a une trentaine d’années. On trouve dans les patentes anglaises une spécification déposée en 1804 par un maître de forges de Sheffield, nommé Samuel Lucas, dans laquelle se trouve exposé tout au long un procédé pour épurer la fonte coulée et la rendre douce et malléable.
- IL Fabrication.
- La fonte la plus employée en France est la fonte au bois d’Ulverstone, en Écosse. Elle provient d’hématite rouge , et paraît être une fonte pure à propension acié-reuse. On la fond dans des creusets d’une contenance d’environ 30 kil., chauffés au coke dans des fours analogues à ceux qui servent à la fusion de l’acier. Elle est peu fusible. et il faut forcer beaucoup la température pour obtenir des moulages d’une grande finesse.
- On démoule, on détache et on ébarbe les pièces coulées, qui sont, à cet état, d’une fragilité extraordinaire, à cassure blanche rayonnante, et absolument inattaquables à la lime. La décarburation s’obtient en mettant les objets dans des creusets en fonte avec des lits alternés de mine de fer, et en faisant chauffer ces creusets empilés sur plusieurs rangées et lutés avec de la terre à four dans des fourneaux ayant la forme de chambres rectangulaires fermées. La température est élevée peu à peu et atteint le rouge vif au bout de vingt-quatre heures ; on continue à chauffer pendant trois, quatre ou cinq jours, suivant la grosseur des pièces et le degré de malléabilité qu’on
- (t) Mémoire lu à la Société des ingénieurs civils.
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- veut obtenir; on laisse ensuite tomber le feu, et on détourne dès que le four est refroidi. Les pièces épaisses, et celles qui doivent être forées suivant leur axe, sont soumises à un second recuit, qui s’opère comme le premier.
- III. Propriétés.
- Le métal ainsi obtenu est très-analogue, par l’ensemble de ses propriétés, au fer de bonne qualité. Il a à peu près la densité de la fonte; la couleur extérieure des pièces qui sortent du recuit est moins noire que celle du fer et se distingue aussi de celle de la fonte, qui varie d’ailleurs beaucoup.
- La cassure des petites pièces est généralement à grains fins, blancs et brillants, peu arrachée; quelquefois elle est grise, fine, à tendance de nerf, et de l’aspect soyeux propre aux aciers doux. Pour peu, d’ailleurs, que la pièce ait plus de 8 à 10 millimètres d’épaisseur, la cassure présente une zone extérieure de fer, tandis que l’intérieur dénote une fonte grise très-douce.
- A la lime, la fonte malléable prend à peu près l’apparence du fer; elle se polit mieux que lui, aussi bien que l’acier. Elle n’est pas. en général, très-dure, les outils l’entament aisément, et elle s’use assez vite par le frottement. Elle est beaucoup plus sonore que le fer, et cette propriété permet quelquefois de la distinguer de ce métal.
- L’aspect d’une section travaillée à la lime douce, et la nature variable des copeaux qui se détachent au tour dans les diverses parties de la profondeur, permettent d’étudier de très-près la constitution d’un barreau de fonte malléable un peu épais.
- La fonte malléable, surtout en petites dimensions, se laisse aisément tordre ou plier sous un angle fort aigu, sans qu’il se déclare de gerçure ; mais, si le morceau est assez gros, l’âme en fonte se casse, tandis que l’enveloppe en fer continue à résister. On peut marteler, estamper et laminer à froid la fonte malléable. Elle se forge aussi assez bien à basse température. Au blanc naissant elle se brise sous le marteau, et à une chaleur plus forte le centre fuse et part en étincelles. Dans ces conditions, on ne peut songer à un soudage véritable de pièces un peu fortes. Cependant quelques ouvriers exercés peuvent encoller des lames de ciseaux en acier sur des montures en fonte. Quant à la brasure au cuivre, elle réussit bien.
- La fonte décarburée est très-difficilement fusible; elle résiste au feu bien mieux que la fonte et aussi bien que le fer, ce qui permet de l’employer en poches de fonderie creusets pour métaux précieux, tubulures de chaudières Belleville, etc.
- On cémente comme le fer ordinaire la fonte malléable; l’opération réussit même mieux tant sous le rapport de la durée et de la profondeur de l’action que sous le rapport de la conservation des surfaces et de la qualité du produit.
- MM. le général Morin et Tresca ont exécuté au Conservatoire une série d’expériences à la flexion, fort intéressantes, pour étudier les propriétés résistantes de la fonte malléable. Dans les pièces minces, le coefficient d’élasticité a été trouvé égal à 18,929,000,000 kil., la limite d élasticité à 8,731,000 kil., la résistance à la rupture Tome XI. — 63e année. 2e série. — Janvier 1884. 3
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- à 35 kil. par millimètre carré. Faisant ensuite varier l’épaisseur, ils ont trouvé des valeurs moins élevées du coefficient élastique à mesure que l’épaisseur augmentait, et dans le cœur d’un barreau de 40mm" d’épaisseur ce coefficient s’est abaissé à 14,785,000,000, valeur égale à celle que fournissent les bonnes fontes.
- M. Brüll a soumis à la rupture par traction quinze barres rondes, dont les diamètres variaient de 5 à 20mm; il a trouvé, en résumé,
- Que, pour ces épaisseurs, la fonte avant recuit avait une résistance de 14k environ, la fonte malléable une résistance moyenne de 32k,5 (de 25k,6 à 36l,4), avec un allongement proportionnel d’environ 10 à 12 millièmes de la longueur primitive (de 6 à 20) ;
- Que, dans ces mêmes limites de diamètre, la variation d’épaisseur n’avait que peu d’influence ;
- Que la fonte malléable présentait assez fréquemment des défauts de diverses natures, qui produisaient des écarts notables dans la solidité;
- Que la limite d’élasticité paraissait ne descendre qu’eNceptionnellement aussi bas que l’avaient trouvée MM. le général Morin etTresca dans une expérience.
- Il conclut de cet ensemble de recherches que la fonte malléable serait aussi résistante et aussi élastique que le bon fer, sans atteindre cependant sous ce rapport la valeur des qualités de choix, mais qu’elle serait de beaucoup inférieure aux fers même moyens pour la faculté de déformation, de sorte qu’elle résisterait moins bien aux chocs intenses.
- Il y a en France une quinzaine de fonderies de fonte malléable; il s’en fabrique par jour de 4 à 5,000 kilogrammes, dont le prix de vente moyen, pour pièces ordinaires, oscille entre 1 fr. 30 à 2 fr. On en fabrique beaucoup en Angleterre, et le prix des objets courants ne dépasse pas 0 fr. 80 à 1 fr. le kil.; à cause de cette différence, il s’importe en France divers articles de commerce, et entre autres des clous de chaussures. Mais, dans la plupart des emplois, les questions de commodité s’opposent à une large importation. On fabrique aussi de la fonte décarburée en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Amérique. C’est une industrie assez répandue aujourd’hui dans tous les pays civilisés.
- IY. Emploi.
- On ne peut exécuter en fonte malléable que les objets suffisamment minces, pour peu du moins qu’il s’agisse d’obtenir quelque solidité. D’ailleurs les objets épais ont généralement un poids assez élevé ; le forgeage n’en est pas assez coûteux pour qu’il ne soit pas avantageux de conserver le fer pour leur fabrication. Cependant, pour certaines pièces compliquées, comme une tête de piston, une bielle à fourche, un petit arbre coudé, les difficultés du. forgeage, l’énorme déchet et la main-d’œuvre laborieuse qu’il laisse après lui peuvent quelquefois conduire à admettre la fonte malléable.
- M. Brüll discute en détail le cas d’une tête de piston, et cite ensuite, à titre d’exemples de l’application de ces considérations, les leviers, bielles, balanciers,
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- guides-pignons et roues d’engrenage, de presses à imprimer, de grosses horloges, de machines à coudre, de forges et de souffleries portatives, et de divers autres mécanismes.
- C’est pour les pièces minces et légères que la fonte malléable est surtout avantageuse. Les petites clefs à écrous et les manches de robinets, les clefs de serrures, de pendules et de lampes, les détails de balancerie, coûtent en fonte moins de moitié que les mêmes objets forgés. Les revolvers, qui se fabriquent à des prix très-bas (25 fr. environ), n’ont pas une seule pièce ni en fer, ni en acier. Les boutons de courroies, bagues de tringles, de rampes, vis à clef de violons, porte-mousqueton, boucles diverses, viroles coniques, pièces de coutellerie, couvercles de graisseurs, détails de lampisterie, fourchettes à découper, ne coûtent en fonte malléable que 2 fr. ou 2 fr. 50 le kilog., tandis qu’en fer ils dépassent souvent 8 ou 10 fr.
- Dans quelques cas spéciaux, l’emploi de la fonte malléable donne, en dehors de l’économie, des avantages de qualité. Les pièces renfermant des soudures difficiles, comme un étrier, une bride de ressort, ou les pièces qui s’obtiennent par des déformations considérables du métal qui peuvent en altérer la qualité, comme les viroles de tubes, sont des exemples de ces cas particuliers. Ainsi MM. le général Morin et Tresca ont reconnu, par des essais minutieux, qu’un étrier en fonte malléable était plus solide qu’un étrier en fer.
- Après avoir comparé la fonte malléable, dans divers emplois, à la fonte ordinaire et au bronze, au laiton et à l’acier, M. Brüll appelle l’attention sur les abus que l’on pourrait être tenté de faire et que l’on a faits déjà quelquefois de la fonte malléable. Son manque d’homogénéité, sa solidité insuffisante, ses défauts intérieurs, son prix élevé sont, dans divers cas, des raisons d’exclusion presque absolues.
- Quoi qu’il en soit, il est aisé de constater que la fonte malléable est largement entrée dans la vie usuelle, dans les arts et dans la mécanique. Il n’est personne qui n’en fasse usage presque journellement. A table, en voiture, à la chasse, on s’en sert sous vingt formes diverses ; on la trouve exposée dans toutes les boutiques en produits très-variés, et, malgré la généralité de son emploi, elle est peu connue et assez mal appréciée. Cela paraît tenir à ce que son seul avantage dans la plupart des cas étant le bon marché, les fabricants qui l’ont employée l’ont toujours vendue pour fer ou pour acier, et se sont bien gardés de faire bruit de la substitution. La mauvaise réputation du produit tiendrait peut-être à son introduction subreptice dans l’usage, aux abus qu’on en a faits, au nom qu’on lui a donné. Quand on la connaîtra mieux, les fabricants pourront 1’employer ouvertement, et disposer en vue de cet emploi des formes et des dimensions des objets à exécuter. Elle rendra alors de plus grands services, et, pour peu que des perfectionnements dans la fabrication, restée à peu près stationnaire, viennent à en abaisser notablement le prix, l’application pourra s’en développer dans une large mesure.
- Après la lecture de ce mémoire, la discussion a été ouverte par le Président, M. le
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- général Morin, qui a dit que la qualité de la fonte malléable est excessivement variable et qu’elle présente d’assez grandes difficultés d’emploi, entre autrescelle d’exiger une assez grande uniformité dans l’épaisseur des pièces.
- M. Brüll rapporte que, pour étudier l’influence que de grandes inégalités d’épaisseur pourraient avoir sur la qualité du produit, il a cherché à reconnaître si un recuit prolongé qui serait nécessité par l’existence de parties épaisses diminuait la résistance des parties minces du même objet. L’une des tiges, de 5 millimètres de diamètre, dont il a fait l’essai, avait été recuite deux fois pendant une semaine chaque fois ; sa résistance a été trouvée égale à celle de l’autre lige qui n’avait subi qu’un seul recuit.
- M. le Président fait observer que les pièces en fonte malléable ont en outre cet inconvénient grave, qu’une fois brisées elles sont perdues, et il a l’expérience qu’il est quelquefois plus avantageux de payer plus cher des pièces en fer ou en acier qu’on peut réparer en cas d’accident.
- M. Brüll répond que la fonte malléable peut se braser tout aussi bien que le fer. Quant à la valeur de la vieille matière après usage, elle n’a que peu d’importance, puisqu’il s’agit de pièces dans lesquelles la main-d’œuvre est toujours considérable.
- M. Lainé affirme que la fonte malléable peut se braser.
- M. Nozo rend compte de quelques essais faits au chemin de fer du Nord, et qui n’ont pas été satisfaisants.
- Il cite particulièrement les viroles pour tubes de locomotives qu’on avait appliquées sur une assez grande échelle; ces pièces ont manqué de résistance ; des clefs de robinets, livrées comme étant de fer, ont résisté tant qu’on a pu manœuvrer les robinets à la main, mais, au moindre grippage exigeant unsupplément d’effort, les clefs se cassaient.
- Les clefs à fourches pour écrous de boulons n’ont pas mieux valu.
- M. Nozo a toujours remarqué une grande irrégularité dans le métal.
- M. Tresca dit que la fabrication de la fonte malléable est beaucoup plus considérable qu’on ne le suppose.
- On fait avec ce métal la plupart des pièces de quincaillerie, et, comme elles se répètent un grand nombre de fois, on a pu créer certains procédés spéciaux ; et, grâce à ces procédés et aussi à quelques perfectionnements qu’il n’est malheureusement pas permis de divulguer, on a obtenu une assez grande régularité dans la nature du métal.
- L’une des applications les plus intéressantes est celle des clous de souliers qui se fabriquent en Angleterre, et dont l’importation en France remonte à six mois environ.
- Cette industrie rentre dans celle de la fonte malléable par le mode de fabrication ; les clous sont fondus et soumis à la décarburation ; mais ce procédé n’est pas appliqué intégralement, on arrête plus tôt la décarburation, en sorte que les clous se rapprochent moins du fer que la fonte malléable ordinaire. Le métal qui les compose est un intermédiaire entre la fonte et le fer, il présente la dureté de l’acier : c’est un très-grand avantage dans ce cas particulier, puisqu’il s’agit de pièces qui s’usent par frottement.
- Peut-être pourrait-on tirer quelque profit de ce procédé de décarburalion incom-
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- pîète, en produisant directement ce qu’on obtient aujourd’hui avec la trempe après fabrication complète.
- M. Brüll, répondant aux observations de MM. Nozo et Tresca, dit, à l’égard des clefs à écrous et des clefs de robinets, que les grosses clefs, qui seules peuvent avoir de grands efforts ou des chocs intenses à supporter, ne se font guère en fonte malléable par raison d’économie, et que, quant aux petites clefs pour lesquelles on emploie souvent ce métal, la question de résistance est secondaire. D’ailleurs, un de nos grands établissements de construction mécanique, qui par un honorable scrupule ne livre avec ses machines aucune série de clefs qui ne soit en fer forgé, a cru pouvoir employer exclusivement dans tout son atelier les clefs en fonte malléable, en n’exceptant que les clefs d’un calibre trop fort pour qu’il y ait économie à la substitution. Quant aux viroles de tubes, les essais en grand qui ont été faits au chemin de fer du Nord n’y ont été entrepris qu’à la suite d’une série d’épreuves comparatives, dont la fonte malléable était sortie à son avantage. On avait frappé au marteau sur des viroles en fer embouti et sur des viroles en fonte malléable, et tandis que les premières sautaient en éclats après deux ou trois coups, les autres, tout en résistant bien, pouvaient être pliées en forme de 8 sans montrer de gerçures. La mollesse qui a été observée plus tard pouvait être aisément corrigée par quelque léger changement dans la fabrication.
- Réaumur a remarqué en effet, en étudiant les différentes phases de la décarburation, qu’en l’arrêtant à temps on obtenait un produit d’une grande dureté, prenant bien la trempe, et qui ressemblait fort à de l’acier. Les clous de chaussures sont probablement fabriqués de cette façon. M. Brüll n’a pas cru devoir développer longuement les questions relatives à l’obtention d’une espèce d’acier par le recuit, à cause de la difficulté qu’il y aurait en pratique, et surtout avec les inégalités d’épaisseur, à obtenir à coup sûr un métal d’une dureté déterminée. Mais il est des cas particuliers, et les viroles et les clous en sont des exemples, pù l’on pourra utilement tirer parti des observations de Réaumur.
- COMBUSTIBLES.
- Mémoire sur les gaz que produisent les diverses qualités de houilles sous l’action DE LA CHALEUR; PAR M. DE COMMINES DE MARSILLY, INGÉNIEUR DES MINES.
- Lorsqu’on soumet une houille à l’action de la chaleur, elle dégage promptement des gaz dont le volume et la composition dépendent de la nature de la houille, de la manière dont la chaleur est appliquée et de diverses circonstances.
- Le gaz varie d’une espèce de houille à l’autre; c’est un des éléments qui les caractérisent le mieux. Une même houille donne plus ou moins de gaz suivant qu’on la
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- COMBUSTIBLES.
- calcine rapidement ou lentement, suivant qu’elle est récemment extraite de la mine ou extraite depuis longtemps. Si l’on prend le gaz à divers moments du dégagement, on trouve des compositions différentes. Enfin, de 50 à 300 degrés, la houille dégage du gaz qui a aussi une composition particulière.
- J’ai étudié successivement l’action de la chaleur sur les houilles maigres, demi-maigres et demi-grasses, grasses maréchales, grasses à longue flamme, et sur les houilles sèches.
- I. — Houilles maigres.
- Les houilles maigres donnent, par la calcination du gaz, des eaux ammoniacales, mais pas de goudron, et elles ne collent point.
- Nous n’avons étudié qu’un seul échantillon de ces houilles, précisément parce que les produits de la distillation sont peu variés ; c’est un échantillon de houille maigre de Fresne (compagnie d’Anzin) ; il renfermait :
- Pour 100.
- Cendres................................................ 7,72
- La calcination en vase clos donne...................... 90,00
- Sa composition est la suivante :
- Hydrogène.......... 3,49 pour 100, et sans les cendres. . .
- Carbone............ 86,47 » »
- Oxygène et azote. . . . 3,84 s »
- Cendres............ 6,20 » Carbone fixe........
- Résidu de la calcination
- Pour 100.
- 3,72
- 92,18
- 4,10
- 89,28
- 89,95
- J’ai calciné 500 grammes, dans une cornue en grès, à un feu de coke ardent, et j’ai prolongé l’opération jusqu’à ce qu’il ne se dégageât plus de gaz. L’opération a duré trois heures; au bout de ce temps, tout dégagement avait cessé. J’ai obtenu 107 litres, ce qui, pour 1 kilogramme, fait 214 litres.
- L’analyse de ce gaz accuse la composition suivante :
- Pour 100.
- Acide carbonique........................ 2,00
- Oxygène................................. 0,50
- Azote................................... 8,09
- Gaz bicarbonés.......................... 0,00
- Gaz des marais......................... 13,17
- Oxyde de carbone........................ 4,97
- Hydrogène............................. 71,27
- Total.................. 100,00
- La quantité de 214 litres par kilogramme de gaz obtenu est faible; de plus, le gaz est très-léger, il se compose pour plus de deux tiers d’hydrogène : c’est là ce qui le caractérise, ainsi que l’absence de toute trace de gaz polycarbonés. Ce qui est à noter
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- aussi, c’est la faible proportion de gaz des marais et une quantité notable d’azote. L’azote ne peut provenir de l’air resté dans les appareils, car il n’y a que 0,50 pour 100 d’oxygène, ce qui correspond à 2 pour 100 d’azote au plus, et l’analyse accuse 8 pour 100; 6 pour 100 au moins proviendraient donc du charbon.
- La houille maigre est de toutes les houilles celle qui se décompose le plus difficilement et le plus lentement par l’action de la chaleur ; c’est elle qui exige la plus haute température pour que tous les gaz soient entièrement expulsés.
- IL — Charbons demi-gras.
- Les produits liquides que les houilles demi-grasses donnent par la calcination consistent en eaux ammoniacales mélangées d’une faible quantité de goudron ; le gaz est abondant, mais léger et peu éclairant.
- Le tableau suivant donne l’indication des échantillons des houilles que nous avons essayées, ainsi que la quantité de gaz obtenue par kilogramme et la composition de ce gaz.
- tê 2 £ xn W DÉSIGNATION POIDS de VOLUME de gaz par kiiogr. avec cendre*. COMPOSITION DE 100 PARTIES DE GAZ COMBUSTIBLES.
- 09 O te -L2 B P Ï5 DES CHARBONS. bouille calcinée. Gaz polycarbonés. Gaz des marais. Oxyde de carbone. Hydro- gène.
- 1 Ardinoises (bassin de Charle-roi ) grammes. 10 litres. 278 298 f.raeps . pour 100. 24.20 23.20 29,60 pour 100. 6,30 6,40 7,10 pour 100. 69,50 70,40 63,30
- 2 La Cave (Anzin) 10 f.raeps.
- 3 Charbonnages réunis (Charte-roi) 1,000 310 traces sensibles.
- 4 Même échantillon (calcination lente) 1,000 188 traces sensibles. 30,00 10,00 60,00
- 5 Briquettes de MM. Dehaynin (Charleroi) 10 * 227 0,90 p. 100... 23,90 6,10 69,10
- La différence qui existe entre ces gaz et celui de la houille de Fresne est saillante; la proportion de gaz des marais est beaucoup plus considérable, celle de l’hydrogène notablement moins grande; de plus, le volume de gaz obtenu est bien plus élevé.
- Ce qui caractérise le gaz des houilles demi-grasses, c’est la présence d’une très-faible quantité de gaz polycarbonés, 23 à 30 pour 100 de gaz des marais et 63 à 70 pour 100 d’hydrogène.
- L’échantillon de houille des Ardinoises est plus maigre que celui de la Cave, et celui-ci est moins gras que la houille des Charbonnages réunis. Il est à remarquer
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- que les houilles les plus maigres donnent le moins de gaz et que leur gaz renferme moins de gaz des marais et plus d’hydrogène.
- Le gaz du charbon de la Cave est très-peu différent de celui du charbon des Ardi-noises. C’est donc avec juste raison que je classe les houilles d’Anzin (Nord) à côté des demi-gras de Charleroi : leur rendement en coke est le même; la composition élémentaire est la même. Il ne restait plus, pour justifier l’assimilation, qu’à montrer que les produits obtenus par l’action de la chaleur étaient les mêmes; c’est ce que constatent les résultats ci-dessus.
- Il m’a paru intéressant de rechercher quelle influence une calcination lente pouvait avoir sur la production du gaz. Si cette question est sans importance au point de vue de la fabrication du gaz, puisque les charbons demi-maigres ne sont jamais employés à cette fabrication, elle n’est pas sans intérêt au point de vue de la combustion.
- J’ai calciné lentement un kilogramme de houille menue dans une cornue en grès.
- Le feu a été placé sous la cornue à 11 heures du matin ; on a chauffé doucement; le dégagement n’a commencé qu’à 12 heures 30 minutes.
- Il y avait à 2 heures.................... 20 litres.
- » 3h,30m....................... 50 »
- » 5 heures..................... 74 »
- Le dégagement s'est alors arrêté, le feu étant tombé. Le lendemain, l’opération a été reprise; les premiers charbons allumés ont été placés sous la cornue à 10 heures du matin; le dégagement a commencé à 11 heures 30 minutes.
- Il y avait à 12h,30m................. 102 litres.
- » 2 heures.................. 140 »
- > 5 heures.................. 188 »
- Quoique la cornue fût entourée de coke incandescent, tout dégagement avait cessé.
- Ainsi, par une calcination lente et interrompue, on obtient un tiers de gaz en moins que par une calcination rapide et continue; c’est là un fait qui mérite d’être signalé. *
- En comparant la composition de ce gaz à celle du gaz obtenu par une calcination rapide, on reconnaît qu’il renferme moins de gaz des marais, plus d’oxyde de carbone et un peu moins d’hydrogène.
- L’usage des briquettes étant déjà très-répandu et tendant à se répandre davantage, j’ai jugé utile de déterminer la nature du gaz qu’elles donnent par la calcination.
- Les briquettes que j’ai essayées proviennent des usines de MM. Dehaynin à Charleroi; elles avaient été fabriquées avec du brai et des houilles demi-maigres de différentes natures mélangées ensemble.
- On voit que le gaz qu’elles donnent ressemble à celui que dégagent les houilles demi-maigres; sa composition se rapproche beaucoup de celle du gaz des Ardinoises : c’est que dans les briquettes il entre 90 pour 100 de houilles demi-maigres.
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- La présence d'une petite quantitédegaz polycarbonés lient probablement aux 10 pour 100 de goudron ou au brai qui entrent dans la briquette.
- Je n’ai point mentionné les quantités d’acide carbonique, oxygène et azote; elles sont généralement très-faibles. La proportion d’acide carbonique ne s’élève pas ordinairement à 1 pour 100.
- III. — Houilles grasses maréchales.
- Mes expériences sur les houilles grasses maréchales portent sur deux échantillons, l’un de houille de l’Agrappe (bassin de Mons), l’autre de houille d’Anzin, fosse Réussite.
- Le tableau suivant fait connaître la nature de ces houilles, le volume et la composition du gaz qu’elles donnent :
- œ £ CA H DESIGNATION POIDS de VOLUME de gaz par kilogr. avec cendres. COMPOSITION DE 100 PARTIES DE GAZ COMBUSTIBLES.
- CA O eS -a SS g DES CHARBONS. houille calcinée. Gaz polycar- bonés. Gaz des marais. Oxyde de carbone. Hydrogène.
- î Agrappe (bassin de Mons, fosse du Grand-Trait) grammes. 10 litres. 263 pour 100. 1,00 pour 100. 33,00 pour 100. 8,80 pour 100. 57,20
- 2 Anzin (fosse Réussite), moyenne veine du Levant 10 272 0,90 28,80 10,20 60,10
- 3 Agrappe ( même échantillon que u° 1).—Charbon chauffé à 250 degrés 1,075 )) » 80,70 8,40 11,90
- Le volume de gaz obtenu par kilogramme est inférieur à celui dégagé par les houilles demi-grasses, mais la proportion de gaz polyearbonés, ainsi que celle des gaz de marais, est plus élevée. Il y a moins d’hydrogène.
- L’échantillon de charbon d’Anzin était moins gras que celui de l’Agrappe, comme le|monlre le rendement de coke plus élevé; aussi donne-t-il moins de gaz carbonés et plus d’hydrogène.
- Les mines de l’Agrappe sont infestées de grisou; c’est le nom qu’on donne au gaz qui se dégage spontanément de la houille. Or ce gaz est à peu près le même que celui que l’on obtient en chauffant la houille à une température de 200 à 300 degrés; j’ai donc fait chauffer au bain d’huile t\075 de charbon de l’Agrappe grossièrement pulvérisé; la température atteignait 250 degrés; j’avais recueilli 2litres et le dégagement continuait, lorsqu’un accident a interrompu l'expérience. Je donne cependant l’ana-Tomc XI. — G*3e année. %* série. — Janvier 1861. A
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- lyse du gaz recueilli, parce qu’il a été obtenu avec du charbon extrait depuis trois à quatre jours seulement.
- Pour 100.
- Acide CO’......................... 1,47
- Oxygène........................... 2,94
- Azote............................ 30,68
- Gaz pol y carbonés................ 0,00
- Gaz des marais................... 52,38
- Oxyde de carbone.................. 5,46
- Hydrogène......................... 7,07
- Total................. 100,00
- L’acide sulfurique fumant n’a absorbé aucune portion du gaz.
- Ce que la composition du gaz ci-dessus présente de remarquable, c’est la grande proportion d’azote qu’il dégage; elle est de 30,68 pour 100; cet azote ne peut provenir de l’air qui est resté dans le ballon, car il n’y a que 2,94 pour 100 d’oxygène qui correspondent à 11,05 pour 100 d’azote, en sorte qu’il reste 19,63 pour 100 qui ne peuvent provenir que du charbon. Il y a peu d’acide carbonique, le gaz des marais domine, la proportion d’hydrogène est faible (7,07 pour 100), celle d’oxyde de carbone est moins élevée encore.
- On peut conclure de là que l’air des mines de l’Àgrappe est vicié non-seulement par le gaz protocarboné, mais encore par l’azote que la houille dégage; ce dernier gaz n’est pas dangereux, mais il vicie l’air; le dégagement d’acide carbonique est faible au contraire et ne paraît devoir exercer qu’une légère influence.
- Je pense que le dégagement spontané et abondant de l’azote avec le gaz des marais n’a pas encore été signalé ; il n’est pas sans devoir mériter quelque attention.
- IV. — Houilles grasses à longue flamme.
- Je comprends sous cette dénomination les houilles grasses à longue flamme qui peuvent être employées à la fois pour la forge et pour le gaz, et celles qui, trop gazeuses pour être utilisées avec avantage à la forge, servent plus spécialement à la fabrication du gaz et au chauffage des machines à vapeur.
- Les expériences que j’ai faites sont nombreuses et variées; j’ai étudié plus particulièrement les houilles de cette espèce, parce qu’elles sont spécialement employées à la fabrication du gaz et qu’elles présentent des résultats très-divers suivant la manière dont la chaleur agit sur elles. J’ai résumé dans le tableau suivant les résultats obtenus :
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- c* 3 CQ H « H a DÉSIGNATION POIDS de VOLUME de gaz par tilogr. avec les cendres. COMPOSITION DE 100 PARTIES DE GAZ COMBUSTIBLES.
- en O ci 'iâ 9 « DES CHARBONS. houille calcinée. Gaz polycar- bonés. Gaz des marais. Oxyde de carbone* Hydrogène.
- 1 Fosse-Renard, compagnie d’An-zin, division de Denain..... grammes. 10 litres. 273 pour 100. 0,70 pour 100. 40,50 pour 100. 13,50 pour 100. 45,30
- 2 Nord du bois de Boussu (Mons). 800 296 0,50 89,40 7,10 3,00
- 3 Autre échantillon 10 292 6,30 35,10 8,80 49,80
- 4 Autre échantillon ; autre essai. 8 300 5,40 35,80 10,20 48,60
- 5 Auchy (Pas-de-Calais) 600 300 2,50 42,20 6,60 48,70
- 6 Houille anglaise de Newcastle. 500 300 2,30 30,20 12,00 5,50
- 7 Autre variété des houilles de Newcastle 8 307 17,50 29,00 12,10 41,40
- 8 Gaz obtenu en chauffant à 300 degrés du charbon du Nord du bois de Boussu (n° 2).... 1,500 » » 94,60 3,40 2,20
- 9 Auchy. Gaz obtenu en j 1 "flacon n » ACIDE CARBONIQUE. 3,40 AZOTE. 96,50 76,30
- chauffant à 300°. j 2* flacon » » 22,00
- 10 Nord du bois de Boussu, charbon vieux, même que n° 2.. 800 300 0,50 49,10 7,16 43,30
- 11 Nord du bois de Boussu, même que n° 8, calcination lente.. 800 238 0,60 53,00 10,50 35,90
- 12 Nord du bois de Boussu, même que n° 8, calcination plus lente encore 800 122 0,70 48,40 12,50 38,40
- 13 Houille de Newcastle (échantillon n° 5) calcinée lentement 8 282 14,80 41,40 8,90 34,90
- 14 Gaz de l’usine du gaz français à Amiens, fabriqué avec des houilles anglaises » 3,10 31,90 9,30 55,70
- 15 Gaz de la houille du Nord du bois de Boussu nu 2, après un séjourd’un moissurl’eau sous une cloche » » traces... 37,70 13,90 48,40
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- les houilles grasses à longue flamme diffèrent des houilles grasses maréchales en ce qu’elles donnent une proportion de gaz plus considérable; elle n’est généralement pas inférieure à 300 litres par kilogramme et le dépasse souvent. M. Samuel Clegg, dans son Traité pratique de la fabrication du gaz, traduit par M. Et. Servier, cite le rendement d’un grand nombre de houilles à gaz : leur production varie de 300 à 400 litres par kilogramme. Nous avons vu que certaines houilles demi-grasses donnaient plus de 300 litres de gaz par kilogramme. Ce qui distingue le gaz des houilles que nous considérons des gaz précédents, c’est qu’il renferme une proportion notable de gaz poly-carburés, beaucoup plus de gaz des marais et moins d’hydrogène. L’échantillon du Nord du bois de Boussu n° 2 présente cette particularité remarquable que le gaz est presque uniquement composé de gaz des marais ; il y a fort peu de gaz polycarbonés et d’hydrogène. La plus forte proportion de gaz polycarbonés a été obtenue avec une houille anglaise de Newcastle se rapprochant des houilles sèches; elle s’élève à 17,50 pour 100.
- Nous avons chauffé au bain d’huile à 300 degrés lk,500 de charbon du Nord du bois de Boussu fraîchement extrait; le gaz. obtenu était presque exclusivement composé de gaz des marais. Un échantillon de charbon d’Auchy (Pas-de-Calais) ne m’a donné au contraire que de l’acide carbonique et de l'azote. J’ai recueilli successivement deux flacons : le premier renfermait moins d’acide carbonique que le second; ni dans l’un ni dans l’autre il ne se trouvait de gaz combustible. Les mines d’Auchy ne renferment pas de grisou, tandis que celles du Nord du bois de Boussu en sont infestées.
- Quelle différence y a-t-il entre des charbons récemment extraits et des charbons vieux pour la production du gaz? L’essai n° 8 nous fournit des données à ce sujet; c’est le même cbarbon que le n° 2, seulement il est resté exposé pendant quarante jours à l’air dans le laboratoire. La calcination a été faite sur 800 grammes comme pour le n° 2 et conduite de la même manière. Le gaz est loin d’avoir la même composition : il renferme 49,10 pour 100 de gaz des marais au lieu de 89,40, et 43,30 pour 100 d’hydrogène au lieu de 3 pour 100. Le gaz n’a donc plus la même valeur; la quantité obtenue est à très-peu près la même, mais le pouvoir éclairant est moindre. C’est un fait sur lequel on ne saurait trop attirer l’attention des fabricants de gaz.
- Une calcination lente ne paraît point avoir pour effet de changer notablement la composition du gaz; les essais nos 11 et 12 donnent à peu près les mêmes chiffres que Cessai n° 8. Voici comment a été conduit© l’opération n° 12 : j’ai mis dans la cornue 800 grammes; le feu a été mis dessous le matin à 11 heures 30 minutes;
- Le dégagement commence à........... 2 heures.
- On observe 6 litres à. . .......... 3 »
- » 15 » ......... 4 *
- » 30 » . . . ........ 5h,30m
- » 32 » ............. 6b,30m
- * 40 ............. 7 heures.
- J’ai laissé tomber le feu et ne l’ai rallumé que le lendemain ; je l’ai poussé graduelle-
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- ment au rouge vif. En tout, je n’ai obtenu que 98 litres, soit par kilogramme 122 litres au lieu de 300 litres que donne la calcination rapide du même charbon. Avec la houille de Newcastle, je n’ai obtenu que des différences peu sensibles, parce qu’opérant sur 8 grammes seulement il était très-difficile de graduer la température.
- J’ai voulu m’assurer si le gaz obtenu au laboratoire en petit différait sensiblement de celui que l’on obtenait en grand dans les mines. L’analyse n° 14 du gaz de la Compagnie française, à Amiens, accuse à peu près les mêmes résultats que l’analyse 6 du gaz obtenu par la calcination de 500 grammes d’un échantillon de houille employé par cette usine.
- Enfin il m’a paru intéressant de rechercher quelle altération le gaz subit par un séjour prolongé sur l’eau. Nous voyons, d’après l’analyse n° 15 comparée à l’analyse n° 2, qu’il y a décomposition du gaz des marais et formation d’hydrogène ; le gaz perd donc de son pouvoir éclairant.
- V. — Houilles sèches à longue flamme.
- J’ai pris pour type des houilles sèches à longue flamme un échantillon de houille des mines du Haut-Flénu. J’ai étudié sur elles la variation de composition du gaz au fur et à mesure du dégagement. Le tableau suivant renferme les résultats de ces essais.
- CA K U K sa 2 -H R » tn w O % DÉSIGNATION DES HOUILLES ESSAYÉES. POII>S de houille calcinée.
- i Haut-FIéuu (0,15 an* 0,32 du gaz recueilli) grammes. 10
- 2 — (0,32 0,50 — ) »
- 3 — (0,50 0,66 — ) )>
- 4 — (0,66 0,83 — ) »
- 5 — (0,83 0,95 — ) »
- 6 — (0,95 0,99 — > >?
- 7 — (0,99 100 — ) »
- 8 Haut-Flénu 8
- QUANTITÉ de gaz COMPOSITION DE 100 PARTIES DE GAZ COMBUSTIBLES.
- par kiiogramm. Gaz polycar- houés. Gaz des marais. Oxyde de carbone. Hydro- géné*
- litres. pour 10Q. pour 100* pour 100. pour 100.
- 228 7,27 47,37 13,45 31,91
- » 6,05 16,44 20,48 57,03
- » 7,20 38,87 18,67 37,26
- » 7,96 31,68 12,69 47,66
- » A & » »
- 7) » 21,30 9,40 69,30
- » )) 20,00 8,00 72,00
- 280 5,04 29,88 17,50 47,56
- On voit que le volume de gaz obtenu est à peu près le même que celui que donnent les houilles grasses à longue flamme; la grande différence, on le sait, porte sur le coke. Tandis que le coke de ces dernières est compacte et bien formé, celui des secondes est
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- léger, boursouflé ou fritté et donne beaucoup de déchet. En outre, il est en moindre quantité. Quant à la nature et à la composition du gaz, elles se rapprochent de celles de certains gaz de houille grasse; nous ne trouvons donc pas de caractère bien tranché.
- Les variations de composition que présente le gaz, à mesure que la calcination avance, sont remarquables. Dans les premiers moments ce sont les gaz polycarbonés et le gaz des marais qui dominent. Quand le dégagement est devenu régulier, ces gaz se trouvent à peu près en proportion constante ; puis, vers la fin de la calcination, tout gaz polycarboné disparaît. Le gaz des marais n’est plus qu’en faible quantité lui-même ; c’est l’hydrogène qui domine. L’analyse eudiométrique nous montre que les quantités d’oxygène brûlé vont en décroissant d’une manière continue, et que celles d’acide carbonique formé diminuent également. C’est la preuve de l’appauvrissement graduel du gaz comme pouvoir éclairant.
- Quelques essais que nous avons faits sur des houilles grasses du Nord du bois de Boussu, et que nous croyons inutile de rapporter, confirment pleinement ces résultats.
- VL — Résumé et conclusions.
- J’ai exposé un certain nombre de faits relatifs à l’action de la chaleur sur la houille; je vais essayer de poser les conclusions qu’il me paraît permis d’en tirer.
- La première concerne les caractères qui différencient les gaz des diverses variétés de houille.
- Les houilles maigres donnent un gaz très-léger, riche en hydrogène, pauvre en gaz protocarboné, sans trace de gaz polycarboné. Ce dernier gaz apparaît dans le gaz des houilles demi-grasses; il y est en petite quantité. Le gaz protocarboné est assez abondant; par contre, il y a moins d’hydrogène. Tandis que les houilles maigres ne rendent pas plus de 200 à 220 litres de gaz, les houilles demi-grasses produisent jusqu’à 300 litres et plus.
- Les houilles grasses maréchales à courte flamme rendent moins; mais le gaz est plus riche en gaz polycarbonés et protocarbonés et ne renferme pas autant d’hydrogène.
- Les houilles grasses à longue flamme ont des rendements égaux ou supérieurs à ceux des houilles demi-grasses; elles sont très-riches en gaz polycarbonés et brûlent une très-forte proportion d’oxygène : ce sont les plus propres à la fabrication du gaz, tant par la nature du gaz qu’elles donnent que par la qualité et la quantité du coke qu’elles produisent.
- Entre le gaz des houilles sèches et celui des houilles grasses la différence n’est pas bien grande, ni sous le rapport de la nature, ni sous celui de la quantité : du moins nous n’avons pas fait assez d’expériences pour pouvoir établir les différences qui existent. C’est surtout la quantité et la qualité du coke qui, dans la fabrication du gaz, font préférer les houilles grasses aux houilles sèches.
- J’ai établi que la calcination lente produisait beaucoup moins de gaz que la calcina-
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- tion rapide pour une même espèce de houille; ce fait est général. II y aurait peut-être cependant une exception à faire pour les houilles maigres.
- Un fait remarquable, qu’à l’exception de ces dernières et probablement aussi des houilles sèches présentent toutes les houilles, c’est une altération profonde dans certains de leurs principes constituants par un séjour prolongé à l’air. Il se traduit de deux manières : d’abord le gaz de charbon vieux est peut-être aussi abondant que celui de charbon frais ; mais il renferme moins de gaz des marais et plus d’hydrogène ; il est, par conséquent, plus léger et moins éclairant. En outre, tandis que le charbon frais des mines à grisou dégage presque uniquement des gaz carbonés à une température de 300 degrés, le même charbon, quand il est vieux, dégage seulement de l’azote et de l’acide carbonique.
- J’ai constaté que, chauffées à 300 degrés, les houilles des mines à grisou dégageaient du gaz carboné, tandis que celles des mines où il n’y a pas de grisou donnent de l’azote et de l’acide carbonique ; ce qui permet de croire que, dans ces dernières mines, il doit y avoir des dégagements spontanés d’azote et d’acide carbonique; d’où résulte la nécessité d’une ventilation active. Ce fait me semble devoir être de quelque intérêt pour le mineur.
- J’ai montré que le gaz obtenu par la calcination de la houille dans une cornue se rapproche beaucoup de celui que l’on obtient en grand dans les mines avec le même charbon. Ce fait est énoncé dans l’ouvrage de M. Servier.
- Une analyse que je donne d’un gaz qui avait séjourné quarante jours sous une cloche, comparée à celle du même gaz venant d’être recueilli sur l’eau, donne lieu de penser que le gaz d’éclairage subit une altération profonde par un séjour prolongé sur l’eau. Le gaz carboné se décomposerait, la quantité en diminuerait, tandis que celle de l’hydrogène augmenterait sans que le volume apparent changeât sensiblement. J’indique seulement ce fait sans vouloir le garantir, parce qu’une seule expérience ne me paraît pas suffisante pour l’établir d’une façon absolue.
- La manière dont varie la composition du gaz, à mesure que son dégagement avance, est connue et mes expériences ne font que la confirmer. Les gaz polycarbonés et carbonés dominent au début ; puis, lorsque le dégagement est devenu régulier, la composition varie peu; vers la fin de la calcination, il n’y a plus trace de gaz polycarboné. Le gaz protocarboné est en petite quantité et l’hydrogène forme la majeure partie du gaz.
- L’étude comparée des gaz de diverses espèces de houilles permet d’expliquer comment celles-ci se comportent si différemment au feu. On comprend que les houilles maigres, ne dégageant guère que de l’hydrogène en assez faible quantité, brûlent avec une flamme courte et très-chaude, et qu’il faille un courant d’air actif pour les brûler. Les houilles demi-grasses sont flambantes parce qu’elles donnent un volume de gaz considérable, que l’hydrogène protocarboné y entre dans une proportion notable et qu’elles produisent peu de goudron. Les houilles grasses maréchales brûlent avec une flamme courte et chaude, parce qu’elles ne donnent pas un volume de gaz abondant et qu’il y a dans ce dernier des hydrogènes polycarbonés en quantité sensible et une forte
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- ]Toportion d’hydrogène protocarboné. Les houilles grasses à longue flamme produisent plus de gaz et il y entre encore plus d’hydrogènes carbonés ; il se forme en même temps beaucoup de goudron : aussi leur flamme est-elle longue et conviennent-elles pour le chauffage comme pour la fabrication du gaz.
- Si la flamme des houilles sèches est moins ardente que celle des houilles grasses à longue flamme, c’est que le gaz renferme en général plus d’hydrogène, moins d’hydrogènes carbonés, et qu’avec le goudron il se forme beaucoup de vapeur d’eau. Il est à remarquer aussi que les bouilles sèches se décomposent plus vite sous l’action de la chaleur que les houilles grasses à longue flamme, et que la calcination de celles-ci est plus facile et plus prompte que celle des houilles maréchales. Parmi les houilles demi-grasses, il en est qui s’allument et se consomment rapidement, ce sont les plus gazeuses; d’autres, au contraire, sont difficiles à allumer et durent longtemps au feu, ce sont les moins gazeuses. Enfin on comprend que certaines houilles, perdant à l’air une partie des gaz qu’elles renferment, ne se comportent plus au feu aussi bien que quand elles sont fraîches, et qu’alors elles deviennent moins propres à certains usages industriels.
- Les divers faits que nous avons exposés nous permettent d’exprimer une opinion motivée sur deux questions qui intéressent à un haut point l’industrie du gaz, savoir l’emploi de charbons frais, l’emploi de charbons lavés.
- Les houilles les plus estimées pour la fabrication du gaz proviennent généralement de mines à grisou ; j’ai montré que des houilles de cette espèce, abandonnées un temps plus ou moins long à l’air, subissent une altération profonde dans leur composition, et qu’il en résulte une diminution notable sinon dans la quantité, du moins dans la qualité du gaz. Il y a d’abord la perle résultant d’un dégagement spontané de gaz à l’air libre ; cette perte n’est point considérable sans doute, et nous n’avons point de données suffisantes pour l’apprécier. Cependant, si l’on observe que des échantillons de charbon extraits depuis cinq ou six jours donnaient 4 à 5 litres de gaz par kilogramme à une température de 300 degrés, que ce gaz est presque en entier composé de gaz carbonés, que par suite il y a lieu de supposer une perte semblable par la simple exposition à l’air, on est amené à penser que la perte depuis le moment où le charbon a été extrait est plus considérable encore. En tout cas, 5 litres par kilogramme ou 50 centimètres cubes par 100 kilogrammes sont chose d’autant moins indifférente que c’est tout gaz carboné. Mais ce qui est plus grave, c’est que, par une longue exposition à l’air, surtout dans un endroit qui n’est pas couvert, le charbon s’altère, et que par la calcination il donne un gaz renfermant beaucoup moins de gaz carbonés et beaucoup plus d’hydrogène. Les usines à gaz ont donc un intérêt réel et sérieux à prendre la voie de fer de préférence à la voie d’eau pour faire venir leur charbon et à l’employer aussitôt : une bonne administration doit attacher la plus grande importance à ne consommer que des charbons récemment extraits. Un point qui n’est pas non plus sans importance, c’est que le charbon soit gailleteux. Au premier abord il semble qu’il est indifférent que le charbon soit menu, puisqu’il s’agit seulement de le calciner; c’est même plus commode pour la calcination. Mais le charbon menu a le grave inconvénient de laisser s’opérer rapidement le dégagement
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- spontané du gaz et de s’altérer plus vite à l’air; on doit donc préférer la houille en morceaux. On sait, en outre, que l’état gailleteux est un signe de la régularité des couches et de la pureté du charbon.
- Les fabriques de gaz se préoccupent à bon droit du lavage de la houille ; elles retirent de la vente du coke des sommes considérables et doivent s’attacher à l’obtenir aussi bon que possible pour en assurer l’écoulement avantageux. Le schiste, les pierres et les matières étrangères qui souillent la houille nuisent singulièrement à la qualité du coke; le lavage seul peut faire disparaître radicalement ce grave inconvénient. S’il n’en résultait qu’une légère élévation dans le prix du charbon, on n’hésiterait point à y avoir recours; car, la qualité du coke étant améliorée, on le vendrait facilement à un prix rémunérateur. Ce que l’on craint, c’est l’eau qui reste dans le charbon, l’altération qu’il peut subir, et par suite une diminution dans le volume comme dans la qualité du gaz. Je pense que ces craintes ne sont pas fondées. D’abord le lavage de la houille entraîne pour l’expédition un retard de quarante-huit à soixante-douze heures au plus. On ne remarque pas, dans la fabrication du coke, que les charbons lavés aussitôt après l’extraction se calcinent moins bien que s’ils n’avaient pas été lavés. Ce qu’il faut, c’est enlever au charbon lavé l’eau que le lavage y a introduit. Si, pour atteindre ce résultat, on employait l’action de la chaleur, il est certain, d’après les expériences que j’ai rapportées, que la houille subirait une altération réelle et dont l’influence serait sensible dans la fabrication du gaz : on ne peut pas même porter la température à 100 degrés. Le seul moyen pratique me paraît consister dans l’emploi de turbines, comme le fait la compagnie d’Anzin, ou dans tout autre mode de dessiccation qui ne nécessite pas une température supérieure à 50 degrés. Avec les turbines le charbon n’est pas échauffé ; il ne renferme plus qu’une faible proportion d’eau ; il est turbiné tout de suite après le lavage et s’expédie immédiatement. Le voyage, quand le waggon est couvert d’une bâche, ne peut qu’achever la dessiccation. Je pense que dans ces conditions il doit rester propre à la fabrication du gaz; s’il subit une légère dépréciation, elle est largement compensée par l’amélioration de la qualité du coke.
- [Annales de chimie et de physique.)
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- QUELQUES FAITS RELATIFS A LA DÉCOUVERTE DE L’EMPLOI DU BROME EN PHOTOGRAPHIE, ET SOUSCRIPTION OUVERTE, EN ANGLETERRE, EN FAVEUR D’üN INVENTEUR MALHEUREUX, PAR M. JABEZ HUGHES.
- A propos de l’histoire de la photographie dont on s’occupe en ce moment beaucoup en Angleterre, il ne sera pas hors de propos de dire quelques mots d’une invention relative à cet art, dont l’auteur est aujourd’hui peu connu.
- C’est à John Frederick Goddard qu’on doit la découverte de l’emploi du brome; les
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- circonstances intéressantes qui se rattachent à cette découverte nous permettront de rappeler quelques faits de l’histoire du procédé de Daguerre.
- On se rappelle que c’est en janvier 1839 que Daguerre annonça qu’il était parvenu à fixer les images de\a chambre noire, en même temps qu’il montra plusieurs des spécimens qu’il avait obtenus; mais ce n’est qu’au mois d’août de la même année qu’il fit connaître les détails de sa mémorable invention, grâce à l’intervention du Gouvernement français qui acheta la découverte et en divulgua libéralement le secret. En même temps qu’il négociait avec le gouvernement, Daguerre prenait soin, néanmoins, de s’assurer en Angleterre le bénéfice de sa découverte par la prise d’une patente.
- Cependant, entre les mains de l’inventeur, le procédé fit peu de progrès; il ne permettait alors de reproduire que des objets vivants, et il n’exigeait pas moins de vingt à trente minutes de pose en plein soleil. Bientôt quelques tentatives particulières furent faites pour en tirer parti; il en résulta quelques améliorations qui permirent de reproduire quelques monuments célèbres, dont les images furent mises en vente à XInstitution polytechnique de Londres. Ces images, obtenues sur des plaques de 8,50 sur 6,50 pouces ( 0m,22 sur 0m,17 ), excitèrent l’admiration générale, mais elles trouvèrent peu d’acheteurs en raison de leur prix élevé, qui n’était pas moins de 1,50 à 2 ou 3 guinées chacune (37 fr. 50 à 50 ou 75 fr.).
- Jusqu’alors la découverte de Daguerre était donc restée à l’état de curiosité scientifique, et pour ainsi dire sans valeur commerciale, lorsqu’on commença à rechercher le moyen d’obtenir des images plus rapidement et sans opérer en plein soleil, problème que M. Goddard a résolu le premier. Maintenant, comment M. Goddard a-t-il été conduit à s’occuper de daguerréotypie ? C’est là une histoire dont les détails sont assez curieux pour être racontés ici.
- Lorsque Daguerre publia ses procédés, le professeur Morse, qui était alors à Paris, en envoya une description à New-York à plusieurs personnes qui s’occupaient de sciences, et entre autres à MM. John Johnson et À. Woolcott, qui travaillaient ensemble, et se mirent immédiatement à l’œuvre. M. Woolcott, dans le but de prendre des images plus rapidement, eut l’idée de construire une chambre avec un miroir concave remplaçant la lentille, et de placer au foyer de ce miroir la plaque destinée à recevoir l’image. Grâce à cette idée, les deux opérateurs parvenaient déjà, en octobre 1839, à prendre, sur une plaque de 3/8 de pouce carré à peine (2e2,40), un portrait de profil de M. Johnson, dans un temps de pose en plein soleil qui n’excédait pas cinq minutes. Enfin, peu de temps après (janvier 1840), ils étaient tellement satisfaits des résultats qu’ils obtenaient (ils pouvaient alors faire des portraits sur plaques de 2,50 sur 2 pouces (0m,062 sur 0m,0o) qu’ils songeaient sérieusement à en faire l’objet d’une exploitation, et c’est dans ce but que, dans le cour s dumois de février de la même année, M. Johnson aîné partait pour l’Europe avec quelques épreuves de portraits, dans le but de prendre un brevet pour sa chambre à réflecteur.
- Arrivé en Angleterre, M. Johnson s’adressa à l’agence de brevets de M. Carpmael, et celui-ci, ayant parlé de l’invention à M.Beard,avec lequel il avait déjà fait quelques
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- affaires, l’engagea à s’associer à M. Johnson pour la prise d’une patente. Les deux nouveaux associes étant plutôt des industriels que des hommes de science, jugèrent indispensable de s’assurer la coopération d’un homme compétent, et ils s’adressèrent, dans ce but, à M. Longbotham de l’Institution polytechnique, qui leur indiqua, comme devant parfaitement leur convenir, M. le professeur Goddard, chargé alors de faire des leçons d’optique et de physique à la galerie Adélaïde. M. Goddard, qui était déjà familiarisé avec l’invention de Daguerre, accepta la proposition avec empressement; il prit l’engagement de faire des expériences avec le nouvel appareil do M. Johnson et en même temps de s’appliquer à perfectionner le procédé lui-même. Ces faits se passaient vers le milieu de l’été 1840, et l’on remarquera que, depuis un an environ que la découverte de Daguerre avait paru, aucun perfectionnement autre que celui de la chambre à réflecteur n’y avait été apporté.
- M. Goddard ne tarda pas à reconnaître que, même avec l’appareil à action rapide de M. Johnson, les images qu’il obtenait exigeaient l’intervention continue du soleil, dont l’absence le forçait souvent à interrompre ses expériences; c’est ainsi qu’il fut conduit à rechercher les moyens d’opérer sans avoir recours directement à cette intervention. Pendant l’automne de 1840, il reconnut l’extrême sensibilité du brome avec l’iode, découverte qui réduisit à un certain nombre de secondes le temps de l’exposition et permit de prendre des images sans opérer en plein soleil. On peut consulter à cet égard le numéro du 12 décembre 1840 de la Lilerary Gazette, où l’on trouvera tous les détails relatifs à cette affaire. Du premier coup, M. Goddard jugea l’importance que pouvait avoir sa découverte au point de vue commercial. Il engagea M. Beard à acheter de suite la patente de Daguerre et à mettre de côté sa chambre à réflecteur, qui devenait inutile, pour reprendre le système des lentilles qui allait permettre de prendre de meilleures et de plus grandes images. M. Beard eut l’esprit d’écouter ces conseils, et c’est de celte époque que le procédé Daguerre est entré dans sa première phase d’exploitation pratique et industrielle.
- Bientôt M. Goddard se livra à une série de recherches étendues sur les corps ha-loïdes, tels que l’iode, le brome, le chlore et le fluor, et au mois de février 1841 il déposa aux archives de la Société royale un mémoire contenant tous les détails de son procédé de sensibilisation du chlore avec l’iode pour prendre des images vivantes; en outre, à chacune des licences accordées par M. Beard, une copie de ce mémoire fut jointe, indiquant le mode d’opérer dans la préparation des solutions sensibles.
- Tel est l’historique du premier perfectionnement important apporté au procédé de Daguerre et, à l’exception de la méthode de M. Fizeau pour dorer les plaques, on peut dire que tous les autres perfectionnements n’ont eu, pour ainsi dire, pour objet que des questions de détail. La découverte de l’emploi du brome a été un fait capital qui a permis à l’invention de Daguerre de passer du laboratoire, où elle n’avait jusqu’ici constitué qu’une curiosité, dans le champ des applications industrielles, où elle représente encore l’une des plus belles découvertes du xixe siècle.
- Malheureusement à ce récit se rattache un Côté plein de tristesse. Les Daguerre, les Fox, les Talbot et tous les promoteurs de cet art merveilleux ont trouvé la juste
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- récompense de leurs efforts, tandis que celui qui lui a donné sa première et vigoureuse impulsion, John Goddard, aujourd’hui vieux, souffreteux et dans le besoin, est obligé de vivre de charités. Cette grande infortune est digne de toutes les sympathies, et, en proposant d’ouvrir une souscription destinée à le mettre à l’abri du besoin pour ses dernières années, nous sommes sûr que tous ceux qui s’occupent aujourd’hui de photographie ne refuseront pas de répondre à notre appel (1).
- M. Goddard a eu une existence laborieuse, toute consacrée aux travaux scientifiques. Dans la session de 1837-38, il reçut de la Société des arts une médaille d’argent pour son appareil de polarisation de la lumière, et dans la même session il lut à cette Société un mémoire important sur celte question. L’un des premiers, il fit des leçons sur le microséope a gaz oxyhydrogène et fut, ainsi qu’il a été dit en commençant, chargé de faire, à la galerie Adélaïde, ainsi qu’à l’Institution polytechnique, des cours sur l’optique et sur d’autres parties intéressantes de la physique. Nous ne pousserons pas plus loin l’énumération de ses travaux, mais nous rappellerons ce que disait de lui, il y a quinze ans, M. Claudet, dans le Philosophical Journal, à propos d’une discussion relative à la priorité de la découverte de l’emploi du brome en photographie. Reconnaissant avec impartialité les droits de M. Goddard, il écrivait : « Son nom doit être honorablement cité dans l’histoire des progrès de la photogra-« phie, non-seulement à propos de l’emploi du brome, mais encore en raison des « efforts qu’il a faits le premier, en Angleterre, pour perfectionner la découverte de « Daguerre et des connaissances approfondies qu’il a su mettre au service de cette « admirable invention. » {Thephotographie Journal.) (M.)
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- Études sur les vins : première partie : de l’influence de l’oxygène de l’air dans la vinification; par M. L. Pasteur.
- « Le vin est une des principales richesses agricoles de la France. Le sol, le climat, l’exposition dans un même sol, la nature des cépages, etc., sont autant de causes de modifications dans les qualités et même dans la nature propre du vin. C’est principalement à ces causes qu’il faut rapporter les nombreuses variétés devins de notre pays. On ne changera point cela,et il y a intérêt à ne pas le tenter. Mais il est certain qu’un même moût de'raisin, travaillé de diverses façons, peut produire bien des sortes et qualités de vins. En outre, les altérations des vins n’ont rien de nécessaire. On doit
- (1) L’auteur de cette note indique que les souscriptions peuvent être adressées à son domicile, 379, Oxford Street, W.
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- pouvoir les prévenir, puisqu’elles sont accidentelles. Il y a donc à faire une part assez large à l’expérimentation et a ses conséquences pratiques.
- « J’ai tenté d’appliquer à l’étude de la vinification et des altérations des vins quelques-uns des résultats de mes recherches de ces dernières années. Les faits nouveaux auxquels je suis arrivé me paraissent de nature à provoquer des essais utiles, et j’ose espérer qu’à ce titre l’Académie les accueillera avec indulgence, malgré les lacunes qu’elle apercevra dans mon travail, comme je les aperçois moi-même.
- « Ces lacunes sont peut-être inévitables, parce que dans un tel sujet le savant ne peut pas tout attendre de ses propres efforts. Lorsque ses expériences l’ont conduit à des vues particulières, il doit s’empresser de les communiquer au public, afin de les soumettre au contrôle d’essais industriels qu’il n'a guère les moyens d’effectuer lui-même.
- « Je m’occuperai, dans cette première communication, de l’influence de l’oxygène de l’air dans la vinification.
- « Tout le monde connaît l’ingénieuse expérience de Gay-Lussac, qui démontra ce que l’on avait depuis longtemps pressenti et énoncé sans preuves, que l’oxygène de l’air est nécessaire à la fermentation du moût de raisin. Le jus sucré du raisin renfermé dans les grains, encore réunis à la grappe qui les portait sur le cep, ne fermente pas. Il était dès lors facile de prévoir que l’air, et dans l’air l’oxygène, est nécessaire à la fermentation du moût de raisin.
- « Gay-Lussac fit passer cette idée de la spéculation dans le domaine des faits positifs; il en donna la preuve expérimentale. Après avoir écrasé des grains de raisin sous une éprouvette renversée pleine de mercure, il vit qu’ils ne fermentaient pas, soit seuls, soit au contact de divers gaz. L’addition d’une petite quantité de gaz oxygène déterminait, au contraire, la fermentation.
- « En étudiant de plus près cette curieuse influence de l’oxygène dans la fermentation alcoolique du moût de raisin, j’ai constaté les faits suivants :
- « 1° Le moût de raisin ne renferme pas du tout de gaz oxygène en dissolution, et seulement de l’acide carbonique et de l’azote. J’ai opéré sur des raisins d’espèces différentes, blancs ou rouges. Une expérience faite sur du moût de raisins blancs, aussitôt après l’action du pressoir, a donné, par litre de moût, 58 centimètres cubes de gaz ayant pour composition en centièmes :
- Acide carbonique................... 78,5
- Azote.............................. 21,5
- Oxygène.............................. 0,0
- 100,0
- « 2° Si le moût est abandonné, même en grande surface, au contact de l’air, il ne s’oxygène pas. On n’y trouve, jusqu’à ce que la fermentation se déclare, que ces mêmes gaz acide carbonique et azote. Par conséquent, l’oxygène de l’air se combine au fur et à mesure de sa dissolution avec des principes oxydables que renferme naturellement le jus du raisin.
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- « 3° Cette combinaison de l’oxygène de l’air avec le moût n’est pas tellement rapide, que l’on ne puisse avoir du moût tenant en dissolution du gaz oxygène pendant quelques heures. On atteint ce résultat en agitant le moût avec l’air, et en analysant les gaz dissous aussitôt après l’agitation.
- « 5 litres de moût ont été agités dans une grande bouteille de 10 litres avec leur volume d’air pendant une demi-heure. 50 centimètres cubes de gaz extraits du moût un quart d’heure après l’agitation ont laissé 13 centimètres cubes de gaz non absorbables par la potasse, lesquels renfermaient 20 pour 10 de gaz oxygène.
- « La même expérience répétée sur le même moût, en laissant reposer le liquide pendant une heure, après l’agitation avec l’air, n’a plus fourni que 6 pour 100 d’oxygène dans le gaz privé d’acide carbonique.
- « Enfin, en laissant du moût dans une bouteille bien bouchée en contact avec son volume d’air (à une température de 10 degrés afin de retarder la fermentation), l’air de la bouteille renfermait au bout de quarante-huit heures près de 3 pour 100 de gaz carbonique, et 14 pour 100 de gaz oxygène seulement. On avait agité h deux reprises le moût avec l’air pendant une demi-heure. Chaque litre de moût avait donc absorbé environ 70 centimètres cubes de gaz oxygène.
- « La combinaison de l’oxygène de l’air avec le moût modifie sa couleur. Le moût de raisins blancs, à peu près incolore dans le grain et au moment du pressurage, devient jaune-brun en passant par les états intermédiaires. Le moût de raisins rouges renferme également des matières incolores qui brunissent par le contact de l’air. Enfin le moût récent, qui est faible et a quelque chose de vert, prend peu à peu, s’il n’est pas filtré, une odeur agréable, élhérée, au moment où la fermentation commence, et cette odeur paraît être en rapport avec une aération lente du moût.
- « Mais ce qu’il importe peut-être davantage de remarquer, au point de vue des applications, c’est l’influence considérable de l’aération sur la fermentation du moût.
- « Laisse-t-on le moût exposé au contact de l’air en grande surface pendant plusieurs heures, ou l’agite-t-on avec de l’air, opération facile à pratiquer à l’aide d’un soufflet dont la douille est munie d’un tube qui plonge dans la cuve ou dans le tonneau (1), la fermentation du moût aéré est incomparablement plus active que celle du moût non aéré, et la différence varie avec l’intensité de l’aération. Et il est digne d’attention que l’aération peut avoir lieu et produire des effets au moins aussi sensibles, alors même qu’on l’effectue pendant la fermentation, lorsque le liquide est déjà chargé d’acide carbonique et de levure alcoolique.
- « L’aération du moût à des degrés divers se présente donc comme l’un des moyens les plus propres à influer sur la durée et l’achèvement complet de la fermentation.
- (1) .Te ne prétends pas cependant qu'il soit indifférent d'employer l’un ou l’autre de ces deux modes d’aération.
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- « Dans les localités où la vendange n’a lieu qu’en octobre, il arrive fréquemment, et particulièrement dans les meilleures années, que le vin reste doux après la fermentation tumultueuse. Ce vin un peu sucré est sujet aux altérations, et il n’est pas rare de le voir fermenter insensiblement pendant trois ou quatre ans.
- « On peut dire que dans tous les cas, à moins qu’il ne s’agisse de vins liquoreux, il est utile que la fermentation se termine dès l’origine. Pour atteindre ce but, l’aération du moût, convenablement appliquée, sera peut-être un moyen aussi efficace que facile à mettre en pratique. N’aura-t-elle pas des inconvénients cachés? Nuira-t-elle à la couleur que l’on recherche dans les vins, à leur goût, à leur bouquet? Trouvera-t-on au contraire,sur ce point,de nouveaux avantages? C’est ici que doit intervenir celte alliance à laquelle je faisais allusion tout à l’heure des essais industriels tentés par les propriétaires intéressés, et des indications de la science. Remarquons, d’ailleurs, que, avantageuse ou nuisible, l’aération est une circonstance obligée de la vinification. Elle mérite donc à tous égards la plus sérieuse attention, alors même que l’on ne sortirait pas des usages habituels, parce qu’elle y intervient déjà présentement à l’insu des praticiens, et dans une mesure abandonnée au hasard des circonstances et des coutumes locales.
- « Une autre conséquence facile à déduire des faits que j’ai exposés, c’est que le vin doit contenir des principes éminemment oxydables. M. Boussingault a reconnu depuis longtemps que le vin ne renfermait pas du tout de gaz oxygène en dissolution, et il avait même espéré se servir de la connaissance de ce fait pour déceler l’addition de l’eau ordinaire au vin. Malheureusement, dès le lendemain le vin ne contenait plus d’oxygène libre. Ces faits ont été confirmés récemment et étendus par M. Berthelot, qui ne connaissait pas les observations de M. Boussingault, publiées en 1859 dans une de ses leçons du Conservatoire des arts et métiers à laquelle j’assistais.
- « Ce que je tiens à faire observer à ce sujet, c’est que l’existence, dans le moût du raisin, de matières qui absorbent l’oxygène de l’air, qui l’absorbent encore après que la fermentation a commencé, entraîne inévitablement celle de principes semblables, plus ou moins modifiés par la fermentation, dans la composition du vin lui-même. C’est pour ce motif que l’on ne trouve pas d’oxygène dissous dans les vins conservés en vase clos. Si le vase qui renferme le vin n’est pas fermé, le vin se charge de gaz oxygène, et l’air du vin est même plus riche en oxygène que l’air atmosphérique, comme il arrive pour l’air dissous dans l’eau. Il y a cependant une circonstance où le vin exposé au contact de l’air ne contient pas d’oxygène libre; c’est lorsque sa surface est recouverte, en tout ou en partie, de mycoderma vint, ou fleurs du vin.
- « L’oxygène de l’air, qui se mêle au vin exposé au contact de l’air, ne s’absorbe donc pas aussi promptement qu’il se dissout. Sous ce rapport le moût de la vendange est plus oxydable ou dissout moins vite l’oxygène, puisque ce gaz disparaît au fur et à mesure de sa dissolution, quand le moût est en repos au contact de l’air.
- « Si l’on étudie les gaz du moût pendant et après la fermentation, on reconnaît, comme on devait s’y attendre, que la liqueur est saturée de gaz acide carbo-
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- nique sans mélange d’aucun autre gaz quelconque. Dans une expérience faite sur du vin nouveau, pris sur place, dans le tonneau même où la fermentation avait eu lieu, j’ai trouvé par litre lHt,481 de gaz carbonique. Le vin était à la température de 7 degrés.
- « Mais, dès que le moût a fermenté dans la cuve et que le vin est mis en tonneau, les choses changent complètement. Les parois du tonneau donnent lieu à une évaporation active, variable avec l’épaisseur des douves, avec l’état du tonneau, avec la nature du vin, et enfin avec la cave, son exposition et la distribution de ces courants d’air.
- « Des effets d’endosmose de gaz et de vapeurs ont lieu constamment à travers le bois, et je crois pouvoir démontrer que c’est par l’action de l’oxygène de l’air pénétrant lentement dans le tonneau que le vin se fait, et que, sans l’influence de l’oxygène, le vin resterait à l’état de vin nouveau, vert, acerbe et non potable.
- a Analysons, en effet, les gaz dissous dans un vin qui a été mis en tonneau depuis quelques mois ou depuis quelques années. Les analyses auxquelles je fais allusion ont été et doivent être effectuées sur place au moyen d’un procédé que je décrirai ailleurs (pour ne pas allonger trop cette communication), et de façon à ne pas mettre le moins du monde le vin en contact avec l’air atmosphérique. Voici les résultats généraux de ces déterminations. Il y a absence constante de gaz oxygène. La raison en a été donnée tout à l’heure. On trouve de l’acide carbonique en proportions variables. Cela doit être, puisque, après la fermentation, le vin était sursaturé de ce gaz. Mais ce qu’il faut principalement remarquer, c’est que le vin renferme toujours de l’azote, dont la proportion est, dans tous les cas, sensiblement la même, de 16 centimètres cubes environ par litre. Or ce gaz ne peut avoir été emprunté qu’à l’air atmosphérique, puisque nous avons reconnu que le vin, à l’origine, ne contenait en dissolution que du gaz acide carbonique pur. Si le vin s’est saturé de gaz azote, c’est qu’il s’est également saturé d’air, avec cette circonstance importante toutefois que l’oxygène correspondant à l’azote ne restant pas libre, et se combinant avec les principes du vin, un renouvellement incessant de l’oxydation doit avoir lieu.
- « On comprendra dès lors l’intérêt qu’il y aurait à déterminer cette proportion d’oxygène que le vin absorbe sans discontinuité pendant le long intervalle de son séjour en tonneau, et ultérieurement en bouteille, bien que, dans ce dernier cas, l’absorption soit à peine sensible. J’espère arriver directement à ce résultat. Mais je puis, dès à présent, donner de cette absorption un minimum qui accusera l’influence considérable de l’oxygène de l’air dans la vinification.
- cc Ce minimum est fourni par la connaissance de la vidange qui s’établit naturellement dans tous les tonneaux, vidange que l’on peut mesurer exactement par l’ouillage. Or il résulte, tant des mesures que j’ai prises dans le Jura, confirmées par des renseignements qui m’ont été fournis par l’habile tonnelier-chef du clos Vougeot, qu’une pièce de bourgogne de 228 litres se vide par évaporation de plus de 10 litres par année, et le liquide évaporé est remplacé par de l’azote et de l’acide carbonique.
- « L’oxygène de plus de 10 litres d’air se fixe donc, chaque année, sur le vin de la
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- pièce. Et, comme on conserve le vin en pièces le plus souvent trois ou quatre ans avant de le mettre en bouteilles, et quelquefois bien plus longtemps, il est facile de calculer que, dans cet intervalle, chaque litre de vin absorbe de 30 à 40 centimètres cubes de gaz oxygène pur.
- « Mais, je le répète, ce n’est là encore qu’un minimum éloigné de l’absorption de l’oxygène. Il y a, en effet, un échange continuel des gaz de l’intérieur du tonneau avec l’air atmosphérique, pendant que la vidange par évaporation s’effectue. Nous pouvons en avoir une preuve dans la diffusion de l’acide carbonique. J’ai dit tout à l’heure qu’un litre de vin nouveau pris à la température de 7 degrés avait donné près de 1 1/2 litre de gaz carbonique dissous. Le même vin vieux de deux années, n’avant subi que deux soutirages en mars et en juillet, sans collage, ne renfermait plus par litre que 200 centimètres cubes de gaz acide carbonique. Cette différence donne une idée de la diffusion continuelle des gaz dissous dans le vin, à travers les parois du tonneau. La proportion d’oxygène fixée, pendant que le vin se fait, sur les principes oxydables empruntés au moût du raisin, est donc certainement bien supérieure à 30 ou 40 centimètres cubes par litre.
- « Il ne me paraît pas possible de douter que c’est, cette oxydation qui fait vieillir le vin et qui lui enlève ses principes acerbes et provoque en grande partie les dépôts des tonneaux et des bouteilles. Des expériences directes m’ont prouvé, en effet, que l’oxygène vieillit le vin nouveau, l’adoucit, lui enlève de sa verdeur, et que, concurremment, il s’y forme des dépôts abondants. D’autres essais, qui n’ont encore, il est vrai, que trop peu de durée, tendent à établir que le vin nouveau conservé dans des vases hermétiquement clos ne se fait pas et dépose très-peu. Cependant l’action de l’oxygène, pour être efficace, doit être lente et ménagée. Si on l’exagère, on tombe dans les phénomènes signalés par M. Berthelot, qui a bien vu le côté nuisible de cette action de l’oxygène.
- « La comparaison de ce qui arrive à un même vin conservé en grands ou en petits tonneaux offre une preuve convaincante, quoique indirecte, des observations précédentes. Plus on exagère les dimensions des futailles, plus le vin met de temps à vieillir.
- « Si je ne me trompe, les faits dont je viens d’entretenir l’Académie suggéreront des idées nouvelles sur les méthodes à suivre pour conserver ou pour vieillir les vins, sur l’action des courants d’air dans les caves, sur l’influence des tonneaux neufs ou vieux, plus ou moins propres à l’évaporation. Je crois qu’ils donneront également l’explication de l’influence des voyages sur le vin. C’est là évidemment,à cause de l’agitation, un moyen de modifier beaucoup les conditions de l’aération du vin et de l’endosmose des gaz.Nul doute également que la mise en bouteilles a principalement pour effet de diminuer, dans une grande mesure, l’aération du vin et d’allonger beaucoup, par là même, la durée de sa confection, ce qui, dans le langage ordinaire, s’appelle conservation du vin.
- « Pendant que le vin se fait en tonneau ou en bouteille, sous l’influence de l’oxygène de l’air, il arrive souvent que des altérations spontanées se manifestent sans causes apparentes bien déterminées. J’étudierai ces altérations ou maladies des vins dans une prochaine communication. » (Comptes rendus de l'Académie des sciences.) Tome XI. — 63e année. 2“ série. — Janvier 1864. 6
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
- NOTICES INDUSTRIELLES
- EXTRAITES DES PUBLICATIONS FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES.
- Rapport sur le procédé de gravure de II. liai. — « M. Vial a présenté à l’Académie des sciences un mémoire ayant pour titre : Recherches sur les précipitations métalliquesy ou Essai de reproduction des anciennes gravures, précédé et suivi de nouveaux procédés de gravure, travail qui a été renvoyé à l’examen d’une commission composée de MM. Dumas, Régnault, et Becquerel, rapporteur.
- « Bien que ces procédés aient été brevetés, néanmoins votre commission a pensé que, l’un d’eux reposant sur une propriété électro-chimique qu’elle croit ne pas être connue, elle devait en entretenir l’Académie sans se prononcer sur le mérite artistique de ce procédé, dont nous ne sommes pas juges compétents.
- « Voici la description du procédé : on transporte sur acier une gravure ou un dessin à l’encre grasse, ou bien on dessine sur la planche avec la même encre. La planche est plongée dans un bain d’une dissolution saturée de sulfate de cuivre, additionnée d’une petite quantité d’acide nitrique; cinq minutes après, on retire la planche, on la lave, on enlève avec de l’ammoniaque le cuivre déposé, et la gravure est achevée ; les traits du dessin sont en creux. Dans les procédés ordinaires de gravure sur métal, les corps gras qui forment le dessin préservent ce métal, dans les parties qu’ils recouvrent, de l’action corrosive des agents chimiques : on a ainsi une gravure en relief. Dans celui de M. Vial, on a immédiatement une gravure en creux. Un effet semblable a lieu en dessinant au crayon à la mine de plomb, au pastel, ou en laissant se former sur l’acier des points de rouille. Il n’est guère possible d’imaginer un procédé de gravure plus simple.
- « Essayons d’expliquer les effets produits. Lorsqu’une plaque d’acier, sur laquelle se trouve un dessin à l’encre grasse, est plongée dans une dissolution saturée de sulfate de cuivre contenant une petite quantité d’acide nitrique, la partie de la surface qui n’a pas reçu d’encre grasse se recouvre immédiatement de cuivre métallique, dont les parties ont peu d’adhérence entre elles, par suite des actions combinées sur l’acier de l’acide nitrique et du sulfate de cuivre. La dissolution métallique pénètre en même temps, peu à peu, au travers de la matière grasse, par imbibition, et arrive sur le métal alors que le couple voltaïque cuivre et acier est constitué; le cuivre déjà déposé est le pôle négatif, et l’acier non encore attaqué le pôle positif. La décomposition du sulfate de cuivre devient alors électro-chimique ; l’acier positif est attaqué par les acides sulfurique et nitrique, d’autant plus profondément que la couche d’encre est plus épaisse ; le cuivre qui provient de la décomposition est rejeté sur les bords et finit par soulever l’encre de manière à former un dessin en relief en cuivre, que l’on dissout avec l’ammoniaque. Les effets produits ont cela de remarquable que la gradation des creux représente exactement celle des teintes du dessin ; de sorte que
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- la gravure en est la représentation fidèle. Nous nous sommes assurés, du reste, et cela nous suffisait, que le procédé de M. Yial, essayé par des artistes compétents, leur avait semblé très-digne d’attention sous le rapport de l’art.
