Moniteur de la teinture des apprêts et de l'impression des tissus
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- MONITEUR DE LA TEINTURE
- ET DE
- L’IMPRESSION DES TISSUS
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- Le Moniteur de la Teinture parait depuis le 1er janvier 1857; il portait dans le principe le titre de Coloriste industriel.
- Les premiers volumes de sa collection sont épuisés; ceux qui restent disponibles comprennent les années 1864, 1865, 1866 (ancienne série), 1867, 4868, 1869, 4870-74, 1872 et le présent volume (nouvelle série) ; en tout neuf volumes.
- Ces collections, surtout les nouvelles séries, constituent, dans leur ensemble, le Traité théorique et pratique le plus étendu et le plus complet, concernant les Industries tinctoriales; la quantité de faits, documents, procédés et descriptions qu’elles contiennent, répondant toujours aux nécessités présentes de ces industries, en font un précieux auxiliaire pour toute exploitation industrielle ou commerciale se rapportant au Blanchiment, à la Teinture, à Y Impression, aux Apprêts et à tout travail des Tissus en général.
- prix :
- Chaque volume broché............. 45 francs.
- Trois volumes.................... 40 —
- Cinq volumes..................... 62! —
- Huit volumes.....................95 —
- Franco pour la France; le port en sus pour l’étranger.
- Chaque volume est formé d’une année, sauf celui de 4870-71 qui, par suite de l’interruption causée par la guerre, comprend ce qui a paru pendant ces deux années.
- Les volumes reliés de cette collection, coûtent 2 francs en plus pour chaque.
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- 4me SERIE. 1873 Aer VOLUME
- LE MONITEUR de u TEINTURE
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS REVUE THÉORIQUE ET PRATIQUE
- Spécialement consacrée
- AU BLANCHIMENT, A LA TEINTURE, A L'IMPRESSION ET A L'APPRÊT DES FILS ET TISSUS, A LA PRODUCTION ET A LA PREPARATION DES MATIÈRES TINCTORIALES ; EN GÉNÉRAL A TOUS LES PRODUITS COLORANTS ET MATIÈRES TEXTILES EMPLOYÉS DANS L'INDUSTRIE ET DANS LES ARTS
- Publiée le 5 et le 20 de chaque mois
- SOÜS LA DIRECTION
- De M. A. Félix GOUILLON
- Chimiste-Ingénieur.
- 1)rix de L'Abonnement ;
- Paris et Départements : Un an............
- — — Six mois.....................
- Etranger.......... Un an................
- Un Numéro : 75 centimes.
- . -ol's"
- 15 fr.
- 8
- 20
- DIX-SEPTIÈME ANNÉE
- PARIS
- ADMINISTRATION ET RÉDACTION
- 22, rue MICHEL-LE-COMTE, 22
- S’adresser a MM. GOUILLON à BLONDEAU, Ingénieurs.
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- OFFICE DU MONITEUR DE LA TEINTURE
- DROGUERIE, PRODUITS CHIMIQUES, COULEURS
- Le Moniteur delà Teinture se charge de la fourniture de tout article de Droguerie et de Produits Chil iniques a 1 usage de la Teinture, de l’Impression, du Blanchiment et des Apprêts : ces marchandises sont tirées directement deslieux de production, ou des fabriques les plus estimées, et ne sont livrées qu’après établi aueplasrvau prix dokeyniualité ou de leur pureté. Elles sont cotées au tarif publié par le Journal, et
- ,Nous nous occupons tout spécialement des Couleurs d’Anilines pour lesquelles nous avons des dvorastes principales maisons, et que nous livrons, soit en gros, soit au détail, aux conditions les plus
- MACHINES, APPAREILS ET MATÉRIEL INDUSTRIEL
- — INSTALLATION D'ATELIERS ET D’USINES —
- gesmachines. Appareils et Ustensiles de toute nature à l’usage des industries Tinctoriales sont reS nomb reux, et tous constituent des spécialités exploitées par autant de constructeurs divers répandus dans les. principaux centres industriels de France, de l’Angleterre et de la Belgique. Pour traiter ce genre tionsirassinomnirdone."gç-scnaupsance bien coriplète de ces industries et H importe de P^séder desrela-
- Le Moniteur de la Teinture est le centre naturel où viennent aboutir tous les documents et rensejpne. mentsrelatifs à cette vaste industrie. N’ayant pas, en outre, comme les constructeurs, de moK livrerunme u plutôt qu un autre, nous pouvons choisir avec un complet désintéressement, et avec compétence, les machine qui offrent__ g . i 1X q ereu. s, au double point de vue du travail qu'elles doivent produire et de leur bonne construction. Par suite de traités avec les fabricants nous les livrons aux mêmes prix queux-mêmes, et nous pouvons quelquefois offrir des conditions que ces derniers ne icraient pas a un acheteur avec lequel ils n auraient pas déjà des relations.
- H a Cn audronnerie courante— très-soignée— de fer ou cuivre est facturée au poids et au cours du jour .LeHloniteurdela ^eintl(re publie une liste du Matériel d’occasion à vendre, ou dont on désire faire acquisition; cela présente de grands avantages aux acquéreurs, et permet d’opérer le placement des mae -FFP uuui un n a puis 1 usage.
- Nous nous chargeons delà rédaction des plans et des devis d’usines et d’ateliers, et s’il v a lieu de la direction des travaux et de la vérification des mémoires. ’ y ’ d 01
- M LIBRAIRIE
- et pousourpissonsla Librairie de toute nature : industrielle, scientifique ou littéraire, les Journaux et Publications quelconques, aux prix marques par les éditeurs, affranchissement en sus.
- OPÉRATIONS ET ANALYSES CHIMIQUES
- Trnf f CONSULTATIONS, ÉTUDES ET TRAVAUX PRATIQUES j PROCÉDÉS ET EXPERTISES INDUSTRIELLES _
- Tout travail scientifique et pratique se rapportant au lanchiment, à la Teinture, à l'Impression . Apprets et au Travail des Tissus en general, nous est spécial, et notre compétence en ces matières est afhrmcepa nos publications et notre expérience. "
- .Nousprocédons également aux Visites d’Ateliers et d’Usines dans le but d’indiquer les perfec_ tionnements à apporter au travail ou les économies a réaliser. 1 p
- BREVETS D’INVENTION
- Texiste plusieurs agences très-sérieuses pour la prise des Brevets d’invention, pour les recherches et travaux qui s y rapportent; mais aucune n’est spéciale aux industries Tinctoriales, et ne les connaît assez intimement pour pouvoir apprécier la similitude des procédés, ou les nuances si délicates oui aal-quses-aruitertanenens entre eux, et peuvent les rendre brevetables, ou les confondre avec des antériorités —Aucunesituation n’est aussi favorable que la nôtre pour être au courant de toutes les nouveautés nui surgissent dans nos spécialités, et des procédés anciens ou nouveaux qui ontété exploités ou probos.e • pUp nous permet aussi d’apprécier le fond et la portée d’une invention et de la présenter de ïaPS qaarineranger sommes donc a même de nous charger de tout ce qui concerne les Brevets, tani en France cihgor"codnEe.toThençuceapebueqneHAte.de.toua.les.Brovets,«tenventlopreleisasospe-dens 1ë ourndl, et que ron dêsire connian.re, moysnani ün8
- „ „ CESSION D'ÉTABLISSEMENTS
- se Notrepublici t est dune grande, ressource pour la Vente des Fonds, Fabriques et Exploitations • SousPpos-ont aa Teintureet aux Tissus; nous avons toujours un choix varie d’établissements a ceder, et nous opéronsassez.tacitement ce genre de vente, moyennant une rétribution modérée
- des esFondsà vendre sont publiés dans le Moniteur de la Teinture, avec indication ou non, de l’adresse vvliUJUlN.
- T. ANNONCES, PUBLICITÉ
- Le Moniteur de la Teinture, se répandant dans un public spécial, offre, par ses annonces nnp -L; blicité qui va droit à son but et qui ne risque pas de s’égarer parmi des indirrerentg?acersnepubli-ructueuse que toute autre, lorsque les objets annoncés s’adressent à la Teinture et aux Tissus. - P
- Liant en relations confraternelles avec tous les journaux industriels de France et dp pper pouvons encore étendre cette publicité, lorsqu’on veut la faire sur de grandes proportions. Ht ° *
- { Gouillon et Blondeau.
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- INTRODUCTION A L’ANNEE 1873
- Ce n’est point seulement une nouvelle année que le Moniteur de la Teinture inau-gure, c’est aussi une nouvelle série; or, chers lecteurs et confrères, pour que vous sachiez ce que nous entendons par série, souffrez que nous vous causions un peu de nous, et que nous vous fassions, en deux mots, l’historique du journal que vous avez accepté comme votre organe et votre interprète.
- Le Moniteur de la Teinture fut fondé en 1857, par M. LECOUTUAIER, directeur d’un journal de science vulgarisée : le Musée des Sciences ; ses bureaux furent installés rue des Halles, n° 5; il porta le titre de Coloration Industrielle, car la nouvelle Revue s’adressait non-seulement à la Teinture et à l’Impression des tissus, mais encore à toutes les industries qui emploient des couleurs.
- M. Lecouturier était un homme de science, n’ayant point de connaissances pratiques des industries tinctoriales ; néanmoins le journal ne se ressentait guère de cette insuffisance, et si son gérant n’était pas l’auteur des articles qu’il insérait, il savait au moins les choisir avec discernement, et comme, d'ailleurs, la Coloration Indiistrielle était le premier et Tunique journal consacré à ces industries, il fût bien accueilli et prit bientôt un rang très-honorable dans la presse industrielle.
- Vers 1860, M. Lecouturier mourut, et la Coloration devint la propriété de M. ONÉSIME Pinel, qui sut aussi s’entourer de concours actifs et compétents, grâce auxquels il développa surtout la partie pratique de cette publication; favorisée, en outre, par l’intérêt que provoquait l’apparition des couleurs d'aniline à cette époque, elle ne fit que se développer, et vit encore augmenter le nombre de ses lecteurs.
- Le journal modifia son titre en celui de Coloriste Industriel, et fut sous la gérance nominale de M. J. HUART, puis de M. A. Leclerc, associés de M. Pinel; ce dernier en conservait la gestion effective.
- M. Leclerc, resté cependant seul propriétaire du Coloriste, nous en confia la rédaction et en conserva l’administration, peu de temps après, il nous offrit la cession de cette propriété, et c’est ainsi que, par acte en date du 1er octobre 1866, nous devînmes acquéreur du Coloriste Industriel, lequel, d’après nos conseils, était depuis quelques mois nommé Moniteur de la Teinture, titre qui le caractérise mieux, sans l’obliger pour cela à rétrécir son programme. Nous avons transféré les bureaux à l’adresse actuelle : rue Michel-le-Comte, n° 22.
- Dans le but de nous adjoindre un concours que réclamait l’extension de cette exploitation, et pour pouvoir nous appliquer uniquement à la rédaction du journal, nous nous associâmes avec un de nos plus actifs collaborateurs, M. Henri Cissey, auquel fut attribué la partie administrative et commerciale de l’exploitation ; mais bientôt survinrent ces funestes événements dontia France porte encore"le deuil, et ce malheureux jeune homme trouva la mort dans un combat livré devant Paris.
- Aussitôt la fin de ces calamités, nous reprîmes notre publication au point où nous l'avions laissée ; mais nous sentant impuissant à y suffire seul, nous fîmes appel à de nouveaux concours, et nous eûmes la bonne fortune de trouver celui de M. P. BLONDEAU qui, à ses titres d’Ingénieur Civil, ancien élève de l’Ecole Centrale, joint l’autorité d’une expérience industrielle et administrative, acquise dans d’importantes exploitations dans lesquelles il a été ingénieur ou directeur. Par acte en date du 1er juillet 1872, nous conclûmons une association, et la raison sociale de notre exploitation est actuellement GOtILLON et Blondeau.
- Si précieux que soient ces concours,-ils seraient encore insuffisants pour conserver à notre Revue toute l’importance qu’elle a acquise et pour satisfaire à l’étendue de son programme; mais on conçoit qu’après une existence de seize années, on ne sé trouve point isolé, et qu’en dehors de nos correspondances et relations régulières, le lecteur nous aide souvent de ses avis et de ses communications, et coopérant ainsi à l’œuvre
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- commune, il démontre, en même temps, que notre journal est bien réellement l’organe accepté de nos industries.
- Le Moniteur de la Teinture n‘ est pas une publication qui, comme les journaux politiques ou littéraires, n’offre qu’un intérêt du moment ; ses communications présentent la même utilité à l’époque de leur publication ou plusieurs années après; aussi est-ce une Revue dont les collections sont intéressantes à conserver, et qui, dans leur ensem-semble, sont une véritable encyclopédie des connaissances concernant les Industries tinctoriales.
- Pour le classement de ces collections, elles ont été réunies en volumes, dont chacun comprend une année ; cinq volumes forment une série ; la première comprend les années 1857 jusqu’à 1861 inclusivement; elle est complètement épuisée : nous-mêmes, nous ne la possédons que très-incomplète, mais on peut.la consulter au besoin à la Bibliothèque Nationale ; la seconde série est formée des années 1862 à 1866 ; les deux premiers volumes sont également épuisés : il en reste un petit nombre des années 1864, 1865 et 1866 ; la troisième série commençant en 1867 est celle que nous venons de clore ; elle comprend six années, mais elle ne forme néanmoins que cinq volumes, car les deux années 1870 et 1871 ont été réunies en un seul, à cause de l’interruption causée par la guerre ; cette dernière série est complète, mais nous avons dû faire réimprimer une seconde édition de l’année 1867, dont la vente a dépassé nos prévisions.
- À partir de 1867, époque à laquelle nous avons pris la direction du journal, nous en avons modifié le format, afin que les volumes fussent de dimensions commodes pour les bibliothèques ; nous y avons adjoint des échantillons, inséré des gravures, augmenté le texte, développé la partie commerciale, etc., et toutes ces modifications en font une série nouvelle qui, bien que se rattachant essentiellement à l’ancienne, pourrait à la rigueur en être détachée si l’on voulait en faire le point de départ d’une nouvelle collection.
- Pendant ces seize années, plusieurs imitations de notre journal se sont produites sous des titres divers ; la plupart étaient des copies ou des plagiats de nos articles ; mais aucune n’a pu survivre, délaissées qu’elles étaient, tandis que nous étions toujours appuyés par les sympathies de nos lecteurs et par leurs souscriptions sans cesse croissantes. Le dernier journal de ce genre a cessé de paraître en 1868; depuis ce temps, aucun autre ne s’est fondé en France, et il semble que la position que nous avons acquise dans cette spécialité, nous soit tacitement reconnue et incontestée.
- Il ne serait pas hors de propos de faire l’histoire de ces prétendues concurrences aussi déloyales que peu dangereuses ; d’un autre côté, il y aurait lieu de faire remarquer le rôle que notre publication a joué au milieu de la vie industrielle à laquelle elle a coopéré; de rendre un nouvel hommage aux hommes qui nous ont prêté le concours de leur notoriété et de leurs connaissances ; de rappeler, enfin, les questions importantes que le Moniteur de la Teinture a traitées depuis son origine. Mais nous avons assez parlé de nous, et cela n’est pas notre habitude ; constatons seulement que si l’on peut appliquer aux journaux ce que l’on dit des nations : Heureux les peuples qui nont pas d’histoire! nous devrions nous considérer comme malheureux; mais non, notre passé ne nous pèse pas, nous le revendiquons au contraire avec fierté ; car il est intimement lié aux progrès considérables qui ont transformé nos industries pendant ces quinze dernières années, et nous pouvons, sans vanité comme sans présomption, croire que nous y avons contribué, ne serait-ce que comme écho et porte-voix de ceux qui en ont été les auteurs directs.
- Aujourd’hui donc, chers confrères, nous commençons une nouvelle période de cinq années, au lendemain de grandes douleurs, mais à l’aurore d’une profonde rénovation intellectuelle et morale, dont le commerce et l’industrie feront leur profit, et au milieu de laquelle notre journal ne pourra qu’élargir son influence et multiplier ses services ; aussi, lorsqu’on 1878, nous jetterons le même coup d’œil rétrospectif, espérons-nous vous revoir encore parmi nos lecteurs; nous espérons surtout que les brillants pronostics, sous lesquels débute cette période quinquennale, auront trouvé leur plus complète et leur plus heureuse réalisation.
- F. GOUILLON.
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- MONITEUR DE LA TEINTURE
- ET DE
- L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire du no 1. — 5 janvier 1873.
- Teinture des laines et des draps par la cuve d’Indigo, par M. M. de VINANT. — Teinture en vert à l'aldéhyde, préparé par la Fuchsine, par M. Fol. — Bleu-Nicholson sur laine, par M. REIMANN. — Couleur rose par l’aniline.
- — Papier-feutre japonais. •—• Noir sur laine-coton.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Essai des indigos par leur poids spécifique, par M. G. Leuchs. — Procédés pour distinguer et séparer la soie, la laine et les fibres végétales, par M. E. KorP.
- NOUVELLES : Produits allemands. — Autre procédé allemand. — Récompenses de l'Exposition d’Economie domestique.
- TEINTURE DES LAINES ET DES DRAPS PAR LA CUVE D’INDIGO
- Par M. M. DE ViNANT.
- Ce procédé est supérieur à ceux employés antérieurement, réunissant en lui l’avantage de fournir les plus belles nuances possibles et celui de l’économie.
- Les différents procédés anciennement usités pour l’établissement et la conduite des cuves d’indigo, laissent tous plus ou moins à désirer.
- Chacun sait, par exemple, que les cuves au pastel, surtout lorsqu’elles ont été montées depuis quelque temps. c’est-à-dire lorsque le pastel a subi une longue fermentation, fournissent des laines teintes en bleu qui, tissées ensuite pour en faire des draps, perdent une portion de leur matière colorante pendant le dégraissage ou le travail du foulon. D’un autre côté, aucun teinturier n’ignore que les cuves à la potasse ou à la cendre gravelée ne donnent pas un bleu assez vif.
- On avait cherché, dans l’espoir d’obtenir de meilleurs résultats, à remplacer le pastel par d’autres plantes ou matières végétales ; on avait même fait usage d’un pastel artificiel, qui ne coûte pas la moitié du pastel ordinaire, et se composant de tiges et feuilles de carottes et rhubarbe, etc.
- Toute plante, toute matière végétale, en effet, est susceptible de fermentation, et, par
- suite, propre à désoxygéner l’indigo et le rendre soluble.
- Il ne s’agissait donc que de trouver le moyen le plus convenable, ou celui qui était susceptible de donner, sous tous les rapports, les résultats les plus satisfaisants.
- Ce moyen, que je vais indiquer ci-après, a été trouvé il y a vingt-cinq à trente ans ; on ne saurait trop le recommander aux personnes intéressées, comme réunissant tous les avantages que l’on puisse désirer, l’emportant sur tous ceux qu’on connaisse, soit sous le rapport de l’éclat et de la solidité des nuances, soit sous celui de l’économie.
- Les cuves d’indigo sont alimentées de la même manière, depuis le commencement jusqu’à la fin de l’opération, et présentent l’avantage de dissoudre et de fixer l’indigo aussi bien au bout de quatre mois que le premier jour. On ne les vide jamais, mais on enlève seulement tous les quatre ou cinq mois le dépôt ou la matière pâteuse qui se réunit au fond, au moyen d’une champagne formant une sorte de sac. En nettoyant ou renouvelant les cuves de cette manière, on n'a pas besoin de tirer le liquide aussi bas, ce qui épargne beaucoup de main-d’œuvre et ne laisse presque rien perdre de la matière utile du bain.
- On peut faire dans les cuves trois ou quatre opérations le matin et autant dans l’après-midi; la dernière fournira néanmoins un bleu, qui a autant d’éclat et qui est aussi solide que celui de la première.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- II en est du reste de même pendant toute la durée des cuves, qui présentent d’ailleurs cet autre avantage de permettre de teindre une plus grande quantité de matière qu’en employant tout autre procédé. D’après les détails qui précèdent, on peut arriver à cette conclusion, que ce procédé remplace avantageusement ceux qui étaient employés antérieurement pour la teinture des laines. Il est certain, en effet, que ces cuves coûtent beaucoup moins à établir et à entretenir, et quant aux bleus qui en résultent, ils sont supérieurs et plus estimés que ceux faits par d’autres procédés.
- Tout en donnant ici la théorie des cuves d’indigo, je m’attacherai, surtout à décrire avec soin la conduite de l’opération, et à faire connaître tous les détails nécessaires pour la diriger convenablement.
- C’est une grande erreur de croire que pour obtenir de beaux bleus, il faille nécessairement employer des indigos de première qualité.
- L’indigotine, ou la matière colorante pure de l’indigo, est identique; en effet; dans toutes les variétés de cette matière tinctoriale, ce qui établit entre elles une différence de qualité et de prix, c’est seulement la proportion relative de matière terreuse et autres substances étrangères qu’elles contiennent. Dans l’opération du cuvage, c’est-à-dire dans la désoxygénation de l’indigo, l’indigotine seule se dissout : tout ce qui est insoluble se précipite au fond de la cuve, et reste nul relativement à l'action tinctoriale de la matière première.
- A la seule lecture de cette notice, on peut se convaincre que la manière de monter et de conduire les cuves est à la fois simple et méthodique.
- Il sera donc facile de la mettre en pratique, d’après les renseignements que je vais donner et en faisant quelques essais, au moyen d’échantillons plongés de temps en temps dans les cuves.
- Les signes qui servent à faire connaître l’état des cuves sont les mêmes que pour les cuves au pastel, et l’on peut d’ailleurs juger que l’opération est bien faite à la beauté du bleu obtenu et à sa résistance au savonage, effet qu’une cuve établie et montée, selon ce pro-cédé, peut seul déterminer.
- Il faut cependant examiner attentivement la
- température du bain , considération à laquelle on ne donne pas d’ordinaire assez d’importance. Le degré de chaleur des cuves varie en effet beaucoup chez les teinturiers, et une température trop élevée du bain amène souvent ce fâcheux résultat, que le bleu décharge au foulon.
- Il sera donc essentiel d’entretenir les cuves à une température modérée.
- ÉTABLISSEMENT ET CONDUITE DES CUVES D’INDIGO
- Bleseription de l'Opératiom.
- Montage des cuves. —S’agit-il de monter une cuve de 2 mètres de diamètre (6 pieds), sur 2 mètres 33 centimètres (7 pieds) de pro-fondem, on commencera par élever* à 45° Réaumur (54° centigr.), la température de l’eau, cela fait, on y ajoutera :
- Indigo (broyé convenablement). 2 kil.
- Carbonate de soude cristallisé
- (cristaux de soude (1). . . 15 »
- Son................................30 »
- Alors on fera palier soigneusement la cuve et on la laissera en repos pendant douze heures. Ce temps écoulé, on ajoutera dans le bain, en ayant soin de le bien palier :
- Chaux parfailementhydratée. . 2 kil.
- Ce mélange, abandonné pendant dix-huit ou vingt-quatre heures en maintenant la température entre 43 et]54° centigr. permet d’observer les phénomènes suivants : Le bain, d’abord bleu, passera peu à] peu au vert clair jaunâtre etlafleurée, d’abord blanche, deviendra bleue. Le liquide alors présentera une odeur aigre-douce qui n’a rien de désagréable.
- Quand il est arrivé à ce point, on y plonge un échantillon de l’étoffe à teindre et il en
- (1) On pourra remplacer les 15 k. cristaux de soude par 7 kil. sel de soude. L’emploi du sel de soude est plus économique, par la raison qu’il représente au moins deux fois son poids de carbonate de soude cristallisé, et qu'il coûte moins en proportion de la matière alcaline qu’il renferme. Il faut cependant être averti que le sel de soude est souvent mélangé d’une forte proportion de sulfate de soude, sel dont l’influence est tout à fait nulle dans le travail de l cuve et même nuisible,
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- et de Impression dès tissus
- en
- sortira avec une nuance vert clair qui passera promptement au bleu par le contact de l’air; du reste la nuance bleue sera d’autant plus foncée que l’opération se trouvera plus avancée, c’est-à-dire que la désoxygénation et la dissolution de l’indigotine seront plus' près d’être complètement opérées.
- Tous, les phénomènes qui viennent d’être décrits sont liés en effet à la désoxygénation de l’indigotine et en résultent pour la plupart.
- La matière colorante de l’indigo ou l’indigotine dans son état ordinaire, c’est-à-dire lorsqu’elle se montre avec une belle couleur bleue, est comme on sait, insoluble dans l’eau ; pour qu’elle puisse se dissoudre, il faut la désoxygéner en partie et la mettre en contact avec une substance alcaline qui entraînera sa dissolution.
- Or, c’est justement ce qui a lieu dans l’opération précédente : sous l’influencé de la chaleur, la matière végétale (le son ou mélasse) entre en fermentation dans cet état, enlève peu à peu de l’oxygène à l’indigo, qui perd sa couleur bleue, passe sa couleur bleue au vert clair jaunâtre, et se dissout dans la solution alcaline.
- D’après cela, il doit être facile de comprendre que tant que l’indigo ne sera suffisamment désoxygéné et complètement dissous, la fermentation continue à être nécessaire et que la coloration des échantillons qu’on plongera dans la cuve et qu’on exposera ensuite à l’air sera de plus en plus prononcée.
- Mais arrivée au point où la désoxygention de l’indigotine sera suffisante pour que bette matière colorante se dissolve entièrement dans la solution alcaline, la fermentation non-seulement ne sera plus nécessaire, mais deviendrait nuisible au succès de l’opération. Dès ce moment, en effet, la cuve ne montera plus, c’est-à-dire que la couleur bleue qu’elle peut communiquer n’àugmentera plus d’intensité, elle ne fera au contraire que perdre, si l’on ne parvient pas à suspendre la fermentation, qui deviendrait putride et déterminerait promptement, si l’on ne s’y opposait, la décomposition’, la destruction, la perte complète et définitive de l’indigo. On pourra reconnaître cette décomposition de la matière colorante à la fleurée, qui, de bleue deviendra incolore, à
- l’odeur fétide du liquide de la cuve, à l’absence complète de particules d’indigo dans le dépôt de la cuve, et surtout au moyen d’essais avec des échantillons de laine blanche qui ne prendront que peu ou même point de couleur dans le bain. Mais il est facile d’arrêter le mouvement de fermentation quand il arrive au point de devenir nuisible, et c’est ce qu’on opère avec succès par l’addition de chaux faite de la manière que nous avons indiquée, et même renouvelée à plusieurs reprises si cela paraît nécessaire.
- (La suite au prochain numéro.)
- TEINTURE EN VERT A L’ALDÉHYDE PRÉPARÉ PAR LA FUCHSINE
- Par M. Frédéric Fol.
- Le vert d’aniline s’obtient par là réaction de l’aldéhyde sur le rouge d’aniline en dissolution dans l’acide sulfurique. Comme la dessiccation ou la mise en pâte du vert en al-fère sensiblement la fraîcheur, on là prépare directement à l’état liquidé dans les ateliers de teinture. Voici le procédé le plus généralement suivi.
- On délaie :
- Rouge cristallisé. . . 500 gr.
- Eau. . ........................ 250 gr. Ln9
- Ce qui forme une épaisse bouillie, puis au moyen d’un entonnoir en verre a robinet
- A|rgdoor / g1DTC
- On y fait couler :
- Acide sulfurique, 1kil. 500gr.
- En remuant constamment, afin que le rouge se dissolve sans y agglomérer ni se carboniser. Quand la dissolution est faite, on met la terrine où on l’a faite, à reposer pendant deux jours ; la pratique à enseigné que ce temps est nécessaire pour achever complètement la dissolution ; les résultats en teinture sont bien meilleurs. Lorsqu’on veut préparer du vert, on prend un baquet de bois contenant environ :
- Eau............... 500 litres.
- Qu’on porte par la vapeur à la température de 70 degrés ; d’autre part.
- On fait dissoudre :
- Hyposulfite de soude, , I kiL
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Que l’on verse dans le baquet. Cela fait, on met la dissolution sulfurique de rouge dans un ballon et on y ajoute en une seule fois :
- Aldéhyde................. 2 kil.
- Le rouge commence aussitôt à se modifier, il passe au violet sale, puis au bleu, enfin au bleu vert; lorsqu’une goutte du mélange se dissout dans un verre d’eau acidulée, en donnant une belle nuance bleu verdâtre sans former des veines rougeâtres, l’opération est terminée. On verse alors le contenu du ballon dans le baquet et l’on brasse forfement Je liquide. Après une heure de repos, on filtre le vert et on l’applique directement à la teinture. Il est d’autant plus jaune que l’opération avec l’aldéhyde a été prolongée longtemps et que la proportion d’hyposulfite de soude a été augmentée.
- Il reste sur les filtres où l’on fait passer le vert liquide un résidu très abondant ; cela vient de ce que le rouge ne se transforme pas uniquement en vert, mais aussi en un violet plus ou moins rouge, insoluble dans l’eau, surtout lorsque celle-ci contient de l'hyposul-fite de soude ; ce sel en détermine plus facilement la séparation.
- La soie se teint avec facilité dans les solutions de ce vert et peut être montée à une hauteur de ton considérable. Cette couleur est passablement solide. On en modifie la teinte en jaune ou en bleu au moyen de l’acide pi-crique ou de l’indigo.
- Comme une grande partie du rouge a été perdue pour former ce violet insoluble qui reste sur les filtres, la force colorante de ce vert est loin d’atteindre celle du rouge ; ainsi, 1 kilogramme de rouge qui aura teint 100 kilogrammes de soie a une certaine hauteur ne pourra teindre que 35 kilogrammes à la même hauteur s’il a été transformé en vert. Bien que ce vert d’aniline soit infiniment plus beau que les anciens verts composés de bleu et de jaune, il est bien inférieur aux nouveaux verts produits depuis environ cinq ans par un procédé analogue à celui qui fournit les violets lumière, c’est-à-dire aux verts à l’iode.
- BLEU NICHOLSON OU BLEU ALCALIN
- SUR LAINE Par M. REIMAN.
- Le bleu Nichoison se distingue de toutes les autres couleurs d’aniline en ce que, bien différent de la fuchsine, du bleu d’aniline et du violet, il est le sel d’une base insoluble par elle-même, tandis qu’au contraire le bleu alcalin du commerce présente une base soluble dans l’eau qui, dans sa combinaison avec les acides, forme un sel insoluble de couleur foncée. Cette base est incolore ou très-peu colorée. Il faut donc, pour obtenir réellement une couleur, combiner avec un acide la base déjà fixée sur la fibre, et c’est ce qu’on fait en passant par un bain acide la laine déjà teinte.
- Pour opérer la teinture, on prépare, pour 5 kilog. de laine, en faisant bouillir la matière colorante dans l’eau pure, une solution, aussi étendue que possible (la dilution de la solution contribue à éclaircir la couleur), avec 30 à 45 grammes de bleu alcalin. On prépare, en outre, un bain colorant tiède, auquel on ajoute de 45 à 60 grammes de borax. Le borax n’est employé, dans ce cas, qu’à raison de sa propriété basilique, et peut être remplacé par la soude, la potasse, etc. L’addition d’une substance alcanine a pour objet de saturer une petite quantité d’acide contenu dans le bain, afin que la transformation du bleu alcalin basilique en un sel insoluble ne s’opère pas prématurément dans le bain colorant. On ajoute alors la solution, filtrée avec soin, du bleu Nicholson, et après avoir agité à plusieurs reprises, on introduit préalablement bien humectée, et on manipule très uniformément dans le bain, pendant qu’on porte celui-ci avec lenteur presque jusqu’au bouillon.
- Dans une autre cuve ou une autre chaudière, on prépare un bain d’eau tiède pure dans lequel, après que l’opération est terminée, on plonge la laine au sortir de la chaudière, où on la rince ; puis on la transporte dans un second bain d’eau pure et tiède auquel, pour 5 kilog. de laine, on ajoute 300 grammes d’acide sulfurique. On passe la laine à plusieurs reprises dans ce bain où elle prend une belle couleur bleu saturé. Cela fait, on l’enlève du bain, on la laisse refroidir, on
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- la dégorge et pour le reste on procède comme à l’ordinaire.
- Dans le bain d’acide sulfurique, la base fixée sur la fibre passe à l’état de sulfure, qui se colore en bleu intense, mais est insoluble dans l’eau. C’est sur cette insolubilité que repose en partie la solidité du bleu alcalin, qui est beaucoup plus solide que tous les bleus connus jusqu’à présent qu’on prépare avec l’aniline.
- {Farter-Zeitung.)
- Le Moniteur de la Teinture a déjà publié les procédés de teinture en bleus alcalins dits Bleus-Nicholson (1), mais il croit utile de reproduire toutes les indications qui se publient à ce propos, surtout lorsque, comme celle qui précède, elles sont justes et pratiques.
- COULEUR ROSE PAR L’ANILINE
- Des fabricants de Zurich, MM. Sander et Sieck, ont mis depuis quelque temps dans le commerce, sous ce nom, une matière colorante, à l’aide de laquelle on peut produire sur laine la nuance naturelle des roses, dans l’emploi de diverses matières. D’après ces fabricants, voici comment on procède à la teinture :
- Les fils de laine fine, zéphir ou de peigne, sont lavés à la température de 50° C., dans une solution de verre soluble. Pour vingt-cinq kilog. de fil on emploie quinze à' dix-sept litres de verre, puis on lave dans l’eau bouillante et on procède à la teinture. Le bain doit être froid, et on y passe et manipule la laine pendant une demi-heure ou trois quarts-d’heure, au bout desquels on jette dans un nouveau bain légèrement acidulé et également froid. L’acide de ce bain précipite la silice que renferme encore la laine et donne, par conséquent, plus de solidité à la couleur.
- De plus, les fabricants prescrivent de faire bouillir la matière colorante après une addition de cinquante grammes de cristaux de soude pour chaque kilog. de cette matière pendant une demi-heure. Pour donner à la couleur un reflet bleuâtre, il convient d’ajou-
- (1) Voir notamment : année 1869, page 241; année 1870-71, page 82.
- ter au bain un peu de sel d’étain. Pour les fils communs, de peigne et de carde, on lave dans un bain composé pour vingt-cinq kilog. de fil avec 1 kilog. 50 de soude calcinée.
- Cette matière colorante n’est autre que la corallinc rouge.
- PAPIER-FEUTRE JAPONAIS De MM. Pavy, Pretto et Ce.
- Ce nouveau produit, destiné à remplacer, dans une certaine mesure, les cretonnes imprimées, et dont nous avons parlé dans notre compte-rendu de l’Exposition de Lyon, n’est en réalité qu’un papier peint. Après avoir examiné des échantillons non doublés et non confectionnés, et après avoir pris connaissance du brevet relatif à cette fabrication, nous nous sommes convaincus qu’il n’en différait pas sensiblement.
- La pâte du papier est peut-être un peu plus longue, ce qui donne au produit fabriqué plus de souplesse et de résistance aux déchirures ; il est ensuite imperméabilisé et rendu ininfla-mable, ce qui est très utile, mais ne lui ôte pas son caractère de papier. Nous présentons, d’ailleurs, un spécimen de ce nouvel article :
- Pour la fabrication du papier, les auteurs emploient des matières végétales et animales; les premières comprennent tous les filaments végétaux connus ; les secondes sont principalement les peaux, les boyaux, les poils, la soie, la laine et le sang.
- La fabrication est celle du papier en général ; on indique cependant des dosages pour lessives et bains décolorants que nous reproduisons.
- Les matières végétales sont bâchées dans la
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- pile défiletise des papetiers ; la demi-pâte qui en résulte est lessivée avec le mélange sui
- vant :
- Pour 100 kilog. de pat e, Lait de chaux......... 200 litres.
- Sulfate de soude......... 3 kilog.
- Potasse d’Amérique.. 2 —
- Savon commun............. 3 _
- Huile de lin............. 1 _
- Sulfate d’ammoniaque 1 _
- Les pâtes sont ensuite décolorées dans un
- mélange contenant :
- Pour 100 kilog.
- Bain de chlorure de
- chaux à 4 degrés. 300 litres. Sulfate d alumine. .,. 200 gram,
- Bi-carbonate de soude 500 —
- Acide oxalique............. 300 —
- Les auteurs disent qu’ils obliennenet un très bon blanchiment à l’aide de ces mélanges; ils nous paraissent, cependant, bien peu rationnels.
- Ces pâtes végétales sont, ou non, mélangées avec des matières animales réduites par des marteaux ou des cylindres ; on indique principalement la fibrine , obtenue du sang de bœuf que l’on traite par une dissolution de sulfate d’alumine, afin d’en séparer l’albumine.
- D’après l’examen des échantillons, nous pensons que le plus souvent ce papier ne contient que des matières végétales.
- Si le papier doit avoir un fond coloré, les pâtes sont mélangées d’une, couleur d’aniline ou autre.
- Le papier est ensuite imperméabilisé par une dissolution de sulfate de cuivre dans 10 parties d’eau, ou encore par de l’huile de lin grasse et par de la résine savonneuse que l’on introduit dans la pâte.
- L’ininflammabilité se donne par un mélange de phosphate d’ammoniaque et d’alun, ou par un autre mélange contenant : sulfate de soude, alun et bi-chromate de potasse.
- Cette pâte est alors convertie en papiér plus ou moins épais ; celui-ci est satiné, gaufré ou imprimé selon la destination du produit.
- Il n’est rien indiqué relativement au mode d'impression, tuais il est bien visible que l’on
- emploie les moyens et les produits usités dans la fabrication des papiers peints.
- F. G.
- NOIR SUR LAINE ET COTON
- M. Barbé, de Lisieux, prépare le bain pour noirs-bleu avec du cachou et du bois ou de l'extrait de campêche; pour les noirs-noir il ajoute du bois jaune et du sumac ; on entre les pièces de drap à 30 degrés et on arrive à 60 degrés en une demi-heure. On lève et on ajoute au bain, du chromate rouge, on entre les pièces et on chauffe jusqu’à ébullition, qu’on maintient trente minutes.
- Après ce temps, on lève et on ajoute une bruniture composée de sulfate de fer et de sulfate de cuivre; on rabat les pièces et on les manœuvre pendant l’ébullition jusqu’à ce que le noir soit suffisant.
- Toutes ces opérations se font sur le même bain ; ce procédé a surtout pour but de teindre les pailles et les époutis du drap en même temps que la laine, afin d’éviter l’écaillage.
- (Brevet),
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- ESSAI DES INDIGOS
- PAR LEUR POIDS SPÉCIFIQUE Par M. G. LRUCHS.
- Parmi les moyens ordinaires en usage pour s’assurer de la qualité de l’indigo, on peut citer la manière dont cette matière se comporte vis-à-vis du feu, l’aspect sous l’action de l’ongle et celui de sa cassure, ensuite l’odeur et, parmi les autres propriétés physiques particulières, le poids spécifique qui peut être évalué très-primitivement en pesant à la main.
- Afin de déterminer quel peut être le rapport qui existe entre le poids spécifique et la proportion de matière colorante que renferme l’indigo, j’ai entrepris les expériences suivantes.
- Les échantillons d’indigo qui ont servi à ces expériences m’ont été adressés par des négociants ou des teinturiers, afin de déterminer.
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- sous le point de vue industriel, la proportion de la matière colorante, mais pour la plupart sans la moindre indication sur leur origine. Le contrôle a été opéré par une méthode analytique que j’ai imaginée en 1869, et par laquelle on mesure, dans une solution d’oxyde de fer, la quantité équivalente de protoxyde qui a été réduite, par une solution d’indigo blanc à la chaux pesée ou mesurée, à l’aide d’une solution de chromate de potasse. (1)
- Le picnomètre a servi à la détermination du poids spécifique des petits échantillons, mais quand il s’est agi des plus gros ou de plusieurs d’entre eux, on s’est servi de l’aréomètre à poids de M. Bardeleben.
- Il résulte de ces comparaisons que les sortes d’indigo pauvres en matière colorante ont un poids spécifique élevé, et celles qui sont riches, un poids spécifique moindre. Combiné avec divers autres indices ou caractères, le poids spécifique peut donc conduire à des résultats certains sur la richesse en matière colorante des indigos. Quant à la proportion rigoureuse de cette matière dans un indigo du commerce, le poids spécifique n’a de valeur qu’au tant qu’on prend une moyenne sur un assez grand nombre d’échantillons, et qu’on le compare sur des sortes diverses, mais de même prix. [Journal für prakt. Ghemie).
- PROCÉDÉS
- PQUR DISTINGUER ET SÉPARER LA SOIE,
- LA LAINE ET LES FIBRES VÉGÉTALES, par M. E. KOPP.
- Les procédés employés reposent généralement, soit sur la manière dont se comportent les fibres animales et végétales avec certains réactifs, soit sur leur affinité plus ou moins grande pour diverses matières colorantes, surtout les matières colorantes artificielles.
- Pour mieux faire apprécier la valeur des
- (1) Pour déterminer la quantité de protoxyde formé, on ne peut employer que l’acide chromique, et non pas l’acide permanganique qui donne des nombre trop élévés. Avec le caméléon il faut détruire un peu de matière organique présente avant que la couleur rouge devienne permanente, ce qui n’a pas lieu avec l'acide chromique, puisque le cya-noferride de potassium ne se colore plus instantane. ment en bleu quand tout le protoxyde est oxydé,
- procédés indiqués, il sera bon de rappeler les réactions principales présentées par les fibres textiles.
- Les fibres végétales (coton, lin, chanvre, etc.) ayant toutes pour basé la cellulose, résistent toutes très énergiquement à l’action des solutions aqueuses d’alcalis caustiques, même bouillante. Mais, par contre, elles sont fortement attaquées parles acides (sulfurique, nitrique, hydrolorique) concentrés, et même par ces acides fortement délayés à l’eau, lorsqu’on fait intervenir l’action de la chaleur. C’est ainsi qu’on peüt immerger sans grand dommage un tissu de coton dans de l’eau froide contenant 3 à 10 p. 100 d’acide, mais si l’on chauffe, et surtout si l'on fait bouillir, le coton devient d’abord friable, puis se dissout en se transformant successivement en gomme, puis en sucre.
- Il faut observer que l’acide nitrique fumant ou un mélange d’acide nitrique et sulfurique ne dissolvent pas la fibre végétale,- mais la transforment, presque sans changement d’aspect physique, en coton-poudre ou pyroxy-line. L’ammoniaque est absolument sans action, ni à chaud ni à froid sur le coton ou le chanvre; mais si l’on fait préalablement dissoudre dans l’ammoniaque de l’hydrate d’oxyde de cuivre (liqueur bleue, dite de Schweitzer, qui est une solution d’oxyde de cupramonnium le coton, le chanvre, le lin finissent par s’y dissoudre.
- Les fibres végétales, lorsquelles sont pures, présentent ordinairement peu d’affinité pour les matières colorantes et ne se colorent que très-faiblement ou même pas du tout dans de pareils bains de teinture. Un léger passage au savon suffit pour enlever la coloration.
- La cellulose résiste passablement à l’action du chlore et des hypochlorites, et he répanp aucune odeur caractéristique lorsqu’on la brûle.
- La laine, à l’inverse du coton, résiste assez bien à l'action des solutions acides, même assez fortes et chaudes; mais les lessives caus* tiques la désagrègent et la dissolvent surtout à chaud. Comme la laine contient du soufre, sa dissolution dans la soude caustique donne naissance à la production de sulfure de so-dium, qui noircit l’acétate de plomb.
- L’acide nitrique colore la laine en jaune in-
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- tense ; le chlore et les hypochlorites l’altèrent en la colorant également en jaune : le réactif de Schweitzer est sans action à froid ; mais à chaud il dissout la laine. En décomposant la laine par la chaleur, elle répand l’odeur caractéristique de corne brûlée.
- La laine présente une très grande affinité pour les matières colorantes en général, et surtout pour les couleurs artificielles, qui la teignent avec la plus grande facilité, même sans le secours de mordants.
- La soie répand en brûlant une odeur semblable à celle de la laine. Elle est dissoute par les acides énergiques concentrés surtout à chaud. L’acide nitrique froid la teint en jaune. Les acides étendus d’eau n’ont point une action énergique.
- Les alcalis concentrés dissolvent la soie comme la laine ; mais la solution ne renferme pas de sulfure d’odium. Les alcalis fortement étendus d’eau altèrent la soie, mais sans la dissoudre. L’ammoniaque est sans action, mais la liqueur de Scheweitzer léquifie la soie, comme cela a lieu pour le coton.
- La soie ressemble à la laine, quant à son affinité pour les matières colorantes.
- Examinons maintenant successivement les procédés qui peuvent servir, d’abord à reconnaître les différentes espèces de fibres textiles dans des tissus mixtes, et puis à les séparer de manière à pouvoir réutiliser l’une ou l’autre, en sacrifiant toutefois celle dont on ne veut pas directement tirer parti. Nous ne parlerons que des réactions purement chimiques, en rappelant cependant que l’usage du microscope est d’un puissant secours pour reconnaître les fibres textiles, lesquelles, suivant leurs origines, présentent des textures tout à fait distinctes et qui seules déjà peuvent servir à caractériser les différentes figures.
- Reconnaître la présence de fibres végétales (coton, chanvre, lin, jute, etc.) dans un tissu de laine et de soie. — On a qu’à faire bouillir le tissu dans une solution aqueuse de soude caustique (100 eau, 10 soude caustique fondue).
- La laine et la soie se dissolvent, la fibre végétale n’est point attaquée et reste pour résidu avec ses caractères essentiels. Pour mieux la distinguer dans le cas on elle serait colorée, on jette le tout sur un petit filtre en
- calicot et on lave avec de l’eau chaude. La fibre lavée est ensuite mise dans une eau tiède acidulée environ b pour 100 d’acide hydro-chlorique; après 10 minutes, on ajoute un peu d’eau de chlore ou quelques gouttes de solution de chlorure de chaux, qui achèvent le blanchiment de la fibre végétale.
- La solution de soude caustique filtrée, qui tient en dissolution la laine ou la soie, peut servir immédiatement à constater la présence de la laine. Cette dernière donne naissance à la formation de sulfure de sodium qui reste dans la solution. On reconnaît sa présence en ajoutant à la solution alcaline deux à trois gouttes d’acétate de plomb. S’il ne forme qu’un précipité blanc qui se redissout complètement par l’agitation, le tissu n’étant formé que de soie, si, au contraire, il se forme un précipité noir permanent de sulfure de plomb, le tissu contenait de la laine.
- A l’acétate de plomb on peut substituer quelques gouttes de nitroprussiate de soude qui donne une belle teinte violette en présence du sulfure de sodium. Lorsque le tissu est fortement chargé de matière colorante. Il peut être avantageux d’opérer de la manière suivante :
- On prépare un mélange de deux volumes d’acide sulfurique concentré à 66 degrés et de un volume d’acide nitrique également concentré et fumant. Après que le mélange s’est refroidi, on y plonge le tissu coupé en petits fragments, et on l’y laisse séjourner pendant quinze ou vingt minutes en agitant de temps à autre.
- La laine, la; soie, les matières colorantes sont oxydées et détruites ; la fibre végétale, au contraire, se transforme en coton poudre ou pyroxyline insoluble et ayant conservé le caractère fièbreux. On jette le tout dans une grande quantité d’eau froide, où le coton poudre se dépose bientôt; on décante, on recueille la matière sur un filtre et on l’y lave à fond, puis on fait sécher. La matière sèche doit présenter les propriétés fulminantes bien caractéristiques du coton poudre.
- Pour des tissus mixtes blancs ou colorés en teintes par trop foncées, on peut avoir recours à l’affinité des fibres animales pour les matières colorantes artificielles. Un tissu teint en couleurs foncées devrait être préalablement
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- décoloré par immersion dans une eau de chlore faible, suivie d’un lavage à fond à l’eau bouillante. Il y a cependant quelques précautions à observer puisque le coton est aussi capable de se teindre dans des bains de couleurs d’aniline, surtout s’il est imprégné de substances féculantes et autres, qui servent à composer les apprêts. Il est donc essentiel d’enlever l’apprêt, ce qui s’effectue en faisant bouillir le tissu pendant une dizaine de minutes avec de l’eau renfermant environ 2 pour 100 de carbonate de soude et un peu de savon, puis rinçant dans de l’eau chaude ; plongeant ensuite le tissu pendant cinq à dix minutes dans de l’eau chaude (50 à 60 degrés) acidulée par 2 pour 100 d’acide chlorydrique ou sulfurique, enfin lavant de nouveau à fond.
- On prépare, en attendant, le bain de teinture (pour lequel nous choisirons pour exemple le rouge d’aniline ou la fuschine) de la manière suivante :
- On dissout quelques décigrammes de fuschine dans 25 à 30 centimètres cubes d’eau ; on fait bouillir et pendant l’ébullition on fait tomber goutte à goutte de la soude caustique dans la liqueur, jusqu’à ce qu’elle ne présente plus qu’une légère teinte rosée.
- On retire du feu et on plonge le tissu dans la liqueur, au bout de quelques minutes on l’en sort, on lave bien à l’eau pure et l’on fait sécher. Les fils de soie et de laine se trouveront alors teints en beau rouge vif, tandis que les fils végétaux, coton, lin, etc., seront restés parfaitement incolores.
- Reconnaître la présence de la laine dans la soie et vice versa. — Si les tissus sont blancs ou peu colorés, on peut utiliser la présence du soufre dans la laine.
- On prépare d’abord une solution d’oxyde de plomb dans la soude caustique, en faisant bouillir cette dernière avec de la litharge, laissant déposer et soutirant la liqueur claire.
- Dans cette liqueur, on trempe le tissu ; les fils de laine, qui contiennent naturellement naturellement du soufre, deviennent bientôt noirs par suite de la formation de sulfure de plomb noir, tandis que les fils de soie, qui ne renferment pas de soufre ne changent pas de nuance.
- M. le professeur Stefanelli, de Florence, a conseillé l’emploi de la liqueur de Scheweit-
- zer, c’est-à-dire la solution d’hydrate de cuivre dans l’ammoniaque liquide, il opère comme suit :
- On plonge environ 2 centimètres du tissu à examiner dans 10 à 12 centimètres cubes de la liqueur bleue cuivrique; au bout de cinq à six minutes, la soie est dissoute, tandis que la laine n’est point attaquée. Dans le cas où la soie serait teinte en noir, il faudrait prendre un volume double de liqueur et prolonger le contact pendant dix à douze minutes. Après avoir enlevé la laine, la liqueur bleue légèrement sursaturée par l’acide nitrique ne donne point de précipité sensible.
- Mais s’il y avait eu une fibre végétale en présence, laquelle est généralement dissoute quoique bien plus lentement, par la liqueur de Scheweitzer; cette dernière, sursaturée comme précédemment par l’acide nitrique, donnerait lieu à un précipité de cellulose, sous forme de flocons blanchâtres ou légèrement colorés.
- Un procédé plus simple consiste dans l’emploi d’acides concentrés. L’acide nitrique ordinairement dissout à froid la soie, sans attaquer sensiblement la laine; il en est de même de l’acide sulfurique assez concentré à froid , cet acide débarrasserait en même temps la laine des fibres végétales qui seraient transformées, dans ces circonstances, en matières gommeuses ou sucrées.
- Mais il paraît préférable de faire usage d’acide hydrochlorique concentré. On opère à froid.
- En plongeant ce tissu dans l’acide, la soie est dissoute complètement au bout de fort peu de temps; la laine et les fibres végétales ne sont guère altérées. On ajoute de l’eau et l’on recueille les fibres non attaquées (qui peuvent encore consister en laine et en fibres végétales) sur un filtre où elles sont parfaitement lavées. Généralement elles ont alors été décolorées.
- Pour reconnaître leur nature, on peut maintenant avoir recours soit à l’aciion de la lessive de soude caustique bouillante, qui ne dissout que la laine, soit aux matières colorantes artificielles (fuchsine, violet d’aniline, acide nilropicrique) qui ne teignent pas la laine si l’on opère avec les précautions convenables
- Dans tous ces essais, il sera toujours utile
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- de débarrasser préalablement les tissus à, examiner de leurs apprêts et de leurs matières colorantes, par des traitements successifs avec de l’eau bouillante, soit pure, soit légèrement acidulée, soit rendue alcaline par un peu de carbonate de soude, par de l’eau de chlore, etc., finissant toujours par un rinçage parfait à l’eau chaude et pure, après lequel le tissu est de nouveau séché.
- Nous devons aussi mentionner le procédé de M. Jules Persoz, pour reconnaître la présence de la soie dans les tissus mixtes.
- Ce procédé repose sur l’emploi du chlorure de zinc basique très concentré qui dissout la soie, sans attaquer les autres fibres textiles. Cette méthode est une des meilleures pour les résultats rapides et précis qu’elle fournit. Elle est devenue très employée et sert à fixer les droits d’entrée en France de certains tissus mixtes.
- La préparation du réactif est de plus simples.
- On fait bouillir une solution de chlorure de zinc avec un excès d’oxyde de zinc, de manière à obtenir un sel bien saturé. On filtre, et on arrive par la concentration à une densité d’environ 60“ Beaumé. On obtient ainsi un liquide qui, porte à l’ébullition, a la propriété de dissoudre la soie en quantité considérable et très-rapidement (de 50 à 60 secondes environ). Le même liquide peut servir un grand nombre de fois et permet de doser la soie dans un fil ou un tissus mixte, même en présence de toutes les autres fibres végétales ou animales. Après traitement, on lave l’échan-tillon, d’abord à l’eau aiguisée d’acide chlory-drique, puis à l’eau pure, après quoi l’on dessèche et l’on pèse.
- (Moniteur scientifique ).
- NOUVELLES
- Produits allemands.—M. Scheurer-Kestner a signalé à la Société Industrielle de Mulhouse un sel d’étain de provenance allemande, qu’il a examiné et qui contenait 62 p. 4 00 de sulfate de magnésie.
- On dit que les produits chimiques sont
- moins chers en Allemagne qu’en France, mais à ces conditions cela devient très compréhensible.
- Autre PROCÉDÉ allemand. — Du reste, en fait de vol et de contrefaçon, les Prussiens sont passés maîtres.
- Voyez plutôt :
- Tout le monde connaît ce qu’on appelle le fil d’Alsace. C’est cet excellent coton filé en usage dans tous les ménages et tous les ateliers de tailleurs, etc., avec cette marque de fabrique ancienne et qui a toujours été respectée:
- 90
- d M c DOLFUS, Mieg et Cie.
- 80 MÉT. ’
- Or, il y a quelque temps, un industriel prussien, inondait le pays conquis d’un mauvais fil quelconque, moins cher que la bonne marque, en imitant les boîtes, les paquets et la marque de l’honorable et ancienne maison de Mulhouse.
- La maison Dolfus, Mieg et Cie fait saisir la marchandise et intente un procès de contrefaçon à Vindustriel en question.
- « Das ist ja gar nichts » mais cela n’est rien du tout, répondit sans rougir ce flibustier. Meine etiqUette vill heisen, nmd das ist ja naturlich, Deutscher Mekanischer Garn.
- Mon Etiquette veut dire, et c’est si naturel : « Du fd mécanique allemand. »
- Fil, GARN; — MEKANISGIIER, mécanique; — ALLEMAND, DEUTSCUER.
- Vous voyez le trucdelà; en ne regardant pas de très près, le G ressemble à un G pour faire GARN, fil.
- C’est ce qu’on peut appeler la raffinerie de la mauvaise foi; mais il faut espérer que, même en Prusse, on peut trouver des juges.
- Récompenses de l’Exposition d’Economie Domestique. — La liste officielle des récompenses accordées à cette exposition, n’a pas encore été publiée, nous ne pouvons donc, pour le moment, faire connaître le nom des lauréats de notre spécialité, nous annoncerons néanmoins qu’une médaille de bronze a été attribuée à notre sieur GOUILLON, pour les comptes rendus et les articles de techonologie qu’il a publiés à propos des objets exposés concernant les industries tinctoriales.
- Pour tous les articles non signés :
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Paris.— Imp. Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., N. 2. 20 JANVIER 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Teinture des laines et des draps par la cuve d’Indigo, par M. M. de VINANT. (suite). — Nuances de mode sur laines et cotons, par les anilines (échantillon). — Rouge écarlate sur soie et sur laine au moyen delà fuchsine, par M. B. JEGEL. — De la charge des soies, par M. F. Fol. — Séchage des tissus et épaillage chimique par la vapeur surchauffée, procédé de M. A. BASTAERT (gravures). — Lavage de la laine avec le verre soluble, par M. Baerle.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Séparation industrielle des fibres animales et végétales, par M. E. Kopp. — or-donnance concernant l’altération des cours d’eau.
- NOUVELLES : Les faillites en 1872. — Explosion de chaudière.
- TEINTUR DES LAINES ET DES DRAPS
- PAR LA CUVE D’INDIGO
- Par M. M. de VINANT.
- (Suite).
- Le moment convenable pour ajouter la chaux est celui ou l’essai par échantillons de laine donne le bleu le plus foncé.
- Si cette addition se faisait trop tôt, on arrêterait la fermentation naissante, la cuve prendrait une nuance bleue noirâtre (produite par l'indigo non dissous), et la dissolution de l'in-digotine serait incomplète. Toutefois, il serait facile de rétablir l'activité de la fermentation en ajoutant successivement du son dans la cuve. r es
- Ce qu’il importe le plus d’observer et de bien reconnaître dans la conduite de l'opéra-lion, c’est donc le point où la cuve est le plus avancée, c'est-à-dire l’époque où la chaux devient indispensable.
- Pour le praticien longtemps exercé, cet état de la cuve se reconnaît facilement à l’ensemble des signes qui viennent d’être indiqués ; quant aux personnes peu expérimentées, elles devront essentiellement se baser sur le résultat des essais avec les échantillons, essais qui devront être renouvelés de deux en deux heures.
- Dans tous les cas, l’inconvénient d’employer la chaux en trop grande quantité ou trop tôt sera moins grave que celui qui résulterait de son emploi en proportion trop faible et trop tard; car, dans le premier cas, on n’aurait à regretter qu’une perte de temps (un ou deux jours) et quelques kilogrammes de son ; tandis que dans le dernier, l’indigo se
- trouverait détruit, sinon en totalité, du moins en partie.
- Au reste, pour ne point perdre d’indigo en montant la cuve, on peut ne pas attendre le dernier moment pour ajouter la chaux, et l’in-troduire]peu à peu dans le bain, à mesure que la fermentation opère la desoxygénation de l’indigotine.
- En général, on doit commencer à soigner la cuve par la chaux, c’est-à-dire en ajouter, d’après l’indication des signes qui ont été précédemment signalés, trente à trente-six heures après que le son a été introduit dans le bain. En donnant la chaux en quantité convenable et à propos, la cuve s’àméliore de plus en plus, le liquide devient plus jaune et la fletrée se montre plus bleue et plus persistante.
- Si alors on plonge dans le liquide (qui a une odeur aromatique agréable et une saveur qui ne rappelle ni l’acidité de la fermentation, ni l’alcanilite de la chaux) des échantillons de laine blanche, ils en sortiront avec une nuance vert clair, qui se change rapidement en bleu.
- La quantité de chaux nécessaire pour obtenir la cuve à l’état de perfection où elle doit être pour commencer le travail, est de 8 à 10 kilog.
- On sait que dans cette réaction de l’air atmosphérique, l’indigotine desoxygénée, puis dissoute par l’alcali, présente une nuance verdâtre, reprend en s’oxygénant de nouveau sa couleur bleue primitive et se fixe solidement sur la laine en redevenant insoluble.
- Pendant le montage de la cuve, il est nécessaire de la pallier chaque fois qu’on chauffe et qu’on y ajoute de la chaux.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Ilnefaudra pas pallier plus souvent que nécessaire pour ne pas retarder la fermentation ;
- 2° Entretien des cuves d'indigo. — Lorsqu'une cuve est bien établie, c’est-à-dire qu’elle n’est ni trop douce ( manquant de chaux et trop fermentée), ni trop forte (contenant un excès de chaux), état dans lequel le bain est parfaitement jaune, on peut commencer le travail. En conséquence, on y fera plusieurs déblanchis, c’est-à-dire qu’on pratiquera plusieurs opérations de teinture de laine en bleu.
- L’indigotine, enlevée en grande partie par ces premières opérations tinctoriales, est remplacée en y ajoutant du nouvel indigo, dont la quantité dépendra de celle de la laine qu’on devra teindre le lendemain.
- Par chaque kilogramme d’indigo, il faudra ajouter :
- Mélasse......................800 gr.
- Cristaux de soude. . . . 500 »
- Chaux........................3 à 4 kil.
- Cela fait, il conviendra de pallier la cuve à neuf ou dix heures du soir.
- Le lendemain matin, si la cuve est en bon état, si le liquide est jaune, si le son ne s’élève pas à la surface, si enfin il n’y a pas de signe de fermentation, il sera inutile d’ajouter de la chaux à huit heures. On y teindra la laine trois ou quatre fois, puis on aura soin de pallier la cuve après y avoir ajouté delà chaux, en procédant alors dans l’après-midi au même travail que le matin.
- En renouvelant ainsi la cuve chaque jour , on pourra continuer à teindre quatre ou cinq mois.
- Quand on voudra travailler continuellement, il faudra chaque soir ajouter à la cuve :
- Mélasse...........................1 kil.
- Cristaux de soude. ... 1 »
- Lorsqu’une cuve reçoit ainsi’de la mélasse en proportion de la quantité d’indigo employée et de celle de la laine passée dans le bain, elle n’est sujette qu’à deux inconvénients, c’est d’être trop forte ou trop douce, c’est-à-dire de n’avoir pas suffisamment d’alcali. Ce dernier cas, comme nous l’avons déjà dit, est le plus grave; car il amène la perte d’une partie de l’indigo, tandis que, dans le cas contraire, il
- suffit d’ajouter du son et d’attendre sept ou quatorze heures pour avoir la cuve de nouveau en état convenable.
- Lorsqu’une cuve a été trop adoucie et que le liquide a passé de la fermentation acide à la fermentation putride, on peut encore la rétablir par l’addition d’une quantité suffisante de chaux, après/quoi on la renouvelle en y ajoutant de l’indigo ; mais je dois rappeler que, dans ce cas, l’addition de la chaux ne peut rétablir l’indigotine qui a été définitivement détruite par la fermentation.
- Lorsqu’on entretient une cuve (ainsi qu’on l’a indiqué) pendant plusieurs mois, on doit la réchauffer chaque fois en élevant sa température à 80 ou 88° centigrades ; la température nécessaire pour le travail journalier est de 43 à 48° centigrades. Plus élevée, le bleu serait plus foncé, plus violet, mais aussi attaquable par le savon.
- Lorsqu’une cuve a été entretenue pendant quatre ou cinq mois, il devient nécessaire d’enlever le marc pour en monter une nouvelle ; le même bain peut servir à la nouvelle cuve, et, dans ce cas, il n’exige que la moitié de la quantité des drogues nécessaires pour renouveler complètement une cuve.
- Conclusion. — Les détails dans lesquels on vient d’entrer, ayant pour but essentiel de servir de guide aux teinturiers en laine qui mettent en pratique ce procédé, suffisent pour démontrer aussi la supériorité de ce dernier sur les procédés qui étaient en général anciennement usités dans les fabriques de draps.
- De la lecture de ces détails ne résulte-t-il pas que l’opération est très-facile à conduire, et n’exige pour la dissolution de l’indigo que des substances végétales de peu de valeur : le son et la mélasse ?
- L’emploi de la garance dans les cuves au pastel, emploi si coûteux, est ici inutile ; depuis vingt à vingt-cinq ans on a cessé d’employer la garance et depuis quinze à vingt ans on a abandonné également le pastel, sans que les opérations aient en rien souffert de cette suppression, car ces bleus, comme on a eu occasion de le dire, n’ont pas cessé un seul instant d’être supérieurs en beauté et en solidité à ceux des cuves de pastel.
- La garance, en effet, n’abandonne nullement son principe colorant dans les cuves et
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- n’agit en réalité que comme matière fermentescible. Or, la mélasse agit absolument de même, en quantité bien moindre et ne coûte pas le quart de la garance.
- La mélasse remplace aussi très-avantageusement le pastel, car elle n’obstrue pas la cuve comme cette matière végétale et fermente d’ailleurs beaucoup plus facilement.
- La mélasse et la chaux suffisent à la rigueur pour dissoudre parfaitemeat et complètement l’indigotine; la cuve, dans ce cas, deviendrait aussi jaune et aussi favorable à la teinture des laines que la plus belle cuve au pastel ; il est utile cependant d’y ajouter le carbonate de soude par la raison que la laine, quelque bien blanche qu’elle soit, retient toujours plus ou moins de matières grasses, que la soude décar-bonaté, du moins en partie, par la chaux, lui enlève énergiquement, ce qui favorise la fixation de l’indigotine dans la substance même de cette matière animale.
- Sans le dégraissage par la soude, l'indigo-fine ne pourrait se fixer que superficiellement et serait ensuite entraînée en dégraissant les pièces tissées, soit par l’argile, soit par l’alcali, soit par le savon dont on use alors pour enlever l’huile nécessaire pour filer.
- NUANCES DE MODE SUR LAINE ET COTON
- PAR LES ANILINES
- Le Moniteur de la Teinture a récemment donné plusieurs types des nuances à la mode, et a indiqué sommairement les moyens de les obtenir (1); ces teintes se font à l’aide des couleurs d’aniline que l’on rebat ou ternit, soit par des couleurs peu vives, telles que le bleu-noir, soit par une bruniture aux mordants de fer.
- Sur les tissus laine - coton, on peut se servir des mêmes procédés, en préparant préalablement ces étoffes par les moyens ci-dessous :
- Pour 50 kilogrammes d’étoffe :
- Sumac..............7 kil. 500
- (1) Voir année 1872, pages 215 et 226.
- Dans la décoction refroidie de ce sumac, on fait baigner les étoffes pendant cinq à six heures ; on les exprime et on les porte ensuite au bain suivant, également froid ou tiède :
- Sel d’étain.....................2 kil.
- On donne cinq à six tours à l’aide du trinquet , puis on rince, on passe en savon faible, et on teint dans une dissolution de couleur d’aniline appropriée à la teinte que l’on veut produire.
- Bleu-violet d’aniline sur laine-coton.
- On commence à teindre à tiède; si la laine monte assez, on ne chauffera pas davantage ; mais si elle restait au-dessous du coton, on pousserait la température presque jusqu’à l’ébullition.
- Pour faire le bleu violet ci-dessus, on ferait une dissolution à peu près dans ces proportions :
- Violet bleu d’aniline. 300 gram.
- Bleu noir.................... 200 —
- Acide sulfurique , . 100 —
- On rince pour terminer.
- Un autre moyen consisterait à teindre en violet-bleu d’aniline, et d’ajouter au bain, à la fin de la teinture, une poignée de couperose verte et un verre d’acide sulfurique ; le fond de sumac de l’étoffe formerait un gris qui brunirait le violet.
- Pour les teinturiers - dégraisseurs, il sera facile d’approprier ces dosages à leur travail.
- ROUGE ÉCARLATE
- SUR SOIE ET SUR LAINE
- AU MOYEN DE LA FUCHSINE par M. B. Jegel
- Cette teinture repose sur l’emploi simultané dn jaune de naphtaline (jaune d’or) et de la fuchsine; plus est faible la proportion de
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- cette fuschine, plus les nuances sont brillantes.
- On chauffe une dissolution dans l’eau de jaune de naphtaline jusque dans le voisinage du point d’ébullition, et on y ajoute de la solution de fuchsine jusqu’à ce que la proportion de celle-ci s’élève à 2 p. 100 de celle du jaune, et on teint dans ce bain la laine ou la soie.
- Les dissolutions de jaune et de rouge ne doivent pas, toutefois, être mélangées à froid, parce que, dans ce cas, toute la fuchsine se précipite en flocons amorphes, et que quand on chauffe jusqu’à l’ébullition la liqueur avec le précipité, il ne se redissout qu’une portion de la fuchsine, le reste fond comme une résine et se pelotonne en globules verts d’un éclat métallique. Dans cet état, la liqueur est tout à fait impropre à la teinture, et même lorsqu’on la filtre encore chaude, elle ne fournit plus de belles nuances.
- (Technologisté).
- DE LA CHARGE DES SOIES Par M. F. Fol.
- La demande toujours croissante des étoffes à bas prix et l’augmentation progressive des salaires ont amené peu à peu les fabricants de tissus de soie à augmenter de poids leur tissus, par l’addition de diverses matières que le teinturier applique aux soies sur leur ordre et selon la quantité qu’ils désirent. Cette opération, qui multiplie ainsi d’une manière souvent miraculeuse le poids de la soie, se nomme charge. Elle se pratique sur une très vaste échelle ; presque toutes les soies sont chargées, on en cite même dont la charge dépasse 300 pour 100, ce qui fait que le consomma-, teur qui croit acheter une étoffe garantie pure soie ne reçoit en réalité qu’un tiers de soie et deux tiers de diverses matières minérales. L’art de charger des soies est actuellement très perfectionné, car il ne faut pas seulement que le fabricant qui a acheté cent kilogrammes de soie en puisse revendre deux ou trois cents comme pure soie, il faut encore que cette soie, si fortement gonflée de toutes sortes de manières, ait encore l’apparence de la soie pure
- aux yeux du consommateur. La difficulté d’une telle pratique a été vaincue par l’art du teinturier, au profit du fabricant et au grand détriment du consommateur.
- Relativement à la couleur des soies, on a deux charges principales : l’une pour les couleurs fines, de modes, les blancs, etc., c’est le sucre de canne ou de betteraves ; l’autre pour les noirs ou les marrons, c’est le tannin des diverses provenances, associé suivant les nuances à divers mordants métalliques.
- Le sucre de canne ou de betteraves est employé à l’état de sirop bien clarifié pour la charge des blancs et des couleurs; pour la charge des blancs on doit n’employer que du meilleur sucre de canne bien blanc et avoir soin de bien en clarifier le sirop par l’albumine. On conserve ordinairement le sirop destiné aux charges à une concentration correspondant à 25 degrés du pèse-sels, parce que le sirop concentré est moins sujet à la fermentation qu’un sirop plus clair ; l’ouvrier qui doit charger les soies l’amène avec de l’eau à la concentration voulue, en s’aidant du pèse-sels. Quoique le sirop de sucre soit incolore et qu’il paraisse au premier abord inoffensif, on ne doit pas en conclure que son action sur les couleurs soit nulle; en effet, le sucre désoxyde avec plus ou moins de facilité les corps oxydés ; il désoxyde les sels de fer et de cuivre qui contiennent ces métaux au maximum d’oxydation ; et comme nous avons vu, en décrivant les matières colorantes, que beaucoup d’entre elles doivent leur propriété de teindre à leur état d’oxydation et que les couleurs les plus solides sont celles qui sont le plus oxydées, il en résulte que le sucre, par son action désoxydante, doit être la cause véritable de l’altération qu’on remarque dans les nuances de divers rubans chargés au sucre ; la charge au sucre varie entre 5 et 20 0/0 du poids de la soie. Les rubans de soie chargés au sucre sont un objet de tentation pour les mouches ; pour éviter les dégâts de ces insectes, on ajoute au sirop de sucre une décoction de coloquinte, dont le principe excessivement amer éloigne toute espèce d’animaux nuisible (La coloquinte est le fruit d’une fi-lunte' appartenant à la même famille que les concombres, les potirons, etc.) Dans quelques teintureries on a employé à diverses reprises
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- le glucose ou sucre de fécule, mais on a été obligé d’y renoncer, par suite d’accidents survenus plus tard pendant le tissage des soies. La glucose est un corps encore plus desoxydant que le sucre de canne. Aussi nous pensons que les inconvénients cités plus haut sont généraux à toutes les espèces de sucre.
- Dans la teinture en noir, la matière chargeante est le tannin, qu’il provienne de galles, du dividivi ou du cachou. Cependant, cen’cst pas là la seule cause de l’augmentation de poids des soies. Dans la teinture en couleurs ordinaires, la soie n’augmente-pas par la matière colorante elle-même, elle tendrait plutôt à la diminuer de poids en perdant par de nombreuses immersions sa matière albumineuse. Dans la teinture en noir, il en est autrement; ainsi que nous l’avons déjà vu (1), on commence par faire absorber aux soies une quantité d’oxyde de fer qui varie selon les procédés employés en 15 et 25 0/0 de leur poids. La teinture continue ensuite par des immersions plus ou moins longues dans des bains de galle, de dividivi ou de cachou, ou de mélanges divers de ces matières. La soie attire alors du tannin pour deux raisons, d’abord par la combinaison qui se forme entre l’oxyde de fer et de tannin et ensuite par l’affinité que la soie possède d’elle-même pour les matières tannantes. C’est ainsi qu’on peut augmenter le poids de la soie jusqu’à le tripler. Si l’on pouvait, obtenir un tannin parfaitement incolore et ne's’altérant pas à l’air, ou pourrait l’employer utilement pour la charge des couleurs ordinaires; mais jusqu’ici on n’est pas parvenu à ce résultat.
- Beaucoup d’autres matières ont été propo
- sées pour la charge des soies, mais sans grand succès. Dans ces derniers temps, on a tenté l’application des excréments de vers à soie, qui renferme en abondance une matière albumineuse, dont la solution est visqueuse, mais toujours trop colorée pour les nuances fines. On a vanté cette application dans la teinture
- (1) Le Moniteur de la Teinture a donné de nombreux procédés pour la teinture des soies chargées, voir les années precedentes, depuis 1867, principalement.
- des noirs, mais des essais particuliers m’ont convaincu que le brillant et la souplesse qui devraient résulter de l’emploi de cette substance n’existaient que dans l imagination de son débitant. o C ? 0
- SÉCHAGE DES TISSUS ET EPAILLAGE CHIMIQUE |C •
- PAR LA VAPEUR SURCHAUFFEE:
- Procédé de M. A. BASTAERT.
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- La vapeur surchauffée est un nouvel agent dont l’industrie a déjà tiré de nombreux partis, et qui doit aussi trouver d’utiles applications dans nos spécialités. -ter
- M. Bastaërt vient de l’utiliser pour le séchage des tissus de toute nature, et en a fait la base d’un procédé beaucoup plus simple, plus rapide et plus économique que ceux fondés sur l’emploi des cylindres chauffés, des plaques à vapeur, des chambres chaudes et autres moyens dans lesquels on emploie la cha-leur par contact médiat ou immédiat.
- L’appareil se compose d’abord d’un surchauffeur quelconque; un des plus avantageux est celui représenté'par la figure 1. La vapeur arrive en A d’une chaudière ordinaire, sous une pression de 3à 6 atmosphères; après avoir été purgée en B, elle est admise par l’ouverture du robinet G dans les tubes surchauffeurs DD, et, sans augmentation de pression, s’écoule instantanément à l’état de vapeur surchauffée, par les orifices libres des becs fixés sur la longueur du tube E.
- C’est au-dessus de cette projection que che
- mine le tissu humide que l’on doit dessécher.
- R est un robinet purgeur qui sert au moment de la mise en marche de l’appareil.
- UKL est une cheminée conductrice de l’eau qui s’évapore pendant l’opération du séchage.
- Le four surchauffeur est représenté en coupe par MNOP ; il est disposé de telle facon que les tubes surchauffeurs ne puissent être atteints directement par les flammes du foyer.
- Le même appareil est représenté en élévation par la figure 2 ; on voit au-dessus du four en maçonnerie l’appareil purgeur, duquel descend un tube qui s’engage' dans le four et
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Fig. 1. — Appareil à sécher, coupe
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- vient déboucher dans la cheminée d’aspiration, en lançant ses jets de vapeur surchauffée sur le tissu qui passe au-dessus de cette projection.
- La manœuvre de l’appareil est des plus simples; car il suffit d’ouvrir le robinet G de l’appareil pour mettre en marche l’opération, ou
- pour faire pénétrer son action plus instantanément et plus complètement dans les matières. D’autre part, le renouvellement incessant des projections de vapeur et d’air facilite l’entraînement de l’eau évaporée.
- La vapeur surchauffée, en s’écoulant dans l’air par les orifices des becs rapprochés, forme
- Fig. 2. — Élévation latérale.
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- de fermer ce robinet pour qu’aussitôt cette opération soit arrêtée.
- En s’échappant par les orifices des becs du tube E, la vapeur surchauffée en contact avec l’air ambiant le chauffe et l’entraîne.
- Dans ce procédé de séchage, l’auteur utilise non-seulement l’avidité pour l’eau de la vapeur surchauffée et la chaleur émise par cette vapeur, mais encore la pression de la vapeur
- une nappe très - régulière produisant l’effet d’une lame qui est plus ou moins battante et chaude, suivant le rapprochement ou l’éloignement des becs.
- La possibilité de varier ainsi la force des projections, d’employer une vapeur plus ou moins surchauffée, de rapprocher ou d eloi-gner à volonté les tissus des jets de vapeur, et de multiplier le trajet du tissu de façon à sou-
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- mettre une ou plusieurs fois aux projections de vapeur, fait que ce procédé peut s’appliquer ad séchage des tissus de tous genres et de toutes matières. v-oH
- Pour la démonstration du procédé, nous avons choisi le moyen le plus simple de soumettre le tissu à l’action de la vapeur; ici, en effet, il chemine au-dessus d’une seule ligne de becs et reçoit un seul battage ; mais on peut établir deux, trois tubes à projections,faire circuler le tissu autour d’eux, et comme chaque tube est susceptible encore de recevoir]plusieurs lignes de becs, le tissu peut être soumis à l’action de la vapeur surchauffée un nombre de fois aussi répété que l’on le désire, et sur une ou deux faces à volonté.
- L’inventeur signale les avantages suivants de son appareil, qui, d’ailleurs, fonctionne déjà dans plusieurs établissements:
- 1° La chaleur de la vapeur surchauffée est considérable; elle est immédiatement utilisée à vaporiser l’eau du tissu qu’elle entraîne à l’état de vapeur ordinaire ; cette action est très-prompte, et, grâce à cela, le tissu acquiert une apparence apprêtée, de la main, qui est très-recherchée pour la vente ;
- 2° L’étoffe n’est pas laminée, comme cela arrive lorsqu’elle est pressée contre des surfaces chaudes, telles que cylindres, tambours, etc., et elle conserve ainsi son grain et son épaisseur ;
- 3° Le mécanisme de l’appareil est nul, la force motrice qu’il dépense est insignifiante et son prix d’installation peu élevé.
- Ce moyen de séchage ne s’applique pas exclusivement aux tissus, et il peut également 's’approprier aux matières en écheveaux ou en vrac, moyennant quelques modifications dans la manière de présenter ces produits à l’action de la vapeur.
- Une application très-intéressante de ce procédé est celle qui a été faite à l’épaillage chi-mique ; lorsque les tissus de laine que l’on veut épailler sont passés àl’acide, on les chauffe ordinairement dans une étuve bu un four pou carboniser les matières végétales ; ce travail ne peut donc avoir lieu d’une manière continue; or, lorsque ces étoffes acidulées sont passées au-dessus de projections.de vapeur surchauffée, la carbonisation est immédiate et complète.
- On peut faire cette expérience d’une manière très-saisissante. Dans un tissu de laine, on passe un fil blanc à l’aide d’une machine à coudre, en formant des lignes diversement contournées ; on passe ce tissu à l’acide, puis à la vapeur surchauffée, et aussitôt la carbonisation du fil s’accuse en un noir bien tranché, qui fait ressortir le dessin cousu, a peine visible avant cette opération. On peut alors faire tomber ce fil carbonné, à l’aide d’un battage ou d’un brossage.
- L’emploi de la vapeur surchauffée, dans le travail des tissus, est assurément une application nouvelle. Comme on le voit, elle paraît susceptible d’y rendre de grands services ; ces premiers résultats, déjà très-importants, nous ont donc paru intéressants à signaler, et nous aurons encore à reparler de l’emploi de cet utile agent, la vapeur surchauffée, utilisé dans les travaux de la teinture ou des tissus.
- F. Gouillon.
- SUR LE LAVAGE DE LA LAINE
- AVEC LE VERRE SOLUBLE NEUTRE par M. Baerle
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- On dissout une partie de verre soluble dan 40 parties d’eau chaude à 30 ou 57° centi-grades ; puis on y plonge pendant quelques minutes la laine, on la malaxe avec la main, puis on la rince à l’eau froide ou tiède ; ell est alors entièrement blanche et exempte d’odeur. La laine conserve, après ce traitement, sa qualité et resté 'complètement douce; on peut même, sans altérer sa qualité, prolonger l’action du silicate pendant plusieurs jours.
- Pour les laines peignées, il faut d’abord les faire tremper pendant dix minutes dans le bain de 40 parties d’eau à 30 ou 37®, renfermant une partie de verre soluble, puis dans un second bain de 80 parties d’eau à 37°, contenant une partie de verre soluble. On arrive ainsi à supprimer l’emploi du savon et a des résultats aussi satisfaisants que pour les méthodes antérieurement employées,.
- On peut encore, en ayant soin de préserver les yeux des moutons, opérer le lavage de la laine sur pied ; l’opération ne doit durer qu’une minute avec la lessive, l’excédant de cette der-
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- nière étant immédiatement enlevé par des lavages à l’eau tiède.
- Enfin, dans la lessive domestique, le verre soluble neutre peut être encore économiquement employé dans un bain préparé vingt-quatre heures d’avance et composé de 20 à 30 parties d’eau à 50 ou 57°, et d’une partie de verre soluble neutre, on plonge le linge, on le brasse le lendemain à l’aide d’une masse, on réchauffe le bain, puis on retire le linge. On achève de le blanchir en le passant dans un bain de savon faible, puis dans un dernier bain contenant une partie de verre soluble neutre pour 50 parties d’eau à 45 ou 50°, et finalement en le rinçant à l’eau pure.
- {Bulletin de la Société d'Encouragement).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- SÉPARATION INDUSTRIELLE.
- DES FIBRES ANIMALES ET VÉGÉTALES
- Par M. E. Kopp.
- L'utilisation des chiffons a donné naissance depuis longtemps à des industries importantes.
- Les chiffons de coton, lin, chanvre, les vieilles cordes, etc., complètent la base de la fabrication du papier.
- 31.08 .0,910.2695 209s(99- aris, diirpr,o
- Les chiffons de laine pure servent à la préparation de la laine régénérée (Schoddy Wool) qui, filée avec de la laine neuve, entre dans la confection d’une multitude de tissus de laine.
- Nous nous occuperons ici surtout des chiffons mixtes de laine et de coton, qu'il1 convient de classer en deux catégories :
- 1° Chiffons dans lesquels prédomine de beaucoup la fibre végétale, et qui"doivent servir à la fabrication du papier.
- 2° Chiffons renfermant assez de laine pour qu’il soit plus avantageux de détruire la fibre végétale, afin d’isoler la laine et la rendre utilisable.
- 1. Dans les papeteries bien organisées, on sépare mécaniquement, le plus exactement possible, les chiffons renfermant des petites quantités de laine, pour les mettre à part.
- Si un peu de laine reste encore dans les
- chiffons des fibres végétales, elle disparaît généralement d’une manière complète dans les opérations de nettoyage et de blanchissage, surtout pendant l’ébullition en vases clos avec de la chaux vive ou de la soude caustique, auxquels sont soumis les chiffons de chanvre, de lin ou de coton avant de passer au chlore et d’être soumis à l’action des machines défi-leuses.
- Il arrive fréquemment qu’après triage des chiffons mixtes, il reste des chiffons rebuts, renfermant une quantité assez notable de laine, mais d’une qualité tellement mauvaise, qu’elle n’est plus utilisable comme fibre textile.
- Si l’on voulait traiter ces chiffons par des lessives de soude caustique, pour dissoudre la laine et isoler la fibre végétale, le produit final, applicable à la fabrication du papier, ne vaudrait pas les frais faits pour l’obtenir.
- Dans les pareils, cas, le procédé à employer est celui de M. Ward. Il consiste à soumettre ces chiffons à l’action de la vapeur d’eau, sous une pression de 3—5 atmosphères. A cette température et sous l’influence de la vapeur d’eau très-chaude, la laine se convertit en une substance noirâtre, friable, qu’on maintient facilement séparé mécaniquement, à l’état (de poudre sèche, de la fibre végétale, laissant cette dernière intacte et appropriée àlaprépa-ration de la pâte de papier.
- La poudre de laine altérée contient encore tous les principes de la laine et constitue un excellent engrais'; en effet,felle renferme 7—3 pour cent de matière organique, dont la richesse en azote est de 10—12 pour cent d‘azote,ocorrespondant à 2—2 pour cent d’ammoniaque.
- 11. Les chiffons mixtes riches en laine, d’une qualité’ encore passable, sont soumis aux procédés ayant pour effet la destruetion de la fibre végétale.
- "La méthode la plus généralement suivie consiste à bien imprégner les chiffons avec une eau renfermant —10 pour cent d’acide sulfurique ou chlorhydrique. Oh laisse égout-ter, on exprime légèrement, puis on les étend sur les planchies d’un séchoir, dont on porte peu à peu la température vers 90 à 100 degrés. • On les1 y laisse pendant plusieurs heures, suivant que les chiffons sont plus ou moins fins ou plus ou moins forts.
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- Par l’effet de l’évaporation de l’eau, l’acide se concentre dans les chiffons et, à l’aide de la chaleur, réagit sur la fibre végétale, transforme la cellulose en matières gommeuses et sucrées. Par suite de cette transformation, les fibres végétales deviennent très-friables et peuvent ensuite être séparées mécaniquement des fibres laineuses qui ont conservé leurs qualités textiles.
- Cependant, ce procédé exige d’être exécuté avec beaucoup de précaution et d’être bien surveillé, parce que sous l’influence des acides et de la température élevée, la laine peut être altérée, perdre sa douceur, et en partie aussi la propriété de se feutrer avec facilité.
- Quelques fabricants opèrent, pour cette raison, de la manière suivante : au lieu d’exposer les chiffons secs à une température élevée, il les font sécher à une douce chaleur (40—50 degrés), puis les soumettant au vaporisage, c’est-à-dire à un courant de vapeur plutôt sec que humide. Après le vaporisage, on fait de nouveau sécher. Sa fibre végétale est alors devenue friable et pulvérulente.
- Pour des chiffons mixtes de très-belle qualité, on substitue quelquefois aux acides sulfurique et chlorhydrique, des solutions d’acide d’oxalique, d’hydrochlorate d’albumine, qui détruisent les fibres végétales sans attaquer sensiblement la laine.
- Au lieu d’opérer à sec, on peut traiter les chiffons mixtes par voie humide. Tel est le procédé Leloup.
- D’après ce procédé, on prépare dans une cuve en bois, un bain d’acide hydrochlorique étendu de 3 à 4 fois son volume d’eau. Au moyen d’un jet de vapeur, on chauffe le bain à 90 degrés environ, en même temps on y plonge les chiffons, on arrête le jet de vapeur dès que le bain paraît vouloir arriver à l’ébullition. Au bout de 30—50 minutes, la fibre végétale est dissoute ; on enlève alors les chiffons, on les fait égoutter dans le bain (qui peut servir à plusieurs reprises), puis on les exprime. On peut alors les laver à l’eau jusqu’à disparition de toute acidité ; mais il est préférable de les jeter, encore un peu acides, dans une solution de carbonate de soude, en re-muantfortement.Lasoude les sature, en même temps qu’il se dégage de l’acide carbonique, lequel, s’échappant au milieu des fibres de laine,
- les soulève, les gonfle et les sépare les unes des autres.
- La quantité de carbonate de soude doit-être juste suffisante pour saturer l’acide. La laine est ensuite parfaitement lavée à l’eau courante ; pour la rendre douce, on lui fait subir un passage dans un bain tiède de savon, suivi d’un nouveau lavage, et l’on fait enfin sécher à une douce chaleur.
- Procédé anglais de M. Stuart. — Il repose sur ce fait que la laine imprégnée d’un sel d’alumine n’est point sujette à perdre de ses qualités sous l’influence de l’acide hydrochlorique et d’une température élevée.
- On dissout 50 kilogrammes de sulfate d’alumine du commerce et 25 kilogrammes de sel marin dans 450 litres d’eau.
- Avec cette solution on imprègne les chiffons, on laisse égoutter, on presse légèrement, on fait sécher, puis on expose pendant plusieurs heures à une température de 90° centigrades.
- Le sulfate d’alumine forme, avec le sel marin, par double décomposition du sulfate de soude et du chlorure d’aluminium. Ce dernier se décompose en alumine et en acide hydrochlorique libre (en même temps qui se forme une certaine quantité de bisulfate de soude) sous l’influence de la chaleur, et l’acide libre corrode les fibres végétales. Celles-ci deviennent tres-friables et peuvent ensuite être séparées mécaniquement sous forme de poussière.
- Pour des chiffons forts et épais, on emploie une solution beaucoup plus concentrée, renfermant, sur 450 litres d’eau, 75 kilogrammes de sel marin.
- Au lieu de faire sécher et de chauffer ensuite à sec les chiffons imprégnés, on peut aussi les faire bouillir avec la solution ou les vaporiser au moyen d’un jet de vapeur humide, jusqu’à ce que la fibre végétale soit devenue friable ou même soluble dans l’eau.
- Un autre anglais, M. Rowley, traite les chiffons mixtes avec de l’acide sulfurique faible, laisse égoutter, exprime l’excès de liqueur acide et fait sécher les chiffons par un courant d’air chaud dans des tamis en toile métallique, qu’un mécanisme tient constamment en mouvement.
- Après cela, les chiffons sont introduits dans le sable chauffé, où ils sont manipulés jusqu’à
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- ce que, par suite de la friction contre les grains de sable, tout le coton ait été pulvérisé et détaché. La séparation du sable et les fibres de laine, qui, dans ce procédé, se conservent d’une certaine longueur, se pratique enfin très-facilement par moyens mécaniques.
- Ce procédé, quoique donnant de bons résultats est dispendieux.
- Nous pensons que le moyen le plus ra-tionnel et le plus économique consiste dans l’emploi d’un bain d’acide sulfurique ou d’acide chlorhydrique renfermant sur 100 d’eau 3—5 pour cent d’acide. On laisse bien égoutter, on essore ou l’on exprime un peu et l’on fait sécher lentement, en portant peu à peu la température de l’étuve ou celle du courant d’air sec à 70 degrés et dans certains cas jusqu’à 90 degrés. Cette température devra être maintenue pendant plusieurs heures, et d’autant plus longtemps que la fibre végétale à corroder ou à détruire est plus forte et plus résistante.
- Si l’on tient à bien garantir la laine, il sera utile de la mordancer en alumine, ce qui se fait tout simplement en ajoutant au bain 1 à 2 pour 100 de sulfate d’alumine du commerce ou même d’alun ordinaire.
- (Moniteur scientifique).
- ORDONNANCE RENDUE EN ANGLETERRE CONCERNANT L'ALTÉRATION DES COURS D’EAU.
- Les liquides reconnus susceptibles d’altérer les cours d’eau sont classés comme suit :
- 1° Celui qui contient en suspension plus de trois parties en poids de matière minérale sèche, ou une partie en poids de matière organique sèche dans 100,000 partiesen poids du liquide;
- 2° Celui qui contient en solution plus de deux parties en poids de carbone organique, ou 03 en poids d’azote organique dans 100,000 parties en poids du liquide.
- 3° Celui qui affecte une couleur distincte à la lumière du jour, lorsqu’on en met une couche de 1 pouce (0 m, 025) dans une assiette blanche, en porcelaine ou en faïence ;
- 4° Celui qui contient en solution, dans 100,000 parties en poids, plus de deux parties en poids de quelque métal, à l’exception du
- calcium, du magnésium, du potassium et du sodium ;
- 5° Celui qui, dans 100,000 parties en poids, contient, soit en solution ou en suspension, en combinaison chimique ou tout autrement, plus de 0,05 en poids d’arsenic métallique .
- 6° Celui qui, après être rendu acide par addition d’acide sulfurique renferme dans 100,000 parties en poids plus d’une partie en poids de chlore libre;
- 7° Celui qui contient dans 100,000 parties en poids plus d’une partie en poids de soufre à l’état d’hydrogène sulfuré ou d’un sulfure quelconque soluble ;
- 8° Celui qui accuse une acidité plus grande que celle quif s’est produite en ajoutant deux parties en j poids d’acide muriatique à 1,000 parties en poids d’eau distillée;
- 9° Celui enfin qui accuse une alcalinité plus grande que celle qu’on obtient en ajoutant une partie en poids de soude caustique sèche à 1,000 parties en poids d’eau distillée.
- (Bulletin de la Société d’encouragement).
- Rien que ces données n’aient d’effet légal qu’en Angleterre, elle pourrait quelquefois être invoquées de France, à titre d’argument, dont les contestations si fréquentes, entre les propriétaires riverains des cours d’eau, et les industriels notamment les teinturiers, qui sont souvent fort embarrassés de leurs eaux impures.
- NOUVELLES
- Les faillites en 1872. — Il y a eu, pendant l’année 1872, dans le département de la Seine, deux mille trois cent soixante-douze déclarations de faillites.
- Les industries qui en ont compté le plus grand nombre sont les marchands de vin, 365; les négociants, 198 ; les entrepreneurs de travaux, 143 ; les maîtres d’hôtel meublés, 83; les limonadiers, 73; les épiciers, 72; les commissionnaires en marchandises, 62; les négociants en vins (gros et détail), 56 ; les tailleurs, 55; les merciers, 55 et les restrurateurs, 54.
- Puis viennent, en suivant la progression décroissante :
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- 42 marchands de bois et charbons, 40 marchands de chaussures, 35 loueurs de voilures, 25 marchands d’habillements confectionnés, 24 horlogers, 22 marchands de nouveautés, 19 tapissiers, 17 menuisiers, 16 fabricants de produits chimiques, 16. serruriers, 15 bouchers, 15 marchands cuirs et peaux, 14 chemisiers, 14 boulangers, 14 marchands de meubles, 13 marchands de fourrures, 13 marchands de fleurs, 13 charcutiers, 13 fabricants d'articles de Paris, 12 marchands de dentelles, 12 entrepreneurs de peinture, 12 agents d'affaires, A1 couturières, 11 marchands de comestibles, 11 cordonniers, 11 chapeliers, 11 baigneurs, 10 grainetiers, 10 marchands de porcelaines et faïences, 10 banquiers, 9 fabricants de voitu-rcs, 9 fabricants d’objets de literie, 9 pharmaciens, 8 fondeurs en cuivre, 8 imprimeurs lithographes, 8 marchands de fromages, 8 marchands de. café, 8 fruitiers, 8: emballeurs, 8 photographes, 7 fabricants de gants, 7 marchands de bouteilles, 7 changeur, 7 marchands à la toilette, 7 ferblantiers-lampistes, 7 quincailliers, 6 marchands forains brocanteurs, 6 marchands de chevaux, 6 fabricants d’appareils d’éclairage, 6 libraires, 6 sculp-teurs. .... . . ,.. ... . " I „ (
- Veut-on savoir maintenant quels sont les commerces ou industries dont les faillites ont été les moins nombreuses? Los entrepreneurs de déménagements et les fumistes ne figurent à eux tons que pour 10 faillites. Nous trouvons ensuite 4 fabricants de bière, 4 directeurs de theatres ou cafés-concerts, 4 marchands de tableaux, 3 fabricants de bronze, 4 selliers, 4 marchands dégraines ou farines, 4 marchands' de curiosités, 3 fabricants d’essieux, 3 plombiers, 3 directeurs dejournaux ou publications périodiques, 3 mécaniciens, 3 fabricants de pianos, 3 fabricants de jouets d’enfants 3 fabricants de papier, 3 opticiens; 3 ouvreurs, et 3 fabricants de faux-cols en papier.
- Mentionnons encore
- 2 entrepositaires d’huîtres, 2 tisseurs, 2 fabricants de parquets,. 2 fabricants de machines à coudre, 2 fabricants de jouets, 2 plâtriers, 2 fabricants de pipes, 2 fabricants de métal anglais, 2 fabricants de vernis, 2 fabricants de chaux à bâtiment, 2 fabricants d’instruments de musique, 2 fabricants de peignes.
- Enfin, dans la catégorie des industries où il y a eu le moins de faillites, nous trouvons :
- 1 pulvériseur, 1 fabricant d’encriers, 1 bourrelier, 1 fabricant de chaux, 1 chasublier, 1 fabricant de chandeliers, 1 fabricant de vis, 1 deca tisseur. 1 doreur sur métaux, I fabri-captde talons de botines. 1 fabricant de galoches, 1 apprêteur sur étoffes et 1 liseur de dessins'.
- Nous constatous avec plaisir l’infime pro
- portion dans laquelle les industries tinctoriales et textiles figurent dans cette statistique, la Teinture proprement dite n’y est même pas mentionnée; mais cette année elle ne jouira pas de la même immunité, car nous avons déjà enregistré la faillite d’un teinturier-dé-graisseur de Paris, homme, quoique cela, très-honnête et très-estimé.
- Explosion de chaudières. — Une terrible explosion de chaudière à vapeur s’est produite chez M. B..., filateur de lin a Tournai, et a fait de trop nombreuses victimes dont plusieurs ont été tuées sur le coup.
- Ces sinistres sont malheureuoements fréquents, mais nous mentionnons celui-ci parce qu’il est dû à une cause peu connue, et dont, parconséquent, on ne se défie pas assez.
- On attribue cette catastrophe à une imprudence qui, dans un but économique, se commet dans beaucoup d’usines : le soir, il était d’usage dans cette fabrique de couvrir le feu de cendres humides et de faire basculer un contre-poids qui, fermant hermétiquement la cheminée? conservait le feu jusqu’au, lendemain. Le jour de l’accident, les. chauffeurs venaient à peine d’accomplir cette besogne, lorsque la chaudière vola en éclats, et produisit d’épouvantables désastres. Les gaz du foyer n’ayant plus d’issue se sont enflammés et ont produit l’explosion.
- Dans son École des Chauffeurs, M. Testud de Beauregard a prévu ce cas, et recommande expressément de ne pas fermer hermétiquement le registre de la cheminée, après le tra-vail de la journée et même dans aucun cas, afin d’éviter l’inflammation et les effets de la puissance explosive du gaz du foyer.
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- Pour tous les articles nôn signés ?
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris.— Imp. Turfln et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 3. 5 FÉVRIER 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Influence des eaux calcaires dans le dégraissage, le rinçage et la teinture des laines, par M. P. HAVREZ. — 7e Causerie’ Confraternelle sur l’art dû teinturier-dégraisseur : Noirs sur soie, par M. V. Barbé. — Chamois et nankin sur coton (échantillon). — Noir sur laine et laine-coton, pour tissus épais. — Bleu d’aniline sur coton,— Bleu d’aniline sur fils et tissus de coton. — Mordant d’huile pour couleurs d’anilne.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Sur les procédés chlorométriques. — Revue sommaire des brevets d’invention : Teinture ' mélangée, — Tamisage par l’essoreuse, — Chinage en camaïeu, — Ensimage soluble* —Machine à tendre les tissus. — Brevets d’invention concernant les industries tinctoriales.
- NOUVELLES : Le Coton en Amérique. — Accidents de machines.
- INFLUENCE DES EAUX CALCAIRES
- DANS
- LE DÉGRAISSAGE, LE RINÇAGE ET LA TEINTURE DES LAINES.
- (Extrait d’un mémoire de M. Paul HAVREZ.)
- Nous dirons d’abord quelques mots sur la nature des eaux employées àVerviers (1).
- L'eau de la Vesdre, puisée par les pompes de la ville de Verviers et filtrée à travers le gravier, a un aspect très pur ; elle est parfaitement limpide et sans mauvais goût.
- Elle est cependant surchargée de matières calcareuses, dissoutes par le gaz carbonique que toutes les eaux contiennent.
- L’eau de Vesdre de Verviers peut même être considérée comme l’une des eaux les plus calcareuses de Belgique. Un nombre considérable d’analyses, répétées pendant près de neuf années, m’ont toujours indiqué qu’un mètre cube de cette eau portait près d’un demi kilog. de matières minérales, dont 0 k. 33 de calcaire (craie ou carbonate de chaux, dissoute dans un excès d’acide carbonique).
- Ce n’est qu’après de fortes pluies et surtout pendant les inondations, ou bien quand la neige a longtemps séjourné en couche épaisse sur le sol, que l’eau logée dans le gravier ne contient plus que 0 kil. 08 de calcaire, c’est-à-dire quatre fois, moins; de substances crayeuses par mètre cube.
- L'eau de la distribution de Mang ombreux, fournie en grande partie par ces plateaux Sud
- • (1) L’auteur a pris comme exemple les eaux du pays qu’il habite, mais son travail peut s’appliquer à toute eau de même nature, quoique d’autre provenance.
- exemps de calcaire, quoique salie par' du bicarbonate de fer, provenant de la fonte des tuyaux, est quatre à cinq fois moins calcaire que l’eau de Vesdre. Un mètre cube de cette eau contient, d’après de nombreuses analyses que j’en ai faites à diverses époques,en moyenne de 0 kil. 07 de calcaire.
- L'eau de la Gileppe, au dessous du réservoir, contient moins de 0 k. 02 calcaire ; elle se rapproche de l’eau de pluie, qui contient des matières ammoniacales équivalentes à environ 0 k. 02 de calcaire.
- Nous allons examiner l’influence désastreuse que le calcaire des eaux exerce dans la plupart des industries de Verviers, et nous ferons voir que cette action est au moins aussi nuisible à une bonne purification des laines et à l’éclat de leur teinture, que les matières boueuses et toutes les saletés en suspension. dans les eaux de la rivière.
- Le sel calcaire fondu d’une manière invisible dans l’eau est le vrai agent qui occasionne l’infériorité de certains produits [de l’industrie drapière de Verviers. Ce fait a été d’ailleurs reconnu par les praticiens, et cela depuis des siècles, et ce n’est pas aux boues que charient les eaux actuelles et qu’un filtrage à travers le gravier du niveau retient complètement d’ailleurs, qu’il faut attribuer le mauvais dégraissage ou l’aspect terne des étoffes teintes, c’est surtout à l’action chimique du calcaire qu’il faut s’en prendre, puisque ce calcaire agissait seul autrefois, et qu’alors déjà il ternissait les teintures, et nuisait au fou lage. Il était déjà de tradition en 1762, qu’on
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- obtenait à Eupen des écarlates plus pures et plus brillantes qu’à Verviers.
- La boue ne salit pas d’une manière durable, mais le calcaire dissout s'incorpore dans la laine et y reste logé avec une persistance presque invincible.
- Le but de cette note sera de confirmer les résultats du passé et d’apprécier rigoureusement l’influence des diverses eaux de Verviers sur : 1° le dégraissage, le foulage et le rinçage, 2° les diverses teintures.
- 1. Dégraissage. Foulage des laines. Influence d’un mètre cube d’eau calcaire dans ce foulage.
- Faisons d’abord remarquer que les sels calcaires de l’eau produisent, avec le savon, un savon calcaire qui forme une crème blanche que l’eau ne peut fondre et qui, fixé sur la laine, y reste même après un rinçage prolongé, lui donne un aspect à la fois gras et rude et l’empêche de bien prendre la teinture.
- Disons aussi que chaque kilog. de calcaire dissous dans l’eau, fait ainsi perdre dix kilog. de savon, qu’il transforme en grumeaux gras blancs qui viennent flotter inutiles au-dessus du bain ou qui s’attachent d’une manière presque indélébile aux brins de laine.
- Il en résulte qu’un mètre cube d’eau de Vesdre destinée au dégraissage. étant chargée de 0 kilog. 33 de calcaire, fait d’abord perdre 3 kil. 3 de savon (soit 5 fr. environ), et que ce n’est que quand ce savon a été détruit que l’excès qu’on ajoute commence à faire mousser l’eau, et à agir pour émulsionner et dissoudre les matières grasses des laines et tissus.
- L'eau de la distribution de Mangombroux étant quatre fois moins calcareuses, détruira quatre fois moins de savon et, par suite, d’argent que l’eau du niveau de la Vesdre.
- J’ai, comme on le verra ci-après, constaté que l’eau de Mangombroux donnait aussi des teintures bien supérieures en pureté et en éclat à celles que fournit l’eau de Vesdre, même filtrée, et en apparence bien pure et bien limpide.
- Enfin l’eau de Fanges et de la Gileppe, ne contenunt que O kilog. 02 environ, c’est-à-dire étant dix-sept fois plus pure que l’eau de Vesdre limpide, sera une eau exceptionnellement convenable pour fondre le savon, pour
- dégraisser, fouler et teindre. Elle se rapproche de l’eau distillée et de l’eau de pluie que les ménagères réservent avec raison pour le lessivage. Un mètre cube de cette eau commence à mousser avec l’aide de l/5e de kilog. de savon. Nous verrons aussi que l’eau de pluie donne les teintures les plus belles, les plus fraîches.
- On voit par ces considérations l’importance, au point de vue de la fabrication drapière, de l’emploi de l’eau pure de la Gileppe.
- II. Rinçage des laines et étoffes.
- L’action si onéreuse du calcaire des eaux lorsqu’on y fond du savon ou de la soude, est bien plus nuisible encore dans l’opération suivante du rinçage.
- Les premières portions d’eau calcaire servant au rinçage, trouvant autour de la laine le bain de dégraissage ou de foulage riche en alcali ou en savon, perdent, avant d’atteindre la laine, leur calcaire à l’état de savon calcaire (stéarate et oléate de chaux) et se transforment ainsi en eau pure très convenable au rinçage.
- Mais les masses d’eau qui interviennent ensuite, trouvant les très petites quantités de savon qui imprègnent encore les pores des brins de laine, forment dans ces pores mêmes le susdit savon calcaire (1).
- Il est évident que celui-ci, ne pouvant pas être fondu par l’eau, restera fixé d’une manière indélébile sur la laine. La chaux du calcaire, en s’alliant à l’acide huileux ou gras du savon, dépose donc une sorte d’emplâtre,
- (1) C’est pour cette raison que les laveurs de laine peignée rinçent avec un peu d’eau tiède, où ils ont mis d’avance uu peu de savon. Nous ferons observer que ce savon ne sert qu’à purifier l’eau à en éliminer le calcaire à l’état de stéarate de chaux insoluble, et qu’il n’a pas pour but de rendre l’eau de rinçaçe savonneuve. Observons que de l’eau de chaux ou qu’une solution de soude peuvent commencer à corriger l’eau calcaire de l’eau savonneuse (et celle de dégraissage peut parfaitement servir) pourrait aussi être ajoutée doucement à l’eau de rinçage jusqu’au moment où elle rendrait l’eau capable de mousser par l’agitation. Ce serait ainsi qu’on procéderait maintenant aux Gobelins pour décalcarer, si je puis ainsi dire, l’eau qui doit servir au rinçage : elle doit être amenée à être près de mousser par l’addition d’une trace de savon. ,
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- une vraie couche de peinture à l’huile sur et même dans les brins de laine et des étoffes. Ces taches grasses ont un aspect rude et gras tout particulier et elles prennent la teinture d’une manière spéciale.
- Ainsi, pour nous résumer, c’est vers la fin du rinçage, lorsqu’il ne reste plus que quelques traces de savon en contact avec le drap ou la laine, que la formation (et la fixation) du composé de calcaire et de savon s’effectue avec le plus d’énergie sur la laine même, et qu’elle est le plus funeste pour la purification.
- III. Teinture des laines.
- Rappelons que M. Chevreul a classé comme suit toutes les nuances d’après leurs trois manières d’être.
- lu Elles peuvent se rapprocher plus ou moins des teintes : rouge—jaune — bleu, et sont sous ce rapport classés en 72 types ;
- 2° Toutes ces nuances peuvent, depuis la teinte la plus pâle (0 ton) jusqu’à la plus foncée, noire (21 t.), offrir 20 degrés de force ou de tons, d’où 72 types subdivisés en 20 tons = 1,440 nuances. — 1,2, 3.... 7 torts désignant les 7 teintes claires ou pâles, et les 7 derniers tons des teintes foncées de plus en plus sombres qui atteignent le noir au 2Ieton;
- 3“ Toutes ces nuances peuvent être ternies par 0/10, 1/10, 2/10, 3/10 et 10/10 de noir, ce qui donne 14,400 nuances plus ou moins ternes, brunes, grises.
- A l’aide de ces triples échelles chromatiques, coordonnant et définissant chaque teinte , M. Chevreul a mesuré l’influence des diverses eaux sur les teintures. Ses recherches ont été publiées récemment dans le tome XXXIV (1865) des Mémoires de l’Académie des Sciences (1).
- Les résultats de M. Chevreul montrent d’abord que le tartre combat le calcaire des eaux, que l’effet de cet agent acide est le plus puissant dans l’eau pure,attendu qu’il est en parti neutralisé et en quelque sorte détruit par le
- (1) Ce travail de M. Chevreul a été extrait des Mémoires de l'Académie, et vient d’être publié par un éditeur de Paris, avec des planches coloriées comprenant les cercles chromatiques et les gammes de nuances. Prix : 35 francs.
- calcaire. — M. Chevreul a vu que le calcaire de l’eau de Seine ternissait les teintures de bois rouge, de cochenille, de campêche, etc. — il a vu, au contraire, que l’eau plâtreuse ou de chaux sulfatée agissait généralement comme l’eau pure, ce qui l’a conduit à sulfater le calcaire des eaux en leur ajoutant de l’acide sulfurique, dont l’effet est alors celui du tartre, puis à essayer cette eau en teinture. M. Chevreul résume, comme suit, les résultats obtenus avec une eau calcaire ainsi neutralisée :
- « Les eaux calcaires corrigées par l’acide « sulfurique ou par l’acide chlorhydrique ou « les eaux contenant du plâtre, du sulfate de « chaux ou du chlorhydrate de chaux, agis-« sent généralement comme l’eau distillée.
- « Quelquefois le sulfate de chaux dissout « moins bien que l’eau pure certains princi-« pes fauves, ce qui fait que la nuance est « plus belle, moins rabattue que celle qu’on « aurait obtenue de l’eau distillée. »
- Après ses longues et laborieuses études, M. Chevreul conclut comme suit :
- « Les résultats d’une même recette peuvent « être très-différents, parce qu’on opère avec « des eaux différentes; de là un travaii d’une « grande importance pour tous ceux qui, éta-« blis dans une teinturerie, désirent se rendre « compte de leurs procédés d’atelier ; ils doi-« vent opérer en petit, comparativement avec « l’eau dont ils se servent habituellement et « avec l’eau distillée. »
- Les quelques résultats que nous allons exposer nous ont été donnés pendant les longues recherches que nous avons entreprises depuis 1864 sur l’influence en teinture des doses de divers ingrédients. Nous donnerons, dans cette note, d’abord les effets observés dans la teinture par la cochenille et par le quercitron, par l’emploi des diverses eaux de Verviers. — Nous nous bornerons ensuite à résumer l’effet du calcaire sur les autres teintures. Les conclusions ont été posées d’ailleurs à l’aide d’expériences analogues à celles que nous allons relater pour la cochenille (1).
- (1) Le détail de ces expériences n’a pu trouver place dans cet extrait, nous en donnons seulement les conclusions.
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- CONCLUSIONS SUR L’EFFET DU CALCAIRE EN TEINTURE.
- Le calcaire semble peu nuisible au campd-che^ au bois rouge et surtout à la gaude. — Il renforce leur teinture, mais en bleuissant les deux premiers et même en ternissant le cam-pêche. —L’eau calcareuse paraît aidée par une très-petite dose de tartre dans la teinture de gaude.
- Le calcaire nuit au quercitron et au bois jaune ; il brunit et fonce leur teinture; il contrarie le tartre et pâlit la teinte du bois jaune sur laine aluno-tartrée. — Il neutralise utilement l’excès du tartre qui pâlit le quercitron; aussi l’eau pure et une trace de tartre doit être conseillée pour le quercitron.
- Le calcaire pâlit la teinture de garance quand il n y a pas de tartre, et il la jaunit.
- Le calcaire est surtout nuisible à la teinture dé cochenille qui demande un état acide de la laine. Il nuit considérablement aux écarlates par des sels d’étain.
- CONCLUSIONS PRATIQUES DES RECHERCHES SUR L’INFLUENCE DU CALCAIRE DES EAUX.
- Nous résumons, sous forme de propositions, les conséquences pratiques qui découlent de notre travail sur les effets comparés des eaux de Verviers :
- 1° On peut considérer comme pure et analogue à 1 eau distillée l’eau de pluie, celle de condensation des machines à vapeur (1), l’eau de la Gileppe, celle de la Vesdre à Eupen, ou un mélange d’eau savonneuse (ou d’eau de chaux) et d’eau calcareuse, tel que l’eau ait cessé d’être savonneuse, mais le redevienne par la plus petite addition de savon;
- 2° L’eau de la distribution de Mangombroux contient par mètre cube 1/14 de kilog. de calcaire (craie fondue ou dissoute à l’aide du gaz acide carbonique qui imprègne toutes les eaux) ;
- 3 L eau de Vesdre, pendant son passage à Verviers, contient par mètre cube 1/3 k. 0/00 de calcaire par mètre cube ;
- (1) Il est à observer que, quand les chaudières sont alimentées par l’eau de Vesdre très-corrom-pue en été, leur vapeur est ammoniacale, et cet ammoniac vient barrer les tissus qu’on teint dans les vases échauffés par la vapeur.
- 4° La boue des eaux ne salit pas d’une manière durable; mais c’est le calcaire, dissous à l’état invisible, qui s’incorpore dans la laine savonneuse et y reste insensiblement logé;
- 3° Dégraissage^ foulage. — I kilog. de calcaire transforme en boue ou écume insoluble 10 kilog. de savon. Aussi 1 mètre cube d’eau du niveau de Vesdre fait perdre 3 k., 3 de savon (soit 3 fr.) avant de pouvoir mousser;
- 6° Rinçage. — L’eau savonneuse de dégraissage précipite (et purifie) d’abord l’eau calcaire de rinçage. Celle-ci nuit à la purification et encroûte la laine de savon (emplâtre) calcaire à la fin du rinçage, quand la laine n’est plus enveloppée et pénétrée que de traces de savon. La laine, alors chargée d’une sorte de peinture à l’huile, est ternie, raidie sans douceur; elle prend en teintures des teintes ternes sans éclat, sans pureté;
- 7° On peut purifier Veau calcaire en lui adjoignant une quantité proportionnelle d’une eau savonneuse, qui a servi au dégraissage et qu’on ajoute jusqu’au moment où l’eau de rin çage commence à pouvoir mousser.
- Pour la teinture, on la purifie suffisamment par l’addition d'agents acides (acide sulfurique — acide chlorhydrique — tartre — son aigre et chaux. Les eaux qui ont déjà servi en teinture (bain fait) sont en partie purifiées de leur calcaire ;
- 8° En teinture, l’eau de la distribution de Mangombroux, comme sa composition chimique le faisait prévoir, s’est comportée dans tous les essais comme un mélange de 3 ms d’eau pure et de 1 m A d’eau de Vesdre;
- 9° Le calcaire pâlit, déjaunit, bleuit l'écar-late (feu) de cochenille sur sels d’étain. Il le transforme en rouge cerise plus pâle (plus maigre), moins jaune, moins vif. Il agit comme une diminution de sels d’étain;
- 10° Le calcaire pâlit, ternit ou brunit et bleuit les pourprés de cochenille sur alun, ou alun et tartre. Il pâlit d’autant plus qu’il y a moins de tartre, celui-ci neutralisant le calcaire ;
- 11° Le calcaire des eaux n’est favorable qu’à la gaude et au bois rouge. Il purifié, mais pâlit, dérougit et bleuit les teintes de bois rouges. Il renforce la gaude sans là ternir ;
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- 12. Le calcaire pâlit la teinture de garance quand il n’y a pas de tartre, et la jaunit ;
- 13° Le calcaire renforce les teintures decam-pêche, bois jazme, quercitron, mais en les ternissant. Le renforcement n’est pas stable.
- causeries Confraternelles sur l’art DU TEINTURIER-DÉGRAISSEUR (7me Causerie.) (1)
- Noirs sur soie.
- En abordant la teinture des soies à reteindre, nous nous trouvons aux prises avec un grand problème, dont la solution est très désirable, mais bien difficile à obtenir et qui consiste à conserver aux soies leur brillant, leur souplesse, et enfin, à éviter les cassures.
- Pour bien se rendre compte de ces difficultés qui sont presque insurmontables, il n’est pas sans intérêt de se reporter en arriéré, et de voir comment les soies sont traitées à l’état primitif, c’est-à-dire lorsqu’elles sont remises au teinturier manufacturier.
- Aucun teinturier n’ignore que la teinture des soies se fait en écheveaux et non en pièces tissées, comme on peut le faire pour les matières de laine. Les soies confiées au teinturier-manufacturier lui arrivent donc en écheveaux, elles sont écrues, d’une teinte plus ou moins blanche, jaune ou grise; qu’elles soient de provenance française ou étrangère, elles contiennent toute une matière visqueuse, mélange de gélatine et de résine, jusqu’à 20, 25 et même 30 pour 100 de leur poids ; pour débarrasser les soies de ces matières, avant d’être mises en teinture, on procède à ce que l’on appelle le décreusage ou dé gommage et à la cuite; ces opérations consistent à faire bouillir les soies un temps déterminé dans des bains de savon plus ou moins concentrés, qui varient de 13 à 30 pour centres soies pour couleurs tendres reçoivent, en outre, un demi blanc au soufré; c’est alors que l’on procède à la teinture qui est une longue suite d'opéra-
- (1) Les précédentes causeries figurent aux pages 84, 104,139, 139, 200 et 237, de l’année 1872, du Moniteur de la Teinture.
- tions alternatives sur plusieurs bains, et entre chaque opération, les soies sont savonnées, lavées, battues, chevillées, etc., surtout les soies noires, car cela leur donne de la souplesse et du brillant qu’elles seraient disposées à perdre.
- Après la teinture, les soies sont cependant encore rudes au toucher, mates et ternes et dépourvues de ce reflet chatoyant qui les caractérise ; on leur redonne ces qualités par un nouveau chevillage qui consiste en une série de torsions, de frictions, de tiraillements par lesquels les filaments de soie sont frottés les uns sur les autres, détachés entre eux, polis et réunis ‘en faisceaux parallèles, de sorte que chaque fil se trouve comme lustré.
- Dès lors on conçoit aisément qu’aussitôt que la soie a subi l’immérsion, tout ce lustre artificiel disparaît ainsi qu’une partie de sa souplesse. Gomme il est matériellement impossible au teinurier-dégraisseur de revenir aux opérations primitives puisque les soies qui lui sont remises sont à l’état de tissus, on comprend qu’il ne peut rendre ces tissus aussi beaux que ceux qui ont été faits avec les fils de soies préalablement teints et traités comme il vient d’être dit.
- On petit éviter une partie des imperfections de ce travail, par l’emploi des tendeurs', je parlerai peu de ces appareils sur lesquels notre rédacteur en chef s’est étendu longuement et dont récemment encore, il a fait connaître un nouveau modèle (1) ; je dirais néanmoins que je ne vois dans ce dernier aucun perfectionnement notable, et qu’il me paraît construit sur le même principe que celui dit tendeur à spirales, que j’ai vu à l’Exposition de 1867 ; c'est d’ailleurs, ce que dit l’auteur de l’article qui én a fait la description.
- Quoi qu’il en soit, et quand à leur usage, ces appareils ont tous les mêmes inconvénients, ils forment un attirail encombrant, d’un travail énervant, d’abord pour bâtir les robes, ensuité pour les appliquer sur l’appareil ; sans compter toutes les petites surprises d’ac-cidents qui surviennent pendant les opérations de la teinture. Sans doute, il y a exception pour quelques maisons privilégiées qui font
- (1) Voir Moniteur de la Teinture annee 1872, page 270.
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- beaucoup de soies et peuvent obtenir des prix rémunérateurs, mais cela n’est pas la majorité des maisons de province et même de Paris, qui font huit à dix robes soie par semaine ; parmi ces robes, il s’en trouve qui ne valent pas les frais de ce travail, et d’autres pour lesquelles on aurait grand peine d’obtenir le prix de 25 à 30 francs,qui est double des prix ordinaires.
- Il ne faut pas non plus s’illusionner : s’il y a perfectionnement à teindre au tendeur, les soieries ne font ni l’effet, ni encore bien moins l’usage du neuf ; l’objet est un peu plus frais, a plus de coup d’œil au début, mais lorsque la robe a été portée quelques jours, elle redevient molle et des cassures paraissent, parce que, bien que teintes au tendeur, elle n’en a pas moins subi toutes les opérations de la teinture et surtout l’immersion, et c’est là toute la question; car, ainsi que j’ai essayé de le démontrer plus haut, toute la souplesse et le lustre que les fils de soie avaient acquis au chevillage, disparaissent à l’immersion, principalement à l’eau chaude.
- Je prends pour exemple une robe de moire reteinte ; grâce à la pression énergique du moirage nouveau, toutes les cassures disparaissent, et avec cela, comme la moire a pour effet de rehausser la teinte et de donner du brillant, voilà donc une robe sortant des mains du teinturier dégraisseur, qui n’a presque rien à envier au neuf, mais voyez au bout de huit jours d’usage combien cette robe est devenue molasse, et il n’est pas besoin d’être un habile praticien pour reconnaître au toucher qu’elle n’est que, comme on dit, du retapé..
- Par suite de ces considérations, et en attendant des appareils tendeurs plus pratiques, nous allons faire nos soies noires par les moyens ordinaires, avec autant de soins et de ménagements que possible, car s’il fallait traiter la teinture en reteint comme on le fait pour le neuf, la plus grande partie des objets nous resterait entre les mains, et le reste ne serait que de méchants chiffons, ne méritant même pas l’honneur d’en faire des doublures.
- Il faut donc, en cette occurrence, faire l’inverse du neuf, et opérer rapidement en deux fois : 1° Sur le mordant; 2° sur la bruniture, et tenir pour principe qu’on doit opérer à
- large bain, aussi bien au mordançage qu’à la teinture, au piquage, etc. Il faut rejeter les procédés empiriques de teinture à l’ébullition, et le passage à l’acide nitrique (eau forte) employé pour donner du fond, comme disent quelques teinturiers. Il faut éviter également les nettoyages préparatoires par la soude, et encore plus le savonnage ; sinon, les soies deviennent ternes et sans brillant.
- Ceci posé, procédons à notre teinture; nous nous servirons de la grande chaudière de 200 litres environ, que nous avons décrite en parlant de l’installation des ateliers; nous ne traiterons que la quantité d’étoffes qu’elle peut contenir, soit environ trois robes, une cinquantaine de mètres de rubans et quelques autres petits articles.
- On visite d’abord les objets ; ceux qui n’ont pas de taches sont mis de côté, les autres sont détachés partiellement ou faits au plein, s’ils sont trop souillés ; ensuite on prépare un grand baquet d’eau chaude pour bien mouiller avant d’abattre au mordant. Cependant on est susceptible de rencontrer, par exemple, une robe fond marron cachou ou certains gris havane, qui refusera la teinture si elle n’est pas dégradée au préalable ; on la démonte à l’aide de la dissolution suivante :
- Eau très chaude,
- non bouillante 5 seaux.
- Potasse caustique 100 à 150 gram.
- On abat les étoffes dans ce bain, et on les y manœuvre doucement pendant 8 à 10 minutes; on lève, on échaudé, on rince, et pour se débarrasser entièrement de toute trace de potasse, on donne un petite piquage tiède, on rince de nouveau, et on met l’objet à teindre avec le reste, sans plus s’en préoccuper.
- BAIN DE MORDANT
- Nitrate de fer, ou Rouille.
- Dans une cuve carrée ou auge en briques, de la capacité de 400 à 500 litres, remplie aux trois quarts d’eau, on ajoute de la rouille jusqu’à ce que le bain marque 6 à 7 degrés ; on brasse le tout, et on laisse déposer ; ensuite on y abat les articles qu’on lisse un à un à la main un instant, et on abandonne le tout 12 heures, soit pendant une nuit. Après cela, on retire les objets, on rince sur plusieurs
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- eaux ou à la rivière , on complète ce rinçage par un échaudage tiède.
- BAIN DE TEINTURE
- On le compose avec :
- Décoction de cam-pêche 3 à 4 seaux.
- Décoction de quer-citron............ 3 à 4 —
- Curcuma pulvérisé 250 gram.
- Sulfate de cuivre.. 23 à 30 —
- On emplit d’eau pour avoir un bain de 200 litres environ.
- Le deuxième cuite de campêche est préférable pour la décoction, et il faut rejeter les extraits ; la décoction de quercitron représente à peu près 2 kilog. de ce bois ; le sulfate de cuivre sert à tourner le bain ; il ne faut pas employer, dans le même but, l’acétate de cuivre ou vert de gris.
- Le bain étant ainsi composé, on y abat les soies à tiède, on monte doucement la chaleur pour arriver à 60 ou 70 degrés centigrades ; l’opération doit durer au moins deux heures, car si on montait trop rapidement de chaleur les teintes manqueraient de fond. On lève et on rince pour terminer par un avivage ou piquage à l’acide muriatique, lequel est moins corrosif et se rince mieux que l'acide sulfurique. Après ce piquage, on échaudé, on rince, et on peut apprêter.
- Lorsque l’on rencontre des pièces qui font un noir rouge, on les passe dans un bain de javelle un peu gras à la main, on échaudé et on rince à fond.
- Quelques teinturiers ont l’habitude d’aviver toutes leurs soies noires à la javelle ; il est certainement des pièces où cela est nécessaire, mais tant qu’on peut l’éviter cela est préférable, car il est à remarquer que les soies javel-lées perdent entièrement leur craquant (frou-frou) et le toucher devient celui du coton.
- Dans une prochaine, nous ferons les velours noirs, ensuite nous commencerons la série des couleurs grenat, marron, bois, solitaire, bronze, etc., articles laine (1).
- V. Barbé,
- Teinturier à Caen.
- (I) Erratum. — Dans ma précédente causerie (numéro du 5 décembre 1872) une erreur d’impri-
- CHAMOIS ET NANKIN SUR COTON.
- Chamois.
- Pour une pièce de 100 mètres :
- Eau froide................... 300 litres.
- Rouille à 45 degrés. . 12 »
- Donner 4 à 5 tours dans ce bain, éventer et rincer.
- Porter ensuite au bain suivant :
- Eau froide................... 300 litres.
- Cristaux de soude. . . 6 kilog.
- On passe la pièce sur ce bain pendant une demi-heure, on rince, et comme la teinte est encore trop faible, on revient sur le premier bain, puis sur celui-ci, comme on a fait d’abord. On recommence une troisième fois et même une quatrième, s’il le faut, ces deux opérations consécutives, de façon à obtenir un ton assez foncé.
- Le bain de soude peut se remplacer par une
- merie me fait dire : un à deux cassins de curcuma; lisez ; une ou deux poignées.
- Petite Correspondance. — MM. les teinturiers qui m’ont fait l’honneur de m’écrire pour renseignements au sujet de mon cylindre d’apprêt, sont priés d’excuser le retard que mes occupations multiples de ce moment ont apporté à mes réponses ; du reste le prochain numéro du journal contiendra de nouvelles indications à cet égard qui leur donneront satisfaction.
- Et vous, Confrère des Vosges, près dès Prussiens, avez-vous reçu ma lettre et essayé mon procédé de cotons?
- M..., à Nancy. — Si vous n’avez pas réussi à vous procurer l’ouvrage que vous cherchiez, adressez-vous à MM. Gouillon et Blondeau.
- M. P..., dans les broussailles du Gard.— Merci de vos sentiments bienveillants, et salut cordial.
- V. Barbé.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- eau de chaux claire faite en délayant 3 kil. de chaux éteinte dans 300 litres d’eau.
- Lorsque l’on a obtenu une teinte un peu au-dessous que celle qu’on désire finalement, on la fixe et l’avive dans la dissolution suivante qui l’amène au ton final :
- Eau froide..................... 300 litres.
- Chlorure de chaux. . . I kilog.
- On donne deux tours dans ce bain, on rince bien à fond, et on peut assouplir dans un bain d’huile tournée par le savon.
- Quelquefois on donne un œil rougeâtre en terminant par une teinture au Racou, mais ce sont plus spécialement les nuances dites nankin qui sont ainsi traitées.
- NOIR SUR LAINE ET LAINE-COTON POUR TISSUS ÉPAIS.
- Pour teindre ce genre de tissus, on mordance trois pièces pendant une heure et demie avec :
- Bi-chromate de potasse. 2 k. 500 gr.
- Sulfate de cuivre. . . 1 »
- Acide sulfurique. . . 1 »
- On laisse passer la nuit dans ce mordant, et le lendemain on teint avec :
- ........................50 kil.
- Bois jaune.....................5 — Ammoniaque liquide. ...........1 litr.
- On fait bouillir une heure, on abandonne toute la nuit, puis on lave avec de l’urine.
- Pour une seconde opération, on ajoute au bouillon, pour chaque passe de trois pièces : 2 kilogrammes de bi-chromate, 750 grammes de sulfate de cuivre et 500 grammes d’acide sulfurique, et on ne fait bouillir qu’une heure.
- Pour cette seconde opération et les suivantes, on emploie, pour le bain de teinture, moins de campêche et de bois jaune, et seulement un demi-litre d’ammoniaque.
- (Tecnnologiste>)
- BLEU D’ANILINE
- SUR COTON.
- Pour une partie de 200 kilog. de matières à teindre, on dissout :
- Bleu d’aniline. . . 320 gr.
- Eau bouillante. . . 100 litres.
- D’un autie c e, on fait dissoudre :
- Alun......................... 500 gr.
- Eau............................10 litres.
- Cela fait, on remplit une cuve avec 450 à 600 litres d’eau à environ 36 à 40 degrés C., et on ajoute à ce bain d’abord, un demi-liire de la solution de bleu, et un demi-litre ou un vingtième de la dissolution d’alun ; on pallie et on y passe un kilog. de fil. On plonge et on relève ce fil à plusieurs reprises dans le bain, on retii et on évente.
- On ajoute d nouveau un demi-litre de la solution de bleu et on y passe un second kilog. de fil et ainsi de suite, en ajoutant pour chaque kilog. un demi-litre de bleu, mais sans renouveler chaque fois la quantité d’alun.
- Après avoir ainsi passé 10 kilog. on ajoute un demi-litre d’alun et 75 litres d’eau bouillante, pour rétablir la quantité d’eau enlevée par le fil et remonter la température, et on procède de la même manière jusqu a ce qu’on ait traité les 200 kilog. de fil.
- Aussitôt que le fil sort du bain de teinture, on le tord. Un seul ouvrier peut facilement passer en teinture autant de coton que trois ouvriers peuvent en tordre.
- Pour les objets en pièces, on établit naturellement dans le bain un tour sur lequel on fait passer la pièce; aussitôt qu’une partie du tissu a passé, on ajoute de nouveau à l’eau, de l’alun et de la solution de bleu d’aniline. Le tordage est remplacé, dans ce cas, par des rouleaux presseurs.
- Ce moyen convient, principalement, pour le remontage des bleus de cuve.
- (Farber-Zeitung )
- BLEU D’ANILINE
- SUR FILS ET TISSUS DE COTON
- On se sert dans cette opération d’un bleu d’aniline assez pur et soluble dans l’eau (BBS, marque française; FFS, marque allemande).
- On lave avec soin le fil de coton qui a été blanchi, et, après l’avoir passé par un bain faible d’alcali, on le transporte dans un bain de teinture préparé avec 8 ou 10 grammes d’un de ces bleus, dissous dans une quantité suffisante d’eau. Après quelques passages , on
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- ajoute à ce bain quelques gouttes d’acide sulfurique, et on y replonge le coton à plusieurs reprises. Ce bain n’est pas chauffé.
- Après la teinture, on lave et* on fait sécher lentement.
- Ce procédé est surtout applicable à la teinture des étoffes mélangées, laine et coton, dans un seul bain, et, par conséquent, est bien préférable aux autres méthodes. Malheureusement, la matière colorante est d’un prix un peu élevé.
- (Mùster Zeitung)
- MORDANT D’HUILE POUR COULEURS D’ANILINE.
- Le mordant d’huile, dont on se sert dans plusieurs fabriques pour la teinture en couleurs d’aniline, se préparé de la manière suivante.
- On agite ensemble, avec soin ;
- Huile tournante. . . 2 kilogr.
- Alcool ...... 7 — 500 gr.
- Puis on ajoute :
- Eau.......................7 lit. 1/2.
- Et enfin, on verse sur le mélange :
- Acide sulfurique. . . 500 gr.
- Ce mélange a besoin d’être brassé jusqu’à ce qu'il se forme une liqueur laiteuse où il ne se montre pas la moindre goutte d’huile à la surface. — (Farber Zeitung.)
- En France, où l’alcool est très-cher, on mélange directement l’acide sulfurique à l’huile, puis on ajoute l’eau.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- SUR LES PROCÉDÉS CHLOROMÉTRIQUES
- En Angleterre on se sert directement pour les titrages chlorométriques de la solution laiteuse obtenue en broyant la chlorure de chaux avec de l’eau. En France on laisse déposer la solution avant de s'en servir : de cette matière on obtient un titre un peu moins élevé que par
- l’autre méthode. Cette dernière, de son côté, offre ce désavantage que, pendant le titrage on est constamment obligé d’agiter la burette pour maintenir le précipité en suspension. Pour remédier à ces inconvénients, M. John Schmith propose de préparer la solution de chlorure de chaux au moyen d’une liqueur alcaline.
- On traite, par exemple, 10 grammes de chlorure décolorant délayé dans l’eau par une solution contenant 20 grammes de cristaux de soude, on filtre de carbonate de chaux précipité et on le lave jusqu’à ce que les eaux de lavage ne décolorent plus le sulfate d’indigo. On amène le volume du liquide à 1 litre. On obtient ainsi un liquide clair incolore, d’une densité de 1,007. Lorsque la densité du liquide s’élève à 1,233, il est verdâtre et gras au toucher.
- D’après l’auteur, cette liqueur donne, avec tous les procédés chlorométriques, les résultats les plus satisfaisants, et on a montré l’avantage de pouvoir connaître la quantité de chaux présente si on a soin d’avoir une solution de carbonate de soude de titre connu et l’ajouter jusqu’à ce qu’il ne se forme plus de précipité.
- (Chemical News.)
- En cherchant à instituer une méthode chlo-rométrique plus simple que les procédés aujourd’hui en usage, le docteur Groeger est arrivé au procédé suivant :
- A une solution étendue et fortement acide de sulfate de fer, dont on a déterminé exactement le titre avec une solution de permanganate au dixième, on ajoute une pipette la solution de chlorure décolorant, en faisant toucher à l’extrémité de la pipette le fond du vase, de manière que la solution décolorante occupe la partie inférieure du liquide.
- On ferme le flacon au moyen d'un bouchon de verre ; on l'agite bien et on laisse reposer quelques minutes. Quand on a employé une quantité suffisante de protosel de fer, on ne sent plus le chlore en débouchant le flacon. On dose ensuite le protosel de fer en excès au moyen de là même solution de permanganate. La différence entre ce titrage et le premier donne la quantité de protoxyde de fer qui s’est trouvée oxydée par l’acide hypochloreux et on en calcule la valeur du chlorure décolorant.
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- En fixant, par exemple, 1 gramme de chlorure de chaux comme la quantité à prendre, il faut que la quantitéde sel de fer employé soit plus que suffi sante pour absorber tout l’oxygène produit; mais d’un autre côté, elle ne doit pas être en trop grand excès. L’auteur recommande de prendre 4 à 5 grammes de protosulfate de fer. Il a trouvé toujours ses résultats d’accord avec ceux obtenus par le procédé Penot. L’avantage qu’il attribue à sa méthode est de pouvoir exécuter les essais avec une plus grande rapidité et autant d’exactitude que par les autres procédés. Il ne recommande pas de se servir de sulfate de fer ammoniacal, parce qu’alors il se fait du chlorure d’azote, comme l’a montré Bitz.
- {Journal de Dingler.}
- REVUE SOMMAIRE DES BREVETS D'INVENTION.
- Teinture mélangée produite par une seule immersion. — Pour produire des effets de chinage ou de flammage, M. HERBAUT donne aux écheveaux de fils à teindre une certaine torsion qui doit être maintenue pendant qu’on plonge ces moches ou matteaux au bain. Dans cet état, la partie comprimée ne se laisse pas pénétrer par la couleur, et il n’y a que l’extérieur des écheveaux qui se teignent; on détord alors ces écheveaux, et on les teint librement dans le même bain; les parties .non encore teintes prennent une couleur du même genre que celles qui l’ont été, mais moins foncée, et il en résulte l’effet de flammage recherché.
- Pour aboutir au même résultat, l’auteur utilise aussi les moyens suivants : 1° Tressage quelconque; 2° cordes à plusieurs bouts; 3° moches liées ou non; 4° pression ; 5° nœuds. Dans tous les cas, le principe de l’opération est le même. —B. 96,235.
- Tamisage des dissolutions de couleurs à l’aide de l’essoreuse. — Au lieu de passer au tamis et à la presse les décoctions de bois de teinture et les dissolutions de couleurs en général, M. Michel se sert d’un modèle d’essoreuse disposée de façon à ce que l’on puisse
- recueillir facilement les liquides séparés. —• B. 93.829.
- Chinage en camaïeu. — 1’ Si sur du coton filé, blanchi et chiné en noir ou en couleur foncée, on réalise une teinture en couleur claire, la nuance du chiné n’en reçoit aucune atteinte parce qu’elle ne peut-être modifiée par une couleur claire; au contraire, la même matière ayant été chinée, en une couleur claire, si par la teinture on la recouvre d’une autre couleur capable de modifier sans l’absorber la couleur du chiné, il y a formation d’une couleur mixte, différente de celle réalisée en premier lieu.
- 2° Du coton blanchi ayant été teint en une couleur claire, puis chiné en une autre nuance de la même couleur plus foncée, mais assez claire pour être encore influencée par la superposition d’une couleur claire, on voit qu’en recouvrant le camaïeu ainsi formé d’une nouvelle couleur capable d’influencer également et le chiné et le fond, on donnera naissance à un nouveau camaïeu différent du premier, les deux tons constitutifs du camaïeu conservant d’ailleurs le même écart.
- Tels sont les principes posés par M. FÉRON, et pour l’application desquels il donne les exemples suivants :
- 1° Un fil chiné blanc et noir, passé au cachou, n’aura pas son noir modifié, mais le blanc aura pris la teinte du cachou ; 2° un fil chiné blanc et jaune, teint en bleu, deviendra vert dans les parties primitivement jaunes, et bleu dans celles qui étaient blanches ; 3° un fil, chiné blanc et cachou faible, reteint en cachou, deviendra cachou clair dans les parties blanches, et cachou foncé dans celles qui étaient primitivement en cachou clair. — B. 96.267.
- Ensimage soluble.— M.Huet remplace l’ensimage à base d’huiles, par une composition soluble composée de :
- Glycérine.....................70 parties.
- Savon. ..... 4 —
- Eau...........................24 —
- Bi-chlorure de mercure....................2 —
- Ce dernier produit peut être remplacé par toute autre matière antiseptique, susceptible d’empêcher la fermentation du mélange.
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- &
- Cet ensimage soluble supprime l’opération du dégraissage. — B. 93,023.
- Machine automatique et à régulateur pour la tension des tissus. — MM. GROS, Roman, Marozeau et Cie ont fait breveter un appareil qu’ils placent devant les machines à sécher, à apprêter ou autres, pour tendre et déplisser les calicots, toiles ou tissus quelconques soumis au blanchissage, à la teinture, à l’impression ou à l’apprêt.
- Le mécanisme se compose, comme organes principaux, de deux paires de courroies ou chaînes sans fin, recevant un mouvement de translation horizontale, et entre lesquelles le tissu est maintenu. Ces courroies sont armées de saillies ou d’aspérités, afin d’avoir plus de prise sur les tissus, où elles sont simplement planes si la tension à produire doit être peu considérable. On conçoit que chaque paire de courroie saisissant la moitié de la largeur des tissus et tendant à l’entraîner chacune dans un sens opposé, élargit le tissu depuis le milieu jusqu’aux lisières, dans les deux sens, c’est-à-dire dans toute sa largeur.
- Aussitôt que le tissu est trop attiré vers un des côtés du système, le bord de la lisière vient frotter contre un levier qui diminue ou supprime l’action des courroies placées de ce côté, dès lors, celles opposées fonctionnant seules, attirent le tissu dans leur sens ; le levier primitivement touché étant alors dégagé, les courroies correspondantes reprennent leurs fonctions, et de cette façon le tissu est constamment maintenu dans l’axe de la machine. C’est cette dernière disposition qui constitue le régulateur. — B. 95,920.
- BREVETS D’INVENTION
- CONCERNANT DES INDUSTRIES TINCTORIALES
- 96.421. — 31 août 1872 : Baudet, Paris. — Tissus parfumés.
- 96.431. — 2 septembre : Daudenart et VER-bert, Paris. — Traitement des eaux de lavage de la laine, par la baryte et la strontiane caustiques.
- 96.453. — 31 août : WIDEMANN, Paris. — Production et applications industrielles de l’ozone.
- 96.474. —3 septembre : MAURAN, à Joinville-le-Pont (Seine).— Ininflammabilité des tissus, cordages et bois.
- 96.502. — 11 septembre : Koch, Paris. — Procédé de vidange des chaudières de pression employées à la fabrication des extraits pour teinture et autres.
- 96.521. — 24 septembre : BELLINGARD et Giraud, Lyon. —Application de la photographie sur soieries et autres tissus.
- 96.579. — 14 septembre : Moller, Paris.— Enduit pour la conservation des différents bois, métaux et matières textiles.
- 96.623. — 5 octobre : Cristin et Poitevin , Marseille. — Coloration et apprêt des algues (herbes marines), pour l’emploi de la literie et de l’emballage.
- 96.632. — 17 septembre : Lachaize, Paris. — Chaudière-fourneau homogène pour couler la lessive.
- 96.635. —-19 septembre : LIEs-BODART, Paris. — Décoloration de l’albumine, du sang, delà gélatine et autres matières.
- 96.638. — 49 septembre : MICHÉA, Paris.— Traitement et emploi de nouvelles substances, pour teindre, imprimer et tanner.
- 96.688. — 28 septembre : Baudouin, Paris. — Mélange propre à enduire les tissus dans la fabrication des toiles cirées.
- 96.702. — 26 septembre: Le HEMBRE, Paris. — Remplacement des feuilles d’étain par le papier parcheminé dans la fabrication des peintures décoratives en rouleaux, pour tentures, rideaux, affiches murales, etc.
- CERTIFICATS D'ADDITION.
- Féron : 14 septembre. — Chinage en camaïeu des fils de coton et autres.—B. 96.267.
- CHAUDET : 17 septembre. — Application des résidus de bois de teinture à la fabrication de la pâte à papier. — B. 91.991.
- Herbaut : 21 septembre. — Teinture mélangée sur fils. —B. 96.235.
- Berrin : 4 octobre. — Eau à enlever les taches, à détruire les insectes, etc. — B. 93.984.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- BORDAGE : 13 septembre. — Imitation par l’impression, de la fourrure ventre de petit-gris. — B. 95.366.
- Fébon : 8 octobre. — Chinage des fils en camaïeu. — B. 96.267.
- NOUVELLES
- Le coton en Amérique. — On écrit de Washington, 15 septembre :
- Les statistiques complètes du produit des manufactures de coton, qui viennent d’être envoyées à l’impression par le bureau de recensement portent à 955 le nombre des fabriques existant dans les Etats-Unis. Dans ce nombre, l’Etat de Massachussets figure pour 191 fabriques; le Bhode-Island, pour 139 ; la Pensylvanie, pour 138 ; le New-York, pour 81 ; le Nouveau-Hampshire, pour 36 ; la Géorgie, pour 34; la Caroline du Nord, pour 33; le Tennessée, pour 28; le Nouveau-Jersey, pour 27 ; le Maine, pour 23 ; le Maryland, pour 22 ; l'Alabama, pour 13 ; la Caroline du Sud, pour 13 ; et la Virginie, pour 11.
- Le nombre des machines à vapeur fonctionnant est de 448, représentant une force motrice de 47,117 chevaux, et celui des roues hydrauliques est de 2,250 avec une force motrice de 55,292 chevaux, ce qui donne une puissance totale de 102,409 chevaux. Le nombre des métiers en opération est de 157,310 ; celui des fuseaux 3,694,477, et celui des broches 3,437,930. Ces manufactures emploient 47,790 ouvriers mâles âgés de plus de 16 ans; 69,637 ouvrières âgées déplus de 15 ans, et 22,942 enfants des deux sexes. Le montant des salaires qui leur sont payés dans l’année est de 39,045,182 dollars.
- Les matières premières servant à la fabrication comprennent 6,222,189 livres de cotons filés, 136,100 livres de cotons tramés, et 3,234.200 livres de cotons en laine représentant une valeur totale du matériel, qui figure dans le compte pour 10,910,672 dollars.
- Les articles fabriqués comprennent 478 millions 204,181 yards toile à draps (sheetings), toile à chemises (shirtings) et autres tissus analogues ; 34,533,462 yards linons et mousselines fines; 498,250,053 yards imprimés; 30,301,087 livres de coton fil ; 11,560,241 douzaines de fil en bobine ; 73,018,645 yards coton tramé ; 11,118,127 livres de mèches rondes ou plates; 438,892 tapis de tables, cou
- vertures piquées et courte-pointes ; 1 million 767,050 sacs sans couture; 5,957,454 livres cordage, lignes et cordonnets ; 906,066 livres fil ; 8,590,060 yards flanelle coton ; 39 millions 275,245 yards quingham ; 7,921,449 liv. rebuts; 465,585livres ouate; 15,940,825yards Casimir et cotonnade, et 10,811,025 livres, articles et produits divers. La valeur totale de ces produits de la fabrique américaine s’élève à 177,489,739 dollars.
- Accidents de Machines. — Les accidents provenant des machines sont assez rares dans les ateliers des Teinturiers-Dégraisseurs, ce-pendant il s’en produit quelquefois, et en voici des exemples :
- Chez M. Ch., teinturier à Paris, la dame du patron apprêtait des étoffes sur un nouveau système de tambour à feutre sans fin, dont on connaissait encore peu la manœuvre, bien qu’elle fut très simple, et cet appareil fonctionnait par moteur mécanique.
- Mme Ch. approcha la main trop près du cylindre et se laissa saisir les doigts entre ce cylindre brûlant et le rouleau qui guide le feutre. Malheureusement, aucun ouvrier présent ne savait arrêter la machine, et ce n’est qu’après plusieurs minutes de ce supplice affreux que la pauvre dame pût être délivrée ; cet accident lui coûta deux doigts écrasés et brûlés.
- Dans le courant de l’année précédente, un dé nos confrères du Midi faisait fonctionner son essoreuse, qui était, d’ailleurs, d’un bon système et qui marchait régulièrement depuis deux ans ; cependant la manivelle vint a cas-ser, et comme celui qui mettait l’appareil en mouvement s’y appuyer fortement, il perdit l’équilibre, et pour se retenir il porta la main sur la machine en marche, mais il le fit si malheureusement que ses doigts se prirent entre les engrenages et qu'il en eut deux de broyés.
- Nous déplorons ces malheureux événements, auxquels on est toujours exposé lorsque l’on se sert de machines, mais qui, comme nous le disions en commençant, sont heureusement peu fréquents dans nos industries.
- Pour tous les articles non signés ;
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris.— Imp. Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 4. 20 4873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Formules pour les lois de Teinture, Conclusion, par M. P. HAVREZ. — Analyse des couleurs fixées par la teinture, par M. F. Fol. — Ovlindre à toile sans fin pour l’apprêt des étoffes, système de M. V. Barbé de Caen, parM. F. GOUILLON (gravure). — Fait relatif à la matière colorante de la cochenille, par M. Guignet.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Revue sommaire des brevets d’invention : Dorure de la gaze. — PrusSiate dépotasse.— Épaillage. — Bibliographie, par M. F. GOUILLON.—Traité des dérivés de la houille, par MM. Girard et DE LAIRE. — Recherches sur la teinture, par M. P. HAVREZ. —Traité pratique de Teinture, d'Impression et de Blanchiment, par M. de VINANT. —France industrielle, par M. Poiré.
- NOUVELLES : Alizarine artificielle' — La contrefaçon allemande.
- FORMULES
- POUR LES LOIS DE TEINTURE
- Par M. P. HAVREZ.
- Conclusions fl).
- Grâce à l’atlas chromatique constitué par M. Chevreul (2), il est devenu possible d’exprimer mathématiquement les effets de la variation de chacun des agents de teinture.
- L’action spéciale de chaque circonstance sur la teinture finale pourra aussi s’exprimer par des mesures rigoureuses.
- D’ailleurs, les formules des nuances donnent une grande exactitude aux conclusions qui en découlent, puisqu’elles ne se basentpas sur une nuance isolée, accidentelle peut-être, mais qu’elles sont l’expression de la moyenne d’un grand nombre de résultats qui se contrôlent l’un l’autre.
- La classification chromatique des échantillons de teinture multipliés conduit aux formules de nuances , en indiquant la variation moyenne de la nuance par chaque 1 p. 100 d’agent employé.
- (1) L’Académie des Sciences a décidé que celte communication, bien que dépassant en étendue les limites réglementaires, serait inséré- en entier aux Comptes-re»dus ; on trouvera donc le Mémoire complet dans ce Recueil.
- (2) Cet atlas est celui qui vient d’être récemment édité, et dont le prix est de 35 fr. (37 fr. par la poste )
- Enfin , la détermination des nuances extrêmes données par des doses très-faibles et par des doses très-fortes d’agents, donnera les, limites pour les formules hyperboliques des nuances.
- Les phénomènes de teinture ainsi interprétés par un ensemble de formules permettront à la théorie de poser des conclusions rigoureuses, puisque des faits mesurés exactement peuvent seuls servir de guide.
- La superposition des formules et la comparaison des coefficients suffira d’ailleurs pour donner la mesure de l’influence de chaque drogue, quelque interprétation que l’on donne pour motiver cette influence.
- Les praticiens trouveront dans les formules des nuances, des vraies recettes, qui leur en indiqueront les proportions relatives d’ingrédients à employer dans chaque cas pour obtenir* une nuance donnée quelconque.
- ANALYSE DES COULEURS
- FIXÉES PAR TEINTURE
- Par M. F. Fol.
- Les teinturiers jugent en général de la composition du colorant qui a servi à teindre une étoffe, par quelques procédés de routine transmis d’âge en âge dans les ateliers, ou même seulement à simple vue. Aujourd’hui le nombre toujours croissant des matières colorantes qui circulent dans le commerce ne permet
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- plus un examen superficiel. Aussi doit-on appliquer à cette analyse les réactions connues des matières colorantes, autant du moins que cela est possible. Voici quelques données sur les cinq couleurs principales des ateliers de teinture.
- Savoir :
- Le bleu, le jaune, le rouge, le vert et le violet.
- Cet aperçu n’est pas encore un système complet d’analyse, mais il sera cependant d’une certaine utilité, en attendant de pouvoir être complété au moyen de recherches précises que je me propose de faire et de publier plus tard.
- Les appareils employés pour ce genre d’analyses sont des plus simples. Pour immerger les tissus ou les flottes de soie et de laine, on se sert d’une petite capsule de porcelaine bien blanche à fond plat; pour la chauffer, on la place sur un petit trépied en fer avec une lampe à alcool dessous. La couleur blanche de la porcelaine permet de suivre facilement les transformations de la matière colorante sous l’influence des réactifs employés. Pour brûler ou réduire en cendres le tissu, on se sert d’une petite lame de laiton que l’on chauffe d’abord au rouge sur la lampe à alcool; alors on saisit le tissu avec une petite pince, on le place sur la lame, on l’enflamme en continuant à chauffer jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les cendres. Si l’on peut se procurer une lame mince de platine, l’opération sera plus rapide et plus sûre. La couleur des cendres ainsi obtenues donne sur la nature des couleurs des indications très-utiles que je mentionne plus loin. Dans tous les cas, on doit pousser le chauffage jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur la lame qu’une véritable cendre dont la couleur peut être verte, bleuâtre, grisâtre, blanche ou rouge et que le charbon boursoufflé qui se forme d’abord ait entièrement disparu.
- A. Bleu..
- Les principales couleurs bleues dont on aura à reconnaître la présence sont :
- 1. Le bleu au bois de campêche.
- 2. Le bleu de Prusse.
- 3. Le bleu d’aniline.
- 4. Le bleu d’indigo.
- 1. On commence par placer un morceau de l’étoffe à essayer dans une solution d’acide citrique, dans le jus de citron ou dans de l’acide chlorhydrique é'endu d’eau.
- a) La couleur vire au rouge
- ou à l’orangé.............Bois de Campêche.
- b) La couleur ne vire pas; on peut avoir dans ce cas les trois autres matières.
- IL Un autre échantillon d’étoffe sera placé dans une solution de chlorure de chaux.
- a} La couleur reste inaltérée. Bleu de Prusse.
- b) L’échantillon est décoloré ou devient jaunâtre ; on peut avoir les bleus n° 3 et n° 4.
- III. Pour distinguer ces deux bleus, on met un troisième échantillon dans la soude caustique.
- a) L’échantillon se décolore
- ou s’altère................... Bleu d’aniline.
- b) L’échantillon reste inaltéré. Bleu d’indigo.
- Lorsqu’au moyen de cette marche on aura constaté auquel des colorants on a affaire, on s’en convaincra avec plus de certitude encore par les essais suivants ; Le Bleu au bois de campêche rougi par un acide repassera au bleu par la soude caustique, et un morceau de l’étoffe étant brûlé, laissera des cendres blanches ou grisâtres; ces cendres sont blanches à cause de l’alumine de l’alun qui a servi de mordant, et quelquefois grisâtre à cause de l’oxyde de cuivre contenu dans le vitriol bleu associé au bois d’Inde. Dans ce cas, les bords de la flamme paraissent verts pendant la combustion.
- Le bleu de Prusse étant un cyanure de fer, laissera par la combustion un résidu rouge de rouille ou oxyde de fer d’autant plus abondant que le bleu était plus intense.
- Le bleu d’indigo ne contenant pas de matières minérales, ne laissera pas d’autres cendres que celles du tissu lui-même; ces cendres sont blanches et légères.
- Le bleu d’aniline ne laissera non plus par la combustion que les cendres du tissu. En trempant un morceau de l’étoffe dans de l’alcool, on obtiendrait de suite une liqueur d’un beau bleu ne rougissant pas par le jus de citron, tandis qu’un liquide semblable obtenu par le bois d’Inde deviendrait rouge dans cette circonstance.
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- B. Jaune
- Les couleurs jaunes, sur la nature desquelles on peut être appelé à se prononcer, sont les suivantes :
- 1. Jaune de rouille en oxyde de fer.
- 2. Acide picrique.
- 3. Curcuma.
- 4. Bois jaune.
- 3. Gaude.
- 6. Graines de Perse et d’Avignon.
- 7. Quercitron.
- 1. Pour distinguer ces diverses couleurs, on commencera par s’assurer de la présence ou de l’absence du jaune de rouille et de l’acide picrique. A cet effet, on coupera deux morceaux de l’étoffe à essayer. On mettra le premier dans une solution tiède et légèrement acide de prussiate jaune de potasse, et le second dans une solution chaude de cyanure de potassium. S’il survient une coloration bleue par le prussiate, on peut être certain de la présence de l’oxyde de fer ou jaune de rouille.; si on obtient par le cyanure une coloration rouge de sang, on peut être assuré de la pré-sence de l’acide picrique.
- II. Ces essais préliminaires étant terminés sans donner les résultats indiqués, on en conclut à l’absence des jaunes de rouille et d’acide picrique. On prend alors un troisième échantillon d’étoffe et ou le met dans une solution bouillante contenant une partie de savon pour deux cents d’eau.
- Il peut alors se passer trois réactions :
- a) L’étoffe passe au brun rouge et repasse au jaune par un acide............. Curcuma.
- b) L’étoffe est presque colorée. Bois jaune. c) La couleur a résisté à l’action du savon.
- Dans ce cas on peut avoir affaire à la gaude, aux graines de Perse ou au Quercitron. Pour distinguer ces trois matières, on prend un autre morceau d’étoffe et on lui fait un avivage bouillant à l’acide sulfurique. Si la couleur tombe, c’est de la gaude; si elle ne change pas, on a du jaune de graines ou du quercitron. On prend alors un dernier échantillon d’étoffe et on le trempe dans une solution de sel d’étain. S’il vire à l’orangé, c’est du jaune de graines. S’il ne vire pas ou très
- peu seulement, on a du jaune de quercitron.
- Si l’on soupçonne un fond de rocou, on trempe un morceau de tissu à essayer dans de l’acide sulfurique concentré; la couleur passe subitement au vert bleu. On pourra toujours reconnaître ce fond par ce moyen, le rocou étant la seule matière jaune tinctoriale qui présénte cette réaction. Le quercitron, les graines, le bois jaune, le curcuma et la gaude fournissent des jaunes qui tous sont décolorés par le chlore ; le rocou seul résiste à cet agent.
- C. Rouge.
- Les rouges par teinture qui se présentent à l’analyse sont les suivants :
- 1. Cochenille. jçaiolnplenp
- 2. Bois de Fernambcuc. . ;
- 3. Garance.
- 4. Carmin de safranum.
- 3. Rouge d’aniline. br
- On commence par s’assurer de la présence ou de l’absence du rouge de garance. Pour cela on prend dans quatre verres ou capsules les réactifs suivants : Eau de savon bouillante, ammoniaque caustique, jus de citron, mélangé à parties égales de sel d’étain, acide chlorhydrique et eau. Dans chacun de ces réactifs on plonge un morceau du tissu à essayer. Si les quatre échantillons restent intacts, on a affaire au rouge de garance. Si, au contraire, par l’un des réactifs indiqués il y a un changement quelconque, on en conclut l’absence du rouge de garance et la présence de l’un des quatre autres rouges mentionnés en tête de ce paragraphe. aI .
- La décoloration complèie par le savon indique le carmin de safranum, si toutefois la couleur ne reparaît pas avec sa nuance primi-tive après lavage à l’eau et avivage au jus de citron. 8 199 F niam p
- —n eolgosher perole. jgoo II p3St1 .8ID
- Si après lavage et avivage au jus de citron [a couleur reparaît un peu plus faible, mais de même teinte, on a affaire au rouge d'aniline. Si le lavage et l’avivage, après le passage en savon, virent le rouge au rouge jaunâtre ou même au jaune, on a de la cochenille ou du bois de Fernambouc. On fait alors la différence entre ces deux rouges de la manière suivante. Un morceau d’étoffe plongé
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- dans l'acide sulfurique concentré se colore aussitôt en rouge cerise vif avec le bois de Femambouc et en jaune orangé avec la cochenille.
- D. Vert.
- Les verts sur la nature desquels le teinturier est le plus souvent appelé à se prononcer sont de trois genres différents.
- 1. Les verts par mélange de jaune et de bleu; [ sroldo ol usa
- 2. Le vert d’aniline à l’aldéhyde ;
- 3. Le vert d’aniline nouveau par l’iodure de méthyle.
- Les verts par mélange sont de plus en plus rares, depuis la découverte des verts d’aniline ; cependant comme il peut s’en présenter encore quelquefois, je citerai les cas principaux, les voici :
- 1. Indigo et acide picrique;
- 2. Indigo et jaunes végétaux;
- 3. Bleu de Prusse et acide picrique ;
- 4. Bleu de Prusse et jaunes végétaux ;
- 5. Bleu d’ani ine et acide picrique;
- 6. Bleu d’aniline et jaunes végétaux.
- Les bleus forment toujours le fond de ces verts par mélange et en sont la partie la plus solide; à l’exception du bleu d'aniline les bleus sont insolubles dans l’alcool; tous les jaunes indiqués so t solubles dans l’alcool, de telle sorte que si l’on traite par ce dissolvant un vert, on peut être sûr, s’il don e une dissolution verte, que l’on a affaire à un mé-lange de bleu d aniline et de jaune (à moins que ce ne soit un vert d’aniline, ce dont on se sera assuré auparavant). Voici maintenant la marche à suivre pour s’assurer de la nature des verts. On met dans un petit ballon de verre de l’alcool à 95° et un morceau de l’étoffe à essayer. On chauffe au bain-marie jusqu’à l’ébullition que l’on maintient pendant quelques instants. Il peut alors se présenter deux cas: • .,
- 1° L’alcool devient jaune et le tissu de plus en plus bleu.
- 2* L’alcool devient vert et le tissu conserve sa teinte en faiblissant d’intensité.
- Dans le premier cas on voit de suite que le fond est de l’indigo ou du bleu de Prusse ;
- lorsque l’étoffe ayant bien bouilli dans l’alcool lui aura cédé sa matière jaune, on la retire du ballon; on la lave à l’eau pure puis on la met dans un verre avec du chlorure de chaux eu solution. Si le fond est de l’indigo, l’étoffe se décolore ; si c’est du bleu de Prusse, le bleu ne change pas. La liqueur alcoolique jaune qui est restée dans ce ballon peut contenir diverses matières jaunes ; on la divise en plusieurs parties que l’on traite successivement par les divers réactifs déjà indiqués plus haut pour analyser les matières colorantes jaunes.
- Dans le deuxième cas, on a du vert d’aniline à l’aldéhyde ou du vert d’aniline à l’iode, ou du bleu d’aniline avec du jaune.
- Pour distinguer ces trois verts, on commence par faire bouillir un morceau de l’étoffe à essayer dans de l’acide chlorhydrique faible.
- L’étoffe devient rosée ou lilas.........vert, d’aniline à l’iode.
- L'etoffe devient bleu, le jaune se dissout.... bleu d’aniline et jaune.
- L’étoffe se décolore ou devient jaunâtre...... vert d’aniline à l’aldéhyde.
- Si l’on a reconnu que le vert est un mélange de bleu d’aniline et de jaune, il ne reste plus qu’à distinguer quel jaune est entré dans le mélange. Pour cela, on sépare la liqueur asi-de, et on la traite par les réactifs déjà indiqués, pour reconnaître et distinguer les matières colorantes.
- E. Violet.
- Les violets que l’on peut avoir à essayer sont les suivants : lebiss nursd eût s ’i
- 1. Violet d’aniline ordinaire.
- 2. Violet d’aniline à l’iodè.
- 3. Violet de garance.
- 4. Violet d'orcanette.
- 5. Violet d’orseille.
- 6. Violet au bois d’Inde.
- 7. Violet de cochenille. 189910m otlas
- On commencera par plonger un echantillonde l’étoffe dans une solution de chlorure de chaux.
- Si la couleur résiste, c’est le violet à l'orca-nette; s’il y a un changement de couleur, ce sera un des six autres violets.
- On prendra alors un second échantillon
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- d'étoffe, que l'on trempera dans du jus de citron; si le violet ne fait que rehausser de ton, on aura affaire à l’un des deux violets d'ani-line (nous verrons tout à l’heure les moyens de distinguer ces deux violets. Si le violet rougit ou même jaunit, ce sera des quatre autres violets (garance, orseille, cochenille, bois d’Inde). Pour distinguer ces quatre violets, on plongera un échantillon de tissu dans le chlornre de chaux, ensuite on le lavera à l’eau et on le mettra dans une solution acidulée deprussiate jaune de, potasse; comme les violets de garance et de cochenille ont eu pour mordants l’oxyde de fer qui reste adhérent au tissu, il se formera une coloration bleue due à du bleu de Prusse, dans le cas de ces deux couleurs. S’il n’y a pas de coloration bleue, on aura à rechercher l’orseille ou le bois d’Inde. Il nous reste ainsi à indiquer le moyen de distinguer:
- 1. Le violet de garance de celui de cochenille.
- 2. Le violet d'orseille de celui au bois d'Inde.
- 3. Le violet d’aniline ordinaire de celui à l’iode.
- 1. Un nouvel échantillon de tissu sera plongé dans le chlorure de chaux eu solution. S’il devient jaune nankin, c’est de la garance; s’il se décolore tout à fait, c’est de la cochenille.
- 2. Un morceau du tissu plongé dans un lait de chaux, devient grisâtre, et enfin presque incolore, dans le cas du bois d’Inde; la couleur passe au bleu violacé, dans le cas de l'or-seille. 1 ' . , -.
- 3. Le tissu plongé dans de l’acide chlorhydrique, étendu de trois fois -on volume d’eau, devient, bleu violet, et après lavage à l’eau, un peu plus rougeâtre, dans le cas du violet ordinaire d’aniline; mais dans le cas du violet à l'iode (violet Hofmann, Parme nouveau, pri-mala, etc.), le tissu devient bleu, verdâtre, et après lavage à l’eau, lilas clair ou gris perle, suivant la hauteur de'ton primitive.
- On peut du reste savoir très-rapidement auquel de ces trois groupes on a affaire , en examinant les cendres du tissu.
- Les cendres rouges (mordant de fer) indiquent la garance et la cochenille. Les cendres blanches (mordant d’alun) indiquent l’orseille et le bois d’Inde. L’absence de cendre indique la présence des violets d’aniline.
- D'après ce qu’on vient de voir, il est évident que les réactifs sont d’une grande importance pour la détermination des couleurs qui ont servi à teindre un tissu ; mais on n’obtient dans quelques cas compliqués cependant que des données incertaines lorsque plusieurs matières colorantes ont concouru à la formation d’une seule teinte. L inspection des cendres est o'un grand prix, car elle indique d’une manière assez sûre si la couleur est appliquée avec ou sans mordant, et si ce mordant est un sel de fer d’alumine ou de chrome. Connaissant le mordant employé, le teinturier pourra beaucoup plus facilement reconnaître la nature des matières colorantes qui lui sont com-hinées. ... nu'h onbailvo ns nonnob ( Guide dïi Teinturier.), ods
- CYLINDRE À TOILE SANS FIN POUR L’APPRET DES TISSUS,-' sno’n
- Système de M. V. Barbé, de Caen.
- ‘ nad nu w
- Les cylindres pour apprêt à l’usage des teinturiers-dégraisseurs peuvent se classer en deux typés principaux ; d’abord les cylindres colleurs, puis ceux à toile ou à feutre sans fin. Le moment n’est pas encore venu de comparer ces systèmes entre eux ; ils ont d’ailleurs chacun leurs avantages et leur’s inconvénients et aussi chacun leurs partisans. Tel teinturier ne veut entendre parler que du collage, tel autre reconnaît au mouvement sans fin des dispositions qui en font une machine plus in-dustrielle, plus complète, pouvant an besoin servir à plusieurs fins et se transformer en collage, si quelques articles nécessitent ce genre d’apprèt. i . enoqso
- On voit donc que, bien que nous ne voulions pas pour le moment trancher la question, nous avons une certaine préférence pour les cylindres à toile sans fin et que c’est ce systeme que nous serions le plus disposé à recommander. a. ' (!
- Depuis quelque temps les grandes maisons de teinturerie, surtout à Paris, font beaucoup de frais pour l’installation de cylihdres, la
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 1e
- plupart à mouvement sans fin, établis avec beaucoup de soins et avec une grande solidité, ce sont des appareils qui n’ont rien à envier aux machines de la grande industrie, et qui sont montées avec un comfort allant quelquefois jusqu’à l’exagération (1).
- Nous décrirons prochainement un cylindre établi dans ces conditions et qui est considéré comme un des plus complets qui ait été destiné à la teinturerie en chiffonnage. On conçoit, cependant, que ces appareils ne sont pas accessibles à la majeure partie des maisons de teinture, qui, du reste, n’auraient pas assez d’ouvrage pour les utiliser suffisamment.
- L’appareil de M. Barbé est construit pour donner aux cylindres d’un prix modéré et abordable, la précision et les soins que l’on apporte a ceux d’un prix élevé, et il contient diverses dispositions qui lui sont spéciales et qui constituent des perfectionnements réels ; ces modifications sont l’objet d’un brevet d'in-vention, car elles sont, en effet, nouvelles, et n ont point encore été appliquées à ce genre de machines,
- La figure 3 représente cet appareil.
- Sur un bâti en chene construit avec élégance et solidité est fixé le tambour A, en cuivre épais, étamé ou non, et dont les fonds en fonte sont solidement assemblés par quatre autres toises : l’axe du tambour sur lequel il tourne, est traversé par des conduits en fer tourné. pour l’arrivée et l’échappement de la vapeur, et un purgeur sert à l’expulsion de la vapeur condensée. Ses tourillons reposent sur des coussinets en bronze.
- Un jeu de rouleaux B B B, en bois, avec mandrins en fer sert à guider la toile sans fin C, qui vient habiller le tambour et ne laisse découvert que la partie placée entre les deux premiers rouleaux, celle où l’on voit deux coupons d’étoffe, l’un qui s’engage entre le tambour et cette toile, l’autre qui en sort, cette toile suit le trajet qu’on y fait faire habituellement aux machines de ce genre et reçoit une
- (1) Nous connaissons un teinturier de Paris qui a dépensé 7,000 francs pour se faire un cylindre tout à fait à son goût, et qui, par le fait, possède une machine des mieux établies et des plus par-faites.
- tension plus ou moins forte à l’aide du rouleau D, placé au bas de l’appareil, mais c’est ici que se caractérise le système particulier de M. Barbé.
- Dans les divers métiers à toile sans fin, la tension de cette toile ou du feutre a ordinairement lieu au moyen de vis dont la pression est rigide et dépourvue de toute élasticité ; il en résulte une tension dure et bridée ; dans ces conditions la pression n’est pas égale dans toute la surface de la toile ; la moindre irrégularité dans celle-ci, le plus petit défaut de justesse aux tourillons et aux coussinets suffit pour produire cet effet. Or, pendant la rotation du tambour, il arrive donc que le feutre bride trop fort à un endroit et devient trop lâche dans un autre ; l’étoffe porte la trace de ces irrégularités, son grain est aplati dans les parties trop pressées, tandis qu’elle n’est pas dressée dans d’autres endroits.
- On sait, en outre, que toute étoffe s’allonge ou se rétrécit selon qu’elle est sèche ou humide, les toiles et feutres sans fin des métiers d’apprêt sont très sujets à ces différences d’état, ils s’humidifient en recevant des étoffes mouillées, puis ils se sèchent en passant par le cylindre ; ils subissent donc tour à tour des allongements et des rétrécissements, et pendant ce temps néanmoins, le serrage delà vis reste toujours au même niveau,
- La disposition adoptée par M. Barbé pour produire une tension élastique, quoique puissante, de la toile, consiste en un poids F placé au bout d’un levier qui presse sur l’axe du rouleau tendeur D et dont l'autre extrémité est retenu dans les trous d’une barre E, ou crémaillère sur laquelle on peut fixer ce bout de levier à une hauteur plus ou moins grande, selon les dimensions de la toile. Le levier est maintenu, tout en ayant son jeu libre entre les rainures d'armatures fixées au bâti, et la même disposition existe de l’autre côté du cylindre.
- Le poids F est mobile sur la tige ou levier ; il peut s’approcher plus ou moins du point de résistance, c’est-à-dire du cylindre p esseur, et la pression varie en proportion; cette pression peut donc être . modifiée à volonté, selon la nature du t ssu qu’on apprête, nécessitant plus ou moins de lustre, et dans tous les cas, on conçoit que cette pression,
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- quoique forte, soit souple et douce et que la toile soit tendue uniformément, ce dont nous avons démontré l’importance.
- Dans la plupart des métiers de ce genre, le mouvement se donne au premier rouleau et se communique au tambour par l’intermédiaire de la toile ; ici le premier rouleau, portant la manivelle, est relié au tourillon du
- feutre sa resserre aux endroits qui travaillent le plus, de sorte qu’après quelque temps d'u-sag, le milieu est for ement serré et les bords restent très lâches. La toile métallique employée pour le même usage permet une facile évaporation de l’eau, mais si fine qu’elle soit, elle gaufre toujours l’étoffe et lui imprime le dessin de ses mailles.
- Fig-. 3.— Métier d’apprêt, système Barbé.
- cylindre par une chaîne de Gall, de sorte que le mouvement se transmet, en même temps, à l’un et à l’autre, et que la toile n'est plus tiraillée ni déplacée et se déroule avec une grande régularité.
- Le choix du tissu destiné à faire la toile sans fin, n’est pas indifférent ; on reproche aux toiles et coutils de se plisser, mais les modifications apportées dans cette mach ne au système ordinaire de tension, et à la com-mande du cylindre évitent celte imperfection ; le feutre est très épais et nécessite une très forte tenion, ce qui donne rop de 1 stre, à l’exemple de la presse ; cette épaisseur oppose aussi un obstacle à l’évaporation de l’eau pendant la dessication du tissu ; en ou re, le
- Sans proscrire absolument le feutre, que beaucoup de teinturiers préfèrent toujours, M. Barbé s’est arrêté à un coutil de coton très-uni et très-fort, qui se laisse facilement traverser par l’eau d’évaporation, qui ne communique aucune empreinte au tissu, ne se refeutre pas par l’usage, et ne forme ni plis ni fronces pendant l’apprêtage.
- Pour mettre cette machine en fonction, il suffit donc de faire tourner la manivelle par un enfant, alors l'ouvrier présente l’étoffe à la machine, qui l’entraîne en la conduisant par le haut du cylindre, et la rend près du rouleau inférieur) d’où elle se trouve guidée dans une corbeille I, disposée au bas du bâti.
- On apprête les étoffes sur ce métier, aussitôt
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- après avoir été essorées; à défaut d’essoreuse on gomme pour faire sécher, ensuite on humecte. Toutes les étoffes s'y apprêtent et chaque morceau se fait isolément; les châles et la pièce à neuf s’y font également très-bien.
- Ainsi qu’on le voit, ce cylindre d’apprêt a été imaginé avec une grande expérience pratique et d’après la comparaison des différents modèles employés jusqu’à présent; il possède tous les organes nécessaires pour faire un travail convenable et aussi varié qu’il le faut pour le teinturier-dégraisseur, mais il ne contient rien de trop, aucune pièce inutile qui le complique et en augmente la valeur ; enfin, malgré sa simplicité et ses dimensions modérées, il peut apprêter, dit l’auteur, 45 à 50 robes par jour. Si l’on joint à ces avantages celui de son bas prix, on doit convenir qu’il réalise le mieux les conditions recherchées par la majeure partie des teinturiers-dégraisseurs, pour un appareil d’apprêt, c’est-à-dire une bonne construction, un bon travail, un entretien nul et un prix d’acquisition abordable : ce sont de tels avantages qui lui assurent un succès aussi certain que prochain.
- F. Gouillon.
- FAITS RELATIFS
- A LA MATIÈRE COLORANTE DE LA COCHENILLE
- Par M. Guignet.
- Nous reproduisons de cette communication, faite à la Société Chimique de Paris et'publice dans son Bulletin, les détails qui peuvent intéresser l’art du teinturier.
- La matière colorante de la cochenille, l’acide carminique, forme avec les bases des combinaisons qui sont décrites comme des laques d’un bleu violet, devenant plus ou moins cramoisies sous l’action des alcalis.
- Dans une liqueur neutre ou acide, le carmi-nate de chaux se présente avec un aspect tout différent. C'est un précipité noir, qui paraît verdâtre sous une faible épaisseur. Ce précipité se forme toutes les fois que la décoction de cochenille est mise en présence d’un sel de
- chaux quelconque, même le sulfate de chaux.
- L’acide carminique purifié ne précipite pas le sulfate de chaux. Si la décoction de cochenille se comporte autrement, c’est qu’elle est toujours un peu alcaline, et que l’acide sulfurique du sulfate se trouve partiellement saturé.
- Pour préparer le carminate de chaux noir, il suffit de traiter l’acide carminique, ou la décoction de cochenille, par le bicarbonate de chaux. Le précipité noir obtenu est probablement du carminate neutre, et il est insoluble dans l’eau et dans l'alcool.
- Par un excès d’eau de chaux, le carminate noir devient violet foncé. Celui-ci est probablement du carminate basique; il se dissout entièrement dans l’acide acétique concentré, en donnant une liqueur d’un rouge vif.
- L’action des sels de chaux sur la décoction de cochenille est tellement caractéristique , qu’on pourrait l’utiliser comme réactif de la chaux. C’est ainsi que divers produits commerciaux, tels, par exemple, que la colle forte, la fécule, préparés avec des eaux calcaires, noircissent au contact du carminate de chaux.
- L’auteur a eu soin, dans ses expériences, de s’assurer que les sels de chaux employés étaient exempts de traces de fer, car les sels de ce dernier métal sont précipités en noir par la décoction de cochenille.
- Les recherches précédentes expliquent certains accidents de teinture connus des praticiens, qui, ayant observé que les étoffes teintes présentaient souvent des taches noires, les attribuaient à la présence des sels de fer ou de cuivre. Elles sont dues au carminate de chaux et à l’emploi des eaux calcaires.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- REVUE SOMMAIRE DES BREVETS D'INVENTION.
- Dorure de la gaze-. — M. LYONS commence par faire l'empreinte du dessin sur un morceau dé carton qui supporte la pression pendant la dorure ; cette empreinte est recouverte d’une
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- feuille d’or, puis l’étoffe est. ajustée sur le tout et ma'ntenue par des épingles.
- Avec un blaireau, l’ouvrier passe une poudre servant de mordant c’est ordinairement de l’albumine séchée et pulvérisée, — cette poudre tombe au travers les mailles du tissu sur la feuille d’or placée au-dessous ; le tout est recouvert d’une seconde feuille d’or, et l’on fait agir lebalanci r suffisamment chaud.
- La poudre, sous l'influence de la chaleur et de la pression, fait adhérer ensemble les deux feuilles séparées par le tissu léger; on fait tomber enfin l’excès d’or. Cette gaze imite ainsi les étoffes brochées d’or du Levant. — B. 95.843.
- Fabrication du prussiate de potasse. — On dissout le carbonate de potasse dans la plus petite quantité d’eau possible, on ajoute 20 p. 100 de charbon en poudre et l’on évapore à sec. Le mélange intime de carbonate de potasse et de charbon, rencontre à l’état fondu, un mélange d’azote et d’oxyde de carbone (de l’air privé d’oxygène, par du charbon en igni-heu), et se transforme en cyanure de potassium. Ce dernier est converti par les moyens connus, en ferrocyanure de potassium.
- L'auteur du brevet M. DEISS, décrit d’une manière très-détaillée l’appareil dont on se sert pour la fabrication, et qui permet d’opérer presque d’une façon continue. — B. 93.049.
- Epaillage des tissus de laine. — Le procédé breveté par M. DESCOUBET peut se résumer ainsi?" •1 80 9 DAVFH 890 ôb lad al S857
- L’étoffe passe d’abord par une table creuse dite boîte à vapeur, semblable à une table à décatir ; ainsi imprégnée de vapeur, humide et chaude, elle pénètre par une fente aussi étroite que possible, dans une boîte verticale où elle circule au milieu de vapeurs de gaz acide chlorhydrique. L’acide se dissolvant immédiatement dans l’eau qui forme l’humidité du tissus, attaque les matières végétales qui s’y trouvent.
- Le tissu est alors amené dans une seconde boîte ou chambre-séchoir, d’où il se rend dans un bain alcalin destiné à neutraliser les traces d’acide qui pourraient ultérieurement altérer les fibres de la laine. Un plieur mécanique termine l’ensemble des appareils. — B. 95.871.
- BIBLIOGRAPHIE
- Traité des dérivés de la houille applicables à la production des matières colorantes, par MM. Ch. GIRARD et G. de Laire. — Recherches sw la teinture, par M. P. HAVREZ. — Traité pratique de blanchiment de teinture et d'impression, par M. Michel de Vinant. — France industrielle, par M.P. Poiré.
- Il est une industrie qui a surgi toute formée du laboratoire du chimiste, et qui con-trairement à la règle ordinaire par laquelle les faits se produisent d’abord et la science explique ensuite, a fait précéder l’application du praticien par le travail du savant.
- Cette industrie date à peine de quinze années, et déjà elle est arrivée à un développement considérable, elle a transformé d’autres industries qui semblaient devoir ne pas sortir d’une routine séculaire telie que celle de la teinture ; elle est venue apporter son concours à cette branche importante de l’art industriel; l’impression des tissus, qui, depuis plusieurs années, perfectionnait ses méthodes, développait ses moyens, et semblait n’attendre que cette coopération pour acquérir un degré de supériorité dont aucune autre n’offre un semblable exemple.
- Se développant par elle-même, cetle industrie, celle de la Fabrication des couleurs de houille, est déjà loin de ses procédés primitifs et ses produits sont arrivés à une telle perfection que parmi toutes les matières .commer-ciales, ce sont celles qui réalisent le mieux la pureté chimique connue jusqu’ici que dans les produits de laboratoire.
- Ainsi, au début de cette exploitation, le rouge d’aniline qui avait été accueilli avec tant d’admiration par les chimistes et les industriels et qui parut, avec raison, comme le prélude d’une rénovation dans l’application des couleurs, se présentait sous forme de pâte très impure, qu’il fallait débarrasser avant son emploi, des sels d’étain ou de mercure qu’elle contenait; celte couleur pâteuse si imparfaite coûtait 1,200 fr. le kilog. ; plus tard, vers 1861, ce produit déjà plus pur se vendait couramment 600 fr. le kilogr. ; or, aujourd’hui les fuchsines les plus pures en cristaux bien définis, et très supérieures en
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- rendement aux précédentes se vendent 50 francs.
- Non-seulement le prix de ces matières baissait constamment en même temps que leur fabrication se perfectionnait, mais d’autres couleurs de même origine s’ajoutaient au rouge et au violet précédemment connus; aujourd’hui, nous possédons une grande variété d’autres violets et d’autres rouges, et aussi le noir qui, bien qu’ayant des caractères différents des autres couleurs, n’en dérive pas moins de la même base.
- Des résultats aussi brillants démontrent l’activité qui a été déployée dans cet ordre de travaux; la science qu’on a dû y dépenser et ils font présager de nouvelles découvertes qui, pour se produire, ont encore un champ ouvert aussi vaste que fertile.
- La fabrication des dérivés de la houille a marché côte à côte avec la chimie, aussi toute découverte dans cette industrie est en même temps une conquête pour la science; c’est dans cette direction que la chimie 'organique a pu, de la façon la plus pratique, appliquer ses méthodes synthétiques, ayant pour moyen d’action la théorie des substitutions. Cette fabrication a donc donné naissance à une nouvelle branche de la chimie qui, bien que basée sur les méthodes générales, constitue, par ses produits, un groupe à part bien classé, bien circonscrit, dont tous les faits se relient entre eux et sont régis par des lois les plus scientifiques.
- Il n’est aucun nom connu parmi les chimistes de notre époque qui n’ait figuré dans les travaux auxquels l’industrie des dérivés de la houille doit son existence ou son développement, mais parmi ceux qui contribuèrent le plus et auxquels on doit d’importantes applications pratiques, il faut citer MM. Charles Girard et G. de Laire ; nul n’avait donc plus d’autorité pour en écrire l’histoire, pour consacrer cette nouvelle branche de chimie par un traité ex professa qui en sera le code et le monument, et pour offrir aux industriels qui se livrent à cette fabrication, des indications les plus précieuses et les plus sûres, puisées aux sources directes, et d’après les procédés pratiqués dans une importante exploitation, par les auteurs eux-mêmes.
- Nous avons déjà signalé (1) un ouvrage de valeur sur le même sujet, écrit par M. Th. Chateau, mais la matière est assez vaste pour être traitée par plusieurs auteurs, chacun à son point de vue; d’ailleurs, depuis le livre de M. Chateau, la science et l’industrie ont continué de marcher, et un ouvrage nouveau est nécessairement plus complet.
- Le livre que M. Girard et de Laire publient sous le titre de Traité des dérivés de la houille applicables à la production des matières colorantes (I) commence par l’étude de la houille, parles goudrons qu’on en obtient, par la séparation des matières fixes et des produits volatils de ce goudron, et par la classification de ces produits huileux.
- Les produits volatils du goudron sont, comme on le sait, la matière première des couleurs, les auteurs les suivent dans les nombreuses transformations qu’ils doivent subir pour y arriver, mais ces descriptions ne sont point faites uniquement au point de vue utilitaire ; l’ouvrage est avant tout un traité méthodique et scientifique ; l’enchaînement des réactions qui aboutissent à la production des matières colorantes ne doit pas être rompu, et ne tend pas exclusivement à cette conclusion ; chaque fois, cependant, qu’un produit appliqué industriellement se présente, il est traité avec tous les développements qu’il comporte.
- La fabrication des produits colorants est en réalité le but de ces travaux, c’est le terme des réactions produites ; elle forme la dernière partie de l’ouvrage; elle en est le couronnement pratique aussi bien que la conclusion scientifique.
- La description des procédés industriels est accompagnée de douze planches en taille douce, d’un dessin géométrique et authentique représentant les appareils en usage dans cette industrie.
- Le Traité des dérivés de la houille est un de ces livres qui deviennent classiques et dont il
- (1) Voir Moniteur de la Teinture, année 1868, page 121.
- (1) Un vol. grand in-8: de 640 pages, avec 12 planches gravées à l’échelle. Prix : 16 fr.; par poste 18 fr., V. Masson, éditeur. Dépôt au bureau du journal.
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- serait superflu de faire des éloges, après surtout le rapport favorable qu’en vient de faire M.Wurtzà l’Académie des sciences, laquelle l’a couvert de son haut patronage.
- Il reste maintenant une lacune à combler, c’est la publication d’un ouvrage qui traite de V application des couleurs d’aniline d’une manière aussi complète que celui-ci le fait de leur préparation»
- Quant à son exécution matérielle, il suffit de dire qu’il a été publié par M. Victor Masson, et on connaît l'art avec lequel cet intelligent éditeur soigne ces publications ; les industries tinctoriales lui doivent déjà le Traité de l'Impression des Tissus, de Pebsoz ; les Matières colorantes, de M. SCHUTZENBERGER. Prochainement il leur offrira le quatrième volume des Leçons de Chimie, de M. GIRAR-DIN, nouvelle édition ; c’est le volume qui traite des matières textiles et tinctoriales, il est impatiemment attendu par tous ceux qui s’intéressent à la science en général et à nos industries en particulier.
- C’est donc une bonne fortune que d’être édité par M. Masson, et le traité de MM. Girard et De Laire ne devait l’être que par lui.
- F. GOUILLON.
- (La fin au prochain numéro).
- NOUVELLES
- ALIZARINE artificielle. — La Société Industrielle de Mulhouse a offert une médaille d'honneur à celui qui aura le premier fabriqué et livré aux fabriques d’indiennes d’Alsace un pro ’uit artificiel remplaçant la manière colorante de la garance dans toutes ses applications. M. Jules Meyer a fait à la société le rapport suivant sur deux produits présentés pour concourir à ce prix :
- « Depuis l’importante découverte de la synthèse de l'alizarine faite par MM. Græbe et Liebermann au commencement de 1869, cette matière colorante artificielle qui, à cette époque, n’a été fournie qu’en très petites quantilés et en quelque sorte comme produit de laboratoire, est devenue aujourd’hui le produit d’une industrie régulière qui prend de
- jour en jour plus d’extension, et dont le rendement, comme quantité, a déjà pris des proportions énormes dans plusieurs usines d’Angleterre et d’Allemagne.
- « Deux fabricants se sont présentés, désirant concourir pour le prix institué par la Société industrielle.
- « D’abord MM. Gessert frères, d'Elberfeld, par une lettre datée du 1er novembre 1871, le réclament comme ayant les premiers rempli les conditions du programme, et plus tard, le 22 janvier 1872, MM. Meister-Lucius et Brü-ning de Hœchst.
- « MM. Gessert frères ont effectivement livré à notre département une quantité de matière colorante artificielle dépassant comme richesse le pouvoir colorant de 40,000 kilogrammes de garance ; mais leur produit, qu’ils appellent alizarine artificielle, tout en rendant un service réel dans certains cas, ne peut pas remplacer la garance dans toutes ses applications, parce qu’elle n’a pour base qu’une seule des matières colorantes de la précieuse rubiacée « l’alizarine. » et que les autres matières colorantes indispensables pour produire les couleurs dites garances, remarquables tant par leur solidité que par leur éclat, y font entièrement défaut.
- « La présence d’un matière colorante encore peu étudiée qui accompagne l’alizarine artificielle dans le produit que MM. Gessert frères livrent à la consommation, est une entrave pour la production du violet qui devient, soit par teinture, soit par application, d’un gris fauve, lequel est loin de se rapprocher de la vivacité du violet produit par la garance ; mais, par contre, c’est grâce à cette matière colorante que l’on arrive à produire de beaux rouges résistant aux opérations d’avivage, mais non de chlorage, imitant, du reste, assez fidèlement l’éclat du rouge garance.
- « MM. Meister-Lucius et Brüning, tout en ayant livré moins de produits dans notre département que MM. Gessert, sont arrivés à perfectionner leur fabrication.
- « Ils livrent actuellement à l’industrie une véritable alizarine artificielle, chimiquement pure et identique comme composition élémentaire et comme pouvoir colorant à l'aliza-rine extraile de la garance ; elle permet de produire des violets d’une pureté et d’une solidité semblables à ceux de la garance. C’est à elle qu’est réservé l’avenir quand une fois on sera parvenu à produire artificiellement les autres matières colorantes qui accompagnent l’alizarine dans la garance naturelle.
- « Quoique les exigences du programme ne soient pas entièrement remplies, je vous proposerais, messieurs, au nom du comité de chimie, de décerner à chacun des concurrents une médaille de première classe à titre d’encouragement. »
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- La communication qui précède indique le point où en est l’exploitation des alizarines artificielles ; les cultivateurs de garance se sont émus du succès de cette fabrication et crai-goent que ces matières artificielles ne supplantent tôt ou tard le produit de leur culture. Une lettre du président de la Chambre de Commerce d’Avignon les rassure à cet égard et leur démontre qu’il y aura p ace pour les deux produits ; nous publierons cette pièce dans notre prochain numéro, ainsi qu’un autre document à ce propos qui a aussi sa valeur.
- La contrefaçon allemande. — Depuis longtemps, les Allemands s’efforcent d’imiter les articles de Paris, et ils ont monté chez eux de très-grandes fabriques, puissamment outillées, dont l’existence et la fortune attestent le succès de ces contrefaçons. C’est donc autant de moins d’affaires que nous faisons avec l'étran-ger, autant de moins de bénéfice pour amortir notre dette publique, servir nos emprunts, diminuer nos impôts, autant de moins de travail et d’intelligence transformés en richesse matérielle.
- Les articles que l’Allemagne fournit en concurrence avec les nôtres sur les marchés étrangers sont innombrables : meubles, ganterie, bijouterie, tissus , confections, horlogerie, chaussures, objets de cuir, d’acier, de nacre, etc , etc.
- La supériorité originelle de notre industrie parisienne, bien constatée, universellement admise, a donné lieu à des marques de fabrique, adoptées par nos maisons, et nominalement garanties par le gouvernement français d abord, ensuite par des traités internationaux. Et l’on sait quelle importance l’étranger attache à ces signes visibles de la réputation de nos fabriques. La marque en faveur est une sécurité, qui ajoute à la valeur de l’article par la confiance qu’elle inspire à l’acheteur.
- Or, les industries rivales à l'étranger, non contentes de lutter par les bas prix, n’ont pas tardé a introduire dans leur concurrence un élément de mauvaise foi, en par ant frauduleusement leurs produits des marques françaises les plus renommées.
- Nous citerons, entre mille, M. M.........., de Paris, qui s est vu tout à coup abandonné par une grande partie de sa clientèle étrangère, sans pouvoir s’expliquer cette défaveur rui-neuse Un beau jour, il reçoit la visite d’un de ses anciens acheteurs, qui se plaint de ce que depuis assez longtemps, la qualité de ses produits s’est altérée. Des explications échangées, il résulte que sa marque était contrefaite par des produits allemands. M. G.............., parfumeur à Paris, M. D..,., fabricant de chaussures à Nantes, Al. D.............................fabricant de papier à cigarettes à Lyon (nous citons au hasard dans un
- énorme dossier), ont été victimes de semblables pratiques, qui ne se découvrent qu’à la longue, lorsque le mal est fait.
- Une partie notable de ers contrefaçons ex-pédiée> d Allemagne à destination d Amérique, tait escale au Havre à bord des steamers allemands, qui viennent compléter leurs chargements dans notre port.
- Toutes ces marchandises ne débarquent pas et restent enfermées dans des compartiments clos, dûment scellés ; la douane française n’a absolument rien a y voir Le steamer qui a par su pposition 300 tonneaux vides, embarque sous le contrôle de la douane son complément de marchandises françaises, et continue sa route. Arrivé à l etranger, il débarque le tout, et l’on voit alors, au lieu de 50 colis de telle marque française, apparaître 100 colis, dont la moitié en pure contrefaçon. Mais le steamer ayant touché en France, comment distinguer le vrai de l’imitation, et comment prouver la fraude?
- Voilà ce qui se passe journellement.
- Nous nous permettons de suggérer un moyen qui nous semble efficace, d’empêcher ou du moins de diminuer le préjudice que subit notre industrie française. Pour appliquer ce moyen, il faut d abord que nos industriels s’entendent entre eux et qu ils obtiennent le concours des agents consulaires, sur un ordre du gouvernement.
- Il ne s’embarque pas en Allemagne ni en France et il ne se débarque pas à l’Etranger, un seul chargement sans manifeste, c’est-à-dire sans une pièce officielle qui constate la quantité et la nature des colis composant la cargaison.
- Si, donc nos agents consulaires, dont la mission est essentiellement de servir les interets du commerce, voulaient bien prendre la peine de comparer, à l’arrivée des navires, les mauitest es allemands et les manifestes fran çais, ils apercevraient immédiatement les similitudes de marchandises qui sont les indices de contrefaçons, et donneraient l’eveil à nos industriels. Ceux-ci pourraient alors prendre des me ures afin de la déjouer ou de la traduire devant les tribunaux.
- , Le commerce français a un trop grand interet dans la question pour la négliger, et nous sommes bien persuadés qu’il suffirait d’une démarche collective auprès du gouvernement pour obtenir de lui des instructions dans ce sens à l adresse de ses agents consulaires.
- {Journal du Havre.)
- Pour tous les articles non signés : P. Blondeau.
- F. GOUILLUN, Üirecleur-'ièrant.
- Tous droits réservés
- Paris. Typ. Turfn et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 5. 5 MARS 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Nouveaux bleus solides d’Indigo en teinture et en impression, par MM. SCHUTZENBERGER et Lalande. — Blanchiment par l'ozone du papier, du fil, du coton, lete , par MM. David et Cie. — Coloration des tissus par les amidons de couleur. — Procédés divers à l'usage des Teinturiers-Dégraisseurs : Noir laine-coton au pyrolignite. — id., en un seul bainy par M. V. Barbé. — Gros bleu sur laine, gros vert, par M. Flamand. — Exposition universelle de Lyon : Tissus et Teinture. — Impression multicolore sur tissus, applicable aux procédés à la gouache, par M. F. Gouillon. (échantillon et gravures).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Bibliographie, (suite). Traité des dérivés de la houille, par MM. Girard et de LAIRE. — Recherches sur la teinture, par M. P. Havréz. — Traitépratique de Teinture, d’Impression et de Blanchiment, par M. DE VINANT. — Ecole des Chauffeurs, pM M. Testud de BEAUREGARD.
- NOUVELLES : Alizarine artificielle.
- NOUVEAUX
- BLEUS SOLIDES D’INDIGO
- EN TEINTURE ET EN IMPRESSION
- Par MM. SCHUTZENBERGER et Lalande.
- Les procédés que nous relatons sont à bon droit qualifiés par leurs auteurs de : Perfectionnements dans l'emploi de l’Indigo^ ils constituent au moins des moyens nouveaux, qui, dans certains cas, peuvent être avec avantage substitués aux anciens ; ils sont basés sur des observations qui n’avaient point encore été signalées, et dont l’une, celle qui se rapporte au mode d’impression indiqué, constitue un fait important qu’il faut ajouter aux propriétés déjà connues de l’indigo.
- Les points principaux de ce procédé consistent dans l’application de l’indigo, sous forme de couleur vapeur, et dans l’emploi des hydrosulfites alcalins, pour la réduction de ce corps.
- Les couleurs vapeur s’obtiennent en imprimant un mélange épaissi d’indigo blanc ou d’indigotate métallique, et d’un sel à réaction alcaline, dont la base est capable de dissoudre l’indigo blanc, notamment des carbonates et bi-carbonates de potasse ou de soude. Le tissu séché est soumis à l’action de la vapeur, qui détermine la dissolution de l’indigo blanc et, par suite, sa fixation par teinture locale. Un lavage ou, au besoin, un passage en bain de bichromate suffisent pour terminer l’opération.
- La fixation de l’indigo comme couleur vapeur peut permettre son application concurremment avec d’autres couleurs, et donner lieu ainsi à des genres nouveaux.
- Les hydrosulfites jouissent de la propriété
- de réduire avec énergie, même à froid, l’indigo en présence des alcalis ou des terres alcalines. La cuve que l’on forme ainsi peut être obtenue en quelques minutes et très-concentrée. On peut l’utiliser pour la teinture, s’en servir pour maintenir les cuves au même degré de concentration et pour préparer l’indigo réduit.
- Montage de la cuve.
- L’indigo est broyé et délayé dans une quantité d’eau suffisante pour le tenir en suspension ; on emploie :
- Indigo. .... .1 kilogr.
- Hydrosulfite de soude. 3 à 5 kil.
- Soude ou potasse. . . » » »
- L’alcali s’emploie en quantité suffisante pour opérer la dissolution de l’indigo.
- L'hydrosulfite s’obtient par l’action du fer ou du zinc, sur une dissolution de bi-sulfite de soude ou de potasse.
- Fixation sur tissu du précipité d'Indigo.
- On précipite l’indigo d’une cuve quelconque : cuve au vitriol, à l’étain, etc. ; on égoutte le précipité, on l’exprime et on le mélange avec un des composés, tels que sels de potasse, de soude, d’ammoniaque, de chaux, de baryte, de strontiane, de magnésie, etc. ; en un mot, de tout sel à réaction alcaline ou à acide faible, mais plus spécialement les carbonates alcalins, exemple : on fait une pâte contenant 1/7 d’indigo broyé, et on emploie :
- Pâte d’indigo. . . . 3 parties.
- Bi-carbonate de soude. 1 »
- La couleur ainsi formée, additionnée d'é-paississant, donnant la nuance convenable, est imprimée sur tissu ; on sèche, on vaporise, on
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- oxyde à l’air, à l’eau courante ou au chro-mate : dans les deux derniers cas, il convient de passer préalablement les tissus au bain acide.
- Les bleus obtenus sont de teintes les plus variées.
- Les auteurs ont observé que la réaction des hydrosulfites ou de l’acide hydrosulfureux sur l’indigo pulvérisé, en présence d’une base alcaline, réduit très-rapidement cet indigo, ce qui permet de monter promptement la cuve ci-dessus décrite, qui peut être employée pour les opérations de teinture après avoir été convenablement étendue : son emploi est avantageux pour la préparation du précipité, qui est la base de l’impression par leur procédé.
- F. G.
- BLANCHIMENT PAR L’OZONE
- DU PAPIER, DU FIL, DU COTON, ETC.
- Par MM. David et Ce.
- Parmi les nouveautés que l’exposition d’Economie domestique à Paris renfermait, et que le Moniteur de la Teinture a signalées (1), il faut citer les procédés de blanchiment par l’ozone, inventés par M. David. Pour compléter la mention rapide que nous en avons faite, nous empruntons à M. Ch. Mène, membre du jury de cette exposition, les renseignements qui suivent :
- M. David met dans une bonbonne des produits chimiques décrits dans son brevet : permanganate de potasse, acide sulfurique, manganèse, etc., (car cet inventeur préfère l’ozone fabriqué par réaction chimique plutôt que par phénomènes physiques), puis il fait passer de l’air dans sa bonbonne : l’air qui sort de ce vase est dirigé dans une caisse en maçonnerie où se trouvent suspendus des papiers, des cotons en écheveaux ou en bobines, etc., avariés comme couleur.
- Au bout de quelques heures de séjour, ces objets, qui étaient jaunes, flétris, sales, ternis, etc., sont blancs et purs comme des marchandises de premier choix, et la preuve que leur
- (1) Voir Moniteur de la Teinture, année 1872, page 199.
- valeur est grande sous ce point de vue, c’est qu’après quelques heures d’exposition à l’air, ils se vendent couramment avec tous leurs produits similaires, sans qu’on y voie aucune différence; or, ilya à peu près dix ans que M. David exerce cette industrie avec succès.
- Comme chimiste, c’est-à-dire avec un peu d’incrédulité, nous avons voulu que l’expérience soit faite scientifiquement parlant, dans des appareils de verre et avec des produits purs et exempts de chlore. M. David s’est prêté à toutes nos demandes, et un essai a été fait dans notre laboratoire avec de la vapeur de phosphore acidifiée d’acide acétique, sous des cloches de verre : en quelques minutes, devant la commission du jury, du papier jaune, du coton défraîchi et sale ont été blanchis d’une manière remarquable et permanente.
- Ainsi, aux opérations complexes du blanchiment par le chlore, aux lavages et aux étendages sur les prés, M. David se contente d’y substituer un courant d’air ozonisé, et en quelques heures, des pièces toutes confectionnées, des livres tout brochés, des tissus préparés, etc., sont devenus parfaits comme couleur et comme teint. Encore un pas dans cette voie, et nous verrons l’impression des tissus se modifier, la teinture se transformer, les boissons fermentées se régulariser, la fabrication des produits chimiques se métamorphoser, et l’ozone devenir l’agent principal d’une foule de réactions inconnues jusqu’à ce jour.
- Dans ce progrès qui va s’accomplir peu à peu, n’oublions pas qu’un ouvrier nous a ouvert la voie, que dans ses nombreuses recherches, il a peut-être beaucoup à révéler, à nous apprendre, et qu’en tout cas, c’est lui qui, le premier, a appliqué industriellement cet agent, et qu’il faut lui en tenir compte dans la mesure de nos moyens. Le jury décerne à M. David une médaille de vermeil.
- COLORATION DES TISSUS
- PAR LES AMIDONS DE COULEUR.
- Plusieurs auteurs ont indiqué un moyen de teinture consistant à mélanger le colorant à l’apprêt, que l’on applique ensuite sur le tissu par placage. M. Gantillon, de Lyon, est bre-
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- veté pour ce moyen, et, d’ailleurs, c’est le seul employé pour la coloration des tissus et papiers destinés à la fabrication des fleurs.
- On sait que l’amidon se teint très bien dans les dissolutions de couleurs d’aniline et que l’on a même utilisé cette propriété pour en former des laques applicables à l'enluminage et à l’impression des papiers.
- Mettant à profit ces deux circonstances, M. le professeur Artus a indiqué un moyen très simple et très rapide pour colorer les tissus légers en couleurs vives et agréables, et il peut avoir diverses applications utiles. Pour exposer ce procédé, nous supposons qu’il s’agisse de colorer une étoffe blanche en un beau rouge cramoisi.
- On dissout trois parties de fuchsine dans vingt parties de glycérine, en pilant dans un mortier cette fuchsine avec une petite quantité d’eau et en y ajoutant peu à peu la glycérine. La fuchsine étant ainsi dissoute, et la masse ayant acquis une couleur cramoisie bien homogène, on y incorpore,'[toujours en agitant, de l’amidon finement broyé, on enlève la masse et on la fait sécher à l’air sur du papier non collé le produit constitue l’ami-don cramoisi.
- Pour en faire l’application, on lave le tissu et on le passe au bouillon dans un bain préparé avec cet amidon coloré, comme si on voulait l’amidonner à l’ordinaire. On fait sécher, on asperge quelques gouttes d’eau et on repasse avec un fer qui ne soit pas trop chaud.
- On peut préparer bien d’autres amidons de couleur et, par conséquent, colorer très promptement en nuances variées, les étoffes légères qui servent aux vêtements des dames, ou les tissus employés pour décoration et autres usages.
- Profitant de l’affinité de l’amidon pour les couleurs d’aniline, on avait aussi proposé cette matière comme mordant pour coton, et le procédé différait peu, au fond, de celui qui précède, mais, dans l’un et l’autre cas, l’ami-don n’adhère pas assez fortement aux tissus pour produire des teintes non-seulement solides, mais même capables de résister au moindre usage, ce n’est donc que pour articles de fantaisie, fleurs, etc., que ces moyens peuvent convenir.
- F. G.
- PROCÉDÉS DIVERS
- A L’USAGE DES TEINTURIERS-DÉGRAISSEURS
- NOIR LAINE-COTON, AU PYROLIGNITE.
- La partie laine des tissus étant teinte, on engalle dans un bain de sumac pour les articles ou le coton domine; mais, dans la plupart des cas, cela n’est pas nécessaire ; ensuite on fait sécher, puis on passe les articles dans un bain de pyrolignite de fer à 5 ou 6 degrés ; on tord et on plie le tout; on l’enveloppe dans une grosse toile consacrée à cet usage, et on abandonne ce paquet dans un endroit frais pendant une nuit ; puis on fait sécher sur le mordant, et lorsque le sec est obtenu, on foule les objets sur une eau tiède, et on termine par un rinçage complet à l’eau courante ou à plusieurs eaux.
- Une fois les étoffes mordancées de cette façon, on les teint dans un bain de campêche, auquel on ajoute un peu de quercitron ou de bois de Cuba, et lorsque le noir est bien monté, on rince et on termine en passant dans un léger bain de chromate ; on rince enfin une dernière fois.
- Comme on le voit, ce procédé est passablement long et onéreux ; toutefois, on peut, à la rigueur, éviter de sécher avant de passer au pyrolignite et même après ce mordançage, en laissant séjourner les étoffes dans le bain de fer du soir au lendemain ; on rince et on teint comme il est dit, mais ce moyen ne vaut pas le premier.
- Dans tous les cas, les étoffes conservent toujours une mauvaise odeur, et dans certaines villes, six robes sur dix sont refusées pour ce motif.
- NOIR AU PYROLIGNITE, EN UN SEUL BAIN.
- Après le nettoyage préparatoire, on abat les laines-coton pendant douze heures dans un bain de pyrolignite à 5 ou 6 degrés ; on lève et on rince.
- On teint dans un hain un peu concentré de campêche, bois jaune et sumac; on chauffe jusqu’à 40 degrés environ, et on entre les tissus qu’on y manœuvre, en élevant doucement la température jusqu’à ébullition ; aussitôt, on lève pour éventer.
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- Pendant ce temps, on ajoute au bain du sulfate de fer et un peu d’acétate de cuivre ; on y abat les étoffes qu’on maintient dix minutes à l’ébullition ; on lève, on évente et on rince.
- Ce procédé a fait l’objet d’un brevet; il faut constater cependant qu’on n’y réussit pas toutes les étoffes ; d’autres, à la vérité, s’y font parfaitement, notamment les gros draps à chaine- coton, et aussi les Orléans, alpagas, etc.
- {Communiqué par M. V. BARBÉ (1).
- plus de matières; cependant, il est préférable de ne pas trop foncer ; car, selon moi, la teinte est plus nette et moins dure, surtout pour l’appliquer à l’article robes.
- Quant aux proportions pour ces deux procédés, le teinturier le moins exercé doit juger ce qu’il faut ou ce qui manque dans la composition de sa nuance, car c’est surtout du teinturier que l’on peut dire qu’il n’a pas le compas dans la poche, mais qu’il le porte dans l’œil.
- (Communiqué par M. FLAMAND d'Aigre.)
- GROS BLEU SUR LAINE.
- Dans son numéro du 20 octobre 1872, le Moniteur de la Teinture parle d’une série de nuances à la mode, en nous donnant deux échantillons, dont l’un est désigné sous les noms de colombin, etc. ; moi, j’appelle cette nuance gros bleu.
- Cette teinte, à son aspect foncé, épouvante beaucoup de teinturiers; cependant, elle est simple à faire, et elle peut même s’obtenir sur des fonds gris assez foncés ; seulement, il faut deux opérations :
- 1° On donne un fond de bleu-Nicholson, par le procédé en usage ; on avive et on rince;
- 2° On monte un bain avec un peu d’orseille et de composition d’indigo ; on teint pendant quinze minutes sur ce bain à l’ébullition; on lève et on rince. L’acide que contient la composition d’indigo ne peut que maintenir la vivacité du fond de Nicholson.
- GROS VERT.
- J’ai fait aussi la teinte de vert que le Moniteur appelle vert russe.
- J’ai Obtenu cette nuance par l’acide picrique et la composition d’indigo.
- Mon vert a quelques tons de moins que celui de l’échantillon du journal, mais on peut très-bien arriver à cette teinte sans beaucoup
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE LYON
- Tissus et Teinture (1).
- En entrant dans la grande galerie des tissus, nous trouvons tout d’abord la vitrine de M. Dubonneau, président du Conseil d’administration de l’exposition, et propriétaire des magasins de la Ville de Lyon. Elle renferme d’élégantes confections et un choix d’étoffes de prix, dont il sera plus à propos d’apprécier le mérite, quand nous aurons à parler des producteurs eux-mêmes. On retrouve encore dans cette salle, quelques expositions de soies et cocons ; nous citerons parmi les plusremar-quables celles de MM. Vicenzo Zatta, de Pa-doue (filature et moulinage à Montinello); — Le major de Bronno-Bonski, au château de Saint-Sever, dans la Gironde, soie grège d’une blancheur exceptionnelle; — Meynard et Cie, à Valéras, cocons obtenus dans les essais précoces de l’année, avec les graines importées par eux et démonstration des procédés qu’ils emploient pour le transport et l’hivernage des graines; — Louis Soubeyran, à Saint-Jean-du-Gard, et Largentière (beaux cocons).
- M. A. Canoville, de Paris, a exposé un joli assortiment de soies à coudre ; M. G. Pailly, de la soie à coudre pour ganterie de diverses
- (1) Cette communication, faite en réponse à la demande d’un lecteur, est indépendante des Causeries de M. Barbé, qui seront toujours continuées dans la même forme, et dont la 8e paraitra dans le prochain numéro.
- (1) Le Moniteur de la Teinture a publié des comptes-rendus de l’Exposition de Lyon, voir année 1872, pages 209, 221, 233, 253, 265; mais ayant promis de faire connaître les principaux documents qui se publieraient à ce propos, pour ce qui concerne ses spécialités; celui-ci lui a paru intéressant à reproduire.
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- nuances (ombres remarquables) ; citons encore | les fleurs et articles de passementerie de Léon Sporck, à Paris, et la riche passementerie nouveauté de J. Gay, de Lyon.
- Nous arrivons enfin aux fabricants de soieries, et, en première ligne, nous devons nommer la maison G.-J. Bonnet, dont les satins et taffetas sont depuis longtemps classés parmi les produits hors-ligne. Nous remarquons ici le « drap de France » taffetas à gros grains de trois mètres de largeur. Aux angles de la vitrine sont deux tableaux renfermant, l’un des cocons, l’autre des grèges, organsins et trames, éléments de choix qui servent à la fabrication de ces splendides étoffes.
- Le voisinage des produits de la maison Bonnet ne nuit en rien à l’exposition de MM. Tapissier fils et Debry, qui font également d’admirables taffetas noirs et armures.
- (A continuer)
- IMPRESSION MULTICOLORE SUR TISSUS
- APPLICABLE AUX PROCÉDÉS A LA GOUACHE.
- L’impression des tissus à la gouache, c'est-à-dire en couleurs plastiques, — couleurs grasses, le plus souvent, — est celle que l’on emploie pour les étoffes reteintes, et cette impression s’applique aussi, depuis quelque temps surtout, aux étoffes en pièces, et notamment aux coupons et bouts de pièces, ou aux tissus défraîchis que l’on veut remettre en vente.
- Nous avons indiqué avec détails ce genre d’impression et ses applications, et nous avons dit, alors, que l’impression en plusieurs couleurs se faisait par un nombre de coups de planche égal àcelui des couleurs employées ; dans cert ins cas, toutefois, on peut simplifier ces moyens, et la mode ayant mis en faveur les impressions multicolores, il est devenu nécessaire d’imaginer une méthode rapide pour exécuter ce travail ; on verra plus loin quel est celui que nous proposons à cet effet.
- L’impression multicolore est celle qui présente un papillotage de cinq ou six couleurs très différentes entre elles, c’est-à-dire ne fondant pas les différentes nuances d’une même tein'e, comme celles qui constituent,
- par exemple, le modelage d’une fleur ; nous donnons ci-contre un spécimen d impression du genre qui nous occupe.
- Lorsqu’on imprime les couleurs ordinaires d’impression, celles qui sont assez fluides pour traverser le drap du châssis, on se sert quelquefois du châssis d compartiments, dans le but d’éviter l’emploi d’un trop grand nombre de planches dans les dessins à plusieurs couleurs, et lorsque ces dessins peuvent se prêter à cette combinaison.
- Le châssis à compartiments est divisé par des petites cloisons ou cases correspondant aux figures de la planche à imprimer ; ces cases en compartiments, divisant le châssis au-dessous du drap, sont alimentées chacune par une couleur différente, arrivant, à l’aide de conduits en plomb, de réservoirs quelconques; ces couleurs imbibent le drap, qui offre 1 aspect d’un dessin ébauché, et lorsqu’on applique un bloc à imprimer sur ce châssis, chaque partie de ce bloc se charge de la couleur que portait le châssis à l’endroit qui l’a touché ; en imprimant ensuite cette planche on obtient des sujets diversement colorés, sur lesquels on fait rentrer d’autres pi nches qui le complètent ; ce mode d’opération simplifie considérablement l’impression à plusieurs couleurs, lorsque les sujets permettent d’en user.
- Les dessins ordinairement usités dans l'im-pression à la gouache se prêteraient très bien à ce genre de travail, car ce sont le plus souvent des motifs détachés, des sujets Pompa-dour, quelquefois, même, assez espacés, mais la couleur est trop épaisse, non-seulement pour circuler dans les petits conduits, mais surtout pour traverser le drap d’un châssis. Là couleur grasse que l’on emploie se dépose simplement sur une toile cirée et supprime l’emploi du châssis de drap.
- Plusieurs moyens sont en usage pour obtenir des résultats de même nature dans ce genre d'impression, nous en avons imaginé un qui nous paraît très simple et très pratique et qui, par sa combinaison avec le tampon à double face, de notre invention, constitue un appareil complet pour l’impression multicolore.
- Le tampon T, figure 4, est formé par un bloc de bois constitué par plusieurs feuillets collés en sens contraire des fibres; ce bloc est
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- garni, sur ses deux faces, de molleton bien uni, et recouvert d’une forte toile cirée qui l’enveloppe entièrement ; il est entouré d’un tasseau tt qui forme saillie et qui, venant reposer sur le rebord d’un support S, porte le tampon sans qu’il pose sur l’une ou l’autre de ses faces.
- Le support S est échancré en e pour permettre de saisir facilement le tampon afin de l’enlever ou de le retourner chaque fois qu’il en est besoin ; un taquet placé de chaque côté en P (oublié sur le dessin) sert à enlever tout le système assemblé ; enfin, deux entretoises NN consolident ce support.
- Impression gouache multicolore.
- Tel est sommairement le tampon à double face ; il remplace très avantageusement les baquets et châssis employés pour le même usage dans l’impression; son usage est particulièrement favorable pour les impressions à deux couleurs; une face reçoit la première couleur, et lorsque le coupon d’étoffe est imprimé en cette couleur, on retourne le tampon sans le nettoyer, et sur l’autre face on étend la seconde couleur, que l’on imprime jusqu’à ce que le coupon soit terminé ; on reprend alors la première couleur pour le coupon suivant, et le travail se termine jusqu’à la fin avec la même facilité, sans être obligé de changer de baquet ni de nettoyer la toile cirée à chaque changement.
- Dans les impressions multicolores, chaque nuance est disposée suivant une ligne dans le sens de la largeur du tissu ; ainsi dans l’échantillon que nous soumettons, on a d’abord imprimé un dessin jaune représentant les tiges des fleurettes, puis on a rentré dessus une deuxième planche en multicolore ; or, on peut remarquer que tous les sujets bleus sont placés sur une même ligne, tous les verts aussi,
- les rouges, les blancs également ; pour pro-duire cet effet, il suffit donc que sur le tampon la couleur soit déposée en bandes parallèles d’un écartement égal à celui du dessin que l’on imprime.
- Fig. 4. — Tampon à double face.
- On se sert, pour tracer ces bandes d’une manière régulière et rapide, d’un rouleau A, figure 5, dont les saillies, 1, 2, 3, etc., sont chargées chacune de la couleur que l’on veut ; on prend ce rouleau par les poignées m, m, qui peuvent tourner librement ; puis on passe ce rouleau sur une des faces du tampon, en guidant le mouvement par les joues c, c, qui s’emboîtent exactement sur le rebord du tam-
- pon ; le tampon se trouve alors garni des couleurs déposées par les saillies du rouleau.
- Fig. 5.—Rouleau pour impression multicolore.
- Les saillies de ce rouleau ont un écartement correspondant à celui du dessin, mais elles peuvent être mobiles, et s’écarter à volonté, à l’aide d'espaces qu’on y intercale, et qui permettent d’appliquer le rouleau à des dessins plus ou moins serrés.
- Pour garnir de couleur les parties saillantes du rouleau, on se sert d’une boîte à compartiments B, figure 6, dont chaque case 1, 2, 3, 4, etc., correspond aux saillies 4, 2, 3, 4, etc., du
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- rouleau, et chacune de ces cases contient une couleur qui répond à l’effet désiré.
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- CX
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- Fig. G. — Boîte à compartiments, pour impression multicolore.
- De même que le rouleau, chaque cloison de cette boîte peut être mobile et se rapprocher plus ou moins, en s’arrêtant dans des rainures régulièrement espacées sur les parois intérieures de la boîte ; dans tous les cas, il est avantageux de pouvoir enlever à volonté ces séparations, afin de pouvoir facilement nettoyer l’intérieur de cette boîte.
- Le fond de la boîte est garni, comme la face d’un tampon, pour qu’il ait de la souplesse, et l’on peut aussi recouvrir les saillies du rouleau de rondelles en caoutchouc dans un but analogue.
- Pour exécuter que impression multicolore à l’aide de cet appareil, il suffit donc , après avoir imprimé la première planche, de retourner le tampon, de prendre avec le rouleau les couleurs disposées dans la boîte à compartiments, de promener ce rouleau sur la seconde face du tampon, d’appliquer la planche sur les bandes formées, en se guidant sur les picots, pour que les dessins de la planche tombent exactement sur les bandes colorées, et enfin d’imprimer la planche ainsi garnie, en la rentrant sur la première ; rien n’est plus facile et plus expéditif, comme on le voit, que ce genre d’impression, et le matériel est aussi peu compliqué que possible.
- Divers autres moyens peuvent aussi être mis en usage pour le même but ; la plupart ne sont pas aussi satisfaisants ; un des moins défavorables serait le suivant :
- Une planche, dans le genre de celles à imprimer, serait garnie, sur une de ses faces, de chevilles ou figures en bois formant de fortes saillies, et disposées dans le même ordre que les sujets à imprimer ; chacune de ces saillies étant coupée bien droit au même niveau, donnerait au tout l’apparence d’une planche gravée.
- Sur une autre planche, ou dans un cadre on châssis quelconque, seraient placés des godets à couleur eu nombre égal, et dans la même disposition que les saillies de cette planche.
- En appliquant cette dernière sur l’assemblage de godets, chacune des saillies entrerait dans un des godets et se chargerait de la couleur qu’il contient; on imprimerait ensuite ces couleurs sur le tampon, puis, avec la véritable planche à imprimer, on reprendrait ces couleurs diverses sur le tampon que l’on imprimerait finalement sur le tissu.
- Ce genre de travail constitue ce que l’on pourrait appeler nne-impression à deux degrés ; il n’est pas utile de faire remarquer combien il est plus compliqué que le premier moyen, mais il offre sur celui-ci l’avantage de pouvoir distribuer les couleurs aussi capricieusement qu’on le désire, et sans être as-
- treint à les disposer néanmoins, l’effet de ment désagréable ; ce minant attentivement
- en bandes régulières ; ces bandes n’est nulle-n’est même qu’en exale dessin que l’on s'a
- perçoit que les couleurs sont ainsi rangées; au premier aspect, elles paraissent quadrillées ou disposées en quinconces. Le rouleau à rondelles saillantes nous semble donc toujours être l’appareil le plus avantageux pour le genre d’impression qui nous occupe.
- Enfin, il est un dernier moyen, le plus simple de tous, mais qui est aussi le moins rapide, et qui, à cause de cela ne peut servir que pour des essais ou des travaux non suivis; ce moyen n’est bien praticable aussi qu’à l’aide du tampon à double face.
- Il consiste à faire sur le tampon des divisions ou des compartiments à l’aide de petites baguettes de cire qu’on y colle pendant que cette cire est un peu échauffée ; ces divisions correspondent au dessin que l’on imprime et forment soit des bandes, soit des contours irréguliers ; la cire qui fait séparation est moins épaisse que le relief des planches, de sorte qu’en appliquant eelles-ci sur le tampon, la cire ne les touche en aucun point.
- Dans chacune des cases ainsi formées, on dépose une couleur quelconque à l’aide d’un pinceau; cette couleur peut être différente dans chaque compartiment; en appliquant la planche à imprimer sur le tampon ainsi garni, elle se charge des couleurs telles qu’elles sont
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- disposées, et par l’impression on les transmet enfin au tissu.
- Comme nous venons de le dire, ce moyen n’offre pas la célérité indispensable pour toute production industrielle, mais il permet des combinaisons très-variées de couleurs et d’effets, et peut suffire lorsque l’on a que par hasard des travaux de ce genre à exécuter.
- Nous pensons que ces quelques indications aideront les imprimeurs de ces genres nouveaux, dans l’exécution de ce travail, auquel quelques-uns sont encore peu exercés.
- F. Gouillon.
- BIBLIOGRAPHIE
- Recherches sur la teinture^ parM. P. Havrez.— Traité pratique de blanchiment de teinture et d'impression^ par M. Michel de VINANT. — France industrielle, par M. P. Poiré.
- (Suite).
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- Bien que les couleurs d’aniline aient profondément modifié les procédés de teinture et d’impression, elles n’ont pas fait entièrement délaisser les anciens moyens ; l’étude de ces derniers présente toujours un égal intérêt, et les lumières que l’on jette sur leur mode d’action contribuent aussi aux progrès de notre art.
- Nous avons déjà signalé les travaux de M. P. Havrez, entrepris dans ce sens, sous le titre générique de Recherches sur la Teinture (1), et nous mentionnerons encore deux nouveaux mémoires se classant dans cette série de travaux ; l’un : Formules pour les lois de Teinture^ présenté à l’Académie des Sciences par M. Chevreul, qui voit en M. Havrez un continuateur de son œuvre ; nous avons reproduit dans le précédent numéro les conclusions de ce travail, qui en indiquent le but et l’esprit. Le second mémoire est le résultat d’essais comparatifs faits sur des nuances à la cochenille en faisant agir parallèlement les divers mordants en usage et notant les résultats au
- (1) Voir Alonileur de la Teinture, année 1872, page 108.
- (2) Cercles chrematiques appliqués à la définition des couleurs, par M. Chevreul, 1 volume-alas avec 27 planches coloriées. Prix : 35 francs; parla poste 37 francs. Dépôt au bureau du journal.
- moyen des échelles chromatiques de M. Chevreul (2) ; ces travaux sont très utiles au point de vue théorique, aussi bien que dans leur application à la pratique.
- Si, après avoir rendu un juste hommage à ces livres de science, nous voulons maintenant examiner un ouvrage d’atelier, un véritable recueil de procédés et recettes, nous vous présenterons, chers lecteurs, le Traité pratique de Blanchiment, de Teinture et d'Impression, par M. Michel de Vinant (I) ; son titre en indique suffisamment la nature ; c’est, en effet, un traité essentiellement pratique.
- Bien que M. de Vinant eût été très compétent pour le faire, on ne trouve point dans ce livre de longues discussions théoriques; ce sont des procédés que l’auteur a mis lui-même en pratique et desquels il peut parler avec l’autorité d’une expérience bien acquise dans de nombreux établissements industriels, où il a utilisé ses connaissances. M. de Vinant est arrivé à un âge où l’on a déjà beaucoup vu, et son livre prouve qu’il en a beaucoup profité.
- La première partie de ce livre traite du Blanchiment en général : blanchiment du coton, du lin, de la laine, de la soie, sous toutes les formes, et même aussi des pâtes de bois pour la fabrication du papier. La seconde partie comprend la Teinture en toutes nuances et sur toutes matières; parmi ces procédés, ceux à base d’aniline ne sont point oubliés. La troisième partie traite de V Impression en tous genres. La quatrième et cinquième parties ont trait à la fabrication des principaux produits chimiques employés dans nos industries.
- L’ouvrage, très volumineux, est entièrement formé de procédés et formules se rapportant à ces diverses branches de nos industries, et très courtement exposés ; leur nombre en est donc considérable, et l’on sait combien ces recettes sont utiles au praticien exercé aussi bien qu’à celui qui débute, surtout lorsqu’elles sont sûres et lorsqu’elles présentent la garantie de l’expérimentation.
- La seule critique que nous en ferons et qui, d’ailleurs, ne porte pas sur le fond de l’ou-
- (1) Un vol. in-8° de 875 pages et 6 planches au-tographiées; Garolle, éditeur. Prix : 20 francs; par poste., 22 francs. Dépôt au bureau du journal.
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- vrage, est sur la méthode adoptée pour présenter ces formules, dans le but de les abréger et d’éviter les répétitions, consistant en un mode de renvois dont on ne saisit pas immédiatement l’arrangement et qui cause, au premier abord, des confusions; mais on s’y familiarise bientôt et ce n’est qu’au début qu’on éprouve ces difficultés.
- Nous signalions récemment notre pénurie d’ouvrages sur nos spécialités ; c’est avec plaisir que nous voyons la Bibliothèque tinctoriale se remonter, et l’ouvrage de M. de Vi-nant y figurera avec honneur.
- Ce Traité Pratique se termine par six plan-ches autographiées, représentant diverses machines et appareils à l’usage du blanchiment de la teinture et de l’impression, mais cela n’est pas le principal attrait de cette utile publication.
- Un livre, par exemple, qui, sous le rapport des gravures est bien partagé, c’est la France Industrielle, de M. Paul Poiré (1); cette magnifique publication comprend l’industrie en général, depuis l’extraction des produits des mines jusqu'à leur transformation en objets manufacturés, en passant par toutes les phases de la fabrication.
- Le livre est très-méthodiquement divisé : 1° en industries extractives fournissant les matières premières ; 2° en industries préparatoires fournissant à l’homme ses outils et ses moyens d’action ; cette division comprend les industries préparatoires mécaniques et les industries préparatoires chimiques ; 3° en industries de l’alimentation ; 4° en industries du vêtement; 5° en industries du logement ; 6° en industries concourant à la satisfaction des besoins intellectuels.
- La 4e partie, celle qui se rapporte à nos spécialités, comprend la filature, le tissage, la teinture, l’impression, le blanchiment et l’apprêt des tissus ; de magnifiques gravures sur bois, très-artistement exécutées, représentent, entre autres machines, un appareil à griller les étoffes, des machines à blanchiment, une cuve à teinture avec son trinquet, un atelier
- (1 ) Un vol. grand in-8° de 750 pages, avec 432 gravures sur bois intercalées dans le texte et une planche en chromolithographie, Hachette, éditeur. Prix : 10 fr. ; par la poste, 12 fr. Dépôt au bureau du journal.
- d’impression à la main, une perottine, une machine à gaufrer, etc. Pour l’apprêt des draps, on remarque un foulon, un lainage, une machine à friser, etc. ; enfin, pour la fabrication des papiers peints, pour la chapellerie et autres industries voisines des nôtres, on n’est pas moins charmé de la beauté et du luxe des gravures.
- Si nous insistons sur les gravures, c’est que 1c livre a visé surtout à cet agrément des yeux; en effet, ce n’est point un traité technologique décrivant avec détails toutes les industries qu’il considère ; c’est un aperçu sommaire de ces industries, fait à l’usage des enfants dont on veut compléter l’éducation par des données rapides sur les procédés industriels, et pour que cette étude soit attrayante, on a dû avoir recours aux gravures qui, d’ailleurs, facilitent singulièrement les descriptions, et parent souvent à leur insuffisance obligée.
- Quoique fait pour les enfants, beaucoup de grandes personnes y trouveront un enseignement utile et y apprendront des choses qu’elles ignorent, même pour ce qui se rapporte à leur profession, et quant aux industries qui nous intéressent, elles ont été traitées avec une compétence toute spéciale. M. Poiré était professeur des Cours industriels d’Amiens , et fonctionnaire de la Société Industrielle de cette ville, un des centres importants de la fabrication des tissus. Le style net, clair et concis de l’auteur indique l’habitude de l’enseignement, et grave dans l’esprit, sans aucune fatigue, ce qu’il veut y faire pénétrer.
- Si donc ce livre est consacré à la jeunesse, ce n’est que par le fait d’une excessive modestie de l’auteur, et il ne déparera nullement la bibliothèque industrielle la plus sérieuse et la mieux; entendue.
- F. Gouillon.
- Ecole des chauffeurs. — Etudes sur les explosions fulminantes des chaudières à vapeur. — Appareils de sécurité, par M. Testud de Beauregard.
- La connaissance des phénomènes, qui se produisent ou peuvent se produire dans le travail régulier de la génération de la vapeur, est indispensable, non-seulement aux personnes chargées du chauffage et de la surveillance des appareils générateurs, mais encore
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- aux chefs d’établissements eux-mêmes. Les chauffeurs y puisent l’art de conduire le foyer et de tirer du combustible le plus grand parti possible, l’art de prolonger la durée du métal des appareils générateurs et celui d’éviter les chances d’explosion. Les chefs d’établissements peuvent se rendre compte des résultats économiques apportés par les combustibles qu’ils emploient, par la conduite des foyers ; par une utilisation bien entendue de la chaleur perdue au chauffage de l’eau d’alimentation et à divers autres usages; par les précautions prises contre la condensation de la vapeur dans les conduites, contre les incrustations dans les chaudières et contre les chances d’explosion.
- C’est surtout dans l’intérêt du chauffeur et du chef d’établissement que M. Testud de Beauregard a écrit son livre (1). Il a voulu les faire profiter du résultat de ses recherches, de l’acquit de son passé, de son savoir lentement obtenu et peu à peu amassé par des essais réitérés et sa longue expérience.
- Pour faire juger du mérite de cette œuvre, nous en reproduirons un chapitre dans un de nos prochains numéros, car analyser ce travail concis nous paraît tâche presque impossi-ble. Rien n’en peut être retranché ; chaque mot porte ; chaque phrase est nécessaire. Les grands services qu’il peut rendre et les immenses périls qu’il peut conjurer nous font un devoir de le signaler à nos lecteurs.
- P. Blondeau.
- NOUVELLES
- ALIZARINE artificielle. — La lettre suivante vient d’être adressée par le président de la Chambre de commerce d’Avignon au président de la Société d’agriculture du département de la Vaucluse :
- « Monsieur le Président,
- « Ainsi que j’ai eu l’honneur de vous l’annoncer, la Chambre de commerce s’est réunie en séance extraordinaire à l’effet de répondre à la demande de renseignements que vous lui avez adressée sur la question de l'alizarine artificielle.
- « Avant d’examiner les chances de danger que peut présenter, pour la culture et l'indus-
- (I) En vente à l’office du Moniteur de la Teinture. Prix : 3 fr. 25, franco par la poste.
- trie de la garance, la fabrication de l’alizarine artificielle, la Chambre de commerce croit devoir faire cette réserve, que l’étude et la comparaison des deux matières tinctoriales n’est pas assez entièrement élucidée, malgré des expériences très nombreuses et très importantes, pour lui permettre de se prononcer d’une manière complète sur une question qui intéresse à un si haut degré le commerce et l’industrie de notre département, et qui touche également à la prospérité de notre agriculture.
- « Toutefois, dans ces derniers temps, à la suite des recherches minutieuses auxquelles les commerçants de Vaucluse se sont livrés et des renseignements très sérieux qu’ils ont pu se procurer auprès des consommateurs et des chimistes compétents, il a été permis de tirer des conclusions de plus en plus favorables au maintien de l’emploi de la garance et de calmer les craintes, exagérées certainement, qu’avait fait naître l’introduction de l’alizarine artificielle dans la teinture.
- « En effet, l’ensemble des communications qui arrivent des grands centres industriels, où la consommation de la garance est la plus développée, tendent à démontrer :
- « Que l’alizarine artificielle est inférieure à la garance et à ses dérivés, comme colorant.
- « Que certaines nuances ne peuvent pas être obtenues et qu’elle ne donne pas la fixité nécessaire pour la grande teinture.
- « Que, pour avoir des résultats satisfaisants, on est obligé de l’employer mélangée à la garance elle-même.
- « Que son emploi, donc, ne peut être que limité, comme certains autres produits colorants, qui, après avoir été une menace pour notre industrie, ont dû réduire leur rôle à un emploi spécial.
- « En outre, le prix de revient de la matière première qui sert à sa fabrication, a déjà beaucoup augmenté de valeur, sous l’influence de demandes qu’on peut considérer comme restreintes. Il en résulte que le prix relatif des deux produits est en faveur de la garance, qui, au cours moyen do la dernière campagne était encore inférieur à celui de l’alizarine artificielle.
- « La culture de la garance ne paraît donc pas menacée d’une manière sérieuse. Cependant les agriculteurs ne doivent pas oublier que pour permettre à l’industrie de continuer la lutte avec avantage, ils doivent s’attacher à produire avec plus d’économie, soit en apportant plus de soins dans le choix du terrain, des engrais, des semences, soit en perfectionnant les procédés d’arrachage. Il n’y a donc pas lieu pour les agriculteurs de s’alarmer. Le seul danger à courir serait si, par une abstention regrettable pour l’avenir de cette pré-cleuse culture, on diminuait la production, en réduisant l’ensemencement.
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- « L'agriculiure nc doit pas se décourager, pas plus que l'indusirie, pour laquelle cette concurrence sera un stimulant pour la pousser à améliorer et à développer ses moyens Le production, rechercher par des études et des expériences chimiques plus complètes à augmenter la richesse colorante de la garance, et conserver par là au produit naturel sa supériorité sur le produit artificiel.
- « Veuillez agréer, etc.,
- « J. Valabrègue. »
- Un de nos confrères, le Moniteur de la Chapellerie, qui se publie dans un département où la culture de la garance est également très-répandue, et qui, par le fait de sa spécialité, s’intéresse aux questions de teinture, émet à ce propos les réflexions suivantes :
- « Depuis quelques mois, il n’est bruit parmi nos agriculteurs et nos négociants, que de l’apparition, sur les places de consommation,d’un produit rival de la garance, lequel, grâce aux perfectionnements successivement apportés dans sa fabrication et son emploi, ne tendrait à rien moins qu’à détrôner, d’ici à quelques temps, la garance et tous ses dérivés.
- « Pour comprendre le grave préjudice et le profond bouleversement que la suppression de l’industrie garancière apporterait au commerce et à l’industrie de nos contrées, il suffit de se rappeler que la culture seule de la garance laisse annuellement, dans Vaucluse et les départements voisins, de 20 à 25 millions. L’industrie, de son côté, occupe dans ses usines un grand nombre d’ouvriers , lesquels y trouvent, pendant une très-grande partie de l’année, des moyens d’existence pour eux et leurs familles.
- « Ce n’est pas d’aujourd’hui que la chimie a tenté de supplanter, dans les teintureries, la plante dont Jean Althen a doté notre pays.
- « Après la murexide est venue la fuchsine, le nouveau concurrent a reçu le nom d’aliza-rine artificielle. Ce produit s’extrait de l'an-thracène, un des corps constituants du goudron, provenant lui-même des résidus de la houille employée dans la fabrication du gaz d’éclairage.
- « Voulant nous rendre compte de ce qu’il y a de fondé dans ces bruits, nous sommes allés aux informations, et voici ce que nous avons appris :
- « A l’heure qu’il est, il existe quatre établissements se livrant à la fabrication de l'aliza-fine artificielle. Deux sont en Allemagne, un en Belgique et l’autre en Angleterre. Les deux fabriques d’Allemagne produisent annuellement de l’alizarine artificielle équivalant à 3,000 tonnes de garance en poudre; la production des deux autres étant un peu moindre, on peut évaluer la production totale à l'équi-valant de 5,000 barriques de garance.
- « Cette matière a trouvé emploi dans les usines à imprimer et celles à teindre, tant de la Suisse que de l’Allemagne et de l’Angleterre ; dans les dernières, cependant, l’emploi en est fait à petites doses seulement, vu sa cherté et dans le but d’obtenir une couleur luisante.
- « Jusqu’à présent, l’usage de l’alizarine artificielle revient de 20 à 25 p. 100 plus cher que celui de la garance et de ses dérivés ; mais les teinturiers subissent sans se plaindre cette augmentation, la matière leur étant nécessaire pour obtenir le luisant qui est dans les goûts de la mode, et que, paraît-il, la garance de ces dernières années est impuissante, seule, à leur donner.
- « Pour pouvoir employer la nouvelle matière dans les teintureries à fortes quantités, il faudrait remanier tout le matériel, et en supposant que les prix des deux substances en présence, la garancine et l’alizarine artificielle, parviennent un jour à s’équilibrer, les teinturiers y regarderont à deux fois (ils le disent du moins) avant de se soumettre à une pareille dépense.
- « Les fabriques d’Allemagne ont acheté des quantités considérables de goudron à vil prix, alors que cet article ne valait presque rien. Il en est tout autrement aujourd’hui, car on vient de découvrir en Allemagne un procédé qui permet aux usines à gaz d’écouler leur produit de goudron comme combustible et d’en tirer au moins 5 fr. les 100 kil., tandis que le goudron ‘de ces usines se vendait jusqu’ici 1 à 2 fr. les 100 kil. Ce procédé, pour lequel il a été pris un brevet, est déjà en exploitation. C’est donc une chose sérieuse.
- « A notre avis, il résulte de ce qui précède que le développement de la fabrication de l'a-lizarine artificielle est subordonné à des circonstances et à des éléments qu’il est impossible de préjuger par le temps qui court ; en outre, l’avis des chimistes est que, pour combattre sérieusement l’emploi de la garance, il faudrait d’abord découvrir une nouvelle matière première pour en tirer l’alizarine ; car le goudron, on vient de la voir, disponible pour la fabrication, outre qu’il est trop cher, est tout à fait insuffisant comme quantité.
- « La fabrication de l’alizarine artificielle se développera graduellement ; elle continuera d’avoir son emploi spécial, mais la grosse consommation sera pour longtemps à l’emploi des garances, garancines, etc.
- « Il ne faudrait pas toutefois que nos agriculteurs restassent dans l’immobilité en présence d’un danger aussi sérieux.
- « Le progrès est la loi et la condition de notre existence. Pénétrés de cette vérité, qu’ils se mettent résolûment à l’œuvre pour lutter contre ce produit nouveau, ou tout autre que la science peut au premier jour lui opposer;
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- Pour peu qu’ils s’y appliquent, nos agronomes trouveront des procédés de perfectionnement d’une culture qui, quoi qu’on en dise, en est à son état rudimentaire. Diminuer le prix de la main-d’œuvre et augmenter le rendement de la substance colorante, c’est là le problème, et notre agriculture le résoudra. »
- On voit que la conclusion de ces deux documents est identique; c’est qu’en effet les aliza-rines artificielles, sans supprimer la culture des garances, pourront amener des malaises et des perturbations dans ces exploitations; sans doute, le nouveau produit doit lutter contre les difficultés du début, mais un grand nombre de ces difficultés sont déjà surmontées : la plus sérieuse est celle qui concerne la matière première; or, la production de l'anthrocène s’obtient actuellement dans des conditions bien meilleures qu’à l'origine ; le rendement est supérieur ; les résidus du brai, dont on l’extrait, peuvent encore servir à la fabrication des asphaltes, qui était leur principal emploi, et l’on sait que ces brais sont constitués par les goudrons de houille desquels on a déjà retiré les huiles volatiles, c’est-à-dire les benzols, phénols, etc.
- Il n’est pas impossible non plus que l’on arrive à produire l’anthracène par synthèse, comme l’a été l’aniline qui n’eût jamais suffi à une exploitation industrielle, si l’on eût dû ne se survir que de celle toute formée dans les goudrons.
- Depuis la publication de l’article du Moniteur de la Chapellerie, qui est le premier en date des deux communications que nous avons reproduites, il s’est fondé, ou plutôt il se fonde une nouvelle fabrique d’alizarine artificielle : c’est à Lyon qu’on l’établit, et ce sont MM. Thomas frères, d’Avignon, qui entreprennent cette exploitation.
- Toutefois, nous pensons aussi que les cult-valeurs de garance auraient tort de s’alarmer outre mesure ; la concurrence qui leur sera faite sera pour eux un stimulant dont l’industrie et la prospérité nationale bénéficieront; ce fait aura pour eux le même résultat que les traités de commerce ont eu pour certaines branches des industries des tissus ; après quelques mois de souffrance elles ont bientôt repris leur fabrication en y apportant des per-fctionnements qui n’eussent peut-être pas été appliqués sans cette nécessité.
- Il ne faut pas croire, en tous cas, que, même améliorée, comme elle le sera certainement, la fabrication de l’alizarine ar ificielle puisse supprimer l’emploi de la garance ; ce sera un moyen de plus au service des teinturiers et imprimeurs, et voilà tout ; elle pourra très vraisemblablement faire baisser le prix des garances, mais elle ne les supplantera pas
- davantage que ne l’a fait à l’égard de la cochenille, du sairanum et des bois rouges, la découverte du rouge d’aniline.
- Nous avons pu souvent, comme chimiste, comparer des produits naturels avec leurs similaires obtenus artificiellement, et nous n’avons jamais observé une identité complète entre eux, quanta leurs propriétés physiques, telles que couleur, odeur, saveur, etc. ; la similitude absolue n’est donc pas la règle pour les produits synthétiques comparés à leurs correspondants naturels ; de même, la garance et l’alizarine artificielle pourraient-elles avoir, et ont-elles en effet, des différences assez notables pour en faire des produits distincts qui seront, chacun, préférés pour des applications déterminées.
- Le prix des garances naturelles sera longtemps inférieur à celui de la nouvelle alizarine, mais celle-ci a un avantage sur la première, qui compense bien sa cherté ; c’est que, constituée par la matière colorante pure, elle simplifie considérablement les moyens d’application par teinture et surtout par impression ; et ne nécessite plus cette série d’opérations nommées avivages, qui, dans l’impression, ont pour but d’écarter les matières colorantes fauves de la garance, qui altèrent la nuance que l’on veut obtenir ; sous ce rapport, il n’y a que les extraits qui peuvent lui être comparés, et ils sont aussi d’un prix élevé.
- Dans cette question, notre conclusion sera donc la même pour les cultivateurs de garance, que celle des deux documents que nous avons cités; c’est-à-dire, concurrence redoutable, mais non suppression; et, quant aux conséquences de ce fait dans nos industries, elles sont des plus heureuses et des plus fructueuses.
- F. GOUILLON.
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- Pour tous les articles non signés :
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés,
- Paris. Typ, Torfin et Ad. Juvet, 9,cour des Miracles.
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- 16e VOL., No 6. 20 MARS 4873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- > Sommaire.
- Leçons str les matières colorantes, par M. le Dr CRACE-CALVERT : Garance^ — Exposition universelle de Lyon : Tissus et Teinture (suite). — Bleu d'anthracene. •— Teinture en noir d’aniline sur fils de coton, par. M. M. de Vinant. — Gris-perle par les violets d’aniline (échantillon), — 8e Causerie confraternelle sur l’art du teinturier-dégraisseur, par M. V. Barbé ; Noirs sur velours dè soie.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Nouvelles modifications aux procédés chlorométriqnes. — Encre d’imprimerie servant à l’impression des tissus. — Blanchiment de la gomme-laque. — De l’état sphéroïdal dans les générateurs de vapeur, par M. Testüd de BEAUREGARD. —Brevets d’invention concernant les industries tinctoriales.
- NOUVELLES : Droits sur les huiles de houille. — Dessins de fabrique en Alsace. — Syndicats ouvriers.
- ‘ LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES Par le docteur Grâce CALVERT.
- GARANCE.
- Cette matière tinctoriale, bien connue, peut être considérée comme la plus importante de toutes celles qu’emploient les fabricants d'in-diennes, grâce à ses brillantes couleurs, à leur résistance, sous l’action de la lumière et du zavon, à la solidité qu’elles présentent dans les usages journaliers, ainsi qu’à la variété des nuances et des couleurs que l’on peut obtenir par un seul passage au bain de teinture, la garance étant susceptible de donner des roses, des rouges, des violets, des puces et des noirs avec deux oxydes métalliques, et malgré la concurrence que lui ont faite les couleurs d’aniline, la quantité de garance employée en Angleterre n’a jamais été aussi considérable que maintenant, ainsi que le prouvent les chiffres suivants :
- Garance. Garancine.
- En 1869. 143,766 ....... 30,510 liv. angl. En 1870. 173,318 ........ 42,195 — —
- La plante herbacée, dont on extrait la garance, porte le nom de rubia tinctorium. La fleur est jaune et le fruit rouge foncé.La couleur rouge existe presque entièrement dans la partie corticale de la racine. On en trouve peu ou point dans l’épiderme et dans la partie ligneuse centrale. MM. Decaisme et Edouard Koechlin ont démontré que la matière colorante d’une racine fraîche et jaune, ne devient rouge que spus l'influence oxydante de l’air. Ce même fait a lieu jusqu’à un certain point, lorsque la racine reste en terre plu
- sieurs années, surtout dans les terrains cal--caires : èn France généralement, deux ou trois ans ; en Turquie et dans le Levant, cinq ou sept. Dans ces dernières contrées et à Naples, la racine est séchée à l’air, mais en France et en Hollande , on emploie à cet effet la chaleur artificielle d’étuves. Les garances de Naples et de Turquie sont importées en racines sous le nom de racines de Naples et de Turquie, tandis que celles de France et de Hollande sont en poudre, et se vendent sous le nom de garance de France et de Hollande. 100 parties de racines fraîches donnent, après dessication, 20 parties de matières colorantes. Les racines importées contiennent toujours 16 ou 18 p. 100 d’eau.
- Les garances d’Alsace et de Hollande, après avoir été réduites en poudres, sont conservées dans de grands barils pendant deux ou trois ans, au bout desquels leur pouvoir colorant est très-augmenté. Au bout de cinq ou six ans, au contraire, l’effet inverse se produit et leur valeur diminue considérablement. La garance française d’Avignon peut être employée de suite, quoique sa qualité devienne de beaucoup supérieure en la gardant aussi deux ou trois ans. Les meilleures garances sont récoltées dans les terrains de formation calcaire. Les racines rouges sont appelées paluds, les roses, rosées. Les premières sont considérées comme les meilleures. La valeur de ces garances varie selon la beauté de la poudre, la poudre la plus fine ayant le plus grand pouvoir colorant.
- MM. Julien et Hoquet ont imaginé un procédé commercial pour préparer une garance durifiée, qu’ils appellent fleur de garance, et
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- dont plusieurs millions de kilogrammes sont maintenant fabriqués en France. Non-seulement les couleurs obtenues sont plus belles qu’avec la garance, mais les parties blanches ne sont nullement salies, ce qui évite au fabricant une dépense de savon et une perte de temps. Pour préparer la fleur de garance, on mélange la garance avec 8 ou 10 parties d’eau, et un abandonne la masse pendant 3 ou 4 jours à une température de 24 à 26 degrés centigrades. Une fermentation se produit, le sucre est transformé en alcool que l’on recueille, la garance privée de toutes les parties solubles et séchée est livrée au commerce. On obtient un rendement de 55 à 60 p. 100 de lleur de garance.
- Je vais vous soumettre deux des intéressants procédés employés pour extraire commercialement les deux principes colorants si utiles de la garance, c’est-à-dire l'alizarine et la purpurine.
- Le premier procédé est dû à M. Leitenber-ger, et est basé sur ce fait que la purpurine est soluble dans l’eau à 55 degrés, tandis que l’alizarine ne se dissout qu’à 77 degrés. Il met son procédé en pratique de la manière suivante : On mélange la garance avec de l’eau, et l’on élève graduellement la température jusqu’à 55 degrés à l’aide d’un jet de vapeur, et on les y maintient quelque temps ; le liquide est ensuite soutiré. A la liqueur claire on ajoute de la chaux, ou mieux de la baryte, qui précipite une laque que l’on traite par l’acide chlorhydrique. La purpurine, mise ainsi en liberté, est jetée sur un filtre, lavée et livrée au commerce. Le résidu provenant de cette opération est séché et chauffé en vase clos avec de l’esprit de bois qui dissout l’alizarine. On l'extrait ensuite par distillation. Ce procédé donne à peu près 3 pour 100 de purpurine et 4 à 4 1/2 par 100 d'alizarine.
- Le second procédé, dû au professeur Emile Kopp, est basé sur la découverte du docteur Schunck, d’après laquelle les acides faibles agissent sur le rubian de la même manière que l'érithrozyme, c’est-à-dire le décomposent en sucre et en alizarine. M. Kopp trouva quelques années après que l’acide sulfureux dissolvait les glucosides de la purpurine et de l’alizarine, et il appliqua cette découverte de la manière suivante : 600 kilogs de garance
- d’Alsace sont macérés pendant 12 ou 15 heures avec 4,000 litres d’acide sulfureux à laquelle on ajoute 1 millième d’acide chlorhydrique, afin de neutraliser les carbonates existant dans la racine. Cette opération doit être répétée trois fois.
- On ajoute au liquide 3 pour 100 d’acide sulfurique et l’on chauffe le tout, ayant soin de ne pas dépasser 60 degrés; le précipité rouge qui se dépose, lavé et séché, est de la purpurine commerciale. Le liquide est ensuite porté et maintenu à l’ébullition pendant 2 heures, et on laisse refroidir lorsqu’une poudre vert foncé se dépose. Cette poudre, lavée et séchée, est de l’alizarine commerciale.
- Le pouvoir tinctorial de l’alizarine, ainsi obtenu, égale celui de quarante fois son poids de garance et dix fois celui de la garancine. Dans tous les cas, l’alizarine verte seule peut être employée pour toutes les couleurs comme substitut de la garancine.
- L’alizarine pure cristallisée fut découverte en 1824 par MM. Robiquet et Collin en traitant de la garance par de l’acide sulfurique concentré, on obtient une masse noire appelée par eux charbon de garance, qui, chauffé à une température modérée, donne des cristaux d’alizarine.
- J’appellerai maintenant votre attention sur une découverte récente très intéressante et très importante au point devue industriel, sur la production artificielle du principe colorant alizarine, ou d’un produit, sinon identique, du moins présentant les mêmes propriétés.
- L’alizarine artificielle fut fabriquée pour la première fois en 1869 par MM. Græbe et Lie-bermann . La substance avec laquelle ils purent l’obtenir est l’anthracène, découverte par le docteur Anderson, de Glàscow. L’anthracène est un des derniers produits de la distillation sèche delà houille, et elle se trouve principalement dans les 10 ou 15 p. 100 d’huile, qui passent à la température intermédiaire entre la température de distillation du brai gras et celle du brai cassant, c’est-à-dire vers 300 degrés, et qui portent le nom d’huile verte.
- MM. Græbe et Liebermann oxydent l’anthracène CA4H10 par l'acide nitrique et obtien-nentl’anthraquinon G14 Hs O2 qu’ils convertis-sentenanthraquinonbibromiqueC‘H6 Ba2 O4 et en faisant fondre ce corps avec de la po-
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- tasse, on obtient l'alisarine G14 H: 04.. Il y a trois procédés publiés et dont les détails sont secrets, ce dernier est exploité par M. Lucius et Gie. Il est curieux de [constater que le brevet pris par MM. Græbe, Liebermann et Caro, à la date du 23 juin 1870, et celui de M. Perkin, obtenu le jour suivant, décrivent tous deux le même procédé, ne différant que par les agents oxydants. MM. Græbe Liebermann et Caro, parmi d’autres procédés, donnent le suivant : Une partie d'anthracène est chauffée avec quatre parties d’acide sulfurique, marquant 10,845 ; la température est maintenue pendant deux ou trois heures à 150 degrés.
- Le mélange refroidi, on ajoute un poids d’eau égal à trois fois le poids de l'anthracène et un poids de peroxyde de manganèse égala quatre fois celui de l’anthracène, on fait bouillir pendant trois heures et l’on ajoute un lait de chaux qui donne un précipité formé de l’excès de chaux et de manganèse, et du protoxyde de manganèse, tandis qu’il reste dans la dissolution un sulfate double'd’anthracène et de chaux. On ajoute à la liqueur filtrée un léger excès de carbonate de soude, le carbonate de chaux ainsi formé se précipite, et le sel de soude est évaporé à siccite. On mélange alors cette masse solide à deux ou trois parties de soude ou de potasse caustique, et à une petite quantité d’eau, le tout est chauffé sous pression à une température variant de 175 à 260 degrés pendant une heure. L’an-thraquinone est oxydée et convertie en ali-zarine. Cette anthracène CA4H‘0 donne de l’an-thraquinon Cu Hs O2 , puis de l’alizarine qu Hs 04 . La masse alcaline refroidie est dissoute dans l’eau, à laquelle on ajoute un léger excès d’acide sulfurique ou d’acide acétique qui donne lieu à un précipité floconneux jaune orange qui, lavé et séché, donne l’alizarine artificielle.
- La seconde matière colorante de la garance, dont j’ai déjà parlé, s’appelle purpurine. Elle fut également découverte par MM. Robiquetet Collin en 1828. Quoique vendue dans le commerce sous la forme d’une poudre rouge, on peut, en chauffant celle-ci à 250 degrés, obtenir de belles barbes de plume d’une couleur orangé, sa solubilité dans l’eau est plus grande que celle de l’alizarine, surtout à la tempéra-
- turc de 60 degrés. La purpurine est en outre soluble dans les mêmes dissolxants que l’ali-zarine. Elle donne, quand elle est dissoute dans un alcali, une coloration rouge, tandis que l’alizarine donne une coloration pourpre. Elle est soluble dans une dissolution froide d’alun, tandis que l’alizarine ne l’est pas. Les couleurs obtenues avec la purpurine résistent moins bien à l’action de la lumière que celles produites avec l’alizarine.
- Les difficultés et les dépenses qu’occasionnent au fabricant les opérations ayant pour but d’obtenir des couleurs brillantes et des blancs purs; ont attiré l’attention des chimistes sur la découverte d’un procédé permettant de vaincre ces difficultés. La découverte de MM. Robiquet et Collin, d’après laquelle les principes colorants ne sont pas détruits par l’acide sulfurique, guida les recherches et permit à M. Schwartz de trouver que la matière obtenue par M. Robiquet, soigneusement lavée et neutralisée, pouvait être employée en teinture.
- MM. Lagier et Thomas, partant de ce principe, fabriquèrent en 1839 un produit qu’ils appelèrent garancine, très - employée dans l’impression, et que l’on fabrique de la manière suivante : la garance ordinaire, ou mieux la garance lavée à l’eau froide, est mélangée avec un tiers de son poids d’acide sulfurique dilué marquant l°05. On fait bouillir pendant quatre ou cinq heures, on filtre et on lave jusqu’à ce qu’il ne reste plus que quelques traces d’acide. La masse ainsi lavée est traitée par une dissolution très-faible de carbonate de soude. On la soumet ensuite à une forte pression hydraulique, et lorsqu’elle est séchée à l’étuve elle est prête à livrer à l’industrie. 100 parties de garance donnent 34 ou 37 parties de garancine.
- La garancine est une belle poudre brune dont le pouvoir est quatre fois plus grand que celui de la garance. Elle ne donne pas d’aussi beaux noirs que celui de la garance, les rouges et les roses sont moins solides ; mais les rouges, les lilas et les violets sont plus vifs et les parties blanches ne sont pas ternies, ce qui rend l’emploi du savon inutile ; il suffit seulement d’un passage dans une solution légèrement décolorante, composée d’hypochlorite de soude
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- et d’une petite quantité de sulfate de zinc, pour obtenir des blancs parfaitement purs:
- En 1832, MM. Pincofre et Schunck introduisirent un perfectionnement dans la préparation de la garancine. Leur produit, connu en Angleterre sous le nom d’Alizarine commerciale, est généralement appelée Pincoffine sur le continent. Leur procédé consiste à soumettre la garance à l’action de la vapeur à haute pression, à la température de 150 degrés. L'a-lizarine n’est pas attaquée, tandis que d’autres matières colorantes, mais principalement deux d’entre elles, sont détruites'. Le docteur Schunck les a isolées et analysées, il leur a donné le nom de rubertine et ^.rerantiné. En conséquence de leur nature résineuse, elles se fixent sur les roses, qu’elles ternissent, et sur les blancs, qu’elles salissent. L’emploi de l’ali-zarine commerciale est surtout avantageux pour les violets, qui sont plus vifs et plus brillants que ceux que peut produire la garancine ordinaire. Les pièces imprimées ne demandent en outre ni traitement par le savon ni blanchiment.
- M. Pernod a, depuis cinq ou six ans, livré à l’industrie un extrait de garance dont l’emploi se répand rapidement en Angleterre; cet extrait est imprimé sur l’étoffe et soumis au vaporisage à haute pression, à 4 atmosphères environ. Grâce à ces couleurs d’application, l’in-dienneur peut produire des effets beaucoup plus variés que ceux qu’il pouvait obtenir après les diverses opérations que nous avons décrites.
- On pouvait admirer de magnifiques échantillons de ce genre à l’exposition universelle de 4867.
- Pour préparer cet extrait, on épuise la garancine par une solution d’acide sulfurique contenant 5 parties d’acide pour 4,000 parties d’eau, en maintenant là température à un point voisin de l’ébullition; on en soutire la liqueur, et par son refroidissement on obtient un précipité rouge, que l’on peut employer directement. Les produits de M. Leitenberger et de MM. Schaffer et Lauth peuvent remplacer celui de M. Pernod.
- Gomme l’emploi de cet extrait est une des applications les plus importantes récemment introduites dans l’impression des tissus, voici
- trois formules dont l’emploi donne des résultats favorables.
- Pour rouge foncé employer :
- Extrait de garance. ' . 8 kilogr.
- Acide acétique. . * . 4 —
- Amidon. ..... 4,250 gr.
- On fait cuire dans un vase de faïence, et après refroidissement, on ajoute un sixième d’acétate d’alumine et 4 p. 100 d’huile de Gallipoli.
- Pour rose employer :
- Extrait de garance. . 4 kilogr.
- Acide acétique. ... 2 — Acétate d’alumine . . 1,250 gr.
- Pour violet employer :
- Extrait de garance. . 8 kilog.
- Eau ...... 250 gram.
- Acide acétique. . . 250 —
- Amidon.................90 —
- On fait bouillir, et après refroidissement l’on ajoute :
- Acétate de fer à 14°. . 150 gram.
- Eau.........................150 —
- Pour obtenir une couleur puce, on emploie la même formule, en substituant l’acétate de chrome à l’acétate de fer. Les couleurs imprimées sont fixées par le vaporisage. Il suffit ensuite d’un passage en savon léger.
- Nous avons fini l’étude de la garance, mais nous pensons que cette étude ne serait pas complète si nous ne disions quelques mots sur la manière d’appliquer la garance et la garancine sur les tissus.
- Le calicot, avant de recevoir l’impression, doit être parfaitement blanchi. On imprime ensuite à l’aide de rouleaux de cuivre sur lesquels sont gravés les dessins, différents mordants pour produiré des rouges, des noirs et des puces. On emploie pour les rouges du sulfo-acétate d’alumine, pour les noirs et les violets un acétate de fer impur, connu sous le nom de pyrolignite de fer, et pour les puces un mélange de ces deux mordants. On procède ensuite à l’oxydation. Autrefois cette opération se faisait de la manière suivante : On suspendait dans une chambre, pendant trois ou quatre jours, l’acétate d’alumine; l’acétate de fer, perdant l’acide acétique , se décomposait en oxyde d’alumine et en oxyde de fer. Pour ce dernier mordant, on ne pouvait obtenir qu’une oxydation partielle.
- (A continuer)
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- EXPOSITION UNIVERSELLE
- DE LYON
- MM. Brosset-Heckel et Cie, marchant en première ligne pour la fabrication des satins couleur ; leur vitrine est remarquée à juste titre.
- Nous pouvons indiquer encore , comme d’excellents produits, les soieries unies, étoffes pour cols, armures et velours de la maison Aug. Perret; le joli velours pour mode de MM. Sigaud, Gondard et Cie; les taffetas gros grain, armures et robes à disposition de MM. Lions, Audras et Cie; les soieries pour doublures de MM. Reyre-Louvier, Bélissen et Cie; les peluches et velours nouveauté couleur de MM. Gélot, Vermorel et Cie; les peluches noires pour chapeaux de MM. Huber et Cie, à Sarreguemines ; les unis couleur etla nouveauté unie de la maison Poucet père et fils, aini que les taffetas gros grain et doublures de M. A. Mancardi.
- Nous signalerons ensuite les étoffes bon marché en uni et rayé de MM. Ogier ei Cie, une maison qui lutte avec succès contre nos voisins de Suisse, dont les efforts tendent à enlever ces articles à la fabrication lyonnaise. La maison Mayet et Thévenot font également le rayé (genre suisse) dans de bonnes conditions quant aux prix et à la qualité,
- La vitrine de MM. S. Graissot et Cie nous montre un peu plus loin un nouveau tissu mixte (soie et coton) qu’ils nomment mossoul. Cet article se recommande surtout par la concurrence qu’il est appelé à faire à la vente anglaise du pungis, des fichus soie damassée et cache-nez avec ou sans impression. La robe dite Mossoul Saïda, qui est également un genre de façonné créé, d’après un procédé de fabrication analogue, par la maison Graissot, remplace très-avantageusement certain genre soie d’un prix élevé.
- Nous notons encore les gazes façonnées de MM. Randu et Moïse; les articles nouveautés, gazes et barèges de la maison Bossuat de Paris : les satins, spécialités pour cravates, chapellerie, ombrelles et gainerie de MM. Béraud aîné et Cie; la passementerie de Truchy et Vaugeois de Paris; les soieries de E. Mazade et Cie ; les satins (uni et couleur) de Mermet et Mouly; les velours pour mode très-originale
- ment disposés dans la vitrine de MM. Char-bonnet fils et Rochejanez, et les crêpes de Chine, grenadine laine et grenadine soie de A. Rosset.
- La vitrine de MM. Lachard, Besson et Cie, est peut-être mieux remplie encore et nous y remarquons un joli assortiment de grenadine unie, crêpes de Chine, gazes et mexicaines, qui dénote chez ces fabricants une entente parfaite de ce genre de tissus. Dans la même vitrine se trouve une très-complète exhibition de doublures en soie noires et couleur, modes assorties, dont la fabrication nous a paru excellente, elle provient de la maison Lachard frères et Cie.
- Dans l'exposition de M. J.-A. Henri, qui comprend passementerie, dorure, broderies et ornements d’églises, on admire surtout une vierge « au point fin des gobelins, » et une chasuble sur laquelle sont tissés, par le même procédé nouveau, la cène et plusieurs sujets religieux, irréprochables d’exécution.
- Dans le même ordre de produits, nous remarquons encore les expositions de MM. Gi-rerd frères (broderies et ornements d’église) ; Bidon (tissus pour meubles et ornements d’église) ; et Tassinari et Châtel (mêmes tissus en grand, façonnés, collection très-remarquable).
- Les fabricants de dentelles sont en petit nombre, et nous n’avons guère à citer, dans ce groupe, qu’une seule maison, MM. Hébrard fils et Livoire, de Lyon, très-beaux dessins et exécution parfaite.
- MM. Doguin et Cie exposent des dentelles laines, qui sont aussi fort admirées.
- Les vitrines de teinture présentent, au contraire, une grande variété. Nous désignerons plus spécialement celles de M. Grobon, de Miribel (spécialité de teinturerie pour tissus); Renard et Villet (teinturerie en soie, maison hors concours) ; Gillet et fils (belle teinture en soies de noirs pour divers genres) ; Gantil-lon (teinture d’une double face sur tissus soie et coton pour ombrelles et rideaux); C. Garnier (apprêts imperméables de foulards, gazes et nouveautés) ; Richard et Puthod, de Saint-Chamond (spécialité de noirs souples) ; Cor-ron et Vignat, de Saint-Etienne (teintures en flottes et en tissus de coton). Ces diverses expositions nous offrent en général de belles
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- se
- -e
- M.
- aeri
- nuances ; il est à regretter, toutefois, qu’un grand nombre n’aient pu tenir même pendant la durée de l’exposition et soient déjà passées ou ternies.
- Nous devons rappeler, pour en avoir fini avec les teintures, qu’il existe, dans la première galerie de bons spécimens de soies teintes, de MM. Million et Halder, de Saint-Etienne, avec les produits extraits de la houille par la société de carbonisation de la Loire, Carvès et Cie. Cette compagnie, qui a pris une grande importance dans ces derniers temps, exploite divers procédés au moyen desquels elle produit du coke propre à tous les usages de l’industrie, — ce que ne font pas les usines à gaz, — et recueille tous les produits accessoires provenant de la distillation de la houille. Par les anciens procédés, tous ces produits étaient brûlés pendant la carbonisation.
- D’après les chiffres que nous avons sous les yeux, la valeur des sous-produits (benzine, acide phénique, etc.), brûlés actuellement dans la fabricaiion du coke, s’élèverait, en prenant pour base de calcul une consommation minimâ, de 3,000,000 de tonnes de coke, à 32,825,000 francs. On sait, d’ailleurs, que l’emploi de ces matières va croissant tous les jours, et que l’industrie française est obligée de les demander en grande partie à l’Angleterre.
- Revenons aux tissus, la fabrique de châles de Paris est représentée par quelques maisons importantes : MM. Calenge et Mahaut ; Boutard-Lasalle ; Hippolyte et Henri Lair ; Thesea ; Thorel et Rathieu ville. Parmi les exposants lyonnais, nous mentionnerons MM. Pin fils et Clugnet (ancienne maison Grillet) et Etienne Rivoiron.
- Esprit chercheur, M. E. Rivoiron est un des vaillants de la jeune fabrique lyonnaise. Nous avons sous les yeux divers échantillons d’un genre de châles de son invention qui attestent un progrès très-sensible dans la fabrication des châles français. En employant plusieurs chaînes de couleur au lieu d’une seule, — chacune de ces chaînes étant de la couleur de la trame qu’elle est destinée à couvrir et à lier. — M. E. Rivoiron obtient un remarquable éclat de nuances et fait disparaître le glacé qui donne au châle ordinaire une teinte uniforme.
- A côté de ces châles à grand dessin, nous remarquons des « rayés » d’un bel effet, des étoffes pour tentures, et, plus particulièrement, un tapis de table, genre indien, sans envers. On comprend l’avantage de ce mode de fabrication, qui s’applique également aux tentures. Aucune imperfection n’accuse, d’ailleurs, dans ces tissus, la différence entre l’endroit et l’envers.
- M. E. Rivoiron a eu, en outre, l’heureuse pensée d’organiser, à l’extrémité de la galerie des tissus, toute une exposition de fabrique. Ici le cabinet du dessinateur, puis la mise en carte, un peu plus loin, le lissage et enfin le tissage. La foule des visiteurs, que nous avons vue bien souvent s’amasser, curieuse, devant cette installation, pouvait ainsi se rendre compte de toutes les opérations de détail qui ont pour objet la réalisation matérielle de l’idée conçue par le fabricant et des dispositions imaginées par le dessinateur.
- En dehors de ces divers produits, nous notons encore les fils d’Alsace pour la couture et les tissus imprimés de Dollfus-Mieg, de Mulhouse, les tissus blancs de Gros, Odier, Marozeau et Cie, deWesserling (Haut-Rhin); les étoffes pour ameublement de Weiss-Friès, de Mulhouse; les impressions sur étoffes di-verses pour tentures, ameublements et mouchoirs, de Ch. Steiner, de Ribeauvillé (Haut-Rhin) ; les velours coton imprimés et unis de Schlumberger fils, de Mulhouse ; les cotons filés et tarlatanes de Lacroix et Berger, de Tarare ; les tissus imprimés pour robes, de Kœchlin, de Mulhouse; l’exposition collective des fabricants de tissus pour robes de Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) ; ce' le des fabricants de toile, fil de lin et chanvre, d’Armentières ; les toiles à voiles et fils de chanvre de Jaubert et Bonnaire, à Angers, et l’exposition collective des fabricants de toile de Voiron.
- BLEU D’ANTHRACÈNE.
- En préparant de l’alizarine artificielle, M. Springmühle a obtenu un produit secondaire qui, soumis à un traitement ultérieur, a donné naissance à une matière colorante bleue intense, qui est complètement soluble dansl’eau,
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- et à une matière brune qui reste comme insoluble dans le liquide.
- Avec cette matière colorante bleue, qu’il nomme Bleu d’anthracène, notre confrère a réussi à teindre la laine et la soie, ainsi que le coton en un bleu magnifique, mais malheureusement, il n'a encore obtenu qu’une très faible quantité de cette substance.
- Le bleu d’anthracène est, à ce qu’il paraît, plus résistant à la lumière que le bleu d’aniline; mais, vis-à-vis des lessives, il semble montrer moins de solidité. G’est un produit secondaire de la fabrication de l’alizarine, qui ne compromet pas le rendement de cette dernière, et l’auteur est convaincu que si l’on parvient à extraire de l’anthracène de plus fortes quantités de ce bleu, la préparation de celui-ci deviendra rémunératrice en fabrique.
- Dans la préparation du bleu d’anthracène, on ne voit intervenr ni rouge ni violet.
- ( Muster-Z eitung}.
- TEINTURE EN NOIR D’ANILINE SUR FILS DE COTON
- Par M. Michel de VINANT.
- Il faut la plus grande attention dans la manutention de ce procédé pour sa réussite, parce que le noir pourrait être marbré.
- En agissant avec soin, on obtient un très beau noir ; je ferai cependant remarquer que sur dix fois, il m’est toujours, pour ainsi dire, arrivé une fois d’avoir un noir nuancé.
- 1° Après avoir bien débouilli le coton, lui donner à chaud, pour chaque kilogramme :
- Sulfate de cuivre. . . 200 gr.
- Ce sel est dissout dans de l’eau très peu acidulée à l’acide chlorhydrique ; on donne sept lisses sur ce bain, puis, on tord à la cheville.
- 2° Dans un bain contenant par litre :
- Hydrosulfate de soude. . 50 gr.
- On donne cinq lisses à une température de 50 degrés, puis on rince avec soin.
- 3° On monte un bain de teinture comme il suit :
- Eau........................10 litres
- Chlorate de potasse. . 180 gr.
- Sel ammoniac. . . . 170 —
- Faire dissoudre à chaud, puis ajouter dans le liquide tiède :
- Hydrochlorate d’aniline. 480 gr.
- Dans le bain ainsi formé, après dissolution du sel d’aniline, on passe rapidement les cotons en leur donnant sept lisses, on tord fortement et on bat à la cheville.
- 4° Etendre très régulièrement à la chambre chaude, à 23 degrés de chaleur, pendant quarante-huit heures.
- 5° Passer par quatre lisses, à 30 degrés de chaleur, dans un bain contenant par litre :
- Bi-chromato de potasse. . 1 gr.
- Le bi-chromate peut se remplacer par une égale quantité de sel de soude.
- Enfin, on rince à fond et on sèche.
- Après teinture, les noirs qui seraient rougeâtres peuvent se dérougir par un très léger bain de chlorure de chaux fait avec :
- Eau froide............100 litres
- , Bain de chlore à 6°. . 1 —
- Y passer les noirs et laver à fond.
- GRIS-PERLE
- PAR LES VIOLETS D’ANILINE
- Lorsque l’on teint un tissu en nuance très-faible, à l’aide d’un violet d’aniline, on obtient des gris-perle ; c’est ce que le Moniteur de la Teinture a déjà indiqué plusieurs fois.
- Ces gris ont des reflets différents, selon que l’on a employé, pour les faire, des violets plus ou moins bleus, plus ou moins rouges, et ils sont d’autant plus purs, que les violets employés sont plus beaux et se rapprochent davantage des qualités dites lumière. Pour ce genre de teintes, qui consomme très-peu de couleur, on ne doit pas regarder à employer un produit de bonne qualité, et l’on ne se sert généralement que des violets les plus brillants. ,
- Le bleu-noir d’aniline donne également un
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- weau gris dans ses dégradations ; il est très-économique, et convient pour les lainages ordinaires et pour l’article doublure en coton.
- Comme la teinte que l’on produit est très-peu intense, les cotons peuvent se teindre sans mordant, soit qu’on se serve des violets ou du bleu-noir; dans l’un et l’autre cas, il suffit de teindre sur bàîn légèrement savonneux, sans acide, en ajoutant seulement, à là fin, une très-petite quantité d’acide acétique bu tartri-que ; si l’on mettait trop d’acide, le savon se décomposant graisserait trop fortement les étoffes. • -
- Si l’on teint des laines pures, il n’est pas utile de se servir de savon, et l’on opère sur des simples bains d’eau, sans acide, et seulement à tiède, car il faut éviter que la teinte monte trop vite ou irrégulièrement ; dans le même but, on émploie des bains très-peu chargés dé couleur ; à peine doivent-ils être colorés; on reponchonne s’il le faut, lorsqu’il est épuisé. "
- L’échantillon que nous présentons est d’une étoffe à chaîne-coton ; il est teint à l’aide d’un violet lumière, nuance moyenne ; il n’a été fait aucun mordançage pour la partie coton ; on a teint sur bain savonneux, comme il a été dit plus haut ; à la vérité, le coton est inférieur d’un ton à la laine ; mais cels a presque toujours lieu pour les chaîne-coton, dans la plupart des nuances, et la teinte générale est cependant satisfaisante.
- CAUSERIES CONFRATERNELLES SUR L’AR DU TEINTURIER - DÉGRAISSEUR
- (8me Causerie)
- Noirs sur velours de soie
- On Se rappelle que, dans notre dernière Causerie, il nous restait, pour terminer les noirs sur soie, à parler de l’article velours. 8
- Comme pour tous les autres tissus de soie, retenons pour principe, qu’il faut beaucoup de ménagements dans la manœuvre des objets, afin dé ne point froisser les velours, ce qui en ferait tout simplement de la peluche. Pour éviter cela, il faut, pendant l’opération, manœuvrer de façon à ne toucher que l’envers du tissu, et quand on lé posé à la cheville ou
- au chevalet, il faut également le faire reposer sur l’envers, et ne pas placer plusieurs pièces les unes sur les autres.
- La teinture doit aussi différer dès autres noirs en soie, car le ton du noir sur velours est toujours à reflet bleu ou violacé, et comme les velours qu’on nous confie sont presque toujours des noirs passés, devenus verdâtres, il est difficile et même souvent impossible de produire l’œil bleuté du neuf.
- Le praticien doit donc disposer son travail selon l’état plus ou moins passé de l’étoffe ; si elle présente cet aspect verdâtre résultant de l’altération de la nuance primitive, un petit bain de mordant est nécessaire ; si, au contraire, le noir a peu changé, il suffit de bien nettoyer l’objet à sec, et de le passer dans une eau tiède additionnée d’un peu de carbonate desoude, puis de rincer, etensuite de remonter le noir dans un léger bain de campeche et de savon, soit, par exemple, pour un vêtement de dame :
- Eau....................3 seaux.
- Décoction de campêche. 1 cassin.
- Savon dissous. . . . 1/4 —
- On abat dans ce bain, on chauffe doucement au bain-marie pendant 13 à 20 minutes, on lève, on rince et on donne un avivage léger de javelle, on rince à nouveau et on fait sécher.
- Mais le plus souvent, les velours ne sont pas assez bien conservés pour que ce remontage suffise, et, dans ce cas, on procède delà manière suivante, en prenant toujours pour type un vêtement bien nettoyé.
- On mordance pendant 6 heures dans un bain de rouille à 3 degrés, et on rince exactement.
- Puis on compose un deuxième bain comme le précédent, un peu plus fort cependant, soit :
- Décoction de bois. . 2 à 3 cassins.
- Dissolution de savon. 1/2 —
- Cette quantité de savon doit rendre le bain un peu mousseux ; on y abat le velours à tiède, on monte de chaleur, en chauffant au bain-marie, jusqu’à 60 ou70 degres centigrades; on lève, on rince et on avive par un piquage à l’acide muriatique ; on rince enfin, et on termine par un bon échaudage.
- Lorsque l’on veut obtenir des reflets violets, on mordance pendant 6 heures dans un léger
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- bain d'alun, et on procède à la teinture comme dans les cas précédents, sauf que l’on n’avive pas à l’acide ; si cependant, après le sec, le noir se trouvant rougeâtre, on aviverait dans un bain d’huile tournée et de jus de citron.
- Par l'un ou l’autre de ces procédés, il arrive parfois qu’après le sec on remarque des plaques blanchâtres et poudreuses ; on dit alors que le velours est miroité; on fait entièrement disparaître cette défectuosité par un vaporisage sur la platine, dont se servent encore la majorité des teinturiers, et qui consiste en une espèce de couvercle en cuivre ou en zinc, percé de trous, que l’on applique Sur une chaudière contenant de l’eau en ébullition ; la vapeur qui se produit, en traversant je velours, en redresse le poil ; toutefois, cette opération, par trop primitive, laisse à désirer et n’atteint qu’une partie du but.
- Mais ce qui est bien préférable aux platines ordinaires, c’est l’ingénieuse table à vapeur de M. Lyon, d’Alger (1), appareil qui, soit dit en passant, devrait se trouver dans tout atelier de teinture quelque peu important, car non-seulement la table n° 1 sert à relever le velours d’une manière très-satisfaisante, mais aussi décatit toute espèce de vêtement avec une perfection et une rapidité quilfait sourire de pitié sur l’ancien mode de repasser à la toile mouillée avec l’aide du fer chaud, procédé aussi vieux que notre vénéré patronnegrrrand saint Maurice! — . inihnotn
- Ceci convenu, revenons à nos velours, que nous considérons comme bien relevés sur la table précitée, et qu’il ne reste plus qu’à terminer en les épinglant à l'envers, c'est-à-dire le coté velours appliqué sur le tapis ; lorsque tous les morceaux sont ainsi épinglés, on les apprête en imbibant une éponge dans une petite eau de gomme, avec laquelle on frotte l’envers du velours, qu’on laisse enfin sécher. I — T
- .121199.4.199411 DU11I
- Nous pouvons alors considérer le travail du velours comme terminé, ainsi que nos noirs en général, qui finiraient par devenir un peu monotones ; aussi nous continuerons par les trois couleurs primitives : Rouge, Jaune et Bleu, et non par les couleurs composées
- (1) Voir Moniteur de la Teinture, années 1870-71, page 62.
- comme il avait d’abord été dit par erreur, puis nous mélangerons ces trois couleurs, avec lesquelles on peut produire des milliers de nuances. - ’
- Et pour satisfaire un confrère qui me demandé ce que c’est que le Rouge Indien, dont j’ai parlé dans ma deuxième Causerie (1), je commencerai par ce Rouge Indien fabri-qué en France. {..16.,
- NHoV. BARBE,
- Atu T 38 illi9nyt la Teinturier d Caen,
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- SUR DE NOUVELLES MODIFICATIONS AU PROCÉDÉ CHLOROMÉTRIOUE
- M. Davis emploie une solution de 13 gr. 95 d’acide arsénieux dans un litre ;10cent. cubes de cette solution correspondent à 0 gr. 1 de chlore (on dissout l’acide arsénieùx dans la soude, on étend d’eau, on sursature par l’acide chlorhydrique et on complète le litre avec de l’eau).
- On délaye 5 grammes de chlorure de chaux dans de l’eau, on décante ; on met de nouvelle eau qu’on décante de nouveau, après clarification, et l’on continue ainsi jusqu’à ce que l’on ait rempli un flacon de 250 cent, cubes.
- A 10 cent, cubes de la liqueur arsénieuse, on ajoute une goutte de sulfate d’indigo, puis on y versé le chloruré de chaux à l’aide d'une burette, jusqu’à décoloration. Le nombre de cent, cubes employé, divisé par 500, indique en centièmes la proportion de chlore utile contenue dans le chlorure.
- La glycérine est un bon dissolvant de l’acide arsénieux et, peut servir à préparer la liqueur normale. On chauffe 13 gr. 95 d'acide arsénieux finement pulvérisé avec 40 grammes de glycérine pure, jusqu’à dissolution, puis on étend d’eau jusqu’à un litre. Cette solution conduit au même résultat que la precé-dente.13 noid 19 9io0 979 -P FP eod
- — "2 .29 s8Pg oniblo‘1 sevs .63116
- M. CRACE-CALVERT traite comme il suit les chlorures de chaux soumis à l’essai :
- (1) Voir Moniteur de la Teinture, 1872, page 104.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- On épuise par l’eau un poids connu de chlorure ; on obtient un résidu insoluble, et la solution filtrée est traitée par un courant d’acide carbonique qui n’attaque pas le1 chlorure de calcium, mais décompose l'hypochlorite.
- Lorsque toute la chaux de l’hypochlorite est précipitée, une partie se redissout à l’état de bi-carbonate ; il faut donc soumettre le liquide à une ébullition prolongée, pendant laquelle le bi-carbonate est décomposé. Le carbonate ainsi formé est recueilli sur un filtre, lavé et transformé en sulfate de chaux que l’on pèse et qui donne la quantité de chanx que contient l’hypochlorite.
- Le liquide filtré contient le chlorure de calcium non décomposé par l’acide carbonique ; on peut, soit doser son chlore par le nitrate d’argent et en déduire le chlorure de calcium, soit obtenir directement le composé en évaporant à siccité et en fondant la masse
- Il résulte des analyses faites par l’auteur sur des échantillons de chlorure de chaux de provenances diverses, qu’ils donnent tous à peu près les proportions de 1 partie d’hypo-chlorite de ehaux pour 2 parties de chlorure de calcium.
- PRÉPARATION
- d’une
- ENCRE D’IMPRIMERIE
- POUVANT SERVIR A L’IMPRESSION DES TISSUS
- On peut préparer économiquement une belle encre d’imprimerie par la méthode suivante : On prend :
- Térébenthine de Ve
- nise....................... 9 parties.
- Savon mou de po-
- tasse ................ 10 —
- Oléine....................... 4 —
- Suie calcinée.............. 6 —
- Bleu de Paris.............. 1 —
- Acide oxalique............. 0.5
- Eau....................... 1
- On fait chauffer d’abord la térébenthine de Venise, qui doit être belle et bien transparente, avec l'oléïne purifiée, car l’oléine brute contient de la stéarine ; puis, après avoir placé le savon de potasse sur une pierre à broyer, on y incorpore peu à peu, sous l’action de la molette, le mélange de térébenthine
- et d’oléine suffisamment chauffé. Lorsque le mélange des trois substances est parfaitement opéré, on y fait entrer, par un nouvel emploi de la molette, le noir de fumée, qui doit être préalablement broyé et passé sur tamis serré de crin. Enfin on y mêle, toujours en broyant, le bleu de Paris et l’acide oxalique. On prépare ce mélange, qui donne à l’encre une nuance agréable, en broyant très fin le bleu de Paris, l’acide oxalique et l’eau indiquée, en chauffant un peu et combinant ensuite la masse par un broyage soigné. On peut remplacer le bleu de Paris et l’acide oxalique par du carmin d’indigo.
- BLANCHIMENT DE LA GOMME-LAQUE.
- Le blanchiment de la gomme-laque s’effectue généralement en gros, soit au moyen du chlore et de ses composés, soit au moyen de l’acide sulfureux. Le produit blanchi de celte façon coûte deux fois plus que celui non blanchi. On dissout fréquemment la gomme laque blanchie dans l’alcool pour servir de vernis aux ébénistes. Seulement ce vernis tache les ornements métaliques incrustés dans les meubles ou tout autre métal qui y est attaché, par suite de la présence dans la dissolution d’une petite quantité du composé qui a servi à le blanchir. Il est donc préférable d’employer un autre mode de blanchiment n’offrant pas cet inconvénient. Ce procédé consiste dans l’emploi du charbon animal. On opère comme suit : on met une certaine quantité de gomme laque jaune cassée en petits morceaux dans un flacon : on y verse de l’alcool à 83 degrés centigrades et on chauffe le tout sur le feu ou au soleil jusqu’à ce que la gomme laque soit dissoute. On y ajoute ensuite du noir animal grossièrement réduit en poudre pour former une pâte assez déluée. On ferme incomplètement le flacon et on le laisse pendant quelque temps exposé au soleil. Au bout de huit à quinze jours on filtre un petit échantillon pour s’assurer que l’opération est terminée. On filtre alors à travers du grossier papier à filtrer. Il est préférable d’employer un entonnoir en étain à doubles parois, tel que ceux dont on se sert pour filtrer des solutions alcooliques de savon. Les premières
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- portions qui sont recueillies sont mises à part et employées comme vernis. On verse ensuite un peu plus d’alcool sur le charbon dans le filtre, et on se sert de cette dissolution comme dernier vernis. La solution de gomme laque ainsi purifiée a une couleur brun-jaune, mais est parfaitement transparente. Quand on l’étend d’alcool, la couleur est si faible qu’on peut l’employer parfaitement dans cet état pour vernir des bois blancs tels que l’érable, le pin, etc., sans que le bois prenne la moindre teinte jaune.
- (The Journ. of Applied Sciences).
- DE L’ETAT SPHÉROIDAL DANS LES GÉNÉRATEURS DE VAPEUR
- Par M. Testud de BEAUREGARD.
- C’est avec un feu violent et vivement conduit que se déclare cet état si dangereux ; mais, qu’on ne s’y trompe pas, dangereux seulement par ses conséquences, car l’état lui-même est inoffensif, son unique effet étant l’abaissement de la pression monométrique, par suite du ralentissement spontané de la vaporisation. Mais dès qu’un appareil se constitue à cet état, on peut avec certitude prédire l’explosion ; elle aura lieu au retour à l’état normal, au moment de la répartition égale de la chaleur, du rétablissement de l’équilibre calorifique.
- Cet état déclaré, l’explosion est imminente; on ne peut y échapper qu’avec un grand sang-froid et en faisant le sacrifice de l’appareil. Dans ce cas solennel, voici la marche rigide qu’il faut suivre :
- Suspendre à l’instant même toute introduction de liquide dans le générateur ; soutenir l’intensité du foyer et l’augmenter s’il est possible, et l’œil constamment fixé sur le manomètre, se tenir obligatoirement à la pression où l’on est, sans l’augmenter ni la diminuer ; prendre tous les moyens possibles pour faire évacuer l’eau de la chaudière, sans secousses et en commençant d’abord très doucement. Le sangfroid, dans cette manœuvre, nous le répétons, est ici la seule chance de salut. Dans ce cas extrême, le chauffeur et ses aides doivent avoir préalablement fait le sacrifice de leur existence, car l’usine tout entière est prête à s’effondrer.
- Gomme notre devoir est d’indiquer le danger dans toute sa réalité, ajoutons qu’au moment où le chauffeur entreprend de pareilles manœuvres, il doit faire cesser tout travail dans l’usine, faire arrêter tout roulement de voitures ou d’outils pouvant produire le moindre choc. Si les moteurs sont en activité, il ne
- doit pas les arrêter, car à cet état terrible, une secousse dans l’air, un choc dans l’usine, peut instantanément rétablir l’équilibre calorifique et faire voler le générateur en éclats. Mais que nos lecteurs se rassurent, nous affirmons pouvoir donner, dans nos conclusions, des moyens certains d’éviter un état offrant de tels dangers. (Ecole des Chauffeurs.)
- BREVETS D’INVENTION CONCERNANT LES INDUSTRIES TINCTORIALES
- 96,797. — 10 octobre 1872 (et brevet anglais) : Green, Paris. — Préparation des tissus ou fils pour la teinture et l’impression.
- 96,806. — 18 octobre : Peyrusson à Limoges. — Système de préparation des coulenrs céramiques.
- 96,816. — 9 octobre : Wells et Zell, Paris. — Perfectionnements apportés à l’impression et à l’ornementation.
- 96,818. — 15 octobre : AUBERTIN et Hannart, Paris. — Système de machine à repasser le linge et les tissus.
- 96,828, — 14 octobre : Favre et Sauvage, Paris. — Produit constituant un cuir ou peau, moyens de le fabriquer, et applications.
- 96,829. — 12 octobre: FRÉZON père et BEER, Paris. — Epaillage chimique des tissus de soie, foulards, etc , et des soies, bourres et déchets de soie.
- 96,888. — 22 octobre : Décurty, Lyon. — Savon propre à fouler et à dégraisser les draps, ne donnant pas d’odeur et ne ternissant pas les couleurs.
- 96,899. — 16 octobre : Jacques, Paris. — Matière remplaçant le jaune d’œuf dans la mégisserie.
- 96,903. — 29 octobre : Lemaire à Elbeuf.— Application aux machines dites presses cylindriques sans plis, d’un appareil à ramer.
- 96,909. — 16 octobre : Rave, Paris. — Fabrication d’un extrait colorant astringent.
- 96,924. — 18 octobre : Dopter, Paris. — Procédés d’impression transparentes.