- « Il n’est pas sans intérêt de faire remarquer que les traits les plus légers à l’encre, qui sont tes premiers traversés parla dissolution, sont ceux au-dessous desquels l’action a le moins d’énergie et où elle cesse bientôt après, quand le cuivre déposé sur les bords s’est étendu de manière à recouvrir les points attaqués. En un mot, l’action paraît d’autant plus lente à s’effectuer et les effets plus profonds, que la couche d’encre est plus épaisse. C’est dans ces effets que consiste l’efficacité du procédé de gravure de M. Vial, dont l’Académie pourra apprécier l’importance en voyant les épreuves d’un certain nombre de planches gravées, dont plusieurs l’ont été sous nos yeux et que nous déposons sur le bureau.
- « Votre commission propose, en conséquence, à l’Académie de remercier M. Vial de sa communication et de donner son approbation à l’application qu’il a faite pour la gravure sur acier d’une propriété dont on n’avait pas encore observé les effets, et qui peut rendre d’utiles services aux arts. »
- Les conclusions de ce rapport sont adoptées. (Comptes rendus de VAcadémie des sciences.)
- Disposition permettant aux locomotives l’ascension «le fortes pentes s Réclamation de priorité? par M. Ségnier. — « En ce moment des expériences sont publiquement répétées en Angleterre, entre Cromfort et High-Peak, près de Manchester, pour démontrer la possibilité de l’ascension des locomotives sur les pentes ardues des montagnes.
- « Une machine construite dans les conditions de la plus grande légèreté et du poids de 15 tonnes seulement gravit un plan incliné de 5 centimètres pour mètre, traînant à sa suite une masse deux fois plus lourde quelle, c’est-à-dire de 30 tonnes.
- « M. J. B. Tell, qui a institué ces expériences, propose d’établir entre la France et l’Italie, sur la route même exécutée par les ordres de Napoléon Ier, entre Saint-Michel en Savoie et Suse en Piémont, une voie ferrée dont la réalisation dotera les deux pays des bienfaits de la locomotion rapide six ans plus tôt, espère-t-il, que par le tunnel creusé sous le mont Cenis.
- « Les hommes spéciaux de la Grande-Bretagne sont préoccupés de ces essais; certains d’entre eux n’hésitent pas à proclamer la locomotive de M, Tell, à roues horizontales prenant par laminage point d’appui sur un troisième rail fixé solidement au milieu de la voie, comme un des plus réels progrès obtenus dans l’exécution des chemins de montagne.
- « Nous sera-t-il permis de réclamer devant vous pour la France le mérite de priorité d’un tel système?
- « Si vous voulez bien, Messieurs, consulter vos souvenirs, votre mémoire vous rappellera que, dans la séance du 18 décembre 1843, nous avions l’honneur de vous dire que, suivant nous, un notable perfectionnement dans le mode de progression des
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
- machines locomotives consisterait à ne plus chercher la cause du cheminement dans la simple adhérence des roues motrices sur les rails par suite du poids seul de la machine, mais bien à trouver la force de traction dans l’effort de roues installées horizontalement, énergiquement rapprochées contre un troisième rail solidement fixé au milieu de la voie, ces roues agissant contre le rail à la façon d’un rouleau de laminoir.
- « Nous vous donnions ainsi clairement l’indication du principe mis en ce moment en expérience pratique en Angleterre.
- « Vous vous souviendrez encore que, le 13 juillet 1846, nous placions sous vos yeux des modèles démontrant matériellement comment, par la combinaison de trois organes mécaniques depuis longtemps employés par l’industrie, se trouvait résolu le problème de traction en dehors du poids de la locomotive.
- « Nous vous disions : Combinez deux rouleaux de laminoir avec une pince de banc à étirer, réunissez les bras de cette pince par un double levier funiculaire, et vous aurez construit une locomotive qui puisera sa cause d’adhérence dans la résistance même de son convoi, et vous aurez réalisé un moteur qui exercera sa puissance sous le minimum de frottement, puisque celui de tous les organes indispensables pour créer l’adhérence sera incessamment mis en rapport avec la résistance à vaincre, le stratagème de cette disposition mécanique permettant de puiser dans la résistance même du convoi la raison du rapprochement des roues motrices contre le rail central.
- « Nous vous montrions encore comment, en insérant le rail central entre les deux mâchoires d’une espèce d’étau, nous trouvions à la descente une sécurité absolue d’enrayage que les freins ordinaires seraient incapables de donner sur de fortes pentes.
- « Pour ceux d’entre vous, Messieurs, qui n’assistaient pas à ces séances déjà si éloignées de nous, qu’il nous soit permis de placer une seconde fois nos vieux modèles sur le parquet de l’Académie; leur état de vétusté prouve qu’ils n’ont pas été improvisés pour le besoin de la présente réclamation de priorité.
- « Nous avons la satisfaction de pouvoir affirmer qu’il n’a pas dépendu de la haute bienveillance de l’Empereur pour tout progrès utile que le système actuellement en essai en Angleterre ne soit déjà exécuté en France. » {Ibid.)
- Sur remploi des tôles d’acier fondu pour la construction des chaudières à vapeur, par SI. l’ingénieur Engertl», conseiller d’État, à Vienne (Autriche). — Lorsque l’on eut connaissance, en Autriche, des premières expériences tentées sur l’emploi de la tôle d’acier fondu pour la construction des chaudières à vapeur, la compagnie particulière des chemins de fer d’Autriche résolut aussitôt de faire des essais semblables dans la même direction, et sollicita du Ministère impérial du commerce d’Autriche l’autorisation de faire construire, en cette matière, des chaudières et des boîtes à feu de locomotives, moins épaisses que les règlements ne l’exigeaient pour les tôles de fer. Un arrêté ministériel du II mai 1859 autorisa, à titre d’expérience, la construction de chaudières en tôle d’acier fondu d’une épaisseur égale aux 5/8 seulement de l’épaisseur réglementaire des tôles en fer,
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- et la compagnie des chemins de fer autrichiens commanda aussitôt à ML E. Mayer, de Leoben, pour des trains de marchandises, six locomotives accompagnées de leurs ten-ders et munies de chaudières en tôle d’acier. Ces machines furent mises en activité dans les mois de janvier, février et avril 1860.
- Les expériences officielles, sous une pression hydraulique de lo\22 par cent, carré, résistèrent de la manière la plus satisfaisante, si ce n’est sur une machine où un des plateaux de la chaudière cylindrique se déchira suivant la ligne des trous des rivets. La texture de ce plateau était beaucoup plus grenue que celle des autres. De plus, on avait déjà remarqué, pendant le cours de l’exécution, que plusieurs plateaux étaient trop cassants et trop durs, car le percement des trous produisait trop de bruit; ce qui avait décidé à faire rougir tous ces plateaux avant de poursuivre le travail.
- Pendant la marche des machines, dont la mise en train fut accompagnée de tous les soins possibles, ces six chaudières ne répondirent pas aux espérances conçues; car, bien que leurs parties cylindriques ne subissent aucune altération, les parois en acier des boîtes à feu éprouvèrent des déchirures qui, en général, s’étendaient d’un boulon à l’autre.
- En France, on a aussi observé des inconvénients semblables, mais à un moindre degré, dans les boîtes à feu des locomotives. Il paraît que les ingénieurs de ce pays ont à leur disposition de la tôle d’acier beaucoup plus ductile que celle que l’on fabrique aujourd’hui en Autriche; car, d’après les essais qui ont été faits jusqu’à ce jour dans cette dernière contrée, il est peu probable que l’on réussisse à y employer la tôle d’acier pour les boîtes à feu, quelque avantage que l’usage de cette matière puisse, à cause de sa ténacité, présenter pour la construction des chaudières cylindriques.
- Pour les chaudières stationnaires et surtout pour les parties exposées à l’action du feu, les tôles d’acier méritent d’être spécialement recommandées.
- La compagnie des chemins de fer autrichiens se propose de continuer ces expériences, en commençant par soumettre attentivement à des essais comparatifs les boîtes à feu où les tôles d’acier ont été remplacées par de la planche de cuivre, afin qu’en rapprochant les résultats de ces essais avec ceux des expériences étrangères on puisse savoir positivement quels sont les cas où les tôles d’acier fondu doivent être préférées pour les chaudières à vapeur.
- M. l’ingcnieur Kohn, dans un mémoire qu’il a publié en 1859, rapporte qu’il a fait placer dans une chaudière à vapeur de 13m,27 de longueur, dont la tôle en fer portait 0m,011 d’épaisseur, une feuille de tôle d’acier fondu épaisse de 0m,0055 seulement. Cette feuille, établie tout près du foyer, après deux ans et demi d’un travail très-sou-lenu, a été trouvée dans un état parfait de conservation, tandis que les feuilles voisines, en tôle de fer, avaient notablement souffert. Elle ne portait, non plus, aucune incrustation, résultat attribué à l’agitation plus rapide de l’eau à son contact.
- L’auteur se propose de faire construire une chaudière à vapeur, de quatre chevaux, en métal, dit aichmetal (laiton ductile à chaud), fort mince. Il fonde de grandes espérances sur cet essai, parce que l’alliage en question réunit beaucoup de ténacité à
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- une grande ductilité. (Zeitschrift des Oesterreichischen Ingenieurwereins, et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Sur l’emploi de la tôle d’acier fonda dans la construction des cltau-dières à vapeur par SI. le chevalier de SB sir g-, conseiller du gouvernement, à Vienne (Autriche).— Dans une des séances récentes hebdomadaires de la Société des arts et métiers de la basse Autriche, M. le chevalier de Burg, conseiller du gouvernement, s’est occupé des différentes qualités des tôles en acier fondu et de l’épaisseur à donner à celles des chaudières; et l’assemblée, sur sa proposition, a adressé au ministre du commerce de l’empire une demande tendant à obtenir la révision des règlements sur la construction des chaudières à vapeur, et l’insertion d’un paragraphe permettant d’employer à l’avenir, pour cette construction, des tôles d’acier fondu, d’une épaisseur égale à la moitié seulement de celle des tôles de fer qui sont obligatoires dans les mêmes circonstances. Cette permission serait motivée sur ce que les tôles d’acier fondu présentent une résistance presque double de celle des tôles de fer. La section de mécanique a demandé cependant que le bénéfice de cet article ne fût appliqué qu’aux tôles d’acier qui pourraient, à froid, subir une courbure à angle droit, sans montrer de gerçures ou de déchirures.
- M. de Burg, après avoir rapporté les résultats de ses propres expériences, a rappelé les observations récentes de M. Bicker, de Sheffield, sur la résistance de plusieurs aciers fondus contenant différentes proportions de carbone. Ces expériences ont fait voir que, pour les aciers essayés, la résistance à la traction a crû avec la proportion de carbone, jusqu’à ce que cette proportion eût atteint 1 et 1/4 pour 100. Eileadiminué ensuite rapidement. La résistance à la rupture transversale a été, au contraire, trouvée d’autant plus grande que l’acier contenait moins de carbone. La résistance contre les chocs est à son maximum lorsque l’acier est homogène et non pailleux, conditions qui se réalisent surtout quand il ne contient que la quantité de carbone nécessaire pour le rendre fusible. Dans la plupart des cas de la construction des machines, l’acier le meilleur est celui qui oppose à la fois le maximum de résistance à l’arrachement longitudinal et à la rupture transversale; et, autant qu’il résulte des expériences précitées, celui qui satisfait le mieux à cette double exigence est celui qui contient de 5/8 à 6/8 pour 100 de carbone, parce que, d’une part, il n’est pas encore assez cassant pour se rompre facilement, et que, d’une autre part, il peut opposer à l’arrachement une résistance de 51 à 57 kilog. par millimètre carré. (Oesterreichische Zeitschrift für Berg-und Hüttenwesen, et Dinglers Polytechnisches Journal.
- Chaudières à vapeur soudées. — La soudure des chaudières à vapeur, récemment introduite dans l’industrie, paraît devoir être bien supérieure à la rivure. Pour exécuter cette opération, on emploie deux fourneaux dont la flamme, sortant par des buses convenablement disposées, est dirigée sur les tranches des deux feuilles de tôle à réunir. Lorsque la température est suffisamment élevée, on opère la soudure au moyen de marteaux mus par des machines, et dont la tête est disposée pour frapper
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- très-près des buses. De cette manière, on peut exécuter des chaudières sans rivets. Il y a déjà cinq ans, dit la Gazette des chemins de fer (Eisenbahnzeitung), que l’on a commencé, à Woolwich, des essais de ce genre, et l’on a reconnu que la résistance à l’arrachement est, pour une semblable soudure, les 5/6 de celle de la tôle lorsque les feuilles ont 0m,013 d’épaisseur. Les tôles plus minces ont présenté des soudures dont la résisîance était plus grande que celle de la tôle même. Une poutre de 3m,657 de longueur, dont la tôle portait 0m,009 d’épaisseur et se composait de deux pièces longitudinales, a été soudée, par ce moyen, en 1 heure 20 minutes. Dans la fabrique de M. Hackworth, et dans celle de MM. Sharp, Steward et comp., on soude déjà, de cette manière, les coutures longitudinales des chaudières, et dans celle de M. Bury on construit même ainsi entièrement des boîtes à feu pour les chaudières des locomotives. (Deutsche illustrirte Gewerbezeitung, et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Sur un vernis de bitume de houille , par JNL le directeur Jacobsen.
- — La dissolution du bitume extrait du goudron cîe houille, dans la benzine, donne un vernis brillant, mais très-sujet à s’écailler : celui que l’on prépare, conformément au procédé qui va être décrit, est beaucoup moins sujet à cet inconvénient; aussi peut-on l’employer pour le cuir, etc.
- On fait fondre, à une douce chaleur, dans un matras vingt-quatre parties de bitume dit asphalte d'Allemagne, grossièrement pulvérisé, dans une quantité un peu plus grande de benzine; on laisse bien reposer; on décante et l’on ajoute une solution claire d’une ou deux parties de résine-élémi et d’une partie de baume de copahu dans un peu de benzine. On étend ensuite le vernis avec de la benzine, jusqu’à ce qu’on l’ait amené à la consistance que l’on désire. Ce vernis sèche très-vite et possède beaucoup d’éclat. Si l’on y ajoute environ 2 pour 100 de dissolution de caoutchouc dans la benzine, on peut l’employer à vernir les chaussures en caoutchouc. Mais le brillant du vernis souffre toujours un peu de cette addition. (Jacobsen’s chemisch-technisches Repertorium, et Dingler's Polytechnisches Journal.)
- Fermeture «Ses vases à conserves eu verre ou en grès, par JH. Jcnnings. — C’est une question difficile que de trouver le meilleur mode de fermeture pour les vases à conserves, en verre ou en grès. Ces derniers, quoique moins chers, conviennent peu pour cet usage, parce que leur opacité ne permet pas de s’assurer de l’état de leur contenu sans les ouvrir, ce qui est toujours un travail fâcheux. On avait vanté, il y a quelque temps, des vases en grès, munis de couvercles aussi en grès, ajustés à l’émeri. Sur le couvercle était un bouton auquel on fixait une sorte de trépied élastique en fer. Lorsque l’on posait le couvercle, les branches du trépied passaient dans de petites entailles ménagées sur le bord, et entraient, par le mouvement circulaire du couvercle,dans une rainure creusée sur ce bord et placée assez bas pour que les branches dussent plier lorsqu’on y faisait pénétrer leurs extrémités en tournant le couvercle. Leur élasticité assujettissait ainsi ce couvercle dont la circonférence était un peu conique et s’ajustait dans un cercle qui y corres-
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- pondait sur la paroi du vase. Quelque ingénieuse que fût cette disposition, son utilité pratique fut presque entièrement mise en défaut par le retrait inévitable de la terre lors de la cuisson. L’ajustement par l’émeri devenait imparfait ou laborieux, et l’effort de traction exercé par les branches du trépied était souvent insuffisant. On perfectionna plus tard cet appareil, en séparant le trépied du couvercle, en le faisant entrer simplement dans une rainure circulaire parallèle au couvercle, et en assujettissant ce dernier par une vis de pression jouant dans un écrou taraudé à travers le noyau du trépied. Si l’on fait alors reposer le couvercle sur une couche de lut, de mastic de vitrier, ou mieux sur une rondelle de caoutchouc, on peut obtenir une bonne fermeture, complètement imperméable à l’air. Ces appareils coûtent cher, dit-on, et nesontpas transparents. Les vases en verre, qui sont certainement les meilleurs et les plus propres, donnent la fermeture la plus parfaite, s’ils portent des bouchons ou des obturateurs usés à l’émeri, comme ceux des chimistes; mais ils sont d’un prix élevé, surtout quand ils sont grands et qu’ils présentent une large ouverture. Dans ce dernier cas, même, la fermeture est souvent incomplète, et parfois le bouchon contracte une telle adhérence, que l’on est obligé de briser le vase pour en extraire le contenu. On se sert donc encore souvent d’une simple couverture en peau de vessie; mais cette matière est peu recommandable au point de vue de la propreté et ne met pas bien les conserves à l’abri de l’influence de l’air. Il est meilleur et plus économique, dans tous les cas, de remplacer la peau de vessie par le parchemin, qui ne se corrompt pas. On a aussi proposé des enveloppes ou des bouchons en caoutchouc, qui ferment bien, mais sont dispendieux et ne lardent pas beaucoup à devenir, pour la plupart, cassants et d’un usage impossible.
- Pour éviter les divers défauts que nous venons d’énumérer, M. Jennings combine le fer-blanc et le caoutchouc. Il fabrique en fer-blanc un couvercle circulaire, légèrement convexe, et l’emboutit sur ses bords de manière à le faire descendre d’environ 0ra,00i sur la paroi du vase. Avant de terminer ce rebord avec le marteau, on y place un anneau de caoutchouc, et l’on rabat le bord du couvercle de manière qu’il fasse sur l’anneau de caoutchouc un repli d’environ 0ra,002 de largeur servant à le fixer. Alors, en posant le couvercle sur le vase et en exerçant une pression suffisante, on obtient une fermeture complète. L’enlèvement du couvercle est très-facile, et l’on peut employer de nouveau le vase, à moins que le couvercle en fer-blanc n’ait été percé par la rouille. Les anneaux en caoutchouc doivent être fabriqués en matière de première qualité et ne recevoir qu’une légère vulcanisation. Ils sont alors beaucoup moins sujets à se briser, ou même n’y sont pas sensiblement exposés. Leur élasticité persiste pendant des années. (Breslauer Gewerbeblalt, et Dinglers Polylechnisches Journal.)
- Teinture «les plumes pour la toilette. — Une branche importante de l’art de la teinture, celle qui a pour objet les plumes destinées à la toilette, vient de recevoir un perfectionnement notable par la découverte des couleurs d’aniline.
- La teinture des plumes doit toujours être précédée d’un nettoiement et d’un blan-
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- chiment complets, destinés à faire disparaître toutes les matières grasses ou colorantes. Après avoir assorti convenablement les plumes, on les traite donc avec une solution tiède de 0k,062 de savon dans 1 kilog. d’eau. On laisse les plumes tremper dans ce bain, jusqu’à ce que le savon ait produit tout son effet, et l’on répète encore une fois celte opération avec un autre bain de savon. Les plumes ainsi nettoyées sont alors lavées plusieurs fois à grande eau, puis on les blanchit au moyen de l’acide sulfureux obtenu par la combustion du soufre : on les lave ensuite et on les sèche. Le noir s’obtient par l’ébullition des plumes dans un bain d’alun et de bois de campèehe, auquel on ajoute du sulfate de cuivre et de fer; le lilas, par l’orseiile, le carmin d’indigo et l’alun; le jaune de diverses nuances, par l’acétate de plomb et le chromate de potasse, ou bien par le rocou et une solution de potasse ; le vert, par une solution d’indigo et l’acide picrique; le bleu, par une solution d’indigo et l’alun, ou bien par le nitrate de fer et le prussiate jaune de potasse; enfin le rouge, par la cochenille ou bien le bois de Brésil.
- Mais on obtient de plus beaux produits en rouge, en violet et en bleu par l’emploi des couleurs d’aniline, qui adhèrent aux plumes avec autant d’éclat qu’au coton et à la laine. On n’a d’autre pression à recommander que celle de plonger dans le bain chaud de couleurs d’aniline les plumes bien nettoyées et de les y laisser jusqu’à ce qu’elles soient complètement teintes. Comme on fabrique maintenant, à l’état pur et sec, les couleurs d’aniline, telles que le rouge, le violet et le bleu, on peut se borner à préparer le bain avec de l’eau dans laquelle on verse la matière colorante dissoute d’abord dans l’alcool, puis étendue avec de l’eau.
- Outre l’aniline et les couleurs qui en sont dérivées, on peut employer avantageusement pour la teinture des plumes l’extrait de carthame et le pourpre français, et en obtenir des nuances très-variées.
- Pendant la teinture, on ne doit pas tenir les bains très-chauds, parce que les plumes seraient attaquées.
- Après cette opération, les plumes sont lavées, séchées et frisées. Ce dernier travail s’exécute avec un couteau de corne d’un poli parfait. (Deutsche Induslriezeilung, et Dingler's Polytechnisches Journal.)
- Moyens de reconnaître si l’émail des objets de ménage en fonte contient dn plomb.— Pour faire cette expérience sans enlever l’émail, on dépose sur la surface une goutte d’acide azotique que l’on fait évaporer en chauffant le vase par dehors. Si la place n’est pas encore devenue mate, on renouvelle l’application. Ensuite on couvre la place avec une solution d’acide sulfhydrique, et, s’il ne se manifeste aucun changement de couleur, on mêle à la goutte liquide un petit fragment de sulfure de potassium ou de sodium ; on attend quelques minutes, et on lave avec de l’eau; le développement d’une nuance noire décèle la formation du sulfure de plomb et, par conséquent, la présence de ce métal. [Dingler's Polytechnisches Journal.)
- Purification des laniles animales destinées au graissage des sna-
- Tome XI. — 63e année. 28 série. — Janvier 1864. 7
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- dilues, par ML Spencer. — L’auteur fait bouillir 2 kilogrammes de noix de galle dans 60 kilogrammes d’eau pendant trois heures, en ayant soin d’agiter de temps en temps. Il filtre ensuite le liquide et le mêle avec 60 kilogrammes d’huile, et entretient le tout, pendant quatre ou six heures, à la température de l’ébullition, en y faisant passer un courant de vapeur. Il ajoute ensuite 320 grammes d’acide sulfurique, afin de précipiter les matières albumineuses ou mucilagineuses. (PharmaceutischeZeitung, et DinglcPs Polytechnisches Journal.)
- Boîtes à ressorts «l’acier fondu pour les câbles en fil de fer. — Un
- des plus grands reproches que l’on fasse contre l’emploi des câbles en fil de fer pour l’exploitation des mines repose sur le défaut d’élasticité qui, pour les machines et les autres appareils d’extraction, présente autant d’inconvénients que les anciens câbles. Les secousses et les chocs plus ou moins violents qui se produisent pendant la manutention et le hissement des charges les allèrent promptement et les rendent cassants. Les mécaniciens, dès l’introduction de ces câbles dans l’industrie, ont dirigé leurs réflexions sur ce défaut, et l’on voit, sur beaucoup d’exploitations, des dispositions variées et destinées à y obvier. Cependant, en général, on a peu réussi à corriger cette imperfection, qui est la source de grands frais tant pour la réparation des machines que pour le remplacement des câbles dont l’usure est très-rapide. Le plus souvent on attribue à un manque de qualité la prompte usure ou même la rupture subite d’un câble, tandis que, dans la plupart des cas, on devrait l’imputer aux secousses violentes éprouvées pendant la traction ou l’élévation des fardeaux. Comme on le sait, rien ne contribue davantage à rendre le fer cristallin et à le faire rompre facilement lorsqu’il faut qu'il se courbe pour entourer les poulies et les tambours. Comme on n’est pas encore parvenu à rendre élastique le fil de fer, on a imaginé diverses autres dispositions pour prévenir les chocs nuisibles et leurs suites fâcheuses. Ainsi on a cherché à rendre les poulies élastiques, soit en y introduisant des ressorts en acier fondu, soit en donnant, aux poutres qui portent leurs paliers, une longueur assez grande pour produire un certain degré d’élasticité. Ce dernier moyen est assurément le plus simple, mais il n’est pas applicable partout, parce que, pour les charges très-lourdes, il faut des poutres très-fortes, auxquelles on ne peut donner l’élasticité convenable qu’en les prenant d’une très-grande longueur. Le système de placer, sous ces poutres, des ressorts en acier est assez dispendieux, lorsque l’on veut l’exécuter
- d’une manière satisfaisante et durable. Pour obtenir l’élasticité désirée, on a aussi %
- imaginé de placer, entre le câble et les vaisseaux dans lesquels on monte les charges, un appareil élastique, et ce moyen est le plus simple et le moins coûteux. Dans les districts miniers d’Angleterre et dans plusieurs exploitations d’Allemagne , on l’emploie depuis plusieurs années avec beaucoup de succès. Une fabrique de Cologne, celle de MM. Felten et Guilleaume, dont les câbles en fil de fer et en chanvre jouissent d’une grande réputation dans les districts métallurgiques allemands, construit des ressorts de ce genre et les a introduits dans différentes constructions. Ces ressorts sont enfermés dans des boîtes et ont déjà, selon le témoignage des personnes de l’art, subi
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- heureusement, depuis plusieurs années, l’épreuve de l’application pratique. Le poids de ces boîtes varie, selon la destination, de 47 à 94 kilog., de 52 à 70 kilog., de 56 h 75 kilog. (Zeitschrift des Vereins deutscher Ingénieure, et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Note sur un produit dit oteo tavatoj, par ffl. Haas. — M.ïïaas a reçu il y a quelque temps, sous le nom d’Oleo lavato, un liquide qu’on le priait d’examiner et, qu’une maison de Worms recommandait aux fabricants de draps comme le plus propre à l’ensimage des laines.
- Ce liquide présente une apparence huileuse, mais l’analyse a fait voir qu’il n’est autre chose que de la glycérine fort impure, très-chargée de chaux, exerçant une forte réaction alcaline, qui, par conséquent, doit nuire à la laine. Ce liquide se combine à peu près en toutes proportions avec l’eau, ce qui permet à tout le monde de reconnaître facilement qu’il n’est nullement une huile. (Würlembergisches Gewerbeblatt, et Dingler's Polytechnisches Journal.
- Peinture p ur les enclos en fil de fer, par M. Huckenbroieh.—L’auteur a communiqué à la Société économique du cercle de Ruppin (Prusse) la composition d’un enduit pour les enclos en fil de fer. Cet enduit, employé à Karwe, paraît avoir parfaitement atteint le but proposé, qui était de préserver de la rouille le fil de fer. En voici la composition :
- Première couche. — On fait dissoudre sur un feu doux, 8 parties de caoutchouc (si l’on veut, de vieilles chaussures en cette matière) dans 10 parties d’essence de térébenthine et dans 5 parties d’huile de pavot. On ajoute à la solution 96 parties de blanc de zinc en poudre, 5 parties de résine de Dammara et mieux de laque de Dam-mara, 2 parties de siccatif et 1/4 de partie d’huile essentielle de lavande. Après avoir rendu la masse bien homogène par une agitation suffisante, on y ajoute autant d’huile de pavot qu’il en faut pour que la peinture puisse être appliquée facilement avec le pinceau.
- Seconde couche. — On prépare l’enduit comme pour la première couche, si ce n’est qu’au lieu de caoutchouc provenant de vieilles chaussures on emploie 5 parties de caoutchouc neuf de première qualité. (Wochenblatt zu den preussischen Annalen der Landwirlhschaft, et Dingler's Polytechnisches Journal.)
- Préparation d’une encre Meue au moyen du bleu de Prusse, par M. A. Vogel. — On sait que le bleu de Prusse se dissout dans l’acide oxalique et donne un liquide limpide d’un bleu foncé. Cette intéressante découverte de MM. Stephen et Rasch, patentée en 1837 en Angleterre, présente un grand intérêt dans la chimie tinctoriale, parce qu’elle a permis d’y employer fort simplement le bleu de Prusse sous forme de solution. Pour dissoudre dans l’acide oxalique le bleu de Prusse du commerce, il faut d’abord le mêler avec de l’acide chlorhydrique ou de l’acide sulfurique concentré, ajouter ensuite un poids égal d’eau, laisser digérer pendant quarante-
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- huit heures, puis extraire avec soin tout l’acide par des lavages suffisamment répétés. Ce procédé étant minutieux et embarrassant, on fait mieux d’employer du bleu de Prusse récemment précipité, qui n’exige pas ce traitement préalable par un acide concentré.
- L’auteur publie donc un procédé au moyen duquel il a toujours obtenu, avec le bleu de Prusse et l’acide oxalique, une encre bleue solide et de bonne qualité.
- On fait fondre dans un matras et dans une grande quantité d’eau 10 grammes de sulfate de protoxyde de fer; on porte à l’ébullition et l’on ajoute assez d’acide nitrique pour sesquioxyder tout le fer, ce que l’on reconnaît à ce que le liquide ne colore plus en bleu une solution de prussiate rouge de potasse. On ajoute alors une solution de prussiate jaune de potasse, contenant 10 grammes de ce sel, et on laisse le précipité se déposer. Après avoir décanté le liquide surnageant, on jette le dépôt sur un filtre, on le lave avec de l’eau froide, et on le laisse bien égoutter, jusqu’à ce qu’on puisse facilement l’enlever de dessus le filtre avec un couteau. Alors, sans le sécher davantage, on le mêle dans un mortier de porcelaine avec 2 grammes d’acide oxalique en cristaux; on laisse la réaction s’opérer pendant une heure, puis on ajoute peu à peu 400 centimètres cubes d’eau. On obtient ainsi une solution d’un bleu foncé, dans laquelle, même après un long repos, il n’existe aucun précipité. Il est bon de faire observer que celte encre bleue ne supporte pas le mélange avec la moindre quantité d’encre noire à la noix de galle, et que même on ne peut absolument s’en servir avec une plume qui a retenu un reste de cette dernière encre. (Bayerische Gewerbezeitung, et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Moyeu de teindre la mousse eu vert. — Avant d’employer la mousse à la confection des fleurs artificielles ou d’autres objets semblables, il faut la teindre en vert, et l’on y parvient par le procédé suivant : on prend environ 2 litres d’eau que l’on porte à l’ébullition et dans laquelle on verse 0k,0i6 d’acide picrique et une quantité convenable de carmin d’indigo. Cette quantité doit varier selon la nuance du vert que l’on désire. On ajoute même de l’acide picrique, lorsqu’on le juge à propos pour obtenir une nuance plus tendre. On lie la mousse en petits paquets, et l’on en plonge la partie supérieure dans la teinture bouillante pendant une minute environ. On retire, et l’on fait sécher. (Polytechnisches Notizblatt, et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- Sur la fusion du carbonate de cltaux et la préparation d’un marbre artificiel, par MM. G». Mo se et Siemens. — M. G. Rose et M. le docteur Siemens ont réussi, en chauffant de l’aragonite dans un creuset en fer soigneusement luté, et de la pierre lithographique, ainsi que de la craie, dans un vase de porcelaine bouché à l’émeri, à obtenir un véritable marbre. Celui qui provenait de l’aragonite était surtout parfaitement semblable au marbre de Carrare. (Rapports mensuels de VAcadémie royale de Prusse, et Dingler’s Polytechnisches Journal.)
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- Sur l'exportation des machines anglaises. — D’après un rapport publié par plusieurs journaux anglais, l’exportation des machines de toute espèce s’est élevée, dans le Royaume-Uni, en 1860, aux chiffres suivants :
- Russie............................................ 17,406,600 fr.
- Colonies anglaises des Indes orientales........... 16,073,475
- Espagne............................................ 7,710,025
- Australie.......................................... 5,708,000
- France............................................ 4,275,500
- Hambourg. ......................................... 3,930,100
- Italie............................................. 2,872,600
- Belgique........................................... 2,828,425
- Colonies anglaises d’Amérique...................... 2,793,725
- Hollande........................................... 2,773,900
- Égypte............................................. 2,688,175
- Hanovre............................................ 2,358,150
- Brésil............................................. 2,357,875
- Ile Maurice........................................ 2,330,975
- Cuba............................................... 2,101,425
- Prusse............................................ 1,827,900
- Turquie............................................ 1,541,000
- Suède.............................................. 1,424,425
- Norwége............................................ 1,283,750
- Etats-Unis......................................... 1,005,450
- Autres pays....................................... 10,654,050
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- En 1861, l’exportation a même atteint près de 112,500,000 fr., tandis qu’en 1851 elle ne s’était élevée qu’à 29,215,375 fr. (Zeitschrift der deutscher Ingenieure, et Dingîer’s Polylechnisches Journal.)
- Alliage pour les coussinets. — La compagnie générale de navigation , à Londres, emploie en grande quantité, pour les coussinets des roues, des hélices, des guides, etc., un alliage qui a fait un très-bon service et qui est composé comme il suit : 8 parties d’étain, 2 parties d’antimoine et 1 partie de cuivre. Cet alliage fond à une température modérée, et se coule dans des creux ménagés à la fonte dans les paliers, les guides, etc. On l’emploie aussi à la réparation des poêlettes des arbres verticaux ; on étame l’intérieur de ces poêlettes, et l’on y coule l’alliage que l’on tourne quand il est froid.
- Les coussinets de cet alliage exigent très-peu d’huile, et la compagnie préfère même employer, pour le graissage principalement des roues pesantes et des transmissions de mouvement, un mélange d’huile et d’eau distillée. Pour l’eau, ou recourt à un godet d’une forme convenable, muni d’une mèche servant de siphon, ou bien on la laisse tomber goutte à goutte sur les coussinets des arbres de couche. La vapeur condensée fournit l’eau distillée. Le rapport de 1 pour l’huile et de 2 pour l’eau a été trouvé très-satisfaisant, et l’économie réalisée sur l’huile est à peu près proportionnelle à ces
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- chiffres. L’eau peut même, à la rigueur, servir seule comme moyen de graissage, mais il faut alors enduire les machines d’un peu d’huile, avant la cessation du travail, pour prévenir la rouille. (Zeitschrift des Vereins deutscher Ingenieure, et Dmgïer's Polytechnisches Journal.) (V.)
- SOCIÉTÉ DES ARTS DE LONDRES.
- LISTE DES PRIX PROPOSÉS POUR ÊTRE DÉCERNÉS DANS LES SESSIONS DE 1863-64
- ET 1864-65 (1).
- On sait le rôle important que joue en Angleterre la Société des arts de Londres, dont la fondation remonte à l’année 1754. Cette institution, qui a eu l’honneur d’avoir à sa tête le prince Albert, et qui a aujourd’hui pour Président le prince de Galles, ne compte pas moins de 3,000 membres et entretient des relations suivies tant dans le Royaume-Uni que dans les colonies, avec plus de 300 sociétés littéraires, scientifiques et industrielles. On se rappelle que c’est à son initiative que sont dues les deux grandes Expositions de 1851 et 1862 où toutes les nations ont été convoquées. Voici le programme des prix qu’elle met au concours pour les sessions de 1865-64 et 1864-65 :
- PRIX SPÉCIAUX.
- Fondation quinquennale Swiney.
- Pour le meilleur traité de jurisprudence. (Une coupe en argent de la valeur de 2,500 fr. et contenant pareille somme.)
- Prix Fothergill.
- Une médaille spéciale a été fondée par M. Fothergill pour la meilleure solution des questions suivantes :
- 1° Moyen d’empêcher les incendies et de découvrir les coupables ;
- 2° Moyen d’éteindre rapidement les incendies dans les circonstances où l’eau est rare;
- 3° Moyen de protéger les objets de prix contre l’atteinte des flammes et contre les voleurs;
- 4- Moyen de prévenir ou de diminuer les nombreuses catastrophes produites par l’inflammation des robes de mousseline, soit en rendant ces vêlements moins combustibles, soit en mettant constamment à portée du sinistre un large manteau incombustible en asbeste ou en amiante avec lequel on puisse envelopper immédiatement le corps de la victime.
- Un prix est en même temps proposé pour la fabrication d’un papier incombustible destiné à servir d’enveloppe aux actes et autres manuscrits de valeur.
- A l’occasion de ce concours, la Société des arts décernera des médailles :
- 1° A la meilleure pompe d’incendie à vapeur stationnaire ;
- (1) Les délais fixés pour l’envoi des pièces destinées au concours sont le 31 mars 1864 et 1865.
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- 2° À la meilleure pompe d’incendie à vapeur locomobile, réunissant les conditions requises de rapidité de génération de vapeur, de facilité de pompage de l’eau, de production d’un jet d’eau de volume suffisant, de portée de ce jet, enfin de légèreté, de résistance et de durée.
- Prix John Stock.
- Médaille spéciale d’encouragement pour le dessin, la sculpture et l’architecture.
- A cette occasion, la Société offre une de ses médailles à l’artiste femme qui aura dessiné et exécuté le meilleur camée sur coquille.
- Prix W. C. Treweylan.
- Pour un procédé de conservation des viandes fraîches, meilleur que tous ceux proposés et employés jusqu’ici et applicable surtout dans les contrées où le peu de valeur de cet aliment permettrait d’en faire un objet de commerce pour l’exportation. (Médaille de la Société et 1,750 fr.)
- Prix J. Bailey Denton.
- Pour les meilleurs projets de cottages simples ou doubles, dont la construction ne dépasserait pas 2,500 fr. pour chacun d’eux. (Deux prix de 625 fr. chacun avec médailles de la Société.)
- MÉDAILLES DE LA SOCIÉTÉ.
- Liste des sujets mis au concours.
- 1. Pour le meilleur essai sur l’œuvre de Goldsmith (1).
- 2. Pour le meilleur essai sur la fabrication et le moulage des bronzes, et sur le bronzage des métaux.
- 3. Pour la composition d’une matière pouvant servir au moulage du bronze et des autres métaux, et permettant d’obtenir des moulages sans bavures.
- 4. Pour une description des différentes couleurs employées dans les beaux-arts, avec indication des nouvelles substances qu’on pourrait employer au même but.
- 5. Pour la découverte d’une matière capable de remplacer le buis dans la gravure sur bois, de manière à éviter dans l’exécution des grands sujets la réunion, jusqu’ici indispensable, de plusieurs pièces séparées.
- 6. Pour le meilleur portrait photographique sur émail.
- 7. Pour la fabrication d’un service à dessert ou autre, en porcelaine ou en faïence, orné d’impressions photographiques ayant passé à la cuisson, et obtenues soit directement au moyen d’un négatif, soit indirectement à l’aide d’un transport,
- 8. Pour un service de table en cristal orné d’impressions photographiques obtenues dans.les mêmes conditions que ci-dessus.
- 9. Pour la fabrication industrielle de vitraux ornés de photographies vitrifiées.
- 10. Pour une substance pouvant remplacer l’acide fluorhydrique dans la gravure sur verre et ne produisant pas de vapeurs délétères.
- 11. Pour des procédés rapides de reproduction de dessins artistiques ou d’esquissës destinés à l’impression mécanique, procédés devant permettre d’approprier certaines parties du travail de manière à pouvoir être faites à la vapeur.
- (1) 11 s’agit là, sans doute, du célèbre écrivain né en 1730 en Irlande, et que son roman du Vicaire de Wukefield a popularisé en France. (R.)
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- 12. Pour la production économique et perfectionnée des rouleaux d’impression employés dans la fabrication des toiles peintes et autres articles de ce genre.
- 13. Pour la meilleure forme à donner aux racles (doctors) employées dans les fabriques dé toiles peintes, et pour la meilleure matière pouvant servir à leur fabrication.
- 14. Pour un moyen de fixer sur les étoffes de coton et autres toutes les couleurs extraites de l’aniline, de manière à leur permettre de résister à l’action de l’eau de savon ou des liqueurs alcalines froides.
- 15. Pour une méthode pratique de convertir la naphtaline provenant des usines à gaz en aliza-rine ou en rouge garance.
- 16. Pour un travail sur la fabrication du rouge d’Andrinople, contenant le résultat des expériences relatives à celte question.
- 17. Pour la fabrication d’un rouge écarlate pour coton.
- 18. Pour un moyen de rendre le rouge murexyde plus stable lorsqu’il est exposé à l’action de l’air et des vapeurs sulfureuses.
- 19. Pour un mémoire contenant quelque important perfectionnement dans les procédés de blanchiment de la laine.
- 20. Pour la production économique de vernis pourpre et jaune de bonne qualité destinés à la carrosserie et capables de résister sans se faner ni changer de ton.
- 21. Pour un traité sur les mordants employés dans la teinture sur coton, laine et soie.
- 22. Pour un mémoire traitant de la couleur verte de Malda (Inde anglaise) qu’on voyait dans la partie indienne de l’Exposition de 1862 ; ce mémoire devra contenir des recherches sur l’origine de cette couleur et sur les moyens de la fixer sur le coton et autres fibres textiles.
- 23. Pour la fabrication d’une couleur verte brillante ne contenant ni arsenic ni cuivre, ni autres substances toxiques.
- 24. Pour l’extraction de la chlorophylle des plantes dans un état convenable pour la teinture de la soie et autres matières textiles.
- 25. Pour la fabrication de couleurs vertes extraites du goudron minéral ou végétal.
- 26. Pour la production d’un outremer artificiel capable de ne pas s’altérer lorsqu’on l’épaissit avec de l’albumine et qu’on le fixe par la vapeur.
- 27. Pour la préparation des acides oxynaphtalique et chloroxynaphtalique, ou pour un traité sur les applications des couleurs de Laurent à la teinture et à l’impression des étoffes.
- 28. Pour un essai traitant de l’influence des couleurs tirées de l’aniline sur l’industrie et le commerce des étoffes de couleur étrangères.
- 29. Pour l’indication d’une substance capable de diminuer le prix de revient de l’épaississement des couleurs et de l’encollage employés dans la teinture et l’apprôt des étoffes.
- 30. Pour la préparation d’une albumine du sang entièrement incolore, ou pour toute autre albumine convenable et pouvant remplacer économiquement l’albumine des œufs dans l’impression des étoffes.
- 31. Pour une application nouvelle des jaunes d’œufs dans des conditions larges et économiques, aveq indication détaillée du mode de préparation et de conservation.
- 32. Pour l’extraction des algues de quelque substance ou préparation utile et susceptible d’une large application, telle que couleur, drogue ou matière pouvant servir au tannage, etc.
- 33. Pour une description des gisements d’argile des comtés de Cornouailles, de Devon et de Dorset, de leur emploi et des quantités qu’on en exploite annuellement.
- 34. Pour un mémoire sur les différentes pierres artificielles et terres cuites employées dans les constructions, avec une description concernant leurs propriétés, leurs avantages, leurs défauts et leur valeur relative.
- 35. Pour un mémoire sur les procédés employés aujourd’hui dans les différents districts houillers pour l'éclairage et la ventilation des mines et sur les moyens d’y apporter des perfectionnements.
- 36. Pour un mémoire traitant des différentes espèces de minerais de cuivre du commerce, des
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- procédés de fusion employés et des procédés de séparation des métaux précieux d’avec le cuivre.
- 37. Pour un mémoire sur le traitement de l’étain, son application aux arts et manufactures, et sur les découvertes récentes de gisements de minerais de ce métal.
- 33. Pour un mémoire traitant des méthodes par lesquelles le wolfram peut être séparé des autres métaux et des applications qu’il peut recevoir dans les arts.
- 39. Pour une description du minéral connu sous le nom de menaccanite ou iserine, avec indication de procédés pour en extraire le titane.
- 40. Pour le meilleur travail sur le titane, avec indication des applications que ce métal pourrait recevoir.
- 41. Pour une description des procédés de traitement des minerais de zinc aujourd’hui en usage, avec indication des perfectionnements qu’on pourrait leur faire subir.
- 42. Pour le meilleur travail sur la production du soufre et de l’arsenic extraits des minerais du Royaume-Uni, avec des détails statistiques relatifs à la consommation et à l’exportation de ces substances.
- 43. Pour des perfectionnements dans les appareils servant à la préparation mécanique des minerais pauvres d’étain, de plomb, etc.
- 44. Pour un mémoire traitant de la valeur comparative des chaînes et des câbles en chanvre ou en fil de fer servant à l’extraction des minerais, avec indication des résultats pratiques fournis par les expériences.
- 45. Pour un mémoire sur la valeur relative des différents genres de machines d’épuisement employées dans les mines.
- 46. Pour la découverte, en Australie, d’un gisement de graphite, capable de fournir des produits assez bons et assez abondants pour être l’objet d’une exploitation commerciale.
- 47. Pour un procédé nouveau ou perfectionné de fabrication de l’aluminium qui, en abaissant le prix de ce métal, permette d’en faire de nouvelles applications.
- 48. Pour le meilleur travail sur la silice et ses applications.
- 49. Pour un procédé facile et peu coûteux d’obtenir de grandes masses d’acier fondu.
- 50. Pour la construction d’une machine à vapeur locomobile destinée à la ferme et capable de servir comme machine de traction sur les routes ordinaires ou sur les chemins de fer américains pour apporter les produits et les engrais aux stations de chemins de fer.
- 51. Pour le meilleur travail sur la construction des fourneaux régénérateurs à gaz et leur application industrielle.
- 52. Pour un mémoire descriptif traitant de l’établissement des brasseries et des perfectionnements à apporter dans ces brasseries, surtout au point de vue de la cuisson, du rafraîchissement, du pompage, du lavage des barriques, etc.
- 53. Pour la construction d’une petite machine hydraulique d’un système simple et peu coûteux qui puisse, en utilisant les eaux d’alimentation des villes, servir de moteur dans les circonstances où la vapeur ne peut être employée.
- 54. Pour un système d’éclairage au gaz des waggons de chemins de fer, susceptible d’être appliqué au matériel existant ; chaque waggon devant avoir un approvisionnement donnant une lumière capable de brûler aussi longtemps que celle des lampes ordinairement employées.
- 55. Pour la meilleure locomotive capable de fonctionner sous les tunnels de chemins de fer sans donner lieu aux inconvénients produits par leslocomotives ordinaires.
- 56. Pour un système complet et économique de construction de raihvays tout en fer, avec le mode d’exploitation à employer dans les contrées tropicales et les colonies.
- 57. Pour l’invention d’un procédé efficace capable de rendre le fer inattaquable à l’action de l’air et de l’eau dans ses différentes applications aux constructions terrestres ou navales.
- 58. Pour un projet de construction de vaisseau capable de résister à la mer quand même ii viendrait à être perforé par les boulets ou par tout autre accident.
- Tome XI. — 63e année. 2e série. — Janvier 1864.
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- 59. Pour le meilleur moyen d’assembler la carcasse et la coque des navires en fer sans boulons ni rivets.
- 60. Pour un appareil à plonger, dans lequel plusieurs personnes puissent travailler sans avoir à supporter une grande pression et avec lequel on puisse aller à de plus grandes profondeurs qu’avec les appareils existants, tels que cloches, scaphandres, etc.
- 61. Pour un instrument pouvant donner aux navires la hauteur d’eau sous la quille dans le but de prévenir les dangers qu’ils courent en mer ou près des côtes.
- 62. Pour la découverte ou la fabrication d’un nouveau combustible ne donnant pas de fumée, n’occupant pas, à poids égal, plus de volume ou ayant une densité plus grande, et capable de développer autant de calories que la houille ordinaire sans altérer les surfaces métalliques avec lesquelles il pourrait être mis en contact.
- 63. Pour la création d’une puissance motrice applicable aux bâtiments destinés à la mer, et qui dispense d’emporter de grands approvisionnements de charbon.
- 64. Pour la découverte dans l’une des colonies australiennes et pour la mise en exploitation commerciale d’un gisement de bon charbon pour chaudières à vapeur. Des détails doivent être fournis sur la richesse utilisable de ce gisement, sur sa distance au port d’embarquement, sur le pouvoir calorifique du charbon, et sur le prix auquel il peut être livré.
- 65. Pour un nouveau moyen de production de l’électricité galvanique, de manière à pouvoir en fournir abondamment et à peu de frais.
- 66. Pour la construction d’un orgue portatif capable, au moyen de l’électricité ou du magnétisme, de produire mécaniquement des sons plus variés et plus prolongés que ceux des orgues ordinaires.
- 67. Pour la production industrielle de tissus façonnés obtenus au moyen d’un métier électrique.
- 68. Pour un système de bobine à enrouler la soie qui posséderait une uniformité de poids très-exacte, qu’il serait impossible de rendre plus lourde sans que la fraude ne se découvrît, et qui n’absorberait pas l’humidité. La matière à employer ne doit être sujette ni à s’écailler ni à altérer la couleur de la soie.
- 69. Pour un moyen d’effectuer mécaniquement, dans le métier à dentelle, le tracé du contour des dessins qui se fait à la main.
- 70. Pour la fabrication et l’introduction, dans le commerce, de vêtements tissés pouvant convenir à l’armée de terre, à la marine, aux émigrants, aux ouvriers, etc., et réalisant à la fois une économie de prix et de main-d’œuvre.
- 71. Pour l’invention d’un papier incombustible pouvant servir à la confection du grand-livre dans les maisons de commerce et de banque.
- 72. Pour un exposé des procédés et des matières employés aujourd’hui dans la préparation de l’apprêt des peaux, avec une description des couleurs et des opérations de la teinture.
- 73. Pour des perfectionnements dans les procédés de teinture et d’apprêt du maroquin et du veau, perfectionnements tendant à empêcher ces peaux de se fendre lorsqu’on les travaille, et à leur permettre de se mieux prêter à la dorure dans leurs applications à la reliure et à.l’ameublement.
- 74. Pour des perfectionnements dans la fabrication du cuir artificiel, surtout au point de vue de la résistance et de la durée, afin d’en permettre l’emploi aux selliers, layetiers, cordonniers, relieurs, etc.
- 75. Pour la découverte de quelque matière fibreuse, abondante et peu coûteuse, pouvant remplacer avec avantage la laine dans les tissus. Les fibres devront avoir de 1 à 6 ou 8 pouces de longueur (0m,025 à 0m,152 ou 0m,203), et se laisser filer sur les métiers ordinaires.
- 76. Pour la découverte de quelque nouvelle plante ou matière fibreuse pouvant remplacer, totalement ou en partie, le coton, le.lin et le chanvre, ou bien pour quelque nouveau procédé permettant d’extraire des fibres textiles de certaines plantes déjà connues.
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- 77. Pour quelque nouvelle substance ou composition qui puisse remplacer le caoutchouc et la gutta-percha dans leurs applications aux arts et à l’industrie.
- 78. Pour la découverte, en Afrique, de quelque gomme ou quelque huile nouvelle pouvant s’obtenir en grande quantité et être utilisée dans les arts et l’industrie.
- 79. Pour une matière élastique destinée à la confection des tuyaux, applicable aux conduites de gaz et capable de résister sans s’altérer aux changements de température ainsi qu’à l’action du gaz lui-même.
- 89. Pour la production de cristaux aussi beaux que les cristaux français au moyen d’éléments capables de rivaliser avec ceux qui composent les sables employés en France.
- 81. Pour la préparation d’une couleur applicable aux surfaces en laque vernie des objets en papier mâché, et qui ne produise pas le miroitement des couleurs employées aujourd’hui dans le même but, tout en offrant la même solidité et la même durée.
- 82. Pour la préparation de couleurs claires destinées à l’émaillage ou vernissage de l’ardoise, et capables de supporter la cuisson sans produire ni soufflure ni altération, tout en offrant une surface assez dure pour ne pas se rayer.
- 83. Pour un procédé qui permette de recouvrir économiquement d’un vernis de laque les objets eu zinc.
- 84. Pour l'invention d’une composition peu coûteuse, d’un blanc d’émail, destinée à recouvrir la surface intérieure des murs des habitations ou toute autre surface, se laissant facilement nettoyer, ne s’écaillant ni ne se rayant pas et pouvant être colorée.
- 85. Pour une nouvelle substance capable de remplacer avantageusement la térébenthine dans la fabrication du venais et dans ses autres applications.
- 86. Pour une substance peu coûteuse pouvant remplacer le brai et le goudron, laquelle, tout en étant imperméable à l’air et à l’humidité, ne soit pas inflammable.
- 87. Pour une machine portative, permettant de tailler sur place les lames du cylindre du coupe-chiffons employé dans les papeteries.
- 88. Pour un moyen de remplacer d’une manière économique les rouleaux de cuivre des machines à faire le papier qui sont d’un prix si élevé; on exige une surface résistante, ne se laissant pas facilement déprimer et n’ayant aucune tendance à s’oxyder.
- 89. Pour le meilleur essai sur les matières propres à la fabrication du papier, avec indication de moyens mécaniques ou chimiques propres à réduire économiquement à l’état de pâte les substances ligneuses les plus difficiles à traiter.
- 90. Pour une composition destinée aux rouleaux alimentaires des machines d’impression des papiers de tenture, et telle que ces rouleaux aient la consistance et la forme des rouleaux à la gélatine employés dans les presses typographiques tout en leur permettant de servir pour les couleurs à l’eau.
- 91. Pour la fabrication de papiers à pâte colorée ayant des dessins, de couleurs ou blancs, obtenus par décharge, suivant le système pratiqué dans l’impression des indiennes.
- 92. Pour une description des sources de production, des procédés de fabrication et de la valeur relative des différentes matières lubrifiantes employées pour le service des machines et du matériel roulant.
- 93. Pour l’emploi des composés nitreux appliqués à la production des huiles fixes.
- 94. Pour la meilleure balance de laboratoire destinée aux expériences chimiques, et capable, avec un poids de 600 grains (38sr,80) dans chaque plateau, de trébucher sous une addition de 0?iain,005 (0ir,0003) ; cette balance ne devra pas être d’un prix trop élevé.
- 95. Pour le spectroscope le moins cher et présentant la forme la meilleure.
- 96. Pour le moins cher et le meilleur système d’appareil de diérèse (dialysis), n'occupant qu’un volume restreint mais suffisant pour servir aux praticiens de province dans la recherche des poisons et des sophistications, aussi bien que dans la préparation et la purification des sels et des drogues.
- 97. Pour la confection d’une mèche incombustible pour les huiles, esprits, etc.
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- 98. Pour la production économique de composés de cyanogène destinés aux arts ou à l’agriculture.
- 99. Pour la découverte de moyens pratiques d’utiliser la naphtaline.
- 100. Pour la production du gaz oxygène par un procédé plus économique que tous ceux en usage.
- 101. Pour la découverte et Fin traduction, en Angleterre, de quelque nouvelle racine alimentaire, pouvant servir aussi bien à l’homme qu’aux bestiaux, et pouvant faire l’objet d’une culture spéciale et étendue.
- 102. Pour un moyen d’utiliser les algues comme aliment à bord des navires.
- 103. Pour la production et la fabrication, dans l’une des colonies de l’Australie, d’au moins une tonne de sucre de canne. On devra fournir des renseignements sur l’étendue du terrain cultivé, sur le rendement en sucre par acre (0lieaare,40) et sur le prix de revient par tonne.
- 104. Pour l’introduction de la culture du café dans l’une des colonies de l’Australie et la production de 1 cwt (50l,80) de café marchand. Des échantillons de 10 livres (4k,50) doivent être envoyés à la Société.
- 105. Pour l’introduction, dans les colonies australiennes, de la muscade, du girofle, du poivre, ou de quelque autre épice commerciale, et pour la production d’au moins 1 cwt de ces substances. Envoyer à la Société des échantillons d’au moins 1 livre chacun (0\45).
- 106. Pour l’introduction, en Australie, des vers à soie de l’ailante, et la production d’au moins une balle de soie provenant de cette éducation. Envoyer à la Société des échantillons d’au moins une livre.
- 107. Pour la production, dans l’une des colonies de l’Australie, d’un lin de bonne qualité marchande. Envoyer à la Société au moins une balle d’échantillon.
- 108. Pour une description des épices et condiments sauvages ou cultivés de l’Afrique, avec des échantillons et des prix détaillés.
- 109. Pour l’introduction, dans le commerce, à prix réduit, des huiles essentielles envoyées par l’Australie à l’Exposition universelle de 1862 (1), ou de quelque autre huile essentielle nouvelle pouvant être utilisée en médecine ou dans l’industrie.
- 110. Pour la fabrication, en Australie, de quelque huile très-bon marché ayant une origine minérale ou autre, et pouvant servir à l’éclairage, au graissage des machines, etc.
- 111. Pour un mémoire pratique traitant des perfectionnements récents apportés aux appareils des fabriques de sucre des colonies anglaises, françaises ou du continent.
- 112. Pour le meilleur essai (destiné aux émigrants) traitant des moyens de tirer parti des produits naturels d’un pays, tels que terre, calcaires, bois, écorces, coquilles, etc., et de les faire servir à la construction des habitations. Des épures et des croquis illustrés devront être joints aux mémoires envoyés.
- 113. Pour la production d’une série d’empois colorés pouvant s’appliquer à des articles de toilette, tels que dentelles, etc., sans nuire à leur fabrication, et leur donner des couleurs qui s’harmonisent avec les autres parties du vêlement.
- 114. Pour un mémoire relatif à la culture, à la préparation, à la fabrication et au commerce des
- différentes espèces de tabac. (M.)
- (1) Voir une note sur ces huiles, insérée au Lulletin de la Société d’encouragement, 1863, 2* série, t. X, p. 247.
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- PROCÈS-VERBAUX.
- Séance du 13 janvier 1864.
- Présidence de M. Dumas.
- Correspondance manuscrite. — Son Exc. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics adresse à la Société 2 exemplaires des n°* 7 et 8 du Catalogue des brevets d'invention pris en 1863.
- M. Boulanger, mécanicien à Paris, soumet un nouveau système d’essieux doubles ou brisés. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Tellier, à Noisy-le-Sec, présente une voiture mécanique et des roues à ressort pouvant s’appliquer à toutes les voilures suspendues. (Renvoi au même comité.)
- M. Vuigner, ingénieur civil, membre de la Société, fait hommage de différents ouvrages qu’il a publiés sur des travaux publics exécutés sous sa direction, comme ingénieur des canaux de Paris et comme ingénieur en chef de la compagnie des chemins de fer de l’Est. (Renvoi à la commission du Bulletin.)
- MM. Meyrueis et comp., typographes à Paris, recommandent à la Société M. Schneider, employé de leur maison, qui depuis dix ans leur a rendu des services exceptionnels, et qui a publié, en outre, un traité pratique de comptabilité dont M. le Ministre de l’instruction publique a autorisé l’introduction dans les écoles primaires. (Renvoi à la commission des médailles.)
- Correspondance imprimée : 1° Rapport adressé par une commission spéciale à M. le Ministre des travaux publics sur le système de locomotive articulée et à douze roues couplées, proposé par M. Barchaert;
- 2° Mémoire de M. Lequen, chef d’escadron d’artillerie, sur l’amélioration des métaux employés à la fabrication des canons rayés.
- Subvention allouée par la ville de Paris. — M. le Président annonce que le Conseil municipal de la ville de Paris vient de voter à la Société une subvention annuelle de 6,000 francs. (Voir plus haut, page 3.)
- M. Combes, se rendant l’interprète des sentiments du conseil, prie M. Dumas d’exprimer à M. le sénateur préfet de la Seine et au Conseil municipal toute la gratitude de la Société.
- M. le Président fait connaître que M. Fauler, membre de la chambre de commerce de Paris, a remis à la Société onze obligations de chemins de fer. (Voir plus haut, page 3.)
- Cette somme est le premier résultat d’une souscription que M. Fauler a ouverte dans l’industrie du cuir, pour venir en aide aux inventeurs malheureux appartenant à cette industrie.
- Le revenu des premiers fonds déposés doit servir, en partie, à faire une rente via-
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- gère à M. Vauquelin, deux fois lauréat de la Société, et placé aujourd’hui à l’hospice des Incurables, sur la demande de M. le maréchal Vaillant, Président de la Société des amis des sciences, et de M. Dumas, Président de la Société d’encouragement.
- M. le Président du cercle des chemins de fer demande, comme représentant de cette association, à être nommé membre de la Société d’encouragement.
- Par exception aux statuts, le Conseil vole immédiatement sur cette admission, qui obtient l’unanimité des votes.
- Rapports des comités. — Au nom du comité des arts mécaniques, M. Combes lit un rapport sur la machine à égrener Je coton de M. François Durand, ingénieur-mécanicien. (Adoption et insertion au Bulletin, avec dessins.)
- M. Tresca, membre du Conseil, rend compte des expériences comparatives qu’il a faites, à la demande du rapporteur, sur la machine François Durand et sur la machine américaine à égrener le coton. Il ressort de ces expérience que la première fait -beaucoup moins de travail que la seconde, mais elle a sur celle-ci l’incontestable avantage de ne pas abîmer la fibre tout en la nettoyant parfaitement bien ; elle est donc surtout précieuse pour les cotons longue-soie.
- M. Barrai, membre du comité des arts chimiques, qui a eu, comme membre du jury de l’Exposition universelle de 1862, l’occasion d’étudier de près cette question, insiste sur les services que doit rendre la machine de M. François Durand et sur la préférence qu’on doit lui donner sur les autres appareils de ce genre.
- Au nom du comité des arts économiques, M. Duchesne lit un rapport sur un nouveau système de tire-bouchon dit davier, présenté par MM. Bnmeaux et Somsou, négociants à Château-Thierry. (Adoption et insertion au Bulletin, avec dessin.)
- Nominations. — Sont nommés, à l’unanimité, membres de la Société,
- MM. Camus, fabricant de produits chimiques à Paris;
- Roll, fabricant de meubles à Paris;
- Fourbet, confiseur à Paris ;
- Trelon, ancien fabricant, ancien juge au tribunal de commerce.
- Communications. — M. Beynaud communique à la Société des dessins photographiés appliqués à l’élude des sciences. (Renvoi à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.)
- Séance du 27 janvier 1864.
- Présidence de M. Chevallier, membre du comité des arts chimiques.
- Correspondance imprimée. — MM. Lacarrière père et fils et comp., fabricants d’appareils pour le gaz, prient M. le Président de faire admettre leur maison au nombre des membres de la Société. Désirant, en outre, s’associer aux travaux de la Société, dans l’intérêt de l’industrie parisienne, ils demandent à être inscrits comme souscripteurs pour une somme annuelle de 100 fr.
- M. Fauler, membre de la chambre de commerce de Paris, adresse à M. le président une lettre par laquelle il annonce que la souscription ouverte en faveur de
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- M. Vaitquelin a produit, avec l’aide de MM. Brossette, Perraut et Placide Peltereau , une somme de 4,143 fr. 70 cent., convertie en quatorze obligations garanties par l’État, qui ont été consignées, d’après le vœu des souscripteurs, dans la caisse de la Société.
- MM. Pallu et comp., membres de la Société, signalent les travaux de construction do l’église du Vésinet, dans lesquels ils emploient comme matériaux de construction les bétons agglomérés de M. Coignet. Ils prient M. le Président de vouloir bien faire nommer une commission spéciale pour examiner cette construction, qui sera terminée au mois de juin prochain. (Renvoi à la commission des ciments.)
- M. le docteur Léon Dachesne fait hommage à la Société de sa thèse inaugurale sur les liquides employés dans l’éclairage artificiel.
- M. Picnon, capitaine au 37e d’infanterie de ligne, adresse un mémoire intitulé : Quelques idées pouvant conduire à la solution du problème de la navigation aérienne. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Moidin, lithographe, sollicite l’examen d’un procédé de son invention appelé diaphonie, pouvant servir à l’imitation économique et durable des vitraux coloriés. (Renvoi à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.)
- M. Lion, rue Marie-Antoinette, 1, à Montmartre-Paris, adresse un mémoire pour compléter les documents déjà présentés sur ses moyens de conservation des substances alimentaires. (Renvoi au comité des arts économiques.)
- M. Mosselmann, membre de la Société, fait hommage de la 3e année de son Almanach du chaulage. (Renvoi au comité d’agriculture.)
- M. Vigneron, serrurier, rue Vilin, 12, soumet à la Société des spécimens de ses œuvres de serrurerie artistique, qui ont obtenu une récompense à la dernière exposition des beaux-arts appliqués à l’industrie. (Renvoi au comité des arts mécaniques et à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.)
- M. Palureau, rue de Bondy, 44, sollicite l’examen d’un compteur à eau de son invention. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- MM. George, Petit et Robert ainé, constructeurs-mécaniciens à Saintes (Charente-Inférieure), adressent un mémoire sur Vextraction du moût des raisins au moyen de l'eau, par macération et déplacement. (Renvoi aux comités des arts chimiques et d’agriculture.)
- M. Baude, membre du Conseil, présente, pour être membre de la Société, la Société des chemins do fer de l’Est, représentée parle président de cette Société.
- M. le Président propose de voter immédiatement sur cette nomination.
- Cette proposition étant approuvée, le Président de la Société des chemins de fer de l’Est est nommé membre de la Société d’encouragement.
- Rapports des comités. — Au nom du comité des arts mécaniques, M. Alcan lit un rapport sur un métier à filer inventé par M. Leyherr, de Laval. (Insertion au Bulletin avec dessin.)
- Au nom du même comité, M. Tresca lit deux rapports :
- 1° Sur les chaudières à diaphragmes de M. Boutigny, d’Évreux;
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- SÉANCES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION.
- 2° Sur une machine à fabriquer les clous de fer à cheval, inventée par M. Ch. Laurent. (Insertion de ces deux rapports au Bulletin avec dessins.)
- Au nom du comité des arts chimiques, M. Chevallier donne lecture des deux rapports suivants :
- 1° Rapport sur la préparation de bois durci de MM. Latry et comp.;
- 2° Rapport sur la fabrication du blanc de zinc et sur celle des cartes-porcelaine des mêmes industriels. (Insertion de ces deux rapports dans le Bulletin.)
- Au nom du comité des arts économiques, M. Duchesne lit :
- 1° Un rapport sur la fabrique de marrons glacés de M. Fourhet, confiseur;
- 2° Un autre rapport sur un appareil de M. Beliard pour le gonflage des bestiaux. (Insertion de ces deux rapports dans le Bulletin.)
- Au nom du comité des arts chimiques, M. Gaultier de Claubry lit un rapport sur la raffinerie impériale de salpêtre de Lille, construite par M. Violette, commissaire des poudres et salpêtres. (Insertion au Bulletin.)
- Au nom du même comité, M. Salvétat donne lecture de deux rappports :
- 1° Rapport sur le vert d’hydrale d’oxyde de chrome préparé par M. Guignet;
- 2° Sur les procédés de gravure à l’acide fluorhydrique de M. Kessler. (Insertion de ces deux rapports au Bulletin.)
- Au nom du comité des arts économiques, M. Priestley lit un rapport sur une table géographique présentée par M. Jager. (Insertion au Bulletin.)
- Nominations. — Sont nommés membres de la Société :
- MM. Huillard aîné, fabricant de produits chimiques pour la teinture ;
- Havard (Henri), négociant en papier;
- Guignery (Alfred), fabricant de tôles vernies ;
- Delvaux (Georges), chimiste attaché au laboratoire des essais de l’École des mines.
- Le Conseil se forme en comité secret.
- PARIS. — IMPRIMERIE DE Ve BOL'CH ARD-UÜZ ARD, RUE DE L’EPERON, 5. — 1864.
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- 63 ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME XI. — Février 1864.
- BULLETIN
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- APPAREILS FUMIVORES.
- Rapport fait par MM. Tresca et Silbermann, au nom des comités des arts mécaniques et des arts économiques, sur rappareil pumiyore de M. Thierry fils 3 rue de la Pompe ,11.
- M. Thierry fils a successivement présenté à la Société d’encouragement les diverses dispositions de ses foyers fumivores, et si, depuis trois ans déjà, vous n’avez décidé l’adoption d’aucun rapport sur ces appareils, cela tient uniquement à ce que les procédés dont il s’agit étant engagés dans des procès de revendication et de contrefaçon, la Société n’a pas voulu intervenir dans une question déférée à l’autorité judiciaire.
- Exclusivement préoccupés des considérations techniques qui se rattachent à l’emploi de procédés véritablement fumivores, nous venons aujourd’hui, au nom du comité des arts mécaniques et du comité des arts économiques, vous rendre compte des résultats dont nous avons été témoins et des faits qui constatent la parfaite efficacité des procédés de M. Thierry.
- Son appareil se compose, aux termes de la définition à laquelle on s’est arrêté devant les tribunaux, de :
- 1° Un surchauffeur de vapeur, variant dans sa forme et ses dimensions, placé dans le fourneau même où il doit opérer, lequel est protégé contre l’action destructive du feu par des tuyaux ou des briques réfractaires. Ce surchauffeur est généralement formé de deux tubes en fer étiré de 50 milli-Tome XI. — 63e année. 2e série. — Février 1864. 9
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- APPAREILS FUMIVORES.
- mètres de diamètre, superposés et réunis, à leurs extrémités, par un tube plus petit.
- Le système tout entier est logé dans les parois du foyer, où il est protégé par un rang de briques.
- i° Un tube ou plaque d’injection, placé dans le fourneau, au-dessus de la porte du foyer, relié au surchauffeur de vapeur ou encore au tube à air, lequel est percé de petits trous de façon à lancer la vapeur vers le foyer.
- Dans tous les appareils que nous avons expérimentés, la vapeur s’échappait par un simple tube percé de plusieurs trous d’un très-petit diamètre, soufflant toujours vers le foyer à partir de la paroi intérieure de l’avant du fourneau ; ces trous étaient disposés de manière que les jets, autant que possible parallèles, aboutissent vers la naissance de l’autel.
- 3° Un tuyau de prise de vapeur, muni de robinets, partant de la chaudière ou encore de l’échappement des machines à vapeur pour venir aboutir au surchauffeur.
- Ce tuyau de prise de vapeur a toujours été branché sur le dôme de vapeur ou sur la chaudière même.
- 4° Un tube à air se plaçant dans le fourneau, au-dessus du foyer, et disposé de façon que l’air s’y introduise librement pour arriver, après s’y être chauffé, dans le tube d’injection.
- Ce tube à air ne paraît pas former une partie bien essentielle de l’appareil, puisque M. Thierry s’est contenté, dans les diverses installations qu’il a fait fonctionner en notre présence, de pratiquer, dans la porte, des orifices pour faciliter l’entrée de l’air frais immédiatement au-dessous des jets de vapeur.
- Les indications qui précèdent suffisent pour faire comprendre toute la simplicité du procédé : elle est telle, que nous devons entrer dans quelques détails historiques pour faire comprendre en quoi peut résider sa nouveauté.
- L’idée d’employer la vapeur pour supprimer la fumée dans les foyers des chaudières n’est pas nouvelle. Ivison, filateur de soie à Edimbourg, l’a indiquée dans sa patente du 24 février 1838.
- Le procédé d’Ivison consiste « dans un mode de consumer la fumée qui s’échappe du charbon de terre, dans les fourneaux ou autres foyers où l’on se sert du charbon, par l’application de la vapeur au-dessus du combustible enflammé, de telle sorte que non-seulement la fumée sera consumée, mais que le combustible sera économisé, puisqu’une quantité donnée de charbon de terre produira un effet beaucoup plus puissant.
- « A cet effet, la vapeur est prise dans une chaudière à haute pression,
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- APPAREILS FUMIVORES.
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- à l’aide d’un tube muni d’un robinet qui la conduit dans le fourneau.
- « L’extrémité de ce tube se termine en éventail avec ouverture d’un grand nombre de petits trous par lesquels la vapeur puisse s’échapper en faibles jets, de haut en bas, au-dessus du combustible. »
- Cette citation indique bien le mode d’application de la patente Ivison ; la vapeur n’était pas surchauffée ; elle était injectée de haut en bas dans le foyer, et non pas dans le sens même des courants gazeux.
- Perkins, qui s’est tant occupé de l’emploi de la vapeur à haute pression, a, dans un article spécial consacré à des perfectionnements dans la fabrication du fer [Bulletin du musée de l'industrie, 1844, page 108), donné quelques indications sur l’emploi de la vapeur surchauffée dans les procédés métallurgiques.
- Il ajoute même : « On pourrait encore, ce me semble, se servir de cette vapeur surchauffée, en la projetant au sein ou au-dessus de la flamme d’un foyer en état de combustion pour en accélérer l'activité ou pour en prévenir la fumée. J’ai trouvé, par des essais, que ce moyen produisait, en effet, ce double phénomène. »
- Au point de vue scientifique, Perkins paraît donc être le véritable inventeur de l’emploi d’une injection de vapeur surchauffée, dans la chambre de combustion d’un foyer, pour l’objet spécial de la suppression de la fumée.
- Cependant l’idée de Perkins ne paraît pas avoir été exploitée, et, laissant de côté une foule de procédés ayant tous pour but de faire arriver de la vapeur non surchauffée soit dans le cendrier, soit par les barreaux mêmes, au-dessus du combustible, il nous faut arriver jusqu’au brevet pris par Joseph Hazard, le 9 janvier 1855, pour trouver une réalisation matérielle du procédé qui nous occupe.
- On peut résumer, ainsi qu’il suit, les indications de Hazard à ce sujet :
- 1° Surchauffement de la vapeur projetée sur le foyer même pour le rendre fumivore ;
- 2° Ce surchauffement est déterminé par l’action du foyer lui-même ;
- 3° Il a lieu dans un serpentin occupant la voûte du foyer, et placé, par conséquent, entre la grille et la chaudière ;
- 4° L’injection de cette vapeur a lieu, au-dessus du combustible en ignition, par de nombreux et petits filets, dans le lieu même ou la fumée tend à se produire.
- Les conditions pratiques de l’application sont, dès lors, matérialisées, et elles ne le sont pas autrement dans les brevets pris par Guy-Richer et par Thierry lui-même les 24 avril et 19 mai 1855.
- Thierry, en effet, était le collaborateur de Hazard; il est aujourd’hui son
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- cessionnaire, et un arrêt souverain a décidé, pour des raisons que nous n’avons pas à discuter ici, que le brevet Guy-Richer lui-même était également sa propriété.
- Il nous a été donné de voir fonctionner, dès 1856, les appareils établis, d’après ces indications, tant à l’hôpital Saint-Louis que sur une locomotive de la compagnie de l’Ouest. Les résultats de fumivorité étaient excellents, mais les tubes surchauffeurs, placés dans le foyer même, étaient rapidement mis hors de service.
- Par son brevet du 9 janvier 1856, M. Thierry a cherché à combattre les causes de cette rapide destruction, et nous avons vu qu’il .y parvenait en reportant dans la maçonnerie latérale du fourneau toutes les parties de l’appareil surchauffeur.
- C’est en cet état que la question s’est présentée à notre examen, et nous avons maintenant à vous rendre compte, Messieurs, des diverses séries d’observations que nous avons faites.
- Premières expériences faites au Conservatoire des arts et métiers.
- Un appareil de M. Thierry a été installé, en septembre 1860, sur l’une des chaudières du Conservatoire impérial des arts et métiers.
- La vapeur était distribuée dans le foyer par quatre orifices ayant chacun un diamètre de 4 millimètres ; on a marché successivement avec et sans l’appareil, et l’on a fait, chaque jour, le relevé de la pression dans la chaudière et du nombre des tours de la machine à vapeur, exclusivement employée à faire marcher, chaque fois, la transmission de l’établissement et une pompe rotative du système d’Appold.
- Voici les résultats généraux de ces observations.
- Dates Durée Bouille £au Pression Tours Eau vaporisée
- des expériences. de l'expérience. brûlée. vaporisée. moyenne. par 1. par kil. de combustible.
- atm.
- 28 sept. 1860. . . . 5.30' I53k 968 4.99 41.80 6.32
- 5 oct. 1860. . . . 5.0 121 1113 5.20 42 07 9 20
- 776
- 29 sept. 1860. . . 5.09 121.50 787 5 02 41 80 6.50
- 6 oct. 1860. . . 5.0 100.0 1067 5.22 42.18 10 67
- 8.58
- Les indications du procès-verbal de ces expériences démontrent que la fumivorité a été complète lors de l’emploi du jet de vapeur ; mais il paraît résulter des chiffres précédents que la vaporisation est notablement moindre,
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- dans ce dernier cas, que par le fonctionnement du foyer, dans-ses conditions ordinaires.
- Quant aux différences considérables de la vaporisation par kilogramme entre les expériences des 20 et 30 septembre et celles des 5 et 6 octobre, elles tiennent à ce que le tirage était fort mauvais dans la première série et très-bon, au contraire, dans la seconde ; d’ailleurs le charbon n’était pas le même, et l’on avait choisi, en dernier lieu, de la houille de première qualité.
- Par la suppression du jet de vapeur, on faisait apparaître immédiatement la fumée, et, dans ces circonstances, elle se maintenait pendant cinq minutes environ après chaque chargement.
- Premières expériences du passage de la Pompe.
- M. Thierry a fait établir, dans ses ateliers du passage de la Pompe, une chaudière à vapeur munie de son appareil fumivore.
- M. Silbermann, l’un de nous, a fait sur ce générateur diverses séries d’expériences dont voici les principaux résultats :
- Durée des expériences. Houille brhlée. Pau vaporisée. Pression moyenne. Eau vaporisée par kil. de combustible.
- atm.
- 2.30' 69 330 5.65 4.78
- 2 31' 69 312 4 62 ^ 4.52
- 4.65
- 2.11' 64 345 5.66 5.38
- 2 30' 75 451 5.18 6.01
- 569
- Bien que ces expériences aient été d’une durée insuffisante, et qu’il soit difficile de tirer une conclusion certaine de résultats, en eux-mêmes très-faibles, on voit cependant que l’influence de l’appareil a été très-favorable à une meilleure utilisation du combustible. S’il est, en effet, facile d’augmenter l’effet utile d’une mauvaise installation, il ne l’est pas, à beaucoup près, autant d’améliorer les résultats d’un générateur qui, par lui-même, fournirait une vaporisation suffisante.
- Le chiffre de 5k,69 comprend la vapeur directement perdue à l’air libre, et celle qui a été employée par le fumivore. Pour apprécier la quantité de vapeur consommée par la soufflerie, on a reçu, pendant 20 minutes et à deux reprises différentes, le jet surchauffé dans une masse d’eau servant de con-
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- denseur, et Ton s’est assuré que le poids de la vapeur ainsi condensée était d’environ 17k,25 par heure.
- Si l’on corrige le chiffre de 5,69 de celte influence, on voit qu’il devrait être réduit à 5\12, et, dans ce cas encore, l’eau utilement vaporisée par kilogramme de combustible présenterait un avantage notable sur la vaporisation ordinaire.
- Il y a, d’ailleurs, un fait qui est absolument mis hors de doute, c’est celui de la fumivorité ; et, en même temps, on a pu reconnaître que l’activité de la combustion et la longueur de la flamme étaient augmentées dans une très-grande proportion.
- Ce phénomène est si marqué, que l’on a pu, dans quelques expériences, fermer le cendrier, en maintenant seulement une ouverture de 2 décimètres par la porte, et même tenir cet orifice aussi clos que le permettaient les conditions de l’installation.
- Dans le premier cas, on a obtenu une vaporisation brute de6k,46 par kilogramme de combustible, et dans le second, pour lequel on avait exagéré à dessein les difficultés de l’introduction de l’air, une vaporisation de 5\44.
- Il résulte de ces expériences que, pour l’emploi rationnel du procédé Thierry, il est nécessaire de réduire les orifices d’admission d’air, si l’on ne veut introduire dans le foyer un excès toujours nuisible à la bonne utilisation du combustible.
- Deuxième série d’expériences au passage de la Pompe.
- Instruit par les expériences précédentes, M. Thierry a remplacé la porte pleine de son foyer par une porte à jalousies se fermant à la main et pouvant être maintenues dans un état d’ouverture plus ou moins grand.
- Des expériences comparatives ont été faites avec cette porte modifiée et la porte pleine ordinaire.
- Dates Durée Houille Eau Pression Eau vaporisée
- des des par kilog.
- expériences, expériences, brûlée vaporisée, moyenne, de combustible.
- 11 avril 1862. 2.30' k. 69.0 i. 321 atra. 5.15 k. 4.65 saus fumivore, cendrier ouvert, porte pleine fermée.
- 13 avril 1862. 2.30 53.0 307 5.40 5.79 avec fumivore, cendrier ouvert, porte pleine fermée.
- 13 avril 1862. 2.30 46.0 365 5.20 7.93 avec fumivore,cendrier ouvert,porte pleine entr’ouverte
- 14 avril 1862. 2.30 38.5 225 4.65 5.84 avec fumivore, cendrier fermé, jalousies ouvertes.
- Ces expériences montrent encore que l’emploi du jet de vapeur surchauffée a été favorable, et il ne pouvait manquer d’en être ainsi dans une chaudière dont la surface de chauffe est insuffisante, et qui se trouve, par l’augmenta-
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- tion même de la flamme, maintenue, en toutes ses parties, à une température plus élevée.
- Il importe, d’ailleurs, de faire remarquer que la vaporisation de 7\93 correspond au cas où les orifices d’introduction d’air sont réduits au minimum, et c’est là un des points dont il faudra le plus se préoccuper dans la pratique, si l’on veut obtenir de ces procédés tous les avantages économiques qu’ils peuvent fournir.
- Une détermination spéciale a été faite, comme nous l’avons indiqué précédemment, de la quantité de vapeur employée à la soufflerie ; il en résulte que cette dépense spéciale peut être évaluée à 12,5 litres par chacune des expériences, dont la dernière était de 2 heures 30 minutes; et, si l’on calcule les vaporisations par kilogramme avec celte réduction, les chiffres deviennent les suivants :
- Expériences n° 1, sans fumivore.................. 4 65
- — n° 2, avec fumivore.................. 5 56
- — n° 3, avec fumivore.................. 7 66
- — n° 4, avec fumivore.................. 5 54
- Le chiffre de 7k,66 par kilogramme de combustible est déjà favorable.
- Deuxième série d’expériences au Conservatoire des arts et métiers.
- Les résultats précédents ayant été constatés sur la petite chaudière de M. Thierry, nous avons voulu répéter, dans les mêmes conditions, les mêmes essais au Conservatoire. Les résultats observés sont tous consignés dans le tableau suivant :
- Dates Duree Houille Eau Pression Lan vaporisée
- des des par kilog.
- expériences, expériences, brûlée, vaporisée, moyenne, de combustible.
- k. k. k. atm. k.
- 18 juin 1862. 2.30' 60.00 314 5.05 5.23
- 21 juin 1862. 2.15 72.30 444 5.00 5.72
- 18juin 1862. 2.30 51.00 354 5.10 6.94
- 21 juin 1862. 2.30 75.00 507 5.00 6.76
- 23 juin 1862. 2.30 70.00 434 5.00 6.20
- 23juin 1862. 2.30 55.00 353 5.00 6.42
- 24 juin 1862. 2.30 64.40 309 5.00 4.79
- 24 juin 1862. 2.30 59.84 383 5.00 6.40
- sans fumivore. sans fumivore.
- avec fumivore, porte fermée, cendrier ouvert, avec fumivore, porte entr’ouverte, cendrier peu ouvert.
- avec fumivore, porte fermée, cendrier ouvert, avec fumivore, porte entr’ouverte, cendrier fermé, avec fumivore, ouverture du registre étranglée, charbon tout venant.
- avec fumivore, registre tout ouvert.
- Dans ces expériences, la vapeur a été directement perdue dans un caniveau où elle était conduite, au sortir de la chaudière, par un tuyau spécial. Elles
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- dénotent un avantage marqué en faveur du fumivore, mais il est nécessaire de faire observer que les feux ont été toujours maintenus très-bas, et que, par conséquent, les ouvertures du cendrier laissaient passer, lors du non-fonctionnement de l’appareil, une quantité d’air sans doute trop considérable. A part l’expérience du 21 juin, dans laquelle la fumée s’est maintenue pendant presque tout le temps, le fumivore a été, d’ailleurs, parfaitement efficace, et a fait disparaître jusqu’à la moindre trace de produits fuligineux.
- La soufflerie consommait, par heure et en moyenne, 9\52 de vapeur, dont le poids a été déterminé comme précédemment; soit, pour chaque expérience de 2 heures 30 minutes, un total de 23k,80.
- Si nous déduisons cette quantité des différents chiffres de vaporisation, nous trouvons respectivement les nombres suivants pour l’utilisation de chaque kilogramme de combustible :
- V.
- N° 2. . .................. 6 47
- N° 4...................... 6 44
- N° 5.......................... 5.86
- N° 6.......................... 5.98
- N° 7...................... 4 42
- N° 8.......................... 6.00
- Moyenne............. 5.86
- Tandis que, sans l’emploi de l’appareil fumivore, la vaporisation, par kilogramme, s’est élevée seulement à 5k,47.
- Expériences de Vatelier des formes, à l’arsenal de Cherbourg.
- Ayant été informés par M. Thierry d’un marché qu’il avait passé, le 18 octobre 1860, pour l’installation de ses appareils aux chaudières de l’arsenal de Cherbourg, vos rapporteurs, avant de clore leur examen, ont voulu connaître les résultats auxquels donneraient lieu les expériences de réception dans ce port.
- Un premier rapport de la commission de réception, en date du 21 mai 1861, constate que :
- 1° L’appareil Thierry (installé sur les générateurs de l’atelier de peinture ) est simple, d.’une manœuvre facile et ne présente aucun danger;
- 2° Il active beaucoup le tirage et la vivacité de la combustion, et permet de brûler avantageusement des charbons de qualité inférieure;
- 3° Les gaz sont entièrement brûlés, et la fumivorité est complète.
- Ces conclusions ne prononcent point sur la question d’économie, mais des
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- APPAREILS FÜM1Y0RES.
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- expériences plus précises, faites, en octobre 1861, sur l’appareil appliqué à un générateur de l’atelier des formes, ont fait voir que la vaporisation, par kilogramme de combustible, avait augmenté dans la proportion de 5k,l à 5,86 kilogrammes.
- Ce résultat était d’une importance trop grande pour que vos commissaires ne se décidassent pas à répéter les expériences.
- Ils se sont, en conséquence, rendus à Cherbourg le 25 décembre 1862; grâce à l’obligeance de M. Antoine, ingénieur de la marine, toutes les dispositions avaient été prises pour que les essais se fissent avec la précision désirable, et c’est avec son concours que les observations ont été faites. L’importance exceptionnelle de cette expérience nous engage à décrire les dispositions des générateurs sur lesquelles elle a été faite.
- La chambre des chaudières de l’appareil d’épuisement des formes Nord du bassin Napoléon III, à Cherbourg, contient un vaste massif de maçonnerie renfermant le fourneau et les chaudières, qui sont au nombre de six.
- Les trois chaudières de l’Ouest sont celles auxquelles l’appareil de M. Thierry a été appliqué; l’application de cet appareil n’était pas encore faite aux trois chaudières de l’Est, d’ailleurs entièrement semblables aux précédentes. La planche ci-jointe indique les dispositions des unes et des autres ; elles sont formées, chacune, d’un grand corps cylindrique de 1 mètre de diamètre et de 6 mètres de longueur, et de trois bouilleurs de 0m,45 de diamètre et d’une longueur de 6m,30.
- Les six chaudières sont desservies par un carneau horizontal, perpendiculaire à leur longueur, et aboutissant à une cheminée commune, que l’on peut mettre en communication soit avec toutes les chaudières ensemble, soit avec chacun des groupes isolément.
- Voici les principaux éléments de cette installation :
- Longueur de chaque chaudière.......................... 6m.OO
- Longueur des bouilleurs............................... 6 .30
- Distance entre les chaudières, d’axe en axe........... 2 .00
- Distance entre les bouilleurs d’une même chaudière,
- d’axe en axe........................................ 0 .55
- Longueur des grilles. ................................ 1 .74
- Largeur des grilles................................... 1 .18
- Écartement des barreaux............................... 0 .014
- Diamètre de la cheminée............................... 1 .20
- Les deux groupes sont disposés pour suffire, chacun isolément, à la consommation de la machine d’épuisement, de telle sorte que l’on emploie alternativement à ce travail les trois chaudières de l’Ouest et les trois chaudières Tome XI. — 63e année. 2e série. — Février 1864. 10
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- de l'Est seulement. Les éléments calculés de chacun des groupes sont les sui-
- vants :
- Surface de chauffe des trois chaudières.................... 28ra<i.26
- Surface de chauffe des tubulures................................ 8 . 45
- Surface de chauffe des neuf bouilleurs......................... 78 . 04
- Surface de chauffe totale..................................... 114 . 75
- Volume d’eau total.................................... 14mc. 82
- Volume de vapeur total................................ 6 . 78
- Volume des trois générateurs.......................... 21 . 60
- Surface des grilles..................................... 6m<i.00
- Section de la cheminée.................................. 1.13
- Il résulte de ces dimensions que la surface de chauffe totale est égale à 19,12 fois la surface de la grille ; ce rapport est déjà considérable, bien qu’il ne représente pas les meilleures conditions d’utilisation du combustible.
- Le rapport entre la surface totale des grilles et la section de la cheminée est de 5,31, c’est-à-dire plus que suffisant pour donner un tirage convenable, aussi les registres sont-ils toujours peu ouverts. Lors des premières expériences faites sur l’appareil de M. Thierry, on s’est aperçu que l’activité plus grande de la combustion permettait de diminuer la dimension des grilles, qui ont été, en conséquence, et de ce côté seulement, réduites à une longueur de lm,34 et à une largeur de 0m,90, ce qui donne, pour la surface totale des trois grilles, 3,62 mètres carrés seulement, au lieu de 6,00.
- Le rapport entre la surface de chauffe et celle de la grille s’élève alors à 31,70, et l’on comprend que l’action de la température des gaz brûlés puisse être favorisée par cette circonstance, que la surface d’utilisation se trouve relativement plus grande par rapport à celle occupée par le combustible.
- Les indications qui précèdent suffisent pour faire comprendre tous les détails de nos déterminations.
- Le 26 décembre, la machine d’épuisement a été desservie par le groupe Ouest des chaudières, avec l’appareil Thierry.
- Le 27 décembre, la même machine a été alimentée par le groupe Est, sur lequel l’appareil n’avait pas encore été installé.
- Dans les deux cas, on a employé la houille de Newcastle non mélangée, c’est-à-dire l’un des combustibles les plus fumeux; le combustible brûlé a été pesé avec soin et en notre présence ; l’eau introduite dans la chaudière a été mesurée par le nombre des tours du même cheval alimenteur, et l’on a, de plus, relevé sur la machine motrice un grand nombre de diagrammes
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- destinés à tenir compte du travail réellement développé par la vapeur sur les pistons.
- Nous formons deux tableaux séparés des résultats de ces expériences :
- TABLEAU des expériences du 26 décembre 1862, sur les générateurs de Cherbourg,
- avec l'appareil Thierry.
- | Heures des observations* Nombre de tours au compteur. 3 £ s 4, « P S J Numéros 1 des diagrammes. 1 \ ? Chambre J g" §* supérieure. I ^ § ( g | Chambre 1 B ^ inférieure. | » a 1 • l
- h.
- 9.30 0 5.00 » )) » Charbon dépensé total. 1770*
- 10.0 1118 4.50 1 12.3 12.1 Par heure .... 295,00 kil.
- 10.30 2239 4.40 2 11.0 11.5 Eau vaporisée totale.... 9273*
- 11.0 3374 4.50 3 11.9 12 4 Par heure. .... 1545.50 kil.
- 11.30 4524 4.50 4 11.7 11.9 Escarbilles 348*
- 12.0 5670 4.70 5 11.3 11.0 Ordonnées moyennes des diagram -
- 12.30 6777 4.40 6 10.4 10.3 mes .... 11.15 mil.
- 1.0 7850 4.45 7 10.2 10.3 Eau vaporisée par kilog. de combustible. 5' .29
- 1.30 8980 4.60 8 11.5 11.1
- 2.0 10110 4.40 9 10.3 10.5
- 2.30 11253 4.60 10 11.0 11.8
- 3.0 12366 4.45 11 10 4 40.4
- 3.30 13480 » » » )>
- 37.44 11.09 11.21
- par 1'. " U TT"
- TABLEAU des expériences du 27 décembre 1862, sur les générateurs de Cherbourg,
- sans l’appareil Thierry.
- Heures g des 8 observations. g Nombre g de g tours au compteur, g Pressions aux chaudières. | Numéros | des diagrammes. Ordonnées des diag 0) g •Q g B *2 éf moyennes rammes. A 3 g.S U
- h. at.
- 10.0 0 5.00 » » » Charbon dépensé total. 1850*
- 10.30 1100 4.70 î 10.9 n.i Par heure .... 308.33 kil.
- 11.0 2232 4.50 2 11.2 11.5 Eau vaporisée totale... 8500k
- 11.30 3346 4.70 3 11 3 11.0 Par heure .... 1417.00 kil.
- 12.0 4455 4.60 4 10.9 10.5 Escarbilles 540k
- 12.30 5550 4.35 5 10.2 10.0 Ordonnées moyennes... ... 11.03 mil.
- 1.0 6640 4.60 6 11.2 11.1 Eau vaporisée par kilog de combustible. 4*. 60
- 1.30 7776 4.40 7 10.9 10.9
- 2.0 8920 4.60 8 11.5 11.4
- 2.30 10073 4.50 9 11.5 11.2
- 3.0 11223 4.50 10 11 5 11.0
- 3.30 2365 4.50 7) 11.2 ))
- 34.34 11.08 10.97
- par 1’. TT 03
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- Si, sans se préoccuper de la quantité de travail fournie, on compare seulement les quantités d’eau vaporisées dans les deux circonstances, on reconnaît que l’économie résultant de l’application du fumivore est, dans les conditions des expériences précédentes, de 0,13.
- Les essais précédents, faits avec un mélange, en parties égales, de houilles de Newcastle et de Cardiff, avaient indiqué une économie de 0,11 seulement, et ils avaient suffi pour motiver l’ordre d’adapter l’appareil de M. Thierry à tous les générateurs des machines fixes des arsenaux de Cherbourg et de Toulon.
- Les relevés des diagrammes nous permettent de rapporter directement cette économie à l’appréciation du travail développé :
- Avec l’appareil Thierry, le travail total est proportionnel au produit du nombre total des tours par l’ordonnée moyenne, soit à 13180 X 11,15 = 15032, pour une consommation de 1770 kilog. de houille, ou de 8,49 pour 1 kilogramme.
- Sans l’appareil Thierry le travail total est proportionnel au produit correspondant, soit 12365 x 11,03 = 13639, pour une consommation de 1850 kilogrammes de combustible, ou de 7,37 pour 1 kilogramme.
- L’économie relative serait alors exprimée par —0,132,
- et celte indication confirme pleinement le résultat déduit des quantités d’eau vaporisées.
- Si ces résultats étaient vérifiés sur d’autres appareils, on devrait conclure assurément que l’appareil fumivore de M. Thierry permet de réaliser une économie notable.
- Mais, en nous plaçant plus strictement au point de vue d’une appréciation générale, il nous paraît que, sans nous prononcer d’une manière plus affirmative que les faits eux-mêmes sur la question d’économie, nous pouvons affirmer en toute sûreté que les industriels qui l’emploieraient seraient assurés tout au moins de ne pas dépenser plus de combustible, et qu’ils auraient la certitude de voir disparaître complètement tous les inconvénients de la fumée, inconvénients qui sont l’objet des incessantes réclamations du voisinage et contre lesquels l’Administration cessera bientôt de ne prescrire que des mesures sans efficacité, dont les intéressés ne savent pas, d’ailleurs, tirer le parti convenable.
- Nous ne serons même pas taxés d’exagération en disant que, dans un grand nombre de circonstances, l’industriel qui fera usage des procédés pourra recueillir les bénéfices d’une économie notable.
- Les analyses des gaz brûlés faites par M. Ser, ingénieur de l’assistance pu-
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- blique, à Paris, démontrent, d’ailleurs, que, quand l’appareil Thierry est employé dans les meilleures conditions, on ne consomme pas une quantité d’air beaucoup plus considérable que dans les conditions ordinaires, et que, cependant, l’hydrogène et le carbone sont brûlés en totalité. Il résulte, en effet, de ses indications que la proportion de l’azote trouvée dans les produits de la combustion serait, en moyenne, pour l’appareil Thierry, de 0,82 en volume, tandis que, dans la même cheminée, cette proportion s’élevait seulement à 0,79 sans l’emploi du fumivore.
- Depuis que les expériences de Cherbourg ont été faites, M. Thierry a été chargé d’installer son appareil sur un bâtiment de la flotte. Il se sert alors d’un fourneau spécial pour le surchauffage, afin d’éviter tout entraînement de sel, qui pourrait obstruer les orifices du souffleur.
- Nous regrettons de ne pouvoir encore donner aucune indication sur celte nouvelle installation.
- En résumé, nous sommes d’avis que :
- \0 L’appareil de M. Thierry fait disparaître complètement la fumée dans le service des chaudières à vapeur;
- 2° Que ce résultat est obtenu sans aucune augmentation de dépense de combustible; presque toujours avec une économie sérieuse;
- 3° Que son installation est facile ;
- 4° Qu’il permettra, presque toujours et tout en assurant une combustion complète, de diminuer les dimensions des grilles ;
- 5° Et qu’il y a lieu de le recommander d’une manière spéciale aux industriels.
- En conséquence, nous vous proposons, Messieurs, de remercier M. Thierry de sa communication, d’insérer le présent rapport au Bulletin, avec les figures qui l’accompagnent, et d’en remettre 500 exemplaires à l’inventeur à titre de témoignage de satisfaction.
- Signé Silbermann, et Tresca rapporteur.
- Approuvé en séance, le 15 juillet i 862.
- Légende de la planche 290 représentant l'appareil de M. Thierry fils.
- Cette planche représente l’appareil fumivore de M. Thierry fils, tel qu’il est installé sur les trois chaudières Ouest de l’atelier des formes de l’arsenal de Cherbourg.
- Fig. 1. — Vue en élévation de l’une des chaudières et de son fourneau.
- Fig. 2. — Coupe verticale du fourneau faite par l’axe du corps cylindrique.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Fig. 3. — Représentation, à une échelle plus grande, des tubes surchauffeurs, dans la position qu’ils occupent dans la fig. 2.
- Fig. 4. — Plan général de l’appareil Thierry avec ses tubes surchauffeurs.
- Fig. 5. —Vue en élévation du tube souffleur, prise de l’intérieur du fourneau.
- A, corps cylindrique de la chaudière avec son dôme Ar.
- B, bouilleurs avec leurs trous d’homme et leurs couvercles B'.
- C, porte du foyer.
- D, porte du cendrier.
- G, grille formée de treize barreaux G'.
- aa, prise et conduite de vapeur destinée à alimenter la soufflerie.
- 6, robinet ouvrant ou fermant la communication avec les tubes surchauffeurs.
- c, c, tubes surchauffeurs réunis à leurs extrémités postérieures par un tube de communication plus petit c'.
- d, raccord mettant le second tube réchauffeur c en communication, soit avec le robinet d’épreuve e, soit avec le robinet f de la soufflerie.
- g, tube souffleur dont les orifices sont disposés de manière à laucer les jets de vapeur surchauffée dans la direction mn (fig. 2), aboutissant à l’extrémité des barreaux ou dans la direction mp aboutissant à la naissance de l’autel.
- h, robinet au moyen duquel on peut laisser écouler dans l’air la vapeur qui a traversé la soufflerie, afin de juger de son état de surchauffage. (T.)
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Barreswil, au nom du comité des arts chimiques, sur
- la FABRICATION DE NOUVEAUX PRODUITS INDUSTRIELS', PRINCIPES COLORÉS
- extraits de la garance d’Alsace, selon le procédé de M. E. Kopp, par
- MM. Schaaff et Lauth, manufacturiers à Wasselonne (Bas-Rhin).
- Messieurs, MM. Schaaff et Lauth ont, par l’entremise de M. Émile Iiopp de Saverne, soumis à votre appréciation deux échantillons de matières colorées extraites de la garance par un procédé dont M. Kopp est inventeur, vous priant de vouloir bien renvoyer à l’examen du comité des arts chimiques l’examen de ces matières, et du procédé mis en œuvre pour réaliser leur préparation industrielle.
- La lettre d’envoi de ces Messieurs est du 27 février 1862; la dernière communication reçue par votre rapporteur est du 3 juin dernier; ce rapprochement de dates a pour objet de faire remarquer que ce retard a été consenti par les fabricants eux-mêmes, afin que l’industrie naissante, lors de
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- ARTS CHIMIQUES.
- V.)
- la communication de M. Kopp, pût grandir et recevoir la consécration que le temps seul peut donner.
- Votre rapporteur se hâte d’ajouter que, pendant cette période de temps, l’usine, qui a pris des dimensions triples de celles qu’elle avait lors de la visite d’une sous-commission de votre comité des arts chimiques (MM. Sal-vétat, Barrai et Barreswil), opère toujours en suivant les données de M. Kopp, telles que l’inventeur les a décrites dans le mémoire déposé par MM. Schaaff et Lauth, et telles que notre honoré collègue, M. Balard, les a connues lorsque, président de section du jury international de Londres, il a demandé pour M. E. Kopp la croix de la Légion d’honneur.
- Le procédé Kopp se résume ainsi : on épuise la garance par l’action d’une dissolution faible d’acide sulfureux ; on filtre les eaux, on les chauffe à une température de 30 à >40 degrés pour recueillir la purpurine qui se dépose, puis on les porte à l’ébullition pour obtenir Yalizarine.
- MM. Schaaff et Lauth, qui appliquent ce procédé, livrent à l’industrie trois produits : une garancine très-propre à la teinture, la garance épuisée par l’acide sulfureux; la purpurine, très-belle matière rouge en poudre sèche; l’alizarine colorée, verte, qu’ils préparent avec des substances étrangères qui ne nuisent pas à ses applications, et que l’on peut, d’ailleurs, purifier. Ce dernier produit est vendu en pâte ou en poudre sèche, à la volonté de l’acheteur.
- La fabrique de MM. Schaaff et Lauth est située à une petite distance en amont de Wasselonne (Bas-Rhin), près d’une vallée arrosée par des eaux limpides. Elle se compose d’un grand bâtiment rectangulaire à un étage, avec comble formant second étage. Au rez-de-chaussée sont la machine à vapeur de quatre chevaux et son service, un grand laboratoire d’essais, une forte presse hydraulique, puis le système de cuves qui occupe aussi une portion du premier étage, et une partie du matériel pour la préparation de la garancine. Sous les combles sont les réservoirs à l’eau chargée d’acide sulfureux, aux eaux froides et chaudes et à la liqueur de trempe. Des pompes et des tuyaux permettent de faire passer les liquides dans les divers récipients, et de distribuer l’eau et la vapeur presque sans main-d’œuvre. Le système comprend deux cuves de trempe, trois séries de cuves superposées ; chaque série étant formée d’une cuve à purpurine, une à alizarine verte, et deux plus petites, à décantation, pour l’alizarine et la purpurine. Le surplus du matériel pour la préparation de la garancine et l’appareil à acide sulfureux sont dans une cour spacieuse. Enfin des bâtiments annexes renferment le séchoir à garance, le séchoir à garancine (ce dernier est alimenté parla chaleur perdue d’une briqueterie), les magasins divers et le moulin à
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- ARTS CHIMIQUES.
- garance composé de six paires de meules mises en mouvement par une turbine, et servant à moudre la garance et la garancine.
- Les travaux sont organisés de la manière suivante : vers la fin de l'automne, les cultivateurs de l'Alsace, ayant recueilli et fait sécher immédiatement les racines de garance dans des séchoirs établis dans les principaux centres de culture, les apportent à la fabrique, ou on les essaye, et on les paye comptant selon leur degré. L’approvisionnement de l’année se fait ainsi en quelques semaines. Les diverses livraisons ayant été stratifiées par couches horizontales, on entame la provision par tranches verticales; de cette manière on a toujours en fabrication une moyenne de la garance en magasin. La racine, avant d'être moulue, est de nouveau éluvée ; elle perd 6 p. 100 environ. La mouture commencée dès que la dernière livraison est reçue marche sans interruption jusqu’à épuisement des racines. La poudre est, à mesure de sa fabrication, embarillée avec soin, pour la soustraire à l’humidité. De cette façon, l’hiver est surtout le temps de mouture; les beaux jours sont destinés à la fabrication, et le personnel peut ainsi être très-restreint.
- L’appareil qui sert pour la production de l’eau d’acide sulfureux est simple et très-économique ; il se compose d’une caisse en bois de sapin (prisme droit à base carrée) placée verticalement et terminée à sa partie supérieure par une pyramide tronquée. La capacité intérieure est divisée en compartiments par des planchettes perforées, disposées en chicane.
- Ces compartiments sont garnis de copeaux de sapin qu’on introduit et qu’on renouvelle au moyen de petites portes disposées sur les parois de la caisse ; toutes les pièces sont assemblées à chevilles en bois sans emploi de fer. Dans l’intérieur de la pyramide tronquée en bois, débouche un tube en cuivre plombé, recourbé à angle droit, qui laisse échapper un jet de vapeur vertical produisant un appel énergique susceptible d’être réglé.
- L’acide sulfureux est produit par la combustion du soufre placé dans un canal horizontal de briques de 60 centimètres de long, de 20 centimètres de large, et seulement de 10 centimètres de hauteur. Il résulte de ces proportions que l’air se trouve entièrement dépouillé d’oxygène. À l’une des extrémités ce canal communique avec l’atmosphère, l’autre débouche sous une petite tour creuse, en briques, surmontée d’un tuyau en grès, à angle droit, qui conduit le gaz sulfureux sous la colonne de bois. Tandis que le gaz monte, l’eau descend en cascades rompues par les copeaux de bois, et présentant, pour l’absorption, une énorme surface.
- Chargée de gaz, l’eau s’écoule dans une citerne en pierre où la conduit un tuyau de plomb muni d’un sac qui retient les impuretés. Cette citerne,
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- qui contient 22 hectolitres, a été taillée dans un bloc de grès des Vosges.
- Dix kilogrammes de soufre saturent suffisamment d'acide sulfureux 50 hectolitres d'eau. Une pompe en bronze et des tuyaux de plomb portent cette eau dans les cuves à trempe situées au premier étage. Ces cuves portent, à 6 centimètres au-dessus du fond, un double fond de lattes couvert de toile de laine; 300 kil. de garance moulue sont versés sur ce filtre, et reçoivent 4,000 litres d’eau sulfureuse. On mélange le tout, et on laisse tremper pendant douze heures ; au bout de ce temps, un gros robinet, adapté au fond de la cuve, est ouvert, et l’eau de trempe qui s’écoule est reçue dans une cuve de 90 hectolitres, située au rez-de-chaussée. Quand la garance a perdu le plus de liquide possible, et que la masse a pris un aspect crevassé, on la tasse et on la lave avec 6 à 700 litres de nouvelle eau d’acide sulfureux que l’on réunit à la première eau après quelques heures de macération; les liquides réunis pèsent environ 3° Baumé.
- Les cuves à purpurine, de 50 hectolitres de capacité, sont munies de robinets placés à 5, 10, 15, 20 centimètres au-dessus du fond. Un serpentin en cuivre, dont l’entrée est à mi-hauteur de la cuve et la sortie au niveau du fond, amène la vapeur qui chauffe rapidement le liquide de la cuve. L’eau de condensation fait retour dans la chaudière.
- La cuve étant remplie aux 4/5, on ajoute 3 pour 100 du liquide en acide sulfurique des chambres (50 B.), et on porte la température à 35-40° centigrades. La purpurine apparaît bientôt en gros flocons qui se déposent. Au bout de douze heures on ouvre les robinets, on laisse écouler les eaux colorées, mais limpides, vers la cuve sous-jacente à alizarine.
- La purpurine, séparée de l’eau, est mise à déposer de nouveau dans des cuves hautes et étroites de 2 hectolitres environ ; après un nouveau repos, on soutire et on verse sur des filtres le dépôt épais de purpurine ; celle-ci est lavée avec un peu d’eau, égouttée et mise à sécher. La purpurine est d’un beau rouge orangé. 100 kil. de garance d’Alsace en donnent 1/2 à 2/3 p. 100. La force tinctoriale égale à 60 fois le poids de garance. (MM. Schaafî et Lauth ont amené, mais non encore d’une manière régulière, le rendement à 3/4 p. 100.)
- Les cuves à alizarine sont disposées comme celles à purpurine ; les eaux mères de purpurine y sont chauffées à l’ébullition ; un dégagement d’acide sulfureux se manifeste ; le gaz s’échappe par une ouverture dont est muni le couvercle de la cuve ; il est conduit à une cheminée d’appel en bois qui le porte en dehors de l’atelier. L’alizarine verte se dépose rapidement; on la recueille de la même manière que la purpurine. 100 kil. de garance donnent Tome XI. — 63e année. 2e série. — Février 1864. 11
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- aujourd’hui près de 3 p. 100 d’alizarine verte, dont la force colorante représente 20 fois le poids de la garance.
- Il a été dit que les résidus de garance étaient transformés en garancine. Ces résidus, extraits des cuves de trempe, sont jetés dans les cuves à garancine ; on les recouvre des eaux mères acides d’alizarine verte, et on porte à l’ébullition. La garancine qui se forme par l’action de l’acide sulfurique est lavée, pressée, séchée et moulue à la manière ordinaire. 100 kil. de garance donnent encore 30 à 32 kil. de garancine, valant, comme teinture, la moitié de leur poids de garancine forte, type de Rouen.
- Les eaux qui ont fini leur service ne sont jetées, définitivement, qu’après qu’elles ont laissé déposer une alizarine un peu brune qui se vend comme extrait concentré. 100 kil. de garance en donnent 100 à 150 grammes environ. Les fabricants se proposent de fermenter ces eaux dès que la fabrication aura pris l’importance nécessaire à ce point de vue.
- Compte de revient. — MM. SchaafF et Lauth ont donné à la sous-commission les éléments suivants de leur prix de revient :
- 100 kil. de garance d’Alsace nettoyée, moulue valent, en moyenne, 100 à 120 fr. les 100 kilog.; le combustible, main-d’œuvre, usure de matériel, intérêts, etc., s’élèvent de 28 à 30 fr. par 100 kil. de garance; soit, pour 100 kil. de garance, un revient de 130 à 150 fr.
- Les produits sont :
- fr. c. fr. c.
- 2/3 pour 100 purpurine à 50-60 fr........................ 33 40 40 00
- 2 1/2 pour 100 alizarine verte à 22-23 fr................ 50 00 57 50
- 32 pour 100 garancine faible à 1,80-2,00 fr.............. 57 60 64 00
- Produits............................... 141 00 161 50
- Dépenses............................... 130 00 150 00
- Différence, bénéfice.. ............................. 11 00 11 50
- Ces chiffres, que le comité vous donne sous la seule responsabilité des fabricants, montreraient que cette industrie naissante est déjà rémunératrice. Or il est évident, en partant de ces bases, que les frais généraux diminuant à mesure que la fabrication gagnera en importance, le bénéfice est destiné à s’accroître.
- L’examen des échantillons déposés sur le bureau témoigne des résultats auxquels on peut arriver avec les produits de cette intéressante fabrication.
- Application de la purpurine.
- La purpurine est une matière colorante presque pure, peu soluble dans
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- une eau acidulée, assez soluble dans de l’eau pure surtout bouillante, facilement soluble dans des sels d’alumine neutres et qui supportent l’ébullition sans se troubler, tels que l’alun, l’hydrochlorate et l’acétate d’alumine ; elle se dissout avec une extrême facilité dans de l’eau très-légèrement alcaline ; si l’on ajoute à la solution un excès de carbonate de soude ou de potasse, il se précipite une combinaison de purpurine avec l’alcali.
- La purpurine teint avec une extrême facilité, tout aussi bien au bouillon que dans un bain dont la température est moins élevée, toute espèce de tissus mordancés, coton, laine ou soie. Elle donne immédiatement des nuances rouge, rose et noir très-pur; elle ne teint pas les mordants faibles de fer en violet, mais en nuances brunes-grisâtres plus ou moins foncées, et n’est, par conséquent, pas applicable aux genres lilas.
- Les teintures en purpurine résistent longtemps à l’action décolorante de la lumière, même des rayons directs du soleil; elles ne supportent pas aussi bien les passages au savon bouillant qui les font pâlir graduellement. Mais comme les teintes qu’elle fournit sont déjà très-vives en sortant du bain de teinture, et qu’il suffit d’un passage en eau de son ou de savon faible pour les aviver complètement et rétablir le blanc, l’emploi de la purpurine est avantageux pour les articles fond blanc avec enluminages, tels que mouchoirs, perses, etc. Il suffit de 1 à 2 grammes de purpurine pour teindre 1 mètre carré de toile mordancée, même à dessins très-chargés. Pour l’article foulard rouge et noir, principalement fabriqué à Rouen, on associe à la purpurine 2/3 à 3 fois son poids de sumac.
- La purpurine peut servir à la préparation de couleurs roses et rouges vapeurs sur calicot. A cet effet, on la dissout à chaud dans un mélange d’hydrochlorate et d’acétate d’alumine, on épaissit à l’amidon ou à la gomme, on imprime, on sèche et on vaporise.
- La limpidité et la pureté des bains de teintûre de purpurine, et la facilité avec laquelle cette matière colorante se fixe sur les mordants, permettent de l’associer à d’autres matières tinctoriales qui seraient ternies ou même qui disparaîtraient dans des bains de garance ou de garancine. Sur la laine, la purpurine permet d’obtenir des rouges presque aussi beaux que ceux de cochenille et beaucoup plus solides. En mordançant la laine, comme d’habitude, avec alun et crème de tartre, ou dans une solution d’étain et de tartre, on obtient, par la première opération, un rouge cramoisi très-vif; parla seconde, un beau rouge.
- La meilleure dissolution d’étain pour la purpurine paraît être la suivante :
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- ARTS CHIMIQUES.
- 300 gr. acide nitrique,
- 100 — eau,
- 50 — sel ammoniac,
- 60 — étain ajouté peu à peu en plaçant le mélange dans de l’eau froide.
- 2 à A grammes de purpurine suffisent pour 1 mètre carré de mousseline de laine ou de mérinos. Lorsqu’on en fait usage pour la teinture de foulards en soie, il est bon d’ajouter au bain de teinture un peu de son; les nuances sont immédiatement vives, et les blancs se rétablissent par un seul passage au savon. Les teintures en purpurine sur laine et soie sont aussi solides au savon qu’à la vive lumière.
- Laques. — La purpurine se prête admirablement à la fabrication de laques rouges et roses à base d’alumine. Si l’on veut obtenir des teintes foncées, on prépare une solution d’alun neutralisé ; d’un autre côté, on dissout la purpurine dans une eau très-faiblement alcalisée, on mélange les deux solutions chaudes, on porte à l’ébullition et on filtre.
- On obtient encore des laques d’une pureté qui ne laisse rien à désirer en opérant comme il suit : on mélange la purpurine avec son poids d’alun, et on réduit le tout en poudre très-fine ; on lave à l’eau froide, il s’écoule une liqueur rouge jaunâtre qui, saturée à 80° par un peu de carbonate sodique, fournit un laque rose jaunâtre; on traite ensuite le résidu, lavé, de purpurine, par 10 fois son poids d’alun dissous dans 20 fois son poids d’eau (50 grammes d’alun par litre); on filtre bouillant et l’on sature immédiatement par du carbonate de soude ou de magnésie, jusqu’à l’apparition de flocons rouges ; il se précipite une laque rouge rose, très-riche et très-belle.
- Les eaux mères, chauffées de nouveau à 80°, et neutralisées davantage, fournissent une nouvelle quantité de laque rose très-pure.
- Le résidu non dissous de purpurine peut encore être repris deux fois par une semblable solution d’alun, et fournit, par le même traitement, de nouvelles quantités de laque.
- Le dernier résidu, insoluble dans l’alun, constitue lui-même une laque d’une teinte foncée, mais dont la teinte est un peu cramoisie-brunâtre.
- Application de Valizarine verte.
- L’alizarine verte participe de toutes les propriétés de la fleur de garance, donnant des couleurs aussi belles tout en les surpassant en solidité. Les articles double et triple violet avec noir, les simples et doubles roses, le rouge d’Andrinople, se font tout aussi bien avec ce produit qu’avec n’importe quelle autre préparation de garance ou de garancine pure.
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- ARTS CHIMIQUES.
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- L’alizarine verte présente le grand avantage de pouvoir être attaquée vigoureusement par le savon, les acides, les alcalis, les solutions d’étain, sans perdre de son intensité tout en gagnant en vivacité. Aussi est-il important de diminuer de 1/8 à 1/10 la force des mordants, pour ne pas obtenir des nuances plus foncées que celles que donne la fleur de garance.
- L’alizarine verte exige un bain d’une température élevée pour teindre rapidement et fortement; mais la teinture ne demande,du reste, aucune autre précaution.
- Les blancs sont très-peu affectés, et se rétablissent avec une grande facilité.
- Si l’on fait bouillir de l’alizarine verte avec de l’acide chlorhydrique concentré ou étendu seulement de son volume d’eau, et si on lave et sèche de nouveau, elle n’a presque pas perdu de son poids, mais elle teint immédiatement les violets et lilas avec une beauté et une pureté de nuances dont n’approche aucune autre préparation de garance.
- L’alizarine verte., épuisée par l’alcool, fournit 20-25 p. 100 de son poids d’alizarine jaune. La préparation d’extraits alcooliques de garance, qui est une opération à peu près impraticable en grand à cause des difficultés qu’elle présente lorsqu’on opère sur la fleur de garance ou la garancine, devient une opération réalisable et pratique lorsque c’est l’alizarine verte qui constitue la matière première sur laquelle on opère.
- Application de la garancine faible.
- La garancine faite avec les résidus de garance traités par l’eau sulfureuse s’emploie comme la garancine ordinaire. Si, d’un côté, elle est plus faible, de l’autre elle fournit des teintes très-belles, et est surtout appliquée avec avantage à la teinture des genres violets et lilas. Elle donne des nuances qui se distinguent par leur grande solidité.
- Il est évident que la garancine des résidus est redevable, en grande partie, des qualités qui la distinguent, à l’absence de la purpurine qui ternit les lilas dans la garancine ordinaire.
- Telle est, en résumé, l’histoire industrielle de la fabrication des produits de MM. Schaaff et Lauth et de leurs applications.
- Comme conclusion de ce rapport, il résulte que MM. Schaaff et Lauth ont su baser sur les indications de M. E. Kopp une industrie nouvelle; leur usine voit, chaque jour, s’accroître ses proportions, et il n’est pas téméraire
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- ARTS CHIMIQUES.
- de penser que ce mode de traitement de la garance est appelé à un grand avenir.
- Les matières nouvelles introduites dans le commerce par MM. Schaaff et Lauth ont pris place dans la consommation. Elles donnent lieu à des applications sérieuses, à des genres nouveaux, ainsi qu’il résulte des faits recueillis par votre comité et certifiés par les industriels les plus éminents. En conséquence de ces faits, votre comité vous propose de remercier MM. Schaaff et Lauth de leur intéressante communication, et d’insérer le présent rapport dans le Bulletin, avec le dessin des appareils.
- Votre rapporteur vous demande, en outre, de renvoyer à la commission du Bulletin une note séparée, qui lui est propre, sur la partie historique et chimique du mémoire de M. Émile Kopp (1).
- Signé Barreswil, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 29 juillet 1863.
- Légende de la planche 291 représentant la fabrication d’extraits de garance
- de MM. Schaaff et Lauth.
- La figure représente une section verticale du bâtiment qui contient tous les appareils de fabrication, lesquels ont été groupés ici d’une manière spéciale pour l'intelligence des opérations successives.
- A, canal pour la combustion du*soufre.
- B, tuyau conduisant le gaz sulfureux dans la colonne C.
- C, colonne en bois pour la préparation de l’eau sulfureuse.
- D, planchettes perforées recevant les copeaux de sapin.
- E, ouvertures pour l’introduction de ces copeaux.
- F, chaudière à vapeur.
- G, prise de vapeur.
- H, tuyau amenant un jet de vapeur dans la colonne C.
- I, tuyau amenant l’eau dans la colonne C.
- J, réservoir en pierre recevant l’eau sulfureuse formée dans la colonne C.
- R, filtre dans lequel passe l’eau sulfureuse avant de couler dans le réservoir J, où elle est amenée par un tuyau de plomb.
- L, pompe remontant l’eau sulfureuse du réservoir aux étages supérieurs.
- (1) Cette note sera insérée ultérieurement.
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- INSTRUMENTS DE PRECISION.
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- M, cuve servant de réservoir à l’eau sulfureuse qu’y envoie la pompe L au moyen d’un tuyau vertical.
- N, réservoir pour l’eau chaude.
- O, tuyau amenant la vapeur au fond du réservoir N.
- P, pompe envoyant l’eau au réservoir N.
- Q, tuyau de conduite de l’eau au réservoir N.
- R, réservoir d’eau froide alimenté par le tuyau Q.
- S, réservoir supérieur pour la liqueur de trempe.
- S', réservoir inférieur de la liqueur de trempe.
- T, pompe servant, au moyen d’un tuyau vertical, à remonter la liqueur du réservoir S' dans le réservoir S.
- U, U, U, cuves de trempe.
- Y, Y, tuyaux de communication des cuves de trempe avec les réservoirs M, N, R.
- W, tuyaux de communication des cuves U avec le réservoir S'.
- X, cuve à purpurine munie d’un serpentin pour la circulation de la vapeur.
- Y, tuyau d’amenée de la vapeur dans le serpentin de la cuve X.
- Y', tuyau de retour de la vapeur.
- Z, cuve à alizarine munie d’un serpentin pour la vapeur; c’est le tuyau Y qui amène également la vapeur dans ce serpentin.
- a, tuyau de retour de la vapeur sortant du serpentin de la cuve Z.
- b, bcuves de garancine.
- c, c', tuyaux de communication de la cuve à alizarine avec les cuves à garancine.
- d, bac réfrigérant pour l’alizarine et la garancine.
- e, presse hydraulique.
- f, conduite d’eau alimentaire.
- g, arbre de couche mettant en mouvement les pompes L, P et T.
- h, canal en bois pour le dégagement des vapeurs sulfureuses.
- Le plancher du premier étage est établi sur un solivage en fer et est soutenu par des colonnes de fonte; quant à celui du second, il n’existe que partiellement, les réservoirs qui se trouvent à ce niveau reposant sur un mur en moellons qui sépare le bâtiment en deux parties. (M.)
- INSTRUMENTS DE PRÉCISION.
- Rapport fait par M. Silbermann , au nom du comité des arts économiques, sur le système d’équilibrage des balances de précision, imaginé par M. Hempel, fabricant d’instruments de précision, quai des Grands-Augustins, 55.
- Tous ceux qui se livrent à des expériences de pesées précises savent que ce qu’il y a de plus long et en même temps de plus délicat, c’est de par-
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- INSTRUMENTS DE PRECISION.
- faire aussi mathématiquement que possible l’équilibre des plateaux de la balance. L’opération exige beaucoup de soins, surtout au point de vue du maniement des subdivisions extrêmes du gramme ; souvent on les laisse tomber ou on les perd en raison de leur exiguïté, ou bien, lorsqu’on les dépose sur le plateau de la balance ou qu’on les en retire, on communique quelquefois un léger ébranlement qui ne laisse pas que d’être préjudiciable à l’équilibre qu’il s’agit d’atteindre.
- Tous ces petits inconvénients que chacun de nous a pu rencontrer, et qui ont surtout de l’importance au point de vue des pertes de temps qu’ils entraînent, ont donné lieu, depuis longtemps, à divers procédés tendant à les faire disparaître, parmi lesquels nous citerons celui qu’a imaginé M. Hem-pel, constructeur d’instruments de physique et d’instruments de précision. Voici en quoi consiste l’invention de M. Hempel :
- Rappelons d’abord que dans les balances de précision il y a, sur le milieu du fléau, au-dessus du couteau central, une tige verticale filetée, qui porte deux boutons-écrous qu’on peut faire monter ou descendre à volonté, et dont le poids sert, par conséquent, à relever ou à abaisser le centre de gravité du fléau pour accélérer ou ralentir les oscillations de la balance chargée.
- A la base non filetée de cette tige, M. Hempel place une aiguille horizontale disposée de manière à pouvoir librement tourner autour d’elle, en la prenant pour axe de rotation; elle agit alors de l’un ou de l’autre côté du fléau comme un poids complémentaire de l’équilibre, et variable selon la position qu’elle occupe, c’est-à-dire suivant l’angle qu’elle fait avec la direction du fléau, depuis 0 jusqu’à 90 degrés. Ainsi, lorsque les poids principaux ont été placés dans le plateau de la balance, et qu’il ne s’agit plus que de faire l’appoint, au lieu d’ajouter des fractions de gramme comme on avait l’habitude de le faire par tâtonnement, il suffit de mouvoir l’aiguille à droite ou à gauche, c’est-à-dire d’augmenter peu à peu le poids de l’un des bras du fléau, selon que la balance trébuche du côté de l’objet à peser ou du côté des poids, pour arriver en peu de temps, par addition ou par soustraction, à déterminer une pesée parfaitement exacte.
- Comme la balance est toujours enfermée dans une cage de verre destinée à la garantir de la poussière, et qu’il importe d’ouvrir le moins possible cette cage, M. Hempel a disposé les choses de manière que l’aiguille puisse être manœuvrée du dehors. A cet effet, le plateau supérieur de la cage est percé verticalement au-dessus de l’axe de rotation de l’aiguille, et par cette ouverture descend une petite tige métallique qui se recourbe à l’intérieur en forme de baïonnette, et dont l’extrémité, arrivant près de l’aiguille, peut être
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- poussée contre elle et tournée ensuite à droite ou à gauche de manière à lui faire décrire l’angle que l’on veut, à partir de sa position initiale. Cette petite tige est montée, à la partie supérieure, dans un tube métallique muni d’un ressort de rappel et portant en dehors de la cage un bouton moletté qui lui sert de commande. Pour la manœuvrer on appuie sur le bouton de manière à la faire descendre un peu au-dessous de l’aiguille à droite ou à gauche, puis, en maintenant la pression, on tourne le bouton et on entraîne l’aiguille du côté voulu ; dès qu’on abandonne le bouton, la petite tige remonte sous l’action du ressort de rappel.
- Pour être guidé dans les déplacements successifs de l’aiguille et pour donner le moyen de connaître la valeur de ces déplacements, M. Hempel a fixé sur le fléau un demi-cercle horizontal, en métal très-mince, ayant son centre sur l’axe de rotation même de l’aiguille, c’est-à-dire en un point placé au milieu du fléau. Cela posé, l’aiguille a été, par exemple, tournée sur le cadran de manière à faire avec le fléau un angle aigu et arrêtée, par tâtonnement, dans une position telle que son poids additionnel fasse équilibre à 1 0 milligrammes placés sur le plateau de droite de la balance ; puis on n’a plus mis que 9 grammes sur le plateau, et la position correspondante de l’aiguille a été marquée sur le demi-cercle, et l’on a continué ainsi successivement en diminuant, chaque fois, d’un gramme, jusqu’à 0, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’aiguille soit ramenée dans la direction du rayon perpendiculaire au fléau de la balance. Chaque division de cette graduation peut ensuite être partagée en 2, en 4 ou même en 10 parties, qui correspondront chacune à 1/2, 1/4 ou 1/10 de milligramme. La même opération se répète pour l’autre côté du demi-cercle, en sorte que chaque arc de droite ou de gauche, correspondant à une augmentation de poids de 10 milligrammes, se trouve divisé en parties proportionnelles au sinus des angles de déviation de l’aiguille.
- Nous avons l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. Hempel de son intéressante communication et d’insérer au Bulletin le présent rapport, accompagné d’un dessin représentant la disposition imaginée par cet habile constructeur.
- Signé Silbermann , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 29 juillet 1863.
- Tome XI. — 63e année. 2* série. —
- Février 1864.
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- À l’occasion de ce rapport, permettez-moi, Messieurs, de vous faire connaître une petite modification que j’ai proposé d’apporter dans la forme des subdivisions du gramme. On sait que les petites lames métalliques qui représentent les fractions du gramme se déforment souvent sous l’action de la pince avec laquelle on est obligé de les prendre, en sorte qu’au bout de peu de temps les chiffres indicateurs qu’elles portent deviennent illisibles et il en résulte quelquefois des erreurs de lecture. Voici donc la modification que j’ai proposée, et dontM. Hempel a déjà eu l’occasion de faire plusieurs applications ; le dessin ci-dessous en donne la représentation exacte.
- On voit que le gramme se compose, comme à l’ordinaire, d’une lame carrée ; le demi-gramme est la moitié du carré prise dans le sens de la diagonale.
- Le double décigramme est à peu près le double du carré qui représente 1 décigramme, et le demi-décigramme ou 5 centigrammes est formé comme le poids de 5 décigrammes de la section diagonale du décigramme, et ainsi de suite pour les autres subdivisions.
- Légende relative au système de balance de M. Hempel.
- La figure suivante est une vue perspective partielle de la balance avec indication de la cage qui la renferme.
- AA, fléau de la balance.
- BB, cage de la balance.
- C, tige filetée fixée au milieu du fléau, au-dessus du couteau central et portant les deux boutons-écrous qui servent à relever ou à abaisser le centre de gravité de ce fléau.
- D, aiguille horizontale mobile, ayant son centre de rotation au pied de la tige C.
- E, demi-cercle gradué sur lequel se meut l’aiguille D; ainsi qu’on l’a dit dans le
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- ARTS CHIMIQUES.
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- rapport, le zéro de la graduation se trouve à l’extrémité du rayon perpendiculaire au fléau.
- F, tige à baïonnette servant à conduire l’aiguille sur le cadran.
- G, bouton de commande servant à manœuvrer la tige F du dehors de la cage.
- (M.)
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Salvétat, au nom du comité des arts chimiques, sur les procédés de gravure a l’acide fluorhïdrique présentés par M. Kessler, à Champerey-Neuilly (Seine).
- M. Kessler, ingénieur-chimiste, a soumis à l’examen de la Société des spécimens de gravure à l’acide fluorhydrique exécutés par ses procédés dans les cristalleries de Baccarat.
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- J’ai l’honneur de vous faire, au nom du comité des arts chimiques, le rapport suivant :
- Les travaux de M. Kessler ont conduit à développer considérablement la gravure sur verre et cristal, quelle que soit la forme de l’objet sur lequel on opère. Une visite attentive du magnifique dépôt de Baccarat, rue de Paradis-Poissonnière, prouve que presque toute la fabrication nouvelle, en ce qui concerne surtout l’éclairage, est décorée par son intermédiaire.
- L’emploi de l’acide fluorhydrique pour graver le verre n’est pas nouveau ; les procédés dont nous avons à vous entretenir portent donc, non sur le principe en lui-même, mais sur des détails qui sont essentiellement pratiques et du plus grand intérêt.
- Une description sommaire du procédé permettra de comprendre la nature des opérations qu’il comporte et les conditions qu’il est urgent de remplir pour arriver au succès.
- Le procédé se compose de trois parties principales :
- La confection de la planche d’impression, la fabrication de l’encre réserve, l’impression et le décalquage.
- De la préparation de la planche d'impression.
- La planche d’impression est plate, la gravure profonde; les planches en métal seraient coûteuses ; on préfère la pierre lithographique ou le marbre.
- La surface étant bien dressée et polie à la ponce, on peint, à l’aide du pinceau, le dessin qu’on veut reproduire; on mord à l’acide, toutes les parties qui n’ont pas été recouvertes de bitume sont creusées sur une profondeur de 1/2 à 1/3 de millimètre au bout de dix minutes d’immersion. Pour les dessins d’une grande finesse d’exécution, on a recours aux planches métalliques.
- Encre réserve.
- La plus grande difficulté que l’auteur ait dû vaincre se rencontre dans les conditions auxquelles doit satisfaire la composition de l’encre. Elle est formée de deux matières, l’une fluide et visqueuse; l’autre solide, faisant fonction d’épaississant. Il faut, en effet, que l’encre soit assez ferme pour qu’étant étendue sur la pierre et pénétrant le dessin elle puisse être coupée dans les creux à fleur des reliefs avec la plus grande netteté.
- Les dosages qui réussissent le mieux sont :
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- ARTS CHIMIQUES.
- Acide stéarique. . . .
- Bitume de Judée. Essence de térébenthine.
- 2 parties.
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- On fait fondre, on agite, puis on laisse refroidir en agitant encore pour troubler la cristallisation et donner au mélange un grain fin et serré. Aucune réserve ne résiste mieux à l’action de l’acide fluorhydrique.
- Impression et décalquage.
- On imprime sur papier demi-pelure glacé; on installe la pierre sur un chariot garni de plusieurs épaisseurs de drap, et l’on en recouvre toute la surface avec l’encre dont la composition précède. A l’aide d’une racle en acier fortement trempé, bien dressée, on enlève le surplus de l’encre qui s’est fixée sur les reliefs de manière à ne conserver que l’encrage des creux. On étend sur la pierre une feuille de papier qu’on recouvre d’une lame de caoutchouc vulcanisé, puis plusieurs doubles de flanelle. On presse et enfin on détache lentement l’épreuve; on peut obtenir ainsi des milliers de tirages successifs.
- Avant de passer au décalquage, il faut détruire l’adhérence très-forte que la couche épaisse d’encre contracte avec le papier. On y parvient sans peine en passant l’épreuve sur un bain d’eau qui renferme 1/10 d’acide chlorhydrique. Quand elle est imbibée, on passe rapidement sur la surface d’un bain d’eau tiède ( à 30 ou 10° ), en l’y laissant seulement un temps suffisant pour que les stries de l’encre soient effacées par un commencement de fusion ; le papier perd ainsi toute adhérence avec les parties de l’encre, qui se sépare facilement après le transport.
- Le décalquage ne présente alors aucune difficulté ; le papier se dégage facilement, et quelques heures suffisent pour dessécher complètement l’encre restée sur l’objet à graver; elle doit faire réserve. On peut, à ce moment, plonger la pièce dans un bain d’acide fluorhydrique (1).
- Appliqué désormais à la décoration des verres, des cristaux ou des produits céramiques, ce procédé permet d’obtenir des effets simultanés de cou-
- (1) Il y a plus de vingt ans que, sur la proposition de M. Dumas, M. Brongniart introduisit à Sèvres l’usage de l’acide fluorhydrique liquide pour la gravure du verre et des couleurs de porcelaine. L’acide gazeux avait de nombreux inconvénients ; l’action de l’acide a été régulière, et est devenue pratique le jour où l’acide liquide l’a remplacé dans les ateliers. L’atelier de peinture sur verre établi à Sèvres est devenu le point de départ des fabriques privées qui ont prospéré, tant en France qu’à l’étranger.
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- leur et de gravure. C’est ainsi qu’avec du verre plat triplé, bleu, blanc et jaune, on peut, sur la même pièce, en l’attaquant des deux côtés, produire à volonté toutes les dégradations du bleu, du jaune et du vert, jusqu’au blanc transparent; en dépolissant la surface, on obtient les effets qu’on recherche dans les objets destinés à l’éclairage. Enfin le creux de la gravure se teint facilement au feu, soit au chlorure d’argent, soit au rouge de cuivre.
- Les procédés de M. Kessler ne sont pas simplement basés sur des idées théoriques; l’expérience les a consacrés; ils sont employés actuellement et ils n’ont pas peu contribué, dans ces dernières années, à répandre les produits de Baccarat, auxquels ils ont assuré de nouveaux débouchés.
- A tous ces titres, les travaux de M. Kessler ont paru dignes à votre comité des encouragements de votre Société; en conséquence, il a l’honneur de vous proposer,
- 1° De remercier M. Kessler de sa communication ;
- 2° De voter l’impression du présent rapport dans le Bulletin de la Société.
- Signé Salvétat , rapporteur.
- Approuvé en séance, le 27 janvier 1864.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Gaultier de Claubry, au nom du comité des arts chimiques, sur la raffinerie impériale de Lille construite par M. Violette, commissaire des poudres et salpêtres.
- Me trouvant récemment à Lille pour l’accomplissement d’une mission du Ministre de l’instruction publique, j’ai pu visiter, dans tous ses détails, l’important établissement que venait d’y construire le commissaire des poudres, M. Violette, et vérifier, encore mieux qu’on ne peut le faire à l’aide des meilleures descriptions, tout ce qu’a su y réunir cet habile ingénieur par l’application la plus intelligente de toutes les données de la science.
- En son nom, j’ai eu l’honneur d’offrir à la Société le mémoire qu’il a publié sur cet établissement, et c’est en celui du comité des arts chimiques que je présente aujourd’hui ce rapport.
- Les salpêtres bruts livrés aux ateliers du gouvernement renferment de 8 à 10 pour 100 de produits étrangers; l’eau en constitue la plus grande partie; les sels sont des chlorures de sodium et de potassium, des carbonates de soude et de potasse.
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- S’il ne s’agissait que d’une dessiccation, le travail serait très-facile; la séparation complète des divers sels présente, au contraire, des difficultés sérieuses, lorsqu’on doit opérer sur des masses telles que celles que l’on traite dans ces ateliers.
- On profite, pour le raffinage, d’une propriété remarquable des dissolutions salines qui, à l’état de saturation pour une température donnée, sont impropres à dissoudre, dans la même condition, la moindre proportion des mêmes sels, mais peuvent se charger de quantités plus ou moindres d’autres composés analogues.
- Le salpêtre brut, lavé d’abord dans de grands bassins à l’aide de dissolutions saturées de nitre provenant du roulement des opérations, est ensuite traité à chaud par de l’eau de pluie, et la liqueur, brassée avec un peu d’eau gélatineuse, donne naissance à des écumes qui entraînent toutes les substances insolubles. Après l’enlèvement de ces écumes, la dissolution est agitée dans les cristallisons dans lesquels le nitre se dépose sous forme de cristaux microscopiques qu’on réunit dans des bacs en bois où il s’égoutte et achève de se purifier par le moyen d’arrosages effectués avec une dissolution de ce sel très-pur.
- Il n’exige plus qu’une dessiccation pour être embarillé.
- Le salpêtre ainsi raffiné ne renferme que \ /20000 de chlorure.
- Les eaux de lavage du salpêtre brut sont évaporées pour en séparer le se marin et agitées dans les rafraîchissons d’où le sel obtenu rentre dans le roulement avec Je salpêtre brut. Comme elles renferment souvent, à Lille, 3 à 4 kil. par hectolitre de carbonate de soude qui provient de la décomposition du nitrate par le salin brut des betteraves, on les sature par de l’acide chlorhydrique, le chlorure produit étant facile à séparer du nitre.
- Ce qui doit surtout fixer l’attention, dans le grand établissement dont nous nous occupons, a trait non aux opérations en elles-mêmes qu’on pratique depuis longtemps dans les ateliers de l’État, mais à l’agencement auquel M. Violette a appliqué tout ce que les perfectionnements des industries mécaniques et chimiques ont pu lui fournir d’éléments utiles, et nous ne croyons pouvoir mieux les caractériser qu’en citant ici, de son mémoire, un exposé qui les fera parfaitement apprécier.
- « Les chemins de fer sont largement distribués dans l’établissement; c’est « par eux que se font exclusivement tous les transports de matières, sal-« pêtres, merrains, cercles, charbon, barils, cendres; l’ouvrier pousse « le waggon dans toutes les directions, aussi bien dans les cours que dans les « ateliers. Le transport à bras est complètement supprimé.
- « Celui des eaux, soit pures, soit salpêtrées, se fait par pentes naturelles,
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- « dans des rigoles élevées qui dominent les ateliers ; des pompes aspirantes « mues par la main de l’ouvrier élèvent à la hauteur convenable ces eaux, « qui se divisent par des rigoles dans toutes les parties de l’établissement. Le « transport des eaux à bras est supprimé et la manœuvre des robinets suffit à « cette large distribution.
- « Les eaux pluviales, bien plus pures que celles des puits, qui ren-« ferment beaucoup de sels calcaires, sont rassemblées dans une citerne de «2,000 hectolitres; elles proviennent de toutes les toitures qui présentent <i une surface de 4,025 mètres carrés.
- « Une seule cheminée reçoit les produits de la combustion de tous les « foyers ; le tirage y est considérable et l’air chaud s’en écoule à la tempérant ture de 100° environ. Cette disposition a parfaitement réussi; elle se re-« commande par sa simplicité, permet d’utiliser la chaleur des fourneaux, « en faisant longuement circuler l’air chaud sous des bassins et d’en absorber « la chaleur avant de l’abandonner dans la cheminée. Il en résulte unetrès-« grande économie de combustible. »
- La superficie occupée par la raffinerie est d’un hectare environ; tous les magasins et ateliers y sont distribués de manière à l’utiliser de la manière la plus favorable, en même temps que les produits bruts ou purifiés et tout objet nécessaire à la fabrication n’ont jamais à supporter des mouvements sans résultat utile.
- Les magasins contiennent 3 millions de kil. de salpêtre brut et 200,000 kil. de salpêtre raffiné. Les ateliers peuvent raffiner 1,500,000 kilog. par an. La tonnellerie fournit annuellement aussi 12,000 barils.
- Divers déchets provenant des poudrières, des matières salpêtrées ou d’artifice f des poudres avariées ou saisies sont destinés à fournir le nitre qu’ils renferment; deux chaudières spéciales sont destinées à cet usage; les dissolutions qui en proviennent font retour au roulement général.
- Non-seulement chaque atelier est pourvu de tous les ustensiles nécessaires aux travaux qu’on y pratique, mais dans chacun les ouvriers ont à leur disposition les seuls objets nécessaires, rangés sur des râteliers en bois; un seul coup d’œil suffit pour en vérifier l’état. L’excessive propreté qui règne dans toutes les parties de l’établissement présente un spectacle digne d’être signalé, surtout quand on songe à la variété des travaux, aux masses de produits sur lesquels on opère, et au nombre des ouvriers qui y sont employés.
- La raffinerie de Lille est un modèle qu’on ne saurait trop signaler et qui trouvera des imitateurs dans les pays étrangers, et si, par un sentiment de modestie dont on citerait rarement des exemples, M. Violette a cru devoir dé-
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- clarer « que c est grâce au concours de tous qu’il est parvenu à accomplir « l’œuvre qui lui était confiée, en faisant appel à un grand nombre pour l’ai-« der dans cette entreprise : aux architectes, pour les bâtiments; aux méca-« niciens, pourles chemins de fer, pompes, waggons ; aux chaudronniers, pour « le matériel considérable en cuivre; aux ingénieurs, pourles mille détails « d’exécution ; aux ouvriers, pour tout le soin de la pratique. Je n’ai eu, ajoute-« t-il, d’autre mérite que de conduire ces forces et de diriger ces efforts ; » tous ceux qui visiteront la raffinerie de Lille lui en attribueront un autre, celui d’avoir conçu et réalisé la disposition d’un établissement qui ne connaît pas de pareil, et dont l’importance sera facilement appréciée par tous ceux qui pourront y suivre les travaux dont nous n’avons été à même que de donner une légère idée.
- Le comité a l’honneur de vous proposer :
- 1° D’adresser des remercîments à M. Violette ;
- 2° D’ordonner l’insertion du présent rapport au Bulletin.
- Signé Gaultier de Claubry, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 27 janvier 1864,
- ARTS CHIMIQUES.
- Études sur les vins : deuxième partie : des altérations spontanées ou maladies des vins, particulièrement dans le jura; par M. L. Pasteur(1).
- « Le vignoble du Jura produit des vins rouges de qualités très-diverses et des vins blancs ordinaires ou de nature particulière, tels que vins blancs mousseux, vins clairets, vins jaunes ou vins dits de garde de Château-Chalon et d’Arbois. Ces derniers, d’un prix assez élevé, sont des vins analogues au madère sec, et doués d’un bouquet très-agréable.
- « Les altérations spontanées ou maladies des vins ne proviendraient-elles pas de ferments organisés, de petits végétaux microscopiques, dont les germes se développeraient lorsque certaines circonstances de température, de variations atmosphériques, d’exposition à l’air,.. permettraient leur évolution ou leur introduction dans les vins? Tel est le principal objet que j’ai eu en vue , dont l’idée m’avait été suggérée par mes recherches de ces dernières années.
- (1) Voir Bulletin de janvier 1864, p. 36.
- Tome XI. — 63e année. 2e série. — Février 1864. 13
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- ARTS CHIMIQUES.
- « Je suis arrivé, en effet, à ce résultat que les altérations des vins sont corrélatives de la présence et de la multiplication de végétations microscopiques. Il m’a paru utile de dessiner ces végétations dans une planche jointe à cette Note (voir planche 292), en y ajoutant les ferments organisés de quelques autres fermentations, afin que l’on puisse comparer entre elles les formes de ces diverses productions que je vais décrire succinctement.
- § I. — Des vins acides.
- « Le Mycoderma aceti est la cause de l’acidité que prennent en tonneau les vins rouges ou blancs du Jura. J’ai reconnu sa présence à la surface de tous les vins, en nombre considérable, qui m’ont été signalés comme vins acides, vins qu’il ne faut pas confondre avec les vins dits tournés ou montés.
- « La fig. 1 représente le Mycoderma aceti. Ce végétal est formé d’articles courts, légèrement déprimés vers le milieu, et dont la longueur est un peu plus que double de la largeur. Ces articles sont réunis en chapelets qui, malgré la dislocation qu’amène la prise d’essai et l’observation microscopique, ont souvent de grandes longueurs pouvant atteindre 20, 30, 40..... fois la longueur d’un article. Celle-ci est de 0mm,0015 environ; elle varie un peu avec la composition de la liqueur et avec l’âge des articles.
- « Deux circonstances permettent d’expliquer le développement du Mycoderma aceti à la surface des vins du Jura. 1° Les vins blancs appelés vins jaunes ne se confectionnent bien que dans des tonneaux qui sont en vidange; 2° l’usage du pays est de ne pas ouiller les vins, soit communs, soit de qualité supérieure. Or j’ai constaté qu’un vin ordinaire quelconque ne peut être conservé dans un tonneau en partie vide, alors même que le tonneau est bondonné fortement, sans que toute la surface du vin soit recouverte de Mycoderma vini (fleurs du vin), ou de Mycoderma aceti (fleurs du vinaigre), ou d’un mélange de ces deux Mycodermes.
- a Lorsqu’un vin tend à l’acidité, on ne peut bien étudier que sur place la cause de son altération, parce que le Mycoderma aceti se forme toujours à la surface et non dans la masse du vin. On enlève la bonde, et, à l’aide d’une baguette de verre, on prélève une goutte de vin. La pellicule mycodermique laisse sa trace sur la baguette, et on l’observe au microscope. Je vais passer en revue les circonstances qui peuvent se présenter.
- « Premier cas. — Je suppose que le Mycoderma aceti de la fig. 1, pur, sans mélange, se montre seul. Les vins jaunes en offrent de fréquents exemples. Il n’y a pas de doutes à garder. Le vin est malade et en voie de s’acétifier. J’ai trouvé dans ces nouvelles études une confirmation précieuse de celles que j’ai intérieurement présentées à l’Académie au sujet de la fermentation acétique proprement dite.
- « Si le mal est assez avancé pour que la saveur du vin accuse une acidité très-prononcée , il est irréparable. Le mieux alors est d’enlever la bonde du tonneau en la laissant inclinée sur l’ouverture, afin que l’acétification continue plus facile, plus rapide, et que le vin se transforme complètement en vinaigre.
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- «c L’acétification est-elle peu prononcée encore, on peut rétablir le vin en saturant l’acide acétique par une solution concentrée de potasse caustique pure. A cet effet, après avoir déterminé exactement le titre acide du vin malade, et celui d’un vin analogue de bonne qualité, on sature la différence des deux titres acides par la potasse. Cette opération réussit toutes les fois que l’acidité due à l’acide acétique ne dépasse pas 2 grammes environ d’acide acétique par litre. Je noterai en passant cette circonstance digne d’attention, que le bouquet des vins jaunes n’est nullement altéré par un commencement d’acétification. Il reparaît avec toute sa force première dès que la saturation par l’alcali a eu lieu.
- « Enfin, si l’acétification n’est pas sensible au goût, et indiquée seulement parla présence au microscope d’articles de Mycoderma aceti en voie de développement, il faut soutirer le vin, en ayant le soin d’arrêter à temps le soutirage pour ne pas introduire dans le nouveau tonneau la pellicule de la surface du premier.
- « Deuxième cas. — Si l’étude microscopique de la pellicule du vin offre les végétations fig. 2, fig. 5 et fig. 3, ou d’autres variétés analogues, le Mycoderma vini (fleurs du vin) est seul développé. Ces figures représentent diverses variétés de cette plante formée de cellules globuliformes, ou d’articles plus ou moins allongés et rameux dont le diamètre varie de 0mm,002 à 0mm,006, et qui se reproduisent par bourgeonnement. Dans cette circonstance, et malgré la fonction physiologique de cette production, que j’ai fait connaître antérieurement à l’Académie, le vin n’a rien de fâcheux à redouter. Je réserve même la question de savoir si la fleur du vin, se développant dans des conditions aussi particulières, n’offre pas des avantages. Je me bornerai à faire remarquer aujourd’hui que la présence de ce Mycoderme apporte un changement profond aux rapports qui existent entre le vin et l’oxygène de l’air, comparativement à ce qui se passe lorsque la pratique souvent répétée de l’ouillage empêche d’une manière absolue la formation du Mycoderma vini. Telle est, en effet, dans ma manière de voir, l’influence principale de l’ouillage. Cette pratique s’oppose au développement de la fleur du vin, et il en résulte une mise en œuvre très-modifiée de l’oxygène de l’air pénétrant par endosmose par les douves du tonneau. On comprendra mieux ces obser vations si l’on se reporte à la première partie de ma communication.
- « Je puis être plus explicite en ce qui concerne les vins jaunes,et affirmer sans hésitation que la variété de Mycoderma vini, fig. 3, est indispensable à la bonne confection de ces vins; car, en faisant développer ce Mycoderme sur des vins artificiels, j’ai fait naître d’une manière non douteuse une partie du bouquet propre au vin jaune. Aussi je crois pouvoir conseiller de semer à la surface du vin, préparé pour vin jaune, le Mycoderma vini emprunté à la pellicule d’un bon vin blanc ou jaune, dans laquelle le microscope n’aura pas accusé le mélange d’articles de Mycoderma aceti. Le Mycoderma vini joint d’ailleurs à sa vertu propre celle de mettre en quelque chose obstacle à la propagation du Mycoderma aceti. Car il n’y a pas d’autre alternative que celle dont j’ai parlé. Le vin placé dans un tonneau que l’on n’ouille pas est forcément recouvert d’une pellicule mycodermique, constituée par l’un ou l’autre des deux Myco-dermes, ou par leur mélange. Si donc le Mycoderma vint apparaît le premier, circon-
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- stance que l’on peut favoriser par l’ensemencement, il y aura beaucoup de chances pour qu’il utilise à son profit exclusif l’oxygène qui pénètre peu à peu dans le tonneau, et qu’il nuise d’autant à la formation de son congénère (1).
- « Troisième cas. — Je suppose enfin que le microscope offre un mélange analogue à celui de la fig. k. C’est le mélange des deux Mycodermes, fleurs du vin et fleurs du vinaigre. Je l’ai rencontré sur les vins jaunes et sur les vins rouges très-fins. Il est rare sur les vins rouges ou blancs ordinaires, à moins que l’on ne détermine dans le tonneau une vidange pour ainsi dire sans cesse renouvelée, comme il arrive toutes les fois que l’on tire à même à un tonneau pour les besoins journaliers.
- « Les vins rouges communs ne portent que le Mycoderma vini parce que ce végétal se multiplie avec d’autant plus de facilité que les vins sont plus chargés de matières azotées et extractives. Mais lorsque le vin rouge est vieux, d’un très-bon sol ou d’une très-bonne année, circonstances qui contribuent à le rendre dépouillé de ces matières étrangères, le Mycoderma vini ne se développe plus que péniblement à sa surface et se mêle volontiers au Mycoderma aceti. Alors se déclare l’acétification. C’est ainsi que se perdent fréquemment les meilleurs vins rouges du Jura lorsqu’on les conserve longtemps en tonneau. S’ils restent couverts de Mycoderma vini pur, sans mélange, ils prennent une qualité supérieure et acquièrent le goût des vins jaunes par des motifs analogues à ceux que j’ai tout à l’heure indiqués.
- § II. — Des vins qui restent doux après la fermentation.
- « La fig. 6 représente une variété de levure alcoolique fort intéressante. Il arrive assez souvent, principalement dans le Jura où les vendanges se font vers le 15 octobre, saison déjà froide et peu favorable à la fermentation, que le vin est encore doux au moment de Yentonnaison. Cela se présente surtout dans les bonnes années où le sucre est abondant et la proportion d’alcool élevée, circonstance qui nuit à l’achèvement complet de la fermentation, lorsque celle-ci s’effectue à température basse. Le vin reste doux en tonneau, quelquefois pendant plusieurs années, en éprouvant une fermentation alcoolique insensible. J’ai toujours reconnu dans ces vins le ferment fig. 6. C’est une sorte de tige avec rameaux d’articles de distance en distance, lesquels sont terminés par des cellules sphériques ou ovoïdes qui se détachent facilement et forment comme les spores de la plante. On voit rarement le végétal aussi complet que le représente la fig. 6, parce que ses diverses parties se disloquent, comme cela est indiqué dans la moitié droite de la figure.