- 96,944. — 18 octobre : De Sainte-Marie, Paris. — Méthode de préparation des peaux et cuirs.
- 96,967. — 5 novembre : Figuière père et fils, Aix. — Machine à fouler les chapeaux.
- 96,967. — 24 octobre: Pasquier, Paris. — Perfectionnements dans les machines à sécher, et leur application aux apprêts des tulles, dentelles, etc.
- 97,002. — 5 novembre : Hue-Maze, Rouen. — Métier à métrer, quinter et rouler les étoffes, dit métro-quinteur-roulerir.
- 97,047. — 30 octobre: WHITAKER et Ash-WORTH, Paris. — Perfectionnement dans le traitement de la laine.
- CERTIFICATS D'ADDITION.
- BAUDET jeune, 30 septembre. •— Procédé
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- LE MONITEUR
- contre la fermentation des peaux mégissées. — B. 86232.
- Bastaert, 30 octobre. — Séchage des tissus et filaments. — B. 87922.
- David, 13 novembre. — Machines liseuse pour teinture des soies et autres matières textiles. — B. 93727.
- De Sainte-Marie, 29 octobre. — Prépara-tion des peaux et cuirs. — B. 96744.
- SCHUTZENBERGER et De Lalande, 22 octobre.
- — Indigo pour impression et teinture. —B. 93406. 101 "WAVSSDMOS
- NOUVELLES
- Droits sur les huiles de houille. — Le Président de la République française, sur le rapport du ministre de l’agriculture et du commerce," 19 : eidoljo 0 . Io
- n Décrète: I é 8bJ7og4s -0199112.7
- Art. 1er. L’essence de houille importée,, soit par terre, soit par mer, sous pavillon fran-çais ou sous le pavillon du pays de product ion, pourra être admise en franchise de droits p our être convertie en aniline, à charge d'exporta-tion de celle-ci sous les conditions détermin ées par la loi du 5 juillet 1836,
- Art. 2. Les déclarants s’engageront , par une soumission valablement cautionnée , à mettre en entrepôt ou à réexporter, dans un délai qui ne pourra pas excéder six mois, l'a-niline provenant de la distillation de l'essence de houille. 939001697107 80
- Art. 3. Toute substition, toute soustraction’, tout manquant, ou tout abus constaté par le service des douanes, donneront lieu à l'appli-cation des pénalités et interdictions prononcées par l’art. 5, section II de la loi'du 5 juillet 1836.1 R 3MJ a1dolo0 " —
- Art. 4. Le rendement en aniline est fixé à 90 p. 100 du poids de l’essence de houille im-portée.
- Art. 5. Les résidus de distillation de l'es-sence de houille ne pourront pas servir à la décharge des comptes.
- Art. 6. Le ministre de l’agriculture et du commerce et le ministre des finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret.
- Fait à Versailles, etc.
- Dessins de fabrique en Alsace. — L’Industriel Alsacien annonce qu’une maison d’impression de Mulhouse, s’étant informée près du ministère du commerce si elle pouvait encore prétendre à la protection légale de ses dessins en France, vient de recevoir la réponse suivante :
- Paris, le 6- mars.
- J'ai reçu votre lettre du 24 février dernier, par laquelle vous me demandez des renseignements sur les formalités que vous avez à rem-
- plir ponr vous assurer en France la propriété des dessins de votre fabrique d’impressions sur étoffes située à Mulhouse.
- D’après le traité de commerce du 2 août 1862, remis en vigueur par une convention du 11 décembre 1871, les fabricants des pays allemands jouissent en France, pour leurs dessins de fabrique, de la même protection que les nationaux.
- Vous pouvez donc effectuer le dépôt de vos dessins au seçrétariat du conseil de paud’hom-mes de Paris pour les tissus. Ce dépôt vous assurera les garanties résultant du décret du 18 mars 1806.
- Recevez, etc.
- Pour le ministre et par autorisation,
- Le directeur du commerce intérieur.
- Syndicats ouvriers. — Les associations ouvrières créées dans nos industries, sont en gé-| néral faiblement constituées et ne jouent pas un rôle bien marquant dans les relations entre patrons et ouvriers ; il faut s’en féliciter, car l’intervention de ces Sociétés est rarement fa-vorable aux intérêts des uns et des autres, et divise plus souvent qu'elle accorde.
- Le Compagnonnage des téintziriers-dégrais-seurs subsiste toujours. Son siège est à Paris, mais son action est également bien limitée, à tel point que lorsqu’un compagnon demande une place au premier en mile, celui-ci l'a-dresse aux placeurs spéciaux autorisés par la préfecture de police. Le Compagnonnage est une institution d’un autre âge, mais il avait du bon ; il établit des sentiments de confraternité entre ses membres, il perpétue de bonnes traditions parmi eux, et n’intervient pas dans les revendications plus ou moins justes » et toujours irritantes des ouvriers envers les chefs de maison.
- Depuis la grève de 1866, les ouvriers tein-turiers-dégraisseurs n’ont pas figuré en corps dans aucune action ou manifestation publi-i que. oe or ner cidiano
- Les teinturiers en soie, bien que peu nombreux à Paris, sont réunis en association, laquelle est une des mieux conduites dans nos spécialités'; en ce moment ils veulent lui donner une nouvelle impulsion, ou plutôt étendre ses attributions, et à cet effet, ils la transforment en syndicat, chargé de discuter et de faire prévaloir les intérêts des ouvriers, notamment dans les questions de salaires, et dans le but de préparer la voie à une Société de production.
- Pour tous les articles non signés : P. Blondeau.
- _________ ___— I............. ...- . .
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris. Typ, Turfin et Ad, duvet, 9, cour des Miracles.
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- LE
- 166 VOL., No 7.
- DE LA TEINTURE
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- 5 AVRIL 4873
- Sommaire.
- Leçons str les matières colorantes, par M. le Dr CRACE-CALVERT : Garance (suite), Campcche, Bois de Brésil, Santal, Carthame.— Mordants pour la fixation des couleurs d’aniline sur coton. — Mandarine (échantillon).— Impression en couleurs d’aniline sur coton.— Sur l'alizarine de garance et la teinture en rouge turc,
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Exposition universelle de Lyon : Produits chimiques et colorants.— Revue sommaire des Brevets d’invention : Extraits de teinture, EpaUlage des soieries, Lessives épuisées, Cuves à teinture, Acide hypochloreux, Savon à fouler et dégraisser
- NOUVELLES : Franchise des tissus de laine en Alsace-Lorraine.— Jury de l’exposition de Vionne.— Les œufs de Pâques. ’
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- Par le docteur Grâce Calvert.
- (Suite)
- Il y a quelques années, M. David Thom découvrit un procédé qui consiste à faire passer les pièces. mordancées sur une série de rouleaux dans une chambre chaude, où l’on fait • arriver un courant d’air à 38 degrés de la vapeur d’eau, en ayant soin que la température ne dépasse pas 42 degrés, et que la quantité de vapeur d’eau soit telle que 50 mètres de calicot absorbent 32 grammes d’humidité pendant les vingt minutes que durent le passage. Le fabricant peut constater ces proportions au moyen d’un hygromètre. Les pièces, en sortant de la chambre d’oxydation, sont bou-sées. On a donné à cette opération le nom de bousage, parce que les pièces passent dans un bain tenant de la bouse de vache en suspension. Aujourd’hui l’on remplace souvent cette matière par du silicate ou de l’arseniate de soude.
- Après l’opération du bousage, les pièces sont lavées et peuvent être entrées dans le bain de teinture, qui, suivant les teintes que l’on veut obtenir, se compose de 3 à 4 kilogrammes de garance , de 2 kilogrammes de garancine ou de 4 kilogrammes d’alizarine commerciale. On élève graduellement la température de ce bain à l’aide d’un jet de vapeur, jusqu’à 82 degrés pour la garancine et 100 degrés pour la garance. Cette opération dure une heure, une heure et demie ou deux heures, selon le genre que l’on veut obtenir. Les pièces teintes sont ensuite passées dans un bain décolorant , comme nous l’avons indiqué, si l’on a em
- ployé la garancine ou l’alizarine artificielle, ou successivement dans deux bains de savon, si l’on a employé la garance.
- Le rouge le plus brillant que l’on puisse obtenir avec la garance est connu sous le nom de rouge turc. Les détails de la fabrication, si nécessaires pour obtenir cette couleur, sont te-nussecrets par les fabricants. Voici cependant les différentes opérations auxquelles on procède : Après le blanchiment, on fait passer le coton dans un bain d’huile Gallipoli ou huile tournante, et on l’expose à l’air dans une chambre chaude. Cette opération est répétée plusieurs fois. On donne ensuite un passage en solution légèrement alcaline, puis en acétate d’alumine, et enfin, dans un bain composé de matières astrigentes; pendant ces opérations, l’acide gras de l’huile forme, avec l’alumine, un stéarate et un margarate d’alumine, et, par le passage en bain astrigent, il se produit du gallate d'alumine qui facilite la fixation du mordanteur à la fibre. Après la teinture, le coton prend une couleur rouge foncé, dont la vivacité est encore augmentée par un passage en savon.
- Le cadre que j’ai donné à ces leçons ne me permet pas d’entrer dans des détails sur les différents moyens employés pour déterminer le pouvoir colorant des garances ; mais je ne puis passer sur une méthode fort simple, qui permet de reconnaître les falsifications de la garance par les bois de teinture et les matières astrigentes : On prend deux feuilles de papier buvard, que l’on trempe l’une dans une dissolution de chlorure d’étain, l’autre dans une dissolution de protoxyde de fer, et sur lesquelles on place quelques grains de la poudre
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- suspecte ; s'il y a des bois de teinture, le papier au chlorure d’étain devient rose, tandis que la présence d’une matière astrigente se constate par la coloration noire que prend le papier au protoxyde de fer.
- CAMPÉCHE.
- L’arbre dont on tire cette matière tinctoriale est connu en botanique sous le nom (Yhema-toxylon campechiapum. On le trouve en abondance dans les Indes orientales, au Mexique et dans plusieurs parties de l’Amérique méridionale. La meilleure qualité provient de la baie de Campêche, dans le golfe du Mexique ; la Jamaïque et Saint-Domingue en fournissent aussi de grandes quantités ; le Honduras, la Martinique et la Guadeloupe ne donnent que des qualités inférieures.
- Le Campêche a été introduit en Europe par les Espagnols, mais il ne fut employé pour la première fois en Angleterre que sous le règne d’Elisabeth, encore ne fut-ce que pendant peu de temps, car son usage fut interdit sous les peines les plus sévères pendant près d’un siècle.
- La découverte du principe colorant du bois de Campêche, l’hématine, fut faite en 1810, par mon savant et vénérable maître, M. Ghevreul (qui, quoique âgé maintenant de 87 ans, s’occupe encore de recherches scientifiques). Peu après, il fut étudié par Ermann, qui lui donna le nom d’hématoxyline. Ces éminents chimistes l’obtinrent en cristaux prismastiques jaunes, qui se colorent en présence de l’oxygène et de la faible quantité d’ammoniaque que l’atmosphère contient. L’hématoxyline est peu soluble dans l’eau froide, très-soluble au contraire dans l’eau chaude. Elle se dissout aussi dans l’alcool, l’éther et le sulfure de carbone. Elle se combine avec trois équivalents d’eau, formant un hydrate cristallin, qui, chauffé à 100 degrés,.perd deux équivalents d’eau.
- L’hématine, en présence de l’oxygène et surtout sous l’influence des alcalis, se change en un corps doué d’une magnifique coloration rouge. Cette manière colorante peut être obtenue sous forme de cristaux ayant un reflet pourpre et qui ont reçu le nom à.’hématéine.
- L’oxydation de l’hématine sous l’influence de l’air et des alcalis, et la coloration qui en est la conséquence, sont si rapides, que l’on peut employer cette propriété dans les recher
- ches les plus délicates, pour déceler la présence du carbonate de chaux dans les eaux.
- Cette propriété est bien connue des teinturiers : les eaux contenant une grande quantité de carbonate de chaux sont favorables à la formation des beaux noirs, non-seulement parce qu’elles facilitent la transformation de l’hématine en hématéine, mais aussi parce qu’elles neutralisent les acides des mordants employés et mettent l’oxyde de fer en liberté.
- L’hématine donne peu ou point de coloration avec les sels de protoxide de fer ; l’héma-téine, au contraire, produit une coloration bleu foncé. L’hématéineest facilement réduite en hématine par l’hydrogène et par l’hydrogène sulfuré.
- L’hématéine étant le principe colorant employé par les teinturiers, il faut la développer dans le bois de campêche. Pour obtenir ce résultat, on réduit le bois en poudre grossière, on en forme des couches à cinq ou six mètres de largeur et un mètre d’épaisseur et on humecte le bois : il s’établit une fermentation lente, pendant laquelle leglucoside est décomposé et l’hématine mise en liberté. On facilite la transformation en hématéine en agitant la masse afin de la soumettre à l’action de l’air, action qui se trouve encore activée par l’ammoniaque contenue dans l’atmosphère et par celle qui provient de la décomposition des principes azotés existant dans le bois.
- Les bois ainsi séparés sont employés en teinture pour produire les noirs de campêche par des procédés que je décrirai plus loin, et pour fabriquer des extraits fort employés dans l’impression des toiles peintes.
- Pour préparer ces extraits, il est nécessaire que le bois ne soit pas trop oxydé et que la dissolution obtenue par des épuisements successifs soit évaporée lentement à une température relativement basse, c’est-à-dire ne dépassant pas 83 degrés. Une chaleur plus forte oxyderait l’hématéine et l’on obtiendrait un principe résineux noir, qui ternit l’éclat des couleurs.
- Ces extraits sont principalement employés dans l’impression des tissus pour produire des violets genre vapeur. A cet effet, on épaissit avec de l’amidon une dissolution concentrée de campêche et on imprime avec la pâte ainsi obtenue des tissus préparés d’une façon par-
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- cr
- ticulière. Cette préparation consiste à faire passer le tissu dans une solution de stannate de soude, puis dans un bain d'acide sulfurique étendu. Dans cette opération le bioxyde d'é-tain se fixe comme mordant sur la fibre textile, et il suffit de laver, de sécher, pour que le tissu soit prêt à recevoir la couleur. Après l’impression on roule la pièce sur un cylindre métallique percé de trous, ou bien on le pend dans une chambre de tôle et on la soumet à l’action de la vapeur : l’hématéine se combine alors avec l’oxyde d’étain pour former un violet magnifique.
- Si l’on veut obtenir du noir, on imprime avec une dissolution de sel de fer, puis on fait passer dans un bain de campêche. Après lavage, les noirs sont renforcés en faisant passer le tissu dans une dissolution étendue bouillante de bichromate de potasse, qui complète l’oxydation de la matière colorante.
- Les bois et les extraits de campêche sont très employés dans le Yorkshire pour produire des noirs d’un prix peu élevé sur des tissus coton-laine. Ces noirs s’obtiennent en teignant dans un bain composé de campêche, de sulfate de soude et de bichromate de potasse.
- Il est souvent utile de distinguer les noirs au campêche des noirs au sumac et les violets au campêche des violets d’aniline. On peut y arriver très-facilement, en soumettant le tissu à l’action d’un acide faible ; les couleurs produites par le campêche deviennent rouges, tandis que les autres ne changent pas.
- BOIS DE BRÉSIL.
- Nous arrivons maintenant à une série de bois appartenant tous au genre Cisalpinia, de la famille des légumineuses.
- Ces bois furent introduits en Europe par les Espagnols. Les meilleures qualités proviennent du Brésil.
- Le bois particulier, connu sous le nom de bois de Brésil, qui s’extrait du Césalpina Bra-ziliensis, commence à devenir rare, tous les arbres ayant été coupés dans les districts avoisinant les ports de mer.
- Le bois le plus employé aujourd’hui est le Césalpina-Christa ; il vient de Fernambouc ; on le trouve aussi à la Jamaïque et dans la Sierra-Nevado , mais on obtient de cette der
- nière provenance qu’une qualité inférieure.
- Une autre variété, le peach-wood, se tire de Nicaragua ; une troisième, connue sous le nom de bois de Sapan, vient principalement de Siam et des Indes. Une quantité inférieure, appelée bois de Lima, est importée du Pérou.
- Une décoction de ces bois est , jaune ou orange (selon la quantité de brésiline ou de brésileine qu’elle contient).
- Par l’action d’un acide ou d’un alcali, on obtient une magnifique coloration rouge, dont la teinte varie suivant les proportions des deux principes. On obtient aussi une coloration rouge par le bichromate de potasse, et un précipité rouge par l'oxymuriate d’étain.
- Ces caractères permettent de distinguer facilement une dissolution de ces bois d’une dissolution de campêche.
- Pour préparer des extraits commerciaux de ces bois, il faut les réduire en poudre fine, car leur principe colorant se dissout difficilement dans l’eau ; comme pour le campêche, il faut les laisser fermenter et s’oxyder à l’air, sans cependant pousser la fermentation aussi loin. La concentration de ces décoctions diffère de celle des extraits de campêche, en ce qu’elles peuvent être soumises à une température plus élevée. Cette évaporation doit être faite très-rapidement; sans cette précaution, au lieu d’un extrait, on n’obtient qu’une matière résineuse insoluble. Le docteur Dingler a proposé, pour obtenir des extraits plus brillants, un procédé qui donne de très-bons résultats. Il consiste à ajouter 2 kilogrammes de gélatine pour chaque mètre cube de bois, et à laisser le tout fermenter plusieurs jours. Le bois ainsi traité donne un extrait très-riche en procédant comme nous l’avons indiqué ; il est certain que la gélatine active la décomposition de glucoside, et que l’ammoniaque produite facilite l’oxydation de la brésiline. Par l’addition d’une petite quantité de chlorate de potasse, M. Peek augmente la valeur de l’extrait, parce que, après l’impression, le chlorate de potasse, sous l’influence de la vapeur d’eau, cède son oxygène à la matière colorante.
- On emploie surtout ces extraits pour des roses et des rouges genre vapeur. Pour obtenir ces couleurs, on ajoute à l’extrait de l’acétate d’alumine, du chlorure d’étain, de l’acide
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- oxalique ou de l’acétate de cuivre ; on imprime sur des tissus préparés à l’oxyde d’étain, comme nous l’avons déjà indiqué, et l’on vaporise. Ces bois sont aussi employés mêlés avec un peu de quercitron, pour la fabrication de genres garancine à bon marché. On peut facilement distinguer ces imitations, en traitant le tissu à essayer par une dissolution chaude de savon, qui n’attaque que très-faiblement le tissu teint avec la garance pure, tandis que celui que l’on a préparé avec un mélange de garance et de bois de Brésil est presque complètement décoloré.
- Les bois de Brésil sont quelquefois employés pour falsifier la garance, comme je l’ai indiqué en traitant ce sujet.
- Les extraits de ces bois sont aussi employés pour préparer les laques roses et rouges, qui, à cause de leur bon marché, sont très-utilisées comme matières colorantes dans la fabrication des papiers peints. L’encre rouge ordinaire est préparée par l’addition d’une faible quantité d’alun et d’acide à une solution aqueuse de ces bois.
- BOIS DE SANTAL.
- J’aborderai maintenant une autre série de matières colorantes obtenues de plusieurs variétés du Plérocarpus, que l’on trouve dans les tropiques de l’ancien et du Nouveau-Monde, et principalement dans les Indes Orientales, à Ceylan et à Madagascar. Le camwood et le barwood proviennent de Sierra-Léone.
- Le bois de santal est très-employé sur le continent, pour donner un fond aux tissus que l’on se propose de teindre ensuite à l’indigo ; on obtient ainsi un très-beau bleu ayant une teinte violette à la lumière réfléchie. A Elbeuf surtout eette matière colorante est employée en grande quantité.
- Le camwood et le barwood sont très-employés en Angleterre, pour produire sur éche-veaux de coton une couleur rouge orangé très-brillante, imitation rouge turc. Ce rouge n’est cependant pas aussi vif ni aussi brillant que celui que l’on obtient avec la grrance, et l’on peut facilement le reconnaître en le traitant par une solution de soude ou de savon, qui décolore le fil de coton.
- CARTHAME OU SAFLOR.
- Quoique cette matière colorante ait beaucoup perdu de son importance depuis la découverte
- des couleurs d’aniline, on l’emploie encore en assez grande quantité en Angleterre, pour obtenir une teinte rose particulière qui trouve un grand débouché dans le Levant. On l’emploie aussi pour donner au cordonnet rose sa couleur caractéristique, et quoique l’on puisse produire des roses d'aniline à meilleur marché, le carthame n’a pu être remplacé, les teintes n’étant pas tout à fait identiques.
- Le carthame est la fleur d’un chardon particulier, connu sous le nom de Cartha'mus line-tdrius, que l’on cultive en France, en Egypte, en Espagne, en Italie et dans les Indes. En France et en Espagne, les petites fleurs for-mant les têtes des chardons sont cueillies et séchées à l’ombre. En Egypte et dans les Indes, elles sont comprimées et lavées à l’eau froide qui sépare les matières étrangères ; elles sont ensuite légèrement pressées et séchées à l’ombre. Le carthame prépare par ce procédé a une valeur double du carthame simplement séché ; sur cent parties de carthame, on obtient que trois ou six parties de principe colorant.
- On a donné à ce principe colorant le nom d’acide carthamique. Une dissolution de cet acide évaporée, sur une surface blanche et polie, abandonne un vernis d’une couleur rouge magnifique qui, à la lumière réfléchie, présente une couleur vert cantharide très-belle. Il est insoluble dans l’eau et l’éther, mais soluble dans l’alcool. Cette dissolution devient jaune par l’addition d’acide sulfurique, nitrique ou chlorydrique. Les alcalis faibles font virer la couleur au jaune ou à l’orangé, et, dans ce cas, la matière colorante est rapidement altérée lorsqu’on la laisse exposée à l’air. Le peu de stabilité de cette couleur, et les modifications qui lui font si aisément subir les acides et les vapeurs ammoniacales, sont cause qu’elle a été remplacée avec succès pour la teinture] de la soie et de la laine par les couleurs d’aniline.
- Pour préparer l’acide carthamique, on introduit le carthame dans des sacs, que l’on lave jusqu’à ce qu’une matière colorante jaune qu’il contient soit complètement enlevée. On le traite ensuite par de l’eau contenant 15 pour 100 du poids de carthame de soude cristallisé. Après deux heures de macération, l’on décante et l’on plonge le coton dans le liquide. On ajoute du jus de citron ou de l’acide estrlque;
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- ET DE L'IMPRESSION DES TISSUS
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- l’acide carthamique mis en liberté se fixe sur le tissu, et c’est de cette manière que l’on opère lorsqu’on veut teindre en rose de car-thame. Pour obtenir l’acide carthamique, il faut laver le coton ainsi teint, puis le traiter par du carbonate de soude, qui redissout l’acide carthamique en laissant sur le tissu une seconde matière colorante jaune. Le carthamat de soude ainsi obtenu est décomposé par l’acide tartrique, et l’acide carthamique se précipite sous la forme d’une poudre amorphe d’un rouge brillant qui, additionnée d’un peu d’eau, est vendue sous le nom d’extrait de carthame. Cet extrait, séché et mélangé avec du talc réduit en poudre, est employé comme fard.
- il y a un extrait particulier bien connu des teinturiers, dont la préparation est secrète. La valeur de ce produit réside dans le fait qu’il se dissout dans l’eau sans addition de carbonate alcalin, et qu’il teint directement la laine, le coton et la soie.
- COCHENILLE, KERMÈS, LAC-DYE, MUREXIDE.
- Nous appellerons maintenant votre attention sur quatre couleurs dérivées du règne animal : la cochenille, le kermès, lac-dye et le mu-rexide.
- Les trois premières sont obtenues d’une famille d’insectes connus sous le nom de Coc-cinœ. Les femelles de ces insectes, qui seules fournissent la matière colorante, ne présentent qu’une masse presque informe, et restent immobiles à la place où elles se sont fixées, sur les plantes qui en sont infestées. Les mâles, au contraire, se déploient beaucoup; ce sont des petits insectes vraiment élégants, munis de deux ailes membraneuses. L’insecte de la cochenille s’appelle Coccus cacti, celui du kermès Coccus illicis, et celui de la lac-dye Coccus lacca ou Ficcus. Tous contiennent le même principe colorant : l’acide carminique.
- Quoiquela teinture par ces matières colorantes fut connue dès anciens, et très-employée en Perse et dans les Indes, la véritable cochenille n’est connue en Europe que depuis la découverte de l’Amérique par les Espagnols, et ce n’est que depuis 1830 qu’on la récolte dans les îles Canaries, dans Pile de Téneriffe, à Java et en Algérie. La meilleure qualité provient dé la République du Honduras.
- Cochenille.
- Le Coccus cadi vit sur un cactus particulier appielé Cactus nopal où Opunta cbccinili-
- fera. Cette,plante est originaire du Mexique, où elle se trouve à l’état sauvage, et sur laquelle on recueille une grande quantité de cochenille. Les Indiens indigènes la cultivent aussi, ils en ont quelquefois des plantations de soixante mille pieds. Les cochenilles provenant de ces deux sources sont de qualités très différentes : belles qui sont recueillies sur les plantés cultivées Sont de beaucoup sup-rieurès, elles sont appelées mesUque-, celles que fournit la plante Sauvage sont connues sous le nom de Sÿlvestra':
- La cochenille est souvent falsifiée. La fraude la plus généralement employée est pratiquée à Nîmes et dans lés autres villes ou l’on fabrique la parfumerie sur une grande échelle. La cochenille est trompée dans l’eau pendant quelques instants, une partie du principe colorant est dissoute. Elle est ensuite sechee et
- vendue, soit comme cochenille noire, soit Y F___— A*er nh Air[rooh nerrer gociriee 91(53 comme cochenille blanche, après l’avoir, dans ce dernier cas, secouée dans un sac contenant du sulfate de chaux. On reconnaît facilement cette falsification en traitant la cochenille par l’eau, le sulfate de chaux se sépare. Une bonne qualité de cochenille ne donne que 5 à 6 p. 100 de cendres.
- On peut déterminer le pouvoir colorant de la cochenille de deux ou trois manières. La première consiste à traiter des poids égaux de la cochenille à essayer et d’une autre dont la valeur est connue par l’alcool ou par une dissolution d’alun. On verse les deux solutions ainsi obtenues dans des tubes que l’on place dans un colorimêtre. Cet appareil se compose d’une boîte rectangulaire ayaut deux ouvertures àfchaque extremité et deux autres à la partie supérieure, toutes placées dans le même plan. Les tubes sont placés à une extrémité, et en regardant de l’autre on peut observer les deux colorations. Si l’on remarqué une différence on ajoute de l’alcool ou de l’eau à la dissolution la plus concentrée jusqu’à ce que l’on ait obtenu une teinte égale. La quantité de li-quide ajoutée donne la valeur relative de la cochenille.
- (Là suite au prochain numéro.)
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- 2
- 1.2
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- MORDANTS pour la FIXATION DES COULEURS D’ANILINE SUR COTON
- Bbpi Par MM. A. Muller et Sopp.
- Le procédé qu’on va décrire donne d’excellents résultats dans les teintures avec la fuch-sine, le violet et le vert à l’iode.
- On fait bouillir le coton dans de l'eau à laquelle on a ajouté un peu de soude, et après les lavages, on le passe dans un bain tiède composé avec une solution de caméléon, jusqu ace que le peroxyde de manganèsequi se précipite dessus lui donne une teinte intense café. On cheville, on lave à l’eau courante, et on passe dans une solution claire et tiède de chlorure d’etain jusqu’à ce que le coton soit d’un beau blanc, ce qui a lieu assez rapidement. Par ce moyen, on a fixé sur la fibre de l’oxyde d’étain insoluble.
- On obtient le même résultat, lorsqu’à la place du permanganate de potasse, on emploie une solution pure de sulfate de protoxyde de fer et qu’on passe par une eau de chaux, et enfin mieux encore, quand on mélange à froid des solutions claires de vitriol de fer et de chlorate de potasse, et qu’on chauffe avec lenteur jusqu’au bouillon. Le coton se teint chamois dans ce bain. A l’aide de ces deux méthodes, on précipite sur la fibre de l’oxyde de fer hydraté, qui se dissout dans le bain d’étain à l’état de chlorure de fer, pendant que l’oxyde d'étain persiste à être fixé ; seulement, dans ce cas, le coton n est pas blanchi, ainsi que cela a lieu lorsqu’on se sert du caméléon.
- Le fil est alors exprimé soigneusement à la cheville, rincé, passé dans une solution étendue et bouillante de verre .soluble de soude, chevillé de nouveau, puis, sans être rincé, traité immédiatement par le savon. Cette opération terminée, le mordançage est complet, et on peut procéder à la teinture. Si on se sert de solutions froides des couleurs, mais un peu concentrées, on obtient des teintures qui ont bien plus de feu et sont beaucoup plus solides.
- Les modes de substitution qu’on vient de décrire, et qui servent à fixer l’étain et le fer, sont aussi simples que directs, et d’ailleurs permettent d’utiliser bien mieux les solutions,
- I tout en donnant des teintures plus pures et plus égales.
- On peut fixer un nombre illimité de précipités sur les fibres, par ce moyen qui doit avoir de l’importance tant dans la teinture que dans les apprêts. C’est, par exemple, par l’emploi d’un bain de sulfate de protoxyde de fer qu’on fait suivre d’un bain de chlorure d’étain, qu’on peut fixer sur le coton 25 pour 100 de son poids d’oxyde d'étain, précipité qui n'af-fècte en rien la solidité du fil, et peut être appliqué avec avantage tant pour les couleurs claires que pour le blanc.
- On fera remarquer en terminant, relativement a la solution des couleurs d’aniline que des expériences directes ont démontré, que les nuances obtenues avec ces matières se montrent d’autant plus fugaces à la lumière qu’on a employé plus d’alcool pour les dissoudre. Les auteurs attribuent cet effet àla présence de l’huile de pomme de terre dans les esprits du commerce. Cette impureté reste, en effet, sur le fil ou la toile qu’on a teint, et pendant que la lumière frappe ceux-ci, il se forme très-probablement des dérivés de l’alcool amylique qui détruisent les couleurs d’aniline.
- {Chemisches Centralblatt.}
- MANDARINE
- Nous mentionnons un nouvel orange d’aniline que l’on livre au commerce sous le nom de Mandarine, et dont la composition nous est inconnue.
- Cette couleur qui est en pâte épaisse, donne de belles nuances, dont nous donnons ci-dessus un spécimen, et la teinture s’opère comme pour toutes les. autres couleurs de même origine.
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- COULEUR D’IMPRESSION ÉCONOMIQUE
- AUX COULEURS D'ANILINE SUR COTON.
- On prépare une solution faible de colle de gélatine, en prenant, pour chaque litre'd'eau, 50 grammes de gélatine. Dans le liquide, on verse goutte à goutte de la solution de bichromate de potasse jusqu’à ce que l’eau ait pris une couleur jaune paille. A ce bain, on ajoute la quantité d’une solution d’une couleur quelconque d’aniline nécessaire pour produire la nuance colorée qu’on désire, et on épaissit, suivant le besoin, à l’amidon, à'la leïcome ou à la dextrine.
- C’est avec cette masse qu’on imprime direc-tement. Après l’impression, on expose les pièces pendant quelques heures à la lumière. La lumière solaire a, comme on sait, la propriété de rendre insoluble la gélatine à laquelle on a associé du bichromate de potasse, et par conséquent les dessins imprimés se trouvent fixés dans les divers points par cette exposition à la lumière. Dans tous les cas, la gélatine est la substance la plus économique qu’on connaisse pour les fixations. Après cette insolation, l’opération est terminée, et les pièces peuvent être directement livrées au commerce.
- On peut remplacer la gélatine par une solution de caséine dans une petite quantité d’ammoniaque.
- (Farber Zeitung^
- SUR L'ALIZARINE DE GARANCE
- ET LA TEINTURE EN ROUGE TURC.
- M. V. Wartha a indiqué, en 1870, le procédé suivant pour se procurer l’alizarine végétale ou de garance pure.
- Les étoffes de coton teintes en rouge sont épuisées au bain-marie au moyen d’un mélange d’alcool et d’acide chlorhydrique concentré. Le précipité formé par la potasse, et qui est violet purpurin magnifique, est reçu sur un filtre, lavé et décomposé sur le filtre par l’acide chlorhydrique étendu. La masse
- jaune orangeainsi obtenue est lavée et sublimée après avoir été séchée. On recueille ainsi en une demi-heure de grandes quantités d'aliza-rine.
- On peut également traiter pendant peu de temps (de 2 à 3 minutes) les étoffes colorées par l’acide sulfurique concentré, puis précipiter la liqueur rouge de sang par l’eau pour obtenir la matière colorante qui, toutefois, retient avec force une substance grasse provenant du mordant, et qu’on ne parvient à éliminer complètement que par un traitement par la potasse, de nouvelles décompositions suivies de sublimations.
- Si on traite les tissus teints en garance par l’action prolongée de l’acide sulfurique, puis qu’on étende avec de l’eau, il, s’en sépare un précipité nuageux jaune de bois qui, bien lavé, peut très b'en s’employer à la teinture des tissus mordancés. Peut-être pourrait-on se servir en grand de ée procédé fort simple pour obtenir par ce moyen, avec les vieux tissus hors d’usage une matière colorante assez concentrée dans un très grand état de pureté.
- En poursuivant des travaux entrepris sur la marche de la teinture en rouge turc, M. Wartha est parvenu à constater les faits suivants :
- Le feu tout particulier qui distingue les articles garancés teints en rouge turc, repose sur une combinaison particulière d’un acide gras avec l’alizarine, qui n’adhère pas bien fortement à la fibre, et qu’on peut extraire par les essences de pétrole et l’éther. Si on évapore la solution, on obtient une matière grasse d’un rouge écarlate plein de feu, qu’on ne parvient à décomposer que par une lessive concentrée de potasse ou en la fondant avec la potasse, et alors elle présente les réactions caractéristiques de l’alizarine. La matière extraite a perdu tout son feu, le ton qu’elle a pris se rapproche plutôt du rouge cerise, et ressemble complètement aux couleurs garances produites simplement par les mordants d’étain.
- M. Wartha a cherché depuis à simplifier encore le procédé donné ci-dessus pour préparer l’alizarine végétale. L’étoffe est traitée d’abord par l’essence de pétrole, puis épuisée par l’alcool et l’acide chlorhydrique. Alors
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- l’alizarine de garance est, quand on étend simplement avec beaucoup d’eau précipitée sous forme de flocons jaune orange, presque chimiquement purs.
- Une comparaison faite avec beaucoup de soin a démontré à ce chimiste que l’alizarine de garance se sublime complètement entre 130° et 140° G., tandis que l’alizarine synthétique ou artificielle he se sublime qu’entre 280° et 300° C.
- Le mode de préparation de l’alizarine de garance pure indiqué ci-dessus par M. Wartha à servi àM. A. Muller, de Zurich, en y apportant quelques légers changements, à résoudre la question de la solidité et de la permanence dans la couleur dès tissus teints en rouge turc.
- En répétant les expériences de M. Wartha, l’auteur a été frappé de la différence de temps qu’exige la solution de la matière colorante dans le bain d'épuisement sur des tissus provenant de divers établissements de teinture en rouge turc. Un examen approfondi lui a fourni ce résultat, aussi intéressant qu’inattendu, que le temps de la déteinte n’est pas modifié en quoi que ce soit par les proportions variables de l’alizarine, mais est directement proportionnel à la résistance de la couleur, à la lumière, à la soude, aux savons, aux acides et aux agents d’oxydation (chlorure de chaux, permanganate de potasse, etc.), et que cette résistance, sn nul doute, dépend de la méthode de mrdançage. En poursuivant ce genre de recherches, M. Muller a trouvé que plus Une étoffe teinte en rouge vif renferme d’alumine, plus la couleur est susceptible de résister de temps à l’action du mélange d’alcool et d’acide chlorhydrique et réciproquement, tandis que les tissus colorés qu’on peut dépouiller plus ou moins par l’éther de la combinaison rouge bien connue de l’alizarine et de la matière grasse, se montrent aussi moins solides et moins bon teint.
- M. Muller ne prétend en aucune façon soutenir que l’emploi d’une proportion plus forte d’huile dans le mordant enlève de la solidité à la teinture, mais il croit voir dans ses expériences la démonstration que l’huile ne sert, dans là production du rouge, que lorsqu’elle est portée complètement à Cet état encore inconnu qu’on appelle l’état d’oxydation, sous
- lequel elle he se dissout plus dans l’éther, .mais que parun reste d’acide gras non Saponifié, il se peut bien que l’huile agisse, surtout à la lumière, très désavantageusement sur l’alizarine.
- Pour apporter quelques preuves dans cette direction, l’auteur a pris des poids égaux des étoffes mises en expériences ou des tissus du même compte de fils, ou bien aussi des bandes des mêmes dimensions qu’il a introduites dans le bain d’extraction, composé avec 10 volumes d’alcool à 96° centésimaux et 1 volume d’acide chlorhydrique d’un poids spécifique de 1,18. Le mélange, dont il faut employer de fortes quantités, a été chauffé avec lenteur au bain-marie jusqu’à environ 50° G. On n’a pas tardé à voir, tantôt l’un, tantôt l’autre, des échantillons blanchir, et on a noté enfin le temps écoulé depuis le moment où on les a plongés jusqu’à celui où il y a eu décoloration complète, c’est-à-dire où tout rouge a disparu sur les étoffes ou les tissus. On a de même observé très exactement la durée de la décoloration sur les autres échantillons découpés, et dans les nombres ainsi obtenus, il a pu remarquer qu’il y avait un rapport suffisamment exact, relativement à la solidité ou le bon teint de toutes les couleurs qui ont fait le sujet des expériences.
- ( Chemisches Centralbatt).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- EXPOSITION UNIVERSELLE DE LYON
- Produits cliimiques et colorants (1).
- MM. Randu et Clot, à Saint-Fons (Rhône.) , exposent plusieurs sels de fer pour la teinture, divers produits de la distillation du bois, de l’acide arsénique pour la préparation de la fuchsine, Ici encore nous avons à signaler un
- (1) Voir la note de notre numéro du 5 mars, année courante, page 32.
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- résullat pratique d’un réel intérêt. Autrefois, tous les résidus arsenicaux de la préparation de la fuchsine étaient jetés dans les rivières ou enfouis dans le sol, ce qui constituait pour la santé publique un immense danger. Aujourd’hui, tout l’arsenic est retiré de ces résidus qui deviennent complètement inoffensifs. La vitrine de MM. Randu et Clot nous montre d’un côté, des résidus de fuchsine; de l’autre, l'acide arsénieux extrait de ces résidus.
- Parmi les grands produits chimiques dignes d’une mention, nous trouvons encore : les acides, soudes, aluminates, etc., de H. Merle et Ce, qui exposent, en outre, de nombreux lingots, des statues et divers objets en aluminium et en bronze d’aluminium ; les phosphates, silicates, pyrolignites, sels d’étain, et surtout le très-beau vert Guignet, pour impression sur étoffes, de l’usiné de Thann (Charles Kestner, directeur) ; l’acide sulfurique au soufre pour dissolution, et l’acide nitrique à 50 degrés pour la préparation de la nitroglycérine et de la dynamite, de Jalabert et Ce (vitriolerie delà Guillotière) ; les soudes de Daniel et Ce, de Marseille ; les silicates de Roissy ét Ce, à Saint-Denis; les beaux échantillons de sels divers pour la teinture et les'arts, de Chevé et Gérard, à Paris ; l’exposition non moins remarquable de la Société anonyme pour la fabrication des produits chimiques de Croix (Nord), comprenant : potasse, prussiate, orseille, carmin d’indigo, bleu de Prusse, albumine de sang; les acides et les sels provenant de la distillation du bois, de Camus frères, Neppel et Ce, et les produits similaires de J. Crébely, au Moulin-Rouge (Jura) ; les iodures, extrait des soudes de varech par Missier aîné et fils, au Conquet (Finistère) ; de superbes échantillons de picrates et de picramates, des dérivés de la benzine, de l’aniline et de la naphtaline exposés par M. John Castelaz de Paris, et enfin les ustensiles et appareils pour la dorure, l’argenture et la galvanoplastie de M. Plazanet, à Paris.
- La découverte des couleurs d’aniline a donné une très-grande impulsion à l’industrie de la distillation de la houille et des goudrons. C’est dans le goudron, résidu de la fabrication du gaz, que se trouve, on le sait, la benzine, d’où l’on extrait l’aniline. La Compagnie Parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz
- nous montre un bel assortiment de produits se rattachant à cette industrie : soufre extrait des matières d’épuration du gaz, acide phéni-que, aniline, sels ammoniacaux et produits goudronneux. L’exposition de M. Félix De-haynin, de Paris, comprend également tous les produits obtenus par la distillation du goudron.
- Nous remarquons un peu plus loin, dans la vitrine de M. Poirrier, à Saint-Denis, une étoile formée de superbes cristaux de fuchsine, plusieurs échantillons de fuchsine, méthyla-niline, bleu lumière et bleu Nicholson, vert lumière, violet Hoffmann et violet de Paris. Par l’excellence de sa fabrication, spécialement en ce qui concerne ce dernier produit, la maison Poirrier est parvenue à battre, sur tous les marchés du monde, les fabricants des bords du Rhin qui, on ne l’ignore pas, se sont appropriés, sans bourse délier, toutes les découvertes faites en France pour la production des couleurs d’aniline.
- Les produits de la maison Guinôn fils et Cie, de Lyon méritent également d’être remarqués. Dans le nombre, nous citerons la coral-line rouge, la capucine, ponceau et le vert à l’aldéhyde.
- Les matières colorantes, extraits secs et laques, exposées par M. Charles Meissonnier, de Paris, frère, nous dit-on, dû peintre célèbre, sont d’une beauté véritablement exceptionnelle. On s’arrête encore devant les extraits colorants et les laques de Coëz et Ce de Saint-Denis; les orseilles de M. Gros de Mulhouse, les céruses de M. Faure de Lille et ses appareils de préservation pour les ouvriers.
- Dans la vitrine de M. A. Webel, à Paulille, on voit, à côté d’échantillons de dynamite, un bloc de fonte, que 70 grammes de cette substance ont suffi pour briser en quatre morceaux.
- Nous sommes loin d’avoir épuisé la liste de tous les objets curieux et intéressants de ce groupe, et plus d’une vitrine mériterait encore une description détaillée; nous devons, à regret, nous borner à quelques courtes indications sur les produits qu’il nous reste à examiner.
- Tels sont les beaux vernis à l’alcool de la maison Dida, qui sont employés pour fleurs et fruits artificiels, paillons, émaux transpa-
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- rents et opaques, pour l’ébénisterie et les objets en zinc; les produits résineux très-remarquables aussi, de M. Grolas, à Lyon; le bronze en poudrede M. Knapp, de Strasbourg ; divers échantillons d’amidon de fabrication lyonnaise et anglaise, des blocs d’ocre de Bourgogne, de sulfate de baryte de l’Arbresle et de sulfate de chaux de Maurienne.
- REVUE SOMMAIRE
- DES BREVETS D’INVENTION.
- Extraits de Teinture. —M. Simon applique à la fabrication des extraits pour teinture, l’appareil à déplacement, en disposant les uns au-dessous des autres un nombre de laveurs tel que l’épuisement soit complet et que l’extrait, à la sortie du dernier vase, soit aussi concentré que possible.
- On peut employer des appareils de toutes formes, en terre, en verre, en métal, en bois, pourvu qu’ils soient munis d’un robinet à la partie supérieure et d’un autre à la partie inférieure. Au robinet le plus élevé du premier se fixe un tube'amenant le liquide avec une pression suffisante pour vaincre la résistance que peut offrir la substance à épuiser ; au robinet du bas, se fixe un tube en forme d’S, qui s’ajuste sur le robinet supérieur du deuxième appareil, et ainsi de]suite pour dix, vingt ou plus.
- Quand la substance contenue dans le premier appareil est épuisée, on vide et on remplit de nouveau le vase en le plaçant à la suite des autres qui, tour à tour, deviennent les premiers. Pour les substances à épuiser à chaud, une chemise chauffée à la vapeur entoure chaque vase. — B. 96,249.
- Épaillage chimique des soieries. — Mi\T, FRÉZON père et Lucien BEER, ont, par ce brevet, l’idée d’appliquer aux tissus de soie les procédés d’épaillage chimique si largement utilisé aujourd’hui pour les étoffes de laine. Pour ce genre d’articles, tels que soies filées, bourres, déchets, tissus en général, les foulards,
- par exemple, l’épincetage est encore plus redoutable, disent les auteurs, que pour les lainages, puisque les apprêts ultérieurs ne peuvent dissimuler ces défauts, c'est-à-dire les vides, que causent l’arrachage des pailles, tandis que le feutrage des tissus de laine arrive quelquefois à faire disparaître ces vides.
- Le degré de chaleur auquel doivent être soumises les soieries après le passage au bain acide n’est pas indiqué : il est seulement dit qu’il doit être d’autant moins élevé que ce bain acide était plus contentré. —B. 96,829.
- Traitement des lessives épuisées. — Les matières résineuses, gommeuses et ulmiques sont séparées et précipitées des lessives alcalines et des eaux de blanchissage par un courant d’acide carbonique, en présence du sulfure de sodium, de baryum ou de calcium, avec ou sans addition d’hydrate de chaux et d’oxyde de fer. — Brevet anglais.
- Système d’assemblage pour les cuves à teinture. — M. CorEiGNIE fils , voulant éviter la destruction rapide des boulons en métal employés pour l’assemblage des pièces qui constituent les bâches ou cuves à teinture, a imaginé un système dans lequel tout métal est complètement supprimé.
- Les madriers qui constituent ces cuves sont assemblées à rainures; celle qui est en saillie, c’est-à-dire la rainure mâle, est fendue dans sa longueur, et dans cette fente, on chasse un coin, qui force et écarte cette fente de façon à serrer fortement la rainure mâle dans la femelle.
- Le tout est consolidé par des chevilles, ou plutôt des boulons en bois établis dans le même principe ; le bout du boulon, celui opposé à la tête et au collet, est également fendu, et lorsque ce boulon est en place, on y fait également entrer avec force un coin ou cale, qui maintient la [cheville en place et lui ôte toute possibilité de se retirer en arrière. — B. 97,419.
- Production décide hypochloreux pour blan-chîmenl. — L’invention de M. Demailly a pour
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- objet la combinaison d’un appareil producteur de gaz hypochloreux, rendu inexplosif et formant directement, avec la moitié moins de chlore dissous, un liquide ayant un pouvoir décolorant aussi puissant qu’avec la double quantité de gaz chlore, combiné soit à une base alcaline, soit à un oxyde, comme celui de zinc eu de cuivre.
- Get appareil se compose d’une jarre à chlore communiquant avec un tube vertical, pouvant être chauffé et rempli de billes en terre cuite. Celles-ci sont imprégnées d’une dissolution concentrée ou de sulfate de soude, de potasse, d’alumine, de magnésie ou d’un sulfate susceptible, en présence du chlore et à une chaleur modérée, de se convertir en sulfate acide, tandis que la moitié de la base, dont l’oxygène se porte sur le chlore, se transforme en chlorure basique.
- L’acide hypochloreux formé détonnerait violemment à 30°, si on ne prenait la précaution de le refroidir au sortir du tube et de le diviser à l’aide d'un courant d’air — 8 à 10 fois autant d’air froid qu’il se dégage d’acide hypochloreux.— Enfin, ce mélange d’air et d’acide hypochloreux passe à travers le liquide à saturer. — B. 93,315.
- Savon pour fouler et dégraisser les draps. — Ce savon, breveté par M. DÉCURTY, est composé comme il suit :
- Eau............................ 100 litres.
- Savon d’huile d’olive ou d’oléine. » . 320 gram.
- Sel de soude. . . 2,140 —
- Eau de chaux. . . 710 —
- Farine de froment. 30 —
- Il aurait pour avantages de conserver toute la fraîcheur des nuances et ne ue laisser aucune odeur aux tissus. — B. 96,888.
- NOUVELLES
- Extension aux tissus de laine de la franchise ACCORDÉE A CEUX DE COTON D’ALSACE-LORRAINE. — L’Assemblée nationale a adopté, et le Président de la République a promulgué la loi dont la teneur suit :
- Article ïinique.— Les tissus de laine et autres produits de même nature, qui reçoivent un complément de main-d’œuvre dans l’Al-sace-Lorraine, profiteront comme les tissus de coton et aux mêmes conditions, des bénéfices de prorogation à la rentrée, accordée par la loi du 9 décembre 1872.
- Délibéré à Versailles, le 14 mars 1873 ; promulgué le 31 du même mois.
- Jury de l’Exposition de Vienne. — Voici les membres Français du Jury de l’Exposition de Vienne, pour les groupes qui se rapportent à nos spécialités :
- 3e groupe
- Arts chimiques.
- MM. Wurtz, membre de l’Institut, doyen de la faculté de médecine de Paris, membre du comité consultatif d’hygiène 'publique de France, membre des jurys internationaux de 1835, 1862 et 1867.
- Sainte-Claire-Deville (Henri), membre de la commission supérieure des expositions internationales, membre des jurys internationaux de 1855, 1862 et 1867.
- Chiris (Léon), fabricant à Grasse, membre du conseil général des Alpes maritimes.
- 5e GROUPE.
- Industrie des matières textiles et confections. MM. Seydoux (Charles), manufacturier, membre du jury international de 1867.
- Cordier, député à l’Assemblée nationale, manufacturier, membre du conseil supérieur du commerce, de l’agriculture et de l’industrie.
- Demar, membre de la chambre de commerce d’Elbeuf.
- Dauphinot, député à l’Assemblée nationale, président de la chambre de commerce de Reims.
- Natalis Rondot, délégué de la chambre de commerce de Lyon, président de la section des tissus à la commission des valeurs, membre des jurys internationaux de 1851, 1855 et 1862.
- Eug. Louvet, négociant en soieries, membre du conseil municipal de la ville de Paris.
- Carlhian, membre de la chambre de commerce de Paris, membre des jurys internationaux de 1862 et 1867.
- Aubry, membre de la chambre de commerce de Paris, membre des jurys internationaux de 1851, 1855, 1862 et 1867.
- 6e groupe.
- Industrie du cuir et du caoutchouc.
- M. Houette, membre de la chambre de commerce de Paris.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 11e GROUPE.
- Industrie du papier.
- M. Bécoulet, président de l’Union des fabricants de papier.
- 13e GROUPE.
- Machines} matériel de transport.
- MM. Feray, d’Essonnes, député à l’Assemblée nationale, membre de la commission supérieure des expositions internationales.
- Schneider, directeur des établissements du Creusot.
- Ehrler, fabricant de carrosserie.
- 18e GROUPE. ,0 onneivor
- Matériel et procédés du génie civil, des travaux publics et de l’architecture.
- MM. Kleitz, inspecteur général des ponts et chaussées.
- Lefuel, membre de l’Institut et de la commission supérieure des expositions internationales, membre du jury international de 1867.
- 19e GROUPE.
- Types de l'habitation bourgeoise, ses' dispositions intérieures, sa décoration, son ameublement. ,
- M. Duc, membre de l’Institut, vice-président du conseil d’architecture des travaux de Paris, membre du jury international de 1867.
- 20e GROUPE.
- Types de l’habitation rurale, ses dispositions, ses ustensiles et son mobilier.
- M. Lefébure, député à l’Assemblée nationale.
- 21e GROUPE.
- L'industrie domestique nationale,.
- M. Rondelet, membre de la commission supérieure des expositions internationales et du conseil municipal de Paris, membre du jury international de 1867.
- Parmi les jurés suppléants nous citerons : MM. Arlès-Dufour, fils, membre de la chambre de commerce de Lyon (5e groupe).
- Casse, manufacturier à Fives-Lille(Se groupe).
- Cheysson, ingénieur, directeur des mines du Creusot (18e groupe).
- Delhaye, ancien fabricant de dentelles (3e groupe).
- Fourcade, membre de la chambre de commerce de la Seine et du jury in ernational de 1867 (3e groupe).
- Gérard; président de la chambre syndicale des produits chimiques (3egroupe).
- Hussenot, fabricant de châles, ancien juge au tribunal de commerce de Paris (6e groupe).
- Jeuffrain (Paul), fabricant à Louviers (5 groupe).
- Kuhlmann, fabricant, membre du Jury inter national de 1867 (3e groupe).
- Pariot (Laurent), président de la chambre syndicale de la passementerie (e groupe). Vatin, membre de la commission des valeurs, fabricant de tissus (3e groupe).
- Les oeufs de Pâques. — Le genre de teinture qui se fait le plus en ce moment est celle des oeufs de Pâques, mais ce n’est pas cela qui favorise beaucoup les affaires des teinturiers, les marchands d’œufs et même les ménagères y suffisent parfaitement, il est vrai que ces teintures sont généralement fort laides, mais c’est tout ce qu’il fautpour ces articles, destinés à une courte existence.
- Le progrès, néanmoins, s’est manifesté dans cette industrie comme dans toute autre, et aujourd’hui, au lieu de ces grossières teintures aux bois, quelques marchands se servent des couleurs d'aniline et obtiennent non seulement des teintes plus vives et plus fraîches, mais encore une plus grande variété de couleurs, ainsi aux rouges traditionnels et aux jaunes, plus rarement employés, on ajoute des bleus, des marrons, et surtout des violets ; une dame, négociante en œufs et beurres, dans le quartier des Halles, a eu l’initiative des œufs en violets d’aniline et en rouge fuchsine ; cela a tant charmé les acheteurs — revendeurs, en général — que ces œufs se vendent par plusieurs milles chaque jour, et que l’intelligente fabricante ne peut suffire à la consommation, même en faisant passer la nuit à ses teinturiers improvisés.
- Comme on le voit, quiconque sort des sentiers de la routine est toujours récompensé parle succès, alors même que l’objet en serait des plus futiles et des moins intéressants. Cela ne veut pas dire que nous ne nous interres-sons pas aux œufs d'aniline, surtout lorsqu’ils sont en compagnie d’une salade printanière, au contraire ; mais c’est leur brillante coquille qui a perdu, alors, toute espèce d’intérêt et qui est aussi‘dédaignée que celles grossièrement colorées.
- La morale de ceci, c’est que les beaux et les laids sont égaux après la mort, et qu’à ce moment les qualités intérieures sont seules considérées... pourvu qu’on ait été cuit frais.
- Pour tous les articles non signés :
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris. Typ. Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 8. 20 AVRIL -1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Leçons sur les matières colorantes, par M. le Dr CRACE-CALVERT : Cochenille (suite). Kermès. — Teinture des peaux en couleurs d’aniline, par M. F. Springmuhl. — Machine d’apprêt à feutre sans fin, de MM. PIERRON et Dehaitre. (gravure). — Essai de la benzine.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Revue sommaire des brevets d’invention. Rouge turc, Savon pour l’eau ds mer, Toiles cirées, Blanchiment, Extraits de Santal et autres, Echardonnage. par les gaz, Planches à imprimer, Eaux de savon, Impressions transparentes, Savon de Panama, Teinture en rouge, Garance, Parage et collage, Chiffons de soie.—Constatation delà fuchsine dans les matières alimentaires.— Savon ammoniacal pour le dégraissage des laines.
- NOUVELLES — Question de la garance. — Exposition de Vienne.
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- Par le docteur Grâce Calvert.
- (Suite)
- Le docteur Fermy, de Glascow, a publié un procédé qui donne de bonsrésultats. On traite un gramme de cochenille, cinquante grammes de solution de potasse par 100 centimètres cubes d’eau. On ajoute à la dissolution ainsi obtenue une dissolution titrée de ferrycianure de potassium (1 gramme pour 200 centimètres cubes d’eau) jusqu’à ce que l’on ait obtenu une coloration brune. Une dissolution titrée de chlorure de chaux peut remplacer dans ce cas le ferrycianure de potassium. Quoi qu’il en soit, la meilleure méthode consiste à teindre deux échantillons de même grandeur dans les deux bains suivants, en prenant comme type, dans chaque cas, un échantillon teint avec une cochenille de première qualité :
- 1° pour teinte écarlate :
- Eau..................1250 grammes.
- • Crème de tartre. 2 — Composition d’étain. 2 — Cochenille. . . 1 — 2* Pour teinte cramoisie : Eau. . . . . 1250 grammes.
- Crème de tartre. 0,75 — Alun. . . • 1,50 —
- Cochenille. . 1 —
- Les échantillons sont ensuite lavés et séchés, et par la comparaison de l’intensité de leur teinte on peut avoir la valeur de la cochenille suspecte.
- La principale application de la cochenille consiste dans la teinture de la laine, mais on
- l’emploie aussi dans l’impression des tissus de coton pour obtenir des roses et des rouges genre vapeur.
- Il est souvent utile de pouvoir déterminer si un rose est produit avec un bois de teinture, avec la cochenille ou avec la garance. Toutes ces couleurs sont détruites par le chlore et par le chlorure de chaux. Une dissolution de savon détruit le rose obtenu par le bois, communique une coloration cramoisie à la cochenille et avive la couleur obtenue par la garance. Plongés dans une dissolution étendue d’acide chlorydrique ou d’acide sulfurique, les tissus teints par la cochenille ne subissent aucune altération, tandis que ceux qui le sont par la garance et les bois de teinture prennent une teinte jaune qui devient violette lorsqu’on la traite par un lait de chaux. Soumises ensuite à un traitement par le savon, les couleurs des bois sont détruites, ce qui n’a pas lieu pour la garance.
- Cochenille ammoniacale.
- Si l’on mélange une partie de cochenille et trois parties d’ammoniaque, et que l’on conserve ce mélange pendant trois semaines, une réaction chimique se produit. L’ammoniaque perd un équivalent d’hydrogène qui, s’unissant à un équivalent d’oxygène de l’acide carminique, forme de l’eau et un composé azoté : la carminamide.
- Cet amide est aussi employé en teinture, mais il est nécessaire d’ajouter 4 p. 100 d’alumine en gelée pendant sa formation. On évapore ensuite doucement jusqu’à circonstance de pâte pour chasser l’excès d’ammoniaque. On emploie cette préparation, qui porte le
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- QO O.
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- nom de cochenille ammoniacale pour teindre la soie et pour produire des teintes violettes et mauves sur laine.
- Laques de Carmin.
- Ces magnifiques laques, remarquables par leur teinte brillante sont préparées avec une dissolution de cochenille et ne peuvent l’être avec l’acide carminique, la matière animale que l’insecte contient paraissant nécessaire à leur formation. Le procédé employé pour obtenir les plus belles qualités est tenu secret par les fabricants ; voici cependant deux formules qui donnent des produits d’une beauté relative :
- 1° On fait bouillir 450 grammes de cochenille avec 10 litres d’eau auxquels on ajoute 32 grammes d’alun. On maintient le liquide en ébullition pendant trois minutes, puis on laisse déposer. Au bout de plusieurs jours on obtient environ 32 grammes de laque. On peut dans cette préparation substituer la crème de tartre à l’alun.
- 2° On fait bouillir pendant trois heures un kilogramme de cochenille en poudre dans 150 litres d’eau, on ajoute 100 grammes de salpêtre. On fait bouillir de nouveau et on laisse déposer. La liqueur claire est décantée, et au bout de deux ou trois semaines on obtient une belle laque carminée.
- Kermès.
- Cette matière colorante est aussi une variété du coccina, qui vit sur un chêne particulier appelé quercus coccifera. Les jeunes femelles de ces animaux se fixent sous l'épiderme des feuilles et des jeunes pousses au commencement du printemps. A mesure que l’insecte grandit il fait enfler l’épiderme et forme ainsi une foule d’excroissance à la surface des feuilles et des branches. C’est pendant cette période qu’il dépose ses œufs.
- Cette matière colorante est rarement employée en Angleterre. Son usage, au contraire, est très fréquent dans le midi de la France, au Maroc et en Turquie pour donner au maroquin et aux tissus de laine cette teinte caractéristique de la coiffure à laquelle les Asiatiques donnent le nom de fez.
- Si les couleurs obtenues avec le kermès
- sont moins brillantes que celles que donne la cochenille, elles ont l’avantage de résister au savon et aux alcalis faibles. On l’emploie aussi à Milan, à Home et à Florence, pour colorer une boisson très estimée, connue sous le nom d’alkermès. Le principe colorant que renferment ces insectes est identique à celui de la cochenille. Le kermès est employé comme matière colorante dans le Levant depuis des temps immémoriaux.
- (La suite au prochain numéro.)
- SUR LA TEINTURE DES PEAUX EN COULEURS D'ANILINE
- Par M. F. Springmuhl.
- L’emploi des couleurs d’aniline pour colorer les peaux exige beaucoup plus d’attention qu’on ne lui en a prêté jusqu’à présent, et, en conséquence, M. Springmühl crut devoir faire connaître les expériences qu’il a entreprises à ce sujet. Voici comment il a procédé dans les opérations (1) :
- Après que la peau qui, pour la teinture en couleur délicate et tendre, a été choisie tout particulièrement et débarrassée soigneusement par l’eau de l’alun qui pouvait y adhérer, et préparée au jaune d’œuf, on l’étend sur une table en bois, unie et inclinée à l’horizon de façon que toutes les parties de cette peau soient parfaitement appliquées sur cette table. Puis avec une brosse, quand la chose est nécessaire, on applique d’abord le mordant puis aussitôt la solution dans l’eau de la matière colorante. Il faut, dans la teinture en couleurs d’aniline, aussi bien que dans la teinture en autres couleurs, éviter avec soin les mordants d’acides et d’alcalis libres et recommander surtout les mordants neutres. Même une très faible quantité d’acide fait déchirer la peau comme du papier, et les lessives alcalines la rendent sèche et cassante. Les mordants qui
- (1) Le Moniteur de la Teinture a déjà publié des procédés pour la teinture des peaux dûs à M.Spring-mulh, mais il croit utile de les compléter par les nouveaux détails de cet article.
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- réussissent le mieux avec les couleurs d’aniline sont le chromate de potasse, l’alun (mais très-dilué), et surtout les sels ammoniacaux. Quant à la nécessité ou à l’utilité d’un mordant, la qualité de la peau, son épaisseur et son homogénéité exercent une grande influence et c’est surtout de ces diverses propriétés ou qualités que dépend souvent le succès de la teinture. Les peaux d’agneaux françaises sont celles qui se prêtent le mieux à ces opérations.
- Rouge. — Pour le rouge, la fuchsine soluble dans l’eau suivant le ton de couleur que l’on recherche, ton qu’on peut d’ailleurs faire monter par une légère addition d’acide picri-que, est dissoute dans plus ou moins d’eau à 26 ou 30° G., et à cette température appliquée sans mordant, avec une brosse, et quand la peau est bien exempte d’alun on obtient une teinture uniforme qui résiste assez bien à un lavage consécutif ainsi qu’à l’action de l’air. On peut également employer la fuchsine soluble dans l’alcool, mais on obtient aussi des résultats moins uniformes et moins satisfaisants. Le mordançage par épanchement est très nuisible à la fuchsine, néanmoins on peut employer un peu de chromate de potasse. Les rouges d’anilines produits par des méthodes diverses dans les différentes fabriques présentent peu de différences dans leur emploi, néanmoins il faut faire toujours choix des matières colorantes les plus pures et de la meilleure qualité.
- Violet. — Il n’y a de propre à produire le violet que le violet d’aniline soluble dans l’eau, auquel on ajoute de petites quantités de sulfate d’alumine, puis qu’on traite comme la fuchsine et lave avec soin. L’addition de bleu ou de rouge fait virer la nuance de l’un ou de l’autre côté. Les nombreux violets différents qu’on trouve dans le commerce donnent de même des teintures très variées, ce qui arrive en particulier avec les violef s-rouges et les violets-bleus, mais plus rarement avec la couleur pure. Avec la matière soluble dans l’alcool, la peau, au lieu d’être violette, est souvent bleue pure ou rouge, parce que la matière colorante violette est, sans teindre, entraînée par le lavage. Les violets à l iode produisent les plus belles nuances mais ne résistent que bien peu de temps à l’air et à la
- lumière. Ils pénètrent en grande partie très aisément et promptement dans la peau, de façon qu’on doit, par un travail rapide, empêcher qu’ils ne maculent à travers.
- Bleu. — C’est le contraire avec les matières colorantes bleues qui, la plupart, ont de la peine à pénétrer, et qu’il est par conséquent plus difficile d’obtenir bien uniformes et égalés. On doit chercher à produire un bleu bien pur et très intense et, par une aspersion d’eau à plus 30° G., à atteindre le point de dilution qui paraît le plus propre à produire une couleur passablement claire, puis on atteint les nuances foncées par des chargements répétés. Suivant la nature du bleu d’aniline on peut recommander le mordançage de la peau parle sel ammoniac, l’alun, etc. Il est facile de trouver le mordant qui convient pour chaque couleur bleue du commerce par des expériences en petit; en thèse générale, M. Springmühl a employé avec le plus grand succès une petite quantité de chromate de potasse pour obtenir le bleu à l’alcali dans ses nombreuses variétés et surtout pour produire les tons les plus brillants sur les peaux douces et fines. On peut, à ce bleu à l’alcali, ajouter une faible proportion d’acide sulfurique, afin de mieux combiner la couleur avec la peau, mais il faut ensuite laver avec soin et sécher à une température qui ne soit pas trop élevée.
- Vert. — Le vert à l’iode, qui est peut-être la matière colorante verte la plus solide et la plus belle de toutes celles d’aniline, est égale-lement la plus convenable pour colorer les peaux. Sa fixation s’opère aussi simplement que les autres couleurs d’aniline. On peut employer le vert d’aniline en pâte ou en poudre et on doit toujours chercher à obtenir une solution bien concentrée dans l’eau. Après que la peau a été brossée avec la solution de sulfate d’ammoniaque et bien lavée ensuite, on porte la solution colorée à la température à peu près de 35° G:, et on cherche, en opérant vivement, à éviter que la couleur ne passe à travers, ce qui, du reste, est facile. L acide picrique modifie le ton bleuâtre du vert a l’iode et le change en vert de feuilles; d’ailleurs il donne à la couleur une bien plus grande solidité et de 1 adhérence, attendu qu’il agit en quelque sorte comme mordant. Toutefois, cet acide picrique ne doit pas être
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- ajouté à la solution colorée, mais bien avant ou après la teinture en vert à l’iode de la peau. Des expériences faites avec d’autres verts d’aniline ne fournissent toujours que des résultats souvent très imparfaits, de façon que, malgré le prix élevé du vert à l’iode, on est obligé de lui donner la préférence. Par le mélange du bleu d’aniline avec l’acide picrique ou le jaune d’aniline, on obtient sur peau une couleur verte qui, néanmoins, à la lumière des lampes, ne possède que bien peu de feu et paraît bleue. En général, les couleurs d’aniline mélangées, dissoutes dans l’eau fournissent les innombrables couleurs de mode qui, la plupart, ne possèdent qu’une durée fort éphémère.
- Jaune embrun. — Les échantillons préparés avec le jaune et le brun d’aniline apprennent qu’on doit préférer en général aux premiers ceux à l’acide picrique, et aux seconds souvent ceux au bois. Le brun de M. G. de Laire se fixe assez aisément par les moyens indiqués ci-dessus ; le brun préparé par la méthode de M. Jacobsen ne joint pas toutefois de cette propriété à raison de son peu de solubilité. La zinaline de M. Vogel s’est montrée fort irrégulière dans la teinture des peaux et est restée, sous le rapport de l’intensité, bien au-dessous de l’acide picrique. Get acide produit sur la peau, sans le moindre mordant, les mêmes couleurs que sur soie et sur laine, et résiste très bien aux influences extérieures. La couleur qu’on obtient, modifiée par le bleu d’aniline, passe au vert et, par le rouge, à un rouge plus éclatant. La solution doit être très étendue et chauffée au plus à 20° G., afin d'é-1 viter une pénétration profonde. La coralline, quand elle est pure et de bonne qualité, peut être employée avecl’ammoniaque pour teindre les peaux, mais à l’air elle passe assez promptement au jaune, et quand la peau n’est pas tout à fait fine, elle n’est pas entièrementuni-forme. Les matières colorantes qu’on rencontre dans le commerce sous le nom de vésu-vine, nigrosine, flavine et autres semblables agissent de manières très diverses dans la teinture, quelques-unes des sortes portant les mêmes noms sont applicables, et les autres ne le sont pas, de façon qu’il n’est pas possible déjuger d’une manière générale de leur application.
- Une étude sur l’application des couleurs d’aniline à la teinture ou la coloration des peaux, ne peut qu’être favorable à celle-ci, quoique ces couleurs ne puissent, dans tous les cas, remplacer les couleurs aux bois, qui ont été employées principalement jusqu’à présent. Toutefois, comme on ne demande pas à une couleur sur peau une résistance à toute épreuve contre l’action de l’air et de la lumière, les couleurs extraites du goudron, auxquelles on a reproché leur infériorité sous ce point de vue, méritent donc être réhabilitées et appliquées dans une foule de cas. Si ces couleurs d’aniline doivent être utilisées comme couleur de cuve, ce qui ne peut avoir lieu que pour des nuances tout à fait claires, la fibre animale doit être traitée d’après les principes gé-néraux[adoptés en teinture, avec cette différence que la température ne doit pas dépasser 30° G. Après le séchage de la peau, ce qui s’opère dans des capacités disposées pour cet objet, elle se resserre et se contracte au point qu’on y reconnaît à peine la couleur. Alors elle est travaillée avec la marguerite de la manière bien connue, et enfin étirée dans toutes les directions afin de la rendre propre aux applications ultérieures.
- (Polytech Notezblattf
- , MACHINE D’APPRÊT A FEUTRE SANS FIN, de MM. PIERRON et DEHAITRE.
- Dans un de nos précédents numéros (1), nous avons classé en deux catégories bien distinctes les cylindres d’apprêt à l’usage des teinturiers-dégraisseurs, et nous avons manifesté une préférence marque pour ceux à toile ou à feutre sans fin. Le cylindre que nous allons décrire est précisément établi selon ce système, et c’est celui dont nous avons promis une description dans l’article que nous venons de rappeler.
- Cette machine est représentée par la figure 7 ci-contre; l’organe principal est un tambour ou cylindre d’un fort diamètre : environ 90
- (1) Voir Moniteur de la Teinture du 20 février, année courante, page 41.
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- centimètres; ces dimensions offrent aux étoffes, que l’on apprête, un long trajet, ce qui évite de les faire passer deux fois dans l’appareil, comme cela doit se faire pour certains tissus, sur des cylindres moins volumineux.
- Un feutre sans fin et sans couture, enveloppe en partie le cylindre et vient se tendre et se conduire sur des rouleaux disposés dans le même sens qu’on le fait généralement pour les machines de ce genre, mais ce jeu de rouleaux est très-complet et est établi de façon à présenter une grande régularité dans la marche du feutre, et d’offrir certaines facilités au travail de l’apprêt. La tension du feutre s’opère à l’aide de deux de ces rouleaux : ceux qui sont situés au bas de l’appareil; ces rouleaux peuvent se rapprocher ou s’écarter mutuellement dans le sens horizontal, et comme le feutre est engagé autour d’eux, leur écartement en allonge le trajet et par conséquent le tend, tandis que leur rapprochement le desserre ; cette manœuvre se fait très facilement à l’aide d’une manivelle placée à la portée de l’apprêteur.
- vapeur s’arrête ou se règle au moyen de robinets. Cette vaporisation humecte les tissus avant l’apprêtage d’une manière bien plus uniforme et plus facile que l’humectage pratiqué en projetant de l’eau à l’aide de la bouche ou d’une brosse mouillée.
- L’étoffe est préalablement fixée sur un rouleau mobile et articulé, duquel elle se déroule lorsquelle passe sur le cylindre, ce qui produit une très forte tension en longueur.
- Tous les mouvements de la machine sont régulièrement commandés par des vis, manivelles, engrenages, robinets, etc., de sorte que sa construction et son fonctionnement sont d’une précision toute mathémathique ; au point de vue mécanique elle est parfaite, et cette perfection, qui aurait pu n’être pas poussée à ce point, est même un inconvénient, car elle en augmente le prix qui, par ce fait, n’est pas à la portée de la majeure partie des teinturiers ; mais ceux qui en peuvent faire la dépense sont au moins assurés de posséder une machine complète à tous égards.
- Le mouvement se donne soit à la pédale
- meerii slvar ' Wahd
- Fig. 7. — Machine d’apprêt à feutre sans fin.
- Une disposition, nouvelle à ce genre d’appareils, et qui paraît être empruntée aux métiers de M. Tailleur, consiste en un jet de vapeur qui se produit à l’avant de la machine, et qui traverse le tissu au moment où on le présente, c’est-à-dire avant de s’engager entre le cylindre et le feutre. Cette projection de
- soit à la main, soit au moteur avec une vitesse progressive.
- Les auteurs de cet appareil ont évidemment emprunté à la machine de M. Tailleur les organes utilisables de cette machine et les ont adaptés, en y adjoignant quelques perfectionnements de détail, aux cylindres à toile
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- sans fin ; cette nouvelle machine réunit donc ce qu’il y a d’avantageux dans ces deux systèmes d’apprêt, très estimés l’un et l’autre, aussi ne peut-elle, elle-même, qu’être aussi satisfaisante qu’on puisse le désirer.
- F. Gouillon.
- ESSAI DE LA BENZINE
- Les benzines commerciales sont souvent mélangées d’essences de pétrole, et quelquefois même, dans de très-fortes proportions ; ces benzines mélangées ont évidemment moins de valeur, et lorsqu’elles sont employées au dégraissage, elles laissent aux tissus une odeur désagréable et persistante.
- L’essai suivant, tout grossier qu’il soit, permet cependant de distinguer ces benzines de celles qui n’ont pas été mélangées ; mais, d'ail-leurs, à l’odorat, les personnes habituées font aisément cette distinction.
- L’essai consiste à mettre un petit morceau de poix noire dans une éprouvette, et de verser dessus le liquide à essayer. Le benzol ou benzine pure dissoudra immédiatement la poix en une masse semblable à du goudron, tandis que la benzine mélangée sera d’autant moins colorée qu’elle contiendra de plus fortes proportions d’essence de pétrole.
- Le goudron de houille même se dissout aisément dans la benzine pure, et forme deux couches distinctes, lorsqu’on s’est servi, pour le dissoudre, d’une benzine mélangée.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- REVUE SOMMAIRE DES BREVETS D'INVENTION.
- Teinture en rouge turc. — Pour les huilages usités dans la teinture en rouge turc, lesquels doivent toujours être suivis d’une oxydation en chambre chaude, M. Green se sert d’une huile préalablement oxydée, qu’il obtient par l’une des deux méthodes suivantes :
- 1° On huile le tissu, comme on fait d’habi
- tude pour le rouge turc, puis on le passe dans une dissolution d’hypochlorite de soude (eau de javelle) à 3° tw., on sèche ; on recommence cette opération jusqu’à ce que l’huile soit bien modifiée, c’est-à-dire qu’elle soit devenue sèche au toucher, au lieu de grasse qu’elle était d’abord ; il faut, en général, six à dix passages, avec séchage entre chaque ;
- 2° Ou bien, on mélange à l’avance :
- Huile tournante. . . 1 partie.
- Hypochlorite à 3° tw. 1 —
- On imprègne le tissu de ce mélange, on fait sécher et on répète six à sept fois cette imprégnation, suivant la qualité du tissu, toujours en séchant chaque fois.
- Le mélange se fait en émulsionnant l’huile avec l’hypochlorite, de façon à faire un bain blanc ; on immerge les tissus dans ce liquide, ou on le fait traverser par lui, de la façon dont on procède ordinairement au lessivage.
- Les tissus préparés par l’un ou l’autre de ces moyens sont huilés et prêts à subir la suite des opérations auxquelles ils doivent encore être soumis. — B. 96,797.
- Savon soluble à l'eau de mer. — Ce savon, breveté par M. Manin, constitue une combinaison intime de savon résineux ordinaire avec des colles diverses. Dans la préparation, on emploie :
- Huiles ou graisses. . 40 parties.
- Résine.....................10 —
- Colle d’os ou de pois-
- son................40 —
- Sel d’oseille. ... 1 —
- Soude ou potasse. . 1 —
- On saponifie l’huile et la résine par les procédés ordinaires, mais en employant un excès d’alcali, puis on mélange les colles amenées à l’état gélatineux par une dissolution d’oxalate de potasse (sel d’oseille), et l’on brasse énergiquement à une température de 50 à 60 degrés.
- Ce savon a l’aspect des savons ordinaires, mais il est soluble à l’eau de mer et mousse parfaitement.
- Avec la potasse, on obtient un savon mou. — B. 93,902.
- Enduit pour toiles cirées. — Les couches successives, étendues au nombre de cinq ou
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- six sur les toiles cirées, sont composées d’huile cuite, de blanc de Meudon, d’ocres ou autres terres.
- M. Baudoin, dans un but économique, remplace l’huile, pour un tiers ou pour moitié,par de l’eau de javelle, qui a la propriété de s’allier intimement à l’huile de lin. — B. 90,107.
- Blanchiment des toiles. — Pour remédier à l’action destructive du chlore ou des chlorures dans le blanchiment, de même que contre les quantités trop grandes d’eau de javelle dans le blanchissage du linge, M. Kafft introduit, suivant une proportion variable de 10 à 15 p. 100 dans chacune des sul stances employées au blanchiment ou au blanchissage, un ou plusieurs produits chimiques qui rendent les composés du chlore inoffensifs.
- Ces produits sont des nitrites de soude, de potasse ou d’ammoniaque, les sulfites ou bisulfites de potasse, soude, chaux, magnésie ou ammoniaque, les hyposulfites ou hypophos-phites de mêmes bases; ces substances peuvent s’employer isolément en cristaux, en poudre, en dissolution, ou en mélanges et combinaisons avec les agents usités dans le blanchissage, dans l’azurage et l’empesage.—B. 93,30 4.
- Fabrication des extraits de santal, de calia-tour et autres. — M. Bave fait réagir à froid et simultanément, la chaux et la soude en solution sur les bois réduits en poudre. Lorsque la macération est terminée, il décante, lave le résidu et précipite la masse liquide par un acide, et de préférence l’acide chlorhydrique, puis il filtre.
- Le précipité peut être livré en pâte ou en poudre, pour être appliqué à la teinture ou à l’impression. — B. 94,041.
- Echardonnage par les gaz. — L’appareil de M. SIRTAIN consiste en une chambre hermétiquement close et divisée horizontalement en deux compartiments, au moyen d’une toile métallique en fil de fer plombé. Sur cette toile est étendue la laine à échardonner. Au-dessous, trois ouvertures se réglant à volonté du dehors, servent tour à tour à l’admission du gaz acide chlorhydrique, du gaz ammoniac, de l’air chaud que chasse un ventilateur. A la partie supérieure de l’appareil, deux ou
- vertures pouvant être également manœuvrées du dehors, permettent d’appeler, suivant le moment, tel ou tel gaz, et de le diriger dans un réservoir d’eau distinct, pour former de l’acide chlorhydrique et de l’ammoniaque liquides.
- L’opération s’effectue comme il suit :
- On fait d’abord traverser les laines par du gaz acide chlorhydrique, puis par de l’air chaud, pour produire la désagrégation en matières végétales imprégnées d’acide ; puis , quand cette destruction est bien complète, on introduit des vapeurs ammoniacales qui neutralisent les effets de l’acide sur la fibre ani-male.— B. 97,139.
- Planches à imprimer, — Dans le système breveté par M. LÆMMELS, on prend de la résine que l’on chauffe avec de l’essence de térébenthine, puis on mélange cette masse avec une matière colorante, de façon qu’une portion soit bleue, une autre rouge, une autre verte, etc.
- Lorsque la matière colorante a été uniformément mélangée avec la dissolution de résine, on fait évaporer l’essence jusqu’à ce que la résine colorée vienne à l’état de cire d’abeille dorée. Alors on la chauffe légèrement, et on en forme des blocs de diverses couleurs et de la forme désirée.
- On combine ces blocs en un seul, qui est placé dans un châssis métallique de forme appropriée. Ce bloc montre sur sa face la couleur de toutes les sections employées à le former, et quand cette face a été polie, le bloc est prêt pour imprimer.
- L’étoffe ou le papier sur lequel on imprime, est légèrement humecté d’essence de térébenthine, et quand la face du bloc est abaissé sur le tissu humecté, la matière colorante y adhère, ce qui produit une impression montrant toutes les couleurs qui se trouvent sur le bloc. — B. 79,404.
- Traitement des eaux de savon.— Dans cette patente de M. J.-G. Lée, les eaux sont saturées exactement par la quantité d’acide nécessaire pour mettre les acides gras en liberté. On obtient ainsi un magma qu’on laisse égoutter sur des filtres ; on le traite alors par un acide ou par un alcali, suivant les procédés ordinaires,
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- puis on soumet la masse à la presse à chaud, afin d’en extraire les acides gras.
- Ces derniers sont distillés dans des alambics garnis d’un méial ou d’un alliage inattaquable par les huiles ; la distillation est facilitée par un jet de vapeur. Enfin, les gateaux ou résidus restant dans la presse, sont décomposés dans des fours, pour en extraire l’ammoniaque ou le carbonate d’ammoniaque. —Brevet anglais.
- Impressions transparentes. — M. DOPTER imprime une sorte de mixtion poisseuse à base de colle animale, et il saupoudre ensuite cette impression avec des poudres colorées qui adhèrent aux parties imprimées
- Le papier portant le dessin ainsi obtenu est appliqué contre l’objet qu’on veut décorer; on humecte l’envers de ce papier, lequel abandonne l’impression qu’il porte et qui se fixe contre l’autre objet. —B. 96,924.
- Savon de Panama. — M. ROZIÈRE, fabricant breveté d’un savon contenant de l’extrait de Panama, ajoute l’addition suivante à son brevet :
- Dans le Mémoire descriptif de mon brevet principal, j’ai dit que pour le nettoyage des étoffes de laine ou de soie, en couleurs tendres, j’ajoutais à la préparation liquide à incorporer dans l’argile, une petite quantité d’extrait aqueux de bois de Quillay (Panama), ou d’extrait aqueux de saponnaire.
- Cette addition a si bien réussi que j’en ai très-sensiblement augmenté la dose; elle suffit alors pour donner à la pâte toutes les qualités requises, sans emploi d’autres matières ; c’est ce produit qui constitue ce que je nomme Panamine aluminée. — B. 72,327.
- Teinture en rouge. — Cette teinture s’obtient à l’aide d’une matière colorante, qui s’ap. plique facilement sur les étoffes de laine et de feutre, et qui se prépare en mélangeant 1 litre de liqueur de lac-dye, 9 litres d’eau, 700 grammes de substance épaississante et un litre de liqueur d’écorce à 12° Tw. (Cette liqueur d’écorce est probablement de l’extrait de quercitron ou de châtaignier.) Quand le mélange est froid, on ajoute 430 grammes de sel d’étain et 450 grammes d’acide oxalique,
- et on agite jusqu’à ce que la masse soit bien homogène.
- L’application de cette matière colorante se fait par teinture ou par impression ; elle offre l’avantage de n’exiger qu’une seule opération. — Brevet anglais.
- Extraction de la matière colorante de la garance. — M. Bordone soumet la garance et les autres matières tinctoriales, dans des appareils appropriés, à la distillation sèche, soit après •les avoir débarrassées des corps étrangers qu’elles contiennent et qui peuvent être utilisées autrement, mais dont la présence devient nuisible à la teinture, soit telles qu’elles proviennent de la terre. On obtient ainsi des cristaux de matière colorante ou une poudre amorphe, qu’on débarrasse des substances étrangères au moyen d’un dissolvant approprié.
- Le même procédé s’applique aux extraits des matières tinctoriales et au résidu, qui n’ont pas été entièrement épuisés.— B. 93,721.
- Parage et encollage des matières textiles. — M. Hagimont emploie une colle végétale maintenue à une température constante et trempe les fils à encoller dans ce bain ; il se sert pour cette opération d'un appareil spécial, qui est beaucoup plus simple que celui employé généralement.
- Ce procédé, dit l’auteur, offre dans l’encollage des fils de laine une économie de 50 p. 100 sur l’encollage à la colle animale et donne des fils mieux collés, plus souples et plus solides. — B. 94,333.
- Utilisation des chiffons de soie. -—Ce brevet, de M. Louis Lyon, contient la description de divers appareils permettant de réaliser les opérations suivantes :
- 1° Le triage, c’est-à-dire la division et le classement par grandeur, par qualité et couleur, des soies; 2° le lavage; 3° le séchage; 4e le repassage ; 5° l’effilochage.
- Il se produit dans cette dernière opération des produits de valeurs différentes, les fibres longues pouvant être cardées et refilées, et les fibres courtes, sorte de duvet, qui conviennent admirablement pour être feutrées.—B. 94,196.
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- Teinture dégraissive et apprétive. — M. STECKER a fait breveter une teinture dégrais-sive et apprétive ayant pour base les couleurs d’aniline.
- Pour fabriquer ce produit servant à dégraisser, teindre et apprêter en une seule opération et dans le même bain, l’inventeur mélange : .
- Fiel de bœuf. . . 55 grammes.
- Couleur d’aniline (vert, bleu, violet, jaune, rouge, marron, etc.). . 5 à 10 — x
- Gomme.............55 —
- Eau de Cologne. . 40 —
- On dissout le produit d’aniline dans l’eau de Cologne ou autre liquide aromatique à base d’alcool, qui masque en même temps la mauvaise odeur du fiel.
- En mettant ce mélange dans A 5 litres d’eau froide ou chaude, on peut teindre, apprêter et dégraisser 1 kilogramme de matière végétale ou animale, brute ou travaillée.
- Si la nuance ne satisfait pas, on peut augmenter ou diminuer la quantité, de matière colorante. Il en est de même pour la gomme si l’on veut un apprêt plus ou moins fort, et pour le fiel de bœuf si la matière traitée en exigeait davantage ou moins. — B. 76,416.
- MÉTHODE
- POUR CONSTATER LA PRÉSENCE DE LA FUCHSINE DANS LES MATIÈRES ALIMENTAIRES COLORÉES
- AVEC CETTE SUBSTANCE Par M. G. ROMEI.
- Cette méthode est fondée sur trois faits principaux que voici :
- 1° Sur la propriété de l’alcool amylique de dissoudre la fuchsine en se colorant en rouge ;
- 2° Sur l’action négative que cet alcool amylique exerce sur la majeure partie des substances qui colorent les fruits en rouge ;
- 3° Sur l’action dissolvante que l’alcool amylique produit sur la matière qui colore les vins rouge.
- Cela posé, on procède à l’opération ainsi qu’il suit :
- On prend 4 à 5 centimètres cubes du sirop
- qu’on veut essayer, qu’on verse dans un tube à expériences et on y ajoute un volume égal d’alcool amylique ; on agite fortement pendant quelque temps et on laisse reposer. Au bout d’une heure environ , on voit l’alcool amylique se rassembler à la surface à l’état incolore, et le sirop ne contient pas de fuchsine, tandis que cet alcool est plus ou moins coloré en rouge, suivant la quantité de fuchsine que contient le sirop.
- Lorsqu’il s’agit de découvrir cette substance colorante dans les conserves, les confitures et autres matières alimentaires fermes, on n’a pas d’autre chose à faire que d’en agiter d’abord une petite quantité dans un petit tube avec de l’eau, et à procéder ensuite comme on l’a dit pour un sirop.
- Veut-ondémontrer la présence de la fuchsine dans le vin, on opère comme il suit :
- On prend 4 à 5 centimètres cubes de vin et on y ajoute un peu de sous-acétate de plomb, afin de précipiter toutes les substances naturelles qui colorent le vin et qui, comme on l’a dit plus haut, jouissent aussi de la propriété de se dissoudre dans l’alcool amylique et, par conséquent, entraveraient le dosage qualificatif de la fuchsine. Aussitôt que ces substances sont précipitées, on opère comme quand il s’agit de constater la présence de la fuchsine dans un sirop, et on obtient un résultat identique, à cette différence près, qu’au bout de quelque temps de repos, on aperçoit qu’il s’est formé trois couches. La plus inférieure est formée par le précipité plombeux; celle moyenne est une solution aqueuse, et celle supérieure est l’alcool amylique non coloré ou coloré, suivant qu’il y a absence de fuchsine ou qu on a coloré le vin avec cette matière. .
- On peut, par cette méthode, constater lesplus petites quantités de fuchsine, et jusqu’à 1/10» de milligramme dans 100 grammes de liquide. {Zeitsch. für analyl. Chemie.)
- SAVON AMMONIACAL POUR LE DEGRAISSAGE DES LAINES
- Le savon ammoniacal, employé au dégraissage des laines brutes ou préparées, leur communique une douceur, une souplesse, une blancheur et un moelleux que l’on n'obtient
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- pas au même degré en employant les savons à base de potasse et de soude, ou l’un quelconque de ces alcalis ; et, dès lors, la préparation industrielle du savon ammoniacal peut rendre service à l’industrie lainière.
- Le prix très-élevé des sels ammoniacaux, recherchés d’ailleurs par l’agriculture, rendrait la fabrication du savon ammoniacal impossible économiquement et aurait en outre le grave inconvénient de priver l’agriculture de l'un de ses bons éléments de production.
- Afin d’éviter ces deux inconvénients, M. F. Ashart a recherché une matière première délaissée, à peu près perdue partout (c’est l’urine), en même temps qu'un procédé industriel permettant de la faire servir désormais à la préparation du savon ammoniacal.
- Le procédé est des plus simples : il consiste à prendre l’urine complètement putréfiée, c’est-à-dire celle dans laquelle l’urée a été entièrement transformée en carbonate d’ammoniaque par la fermentation. On sature l’urine par les moyens ordinaires, soit directement à l’aide d'un acide, ou par voie de double décomposition en employant des sels métalliques, mais de manière à faire cesser l’alcalinité du liquide, ce qui s’apprécie exactement à l’aide des papiers réactifs.
- Ceci fait, on ajoute l’urine neutralisée à une dissolution de savon à base de potasse ou de soude ; jusqu’à cessation de coagulum surnageant le mélange des deux liquides.
- Ce coagulum cailleboteux, n’est autre que le savon ammoniacal lui-même. On l’enlève au moyen d’une espèce d’écope dont le fond forme tamis et on le met égoutter sur des châssis.
- L 3 savon ammoniacal préparé est peu soluble dans l eau, mais il se dissout avec une grande facilité dans les dissolutions alcalines les plus faibles, et notamment dans les carbonates alcalins.
- L agent de dissolution le plus économique, est le carbonate de soude du commerce ; en l’employant à raison de 1 à 2 p. c. dans l’eau, celle-ci dissout rapidement le savon ammoniacal, surtout si elle a été chauffée. C’est dans cet état que le savon ammoniacal doit être employé au dégraissage des laines brutes ou préparées, et en procédant comme s’il s’agissait des savons ordinaires de soude et de potasse.
- NOUVELLES
- Question de la garance. — Pour compléter nos communications sur les questions qui intéressent si vivement les cultivateurs de garance : celle de la concurrence qu’ils redoutent des alizarines artificielles, nous publions encore les deux documents qui suivent :
- La Chambre de commerce d’Avignon, de concert avec la Société d’agriculture, adresse à tous les agriculteurs qui s’occupent de la garance la circulaire suivante :
- « La Chambre de commerce et la Société d’agriculture, en présence de l’émotion causée parles recherches faites, en ce moment, en vue de la production de l’alizarine artificielle, ont cru devoir réunir leurs efforts pour rechercher les moyens de combattre, d’ores et déjà, un ennemi qui pourrait devenir redoutable.
- « En conséquence, elles ont nommé chacune une commission chargée d’étudier la question, tant au point de vue agricole qu’au point de vue industriel.
- « Ces deux commissions réunies ont décidé que les moyens efficaces de lutter contre la concurrence du nouveau produit étaient, d’une part, l’amélioration de la culture de la garance sous le rapport du rendement ou de la qualité du produit, et d’autre part, le perfectionnement à apporter aux modes de préparation de la matière colorante.
- « En ce qui concerne le perfectionnement des procédés de préparation de la matière colorante, les commissions ont pensé que la création de prix importants à offrir à ceux qui trouveraient des moyens pratiques pour y arriver, présenterait de grandes chances de succès.
- « Quant à l’amélioration de la culture de la garance, la commission, en présence du progrès de la chimie agricole dans la composition des engrais chimiques, a pensé qu’il était urgent actuellement d’avoir recours à l’emploi de ces derniers, pour restituer au sol certains éléments que la garance lui enlève chaque année et que nos fumiers ne lui restituent pas en quantité suffisante. •
- Elle croit pouvoir arriver ainsi à augmenter le rendement de nos terres d’une manière plus efficace que par l’unique emploi des fumiers de ferme, lesquels ne contiennent qu’une faible proportion des éléments nutritifs indispensables à la garance.
- « En conséquence, la commission a cru devoir prendre les mesures suivantes :
- « Acheter une certaine quantité d’engrais chimiques, composée selon une formule qui sera étudiée et adoptée par la commission.
- « Se mettre en rapport avec un grand nombre de cultivateurs du pays, et convenir avec
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- chacun d’eux que des essais seront faits sur des parties restreintes de leurs terres destinées à l’ensemencement de la garance, lesquelles terres devront être préparées, fumées comme d’habitude, avec le fumier de ferme, par le propriétaire et cultivées par lui, selon les méthodes ordinairement employées.
- « Ces engrais chimiques et complémentaires, nécessaires aux expériences, seront fournis gratuitement aux agriculteurs par la commission.
- « La commission se réserve le droit.de surveiller la culture, l’arrachage, le poids et la quantité de la garance produite, comparativement avec celle du champ, qui n’aura pas reçu d’engrais complémentaires.
- « Ces essais serontfaits sur différents points du département et dans des terrains de diverses natures.
- « En dehors de ces essais la commission engage vivement tous les agriculteurs qui doivent être naturellement intéressés dans la question, à faire, de leur côté, toutes les expériences qu’ils jugeront convenables et elle ies prie de lui faire part des résultats de toute nature qu’ils auront pu obtenir, promettant de son côté de les seconder par tous les moyens possibles, en fournissant tous les renseignements qui pourraient leur être utiles. »
- Le second de ces documents est une note sur la garance et l’alizarine artificielle, par M. Pernod ; en voici un extrait :
- « Parmi les matières colorantes, la garance est, sans contredit, celle qui joue le rôle le plus important. Le prix relativement élevé de cette précieuse racine colorante a, depuis longtemps, attiré l’attention des chimistes et des industriels sur les moyens à employer pour utiliser plus complètement ses propriétés tinctoriales, comme aussi pour préparer artificiellement un produit susceptible de remplacer la garance dans ses applications à la teinture.
- « Jusqu’en l’année 1839, les fabricants se sont contentés de réduire la garance en poudre pour les besoins de la teinture : c'est de cette époque que date l’emploi de la garancine introduite dans le commerce par MM. Lagier et Thomas.
- Quelques années plus tard, MM. Julian et Roquer livraient à l’industrie des toiles peintes leur fleur de garance. En 1866, MM. Picard et Pernod préparaient industriellemeit l’extrait de garance destiné à l’impression directe de la matière colorante sur les étoffes. Get extrait renfermait les deux principes colorants de la garance ; alizarine et purpurine.
- « On pouvait voir à l’Exposition universelle de 1867 de magnifiques échantillons de ce nouveau genre d’impression , envoyés par quelques fabricants de Mulhouse.
- « En 1869, MM. Grœbe et Liebermann ont livré à l’industrie, sous le nom d’alizarine artificielle, un nouveau produit jouissant de quelques-unes des propriétés des principes colcrants de la garance. Ce produit est obtenu par l’oxydation de l'anthracène.
- « Le produit colorant obtenu par ces divers procédés est un composé d’alizarine présentant tous les caractères de celle retirée de la garance et d’une autre substance appelée isopurpurine. Les couleurs fournies par l'isopur-purine n’ont pas la solidité de celles obtenues avec la purpurine provenant de la garance.
- « Depuis quelque temps, on est parvenu à séparer l’isopurpurine de l’alizarine, et on trouve dans le commerce de l’alizarine artificielle à peu près pure, qui donne en teinture de très-beaux violets, mais qui fournit des rouges sans éclat.
- « Nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici un passage d’une lettre relative à l’alizarine artificielle, adressée par M. E. Kopp à M. le docteur de Quesneville :
- « On ne peut révoquer en doute un seul in-« stant qu’avec l’alizarine artificielle, un nou-« veau produit tinctorial d’une grande impor-« tance ne soit mis à la disposition de la gran-« de industrie de la toile peinte. Mais ce pro-« duit artificiel pourra-t-il se substituer à la « garance naturelle et à ses dérivés dans toutes « ses applications? Nous ne le pensons pas. « Dans bien des cas, et pour beaucoup d’ap-« plications, les autres matières qui accompa-« gnent l’alizarine dans la garance, telles que « la purpurine, la matière colorante orange, « etc., jouent un rôle assez important et ne « peuvent être remplacées par l’alizarine pure. « Il est très-probable que, tôt ou tard, la chi-« mie offrira à la teinture et à la toile peinte « des produits renfermant à la fois de l'aliza-« rine artificielle et des dérivés de la garance, « et capables, par suite de leur composition « complexe, de satisfaire à toutes les exi-« gences. »
- « Il ne suffit donc pas, pour remplacer la garance dans ses principales applications, d’obtenir artificiellement l’alizarine, il importe encore de trouver le moyen de fabriquer la purpurine, dont le concours est indispensable pour obtenir de beaux rouges solides. Toutes les recherches faites jusqu’à ce jour, pour préparer artificiellement la purpurine, sont restées sans résultat.
- « Le prix de l’alizarine artificielle est encore aujourd’hui trop élevé pour pouvoir remplacer avantageusement la garance dans ses applications à la grande teinture ; elle peut cependant remplacer, soit seule, selon les genres, soit mélangée avec des produits naturels, la fleur et l’extrait de garance dans un grand
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- nombre de leurs applications à l’industrie des toiles peintes.
- « Le prix de l'anthracène, qui était de 3 à 4 fr. le kilog en 1871, s’est élevé progressivement à 10 et 11 fr. Il serait même difficile de s’en procurer aujourd’hui à ce prix par suite de la rareté de ce produit, dont la fabrication est limitée à la consommation de la houille employée pour la préparation du gaz d’éclairage. Il ne nous a pas été possible de connaître la quantité d'anthracène que peuvent livrer annuellement les differentes usines à gaz. Les renseignements que nous avons pu recueillir à ce sujet sont très - contradictoires. Nous croyons cependant que cette quantité est assez importante pour porter atteinte, dans une certaine limite, à l’industrie de la garance. C’est pourquoi nous croyons devoir signaler à l’attention des agriculteurs et des industriels le danger qui les menace, et les engager à réunir leurs efforts pour diminuer autant que possible le prix de revient de la garance. Nous croyons que ce résultat pourrait être atteint par quelques améliorations apportées dans les procédés de culture, et surtout par l’emploi d’engrais mieux appropriés aux terrains de la plante.
- « L’usage des engrais chimiques, associés au fumier de ferme, permettrait bien certainement d’augmenter d’une manière notable le rendement de nos garancières, sans en accroître sensiblement les frais de culture.
- « L’utilisation des vinasses provenant des fabriques de garancine et de fleur de garance, remplirait mieux que tout autre engrais les conditions nécessaires. Il suffirait, pour utiliser ses vinasses, de les évaporer dans un four à réverbère, semblable à celui employé pour les vinasses de betterave.
- « On obtiendrait ainsi un résidu salin renfermant la plus grande partie des sels minéraux qui entrent dans la composition de la garance, et on débarrasserait, par ce moyen, les cours d'eau dans lesquels on rejette aujourd’hui ces vinasses des impuretés qui les souillent, et qui sont, pendant l’été, une cause d’insalubrité qu’il importe de faire disparaître. »
- Exposition de Vienne. — Dans la section 9 de la commission impériale (jury), le statut d’organisation a été définitivement fixé. Ce statut diffère, presque dans tous ses points essentiels, des dispositions des jurys des expositions précédentes. Ce ne sera pas la valeur métallique de médailles, c’est-à-dire par la distribution des médailles d’or, d’argent ou de bronze, que seront taxés les mérites des expo
- sants qui seront distingués à l'exposition universelle.
- Voici les distinctions que le jury accordera :
- 1° Le « diplôme d’honneur» de l’exposition universelle de 1873 à Vienne, comme distinction particulière pour les mérites concernant les sciences et leur application, l’éducation du peuple, etc.
- 2° La « médaille pour le progrès, » pour les exposants dans les groupes de 1 à 23, et dans le groupe 26, qui prouveront avoir fait des progrès considérables, comparativement aux précédentes expositions, par de nouvelles inventions, l’introduction de nouveaux matériaux, etc.
- 3° La « médaille pour le mérite » destinée aux exposants qui se distingueront par la qualité et le fini de leur travail, qui auront ouvert de nombreux débouchés, perfectionné des instruments et des machines.
- 4° La « médaille des beaux arts » pour des exposants qui exposeront des produits de l’industrie se distinguant surtout par un heureux choix déforme et de couleurs.
- 6° La « médaille pour collaborateurs » pour les personnes telles que directeurs de fabriques, dessinateurs de modèles, et autres, qui seront désignés par les exposants comme ayant tout particulièrement contribué à perfectionner certains produits et réussi à en augmenter la vente.
- 7° Le « diplôme de mention honorable » pour des exposants dont les mérites, tout en méritant d’être récompensés, ne sont cependant pas assez éminents pour qu’on puisse leur accorder la médaille pour le progrès et celle pour le mérite.
- Pour tous les articles non signés :
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris. Typ, Turân et Ad. Juvet, 9, eonr des Miracles.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 9. 5 MAI 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Leçons sir les matières colorantes, par M. le Dr CRACE-CALVEAT : Gomnïe laque, Lac^dye, Murexide, indigo. — Teinture sur laine en vert d’aniline, par M. Ch. Lauth.— Teinture de la soie en écheveaux, par M. de VI-nant : Noir de Lyon chargé, id. anglais; Verts; Jaunp clair, Ponceau, Marron. — Cylindrage et moit rage des étoffes (gravure), parM.F. GOUILLON.— Bleu de nuages (échantillon)
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Nouvelles matières colorantes. — Prix proposés par la Société industrielle d’Amiens.— Brevets d'invention concernant les industries teinctoriales.
- NOUVELLES. — Exposition de Vienne. — Exposition de Lyon.— Droits sur l’aniline. — Réunion des Teinturiers--cDégraisseurs.ie3 s. ansb nsolqioDnoisVU0g : JIEvs Jaros' 19/50 9[ 8181 (. .enszoILA'b -9b erib-6-jas'o alia PIV uslup ts'a 90 .ana [ nolsk gy rsdo 02 ons oll . . olip 1- 6 -00966
- LEÇONS' SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- Par le docteur Grâce CALVERT.
- HTstn (Suite)
- . . . '“Gomme laque.
- La gomme laque est aussi une variété de coccina, que l’on trouve sur un figuier particulier, le ficus rcligiosa ouindica. Ces insectes se reproduisent si rapidement et en si grande quantité qu’ils recouvrent. entièrement les branches de l’arbre sur lesquelles ils sont d-poses.Ils sécrètent un liquide-résineux qui, en sedesséchant, entoure les branches d’un fourreau solide, adhérent, dont l’épaisseur atteint souvent plus d’un demi-centimètre. Les indigènes cassent ces branche? avant l‘é-closion des œufs et les sèchent au soleil pour tuer l’insecte. La plus belle quanti té degomme laque provient du royaume de Siam ; celle que l’on importe du Bengale est de qualité inférieure.
- On trouve trois sortes de gomme laque dans le commerce : La laque en bâtons, dont nous venons de parler, la laque en grains et la laque en écaille. Pour produire la laque en grains, on sépare la sécretation résineuse des branches sur lesquelles elle s’est formée. On la pulvérise grossièrement dans un mortier avec de l’eau. La plus grande partie de la matière colorante est livrée au commerce sous le nom de laque en grains. La laque en écailles est obtenue en fondant la laque en grains et en la tamisant à travers une toile pendant qu’elle est encore fluide. La masse, ainsi purifiée, est coulée sur une planche polie en bois de figuier du paradis, en quelque? mi
- nutes] elle) se solidifie et devientdure et cassante.
- Le principe colorant que renferment ces insectes est le même que celui de la cochenille et du kermès. La gomme laque est très employée dans le Levant comme matière tinctoriale.
- Lac+Lake, Lac-Dye.
- Ces deux matières colorantes sont importées des Indes depuis 1796. On les obtient en traitant la gomme laque en bâtons par une dissolution d’alun. Il se produit un précipité qui, lavé et séché, est livré au commerce. Quoique ces deux laques soient préparées de la même manière, la lac-dye est d’une qualité supérieure. On attribue cette différence de qualité aux soins particuliers que l’on prend pour la préparer. Les détails de la préparation sont tenus secrets.
- Pour teindre la laine on dissout ces laques dans de l’eau additionnée d’acide sulfurique à laquelle on ajoute une petite quantité d’oxy-muriate d’étain. On plonge le tissu dans ce liquide presque bouillant. Il suffit ensuite d’un lavage après la teinture.
- Il y a quelques années, MM. E. Brooke et Cie, de Manchester,ont fabriqué une lac-dye d’une qualité supérieure à celle qui provient des Indes. Ils la préparaient en traitant la gomme laque en bois par de l’ammoniaque faible et en ajoutant à cette dissolution ammoniacale du chlorure d’étain. Il se produit un précipité rouge brillant qu’il suffit de laver et de sécher.
- Murexide ou Pourpre romaine.
- Quoique cette matière colorante ait perdu toute sa valeur commerciale depuis la décou-
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- verte de l’aniline, j’appellerai votre attention sur les faits suivants pour vous donner un exemple de l’aide que la chimie a pu apporter à l'art de l’impression des tissus.
- En 1776, l’illustre chimiste suédois Scheele découvrit l’acide urique dans l’urine. En 1817, Bruguatelli trouva que l’acide nitrique convertissait l'acide urique en une substance qu’il nomma acide erythrique, et à laquelle en 1837 Woechler et Liebig donnèrent le nom d'Alloxane. En 1818, le docteur Proust avait découvert que l’alloxane se changeait en présence de l’ammoniaque en une magnifique substance rouge pourpre appelée par lui pur-purate d’ammoniaque et qui, en 1837, reçut de Wochler et Liebig le nom de murexide.
- Ces découvertes restèrent dans le domaine delà science pure jusqu’en 1851. A celte époque, le docteur Saac observa que l’alloxade en contact avec les mains colora't la peau en rouge ; il en conclut que celle couleur pourrait teindre toute matière animale, telle que la laine, et, poursuivant ses expériences, il obtint une magnifique, couleur rose, en faisant pas-ser de la laine préparée avec un sel d’étain dans une dissolution d’alloxane et en la soumettant ensuite à une température modérée.
- En 1856, MM. Depouilly, Lauth, Meister, Petersen et A. Schlumberger, réussirent à appliquer cette matière colorante sur la laine et sur la soie. Ils produisaient le rouge en mélangeant la murexyde avec du sublimé corrosif, de l’acétate de soude ou de l’acide acé-tique.
- Pour l'appliquer sur coton, on mélange la murexide avec du nitrate de plomb et de l’acétate de zinc, on imprime, on laisse sécher pendant deax ou trois jours, et l’on fait passer ce tissu dans un mélange de sublimé cor-i osif, de l'acétate de soude et d'acide acétique qui développent complètement la couleur.
- L’acide urique, nécessaire pour produire la grande quantité de murexide que l’on employait autrefois, s'extrayait du guano. Pour arriver à ce résultat, le guano est traité par l'a-cide chlorhydrique jusqu’à ce que toute la matière soluble dans cet acide soit dissoute. Le résidu insoluble est traité avec précaution par de l’acide nitrique marquant 1.40. Lorsque l’action de l’acide est terminée, on reprend par l’eau chaude et l’on filtre. La liqueur filtrée a
- une couleur jaunâtre et contient l’alloxane. En la laissant refroidir, on obtient une masse brune ou violette, appelée carmin de pourpre.
- INDIGO.
- Cette importante matière colorante étant connue dans les Indes et en Egypte longtemps avant l’ère chrétienne. Les Romains remployaient dans la peinture, mais ne savaient pas la rendre soluble et par conséquent ne pouvaient l’employer dans la teinture des tissus. Ce n’est qu’au VIe siècle, c’est-à-dire depuis la découverte de la route des Indes parle cap de Bonne-Espérance, que l’indigo fut employé en Europe. Son application dans l’art de la teinture fut longtemps retardée par l'oppo-sition que lui firent ceux, qui se livraient à la culture du pastel : ils amenèrent les gouvernements français, anglais et allemand à en interdire l’usage. Un édit de Henri IV , roi de France, condamnait à la peine de mort « tous ceux qui emploieraient la drogue pernicieuse appelée aliment du diable. » Et ce n’est qu’en 1737 que les teinturiers français obtinrent le droit de faire usage de l’indigo sans restrictions.
- L’indigo existe dans plusieurs variétés de plantes, parmi lesquelles nous citerons le polygonium tinctorium et Y isatis tinctorid ou pastel ; mais on le trouve en plus grande quantité dans des plantes de la famille des légumineuses. Le genre d’où on l’extrait commercialement est Yindigofera, qui croît en abondance dans les Indas, à Java, en Chine et dans quelques parties de l'Amérique du Sud.
- Pour extraire l’indigo, on fauche les plantes qui le renferment à l’époque de la floraison, et on les réunit en bottes que l’on porte dans des grandes cuves remplies d’eau. On laisse fermenter pendant huit ou neuf heures, au bout desquelles la liqueur, qui était jaune au commencement de l'opération, prend unecouleur vert foncé et présente à sa surface une écume bleue; l’on soutiré et l’on verse la liqueur dans des cuves peu profondes où On l’agite fortement; l’indigo blanc soluble est ainsi converti en indigo bleu insoluble. On ajoute un peu d’eau de chaux et on laisse déposer. On soutire une deuxième fois; on fait bouillir avec de l’eau le dépôt ainsi obtenu jusqu’à ce qu’une écume, composée de matières azotées et vég-
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- taies, apparaisse à la surface du liquide et puisse être enlevée. La pâte bleue est filtrée, pressée et placée dans des châssis en bois divisés en petits carrés ; on la fait ensuite sécher, d’abord au soleil, puis à l’ombre. La qualité de l’indigo dépend beaucoup du soin apporté à sa fabrication.
- (La suite au prochain numéro.)
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- TEINTURE SUR LAINE EN VERT D'ANILINE Par M, Ch. Lauth.
- J’ai fait connaître, il y a dix-huit mois environ, un procédé de teinture sur laine en vert d’aniline. On sait que cette matière colorante, contrairement à la plupart des autres couleurs d’aniline, n’a pour la laine que fort peu d’affinité ; lorsqu’on teint de la laine sans préparation, dans une solution de vert, elle n’en fixe qu’une‘très-faible quantité. Divers fabricanis ont proposé d’employer pour dette matière le procédé alcalin, qui donne de si excellents résultats pour les bleus ; mais, appliqué an vert, il est d’une réussite délicate.
- Mon procédé consiste à préparer la laine dans un bain renfermant en dissolution de l’hyposulfite de soude et additionné d’acide ou d’un sel acide; le soufre en émulsion dans l’eau se fixe sur la laine et la rend apte à tirer le vert. Il est convenable d'ajouter au bain de mordançage une petite quantité d’alun ou d’un sel de zinc, dont la présence est destinée à éviter l’énervement de la laine ; il est en effet singulier de voir l’action que le soufre des hyposulfites exerce sur cette fibre : elle devient molle ; sans toucher , perd son élasticité et se rétrécit considérablement. Cela tient évidemment à l’introduction dans les tubes de la fibre du soufre mou et visqueux qui, comme on le sait, est un des caractères du soufre des hyposulfites.
- La propriété singulière que possède ce soufre d’être mordant du vert n’est pas générale au soufre dans tous ses états.
- Ainsi la dissolution sulfocarbonique de la fleur de soufre laisse la laine complètement incapable d'attirer en teinture ; il en est de même des polysulfures, quoiqu'à un degré
- moindre, parce que sans doute ils renferment toujours un peu d'hyposulfite.
- Le mordant du vert est le soufre insoluble, le soufre électro-positif, l'expérience suivante le démontre : lorsqu’on épuise par le sulfure de carbone une laine mordancée à l’hyposulfite, elle ne perd en aucune façon sa propriété d’attirer le vert, tandis qu’une autre laine imprégnée du sulfure de carbone, qui a servi à l’épuisement précédant et concentré par distillation, ne se teint pas plus qu’une laine qui n’aurait subi aucune préparation.
- Lorsqu’on opère avec soin et en prenant des proportions convenables d’hyposulfite, d’alun ou d’un sel de zinc et d’acide, on réussit à coup sûr et sans altération de la laine ; il est inutile d’ajouter que la laine doit être préalablement dégraissée et privée par unpas-sage en acide chlorhydrique faible des composés métalliques qu’elle retient souvent à la suite de la filature ou du tissage ; si l’on ne prend pas ces précautions, la laine sortira plus ou moins brunie du bain de mordant par suite de la formation de sulfures métalliques.
- La teinture se fait de la manière la plus simple, c’est-à-dire en manœuvrant la laine, mordancée et bien lavée, dans une dissolution de vert dans l’eau chaude; on monte peu à peu jusqu’aux environs de 400“.
- Lorsqu’on iveut obtenir des verts plus jaunes, il convient d’ajouter au bain de l’acide picrique et un sel capable de faire monter cette matière colorante, qui, comme on le sait, ne teint qu’en présence d’un acide ; comme, d’autre part, le vert ne teint pas en présence d’un acide, il y avait là une petite difficulteà vaincre. L’acétate de zinc permet de la tourner ; la présence de ce sel aisément décompo-sable suffit pour faire tirer l'acide picrique sans nuire à la teinture en vert. Il suffit d’ailleurs, si l’on voit que le vert ne monte pas assez, d’ajouter au bain un peu d'acetate de soude, le teinturier peut à sa volonté produire des nuances bleues ou jaunes, et par conséquent se s'ervir indéfiniment de son bain, ce qui économise notablement le prix de revient.
- Mon procédé s’applique également très-bien aux tissus mélangés laine et coton ; il suffit, après le mordançage de la laine, de passer une heure ou deux en sumac; la teinture se fait
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- lOti -LL MONITEUR
- DE LA r
- comme d’ordinaire, en commençant à basse température.
- On peut aussi teindre d’abord la laine, puis passer en sumac et teindre le coton à froid.
- (Société Chimique.)
- TEINTURE DE LA SOIE EN ÉCHEVEAUX
- par M. de VINANT.
- NOIR DE LYON CHARGÉ
- ire opération. — Passez en bain de rouille à 25 ou 30 p. 100, lavez ensuite.
- 2e opération. — Passez à chaud dans un bain de savon ; celui de la cuite peut servir; s’il n’est pas assez gras, vous en ajouterez un peu de neuf.
- 3e opération. — Passez à chaud sur un bain de prussiate à 22 p. 100, ensuite lavez légèrement pour écarter l’acide.
- 4e opération. — Passez de nouveau sur le même bain de rouille, lavez.
- 5e opération. — Passez sur un bain de cachou de 125 à 130 p. 100. Laissez dans le bain douze heures, ensuite lavez bien à fond en donnant une battue à la soie.
- 6e opération. — Les passer de nouveau sur un bain neuf de savon à 25 p. 100, en y ajoutant du campêche selon la nuance que l’on désire et laver ; si vous voulez une soie craquante, vous avivez au jus de citron et au vinaigre.
- NOIR ANGLAIS CHARGÉ 200 0/0.
- Vos soies parfaitement essorées, donnez-leur neuf lisses sur un bain de sous-acétate de plomb à 30° n° 1, essorez-les, laissez-les en tas pendant cinq à six heures et ayez soin de bien les couvrir. Après, vous les mettez sur les lissoirs et leur donnez à froid six lisses sur un bain d’acide sulfurique à 6°. Ensuite lavez-les très-bien.
- Donnez un savon à 10 p. 100 à 60° de chaleur, rincez et essorez ; donnez neuf lisses sur un bain de sous-acétate de plomb. Levez, essorez, laissez cinq A six heures en tas, cou-vrez-les sans rincer, donnez un passage de six lisses en acide sulfurique à 6“ à froid, abattez, lavez très-bien, donnez un campêche additionné de 5 p. 100 savon 12 lisses. Levez et lavez.
- Abattre pendant cinq jours en rouille à 25° (30 p. 100), ensuite lavez, donnez douze lisses avec bois jaune et campêche additionné de 5 p. 100 savon. Rincez, abattez au gallique à 30 p. 100 pendant six jours, tordez à la cheville et finissez sur campêche/bois jaune et savon.
- Lavez, adoucissez au bain d'huile no 1, et séchez.
- Bains d’huile ,pour l’adoucissage des noirs de soie n° 1.
- Dans une dissolution de soude caustique à 2° mélanger une quantité d'huile nécessaire pour qu’elle ne surnage pas.
- Il faut que le savon soit bien formé; Versez ensuite dans un bain d’eau tiède et très-pure la quantité de ce savon nécessaire pour adoucir votre soie. Séchez sur l’adoucissage sans laver.
- Sous-acétate de plomb na /.
- 60 litres d’eau bouillante.
- Y faire dissoudre au bouillon :
- 22 kilog. 500 gr. acétate de plomb,. , Après la dissolution, ajoutez :
- 12 kilog. 500 gr. litharge en poudre. Faites bouillir jusqu’à complète dissolution et filtrez au calicot.
- NOIR ANGLAIS.
- lre opération. — Vous donnez un hon fond de bois jaune en y ajoutant un peu de sulfate de fer, que vous faites dissoudre dans un autre vase et tirez à clair. Cette opération faite, vous enveloppez vos soies dans la laine ou autre linge et les laissez revenir pendant une nuit, ensuite, vous les lavez et vous leur donnez une battue.
- 2e opération. — Vous faites un bain de savon à 25 p. 100, dans lequel vous ajoutezdu campêche. Vous teignez à hauteur, puis vous lavez et avivez au jus ou au vinaigre ou à l'é-pine-vinette. , r . .. ,
- VERTS. • ’ .
- Lorsque votre soie est cuite et lavée, vous la passez sur un bain de bois jaune avec alun et jus de citron ; mais il faut avant, épurer le bain avec des couleurs plus foncées pour avoir de beaux verts. Ajoutez ensuite dans le même bain le bleu nécessaire.
- Après la teinture, vous mettez sécher sans
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- laver. Pour les verts foncés même opération sans épurer le bain.
- JAUNE CLAIR.
- Il ne faut pas que la soie soit lavée, et il faut teindre sur un savon qui ne soit pas trop gras avec du rocou pour la rougeur. Lavez ensuite et avivez, à l’acide sulfurique à chaud.
- Ajoutez l’acide picrique nécessaire pour votre nuance et séchez sans laver.
- Pour foncé, même opération ; au lieu d’acide picrique, vous mettez du curcuma, mais sans acide ; vous lavez et avivez à l’épine-vinette.
- Bain de Rocou : I kilog. cendre gravelée ;
- 1 — Rocou.
- Bouillir une demi-heure.
- PONCEAU.
- Faites bouillir pendant une demi-heure 5 kilog; cochenille en poudre ; filtrez et titrez votre liqueur à 3°. Ajoutez dans le bain à peu près trois quarts de litre de dissolution d’étain et teignez. Il faut vingt-quatre heures pour arriver au ponceau.
- Après la teinture, vous enveloppez vos soies pendant douze heures, ensuite rincez légèrement et avivez au jus de citron; après, séchez. 1 Ji8
- On charge les couleurs avec du sucre blanc que l’on fait dissoudre dans une petite quantité d’eau ; quand vos soies sont teintes, vous les passez dessus et les mettez sécher.
- Il y a de grosses couleurs que l’on charge à la galle avant la teinture. Aussi emploie-t-on le miel pour charger les petites couleurs.
- Dissolution d'étain pour ponceau.
- 4 kilog. acide muriatique ;
- 2 — acide nitrique ;
- 200 gr. étain en grenaille;
- Dissoudre petit à petit pendant un jour.
- MARRON.
- i'e opération. — Passer la soie sur un bain de cachou, poids pour poids, de 100 kilog de soie, si vous voulez un bon rendement.
- Mais si vous voulez un rendement moindre, mettez-y moins de cachou.
- Teindre au bouillon, lever, tordre et passer ensuite sur un bain de chromate à 5 ou 6 p. 100 et à 25 de chaleur. Si la nuance est bien foncée, vous forcez la chaleur un peu plus.
- Après, vous lavez bien. Faites ensuite un bain avec du bois jaune, du bleu etdel’orseille; ajoutez un peu d’alun pour faire tirer le bois jaune, et légèrement de l’acide sulfurique pour le bleu.
- Teignez au bouillon, ajoutez du bleu, du jaune ou de l’oseille pour faire selon votre échantillon.
- PONCEAU.
- Préparez vos soies en stannate de soude n° A, passez ensuite en acide sulfurique et rincez très-bien.
- Donnez alors un second mordant d’alumine no 2, à 6° épaissi avec 100 grammes d’amidon grillé par litre d’alumine. ‘ ’
- Séchez sur le mordant pendant vingt-quatre heures au moins, ensuite rincez, battez, teignez avec cochenille n° 3. Lorsque vous êtes arrivé à hauteur sur le même bain, ajoutez du nitrate d’étain, avivez jusqu’à la nuance.
- Ce procédé donne des ponceaux aussi beaux qu’avec le procédé ci-dessus et donne moins de perte de matière colorante.
- Mon but en épaississant le mordant d’alumine est de faciliter le mouillage de la soie, l’alumine ayant la propriété de rendre les tissus imperméables. IYD
- Stannate de soude n° 1.
- 7 kilog. oxymuriate d’étain ; ,
- 30 litres de soude caustique dû commerce
- S t
- O
- G G' -3
- Que vous versez sur l'oxymuriate. en mor-ceaux et vous faites dissoudre.
- D’autre part, vous faites dissoudre dans 10 lites d’eau bouillante; 11 kil. acide oxalique et après vous l’ajoutez à la partie ci-dessus.
- Employez votre mordant à 3° et à froid.
- Rincez très bien.
- 2 ,6 t
- Acétate d'alumine n* 1. [-p6u Jicb
- I kilog. alun à faire dissoudre dans 4 litres d’eau. e Urs nhermgd n Jnsinslr.tr D’autre part : ose ôb .Q[
- I kilog. carbonate de soude à dissoudre dans deux litres d’eau. cGSYo99 "
- Ensuite vous versez petit à petit votre dissolution desoude sur votre alun, et Vous filtrez.
- D’autre part, vous faites dissoudre votre pâte ci-dessus avec deux litres acides acétique pur à 7°jusqu’à complète neutralisation d’alcali. (La suite au prochain numéro).
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- DE LA TEINTURE
- BLEU DE NUAGES
- La teinte en faveur pour les articles de modes et de parure, et pour les toilettes de soirées, ou d’été ; pour toutes celles en général, qui peuvent se porter claires, est un bleu pâle, légèrement opalin ; très-bien nommé Bleu de Nuages^ car il est différent du bleu de ciel proprement dit, qui est toujours une teinte bleu nette quoique faible, tandis que celui-ci semble apparaître derrière un rideau de nuages qui l’estompe et l’adoucit.
- On obtient cette nuance à reflet vert à l’aide des plus beaux bleus d’aniline, avec lequel on teint en nuance très-faible, pour produire ce que l’on nomme un déblanchi ou bleu de lait.
- CYLINDRAGE ET MOIRAGE DES ÉTOFFES.
- L’apprêt le plus avantageux que l’on puisse donner aux tissus de soie, tels que taffetas, satins, fayes, foulards, florence, articles pour cravates, rubans, etc., ainsi qu’au linge de ta-ble et rideaux, est le cylindrage ; tous ces articles demandent un polissage parfait, qui leur donne du brillant ou qui fasse ressortir les dessins brochés ou façonnés dont ils sont revêtus par le tissage ; or, la très-forte pression obtenue par le cylindrage à chaud produit très-bien cet effet.
- Les étoffes de soie et de coton, mais principalement les premières, sont aussi susceptibles de recevoir un apprêt d’apparence ondée et chatoyante, qui est d’ailleurs très-connu et que l’on nomme moiré. La moire donne un très-bel aspect aux étoffes; elle est surtout très-favorable pour les soieries reteintes , qu’elle relève considérablement et qu’elle rapproche sensiblement du neuf.
- En ce moment, le moirage est précisément
- fort à la mode, principalement sur les rubans, qui ne se portent plus autrement que moirés.
- Pour exécuter le cylindrage ou le moirage d’une étoffe, on se sert de la même machine : c’est le cylindre ou machine à cylindrer, re-présenté par la figure 8 ci-jointe.
- Le cylindre a beaucoup de rapports avec la calandre, appareil dont nous avons récemment donné une description (1) ; il en diffère en ce qu’il ne produit pas de friction, mais seulement une pression ou laminage; les rouleaux qui constituent la machine à cylindrer étant en effet animés d’une vitesse égale, il n’y a donc pas glissement de l’un sur l’autre ; les calandres que l’on construit actuellement sont, du reste, disposées pour pouvoir supprimer la friction ; mais elles cessent alors d’être calandres et deviennent des cylindres.
- Le cylindre que nous prenons comme type, et que représente notre dessin, est celui de M. Aubert, de Paris ; il se compose, comme organes principaux, de trois forts cylindres, dont l’un, celui du milieu, est en fer tourné, et les deux autres en papier comprimé. Ces trois cylindres sont superposés et pressent les uns sur les autres; si ces trois rouleaux étaient métalliques, comme dans les laminoirs, leur inflexibilité réciproque couperait l’étoffe ; à côté d’un cylindre très-dur, il faut donc en adjoindre d’autres qui possèdent une certaine flexibilité; longtemps on s’est servi pour ces derniers de rouleaux de bois, dont les moindres défauts étaient de se fendre et de se déformer ; mais depuis que l’on a imaginé ceux en papier, on obtient des machines tout à fait parfaites, résistant à un long travail et donnant aux étoffes un plus beau poli.
- Ces trois cylindres sont montés dans un châssis ou bâti solide, en fonte ; celui du bas tourne sur des coussinets fixes, les deux autres sur des coussinets mobiles ; cette disposition a pour but de presser les cylindres l’un sur l’autre et de les relever lorsque le service l’exige. La pression se produit par double leviers réunis par une bielle ; elle s’exerce par le haut en appuyant sur les coussinets mobiles ; le levier du bas porte à son extrémité un poids, que l’on peut augmenter et diminuer à vo-
- (i) Voir Moniteur de la Teinture, année 1872, page 244.
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- lonté, mais dont la puissance est toujours considérablement multipliée par le fait de cette disposition. Les deux vis à volants, situées au haut de l’appareil, servent à régler le jeu de ces leviers.
- Le moteur se place sur le cylindre du milieu; pour les machines quelque peu puissantes, telles, par exemple, que celles dont la longueur des rouleaux dépasse 90 centimètres à 1 mètre, il faut un moteur mécanique ; celles au-dessous de ces dimensions peuvent se manœuvrer à bras, à l’aide de deux manivelles. Le mouvement se transmet aux autres rouleaux, par le moyen d’engrenages, et quelquefois même par simple contact.
- Le cylindre en fer, que l’on nomme canon,
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- Fig. 8. — Machine à cylindrer et moirer.
- doit être fortement chauffé ; il est creux, et le chauffage qu’on y applique le plus ordinairement, consiste dans des boulons ou mandrins en fer, que l’on'fait rougir au feu et que l’on introduit dans l’intérieur du canon ; ces boulons ont environ 30 centimètres de longueur ; on en emploie autant qu’il en faut pour occuper toute l’étendue du canon ; on les y introduit à l’aide de pinces en fer, et on les retire au moyen d’un crochet ou d’un ringard.
- On emploie aussi, comme moyen de chauffage, le gaz, qui est d’un usage plus commode et plus facile à régler, ou la vapeur, dont l’emploi paraît cependant moins avantageux.
- Ce genre de machines se fait dans les dimensions de 2 mètres environ de longueur de cylindres ; mais pour les trinturiers-dégrais-seurs, on en construit de 60 et 80 centimètres, et même, pour le moirage des rubans, on en fait de 16 et de 30 centimètres ; ces dernières ont seulement deux cylindres, l’un en papier et l’autre en fer, et la pression se produit par vis engrenées.
- Pour cylindrer une étoffe, il suffit de la faire passer entre le canon et un des rouleaux de papier, en la présentant bien carrément et la
- aase
- tendant un peu en largeur; le mouvement de la machine doit être lent, mais continu et régulier ; comme le canon doit être très-fortement chauffé, il faut éviter le temps d’arrêt pendant que l’étoffe est pressée, car il pourrait en résulter des brûlures ; il faut également veiller à ne point se laisser prendre les doigts entre les cylindres, car on a de malheureux exemples de ce genre d’accidents.
- De l’autre côté de la machine se trouve un
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- aide qui reçoit la pièce cylindrée, et comme l’appareil a deux rouleaux de papier, il peut en même temps faire passer une autre pièce sur le second rouleau, ou y faire repasser celle qùi sort du premier, de façon à la cylindrer deux fois.
- S’il s’agit de moirer le tissu, on le double et on passe ensemble les deux tissus superposés; la pression aplatit les fils de ces tissus, certaines parties dans un sens et d’autres dans un sens opposé; la lumière, irrégulièrement reflétée par ces surfaces contraires, produit l’effet du moirage. Il faut noter que si l’étoffe n’était pas doublée, tout le grain du tissu serait couché dans le même sens, et qui ne se pro-duirait pas de moiré.
- Selon la manière de doubler l’étoffe, on obtient des moirés différents ; si le tissu est plié dans le sens de sa longueur, c’est-à-dire les deux extrémités réunies bout à bout, on obtient la moire à colonnes ou moire française ; si elle est pliée par le milieu, ou dossée, c’est-à-dire enrejoignant les deux lisières, on obtient la moire antique ; enfin, des étofles pliées en biais produisent de très-belles moires, mais laissent un pli désagréable.
- Quel que soit le moyen suivi, on ne peut être certain à l’avance de produire un moiré déterminé ; il arrive quelquefois que l’effet est tout différent de celui qu’on attendait ; cela est rare, à la vérité ; mais pour pouvoir être assuré d’un genre de moire voulu, on passe les étoffes entre des cylindres gravés; ce genre de machine s’emploie peu, toutefois; nous en parlerons néanmoins dans un prochain article.
- F. GOUILLON.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- NOUVELLES MATIÈRES COLORANTES
- Une nouvelle matière colorante rouge a été extraite de l’aniline par M. Hamel. Cette matière colorante prend naissance à froid en présence du chlorure de soufre agissant sur l’aniline. On verse quelques gouttes de chlorure
- dans un ballon contenant 23 ou 30 grammes d’aniline ; on a soin de remuer1 constamment pour éviter la carbonisation. Au bout de cinq ou dix minutes, on obtient un produit rouge et solide. On traite ensuite ce produit par l’acide acétique, on filtre et la liqueur évaporée donne une substance noire d’une texture brillante. Cette substance est soluble dans l’acide acétique,l’éther ou l’alcool. Dans ces dissolvants, on ne peut pas ajouter d’eau parce que son intervention donne lieu à la précipitation d’une autre matière colorante grise.
- Puisque’, nous parlons couleurs, signalons les recherches de M. Hartsen sur VAgoricits fassiculalus et sur la substance colorante des baies rouges. Il a extrait de cette plante une matière soluble dans l’éther et cristallisable en aiguilles par évaporation, à laquelle il donne le nom de mycoraphine, et une autre matière, insoluble dans l’éther et dans l’eau, se présentant sous la forme de granules ayant la structure d’un rognon coupé transversalement, et qu’il nomme mycostéarine. Les baies rouges du Solanum dulcamara, celles du Tamus communis et celles de l’Asparagus officinalis ont fourni une même substance rouge, sous forme de granules cristallisables en tables. Elle est insoluble dans l’eau, mais soluble dans l’alcool, dans l’éther, et surtout dans la benzine. L’acide sulfurique la colore en bleu-indigo. Elle se fixe facilement sur la soie. {Journal officiel].
- PRIX PROPOSÉS par la société industrielle d’amiens.
- La Société industrielle d’Amiens a, dans son assemblée générale, mis au concours pour l’année 1872-73, quarante-quatre questions desquelles nous extrayons celles qui concernent nos spécialités.
- Les concurrents devront envoyer leurs manuscrits ou machines, franco, au Président de la Société industrielle, place Saint-Denis, 48, à Amiens (Somme), d’ici au 1er juillet 1873, terme de rigueur.
- 8e question.
- Construction d’un métier à tisser mécaniquement, dans lequel l’enroulement et le dé-
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- et DE L‘IMPRESS!OM DES TISSUS
- roulement soient réguliers et continus, sans qu’il y ait nécessité de faire varier la position des poids sur les romaines, ou plus générale-ment sans qu’il faille intervenir manuelle-ment pendant le travail, de quelque manière que ce soit. Une médaille d’or.
- 9e question.
- Prix à un métier automatique donnant le tricot à mailles retournées et la diminution. Une médaille d’or.
- .ainsq 10e question.
- Un prix sera donné à l'inventeur d’un bon parement pour tissage mécanique, principalement applicable au tissage de la toile. Ce pa-rement devra être d’un emploi facile; il sera propre à conserver et même à développer l’élasticité des fils de chaîne, — et composé de telle manière qu’une chaîne, parée et montée sur un rouleau ne répande aucune odeur putride, et ne présente aucune altération au dynamomètre, après un délai de trois mois.
- Le prix de revient ne devra pas dépasser 5 fr. des 100 kil. de parement prêt à être utilisé.
- Des expériences seront faites ou suivies par une commission spéciale sur du parement tout préparé ou d’après les indications four-nies par les concurrents. Une médaille d’or.
- 11e question, b S—.e0e.Te
- Trouver une matière; non tachante, propre à lubrifier tous les organes des métiers à tisser. Prix : Une so'àime de 100 fr. (don de M. Edouard Mille). 00 — .
- 12’ questioltmb .99 G
- Un priée de 100 fr. offert par la compagnie d’Ourscamp; sera donné à l’ouvrier coupeur du département de la Somme qui aura effectué la meilleure coupe sur un genre de velours et de coton haute verge, fabriqué par cette compagnie.
- Des pièces seront mises à la disposition des concurrents.
- 13e question. A
- Apporter un perfectionnement sérieux dans les machines à parer et encoller les chaînes pour le tissage. Une médaille d’or.
- S0 14e question.
- La Société industrielle d’Amiens offre une Médaille d’Honneur au manufacturier du département de la Somme qui aura fabriqué et
- livré à la consommation pour une valeur de dix mille francs au moins, avant le 15 juin 1873, un tissu nouveau en laine, coton ou toute autre matière.
- 15e question.
- L’exécution des lisières offre une des plus grandes difficultés dans la fabrication mécanique des tissus. On demande d’indiquer tous les procédés mis actuellement en usage pour assurer la parfaite exécution de ces lisières dans les étoffes de soie, laine, coton, lin, chanvre et autres tissus mélangés. Une médaille d’or.
- 24e question.
- Trouver, pour le velours d’Utrech et le velours de coton un apprêt remplissant les conditions suivantes :
- 1° Être sans odeur ;
- 2° N’altérer ni la couleur, ni la douceur, ni le brillant du velours ;
- g 3° Conserver la souplesse du tissu, tout en lui donnant la force nécessaire ;
- 4° Obtenir également un velouté très déve-
- — | 2011J2A
- loppé ou épanoui, ressemblant au velours de soie. Une médaille d’or, plus un prix de 100 francs (don de M.Payen)
- Les concurrents ne sont pas tenus de faire connaître la composition de l’apprêt qui réalisera les conditions ci-dessus. Ils devront seulement présenter leurs pièces avant le 15 juin 1873, déclarer leur prix de vente et justifier que ces pièces ne sont pas obtenues par des moyens exceptionnels, mais qu’elles appartiennent à une fabrication courante.
- 25e question.
- Un prix sera accordé à l’ouvrier qui aura apporté un notable perfectionnement dans l’industrie de la teinture en laine ou en coton.
- Ce prix sera de 50 à 200 francs, suivant le perfectionnement accompli.
- (Don de M. Ed. Fleury pour la teinture en laine.)
- (Don de M. A. Bonvallet pour la teinture en coton.) abjeoddepinemedn0i99l9q______.AMI
- 26e question.
- Trouver une composition qui, dans là teinture des tissus de laine, puisse remplacer avec une économie notable le tartre, pour les cou-leurs necessitant l’emploi des sels d’étain.
- L’acide tartrique libre ou combiné ne devra
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- pas entrer dans cette composition. 1,000 fr. (don de M. Ed. Fleury). Pires une médaille d’or.
- 27 e question.
- Mémoire sur les moyens de remédier, pour la santé des ouvriers employés dans les filatures de lin et de coton, aux inconvénients qui résultent de la suspension des poussières et fibriles végétales dans l’air des ateliers. Une médaille d’or.
- 29e question.
- Médaille d’or, pour une amélioration importante dans le blanchiment de la laine ou de la soie.
- 30e question.
- Mémoire sur le blanchiment dû chanvre, comprenant une étude théorique et l’examen des diverses méthodes employées dans la pratique industrielle. Une médaille d’or.
- 31e question.
- Médaille d’or pour un moyen d'augmenter la solidité des matières colorantes artificielles dans la teinture des étoffes produites par les industries locales.
- 33e question.
- Indiquer un mordant nouveau qui donne au coton l’affinité qu’a la laine pour les matières colorantes. Une médaille d’or.
- 3e question.
- Médaille d’or pour un mémoire sur les affinités qu’ont pour les matières colorantes les diverses espèces de laines et les diverses espèces de coton. — Trouver un mordant qui donne la même nuance sur ces variétés avec une même matière colorante. Etudier aussi l’influence de cette variété d’espèces sur le blanchiment.
- BREVETS D’INVENTION CONCERNANT LES INDUSTRIES TINCTORIALES
- 97.0 55.— 4 novembre 1872 : Dreyfus, Paris. — Perfectionnements apportés dans les procédés de teinture.
- 97.0 68. — 4 novembre : Vve MARCUSE, Paris. — Couleur dite jaune d’or pour la coloration des beurres, faite avec des matières végétales non vénéneuses.
- 97.0 90.— 19 novembre 1872 : Chevalier, à Lyon (Rhône). — Moyen de traiter les soies à la teinture et leur faire acquérir les qualités supérieures de volume, de poids, de résistance, de brillant et de vivacités de couleur.
- 97.105. — 23 novembre : MANIEU, à Lille (Nord). — Système de laveuse et tordeuse pour le linge.
- 97.106. — 25 novembre : MERMIER, à Saint-Etienne (Loire). — Poignée de fers à repasser dite poignée-système-Mermier.
- 97.139. — 8 novembre : SRTAIN , Paris. — Mode d’application du gaz à l’échardonnage des laines et à toute opération de désagrégation des matières végétales, dans la fabrication de produits chimiques.
- 97.142. — 8 novembre : Storck et Cie, Paris. — Fabrication industrielle de l’acétate d’alumine.
- 97.156. — 15 novembre : BRIDOUX-CLOUET , Paris. — Apparéil servant à laver le linge.
- 97.195. — 28 novembre : GANTILLON,à Lyon (Rhône). — Emploi de la vapeur surchauffée au chauffage des cylindres et autres appareils servant à l’apprêtage des foulards, soieries, etc.
- 97.199. — 3 décembre : Hoton, à Valenciennes (Nord). — Perfectionnement et applications apportés au système des lessiveuses.
- 97.209. —3 décembre :RUBY, à Lyon(Rhône). — Application de divers sels à l’apprêt des fils et tissus. - .i aab as1881o aol ano3 odirdol jb
- 97.328. — 28 octobre : PALLISER, GRDMEL et KLOPSK, Paris. — Procédé de décoloration et blanchissage, dans un seul bain, sans préparation préalable, en vingt-quatre heures; de toutes les matières textiles, telles que fil, lin, chanvre, toile, coton, etc. irem ? ub
- 97.262. — 22 novembre : HOUSSET, Paris. — Huile végétale destinée à être utilisée pour l’ensimage des laines.
- 97.283. — 9 décembre : Anest, à Elbeuf (Seine-Inférieure). —Produit dit drap à effets de relief et à effets de moiré.
- 97.296. — 26 novembre : Fucher, Paris. — Machine à laver, essorer et battre les éche-veaux de fils de toute nature.
- 97.318. —16 août : Chavanne, à Lyon (Rhône). — Lessiveuse.
- 97.339. — 30 novembre : Nicoll, Paris. — Préparations applicables aux tissus et autres
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSU:
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- matières inflammables, dans le but de les rendre incombustibles.
- 97.342. — 29 novembre : PEUGEST Frères,
- Paris. — ses.
- 97.349
- Perfectionnements dans les tondeu-
- 3 décembre : BENTAUX, Paris. —
- Produit propre au dégraissage de toutes les étoffes, dit azailine.
- 97.374. — 17 décembre : Sève, à Beaucaire (Gard). — Peaux noires à la plonge, glacées sur fleur, unies, rayées et quadrillées, en tout genre. Son9880. P 98761980 S ïnoq STJe
- 97.375. — 17 décembre : SIxTE-VILLANN, à Lille (Nord). — Machine à cirer les fils de lin.
- 97.395. — 6 décembre : JOUVIN, DoYON et Cie, Paris. — Système de machines à teindre sur peaux des dessins destinés à l’ornementation des gants et autres objets en peau.
- 97.404. — 5 décembre f De NOMAISON, Paris. — Méthode directe pour obtenir les acétates.
- 97.10. —30 octobre : VANDEVENNE, à la Madeleine-les-Lille (Nord). — Procédé de clarification du chlorure de chaux par le sulfate d’alumine.
- 97.419, — 26 décembre : CoTEIGNIÉ, à Rou-baix (Nord). — Système d’assemblage des bâches servant à la teinture des tissus en pièces.
- DMor JID , ' ; ! 9 1 ri .!
- 94.133. — 12 décembre : KUHLMANN, à Lille (Nord). — Utilisation des résidus acides de la fabrication du chlore.
- 97,499. — 24 décembre : Ogier aîné et Cie, à Lyon (Rhône). — Procédé de moirage des étoffes de soie.
- CERTIFICATS D’ADDITION.
- CORRON : 23 novembre. — Machine pour teindre les matières textiles ou filamenteuses en écheveaux. — B. 92.398.
- FÉRON et Ortlieb : 16 novembre. — Extraction des acides gras, et des alcalis des eaux de lavage et de lissage des laines. — B. 91.638.
- Genierick Van Hove : 2 décembre. —Dévidage des fils. — B. 96.360.
- FÉRON : 16 décembre. — Chinage en camaïeu des fils de coton, lin, laine et soie. —
- B. 92.267.
- GRAWITZ : 30 novembre. — Fabrication de
- couleurs métalliques. — B. 89.459.
- NOUVELLES
- .Exposition de Vienne.—L’Exposition de Vienne est ouverte et a été officiellement inaugurée; mais des travaux d’installation ne sont pas terminés, et ce n’est pas encore le moment de la visiter.
- Voici le tarif et l’itinéraire des voyages à prix réduits offerts par les Compagnies de chemins de fer :
- La Compagnie des chemins de fer de l’Est délivre des billets aller et retour de première et de deuxième classe, valables pendant un mois, de Paris à Vienne.
- Ces billets offrent aux voyageurs une réduction de 25 p. 100 sur les prix des X illets directs ordinaires. Ils leur donnent le droit de transporter gratuitement 30 kilogrammes de bagages et la faculté de s’arrêter à Strasbourg, Carlsruhe, Mülacker, Stuttgard, Ulm, Munich et Simbach ou Salzbourg.
- Le prix du billet de première classe est de 266 fr. 50.
- Celui du billet de deuxième classe est de 195 fr.
- La Compagnie de Paris-Lyon-Médiferranée, de son côté, délivre des billets d’aller en retour, valables pendant un mois, avec faculté d’arrêt à Dijon, Mâcon, Aix-les-Bains, Chambéry, Turin, Milan, les lacs Majeur et de Côme, Vérone, Padoue, Trieste, les grottes d'Adels-berg, Gratz et Vienne.
- Le prix des billets est de 316 fr. en première classe et de 234 fr. en deuxième classe, avec droit à 30 kilogr. de bagages..