- § III. — Des vins amers.
- « La fig. 7 représente le ferment qui détermine la maladie désignée sous le nom <Yamertume des vins, goût de vieux.....Ce sont des filaments noueux, branchus, très-
- (1) Cela n’arrive toutefois que dans les cas de nourriture abondante. Si le Mycoderma vini n’a pas d’aliments en quantité suffisante, il se mêle rapidement au Mycoderma aceti, lequel vit à ses dépens. Je reviendrai bientôt sur ce fait que j’ai déjà traité, mais imparfaitement.
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- contournés, dont le diamètre atteint quelquefois 0mm,004 et qui varie depuis cette limite jusqu’à 0mra,0015 environ. Ces filaments sont ordinairement associés â une foule de petits grains bruns, sphériques, ayant à peu près 0mm,00l8de diamètre. J’ai étudié des vins amers de toutes les provenances, et j’y ai reconnu constamment la présence de ce curieux végétal, en quantité variable avec l’intensité de l’amertume du vin.
- « Cette maladie n’est pas rare dans les vins vieux du Jura; mais elle est plus fréquente dans les vins de Bourgogne. Ce sont les meilleurs vins qui en sont atteints de préférence. Je n’en ai pas vu encore d’exemple dans les vins blancs.
- « J’ignore quant à présent sur quels principes le ferment porte son action, et quelle est la substance qui développe le goût d’amer. Serait-ce le tanin ou les matières azotées? Je n’ai à ce sujet que des idées préconçues. Ce ferment ne produit pas de gaz en quantité appréciable.
- « Je ne suis pas davantage en mesure d’indiquer un remède à cette maladie. Je ne puis que conseiller une étude microscopique périodique des dépôts des tonneaux, ou d'une bouteille isolée si le vin est en bouteille. Un peu d’habitude dans l’examen des dépôts des bouteilles au travers du verre fait soupçonner facilement le mal lorsqu’il existe : le dépôt est noir et flottant. Le dessin de la fîg. 7 sera un guide sûr pour l’observation microscopique. Aucune des autres végétations ne peut se confondre avec celle-ci.
- « Si le microscope accuse la présence naissante du ferment, le vin devra être immédiatement collé, puis remis en bouteille.
- « Il faut attribuer en partie les pratiques si répandues du soutirage et du collage à l’utilité de l’aération des vins pour les améliorer et les vieillir (voir la première partie de ma communication), et à la nécessité de la précipitation des ferments parasites, afin d’éviter leurs maladies.
- § IY. — Des vins tournés.
- « La fig. 8 représente le ferment de la maladie des vins dits tournés, montés, qui
- ont la pousse, etc....Le terme par lequel on désigne celte maladie varie un peu avec
- les localités. Les vins rouges de toute nature, même les vins blancs, sont sujets à cette maladie.
- a Ce sont des filaments très-ténus, qui ont souvent moins de 1 millième de milli-m être de diamètre. Je les ai mélangés dans la figure à quelques globules ou articles de la levûre alcoolique du vin. Ces filaments, étant extrêmement légers, flottent dans le vin et le troublent. Aussi est-on dans l’habitude de regarderie trouble du vin dit tourné comme étant produit par la lie qui est remontée dans le vin. Il n’en est rien. Le trouble est dû au ferment, fig. 8, qui s’est propagé peu à peu dans toute la masse du vin. On comprendrait cependant que dans certains cas, très-rares, car je n’en ai vu aucun exemple, la lie pût remonter et se mêler au vin par l’effet de la maladie, parce que le ferment dont il s’agit donne lieu à un faible dégagement de gaz.
- «Depuis l’année 1858, j’avais reconnu, dans des vins du Jura qui s’étaient altérés en bouteille, l’existence d’un ferment filiforme très-différent de la levûre de bière et évi-
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- demment organisé. Mais c’est à M. Balardquel’on doit d’avoir mis en lumière, à propos d’une expertise de vins mal faite, la production fréquente et sur une grande échelle de ce même ferment dans les vins dits tournés du Midi.
- « Au premier examen, le ferment des vins tournés se confond avec celui de la fermentation lactique, surtout lorsqu’il a été agité, brisé et réduit en très-petits filaments ou bâtonnets. Lorsqu’on l’étudie sur place, là où il a pris naissance, et sous ses divers aspects, on constate entre eux certaines différences qui consistent principalement en ce que le ferment des vins tournés est formé de filaments cylindriques très-flexibles, sans étranglements apparents, de véritables fils, non rameux, et dont les articulations sont très-difficiles à distinguer. Le ferment lactique, au contraire, est formé d’articles courts, légèrement déprimés à leur milieu, de telle sorte que pour un certain jour on dirait une série de points lorsque plusieurs articles sont réunis bout à bout.
- « Il ne faut pas exagérer toutefois la distinction des deux ferments d’après ce caractère. On le retrouve à quelque degré dans la plupart de ces productions, à cause du mode de multiplication par fissiparité qui leur est habituel. Aussi je m’empresse de remarquer, à un point de vue plus général, que la nature d’un ferment ne peut être rigoureusement établie que par sa fonction physiologique (1).
- « Comment éviter cette maladie des vins tournés? Cela serait facile à quiconque prendrait le soin d’examiner ses vins de temps à autre au moyen du microscope. Dès que l’on reconnaîtrait dans une goutte de vin quelques-uns des filaments de la fig. 8, il faudrait aérer le Yin par un soutirage qui, le plus souvent, suffit pour opérer la précipitation de tous ces filaments dans l’espace de quelques jours. Ce remède m’a paru assez efficace au début pour que l’on puisse croire que l’oxygène nuit à la vitalité propre du ferment.
- « Il arrive souvent que les vins de Champagne, ou les vins clairets et mousseux du Jura, prennent un goût de piqué très-désagréable. J’ai reconnu que cette altération est constamment produite par le végétal microscopique dont je viens de parler.
- § Y. — Vins atteints des trois maladies précédentes.
- « La fig. 9 représente les trois ferments mélangés des fig. 6, 7, 8. C’est l’indice assuré que le vin a éprouvé successivement ou simultanément trois altérations différentes, circonstance dont j’ai rencontré des exemples fréquents dans des vins qui avaient conservé du sucre après les fermentations tumultueuse et insensible des premiers temps de la préparation du vin.
- § VI. — Vins filants.
- « La fig. 10 représente le ferment des vins blancs filants. Ce sont des chapelets de
- (lj Pour mieux apprécier la différence de structure des ferments dont il s’agit, on pourra examiner simultanément les filaments du vin tourné et les petits articles de ferment lactique que renferme toujours le pain. L’étude de la fermentation panaire est à reprendre. Je la crois lactique et non alcoolique.
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- petits globules bien sphériques, ayant environ 0mm,0012 de diamètre; c’est un des ferments de la fermentation visqueuse. J’ai constaté la présence de ces très-petits globules sphériques dans le dépôt de tous les vins filants que j’ai pu me procurer, et je leur ai trouvé le même aspect et le même volume qu’aux globules qui constituent le ferment habituel des fermentations visqueuses artificielles. Il faudra cependant que des études chimiques rigoureuses viennent confirmer ces données microscopiques.
- § VII.
- « En résumant ces études (première et deuxième parties) dans ce qu’elles ont de plus général, on peut dire que le vin qui est produit par une végétation cellulaire, agissant comme ferment, ne s’altère que par l’influence d’autres végétations du même ordre; et, tant qu’il est soustrait aux effets de leur parasitisme, il se fait, il se mûrit, principalement par l’action de l’oxygène de l’air pénétrant lentement par les douves du tonneau. Sous le rapport pratique, le mieux est d’essayer de prévenir les altérations spontanées des vins. Or, d’après les observations qui précèdent, le microscope sera le guide le plus sûr pour reconnaître l’existence du mal et le spécifier dans sa nature, dès son apparition, c’est-à-dire à un moment où il est toujours possible de le combattre. D’ailleurs, en suivant quelques conseils et quelques précautions très-simples, l’examen microscopique du vin, aidé de la planche ci-jointe, conduira promptement et facilement à un résultat. Je dois ajouter que je ne crois pas que les vins soient sujets à d’autres maladies que celles que j’indique dans cette communication.
- § VIII. — Ferments organisés de fermentations qui ne sont pas propres aux vins.
- «J’ai représenté, dans les fig. Il, 12,13,14,15, des ferments de fermentations qui ne sont pas propres aux vins, mais qu’il n’est pas inutile de connaître, surtout ceux des fig. 11 et 12, afin de ne pas les confondre avec les précédents.
- « Le ferment fig. 11, identique d'aspect et presque de volume avec celui de la fig. 10, est le ferment de l’urée dans l’urine (1). C’est encore un ferment pareil que l’on rencontre le plus souvent dans la fermentation du tartrate droit d’ammoniaque, et aussi dans la fermentation de la levûre de bière avec présence ou absence de carbonate de chaux.
- « Des expériences directes et précises pourront seules établir jusqu’à quel point ces chapelets de grains représentent un seul et même ferment, pouvant vivre dans des milieux neutres, acides ou alcalins, capables de provoquer des fermentations diverses.
- (1) Des expériences précises et longuement étudiées de M. Van Thieghem, agrégé préparateur à l’École normale, démontreront que ces chapelets de grains sont bien décidément le ferment de la fermentation ammoniacale de l’urée. Je n’avais fait que le pressentir, sans en donner des preuves rigoureuses, dans mon Mémoire sur la doctrine des générations dites spontanées {Annales de chimie et de physique, 3e série, t. LXIV, p. 52).
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- « La fig. 12 offre le ferment de la fermentation lactique, mêlé à quelques globules de levûre de bière. Le ferment qui ressemble le plus à celui-ci est sans contredit le Myco-derma aceti. Ce sont, dans les deux cas, des articles à peine étranglés vers leur milieu. Le diamètre est sensiblement le même. La ressemblance de ces deux petits végétaux cellulaires est quelquefois si grande, qu’il me paraît utile de rechercher si ce ne serait pas le même ferment avec deux modes de vie différents, auxquels correspondraient deux manières d’agir distinctes. C’est un point d’une grande importance que j’examinerai avec le soin qu’il mérite. Je dois faire observer cependant que les articles de ferment lactique sont ordinairement un peu plus longs et moins régulièrement étranglés que ceux du Mycoderma aceti.
- « J’ai représenté dans les fig. 13, 14, 15 diverses variétés d’infusoires de la fermentation butyrique. C’est avec regret que je me vois contraint de rendre, par des figures aussi imparfaites, ces curieux vibrions. Il faudrait ajouter à leur forme le sentiment de leurs mouvements, des flexions de leurs corps, des efforts qu’ils paraissent faire volontairement au moment de la reproduction, pour se séparer les uns des autres, lorsqu’ils sont réunis par chaînes d’articles.
- « Ces vibrions peuvent faire fermenter une foule de substances différentes, parmi lesquelles j'ai reconnu dernièrement la glycérine qui fermente sous leur influence avec une facilité remarquable. Et ici encore j’ai constaté que la vie de ces petits êtres pouvait s’accomplir en dehors du contact du gaz oxygène libre.
- « J’ai été secondé dans ces études préliminaires sur les vins, avec beaucoup de zèle et d’intelligence, par MM. Gernez, Lechartier, Raulin et Duclaux, agrégés préparateurs à l’Ecole normale. Qu’ils veuillent bien recevoir ici l’expression publique de mes remercîments et de mon affection. » (Comptes rendus de l'Académie des sciences.)
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- NOTICE STATISTIQUE SUR LES MINES DE HOUILLE DE L’ARRONDISSEMENT DE VALENCIENNES,
- PAR M. VU1LLEMIN, INGÉNIEUR.
- Le bassin houiller du nord de la France traverse l’arrondissement de Douai dans toute sa largeur, de la chaussée de Marchiennes à Bouchain, à la limite du département du Pas-de-Calais, sur une longueur de 20 kilomètres; il y occupe une superficie de 16,000 hectares ou plus du tiers de la surface totale de l’arrondissement.
- La formation houillère y est presque partout recouverte d’une épaisseur de morts-terrains de 135 à 190 mètres, composée de terrains d’alluvions, de terrains tertiaires et crétacés. Le percement des puits à travers cette grande épaisseur de morts-terrains, renfermant des nappes d’eau, présente des difficultés sérieuses et occasionne des dépenses le plus souvent très-considérables. ;
- Les premières recherches entreprises dans l’arrondissement de Douai, pour y dé-
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- couvrir le prolongement des couches de houille exploitées depuis plus de trente ans, à Fresne et à Anzin, dans l’arrondissement de Valenciennes, furent exécutées à Mar-chiennes, puis à Equerchin, en 1752, par la compagnie William Turner. Un puits fut creusé dans cette dernière localité et poussé jusqu’au rocher. Il fut abandonné en 1759, n’ayant point rencontré le charbon.
- Aucune autre recherche ne fut exécutée dans l’arrondissement jusqu’à la fin de 1773.
- Le 11 novembre de cette année, fut signé l’acte de société qui régit encore la compagnie des mines d’Aniche. Le fondateur de cette société était le marquis de Traisne), seigneur de Yillers-au-Tertre, Bugnicourt, Monchecourt et Fraissain.
- Les premiers travaux furent installés d’abord à Villers-au-Tertre, puis à Monchecourt et enfin à Aniche, où la houille fut découverte dans la nuit du 11 au 12 septembre 1778, à la fosse Sainte-Catherine, après cinq années de recherches et une dépense de 247,500 livres.
- De 1778 à 1791, la production des mines d’Aniche ne s’éleva pas annuellement à plus de 40,000 quintaux métriques. Et cependant, dans cet intervalle, des travaux considérables avaient été exécutés et le chiffre des dépenses porté à plus de 1,300,000 livres.
- La situation de la compagnie d’Aniche n’était rien moins que prospère ; la révolution française, suivie de l’émigration de la majeure partie des sociétaires, vint aggraver encore cette situation. On vit alors des actionnaires abandonner leur part d’intérêts en payant une indemnité de 6,000 livres par action, pour être déchargés de la responsabilité des dettes qui grevaient la Société.
- En 1805, sous l’impulsion d’un habile directeur, M. Cavillier, l’exploitation avait repris une certaine activité; la production s’élevait annuellement à 200,000 quintaux métriques. Elle était :
- En 1815, de................ 250,000 quint, mét.
- 1820, de................ 300,000 —
- 1830, de................ 350,000 —
- En 1838, la production des mines d’Aniche était redescendue à 250,000 quintaux métriques. A cette époque, de nouveaux intéressés entrèrent dans l’entreprise; ils y apportèrent de nouveaux capitaux, commencèrent de nouveaux puits, et la production s’éleva successivement :
- En 1845, à.................. 650,000 quint, mét.
- 1850, à................. 1,083,000 —
- 1855, à................. 2,053,000 —
- 1860, à................. 2,350,000 —
- 1862, à................ 3,300,000 —
- Les résultats obtenus jusqu’en 1837, par la compagnie d’Aniche, n’étaient pas de nature à encourager les recherches de houille dans l’arrondissement de Douai. A cette époque, quatre sociétés fouillèrent en même temps les terrains situés au midi d’Aniche. Le 29 décembre 1840, une concession leur fut accordée en commun. Elles se Tome XI. — 63e année. 2e série. —• Février 1864. 14
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- réunirent en une seule société, dite compagnie anonyme des mines d’Azincourt. La production de cette compagnie a été successivement :
- En 1843, de................. 275,000 quint, mét.
- 1850, de. ... ............. 312,000 —
- 1855, de................... 468,000 —
- 1860, de................... 343,000 —
- 1862, de................... 387,000 —
- Dans la même année 1837, d’autres compagnies de recherches établirent des travaux àMarchiennes, Yred, Auby, Cantin, Erchin; les anciens puits d’Equerchin et de Monchecourt furent repris. Mais tous ces travaux n’amenèrent aucune découverte utile. Seule, la compagnie des Canonniers atteignit la houille dans son puits de Mar-chiennes; une exploitation y fut même ouverte, puis bientôt abandonnée.
- En 1847, la compagnie de la Scarpe découvrit la houille dans un sondage de l’Es-carpelle. Une concession lui fut accordée en 4846.
- La production de cette compagnie, qui n’était, en 1850, que de 20,000 quintaux métriques, s’est élevée :
- En 1855, à.................. 443,000 quint, mét.
- 1860, à.................. 863,000 —
- 1862, à.................. 1,128,000 —
- La compagnie douaisienne installa deux sondages à Roches en 1855. Ces sondages constatèrent la présence de la partie inférieure de la formation houillère, mais ne découvrirent pas de couche de houille.
- Peu de temps après, la compagnie de Marchiennes installa des sondages à Anthiers, puis à Lallaing, contre la limite de la concession d’Aniche. Le dernier de ces sondages, qui est encore en activité en ce moment, a, dit-on, rencontré la houille.
- A Lauwain-Planques et à Courcelles, la compagnie du midi de l’Escarpelle a exécuté plusieurs sondages qui ont découvert la houille. Cette compagnie est en instance pour obtenir une concession.
- Aujourd’hui trois concessions sont instituées dans l’arrondissement de Douai ; elles comprennent ensemble une superficie de 19,623 hectares, savoir :
- Concession d’Aniche. . . .
- — d’Azincourt. . .
- — de l’Escarpelle,
- Ensemble. .
- 11,850 hectares. 3,052 —
- 4,721 —
- 19,623 —
- L’exploitation de ces concessions s’effectue par 15 puits répartis ainsi qu’il suit :
- Compagnie d’Aniche,
- Compagnie d'Azincourt. . . . Compagnie de l’Escarpelle. . .
- j 6 puits à Aniche, Auberchicourt et Somain ; } 3 puits à Warier et Dechy;
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- 3 puits à Aniche et Monchecourt;
- 3 puits à Rootz, Fiers et Leforest.
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- Ces puits entrent en exploitation à la profondeur de 200 mètres. Tous de création assez récente, leur profondeur maxima ne dépasse pas 350 mètres.
- On exploite dans l’arrondissement deux sortes de houilles : des houilles grasses au sud du bassin, à Azincourt, "Waziers, Dechy etDorignies; des houilles sèches à flamme à Aniche, Auberchicourt, Somain, PEscarpelle et Leforest.
- Il est difficile de préciser le nombre des couches de houille du bassin. Certaines de ces couches exploitées sur un point sont inexploitables sur un autre. A la fosse Gayant, à celles de Dorignies, on a constaté douze couches exploitables dans le faisceau de houille grasse. Dans le faisceau de houille sèche, on en connaît autant. Mais le bassin est loin d’être exploré dans toute sa largeur, et le nombre des couches de houille à y exploiter est bien supérieur au chiffre de 24, actuellement connu.
- L’épaisseur des couches de houille exploitées est comprise entre 0m,40 et 1 mètre. On ne connaît que deux ou trois couches ayant cette dernière épaisseur. La moyenne ne dépasse pas 0m,60 à 0m,65. Heureusement que le nombre des couches fait compensation à leur faible épaisseur; les vingt-quatre couches connues représentent, en effet, ensemble, un massif de houille de 14 à 15 mètres d’épaisseur.
- Ce massif s’étend dans l’arrondissement sur une longueur de 20 kilomètres; exploité sur une hauteur de 400 mètres, il représente un cube de houille de plus de 100 millions de mètres cubes, pouvant alimenter, pendant un siècle, une production annuelle de 10 millions de quintaux métriques, soit le double de la production actuelle.
- Le tableau ci-dessous donne la production des mines de l’arrondissement pendant les treize dernières années. Les chiffres de ce tableau sont extraits des annuaires du département du Nord :
- ANNÉES. ANICHE. AZINCOURT. l’escarpelle. TOTAUX.
- quint, met» quint, mét. quint, met. quint* met.
- 1850 1,083,958 312,151 20,088 1,416,197
- 1851 1,211,399 364,035 280,516 1,815,950
- 1852 1,512,121 335,546 251,715 2,098,382
- 1853 1,716,861 394,401 207,510 2,318,772
- 1854 1,868,114 493,844 316,569 2,678,527
- 1855 2,053,386 468,574 443,450 2,965,410
- 1856 2,234,039 448,839 447,437 3,130,315
- 1857 2,329,509 327,761 518,666 3,175,936
- 1858 2,367,022 329,223 574,226 3,270,471
- 1859 2,813,296 328,262 572,574 3,714’l32
- 1860 2,649,618 343,826 863,165 3,856,609
- 1861 2,879,114 460,432 1,022,347 4,361,893
- 1862 3,300,000 387,000 1,128,000 4,815,000
- L’accroissement total de la production, pendant les douze dernières années, est de 3,399,000 ou de 240 pour 100, soit, en moyenne, par année, de 283,000 quintaux métriques.
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- STATISTIQUE.
- Les annuaires du département fournissent les chiffres suivants pour les ouvriers occupés dans les mines de houille depuis 1850 :
- ANNÉES. ANICHE. AZINCOURT. l’escarpelle. TOTAUX.
- 1850 1306 383 202 1891
- 1851 1366 427 332 2125
- 1852 1395 431 332 2158
- 1853 1588 474 355 2417
- 1854 1705 455 270 2430
- 1855 1747 436 556 2939
- 1856 2020 548 557 3125
- 1857 2141 529 470 3140
- 1858 2238 564 445 3247
- 1859 2305 502 502 3309
- 1860 2288 523 500 3311
- 1861 2277 517 851 3645
- 1862 » » » 1)
- Le nombre des ouvriers employés dans les mines de houille a doublé de 1850 à 1861. Pendant le même temps, la production a triplé; aussi le nombre de quintaux métriques fourni par un ouvrier s’est-il élevé de 750 en 1850 à 1,200 en 1861. Ce résultat est remarquable. Il montre en même temps que les chômages sont beaucoup moindres actuellement qu’en 1850, que des méthodes plus perfectionnées ont été appliquées dans l’exploitation, et enfin que l’ouvrier, mieux rétribué, par conséquent jouissant d’un plus grand bien-être, produit plus de travail.
- Les ouvriers attachés aux mines de houille sont sédentaires, et il est rare qu’ils se
- placent. On constate que, en moyenne, une famille fournit un ouvrier et demi ; de sorte que les 3,645 ouvriers employés en 1861 appartiennent à 2,430 familles. Chaque famille étant, en moyenne, composée de cinq membres, il en résulte que 12,150 personnes, soit le sixième des habitants des quatre cantons de l’arrondissement dans lesquels sont situés les sièges d’extraction, vivent des salaires que procurent les mines de houille.
- Les compagnies d’exploitation ont dû créer, à proximité de leur siège d’extraction, des habitations susceptibles de loger les familles du nombreux personnel qui leur était nécessaire. Le nombre de maisons d’ouvriers ou logements ainsi construits par les compagnies s’élève à 650, habités par autant de familles ou 3,250 personnes, et représentant un capital de 1,300,000 fr. Les compagnies fournissent donc le logement à plus d’un quart de leurs ouvriers, et ce moyennant une rétribution mensuelle de 4 à 5 fr. par maison, composée de deux à 4 pièces, avec cave, grenier et petit jardin.
- La plupart des travaux exécutés dans les mines de houille se font à la tâche, qui est réglée, pour l’ouvrier fait ou le mineur proprement dit, sur un prix de journée fixe correspondant à un travail ordinaire de huit heures.
- Le prix de journée régulateur de la tâche était, en 1830, de 1 fr. 50.
- Il a été élevé successivement :
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- STATISTIQUE.
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- En 1832, à 1 fr. 60
- 1836, à 1 fr. 80
- 1840, à
- 1846, à . . . . . 2 fr. 30
- 1848, à 2 fr. 50
- 1854, à 2 fr. 75
- Dans l’espace de vingt-cinq ans, le prix de la journée a donc augmenté de 83 pour 100.
- Les renseignements manquent pour donner exactement le chiffre des salaires payés par les mines de houille antérieurement à 1861. Mais, d’après les renseignements recueillis dans la principale exploitation, les salaires étaient :
- En 1850..................... 750,000 fr. environ.
- 1855..................... 1,550,000 —
- Pour 1861, ils s’élèvent à.................. 2,550,000 —
- En rapportant les salaires payés au nombre d’ouvriers employés, on voit que le salaire annuel d’un ouvrier était :
- En 1850, de................. 402 francs.
- 1855, de................. 527 —
- 1861, de................. 700 —
- En dix ans, le salaire annuel moyen de l’ouvrier mineur a donc augmenté de 402 à 700 fr., soit de 74 pour 100.
- En admettant trois cents jours de travail dans l’année, le prix moyen de la journée de l’ouvrier employé aux mines ressort, en 1861, à 2 fr. 33.
- Il faut remarquer que ce chiffre est une moyenne qui s’applique aux ouvriers de toute espèce ; que parmi les ouvriers dont il s’agit il y a un grand nombre de jeunes gens, d’enfants de douze à quinze ans, de vieillards, occupés au jour, et dont les salaires sont au-dessous de la moyenne de 2 fr. 33. Par contre, les mineurs proprement dits gagnent, en moyenne, 3 fr. 50, et beaucoup d’entre eux 4 fr. et4fr. 50 par jour.
- Chaque famille de mineur, comprenant, en moyenne, un ouvrier et demi, a donc pour budget de dépense 1,050 fr.
- Il existe dans chaque compagnie d’exploitation de l’arrondissement une caisse de secours, formée d’une retenue obligatoire sur les salaires, d’une cotisation de la compagnie et du produit des amendes. Cette caisse fournit à tout ouvrier malade les soins d’un médecin, les médicaments et un secours en argent généralement de 1 fr. par jour. Elle assure des pensions aux ouvriers âgés devenus impropres aux travaux du fond ou du jour, pensions qui s’élèvent souvent à 300 et 360 fr. par an, et aussi à leurs veuves. Deux enfants par famille sont admis dans les écoles communales aux frais de cette caisse.
- Les ressources de cette caisse de secours sont en raison des salaires payés, et, par suite, considérables. Ainsi, en 1861, elles se sont élevées à plus de 100,000 fr., chiffre
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- permettant de répartir en secours de toute nature 27 fr., en moyenne, par chaque ouvrier, ou 40 fr. par famille.
- Des développements qui précèdent, on est en droit de conclure que les conditions d’existence de l’ouvrier employé dans les mines sont des plus favorables : travail assuré pour lui et les siens pendant toute l’année, salaire élevé, secours en cas de maladie, pension dans les vieux jours, instruction gratuite pour ses enfants, et pour la plupart logement convenable à un prix de location très-bas. A ces avantages il faut ajouter le charbon nécessaire au chauffage, qui est accordé gratuitement par les compagnies à toutes les familles.
- On ne peut dissimuler que le travail de l’ouvrier mineur est pénible ; mais il faut reconnaître que l’administration toute paternelle des compagnies cherche, par tous les moyens, à écarter les difficultés et les causes de danger que présente ce travail.
- La tâche de l’ouvrier est appropriée à ses forces ; d’abord faible, elle augmente successivement, puis elle diminue avec l’âge. Quand l’ouvrier est forcé de quitter le fond, il est occupé au jour.
- La fatigue que l’ouvrier éprouverait à descendre et à remonter par les échelles a été généralement annulée ; l’introduction et la sortie de la mine s’effectuent dans des cages munies de parachutes.
- L’aérage des travaux a atteint toute la perfection désirable par l’emploi de machines qui renouvellent l’air constamment.
- Des chevaux ont remplacé la majeure partie des jeunes gens qui faisaient autrefois le transport souterrain; ceux-ci ont pu être ainsi occupés à un travail plus rémunérateur.
- Un fait incontestable, c’est que la constitution physique du mineur s’est améliorée, dans ces dernières années, d’une manière remarquable, par suite des modifications apportées dans le travail, de l’augmentation des salaires et, comme conséquence, du bien-être.
- L’ouvrier mineur aime son état, qui lui donne une certaine indépendance. II travaille à la lâche, n’est pas astreint à des heures fixes pour le commencement et la fin de son travail, et peut disposer de quelques heures par jour pour se divertir ou s’occuper de travaux de jardinage.
- Les salaires forment la principale dépense de l’exploitation. Mais les mines consomment des quantités considérables de matières dont il est utile de faire connaître les chiffres.
- Elles ont employé en 1861 :
- Perches........................................420,000 fr.
- Autres bois....................................125,000
- Ensemble.................... 545,000
- Huile pour l'éclairage................................ 132,000
- Soit une quantité de 1,320 tonnes de 1 hectolitre.
- Métaux, fer, fonte, acier, cuivre, plomb, zinc, étain. 190,000
- Câbles de mines....................................... 50,000
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- Charbon consommé par les machines, 230,000 quintaux métriques, soit 5 pour 100 de la production.
- L’extraction de la houille s’opère actuellement avec de puissantes machines à vapeur, généralement à deux cylindres horizontaux et de la force de 100 à 150 chevaux.
- Ces machines, adoptées depuis quelques années seulement, ont remplacé presque partout d’anciennes machines de 35 et même 20 chevaux.
- D’autres machines font mouvoir les pompes, d’autres les ventilateurs, etc.
- En 1861, il existait sur les mines 27 machines à vapeur d’une force totale de 1,778 chevaux, répartis ainsi :
- Compagnie d’Aniche, 16 machines.................... 1,173 chevaux.
- — de l’Escarpelle, 6 machines.............. 360 —
- — d’Azincourt, 5 machines.................. 245 —
- En 1861, les mines de houille occupaient 135 chevaux à elles appartenant, sans compter les voitures étrangères qu’elles emploient au transport de leurs produits.
- Sur ces 135 chevaux, 50 sont des petits chevaux des Ardennes, qui transportent les charbons dans les galeries souterraines et ne remontent au jour que lorsqu’ils tombent malades.
- Le chemin de fer transporte la majeure partie des houilles de l’arrondissement; la plupart des fosses sont reliées aux gares de Somain, de Douai et de Leforest par des embranchements ferrés, dont le développement total est de 9 kilomètres. Les waggons de la compagnie du Nord viennent se charger directement aux fosses.
- Il a été expédié des gares de
- Somain. Douai. Leforest* .Ensemble.
- 1858 ............... 2,058,900 265,400 148,700 2,473,000
- 1859 ............... 1,988,750 338,520 134,650 2,461,920
- 1860 ............... 1,861,630 793,300 96,600 2,751,530
- 1867.................. 2,126,910 927,300 195,700 3,249,910
- C’est surtout au départ de Douai que les expéditions ont pris le plus de développement dans ces dernières années. De 265,400 quintaux métriques en 1858, elles se sont élevées à 927,300 en 1861 et ont presque quadruplé en quatre ans.
- L’arrondissement de Douai fournissait au chemin de fer du Nord, jusqu’en 1861, la moitié des houilles qu’il transportait des bassins du Nord et du Pas-de-Calais.
- En 1862, les expéditions des 4,815,000 quintaux métriques produits par les mines de l’arrondissement se sont réparties ainsi qu’il suit :
- Chemin de fer................ 3,250,000 quint, mét.
- Canaux....................... 1,100,000 —
- Roules de terre................. 465,000 —
- 4,815,000 —
- On remarquera que le transport par voitures figure pour un chiffre peu important $ mais il faut observer que beaucoup d’usines de l’arrondissement reçoivent leurs
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- houilles aux gares des chemins de fer ou des canaux situés à leur proximité; elles y envoient leurs voitures plutôt que de les envoyer aux fosses.
- Les embarquements des houilles se font presque exclusivement à Douai, au Mariage et à Dorigny, où les compagnies d’Aniche et de l’Escarpelle ont établi des rivages importants.
- La statistique de diverses industries permettra d’établir la consommation de houille de l’arrondissement. En attendant, la consommation pour le chauffage domestique peut être évaluée ainsi qu’il suit :
- Octroi de la ville de Douai.
- ANNÉES. CONSOMMATION domestique assujettie au droit d'entrée. CONSOMMATION des établissements industriels exemptés du droit d'entrée. ENSEMBLE.
- Hectolitres. Hectolitres. Hectolitres.
- 1855 243,726 73,902 317,628
- 1856 239,620 99,356 338,976
- 1857 224,021 91,030 315,051
- 1858 258,537 97,075 355,612
- 1859 253,304 99,542 352,846
- 1860 247,343 101,411 348,754
- 1861 265,949 108,899 374;848
- 1862 266,051 113,866 379,917
- Moyenne. 249,818 98,135 347,953
- La population de la ville de Douai est de 24,486 habitants. Chacun d’eux consomme, en moyenne, 10 hectolitres ou 9 quintaux métriques.
- Appliqué aux 103,051 habitants de l’arrondissement, ce chiffre donne 927,429 quintaux métriques pour la consommation totale de la houille dans le chauffage domestique, ou 20 pour 100 de la production.
- Le tableau ci-dessous montre que de 1855 à 1862 la consommation de la houille, dans la ville de Douai, a augmenté :
- Pour le chauffage domestique, de.............. 22,325 hectolitres, ou près de 10 pour 100.
- Pour les établissements industriels, de...... 39,964 — 54 —
- Et sa totalité, de.............................62,289 hectolitres, ou près de 20 pour 100.
- Ce résultat est une preuve de plus du mouvement industriel qui s'est produit à Douai dans ces dernières années.
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- En 1800, la houille tout-venant se vendait, sur le carreau, 30 sols l’hectolitre comble,
- soit 1 fr. 50 le quintal métrique ;
- 1810, 29 sols l’hectolitre comble, soit 1 fr. 45 —
- 1820, 1 fr. 70 — 1 fr. 70
- 1830, 1 fr. 50 — 1 fr. 50
- 1840, 1 fr. 35 — 1 fr. 35
- 1850, 1 fr. 20 l’hectolitre ras, soit. . . 1 fr. 35
- 1860, 1 fr. 40 — 1 fr. 55
- 1861, 1 fr. 30 — 1 fr. 44
- Ces prix s’appliquent à la vente au détail par voitures; mais, depuis 1840, des primes de 5 à 20 centimes par hectolitre sont allouées sur ces prix aux marchands ou aux industriels qui achètent des quantités importantes.
- Pendant les soixante-trois dernières années, les prix de vente au détail n’ont pour ainsi dire pas varié, et la consommation domestique paye aujourd’hui le charbon à peu près au même prix qu’en 1800.
- L’exploitation des mines a cependant fait bien des progrès depuis le commencement de ce siècle; mais toutes les améliorations qu’elle a réalisées n’ont eu pour résultat que de compenser le renchérissement de la main-d’œuvre et des principaux objets de consommation. Le même fait s’est produit dans l’agriculture; le prix du blé n’a pas sensiblement varié depuis 1800.
- Pour l’année 1862, le prix moyen de vente des houilles est ressorti à 1 fr. 30 le quintal métrique. La production ayant été de 4,815,000 quintaux métriques, la valeur créée par l’industrie houillère de l’arrondissement est de 6,260,000 fr.
- Ce chiffre paraît tout d’abord peu considérable; mais il faut remarquer que la matière première, les couches de houille déposées dans le sein de la terre, n’a pas de valeur proprement dite 5 par suite, le produit est entièrement créé par le travail de leur exploitation.
- Dans le bassin du Nord et du Pas-de-Calais, l’établissement d’une exploitation produisant 100,000 tonnes annuellement exige, dans les conditions ordinaires, un capital de 5,500,000 fr., qui se décompose ainsi (1) :
- Trois puits avec terrains, bâtiments et machines, à 600,000 fr. l’un. 1,800,000 fr.
- Logement pour un tiers de ses ouvriers : 250 maisons, à 2,000 fr. l’une. . 500,000
- Ateliers, magasins, bureaux, outillage et approvisionnements......... 350,000
- Chemin de fer, pavés, port d’embarquement............................. 350,000
- Fonds de roulement..................................................... 500,000
- Total comme ci-dessus.................................... 3,500,000
- La production des mines de l’arrondissement a été, en 1862, de 4,815,000 quintaux métriques; le capital engagé dans cette industrie est, par suite, de 16,850,000 fr.
- Ce chiffre est plutôt trop faible que trop élevé, ainsi qu’il résulte de la valeur attri buée par l’opinion publique aux actions des compagnies d’exploitation.
- (1) Situation de l’industrie houillère en 1860, par le comité des houillères françaises.
- Tome XI. — 63e année. 2e série. — Février 1864. 15
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- STATISTIQUE.
- La valeur vénale de ces actions donne pour le capital engagé dans les mines de houille de l’arrondissement :
- Compagnie d’Aniche, 260 actions, à 56,000 fr. l’une.................. 14,300,000 fr.
- Compagnie de l'Escarpelle, 6,000 actions, à 1,000 fr. l’une.......... 6,000,000
- Compagnie d’Azincourt, 1,500 actions à 800 fr. l’une................. 1,200,000
- Ensemble................................21,500,000
- Résumé.
- Les développements donnés ci-dessus sur l’industrie des houilles dans l’arrondissement de Douai peuvent se résumer ainsi :
- 1° Les premières recherches de mines ont été exécutées en 1752 ; la houille n’a été découverte toutefois qu’en 1778, à Aniche.
- 2° Trois concessions sont établies dans l’arrondissement ; elles occupent 19,623 hectares, ou plus du tiers de la surface de l’arrondissement.
- 3° Ces concessions sont exploitées par quinze puits, qui ont produit, en 1862, 4,815,000 quintaux métriques.
- 4° Elles occupent 3,645 ouvriers appartenant à 2,430 familles représentant 12,150 individus.
- 5° Elles distribuent annuellement en salaires 2,550,000 fr., soit 700 fr. à chacun de leurs ouvriers.
- 6° Elles consomment en outre :
- Perches et bois pour................ 545,000 fr.
- Huile................................. 132,000
- Métaux................................ 190,000
- Câbles................................. 50,000
- Charbon............................... 300,000
- Etc., etc.
- 7° Elles emploient 27 machines à vapeur représentant une force de 1,778 chevaux.
- 8° Elles fournissent au chemin de fer un transport de 3,250,000 quintaux métriques.
- 9° Rien que pour le chauffage domestique, l’arrondissement de Douai consomme plus de 1 million d’hectolitres de houille.
- 10° Le prix moyen de vente en 1861 est de 1 fr. 30 le quintal métrique.
- 11° La valeur créée par l’exploitation des mines est de 6,260,000 fr., représentant uniquement des salaires, des consommations et le bénéfice des exploitants.
- 12° Les capitaux engagés dans les mines de l’arrondissement s’élèvent à près de 17 millions de francs.
- ( Bulletin de la Société de Vindustrie minérale. )
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
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- NOTICES INDUSTRIELLES
- EXTRAITES DES PUBLICATIONS FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES.
- Construction d’une digue à Clascon dans les eaux profondes, par MM. Miller et Bell. — La construction des digues et des môles qui doivent, à la mer, soutenir le choc des vagues est un des principaux problèmes de l’architecture hydraulique, et, comme elle entraîne ordinairement des dépenses extrêmement considérables, on a imaginé un grand nombre de systèmes qu’il est inutile d’énumérer, parce que la plupart sont bien connus-, mais nous allons décrire brièvement la méthode ingénieuse que MM. Miller et Bell viennent d’employer, à Greenock (port maritime de Glascow), pour exécuter dans l’eau profonde une digue très-large et très-longue.
- Selon l’alignement de cette digue, on a commencé par creuser, avec des dragues, deux tranchées parallèles atteignant une profondeur de 4m,27 au-dessous du niveau de l’eau pendant la basse mer. Sur des pieux provisoires on a ensuite établi un plancher pour recevoir les sonnettes à vapeur, les grues mobiles, les autres appareils et les matériaux. On enfonça ensuite, au moyen de la vapeur, des pieux en fonte, espacés de 2m,13 et formant deux rangs parallèles, sur les limites extrêmes de la largeur de la digue projetée. Ces pieux furent battus jusqu’à ce que leurs têtes se trouvassent au niveau le plus bas des eaux pendant le reflux. Les pieux situés vis-à-vis l’un de l’autre furent ensuite reliés par un tirant. Ces pieux portent de chaque côté deux nervures venues de fonte et formant une sorte de coulisse verticale; près du fond, ils portent aussi une saillie. On commença par niveler, au moyen d’une couche de béton, les intervalles qui les séparaient; puis on acheva de remplir ces intervalles avec des dalles de granit, d’une longueur égale à l’écartement des pieux, en sorte que cet écartement, entre deux pieux voisins, se trouve fermé comme par une cloison de poutrelles entre desbajoyers. Ces dalles de granit ont été taillées assez exactement pour ne laisser entre leurs extrémités et les pieux que des points peu ouverts dans lesquels on a coulé du ciment. Elles reposent sur la couche de béton et sur la saillie en fonte qui se trouve au bas des pieux. Elles ont de 0m,46 à 0m,61 d’épaisseur; trois d’entre elles suffisent pour former une épaisseur de 4m,88. Devant ces dalles, on coula ensuite du béton, au moyen de caisses à fond mobile, après avoir construit un enrochement avec des moellons amoncelés, afin d’empêcher le béton de se répandre, avant son durcissement, dans l’intérieur de la digue. Le corps de celte digue a été construit avec des fragments de granit. Lorsque la construction est parvenue au niveau des eaux du reflux, et que son tassement a été achevé, on l’a couverte d’une assise en grosses pierres de granit sur laquelle on a ensuite exécuté, avec du mortier hydraulique, la maçonnerie de la partie supérieure de la digue, dont les parements sont seuls en pierres de taille, l’intérieur étant formé de moellons et de débris. Cet ouvrage, très-solide, n’a donc coûté qu’un prix relativement peu élevé. (Breslauer Gewerbeblatt, et Dingler's Polytechnisches Journal.)
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- NOTICES INDUSTRIELLES.
- Sur une nouvelle matière propre à garnir les boîtes à étoupe dans les machines à vapeur, par M. Unger, de Berlin, et par ]fi. It. Jacobi, mécanicien, à Hettstadt. — On a employé presque exclusivement jusqu’à présent, pour la garniture des boites à étoupe, dans les machines à vapeur, des tresses ou des nattes de chanvre ou de lin, qui, soumises à une température de plusdelOO°C., à une humidité constante, et à un frottement continuel, s’usent avec rapidité. Il en résulte des fuites qui obligent inévitablement de resserrer souvent le chapeau de la boîte, d’ajouter de temps en temps un supplément d’étoupe et même de renouveler complètement la garniture. Quand on resserre le chapeau, on le fait souvent avec plus de force qu’il ne serait nécessaire, et l’excès inutile de pression qui en résulte sur la tige du piston entraîne des frottements irréguliers, et des pertes de puissance qui, surtout dans les boîtes courtes, alternent avec des fuites très-importantes.
- L’auteur ayant, depuis quelque temps, reçu de M. Unger, fabricant d’objets en caoutchouc, à Berlin, une autre matière propre au même usage, consistant en rondelles de différents diamètres, composées alternativement de couches de toile à voile et de caoutchouc vulcanisé, passées ensemble au laminoir, et comprimées en une seule masse, l’auteur, dis-je, résolut d’en faire l’expérience, quoiqu’il lui parût certain que le mélange du caoutchouc devait attaquer et affaiblir beaucoup la toile à voile, et en réduire la durée au-dessous de celle du chanvre ou du lin pur. Le caoutchonc ne lui semblait pas, non plus, présenter une résistance suffisante. Il a, néanmoins, garni de cette manière, pendant cinq mois, les deux boîtes à étoupe dans lesquelles se meut, nuit et jour, la tige en fer forgé du piston d’une machine à vapeur de 20 chevaux, qui travaille sous une pression de lk,78 au centimètre carré et dont la manivelle fait de 14 à 15 révolutions par minute. On a dû, à la vérité, pendant quelques jours, serrer plusieurs fois le chapeau de la boîte, et même, au bout d’une huitaine, achever de remplir la boîte de nouvelles rondelles, mais ensuite la garniture se montra étanche à un tel degré, qu’il suffit de serrer le chapeau de temps en temps, et que ce soin devint même tout à fait inutile au bout de deux mois. Depuis trois autres mois, ces deux boîtes fonctionnent sans avoir laissé apercevoir la moindre fuite, résultat qui, eu égard au travail non interrompu de la machine, est déjà extrêmement satisfaisant et que chaque nouveau jour de marche rend de plus en plus intéressant. On peut même, avec une pleine assurance, supposer que ces conditions se maintiendront encore pendant deux ou trois mois, et même probablement pendant six mois et plus. Si l’on s’arrête à l’évaluation moyenne de six mois en tout, on voit que la durée de cette nouvelle garniture sera quadruple ou quintuple de celle du chanvre et du lin, tandis que la dépense n’est que double.
- L’auteur a fait récemment remplir de cette manière plus de vingt boîtes à étoupe, qui ont donné jusqu’à présent les mêmes résultats, et il estime, par conséquent, que l’emploi de celte nouvelle garniture ne saurait être trop recommandé. (.Dingler’s Polytechnisches Journal.)
- lia commerce du coton dans l’Inde. — M. Samuel Smith, qui a été envoyé dans l'Inde, par une maison de commerce importante, pour étudier la question du
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- coton, a publié en 1863, dans un journal de Liverpool, une série de lettres très-intéressantes qui viennent d’être réunies en brochure.
- Ce n’est guère que depuis la crise américaine, depuis le blocus des ports du Sud, que l’attention des filateurs s’est portée sur le coton de l’Inde. Déjà, en 1862, l’emploi en était recommandé, et l’on peut constater aujourd’hui que, depuis lors, la culture a fait des progrès sensibles un peu partout. Le coton de l’Inde qui, il y a deux ans, occupait à peine le second rang dans la filature anglaise, et qui ne s’employait même pas dans certains pays, en France notamment, est devenu, grâce aux circonstances, l’aliment principal de l’industrie cotonnière de la Grande-Bretagne et du continent. Ses différentes provenances, sa qualité sont maintenant mieux connues; mais ce que l’on ignore généralement, ce que l’on ne connaît encore qu’imparfaitement, ce sont les motifs qui ont empêché l’Inde de remplacer tout d’un coup l’Amérique comme pays producteur, les causes qui contribuent à l’imperfection de qualité, aux mélanges, aux fraudes, aux variétés de la plante et de son produit. Telles sont les questions qu’a abordées M. Samuel Smith et qu’il a traitées en observateur consciencieux et expérimenté.
- Après avoir parlé de l’étendue de la production du coton dans l’Inde, de son futur développement, du commerce auquel il donne lieu dans l’intérieur du pays, de la condition des fermiers qui le cultivent, des causes de son infériorité, du plus ou moins de possibilité de l’améliorer, des transactions qui ont lieu sur le marché de Bombay, etc., l’auteur en arrive à cette conclusion que Y Inde ne peut, comme région cotonnière, remplacer VAmérique, et voici comment il récapitule les raisons sur lesquelles il base cette opinion :
- Le coton cultivé dans l’Inde, dit-il, est essentiellement inférieur à celui de l’Amérique. Cette infériorité n’est pas la conséquence d’une culture défectueuse et d’une graine imparfaite, mais elle résulte principalement et inévitablement des vices du climat et du sol. Le coton indigène de l’Inde est le produit naturel du pays et ne peut être ni remplacé ni matériellement amélioré par des combinaisons humaines. Il pourrait certainement être mieux préparé et arriver en Angleterre en meilleure condition, mais cette amélioration même doit s’accomplir graduellement, et alors l’article de l’Inde sera encore essentiellement inférieur à celui d’Amérique.
- De plus, le rendement du coton dans l’Inde est de beaucoup inférieur à celui de l’Amérique. Un acre (0hect-,40) produit, dans certains districts, 60 livres (27 kilog.); dans d’autres, 70 à 80 livres (31k,50 à 36 kilog.). Cette dernière quantité est considérée comme un bon rapport, et c’est ce que produit environ la graine d’Amérique dans le Darouar; mais, en Amérique, on considère comme une récolte médiocre celle qui donne une demi-balle (220 livres, soit environ 100 kilog.)à l’acre (200 kilog. à l’hectare ), et dans les vallées bordant les fleuves on récolte souvent une balle à l’acre.
- Il y a même peu de probabilité qu’on puisse augmenter beaucoup le rendement dans l’Inde. Le système indigène de culture est lent, mais il est aussi bien adapté au sol qu’aucun mode introduit par les Européens; et, quand même il n’en serait pas
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- ainsi, c’est le seul système qu’on puisse pratiquer sur une grande échelle et celui qu’on emploiera encore certainement pendant bien des années.
- En outre, le prix de revient, comparé à celui des autres produits de la terre, est bien plus grand qu’en Amérique. Quand le coton d’Amérique valait 6 pence (0 fr. 60) la livre (0\45), c’était une récolte avantageuse pour le planteur du Sud; mais quand le coton de l’Inde valait 4 1/2 pence (0 fr. 43), prix relativement égal, c’était une très-mauvaise récolte pour le fermier indien. On en cultivait dans quelques districts seulement; c’était un assolement peu employé et l’on en exportait fort peu. Lorsque le coton de l’Inde n’atteignait pas ce prix, le commerce d’exportation tendait rapidement à s’éteindre; tandis que, si le coton d’Amérique tombait à 4 pence (Ofr. 40), la production ne diminuait pas, car, à ce prix même, le planteur trouvait autant d’avantage en cette culture qu’à toute autre.
- C’est donc au moyen de prix excessifs seulement que l’on peut tirer de l’Inde de grands approvisionnements, et, toutes les fois que les prix retourneront à leur niveau normal, la production diminuera en proportion. Certainement, si les prix restent pendant plusieurs années à 1 schelling (1 fr. 25) et plus la livre, on pourra, à la longue, tirer de ce pays une quantité de coton égale à celle des Etats du Sud de l’Amérique; mais la qualité en sera de plus en plus mauvaise, car le coton à courte soie de l’Inde supérieure fournira une grande partie du coton exporté.
- M. Smith croit inutile de faire remarquer aux manufacturiers de Manchester qu’une quantité suffisante de coton inférieur de l’Inde, à 1 schelling la livre, est une cause de ruine pour l’industrie ; car, avec la matière première à ce prix, la consommation des articles de coton doit diminuer de moitié ou à peu près, et par conséquent la moitié des métiers doit cesser de fonctionner.
- L’auteur résume donc ainsi la question : l’Angleterre et tout le continent doivent supporter des pertes considérables, en ce qui concerne l’industrie cotonnière, tant que le commerce avec les ports du sud de l’Amérique ne sera pas rétabli, car il est évident que les efforts tentés par tous les autres pays seront, au moins pendant des années, aussi impuissants que ceux de l’Inde.
- Cependant, ajoute M. Smith, quoique l’Inde ne puisse remplacer l’Amérique, elle peut fournir un supplément appréciable. Si la guerre se termine sans produire d’anarchie dans le Sud, l’Amérique pourra, sans doute, fournir les deux tiers ou les trois quarts des approvisionnements qu’on en tirait autrefois, lors même qu’un système sage et équitable d’émancipation y serait adopté. Au lieu d’expédier 4,000,000 de balles par an, elle en pourrait fournir 2,500,000 ou 3,000,000, mais à un prix beaucoup plus élevé. Supposons que le coton d’Amérique se vende, pendant quelques années, de 9 à 12 pence (0 fr. 93 à 1 fr. 25) la livre, le coton de l’Inde vaudrait de 7 à 9 pence (de 0 fr. 72 à 0 fr. 93) la livre, et, à ce prix, non-seulement la production actuelle, déjà augmentée, se maintiendrait, mais on serait encouragé à l’accroître encore. A ces prix, l’Inde pourrait fournir à l’Europe 1,500,000 balles au lieu de 500,000, et cette quantité, avec celle que d’autres pays pourraient produire, suppléerait, à peu près, à l’insuffisance du produit de l’Amérique.
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- Préparation dn chlorure de chaux, par 191. C. Schrader. — Voici les conditions que l’auteur indique comme indispensables pour obtenir une bonne préparation de chlorure de chaux, capable de conserver longtemps ses propriétés :
- 1° La chaux employée doit être exempte de fer et d’alumine. L’hydrate peut contenir de 6 à 12 pour 100 d’eau sans nuire au résultat.
- 2° Le chlore doit être dirigé lentement à travers l’hydrate de chaux. Sans cette précaution, l’absorption peut donner lieu à une élévation de température et déterminer la formation d’une certaine quantité de chlorate.
- 3° Lorsque l’hydrate est sursaturé de chlore, le chlorure obtenu se décompose rapidement ; en conséquence, il est indispensable que l’hydrate et le chlore soient employés en proportions convenables, déterminées par la pratique; ces proportions devront nécessairement varier suivant le degré de concentration de l’acide et la pureté du manganèse sur lequel il doit agir.
- 4° L’affinité de l’hydrate de chaux pour le chlore diminue en proportion de l’absorption decegaz; ainsi, à la fin de l’opération, l’appareil devra contenir une certaine quantité de chlore gazeux en liberté, à moins que le chlorure fabriqué ne renferme un excès d’hydrate.
- En ayant égard à ces précautions, on obtiendra un produit qui contiendra de 33 à 35 pour 100 de chlore, bien actif et qui ne perdra que 3 à 4 pour 100 de sa force dans le cours d’une année. ( The Artizan.)
- Du commerce de l’Ivoire en Angleterre. — A la fin du dernier siècle, l’industrie anglaise ne consommait pas plus de 192,600 livres (87,248 kil.) d’ivoire par année. En 1827, cette consommation s’élevait déjà à 364,784 livres (165,247kil.) provenant de 3,040 éléphants mâles, ce qui donne 6,080 dents pesant chacune, en moyenne, 60 livres (27k,180). Aujourd’hui ce chiffre a presque triplé, car il n’est pas moins de 1,000,000 livres (453,000 kil., ce qui représente une chasse annuelle d’environ 8,333 éléphants, laquelle coûte la vie à près de 4,000 hommes.
- Dans le commerce, une dent du poids de 70 livres (31\70) est considérée comme une dent de premier ordre, et cependant, d’après Cuvier, on en aurait trouvé une extraordinaire pesant 350 livres (158k,50). Le cas est rare et l’on en peut juger parles chiffres suivants, relatifs à des dents de différenles provenances arrivées dernièrement sur le marché de Londres :
- Poids.
- Dents provenant de Bombay et du Zanguebar. . , . . de 120 à 122 livres (54k,35 à 55k,25)
- — d’Angola 69 — (31k)
- — du Cap et de Natal 106 — (47t,70J
- — de Lagos et d’Égypte 114 — (51k,30)
- — du Gabon 91 — (40k,95)
- Bien que ces dents soient de belles dimensions, il ne serait pas étonnant cependant qu’on én trouvât de plus belles encore, car depuis quelque temps les chasseurs parviennent à pénétrer plus au cœur de l’Afrique et doivent rencontrer quelquefois les éléphants les plus vieux qui y font leur retraite.
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- II existe en Amérique une maison qui fait le commerce des ivoires et qui en possède souvent de remarquables échantillons. Ainsi en 1851, elle envoya à l’Exposition universelle de Londres un morceau d’ivoire scié qui mesurait 11 pieds de long sur 1 de large (3m,35 sur 0m,30).
- Il y a plusieurs sortes d’ivoire; la plus chère est celle qu’on emploie pour les billes de billard ; celles qui proviennent de la côte occidentale d’Afrique (le Gabon excepté) ont moins d’élasticité et de blancheur ; on les emploie spécialement pour la coutellerie. La conquête de l’Algérie par la France a contribué beaucoup au développement du commerce de l’ivoire dans le nord de l’Afrique, où arrivent avec leur chargement les nombreuses caravanes qui ont traversé le désert. On sait que l’hippopotame fournit aussi de l’ivoire, mais il est de petite dimension et il est plus dur et moins élastique que celui de l’éléphant. (Journal of the Society of arts. )
- lie l’amélioration des fontes au moyen du wolfram, par M. le Caen, chef d’escadron d’artillerie.— Le projet adopté, en 1860, d’armer les côtes de canons rayés en fonte de fer avait rendu opportune l’étude de l’amélioration des fontes. Vers le commencement de 1861, M. le Guen adressait à M. le Ministre de la guerre un mémoire dans lequel il signalait le wolfram comme moyen d’atteindre ce but. A cette époque, il fit, avec du wolfram français, une série d’essais qu’il a répétés plus récemment avec des minerais d’origine française et allemande (1). Le wolfram allemand dont il s’est servi avait la composition suivante :
- Acide tungstique..................... 73,10
- Protoxyde de fer..................... 14,40
- Protoxyde de manganèse................ 9,10
- Silice................................. 3,40
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- L’auteur résume ainsi les résultats auxquels il est arrivé :
- Une fonte grise, mise à fondre dans un creuset avec du wolfram, a acquis son maximum de ténacité à la proportion de 2,50 de minerai pour 100 de fonte; ce maximum s’est trouvé égal au tiers de la ténacité qu’avait la même fonte avant l’alliage.
- Avec la dose de 3 pour 100, la résistance à la rupture est moindre qu’avec la proportion précédente; mais la dureté continue à croître.
- On en déduit par analogie que, lorsqu’on opère sur une fonte dure et très-résistante, il y a lieu de diminuer la quantité de wolfram et de ne pas dépasser la limite de 2 pour 100, comme très-voisine de celle produisant le maximum de ténacité. Cependant c’est dans l’hypothèse qu’on a pour but principal d’augmenter cette qualité; car, si l’on voulait obtenir une fonte très-dure, par exemple pour cylindres de laminoirs, il faudrait donner à l’alliage un titre plus élevé.
- (1) Voir sur le même sujet les expériences de M. le capitaine Caron, Bulletin de 1863, 2e série, t. X, p. 492.
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- Des essais faits directement, avec la proportion de 2 pour 100, sur des fontes composées très-résistantes, en ont considérablement augmenté la force. L’amélioration produite dans ce cas par le wolfram allemand a été plus grande que celle obtenue avec le wolfram français ; la différence était dans le rapport de 67,9 à 44,4.
- L’écart se prononça encore davantage après une seconde fusion qui laissa à peu près stationnaire la fonte au wolfram français, tandis quelle accrut de 21k,20 la résistance de l’autre ; cette dernière dépassa de près de 1/3 la ténacité de la fonte ordinaire correspondante.
- De l’examen des flèches de courbure il ressort que les fontes wolframées sont en même temps plus élastiques.
- L’action du wolfram subsiste quand la fusion se fait directement dans un fourneau.
- Enfin ces fontes perfectionnées, étant à la fois plus tenaces, plus élastiques et plus dures, sont éminemment préférables aux fontes ordinaires pour la fabrication des bouches à feu. (Annales de chimie et de physique.)
- Sur le procédé Keith pour débarrasser certains minerais aurifères de la Houvelle-Écosse de l’arsenic qu’ils contiennent, par 3?I. T. Jackson.
- — A l’occasion de l’examen auquel il se livre, à Boston, des résidus du lavage de l’or dans les exploitations aurifères de la Nouvelle-Écosse, M. le docteur T. Jackson écrit que les mineurs sont considérablement gênés par l’interférence de l’arséniure de fer et du mispikel dans le travail de l’amalgamation, parce que l’arsenic détruit promptement la puissance d’amalgamation du mercure. Il indique alors que le moyen probablement le meilleur pour débarrasser le minerai du soufre et de l’arsenic qu’il contient est de le griller par la méthode suivante imaginée par M. Keith, du Massachussets :
- Le minerai, réduit en poudre fine, est lancé par le vent d’un soufflet dans l’intérieur d’un fourneau à réverbère, où le soufre et l’arsenic sont brûlés par la flamme avant que la poussière ne se dépose sur la sole du fourneau. Plusieurs ponts de chauffe sont disposés dans ce fourneau, et interrompent le courant d’air pour empêcher la poussière d’être entraînée dans la cheminée. Des sulfures de fer sont ainsi grillés, en quelque sorte, instantanément pendant qu’ils flottent dans l’air. Les minerais de cuivre peuvent être grillés de la même manière avec la plus grande facilité. M. Keith a appliqué sa méthode en Californie pour traiter les minerais d’or pyriteux de celte contrée, et on en fait également usage sur une grande échelle dans les régions aurifères du Colorado, dans la chaîne des montagnes Rocheuses, où des mines d’or importantes sont exploitées par des compagnies de Boston et de New-York.
- (.Extrait des comptes rendus, etc.)
- Procédé de bronzage on de mise en couleur des objets d’ornementation en cuivre ou en alliage de cuivre, par M. John Hunt.—Ce procédé consiste dans l’emploi d’une solution de bichlorure de platine, qui, en déposant sur les objets en cuivre une mince pellicule de platine métallique, leur donne le brillant de l’acier ou leur fait prendre une teinte grisâtre dont le caractère dépend de l’état dans lequel se trouvent les surfaces soumises au traitement.
- Tome XI. — 63e année. 2e série. — Février 1864.
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- Pour opérer, on commence par préparer une faible solution de bichlorure de platine, en ajoutant à de l’eau bouillante du bichlorure solide ou à l’état de solution concentrée. Cette addition doit se faire dans la proportion d’environ 20 grains de platine métallique pour chaque gallon d’eau (soit environ 08r‘,30 de platine pour un litre d’eau). On peut préparer une seconde solution plus forte et ayant une température d’environ 110°Fahr.-(44oC.).
- Les objets à mettre en couleur, étant suspendus à un fil de cuivre ou placés dans une espèce de tamis, sont plongés pendant quelques secondes dans un bain chaud de crème de tartre contenant environ une once de sel par chaque gallon d’eau (soit 6gr,25 de sel par litre d’eau). Au sortir du bain, on les lave dans deux ou trois eaux (le dernier lavage devant être fait de préférence avec de l’eau distillée), puis on les met dans la première solution de bichlorure de platine dont il a été question, et on les agite constamment sans les perdre de vue. Dès qu’on aperçoit un changement de couleur bien prononcé, on sort les objets et on les passe alors dans la solution plus concentrée et plus froide de chlorure de platine, où on les agite également, et où on les laisse jusqu’à ce qu’ils présentent la teinte désirée ; après quoi, on les sort, les soumet à deux ou trois lavages à l’eau, et enfin les fait sécher dans de la sciure de bois chaude.
- En laissant les objets plus ou moins longtemps dans les bains de chlorure de platine, on peut obtenir une grande variété de teintes. Lorsqu’on ne veut mettre en couleur que certaines parties d’un objet, on commence par dorer ou couvrir d’un vernis toute la Surface, puis on fait les réserves nécessaires, c’est-à-dire qu’on enlève, par un brunissage, la dorure ou le vernis sur les parties à réserver. L’objet est alors traité comme ci-dessus, et ce sont les seules parties réservées qui prennent la couleur. Ce procédé est applicable aussi bien aux ornements en relief qu’à ceux en creux.
- {Newton’s London Journal.)
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- PROCÈS-VERBAUX.
- Séance du 10 février 1864.
- Présidence de M. Dumas.
- Correspondance manuscrite. — Son Exc. M. le Ministre de Vagriculture, du commerce et des travaux publics transmet à M. le Président de la Société deux exemplaires du 46e volume des Brevets d’invention et deux exemplaires du n° 9 du Catalogue des brevets de 1863.
- M. Ed. Martens informe la Société delà mort de son père, professeur de chimie à l’université de Louvain, membre correspondant de la Société.
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- M. Alin Niquet, président de la chambre syndicale des cuirs, remercie M. le Président de la Société du concours qu’il a bien voulu prêter à la souscription Fauler, et recommande à sa bienveillance un nouveau candidat malheureux pour le faire participer au revenu du capital déposé dans la caisse de la Société. (Renvoi à la commission des fonds.)
- M. Sacs, chimiste à Barcelone (Espagne), soumet à la Société un échantillon d’un nouveau vert solide plus économique et plus beau, suivant lui, que celui qu’on employait jusqu’ici pour la teinture des étoffes. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
- M. Chayauoc, sous-lieutenant au 16e de ligne, à Rouen, demande l’examen d’un instrument propre à la mesure des distances. (Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. Legal, membre de la Société, constructeur-mécanicien à Nantes, présente les dessins et la description des perfectionnements qu’il a apportés dans l’industrie sucrière. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
- Correspondance imprimée. — Les secrétaires de la Société' royale de géographie de Londres font hommage à la Société du 32e volume de leur journal.
- M. Gruner, ingénieur en chef des mines, fait hommage à la Société d’un ouvrage qu’il a publié avec le concours de M. Lan, ingénieur des mines, sur l’Etat présent de la métallurgie du fer en Angleterre. ’
- La Société d’horticulture de la Gironde envoie le programme et le règlement de l’exposition qu’elle ouvrira au mois de mai 1864.
- M. Thierry-Mieg, membre de la Société, adresse une brochure sur les sociétés des bibliothèques communales du Haut-Rhin.
- Nomination de membres adjoints. — L’ordre du jour appelle la nomination d’un membre adjoint au comité des arts mécaniques.
- M. Victor Bois, ingénieur civil, ayant obtenu la majorité des suffrages, est nommé membre adjoint du comité des arts mécaniques.
- Rapports des comités. — Au nom du comité des arts mécaniques, M. Benoît lit un rapport sur un appareil dit niveau-mètre, inventé par M. Ducourneau, pour effectuer sur le terrain les opérations géométriques, en fournissant des données qui en facilitent le calcul dans le cabinet. (Insertion du rapport dans le Bulletin.)
- Au nom du même comité, M. Baude lit un rapport sur des machines balayeuses présentées par M. Tailfer, constructeur à Paris. (Insertion du rapport avec dessin dans le Bulletin.)
- Communications. — M. Tresca, membre du comité des arts mécaniques, présente, au nom de M. Alibert, des échantillons de graphite importés de la Sibérie orientale, et des crayons fabriqués avec ce minerai. Ce graphite, dont M. Alibert a déposé de très-beaux échantillons au Conservatoire des arts et métiers, est d’une grande pureté, ainsi qu’il l’a constaté et fait connaître à M. le Ministre du commerce. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
- M. Dumas ajoute que les produits importés par M. Alibert sont d’autant plus curieux et intéressants qu’ils concernent une substance minérale autrefois assez rare.
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- Ainsi, il y a vingt ans, il a eu la plus grande peine à se procurer, pour des travaux chimiques, 15 ou 20 grammes de graphite. Ce serait peut-être le cas d’appeler l’attention de l’industrie sur les moyens de produire artificiellement des produits aussi purs que ceux qu’a découverts M. Alibert.
- M. Barreswil, membre du comité des arts chimiques, présente à la Société une imitation de chapeaux de paille d’Italie fabriqués par M. Simonet, rue de la Roquette, 118 bis, et vendus à très-bas prix. (Renvoi aux comités des arts chimiques et des arts économiques.)
- M. Silbermann donne des explications verbales sur les balances de M. Hempel. Ces balances, dont un modèle est sous les yeux de la Société, et qui sont destinées aux pesées délicates des laboratoires de chimie, ont été l’objet d’un rapport dans la séance du 29 juillet 1863. (Voir plus haut, p. 87.)
- Nominations. — Sont nommés membres de la Société :
- MM. Lacarrière père et fils, fabricants d’appareils pour l’éclairage au gaz.
- Édouard Durozel, ingénieur civil.
- Casimir Landez fils aîné, fabricant de minium à Aubagne (Bouches-du-Rhône).
- Louis Regnart, chirurgien-dentiste.
- Séance du 24 février 1864.
- Présidence de M. Dumas.
- Correspondance imprimée. — M. Surbayrôles, commissionnaire en marchandises à Lille, envoie un mémoire sur le pressurage des betteraves par la presse à double effet, dite presse continue à pression continue. (Renvoi au comité des arts mécaniques. )
- M. Hector Horeau, architecte, prie la Société de faire examiner un modèle de théâtre, exposé rue Scribe, près le boulevard des Capucines. (Renvoi au comité des arts économiques et à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.)
- M. le baron Séguier, en appelant l’intérêt de la Société sur cette communication, rappelle que M. Horeau a été le lauréat dans le concours ouvert pour la construction du palais de la dernière Exposition de Londres.
- M. Combes présente, de la part de MM. Desgoffe et Olivier, une nouvelle presse hydraulique. Dans cette presse, dit e s ter hydraulique, la pompe est supprimée et lé refoulement du liquide est remplacé par l’introduction d’un corps solide au sein même du liquide dans lequel plonge le piston. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. le chevalier de Schwartz, membre de la Société, adresse, au nom de la Société d’encouragement de Vienne (Autriche), des remercîments pour l’envoi du Bulletin en échange de ses publications mensuelles et joint à sa lettre plusieurs volumes des publications de la Société de Vienne pour les années 1861-1862-1863.
- M. Maumené, professeur de chimie, membre de la Société, transmet une note sur les essais alcalimétriques. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
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- M. Eugène Jean, à Sainte-Soulle, près la Rochelle, soumet ses procédés : 1° pour rendre les pierres calcaires poreuses propres à l’impression lithographique ; 2° pour l’imitation du marbre. (Renvoi aux comités des arts chimiques et des arts économiques. )
- M. Caudrelier, architecte, boulevard du Mont-Parnasse, 146, prie la Société d’examiner ses procédés de paraffination pour combattre l’humidité des matériaux de construction. (Renvoi aux mêmes comités.)
- M. Émile Nourrigat, propriétaire à Lunel, membre de la Société, transmet de nouveaux renseignements sur l’emploi de la feuille du mûrier sauvage pour l’éducation des vers à soie. (Renvoi au comité d’agriculture.)
- M. Nos d'Argence, boulevard des Italiens, 9, envoie un appareil électrique à frictions. (Renvoi au comité des arts économiques. )
- M. Alibert, à Paris, transmet de nouveaux renseignements sur le graphite de Sibérie, dont il a déposé des échantillons à la dernière séance. (Renvoi au comité des arts chimiques et à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.)
- M. Ozouft fabricant de céruse à Saint-Denis, membre de la Société, appelle l’attention du Conseil sur sa fabrication considérée au point de vue de l’hygiène des ouvriers. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
- M. Trouillot, avocat à Lons-le-Saulnier (Jura), adresse une note sur son procédé d’extraction des bitartrates de potasse contenus dans les marcs de raisin. (Renvoi au même comité.)
- Correspondance imprimée. — Il est fait hommage à la Société des ouvrages et mémoires imprimés suivants :
- Influence des chemins de fer sur la santé publique, par M.le docteur de Pietra-Santa;
- Appareil de lessivage dans le vide, par M. Berjot jeune, pharmacien à Caen;
- Expérience et comparaison de la pile à sable, dite Daniell Minotto, avec les autres piles;
- Relation des travaux de percement des Alpes de Bardonnèche à Modane, avec des planches. (Ouvrage italien. )
- M. Combes fait remarquer que le Bulletin de la Société d’encouragement de Berlin, transmis à la Société, renferme un mémoire très-intéressant de M. Verlach sur les dissolutions sucrées à différents titres et sur les moyens de déterminer leur richesse. (Renvoi à la commission du Bulletin.)
- A cette occasion, M. Dumas croit devoir rappeler les travaux de M. Beligot sur la même question, puis il donne des renseignements sur un procédé qui lui est propre et qui a pour but d’apprécier la richesse d’un sucre brut. Ce procédé, d’une application beaucoup plus simple que celle des anciennes méthodes, et qui donne des résultats conformes à ceux que fournit le polarimètre, fera l’objet d’expériences ultérieures devant le Conseil.
- Rapports des comités. — Au nom du comité des arts économiques, M. de Luynes lit un rapport sur la lampe électrique de MM. Dumas et Benoist. ( Adoption et insertion au Bulletin.)
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- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
- Au nom d’une commission spéciale, M. Barrai lit un rapport sur les procédés de MM. Lèoni et Coblenz pour le broyage et le nettoyage du chanvre sans rouissage préalable. (Adoption et insertion au Bulletin avec les dessins des machines.)
- Communications. — M. Bande, membre du Conseil, entretient la Société des modifications apportées par M. Courdeau à la locomotive Crampton, pour en augmenter la puissance et la rendre capable de remorquer un plus grand nombre de waggons à grande vitesse. (Cette communication sera insérée au Bulletin.)
- M. Tresca, membre du Conseil, présente un appareil dit compteur d'impériale pour les omnibus, inventé par MM. Gignergillet et Grandjean, de Genève. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- Nominations.—MM. Dumas et Baude présentent, pour être membres de la Société ,
- La compagnie des chemins de fer de l’Ouest, représentée par son président, M. Simons ;
- La compagnie des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée, représentée par son président, M. Dumont;
- La compagnie parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz, représentée par son président, M. Vincent Dubochel -,
- M. Campbell Morfil, à Paris.
- M. le Président propose de voter immédiatement sur ces nominations.
- Cette proposition étant approuvée, les compagnies ci-dessus, et M. CampbellMorfil, ce dernier en qualité d’étranger, sont nommés, à l’unanimité, membres de la Société.
- Le Conseil se forme en comité secret.
- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
- La Société d’encouragement a reçu, dans les séances des 18 et 30 décembre 1863, 13-27 janvier et 10-24 février 1864, les ouvrages dont les titres suivent :
- Ouvrages offerts à la Société.
- Annales du commerce extérieur. Octobre, novembre 1863.
- Annales de l’agriculture française. Nos 10,11 et 12, t. XXII, et n031, 2, t. XXIII.
- Annales de la Société d’horticulture de la Gironde. N° 3.
- Annuaire des engrais, par M. Rohart, livr. 10 à 14.
- Annales télégraphiques. Novembre et décembre 1863. Janvier, février 1864.
- Annuaire de la Société météorologique de France, t. IX. Tableaux météorologiques.
- Annales des ponts et chaussées. Mai et juin 1863.
- Bulletin du comice agricole de l’arrondissement de Saint-Quentin. 1863, t. XII.
- Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. Octobre, novembre, décembre.
- Bulletin mensuel de la Société protectrice des animaux. Nos 11,12, et n° 1, 1864.
- Bulletin de la Société française de photographie. Novembre, décembre.
- Bulletin du laboratoire de chimie, de M. Ch. Mène. Octobre et novembre.
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- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
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- Bulletin du musée de l’industrie. Novembre et décembre 1863, janvier 1864.
- Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d’agriculture. N° 1.
- Bulletin de la Société de l’industrie minérale.
- Brevets d’invention. T. XLYI.
- Catalogue des brevets d’invention. Nos 6, 7, 8, 9, 1863.
- Cosmos, revue encyclopédique. Livr. 23 à 26, 1863, et livr. 1 à 8, 1864.
- Courrier des sciences (le), par M. Victor Meunier. Nos 14 à 17, et nos 1 à 8, 1864.
- Cultivateur de la Champagne (le). Décembre 1863, janvier 1864.
- Génie industriel (le), par MM. Armengaud frères. Décembre, janvier, février.
- Guide (le) des brasseurs, par M. Châtelain. Noa 1 à 32,1863, et 1 à 8, 1864.
- Invention (F), par M. Desnos-Gardissal. Décembre 1863 et janvier 1864.
- Journal d’agriculture pratique, par M. Barral. NoS 23 à 24, 1863, et nos 1 à 4, 1864.
- Journal des fabricants de papier. N° 23, 1863, et noS 1 à 4, 1864.
- Journal des inventeurs. Décembre 1863, et janvier, février 1864.
- Journal de l’éclairage au gaz. N0S 17 à 22.
- Journal des fabricants de sucre. NoS 35 à 46.
- Journal d’éducation populaire. Novembre, décembre.
- Journal de la Société impériale et centrale d’horticulture. Novembre, décembre 1863, et janvier
- 1864.
- Journal d’agriculture de la Côte-d’Or. Nos 8, 9.
- Lumière (la). Nos 23, 24, 1863, et nos 1 à 3, 1864.
- Mondes (les), parM. l’abbé Moigno. Livr. 18 h23, 1863, et nos 1 à 7, 1864.
- Mémoires de la Société des ingénieurs civils. Avril, mai, septembre 1863.
- Moniteur scientifique (le) , par le docteur Quesneville. Livr. 164 à 176.
- Presse scientifique des deux Mondes (la). NoS 23, 24, 1863, et nos 1 à 4, 1864.
- Propriété industrielle (la). NoS 310 à 321.
- Revue générale de l’architecture et des travaux publics, par M. César Daly. Nos 11, 12.
- Revue agricole, industrielle, etc., de Valenciennes. Novembre.
- Société des ingénieurs civils. Séances des 20 novembre, 4 décembre 1863, et 8, 22 janvier, 5 février 1864.
- Technologiste (le). Décembre 1863, janvier, février 1864.
- Journal of the Society of arts. Nos 576 à 587.
- Journal of the Franklin institute. Décembre 1863 et janvier 1864.
- Newton’s London Journal. Janvier, février.
- Polytechnisches Journal. N° 981.
- Photographic Journal (the). Nos 140 à 142.
- Proceedings of the royal Society of Edinburgh. Session 1861-1862.
- Proceedings of the royal Society. Nos 58, 59, v. XIII.
- Revista de obras publicas. N08 23, 24, ano XI, et 1 à 3, ano XII.
- Société d’encouragement de Berlin. Années 1861, 1862, 1863.
- The Journal of the royal geographical Society. Vol. XXXII.
- Transactions of the royal Society of Edinburgh. Vol. XXIII.
- Verhandlungen desBereins zur Befordering.......in Preuzen. Mai à août 1863.
- Amélioration des métaux employés à la fabrication des canons rayés et à celle des armes blanches, par M. le Guen, chef d’escadron d’artillerie. Br. Paris, Dumaine, libr.-édit.
- Almanach du chaulage et de l’engrais humain naturel, dit chaux animalisée. Année 1864. Appareil de lessivage dans le vide, par M. Berjot jeune. Br.
- Considérations sur les navires cuirassés, par M. l’amiral Paris. Br.
- De l’état présent de la métallurgie du fer en Angleterre, par MM. Gruner et Lan. 1 vol. in-8.
- La Vigne, leçons familières sur la gelée et l’oïdium, par M. Basset. 1 vol. in-12. Lacroix, édit.
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- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
- Influence des chemins de fer sur la santé publique, par M. le docteur Prosper de Pietra-Santa. Br.
- Les Chemins de fer à bon marché et leur exploitation économique (système de M. Lucien Rar-CHAERT).Br. Dunod, édit.
- Mémoire sur un nouveau système de frein, par J. B. Constant.
- Observations sur les expériences de M. Guillemin, par M. E. Gounelle.
- Pile à sable Daniel Minotto. Turin, 1864.
- Statistique et documents relatifs au sénatus-consulte sur la propriété arabe. 1863. 1 vol. in-8. Tableau de la situation des établissements français dans l’Algérie. 1862.
- Thèse pour le doctorat en médecine, présentée et soutenue par M. Léon Duchesne. Étude d’hygiène des liquides employés dans l’éclairage artificiel.
- Relation de la direction des travaux exécutés pour le percement du mont Cenis, de Modane à Bardonnèche. Turin. 1 vol. in-4.
- Société des bibliothèques communales du Haut-Rhin, par M. Thierry Mieg.
- Ouvrages périodiques.
- Annales de chimie et de physique. Novembre, décembre 1863. Janvier 1864.
- Bulletin hebdomadaire des séances de l’Académie des sciences. N09 22 à 26, 1863, et n°* 1 à 7, 1864.
- Journal des économistes. Janvier, février.
- T,f. Teinturier universel. N0916 à 22.
- The Artizan. Janvier, février.
- The mechanic’s Magazine. Janvier, février.
- The practical mechanic’s Magazine. Janvier, février.
- The Technologist. Janvier, février.
- The Chemical News. NoS 216 à 220.
- PARIS.
- IMPRIMERIE DE M"” Ve BOUCHARDHUZARD, RUE DE L’ÉPERON, 5. — 1864.
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- 63« ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME XI. — Mars 1864.
- BULLETIN
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Dumas, au nom du comité des arts chimiques, sur des échantillons de graphite de Sibérie présentés par M. Alibert.
- M. Alibert a soumis à l’examen de la Société des échantillons d’un graphite trouvé dans les mines de Marinski, qu’il possède et qu’il exploite sur une échelle importante.
- Ces mines sont situées au sommet du rocher nu de Batougol, un des éperons des monts Saïan, à 400 verstes à l’ouest de la ville d’Irkoustk.
- Ce graphite, par sa beauté et son abondance, donne un aliment nécessaire à un commerce intéressant, étroitement lié à la propagation des arts du dessin et à quelques industries spéciales, telles que la fabrication des creusets réfractaires, la galvanoplastie, les emplois domestiques des objets en fer et en fonte, etc.
- Des variétés diverses pour l’aspect et la contexture se remarquent dans les échantillons de graphite donnés par M. Alibert au Conservatoire des arts et métiers, où. ils forment l’une de ses plus intéressantes collections, ainsi que dans ceux qu’il a mis sous les yeux de la Société. Rarement sous forme de lames cristallines, le plus souvent en masses fibreuses, veinées, ondulées, en nodules ou sphéroïdes rayonnés, enfin en masses compactes finement feuilletées, ou même d’aspect terreux, ce graphite a toujours pour base le carbone pur.
- Tome XI. — 63e antiée. série. — Mars 1864.
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- ARTS CHIMIQUES.
- Les échantillons que j’ai soumis à l’analyse ont donné, en effet,
- 89.3 .............. 96,2 de carbone.
- 10.4 ............... 3,7 de cendres.
- 99,7 ............... 99,9
- La cendre était formée elle-même de silice, d’alumine, d’oxyde de fer et de chaux. Elle ne faisait pas effervescence avec les acides ; elle était manifestement composée des éléments mêmes de la roche, qui est une syénite à gros grains dans laquelle le graphite se rencontre accompagné de spath calcaire.
- M. Auerbaeh, secrétaire delà Société impériale des naturalistes de Moscou, a étudié cette production intéressante des mines de l’Empire russe, et il a trouvé que les échantillons les plus convenables pour la fabrication des crayons n’étaient pas ceux qui offraient le graphite le plus pur. Ils contiennent jusques à 15 pour 100 de cendres ou de gangue mélangée, dont la présence a contribué sans doute à favoriser le dépôt du graphite sous la forme propre à son usage pour les arts du dessin.
- Dans le voisinage du graphite et dans la même formation se trouvent le zircon, la cancrinite, l’apatite, la pyrite magnétique, le spath fluor, le py-roxène, l’oxyde d’étain.
- Pour se former une idée de la valeur industrielle d’une exploitation de cette nature, il suffira de dire que le gisement de graphite dont il s’agit a été attaqué sur une étendue considérable et qu’il paraît formé de masses constituant une richesse destinée à une longue et profitable production.
- On sait que les célèbres mines de Borowdale dans le Cumberland, aujourd’hui épuisées, et qui ont pendant longtemps alimenté l’Europe, ont produit annuellement 2 millions et demi de bénéfice, et presque 1 million encore dans les dernières années.
- Il est permis de croire, en voyant la puissance des masses, la pureté et la belle nature des produits de la mine mise en exploitation par M. Alibert, qu’elle est destinée à prendre dans le commerce européen la place que la mine de Borowdale y occupait.
- Lorsque des chimistes du premier ordre comme M. Liebig, entraînés par les faits intéressants reconnus, dans ces dernières années, au sujet des transformations physiques extraordinaires que le soufre, le phosphore et d’autres corps peuvent subir spontanément ou par l’effet de faibles influences, ont été conduits à penser que le diamant pourrait bien avoir une origine organique, la question a du naturellement être posée au sujet du graphite.
- M. Goppert, qui a récemment communiqué sur l’origine probable du dia-
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- ARTS CHIMIQUES.
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- mant un mémoire à la Société silésienne (1), n’étend pas jusques au graphite l’opinion vers laquelle il penche au sujet du diamant qu’il est disposé à ranger parmi les produits de décomposition des matières organiques.
- Cette dernière opinion me semble très-contestable. Je n’ai jamais partagé le sentiment de M. Liebig. Je ne crois pas que les corps auxquels le diamant se trouve associé autorisent à lui attribuer une origine organique. Mais il ne faut pas oublier, toutefois, que ce corps est converti en graphite par une température élevée, ce qui éloigne la pensée qu’il ait pu être formé sous l’influence d’une de ces températures excessives qu’on est trop enclin à faire intervenir dans l’explication des faits géologiques. Le diamant pourrait bien être du charbon cristallisé, au moment de sa production, au sein d’une masse qui aurait été exposée à la seule chaleur nécessaire pour la ramollir, pourvu que ce ramollissement ait été longtemps prolongé.
- Quoi qu’il en soit, la formation ou le dépôt du graphite, soit qu’on considère ce minéral en lui-même, soit qu’on envisage les espèces qui l’accompagnent, appartient à la classe des corps qui se sont produits sous l’influence de la chaleur. C’est aussi ce qu’on doit conclure de son apparition dans les produits des hauts fourneaux, dans les cornues à gaz et de la conversion, par le feu de la pile, du diamant en graphite, obtenue d’une manière si remarquable par M. Jacquelain.
- Ainsi rien ne nous met sur la trace, quant à présent, des procédés dont la nature s’est servie pour la production du diamant, quoique son plus proche voisin le silicium ait été obtenu en cristaux, et, si diverses circonstances permettent de soupçonner la manière dont les masses de graphite que la nature nous offre ont été formées, il n’en est pas moins certain qu’une fabrication économique du graphite est loin de toute probabilité présente.
- Dans ces circonstances, une découverte et une exploitation déjà assurée sur une grande échelle, qui mettent à la disposition de l’industrie et des arts le graphite qui vient remplacer si à propos, pour leurs besoins, celui que leur procurait depuis si longtemps la mine de Borowdale, sont, au plus haut degré, dignes de l’attention de la Société d’encouragement.
- Votre comité des arts chimiques a donc l’honneur de vous proposer d’adresser des remercîments à M. Alibert pour son importante communication, et d’ordonner l’impression du présent rapport au Bulletin.
- Signé Dumas, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 30 mars 1864.
- (1) Voir plus loin aux notices industrielles.
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- ARTS CHIMIQUES.
- NOTE ADDITIONNELLE PAR M. JACQUELAIN.
- A la suite du rapport précédent, M. Jacquelain exprime le désir d’ajouter quelques réflexions, et de rendre compte d’une expérience relative à la décomposition du sulfure de carbone par le cuivre pur.
- L’examen attentif des caractères extérieurs du graphite naturel de M. Alibert, dont nous avons admiré la remarquable collection que le Conservatoire doit à son labeur de quinze années de persévérance et, par conséquent, à sa libéralité, la comparaison que j’en ai faite avec le charbon graphitoïde pour l’électricité que j’ai produit artificiellement, depuis cinq ans, au laboratoire de l’École impériale et centrale des arts et manufactures, m’ont fait admettre une grande similitude dans les circonstances de leur formation.
- Quand on compare, en effet, la texture de ces deux carbones, on leur trouve tantôt un éclat métallique, un miroitement très-pur, tantôt une surface luisante, d’un gris d’acier, mamelonnée comme si la matière avait subi une demi-fusion et passé par un état pâteux. Cet aspect est entièrement comparable à celui de l’oxyde de fer, noduleux, brillant, à surface mamelonnée, qui porte le nom d'hématite brune.
- Il me paraît donc rationnel d’admettre que les produits goudronneux et pyrogénés, transformés, sur des proportions gigantesques, en carbone et en hydrogène, sous l’influence des roches ignées, se sont accumulés par transport dans les fentes, les excavations, les déchirures puissantes, en donnant lieu à une agrégation du carbone, simulant une quasi-fusion analogue à celle du carbone des cornues à gaz de l’éclairage et du carbone graphitoïde pour électricité.
- Si je reporte maintenant mes souvenirs à l’expérience de la fusion du diamant, que j’ai opérée aux pôles d’une pile de Bunsen, de cinquante éléments, grand modèle, et si je compare cette température excessive à celle bien inférieure de 1,000 degrés cent, nécessaire à la production du carbone pur pour électricité, j’observe que ce carbone est encore graphitoïde.
- Enfin si, dans un tube de porcelaine, j’essaye de diriger du sulfure de carbone en vapeur sur du cuivre pur maintenu à 800 degrés cent., température légèrement au-dessus de celle de sa fusion, j’obtiens à la fois du sulfure de cuivre fondu et du carbone toujours graphitoïde, c’est-à-dire possédant la cassure à grain d’acier, le brillant d’un métal poli et la sonorité de la porcelaine, lorsqu’on l’a débarrassé, par l’action réitérée de l’acide azotique affaibli, du sulfure de cuivre et du soufre qui l’ont imprégné.
- Par ces motifs, nous pensons que la production du carbone transparent ne pourra se réaliser que par la voie des décompositions lentes et sans élévation de température, c’est-à-dire en essayant la décomposition d’une solution éthérée de chlorure de carbone par un métal convenablement choisi. Nous ferons connaître nos résultats lorsque ces expériences seront terminées.
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- AGRICULTURE.
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- AGRICULTURE.
- Rapport fait par M. Hervé Mangon , au nom du comité d’agriculture,
- sur l’appareil à cuire les betteraves de M. A. Moufflet, ferblantier, rue
- Sainte-Catherine, à Orléans (Loiret).
- Messieurs, vous avez chargé votre comité d’agriculture d’examiner l’appareil à cuire les légumes destinés à l’alimentation du bétail, présenté par M. Moufflet, d’Orléans. Nous venons vous rendre compte de l’accomplissement de cette mission.
- La cuisson des légumes pour la nourriture du bétail s’effectue ordinairement dans les fermes en plaçant les racines entières dans un cuvier prismatique en bois ou en métal, dans lequel on fait circuler de la vapeur d’eau bouillante. Cette vapeur est produite soit par un générateur spécial, soit plus simplement par une marmite montée sur un fourneau et au-dessus de laquelle on place le cuvier rempli de racines, dont le fond, percé de trous, laisse passer la vapeur nécessaire à la cuisson.
- Dans tous les cas, lorsque l’action de la vapeur a été suffisamment prolongée, on extrait de l’appareil les légumes cuits et on les remplace par une nouvelle charge de racines crues. La cuisson a lieu ainsi d’une manière discontinue, entraînant des pertes de temps et de combustible. Les couches inférieures sont d’ailleurs généralement plus cuites que les couches supérieures, et en tout cas, pour obtenir la cuisson convenable de ces dernières, il faut nécessairement perdre une certaine quantité de chaleur entraînée par la vapeur qu’elles émettent.
- Les vides que laissent entre elles les racines entières permettent à la vapeur de se répandre facilement dans toute la masse, d’opérer dans des vases d’une certaine hauteur et d’une capacité convenable. Mais s’il s’agit de cuire des légumes divisés en lames minces et étroites, comme les cossettes de betteraves, la circulation de la vapeur devient beaucoup plus difficile; on ne peut opérer que sur des couches de matières d’une faible épaisseur, et les appareils ordinaires deviennent d’un emploi très-difficile, sinon impossible.
- M. Moufflet s’est proposé de remédier aux inconvénients inhérents aux procédés ordinaires et de construire un appareil opérant d’une manière continue, avec peu de combustible, la cuisson des racines et particulièrement des cossettes de betteraves destinées à la nourriture du bétail.
- L’appareil imaginé par M. Moufflet pour atteindre ce but se compose
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- AGRICULTURE.
- essentiellement d’une caisse verticale, séparée par un fond percé de trous d’une chaudière contenant de l’eau et montée sur un fourneau. Celte caisse renferme deux diaphragmes également percés de trous et mobiles autour de charnières horizontales. Quand les diaphragmes sont horizontaux, la caisse est partagée en trois compartiments superposés et séparés ; en inclinant les diaphragmes qui forment de véritables portes, les compartiments de la caisse communiquent les uns avec les autres. Un mécanisme assez simple déjà, mais encore susceptible de perfectionnement, permet de faire jouer les diaphragme de l’extérieur de la caisse.
- Cette séparation de l’appareil de cuisson, en capacités superposées pouvant à volonté communiquer les unes avec les autres, constitue essentiellement l’invention de M. Moufflet. On comprendra parfaitement comment cette disposition très-simple permet de résoudre facilement le problème proposé.
- La chaudière remplie d’eau et le feu allumé, supposons qu’il s’agisse de charger l’appareil pour la première fois. On ouvre les deux diaphragmes et on verse à la partie supérieure de la caisse verticale assez de cossettes pour remplir le compartiment inférieur. On ferme le diaphragme inférieur et on remplit de cossettes le deuxième compartiment; enfin on ferme le second diaphragme, et on remplit de cossettes le compartiment supérieur.
- Lorsque les cossettes du compartiment inférieur sont cuites, on ouvre une porte latérale placée au bas de ce compartiment, et les cossettes, glissant sur le plan incliné percé de trous qui les supporte et les sépare de l’eau bouillante, tombent dans le vase destiné à les recevoir. On referme la porte, et on manœuvre le diaphragme inférieur pour faire tomber dans le compartiment inférieur les cossettes du deuxième compartiment déjà en partie cuites par la chaleur émise pendant la cuisson des cossettes inférieures. Le second compartiment se trouvant vide, on y fait tomber les cossettes du compartiment supérieur, déjà assez échauffées par la chaleur dégagée des compartiments précédents. Enfin on remplit le compartiment supérieur avec des cossettes fraîches.
- La même série de manœuvres se reproduit lors de l’extraction d’une seconde charge de cossettes cuites, et l'appareil fonctionne ainsi d’une manière continue.
- L’appareil que votre commission a vu fonctionner peut contenir de 110 à 120 kil. de cossettes. D’après une expérience faite par le comice agricole d’Orléans, il consomme 30 kil. de houille pour cuire 1,000 kil. de betteraves et, une fois en marche, il fournit 36 à 40 kil. de betteraves cuites par vingt minutes.
- L’appareil de M. Moufflet présente plusieurs dispositions spéciales trop
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- longues à décrire et qui sont, d’ailleurs, susceptibles d’être simplifiées ou modifiées, suivant les circonstances. Il nous suffira de dire que la chaleur est bien employée et que nous avons pu constater que le tuyau de fumée était à peine chaud. D’après ce qui précède, votre comité n’hésite pas à reconnaître que l’appareil de M. Mouffïet est fort bien disposé pour cuire régulièrement et avec facilité des racines entières ou des cossettes destinées à la nourriture du bétail, et qu’il peut rendre à cet égard de véritables services.
- Mais l’inventeur s’est proposé un problème plus important ; il espère résoudre avec son appareil la question, si souvent posée, de l’utilisation de la betterave, dans les plus petites exploitations, par la fabrication de l’alcool.
- Pour atteindre ce but, M. Mouffïet soumet les cossettes cuites, sortant de son appareil, à l’action d’une petite presse à bras, et recueille le jus qui s’en échappe avec facilité. Ce jus, d’après des expériences en petit, se conserve sans altération pendant plusieurs semaines et peut entrer facilement en fermentation quand on y ajoute un peu de levure. Dans la pensée de l’auteur, les petits cultivateurs prépareraient ce jus et iraient le vendre aux distilleries voisines, en conservant les pulpes pour leur bétail. 100 kil. de betteraves donnent environ 82 kil. de jus par ce procédé; l’économie de transport de la ferme à l’usine serait donc assez faible et largement compensée par l’emploi des fûts nécessaires. Il est vrai que le retour se ferait à vide, puisque la pulpe n’aurait pas à revenir de la distillerie. Mais, en général, ce serait là un faible avantage. M. Mouftïet s’occupe maintenant de concentrer les jus; il pense aussi que son procédé d’extraction, évitant l’emploi de l’acide sulfurique, offrirait, dans les distilleries de fermes, des avantages réels.
- Votre commission, Messieurs, a cru devoir mentionner les espérances de l’auteur de la communication et indiquer les problèmes importants dont il s’occupe; mais, à défaut d’expériences précises, elle s’abstient de toute appréciation sur cette partie des travaux de M. Mouffïet.
- L’essai en grand d’un appareil de cuisson des légumes pour l’alimentation du bétail ne pouvait se faire avec succès que dans une exploitation agricole importante. M. Mouffïet a trouvé à cet égard les conditions les plus favorables dans la ferme d’Épercemmes, près Toury, exploitée par M. Gaudril, vice-président du comice agricole de son canton.
- M. Gaudril occupe environ 500 hectares de terre divisés en deux fermes. L’une de ces fermes est, depuis trois générations, cultivée par sa famille, et ses fils donneront avant peu ce salutaire exemple d’une quatrième génération dévouée aux mêmes travaux, dans une même contrée. Les étables et les bergeries de M. Gaudril sont remarquables par leur bonne tenue; un
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- AGRICULTURE.
- moulin à vapeur, établi dans la ferme, réalise l’union, si profitable, d’une industrie aux travaux de la culture. Ce n’est point ici le lieu d’étudier la ferme d’Epercemmes. Mais nous ne pouvons laisser échapper l’occasion de témoigner de l’intérêt qu’elle présente, et surtout de remercier M. Gaudril et sa charmante famille de leur accueil si aimable et si empressé pour votre commission.
- En résumé, l’appareil de M. Moufflet pour cuire les légumes destinés à la nourriture du bétail paraît utile et ingénieux. En conséquence, Messieurs, votre commission a l’honneur de vous proposer,
- 1° De remercier M. Moufflet de sa communication ;
- %° D’ordonner l’insertion du présent rapport et d’un dessin de l’appareil dans le Bulletin de la Société.
- Signé Hervé Mangon, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 25 mars 1863.
- Légende de la planche 293 représentant l’appareil a cuire les betteraves
- de M. Moufflet.
- La figure de la planche 293 est à la fois une élévation et une section verticale partielles de l’appareil.
- Cet appareil se compose de deux parties principales : une chaudière, et une colonne prismatique à base carrée, surmontant la chaudière, et destinée à contenir les cos-settes de betteraves.
- A, caisse rectangulaire en tôle, ouverte à la partie supérieure et contenant le foyer et la chaudière; elle est munie d’une double enveloppe pour la circulation de l’air.
- B, foyer à parois inclinées, placé dans la caisse A et s’y introduisant par une ouverture ménagée au bas de cette caisse.
- C, registre horizontal servant à régler le tirage du foyer.
- D, seconde caisse déplus petit diamètre que la première, et descendant jusqu’au niveau du foyer, au-dessus duquel son fond est ouvert. Celte caisse porte à la partie supérieure et sur tout son pourtour un rebord extérieur, qui se prolonge jusqu’à la rencontre de la grande caisse A pour former un joint hermétique.
- E, conduit mettant en communication avec la partie supérieure de l’appareil l’espace vide compris entre les deux enveloppes de la caisse A.
- F, F, orifices de prise d’air placés au bas de la caisse A.
- G, colonne prismatique surmontant la caisse A, et se prolongeant dans l’intérieur de cette caisse jusqu’au-dessus du foyer, où elle forme un réservoir destiné à contenir l’eau; ce réservoir constitue la chaudière proprement dite; un robinet de vidange, indiqué sur le dessin par son orifice, est placé au bas de cette chaudière.
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- AGRICULTURE.
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- H, double enveloppe entourant la colonne G, et laissant un espace vide enlre elle et les parois externes de cette colonne. Cette seconde enveloppe est composée de quatre volets mobiles à double surface de tôle, s’emboîtant sous le couvercle de la colonne, et s’assemblant à recouvrement et par un système de brides et de clavettes.
- I, I, brides et clavettes servant à l’assemblage des volets formant l’enveloppe H.
- J, J, petits plans inclinés, rivés parallèlement, deux à deux, sur les parois externes de la colonne G ; leur surface est normale à celle de ces parois, et leur largeur est égale à celle de l’espace vide compris entre la colonne et la double enveloppe H, en sorte qu’ils forment des espèces de carnaux pour le passage de l’air et de la fumée.
- K, K, diaphragmes percés de trous, divisant la capacité de la colonne en trois compartiments; ils sont montés sur des axes horizontaux qui les rendent mobiles, et permettent, en recevant une position verticale ou horizontale, au moyen d’une manœuvre qui s’exécute du dehors, de faire communiquer les compartiments entre eux, ou de rétablir leur séparation. Dans la figure, le diaphragme supérieur est horizontal, tandis que le diaphragme inférieur est représenté verticalement, c’est-à-dire qu’il y a seulement communication entre le compartiment intermédiaire et celui du dessous. Les trous de ces diaphragmes permettent à la vapeur qui se dégage de la chaudière de circuler dans toute la hauteur de la colonne.
- L, L, axes portant les diaphragmes K, et traversant de part en part la colonne G.
- M, M, engrenages avec manivelles articulées, servant à manœuvrer les diaphragmes K.
- N, grille ou trémie inclinée, placée dans le compartiment inférieur, et sur laquelle glissent, à leur sortie, les cossettes de ce compartiment.
- O, prolongement-de la grille N, sur lequel celle-ci peut glisser pour faire sortir plus facilement les cossettes cuites.
- P, canal de sortie des cossettes.
- Q, obturateur servant à fermer le canal de sortie P; il est maintenu en place par un croisillon mobile.
- R, cheminée dans laquelle se rendent la vapeur, ainsi que l’air chaud et la fumée qui traversent les carnaux J.
- S, couvercle à charnière pour le chargement des matières.
- T, T, arrêts des manivelles de manœuvre des diaphragmes K; ces arrêts servent, pendant le chargement, à maintenir les diaphragmes dans leur position horizontale.
- Lorsque, au lieu de cuire des cossettes de betteraves, on veut se servir de l’appareil pour la dessiccation des grains, on enlève l’obturateur Q, et on opère le sassage à mesure que les matières arrivent dans le compartiment inférieur, en accrochant à l’extrémité du prolongement O de la grille la tige U, qu’on soulève à l’aide de la manivelle Y.
- La capacité totale de la colonne est de 120 litres, correspondant à un poids de 110 à 120 kilog. de cossettes. Lorsqu’elle a été remplie, une heure suffit pour la cuisson des cossettes du compartiment inférieur; alors on les sort, on les remplace par celles du compartiment du milieu, et on remplit le compartiment supérieur de cossettes fraîches. Tome XI. — 63e année. 2e série. — Mars 1804. 18
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- A partir de ce moment, on peut, toutes les vingt minutes, détourner et mettre une nouvelle charge.
- Comme il est important, lorsqu’on doit sortir les cosseltes, d’empêcher qu’il n’y ait projection de vapeur au dehors, parce que cette vapeur est à une pression un peu plus grande que celle de l’atmosphère, l’appareil est muni d’un tube de pression garni d’un robinet qu’on doit avoir soin d’ouvrir avant d’enlever l’obturateur Q. ( M. )
- APPAREILS DE SAUVETAGE.
- Rapport fait par M. Combes, au nom du comité des arts mécaniques, sur des appareils au moyen desquels on peut pénétrer et séjourner dans des lieux infectés de gaz méphitiques, présentés par M. Galibert, boulevard de Sébastopol, 73.
- Les appareils au moyen desquels on peut pénétrer et rester sans danger dans les lieux où manque Pair respirable sont très-anciens et ont été souvent décrits. On peut s’étonner que la connaissance et l’usage en soient encore aussi peu répandus et que nous ayons à regretter des accidents d’asphyxie causés par l’ignorance ou un défaut de précautions pourtant très-faciles. Nous renverrons, pour les détails historiques concernant ces appareils, à l’instruction pratique sur l'emploi des lampes de sûreté et sur les moyens de pénétrer sans danger dans les lieux méphitisés, publiée en 1824 par l’Administration des ponts et chaussées et des mines, et imprimée dans les Annales des mines; il nous suffira de rappeler les faits suivants extraits eux-mêmes de l’instruction citée.
- Si le lieu infecté est un puits peu profond, une cave, une cuve de brasseur, une excavation à ciel ouvert ou tout autre local voisin de l’atmosphère libre, il suffit, pour éviter l’asphyxie, d’un tuyau flexible terminé d’un côté par une embouchure qui s’applique au nez ou à la bouche de l’homme qui y pénètre, et dont la seconde extrémité est ouverte à l’air libre. L’opérateur a soin d’aspirer par celui de ses organes, le nez ou la bouche, auquel l’embouchure est appliquée et d’expirer par l’autre. Ceci exige une certaine habitude qu’on a dû préalablement acquérir ; mais, si l’on veut éviter cette difficulté, il suffit que l’embouchure soit prolongée par un tube métallique court auquel le tuyau est adapté, et qui renferme une valve ou clapet fort léger qui s’ouvre pour laisser arriver l’air pur de l’extérieur vers la bouche et se ferme pour empêcher l’air expiré de suivre le même chemin en sens inverse; le même tube, dans la partie comprise entre le clapet dont nous venons de
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- parler et l’embouchure, porte un évent latéral muni d’un autre clapet très-léger qui se soulève pour laisser sortir l’air expiré et se ferme, au contraire, pour empêcher l’air ambiant d’arriver à la bouche de l’opérateur. Celui-ci aspire et expire uniquement par la bouche ; il a les narines comprimées par une pince.
- Quand le lieu infecté est séparé du jour par une galerie remplie elle-même de gaz irrespirables et trop longue pour qu’il soit possible de respirer sans fatigue, en aspirant l’air par un tuyau qui en suivrait le développement, l’opérateur est obligé de transporter avec lui une provision d’air contenue dans une outre à parois flexibles ou dans un réservoir métallique, où il aura été comprimé d’avance, et qui sera muni d’un régulateur qui ramènera l’air comprimé à une densité de très-peu supérieure à celle du milieu ambiant, avant qu’il arrive à la bouche de l’opérateur. On évalue à 14 litres par minute environ le volume d’air à la densité ordinaire de l’atmosphère nécessaire pour entretenir la respiration d’un homme.
- Au tuyau simple pourvu d’une embouchure à deux clapets dont on peut faire usage dans les lieux infectés voisins de l’air libre M. Galibert substitue deux tuyaux d’égale longueur en caoutchouc vulcanisé, ouverts l’unetl’autre par une de leurs extrémités dans l’atmosphère libre. L’embouchure est une petite pièce de bois ou d’ivoire creusée intérieurement en forme de bassin allongé et percée au fond de deux petits trous séparés par un intervalle d’un centimètre environ. A chacun des trous est adaptée l’extrémité de l’un des tuyaux jumeaux. L’opérateur place dans sa bouche et retient entre ses dents le petit bassin en bois, les lèvres appliquées contre ses parois extérieures; ses narines sont serrées par une pince. Il porte alternativement sa langue devant l'un des trous du fond du bassin où elle fait obturateur, suivant qu’il inspire ou expire. Ainsi l’air aspiré arrive à la bouche exclusivement par l’un des tuyaux et l’air expiré s’écoule par l’autre, qui le ramène dans l’atmosphère libre. Le léger déplacement de la langue, après chaque aspiration ou inspiration, mouvement que l’opérateur fait très-facilement, sans aucune habitude préalable, remplace les deux petits clapets. Il n’a pas d’ailleurs à se préoccuper du côté vers lequel il doit porter la langue peur aspirer ou expirer, puisque les deux tuyaux débouchent l’un et l’autre dans l’air ; il suffit du déplacement alternatif qui se fait sans réflexion et presque machinalement.
- Pour le cas où le lieu infecté se trouve trop loin du jour, M. Galibert a imaginé de renfermer la provision d’air respirable dans deux ou plusieurs réservoirs à parois flexibles, en forme de coussins aplatis communiquant de l’un à l’autre, de manière que leur ensemble forme comme un tuyau unique avec de larges renflements qui lui donnent une capacité assez grande. L’opé-
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- rateur porte celte série de coussins en ceinture, ou bien appliqués à ses deux côtés sous les bras et sur le dos ou de toute autre façon qui lui laisse la liberté de ses mouvements. Les deux tuyaux partant de l’embouchure qu’il maintient entre ses dénis aboutissent l’un à l’une, l’aulre à l’autre des extrémités de la série de coussins. Ses narines étant toujours serrées par une pince, il aspire et expire par la bouche seulement. Ainsi l’air expiré revient au réservoir même où l’air aspiré est puisé, mais à l’extrémité opposée, de telle sorte que l’air qui aura servi une fois à la respiration ne puisse se présenter de nouveau qu’après avoir parcouru la série entière des renflements où il aura dû se mêler à la masse et séjourner assez longtemps pour s’y rafraîchir et y déposer sans doute une partie de l’humidité dont il est chargé. On pourrait même, peut-être, le purger d’acide carbonique, en le forçant à passer dans un tube contenant des fragments de chaux vive ou de soude caustique ou des fragments de pierre ponce imbibés d’une solution alcaline.
- Le principe de l’appareil décrit en dernier lieu nous paraît nouveau ; il a, sur les appareils proposés pour la même destination, l’avantage de n’exiger que des tuyaux très-courts, une provision d’air relativement moindre, par conséquent d’être moins encombrant, plus portatif et d’un usage plus facile. Nous ajouterons que, pour conserver en bon état des tuyaux ou autres pièces en caoutchouc vulcanisé qui ne servent que rarement, il suffit que le caoutchouc ne soit pas trop chargé de soufre et qu’il soit placé dans l’eau et dans un lieu obscur. Il est désirable que des expériences précises soient faites pour déterminer pratiquement le volume d’air suffisant à l’entretien, au moyen de cet appareil, de la respiration et de la vie sans aucun danger, pendant un temps donné, une demi-heure par exemple. Il faudrait aussi que l’auteur recherchât un moyen facile d’entretenir la combustion d’une lampe fermée dans le local méphitisé. Toutefois l’emploi de la nouvelle lampe électrique de MM. Dumas et Benoît (1) préviendrait toute difficulté à cet égard.
- Votre comité des arts mécaniques a l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. Galibert de sa communication et d’ordonner l’insertion de ce rapport au Bulletin, avec la figure sur bois représentant l’embouchure à laquelle s’adaptent les deux tuyaux pour l’aspiration et l’expiration.
- Signé Ch. Combes , rapporteur
- Approuvé en séance, le 30 décembre 1863.
- (t) Le comité des arls économiques a fait sur cette lampe un rapport que nous publierons prochainement.
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- LÉGENDE RELATIVE A L’APPAREIL DE M. . GALIBERT.
- La figure ci-contre est une- vue perspective de l’embouchure en bois ou en ivoire de l’appareil Galibert.
- A. A' sont les deux trous sur lesquels l’operateur porte alternativement la langue.
- B, B' sont les deux tuyaux en caoutchouc qui débouchent 5 l’extérieur, et qui servent à l’aspiration et à l’expiration de l’air; ils sont appliqués sur deux petits tubes en bois faisant corps avec l’embouchure et correspondant avec les trous A,A'.
- ARTS MÉCANIQUES.
- Rapport fait par M. Tresca, au nom du comité des arts mécaniques, sur une note de M. Boutigny, relative à l'emploi de ses cascades de diaphragmes pour éviter les dépôts, des matières incrustantes dans les chaudières à vapeur.
- M. Boutigny, bien connu de la Société par ses importants travaux sur l’état sphéroïdal des corps et les phénomènes qui s’y rapportent, a présenté à la Société d’encouragement, à la date du 1er juillet dernier, une note dans laquelle, après avoir mentionné le rapport dont une de ses chaudières à diaphragmes a été l’objet de la part de notre collègue M. Callon (1), il appelle l’attention de la Société sur les nouvelles applications dans lesquelles les diaphragmes ont résolu l’un des problèmes les plus intéressants de la production de la vapeur.
- Employées d’abord dans le but d’activer la vaporisation, les cascades de diaphragmes, installées par M. Boutigny dans ses premiers générateurs verticaux, ont été appelées par lui, vers 1855, à jouer un rôle différent dans les chaudières à corps cylindrique et horizontal. Dans le dessin joint au brevet de 1855, on voit, en effet, plusieurs de ces cascades, qui sont placées dans des dômes spéciaux et qui sont destinées chacune, en aidant à la vaporisation
- (1) Voir Bulletin de 1856, 2e série, t. III, p. 79.
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- de l’eau introduite, à retenir les dépôts résultant, soit de cette vaporisation, soit même de la seule élévation de température de cette eau avant son arrivée dans le corps cylindrique. M. Boutigny avait eu l’idée de cette application, en remarquant qu’en chauffant de l’eau ordinaire dans un tube scellé à la lampe on déterminait dans cette eau un léger précipité. On sait, en effet, depuis lors, que le carbonate de chaux dissous à la faveur d’un excès d’acide carbonique se dépose dans ces circonstances, et que le sulfate de chaux, comme le sel marin, devient moins soluble à mesure que la température s’élève.
- Cette propriété des diaphragmes ayant été appliquée plus récemment, tant en Allemagne qu’en France, dans les appareils Shaw et Wagner, dans le but tout spécial de diminuer les incrustations dans les chaudières à vapeur, M. Boutigny vient rappeler que la chaudière expérimentée par M. Cal-lon, en 1855, doit être considérée comme le point de départ de ces appareils de désincrustation. Le brevet de M. Boutigny est aujourd’hui dans le domaine public; l’inventeur ne réclame donc aucun droit privatif, mais il exprime le désir que la Société, en reconnaissant l’antériorité de ses idées, lui accorde la récompense morale qui est aujourd’hui sa seule ambition.
- Yoici, à cet égard, une citation textuellement extraite du certificat d’addition relatif au brevet pris, pour la chaudière Boutigny, par M. Moinier, son associé, pour le compte de la société, en avril 1856.
- « Nous ferons remarquer la différence capitale qui existe entre la marche du système breveté en 1849 et celui qui a été breveté le 30 mars 1855.
- « En 1849, nous chauffions à sec avant d’alimenter; aujourd’hui nous alimentons avant de chauffer.
- « Dans le premier cas, nous avons de l’eau à l’état 6phéroïdal ; dans le second cas, nous n’en pouvons plus avoir.
- « En résumé, nous demandons à être brevetés......... pour l’emploi des
- chaudières à diaphragmes implantés sur des chaudières ou bouilleurs, à un ou plusieurs foyers intérieurs, et enfin pour le système mixte appliqué aux chaudières verticales, système décrit dans le brevet du 30 mars 1855 et dans les additions qui l’ont suivi jusqu’à ce jour.»
- Vous savez, Messieurs, combien la Société d’encouragement se prête difficilement à juger des questions de priorité : il est souvent si difficile de connaître, en ces matières, la vérité complète, que les tribunaux eux-mêmes, bien qu’éclairés par des débats contradictoires, hésitent souvent dans leurs décisions en matière de contrefaçon.
- Nous ne saurions donc vous proposer de vous prononcer officiellement sur le fond de la question ; mais nous sommes en même temps d’avis que vous ne remplirez qu’un devoir en reconnaissant, avec M. Boutigny, qu’il
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- vous a présenté, dès 1854, une cascade de diaphragmes employée avec succès contre les inconvénients des incrustations. Ce même jeu d’organes a été appliqué, depuis lors, à des appareils spéciaux destinés à recueillir les incrustations, aussitôt leur formation, et avant leur introduction dans l’eau emmagasinée dans le corps même de la chaudière; sans avoir à se prononcer plus expressément sur les ressemblances ou les dissemblances de ces appareils avec ceux de M. Boutigny, la Société d’encouragement ne saurait mieux placer ses éloges qu'en les accordant au savant expérimentateur auquel est consacré ce rapport.
- Le comité des arts mécaniques a l’honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. Boutigny de son intéressante communication et de le féli-- citer des heureuses applications auxquelles l’invention de sa cascade de diaphragmes a donné lieu, pour empêcher, dans une grande mesure, la formation des dépôts, si nuisibles et en même temps si dangereux, dans le fonctionnement des chaudières à vapeur.
- Signé H. Tresca , rapporteur. Approuvé en séance, le 27 janvier 1864.
- ARTS CHIMIQUES.
- Rapport fait par M. Salvétat, au nom du comité des arts chimiques, sur le veut d'hydrate d’oxyde de chrome préparé par M. Guignet, répétiteur à l’École impériale polytechnique.
- Messieurs, vous vous rappelez, sans doute, le rapport que nous avons eu l’honneur de vous faire, au nom du comilé des arts chimiques, sur la préparation d’une magnifique couleur verte, tirée du chrome, décrite par M. Guignet, qui vous l’avait présentée (Bulletin, 2e série, t. VI, page 321, 1859).
- Nous venons aujourd’hui, conformément aux usages de votre Société, vous justifier que les espérances que l’auteur avait conçues se sont réalisées et que les faits ont entièrement donné satisfaction aux prévisions de votre rapporteur.
- Des perfectionnements continus ont permis d’obtenir une nuance parfaitement constante, aussi riche que possible, et le travail en grand a vu réaliser une économie notqhle sur le combustible en même temps que des mé-.«
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- thodes plus exactes faisaient retrouver une plus grande partie de l'acide borique qui rentre actuellement presque entièrement dans la fabrication.
- Ces résultats se sont traduits par des avantages réels offerts au consommateur; le prix du vert en poudre sèche s’est abaissé, depuis le 1er janvier 1862, d’environ 20 pour 100. 11 coûte actuellement 22 fr. le kilogramme.
- La consommation de celte couleur est aujourd’hui générale en Alsace; M. Kestner en fabrique annuellement plus de 10,000 kilogrammes.
- Les applications de l’oxyde de chrome hydraté se sont singulièrement accrues.
- En première ligne, l’impression des tissus se présente dans des circonstances exceptionnelles; lesjaconas, les organdis et les mousselines sont imprimés au vert de chrome fixé par l’albumine; les gris de charbon, l’outremer, les rouges et violets d’aniline constituent, avec le vert de chrome, un ensemble des plus harmonieux, et fournissent aux meilleures maisons d’Alsace d’immenses ressources; plus de la moitié de leurs tissus légers sont obtenus par les couleurs à l’albumine.
- Les percales, les calicots, les perses pour ameublement ont également pris un très-grand développement ; on les imprime avec les mêmes couleurs.
- On sait les inconvénients que présentent les papiers peints en vert par les matières employées jusqu’à ce jour (vert de Schweirifurth, vert anglais) ; le vert de chrome est complètement inoffensif; il est inaltérable, et l’expérience a prouvé qu’il résiste à l’influence de l’humidité d’une façon remarquable. On peut se faire une idée de l’importance du service rendu par M/Güignet à Certaines industries, en citant ce fait qu’un seul apprêteur de papiers pour fleurs, feuilles et coiffures de dames, etc., consomme, par an, plus de 200 kilog. de ce vert; en mélange avec l’acide picriqüe, il fournit une variété presque infinie de tons qui conservent leur fraîcheur à la lumière artificielle.
- Le peu de densité de cet oxyde de chrome et sa propriété colorante per mettent de l’appliquer à la peinture murale. Une peinture à l’huile, en vert pur, à trois couches faisant fonds, sans réserve, ne coûte que 2 fr. le mètre carré. Associé par mélange au blanc de zinc, il donne un petit vert ou vert d’eau fort agréable, solide et brillant, du prix de 1 fr. 501e mètre carré; le vert ordinaire, grisâtre et altérable, est payé suivant le règlement actuellement en vigueur, à raison de 1 fr. 05 le mètre.
- La peinture sur bois, la carrosserie, malgré le prix de cette couleur, en font usage aussi ; la grande richesse de la nuance et l’inaltérabilité du vert le rendent éminemment utile dans ces industries pour lesquelles l’augmenta-
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- lion de dépense n’est qu’un élément très-faible de la valeur de l’objet. Une voiture à quatre roues, par exemple, du prix de 1,500 fr., exige, pour trois couches de vert, un demi-kilog. de couleur, soit 1 1 fr. Les verts ordinaires, moins brillants, plus denses, auraient employé 1 kilog., soit 4 fr. de couleur; la différence est donc de 7 fr. ; ce n’est même pas la deux centième partie du prix de la calèche.
- Tels sont, Messieurs, les documents nouveaux que votre comité a cru devoir porter à votre connaissance. M. Guignet, au début de sa carrière industrielle, a reçu de la Société de Mulhouse une médaille d’or; c’était alors la sanction la plus honorable qu’il pût ambitionner. L’Institut vient de reconnaître, par un prix prélevé sur la fondation Montyon pour les arts insalubres, les services qu’il a rendus à l’humanité en donnant les moyens de faire disparaître les dangers des verts à l’acide arsénieux dont on peut désormais se passer.
- Votre comité pense que vous voudrez bien reconnaître de nouveau l’utilité du travail de M. Guignet en le remerciant de sa communication et en votant l’insertion du présent rapport dans le Bulletin de votre Société.
- Signé Salvétat, rapporteur.
- Approuvé en séance, le 27 janvier 1864.
- CHEMINS DE FER.
- Sur un projet de locomotive a grande vitesse de M. Tourdot, chef de
- DÉPÔT AUX CHEMINS DE FER DE LYON A LA MÉDITERRANÉE; PAR M. BâUDE,
- membre du comité des arts mécaniques (planche 294) (1 ).
- Tout chemin de fer qui fait des trains à grande vitesse, des trains express, a un modèle particulier de machines locomotives appropriées à ce genre de traction. Ce qui le distingue en apparence, ce sont de grandes roues motrices, ayant pour objet de ne pas trop forcer la vitesse du piston. Mais, ce qui est surtout essentiel dans des machines qui marchent à raison de 60 kilomètres et plus à l’heure, c’est une grande stabilité.
- Dans ce groupe des machines à grande vitesse, le système préféré, en
- ji) Communication lue dansja séance duJ24Jévrier. 1864. . „ ...........
- ' Time XL CT année J T série, — Mars 1864. 19
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- CHEMINS DE FER.
- France, est celui de Crampton. Il a donné son nom aux machines dont se servent la plupart des compagnies françaises.
- Nous n’avons pas l’intention de décrire la machine Crampton : nous rappellerons seulement que ses grandes roues motrices, dont les diamètres varient de 2m,10 à 2m,30, sont placées à l’arrière; que les roues portantes de l’avant ont leur essieu à 4m,50 de distance de l’essieu moteur, ce qui donne une base solide à l’établissement de la machine sur la voie. Ces deux essieux sont, d’ailleurs, à peu près également chargés; celui du milieu ne porte qu'une demi-charge. Le centre de gravité de la machine est peu élevé.
- Les machines Crampton ne peuvent remorquer plus de 8 à 10 waggons, et il ne faut pas dépasser ce nombre pour être sûr d’arriver dans les limites régulières qu’assigne la marche des trains. Ainsi, par exemple, pour aller de Paris à Strasbourg avec une vitesse effective de 50 kilomètres à l’heure, les machines sont obligées de prendre des vitesses de 60 à 80 kilomètres à l’heure. Ce sont à peu près les vitesses des autres chemins; et, si la marche devient plus ou moins rapide, cela tient au profil de la route parcourue.
- On a remarqué, d’ailleurs, qu’il faut faire grand usage de la détente; si le mécanicien ne ménage pas sa vapeur avec tout le soin imaginable, la pression diminue très-promptement dans la chaudière.
- Les charges sont réparties ainsi qu’il suit, dans les machines Crampton des chemins de fer de l’Est :
- Machine vide. Machine en charge.
- Roues d’arrière, diamètre 2m,30 . . . . 9,250* 10,000*
- Roues du milieu, diamètre lm,20. . . , . . . . 4,620 7,000
- Roues d’avant, diamètre im,35 . . . . 10,040 10,180
- Poids total. . . . . . . . 23,910* 27,180*
- On a mis sous nos yeux une note de M. Tourdot, ancien chef du dépôt de Paris aux chemins de fer de Lyon, aujourd’hui sous-chef de traction, qui, frappé des excellentes conditions que réunit la machine Crampton pour les parcours à grande vitesse, et de l’exiguïté des chargements des trains, en présence de besoins qui augmentent tous les jours, a voulu, par des dispositions nouvelles, suppléer à ce dernier inconvénient.
- M. Tourdot a doublé l’adhérence en mettant, à la place des roues de l’avant, deux grandes roues motrices auxquelles le mouvement est donné par le prolongement des tiges des pistons des cylindres. Les bielles agissent alors symétriquement sur chaque roue, attachées qu’elles sont à chacune des extrémités de la tige.
- Mais après avoir ainsi doublé l’adhérence, ce qui permettrait de porter la charge des trains de 16 à 20 voitures, il faut augmenter la surface de chauffe
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- ÇHEMINS DE FER.
- un
- ou la production de vapeur. A cause des grandes roues entre lesquelles se trouve le foyer, on ne peut pas en augmenter la largeur; mais la disposition des machines Crampton permet de lui donner plus de longueur, en allongeant un peu la distance qui sépare les essieux extrêmes. En outre, M. Tourdot multiplie le nombre des tubes en réduisant leur diamètre, soit, par exemple, de 0m,05 à 0m,045; et il croit parvenir, par ces deux procédés, à augmenter la surface de chauffe directe, ou du foyer, de 1/3, et la surface de chauffe des tubes de 1/4, ce qui lui paraît suffisant pour traîner de lourdes charges à grande vitesse, sans modifier les conditions essentielles de la machine Crampton.
- Pour mieux faire comprendre l’idée de M. Tourdot, nous présentons ici (fig. 3 et 4) le croquis d’une machine Crampton, et sa transformation en machine à quatre roues accouplées (fig. 5 et 6). Nous devons la très-courte étude que nous produisons à la complaisance de M. Bonnet, dont les travaux personnels sont bien connus de la Société, qui a eu plusieurs fois l’occasion de les apprécier.
- Le foyer de la machine Crampton, qui a 1m,40 de longueur, serait allongé de 0m,60, en vue de la production de la vapeur, et l’essieu d’avant reporté aussi près que possible du cylindre, de manière à n’augmenter que le moins possible l’écartement des essieux extrêmes. Il deviendrait 4m,98 au lieu de 4m,50, comme dans la machine actuelle.
- On ne pourrait accroître le diamètre de la chaudière, qui est de 1m,30, parce que celle-ci est, comme nous l’avons dit, invariablement comprise entre les grandes roues, dont l’écartement intérieur est de 1m,355.
- Le corps cylindrique de la chaudière devant passer au-dessus de l’essieu d’avant, il faudra, pour qu’il reste un jeu de 10 centimètres entre le dessus de l’essieu et le dessous de la chaudière, que l’axe de cette dernière soit placé à 2 mètres au-dessus du rail, au lieu de 1m,605, comme dans la machine Crampton.
- C’est ici que, pour nous, se manifeste la crainte que les conditions de stabilité de la machine Crampton ne soient un peu altérées dans les grandes vitesses, alors même qu’on réduirait à 2m,10 le diamètre des roues motrices.
- Les tubes de la machine Crampton ont 3m,50 de longueur; on pourrait les porter à 4m,50. Le dessous du cadre du foyer étant maintenu à 0m,40 au-dessus
- du rail, la surface de chauffe directe devient. . . 9m, 87 au lieu de 6m, 65 La surface de chauffe des tubes..................121m, 50 — 88m, 92
- Surfaces totales......................131m%37 au lieu de 95m\57
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- CHEMINS DE FER.
- Les bielles de la machine Cramptoa ont 2m,07 de longueur. Dans la machine de M. Tourdot, il ne faut pas augmenter le porte à faux d’avant, en donnant une grande longueur à la bielle qui revient sur la tige du piston ; on peut réduire les bielles à 1m,60 de longueur, ce qui correspond à six fois environ la longueur de la manivelle.
- On voit que les bielles des roues d’avant, qui doivent être parallèles à celles d’arrière, ne sauraient se trouver dans le même plan vertical, puisque la tige prolongée du piston, sur laquelle chacune fait retour, s’y trouve déjà. Il y a là une difficulté d’assemblage qui ne sera pas sans quelque inconvénient dans la pratique.
- L’augmentation de poids qui résultera des conditions obligatoires du système de M. Tourdot ne fera pas dépasser, par chaque essieu moteur, un poids de 11 tonnes, limite qu’il convient de ne pas dépasser.
- Le nouveau mode d’accouplement de M. Tourdot nous a paru ingénieux, et nous avons cru qu’il y avait quelque intérêt à le faire connaître; mais, en admettant que les modifications qu’une étude plus approfondie pourrait amener ne dussent point modifier, d’une manière notable, les dispositions principales des machines Crampton, est-ce à dire que ce soit une bonne direction à donner aux études des locomotives destinées aux trains express, que de doubler leur adhérence pour être à même de remorquer des trains de 10 et 20 voitures? Nous ne le pensons pas.
- Les trains express, pour marcher à une vitesse effective de 50 à 55 kilomètres à l’heure, sont obligés de prendre, en pleine marche, des vitesses qui atteignent et dépassent 70 et 80 kilomètres. Or nous estimons qu’il n’est pas prudent de conduire habituellement, même à des vitesses beaucoup moindres, des trains pesamment chargés. Le mouvement de lacet devient extrêmement prononcé, à ces vitesses, à mesure que le train s’allonge, et les chances de déraillement sont beaucoup plus grandes.
- Si un choc ou un arrêt subit se produit, la probabilité de la grandeur du danger est proportionnelle à la masse multipliée par le carré de la vitesse, et le résultat de la multiplication de ces facteurs donne des chiffres effrayants avec de lourdes masses et des vitesses exagérées.
- Nous croyons qu’il est heureux que les accouplements de roues, à cause des frottements que présente le jeu des bielles, ne se prêtent pas aux grandes vitesses, car celles-ci ne sauraient convenir aux transports des grandes masses. Lorsqu’il y a affluence, il vaut mieux dédoubler les trains que d’accumuler les voyageurs en un seul.
- On sait que le chemin du Nord a construit, pour le service des voyageurs, huit locomolives à quatre cylindres, dont deux à l’avant et deux à l’arrière,
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- mettant en mouvement quatre roues motrices, indépendantes deux à deux, et séparées par trois petites roues portantes. Ces locomotives à voyageurs n’ont pu faire jusqu’ici le service de trains express; malgré les avantages qu’elles présentent, ce serait leur donner une fausse destination que de les employer à un pareil usage. Leur fonctionnement doit se restreindre aux trains omnibus ou aux trains directs, qui sont de moyenne vitesse entre les uns et les autres.
- Tout en cherchant le progrès dans les moyens de transports offerts aux voyageurs, il n’est pas bon, pour satisfaire à des aspirations sans doute très-philanthropiques, mais peu réfléchies, de donner des espérances qui ne peuvent se réaliser, et que condamnent la pratique aussi bien que la prudence.
- LÉGENDE DE LA PLANCHE 294, REPRÉSENTANT DIFFÉRENTS TYPES DE LOCOMOTIVES.
- Fig. 1. Croquis en élévation longitudinale d’une des locomotives à quatre cylindres construites par la Compagnie du chemin de fer du Nord.
- Fig. 2. Seclions transversales partielles de cette machine.
- Surface de chauffe du foyer — des tubes — du sécheur. . . . 10m2,06 144 76 12 00
- Surface de chauffe totale Diamètre des cylindres. ....... Course du piston Poids de la machine vide — en charge. . . . 166m2,82 0m,360 0m,340 34.300 kil. 43.300 kil.
- Fig. 3. Croquis en élévation longitudinale d’une locomotive ordinaire du système Cramplon (chemin de fer de l’Est).
- Fig. 4. Yue de bout partielle.
- Fig. 5. Croquis en élévation longitudinale de la locomotive de M. Tourdot (système Crampton modifié).
- Fig. 6. Yue de bout partielle.
- NOTE
- SUR DE NOUVELLES MACHINES LOCOMOTIVES MISES RÉCEMMENT EN SERVICE SUR LE CHEMIN DE FER DU Nord ET PROPRES A OPÉRER LA TRACTION DES CONVOIS SUR DE FORTES
- rampes, par M. Combes.
- « Notre savant confrère, M. Séguier, a entretenu l’Académie, dans une de ses
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- dernières séances, des essais qui sont faits en Angleterre pour opérer la traction des convois sur des chemins de fer à très-fortes rampes, au moyen de machines locomotives établies sur un principe nouveau, dont il réclame avec raison la priorité. Au lieu d’emprunter, comme dans le système actuellement pratiqué, l’adhérence nécessaire pour entraîner le convoi, au frottement des roues 'portantes qui reçoivent l’action des pistons et qu’on appelle, en raison de cela, roues motrices, les nouvelles locomotives l’emprunteraient à une paire de roues horizontales pressant entre elles un troisième rail, établi au milieu de la voie et qui passerait entre elles comme une barre de fer entre les cylindres d’un laminoir, avec celte différence qu’ici la barre resterait fixe et que le laminoir recevrait le mouvement de translation. La pression des roues contre le rail intermédiaire serait déterminée par une sorte de tenaille ou pince de banc à tirer, dont les deux branches tendraient à être rapprochées par la traction même exercée sur le convoi, de sorte que le serragedu rail et, par conséquent, le frottement résultant, qui produit l’adhérence, atteindraient toujours, sans la dépasser, l’intensité nécessaire pour prévenir le glissement et déterminer la progression du train.
- « Ce système est, de prime abord, aussi séduisant qu’ingénieux. Cependant il n’est pas douteux que la mise à exécution, comme celle de presque toutes les conceptions mécaniques, ne rencontre des difficultés très-sérieuses. Ce n’est point ici le lieu de les indiquer et de les discuter 5 je désire, avec notre savant confrère, qu’elles soient heureusement surmontées.
- « La question importante de la construction de machines locomotives capables d’opérer la traction de convois sur les chemins de fer offrant de fortes rampes et des courbes de petits rayons est, d’ailleurs, susceptible de plusieurs solutions. Elle préoccupe depuis longtemps les ingénieurs engagés dans l’industrie des transports, qui, de leur côté, cherchent à la résoudre sans abandonner le principe sur lequel sont établies les maohines actuelles. L’exploitation de la voie ferrée du Sœmmering, celle du chemin de fer de Gènes à Turin, dans la traversée de l’Apennin, et d’autres exemples que je pourrais citer, montrent que leurs tentatives n’ont pas été vaines.
- « La Compagnie des chemins de fer du nord de la France, sur la proposition de l’habile ingénieur directeur de l’exploitation, M. Petiet, est entrée à son tour résolû-ment dans la voie des expériences de ce genre. Elle a fait construire dix machines locomotives nouvelles d’une très-grande puissance, dont le poids tout entier est employé pour l’adhérence, pouvant circuler dans des courbes dont le rayon descend jusqu’à 80 mètres, et qui sont également propres à la traction de convois de marchandises considérables, sur les parties horizontales ou à faible inclinaison, et de convois moins lourds, sur de fortes rampes.
- « J’ai assisté, le 21 janvier dernier, avec plusieurs ingénieurs, à l’essai de l’une de ces machines sur le chemin de fer de Chauny à Saint-Gobain ; les résultats en ont été satisfaisants et me paraissent très-dignes de fixer l’attenliou de l’Académie.
- « Les machines locomotives sont à quatre cylindres et à six essieux distribués en deux groupes indépendants de trois essieux couplés ensemble et commandés chacun par les pistons d’une paire de cylindres. Les roues sont d’un petit diamètre (lm,065),
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- de sorte que le foyer de la chaudière les déborde en largeur, ce qui a permis de donner à la griile une surface de grandeur inusitée, 3ma,33. La surface de chauffe totale est de 221 mètres carrés et dépasse également en étendue celle des plus puissantes machines qu’on ait construites antérieurement. Elle porte, au départ, un approvisionnement de 8,000 kilogrammes d’eau et 2,200 kilogrammes de combustible. Son poids total approche alors de 60,000 kilogrammes, à peu près uniformément répartis sur les six essieux et les douze roues, dont chacune charge le rail d’environ 5,000 kilog. L’écartement des essieux extrêmes est de 6 mètres. Afin de faciliter le passage dans les courbes de petits rayons, M. Beugniot a appliqué, dans les ateliers de MM. André Kœchlin et comp., de Mulhouse, les dispositions suivantes. Les boudins des bandages des roues fixées sur les deux essieux moteurs intermédiaires de chaque groupe ont été diminués d’épaisseur. Le jeu dans le sens longitudinal des quatre autres essieux dans les coussinets a été porté à 46 millimètres, et les deux essieux extrêmes de chaque groupe ont été liés entre eux par un balancier horizontal, tournant autour d’un axe placé à l’aplomb de l’essieu intermédiaire et qui oblige l’un d’eux à se déplacer longitudinalement de gauche à droite de la même quantité dont son connexe se déplace de droite à gauche, et vice versâ. Le placement des roues sur les rails dans les parties en courbe est ainsi facilité, quoique les essieux ne cessent pas d’être parallèles entre eux.
- « Le chemin de fer de Chauny à Saint-Gobain, d’un développement de 14,500 mètres, présente d’abord, au départ de Chauny, des pentes et rampes de 13 millimètres avec courbes de 275 mètres de rayon en minimum. Il se termine, vers Saint-Gobain, par une rampe dont l’inclinaison atteint 18 millimètres, avec courbes dont le rayon descend à 220 mètres. La gare de Saint-Gobain est elle-même formée de deux courbes en sens inverse, de 125 mètres de rayon sur un développement de 200 mètres. La voie se prolonge au delà dans la manufacture des glaces, où elle forme un demi-cercle complet de 80 mètres de rayon, avec rampe de 25 millimètres.
- « La locomotive décrite a fait, pendant huit jours, tout le service de la ligne de Chauny à Saint-Gobain, et a pu circuler dans la courbe de 80 mètres de rayon, sans plus de difficulté que des locomotives à quatre essieux couplés qui le faisaient antérieurement.
- « Voici maintenant les données et le résultat de l’expérience du 21 janvier dernier :
- « Le train remorqué était composé de vingt et un véhicules remorqués, fourgons, waggons chargés de houille et voitures de voyageurs pesant ensemble 267,000 kilogr. Les heures de passage du train d’essai ont été relevées sur la rampe de 18 millimètres à chaque poteau hectométrique. Les premiers 1,200 mètres ont été parcourus avec une vitesse moyenne et à peu près régulière de 20 kilomètres à l’heure. Vers le douzième poteau kilométrique, les roues de la locomotive ont glissé sur les rails, patiné 5 l’adhérence était à son extrême limite. Néanmoins il n’y a pas eu d’arrêt complet; seulement la vitesse moyenne, sur un parcours de 800 mètres, n’a été que de 8km,3 par heure, et la vitesse minimum est descendue jusqu’à lm,43 par seconde pu
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- 5lm,15 par heure. Le train a repris ensuite une vitesse de 20 kilomètres à l’heure et a franchi les derniers 1,100 mètres affectés de petites courbes, qui précèdent la gare, avec une vitesse de 17 kilomètres. Arrivée à la gare de Saint-Gobain, la locomotive est allée se placer en queue d’un petit train de waggons et l’a poussé dans l’usine sur la courbe de 80 mètres de rayon, avec rampe de 25 millimètres, qu’elle a parcourue tout entière. A l’extrémité de celte courbe, les freins des waggons ayant été serrés, on a fait patiner sur place les douze roues et exécuté plusieurs manœuvres en avant et en arrière, sans qu’aucune pièce ait subi d’avarie, ou ait donné des indices de fatigue excessive.
- « Cet essai démontre que la nouvelle locomotive du Nord à quatre cylindres, et à six essieux divisés en deux groupes de trois couplés ensemble et munis de balanciers, suivant le système Beugniot, peut circuler dans des courbes de très-petits rayons ; que la limite supérieure de l’adhérence, pour un état peu favorable des rails (c’était le cas le jour de l’expérience), atteint à peu près les 13/100 du poids total de la machine, et peut faire équilibre à une résistance totale d’environ 7,300 kilogrammes 5 qu’enfin la machine, qui a remorqué sur la rampe de 18 millimètres un train pesant brut 2G7 tonnes, pourrait remorquer un train du poids brut de 100 tonnes environ, indépendamment de son propre poids, à la vitesse de 17 à 20 kilomètres à l’heure, sur une rampe de 40 millimètres, avec courbes de 250 mètres de rayon en minimum. »
- (Comptes rendus de VAcadémie des sciences.)
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- Sur le kaolin et les argiles a porcelaine du Cornouailles, par M. H. M. Stoker.
- Les gisements de kaolin et d’argiles à porcelaine du Cornouailles, qui proviennent de la désagrégation du granit, ont acquis, dans ces derniers temps, une importance et un intérêt qui peuvent se mesurer non-seulement par le développement qu’ils ont donné au capital, par l’augmentation de travail qui en est résultée pour la classe ouvrière, par l’élévation du chiffre annuel des exportations, mais encore par la variété du spectacle qu’ils offrent au touriste, soit dans le mode d’extraction de la matière première, soit dans la préparation de ces nombreux articles qu'elle fournit et qui sont si justement renommés. Il y a là également pour le chimiste, aussi bien que pour le mineur et le géologue, un sujet d’étude bien fait pour attirer leur attention, car le kaolin forme des dépôts assez restreints pour qu’on doive songer, dans un avenir peu éloigné, à rechercher, dans la même région ou dans quelque autre, une matière qui puisse lui être substituée dans les mêmes conditions de prix de revient.
- En remontant jusqu’au siècle dernier, on trouve qu’en 1768 M. Cookworlhy, de Plymouth,-appela l'attention de l’industrie sur- ce.fait que le granit désagrégé et les
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- argiles du Cornouailles, aussi bien que ceux du comté de Devon, pouvaient, après fusion ou calcination, être utilisés dans l’art du potier pour servir de couverte [glaze), et c’est dans ce but qu’il commença à en faire des envois considérables aux poteries du comté de Stafford. La découverte de gisements importants de celte nature dans la paroisse de Saint-Stephens ayant permis de corroborer les expériences de M. Cook-worthy, de larges exploitations s’ouvrirent, qui donnèrent lieu à un commerce dont le développement n’a pas cessé de progresser jusqu’à ce jour.
- Le principal gisement de kaolin était, dans le principe, d’une grande pureté; il ne contenait ni fer ni manganèse, mais seulement du feldspath, de la silice et du mica, en proportions variables. C’est encore lui qui fournit aujourd’hui la matière première la plus appréciée pour les produits ordinaires; mais, en présence de son prix et de la distance à laquelle il faut l’aller chercher, il n’est pas probable que les efforts des chimistes et des industriels ne réussissent à lui substituer une autre substance.
- Le granit ordinaire ne diffère de la plupart des granits dont provient le kaolin qu’en ce qu’il contient des plaques de talc, d’hornblende ou de diallage, éléments étrangers dont la présence dans le kaolin, même en petites quantités, en rend l’emploi tout à fait impossible, parce qu’ils donnent lieu à la formation de scories noires ou brunes, composées de silicate de fer ou de manganèse. La proportion de ces éléments peut varier, sans que cependant le phénomène de la désagrégation de la roche semble s’en trouver altéré, et que la pierre perde une partie de ses propriétés vitrifiantes.
- Les endroits où les recherches de kaolin offriraient le plus de chances de succès sont ceux qui sont placés au voisinage des roches granitiques fissurées, contenant ou supposées avoir contenu quelque matière en décomposition, ou sur des collines à sommets arrondis, formées en grande partie de roches feldspathiques à stratification horizontale.
- Le gisement qui fournit le kaolin est contigu aux paroisses de Saint-Denis et de Saint-Stephens, et occupe, en quelque sorte, le centre de la région granitique du comté; il est entouré d’autres roches primitives, d’origine ignée, qui, en se développant de part et d’autre vers les côtes, se transforment peu à peu en argile schisteuse. A l’est et au nord, la roche est d’un aspect plus irrégulier et plus abrupt que sur les autres points; elle est plus porphyrique et renferme une plus grande quantité de feldspath, en cristaux opaques rouges ou blancs, de forme cubique ou rhomboïdale. Enfin, au sud, elle est séparée de la masse granitique voisine par une large faille qui offre cette particularité que, tandis que d’un côté le kaolin existe dans un état parfait de pureté, de l’autre, et seulement à une faible distance de 1 à 2 pieds (0m,30 à 0m,60), on ne le trouve plus que dans des conditions qui le rendent impropre à la céramique, en raison de la présence de petites plaques de talc empâtées dans une variété de granit compacte et grisâtre qu’on rencontre également dans la région orientale.
- Quiconque a étudié les dykes porphyriques ou le caractère général des roches primitives du Cornouailles n’aura pas manqué de faire des conjectures sur les différences de température qui ont dû accompagner chacun des soulèvements, différences qu’at-Tome XI. — 63e année. 2e série. — Mars 1864. 2:)
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- teste la nature de quelques feldspaths, dont les uns renferment encore une certaine quantité d’eau de cristallisation tandis que d’autres n’en contiennent plus aucune trace, la matière feldspathique ayant subi une désagrégation qui l’a amenée à l’état amorphe et en quelque sorte pulvérulent (le kaolin); enfin, sur d’autres points et surtout.dans les dykes porphyriques, on peut constater que la roche offre une cassure dont les bords ont un aspect cireux comme ceux de la porcelaine. De l’ensemble de tous ces caractères extérieurs on a tiré les conclusions suivantes, qui paraissent cependant fort douteuses : on a dit, en se reportant à la période des convulsions auxquelles cette région du pays a été soumise, que la température à laquelle les roches granitiques étaient en fusion étant de beaucoup supérieure à la température de fusion des autres minéraux, le kaolin, en se formant, avait dû naturellement se trouver exempt de fer; que, en émergeant à la surface du sol, les cristaux de feldspath s’étaient brisés sous l’action de la vapeur d’eau qu’ils contenaient, et, perdant ainsi leur forme et leur aspect primitifs, avaient peu à peu abandonné une partie de leur potasse aux eaux pluviales qui, par des lavages successifs, avaient mis à nu des cristaux de quartz et des lamelles de mica aux reflets argentés, restant empâtés dans une masse formée de silicate de potasse et d’alumine.
- ... Suivant moi, il y a deux sortes de causes principales qui ont dû déterminer la désagrégation du granit et contribuer à la formation non-seulement du kaolin et de l’argile à porcelaine, mais encore à celle du sol en culture ou propre à être cultivé; ce sont :
- 1° Les agents physiques extérieurs dont l’action est, en quelque sorte, démontrée par ce fait que le kaolin se rencontre très-rarement à une profondeur de plus de 20 ou 30 pieds (6 à 9 mètres) au-dessous de la surface; l’influence des saisons et, par suite, l’influence des changements de température sur des masses composées de cristaux de quartz et de feldspath, dont le coefficient de dilatation est loin d’être identique; enfin l’action des eaux pluviales.
- 2° Les agents chimiques, parmi lesquels l’acide carbonique en excès qui peut se trouver dans l’air, comme il existe dans le sein de la terre, où son influence est surtout sensible dans certaines régions, comme, par exemple, au voisinage des roches volcaniques, où l’on sait que les terres arables produisent d’excellentes récoltes, et, en général, sur tous les points où il peut rencontrer les composés silicalés qui forment en grande partie la croûte du globe.
- Aujourd’hui que les demandes de kaolin ont pris un accroissement considérable, le gisement qui le fournit est resté ce qu’il était dans le principe, c’est-à-dire une espèce de vaste clapier composé de neuf ouvertures, appartenant à divers exploitants entre lesquels la propriété de la colline se trouve divisée. Chaque ouverture a son puits particulier, au fond duquel la pierre s’exploite au moyen de la poudre pour arriver ensuite au jour, où un certain nombre d’ouvriers la chargent dans des waggons; de là elle est transportée aux ports les plus voisins, d’où elle est expédiée par navires aux poteries des comtés de Stafford et de Worcester. La distance de 7 à 9 milles qui sépare ces ports des carrières, nécessite, par conséquent, des frais assez considérables
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- de transport par terre, d’où résulte, pour la matière première, une augmentation de prix telle que, dans ces derniers temps, elle ne pouvait pas être livrée à bord, soit à Par, à Pentewan ou à Charlestown, à moins de 12 à 20 schellings (16 à 25 fr.). Néanmoins ces prix n’ont pas ralenti la demande, si bien que les propriétaires se sont vus dans la nécessité de limiter à 18,000 tonnes le chiffre de leur production annuelle, et, à ce taux, il est probable que moins de cinquante ans suffiront pour épuiser ces gisements.
- Le nombre d’ouvriers employés dans ces exploitations est relativement peu considérable, car l’extraction de la pierre n’exige, par puits, que deux ou trois mineurs, et ceux-ci ne sont toujours que trop empressés à aider au remplissage des waggons pour gagner le prix d’une charge. L’épuisement, en quelque sorte prochain, de ces carrières, ainsi qu’il vient d’être dit, doit faire réfléchir sérieusement les propriétaires actuels sur l’avenir de leurs exploitations et sur l’influence que pourrait exercer sur le marché la découverte de quelque bon gisement capable de rivaliser avec les leurs, bien que, pour le moment, la Société des kaolins du Cornouailles soit en possession du monopole.
- Le kaolin, tel qu’on l’extrait aujourd’hui, consiste en un mélange de quartz, de feldspath et de mica, éléments réunis en une masse homogène qui a beaucoup d’analogie avec le granit, bien qu’elle ne soit pas d’une texture aussi compacte. Le quartz s’y trouve en petits cristaux d’un blanc à reflets bleuâtres, dont les arêtes ont plus ou moins disparu par suite de la désagrégation de la roche, et dont la transparence est plus grande qu’elle ne l’était alors que cette roche était encore à l’état granitique non décomposé. Ces cristaux sont empâtés dans une masse composée de feldspath blanc privé d’une partie de sa potasse, et de petites lamelles de mica très-minces, opaques et à reflets d’argent. Cette masse provient d’un granit dont la composition est très-simple, car les espèces plus communes, en outre du mica, du quartz et du feldspath qui peut avoir une teinte rouge ou grise, renferment des cristaux et des plaques d’horneblende, de diallage ou de talc, avec une proportion plus ou moins notable de fer, facile à reconnaître par les taches noires qui apparaissent dans un essai de fusion ou de calcination . Il suit de là que, tant qu’on n’aura pas trouvé un procédé économique pour purifier les autres granits vitrifiables du Cornouailles, le kaolin dont on se sert conservera, comme matière première, la supériorité qu’il doit à la pureté du silicate double d’alumine et de potasse dont il est formé; ce silicate produit en effet, à la fusion, un corps d’une pâte ferme, sonore, transparente et d’un blanc de perle, corps dont le kaolin proprement dit compose en grande partie le noyau recouvert par le vernis silicaté qui produit la transparence. Mais ce n’est pas seulement la présence des substances étrangères que nous avons signalées qui doit faire exclure l’emploi de la matière qui les contient; un excès de silice ou de quartz en cristaux devra également la faire rejeter, car il en rendra la fusion impossible, même aux températures les plus élevées. Il est vrai qu’on peut corriger ce dernier défaut par l’addition d’une certaine quantité de potasse ou de soude, qui favorise la fusion en agissant comme dans la formation du.verre; cette addition se règle d’après la teneur en potasse du feldspath, teneur qui, d’après Liebig, est de 17,75 p. 100.
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- Le kaolin joue un rôle important dans l’industrie céramique, où on l’emploie à une foule d’usages. Pour n’en citer que quelques-uns, nous rappellerons qu’il entre comme élément principal dans la composition de la pâle argileuse avec laquelle on fait le biscuit; il sert à donner plus de corps aux argiles rendues maigres par l’absence de la potasse; enfin, mélangé à d’autres substances, on l’utilise pour la préparation des vernis ou couvertes destinées à recouvrir le biscuit qui doit passer une seconde fois au four.
- On désigne, en général, sous le nom de poteries, les articles à la confection desquels on emploie le kaolin, l’argile à porcelaine, ainsi que d’autres substances, et dont les variétés si nombreuses dépendent de la nature et des proportions des matières premières employées. La série des porcelaines ne contiendrait, dit-on, que 3 p. 100 de potasse ; mais nous estimons que ce chiffre est inexact, en raison de la pureté et de la transparence de ces produits. Les Chinois passent pour employer dans leur fabrication les cendres de fougères, en raison de la grande quantité de carbonate de potasse qu’elles contiennent, et qui, en procurant à leur porcelaine cet aspect brillant qu’on leur connaît, leur ont, pendant longtemps, donné une incontestable supériorité. Ils emploient également les cendres d’os ; mais, en France, on s’en sert aussi, et les potiers anglais en font aujourd’hui une grande consommation, parce que le phosphate de chaux qui s’y trouve a la propriété, pendant la fusion, d’augmenter la transparence des produits, tout en empêchant la couverte de se fendre ou de s’écailler ; ce phénomène ne se produit pas avec la chaux seule, dont la présence, en trop forte proportion , a parfois perdu des fournées d’une valeur de plus de 5,000 livres (125,000 fr.), en déterminant, pendant la cuisson, à la surface des objets, une série de fentes et de gerçures qui obligeaient à les mettre au rebut. Il est donc important, dans la préparation des matières, de veiller avec soin à la composition des pâtes.
- Les principaux produits céramiques résultant soit de la cuisson, soit de la cuisson et de la vitrification des pâtes sont connus en Angleterre sous les noms de terres de pipe (la variété la plus commune et la moins importante), porcelaines de la reine [queeris ware), terres cuites, basaltes et biscuits, dénominations introduites par Wedgwood, à la science et aux efforts persévérants duquel l’Angleterre est redevable, en partie, du rang élevé qu’elle occupe dans l’induslrie céramique. Mais si les progrès ont élé rapides, si les découvertes faites dans ces dernières années ont été remarquables surtout au point de vue de l’art qu’elles concernent, il ne faut pas oublier qu’ils sont dus également à une connaissance plus parfaite des expériences de chimie pratique, dont on ne saurait trop recommander l’étude constante aussi bien au fabricant qu’à celui qui lui fournit les matières premières. En continuant la désignation des produits dont l’énumération a été commencée, nous nommerons, pour parler de ceux qui sont le plus en usage, les poteries et les porcelaines de qualités inférieures et les faïences; c’est de ceux-là que nous nous occuperons plus particulièrement, laissant, pour le moment, de côté les premiers, parmi lesquels il serait convenable de ranger également les genres parian (1) et biscuit.
- (t) Nom donné par les Anglais, qui l'ont inventée, à une pâte de sculpture qui est argilo-feldspathique. (U.)
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- Pendant longtemps ^industrie céramique était relativement peu avancée en Angleterre, car, au xvm® siècle encore, c’est la Chine qui lui fournissait les poteries les plus fines, tandis que, pour les plus communes, on s’adressait, en grande partie, au continent. Un siècle s’est à peine écoulé, et aujourd’hui le peuple anglais peut, à bon droit, s’enorgueillir des changements qui se sont opérés; car, grâce à l’esprit essentiellement industriel et au génie des affaires qui le caractérisent, on peut être sûr de retrouver, dans les régions les plus lointaines du globe, la marque de quelqu’une de ses fabriques.