- Exposition de Lyon. — Depuis la clôture de l’Exposition de 1872 , bien des personnes étaient persuadées que l’Exposition de Vienne ajournerait indéfiniment la réouverture de celle de Lyon en 1873. Aujourd’hui que la presse de Paris et des départements annonce la prorogation de cette vaste entreprise, ces mêmes personnes, peu bienveillantes ou mal inspirées, font courir le bruit que Vienne nuira à Lyon, et qu’une Exposition secondaire ne saurait subsister à côté d’une exhibition de premier ordre.
- Cette pensée manque de justesse, et nous ne la relèverions pas si elle ne pouvait, en se propageant, nuire à l’Exposition de Lyon, et s’il n’était pas plus vrai de dire que l'Exposition de Vienne est une garantie de succès pour celle de Lyon et une source de prospérité pour notre ville.
- Des billets spéciaux, valables pour soixante jours, à prix réduits pour toutes les classes, sont délivrés entre Paris et Vienne, avec passage par Dijon et Mâcon, et arrêt facultatif dans cette dernière ville. La Direction de l’Exposition de Lyon s’est empressée de faire des démarches auprès de la Compagnie de Paris-
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Lyon-Méditerranée,pour en obtenir des facilités de parcours entre Mâcon et Lyon. Ces démarches seront certainement couronnées de succès. 1 ' .a '
- N’est-il pas permis d’espérer que cette heureuse combinaison nous enverra de l’Angle-terre, de la Belgique, du Nord et de l’Ouest de la France une abondante clientèle qui nous a complètement fait défaut en 1872 ? La réponse n’est pas douteuse.
- Maiscetteconsidération très-importante n’est paa la seule à faire valoir pour faire tomber les craines inspirées par la grande exhibition viennoise. ’ h HP9PS) 19
- Quelque vaste que soit cette entreprise,, elle a, comme toutes choses, ses limites tracées et qu il ne lui est pas permis de dépasser, Aussi la Direction de l’Exposition de Vienne s’est-elle vue forcée de fermer ses portes, faute de place, à un grand nombre de produits préparés avec un soin exceptionnel. L’Exposition de Lyon est appelée tout naturellement à recueillir cette précieuse succession ; elle ouvrira ses portes toutes grandes aux industriels qui, sans elle, verraient perdus ou du moins ajournés les iruits de longs mois de travail et d’efforts persévérants. er
- Dans certaines spécialités, telles que les tissus, les papiers peints, l’ameublement, lata-pisserie, les arts décoratifs, etc., il est avéré que les frais de dessin, le montage onéreux d un métier, constituent une première mise de fonds considérable, devant laquelle reculent très-souvent les grands maîtres de l’industrie, lorsqu’il s’agit d’une Exposition dite de second ordre, d’autant plus que ces produits ainsi exhibés sont rarement marchands. Mais il ne faudrait plus qu’un sacrifice de peu d’impor-tance pour reproduire en double, les premiers frais une fois faits, toutes ces merveilles industrielles.
- Il laut espérer que.cette idée très-pratique sera favorablement accueillie, dans la fabrique lyonnaise surtout, par des esprits intelligents et avancés qui grouperont autour d’eux de nombreux partisans. Hainj
- De cette manière, les nouvelles galeries de l’Exposition posséderont bon nombre de pièces capitales qu’elles pourront étaler aux yeux des visiteurs venus du Midi de la France et des quinze départements voisins, moyennant une faible dépense, mais à qui leur situation ne permet pas de tenter le long. et coûteux ! voyage de Vienne.
- En résumé, l’Exposition autrichienne, au lieu de nuire à la ville de Lyon et à son Exposition, amènera dans notre ville un riche contingent de visiteurs à destination dé Vienne, et lui léguera tous les Exposants qu’elle n’a pu accueillir.b S9R8910119 J2s‘a 20q !
- ‘(ClRmReniquepar la Direction).
- Droits sur l’Aniline. — Nous apprenons que la grave question de l’aniline vient d’être résolue par l’administration des douanes.
- Désormais, l’aniline sera admise à la compensation des essences de houille sous le régime de l’admission temporaire, à raison de 90 kilogrammes d’aniline par 100 kilogrammes d’essence de houille importée. _
- D’un autre côté, M. Amé, directeur - général des douanes, fait remarquer que cette substance est la matière première des couleurs qui dérivent de l’essence de houille, et qu’on n’ad-mettra pour la décharge de l’essence importée temporairement, que l’aniline proprement dite, d Veecèlusiou des résidus de la fabrication de la hdWiïlé. ' osi/ — .(hc’z) ' ij
- RÉUNON des Teinturiers- DÉGRAISSEURS: -Les teinturiers-dégraisseurs de Paris viennent de se réunir, principalement à l’effet, d’aviser aux moyens d’arrêter l’avilissement des prix des travaux de leur industrie, créé soit par la concurrence outree de “certaines maisonsdont l’infériorité du.travail permet de le faire à très-bas prix, soit par l’entremise des dépositaires non teinturiers, quilivrent également du travail très-négligé et peu payé.
- Un des moyens proposés à l‘égard"de ces derniers serait de leur refuser le crédit dont ils jouissent chez les teinturiers et apprêteurs, ou imprimeurs travaillant pour confrères ; crédit qui leur est absolument indispensabie et sans lequel ils ne peuvent subsister : on dit même qu’il se formé une société qui achèterait les nombreuses créances de «es maisons, et mettrait les débiteurs en demeure de solder immé-diaterent, faute de quoi ils les assigneraient en faillite.
- Ce moyen, peut-être un peu trop dar, n’est pas d’ailleurs encore adopté, et les intérees és ne prendront de décision que dans une réunion ultérieure.
- J
- U8e- 899 2878 asbios aob aoi3 i^our lotis lès articles non signés * "P. BLONDEAU. M9
- a F. GQUILLON, Directeur *Gérante nol
- Tous droits réservés, ce
- Paris. Typ. TurfnetAd.Jurel,9EourdesMiraeles.9/
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 10.
- 20 MAI 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- i ‘ 1 *
- Leçons sir les matières colorantes, par M. le Dr CRACE-CALVERT : Indigo (suite), Carmin, Cuves, etc. — Sur le noir d'aniline, par M. Ch. LAUTH : Mordançage, Teinture, Cuivrage. — Cylindrage et moirage des, étoffes (suite), par M. F. GOUILLON. (gravure) — Vert horizon (échantillon) — Teinture de la soie en écheveaux, par M. de VINANT. (suite) : Fuschine, Bleus d'aniline, Viglet d’aniline, Vert lumière, Bleic de France.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Examen chimique des mordants de fer du commerce par N. H. VonL. — Fabrication perfectionnée de l'anthracene, par M. F. VERSMANN. — Les sucres colorés.
- NOUVELLES. — Démission de M. Thiers. — Alizarine artificielle. — Teinturiers en soie. —Propriété des dessins de fabrique.
- LEÇONS SUR LES MATIERES COLORANTES
- Par le docteur Grâce Calvert.
- (Suite)
- L’indigo pur ou indigotine peut être obtenu soit au moyen de l’indigo, par le procédé que nous avons déjà décrit, soit par sublimation. Dans ce cas, on réduit l’indigo en poudre et on l’introduit dans de petites capsules plates munies d’un couvercle ; on chauffe à une température de 165 à 220° c. ; il se forme de très-belles aiguilles prismatiques d’indigotine, que l’on enlève mécaniquement.
- L'indigotine est insoluble dans l’eau, l'al-cool, l’éther, les acides faibles et les alcalis ; elle est légèrement soluble dans la créosote, l'acide phénique et l’acide acétique anhydre additionné d’une petite quantité d’acide sulfurique. On peut la précipiter de cette dernière solution par l’addition d’eau, et dans ce cas seulement, son application directe sur le tissu est possible.
- Récemment MM. Emmerling et Engler ont accompli scientifiquement la production artificielle de ce corps, en se servant d’un des ra-dicaux mixtes découverts en 1857, par M. Fcie-del, auquel il avait donné le nom de méthy-lure d’acétyle, et que. MM. Emmerling et Engler nommèrent acétophénone.
- Leur procédé consiste à traiter l'acétophé-none par l’acide nitrique. Il se forme de x composés azotés, l’un cristallin, l’autre sirupeux. Le dernier, après évaporation, se présente sous la forme d’une masse résineuse a laquelle on ajoute 10 parties de zinc réduit et une partie de chaux sodée. Le mélange est
- chauffé dans de petits tubes, et par l’évaporation, on obtient de l’eau et une matière contenant de l’indigotine en petite quantité.
- Ce résultat est certainement un triomphe pour la chimie scientifique, et il nous rapproche de la production artificielle commerciale d’une matière colorante des plus importantes. alll 31 001 09 Or TB82890P 69
- Une grande quantité de substances, en fournissant un équivalent d'hydrogène à l’indigo bleu, le convertissent en indigo blanc, substance incolore, insipide, insoluble dans l’eau, mais soluble dans l’alcool, dans l’éther et dans les dissolutions alcalines. J’ai publié’il y a quelques années un procédé qui permettait d’extraire une grande quantité d’indigo du dépôt qui se forme dans les cuves montées à froid. Ce procédé était fondé sur la propriété que possède l’indigo, de former un composé insoluble avec la chaux et le protoxyde de fer.
- L’indigo blanc se dissout facilement dans l’acide sulfurique concentré , en communiquant au liquide une coloration bleue très-foncée.
- Plusieurs substances sont employées commercialement pour convertir l’indigo bleu en indigo blanc soluble dans les alcalis : je citerai la chaux et le protoxyde de fer, un alcali caustique et le protoxyde d’étain, le sulfure d’étain, l’arsenic ou le zinc en présence d’un alcali caustique; enfin quelques matières organiques qui fermentent facilement, comme le sucre, la garance et le son.
- Les meilleures qualités d’indigo nous viennent du Bengale, de Java et de Guatémala. Elles ont une couleur bleu clair, présentant
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- l’aspect d’une pâte homogène, et possèdent un beau reflet cuivreux qui augmente par le frottement.
- M. Chevreul, opérant sur un bel échantillon d’indigo commercial, a trouvé qu’il avait la composition suivante :
- Indigotine............................45
- Matières solubles dans l’alcool ........................30
- Matières solubles dans l’éther ........................12
- Matières solubles dans l’acide chlorydrique ... 6
- Matière? minérales ... 7
- 100
- L'indigo commercial est souvent falsifié avec différentes matières minérales. On découvre aisément cette fraude en calcinant un poids connu de l’indigo à essayé; le résidu ne doit pas dépasser 10 pour 100; la falsification la plus employée consiste dans l’addition d’ami-don. On peut la reconnaître facilement en faisant bouillir de l’indigo pulvérisé dans de l’acide chlorydrique. L’amidon insoluble est converti en dextrine soluble, qui prend une belle couleur rouge lorsque l’on ajoute de l’iode.
- On a proposé plusieurs procédés pour déterminer la quantité d’indigotine contenue dans l’indigo commercial. Je n’en citerai que trois : le premier consiste à dissoudre 1 gramme d’indigo sec et pulvérisé dans 12 grammes d’acide sulfurique concentré ; le tout est porté à une température qu’il faut avoir soin de maintenir au-dessous de 50 degrés. L’indigo se combine avec l'acide sulfurique en formant des composés solubles dans l’eau. On ajoute la quantité d’eau nécessaire pour porter le volume à un litre. L’opération est répétée avec 1 gramme d’indigotine pure qui donne une dissolution type. On prend une dissolution de chlorure de chaux ou de bichromate de potasse, que l’on a titrée de façon que 100 volumes de cette dissolution décolorent complètement 1 gramme d’indigotine, soit toute la matière colorante de la dissolution type. On en verse une quantité suffisante pour obtenir le même résultat dans la dissolution d’indigo commercial, et le volume employé pour dé-truire la couleur représente la quantité pour
- 100 d’indigotine. Si l’on emploie, par exemple, 60 divisions de la dissolution titrée, on admet que l'échantillon contient 60 pour 100 d’indigot ne.
- Cette méthode donne toujours des résultats au-dessus de la valeur réelle, l’acide hypochloreux et l’acide chromique n’étant pas décomposés uniquement par l’indigo, mais aussi par plusieurs matières oxydables et colorantes qui figurent dans la composition donnée par M. Chevreul à la partie soluble dans l’alcool.
- Le second procédé, dû au professeur Fritz-sche, donne des résultats plus exacts. Il consiste à indroduire une partie d’indigo bien pulvérisé et une partie de sucre de raisin dans 48 ou 50 parties d’alcool bouillant, auxquelles on ajoute deux parties d’une dissolution concentrée de soude caustique ; on verse le tout dans un flacon que l’on bouche, et on laisse refroidir. Au bout d’un jour ou deux, le liquide est complètement incolore, et, en l’exposant à l’air, l’indigo réduit absorbe l’oxygène et l’indigotine se précipite sous la forme de magnifiques cristaux prismatiques que l’on recueille. Après avoir lavé et séché on pèse, et le poids obtenu donne la quantité d’indigotine.
- Le troisième procédé, que j’ai imaginé il y a une vingtaine d’années, donne des résultats satisfaisants. Il consiste à introduire dans un matras une partie d’indigo pulvérisé, contenant 10 p. 100 de soude caustique. On fait bouillir quelques instants et on laisse refroidir. La liqueur claire est décantée avec soin et exposée à l’air dans des vases de peu de profondeur et présentant une grande surface. L’indigo blanc s’oxyde et se précipite sous la forme d’indigo bleu. Le résidu insoluble restant dans le matras est soumis trois fois à ce traitement. L’indigotine ainsi obtenue est recueillie sur un filtre, lavée, séchée et pesée.
- Un procédé commercial fondé sur cette méthode a été employé par MM. Haas et Gie, qui vendent de l’indigo ainsi purifié sous le nom d’indigo raffiné. On prépare aussi une qualité inférieure du produit de M. Haas, eu chauffant l’indigo à une température modérée avec de l’acide chlorhydrique qui dissout la chaux et les autres matières minérales, ainsi que l’amidon avec lequel l'indigo est quelquefois falsifié. On le fait bouillir ensuite avec une dissolution faible de soude caustique, qui dis-
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- sont la chlorophylle et les matières résineuses et laisse comme résultat une deuxième qualité d’indigo raffiné.
- J’appellerai maintenant votre attention sur trois préparations commerciales de l’indigo, obtenues en le traitant par l’acide sulfurique.
- La première, l’acide sulfo-purpurique ou phénicine, ou pourpre d’indigo, se prépare en traitant une partie d’indigo par quatre parties d’acide sulfurique très concentré, en chauffant pendant une heure ou deux, à une température ne dépassant pas 50 degrés où jusqu'à ce qu’un peu de la masse versée dans une grande quantité d’eau s’y dissolve entièrement en lui communiquant une teinte violette. On doit conduire cette operation avec soin, afin d’éviter la formation d’un composé bleu dont je parlerai plus loin, l’acide sulfo-indigotique. On mélange ensuite la masse acide ainri obtenue, avec 40 ou 50 parties d’eau, il se forme un magnifique précipité violet, qui, recueilli sur un filtre, est lavé avec de l’acide chlorhydrique faible. Pour teindre la laine avec l’acide sulfo-purpurique, il faut ajouter au bain une faible quantité d’acide chlorhydrique. La laine prend une belle coloration bleu-violet dont on peut faire varier la nuance par un passage en bain de carbonate ou d’acétate de soude faible, qui enlève une petite quantité d’acide sulfo-indigotique s’y trouvant comme impureté, et forme du sulfo-purpurate de solide, meilleur teint que l’acide lui-même.
- L’acide sulfo-indigotique se prépare en dissolvant une partie d’indigo dans dix on douze parties d’acide sulfurique concentré et en élevant avec beaucoup de soin la température de la masse à 50 degrés, température que l’on maintient pendant plusieurs heures. L’opération est terminée lorsqu’une petite quantité du liquide se dissout entièrement dans l’eau froide.
- SUR LE NOIR D’ANILINE par M. Ch. Lauth.
- J’ai fait connaître en 1869 (1) un procédé de teinture en noir d’aniline au moyen du peroxyde de manganèse, employé comme mordant ct agent d’oxydation.
- (1) Voir Moniteur de la Teinture, année 1869, pages 180, 215, 227.
- L’application de ce procédé, tout en donnant des résultats assez satisfaisants au point de vue de la beauté et de la solidité du noir, a rencontré des difficultés réelles qui m’ont fait renoncer à son exploitation. Mais comme j’ai eu l’occasion, dans cette étude, de constater divers faits nouveaux, il ne sera peut-être pas sans intérêt pour les chimistes qui voudront faire d’autres recherches dans cette voie, de connaître les conditions exactes de mon procédé et les inconvénients qui y sont inhérents ; cette publication, bien que tardive, facilitera peut-être la solution définitive du problème.
- Les teinturiers admettent en général que pour teindre les filés uniformément et bien régulièrement il faut éviter les opérations à sec; la fixation et le développement des mordants ou des couleurs à la suite d’étendages donnent toujours lieu à des difficultés que ne présente jamais une teinture faite en passant, successivement sans dessication, les fils d’un bain dans un autre. Il est inutile d’insister sur ce fait, car on comprend bien aisément que lorsqu’il s’agit de teindre de fortes parties de coton filé, l’intérieur des matteaux se trouve moins exposé à l’air que l’extérieur, et par conséquent que si le développement de la culeur estdûà l’action de l’air, il y a beaucoup de chance pour que, malgré l’habileté del'opérateur, l’on ait des inégalités dans la la teinture. Au contraire, lorsque l’on plonge successivement les fils dans les bains où ils sont uniformément mouillés et en contact avec le mordant et la matière colorante, il y a beaucoup moins de chance d’avoir ces in-galités. sb (sislluanOsleJbos
- Dans le cas particulier du noir d’aniline, les inconvénients des procédés à sec ont été signalés depuis longtemps, et je ne crois pas qu’on puisse jamais les éviter complètement.
- D’autre part, le noir d’aniline étant et devant être absolument insoluble, ne peut être fixé comme une autre matière colorante ; il doit se former à la place qu’il occupera définitivement. Mélanger avec un sel d’aniline des agents oxydants capables de produire le noir et plonger les fils dans un pareil bain en les y manœuvrant jusqu’au développement de la couleur, ne peut donner de bons résultats parce que le noir ne se fixe pas ainsi sur la
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- fibre ; il reste en suspension dans le liquide. Mordancer la fibre avec un agent oxydant soluble, occasionne également le développement de la couleur dans le bain, et par conséquent des pertes considérables.
- J’ai pensé qu’une seule voie restait ouverte à la teinture du noir d’aniline : fixer un sel d’aniline à l’état insoluble sur la fibre, et passer ensuite dans un bain oxydant ; ou, inversement, fixer sur la fibre un oxydant insoluble et passer ensuite dans un sel d’aniline. Le second moyen seul donne des résultats utiles, et en pratique il se résume en ceci : fixer sur les fibres des substances insolubles riches en oxygène ou en chlore, susceptibles d’une décomposition facile, et ne pouvant, en se répandant dans le bain de teinture, y décomposer en pure perte les sels d’alcaloïdes dont ce bain est chargé. Les agents oxydants que j’ai indiqués sont les oxydes supérieurs du manganèse, le bioxyde de plomb, le chlo-ryte.de plomb, etc.
- Le bioxyde de manganèse a spécialement appelé mon attention.
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- FIXATION DU MORDANT.
- Le procédé le plus simple pour fixer du manganèse sur coton, laine ou soie, consiste à plonger ces fibres dans une solution deman-ganate ou de permanganate alcalin ; malheu-reusement le prix de revient de ces deux pro-dui's est relativement élevé, et provisoirement il faut y renoncer.
- J’ai donc eu recours à l’ancien procédé de bistre, qui consiste à plonger les fibres recouvertes d’un sel de manganèse (chlorure, acétate ou sulfate) dans de la soude caustique et à oxyder par le chlorure de chaux, le protoxyde ainsi fixé. Pour avoir un noir intense, il faut mordancer en chlorure de manganèse à 40° B., manœuvrer le coton pendant une heure dans ce bain ; bien tordre ; puis, sans laver, passer à l'ébullition dans de la soude à 12 B., tenaùt de la chaux en suspension; il est nécessaire de prendre une solution alcaline aussi concentrée, quoiqu’elle dissolve un peu de mordant, parce que si la fibre n’est pas immédiatement saisie et l’oxyde emprisonné, le sel de manganèse qui est, comme on le sait, extrêmement soluble, se répand dans le bain et occasionne des pertes. — On peut; au lien
- d’opérer à l'ébullition, faire le passage alcalin à froid ; l'oxydation ultérieure du manganèse est plus rapide.
- Après la fixation de l’oxyde, on lave à grande eau et on passe en chlorure de chaux tiède, en réglant la proportion de cet agent de manière à ce qu’il ne se trouve jamais en grand excès, ce qui pourrait altérer la fibre; le mieux est d’ajouter le chlore peu à peu, jusqu’à ce que le bistre ait atteint toute son intensité.
- Il semble à première vue que ce procédé, qui n’a d'ailleurs rien de neuf, soit très pratique, et cependant les difficultés qu’il a rencontrées ont été la cause essentielle de l’abandon de la teinture en manganèse ; le passage en soude concentrée rebute les ouvriers, de plus, il peluche le coton; l’oxydation est assez délicate, car il importe, avant tout, de ne pas altérer là fibre. Somme toute, si chaque opération est simple, l’ensemble nécessite des précautions que les teinturiers en fils n’ont pas l’habitude de prendre. Cela est si vrai que chaque fois que l’industrie de la toile peinte a essayé mon procédé, les résultats ont été très bons. M. Camille Koechlin a bien voulu m’aider dans mes recherches; il n’est que juste que je le remercie ici de son bienveillant concours.
- A plusieurs reprises j’ai cherché à modifier les conditions de fixation du bistre ; je ne mentionnerai qu’un seul résultat assez re-marquable; un fil ou un tissu recouvert de manganèse et plongé dans une chambre remplie d’ammoniaque gazeuse est à sa sortie brun foncé, le protoxyde de manganèse se transformant, paraît-il, très aisément en oxydes supérieurs dans ces conditions.
- TEINIURE.
- Les fils chargés de bistre foncés et bien lavés pour éliminer tout ce qui ne serait pas combiné à la fibre, sont plongés dans une dissolution acide et froide d’aniline ; la tein-ture se fait instantanément; dès que le bistre se trouve en contact avec le sel d’aniline, la réaction a lieu ; le bioxyde de manganèse oxyde l’aniline, et le noir formé prend la place du composé métallique ; après une ou deux minutes l’opération est finie (on peut
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- cependant sans inconvénient rester une demi-heure ou une heure dans le bain).
- Les proportions qu’il convient d’employer sont variables selon l'intensité du noir qu’on veut'obtenir ; mais il importe toujours d’em-ployer un grand excès d’acide par rapport à l’aniline; ainsi pour 10 ou 20 grammes d’ani-line par litre, il faut employer 60 grammes d’acidesulfuriquein 1 1199 91 "eY2 S j Pour 50 grammes d’aniline par litre, il faut 150 grammes environ d’acide sulfuri-que--cus +aq i.uA ta 9a oviom sJ Il ne faut pas dépasser certaines limites d’acide, parce que le mordant serait attaqué.
- L’acide sulfurique peut être remplacé par d’autres acides minéraux, l’acide chlorhydrique, arsenique, etc.
- Au sortir du bain de teinture, le coton est bien lavé et passé dans un bain alcalin bouillant (savon ou soude) pour enlever les dernières traces d’acide et donner au noir toute sa beauté.
- AVIVAGE.
- On peut modifier les nuances obtenues après teinture, ou en augmenter l’intensité au moyen de divers agents; ce fait me paraît assez curieux ; il semble indiquer qu’au moment où le bioxyde de manganèse a terminé son action, la matière colorante produite, et qui possède toutes les propriétés du noir, est néanmoins encore dans un état intermédiaire, et qu’une oxydation ultérieure soit utile pour l’amener à son état définitif. o8tlu o 1Eq ) xiom (
- Le bichromate de potasse à A gramme par litre,iles sels de cuivre, de chrome ou de mercure, et surtout le. mélange de chlorate depo-tasse, sel de cuivre et sel ammoniac (1 gram. de chaque substance par litre), augmentent notablement l’intensité du noir,b
- Ce passage doit être fait après le lavage qui suit la teinture, et prolongé pendant une de-mi-heure à l’ébullition. On le fait suivre d’un lavage à l’eau et d’un bouillon au savon.
- Le procédé que je viens de décrire donne des noirs fort beaux, absolument solides s il ne fatigue pas la fibre; il est prompt.
- Mais à côté de ces avantages se trouvent les inconvénients que,jai signalés, à propos du mordançage, et cet autre dont je n’ai pas en
- core parlé.; le noir décharge toujours un peu au frottement. r’up eustiom ob a io7s alnstslib
- J’indique ici quelques-uns des articles que mon procédé, appliqué à l’industrie des toiles peintes, permet de réaliser ivoqs n aliorb
- 1° Fonds noirs unis;,; ns ns9tsY eb uo on 29 Gris par l’emploi de mordants moins forts /que pour noir 0 ozoqaib uaais nb HJ9^£1
- 3° Fonds noirs avec effets de rongeants, avec toutes couleurs; i8ibqxs‘lsro‘
- 4° Impressions en noir, associés au gris ou à toutes autres nuances capables de résister aux opérations ci-dessus indiquéessAfer, chrome, cuivre, indigo, cachou, etc.) b Tue 91p enp
- 5° Articles dérivés de l’application de l’indigo et du noir, double bleus, fond bleu, avec enlevage-blanc et impression noire.
- La nature dé l’alcaloïde, employé dans le bois de teinture, est d’une importance capitale pour la réussite du noir ; l’aniline pure donne, seule, un noir très-beau et très-intense ;
- La toluidine donne un gris bleuté ;
- La méthylaniline un noir violet;
- La naphtylamine un brun violacé, etc.
- Les différences de nuances produites parl’a-niline et la toluidine sont telles, qu’il est permis de recommander ce procédé comme moyen de juger la valeur comparative des anilines du commerce; dans ce but, on emploierait des tissus imprimés en deux ou trois tons de manganèse, comme on emploie des tissus préparés pour les essais de garance, et on teindrait le produit à essayer comparativement à des types connus.
- (Société Chimique.)
- , ada[b‘ ISmI evJo 108 XISSOTOm 889 891
- 0l CYLINDRACPEYNOfeAGROM aenoo 00 n 07OFDES ETOFFESn to 1
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- , e, .ar* Ce., ). Ad-5 nnni 1U3: -31121.090 211V. 913- t—PAhYN _ v
- En passant les étoffes doublées entre les.cylindres de la machine, on ne peut être certain, avons-nous dit, d’obtenir une moire,déterminée celle qui, dans tous les cas se produit de préférence est la moire française-sasd el enp
- Nous avons indiqué comment on dispose le tissu pour la production des autres genres, de moires, mais, en outre, les cylindreurs de ! profession ont quelques tours de main à l’aide
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- desquels ils arrivent presqu’à coup sûr aux différents effets de moirage qu’ils doivent exécuter; ainsi pendant que le tissu passe dans la machine, ils le retiennent dans différents endroits en appuyant dessus une sorte de peigne ou de rateau en hois ou en cuir qui, produisant des tensions inégales sur toute la largeur du tissu, dispose certaines parties à des pressions de sens variables, et lorsque l’on a l’expérience de ce travail, on peut presque dessiner la moire que l’on veut obtenir. Ce travail'ne s’exécute facilement que sur des coupons assez larges, c’est pourquoi on remarque que sur des robes faites en moire antique,
- Les étoffes ainsi moirées ont toujours une face lisse; celle qui était dans l’intérieur du doublage a, seule, reçu le moirage; les tissus neufs sont cependant moirés sur les deux faces ; on obtient ce résultat en plaçant l’objet entre deux autres semblables, de façon à ce que l’étoffe soit triplée pendant son passage au cylindre : celle du milieu sort moirée des deux côtés; on a pour cet usage des pièces ou rubans sacrifiés, qui servent de doubliers.
- La moire se fait aussi par gaufrage entre des rouleaux gravés, et alors on peut la produire sur toutes espèces de tissus et de pa-
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- Fig. 9. — Machine à moirer par gaufrage.
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- les petits morceaux sont souvent mal réussis. Nous devons néanmoins répéter que lorsque l’on ne veut faire que de la moire à colonnes, il n’est pas utile d’user de ces moyens, et que par le fait seul du passage à la machine de l’étoffe doublée, cette moire s’obtient; il faut ajouter que pour les rubans, dont la largeur ne permet pas ordinairement de distinguer les genres de moirés, il n’y a aucune précaution à prendre, et qu’on laisse se former telle moire que le hasard détermine.
- Pendant le passage au cylindre, l’étoffe doublée doit être maintenue par quelques points de couturé, afin que les deux parties ne se déplacent pas pendant le cylindrage.
- piers, et le dessin est toujours certain et identique puisque c’est celui de la gravure.
- La figure 9 représente la machine employée pour ce gaufrage; on y retrouve la principale disposition de l’appareil à cylindrer, c'est-à-dire les trois cylindres superposés, mais celui du milieu qui porte la gravure proprement dite n’est plus en fer, il est en cuivre ; il se chauffe aussi, soit à l’aide de boulons, soit par le gaz ou la vapeur; les autres rouleaux sont en un métal blanc qui porte la contrepartie de la gravure du canon, que l’on y a imprimée à l’aide de cette gravure elle-même; cette machine exigeant bien moins de pression que le cylindre, ne comporte pas l’emploi de
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- contre-poids à leviers, et cette pression se donne simplement par deux vis à volants appuyant sur les coussinets des cylindres.
- Il devient très-facile de comprendre le jeu de cette machine ; il suffit, en effet, d’y faire passer des étoffes ou papiers, après avoir chauffé le cylindre du milieu.
- Au lieu de ces machines dont la moire est accusée par un relief quelquefois trop prononcé pour les étoffes, on peut se servir d’une autre qui tient le milieu entre celle-ci et les cylindres lisses ; ce sont ces derniers tels que nous les avons décrits, dont on grave très-faiblement le canon ; cette gravure est plutôt un dépolissage aux parties dessinées, qu’une gravure en creux ; les cylindres de papier restent intacts.
- Si faible que soit cette gravure, elle suffit cependant à imprimer son dessin sur les étoffes de soie, maison est astreint à ne faire toujours que le même sujet, à moins que l’on ait des cylindres de rechange, et il faut reconnaître que les cylindres gravés, en général, sont peu en usage pour le moirage des tissus, les moireurs de profession ne se servent, d’ailleurs, exclusivement que des cylindres lisses.
- F. Gouillon.
- VERT HORIZON
- Le bleu de nuages dont nous avons montré un type dans notre précédent numéro, se porte beaucoup aussi avec un reflet plus vert encore, qui en fait un véritable vert, auquel on a donné le nom de Vert Horizon ; c’est la teinte du type ci-dessus.
- Ces deux nuances, avec les tons intermédiaires qu’on peut y intercaler, c’est-à-dire se rapprochant plus ou moins de l’un ou de l’autre, sont presque les seules teintes claires
- que l’on porte en ce moment, et l’on peut dire qu’elles ont un grand succès. Le vert, comme nouveau venu, sera vraisemblablement peu à peu substitué au bleu et régnera seul; mais aujourd’hui ils jouissent d’une fa-vear égale.
- Les verts d’aniline à l’iode, sans addit'on de couleur jaune, produisent facilement cette nuance, en teignant très-clair (1).
- Toute teinture donnant un vert clair bleuté, peut, d’ailleurs, produire le même résultat.
- TEINTURE DE LA SOIE EN ÉCHEVEAUX par M. de VINANT. (Suite).
- fuchsine.
- Aviver le bain d’eau pure à l’acide tar-trique. verser la dissolution colorante et teindre à froid. Donner un avivage après teinture. Pour avoir une nuance violacée, donner un avivage après teinture. Pour avoir une nuance violacée, donner un fond avec le violet Hof-mann ou le'violet rouge, suivant la teinte demandée et finir la teinture en fuchsine. On peut teiudre dans un bain mélangé de fuchsine et de violet Hoffmann, mais ce moyen ne donne pas d’aussi bons résultats.
- Pour avoir une nuance plus jaune et se rapprocher du ponceau, teindre d’abord la soie en jaune et la passer ensuite dans un bain de fuchsine. vivsa colanid DOHETRFo.
- BLEUS DE LYON.
- Aviver le bain d’eau froide, à l’acide sulfurique. Donner cinq ou six lisses aux soies. Verser la matière colorante dans le bain et en plusieurs fois, à mesure qu’on avance la teinture.
- (1) A propos du bleu de nuages, l’article de notre précédent numéro dit : » On obtient cette nuance à reflet vert à l’aide des plus beaux bleus d’aniline...> Cette phrase est intervertie et doit être ainsi rétablie : On obtient cette nuance à l’aide des plus beaux bleus d’aniline à reflet vert.
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- y
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Commencer à teindre à froid ; porter le bain à l’ébullition, afin de faire trancher la couleur. Aviver bouillant ; savonner, rincer et donner un léger avivage à froid, à l’acide sulfurique, pour mettre sécher.
- Bleus solubles. — Même teinture que pour les précédents, mais sans savonnage. Les bleus solubles à l’eau sont ceux qui conviennent le mieux à la teinture du chiffonnage, parce que les crssures de l’étoffe ne se distinguent pas comme cela a lieu avec les bleus solubles à l’alcool.
- 1 •
- BLEU D’ANILINE TEINT AU SAVON.
- 5 kil. soie ;
- Eau.
- Teindre à 70° de chaleur avec :
- 500 gr. acide sulfurique;
- 100 gr. dissolution de savon blanc;
- Agitez très-bien ; ajoutez en quatre fois : 50 gr bleu dissous préalablemeni à l’eau.
- Teindre; après lavez, avivez à l’acide sulfurique ; rincez et séchez.
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- VIOLETS.
- Aviver très légèrement le bain d’eau pure à l’acide sulfurique et y passer les soies. Commencer à teindre à froid ; en faisant plusieurs ponchons. (Ponchon regarnir un peu le bain de teinture.)
- Elever la température jusqu’à l'ébullition pour unir la nuance (le bleu de la nuance monte à l’ébullition). Si la nuance obtenue est trop,bleue, il suffit de promener les soies sur le bain refroidi. st je onlei as
- Donner un ou plusieurs avivages à l'acide sulfurique, en se rappelant que la chaleur fait bleuter et par conséquent tomber le rouge.
- C’est avec le violet que se font toutes les nuances de blanc et de gris.
- Violet Hoffmannet Hoffmann lumière. — Teinture etaviyage comme avec la fuchsine.
- On obtient des teintes plus ou moins bleues en chauffant plus ou moins et en employant plus ou moins d’acide.
- L'acide sulfurique fait bleuter plus que l’acide tartrique, mais il ne faut l’employer qu’avec précaution pour ne pas rendre la nuance grise.
- k
- VERT LUMIÈRE. abioq-91
- 100 gr. fuchsine Æ, gros cristaux.
- 200 gr. alcool à 92° dans un ballon de la capacité de trois litres. i
- Après la dissolution, ajoutez petit à petit: 300 gr. acide sulfurique à 66’..
- Laissez refroidir, puis y verser petit à petit: 500 gr. lactéine.
- Après, mettre au bain marie, chauffer un peu, surveiller attentivement la réaction, arrêter l’opération au moment qu’une goutte prise dans le ballon et mise dans de l’eau acidulée d’acide sulfurique donne une belle cou-leur bleu d’indigo.
- Pour séparer le goudron de la matière colorante verte, vous versez la liqueur chaude sur du sable blanc très propre, vous agitez une demi-heure et vous filtrez par un calicot, ensuite vous épuisez la matière colorante adhérente au filtre avec de l'eau bouillante. 1
- Vous filtrez encore une ou deux fois, après vous évaporez la liqueur en vase clos pour la concentrer jusqu’à cristallisation, si vous désirez. iom SI luoq eysen no neq
- Vous teignez à chaud avec addition d’acide et vous obtenez un très joli vert. Si vous voulez la nuance plus jaune, ajoutez à votre biin de teinture, de l’acide picrique. Rincer après teinture la soie en flottes, l’aviver au jus de citron ou à l’acide tartrique. Sécher sur avivage.
- V( A.On iJd / BLEU DE FRANCE.
- Bain n° 1.
- 600 litres d’eau chaude à 50 ou 60°; 9 kilog. nitrate de fer de 50 à 60° ; 1 kilog. 650 gr. sel d’étain.
- Donner 9 lisses, très bien laver.1
- Bain n° 2.
- 600 litres d’eau chaude à 50 ou 60° ; 2 kilog. 050 gr. prussiate de. potasse ;
- 1 kilog. 050 gr. acide sulfurique.
- 118 Donner 9 lisses, et sans rincer, repasser dans le bain n°4 9 lisses.; apres très bien la-ver ; donner 9 lisses dans le bain n° 2.
- Ajoutez alors au bain n° 1 une addition de : 2 kilog. nitrate de fer 34° ; 0D
- 640 gr. sel d’étain.
- Donner 9 lisses, ensuite très bien rincer et donner 9 lisses dans le bain 102-
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- Après avoir ajouté une addition de :
- 725 gr. prussiate ;
- 1 kil. 020 gr. acide sulfurique.
- Donner 9 lisses, laver, tordre, les mettre en tas, les couvrir 5 à 6 heures, les rincer, aviver et sécher à l’air.
- Au plus de passages que vous donnez dans chaque bain, au plus votre bain sera foncé.
- Pour teindre la soie, il faut pour les 8 kil. nitrate, ajouter 500 gr. acide sulfurique.
- Pour 400 mètres de soie, employez les mêmes quantités d’ingrédients, et mettez 2,400 litres d’eau en ne mettant que 8 kilog. nitrate de fer. Après chaque passage faites une addition des sels. *
- Pour la laine et soie, teindre celle-ci, la première, à 25 ou 30°.
- (A suivre).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- MÉTHODE POUR L’EXAMEN CHIMIQUE des
- MORDANTS DE FER DU COMMERCE par M. H. VOHL
- L’emploi du sulfate de fer dans la teinture en soie et en coton est actuellement très-étendu; cependant certaines substances que renferme parfois le mordant à raison de son mode de préparation, peuvent dans cet emploi intervenir d’une manière fâcheuse, et dans,beaucoup de cas donner lieu à des pertes sensibles. Ce sont, tout particulièrement, les oxydes de l’azote, l’acide azoteux et l'acide azotique, ainsi que la présence du protoxyde de fer ou du chlore (acide chlorydrique), qui peuvent compromettre le succès des opérations et celles dont il est ici question. Il est donc d'une grande importance pour l’industrie de la teinture de pouvoir s’assurer de la présence ou de l'absence de ces substances aussi bien que de déterminer leur proportion.
- Pour démontrer la présence des oxydes de l’azote, c'est-a-dire les acides azoteux et azotique, etc., dans le mordant de fer et les doser quantitativement, j’ai mis en pratique la méthode suivante dont les résultats ont été très-satisfaisants.
- Avant tout, il convient de s’assurer si la substance examinée renferme du chlore, et dans ce cas, il faut d’abord éliminer ce chlore. On y parvient par une addition de sulfate d’argent, quand il ne s’agit pas de doser l’acide sulfurique. Le chlorure d’argent précipité est lavé avec de l’eau, reçu sur un filtre, séché à 100° et pesé. A 100 parties de chlorure d’argent correspondent 21,724 parties de chlore.
- A la liqueur qui, dès l’origine, ne contenait pas de chlore, ou bien qui a été débarrassée de ce corps par la manipulation précédente, on ajoute pour doser l’acide azoteux et l’acide azotique, de la baryte caustique (hydrate de baryte) , jusqu’à ce qu’il se manifeste ure forte réaction alcaline; on précipite ainsi tout le fer ainsi que l’acide sulfurique qui étaient contenus dans la liqueur. Si le précipité ne présente pas une couleur pure, brime ou jaune-brun, on peut en conclure avec certitude qu’il y a présence du protoxyde de fer, qui alors a besoin d’être dosé dans une portion du liquide qu’on lève.
- Après que le mélange a digéré à 100° pendant quelques heures et que le précipité a pris un aspect compact grenu, on le filtre et on le lave à l’eau distillée bouillante jusqu’à ce que le liquide qui filtre ne représente plus la moindre réaction qui trahisse la présence de la baryte. Ce liquide filtré et toutes les eaux de lavage sont, immédiatementou après leur évaporation au bain-marie jusqu’à la moitié de leur volume, traités à chaud par un courant d’acide carbonique lavé, tant qu’il se forme un précipité de carbonate de baryte, puis on filtre et on lave le précipité à l’eau chaude. La liqueur filtrée, lorsque le mordant reuferme surtout des acides azoteux ou azotique, contient ceux ci sous la forme d'un sel correspondant de baryte. J -1009
- Après avoir concentré la liqueur filtrée avec les eaux de lavage à un volume déterminé, par exemple 100 centim.cubes, on traite pour le dosage qualificatif 5 à 10 centim. cubes de ces liquides de la manière que voici : A une portion tarée avec soin, on additionne de la colle d’amidon et après avoir ajouté quelques gouttes d'une solution d’iodure de potassium complètement exemptad'iode et d’acide iodi-que, on aiguise la liqueur avec de l’acide sul-
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- furique chimiquement pur et étendu. Dans le cas où il y a présence de l’acide azoteux, on voit se former aussitôt le précipité bleu qui caractérise l’iodure d’amidon. S’il n’y a présence que de quelques traces d’acide, la liqueur ne se colore qu’en bleu clair ou en bleu violet clair. Si cette réaction ne se développe pas, on introduit dans le mélange du zinc métallique pur, ou dans le cas où il y a présence de l’acide azotique, il s’opère une réduction de cet acide qui, en se transformant en acide azoteux, donne lieu à la précipitation de l’iodure bleu d’amidon.
- Afin de s’assurer si les deux acides sont simultanément présents, on évapore 5 ou 10 centim. cubes de la liqueur au bain-marie, et jusqu’à siccité et on traite le résidu par l’alcool absolu. L’azotate de baryte est absolument insoluble dans ce dissolvant, tandis que l’azotite de cette base se dissout aisément dans l’alcool absolu.
- Pour le dosage quantitatif, on prend une partie aliquote de la liqueur qui contient le sel de baryte et on dose par une addition d’acide sulfurique toute la proportion de baryte (s’il n’y a présence que d’acide azotique), on recueille sur un filtre le sulfate de baryte qui s’est formé et on détermine son poids après des lavages et l’avoir calciné. Au moyen du sulfate de baryte obtenu, on calcule l’acide azotique qui était présent; 100 parties de sulfate de baryte correspondent à environ 46,4 d’acide azotique. Si la liqueur, indépendamment de l’acide azotique, renferme encore de l’acide azoteux, il faut faire deux dosages; d’abord déterminer la totalité de la proportion de la baryte à l’état de sulfate de baryte, puis évaporer à siccité au bain-marie, une autre portion aliquote de la liqueur examinée, et enfin épuiser complètement le résidu par l’alcool. L’azotate de baryte qui reste alors sur le filtre, est repris par l’eau et la baryte y est dosée à l’état de sulfate. La différence entre le dosage total de la baryte et ce dernier donne la quantité de sulfate de baryte qui correspond à l’azotite de baryte. 100 parties en poids de sulfate de baryte représentent 32,6 d’acide azoteux. ' ,
- il est bien entendu qu’au dosage au poids de la baryte, on peut substituer le titrage.
- Pour doser le protoxyde de fer, dans le
- mordant, on y ajoute, après l’avoir étendu avec de l’eau distillée, du carbonnate de chaux récemment précipité (on ne peut pas employer du carbonate de baryte). Cette opération se fait dans un matras qui doit être pourvu d’un conduit à gaz à deux branches débouchant sous le’mercure, afin que l’oxygène de l’air n’exerce aucune influence sur le sel de protoxyde de fer. Cette opération ne peut pas se faire à chaud, parce qu’autrement une portion du protoxyde de fer se précipiterait à l’état d’oxyde.
- Dès qu’il ne se dégage plus d’acide carbonique et que la liqueur est devenue claire, on la filtre hors du contactée l’air et on lave le précipité avec de l’eau distillée bouillie et froide. On réunit à la liqueur toutes les eaux de lavage, on y ajoute de l’acide chlorydrique et on porte à l’ébullition avec addition de chlorate de potasse. On y verse alors une solution de sel ammoniac et on y précipite l’oxyde de fer par l’ammoniaque caustique. De la proportion de l’oxyde de fer, on conclut celle du protoxyde.HD VSMAXaJ AU0A 3(OHTAM.
- Des analyses exécutées par cette méthode ont donné dans l’examen de deux échantillons de mordant de fer.
- N° 1 N° II
- Poids spécifique+à 15° R. 1500 1.51
- Protoxyde de fer.......2.9620 pas de traces Acide azotique......... 0.8638 0.3460
- Acide azoteux ......... pas de traces 0.0110 Chlore ................pas de traces traces
- M. G. Lenssen a trouvé dans des mordants d’azotate de fer du commerce qui présentaient un poids spécifique normal de 1,525, la composition suivante :
- N°I N°II N° III Protoxyde de fer.... 0,4 » »
- Acide chlorhydrique. 0,9 3,96 1,68
- Acide azotique....... » 2,18 1,12
- Comme ces mordants sont employés pour donner du poids à la soie, on conçoit que la présence des acides azoteux et azotique, celle de protoxyde de fer, etc,, peuvent avoir une influence très-fâcheuse sur la conservation des tissus. Le protoxyde de fer attaque même la fibre du coton.
- {Mus ter Zeitung.)
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- PROCÉDÉ PERFECTIONNÉ
- POUR OBTENIR DE L'ANTHRACÉNE
- Par M. F. VERSMANN.
- L'anthracène est un carbure d’hydrogène, sans aucun usage jusqu’à ces dernières années, il a acquis subitemeut une importance commerciale, et depuis qu’on a commencé à l'employer à la fabrication de Yalizarine artificielle.
- Lorsqu’on distille du goudron de houille, il reste dans la cornue un résidu qui est de la poix. Or, jusqu’à présent on croyait que, par le procédé en usage, on extrayait du goudron de houille tout l’anthracène qu’il pouvait donner. Mais MM. Fonner et Versmann découvrirent qu’on peut obtenir une quantité beaucoup plus grande, si l’on pousse la distillation en augmentant la température jusqu’à ce que la poix, restée dans la cornue, soit complètement détruite et changée en coke. MM. Fenner et Versmann ont fait patenter leur procédé aux États-Unis et en Europe, comme une opération spéciale pour laquelle on extrait l’anthracène de la poix laissée comme résidu, inutilisée par le procédé ancien. Combiné avec ce dernier, le nouveau procédé accroît donc considérablement et d’une manière très-économique la production de l’anthracème.
- Le produit obtenu par les deux méthodes précédentes est mélangé d’une quantité notable d’huile lourde, dont on s’affranchit comme nous l’avons déjà dit, par filtration et compression.
- Le pain plus ou moins sec, coloré en jaune verdâtre, qui en résulte, renferme 30 à 50 pour 100 d'anthracène pur; il forme l’article ordinaire du commerce et le prix en est réglé suivant la quantité de substance pur qu’il contient.
- Bien filtré et égoutté, l’anthracène doit être soumis, d’abord à froid, ensuite à chaud, à une compression aussi forte que possible sous une machine hydraulique. On le réduit alors en poudre, ce qui se fait facilement si l’anthracène a été bien exprimé, on le passe à travers un tamis, et on le traite par de l’esprit de pétrole dont le point d’ébullition est
- entre 70 et 90° cent.; après ce lavage, on peut encore exprimer une fois la matière.
- Le rendement moyen de la distillation du goudron est de 1/2 pour 100 de celui-ci, tandis que le procédé Fenner et Versmann donne 2 pour 400 de la poix.
- La distillation de cette dernière donne en outre un produit secondaire d’une grande valeur ; c’est un coke très-dense et exempt de soufre qui est très-précieux comme corps réfractaire, car il résiste aux chalumeaux les plus intenses. llnevnooaSl ohibomis sruoq
- Le nouveau procédé de fabrication a donc une très-grande importance car il donne cinq fois plus d’anthracène qu’on en obtenait avant lui.
- LES SUCRES COLORÉS.
- Il y a quelques mois, M. le Dr Endemann, chimiste à l’administration de la salubrité publique à New-Yorck, a fait l’analyse d’un grand nombre des sucres colorés vendus par les confiseurs de cette ville. Les rouges étaient colorés au moyen de carmin ou de rouge d’aniline (tous deux inoffensifs). Les bleus devaient leur coloration, soit à l’outremer, soit au bleu de Prusse (également sans influence nuisible sur l’organisme). Les jaunes contenaient du safran, du chromate de plomb, du chromate de baryte, du chromate de chaux, de la gomme-gutte ou des couleurs végétales. Sur dix échantillons cinq étaient colorés au moyen du chromate de plomb, et un moyen de la gomme-gutte (tous deux poisons). Leurs sucres verts analysés par le Dr Endemann étaient tous inoffensifs.
- Le sucre d’amidon, ou sirop de glucose entre souvent dans la composition de ces friandises, et l’amidon y est fréquemment substitué à la gomme arabique. Dans deux échantillons, l’analyse a révélé la présence du plâtre, trois et six pour cent ; ce sont là les seules substances inorganiques qui aient été trouvées.
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- T.
- LE MONITEUR DG LAATBINTURE
- NOUVELLES
- Démission DEM. THIERS. — La démission de M. le Président de la République n’est pas seulement un acte politique, c’est aussi un fait économique et industriel qui interesse vivement nos industries.
- En ce moment que des négociations très avancées sont entamées pour la réalisation de traités de commerce avec l’Angleterre et la Belgique, l’influence d’un gouvernement moins protectionniste que celui de M. Thiers pourra en modifier les conventions, et on sait quelle est l’importance de cette question dans nos spécialités.
- Nous ne pouvons, par cette occasion, résister au désir d’exprimer à cet illustre homme d’Etat, à ce grand citoyen, notre reconnaissance pour les services hors ligne qu’il a rendus à notre patrie pendant la période si difficile de son administration, et pour la sagesse, la fermeté et le libéralisme qui a présidé à son gouvernement. F. G.
- ALIZNRINE artificielle. — Aux fabriques d’alizarine artificielle que nous avons annoncées comme étant en activité ou en voie d’installation, nous de vous ajouter celle de M. Gei-gy, de Bâle, qui entreprend aussi cette fabrication. *
- M. Geigy est déjà bien connu comme fabricant de produits colorants en général, et surtout de couleurs d’aniline ; il y ajoute, en ce moment, celle de l'alizarine et de purpurine artificielle par des moyens, paraît-il, différents de ceux déjà en usage, mais en se servant toujours de l’anthracène comme base de ces couleurs.
- Teinturiers en soie. — Les ouvriers de cette industrie à Paris se sont décidément constitués en association syndicale, ainsi que nous en avions annoncé le projet dans notre numéro du 20 mars (page 72).
- Dans la récente réunion qui a eu lieu à ce sujet, ils n’ont pris aucune décision importante ; ils se sont seulement occupés d’envoyer des délégués à l’Exposition de Vienne.
- Propriété des dessins de fabrique. — Le tribunal de commerce de Lyon a rendu un jugement, confirmé par la Gour d’appel, que les imprimeurs sur tissus, spécialement, ont intérêt à connaître, et dont nous reproduisons ci-dessous les parties principales, qui en indiquent suffisamment les circonstances :
- « Attendu que S... et Cie ont fait au secrétariat du conseil des prud’hommes de Saint-Etienne, afin de s’en assurer la propriété, le
- dépôt d’un article de rubans, dessin qu’ils ont dit être de leur invention ..
- « Attendu, à la vérité, que le lendemain du dépôt, B... et U..., en chargeant S... et Cie de fabriquer pour leur compte une certaine quantité de pièces de rubans de diverses nuances, ont déclaré qu’ils entendaient se réserver exclusivement le dessin de cette fabrication, de façon qu’il ne pût être produit par aucune autre maison; que, par conséquent, et à titre de réciprocité, ils se sont engagés implicitement eux-mêmes, à ne pas faire, fabriquer ailleurs, de manière à faire profiter S... et Cie des bénéfices qu’ils pouvaient espérer de leur invention : qu’il est évident, en effet, que ces derniers, en s’interdisant la faculté de fabriquer leur dessin pour d’autres maisons que celle de B... et U..., nel’ont fait qu’en vue de compensation qui leur était assurée en restant eux-mêmes aussi exclusivement chargés de satisfaire, à prix débattu, à toutes les commandes de B... et U..., portant sur le dessin donc il s’agit; tel est le sens qu’il faut nécessairement donner aux accords des partis ;
- « Attendu que B... et U... ont fait soutenir qu’ils étaient propriétaires dudit dessin; que s’il en eût été ainsi, il serait impossible de s’expliquer pourquoi le dépôt n’a pas été fait par eux-mêmes et en leur nom, et si un obstacle quelconque s’y opposait, pourquoi encore ils n’ont pas exigé de S... et Cie une déclaration attestant qu’ils n’agissaient que comme prête-nom...
- « Attendu que B... et U..., en faisant fabriquer ce dessin par d’autres que S... et Cie, ont méconnu la portée de leurs engagements et commis une contrefaçon qui a été de nature à causer à ces derniers un préjudice dont ils leur doivent réparation..
- « Par ces motifs, le tribunal dit que S... et Cie sont propriélaires exclusifs du dessin dont il s’agit, et condamne B... et U... à leur payer 500 fr. de dommages-intérêts, et à l’insertion du jugement. »
- Il en résulte donc que : Le dépôt d’un dessin de fabrique emporte présomption de propriété au profit du déposant, et c’est au tiers qui élève des prétentions à la propriété du même dessin, à rapporter la preuve de son affirmation.
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur^Gérant.
- Tous droits réservés.
- Faris. Typ. Turûn et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- 16e VOL., No 11.
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- I -10
- Sommaire.
- Leçons sir les matières colorantes, par M. le Dr CkAcE-CALVERT : Indigo (suitey. cashin Cuve, a • o qelra"lee"AioQenosF“aranaiëur,DE—Je.czmpeche, Pacrasaconyan-LarnAPardqslcondoyiion, chiorates, par M. Bnanot. Teinture de „ sole en éhevenaxgpars.dehoikastnkinest erénarationades
- îWIM MPMTURHHh,,™w # vhwre S '• nbrohne, par »• DekvEdk! - Blaneblment accéléré. -NQEVUELGES; — Veiviers. - Espoettion iestle à s.int-
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- Par le docteur Grâce CALVERT, (Suite)
- Ces acides transformés en sels neutres de soude, se vendent sous le nom de carmin d’indigo. On les prépare en neutralisant les sulfo-acides parle carbonate de soude. La pâte ainsi formée est jetée sur un filtre en flanelle mon té sur un châssis, afin de séparer le sulfate de soude en excès et une matière colorante verte, qui est sans nul doute de la chlorophylle modifiée. La pâte est ensuite lavée avec une solution de chlorure de sodium. Il est très remarquable que le carmin d’indigo, très soluble dans l’eau pure, soit complètement insoluble dans l’eau contenant du sulfate ou du chlorure de sodium.
- Le carmin d’indigo est surtout employé pour la teinture de la soie, parce qu’il est exempt de la matière colorante verte qui ternirait les bleus et les violets en se fixant sur la fibre en même temps que les sulfo -indigo-tates.
- Pour déterminer si le carmin a été bien lavé, c’est-à-dire si toute la couleur verte a été enlevée, on en étend une petite quantité sur un morceau de papier glacé. La matière, en séchant, prend une coloration variant du bleu pâle au violet cuivré, suivant le mode de fabrication; si elle contient de la substance verte, il se forme autour du bleu un auneau vert.
- Le carmin d'indigo de bonne qualité a pour
- composion :
- Eau.............................83
- Indigo..........................10,2
- Résidu salin...................4,8
- 100,0
- L’acide sulfo-indigotique est surtout employé pour la teinture de la laine. On ajoute au bain de teinture un peu d’alun et de crème de tartre, afin de faciliter la fixation de l’indigo sur la laine. La matière colorante verte n’est pas nuisible dans ce cas, car elle n’a aucune affinité pour la fibre de la laine.
- Le carmin d’indigo et l’acide sulfo-indigotique sont facilement décolorés par les agents réducteurs, l’hydrogène et l’hydrogène sulfuré, par exemple, mais la couleur apparaît de nouveau en les exposant à l’air parce qu’ils réabsorbent l’oxygène.
- Les composés dont nous venons de parler n’ayant aucune affinité pour les fibres végétales et ne donnant pas sur soie et sur laine des couleurs assez solides, leur emploi n’a pu devenir général; voici quelques-unes des méthodes employées pour obtenir des bleus solides d'indigo.
- Elles sont toutes basées sur le principe de la réduction de l’indigo bleu en indigo blanc, ce dernier se dissoutldans un alcali, ce qui permet de l’introduire dans les fibres du tissu. Au contact de l’air l’alcali se combine avec l’aeide carbonique, l’indigo mis en liberté absorbe l’oxygène et se transforme en indigo bleu insoluble qui se fixe sur la fibre. On applique cette méthode principalement aux fibres végétales, au lin et surtout au coton.
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- 62 C.
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
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- Cuves d’indigo.
- Il y a deux procédés employés pour teindre avec l’indigo : le procédé à chaud et le procédé à froid ; le premier est surtout appliqué pour la laine, le second pour les fibres végétales et principalement pour le coton.
- Le procédé le plus ancien et encore le plus employé pour monter dos cuves d’indigo à froid, consiste à verser dans une cuve d’eau d’environ :
- Litres.........................10,000
- Indigo pulvérisé. . . 30 kilog.
- Chaux éteinte. ... 90 — Sulfate de protoxyde de fer. . .... 60 —
- La plus grande partie de la chaux employée s’unit à l’acide sulfurique du sel de fer pour produire du sulfate de chaux, le protoxyde de fer mis en liberté s’empare de l’oxyène de l’indigo et se convertit en oxyde salin, c’est-à-dire en une combinaison de proto et de sesquioxyde de fer. L’indigo réduit se dissout dans l’excès de chaux.
- MM. R. Schloesser et Cie, de Manchester, ont découvert dans ces derniers temps un perfectionnement à la préparation des cuves d’indigo. On évite par ce nouveau procédé la production du précipité volumineux de sulfate de chaux et d’un oxyde de fer, qui par sa combinaison avec l’indigo produit une perte de matière colorante. Le bain restant plus fluide, les pièces sont moins sujettes à être tachées et l’on obtient un meilleur résultat.
- Ce procédé consiste à mélanger :
- Indigo en pâte. . . . Limaille de fer . . . Zinc réduit en poudre impalpable . . .
- Chaux vive..................
- 1
- 10 kilog.
- 15 —
- 15
- 18
- On agite de temps en temps pendant vingt-quatre heures, au bout desquelles la cuve est prête pour teindre. Si le bain ne paraît pas complètement réduit, on ajoute un peu de chaux et de zinc. D’après la théorie de ce procédé, le zinc, sous l’influence de la chaleur, décompose l’eau et se combine avec l’oxygène, tandis que l’hydrogène mis en liberté s’empare de l’indigo, le réduit et le rend soluble ' dans la chaux.
- Pour teindre le coton en bleu d’indigo, il
- suffit de le tremper pendant quelques minutes dans ces cuves d’indigo réduit, et de l’exposer ensuite à l’air. Le tissu, qui, en sortant du bain, possède une teinte verte, absorbe l’oxygène et prend une coloration bleue dont l’intensité varie selon le nombre de fois que les pièces ont été passées dans les cuves et exposées à l’air. Lorsque le coton a atteint la nuance demandée, on le fait passer dans un bain d’acide sulfurique faible, qui enlève toute la chaux libre.
- Il y a encore un autre procédé dont l’emploi, beaucoup moins fréquent maintenant, était considérable à une certaine époque. Il produit sur le tissu un bleu pâle dont la teinte rappelle celle des porcelaines de Chine, et qui lui a fait donner le nom de faïence ou faïencé. Pour l’obtenir, on imprime sur les pièces de l’indigo pulvérisé et mélangé à une petite quantité de sulfate de fer. On fait passer les toiles ainsi imprimées dans six cuves successives. Les deux premières contiennent delà chaux, la troisième du sulfate de fer, la quatrième une solution de soude caustique, la cinquième une dissolution diluée d’acide sulfurique, et la sixième de l’eau. Lorsque les pièces ont acquis la teinte bleue désirée, elles sont lavées et passées de nouveau dans de l’acide sulfurique faible, puis relavées. Les réactions chimiques qui se produisent sont les mêmes que celles qui ont lieu dans le procédé des cuves à froid.
- Pour teindre la laine, on emploie une modification de l’ancien procédé de la cuve au pastel ; l’usage du pastel étant complètement abandonné, je ne parlerai que de la méthode dans laquelle l’usage lui est substitué. Cette cuve porte le nom de cuve d’Inde. Elle se compose de 8 kilogrammes d’indigo pulvérisé que l’on ajoute à un bain contenant 3,500 grammes de son, 3,500 grammes de garance, 12 kilogrammes de potasse, et l’on maintient le tout à une température de 90 degrés pendant plusieurs heures. On laisse refroidir, une fermentation se produit. Au bout de quarante-huit heures environ, l’indigo est devenu soluble, étant réduit par la décomposition du sucre et des divers produits organiques, pendant la fermentation. Le bain doit avoir une teinte jaune verdâtre et présenter à sa surface une écume bleue cuivreuse.
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- Dans ces dernières années l’on a introduit dans l’usage de ces cuves un perfectionne-nement qui permet d’éviter l’emploi de la garance. On les prépare maintenant en ajoutant à de l’eau portée à la température de 95 degrés, 20 seaux de son, 11 kilogrammes de cristaux de soude, 3,300 grammes d’indigo et 2,300 grammes de chaux éteinte. On maintient la températion à 40 ou 30 degrés; au bout de douze heures la fermentation commence et l’indigo se dissout dans l’alcali. La préparation de ces cuves demande une grande expérience et beaucoup de soins : Si la fermentation est trop lente, l’indigo n’est pas bien réduit ; si elle est trop active, il y a une trop grande perte d’indigo.
- Les recherches du docteur Schunck, indiquent les moyens d’éviter ces pertes et expliquent pourquoi elles ont lieu. Les remarques que j’ai faites en parlant de la fabrication de l’indigo sont les mêmes dans ce cas : si la fermentation produit de l’alcool ou de l’acide acétique, il se forme le composé d’indigo non oxydable du docteur Schunck.
- ORSEILLE.
- J’appellerai maintenant votre attention sur une matière colorante découverte en 1300 par un italien nommé Federigo, qui, pendant un voyage dans le Levant, remarqua le pouvoir colorant d’une classe de plantes appelées lichens. Sous le nom d’orseille, il en introduisit l’usage à Florence, où cette découverte lui procura une immense fortune.
- Les lichens sont de petites plantes qui poussent soient sur les troncs et sur les racines des arbres, soient sur les rochers ou dans les terrains humides. On peut ranger dans cette classe les plantes qui poussent dans les régions arctiques, quoiqu’elles ne soient pas employées pour produire la matière colorante appelée orseille. Les variétés utilisées à cet effet se trouvent dans des contrées plus chaudes et surtout aux tropiques. On peut les diviser en deux classes : la première et la plus abondante pousse sur des rochers au bord de la mer et comprend les variétés roccella tinc-toria et rocella fuciformis. On les trouve aux îles Canaries, au cap Vert, en Sardaigne, mais principalement à Madagascar, au Zanzibar, à Angola et dans l’Amérique du Sud. La seconde
- comprend la variété variolaria orcina et se trouve dans l’intérieur des terres, en très-grande quantité dans les Pyrénées.
- Les lichens ne contiennent pas une matière colorante toute formée, mais des acides incolores, qui, sous l’influence de l’ammoniaque et de l’oxygène de l’air, se transforment en orseille.
- Les magnifiques couleurs violettes et mauves, que l’on obtient avec l’orseille sur la soie et sur la laine, sont très-facilement altérées sous l’influence de la lumière et des acides faibles, tels que l’acide sulfureux. M. Marnas, de Lyon, réussit, en 1856, à produire avec de l’orseille des violets et des mauves solides.
- Le procédé de M. Marnas consiste à traiter le lichen par un lait de chaux, comme l’avait indiqué le docteur Stenhouse ; dans la liqueur filtrée, on précipite le principe colorant par l’acide chlorydrique, et on le jette sur un filtre. Ce précipité bien lavé est dissout dans de l’ammoniaque caustique, et la liqueur ammoniacale est maintenue à la température de 85 à 90 degrés pendant vingt ou vingt-cinq jours. Sous l’influence de cette température prolongée et de l’action de l’air, les principes colorants du lichen s’emparent de l’ammoniaque et de l’oxygène, et se transforment en une nouvelle série de produits. Ceux-ci sont séparés du liquide, et par l’addition de chlorure de calcium , ils se précipitent sous la forme d’une laque violette magnifique, qui porte le nom de pourpre française.
- Pour teindre la soie et la laine avec la pourpre française, il suffit de mélanger celle-ci avec son poids d’acide oxalique et d’ajouter de l’eau ; on porte le tout à l’ébullition et l’on filtre. L’oxalate de chaux ainsi formé reste sur le filtre, tandis que la couleur passe au travers; on ajoute à la liqueur une quantité d’ammoniaque, et il ne reste plus qu’à plonger la soie et la laine dans ce bain pour obtenir des violets et des nuances.
- Pour teindre le coton, il faut le mordancer avec l’albumine ou le préparer comme le rouge turc, avant de le faire passer en bain de teinture.
- L’importance commerciale de l’orseille a beaucoup diminuée depuis la découverte des violets qui dérivent de l’aniline; cependant on l’emploie encore pour produire, mélangée à
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- d’autres matières colorantes, des bruns, des marrons et d’autres couleurs foncées. Son principal usage consiste à former les fonds des bleus d’indigo bon marché dans la teinture de la laine. On teint à cet effet très-légèrement en indigo (matière colorante dont le prix est très-élevé), et l’on passe ensuite en bain d'orseille, qui communique à l’étoffe une teinte violette présentant la même apparence que si l’étoffe était teinte avec des bains très-riches en in-digo.
- Le cndbéar est une préparation spéciale de l’orseille, qui fut découverte par le docteur Cuthbert Gordon, et que l’on emploie pour les mêmes usages que l’orseille.
- Le tournesol s’obtient avec les mêmes lichens que ceux que l’on emploie pour produire l’orseille. La seule différence qui existe dans la préparation consiste en l’addition de chaux et de carbonate de potasse au bain ammoniacal dont nous avons parlé. En somme, ce procédé se rapproche beaucoup de celui que l’on emploie pour produire l’orseille. Au bout de trois ou quatre semaines, la couleur bleue se développe, on ajoute alors du sulfate de chaux et l’on sèche. Le tournesol est employé pour communiquer une teinte particulière aux fromages fabriqués en Hollande et comme réactif dans les laboratoires.
- BLEU DE PRUSSE.
- Le bleu de Prusse est, de toutes les couleurs solides, une des, plus belles et des plus vives que l’on puisse obtenir. Il fut découvert par hasard, en 1710, par un fabricant de couleurs de Berlin, appelé Diesback. Le procédé par lequel on le produisait fut tenu secret jusqu’en 1724, époque à laquelle le docteur Wodward publia un procédé pour le préparer. Le procédé a reçu depuis plusieurs perfectionnements, mais je me contenterai de le décrire tel qu’il est employé maintenant.
- La meilleure qualité de bleu de Prusse s’obtient par le mélange d’une solution diluée de prussiate rouge de potasse et d’un sel de protoxyde de fer; les secondes qualités se préparent par le mélange de prussiate jaune et de pernitrate de fer. Des qualités inférieures s’obtiennent avec le prussiate jaune et le sulfate de fer (coupere-n verte) qui produisent un
- précipité d’un bleu pâle, que l’on transforme en bleu de Prusse par l’addition d'hypochlo-rite de chaux, qui non-seulement oxyde une partie du fer, mais qui convertit le protocyanure en percyanure.
- (A suivre').
- BLEUS PAR LE CAMPECHE.
- Par G. Van Laer (1).
- lre Partie CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
- Le campêche^ qu’on nomme encore bois d’Inde, bois bleu, etc., est originaire de la baie de Gampêche, en Amérique.
- Il croît dans l’Inde occidentale, au Mexique et dans la Jamaïque; il nous en arrive beaucoup de Saint-Domingue, de Honduras, de la Martinique, etc.
- Il a été introduit en Europe par les Espagnols, peu de. temps après la découverte de l’Amérique ; ils le désignaient sous le nom de polo campéchia.
- En Angleterre, on en fit usage sous le règne d’Elisabeth, mais pendant bien peu de temps, car l’emploi en fut défendu sous peine d’amendes, par suite du peu de solidité de la teinture à cette époque : il fut ordonné que tout le bois se trouvant en Angleterre seraient brûlé ; on continua cependant à en faire usage sous le nom de bois noir.
- Un siècle plus tard, c’est-à-dire sous le règne de Charles II, on parvint à rendre sa couleur plus solide, et alors son usage fut permis ; jusqu’à cette époque, les Espagnols seuls avaient exploité le bois de Gampêche.
- C’est en 1810 que le campêche fut étudié avec soin par M. Chevreul, qui en isola la ma-
- (1) Nos lecteurs connaissent V Aide-Mémoire du Teinturier, publié par M. Van Laer, et dont deux livraisons ont déjà paru. La troisième livraison était sur le point de paraître, lorsqu’un incendie est venu inopinément retarder cette publication; l’auteur veut bien, néanmoins, nous communiquer son manuscrit et nous permettre de le reproduire; c’est ainsi que nous pouvons offrir à nos lecteurs la primeur de ce travail, qui traite des bleus en général tels que ceux de campêche, d'indigo, de prussiate etc. — F. G.
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- tière caractéristique qu’il nomma lu^natine. Les savantes études de M. Chevreul furent continuées d’abord par M. Erdman et en dernier lieu par M. 0. Serre.
- Ehématine donne de belles couleurs sous T'influence simultanée des bases et ded'oxy-gène de l’air. Cette matière ne se dissout que lentement dans l’eau froide et se dissout en très-grande quantité dans l’eaü bouillante ; elle cristallise par le refroidissement.
- Lorsque Yhématine est soumise à l’influence simultanée de l’ammoniaque et de l’oxygène, elle se convertit en un corps qui a été nommé hématome, matière cristalline, d’un violet foncé, à reflets métalliques, qui se dissout dans l’eau, dans l’alcool, en donnant une liqueur colorée en brun rouge; ce corps est peu soluble dans l’éther et il le colore en un jaune sale.
- Pour se procurer Yhématéine, ilfaut dissoudre à froid de Yhématine dans l’ammoniaque et abandonner la liqueur au. contact de l'air.
- On prépare Yhématine en traitant le bois de Campêche par l’eau, et en agitant l’extrait aqueux avec de l’alcool, ou bien avec.de é-tirer, qui en enlève l'hématine.
- Un kilogramme d’extrait aqueux de campêche donne environ 125 grammes d’hématine cristallisée.
- Dans le commerce, qn trouve le campêche en bûches, en poudre, et le plug souvent haché ou râpé ; l’on trouve aussi des extraits qui ont été préparés en faisant agir simultanément la vapeur et l’eau sur le bois réduit en poudre ou en copeaux. aalgb-an aoliszblssoaeup
- L’eau chargée de colorant est ensuite évaporée à sec, ce qui constitue l’extrait de cam-pêche.eld aeb sldstpsabb ia exiiaanOT 89sT
- Chez beaucoup de teinturiers, le campêche destiné à la teinture est soumis à un traitement qui a pour but d’augmenter son pouvoir GOLORANT. inry Josloiv Htohar u inoasiq s'up
- On étale d’aLord sur le pavé d’une cave, dans laquelle l’air peut circuler facilement, une couche de campêche de 25 à 30 centimètres d'épaisseur o6 emlqqua é bvirrs inem
- On humecte cette première couche avec un arrosoir, puis on la recouvre d’une nouvelle couche qu’on mouille de la même manière.
- L’on continue de la même façon jusqu’à ce que la superposition du bois colorant ait at
- teint Ja hauteur de 1 m. 28 à 1 m. 50 d'épais-| seur-ios asb tosinos ne Jnondolq aollo'op agnor
- On abandonne ensuite la masse à elle-m@me-ovdo sb Jnabtom an 38 JaaTooo so sq La.,température s'élève rapidementet la fermentation commence. .noi
- Si l’on ne prenait soin alors d’établir un courant d'air et de déplacer de temps en temps le campêche pour éviter une trop forte température, la matière colorante se décom-poserait.sse-s3s5 - 9up insius olalebt
- Quand la température a été bien ménagée, le bois est, au bout de trois ou quatre semaines d’un beau rouge, et malgré toute l’eau qu’il renferme, son rendement en matière colorante dépasse encore de beaucoup celui qui n’a-pas été traité de cette façon.
- Les modifications éprouvées dans ces conditions, ditM. Schützenberger, Traité des Matières colorantes, se portent surtout sur les substances étrangères qui accompagnent l'héma-tine ; aussi une poudre ainsi fermentée ne salit-elle plus autant les blancs d’un tissu mordancé. Il est probable, dit-il, que dans cette circonstance les glucosides colorants sont saponifiés; de là l’augmentation du pou-voir colorant. Jas iupoosSso'I ieslqm81 lüoq Aujourd’hui le campêche est une des ma-; tières tinctoriales les plus employées dans la teinture de la soie, de la laine et du colon.
- Il donne de très-belles nuances dans les bleus, les violets, les gris et les noirs. .
- La fixité des couleurs obtenues par le campêche dépend principalement fies mordants I employés.100 anlom no &ulq anuelnos asb inem
- Je ne parlerais pas des procédés employés depuis longtemps pour la teinture des laines en bleu par le campêche, si je n’étais con-vaincu qu'aujourd'hui le plus grand nombre des teinturiers en font usage pour obtenir une quantité de nuances, et très-souvent, si ce n’est même toujours, pour le remontage des bleus de cuves. ris'I zno ariomusbn axeinsiiiet
- Les bleus de cuves doivent généralement recevoir un bain bouillant après le cuvage et le rinçage, pour la fixation de l’indigotine. (Voir les expériences de M. Chevreul. Effets du passage.à la vapeur sx^r les, diverses tein-turcs, XIe mémoire, pages 52, 74, 79, 110, tome 34*. Mémoire de l’Académie.)
- On reconnaît facilement les étoffes teintes
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- par le campêcche, par suite de la couleur rouge qu’elles prennent au contact des acides.
- Cependant les teintures bleu-violet obtenues par ce colorant et un mordant de chrome ou bien d’étain résistent assez bien à cette action.
- D’ailleurs les tissus ne sont jamais exposés que rarement à ces sortes d’épreuves.
- Il suffit, comme je l’ai déjà dit, qu’une couleur sur soie, — sur laine, — ou sur coton,— résiste autant que le tissu lui-même, pour faire autant d’usage que celle qui supporterait l’action d’un acide concentré ou d’un alcali caustique.
- Il ne faut pas oublier que nous ne sommes plus aux époques où l’on faisait usage des vêtements qui passaient à la troisième génération. Ce que l’on perd en solidité, on le gagne d’une autre façon, tellement tous les intérêts sont solidaires.
- Seulement, la science est là qui crie toujours à tous les pionniers du progrès industriel : En avant! en avant!
- C’est pour cela que, depuis longtemps, on cherche des matières colorantes bleues résis-tane aux lavages^ à la lumière, au frottement, pour remplacer l'indigoqui est d’un prix trop élevé.
- Tel produit réputé mauvais il y a cent ans, est devenu bon de nos jours.
- Transformons, transformons ; c’est la loi de la nature, et ce qui est la loi naturelle doit être la loi de l’industrie.
- On est parvenu à produire économiquement des couleurs plus ou moins comparables au point de vue de la nuance, mais il faut constater que la solidité laisse encore à désirer, surtout pour la teinture des laines appliquée aux tissus qui doivent subir l’opération du foulage dans la draperie commune, parce qu'alors on a recours aux recettes de bleus faux, ou bleus de campêche, dont beaucoup de teinturiers néanmoins ont l’air de faire grand secret.
- Nous ne chercherons pas pourquoi chaque teinturier tient à sa formule.
- Les uns ont la routine de recettes absurdes venant d’un droguiste des temps passés, ou de leurs grands ou de leurs arrière-grands père.
- C’est par exception qu’on trouve des teinturiers qui, poussés par la concurrence, vont
- puiser leurs procédés d’amélioration dans les préceptes indiscutables de la chimie industrielle ; cependant, c’est surtout en industrie que l'on peut dire : La science est tout ; hors de la science, pas de salut.
- Je vais me permettre de faire connaître, ou plutôt je passerai en revue :
- A. Les procédés empiriques du bon vieux temps;
- B. Les procédés publiés dans les principaux auteurs et praticiens, ainsi que les procédés qui nous ont fournis les meilleurs résultats.
- (La suite au prochain numéro.)
- BLEU-NOIR D’ANILINE.
- Les lecteurs du Moniteur de la Teinture connaissent le bleu-noir d’aniline à l’aide duquel on produit si facilement des bleus-marine et des teintes imitant les bleus d’indigo, et qui aussi entre avec avantage dans les mélanges, au lieu et place du carmin d’indigo, pour faire des gris, des modes et des marrons de toutes espèces.
- Cette matière colorante n’a point la solidité des bleus de cuve, mais est supérieure à ce point de vue aux bleus de carmin et de composition, et surtout aux bleus de campêche; elle offre sur ces derniers l’avantage immense que son altération, après un long usage, consiste en un affaiblissement de la teinte restant néanmoins toujours bleue, et non dans ce virage roussâtre si désagréable des bleus de campêche, après leur exposition à l’air lumineux.
- Le bleu-noir, néanmoins, conservait jusqu’à présent un reflet violacé, qui ne nuisait nullement aux teintures claires ou foncées, mais qui dans les nuances moyennes n’était .pas d’un bel effet. Le fabricant est actuellement arrivé à supprimer ce reflet, et ce produit n’est plus qu’un véritable bleu assombri ou rabattu, mais dépourvu de toutes nuances étrangères ; il donne donc des teintes nettes dans toute sa gamme, et arrive encore mieux à produire les teintures les plus demandées.
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- Bleus foncés
- Par suite de cette heureuse modification, la nuance actuelle de ce produit dans les teintes foncées est celle du type ci-dessus.
- On sait que la teinture s’opère dans un bain d’eau simple auquel on ajoute une dissolution de bleu-noir, et cette dissolution se fait en chauffant au bain-marie, ou à une douce chaleur, un mélange ainsi fait :
- Bleu-noir en poudre.. 25 gram.
- Eau ordinaire............... 1 litre.
- Acide sulfurique............ 50 —
- L’acide ne s’ajoute que lorsque la couleur est déjà en partie dissoute.
- Avec de l’acide picrique, du curcuma, des marrons et cerise d’aniline, des bois rouges, etc., on obtient toutes les teintes mode.
- Gris clairs.
- Si l’on ne teint qu’en nuance faible, dans un bain très-léger, on obtient des gris semblables à celui dont nous donnons un spécimen.
- Pour ces nuances claires, le coton peut se teindre sans mordançage ; aussi cette étoffe chaine-coton a-t-elle été teinte comme une laine pure.
- Lorsque l’on désire des teintes plus foncées, le coton doit être engallé au sumac, puis passé au sel d’étain, avant la teinture.
- NOIRS D’ANILINE ET PRÉPARATION DES CHLORATES
- Par M, G.-F. Brandt.
- Par le mélange de sulfate d’alumine et de chlorate de potasse, il se forme du chlorate d’alumine et de l’alun. Ce chlorate d’alumine peut servir à préparer les chlorates de toutes les bases qui déplacent l’alumine, y compris l’aniline.
- Le chlorate d’ammoniaque s’obtient mélangé d’un peu de sulfate dépotasse et d’ammoniaque, celui d’alumine étant mêlé d’alun.
- Le chlorate de chaux et surtout celui de baryte s’obtiennent plus purs, les sulfates de ces bases étant très peu solubles, ou insolubles.
- Le chlorate d'aniline s’obtient également presque pur, le sulfate d’aniline étant très peu soluble. Ce mode de formation est important au point de vue économique, à cause de l’emploi de ce sel pour le noir d’aniline.
- Le chlorate d’alumine est acide et peut dissoudre de l’alumine ou de la magnésie. On obtient dans ce dernier cas un mélange de chlorate de magnésie et d’alumine, qui pourra trouver de l’emploi pour plusieurs couleurs vapeur.
- On connaît aujourd’hui trois modes de préparation du noir d’aniline.
- La première, due à M. Lauth, repose sur l’emploi d’un mélange de chlorate de potasse, de chlorhydrate d’aniline, de sel ammoniac et de sulfure de cuivre. Le chlorate de potasse peut être avantageusement remplacé par des chlorates plus solubles, notamment par le chlorate de baryte.
- Le second procédé est basé sur l’emploi du tartartre d’aniline. Dans ce procédé, il se produit du chlorate d’aniline, mais il se forme dans la couleur un précipité cristallin de crème de tartre qui nuit à l’impression. En remplaçant le chlorate de potasse par le chlorate d’alumine, on pare à cet inconvénient. En outre, les sels d’alumine sont plus favorables que les sels de potasse à la formation du noir.
- Le troisième procédé emploie directement le chlorate d’aniline, mélangéde chlorhydrate.
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- On prend une. quantité de chlorate d’aniline correspondant à celle du chlorate de potasse employé dans les autres procédés. Le chlorate d'aniline se prépare par le chlorate d’alumine; et il est à remarquer qu’un excès d alumine ne nuit pas à la production du noir, ce qui arrive s’il se trouve d’autres bases en excès ; il n’est donc pas nécessaire de séparer l’alumine gélatineuse formée en même temps. Ce noir peut être employé pour tous les articles non garancés.
- La composition des noirs d’aniline est très variable, ainsi que leurs propriétés. Un noir développé en présence d’un excès d’aniline est plus solide qu’un noir de même concentration produit en présence d’un excès d’acide. Dans ce dernier cas, à part l’affaiblissement du tissu, on obtient un noir qui verdit facilement et qui ne résiste pas à l’action du chlore.
- On peut considérer le noir d’aniline comme le résultat de deux réactions distinctes : 1° décomposition du chlorate d’aniline ; 20 oxydation de sel d’aniline mélangé au chlorate.
- {Société chimique.)
- TEINTURE DE LA SOIE 1 old EN ÉCHEVEAUX
- par M. de VINANT.
- -749h se qm alo"(Swite)." 8 360109 40
- . .aniline’h ion ub noistsc
- TEINTURE CRAMOISIE A LA PHYSIQUE.
- D 101018
- Mettez vos soies en alun pendant douze heures, rincer, leur donner un fond de Sainte-Marthe.
- Ensuite, très bien tordre à la cheville ; sans rincer, vous les passez en physique rouge pour finir jusqu’à la nuance.
- Puis, tordre à la cheville et sans rincer les mettre en tàs pendant douze heures, les couvrir. Après rincer et aviver en acide sulfu-rique faible. r .
- Nitro-muriate d’étain .pour physique rouge .neinevnoon et violette. ‘bels
- 90 parties acide hydrochlorique pur ;
- 30 — acide nitrique, à 36° ; oh t Y dissoudre par kilog., petit à petit, 530 grammes étain en grenaille ; huit à dix jours après la dissolution de l’étain, vous réduisez
- à 7° avec une décoction de bois rouge à 2° ou de campêche à 2°.
- 1 n mois après, teindre après y avoir travaillé des cotons ou autres matières textiles, sans quoi les soies passées dans la dissolution avant cette opération sont ternes.
- PHYSIQUE VIOLETTE.
- B kilog. acide hydrochorique pur;
- 1 kilog. oxymuriate d’étain ;
- Faites dissoudre et versez dessus 33 litres décoction fraîche de bois de campêche à 2°.
- Agitez très bien, couvrez trois semaines.
- Après ce temps, teignez jusqu’à la nuance I voulue.u ansb s1qo‘a ainlaia) s eup Jisa 10
- Ensuite, rincez et avivez sur un très léger acide sulfurique ou hydrochorique.
- Rincez très légèrement. Jumia
- On peut obtenir le violet en ajoutant du carmin d’indigo dans le bain d'avivage. •
- Ne rincez pas après.
- Pour physique rouge, remplacez dans la ‘physique le campêche par dédoction de bois Sainte-Marthe, teignez et avivez de la même façon que le violet. 87
- PARME a L'oRSEILLE.
- Teindre à 30° chaleur avec orseille pour violet, ensuite, sans rincer, et sur un bain frais et froid de potasse caustique très faible, vous avivez votre violet jusqu’à la nuance de bleu désiré, ensuite rincez.
- RATINE.
- Donnez un bon fond de rocou et rincez après.
- Teindre à chaud dans un bain de Brésil additionné d’un peu de vinaigre, lever, tordre. Sans rincer donner 7 lisses en physique rouge. Laver, tordre à la main, mettre en tas, couvrir vos soies, les laisser revenir quelques heures, après les laver.
- Avivez au jus de citron, essorez et séchez.
- CAROUBIER.
- Donnez à votre soie un bon fond de rocou et rincez.
- Teindre à chaud dans un bain de Brésil avec un peu de vinaigre ; sans rincer ; finir sur physique violette. Donnez 9 lisses.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- t9 CO
- Tordre à la main, mettre en tas. Couvrir vos soies; laissez revenir quelques heures. Après laver, aviver au jus de citron, essorer, battre à la cheville, sécher, battre sur les perches.
- Observation. — Vous devez battre vos soies à la cheville avant que de les porter à sécher ; sur les perches vous devez les battre encore, et après, les avoir retirées des perches les battre une dernière fois pour les plier.
- PENSÉE.
- Vous donnez à vos soies passées en alun et rincées, un bain de campêche frais cuit.
- Sans rincer, passer en physique 7 lisses, tordre, laisser revenir quelques heures et laver.
- Si vous désirez une pensée plus bleutée, vous donnez un bain de carmin d’indigo avec un peu d'acide sulfurique. Battre à la cheville et sécher.
- s h 199 1 • so1 G 231 •018 IIOC
- VIOLET CLAIR.
- Vous pouvez teindre directement sur un bain de physique sans passage préalable de campêche.
- Après avoir lavé, vous donnez un peu de carmin d’indigo sur un bain acidulé d’acide sulfurique.
- BLEU TEINTURE au CYANURE CRISTALLISÉ.
- Bain n° 1 à 45° chaleur.
- Cyanure cristallisée, 20 p. 100 de soie ; Alun, 10 — — Acide tartrique, 5 — —
- Bain n° 2 à froid.
- Aviver à l’acide muriatique à 2° 1/2.
- Bain n° 3 à froid.
- Acide muriatique 3 p. 100 de soie ;
- Muriate de fer 7 à 8 — — Muriate d’étain 7 à 8 — —
- Muriate de fer et d’étain de la fabrique de Thann.
- Manutention.
- Passez huit minutes sur chaque bain, d‘a-bord sur le n° 1, ensuite sur le n° 2, après sur le n° 3. iobau 189 oint&I oup voupismet Sortant de ce bain, vous lavez pour repasser dans le bain n° 1. Vous passez sept à huit
- fois dans chaque bain, jusqu’à la hauteur du bleu que vous désirez.
- Vous finissez sur le muriate, et après avoir rincé, oyno — L—ous 811100295 inomolnea Vous avivez sur un très léger acide sulfurique et séchez.
- Les n° 1 et n° 3 servent toujours en ajoutant pour un autre passage :
- Au no 1 : Cyanure 15 p. 100.
- Alun 8 —
- Acide tartrique 4 —
- Memes proportions pour le n° 3.
- Le bain n° 2 se change entièrement.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- SUR LA TEINTURE
- DE LA FIBROINE ET SA COMBINAISON AVEC L’ACIDE SULFURIQUE par M. E. DURWELL.
- Le travail dont je communique aujourd’hui les premiers résultats à la Société est basé sur l’hypothèse que la soie forme avec les acides de vraies combinaisons susceptibles de s’unir aux matières colorantes de la houille et au-très. t oe :.. g am r t opoy.
- J’ai commencé par l’expérience suivante qui est tout-à-fait élémentaire, mais concluante :
- J’ai décreusé de la soie, pour mettre la fî-broïne en liberté; je l’ai fait bouillir ensuite pendant un jour dans de l’eau distillée pour dissoudre l’eau de savon qui avait servi au décreusage, puis je l’ai épuisée à l’alcool. J’ai ainsi obtenu de la fibroïne pure ; cette fibroïne a toujours présenté une réaction alcaline.
- J’ai teint cette soie dans un bain de teinture composé de tournesol et d’acide sulfurique très-étendu. Le tournesol sert ici à la fois de réactif et de matière colorante. Le bain, en bouillon, s’est entièrement fixé à la soie ; mais en neutralisant le bain avec une trace de magnésie ou de soude caustique, le tournesol bleu est complètement retombé dans le bain, sauf une trace qui se trouve imbibée dans la soie. . r aopaaf asb jneretbfaiis .oss..
- On peut répéter cette expérience indéfini-
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- X___6.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- ment sur le même bain, en le rendant alternativement acide ou neutre. Il en est de même pour les matières colorantes de la houille; seulement ces couleurs ayant un pouvoir tinctorial considérable, l’expérience est bien moins nette qu’avec le tournesol.
- (Société Chimique.}
- BLANCHIMENT ACCÉLÉRÉ
- On a cherché, depuis quelque temps, à diminuer le nombre des opérations par lesquelles on était obligé autrefois de faire passer les matières filamenteuses avant de les amener au degré de blanc voulu, et pour cela on a pensé que ce qu’il y avait de mieux à faire, était de combiner ensemble, en une même opération le bain alcalin et le bain de chlore. Par ce moyen, on obtient, assure-t-on, un blanc satisfaisant en même temps qu’on ménage beaucoup la fibre et qu’on lui conserve presque toute sa force et son poids. Voici deux procédés pour cet objet, qui ont été appliqués avec succès, di le Journal des fabricants de papiers.
- On commence par laver les matières pour les débarrasser des impuretés, puis on les plonge dans un bain faible qu’on compose avec 2 kil. 50 ou 3 kil. 30 de chlorure de chaux par hect. d’eau dans lequel on les laisse plongées pendant 6 à 12 heures, suivant les substances sur lesquelles on opère. Après quoi on lave ; on fait bouillir dans une solution de carbonate de soude pendant 2 à 4 heures, solution que l’on compose avec 650 gr. de soude par hectolitre.
- Si les fibres présentent une dureté extrême, on les plonge, avant de les débouillir dans le bain alcalin, dans un bain acide composé de 3000 gr. d’acide sulfurique pour 100 litres d’eau et on laisse bien égoutter avant le débouillissage. Celui-ci terminé on lave et on place dans un bain (chaud ou froid) de blanchiment qui se compose de 2 kil. 50 à 3 kil. 50 de chlorure de chaux et de 700 gr. de soude par hect. Au bout de 4 à 6 heures de séjour dans ce bain, les matières étant suffisamment blan-chi.es, on enlève et on lave enfin pour débarrasser complètement des traces du chlore.
- Dans l’autre proccédé, on donne de prime
- abord, un bain composé avec chlorure alcalin contenant un excès d’alcali caustique, par exemple 5 0/0 pour le lin, le chanvre et le coton et 25 0/0 pour le jute et autres matières difficiles à blanchir (1), proportions qui varient d’ailleurs en raison inverse de l’élévation delà température qui, en général ne doit pas dépasser les limites de 25 à 50° G. On peut préparer ‘ ce bain en faisant passer du chlore dans une solution d’alcali caustique et arrêter l’écoulement du gaz au moment où il reste encore une certaine proportion d’alcali caustique qu’on règle suivant la nature des matières à blanchir ; ou bien en décomposant le chlorure de chaux au moyen du carbonate de soude ou de potasse, dont on ajoute une quantité supérieure à celle nécessaire pour saturer le chlorure, la chaux qui est toujours présente dans le chlorure, convertit l'excès de carbonate de soude ou de potasse en alcali caustique; ou bien enfin, en ajoutant de la chaux caustique pour amener les alcalis à cet état.
- Le bain de blanchiment étant ainsi préparé, | on y plonge les matières, et si ce bain est en quantité suffisante, le travail est achevé en une seule opération. Mais la plupart du temps, l’action de ce bain allant en s’affaiblissant, on enlève les matières et on les plonge dans un bain neuf, ou bien on décante ou soutire le vieux bain, qu’on remplace par un nouveau, en répétant cette opération jusqu’à ce qu’on ait obtenu le blanc désiré. Dans les bains en partie épuisés, on traite de nouvelles matières pour utiliser le chlore qu’ils renferment encore ; quand on a atteint la blancheur qu’on cherche, on lave à grande eau et on fait sécher à la manière ordinaire.
- SUR L’ANALYSE DES SAVONS RÉSINEUX par M. F. Jean.
- L’auteur donne des indications sur les pro-priétés des savons résineux et sur leur dosage dans les savons commerciaux. Il a saponifie la résine par la soude caustique à 15° Baume, __________________ . —'
- (1) En reproduisant cet article, nous devons faire remarquer que le jute est un des textiles qui craignent le plus l’actiou des alcalis, et qu’il y aurait danger à employer des lessives aussi concentrées. . - F. G.
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- dans un autoclave, sous la pression de 3 atmosphères. Il a obtenu deux résinâtes dont le plus abondant (A) est très-peu soluble dans l’eau froide, soluble dans l’eau bouillante, dans l’alcool et dans l’essence de térébenthine, et dont l’autre (B) est soluble dans l’eau et dans l’alcool, mais non dans l’essence de térébenthine.
- Pour doser les résinâtes dans les savons, on dissout 10 gr. de savon dans 100° d’eau, et on ajoute de la soude caustique en léger excès. Il se sépare le résinate A et le savon à acides gras. On lave le précipité à la soude faible. On acidulé avec de l’acide sulfurique faible, on fait bouillir, on filtre et l’on recueille la résine B. On sature exactement la liqueur filtrée avec de la soude et on évapore à sec. On reprend par l’alcool et on évapore celui-ci, et le résidu contient un peu de matière résinoïde et de la glycérine. Celle-ci peut être caractérisée soit en faisant bouillir la matière avec de l’alcool et un peu d’acide sulfurique et de peroxyde de manganèse (il se dégage de l’éther formique reconnaissable à son odeur), soit en ajoutant de l’acide iodique, lequel à l’ébullition est décomposé par la glycérine, avec production d’iode.
- Le résinate A, mêlé de savon gras, est dissous dans l’eau bouillante et précipité par un léger excès de chlorure de baryum; le précipité barytique est lavé, séché à 100 et traité par l’éther qui dissout le résinate de baryte et non le savon barytique à acide gras. La solution éthérée étant évaporée, on reprend par l’eau bouillante et l’on décompose le résinate par l'acide sulfurique. La résine A est ajoutée à la résine B et le tout est pesé après un lavage à l’eau tiède et une dessiccation à 100°. Le savon barytique, mis en suspension dans de l’eau acidulée, est décomposé à l’ébullition; les acides gras sont recueillis et pesés.
- L’auteur indique aussi le procédé dont il se sert pour le dosage, et de l’alcali libre dans les savons, et pour celui de l’eau. Cette dernière détermination se fait en dissolvant un poids donné de savon, réduit en copeaux, dans le moins d’alcool possible, ajoutant un poids connu de sable sec et évaporant à 110°.
- NOUVELLES
- Ecole d’Industrie de ROUEN. — Nous avons fait connaître en son temps la fondation d’Ecoles d’Industries à Lille et à Rouen, et nous avons applaudi à ces institutions d’une utilité incontestable à tout centre industriel quelque peu important.
- L'Ecole supérieure d’Industrie de Rouen nous avise que la réouverture de ses cours aura lieu dans la première quinzaine d’octobre prochain, et rappelle ainsi son but et l’esprit de son enseignement :
- L’Ecole supérieure d’industrie de Rouen est spécialement destinée à former des chefs de fabriques et de manufactures et des directeurs d’usines pour la filature, le tissage, la teinture, l’impression, les arts chimiques et la mécanique.
- La durée des études est de trois ans, La première année, tous les cours sont communs. L’enseignement se spécialise au début de la deuxième année.
- Les spécialités sont au nombre de trois :
- 1° Industries textiles. — Filature. — Tissage.
- 2° Industries chimiques. — Teinture. — Impression. — Arts chimiques.
- 3° Industries mécaniques. — Construction de machines.
- Le programme développé de ces matières et le prospectus complet de l’Ecole seront envoyés aux personnes qui en feront la demande à la Direction.
- A la sortie de l’Ecole, des diplômes ou des certificats de capacité sont conférés aux élèves qui ont satisfait d’une manière plus ou moins complète aux examens et aux épreuves fixés par le règlement.
- L’Ecole possède, dans un bâtiment spécial, un vaste laboratoire où les élèves de la division des industries chimiques passent la plus grande partie de leur temps et trouvent un enseignement réellement pratique. L’installation et l’outillage du laboratoire permettent à chaque manipulateur de travailler indépendamment de tous les autres.
- Pendant la première année, année préparatoire qui développe les connaissances générales à tout industriel, les élèves étudient la chimie générale, indispensable à l’intelligence des cours spéciaux de deuxième et troisième années.
- En deuxième et troisième années, ils suivent un cours d’analyses chimiques et reçoivent les notions les plus utiles de la chimie industrielle.
- Pendant la troisième année, les jeunes gens qui veulent entrer dans une fabrique de teinture ou Réimpression, suivent un cours spé-
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- =S C 1.
- LE MOMTEUR DE LA TEINTURE
- cial. L’outillage du laboratoire leur permet de répéter, en petit, toutes les operations de la fabrique.
- Indépendamment des facilités offertes aux élèves par les chefs d’industrie pour visiter les fabriques du rayon de Rouen, les élèves trouvent au laboratoire la collection des produits intéressant leurs études.
- L’Ecole a, pour les élèves qui se destinent aux industries textiles, des cours spéciaux de mécanique de filature et de tissage. Outre ces cours, la « Société civile » va ouvrir une école toute spéciale, enseignant surtout la pratique de la filature et du tissage mécanique et à bras, soit aux Elèves de l’Ecole d'industrie, soit aux personnes du dehors qui désireraient suivre cet enseignement.
- L’Ecole d’Industrie offre même aux élèves un cours de machines à vapeur, terminé par l’étude des moteurs hydrauliques et des trans-missions de mouvement dans les établissements industriels.
- Pour plus amples détails, s’adresser à la direction de l’Ecole, place Saint-Godard, à Rouen.
- Incendie de l’Ecole DEVERVIERS. — Un des établissements créés dans le même esprit que celui de Rouen, et qui remplit son but de la façon la plus heureuse, Y Ecole professionnelle de Verriers, vient d’être en partie détruit par un incendie.
- Nous avons tout particulièrement lieu de regretter ce sinistre, car l’Ecole de Verviers est le siège des travaux si estimés de M. P. Havrez sur la teinture et l’étude des matières colorantes : il y a lieu de craindre que les documents et échantillons, si laborieusement réunis par ce savant professeur aient été la proie des flammes.
- M. Van Laer, préparateur de chimie à cette Ecole y a perdu les matériaux de la suite de son traité Aide-mémoire du Teinturier, mais il travaille activement à les reconstituer.
- Nous formons les vœux les plus sincères pour la prompte réédification de cet établissement scientifique si justement estimé dans nos industries.
- quantités de lin et de chanvre dont le commerce se répand sur toute l’Europe, mais elle se livre aussi à la fabrication, à la teinture et à l’impression des tissus de coton et de laine; de vastes établissements, notamment à Moscou, sont affectés à ces fabrications, et la plupart sont sous la direction ou sous les conseils de chimistes et d’ingénieurs français très-distingués, grâce auxquels ces maisons marchent et prospèrent,
- L’Exposition de Saint-Pétersbourg nous intéressera donc à plus d’un titre.
- Les soieries en Amérique. — Les statistiques des manufactures de soieries des Etats-Unis constatent pour les dernières années un très-grand accroissement. Il y a dix ans à peine cette industrie était en enfance; maintenant elle a atteint des proportions qui en font une des principales ressources commerciales du pays. Le rapport publié récemment par l’association des manufacturiers de soieries établit qu’un capital de 6 millions de livres sterling est engagé dans cette industrie, qui occupe seize mille ouvriers dont les gages s’élèvent à 1,600,000 livres, et dont la production annuelle varie de 6 à 8 millions de livres.
- {Society of arts).
- Causeries confraternelles. — Nous espérons reprendre dans un de nos plus prochains numéros des Causeries confraternelles sur l'art du teinturier-dégraisseurde, A. V. Barbé, que les occupations excessives de l’auteur lui ont fait momentanément suspendre.
- Les sympathies et les encouragements bienveillants dont M. Barbé a été l’objet lui rend, d’ailleurs, cette tâche aussi agréable qu’elle est utile pour une partie de nos lecteurs; aussi ceux-ci nous en réclament-ils, de toutes parts, la continuation.
- Exposition TEXTILE A SALNT-PÉTERSBOURG. — Une exposition qui intéressera vivement l’industrie des tissus en général, aura lieu au printemps de l’année 1874, à Saint-Pétersbourg. Le gouvernement russe se propose d’ouvrir un concours international de plantes textiles et de machines servant à leur exploitation, comprenant toutes celles qui servent à transformer ces matières jusqu’à l’état où elles sont livrées au consommateur.
- On sait que la Russie produit de très-fortes
- Pour tous les articles non signés • P. Blondeau.
- F. GOU1LLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Poris. Typ, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 12. 20 JUIN 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Leçons sir le? matières colorantes, par M. le D: CRACE-CALVERT : Bleu de Prusse (suite), Outremer, Quer-citron.Bois Jaune, Fustet, Graine. de Perse. — Blanchiment des cotons en écheveaux, par M. de VINANT. — Procédés pratiques : Vert cuvé sur laine, Jaune verdâtre sur laine, Ponceau sur laine, id. sur trame anglaise. Noir sur soie en impression, Noir en impression-Chinage sur laine, Cramoisi en impression sur soie. *r- [ „E ptntoc 2}
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Revue sommaire des brevets d’invention : Teinture par l’acajou, Laveuse double, Diviseur colorant, Noir d’aniline sur plumes, chevèUæ, etc., Machine à teindre. — Glycérine et son application au travail des laines. — Sur l’empioi du sulfure de carbone dans le dégraissage des laines. — Falsifications de l'albumine. —'Nouveau produit d’aniline. — Brocart sur papier peint.
- NOUVELLES. — Explosion d’un cylindre. — Un atelier de teinture.— Conseil supérieur de Commerce et de l’Industrie. — Avis.
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- Par le docteur CRACE Calvert. (Suite)
- On produit des qualités d’un prix encore moins élevé en mélangeant de l’alun au fer avant l’addition du prussiate.
- Le bleu de Prusse fut appliqué pour la première fois sur soie en 1811, par Raymond, professeur de chimie à Lyon. Napoléon Ier avait offert une prime importante pour la découverte d’un bleu qui put remplacer l’indigo, que l’on ne pouvait importer en France. Le procédé de Raymond, légèrement modifié, est encore employé aujourd’hui, quoique l’importance du bleu de Prusse ait beaucoup diminué depuis la découverte des bleus d’aniline.
- Le procédé [modifieide Raymond consiste à laisser plonger pendant quelques heures dans un sel de pér oxyde de fer ; lorsque l’oxyde de de fer est fixé sur la soie, on lave et l’on plonge dans une dissolution légèrement acide de prussiate jaune de potasse. Le bleu de Prusse se produit sur la:soie qu’il suffit de laver. Le seul perfectionnement apporté à cette fabrication a été l’addition d’un persel d’étain au sel de fer.
- La teinture du coton et de la laine par le bleu de Prusse allieu par une réaction chimique très-curieuse. À la température de 100 degrés, tous les acides, même plusieurs acides organiques, comme l’acide oxalique, l’acide citrique et l’acide tartrique, possèdent, ainsi que les sulfates acides, la propriété de décomposer les deux prussiates, jaune et rouge; le
- potassium de cyanure se combine avec l’oxygène de l’eau et avec l’acide organique. Le cyanogène mis en liberté s’unit à l’hydrogène de l’eau pour former l’acide prussique, le cyanure de fer libre s’unit à la fibre du tissu, et par un passage dans un bain faible de bichromate de potasse ou d’bypochlorite de chaux, ou par une simple exposition à l’air, une partie du proto-cyanure de fer se convertit en sesquicyanure, et le bleu de Prusse se produit. Les sels d’étain facilitant beaucoup la fixation du prussiate sur le tissu, on ajoute généralement du chlorure d’étain au prussiate de potasse; il se produit du prussiate d’étain. Pour imprimer sur calicot, l’on ajoute au mélange soit de l’acide tartrique, soit de l’acide citrique, l’on épaissit et l’on imprime. Lorsque la pièce imprimée est sèche, on vaporise et le bleu de Prusse se produit sur l’étoffe. Il suffit ensuite de passer en bain de bichromate de potasse pour le développer complètement.
- OUTREMER
- L’outremer est une matière colorante très-importante, grâce à son prix peu élevé et aux brillantes couleurs qu’il fournit. On l’emploie en grande quantité dans plusieurs industries : pour les couleurs d’application sur toiles peintes, la teinture des papiers, l’impression typographique et lithographique, la fabrication d’allumettes et dans les raffineries de sucre.
- La valeur de l’outremer dépend de la finesse de sa poudre et de la beauté de sa couleur. Beaucoup de soins et une grande expérience sont nécessaires pour les diverses opérations que comprend sa fabrication. Il faut en effet
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- purifier avec soin les substances employées, les mélanger convenablement, les chauffer à des températures déterminées, broyer, laver et sécher le produit obtenu. Quatorze opérations distinctes sont nécessaires pour produire l’outremer. Je ne puis entrer dans les détails de ces différentes opérations. Voici seulement les différents points de la fabrication.
- La proportion des produits employés doit être.
- Argile ou Kaolin. . 80 parties. Sulfate de soude. • 19 — Soufre 28 — Charbon .... 12 — Carbonate de soude. 28 —
- 134 parties.
- Ces substances, après avoir été intimement mélangées, sont introduites dans un creuset en terre que l’on ferme avec soin et que l’on chauffe à 275° environ pendant douze heures. On élève ensuite graduellement la température jusqu’au rouge blanc, et au bout de quarante-huit heures on éteint le feu et on laisse refroidir lentement dans les fourneaux. On retire alors la masse obtenue, qui présente une belle coloration verte. Après l’avoir broyée, lavée et séchée on la chauffe à l’air libre, mais avec précaution ; si l’on dépasse le point d’oxydation voulu, la couleur est détruite. Afin d’éviter ce danger, on ajoute de temps en temps un peu de soufre, ce qui permet de ménager l’oxydation. Il suffit ensuite de laver et de sécher.
- Le principe colorant de l’outremer n’est pas bien connu. On le suppose être un sulfite ou un hypo-sulfite de soude spécial. La matière solide, en presque totalité, est un silicate double de soude et d'alumine. Il est important de noter que, quoique nous ne connaissions pas la véritable matière colorante de l’outremer, sa composition est presque identique à celle du lapis-lazuli naturel, employé pendant plusieurs siècles, malgré son prix très-élevé, avant la découverte de l’outremer.
- L’outremer artificiel fut découvert par un chimiste français nommé Guimet, qui le fabriqua pendant plusieurs années en tenant son procédé secret.
- QUERCITRON.
- Le quercitron s’obtient de l’écorce d’un
- chêne particulier appelé quercus nigra ou quercus tinctoria. On trouve cet arbre en grande quantité aux Etats-Unis, principalement dans les forêts de Pensylvanie, de la Géorgie et des Deux-Caroline. Un chimiste du nom de Bancroft l’importa pour la première fois en Angleterre en 1778. Les qualités les plus estimées nous viennent de Philadelphie, de New-York et de Baltimore. L’écorce détachée de l’arbre est séchée et réduite en poudre dont la valeur varie en raison inverse de la finesse, les parties de l’écorce qui contiennent peu de matières colorantes étant beaucoup plus facilement pulvérisées.
- M. Chevreul est le premier chimiste qui ait examiné cette matière colorante ; il trouva qu’elle contient un tannin particulier qui, depuis, a reçu le non d’acide quercitanniqtce, et un principe colorant jaune appelé par lui quercitrine et qui, depuis, a reçu de M. Bol-ley le nom d’acide quercitrique.
- M.Chevreul obtenait la quercitrine en traitant l’écorce de quercitron par l’eau bouillante ; en laissant reposer cette dissolution aqueuse, le principe colorant se déposait sous la forme de cristaux.
- M. Bolley traite l’écorce par l’alcool et précipite le tannin par la gélatine ; la dissolution alcoolique évaporée donne du quercitron sous la forme de cristaux incolores, qui prennent une coloration jaune, sous l’influence oxydante de l’air
- Le quercitron prend avec les alcalis une teinte brune mais sa propriété caractéristique est de donner un brillant précipité jaune avec le proto-chlorure ou l’oxymuriate d’étain.
- Le quercitron donne sur laine une belle couleur jaune avec les sels d’étain additionnés d’alun ou de crème de tartre. Cependant, l’importance de cette matière colorante a beucoup diminué depuis quelques années, les couleurs produites prenant une teinte rouge lorsqu’elles sont exposées à l’air.
- On importe d’Amérique, sous le nom de flavine, une préparation qui peut être considérée comme de la quercitrine commerciale. On la prépare maintenant en Angleterre, d’a-près les deux procédés suivants :
- Le premier consiste à faire bouillir 800 kilogrammes d’écorce de quercitron avec 25 kilogrammes de soude cristallisée, dans 10,000
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- litres d’eau environ. Après un quart d’heure d’ébullition , on ajoute 120 kilogrammes d’acide sulfurique concentré. On maintient la température au point d’ébullition pendant deux, heures, au bout desquelles on filtre à travers de la laine, on lave ensuite jusqu’à ce qu’on ait enlevé toute trace d’acide, on presse et on sèche.
- Le second procédé, que je considère comme le meilleur, consiste à faire bouillir pendant deux heures 100 parties d’écorce de quercitron avec 300 parties d’eau et 15 parties d’acide sulfurique. On lave, on presse et on sèche comme dans le premier procédé. 400 parties d’eau de quercitron donnent 85 parties de fla-vine dont le pouvoir colorant est égal à celui de 250 parties de quercitron.
- La flavine n’est pas employée dans l’impression des tissus et dans la teinture en jaune. Elle est principalement employée pour communiquer une teinte orange aux rouges produits par la garance.
- Le meilleur procédé pour déterminer la valeur d’un échantillon de quercitron ou de flavine consiste à teindre du calicot mordancé comme pour la garance.
- Bois jaune
- L’arbre qui produit le fustic porte le nom de morus tinctoria. On le trouve au Brésil, au Mexique, à la Jamaïque, à Cuba et dans les autres îles des Indes occidentales. Ce bois arrive en Europe sous la forme de bûches de grandeur variable. Les teinturiers préfèrent celles qui sont les plus dures et qui possèdent à l’extérieur une belle teinte jaune orangé.
- Dans ce cas encore, M. Chevreul est parvenu le premier à isoler les deux matières colorantes que le bois contient, et qu’il appela morin blanc et morin jaune. Elles ont reçu depuis les noms d’acide morintannique et d’acide morique.
- Pour les extraire, on fait bouillir deux fois le fustic pulvérisé dans de l’eau.
- On concentre jusqu’à ce que la dissolution devienne sirupeuse. Quelques jours après il se forme des cristaux qu’on lave rapidement à l’eau froide. Pour séparer les deux principes colorants, la masse est traitée par l’eau bouillante qui ne dissout que l’acide morintannique. L’acide morique insoluble est traité par
- l’acide chlorhydrique faible pour le séparer des sels de chaux auxquels il pourrait être mélangé. On le dissout ensuite dans l’alcool, et par évaporation on l’obtient sous la forme d’aiguilles jaunes. Pour l’obtenir complètement pur, il faut le faire cristalliser deux ou trois fois.
- L’acide morintannique est soluble dans l’alcool, il a pour formule : G 13 H10 06. Il donne un précipité brun foncé avec le sulfate de protoxyde de fer, et avec les sels de chaux un précipité jaune, soluble dans l’acide acéti-que. Les alcalis concentrés le décomposent. Lorsqu’on fait bouillir l’acide morintannique avec du zinc et de l’acide sulfurique, la dissolution prend une coloration d’un rouge vif, due à la transformation de l’acide morintannique en deux substances très-intéressantes, la phloroglucine et la machromine.
- L’acide morique est soluble dans l’alcool et dans l’éther, insoluble dans l’eau et le bisulfure de carbone. Il est soluble dans les alcalis auxquels il communique une coloration jaune. On peut le précipiter de cette dissolution par l’addition d’un acide. Le perchlo-rure d’étain communique à la dissolution alcoolique d’acide morique une teinte vert olive. Enfin, l’acide morique donne un précipité jaune par les sels de zinc, d’étain, de plomb, d’alumine, et un précipité vert foncé par les sels de cuivre. Il a pour formule C12H, 8, O 3 .
- Le bois jaune est principalement employé pour teindre la laine en jaune ou en vert olive.
- On mordancé avec un sel d’alumine pour obtenir les jaunes, et avec un sel de fer pour obtenir les verts. En employant les sels de cuivre et d’autres mordants, on peut faire varier les teintes. Le bois jaune est très-employé en teinture, mais son usage est limité dans l’impression des tissus.
- FUSTET.
- Le fustet provient d’un arbre connu en botanique sous le nom de Rhus cotinus. On le trouve dans les Indes occidentales, en France et dans les pays du sud de l’Europe. Il a la forme de bûches ou de petites branches tordues.
- Le fustet contient un tannin et trois principes colorants, le premier rouge, le deuxième
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- brun et le troisième jaune. La matière colorante jaune a été isolée, elle porte le nom de fustine; elle est soluble dans l’eau, l’alcool et l’éther. Les alcalis communiquent à sa dissolution une belle teinte orangée. Exposée à l’air, elle prend une coloration orangée. Une décoction de fustet est modifiée par l’air et les alcalis comme une dissolution du principe colorant. La fustine donne un beau précipité orange par l’eau de chaux, l’éau de baryte et le chlorure d’étain; un précipité vert olive par le sulfate de peroxyde de fer.
- Le fustet teint la laine mordancée avec un sel d’alumine en orangé, mais cette couleur est facilement altérée par l’air. On le mélange souvent à la cochenille pour communiquer au rouge une teinte orangé. On l’emploie en grande quantité en Turquie et dans le Tyrol pour donner aux cuirs une couleur jaune.
- GRAINE DE PERSE
- La graine de Perse est très-employée dans la teinture de la laine et des tissus laine et coton, dans l’impression des tissus et des papiers de tentures et dans la préparation des cuirs.
- La graine de Perse est le fruit d’un arbre qui croît spontanément en France, en Espagne, en Turquie et en Perse. Généralement ces graines sont cueillies avant d’être complètement mûres. Elles ont la forme de petits pois ridés, d’une couleur jaune verdâtre. La graine de Perse ne doit être employée que lorsqu’elle a été récemment cueillie ; au bout de deux ou trois ans elle perd beaucoup de sa valeur, ne donnant pas à la teinture des couleurs aussi brillantes. Celles dont la coloration jaune est plus intense sont de qualité inférieure. On les trouve dans le commerce sous les noms de graine d’Avignon, graine d’Espagne, graine de Turquie et graine de Perse.
- (La suite au prochain numéro.)
- BLANCHIMENT DES COTONS EN ÉCHEVEAUX par M. de VINANT.
- Assez généralement aujourd’hui on blanchit dans des cuves en bois chauffées à la vapeur au fond desquelles à 20 ou 30 centimètres, on
- place une grille en bois ou en fer traversée au centre par une colonne verticale garnie à sa partie supérieure d’un champignon, d’où la lessive remonte alternativement étant chassée par la vapeur pour se diviser en un jet continu exactement comme un jet d’eau des bassins de nos jardins publics. Ces grilles sont recouvertes d’une toile d’emballage ; dans cet état on y place le coton panté au moyen de cordes.
- La première opération à faire au coton ou aux fils, c’est d’en faire les centaines à tous les écheveaux grands ou petits ; car il y a beaucoup d'endroits où lesfileuses ne les arrêtent seulement pas.
- Comme.le fil mouillé s’enfle près de moitié de son volume, il est bon de relâcher toutes les centaines faites, de manière qu’à cet endroit l'écheveau roule très-librement; s’il se trouvait serré, il y aurait à craindre que le blanc n’y fût pas égal; une personne peut arrêter et relâcher les centaines de 30 kilos de fil par jour.
- C’est là d'ailleurs plutôt l’occupation des femmes que celle des hommes.
- Les centaines faites, on passe une ficelle à travers deux ou trois écheveaux selon leur grosseur, ensuite d’après la quantité des nœuds que l’on fait sur un des deux bouts ou sur tous indépendamment de celui qui les réunit, on reconnaît en tenant note sur le registre de recette, les personnes à qui elles appartiennent.
- La réunion de plusieurs écheveaux assemblés par une ficelle, s’appelle pante. On tient compte aussi du poids du fil et du nombre des pantes, tant du fil uni que du retors ou simplement viré. Ces différentes remarques doivent du reste se faire sur le registre dès que la marchandise est arrivée, de crainte d’oublier ou de se méprendre.
- Les ficelles pour panter doivent être débouillies d’avance, afin d’ôter le parement que le cordier y met pour les lisser ou les lustrer, pour les assouplir et les empêcher de se replier ou de se tordre entre elles, quand elles commencent à sentir la chaleur des lessives. Ces ficelles peuvent longtemps servir pour le même usage. ns 1
- LESSIVAGE. -[ aiaE1oloo
- On range les fils lit par lit dans les cuves à lessiver et on a soin de coucher au-dessus de
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- chaque pante les ficelles qui en réunissent les écheveaux afin de ne pas se trouver embarrassé pour les retirer.
- Il est bon aussi de ranger de suite les parties qui appartiennent aux mêmes personnes. Les fils fins doivent toujours être placés les derniers afin qu’aucun ne s’élève et qu’ils soient continuellement baignés ; on les charge d’un couvercle troué.
- Emplissez après la cuve d’eau de 5 à 6 centimètres au-dessus des cotons, chauffez au moyen de la vapeur pour amener l’eau à l’ébullition. Arrêtez ensuite la vapeur, faites couler à peu près le cinquième de la quantité d’eau, fermez le robinet, ajoutez d’abord la dissolution de soude n° 1 ; ensuite la lessive savonneuse, préparées comme il suit :
- Dissolution de soude n° 1.
- Pour 100 kilog. de coton, dissoudre dans un seau d’eau bouillante :
- 1 kil. 500 gr. de carbonate de soude ;
- 1 kil. 500 gr. de sel de soude.
- Après la dissslution, vous versez sur les cotons à lessiver.
- Lessive savonneuse.
- 25 litres d’eau de chaux n° 3, que vous mettez dans une chaudière en fer ou en cuivre :
- 2 kil. 500 gr. de carbonate de soude;
- 2 kil. 500 gr. de sel de soude ;
- Faites dissoudre au bouillon, ajoutez :
- 2 kil. 400 gr. de colophane.
- Faites bouillir jusqu’à complète dissolution de la colophane, après quoi vous versez ce savon sur les cotons.
- Après ces lessivages, remettez le couvercle sur la cuve, portez de nouveau à l’ébullition, faites bouillir pendant huit heures, fermez la vapeur, ensuite videz la lessive par le bas de la cuve, et faites couler de l’eau sur les cotons pour les dérougir.
- Cette opération prend à peu près deux heures pour que l’eau sorte claire ; cela terminé, remplissez de nouveau la cuve avec l’eau nécessaire, portez de nouveau l’ébullition, arrêtez ensuite la vapeur, faites couler un peu d’eau par terre, vous ajoutez la dissolution de soude suivante :
- Dissolution d.e soude n° 2.
- Dans un seau d’eau bouillante, vous faites dissoudre :
- 3 kilog. de carbonate de soude,
- 2 kil. 500 de sel de soude.
- Après la dissolution, vous versez sur les cotons.
- Vous couvrez votre cuve, donnez la vapeur et laissez bouillir quatre à cinq heures, après vous coulez cette lessive, par terre ; ensuite vous rafraîchissez et vous décuvz vos cotons, vous les rincez à fond et vous les essorez.
- Cette seconde ébullition en soude est indispensable, elle a pour but d'enlever la résine qui pourrait rester attachée aux tissus et aux fils. busde | gnqy eAW 91oldo
- Après cette opération, vous remettez les cotons en cuve pour.être chlorés.
- 1er Chlorage.
- Vous remettez les cotons dans une cuve également garnie d’une grille de 20 ou 30 centimètres du fond.
- La cuve est munie sur un côté d’une ouverture par laquelle vous introduisez un tuyau en plomb recourbé sur lui-même, servant de syphon ; vous le faites plonger dans la cuve à 10 centimètres du fond et par ce tuyau, la les-sive coule dans un baquet placé près de la . , ' s -t.T. no-c Apiren prow cuve.
- Les cotons sont disposés de la même manière que dans la cuve à lessiver, vous les coulez quatre heures avec du chlorure de chaux à 1a (pour 109 kilogrammes cotons, il faut 600 litres de chlore à ld ).
- A cet effet, un homme verse le chlore, qui coule dans le baquet placé sous le siphon, sur le coton au moyen d’une casse, espèce de casserole en cuivre fabriquée pour cet usage. Il est bon d’avoir un ouvrier intelligent pour ces opérations et qu’il comprenne bien qu’il est nécessaire de bien égaliser son bain de chlore sur toutes les parties du coton; s’il le versait toujours à la même place, en outre que la blancheur ne serait pas égale, il y aurait danger de brûler la partie qui recevrait cons-tamment le bain. L’operation terminée, vous faites couler le bain de chlore en ayant soin de le recueillir et de le verser dans les réservoirs où vous délayez le chlore.
- La partie de chlore que le siphon n’a pu ti-
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- rer, faites-là couler par terre par le bas de la cuve percée à cet effet et munie d’un bouchon de bois pour cet usage.
- Préparation du chlore.
- Supposez 100 kilog. de coton à blanchir : vous délayez avec soin, avec une spatule en bois, 12 à 15 kilog. de chlorure de chaux sec (chlore de Saint-Gobain, si vous ne le fabriquez pas vous-même). Vous ajoutez de l’eau par petite quautité pour bien délayer ; si vous avez du chlore qui a déjà servi, employez-le au lieu d’eau.
- L’opération terminée, vous ajoutez encore à peu près 1,200 litres d’eau pour un total de 1,400 à 1,500 litres.
- Vous remuez bien votre dissolution de chlore, après vous l’abandonnez à elle-même pour que le bain devienne clair, vous tirez ensuite pour voir si vous avez un degré (1°). Si c’est nécessaire, vous ajoutez de l’eau pour le réduire ; vous le passez au tamis fin ; pour vous en servir, il est très-important qu’il ne reste pas un brin de chlore dans le bain que vous employez, car s’il en restait, en s’attachant aux fils et aux autres tissus, il pourrait les brûler.
- 1er ACIDULAGE
- Après l’écoulement du bain de chlore, vous coulez trois heures avec le plus grand soin et vous versez avec la plus grande activité possible, au moyen d’un seau, un bain d’acide sulfurique à 14 au pèse acide, soit 500 litres à peu près d’acide à Ad .
- Comme pour le chlore, vous versez sur les cotons le bain qui s’écoule par le siphon dans un baquet ; ce travail demande encore plus de soins que celui du coulage au chlore pour la distribution de l’acide.
- Ce dernier forme avec le chlore, du sulfate de chaux, tandis que le chlore mis à nu, réagit sur la matière colorante et le déshydro-gène.
- Ce qui s’écoule par le syphon, vous le reversez sur le coton avec un cassin et de la manière la plus égale possible. Après vous faites couler par terre l’acide par le bas de la cuve ; quand l’acide est écoulé, pendant deux heures vous faites couler de l’eau sur le coton en la laissant répandre par terre jusqu’à ce qu’il ne reste plus de trace d’acides. Vous levez vos cotons, vous les rincez encore une fois à la main,
- vous les essorez ensuite, vous les remettez en cuve pour être chlorés.
- 2me Chlorage.
- Il faut avoir bien soin de toujours les mettre croisés dans la cuve. Vous les couvrez de nouveau avec de la toile d’emballage et vous faites couler encore pendant 5 heures comme la première fois, 600 litres de chlore à id , l’opération terminée, vous décantez le chlore, vous le videz dans ses réservoirs; ce qui reste au fond de la cuve, vous le faites couler par terre.
- 2me Acidulage.
- Après, vous faites couler pendant deux à trois heures avec un bain de 500 litres d’acide muriatique à id 1/2. Vous faites l’opération exactement comme avec l’acide sulfurique, l’opération terminée, vous faites couler l’acide par terre.
- Rinçage.
- Lorsque l’acide est bien écoulé, vous faites couler pendant deux heures de l’eau sur votre coton. Par le bas de votre cuvé, vous laissez couler l’eau par terre ; l’opération terminée, vous décuvez vos cotons et vous les lavez à fond en les battant un peu avec un battoir de blanchisseuse.
- Savonnage.
- Lorsque vous êtes certain qu’ils sont dégagés de l’acide, vous passez au savon à la main, mateau par mateau avec 3 0/0 de savon blanc de Marseille faite ainsi :
- Dissolution de savon.
- Dans deux seaux d’eau bouillante (20 litres à peu près) vous faites dissoudre, pour corriger l’eau qui contient toujours un sel de chaux, une petite quantité de carbonate de soude ; après la dissolution, vous y faites dissoudre 3 kilogrammes de savon de Marseille que vous avez fait couper par parcelles.
- Après la dissolution, vous le passez au tamis, et vous l’employez par petites parties pour y passer les mateaux de cotons ou de fils.
- Chaque mateau passé au savon, est tordu sur le bain le plus également possible. Si ce sont des blancs mats, vous les essorez, les battez à la cheville, et vous les portez à l'éten-dage à l’air ou à la chambre chaude, et pendant le temps qu’ils mettent à sécher, vous les faites battre deux à trois fois sur les perches pour que le fil soit bien tendu.
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- Si ce sont des fils retors, ou des fils à coudre qui aient tendance à se friser en séchant, vous les chargez par le bas d’une espèce de rouleau, auquel vous placez un poids à chaque extrémité.
- Azurage.
- Si, ces fils sont pour grands blancs, vous les azurez à la suite du savonnage sur un nouveau bain très-léger de savon, auquel vous ajoutez une petite quantité de bleu d’outremer que vous avez eu soin de délayer d’avance dans une quantité d’eau ou de dissolution de savon.
- Vous délayez ce bleu avec une quantité d eau quelconque, vous le passez au tamis, et chaque fois que vous en prenez pour garnir votre bain d’azur, vous l’agitez un peu : ce bleu n’étant pas soluble à l’eau, se précipite lorsqu’il n’est pas en mouvement.
- On ne peut déterminer la quantité à employer pour 100 kilog. de fil, parce que le blanchisseur doit se conformer à la nuance que le négociant lui remet.
- Vous passez à la main sur ce bain d’azur et vous tordez après le plus également possible ; quand toute la partie est azurée, et que vous voyez pendant le travail que ce qui est azuré ne change pas, vous continuez pour tout essorer ensemble ; si vous voyez au contraire qu’il se marbre, vous les faites essorer et étendre.
- La cause qui fait que le bleu se détruit par places, c’est la présence de vapeurs acides ; après l’opération, vous faites porter à l'éten-dage et vous faites exécuter le même travail que j’ai indiqué plus haut.
- Les petits blancs, il faut les débouillir également huit heures. Ges blancs sont traités avec une moindre quantité de lessive savonneuse ; on emploie la vieille lessive de préférence.
- Les lavages en cuve se font de la même manière que pour les grands blancs et en général le travail est le même. Vous ne donnez qu’un chlore, qu’un acide, qu’un savon seulement. Une fois les cotons secs, vous les ôtez de l'é-tendage, vous les faites battre à la cheville, vous les pliez, vous les mettez en paquets, et vous les ficelez pour les rendre.
- Le procédé que je viens de décrire, s’emploie à Mulhouse, chez M. Haeffely et dans une partie des fabriques d’impression.
- Eau de chaux.
- L’eau de chaux employée dans la lessive savonneuse se prépare comme il suit :
- 20 kilogr. de chaux vive est d’abord hydratée ou éteinte, puis délayée avec 200 litres d’eau.
- On emploie le liquide clair; pour l’obtenir, on perce un trou au tonneau dans lequel est le lait de chaux, à quelques centimètres au-dessus du précipité.
- RÉCAPIIULATION DES OPÉRATIONS ET DE LA MAIN-D’OEUVRE NÉCESSAIRES POUR LE BLANCHIMENT
- DE 100 KILOG. DE COTON FILÉ.
- 1° Bouillir huit heures en lessive de soude n° 1 et en lessive savonneuse;
- 2° Vider la lessive ;
- 3° Couler de l’eau sur les cotons pendant deux heures pour les dérougir;
- 4° Bouillir pendant quatre heures avec la dissolution de soude n° 2, après, vider la lessive;
- 5° Couler de l’eau sur les cotons pour les rafraîchir;
- 6° Décuver les cotons ;
- 7° Les laver à la main;
- 8° Les essorer;
- 9° Les remettre en cuve ;
- 10° Les couler quatre heures au chlore;
- 11° Vider le chlore;
- 12° Couler trois heures avec acide sulfuri-que;
- 13° Faire couler de l’eau sur les cotons;
- 14° Les décuver;
- 15° Les rincer à la main et les essorer ;
- 16° Les remettre en cuve pour être chlorés, pendant cinq heures, avec du chlore à 1°, vous videz ensuite le chlorure;
- 17° Couler pendant trois heures avec acide chlorhydrique à 1° 1/2;
- 18° Vider l’acide ;
- 19° Laver;
- 20° Essorer;
- 21° Passer en savon ;
- 22° Azurer;
- 23° Essorer;
- 24° Battre à la cheville ;
- 25° Mettre à l’étendage ;
- 26° Battre sur les perches;
- 27° Oter les perches ;
- 27° Battre à la cheville ;
- 28° Plier et ficeler pour rendre.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- PROCÉDÉS PRATIQUES
- VERT CUVÉ SUR LAINE
- Pour 25 kilogr.
- Teindre en bleu moyen sur la cuve.
- Continuer sur le bain suivant :
- Bois jaune..... *________ 5 kil. Alun_________________ 3 — 500 gr.
- Crème de tartre........... 250 —
- Sulfate de cuivre .... 500 —
- Composition liquide d’indigo 75 —
- La teinture sur ce dernier bain exige envi-
- ron une heure et demie.
- Pour varier les nuances, on peut modifier
- les doses de bois jaune et de sulfate d’indigo, mais les mordants doivent toujours rester dans les mêmes proportions.
- Pour obtenir un vert plus foncé, on brunit avec une poignée de sulfate de fer.
- JAUNE TENDRE VERDATRE sur laine.
- Pour 25 kilogr.
- Bois jaune......................... 5 kil.
- Sulfate d’indigo (composition) 75 gr.
- Entrer la laine à chaud; après vingt minutes, ajouter :
- Alun............................... 1 kil.
- Crème de tartre-................. 500 gr.
- Acide sulfurique.............. 250 —
- Manipuler une demi-heure, en amenant à l’ébullition.
- La dose des matières colorantes se varie à volonté, selon le ton demandé.
- PONCEAU SUR LAINE
- Pour 25 kilogr. de fil de laine peignée :
- Les dégraisser à la température d’environ 60 degrés, dans une cuve où l’on a fait dissoudre :
- Cristaux de soude... 2 kil. 500 gr.
- On dégorge à l’eau courante.
- On fait dissoudre, au bouillon, dans une chaudière :
- Acide oxalique............ 1 kil. 250 gr.
- Sel d’étain...................... 750 —
- Cochenille................. 2 —
- Flavine.................... 50 —
- La flavine^ qui est la matière colorante du quercitron, s’emploie en proportions plus ou moins fortes, selon la quantité de jaune voulue par la nuance.
- PONCEAU SUR TRAME ANGLAISE
- Pour 8 paquets :
- On lave le fil à 60 degrés, dans une dissolution de i
- Cristaux de soude.................. 6 kil.
- On rince à l’eau courante.
- On monte alors un bain avec :
- Acide oxalique............ 2 kil. Sel d’étain ....................................... 1 — 250 gr.
- Cochenille................. 2 —
- Flavine........................... 15 —
- Le bain étant porté à l’ébullition, on y introduit le fil ; après une demi-heure de bouillon, on lève et on ajoute au bain :
- Cochenille....................... 500 gr.
- On rentre le fil et on donne un nouveau bouillon d’une demi-heure.
- NOIR EN IMPRESSION SUR SOIE sur fond en couleur d’aniline.
- Faire cuire ensemble, en ayant soin que la masse ne déborde : Décoction de campêche à 4°. 2 litres.
- Léiocome......................... 500 gr.
- Sulfate de fer.................... 50 — — de cuivre..................................................30 —
- On passe le mélange, et quand le tout est bien refroidi, on y ajoute : Azotate de fer 200 gr.
- NOIR IMPRESSION SUR LAINE
- pour chinage.
- Faire cuire ensemble :
- Décoction de campêche à 4°. 12 kil.
- — d’orseille à 8°.... 4 —
- — de quercirton à 8° 4 —
- Passer, ajouter :
- Acide oxalique............... 70 gr.
- Carmin d’indigo........... 750 —
- Azotate de fer à 48° .. 1 kll. 500 —
- Passer; après impression, la laine chinée est vaporisée une heure.
- ,r CRAMOISI EN IMPRESSION
- sur soie.
- On mélange ensemble :
- Décoction de Lima à 5°... 3 litres.
- Acétate d’alumine à 14°... 1 — 1/4
- Le lendemain on ajoute : Ammoniaque liquide....... 75 gr.
- Puis, 48 heures après :
- Cristaux de soude broyés.. 50 gr.
- Enfin au bout de 48 heures, on épaissit à la gomme et on peut imprimer.
- (Muster-Zeitung).
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- REVUE SOMMAIRE DES BREVETS D'INVENTION.
- Teinture par le bois d'acajou .— Sous le titre de « Perfectionnements aux procédés de teinture », M. Dreyfus a fait breveter l’emploi de l’acajou comme bois de teinture; il s’agit probablement d'utiliser les rognures de ce bois.
- A l’aide de la matière colorante du bois d'a-cajou, soit seule, soit mélangée à d’autres produits tinctoriaux, l’auteur produit des bruns, saumons, gris, modes, prices, noirs, etc. ; ainsi en imprégnant ou imprimant un tissu avec un mordant d’acétate d’alumine ou d’étain, ou un mélange des deux, et teignant dans un bain d’acajou ou de son extrait, on obtient des teintures dont l’auteur n’indique pas, d’ailleurs, les nuances.
- Ces nuances varient, en substituant aux mordants indiqués d’autres acétates métalliques. — B. 97.053.
- Diviseui1 colorant. — M. Corron désigne sous ce nom un appareil destiné à distribuer uniformément la teinture dans la barque où sont plongés les fils ou les étoffes.
- Un vase en cuivre, placé au-dessus de cette barque et contenant le liquide colorant, communique avec le fond de la cuve par un tube également en cuivre, percé de petits trous sur son parcours à travers le bain. Un autre tube de même métal, conjugué avec le premier, sert à amener de la vapeur provenant d’un générateur quelconque. Enfin, deux robinets à manettes, placés sur ces deux tubes, présentent leurs ouvertures en sens inverse, de sorte que ces manettes baissent ou s’élèvent ensemble et solidairement.
- Si le tube réservé à l'introduction du colorant est fermé, le second est ouvert, et la vapeur chasse et mélange les substances tinctoriales dans toutes les parties du bain. Dans le cas contraire, le robinet du récipient étant ouvert, la vapeur cesse d’agir. — B. 97.635.
- Laveuse double. — Comme son nom l’indique, cette machine, construite par M. Schaefer pour l’épuration des poils, de la bourre, de la laine, du coton, etc., se compose de deux ma
- chines jumelles et semblables. Ces machines fonctionnent alternativement, afin de fournir une occupation continue à l'ouvrier préposé au travail, la durée du lavage correspondant au temps nécessaire pour vider et charger à nouveau celui des appareils qui se trouve au repos.
- Les deux laveuses, disposées parallèlement dans un bac en tôle, sont formées chacune d’un récipient ou panier demi-cylindrique en toile métallique, dans lequel sont jetées les matières à traiter. Ledit panier, monté à charnières, peut basculer au moyen d’un treuil, pour faciliter l’enlèvement des filaments lavés. De même, l’agitateur, formé d’un arbre en fer autour duquel les bras sont disposés suivant une hélice, est soulevé hors du panier à l’aide du treuil, avant le renversement de ce panier.
- Le tout est recouvert d’une enveloppe à claire voie. — B. 96,127.
- Noir d'aniline sur cheveux, plumés, etc. — Les auteurs, MM. Godefroy et Cie, prétendent se réserver l’application du noir d’aniline, préparé par le chromate d’ammoniaque ou autres chromâtes, à la teinture en noir des cheveux, plumes, peaux, matières textiles végétales et animales, ainsi qu’à la marque du linge.
- Les procédés d’application ne sont pas indiqués. — B. 94.585.
- Machine à teindre les écheveaux. —L’appareil de M. REY a pour but de substituer le travail mécanique au tissage à la main employé pour la teinture des soies en écheveaux.
- Le système est formé de deux chaînes, sans fin, parallèles et verticales, servant à guider dans leur mouvement circulaire, tant au dedans qu’au dehors du bain, les rouleaux en bois ou en cuivre sur lesquels sont tendus les écheveaux. Get ensemble , que le breveté nomme chaîne teinturière, fonctionne comme une chaîne de drague, 02
- Les écheveaux peuvent recevoir, outre le mouvement général de translation, un mouvement rotatif autour des rouleaux qui les portent. — B. 97.673.
- (A suivre).
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
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- GLYCÉRINE
- SON ACTION DISSOLVANTE SUR LES OLÉATES ET SUR LE SULFATE DE CHAUX, ET SON APPLICATION AU TRAVAIL DES LAINES..
- Par M. E. Asselin.
- La glycérine a reçu, dans ces dernières années, diverses applications industrielles importantes. Les tentatives faites pour l’appliquer sur les tissus de laine ont été nombreuses, mais stériles. On ignorait plusieurs des propriétés de ce corps.
- Nos recherches principales ont eu pour but principal de préciser le degré de solubilité dans la glycérine : 1° des savons métalliques, de magnésie, de chaux ; 2° des sous-savons (ou savons à excès de base) ; 3° du sulfate de chaux des eaux calcaires.
- Nous avons opéré sur des glycérines pures, exemptes de chaux, d’une densité de 1,114, et nous avons trouvé les chiffres suivants :
- 100 parties de glycérine dissolvent 0,71 savon de fer ;
- 100 parties de glycérine dissolvent 0,94 savon de magnésie ;
- 100 parties de glycérine dissolvent 1,18 savons de chaux.
- Une série de recherches sur la dissolution des sous-savons métalliques et terreux qui imprègnent les fibres des laines dans les opérations du peignage nous a donné des chiffres variables, conséquence de leur composition mal définie. Ces sous-savons sont d’une émulsion facile dans une eau chargée de glycérine et ils le sont d’autant plus que l’époque de leur formation est plus récente.
- Le sulfate de chaux, et notamment le sulfate hydraté, se dissolvent dans les porportions de 0,957 pour 100 parties de glycérine. De plus, contrairement à ce qui se passe avec l’eau pure, la courbe de solubilité croît avec l’élévation de la température.
- Tenant compte de ces faits et des propriétés hygrométriques de la glycérine, on aperçoit nettement le rôie qu’elle doit jouer dans le travail des laines. Son emploi raisonné et modéré permettra la fabrication des tissus à teintes unies, en couleurs claires que l’on regarde comme impossible à obtenir dans certains centres de fabrication.
- Le toucher, à la fois doux et nerveux,
- qu’elle communique aux laines donnera une supériorité réelle aux tissus engendrés par ces laines. L’emploi des eaux calcaires auquel on se soustrait si rarement, réclame impérieusement l’intervention de la glycérine. Tel est le remède qui fera disparaître le reproche d’infériorité adressé à certaines fabrications de tissus anglais.
- Nous ajouterons que, dans le conditionnement de la laine, une opération simple et facile, le lavage à l’eau distillée, peut devenir nécessaire pour la reprise officielle de la surcharge qui pourrait être pratiquée frauduleusement par l’usage de la glycérine.
- {Académie des Sciences.}
- SUR L’EMPLOI
- DU SULFURE DE CARBONE DANS LE DÉGRAISSAGE DES LAINES Par M. Jean, de Hall.
- Quelque succès qu’on obtienne avec le sulfure de carbone que l’auteur, dans ses expériences, a employé à l’état presque pur et limpide comme l’eau, pour extraire l’huile des graines oléagineuses et autres produits analogues, il paraît, selon lui, qu’il y a bien peu d’avantages à employer cet agent dans le dégraissage des laines, du moins comparativement aux autres moyens mis en usage pour cet objet.
- Ce sulfure de carbone n’exerce, il est vrai, sur la laine, à la température ordinaire, c’est-à-dire de 10° à 15° G., aucune action nuisible, et lorsqu’on verse sur un échantillon de laine grasse du sulfure de carbone pur, et qu’après la dissolution de la matière grasse, on chasse l’excès du dissolvant par un courant d’air froid, la laine reste douce et ne se distingue pas de celle qui a été dégraissée au benzole ; mais l’expulsion des traces du sulfure par un courant d’air froid, est une opération si longue et dans laquelle il y a une perte si considérable de l’agent de solution, qu’il n’est pas possible d’utiliser ce moyen dans la pratique.
- On est donc obligé d’avoir recours à une élévation de la température, et de chasser le sulfure de carbone, soit par la vapeur d’eau, soit par un courant d’air chaud ; mais dès
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- qu’on laisse agir sur la laine, encore imprégnée du sulfure de carbone, une température plus élevée, on observe que cette laine perd de sa douceur et de son élasticité ; sous un courant d’air sec, les brins se frisent ou crêpent plus qu’ils ne l’étaient au paravant, et au toucher il est très-facile de constater la différence qu’ils présentent alors.
- La laine, dans cette-citconstance, ne perd rien de sa couleur, mais quelque temps après elle semble devenue jaune, et un échantillon dégraissé au benzole paraît sensiblement plus blanc. Il n’est pas possible d’expliquer ce changement autrement qu’en affirmant que, dans le traitement du sulfure de carbone, la fibre de la laine a éprouvé une altération chimique qui ne résulte certainement pas de la précipitation d’un peu de soufre, car aucun agent de dissolution pour le soufre ne parvient à faire disparaître cette coloration. L’eau bouillante elle-même est insuffisante pour rendre à la laine sa couleur blanche.
- ( Mus ter-Ze. itung}.
- SUR LES
- FALSIFICATIONS DE L’ALBUMINE Par M. A. HERBURGES.
- L’albumine est fréquemment falsifiée par de la gomme, de la dextrine, de la farine, etc.
- Pour reconnaître ces falsifications, on dissout une trentaine de grammes de l’albumine à essayer dans de l’eau tiède. Après quelque temps, on remue la masse ; si la liqueur renferme beaucoup de grumeaux blancs, cela indique une quantité inférieure, c’est-à-dire la présence d’une quantité notable d’albumine coagulée, résultant d’une dessication à une température trop élevée. On additionne la solution d’acide acétique, puis l’on ajoute de l’alcool à la liqueur acide décantée ; si l’albumine renferme de la gomme, on obtient un précipité ; si elle renferme des matières amylacées, on reconnaitra celles-ci par l’addition d'iodure de potassium.
- L’albumine renferme souvent du sucre, ce que l’on reconnaît aisément par la liqueur de Fehling.
- NOUVEAU PRODUIT DE L’ANILINE.
- M. Fernand Hamel a adressé à l’académie des sciences, une note, une méthode d’extraction d’une nouvelle matière colorante qu’il a extraite de l’aniline.
- Sous l’action du chlorure de soufre, l’aniline donne naissance à une matière colorante rouge. En quelques minutes, la réaction a lieu et il se dépose dans le ballon où se fait l’expérience, un produit rouge et solide. En traitant ensuite cette matière par l’acide acétique, on obtient après filtration une liqueur rouge, qui, évaporée, donne un produit noir d’une teinture brillante.
- Ce produit est soluble dans l’acide acétique, l’éther sulfurique et l’alcool, mais on ne peut ajouterde l’eau après coup, sans quoi on détermine la précipitation d’une autre substance colorante grise.
- BROCART SUR PAPIER PEINT Par M. WESTERMANN.
- Le genre brocart s’obtient en appliquant l’or mussif à l’aide d’un vernis. Ce vernis est préparé avec de l’essence de térébenthine rectifiée ou avec des huiles de goudron de houille distillées sur du sel marin dans lesquelles on dissout 3 p. 0/0 de soufre en chauffant à 90 degrés.