- Dans la porcelaine, ainsi que dans les variétés de produits plus communs désignés sous le nom de poteries, les matières premières sont combinées de manière à exercer les unes sur les autres une action chimique , le feldspath décomposé donnant lieu à un verre fusible de silicate d’alumine et de potasse, moins transparent que celui que produit le silex fondu dans lequel il se trouve disséminé. Si le corps de la pâte est composé d’argile résistant, lorsqu’elle est seule, à l’action des plus hautes températures, cette argile est alors combinée de manière à donner, au feu, un produit d’une opacité homogène, à cassure vitreuse et d’aspect cireux, et, pour peu qu’on y ajoute quelque base métallique destinée à fournir la couleur, on obtient alors ce qu’on appelle la poterie de grès (stone-ware).
- On sait qu’il existe deux sortes de porcelaines : la porcelaine dure, qui a été importée de France, et la porcelaine tendre. La pâte de la première peut être formée comme suit :
- Kaolin ou argile à porcelaine................... . 70 parties.
- Feldspath. .................................... 14 —
- Sable........................................... . 12 —
- Sélénite.......................................... 4 —
- Avec une pâte ainsi composée, on obtient, par une première cuisson, un produit auquel on donne le nom de biscuit. Ce produit est ensuite trempé dans un bain de feldspath, puis soumis à une seconde cuisson qui le fait passer à un état complet de vitrification, et lui donne une texture homogène, translucide, qui ne ressemble pas à la simple glaçure dont sont recouvertes les poteries communes.
- Pour faire la porcelaine tendre, les potiers anglais vitrifient complètement la pâte par une première cuisson, la forme de chaque objet étant maintenue au moyen d’un saupoudrage de poudre de silex (ground flint) qu'on enlève facilement après le détournement; la glaçure est ensuite appliquée, et la température de la seconde cuisson est moins haute que celle de la première. Pour ce genre de porcelaine, on emploie :
- Os (phosphate de chaux).............. 46 parties.
- Kaolin............. 31 —
- Argile à porcelaine........... 23 —
- Quant à la glaçure, on fait d’abord une fritte qui rend ensuite plus facile l’application de la couverte. Cette fritte peut être ainsi composée:
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- Kaolin Soude.
- Borax.
- Nitre.
- La fritte obtenue par la cuisson est ensuite broyée et porphyrisée, puis on en prend 26 parties, auxquelles on ajoute :
- Kaolin en poudre.......................... . 26 parties.
- Blanc de plomb................................ 31 —
- Sable........................................ 7 —
- Carbonate de chaux, etc........................ 7 —•
- Oxyde d’étain.................................. 3 —
- Ce sont ces matières qui, convenablement mélangées, constituent la glaçure dont le biscuit doit être enduit avant d’être soumis à une seconde cuisson. Pour les couleurs, elles doivent être appliquées et cuites avant l’application de la couverte ; souvent chaque couleur demande une cuisson spéciale, surtout pour les objets dorés, ce qui augmente le travail et, par conséquent, le prix de revient.
- Le kaolin est l’élément qui donne à la pâte plus de force et de sonorité, tandis que le silex broyé communique à l’argile plastique une blancheur et une densité qu’elle n’a pas par elle-même. Les terres proprement dites sont infusibles; mais, en y ajoutant du quartz ou silex en proportion déterminée avec une base alcaline, on forme un corps vitrifiable et d’une translucidité uniforme.
- Nous allons décrire brièvement le mode de préparation auquel on soumet le kaolin et l’argile à porcelaine, pour en former énsuite des pâtes avec lesquelles, au moyen du pétrissage, du tournage et du modelage, on arrive à fabriquer ces variétés infinies d’objets qui font l’objet d’un commerce si important.
- Le kaolin est d’abord réduit en poudre fine au moyen d’un certain nombre de meules tournant dans une auge pavée, puis on le mélange avec de l’eau, en préparant une espèce de bouillie (blunging) qui doit avoir la consistance d’une crème, laquelle passe ensuite par une série de tamis en batiste, animés d’un mouvement rapide par le moyen d’une roue hydraulique. Chaque substance destinée à former les pâtes est soumise à peu près au même traitement, puis les bouillies sont, en dernier lieu, passées à travers un fin tamis de soie, et mélangées ensuite dans une grande cuve, suivant des proportions déterminées, mais variables avec la nature des produits à fabriquer. Ce dosage se règle d’après le poids des matières, qui est de 24 onces (680 grammes) pour une pinte (0liu,56) de bouillie d’argile (soit de tk,20 par litre), et d’environ 32 onces (906 grammes) pour la même quantité de bouillie de kaolin (soit de ik,60 par litre). Dès que le mélange a atteint le degré de consistance voulu, on en soustrait l’eau par évaporation, ce qui oblige à soumettre la pâte à un système de battage ou de pétrissage destiné à chasser tous lès globules d’air qui s’y trouvent emprisonnés. Après cette opération, on regardait autrefois comme indispensable d’abandonner la pâte à;elle-même, pendant trois ou quatre mois, avant de la porter au four; mais aujourd’hui cette précaution est jugée inutile.
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- .CERAMIQUE.
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- Voici les proportions de matières qu'on emploie ordinairement dans les différéntes sortes de poteries :
- Variété dite crearn colour ou poterie peinte. . . .
- Variété brune,
- Variété drab ware.........
- Variété jaspée {jaspar). . .
- Argile du comté de Dorset, Argile à porcelaine. . . . ,
- Silex...................
- Kaolin.................
- Argile rouge............
- Argile de Dorset.........
- Silex....................
- Manganèse..............
- Marne de Caen............
- Argile de Dorset.......
- Kaolin..................
- Nickel.................
- Baryte...................
- Kaolin...................
- Argile de Dorset.......
- Calcaire.................
- Plomb....................
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- La glaçure ordinairement employée pour la variété cream colour se compose de proportions variables de blanc de plomb et de kaolin, ou bien on forme une fritte avec les matériaux suivants :
- (Kaolin...........................30 parties.
- Silex...................... . , . 16 —
- Minium..........................25 —
- Soude........................... 12 —
- Borax. .........................17 —
- On prend alors 26 parties de cette fritte, et on les mélange avec 15 de kaolin, 10 de cristal anglais (flint glass), 9 de silex et 40 de blanc de plomb.
- Malgré tous les chiffres que nous avons donnés, nous devons ajouter que la composition exacte des pâtes ainsi que la provenance bien déterminée des argiles employées constituent des secrets qui sortent rarement des ateliers de malaxage, en sorte qu’il devient très-difficile d’indiquer avec quelque degré d’exactitude l’influence que peut exercer l’emploi en excès de telle ou telle matière première.
- L’argile à porcelaine, particulièrement celle du Cornouailles, n’a été connue relativement que très-tard; non-seulement il y a bien longtemps que les Chinois font usage de cette substance, mais, d’après des renseignements émanés de différentes sources, et d’après les savantes recherches de M. Layard, il paraîtrait qu’elle n’était pas inconnue des Egyptiens. Dès que M. Cookworthy, en 1768, fit connaître celle de Lescrowse et de Trethose, dans la paroisse de Saint-Stephens, les poteries du comté de Stafford en demandèrent immédiatement de grandes quantités, et depuis lors la consommation n’a pas cessé de s’en accroître, en même temps que l’exportation du kaolin, sur le continent et en Amérique, se faisait sur une grande échelle.
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- CÉftAMIQÜË.
- L’argile à porcelaine se rencontre entremêlée de quartz et de mica dans la plupart des vallées qui sont contiguës aux soulèvements des roches primitives en décomposition de notre contrée. D’après ce que l’on peut en inférer jusqu’ici de ses relations avec le kaolin, les gisements qu’elle forme ne sont pas bornés à tel ou tel district, car on en trouve, il est vrai de qualités, variables, sur les différents points de la région sud-ouest de la formation granitique, où leur présence est souvent décelée par différents caractères extérieurs, tels que la surface complètement unie du sol, le développement de la'végétation, que favorise surtout l’excès de potasse que l’argile peut contenir, et enfin l’abondance des sources voisines.
- Le caractère de l’argile a une grande analogie avec celui des granits d’où elle dérive, en vertu du phénomène de désagrégation dont nous avons parlé plus haut, analogie qu’on observe non-seulement au point de vue du rendement d’une quantité donnée de matière première, mais aussi soiis le rapport de la pureté et de la blancheur de la substance; car la plus blanche provient des granits dont la pâte feldspathique est la plus pure et la plus exempte de fer. La proportion de mica exerce également une influence qu’on ne saurait négliger, si bien qu’on peut dire, en règle générale, que Ja valeur d’une'argile peut, en quelque sorte, se déduire de celle qu’on aura reconnue au granit dont elle provient. Dans ces conditions, il ne serait donc pas inutile que nos fabricants se livrassent à un examen minutieux de la matière, examen que leur faciliterait de beaucoup l’emploi d’un bon microscope.
- L’argile à porcelaine des comtés de Devon et de Derby est d’une bonne qualité pour la fabrication ; mais, elle ne saurait se comparer à celle du Cornouailles pour la fermeté et la blancheur. Elle renferme 60 d’alumine, 20 de silice et 20 de potasse (Wedgwood), et c’est à ce! excès de silice qu’elle doit d’être înfüsible et inaltérable aux plus hautes températures; en outre, elle conserve très-longtemps son humidité, en sorte que sa préparation demande de grands soins, ainsi qu’on le verra plus loin.
- Le quartz quelle renferme est en petits cristaux de forme irrégulière et à arêtes indéterminées, tandis que le mica ne semble pas plus altéré que celui du granit d’où il provient, et continue à s’y trouver sous forme de silicate double d’alumine et de potasse.
- On a vu précédemment combien il en était autrement du feldspath provenant des mêmes granits, lequel, par suite de la perte de la majeure partie de sa potasse, s’est trouvé transformé en une matière pulvérulente et amorphe; singuliers effets des phénomènes chimiques créés par la nature, et qui donnent lieu à la formation de matières capables de fournir, à la cuisson, des produits entièrement différents sous le rapport de la transparence, de la sonorité et de la blancheur. Entre les pâtes dites terre de pipe et la porcelaine translucide, ou même le verre qui n’est qu’un silicate entièrement vitrifié, il existe encore des genres nombreux dont les variétés dépendent d’autres éléments, tels que certains alcalis et des oxydes métalliques. N’oublions pas de noter que certaines couches d’argile sont quelquefois peu utilisables pour la céramique, par suite de la présence d’une forte proportion de fer qui colore la matière et lui fait perdre une grande partie de sa plasticité; ces couches, • qu’on
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- laisse généralement de côté, sont désignées, en Angleterre, sous le nom de brawny.
- Il nous reste maintenant à décrire le mode de préparation qu’on fait subir à l’argile dont nous venons de parler, préparation qui, malgré sa simplicité théorique, exige néanmoins beaucoup de soin dans la pratique, et qui consiste essentiellement dans la séparation du quartz. Les ateliers où l’on se livre à ce travail sont situés dans la paroisse même de Saint-Stephens, dont l’activité, surtout pendant l’été, offre au touriste un spectacle qui n’est pas sans intérêt; ils ont, du reste, une importance qù’at-teste leur développement, car l’un d’eux occupe, à lui seul, une surface de 10 à 13 acres (4 à 5 hectares) et ne produit pas moins de 2 à 3,000 tonnes de matière bonne à être expédiée.
- Rien de plus curieux et de plus pittoresque à la fois que l’aspect de ces ateliers qui se trouvent au milieu des bruyères, dans une solitude aride et sauvage, bordée par des remparts de rochers et ayant une série de collines froides et âpres pour seul horizon. Ici ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui, coiffés de blanc et munis d’une paire de manches et d’un tablier de même couleur, portent, dans de larges paniers, une matière encore plus blanche que leur accoutrement et qui n’est autre que l’argile, et vont la déposer sur la hauteur, où des aires de séchage sont disposées dans les conditions les plus favorables à l’action du soleil et des vents secs; là, d’autres ouvriers nettoient l’argile sèche pour la mettre en barils, forme sous laquelle on l’expédie sur les marchés de l’ancien et du nouveau monde ; plus loin on remarque des fosses de toutes les formes, où se font les lavages, et dont la série est interrompue de temps en temps par une ou deux roues hydrauliques qui fonctionnent sans discontinuer. A l’extrémité la plus éloignée sont les excavations d’où on tire l’argile pour la nettoyer ensuite, la soumettre au lavage et la débarrasser du sable avec lequel elle est mélangée; ce dernier est chargé dans des waggons roulant sur un petit chemin de fer ayant l’eau comme force motrice. Enfin, couronnant le tout, un certain nombre de laveurs, échelonnés sur des points culminants, desservent plusieurs pompes affectées à différents services.
- Les couches d’argile sont recouvertes par une épaisseur de terrain variable : tantôt on en exploite à peu de distance de la surface du sol, et tantôt il faut aller jusqu’à 10 à 20 fathoms (18 à 36 mètres) pour trouver un gisement convenable. Le terrain stérile est enlevé avec la pioche et la pelle; c’est là le travail d'une brigade d’ouvriers qui chargent, en outre, les déblais dans des brouettes et les transportent dans le voisinage, où ils servent à niveler le sol et à préparer des aires de séchage pour la saison d’été. En même temps que ce travail s’effectue, d’autres ouvriers attaquent la couche d’argile, sur laquelle on fait constamment couler un petit filet d’eau qui sert à la détremper; puis ils foulent cette argile avec des bottes pesantes (environ 3 kilog.), afin de faciliter sa séparation d’avec le sable et le mica, que le courant d’eau emporte peu à peu. Le sable est ensuite repris et chargé, comme on l’a dit, dans des waggons qui le remontent, soit pour le déposer sur des aires, soit pour le verser dans des fosses.
- L’eau dont on se sert pour détremper l’argile doit consister en 2/3 d’eau de source et 1/3 d’eau de pluie, ce mélange favorisant le dépôt de la matière en suspension. Tome XI. — 63e année. 2a série. — Mars 1864. 21
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- Cette opération n’est pas sans importance et demande une certaine dose d’attention, car il peut arriver qu’il y ait un excès d’eau de pluie, et dans ce cas il faut saturer le mélange avec quelque base terreuse. L’alun ordinaire est souvent employé à cet usage; mais tout autre sel meilleur marché pourrait remplir le même but, car il n’est nécessaire de saturer complètement le liquide avec des bases terreuses que lorsque l’argile se précipite trop rapidement; c’est là un phénomène qui n’est généralement pas Connu. Au lieu de sels, il nous est quelquefois arrivé d’employer avec succès de la tourbe en poudre fine, ou du charbon de bois pulvérisé; l’une ou l’autre de ces substances, simplement jetée sur le liquide d’une fosse où elle surnage, a la singulière propriété d’aider à la précipitation de l’argile, même dans l’eau distillée, ce dont il est facile de se convaincre en répétant l’expérience en petit dans une éprouvette.
- Mais reprenons la suite des opérations. Des pompes en bois ou en métal, mises en mouvement par un puissant moteur hydraulique et plongeant à 40 et quelquefois à 80 pieds de profondeur (12 et 24 mètres) dans les fosses inférieures du chantier, remontent le liquide en quelque sorte laiteux, et le versent dans des caisses échelonnées par étages, où le mica se dépose en vertu de sa plus grande densité. Le degré d’inclinaison et le nombre de ces caisses varient avec la rapidité du courant du liquide, et quant à leurs dimensions, qui sont également variables, elles sont de 10 à 20 pieds (3 à 6 mètres) en longueur, 3 pieds (0m,9) en largeur, et 6 à 9 pouces (0m,15 à 0m,22) en profondeur. Il arrive parfois, lorsque les caisses ne sont pas convenablement disposées, que la majeure partie du mica ne se dépose pas; dans ce cas, l’argile qu’on recueille en contient une proportion assez forte pour en altérer les qualités au point de vue de la blancheur et de la plasticité. Il est donc essentiel, surtout pour les argiles les plus précieuses, que la séparation des matières puisse s’effectuer aussi complètement que possible, et pour cela il faut régler, d’une manière convenable et uniforme, le courant du liquide et l’inclinaison des caisses de dépôt; en outre, celles-ci doivent être vidées et nettoyées toutes les six ou sept heures, travail que saura amplement payer la bonne qualité des produits. La matière contenue dans la première des caisses où arrive le courant étant un mélange d’argile, de mica et de cristaux de diallage ou d’hornblende, on la jette alors aux déblais, tandis que celle qui provient des autres caisses peut être utilisée et est vendue comme argile de seconde qualité.
- L’eau qui entraîne l’argile la plus pure, et qui vient de quitter les caisses étagées, arrive, en dernier lieu, dans une fosse de forme circulaire ou ovale, de 30 à 40 pieds de circonférence (2m,80 à 3m,80 de diamètre) et de 6 à 10 pieds (lm,80 à 3 mètres) de profondeur, au fond de laquelle l’argile se dépose peu à peu, en même temps que l’eau la plus claire coule par-dessus les bords. Quand la fosse est remplie d’argile, on la vide au moyen d’une vanne placée à la partie inférieure, ou bien au moyen de pompes, et on reçoit la matière dans des cuves, où on la fait sécher par une simple exposition au soleil ou sous l’action des vents secs du mois de mars.
- Au bout de trois ou quatre mois, pendant lesquels la matière a déjà perdu une grande partie de son humidité, on la sort des cuves et on la débite en blocs cubiques de 1 pied de côté (0m,30), pour la placer sur des plates-formes disposées dans le voi-
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- sinage, où elle achève de se sécher pendant l’été. Des ouvriers préparent ces blocs en découpant la matière au moyen d’un couteau muni d’un long manche (espèce de louchet) ; ils commencent par faire une première série d’incisions parallèles, puis ils en font d’autres à angles droits et enlèvent enfin les blocs au moyen de bêches. Des femmes et des enfants viennent alors les prendre et les rangent sur les plates-formes sablées, où ils acquièrent, en peu de temps, la siccité et la blancheur voulues. Comme cette opération ne peut se pratiquer qu’en été, et qu’un temps humide lui est excessivement défavorable, on comprend qu’il soit nécessaire d’avoir quelquefois recours à des moyens artificiels pour arriver au même but. Malheureusement Newport est le point le moins éloigné d’où l’on puisse tirer le charbon, et la distance est encore assez grande pour que, en raison des frais de transport, peu d’exploitants se décident à en faire venir. En effet, si on employait ce combustible, le séchage s’opérerait en plaçant l’argile dans de grands fours ou dans des séchoirs à vapeur, procédés qui, au prix de la houille, ne seraient ni l’un ni l’autre applicables au traitement annuel de plusieurs milliers de tonnes d’argile.
- Une fois secs, les blocs d’argile sont ramassés, empilés sous des hangars et recouverts de chaume, c’est-à-dire mis à l’abri de l’humidité, et rangés avec soin en tas où l’air puisse circuler librement. Quand on doit en faire des expéditions à l’étranger, on les racle avec soin (travail qui est fait sur des tables par des femmes armées d’un instrument qui ressemble à la houe hollandaise), et on les emballe dans de petites caisses contenant chacune une demi-tonne environ, ou bien on les charge directement dans des waggons qui les amènent au port d’embarquement le plus rapproché.
- Quant aux prix, ils dépendent beaucoup de la nature de la marchandise; ceux des qualités supérieures varient dans de très-faibles limites, et, dans ces dix ou quinze dernières années, ils se sont constamment maintenus entre 36 et 46 schellings (45 et 57 fr. 50) par tonne, tandis qu’on peut avoir des qualités de second ordre à des prix bien inférieurs, qui peuvent descendre jusqu’à 17 schellings (21 fr. 25). La pureté, la siccité, la blancheur, la dureté et le degré de retrait après cuisson sont les qualités les plus recherchées et qui, nécessairement, influent sur la valeur de la matière. (M.)
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1862.
- RAPPORT SUR LES PRODUITS CHIMIQUES INDUSTRIELS ( CLASSE II , SECTION A ) , PAR M. A. W. HOFMANN, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE LONDRES. (Suite) (1).
- Sources inorganiques des composés potassiques.
- Découverte et exploitation de dépôts souterrains de chlorure potassique recouvrant le sel gemme ordinaire. — On a découvert récemment à Stassfurt, petite ville située
- (1) Voir Bulletin de 1863, 2» série, t. X, p. 478, 546 et 672.
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- EXPOSITION UNIVERSELLE.
- près de Magdebourg (Prusse), un gisement de sel gemme ordinaire d’une épaisseur de 100 pieds (30m), lequel est recouvert immédiatement par une couche d’argile renfermant des veines de sels mélangés, principalement des sulfates et des chlorures terreux et alcalins, désignés en allemand sous le nom d’ Âbraumsalz (sel de déblai). L’analyse de ce dépôt salin, faite par M. Peters (1), a indiqué qu’il renfermait 19,16 de chlorure de potassium correspondant à 12,1 de potasse. Les sulfates terreux et le sel marin qu’on rencontre en abondance dans la partie inférieure de ce dépôt recouvrant immédiatement le sel gemme, disparaissent dans les veines supérieures formées principalement d’un mélange de chlorures potassique et magnésique fortement hydratés et quelque peu ferrugineux. La composition, l’aspect et les caractères de cette dernière matière sont assez définis et assez constants pour qu’on puisse l’envisager comme un minerai particulier. M. H. Rose, qui le désigne sous le nom de carnallite, a trouvé, en l’analysant, qu’il contenait 24,27 de chlorure de potassium, correspondant à 13,83 de potasse. Le mode de superposition de ces dépôts est intéressant, en ce qu’il indique l’ordre dans lequel les sels de l’eau de mer se déposeraient par une concentration graduelle du liquide, la masse du sel marin se solidifiant d’abord et formant la base du dépôt.
- La période décennale qui s’est écoulée entre 1851 et 1862 a été témoin du commencement de l’exploitation industrielle du sel potassique contenu dans ces dépôts complexes. En 1860, 160 tonnes de cette matière ont été recueillies et vendues principalement comme engrais; en 1861 la production a doublé, et depuis cette époque n’a cessé d’augmenter.
- Salpêtre naturel. — Le rapporteur rappelle que dans beaucoup de districts des régions tropicales le sol est imprégné de nitrate de potasse qu’on peut extraire par simple lixiviation, et c’est ainsi qu’on obtient le salpêtre qu’on importe en si grandes quantités des Indes. Il explique les deux théories qui attribuent la formation de l’acide nitrique, l’une à la décomposition des matières organiquesau contact de l’air, etl’autre, qu’il croit moins exacte, à l’absorption, par certains corps inorganiques de nature poreuse, de l’azote et de l’oxygène atmosphérique qui se combineraient ensuite sousl’in-fluence de certaines circonstances favorables. Du reste, quelle que soit leur origine, il est certain qu’on rencontre souvent de pareils dépôts, et tout récemment on en a découvert un nouveau gisement au cap de Bonne-Espérance, dans le district de Clan-William.
- Enfin M. Hofmann signale, en passant, l’importance du chlorure potassique, dont il a été question plus haut, comme moyen d’obtenir le nitrate de potasse par double décomposition avec le nitrate de soude natif. Il fait remarquer que c’est à la connaissance plus exacte et à l’utilisation de cette propriété du chlorure qu’il faut attribuer l’augmentation rapide de sa valeur commerciale dans les dernières années. En France, on emploie beaucoup les produits potassiques provenant des résidus des liqueurs de betteraves; à cet effet, on ajoute du nitrate de soude pendant l’évaporation des liqueurs,
- (I) Chem. Ackersmann, 1861, n° 2, p. 102.
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- afin d’effectuer la transformation désirée; mais ce procédé présente des dangers d’explosion.
- Extraction directe des sels neutres de potasse de Veau de mer, au moyen du procédé Balard, modifié par M. Merle.— « On peut dire, en termes généraux, que la méthode de M. Balard, mentionnée brièvement par le Jury, dans son rapport de 1851 (1), consiste à concentrer et à refroidir alternativement l’eau de mer (ou plus exactement les eaux-mères des marais salants), d’après un plan méthodique arrangé de manière à obtenir, en partie par la décomposition réciproque opérée entre les matières salines, en partie par des précipitations et des cristallisations successives, trois produits salins précieux, savoir : le sel de cuisine, le sulfate de soude et le chlorure de potassium.
- « Les eaux-mères, qui constituent la matière brute de M. Balard, peuvent être considérées comme une solution d’un mélange de trois chlorures et d’un sulfate, savoir : les chlorures sodique, potassique et magnésique, et le sulfate de magnésie. Le traitement a pour but : 1° de combiner avec le sodium tout l’acide sulfurique en présence; 2° de récolter séparément le sulfate de soude ainsi formé, le chlorure de sodium et le chlorure de potassium. Le chlorure de magnésium, pour lequel on ne connaît pas d’emploi, est écoulé comme déchet dans les liqueurs qui constituent le résidu. Pour réaliser ces conditions, M. Balard met à profit l’influence générale si connue que les conditions physiques exercent sur les phénomènes chimiques, et il se sert plus particulièrement de l’influence de la solubilité relative pour déterminer laquelle des diverses combinaisons possibles, entre des acides et des bases mélangés en solution, doit être formée et précipitée à l’état de produits solides par la concentration et le refroidissement de pareilles solutions. »
- Ici le rapporteur examine en détail la méthode de M. Balard, et il explique les difficultés nombreuses qu’elle a rencontrées dans la pratique, difficultés qui devaient la conduire à ne pouvoir être exploitée que d’une manière peu suivie, en lui donnant un caractère aléatoire présentant plus d’analogie avec une exploitation agricole qu’avec une opération industrielle. Nous passerons cette partie du rapport pour en arriver de suite à la description du procédé tel que l’a modifié M. Merle, qui en fait un procédé complètement pratique, consistant dans Vextraction des sels des eaux de la mer concentrées par leur exposition à une basse température produite artificiellement.
- « Le degré de concentration nécessaire pour rendre les eaux de la mer propres à être traitées par ce procédé correspond à une densité de 1,24 (28° B.) ; à €e point de concentration l’eau de mer dépose à peu près les 4/5 du sel marin qu’elle» contient. On obtient ce degré de concentration par le procédé ordinaire d’évaporation sur le sol, tel qu’on le pratique dans la fabrication du sel marin, dont l’ample moisson dédommage pleinement de cette opération préliminaire.
- « Les eaux-mères constituent la matière brute du nouveau procédé ; on les renferme dans de vastes réservoirs clos, et à partir de ce moment elles ne sont plus exposées ni à la dilution par la pluie ni à l’absorption par le sol. Mais l’expérience ayant montré
- (1) Rapport du Jury, 1851, p. 39.
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- que ce degré de concentration était un peu supérieur à la densité la plus favorable à la prochaine phase de l’opération, on ajoute 10 pour 100 d’eau pure aux eaux-mères renfermées dans les réservoirs.
- « Après avoir fait subir cette préparation aux eaux de la mer, on leur fait traverser les appareils réfrigérants construits d’après les plans de M. Carré (1), et on les y soumet à un refroidissement de—18° C. Cette réfrigération artificielle provoque la double décomposition entre le sulfate de magnésie et le chlorure de sodium; le sulfate de soude se dépose dans les eaux-mères à mesure qu’elles traversent l’appareil, et le chlorure de magnésium restant en solution est entraînéavec les liqueurs. Le procédé est continu ; les liqueurs entrent constamment d’un côté de l’appareil et ressortent de l’autre; le sulfate de soude, qui se dépose, est continuellement extrait au moyen d’une chaîne à godets. Une essoreuse centrifuge dépouille rapidement ce sel des eaux-mères, et finalement il est desséché dans un four à réverbère. Ces eaux-mères sont ensuite traitées pour en extraire les sels qu’elles tiennent en dissolution.
- « Pour obtenir le sel marin, on fait écouler les eaux-mères directement de l’appareil réfrigérant dans des chaudières analogues à celles qu’on emploie pour le raffinage du sel gemme. Dans ces chaudières, les eaux-mères sont évaporées jusqu’à ce qu’elles présentent une densité de 1,331 (36° B.); à ce degré de concentration, presque tout le sel marin s’est déposé à l’état de poudre fine, et, après dessiccation dans un appareil centrifuge, il équivaut, en pureté, aux plus beaux sels fins anglais.
- « Il reste à recouvrer le chlorure de potassium encore en dissolution dans les eaux-mères bouillantes ; dans ce but, on les fait écouler dans des réfrigérants en béton très-grands, mais peu profonds, où elles déposent bientôt la totalité de leur potasse sous forme de chlorure double de potassium et de magnésium. On recueille ce dépôt, et on élimine le chlorure de magnésium, en ajoutant à la masse saline mixte la moitié de son poids d’eau douce. Celle-ci dissout la totalité du chlorure de magnésium, qui est de beaucoup le sel le plus soluble, et seulement un quart du chlorure de potassium. On obtient ainsi les 3/4 de la potasse sous forme de chlorure, ne contenant que 1/10 de matière saline étrangère ; l’autre 1/4, dissous dans les eaux de lavage, conjointement avec du chlorure de magnésium, est reporté dans les chaudières.
- « Ce procédé remarquable fonctionne avec une facilité et une régularité parfaites. L’action énergique du froid artificiel, non-seulement dispense des éliminations successives qui sont la base de la méthode de M. Balard, mais elle permet à la double décomposition de s’accomplir avec une telle netteté, que les eaux-mères, ne retenant plus qu’une faible proportion de sulfate de magnésie, se prêtent avec une grande facilité au traitement ultérieur qui a pour but d’obtenir les sels de potasse. »
- La netteté et la régularilé, ajoute M. Hofmann, ne sont pas cependant les seuls caractères distinctifs de ce procédé ; il est encore remarquable pour la grande quantité de produits salins qu’il est susceptible de fournir. En effet, les opérations salinières
- (1) On sait que les appareils de M. Carré produisent le froid au moyen de la distillation de l’ammoniaque en vase clos. Voir Bulletin de 1863, 2e série, t. X, p. 32, (R.)
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- étant limitées à la production, sur le sol, d’eaux-mères d’une densité de 1,24 (28° B.), la perte résultant de la perméabilité du sol est tout à fait insignifiante, et ne peut être comparée à la perte sérieuse provenant de la même cause qu’on éprouvait dans l’ancienne méthode, dans les marais salants, lorsqu’on poussait le traitement des eaux à un bien plus haut degré de concentration.
- L’eau mère, amenée à une densité de 1,24 (28° B.), une fois emmagasinée dans les grands réservoirs, reste dans des vases métalliques pendant les phases ultérieures du procédé, et, comme les opérations suivantes se font dès lors sans aucune perte, on arrive à une production qui peut devenir énorme si l’on met en action de grandes surfaces d’évaporation.
- Un mètre cube d’eaux-mères à 28° B., qui, sans perte, correspondrait à 25 mètres cubes d’eau de mer, mais qui, par suite de la perte résultant des infiltrations, correspond à environ 75 mètres cubes d’eau de mer, traité comme il a été dit, peut fournir :
- Sulfate de soude anhydre................. 40 kilog.
- Sel marin raffiné........................ 120 —
- Chlorure de potassium.................... 10 —
- M. Merle a déjà organisé, dans la Camargue, le matériel nécessaire pour le traitement de 100,000 mètres cubes d’eau de mer concentrée à 28° B., et ce n’est qu’une faible fraction de ce qu’il peut faire avec les surfaces dont il dispose.
- Cela posé, M. Hofmann se demande si ce procédé, ainsi perfectionné, représente bien la solution finale du problème auquel M. Balard a travaillé si longtemps. Il est à sa connaissance que l’éminent chimiste poursuit encore de nouveaux développements, et il croit que le recouvrement du brome des eaux-mères, encore rejetées comme déchet, sera l’un des prochains perfectionnements apportés à cette exploitation. Une difficulté, cependant, est inséparable de ces procédés que le rapporteur appelle océaniques, parce qu’elle est inhérente à la nature même des choses, et qu’elle doit nécessairement déjouer les efforts du plus grand génie. Cet obstacle tient à l’excès naturel des composés sodiques sur les composés potassiques dans l’eau de mer, de sorte que, pour obtenir 10 tonnes de chlorure de potassium, il faut produire 160 tonnes de chloruré de sodium et de sulfate de soude. Or ce fait ne peut être changé et constitue une barrière naturelle qui, en posant, en réalité, des limites à ce qu’on pourrait appeler la fabrication océanique de la potasse, s’oppose à l’équilibre normal et désiré entre les prix commerciaux des deux alcalis, qui sont également abondants dans la nature. C’est certainement cette considération qui, dans ces derniers temps, a déterminé tant de chimistes à chercher la potasse dans les sources minérales qui, comme certaines roches, la contiennent dans un état plus concentré.
- Extraction de la potasse des roches alcalifères primitives. —Depuis un quart de siècle, le but que se proposaient les chimistes, c’était de découvrir quelque procédé artificiel analogue aux pouvoirs dissolvants de l’air et de l’eau, mais d’un effet plus rapide, pour amener la désintégration de ces roches primitives alcalifères si réfractaires, et mettre en liberté la potasse qu’elles contiennent. Avant de parler du procédé
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- par lequel M. F. O. Ward a résolu le problème et l’a mis en pratique avec le capitaine Wynants, de Bruxelles, M. Hofmann croit devoir passer en revue toutes les tentatives antérieurement faites dans la même voie.
- Procédés proposés par MM. Sprengel, Turner, Kulhmann, Meyer et autres. — Les premières expériences faites, dont le rapporteur ait pu retrouver la trace, sont celles de Sprengel (1), qui, en 1830 déjà, prépara de l’alun, en soumettant le feldspath à l’action de l’acide sulfurique. A cet effet, on pulvérisait finement le feldspath, et on le mélangeait avec de l’acide sulfurique concentré, de manière à réduire le tout à l’état de consistance pâteuse; on laissait ensuite les deux substances en contact pendant plusieurs mois. En lixiviant par l’eau, le mélange fournissait de l”alun de potasse en solution qui, généralement, était si pur, qu’on était dispensé de le faire recristalliser.
- Plus tard, M. Turner (2) faisait fondre le minerai finement divisé avec du sulfate neutre de potasse. Il en résultait, d’un côté du silicate double de potasse, et de l’autre un silicate double insoluble d’alumine et de potasse pouvant fournir, sous l’influence de l’acide sulfurique, de l’alun et de la silice. Le silicate soluble de potasse, mis en digestion avec de la chaux, formait du silicate insoluble de chaux, laissant de la potasse en dissolution.
- D’après les expériences de M. Kuhlmann, on peut aussi employer le chlorure de calcium pour attaquer le feldspath à une température élevée. En traitant par l’eau la masse fondue, elle abandonne des quantités considérables de chlorure de potassium.
- On a proposé une variété de procédés analogues pour obtenir la fusion du feldspath en employant des sels neutres comme fondants; mais ces procédés, de même que ceux de MM. Turner et Kuhlmann, ont tous échoué à cause de l’intensité de la température exigée pour la réaction, ainsi que par suite de la dépense excessive de combustible et de la destruction rapide des fours qui en était la conséquence. En suivant la même voie, on a également essayé de mélanger intimement du feldspath pulvérisé avec du fluorure de calcium, et de soumettre ce mélange à l’action de l’acide sulfurique, et ultérieurement à une chaleur rouge modérée; mais la dépense, comparée à la valeur du produit obtenu, a rendu cet essai impraticable en grand.
- Enfin M. E. Meyer est l’auteur d’un procédé (3) sur lequel il a publié, en 1857, une notice, procédé reposant sur celte observation faite par M. Fuchs, que le feldspath pulvérisé, après avoir été chauffé à blanc avec de la chaux et après avoir élé lessivé ultérieurement avec de l’eau, fournit une faible proportion de potasse en solution. Parlant de là, M. Meyer constate que la calcination du mélange de chaux et de feldspath à une température intermédiaire entre le rouge vif et la chaleur blanche fournit un produit qui, soumis à l’action de l’eau, et avec l’aide d’une pression de 7 à 8 atmosphères et d’une température énorme, donne naissance à une solution potassique, laquelle, en peu de temps, est suffisamment alcaline pour que la chaux n’y puisse plus rester en
- (1) Sprengel (C.), Journ. f. œkon. Tech, chemie, t. VIII, p. 220.
- (2j Turner (W. G.), Brevet n° 9486, 8 octobre 1842; Wagner’s chem. Technologie, 3 aufl., 1.40. (3) Meyer (E.), Ding. Polytech. Journ., t. CXLI1I, p. 274; Wagner’s Jahresber., 1857, p. 124.
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- dissolution. L’intensité de la chaleur nécessaire pour effectuer ainsi la décomposition du feldspath au moyen de la chaux oppose malheureusement au succès industriel de ce procédé une barrière analogue à celle qui a rendu impraticables tous les autres procédés par voie sèche proposés antérieurement dans le même but. D’un autre côté, la nécessité de lessiver 288 tonnes de produit calciné à une pression considérable, afin d’obtenir seulement 9 à 11 tonnes de potasse, constitue un autre obstacle qui s’oppose, de la manière la plus formidable, à la réalisation de cette méthode.
- Attaque calcifluorique ,• procédé de M. F. O. Ward. — La question de l’extraction de la potasse des roches feldspathiques restait donc pendante dans un état fort peu satisfaisant, quand M. F. 0. Ward reprit le problème. C’est au commencement de 1857 qu’il imagina le nouveau mode de traitement auquel il donne le nom d'attaque calci-fluorique, et depuis cette époque il s’occupe, de concert avec le capitaine Wynants, de réaliser ce plan sur une échelle industrielle (1).
- Dans un travail qu’il a publié à ce sujet (2), M. F. 0. Ward explique les nombreux essais auxquels il s’est livré avec son collaborateur, et, après avoir énuméré chacune des difficultés qu’il a rencontrées, il donne la relation suivante du procédé auquel il a été conduit par l’emploi du fluor, et qui est, dit-il, d’une extrême simplicité, quoiqu’on ait mis bien du temps à le découvrir.
- « Le feldspath, ou tout autre silicate alcalifère naturel, qu’on se propose de traiter, est pulvérisé jusqu’à ce qu’il soit réduit à la finesse du ciment ordinaire de Portland, et mélangé ensuite avec une proportion convenable (qui est indiquée plus loin) de spath-fluor (ou d’une autre fluorure), également réduit en poudre fine. On incorpore dans ce mélange une certaine quantité de craie ou, mieux, d’un mélange de craie et de chaux hydratée. L’introduction d’une partie de la base terreuse, sous forme de craie, est avantageuse, 1° parce qu’elle rend la matière frittée poreuse (et par conséquent facile à lixivier), par suite du dégagement d’acide carbonique pendant la calcination ; 2° parce qu’elle favorise, par sa fusibilité, le contact des molécules entre lesquelles la réaction doit s’effectuer. L’hydrate de chaux, sans la craie, met en liberté beaucoup moins d’alcali que ne le fait la craie sans hydrate de chaux, et la chaux vive, employée seule, en élimine à peine des traces; mais, quand on emploie un mélange de chaux et de craie humecté avec de l’eau, il se forme peu à peu un carbonate hydraté basique, qui se solidifie ou se concrète comme du mortier, ce qui permet de façonner les matières à traiter en boules ou en briques, qu’on soumet ensuite à la calcination. On chauffe le mélange, ainsi préparé, à la température rouge jaunâtre (assez forte pour ramollir l’argent, mais sans le fondre) (3), jusqu’à ce que les éléments dont il se compose
- (1) Ward (F. 0.) et Wynants (F.), Brevet n° 3185, 30 décembre 1857; Rep. of pat. inv., septembre 1858, p. 219.
- (2) Mémoire sur un nouveau procédé proposé par F. 0. Ward, et mis en œuvre par lui, de concert avec le capitaine Wynants, pour l’extraction de la potasse des roches primitives. Londres, 1862.
- (3) Il résulte d’une série d’expériences faites par M. Ward, depuis la rédaction du rapport anglais, que la température indiquée ci-dessus peut être abaissée de beaucoup sans diminuer le
- Tome XI. — 633 année. 2e série. — Mars 1864. 22
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- s’agglomèrent en une substance frittée poreuse. Le temps nécessaire pour produire ce résultat varie d’une à plusieurs heures, selon la masse de la charge à pénétrer par la chaleur et le caractère plus ou moins réfractaire du feldspath; ce caractère varie souvent, même dans différentes parties d’un même dépôt ou d’une même veine, augmentant ordinairement avec la densité de la roche. La substance frittée et poreuse est épuisée à l’eau bouillante, ou lixiviée méthodiquement avec de l’eau chaude, qui dissout rapidement la totalité de l’alcali préexistant dans le feldspath. La lessive alcaline ainsi obtenue est plus ou moins carbonatée, et retient en dissolution une certaine proportion de silice ou d’alumine, ou des deux réunies; mais elle ne contient aucune substance étrangère qu’on ne puisse facilement séparer en ajoutant de la chaux à la solution; de cette manière on peut obtenir delà potasse de la plus grande pureté, soit caustique, soit carbonatée, en employant les moyens ordinaires. La substance frittée et épuisée contient évidemment la silice et l’alumine du feldspath; elle contient, de plus, la chaux et la magnésie ou toute autre base terreuse qui aurait pu entrer dans sa composition, ainsi que la totalité de la base terreuse ajoutée. Ce résidu n’est pas un déchet comme celui du procédé de la soude; on peut l’employer utilement, et, pour cette raison, il est soumis à un traitement qui sera expliqué plus loin. »
- Pour ce qui concerne le dosage des substances constituant le mélange, et en premier lieu celui de la chaux, M. F. 0. Ward dit que « le minimum théorique de la base terreuse doit être augmenté dans la pratique, par suite de l’impossibiltié d’effectuer un mélange assez parfait des matières pour assurer le contact entre toutes les molécules des substances attaquées et attaquantes. » Plus loin il ajoute que, « dans les conditions ordinaires, les proportions de chaux, de 2 équivalents pour la silice et 1 1/2 équivalent pour l’alumine, constituent la quantité normale de chaux active à fournir. Et même je recommande, à ceux qui voudraient exploiter ce procédé industriellement, d’ajouter d/9 ou 1/10 de chaux en plus, parce qu’un léger excès de craie ne forme pas d’obstacle à l’opération et n’augmente pas sensiblement la dépense, tandis qu’un manque de chaux est un mal dont il ne faut courir la chance à aucun prix. Ces proportions pour de l’orthose pure, représentée (d’après les nouvelles formules) par K20. 3 SiO\ A1403. 3SiOa, et ayant par conséquent pour équivalent 568,92, soit, en chiffres ronds, 569, correspondent à 131/2 équivalents = 1,350 parties de craie (Ca2C03 étant égal à 100), ou avec l’addition de 1/9 en plus, 15 équiv. = 1,500 parties. » —
- rendement du feldspath en alcali. Des résultats excellents ont été obtenus, par exemple, en frittant (avec certaines précautions constamment requises) des quantités industrielles du mélange (soit des masses pesant plusieurs quintaux) dans les fours employés pour déshydrater le gypse, dans les cornues à gaz ordinaires et même dans les fours à travail continu où se cuit le ciment romain. Dans chaque expérience, on s’en est tenu à la température usuelle du four. On est parvenu ainsi à fritter le mélange parfaitement avec 60 pour 100 moins de combustible que n’en demande le carbonate de chaux pour être converti en chaux vive. Pour ce qui concerne l’abaissement de la température dans ce procédé, l’influence du fluor, comme fondant, ne laisse rien à désirer.— Le rapporteur a assisté, en décembre 1863, à plusieurs de ces essais faits sur une échelle industrielle, et il se plaît à en constater la réussite.
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- Quant à la proportion du spath-fluor exigée, M. Ward pose celte simple règle générale : a L’addition du fluor doit être proportionnée, équivalent pour équivalent, à la quantité d’alcali existant dans la roche. »
- M.Ward explique la série des essais qu’il a faits à cet égard, et, après quelques autres remarques sur le caractère de la réaction qui se développe dans les phases ignée et aqueuse du traitement, il fait observer, relativement au résidu lessivé de la substance frittée, que, «d’après sa composition, on pourra facilement juger de ses applications et du traitement nécessaire à leur développement. Il est évident qu’en soumettant ce résidu à une nouvelle calcination il dégagera de l’acide carbonique, et offrira alors dans ses traits principaux la composition d’un ciment hydraulique. » Mais il fait remarquer que la présence du fluor altérant les propriétés cimentantes de ce résidu, il ne peut, tel qu’il est, constituer qu’un ciment de second ordre, pouvant néanmoins servir avec avantage dans beaucoup de constructions usuelles. On peut encore l’utiliser comme substance àintroduire dans lesmélangesservant à la fabrication de pierres artificielles, ou de briques d’une dureté égale à celle de la pierre. Il ne sera donc nullement nécessaire d’accumuler autour des fabriques des monceaux de ce résidu, comme cela a lieu pour les déchets provenant du procédé de la soude.
- « J’espère, dit en terminant M. Ward, me livrer, d’ici à peu de temps, à une série d’expériences complémentaires, en vue de l’utilisation du résidu. Mais, dans tous les cas, je crois pouvoir affirmer que le problème le plus important, celui de l’extraction de la potasse du feldspath, est déjà complètement résolu. Comme procédé de laboratoire, il est évidemment complet, parce qu’il accomplit, à une basse température, l’extraction de la totalité de l’alcali, et, sous ce rapport, il est impossible de le perfectionner. En opérant sur des quantités plus grandes (par exemple, sur la charge d’une cornue à gaz ordinaire), on a extrait du feldspath potassique environ les 9/10 de tout l’alcali qu’il renfermait; et à la fin de quelques essais, aujourd’hui en cours d’exécution, pour déterminer la forme la plus économique et la meilleure des fourneaux ou fours à calciner de grandes quantités du mélange dans les conditions nécessaires d’uniformité et d’exactitude, on commencera la construction d’une usine pour l’exploitation en grand de ce procédé. »
- Après ces citations du mémoire de M. Ward, M. Hofmann rapporte que c’est avec le plus vif intérêt que le Jury a examiné la communication qui lui était faite par l’inventeur sur ce procédé remarquable. Depuis lors il a appris que M. Ward et son associé, M. Wynants, ont opéré sur des charges de 240 livres (108l,70), et obtenu les 7/8 de l’alcali contenu dans le feldspath en traitement. Il émet, en conséquence, la conviction que Y attaque calcifluorique constituera la solution véritable et définitive du grand problème de la production économique de la potasse.
- Sur la composition des résidus liquides de betteraves, et sur la manière d'en recouvrer la potasse et les autres produits salins.
- Sous ce titre, l’auteur a cru devoir réunir, comme appendice, l’ensemble des opé-
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- rations auxquelles M. Kuhlmann soumet le salin brut de betterave, et dont les détails ont été puisés par lui dans un mémoire présenté par l’habile industriel de Lille.
- Il explique que la mélasse qui forme le résidu des raffineries de sucre de betteraves est soumise à la fermentation, afin de convertir son sucre en alcool; qu’on recueille ensuite cet alcool au moyen de la distillation, et qu’on obtient enfin le salin brui avec les vinasses laissées dans l’alambic. Ces vinasses ou liqueurs restantes de la fermentation et de la distillation de la mélasse sont neutralisées par la chaux, évaporées jusqu’à consistance sirupeuse et calcinées dans un four à réverbère, en agitant constamment. On passe ensuite à la lixiviation de la masse carbonisée, et si l’incinération a été bien faite, la solution obtenue est, après filtration, presque incolore.
- La matière carbonisée, retirée du four à incinération, constitue une potasse brute renfermant 10 à 25 pour 100 de matière insoluble (principalement de la craie, du charbon et du phosphate de chaux basique), et 3 à 4 pour 100 d’humidité ; le reste se compose de carbonates sodique et potassique en proportions variables, mélangés avec une quantité assez considérable de sulfates et de chlorures alcalins, et quelquefois d’une proportion très-variable de cyanure alcalin.
- Voici trois analyses de salin brut, dont deux de M. Kuhlmann et une de M. Esselens, de Bruxelles :
- Alcalinité totale, titre pondéral
- Carbonate de potasse.........
- Carbonate de soude............
- Carbonate ammonique...........
- Chlorure de potassium.........
- Sulfate de potasse...........
- Cyanure de potassium..........
- Sulfure alcalin...............
- Silice........................
- Humidité......................
- Matières insolubles...........
- I Kuhlmann* 34,8 II Kuhlmann* 44,0 III Esselem. 37,86
- 23,6 33,7 28,98
- 20,4 20,5 19,83
- 2) 9 0,07
- 17,1 17,0 22,54
- 7,7 12,0 6,95
- 9 9 1,60
- » » traces.
- » » 0,11
- 8,4 6,3 4,61
- 22,8 10,5 15,31
- 100,0 100,0 100,00
- M. Esselens a trouvé, pour la composition des matières insolubles du salin n° III :
- Phosphate de chaux (tricalcique)............. 5,70
- Azote........................................ 1,50
- Carbonates de potasse et de soude............ 0,30
- Silicates de potasse et de soude............. 1,60
- Carbonate de chaux.......................... 57,00
- Sesquioxyde de fer.......................... 1,30
- Carbone..................................... 32,00
- Sable........................................ 0,60
- 100,00
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- Extraction des substances solubles du salin brut de betterave. — Voici maintenant les principaux détails de la méthode de M. Kuhlmann :
- On broie le salin brut en le faisant passer entre des cylindres cannelés, tournant en sens contraire. Un ouvrier travaillant douze heures peut moudre 2,000 kilogr. de salin.
- Les cuves à lixiviation, au nombre de huit, peuvent contenir chacune 1,320 kilog. de matière écrasée. Toutes les huit heures on remplit de nouveau l’une des cuves, de sorte qu’on peut lixivier 3,960 kilog. de salin brut dans l’espace de vingt-quatre heures. Quatre hommes travaillant alternativement suffisent à ce travail.
- La liqueur des cuves coule dans un réservoir contenant 21,000 litres, et, moyennant une chaleur perdue, on l’y concentre jusqu’à ce qu’elle ait atteint une densité de 1,261 (30° B.). Elle laisse alors précipiter une quantité considérable de sulfate de potasse qu’on recueille et qu’on débarrasse, aussi bien que possible, des eaux-mères adhérentes des cuves. Ce sulfate de potasse est converti en carbonate par le procédé Leblanc.
- La liqueur marquant près de 30° B. passe du réservoir dans des chaudières cylindriques contenant chacune 9,000 litres, et chauffées au moyen de serpentins dans lesquels circule de la vapeur à trois atmosphères de pression. On concentre jusqu’à ce que la liqueur atteigne une densité de 1,408 (42° B.). Pendant cette concentration, il se précipite du carbonate de soude mélangé à du sulfate de potasse, mais indiquant néanmoins quelquefois 30 degrés alcalimétriques.
- Les sels prennent, pour se déposer, quelques heures pendant lesquelles on arrête le chauffage. La liqueur, presque bouillante, mais complètement claire, est alors siphonnée dans des réservoirs à cristallisation d’une capacité égale à celle des chaudières, et on l’y laisse refroidir jusqu’à 30° C., mais pas au-dessous, afin d’empêcher que les cristaux de chlorure de potassium qui vont se déposer ne se recouvrent de grands et durs cristaux de carbonate de soude. A mesure donc que la liqueur se refroidit, le chlorure de potassium se dépose ; on le recueille alors et on le fait égoutter.
- La liqueur, présentant maintenant une densité de 42° B. et une température de 30° C., est ensuite évaporée dans des récipients d’une capacité de 2,000 litres, jusqu’à ce qu’elle indique, en hiver, une densité de 1,494 (48° B.), et de 1,51 (49° B.) en été; quelquefois même, en été, onia concentre jusqu’à la densité de 1,54 (51° B.). Pendant cette concentration, il se précipite une grande quantité de carbonate de soude, les premières portions indiquant 82 degrés alcalimétriques; mais cet état de pureté s’abaisse jusqu’à 50 degrés vers la fin de l’opération.
- Le carbonate de soude s’étant déposé, on écoule la liqueur dans de petites cuves à cristallisation, contenant chacune 250 litres, et on l’y laisse refroidir jusqu’à ce qu’elle atteigne la température ordinaire de l’atmosphère. Chaque cuve, ainsi refroidie, fournit à peu près 130 kilog. de cristaux d’une composition variable, mais constituant un carbonate double de potasse et de soude.
- Les eaux-mères qui restent dans les cuves sont très-foncées. On les fait passer dans des fours à réverbères, pour chasser l’eau et brûler les matières organiques colorantes.
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- Le produit, séché et calciné, constitue une potasse partiellement raffinée, désignée sous la dénomination de sel roux, en raison de l’oxyde de fer qui la colore. On redissout ce produit et on concentre la solution à une densité de 1,51 à 1,525 (49 à 50° B ); pendant cette opération il se dépose beaucoup de sulfate de potasse et de carbonate de soude qu’on recueille. On décante de nouveau les eaux-mères dans les réfrigérants, et elles y déposent, comme précédemment, des cristaux en abondance. On les évapore ensuite à siccité, et le produit, calciné dans un four à réverbère, représente une potasse blanche bien raffinée, marquant 70 degrés alcalimétriques et ne contenant au plus que 4 p. 100 de soude.
- Quant aux sels précédemment mentionnés et marquant de 80 à 85 degrés alcalimétriques, ils se composent principalement de carbonate de soude avec un peu de sulfate et de chlorure potassiques : on les en débarrasse facilement en les lavant avec une solution froide et saturée de carbonate de soude, qui ne dissout que les sels de potasse. De cette manière, il est facile d’obtenir un carbonate de soude assez pur pour marquer 90 degrés alcalimétriques.
- Les fours employés à l’évaporation des liqueurs concentrées et à la calcination des produits desséchés doivent être chauffés au rouge avant qu’on fasse couler la,liqueur sur leur sole en briques, et la chaleur doit être parfaitement maintenue. En cas d’insuffisance de chauffage, les liqueurs filtrent dans la maçonnerie et la détruisent rapidement. Il faut également éviter avec soin une chaleur trop intense. Chez M. Kuhl-mann trois fours suffisent pour raffiner journellement 3,960 kilog. de salin brut, fournissant 21 p. 100 (840 kilog.) de potasse raffinée.
- Purification des sels obtenus pendant le raffinage de la potasse brute de betterave.— Ces sels sont, comme on l’a vu, le sulfate potassique, le chlorure de potassium et le carbonate de soude. Comme ils ne sont que des produits accessoires de l’opération principale, nous ne suivrons pas plus loin le détail des opérations donné par M. Kuhl-mann, et nous passerons de suite au chapitre suivant du rapport de M. Hofmann.
- SELS AMMONIACAUX ET COMPOSÉS DU CYANOGÈNE.
- Sources des sels ammoniacaux; applications de ces sels ainsique de Vammoniaque caustique. — L’auteur indique d’abord quelles sont les principales sources dont on tire les sels ammoniacaux, sources qui sont : les substances animales en distillation, soit pour la préparation du noir animal, soit pour la fabrication du prussiate de potasse; les eaux-vannes, c’est-à-dire le liquide résultant de la putréfaction des matières fécales en contact avec l’eau; la houille en distillation, etc.
- L’augmentation de la demande de sels ammonicaux, dont la consommation devient de jour en jour plus active, doit être surtout attribuée à l’emploi toujours croissant qu’on en fait en agriculture.
- L'application la plus importante de l’ammoniaque caustique en solution consiste, jusqu’à présent, dans la préparation de la cochenille ammoniacale et de l’orseille, et dans le dégraissage et le lavage de la laine.
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- Quant à l’ammoniaque liquide, résultat de la compression mécanique du gaz, M. Hofmann croit que l’introduction des machines réfrigérantes de M. Carré provoquera une consommation notable de cet article.
- Enfin une application nouvelle de l’ammoniaque caustique, assez intéressante, mais qui n’est guère appelée à augmenter la consommation de cette substance, a été proposée récemment par M. Fournier, pour rechercher les fuites de gaz qui peuvent se produire dans les conduites (1).
- Sels ammoniacaux dérivés de la houille. — La fabrication du gaz se fait sur une échelle si vaste, qu’elle constitue une source d’ammoniaque devant laquelle toutes les autres s’effacent. A Londres seul on distille chaque année, pour cette fabrication, au moins un million de tonnes de houille. Bien que la quantité d’azote contenue dans ce combustible soit très-petite (en moyenne 0,75 p. 100), M. Hofmann, supposant un instant qu’on obtienne seulement un tiers de cet azote sous la forme de sel ammoniac, calcule que la quantité de sel engendré annuellement, comme produit secondaire de la manufacture du gaz de Londres, ne doit pas s’élever à moins de 9,723 tonnes. Mais, ajoute-t-il, cette abondante provision ne suffit même pas aux exigences du commerce, et les fabricants sont toujours à la recherche d’autres sources de production. Une telle source s’offrirait dans la préparation du coke, à condition d’éviter la perte des produits volatils. On l’a souvent essayée, mais sans succès. Le rapporteur a cependant appris qu’on avait renouvelé tout récemment ces essais dans les grandes fabriques de coke d’Alais (France), et qu’ils semblaient promettre d’heureux résultats.
- a Une nouvelle branche d’industrie ne peut manquer d’exercer une certaine influence sur la production des sels ammoniacaux : nous voulons parler de la préparation des matières colorantes dérivées du goudron de houille, dont il sera question dans un des chapitres suivants. La méthode ordinaire de fabrication du coke entraîne la perte non-seulement de gaz et d’ammoniaque, mais encore des produits liquides condensables, y compris la benzine, dont la valeur, comme matière brute servant à la préparation des couleurs d’aniline, a augmenté si considérablement et d’une manière si inattendue dans ces derniers temps. Il en résulte que le fabricant de coke trouvera un double avantage à abandonner l’ancienne routine, et à chercher un procédé de fabrication du coke en vase clos, à condition, toutefois, de ne pas produire, ainsi qu’on l’a fait jusqu’ici, une qualité inférieure à celle qu’on obtient dans les fours ordinaires (2). »
- Le rapporteur cite ensuite d’autres branches d’industrie dans lesquelles on a tenté, mais avec peu de succès, de recueillir l’ammoniaque perdue. Ainsi MM. Bunsen et Playfair ont trouvé qu’au haut fourneau d’Afreton, chauffé à la houille, on pouvait, sans grande augmentation de prix, recueillir journellement, dans les gaz perdus,
- 2 quintaux de sel ammoniac. En Allemagne, M. Wagner (3) a cherché à propager l’idée
- (1) Voir le Bulletin de la Société d’encouragement, 2e série, t. VIII, p. 522.
- (2) On peut citer, à cet égard, l’établissement de la Compagnie de carbonisation de la Loire, qui se livre, sur une grande échelle, à ce genre de fabrication. Voir le Bulletin de la Société d’encouragement, 2" série, t. IX, p. 581. (R.)
- (3) Wagner’s Jahresber., t. II, 1856, p. 82; t. III, 1857, p. 122; t. IV, 1858, p. 142.
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- qu’on pourrait condenser et utiliser l’ammoniaque que dégagent les cheminées des fourneaux ordinaires chauffés à la houille. En France, M.Kuhlmann a essayé de faire passer les gaz, émanant des fours qui servent à la préparation du noir animal, à travers une pluie fine d’une solution de chlorure de manganèse (résidu de la préparation du chlore), ou par des appareils contenant une solution de manganèse ou de l’acide chlorhydrique. Enfin il faut noter les tentatives de M. Kuenzi (1) et de M. Delperdange, en Belgique, celles de ce dernier ayant produit une explosion dangereuse.
- M. Hofmann fait remarquer qu’on ne connaît, par aucune expérience directe, la quantité réelle d’ammoniaque qui se dégage pendant la combustion de la houille dans les fours. Cette quantité doit varier matériellement, selon la disposition de ces fours; mais on doit ajouter que les conditions les plus favorables à une combustion rapide et parfaite sont exactement celles qui contribuent à empêcher la formation de l’ammoniaque.
- Sels ammoniacaux extraits des matières fécales des villes. — M. Hofmann explique la méthode qu’on suit à Paris pour le traitement des matières extraites des fosses d’aisances, système assez connu aujourd’hui pour qu’il soit inutile d’en répéter ici les détails. En principe, il trouve qu’on peut lui opposer bien des objections, et qu’on ne saurait le proposer comme modèle à suivre. Il blâme le système des fosses d’aisances comme contraire à la santé, à la propreté et à la dignité humaines, sans compter les lourdes charges qu’il impose aux communautés.
- On sait qu’à Paris le contenu semi-liquide des fosses d’aisances est déversé dans de vastes réservoirs situés dans la forêt de Bondy. On laisse ces matières se clarifier, et le liquide clair surnageant, qui constitue ce qu’on appelle les eaux-vannes, est écoulé dans d’autres bassins, abandonnant un dépôt qu’on sèche et qu’on vend sous le nom de poudrelte. Au bout d’un mois, les eaux-vannes se chargent d’une quantité notable d’alcali volatil, par suite de la décomposition de l’urée qu’elles contiennent. Par l’action de la chaleur on dégage l’ammoniaque en opérant avec des appareils convenables (2), comme ceux de M. Mallet, de M. Figuera, ou de MM. Margueritte et de Sourdeval. On fait absorber, par de l’acide chlorhydrique ou de l’acide sulfurique, le gaz qui se dégage, et on livre le produit au commerce à l’état de sel ammoniac ou de sulfate d’ammoniaque.
- D’un autre côté, le rapporteur examine ce qui se pratique en Angleterre, où la vidange des fosses se fait par les égouts, et il montre les difficultés que rencontre l’extraction de l’ammoniaque de matières qui se trouvent alors délayées dans d’énormes quantités d’eaux de pluie et de ruisseaux, qu’on laisse perdre dans les fleuves et dans la mer, au grand préjudice de l’agriculture. Jusqu’à présent tous les efforts qu’on a tentés pour séparer ces substances, sous forme d’un engrais solide et portatif, sont demeurés sans résultat, parce qu’on ne connaît pas d’agent qui puisse précipiter les sels fertilisants de solutions aussi étendues que le sont les eaux-vannes des égouts
- (1) Gén. indusl., mars 1858, p. 39.
- (2) Voir le Dictionnaire de chimie industrielle de MM. Barreswil et Girard, 1.1, p. 271.
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- des villes. A la suite de ces échecs, une proposition hardie a été faite, qui a soulevé, dans ces dernières années, une violente polémique. Cette proposition avait pour but de n’appliquer au sol que le drainage fécal ou la vidange proprement dite des villes ; le séparant, dans ce but, des eaux de pluie ou de surface, et conduisant les deux espèces de drainage au moyen de deux systèmes différents de tuyaux, selon la formule aujourd’hui célèbre : La pluie à la rivière, les matières fécales au sol. Ce système paraît correct au point de vue théorique 5 mais la possibilité de le réaliser en pratique est très-contestable, et le rapporteur ne se hasarde pas à émettre une opinion sur le sujet de tant de controverses. Il s’est contenté de profiter de l’occasion de l’Exposition universelle pour appeler l’attention de tous les peuples sur le problème, si important à résoudre, de recueillir et d’utiliser les matières des égouts des villes; et il n’hésite pas à déclarer que, de quelque manière qu’on l’envisage, ce problème est actuellement le plus important, soit par les intérêts pécuniaires considérables qu’il met en jeu, soit par l’influence que sa solution doit exercer sur le bien-être physique et moral des populations.
- Composés du cyanogène.
- Ancien procédé de fabrication. — Le rapporteur constate que la fabrication des composés de cyanogène, particulièrement celle des prussiates jaune et rouge de potasse et du cyanure de potassium, n’a pas subi de grands changements. En effet, il est douteux que le procédé ordinaire ait reçu un perfectionnement matériel quelconque, malgré la publication d’une série d’admirables recherches, parmi lesquelles il faut citer celles de MM. R. Brunquell (1), C. Kamrodt (2), C. Nœllner (3), Grœger (4) et R. Hoffmann (5). L’imperfection des procédés ordinaires de préparation du prussiate jaune de potasse par la calcination de substances animales avec la potasse, ou plutôt avec le carbone de potasse, est démontrée suffisamment par la quantité extrêmement petite de sel obtenue proportionnellement à la quantité des matières premières employées.
- Nouveaux procédés de fabrication des composés de cyanogène. — « En 1847, M. Mallet s’est occupé d’expériences ayant pour but la préparation des prussiates au moyen des résidus de la fabrication du gaz; mais l’exploitation industrielle régulière de ce procédé n’a été entreprise que récemment par M. Gauthier-Bouchard, d’Auber-villiers (France). Le composé du cyanogène, produit pendant la distillation de la houille, est l’acide cyanhydrique qui, se combinant avec l’ammoniaque, se dégage sous la forme de cyanure d’ammonium. Une partie de ce cyanure reste dissoute dans l’eau qui se condense avec d’autres produits de la distillation ; une autre partie est en
- (IJ Brunquell, Preuss. Verhandlungen (1856), p. 30; Wagner's Jahresbericht, t. II (1856),
- p. 102.
- (2) Kamrodt, Preuss. Verhandlungen (1857), p. 153; Wagner’s Jahresbericht, t. III (1857), p. 139.
- (3) Nœllner, Ann. chem. pharm., CVII, p. 8; CXVII, p. 238.
- (4) Grœger, Wagner’s Jahresbericht, IV (1858), p. 181.
- (5) R. Hoffmann, Ann. chem. pharm., CXIII, p. 81.
- Tome XI. — 63e année. 2e série. — Mars 18G4. 23
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- traînée par le courant de gaz, et condensée ultérieurement par les composés métalliques employés pour la purification du gaz.
- « Les principaux agents dont on fait usage actuellement dans ce but sont les combinaisons à base de fer. En Angleterre, on se sert surtout de peroxyde de fer hydraté (avec ou sans sciure de bois), breveté, par M. F. C. Hills. En France, on purifie généralement le gaz d’après la méthode de M. Mallet, c’est-à-dire en employant un mélange de peroxyde de fer, de sulfate de fer et de sable, mélange qu’on rend poreux en y ajoutant de la sciure de bois. Ce mélange fixe le cyanure et le sulfure d’ammonium entraînés par le courant de gaz, l’ammonium à l’état de sulfate, le cyanogène à l’état de cyanure de fer, tandis que le soufre produit en partie du sulfure de fer et se sépare en partie à l’état de soufre. Au contact de l’air, le protosulfure de fer est facilement reconverti en peroxyde de fer, de sorte qu’on peut employer ce mélange un grand nombre de fois. Par un usage prolongé, les substances étrangères s’y accumulent en quantité suffisante pour altérer profondément l’efficacité de l’oxyde de fer; on épuise alors ce mélange par l’eau, qui dissout le sulfate d’ammoniaque en laissant un résidu qu’on jetait autrefois et que M. Gauthier-Bouchard utilise maintenant. »
- Procédé de M. Gauthier-Bouchard. — On commence par laver soigneusement les résidus provenant de la purification du gaz, afin d’éliminer une certaine quantité de sulfocyanure de fer. On les mélange ensuite avec une proportion convenable de chaux, et on les lessive à l’eau froide, qui se charge ainsi de ferrocyanure de calcium. On précipite cette solution par le sulfate de fer, et le composé cyanogéné bleu-clair qu’on obtient est converti en bleu de Prusse au moyen du chlorure de chaux.
- D’après les renseignements que le rapporteur a pu obtenir, on n’a pas encore imité, dans d’autres établissements, le procédé mis en usage dans la fabrique d’Aubervilliers. Il estime que, quand même on parviendrait à surmonter les difficultés que rencontre encore ce procédé et à résoudre la question du prix de revient, il ne pourrait suffire à la consommation toujours croissante des prussiates; c’est la raison pour laquelle les fabricants ont dû chercher d’autres méthodes de fabrication, et les expériences de M. Fownes (1), et plus récemment celles de M. Bunsen (2), ont été le point de départ qui a conduit à essayer d’utiliser directement l’azote de l’air.
- Préparation des cyanures au moyen de Vazote atmosphérique. — Procédé Possoz et Boissière (3). — M. Hofmann raconte, dans ce paragraphe, la lutte pleine de sacrifices qu’ont soutenue, tant en France qu’en Angleterre, MM. Possoz et Boissière, pour tenter d’exploiter en grand la préparation des cyanures au moyen de l’azote de l’air; il renvoie, pour les détails de ce procédé, au rapport de M. Graham, membre du Jury de l’Exposition de 1851 (4-). Après avoir rappelé d’autres tentatives infructueuses, parmi
- (1) Fownes, Athenœum, 1841, p. 625; Joura. pract. chem., XXYI, p. 412.
- (2) Bunsen, Report of the british association for the advancement oj science (1845), p. 185.
- (3) Possoz et Boissière, London Journ. of arts, 1845, p. 380 ; Newton (A.), patente 9985,13 décembre 1843.
- (4) Reports by the juries, 1851, p. 39.
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- lesquelles celles qui ont été faites en 1858 et 1859 dans la fabrique de prussiate de potasse d’OEdenwald, près de Frendenstadt (forêt Noire), il ajoute qu’une des principales causes d’insuccès dans la fabrication des prussiates par l’azote atmosphérique est la quantité si minime de cyanure de potassium produite relativement à la quantité de charbon potassique employée. Un autre obstacle des plus sérieux est l’obligation de lessiver d’énormes masses de produit brut.
- Préparation des cyanures au moyen de Vazote dérivé de Vammoniaque. — Procédé Kamrodt. — « L’idée de convertir l’ammoniaque en composés du cyanogène, en faisant passer ce gaz à travers le charbon potassique, a été émise, à différentes reprises et sous des formes diverses, depuis une dizaine d’années. Au lieu d’employer à la préparation de sel ammoniac les gaz dégagés pendant la carbonisation préliminaire de la matière animale, en suivant la méthode ordinaire de préparation du prussiate jaune, on a proposé, dans le même but, de faire passer ces gaz par une colonne de charbon potassique, et de combiner ainsi, en quelque sorte, les deux modes de production. A la place des gaz produits par la carbonisation des matières animales, on pourrait employer ceux qui se dégagent pendant la préparation du noir animal, et mieux encore, le gaz ammoniac dégagé d’après la manière ordinaire des sels ammoniacaux. M. Kamrodt (1) a conseillé originairement cette méthode, M. Lucas l’a fait revivre, et M. J. H. Johnson (2) l’a récemment brevetée en Angleterre. »
- Préparation des cyanures sans le secours des matières animales ou des sels potassiques. — Procédé Brunquell. — Le procédé de M. Brunquell est basé sur le fait important, observé par MM. Langlois et Kuhlmann, que le gaz ammoniac, passé à travers le charbon porté au rouge vif, est converti en gaz des marais et en cyanure d’ammonium. S’il était possible de préparer ce cyanure en grand d’après ce procédé, sa transformation ultérieure en ferrocyanure de potassium devrait être effectuée par l’intermédiaire du sulfate ferreux (protosulfate de fer). Les produits de cette transformation seraient, d’une part, du sulfate d’ammoniaque, qui fournirait de nouveau le gaz ammoniac nécessaire pour une autre opération, et, d’autre part, du cyanure ferreux, qui serait ensuite facilement converti en ferrocyanure de potassium ou de sodium en le traitant par le carbonate de potasse ou de soude.
- En poussant encore plus loin le procédé de M. Brunquell, on pourrait produire l’ammoniaque qui constitue son point de départ, en faisant réagir de l’air et de la vapeur d’eau sur du charbon porté au rouge vif. On arriverait ainsi à produire un prussiate jaune dont le cyanogène serait complètement dérivé de l’atmosphère. Ce sont là, fait observer le rapporteur, des idées théoriques dont le sujet est très-séduisant, mais que la pratique est loin d’avoir consacrées.
- Substitution de la baryte à la potasse dans la préparation des cyanures. — Procédé Margueritte et de Sourdeval. — Les avantages que présente le procédé de MM. Mar-
- (1) Kamrodt, Preuss. Ferhandlungen, 1857, p. 153.
- (2) Johnson, patente 891, 9 avril 1859; Lond. Journ., février 1860, p. 81.
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- gueritte et de Sourdeval (1) reposent sur l’emploi de la baryte caustique, qui est meilleur marché que la potasse et qui possède le très-grand avantage d’être infusible et fixe à des températures très-élevées, ce qui, contrairement à ce qui a lieu avec la potasse, permet à la formation du cyanogène d’avoir lieu dans la masse tout entière ; en outre, la baryte n’attaque pas les cornues en terre, qui peuvent alors servir plusieurs fois.
- Ce procédé, qui a été breveté en Angleterre au nom de M. W. Clark (2), peut s’exécuter de différentes manières. On mélange le carbonate de baryte avec des quantités variables (20 à 30 fois son volume) de goudron de houille, de résine, de sciure de bois, de charbon de bois ou de coke, et l’on porte le tout à une température élevée; il y a alors absorption de l’azote par ce charbon barytique et formation de cyanure de barium. On peut encore opérer autrement, et faire passer un mélange d’azote et de gaz d’éclairage sur ce charbon barytique; ou bien, on le mélange avec des matières animales, de la même manière que dans le procédé ordinaire de préparation du prussiate jaune. Le cyanure de barium, obtenu d’une manière ou de l’autre, est ensuite converti par les méthodes connues en cyanure, ferrocyanure et ferricyanure de potassium, bleu de Prusse, etc.
- M. Hofmann conclut de cet exposé rapide que, si la formation du cyanogène s’opère d’après ce procédé avec la facilité extraordinaire que lui attribuent les inventeurs, il deviendrait possible, au lieu d’employer l’ammoniaque pour engendrer le cyanogène, d’utiliser, au contraire, le cyanure de barium pour la préparation de l’ammoniaque. En fait, on n’a qu’à faire passer de la vapeur d’eau à une température même inférieure à 300 degrés centigrades à travers les cylindres dans lesquels s’est formé le cyanure de barium, pour obtenir la totalité de l’azote sous forme d’ammoniaque, tandis que le barium retourne à l’étal de carbonate de baryte.
- Préparation des cyanures par l’intervention du soufre. — Procédé Gélis. — Enfin voici un procédé qui emploie encore comme matière brute l’ammoniaque, dont la transformation en cyanogène s’accomplit à l’aide du bisulfure de carbone, de la potasse et du fer métallique. Par une série de réactions remarquables par leur simplicité et leur netteté, on convertit successivement l’ammoniaque en sulfure d’ammonium, puis en sulfocarbonate d’ammonium, en sulfocyanure de potassium et enfin en ferrocyanure de potassium. Voici les détails de ce procédé, à peu près tels que les donne le rapporteur d’après le mémoire présenté au Jury par M. Gélis.
- « La première opération est donc la préparation du bisulfure de carbone, qu’on trouvera décrite minutieusement dans un autre chapitre de ce rapport. On a, récemment, si bien perfectionné les procédés de préparation de ce corps, que son prix ne dépasse pas beaucoup celui des deux éléments qui le composent.
- « On convertit ensuite le bisulfure de carbone en sulfocarbonate d’ammonium
- (1) Margueritte (F.) et de Sourdeval (A. L.J, brevet n° 1171, 11 mai 1860; Comptes rendus, LIV, p. 1100.
- (2) Clark (W.), Lond. Journ. of arts, janvier 1861, n® 39.
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- (H4 N)1 2 CS3, en le mélangeant intimement, au moyen d’un agitateur mécanique, avec une solution de sulfure d’ammonium, qu’on obtient facilement en faisant passer de l’hydrogène sulfuré dans l’ammoniaque à la température ordinaire. Le sulfocarbonate d’ammonium, ainsi produit, est ensuite mélangé avec du sulfure de potassium (qu’on obtient aisément par la réduction du sulfate de potasse au moyen du charbon). On chauffe le mélange à 100 degrés centigrades, dans un alambic, où il se décompose en sulfocyanure de potassium, hydrosulfure d’ammonium et en hydrogène sulfuré. On volatilise l’acide sulfhydrique et l’hydrosulfure d’ammonium, et on les reçoit dans un vase où on fait passer un courant de gaz ammoniac dégagé, par l’ébullition, d’une chaudière contenant les liqueurs ammoniacales du gaz d’éclairage; le sulfure d’ammonium ainsi produit sert pour une autre opération.
- « Au moyen d’un dessiccateur à force centrifuge, on dessèche le sulfocyanure de potassium, qui reste à l’état de résidu dans l’alambic; on le mélange ensuite avec du fer métallique finement divisé (qu’on prépare facilement en soumettant l’oxyde de fer natif à l’action d’agents réducteurs), et enfin on le fait chauffer, pendant un court espace de temps au rouge sombre, dans un vase en fer couvert. Cette opération est très-délicate et exige que la chaleur soit réglée avec le plus grand soin, parce qu’une température trop élevée donnerait lieu à des pertes considérables. On a donc jugé nécessaire de restreindre à 40 kilogrammes la quantité de matière que devra contenir chacun des vases en fer.
- « En traitant par de l’eau le produit résultant de cette calcination du sulfocyanure de potassium avec le fer, il en résulte une solution d’un mélange de ferroqyanure de potassium et de sulfure de potassium, le sulfure de fer restant insoluble. En faisant ensuite évaporer la solution décantée du sulfure de fer insoluble, on obtient le ferrocya-nure cristallisé, et l’on fait servir à une autre opération le sulfure de potassium qui reste en solution. »
- Tout en reconnaissant l’ingéniosité du procédé Gélis que le Jury a récompensé, M. Hof-mann ne dissimule pas les difficultés qu’il présente, en raison de l’extrême volatilité du bisulfure de carbone et des soins minutieux que réclame la conduite du feu pendant la seconde phase de l’opération. Il indique que l’inventeur se propose, à l’égard du soufre qui existe en excès dans les résidus (1), de l’utiliser en partie comme source d’acide sulfureux, pour être converti en acide sulfurique dans les chambres de plomb, et et en partie à l’état de soufre libre vendable.
- M. Gélis affirme avoir fabriqué environ une tonne de prussiate jaune, au moyen de son procédé, au prix de revient de 1 fr. 66 le kilogramme. (M.)
- (La suite prochainement.)
- (1) Le rapporteur indique, du reste, le moyen qu’il emploie pour calculer l’excès de sulfures con-
- stituant ces résidus.
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- EXTRAITES DES PUBLICATIONS FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES.
- Des effets de la neige sur les chemins de fer actuels, par SI. Séguler.
- — « Ce qui vient de se passer sur les chemins de fer du Midi, ce qui était arrivé, il y a quelques semaines à peine, sur ceux de l’est de la France, mérite de fixer un moment l’attention de l’Académie. Des convois ont été arrêtés dans leur marche et sont restés en détresse. L’impossibilité de vaincre l’obstacle présenté par l’accumulation de la neige, dans le Midi, peut n’être qu’un cas rare, résultant de circonstances météorologiques qui ne se reproduiront qu’à de longs intervalles; mais, dans les pays de montagnes que les chemins commencent à sillonner, cet inconvénient restera une entrave fâcheuse à la circulation, renouvelée chaque hiver.
- « Le mode actuel de progression des convois par la simple adhérence des roues de la locomotive, résultant du seul poids de la machine, n’est-il pas la cause de ces accidents dont l’importance et les dangers viennent de se révéler? En effet, un train n’avance que parce que les roues motrices de la locomotive éprouvent, sur les rails, un frottement que l’expérience a démontré être, en temps ordinaire, d’environ un vingtième du poids qui pèse sur les roues motrices. Ainsi une locomotive lourde de 20 tonnes, par un temps sec, alors qu’aucune humidité ne lubrifie les rails, trouve, dans le coefficient de frottement de ses roues motrices, une puissance de traction, en plan horizontal, d’une tonne; mais que les rails s’imprègnent d’une matière visqueuse, comme cela arrive fréquemment sous les tunnels, qu’ils se couvrent de verglas ou de neige, oh! alors l’adhérence résultant du frottement est réduite au point que les roues motrices patinent sans avancer. Cette expression, à elle seule, indique que les roues se trouvent dans cet état de glissement si facile que l’homme se procure, sur la glace, en garnissant ses pieds de patins.
- « Qui de nous, en marchant sur les conduits de fonte intercalés dans les trottoirs, n’a senti son pied glisser sur cette surface métallique lubrifiée par la crotte, la neige ou le verglas? La puissance d’une locomotive ainsi réduite suffit à peine pour traîner à sa suite son convoi : en vain essaye-t-on de lui faire encore pousser devant elle des organes, pour se frayer à elle-même un passage en rejetant la neige sur les côtés de la voie. Qu’on ne dise pas qu’en faisant tomber continuellement du gros sable sur les rails, devant les roues motrices, on leur restitue leur adhérence; le coefficient de frottement peut certainement être ainsi augmenté, nous le reconnaissons; mais nous faisons de suite remarquer que le grand bénéfice de la locomotion, facile sur chemin de fer, se trouve remplacé par les conditions bien moins avantageuses d’un cheminement ordinaire sur une route macadamisée, c’est-à-dire que l’effort de traction, au lieu d’être, par rapport à la masse traînée, comme 1 à 300, n’est plus que comme 1 à 60, comme 1 à 70 tout au plus. Maintenant, il est aisé de comprendre pourquoi
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- une locomotive luttant en vain devant la neige accumulée dans une tranchée, épuisant sa vapeur en un patinage stérile de ses roues motrices sur des rails glissants, finit par rester en détresse jusqu’à ce qu’une force musculaire humaine vienne la tirer de cette position critique. Telle est la conséquence d’une méthode de locomotion que tout d’abord on n’avait point osée!
- « Un coup d’œil en arrière vers l’origine des voies ferrées nous fait voir que la première pensée d’un chemin de fer ne s’est présentée à l’esprit des ingénieurs, comme réalisable, qu’avec l’emploi de rails et de roues pourvus de dents engrenant les unes dans les autres, comme un pignon qui roule dans une crémaillère. Ainsi fut exécuté le premier railway destiné au transport des houilles, entre Slockton et Darlington, en Angleterre.
- « Ce ne fut que lorsque Stephenson eut expérimentalement reconnu que le simple poids d’une machine locomotive, établie dans les conditions de la plus grande légèreté possible par l’habile mécanicien Brathwaite, laissait à des roues ordinaires, sur le sol, une adhérence encore plus que suffisante pour traîner un convoi, que cet ingénieur hardi se décida à établir, entre Liverpool et Manchester, dans une contrée presque plane, le premier chemin de fer, tel que nous les voyons tous aujourd’hui.
- « Cet examen rétrospectif nous permet de rappeler encore que Polonceau, en adoptant des pentes minimes pour le chemin de fer de Versailles, rive gauche, que Cla-peyron, en ne dépassant pas 5 millimètres de pente par mètre pour le chemin de fer de la rive droite, se préoccupaient tous deux du glissement possible des roues motrices sur des rails unis. Les paroles si touchantes, prononcées récemment sur la tombe de notre regretté confrère, nous rappellent qu’il dut observer la responsabilité du bon fonctionnement des machines, dont il fournissait lui-même les plans à un constructeur anglais, effrayé d’une inclinaison que Stephenson déclarait insurmontable. Un peu plus tard, la rampe d’Etampes, au sept-raillième, apparaissait comme une faute regrettable dans le tracé de la ligne d’Orléans ; les très-faibles pentes de 2 à 3 millimètres au plus, les grandes courbes de 1,200 mètres de rayon, ont été les conditions proclamées comme essentielles au début de l’industrie des chemins de fer, et les immenses sacrifices consentis pour les maintenir dans les tracés nous prouvent que ce n’est que par des hardiesses successives que les ingénieurs ont osé s’en affranchir.
- « Le mode de progression par l’adhérence des roues résultant du poids seul de la locomotive, d’abord parfaitement justifiable, puisqu’il suffisait sur des chemins à faibles pentes, devient maintenant une solution critiquable, et toutes les ingéniosités pour la rendre moins imparfaite ne font, chaque jour, que rendre plus manifeste son insuffisance. Une locomotive de 60 tonnes et plus pour gravir des montagnes! Quelle notable partie de la force motrice de ce colossal engin absorbée pour se monter lui-même! La vitesse qu’une pareille masse, poussée par son convoi, pourrait prendre à la descente ne fait-elle pas trembler, quand on réfléchit que la vie de tous les voyageurs ne tient qu’aux organes d’enrayage bien près d’être insuffisants, alors qu’ils ne
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- font que transformer les véhicules roulants en traîneaux glissants. La vapeur mise à contre-sens sur les pistons pour forcer la locomotive, par une tendance rétrograde, à agir à la façon du cheval limonier qui, aux descentes, retient dans les brancards, n’ajouterait à cette sécurité que celle de la solidité des organes de distribution de vapeur; que ceux-ci se détraquent, c’est le cheval qui s’abat et la voiture qui l’écrase en continuant de rouler ! Nous le disons avec franchise, il faut toute l’assurance que donnent des tentatives chaque jour plus périlleuses, mais pourtant couronnées de succès, pour étudier des tracés à forte pente, en pays de montagnes, avec une solution de locomotion si peu normale.
- « Permettez-moi d’expliquer devant vous ce que j’entends par solution normale. J’appelle ainsi celle qui satisfait absolument à toutes les conditions nécessaires pour obtenir certainement le but proposé. Quelques exemples vont faire comprendre ma pensée.
- a Les portes busquées d’une écluse, rapprochées d’autant plus énergiquement l’une contre l’autre que la poussée de l’eau est plus grande contre elles; le cuir embouti de la presse hydraulique qui s’oppose à la fuite du liquide avec d’autant plus d’efficacité que son énorme compression lui donne une plus grande tendance à fuir, constituent ce que j’appelle des solutions normales, puisqu’elles satisfont à leur but, et qu’aucune autre ne les remplacerait avec avantage.
- a Deux roues horizontales agissant à la façon des rouleaux d’un laminoir, rapprochées par la résistance du convoi contre un rail intermédiaire fixé solidement au milieu de la voie, réalisent encore une solution normale du problème du cheminement sur les chemins de fer. Au moyen d’une telle solution, on peut épuiser pour la locomotion la puissance totale de la vapeur de la machine sous sa plus haute pression, maximum d’effort que l’expérience démontre ne pouvoir être obtenu avec une locomotive même du poids de 60 tonnes, capable de gravir de fortes pentes, puisque les six roues couplées de ces énergiques machines tournent sur place, alors que tous les freins sont simultanément serrés pour apprécier leur puissance extrême que ce patinage ne permet pas de développer.
- « Cette solution normale est celle que nous avons eu l’honneur d’exposer devant vous., il y a vingt et un ans, dont nous réclamions pour la France la priorité il y a quelques semaines, alors que nous apprenions qu’un ingénieur anglais se préparait à en faire l’application au passage des Alpes par le mont Cenis; c’est celle dont le chef de l’État a bien voulu concevoir lui-même toute l’efficacité, dont il daigne ménager une application, que des considérations d’intérêts privés ou publics ne retarderont pas, je l’espère, indéfiniment en France.
- « Cette solution présente, pour vaincre l’obstacle des neiges, les conditions les plus favorables : faisons-les brièvement ressortir.
- « A la tête d’un convoi, une locomotive ordinaire est impuissante à s’ouvrir un passage à travers des neiges, dès que leur accumulalioh offre un obstacle dépassant l’adhérence très-amoindrie de ses roues motrices sur les rails verglacés; une machine pourvue de roues horizontales assez énergiquement rapprochées contre un rail cen-
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- tral pour ne pouvoir jamais patiner permettra à la vapeur d’acquérir, sous les pis^, tons, une pression égale à celle limitée par la soupape de sûreté de la chaudière. Ce maximum d’effort de la vapeur, sous la plus haute pression, sera capable de faire opérer à la machine un déblai que des organes spéciaux faciliteront encore.
- « Nous ne craignons pas d’affirmer qu’avec une chaudière tubulaire ordinaire, de grands pistons faisant tourner, à l’aide de grandes manivelles, de petites roues horizontales pour faire une conversion de vitesse en puissance sans patinage possible,, puisque c’est la résistance même qui les rapproche, on constituerait certainement un engin assez puissant pour maintenir libre, dans la plupart des cas, la circulation en temps de neige.
- « Imaginez une telle machine pourvue, à son avant, d’une espèce de soc à double versoir, qui lui donne une certaine ressemblance avec la charrue employée pour ouvrir les rigoles d’assainissement dans les terres labourées; voyez-la passer sur la voie à certains intervalles pendant que la neige tombe, avant que celle-ci se soit encore accumulée en couche trop épaisse, vous comprendrez de suite que ce puissant engin, s’avançant sûrement en déversant la neige à droite et à gauche de la voie, fera mécaniquement, d’une façon plus expéditive et plus économique, le déblai que l’impuissance des machines actuelles, par suite du patinage de leurs roues motrices, vous force de rechercher dans l’emploi, plus lent et plus coûteux, de nombreux ouvriers. » (Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences.)
- Extrait d’un mémoire sur le diamant, par 31. le docteur Gœppert. — Sous le titre de Mémoire sur la nature des corps solides qui entrent dans la composition du diamant, et considérés au point de vue de leur origine organique ou inorganique, M. le conseiller médical docteur Gœppert a publié, en 1863, un travail qui a été couronné par la Société silésienne et dont voici quelques extraits.
- L’auteur rappelle d’abord, en citant les œuvres de Pline, que le diamant ainsi qu’une partie de ses remarquables qualités étaient connus dès la plus haute antiquité. « Chose étonnante, dit-il, malgré cette connaissance si ancienne, la première découverte qu’on en a faite au Brésil no remonte qu’à l’année 1727. Cependant, dès 1373, il y avait déjà des polisseurs de diamants à Nuremberg. »
- Après avoir énuméré les principaux gisements connus des Indes orientales, ceux de l’Oural, de la Californie, de l’Australie et du Brésil, et avoir indiqué la nature des principaux terrains renfermant cette pierre précieuse, l’auteur en arrive à l’examen de sa composition : « Les différentes opinions émises à ce sujet, continue-t-il, nous sont connues par les travaux de Lavoisier, qui considère le diamant comme du carbone. Les uns lui attribuent une origine ignée, tandis que les autres pensent qu’il a été formé par voie humide. Déjà Newton préfère cette dernière opinion, et Brewster également.
- « Liebig, dans les leçons professées par lui en 1842, admet que le diamant se forme lentement, par des procédés de putréfaction prolongée. « Supposons, dit-il, la putré-« faction d’un corps liquide, riche en carbone et en eau. Comme dans la formation a des substances charbonneuses cristallisées, la naphtaline incolore se mêlera, sous Tome XI. — 63e année. 2S série. — Mars 186 i. 24
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- « forme de gaz, au carbone et à l’eau, et, par une union plus intime, facilitera la pu-« tréfaction et amènera la cristallisation du carbone. Dans ce cas, une température « élevée est défavorable, car, d’après les expériences de Despretz, elle a pour effet de « noircir la matière et de la transformer en coke ou en graphite. Le diamant noir de « Bahia, dont le docteur Bœttger m’a envoyé quelques échantillons, est un mélange « de carbone non cristallisé et de diamant semblable à celui sur les cendres duquel « mon collègue, M. Lœvig, a fait d’intéressantes expériences. »
- « Quant à l’origine du diamant par la voie humide, mes observations m’ont fait rencontrer souvent des incrustations de cristaux dans les diamants, telles qu’on en avait déjà vu quelques exemples. J’en ai remarqué sur des centaines d’échantillons et sous différentes formes, comme des glandes ou de petites cavités intérieures. D’autres preuves viennent encore à l’appui de cette théorie de la condensation du carbone. On peut voir, dans le trésor de l’empereur du Brésil, un diamant qui présente, d’une manière bien visible, l’empreinte d’un grain de sable. J’ai en ce moment sous les yeux un grenat qui porte, sur toute sa surface, des traces de grains de sable, et un cristal de diamant noir qui, sur quelques points, offre les mêmes impressions. Dans un troisième échantillon, on remarque une glande d’une nature inconnue qui a recourbé et brisé le cristal. La formation du diamant par la voie humide ne peut donc plus, pour ainsi dire, être mise en doute.
- « Maintenant il s’agit de savoir si le diamant est composé de résidus organiques, s’il est d’origine végétale. La réponse à ces questions a été préparée par Newton même, lorsque, en vertu de la puissance des rayons lumineux, il attribue l’origine du diamant à la coagulation d’un corps gras ou huileux. Jamson et Wilson étayèrent cette théorie, ainsi que Petzbold, en recherchant des traces végétales dans la cendre de diamant. La connaissance de l’origine organique du charbon de terre et de l’anthracite, ainsi que de leur formation par la voie humide qu’on a mis vingt ans à affirmer, m’a servi de point de départ pour rechercher la même origine à l’égard du diamant et du graphite, origine que de nombreuses expériences, faites pendant plusieurs années, m’ont permis d’attribuer également à l’ambre jaune et à la calcédoine. A l’égard du graphite, je ne suis, jusqu’ici, parvenu à aucun résultat.; mais, pour le diamant, j’ai réuni une série de preuves qui me paraissent dignes d’être publiées, et, bien qu’elles n’établissent pas d’une manière infaillible son origine végétale, elles rendraient à coup sûr difficile une affirmation négative. »
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- PROCÈS-VERBAUX.
- Séance du 9 mars 1864.
- Présidence de M. Dumas.
- Correspondance mamuscrite. — Son Exc. M. le Ministre de Vagriculture, du
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- commerce et des travaux publics adresse deux exemplaires du n° 10 du Catalogue des brevets d’invention pris en 1863.
- M. Émile Nowrigat, propriétaire-éducateur à Lunel (Hérault), transmet, avec de nouvelles observations sur ses travaux, le 2e Bulletin hebdomadaire des expériences de sériciculture qu’il poursuit en ce moment à Ses frais. (Renvoi au comité d’agriculture.)
- MM. Brocard et Rousselet, à Saint-Maur-les-Fossés, présentent plusieurs échantillons de plombs et baguettes cannelées pour joints de chaudières à vapeur, etc. (Renvoi au comité des arts économiques.)
- M. Febvre, rue du Faubourg-du-Temple, 129, communique à la Société les perfectionnements qu’il a apportés aux objets de menuiserie. (Renvoi au même comité.)
- MM. Naudin etMoser, vétérinaires à Versailles, soumettent un spécimen de ferrure pour les chevaux. (Renvoi au comité d’agriculture.)
- M. Plagnol, ouvrier mécanicien à Belleville, demande l’examen de plusieurs inventions qui lui sont propres. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Harel (Georges), ingénieur civil au Cateau (Nord), demande qu’on veuille bien statuer le plus tôt possible sur un ouvrage qu’il a présenté, concernant la filature de la laine peignée. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Legrand, membre de la Société, vice-secrétaire de la Société de secours des amis des sciences, communique le résultat de la souscription qu’il a ouverte dans l’industrie des corps gras, la parfumerie et la savonnerie. Le montant de cette souscription s’élève déjà à 4,500 francs. Il demande que la Société veuille bien se charger de ce capital et du produit ultérieur des souscriptions dont il continue à s’occuper. Le placement en serait fait, au nom de la Société, en obligations de chemins de fer, et le revenu converti en dotations spéciales à l’industrie des corps"gras, pour être applicables, chaque année, à récompenser les services rendus ou les inventions utiles dont les auteurs seraient dans l’infortune, et de plus à fonder une médaille d’encouragement sur des sujets proposés au concours pour le développement de cette industrie.
- M. Dumas, en proposant de remercier M. Legrand de cette généreuse initiative et d’accueillir sa proposition, fait observer que l’industrie des corps gras a donné lieu, depuis quelques années, à de nombreuses inventions, dont les auteurs sont souvent malheureux. On ne peut donc que prier M. Legrand de continuer ses efforts, car sa pensée est conforme à celle du Conseil. À cette occasion, M. Dumas exprime l'espérance qu’un grand nombre d’industries suivront la même voie. Depuis vingt-cinq ou trente ans, la Société a fait beaucoup de bien avec les legs Bapst et Besançon ; elle a soustrait annuellement à la misère, et parfois au désespoir, un grand nombre de personnes, en accordant de légers secours à des veuves, à des vieillards, etc.—Si diverses industries formaient un capital avec des dotations semblables, la Société serait heureuse de leur prêter son concours; on pourrait dégager alors les legs Bapst et Besançon d’une partie des secours dont se chargeraient ces industries. C’est, sans contredit, ajoute M. le Président, l’une des formes de la charité la plus digne d’être encouragée.
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- Correspondance imprimée. — M. Leroux, membre du Conseil, fait hommage à la Société de son Cours de géométrie élémentaire, qu’il vient de publier.
- M. Baudoin, membre de la Société, à Neuilly, adresse une brochure sur la liberté du travail et les coalitions.
- M. Ernest Stamm, membre de la Société, fait hommage de ses Essais sur Vautomatique pure. (Remercîments à l’auteur.)
- M. Dumas annonce que le Compte rendu des séances de l’Académie des sciences sera désormais envoyé gratuitement à la Société, en échange de son Bulletin.
- Rapports des Comités. —Au nom du Comité des arts mécaniques, M. Callon lit un rapport sur les perfectionnements apportés aux métiers à tisser par M. Fillon, de Paris. (Adoption et insertion au Bulletin.)
- Communications. M. Berendorf, mécanicien, membre de la Société, donne quelques explications sur un nouveau système d’emmanchement des tubes pour chaudières à vapeur. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- Nominations.— M. Bande, membre du Conseil, présente, pour être élues membres de la Société,
- La Compagnie des chemins de fer du Nord, représentée par son président, M. le baron James de Rotschild;
- La Compagnie des chemins de fer dyOrléans, représentée par son président, M. Bar-tholony.
- M. Dumas présente M. Boitel, inspecteur général de l’agriculture, au Ministère du commerce.
- M. le Président propose de voter immédiatement, et par exception, sur ces nominations.
- Cette proposition est approuvée, et les nominations sont faites à l’unanimité.
- Sont nommés ensuite membres de la Société :
- MM. Firmin Houlard, directeur de la verrerie de Lourches;
- Gustave Ducel, maître de forges 5
- Baral, directeur du Journal des Inventeurs.
- Le Conseil se forme en comité secret.
- Séance du 23 mars 1864.
- Présidence de M. Chevallier, membre du Comité des arts chimiques.
- Correspondance imprimée. — M. Paul Christofle fils écrit à M. le Président que, désirant ne pas interrompre la fondation de son père, il continuera à verser annuellement, à la Société, une somme de 1,000 fr., dont une moitié serait employée comme par le passé, et l’autre affectée à reconstituer le capital primitivement versé par son père.
- M. Christofle demande, en outre, h être admis parmi les membres de la Société.
- M. Jules Delbruck, rue de Rivoli, 162, informe M. le Président qu’il met à la disposition de la Société, à prix réduit de moitié, pour être délivrée aux contre-maîtres,
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- chacune des quatre séries de ses Récréations instructives. (Renvoi à la commission spéciale.)
- U. Georges, photographe, rue de Richelieu, 83, renouvelle l’offre qu’il a faite de faire les portraits des membres du Conseil.
- M. Camion, membre de la Société, à Vrignes-aux-Bois (Ardennes), transmet un mémoire sur la culture des pommes de terre. (Renvoi au comité d’agriculture.)
- MM. Desgranges et Simoneton, place Saint-Jean, 4, à Paris, demandent l'examen de courroies en tissu, qu’ils substituent aux courroies de cuir pour les transmissions de mouvement. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Monié, rue des Vieilles-Étuves-Saint-Honoré, 7, sollicite l’examen d’une nouvelle machine à frotter les appartements. (Renvoi au comité des arts économiques.)
- Mme la comtesse de Beau fort, à Vienne (Autriche), annonce, sans donner, d’ailleurs, aucune description de son procédé, qu’elle a trouvé le moyen de blanchir complètement la soie brune des cocons du bombyx cynthia. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
- M. Rabatté, ingénieur-mécanicien, avenue de la Roquette, 43, demande l’examen d’une machine propre à faire les sacs en papier. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Legey, à Athis-Mons (Seine-et-Oise), soumet au jugement du Conseil un instrument pour le cubage des arbres, nommé dendromètre, et une règle pour dessiner toute espèce de courbes. (Renvoi au même comité.)
- M. Urbin-Dussehu, rue des Amandiers-Popincourt, 40, appelle l’attention du Conseil sur son nouveau procédé de fabrication des allumettes chimiques. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
- M. Eug. Mouline, rue des Filles-Saint-Thomas, 10, présente le dessin et la description d’un nouveau système de machine atmosphérique, dont il sollicite l’examen. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Leroy, d’Amiens, soumet un nouveau système de graissage pour transmission de mouvements. (Renvoi au même comité.)
- Correspondance imprimée. — Il est fait hommage, à la Société, des ouvrages suivants :
- L’Etudiant micrographe, ou Traité pratique du microscope, par M. Arthur Chevallier, ingénieur-opticien;
- Manuel de la literie, par M. de Laterriére, membre de la Société;
- Mémoire sur la méthode générale d’analyse des eaux fluviales, par M. Jacquelain, membre du Conseil;
- Annuaire de l’Institut des provinces, pour l’année 1863.
- Rapports des Comités. — M. Bande, au nom du Comité des arts mécaniques, lit un rapport sur un mémoire de M. Émile Vuigner relatif aux travaux exécutés pour l’établissement du chemin de fer du camp de Châlons. (Adoption et insertion au Bulletin.)
- Communications. — M. Pradel, mécanicien, rue Sainte-Catherine-d’Enfer, 4,
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- donne des explications sur son système de contrôle mécanique universel. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- M. Degas-Bonnet, d’Orléans, entretient la Société d’un appareil de sauvetage pour les incendies. (Renvoi au comité des arts économiques.)
- M. Alphonse Poitevin présente des photographies faites sur émail, qu’il obtient par son procédé au perchlorure de fer et à l’acide tartrique. (Renvoi à la commission des beaux-arts appliqués à l’industrie.)
- Nominations. — Sont nommés, à l’unanimité, membres de la Société :
- M. Morsaline, entrepreneur de peinture, à Paris;
- M. Balsan, manufacturier^ Châteauroux.
- Séance extraordinaire du 30 mars 1864.
- Présidence de M. Dumas.
- Correspondance imprimée. — M. Febvre, entrepreneur à Paris, prie la Société de s’intéresser à ses inventions concernant la menuiserie. (Renvoi au comité des arts économiques.)
- M. Armand Donat, boulevard des Poissonniers, à Montmartre-Paris, demande l’examen de son nouveau procédé de télégraphie sans fil conducteur. (Renvoi au même comité.)
- M. Brunet, à Lyon, demande qu’on lui vienne en aide pour obtenir une addition au brevet qu’il a pris pour un système de pliage de chinés et d’imprimés. (Renvoi au comité des arts mécaniques.)
- Mm# veuve Pielte adresse des remercîments pour son admission comme membre de la Société, et fait hommage du Traité de la coloration des pâtes à papier, dernier ouvrage de feu son mari. (Renvoi au comité des arts chimiques.)
- M. Bartholony, président du Conseil d’administration de la compagnie des chemins de fer d’Orléans, adresse des remercîments pour l’admission de cette compagnie parmi les membres de la Société.
- M. Herpin, membre du Conseil, fait hommage de son Rapport sur les progrès et Vêlât actuel de l’instruction primaire en Espagne.
- Rapports des Comités.—M. Dumas, au nom du Comité des arts chimiques, donne lecture d’un rapport sur la découverte et l’exploitation, faites en Sibérie, par M. Ali-bert, d’un graphite d’une grande pureté. (Voir plus haut, p. 129.)
- À l’occasion de ce rapport, M. Dumas communique quelques passages d’un récent mémoire de M. Gœppert, conseiller médical de la Société silésienne, dans lequel, contrairement à l’opinion généralement admise, il attribue une origine organique à la formation du diamant. (Voir aux notices, p. 185.)
- Communications.—M. Dumas, à la demande du Conseil, donne de nouveaux détails sur son procédé pour reconnaître la richesse des sucres bruts cristallisés.
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- Il rappelle que les moyens dont on s’est servi jusqu’à présent reposent sur l’emploi du sacchariraètre et sur le procédé de M. Payen.
- L’usage du saccharimètre exige d’abord l’acquisition d’un instrument assez coûteux ; il faut ensuite, pour obtenir des résultats exacts, une certaine habitude qui ne s’acquiert que par un long usage. Enfin, en cas de contestation, cet instrument présente cet inconvénient qu’une seule personne peut l’observer à la fois. D’ailleurs, le degré qu’il indique varie un peu, suivant des circonstances tenant à l’organe de la vision de l’observateur.
- La méthode de M. Payen, à laquelle M. Dumas emprunte son liquide normal, réclame un temps long et des manipulations délicates.
- Ces deux modes d’essais consistent à déterminer la proportion de sucre pur contenue dans un sucre brut.
- M. Dumas dose, au contraire, la proportion de matières étrangères au sucre, et en déduit, par différence, la proportion de sucre pur.
- L’application de son procédé n’exige qu’un alcoomètre ordinaire. Les précautions à suivre dans son emploi sont les mêmes que s’il s’agissait d’un essai d’alcool.
- A Paris, dans une importante raffinerie, à Lille, dans les mains les plus compétentes, comme au laboratoire des finances ou à celui de la Sorbonne, ce procédé a donné les mêmes titres que le polarimètre. Sur une moyenne de vingt essais destinés à évaluer la richesse des sucres d’une livraison considérable de sucres très-divers, les écarts n’ont pas dépassé un millième, c’est-à-dire ont été nuis. Pour des essais individuels, ils dépassent rarement un centième, ce qui est insignifiant, comme on sait, dans un commerce où des sucres, classés au même type, diffèrent si souvent dé 8 à 10 pour 100 en richesse.
- Voici le procédé : on mêle un litre d’alcool à 85° et 50 grammes d’acide acétique à 8°; on ajoute à la liqueur autant de sucre pur qu’elle en peut dissoudre : elle marque 74° à l’alcoomètre.
- En agitant un décilitre de ce liquide avec 50 grammes de sucre à essayer, et filtrant la liqueur, il suffit, pour terminer l’essai, d’y plonger l’aréomètre.
- S’il marque 74° de nouveau, le sucre est pur; s’il descend à 69°, le sucre est à 95; s’il descend à 64°, le sucre est à 90. Chaque degré perdu par l’alcoomètre répond à un degré de diminution dans la richesse du sucre.
- Après un essai de sucre effectué par M. de Luynes sous les yeux du Conseil, M. Dumas fait remarquer que, dans les sucres à très-bas prix, la nature variable des impuretés rend ce genre d’essai un peu moins certain ; mais pour les sucres compris entre 87 ou 88 et 100, qui forment la presque totalité des sucres bruts du commerce, les résultats s’accordent avec ceux du polarimètre.
- Si le sucre renfermait du sable ou des matières insolubles, il faudrait en tenir compte.
- M. Clerget, membre du comité des arts économiques, à l’occasion de la communication de M. le Président, demande la parole. Il reconnaît que l’ancien procédé de M. Payen, qu’il a expérimenté dans le temps avec beaucoup d’attention, sans indiquer
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- exactement la quantité de sucre réel contenue dans les sucres bruts, donne des résultats utiles à consulter.
- Il considère le procédé de M. Dumas comme très-important non-seulement sous le rapport de l’exaclitude, mais encore sous celui de la simplicité et de la promp titude de la méthode. M. Clerget entre dans quelques explications sur la saccha-rimétrie optique à laquelle la méthode de M. le Président fait appel, pour graduer sur échelle spéciale, près de l’échelle centésimale de Gay-Lussac, l’aréomètre qui sert à son application. Il expose que la saccharimétrie optique, telle qu’il l’a réglée dans le mémoire couronné par la Société d’encouragement, avant qu’il eût l’honneur de faire partie du Conseil, et auquel l’Académie des sciences a donné son suffrage en votant son insertion au recueil des travaux des savants étrangers, n’exige pas plus de temps que celui que comportent les essais par l’alcool saturé de sucre; mais il reconnaît que l’usage des appareils de polarisation qu’elle nécessite, même de celui dont la précieuse invention est due à M. Soleil, exige des soins délicats.
- Quant à la prise des densités, soit des dissolutions des sucres bruts, soit des jus naturels de la canne ou de la betterave, afin de déterminer, par sou rapprochement avec le titre saccharimétrique donné par la polarisation, la quantité des matières autres que le sucre réel qui existe dans ces dissolutions ou dans ces jus, M. Clerget rappelle qu’il l’a depuis longtemps indiquée. Il explique que cette donnée a même été la base d’une méthode de prise en charge et d’appréciation des rendements dans les fabriques de sucre de betterave.
- M. le Président invite M. Clerget à déposer une note .sur cette méthode, afin qu’elle puisse prendre place dans le Bulletin de la Société.
- PARIS. — IMPRIMERIE DE Mme V* BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L’ÉPERON, 6. — 1864.
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- 63e ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME XI. — Avril 1864.
- BULLETIN
- DE
- LA SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT
- POUR L’INDUSTRIE NATIONALE.
- DONATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
- M. le Président a annoncé au Conseil que, sur la proposition de S. Exc. le maréchal Vaillant, S. M. l’Empereur daignait permettre que son nom fût inscrit en tête des membres de la Société, et qu’elle lui accordait une allocation annuelle de 1,000 francs.
- M. Dumas a également annoncé que la souscription ouverte par M. Legrand dans l’industrie des savons et de la parfumerie, et dont le produit doit être confié à la Société pour venir en aide aux travailleurs malheureux appartenant à cette industrie, s’élevait déjà à près de 7,000 francs.
- SÉANCE GÉNÉRALE DU 6 AVRIL 1864.
- PRÉSIDENCE DE M. DUMAS, SÉNATEUR.
- La Société d’encouragement pour l’industrie nationale a tenu, le 6 avril 1864, une séance générale, dans laquelle elle a décerné des récompenses aux artistes et aux industriels dont les œuvres ont été soumises à son examen, ainsi qu’aux contre-maîtres et ouvriers les plus méritants parmi ceux que les établissements agricoles et manufacturiers recommandent, chaque année, à sa bienfaisante sollicitude.
- Tome XI. -— 63e année. 28 série. — Avril 1864.
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- 194 DISCOURS DE M. DUMAS.
- Cette séance, qui avait attiré une foule compacte, offrait un caractère spécial d’intérêt. La Société était appelée à entendre la proclamation du prix de 12,000 francs, fondé par M. le marquis d’Argenteuil.
- L’ordre du jour était ainsi composé :
- Allocution de M. le baron Charles Dupin ;
- Distribution des médailles ;
- Rapport sur le compte des recettes et dépenses ;
- Rapport fait par M. Barrai, au nom d’une commission spéciale, sur le prix d’Argenteuil à décerner.
- Vote sur le renouvellement du Bureau et des Comités.
- Avant la lecture du rapport de M. Barrai, M. le Président a lu le discours suivant, dont plusieurs passages ont soulevé les applaudissements de l’assemblée tout entière.
- DISCOURS DE M. LE SÉNATEUR DUMAS, PRÉSIDENT.
- Messieurs,
- En 1801, quelques amis éclairés de leur pays, sous l’impulsion de M. de Lasteyrie, se réunissaient chez le meilleur d’entre tous, Benjamin Delessert, et décidaient, de concert avec cet illustre promoteur de leur pensée naissante , que la Société d’encouragement pour l’industrie nationale serait fondée. Napoléon, Cambacérès, Lebrun, Chaptal, de Laplace, Boulay (de la Meurthe), Monge, Berthollet, Sieyès, Benjamin Constant, Portalis, de Luynes, Montgolûer, Vauquelin, Mérimée, Parmentier, Mathieu de Montmorency, Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, de Candolle, Vilmorin, heureuse association de grands génies et de pures renommées, venaient constituer la liste presque entière des fondateurs et des premiers administrateurs de la Société.
- De cette pléiade, un seul a survécu, M. François Delessert; il continue à couvrir d’un nom vénéré une Société que sa création rattache à l’éminent homme de bien dont il est le digne héritier par ses lumières, par sa bonté, par ses vertus.
- Chaptal, entrant vivement dans les vues des fondateurs, leur assurait son concours complet. Présageant les destinées de la Société, sous réserve de la légèreté française, si elle dure trois ans, disait-il, elle qui représente l’invention, le perfectionnement et l’application, quel beau rôle l’attend dans le développement de l’industrie nationale (
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- DISCOURS DE M. DUMAS.
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- Comme il lavait prévu, la Société a prospéré au delà de toute espérance ; pendant plus d’un demi-siècle elle a fait un bien qui n’est pas contesté et qui a sa moralité.
- En effet, la Société doit toutes ses forces à la seule association des amis de l’industrie du pays; ce sont eux qui en assurent les ressources par leur tribut annuel.
- Elle est dirigée par un Conseil élu, dans lequel on appelle, à titres égaux, les représentants de la théorie et ceux de la pratique, alliance qui est utile partout et qui, dans une académie des sciences appliquées, est indispensable.
- Ce Conseil provoque les communications qui touchent à l’industrie; il les étudie, les apprécie et les juge. Il accorde des récompenses au mérite.
- Il propose des questions à résoudre. Il met au concours les sujets vers lesquels l’intérêt de la production se dirige ; il décerne des prix aux meilleurs ouvrages présentés.
- Le Conseil reste en contact journalier avec les usines, les ateliers, leurs chefs et leurs ouvriers; et c’est ainsi qu’il a guidé l’industrie française pendant plus d’un demi-siècle, la soutenant avec sympathie, la préparant avec fermeté aux luttes périodiques des grandes expositions, en même temps qu’il apportait aux jurys, par ses décisions réfléchies, des éléments certains pour ses jugements définitifs.
- Se constituant votre interprète, il a toujours voulu que l’invention des idées, la perfection des procédés, la moralité industrielle fussent la base ou la justification de toutes ses récompenses.
- Mais au premier rang de ces trois intérêts industriels à exciter, à soutenir ou à défendre, votre Conseil a constamment placé l’invention. Il existe aujourd’hui, il est vrai, une école historique et philosophique, où, considérant l’humanité comme une armée en marche vers le progrès, mais une armée sans général, on regarde.au contraire, chaque inventeur comme l’expression un peu banale d’idées appartenant à tous ; idées dont il se serait fait seulement l’interprète un peu plus tôt que le reste des humains, et qui, sans lui, n’en eussent pas moins germé, fleuri et fructifié.
- Cet inventeur, que vous connaissez si bien, dévoré par la pensée qui l’obsède, à laquelle il voue toutes ses forces, sa fortune, sa santé, sa vie et les intérêts plus chers encore de tous les siens, ne serait, à en croire ces nouvelles doctrines de l’histoire, qu’un organisme obéissant à l’évolution générale de l’espèce et produisant une invention en vertu des mêmes fatalités auxquelles obéit l’abeille qui sécrète sa cire ou son miel; ce qu’il a fait, tout autre aurait pu l’accomplir.
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- DISCOURS DE M. DUMAS.
- Pour cette école, Homère, Phidias, Raphaël, Newton, Lavoisier, qui ont porté si haut le niveau de la puissance créatrice de l’homme, ne seraient que des chiffres. Leur génie serait celui de l’époque où ils ont vécu ; au besoin ils eussent été remplacés par d’autres chiffres chargés de produire leurs poèmes divins, leurs pages immortelles ou leurs calculs sublimes 1
- Messieurs, les hommes vraiment supérieurs qui ont présidé à la rédaction de vos statuts, ces inventeurs de tant d’œuvres durables, n’avaient pas même soupçonné cette étrange opinion des sophistes du temps présent. Dirigés par leur propre expérience, ils avaient pensé que, dans toute invention, s’il est une part qui soit empruntée au temps où l’homme vit, au milieu dans lequel il se meut, aux forces dont il dispose, il y a aussi une autre part plus haute qui vient de lui, qui lui appartient tout entière, comme l’émanation libre et pure du travail spontané de sa pensée.
- Or, vous l’avez compris, si l’invention appartenait à tous, elle n’appartiendrait à personne ; les inventeurs n’auraient droit ni aux garanties que l’État leur accorde, ni à vos récompenses; la propriété d’une idée serait moins légitime encore que celle du sol.
- Assurément, les conditions nécessaires à l’épanouissement de toute idée neuve consistent en un certain état de l’éducation du genre humain et du progrès de ses besoins, cela n’est pas douteux ; mais croire que, le moment venu, le génie n’ait rien à faire et que le travail de l’invention s’accomplirait sans lui, c’est une erreur profonde ; c’est flatter les plus mauvais penchants du pauvre dont toute supériorité peut exciter l’envie, ceux du riche qui, pour dédaigner le génie, peut aussi quelquefois avoir ses motifs.
- Cependant, croyez-le bien, c’est en vain que nous réunirions tous les peintres du monde, ils ne produiraient pas un Raphaël ; ou tous les sculpteurs, ils ne feraient pas sortir du marbre la Vénus de Milo ; et de même, n’en doutez pas, il y a telle invention, dans les sciences industrielles, dont on a droit de dire que celui qui l’a faite était seul capable de la produire.
- Quoi! l’Académie des sciences n’inventait rien qu’un autre n’eût pu créer, lorsqu’elle disait aux arts, il y a près d’un siècle : La soude vous fait défaut pour fabriquer le savon ou le verre, pour lessiver vos étoffes ; eh bien ! puisque la soude s’extrait des plantes qui croissent aux bords de la mer et qu’elles l’empruntent au sel marin, imitez-les dans leurs procédés, et apprenez d’elles à retirer la soude qu’il contient, de ce sel marin que la mer vous offre en quantités inépuisables.
- Le génie de l’Académie, ou plutôt celui de Lavoisier son organe, qui posait la question, le génie de Leblanc, qui vint la résoudre, ont fait subir
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- à l’industrie de l’Angleterre, au commerce des nations une révolution dont les effets sont incalculables. Après quatre-vingts ans nous discutons encore sur le sens des phénomènes qui se passent dans la fabrication de la soude artificielle, et on viendrait nous dire que, Lavoisier et Leblanc supprimés, la soude des chimistes n’en eût pas moins été inventée et n’en aurait pas moins pris la place de la soude de la nature!
- Ah ! Messieurs, ce sont là des pensées mauvaises, des excuses prêtes pour l’ingratitude, des doctrines qui font tomber avec dédain les têtes des Lavoisier, qui assistent avec indifférence aux suicides désespérés des Leblanc !
- Quoi ! l’empereur Napoléon Ier n’inventait pas, lorsque, en présence de la pénurie du coton, il provoquait la filature mécanique du lin; lorsque, la France étant privée de sucre de cannes, il décrétait la mise en œuvre du sucre de betteraves, et qu’il trouvait, dans Philippe de Girard et dans ses émules, les génies de la pratique qu’exigeaient ses grandes vues I Quant à moi, je l’affirme, ces inventions, leur œuvre commune, que chaque jour fortifie et qui déplacent tant de forces dans la balance des nations, seraient encore à naître, si Napoléon Ier ne les eut inspirées, et si Philippe de Girard ou ses rivaux dans l’extraction du sucre indigène n’eussent matérialisé sa pensée !
- Sans sortir de cette enceinte, lorsqu’un trait de lumière, émané de votre Conseil, apprenait à l’industrie que la fermentation acide des liqueurs alcooliques n’est pas le seul moyen capable de lui fournir le vinaigre qu’elle consomme, et que cette inspiration trouvait, pour la rendre féconde, le génie pratique de Mollerat l’élevant du premier coup à sa perfection dernière, je me demande si cet éminent industriel n’a été que l’expression des organismes en activité de son temps, si son invention pouvait se passer de l’inventeur et s’accomplir d’elle-même par le progrès naturel des idées.
- Non ! pour le vinaigre de bois, que l’industrie des toiles peintes emploie en si grande abondance, comme pour la soude, il a fallu devancer d’un siècle la marche de la science. Si Mollerat n’eût pas existé, le vinaigre de bois se dissiperait toujours en fumée infecte sur les fauldes des charbonniers, au lieu de distiller en liqueur limpide et d’un goût pur dans les milliers d’usines qui le produisent en Europe et en Amérique.
- Alors que les Hollandais avaient gardé la fabrication de la céruse, comme secret et monopole, n’est-ce pas ici qu’il fut reconnu qu’on pouvait l’obtenir en France par des moyens nouveaux, dont l’invention et la mise en œuvre constituaient un besoin pressant du pays? Et, si Thénard au laboratoire et Roard dans l’usine de Clichy donnèrent satisfaction à ce vœu, n’ai-je pas le droit de dire que la céruse française ne serait pas née, si ce triple con-
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- cours d’efforts du génie économique, du génie scientifique et du génie industriel lui avait manqué?
- Dans ces derniers temps, la chimie a donné des preuves de fécondité qui étonnent le monde, en retirant de la houille ces suaves couleurs, qui déploient sur toutes les étoffes de luxe leur pureté, leur richesse et leur incomparable éclat; dans cette voie, le premier pas, je l’avoue, a été fortuit peut-être, et les autres sont dus eux-mêmes aux tâtonnements d’une foule attirée par celte Californie qui lui promettait des trésors.
- Est-ce à dire que lorsque l’outremer se vendait au poids de l’or, qu’il était réservé aux grands maîtres de l’art, que son extraction s’opérait à l’aide de minéraux tirés des filons les plus rares, placés aux confins du monde connu, par des procédés bizarres, ancien legs de l’alchimie, vous n’avez rien inventé quand vous avez dit : L’outremer peut se fabriquer de toutes pièces? Est-ce à dire que M. Guimet, si savant, si modeste, si éminent à tant de titres, répondant à votre appel et créant l’outremer factice, tombé tout à coup, grâce à lui, de la palette de Raphaël à celle du peintre d’enseignes ou du fabricant de papiers de tenture, et donnant l’azurage au papier de nos écoliers; est-ce à dire que M. Guimet n’aurait rien inventé ? Permettez-moi de le croire, supprimez votre Conseil et M. Guimet, et l’outremer artificiel serait encore à naître, malgré les affirmations contraires des sophistes.
- Demandez à nos fabriques de cristal que la révolution de 1848 avait privées de tous leurs débouchés et qui en étaient réduites à éteindre leurs fours, à fermer leurs ateliers, à renvoyer tous leurs ouvriers, si elles n’ont pas béni votre Conseil qui leur avait ménagé pour ce moment de détresse effroyable une ressource inespérée. Oui, votre Conseil avait pensé, quelques années auparavant, que nos verriers étaient capables de faire ce que faisaient les verriers de Venise ou de Bohême, ce que les anciens verriers de l’Égypte avaient fait; il leur indiquait la marche à suivre, mettait sous leurs yeux une série graduée des modèles à imiter et leur ouvrait un large concours. M. de Fontenay, de l’usine de M. de Rlinglin, remportait les prix proposés, l’industrie des verres colorés était fondée, et, au moment où la vente du cristal blanc cessait tout à coup, celle des cristaux de couleur ou de la verroterie vénitienne, s’ouvrant à propos, venait soutenir, à leur grande surprise, le travail de nos cristalleries.
- N’en doutez pas, si votre Conseil n’avait pas eu cette excellente inspiration, et si elle n’avait trouvé prêt celui qui devait la réaliser par un effort heureux mais nécessaire, la brillante industrie des verres colorés, qui alimente aujourd’hui un si riche commerce et qui est la source de tant de jouissances dans
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- nos plus modestes demeures, fût demeurée inconnue à la France ; elle serait restée le privilège de la Bohême et de Venise. Les verres colorés étrangers, entrant désormais en France, auraient désintéressé les besoins du luxe et eussent confiné nos cristalleries, comme celles de l’Angleterre, dans la fabrication et dans le fanatisme du cristal blanc.
- Il y a des inventions, il y a des inventeurs, n’en doutez donc pas; mais, de même qu’il y a des paresseux qui nient la propriété, trouvant qu’il est plus court de la prendre que de la gagner par le travail et l’épargne, il y a aussi des faiseurs, pressés de gagner gros, qui nient l’invention, trouvant plus tôt fait de se servir des idées d’autrui que d’avoir des idées à force d’étude et d’attention persévérante.
- Savent-ils ce que c’est que l’invention? non, et leur seule excuse pour le dédain qu’ils affectent à son sujet, c’est qu’ils ignorent les douleurs et les joies de ces sortes d’enfantements.
- Écoutez ceci. Il y a quarante ans, je fus consulté par un ami de la famille de Daguerre qui s’était ému des allures étranges de cet homme célèbre. Sa raison n’était-elle pas menacée? Que penser, me demandait-il, d’un artiste habile, abandonnant ses pinceaux et poursuivant cette idée insensée de saisir les fuyantes images de la chambre obscure et de fixer sur le papier, sous une forme matérielle et durable, ce spectre insaisissable, ce rien? Je me suis souvent reporté aux heures de méditation que je consacrai alors à préparer une réponse qui rendit peut-être à Daguerre un repos troublé par des empressements inquiets. S’il eût été détourné de sa voie, cependant, la photographie n’existerait pas ; qui oserait en douter ?
- Savez-vous combien de temps s’écoula pour lui en études, en essais ruineux, en tentatives trompées? Quinze ans! Oui, quinze ans séparent ce moment où Daguerre était regardé comme menacé dans sa raison et celui où l’Europe apprenait son triomphe. Lorsqu’il vint, au bout de ces quinze années d’épreuves, me montrer ses planches admirables, il n’en sut rien, mais ma première pensée, je l’avoue, fut un sentiment de reconnaissance envers Dieu, qui avait permis que je fusse appelé à défendre un si heureux génie, et qui m’avait inspiré, malgré ma jeunesse, la confiance de le protéger contre le zèle de ses amis.
- Avec quel intérêt je l’écoutais, me racontant ses espérances, ses doutes, ses soupçons; car, pendant ces quinze années, Daguerre, dont le sentiment artistique délicat avait tant de peine à se tenir pour satisfait, et qu’une éducation scientifique insuffisante livrait à tous les hasards des tâtonnements incer-
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- tains, voyait tour à tour se rapprocher ou s’éloigner le but de ses espérances, se réaliser ou s anéantir l’objet de sa poursuite infatigable.
- Troublé par les gloires de sa vie d’artiste qu’il lui eût été si facile de rajeunir, l’inventeur du diorama se demandait tantôt s’il n’était pas attiré par le mirage d’une vaine chimère, tantôt si, au jour du succès, il ne se trouverait pas en face d’un spoliateur.
- Où se procurer, en effet, les lames de plaqué et les réactifs chimiques, sans mettre un plagiaire sur la voie des essais qu’il tentait? Ne fallait-il pas épuiser tour à tour les divers quartiers de Paris, ne revenant jamais, pour le même objet, chez le même fournisseur? Ne fallait-il pas mêler à l'achat des matières utiles celui d’ingrédients sans emploi destinés à détourner une curiosité intéressée ou indiscrète?
- Que de soins ! S’agissait-il ensuite de fixer une image, celle d’un monument immobile et vivement éclairé lui étant indispensable, il était contraint d’opérer dans la rue ou en plein champ. Tout lui faisait ombrage alors : le passant, parce qu’il avait l’air trop indifférent ; celui qui s’arrêtait, parce qu’il avait l’air trop curieux ; celui qui se tenait éloigné, sa réserve n’étant pas naturelle. Les personnes familières avec les écrits des alchimistes peuvent seules se représenter ce tableau naïf de la vie troublée de Daguerre, ainsi vouée, pour une moitié, à la crainte d’échouer, et, pour l’autre, à la terreur de se voir dérober son trésor.
- Quiconque a réfléchi sur l’histoire des découvertes ne mettra pas en doute, cependant, que, si la photographie a obtenu l’immense succès que chaque jour augmente, c’est que Daguerre, qu’on oublie trop et envers qui l’ingratitude semble de mode, ne s’est pas contenté de produits imparfaits, qu’il ne s’est pas arrêté en route, et qu’il a montré du premier coup des épreuves d’un art irréprochable, devant lesquelles les plus délicats se sont inclinés.
- Mais par quels sacrifices et par quelles angoisses il a payé l’honneur de doter son siècle d’une de ses plus merveilleuses conquêtes I
- Perdre les quinze plus belles années de sa vie, dédaigner les intérêts matériels, ignorer les inquiétudes de ses proches, vivre dans le doute, pendant le jour à multiplier des essais décourageants, pendant les nuits à se reprocher d’être un déserteur de l’art, demander pourtant à la science une gloire qu’elle fait longtemps, bien longtemps solliciter et attendre : voilà, Messieurs, ce que coûte l’invention, et à quel prix on laisse un nom dans l’histoire des découvertes!
- Voulez-vous savoir quels profils, de leur côté, les nations en retirent? De-
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- mandez au commerce de Paris pour combien de millions, chaque année, il fabrique d’instruments destinés à la photographie ; pour combien de millions il vend ou exporte d’images produites par les moyens photographiques. Rappelez-vous les jouissances nouvelles et inattendues que chacun de nous a éprouvées à réunir autour de lui ces chères images qui semblent une émanation même de la personne aimée, regrettée ou admirée.
- Ah ! Messieurs, ne marchandons pas les inventions ; soyons bienveillants et secourables aux inventeurs; gardons-nous de tuer la poule aux œufs d’or! Tous n’arrivent pas au but comme Daguerre; beaucoup meurent avant l’heure du triomphe, d’autres s’égarent en route. L’invention est une lutte, et, de même qu’au lendemain d’une bataille, si les vainqueurs sont récompensés, les morts sont honorés et les blessés recueillis avec sollicitude, glorifions les inventeurs qui réussissent, couvrons d’un indulgent respect les fautes de ceux qui échouent, et adoucissons les derniers ans de ces blessés, de ces invalides de la science industrielle, qui n’auront connu que les douleurs du combat et qui auront toujours ignoré les joies de la victoire.
- Ne marchandons pas les inventeurs ; car, si leur avant-garde était indispensable à l’industrie française, alors qu’enfermée sous les lois du blocus elle devait tout demander au sol et se suffire avec ses seules ressources, pourquoi le serait-elle moins aujourd’hui que notre industrie rencontre sur son propre marché la concurrence et les ressources de l’industrie du monde entier?
- Sans doute, le temps a marché ; il a emporté, avec les intérêts économiques nés d’une autre situation, les représentants de nombre de ces familles dont les noms ornaient vos premières annales ; mais des temps et des hommes nouveaux sont venus, et la sympathie que vous inspirez a trouvé de nouveaux échos. Les grandes sociétés industrielles veulent, aujourd’hui, prendre la place qu’occupaient, sur vos premières listes, les noms des grandes familles de la France, et demandent à figurer toutes au rang de vos membres. La ville de Paris s’est inscrite parmi vos plus larges bienfaiteurs. Sa Majesté l’Empereur a voulu que son nom ouvrît désormais la liste de vos souscripteurs, en témoignage de la protection qu’il daigne accorder à la pensée que vous poursuivez, aux travaux désintéressés et patriotiques accomplis par votre Conseil avec une si louable persévérance.
- L’appel que nous avons fait pour raffermir vos pas dans les routes qui s’ouvrent devant vous a donc été entendu. Les inventions couronnées par le succès, soit que vous les ayez provoquées, soit qu’elles aient pris naissance Tome XL — 63e année. série» — Avril 1864. 26
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- 20^ PRIX D ARGENTEUIL.
- hors de votre concours, recevront des récompenses multipliées en nombre et rehaussées en importance. Que l’industrie française le comprenne, c’est là que réside sa force. Réchauffons sans cesse dans ses rangs, par toutes les voies, cette flexible et féconde faculté d’invention qui la distingue, et l’essor de ses affaires ira toujours croissant; car l’invention seule sait donner leur valeur aux matières et aux forces de la nature, remplacer celles qui font défaut, et centupler le prix de celles qu’on possède.
- Les inventeurs trahis par le sort, que les libéralités de MM. Bapsl et Chris-tofle nous permettaient déjà de secourir, rencontreront désormais des secours plus larges pour les jours de la détresse. Des fonds spéciaux ont été mis à votre disposition par diverses industries ; ils serviront à pensionner ces invalides de l’intelligence vaincus par le poids des années.
- La Société s’enorgueillit d’avoir suscité des découvertes importantes, d’avoir inscrit, parmi les lauréats de ses grands prix, les noms de Vicat, Chevreul, Heilmann et Sorel ; mais ces satisfactions éclatantes ne lui font pas oublier ces legs et ces dons pieux, promettant la sécurité à des vieillards délaissés, que le souvenir des services rendus ne protégerait plus, épargnant la misère à des familles privées, avant l’heure, de leurs chefs succombant aux fatigues, aux amertumes ou aux déceptions de l’invention.
- En son nom, je remercie les cœurs généreux qui, dans ce noble but, lui prêtent leur chaleureux concours.
- PRIX D’ÀRGENTEUIL.
- Rapport fait par M. Barral, au nom du comité des arts chimiques, sur le prix
- fondé par M. le marquis d’Argenteuil, en faveur de l'auteur de la découverte
- LA PLUS IMPORTANTE POUR l’iNDUSTRIE NATIONALE.
- Messieurs, je viens vous exposer les titres de M. Sorel au prix fondé par M. le marquis d’Argenteuil pour la découverte la plus utile au perfectionnement de l’industrie française, faite dans les six dernières années. C’est pour la quatrième fois seulement que ce prix important est décerné.
- Vous savez, Messieurs, queM. Sorel est l’inventeur du procédé dezincage du fer, connu sous le nom de galvanisation du fer. Il est vrai que, dans le siècle dernier, le chimiste Malouin avait déjà proposé de substituer le zinc à l’étain pour garantir le fer de l’action de la rouille. Mais quand les industriels lui dirent : « Il y aura toujours quelques portions de fer dénudées, et
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- prix d’argenteuil.
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- la rouille les attaquera ; bien plus, vous avez revêtu l’extérieur des tuyaux destinés à la conduite des eaux, mais l’intérieur se rouillera comme précédemment, » le chimiste Malouin n’eut rien à leur répondre, et pendant un siècle entier son procédé resta inappliqué. Quant à M. Sorel, éclairé par la grande découverte de Yolta, que le zinc place le fer dans des conditions électriques: tout à fait différentes des conditions ordinaires, il a prouvé que le zinc, selon l’expression technique, rend le fer négatif, c’est-à-dire non oxydable par l’air, que le fer, en contact sur une partie de son contour avec du zinc, ne s’oxyde plus dans les parties restées dénudées.
- Déjà en 1844, dans un discours à la Chambre des députés, un savant illustre, M. Àrago, avait rendu justice à celui que vous allez couronner :
- « M. Sorel, disait-il, a trouvé dans un produit non employé, dont personne ne faisait usage, auquel nul industriel ne songeait, des propriétés qui l’ont rendu extrêmement précieux. »
- D’un autre côté, il résulte d’expériences faites en 1842, par une commission du comité consultatif des arts et manufactures, que M. Sorel a perfectionné d’une manière très-remarquable le procédé de Malouin ; qu’il a dû obvier à l’inconvénient de la formation d’un alliage de zinc et de fer qui s’opposait à la régularité du zincage ; à cet effet, il a chauffé les creusets par le haut, pour permettre à l’alliage moins fusible de se séparer du bain de zinc, par précipitation au fond des appareils, où l’on effectue le trempage des pièces à zinguer.
- Une fois qu’il a eu vaincu les difficultés nombreuses qui s’opposaient à la constitution même de l’industrie nouvelle, M. Sorel s’est attaché à multiplier les applications du fer, et ce n’est qu’à la suite de travaux persévérants, qui ont duré plus de vingt ans, qu’il a pu amener la galvanisation du fer à l’état de prospérité où elle est enfin arrivée dans ces cinq ou six dernières années. C’est dans cette dernière période de temps qu’ont été appliqués différents perfectionnements, consistant à réduire la couche de zinc à son épaisseur justement nécessaire, de manière à obtenir, en France, des produits économiques dont le bon marché pût lutter avec celui des produits similaires fabriqués à l’étranger. Du reste, s’il y a des fabriques de fer galvanisé chez presque tous les peuples civilisés, c’est à M. Sorel qu’on le doit ; c’est grâce à lui qu’une industrie née dans notre patrie s’est répandue dans le monde entier.
- Le fer galvanisé est aujourd’hui employé dans les grands ateliers de construction de la marine, dans le matériel d’exploitation des chemins de fer, dans la télégraphie, dans la construction des bâtiments, dans la brasserie, dans la fumisterie, dans la fabrication des articles de ménage, dans l’horti-
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- prix d’argenteuil.
- culture et l’agriculture, à l’état de tôle, de fils, de clous, de rivets, de tuyaux, de châssis, d’objets de chaudronnerie, etc. Les systèmes de culture nouveaux qui, chaque jour, se développent reposent sur l’emploi des fils galvanisés. Il serait impossible de calculer toute l’importance de cette fabrication ; mais un seul exemple suffira pour montrer combien les services rendus sont considérables. Il résulte d’une note qui nous a été remise par M. Baron, inspecteur des lignes télégraphiques de Paris, que les lignes télégraphiques de France emploient environ 10,800,000 kilogrammes de fils de fer galvanisé, représentant une valeur de 7 à 8 millions de francs; et, pour la télégraphie en général, la valeur des quantités de fer galvanisé employées ne s’élève guère à moins de 100 millions de francs. La dépense eût été triple, s’il eût fallu employer le cuivre à la place du fer galvanisé.
- Ainsi, vous le voyez, Messieurs, M. Sorel a de véritables droits au prix d’Àrgenteuil. Il est tout à fait digne de cette récompense en raison de l’importance, de la qualité et du bon marché relatif des objets que son invention a permis de fabriquer. D’ailleurs, outre la galvanisation du fer, on lui doit diverses autres inventions ingénieuses et applications intéressantes : un mastic au chlorure de zinc, un régulateur du feu pour obtenir une température constante, un double siphon pour chauffer les bains de teinture. Vous allez donc, Messieurs, couronner dans M. Sorel un travailleur persévérant et habile, digne de tous les encouragements, qui a rendu à l’industrie nationale de très-grands services, sans en retirer pour lui-même, le plus souvent, d’autre profit que la satisfaction d’avoir bien fait. Mais quelle belle récompense pour lui de voir aujourd’hui, dans la nomenclature des lauréats du prix d’Argen-teuil, son nom se placer à la suite des noms du savant ingénieur Vicat, de l’illustre chimiste Chevreul et du célèbre mécanicien Heilmann.
- Après la lecture de ce rapport, M. le Président annonce que, conformément à ses conclusions, le Conseil a décerné le prix d’Argenteuil à M. Sorel ; il l'invite à venir en recevoir le titre de ses mains.
- Il adresse à M. Sorel, en le lui remettant, l’expression personnelle de l’estime profonde qu’il porte à ses travaux, et des sentiments particuliers de sympathie bien ancienne qu’il lui a voués.
- M. Sorel, ajoute M. le Président, par ses inventions heureuses, par son dévouement désintéressé à toutes les choses de la science et de l’industrie, par ses grands services de tout genre, méritait de prendre place à côté des noms illustres auxquels il demeure associé pour toujours.
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- D ORDRE,
- MÉDAILLES D'ENCOURAGEMENT.
- 205
- MÉDAILLES.
- LISTE DES DIFFÉRENTES MÉDAILLES DÉCERNÉES POUR DES INVENTIONS OU DES PERFECTIONNEMENTS INDUSTRIELS.
- O
- R
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- 7
- 1
- 2
- 3
- INVENTIONS
- NOMS. RAPPORTEURS. OU PERFECTIONNEMENTS
- ayant motivé les médailles.
- JfletMaities «l’or.
- j MM. MM.
- Alirert. Dumas. Découverte, en Sibérie, d’un gisement de graphite d’une grande pureté.
- { Càvaillé-Coll. Lissajous. Perfectionnements aux orgues et reconstruction du grand orgue de St.-Sulpice.
- Dulos. Barre. Procédés de gravure en creux et en relief.
- Durand (François). Combes. Machines à égrener le coton.
- Latry et comp. Chevallier. Préparations de bois durci.
- Laurent (Victor). Tresca. Machine à fabriquer les clous pour ferrer les chevaux.
- Henri Sainte-Claire Deville et Debray. Balard. Aluminium et bronze d’aluminium.
- Æféeiaifies de ptatine.
- Kessler. Salvétat. Procédés de gravure sur verre à d’acide fluorhydrique.
- Kopp (Émile). Barreswil. Produits industriels extraits dë la garance d'Alsace.
- Léoni et Coblenz. Barral. Teillage mécanique du lin sans rouissage.
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- 206
- MÉDAILLES D'ENCOURAGEMENT.
- H PS G INVENTIONS
- PS O O NOMS. RAPPORTEURS. ou perfectionnements
- O ayant motivé les médailles.
- MM. MM.
- 4 Leyherr. Alcan. Métier à filer continu.
- 5 Stahl. Duchesne. Perfectionnements à ses procédés de moulage (rappel de médaille).
- 6 Thierry fils. Tresca. Appareil fumivore.
- MMédaitte» d'argent.
- 1 Alvergniàt. De Luynes. Soufflage du verre.— Tubes de Geissler.
- 2 Belin et Jeannez. Barral. Presse pour les écumes de défécation des sucreries.
- 3 Boütigny, d’Évreux. Tresca. Chaudières à diaphragmes.
- 4 Dumas (A.) et Benoit. De Luynes. Lampe électrique.
- 5 Dumas-Fremy. Chevallier. Papiers et toiles à polir.
- 6 Gaiffe. Du Moncel. Machine à graver électro-magnétique.
- 7 Gautron. Faure et Herpin. Appareils hydro-extracteurs.
- 8 Grison. Salvétat. Ouvrage intitulé : Le Teinturier au xix® siècle.
- 9 Hempel. Silbermann. Balances de précision.
- 10 IMbs. Alcan. Tissus ouatés en laine pour tapis et chaussures.
- 11 Mousseron. Peligot (Henri). Appareils de chauffage.
- 12 Robert fils. Silvestre (baron de). Appareils pour la détermination graphique des heures.
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- MÉDAILLES D’ENCOURAGEMENT, 207
- w « INVENTIONS
- § O "a NOMS. RAPPORTEURS. OU PERFECTIONNEMENTS
- O 55 ayant motivé les médailles.
- MM. MM.
- 13 Schaaff et Lauth. Barreswil. Fabrication de produits extraits de la garance d’Alsace (procédé E. Kopp).
- 14 Tailfer. Baude. Machines à ébouer.
- 13 Turck. Combes. Perfectionnements à l’injecteur Giffard.
- 16 Perraut-Steiner. Du Moncel. Coussins frotteurs de machines électriques.
- Méfiait te s été brome.
- 1 Béliard. | Duchesne. Appareil pour le gonflage des animaux de boucherie.
- 2 Biard. Barreswil. Cartes au blanc de zinc.
- 3 Chambon-Lacroisade. Herpin. Appareils à chauffer les fers à repasser.
- 4 Évrard. Phillips. Essieu creux à graissage continu.
- 5 Fichet (Anatole). Benoît. Instrument à tracer des parallèles.
- 6 Filleul. Trélat. Appels à joints pour l’ébénisterie, et régulateurs de tabliers de cheminées.
- 7 Galibert. Combes. Appareil respiratoire.
- 8 Jager. Priestley. Table géographique.
- 9 Kemmerer. Herpin. . Culture perfectionnée des huîtres.
- 10 Marçais. De Luynes. Modifications apportées aux compteurs à gaz.
- 11 Roter. Benoît. Boîte de compas.
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- MÉDAILLES D ENCOURAGEMENT.
- m
- DISTRIBUTION DES MÉDAILLES.
- MÉDAILLES DÉCERNÉES POUR DES 1NYENTIONS OU DES PERFECTIONNEMENTS INDUSTRIELS
- (voir le tableau).
- médailles d’or.
- 1. Découverte, en Sibérie, d'un gisement de graphite de qualité supérieure,
- par M. Alibert (1).
- M. Alibert a présenté à la Société des échantillons d’un graphite découvert par lui dans les mines de Marinski, en Sibérie.
- Ce graphite, par sa beauté et son abondance, donne un aliment nécessaire à un commerce intéressant, étroitement lié à la propagation des arls du dessin et à quelques industries spéciales, telles que la fabrication des creusels réfractaires, la galvanoplastie, les emplois domestiques des objets en fer, en fonte, etc.
- Pour se faire une idée de la valeur industrielle d’une exploitation de cette nature, il suffira de dire que le gisement de graphite dont il s’agit a été attaqué sur une étendue considérable, et qu’il paraît formé de masses constituant une richesse destinée à une longue et profitable production.
- On sait que les célèbres mines de Borowdale, dans le Cumberland, aujourd’hui épuisées, et qui ont pendant longtemps alimenté l’Europe, ont produit annuellement deux millions et demi de bénéfice, et presque un million encore dans les dernières années.
- Il est permis de croire, en voyant la puissance des masses, la pureté et la belle nature des produits de la mine mise en exploitation par M. Alibert, qu’elle est destinée à prendre dans le commerce européen la place que la mine de Borowdale y occupait.
- Les efforts de M. Alibert sont donc, au plus haut point, dignes des sympathies de la Société, qui lui accorde sa médaille d’or.
- 2. Perfectionnements dans la facture des orgues, et reconstruction du grand orgue de Saint-Sulpice, par M. Cavaillé-Coll (2).
- M. Cavaillé-Coll a acquis depuis longtemps une réputation méritée par ses travaux de facture d’orgue.
- (1) Voir le rapport au Bulletin de mars 1864, page 129.
- (2) Le rapport paraîtra ultérieurement.
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- La reconstruction de l’orgue de Saint-Sulpice a été pour cet habile artiste l’occasion de réunir, dans un ensemble monumental, tous les perfectionnements dont il a doté la facture moderne.
- Malgré le nombre considérable de jeux, la multiplicité des organes, le développement considérable de la soufflerie, cet orgue présente dans l’ensemble de ses dispositions et dans les détails de sa partie mécanique une simplicité majestueuse et une élégante clarté.
- La partie acoustique de l’instrument se fait remarquer par la variété et la distinction des timbres. L’ingénieuse disposition des registres, jointe à la multiplicité des pédales de combinaison, crée à l’organiste des ressources d’exécution inconnues jusqu’à présent.
- Le Conseil, convaincu de la. haute valeur des travaux de M. Cavaillé et reconnaissant les efforts qu’il n’a cessé de faire pour maintenir la facture française au premier rang en Europe, lui décerne une médaille d’or.
- 3. Procédés de gravure en creux et en relief, par M. Dulos (1).
- Les publications dites illustrées, en prenant une importance justifiée par leur attrait et par le concours qu’elles apportent à la vulgarisation des sciences et des arts, ont provoqué la recherche de procédés permettant de traduire directement en gravure, et principalement en gravure typographique, l’œuvre même du dessinateur.
- Plusieurs méthodes très-ingénieuses, et dont quelques-unes sont exploitées industriellement, ont été découvertes jusqu’à ce jour; mais il était réservé à un habile graveur, M. Dulos, de trouver la solution complète d’un problème qui intéresse à un si haut degré la typographie moderne.
- Les procédés de cet artiste, basés sur l’observation de certains phénomènes de la capillarité, ne présentent aucun des inconvénients résultant de l’emploi des acides, et permettent de transformer fidèlement, soit en taille-douce, soit en gravure typographique, le dessin le plus sévèrement étudié, comme le croquis le plus libre et le plus capricieux. Désormais, grâce à cette découverte, les effets du crayon, de la plume, du lavis, de la pointe et même de l’aqua-tinta sont acquis à la typographie.
- La solution due à M. Dulos n’est pas seulement appelée à un grand avenir; depuis plus d’une année elle fournit à toutes les exigences de publications importantes.
- Le conseil décerne à M. Dulos une médaille d’or.
- 4. Machines à égrener le coton, par M. François Durand (2).
- L’énorme diminution dans les arrivages de coton des États du Sud de l’Union amé-
- (1) Voir Bulletin de janvier 1864, page 3.
- (2) Le rapport et les dessins paraîtront prochainement.
- Tome XI. — 63e année. 2e série. — Avril 1864. 27
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- ricaine, depuis l’invasion de la guerre civile, a provoqué de nombreuses demandes de machines à égrener le coton, soit pour les filatures européennes obligées d achever l’égrenage de cotons de l’Inde ou d’autres localités, imparfaitement nettoyés sur les lieux de production, soit pour les contrées dans lesquelles la culture du précieux textile prenait une extension considérable ou était nouvellement introduite. M. Platt et d’autres constructeurs renommés du Lancashire se sont occupés, en même temps que M. François Durand, de satisfaire à ces besoins. On comprend qu’aucun d’eux ne s’est borné à reproduire servilement les appareils anciennement usités en Amérique ou en Égypte; tous ont voulu les perfectionner.
- Notre compatriote s’est judicieusement attaché au type de machines qui ménagent le mieux les fibres cotonneuses et donnent lieu au moindre déchet. Ces machines sont essentiellement composées de deux cylindres d’un petit diamètre, l’un en fer tourné, l’autre en fer recouvert de cuir ou de parchemin, pressés l’un contre l’autre, et recevant des mouvements de rotation en sens inverse, comme les rouleaux d’un laminoir, d’où le nom de roller-gin donné à ces appareils dans l'Amérique anglaise. Les cotons bruts étant présentés en avant des rouleaux, mis en mouvement à la main ou par un moteur, les fibres textiles sont saisies , attirées et séparées des graines qui, en raison de leur dimension et de leur dureté, ne peuvent s’engager entre les rouleaux serrés l’un contre l’autre, et dont les éléments, à une très-petite distance des génératrices de contact, forment déjà, à cause de la petitesse de leur diamètre, un angle très-obtus. Les graines dépouillées tombent donc en avant des rouleaux derrière lesquels passent les fibres textiles. M. Durand a heureusement perfectionné ce genre de machine sans en altérer la simplicité, en pratiquant des cannelures hélicoïdes à pas très-allongé sur le contour du rouleau en fer; en enveloppant l’autre cylindre d’une bande de parchemin fixée seulement par un de ses longs côtés dans une rainure radiale, et que la rotation même, sous la pression du rouleau contigu, maintient toujours tendue ; en ajoutant deux cylindres pressant en arrière les deux rouleaux et détachant les fibres qui, entraînées parle mouvement de rotation, reviendraient en avant; en établissant enfin tout le système sur un bâti en fonte très-solide, malgré ses petites dimensions. La machine à rouleaux, ainsi perfectionnée, revient à un prix qui la met à la portée des plus petits cultivateurs, peut s’établir facilement partout et donne un travail parfait, avec des frais d’entretien presque nuis. La bande de parchemin qui entoure l’un des rouleaux peut être remplacée, quand elle est usée, avec une extrême facilité. L’égrenage, au moyen de cette petite machine, est exécuté à la main. Une femme ou un garçon de 14 à 15 ans y suffit.
- M. François Durand a construit une machine sur les mêmes principes, mais pourvue d’une bande de cuir sans fin, sur laquelle on étale le coton brut, et d’une paire de rouleaux alimentateurs. Celle-ci fait, dans un temps donné, une quantité de travail beaucoup plus grande que la petite machine; mais, au lieu d’être mise en mouvement à bras, elle exige un moteur à eau ou à vapeur, ou au moins un manège.
- Les machines à égrener de M. François Durand se distinguent, comme tout ce qui sort des mains de cet habile constructeur, par l’absence de toute complication, l’ingé-
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- nuilé, si je peux parler ainsi, des combinaisons qui vont directement au but et l’atteignent parfaitement.
- La Société décerne une médaille d’or à M. François Durand.
- 5. Objets en bois durci et fabrication du blanc de zinc, par MM. Latry et comp. (1).
- L’un de nos industriels les plus habiles, M. Latry, a présenté à la Société d’encouragement :
- 1° Du blanc de zinc préparé par de nouveaux procédés;
- 2° Des cartons et des cartes glacés, préparés avec le blanc de zinc obtenu dans sa fabrique;
- 3° Des objets d’art fabriqués par des procédés particuliers, avec des sciures de bois et de l’albumine du sang, objets qui, par la raison de leur perfection, ont déjà mérité à M. Latry des citations honorables à l’Exposition de Londres.
- M. Latry a, sans restriction, communiqué, aux membres de la Société chargés d’examiner sa fabrique, ses modes d’opérer, la description des machines qu’il emploie, enfin tous les procédés qu’il met en pratique.
- La Société d’encouragement, voulant lui témoigner l’intérêt qu’elle prend à ses succès industriels, lui décerne la médaille d’or.
- 6. Machine à fabriquer les clous de fer à cheval, par M. Laurent (Victor) (2).
- MM. Laurent frères sont, à Plancher-les-Mines, à la tête d’une grande fabrication d’objets de quincaillerie, de serrurerie et d’ustensiles de ménage, qui fournit de la main-d’œuvre à toute la population environnante.
- Les soins que réclame cette grande industrie, si multipliée dans ses détails, n’ont pas empêché M. Victor Laurent, ingénieur civil et l’un des chefs de cette maison, de donner l’attention la plus minutieuse à l’invention d’une machine nouvelle sur laquelle a été appelée l’attention de la Société d’encouragement. Cette machine a pour objet de forger, successivement et d’une manière tout à fait automatique, un grand nombre de clous de fer à cheval. Le fer, chauffé par le bout, étant présenté à la machine, celle-ci mesure la longueur qu’elle doit employer, le forge sur toute cette longueur, en lui donnant à chaque point l’épaisseur et la largeur variées que son emploi ultérieur nécessite; puis elle coupe la barre, emboutit la tête et livre le clou terminé dans une trémie pendant qu’une autre barre est soumise, entre les mêmes organes, à cette même succession d’opérations.
- La partie capitale de la machine de M. Laurent consiste dans le jeu des cames, qui sont étudiées de telle façon que les quatre marteaux qui agissent deux à deux sur le
- (1) Les rapports sur les objets en bois durci et sur le blanc de zinc paraîtront très-prochaine ment.
- (2) Le rapport sera prochainement publié.
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- clou, dans le sens vertical et dans le sens horizontal, sont limités dans chacune de leurs courses individuelles, suivant l’épaisseur même qu’il faut alors laisser au fer.
- Cette combinaison, nouvelle et ingénieuse, rendue plus pratique encore par l’emploi d’étampes en fonte blanche, facilement renouvelables, doit être considérée comme un perfectionnement important dans la disposition des machines à forger 5 et, se plaçant au seul point de vue de l’invention et des difficultés de détail qu’il a fallu vaincre pour le réaliser, le Conseil d’administration n’a pas hésité à décerner à M. Victor Laurent une médaille d’or, la première de ses récompenses.