- On verse 10 grammes de cette solution sur 1 gramme de caoutchouc en menus morceaux, jusqu’à ce que celui-ci soit bien gonflé; on l’écrase alors avec une spatule en bois. Après plusieurs jours de contact on incorpore l’or mussif à cette solution et on applique soit au pinceau, soit par impression.
- NOUVELLES
- Explosion d’un cylindre. — Un accident des plus douloureux est arrivé dans une usine, qui, par sa riche installation, le bon état de son matériel, et son intelligente direction, semblait une des mieux exposées à des sinistres aussi épouvantables.
- Dans la fabrique de M. Petit-Didier à Saint-Denis, des ouvriers apprêtaient des pièces de
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- crêpe de Chine sur un cylindre de cuivre chauffé à la vapeur.
- Tout-à-coup, et alors que rien ne pût le faire présumer, l’un des fonds du cylindre se dessoude et frappe un ouvrier à la tête; la vapeur enveloppe un autre ouvrier et lui brûle la poitrine et le ventre. Projeté avec force, le cylindre renverse une cloison et traverse un atelier long de dix-sept mètres et vient tomber lourdement sur le sol. Dans cette course folle, il brise la jambe d’une pauvre jeune fille, et tue une autre enfant de dix-sept ans.
- Tout cela a duré moins d’une seconde! Tout le monde affirme que le cylindre était en bon état et qu’aucune fuite ou fissure n’avait annoncé cet accident.
- Les victimes se nomment MM. Schlot,Beau-mont, Mlles Emilie Reye, Eugénie Bonnin; cette dernière seulement a succombé; les autres paraissent hors de danger.
- Nous partageons bien sincèrement la douleur des parents de la pauvre enfant morte dans cet accident et nous plaignons les autres victimes, mais nous exprimons aussi nos condoléances les plus sympathiques à notre cher confrère, M. Petit-Didier, qui, certainement, n’est pas le moins cruellement frappé, et qui, si dans cette cruelle circonstance a encouru des responsabilités matérielles, peut au moins avoir l'esprit dégagé de tout reproche moral.
- Le maître chauffeur de l'usine, M. Dieu-donné, a pu, avec un grand sang-froid, conjurer d'autres malheurs, en allant spontanément, et sous la panique d’un bruit qui pouvait provenir de sa chaudière, fermer toute issue à la vapeur, sans calculer s’il s’exposait lui-même.
- Les cylindres des Teinturiers-Degraisseurs étant ordinairement à vapeur libre sont complètement exempts de ce genre d’accidents, si rares, d’ailleurs, que cela en est, peut-être le premier exemple, quant aux cylindres que l’on chauffe sous pressions, il y a avantage, — et c’est toujours ce que nous faisons, — à faire les fonds boulonnés, outre la soudure qui est toujours nécessaire pour produire l’herméticité ; mais il est encore une meilleure précau-tion, et qui est en même temps un moyen économique, c’est de se servir de vapeur sur-chauffée, qui produit de très-fortes températures avec des pressions insignifiantes. Nous exposerons prochainement, avec plus de details, les avantages de ce mode de chauffage appliqué aux travaux de nos industries.
- En atelier de teinture. — A propos de l’accidentquo nous venons de relater, un journal léger de Paris, pour lequel les sinistres et les scandales sont des aubaines qu’il offre à la soif d’émotions vives et à la curiosité indiscrète ou envieuse de ses lecteurs, fait à propos
- de l’atelier de M. Petit-Didier, les réflexions suivantes :
- « Se doute-t-on à Paris de ce que peut-être l’usine d’un Teinturier-Dégraisseur qui occupe deux cents ouvriers? Se représente-t-on les vêtements malpropres entassés dans d’immenses cylindres pleins de benzine et mus par la vapeur? Peut-on croire qu’il y a, des mécaniques qui rallongent ou raccourcissent les étoffes à volonté — toujours grâce à la vapeur? Et les vieilles robes, les vieux châles passant sur des planches et s’imprimant en toutes couleurs, se dorant, même, comme des papiers peints? Et la soie qui se moire, et l’étoffe défraîchie qui retrouve l’éclat du satin?
- » Tous ces prodiges s’obtiennent grâce à l'emploi de forces terribles : la vapeur, le gaz, l’air qui se comprime et alimente les souffleries! Ce sont de magnifiques résultats, mais que parfois on paye cher... » (Figaro).
- Suit la relation de l’accident, faite avec une emphase mélodramatique et dans un esprit peu bienveillant.
- Conseil supérieur du commerce, de L'AGRI-culture et de L'INDUSTRIE. — Par suite d’un rapport du Ministre de l’agriculture et du commerce, désirant répartir convenablement les membres de ce Conseil, dans les trois branches de ses attributions : c’est-à-dire le Commerce^ l’Agriculture et l’Industrie, un décret du Président de la République, en date du 5 juin, réorganise ledit Conseil selon ces vues.
- Voici quelle est la composition de la section de l’Industrie :
- MM. Babin-Chevaye, Balsan, Benoît-d’Azy, Cordier, Drouin, Feray, Germonière, Joubert, Kolb-Bernard, Leurant, députés; Sieber, Sé-venne, Tezénas du Montcel, manufacturiers; les présidents des chambres de commerce de Roubaix, Elbeuf, Lyon, Reims.
- Le président du Conseil est M. Pouyer-Quer-fier.
- Avis. — La suite de l'article Bleus de cam-péche de M. Van Laer, ne nous est pas arrivée à temps pour figurer dans ce numéro, elle pa-raîtra au suivant.
- M. Barbé prie nos lecteurs de lui accorder encore un peu de répit pour la suite de ses Causeries confraternelles, qu’il reprendra avec plaisir, aussitôt que ses travaux lui en laisseront un peu le loisir.
- Pour tous les articles non signés • P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés,
- Paris. Typ, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Mi acies.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., N 13. g JUILLET 4873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Leçons sur les matières colorantes, par M. le Dr CRACE-CALVERT : Graine de Perse (suite), Gaude, Curcuma, Rocou. — Emploi de la glycérine dans le tissage, la teinture, l’impression et les apprêts, par M. HERBURGER. — Bleus par le campêche, par M. G. Van Laer, 2e partie ; Formules de teinture (échantillons). — Emploi de la vapeur surchauffée dans les industries tinctoriales, d’après M. Testud de Beauregard. — Teinture des gants de chevreau : Noir. Maron. Rouge. Gris.
- NOUVELLES. — Loi sur la prorogation des franchises aux tissus d’Alsace-Lorraine : exposé et discussion. — Impôt sur les tissus et régime économique. — Le commerce du rouge d'Andrinople, en Suisse.
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- Par le docteur Grâce Galvert.
- (Suite)
- La graine de Perse est de qualité supérieure ; elle provient du Rhamnus amygduli-nus.
- Une décoction de graine de Perse prend, en présence des alcalis, une coloration jaune-orange qui ne change pas par les acides. L’eau de chaux produit une teinte verdâtre, le sulfate de peroxyde de fer une teinte jaune verdâtre, et le chlorure d’étain une coloration jaune verdâtre, accompagné d’un faible précipité.
- Les décoctions de graine de Perse sont employées dans les fabriques d’indienne pour produire des jaunes et des verts genre vapeur, sur des tissus préparés à l’étain. Pour obtenir des jaunes, l’extrait est mélangé, soit avec du sulfo-acétate d’alumine, soit avec du muriate d’étain. Le mélange est épaissi, imprimé et vaporisé. Pour produire du vert, on ajoute du prussiate d’étain, on épaissit, on imprime et on vaporise. Le jaune et le bleu, ainsi formé, produisent du vert. Les décoctions de graine de Perse entrent facilement en fermentation et deviennent visqueuses ; on peut éviter cette décomposition par l’addition d’une petite quantité d’acide phénique.
- En Hollande, on produisait, avec une décoction de graine de Perse, une belle laque jaune dont la fabrication a été longtemps secrète. Le procédé consiste à ajouter du carbonate de chaux pur à la décoction. Le sel de
- chaux et la matière colorante forment un précipité qu’il suffit de sécher à l’ombre.
- GAUDE.
- La gaude est une plante herbacée, connue en botanique sous le nom de Réséda tuteôla. On la cultive en France et en Angleterre. Elle contient une matière colorante que l’on peut fixer sur laine par l'alun : la couleur produite est très-brillante et très-solide; elle résiste à la lumière, à la chaleur et aux acides. Les alcalis la font virer à l’orangé.
- La matière colorante, la lutéoline, fut extraite par M. Chevreul, qui l’obtint en cristaux transparents. Par l’action d’agents oxydants, comme le bichromate de potasse, elle prend une magnifique coloration jaune. Elle est peu soluble dans l’eau, très-soluble dans l’alcool; elle se dissous sans décomposition dans l’acide sulfurique concentré, et prend une belle coloration verte par le perchlorure de fer.
- M. Schulzenberger, dans des recherches récentes sur la lutéoline, a découvert que si l’on chauffe une dissolution aqueuse dans les tubes scellés, à une température de 250 degrés, elle se décompose en lutéoline pure et en résine; la lutéoline cristallise sur les parois du tube, et la résine se précipite,
- M. Schutzenberger découvrit aussi qu’en portant à l’ébullition une décoction de graines du réséda luteola avec de l’acide sulfurique faible, il se produit une nouvelle matière colorante, qui possède un grand pouvoir colorant et qui donne des teintes beaucoup plus pures.
- curcuma.
- Le curcuma est la racine du Curcuma tinc-toria, que l’on trouve en abondance aux Indes
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- orientales, et principalement à Bombay, à Java, à Batavia et aux îles Barbades. Les qualités supérieures proviennent de Bombay. On le trouve dans le commerce sousla forme d’une belle poudre possédant un remarquable reflet violet et une odeur très-prononcée.
- Vogel et Pelletier ont extrait la matière colorante du curcuma, à laquelle ils ont donné le nom de Curcumine. Mais c’est à M. Lepage que l’on doit le meilleur procédé d’extraction de la curcumine.
- La racine est traitée par du sulfure de carbone, qui dissout une huile volatile et une matière résineuse. Après l’avoir séchée, on la traite par une dissolution alcaline qui dissout la curcumine ; pour obtenir ce principe colorant, on ajoute un acide à la dissolution et la curcumine se précipite ; on la recueille, et après l’avoir séchée, on la dissout dans de l’éther; on obtient par évaporation de la curcumine pure.
- On emploie rarement le curcuma en teinture; les couleurs que l’on obtient avec cette matière colorante sont trop facilement altérées par les alcalis. Cette réaction est si sensible que les chimistes emploient souvent le curcuma pour reconnaître dans une dissolution la présence des alcalis et, ce qui est assez curieux, de l’acide borique.
- ROCOU.
- Le rocou est préparé avec la pulpe de la graine du Bixa orcellana, que l’on trouve dans l’Amérique du Sud. On l’importe du Mexique, des Antilles et principalement de Cayenne en masses couvertes de feuilles, pesant de 1 à 8 kilogrammes. On le trouve aussi en barils d’un poids de 2 à 300 kilogrammes, sous la forme d’une pâte homogène ayant la consistance du beurre et possédant souvent une odeur repoussante d’urine. On ajoute en effet de l’urine à cette pâte, pour la conserver humide et pour lui communiquer une teinte plus brillante.
- A Cayenne, lorsque le fruit du bixa est mûr, on le recueille et on le laisse macérer dans l’eau pendant plusieurs semaines. La pulpe se sépare de la graine, et on obtient la matière colorante en exprimant à travers un tissu. On évapore ensuite le liquide et l’on fait sécher à l’ombre.
- La pâte ainsi préparée est d’une qualité inférieure; la masse, en se décomposant, produit des inégalités à la teinture.
- L’analyse suivante donne la composition de cette qualité de rocou :
- Eau............................. 72 33
- Feuilles..........................3 75
- Amidon, mucilage et parties fibreuses....................18 30
- Matière colorante. . . . 5 60
- 100 00
- Il y a une trentaine d’années, M. du Montel perfectionna à Cayenne la fabrication du rocou, en ajoutant à l’eau un composé chimique destiné à prévenir la fermentation. Par ce procédé, on obtient le rocou en poudre très-fine possédant une magnifique couleur rouge.
- La dissolution alcaline de rocou donne un précipité orangé par les acides, l’alun et le sulfate de protoxyde de fer, un précipité brun jaunâtre par les sels de cuivre et un précipité jaune citron par les sels d’étain.
- Le rocou est employé en Angleterre pour colorer le beurre. Son emploi dans l’impression des tissus et dans la teinture est assez limité. On l’utilise pour faire varier certaines teintes de jaunes produits par le fustet ou le querci-tron, et pour former un fond aux tissus teints par le cathame ou la cochenille. Dans la fabrication des couleurs orangé genre vapeur,le rocou a été remplacé par l’aurine dérivé de l’acide phénique. On l’emploie cependant quelquefois pour teindre le coton.
- A cet effet, on trempe l’écheveau dans une dissolution alcaline de rocou , on passe en bain d’acide sulfurique faible qui précipite le bixime sur la fibre. Il suffit ensuite de laver l’écheveau. Lorsqu’on veut obtenir une teinte jaune orangé, on mordance le coton avec un sel d’étain.
- EMPLOI DE LA GLYCÉRINE DANS LE TISSAGE, LA TEINTURE, L'IMPRESSION ET LES APPRÊTS,
- Par M H. HERBURGER.
- Quoique la glycérine ait reçu depuis longtemps des applications dans l’industrie, qu’elle se soit impatronisée dans quelques grandes fabriques, et qu’on ait pu constater les avau-
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- tages pratiques qu’on en obtient, on trouve encore des gens qui craignent d’employer cette substance si avantageuse dans la teinture et l’impression, ou bien qui n’ont aucune connaissance de son utilité.
- La glycérine est d’abord, pour les pièces de machines, surtout celles qui sont exposées à l’air ou aux changements alternatifs de la température, extérieure, une des meilleures matières de graissage, attendu qu’elle ne s’épaissit ni ne se rancit pas, et surtout parce qu’elle ne se congèle pas en hiver, qu'elle maintient en tout temps le graissage des pièces frottantes, conditions que ne' remplissent pas les autres matières qui sèchent à l’air ou s’épaississent par les poussières qui, dans quelques fabriques, frottent constamment autour des machines, puis se sèchent, rancissent et obstruent les trous par où doit couler la matière lubréfiante, enfin entravent la marche des pièces de machines qu’on est obligé de graisser.
- Quand on ne veut pas employer la glycérine pure, on peut la mélanger par moitié avec de l’huile d’olive. La glycérine n’attaque pas les métaux comme beaucoup d’huiles que, pour leur donner du poids, on sophistique avec des acides, etc.
- La glycérine dissout facilement les produits du goudron, telles que toutes les préparations de l’aniline, l'alizarine, etc.
- Elle a une importance particulière dans la fabrication des peaux et le tannage, en ce qu’elle contribue à la conservation du poids naturel, qu’elle empêche les produits d’être cassants ou de chancir. Dans les tanneries elle a reçu les applications suivantes : la peau, légèrement tannée, est plongée pendant vingt-quatre heures dans de la glycérine, qu’on a mélangée pour moitié avec de l’eau et marquant environ 15 degrés Baumé, puis séchée.
- La glycérine n’a pas moins d’importance dins le tissage. Par son emploi, le parement n’acquiert jamais une mauvaise odeur, et l’ouvrier peut travailler, à fenêtres ouvertes et par le temps sec, sans le moindre danger, en mène temps qu’il n’a pas à redouter que la chaînt devienne cassante. De plus, l’addition de la glycérine au parement empêche la chaîne de noisir et de fermenter, et prévient
- les taches qui en résultent comme parement à la glycérine, on peut faire usage de la recette que voici et qu’on garantit : 5 kilog. de dex-trine gommeuse, 12 kilog de glycérine à 28 degrés Baumé, 1 kilog. de sulfate d’alumine, 30 litres d’eau.
- Ainsi qu’on l’a déjà dit, la glycérine sert à dissoudre les couleurs d’aniline et diverses autres couleurs ; elle sert aussi à conserver pendant longtemps et à entretenir à l’état moelleux les compositions d’albumine, de caséine, les solutions de gomme dont on fait usage pour les apprêts, parce qu’elle est antiseptique et s’opposent à ce que ces matières entrent en putréfaction.
- Elle est, en outre, très-avantageuse pour toutes les couleurs d’impression sur laine, parce qu’avant le vaporisage, les couleurs ainsi imprimées sont maintenues dans un état persistant d’humidité. Pour les couleurs d’impression sur coton, on l’emploie pour accélérer et favoriser l’oxydation des mordants avant la teinture topique.
- On fait bouillir les cristaux des couleurs d’aniline dans 750 grammes d’alcool à 38°centésimaux pendant deux heures et au bain-marie, et on y ajoute 250 grammes de glycérine à 28 degrés Baumé, au moyen de quoi on en opère la dissolution complète. La glycérine s’oppose, quand on épaissit avec l’albumine et autres matières analogues, à la précipitation des couleurs d’aniline, attendu qu’elle est le meilleur agent de liaison des produits du goudron.
- En général, on peut, pour les dissolutions des apprêts, des parements, des couleurs, des mordants, etc., employer, par litre, 48 grammes de glycérine.
- La glycérine, pour la teinture, l’impression et les apprêts, n’a pas besoin d’être blanche, et elle rend, quand elle est jaune clair, les mêmes services. Alors elle est d’un prix bien moins élevé. Il n’y a qu’avec les couleurs les plus délicates, tels que l’outremer, etc., qu’il faut faire choix d’une glycérine plus limpide.
- On fait, la plupart du temps, usage d’une glycérine de 26 à 28 degrés Baumé, exempte d’acide ou d’alcali, et qui ne doit pas rougir
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- ou bleuir le papier de tournesol. Il est rare de se servir d’une glycérine à 30° Baumé.
- La glycérine ne doit pas renfermer de chaux si on veut qu elle se combine avec les couleurs. On reconnaît parfaitement qu’elle contient de la chaux lorsqu’on mélangé, dans un verre à expérience, la glycérine suspecte avec moitié d’eau, et qu’on ajoute quelques gouttes d’une solution d acide oxalique. Si laliqueur se trouble fortement, la glycérine est très-chargée de chaux, chose qu’on peut constater très-bien en abandonnant à un repos prolongé pendant lequel l’oxalate de chaux se précipite.
- Quoiqu’on sophistique assez peu la glycérine, cependant bien des gens ont tenté de la falsifier. J’ai déjà eu l’occasion de soumettre à l’analyse quelques échantillons, les uns allongés avec du sucre de raisin, tes autres avec du sirop ordinaire. C’est surtout lorsque la glycérine est encore à l’état brut quelle n’a pas été évaporée et distillée, et où elle est encore colorée en brun, qu’une sophistication avec le sirop de fécule est très-facile et peu saisis-sable.
- La glycérine, par l’addition du sirop, perd à peine de son degré aréométrique et conserve sa fluidité épaisse; seulement elle gagne un peu en épaisseur, et trompe un peu l’acheteur quand il s’en rapporte seulement à la fluidité sans essayer à l’aréomètre.
- Dans les derniers temps on a livré dans le commerce de la glycérine dite cristallisée; mais tout le monde sait que cette substance ne cristallise pas même aux plus basses températures, et que c’est une assertion frauduleuse des fabricants. Les applications de la glycérine s etendent encore à bien d’autres opérations industrielles ; mais je n’ai pas eu l’intention de les indiquer ici, mon but a été simplement de faire connaître brièvement son emploi dans la teinture, l’impression et les apprêts, et de signaler cette matière à ceux qui n’ont pas encore été à même de l’employer, en en faisant ressortir les avantages.
- {Muster-Zeitung).
- BLEUS PAR LE CAMPÊCHE. Par G. Van LAER (1).
- me Partie
- FORMULES DE TEINTURE
- La teinture de la laine en bleu de campc-che, ou faux bleu, peut s’obtenir par divers procédés qui sont d’ailleurs d’un grand secours, par leur modicité de prix et leur promptitude d’exécution.
- Essayons donc de les passer rapidement en sevue. — Les anciens teinturiers teignaient généralement en un seul bain, ce qui explique en partie les mauvais résultats obtenus et la défense faite de faire usage de divers colorants. (Le lecteur en jugera par la recette suivante : )
- La marche suivie de nos jours, consiste à mordancer à froid ou à chaud, à teindre dans une solution ou une décoction de colorant; c est-a-dire que l’on fixe le colorant sur la laine au moyen de différents sels dont on l’imprègne avant de la teindre ; l’effet de ces sels, comme je l’ai déjà dit page S de mon Aide-Mémoire , est de changer la matière des extraits colorants ; de solubles dans l’eau qu’ils étaient, ils deviennent insolubles, tout en se fixant lentement dans les pores des fils ou tissus.
- Recette extraite dre teinturier parfait ou Vart de teindre, publié en 1669 sous les auspices du roi de France. (Ce recueil de teinture a été traduit du vénitien.)
- Eau propre à teindre ce qu’on voudra en y ajoutant la couleur telle qu’on la veut (c’est-à-dire mordant s’appliquant à tous les colorants).
- Eau de pluie.
- Urine d’enfant.
- Vinaigre blanc très-fort.
- Orpiment.
- De chacun, demi-part.
- Chaux vive..................... 1 part.
- Cendre de chêne................ 2 parts.
- Faites bouillir le tout ensemble à rédustion des deux tiers. — Passez cette eau par un linge à clair. —- Puis vous y ajoutez de l’alun.
- (1) Voir le n° du 5 juin, année corrante, page
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- Lorsque vous voudrez teindre, mettez dans un vase de cette eau avec la couleur que vous voudrez, etc., etc.
- Deuxième procédé, du même auteur.
- Prenez :
- Indigo......................... 1 livre.
- Alun de roche.................. 2 onces.
- Miel......................... 5 —
- Faites bouillir tout cela dans une lessive de cendre de chêne, jusqu’à ce qu’elle ait diminuée d’un tiers, le drap que vous y mettrez deviendra bleu-clair, etc., etc.
- J'extrais la recette suivante d’une collection ou livre A échantillons, d'un praticien ver-vietois. — Les échantillons sont parfaitement conservés, bien qu’ils datent de 1802. 100 kilogrammes laine:
- Bouillon de deux heures et demie dans un bain de :
- Eau de pluie.
- Tartre............... 4 kil. 1/2
- Alun. ........................ 9 —
- Teinture dans un second bain avec : Eau. 2 -essc as Campêche 19 kil, 1/2.
- Urine,,................,. .. un seau.
- Seconde teinture, du même teinturier, 1813. (Echantillons parfaitement conservés.) 100 kilogrammes laine. ,
- Même manipulation que pour la teinture précédente, bouillon, 3 heures dans un bain de :
- Eau. • - • •
- Alun........................ .. 12 kil-
- Tartre........................... 6 —
- Le laisser reposer jusqu’au lendemain, puis teindre dans un deuxième bain composé de :
- Eau.
- Campêche........................ 26 kil.
- que l’on fait bouillir 2 heures et demie avant d’entrer la laine; avoir soin d’ajouter au bain avant de finir :
- Urine.......................... 4 seaux.
- On remarquera que ces deux recettes sont exactement les mêmes que celles employées aujourd’hui. Ce teinturier était un bon de l’époque, car j’extrais d’un travail sur la teinture, Dictionnaire technologique, tomeX, page 383, publié en 1832, c’est-à-dire 30 ans plus tard,
- des procédés moins bons; le lecteur en jugera par lui-même. (A pette époque, la majeure partie des teintuciers opéraient en un bain pour toutes les teintures, je dirai même encore aujourd’hui.)
- DICTIONNAIRE TECHNOLOGIQUE
- Il faut employer, dit l’auteur, la décoction de bois d’Inde immédiatement après qu’on l’a obtenue ; plus le bain vieillit, moins il donne de produits en matière colorante ; on fait bouillir le bois d’Inde, haché ou moulu, deux deures et demie, à raison de 3 livres par 36 litres d’eau, ou bien d’après Vitalis, une partie de bois (pour 6 parties de laine) avec 15 ou 20 parties d’eau.
- On retire les copeaux et l’on verse dans le bain un vingtième de partie de vert-de-gris délayé dans une portion de bain, on agite bien, puis on y abat l’étoffe. On l’y tient à peu près pendant une heure, puis on lave.
- teonsfrom al iuoq avL no 910 ol 1
- Un deuxième procédé qui donne un peu plus de solidité consiste à préparer les draps en les faisant bouillir dans un bain d’alun, à les laver, à leur donner ensuite la couleur dans un bain de bois de campêche et de sulfate de cuivre.
- bleu faux, par Dumaé.
- A 00 kilogrammes laine.
- On fait subir à la laine un léger bouillon de tartre et dans les proportions de :
- Alun............................. 4 kil.
- Tartre......................... 2 —
- Ce bouillon dure une heure et demie, la laine est levée sur le brancard.
- On verse alors dans le bain quelques seaux d’une décoction de bois de campêche et on y fait dissoudre une quantité convenable de sulfate de cuivre, qui, par la propriété qu’il a de précipiter le bois de campêche en bleu, décide sur la laine une nuance bleu franc.
- On y plonge la laine de nouveau, le bain étant porté à l’ébullition, et après l’avoir menée vivement pendant un quart d’heure à cette température, on la bat pour l’éventer et la laver.
- Deuxième procédé, même auteur.
- 100 kil. laine.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Bouillon de deux heures dans un bain de : Eau.
- Alun........................10à12kil.
- Tartre..................... 5 —
- Acide sulfurique.......... 1 litre.
- Teinture dans un deuxième bain de : ......................... 16 à 20 kil.
- Soude, potasse ouchaux. 6 —
- Troisième procédé, même auteur.
- Bouillon, une demi-heure dans un bain de:
- Eau.
- Alun........................... 8 kil.
- Bichromate................... 1 —
- Tartre......................... 2 —
- Après le bouillon, rinçage à l’eau ceurante, puis teindre doucement au bouillon avec 9 kil. campèche (ce bleu est très-stable).
- moniteur de la teinture, octobre 18fâ,page 123.
- On commence par donner à la laine un pied de bleu de cuve, on la lave pour la mordancer au bouillon une heure et demi avec :
- Alun.......................... 8 kil.
- Sulfate de cuivre............. 5 — Chlorure d’étain.............. 600 gr.
- Bichrom-trefle po* ........... 4 kil.
- Tartre................... d. . 2 —
- Acide sulfurique.............. 2 —
- Teinture sans faire bouillir, par :
- Campèche........................ 20 kil.
- Ste-Marthe.................... 4 —
- Pour être complet, il faudrait décrire l’action de chaque sel sur les colorants, l’influence des doses, afin de faire bien sentir la différence qui existe entre chacune des recettes, car toutes les opérations de cet art, sont autant d’opérations chimiques. — Comme cela me mènerait trop loin, je me borne à indiquer les ingrédients employés, les doses, etc, c’est-à-dire la partie pratique. Les quelques échantillons que je joins aux formules, indiquent de visu l’influence d’une manière précise.
- Précis de Vart de la teinture, par Dumas.
- On exécute aussi sur laine, au moyen du bois de campèche des nuances foncées. — Pour obtenir ces couleurs, on doit préparer un bain dans lequel on fait bouillir une légère quantité de bois, on jette dans ce bain, après une courte ébullition :
- Alun.............................. 10 kil.
- Tartre............................ 2 —
- Vitriol bleu...................... 1 —
- Pour 400 kilogrammes de laine ; on plonge la laine, on la mène bien et on la laisse bouillir pendant trois heures, après ce temps on lève la laine sur le brancard, et on fait bouillir dans le même bain le bois de campèche nécessaire pour achever la couleur ; on emploie ordinairement 15 à kil. de ce bois en copeaux, on le fait bouillir dans la chaudière pendant une heure ; puis on y plonge la laine que l’on fait bouillir pendant une demi-heure en prenant la précaution de la manœuvrer vivement pendant l’ébullition.
- On retire la laine après cette opération, pour la replonger encore lorsque le bain a bouilli pendant une heure et demie. La laine est encore relevée, on fait dissoudre dans le bain une légère quantité de sulfate de cuivre, et elle y est replongée et menée, sans bouillir, pendant une-heure ; elle est abattue, éventée et lavée.
- GUIDE du teinturier, par Smith. 100 kilogrammes laine.
- Bouillon, 2 heures dans un bain de :
- Eau.
- Alun........................... 4 kil.
- Sulfate de cuivre.............. 700 gr.
- Tartre......................... 700 —
- Acide sulfurique............... 350 —
- Teinture par : Campèche 5 kil.
- Urine.......................... 2 seaux
- Entrer la laine à 45° pour finir à 100°
- Procédés employés A AIX-LA-CHAPELLE.
- Premier procédé.
- 100 kil. laine.
- Bouillon, 2 heures dans :
- Eau.
- .Alun............................ 13 kil.
- Tartre........................... 6 —
- Sel d’étain................. 250 gr.
- Acide sulfurique................. 500 —
- Laisser réparer la laine une nuit, puis remonter par :
- Campèche.......................... 40 kil.
- Carbonate de soude............. 1 —
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- ET DE L'IMPRESSION DES TISSUS
- JC r
- Deuxième pocédé.
- 100 kilogrammes laine.
- Bouillon, une heure et demi avec :
- Eau de rivière.
- Alun.............................. 10 kil.
- Sel d’étain........................ 4 —
- Tartre............................. 4 —
- Après bouillon, teindre dans : ..... 30 kil.
- Galliatour......................... 10.—
- Sulfate de cuivre................ 1 —
- Teinture de VERVIERS et des environs.
- © — 19
- 100 kil. laine.
- Bouillon, 2 heures :
- Eau.
- Alun........................ 10 kil.
- Bichromate de potasse......... 1 —
- Après le bouillon on laisse la laine en repos jusqu’au lendemain, puis on teint par 20kil. de campêche.
- Voir l’échantillon n° 12.
- Autre procédé.
- 100 kil. de laine.
- Eau.
- Bichromate de potasse.......... 2 kil.
- Acide sulfurique ................ 1 —
- Après un repos d’un ou deux jours, la laine est teinte dans un bain de 30 à 40 kil. de campêche.
- Autre procède.
- e
- Co
- 100 kil. de laine.
- Bouillon, 2 heures.
- Eau.
- Bichromate de potasse............. 2 kil.
- Sulfate de soude.................... 5 —
- On laisse après le bouillon la laine en repos dans les paniers, puis on fait la teinture le lendemain dans un bain de :
- Campêche......................... 30 kil.
- ................................. 10 —
- Voir l’échant’llon n° 13.
- Autre procédé.
- 2
- 100 kil. de laine.
- Bouillon, 2 heures.
- Eiu.
- Bichromate de potasse.. 2 kil. 1/2
- Azotate de potasse......... 3 —
- Remontage le lendemain par 30 kil. de cam pèche.
- Voir l’échantillon n° 14.
- RECETTES HOLLANDAISES 100 kil. de laine.
- Bouillon, 2 heures et demie.
- Eau.
- Sulfate de chrome................. 5 kil.
- Sulfate de cuivre................. 2 —
- Tartre............................ 4 —
- Teinture dans un bain de 6 kil. d’extrait de campêche.
- Deuxième procédé.
- N’15.
- 100 kil. de laine.
- Bouillon, 2 heures et demie.
- Eau.
- ' Sulfate d’alumine............. 5 kil.
- Alun de chrome.................. 4 —
- Sulfate de cuivre............... 1 —
- Teindre le lendemain par :
- Extrait de campêche........... 6 kil.
- Carbonate de soude............ 1 —
- Voir l’échantillon no 15.
- Les bleus au campêche peuvent s’obtenir par une infinité de manières, ainsi j’extrais des essais faits à l’École Professionnelle les formules suivantes : — teinture peu stable par 5 à 15 alun et plus sel marin, ou salpêtre, ou plus 8 chlorure ammoniaque, ou 2 tartre neutre (sel de seignette).
- Teinture plus stable : bouillon avec 50 alun plus 0,4 à 0,1 bichromate plus 0 à 06 acide sulfurique ou par 4 à 8 d’alun de chrome, 1/2 à 1 bichromate, 1/2 à 1 acide sulfurique. — La dose de campêche varie selon la nuance plus ou mois foncée que l’on désire.
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- en tS
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Indépendamment de cette.teinture bleu faux teint, on teint encore la laine en demi bon teint, en alliant le bleu de cuve au bois d’Inde ou campêche.
- On commence par donner à la laine un fond d’indigo (bleu de cuve), puis on remonte, c’est-à-dire on teint par les procédés ordinaires décrits plus haut; des teinturiers donnent un léger bouillon de sel d’étain et de tartre, puis remontent au bouillon dans un bain de campêche; d’autres par le campêche et le cal-liatour ou le cudbaer, ou du calliatour pur seul, lorsque le fond de bleu de cuve estfoncé. — Le plus souvent on se contente de donner un bain de campêche et de sulfate cuivre sans mordançage.
- EMPLOI DE LA VAPEUR SURCHAUFFÉE
- DANS LES INDUSTRIES TINCTORIALES.
- Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de la vapeur surchauffée, et à propos de son application au séchage et à l’épaillape des tissus imaginée par M. Bastaërt (1), nous avons fait pressentir que son emploi pourrait prendre, dans nos spécialités, une extension, en rapport avec les précieuses qualités de ce nouvel agent et les facilités de son application.
- Pour donner à cette étude la sanction d’un nom autorisé, nous ne saurions mieux faire que de reproduire le travail de M. l’ingénieur Testud de Beauregard, lequel a consacré une partie de sa vie et de son activité à vulgariser la vapeur surchauffée, et à en faire ressortir les avantages au point de vue de l’économie bien entendue du combustible, de la régularité du travail qui en résulte et des dangers d’accidents qu’elle permet souvent d’éviter. Nous extrayons ce qui suit de diverses Lettres-Causeries (2) de ce généreux apôtre de la vapeur surchauffée. F. G.
- (I) Voir le numéro du 20 janvier année courante, page 17.— Nous indiquerons prochainement de nouvel es applications données par M. Bastaërt à son procédé.
- (2) Lettres-Causeries, par M. Testud de Beauregard, publication scientifique hebdomadaire, pleine d’idées neuves et fécondes pour l'industrie, écrite sous une forme littéraire attrayante, et avec des vues philosophiques aussi élevées que judicieuses. — Bureaux, rue de Lafayette, 162, à Paris.
- CHAUFFAGE DES BAINS de Teinture, de Blapçhirnent qu d'Apprêt.
- Dans.beaucoup d’usines et particulièrement dans les teintureries, apprêts d’étoffes, etc., etc., élever la température de grandes quantités d’eau jusqu’à l’ébullition est un besoin.
- Autrefois l’on eut employé le feu direct ; mais en présence du moteur, on a trouvé, sinon plus rationnel, au moins beaucoup plus commode, de chauffer avec la vapeur. A priori, il y a bien quelque chose d’illogique dans ces deux tranformations contraires : la chaleur en force pour animer l’usine et la force en chaleur pour faire bouillir l’eau. Cette double opération, dont la commodité seule a fait le succès, se réalise de deux manières : l’une par contact, c’est-à-dire la vapeur passant par des serpentins ; l’autre directement, la vapeur s’échappant au sein du liquide (le barbottage). Un peu moins onéreux, ce dernier mode ne peut malheureusement pas remplacer le premier, à cause de la condensation de la vapeur qui vient s’ajouter au liquide chauffé; néanmoins ces deux modes faciles sont loin d’être économiques, et c’est là le point qu’il importe de démontrer.
- a La vapeur, fort chère à créer, nous impose par conséquent la condition d’en utiliser les effets le mieux possible, c’est-à-dire avec réflexion et surtout avec savoir; or, examinons le premier mode de chauffage qui a lieu partout. Première phase : Au sortir du serpentin et tant que le liquide dans lequel il est baigné reste froid, nous ne voyons couler que de l’eau tiède. Dans cette phase, la chaleur est utilisée; la vapeur a cédé au milieu traversé la chaleur sensible et latente qui la constituait; cette bonne utilisation s’effectue jusqu’à environ 28° centésimaux du liquide à chauffer; à dater de ce moment, nous entrons dans la seconde phase qui est beucoup moins économique, ainsi qu’on va l’apprécier. En effet, à dater de ce degré, l’eau qui s’écoule du serpentin s’élève graduellement en température, et nous voyons s’exhaler de la vapeur aussitôt que le liquide de la bâche atteint 38 ou 40° ; or, chauffer avec la vapeur et laisser cette dernière, après l’effet utile, s’échapper à l’état gazeux , n’a pas besoin de commentaires. Déjà, dans cette seconde phase, le calorique de combinaison n’est que partiellement utilisé.
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- Quant à la troisième phase, celle qui a lieu dès que le milieu ambiant atteint la température de 70°, celle-là est archi-onéreuse, car la vapeur, dès ce moment, ne cède plus de calorique latent, n’abandonne qu’une faible somme du calorique sensible qu’elle possède et s’échappe sous une pression inutile, qui d’abord fait équilibre à notre atmosphère pour aller en s’augmentant jusqu’à la fin de l'opé-ration, c’est-à-dire l'ébullition de la masse liquide; ce n’est pas tout encore : si on examine les derniers moments de cette troisième phase, on est effrayé des quantités de vapeur qui fuient à flots pressés du serpentin pour n’élever que bien lentement la température, du milieu, degré par degré, marche thermométrique incessamment ralentie jusqu’à l’ébullition. Voilà pourtant ce que nous voyons aujourd’hui, appeler progrès dans nos usines.
- Nous avons déjà donné les résultats obtenus par l’emploi de la vapeur désaturée seule comme véhicule chauffant. Voici ce que nous disions : « La vapeur surchauffée offre des résultats plus économiques, parce que : 1° la quantité de chaleur dont elle est pénétrée s’assimile immédiatement au liquide contenu dans la bâche, en raison de l’éloignement des points thermométriques qui séparent le liquide de la vapeur; 2° elle se condense entière-ment jusqu’à la vapeur de 94°; 3° sa vitesse d’écoulement ne représente plus dès lors qu’un temps gagné. »
- Le surchauffeur est bien souvent muni d’un appareil appelé aspirateur^ appareil qui, dans ce cas, n’a d’autre but que de se rendre maître de la combustion, à l’aide de la somme de gaz comburant apporté dans le temps.
- Lie foyer ne dégage donc sa chaleur qu’à notre discrétion et sur notre vouloir; ceci expliqué laisse comprendre au lecteur que les gaz produits, résultat d^la combustion, sont appelés avec plus ou moins d’énergie par l’aspirateur qui, dans son fonctionnement, les refoule où l’on peut avoir intérêt à se servir de la chaleur qu’ils contiennent, premier point.
- Maintenant, pour l’application dont nous nous occupons, le lecteur peut à son profit, comparer la différence d’effet utile qui a lieu par cette seule adjonction de la chaleur mise
- en excès dans la vapeur, il peut apprécier le temps gagné, l’économie apportée.
- Revenant aux produits de la combustion, refoulés par la vapeur surchauffée, faisons communiquer ce mélange de vapeur et de gaz brûlants au serpentin noyé dans le liquide qui doit être chauffé, quelle différence dans les effets obtenus, dans la vitesse du résultat ; gaz et vapeurs entre 600 et 800° parcourant avec une vitesse ad libitum toute l’étendue du serpentin, voilà qui devient plus rationnel, c’est autant que l’homme peut le faire, la chaleur utilement recueillie, c’est le dicton Anglais : « Times is money » réalisé, c’est simplement de la logique dans le meilleur emploi du feu.
- La préparation des matières tinctoriales gagnerait en effet, temps et argent par l’application de ce mode de chauffage ; douter du résultat, nous paraît chose peu probable, et lorsqu’on songe que l’appliquer est, quant aux premiers frais d’établissement, si peu dispendieux, si simple et si facile, la marche journalière si commode, si pratique, la théorie si naïve, que l’on se demande pourquoi cela n’es pas fait depuis longtemps, cependant, bien des industries ont besoin d’eau chaude ! Pour cet usage on emprunte de la vapeur ordinaire, et cela parce que l’on a pas compté avec l’économie, discuté avec logique. — Grosse faute commise par l’abstention du raisonnement. — Pesez, lecteurs, et demain le surchauffeur sera le corollaire obligé de tout générateur.
- CHAUFFAGE DES CYLINDRES à sécher et à apprêter.
- S’il n’y a pas de pression dans ces cylindres, il n’y a point de danger de rupture ni d’explosion. Pour ces sortes d’appareils, il faut température élevée, ce qui signifie, avec la vapeur ordinaire (vapeur saturée d’eau), tension manométrique. Si l’on a besoin de 140°, le récepteur cylindre résiste à une force qui tend à l’ouvrir égale à 3 kil. 99 par centimètre carré; on le voit, l’obligation de la chaleur impose une force de résistance proportionnelle qui est une menace constante. N’admettons plus de vapeur ordinaire dans le cylindre, remplaçons là par la vapeur desaturée ; dès cet instant, il n’y a plus solidarité entre le calorique apporté et la pression ; nous aurons dans ce cylindre de la vapeur à 160, 180, 200
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- degrés même, et cela sous l’effort minime de quelques centimètres de mercure, indiquant une force de résistance insignifiante (50 à 100 grammes par centimètre carré) en résumé plus de pression.
- Sur le générateur, une prise spéciale munie d’un robinet apportera la vapeur nécessaire au chauffage des cylindres, à un appareil ad hoc muni d’une large soupape chargée à un quart d’atmosphère — pression effective. — Un manomètre à air libre et à grande section tubulaire d’une longueur de 350 m/m, surmonté à sa partie supérieure d’un godet pour éviter la perte du métal, sera placé en vue afin de justifier du bon fonctionnement. Ainsi établis, les cylindres n’auront jamais à supporter qu’une pression de 15 à 16 centimètres de mercure, soit un quart d’atmosphère dépassant ou excédant la pesanteur de l'air. Tout danger est donc irrévocablement conjuré. Du purgeur , et dépouillée du liquide mécaniquement ou physiquement entraîné et sous la pression minime que nous venons d’indiquer, la vapeur traversera le surchauffeur qui, sans augmenter la tension manométrique (ces appareils étant sous l’influence de la soupape et du manomètre à air libre, manomètre-soupape que nous venons de décrire), lui donnera la température que l’on désire lui communiquer. La vérification de cette température se fait à l’aide de deux thermostables placés, l’un sur l’appareil surchauffeur lui-même, et l’autre avant l’admission de cette vapeur aux cylindres sècheurs ou lustreurs.
- Après avoir envisagé cette question au point de vue d’un intérêt qui prime tous les autres, l’humanité, il nous est permis de dire un mot sur une application qui, dans un ordre moins élevé de pensées, justifie son utile emploi par l’économie apportée et la promptitude du travail produit.
- Cette question intéresse au plus haut point et les fabricants de papiers et les apprêteurs d’étoffes ; en un mot toutes les industries qui se servent de la vapeur contenue sous pression dans des cylindres stables ou mobiles ; à ce point de vue, sur la vapeur dépensée aujourd’hui, il y aura en poids une économie réelle des deux tiers. Pour cela, nul besoin d’arrêt dans la marche journalière, la pose des appareils s’effectue sans gêner le travail
- habituel et, cette pose terminée, l’ouverture d’un robinet suffit pour qu’il n’y ait plus pression dans les cylindres et que la chaleur puisse y être instantanément augmentée selon le désir et les besoins. La différence économique peut être si facilement constatée, qu’insister nous paraît inutile.
- (La description des surchauffeurs au prochain numéro).
- TEINTURE DES GANTS DE CHEVREAU.
- Les solutions de teinture sont appliquées au moyeu d’une brosse sur les gants préalablement tendus sur une main de bois.
- NOiR.
- Pour la teinture en noir, on lave le gant à la benzine; et on emploie ensuite une décoction de campêche, que l’on étend à deux reprises différentes, de dix minutes en dix minutes. Dix minutes après, on plonge le gant dans une solution de sulfate de fer, après quoi on lave à l’eau chaude.
- Si la teinte obtenue n’est pas assez foncée, on ajoute un peu de décoction de quercitron dans le bois de campêche. Le sulfate de fer peut aussi être remplacé avantageusement par le nitrate.
- Lorsque le gant commence à sécher, on le frotte avec un peu de talc et d’huile de Provence, et on le comprime entre neux flanelles. On le frotte une seconde fois avec le même mélange, et on le tend de nouveau sur la main de bois.
- Le gant ne devant pas être noir en dedans, il faut prendre garde à ce que pas une seule goutte du liquide ne pénètre à l’intérieur.
- MARRON.
- On obtient la teinte brune ou marron au moyen de fustel et de campêche, avec un peu d’alun. Les quantités de teinture à employer dépendent de la nuance que l’on veut produire.
- Pour assombrir une teinte, on se sert d’une solution de sulfate de fer.
- ROUGE.
- Le rouge maroquin s’obtient au moyen
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- d’une décoction de cochenille, additionnée d’un peu de sel d’étain et d’acide oscalique.
- Un peu de campèche rend la teinte plus foncée.
- gris.
- Le gris s’obtient au moyen d’une décoction de sumac ; on traite ensuite par le sulfate de fer étendu ; pour avoir du gris verdâtre, on ajoute à la décoction de sumac du fustel et du campèche, ou du fustel et du carmin d’indigo.
- Les couleurs d’aniline se fixent toutes sans aucune addition ultérieure.
- Au lieu d’une brosse, on peut employer une éponge dans les cas ou cela parait préférable.
- Si l’on veut donner au noir un beau reflet bleuâtre, on n’a qu’à laver le gant après la teinture avec un peu de sel d’ammoniac.
- Si les piqûres doivent rester blanches, il faut les revêtir, avant l’opération, d’une base de graisse.
- NOUVELLES
- Proposition de loi tendant à la prorogation de la loi du 9 décembre 1872, relative à la franchise accordée à la rentrée des tissus qui empruntent à l’outillage industriel de l'Al-sace-Lorraine une façon supplémentaire (urgence déclarée), présentée par M. Claude (des Vosges), membre de l’Assemblée nationale.
- Messieurs, lorsque vous avez rendu la loi du 9 décembre 1872, vous avez voulu remédier à l’insuffisance des moyens de production que la perte de l’Alsace-Lorraine avait laissés à l’industrie de l’Est. En limitant à six mois la prorogation d’une des plus sages dispositions de la convention additionnelle du 12 octobre 1871, vous entendiez procurer aux promoteurs de notre reconstitution industrielle le délai nécessaire à la création des outillages auxquels le produit demande ses dernières façons.
- Les intéressés eux-mêmes avaient considéré ce délai de six mois comme suffisant. Mais des obstacles de plus d’un genre ont entravé et ralenti la construction des grandes usines qui s’élèvent dans les Vosges. Une nouvelle prorogation de troix à six mois est devenue indispensable. Elle peut seule atténuer les effets de la crise désasteuse qui sévit contre notre grande industrie cotonnière.
- En conséquence, j’ai l’honneur de présenter à l’Assemblée nationale la proposition suivante :
- Article unique. La loi du 9 décembre 1872, relative à la franchise accordée à la rentrée des tissus qui vont emprunter à l’outillage industriel de. l’Alsace-Lorraine, les façons complémentaires du blanchissage de la teinture et de l’impression, est prorogée de six mois, du 30 juin au 31 décembre 1873.
- Adoption de la loi. — La proposition qui précède a donné lieu à la courte discussion suivante, terminée par l’adoption de la loi, en la séance du 27 juin, à l’Assemblée nationale : M. Cordier. — L’auteur de la proposition vous a dit dans son rapport que l’opération dont il s’agit est très-utile à certaines industries et n’a soulevé aucune plainte. J’affirme, au contraire, qu’elle a des inconvénients très-graves qui se font sentir d’une façon très-sensible dans la région de l’Ouest.
- Pour qu’il en fût autrement, il aurait fallu qu’au début elle eût une contre-partie, c’est-à-dire que les tissus étrangers eussent été admis à recevoir un complément de façon en France.
- D’abord la faculté devait être restreinte à la teinture des tissus qui servent à faire des doublures ; elle a été étendue ensuite aux indiennes, et l’envahissement de ces tissus a pesé sur le marché.
- Si les industries lésées ne se sont pas plaintes dès le début, c’est qu’elles se trouvaient en présence d’une situation très-délicate, puisqu’il s’agissait des relations à conserver avec l’Alsace-Lorraine.
- On avait demandé alors un délai de six mois, on vous propose aujourd’hui de prolonger ce délai parce qu’il n’a pas été suffisant pour permettre de compléter l’outillage pour les opérations qu’on avait en vue.
- Je répondrai qu’on pouvait trouver dans l’Ouest tout l’outillage dont on a besoin ; car tandis qu’on n’a établi pendant le délai accordé que les appareils nécessaires pour manutentionner 2,500 pièces, on a, dans l’Ouest, créé dans le même espace de temps, des établissements manutentionnant 4,600 pièces par jour et cinq appareils pour l’indienne, imprimant 8 à 10 couleurs à la fois.
- La mesure qu’on réclame est donc inutile, et elle a l'inconvénient très-grave de peser sur le travail industriel de l’Ouest.
- Il est certain que toutes les entreprises industrielles ont, depuis quelques jours, depuis quelque temps, repris une activité très-sensible. Une seule branche est en souffrance, c’est la grande industrie du coton, c’est-à-dire malheureusement celle qui emploie le plus de bras.
- Il est vrai qu’avant peu il pourra être apporté à cette tribune des réformes économiques
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- qui, en faisant disparaître certaines équivoques, certaines incertitudes, amélioreront sans doute la situation; mais, je le répète, l’admission temporaire a pour effet de peser lourdement sur l’industrie de l’Ouest.
- L'Assemblée fera donc un acte sage en repoussant la prorogation que l’on a demandée. (Approbation sur divers bancs).
- M. Claude (des Vosges). — En réduisant à deux mois le délai de six mois que j’avais de-mamdé, la commission a donné une satisfaction suffisante aux observations de M. Cordier.
- Il ne s’agit pas d’admission temporaire, mais d’un complément de façon donné à certains tissus. Nous cherchons à constituer dans l’Est une nouvelle Alsace. Or, il est certain que la période d’évacuation y fait obstacle. Un délai est donc nécessaire.
- Il y a d’ailleurs solidarité entre toutes les branches de l’industrie cotonnière. Si la Normandie souffrait de ce délai, nous en souffririons aussi et nous ne serions pas assez insensés pour vous le demander. (Très-bien ! très-bien !)
- L’article unique du projet est adopté.
- Impôt sur les tissus, régime économique, — Le changement de ministère, a remis en question, ainsi que nous l’avions pensé, et qu’il était facile, d’ailleurs, de le préssentir, toutes les lois économiques élaborées par le gouvernement de M. Thiers ; parmi tous les projets et propositions émis de tous côtés, principalement à l’égard de l’impôt sur les tissus, et du traité de commerce, aucun n’est encore assez solidement appuyé pour paraître être appelé à prévaloir.
- Il n’est donc pas encore possible de prévoir le résultat des travaux et négociations entrepris à ce sujet.
- Le commerce des rouges D'ANDRINOPLE en Suisse. — A propos de tentatives faites pour établir des relations commerciales entre l’Allemagne du Sud et de l’Orient, la Gazette d'Augsbourg donne les détails suivants sur le trafic de la Suisse avec les pays du Levant :
- Le gros des articles de ce commerce consiste en cotonnades (ce qu’on appelle les « rouges » rorcgeweare\ dont la fabrication a, pour l’est de la Suisse, une importance égale à celle de la fabrication des montres pour la partie occidentale. Les visiteurs de l’exposition de Paris n’auront pas oublié l’arrangement si élégant de ces marchandises dans une salle particulière, où le jour descendait de la voûte. A l’exposition de Vienne on retrouve la même recherche et le même art.
- Au point de vue du goût et de la couleur, ces articles trahissent sur-le-champ leur destination pour l’Orient ; pour s’en convaincre, on n’a qu’à considérer, à cette même exposi
- tion de Vienne, les sections des Indes-Orientales, des colonies néerlandaises et de l’Asie antérieure. L’article est peu apparent, si l’on veut; mais tandis qu’en maint autre pays on expose des objets, dont un ou quelques-uns au plus se vendent, ces marchandises exposées par la Suisse sont les échantillons d’un article qui se débite avec une facilité incroya-b e.
- Mais comment les Suisses sont-ils arrivés à ce résultat? Le produit dont nous parlons est une création des pionniers du commerce suisse, établis en Orient. De même que les marchands et les industriels de la Hanse et du Rhin inférieur envoient depuis des siècles leurs fils et leurs parents au Brésil, au Mexique où à Buenos-Ayres, de même que les marchands de Hambourg et de Lübeck ont des succursales à Saint-Pétersbourg ou à Riga, tout un réseau de colonies suisses s’étend sur l’Orient. Leur origine est très-simple.
- Des jeunes gens, d’une bonne éducation commerciale, d’un caractère sûr, sont d’abord envoyés comme auxiliaires dans une maison solide en Orient. Ils y travaillent, en commençant par les grades inférieures ; ils apprennent à connaître la place, ses débouchés et la branche de commerce qu’ils veulent entreprendre. Pendant leur séjour à l'étranger on tient essentiellement, dans leur patrie, à ce qu’ils continuent leurs rapports avec la famille, afin que l’influence morale qu’exerce celle-ci ne soit pas perdue pour eux.
- Une fois arrivés à l’âge d’homme, ces jeunes gens sont abandonnés à eux-mèmes ; ils entrent comme associés dons une maison déjà existante, ou bien ils s’établissent à leur propre compte, soient qu’ils aient un pécule, soit qu’ils soient crédités par des compatriotes. C’est d’une telle source, qui rappelle « les marchands aventureux » du moyen-âge, que sont sorties un grand nombre des maisons suisses très-estimées de Trieste, de Smyrne et de Bombay. Ce sont aujourd’hui les pionniers les plus actifs du commerce et de l’ndustric de la mère-patrie.
- Par leur souplesse, par leurs prévenances pour la population du pays étranger qu’ils habitent et pour ses besoins, par la confiance que leur conduite et leur esprit de famille inspirent. ils réussissent à pourvoir les populations orientales de produits suisses.
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris. Typ, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miraeles.
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- 16e VOL., No 14. 20 JUILLET 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Blanchiment de la laine, sans soufrage, à l’aide des bi-sulfites. — Revue sommaire des brevets d’invention ; Machine à sécher pour tulles, etc. Machine à couper les tissus. Appareil élargisseur. Eau de Suint. Extraits colorants. — Des bleus d’indigo, par M. G. Van Laer : Considérations générales^ des Cuves froides, procédés divers (échantillons). -- Emploi de la vapeur surchauffée dans les industries tinctoriales, d’après M. Testud de BEAUREGARD : Surchauffeurs. — Altération des charbons.
- NOUVELLES. — Titrage des soies. — Prud’hommes.—Classification des déchets de l’aine. — Nuances à la mode. — Syndicat des Teinturiers en soie.
- BLANCHIMENT DE LA LAINE
- SANS SOUFRAGE, A L’AIDE DES BI-SULFITES
- Pour éviter le soufrage des laines, on a, depuis longtemps, proposé de remplacer ce soufrage par une immersion des matières dans une dissolution de bi-sulfite de sonde que l’on décompose par un acide, afin de produire de l’acide sulfureux liquide, au lieu de gazeux qu’il est dans les chambres à soufrer.
- Gela est un fait bien connu, et que le Moniteur de la Teintitre, a, d’ailleurs, plusieurs fois signalé, mais la méthode pratique d'appli-cation est moins connue, et voici comment on conduit cette opération :
- Avant toute opération de blanchiment, les laines doivent être dégraissées et lavées, aussi parfaitement que possible.
- Puis, pour 100 kil. de laine :
- Dans un cuvier en bois blanc d’une grandeur suffisante pour manœuvrer cette quantité de laine, et rempli d’eau froide, on fait dissoudre :
- 1 Bi-sulfite de soude cristallisé, 5 kilog.
- Puis on ajoute :
- Acide chlorhydrique (muriatique), 2 kilog.
- Aussitôt, on y introduit la laine, on la retourne à l’aide de fourches, et on la laisse ainsi 3 à 6 heures.
- Les laines filées sont embâtonnées, elles tissus se manœuvrent au trinquet.
- On relève la laine, on la laisse égoutter, et on la rince.
- Souvent, le bain d’azurage constitue un rinçage suffisant.
- Pour une seconde opération, on peut renforcer le bain avec la moitié des doses indiquées, pourvu que cette deuxième passe se fasse immédiatement après la première, afin que le bain ne soit pas éventé. On peut même faire plusieurs passes et renforcements successifs, en ayant soin de décanter le dépôt boueux qui se produit et en ajoutant la quantité d’eau perdue à chaque opération.
- On peut encore procéder par une autre méthode, plus compliquée, mais plus efficace et plus régulière.
- Le cuvier n’est empli qu’aux trois-quarts, et l’on n’y verse que l’acide ; d’autre part, on fait dissoudre le bi-sulfite dans 100 litres d’eau environ, et cette dissolution est répandue le plus uniformément possible sur la laine étalée sur le sol, ou contenue dans un autre cuvier ; pour cela, on peut se servir d’arrosoirs, de pompes à projection, ou de machines à humecter.
- La laine ainsi imbibée est plongée dans la dissolution acide, et là, la décomposition du bi-sulfite, c’est-à-dire la production de l’acide sulfureux se faisant au sein même des matières à blanchir, agit d’une manière plus directe et plus puissante.
- Dans ce procédé, on a avantage à se servir toujours du même bain acide, qui, après chaque opération, retient une forte quantité d’acide sulfureux.
- On emploie les mêmes doses de produits que dans la première méthode, on peut aussi les diminuer après la première passe.
- Les laines blanchies par ces moyens se trouvent dans les mêmes conditions que celles qui ont passé dans les chambres à soufrer,
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- mais l’opération est plus régulière, les matières conservent une odeur moins prononcée, et il n’y a pas de crainte d’altération ; toutefois le procédé est un peu plus coûteux que le soufrage.
- Toute espèce d’azurage convient aux laines ainsi blanchies.
- F. G.
- REVUE SOMMAIRE DES BREVETS D’INVENTION.
- Machine à sécher, applicable à l’apprêt des tuiles, dentelles, etc. — M. PASQUiER donne le détail d’un métier d’apprêt spécialement destiné aux tissus tels que tulles, gazes, dentelles, etc.
- Cette machine est une sorte de métier à aiguilles à mouvement de rames, mais sans retour. Le tissu, d’abord enroulé sur une ensou-pie, passe dans le liquide d’apprêt, s’accroche aux chaînes, et est entraîné dans une chambre couverte chauffée à la vapeur et munie de ventillateurs ainsi que de cheminées d’aspiration; après avoir ainsi voyagé, le tissu est déposé plié, à l’autre extrémité de l’appareil. — Br. 96967.
- Machine à couper les tissus. — Cette machine, brevetée par M. G:LLEBERT, est destinée au coupage des étoffes, des cuirs, etc. ; superposés en fortes épaisseurs.
- Elle se compose d’un socle en fer au-dessus duquel se meut une sorte de navette également en fer, à pointe ovale d’un bout, et concave à l’autre extrémité; dans cette pièce sont placées deux roulettes horizontales, et entre celles-ci, un couteau circulaire. Sur le devant du socle et de chaque côté, deux coulisses maintiennent la navette et la guident dans ses déplacements.
- Le centre du couteau forme l’axe d’un pignon denté qui engrène avec une roue de même espèce commandée à son tour par un levier à main. Au-dessus de l’ensemble, deux pierres à aiguiser dont le réglage s’obtient à l’aide d’une vis, repassent le couteau pendant le travail. — Br. 97733.
- Appareil élargisseur. — L’appareil breveté
- par M. Lemaire est une petite machine à ramer les tissus, formée de deux chaînes sans fin, dont l’écartement peut varier sur la longueur suivant la laize à obtenir. Le tout se place en avant d’une machine dite presse cylindrique sans plis.
- L’étoffe sèche ou humide, préalablement passée la rameuse, est soumise dans la machine cylindrique, à une forte pression qui maintient en majeure partie la largeur obtenue avecl'élargisseur. — Br. 95621.
- Traitement des eaux de lavage de laines. — MM. Daudenart et Verbert se proposent de recueillir dans ces liquides, les corps gras et la potasse, sans sacrifier l’un ou l’autre.
- Les auteurs posent d’abord les conclusions suivantes, résultant de leurs expériences :
- 1° L’albumine accompagnela graisse dans le suint.
- 2° La graisse est chimiquement libre dans les eaux de lavage.
- 3° Les globules dégraissé, si même l’albumine est imparfaitement dissoute, se séparent de la cellule-mère par l’agitation s’échappent par les déchirures qui se produisent invariablement dans toute cellule organique ayant fait son temps.
- 4° Ces globules restent en suspension dans les eaux de lavage, grâce à leur faible densité, et à la présence de l’albumine, qui s’est complètement dissoute dans ces eaux.
- Sur ces propositions scientifiques, ils on basé le procédé par suivant le traitement des eaux de suint.
- Les eaux de lavage et de désuintage sont évaporées, de manière à produire un liquide marquant,. au moins, 3 degrés Baumé. La matière provenant de l’évaporation est complètement séchée à l’air chaud, puis réduite en poudre et chargée dans un cylindre où elle se trouve au contact d’un dissolvant. Celui-ci s’écoule à l’état liquide, vers un appareil destinataire où la vapeur d’eau le chasse du dépôt terreux qui en est imprégné.
- Enfin, le résidu terreux calciné au four à réverbère et contenant encore les composés potassiques et alumineux devient une bonne potasse brute. — Br. 97824.
- Extraits colorants. — M. Rave extrait des
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- bois d’acajou et de palissandre, une matière qui posséderait toutes les qualités du cachou brun des Indes, et pour laquelle il revendique les applications du même colorant.
- Les bois ci-dessus mentionnés, après avoir été réduits en poudre, sont soumis à un grillage où à une torréfaction comparable au traitement de la fécule dans la fabrication de la dextrine, puis lessivés et bouillis dans l’eau.
- Les liqueurs obtenues par ce traitement sont concentrées à l’état sirupeux ou même jusqu’à siccité, par évaporation, et ce produit constitue les dits extraits colorants. — Brevet 96763.
- (A suivre).
- DES BLEUS DINDIGO par M. G. Van Laer
- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
- L’indigo est un produit tiré de certains végétaux ; cette matière est la seule qui ait pu, jusqu’à présent, donner des bleus solides.
- Voici, d’après M. Girardin, une nomenclature très complète des indigos classés suivant leur origine :
- 1° Indigos d'Asie (du Bengale, d’Oude ou de Coromandel, de Manille, de Madras, de Java);
- 2° Indigos d’Afrique (Egypte, Ile de France, Sénégal);
- 3° Indigos d'Amérique (Guatemala, Cara-que, Mexique, Brésil, Caroline, Antilles).
- Les différentes espèces d’indigos varient beaucoup, quant à la richesse et aux qualités tinctoriales; les plus estimées sont les Bengale, les Java, les Guatemala. — Le Java, par sa pureté, est préféré pour la préparation du carmin d’indigo, quoiqu’il n’atteigne pas toujours une forte teneur de matière colorante.
- La matière contenue dans l’indigo a reçu le nom d’indigotine. En analysant des indigos, M. Schlumberger a trouvé des teneurs en indigotine, variant entre 12 et 72 pour 100.
- L'indigo n’a pas la propriété, comme les autres matières colorantes que nous avons employées, de se dissoudre dans l’eau; il est au contraire tout-à-fait insoluble et doit subir une modification pour être employé dans la teinture.
- La propriété la plus intéressante, celle dont la pratique doit tirer parti est la facilité avec laquelle ce corps s’unit à l’hydrogène naissant, en présence de corps s’oxygénant dans l’eau pour se transformer en un dérivé incolore appelé indigo blanc soluble dans les alcalis, et susceptible de reproduire l'indigotine par simple oxydation, au contact de l’air.
- Les plantes à indigotine les plus importantes appartiennent à la famille des légumineu-ses et au genre indigofera.
- Les espèces cultivées et les plus estimées sont :
- L’indigofera tinctoria, Vindigofera dis-perma, Vindigofera anil, l’indigofera argen-tea.
- Nous n’entrerons pas dans ledétail des opérations au moyen desquels on retire l’indigo des feuilles de ces plantes.
- Parmi les autres plantes susceptibles de fournir de l’indigotine et qui sont employées en teinture, nous citerons : le pastel et le vouède, famille des crucifères ; le laurier rose tinctorial et la renouée, famille des polygo-nées.
- Mais ces plantes sont plus souvent directement utilisées dansla teinture en bleu que traitées pour indigo.
- Les feuilles du pastel et du vouède (lequel est une variété moins riche du pastel), sont souvent transformées par l’eau en une espèce de pâte que l’on façonne en boules de quelques centimètres de diamètre; ces boules gagnent en valeur tinctoriale avec le temps, et au bout de 6 à 8 ans, leur richesse est presque doublée.
- Dans la teinture, le pastel est souvent em-ployé en mélange avec l'indigo ordinaire, certains teinturiers prétendent même que sans son concours, ils ne sauraient obtenir de belles nuances très-solidement unies à l’étoffe.
- C’est sur le phénomène important dont nous avons parlé ci-dessus, appelé réduction, transformation de l’indigo bleu en indigo blanc, que repose tout le travail des cuves.
- On désigne sous ce nom les dissolutions d’indigo hydrogéné, faites dans des cuves plus ou moins grandes.
- Il y a des cuves d’indigo à froid et des cuves à chaud. — Les premières servent surtout pour la teinture des tissus légers : laine, co-
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- 160 LE MONITEUR
- DE LA TEINTURE
- ton, ou pour celle des fils de lin, de coton, et sont désignées sous le nom de cuves à vitriol vert ou sulfate ferreux ; les cuves à chaud ou à fermentation fonctionnent à chaud, et sont en général employées dans le travail de la laine; dans cette dernière catégorie rentrent les cuves au pastel, à l’urine, les cuves, d’Inde, les cuves allemandes, etc., etc.
- Les corps qui fournissent l’hydrogène ou qui désoxydent l’eau pour transformer l’indigo bleu en indigo blanc, sont :
- 1° A froid : les oxydes ferreux, stanneux, arsénieux, etc. ; les sulfites, les sulfures de calcium, d’arsenic.
- 2° A chaud en présence de alcalis .-l’étain, le zinc, le son, la mélasse, les farines de froment, de seigle, la garance, l’urine, etc.
- Voici comment M. Schutzenberger (Traité des matières colorantes) explique le phénomène de réduction qui se passe dans les cuves à chaud, et qui en rendant l’indigo soluble, rend possible l’application de cette matière colorante à la teinture en bleu :
- « A mesure, dit-il, que la fermentation alca-lique ou butyrique réduit l’indigotine par son hydrogénation lente, l’indigo blanc se dissout à la faveur de la base, et fournit une liqueur transparente, jaune d’or, qui se couvret rapidement, au contact de l’air, d’une pellicule cuivrée d'indigotine régénérée. »
- G’est une transformation de même nature mais sans fermentation, qui s’opère dans les cuves à froid.
- Le cadre de notre ouvrage ne nous permet pas de nous étendre davantage sur la théorie des cuves; il y a d’ailleurs une masse de choses qu’il est impossible de prévoir dans un livre ; ce que le travail des cuves exige avant tout, c’est beaucoup de pratique, beaucoup d’expérience pour prévenir les accidents auxquels elles sont sujettes : l’observation, les manipulations, donnent des connaissances qu’on ne saurait obtenir par les descriptions les plus étendues.
- M. Schutzenberger dit avec raison : « Tous ceux qui ont étudié les fermentations sa-vent que ce sont des phénomènes souvent complexes et qu’il faut bien peu de modifications dans les conditions pour changer ou arrêter la marche de la réaction chimique. »
- On comprend donc que le montage des cuves à fermentation ne repose pas sur des principes sûrs, et que bien des accidents, souvent imprévus, peuvent venir arrêter et gêner le travail du teinturier inexpérimenté. — Une longue pratique des ateliers peut seule conduire a une réussite certaine, dans une opération ou la théorie n’a pas dit son dernier mot, et nous constaterons, avec l’auteur cité plus haut, que souvent l’empirisme est plus heureux que la science.
- de l’atelier
- L’atelier pour la teinture des bleus de cuve est ordinairement séparé de l’atelier des teintures à mordant, et il porte le nom de guèdey d’où vient que l’on appelle guèderons les ouvriers qui dirigent les cuves.
- Le nombre des cuves varie suivant l’importance des établissements ; il est au minimum-de deux.
- Les cuves sont de forme conique, généralement en cuivre, et enfoncées en terre à hauteur d’appui, la partie supérieure est revêtue d’un petit mur en briques qui dépasse la surface de 0m50 à 0m65, c’est dans cet intervalle que l’on fait passer la flamme destinée à chauffer le pourtour de la cuve, pour la maintenir constamment à une température de 35 à 50 degrés centigrades au maximum.
- En vue de diminuer une partie des frais qu’entraîne la construction des cuves, des teinturiers en font construire en bois qu’ils chauffent par un serpentin de vapeur.
- Les dimensions de ces cuves varient de 1 m. 50 à 2m. 10 de diamètre sur 2 m. à 2 m. 50 de profondeur, et elles sont formées de fortes douves de bois de chêne ou de sapin, avec des cercles en fer distancés d’un pied.
- Lorsqu’elles sont construites, on les enfonce en terre à hauteur d’appui, afin que le travail puisse se faire commodément. Ordinairement le fond de ces cuves n’est pas en bois, mais en briques ou en pierres cimentées ; on agit ainsi de crainte qu’un fonds de bois de cette dimension ne soit pas assez solide pour supporter le poids des substances que la cuve doit contenir.
- Enfin, l’on peut encore construire les cuves en briques cimentées ou en pierre.
- Les guèdes ou cuves, sont pourvues d’un
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- ce
- couvercle en bois divisé en deux ou trois parties qui se joignent.
- Cette construction est la plus commode ; sur le couvercle, on étend d’épaisses couvertures, afin de conserver au bain la chaleur, autant que possible, etpour le préserver du contact de l’air; le bain en absorbant une partie de l’oxygène de l’air, le ferait précipiter, c’est-à-dire qu’il précipiterait une partie de l’indigo blanc à l’état di’ndigo bleu.
- Il se forme dans la cuve un dépôtde chaux, de matières végétales et colorantes, qu’il faut remuer fréquemment, afin de les mêler intimement.
- Cette opération détermine aussi la réduction et la dissolution de l’indigo oxydé et régénéré.
- L’outil dont on se sert pour cela est appelé râble, et il est composé d’une forte palette en bois, emmanchée d’une perche plus longue que la profondeur de la cuve, afin que l’ouvrier puisse. la tenir à deux mains hors du bain. On se sert du râble en le plongeant dans le dépôt et en faisant glisser l’outil entre les mains jusqu’à la surface où l’on décharge la palette de la pâte qu’elle avait entraînée, afin qu’elle se délaie dans le bain. Cette opération s’appelle pallier.
- Pour réparer les pértes dues à la matière colorante fixée au tissu, on ajoute chaque soir avant de pallier, une certaine dose d’indigo et l’on remet aussi de temps à autres, de nouvelles quantités de sulfate ferreux et de chaux.
- La teinture du calicot et du coton en éche-veaux, celle des fils et tissus de lin et de chanvre se font toujours dans la cuve à la couperose à froid.
- Les bleus unis s’obtiennent par simple immersion suivi d’une exposition suffisante à l’air (déverdissage).
- La force de la cuve, le nombre et la durée des immersions, donnent à volonté des gradations de nuances depuis les bleus les plus clairs, jusqu’à celui qui paraît presque noir.
- La durée d’une trempe varie de 5 à 40 minutes, et la pièce doit rester chaque fois exposée à l’air pendant un temps égal à celui de la trempe précédente, car une des causes de l’inégalité est le déverdissage incomplet.
- L’indigotine pénètre plus facilement jusqu’au centre, et l’on obtient des teintes plus
- unies et plus solides en commençant par des cuves faibles, et en donnant les immersions suivantes dans des bains de plus en plus forts; c’est aussi pour obtenir des nuances plus unies, qu’avant l’immersion, le tissu est parfaitement dégraissé et qu’on le mouille avec de l’eau tiède avant d’être plongé dans la cuve; le mouillage à l’eau tiède, le battage, se fait alors, afin qu’ils portent moins d’air dans le bain.
- Pour l’immersion des pièces qui doivent être soutenues à la profondeur de 1 mètre au plus, et mieux, d’après M. Dumas, de 0m66 environ, on se sert soit d’un treillis de cordes de lin formé dans l’intérieur d’un cercle de fer (ce treillis porte le nom de champagne), soit d’un moulin à appareil continu; dans les deux cas, le teinturier doit veiller à teindre également la pièce.
- Après les cuvages et déverdissages, il faut passer dans de l’acide sulfurique à 1 ou 2° Baumé, afin d’enlever la chaux précipitée par l’acide carbonique de l’air et d’aviver la nuance, enfin rincer à l’eau et sécher.
- DES CUVES FROIDES
- La manière de mélanger les corps varie d’un établissement à l’autre.
- D’après M. P. Schützenberger (Traité des matières colorantes) la marche la plus rationnelle consiste à mélanger l’indigo avec le lait de chaux et à y verser peu à peu en remuant, la dissolution de sulfate ferreux. De cette manière, l’indigo blanc rencontre, à mesure qu’il se forme, un excès de chaux dans lequel il peut se dissoudre. En opérant sur des masses un peu considérables, le travail est difficile, le mélange devenant très-épais au début. Dans ce cas, on préfère délayer l’indigo dans la dissolution ferreuse et y verser peu à peu le lait de chaux,
- Quoiqu’il en soit, la réduction doit toujours s’opérer en présence d’une petite quantité d’eau. On emploie le lait de chaux fraîchement préparé et une dissolution bouillante de sulfate ferreux.
- Le mélange opéré, on le laisse en repos pendant quelques heures en palliant (remuant) de temps à autre, jusqu’à ce que la couleur jaune olivâtre de la masse annonce une réduction
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- parfaite. Il est alors prêt à servir au montage d’une cuve.
- On peut remplacer avantageusement la couperose par le stannite de potasse. Runge regarde la solution potassique d’oxyde stanneux comme le meilleur agent de réduction pour l’indigo. Voici les proportions indiquées par M. Persoz dans la recette suivante :
- Indigo broyé................. 1 kil.
- Oxyde stanneux hydraté.. 3 —
- Potasse caustique marquant 2° 5 Baumé 1—87
- On verse l’eau suffisante et la cuve est montée.
- M. Grison emploie le stannite de potasse à froid pour les bleus clairs sur laine.
- MM. Depouilly frères se servent de sulfite de chaux.
- Voici comment ils opèrent :
- Ils mêlent une partie d’indigo pulvérisé à trois parties de chaux saturée préalablement d’acide sulfureux. Ils y ajoutent de l’eau pour faire une bouillie qu’ils chauffent pendant deux heures, en remuant constamment et en remettant de l’eau à mesure qu’elle s’évapore.
- Le produit desséché en pains ou en poudre s’emploie avec moitié de son poids de sulfate de fer, et plus ou moins d’eau froide ou chaude. Après avoir agité pendant quelques minutes, on aune cuve dont on peut se servir à froid ou à chaud, pour toutes espèces de tissus mélangés, à l’abri des maladies, qui ne donne aucune perte d’indigo, et qui donne des tons d’une intensité très-grande.
- Montage d’une cuve à froid pour bleu foncé.
- On met dans une cuve 600 seaux d’eau.
- On met ensuite : 5 kil. de potasse caustique avec 20 litres d’eau dans une chaudière ou chaudron en fonte; puis, on y ajoute par petites quantités 5 à 6 kil. d’indigo broyé, en ayant soin de bien mélanger.
- On chauffe doucement jusqu’au bouillon qu’on continue pendant deux heures en remuant constamment, pour empêcher l’indigo de se déposer au fond.
- On place 15 kil. de chaux vive dans un tonneau, puis on l’éteint, et on ajoute assez d’eau de la cuve pour qu’il y en ait à peu près 100 litres dans le tonneau. On y verse alors le con
- tenu du chaudron et on pallie jusqu’à ce que le tout soit bien mélangé.
- On fait dissoudre 10 kil. de sulfate de fer et on les met dans la cuve en remuant le bain, puis on ajoute le mélange du tonneau au bain de la cuve et l’on pallie pendant .3 à 30 minutes pour opérer un mélange parfait. On couvre ensuite la cuve, et on laisse reposer le bain pendant 12 heures avant de s’en servir.
- Si au bout de ce temps le bain est jaunâtre, on peut le considérer comme bon à teindre; s’il est, au contraire, bleuâtre, c’est que l’indigo n’est pas complètement réduit; dans ce. dernier cas, il faut ajouter une petite quantité de chaux et de sulfate de fer, bien brasser et laisser encore reposer le bain pendant 12 heures avant de s’en servir.
- Si l’on immergeait une étoile dans une cuve qui n’aurait pas subi une complète réduction, on obtiendrait de très-mauvais bleus et le bain serait perdu.
- Cuve à froid pour bleu .clair.
- Eau.......................... 600 seaux.
- Sulfate de fer................ 23 kil.
- Carbonate de soude... 1 —
- Chaux vive .................... 6 —
- Indigo broyé................... 1 —
- Stannite de potasse,... 0,5 — Potasse caustique à 20°, 2 litres.
- On opère pour le montage., comme ci-dessus.
- Cuve à froidy bleu foncé (Girardin),
- Bleu foncé, par plusieurs passages.
- Eau ......................... 600 seaux.
- Chaux vive.................... 40 kil.
- Sulfate ferreux............. 35 —
- Indigo broyé.................. 15 —
- La chaux vive est préférable à la soude, parce que la pellicule calcaire qui surnage préserve l’indigo blanc de l’oxydation.
- Le sulfate ferreux doit être complètement purgé du sulfate ferrique.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Bleu moyen (Girardin):
- Bleu moyen.
- Eau.......................
- Chaux vive................
- Sulfate ferreux...........
- Indigo broyé..............
- 600 seaux.
- 15 kil.
- 10 —
- 5 —
- Bleit clair.
- Bleu elair.
- Eau...........:.........
- Chaux vive................
- Couperose...............
- Indigo broyé............
- 600 seaux.
- 6 kil.
- 2 — 1/2, 1 —
- BLEU FONCÉ (Grison).
- Eau........................ 600 seaux.
- Chaux vive.................. 15 kil.
- Potasse caustique à 2°. 5 —
- Sulfate ferreux............. 10 —
- Indigo brOyé.................. 5 —
- M. Persoz, dans son cours du Conservatoire, a donné les combinaisons suivantes :
- Avec 1000 litres d’eau il met :
- Chaux éteinte (qui gagne 40 p. 0/0 d’eau)..... 10 kil.
- Sulfa.e ferreux........ 10 —
- Indigo broyé........... 5 — 500 gr.
- O u bien :
- Chaux éteinte....................... 5 kil.
- Sulfate ferreux..................... 5 —
- Indigo broyé........................ 5 —
- Ou bien : Chaux éteinte........................... 8 kil.
- Potasse ou soude caustique.. 8 —
- Sulfate ferreux...................... 16 —
- Indigo broyé........................... 8 —
- Ou bien : Chaux éteinte................... 15 kil.
- Potasse caustique à 25° Bau-mé.......................... 15 litres.
- Sulfate ferreux..................... 15 kil.
- Indigo broyé........................ 15 —
- Ou bien :
- Chaux éteinte..................... 3 kil.
- Potasse caustique à 25° Bau-
- me............................. 1 litre,
- Sulfate ferreux........................ 6 kil.
- Indigo broyé........................... 5 —
- Pour le montage, M. Grégoire fait bouillir la potasse et l’indigo deux heures, en remuant constamment, et il ajoute le mélange à 100 litres d’eau qui contiennent la chaux bien delayée. Après avoir remué, il ajoute le sulfate ferreux en solution et il verse le tout dans la cuve qu’on pallie pendant trente minutes.
- Après avoir laissé reposer le bain pendant douze heures, on peut s’en servir pour la teinture.
- M. Persoz, conseille de faire d’abord macérer l’indigo dans une lessive caustique de soude à 25° Baumé, pendant 15 ou 20 jours.
- M. Girardin veut qu’on délaie l’indigo, puis la chaux, dans la moitié de l’eau tiède à 35° ou 40°, d’y ajouter la couperose dissoute, pal-lier un quart d’heure et de laisser reposer deux à trois heures, jusqu’à ce qu’on ait un bain jaunâtre surmonté de veines bleues cuivrées. On achève de remplir la cuve d’eau, on pallie, et cinq ou six heures plus tard, on peut tein-après avoir enlevé la fleurée.
- Lorsqu’on a cessé de teindre, on remet dans ja cuve les fleurées bleues qui avaient été enlevées, puis on pallie.
- M. Scheffer, a décrit une cuve à froid pour teindre la laine et le coton en bleu solide. Il emploie dans cette cuve l’orpiment ou sulfure d’arsenic orange, pour désoxygéner l’indigo. La cuve se prépare en faisant un mélange de 100 parties d’eau, une partie de chaux vive, c’est-à-dire pour 100 litres d’eau, un kil. de
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- chaux vive, 250 gr. de sulfure d’arsenic, 500 gr. d’indigo hroyé ; on pallie bien pendant un quart d’heure, et on laisse reposer cinq heures. Lorsque le bain est devenu jaune olive et qu’il se manifeste des veines bleues, avec dégagement d’hydrogène sulfuré, la cuve est prête à teindre. L’odeur désagréable et l’emploi dangereux sont la cause qu’on n’en fait pas usage.
- Bancroft, chimiste Anglais, a imaginé de remplacer par le sucre raffiné ou la casson-nade brune, le sulfure d’arsenic. (Voir la philosophie des couleurs solides. Philosophy of permanent colours, T. premier, page 217).
- M. Leuchs a décrit dernièrement un procédé dans lequel il recommande l’emploi de la pectine, pulpe gélatineuse des fruits ; carottes, navets, raves, citrouilles, melons, etc., pour la réduction de l’indigo.
- On chauffe à 75° c. 43 ou 50 kil. de lessive caustique; on y ajoute 1/2 kil. d’indigo pulvérisé, puis on suspend dans la cuve une sorte de panier en fil de fer renfermant de 8 à 10 kil de raves fraîches, découpées en petits morceaux. On chauffe alors graduellement jusqu’à l’ébullition ; l’indigo se décolore bientôt et la solution transvasée dans des cuves spéciales, privées d’air autant que possible, est prête à servir pour la teinture.
- M. Leuchs a trouvé qu’en faisant bouillir les raves avec de l’eau sous une pression de 2 à 3 atmosphères, on en extrait tous les principes actifs, et l’on fabrique maintenant sur une grande échelle de l’extrait de raves dont 1 kil. suffit pour provoquer la dissolution à froid de 4 kil. d’indigo (1).
- {Les cuves chaudes au prochain numéro).
- EMPLOI DE LA VAPEUR SURCHAUFFÉE DANS LES INDUSTRIES TINCTORIALES.
- (Suite).
- DES SURCHAUFFEURS
- Surchauffer la vapeur, consiste en résumé, à conduire la vapeur, émise d’un générateur ordinaire, dans des tubes qui subissent l'ac-
- (O Toutefois, il est utile d’ajouter que le produit vendu en Allemagne, sous le patronage de M. Leuchs, comme extrait pectique, contient une forte proportion de poudre de zinc, qui aide à la réduction de l’indigo.
- tion d’un foyer ; cette vapeur acquiert une température qui peut aller de 200 à 700 degrés à la volonté de l’opérateur ; son volume se double et se triple sans absorber de chaleur latente inutile, ce qui constitue le côté économique ; toute l’eau mécaniquement entraînée par la vapeur ordinaire, se trouve ici transformée en vapeur réelle et effective ; c’est ce fait que l’on rappelle en disant que la vapeur surchauffée, est désaturée ; elle est désaturée d’eau.
- L’explication suivante justifiera notre seconde proposition, celle qui a trait à la question économique :
- L’eau bout à cent degrés, et pour la faire bouillir, on dépense une certaine quantité de charbon. Cette dépense est insignifiante relativement à celle infiniment plus onéreuse et bien plus grande due à la trangfe... n de l’eau en vapeur, laquelle transi^ absorbe à elle seule cinq fois et demi. , de charbon qu’il en a fallu pour arrive . l'ébul-lition. La vapeur une fois formée a donc coûté ou dépensé un chiffre relatif de 630. Tout à l’heure, cette même vapeur se transformera à son tour en force et en travail ; or, au lieu de faire incessamment une nouvelle quantité de vapeur qui coûte 630, si l’on double ou triple le volume ou la chaleur de celle qu’on possède déjà, ce qui ne coûte que 130 ou 200 de plus en chaleur, ou calorique, cette vapeur fera marcher deux ou trois fois plus de temps le moteur qu’elle doit actionner, ou chauffera deux ou trois fois de plus les liquides ou les appareils avec lesquels elle est mise en contact.
- Dans la première de ces deux hypothèses, ce volume double coûte 1300 ; dans l’autre, il ne coûte que 830. Et ajoutez, que dans ces deux hypothèses le même travail est produit et dans de meilleures conditions avec la seconde.
- Quant à l’appareil servant à surchauffer, quatre types, d’après M. Testud de Beauregard, sont actuellement employés, ce sont : 1° le surchauffeur massif ; 2° le surchauffeur tubulaire; 3° le surchauffeur à foyer vertical ; 4° le surchauffeur foyer.
- Su,rchauffeur massif. — Celui-ci consiste en un bloc de fonte traversé dans le sens de sa longueur par des tubes de fer, noyés dans la fonte lors de sa fusion.
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- Ces tubes sont préalablement décapés à l’extérieur, recouverts de cuivre rouge et plongés ainsi dans un bain de borate de soude. Cette opération a pour but de relier intimement le fer à la fonte (question de conductibilité). Afin de rendre ces tubes plus résistants à la haute température de la fusion de la fonte, ils sont préalablement emplis de sable à modeler. Leur éloignement respectif est proportionnel à la vitesse du calorique dans le métal employé, c’est-à-dire, à sa conductibilité. Par exemple, si le surchauffeur était en cuivre au lieu d’être en fonte, les tubes qui traversent la masse pourraient être plus éloignés les uns des autres, le cuivre étant meilleur conducteur que la fonte.
- Les deux faces de l’appareil sont dressées afin de recevoir deux plaques hémisphériques jouant le rôle de récepteur pour l’entrée et la sortie de la vapeur. Ces deux plaques sont reliées au surchauffeur par des boulons et leurs joints, sont d’autant mieux étanches qu’ils sont à l’abri del’intensité du.foyer.
- Pourquoi si longtemps a-t-il fallu travailler un appareil si simple ? Parce qu’il fallait éloigner de lui toute possibilité de production de vapeur instantanée, ce qui ne pouvait avoir lieu qu’en agissant préalablement sur la vapeur qu’il doit surchauffer. Pour atteindre ce but, il fut accouplé à un appareil spécial appelé purgeur, nom qui indique assez les fonctions de cet appendice obligé de tout surchauffer. Ce n’est pas tout ; la vapeur sortant de ce purgeur était privée d’eau, mais l’état vésiculaire subsistait encore et nous avons ajouté un tube sécheur disposé de façon à fournir le calorique nécessaire à la transformation de cette vapeur humide ou vapeur sèche.
- Avec ces conditions, la durée de l’appareil étant certaine, et désormais à l’abri des brusques variations de température, il opposait sa masse compacte et dense à l’action destructive du foyer et au contact corrosif des gaz chauds ("oxydation). La stabilité de la vapeur était obtenue entière et complète, car cette masse compacte et dense était conductrice; elle amassait le calorique reçu par le foyer et le répartissait également selon les différentes vitesses de la vapeur; en un mot, c’était un régulateur, c’était le volant calorifique.
- Surchauffeur tubulaire. — Rien de chan
- gé dans la théorie de cet appareil ; le tube en fer est enveloppé de l’épaisseur de fonte voulue pour donner à chaque veine gazeuse le magasin de chaleur, levolant calorifique nécessaire à sa stabilité, quelles que soient les variations de vitesses du fluide électrique. Cette théorie est déjà connue de nos lecteurs. Comme dans le surchauffeur massif, le tube métallique est soudé à la fonte à l’aide du cuivre, donc il est préalablement recouvert, et cette épaisseur protège le tuyau conducteur de la vapeur contre la puissance destructive du foyer.
- Ce type a été conçu afin de pouvoir changer tel ou tel tube qui, par sa situation, reçoit plus directement l’action du foyer et s’altère ainsi davantage les tubes symétriquement placés entre les deux plaques de foute constituent le surchauffeur proprement dit et sont reliés auxdites plaques à l’aide de doubles écrous ; comme ces tubes sont tous de même nature, que les mêmes métaux sont employés à leur fabrication, qu’ils sont d’égale longueur et d’une épaisseur identique, tous, par conséquent, sont sumis à la même loi de dilatation, dont l’effet est égal pour chacun d’eux, en sorte que, grâce à ces précautions théoriques longuement justifiées par la pratique, il en résulte que l’usure que nous ne pouvons que retarder suit une loi régulière et normale prévue à l’avance.
- Surchauffeur à foyer vertical. — Ce sur-chauffeur dont l’économie générale est semblable aux deux autres, en diffère essentiellement par le parti que l’on tire de la chaleur; la combustion y a lieu d’une façon particulière et neuve dans son principe. Cet appareil est portatif ; il peut se transporter même à l’état de fonction, c’est-à-dire rouge de chaleur et prêt à recevoir la vapeur ; il suffit pour celà de défaire deux joints: l’entrée et la sortie de la vapeur.
- Sa construction est des plus simples ; un cylindre creux, en fonte, dont les parois sont assez épaisses pour permettre d’y noyer nos tubes traversant le dit cylindre dans toute sa longueur. Ce cylindre est posé verticalement ; la partie intérieure est tout entière réservée au combustible; c’est le fourneau, c’est le foyer qui ne recevra d’air que par de petits trous pratiqués de distance en distance sur
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- toute la surface cylindrique. Les deux chapeaux qui constituent l’entrée et la sortie de la vapeur, sont évidés au milieu de façon à permettre l’adjonction d’un tuyau faisant office de cheminée, laquelle cheminée agit à l’aide d’un de nos aspirateurs à vapeur surchauffée.
- Si nous avons pu bien faire saisir cet agencement, nos lecteurs se rendront compte de cette façon nouvelle d’utiliser dans le combus-tible tout ce qui est chaleur. Dans ce mode, le tour est employé pour atteindre le maximum de l’économie. Le volant calorifique qui, dans les systèmes que nous avons décrits, était représenté par la masse métallique, l’est dans ce nouvel appareil, non-seulement de la même façon, mais, encore ce qui est un très-grand avantage, par le combustible lui-même; car, dans ce surchauffeur, le combustible fait partie intégrante de l’appareil.
- Ce mode de surchauffeur est économique comme prix de revient : d’abord parce qu’il dispense des fourneaux en briques, et ensuite, ce qui est plus important, il évite cette absorption journalière de calorique inutilement réparti, dispersée et perdu dans la masse du fourneau.
- Sur chauffeur foyer. — Quant à celui-là, sans être taxé d’exagération, j’ai le droit de dire qu’il est, de tous, le plus économique. En effet, ne pouvant créer la chaleur dont il a besoin, il s’installe non pas au milieu, mais autour d’un foyer qui nia pas été fait pour lui et là, il profite du contact et des rayonnements ; mais s’il emprunte le calorique qui lui est nécessaire ou s’il s’assimile cette chaleur précédemment perdue, ce n’est que pour la restituer fidèlement et la convertir en vapeur utile.
- J’espère, chers lecteurs, que vous voyez d’ici mon appareil; une masse de fonte en forme de fer à cheval qui entoure le foyer de de ses deux bras et le termine en lui servant d’autel. La vapeur qui lui est confiée le traverse dans toute sa longueur dans les tubes dont nous vous avons entretenu.
- Ce surchauffeur doit donc avoir sa place dans tous les foyers, et pour que nos lecteurs puissent apprécier avec connaissance de cause, le bénéfice apporté par la seule présence de cet appareil, disons que dilater la vapeur ou en générer de nouvelle, c’est obtenir le même ré
- sultat moins la dépense. Augmenter le volume de la vapeur, c’est économiser sa génération, c’est lui donner plus d’élasticité et permettre à l’usinier de profiter davantage de la puissance expansive qu’elle possède. Lorsque nous traiterons de la détente, on sera frappé de la différence des chiffres pratiques résulant de l’emploi de la vapeur humide et de la vapeur sèche ; on constatera là cette vérité que nous avons dite il y a bien bien longtemps et lorsque personne ne la pensait encore. La force de la vapeur ne provient pas seulement de sa tension, mais bien encore de la quantité de calorique qu’elle contient.
- Le chiffre constaté est une vérité indiscuta-ble ; c’est donc avec des chiffres que nous étonnerons nos lecteurs en leur démontrant la puissance différentielle qui existe entre deux vapeurs à la même tension manométrique, l’une étant sèche ou désaturée, l’autre étant humide ou saturée.
- On ne se rend pas bien compte de ce qu’est cette somme de chaleur gagnée ; elle est énorme, incroyable. Ainsi supposons, par exemple, le générateur à la tension de 5 atmosphères, avant de pénétrer dans le surchauffeur foyer, cette chaleur a 153° de chaleur; au sortir de cet appareil, la vapeur possédera 400° à 500° de chaleur sans avoir augmenté sa tension manométrique, mais elle aura décuplé sa force, mais elle aura 400° de chaleur prêts à subvenir aux dépenses coloriques de son expansion.
- Alors, plus riches de 400 calories, elle se distendra dans le cylindre du moteur sans condensation, et sans cesse d’être fluide élastique ; mais sursaturée de 400°, elle agira comme source de chaleur extrêmement puissante, et après avoir cédé cette chaleur, ne laissera qu’un résidu d’eau condensée très-inférieure en quantité, à celui qu’aurait produit la vapeur ordinaire ; or, comme cette eau condensée, après son expulsion retient encore 80 à 90° de chaleur non utilisée, la perte se trouve réduite de ce fait, au tiers ou au quart de ce qu’elle aurait été en se servant de vapeur saturée, c’est-à-dire non surchauffée.
- Ainsi, cette somme de chaleur a d’abord coûté moins cher à produire, que si elle eût été fournie pir de la vapeur ordinaire, car elle n’a pas nécessité la vaporisation d’une égale
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- quantité d’eau, mais encore, elle laisse moins de perte après son emploi, par le fait de la suppression partielle des eaux de condensation.
- (Extrait des lre, 3e, 7e, 13e, 174e et 197e Lettres-Causeries, de M. Testud deBeauregard.)
- ALTÉRATION DU CHARBON EXPOSÉ A L’AIR.
- Le docteur Varrentrap a fait des expériences relatives aux qualités perdues par le charbon lorsqu’on le laisse pendant quelque temps exposé à l’air ; les pertes éprouvées sont plus grandes qu’on ne le suppose généralement. Le résultat de ses analyses montre dans quelques cas une perte totale en poids s’élevant pour un spécimen à 33,08 p. 100, et la détérioration éprouvée comme qualité atteignait des proportions encore plus élevées. Ces effets sont dus à la combustibilité lente des éléments volatils qui entrent dans la constitution du charbon, éléments qui influent notablement sur la valeur d’un combustible ; ils diminuent graduellement pendant que les proportions de carbone, de cendre et de soufre sont comparativement augmentées. L’anthracite est le charbon qui perd le moins à cette exposition, vient ensuite le cannel coal, et enfin les charbons bitumineux sont ceux qui. perdent le plus.
- Les expériences du docteur Varrentrap sont d’une grande importance pour ceux qui s’occupent de la question des charbons ; on peut les étudier avec profit. Il paraît, d’après les résultats, que toutes les propriétés et qualités des charbons sont atlaquées et amoindries. Ainsi, le coke produit est moins beau, le gaz fourni moins abondant et de mauvaise qualité ; tel charbon qui donnait un coke cohérent à la sortie de la mine, après onze jours d’exposition donnait un coke sans cohérence, et, dans tous les essais qui ont été faits, il a été prouvé que la diminution des qualités diverses était en relation avec la durée de l’exposition. La quantité de gaz décroissait de 45 p. 100 et le pouvoir calorifique de 47 p. 100, pendant que le même charbon mis à l’abri ne perdait, durant le même laps de temps, que 24 p. 100 pour la fabrication du gaz et 12 p. 109 comme combustible. Ces expériences expliquent les mécomptes éprouvés quand on a voulu employer les anciens débris de charbon comme combustibles, même après les avoir additionnés de goudron ou de brai pour leur agglomération. Elles indiquent trop la nécessité impérieuse de tenir les charbons parfaitement protégés contre la détérioration effectuée par l’air et l’humidité et par suite le soin que l’on doit prendre de les tenir secs et sous couverture.
- [The Enginer.)
- NOUVELLES
- Titrage des soies. — Le Président, de la République a rendu le décret suivant en date du 24 juin 1873 :
- Art. 1er. L’article 5 des statuts du bureau public de titrage des soies et autres matières textiles de Lyon est modifié comme il suit :
- « Art. 5. Le tarif des droits à percevoir pour le titrage des soies et autres matières textiles est établi comme il suit :
- « Pour toute opération de titrage d’un ballot de soie ouvrée, portant sur quatre flottes prélevées sur cinq matteaux pris dans cinq parties différentes d’un ballot.... 2 f. 50
- « Pour l'opération de titrage d’un ballot de soie grège, portant sur quatre flottes prélevées sur cinq matteaux pris sur cinq parties de la balle................................. 5 50
- « Pour la constatation de numérotage métrique des laines et autres matières textiles............... 1 »
- « Ces tarifs peuvent être révisés, la chambre de commerce entendue.
- « Les frais de titrage sont à la charge de la partie ou des parties qui le requièrent, à moins de conventions contraires indiquées dans le bulletin de présentation. »
- Conseil des Prud’hommes de la ville de Flers. — Le Président de la République a rendu le décret suivant en date du 2 juillet 1873 :
- Art. 1er. Le conseil des prud’hommes établi à Fiers sera désormais composé comme il suit :
- Industries. — ire catégorie.
- Fabricants de ti sus, filatcurs de coton, teinturiers, blanchisseurs et apprêteurs de tissus, retordeurs, lamiers et rotiers. --8 patrons et 8 ouvriers.
- 2e catégorie.
- Entrepreneurs de bâtiments, terrassiers, maçons, tailleurs de pierres, carriers, charpentiers, couvreurs, menuisiers, plafonneurs, serruriers, ferblantiers, plombiers, peintres, vitriers, tapissiers, forgerons, sculpteurs de pierres, briquetiers, tourneurs et découpeurs de bois, et mécaniciens. — 4 patrons et 4 ouvriers.
- Classification des déchets de laine, Jurisprudence. — Des difficultés s’élèvent depuis quelque temps aux gares de Castres et de Ma-zamet entre la compagnie du Midi et les expéditeurs des matières ci-dessus dénommées, expédiées pour l’engrais des vignes dans le bas Languedoc.
- Les parties intéressées soutiennent que ces matières remplaçant le fumier doivent être taxées comme fumier, c’est-à-dire à la série
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- spéciale. La compagnie du Midi leur conteste ce droit et taxe certains envois de la 3e catégorie. De ce fait résultent des procès et un préjudice considérable pour les marchands de ces articles.
- La cour de cassation vient de trancher cette question et de donner raison aux commerçants, et voici les termes de son arrêt :
- « La Cour...,
- Sur le moyen unique tiré de la violation des tarifs de la compagnie du chemin de fer de Paris à Lyon qui soumet à la taxe de la 3e série les déchets de laine, — attendu que le jugement attaqué déclare :
- 1. Que les matières expédiées par le défendeur éventuel ne peuvent à la suite des opérations que le tribunal décrit, être dénommées déchets de laine, parce qu’elles ne contiennent qu’une partie de laine tout-à-fait impossible à retirer. .
- 2. Que ces résidus ne peuvent être utilisés et, en fait, n’ont été utilisés que comme engrais.
- Que, de ces appréciations souverainement constatées, le jugement attaqué a conclu que les matières expédiées par le défendeur éventuel constituaient un véritable engrais et ne pouvaient être considérées comme déchets de laine.
- Qu’en décidant, dans ces circonstances, que l’article du tarif concernant les engrais non dénommés était seul applicable aux matières contenues dans les 124 balles expédiées, le jugement attaqué s’est conformé au texte des tarifs de la compagnie demanderesse et n’a violé aucun article de ces tarifs.
- Rejette le pourvoi... »
- Nuances en faveur. — Les nouvelles nuances : sauge, brun et olive étaient celles qui étaient le plus demandées pour les tissus de soie au début de la saison; actuellement on recherche, principalement à Lyon, les anciennes couleurs simples : le bleu et le brun sont fort en vogue, mais le vert est devenu la plus impopulaire des couleurs.
- Syndicat des teinturiers en soie. — Les ouvriers teinturiers en soie se sont tout récemment formés en chambre syndicale. Dans une précédente assemblée, ils ont adopté des statuts émanant d’une commission d’initiative nommée par eux. Dimanche dernier, ils ont complété leur organisation corporative par l’adoption d’un règlement intérieur pour la tenue des séances et les travaux du syndicat. Ce règlement achève les statuts en leur servant de point d’appui.
- Puis il a été traité plusieurs questions professionnelles, dont l’une surtout mérite d’être
- expliquée. Elle émane du sieur Cardinet. Voici sa teneur :
- « Les membres ouvriers de la corporation des teinturiers en soie croient de leur devoir d’abandonner, dès aujourd’hui, la convention dite de huitaine existant entre eux et leurs patrons. En retour de cet abandon, ils réclament que la journée du dimanche ne soit plus que de sept heures au lieu de dix. Ils demandent, en outre, que les heures supplémentaires à la journée soient payées au taux de celles de la journée du dimanche. »
- Cette convention de « la huitaine » consiste à prévenir, aussi bien les patrons que les ouvriers, au moins huit jours d’avance, des renvois d’ouvriers ou des changements d’un atelier à l’autre. Jusqu’à présent cette mesure amiable, loyalement exécutée de part et d'au-tre, a toujours été en faveur de l’ouvrier qui, sous le rapport du recours en cas de rupture au contrat, offre moins de garanties matérielles que le patron.
- En dénonçant l’expiration de ce traité conventionnel, les ouvriers se sont dessaisis d’un avantage réel pour reprendre leur pleine et entière liberté d’action individuel envers leurs patrons, de même qu’ils laissent à ceux-ci la parfaite latitude d’user du même procédé à leur égard, en pareil cas.
- Jusqu’en 1863, les journées de travail étaient fixées à onze heures, à l’exception de celle du dimanche, limitée à sept heures. A cette époque, les journées ordinaires furent réduites à dix heures, à la condition que les ouvriers travailleraient autant les dimanches que les autres jours.
- Aujourd’hui, en échange de la convention de 1863, les ouvriers voudraient, comme autrefois, bénéficier de trois heures par semaine le dimanche.
- Il a été décidé que cette question, ainsi que l’existence de la chambre syndicale, seront soumises à la reconnaissance des patrons.
- Ce nouveau syndicat prospère rapidement. Son fonds de caisse est déjà respectable, et un sixième seulement des membres de la corporation s'en tient encore à l’écart. Espérons que ce n’est pas pour longtemps. {Rappel.}
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Pans. Typ, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracies.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 15. 5 AOUT 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS . .
- Sommaire.
- Leçons sur les matières colorantes, par le Dr CRACE-CALVERT (suite). Là-Kao, Matières astringentes. — Des bleus d’Indigo, par M. G. VAN LAER (suite). Cuves chaudes, procédés divers. — Sauge, Teinte mode, (échantillon).
- CHRONQUE INDUSTRIELLE. — Revue sommaire des brevets d’invention. Blanchiment de la laine et de la soie. Moirage dféS Étoffes. Fabrication des bi-chpomates. Foulage des chapeaux. Traitement de la laine. Ensimage et blanchiment. — Vernis limpide pour appiêts. — Fabrication de la soie aux Etats-Unis. — Tarif des douanes en Norwege.
- NOUVELLES. — Loi supprimant les droits d’importation sur les matières premières. — Divulgation des secrets de fabrique, à propos du violet de Paris et du vert-lumière, condamnation.
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- • Par le docteur Grâce CALVERT.
- (Suite)
- LA-KAO.
- En 1851, l’attention des chimistes fut appelée sur des échantillons d’une matière colorante verte importée de Chine.
- En 1853, MM. Guinon, de Lyon, employèrent le la kao dans la teinture de la soie. Les couleurs obtenues, vert Vénus, vert ozof, vert lumière, étaient très-brillantes et conservaient leur teinte verte à la lumière artificielle ; cependant le la-kao n’est pas employé industriellement, depuis la découverte de MM. Guinon, Marnas et Bonnet. Ces chimistes parvinrent à produire des verts, conservant aussi leur teinte verte à la lumière artificielle, en teignant d’abord la soie en bleu de Prusse et en la faisant ensuite passer dans un bain d’acide picrique. Tous ces verts ont été remplacés par les verts d’aniline.
- Le la-kao est la. seule matière colorante capable de produire sous l’influence de divers agents chimiques, les sept couleurs du spectre.
- M. Charvin, de Lyon, a extrait aussi le la-kao d’une herbe que l’on trouve en Europe, le Rhamnus calharlicus. La chambre de commerce de Lyon lui décerna une médaille d’or pour sa découverte.
- MATIÈRES ASTRINGENTES.
- Les matières astringentes peuvent se diviser en deux classes, l’une qui donne un précipité noir bleuâtre avec les sels de peroxyde de fer,
- l’autre qui prend une coloration verte avec les mêmes réactifs.La première comprend la noix de galle, le sumac, le dividivi, les myrobolans et les gallons dit Levant ; la seconde, le cachou^ le gambier et la gomme kino.
- Les matières colorantes de la première série renferment deux acides principaux; l’acide tannique et l’acide gallique.
- Acide tannique.
- L’acide tannique est le composé le plus important de toutes les substances astringentes. M. Pelouze l’obtint, il y a quelques années, par le procédé suivant : On traite la noix de galle, grossièrement pulvérisée, par l’éther, dans un appareil à déplacement continu, l'é-Hier employé doit être mélangé d’un dixième de son poids d’eau.
- Lorsqu’on laisse déposer la dissolution, il se produit deux couches distinctes, une couche supérieure d’éther presque pur et une couche inférieure composée d’une dissolution aqueuse de tannin qu’il,suffit d’évaporer au bain-marie pour obtenir l’acide tannique sous la forme d’une masse spongieuse, inodore, possédant un goût astringent et d’un blanc légèrement jaunâtre.
- L’acide tannique est soluble dans l’eau et dans l’alcool insoluble, dans l'éther. Il donne un précipité bleu noirâtre avec les sels de peroxyde de fer, un précipité blanc avec l’émétique et les sels de plomb. La gélatine et les alcaloïdes précipitent aussi le tannin, et ce précipité devient noir sous l’influence de l’air et des alcalis.
- (A entinuer}
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- DES BLEUS D’INDIGO par M. G. Van Laer (Suite).
- DES CUVES CHAUDES
- Cuves au pastel.
- Elles ont de 2 à 2 m. 25 de diamètre, sur 2 à 3 m. de profondeur.
- Après y avoir mis 100 kil. de pastel en boule, on remplit la cuve avec de l’eau bouillante, et l’onaj ute 10 kil. de garance, 3 à 4 kil. de son et 4 kil. de chaux vive préalablement éteinte et réduite en bouillie : on ajoute quelquefois aussi de la gaude (D. Schutzen-berger).
- Après un repos de trois heures, on pallie et l’on répète l’opération de trois en trois heures; peu à peu il se développe une odeur ammoniacale caractéristique et il se forme à la surface une écume bleue (fleurée) avec des veines plus foncées ; si l’on agite le liquide à l’air, il bleuit rapidement; ces symptômes indiquent la dissolution de l’indigotine du pastel ; on ajoute alors 10 kil, d’indigo broyé à l’eau, et l’on remue.
- Quand la fermentation devient trop active, ce que l’on reconnaît au développement gazeux, on la ralentit par une addition convenable de chaux ; on l’active, au contraire, en augmentant la dose de son.
- La cuve est en bonne marche, lorsqu’il s’en dégage une odeur agréable, ni piquante ni fade, et qu’elle se couvre d’une fleurée abondante.
- L’immersion dans la cuve dépend généralement de la richesse du bain en indigo.
- Il est à remarquer que les premières teintures sont moins belles que les suivantes. Cela tient à ce que les premières laines teintes enlèvent au bain certaines matières brunes ou jaunes provenant du pastel, de la garance et de l’indigo lui-même.
- On entretient la cuve par des additions successives d’indigo et de chaux, faites après chaque journée de travail. Après quelques mois, on épuise le bain et on le remonte avec des matières nouvelles.
- Cuve au pastel, pour drap de troupe en pièce.
- D’après Persoz (cuve de 2 m. 50 de profondeur, sur 1 m. 60 de diamètre), on fait infuser
- dans 6,000 litres d’eau froide, 75 kil. de pastel et 6 kil d’indigo broyé.
- Puis on ajoute 6.000 litres d’eau chaude à 100°, 3 kil. de son et 2 kil. de chaux éteinte.
- La cuve doit être maintenueà une température ne dépassant pas 70°. attendu que les animalcules (bactéries) qui produisent la fermentation butyrique du pastel et du son, no supportent pas une température plus élevée.
- La fécule du son est transformée en sucre glucose puis en acide lactique qui se décompose lui-même en acide butyrique, acide carbonique et hydrogène.
- Au bout de dix heures, l’indigo commence à se dissoudre, ce que l’on voit aux bulles d’air qui se dégagent du mélange, et le bain, de bleu qu’il était, devient vert bleu ; la saveur devient douceâtre, et les fleurées apparaissent.
- C’est dans ce moment qu’on introduit la chaux dans le bain, en remuant continuellement pour empêcher les acides produits par la fermentation de dominer.
- A mesure que l’on ajoute de la chaux, la couleur du bain passe au jaune ; cela indique la dissolution de l’indigotine.
- La cuve est en bon état pour la teinture, lorsqu’un flocon de laine qui y est plongé en sort avec une couleur vert gazon, laquelle se transforme en bleu au contact de l’air.
- On renourrit la cuve chaque soir, en y ajoutant (pour les bleus foncés) 2 à 3 kil. d’indigo, 1 kil. de garance et 13 kil. de chaux.
- Dans les cuves au pastel que l’on a montées avec de la mélasse, on ajoute chaque soir 0,5 kil. de mélasse.
- M. Persoz conseille d’employer la mélasse de sucre de canne, de préférence à celle de betteraves ; il recommande aussi l’orge germé, qui dans l’eau à 70° produit des quantités considérables de glucose avec de l’amidon.
- CUVES AU PASTEL ET A LA POTASSE.
- Ou chauffe jusqu’à 93° un mélange de 200 k. pastel et 8,000 litres d’eau.
- Au bout de quelques heures, on ajoute 6 k. indigo, 8 kil. garance, 2 kil. son, 4 kil. chaux éteinte et 2 kil. potasse.
- On pallie, de trois heures en trois heures, durant quarante-huit heures, en modérant la fermentation par des additions de chaux.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- —1
- Lorsqu’on observe tous les signes d’une bonne réduction, on ajoute encore 6 kil. d’indigo et 1 kil. de garance, on remue et on laisse reposer jusqu’au lendemain.
- La température est maintenue entre 40° et 50°.
- Tous les soirs, après le travail, on ajoute 1,5 kil. de garance, et tous les trois jours 6 k. d’indigo.
- La garance fournit une teinte brune, mais en contact avec un alcali et mêlée à l’indigo, elle lui donne une couleur plus foncée.
- M. Dumas conseille undemi-kil. de garance fine par kil. d’indigo.
- CUVES au pastel et A la POTASSE pour drap de troupe en pièce.
- Pour une cuve de 2 m. 50 de profondeur sur 1 m. 60 de diamètre, on fait infuser dans 6,000 litres d’eau froide, 100 kil. de pastel et 8 kil. d’indigo broyé mêlé à 10 kil. de mélasse de betterave.
- Puis on y ajoute 1,000 litres d’eau chaude à 55 ou 60°, avec 4 kil. de son, 12 kil. de potasse et 5 kil. de chaux éteinte.
- On pallie, on laisse reposer dix heures, puis on ajoute 4 kil. de chaux et la cuve est disposée pour la teinture.
- Cuves au pastel et a la potasse. Bleu fonce.
- Pour une cuve de la môme dimension que la précédente, on fait infuser dans 5 à 6,000 litres d’eau tiède 125 kil. de pastel, 6 kil. d’indigo broyé, après un jour de repos, on pallie et l’on ajoute 8 kil. de potasse, 3 kil. de garance, 3 kil. de son et 3 kil. de chaux éteinte; on pallie pendant vingt minutes et on ajoute de l’eau chaude pour remplir la cuve, on pallie encore et on ajoute 5 kil. de chaux, on laisse la cuve en repos quelques heures.
- Un des premiers teinturiers de Liège emploie pour les draps de troupe 150 kil. de pastel et 4 kil. d’indigo broyé.
- CUVES de VOUÈDE.
- Particulièrement employées (Dumas, Art. de la Teinture) à Louviers et dans le nord de la France.
- Le vouède contient une quantité de prin
- cipe colorant très petite; aussi doit-on ajouter de l’indigo en montant la cuve.
- On prépare le bain comme pour le pastel, mais en même temps que le vouède haché, on y jette dans la cuve 1 kil. d’indigo broyé, 4 kil. de garance et 7 kil. de chaux éteinte.
- Lorsque la cuve est dans un état de fermentation convenable, on y introduit l’indigo et on l’amène par les procédés décrits plus haut, à l’état de dissolution nécessaire à la teinture.
- Les cuves montées, ou vouèdes, ne durent guère que trois mois, c’est-à-dire la moitié moins que celles au pastel, mais on prétend que les bleus de vouède sont plus brillants que ceux de pastel.
- CUVES A L’URINE POURRIE.
- Employées économiquement par les petits teinturiers.
- On les nomme aussi cuves à percer, parce qu’elles donnent des bleus et des verts clairs qui résistent complètement au foulage.
- Pour 25 kil. de laine on introduit dans une chaudière 5 hectolitres d’urine pourrie avec 3 kilog. de sel de cuisine.
- Il faut chauffer doucement et remuer pen-' dant 4 à 5 heures.
- Un feu trop violent empêche l’écume de se former.
- On chauffe un peu plus fort pendant la dernière et on laisse reposer.
- On introduit alors 750 grammes d’indigo et autant de garance.
- On active la fermentation en palliant pour charger ensuite le bain de 180 à 200 grammes d’indigo. On chauffe et l’on continue à écu-mer jusqu’à ce que le bain soit propre à la teinture.
- CUVES D’iNDE A LA POTASSE.
- Ces cuves servent pour la laine et pour la soie, elles sont plus faciles à manier que celles au pastel, moins sujettes aux accidents et cèdent plus facilement leur matière colorante à la fibre et dans le même temps on peut y teindre trois fois plus de laine. De plus, la teinture décharge moins au savon et aux alcalis, elles ont l’inconvénient de ne pas servir aussi longtemps, il faut les remonter au bout de 25 à 30 jours, parce que la potasse en se satu-
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- rant des graisses de la laine, devient impropre à la dissolution de l’indigo.
- D'après MM. P. Schutzenberger et Girardin, les proportions employées sont ordinairement:
- Indigo............................ 8 kil.
- Potasse........................... 12 »
- Son............................. 3,b »
- Garance.......................... 3,5 »
- On ajoute l’indigo broyé après avoir chauffé quelque temps à 90° le mélange d’eau, de son, de garance et de potasse.
- On maintient alors entre 30 et 40°, en palliant de 12 en 12 heures, pendant 48 heures environ.
- Le bain est bon quand il est jaune verdâtre.
- M.Persoz (Cours du Conservatoire) indique que pour 2,300 litres d'eau à 90° d’abord, puis ensuite à 35°, il faut :
- Potasse...................... 5 kil.
- Son............................ 2 »
- Garance........................ 2 »
- Indigo .......................... 0 »
- Pour une cuve de 2,800 litres d’eau, le même auteur donne deux autres proportions :
- Potasse....................... 20 kil.
- Son.............................. 2 »
- Garance.......................... 6 »
- Indigo broyé................... 10 »
- Ou bien :
- Potasse.......................... 3 kil.
- Son....'........................ 03 »
- Garance......................... 03 »
- Indigo broyé.................. 2 à 3 »
- cuves à la. soude, dites cuves allemandes.
- La cuve allemande est plus économique que la cuve à la potasse, puisqu’elle peut durer pendant deux ans ; elle est aussi en usage dans le Nord de la France.
- Voici le montage indiqué par MM. Schutzenberger et Dumas ;
- L’eau de la cuve est portée à 95. On y verse 20 seaux ou 2 hectolitres de son, il kil. de cristaux de soude, 5 kil. indigo et 2,5 de chaux éteinte. Au bout de 12 heures, la température étant maintenue à 40 ou 50°, la fermentation commence et le liquide prend une odeur douce de son aigri, se colore en bleu verdâtre et il se dégage des bulles de gaz.
- De temps à autre, on remet de l’indigo, de la soude et de la chaux dans les proportions ci-dessus, ainsi que 3 à 4 kil. de mélasse.
- La cuve est apte à fonctionner au bout du troisième jour.
- M. Chevreul (cours des Gobelins) donne les
- proportions suivantes :
- Eau......................
- Cristaux de soude...
- Chaux éteinte....... Mélasse............. Indigo broyé........
- M. Persoz donne : Eau
- Cristaux de soude...
- Chaux éteinte.......
- Son.................
- Indigo broyé........
- 1,000 litres.
- 10 kil.
- 2 » 1/2
- 5 à 10 »
- 5 à 10 »
- 2,800 litres.
- 10 kil.
- 2 » 1/2
- 2 hect.
- 5 kil.
- Un des premiers teinturiers de la province
- compose ainsi sa cuve :
- Eau à 55°.............
- Cristaux de soude....
- 8,500 litres.
- 10 kil.
- Son.......................... 40 »
- Indigo broyé............. 5 »
- Pour se servir de ces cuves, on les pallie le matin, on enlève la fleurée et on y immerge un panier formé d’un cercle de fer ou de bois, garni d’un filet de cordes ou de fer. C’est dans ce panier, qui ne doit jamais toucher le dépôt, que l’on place la laine, le fil ou le tissu.
- L’immersion dépend de la richesse du bain en indigo, ordinairement cela dure 15, 20 ou 25 minutes.
- La laine est jaune verdâtre au sortir de la cuve, mais elle bleuit rapidement au contact de l’air.
- On répète l’opération jusqu’à ce que l’on ait la teinte désirée ; il faut alors laver à l’eau acidulée qui active-l’oxydation et avive la couleur; il faut ensuite laver à l’eau courante.
- C’est également dans les cuves d’Inde que l’on teint la soie, mais la nuance n’est pas aussi intense qu’avec le bleu de Prusse, que nous allons décrire.
- Maladies des cuves.
- Les cuves à fermentation sont sujettes à des maladies. La plus grande, dans les cuves à indigo, provient du manque de chaux qui, en se prolongeant, amène la fermentation putride.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS 173
- M. Berzélius pensait qu'un excès de chaux, en altérant les ferments et en dégageant de l’ammoniaque, précipitait l’indigo blanc, mais les expériences de M. Schlumberger réfutent d’une façon concluante, les faits avancés par le savant suédois.
- Cependant, l’excès de chaux tout comme le manque, dans une cuve à indigo, y amène des perturbations moins graves que les premières, mais que l’on doit s’efforcer néanmoins d’éviter.
- Rebut. — Il y a excès de chaux dans la cuve lorsque le liquide, prenant une teinte de plus en plus brune, perd sa fleurée et son odeur.— Quand cet état, appelé rebut dans les ateliers, est vu à temps, on y remédie en y ajoutant du sulfate ferreux qui précipite l’excès de chaux; on opère par portions de 1/2 kil. environ de deux heures en deux heures.
- Coup de pied. — Au contraire, quand il y a manque de chaux, la fermentation devenant trop active passe à la fermentation putride. — En raison des matières azotées qu’ils contiennent en grande quantité, ce sont surtout les cuves au pastel ou au vouède qui sont exposées à ce danger. — On s’aperçoit que la fermentation passe à l’état putride quand il s’en dégage une odeur analogue à celle des œufs pourris; de plus, le liquide prend une teinte rouge, et un tissu teint en indigo y perd peu à peu sa couleur. — Le seul moyen de salut consiste à chauffer à 90° et à ajouter de la chaux dans les cuves de pastel et de vouède, ou bien des cendres gravelées et de la potasse dans les autres. — Si par là, la putréfaction n’est pas arrêtée, on peut considérer la cuve comme perdue; on dit que la cuve est coulée ou qu’elle a reçu le coup de pied.
- Faux rebut. — On lé rencontre parfois dans les cuves en état semblable au rebut, mais qui diffère en ce que ia cuve conserve toujours une odeur faiblement ammoniacalé. — La teinture que l’on obtient est d’une nuance beaucoup moins foncée que celle que l’on est en état d’espérer, comme dans le cas du rebut, mais cet accident, qui arrive fréquemment dans les cuves d'Inde^ ne provient nullement d’un excès de chaux, mais plutôt de manipulations trop fréquemment répétées.
- Il suffit, pour remédier à cet état, de réchauf-fer les cuves et de pallier une ou deux fois,
- en ajoutant delà chaux, comme de coutume. Si le teinturier, trompé par la couleur du bain, dilM. Dumas, ne prenait pas cette précaution, la cuve retomberait dans l’accident connu sous le nom de coup de pied.
- On peut encore remédier à cet état, en ajoutant à la cuve une légère quantité de pastel et de vouède, et en élevant la température du bain. Les matières que le pastel cède à l’eau, absorbent l’oxygène introduit dans le liquide, et ramènent le bain à son premier état.
- Dans certains ateliers, où on se sert d’un autre procédé très-expéditif, puisquë quatre ou cinq heures suffisent pour terminer l’opération : — on jette dans la cuve d’Inde uné petite quantité de sulfate de fer du commercé; on pallie dex fois dans l’espace de quatre à cinq heures ; et la cuve est ramenée à son état primitif.
- Influence des orages. — Dans les cuves d'Inde particulièrement, il se manifesté aux approches d’un orage un mouvement subit et violent de fermentation, auquel on remédie, dit-on, en jetant dans le bain un morceau de fer.
- Influence des cuves sur la nuance.
- A. Les cuves de potasse donnent des couleurs plus ternes que celles de vouède et de pastel ; on les emploie avantageusement pour les couleurs foncées, telle que le bleu de roi et le bleu d’enfer.
- B. Les cuves de vouède donnent des teintes plus brillantes et plus belles que les autres ; mais, comme nous l’avons dit, leur durée est beaucoup moindre que celle des cuves de pastel.
- C. Les cuves de pastel donnent des couleurs vives et nourries, et peuvent servir, comme celles de vouède, à l’exécution des couleurs claires.
- D. Les laines, teintes dans les cuves de potasse, se filent avec plus de difficulté, ce qui résulte le plus souvent d’un lavage à grande eau fait d’une façon imcomplète.
- ECONOMIES DANS LA TEINTURE.
- M. Persoz {Coloration industrielle (1 ) calcule
- (1) Actuellement Moniteur de la leïnture.
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- SAUGE, TEINTE MODE.
- DE LA TEINTURE
- que le bleu d'indigotine non fixé et perdu dans les opérations qui suivent le bain, peut s’élever des 2/3 aux 4/5 de l’indigo total, voici les procédés indiqués par M. Havrez dans le cours de teinture qu’il donne à l’école professionnelle de Verviers, pour éviter celte perte considérable on peut :
- A, Traité les eaux de rinçage par l’acide chlorhydrique ;
- B. Ou bien exprimer immédiatement le tissu qui sort de la cuve chargé d’indigo blanc soluble dans la chaux.
- « Par cette simple précaution, dit M. Persoz, on fait une économie de 30 0/0. » — M. Des-haye réalise 40 0/0 d’économie avec sa machine, tout en obtenant une teintnre plus uniforme.
- C. Ou bien, l’on tint dans une cuve faible, puis dans une plus forte jusqu’à la nuance voulue. De cette façon, les couches d’indigo sont successivement fixées en traversant chaque fois l’air.
- D. Lorsqu’on nettoie les cuves, les dépôts de sulfate de chaux mêlés d’indigo doivent être traités dans les cuviers en bois, avec du sulfate de fer et de la chaux, de manière à dissoudre tout l’indigo resté dans le dépôt. On décante ensuite, on ajoute de l’acide chlorhydrique et l’on filtre.
- Cette nuance jouit de la faveur du public en ce moment, elle n’a, du reste, rien de nouveau que le nom, car elle était connue jusqu’à présent sous le titre de Réséda, lorsqu’on l’appliquait à la soie, et sur laine, on la nommait généralement Bronze, sans mentionner les autres appellations dont la mode ou la fantaisie l’ont quelquefois revêtue.
- Qu’importe, et si se nouveau vocable peut
- lui donner du succès et faire la fortune des teinturiers, qu’il soit le bien venu.
- Dans cette teinte, on remarque un vert dans lequel prédomine l’élément jaune, et qui est légèrement bruni ou rabattu par du gris, elle est donc d’une exécution facile pour tout teinturier.
- REVUE SOMMAIRE
- DES BREVETS D'INVENTION.
- Blanchiment de la laine et de la soie. — MM. Sanial et BLROUSON font breveter une nouvelle méthode, disent-ils, de blanchir les tissus d’origine animale, an moyen d’une faible dissolution de sulfures de potassium ou de sodium; Ces produits enlevant les matières gommeuses delà laine et de la soie.
- Pour la laine, le bain doit être bouillant ; pour la soie, la température du sulfure alcalin ne doit pas dépasser 50° C. Plus la préparation de la soie demande ordinairement de difficultés, plus la solution doit être étendue ; dans quelques cas particuliers on doit employer le proto-sulfure.
- Les aluminates de potasse et de soude sont également proposés pour le même but. — B. 96,814.
- Moirage des étoffes. -- Le moirage des étoffes, dû à l’écrasement du grain du tissu en certains points, s’obtient en passant sous le cylindre à moirer lisse, ces dites étoffes: 1° Superposées obliquement l’une à l’autre sous des angles divers, ce qui produit la moire an-tique; Placées l’une sur l’autre parallèle-ment, ce qui constitue la moire française ; 3° Ou en écrasant le grain du tissu entre des cylindres gravés et à cannelures droites, mais sans doubler l’étoffe.
- Le système breveté par MM. Paul FAYARD et Cie, consiste à écraser l’un sur l’autre le grain de toute espèce d’étoffes, et notamment des tissus diaphanes, en totalité ou en partie, au moyen de cylindres gravés à cannelures ondulées ou obliques de dimensions diverses. — B. 97,963.
- Fabrication des Bichromates. — Par le procède de MM. Stevenson et CARLILLE, le
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- ET DE LIM PRESSION DES TISSES 100
- ruinerai de chrôme est calciné avec de la chaux ou de la magnésie et de la soude, ou du carbonate ou nitrate de soude. La masse calcinée est dissoute dans l’eau bouillanie, les chromâtes solubles restent en solution avec une certaine quantité de chaux ou de magnésie, on précipite celles-ci par le carbonate de soude.
- La solution de chrômate de soude est concentrée; on y ajoute alors une quantité suffisante d’acide chlorhydrique, de manière à saturer la moitié de la soude et former du chlorure de sodium, qu’on sépare par cristallisation. Il ne reste plus en solution que le bi-chrômate de soude, que l’on transforme facilement en bi-chrômate de potasse, au moyen de chlorure de cette base. — Brevet anglais.
- Machine à fouler les chapeaux. — La première partie du brevet dè MM. Figuière, père et fils, vise un appareil destiné à commencer le foulage et présentant une certaine analogie avec les anciennes piles à maillets. Cet appareil se compose d’une auge elliptique dans laquelle une sorte de maillet courbe et dentelé glisse alternativement de haut en bas et de bas en haut.
- La partie essentielle de l’invention est basée sur la construction de la fouleuse proprement dite qui doit achever le feutre et lui donne l’apprêt : Deux caisses en bois sont fixées à la suite l’une de l’autre sur un fort bâti de même matière. Dans chacune d’elle s’encastre un châssis muni sur les deux côtés et sur la traverse médiane d’une série de ressorts à boudin d’égale hauteur et régulièrement espacés. Autant de rangées de ressorts, autant de lattes cannelées, arrêtées aux deux bouts et dans leur milieu. Deux lattes consécutives ne laissent pas entre elles un espace de plus de 5 à 6 millimètres. Il en résulte que l’ensemble des lattes forme un plan horizontal, et c’est sur cette surface plane, légèrement cannelée, que sont placés les chapeaux à fouler.
- Sur le lit de chapeaux vient reposer un second châssis, ou plutôt une série de rouleaux portés par un châssis, qui reçoit un mouvement horizontal de va et vient rectiligne, au moyen d’une bielle et d’une manivelle placées directement sur l’arbre de travail de la ma
- chine. La rotation et la pression des rouleaux combinées avec la flexion des ressorts et le mouvement légèrement oscillatoire des lattes déterminent le feutrage. — B. 96,957.
- Traitement de la laine.—MM. WHITAKER et Ashworth immergent, pendant une minute environ, la laine dégraissée et lavée, dans un bain légèrement acidulé qui a pour but de neutraliser l’alcalinité résultant du désuintage et qui aurait, en outre, pour effet de permettre une économie de 50 0[0surla quantité d’huile employée à l’ensimage. Les proportions indiquées sont les suivantes :
- Pour 90 kilog. de laine dégraissée :
- 908 litres d’eau,
- 1 kilog. 759 d’acide sulfurque.
- Le tout porté à la température de 35 degrés centigrades. Comme toujours après l’immersion de la laine dans une dissolution acide, il est de toute nécessité de recourir aux lavages à l’eau. — B. 97,047.
- Ensimage et blanchiment de la laine. — La première partie du brevet de MM. PATERSON et SANDERSON mentionne l’emploi d’un ensimage à base de savon mou ordinaire ou de savon dépotasse du commerce, additionné, ou non, d’olive, en proportions variables, selon qu’il s’agit de laines cardées ou peignées, de rubans de préparation, de fils simples ou de retors.
- La seconde partie est relative au blanchiment des fils et tissus de laine pure ou mélangée, dans un bain d’acide sulfureux liquide. La dissolution, calculée à raison d’une partie d’acide sulfureux du commerce pour 20 parties de laine, est diluée dans l’eau ordinaire et conservée dans des récipients de bois ou de poterie. Deux heures d’immersion suffisent le plus souvent pour produire le blanchiment.— B. 97,774.
- (A suivre).
- VERNIS LIMPIDE ET FLEXIBLE POUVANT SERVIR AUX APPRÊTS DES TISSUS Par M. C. PCSCHLR
- Une solution concentrée de stéarate anhydre dans l’essence de térébenthine peut très-bien tenir lieu d’un vernis. L’enduit qu’on forme ainsi ne possède pas l’éclat brillant d’un vernis à la gomme Dammar, il se distingue, d’un autre côté, par sa grande élasti-
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
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- cité, et avant tous des autres vernis, en ce que, soumis à une température élevée, il ne s’altère pas, c’est-à-dire qu’il ne s’y forme pas de soufflures.
- Indépendamment de sa propriété de rendre hydrofuges les matières de toute sorte sur lesquelles on l’applique, le stéarate d’alumine se recommande pour recouvrir les objets en métal exposés à éprouver un degré élevé de chaleur. Exposés à l’air, les objets qui en sont recouverts sèchent lentement, mais on peut hâter cette dessication en les soumettant à une température de 50° G. Il peut servir aux apprêts imperméables.
- Pour préparer ce vernis, on ajoute à une solution d’alun ou de sulfate d’alumine, tant qu’il s’en sépare du savon alumineux, qu’on lave pour lui enlever la solution saline qui y adhère avec de l’eau chaude, puis on le débarrasse de son eau d’hydratation en le chauffant. Ce savon, transparent comme celui de clycérine, est soluble en toute proportion dans l’essence dp térébenthine. Si on ne craint pas la perte de l’essence, on peut aussitôt après la précipitation et le lavage du savon alumineux, chasser son eau d’hydratation. Lorsque la solution est devenue aussi dense et aussi limpide qu’un vernis dammar, le vernis est préparé. Le savon qu’il convient d’employer pour cet objet est un bon savon dur et jaunâtre de résine.
- i
- FABRICATION DE LA SOIE AUX ÉTATS-UNIS
- La fabrication des soieries fait des progrès notables aux États-Unis. Le Commerce donne des ' détails intéressants sur l’état de cette industrie à Paterson, ville de 40,000 âmes, située à une lieue de New-York :
- G est surtout depuis les dix dernières années que Paterson a acquis de l’importance, tant sous le rapport de l’accroissement de sa population, qui a doublé dans cet espace de temps, qu’au point de vue de l’industrie en général, spécialement celle de la soie. Nous disons spécialement et non pas exclusivement, car en dehors des fabriques de rubans, soieries, etc., qui existent dans cette ville, on y trouve aussi des fonderies, des hauts-fourneaux, des filatures de chanvre et de coton, des fabriques
- d’indiennes, de papier, etc., des teintureries et autres établissements industriels de différentes natures.
- Les mouliniers, au nombre de six, occupent 1,930 ouvriers. Il se mouline dans ces établis-sements 625,000 livres de soie de toute espèce, et le coût moyen du moulinage est d’un dollar par livre.
- Il y a cinq fabricants de soie à coudre qui emploient 700 ouvriers, et cinq fabricants de rubans qui ont ensemble 1,435 ouvriers.
- Nous avons divisé les espèces de fabrications, mais nous devons faire remarquer que dans deux ou trois fabriques on exécute plusieurs des travaux que nous venons d'indi-quer.
- Les tisseurs emploient environ sept cent cinquante métiers et se servent de soies de tous titres et de toutes provenances.
- La vapeur et l’eau sont toutes deux employées comme moteurs. La magnifique rivière du Passaic et les célèbres chutes du même nom fournissent une puissance hydraulique d’une grande importance pour les usines.
- Les ouvriers sont en majeure partie étran-gers, principalement français, suisses et allemands. La moyenne des gages est de quatre dollars par semaine pour les enfants ; sept dollars pour les femmes et quatorze dollars pour les hommes.
- Il y a en outre huit teintureries, occupant 237 ouvriers. On teint dans ces différentes usines 350,000 livres de soie par an. Le fabricant américain est protégé par des droits d'en-trée exhorbitants sur les articles importés. Ces droits le mettent-ils à même de faire une concession sérieuse à l’industrie européenne, malgré le surcroît de dépenses contre lequel il a à lutter, et ne peut-on présumer que dans un temps donné le fabricant américain, lorsqu’il aura acquis plus d’expérience dans l’industrie séricicole, alors qu’il aura perfectionné son outillage et réussi à attirer vers lui d’habiles ouvriers européens par l’appât de salaires plus élevés, ce qu’il cherche à faire, et ce à quoi il réussit souvent ; ne peut-on présumer, disons-nous, que le moment viendra où le fabricant américain pourra réussir à lutter avec l’industrie européenne ?
- Pour les marchandises communes, la concurrence est beaucoup moins à craindre que
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- ET DE L’IMPRESSIOM DES TISSUS 177
- pour les étoffes de luxe. En effet, la main-d’œuvre est la même dans les deux cas, et la différence de prix consiste surtout dans la valeur intrinsèque de l’article : ce qui fait que la fabrication des étoffes communes est rarement rémunératrice ; cependant, il arrive souvent qu’on peut fabriquer à Paterson avec bénéfice, et voici comment : plusieurs des principaux fabricants sont en même temps importateurs, ils entretiennent en Europe des agents actifs et habiles, qui non-seulement les tiennentexac-tement au courant de tout ce qui se passe dans les grands centres industriels, tels que Lyon, Saint-Etienne, etc., mais encore s’empressent d’envoyer ici des échantillons de tous les nouveaux modèles fabriqués, de toutes les nuances de rubans, par exemple, alors que ces articles ne sont pas encore parvenus à New-York, alors même qu’ils ont à peine fait leur apparition sur le marché européen.
- Qu’arrive-t-il ? Si la nouvelle étoffe, si la nouvelle nuance sont reçues favorablement, si elles plaisent au public américain et devien-• nent à la mode, on s’empresse d’en fabriquer de grandes quantités que l’on. peut vendre à un prix rémunérateur en l’absence de l’article importé. Evidemment, ce n’est pas une affaire de longue haleine; c’est un feu de paille, mais il se renouvelle souvent et est d’un grand secours aux industriels américains. Lorsque le nouveau modèle arrive d’Europe, il devient sinon impossible, du moins fort difficile de lutter avec avantage, mais on a réalisé des bénéfices, et l’affaire se renouvelle à chaque saison.
- En ce qui concerne les étoffes de luxe, on est arrivé à fabriquer à un prix de revient un peu au-dessous de celui des articles importés, la main-d’œuvre ne coûtant pas plus cher que pour l’article commun ; mais il y a dans cette branche spéciale une question de goût qui fait que nous ne croyons pas que les fabricants européens, surtout ceux de Lyon et Saint-Etienne, aient beaucoup à craindre de leurs confrères du nouveau monde. Cependant, ils feront bien de ne pas s’endormir sur leurs lauriers, car jusqu’à un certain point, il ne faut pas qu’ils oublient qu’à côté des étoffes de luxe, de fantaisie, il y a les belles scies unies, et que, sur cet article spécial, ils pour
- raient fort bien trouver ici des compétiteurs sérieux.
- Les trames sont frappées d’un droit d’entrée de 35 p. 100, et c’est là principalement ce qui sauve les fabricants européens.
- En effet, malgré les grands progrès réalisés depuis quelques années par les Américains dans l’industrie de la soie, malgré le grand nombre de bons ouvriers venus de Suisse, d’Allemagne et de France, on n’a pas encore réussi à monter les trames d’une façon aussi régulière qu’en Europe, et jusqu’à présent, il a fallu et il faut encore aujourd’hui les importer ; de là une addition au prix de revient qui. entrave la concurrence indigène dans une très forte mesure, surtout en sc qui concerne les articles communs, qui demandent forcément une trame parfaitement régulière et de toute première qualité.
- Mais, dit en terminant le Commerce, les changements de tarif sont fréquents’aux Etats-Unis, et quoiqu’il ne soit nullement question, à l’heure qu’il est, d’un remaniement des droits d’entrée, il n’y aurait rien d’extraordinaire à ce que semblable chose arrivât à la prochaine session du congrès.
- MODIFICATION AU TARIF DES DOUANES EN NORVÈGE
- Le Storthing norvégien a voté récemment un nouveau tarif des douanes destiné a remplacer celui qui était en vigueur du 1er juillet 1872 au 1er juillet 1873. Les modifications qu’il apporte au régime antérieur sont peu nombreuses et consistent toutes en abaissements de droits.
- Voici le tableau des principaux articles dégrevés (par kilogramme).
- Coton (fils et tissus de) : fr. c.
- Fils écrus....................... » 09 3
- — teints......................... » 28
- Toile à voiles et autres tissus non teints pesant, par 0 m. c. 39, 0 kil. 28 et plus............... » 09 3
- Tissus pesant, par 0 m. c. 39, 0 kil.
- 188 et plus, blanchis, imprimés, teints ou tissés avec des
- fils teints............................ » 37 3
- — façonnés et damassés ne rentrant pas dans une catégorie soumise à des droits plus élevés................................ » 75
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- e •
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Ouvrage de tricot à la main ou au fuseau, teints ou non teints.
- Tissus autres, serrés : — imprimés........................
- — de plusieurs couleurs, non imprimés............................
- — unis ou blanchis............... — écrus.........................
- Laine (fils et tissus de) :
- Fils non teints................... — teints .........................
- Tapis de pied, etc................ Tricot : bas, gilets, gants communs. — Autre...........................
- Tissus, autres que clairs ou transparents, ou garnis de broderies en soie ou en fils métalliques.........................
- Lin, chanvre, jute, etc (fils et tissus de) :
- Fils non teints...................
- Fils teints :
- — non retors......................
- — retors.......................... Tapis de pieds et tissus pour tapis. Tissus pesant, par 0 m, c. 39, 0 kil.
- 172, blanchis ou écrus............ Tissus ouvragés ou damassés, etc., ne rentrant pas dans une catégorie soumise à des droits plus élevés.......................
- Tricot............................
- Tissus autres, serrés : — imprimés........................
- Tissus non imprimés.
- — de plusieurs couleurs.......... — d’une seule couleur ou blanchis .............................
- — écrus...........................
- Ouvrages en fils métalliques, y compris les formes de chapeau..............................
- Clous, pointes, écrous, ouvrages en fonte, câbles et chaînes-câbles, etc., en fer................ Nattes en sparterie pour formes, fonds et bords de chapeaux.
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- K
- (.JoMrnal officiel.)
- NOUVELLES
- LOI qui abroge la loi du 26 juillet 1872 portant établissement de droits de douane à Vimportation des matières premières.
- L’Assemblée nationale a adopté la loi dont la teneur suit :
- Article unique. La loi du 26 juillet 1872 portant établissement de droits de douane à l'importation de produits désignés dans ladite loi est et demeure abrogée.
- Délibéré en séance qublique, à Versailles, le 25 juillet 1873.
- Le président, L. Buffet.
- Le Président de la République promulgue la présente loi.
- Maréchal de MAC-MAHON.
- Jurisprudenee industrielle.
- RÉVÉLATION DE SECRETS DE FABR-QUE. — DÉTOURNEMENT DE PRODUITS CHIMIQUES — LE VIOLET DE PARIS ET LE VERT-LUMIÈRE.
- Tribunal correctionnel de la Seine*
- Nous reproduisons in extenso, d’après le Droit, le procès suivant, qui intéresse si directement nos industries.
- Voici, d’après la prévention, l’exposé des faits :
- M. Poirier, fabricant de produits tinctoriaux, 49, rue d’Hauteville, à Paris, possède à Saint-Denis une usine importante. Depuis plusieurs années, il fabriquait une couleur nommée le « violet de Paris » qu’aucun de ses concurreats n’avait pu imiter.
- Le sieur Bindschedler avait été employé dans cette usine en qualité de chimiste, attaché à la fabrication de larosaniline et de ses dérivés.
- Au mois d’octobre 1870, il quitta la maison, puis, en mars 1871, il entra chez M. Clavel, fabricant de produits chimiques à Bâ’e.
- A peine y était-il installé, que cet industriel lança dans le commerce un violet identique au violet Poirier. Bindschedler avait évidemment divulgué la fabrication de ce produit, et on soupçonna le sieur Gésing, contre-maître de l’usine de Saint-Denis, d’avoir été le révélateur du secret.
- En octobe 1871, les chimistes au service de M Poirier découvrirent une nouvelle couleur qu’ils appelèrent le vert-lumière. On prit les plus minutieuses précautions pour dissimuler à tous, aux ouvriers eux-mêmes, les éléments dont elle se composait.
- Néanmoins, la maison Clavel fut bientôt en possession du vert-lumière, et l’analyse à laquelle s’est livré plus tard M. Roussin,a établi que les procédés de fabrication des deux maisons étaient identiques.
- Sur la plainte de M. Poirier, une instruction fut ouverte, et la culpabilité de Gésing et de Bindschedler parut démontrée
- Gésing était, dans l’usine Poirier, un intermédiaire entre les chimistes et les chefs ouvriers, chargé de transmettre les ordres et de surveiller le trava'l. Son action se bornait à une surveillance disciplinaire, sans que jamais il eût à pénétrer dans les détails de la fabrication elle-même.
- Aussi, dans cette usine, où chacun était strictement renfermé dans son atelier, même les chimistes, avait-il seul le droit de pénétrer partout.
- Néanmoins, dans les carnets saisis chez lui,
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- à côté de quelques indications relatives soit à la présence des ouvriers, soit à l’eau, soit aux combustibles, on trouva de nombreuses notes se référant à la fabrication de tous les produits de l’usine.
- Les renseignements portaient surtout sur la y composition de la fabrication du violet de Paris et du vert-lumière.
- Sur un des carnets, on remarque, deux fois dessiné avec toutes ses proportions, l’autoclave servant à la fabrication de la méthylaniline. Ces circonstances sont d’autant plus frappantes, que les matières premières arrivaient à Saint-Denis sous des noms supposés et étaient fabriqués dans un établissement spécial situé au Pecq, et dont M. Poirier n’était pas le propriétaire apparent.
- Ce qui semblait prouver la mauvaise foi de Gésing, c’est que, pour se procurer les produits servant à la composition du vert, il avait dû les soustraire, soit dans le magasin où ils étaient soigneusement mis sous clef après leur arrivée à l’usine, soit dans le laboratoire d’un des chimistes dont il avait la clef. S’en étant mis ainsi en possession, il les fit analyser à l’insu de tous.