- 7. Préparation du bronze d’aluminium, par MM. Henri Sainte-Claire Deville
- et Debray.
- Un métal nouveau qui s’introduit dans l’usage ordinaire n’est pas seulement utile par les qualités qui lui sont propres, mais aussi par celles qu’il peut faire acquérir aux métaux déjà employés, en se combinant avec eux, et formant ces alliages, qui sont, on lésait, les véritables métaux de l’industrie.
- Ce genre d’espérance que l’aluminium a fait concevoir dès l’origine de sa découverte et qui a donné tant d’éclat aux travaux de M. Henri Sainte-Claire Deville, son éminent inventeur, n’a point été déçu. Ce métal remarquable, qu’une inaltérabilité tout à fait imprévue et comparable à celle des métaux précieux destine à des usages généraux si nombreux, et à qui sa légèreté égale à celle du verre en assigne de spéciaux pour lesquels rien ne saurait le remplacer, peut aussi rendre des services nombreux en se combinant avec le cuivre et en contribuant à produire un bronze nouveau, remarquable par ses précieuses qualités.
- Un dixième d’étain associé au cuivre lui communique, on le sait, des propriétés nouvelles, et le transforme en bronze, que les anciens dépourvus de fer employaient, sous le nom d’airain, pour la confection de leurs instruments et de leurs armes, et dont nous faisons surtout usage pour le coulage des statues, des cloches et des canons, C’est aussi en bronze qu’on fabrique les coussinets dans lesquels on fait tourner les tourillons des machines et dans le but de diminuer le frottement et d’atténuer l’usure. Mais la texture du bronze, rendue peu homogène par la liquation, l’empêche de se forger et détermine souvent un grippement contre le fer qui amène l’usure, ainsi que le remplacement fréquent des coussinets des machines rotatives. Si l’art tire parti du bronze ordinaire pour reproduire avec assez de pureté par le coulage les formes de la statuaire, c’est à la condition qu’on laissera sa surface, d’un aspect terne et d’une couleur douteuse, noircir et verdir au contact de l’air et de l’eau qui l’altèrent encore. Cette altérabilité lui communique une odeur sensible, moindre cependant que celle du cuivre, et une saveur peu agréable; il noircit les doigts qui le manient.
- Mais, en substituant à l’étain un poids égal (soit un volume trois fois plus grand) d’aluminium, il se produit, avec un développement de chaleur et de lumière énergique, indice d’une forte affinité, une véritable combinaison métallique. Cet alliage nouveau, incapable d’éprouver la liquation, est par conséquent homogène dans
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- toute la masse, et dès lors susceptible d’être forgé en acquérant une ténacité qui ne le cède qu’à celle du fer. Son grain fin et sa dureté le rendent précieux pour la confection des coussinets, qui ne donnent lieu à aucun grippement et peuvent résister à l’usure pendant un temps si long que, malgré son prix plus élevé, l’emploi de ce bronze nouveau pour toutes les pièces qui doivent subir un frottement continu est déjà plus économique que celui du bronze ordinaire. Sa texture susceptible d’un poli parfait, son éclat, sa couleur en font le véritable similor, et nul doute qu’une foule d’industries diverses, la bijouterie, la sellerie, la carrosserie, etc., ne soient appelées à en faire un très-heureux emploi, auquel contribuera sa faible altérabilité. En effet, l’aluminium qu’il contient, et qui fait le quart de son volume, lui communique une assez grande inaltérabilité par l’air, par l’eau et par les agents sulfureux; aussi conserve-t-il bien plus que tout autre alliage de cuivre son éclat et son poli. Il ne noircit pas les doigts qui le manient; son odeur et sa saveur sont presque insensibles, et comme les corps gras ne l’altèrent pas du tout, qu’il résiste aux liqueurs acidulées par les acides organiques faibles, l’emploi qu’on a commencé à en faire dans l’économie domestique ne peut que s’accroître beaucoup. En Angleterre, on en tire parti pour la confection de grandes bassines propres à préparer sans danger les gelées de fruits acides, et tout porte à penser que l’emploi qui commence à s’étendre de cet alliage pour la confection des objets du service domestique ne pourra que s’accroître, et qu’il est appelé à prendre sur nos tables une large part du rôle qu’y jouent les objets d’argent massif ou argentés à leur surface; le métal, ici, peut s’user jusqu’au bout, tout en conservant son aspect premier, son éclat parfait, sa couleur pure et toutes ses qualités primitives.
- Quelques essais qu’on en a faits pour la confection de certaines armes prouvent que l’emploi de ce bronze , et même d’un bronze beaucoup moins riche en aluminium, pourrait donner des canons susceptibles de servir beaucoup plus longtemps que les canons de bronze ordinaires. La Société d’encouragement, pour reconnaître et populariser toutes ces vérités, a voté pour MM. Deville et Debray, qui nous ont fait connaître ce précieux alliage, la plus haute récompense qu’elle décerne, une médaille d’or.
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- 1. Procédés de gravure à l'acide fluorhydrique, par M. Kessler (1).
- M. Kessler, chimiste, a présenté à la Société d’encouragement les produits obtenus à l’aide de sa méthode de graver le verre et le cristal. Ces procédés, employés en grand dans la manufacture de Saint-Gobain, concourent à la confection d’un grand nombre de pièces qui se distinguent par leur parfaite exécution; ils reposent sur l’emploi de l’acide fluorhydrique liquide, agissant sur une surface réservée par des vernis gras appliqués au moyen de l’impression.
- (1) Voir le rapport au Bulletin de février 1864, p. 91.
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- Economie dans le travail, reproduction presque à l’infini, perfection dans la gravure, tels sont les mérites de la méthode pratique introduite par M. Kessler dans la décoration des cristaux.
- Le Conseil décerne à M. Kessler une médaille de platine.
- 2. Extraction des principes tinctoriaux de la garance ; leur application à la teinture et à l’impression des tissus, par M. E. Kopp, de Saverne.
- Au moyen d’une dissolution aqueuse d’acide sulfureux, les principes tinctoriaux sont enlevés à la racine de garance moulue. Le liquide, soumis à l’action de la chaleur, abandonne successivement la purpurine, puis l’alizarine. Ces deux produits sont immédiatement applicables à la teinture et à l’impression des tissus et à la fabrication des laques.
- M. Kopp a institué une expérience neuve et élégante, il a doté l’industrie de deux produits importants, et créé un système de fabrication recommandable par ses dispositions ingénieuses et par la coordination de ses moyens et l’économie de ses produits.
- Le Conseil a voulu reconnaître ces mérites en accordant à M. Kopp , pour cet objet spécial, la médaille de platine.
- 3. Procédé de teillage mécanique du chanvre, par MM. Léoni et Coblenz (1).
- De tout temps, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale a suivi avec le plus vif intérêt et a récompensé les efforts faits pour remplacer le rouissage rural du lin et du chanvre, rouissage si insalubre pour les populations des campagnes et si nuisible à la qualité même des produits. Aussi elle a accueilli avec une véritable satisfaction la preuve que lui ont donnée MM. Léoni et Coblenz de la possibilité de supprimer complètement le rouissage pour le chanvre employé à la corderie, et le remplacer par des actions purement mécaniques. C’est une invention en pleine exploitation, en plein intérêt, qu’ils ont montée dans leur belle usine de Yaugenlieu, et ils ont bien mérité la médaille de platine qui leur est décernée. La sympathie de la Société les suit, d’ailleurs, dans les efforts qu’ils font pour continuer leur œuvre, pour faire sortir une nouvelle usine des cendres de celle de Yaugenlieu, dévorée par un incendie récent, pour rendre enfin leurs procédés complets, applicables aux filatures et à tous les usages du lin et du chanvre.
- 4. Métier à filer continu, par M. Leyherr de Laval (2).
- Les progrès réalisés depuis un demi-siècle dans la construction des métiers à filer consistent principalement dans l’augmentation de la vitesse des broches, dans leur nombre par métier, et dans la transformation automatique de toutes les fonctions. Un
- (1) Le rapport paraîtra prochainement.
- (2) Ibid.
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- métier automate, avec les perfectionnements réalisés dans ces dernières années, mène de 1,000 à 1,200 broches à une vitesse de 6 à 7,000 tours à la minute; c’est une rapidité centuple de celle du fuseau de la plus habile fileuse. Les métiers d’il y a cinquante ans faisaient fonctionner de 150 à 200 broches à peine, et leur vitesse atteignait rarement2,000 révolutions dans l’unité de temps. On s’émerveillait, néanmoins alors, de voir faire à un seul métier la besogne de 3,600 ouvrières-, l’on ne pouvait prévoir qu’il arriverait bientôt à en obtenir le travail de 100,000! Ce résultat, qui eût été considéré comme chimérique, si on avait pu y prétendre autrefois, est cepen-dantdevenu insuffisant actuellement; attendu que la puissance des métiers self-actings est limitée à la production de fils d’une finesse relativement restreinte, il ne peut guère embrasser que 1/5 de l’échelle des numéros. L’industrie emploie, en effet, couramment du n° 300, c’est-à-dire des ténuités représentées par 75 lieues pour 500 grammes de filaments, et l’application des métiers automates est bornée au filage des nos 60.
- Les recherches du moment ont surtout en vue la construction d’un métier entièrement automatique, susceptible de produire toutes espèces de finesses. Les conditions du problème sont telles, qu’elles entraînent à une complication inouïe, lorsqu’on songe à les résoudre par des modifications au mull-jenny automate, déjà l’une des machines les plus volumineuses, les plus compliquées, et des plus difficiles à régler des arts mécaniques.
- Il existe un autre système dont les métiers sont moins volumineux et plus simples, c’est le système dit continu, à cause de la simultanéité de ses fonctions.
- M. Leyherr de Laval a pensé avec raison que c’est en perfectionnant ce genre de métier, dont l’emploi est également limité, qu’on arriverait au progrès désiré. Le métier modèle de son invention donne des résultats fort intéressants. L’application est trop récente encore pour pouvoir considérer le problème comme entièrement résolu, mais l’on peut, dès à présent, constater un nouveau pas important de fait, et une extension considérable dans l’emploi du système continu. Sa production, bornée, jusqu’à présent, aux fils pour chaîne de finesses assez restreintes, comprendra désormais les fils de trame, et fera toutes les sortes à des numéros bien plus élevés que par le passé.
- Le succès obtenu par M. Leyherr, tout en réalisant, dès à présent, un progrès notable au profit de la filature en général, aura également pour résultat de stimuler de nouvelles recherches dans une voie trop délaissée jusqu’ici, et qui aura, si nous ne nous trompons, les conséquences les plus avantageuses.
- C’est pour constater le double intérêt des travaux de M. Leyherr que la Société d’encouragement lui décerne une médaille de platine.
- 5. Nouveaux procédés de moulage, par M. Stahl (1).
- Dans la séance générale du 11 août 1852, la Société a accordé une médaille de platine à M. Stahl pour ses procédés de moulage.
- (!) Voir Bulletin de 1863, 2e série, t, X, p. 528,
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- Encouragé par cette première récompense, M. Stahl a tenté, avec succès, d’en faire de nouvelles applications. Il est parvenu, en 1861, à mouler des semelles en caoutchouc à l’usage des personnes qui ont les pieds contrefaits, à dissimuler ces difformités et à rendre la marche moins pénible.
- En 1863, M. Stahl est parvenu à modifier avantageusement les appareils qui servent aux amputés, en moulant le moignon et en faisant ensuite un moule en caoutchouc fondu qui s’adapte parfaitement à la surface périphérique du moignon, quelles qu’en soient, d’ailleurs, la forme et l’irrégularité.
- Cette sorte de manchon sert alors de modèle pour confectionner le manchon ou cône ordinaire qui doit être porté par le blessé.
- Frappé des inconvénients que présente le moulage actuel des animaux destinés à être empaillés pour l’étude de l’histoire naturelle, M. Stahl a proposé aussi une composition légère et solide, qui sert à prendre l’empreinte exacte des têtes d’animaux, et qui permet à l’empailleur d’y fixer les clous nécessaires à la bonne confection de son travail. Des modèles bien exécutés ont été mis sous les yeux du Conseil qui, voulant tenir compte à M. Stahl de ses efforts incessants de perfectionnement, a décidé qu’il serait fait, en sa faveur, un rappel de médaille de platine.
- 6. Appareil fumivore, par M. Thierry fils (1).
- A mesure que la grande industrie se développe, la fumée de nos chaudières à vapeur devient plus gênante et plus nuisible ; les plaintes se multipliaient, mais l’autorité ne pouvant leur donner qu’un semblant de satisfaction, elle a dû tolérer le mal jusqu’à ce qu’elle pût imposer le remède avec une certitude suffisante.
- Loin de nous la pensée que ce remède soit unique; bien des moyens peuvent certainement conduire au résultat. Celui de M. Thierry consiste en une injection de vapeur surchauffée qui s’introduit au-dessus de la porte du foyer, et qui se dirige, sous une certaine obliquité cependant, dans le même sens que les gaz de la combustion. Il résulte des expériences répétées que nous avons faites que le procédé de M. Thierry fils est absolument efficace, et que la fumivorité la plus complète peut être assurée sans augmentation dans la dépense du combustible et sans exiger plus de soin de la part du chauffeur. La Société a voulu témoigner de ce résultat en attribuant une de ses médailles de platine au système de M. Thierry fils.
- médailles d’argent.
- 1. Soufflage du verre et fabrication des tubes de Geissler, par M. Alvergniat jeune (2).
- M. Alvergniat a présenté à la Société un certain nombre d’objets en verre fabriqués
- (1) Voir Bulletin de février 1864, p. 65.
- (2) Id. de janvier 1864, p. 13.
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- par lui, et attestant chez leur auteur une rare habileté dans l’art du souffleur. Ce qui a particulièrement attiré l’attention du comité des arts économiques, ce sont ces tubes connus dans les cabinets de physique sous le nom de tubes de Geissler, qui servent à étudier soit la nature de l’étincelle d’induction dans les gaz raréfiés, soit ces effets si remarquables de fluorescence présentés par le sulfate de quinine et le verre d’urane, et qui ont été même proposés pour l’éclairage des mines. Jusqu’à ces derniers temps, ces tubes, dont la construction est des plus délicates, venaient de l’étranger 5 mais aujourd’hui M. Alvergniat est parvenu à en fabriquer de pareils et à des prix plus modérés. II a donc rendu un véritable service à la science, et la Société l’en récompense en lui décernant une médaille d’argent.
- 2. Presse pour les écumes de défécation des sucreries, par MM. Belin et Jeannez (1).
- Les écumes provenant de la défécation des jus de betteraves doivent être soumises, dans les sucreries, à diverses manipulations qui ont pour but d’en extraire le jus qu’elles contiennent. Mais jusqu’à présent ces manipulations étaient défectueuses, insalubres pour les ouvriers, en même temps assez coûteuses. MM. Belin et Jeannez ont obvié à tous ces inconvénients par l’invention d’une presse commode, énergique, qui soustrait les ouvriers à tout contact nuisible, qui fait mieux, avec plus de propreté et avec économie. La Société a voulu montrer à ces honorables industriels qu’elle apprécie tous les efforts faits pour améliorer les sucreries, même dans le détail de leur outillage, en leur décernant une médaille d’argent.
- 3. Chaudières à diaphragmes, par M. Boutigny (d’Evreux) (2).
- M. Boutigny, d’Evreux, dont on connaît les belles recherches sur l’état sphéroïdal des corps, a présenté un mémoire dans lequel il appelle l’attention de la Société sur les diverses applications qui ont été faites des diaphragmes qu’il avait précédemment inventés pour recueillir les dépôts incrustants que forme l’eau dans les chaudières à vapeur.
- Ces appareils désincrustants offrent un grand intérêt, et M. Boutigny, en fournissant l’organe principal qui assure leur efficacité, a rendu indirectement un nouveau service que la Société d’encouragement reconnaît par une nouvelle médaille d’argent accordée à cet habile expérimentateur.
- 4. Lampe électrique, par MM. Dumas (A.) et Benoît (3).
- On est souvent obligé de pénétrer dans un lieu infecté, soit pour exécuter un travail urgent, soit pour porter secours aux ouvriers qui ont reçu les premières atteintes
- (1) Le rapport sera publié ultérieurement.
- (2) Voir Bulletin de mars 1864, p. 141.
- (3) Le rapport paraîtra incessamment. .
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- d’un gaz délétère. Pour garantir les personnes qui se trouvent dans de semblables circonstances, on les a isolées du milieu ambiant en les enveloppant d’appareils analogues à ceux des plongeurs, et qui leur permettent en même temps de recevoir l’air nécessaire à la respiration par de longs tuyaux communiquant avec l’extérieur.
- Mais il n’est pas seulement nécessaire de pouvoir pénétrer sans danger dans une atmosphère viciée, il se présente des cas où, celte atmosphère n’entretenant pas la combustion, l’usage des lampes ordinaires est impossible et dès lors les opérations qui doivent s’y exécuter deviennent longues, pénibles et hasardeuses. Un appareil éclairant, fonctionnant dans de semblables circonstances, serait donc d’un immense secours, et c’est au moyen des tubes lumineux de Geissler que MM. Dumas, ingénieur aux mines de fer du Lac, près Privas, et Dumas, pharmacien, sont parvenus à ce résultat. L’appareil qu’ils ont combiné, et qui comprend, sous un petit volume, un élément de pile, une bobine de Ruhmkorff, et un tube de Geissler, a été expérimenté avec succès dans les mines d’Alais et à Saint-Étienne. Il y a donc là une nouvelle application de l’électricité qui peut, dans des cas spéciaux, rendre de réels services, et qui appelle sur MM. Dumas et Benoît l’attention de la Société, heureuse de leur décerner une médaille d’argent.
- 5. Fabrication de papiers de verre et d'émeri, par M. Dumas-Frémy (1).
- La fabrication des papiers et toiles recouverts d’émeri ou de verre est considérable, aujourd’hui que ces préparations sont employées :
- 1° Au polissage des bois avec lesquels on fait des meubles de luxe;
- 2° k l’égrenage des murs que l’on veut rendre aptes à supporter certaines peintures, le stucage.
- L’usage du papier à polir date de 1792. Cette fabrication, qui est d’origine allemande, ne fut établie qu’en 1814 par MM. Frémy père, Baradel et Philippe.
- La Société d’encouragement, qui récompense les progrès utiles qui lui sont signalés, a déjà accordé, en 1843, à M. Frémy fils une médaille de bronze, et en 1845 une médaille de platine. Aujourd’hui elle donne à M. Dumas, gendre de M. Frémy, une médaille d’argent pour les améliorations qu’il a apportées, depuis 1854, à celte industrie.
- En effet, M. Dumas-Frémy a établi, à Ivry, une manufacture modèle, dans laquelle non-seulement toutes les précautions ont été prises pour obtenir un bonne fabrication de ses produits, mais encore les mesures hygiéniques convenables pour la conservation de la santé des personnes qu’il emploie.
- 6. Machine à graver électro-magnétique, par M. Élie Gaiffe (2).
- L’impression des étoffes s’opère, comme on sait, à l’aide de rouleaux de cuivre
- (1) Voir Bulletin de 1863, 2S série, t. X, p. 646. (3) Ibid., p* 137.
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- sur lesquels sont gravés les dessins qui doivent être reproduits. Le plus souvent ces dessins consistent dans des fleurons ou ornements plus ou moins grands, plus ou moins compliqués, plus ou moins enchevêtrés les uns dans les autres, mais qui se répètent symétriquement, d’une manière ou d’une autre, une ou plusieurs fois, soit sur la longueur du cylindre, soit sur le développement de sa surface. Quand ces fleurons ou ornements sont de très-petite dimension, on peut, à l’aide du poinçon et de la molette, les reproduire d’un seul coup sur la planche cylindrique aussi souvent qu’il est nécessaire, et en faire varier à volonté le groupement et la disposition. Mais avec des ornements d'un dessin un peu plus grand et un peu plus capricieux, et dans les cas où la gravure à la main ou au panlographe est exigée, il était désirable qu’on pût trouver un système simple et économique qui dispensât de l’intervention du graveur, et qui pût fournir d’un même coup la reproduction multiple de tous les dessins devant figurer dans la largeur de l’étoffe. C’est ce problème qu’a résolu de la manière la plus heureuse M. E. Gaiffe, en employant l’électricité comme intermédiaire entre le modèle et les reproductions gravées. Depuis le rapport qui a été fait en janvier 1862, et sur lequel la Société a eu seulement à statuer relativement à la récompense accordée cette année, M. Gaiffe a considérablement perfectionné son invention, et l’a étendue à la gravure des planches en taille-douce, qui peut se trouver maintenant exécutée dans telle proportion qu’il convient, d’après un simple modèle, gravé ou dessiné, et avec une perfection réellement surprenante. Un rapport sera fait ultérieurement sur ce brillant perfectionnement de l’invention primitive. En attendant, et pour lui marquer l’intérêt qu’elle a pris à ses premiers essais, la Société d’encouragement décerne à M. E. Gaiffe une médaille d’argent.
- 7. Appareils hydro-extracteurs, par M. Gautron (1).
- M. Gautron, mécanicien-constructeur, s’est adonné, d’une manière toute spéciale et avec un succès remarquable, à la construction des appareils connus sous le nom d'hydro-extracteurs à force centrifuge ou essoreuses.
- L’énorme vitesse de rotation (1,500 à 2,500 tours par minute) qui doit être imprimée à l’arbre vertical et au pivot de l’hydro-extracteur rend particulièrement difficile l’organisation des coussinets qui embrassent le tourillon inférieur de l’arbre.
- Les coussinets mécaniques sont sujets à des grippements désastreux, qui entraînent à des réparations fréquentes, à des renouvellements coûteux.
- Les coussinets en gaïac, en bois dur, en corne présentent aussi divers inconvénients.
- Aux coussinets métalliques ou en bois dur M. Gautron a substitué, avec succès, des coussinets en nerf de bœuf préparé pour cet objet ; il a obtenu ainsi un système de coussinets qui ne grippe jamais, qui dure longtemps et qui ne consomme que très-peu d’huile.
- « Je me plais à rendre justice, disait notre honorable et regretté collègue Faure,
- (1) Voir Bulletin de 1863,2e série, t. X, p. 193.
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- « à l’intelligence judicieuse et raisonnée avec laquelle M. Gautron a su étudier les « détails de construction de ses hydro-extracteurs, et à T exécution soignée, écono-« mique et irréprochable de ces appareils.
- « Durée, stabilité', économie d’argent, économie de force motrice, tels sont les résulte tats que nous ont paru réunir, très-heureusement et sans contestation possible, les « coussinets de M. Gautron. »
- Nous n’ajouterons rien à ce témoignage d’un juge aussi compétent et aussi éclairé que l’était Faure; ce serait en affaiblir la valeur.
- M. Gautron a fait, de plus, une application fort curieuse et très-intéressante de l’hydro-extracteur à la fabrication de la fécule de pommes de terre; son procédé donne à la fécule une blancheur et une pureté parfaites.
- La Société décerne à M. Gautron une médaille d’argent.
- 8. Ouvrage intitulé : Le Teinturier au xixe siècle, par M. Grison, fabricant de produits chimiques à Deville-lès-Rouen (1).
- M. Grison, à Deville-lès-Rouen, a présenté à la Société son ouvrage intitulé : Le Teinturier au xix* siècle.
- Dans cet ouvrage, l’auteur a réuni les recettes résultant de sa longue pratique; do nombreux spécimens, intercalés dans le texte, le mettent au rang des livres les plus instructifs. Sa place est marquée dans toutes les bibliothèques, à côté des meilleurs traités sur les arts appliqués à l’industrie.
- La Société décerne une médaille d’argent à M. Grison.
- 9. Balances de précision, par M. Hempel (2).
- M. Hempel est un travailleur ingénieux et modeste qui, depuis plus de vingt-cinq ans, construit en chambre des balances, des poids et des instruments de précision pour la science. Sa chambre est devenue peu à peu un atelier d’une certaine importance, puisqu’il y emploie aujourd’hui trente ouvriers, dont plusieurs sont de véritables artistes. Dans ces derniers temps, M. Hempel a apporté aux balances de laboratoire une modification qui permet de diminuer la durée des pesées en en supprimant les tâtonnements ordinaires.
- La Société récompense les travaux de M. Hempel en lui accordant la médaille d’argent.
- 10. Nouvelles étoffes, par MM. Imbs frères (3).
- MM. Imbs frères ont créé et livrent à la consommation de nouvelles étoffes teintes
- (1) Voir Bulletin de 1863, p. 325.
- (2) Id. de 1864, p. 87.
- (3) Le rapport paraîtra prochainement.
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- ou imprimées, épaisses et moelleuses, dans des largeurs quelconques, sans augmentation notable de prix.
- Ces produits, particulièrement propres aux articles économiques qui nécessitent beaucoup de matières, ont été employés jusqu’ici à la confection des chaussons, des tapis, tentures, et pour certains vêtements chauds et de fatigue.
- La nouvelle fabrication repose, en principe, sur la réunion, au moyen d’une piqûre, d’un nombre plus ou moins grand de nappes de laine pure ou mélangée à d’autres substances, et même à des tissus légers, suivant les propriétés visées.
- Ces surfaces piquées sont foulées et apprêtées par les moyens et appareils ordinaires. On obtient ainsi des produits ayant l’apparence de certains lainages tissés, quoique établis aussi économiquement que les feutres simples.
- La réalisation pratique du nouveau procédé n’était pas sans difficulté; la principale consistait dans l’exécution régulière, rapide et économique de la piqûre longitudinale et transversale des nappes de grandes dimensions.
- Il n’y avait à songer ni au travail à la main, ni même à la machine à coudre, la plus avantageuse, dont l’emploi à cet objet eût occasionné trop de dépense. Pour l’atténuer, MM. Imbs ont imaginé une machine spéciale à aiguilles multiples, dont le nombre n’est limité que par l’emplacement; l’une de celles qui fonctionnent couramment en fait manœuvrer 300 simultanément, avec une précision ne laissant rien à désirer. Le temps nécessaire à l’action de ces nombreuses aiguilles est à peine celui employé au lancement d’une navette.
- Toutes les applications possibles d’une machine de ce genre ne sont pas encore réalisées, et cependant son emploi, dans le cas spécial dont il s’agit, a permis à MM. Imbs de doter l’industrie d’articles intéressants, au double point de vue des besoins qu’ils satisfont et des moyens ingénieux mis en usage.
- La Société d’encouragement signale le progrès en accordant une médaille d’argent à ses auteurs.
- 11. Appareils de chauffage, par MM. Mousseron et comp. (1).
- En proportionnant la section de l’appareil de chauffage et la dimension du foyer à la capacité de la pièce à échauffer, et en utilisant la chaleur développée au chauffage de l’air par contact, MM. Mousseron et comp. ont obtenu un triple résultat : une économie de combustion, un chauffage plus facile à obtenir immédiatement et à régler aussi parfaitement que possible, enfin une absence, pour ainsi dire absolue, de fumée et même de toute crainte d’avoir de la fumée dans la pièce.
- Le tuyau unitaire présente le sérieux avantage d’économiser la plus grande partie de l’espace pris aujourd’hui par les souches de cheminées, de faciliter les ramonages et de diminuer les chances d’incendie.
- Le Conseil décerne à MM. Mousseron et comp. une médaille d’argent.
- (1) Voir Bulletin de 1863, 2* série, t. X, p. 391.
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- 12. Tableaux astronomiques, par M. Henri Robert fils (1).
- M. Henri Robert fils a soumis à l’examen de la Société un tableau astronomique destiné à résoudre graphiquement les triangles horaires, et qui peut servir également à déterminer l’heure et la latitude d’un lieu, quand on connaît deux hauteurs du soleil, le temps écoulé entre deux observations et la déclinaison de l'astre.
- Le comité chargé de cet examen a été d’avis que ce procédé qui est simple dans son application, rigoureux théoriquement, et suffisamment exact dans la pratique, peut être très-utilement employé sur terre comme en mer. Il dispensera, dans beaucoup de cas, l’observateur d’avoir recours à des calculs souvent compliqués et, par conséquent, sujets à erreur; ou bien lui offrira un moyen de contrôler les résultats obtenus par le calcul.
- Le Conseil décerne une médaille d’argent à M. H. Robert fils.
- 13. Fabrication de nouveaux produits industriels extraits de la garance d'Alsace (procédé E. Kopp), par MM. Schaaff et Lauth (2).
- L’idée la plus féconde, le système de fabrication le mieux coordonné sont lettres mortes pour l’inventeur et pour la société s’il ne se trouve un praticien, à la fois industriel et commerçant, capable de résoudre les mille problèmes de la première mise en œuvre, de vaincre les habitudes routinières et d’assurer ainsi le succès. Le Conseil a rencontré ces diverses qualités chez MM. Schaaff et Lauth, et, pour leur montrer tout le cas qu’il fait de cet ordre de mérite, il décerne une médaille d’argent à ces fabricants habiles qui ont converti en pratique industrielle les procédés de M. E. Kopp, auquel la médaille de platine a été accordée.
- 14. Machine à ébouer, par M. Tailfer (3).
- On sait qu’un grand nombre de machines à ébouer ont été essayées en France, et particulièrement en Angleterre, où ce mode mécanique de nettoyage des chaussées est bien plus usité que chez nous. La Société a remarqué, dans les essais les plus récents qui ont été tentés, la voiture à ébouer, inventée par M. Tailfer. C’est une voiture à un cheval, qui occupe peu d’espace, qui écarte la boue et la réunit en bourrelets, sans avoir la prétention de l’enlever au balai, qui restitue au hérisson ou cylindre, légèrement conique, son véritable rôle, et donne, par là, avec l’aide d’une certaine main-d’œuvre, les résultats les plus économiques. En conséquence, le comité des arts mécaniques a proposé de décerner à l’inventeur, M. Tailfer, une médaille d’argent.
- (1) Voir Bulletin de 1862, 2* série, t. IX, p. 385, et de 1863, p. 460.
- (2) Id. de février 1864, p. 78.
- (3) Le rapport paraîtra prochainement.
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- 15. Perfectionnements apportés à l’injecteur Giffard, par i\I. Turck (1).
- L’ingénieux appareil imaginé, il y a quelques années, par M. Giffard, pour l’alimentation des chaudières à vapeur, et qui est aujourd’hui universellement substitué aux pompes alimentaires dans la construction des machines locomotives, a été heureusement perfectionné par M. Turck, ingénieur attaché à la compagnie des chemins de fer de l’Ouest.
- La modification qu’il a introduite consiste dans l’interposition d’un cône mobile entre l’edveloppe cylindrique extérieure de l’appareil, terminée par l’orifice d’où jaillit la veine formée par le mélange de la vapeur et de l eau alimentaire, et le tube cylin-dro-conique dans lequel arrive la vapeur de la chaudière. Dans l’instrument, tel qu’il a été construit primitivement par l’inventeur et qu’il l’est encore assez généralement, cette dernière partie est mobile longitudinalement et vient rétrécir, à mesure qu’elle s’enfonce dans l’enveloppe, l’espace annulaire par lequel doit passer l’eau d’alimentation, et sert ainsi à en régler la quantité. Dans l’appareil modifié par M. Turck, elle reste fixe et solidaire avec l’enveloppe extérieure; c’est le cône mobile interposé qui est mobile. Cette disposition offre l’avantage de procurer la suppression de deux boîtes à étoupes,et de prévenir le contact direct de l’eau froide alimentaire et de la paroi du cône dans lequel arrive la vapeur de la chaudière. Le jeu de l’appareil est ainsi rendu plus sûr, et son règlement plus facile 5 les pertes de vapeur sont évitées et les réparations à faire moins fréquentes. 11 est devenu possible d’employer, pour l’alimentation, de l’eau à une température plus élevée.
- La Société décerne à M. Turck une médaille d’argent.
- 16. Perfectionnements aux coussins frotteurs des machines électriques, par M. Per-
- rault-Steiner, de Francfort (2).
- Les coussins des machines électriques à plateau de verre jouent, comme on le sait, un grand rôle dans le développement de l’électricité dégagée par ces sortes de machines. De leur disposition et de la préparation de leurs surfaces frottantes dépend, en quelque sorte, l’énergie de la charge électrique provoquée. C’est précisément la détermination des meilleures conditions de construction de ces coussins qui a été l’objet des recherches persévérantes de M. Perrault-Steiner, et il est arrivé à des résultats tellement heureux, que de vieilles machines électriques qui ne pouvaient plus produire aucun dégagement électrique se sont trouvées transformées comme par enchantement, et ont fourni des décharges que jamais elles n’avaient pu produire quand elles étaient en bon état.
- (1) Le rapport paraîtra prochainement,
- (2) Voir Bulletin de 1S63, 2ë série, t. X, p, 9.
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- En présence d’un résultat si heureux, la Société d’encouragement a cru devoir décerner à M. Perrault-Steiner une médaille d’argent.
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- 1. Appareil pour le gonflage des animaux de boucherie, par M. Béliard (1).
- La Société d’encouragement ne lient pas seulement compte des procédés industriels nouveaux, elle apprécie encore les moyens qui tendent à perfectionner ceux qui sont déjà connus, surtout lorsqu’ils ont pour but de ménager les forces des ouvriers, d’être plus expéditifs et moins coûteux.
- L’opération du gonflage des animaux de boucherie a pour but de faciliter l’enlèvement de la peau. Aujourd’hui encore, ce sont les garçons bouchers qui y procèdent au moyen d’un soufflet approprié à cet usage.
- M. Béliard a fait, à l’abattoir Popincourt, des essais nombreux de gonflage au moyen d’air comprimé dans des réservoirs spéciaux et conduit ensuite sous la peau de l’animal par un tube en caoutchouc. Ces essais ont parfaitement réussi.
- Ce procédé nouveau abrégera considérablement le travail des garçons bouchers, et cependant il sera beaucoup moins coûteux que les procédés primitifs employés aujourd’hui.
- Le Conseil a décidé qu’il serait accordé une médaille de bronze à M. Béliard.
- 2. Emploi de l'oxyde de zinc pour la fabrication de la carte-porcelaine,
- par M. Biard.
- Les cartes-porcelaine étaient, dans le principe, préparées à la céruse. L’opération était dangereuse pour l’ouvrier, et le produit s’altérait sous l’influence des émanations sulfureuses. M. Biard a tenté de remplacer, dans cette fabrication, la céruse par le blanc de zinc. De ce moment il n’a plus eu de malades, et ses cartes-porcelaine ont conservé leur blancheur en toute circonstance. Depuis M. Biard, d’autres fabricants ont fait comme lui, et même opéré sur une échelle bien plus considérable; mais il est constant que c’est M. Biard qui le premier a mis au jour cette fabrication intéressante au double point de vue de la santé des ouvriers et de la qualité des produits.
- La Société a voulu consacrer ce fait en décernant à M. Biard une médaille de bronze.
- 3. Appareil à chauffer les fers à repasser, par M. Chambon-Lacroisade (2).
- On fait usage, dans diverses industries, celles du tailleur, du charpentier, de la lin-
- (1) Le rapport paraîtra bientôt.
- (2) Voir Bulletin de 1863, 2e série, t. X, p. 65.
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- gerie, etc., de fers chauds, de formes et de grosseurs différentes, pour polir, lustrer et presser à la main les étoffes et les tissus de toute espèce.
- Le plus souvent, ces fers sont exposés au contact du feu nu, qui altère leur poli, soit dans un fourneau très-imparfait, soit simplement dans un réchaud ouvert et alimenté par du charbon qui répand dans l’atelier des émanations insalubres et nuisibles à la santé des ouvriers.
- M. Chambon-Lacroisade a soumis à la Société une série d’appareils portatifs, commodes, salubres, pour chauffer les fers dont il est question, et présentant un ensemble de dispositions ingénieuses, bien entendues et parfaitement appropriées à leur destination.
- Ces appareils sont très-économiques; ils sont chauffés avec le coke, et la fuméé est transportée au dehors de l’atelier par un conduit spécial. Ils peuvent servir comme calorifères; on peut aussi y adapter un vase culinaire.
- Avec une dépense très-minime de coke, 10 à 30 centimes par jour, on peut chauffer et entretenir convenablement chauds plusieurs fers du poids de 2 à 10 kilogrammes chacun.
- La Société décerne à M. Chambon-Lacroisade une médaille de bronze.
- 4. Essieu creux à graissage continu, par M. Évrard (1).
- Le Conseil décerne àM. Évrard, ingénieur civil à Douai, une médaille de bronze pour son essieu creux à graissage continu, appliqué aux chariots de mine. Cet essieu est alésé aux extrémités qui contiennent les fusées, et le milieu renferme un réservoir d’huile disposé de façon que celle-ci ne puisse s’écouler que goutte à goutte et pendant le travail. On obtient ainsi un graissage qui s’opère de lui-même d’une manière très-satisfaisante. Le système de M. Evrard, d’abord expérimenté aux mines de Nœux, dépendant de la compagnie houillère de Yicoigne, y a bientôt reçu la consécration de la pratique et n’a pas tardé à se répandre dans les exploitations environnantes.
- 5. Instrument à tracer les parallèles, par M. Anatole Fichet (2).
- L’instrument de M. Fichet, très-simple et néanmoins très-ingénieux, facilite singulièrement le tracé des systèmes de lignes parallèles en usage’dans les dessins géométriques sous le nom de hachures.
- Sa construction repose sur ce principe, que, si, pendant que le dos d’un petit ressort courbe, appuyant ses extrémités sur un plan, est poussé vers ce plan, une de ses extrémités est forcée d’y conserver sa position, l’autre extrémité se déplace toujours de la même quantité pour un même rapprochement du dos de ce ressort.
- (1) Voir Bulletin de 1863, 2e série, I. X, p. 321. . ' '
- (2) Le rapport paraîtra prochainement.
- Tome XI. — 63* année. 2* série. —- Avril 1864. 29
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- Le dessinateur, le lithographe, les graveurs sur pierre et sur métaux, qui feront usage de cet instrument, pourront tracer avec rapidité les fonds unis ou moirés; son emploi dans le réglage du papier de musique et des planches métalliques qui doivent en recevoir la gravure ne peut être qu’avantageux.
- Le Conseil décerne à M. Fichet une médaille de bronze.
- 6. Appels à joints et régulateurs de rideaux de cheminées d’appartements,
- par M. Filleul (1).
- M. Filleul a cherché à remplacer les assemblages à vis, généralement employés pour unir entre elles les pièces principales des gros meubles d’ébénisterie. Il a substitué à ce procédé un système de clavetage, dont la Société a pu apprécier la solidité, la simplicité et la facilité d’usage.
- M. Filleul a, en outre, apporté des améliorations utiles à l’installation des rideaux de cheminées, dont les réparations sont si souvent gênantes dans les appartements.
- A ces deux titres et en considération de différents travaux déjà connus de la Société, le Conseil, appréciant une longue et méritante persévérance poursuivie au milieu d’une pénible carrière d’ouvrier, décerne une médaille de bronze à M. Filleul.
- 7. Appareil respiratoire, par M. Galibert (2).
- M. Galibert a perfectionné les appareils respiratoires au moyen desquels on peut pénétrer impunément dans des lieux remplis de gaz méphitique. 11 emploie deux tuyaux jumeaux débouchant à l’air libre et aboutissant à deux orifices écartés d’un centimètre environ, percés dans une embouchure en ivoire ou en bois dur que l’opérateur tient dans sa bouche. L’air frais est aspiré par l’un de ces tuyaux, et l’air qui a servi à la respiration est expiré par l’autre. Ce résultat est obtenu par un léger déplacement de la langue, qui remplace les deux petites soupapes dont sont pourvus les appareils ordinaires.
- La suppression de tout organe mobile fait qu’on trouve toujours l’appareil prêt à servir, ce qui est de grande importance pour des instruments qui ne sont employés qu’à de longs intervalles et dans des cas d’urgence.
- La Société décerne à M. Galibert une médaille de bronze.
- 8. Table géographique, par M. Jager (3).
- M. Jager a présenté à l’examen de la Société une table géographique munie d’un
- (1) ..Voir Bulletin de 1863, 2* série, t. X, p. 652.
- (2) Voir le Bulletin de mars 1864, p. 138.
- (3) Le rapport paraîtra Sous peu»
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- plateau transparent où sont figurées les étoiles des différentes constellations, et qui peut recevoir une utile application dans l’enseignement.
- Par ce motif, le Conseil accorde à M. Jager une médaille de bronze.
- 9. Culture perfectionnée des huîtres, par M. Kemmerer (1).
- La production artificielle du poisson, des huîtres, etc., est une industrie nouvelle et importante qui, tout en augmentant les ressources alimentaires du pays, donne du travail aux populations laborieuses de notre littoral.
- Le succès ou l'insuccès de cette industrie tient à diverses causes, à diverses conditions qu’il importe de connaître et d’étudier avec soin.
- Il faut faire naître le poisson ou l’huître, recueillir et fixer le naissain, faire croître et engraisser le mollusque.
- Toutes ces opérations doivent être conduites avec intelligence et sagacité, et pratiquées dans des conditions aussi favorables que possible.
- Souvent les huîtres naissantes sont entraînées par un courant d’eau trop fort 5 d’autres fois elles sont ensevelies sous le sable ou la vase, détruites par les gelées, etc.
- Dans certaines localités privilégiées, l'huître se développe très-promptement, en trois, ou même deux années; les valves ont une forme régulière et gracieuse, commerciale en un mot. Dans d’autres endroits, au contraire, le développement complet du mollusque se fait attendre pendant plusieurs années; la forme des coquilles est insolite, anguleuse, incommode.
- M. le docteur Kemmerer, de Saint-Martin (île de Ré), a imaginé de placer les jeunes huîtres dans des alvéoles formés par des tuiles creuses, ayant une disposition assez analogue à ceux que construisent les abeilles pour élever leur couvain. L’huître, protégée par cet abri, se développe d’une manière rapide et fort remarquable.
- La Société décerne à M. le docteur Kemmerer une médaille de bronze.
- 10. Modifications apportées aux compteurs à gaz, par M. Marçais (2).
- Malgré les nombreux perfectionnements qu’ont subis, pendant ces dernières années, les compteurs à gaz, ils présentent encore un inconvénient grave, relativement aux conséquences défavorables qui peuvent résulter des variations de niveau de l’eau placée dans la boîte. En effet, si ce niveau est trop élevé, le volume du gaz débité diminue au détriment du consommateur et au profit de la compagnie; au contraire, si le niveau est trop bas, le volume du gaz est trop grand, et c’est la compagnie qui est en perte.
- De ces deux circonstances, il faut bien le dire, c’est la dernière qui arrive le plus souvent. Au moyen d’une cale plus ou moins épaisse qu’on introduit sous le comp^
- (1) Voir Bulletin de 1862 , 2* série, t. IX, p. 517.
- (2) Id. de janvier 1864, p. 10.
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- teur, on parvient à faire sortir une certaine quantité d’eau, dont le niveau se trouve alors d’aatant plus abaissé que l’épaisseur de la cale est plus grande.
- Par une sérié de dispositions simples et ingénieuses, M. Marçais est parvenu à remédier à ces inconvénients. Son invention comble une lacune importante dans la construction des'compteurs à gaz, et elle a l’avantage, avec une dépense insignifiante, de pouvoir s’adapter à tous les appareils en usage.
- En conséquence, la Société décerne à M. Marçais une médaille de bronze.
- 11. Système de boîte à compas, par M. Royer (1).
- La boîte à compas de M. Royer est composée d’instruments très-bien entendus dans tous leurs details et parfaitement exécutés.
- La déviation des lames des tire-lignes est empêchée par une tige spéciale; et un manchon d’arrêt, embrassant, entre ces lames, la tige de la vis qui sert à en varier l’écartement, ne permet pas qu’on les rapproche au delà du simple contact de leurs extrémités.
- Le petit compas à balustre, dit à pompe, se distingue de ceux que l’on trouve dans le commerce par plusieurs dispositions nouvelles et heureuses qui doivent lui concilier le choix des dessinateurs.
- Cette boîte, très-portative, ayant été trouvée digne d’être recommandée aux ingénieurs, le Conseil décerne à M. Royer une médaille de bronze.
- ALLOCUTION DE M. LE BARON CHARLES DUPIN, SÉNATEUR,
- Secrétaire général de la Société.
- La Société, fille.de notre siècle, qui compte, en 186T, soixante-quatre ans d’existence, a cherché successivement tous les moyens d’encourager l’industrie nationale en s’éclairant sur les routes à suivre, sur les découvertes à faire, sur les perfectionnements, sur les améliorations dont les arts les plus parfaits sont pourtant toujours susceptibles.
- A côté de ces moyens de provoquer et d’accélérer le progrès des choses, elle a pensé qu’elle pouvait influer sur le progrès des hommes, dont la conduite, les qualités, les facultés intellectuelles sont susceptibles d’améliorations, de perfectionnements, et peuvent obtenir des récompenses à la fois justes et fécondes.
- Nous avons commencé par étudier, dans son ensemble et, si nous pou-
- (1) Voir Bulletin de 1863, 2e série, t. X, p. 588.
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- vons ainsi parler, dans son système, cette grande société laborieuse, cultivateurs, artisans, marchands et transporteurs, qui forme la nation même, distribuée, dirigée sur toutes les voies de la production et de l’échange.
- Le caractère national d’une population ainsi répartie, c’est qu’elle l’est avec plus d’avantages pour l’ensemble de nos compatriotes que chez aucun autre peuple, même parmi les plus avancés.
- Dans les biens de la terre et de l’industrie, tout est plus divisé chez nous ; partout nous trouvons au point de départ un plus grand nombre de copartageants, soit héritiers, soit créateurs de leurs fortunes; copartageants suivant les lois et le mérite, qu’il faut se garder de confondre avec les célèbres partageux qui voudraient, ou du moins qui voulaient s’approprier tout au mépris des lois, des droits et du mérite.
- La Providence elle-même semble avoir posé le principe de cette organisation privilégiée, en accordant, d’une main plus large et plus libérale, les faveurs de l’intelligence parmi son peuple français que chez la plupart des autres nations.
- Par un secret que nous n’avons pas l’orgueil de prétendre expliquer, le souverain auteur des choses a des inégalités, des préférences infinies dans la mesure des dons qu’il accorde aux intelligences; la moindre part, celle du plus humble de nous tous, sépare déjà le moindre des hommes, par une distance infinie, du plus parfait, du plus avancé des autres êtres animés.
- Mais, par surcroît, à ce premier présent, immense, universel, une part de distinction et de puissance est réservée entre les individus avec des nuances et des degrés infinis entre les facultés de l’esprit, facultés qu’il nous est donné, par l’étude et par le travail, de développer et de féconder.
- Le devoir sacré d’une Société d’encouragement nationale, c’est d’accepter avec reconnaissance la diversité, la gradation de ces bienfaits ; c’est d’accueillir et de féconder le don primitif, comme on arrose la semence pour lui faire porter les fruits les plus abondants.
- Voilà ce que nous essayons de faire à tous les degrés de la pyramide intellectuelle, depuis les prix supérieurs que nous accordons aux grandes découvertes, aux grands perfectionnements, prix que nous décernons, comme aujourd’hui, à l’homme éminent qui mérite la haute récompense dite Prix d’Àrgenteuil, jusqu’aux modestes médailles que nous donnons aux contremaîtres de manufactures et d’ateliers.
- Les contre-maîtres sont les sous-officiers de la grande armée du travail et de l’industrie, armée oii l’on compte autant de soldats qu’il y a d’adultes chez un peuple de trente-huit millions d’âmes qui combattent par le travail,
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- pour la vie ét le bien-être de leurs femmes, de leurs enfants et d’eux-mêmes.
- Les contre-maîtres, ce n’est pas le caprice du hasard qui peut décider leur nomination, c’est l’élite de la vertu manifestée par la bonne conduite et de la supériorité d’intelligence ; sans ces deux sources de supériorité, le contre* maître ne pourrait pas commander aux simples ouvriers, son autorité manquerait de raison d’être, il ne pourrait pas les commander, parce qu’il ne saurait pas les diriger.
- De même que dans notre armée, les sous-officiers sont la pépinière des officiers et, si je puis parler ainsi, des officiers en espérance, les contremaîtres sont également la plus féconde et la plus puissante pépinière des maîtres dans tous les genres d’industrie.
- Si nous présentions ici la liste raisonnée de toutes nos récompenses, médailles d’argent, médailles de platine et médailles d’or, décernées à d’anciens contre-maîtres devenus maîtres à leur tour, et maîtres éminents, vous seriez moins surpris encore que remplis d’une généreuse satisfaction. Dans les concours mêmes entre toutes les nations, ouverts pour savoir à qui seraient décernées les palmes de l’industrie, nous étions fiers de compter d’anciens ouvriers, passés contre-maîtres ensuite, pour placer la France au premier rang dans une foule de carrières.
- Dans un moment on va vous lire la liste nombreuse et méritoire des contre-maîtres ouvriers avec l’indication, forcément succincte, de leurs services, de leurs qualités et de leurs mérites. Soyez certains que, parmi ces modestes récompenses qu’ils vont recevoir, plus d’une sera le prélude d’une fortune future et de progrès honorables pour l’industrie nationale.
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- MÉDAILLES ^ENCOURAGEMENT,
- 231
- LISTE DES CONTRE-MAÎTRES ET OUVRIERS JUGÉS DIGNES DE RECEVOIR DES MÉDAILLES D’ENCOURAGEMENT.
- NOMS. ANNÉES de servie*
- MM.
- TIaet* (Ch.) 43
- Barthélemy (Théodore) 43
- Béliard de Beaupré 28
- Bettenant (Auguste) 9
- Binart (Jean-François) 37
- Boudin (Charles) 30
- Candot (Jean-Baptiste) 24
- Charpentier (Eusèbe-Félix) 9
- Daupley (Armand) 24
- Febvre (Anatole) 14
- Lambert (Jean) 17
- Mme Vve Leblond 36
- Leconte (Eugène-Maxime) 20
- Leroux (Louis). , , 11
- ÉTABLISSEMENTS
- AUXQUELS
- ILS APPARTIENNENT.
- MM.
- Schaaff et Lauth, fabricants de garance, àWasselonne (Bas-Rhin).
- Lebigre aîné, mécanicien, à Montiviiliers (Seine-Inférieure).
- Leclaire, entrepreneur de peinture, à Paris.
- Le Roux, professeur de physique, à Paris.
- Leguay, entrepreneur de menuiserie, à Versailles.
- Vve Bouchard-Huzard, imprimeur, à Paris.
- Roll, fabricant d’ébénisterie, à Paris.
- Latry et comp., fabricants de bois durci, à Paris.
- Devinck, fabricant de chocolat, à Paris.
- Marais, entrepreneur de menuiserie, à Bellevue.
- Placide Peltereau, fabricant de cuirs, à Château-Renault (Indre-et-Loire).
- Piver, fabricant de parfumerie, à Paris.
- Morsaline, entrepreneur de peinture, à Paris.
- Moulin, artiste lithographe, à Paris.
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- MÉDAILLES D ’E NCO URAGEMENT
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- H Ch Q tf O *Q o NOMS. ANNÉES de service. ÉTABLISSEMENTS 1 AUXQUELS ILS APPARTIENNENT.
- MM. MM.
- 15 Longpré (Antoine-Auguste) 30 Boulenger, fabricant de porcelaine, à Choisy-le-Roi.
- 16 Mansard (François-Alexis) 20 Charnelet, apprêteur d’étoffes, à Paris.
- 17 Mathieu (Jean-Pierre) 13 Levy et Ce, fabricants de clouterie mécanique, à la Pipée, près Bains (Vosges).
- 18 Minié (François-Joseph) 42 Javal (E.), fabricant de ferronnerie et moulins à café, à Paris.
- 19 Pelletier (François-Auxence). . . . 14 Fagriou, entrepreneur de peinture, à Paris.
- 20 Portier (Nicolas) 43 Vinchon, puis Mourgues frères, imprimeurs, à Paris.
- 21 Ramier (Michel) 16 Colonie agricole pénitentiaire du Val~ d’Tèvre (Cher).
- 22 Richard (Louis) 17 Dupont [Paul], imprimeur, à Paris.
- 23 Schneider 10 Meyrueis et comptypographes, à Paris.
- 24 Thiemann (Bernard) 11 Cavaillé-Coll, facteur d’orgues, à Paris.
- 25 Zeitz (Jean) 53 Pasquay et comp., filaleurs de laine, à Wasselonne (Bas-Rhin).
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- wnfcnAiTjflS d’encouragement.
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- MÉDAILLES
- DÉCERNÉES AUX CONTRE-MAITRES ET OUVRIERS DES ÉTABLISSEMENTS AGRICOLES
- ET MANUFACTURIERS.
- (Voir le tableau.)
- Les candidats qui lui sont recommandés étant très-nombreux, la Société d’encouragement s’est vue, comme toujours, dans la nécessité de choisir ceux dont les titres lui paraissaient les plus dignes de récompense. Les notes qui suivent sont extraites des dossiers concernant chacun des lauréats.
- 1. M. Baer (Ch.).
- Né à Strasbourg en 1796, M. Baer est entré, à l’âge de seize ans, dans une maison de commerce d’où il est sorti, en 1820, pour être attaché à la fabrique de MM. Schweig-haeuser et Laulh, qui venait d’être créée, et dans laquelle il fut chargé de la surveillance et de la direction d’un moulin à garance établi h Wasselonne, ainsi que de la réception, pendant l’arrière-saison, des racines destinées au traitement. Plus tard, quand la fabrique eut passé aux mains de MM. Schaafï et Lauth, M. Baer y a conservé les mêmes fonctions, et il n’a cessé d’y apporter une activité et une intelligence telles que ses patrons ont fini par lui confier la gestion, pour ainsi dire, entière du moulin.
- M. Baer est donc, depuis quarante-trois ans, dans le même établissement.
- 2. M. Barthélemy (Théodore).
- M. Lebigre, mécanicien à Montivilliers, a vivement recommandé à la Société M. Barthélemy, employé comme menuisier dans l’établissement qu’il dirige et qui a successivement appartenu à son grand-père et à son père.
- Agé aujourd’hui de soixante-deux ans, M. Barthélemy a fourni une carrière de quarante-trois années de bons et loyaux services. Dans sa modeste position, il trouvait encore le moyen de soutenir sa vieille mère, aux besoins de laquelle il n’a pas cessé de pourvoir un seul instant.
- 3. M. Béliard de Beaupré.
- M. Béliard de Beaupré est employé chez M. Leclaire, entrepreneur de peinture, depuis l’année 1836. Il est donc resté vingt-huit années consécutives chez le même patron, qui a fourni les renseignements les plus honorables sur son zèle et sur sa con* duite.
- Tome XI. — 63e année. 2e série. — Avril 1864. 30
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- MÉDAILLES l) ENCOURAGEMENT.
- 4. M. Betlenant (Auguste).
- M. Bettenant est ouvrier mécanicien. Assiduité soutenue, intelligence, bonne volonté, conduite irréprochable, telles sont les notes que fournit sur son compte M. Le Roux, chez lequel il est employé, depuis neuf ans, comme constructeur d’appareils de physique et aide d’expériences.
- 5. M. Binart (Jean-François).
- M. Brunox, président de la Société de secours réciproques établie à Versailles et fondée en 1820, a sollicité la médaille d’encouragement pour un de ses plus anciens membres, M. Binart, ouvrier menuisier, employé depuis trente-sept ans dans l’établissement de M. Leguay. M. Brunox ajoute que son protégé s’est constamment fait remarquer par sa conduite irréprochable, ses idées d’ordre, de prévoyance et d’amour du travail.
- 6. M. Boudin (Charles).
- M. Boudin est resté pendant trente ans dans l’imprimerie typographique de M“e Ve Bouchard-Huzard ; il y est entré d’abord comme apprenti, puis, devenu plus tard un des meilleurs ouvriers de cette maison, il s’y est élevé, dans les derniers temps, jusqu’aux fonctions de prote, qu’il a dû malheureusement abandonner à la suite d’une affreuse maladie qui lui a fait perdre la vue.
- Aujourd’hui, quoique jeune encore, M. Boudin est condamné à ne plus pouvoir rendre que quelques services manuels. Sa triste position, ses services passés, auxquels il convient de joindre six années passées sous les drapeaux, sont des titres que la Société n’a pas hésité à récompenser.
- 7. M. Candot (Jean-Baptiste).
- M. Candot est, depuis vingt-quatre ans, employé dans la maison deM. Roll, fabricant d’ébénisterie, dont il est aujourd’hui le contre-maître. Laborieux, honnête, intelligent, aimé des ouvriers qu’il a sous ses ordres, M. Candot représente souvent son patron auprès des clients, qui se louent beaucoup de sa loyauté.
- 8. M. Charpentier (Eusèbe-Félix).
- Voici les renseignements fournis par MM. Latry et comp., fabricants de bois durci et de papiers et cartes-porcelaine à base de zinc, chez lesquels M. Charpentier est employé en qualité de contre-maître pour l’industrie du blanc de zinc.
- « Il s’est dévoué, depuis neuf ans, au progrès de cette nouvelle industrie, et, par suite de son expérience dans ce genre de fabrication, il a beaucoup contribué aux perfectionnements qui y ont successivement été apportés. »
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- MÉDAILLES D ’ ENCOURAGEMENT.
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- 9. Daupley (Armand).
- La Société a récompensé en M. Daupley vingt-quatre années de service passées dans la fabrique de chocolats de M. Devinek, dont il est aujourd’hui contre-maître.
- Ouvrier dévoué, laborieux et doué d’un esprit inventif remarquable, M. Daupley a coopéré à l’invention des diverses machines qui fonctionnent dans l’établissement, notamment de celle qui dresse le chocolat, et, plus récemment, de celle qui sert à l’envelopper; cette dernière, qui figurait à l’Exposition universelle de 1862, fonctionnait sous son habile direction.
- 10. M. Febvre (Anatole).
- M. Febvre est contre-maître chez M. Marais, entrepreneur de menuiserie à Bellevue, chez lequel il est entré il y a quatorze ans. Son assiduité et sa moralité ne sont pas les seuls titres avec lesquels il s’est présenté devant la Société. M. Febvre, en effet, a imaginé, pour faciliter et simplifier le tracé des dessins, plusieurs appareils dont l’examen a été confié au comité des arts économiques, et qui accusent chez leur auteur un degré d’instruction peu ordinaire.
- 11. M. Lambert (Jean).
- M. Lambert est, depuis dix-sept ans, le principal employé de M. Placide Peltereau, fabricant de cuirs à Château-Renault (Indre-et-Loire).
- Appelé à seconder M. Peltereau dans la direction des ateliers divers de son établissement, tant pour la fabrication des cuirs que pour la confection des courroies mécaniques qui en sont devenues une importante spécialité, il a constamment donné des preuves d’une activité et d’une intelligence exceptionnelles.
- « C’est un devoir pour moi de constater ici, écrit M. Peltereau, que si ma maison a « su conserver, dans ces dernières années, pour la supériorité de ses produits, la ré-« putation dont elle jouit depuis longtemps ; si elle a obtenu, dans les concours uni-« versels, les premières récompenses accordées à l’industrie des cuirs; si, enfin, elle « est souvent citée en première ligne, parmi les établissements similaires français ou « étrangers, pour son outillage et pour les nombreux perfectionnements qui sont dus « à son initiative, elle le doit à M. Lambert, qui a contribué, pour une large part, à « ses succès. »
- 12. Mme Ve Leblond.
- Mme Ve Leblond, née Julie Prochasson, est, probablement, la doyenne des ouvrières en parfumerie. Entrée dans la maison Piver en 1827, elle n’en est sortie qu’en 1863 après y être, par conséquent, restée trente-six années consécutives. Pendant cette longue période, trente et un ans ont été passés par elle à l’étiquetage, travail délicat où elle avait à diriger de nombreuses ouvrières dont elle a su toujours se faire aimer.
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- MÉDAILLES D'ENCOURAGEMENT.
- 13. M. Leconte (Eugène-Maxime).
- M. Morsaline, entrepreneur de peinture à Paris, a vivement recommandé son chef ouvrier M. Leconte, comme étant employé chez lui depuis vingt ans.
- M. Leconte, dont la conduite et l’assiduité sont dignes d’éloges, est, depuis 1837, membre participant d’une Société de secours mutuels.
- 14. M. Leroux (Louis).
- M. Leroux a été signalé à la Société par M. Moulin, artiste lithographe, dans l’atelier duquel il travaille, depuis onze ans, avec une intelligence qui lui a permis de contribuer souvent aux progrès de la chromo-lithographie. D’honorables attestations sont venues appuyer la recommandation de M. Moulin, parmi lesquelles celle de M.le maire du 4e arrondissement.
- 15. M. Longpré (Antoine-Auguste).
- Entré, à l’âge de douze ans, dans la fabrique de porcelaine de M. Boulenger, à Choisy-le-Roi, M. Longpré en est arrivé, aujourd’hui, à la trentième année d’une longue période de travail, pendant laquelle sa bonne conduite et son intelligence l’ont fait élever au poste de contre-maître.
- Chargé, de bonne heure, d’une bien lourde tâche, il n’a pas faibli un seul instant dans l’accomplissement des devoirs sérieux qu’il avait à remplir. C’est ainsique, ayant, à l’âge de dix-sept ans, perdu son père, il est resté le seul soutien d’une mère et de trois autres enfants, et a trouvé encore le moyen de prendre à sa charge un neveu devenu orphelin. La Société, en récompensant une telle vie d’abnégation, aime à la signaler à l’estime de tous.
- 16. M. Mansard (François-Alexis).
- Vingt années consécutives de service, dont les dix dernières comme contre-maître; de plus, une conduite et une probité exemplaires; tels sont les titres de M. Mansard, employé chez MM. Charnelet père et fils, apprêteurs d’étoffes.
- 17. M. Mathieu (Jean-Pierre).
- MM. Ch. Lévy et comp., fabricants de clouterie mécanique à la Pipée, près Bains (Vosges), en envoyant les titres de leur contre-maître, attaché à leur usine depuis treize ans, y ont joint plusieurs certificats émanant d’honorables industriels qui, connaissant M. Mathieu, n’ont pas hésité à témoigner de sa moralité, de son zèle et de son intelligence.
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- MÉDAILLES D’ENCOURAGEMENT.
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- 18. M. Miniè (François-Joseph).
- M. Minié est entré, à l’âge de quatorze ans, dans la fabrique de quincaillerie de M. Lejeune, à Paris, et depuis quarante-deux ans il a toujours travaillé, avec une fidélité à toute épreuve, sous la direction de quatre patrons successifs, dont le dernier est aujourd’hui M. Ernest Javal.
- Son caractère droit et honnête lui a acquis la sympathie de tous les autres ouvriers, sur lesquels il en est arrivé, peu à peu, à exercer une sorte d’autorité respectée, dont ses chefs eussent été heureux d’étendre la portée, si son instruction première l’avait permis.
- Père d’une famille assez nombreuse, et ne pouvant espérer de sa femme, qui est toujours malade, un concours qui lui serait si utile, Minié trouve cependant le moyen d’élever ses enfants en travaillant en dehors de l’atelier, et en consacrant à des travaux à forfait les heures que d’autres donnent souvent au cabaret.
- 19. M. Pelletier (François-Auxence).
- M. Pelletier dirige les ateliers de M. Fagnou, entrepreneur de peinture à Paris, chez lequel il est entré en 1850, et qui fournit sur lui les meilleurs renseignements.
- Parmi les recommandations qui se joignent à celle de M. Fagnou, est celle de M. Moll, architecte, membre de la Société, qui connaît M- Pelletier, et a eu, pendant plus de dix ans, l’occasion de constater son zèle et son excellente conduite.
- 20. M. Portier (Nicolas).
- En acquérant de M. Vinchon l’imprimerie administrative qu’ils dirigent aujourd’hui à Paris, MM. Charles de Mourgues frères y ont trouvé et conservé M. Portier, qui y remplit les fonctions de prote depuis 1820 avec une activité, une intelligence et une honorabilité qui ne se sont pas démenties pendant les quarante-trois ans que comprend sa longue carrière.
- M. Portier est président de la Société des protes de Paris, fonctions dans l’exercice desquelles il a su acquérir l’estime et l’affection de tous, ainsi que l’attestent les recommandations de deux membres de la Société d’encouragement, M. Bailleul, président honoraire de cette même Société des protes, et Alkan aîné, ancien imprimeur correspondant de la chambre des imprimeurs de Paris.
- 21. M. Ramier (Michel).
- M. Ramier appartient à la colonie agricole et pénitentiaire du Val-d’Yèvre (Cher) depuis sa fondation, qui remonte à 1847. Son intelligence et son dévouement à l’éta-
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- MÉDAILLES D’ENCOURAGEMENT.
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- bassement l’ont fait successivement passer de simple ouvrier aux fonctions de contremaître, puis de contre-maître principal, et enfin de chef pratique.
- L’estime et la confiance dont il jouit dans la colonie, et qu’il a su également inspirer au dehors, ont appelé sur lui, dans ces derniers temps, les suffrages des habitants de la commune, qui l’ont élu membre du conseil municipal.
- En présentant les litres de M. Ramier, M. le directeur de l’établissement y a joint la recommandation toute spéciale du fondateur de la colonie, M. Charles Lucas, membre de l’Institut.
- 22. M. Richard (Louis).
- M. Richard, aujourd’hui prote de l’imprimerie de M. Paul Dupont, est employé depuis dix sept ans dans cet établissement. Les notes qui le recommandent à la Société non-seulement témoignent de ses services dévoués, mais signalent surtout l’esprit de justice et de fermeté dont il a fait constamment preuve dans la direction des vastes ateliers à la tête desquels il est placé. M. Richard est membre actif de la Société des protes de Paris.
- 23. M. Schneider.
- M. Schneider a été présenté par M. Ch. Meyrueis, typographe, chez lequel il lient, depuis dix ans, la comptabilité.
- M. Meyrueis écrit que les services de M. Schneider sont devenus exceptionnels en raison de la confiance que lui a inspirée son caractère essentiellement moral ; il déclare en même temps, comme un fait digne d’encouragement, que son comptable consacre ses loisirs à des travaux utiles et qu’il a composé un Traité pratique de comptabilité, dont l’introduction dans les écoles primaires a été autorisée par M. le Ministre de l’instruction publique,
- 24. M. Thiemann (Bernard).
- M. Thiemann, né dans le Hanovre, est entré en 1852 chez M. Cavaillé-Coll, où il remplit aujourd’hui les fonctions de chef d’atelier.
- M. Cavaillé-Coll se loue beaucoup de son intelligence et de son dévouement, et il n’hésite pas à signaler la part qui revient à ce modeste coopérateur dans la reconstruc • tion du grand orgue de Saint-Sulpice, travail long et difficile qui exigeait le concours d’un véritable artiste pour ajuster, de ses propres mains, les innombrables mouvements de celte immense machine, et régler la sonorité d’environ 7,000 tuyaux.
- 25. M. Zeitz (Jean).
- MM. Pasquay frères, filateurs à Wasselonne , en sollicitant une médaille pour M. Zeitz, ont adressé sur ce contre-maître une notice biographique des plus intéressantes, dont nous citerons quelques passages.
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- FONDATIONS SPÉCIALES
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- « Zeitz, ayant perdu son père de bonne heure, dut, dès l’âge de huit ans, chercher à gagner sa vie pour enlever à sa mère une partie de la charge d’une nombreuse famille. Il débuta, en 1805, comme garçon de labour, chez un propriétaire de Coswil-ler (Bas-Rhin), où il reçut, outre sa nourriture, le modique salaire de 4 francs par mois.
- « En 1809, il entra en qualité de rattacheur dans notre filature, qu’il n’a pas quittée depuis lors. La bonne conduite et l’assiduité de l’enfant lui attirèrent bientôt l’affection de notre famille, où il trouva des conseils et des leçons d’écriture et de calcul pendant les heures de repos. Il en profita si bien, qu’il avança successivement en grade, et parvint au poste de contre-maître qu’il remplit depuis quarante ans.
- « Zeitz, qui est resté jusqu’en 1839 l’unique soutien de sa mère aveugle, est en même temps le tuteur de nombreux orphelins, tâche qu’il a toujours remplie avec le désintéressement le plus exemplaire.
- « Son attachement pour la famille de ses maîtres ne connaît pas de bornes. Plusieurs fois, dans des moments de crise commerciale où une partie des machines étaient forcément en chômage, Zeitz réduisait lui-même ses appointements, et ce n’était jamais que sous une forme détournée, et dans les temps meilleurs, que nous parvenions à lui restituer le salaire qui lui était légitimement dû, et dont il avait fait l’abandon avec une abnégation si touchante et si loyale.
- « Aujourd’hui qu’il est près de prendre une retraite si bien gagnée, nous serions heureux de lui voir décerner la médaille de la Société; ce serait pour nous l’occasion de fêter, en présence de tous nos ouvriers, le jour où cet homme de bien recevrait celle récompense... »
- FONDATIONS SPÉCIALES.
- INDUSTRIE DES CUIRS.
- M. le Président, au nom de M. Fauler et de l’industrie des cuirs, remet à M. Vau-quelin, ancien tanneur, dont les procédés ont été l’objet de plusieurs communications ou rapports au sein de la Société, comme marque de sympathie à l’occasion des services rendus par lui à celte industrie, le titre d’une rente de cent quatre-vingts francs, qui lui est assurée pour le reste de ses jours et qui lui sera servie par le Trésorier de la Société.
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- m
- RECETTES ET DÉPENSES.
- COMMISSION DES FONDS.
- EXTRAIT DU RAPPORT FAIT, AU NOM DE LA COMMISSION DES FONDS, SUR LE COMPTE RENDU DES RECETTES ET DÉPENSES DES EXERCICES 1860, 1861 ET 1862, PAR M. LAINEL.
- Organes de la commission des fonds, nous venons vous exposer la situation financière de notre Société, telle qu’elle ressort des comptes qui nous ont été présentés par notre Trésorier, pour les exercices 1860, 1861 et 1862, et qu’en vertu du règlement nous soumettons à vos investigations, comme ils ont été l’objet delà nôtre.
- Ces comptes sont divisés, pour les recettes comme pour les dépenses, en catégories diverses, selon les affectations spéciales de leur caractère propre, d’après la nomenclature générale adoptée depuis longtemps.
- Nous passerons donc rapidement sur la comptabilité proprement dite, dont les écritures sont tenues avec une très-grande régularité, et dont les recettes et les dépenses sont justifiées, les premières parles éléments des perceptions qui constituent les droits acquis à la Société, et les secondes par les ordonnancements préalables des commissions et par les quittances des parties prenantes.
- Nous ne comprenons, du reste, dans ce rapport sommaire, que les comptes relatifs aux fonds généraux, à l’administration proprement dite de la Société.
- L’exposé des comptes qui s’appliquent aux fonds d’accroissement et de réserve, ainsi qu’aux legs et donations, eût exigé des développements et des explications qui nous eussent fait sortir du cadre que nous nous sommes tracé, et qui eussent fatigué inutilement votre attention ; nous avons donc cru devoir les passer sous silence.
- EXERCICE 1800. fr* Partie. — Recettes.
- Les recettes de l’exercice 1860 se composent, savoir, de :
- 1» Souscription du ministre du commerce............................. 4,000 fr. » c.
- 2° Cotisations des membres de la Société........................... 24,948 »
- 3» Ventes d'exemplaires du Bulletin................................... 941 75
- 4» Arrérages d’inscriptions........................................ 28,635 »
- 5° Intérêts de dépôts à la caisse des consignations................... 300 »
- 6e Location de la salle des séances................................. 1,012 »
- Total général des ressources applicables à l’exercice 1861. . . 59,736 fr. 75 c.
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- RECETTES ET DEPENSES. 241
- #e Partie.—Dépenses.
- Les dépenses afférentes à l’exercice 1860 sont divisées ainsi qu’il est indiqué ci-après :
- 1° Rédaction et impression du Bulletin..................... 26,622 fr. 11 c.
- 2° Impressions pour le service courant...................... 2,283 30
- 3° Abonnement aux ouvrages divers. . ......................... 98 »
- 4° Ports de lettres et affranchissements. .................... 504 30
- 5° Assurances, entretiens divers de l’hôtel................. 2,187 29
- 6° Personnels divers. . .................................. 7,357 92
- 7° Pensions diverses...................................... 3,400 »
- 8° Chauffage et éclairage................................. 2,412 80
- 9° Bibliothèque. . ........................................... 692 40
- 10° Dépenses diverses d’économat............................ 1,383 30
- 11° Récompenses et encouragements............................. 256 »
- 12» Expériences par les comités............................... 382 05
- 13° École de dessin. . ...................................... 210 »
- 14° Jetons de présence. . .................................. 3,000 »
- 15° Excédant de dépenses de 1859........................... 1,053 06
- Total général des dépenses......................... 51,842 fr. 53 c.
- Résumé. — Balance.
- Les recettes générales ont été de........................ 59,736 fr. 75 c.
- Les dépenses justifiées s’élèvent à...................... 51,842 53
- Reste en caisse au 1er janvier 1861........................... 7,894 fr. 22 c.
- EXERCICE 1861. lre Partie. — Recettes.
- Les recettes de l’exercice 1861 se composent, savoir, de :
- 1° Souscription du ministre du commerce.......................... 4,000 fr. » c.
- 2° Cotisations des membres de la Société........................ 21,564 »
- 3* Ventes d’exemplaires du Bulletin................................ 552 22
- 4° Arrérages d’inscriptions................................... 28,433 76
- 5° Intérêts de dépôts à la caisse des consignations................ 300 »
- 6° Location de la salle des séances................................ 986 »
- Total. .............................. 55,835 fr. 98 c.
- Reste en caisse au 1er janvier 1861......... 7,894 22
- Total général des ressources applicables à l’exercice 1861. . . 63,730 fr. 20 c.
- Tome XI. — 63p année. 2e série. *— Avril 1864.
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- RECETTES ET DEPENSES,
- *• Partie. — Dépenses.
- Les dépenses afférentes à l’exercice 1861 sont divisées ainsi qu’il est indiqué après :
- 1° Rédaction et impression du Bulletin. . .................. 23,116 fr. 48.c.
- 2° Impressions pour le service courant. . . .........• • • 1,813 27
- 3° Abonnement aux ouvrages divers........................* 227 »
- 4° Ports de lettres et affranchissements....................... 4SI 60
- 5° Assurances, contributions, entretiens divers de l’hôtel... 1,290 97
- 6° Personnels divers....................................... 7,022 56
- 7° Pensions diverses...................................... . 3,200 »
- 8° Chauffage et éclairage................................... 2,282 £0
- 9° Bibliothèque................................................ 593 10
- 10° Dépenses diverses d’économat.............................. 1,476 05
- 11° Récompenses et encouragements............................... 190 55
- 12° Expériences par les comités............................... 998 80
- 13’ École de dessin............................................ 210 »
- 14° Jetons de présence........................................ 3,000 »
- Total général des dépenses......................... 45,873 fr. 18 c.
- Résumé. — Balance.
- Les recettes générales ont été de........................ 63,730 fr. 20 c.
- Les dépenses justifiées s'élèvent à....................... . 45,873 18
- Reste en caisse au 1er janvier 1862. ...... *............ 17,857 02
- EXERCICE tse». lre Partie. — Recettes.
- Les recettes de l’exercice 1862 se composent, savoir, de :
- 1° Souscription du ministre du commerce.......................... 4,000 fr. » c.
- 2° Cotisations des membres de la Société........................ 15,300 »
- 3° Ventes d’exemplaires du Bulletin.................................. » »
- 4° Arrérages d’inscriptions................................. 28,433 75
- 5® Intérêts de dépôts à la caisse des consignations........... . 300 »
- 6° Location de la salle des séances. ........................ . » »
- Total........................... 48,033 fr. 75 c.
- Reste en caisse au 1er janvier 1862..... 17,857 02
- Total général des ressources applicables à l’exercice 1862. . . 65,890 fr. 77 c.
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- RECETTES ET DÉPENSES.
- 243
- *« Partie. — Dépense».
- Les dépenses afférentes à l’exercice 1862 sont divisées ainsi qu’il est. indiqué ci-après :
- 1° Rédaction et impression du Bulletin.........................27,516 fr. 19 c.
- 2« Impressions diverses pour le service courant. .............. 1,076 42
- 3° Abonnement aux ouvrages divers................................ 487 35
- 4" Ports de lettres et affranchissements. ......................... » »
- 5° Assurances, contributions, entretiens divers de l’hôtel..... 1,119 43
- 6° Personnels divers......................................... 6,772 »
- 7° Pensions diverses......................................... 3,200 »
- 8° Chauffage et éclairage...................................... 1,648 50
- 9° Bibliothèque.................................................. 254 30
- 10« Dépenses diverses d'économat.................................. 579 90
- 11° Récompenses et encouragements............................... 7,956 64
- 12° Expériences par les comités................................... » »
- 13° Ecole de dessin.............................................. 210 »
- 14° Jetons de présence............................................. » »