- Bindschedler et Gésing vivaient à Saint-Denis dans une intimité complète ; ils travaillaient ensemble.
- Parmi les pièces saisies chez ce dernier, on trouva deux notes attachées l’une à l’autre, se référant toutes deux à la fabrication du violet de Paris, et émanant l’une de Gésing, l’autre de Bindschedler.
- Alors que Bindschedler travaillait chez M. Poirier, il avait demandé à connaître le procédé de fabrication du violet de Paris, et on le lui avait toujours refusé.
- Pendant le siège de Paris, alors que la surveillance était moins active, on le vit entrer dans les ateliers consacrés au violet de Paris, en compagnie de son beau-frère Lefèvre et de Gésing, y prendre le dessin des appareils servant à la fabrication et emporter une petite partie des produits chimiques qui y étaient enfermés.
- Après le départ de Bindschedler, une correspondance active fut échangée entre les deux prévenus et, chaque fois que Bindschedler faisait un voyage à Paris, ils avaient des entrevues.
- Gésing détruisit une partie des lettres qui pouvaient le compromettre; mais on put en saisir quelques-unes, et elles firent voir qu’il s’agissait, pour l’un comme pour l’autre, de profiter des procédés qu’ils avaient surpris.
- Le doute ne sembla plus possible quand on vit Gésing essayer de débaucher des employés du sieur Poirier, et leur proposer d’aller ensemble fabriquer du violet de Paris à l'étran-ger, et lorsqu’on lut dans une lettre de Clavel fils, saisie chez Girard : « Des bruits disent
- aussi que MM. L... et B..., à Francfort, ont levé quelqu’un de P... (Poirier), et qu’ils vont fabriquer le violet sous peu. »
- Les prévenus Bindschedler et Clavel fils font défaut.
- M. le président procède à l’interrogatoire du prévenu Gésing.
- M. le président. — Vous êtes prévenu d’avoir communiqué à des Français et à des étrangers les secrets de fabrication de l’usine de M. Poirier dans laquelle vous étiez employé?
- Le prévenu. — Jamais je n’ai communiqué aucun secret de fabrique.
- M. le président. — Dans cette usine, vous occupiez l’emploi de contre-maître. Vous receviez un traitement considérable, un traitement de 8,000 fr. que venaient augmenter des gratifications qui pendant la dernière année, avaient été de 1,500 fr. De plus, vous aviez à l’usine un logement gratuit, et tous ces avantages portaient vos émoluments à 10,000 fr. au moins.
- On vous traitait en quelque sorte en enfant gâté.
- Cependant, vous ne répondiez à ces faveurs que par des sentiments hostiles. Dans un moment où, pendant les troubles politiques, des gens mal intentionnés projetaient d’incendier l’usine, vous n’avez pas cherché à les détourner. Vous avez, au contraire, abondé dans leur sens, en disant que ce ne serait pas dommage qu’un homme riche perdît quelque chose, tandis que tant d’autres mouraient de faim. En un mot, vous éprouviez contre votre patron une violente jalousie ; vous convoitiez sa place. Je vous rappelle ces faits au point de vue de la.moralité.
- Le prévenu. — Je n’avais pas de jalousie contre M. Poirier, et je n’ai pas tenu le propos dont il est question.
- M le président. — Il existait une correspondance active entre vous et Bindschedler, qui avait quitté l’usine de Saint-Denis pour se rendre chez M. Clavel, fabricant de produits chimiques à Bâle. Les procédés inventés par M. Poirier pour le violet de Paris et brévetés sont aussitôt mis en usage dans cette dernière fabrique. M. Poirier s’en étonne à bon droit. Comment cela se fait-il
- Le prévenu. — Je l’ignore ; ce n’est pas moi qui ai communiqué le secret. Je ne le connaissais pas.
- M. le président. — Plus tard, une autre couleur, dite vert-lumière, qui n’avait jamais été employée auparavant et que M. Poirier exploitait avec un très-grand succès, est également imitée à Bâle. Selon le rapport deM. Roussin, expert chimiste, les procédés usités dans les deux usines sont absolument les mêmes.
- On ne saurait admettre que deux intelligences humaines se soient rencontrées d’une fa-
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- çon aussi abso'ue dans la même invention. Il devient donc évident qu’il y a eu dans l’usine Poirier un faux frère qui a révélé au sieur Clavel le secret dont il a profité.
- Le prévenu. — Je n’ai rien communiqué à ce sujet à M. Brindschedler.
- M. le président. — Vous seul pouviez connaître le secret de fabrication du vert-lumière.
- Le prévenu. — Je ne connaissais que la manipulation.
- M. le président. — Vous avez dit que vous vous attachiez à étudier les procédés pour votre propre curiosité.
- Le prévenu. — Je ne voyais dans ces procédés rien de secret.
- M. le président. — Vous avez fait analyser par un chimiste, le sieur Sicard, des substances prises dans un laboratoire.
- Le prévenu. —Il y avait depuis très longtemps dans la cour des bonbonnes contenant des détritus de fabrication; elles étaient la abandonnées, et elles embarrassaient. Je’voulais savoir ce qu’elles renfermaient afin de les faire ranger.
- M. le président. — Il est établi que jamais les bonbonnes contenant des substances chimiques n’étaient déposées dans la cour. On vous reproche d’avoir soustrait, soit dans les magasins, soit dans le laboratoire de chimie, dont vous aviez une clef, les substances que vous avez lait analyser, et ce sont ces soustractions que la prévention qualifie de vol.
- Le prévenu. — Il n’y avait dans les bonbonnes que des résidus de fabrication ; rien de ce qui constitue le vert-lumière.
- M. le président. — Vous saviez donc dp quel élément se composait cette couleur?
- Le prévenu. — Non; je le présumais.
- On entend les témoins.
- M. Roussin, expert chimiste, reproduit les conclusions de son rapport. Il explique que l’avantage de la découverte de M. Poirier, relativement à la composition du vert-lumière, consiste principalement dans la suppression de l’iode, dont le prix est très élevé. La culpabilité de Gésing lui paraît démontrée.
- , Me Beau, qui plaide pour la partie civile, déclare que, dans cette affaire, l’intérêt général domine l’intérêt particulier. L’Allemagne et la Suisse jalousent la France pour ses conquêtes scientifiques et ses procédés industriels. La première de ces deux nations surtout, ne pouvant nous égaler sous ce rapport, s’efforce d’y parvenir en soudoyant la trahison et en incitant les ouvriers à divulguer les secrets de fabrication de leurs patrons.
- Il importe donc de déjouer ces projets en protégeant nos découvertes industrielles.
- L’usine de M. Poirier occupe deux cent cinquante ouvriers; il emploie des chimistes qui ont des émoluments de 10 à 12,000 fr., et un
- intérêt de 8 à G pour cent dans les affaires de l’établissement. La révélation de ces procédés de fabrications lui a fait un tort considérable.
- L’avocat conclut à une condamnation sévère et à des dommages-intérêts à fixer par état.
- Me Delaire présente la défense de Gésing et s’attache à démontrer que, lorsqu’il a été pris un brevet d’invention ou de perfectionnement, les procédés qui l’ont motivé s’y trouvent décrits et que, par conséquent, on ne peut divulguer un secret qui n’existe pas.
- M. l’avocat de la République Robert soutient la prévention.
- Pour se justifier, dit l’organe du ministère public, Gésing se borne à répondre qu’étant quelquefois appelé, dans l’usine, à remplacer les chimistes, il était utile qu’il se rendît compte des procédés dont ceux-ci usaient. Il ajoute, qu’en tous cas, il n’a jamais connu la composition du vert-lumière.
- Cette double allégation est mensongère. Jamais Gésing n’a été appelé à suppléer personne, et, dans ses conversations, il a parlé de l’éther nitreux, l’un des éléments essentiels du vert-lumière, que l’analyse à laquelle il avait fait procéder lui avait révélé.
- Gésing avait fait des recherches dans un but coupable. Sa culpabilité est démontrée par les débats et par sa correspondance.
- La complicité de Bindschedler ressort des mêmes faits d’une manière évidente.
- La participation de Clavel fils à la trahison de Gésing, au moyen de dons et de promesses, est démontrée par sa correspondance ainsi que par les commandes qu’il a faites chez les four-nisseurs de Poirier d’appareils et de produits identiques à ceux dont on se servait dans l‘u-sine de Saint-Denis, pour la préparation du vert-lumière, et du violet de Paris.
- Après une réplique deMeDelatre, le tribunal rend un jugement qui condamne Gésing à huit mois d’emprisonnement et 500 francs d’amende;
- Bindschedler et Clavel fils, par défaut, chacun à six mois de prison, 500 fr. d’amende;
- Condamne en outre, solidairement, les trois prévenus à des dommages-intérêts à fixer par état, et aux frais.
- Fixe à six mois pour chacun d’eux la durée de la contrainte par corps, s’il y a lieu de l’exercer.
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris; Typ, Turfin et Ad. Juyet, 9, cour desMifaciee.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 10. 20 AOUT 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Bleus au prussiate de potasse, ou bleus de France, par M. G. Van Laer. — Mordant remplaçant le tartre dans la teinture sur laine, des couleurs nécessitant l’emploi des sels d’étain, par M. MALFAIT. — Emploi de laluminate de soude pour la préservation des doubliers employés dans l'impression des tissus de coton, par M. KIELMEYER. — Bleu solide sur coton sans indigo. —Rouges de grenadine (échantil’on). Apprêteuse combinée pour dégraisser, teindre, laver, sécher et vaporiser les tissus, par M. G. MEISSNER (gravure).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Les de traités commerce avec l’Angleterre et la Belgique,
- NOUVELLES. — Diplômes d’honneur à l’Exposition de Vienne. — Jurisprudence industrielle, Révélation de secrets de fabrique relatifs au décreusage des déchets de soie.
- BLEUS AU PRUSSIATE DE POTASSE OU BLEUS DE FRANCE
- Par M. G. Van Laer.
- La difficulté que l’on éprouvait à se procurer de l'indigo dans les dernières années du premier empire, suggéra l’idée de le remplacer par le bleu de Prusse.
- Napoléon Ier offrit un prix de 25,000 francs a celui qui trouverait un procédé pour appliquer d’une manière solide cette dernière matière colorante sur la laine, la soie et le coton.
- M. Raymond père, professeur de chimie à Lyon, résolut une partie du problème en 1811, celle qui était relative à la teinture delà soie.
- Quelques années plus tard, le fils de ce célèbre professeur en trouva la solution complète.
- En 1822, il présenta à la Société d’Encouragement des échantillons de draps teints par le bleu de Prusse.
- Il présenta en 1823 à l’Exposition plusieurs pièces de drap pour lesquelles il reçut la médaille d’argent; il soumit ensuite le procédé au jugement de l’Académie des sciences qui fit imprimer son mémoire dans le Tome XXIX, des Annales de Chimie et de Physique de 1828.
- Ce mémoire est trop étendu pour que je Puisse le transcrire en entier, je me bornerai à en indiquer un extrait, qui, je crois, suffira pour donner la marche des opérations que demande la formation du bleu de Prusse, sur les tissus ou fils de laine.
- Je crois d’ailleurs que cette teinture n’est Plus pratiquée pour la draperie; jenecon-Bais pas de teinturier qui en fasse usage ; mais
- pour les tissus légers, mérinos, flanelle, etc., cette teinture est excellente (1).
- Extrait du mémoire de M. Raymond fils.
- « Depuis longtemps les amis des arts et de l’industrie avaient senti combien il serait intéressant pour nos manufactures de remplacer l'indigo, matière exotique d’un prix élevé et variable,* par un produit indigène d’une valeur modique et à peu près constante.
- « Le gouvernement lui-même en proposant un prix pour la fixation du bleu de Prusse sur la laine, la soie, le coton, avait appelé l’attention des chimistes-manufacturiers sur cet objet important.
- « Mon père résolut de la manière la plus complète la partie du problème relative à la soie, au fil et au coton; son procédé, publié par le gouvernement, fut bientôt mis en pratique dans tous les ateliers de teinture : On essaya vainement de l’appliquer à la laine.
- « Je ne sache pas au moins qu’il ait été rien présenté de satisfaisant jusqu’en 1819, époque à laquelle je me livrai tout entier à la solution de ce problème. Dès 1820 j’avais obtenu des résultats encourageants, ainsi que l’attestent des lettres de MM. Séguin et Dam-monay, qui eurent l’obligeance de faire tisser dans leurs manufactures une coupe de drap de douze à quinze aunes, avec des laines qui avaient été teintes au bleu de Prusse.
- « Ce ne fut qu’en 1822, que j’adressai les échantillons à la Société d’Encouragement de Paris. Enfin eu 1823, plusieurs pièces de drap bleu exposées au Louvre obtinrent l’approba-
- (i) Je fais observer que j’ai modifié quelques passages pour mieux faire comprendre la partie, pratique du mémoire de M. Raymond fils.
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- tion du jury central, qui déclara en me décernant une médaille d’argent, qu’il m’aurait accordé la récompense supérieure si les résultats soumis à son jugement avaient pu subir l’épreuve définitive. Depuis cette époque des occupations particulières ayant absorbé tout mon temps, ce n’est qu’au commencement de cette année (1827) que j’ai pu reprendre mes essais pour apporter à mon procédé les perfectionnements dont il me paraissait susceptible.
- « Le procédé proposé par M. Raymond fils, se compose de deux opérations, savoir : 1° le bain ferrique, qui ne doit pas marquer moins d’un 1/2 degré à l’aréomètre de Baumé et qui se donne à froid, tiède ou bouillant, suivant que la nuance bleue que l’on veut obtenir est moins ou plus foncée; 2° le bain de bleu qui se subdivise en deux parties; la première consistant à passer les draps ou les laines dans une dissolution d'hydrocyanate de potasse (prussiate de potasse) la seconde ayant pour but la solution complète du peroxyde de fer par le prussiate de potasse dont la dissolution d’abord tiède, doit être chauffée graduellement jusqu’à l’ébullition.
- BAIN DE FER Préparation.
- « Dans une cuve en bois de la capacité de 60 à 70 litres, placée à proximité d’une chaudière à vapeur, sous un hangar où l’air circule librement, on verse 260 litres d’eau, 65 kil. acide sulfurique à 66°, 65 kil. acide nitrique à 36° et 360 kil. sulfate ferreux (couperose verte) qu’on jette peu à peu dans le bain.
- « Il se fait une vive effervescence et un dégagement abondant de vapeurs rutilantes ; ' quand on a fini d’y jeter par petites portions les 260 kil. de sulfate de fer et qu’il ne se dégage presque plus de vapeurs, l’on chauffe lentement au moyen d’un jet de vapeur que l’on fait arriver dans le liquide au moyen d’un tuyau de grès ; — à mesure que la liqueur s’échauffe, l’effervescence et le dégagement des vapeurs rutilantes recommencent,— on continue ainsi jusqu’à ce que la dissolution entre en ébullition.
- « Après quelques bouillons et lorsque l’on est certain que le sel ferreux est devenu ferrique, condition indispensable pour obtenir des couleurs bleues nourries, on supprime la vapeur en communication avec la cuve, puis on
- l ajoute dans le bain 100 kil. eau, 65 kil. acide sulfurique à 66°, 150 kil. tartre.
- « Lorsque tout a été dissous, on pallie bien la liqueur en y versant de l’eau jusqu’à ce qu’on l’ait amenée à marquer environ 36° à l’aréomètre de Baumé.
- « On laisse reposer et s’éclaircir ce mélange pendant trois ou quatre jours, après quoi on le soutire dans des tonneaux, pour être employé au fur et à mesure des besoins.
- « M. Raymond nomme cette dissolution : Liqueur tartro-sulfate de peroxyde de fer.
- OPÉRATION DE TEINTURE
- 1er Bain ferrique.
- « Le bain se prépare en versant dans une cuve de bois d’une capacité convenable et munie d’un tour pour les teintures en pièces, du tartro-sulfate de fer marquant 36°, jusqu’à ce qu’il occupe environ un trente-cinquième de la capacité de la cuve ; on remplit ensuite celle-ci d’eau en agitant fortement la liqueur avec un rable.
- « Si le mélange est bien fait, la liqueur marquera un demi-degré à l’aréomètre.
- « Après quelques bouillons, le drap aura un pied de rouille assez foncé pour produire dans le bain de prussiate la nuance de bleu désirée; on relève ensuite sur le tour et sans laisser égoutter trop longtemps et on le porte dans une eau courante pour le laver avec le plus grand soin.
- « Si les pièces de drap que l’on veut faire passer successivement dans un même bain de rouille, sont destinées à y prendre des nuances diverses, on doit commencer par les nuances les moins foncées, en observant de bien ménager le feu pour que la température ne s’élève pas trop brusquement et que le fer ait toujours le temps de s’unir; il en est de même des nuances tendres, telles que le bleu de ciel, pour lesquelles il faut une petite quantité d’oxyde fer, que l’on est même obligé de leur donner à froid ; les nuances très-foncées, au contraire, exigent un pied de rouille si intense, qu’on ne peut l’obtenir qu’à l’aide de l’ébullition.
- 2me Bain ou Bain de prussiate.
- « Le bain de bleu, comme je l’ai dit plus haut, se compose de deux opérations : du bain d’hydrocyanate de potasse et du bain d’acide hydrocyanique. Le premier se prépare dans
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- uue cuve de bois munie d’un tour, qu’on remplit d’eau, et que l’on chauffe à 30° centig. par un courant de vapeur. On arrête ensuite le feu et on jette dans le bain, après avoir fait dissoudre dans de l’eau bouillante 85 gr. d'hy-drocyanate de potasse (prussiate) pour, chaque kil. de drap à teindre en bleu pur, soit 830 gr. par pièce de 10 kil.
- « Le bain étant convenablement pallié, on jette la pièce de drap sur le tour et on la dévide pendant douze à quinze minutes, après quoi on la relève.
- « La pièce de drap étant relevée sur le tour, on prend une quantité d’acide sulfurique à 66° égale à celle de l'hydrocyanate de potasse employée, soit 850 gr. de cet acide. Après l’avoir étendue de trois ou quatre fois son poids d’eau, on verse environ un tiers du mélange dans le bain d'hydrocyanate de potasse et on pallie avec soin.
- « La pièce de drap est alors remise en mouvement pendant un quart d’heure ; puis relevée pour verser dans le bain un autre tiers de 830 gr. d’acide sulfurique; on pallie de nouveau et l’on dévide encore le drap pendant 15 minutes.
- « Enfin, on le relève une troisième fois pour mettre dans le bain ce qui reste d’acide sulfurique. La liqueur palliée, le drap y est remis; lorsqu’il a été manœuvré pendant quelques instants, on le fait plonger en entier dans le bain où il est laissé une demi-heure sans être remué.
- « Au bout de ce temps on le replace sur le four, et c’est seulement alors qu’il faut réchauffer le bain, en ayant soin de n’élever la température que graduellement; après quelques bouillons, on retire le drap et on passe à une eau courante.
- « Si, au lieu d’une seule pièce de drap, on en a un certain nombre à passer dans le bain de bleu, on les coudra à la suite les unes des autres, et on les passera d’abord dans l'hydro-cyanate de potasse, et ensuite dans l’acide hy-drocyanique.
- «Il est assez difficile, ditM. Raymond, de déterminer les proportions d’hydrocyanate de potasse (prussiate de potasse) nécessaires pour telle ou telle nuance ; mais en supposant, dit-il, que toutes les nuances se réduisent à cinq, également distantes l’une de l’autre, on trou
- vera que pour un kil. de laine en bleu d’enfer ou bleu très-foncé, il faudra 100 gr. d’hydrocyanate de potasse, 83 gr. pour pareille quantité en bleu perse; 65 gr. pour le bleu tur-quin; 40 gr. pour le bleu céleste, et 13 gr. seulement pour le bleu naissant. »
- M. Raymond ne tient compte ici pour obtenir des gammes de 3 tons, que des doses de prussiate de potasse, sans dire mot de la quantité de bain ferrique employée pour chaque dose de prussiate et pour chaque nuance. Je ferai observer, cependant, que pour obtenir un résultat désiré, sans tâtonnement et avec économie, il faut tenir compte comme pour les autres teintures, des doses de sel ferrique pour chaque dose de prussiate.
- Un excès de fer verdit, salit la nuance, ou bien une dose trop faible donne des teintures pâles, et il en résulte donc perte de temps et de produit.
- M. Ghevreul, dans son 2e mémoire lu à l’Académie des sciences le 19 mai 1826, donne d’une manière précise l’action des agents, l’influence de l’eau, pour modifier et graduer les teintures par le bleu de Prusse; la marche à suivre dans les manipulations, la préparation du sulfate ferrique ainsi que la dose de liqueur ferrique pour chaque nuance et pour une série ou gamme de 20 tons.
- (La suite au prochain numéro).
- MORDANT REMPLAÇANT LE TARTRE DANS LA TEINTURE SUR LAINE des
- COULEURS NÉCESSITANT L’EMPLOI DES SELS D'ÉTAIN par M. MALFAIT fils, à Fiers (Nord).
- Faites dissoudre, d’une part, 10 kil. d’alun dans 40 litres d’eau chaude et d’autre part, 3 kil. 300 d’acide oxalique dans 20 litres d’eau chaude, mélangez les deux dissolutions et ajoutez 2 kil. d’acide acétique en remuant avec soin. Ge mélange de 60 litres d’eau chaude avec 13 kil. 500 de matières, produit, après refroidissement, 70 litres 400, dont le prix est
- de :
- 10 kil. alun, à 23 fr. les 100 kil.. 2 30 3 kil. 500 acide oxalique à 250 f. les 100 kil............................. 8 75
- 2 kil. Acide acétique à 14 fr. 50.... 0 30
- Total........... 11 33
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Ce qui met le prix du litre du mélange à ' 0 fr. 16. 7
- La quantité de tartre que l’on emploie est toujours moitié moindre que celle de cochenille. Pour 1 kil. de cochenille, on prend donc 0 kil. 500 détartré, soit pour 1 fr. 25; au contraire si on se sert du nouveau mordant, il en faut 4 litres, soit pour 4 fois 0 fr. 16 égale 0 f. 64, ce qui fait une économie de 50 p. 0/0 environ.
- Comme les couleurs sur laine, dans lesquelles l’emploi des sels d’étain et du tartre est indispensable, se font à la cochenille et au fus-tel, il ne sera question ici que de la teinture obtenue avec ces deux matières tinctoriales.
- Teinture à la cochenille. — On commence par faire bouillir la cochenille en poudre avec le mordant, de la même manière qu’on la fait bouillir avec le tartre, c’est-à-dire pendant 15 minutes et on laisse déposer pour décanter ensuite la liqueur claire. On fait ordinairement trois bouillons, mais on ne se sert que des deux premiers pour ponceau et autres couleurs saillantes, tandis que le troisième, peu chargé de matière colorante, est mis en réserve et ne sert que pour rougir les nuances dont la matière colorante prédominante est autre que la cochenille, telles que les jaune-orange, saumon, etc., etc.
- Pour 1 kil. de cochenille, on prend 4 litres de mordant et on y ajoute 20 litres d’eau. Après le premier bouillon, on ne refait bouillir le résidu de cochenille qu’avec de l’eau en quantité égalé à la première et on y opère de même avec le résidu provenant du deuxième bouillon sans ajouter de mordant.
- On monte alors un bain avec la solution de cochenille ainsi obtenue et la composition d‘é-tain et on y manœuvre la laine à 70 degrés, jusqu’à ce qu’elle prenne la nuance demandée. Si cette nuance est un peu jaunâtre, on ajoute au bain une petite quantité de fustel; si au contraire, elle est un peu rouge, on ajoute une petite proportion de cochenille ammoniacale, ou, ce qui vaut encore mieux, on passe la laine dans un bain d’eau tiède ; dans l’un et l’autre cas, l’importance de ces additions se règle d’après le ton de la nuance. Après teinture, on lave et l’on fait sécher.
- Avant de commencer à teindre, il est toujours bon de passer en eau chaude pendant
- 15 minutes environ, afin que la matière se prête plus facilement à l’immersion.
- Pour les amarantes et les cramoisis, on emploie la cochenille ammoniacale, qui, selon la dose, donne des teintes plus ou moins violacées.
- On pourrait aussi teindre la laine en la passant immédiatement daus un bain composé du mordant de la composition d’étain et de cochenille en poudre ; mais les nuances obtenues par ce moyen ne seraient pas aussi vives, à cause du résidu de cochenille qui embourberait trop le bain. Avant de se servir de la cochenille, il.vaut donc mieux l’épuiser d’abord par le mordant, comme on l’a décrit plus haut.
- Voici maintenant les proportions- à employer :
- Cochenille en poudre. .
- Mordant..................
- Composition d’étain ...
- Eau (dont 40 litres à
- 1 kil. 600
- 6 lit. 400
- 2 lit.
- chaque bouillon).... 120 litres.
- On ajoute la quantité d’eau nécessaire dans le baquet, et on y manœuvre la laine à la température de 70 à 80 degrés pendant 45 minutes.
- Teinture au Fustel. — Pour la teinture au fustel, il suffit de teindre dans le bain où se trouvent à la fois le mordant, la composition d’étain et le fustel en quantité convenable. On emploie plus ordinairement la décoction de fustel ; à cet effet on fait bouillir, pendant 1 heure et demi, 50 kil. de la substance réduite en petits morceaux dans 50 seaux de 10 litres ; on laisse déposer, puis on décante.
- La quantité de mordant est la même pour 1 kil. de fustel (représenté par un seau de décoction), que pour 1 kil. de cochenille; celle de la composition d’étain est toujours de deux litres pour 10 kil. de laine. Avec 100 kil. de laine pour orange ordinaire, on emploie environ 40 kil. de fustel.
- Après avoir garni le bain et mis de l’eau à hauteur, on opère exactement comme pour la teinture à la cochenille. Dans le cas où la nuance demande un peu de rougeur, on ajoute dans le bain une petite quantité de cochenille en poudre.
- Préparation de la composition d'étain. — On fait dissoudre peu à peu et à la tempéra-
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- tare ordinaire, 10 kil. d’étain en baguettes, dans un mélange de 40 litres d’acide muriatique du commerce, et 20 litres d’acide nitrique. (Mon. des Tissus).
- EMPLOI DE L'ALUMINATE DE SOUDE POUR PRÉSERVER LES DOUBLIERS DANS LES IMPRESSIONS SUR COTON Par M. A. KIELMEYER
- Une dépense qui, dans les établissements d’impression sur tissus, pèse d’un poids qu’on doit s’efforcer d’atténuer, est celle des pièces qu’on appelle doubliers. Ces doubliers doivent, en effet, pour les imprimeurs, se composer tout particulièrement d’un tissu très fort, d’une longueur de 250 mètres et d’une largeur qui, pour les objets d’impression blancs, les dépasse de 10 centimètres. Dans le travail de l’impression, ils circulent, d’un côté, entre le feutre de laine et le caoutchouc, et de l’autre la pièce de coton qu’il s’agit d’imprimer pour recevoir la décharge des couleurs d’impressions, qui passent à travers celle-ci, et ils doivent par conséquent, pour sécher, passer en partir sur des caisses chauffées. Leur objet est donc de présenter à la toile de coton un support bien pur, aussi uni que possible et en même temps élastique. Suivant qu’un dessin est plus ou moins chargé, un doublier peut servir, une, deux ou trois fois avant d’avoir besoin d’être nettoyé. Les manipulations pour ce nettoyage s’exécutent dans les fabriques, de plusieurs manières, qui sont différentes entre elles, qu’on considère comme des opérations secondaires entravant le travail courant, et qui à raison du volume considérable des pièces de doublier présente de nombreux inconvénients.
- On a calculé qu'un doublier peut servir à recevoir environ 2,500 pièces de coton de 50 mètres chaque et que la dépense annuelle pour ces doubliers et pour une production de 10,000 pièces de 50 mètres peut s’élever à 20,000 fr. au moins. Or, cette lourde dépense a amené la plupart des fabriques ou l’on sait compter, à cette conclusion, que les pièces de coton brut, destinées à l’impression après le grillage et avant d’être sou mi ses au blanchiment, peuvent être employées comme doubliers,malgré l’opposition, en partie fondée des contre
- maîtres imprimeurs. Seulement pour l’impression en noir d’aniline, il était nécessaire de conserver les doubliers actuels, tissés exprès, parce que les pièces écrues souillées par le noir d’alinine, ne pouvaient plus, par les opérations ultérieures du blanchiment, être parfaitement épurées et en outre, parce que la solidité du fil en avait été altérée. Dans les fabriques anglaises, on avait cherché a remédier à cet état de choses en disposant derrière les machines d’impression, un appareil dans lequel on plongeait immédiatement dans l’eau froide toute pièce qui avait servi une fois comme doublier, afin de s’opposer au développement du noir sur la pièce écrue. Mais on n’a pas toujours l’occasion ou on ne peut pas disposer partout, de l’espace nécessaire pour établir ces dispositions, et j’ai donc dû aviser, pour découvrir un autre moyen propre à me tirer d’embarras.
- Je me sers depuis quelques années avec avantage de l’aluminate de soude qu’on se procure aujourd’hui facilement et à bas prix dans le commerce, que j’épaissis avec l’amidon grillé couleur foncé, et dont je me sers comme d’un carton sous les noirs d’aniline. La partie alcaline de cette couleur d'impression agit sur les noirs d’aniline comme rongeant puisque par la réaction alcaline, le développement du noir est rendu impossible ; en même temps il se sépare, dans les points ou le noir et l’aluminate de soude sont en contact, de l’hydrate solide d’alumine qui opère comme réserve dans le contact immédiat du noir avec le fil de coton et îles isole entr'eux. Il est bien clair aussi que le carton-réserve-rongeur sous le noir d’aniline, par une composition et des manipulations appropriées, peut aussi jouer un troisième rôle, celui d’un mordant rouge. Mais je me borne aujourd’hui, ainsi que semblent l’indiquer les considérations précédentes sur l’emploi de l’aluminate de soude en grand, à annoncer qu’on peut se servir de ce sel comme de doublier, dans les impressions en noir d’aniline. Toutefois, j’ajoute que les essais avec tissus piétés avec le carbonate ou l’acétate de soude n’ont pas conduit au but. Ces deux sels, par l’alcali qu’ils renferment entravent bien le développement du noir d’aniline, mais ils n’opèrent pas en même temps comme réserve ; ils ne peuvent pas empêcher qu’une portion
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- de la couleur qui pénètre à travers le coton imprimé ne se dépose sur le fil de coton du doublier et ne se développe complètement comme noir.
- La pièce écrue qu’on destine à servir de doublier pour noir d’aniline, est passée après le grillage, avec une machine à piéter, deux fois à travers une solution froide d’aluminate de soude marquant 4° à 5° Baumé. On laisse la pièce roulée pendant deux heures pour que l’aluminate de soude se distribue aussi également qu’il est possible dans le tissu, puis on fait sécher sur un cylindre. Une pièce de 50 mètres exige pour 15 centimes d’aluminate, et peut aisément pour dessins légers, servir deux à trois fois. Puis avec les autres pièces écrues qui ont servi de doubliers pour d’autres couleurs, elle est lavée avant le blanchiment proprement dit, puis passée dans l’acide chlorydrique à 2° Baumé et lavée encore une fois.
- Puisque cette manière de procéder a été déjà adoptée depuis lomgtemps pour les autres doubliers, il ne reste à tenir compte que du piétage, et certainement cette opération ne reviendra pas plus cher que les manipulations si compliquées pour le nettoyage des anciens doubliers, tissés exprès. Pour les dessins plus laborieux ou plus lourds, les rayés par exemple, on peut ne faire servir les toiles préparées qu’une seule fois comme doubliers, et pour les objets tout-à-fait épais, les petites étoffes drapées, par exemple, imprimées sur fond noir d'aniline, il faut que le bain du piétage marque 10" Baumé.
- Après le blanchiment opéré, on n'aperçoit pas sur ces pièces la moindre trace du dessin noir, auquel elles ont servi de doublier, pas même sur les lisières. Le blanc est aussi beau que sur les autres pièces blanchies, et les craintes que j’avais conçues d’abord qu’il ne restât de l’hydrate d’alumine dans le tissu qui, plus tard, donnerait lieu à une coloration, ne se sont pas réalisées. On peut employer ces pièces comme tout autre article de fabrication. A ce propos j’ai encore fait un autre observation, c’est que le noir d’aniline sur pièces blanches imprimées sur des doubliers ainsi préparés, s’est beaucoup plus faiblement développé, sur l’envers que dans les impressions sur doubliers non préparés, tandis que sur l’endroit, le noir
- était complètement saturé. Tout noir d’aniline, même ceux préparés par les meilleures méthodes altère la résistance des fils et cela d’autant plus, qu’il peut les attaquer de tous côtés. Mais ici l’envers humide de la pièce est en contact constant avec l’aluminate de soude du doublier, qui s’empare d’une portion de celui-ci, ce qui entrave, sur ce côté des fils, la marche dangereuse de la réaction chimique. Il y a donc là en même temps une garantie pour la conservation do la résistance du tissu tout entier. (Polytech. journal).
- ROUGES DE GRENADINE
- La matière colorante que l’on nomme grenadine depuis quelques temps, est celle que l’on a désigné sous le nom de cerise, de cramoisi, etc, c’est en somme du rouge d’aniline de basse qualité, et son bas prix en permet l’emploi pour des articles ordinaires, notamment sur les laines communes, sur les tissus de coton pour doublures, sur les perses imprimées en petit teint, etc.
- Ce rouge est moins brillant que la fuchsine, proprement dite, mais il est aussi moins vio-leté, ce qui, dans certains cas, est un avantage.
- La teinture des fils et tissus de coton par cette couleur, s’exécute ainsi :
- On fait baigner pendant 12 heures les tissus, à tiède ou à froid, dans une décoction de 1 kil. de sumac, pour 4 à 5 kil. de matières.
- On passe à froid dans une dissolution de 250 grammes de sel d’étain pour les mêmes quantités de coton.
- Puis, on teint dans un bain contenant : 100 grammes de grenadine ou cerise d’aniline dissoute dans 15 litres d’eau bouillante et additionnée ensuite de l’eau suffisante pour faire le bain ; cette teinture s’opère à tiède.
- Le Moniteur de la Teinture a plusieurs fois
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- indiqué des procédés pour l’application de cette matière colorante à la laine et à la soie, notamment dans le volume de l’année 1869, pages 79 et 80.
- APPRÊTEUSE COMBINÉE
- De G.-A. Specker, de Vienne, POUR DÉGRAiSSER, TEINDRE, LAVER, SÉCHER ET VAPORISER LES TISSUS.
- Par M. G. MEISSNER, ingénieur.
- L’apprêt complet des tissus unis en laine ou mélangés en laine et coton, embrasse une série de manipulations qui n’ont été exécutées jusqu’à présent pour chaque manipulation que par un certain nombre de machines spécialement construites pour cet objet.
- Les tissus en question sont en général d’abord dégraissés, puis teints, évaporisés et séchés, et pour chacune de ces opérations il faut une machine particulière ou un appareil spécial. Dans ce travail il faut que ces tissus
- tion dans la figure 10, seulement on a supprimé, dans cette figure, la machine à vapeur qui sert à la faire fonctionner.
- Le tissu qu’il s’agit d’apprêter au moment où il quitte le métier de tissage, arrive sur une ensouple E, qui roule librement sur des coussinets placés dans la partie antérieure du bâti A, A. Cette ensouple, au moyen d’une poulie de frein et d’un sabot en bois peut, par le secours d’un levier d et d’un poids e, qui y est suspendu, être enrayée plus ou moins, suivant le besoin, de façon que le tissu puisse marcher constamment à travers la machine avec la tension convenable.
- La première opération que le tissu ’est appelé à subir a pour objet de le débarrasser de toutes les matières grasses dont on a imprégné la laine à la filature et au tissage, afin de pouvoir la travailler plus aisément. Cette opération, à laquelle on donne le nom de dégraissage, est exécutée par l’appareil qui, dans la machine, est appelé la dégraisseuse.
- Le tissu, en se déroulant sur l’ensouple E, arrive dans une cuve en fonte M, remplie
- Fig. 10. — Apprèteuse combinée, pour dégraisser, teindre, laver, sécher et vaporiser.
- soient transportés d’une machine ou d’un appareil dans un autre, ce qui occasionne une perte de temps et d’argent, puisque ces machines ou ces appareils sont éloignés les uns des autres, et souvent même dans des locaux différents, et la plupart du temps exigent un ou deux ouvriers pour les desservir.
- M. C.-A. Specker a donc, à l’imitation d’un vaste et remarquable établissement anglais, qui se livre particulièrement à la construction des machines pour l’apprêt des tissus, établi une machine qui, par un seul passage ou d’un seul coup et par une manipulation unique, donne l’apprêt aux tissus de laine ou aux tissus mélangés, en économisant ainsi considérablement la force, l’espace et le matériel.
- Cette machine a été représentée en éléva-
- d’une lessive de soude chaude, où il passe sous un rouleau de guide n, placé au fond de cette cuve, puis entre un couple de gros cylindres de pression en fonte B, placé au-dessus de celle-ci, et après s’être avancé de droite à gauche entre ce couple, passage pendant lequel la portion la plus considérable de la lessive de soude adhérente se trouve exprimée, il passe autour du cylindre de pression supérieure pour se rendre dans une seconde cuve M1 , chargée d’un bain de couleur, là, ce tissu passe entre un second couple de cylindres de pression B1 et arrive dans une troisième cuve M2 , pleine d’eau bouillante, et enfin, après avoir passé entre un troisième couple de cylindres de pression B2 ou il est essoré, il est jeté sur un rouleau de guide v et
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- descend dans une chambre en bois U, où il est vaporisé.
- Le vaporisage du tissu remplit un double but, d’un côté il redresse le poil de la laine, qui a été couché par la pression et lui donne de l’éclat, de l’autre le tissu exposé à la vapeur d’eau brûlante, n’est plus aussi disposé à se retirer quand il est ensuite atteint par la pluie. C’est à ce procédé de vaporisage qu’on donne les noms de décatissage ou de finissage.
- La chambre de vaporisage se composed'une caisse en bois U, fermée de tous les côtés et pourvue d’un certain nombre de rouleaux en bois w et x, x, sur lesquels le tissu circule de la manière indiquée au pointillé dans la figure. Sous les rouleaux de guide x, x règne un faux plancher y, y percé d’un grand nombre de trous et recouvert par un feutre. De la partie inférieure de la chambre, dans laquelle la vapeur arrive par le tuyau en cuivre Z, cette vapeur s’échappe par les trous du faux-fond y, traverse le tapis en feutre, et arrive sur le tissu qui circule sur les rouleaux x, x.
- La chambre U est pourvue d’un couvercle en bois p, p qu’on peut lever avec facilité pour pouvoir tirer le tissu entre les rouleaux de guide, et naturellement ce couvercle ne clôt pas exactement dans les points d’entrée et de sortie du tissu, mais présente une ouverture ou fente dans laquelle celui-ci peut entrer et sortir librement.
- Afin que l’eau de condensation qui se réunit dans le couvercle ne puisse pas dégoutter sur l’étoffe, on a établi à l’intérieur de [ce couvercle p, p un second couvercle o, o où les vapeurs se logent et se précipitent plus aisément et d’où l’eau condensée s’écoule par des gouttières latérales en bois.
- Ainsi qu’on le voit dans le plan de la fig. 3, la paroi postérieure U de lachambrede vaporisage s’ouvre et se rabat à charnière, afin de pouvoir étendre avec facilité le tissu sur les rouleaux de guide, au commencement du travail.
- Le tissu vaporisé et encore humide sortant de la chambre U, est conduit par un rouleau de guide v2 dans un appareil de séchage qui se compose de neuf cylindres ou tambours en cuivre f, f ; f1 , superposés les uns aux autres et chauffés à la vapeur. Ce tissu, après avoir circulé sur ces cylindres de la manière
- indiquée au pointillé dans le dessin, est enfin dirigé par un rouleau de guide sous un cylindre lisse qui l’enroule sur une ensouple n placée au-dessus de lui. Le rouleau lissoir g2 , doué d’un mouvement accéléré, produit par un système d’engrenage, frotte, par conséquent, sur le tissu, et comme il est fortement chauffé par la vapeur, il lui communique un bel apprêt en catissage persistant. L’ensouple n qui, comme on vient de le dire, est posée au-dessus du rouleau g^ est, par des poids q qui pèsent sur les coussinets, pressée fortement sur lui, mais elle remonte dans ces coussinets à mesure que le tissu s’enroule dessus.
- La machine entière est mise en activité par une machine à vapeur à deux cylindres, de la force de quatre chevaux, à laquelle elle est attelée par l’arbre P.
- La communication du mouvement à la dégraisseuse s’opère à partir de cet arbre par des engrenages et des roues coniques.
- Celle à l’appareil de séchage a lieu par l’entremise d’un disque lisse et d’une poulie de frottement en papier Q, enfilée sur l’arbre 0, 1). Le support, cet arbre et la poulie de frottement sont, par un levier coudé et le poids qui s’y trouve suspendu, pressés fortement sur le disque.
- Pour que le tissu, dans son passage de l’appareil dégraisseur dans l’appareil de séchage ne se plisse ou ne grippe pas, mais soit constamment maintenu dans un état parfaitement égal de tension, il faut que la vitesse de la machine à sécher puisse être ajustée pendant la marche et réglée de telle façon qu’elle tende sans cesse à prendre une allure un peu plus rapide. ontris un arsb TiSnEGTs
- On y parvient par un moyen fort simple, qui consiste à rapprocher la poulie de frottement Q du disque lisse, en faisant tourner une vis sur laquelle est placé un arrêtoir qui, par le bras qu’il porte, attaque une gorge ourainure faite au tour Q1 , dans le moyeu de cette roue Q. En faisant tourner ladite vis au moyen d’une roue à poignées, l’arrêtoir susdit glisse sur cette vis entraînant avec lui la roue de frottement qu’on peut ainsi rapprocher à volonté du centre ou de la périphérie du disque, pour modifier ainsi la vitesse à la circonférence de la poulie de frottement, et par conséquent, celle des tambours f et f1 . La poulie
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- est alors disposée et le poids qui la presse sur le disque réglé de telle façon que la machine de séchage ait une disposition à accélérer son mouvement, quoique par suite de la tension du tissu ainsi provoquée, il puisse en] résulter un glissement partiel du plan sur la poulie, et de façon que la tension du tissu reste, à fort peu près, constamment la même.
- A partir de l’arbre & le mouvement est transmis par un engrenage conique r et s et des roues dentées droites, aux tambours sécheurs fet" •
- Les cuves M, M1 , M2 , de l’appareil dégraisseur, sont chacune pourvues d’un conduit de vapeur B, d’un tuyau d’eau chaude J et d’un | tuyau d’eau froide S.
- Dans le cas où le tissu dégraissé et teint ne | doit pas être vaporisé, on dispose sur le dernier couple B 2 des cylindres essoreurs de la dégraisseuse, 1 un appareil d’enroulement sur lequel le tissu s’enroule sur une ensouple g1 .
- De même si ce tissu doit être simplement vaporisé et séché, on l’enroule sur une ensouple Z3 placée sur coussinets dans le bâti A.
- La vitesse du tissu, dans son passage à travers la machine, peut varier depuis 4 jusqu’à 8 mètres par minute, et elle livre, en 10 heures de travail par jour, de 2,400 à 4,800 mètres de tissu apprêté. (Polytech. Journal)
- BLEU SOLIDE SUR COTON SANS INDIGO
- Voici un procédé pour produire un bleu sur coton se rapprochant du bleui d’indigo, qui paraît tout spécial et à peu près inconnu, mais qui, on le reconnaîtra, est inspiré du moyen employé pour la production du noir d’aniiine.
- On fait débouillir 25 kilogrammes de fil dans une lessive de soude, on lave et l’on fait sécher, on teint ensuite de la manière que voici : dans 6 litres 1/2 d’eau, on fait bouillir 2 kilog. d’amidon de froment, on laisse refroidir et on ajoute 600 grammes de chlorate de potasse, 600 grammes de chlorure de cuivre et 1 kil. 200 de chlorydrate d’aniline, on mélange avec soin et on fait usage de cette masse qui a une couleur gris clair. Au lieu de ce mélange, on peut, à la bouillie amylacée
- ci-dessus, ajouter 600 grammes de chlorate de cuivre et 4 kil. 500 d’huile d’aniline.
- On prend ensuite 4 kil. 50 de cette masse qu’on dépose dans une capsule, on y passe et on y comprime cinq ou six fois de suite 1 kil. de fil, on cheville avec soin, puis on ajoute 1 litre 1/2 de masse, on y passe de nouveau 1 kil. de coton, et on y opère ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on ait épuisé tout le coton. On oxyde ensuite ce coton tordu en l’introduisant bien ouvert dans une caisse où, par un jet de vapeur qu’on y lance pendant quelque temps, la température est portée à 30° C. L’air, dans la caisse, doit être constamment humide. Le coton y reste de .20 à 30 heures, et il en sort noir bleu. En cet état, on le jette dans un bain d’eau dans lequel on le débarrasse de l’amidon. Pour favoriser[cette élimination, on ajoute au bain 3 kilog. de malt de froment qui dissout cet amidon. On laisse immerger toute la nuit, on lave, on cheville de nouveau, puis‘on]passe pendant un quart-d'heure dans un bain préparé, avec 25 centilitres d’acide sulfurique ; on lave et on passe par un bain de soude chaud de 2 à 3 degrés Baumé. De cette manière on obtient un noir bleu. Pour avoir un bleu foncé pur, on ajoute, dès le commencement, un tiers de moins des réactifs chimiques ci-dessus.
- On peut très-bien produire le bleu de la manière suivante : après avoir été lavé, le fil est passé cinq fois dans un bain de 3 kilog. de campêche, on le foule, on le bat, on le cheville et l’introduit pendant une demi-heure dans un bain préparé récemment avec 500 grammes de sel d’étain et 500 grammes d’azotate de fer ; on réintègre dans le vieux bain de campêche où on achève l’opération. Pour assouplir le fil, on dissout 25 centilitres d’huile dans une lessive de savon de Marseille, on y passe une fois le fil, ce qui termine l’opération.
- Suivant une autre méthode, on fait bouillir 1 kil. 250 d’amidon dans 15 litres d’eau, on y dissout 375 grammes de sulfate de cuivre, puis on y démêle 3 kil. 50 d’huile d’aniline ; on laisse refroidir et on passe comme il a été dit, le fil dans le bain. Il faut encore y ajouter du chlorate de potasse, car autrement l’agent d’oxydation manquerait. Pour les nuances claires, au lieu de 15 litres d’eau, on
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- plus haut.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- en prend 20 et même 30, et de l’amidon en proportion. Si les nuances ne sont pas suffisamment vives, on les avive avec le campê-che et le sel d’étain comme on l’a expliqué
- LES TRAITÉS DE COMMERCE FRANÇAIS AVEC L'ANGLETERRE ET LA BELGIQUE.
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- Nous donnons ci-après un extrait des deux traités signés le 23 juillet dernier, et ratifiés par l’Assemblée nationale avant sa prorogation. Ils ont pour objet principal de remettre en vigueur les traités de commerce de 1860, et d’annuler ceux qu’avait motivé l’impôt sur les matières premières et qui avaient été conclus en 1872.
- 1° Traité avec V Angleterre.
- Art. 1er. — Le traité de commerce conclu le 23 janvier 1860 entre la France et le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d’Irlande, ainsi que les conventions suplémentaires des 12 octobre et 16 novembre de la même année, sont, dans toutes leurs dispositions et teneur, remis en vigueur, et continueront d’avoir leurs effets comme avant l’acte de dénonciation du 15 mars 1872.
- Les hautes parties contractantes se garantissent réciproquement, tant dans le Royaume-Uni qu’en France et en Algérie, le traitement, sous tous les rapports, de la nation la plus favorisée.
- Art. 2. — Les navires français et leur cargaison dans le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d’Irlande, et les navires anglais et leur cargaison en France et en Algérie, à leur arrivée d’un port quelconque, et quel que soit le lieu d’origine ou de destination de leur cargaison, jouiront, sous tous les rapports, du même traitement que les navires nationaux et leur cargaison.
- Il est fait exception à la diposition qui pré- • cède pour le cabotage, dont le régime demeure soumis aux lois respectives des deux pays.
- Art. 3. — Les hautes parties contractantes conviennent d’établir, au moyen d’une convention supplémentaire, dont les ratifications seront échangées avant le 31 janvier 1874, les dispositions qui leur paraîtront nécessaires au sujet des attributions consulaires, ainsi que du transit et des règlements de douane relatif à l’entrée des marchandises, à l’expertise, aux échantillons et à toute autre matière analogue, et elles conviennent, en outre, de substituer cette convention supplémentaire aux disposi
- tions en pareille matière, comprises dans les traités et conventions de 1860.
- Art. 4. — A partir de 1er juillet 1874, ou plus tôt, si faire se peut, les huiles minérales d'origine britannique, seront admises en France et en Algérie, au droit de douane de 5 p. 100, c’est-à-dire au taux du droit en vigueur avant la loi du 8 juillet 1871. Il demeure cependant convenu que lesdites huiles devront, conformément aux dispositions del’article 9 du traité du 23 janvier 1860, remis en vigueur par l’article 1er du présent traité, acquitter, en outre, les droits de 6 ou 8 fr. par 100 kil., établis sur les huiles brutes ou clarifiées, parla loi du 16 septembre 1871, ou ceux qui seraient ultérieurement établis sur les mêmes huiles fabriquées en France.
- La commission examinera dans quelle mesure il sera possible d’effectuer le remboursement des droits perçus en plus du droit de 5 p. 100 et de la taxe de 5 ou 8 fr. par 100 kil. ci-dessus indiquée, dans le cas où des huiles minérales d’origine britannique auraient été introduites en France, depuis la promulgation de la loi du 8 juillet 1871, autrement que pour l’exécution de contrats préalablement passés.
- En ce qui concerne les contrats ci-dessus visés, le règlement comprendra une indemnité des poursuites exercées pour défaut d’exécution des contrats passés avant l’application de la loi du 8 juillet 1871.
- Art. 5. — Le présent traité restera en vigueur jusqu’au 30 juin 1877. Dans le cas où aucunes des deux hautes parties contractantes n’aurait notifié, douze mois avant ladite date, son intention d’en faire cesser les effets, il demeurera obligatoire jusqu’à l’expiration d’une année, à partir du jour où l’une où l’autre des hautes parties contractantes l’aura dénoncé.
- Art. 6. — Le président de la République française s’engage à demander à l’Assemblée nationale, immédiatement après la signature du présent traité, l’autorisation nécessaire pour ratifier et faire exécuter ledit traité. Les ratifications en seront échangées à Paris le plus tôt que faire se pourra, et le traité entrera immédiatement en vigueur.
- Fait en double expédition à Versailles, le vingt-troisième jour du mois de juillet de l’an mil huit cent soixante-treize.
- ( L. S. ) Signé Broglie. (L. S. ) Signé Lyons.
- 2° Traité avec la Belgique
- Art. 1er. —Les traités de commerce et de navigation conclus le 1er mai 1861, entre la France et la Belgique, la convention pour la garantie r éciproque de la propriété des œuvres d’esprit et d’art et des marques modèles et dessins de fabrique, conclue à la même date que ci-dessus, la convention additionnelle au traité du 1er
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- mai1861, conclue le 12 mai 1863, sont remis ou maintenus en vigueur dans toutes leurs dispositions et teneur et continueront à produire tous leurs effets comme avant l’acte de dénonciation du 28 mars 1872.
- Art. 2.— Les hautes parties contractantes conviennent de fixer au moyen d’une convention supplémentaire, dont les ratifications seront échangées avant le 31 décembre 1873, toutes les dispositions qui leur paraîtront nécessaires en ce qui concerne les règlements applicables à l’entrée des marchandises, à l’expertise et à toute autre matière de même nature.
- Art. 3. — Le présent traité restera en vigueur jusqu’au 10 août 1877.
- Dans le cas où aucune des hautes parties contractantes n’aurait notifié, douze mois avant la fin de ladite période, son intention d’en faire cesser les effets, le traité demeura obligatoiro jusqu’à l’expiration d’une année, à partir du jour où l’une ou l’autre des hautes parties contractantes l’aura dénoncé.
- Art, 4. — Le présent traité sera soumis à l’assentiment de l’Assemblée nationale française et à celui des Chambres législatives de Belgique.
- Lcr ratifications seront échangées à Paris le plus tôt que faire se pourra, et le traité entrera immédiatement en vigueur.
- Fait en double expédition, à Versailles, le vingt-troisième jour du mois de juillet de l’an mil huit cent soixante-treize.
- (L. S.) Signé Broglie.
- (L. S.) Signé baron BEYENS.
- NOUVELLES
- Jurisprudence industrielle : Révélation des secrets de fabriq ue par un employé. Décreusage des déchets de soie. — Notre précédent numéro révélait le triste fait d’un contremaître de fabrique, livrant à la concurrence étrangère les procédés de fabrication de la maison qui l’occupait et qui l’avait comblé de faveurs, l’affaire qui suit peut lui servir de digne pendant ; nous en reproduisons le texte du jugement, qui en fait suffisamment connaître les circonstances :
- « La Cour d’appel de Grenoble,
- « Attendu que Berthelot, entré à 19 ans chez les frères Chancel avec une instruction très-incomplète, avait fait toute son éducation industrielle dans cette maison, où ses émolu-luments, grandis progressieement avec ses services, s’élevaient en 1868 à 24,000 fr. et pouvaient atteindre, l’année suivante, 60,000f. s’il avait accepté les offres de Marius Chancel, avec les perspectives que laissaient ouvertes à
- ce jeune homme, à peine âgé de trente ans, beau-frère de deux des frères Chancel, la prospérité croissante d’une usine sans rivale pour le décreurage des déchets de soie ;
- « Attendu que Berthelot, ébloui par les bénéfices extraordinaires réalisés par cette maison, dans lesquels son ambition démesurée rêvait une part exorbitante, voulut imposer aux frères Chancel des conditions, inacceptables, et sur leur refus, quitta brusquement l’usine de Briançon pour commencer contre eux une guerre sans trêve et sans scrupules :
- « Attendu, en effet, que Berthelot, au lieu de chercher honnêtement dans l’industrie dont il avait fait l’apprentissage, un emploi légitime de sa capacité et de son expérience, a trafiqué frauduleusement des procédés spéciaux, des plans copiés ou détournés des machines et du nom de la maison Chancel, qu’il a livrés à prix d’argent à des maisons rivales de Suisse, d’Allemagne, d’Angleterre et de France ;
- Qu’il résulte de ses offres écrites à MM. Al-liot d'Arleskim, qu'il vendait en bloc ou séparément ce qu’il appelle. dans un prospectus joint à sa lettre, le système de décreusage Chancel, qui se décompose en sept machines où procédés spéciaux; qu’il a vendu, conformément à ce programme, tout le système Chancel, à M. Ritter de Goritz, au prix de 26,000 fr.‘ et à MM. Hadren, d’Halifax, pour nne somme égale, etc. ; qu’il est allé jusqu’à promettre les secrets de fabrication à venir des frères Chancel, au moyen d’intelligences qu’il s’était ménagées dans leur usine.
- Attendu que le système de décreusage pratiqué dans l’usine de Briançon, les procédés, les plans, les machines qui en constituaient l’ensemble et que Berthelot a vendu sous le nom de « Système de décreusage Chanzel » était le résultat de recherches patientes, d’a-méliorations successives, de combinaisons habiles de modes spéciaux, dont le succès avait valu à la maison Chancel son éclatante supériorité, que ces procédés, conquête légitime de l'intelligence et du travail, sans être protégés par un brevet, étaient si peu tombés dans le domaine public que Berthelot les vendait comme de véritables secrets de fabrication, qu’ils lui étaient achetés comme tels, avec la promesse exigée de quelques-uns de ne pas divulguer les accords ;
- « Que Berthelot, initié pendant douze ans, comme employé d’abord, plus tard comme sous-directeur, à ces procédés de fabrication par la confiance sans limite des frères Chancel était à leur égard comme un quasi-contrat d’où découlait l’obligation de ne pas trahir cette confiance en divulguant frauduleusement ces procédés, auxquels ils devaient leur prospérité ;
- « Que Berthelot a commis un abus de cou-
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- fiance qui présente tous les caractères d’un quasi-délit, en livrant pour de l’argent les procédés dont il avait le secret, les plans qu’il avait détournés, et que la fraude est ici d’autant plus condamnable qu’elle se produit non par de simples faits de concurrence déloyale, tels que peut les pratiquer une maison rivale toujours soumise à des chances aléatoires, mais sous la forme d’une vente audacieuse et sans risques de la chose d’autrui;
- « Que c’est donc à bon droit que les frères Chance!, lésés dans leurs intérêts, se sont placés sous la protection de l’article 1382 du Code Civil, et qu’une juste réparation doit leur être accordée contre l’argent infidèle qui, cédant à un véritable vertige d’ingratitude et de cupidité, a encouru les légitimes sévérités de la loi Civile ;
- « Attendu, sur les dommages réclamés par les frères Chancel, que le produit des ventes illégitimes réalisé par Bertholot doit être restitué aux frères Chancel, puisqu’il était le prix d’une chose qui leur appartenait, que c’est là une base certaine à laquelle la Cour doit s’arrêter pour échapper à une évaluation arbitraire.
- « Par ces motifs, etc.... »
- Ainsi, il résulte donc de ce jugement, que la loi atteint non seulement l’employé en exercice dans une usine ou manufacture mais aussi celui qui s’en est retiré, et dans l’espèce celui qui, à la suite de dissentiments, a rendu aux chefs de maisons rivales les procédés spéciaux de fabrication de son ancien patron, est à bon droit actionne en dommages intérêts, dans le cas même où la propriété de ces procédés ne se trouverait pas garantie par un brevet d’invention, si en fait ils n’étaient pas encore dans le domaine public, et s’il ne les connaissait que par suite de la confiance sans limite dont il avait été investi.
- Et s’agissant ici en réalité de la vente’de la chose d’autrui, les dommages-intérêts doivent être fixés à défaut d’autre base certaine d’évaluation à la restitution des sommes perçues pour prix de cette spéculation abusive.
- DIPLOMES D’HONNEUR A L'EXPOSITION DEVIENNE.
- — Parmi ces hautes récompenses, voici celles qui concernent les industries chimiquesprochainement nous donnerons celles qui se rapportent aux Arts textiles :
- M. Charles Bardy (France).
- M. T. Coupier (France).
- M. le docteur A. Frank, Strassfurt (Empire d’Allemagne).
- MM. Gessert frères, Elberfeld (Empire d’Al-lemagne).
- MM. J.-K.-B. Geygi, Bâle (Suisse).
- MM. Ch. Girard et de Laire (France).
- M. le docteur C. Graebe (Allemagne).
- M. Charles Lauth (France).
- M. le docteur Liebermann, inventeur du
- mode d’extraction de l’alizarine du goudron (Empire d’Allemagne).
- M. le docteur Liebreich, Berlin (Empire d’Allemagne).
- M. Lucius Meister, Brüning (Empire d’Allemagne).
- M. H. Merle, Alais (France), fabricant de produits chimiques.
- M. A. Poirrier. Paris (France).
- Gouvernement royal néerlandais, culture d’arbres et de plantes de la Chine.
- M. Schaffuer, directeur à Aussig (Bohême-Autriche).
- MM. Schlosing et Rolland (Empire d’Allemagne).
- M. E. Solvay (Belgique).
- Ainsi, on remarque que la plupart de ces grands prix ont été attribués à des chimistes connus par leurs travaux dans les matières colorantes; en effet, pour la France ce sont: M. Bardy, un des principaux collaborateurs de M. Poirier, et auquel on doit spécialement une part de la découverte des violets et verts de Paris, ainsi que des travaux très-estimés sur les méthylanilines et leurs dérivés ; M. Coupier, l’auteur d’un procédé très-exact de distillations fractionnées applicables à la séparation des huiles de houille, inventeur des rouges de toluidine, de xylidine, d’aniline sans arsenic, du bleu noir, etc. ; MM. Girard et De Laire, auteurs des bleus d’aniline et d’importants travaux théoriques sur cette classe de produits, c’est à eux qu’on doit l’excellent : raité des dérivés de la houille, qui est l’ouvrage le plus complet sur cette matière; M. Ch. Lauth, qui par l’heureuse modification qu'il a su apporter au procédé Lighfoot pour l’application du noir d’aniline, en a rendu l’emploi pratique et courant, il est aussi l’auteur de procédés spéciaux de noir d’aniline, et le collaborateur de M. Bardy dans la découverte du vert de Paris ; M. Poirrier, le metteur en œuvre des travaux de la plupart de ces chimistes, le grand et intelligent manufacturier quia su maintenir le rang de la France dans cette industrie, malgré le monopole dont il jouissait; M. Merle, dont les produits chimiques d’une autre nature sont aussi d’un grand usage en teinture, notamment ses produits sodiques et aluminiques.
- A l’étranger, la plupart des lauréats ont également des noms populaires dans nos industries, notamment MM. Franck, Gessert, Gei-, gy, Graebe, Liebermann, Meister, etc. ; c’est-à-dire presque tous.
- Pour tous les articles non signés • P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés,
- Paris. Typ, Turfin et Ad, Juvet, 9, cour des Miracies.
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- LE
- 16e VOL., No 17.
- MONITEUR DE LA TEINTURE
- 5 SEPTEMBRE 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Leçons sur les matières colorantes, par M. le Dr GRACE-CALVERT (suite). Acide gallique, Noix de galle, Sumac, Cachou, — Bleus au prussiate de potasse, ou bleus de France, par M. G. Van LAER. —Mordants pour la fixation des couleur d’aniline sur coton, par MM. MULLER et Sopp. — Impressions économiques à la gélatine chro-matée. — Emploi de la purpurine. —» Nuances d'hiver (échantillons). Gris de Vienne, Pourpre-Libération. CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Préparation simplifiée du chlorure stannique ou oximariate d’étain, dans les ateliers de teinture, par M. BRONNER. — Teinture et vernissage des bois noirs. — Préparation de l’alun de chrome. — Situation générale des industries textiles. — Brevets d'invention concernant les indnsties iinctoriales.
- NOUVELLES. — Diplômes d’honneur à l’Exposition devienne (suite). — Incendie. — Les lainages dans le Nord.
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES COLORANTES
- Par le docteur Grâce Calvert.
- (Suite) (1).
- Acide gallique.
- L’acide gallique se présente sous la forme d’aiguilles soyeuses, blanches, il est soluble dans l’eau, l’alcool et l’éther. Sous l’influence d’une température de 210 degrés, il se décompose en acide carbonique et en un composé cristallin blanc, l’acide pyrogallique que l’on emploie en grande quantité dans les ateliers de photographie. Si l’on dépasse cette température, l’acide gallique. se décompose en acide carbonique, en eau et en acide gallhumique.
- L’acide gallique donne un précipité noir avec les sels de peroxyde de fer, mais il n’en donne pas avec la gélatine.
- Les matières qui renferment du tannin, l’écorce de chêne, par exemple, sont employées dans le tannage des peaux. La matière ani-male se transforme peu à peu en gélatine qui se combine avec l’acide tannique pour produire un composé insoluble. Le composé remplit les pores du tissu animal et non-seulement prévient la putréfaction, mais le rend imperméable à l’eau.
- La valeur des matières employées dépend de l’acide tannique qu’elles renferment, l’acide gallique ne jouant aucun rôle dans cette opération.
- Les substances qui renferment du tannin, comme la noix de galle, le sumac ou l'écorce
- (1) Voir le n‘ du 5 août, année courante.
- de chêne, contiennent un ferment qui est susceptible de décomposer l’acide tannique en sucre et en acide gallique. Il faut donc que le tanneur pronne les plus grands soins pour éviter la fermentation des cuves. Quelques millièmes d’acide phénique suffisent pour empêcher la réaction chimique, sans nuire en rien aux diverses opérations.
- Les substances astringentes produisent des noirs sur les tissus mordancés avec le peroxyde de fer. J’ai recherché, il y a quelques années, si l’acide tannique ou l’acide gallique produisait la noir ou s’ils participaient tous les deux à sa formation, et j’ai démontré que l’acide tannique seul produit le noir; en effet, en teignant deux pièces de calicot mordancées par l’oxyde de fer, l’une dans une dissolution d’acide tannique, l’autre dans une dissolution d’acide gallique, les deux pièces en sortant du bain sont noires. Si au contraire on laisse les deux pièces pendant quelques jours dans leur bain de teinture, le tissu à l’acide tannique seul reste noir, l’autre est complètement décoloré. L’acide gallique a réduit le peroxyde de fer en protoxyde qui ne produit pas de coloration noire.
- L’acide gallique n’ayant aucune valeur comme principe colorant, il faut avoir soin de conserver parfaitement sèches les matières contenant du tannin, afin d'éviter la fermentation, qui transformerait une partie de l’acide tannique en acide gallique et en sucre. Il faut aussi que l’industriel ait soin de ne pas avoir un stock considérable de matières tannantes, car la fermentation a toujours lieu lentement. Le sumac, par exemple, perd beaucoup de sa valeur lorsqu’on le conserve quelque temps.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Voici quelles sont les différentes matières colorantes qui renferment de l’acide tannique.
- Noix de Galle.
- La noix de Galle est la plus importante de toute notre série. Elle est produite par la femelle d’un insecte, le cynips, qui perce l’écorce des jeunes branches du quercus infec-toriact y dépose ses œufs. Il se forme alors une excroissance ayant la forme de boules sphériques en ovoïdes et une teinte verte ou jaune. Après l’éclosion des œufs, l’insecte subit plusieurs transformations, et, si l’on ne cueille pas la noix, il fait un trou et sort. Les bonnes qualités de noix de Galles ne sont pas percées, elles sont plus lourdes et ont une coloration verte. Si l’insecte est sorti, elles sont jaunes, de qualité inférieure.
- On distingue les noix de galle, dans le commerce, par le nom des différents pays d’où elles proviennent. Les noix de galle d’Aleppa sont de première qualité; viennent ensuite les noix de galle de Morée, de Smyrne, etc
- La noix de galle est employée pour produire des noirs sur soie, dans la préparation du rouge turc et dans la fabrication de l’acide pyrogallique pour la photographie. De toutes les matières astringentes, la noix de galle est la seule qui puisse être employée pour la préparation de cet acide.
- Une qualité inférieure de noix de galle provenant du quercus robur, se trouve en Hongrie, en Syrie, en Croatie et dans le Piémont. On l’emploie pour tanner les cuirs.
- ' Sumac.
- Le sumac, ainsi que l’a démontré le docteur Stenhouse, est la seule substance dont le principe tannique soit identique à celui de la noix de galle. Il contient cependant de plus grandes quantités d’acide gallique et un principe jaune soluble.
- Le sumac se trouve dans le commerce sous la forme d’une poudre grossière, obtenue en broyant les jeunes branches et les feuilles de plusieurs variétés de la famille des tèrébintha-cées. L’arbre dont on extrait la plus grande partie du sumac est le Rhus coriaria que l’on trouve en Italie, en France, en Espagne et en Portugal. Cet arbrisseau, d’une hauteur de cinq mètres, pousse dans les sols les plus ari
- des. Les branches et les feuilles sont recueillies une fois par an.
- Le sumac est souvent falsifié avec du sable ou des feuilles d’autres plantes. Il est facile de découvrir la première de ces additions en versant dans de l’eau le produit suspect, le sable d’une densité plus grande, tombe au fond du liquide.
- Les extraits de sumac sont employés dans l’impression des tissus pour produire des jaunes avec l’acétate d’étain, des gris et des noirs, avec les mordants de fer, et des jaunes foncés avec le sulfate de zinc. On les emploie aussi dans la teinture de la laine, mais les noirs obtenus sont moins beaux que ceux que produit la noix de galle.
- Le sumac est d’un prix trop élevé pour pouvoir être employé dans le tannage des peaux. On l’utilise cependant pour teindre légèrement les cuirs légers employés dans la reliure.
- Cachou.
- Le cachou est la matière astringente la plus importante de toute la série qui donne une coloration verte avec les sels de peroxyde de fer. Son emploi est considérable pour produire une grande variété de teintes du gris clair au brun foncé, dans la teinture du coton, l’impression des tissus, dans la teinture de la soie et dans le tannage de cuirs de qualité inférieure.
- Le docteur Stenhouse a découvert que les matières astringentes qui comme le cachou prennent une coloration verte par les sels de peroxyde de fer, ne contiennent pas de gluco-side.
- On distingue plusieurs variétés de cachou : lo Le cachou vrai est le fruit de Yareca catechu. On le trouve dans le commerce sous deux formes différentes, la première qualité est en pains d’un poids de plusieurs kilogrammes et d’une couleur rouge foncé. Les qualités inférieures sont en masses plus ou moins mélangées de sable. 2° Le gambir est extrait de la feuille de Y uncaria gambir^ arbrisseau de la famille des Rubiacées. On l’importe sous la forme de petits cubes d’une couleur brun jaunâtre. 3° Le Kino s’obtient d’une plante légumineuse, le butea frondosa.
- (La fin au prochain numéro).
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- BLEUS AU PRUSSIATE DE POTASSE OU BLEUS DE FRANCE
- Par M. G. Van LAER.
- (Suite).
- Depuis l’époque où M. Raymond s’est occupé de la teinture des laines en bleu, il s’est opéré bien des changements dans l’art de la teinture.
- La chimie a fait d’énormes progrès et elle a, il faut bien le dire, amené une révolution dans cette partie si importante de notre industrie.
- Depuis que nos savants chimistes sont à l’œuvre, depuis la découverte des diverses matières colorantes, toutes les recettes de teinture, c’est-à-dire toute la partie pratique a besoin d’être remaniée.
- Je continue, ou plutôt, je vais passer en revue les diverses recettes en usage auxquelles je joins les résultats que j’ai obtenus pour chacune d’elles.
- Le teinturier pourra ainsi établir de visu son prix de revient pour l’une ou l’autre teinture. Les_procédés employés pour appliquer le bleu de Prusse sur laine, varient; il y en a autant que de teinturiers. Il est vrai que ce genre de teinture diminue beaucoup depuis les perfectionnements apportés dans la fabrication des couleurs d’aniline, matières colorantes qui demandent moins de main-d’œuvre pour les appliquer, tout en donnant des teintures plus brillantes, mais pour le moment moins solides. La teinture par le bleu de Prusse n’en conserve pas moins une importance qui explique le nombre de procédés que nous donnons dans notre ouvrage.
- J’ai obtenu, dans ce genre de teinture, d’assez bons résultats en opérant comme dans le procédé Raymond en deux bains : 1° le bain de fer, 2° le bain colorant, — mais le bain de fer à froid, c’est-à-dire à une température de 30° à 40° centig. ; je manœuvre les tissus dans le bain 2 à 3 heures environ ; cela dépend de leur épaisseur.
- PRÉPARATION DU MORDANT Sulfate ferrique.
- Dans un vase en grès chauffé sur un bain de sable placé sur un petit fourneau à l’extérieur, c’est-à-dire dans une cour où l’air circule librement pour être à l’abri des vapeurs qui se dégagent du mélange et qui ont une
- influence dangereuse sur les organes respiratoires des ouvriers, l’on met 100 parties eau, 18 parties acide sulfurique à 66° Baumé, 100 parties sulfate ferreux; quand la chaleur a tout dissous, on ajoute 13 à 18 parties acide nitrique; on chauffe doucement en remuant la matière, puis on la concentre à l’état sipu-reuxouàsec; on conserve dans des pots de grès.
- EXÉCUTION DE LA TEINTURE
- 1er Bain ou mordant ferrique.
- Pour 100 kil. de laine en tissus légers, flanelle, mérinos.
- Dans un bain d’eau pure, on ajoute du sulfate ferrique de manière que le liquide marque 2° à l’aréomètre Baumé, pour un bleu moyen ; puis on ajoute au même bain 2 kil. sel d’étain, 2 kil. tartre et l’on chauffe à 30°.
- Cela fait, on entre l’étoffe à teindre, qu’on manœuvre rapidement au moyen du tour, pendant deux heures, on retire la laine que l’on rince parfaitement à l’eau courante; puis on passe au 2me bain.
- 2me Bain.
- Dans un cuvier de bois comme le précédent et chauffé par la vapeur, l’on verse de l’eau, 1 kil. ferrocyanure de potassium (prussiate de potasse), 4 kil. acide oxalique.
- Quand les matières sont dissoutes, l’on entre les tissus que l’on manœuvre constamment à une température qui ne dépasse pas 80°. Quand la teinte reste stationnaire, l’on retire du bain et on lave à l’eau courante. Des teinturiers, pour donner à ce bleu un reflet légèrement pourpré donnent un bain de violet d’aniline.
- Des teinturiers remplacent ou emploient de l’acide sulfurique au lieu d’acide oxalique; ce dernier est préférable, parcequ’il dissout mieux le fer; le bleu est ainsi plus pur, mais le procédé est plus coûteux.
- On peut produire le bleu sans avoir recours aux sels de fer.
- La marche à suivre pour 100 kil. de laine consiste à faire bouillir 2 heures dans un bain composé de :
- Eau.......................... 2,000 litres.
- Chlorure stanneux (sel d’étain)..................... 3 kil.
- Chlorure stannique (oximuriate).......... 4 —
- Tartre........................... 8 —
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- Puis on teint dans un bain contenant la même quantité d’eau et :
- Ferrocyanure de potassium. 12 kil.
- Acide sulfurique.................. 4 —
- L’on fait bouillir lentement 2 heures et demie ; il est préférable de maintenir le bain 3 heures à 95°, plutôt que de faire bouillir; dans ce cas, le bleu fourni est plus stable, plus intense et plus uni.
- Une autre méthode consiste à faire bouillir la laine ou les pièces dans un mélange de fer-ricyanure de potassium, de tartre et d’acide sulfurique.
- Pour 400 kil. de tissus, on prend :
- ............................. 9 kil.
- Tartre....................... 6 —
- Acide sulfurique............. 2 —
- Si l’on désire une teinture plus fournie, on maintient le bain entre 80. et 90° pendant quatre heures; puis on fait bouillir au plus une demi-heure pour finir.
- En dernier lieu, des teinturiers ont adopté les méthodes suivantes :
- Pour 100 kil. de laine, les doses employées sont :
- Eau................................. 2100 lit.
- Ferrocyanurede potassium 9 kil.
- Acide sulfurique.............. 10 —
- Chlorure ammonique (sel
- ammoniac)................................. 5 —
- Quand le tout est dissous, on plonge les laines, puis on fait bouillir lentement 3 heures.
- Des teinturiers ajoutent à ce bain un peu de sel d’étain, d’autres de l’azotate de potasse, etc., etc.
- M. Grison donne divers procédés dans son traité de teinture; ainsi il indique les doses suivantes pour 410 kil. mérinos :
- Eau............................ 2000 lit.
- Ferrocyanure de potassium 9 kil.
- Acide sulfurique................. 14 —
- Sel ammoniac...................... 6 —
- Sel d’étain..................... 375 gr.
- Le ferrocyanure ou prussiate jaune est dissous dans l’eau bouillante; nous renvoyons, d’ailleurs, au livre de l’auteur pour les détails.
- MORDANTS POUR LA FIXATION
- DES COULEURS D'ANILINE SUR COTON
- Par MM. A. Muller et Sopp.
- Le procédé qu’on va décrire donne d'excel-lents résultats dans les teintures avec la fuchsine, le violet et le vert à l’iode.
- On fait bouillir le coton dans- de l’eau à laquelle on a ajouté un peu de soude, et après les lavages, on le passe dans un bain tiède composé avec une solution de caméléon, jusqu’à ce que le peroxyde de manganèse qui se précipite dessus, lui donne une teinte intense café. On cheville, on lave à l’eau courante, et on passe dans une solution claire et tiède de chlorure d’étain jusqu’à ce que le coton soit d’un beau blanc, ce qui a lieu assez rapidement. Par ce moyen on a fixé sur la fibre de l’oxyde d’étain insoluble.
- On obtient le même résultat, lorsqu’à la place du permanganate de potasse, on emploie une solution pure de sulfate de protoxyde de fer et qu’on passe par une eaux de chaux et enfin mieux- encore, quand on mélange à froid des solutions claires de vitriol de fer et de chlorate de potasse, et qu’on chauffe avec lenteur jusqu’au bouillon. Le coton se teint chamois dans ce bain. A l’aide de ces deux méthodes, on précipite sur la fibre de l’oxyde de fer hydraté, qui se dissout dans le bain d’étain à l’état de chlorure de fer, pendant que l’oxyde d’étain précipité est fixé ; seulement dans ce cas le coton n’est pas blanchi, ainsi que cela a lieu lorsqu’on se sert du caméléon.
- Le fil est alors exprimé soigneusement à la cheville, rincé, passé dans une solution étendue et bouillante de verre soluble de soude, chevillé de nouveau, puis, sans être rincé, traité immédiatement par le.savon. Cette opération terminée, le mordançage, est complet, et on peut procéder à la teinture. Si on se sert de solutions froides des couleurs, mais un peu concentrées, on obtient des teintures qui ont bien plus de feu et sont beaucoup plus solides.
- Les modes de substitution qu’on vient de décrire et qui servent à fixer l’étain et le fer, sont aussi simples que directs et d’ailleurs permettent d’utiliser bien mieux les solutions,
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- tout en donnant des teintures plus pures et plus égales.
- On peut fixer un nombre illimité de précipités sur les fibres par ce moyen qui doit avoir de l'importance tant dans la teinture que dans les apprêts. C’est, par exemple, pour l’emploi d’un bain de sulfate de protoxyde de fer qu’on fait suivre d’un bain de chlorure d’étain qu’on peut fixer sur le coton 25 0/0 de son poids d’oxyde d’étain précipité, qui n’affecte en rien la solidité du fil et peut être appliqué avec avantage tant pour les couleurs claires que pour le blanc.
- On fera remarquer en terminant, relativement à la solution des couleurs d’aniline que des expériences directes ont démontré que les nuances obtenus avec ces matières se montrent d’autant plus fugaces à la lumière, qu’on a employé plus d’alcool pour les dissoudre. Les auteurs attribuent cet effet à la présence de l’huile de pomme de terre dans les esprits du commerce. Cette impureté reste, en effet, sur le fil ou la toile qu’on a teint, et pendant que la lumière frappe ceux-ci, il se forme très probablement des dérivés del’alcool amylique qui détruisent les couleurs d’aniline.
- rante liquide ou solide sur laquelle le bi-chrô-mate de potasse n’a pas de réaction nuisible.
- Voici le procédé indiqué :
- On prépare une solution faible de colle de gélatine, en prenant pour chaque litre d’eau, 50 gr. de gélatine. Dans le liquide, on verse goutte à goutte de la solution de bichromate de potasse jusqu’à ce que l’eau ait pris une couleur jaune paille. Ace bain, on ajoute la quantité d’une solution d’une couleur quelconque d’aniline nécessaire pour produire la nuance colorée qu’on désire, et on épaissit, suivant le besoin, à l’amidon, à la leïoeome où àladex-trine.
- C’est avec cette masse qu’on imprime directement.
- Après l’impression, on expose les pièces pendant quelques heures à la lumière. La lumière solaire a, comme on sait, la propriété de rendre insoluble la gélatine à laquelle on a associé du bi-chromate de potasse, et par conséquent les dessins imprimés, se trouvent fixés dans les divers points par cette exposition à la lumière. Dans tous les cas, la gélatine est la substance la plus économique qu’on connaisse pour les fixations. Après celte insolation, l’opération est terminée, et les pièces peuvent être directement livrées au commerce.
- IMPRESSIONS ÉCONOMIQUES
- A LA GÉLATINE CHROMATÉE.
- Nous avons à plusieurs reprises mentionné la faculté que possèdent les bi-çhromates d’in-solubiliser les matières organiques et notamment la gélatine, sous l’influence delà lumière, et nous avons proposé d’utiliser cette importante propriété dans les travaux de l’impression et de l’apprêt des tissus (1). Voici à l‘é-gard de l’impression un procédé pratique in-que par le Farber-Z eitung, mais nous ajouterons que ce moyen peut s’appliquer non-seulement aux couleurs d’aniline, mais encore aux poudres colorantes insolubles que l’on imprime habituellement à l’aide de l’albumine, et plus généralement à toute matière colo-
- (1) Voirie Moniteur de la Teinture, 1872, pages 48 et 81, et 4870-71, page 243.
- EMPLOI DE LA PURPURINE
- La purpurine, qui accompagne constamment l’alizarine dans la garance, peut être employé comme matière colorante pour noirs, rouges, roses et lilas, sur coton et sur soie. On imprime les étoffes de coton avec le mordant pour garance. On teint et on passe au savon, de 50° à 00° G., pour rétablir les blancs et aviver la couleur, un à deux grammes suffisent pour un mètre carré de tissu. Les mouchoirs noirs ou rouges se laissent teindre très bien avec deux grammes de purpurine et cinq grammes de sumac par pièce. Un passage au son, après la teinture du fond, donne uu beau blanc.
- On fait bouillir la laine avec l’alun et le tartre ou avec le bichlorure d’étain et le tartre, et on teint au bouillon une demi-heure dans le bain de purpurine. On ajoute avec avantage
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- du tannin à la décoction. Pour impression, on dissout 20 grammes de purpurine et 4 grammes de soude dans l’eau chaude, on filtre, on épaissit avec l’amidon, et on complète 1 litre, on imprime et on vaporise. Pour rouge cramoisi, on fait bouillir avec l’alun et le tartre.
- Pour teindre la soie, on mordance à l’acétate d’alumine et la craie, on fait sécher , on gomme légèrement à la gomme adragante (1 : 200) et on imprime avec la solution suivante : 32 grammes purpurine et 2 grammes cristaux de soude, qu’on fait dissoudre dans l’eau, on filtre et on épaissit avec 200 grammes de léio-corne. On imprime, on vaporise et on passe dans un bain de savon à 65° C. Ces couleurs sont très jolies, surtout le rouge.
- Pour la préparation des laques de purpurine, on la dissout dans une solution bouillante d’alun et on la précipite par la craie ou la soude.
- (Farber Zeitung}.
- NUANCES D’HIVER
- Après un trop court été, il faut maintenant songer aux vêtements d’hiver, et déjà le Teinturier doit être fixé sur les teintes qui feront autorité et que la mode lui imposera.
- En général, il faut admettre que les teintes nettes telles que les bleus, les violets et les verts francs ne seront pas en faveur; le goût actuel se porte plutôt vers les nuances composées, approchant assez des teintes primitives, mais en différant, néanmoins, par un œil plus sombre, plus rembruni, ou modifié légèrement par un mélange très-peu appréciable des couleurs voisines.
- L’échantillon de notre numéro 15 , la teinte Sauge en est un exemple, et cette nuance paraît devoir jouir d’un succès non passager.
- Outre celui-ci, nous donnons ci-dessous deux types de nuances pris parmi celles qui sont le plus demandées pour la prochaine saison d’hiver, et qui constituent la plus haute
- nouveauté dans les principaux magasins de Paris.
- Ces quelques échantillons ne constituent pas à eux seuls les teintes en faveur, mais iis montrent le genre, le type, autour-duquel la plupart se groupent.
- Gris de Vienne.
- La première de ces teintes, qu’on a dénommée Gris de Vienne et qui tient le milieu entre les gris-acier et les gris-ardoise et même les Prunes, n’est en réalité qu’un violet-bleu rabattu, c’est une nuance d’un bel effet pour toilettes foncées; elle sera beaucoup plus portée, cette année, que les marrons foncés, qui ont ordinairement la même destination.
- Pour produire cette teinte, on mordance les tissus au tartre et à l’alun, on teint dans un mélange de campêche et d'un peu de bois rouge, puis à la fin de l’opération, on ajoute au bain une très-petite quantité de couperose.
- Les laines-coton peuvent se teindre aussi par le même moyen, mais la chaîne reste plus blanche que la laine, ce qui, du reste, n’a pas d’effets fâcheux sur l’ensemble del Shuance.
- J gor
- Un mélange de Bleu-Noir d aniline et d’une très-petite quantité de Rouge-Cerise donne le ton voulu, mais il faut y ajouter un peu de fonds en faisant un gris par le sumac ou le campêche et la couperose.
- Par ce moyen, les laines-coton se préparent ainsi ; on fait tremper ces tissus pendant cinq à six heures, dans le quart de leur poids de sumac, on passe dans un bain léger de couperose, on rince, et l’on teint dans la dissolution de couleurs d’aniline ; ce procédé donne à la chaîne une teinte équivalente à celle de la trame.
- Avec fonds de cuve, teinture en garance et
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- bruniture au sulfate de fer, on obtient les grands teints pour draperie.
- s
- Pourpre -LIBÉBATION.
- Jusqu’à présent, on nommait cette nuance GrenatLie-de-Vin, Amaryllis, etc.; il ne nous déplaît pas de l’appeler Libération; au contraire, tout ce qui peut nous rappeler ce grand fait nation ' oitnnue vlièrement agréable, et non • ms teinturiers
- ne sont pas les moins empressés à en co sa-crer le souvenir en l’attachant à une joint l faveur qu’ils auront souvent à exécuter pend cette saison, ce qui sera chaque fois, pour € x, l’occasion de songer à cette joie patriotique et d’espérer en une évacuation plus radicale et plus complète de notre territoire, lorsque l’heure sera venue.
- Quant à cette nuance, qui évoque d’aussi agréables réflexions, elle ne présente en elle-même rien de particulier; de même que la précédente était un violet-bleu rabattu, celle-ci est un violet très-rouge également rabattu.
- Elle s’obtient par les mêmes moyens que la précédente, mais en renversant les proportions respectives de matières bleues et de matières rouges; c’est-à-dire que ces dernièros doivent prédominer ; ainsi on emploiera beaucoup plus de bois rouge que de campêche, et de Rouge-Cerise que de Bleu-Noir ; on peut aussi se servir d’orseille et de campêche et employer des mordants d’étain. Dans tous les cas, la bruniture au sel de fer sera très-faible, ou le pied de gris peu intense.
- Pourpre-Libération.
- Les nuances en faveur comportent aussi les feintes intermédiaires entre ces deux précé-dentes, puis d’autres gris consistant en bleus rabattus, verts également brunis,etc., indépendamment des nuances courantes toujours en usage.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- PROCÉDÉ SIMPLE POUR PRÉPARER
- LE CHLORURE STANNIQUE OU OXIMARIATE D’ÉTAIN, DANS LES ATELIERS DE TEINTURE
- Par M. le professeur Bronner.
- Lechlorurestannique, tétrachlorure, bichlo-rure ou oximuriate d’étain, des ateliers de teinture et d’impression se rencontre bien rarement à l’état solide dans le commerce. On sait qu’on en fait très-fréquemment usage pour la teinture en écarlate sur laine, mais il est bien rare qu’il soit pur, et dans la plupart des cas, il renferme entre autres de petites quantités de fer et presque toujours des quantités variables de chlorure de sodium ou sel marin.
- La présence du fer est positivement désavantageuse pour les couleurs très délicates, telles que l’écarlate ou le rose, mais comme on ne connaît pas de moyen simple et à la portée du teinturier pour éliminer ce fer, il ne reste autre chose à faire qu’à employer un produit qui soit exempt de fer autant que possible.
- L’autre impureté, le chlorure de sodium, quoique n’étant pas d’ailleurs positivement nuisible, est toutefois incommode, parce qu’on ne sait pas dans quelle proportion il est présent. En effet, cette proportion est très variable dans le chlorure d’étain du commerce et on trouve du produit où l’on rencontre 5 à 20 pour 100 et même plus de chlorure de sodium. On ne connaît pas d’indices extérieurs qui puissent servir à constater la pureté plus ou moins grande de cette préparation, et une analyse quantitative est assez compliquée pour être inapplicable, même dans les mains des coloristes qui ne manquent pas des connaissances nécessaires.
- Il paraît donc plus convenable que le teinturier lui-même prépare son chlorure d’étain, et je vais exposer pour cela une méthode fort simple et très facile a pratiquer.
- On se sert pour cela du sel d’étain ordinaire qui est déjà employé en teinture et dont il est
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- très facile de constaler les impuretés, attendu qu’on le trouve à l’état cristallisé dans le commerce et qu’on ne peut y mélanger que des substances de cristallisation analogues. Le sel d'étain est désigné dans la science sous le nom de chlorure stanneux, protochlorur d’étain, et se distingue par sa composition du chlorure stannique, tétrachlorure ou bichlo-rure d’étain en ce qu’il renferme une moindre proportion de chlore. Ainsi, tandis que le chlorure stannique consiste en 45 pour 100 d’étain et 53 pour 100 de chlore, le chlorure stanneux anhydre contient 32 pour 100 d’étain et 38 pour 100 de chlore. Il faut donc, pour transformer le chlorure stanneux en chlorure stannique, lui ajouter du chlore. Le chlore, à l’état gazeux, ne convient guère dans la pratique des ateliers, mais il n’en est pas de même du chlorate de potasse et de l’acide chlorydrique.
- On commence donc par se procurer un sel d’étain pur ; pour en constater la pureté, on n’a besoin que de deux réactifs, à savoir, une solution de ferricyanure de potassium, il se forme un précipité blanc plus ou moins coloré en bleuâtre par suite de la formation du bleu Turnbull. Il arrive souvent qu’on falsifie le sel d’étain en le mélangeant avec du sulfate de magnésie, du sulfate de fer ou du sel de Glau-ber. Ces trois sels, étant des sulfates, déterminent dans la solution aiguisée par l’acide chlo-rydrique, quand on y verse de la solution de chlorure de barium, un précipité de sulfate de baryte.
- Si donc, dans la solution du sel d’étain, on voit par une addition de chlorure de barium, se former un précipité, on en conclut que le sel d’étain a été allongé avec un sulfate. Quant à décider lequel ce peut être des trois sels ci-dessus, c’est l’affaired’un chimiste, et pour le but que nous nous proposons, cette détermination paraît indifférente.
- S’il ne se forme qu’un précipité faible ou seulement un trouble, cette circonstance ne révèle pas un mélange frauduleux des sels en question, car l’acide chlorydrique employé dans la préparation du sel d’étain peut avoir contenu un peu d’acide sulfurique. Il faut donc rechercher au moins un sel d’étain, qui avec le ferricyanure de potassium, donne lieu à un précipité blanc.
- On dépose en conséquence ce sel d’étain pur dans une capsule de porcelaine et on verse dessus un poids égal d’acide chlorydrique pur et fumant, puis on y ajoute quatre fois son poids d’eau bouillante. Lors donc que toujours en agitant vivement, on mélange cette solution avec de petites portions de chlorate de potasse, le chlorure stanneux se con-vertit très aisémer* — cs dégagement de chlore en chlorc .. Pour un kil. de sel d’étain, pur et bien sec, on a besoin au plus de 180 grammes de chlorate de potasse, mais sile produit est humide et déjà en partie décomposé par l’action de l’air, il faut une quantité proportionnelle moindre de chlorate. On cesse d’ajouter du chlorate dès que la liqueur, qui d’abord est incolore, se colore en jaune et qu’il commence à se manifester une odeur sensible de chlore. Comme pendant l’opération, cette couleur s’est beaucoup échauffée, il n’est pas nécessaire, à moins qu’on ne traite que de très-petites quantités, d’appliquer la chaleur. Dans tous les cas, celle du bain-marie est parfaitement suffisante. Si le petit excès de chlore ne s’est pas entièrement dissipé pendant le refroidissement de la solution, on l’enlève très aisément par une toute petite quantité de solution du sel d’étain.
- On a donc maintenant une solution de chlorure stannique qui, théoriquement parlant, contient 1,146 grammes de chlorure stannique anhydre ou 1,346 grammes de sel cristallisé. En réalité ces chiffres sont un peu trop élevés parce qu’on a supposé dans le calcul que le sel d’étain était parfaitement sec, ce qui n’est jamais le cas. On sera donc plutôt dans le vrai, quand on admettra dans le calcul environ 1,120 grammes de chlorure stannique anhydre de 1,300 grammes de chlorure stannique cristallisé. La présence dans la solution de chlorure de calcium, ne paraît pas nuire à l’emploi de ce sel. Si on n’a pris qu’une petite quantité d’eau, par le refroidissement, il cristallise une portion du sel double de chlorure stannique et de chlorure de potassium (correspondant au sel dit pink solz) qui est contenu dans la liqueur.
- (Gewerbebl à Wurtemberg).
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- s
- TEINTURE ET VERNISSAGE DES BOIS NOIRS
- sourtout lorsque ces bois sont dépourvus de veines ; il leur donne alors absolument l’apparence du véritable bois d’ébène. Ce vernis
- se prépare de la manière suivante :
- On fait bouillir ensemble avec de l’eau,
- Il est incontestable que l’aspect brillant du bois d’ébène est agréable à l’œil, c’est pourquoi depuis longtemps on fait des essais pour imiter ce bois étranger. Après de nombreuses expériences on est enfin arrivé à donner aux autres bois, non seulement la couleur, mais les autres propriétés de l’ébène, de sorte que On filtre la décoction encore chaude et on ce. bois lui-même, en raison de son prix peint le bois à plusieurs reprises. On donne
- élevé, n’est plus que très peu en usage. ensuite deux ou trois couches de la prépara-
- Il y a deux sortes de vernis noir : 1° le ver- tion suivante : nis ordinaire, pour différentes sortes de bois ; Limaille de fer 2° le vernis noir d’ébène, pour certains bois particuliers, se rapprochant de l’ébène, par sa dureté et sa densité. Le premier s’obtient en faisant bouillir du bois bleu du Brésil avec de la noix de galle pulvérisée, de l’alun, et de l’eau de pluie ou de rivière en quantité suffisante, jusqu’à ce que la couleur noire se produise. On filtre alors le liquide au travers d’argousin de belle qualité, et l’on recouvre les objets avec une brosse neuvé, du vernis ainsi obtenu, avant que celui-ci ait eu le temps de se refroidir. On renouvelle cette opération jusqu’à ce que la surface du boit ait pris une belle couleur noire. On le recouvre finalement du vernis suivant : mélange de limaille de fer, de vitriol et de vinaigre chauffé sans ébullition, et reposé pendant quelques jours.
- • Lorsque la teinte naturelle du bois est assez foncée, il est toujours bon, au point de vue de la durée, de le revêtir d’une solution d’alun et d’acide nitrique, additionnée d’un peu de vert de gris ; puis, pour rendre le bois tout-à-fait noir, on ajoute une décoction de noix de galles et de campêche. On peut employer à la place une décoction de bois brun du Brésil, avec de l’alun dans l’eau de pluie, et sans addition de noix de galles ; on y laisse le bois plongé pendant quelques jours dans un local où règne une température modérée ; on y ajoute du vinaigre où l’on a mis digérer delà limaille de fer et l’on fait bouillir avec ee bois sur un feu assez vif. Ce procédé convient particulièrement au bois de poirier ten-
- dans un vase bien vernissé
- Noix de galle............
- Cam pêche râpé...........
- Vitriol...................
- Vert-de-gris distillé..
- 400 gr. 100 —
- 30 —
- 50 —
- . 100 gr.
- dissous dans 75 centilitres de bon vinaigre bien fort, il faut laisser sécher entre chaque couche.
- Pour les articles qui demandent a être entièrement imprégnés, ou place dans un vase convenable 50 grammes de sel amoniac avec une quantité suffisante de limaille d’acier ; ou verse pardessus, du vinaigre bien fort, et on laisse le toit pendant quinze jours dans un four. On soumet à la même cuisson, dans un pot convenable, un mélange de lessive concentrée, de noix de galle grossièrement concassée et de copeaux de bois bleu du Brésil. Lorsque les deux produits sont ainsi préparés, on plonge l’objet en bois de poirier dans le premier de ces liquides, on fait bouillir pendant quelques heures, et on l’y laisse pendant deux ou trois jours; on le plonge alors dans | le deuxième mélange, et l’on recommence la
- même opération, alternant ainsi les immersions jusqu’à ce que la saturation soit complète. fChronique de V Industrie)
- dre qui plus propre que tout autre à recevoir le vernis noir.
- Le vernis noir d’ébène s’applique principalement au pommier, au poirier et au noyer,
- PRÉPARATION DE f ALUN DE CHROME par M. le professeur A. LIELEGG.
- . On se sert ordinairement pour préparer l’alun de chrôme avec le chromate de potassium, après qu’on a ajouté une quantité correspondante d’acide sulfurique et comme agent de réduction de l’alcool, de l'hydrogène sulfuré ou de l’acide sulfureux. Ce sont du moins les procédés indiqués par MM. Graham, Gottlieb, Gorup-Besanez, Rüdorlf, etc., etc. Mais dans tous ces procédés, il est assez difficile de saisir bien- nettement le terme de
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- l’opération. Ces chimistes font également remarquer qu’il faut faire attention de ne pas porter la liqueur, soit pendant la réduction, soit dans la cristallisation ultérieure, à une température trop élevée, parce que dans ce cas on obtiendrait une dissolution verte, qui ne cristalliserait pas.
- En effet, suivant le degré de concentration de la liqueur, et au moment où l’on fait passer un courant d’acide sulfureux pendant la réduction par l’alcool, un chauffage fort ou faible doit être surveillé activement, si l’on veut que l’inconvénient signalé ne se présente pas.
- Pour l’éviter, j’ai cherché à préparer l’alun de chrême par un moyen dans lequel pendant la réduction, il n’est pas nécessaire de chauffer, et où l’on fait disparaître entièrement toute incertitude pour savoir si on a employé une quantité suffisante de l’agent de réduction. Comme ce procédé réussit parfaitement, que la préparation n’exige pas l’appareil spécial, et qu’il laisse peu à désirer sous le rapport de la simplicité, j’aicru, puisqu’à ma connaissance il n’a pas encore été décrit, contribuer utilement, en le communiquant, au progrès de l’industrie.
- La préparation de l’alun de chrome réussit de la manière la plus facile, lorsqu’on réduit le bichromate de potassium au moyen de l’acide oxalique. Cet acide réduit le bichromate, en présence de l’acide sulfureux, d’une façon prompte et complète, déjà à la température ordinaire, et du moins sans chauffage bien sensible.
- Pour procéder à l’opération, on commence par peser des quantités correspondantes à leur équivalent, le bichromate de potassium, l’acide oxalique cristallisée, et l’acide
- sulfurique concentré.On étend ce dernier avec la quantité d’eau nécessaire pour dis
- soudre le bichrômate pris en charge, on verse celui-ci dans l’acide sulfurique étendue et chauffée, puis on attend qu’il y ait dissolution complète de la matière, et que la liqueur soit refroidie. Cela fait, on ajoute, toujours en en agitant, l’acide oxalique par petites portions, et on constate que la réactions commencé, par un dégagement d’acide carbonique. On abandonne la liqueur, filtrée au besoin, à l’évaporation spontanée et on obtient des cristaux d’alun de chrême.
- Il faut pour préparer 100 parties en poids d’alun de chrême, 29,5 parties de bichromate de potassium, 38 parties d’acide oxalique cristallisée, et 39 parties d’acide sulfurique concentré. [Mon. Prod. Chimiques.)
- SITUATION GÉNÉRALE DES INDUSTRIES TEXTILES
- La douceur exceptionnelle de la température, les inondations, le prix élevé de la houille, sont autant de causes qui, dans les premiers mois de cette année ont influé d’une manière fâcheuse sur certaines branches du travail national. Il faut y ajouter les préoccupations politiques, qui, malheureusement, n’ont pas encore lisparu.
- L’industrie lainière n’a pu effectuer le mouvement de reprise sur lequel elle comptait pour la saison d’hiver. Dans les départements delà Somme, de l’Aisne, du Pas-de-Calais, de la Marne, etc., la filature et le tissage n’ont trouvé que difficilement à écouler leurs produits. Il n’y a eu cependant, à notre connaissance, aucune cessation de travail, et la matière première s’est tenue constamment à un taux très-élevé.
- Les fabriques de draps de l’arrondissement de Sedan sont toujours en pleine activité, et la draperie sedanaise maintient sa vieille réputation, qui remonte à plus de deux cents ans.
- Les bonnetiers de l’Aube et de la Marne n’ont pas eu à se louer de la saison d’hiver* Les froids ne sont pas venus, et une grande partie des articles sont restés en magasin.
- L’industrie cotonnière laisse aussi beaucoup à désirer. Les cotons en laine ont haussé de 3 p. 100, et les Anglais continuent à jeter sur le marché français des quantités inouïes de produits manufacturés, qui font aux nôtres une concurrence redoutable.
- La loi du 9 décembre et du 27 juin 1872, qui a accordé à l’Alsace le droit d’importation temporaire pour une nouvelle période de huit mois, ne laisse pas que d’entraver considérablement l’industrie rouennaise, principalement dans la vente des indiennes et des tissus imprimés.
- La même cause rend difficile l’écoulement des filés et des tissus, dans la Lorraine française.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- Dans le district de Laval et de Mayenne, le tissage au métier est presque entièrement suspendu. C’est là le résultat, non pas de la stagnation des affaires, mais plutôt du progrès irrésistible du travail manufacturier.
- Les articles de Saint-Quentin, mousselines, gazes, jaconas, brillantés, percales, n’ont eu qu’une vente restreinte dans la saison qui vient de s’écouler.
- L’année 1872 n’a pas été bonne pour la fabrique lyonnaise. C’est là un fait incontestable. Si l’on recherche les causes de ce malaise, on se trouve en présence d’allégations qui arrivent parfois à se contredire. Nous entendions récemment un fabricant de Lyon donner à ce sujet des explications qu’il nous paraît intéressant de reproduire.
- « Nos industriels, disait-il, qui s’entendent à merveille à produire et à fabriquer, ne possèdent pas suffisamment la science des affaires. Parfaits au point de vue manufacturier, ils laissent à désirer au point de vue commercial. Ils ont après la guerre produit énormément sans se rendre un compte exact des besoins de la consommation. De là un encombrement considérable. De plus, c’est chez eux une habitude de rechercher les marchés à long terme, Qui permettent de réaliser de plus beaux bénéfices, mais qui exposent eu même temps à des mécomptes, et demandent une plus forte mise de capitaux. Les fabricants de Zurich vendent à meilleur marché, mais ils vendent au comptant, c’est-à-dire à coup sûr. »
- Nous avons vu depuis cet idées exprimées dans le Moniteur des Soies, organe accrédité de la fabrique lyonnaise.
- Quoi qu’il en soit, il y a eu au début de l’année un commencement d’amélioration assez sensible. Les étoffes riches se sont un peu mieux vendues. Il en est résulté un temps d’arrêt dans la baisse du prix des soies.
- Une des plus anciennes industries françai-Ses, l'industrie linière, qui compte, rien que dans le département du Nord, 408,000 bro-ches et 5,778 métiers, est aussi en proie à un malaise qui ne paraît pas devoir disparaître de sitôt.
- Au temps où les gens des campagnes filaient et tissaient leur lin, la culture de ce textile était très-répandue en France. Elle tend à diminuer depuis que le fil mécanique
- s’est substitué au fil à la main. Dans les pays étrangers, au contraire, en Belgique, en Hollande, en Russie, en Irlande, la culture du lin a pris une très grande extension. Aussi, l’importation des fils étrangers représente-t-elle le travail annuel de près de 110 mille broches, tandis que celui de l’exportation équivaut à peine au produit de 11 mille broches.
- BREVETS D’INVENTION
- CONCERNANT LES INDUSTRIES TINCTORIALES.
- 97486, — 14 décembre 1872 : Bourgeois Paris.— Métier à déraillier, tendre en large et sécher les tissus.
- 97490. — 13 décembre : Cresson, Paris. — Perfectionnement dans le doublage et le moulinage des fils de laine et autres matières textiles.
- 97509. — 28 décembre : Tierce, Rouen. — Pareuse-Encolleuse.
- 97541.— 18 décembre: Salvey, Paris. — Machine à presser à l’usage des Tailleurs et des Apprêteurs.
- 97556. — 24 décembre : David, Paris. — Application de l’ozôneau blanchiment.
- 97561.— 21 décembre : Fabre, Paris.— Machine à tondre les animaux, les peaux et les tissus.
- 97622. — 30 novembre : Herbet, Paris; — Moyens d’obtenir des étoffes propres à la confection des tapis turcs ou orientaux.
- 97629. — 16 décembre (et Brevet anglais) : Lindley, Paris. — Perfectionnements dans les machines peur apprêter, étendre et finir des dentelles et autres tissus.
- 97641. — 30 décembre : Vogt et HENNINGER, Paris.— Procédé de transformation du toluène en orcine et orcéine.
- 97645. 31 décembre : CoOKE, Paris. — Perfectionnements dans les machines employées pour teindre la laine, la soie, le coton et autres substances fibreuses en écheveaux.
- certificats d’addition.
- Bourgeois : 28 décembre. — Métier à dérailler, tendre en large et sécher les tissus. — B. 97486.
- Boutherin : 28 décembre. — Pliage à hélice pour tresses, soutaches, galons et rubans. — B. 96918.
- Dubrunfaut : 23 décembre. — Application industrielle de l’osmose. —B. 96695.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- NOUVELLES
- Diplômes d’honneur a l’Exposition de Vienne (Suite). — En continuant cette courte mais brillante nomenclature, nous devons nous féliciter du succès prodigieux de la section Française, à laquelle.il a été décerné le quart du total des récompenses distribuées par le Jury ! Et la France n’occupait qu’un neuvième de l’espace consacré à l’Exposition générale. Toujours victorieuse sur le champ de .bataille de l’Industrie, et... souvent sur l’autre!
- Voici les grands prix se rapportant au cinquième groupe, celui des Tissus : Bonnet (les petits-fils 4e G. J.) et Gie, Lyon.
- — Soieries.
- Chambre de commerce d’Elbeuf.
- Chambre de commerce de Lyon.
- Chambre de commerce de Reims.
- Chambre de commerce de Tarare.
- Gillet et fils, Lyon. — Soieries.
- Hayem aîné, Paris. — Lingerie.
- Ledoux-Bedu, Saint-Quentin. — Tissus.
- Manufacture nationale de Beauvais.
- Manufacture nationale des Gobelins. Montessuy et Chômer, Lyon. — Tissus. Polluât et Testenoire, Lyon. — Tissus. Schulz et Béraud, Lyon. — Soieries. Verdé-Delisle et Cie, Paris. — Châles.
- Dans le treizième groupe, nous devons aussi mentionner MM. :
- Tulpin frères, Rouen. — Machines.
- Parmi ces lauréats, ceux qui représentent le plus spécialement la Teinture, sont MM. Gillet et fils de Lyon, dont la principale spécialité est les noirs sur soie, la supériorité de leur travail est notoire dans notre industrie ; la teinture peut aussi revendiquer une large part du succès obtenu par les Chambres de commerce de Lyon, de Reims, d’Elbeuf, par les manufactures de Beauvais, des Gobelins, et par la plupart, d’ailleurs, des exposants de tissus.
- Le Jury a décerné 417 diplômes d’honneur, et la proportion dans laquelle ils ont été répartis parmi les diverses nations figurant àl'Ex-position est la suivante :
- La France (y compris l’Alsace
- et la Lorraine). 82 Diplômes.
- L’Autriche. 81 —
- La Prusse 47 -—
- L’Angleterre. 28 —
- La Suisse. 22 —
- La Russie et la Belgique, chacune. 20 —
- L’Italie. 19 —
- La Bavière. 17 —
- La Saxe. 14 —
- Les Petits-États allemands, ensemble. 13
- Les Etats-Unis, la Suède et
- et le 'Wurtemberg, chacun. 9 Diplômes.
- L’Espagne. 8 —
- La Hollande. 6 —
- Le Japon. 5 —
- La Chine, le Brésil, la Turquie, chacun. 2 —
- Le Portugal, la Roumanie, la
- Grèce, l’Egypte, chacun. 1 .—
- En supprimant de la France (hélas !), l’Alsace et la Lorraine, il nous reste 80 diplômes, et nous venons en deuxième ligne, c’est-à-dire après l’Autriche.
- Incendie. — Dans la nuit du dimanche au lundi 28 août, dit le Moniteur des tissus, un épouvantable incendie a détruit complètement en deux heures, l’usine de Galaché près Fougères, appartenant à M. Eugène Madiol, et exploitée par MM. Ed. Lepainteur et Ce. Elle occupait près de 80 ouvriers, que le chômage plonge dans un dénûment qui ne manquera pas d’émouvoir les cœurs généreux et compatissants.
- C’est vers onze heures que le feu s’est déclaré avec une violence extraordinaire.
- Tout l'établissement a été détruit. On a réussi cependant à sauver une partie du mobilier personnel de M. Lepainteur et plus de quatre cents pièces de tissus divers évalués 40 à 30,000 fr.
- La porte en bâtiments, matériel, marchandises et mobilier, est estimée à plus de 300,000 fr., dont 217,000 sont couverts par V Union et 44,000 fr. par le Soleil.
- La cause de ce sinistre ne peut être attribuée qu’à la fermentation et à l’inflammation spontanée des Jaines grasses entassées dans les étages supérieurs de l’usine, sous l’influence de la chaleur torride des journées précédentes. La construction de l’usine était très défectueuse; il y avait beaucoup trop de bois et les étages étaient trop bas et pas assez aérés.
- Les lainages DANS le Nord. — On lit dans le meme journal :
- « A Roubaix et à Tourcoing, le mouvemen des affaires se maintient, quoique les acheteurs soient moins nombreux et plus froids, à cause des prix élevés qu’atteint la laine et qui font craindre une réaction. La teinturerie est insuffisante à satisfaire sa clientèle, tant les articles lainages pour l’exportation abondent. En résumé la position des deux places est bonne et le travail ne manque pas. »
- Voilà une heureuse exception à la situation générale de l’industrie des tissus exposée dans un précédent article.
- Pour tous les articles non signés • P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur ~P>éranl.
- Tous droits réservés
- Faris. Typ. Turfin et AH Juvet,9, cour‘des Miracies,
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- LE MONITEUR DE U TEINTURE
- 16e VOL., No 18. 20 SEPTEMBRE 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Leçons sur les matières colorantes, par. M. le Dr Grace-Calvert (fin). — Teinture au brou de noix. — Revue sommaire des brevets d’invention : 'Etoffes tirées a poily Machine à lainer, Teinture du caoutchouc, Calandre horizontale, Machine à teindre, Dégraissage des déchets de coton, Laines mélangées, Impression en réserve. —Décreusage et blanchiment de la soie Tussah, par M. M. De VINANT (échantillon).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE. — Le Conservatoire des arts et métiers. — Enduit imperméable. — Extinction des incendies à l’aide de la vapeur. — Industrie des tissus à l’Equateur.
- NOUVELLES. — Titrage des soies. — L’acide gallique. — Cachemire.
- LEÇONS SUR LES MATIÈRES
- COLORANTES
- Par le docteur Crace Calvert.
- (Suite).
- Le cachou de bonne qualité ne doit pas laisser plus de 4 à 3 pour 100 de cendres. Sa dissolution aqueuse donne par l’alcool et la gélatine un abondant précipité blanc ; par la chaux et la baryte un précipité brun ; par les sels de plomb un précipité jaune dont la teinte varie selon le sel employé, enfin, par le bichromate de potasse un précipité brun.
- Elle doit prendre aussi une coloration brune par les alcalis, et une coloration verte par les sels de fer.
- Le cachou est souvent falsifié avec des substances minérales, de l’amidon, des matières astringentes ou du sang.
- Pour trouver les matières minérales il suffit de calciner. Une bonne qualité de cachou ne doit pas contenir plus de 4 à 5 pour 100 de cendres, ainsi que nous l’avons déjà indiqué.
- Pour constater la présence d’amidon, on traite le cachou par l’alcool et l’on fait bouillir le résidu insoluble dans de l’eau. Après refroidissement de la dissolution, on ajoute de l’iode qui produit une coloration bleue si l’on a falsifié avec de l’amidon.
- Les matières astringentes se reconnaissent par les sels de peroxyde de fer qui font varier la teinte verte obtenue avec le cachou pur ; enfin, pour constater la présence de sang, on fait bouillir le cachou dans l’alcool et l’on chauffe le résidu insoluble dans un tube. S’il se produit des vapeurs ammoniacales, le cachou contient du sang.
- Au lieu d’employer le cachou à l’état dans lequel on l’importe, il serait préférable de l’épuiser par l’eau froide ; on obtiendrait l’acide mino-tannique qui donne des teintes vertes très pures, tandis que le résidu insoluble pourrait être employé pour une grande variété de teintes brunes.
- Afin de développer complètement les couleurs du cachou, on fait passer après la teinture en bain de bichromate de potasse, ce fixage peut aussi se produire par d’autres produits oxydants, notamment la chaux et le sulfate de cuivre.
- Cette matière colorante clôt la série des substances astringeantes usitées en teinture, et termine l’étude rapide à laquelle nous nous sommes livré sur les principaux produits employés en teinture et en impression, qui ne proviennent pas du goudron de houille.
- (Fin).
- TEINTURE AU BROU DE NOIX
- Voici le moment de recueillir une matière colorante d’un bas prix, et partout abondante, bien que cette année, il y en ait relativement peu.
- Le brou de noix est, comme on sait, l’enveloppe des noix ; elle est verte à l’extérieur et blanche à l’intérieur, mais elle brunit aussitôt qu’elle est exposée à l’air. Cette substance fournit une très-bonne matière tinctoriale, dont les nuances fauves ou brunes sont agréables et solides; ces teintes prennent un vif reflet par l’action de l’alun et virent au noir par le sulfate de fer.
- Ce produit est encore d’un bon usage, parce que, teignant sans mordant, il conserve à la
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- laine sa douceur, et qu’il n’exige qu’un trava i simple et peu dispendieux.
- On ramasse le brou lorsque les noix sont entièrement mûres; on en emplit des cuves ou tonneaux, et on y met assez d’eau pour qu’il en soit recouvert. On le conserve en cet état pendant une année et plus; pins il vieillit, plus il fournit de couleur, il a alors une odeur putride très-désagréable. On peut aussi se servir du brou qu’on enlève aux noix avant qu’elles soient mûres, mais il se conserve moins longtemps.
- Quand on veut teindre, on fait bouillir pendant un quart-d'heure dans une chaudière, une quantité de brou de noix proportionnée à la quantité d’étoffes et à la nuance plus ou moins foncée qu’on veut lui donner. Pour les draps, on commence ordinairement par les nuances les plus foncées, en finissant par les plus claires ; mais pour les laines filées, c’est ordinairement par les nuances les plus claires que l’on commence, et l’on finit par les plus foncées, en ajoutant du brou de noix à chaque mise. Le drap et la laine filée doivent être simplement humectés d’eau avant d’être plongés dans la chaudière, où on les retourne avec soin jusqu’à ce qu’ils aient pris la nuance qu’on désire.
- Si l’on emploie de l’alun ou autre mordant, on peut ajouter ces produits au bain à la fin de l’opération, ou donner un mordançage à part avant la teinture.
- Un mélange de brou de noix et de couperose donne une encre économique et de bonne qualité.
- REVUE SOMMAIRE
- DES BREVETS D'INVENTION.
- Apprêts dès étoffes tirées à poil. — Un des inconvénients du lainage des étoffes et que signale M. DEMEULE, l’auteur du brevet, réside dans la trop grande quantité d’eau que l’on emploie pour cette opération, ce qui nécessite un séchage long et difficile, et agglomère les duvets, au moins dans l’épaisseur du tissu qui échappe à l’action du chardon.
- Le moyen revendiqué pour éviter ces effets, consiste, au lieu d’humecter fortement
- ces étoffes, d’y insuffler superficiellement de l’eau pulvérisée, c’est-à-dire à l’état globulaire. On connaît les divers appareils en usage pour cette opération.
- Par suite de la petite quantité d’eau employée, et par Je fait qu’elle ne traverse pas l’étoffe, on peut y mélanger ou y dissoudre certaines matières qui aident au lainage en fa-vorisantle glissement des duvets, telles que la glycérine; cette eau peut être employée chaude ou froide, ou encore à l’état de vapeur, ce qui fixe le poil dans l’état où le chardon l’amène ; par exemple, les velours Montagnac dont le poil doit rester droit, se trouvent très-bien de cette vaporisation. — B. 99.413.
- Machine à lainer. — La machine à lainer à un ou deux tambours laineurs a déjà été brevetée par plusieurs inventeurs, mais tous ces brevets sont aujourd’hui dans le domaine public.
- L’invention de M. Fauchamps-Nicolaï, consiste dans l’application nouvelle de quatre tambours laineurs superposés deux par deux, en lignes verticales et horizontales.
- Cette invention consiste aussi dans le fractionnement des mouvements , c’est-à-dire qu’au lieu d’avoir un mouvement unique activant à la fois tous les organes de la machine, il rend indépendante la marche de chacun des tambours et la marche du tissu. — B. 98.547.
- Teinture du caoutchouc.— Pour la teinture des ballons et autres objets de caoutchouc en feuilles minces, M. Peyronnet emploie des bains dormants à base de couleurs d’aniline, chauffés à 50 degrés, et l’immersion des matières à teindre durant environ 10 minutes.
- Le fond du brevet, d’après l’auteur, consiste dans l’emploi des bains dormants. — B. 99.431.
- Machine horizontale à calandrer. — Mon invention dit M. E. WILSON, a pour objet un système de machine horizontale propre au calandrage à froid des étoffes, ce système de machine peut être souple ou double, c’est-à-dire à deux ou trois cylindres. Dans le premier cas, le calandrage s’opère sur deux rouleaux d’étoffe. Ces divers cylindres ont leurs
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- axes dans un même plan horizontal, ce qui donne beaucoup de stabilité à la machine, tout en facilitant la conduite et la surveillance du travail. Les cylindres calandreurs reçoivent leurs pressions directement de la presse hydraulique.
- Les rouleaux d’étoffe se présentent tout garnis, à l’action des cylindres calandreurs; ces rouleaux s’introduisent par un bout dans le coussinet postérieur du bâti, tandis que l’autre bout s’engage librement dans le coussinet antérieur, dont on déplace le chapeau par une disposition spéciale.
- La commande de la rotation des cylindres calandreurs et des rouleaux d’étoffe peut être effectuée de toute manière convenable. — B. 99.425.
- Machine à teindre. — MM. Cooke et LAIR font breveter un appareil pour la teinture automatique des échevaux; cette machine plonge dans une cuve à teinture, les fils en leur donnant un mouvement vertical et rotatif, ces fils sont suspendus sur un châssis mobile qui peut s’enlever de la cuve à l’aide d’un treuil.
- Le mouvement produit est analogue à celui qu’exécute manuellement l’ouvrier teinturier à l’aide des bâtons; la description de cette machine ne peut d’ailleurs être faite qu’à l’aide des dessins joints au brevet. — B. 97.645.
- Dégraissage des déchets de coton. — L’invention de MM. Bonnet et BEAUCAMPS a pour but un nouveau procédé de nettoyage et dégraissage des déchets de coton appelés gras dans le commerce, et provenant principalement des filatures, ils procèdent par voie dite de déplacement, et à l’aide des essences de pétrole, du sulfure de carbone, de l’éther ou de la benzine; ces déchets ainsi nettoyés peuvent être employés à la filature, à la fabrication de la ouate et du papier, ou pour essuyer les machines, ou encore pour être ainsi mis en état de subir les diverses opérations de la teinture et du blanchiment.
- Pour enlever les matières grasses ou oléagineuses, on imbibe les déchets gras du liquide dissolvant, et le produit de ce premier traitement est transporté dans un appareil distilla-toire où l’on opère la séparation de la matière grasse et du liquide volatil. Les produits gras
- peuvent être recueillis, et le liquide distillé sert à de nouvelles opérations. — B. 88.027.
- Traitement de la laine mélangée. — La première partie du brevet de MM. PATERSON et SANDERSONest relative à l’emploi d’une solution appliquée à la laine ou autres fibres, ou à des mélanges de l’une et des autres, suivant l’état de ces matières ou les préparations ultérieures qu’elles doivent subir.
- Par exemple, ils dissolvent dans l’eau le savon mou ordinaire, ou savon de potasse du commerce, et appliquent la solution de la manière suivante :
- Pour la préparation des laines teintes, où la sève naturelle, disent-ils, a été enlevée ou neutralisée par l’emploi du bi-chrômate, du campêche, ou autre matière tinctoriale énergique, ils les font passer avant d’être sèches à travers un bain de la solution de savon, laquelle contient une partie en poids de savon, pour environ quatorze parties de laine, ou une plus grande quantité élevée quelquefois jusqu’à vingt parties. — B. 88.871.
- Impression en réserve. — Tout mélange servant de réserve pour l’impression des tissus doit, dit M. LoturInger : 1° être insoluble dans les liquides tinctoriaux auxquels le tissu doit être soumis ; 2° pouvoir s’enlever facilement à l’aide d’un dissolvant sans action sur la teinture alors opérée; 3° être d’une application facile pour tous les moyens d’impression, c’est-à-dire, aussi bien à la machine qu’à la main; enfin, et surtout’, imbiber convenablement l’étoffe pour que son action préservatrice soit bien efficace.
- Les mélanges résineux employés pour cet objet, ne remplissentpas toutes ces conditions; ainsi, jusqu’à présent on n’a pu les imprimer qu’à la main, de plus, ils sont trop longs à se dessécher.
- La réserve proposée par l'auteur est ainsi composée :
- Bitume, 2 parties.
- Blancdebaleine,ou pa-
- raffine, ou cire, etc., 1 —
- Essence de Térében-
- thine, 2 —
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- On opère la dissolution à chaud et elle peut s’appliquer à la machine comme à la planche.
- Après la teinture, la réserve s’enlève à l’aide de la benzine, du sulfate de carbone ou des essences minérales.
- Ce procédé s’applique pour toutes couleurs, sur tout textile animal au végétal, mais principalement sur les fils et tissus de soie. — B. 99.295.
- EXTINCTION DES INCENDIES A L’AIDE DE LA vapeur.
- L’emploi de la vapeur d’eau comme moyen d’éteindre les incendies, est de plus en plus à l’ordre du jour, et nous nous en félicitons. Aussi efficace qu’aucun autre agent d’extinction et d’un usage beaucoup plus pratique que la plupart de ceux qu’on a préconisés dans ces derniers temps, la vapeur d’eau est exempte de leurs inconvénients respectifs. Elle éteint le feu sans être irrespirable ;elle l’éteint en en écartant l’air atmosphérique, et n’exerce aucune action délétère sur l’organisme animal, ce qui n’est certes le cas ni de l’acide carbonique, ni de l’oxyde] de carbone, ni de l’acide sulfureux et qui ont eu chacun leurs prô-neurs.
- Le seul danger qu’elle puisse présenter, c’est lorsqu’elle s’échappe' sous une grande pression, celui de brûler les personnes qui se trouveraient trop rapprochées de l’orifice d’émission; mais si rapide est le refroidissement, qu’elle éprouve en se dilatant, qu’à peu de distance de cet orifice elle devient tout-à-fait inoffensive. Dans le [Polytechnik Journal, le docteur Wiedebuch raconte la plus récente expérience, non préméditée, qui a été faite des propriétés de ce précieux agent ; on va voir si cette expérience lefrecommande.
- Un grand bâtiment d’usine, long de 50 mètres, large de 9, composé d’un étage sur rez-de-chaussée, avec plancher intermédiaire en bois et sur ce plancher une montagne de chiffons, de rognures, de vieux cuirs, etc. Le feu y prend pendant la nuit. On ne s’en aperçut que lorsque la moitié du toit était déjà en flammes, il ne tarda pas à s’effondrer.
- L’endroit est écarté ; plus d’une demi-heure s’écoule avant l’arrivée des premiers secours. Une chaudière à vapeur était dans cette fournaise. Pour en prévenir l’explosion, un brave homme, un charpentier, s’arme d’un lourd levier en fer, pénètre dans le bâtiment, brise le premier tuyau de vapeur qu’il rencontre.
- Aussitôt le fluide élastique, s’échappant sous une pression considérable , remplit l’espace embrasé et l’on voit s’éteindre l’une après l’autre toutes les parties enflammées, y compris les monceaux de chiffons qui, depuis la chûte du toit, brûlaient en plein air. En une demi-heure, ces chiffons étaient si bien entourés de vapeur, que tout danger avait disparu. C’est alors qu’arrivèrent avec leur matériel, les pompiers, qui reconnurent que la vapeur ne leur avait laissé rien à faire.
- On voit donc que tout manufacturier qui possède une machine à vapeur a sous la main un puissant moyen d’extinction qui, pour être atilisé au besoin, ne demande que l’installation très-simple d’une tuyauterie, pouvant mettre une partie quelconque de l’établissement en communication avec la chaudière.
- Mais les avantages de la vapeur d’eau ne sont pas réservés aux seuls manufacturiers et pour que tout le monde put en profiter, il suffirait de munir chaque maison d’un système de tubes qui, en cas d’incendie serait relié à une chaudière locomotive amenée sur les lieux.
- Cela est proposé par les Allemands et n’en est pas plus mauvais, * d’autant que c’est un Américain de Baltimone, le docteur Lugo, qui a fait bréveter en 18701a disposition recommandée en Allemagne et que c’est un Français le docteur Dujardin, qui le premier, il y a vingt ans et plus a appelé l’attention sur les propriétés extinctives de l’eau vaporisée.
- ENDUIT IMPERMÉABLE.
- Les Chinois usent, pour préserver de l’humidité les caisses de marchandises, d’un vernis imperméable, dont la Hansa fait l’éloge et donne ainsi la recette :
- Pour l’obtenir, on mélange avec soin quatre parties de sang fraîchement tiré, quatre
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- parties de chaux éteinte en poudre et un peu d’alun. Une, deux ou trois couches de cette masse légèrement visqueuse suffisent pour obtenir une imperméabilité si parfaite des caisses sur lesquelles on l’a appliquée, que les enveloppes si coûteuses de feuilles de zing deviennent tout à fait superflues. Ce vernis est excellent pour les caisses de sucre, de café ou de tabac, et, en général, pour tous les colis qui craignent l’humidité.
- DÉCREUSAGE ET BLANCHIMENT
- DE LA SOIE TUSSAH
- Par M. Michel de VINANT.
- On connaît à Lyon, sous le nom de Soie de Tussah, une soie d’une espèce particulière que le Commerce a importé en Europe, depuis une une trentaine d’années seulement, et que nous recevons par l’Angleterre. Nous ne possédons pas des détails bien précis sur l’origine et la nature de cette soie, sur l’espèce de ver qui la fournit, et sur les opérations qu’elle a subies avant d’être livrée au Commerce; cependant, nous savons que le ver qui la file appartient au genre Bombyx, qu’il est plus gros que ceux que nous connaissons, qu’il vit à l’état sauvage sur certains arbres, et qu’il forme un cocon volumineux et fortement coloré (1).
- Cette soie de Tussah possède des caractères spéciaux qui ne permettent pas delà confondre avec nos soies ordinaires. Elle se présente en fils épais, dures, très-tenaces, d’une couleur fauve tirant sur le gris ; elle cède à la traction, s’allonge, mais ne revient pas sur elle-même comme la soie ordinaire. Sous plusieurs rapports elle a de grandes analogies avec les matières végétales; elle ressemble beaucoup au fil de lin, elle en est l’aspect, la couleur et le toucher. Mais ce qui constitue son caractère
- (1) M. Mulsant a communiqué à ce sujet la note suivante :
- Bombyx mililta, Drury. La chenille appelée Tusseh, dans le Bengal, Kbontkuri mooga, dans le royaume d’Assam, vit à l’état sauvage sur le bair (Ziziphus jïijuba) et à l’état cultivé sur une sorte de badanier (Terwinalia alata).
- différentiel le plus saillant, c’est le vernis naturel dont elle est enveloppée, vernis qui paraît être d’une nature toute spéciale, doué de propriétés physiques et chimiques particulières. Ce vernis est, en effet, plus dur, plus dense, plus adhérent que celui des autres soies. Il est tellement compacte, tellement cohérent, qu’il ne présente pas de porosité, au point que l’huile ne le traverse'pas. Il semble que le ver destiné à vivre en plein air a réuni toutes ces ressources pour rendre son cocon parfaitement imperméable et protéger sa chrysalide contre les intempéries.
- La matière colorante qui entre dans la composition de ce vernis est elle même différente. Elle paraît avoir quelque analogie avec le cachou, à en juger par l’action qu’exerce sur elle l’acide chromique. Serait-elle formée en partie ou en totalité de tannin modifié, provenant des feuilles dont le ver se nourrit? Cette matière, dont la soie de Tussah est enveloppée, a une nature tellement spéciale, que les procédés employés habituellement pour le décreusage des soies, n’ont pu réussir contre elle. C’est en vain qu’on a essayé dans ce but, le savon, le carbonate de soude, les acides, le chlore, etc.
- On a pu, par ces moyens, enlever à cette soie divers principes, en effet, l’action prolongée d’un bain de savon bouillant lui enlève 8 p. 400 de son poids, mais sans lui faire perdre sa matière colorante qui s’oppose à l’application de diverses couleurs claires ou moyennes.
- Aussi cette soie, malgré les nombreuses ten tatives qui ont été faites par des chimistes et des industriels, est restée jusqu’à ce jour sans usage important; on s’est résigné à l’employer telle quelle ; on en a confectionné des vêtements d’hommes, principalement en Angleterre.
- Cependant la soie de Tussah est à plus bas prix que les soies les plus communes, et sa consistance est bien supérieure; sous ce double rapport, elle est susceptible d’emplois divers et importants. Aussi la Société d’agriculture, comprenant tout l’intérêt qui s’attache à la solution de ce problème, en avait fait, en 1843, l’objet d’un prix, mais son appel est resté sans réponse.
- M. Guinon s’en est occupé d’une manière
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- toute spéciale, pendant plusieurs années, il s’est livré sur cette matière à des expériences nombreuses et variées sans avoir obtenu d’heureux résultats. Il était cependant parvenu, à l’aide de dissolutions mercurielles, à lui imprimer certaines séries de couleurs solides, mais par des procédés qui n’étaient pas applicables industriellement.
- Quoique peu encouragé par les résultats de ses recherches, il ne les abandonna pourtant point; il fit, en mars 1849, de nouveaux efforts qui furent enfin couronnés de succès.
- Foulard do Tussah.
- Il trouva un procédé simple et facile pour décreuser et blanchir la soie de Tussah, procédé par lequel elle perd une grande quantité de sa matière colorante; il est basé sur l’emploi de la soude caustique.
- Pour qui connaît l’action destructive des alcalis caustiques sur les matières animales, il est facile de comprendre pourquoi on n’avait pas eu l’idée d’employer la soude caustique dans le décreusage d’une soie. Mais n’était-il pas possible de modérer l’énergie du réactif, de transformer cet agent destructeur en un dissolvant efficace, dont on n’aurait porté l’action que sur l'écorce, pour ainsi dire, de la soie?
- Cette réflexion bien simple lui fit entreprendre de nouvelles expériences qui, cette fois, réussirent pleinement, et après un grand nombre d’essais dans ce sens, il s’est arrêté au procédé suivant que je vais exposer avec quelques détails.
- Dans une solution alcaline de soude caustique marquant 30° à l’aréomètre et élevée à une température d’environ 100°, on plonge la soie, en ayant soin de l’agiter un peu pour que l’action soit uniforme.
- Pendant cette première immersion, la matière colorante se dissout immédiatement', la
- soie abandonne environ 12 °/ de son poids, sa rudesse disparaît, elle devient souple et acquiert le brillant et le toucher soyeux. Cette immersion,ne doit pas se prolonger au-delà d’un quart d’heure, autrement on risquerait de voir la soie s’altérer profondément par l’action du liquide caustique dont l’énergie est augmentée par la température à laquelle on opère. Au sortir de ce bain, on lave la soie à l’eau, après quoi on l’expose à la vapeur de l’acide sulfureux qui continue la décoloration. On passe ensuite la soie, après lavage, à une eau de savon à la température de 60° environ, on l’expose de nouveau à l’acide sulfureux et on lave.
- On comprend que cette suite d’opérations n’est nécessaire qu’autant que l’on veut obtenir le plus haut degré de blancheur. Suivant la couleur qu’on doit donner plus tard, on pourra se borner à une ou deux de ces opérations.
- Par ces divers traitements, la soie de Tussah est décreusée, on lui enlève sa matière colorante presque complètement ; elle n’a conservé qu’une teinte jaunâtre; elle n’a rien perdu de son élasticité ni de sa consistance.
- Son affinité pour les matières colorantes n’a pas augmenté, mais en acquérant la souplesse, l’éclat, l’aspect des soies ordinaires, elle est devenue propre à recevoir la teinture. On peut lui appliquer toute couleur, excepté cependant les couleurs tendres, telles que blanc, rose, bleu de ciel, paille et gris fin. Je dois ici faire une observation importante, c’est quel’appli-cation de certaines matières colorantes sur cette soie,, même décreusée, exige quelques procédés particuliers, et ne peut se faire de la même manière que pour les autres soies.
- Tel est le moyen dont il s’est servi pour arriver à décreuser la soie de. Tussah, à lui enlever sa couleur naturelle qui s’opposait à l’application d’un grand nombre de couleurs artificielles. Il s’est empressé de le livrer à la connaissance du public avec la conviction que une fois connu, il ne tarderait pas à être appliqué, et que cette soie jusqu’alors si peu employée recevrait promptement un grand nombre d’applications. Sa nature, sa consistance semblent la désigner plus particulièrement aujourd’hui pour certains usages, tels que soie à coudre, étoffes de foulards, articles damassés, etc.... Mais je ne doute pas que
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- plus tard on ne réussisse à l’employer dans un bien plus grand nombre de circonstances.
- Pour obvier au danger de désagréger la soie, j’ai tout en restant dans le procédé de M. Gui-non aîné, pensé neutraliser la causticité de la soude ou potasse caustique, en la saponifiant avec un peu de colophane ou en l’épaississant avec de l’amidon torréfié.
- Ces deux substances, sans arrêter l’action décolorante de la lessive caustique, ont du moins la propriété de la rendre moins dangereuse dans son emploi.
- A cet effet, j’épaissis de la lessive à 4° avec 150 grammes amidon grillé par litre, cette lessive est celle indiquée plus bas sous le nom de soude caustique.
- Je place mes mateaux sur des lissoires et je les lisse pendant une demi-heure à 50° de chaleur.
- Je les lève, les essore, bats un peu à la cheville et je les expose à la vapeur dans la caisse pendant une demi-heure, Après, sans les rincer, je leur donne cinq lisses sur un bain chaud à 50° d’acide chlorhydrique à 2°.
- Je les lave ensuite et je reprends à l’opération de savon de M. Guinon.
- Avec le savon de colophane, indiqué ci-après, j’opère de la même façon qu’avec l’amidon grillé, seulement, en sortant les mateaux de la vapeur, je les lave avant de les passer eu acide.
- J’ai aussi fait des essais en faisant digérer des déchets de laine dans de la lessive caustique à 30° ; pour 12 litres, 5 kil. déchets. Je regrette de n’avoir pas donné suite à cette tentative.
- Savon de colophane.
- Faire digérer au bouillon dans 500 litres soude caustique à 4° n° 5, 5 kil. colophane.
- Après la complète dissolution, bouillir encore une heure et passer dans le savon à 50° de chaleur.
- Soude caustique.
- 1,000 litres d’eau, y faire bouillir 22 kilog. de chaux que vous avez fait hydrater préalablement, y ajouter 30 kil. de carbonate de soude.
- Faire bouillir une heure, laisser reposer, employer la lessive claire à 4°.
- LE CONSERVATOIRE
- DES
- ARTS ET MÉTIERS
- A l’heure où nons écrivons, les travaux de la France, les produits de son industrie et de son génie, soumis encore une fois à l’examen et à l’appréciation des peuples rivaux, nous ramènent tout naturellement aux ouvriers et aux artistes à qui nous devons ces manifesta-tions variées de l’intelligence nationale, et, au-dessus d’eux, aux écoles même où leur esprit s’est ouvert et où leur goût s’est formé. A l'ex-position de Vienne, comme aux expositions de Paris et Londres, comme partout, les suffrages abondent et se groupent autour des œuvres françaises, u’ellos soient un livre ou un tableau, un bijou ou une dentelle, une machine quelconque, une porcelaine ou un meuble.
- Les arts et les métiers ne sont pas certainement les ennemis les uns des autres. Ils se tiennent par la main, ils s’appellent et se provoquent réciproquement, et, se prêtant de mutuels secours, ils s’appliquent à l’envi à tout ce qui a trait à l’entretien de la vie de l’homme et aux besoins matériels de la société. De là, à côté des beaux-arts ou arts libéraux, se rangent fraternellement les arts mécaniques ou industriels. Si quelques esprits à vue courte et superficielle ont parfois donné la prédominance aux premiers, souvenons-nous que telle n’était pas sur ce point l’opinion de Bacon ni celle de Colbert. Bacon regardait les arts industriels comme la branche la plus importante de la vraie philosophie, et il en estimait grandement et honorait la pratique. Colbert considérait l’industrie des peuples et l’établissement des manufactures comme la richesse la plus sûre d’un Etat.
- Nous n’essayerons pas et il serait superflu de démontrer que le grand philosophe et l’incomparable administrateur avaient raison.
- Le Conservatoire des arts et métiers répond pleinement aux idées de tous les deux et aussi de d'Alembert qui a écrit : « Au jugement de ceux qui ont des idées saines, celui qui peupla la France de graveurs, de peintres, de sculpteurs et d’artistes en tout genre, qui surprit aux Anglais la machine a faire des bas, le velours aux Génois, les glaces aux Vénitiens, ne fit guère moins pour l’État que ceux qui
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- battirent ses ennemis et leur enlevèrent leurs places fortes. »
- Tous nos monuments ont leur histoire. Ces bienfaiteurs du présent et de l’avenir ont de lointaines et mémorables annales dans le passé. Ainsi, l’emplacement sur lequel est situé le Conservatoire des arts et métiers fut occupé, dès les premiers temps de la monarchie, par un établissement religieux dédié à Saint-Martin.
- En 1789, la suppression des ordres religieux entraîna la ruine du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Les biens du monastère furent confisqués et vendus, les moines furent dispersés et la maison devînt dès lors une propriété nationale.
- Les collections de machines et de métiers y trouvèrent un local admirablemet approprié et un magnifique asile.
- C’est à Descartes, paraît-il, qu’il faut faire remonter la première idée d’un Conservatoire des arts et métiers. Descartes se serait préoccupé de cours publics pour les ouvriers, qu’on aurait réunis dans de vastes salles affectées à chaque corps de métier]et auxquelles seraient annexées des collections d’instruments mécaniques necessaires à l’enseignement. Voilà, certes, une vue féconde et pratique et qui, tôt ou tard, devait faire son chemin et se réaliser.
- Déjà cependant et longtemps avant la Révolution, l’Académie des sciences avait réuni au Louvre, un grand nombre de modèles curieux ou précieux, dont la description même et les dessins avaient été publiés dans des recueils qui, malheureusement, n’arrivaient point jusqu’au public le plus intéressé à les connaître.
- Quoi qu’il en soit, la Convention nationale (par décretsdes 15 et 18 août 1793) chargea son comité d’instruction publique de trier tout ce qui était relatif aux sciences, aux arts et aux métiers dans l’immense collection que les événements avaient légué en héritage à la nation. Puis elle nomma une commission temporaire des arts, à laquelle on doit la préservation d’une foule d’objets d’art recueillis dans nos musées, conserva en outre une foule d'ins-ments, de machines d’un haut intérêt pour l’agriculture, les manufactures et l'industrie. Ces véritables trésors furent réunis en dépôt à l’hôtel d’Aiguillon, rue de l’Université.
- Enfin le 19 vendémiaire an III, la Convention nationale rendit, un décret aux termes duquel « il était formé à Paris, sous le nom de Conservatoire des Arts et Métiers, et sous l’inspection de la Commission d’agriculture et des arts, un dépôt public de machines, modèles, outils, dessins, descriptions et livres de tous les genres d’arts et métiers, dont la construction et l’emploi seraient expliqués par trois démonstrateurs attachés à l’établissement. Un dessinateur leur était adjoint.
- En l’an VIII, Lucien Bonaparte, ministre de l’intérieur, fit transporter et réunir au prieuré tous les modèles de machines disséminés çà et là dans les dépôts divers de l’État, de manière à fonder cet enseignement pratique par le spectacle des merveilles et des découvertes qu’on avait recherché dès l’origine. « Il faut leur faire voir plus qu’il ne faut leur parler, » avait dit Alquier dans son rapport, en parlant des ouvriers.
- Mais l’ordonnance royale du 25 novembre 1819 modifia ou plutôt poussa l’institution dans une voie nouvelle. A l’enseignement, au spectacle, un peu froid et souvent obscur, des modèles de machines et des collections s’adjoignit une haute école d’application des connaissances scientifiques au commerce et à l’industrie, école publique et gratuite et vraiment indispensable à l’explication et à la mise en valeur de tant de trésors amassés.
- Trois chaires furent instituées : on eut un cours de mécanique et un cours de chimie appliquée aux arts, puis un cours d’économie industrielle. Les trois premiers professeurs nommés furent MM. Charles Dupin, Clément Désormes et J.-B. Say. Ces professeurs jouirent dès lors du traitement et des privilèges des professeurs du Collège de France et du Muséum d’histoire naturelle.
- Par une autre disposition, l’ordonnance du 25 novembre 1819 créait douze bourses de mille francs chacune destinées à faire donner au Conservatoire une éducation spéciale à des jeunes gens sans fortune qui auraient fait preuve de particulières aptitudes ou de grandes dispositions pour les arts industriels.
- Un cours de physique appliquée aux arts fut jugé indispensable dès 1829. De là une quatrième chaire, dont M. Pouillet, sous-directeur du Conservatoire à cette date, devint le titu-
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- laire. Une ordonnance du 25 août 1836 fonda plus tard, et à titre définitif, un cours de culture, un cours de mécanique et de construction agricole, un cours de chimie agricole.
- C’était déjà beaucoup, ce semble, mais les développements croissants de l’industrie et son alliance de plus en plus étroite avec la science proprement dite réclamaient d’autres enseignements. Une ordonnance royale du 26 novembre 1839 créait une chaire de mécanique appliquée à l’industrie ; une chaire de géométrie descriptive ; une chaire de législation industrielle ; une chaire d’agriculture ; une chaire de chimie appliquée aux arts.
- Le haut enseignement du Conservatoire des arts et métiers comprend quatorze chaires occupées par des titulaires qui tous ont fait leurs preuves et donné la mesure des connaissances les plus solides et les plus spéciales. Tous les moyens d’apprendre sont offerts à la partie studieuse de la classe ouvrière, tous les moyens de développer et d’éclairer ses aptitudes. La géométrie appliquée aux arts, la géométrie descriptive, la mécanique appliquée aux arts, les constructions civiles, la physique et la chimie appliquées aux arts, la chimie appliquée à l’industrie, la chimie appliquée aux industries de la teinture, la céramique et la verrerie, la chimie agricole, l’agriculture, les travaux agricoles et le génie rural, la filature et le tissage, l’économie politique et lalégisla-lion industrielle, l’économie industrielle et la statistique... quel vaste et complet emsemble, où tout ce que l’application a découvert, tout ce que l’étude a éclairé, tout ce que les efforts humains ont conquis, dans l’industrie, dans les arts et dans les métiers, est livré gratuitement et libéralement au public !
- En dehors des cours publics si fréquentés, le Conservatoire des arts et métiers public ses Annales, destinées à faire connaître tous les travaux scientifiques et techniques exécutés dans l’établissement. Déjà une dizaine de volumes ont paru, et, certes nous n’en savons pas de plus dignes d’éveiller et de retenir l’intérêt.
- La bibliothèque du Conservatoire occupe l’ancien réfectoire du prieuré, admirable salle du treizième siècle, restituée et rajeunie dans ses moindres détails, avec de belles voûtes gothiques et sa chaire laquelle est délicate
- ment percée àjour. On n’a pasreceuilli moins de vingt-trois mille volumes, qui sont mis à la disposition du public et qui font, en quelque sorte, dans leur ensemble, tout le tour des sciences humaines dans leurs applications aux arts et aux métiers.
- Là, près des collections académiques, on a tous les traités généraux et spéciaux de physique, d’optique, de mécanique rationnelle et expérimantale. Puis viennent l’hydraulique, la chimie et l’alchimie, la minéralogie, la métallurgie, l’histoire naturelle, la botanique. Puis ce sont les ouvrages relatifs à l’agriculture, à l’art vétérinaire, au jardinage, aux bois et forêts, aux chasses ; les publications périodiques les plus variées et les encyclopédies les mieux faites ; la géographie, l’histoire, l’histoire militaire envisagée dans toutes ses branches, particulièrement au point de vue de l’artillerie et du génie. L’économie domestique, les constructions civiles, l’horlogerie et la fabrication des instruments d’astronomie et de marine, tiennent une grande place sur les rayons.
- Cette bibliothèque, d’un intérêt si divers et si général, est ouvert aux travailleurs, matin et soir, tous les jours, excepté le lundi. Chauffée en hiver et très-aérée en été, elle offre un refuge agréable en tout temps aux ouvriers studieux qui peuvent s’y réunir au nombre de cent vingt à cent trente.
- À côté de l’enseignement oral et des collections, on a ainsi, au Conservatoire des arts et métiers, l’enseignement par les livres spéciaux, français et étrangers, depuis le quinzième et le seizième siècle jusqu’à nos jours.
- Naturellement l’enseignement oral du Conservatoire se borne exclusivement aux sciences appliquées à l’industrie, et il s’adresse non-seulement à des jeunes gens, à des contremaîtres et à des ouvriers déjà instruits, mais à bon nombre de visiteurs et de curieux de toute profession et de tout pays qui ont le désir de se tenir au courant des progrès de la technologie.
- « Exposer, a dit très-judicieusement M. le général Morin, exposer les principes de la géométrie descriptive et ceux de la mécanique, ainsi que leurs applications, sans recourir à des formes scientifiques d’un ordre trop élevé pour la plupart des auditeurs ; déduire de quelques notions générales et des faits de
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- l’observation les lois des phénomènes naturels, et en conclure les procédés rationels à suivre dans la pratique des arts ; faire, en un mot, d’une manière simple, accessible aux intelligences ordinaires, un enseignement scientifique rigoureux, sans recourir à des calculs ou à des raisonnements trop délicats à suivre, constitue une difficulté considérable dont les hommes de science qui n’ont pas abordé ce genre d’enseignement ne se rendent pas assez compte. »
- Les collections de machines et de modèles, au milieu des développements de l’enseignement oral et à mesure que les livres d’études s’entassaient sur les rayons de la bibliothèque, ne pouvaient manquer de recevoir des développements importants. Le désordre ou plutôt le manque de méthode d’une première installation fut réparé de bonne heure et, à partir de 1849, toutes les collections furent classées chacune à son rang et à sa place. Un inventaire complet et un catalogue rédigé avec soin les expliquent et les éclairent.
- Les expositions universelles ont fourni au Conservatoire des arts et métiers des occasions favorables de s’enrichir de nouveaux modèles, de machines, de produits divers et de dessins. Joignez-y les crédits extraordinaires mis à la disposition de la direction, notamment en 1851, en 1855 et en 1862, et tous les dons que la munificence d’industriels français et étrangers s’est plue à offrir. Ces ressources scientifiques et industrielles de toute nature sont aujourd’hui si considérables, que la place manque désormais à d’autres richesses. De là un projet d’agrandissement qui sera réalisé dans un délai prochain, nous assure-t-on.
- Parmi ces collections, celles qui se rapportent à la filature et au tissage, à l’apprêt, à la teinture et à la coloration des tissus sont parti-culièrement dignes d’observation et d’intérêt. Voici les diverses matières textiles et voilà, tout à côté, les tissus, c’est-à-dire la dernière forme sous laquelle elles se présentent. Mais quelle longue route à suivre pour en arriver là ! Il faut teiller, assouplir et peigner le lin et le chanvre; il faut égrainer, étirer et tordre le coton; il faut battre, dégraisser, nettoyer, ouvrir et carder la laine, et les instruments et appareils sont aussi variés que multipliés pour toutes ces opérations qui ne sont que les pre
- mières de la préparation des tissus. Des hommes du plus grand mérite se sont appliqués à ces centaines d’inventions, et nous avons sous les yeux les résultats de leurs efforts.
- La préparation de la soie, depuis le tour qui prend le cocon, le dévide et le transforme en soie grége, et les dévidoirs et navettes qui ransforment ensuite les écheveaux de soie grége en bobines jusqu’aux métiers de tissage, exige bien des machines, bien des appareils dont le moindre et le plus élémentaire, une navette ou un rouet, est fait pour retenir de longues heures l’admiration du studieux et de l’observateur! Les métiers à basses et hautes lisses de Duhamel, de Vaucanson, de Jacquard, de Planchon et Mercier sont des découvertes incomparables qui, en accroissant la fortune nationale, ont répandu le bien-être là où l’on n’avait connu encore que la gêne, la misère et souvent le désespoir.
- Les petits métiers de tout genre et les ustensiles ne sauraient être omis dans notre visite au Conservatoire. Près du métier à lacet de Perrault et du métier à cordonnet rond de Mo-lard, le regard est attiré par le métier chinois à tisser les rubans. Les enfile-aiguilles de MM. Cannus et Charles, les diverses machines à coudre (la première, on le sait, est celle de Thimonnier), les machines à broder, à fabriquer la chenille, à faire la dentelle, à tricoter, etc., justifient à l’envi la considération et l’estime. Ce sont des amies et des compagnes de • nos ménagères et, avec elles, les bienfaitrices de la maison et l’honneur du foyer.
- Le tissage est fait, et nous avons l’étoffe. De nouvelles machines la lavent et la dégraissent ; d’autres la battent, la tissent et la lustrent. D’autres encore plissent les rubans et gauffrent la mousseline. Puis les tissus sont livrés aux machines et instruments des teinturiers et des imprimeurs qui, au moyen des matières tinctoriales et de produits chimiques,—dont nous avons au Conservatoire une collection très-suffisante,—la chargent de belles couleurs et de beaux dessins. Nous ne saurions trop recommander ces machines à teindre, à bobiner, à graver les bois pour l’impression des étoffes, à la curiosité de ceux qui, comme nous, ont à cœur de se tenir, même imparfaitement, au niveau des progrès de la science industrielle à leur époque.
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- L'ancienne église du couvent est devenue une magnifique galerie d’expérimentation et de machines en activité. Le jeudi et le dimanche, le public est admis à voir fonctionner et à se faire ainsi une juste idée des qualités et propriétés des divers récepteurs hydrauliques, hélices et manomètres anglais et français, etc., etc.
- Des réservoirs d’eau placés dans la cour et deux machines à vapeur, qui ont à elles deux la force de trente chevaux, permettent de mettre en mouvement ces appareils énormes, et, dans cette même galerie des récepteurs ont lieu aussi les expériences, à la demande du ministère ou même des industriels, des machines ou appareils nouveaux. Les résultats des expériences sont consignés dans les Anna-les du Conservatoire. Ce service, dont on comprend l’extrême importance tout en faveur de l’industrie, est dû entièrement à l’initiative de la direction du Conservatoire, et, sauf les frais d’installation, il est toujours fait gratuitement. Nul n’a contesté jusqu’ici l’impartialité et le soin qui président à ces sortes d’expériences. On sait de même que c’est au Conservatoire qu’ont lieu les principales vérifications des poids et mesures que les gouvernements qui adoptent notre système métrique viennent y chercher.
- Les beaux-arts industriels y figurent à leur tour. Nous avons remarqué, non-seulement de belles lithographies et impressions en couleur, mais encore de jolis spécimens de chromo-lithographie autrichienne gracieusement offerts au Conservatoire : tableaux d’animaux et de fleurs, portraits et scènes de la vie rustique; des gravures et des peintures sur verre qui nous ont paru d’une finesse extrême. Telles sont parmi les gravures une bande représentant les bustes de Napoléon et de Joséphine, et où l’or est artistement appliqué sur le verre; parmi les peintures sur verre, indiennes et chinoises, des danseuses indiennes et des pâtres chinois piquent vivement la curiosité. Signalons en passant les dessins pour étoffes et papiers, notamment de grands dessins à ramages pour châles de cachemire, style chinois et style persan, et d’autres aussi pour mantelets en dentelle noire. Les dessins d’ornements, pour candélabres et flambeaux d’église, pour calices et ciboires, pour vête
- ments ecclésiastiques, pour bannières, le tout, selon l’ancien style religieux où la forme ogivale domine, sont des éléments variés de précieuses étules archéologiques.
- En résumé, nos institutions françaises, pratiquées autrement, il est vrai, que les écoles d’art et de science de l’Angleterre, et comprises d’une autre façon, nous sont un sûr garant, par les élèves et les œuvres qu’elles n’ont cessé de produire, que nous ne sommes pas dans une fausse voie. L’enseignement du Conservatoire des arts et métiers est forcé de se tenir au courant de toutes les améliorations et de tous les progrès d’où qu’ils viennent, et il s’y tient bravement. Les étrangers de bonne foi en conviennent volontiers, et il n’en est point qui se refuse à reconnaître la puissante et salutaire influence que ce musée du travail et de l’industrie, doublé d’une école libre où professent tant d’hommes illustres aussi compétents et spéciaux que possible, exerce sur ses sciences et les arts à notre époque, — par les collections de modèles, de machines et de produits; par ses divers moyens d’expérimentation; par sa riche et intelligente bibliothèque; par son portefeuille de dessins, mis à la disposition du public au moyen de calques que chacun est admis à faire de tous les dessins qui le composent, et par son école élémentaire appelée à devenir d’une bien plus grande utilité le jour où, conformément aux vœux des artistes industriels, on pourra la transformer en une école spéciale et supérieure de l’art appliqué à l’industrie.
- O. L.
- INDUSTRIE DES TISSUS A L’EQUATEUR,
- Les Annales du commerce extérieur publient les observations qui suivent sur la situation industrielle de l’Equateur à la fin de l’année dernière.
- Les produits des trois seules fabriques, deux de cotonnade écrue et fils de coton et une de draps grossiers, établies à Quito, ne peuvent, sous aucun rapport, même pour les prix, entrer en parallèle avec les produits similaires français ou anglais. Ce n’est pas que les ma, -tières premières fassent défaut; le coton indigène est long et soyeux, on peut le comparer au meilleur de la Nouvelle-Orléans ; les laines, si ellesétaientconvcnablementtravaillées, lavées et triées, ne seraient pas non plus mau-
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- vaises; mais ce sont les ouvriers qui manquent aux machines, et s’il est assurément facile d’en appeler au dehors, il ne l’est pas au même degré de les retenir. Bientôt des querelles avec les patron ne manquent pas de s’élever, les ouvriers étrangers ne tardent pas à s’éloigner et sont d’ordinaire remplacés par des indigènes dont le savoir est toujours fort limité.
- La fabrique de draps compte de cent à cent cinquante broches souvent au repos, et les deux autres fabriques, un peu moins de trois mille broches parfois fonctionnant toutes. Il est à remarquer, en outre, que les trois sont organisées surtout pour la filature et que les Indiens qui achètent les fils tissent ensuite chez eux, par les moyens les plus primitifs, de grossières étoffes dont ils se couvrent ou qu’ils vendent.
- C’est à ces établissements que viennent encore se pourvoir généralement les colporteurs de la Nouvelle-Grenade; seulement, la contrebande tend à restreindre ce trafic et leur fait prendre d’autres directions.
- NOUVELLES
- Titrage des soies. — Ce décret a été omis du précédent numéro dans lequel il devait paraître ; nous le reproduisons ici, pour mémoire :
- Le Président de la République française,
- Sur le rapport du ministre de l’agriculture et du commerce,
- Vu, etc.
- Décrète :
- Art. 1er La chambre de commerce de Saint-Etienne est autorisée à établir un bureau public pour le titrage des soies et autres matières textiles.
- Le recours à ce bureau est facultatif pour le commerce.
- Sont approuvés les statuts de cet établissement tels qu’ils sont annexés au présent décret.
- Art. 2. Le ministre de l’agriculture et du commerce est chargé de l’exécution du présent décret, etc.
- Fait à Versailles, le 29 août 1873.
- Mal DE MAC MAHON.
- L’acide gallique. — Une nouvelle industrie a été fondée récemment en Savoie : la fabrication de l’extrait du bois de châtaignier, produit que l’on dénomme souvent : acide gallique. M. Girod, pharmacien à Aiguebelle en a établi la première fabrique en 1838 ; MM. Pravaz et Pécoud, la seconde 1863 à Bridoire ; la troisième, la plus importante de toutes, est celle que MM. Gillet et Goybet, teinturiers à Lyon, ont fondée en 1867 à Saint-Génix.
- De nouvelles fabriques viennent encore d’êtres installées ; ce sont celles de M. Rey à la
- Rochette, de MM.Ducretfrères, àRumilly, etc.
- Gette industrie est donc déjà très-florissante et ses produits trouvent un grand débouché à Lyon, Saint-Ghamond, Zurich, Gréfeld et autres villes où l’on charge les soies noires.
- Cachemire. — Le Cachemire, la Caspirie des anciens, province du royaume de Lahore et autrefois un des royaumes d’Asie, est, comme on sait, une admirable vallée arrosée par le Djelem et entourée de hautes montagnes. Le climat en est doux, privilège inestimable dans le continent asiatique, et le sol est fertile. L’industrie consiste en fabriques d’armes, de papeterie, et surtout dans la confection de ces châles, assez connus assurément en France, et faits de la laine des troupeaux du Thibet.
- La capitale de la province, qu’on appelle également Cachemire ou Sirinagor (ville du bonheur), est située sur le Djelem; elle renferme environ 80,000 habitants.
- J’ai fait, dit un voyageur, une visite au marchand de châles français, le seul agent européen pour les châles renommés du pays. Il fournit les dessins aux indigènes et fait faire ses châles sur commande. Il leur indique aussi les couleurs et leur en livre quelques-unes, telles que la mauve et le magenta, toutes préparées. Les indigènes donneraient beaucoup pour savoir faire ces couleurs, mais le Français en garde le secret. Il est presque impossible à un voyageur de se procurer un bon châle dans le Cachemire.
- Le « pachmina » est une espèce de duvet qui pousse entre les poils de la plupart des chèvres sauvages et des daims du Cachemire. Ce qu’il en entre dans la fabrication des châles est pris sur les chèvres apprivoisées du Thibet, lesquelles sont dépouillées de ce duvet à certaines époques de l’année. Cette matière, qui ressemble à de l’édredon, fait les tissus les plus doux et les plus beaux. Gomme ils sont très-chers et que tout le travail de l’ouvrier se fait à la main, les châles ont un prix très-élevé, et bien qu’ils coûtent dans le pays de 80 à 200 liv. st. pièce (2,000 à 5,000 fr. ), les ouvriers ne reçoivent pas assurément un bien haut salaire. Un châle qui se vend 140 liv. st. en Angleterre, revient environ à 80 liv. st. au Cachemire, après le prélèvement des droits imposés par le maharadjha. Très-peu de châles se vendent aujourd’hui en Angleterre, la plupart sont envoyés en France et en Russie. Le maharadja possède une magnifique tente de gala faite tout entière de ces châles.
- Pour tous les articles non signés • P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris. Typ, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.
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- 16° VOL., No 19. b OCTOBRE 4873
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- Sommaire.
- Vert de Paris, de MM. POIRIER, BARDY et Lauth. — Nouveau mode de dosage des couleurs d'aniline, par M. STAMM. — Blanchiment de la laine, par M. M. DE VINANT. — Nouvel appareil pour la préparation de l’ozone. Machine à cylindrée (gravure).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Exposition de Vienne : Rapport du Ministre de l’Agriculture et du Commerce.
- — Brevets d'invention concernant les industries tinctoriales et textiles.
- NOUVELLES : Fête des teinturiers en soie. — École de chimie industrielle à Mulhouse. — Ecole de tissage de Rouen. — Incendie. — Adjudication administrative.
- VERT DE PARIS
- de MM. Poirier, Bardy et Lauth.
- MÉMOIRE DESCRIPTIF
- du Brevet d’invention.
- On obtient ce produit en faisant réagir sur la benzyl aniline, ou sur la di-benzyl aniline, sur la tolyl aniline ou la di-tolyl aniline de tous corps susceptibles d’éliminer de l’hydrogène.
- Ainsi les agents oxydants; l’iode, le brome, le chlore ou les iodures, les bromures, les chlorures sont employées avec plus ou moins de succès.
- l Les corps que nous employons avec préférence sont : l’acide nitrique faible à petite dose, les nitrates de mercure, de cuivre, etc., le chlorure d’iode étendu de 10 fois son poids d’eau, ou les agents qui peuvent l’engendrer l’iode et le chlorate de potasse, plus essences iodées, bromées, chlorées ; la glycérine bro-mée, l’acide arsénique, etc. Nous employons équivalent pour équivalent nous chauffons généralement à une température qui ne dépasse pas 120 à 130°. Nous mettons en présence 100 parties benzyl-aniline ou di-benzyl alinine ou mélange de benzyl-aniline et de di-benzyl, 100 parties chlorate de potasse, 20 parties Iode; nous chauffons à 100°. Pour diviser la masse et favoriser la réaction nous pouvons ajouter du sable; dans ce cas la réaction se fait à une température un peu moins élevée.
- Au bout de quelques heures, quand lamassc est devenue dure et cassante, nous la traitons d’abord par l'eau bouillante, puis par une so
- lution alcoolique de potasse à l’ébullition, de cette façon nous obtenons le produit à l’état de base assez pure. Nous reprenons cette base par de l’acide acétique fort, et à cet état, la matière colorante verte peut être employée pour la teinture et l’imprersion de la laine, de la soie, etc.
- On peut la purifier davantage par des dissolutions alcooliques filtration et précipitation par soude et acide.
- Pour employer le vert de Paris en teinture on le fait dissoudre de l’alcool, on verse la dissolution dans un bain de teinture auquel on ajoute un peu d’acide sulfurique ou un mordant neutre ou acide. En fait, ce vert s’applique comme les bleus d’aniline.
- Nous obtenons les alcaloïdes désignés ci-dessus que nous employons pour la préparation du vert, en faisont réagir sur l’aniline le chlorure de benzyle ou de tolyle, etc.
- Nous mettons en présence 1 partie aniline, deux ou trois parties chlorure de benzyle, deux parties alcool éthylique ou méthyliqueet nous laissons en contact pendant quelques jours à la température ambiante.
- On peut varier les préparations ci-dessus, de même au lieu d’aniline on peut faire réagir la chlorure de benzyle ou de tolyle ou des alcools supérieurs sur la toluidine, la xylidine ou sur un mélange de l’aniline et de ses homologues et enfin au lieu d’agir à la température ambiante, on peut exposer le mélange a la chaleur dans un appareil clos ou à cohobations, la réaction a lieu alors beaucoup plus rapidement, soit en quelques heures si l’on chauffe à 100° ou à une température supérieure.
- L’addition d’alcool éthylique ou méthylique
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- n’est pas indispensable; nous trouvons seulement qu’elle favorise la réaction.
- Quant la réaction est terminée, on évapore l’alcool, le chlorure do benzyle en excès, puis on ajoute de l’eau bouillante qui dissout le sel d’aniline s’il en existe encore et les nouveaux aleoloïdes cristallisent.
- Pour les purifier nous les faisons recristalliser dans la benzine ou dans l’alcool.
- Ce sont ces produits que nous employons pour l’obtention du vert.
- Quand on fait réagir le chlorure de tolyde sur l’aniline ou ses homologues il y a toujours formation de matière colorante verte en même temps qu’il se forme de la tolyde et de la di-tolyde aniline.
- En résumé :
- Nous revendiquons la production d’un vert dérivé de la benzyle aniline de la di-benzyle ou d’un mélange de ces deux corps, ou bien de la tolyle aniline ou de di-tolylo aniline ou du mélange deces deux corps, ou de la benzyle et di-benzile toluidine ou de la benzyle et di-benzyl xylidine ou delà tolyl et di-tolyl aniline tolyl ou di-tolyl toluidine ou du du mélange de ces divers corps et l’application de ce vert à la teinture et à l’impression.
- (Brevet en date du 24 septembre 1869).
- NOUVEAU MODE
- DE DOSAGE DES COULEURS D’ANILINE par M. A. Stamm.
- Il n’existe guère jusqu’à présent qu’un procédé pour reconnaître la valeur d’une matière colorante. Il consiste à en essayer différents échantillons par voie de teinture ou d’impression, et à comparer l’intensité des nuances que fournissent ces différents produits. Cette méthode répond parfaitement aux besoins de l’industrie. Mais il n'existe pas de procédé chimique pour doser ces corps ou pour contrôler la pureté absolue. Je crois qu’on arriverait à ce résultat avec précision et sans grande complication en se servant de la propriété que possède l'hydrosulfite de soude de réduire et de décolorer différentes matières tinctoriales, entre autres celles qui dérivent de l’aniline.
- L’appareil que j’emploie pour ce titrage est sensiblement le même que celui dont se servent MM. Schützcnbergcr et Risler, pour le dosage de l’oxygène dissous dans l’eau. L’hy-drosulfite de soude est introduit par aspiration dans une burette de Mohr. La solution à titrer est versée dans un petit ballon fermé par un bouchon en caoutchouc percé de trois trous. L’un est traversé par le petit tube de la burette, les deux autres servent à faire passer dans le ballon un courant d’acide carbonique, car il est nécessaire que ces expériences soient faites à l’abri de l’air. Enfin comme la décoloration de ces matières par l’hydrosulfite n’a lieu qu’à 100°, sauf pour la fuchsine, qui se décolore aussi à froid, nous plaçons le petit ballon sur un bain de sable qui maintient la solution à l’ébullition.
- Supposons'qu’il s’agisse d’essayer un échantillon de fuchsine : j’en pèserai 1 ou 2 déci-grammes que je dissoudrai dans de l’eau; puis j’étendrai la solution à un litre.
- Je préparerai de même une solution à 1 ou 2 décigrammes par litre de fuchsine bien pure.
- Il n’y aura plus qu’à chercher combien des volumes égaux de chacune de ces dissolutions exigent l’hydrosulfite de soude pour se décolorer. Le rapport des deux nombres donnera le titre de la fuchsine à essayer.
- Des expériences répétées m’ont en effet démontré que la quantité d’hydrosulfite employée était proportionnelle au poids de la fuchsine que contient la solution.
- J’ai de même cherché à titrer d’autres matières colorantes d’aniline, et en comparant les résultats obtenus, j’ai trouvé qu’une molécule de chacun des différents corps, dont la composition est connue, exige pour se décolorer la même quantité d’hydrosylfite que celle qui réduirait deux molécules de sulfate de cuivre ammoniacal.
- On comprend que si cette loi est générale pour les couleurs d’aniline, on peut facilement connaissant le volume d’hydrosulfite absorbée par un de ces corps pour se décolorer, en déduire approximativement son poids moléculaire.
- Ainsi le violet de Paris et le violet Hofmann, donnent absolument les mêmes résultats. J’en déduirai comme conséquence que leur poids
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- moléculaire est le même. G’est en effet la conclusion à laquelle est arrivé M. Hofmann.
- Cette méthode présente encore un autre avantage : elle’permet de reconnaître la quantité d’une matière colorante contenue dans un liquide. Ansi M. Prudhomme s’est servi de ce procédé pour doser l’aciderosalique qui s’était formée dans une réaction.
- Je signalerai aussi en terminant l’applica-tion qu’on pourrait en faire à la fabrication des bleus et violets d’aniline (phényliques) pour reconnaître la quantité de ces produits qui se sont formés pendant l’opération. Ils sont en effet décolorés tous deux à chaud par l’hydrosulfite. Le violet phénilique présente cette particularité d’être ramené au bleu lorsque l’action réductrice s’exerce à froid. Ce phénomène tient peut être à ce que le bleu n’est décoloré qu’à l’ébullition, tandis que les sels de rosaniline perdent leur coloration même à la température ordinaire.
- Remarques. — Je ne pourrais indiquer quelle est la réaction qui donne lieu à cette décoloration. Les corps obtenus ainsi par réduction paraissent différer des leucodérivés correspondants , ils reprennent en effet en grande partie à l’air leur coloration primitive. — Tait au laboratoire deM. Schützenberger, à la Sorbonne. (Bull. Société Chimique).
- BLANCHIMENT DE LA LAINE
- Par M. Michel de VINANT.
- La laine est naturellement enduite d’une matière brune nommée suint, et qui sert à la préserver des teignes ; il est donc nécessaire de laisser la laine en suint lorsqu’on veut la conserver dans les magasins, pour la mettre ensuite dans le commerce.
- Le suint est formé :
- 1° D’un savon à base de potasse, qui en fait la plus grande partie ;
- 2° D’un peu de carbonate, d’acétate et d'hy-drochlorate de potasse; ç
- 3' De chaux ;
- 4° D’une matière animale à laquelle le suint doit son odeur particulière.
- Plus une laine est fine, plus elle contient de suint ; celle de mérinos en contient les deux
- tiers de son poids, tandis que les laines communes n’en contiennent que le quart du poids. Aussi les premières sont-elles plus coloriées que les secondes.
- La laine se teint en toison ou en pièces ; dans tous les cas, on ne la teint qu’après l’avoir purgée du suint dont elle est chargée.
- Voici, d’après M. Girardin, les opérations que l’on fait subir, à Elbœuf, aux laines pour les désuinter.
- Les laines brutes sont soumises à deux séries d’opérations. Les unes, en quelque sorte préliminaires, ont pour but de les débarrasser des corps gras qui les imprègnent ; les autres ont pour effet de les blanchir complètement. Les deux opérations préliminaire auxquelles on les soumet sont le lavage ou désuintage et le dégraissage.
- Le lavage se fait avant ou après la tonte. Le lavage à dos s’opère dans les fermes, au mois de juin, en plongeant les moutons chargés de leur toison dans l’eau d’une mare, d’un étang ou d’une rivière, où on les frotte avec soin jusqu’à ce que la laine paraisse blanche et dépouillée de suint. Les rayons du soleil ont bientôt séché les moutons, qu’on ne tond qu’à-près quelques jours pour leur donner le temps de remplacer le suint perdu, si nécessaire à la conservation de la laine.
- En Angleterre, où cette opération- préliminaire se fait avec plus de soin qu’en France, on opère dans des ruisseaux profonds de 65 à 80 centimètres, avec trois laveurs qui se repassent le même animal en sens contraire du courant.
- On lave ainsi de 40 à 60 moutons par heure, , suivant la taille et la force des animaux.
- Le lavage à dos ne réussit bien que sur les moutons indigènes, dont la laine, peu serrée, permet à l’eau de s’infiltrer dans la toison. Il a moins de succès sur les moutons mérinos, dont les toisons sont tellement tarsées que l’eau aurait de la peine à pénétrer ; elles sécheraient d’ailleurs difficilement, ce qui incommoderait les animaux, surtout ce qui sont sujet à la cachexie.
- Les acquéreurs habiles rejettent en général tout lavage à dos, parce que rien n’est plus variable et plus trompeur que la laine lorsqu’elle a été lavée sur le corps de l’animal. Le lavage après la tonte se fait à froid, mais plus
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- généralement à chaud ; c’est ce qu’on appelle particulièrement désuintage.
- Avant d’y procéder, on fait d’abord le triage des laines en les assortissant par qualités, puis on étend chaque sorte sur des claies de bois, où on les bat avec des baguettes pour en faire sortir la poussière et les ordures ; on ôte à la main les mèches feutrées, les pailles, les crottins, et au moyen d’une fourchette à pointe recourbée, courte et écartée, on éparpille et on ouvre tout le reste.
- On place ensuite des laines dans des cuviers d’une capacité convenable, qu’on emplit d’eau chauffée à 45e et on les y laisse tremper sans les remuer pendant 18 à 20 heures. Une partie de leur suint s’y dissout et cette première eau devient le principal agent du dégraissage.
- C’est, en effet, dans cette eau échauffée à 70 ou 75° qu’on plonge la laine par petites portions et pendant quelques minutes en la soulevant continuellement à l’aide d’un bâton lisse. On la retire du bain avec une petite fourche pour la placer dans les paniers suspendus au-dessus des chaudières, afin de perdre le moins possible le liquide saturé de suint.
- Lorsque la laine est bien égouttée, on la lave à l’eau courante, toujours dans des paniers, jusqu'à ce que l’eau qui en sort ne soit ni colorée ni trouble, puis on le met au pressoir pour accélérer sa dessication, qu’on achève sur des claies à i’ombre.
- Dix personnes lavent et rendent 750 kilog. de laine par jour. Celle-ci perd, par les opé-rations précédentes, de 95 à 45 p. 100 de son poids primitif. On a calculé que le suint venant du lavage de toutes les laines récoltées en France pourrait servir d’engrais à 150,000 hectares de terre.
- Les laines, ainsi préparées, n’étant pas encore entièrement dépouillées de suint et d'or-durés, les fabricants, avant de les mettre en éêuvrè, leur font subir l’opération du dégraissage.
- Voici comment on opérait jadis et comment opèrent encore quelques fabricants d’Elbœuf, ville renommée, à juste titre, pour le travail du lainage; » - > , :
- On agit à la température de 50 à 55° dans des chaudières d’environ 1,000 litres, de fa
- çon à ce qu’un dégraisseur uniquement occupé à la chaudière et quatre ouvriers laveurs à la rivière, puissent rendre par jour la quantité voulue pour quatre draps, c’est-à-dire environ 160 kilog. de laine supposée sèche.
- Le bain de dégrais varie suivant l’état dans lequel se trouve la laine que. l’on a traitée.
- Les laines lavées à froid sont dégraissées avec de 1 urine purifiée et des cristaux de soude, par mises successives pouvant rendre chacune 10 kilog. de laine blanche et sèche.
- Les mises restent chacune une demi-heure dans la chaudière. La première est placée à part et rabattue plus tard dans la chaudière, autrement elle ne serait pas assez dégraissée, le bain n’agissant convenablement quiaprès avoir pris une quantité suffisante de suint.
- Pour la mise en train des opérations, on verse duns la chaudière contenant la quantité d’eau nécessaire, 70 à 80 litres d’urine et 20 litres de cristaux de soude. Quand on a dégraissé quatre mises, on ajoute 20 litres d’urine et 5 kilog. de cristaux, en répétant ces additions de quatre mises en quatre mises pendant la durée du travail.
- A la fin de la journée on jette la moitié du bain, et le lendemain avant le travail, on remplit la chaudière avec de l’eau, 95 litres d’urine et 10 kilog. de cristaux.
- Le bain se remonte de la même manière pour le travail du troisième jour et il est jeté à la fin de cette troisième journée.
- Les laines dégraissées sont ensuite lavées à grande eau dans des paniers de forme appropriés pour les bien nettoyer. Aujourd’hui, à Elbeuf, dans les bons établissements, le dégraissage est en progrès et au lieu de deux opérations qu’on faisait jadis, désuintage et dégraissage, on en fait plus qu’une.
- Toutes les laines arrivent en suint des pays, d’origine, à peu d’exceptions près.
- Les différentes laines n’exigent pas la même chaleur au dégraissage, les unes très-huileuses, comme celle d’Allemagne et d’Espagne demandent 75 à 80°, tandis que les laines d’Australie et certaines laines de Russie ne réclament que 60 à 65°.
- Pour tous les suints on se sert actuellement de seldesoùde dont l’action caustique est tempérée par les matières émulsives de la laine. — Pour les laines lavées d’Allemagne, d’Aus-
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- tralie et de Russie, on emploie de préférence les cristaux de soude dont l’alcalinité plus faible, respecte davantage les fibres de la matière textile.
- L’urine est toujours utilisée, mais en bien moins grande quantité qu’autrefois. Ce n’est que lorsque [la laine doit être teinte en bleu d’indigo, qu’on lui fait subir plusieurs dégraissages successifs, en laissant entre eux un mois d’intervalle et en faisant chaque fois sécher la laine avant de la dégraisser de nouveau. pour désuinter et dégraisser à fond la laine, je n’ai rien trouvé de supérieur au savon colophane préparé en dissolvant B kil. de colophane dans BOO litres de soude caustique à 40. J’opère à 50° chaleur de la même façon qu’avec la soude, et le résultat est préférable. Après le passage en savon, je lave et donne un bain de carbonate de soude à 25 d. chaleur à raison de 8 kil. pour BOO litres d’eau. Ensuite je lave, j’essore et je sèche.
- Tout ce que j’ai dit jusqu’à présent, s’applique à la laine en flocons, les étoffes de laines destinées à l'impression; sont dégraissées au moyen de cristaux de soude associés ordinairement à du savon blanc et à une température qui ne dépasse pas 65 d. On passe lés étoffes au large dans le bain, ou moyen d’une machine dite : Foulard.
- On répète les bains de soude et savon selon que les étoffes sont plus ou moins chargées de corps gras. innOb
- Avant le blanchiment, ont fait subir aux tissus de laine, les opérations suivantes :
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- Les laines doivent être tondues, les chaînes cotons, grillées, flambées ou tondues.
- Foularder les pièces en les passant dans, un bain d’eau chaude et enrouler sur un rouleau en cuivre creux, et percé de trous, ou bien sur un rouleau en bois.
- Deux hommes placés chacun d’un côté du foulard, tendent la pièce par la lisure à sa sortie du bain d’eau chaude pour qu’elle s’enroule sans plis et que les lisures soient bien ouver-tes. Les placer {après dans une cuve pour les passer en vapeur pendant une heure. Quelques heures après les dérouler pour les passer en savon.. .
- Le blanchiment de la laine, convenablement dégraissée, s’effectue au moyen du soufrage
- c’est-à-dire, par l’action du gaz acide sulfureux. (1).
- Le soufrage s’opère de la manière suivante :
- On choisit une chambre isolée et sans cheminée, ayant dans le haut une trappe que l’on peut ouvrir et fermer à volonté et dans le bas une porte à hauteur d'homire, avec deux petites ouvertures dans les angles, destinées à recevoir les terrines à soufre.
- Des perches Sont établies transversalement dans l'intérieur à environ B ou 6 mètres de hauteur, c’est sur elles qu’on dispose les laines humectées. Après avoir garni l’intérieur de la chambre, on en ferme latrapeetla porte dont on lute les jointures avec de la terre glaise, puis on pousse dans chaque ouverture une terrine contenant du soufre enflammé et on clos ces ouvertures. Pour 100 kil. de laine on emploi à peu près B kil. de soufre. Ce corps se convertit en gaz sulfureux au moyen de l'oxy-gène de l’air et cet acide, condensé par l’eau qui mouille la laine, réagit sur la matière colorante et la fait disparaître. Au bout de trente-six à quarante-huit heures, suivant les cas, on ouvre toutes les ouvertures pour que l’air extérieur rentre dans la chambre, chasse l’excès de gaz sulfureux et sèche la laine.
- En sortant du soufroir, il faut exposer la laine à l’air, pendant vingt-quatre heures à peu près. l’azurer ensuite dans un bain avec du carmin ou de l'acétate d’indigo, mélangé d’acide sulfureux.
- La laine blanchie au moyen du gaz sulfureux ne tarde pas à jaunir au contact de l’air; c’est là un grave inconvénient que l’on évite en remplaçant le soufrage ordinaire par une immersion plus ou moins prolongée de la laine dans une dissolution de sulfite de soude additionnée d’acide chlorhydrique.
- Le sel est mis en gros cristaux dans le bain,
- (1) L’opération du soufrage des laines était connue des anciens. Iline en parle en plusieurs endroits de son Histoire nalurellôi (Lib. XXXV, § 50 et! 57),
- « Apulée, raconte qu’à l’arrivée de son mari, la femme d’un blanchisseur, ayant caché un galant sous une grande cage qui servait ordinairement au soufrage, les vapeurs sulfureuses, provoquèrent bientôt la toux du malheureux dont la présence fut ainsi révélée à son mari. »
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
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- de manière que sa dissolution dans l’eau et sa décomposition par l’acide chlorhydrique, ne s’opérant que peu à peu, la laine reste plus longtemps en contact avec l’acide sulfureux mis en liberté ; son blanchiment est ainsi plus complet. Les laines les plus jaunes et les plus communes deviennent d’un blanc magnifique et persistant par ce moyen.
- La laine, blanchie après avoir été filée, est toujours d’un plus beau blanc que celle qui est soumise aux opérations précédentes pendant qu’elle est encore en toison.
- NOUVEL APPAREIL POUR LA PRÉPARATION DE L’OZONE
- L’emploi de l’ozone révolutionnerait l’industrie du blanchimel, si on parvenait à le produire économiquement et industrieliement, mais, jusquà présent, on ne possède que des procédés de laboratoire; le suivant est de ce nombre, mais il peut être utile pour des essais de blanchiment et de décoloration.
- M. Charles H. Johnson, de New-Brighton, Pa, vient d’inventer un nouvel appareil pour la fabrication de l’ozone, qui, parait-il, facilite beaucoup l’opération, en éliminant et neutralisant complètement tous les gaz acides qui se forment en même temps que l’ozone, de sorte que ce dernier reste parfaitement pur.
- Il emploie dans ce but un récipient en zinc de 0m05 à 0m75 de profondeur; au fond de ce vase se trouvent deux barres parallèles de 0m12 environ de hauteur et distantes entre elles de 0m75 à 0m10. Le récipient est rempli d’eau, un peu au-dessus de l’extrémité supérieure de ces barres, qui supportent une bouteille en verre, en bois ou en métal vernissé intérieurement, cette bouteille dont l’ouverture se trouve ainsi plongée sous l’eau, ne doit pas toucher le fond du récipient. Dans le col de la bouteille s’engage une petite plaque de zinc, dont là face supérieure présente de petites concavités en forme de dé à coudre. Ces petits trous contiennent des petits bâtons de phosphore, dont une partie est sous l’eau, tandis que le reste est dans l’air. Un tube en verre recourbé est placé de telle manière que l’une de ses extrémités communique avec l’air inté
- rieur de la bouteille, tandis que l’autre est à l’extérieur et est continué par un tube en caoutchouc muni d’un robinet qui règle l’entrée de l’air. Un thermomètre est placé verticalement dans le récipient, dont les parois latérales portent des montants qui soutiennent à leur partie supérieure une traverse horizontale. Dans cette traverse passe une vis, qui maintient la bouteille solidement en place. Cette dernière est munie latéralement d’un large tube en verre, qui traverse l’une de ses parois et va aboutir à l’intérieur, près de la paroi opposée. C’est par ce tube que l’ozone se dégage. Près de son extrémité intérieure se trouve le tuyau d’un pulvérisateur placé à l’intérieur delà bouteille renversée et recevant de la vapeur d’un générateur placé à l’extérieur, au moyen d’un tube flexible et de connexions en verre.
- Le pulvérisateur contient une solution alcaline, qui est lancée sous forme de rosée à l’entrée du tube de verre; cette solution, en présence de la vapeur, élimine et, neutralise les gaz acides, qui, sans cette précaution, rendraient l’ozone impur. L’inventeur prétend en effet qu’avec cette disposition il est absolument impossible que la moindre quantité d’acide phosphorique passe avec l’ozone dans le tube de verre.
- L’appareil est aussi simple qu’ingénieux, et nous ne voyons aucune raison qui pourrait l’empêcher de donner de bons résultats.
- MACHINE A CYLINDRER
- Le Moniteur de la Teinture dans ses précédents numéros (1), a publié une description et des dessins des cylindres le plus généralement employés pour le moirage des étoffes, et donnera prochainement le croquis de la machine réduite servant au travail des rubans; mais puisqu’on ce moment la mode est toujours au moirage, nous indiquons ci-dessous un type un peu différent de cette sorte d’appareil, basé, du reste, sur le même principe que ceux déjà décrits; c’est le cylindre de MM. Piet et Bellan.
- (I) Voir Nos 9 et 40 (5 et 20 mai) année courante, pages 102 et 413.
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- Cet appareil, représenté par la figure 11, se compose de deux cylindres, l’un en papier comprimé, l'autre en fer creux pouvant être chauffé à l’aide de boulons de fer rougis au feu. La pression a lieu par doubles leviers avec contre-poids, et le mouvement, comme l’indique le dessin, se donne par une manivelle à volant et se transmet au deuxième cylindre à l’aide d’une manivelle.
- Fig 11. — Machine à cylindrer.
- Une table en bois, ménagée de chaque côté de la machine, sert à présenter et à recevoir les tissus avant et après leur passage entre les cylindres.
- Lorsqu’il ne s’agit que de cylindrer le linge sans le moirer, et que l’on a affaire principalement à des étoffes chargées de broderies ou autres reliefs, cette table reçoit un drap en laine épais, et sans fin, dont la vitesse du mouvement est calculée sur celle des rouleaux sur lesquels elle passe; le tissu est alors entraîné sous les deux cylindres, et ressort après avoir subi l’action de la chaleur et la pression des cylindres, et les surfaces en relief s’incrustant dans le drap, ne sont pas écrasées.
- Pour cette dernière destination, les deux cylindres de la machine pourraient être en fonte, mais pour le teinturier, ce travail est une exception, et il lui faut de toute nécessité un cylindre en papier.
- Le moirage sur cette machine., s’opère comme avec tout autre ; les tissus lui sont présentés diversement doublés selon le genre de moire que l’on recherche.
- Les soieries et le linge blanc, lorsqu’ils sont simplement cylindrés, reçoivent par cet appareil, un bel apprêt; les premières sont passées simples, c’est-à-dire non pliées, et en
- duites d’apprêt encore humide, si leur nature comporte l’emploi de l’apprêt; le linge est aussi introduit sous les cylindres après avoir été passé dans un bain, légèrement amidonné et étant encore un peu humide; c’est en un mot un calandrage. Le linge peut, sans inconvénient, être doublé ou triplé, et c’est ainsi que l’on peut apprêter des pièces beaucoup plus larges que la longueur des cylindres.
- F. G.
- EXPOSITION DE VIENNE
- EXTRAIT DU RAPPORT DU MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET DU COMMERCE
- AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE (I).
- L’Exposition universelle de Vienne occupe un des plus beaux emplacements qu’il soit possible de choisir pour une pareille entreprise ; construites au milieu du parc du Prater, ses galeries se prolongent parallèlement au Danube au milieu d’arbres séculaires et à une distance assez rapprochée de la ville pour la facilité des communications. La galerie principale, le transept, s’étend à l’est à l’ouest et se divise, à son centre, en deux parties reliées par une immense succès d’un aspect véritablement grandiose. Des galeries perpendiculaire au transept laissent entre elles, de chaque côté, de vastes espaces plantés d’arbres, espaces qui ont été mis à la disposition des commissions étrangères et dans lesquels se sont élevées des constructions de toute nature, de tout style et de toute forme.
- Le classement des divers pays qui ont pris part à l’Eposition pourrait être plus méthodique; une seule règle a prévalu, celle du classement géographique. Après l’Autriche, qui s’est naturellement réservé une large part, les nations les plus favorisées, la France, l’Angleterre et l’Allemagne, ont été traitées dans des conditions à peu près identiques.
- Les emplacements réservés à la France dans le palais de l’industrie proprement dit, abs-
- (1) Le ministre de l’agriculture et du commerce promet un rapport technique, dont le Moniteur de la Teinture, reproduira les parties le concernant, lorsqu’il sera paru, en attendant, nous donnons ce coup d’œil d’ensemble sur l’exposition de la secticn française, et nous espérons suivre de quelques aperçus sur les tissus étrangers, publiés par le Journal officiel.
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- traction faite de celui des beaux arts, des galeries consacrées aux machines et aux produits agricoles, se composent d’une vaste section du transept et de trois galeries qui lui sont perpendiculaires; chacune de ces galeries développe une longueur de 76 mètres. Mais cet espace a été considérablement augmenté par la construction, dans les grandes cours de séparation, de vastes salles parfaitement éclairées et dont les dispositions ont presque doublé la place affectée à l’exposition française. Ces salles ont été construites aux frais delà France, en vertu de la décision prise à cé sujet par l’Assemblée nationale au mois de décembre dernier ; elles sont au nombre de trois. L’une d'ell s a été réservée à l’exposition spéciale de la ville de Paris, à celle de 1 administration des travaux publics, enfin à la carrosserie française et à toutes les industries qui s y rattachent. La deuxième est occupée par 1 exposition de la chambre de commerce de Lyon, parties tissus de Reims, Sedan, de Louviers, d Elbeuf, les fils et les étoffes de toute sorte. La troisième enfin, celle dont les proportions sont les plus vastes, est destinée à 1 ameublement, aux fontes de fer, aux bronzes d’art, qui occupent en même temps une place importante dans le grand transept; les bas côtés ont été réservés pour l'exposition du matériel d’éducation publique et pour les produits de la fabrique de Tarare.
- Une quatrième cour appartient à I a France du côté opposé, c’est-à-dire au Midi, il était interdit par le règlement autrichien d’édifier des bâtiments d’exposition sur cette face du palais. Elle a donc été transformée en un jardin, au milieu duquel s élève une élégante construction, le pavillon de la commission française, érigé, disposé et décoré par une société d'exposants,; ce pavillon jouit auprès des visiteurs .du Prater d’une faveur méritée.
- Le transept. est la grande artère du palais ; ses proportions sont d’un grand effet et la lumière y est-habillement distribuée. Nos indus, tries du bronze, de l’ameublement, de la céra-mique, de l’orfèvrerie, occupent toute la partie centrale ; les étoffes pour meubles, les tapis, les tentures, garnissent les deux côtés et couvrent les murailles jusqu’à la hauteur de 9 mètres, point de départ de la naissance des fenêtres.
- Quant aux galeries lattérales, c’est-à-dire à celles qui sont construites perpendiculairement au transept et viennent s’y engager par une vaste ouverture, elles sont, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, au nombre de trois pour la France ; l’une située du côté du midi et les deux autres sur la face du nord du palais. La première a été affectée à la bijouterie, l’horlogerie, l’arquebuserie, la librairie, la papeterie et les industries qui s’y rattachent, la photographie et l’important commerce dit des articles de Paris.
- Dans la deuxième sont classés les produits de la confection, les fourrures, les passementeries, les dentelles, la bonneterie, la chapellerie, et enfin une collection collective de fleurs artificielles qui est un des grands succès de cette partie de l’Exposition.
- La troisième galerie est consacrée d’abord aux produits de l’Algérie et des colonies françaises ; puis viennent les produits chimiques et pharmaceutiques; ceux delà parfumerie, et enfin dans une partie réservée s’élèvent les vitrines des instruments de chirurgie, de la coutellerie, des appareils de précision. C’est aussi dans cette galerie que se trouve l’exposition de la télégraphie française, préparée par le ministère de l’intérieur. Autour d’elle viennent rayonner tous les systèmes nouvellement mis en usage, systèmes qui fonctionnent sur place, grâce à la communication établie par les soins de l’administration entre la section française et la direction télégraphique de Vienne. D Bo anoa -
- Tel est, l’aperçu sommaire des dispositions prises pour l’installation des produits français dans le palais da l'industrie. Il convient d'a-jouter que le classement y est fait avec une méthode sagement étudiée et qui est loin d'exclure le charme de l’aspect général.
- Les vitrines sont installées avec luxe et les étalages sont faits avec ce goût qui distingue nos fabricants à un si haut degré. La décoration du grand transept est d’un excellent effet et tout à fait spéciale à la France. La partie centrale est occupé par deux vastes pavillons qui s’élèvent à l’intersection des galeries transversales et présentent aux yeux les plus beaux spécimens de nos grandes industries du bronze et de l’orfèvrerie ; aux quatre angles de l'emplacement qui nous est réservé, quatre portes
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- monumentales indiquent les entrées pour la France et la séparent des expositions voisines.
- Il me reste à signaler l’exposition des beaux-arts ouverte dans un palais séparé des bâti- y ments industriels par un grand espace, palais parfaitement approprié à son usage, pourvu d’un excellent éclairage et disposé ee manière à donner satisfaction à toutes les exigences.
- L’emplacement réserve primitivement à la France n’avait pas paru suffisant pour permettre d’y déployer une exposition de beaux-arts digne de notre pays ; mais aujourd’hui, grâce aux efforts persistants de notre commissaire-général, la France occupe dans le palais des arts une série de huit galeries dont l’aspect suffit à donner une haute idée de sa production.
- Plus de huit cents tableaux ou dessins, deux cents groupes ou figures en marbre, bronze ou terre cuite, cent cinquante gravures, quatre cent grands dessins d’architecture, choisis avec le plus grand soin par des comités composés d’hommes spéciaux, en tout quinze cent soixante œuvres de nos premiers maîtres modernes, tel est l’apport des beaux-arts français à l’Exposition universelle de Vienne. Deux cent quarante-sept médailles, tel est le résultat obtenu, sans parler des trois grands diplômes d’honneur décernés aux manufactures nationales de Sèvres, des Gobelins et de Beauvais. Par une excellente disposition, les produits de ces manufactures ont été placés près des œuvres d’art au lieu detre confondus avec les expositions de l’industrie privée forcément impuissante à lutter avee des établissements entretenus sur les fonds de l’Etat.
- En franchissant l’une de ces portes et en sortant par une des galeries latérales, côté nord, on traverses les voies du chemin de fer de service qui fait le tour du palais et on arrive à un vaste bâtiment destiné aux produits | et aux machines agricoles. Les substances alimentaires, les vins de tous les crus de France occupent la première partie de cette galerie. Le centre a été affecté à l’exposition espéciale du ministère de l’agriculture, exposition complète dans laquelle se retrouvent tous les documents de nature à intéresser les hommes voués à l’étude des procédés agricoles. Viennent ensuite les pompes à incendie et les mo
- dèles de machines qui tiennent, avec le pavillon consacré aux meules de la Ferté-sous-Jouarre, tout l’espace libre jusqu’alanef transversale dans laquelle ont été installés les appareils pour la fabrication des subtances alimentaires.
- Toutes ces machines, tous ces appareils sont mis en mouvement par l’action de deux loco-mobiles françaises; des transmissions ont été établies dans toute la partie de la galerie qui nous est affectée. Ce fonctionnement régulier donne à notre exposition une animation et un intérêt qui manquent complètement aux sections voisines. .
- La halle aux machines n’est séparée des galeries agricoles que par les voies du chemin de fer. La communication est directe entre le palais de l’industrie et ce dernier édifice, qui s’étend parallèlement au Danube sur une longueur égale à celle du bâtiment principal. L’espace occupé par la France, ici comme dans les autres parties de l’Exposition, est rempli d’une manière digne de notre industrie, bien que plusieurs de ses principaux représentants n’aient pu répondre à l’appel qui leur avait été adressé. Un grand nombre de nos machines ont mérité la faveur du public, faveur hautement confirmée par les décisions du jury iu-ternational.saoqzo Jiod-olastsUP 1099 PH"
- En résumé, l’exposition française de Vienne est digne à tous les points de vue de lasollici-tude du Gouvernement, en même temps qu’elle est digne du pays qu’elle représente. Elle est très-importante, et, si elle ne fait pas oublier celles qui l’ont précédée, on peut affirmer que l’excellence des produits exposés est plus notable encore que dans les derniers grands concours internationaux. Peut-être par suite des circonstances dans lesquelles l’exposition universelle de 1873 s’est ouverte; par suite des désastres financiers qui ont affligé la place de Vienne dès le premier mois de son ouverture ; par suite aussi des craintes exagérées d’Une épidémie qui n’a pas, jusqu’à ce jour,-présenté de caractère vraiment sérieux, nos nationaux n’en ont-ils retiré qu’une partie des avantages immédiats qu’ils étaient en droit d’en attendre.
- Mais j’ai la conviction que ces résultats ne se feront pas attendre, et que les exposants français n’auront pas à regretter les sacrifices
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- qu’ils se sont imposés. J’en juge par l’importance des transnctions déjà réalisées ; par tout ce que j’ai recueilli de la bouche même de nos fabricants, auprès desquels j’ai vécu pendant plusieurs jours, et dont j’ai visité les expositions dans les plus grands détails ; enfin, par la valeur incontestée dont jouissent nos propuits dans la capitale de l’empire austro-hongrois.
- Les décisions du jury international donnent une grande et légitime satisfaction à la section française. Plus de trois mille récompenses ont été décernées tant pour la partie industrielle que pour celle des beaux-arts.
- Le catalogue français compte dans les divers groupes de l’industrie quatre mille sept cent soixante-quatre noms d’exposants, parmi lesquels figurent un grand nombre d’expositions collectives, telles que sociétés d’agriculture et autres. Deux mille huit cents récompenses nous ont été décernées. On y compte quatre-vingt-quatre diplômes d’honneur (1), cinq cent vingt-deux médailles de progrès, neuf cent onze médailles de mérite, quarante et une médailles de bon goût, plus de trois cent soixante médailles de coopérateurs et huit cent cinquante diplômes de mérite.
- Dans la section des beaux-arts nous avions cinq cent quarante-huit exposants effectifs, déduction faite des artistes décédés et des membres du jury placés hors concours aux termes du règlement autrichien.. Comme je l’ai indiqué plus haut, nous avons obtenu deux cent quarante-sept médailles.
- Le commissariat général de France publiera incessamment un état comparatif du nombre des exposants et des récompenses accordées à chaque pays. En donnant les quelques chiffres qui précèdent, je n’avais qu’un but, celui de faire connaître les efforts faits par les producteurs français et à la satisfaction bien légitime qui leur a été accordée par le verdict du jury e international, asliisto abb izans sJiuaEr
- (1) Quatre de ces diplômes décernés par des groupes différents aux mêmes exposants ont été omis dans la liste communiquée par la commission autrichienne et publiée au Journal officiel du 30 août, et au Moniteur de la Teinture du 5 septembre (page 204).
- BREVETS D’INVENTION CONCERNANT LES INDUSTRIES TINCTORIALES.
- ET TEXTILES.
- 97,650. — 7 janvier 1873 : Anest, Elbeuf. — Machine à apprêter les étoffes donnant un produit à effets de relief.
- 97,655. — 14 janvier : CORRON, St-Etienne (Loire). — Appareil destiné à distribuer la matière colorante dans la barque à teindre les textiles et les étoffes, dit diviseur-colorant.
- 97,660. — 11 janvier : Febvay, à Troycs (Aube). — Fabrication sur le métier circulaire à tricot, à côté anglaise, à mailleuses, des revers de bords d’une longueur quelconque, formés de deux tricots unis, indéfinis.
- 97,668. — 9 janvier : Millaud, à Nîmes (Gard). — Tissus sans envers représentant le même dessin des deux côtés de l’étoffe, l’un des côtés étant velours à libre palette, etl'ad-tre côté, point de tapisserie, reps ou bouclé.
- 97,670. — 14 janvier : PORON frères, à Troyes (Aube). — Appareil dit Appareil-Poron, destiné à produire mécaniquement des dessins à jours sur un tissu de bonneterie.
- 97,673. — 7 janvier : Rey, St-Etienne. — Machine à teindre les soies et autres matières textiles, dite Chaîne-Teinturière.
- 97,678. — 3 janvier : Scamps et Ce, à Lille. — Perfectionnement dans le tissage mécanique des velours.
- 97,687. — 23 janvier : Brunin, Brabant, Dutilleul et Débliquy, à Roubaix. — Système de métier à retordre les fils de lin, coton, laine, soie ou autres matières textiles.
- 97,690. — (Brevet anglais) 2 janvier : Crofts et Dawson. — Perfectionnement dans les appareils employés pour purifier la laine et autres matières filamenteuses.
- 97,709. — 20 janvier : Perriciion, à Saint-Etienne. — Disposition de la banquine des métiers de rubans de velours, propre à perfectionner le rasage du poil.
- 97,713. — 17 janvier : STEVERLINCK-DELA-CROIX et fils, à Lille (Nord). — Renvideur circulaire automatique, applicable à tous les métiers à filer lin et les étoupes à sec et au mouillé.
- 97,714. — 20 janvier : VIGERTE-GUIBAL, à Troyes. — Application, au métier à la main à côtes anglaises, d’un régulateur de presse à mouvement excentrique sur came et arrêt à ressort et avec déblayement simultané d’arbre, système Vigerie-Guibal.
- 97,721. — 20 janvier : Gaiiuzac, à Albi (Tarn). — Ourdissoir mixte.
- 97,733. — 8 janvier : Gillebert, à Paris. -Machine à couper les étoffes.
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- 97,737. — 4 janvier : Martin, à Paris. — Système de métier à filer pour la laine, le coton, la soie et toute matière filamenteuse.
- 97,743. — 4 janvier : Snoek et Delabarre, Paris. — Genre de filature et procédés employés pour le produire.
- 97,749. — 21 janvier : Bartiielet, à Rouen. — Porte-bobines.
- 97,737. — 23 janvier : Corpelet, à Troyes, — Bas et chaussettes de toutes jauges, présentant des augmentations, quel que soit leur nombre, destinées à former cambrure au-dessus du talon.
- 97,766. _ io janvier : Holdsworth, Paris. — Perfectionnements dans les métiers pour la manufacture des tapis touffus et autres tissus à poils touffus.
- 97,774. — (Brevet anglais) 9 janvier : PA-terson et les sieurs Sanderson, à Paris.— Perfectionnements dans le traitement de la laine et autres fibres animales, ou de son mélange avec le coton, la soie ou autres matières fibreuses, ainsi que dans les procédés de fabrication et de préparation des matières employées à cet effet.
- 97,789. — 10 janvier : Sirejacob, à Paris. — Procédés mécaniques servant à la fabrication des tissus à jour, quadrillés et cordelés pour torchons, etc., etc.
- 97,783. — 28 janvier : André, à Luxeuil (Haute-Loire).
- Perfectionnements à la machine à fabriquer les tubes pour les filatures, invention pour laquelle le sieur André a pris un brevet de 13 ans, le 7 juin 1870.
- 97,814. — 28 janvier : WATTINNE et ROETT-ger, à Lille. Perfectionnements apportés à la fabrication des velours.
- 97,824.— 16 janvier: DAUDENART et VER-bert, Paris. Procédé d’extraction de la matière grasse et de la potasse des laines en suint et autres.
- 97,847. — 14 janvier: WILSON, Paris. Machines à insufflation pour humecter les étoffes et tissus avant leur apprêt.
- 97,848. — 13 janvier : Wilson, Paris. Système de machine horizontale pour calendrer les tissus.
- 97,860. — 18 janvier : DUBRULE, Paris. Perfectionnement apporté au peignage de laine sur la. machine dite machine Noble.
- 97,862. — 20 janvier : GOULON, Paris. Dévidoir portatif.
- 97,884. — 12 février : Carré et Huez à Palis (Aube). Machine à faire la côte couverte sur le métier mécanique, rectiligne à côte, système Paron.
- 97,900. — 3 février : LEZAIRE, à Lille. Perfectionnement dans les taquets pour tissage.
- 97,902. — 22 janvier : MAINGOT, Paris. Machine à coller les chaînes servant à la confection du drap.
- 97,903. — 31 janvier : MAZOYER, à Châ-lons-sur-Saône (Saône-et-Loire). Perfectionnement apporté au fer à lisser et à repasser les étoffes, pour lequel le sieur Rueger a pris un brevet de 15 ans, le 16 août 1871.
- 97,915. — 6 février: Bottier, Elbœuf. Genre d’étoffes unies ou façonnées, dites étoffes bouclées.
- 97,916. — 6 février : Bottier, Elbeuf. Appareil appliqué aux métiers à tisser et permettant d’obtenir les étoffes dites bouclées où les velours de toutes espèces.
- 97,922. — 7 février : David frères, Saint-Etienne. Moyen de donner aux fils de chaîne des rubans taffetas unis, ourdis sur un seul et même billot, une tension et un embuvage différents, favorables à la bonne fabrication.
- 97,928. — 23 janvier. — GIACOMINI et Gie, Paris. — Perfectionnements dans le cardage, lainage ou garnissage des tissus de laine et de coton, et application, aux machines à lainer, d’un cylindre à spirale nettoie-chardons, en chiendent, grenillle, etc.
- 97,936. — 5 février : Pagès, à Castres (Tarn). — Table à tisser, à trois navettes.
- 97,963. — 4 février : Fayard et Cie, à Lyon. Système de moirage applicables à toutes étoffes.
- 97,966. — 24 janvier : GILLIBRAND, Paris. Machine perfectionnée servant à attacher ensemble les fils do chaîne pour le tissage.
- 97,976. — 12 février : RIVOIRON et Rougemont, à Lyon. Perfectionnement au métier Jacquard par l’emploi d’un double corps diviseur en remplacement des lisses de rabat.
- 97,994. — 17 février : LAUJORROIS, à Lamothe, commune d'Anrozay (Haute-Marne).Procédé de fabrication des vitraux coloriés.
- 98,005. — 15 février : Robert, à Troyes (Aube). Confection d’un bas à côte anglaise, intermédiaire entre le bas diminué et le bas coupé.
- certificats d’addition.
- Caiiuzac, 20 janvier. — (Métiers à tisser, mécanique à pédales). — B. 21,867.
- Marix. 18 janvier. — Utilisation des eaux, résidus du lavage et peignage des laines. B. 94,720.
- Marion, 20 janvier. — Métier pour le pliage des pièces avant le tissage. B. 93,903.
- GRISON, 17 janvier. —Teinture des matières animales et végétales mélangées. ü. 87,540.
- Grison, 17 janvier. Fabrication de tissus de drap et autres étoffes. B. 93,799.
- NOUVELLES
- Fête des Teinturiers en soie. — Les teinturiers en soie ont célébré leur 16e fete annuelle, le samedi 20 septembre, par un bal donné dans les magnifiques Salons de l’ave-
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- nue de Wagram, près l’Arc-de-Triomphe de l’Etoile; ce bal est toujours très-brillant et cette année, il n’était pas moins éclatant que d’habitude ; plus de huit cents invités s’y trouvaient réunis, de magnifiques toilettes s’y étalaient, et la plus franche cordialité n’a pas cessé d’y régner.
- La Société des Teinturiers en soie est arrivée à sa 16e année d'existence; c’est une association mutuelle et philanthropique des ouvriers de cette partie, mais elle admet aussi les ouvriers teinturiers des autres spécialités, notamment ceux du chiffonnage; elle est présidée par M. Hanin, tient ses séances le premier dimanche de chaque mois, et se réunit rue Saint-Martin, n° 8, à Paris.
- Ecole DE chimie industrielle de Mulhouse. — Le laboratoire de chimie de l’école supérieure des sciences appliquées, de Mulhouse, a été fondé en 1854 ; il en a été détaché en 1872 pour former une école distincte, placée sous le haut patronage de la Société industrielle.
- L’enseignement de cette école a pour but de fournir à tous les jeunes gens, auxquels la chimie peut être utile, les moyens d’étudier cette science d’une manière complète et de leur enseigner les applications a la métallurgie, l’agriculture, la fabrication des produits chimiques, et surtout à la teinture et à l'im-pression des étoffes.
- Le laboratoire possède une salle spécialement outillée pour l’étude des matières colorantes et de leurs applications ; on y a réuni un matériel suffisant pour répéter en petit toutes les opérations du blanchîment, de l’impression à la main et au rouleau, de la fixation des mordants'et du vaporisage de la teinture, etc.
- L’enseignement, dont nous ne pouvons donner ici tout le programme, est aussi complet que possible au point de vue tant théorique que pratique.
- Après deux années d’études, et s’il satisfait à l’examen de sortie, l’élève reçoit un certificat de capacité.
- L'école est sous la direction de M. le Dr Fr. Goppelsrœder, sous le patronage de la Société industrielle, dont le président est M. Aug. Dollfus, et avec l’approbation du maire de Mulhouse, M. J. Mieg-Kœchlin.
- Ecole de Tissage de Rouen. — L’école pratique de tissage de Rouen est placée sous le patronage de la Chambre de commerce, de la ville de Rouen, de la Société d’Emulation et du Lloyd.
- Elle a pour but : 1° De fournir aux élèves de l’Ecole supérieure d’Industrie l’occasion d’étudier la pratique du tissage mécanique et à la main, par des applications variées à tous les genres de tissus, complétant ainsi les cours théoriques professés à cette École ; 2° d’initier *
- les jeunes gens du dehors aux procédés les plus perfectionnes du tissage, de la décomposition et du montage des étoffes les plus diverses.
- La durée du cours’est de un an ; à la fin de ce’to étude, les élèves reçoivent des diplômes ou des certificats de capacité, selon qu’ils satisfont plus ou moins complètement aux examens de sortie.
- Le Conseil d’administration est composé de MM. J. Levavasseur, président; A Barrabé, Alfred Pimont, Wallon, Ernest Le Picard, R. Waddington, Octave Fauquet, A. Boulland, J. Dubosc, Thillaye du Baullay, De Coëne et Lemasson, qui tous occupent dans la ville de Rouen de hautes positions municipales, commerciales et industrielles.
- Incendie. — Pendant la nuit d’avant-hier, dit le Nouvelliste de Rouen} le feu s’est déclaré dans une filature de Choisy-sur-Andelle, appartenant à M. Gautier et occupée par M. Valle
- L’incendie a pris naissance dans le bâtiment où l’on fait sécher les cotons à la vapeur, et il s’est développé avec une telle rapidité que tout l’établissement a été la proie des flammes ; seule, la maison du concierge a pu être préservée.
- L’empressement des habitants de Choisy et des communes voisines à venir porter des secours a été très-grand ; mais il a été impossible do lutter plus énergiquement contre le fléau et de vaincre ses désastreux effets.
- La perte totale est évaluée à près de 140,000 francs.
- L’établissement de M. Valle occupait environ quatre-vingts ouvriers, que ce sinistre va laisser longtemps sans travail.
- Adjudication administrative. — Parmi des objets très-variés, dont la fourniture pour l’Hôtel des Invalides, sera mise en adjudication, le 15 courant, nous remarquons la 2° série suivante :
- 2° Perruques et Toupets. — Béquilles, Cuissards, etc. — Bois à ouvrer. — Basanes et Peaux diverses. — Fers en barre et non façonnés. — Objets de vannerie. — Ferrage des chevaux et soins à leur donner. — Dégrai:-sage des effets. — Rempaillage de sièges. — Refonte de l’étain.
- Nous pensons que nos confrères n’ont rien à faire avec les toupets des vieux braves, mais ils pourraient sans doute s’intéresser au dégraissage de leurs effets, et dans ce cas, ils n’auraient qu’à soumissionner auprès de M. le sous-intendant militaire des hôpitaux, rue Saint-Dominique, 94.
- Pour tous les articles non signés • P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés
- Yaris. Typ, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracies,
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., No 20. 20 OCTOBRE 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Fixation des couleurs d’aniline à l’aide dutannate de gélatine par M. AUFTERLITZ. — Solidification des couleurs d'aniline. — Bleu Nicholson sur coton. — Vert d’aniline sur paille, bois, etc. — Mode d’emploi de la gomme pour apprêts, de M. Laffitte. — Des sulfures organiques, ou nouvelles matières colorantes de MM. E. Croissant et Louis BRETONNIÈRE, par F. GOUILLON (échantillons).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Les tissus étrangers à l’Exposition de Vienne. - - Brevets d’invention concernant les industries tinctoriales et textiles. Bibliographie-. Traité du travail des laines peignées, de M. Michel Alcan.
- NOUVELLES : Charge des soies. — Exposition devienne, récompenses. — Commerce des soieries et nuances en faveur. — Récolte des indigos.
- FIXATION DES COULEURS D’ANILINE A L’AIDE DU TANNATE DE GÉLATINE
- Par M. AUFTERLITZ.
- Pour fixer les couleurs d’aniline sur les fibres végétales, il faut nécessairement l’intervention d’un mordant, tandis que celles d’origine animale n’en exigent pas l’emploi, ou bien celui-ci joue alors un rôle secondaire.
- La laine, en effet, est fréquemment teinte en couleurs d’aniline, et on n’y emploie de mordant que pour pouvoir atteindre un degré de température plus élevé du bain, ou pour donner une plus grande fixité à la matière coP lorante, c’est-à-dire pour éviter qu’elle ne se détache du tissu, comme cela a fréquemment lieu avec ce genre de couleurs. Quant aux fils de coton, de lin et autres de même nature, ils ne peuvent être combinés avec les couleurs d’aniline sans un mordant approprié. La série des matières employées dans ce but est étendue, et la question qu’il s’agit de trancher est de savoir quel est celui des mordants employés dans la pratique qui est le plus avantageux, qui produit les couleurs les plus belles, et qui, en même temps, revient à meilleur marché.
- Des expériences en petit ne permettent pas de résoudre nettement la question, et ce, n’est qu’en opérant sur de grandes quantités et par un travail de fabrique qu’on parvient à obtenir des résultats sérieusement comparatifs. Le teinturier en grand teint n’a pas, la plupart du temps, l’occasion de décider quel est le mode de fixation qu’il doit préférer pour l’ap-plications des couleurs d’aniline sur coton;,., dans cette circonstance, il faut qu’il examine bien le parti qu’il peut tirer du bain qu’il em
- ploie, et la valeur de ce bain doit alors être déduite dans le total du calcul des frais pour la matière employée.
- Il serait trop long d’énumérer les diverses méthodes qui ont été proposées pour la fixation des couleurs de houille, et presque toutes sont remplacées par le bain de sumac ou mordançage au tannin, et déjà un grand nombre de teinturiers exercés ont déclaré que le tannin, ou acide tannique, pouvait être considéré comme un mordant préférable à tous les autres dans la teinture du cotou aux couleurs d’aniline. C’est le cas, en particulier, pour la fuchsine et le vert à l’iode, qui fournissent, en effet, avec l’acide tannique, des combinaisons d’un éclat magnifique, absolument insolubles, et par conséquent le tannin remplit de la manière la plus complète, dans cette circonstance, le rôle d’un mordant.
- Le tannin, cependant, est un produit d’un prix assez élevé, et par conséquent, on doit s’efforcer à lui trouver un substitut ou un mordant qui puisse le remplacer complètement ou permettre de l’économiser. Les subs tances proposées jusqu’à présent, telles que-l’acide oxalique, l’acide sulfurique, les savons, etc., ne remplissent pas les conditions, et je crois qu’il ne sera pas possible de trouver une substance propre à remplacer entièrement le tannin. Une série, prolongée d’expériences faites sur une grande échelle m’avait convaincu que le tannin, soit pur, soit contenu dans la décoction de sumac, paraissait être encore indispensable.
- D’un autre côté, j’ai observé qu’on pouvait économiser notablement le tannin, lorsque, avant de procéder à la teinture, on le combi-
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- uait à la gélatine, et qu’on employait cette combinaison de tannate de gélatine comme mordant. Pour obtenir un ton déterminé avec la fuchsine ou le vert à l’iode, ou toute autre couleur d’aniline, il ne faut plus employer qu'une quantité moindre de tannin, et on peut même atteindre le même résultat avec la moitié du tannin qne l’on emploierait sans se servir de la gélatine. J’ai constaté ce fait par une série d’expériences faites en petit, en me | servant de quantités pesées et dans des pro- | portions variées de gélatine.
- D’abord, le coton a reçu un bain d’acide tannique, puis il a été partagé en deux lots, l’un a été passé par une solution faible de gélatine ou de colle forte, et l’autre directement par un bain de teinture à un degré de concentration connu et à une température déterminée.
- La portion passée dans la solution gélatineuse a été teinte dans un bain exactement semblable au précédent, puis a été comparée à l’autre. Le coton traité par le tannin et la gélatine était bien plus saturé et coloré, et il était facile de constater que, par l’emploi d’un bain de gélatine, celui au tannin pouvait être tenu bien plus faible que quand on se servait du tannin seul pour fixer la matière colorante. On peut donc ainsi économiser l’acide tannique, et cette économie a certainement son importance.
- Si l’on étend de plus en plus la solution tannique et qu’on fasse des expériences comparatives avec le tannin et la gélatine, il arrive un point où l’on atteint exactement les mêmes nuances. Dès qu’on est arrivé à ce point, on peut, en comparant le degré de concentration des deux bains de tannin, déterminer l’économie qu’on a réalisée sur le tannin. Cette économie dépend beaucoup de la qualité du tannin, de façon que mes expériences n’ont pas fourni de résultat qu’on puisse déterminer numériquement. Les échantillons de tannin empruntés à diverses sources fournissent des résultats qui ne sont pas d’accord entre eux, et on ne peut, en faisant usage d’un bain de gélatine, économiser tantôt plus de tannin, tantôt proportionnellement beaucoup moins.
- La cause du phénomène que je viens d’indiquer en peu de mots, je ne l’ai pas encore recherchée,’et je me bornerai aujourd’hui à
- signaler le fait. Il est évident, toutefois, qu’il se forme une combinaison entre la gélatine et l’acide tannique qui réagit sur les matières colorantes de l’aniline, d'une manière différente que le tannin seul.
- {Muster-Zeitvng}.
- L’action de la gélatine comme mordant pour couleurs d’aniline, est facile à prévoir et même à expliquer lorsque l’on considère que ces couleurs ont une affinité prononcée et bien connue pour les matières azotées, c’est-à-dire d’origine animale, et surtout lorsque ces matières ont conservé une partie de leur constitution organique, c’est ainsi que la laine et la soie se combinent facilement avec ces produits colorants tandis que le lin et le coton ne manifestent aucune affinité avec eux, mais, en animalisant ces fibres végétales, soit, par exemple, en les enduisant l’albumine que l’on y fixe par la coagulation, elles agissent alors comme les fibres animales elles-mêmes. Or, la gélatine, matière azotée et encore organisée, possède les mêmes propriétés, mais pour l’appliquer comme mordant il fallait pouvoir la rendre insoluble sur les fibres; c’est ce qui a lieu à l’aide du tannin, et ce produit est d’au-tant plus favorable qu’il forme lui-même des laques insolubles avec les couleurs d’aniline.
- Quant à l’application pratique du procédé, en admettant avec l’auteur qu’elle varie selon la qualité des produits, et aussi selon l’intensité des nuances que l’on désire, on peut prendre comme base les proportions moyennes qui suivent :
- Pour 100 kilog. de coton :
- Sumac Redon lS kil.
- Faire bouillir une heure ou deux dans la quantité d’eau nécessaire pour baigner le coton; introduire celui-ci dans le liquide encore chaud et l’y laisser séjourner cinq à six heures :
- Sortir du bain, exprimer légèrement, puis passer vingt minutes dans un bain modérément chaud fait avec :
- Gélatine blonde 1,200 gr.
- On peut rincer après le passage, ou s’en dispenser selon que l’on fait un travail plus ou moins soigné, puis on teint dans la dissolution d’aniline à une température de 45 à 50 degrés.
- F. G.
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- SOLIDIFICATION DES COULEURS D’ANILINE.
- Il paraîtrait, d’après les expériences de M. Ed. Brauss, relatées par le Faerber Zeitung, que le sulfate de zinc, ajouté dans les bains de couleurs d’aniline, donnerait plus la stabilité aux teintes, et ferait avec ces couleurs des teintures pouvant être foulées.
- L’auteur aurait découvert cette propriété en cherchant à teindre des draps en bleuNichol-son, de façon à pouvoir supporter le foulage; on sait, en effet, que ce bleu et toutes les couleurs d’aniline, d’ailleurs, ne peuvent s’appliquer à la draperie par ce fait que le foulon les enlève.
- Pour la teinture en bleu Nicholson, M. Brauss ajoute le sulfate de zinc en petite quantité, au bain acide ou bain de développement, sans autrement modifier le procédé de teinture.
- Quant aux autres couleurs teignant à un seul bain; c’est dans ce bain, avons-nous dit, que le sel de zinc s’introduit.
- Si le sulfate de zinc est pur, la nuance que l’on obtient, dans l’un et l’autre cas, est aussi franche que lorsque l’on n’opère pas cette addition.
- VERT DANILINE SUR PAILLE, BOIS, etc.
- On passe les objets pendant dix minutes ou un quart d’heure dans l’eau bouillante, puis on laisse refroidir dans l’eau ; on les plonge alors pendant une demi-heure dans une dissolution éclaircie faite avec :
- Eau 10 litres
- Chlorure de chaux 30 gr.
- Cristaux de soude 30 —
- Ensuite dans l’eau acide suivante : Eau 10 litres
- Acide chlorhydrique 40 gr.
- On rince, puis on teint dans une dissolution claire de vert à l’iode, à laquelle on a ajouté un peu d’acide picrique ; ce bain était chauffe à environ 40 degrés.
- {Faetber Zeitung.)
- BLEU NICHOLSON SUR COTON.
- Pour 5 kilog. de coton :
- Mordancer une heure dans un bain renfermant :
- Tannin 192 grammes
- Sel d’étain 16 —
- Sulfate de cuivre 16 —
- Après égouttage, passer dans un bain fait à chaud et renfermant :
- Bleu alcalin 32 grammes
- On laisse une heure, on fait égoutter, puis on passe dans un bain froid d’acide sulfurique très-faible.
- {Faerber Zeitung.)
- MODE D’EMPLOI DE LA GOMME POUR APPRÊTS de M. Laffitte.
- Cette matière pour apprêter se présente sous la forme d’une gelée tremblottante assez consistante et ayant quelque analogie avec une dissolution froidede gélatine, sinon qu’elle est plus blanche et qu’elle paraît formée en majeure partie de mucilage végétal.
- Lagomme deM. Laffitte sertàl’apprêt de tous tissus, notamment de ceux en laine, en laine-coton et en soie, et s’applique plus particulièrement au travail du teinturier-dégraisseur.
- Les qualités de ce produit résident dans sa blancheur, sa transparence et son insolubilité 'dans l’eau froide qui permet d’éviter les taches d’eau sur les tissus apprêtés.
- Voici, d’après l’auteur, le moyen d’employer ce produit :
- « Prendre de l’eau distillée, où à défaut de l’eau de rivière dans laquelle on a mis deux ou trois poignées de gros son pour un seau d’eau ; mélanger avec soin et laisser déposer le mélange ; tirer au clair et se servir de cette eau pour dissoudre la gomme et faire des bains de gommage.
- « Mettre la gomme qu’on veut délayer dans une bassine; verser peu à peu l’eau bouillante en ayant soin de remuer le mélange aussi rapidement que possible, jusqu’à ce que la pâte soit devenue filante, ce qui a lieu au bout de 7 à 8 minutes. Cette pâte doit rester assez épaisse.
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- Al 1.
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- G CO 64
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- « Verser ensuite dans un pot et laisser déposer pendant dix minutes environ ; puis décanter et verser dans les bains de gommage chuds ou froids. On obtiendra par ce moyen delà fermeté, de la souplesse, du brillant, de la main et une douceur irréprochable.
- « Ce qui reste dans le pot n’est pas perdu et peut être dissous à nouveau dans l’eau bouillante. »
- Les étoffes ainsi traités peuvent alors s’apprêter au fer, au tapis, au métier ou au cylindre.
- DES SULFURES ORGANIQUES NOUVELLES MATIÈRES COLORANTES
- Obtenues par MM. E. Croissant et Louis BRETONNIERE.
- Messieurs E. Croissant et Louis Bretonnière de Laval (Mayenne), viennent de faire breveter en France et dans les principales nations étrangères. « Un procédé de transformation de la plupart des corps organiques en vérita-bles matières coloranteset les nouveaux produits tinctoriaux qui résultent de ce procédé. » Tel est l’énoncé du titre de leur brevet.
- Nous allons brièvement en analyser la substance, en nous aidant des diverses communications que nous ont faites les auteurs.
- La méthode employée par les inventeurs, méthode dont nous dirons quelques mots tout-à-l’heure, paraît d’une extrême simplicité, et les résultats qu’ils en obtiennent, en dehors de leur incontestable nouveauté, présentent réellement un grand intérêt scientifique et industriel.
- « La transformation de certains agents incolores en véritables matières tinctoriales, a dit M. Salvetat, est un fait important qui intéresse le teinturier au plus haut point. » — Ici, l’intérêt redouble quand on songe que, par le procédé que nous relatons, les corps organiques de toute origine, tels que, par exemple : la sciure de bois ordinaire, l’humus des vieux arbres, la corne, la plume, les poils des animaux, les sucres, le son, l’amidon, le gluten, les farines, les fécules, les lichens et les mousses, la cellulose, (déchets
- de coton et de papier), le tannin, l’acide gal-lique, les tartrates, citrales et formiates alcalins, les résines, l’aloès, le gaïac, le sang-dragon, .la gomme laque, la gomme arabique, la gomme adragante, la dextrine, la glycérine, la gélatine, la caséine, l’albumine, le lait, le sang, les excréments animaux, etc., etc., sont métamorphosés en matières colorantes parfaitement définies et douées pour la plupart d’un pouvoir tinctorial considérable.
- Jusqu’ici, si l’on en excepte les produits artificiels dérivés de la houille, la nature a fourni directement et de toutes pièces aux teinturiers, les matières colorantes. — Les cachou, quercitron, cuba, campêche, châtaignier, fer-nambouc, etc., dont l'usage est si répandu dans les ateliers, sont employés partout presque sans préparation aucune. La plupart de ces substances sont d’ailleurs exotiques, et l’Europe, pour s’en approvisionner, se trouve forcément tributaire des pays qui les produisent. Enfin, leur matière colorante doit, le plus souvent, en être extraite à l’aide de longues ébullitions ou autres opérations dispen-dieuses.
- La transformation possible des corps organiques en matières tinctoriales artificielles, ouvre donc une voie toute nouvelle à l'industrie.
- Ainsi, au moyen de corps très abondants, dont un grand nombre sont sans emploi et de nulle valeur, il devient aujourd’hui possibla d’obtenir des matières colorantes riches, solides et d’un bas prix excessif. De plus, — et ceci est un point essentiel à noter, — quelques-unes de ces matières, convenablement fixées à la fibre, donnent des couleurs que l’on a trouvées d’une solidité remarquable à l’air, à la lumière, aux acides, aux alcalis et au savon, et qui s’appliquent avec facilité aux fibres, même d’origine végétale (1). Nous en donnons plus bas quelques spécimens.
- Au point de vue chimique, la méthode de MM. Croissant et Bretonnière consiste dans la déshydrogénation des matières organiques,
- . ’ ) . » •
- (1) Ces couleurs sont déj à appliquées industriellement par la maison P. Marie et Bretonnière, de Laval, qui en a fait sa spécialité pour les coutils en fil et en coton, et c’est à elle que nous devons les échantillons qui accompagnent cette notice.
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- au moyen du soufre, à haute température Le chlore, l’iode et le brome ont été également employés dans le même but par ces chimistes, mais le bon marché du soufre, joint à la possibilité d’utiliser, dans les usines, l’hydrogène sulfuré qui se dégage abondamment pendant la réaction, leur en fait exclusivement adopter l’emploi.
- Nous ne .nous étendrons pas ici sur la théorie des auteurs au sujet de, la composition des produits qu’ils obtiennent. Nous nous .bornerons à dire qu’ils les considèrent en général, comme des produits de substitution dans lesquels, les atomes d’hydrogène enlevés se trouvent remplacés par un nombre équivalent d’atomes de soufre.
- D’après eux, ces produits qu’ils désignent-sousle nom de Sulfures organiques, se comportent dans la plupart des cas, à la façon des sulfures métalliques. Il dégagent de l’hydrogène sulfuré sous l’influence des acides ; ils absorbent l’oxygène de l’air et'se transforment pour ainsi dire en sulfates comme le font d’ailleurs les sulfures de cuivre, de plomb, de fer, etc. — L’étude complète de ces nouveaux corps, étude extrêmement délicate, comme tout ce qui se rapporte à la chimie organique, serait, d’ailleurs, d’une grande utilité, tant pour en déterminer rigoureusement la nature, que pour guider l’industrie dans le choix de ses procédés de fabrication.
- Au point de vue pratique, le procédé de MM. Croissant et Bretonnière, paraît des plus simples, et varie peu pour les diverses matières premières employées’, un seul exemple le fera donc suffisamment comprendre. Ainsi nous supposons que l’on veuille transformer le son de froment en matière colorante, voici sommairement comment on devra procéder.
- On choisira un plat de terre suffisamment large, ou mieux une cuvette de tôle à rebords, munie d’un couvercle, et l’on y versera le son. On y ajoutera ensuite de la soude caustique liquide et de la fleur de soufre, dans des proportions déterminées. On mêlera très-exactement le son de manière à former une pâte parfaitement homogène. On recouvrira la cuvette de son couvercle, et on la portera soit dans une éluve, soit dans un four ordinaire chauffé de 250° à 300° environ. Sous l’influence de la chaleur, le soufre se combinera
- d’abord à la soude pour former un sulfure alcalin qui ne tardera pas à se décomposer lui-même. Une portion de son soufre s’emparera de l’hydrogène du corps organique, et c’est alors que commencera le dégagement d’acide sulfhydrique que l’on pourrait avec avantage utiliser dans les usines. (1)
- Lorsque la dessication du mélange sera terminée, on retirera la cuvette du four et l’on y trouvera un produit noir, friable, hygrométrique, parfaitement et complètement soluble dans l’eau qu’il colore en un magnifique Vert de vessie. — Cette solution possède une odeur alliacée caractéristique et a une affinité remarquable pour la fibre sur laquelle elle se fixe avec énergie, sans mordant.
- L’échantillon de cette matière colorante que nous avons eu en main possède, en effet, ces propriétés physiques, et a toute l’apparence d’un produit net et marchand, tel qu’il doit être employé dans les ateliers.
- Il est à remarquer qu’un même corps peut donner plusieurs nuances, selon la température à laquelle est porté le mélange, selon la durée de l’opération et les proportions de sulfure employées ; en général, plus la température est élevée, et plus la cuisson du-mélange est prolongée, pinson obtient desteintes fon-cées, se rapprochant du noir, de sorte que le ton de la couleur dépend de l’opérateur, qui peut le modifier à son gré.
- On conçoit aussi que si l’on opère sur des bases facilement attaquables, telles que leS extraits de bois de teinture, l’aloès, etc., il faille
- (I) En .dehors de la production de la .matière colorante qui est le but de l’opération, celte nouvelle manière de préparer l’hydrogène sulfuré par les sulfures alcalins et les corps organiques, sous l’influence de la chaleur, nous paraît avoir un certain intérêt. De même que la sciure de bois sert à obtenir économiquement l’acide sulfureux en enlevant de l’oxygène à l’acide sulfurique, de même, dans le procédé qui nous occupe, elle permet de préparer l’acide sulfhydrique, en fournissant de l’hydrogène. Le gaz reccueilli dans ces conditions ne coûterait donc exactement rien, et pourrait être fort utilement employé dans les fabriques. Cette réaction nous semble, dans de telles circonstances, de nature a attirer tout, particulièrement l’attention des fabricants de produits chimiques;1
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- une température moins élevée que si l’on agissait sur des matières moins décomposables, telles que le ligneux sous forme de son, de sciure, etc. ; dans le premier cas, la température de l’ébullion suffirait; dans le second, il faudrait opérer de 200 à 300 degrés.
- Relativement aux dosages des produits constituants, voici deux exemples donnés par les auteurs :
- 1° Pour le traitement des matières de la première catégorie, en prenant, comme type, l’aloès .’
- Aloès............................ 3 kil.
- Soude caustique liquide à 40° 10 litres.
- Eau............................. 40 —
- Fleur de soufre.................. 3 kil.
- On opère à l’ébullition simple et on obtient des gris-lilas ; en poussant plus loin la température, on produit des bruns foncés.
- 2° Pour les matières ligneuses, par exemple l’humus de chêne :
- Humus......................... 20 kil.
- Sulfure normal................ 40 litres.
- On opère à 210 degrés.
- Ce sulfure normal contient :
- Soude caustique à 40°.... 70 litres
- Eau........................... 65 —
- Soufre........................ 30 —
- D’ailleurs, les proportions de ces mélanges n’ont rien d’absolu, et en les modifiant, on modifie en même temps la nuance des matières colorantes.
- Si l’on veut, au moyen de ces produits, teindre des cotons ou des fils, on en fera dissoudre une quantité plus ou moins considérable, suivant la nuance à obtenir, dans de l’eau à 60° environ. — Les matières seront manœuvrées
- dans ce bain comme à l’ordinaire, et passées ensuite en bichromate de potasse bouillant qui, en oxydant la matière colorante, la rend désormais insoluble dans la plupart des réactifs, et la fixe ainsi intimement à la fibre, comme cela a lieu lorsque l’on teint en cachou.
- de fer, d’étain, de plomb, de cuivre ou d’antimoine. On obtient ainsi des teintes diverses suivant l’oxyde métallique qui entre en combinaison, mais c’est le bichromate de potasse qui, selon les inventeurs, donne les résultats les plus satisfaisants, au point de vue de la solidité.
- Si, au sortir du bain de bichromate on lave les fils ou les cotons ainsi obtenus et qu’on les porte ensuite dans une solution de carbonate de soude, au bouillon^ on obtiendra de jolis gris tourterelle, et ces gris seront bon teint. (Echantillon N° 26).
- N 26.
- L’échantillon N° 27, sur coton, est obtenu de la même manière, mais au moyen de la « sciure de bois de chauffage ordinaire. » Cette nuance possède une résistance très-remarquable aux réactifs d’essai que l’on emploie habituellement pour s’assurer de la solidité des couleurs.
- N° 27.
- Les échantillons 28 et 29, sur fil de lin, sont produits par l’humus des vieux chênes, Cet humus, dit bois pourri, se rencontre très abondamment dans le tronc des arbres cre x, d’où l’on n’a que la peine de l’extraire. Les deux nuances dont nous donnons le spécimen sont, comme la précédente, extrêmement solides. Suivant les auteurs, elles sont même de beaucoup supérieures à ce que l’on pourrait produire d’analogue comme ton, avec les cachous et les autres astringents.
- L’échantillon N° 25 est obtenu par ce pro-
- cédé.
- talliques pour fixer la nuance; tels que ceux
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- S
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- Ces nuances, d’intensités différentes, sont toutes deux fixées en bichromates et terminées en carbonate de soude.
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- L’échantillon n° 29 montre que l’on peut obtenir des teintes bien pleines et bien soutenues.
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- Pour la teinture de la laine et de la soie, on neutralise l’alcalinité de la couleur par un acide, soit l’acide acétique. On peut aussi précipiter la solution aqueuse par un acide, l’acide sulfurique, par axemple ; laver ce précipité à l’eau, puis la redissoudre dans un alcali sans action nuisible sur les fibres animales, tel que l’ammoniaque. Du reste, lorsque l’exploitation commerciale de ces produits sera \ régulièrement installée, il n’est pas douteux que l’on livrera ces préparations toutes faites, et que l’on aura des produits spéciaux pour chaque destination.
- Nous pourrions multiplier les exemples de ces préparations, et varier les couleurs en changeant de corps organique. L’aloès entre autres, nous donnerait de magnifiques lilacés, qui n’ont point d’ailleurs, de rapport avec les matières colorantes ob tenues j usqu’ici de l’aloès, c’est-à-dire avec les acides chrysammiques. Le tartrate de soude donne des gris bleutés ; le châtaigner, des résédas et des olives, etc., mais nous croyons en avoir dit assez pour permettre au lecteur d’apprécier l’importance de la découverte qui nous occupe en ce moment, et que nous n’hésitons pas à considérer comme nue des plus sérieuses dans cette classe de produits.
- Nous ajouterons cependant que MM. Croissant et Bretonnière ont appliqué leur procédé aux extraits de bois de teinture dont ils ont parfois très-heureusement modifié les proprié-tés : C’est ainsi, disent-ils, qu’ils ont pu obtenir, au moyendecampêche, toujours si fugace, des gris extrêmement stables et des noirs voisins comme solidité des « noirs d’aniline. »
- Nous savons aussi que les auteurs poursui-vent leurs travaux dans le but d’obtenir des nuances plus variées ou différentes des gris, marrons, modes, etc., c’est-à-dire du genre de teinture qu’ils obtiennent en général, et par
- une modification du mode opérataire, ils espèrent y parvenir.
- Nous reviendrons, d’ailleurs, sur cette importante question; nous parlerons notamment de l’application de ces nouveaux produits à la teinture de la soie et de la laine et au travail de l’impression, et nous signalerons tous les faits nouveaux qui s’y rattacheront et qui pourront intéresser nos industries.
- Dès maintenant, nous pouvons nous considérer en possession de nouvelles bases de matières colorantes, aussi abondantes que productives, et aussi peu dispendieuses à recuei -lir que faciles à traiter; il est certain que nis industries tireront de leurs dérivés un bon et fructueux parti.
- F. GOUILLON.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- LES TISSUS ÉTRANGERS A L’EXPOSITION DE VIENNE.
- L’industrie de la soie, au point de vue de l’importance des affaires, occupe en Suisse le premier rang. Le total de l’exportation annuelle s’élève à 21S millions de francs. « Le centre de la fabrication des étoffes de soie, lisons-nous dans l’excellent travail publié par la commission suisse, est à Zurich, mais elle est aussi répandue dans les cantons de Berne, de Bâle, de Schaffouse, d’Argovie, de Glatis, de Thurgovie et des Grisons. Zoug, Schwyz et Unterwald travaillent pour Zurich. Bâle est le siège principal de la fabrication des rubans de soie, qui pénètre aussi dans le Jura bernois et dans le canton de Soleure. A côté de ces deux branches essentielles, nous trouvons le moulinage de la soie sur les bords du lac de Zurich et en Argovie la filature de bourre de soie dans les cantons de Bâle, de Zurich, de Schwyz, d’Argovie et de Berne. Il va de soi que cette industrie exige une foule de travaux accessoires, tels que le blanchissage, la teinture, l’apprêt, etc., etc. »
- Les soieries de la section suisse se distinguent surtout par la solidité et la beauté du tissu; il
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- serait, exagéré de comparer, sous le rapport des nuances ou des dessins, les étoffes de M. Hirscher, de Mannedorf, ou de M. Homberger, de Watzekou, à nos étoffes de Lyon; mais elles laissent peu à désirer en ce qui concerne le bon usage et la durée, et leur prix, relativement modique, leur fournit de redoutables moyens de concurrence.
- Rien de plus clair, de plus léger, de plus joli à l’œil que les gazes de soie pour bluter les farines, exposées par M. Reif-Hubert, d’Enge. Non avertis, vous les prendriez pour des étoffes précieuses, robes fulures d’une princesse de féerie, tant elles reluisent, tant elles sont transparentes ; et, certes, des broderies d’argent, éparses sur la diaphanéité de la gaze, feraient le plus bel effet du monde. Il y a des gazes de soie pour cylindres de moulins, des gazes extra-fortes pour gruaux, et des gazes en qualité double pour bluteaux. On fait du pain avec la robe de Peau-d'Ane.
- L’industrie des laines est très bien représentée par des exposants de Zurich, de Berne et de Glaris. Les belles laines peignées de MM. Chessex et Hœssly, de Schaffouse ; les étoffes de laine et laines cardées de M. Ferdinand Ernst, de Wintherthur, et, de toute part, des feutières, des étoffes mélangées, des châles en laine, des tweeds, des waterproofs, témoignent d'une production déjà développée. Telle qu’elle est, pourtant, elle ne suffit, pas encore aux besoins de la Suisse. On construit actue'-lement des établissements de filature et de moulinage dans les cantons de Thurgovie et de Soleure.
- Si nous exceptons les produits vraiment solides et élégants,— tressages de paille, tressages de crins mêlés, cordons de coton, etc.,— exposés par MM. Socin et Meyer, Stœckli et Conrad Walser, tous trois fabricants à Wol-hen, nous ne trouverons rien de très intéressant dans le compartiment réservé à la paille tressée ; le travail de la paille n’a encore reçu en Suisse que des perfectionnements peu importants, et la qualité des matières est, en général, médiocre.
- Mais il faut vanter hautement l’industrie cotonnière, très-florissante, surtout dans les cantons de Zurich, d'Argovie, de Glaris, de Saint-Gall, d'Appenzel, et qui se répand peu à peu dans les cantons de Zug, de Thurgovie. de
- Schaffouse, de Soleure et de Berne. Eh 1860, on ne comptait en Suisse que 1,602,107 broches; il y en a aujourd’hui plus de 2,059,331; ce qui constitue en treize années une augmentation de plus de 457,242 broches. « En portant la consommation d’une broche à 28 livres de matières brute et 25 1/2 défilé et en supposant que le numéro 45 soit le nombre moyen des filés confectionnés par rapport au nombre des broches, il en résulte une consommation annuelle de coton brut d’environ 571/2 millions de livres. Une partie des filés est exportée en Allemagne, en Autriche, en France et en Italie, tandis qn’une autre est tissée dans le pays même, principalement dans les cantons de Zurich, d’Argovie, de Gla-ris, d’Appenzel, de Saint-Gall, et de Zug. »
- En effet, dès le premier coup d’œil sur l’ex-position cotonnière de la Suisse, on se sent en présence d’une industrie véritablement féconde et prospère. Que de coton, blanc ou coloré, teint ou imprimé !‘M. Gaspard Honneger montre des tissus de coton bruts, M. J.-J. Haberlin, de Neukeren, expose des étoffes de coton tissées en couleur, où la fabriction mécanique a collaboré avec la tisserie à la main; des tissus analogues, manufacturés par MM. J. Heitz et Ce, de Munchwestin, se signalent par des nuances dont l’étrangeté va jusqu’à l’extravagance ; mais le fabricant objecte qu’il exporte la plupart de ses produits dans l’Inde, dans le Levant, en Afrique, pays du soleil et des couleurs éblouissantes. Les filés de coton, en violet et rouge d’Andrinople, étalés par Mme Brunnsthweiler, de Hauntweil sont délicats et légers.
- Les hivers les plus froids seront vaincus par les belles ouvertures blanches de M. Guyer-Brunner, d’Uster, qui, lui exporte sans doute en Sibérie;— et il faudrait nommer encore mille fabricants d’étoffes en coton.
- Les étoffes italiennes ne sont pas de nature à reposer les regards. Le drap allemand vise peu à l’effet et se contente d’être solide ; la soie française éteint savamment ses couleurs; la popeline anglaise, quoique bigarrée, n’a pas de tons très-vifs : mais les étoffes italiennes flamboient.
- Ce sont toutes les couleurs du spectre solaire que font ruisseler, dans la salle centrale, les soiries de MM. Mazzaehelii et Cantaluppi, celles
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- de MM. Broggi et fils, celles surtout de M. Ca-rianico Petro ; et les parois de la galerie transversale font penser aux immenses palettes de quelques coloristes enragés, grâce aux satins multicolores do MM. Gualta et Ce, aux légères soies bleues, aux gros grains roses, aux poults de soie nuancés, aux taffetas brochés d’argent, aux grisailles sablées d’or, et aux somptueux satins blancs, de MM. Torriani et Phecher ; grâce aux étoffes pour ameublements, élégamment passementées, de M. Illi Lovera, et à son éblouissant satin jaune où se dispersent des arabesques d’or ; grâce surtout aux innombrables velours, cerise, violets, indigo, couleur tabac, pourpres, bleu de France, jaune d’or, mauves, vert tendre, roses, blancs, gris, bleu de ciel, jaune paille, grenat, vert foncé, etc..., que MM. Baretta, Chapuis et Ce, de Turin, exposent avec la magnificence d’Iris déployant l’arc-en-ciel.
- Dans l’exposition belge, derrière une très-longue et très-haute vitrine divisée en cadres nombreux, les produits de l’industrie linière. Enroulés autour de bobines, pliés en éche-veaux, voici les fils de lin et d’étoupe, écrus et blanchis, de la société linière de Saint-Léonard à Liège; les fils de lin retors, à trois et à six bouts, pour machines à coudre, de M. Declercq-Glément, à Iseghem. ; les échantillons de fil de chanvre, d’étoupe de chanvre, de jute peigné et cardé, exposés par MM. An-drics et Brys, à Tamise, etc., etc. Voici les toiles à voiles, à bâches, les russias, les ra-veusdoeks, les scheerdoeks et les dowlas, de M. Désiré de Smet, à Gand.
- Les nattes ou tissus que M. Mathot, dans l’usine Rodolphe, à Ham, compose avec des végétaux filamenteux, et surtout avec des chanvres de Manille et des lins de Zélande, ont ceci de particulier qu’ils ont étés filés, tissés, en un mot entièrement fabriqués, et cela Parla mécanique, dans l’usine de l’exposant, la seule eu Europe qui soit outillée pour ouvrer jusqu’à parfait achèvement les matières lineuses qu'elle reçoit brutes. Voici encore les fils de lin, blanchis à tous les degrés, de la maison Vandewynckele frères et Alsherge (J.) à Gand, et les fils de lin écrus et blanchis de la société de la Lys, dont le nom, par une plaisanie amphibologie, semble vouloir an
- noncer la blancheur et la pureté des produits qu’elle manufacture.
- Tout ce blanc ensemble d'écheveaux et de bobines fait songer aux lentes transformations que le lin a dû subir avant de s’offrir à nous sous cette forme à peu près définitive.
- La saison a été bonne ; les tiges sont vertes encore : c’est le moment où le cultivateur des Flandres a coutume d’arracher la plante qu’il juge assez mûre. Dans d’aulrcs pays, c’est quand les tiges sont déjà jaunies, que l’on déracine le lin. Arrachée par poignées, la plante est violemment heurtée sur des peignes disposés de façon à ne point laisser pénétrer les capsules entre leurs dents ; ensuite on la lie en petites gerbes, et on la porte au routoir. Puis, après le rouissage qui a pour but de rendre plus aisée la préparation de la filasse, a lieu l’opération dite macuage ou maillage : les tiges longues sont étendues sur une aire plane brisées au moyen d’une battoire qui porte en dessous des cannelures prismatiques à arêtes arrondies; quand le lin est maillé d’un côté, on le retourne sous la battoire, ensuite on le secoue et on l’assemble en paquets égaux.
- (A suivre).
- BREVETS D’INVENTION CONCERNANT LES INDUSTRIES TINCTORIALES.
- ET TEXTILES.
- 98,019.—22 février 1873: Boivin, Lyon. — Perfectionnements aux battants brocheurs et brodeurs.
- 98,021. — 18 février: BOZZINI, Lyon. — Machine inclinée à laver et battre les éche-veaux.
- 98,031.— 20 février : Gauthier, Lyon. — Montage de métiers pour façonnés, par la double réduction des crochets et de la mise en cartes.
- 98,046 — 16 janvier : VILLEMINOT, Paris. — Métier à tisser sans arrêt par l'alimentation continue de la trame.
- 98,047. — 21 février : WEIL, Nancy, — Procédé de fixation indélébile des couleurs de toute nature sur les tissus de laine, coton, fil et soie.
- 98,074. — 6 février : PIERRON et Dehaitre
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- Paris. — Machine à laver les tissus, le linge, le feutre et autres matières.
- 98,078. — 4 février : TESSIÉ du Motay, Paris. — Fabrication combinée du chlore et de l’ammoniaque.
- 98,090. — 28 février : Dansette-Leblon et fils, Lille. — Perfectionnements dans le tissage.
- 98,102. — 8 février : Maumy, Paris. — Métier à tisser dont les organes principaux peuvent être appliqués aux métiers existants.
- 98,109. — 7 février : Potter et Lamb, Paris. — Perfectionnements dans les métiers à filer.
- 98,130. — 12 février : DROUX et Lombard, Paris. — Appareil à sécher la laine et autres matières.
- 98,149. — 15 février: Boot, Lille. —Genre de tissu d’ameublement et de toilette.
- 98,155. — 14 février : Fox, Paris. — Vêtements imperméables.
- 98,192. — 28 février : COUSIN-LANTOINE, Lille. — Machine à laver.
- 98,197. '— 10 mars : Gardez, à Thenelles (Aisne). — Chariot porte-brasier à l’usage des apprêts de tulles et autres tissus.
- 98,206. — 4 mars : Neyret, Barrallon et Brossard, Saint-Etienne. — Disposition ap-pliquée à la machine à plier les rubans, amènent une bande de papier sans fin à l’enroulage du ruban.
- 98,213. — 8 mars : Thilliez, Lille. — Tonneau-laveur.
- 98,215. — 3 mars : Travers, Lyon. — Métier mécanique à tisser le taffetas et l’armure.
- 98,231. — 19 février, Guichard, Paris. — Rouge et jaune coralline pour teinture.
- 98,238. — 19 février (et brevet anglais) : Nussey et LAECHMANN, Paris. — Appareils à presser les étoffes de laine, feutre, etc.
- 98,245. — 17 avril : Tellier, Amiens. — Métier à couper mécaniquement le velours de coton.
- 98,253. •— 15 mars : Catteau fils aîné, Roubaix. — Perfectionnement aux métiers à la marche.
- 98,261. — 13 mars : GANTILLON, Lyon. — Appareil vaporisateur pour l’impression et l’apprêtage des tissus.
- 98,262. — 10 mars : Gouty, Bédarieux (Hérault). — Machine délampourdeuse.
- 98,272. — 8 mars : Renault, à Darnétal (Seine-Inférieure), — Fil chiné retors.
- 98,27 5. — 24 février : SCHLUMBERGER et Cie, Paris. —Perfectionnements dans les machines tisseuses.
- 98,278. — 24 février : Trouvé, Paris. — Genre de broderies dites Broderies majoli-ques.
- 98,299. — 28 février : Lamb et Lowe, Paris. — Appareils servant à transporter, sur des métiers circulaires, des tissus tricotés.
- BIBLIOGRAPHIE
- Traité du travail des laines peignées, Valpaga, du poil de chèvre, du cachemire, etc., par M. Michel Alcan
- Il est des notoriétés scientifiques et industrielles qu’il serait puéril de vouloir faire ressortir, celle de M. Alcan, dans la technologie textile, est une des mieux établies, des moins contestées, et elle se justifie sans cesse par des publications magistrales sur les différentes branches de l’industrie des tissus.
- Nous devons à M. Alcan, parmi ses plus importants ouvrages, le Traité complet de la filature du coton et le Traité du travail de la laine cardée ; le livre qu’il publie aujourd’hui : Le Traité des laines peignées, est fait dans la même forme et dans le même esprit, c’est la continuation d’un travail d’ensemble, dont ces traités forment chacun une division, mais ce dernier est un des plus importants, car on sait combien sont variés les articles fabriqués avec les laines peignées, à quelle multiplicité de travaux ils donnent lieu, et combien le nombreux matériel qu’ils mettent en œuvre a reçu de nouvelles et profondes modifications.
- L’ordre suivi par l’auteur comprend d’abord des Notions historiques relatant l’ancienneté des lainages ras, et suivant le développement de cette industrie depuis son origine jusqu’à notre époque, principalement depuis la fin du dernier siècle, et parmi les plus importants perfectionnements dont elle a bénéficié, nous voyons apparaître en 1845 les peigneu-
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- ses mécaniques dûes à M. Heilmann et tant perfectionnées elles-mêmes par les continuateurs de cet ingénieux inventeur.
- La seconde partie de l’ouvrage traite de cette première phase du travail : le peignage et de ses opérations préliminaires; c’est-à-dire du graissage, du démêlage et du cardage, du défeutrage et de l’étirage avant peignage; c’est dans cette partie que l’on trouve des indications très-précieuses pour un branche importante de nos spécialités; celle des laveurs de laine; c’est la partie où le traitement chimique des laines est le plus spécialement envisagé, et pour le dégraissage on y trouve une discussion très-compétente des nouveaux moyens proposés comparés aux anciens, ainsi que des descriptions détaillées des machines employées à cet effet.
- La troisième partie comprend la Filature et les travaux accessoires de cette importante phase de la fabrication, entre autres, les apprêts des fils, travail encore peu connu et cependant bien développé depuis quelques an-nées grâce surtout au moulinage, guêpage,chi-nage, jaspage, etc., le traité se garde bien d omettre toutes ces opérations qui sont d’un si grand profit pour les filateurs, et d’une si grande ressource pour les tisseurs.
- La quatrième partie du livre de M. Alcan se rapporte au Tissage seul, mais ce travail est assez vaste et constitue la partie la plus savante et la plus compliquée de la fabrication; c est ici que l’on trouve ces métiers à façonner, dont le Jacquart est toujours le meilleur type, et qui prêtent à une si grande combinaison de dessins et d’effets obtenus automatiquement, après 1,œuvre préalable de la mise en cartes; c est dans la mise en cartes que réside toute l intelligence et le talent de ce genre de tissage, 0 est un travail mathématique dans la descrip-tion duquel, un ingénieur, comme M. Alcan, doit se trouver à l’aise, mais qui demande une science et une expérience consommées de cette sorte de sujet. Il serait impossible de mentionner tous les genres de tissus mentionnés dans cette partie et les divers métiers qui s’y rapportent; on doit, seulement, remarquer la fa-brication des châles, tels que cachemires in-diens et surtout cachemires français, cette dernière spécialité est décrite pour la première fois, et avec des détails les plus circonstanciés.
- Il faut encore citer la fabrication des velours et des reps.
- Enfin, la cinquième partie traite des apprêts et du blanchiment des lainages; elle comprend l‘épeutissage;le séchage, le tondage, le grillage, le garnissage, le cylindrage ainsi que le dégraissage, lavage, blanchiment, etc., toujours avec la description des machines à ces usages, parmi lesquelles il s’en trouve de très-récentes; toutefois cette partie nous aurait paru devoir être traitée plus longuement, mais il est vrai que les apprêts jouent un rôle bien moins important dans les lainages peignés que dans ceux cardés. Cette division de l’ouvrage se termine par le plan et l’organisation d’une usine comprenant le dégraissage, le peignage, la filature, le tissage et les apprêts, et fait le devis d’une semblable installation.
- Du reste, chaque grande division du travail des laines peignées, telle que le peignage, le tissage, etc., fait dans l’ouvrage de M. Alcan l’objet d’un calcul sur les dépenses d’installation de l’établissement et sur le prix de revient du travail; partout la discussion économique complète la description technique, et des questions d’économie plus générale, celles qui concernent les salaires, la situation de l’industrie, etc., terminent le livre.
- Les machines et procédés indiqués ne donnent pas, évidemment, lieu à une description pure et sèche de ces moyens; c’est une étude comparative des différents systèmes proposés ou en usage, tant en France que dans les autres nations industrielles.
- Un bel atlas de 41 planches de dessins aussi soignés et aussi complets dans leurs détails qu’ils le sont habituellement dans les ouvrages de M. Alcan, presque tous édités par M. J. Baudry, est le complément du volume de texte, dont nous devons aussi louer l’exécution matérielle, œuvre de l’intelligent éditeur. F. Gouillon.
- NOUVELLES
- la charge des soies. — Il résulte de nos renseignements, queM. le ministre de l’Agriculture et du Commerce, ému des plaintes qui lui sont souvent adressées au sujet del’abusde la charge des soies, aurait chargé une commission d’examiner dans quel sens et dans quelle
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- proportion il conviendrait de restreindre cette pratique, et un questionnaire dans ce sens serait adressé aux Chambres de commerce des principales villes où s’exercent l’industrie des tissus.
- Le ministre demanderait s’il n’y aurait pas lieu de confier aux bureaux de conditionnement le soin de déterminer les proportions de la charge,. qui devraient être indiquées aux acheteurs; et dans tous les cas, cette charge ne devrait pas dépasser une certaine limite au-delà de laquelle les fils ou tissus ne pourraient plus être vendus sous le nom de soies, soieries et autres désignations spécialement consacrées dans le commerce, aux articles de soie.
- Cette réglementation d’ailleurs, n’est encore qu’à l’état d’avant-projet.
- Exposition de Vienne. — Récompenses. — Pour les 70,000 objets environ qui figurent à l’exposition universelle, il n’a pas été distribué moins de 26,002 récompenses, car tel est le chiffre des diplômés d’honneur, des médailles de progrès et de mérite, des diplômes de mérite, des médailles de bon goût, d’art et de coopération qui ont été décernés. Ces 26,002 récompenses se (décomposent comme suit : 421 diplômes d’honneur, 3,024 médailles de progrès, 10,465 diplômes de mérite, 8,800 médailles de mérite, 8,326 médailles de bon goût, 978 médailles d’art, 1,998 médailles de coopération. Voici le nombre total des récompenses reçues par chaque pays représenté à l’exposition :
- Belgique 612. Brésil 202. Chine 118. Danemark 309. Prusse 2,384. Bavière 870. Autres états allemands 2,812. Egypte 75. Angleterre et Colonies 1,156. France 3,142. Grèce 183. Italie 1.908. Japon 217. Madagascar, etc., 10. Maroc, Tunis, Tripoli 20. Mexique !. Monaco 9. Pays-Bays 284. Etats-Unis d’Amérique du Nord 411. Autriche (sans la Hongrie) 5,991. Perse 29. Portugal 441. Roumanie 238. Russie 1,018. Iles Sandwich8. Suède et Norvège 534, Suisse 722., Siam I. Espagne 1,157. Républiques de l’Amérique centrale et méridionale 44. Turquie 470. Turkestan 1. Hongrie 1,604.
- Commerce des soieries et nuances en faveur. — La fabrique de Lyon a reçu quelques commissions au début de la semaine, commissions d'assez faible importance. Les unis sont très-délaissés, sauf les belles qualités des premières maisons, qui tiennent assez bien leurs prix. Les qualités secondaires restent presque complètement abandonnées. Les unis couleurs sont un peu mieux partagés, en dehors de quelques grosses ventes d’étoffes noires et de satinés tramés coton, article toujours en gran
- de vogue pour garnitures, les demandes ont porté sur les couleurs foncées, dites bleu-marine, scabieuse, pétunia, feuille d’acanthe, bronze, que la mode recherche.
- La masse des étoffes de couleurs qui comprennent les nuances fondamentales ordinaires, nuances moyennes et nuances claires, ne subit pas de diminution.
- Une nuance spéciale, le bleu-marine, jouit en ce moment d’une faveur particulière, elle est recherchée à Paris, à Londres, à New-York. Pour les velours la vente sur banque a un peu repris. L’article pour parapluie a reçu également quelques commissions pour l’Amérique. Les satins légers et les foulards sont aussi l’objet de quelques demandes, mais par contre, l’article pour cols-cravates souffre beau-coup.non 89b gjagtbamos-abn noizanoail En résumé, la situation générale est loin d’être brillante, et la fabrique n’écoule qu’avec des sacrifices très-lourds.
- (Mon, des Tissus).
- Récolte des Indigos. — On écrit de Calcutta, au Journad du Havre :
- » Depuis le 8 courant, le temps a été plus favorable pour la récolte des indigos, la pluie étant tombée dans presque tous les districts. On se plaint, cependant, qu’elle n’a pas été assez abondante pour réparer, tout le mal qu’avait fait le sécheresse prolongée, et il paraît certain que le rendement sera loin d’égaler celui de l’an passé.
- » La manufacture se poursuit activement dans la plupart des factoreries de Tirhoot, Chumparum et Chuphrah, mais la plante y est encore chétive, et le rendement par biggah au-dessous de la moyenne. Dans le bas Bengale, les districts de Purneah et de Bhagul-pore ont été plus favorisés, et la fabrication y est en pleine voie, avec des résultats satisfaisants. Le Jessore a également passablement bien réussi, mais d’après les dernières nouvelles de Malda, Moorshedabah, Rajshabi, et d’une partie du Kishnaghur, beaucoup de factoreries, dans ces parages, ne venaient que de commencer la manufacture, et on doit s’y attendre à un rendement bien inférieur à celui de l’année passée. »
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés
- Paris. Typ, Turûn et Ad. Juvet, 9, cour des Miracies.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16e VOL., N» 21. 5 NOVEMBRE 1873
- ET DE L IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Apprêts des tissus en laine peignée, par M. Alcan Considérations générales. — Alizarina artificielle de MM. MEISTER, Lucius et BRUNING. — Le pyrolignyte de fer dans les impressions sur coton, par M. A. KIELMEYER. _ Gris et noir grand teint sur coton et fil, par M. BoISSEL. - Enlèvement des taches anciennes de peinture.' — Rouge à l’huile pour marquer le linge. — Appareil à cuire les bois de teinture, p r M. F. GoUILLON (gravure).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Les tissus étrangers à l’Exposition de Vienne (suite et fin). — Séchoir Industriel à vapeur surchauffée, parM. Testud de BEAUREGARD. — Brevets d’invention concernant les industries tinctoriales et textiles.
- NOUVELLES : Marques de fabrique en Allemagne. —L’impôt sur les tissus. — Cours des Arts et Métiers.
- APPRÊTS DES TISSUS EN LAINE PEIGNÉE
- Par M. Michel Alcan.
- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
- O a range dans la catégorie des apprêts les opérations plus ou moins nombreuses — la teinture exceptée — dont les étoffes sont l’objet à partir du tissage. Ils embrassent donc les traitements ayant pour but: 1° Vepuration, pour débarrasser le produit des impuretés et corps étrangers qui se trouvent à l’état naturel dans la matière ou qui y ont été accidentellement mélangés, et réparer certaines malfaçons et défectuosités; 3° l’APPRÊT SPÉCIAL, pour faire ressortir les propriétés particulières de la substance, et donner à Varticle qu’elle compose, l’apparence la plus flatteuse à l’œil et la mieux appropriée à la destination; 3° le blanchiment, lorsque l’étoffe doit être employée blanche.
- On range également dans le travail des apprêts, la préparation qui ajoute aux étoffes des Propriétés nouvelles, résultant des substances Particulières auxquelles on les incorpore ou dont on les enduit pour les rendre imperméables^ incombustibles, ou leur donner une résis-tance exceptionnelle, et parfois un aspect mi-neral ou métallique spécial, etc.
- Nous ne nous occuperons pour le moment Tue des premiers apprêts indispensables à tous les tissus.
- Les procédés par lesquels on arrive au résultat cherché sont établis et combinés en raison des éléments suivants :
- L De la nature- des matières constituant le
- tissu. — La composition chimique et la cons-titution physique de la matière ont chacune leur influence sur les moyens à faire intervenir. Les traitements doivent être modifiés suivant que l’on est en présence d’une substance animale malléable et plus ou moins influençable par la chaleur, attaquable par les réactifs alcalins, ou d’une substance duveteuse ou corticale du règne végétal, si facilement désagrégée et dissoute par les acides ; pour les textiles d’un même règne, il y a encore à distinguer les formes et les propriétés des organes élémentaires déterminant les modifications d’apprêts.
- Pour les tissus de coton, de lin ou de chanvre, ces modifications sont la conséquence des différences de constitution intime de la matière première ; le peu de longueur, la flexibilité toute particulière, la porosité du petit tube vrillé fermé de toute part qui constitue les fibres du coton, demandent un traitement différent de celui appliqué au lin de fibrilles droites plus longues, sensiblement plus rigides et divisibles jusqu’à l’infini.
- Les caractères élémentaires qui distinguent entre eux les textiles du règne animal, sont plus tranchés encore. On ne peut confondre le brin de laine tubulaire plus ou moins conique, de longueur variable et cependant limitée, strié et rugueux à sa surface, chargé d’une plus ou moins grande quantité de corps gras à l’état brut, avec ce magnifique blanc ou jaune, d’une longueur continue, d’un brillant et d’un éclat remarquables qui caractérisent la soie, même à l’état naturel, lorsqu’elle est encore chargée d’une quantité à peu près constante, le quart de son poids, de corps étrangers.
- (A continuer)
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- L9 iS
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- ALIZARINE ARTIFICIELLE de MM. MEISTER, LUCIUS et BRUMING.
- Une des premières maisons qui aient offert à l’industrie de l’alizarine, ou plutôt de la garance artificielle, est celle de MM. Meister, Lucius et Ce, mais son procédé était tenu secret, et tout ce que l’on en savait, était que le nouveau produit dérivait, comme ses homolo-gues, de l'anthracène (1); quelques chimistes et industriels avaient même manifesté des doutes sur la réalité d’un procédé spécial à cette maison.
- Voici, cependant, à grands traits, quel serait ce procédé:
- Ces chimistes oxydent l’anthracène avec un mélange de bichromate de potasse et d’acide nitrique, puis ils font bouillir le produit obtenu avec de l’acide nitrique ; enfin, ils font bouillir avec un alcali, et ils précipitent l'ali-zarine au moyen d’un acide.
- Nous ne pouvons donner que ces indications très sommaires, et ne connaissons pas les détails du procédé.
- F. G.
- LE PYROLIGNITE DE FER DANS LES IMPRESSIONS SUR COTON par M. A. KIELMEYER.
- L’acide pyroligeuux, et par suite le pyrolignite de fer, n’étant pas encore l’objet d’une fabrication courante, les imprimeurs se voient le plus souvent forcés de préparer eux-mêmes leur acétate de protoxyde fer sous sa forme dite, encore actuellement, de mordant chamois, au moyen d’une double décomposition avec le sulfate de fer et le sous-acétate de plomb.
- L’acétate de protoxyde de fer ainsi préparé, lorsqu’il est en solution, s’oxyde promptement, et cela d’autant plus qu’il est plus concentré et que l’acide sulfurique du sulfate de fer est précipité plus complètement par l'acé-
- (1) Voir Moniteur de la Teinture, année 1869, pages 23, 97, 240, 241, 244; années 1870-71, pages 11, 13, 48, 52, 105, 141, 144; année 1872, pages 72, 87, et année courante, pages 47,58, 62, 94, 119 et 120.
- tate de plomb, de façon qu’on peut à peine alléguer la composition variable du sulfate de fer du commerce en oxyde de fer pour faire comprendre combien les mordants de cette espèce offrent peu de sécurité, en particulier, quand il s’agit de produire des nuances violettes délicates, ainsi que peuvent le témoigner les vieux coloristes par les nombreux accidents qu’ils ont éprouvés pour produire des violets irréprochables. Aussi n’est-il pas aujourd’hui un seul établissement d’impression travaillant d’une manière rationnelle qui, en s’appuyant sur les principes de la chimie, ne donne, pour ses impressions en violet, la préférence à des mordants chamois d’un prix bien plus élevé que l’acétate de fer.
- En effet, la distillation du bois n’est que rarement pratiquée d’une manière continue et régulière, et l’acide pyroligneux que livre cette industrie ne fournit qu’un bain noir qui, non-seulement ne renferme pas de sel de fer, en quantité constante, mais le présente de plus sous la forme constante d’un sel de protoxyde et, bien plus, n’est pas exempt de sulfate. Or, ces deux défauts sont d’une extrême importance dans l’emploi principal et le plus délicat du pyrolignite de fer pour les impressions en violet, ainsi que nous espérons le démontrer par les considérations suivantes.
- Avec un chamois terminé qui est saturé comme il convient et est arrivé, soit par le vaporisage, soit mieux par la suspension, à acquérir tout son développement, et qu’on passe enfin dans un bain bouillant de craie, on est en droit de prétendre qu’il offre le degré le plus élevé d’oxydation auquel on peut fixer le fer sur le coton, et cependant on peut très-bien démontrer qu’il ne représente pas complètement un hydrate d’oxyde de fer. En effet, si on passe un échantillon de ce chamois terminé dans une solution de phosphate de soude, il prend d’abord une coloration jaune verdâtre, et ce n’est qu'après quelques minutes, et sous l’influence de la lumière, que se développe la couleur brun-rouge du phosphate d’oxyde de fer. Si on teint un autre échantillon de ce chamois réussi avec l’alizarine du commerce, le violet qui en résulte est commun et peu agréable.
- D’un autre côté, si le mordant du fer est sur le coton trop faiblement oxydé, le violet que
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- donne la teinture a un aspect mat et imparfait. Si donc, dans la teinture en violet avec l’alizarine, on réussit à produire une combinaison vive et élégante, il faut qu’il y ait un composé intermédiaire entre l’oxyde et le protoxyde de fer. Pour obtenir, avec les.éléments donnés d’une fabrique, ce composé d’une manière constante, il est dès lors nécessaire de travailler avec un sel de protoxyde bien exempt du sel d’oxyde, afin que, par une oxydation ultérieure sur la matière, on ait un point de départ fixe et constant, et pour cela on peut opérer en toute confiance avec l’acétate de fer comme mordant ferrugineux. Des matières goudronneuses que renferme la tonne au noir s’opposent à une oxydation au sein de la liqueur qui se recouvre, en outre, d’une pellicule goudronneuse do façon à intercepter l’accès de l’air.
- Dans, presque toutes les fabriques d’impressions, on prescrit aussi de faire bouillir la composiion de fer qu’on destine à servir de mordant violet avec de l’arsenic blanc ; l’acide arsénieux entre en dissolution, et une partie des matières goudronneuses se précipite sous forme solide. Si on veut admettre que la décoction avec l’arsenic a surtout pour objet d’obtenir plus tard de l’acide arsénique sur le tissu, il deviendrait superflu, ainsi qu’on le pratique généralement dans les établissements, de passer ultérieurement les pièces violettes oxydées à travers l’arséniate de soude, ce qui n’est pas. Il est bien plus présumable que la décoction avec l’arsenic a pour objet tout particulièrement, dans les coupures fortement prononcées des couleurs violettes claires, de garantir le fer contre l’action de l’air, et de régler l’oxydation sur le coton afin qu’elle ne dépasse pas un certain degré.
- Une chose qui n’est pas moins importante pour marcher d’une manière sûre et certaine est la proportion constante du mordant en sel de fer, car déjà i/2 pour 100 en moins dans la proportion du protoxyde de fer se fait remarquer d’une manière très-sensible sur les pièces colorées. Je me rappelle un cas intéressant où on a eu l’occasion de suivre, avec une même couleur d’impression, l’affaiblissement de la proportion du fer sur les tissus colorés. Pour passer du bruni foncé au bruni clair, on s’était servi d’amidon pour épaississant pour
- violet, et par conséquent on avait été contraint d’amortir fortement la couleur d'im-pression. Par raison d’économie, on tenta des expériences avec l’outremer. Le premier jour l’outremer résista assez bien à l’action de l’acide acétique libre, mais le second jour les échantillons colorés s’affaiblirent d’heure en heure, et le troisième jour le violet était complètement hors d’usage, le fer était presque entièrement imprimé sous la forme d’un sulfure simple insoluble de fer. D’un autre côté, un excès en fer mal calculé dans le mordant entraîne dans des perturbations également désagréables dans la fabrication.
- On peut, du reste, étudier très-facilement ces circonstances quand on travaille le violet avec l’extrait de garance ou l’alizarine artificielle, et quand on imprime ensemble sur coton la matière colorante et le mordant. Plus, dans ce cas, on ajoute de solution de fer à la couleur d’impression, plus le violet devient impur après le vaporisage et le passage au savon, et, avec un grand excès de solution de fer, on peut pousser la nuance décidément au ton du cachou. La même chose arrive exactement avec la teinture en violet lorsqu’il ne se trouve pas tout d’abord un excès fait à dessein de fer dans la teinture correspondant à la quantité de tissus à teindre, le fer se fixe sur l’étoffe et unit son ton chamois au violet, c'est-à-dire qu’il le souille, de même que dans la teinture en rouge, l’hydrate d’alumine en excès non saturé de matière colorante se fixe sur l’étoffe, ajoute son blanc au rouge et en éteint le feu.
- Quoi qu’il en en soit, cette question, dans ces derniers temps, a perdu un peu de son importance, au moins en ce qui concerne les articles violets, depuis que, généralement, les violets solides, préalablement passés en teinture d’alizarine ou de garancine, ont pu être amenés au violet par un passage ultérieur en violet d’aniline soluble dans l'eau.
- Ce qui vient d’être dit doit suffire pour montrer l’importance qu'il peut y avoir dans les impressions sur coton à avoir un mode uniforme de préparation de pyrolignite de fer. Afin de marcher plus sûrement, on s’est arrêté jadis chez les imprimeurs au procédé suivant. A de l’acide pyroligneux brut contenu dans de grandes cuves en bois établies dans un lo-
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- cal bien tempéré, on ajoute un excès de copeaux de fer de tour, on agite de temps à autre et on abandonne le tout à lui-même pendant quelques semaines, ce qui fournit une solution saturée de fer. Le mode de préparation est certainement fort simple, mais actuellement où le principe de la division du travail s’est introduit non-seulement dans l’intérieur des établissements eux-mêmes, mais aussi de plus dans plusieurs branches secondaires de la fabrication, il paraît préférable de tirer le bain noir des usines où l’on prépare le vinaigre de bois. On le trouve en effet dans le commerce à divers degrés de force, depuis 10“ jusqu’à 20° Baumé, mais les degrés de l’aréomètre ne suffisent pas pour se former une idée de la valeur de ce liquide.
- Suivant la marche de la distillation du bois, le vinaigre de bois qu’on obtient renferme plus ou moins d’acide acétique et plus ou moins de goudron, et ce dernier agit dans la solution du fer d’une manière sensible sur l’aréomètre, au'point que cette solution à lS ou 20° Baumé peut contenir en solution moins de fer qu’une autre ne marquant que 10° Baumé.
- Le noir à 20° Baumé est employé principalement dans la teinture en laine par les teinturiers en noir où la proportion abondante en matières goudronneuses agit concurremment comme élément de coloration en noir. Dans les impressions sur coton, le bain noir est livré la plupart du temps au titre de 10 à 20° Baumé. Il doit, quand on l’examine, présenter une coloration vert olive foncé et ne donner avec le chlorure de baryum aucune réaction qui accuse la présence de l’acide sulfurique, c’est-à-dire ne pas renfermer de traces de sulfate de fer qu’on y a ajouté pour en élever le poids aréomètrique. Pour opérer en toute sûreté, il est toutefois nécessaire de faire de temps en temps un essai quantitatif sur les livraisons, ce qui peut avoir lieu de la manière la plus simple et la plus rapide.
- On fait évaporer avec précaution environ 10 grammes de pyrolignite de fer dans une grande capsule de platine sur un bec de gaz, on trouve avec facilité la force et la distance de la flamme à laquelle l’évaporation marche sans projection. On obtient enfin une masse noire boursoufflée qu’on laisse refroidir, on
- humecte avec de l’acide azotique exempt de chlore à 45° Baumé, et on chauffe jusqu’au rouge pendant lequel le carbone se consume lentement. Pour être certain que le carbone est complètement brûlé, on répète encore deux fois le mouillage à l’acide azotique avec les mêmes précautions. On applique encore une fois une forte chaleur, et il ne reste dans la capsule que de l’oxyde rouge de fer. D’après sa proportion, on calcule celle de protoxyde de fer du bain noir. Je n’ai jamais, d’accord en cela avec la fabrique dont l’acétate de fer était tiré, trouvé des différences dans la proportion du protoxyde de fer dépassant 0,05 à 0,1 pour 100, exactitude bien suffisante dans la pratique. Parmi un grand nombre d’essais, j’ai remarqué que le plus mauvais contenait 3,9 pour 100 de protoxyde de fer et marquait 13° Beaumé, celui de la meilleure qualité 5,5 pour 100 de protoxyde de fer et 12° Beaumé; puis un autre de 14° et 4,5 pour 100 de fer ou 11° Beaumé et 5 pour 100 de fer, c’est-à-dire qu’une fabrique qui travaille avec soin est ainsi en mesure de livrer un produit à 3 pour 100 de protoxyde de fer indépendamment des degrés de l'aréomètre.
- ^Polyiech. journal).
- GRIS ET NOIR GRAND TEINT SUR COTON ET FIL parM. Boissel.
- L’auteur, teinturier à Laval, a fait breveter deux procédés de teinture, dont le premier nous paraît au moins singulier.
- Voici comment sont imaginés ces procédés : gris
- Pour 50 kilog. de fils ou de cotons :
- 1° On prépare un bain blanc fait avec: Huile d’olive. . I kilog.
- Cristaux de soude........... 1 —
- Les fils sont bouillis pendant une heure dans ce bain, puis exprimés légèrement et séchés .
- 2° Le bain colorant est préparé ainsi : Houille réduite en poudre. 20 kilog. Cristaux de soude............ 7 —
- Eau bouillante................ 10 litres.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Laisser macérer quelques heures, puis ajouter :
- Eau..
- 150 litres
- On laisele coton pendant un quart-d'heure dans ce bain bien chaud, on agite le bain, on y repasse cinq fois les matières à teindre, on rince en eau tiède, puis en eau froide et on sèche.
- 3° On fait une légère dissolution de gélatine et d’huile tournante, on y passe les fils, on les tord et les laisse sécher.
- Les gris ainsi obtenus, dit l’auteur, résistent au savon, aux acides, au chlorure de chaux, etc.
- Dans ce procédé, il est impossible de voir autre chose que la fixation matérielle ou'mé-. canique de parcelles de carbone, adhérant sur la couche grasse formée par le premier bain, et empâtés ensuite par l’apprêt gélatineux ; aussi si cette teinture résiste aux agents chimiques, doit-elle redouter, par contre, les frottements et les lavages prolongés.
- Le procédé suivant est plus véritablemment une teinture.
- NOIR
- 1° Donner un pied de bleu à la cuve, dans les proportions de 1 kil. 500 grammes d’in
- digo pour 50 kilogr. de fils pu
- 2° Remonter avec:
- Extrait de campêche..
- Eau pour dissoudre l'ex-trait...........
- Bi-chrômate de potasse.
- Eau pour dissoudre ce sel...................
- cotons :
- 7 kil, 500
- 25 litres.
- 6 kilogr
- 50 litres.
- Mélanger ces deux dissolutions, ajouter :
- Cristaux de soude..
- 3 kil.
- Passer sur ce bain jusqu’à teinture complète et laisser remonter plusieurs heures.
- Il est préférable de teindre sur cuvettes par 300 grammes de coton à la fois, en regarnissant le bain à chaque nouvelle opération par une quantité relative de bain de teinture.
- On peut intervertir l’ordre des opérations, et terminer par le passage en cuve.
- Comme on le voit, ce]procédé est un noir au chrême à pied de cuve, moyen bien connu dans l’industrie, et cependant peu employé à
- cause de son prix élevé ; mais ordinairement, loin d’introduire un alcali dans le bain de campêche chrômaté, on y ajoute un acide afin de maintenir la solubilité de la laque colorante.
- ENLÈVEMENT DES TACHES
- ANCIENNES DE PEINTURE.
- Lorsque des vêtements sont recemment tachés par de la peinture à l’huile, on les nettoie facilement à l’aide de l’essence, de la benzine et des essenees de pétrole ; mais si ces taches sont anciennes et durcies, ces dissolvants ne suffiraient plus, et la peinture ne peut plus guère se séparer du tissu que par l’arrachement des duvets.
- On peut parvenir à enlever de pareilles taches à l’aide du chloroforme, qui est un puissant dissolvant, et qui réussit parfaitement dans ce cas, malheureusement c’est un produit cher.
- Le chloroforme est le seul liquide qui dissolve l’ambre jaune sans l’altérer et il forme ainsi un vernis très-limpide, très-dûr et bien adhérent; ce vernis peut même servir à coller le verre et les pierres fines.
- ROUGE A L’HUILE POUR MARQUER ET IMPRIMER.
- Le Dr Elsner assure que l’on peut préparer une encre ou couleur rouge indélébile de la manière suivante :
- On prend des parties égales de couperose et de cinabre, on réduit en poudre, on tamise et on broie avec de l’huile de lin; enfin, on presse le tout à travers un linge.
- La pâte épaisse que l'on obtient peut être employée pour l’écriture et pour l’impression sur tissus de laine et de coton ; la couleur résiste au blanchiment, contrairement aux autres rouges qui se laissent altérer par .les agents que l’on emploie dans cette opération.
- [Chronique de l'Industrie').
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
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- APPAREIL A CUIRE LES BOIS DE TEINTURE.
- k §
- Fig. 12. — Appareil à cuire les bois.
- s
- 1 mi mo 1
- Pour opérer les décoctions de bois de Teinture, il est avantageux de les faire à un degré de concentration assez élevé, de façon à produire des sortes d’extraits liquides que l’on allonge à volonté pour l’usage. Mais pour épuiser convenablement les bois avec peu de liquide, il faut un mode lixiviation méthodique et il est bon d’agir à une température dépassant 100 degrés; ce que l’on obtient facilement à l’aide des vases clos.
- Certaines décoctions sont susceptibles de
- -s’altérer lorsqu’elles sont portées à la température de l’eau bouillante au contact de l’air, mais à l’abri de. l’air, ces altérations ne sont plus à craindre, et telles matières qu’il serait dangereux de faire bouillir dans des bassines ouvertes subissent impunément une température même plus élevée dans des chaudières autoclaves.
- La figure 12, représente un appareil de ce genre, construit par MM. Pierron et Dehaître
- pour cette destination; il se compose d’une chaudière en cuivre fixée sur un bâti en fonte et pouvant tourner ou basculer autour des tourillons qui la supportent.
- Ces tourillons sont creux et servent, l’un pour l’introduction de l’eau dans l’appareil, l’autre pour l’arrivée de la vapeur. Quelquefois un troisième conduit vient se greffer sur l’un du tourillons, et celui-ci sert alors à l’évacuation de la décoction lorsquelleest chargée des principes colorants des bois.
- Le sommet de cette chaudière en forme de poire, sert à l’introduction des bois moulus ou varlopés et il se ferme par un obturateur
- hermétique serré par des vis de pression ou par des boulons; lorsque les bois sont épuisés on fait basculer l’appareil et la même ouverture permet l’expulsion de ces résidus; après que l’on a préalablement fait égoutter tout le liquide par un robinet situé à la partie inférieure de la machine. Le robinet du haut a pour objet de faire évacuer la vapeur lorsqu’on veut diminuer la pression.
- Les bois à décocter reposent sur un faux
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- T1
- fond percé de trous, placé au quart de la hauteur de la chaudière et celle-ci doit en être chargée à peu près jusqu’à son ouverture.
- Ainsi garni et hermétiquement fermé, l’appareil reçoit de l’eau jusqu’au niveau d’un des robinets indiqués sur le dessin à la naissance du col de la chaudière : lorsque l’eau apparaît par ce robinet laissé ouvert, on en arrête donc l’introduction, ou ferme celui-ci, puis on fait arriver de la vapeur qui se répand au-dessous des matières par un sepentin perforé. Quand le bois est suffisamment cuit, on ouvre le tuyau de dégagement passant par le tourillon et s’ouvrant dans le faux fond de la chaudière, et la pression de la vapeur refoule le liquide coloré qui se déverse dans les réservoirs. Si la machine n’est pas munie de ce conduit on la vide par le robinet du bas. On introduit une nouvelle quantité d’eau et de vapeur, puis après cette seconde cuisson, on la renouvelle une troisième fois, et le bois doit alors avoir cédé tout son principe colorant dans une quantité relativement faible de dissolvant.
- Ce mode de procéder convient également pour les décoctions de bois devant être directement employées pour les bains de teinture, ou pour celles qui doivent servir à la fabrication des extraits, mais il est surtout avantageux dans ce dernier cas.
- F. GOUILLON,
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- LES TISSUS ÉTRANGERS
- A L’EXPOSITION DE VIENNE
- Au maillage succède l’écaugage ou teillage, qui a pour objet de séparer la chènevotte des brins de filasse; on se sert pour cela, d’abord, d’une écangue, espèce de couperet mince, plat, muni d’une sorte de tête destinée à lui donner plus de poids ou de volée.
- L’ouvrier, tenant une poignée de lin broyé, la passe dans une ouverture de la planche à écanguer ; celle-ci est assemblée verticalement sur un pied horizontal. L’échancrure prati
- quée dans la planche à écanguer est taillée en bizeau, afin que l’écangue, en tombant, ne coupe pas la filasse.
- Du côté où l’ouvrier se tient et aux deux extrémités du support horizontal, se trouvent deux montants qui reçoivent une courroie tendue, laquelle sert à garantir les jambes de l’ouvrier pendant la chute de l’écangue et aussi à faciliter le travail ; cette courroie élastique élevant, par le choc, l’écangue à une certaine hauteur, l’ouvrier la relève avec plus de facilité.
- L’écangueur frappe donc verticalement le lin en le retournant, jusqu’à ce que la plus grande partie de la chenevotte soit détachée; il s’arme ensuite d’une écangue à lame plus J mince qui enlève la totalité de la chenevotte; enfin, il se sert du couteau (schrepmes) pour racler les chenevottes qu’il ne parvient pas à enlever avec les écangues.
- Le lin ainsi nettoyé, on le passe au peigne, afin d’enlever les traces de gomme-résine qui salissent encore les fils, de les démêler, de les refendre et de les finer. L’ouvrier fait passer les fibres entre les dents du peigne en commençant par les plus écartées pour terminer par les plus serrées.
- Les lins ramés, destinés à la fabrication des dentelles et des batistes, ne sont pas peignés; on remplace cette opération par l’action de la brosse ; on débarrasse mieux la filasse de sa gomme, en même temps qu’on lui donne plus de finesse. Après ces manipulations, le lin passe aux filatures. Et bientôt il deviendra cette merveilleuse toile des Flandres, plus douce au sommeil que la couche de roses des déesses antiques; il sera aussi la voile fine du navire, et sa rondeur légère s’emplira de brises propices ou résistera aux forts aquilons; et, s’il plaît aux doigts laborieux des ouvrières de Valenciennes ou de Bruges, il se transformera en robes de dentelle pareilles à celles qu’expose M. Buchholz et Ce de Bruxelles, en volants pour robes, en pointes de Valenciennes, en châles d’application, et la pau-vre plante arrachée verte ou jaune du terrain sablonneux des deux Flandres, ornera le corsage de quelque jeune et riche épousée, ou tremblera, dans une valse, mêlée aux cheveux de la danseuse.
- L’industrie des étoffes est une des plus im-
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- portantes de l’Espagne : les indiennes, les jaconas, les perses exposés par MM. Ricart et Gie, de Barcelone, et par MM. José Ferrez et Cie; de Barcelone aussi, ne se distinguent ni par la beauté des tissus ni par l’élégance des dessins, mais ce sont de solides étoffes, utiles aux classes laborieuses ; et lorsqu’on étudie une exposition industrielle, il est bon de réagir contre la tendance naturelle à vanter de préférence les objets de luxe et d’ornement.
- Les draperies de Catalogne sont célèbres et méritent leur renommée; fins et résistants, les draps deTarassa, fabriqués par MM. Mata et Monset, ne sont pas indignes d’être comparés même aux draps d’Angleterre et de France. Une industrie non moins florissante, en Espagne, est celle des dentelles, et particulièrement des blondes noires. MM. José Margarit, Léonard et fils, de Barcelone, nous montrent en ce genre des produits d’une finesse extrême; étendues sur des satins paille, leurs blondes, où se mêle harmonieusement la couleur de l’étoffe, promettent les plus séduisantes transparences à la peau un peu brunie des Arago-naises et des femmes de Barcelone.
- Les étoffes, — soieries, velours, draps, — semblent être la production principale de l’industrie portugaise : on fera des tentures très-noblement sévères ou tout à fait gracieuses avec les tissus de soie, même avec les cotons que fabriquent MM. Gordero et Irmao, de Lisbonne. La plus élégante Parisienne s’accommoderait volontiers des soieries et des velours de MM. Ramires et Ramires, des soieries surtout, si légères, si frêles en apparence, mais solides en réalité, et rappelant par leur grain les plus beaux gros de Naples ; la compagnie d’Arrentella cache une paroi de la salle sous d’innombrables bandes de draps noirs, gris, marrons, de draps unis, de draps rayés, et, de toutes parts, entassés sur les tables, accrochés aux murailles, flamboient les beaux lainages éclatants destinés à garantir de la froidure ou de la chaleur la mule et le muletier des montagnes.
- Les nombreux mannequins appuyés, deux par deux, sur les parois de la galerie turque, nous faciliterons la description des types et des costumes. Voici un bourgeois vêtu de drap gris ; son turban se borne à des dimen-isons modestes ; à sa ceinture, reluit un petit
- poignard. Une femme turque, de Constantinople, traîne longuement une robe de damas rosâtre, et de sa calotte bleue ouvragée d’or s’échappent, directs et un peu durs comme les crins d’une crinière, des cheveux noirs épars. Une robe de mousseline, brodée de de dessins blancs, aux manches de mousseline brodées de dessins d’or, enveloppe la musulmane de Bagdad ; sa calotte est noire avec un gland rouge ; un morceau d’étoffe sombre dérobe le visage, Cette femme qui passe le front haut, malgré le poids d’un vaste turban, c’est une juive ; sa robe bariolée est garnie de fourrures. La chrétienne d’Orient ne porte pas de turban et s’enveloppe avec simplicité d’une tunique de drap noir, traversée ça et là de bandes de drap rouge brodé d’or.
- La paysanne musulmane se drape avecélé-gance dans la bure grossière ; une sorte de bonnet métallique, fait de pièces d’argent et de chaînes de cuivre, encadre nettement son visage au teint mat, à l’œil fixe. Le Druse, farouche, appuie sa main gauche sur la garde ouvragée d’un grand sabre et-brandit de la droite une hache. La femme druse se singularise par une petite corne d’argent qu’elle porte sur la tête et qui lui donne quelque ressemblance avec le fabulepx unicorne de la zoologie d’autrefois. Les Bulgares, comme les Chinois, se rasent-ils la tête? On serait tenté de le croire, car sur le crâne du mannequin que voici les cheveux sont remplacés par mille cordelettes noires. Un berger, pauvre, fier, étrange, se drape seigneurialement dans sa tunique de laine ; un artisan, plus humble, est vêtu de calicot bariolé et déteint : ni éclat de couleurs, ni beauté de formes.
- Voulez-vous pénétrer plus avant dans la vie orientale et vous plaît-il d’évoquer les mystèresdes harems ?D’amirables tapis, moelleux et profonds, rouges ou verts, toujours doux à l’œil ; d’autres, plus sombres et plus profonds encore, vous feront songer aux longues rêveries assoupies, dans les salles silencieuses où s’éparpille la fumée alanguissante duférezli. Ces épaisses portières, taillées dans les tapis de Smyrne, au fond bleu, au dessin rouge, ou dans les tapis à fond blanc de Bon-gouil, ou dans les somptueuses étoffes imitées des étoffes persanes, ces épaisses portières, qui interceptent tous les bruits, vous rappel
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- leront de quel silence s’enveloppent les joies et les tristesses des intérieurs musulmans. Contenus dans des fioles de cristal pailletées d’or, des parfums ravis aux roses puissantes du Levant vous feront croire que vous respirez les senteurs inconnues du sérail. Vous penserez aux concerts et aux danses qui, dans les Mille et une nuits, ne manquent jamais d’accompagner les soupers galants, devant ces instruments de musique, naïfs et compliqués, prêts à recevoir le souffle des belle esclaves musiciennes.
- C’est ici que nous bornerons notre promenade dans la Constantinople de l’Exposition universelle et que nous cesserons de vous servir de guide. Ces coussins invitent au repos, à la sieste. Nos lecteurs eux-mêmes, à peine assis; se sentiront bercés par une vague somnolence. Et plaise au ciel que cet article ne soit pour rien dans le sommeil qui les gagne!
- (Journal Officiel.}
- NOUVEAU SÉCHOIR INDUSTRIEL A VAPEUR SURCHAUFFÉE (I)
- Par M. Testud DEBEAUREGARD.
- Nous ayons en souvent l’occasion de parler de la dilatation de la vapeur, M. Régnault (de l’Institut) la comparant aux gaz secs a indiqué pour coefficient le chiffre de 367 millièmes par 400 degrés centigrades.
- Désaturée, complètement sèche, la vapeur peut être envisagée comme un gaz et suivre les lois de dilatation qui régissent ces derniers; mais au point de vue pratique, à quel instant doit on appliquer ce coefficient puisque le corps instable dont nous nous occupons se modifie incessamment en raison de temps et de la température du milieu. Il serait essentiel dès lors de se reporter à des tables et dans ce sens nous avons déjà publié un premier travail, ré-
- (1) On sait que l’idée d'appliquer la vapeur surchauffée au séchage des produits industriels a été réalisée, pratiquement par M. Bastaërt, et le Moniteur de la Teinture a fait connaître l'appareil établi par cet ingénieur pour le séchage et l'épail-lage des Tissus,—N° 2 (20 janvier) année courante, page 17. — Nous aurons prochainement à signaler quelques perfectionnements apportés à ce procédé par son auteur.
- sultat des expériences directes (67e Lettre-Causerie); mais ce travail demanderait à être répété dans des conditions spéciales et l’industrie qui en tirerait un profitable parti devrait, par la voie de ses sociétés savantes, prendre l'initiative à cet égard afin qu’il soit fait un second travail plus étendu, plus complet indiquant des chiffres définitivement, indiscutablement adoptés. Cette tâche, naguère difficile, se simplifie aujourd’hui que l’industrie possède des appareils surchauffeurs stables, pratiques permettant une longue série d’expériences et surtout une durée laissant aux constatations et aux vérifications toute leur valeur in lustrielle.
- Après la dilatation , l’observation nous amène à relater des propriétés spéciales inhérentes à l’excès de calorique mêlé à la vapeur; par exemple, l’affinité de la vapeur désaturée pour les liquides, affinité proportionnelle à l’excès de fluide inpondérable. Voilà en industrie une propriété excessivement féconde; elle s’explique logiquement : la vapeur désaturée tend à se saturer; d’où il résulte que sa puis sauce absorbante, son affinité pour le liquide est, répétons-le afin de bien préciser, proportionnelle à son point de saturation.
- Cette loi appliquée et voilà l’industrie dotée, enrichie de l’appareil de dessication le plus simple que l’on puisse concevoir, le séchoir le plus naïf qui puisse être imaginé. Simple, et ce qui ajoute à sa valeur, c’est surtout son emploi, son fonctionnement essentiellement économiques. En effet et sans coût onéreux de mouvements mécaniques comme le ventilateur — la vapeur agissant en ce sens directement — ou aura des .gaz, à une température ad libitum soufflés; animés d’une vitesse que l’on peut ordonner par le simple jeu d’un robinet etavec tout cela aucune chaleur inutilement perdue, le rayonnement même conjuré autant que faire se peut par l’emploi de corps idio-calorifiques. Rien que de strictement vrai dans cet exposé ; nous allons le corroborer, fournir des preuves.
- Un surchauffeur surmonté d’un aspirateur, tel est l’ensemble, l’appareil complet de dessication. La force d’impulsion pour la traction des gaz, la vapeur nous la donne par sa force vive. Pas de calorique perdu, avons-nous dit ; les gaz,produits delà combustion, appelés par
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- le jeu de l’aspirateur sont, par cet appareil, refoulés où besoin est, à la température qu’on désire avoir et sous une vitesse d’impulsion dont on est toujours maître, Le surchauffeur et le tuyau de conduite enveloppés conjurent le rayonnement ; il n’y a donc dans l’emploi de cet appareil aucun aléa pouvant être redouté par l’industrie; l’effet en est certain, indiscutable, aucune objection, aucune place laissée à la crainte.
- Encore quelques années et le travail de nos machines motrices diminuera en raison de l emploi direct des forces de la vapeur. Plus d’intermédiaires inutiles, n’est-ce pas là le plus fécond, le plus économique des enseignements donné par l’observation ?
- {Lettres- Causeries').
- BREVETS D’INVENTION CONCERNANT LES INDUSTRIES TINCTORIALES.
- ET TEXTILES.
- 98,315. — 22 mars 1873 : ARNAUD-GAIDAN Nîmes. — Chevalet guide-liseur pour lire les dessins des tapis haute-laine à chaînes mobiles.
- 98,319. — 14 février : Boissel, à Laval. — gris.grand teint sur coton et sur fil.
- 97,320. — 14 février : Boissel, Laval. — Noir grand teint; sur coton et sur fil.
- 98,330. — 1er mars : Beutin et Gest fils, Paris. — Nouveau Jacquard pour métier à tuiles.
- 98,359. — 3 mars : Garforth, Paris. —Machines à filer et à retordre les cotons et autres textiles.
- 98,361. — 4 mars (et brevet espagnol) : Gonzalez, Paris. — Banc mécanique pour la filature des soies.
- 98,362. — 3 mars : Gourdin, Paris. — Casse-fil à balancier, et contre-poids régulateur pour débroyage automatique et instantané des métiers circulaires à bonneterie.
- 98,367. -27 février : Leroy, Noycu (Sarthe). Petite machine remplaçant l’ancien rouet des cordiers.
- 98,368. — 5 mars : LAFBERY, Paris. — Dé-brayage électrique appliquable aux métiers à tricots et autres machines.
- 98,369. — 5 mars (et brevet anglais) : Mackenzie, Paris. — Appareil constituant ou liseur automatique du Jacquard, et servant à indiquer et choisir les cartons et à les 'transporter et les perforer sur une matière quelconque appropriée.
- 98,373. — 3 mars : Roman et CHEVRAU, Paris. — Tondeuse à nombre variable de lames indépendantes et mobiles.
- 98,377. — 3 mars : Stauf, Paris. — Crin végétal.
- 98,379. — 3 mars : Thibault, Paris. — Procédé d’imitation de bois sur papier de tenture.
- 98,397. — 7 mars (et brevet anglais) : HoL-den, Paris. —Perfectionnements dans la préparation des fibres de laine, coton et autres.
- 98,401. — 3mars : Louis, Paris. — Machine à repasser le linge et autres étoffes.
- 9.8,404 . — 6 mars : Mathias, Paris.— Coloration des chapeaux de paille et autres matières analogues.
- 98,413. — 8 mars : AGNELLET frères, Paris. — Appareils et procédés perfectionnés pour l’apprêt des tissus de tous genres.
- 98,424. — 8 mars : Gaensly, Paris. — Perfectionnements aux métiers à broder.
- 98,425. — 11 mars (et brevet anglais) : Gatty, Paris. — Perfectionnements dans la production de certaines couleurs sur les tissus et fils de cotou.
- 98,429. — 10 mars : KETTIN, Paris. — Emploi des cheveux et des poils d’origine chevaline et bovine dans la fabrication des draps» des laines, etc.
- 98,436. — 11 mars : Dufrené, Paris. — Instrument servant à imprimer tout objet ayant une surface plane ou courbe, l’empreinte étant définitive ou devant subir une préparation subséquente pour le devenir.
- 98,462. — 14 mars : Garnett, WHEATER et WARING, Paris. — Perfectionnement aux machines à peigner.
- 98,491. — 31 mars : Fleury-Desmares, El-beuf. — Procédé de lainage des étoffes de laine, et machine pour ce travail.
- 98,306. — 5 avril : MULLIEZ-ELoy, Lille. — Armure de tissage.
- 98,317. — 8 avril : ALLART-ROUSSEAU père, fils et Cie, Roubaix. — Mode d’attache de
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- brosses aux porte-brosses frappants de la peigneuse Noble.
- 98,526. — 4 avril : CAPON fils aîné, Paris. — Métier à tisser mécaniquement ou marchant à volonté au pied.
- 98,527. — 1er avril : Constantin, Lyon. — Procédé d’encollage des fils de chaîne, laine ou coton.
- 98,532. — 5 avril : GUIBAL et Teyssèdre, Nîmes. — Tissu à côtes, appliquable notamment aux bas nouveautés de laine.
- 98,536. — 8 avril, LECLERCQ-MACHU, Viesly (Nord). '— Machine portative complète servant à encoller les fils de chaîne.
- 98,539. — 5 avril : Martine, Lille. — Taquet de tissage.
- 98,544. — 8 avril : PORON frères, Troyes. — Perfectionnements à un appareil destiné à produire mécaniquement des dessins à jour sur un tissu de bonneterie.
- 98,548. — 15 mars : Zimmermann, Paris. — Tondeuse.
- 98,562. — 18 mars (et brevet anglais): HORNER, Paris. — Perfectionnements dans les machines à peigner.
- 98,575. — 17 mars : Patenoster, Paris. — Métier pour tresses à chaussons, ainsi que pour tous galons de passementerie.
- 98,576. — 19 mars : Prud’homme, Paris. — Broderies et soutaches de toutes couleurs sur dentelles.
- 98,577. — 19 mars : ROBIQUET, Pantin (Seine). — Application du Jacquart au tissage des bois.
- 98,581. — 18 mars: De VINANT et Henry, Paris. — Blanchisssage des matières textiles végétales.
- 98,642. — 22 mars : SChirmer, Paris. — Machine à broder à entraînement dans tous les sens par le pied de biche.
- 98,669. — 26 mars (et. brevet anglais) : Kellogg, Paris. — Perfectionnements dans la fabrication des étoffes recouvertes de fourrure.
- 98,688. — 31 mars : Le comte de Favières, Paris. —• Couleurs pour peindre sur les étoffes non apprêtées, sur les peaux, etc.
- 98,708. — 27 mars : SCHELLERet BERCHTOLD, Paris. — Machine à laver la soie.
- CERTIFICATS D’ADDITION.
- Bonnet etBEAUCAMP : 1er avril. —Nettoyage
- et dégraissage des déchets gras de coton. — B. 88,454.
- Fraisse-Brossard : 3 avril. — Rasoirs pour la fabrication des rubans de velours. — B. 96,040.
- Casse et fils : 26 mars. — Disposition de la mécanique Jacquard. —B. 94,542.
- DROULERS-VERNIER : Guide-peignes-barrettes.
- — B.91,566.
- NOUVELLES
- Marques de fabrique en Allemagne.— L’ar-ticle II de la convention additionnelle signée à Berlin le 12 octobre 1871, ayant fait revivre les stipulations du traité de 1862 entre la France et le Zollverein, relatives à la garantie des marques de fabrique, des doutes s’étaient élevés sur le point de savoir si les dispositions analogues insérées dans les traités conclus, antérieurement à la guerre, avec les Etats allemands qui ne faisaient point partie du Zollverein étaient également remises en vigueur.
- Une déclaration signée le 9 octobre par le ministre'des affaires étrangères et l’ambassadeur d’Allemagne à Paris met fin à ces doutes. Il en résulte que les industriels français jouissent, pour les marques de fabrique, de la même protection qui leur était assurée, avant la guerre, par tous les traités conclus avec les divers Etats allemands indistinctement.
- En faisant connaître cette convention, nous devons en bien indiquer la portée, et faire ressortir ce qu’elle pourrait avoir d’insidieux.
- Une annexe au traité de Francfort avait remis en vigueur la convention de réciprocité de 1862 sur la matière, conclue avec la Prusse et Zollverein; mais Hambourg, Brême, Lubeck et les deux Mecklembourg ne faisant pas partie de l’Union douanière, se sont cru affranchis, vis-à-vis de la France, du droit commun allemand. Il en est résulté que la contrefaçon de toutes les marques, signatures et raisons sociales des maisons françaises s’y faisait impunément et avait pris un développement ruineux pour notre commerce.
- En présence de cette situation, un certain nombre de fabricants se sont constitués en comité, dont le siège est rue de Grenelle Saint-Germain, 9. Ils ont fait étudier la question à Hambourg par leur conseil judiciaire, en ont saisi le ministère des affaires étrangères, et finalement sont arrivés à obtenir la déclaration du 15 octobre.
- Nous devons insister sur ce point, qu’il est indispensable, pour bénéficier des avantages qu’elle offre au commerce français, de dépo-
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- ser les marques de fabrique, conformément aux règlements en vigueur dans les villes libres de Hambourg, Brême et Lubeck.
- Le comité des fabricants communique à tous les intéressés les renseignements dont il dispose à cet égard.
- L'IMPOT sur les tissus. — L/impôt projeté sur les tissus qui menaçait si sérieusement la prospérité de nos industries, est'définitivement et officiellement abandonné par le gouvernement, ainsi qu’il résulte du rapport du ministre des finances, adressé le 3 courant, au Président de la République et dans lequel on lit :
- « Reconnaissant combien il serait juste de faire concourir dans une équitable mesure le commerce et l’industrie au support des nouvelles charges publiques, le conseil supérieur a songé à reporter sur les produits fabriqués l’impôt qui devait peser sur les matières premières.
- » On pensait que ces impô ts donneraient environ 143 millions et demi. Mais autant le conseil supérieur a été affirmatif en ce qui concerne la légitimité de ces taxes, autant il est demeuré indécis au sujet des moyens d’appli-cation dontila renvoyé l’étude aux administrations compétentes. Après un travail approfondi, dans un conseil spécial formé au ministère des finances, il a été reconnu que la plupart de ces impôts seraient très-difficiles dans leur application, d’une surveillance presque impossible, à moins d’être inquisitoriale et vexatoire, et d’un produit très-incertain.
- » Ainsi, par exemple, le plus, important.de tous, celui des tissus, évalué d’abord à 100 millions, puis à 60, puis à 50, puis ramené à 35 on 40 par le conseil des finances a fini par être abandonné; il a été reconnu qu’il ne donnerait à peu près rien pendant les deux premières années qui suivraient son établissement, tant à cause des formalités préalables à remplir, de l’exercice à organiser, des inventaires à dresser, que de l’inexpérience des employés. Or, c’est dans deux mois que vont commencer à se produire les besoins de l’exercice 1874, et que les ressources commenceront à être nécessaires; il a donc fallu recourir à des moyens plus pratiques, moins coûteux, plus certainement et plus promptement productifs. »
- Cours du Conservatoire. — Les cours publics et gratuits de sciences appliquées aux arts, professés au Conservatoire des Arts-et-Métiers, sont ouverts depuis le 3 courant; voici le programme adopté par les professeurs dont l’enseignement intéresse nos spécialités :
- Chimie appliquée aux industries de la Teinture, de la Céramique et de la Verrerie. (Les
- lundis et jeudis, à sept heures et demie du soir). M. De Luynes, professeur. — Objet des leçons : Des verres. — Matières premières employées. — Trempe recuit. — Dévitrification. — Fours. — Fabrication des poteries. — Préparation et travail des pâtes céramiques. — Faïence. — Porcelaine. — Grès. — Couleurs vitrifiables. — Emaux. — Décoration des verres et des poteries.
- Filatzcre et lissage. (Les lundis et jeudis, à huit heures trois quarts du soir). M. Alcan, professeur. — Objet des leçons : Aperçu général sur les arts textiles; origines, caractères, propriétés, épuration et préparation des matières premières. — Filature, retordage et apprêts des fils de coton, lin, chanvre, jute, chi-na-grass, laine, poil de chèvre, alpaga, soie, bourres et déchets, caoutchouc, etc.
- Chimie générale dans ses rapports avec l’industrie. (Les lundis et jeudis, à huit heures trois quarts du soir). M.E.PÉLIGOT, professeur. — Objet des leçons : Première partie du cours : Phénomènes généraux de combinaison et de décomposition. — Nomenclature et notatiou chimique. —Histoire détaillée des corps sim-pies non métalliques et de leurs principales combinaisons. — Air atmosphérique. — Eau. — Acides minéraux. — Ammonia jue.
- Physique appliquée aux arts. (Les mardis et vendredis, à huit heures trois quarts du soir). M.E. Becquerel, professeur. — Objet des leçons : Principes fondamentaux de la physique. — Applications diverses de la chaleur; formation des vapeurs; emploi de leur force élastique ; sources de chaleur et de froid; chauffage; ventilation. — Production et propagation des sons. — Sources de lumière; éclairage; analyse spectrale. — Construction des instruments d’optiqüe.
- Mécanique appliquée aux arts. (Les mardis et vendredis, à sept heures et demie du soir). M.TRESCA,professeur. — Objet des leçons : Examen genéral des progrès des arts mécaniques à l’exposition universelle de Vienne. — Qualités et emplois des matériaux. — Résistance et essais de matériaux. — Machines motrices. — Machines hydrauliques. — Machines soufflantes. — Machines-outils.
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Faris. Typ, Turân et Ad. Juvet, 9, cour des Miracies.
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- 16e VOL., No 22. 20 NOVEMBRE -1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Apprêts des tissus en laine peignée, par M. Alcan. Considérations générales (suite). Matériels des apprêts. Epaillage et èpeùtïssage chimique, — Désorganisation du coton sous l’action des alcalis et des oxydanis, par M. Jenmaire. — Emploi du bi-sulfite de soude comme anti-chlore, par M. Schuchardt. — Effet de la gelée sur une teinture à l'indigo. — Bleu-Marine sur soie. — Saumon sur laine. — Bleus decuve remontés parM. SCALA. Brun cannelle d’aniline.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Revue sommaire des brevets d’invention: Apprêts dès fils et tissus. Impressions sur peaux. Extraction de l’anthracène. Machine à laver et battre. Résidus de châtaignier. Cousage des pièces. Métier cl dérailler. Emploi du caroubier. Extraits tinctoriaux, — Etamage des tissus.
- — Sur le bleu dit d'antimon. — Les soieries lyonnaises.
- NOUVELLES : Exposition de Vienne, récompenses. — Conservatoire des Arts et Métiers de Vienne. — Id. de Paris. — Prud’hommes. — Concurrence allemande.
- APPRÊTS DES TISSUS EN LAINE PEIGNÉE
- Par M. Michel Alcan.
- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. (Suite)
- Ces distinctitions succintes, qui ne sont que le résumé des caractères et propriétés des matières premières traitées ailleurs (1), n’ont pour but que de faire saisir l’influence de ces éléments fondamentaux sur les opérations dont nous nous occupons.
- II. De la nature et de l’état des corps étrangers à faire disparaître au préalable du tissu. — Les irrégularités, les nœuds, la colle, les corps gras de diverses sources incorporés aux produits sont au nombre des substances étrangères dont il faut débarrasser l’étoffe. Ces impuretés, communes à presque toute espèce de tissu, indépendamment de leur nature, sont enlevées par des moyens qui diffèrent peu entre eux.
- III. Des apparences et des propriétés spéciales à donner au produit. — Les moyens, dans ce cas, doivent évidemment varier et être mo-
- (1) Voir Filature du colon, parM. Alcan, p. 35, Traité du travail des laines cardées, du même auteur, t. I, p. 227.
- difiés suivant qu’on produira avec une même matière une étoffe molle, lisse, flexible et rase, carteuse et à grain, ou à duvet, à poil long ou ondulé. Il suffit d’indiquer ces différences pour en conclure la nécessité de l’application de moyens spéciaux dans chaque cas. Le succès dépendra ensuite de l’appropriation raison-née de ces moyens suivant le plus ou moins de ténuité et de force du produit, et qu’il s’agira d’étoffes en pièces ou de vêtements, tels que châles, écharpes, capuchons, mantelets, etc.
- On peut diviser toutes les opérations embrassées par les apprêts en deux catégories distinctes, comprenant : 1° le traitement complémentaire des produits écr us pour en enlever les substances étrangères ou masquant la netteté de la surface de l’étoffe ; 2° ceux qui ont pour objet de développer les caractères et les propriétés susceptibles de donner l’aspect le plus avantageux, eu égard à la nature et à la constitution technique du tissu.
- Les moyens qui concourent aux apprêts des deux périodes consistent dans des appareils mécaniques opérant tantôt à sec, sans le concours d’aucun véhicule ou composition chimique auxiliaire, tantôt avec diverses dissolutions liquides à une température plus ou moins élevée.
- Le matériel nécessaire à la réalisation des apprêts, quel que soit d’ailleurs l’état auquel on les applique, reste en principe à peu près le même ; il est donc, sauf de légères modifications, indépendant de la nature des produits. Nous pouvons le décrire dans son ensemble tel qu’il est composé, indistinctement pour les diverses spécialités, sauf à revenir ensuite sur son appropriation particulière à l’industrie des
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- tissus ras, qui nous occupe exclusivement dans ce travail.
- MATÉRIEL DES APPRÊTS
- Ce matériel a pour objet les diverses opérations désignées sous les noms l’épeutissage, de tondage, de grillage ou flambage^ de bruissaget de pressage^ de calandrage, etc.
- L’épeutissage a pour but principal d’enlever de l’étoffe les nœuds et irrégularités de fragments de fibres et de fils plus ou moins apparents provenant de diverses sources, restés dans les matières premières et dans les produits. L’opération se faisait exclusivement avec de petites pinces, manœnvrées à la main, il y a une quinzaine d’années, et se pratique parfois encore ainsi ; elle exige beaucoup de soins et de temps; elle est nécessairement onéreuse, sans présenter toutes les garanties de perfection désirables.
- La substition d’un moyen automatique au travail à la main pour l'épeutissage de la plupart des tissus, au moyen d’un appareil ingénieux imaginé par M. David Lobbez en 1847, est un progrès réel ; il s’est bientôt répandu dans l’industrie, à l’exclusion des autres modes d’épeutissage, tels que pierre ponce, papier deverre, e tc., tentés antérieurement sans succès; le frottement de ces matières sur le tissu avait l’inconvénient de l’user et de le détériorer.
- Epeutisseuse automatique. — Le principe de l’appareil repose sur la combinaison d’un organe spécial nommé peigne par son inventeur ; il consiste en une ou deux lames d’acier à denture très-fine, montées en lame de rabot sur un châssis en bois ou en métal, évidé au milieu pour livrer passage aux nœuds rasés par l’outil. (1).
- Lors de l’Exposition de 1855, cette machine était déjà employée. Nous avons pu nous assurer que, malgré la redevance payée à l’inventeur, l’épeutissage à la main d’une pièce coûtant alors 12 à 15 francs, ne revenait qu’à
- ( 1) A cet endroit, se trouve dans l’original la description de cette épeutisseuse se rapportant aux dessins qui figurent à l’atlas.
- 2 francs par l’emploi de la machine. Depuis lors, le brevet étant dans le domaine public, l’écart en faveur de l’épeutissage automatique s’est encore augmenté.
- Epeutissage et épaillage chimique des tissus. — Depuis quelques années, on a eu l’idée d’appliquer aux pièces tissées, le procédé utilisé à la séparation des substances végétales de la laine brute ou des chiffons de laine, indiqué plus haut dans ce traité. Ce nouveau mode d’opérer pour éviter l’épeutissage à la main a été imaginé par M. Frezon d’Amiens, et est actuellement exploité par lui, quoique le brevet ait été pris, avec l’autorisation de l’inventeur, par MM. Delamotte et Faille, de Reims.
- Ce système est plus répandu jusqu’ici dans la fabrication des draps, que dans celle des tissus ras, mais comme il a également son utilité dans cette dernière spécialité, nous ne pouvons le passer sous silence. Rappelons donc la série des opérations par lesquelles on traite la pièce à épailler :
- 1° Afin de préserver la laine de l’action des agents chimiques introduits dans l’opération pour détruire la substance végétale, on fait passer la pièce dans un bain d’eau pure à 60 degrés pour l’imbiber, puis dans le bain préservateur, composé avec la dissolution de l’un des corps suivants: alun, acétate de plomb, etc., en proportion variable avec l’épaisseur de l’article traité (1);
- 2° On fait passer le tissu dans une dissolution chimique susceptible de détruire les substances végétales; le chlorure de chaux, les acides végétaux et minéraux peuvent servir, mais on préfère en général l’acide sulfurique à un degré de concentration, variable avec l’épaisseur de l’étoffe et suivant la quantité de substance végétale à détruire, etc. Nous avons nous même expérimenté avec des bains plus ou moins concentrés à une température de 20 à 40 degrés, et les résultats ont toujours été parfaits, seulement, la durée de l’actiou est en général en raison inverse du degré d’acidité ;
- (1) Dans la pratique courante on se dispense généralement du bain préservateur; on passe directement au bain destructeur acide après le trempage. Il va sans dire que le tissu est soumis à un essorage à la sortie des bains.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- t© Ot CT
- l’immersion dure en moyenne de vingt à trente minutes. Voici le tableau donnant les divers degrés essayés :
- N°’ Proportions d’acide sulfurique et Degré des bains. d’eau. aréométrique.
- 1....... Acide........ 1... Eau..... 99...
- 2....... Acide........ 2. .. Eau..... 98...
- 3....... Acide........ S... Eau.... 95. ..
- 4....... Acide........ 10... Eau..... 90...
- 3....... Acide........ 23...
- Eau.................... 75. ..
- 6....... Acide........ 30...
- Eau.................... 30...
- CO F*
- OC O 2 SCD DE
- O P O O o ©
- Oc oc oc
- 3 ° A la sortie du bain acide destructeur, on soumet la pièce à la température la plus élevée qu’elle puissse supporter sans que le lainage en soit altéré. Le produit humide, passant rapidement dans un séchoir sous l’action de l’air chaud à 100 degrés, n’éprouve aucun effet fâcheux, quoique toutes les parcelles végétales se trouvent visiblement carbonisées. Des points noirs qui apparaissent alors le prouvent. On lave ensuite à l’eau alcaline et savonneuse chaude, puis on essore de nouveau.
- 4 ° Lorsque la pièce est arrivée à cet état, un battage ou une action mécanique quelconque, a laquelle les operations ultérieures la soumettent d’ordinaire, suffit pour la débarrasser des corps étrangers.
- Nous n’insistons pas sur les détails d’applications, parce qu’ils sont d’une simplicité qui nous en dispense. Le traitement par les bains ne présente aucune difficulté, la manœuvre est identique à celle qu’on fait subir aux étoffes destinées à être teintes en pièces. Le seul point qui puisse varier et qui demande des soins particuliers est l’établissement du séchoir carbonisateur, qui doit être compris de manière à ce que l’opération ait lieu rapidement et efficacement.
- Entre autres appareils applicables à l'épail-lage pour carboniser les matières végétales,
- nous avons vu à Reims l’emploi de cylindres chauffés à l’intérieur et autour desquels passe la pièce à carboniser. Nous donnons l’un des séchoirs les plus récents, imaginé par M. Bas-taërt, basé sur l’emploi de la vapeur surchauffée, mélangée d’air (1).
- Il est presque inutile d’ajouter que, pour faciliter et hâter l’opération, les pièces doivent être passées au préalable à l’hydro-extracteur, afin qu’il y reste le moins n'humidité possible. au moment du passage au séchoir.
- Il existe actuellement dans les différents grands centres, des ateliers spéciaux qui épail-lent chimiquement à façon. L’emploi de ce procédé n’est pas sans une influence sérieuse sur la consommation de certaines laines dont l’épaillage avant la filature était incomplet et présentait des inconvénients déjà cités dans cet ouvrage. L’application du procédé aux tissus mérite donc d’être signalée comme un progrès réel, surtout dans la spécialité des lainages drapés.
- Tondage^ grillage. — On se sert de deux procédés pour enlever à la plupart des tissus écrus le duvet plus ou moins apparent qui résulte de l’espèce de peluche existant à la surface de tous les fils formés avec des filaments de longueur limitée. Le poil qui masque la netteté delà tissure lisse ou qui empêche de bien distinguer les parties saillantes et les sillons qui déterminent ce qu’on appelle le grain de certaines étoffes, doit absolument disparaître pour tous les tissus ras et être égalisé dans les articles à surface duveteuse. Les moyens en usage ont une grande analogie avec ceux employés pour débarrasser la peau de ses poils; on a recours, tantôt à l’action du tranchant et tantôt à celle de la combustion, souvent à l’application alternative des deux moyens.
- (A suivre).
- (Traité du travail des laines peignées.)
- (1) Suit la description de cet excellent appareil, que les lecteurs du Moniteur de la Teinture peuvent trouver, avec dessins, dans le n° 2 (20 janvier de l’année courante, pages 47 suivantes.
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- &
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- VALEUR COMPARÉE
- DE
- L’ALIZARINE ARTIFICIELLE
- ET
- DE LA GARANCE. * par M. Brandt.
- La Société d’Agriculture de Vaucluse, émue du progrès de la fabrication de l’alizarine artificielle, s’est adressée à la Société Industrielle de Mulhouse pour avoir des renseignements sur l’emploi de ce nouveau produit, ainsi que sur l’avenir qui paraît réservé à la culture de la garance.
- Parmi les questions posées à ce propos à la Société Industrielle, figurent les suivantes :
- « Que doivent craindre les cultivateurs de garance pour le présent?
- » Que doivent-ils craindre pour l’avenir? » Il serait excessivement difficile, pour ne pas dire impossiblede donner une réponse catégorique à ces questions posées par la Société d’Agriculture. Il est vrai, et il ne ressort que trop de tous les renseignements que nons possédons sur la question, que l’emploi de l’alizarine artificielle augmente continuellement, et que la consommation de ce produit a lieu sur une très-grande échelle en Alsace, et notamment en Allemagne et en Russie. Mais cette consommation d’alizarine artificielle n’a pas lieu au détriment de la consommation normale de garance; Par consommation normale de garance, nous entendons la consommation telle qu’elle était avant l’introduction dans le commerce des extraits de garance.
- L’introduction de ces extraits a ouvert un champ beaucoup plus vaste à la consommation de la garance, parce que de cette manière on arrive à associer les nuances garancées à un plus grand nombre de couleurs, et que bien des articles qu’on faisait en couleurs faux teint auparavant, peuvent se faire aujourd’hui en bon teint. Par là on serait arrivé à employer beaucoup plus de garance qu’auparavant, si l’alizarine artificielle n’était pas venue faire concurrence aux extraits de garance ; c’est donc surtout ce surcroit de consommation qui est menacé par l’alizarine artificielle.
- On a bien essayé avec plus ou moins de succès de remplacer la garance en teinture par
- l’alizarine artificielle, mais on n’a complètement réussi jusqu’à présent que pour le violet. Quant au rouge, les résultats obtenus sont moins satisfaisants, et la garance, ou plutôt ses dérivés, sont encore préférables pour bien des articles.
- L’alizarine artificielle, telle qu’elle est fournie aujourd’hui, ne contient qu’un seul des principes immédiats de la garance : « l’alizarine. » Quand cette alizarine est sensiblement pure, telle que celle de MM. Meister et Lucius, elle donne des violets plus beaux que la fleur de garance, et remplace avec avantage cette dernière en teinture et en impression, à la fois comme vivacité et comme prix. Mais il n’en est pas de même du rouge, pour lequel l’alizarine artificielle ne saurait, jusqu’à présent, remplacer la garance dans toutes ses applications.
- Pour arriver à remplacer complètement la garance, il faut un nouveau progrès de la science; il faut qu’on arrive à produire artificiellement l’un des autres principes contenus dans la garance, ce qu’on appelle généralement purpurine, et qui fournit des rouges très-orangés. La Société industrielle a mis cette question au concours dans son programme des prix. — Mais le problème est loin d’être résolu, car la première condition nécessaire pour la résoudre n’est pas encore remplie, vu qu’on ne connaît pas encore exactement la constitution chimique de cette matière rouge orange contenue dans la garance.
- Pour concourir avec l’alizarine artificielle, il ne manque donc quë des extraits de garance bon marché; ce n’est qu’une question de prix; quant à la question de qualité en ce qui concerne les rouges, elle est tout à fait en faveur de la garance. Ce problème ne nous paraît pas impossible à résoudre.
- Jusqu’à présent la fabrication des extraits de garance se fait sur une échelle assez limitée, principalement à Paris et en Angleterre, ce qui ajoute au prix de revient les frais de transport de la garance, qui sont assez considérables, quand on songe qu’on transporte de grandes quantités de matière première destinée à être revendue un petit volume. C’est donc sur les lieux de production, à Avignon et ses environs, que devrait se faire la fabrication des extraits. Il est vrai qu’on a déjà fait des essais
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS , 257
- nombreux, mais jusqu’à présent les extraits fabriqués dans le Midi ne valent pas ceux de Paris et d’Angleterre, et on n’en fait de longtemps pas assez pour suffire à la consommation.
- Mais ce n’est pas une raison pour qu’Avignon n’arrive pas à faire mieux et surtout meilleur marché, et c’est surtout sur ce côté de la question que nous croyons devoir insister. La place d’Avignon doit être fertile en ressources de tout genre, et il est de toute nécessité qu’on fasse une part beaucoup plus large que jusqu’ici à l’élément scientifique. Tout est là, et nous croyons qu’en suivant cette voie, on arrivera à de bons résultats. On peut trouver des procédés d’extraction utilisant tout le pouvoir colorant de la garance, car l'avenir est aux extraits, à l’application directe, et la teinture tend de jour en jour à perdre plus de terrain. Voilà pour la question chimique. Quant à la question agricole, il y a peut être de grands progrès à faire, soit par le moyen d’engrais mieux adoptés à la culture de la garance, soit par une étude plus approfondie du rendement des racines aux diverses époques de leur croissance.
- On n’arrivera pas à supprimer l'alizarine artificielle; la place de celle-ci est acquise. Mais l’emploi des matières colorantes garan-cées, soit naturelles, soit artificielles, augmente d’une façon tellement considérable, qu’il est permis d’espérer que la garance pourra occuper une place très-importante à côté de l’alizarine artificielle, et que sa consommation, loin de diminuer, pourra même augmenter.
- La « purpurine » artificielle n'existant pas encore on trouvera avantage à employer des extraits de garance donnant le rouge le plus orangé possible, que l’on emploiera tels quels ou que l’on mélangera à l’alizarine artificielle pure, selon les articles, et on produira de cette manière toutes les teintes de la garance.
- La Société d’Agriculture de Vaucluse pourrait contribuer puissamment au développement de l’agriculture et de l'industrie de son département, en fondant des prix destinés à exciter l’émulation générale. De cette manière elle s’assurerait du concours efficace de la science, qui a déjà tant fait pour l’agriculture et l’industrie en général.
- (Bull. de la Soc. Industrielle).
- DÉSORGANISATION DU COTON ET DES FIBRES VÉGÉTALES
- SOUS L’ACTION DES ALCALIS ET DES OXYDANTS.
- Par M P. JEANMAIRE. b a3smoTdo DO BvSG eD 91510710 8
- Du coton et du lin imprégnés d’acide chro-mique ou d’un mélange de chromate de potasse et d’un acide, ou de permanganate de po -tasse, lavés après que la réduction du corps oxydant s’est opérée et qui né présentaient alors aucune altération apparente, sont fortement affaiblis lorsqu’on les soumet à une'ac-tion alcaline quelconque. las"
- L’expérience peut se faire, par exemple, avec une solution de bichromate de potasse à 40 grammes par litre, acidulée d’acide Sulfurique. On y plonge un tissu de coton qu'on laisse quelque temps immergé ou qu’on peut retirer immédiatement et exposer à l’air, jusqu’à ce que, de jaune qu’il était, on n'observe plus que la teinte verdâtre du sel de chrome qui s’est formé (et qui disparaît, du reste, au lavage). Puis après l’avoir lavé, on le laisse quelques instants dans une eau alcalipisée avec un carbonate alcalin ou un alcali caustique, ou même du savon à 50° ou 60° centigrades, et on observe bientôt l’altération, qui est d’autant plus prompte que la lessivé est plus concentrée, et ne s’opère qu’à là longue dans des solutions très-faibles (de l'ammo-niaque à 4/4000 par exemple).
- Il n’est pas nécessaire que l’oxydant soit acide pour opérer la réaction ; ainsi, une solution faible de permanganate de, potasse additionnée d’une petite quantité d'alcali (pas assez pour opérer sa transformation en man-ganate), fait aussi subir au tissu qu’on y aurait plongé et qu’on aurait laissé quelques instants à l’air, puis lavé, une altération qui gagnerait en intensité par un passage alcalin.
- La réaction aurait été identique si on avait ajouté assez d’alcali pour transformer le permanganate en manganate.
- Au lieu de laisser à l’air les tissus manga-natés, on peut les passer immédiatement en acide.
- Même réaction encore, mais beaucoup
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- moins vive; avec les ferricyanures alcalins. Il est probable que l’altération qu’on observe quelquefois sur du linge savonné ou lessivé plusieurs fois, ou certains accidents de blanchiment sont dus à une réaction analogue.
- Le chromate de baryte ou le chromate de plomb fixés sur un tissu et passés en acide sulfurique ou oxalique, ou tout autre acide capable de déplacer l’acide chromique, se seraient comportés de même.
- Dans les réactions avec l’acide chromique, par exemple, il ne reste pas trace de ce dernier sur le tissu, car si on y laisse tomber quelques gouttes d’une eau bleuie au sulfate d’indigo, la teinte bleue ne disparaît pas. L’altération n’est pas non plus causée par du sesquioxyde de chrome à un état particulier que le lavage n’aurait pas tout à fait enlevé, car on pourrait empêcher l’altération du tissu au moyen du ferricyanure alcalin qui, comme on sait, transforme le sesquioxyde de chrome (le vert Gui-gnetmême)en acide chromique, ce qui n’a pas lieu.
- Il faut donc chercher ailleurs une explication de la réaction qui se passe sur la fibre, réaction que je ne me hasarderai pas à définir.
- L’acide chromique paraîtrait oxyder (ou déshydrogéner) la fibre pour former un corps nouveau qui serait désorganisé sous une influence alcaline.
- Ces réactions permettent de reconnaître si un blanc ou un jaune sur fond bleu cuvé ont été obtenus par un procédé de réserve ou par l’enlevage sur tissu préparé en chromate. Dans ce dernier cas, le tissu plongé en alcali serait altéré dans les parties blanches. Les enlevages au ferricyanure toutefois présenteraient l'a-Vantage de ne pas être altérés dans ces circonstances à cause de l’action relativement très-lente des ferricyanures.
- (Société Industrielle de Mulhouse).
- EMPLOI DU BISULFITE DE SOUDE
- COMME ANTI-CHLORE DANS LE BLANCHIMENT.
- Par M. Th. Schuchardt.
- Dans un grand nombre d’industries on n’a pas encore observé avec toute l’attention suffisante les conséquences fâcheuses qui résultent de l’emploi de la substance qu’on connaît sous le nom d’anti-chlore et qui est de l’hyposul-fite de soude dont on fait usage pour neutraliser l’action du chlore resté dans les matières blanchies par le gaz, telles que la paille,la pâte de bois, le papier, les chiffons, les fils et les tissus de jute, de chanvre, de lin et de coton. L’effet le plus nuisible est évidemment la précipitation du soufre qui a eu lieu sous la forme d’une poudre excessivement fine qui se distribue dans tous les pores du tissu blanchi, et y adhère avec une telle force qu’il est à peu près impossible de l’enlever par la voie méca-niquedeslavages. Dans cette distribution tellement fine, le soufre doit peu àpeuse transformer sur la fibre ou à l'intérieur de la pâte de papier, en absorbant l’oxygène de l’air en acide sulfureux, et au bout d’un certain temps s’oxyder encore pour former de l’acide sulfurique qui compromet gravement la durée et la solidité des fils et des tissus. Dans la fabrication du papier, la conséquence de cet état de chose est naturellement que la masse du papier fabriqué devient cassante, et que le papier à écrire ne peut plus servir avec nos encres ordinaires au sulfate de fer, parce que les traits et les écritures doivent blanchir.
- Les fabricants intelligents peuvent immédiatement faire disparaître cet inconvénient en se servant du bisulfite de soude. Par l’emploi de ce sel, toute précipitation de soude est absolument impossible. On a jusqu’à présent, dans le même but, fait usage avec succès du sulfite simple de soude, mais le grand avantage du bisulfite de soude, relativement au sulfite simple, consiste en ce que dans l’emploi à poids égaux des deux sels il se dégage du bisulfite une quantité bien plus considérable d’acide sulfureux qui exerce son action, que la chose ne peut avoir lieu avec le sulfite simple. On se trouve donc en mesure, quand on
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- or
- ce
- se sert du bisulfite, de débarrasser en moins de temps du chlore de plus grandes quantités des matières prises en charge, que quand on a recours au sel simple, sans compter que le bisulfite est relativement d’un prix notablement moins élevé que le sulfite simple.
- Je suppose qu’on connaît l’action parfaite d’uue solution de bisulfite de (soude aiguisée par l’acide sulfurique dans les établissements de blanchiment et de lavage des laines (laine en toison, cardée, de peigne, en tissure de toute espèce). Les fils, les tissus de laine lavés au bisulfite et blanchis,acquièrent à la teinture la beauté et la vivacité les plus éclatantes, ainsi que le plus bel éclat des couleurs qu’il est permis d’obtenir.
- (Polylech. Notezblatl).
- EFFET DE LA GELÉE
- SUR UNE TEINTURE A L'INDIGO.
- M. Camille Kœchlin a signalé à la Société Industrielle de Mulhouse un curieux accident de fabrication survenu dans une pièce de coton teinte en cuve d’indigo.
- Par l’effet de la gelée, les parties extérieures des plis exposés à l’air ont blanchi d’une manière notable.
- BLEU MARINE SOIE
- Voici le ton du bleu marine en faveur cet hiver pour tissus de soie, et aussi, d’ailleurs pour lainages et autres étoffes pour robes.
- Cette nuance s’obtient par les bleus d’aniline que l’on pousse au fond à l’aide du bleu
- noir; il n’est pas nécessaire que les bleus d’aniline employés soient des teintes lumières^ mais il faut cependant des produits purs et d’un beau tranché.
- La dose de bleu noir doit être de moitié environ de la quantité de bleu d’aniline employée.
- Sur laine on peut employer, uni au bleu-noir, un bleu violeté pourvu qu’il soit vif.
- SAUMON LAINE
- Cette nuance s’emploie pour les lainages et soieries à doublures, tels que mousselines-laine, florences, etc., ainsi que pour les flanelles à confections, articles pour jupons, bonneterie et pour toutes étoffes de dessous en général.
- On obtient cette teinte en donnant un pied de jaune au terra mérita, ou au bois de Cuba, et nuançant ensuite dans un léger bain de fus-chine un peu aiguisé d’acide acétique.
- Un autre moyen, moins avantageux du reste, serait de teindre dans un bain mélangé d’acide picrique et de cochenille ammoniacale, avec crème de tartre et alun, et assez fortement acidulé par l’acide sulfurique.
- Pour les soieries, on pourrait encore employer deux bains séparés, l’un de rocou, l’autre de safranum, mais ce dernier en très-faible quantité.
- BLEUS DE CUVE REMONTÉS par M. Scala.
- Les procédés brévetés par M. Scala ont pour but, dit l’auteur, d’obtenir des bleus brillants et solides sur étoffes de laine, de fil, de coton,
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- avec une grande économie d’indigo, par appli- | cation, avant ce dernier, d’un avivage ou re- ( montage à l’aide d’une autre matière colo- ! rante. 'I
- PROCÉDÉ POUR LAINE ET DRAP.
- 6 o '
- Dans un récipient convenable contenant de l’eau à 20 ou 30 degrés, on introduit du rocou en quantité plus ou moins grande, suivant la nuance à obtenir.
- On y plonge la laine pendant 10 minutes à la température de 70 ou 80 degrés, on lave à l’eau froide, puis on la porte dans un autre bain chauffé à 40 degrés, et composé pour 40 kilogr. de laine avec :
- Bleu liquide d’orseille 3 à 4 kil.
- Acide sulfurique un verre.
- On travaille la laine ou le drap pendant 10 minutes, puis on porte 15 minutes à l’ébullition et on lave, finalement, on introduit la laine dans la cuve d’indigo.
- Les bains sont facilement remis en état pour une nouvelle teinture, par l’addition de nou-veaux produits.
- Pour obtenir un bleu pour l’armée, la marine, etc., à l’épreuve des réactifs habituels, on remplace le rocou par l’anate (I) avec addition pour 50 kilogrammes de matières à teindre de :
- Garance 1 kil. 500 à 2 kil.
- Santal 2 à 3 —
- Cachou 2 à 3 —
- Le cachou doit être bouilli séparément, puis épuré.
- PROCÉDÉ POUR COTONS ET FILÉS.
- On opère comme pour la laine, en employant plus ou moins grande quantité de matières, suivant la nuance à obtenir.
- (1) Nous devons faire remarquer que Y anale
- n’est qu’une variété de rocou, peu différente du
- rocou lui-même. — F. G.
- La préparation d’anate est obtenue en dissolvant cette matière dans l’eau chaude, passant au tamis, puis ajoutant 4 kilogrammes de potasse pour 5 kilog. d’anate et 90 litres d’eau. On agite, on fait bouillir 3 minutés et on laisse refroidir. sl8ina 91 oup 6v918 aniom H9m (Bull. Soc. Chimique).
- BRUN-CANNELLE D’ANILINE.
- Le brun cannelle, préparé dans la fabrique Rod. Knosp de Stuttgard, fournit sur laine, soie et coton, un très-beau brun auquel on ’ peut communiquer les nuances les plus variées à l’aide des matières colorantes bleues, rouges ou jaunes. La teinture de la soie et de la laine se fait sans mordant. On dissout dans l’eau tiède et on filtre après refroidissement ; pour la soie on acidulé le bain par de l’acide tartrique. Pour la laine on y ajoute 1 kilogramme de sulfate de soude et 250 grammes d’acide sulfariqué pour 20 kilogrammes de laine. On teint à l’ébüllition. Si l’on veut relever la nuance on ajoute au bain un peu de violet méthylique ou de carmin d’indigo. Pour le coton, il faut le mordancer de préférence par le tannin.
- Le brun-cannelle s’obtient à l’aide d’un des produits formés dans la fabrication de la fuchsine. C’est un sel acide de chrysotoluidine G21 H21 Az3 , base qui dérive de la toluidine par élimination d’hydrogène.
- La base solide est insoluble dans l’eau et se sépare de la solution de ses sels par l’addition d’un alcali sous la forme d’un précipité jaune clair ; elle est soluble dans l’alcool. Ses sels neutres sont peu solubles dans l’eau bouillante qui les dédouble en sel basique insoluble et sel acide soluble. La solution des sels acides est d’un jaune pur; c’est cette nuance que l’on obtient lorsqu’on teint dans un bain de sel acide, additionné d’un alcali.
- (Mu,stêr-Z eitün g).
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- ET DE EIMPRESSION DES TISSUS
- ES
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- REVUE SOMMAIRE
- DÈS BREVETS D’INVENTION.
- Apprêt des fils et tissus.— M. RUBY emploie pour l’apprêt des fils et tissus, eu général, les sels suivants :
- Stéarates alcalins.
- Oléates id.
- Margarates id.
- Palmitates id.
- Résinâtes id.
- Etc., etc.
- Lesquels sont solubles dans les huiles essentielles, l’alcool, la benzine, le sulfure de carbone et autres dissolvants de même nature.
- Les sels neutres d’ammoniaque formés des mêmes acides sont principalement avantageux à cause de leur solubilité dans l’eau ; ils peuvent ainsi s’appliquer facilement et les opérations successives de l’apprêt dégageant leur ammoniaque, ils se transforment en sels basiques devenus insolubles, qui restent ainsi fixés aux tissus.
- Ce dernier mode convient spécialement pour les apprêts légers sur soie.
- Les apprêts forts se produisent à l’aide des premiers sels cités, dissous dans la benzine ou le sulfure de carbone, la dissolution s’applique aux tissus que l’on laisse sécher ainsi imprégnés.
- L’auteur se sert aussi des sels métalliques formés par les mêmes acides, lorsque ces sels peuvent être dissous dans les dissolvants indiqués, et que leur couleur propre peut être utile pour obtenir certains effets ou colorations.—B. 97.209.
- Impressions sur peaux. — M. Hess résume ainsi son idée, qu’il désigne sous le titre de « Impressions de dessins de toutes couleurs sur toutes espèces de peaux de toutes nuances, s’employant pour la chaussure et dans tous les genres de fabrication, la chèvre et le mouton spécialement. »
- La peau étant prise en croûte subit :
- 1° Le nettoyage au vent comme pour toutes espèces de peausseries.
- 2° La teinture de la peau par les moyens ordinaires, selon les nuances qu’on veut lui donner pour fond de dessin.
- 3° L’impression des dessins de toutes espèces et de toutes nuances par le moyen d’une planche ou d’un rouleau gravé.
- 4° L’opération du corroyage ordinaire. Ce procédé consiste donc à imprimer le dessin avant l’opération du corroyage.— B. 95.840.
- Extraction de l’anthracène. — Les perfectionnements apportés par M. Dorsett, dans le mode d’extraction de l'anthracène des huiles l .urdes qui la contiennent, consistent dans le traitement des huiles lourdes restant dans les appareils distillatoires après qu’on les a séparées des huiles légères.
- Les huiles lourdes sont refroidies, puis abandonnées sur des filtres ; la matière restant sur les filtres contient en grande partie l’anthracène.
- Les filtres sont faits avec des toiles métalliques très-fines, garnies au besoin de tissus de coton ou de laine.—B. 95.803.
- Machine à laver et battre les écheveaux. — Dans la machine de M. Bozzini, le battage s’effectue entre deux surfaces planes, lorsque les écheveaux sont imprégnés d’eau et arrêtés, le coup de battoir une fois donné, les éche-veaux cheminent d’une certaine quantité pour présenter une nouvelle partie à battre, et le premier mouvement recommence.
- Les tournettes qui supportent les écheveaux sont disposées sur un plan incliné afin de faciliter l’entraînement des matières étrangères par le liquide qui afflue au centre des tour-nettes supérieures, et pénètre les fils du dedans au dehors.—B. 98.021.
- Emploi des résidus de châtaignier. — Les perfectionnements revendiqués par M. Landes dans l’emploi du bois de châtaignier, consistent à débiter ce bois de manière à pouvoir s’en servir pour la fabrication de la pâte à papier, après en avoir extrait les principes astringents employés dans la teinture des soies en noir.
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- 26? LE MONITEUR DE LA TEINTURE
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- Il y a avantage à conserver les filaments le plus long possible, tout en donnant aux copeaux de bois la plus petite épaisseur. — B. 95.349.
- Machine pour le cousage des pièces.— Dans les ateliers d’impressions, les blanchisseries et autres fabriques de ce genre, il est désirable que les pièces de tissus soient cousues ensemble bout à bout, de manière à former un long ruban continu, et il est essentiel que les pièces ainsi assemblées, soient sous l’action d’une tension uniforme tout le long et dans le sens de la ligne de points.
- L’invention de MM. Lincoln et REYER a trait à une machine devant remplir ce but. En connexion avec une machine à coudre ordinaire dont on a annulé le mécanisme alimentaire usuel, on dispose un châssis annulaire à révolution continue de crochets, pointes, crampons ou autres moyens de fixation pour maintenir ensemble les deux pièces à coudre ; ces deux pièces sont couchées à plat, l’une sur l’autre, avec leurs bords bien reunis, et ainsi arrangées et attachées aux crochets de châssis, elles sont par lui amenées d’une façon continue pour être consues ensemble par l’action de ce mécanisme.— B. 97.444.
- Métier d dérailler et à sécher. — Le métier à dérailler, breveté par M. Bourgeois, a pour but de briser l’apprêt des tissus de façon à leur ôter leur roideur, ainsi que cela est exigé par certains articles.
- Il se compose de deux chaînes de Vaucan-son, faisant un circuit sinueux, mais restant toujours parallèles entr’elles, en louvoyant entre deux rangées de roues dentées sur lesquelles elles engrènent; ces chaînes attachent les tissus chacune par une lisière et le tendent en largeur par 1 écartement de ces pignons-guides.
- L’appareil sécheur se compose d’une suite de cylindres chauffés sur lesquels le tissu s’enroule et les recouvre presque complètement, étant ramené sur chaque cylindre ou tambour par une paire de rouleaux qui lui fait envelopper presque toute la surface de ce cylindre. — B. 97.486.
- Emploi du caroubier en teinture. — Les
- feuilles et les fruits du caroubier, dit M. Di-geon, peuvent remplacer avec avantage la noix de galle, le sumac, l’écorce de chêne, soit pour la teinture et la fabrication de l’encre, soit pour la tannerie ou autres industries qui emploient le tannin.
- Pour en faire usage, on les sèche et on les réduit en poudre. L’auteur prétend s’en réserver l’emploi exclusif. — B. 95.603.
- Fabrication des extraits tinctoriaux. — Le bois pulvérisé est traité par 10 kilog. d’alcali volatil et 90 kilog. d’eau; on filtre sur une autre portion de bois en poudre ; on concentre la solution tinctoriale qui se forme par le passage successif sur plusieurs autres portions de bois. On sature par un acide pour précipiter la matière colorante dissoute ; celle-ci se sépare en flocons qu’on lave et qu’on sèche.
- On obtient ainsi, en général, un produit cassant, foncé, peu soluble dans l’eau froide, très-soluble dans les alcalis, reproduisant la couleur du bois, et pouvant servir à la teinture et l’impression des étoffes et du papier.
- Les principes médicinaux contenus dans les bois, peuvent le plus souvent en être encore extraits après ce traitement.
- L’ammoniaque et les acides employés se re-trouvent finalement sous forme de sels ammoniacaux.
- Ce procédé est deM. KNAB.— B. 95.615.
- • (A continuer)
- ETAMAGE DES TISSUS Par M. JACOBSEN.
- Voici comment il faut procéder pour recouvrir les tissus de lin et de coton d’une couche d’étain épaisse, brillante et flexible. On broie de la poudre de zinc avec une solution d’albumine et on porte cette bouillie liquide sur le tissu, à l’aide soit d’un pinceau, soit du rouleau. Après dessiccation on fixe la couche par un passage en vapeur et on plonge l’étoffe dans une solution de chlorure d’étain. L’étain se précipite sur le zinc dans un grand état de division. On lave l’étoffe et on la satine après dessiccation ; par cette opération l’étain forme sur l’étoffe une couche homogène et brillante.
- Les étoffes ainsi étamées peuvent, entre autres usages, remplacer dans bien des cas les feuilles d’étain. (Polytech. Journal-)
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- SUR LE BLEU
- DIT D’ANTIMOINE.
- Par M. G. KRAUS.
- Cette belle couleur bleue, employée depuis peu, rivalise de beauté avec l’outremer. Associée au jaune de chôme ou au jaune de zinc (chromate de zinc), elle fournit un vert qui ne le cède en rien au vert de Schweinfurt.
- Elle se produit par l’addition de cyanure jaune à une solution d’antimoine dans l’eau régale, aussi longtemps qu’il se produit un précipité. L’auteur a cherché à modifier ce procédé, qui n’est guère pratique, et il a pu obtenir la même couleur en faisant bouillir avec du cyanure jaune une solution d’émétique additionnée d’acide chlorhydrique.
- L’antimoine lui-même n’entre pas du reste dans la composition de cette couleur et son intervention est inutile, car elle se produit par la seule ébullition du cyanure jaune avec l’acide chlorhydrique. La présence de l’antimoine qui peut du reste être remplacé par du mercure, facilite seulement sa formation.
- Gette matière colorante est soluble dans l’acide chlorhydrique qui, par l’ébullition, la rend successivement verte et jaune ; mais par le repos la matière bleue est régénérée.
- Ce bleu paraît se dissoudre dans l’eau, mais il n’est qu’en suspension, car il se dépose par le repos. Les alcalis le déposent immédiatement. Cette couleur n’est en résumé qu’une variété du bleu de Prusse et ne mérite aucunement le nom de bleu d’antimoine.
- (Polytech. Journal.)
- LES SOIERIES LYONNAISES
- D’un rapport sur les Industries textiles en France^ déposé au commencement de l’année par M. Natalis Rondot à la Commission permanente des valeurs, nous extrayons le passage suivant :
- « La guerre, l’invasion, l’insurrection à Paris avaient appauvri notre pays; le luxe s’était évanoui; le deuil était général; la consommation intérieure était fort abaissée. Dans de telles conditions, avec le haut prix de l’argent, delà
- soie et des façons, avec la désorganisation inséparable des dix mois de malheurs publics et de misères privées, avec la mode de l’uni, cruelle pour nous, qui rend plus facile le nivellement des producteurs, il semblait que la fabrique de Lyon dût avoir fléchi. Au contraire, elle a été aussi vigoureuse que jamais. L’activité s’est soutenu au point qu’une partie des pertes a été réparée et que les exportations ont monté à un chiffre inattendu. C’est en effet l’étranger qui a alimenté presque tous nos métiers.
- » En 1871, des faits que nous avons signalés à leur origine dans notre rapport de 1870, se sont présentés avec plus de netteté. Les étoffes unies et noires pour robes qui, pendant sept ou huit ans, avaient été si recherchées, ont été moins demandées. En même temps, la faveur s’est portée davantage sur les tissus unis de couleur, et particulièrement sur les belles qualités de ces tissus. La nouveauté, qui consistait autrefois dans la diversité et l’originalité des dessins, est aujourd’hui toute la couleur. Il y a une variété infinie et un renouvellement incessant de nuances d’une beauté et d’un éclat merveilleux. Les teinturiers lyonnais, dont l’habileté est célèbre, ont assuré en ce point à nos étoffes une supériorité que quelques esprits inquiets craignaient de voir menacée. C’est une chose singulière que ce souffle rapide de la mode qui a inspiré partout à l’étranger le goût de riches tissus aux couleurs gaies et brillantes, quand nos femmes prenaient des étoffes plus modestes et se couvraient de vêtements de deuil.
- » La vogue est donc à l’uni et à la couleur. Il a été fait peu de nouveautés en armures, en rayures et en quadrillés ; il y a eu cependant une tendance manifeste à revenir aux étoffes façonnées. Ne désespérons pas de voir s’accomplir cet heureux retour. L’époque la plus célèbre dans l’histoire de la fabrique ne Lyon, celle des Revel et des Philippe de la Salle, mat quée par tant de chefs-d’œuvre de dessins, de coloris et de tissure, n’a-t-elle pas succédé à une longue période où l’uni était en grande faveur, même dès la fin du XVIIe siècle ?
- » La fabrique de foulards, paralysée pendant près de sept mois par la grève des ouvriers imprimeurs, a repris un essor considérable et est en pleine prospérité.... »
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- NOUVELLES
- Exposition de Vienne. — Récompenses. — Le Journal officiel publie la note suivante^: « M. Rolland, membre de l’Institut, directeur des manufactures de l’État, et M. Schlœ-sing, directeur de l’école d’application des manufactures de l’État, ont obtenu un diplôme d'honneur pour l’invention d’un nouveau procédé de fabrication du carbonate de soude.
- » C’est par suite d'une double erreur que ces messieurs ont été compris dans la liste générale des récompenses, comme appartenant à la nationalité allemande, et n’ont pas figuré parmi les exposants français qui ont obtenu cette haute distinction, et dont les noms ont été insérés dans le Journal officiel du 30 août dernier, et dans le Moniteur de la Teinture du 5 septembre. »
- Création d’un conservatoire des arts et métiers A Vienne. — Une création destinée à survivre à l’exposition universelle et à en consacrer pour ainsi dire le souvenir sera l'Athe-næum, établissement nouveau fondé dans l’intérêt et pour l’instruction des ouvriers et des petits artisans. Immédiatement après la clôture de l’exposition, cet établissement, créé sur le modèle du Conservatoire des arts et métiers de Paris et du Musée de l’Industrie de Bruxelles, sera installé au centre des quartiers industriels de Neubau, Schottenfeld, Mariahilf, etc. Les objets que beaucoup d’exposants ont abandonnés lui seront remis. On y trouvera des séries de dessins, de modèles, d’instruments, dé machines et d’outils, des collections d’échantillons de matières premières et de produits entièrement ou seulement à demi fabriqués.
- L’Athenæum autrichien sera pourvu d’une bibliothèque, à laquelle le directeur de l’exposition, baron de Schwarzsenborn, a déjà fait don d’une collection rassemblée par lui depuis 1845 et qui a pour objet les expositions universelles. Cette bibliothèque naissante compte déjà 3,412 volumes ou 2,205 ouvrages.
- L’établissement dispose d’un capital de 115,618 florins.
- Conservatoire des arts et métiers de Paris. — Depuis quelques jours, une salle nouvelle est ouverte au public curieux de visiter les merveilles que renferme le Conservatoire des arts et métiers.
- Cette salle, qui servait autrefois de dépôt, et où fut installée une ambulance pendant le siège, est placée dans le bâtiment gauche de la cour, au premier étage, dont elle occupe toute la longueur ; elle fait pendant à la bibliothèque. Très-élégamment ornée, avec un parquet en mosaïque et un plafond en bois seulpté, à compartiments, la nouvelle salle, qui ne me
- sure pas moins de quarante mètres de longueur, est éclairée par seize grandes fenêtres.
- Elle est uniquement affectée aux machines, aux instruments et aux objets de filature et de tissage, qu’on a réunis dans seize grandes vitrines et autant de petites, et qui, autrefois, étaient disséminés dans les différentes parties du musée. An milieu est le premier métier mécanique à tisser les étoffes qui ait été construit en 1745; il est dû à Vaucanson, qui, on le sait, a été le fondateur du Conservatoire autrefois rue de Charonne.
- Autour sont les pièces du métier exécutées par Jacquard et signées parlai; la plupart datent de 1790. Enfin, dans les diverses vitrines sont les différents systèmes de cylindres, de métiers et toutes les petites machines en usage en France, en Angleterre, en Amérique, etc.
- Cette nouvelle salle est certainement la plus belle et la plus vaste de tout le musée ; elle sera un grand attrait pour les étrangers et. pour le’public du dimanche. {Liberté).
- Prud’hommes. — Par un récent décret M. Brison-Lelarge(PIacide-Victor-François), teinturier, a été nommé président du conseil de prud’hommes de Vire. et M. Bazin (Pierre), presseur de draps, a été nommé vice-président.
- Concurrence allemande.— D’un rapport du consulat allemand à Fernambouc (Brésil), rapport analysé dans la Gazette de Cologne^ nous extrayons ce fait qui peut intéresser nos fabricants. Depuis la dernière guerre, la Saxe, avec ses châles de laine teints et imprimés; Aix-la-Chapelle et ses environs avec leurs draps et étoffes satinés; Elberfeld avec ses étoffes de fantaisie pour robes; Berlin avec ses confections de laine ou de soie et laine pour dames, essayent, paraît-il, de lutter contre les produits français sur le marché du Brésil.
- Les manufacturiers allemands, surtout des provinces rhénanes, ont fait, dit le rapport, de grands efforts pour satisfaire les goûts et les besoins des Brésiliens; mais le produit français est toujours, avoue le rapport, très-supérieur au point de vue de l’élégance, de la confection et du goût dans le choix des couleurs. Elberfeld est de même surpassé par Manchester pour les étoffes à robes soie et laine, et par Bradford, pour les alpagas de toute espèce, l’Angleterre fournissant, dit le rapport, ces articles à bien meilleur marché, le produit restant aussi beau.
- Pour tous les articles non signés • P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant. Tous droits réservés.
- Paris. Typ, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracies .
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 16° VOL., No 23. 5 DÉCEMBRE 1873
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Apprêts des tissus en laine peignée, par M. Alcan : Matériel des apprêts (suite), l'iambage^ Apprêts liquides, Garnissage.— Préservation des paniers des essoreuses, par M. MAINGOT. — Imperméabilité des textiles, par M. W. Morris. — Des propriétés nuisibles des couleurs de goudron, par MM. EULENBERG ei VOHL. — Parage ou collage des fils et Machine à cuire les parements et les apprêts (gravure).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Exposition de Vienne, industrie cotonnière. — Usages déloyaux de quelques maisons anglaises. — Brevets d’invention concernant les industries tinctoriales et textiles.
- NOUVELLES : Loi relative au timbre des marques et dessins de fabrique. — Incendie. — Conseil des Prud’hommes.
- APPRÊTS DES TISSUS EN LAINE PEIGNÉE
- Par M. Michel Alcan.
- MATÉRIEL DES APPRÊTS (Suite.)
- Dans le premier cas, l’opération est connue sous le nom de tondage', dans le second, sous celui de grillage ou flambage.
- Le tondage avait lieu autrefois par d’énormes ciseaux dits forces, manœuvres à la main. Depuis le commencement de ce siècle, ce travail lent, pénible, irrégulier, se fait par des machines légères, élégantes, très-expéditives, bien connues sous le nom de tondeuses. Il en existe de plusieurs systèmes, également ingénieuses, usitées suivant les divers résultals cherchés. Ayant déjà décrit tous ces systèmes, les forces, les tondeuses dites transversales, longitudinales, simples et à plusieurs organes tondeurs avec tous leurs détails, dans noire travail sur la. laine cardée, nous n'avons plus qu’à les mentionner. (I)
- Appareils à griller et à flamber. — Ces appareils, assez simples en général, sont de plusieurs sortes. Autrefois on se servait déjà du moyen dit à la plaque, consistant dans le passage rapide des tissus sur une voûte formée l'une plaque métallique rougie par un foyer placé au-dessous ; on a ensuite cherché à y substituer le flambage par l’action d’une lampe à alcool, et enfin celle de la flamme ob-
- (1) Voir le Traité du travail des laines cardées, t. IL p. 291. Voir aussi le Moniteur de la teinture, nnée 1872, page 73 et 82.
- tenue par des becs de gaz. Ce dernier moyen est le plus général actuellement; on n’a cependant pas abandonné le grillage à la plaque, appliqué surtout aux articles épais. Les différents systèmes dont nous venons de parler étant décrits ailleurs (1), nous n’avons pas à y revenir.
- Nous nous bornerons à donner la description d’un appareil à griller au gaz, d’une grande efficacité, combiné par MM. Tulpin, de Rouen, auxquels la spécialité des apprêts doit de notables perfectionnements. (2)
- Machine à griller et à tondre simultanément. — Certains articles unis ou à grain saillant ont, dans leur épaisseur, des bouchons difficiles à atteindre par l’effet isolé des appareils à griller et des tondeuses connues précédemment décrites. Afin d’arriver plus sûrement au but, un habile apprêteur de Paris, M. Charnelet, a imaginé une machine dans laquelle il met alternativement à profit l’action d’un gazage énergique par un mélange de gaz et d’air atmosphérique et celle du tondage proprement dit.
- Dans cette machine à double effet (3), le tissu est dirigé de son point de départ quelconque, placé à la partie inférieure de l’appareil. Il passe successivement au-dessus de la flamme des brûleurs plus ou moins nombreux
- (1) Essais sur les industries textiles, par Michel Alcan.
- (2) Voir la description et les dessins de cet appareil dans l’année 1868 du Moniteur de la Teinture, page 30 et suivantes.
- (3) L'original donne ici une description détaillée de cette machine se rapportant aux dessins de l’atlas.
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- 261 LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- dans lesquels l’air atmosphérique est chassé pour se mêler au gaz hydrogène carburé dans une certaine proportion. De là, l’étoffe après avoir passé sur une brosse circulaire à mouvement de rotation continu destinée à relever au besoin le poil pour faciliter le tondage, se rend sous les lames tondeuses hélicoïdales d’un cylindre également doué de mouvement circulaire continu. Un cuir fixé à l’extrémité d’une tige est destiné à lubrifier les lames. Après avoir reçu l’action du tondage, l’étoffe passe sous un plieur qui, par un mouvement de va et-vient, la dispose en plis réguliers sur une table ou sur le sol. Elle reçoit la tension voulue dans cette pérégrination, après avoir passé sur une barre, au moyen de cylindres et rouleaux tendeurs. Chacun des organes est disposé pour pouvoir être réglé convenablement en raison du genre et de la force du produit à traiter.
- Un tambour contient un ventilateur destiné à chasser l’air dans un récipient commun pour en alimenter les brûleurs. Diversrobinets, convenablement disposés, mettent en communication ou interceptent, l’introduction et le mélange des fluides dans les réservoirs qui leur sont destinés.
- La machine que nous venons de décrire faisant un double travail, a surtout l’avantage de se servir d’une flamme blanche particulièrement intense, susceptible de fouiller les parties les plus creuses du tissus, et de griller les effets blancs ou en couleurs délicates, sans leur faire subir aucune altération.
- (A continuer.)
- (Traité du travail des laines peignées.)
- MOYEN NOUVEAU
- DE PRÉSERVATION DES HYDRO-EXTRACTEURS
- Un industriel d'Elbeuf, qui s’est acquis une réputation méritée dans la fabrication des appareils multiples employés dans l’apprêt des tissus de laine, M. Alfred Maingot, vient de faire breveter un nouveau moyen de préservation des hydro-extracteurJ, obtenu par l’application des caoutchouc en dissolution ou en feuilles sur les pièces servant à la construction de ses appareils.
- On sait que dans Dépaillage chimique, les
- matières animales, tissées ou non, sont passées dans un bain contenant de l’eau plus ou moins acidulée, et passées ensuite dans l’hy-dro-oxtracteur, pour enlever le liquide qui se trouve en excès et favoriser ainsi l’action du séchage.
- L’inventeur a eu en vue de remplacer tous les lourds paniers en plomb, qui sont continuellement en réparation, et la comparaison de son système avec ceux employés jusqu’ici permet de constater qu’il a fait dans cette voie un important progrès.
- Dans le procédé Maingot, la cuve est garnie de plomb, ainsi que le fond du panier, composé de barreaux en fer de 0m20, rives sur un fond en tôle et emmanchés dans le haut sur un fort cercle, où ils sont maintenus par des vis. En retirant ces vis, on peut enlever le cercle, passer les tubes en caoutchouc garnissant les barreaux et remettre ensuite le cercle.
- La partie inférieure du barreau porte un petit renflement en plomb sur lequel vient se forcer un tube en caoutchouc et qui est soudé au plomb du fond.
- Le cercle du haut a des bords fortement arrondis au tour et a une ouverture qui permet d’y passer également un revêtement en caoutchouc. Il ne reste donc plus que les trous de vis à boucher avec de la dissolution de caoutchouc, pour avoir un hydro-extracteur dont les pièces ne soient plus exposées à l’action destructive de l’acide ; or, on n’ignore pas combien il est important d’obtenir cette préservation, puisque l’eau acidulée se trouve rejetée des fibres, se projette de toutes parts et attaque profondément les surfaces métalliques avec lesquelles elle se trouve en contact.
- M. Alfred Maingot a donc obtenu le triple avantage :
- 1° D'assurer une grande durée à ses appa-reils en employant le caoutchouc en dissolution ou en feuilles soudées à chaud ou à froid ;
- 2° D’avoir fait disparaître le plus grand inconvénient des paniers, ceux de son système ne pesant plus que 300 kil., tandis que ceux garnis en plomb pèsent 1,800 kil. ;
- 3° D’avoir supprimé une cause fréquente d’avaries en empêchant le détachement des masses de plomb qui garnissaient les appareils employés jusqu’à ce jour. (Brevet.)
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- IMPERMÉABILISATION DES TEXTILES
- Par M. AV. Morris.
- Mon invention, dit l’auteur, comporte un nouveau procédé ou traitement, et de nouvelles compositions destinées aux produits formés de soie, laine, coton, lin ou chanvre, fourrures, cuirs et papier, au moyen desquels ces produits sont rendus incapables d’attraction capillaire, deviennent imperméables, et sont à l’abri de la nielle et de la teigne. Ils ont, en outre, plus de force et de durée, deviennent non poreux, et prennent des qualités et une apparence supérieures. Ce procédé rend le bois incapable de se moisir et d’engendrer la teigne, et met les briques et tuiles à l’abri de la moisissure.
- Le principe sur lequel repose mon invention est basé sur ce fait : Si les fibres des substances formant les produits sus mentionnés sont douées de molécules de matière appropriée, et sont alors traitées par une solution de sels métalliques ayant des bases puissantes, la matière atomique dont les fibres sont composées est rendue insoluble; et l’effet et les résultats sont comme nous l’avons constaté, et sont dûs à la présence des bases métalliques et à leur combinaison actuelle avec la substance des produits.
- Je sais que les sels métalliques ont été employés de différentes manières dans les arts, dans le but de rendre certains articles imperméables, mais mon invention diffère de ce qui a été fait et employé (autant que je puis le croire), et rend les applications et les résultats plus certains.
- Mon procédé comporte deux parties.
- Pour la première partie j’emploie un composé chimique qui consiste en une partie de gélatine sèche (colle de poisson ou autre), dissoute dans quatre parties d’huile, renfermant une petite qu’antité d’acide sulfurique ou autre. Lorsque ces substances sont combinées au moyen de la chaleur, on ajoute cinq parties environ d’une solution alcaline à une densité d’environ 26” Beaumé ; le tout est remué pendant qu’il est encore chaud, et le résultat est une combinaison chimique que je désigne sous le nom de composé préparatoire.
- Pour la seconde partie de mon procédé,
- j’emploie un composé chimique que j’appelle composé final et que je prépare comme il suit:
- Dans un vase, je prépare une forte solution d’un composé d’alun, par exemple de sulfate d’alumine avec de la potasse, ou de l'ammo-n:aque, ou de la soude. Dans un autre vase, je fais une solution de sulfate de zinc, et dans un troisième vase, une solution d’acétate de plomb. Ces solutions doivent avoir chacune la même densité.
- Quand elles sont préparées, les deux solutions de sulfate sont mélangées dans les proportions d’environ 5 parties de la première pour 1 partie 1/2 de la seconde, et on ajoute environ S parties 1/2 de la solution d’acétate de plomb.
- Par suite de l’action chimique qui a lieu, il se forme du sulfate de plomb, et quand celui-ci s’est précipité, on soutire le liquide clair et on le réduit à la densité convenable, qui est de 1 à 2° Baumé.
- La manière systématique dont je conduis mon procédé, dans le but de traiter les matières à imperméabiliser, est comme il suit:
- Je prépare un bain composé d’environ 15 grammes de mon composé préparatoire, dissous dans 9 litres d’eau chaude. Ce bain doit être employé froid.
- Pour traiter le cuir, je le trempe dans ce bain et je l’égoutte. Ou bien le composé préparatoire peut être dissous à environ la consistance de crème, et ensuite appliqué à la main avant le foulage ou le feutrage. Les bottes, souliers et harnais sonttraités avant d'être finis.
- Pour traiter les produits textiles, les cordages, les fils retors et articles semblables, je les trempe dans le bain ci-dessus décrit, et je les égoutte bien.
- Pour traiter le papier, je le passe à travers le bain ou bien j’encolle la pulpe avec le composé préparatoire, et je fais ensuite passer le papier à travers le bain.
- La seconde partie de mon procédé est conduit comme il suit :
- Lorsque les produits ont été enlevés du bain préparatoire et sont bien égouttés, je le trempe dans un bain du composé final, où ils restent de huit à douze heures, et, quand ils sont bien égouttés, ils sont graduellement séchés et sont alors prêts à être complètement
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- terminés, dans le cas du cuir, des produits textiles, etc.
- Dans le traitement du papier, il y a quelques qualités qu’il ne conviendrait pas de soumettre à l’action du composé préparatoire, mais qui demandent seulement à être immergées pendant un temps très court dans le bain du composé final, puis à être séchées et finies.
- Le bois, les briques, etc., sont traités comme il est ci-dessus décrit, mais avec une plus grande quantité de composé préparatoire.
- Comme il a été constaté ci-dessus, la force ou densité du composé final sera déterminée par un aéromètre, de préférence celui de Baumé, et lorsque, comme dans quelques cas, les produits sont plongés dans ce composé une deuxième ou troisième fois, la force du composé sera maintenueau même degré qu’à la première immersion.
- A cet effet, on préparera une solution plus forte (d’environ le double de force) et on ajoutera au bain final, au fur et à mesure des besoins, de manière à maintenir la densité initiale, que l’on reconnaîtra constamment au moyen de l'aéromètre.
- Par l’emploi de mon procédé et du traitement des articles décrits, je trouve que leur texture et leur couleur ne sont pas atteints, que les produits textiles acquièrent la propriété de repousser l’eau, quoique les interstices ou ouvertures entre les fils ne soient pas comblés, que les articles sont améliorés par ce traitement et sont moins sujets à se détériorer.
- Tout le procédé est économique et permet d’obtenir l’imperméabilité d’une grande variété d’objets, fabriqués ou non, d’une manière simple et économique, tout en les rendant plus durables.
- Outre son adoption pour les qualités supérieures de produits textiles en soie, laine, etc., les rendant imperméables et les préservant des insectes nuisibles, ce procédé s’emploiera avantageusement à l’imperméabilisation du cuir et des tuyaux destinés au transport de l’eau, aux chapeaux de tous genres, aux bottes, chaussures, ombrelles, voiles, cordes et autres articles.
- {Brevet}.
- DES PROPRIÉTÉS NUISIBLES ET TOXIQUES DES COULEURS RETIRÉES
- DU GOUDRON (1)
- par MM. EOLENBERG et VOnIL.
- Couleurs d’aniline. — Elles ne sont pas toxiques par elles-mêmes ; mais l’aniline est un poison et rend ces couleurs nuisibles, quand elle s’y trouve mélangée et non décomposée. C’est de cette manière que la rosalinine^ l’azaléine, le rouge Magenta et la fuchsine ont produit des accidents. Lorsque ces couleurs sont dans une forme amorphe, en pâte, par exemple, ou en solution, elles sont généralement impures.
- Ces couleurs se préparent avec des agents oxydants énergiques, dont beaucoup comptent parmi les poisons les plus violents, tels que l’acide arsénique, l’azotàte mercureux et mercurique, le bichlorure de mercure, les chlorures d’étain, de zinc, d’antimoine, etc. Or, si par le lavage ces substances n’ont pas été complètement enlevées, elles produisent les accidents qui sont spéciaux à chacune d’elles, et si en même temps il s’y trouve encore de l’aniline, l’action pathologique sera encore plus compliquée.
- Les couleurs d’aniline pures peuvent devenir nuisibles, quand elles sont combinées avec des acides toxiques, tels que les acides chlorhydrique, arsénique, arsénieux, picri-que, etc. Ce dernier acide est très-employé depuis quelque temps pour le vert d’aniline et les couleurs rouge orange, composées de rosa-niline et de mauvaniline.
- Pour être fixées sur les tissus de coton et de laine, beaucoup de ces couleurs ont besoin de mordants, parmi lesquels on rencontre souvent l’arséniate de soude. Tous ces tissus sont arsénifères et peuvent donner naissance à des accidents. • 15
- Depuis quelque temps, on emploie pour des nuances inférieures les résidus de fabriques de couleurs d’aniline, qui contiennent de
- (1) Plusieurs fois les médecins ou les toxicolo-gistes ont cherché à démontrer les prétendus dangers des couleurs d’aniline, mais en fait, aucune d’elles n’a encore causé d’accident réel. F. G.
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- ET DE L’IMIPRESSIOM DES TISSUS
- t$
- l’acide arsénieux et de l’acide arsénique. Ces résidus sont souvent employés dansla fabrica-tien des papiers peints, pour colorer les jouets d'enfants, le bois des allumettes, les bonbons, les objets transparents en caoutchouc, etc., qui peuvent donner naissance à des accidents.
- Vert d’aniline picriqi'.e et arsenical. — On fabrique dans le royaume de Saxe des étoffes de laine d’une magnifique couleur bleu vert. L’analyse chimique y démontre de l’acide pi-crique et arsénique. Les couturières qui travaillent ces tissus en sont souvent incommodées. On observe un léger eczéma aux mains.
- Les couleurs phényliques sont surtout constituées par l’acide rosolique, la coralline et l’azaline.
- L’acide rosolique pur n’est pas nuisible, mais il contient presque toujours de l’acide phénique qui peut causer des accidents.
- La coralline a un reflet vert de cantharides. Lorsqu’elle est chimiquement pure, elle n’a aucune propriété toxique, mais comme on la prépare en faisant agir l’ammoniaque sur l’acide rosolique, il peut se former de l’aniline ou phenylamine, les vapeurs de coralline et d’aniline peuvent incommoder les ouvriers. La coralline peut aussi renfermer de l’acide phénique provenant de l’acide rosolique. Pour fixer la coralline sur les tissus, on se sert également d'arsénite de soude qui est retenu sur l’étoffe.
- L’emploi des préparations arsenicales dans la teinture est très-fréquent et demanderait des mesures de police sanitaire rigoureuses.
- L’azaline est une couleur bleue que l’on obtient en chauffant à 180 degrés pendant plusiedrs heures, un mélange d’aniline et de coralline ou d’acide rosolique; pure, elle n'est pas nuisible, mais elle peut contenir de l’aniline et de l'acide phénique.
- Une matière colorante jaune obtenue en chauffant un mélange de b parties d’acide phénique et de 3 parties d’acide arsénique, est toxique.
- L’acide jjicrique que l’on prépare en faisant agir l’acide azotique sur l’hydrate de phényle est toxique par lui-même.
- L’acide picramique dérivé de l’acide picri-que par réduction, est vénéneux, lorsqu’il est donné à dose faible et longtemps continué.
- {Union pharmaceutique).
- PARAGE OU COLLAGE
- DES FILS.
- MACHINE A CUIRE LES PAREMENTS ET LES APPRÊTS.
- Les fils de chaîne subissant pendant le lissage une tension assez forte et des secousses brusques, il est nécessaire, comme tout le monde le sait, d’encoller ces fils pour en abattre le duvet, leur donner de la force, de l’élasticité et aussi les tendre lissses pour faciliter le glissement dans les dents du peigne et dans les boucles des lisses.
- Pour chaque nature de fils on emploie un parement différent.
- La colle forte s’emploie généralement pour la laine.
- La soie contenant une gomme naturelle, on ne l’encolle que rarement.
- La fécule de pomme de terre est employée pour les cotons, lins, chanvre, etc.
- Occupons-nous de l’encollage des colons.
- Le choix d’une bonne recette pour la composition de la colle ou parement est très-utile pour le fabricant.
- Il est très-nécessaire que la colle, une fois cuite, soit bien homogène pour qu’elle puisse se répartir uniformément sur les fils de chaîne sans posséder de grumeaux, qui, résultant d’une cuisson incomplète de la fécule, formeraient des endroits plus ou moins épais, plus ou moins résistants.
- On cuit généralement le parement dans des chaudières ouvertes eu cuivre.
- Le chauffage se fait soit à feu, soit dans des appareils à double fond chauffés à la vapeur.
- Pour obtenir une colle convenable avec des appareils chauffés à feu nu, il faut de trois quarts d’heure à une heure pour amener la colle à l’ébullition, et une autre heure est nécessaire à cette température pour avoir une colle la mieux cuite possible.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- F ig. 13.—.Appareil à cuire les parements et les apprêts.
- EXPOSITION DE VIENNE INDUSTRIE COTONNIÈRE
- Avec l’appareil chauffé à la vapeur on met moins de temps pour arriver à l’ébullition, puisque le liquid se trouve en confact intime avec la source de chaleur.
- Le parement contient delà colle forte toujours un peu acide et des sulfates de cuivre ou de zinc.
- Ces sulfates finissent, au bout de quelques temps, par ronger le cuivre, et on a eu souvent des accidents occasionnés par des explosions d’appareils à double fond chauffés par la vapeur.
- Pendant la cuisson de la colle, un ouvrier doit constamment remuer la pâte avec un bâton, afin d’obtenir une cuisson régulière.
- Ce travail est très-pénible pour l’ouvrier qui, devant agiter la colle pendant près d’une heure et demie, trouve un obstacle beaucoup plus grand à mesure que la pâte s’épaissit.
- De plus il a quelquefois les mains brûlées par la colle bouillante qui jaillit sur lui pendant son travail.
- A Rouen, pour économiser de la main-d’œuvre, on remue la colle mécaniquement, au moyen d’ailes en bois fixées à un arbre vertical mis en mouvement par une transmission.
- La colle s’épaississant plus elle avance en
- cuisson, il arrive souvent que l’effort devenant trop grand, les ailes se cassent au milieu de l’opération; l’ouvrier confiant ne trouve plus qu’une colle brûlée et perdue.
- Pour obvier à cet inconvénient. on a remplacé dernièrement les ailes en bois par des ailes métalliques.
- Ces procédés exigeaient beaucoup de temps, et malgré cela on arrivait pas à la perfection.
- On doit cuire à' l’avance une certaine quantité de parement pour stlisfaire aux besoins de l’encolleuse, et cette colle, exposée pendant un certain temps au milieu d’une température assez élevée, n’était pas longtemps sans se fermenter et sans perdre ainsi de sa qualité, tout en infectant les ateliers, malgré les différents agents agents chimiques qu’on avait soin d’introduire dans la composition de la colle.
- Uno colle préparée de la veillle ne peut ordinairement servir, et est bonne à être jetée...
- suivre.}
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- Ce qui frappe tout d’abord dans l’Industrie cotonnière à l’Exposition de Vienne, c’est de voir le développement croissant de cette industrie dans des pays où elle manquait, il y a peu d’années encore. Ainsi, sans parler des Etats-Unis d’Amérique, qui ont offert naguère à nos produits un grand débouché, fermé maintenant par des drotis prohibitifs, la Russie, l’Italie, l’Espagne, viennent de fonder des établissements considérables pour le travail du coton. Autrefois, ces pays demandaient tous leurs tissus de coton à l’Angleterre et à la France. Aujourd’hui, ils cherchent à se suffire à eux-mêmes dans toute la mesure possible, et leur exposition nous montre de grands progrès réalisés pendant les dernières années. En somme, la consommation a augmenté partout simultanément avec la production ; mais les progrès de l’industrie,
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- dans des contrées qui nous ont acheté dans le temps tous leurs articles en coton, tendent à restreindre déplus en plus nos anciens débouchés et rendent plus difficile le placement de l’excédant de nos produits.
- Nous trouvons les fils simples de coton les plus beaux en France et en Angleterre, en Alsace et en Suisse. Pour les fils à coudre et les fils retors formés par la torsion et le doublage de plusieurs fils simples de même nature ou dénature différente, suivant leur destination, la suprématie appartient à l’Angleterre. Certains fils à coudre en coton glacé sont d’une perfection telle qu’ils remplacent en partie la soie dans beaucoup de travaux. Cette industrie a réalisé des progrès considérables dans les fabriques anglaises et tend à prendre des développements de plus en plus importants. Plus de vingt établissements anglais exportent des fils à coudre pour machines, dont l’Angleterre cherche à prendre le monopole. Parmi les produits les plus parfaits il faut citer ceux des maisons Broock, à Mel-tham, Clark, de Paiseley, Ashworth, de Bol-ton. La section allemande renferme aussi des fils à coudre en écheveaux, en pelotes, et pour machines, de toutes nuances, provenant d'El-berfled, de Dresde, d'Augsbourg. Quant à l'Autriche, elle reste tributaire de l’étranger pour les fils retors comme pour les fils simples de qualité supérieure :Une seule maison autrichienne présente des fils à coudre teints en toutes nuances, mais de qualité médiocre et avec des couleurs mates. Les produits similaires d’origine alsacienne provenant des maisons Schlumberger, de Guebwiller et Herzog, du Logelbach, valent bien mieux et prisent, avec les fils à coudre de diverses sortes, tous les articles de passementeries en coton. Une partie des fils retors du Logelbach est faite avec des cotons longues soies d’Algérie. M. Antoine Heryog, qui possède les établissements de filature et de tissage les plus considérables de l’Alsace, fit de grands efforts, lors delà crise cotonnière; pour la culture du coton en Algérie et au Sénégal. On doit aussi à ce manufacturier éminent la création d’une cité ouvrière à Colmar et l’établissement de beaux travaux hydrauliques, dans les vallées supérieures des Vosges, permettant de retenir, au moyen de barrages, les eaux surabon
- dantes en hiver et en été, pour les employer comme force motrice et pour les irrigations en temps de sécheresse.
- Par la perfection des procédés de travail comme par la beauté de ses produits, la filature de coton constitue maintenant la branche la plus avancée des industries textiles. Nos fils simples français valent les meilleurs des autres pays, mais nous pouvons encore perfectionner nos fils à coudre et nos retors, pour lesquels nous pouvons encore apprendre beaucoup des Anglais pour le brillant des apprêts, pour la régularité du dévidage, pour toutes les qualités susceptibles de rehausser l’apparence extérieure de la marchandise. En fait de tissus, l’Allemagne et l’Autriche ont offert des produits comparables aux plus beaux produits de l’Alsace et de la Suisse. Il y a des tuiles autrichiens et des étoffes pour fleurs d’une grande finesse, avec différents apprêts. Remarquons ensuite de belles variétés de piqués, de damassés, de façonnés de toutes sortes. Une des collections les plus complètes est celle des tissus de la maison Heryog, en Alsace, qui présente une série d’articles de fond, de laizes, de réductions diverses, tels que calicots ordinaires, fins et forts, cretonnes, percales, jaconas, nansouks, rayés, brillantés, moleskines et mousselines. Toutes ces cotonnades décèlent une grande perfection d’exécution, à en juger pir la régularité de la tissure, par la netteté des lisières, par l’uniformité de la surface. Tarare présente des gazes rayées de toutes couleurs et d’une élégance parfaite. Des broderies et des tissus brodés pour rideaux, d’une grande richesse, se trouvent également dans les sections autrichienne, suisse et française.
- Parlerons-nous aussi des tissus imprimés, des indiennes ? Depuis longtemps l’Allemagne s’efforce d’emprunter cette industrie à la France et à l’Angleterre. Berlin, Elberfled et Crefled dans la section prussienne, les fabriques de Reichenberg et de Gosmanos en Bohême, celle de Neunkirchen en Autriche ont exposé de beaux échantillons de tissus teints et imprimés. Toutefois, ces expériences ne sauraient rivaliser avec avec les étoffes deluxe imprimées en Alsace, ni pour le goût des dessins, ni pour la variété des couleurs. Quiconque considère ces produits des différents pays
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- reconnaît la supériorité des tissus imprimés d’Alsace au premier coup d’œil, bien qu’on ne trouve que les produits d’une' seule maison, celle de MM. Schlunberger fils et Cie dans l'exposition collective de l'industrie textile d’Alsace, avec quelques autres pièces provenant de la maison Steinbach-Kœchlin, de Mulhouse, et de la maison Gros, Roman, Ma-rozeau et Gie, de Wesserling, exposées par un tapissier deVienne. Soit que les étoffes imprimées de Mulhouse partout connues et appréciées n’aient plus à faire leur répuiation, soit que la grande industrie alsacienne, demeurée française malgré tous nos malheurs, éprouvât répugnance bien justifiée d’ailleurs à se placer sous le pavillon allemand, la fabrication des toiles peintes d’Alsace est représentée ici d’une manière beaucoup trop incomplète. En tous cas, le peu que nous voyons de ces étoffes atteste une supériorité manifeste par le sentiment du goût, l’élégance et l’originalité des dessins, l’harmonie des couleurs, la fécondité des combinaisons nouvelles et se prêtant à toutes les fantaisies. L’Angleterre et l’Allemagne peuvent produire des articles de qualité moyenne à bon marché, mais l’Alsace est sans rivale parmi tous ses concurrents pour les étoffes de luxe.
- On le sait, la plupart des inventions relatives à l’application des couleurs dans l’industrie des toiles peintes sont d’origine alsacienne. Mais cette industrie puise à Paris les inspirations pour les dessins et pour les modes nouvelles. Pour le choix des dessins, l’Allemagne et la Prusse surtout ont beaucoup de peine à se mettre au même niveau, de l’aveu même des allemands dont la modestie n’est plus aujourd’hui la qualité maîtresse. On imite beaucoup nos modèles de l’autre côte du Rhin sans les égaler jamais, sans que ces imitations ne deviennent au modèle que ce que la copie des élèves est à l’œuvre du maître. Selon la remarque d’un juge peu suspect, M. Muller, de Halle, il n’y a, dans les industries artistiques allemandes, « point de goût, point d'ori-ginalité, point le caractère. On est de beaucoup dépassé par l’industrie française et même par l’industrie anglaise. Pareille révélation doit donner à réfléchir. Avec cette habitude de se traîner dans l’ornière des peuples étrangers, de rester l’esclave de leurs modèles,
- il y a de quoi inquiéter tout ami du pays. Etre pauvre d’échantillons et de modèles originaux et de bon goût, cela s’appelle de notre temps être incapable de se créer un marché. » A ces réflexions très-vraies ajoutez le jugement de M. Wolgang Ménzel, un humoriste celui-là : « Jusqu’où ne va pas chez nous la déification de ce qui est étranger, la singerie des modes étrangères. On s’y habitue si bien que s’il prend un jour fantaisie à la nation allemande de se regarder dans un miroir, elle y verra non pas un être allemand mais un singe français! »
- En résumé, l’Exposition universelle de Vienne indique de nouveaux progrès pour l’industrie cotonnière. Les progrès de cette industrie consistent moins en inventions nouvelles et en grands perfectionnements des procédés de travail que dans la généralisation des améliorations mécaniques déjà introduites depuis quelques temps dans les pays les plus avancés et dans le développement des moyens de production dans les contrées où le travail du coton était sans importance. Partout où les métiers à filer automates n’ont pas encore remplacé complètement les anciennes machines, cette substitution s’achève et le tissage mécanique réduit de plus en plus le tissage à bras. Mais le fait le plus significatif mis en évidence par l’Exposition actuelle, c’est le développement rapide de l’industrie cotonnière chez des peuples qui achetaient à nos fabriques toutes leurs cotonnades il y a peu d’années. A tout prix l’industrie française, tout en conservant pour ses produits une supériorité incontestable, doit rechercher d’autres débouchés et nouer des relations nouvelles.
- (Economiste).
- USAGES DÉLOYAUX
- DE QUELQUES MAISONS ANGLAISES.
- On lit dans le Times :
- Le président de la Chambre de commerce de Manchester a signalé quelques procédés assez étranges du commerce de cette ville. Une maison de fabricants de coton avait été accusée de fabriquer et de vendre des bobines de fil de coton étiquetées de façon à faire croire à
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- l’acheteur qu’elles portaient 100 yards (90 mètres) de fil, tandis qu’en réalité elles n’en avaient que 30 (45 mètres). Elles portaient une étiquette circulaire où se lisait : « Garantie de la meilleure qualité et mesure entière, » et au centre se trouvait le chiffre « 100 ». On alléguait, d’une part, que, d’après les habitudes du commerce, ce chiffre signifiait que le fil enroulé sur la bobine avait 100 yards de longueur, et, d’autre part, on ne niait pas que la longueur réelle du fil ne fut que de 50 yards.
- Le magistrat condamna les défendeurs à 40 shill. (50 fr.) d’amende, mais il accorda un appel devant une cour supérieure, ce qui donnerait à supposer qu’il existe quelque doute sur le bien fondé de l’accusation. Mais la défense avait été telle qu’elle justifiait certainement la décision du magistrat de première instance. Les défendeurs soutenaient que le chiffre 100 n’indiquait pas la quantité de fil enroulé sur la bobine, et interrogé sur sa signification, l’avocat ne put que répondre « que ce n’était pas à lui de le dire. » Mais les défendeurs allèrent jusqu’à prétendre que ces bobines n’étaient pas faites pour le marché anglais et qu’elles étaient exclusivement destinées à l’étranger. Quelle que soit la valeur légale de cet argument, il n’est pas difficile de lui attribuer celle qu’il mérite au point de vue moral.
- Le cas actuel n’est que le plus récent scandale de l’improbité commerciale du Lanças-hire, et s’il n’a pas été dévoilé plus tôt, il ne s’ensuit pas qu’il n’existait pas déjà. Quelques-uns de ses meilleurs clients se sont plaints à lui de tentatives de fraudes du même genre, et les fabricants de fil ne sont pas les seuls coupables. Il connaissait plus d’une fraude de ce genre, — Un filateur avait vendu à ses clients comme n°s 40 ce qu’il avait payé à l’ouvrier comme des no- 38, et file comme des 39. Il avait vu une grève éclater sur cette question et le filateur alléguer pour sa défense que telle était la coutume du district, comme si la coutume pouvait transformer la fraude en probité. Mais la fraude remonte, à ce qu’il paraît, plus loin encore, cir M. Mason termine en se plaignant de la falsification des cotons indiens. La manière de présenter ces candides aveux est peut être plus significative encore que les aveux eux-mêmes. M. Mason commence par
- exposer la crise que traverse l’industrie du coton. Sous une apparence superficielle de prospérité il ne découvre que mensonge et pourriture. Le haut prix de la main d’œuvre et la situation du marché financier ont gêné les fabricants et les négociants, tandis que les banquiers du Lancashire se livrent à une concurrence acharnée et entretiennent l’industrie dans un état d’excitation et de boursouflure. Il prévoit le jour de la liquidation, qui dévoilera une énorme pourriture, et c’est ce qui l’engage à traiter la grande question de la probité commerciale. Pour parler net, les fabricants du Lancashire font un chiffre dangereux d’affaires au moyen de capitaux d’emprunt et sont obligés de recourir aux expédients de tout genre pour réaliser des bénéfices. Il lui a été dit par des fabricants de fil pour lesquels il travaillait qu’ils pourraient à peine vivre en restant honnêtes, tant était grande la concurrence frauduleuse existante. Aussi M. Mason voudrait-il qu’on sût que les fraudes dont il est question ne sont pas simplement le fait de quelques maisons peu scrupulenses, mais le résultat naturel d’une concurrence exagérée.
- Telles sont les affirmations qui se sont produites devant la chambre de commerce de Manchester, et la seule protestation qu’elles ont provoquée s’est réduite à dire que l’orateur avait envisagé sous un jour bien sombre l’avenir du pays. Ce n’est pas toutefois du pays qu’il s’agit, mais bien de Manchester, et l’on nesaurait voir trop en noir une industrie qui, de l’aveu de ses membres les plus autorisés est corrompue par de pareilles fraudes. Les produits de Manchester ont, depuis quelque temps perdu leur ancienne renommée. Des plaintes sur la moisissure des calicots se sont produites depuis longtemps, et un fabricant nous a adressé le mois dernier une lettre qui en explique parfaitement la cause. Il y joignait le prospectus d’un apprêt à employer dans sa fabrique. Cet apprêt jouissait de qualités extraordinaires pour donner du poids. On pouvait en introduire jusqu’à 120 p. 100 dans une certaine classe de file, et pourvu que le fil fût de bonne qualité, on pouvait augmenter ainsi de beaucoup le poids du tissu. On renvoyait aux informations chez un fila-tour et fabricant dont les tissus, grâce à l’emploi de ce nouvel apprêt, avaient Considéra-
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- blement augmenté de valeur sur le marché.
- Ce prospectus est une preuve décisive de l’existence de l’usage auquel était destiné l’apprêt, c’est-à-dire de l’habitude prise par les fabricants de donner à leurs calicots une fausse apparence de poids et de solidité en les falsifiant à l’aide d’une substance étrangère, sinon nuisible. C’est avec raison que M. Ma-son déclare qu’il est temps de flétrir énergiquement de pareilles fraudes, et cette déclaration aurait dû prévenir l'observation qu’une partie de la presse se plaît à traiter des questions qui attaquent l’honneur et la moralité des négociants de Manchester. C’est le devoir de la presse de dénoncer de pareilles fraudes, et elle ne saurait rendre un plus grand service aux négociants de Manchester.
- BREVETS D’INVENTION
- CONCERNANT LES INDUSTRIES TINCTORIALES.
- ET TEXTILES.
- 98714.— 23 avril 1873 : Baudlet,Angers.— Système d'envidage automatique sur bobines par un mouvement excentrique, dit à bielle.
- 98715.— 15 avril : BIEL, au Havre. — Appareil destiné à expulser la poussière des tissus, tels que tapis, draps, tentures, spécialement les tapis de billard, et à leur rendre leur souplesse naturelle.
- 98737. — 26 avril : Salaville et GERVAiS, Nîmes. — Genre de châle imitation du brodé de l’Inde.
- 98742. — 7 avril : SENLY fils, Roubaix.— Application du ventilateur et aspirateur au séchage des grains germés, laine, coton, teinture, et à l’aération des habitations.
- 98751. — 3 avril (et brevet anglais) : BUn-ton et Smith, Paris. — Perfectionnements dans la fabrication du réseau dans les métiers à dentelle tordue.
- 98754. — 3 avril : CHAPIN, Thomson et May, Paris. — Machine à filer, doubler et retordre.
- 98763. — 8 avril : les sieurs Godinot, Bar-le-Duc. — Application d’un procédé de dévidage des bobines cylindriques à tout genre de métier de bonneterie à aiguilles.
- 98780. — 22 avril : BENGNIET-HUnET, Amiens
- — Addition à la peigneuse Heilmanu dite ma-chine-Schlumberger.
- 98791. — 22 avril : FARNIER, Lyon. — Can-nelière à défiler à plusieurs bouts sans torsion.
- 98827. — 4 avril : KNOWLES et Barnes, Paris. — Perfectionnements dans les métiers à tisser.
- 98828. — 8 avril : Lacroix, Paris. — Perfectionnements apportés aux métiers à lacets.
- 98858. — 9 avril : KANE, Paris. — Perfectionnements dans les mécanismes destinés à faire mouvoir la navette dans les métiers.
- 93872.— 10 avril : RYDILL, Paris. — Perfectionnements aux essoreuses ou machines à force centrifuge pour purifier, drainer et sécher le sucre, la laine, les substances animales et végétales, les argiles et autres substances.
- 98877. — 10 avril : VIEVILLE, Paris. — Système de montage de bandes de tissus qui permet de les broder sur le métier sans les coudre.
- 98881. — 3 mai : BARTIIELET, Rouen. — Boîte-enveloppe pour cotons et laine à tricoter.
- 98907. — 12 avril: Shepherd, Paris. —Perfectionnements apportés aux machines à peigner la laine et autres filaments.
- 98915 —12 avril: Croissant ETBRETONNIRE, Paris. — Procédé de transformation delà plupart des corps organiques en véritables matières colorantes, et produits tinctoriaux qui résultent de ce procédé.
- 98919. — 8 mai : DUCEZ, au Creux (Loire). — Application à la machine à laver les soies et autres textiles, dite prussienne, d’un battage mécanique.
- 98942. — 16 avril : les sieurs WEIL, Paris. — Soutacbes imprimées.
- 98951. — 19 avril (et brevet anglais) : COLE-by, Paris. — Perfectionnements dans les machines et appareils pour dévider et attacher et écheveaux ou échets de fil.
- 98954. — 19 avril : DELASALLE, Paris. — Perfectionnements apportés à la gravure des peaux.
- 98961. — 23 février : Josse (veuve et fils), Paris. — Perfectionnements dans la fabrication des papiers-peints.
- 98977. — 23 avril : ANKE, Paris. — Appa-reil pour l’impression des couleurs en nombre indéterminé sur draps et châles.
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- 98996. — 21 avril : MARLIN, Paris. —Application, en draperie unie ou veloutée, des plumages d’oiseaux domestiques et sauvages.
- 99004. — 22 avril : TLSON, Paris. — Perfectionnements dans les métiers à dentelle torlue et dans la fabrication de la dentelle par ces métiers.
- 99017.— 26 avril : DEACON, Paris. — Perfectionnements dans la fabrication de l’eau à blanchir.
- 99020. — 23 avril : FiLLtON, Paris — Système d’apprèlage mécanique des étoffes blanches pour fleuristes.
- 99028. — 28 avril : KNAD, Saint-Denis. — Système de lessivage.
- 99030. — 24 avril : Morris, Paris. — Procédé et composition destinés à imperméabiliser et préserver de la nielle et de la teigne la soie, le coton, la laine, les fourrures, le cuir, le papier et autres articles.
- 99034. — 25 avril : PIÉROTIN, BLAVIER ET Ce, Paris. — Emploi des déchets de rotin seuls ou mélangés avec d’autres matières textiles pour fabriquer, à l’aide des procédés connus, un tissu applicable à la confection de divers objets de vannerie et autres.
- 99048. — 28 avril : BURC, Paris. — Machine servant à l’application de dessins ou de vignettes sur peaux.
- 99059. — 28 avril : Laine, Paris. — Système de tension dans les deux sens, de la toile recouvrant le cylindre sécheur employé aux étoffes en général.
- 99066. — 29 avril : Michel, Paris. — Perfectionnements apportés aux appareils de chauffage pour couler la lessive, chauffer les bains, etc.
- 99976. — 28 avril : Warth, Paris. — Perfectionnements aux machines à empiler les étoffes.
- CERTIFICATS D'ADDITION.
- Delacroix : 15 avril. — Machine à détendre les tissus.— B. 91190.
- Guichard : 31 mars. — Rouge et jaune co-ralline pour teinture. — B. 98231.
- KETTIN : 3 avril. — Emploi des cheveux, poils d’origine chevaline, etc., dans la fabri-cation des draps. — B. 98429.
- Paron frères : 2 mai. — Métier à tricot uni dit hollandais. — B. 80247.
- Paron FRÈRES : 2 mai. — Appareil à pro
- duire des dessins à jours sur tissus de bonneterie. — B. 97670.
- FLEURY-DESMARES : 28 avril. — Lainage des étoffes de laine et machine employée. — B. 98491.
- NOUVELLES
- LOI relative à l'établissement d’un timbre ou signe spécial destiné à être apposé sw les marques commerciales et de fabrique.
- L’Assemblée nationale a adopté la loi dont la teneur suit :
- Art. 1er. Tout propriétaire d’une marque de fabrique ou de commerce, déposée conformément à la loi du 23 juin 1857, pourra être admis, sur sa réquisition écrite, à faire apposer par l’Etat, soit sur les étiquettes, bandes ou enveloppes en papier, soit sur les étiquettes ou estampilles en métal sur lesquelles figure sa marque, un timbre ou poinçon spécial destiné à affirmer l’authenticité de cette marque.
- Le poinçon pourra être apposé sur la marque faisant corps avec les objets eux-mèmes si l'administration les en juge susceptibles.
- Art. 2. Il sera perçu, au profit de l’Etat, par chaque apposition du timbre, un droit qui pourra varier de un centime à un franc.
- Le droit dû dour chaque opposition du poinçon sur les objets eux-mêmes ne pourra être inférieur à cinq centimes ni excéder cinq francs.
- Art. 3. La quotité des droits perçus au profit du Trésor sera proportionnée à la valeur des objets sur lesquels doivent être apposées les étiquettes soit en papier, soit en métal et à la difficulté de frapper d’un poinçon les marques fixées sur les objets eux-mêmes.
- Cette quotité sera établie par des règlements d’administration publique qui détermincront, en outre, les métaux sur lesquels le poinçon pourra être appliqué, les conditions à remplir pour être admis à obtenir l’apposition des timbre ou poinçon, les lieux dans lesquels celte apposition pourra être effectuée, ainsi que les autres mesures d’exécution de la pré-senteloi.
- Art 4. La vente des objets par le propriétaire de la marque defabrique ou de commerce à un prix supérieur à celui correspondant à la quotité du timbre ou du poinçon, sera punie, par chaque contravention, d’une amende de cent francs (100 fr.) à cinq mille francs (5,000 francs.)
- Les contraventions seront constatées dans tous les lieux ouverts au public par tous les agents qui ont qualité pour verbaliser en matière de timbre et de contributions indirectes,
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- par les agents de postes et par ceux des douanes, lors de l’exportation.
- il leur est accordé un quart de l’amende ou portion d’amende recouvrée.
- Les contraventions seront constatées et les instances seront suivies et jugées, savoir : 1° comme en matière de timbre, lorsqu’il s’agira du timbre apposé sur les étiquettes, baudcsou enveloppes en papier; 2° comme en matière de contributions indirectes, en ce qui concerne l’application du poinçon.
- Art. 5 Les consuls de France à l’étranger auront qualité pour dresser les procès-verbaux des usurpations de marques, et ies transmettre à l’autorité compétente.
- Art. 6. Ceux qui auront contrefait ou falsifié les timbres ou poinçons établis par la présente loi ; ceux qui auront fait usage des timbres ou poinçons falsifiés ou contrefaits, seront punis des peines portées en l’article 140 du code pénal, et sans préjudice des réparations civiles.
- Tout autre usage frauduleux de ces timbres ou poinçons et des cliquettes, bandes, enveloppes et estampilles qui en seraient revêtues, sera puni des peines portées en l’article 142 dudit code.
- Il pourra être fait application des dispositions de l’article 463 du code pénal.
- Art. 7. Le timbre ou poinçon de l’Etat apposé sur une marque de fabrique ou de commerce fait partie intégrante de cette marque.
- A défaut par l’État de poursuivre en France ou à l’étranger la contrefaçon ou la falsification desdits timbre ou poinçon, la poursuite pourra être exercée par le propriétaire de la marque.
- Art. 8. La présente loi sera applicable dans les colonies françaises et en Algérie.
- Art. 9. Les dispositions des autres lois en vigueur, touchant le nom commercial, les marques, dessins ou modèles de fabrique, seront appliquées au profit des étrangers, si dans leur pays la législation ou des traités internationaux assurent aux Français les mêmes garanties.
- Délibéré en séance publique, à Versailles, le 26 novembre 1873.
- Incendie, — La filature de M. Badin, à Ba-rentin (Seine-Inférieure), vient d’être en partie la proie des flammes. Les pertes produites par cet incendie s’élèvent à 130,000 fr.
- Un homme a été écrasé sous un mur qui s’est écroulé.
- Si rétablissement tout entier de M. Badin avait été la proie des flammes, c’était une perte sèche de 4 millions de francs environ et la ruine de 800 familles d’ouvriers. Les bâtiments qu’il occupe s’étendent sur une longueu. de près de 730 mètres et les constructions sont pour la plupart à trois étages,
- Conseils des Prud’hommes a Paris. — Voici la composition des conseils de Prud’hommes se rapportant à nos spécialités tels qu’ils viennent d'être reconstitués à Paris par les récentes élections :
- conseil des tissus.
- MM. Marienval, président, plumassicr. — De Saussaye, vice-président, fleuriste.
- Patrons.
- Plotiau, dessinateur en broderie. — Bos-suat, fabricant de tissus. — Leroy, graveur.— Bessard, cordonnier. — Desbarre, passementier. — Monnier, tapissier. — Sirugue, chapelier.— Pinaud, chapelier.— Larcher, fabricant de chapeaux de paille. — Corroy, tailleur. — Montagnac, tailleur.
- Ouvriers.
- Meslier, tisseur. — Regelet, tisseur. — Ma-lidor, imprimeur sur étoffes. — Bichut, tapissier. — Angibout, coupeur de chaussures. — Sueur, sellier. — Blauchin, chapelier. — Ragot, chapelier. — Saunier, fleuriste. — Ber-themet, fleuriste.—Gouchin, tailleur. — Bon-don, tailleur.
- CONSEIL DES PRODUITS CHIMIQUES.
- MM. Baudoin, président. — Blot, vice-président.
- Patrons.
- Duret, fabricant de couleurs. — Camus, fabricant de produits chimiques. — Chetelat, parfumeur. — Vinois, teinturier. — Félix, boulanger. — Choquart, fabricant de chocolat. — Pacon, fabricant de papiers peints. — Leroy, id. — Vacquerel, id. — Radot, fabricant de faïence.— Nicolle, fabricant verrier. — Jumelle, fabricant de cuirs vernis.
- Ouvriers.
- Egrefeuille, ouvrier en gutla-percha. — Jourdin, directeur de fabrique de produits chimiques. — Rivolet, chef d’atelier de parfumerie. — Durand, teinturier en peaux. —Thibault, boulanger. — Louis, distillateur. — Bougrier, imprimeur en papiers peints. —Rémond, id. — Frémond, fonceur en papiers peints. — Buglet, chef d’atelier de peinture sur porcelaine. — Troisvallet, contre-maître porcelainier, — Baduel, corroyeur. — Pastoureau, id.
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés,
- Paris. Typ, Turfn et Ad, Juvet, 9, cour des Mii acics.
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- 20 DÉCEMBRE
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- Sommaire.
- Apprêts des tissus en laine peignée, par M. Alcan : Matériel des apprêts (suite). Dégraissage et Lavage, Ilydro-fixeur, Apprêt anglais. Appareils à presser et décatir, Calandrage, Apprêts cylindres. — Fer de dialyse ou mordant neutre de fer.— Fabrication des extraits de campêche et autres bois tinctoriaux (gravures). Jaune Campo-Bello (échantillon). — Parage ou collage des fils et Machine à cuire les parements et les apprêts (suite et tin).
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE : Dessins-cachemire.
- NOUVELLES : Enseignement industriel à Rouen. — Prud’hommes. — Cotonnades pour l’exportation. — Brevets français. — Brevets anglais. — Langage des couleurs.
- APPRÊTS DES TISSUS EN LAINE PEIGNÉE
- Par M. Michel Alcan.
- MATÉRIEL DES APPRÊTS {Suite.)
- Appareils spéciaux aux apprêts liquides. Dégraissage et lavage. — Pendant longtemps et il y a presque une douzaine d’années, on faisait suivre le grillage et le tondage de l’opération du dégraissage ; on agit encore de meme-dans certaines localités et pour divers produits. L’appareil en usage et connu sous la dégrais-seuse est fort simple; nous l’avons décrit dans le Traité du travail des laines cardées. Il consiste, en général, en deux cylindres en bois superposés dans une caisse en bois fermée de toutes parts, pouvant s’ouvrir par une porle afin d’y introduire le tissu à épurer. Celui-ci est engagé entre ces deux cylindres par une extrémité do la pièce ; on la réunit ensuite par une couture légère à l’autre extrémité, pour en former une toile sans fin. Ainsi disposée entre un cylindre inférieur commandé directement et un rouleau de pression supérieur entraîné par le premier, la pièce tourne sous l’action mécanique, dans une eau froide ou tiède pure, alcaline et savonneuse, jusqu’à ce qu’elle sont débarrassée de la colle, de la graisse, ou autres corps étrangers susceptibles d’être enlevés sous l’influence de ces divers agents combinés. On juge surtout de la perfection du résultat par la netteté des lisières qui, au toucher, ou appliquées sans colle, ne doivent laisser aucune tache de graisse; on en
- juge également par l’apparence de l’eau qui, lorsque le travail est terminé, sort pure et limpide de l’orifice pratiqué à la partie inférieure de l’appareil.
- Apprêt liquide avant le dégraissage. — Pour la plupart des articles ras pure laine, tels que le mérinos, on a constaté qu’il y avait avantage à faire subir un traitement particulier avant le dégraissage, immédiatement après le grillage et le tondage. Ce traitement consiste à soumettre la pièce tondue, alternativement à l’action de l’eau bouillante et de l’eau froide, on a substitué à cette dernière, celle de l’air ambiant rapidement renouvelé. Ce mode préalable d’opérer met : 1° la tissure régulière de l’étoffe à l’abri d’une déformation possible, par le frottement et la pression exercés sur la pièce tendue au dégraissage; 2° lisse en quelque sorte le produit, lui donne de la consistance, du brillant et de la douceur au toucher, l’effet mécanique ayant lieu ! sur la substance ramollie en contact d’un corps gras; 3° fixe et affine le grain résultant des entrelacements des fils, par suite du gonflement et de la concrétion du corps laineux, déterminés par l’espèce de trempe consistant dans le baignage du tissu, successivement dans une eau bouillante et dans l’air frais. C’est du moins, ainsi que nous expliquons la supériorité du mode d apprêt auquel nous faisons allusion sur la méthode antérieurement en usage.
- Appareil hydro-fixeur. — MM. Boulogne et Houpin, teinturiers-apprêteurs à Reims, ont combiné depuis une dizaine d’années, un appareil auquel ils ont donné le nom ^hydro-
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- fixeur, et qui réalise automatiquement l’apprêt dont nous venons de parler (1).
- Apprêt anglais des tissus mélangés. — Nous avons vu employer à Bradfort et à Leeds, il y a bien des années déjà, le système suivant appliqué aux tissus chaîne coton, trame laine, alpaga ou en fils de poils de chèvre.
- La pièce à apprêter est enroulée humide sous une forte pression sur un rouleau de bois ou de zinc percé de trous. Ainsi disposée, l’étoffe est enveloppée pour la maintenir, dans une chemise en toile fermée à ses deux extrémités. Le rouleau préparé est porté dans une cuve contenant de l’eau bouillante ; on introduit en outre de la vapeur plus ou moins longtemps, d’une heure à trois, suivant le genre, l’épaisseur de l’article à imprégner. L’effet se produit sous l’action de la pression obtenue par un cylindre presseur sur lequel tourne en contact un autre cylindre dont le tourillon est monté dans des coulisses verticales du bâti, comme dans tous les appareils do ce genre (2).
- L’étoffe en se déroulant dans l’eau entre les deux rouleaux, se développe tendue sur le support cylindrique pour aller s’envider autour d’une ensouple. Pour pouvoir faire revenir la pièce sur elle-même et réitérer l’opéra -tion à plusieurs reprises, on passe alternativement les courroies sur leurs poulies fixes respectives, l’une de ces courroies étant directe et l’autre croisée.
- Garnissage^ Tirage à poil. — La spécialité des lainages légers et lisses, caractérisés par des effets d’armures ou entrecroisements des fils, et celle des lainages, foulés, drapés de façon à cacher complètement la tissure par un duvet moelleux, comprennent des articles pour laines et mélangés, légèrement contractés ou tout garnis et recouverts, tantôt sur l’une seulement, tantôt sur les deux faces, d’une couche de filaments laineux. Ce résultat est obtenu par l’apprêt connu sous les divers noms de lainage, garnissage ou tirage à poil.
- (1) Le traité donne la description et le dessin de cet appareil ; nos lecteurs pourront voir l’un et l’autre dans le volume de 1870-71 du Moniteur de la Teinture, page 143.
- (2) L’atlas qui accompagne le livre de M. Alcan donne le dessin de cet appareil.
- Les différentes espèces de flanelles blanches ou teintes, dites de santé ; les tartans, les écossais et petits façonnés en fils de couleurs variées, entre autres, appartiennent à cette spécialité.
- Les traitements à faire subir à [ces produits participent de ceux appliqués à la draperie proprement dite, si ce n’est que le foulage et le lainage en sont moins énergiques. Ayant décrit ces opérations dans tous leurs détails, dans notre Traité du travail des laines cardées, nous nous bornerons à indiquer ici par des tracés, les dispositions les plus récentes et les plus perfectionnées des machines à garnir, dites laineuses ou laineries.
- Leur principe repose sur l’action des pointes dures et élastiques des chardons naturels sur la surface du tissu de laine. Les fibrilles duveteuses plus ou moins comprimées sur les fils et dans l’épaisseur du tissu sont ainsi dégagées et mises en évidence sur l’étoffe par ces peignes naturels. Les chardons sont disposés sur des tringles autour de tambours doués d’un mouvement de rotation rapide autour de leur axe, pendant que la pièce à traiter chemine tendue contre les chardons; une ou plusieurs pièces cousues bout à bout forment la toile sans fin autour de ces cylindres.
- Un plieur ou faudet d’une combinaison quelconque dispose l’étoffe pliée dans un coursier courbe, pour la ramener régulièrement à son point de départ, et réitérer l’opération d’une manière continue un plus ou grand nombre de fois, en raison des exigences de l’apprêt.
- Appareils à presser, à lustrer et à décatir. — Lorsqu’il s’agit d’apprêter l’étoffe pour lui donner du brillant, on la soumet à une pression considérable au contact de cartons ou cartes minces, lisses et chauffées; la presse hydraulique est généralement adoptée pour obtenir l’action nécessaire à cet effet. Des plis, dont ,la surface égale celle des entre-colonnes de la presse, sont formés avec la pièce; un carton lisse est inséré entre chaque pli, et une planche en bois d’une certaine épaisseur est placée entre deux plaques en fonte très-chaudes; puis on recommence une nouvelle disposition semblable pour une seconde pièce, et ainsi de suite, jusqu’à ce que toute la hauteur entre les jumelles de la presse soit garnie.
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- L’interposition d’aïs en bois chauffés parles plaques métalliques, à une température élevée, propage la chaleur dans toute la masse, et c’est sous l’influence de cette température que la pression s’exerce. Pour chauffer les plaques, on se sert en général d’espèce de fours; le chauffage a lieu à feu nu. Cependant, depuis longtemps déjà, on avait proposé des plaques creuses avec introduction de vapeur. Quoique ces appareils se soient peu propagés, et précisément pour ce motif, ils méritent d’être signalés tels qu’ils ont figuré à l’Exposition de 1867. Le chauffage à la vapeur des plaques a été également appliqué aux tables à décatir pour exposer les tissus à la vapeur libre. (1). I Calandrage, cylindrage. — L’appareil que | nous venons de décrire agit surtout par une | pression graduée très-énergique, appliquée sur l'etoffe pliée et fixe. Il en résulte un brillant marqué et spécial du tissu et des traces de pliage souvent difficiles à faire disparaître. On remplace parfois, surtout pour certains articles légers, l’action de la presse hydraulique par celle d’un cylindrage particulier, où l’effet se produit dans des conditions spéciales que nous analyserons après avoir décrit un appareil à fort cylindre exécuté par MM. Tulpin. (2).
- La machine consiste en trois cylindres fortement pressés l’un contre l’autre. Le cylindre inférieur est en fonte massive, l’intermédiaire en rondelles de papier enfilées sur un axe en fer et comprimés à la presse, puis tournées comme du métal ; enfin le cylindre supérieur est également en fonte et vide à l’intérieur: c’est ce qui l’a fait désigner sous le nom de canon. Il est destiné à être chauffé par l’introduction de la vapeur.
- La composition particulière du cylindre en papier a pour but d’obtenir un corps qui ait, malgré sa dureté métallique, une homogénéité parfaite et une certaine élasticité. Afin que l’organe ait plus de durée encore et soit moins susceptible de se détériorer, le papier en chif-
- (1) L’Atlas donne ici les dessins des presses et des plaques à vapeur.
- (2) L’auteur donne le dessin et la description de cette calandre dont on peut en voir une du même genre et du même constructeur dans le Moniteur delà Teinture, de 1872, page244.
- fons purs des rondelles est remplacé par un mélange de chiffons végétaux et d’effilochage en laine.
- Ce cylindre lisse et carieux remplit ici les fonctions des cartes employées dans la presse hydraulique; certaines étoffes légères en pure l’aine sont passées à sec sous l’influence de la chaleur, d’autres variétés, telles cpaQ popelines, bom-bazines, crêpes, gazes, sont imprégnées ou humectées d’un liquide de composition variable, dont les éléments principaux sont la gélatine, la mélasse, le jaune d’œuf, le savon, le fiel de bœuf etc.; le nombre de ces éléments et leur proportion changent naturellement on raison du genre d’articles et de l’apparence spéciale plus ou moins souple à obtenir. Une fois l’étoffe imprégnée, elle est séchée et lustrée en passant à la machine disposée comme il vient d’être dit.
- Remarques sur les apprêts cylindrés. — On remarquera que les cylindres ont des commandes organisées de manière à faire varier les rapports de leurs vitesses angulaires. C’est là un point assez important, attendu qu’avec la même machine on peut obtenir des effets de divers caractères en raison de ces modifications de vitesses des organes.
- Si ces vitesses sont égales entre les cylindres en contact, au lieu d’un tissu d’une apparence brillante et d’un toucher carteux résultant de l'action de la presse hydraulique, on aurait un aspect lissemoïns brillant, un grain aplati et un toucher souple. Si, au contraire, on imprime une vitesse angulaire différente aux cylindres et qu’elle soit accélérée dans le sens de la marche de l’étoffe, on exercera un certain degré de tirage et d’aplatissement de la surface, qui présente alors l’aspect plus ou moins prononcé d’un tissu ciré. Pour donner au même tissu une brillante apparence en lui maintenant le plus de souplesse possible, il faudra le soumettre à un frottement de roulement, réalisé notamment par l’action des anciennes calandres, où l’étoffe enroulée, tendue autour d’un axe, est placée et roulée sur elle-même et sous l’action d’une caisse chargée d’un poids énorme et douée d’un mouvement de va-et-vient, ce dernier moyen n’est guère usité que pour un certain nombre d’articles en soie. 'L'aspect brillant, souple et ciré s’obtiendra par un mouvement de roulement de va-et-
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- vient alternatif, c’est-à-dire qu'on imprimera au tissu enroulé un mouvement circulaire continu en sens opposé.
- On peut encore modifier les effets des apprêts suivant le plus ou moins de tension exercée sur le tissu. L’apprêteur a, par conséquent, à sa disposition un certain nombre d’éléments à combiner mécaniquement, de manière à leur faire rendre les résultats les plus avantageux; lorsqu’il s’agit d’apprêts humides, la composition du liquide vient s’ajouter aux moyens précédents et étend le champ des recherches et le caractère des résultats.
- Ces remarques ont plutôt pour but d’appeler l’attention des praticiens sur les principes des apprêts formulés rarement, que de donner des formules pour des résultats variables.
- (À continuer.}
- [Traité du travail des laines peignées}.
- FER DE DIALYSE
- ou MORDANT NEUTRE DE FER APPLIQUÉ A LA TEINTURE
- Depuis la découverte de la dialyse, par Gra-ham, on a fait de cette propriété des applications diverses à l’analyse chimique, à la médecine légale, à l’industrie. Mais M. M. Reimann vient d’indiquer une application nouvelle de ce genre, qui paraît intéressante.
- On sait que quand on dépose dans un dia-lyseur des solutions d’un mélange de sels et de gomme, les sels passent à travers la membrane poreuse de cet appareil, tandis que les gommes restent dans le dialyseur. Si on ne dépose dans cet appareil qu’une solution d’un sel, la portion cristallisable de ce sel, ordinairement l’acide, s’échappe dans l’eau qui entoure la membrane, pendant que la base est retenue par le dialyseur. Maintenant il y a une "série de bases qui exigent une proportion re
- lativement considérable d’acide pour rester en dissolution, et ce sont avant tout les sesquioxydes, et parmi ceux-ci l’oxyde de fer. Or, les sels les plus acides de fer reçoivent, comme on sait, des applications dans la teinture de la soie, spécialement pour le noir dit chargé, à l’état de mordant de fer. Mais ce mordant de fer, qui est très-acide et renferme un excès d’acide azolique, voire même d’acide azoteux, exerce une telle action destructive sur la fibre, que la soie qu’on a beaucoup chargée a perdu une grande partie de sa ré-sistance et de sa force, et même prend feu dans certaines circonstances.
- Afin d’éviter cet inconvénient et ce désastre, on peut faire usage du fer sous la forme d’oxyde de fer dialysé. Pour préparer une solution de ce genre, on dépose dans un dialyseur une solution d’oxyde de fer dans l’acide chlorydrique (chloride de fer). Au bout de quelque temps l’acide a passé entièrement, ou pour la plus grande partie, dans l’eau environnante, tandis qu’il reste dans le dialyseur une solution d’oxyde de fer, et cette solution abandonne avec la plus grande facilité son oxyde à la fibre qu’on y plonge. Il y a donc mordançage complet sans que la fibre soit attaquée, puisqu’il n’y a pas d’acide, ou du moins qu’il n’y en a pas en excès. Une so-lution de ce genre est plus active que le mordant de fer ordinaire, attendu que le fer qu’elle contient a une grande tendance à se déposer sur la fibre, tandis que l’oxyde de fer, dans le mordant acide retenu par l’acide, montre bien moins cette disposition. IL paraîtrait, d’ailleurs, d’après les observations faites jusqu’à présent, que le mordançage des fibres textiles dans les solutions salines est principalement un phénomène dialytique, et qu’on peut considérer la fibre comme un conglomérat de membranes. Il est très-naturel que la soie, par exemple, retienne le fer du mordant noir, et que l’acide s’échappe dans le bain environnant. On arrive donc ainsi, par la dialyse préalable, à favoriser la tendance de la fibre à s’emparer de l’oxyde de fer.
- [Deutsch. Industr.-Zéitung.)
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- FABRICATION
- DES EXTRAITS DE CAMPLGHE
- ET
- AUTRES BOIS TINCTORIAUX.
- Les bûches de campeche sont d’abord var-lopées ou poudrées, la forme poudreuse est plus avantageuse, non-seulement parce qu'é-tant plus divisé, le bois subit mieux l’action du dissolvant, mais encore parce que, occupant sous cette forme moins de volume, il permet de réduire la dimension des appareils employés pour son traitement; il ne faut pas cependant que cette poudre soit trop fine, car alors elle se laisserait mal pénétrer par les liquides.
- La division du bois s’obtient à l’aide de la machine à varloper, qui donne à volonté des copeaux, ou une poudre granuleuse très-convenable pour l’épuisement des bois.
- On se sert aussi pour la division dubois, de moulins ou de cylindres à cannelures aiguës, mais qui n’ont aucun, motif d’être préférés au précédent.
- Le varlopage ou le poudrage est toujours un travail assez dispendieux à cause de la grande quantité de force motrice qu’il exige, mais cette opération est, d’ailleurs, indispensable.
- On a observé que sous l’influence d’une fermentation particulière, le principe colorant du campeche augmentait sensiblement d'inten-sité,ou tout au moins devenait plus facilement soluble et se séparait ainsi plus complètement du bois, par l’ébullition; il y a donc un grand avantage, au point de vue du rendement, à provoquer cette fermentation. En outre, l’extrait est plus vif, plus pur, car l’action des ferments paraît se porter sur les matières brunes qui accompagnent l'hématine dans le campeche; se trouvant ainsi détruites, elles ne viennent plus souiller la teinte que l’on recherche dans ce bois, et l’hématine devient pure et facile à recueillir.
- Voici comment on conduit cette fermentation.
- Sur le plancher dallé d’une chambre, pouvant recevoir un fort courant d’air, on étend une couche de campêche en poudre de 23 à 30 centimètres d’épaisseur et de 3 à 4 mètres
- carrés de surface ; on humecte uniformément cette couche avec de l’eau, au moyen d’un arrosoir ; puis, on la recouvre d’une seconde couche de même épaisseur que l’on humecte comme la première et que l’on recouvre à son tour d’une troisième couche; on continue à opérer de la sorte jusqu’à ce que ces couches superposées atteignent ensemble la hauteur del mètre à {m50. On emploie environ 100 litres d’eau pour 100 kil. de campêche.
- On abandonne ensuite la masse à elle-même. La température s’élève rapidement et la fermentation commencé. Il faut alors avoir soin d’établir un fort courant d’air et de déplacer de temps en temps le campeche, en enfermant de nouveaux tas, afin d’éviter une trop grande élévation de température qui, alors, détruirait la matière colorante elle-même.
- Quand cette température a été bien ménagée, le bois après trois ou quatre semaines que dure l’opération, devient d’un beau rouge de sang ; sa force colorante est comme nous l’avons dit, considérablement augmentée, et ses produits d’une plus belle qualité.
- Le campêche ainsi préparé peut se conserver sans s’altérer pendant plusieurs années, pourvu qu’on le déplace et le retourne de • temps à autre.
- Ainsi préparée, la poudre de campêche peut subir le traitement par l’eau bouillante. Pour cette opération, il faut nécessairement employer le moins de liquide possible, puis-qu’il faudra plu , tard l’évaporer à grands frais mais il faut cependant qu’il y ait assez pour dissoudre entièrementle principe colorant qui, du reste, est assez difficilement soluble; c’est par le mode de traitement qu’on réalise à peu près cette double condition.
- Il ne faut point songer à employer les bassines ouvertes, qui nécessitent trop d'eau et trop de manipulation; une disposition employée par quelques fabricants consiste dans l’usage de la cuve à circulation, qui permet une lixiviation répétée avec peu de liquide.
- Cette machine se compose d’une cuve contenant la poudre de campêche, puis d’une chaudière fermée, communiquant en haut et en bas de la cuve par des conduits.
- L’ébullition fait remonter le liquide par le tube du haut, il se déverse sur la poudre à lessiver, puis revient par letubedu bas dans la
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- chaudière, où il est chauffé de nouveau et projeté encore sur la poudre colorante; il recommence un nouveau trajet que l’on règle à l’aide des robinets et d’un niveau d’eau fixé à la chaudière.
- Cependant, cet appareil n’est pas le plus avantageux qu’on puisse employer; pendant le trajet de l’eau, il y a déperdition de température, de sorte que le liquide arrive difficilement à l’état bouillant, tandis qu’il est préférable de l’employer même à une température plus élevée; mais pour produire cette température supérieure à l’eau bouillante, il faut opérer envases clos, c’est-à-dire sous pression, et ce mode d’opérer offre encore l’avantage de soustraire les matières en ébullition à l’action de l’air qui, trop prolongé, peut les altérer.
- On se sert pour ce traitement, de l’appareil à cuire les bois que nous avons décrit dans un de nos précédents numéros (1) et dont il est inutile de donner ici une nouvelle description.
- Dans cet appareil, chaque opération emploie de l’eau dans la proportion moyenne de deux fois et demie le poids du bois moulu; ainsi une charge de 100 kilog. de bois emploierait 250 litres d’eau (et vapeur condensée comprise) à chaque opération, soit 750 litres pour les tros traitements successifs; il y a lieu de discuter si la troisième décoction est avantageuse, eu égard à la quantité de produits qu’elle ajoute. comparée aux frais qu’elle occasionne elle-même, et à ceux plus élevés encore d’évaporation qu’elle nécessite, et nous pensons que si en France quelques fabricants croient devoir le faire, on pourrait la supprimer dans les lieux de production du bois où cette matière première est naturellement d’un prix moins élevé. (1).
- Les décoctions ainsi obtenues doivent être évaporées, et autant que possible dans un court délai.
- Deux moyens de concentration peuvent être employés : 1° l’évaporation à air libre; 2° celle opérée dans le vide; la première est la moins
- (1) Voir Moniteur de la Teinture du 5 novembre, année courante, page 246 et fig. 12.
- (1) Ainsi les campeches de la Martinique et de la Gouadeloupe qui valent environ 110 à 120 francs les 1,000 kil au Havre, ne coûtent que 40 francs dans les lieux de production.
- coûteuse, mais elle ne peut guère amener les extraits à une concentration supérieure à 25° ; pour la pousser plus loin, il faudrait dépenser beaucoup de chaleur et le produit serait altéré ; le second moyen est onéreux par la dépense de force de la pompe à air; c’est par la combinaison de ces deux modes de traitement que l’on obtient des résultats les plus satisfaisants au double point de vue de l’économie de l’opération et de la qualité des produits.
- Dans ce but on évapore les liquides à l’air libre jusqu’à 18 ou 20 degrés (aréomètre Bau-mé ou pèse-sirops) et on termine l’évaporation dans le vide.
- Un grand nombre d’appareils sont employés pour produire l’évaporation à l’air libre; ils ont toujours pour but de répandre la chaleur dans la masse du liquide, d’agiter ce liquide et de l’élever dans l’air afin d’en multiplier les contacts et d’en étendre la surface.
- Parmi ces appareils, celui qui est actuellement préféré par les fabricants d’extraits et qui paraît le mieux réaliser les conditions de cette fabrication, est celui représenté ci-contre par la figure 14.
- Fig. 14. — Evaporaleur à air libre.
- Une bassine demi-cylindrique contient le liquide à évaporer dans lequel plongent en partie une série de disques lenticulaires en cuivre, intérieurement chauffés à la vapeur et tournant autour de leur axe; à chaque rotation, ils exposent à l’air une large surface de liquide extractif qui reçoit en même temps la chaleur de ces disques, cette chaleur doit être modérée, c’est-à-dire ne pas atteindre 100 degrés.
- L’appareil a ordinairement dix lentilles de 1 mètre à lra20 *de diamèlre, le mouvement est communiqué par le moteur de l’établissement,
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- et le chauffage a lieu par la circulation de la vapeur d’un disque à l’autre.
- Lorsqu’à l’aide de cet appareil, l’extrait est arrivé à 18 degrés à chaud — l’extrait étant plus visqueux à froid que lorsqu’il est chaud, pèse toujours quelques degrés de plus dans le premier cas — on fait arriver ce liquide dans l’appareil à concentrer dans le vide, figure 15.
- Fig. 15. — Appareil à évaporer dans le vide.
- Comme dans le précédent, la chaleur et l’agitation sont produites par un assemblage de disques en forme de lentilles, tournant dans le liquide, mais l’action se passe en vases clos, et elle est aidée par l’aspiration ou la raréfaction de l’air produite par une machine pneumatique ou pompe à air, dont le conduit débouche au haut de la chaudière.
- Cette aspiration qui fait le vide et enlève en même temps la vapeur d’eau émanant du produit en évaporation, opère une rapide concentration tant en agissant à une température relativement basse, incapable d’altérer les matières en traitement.
- Un appareil de 1 m50 de diamètre pourrait contenir environ 750 kilogr. de liquide extractif, mais comme l’extrait de campêche se boursouffle beaucoup pendant celte dernière évaporation, il est bon de n’emplir l’appareil qu’à moitié de sa capacité.
- Quand l’extrait est arrivé à la consistance de miel épais, mais encore un peu coulant, on l’évacue de l’appareil par l’ouverture du bas et on le reçoit dans des caisses où, par le refroidissement, il achève de se solidifier; le travail est alors terminé.
- Le rendement en extrait sec est ordinairement de 15 à 25 kilogr. pour 100 kilogr. de
- campêche selon la qualité du bois, et alors même que ce bois n’est pas épuisé à fond.
- En résumé, la fabrication des extraits de campêche comporte les opérations suivantes :
- 1° Division ou poudrage des bois;
- 2° Fermentation ;
- 3° Décoction;
- 40 Concentration en deux phases, d’abord à l’air libre, puis dans le vide;
- 5° Coulage en caisses.
- Quant aux résidus de bois, il n’a pas encore été trouvé d’emploi avantageux, on a proposé de les faire servir comme matière première à la fabrication des pâtes à papier, ce qui serait à la vérité, la meilleure utilisation qu’on puisse leur donner, mais à la condition d’avoir une papeterie dans le voisinage de la fabrique ; ils pourraient encore être distillés pour être transformés en acide acétique et en alcool méthyli-que, mais l’état d’humidité dans lequel ils se trouvent produit des liquides peu concentrés qu’il est onéreux d’amener aux degrés commerciaux, et cela ôte toute importance à ce mode d’utilisation. Dans les lieux où la houille est chère, on comprime ces résidus en mottes que l’on fait sécher et que l’on emploie comme combustible pour les besoins de l’usine.
- Les autres bois tinctoriaux, tels que bois rouges, bois jaunes, châtaignier, etc.; se traitent de la même façon que le campêche, mais il n’est pas nécessaire pour ceux-ci de provoquer une fermentation préalable, et leur rendement est en général un peu moindre; le quer-citron cède difficilement à l’eau son principe colorant, et exige, par conséquent, une plus longue ébullition.
- F. GoUILLON.
- JAUNE CAMPO-BELLO
- Ce produit, préparé par MM. Schrader et Berend, est dérive de l’acide phenique, mais il paraît avoir beaucoup d analogie avec les jaunes de Naphtaline, dits de Martius, de Man-
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- chester, bouton d’or, etc., ou tout au moins | on les confond dans le commerce.
- Le jaune Gampo-Bello s’emploie comme ces derniers, à la teinture de la laine et de la soie.
- Pour teindre, on dissout d’abord la couleur dans l’eau bouillante et on filtre la dissolution.
- On fait bouillir celle-ci et on plonge la laine pendant environ une demi-heure dans le liquide bouillant. i
- On peut ajouter dans le bain de teinture, | 300 grammes d’alun par chaque quantité de 5 kilog. de laine; en procédant ainsi, on a besoin, pour arriver au même résultat, d’un peu moins de matière colorante que dans le cas précédent.
- La soie se teint comme la laine, mais sans faire bouillir.
- Le jaune Gampo-Bello, mélangé avec la fuchsine, l’indigo, le bleu-noir, etc., donne aussi de très-belles couleurs mixtes.
- PARAGE AU COLLAGE DES FILS MACHINE A CUIRE LES : PAREMENTS ET LES APPRÊTS.. (Suite et fin.}
- Les produits, constituant généralement les parements pour les fils végétaux, sont : la fécule de pomme de terre, l’eau, le sulfate de cuivre ou de zinc; chaque produit entrant dans des proportions différentes, suivant l’appréciation et l’expérience du fabricant.
- Nous allons donner communication de quelques recettes de parements employés en Al
- sace.
- AGuebwiller, on fait le mélange de: Eau....................... 50 litres.
- Fécule de pomme de terre................... 5 kil.
- Léiocomme.................. 500 gram.
- Sulfate de cuivre ou de
- zinc............................ 100 —
- À Massevaux, on emploie : Eau.................. 50 litres.
- Fécule................... 4,500 gram.
- Léiocomme................ 295 —
- Sulfate de cuivre ou de zinc..................
- ALaveline (Vosges):
- Eau.......................
- Fécule....................
- Léiocomme.................
- Sulfate de cuivre ou de zinc.................
- 47 —
- 50 litres.
- 6 kil. 500 gram.
- 100 —
- Une composition nouvelle, trouvée par M. Freppel, chimiste, donne des résultats très-précieux, tant pour l’économie du parement que pour la qualité qu’elle donne aux fils.
- Un mélange de 800 litres d’eau, de 77 kil. de fécule et de 7 kil. 700 gr. de parement Freppel produit 910 litres de colle qui ont suffi à encoller 18,200 mètres de chaîne de 2,400 fils, ou bien 43,680,000 mètres de fils n° 28.
- Avec un parement ordinaire, composé de 3,700 litres d’eau, 369 kil. de fécule et 37 kil. de léiocome, on obtient 3,880 litres de colle, suffisant à parer 68,000 mètres de chaîne de 2,400 fils de même numéro, soit 16,320,000 mètres.
- G’est-à-dire une économie de 15 0/0.
- Le parement Freppel se cuit plus vite que les parements ordinaires; il remplace le léiocomme et la colle forte.
- Pour les tissus légers, comme les cotons, il vaudrait mieux composer la colle dans les
- proportions suivantes :
- Eau............................ 100 litres.
- Fécule......................... 500 gram.
- Parement Freppel............. 320 —
- Sulfate de zinc.............. 65 —
- Pour la cuisson du parement Freppel, dans l’appareil Simon, on opère sur la composition suivante:
- Eau............................. 50 litres.
- Fécule......................... 800 gram.
- Sulfate de zinc........ 41 —
- Parement Freppel...... 204 —
- En comprenant l'eau condensée de la vapeur dans l’appareil, on a 70 litres de colle.
- M. Rousseau a bien voulu nous confier la composition de son parement, que voici :
- Eau....,............... .... 60 litres. Fécule de pomme de terre 6 kil.
- Farine de seigle fermentée en pâte liquide........ 2 —
- Léiocomme.................... 500: gram.
- Colle forte..................... 1 kil.
- Sulfate de zinc............... 200 gram.
- Suif........................ 200 —
- L’eau et la fécule constituent la base de la composition du parement.
- La farine de seigle fermentée, comme la farine de pomme de terre, est destinée à donner aux fils de la ténacité.
- Le léiocomme qui est delà fécule, grillée à une température de 200°, donne, par la pror
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- priété hygrométrique dont il jouit, plus de souplesse et de moelleux aux fils.
- La teinte jaunequ'il leur procure plaît àl'œil.
- La colle forte, sans contrebalancer l’effet du léiocomme, donne par son application de la fermeté aux fils de chaîne.
- Le sulfate de cuivre a pour but de hâter la dessication de la colle et de la préserver de la fermentation.
- Le sulfate de cuivre, que l’on emploie aussi dans le même but, est préféré au sel de cuivre parce qu’il est incolore et meilleur marché.
- Le suif a pour but de donner de la souplesse aux fils, et surtout de faciliter pendant le tissage le glissement dans les dents du peigne; de plus, il a la propriété quand on l’emploie dans la cuisson ordinaire, d’empêcher la colle de mousser.
- Nous allons maintenant donner la description et la marche de l’appareil Simon.
- Le système consiste à cuire la fécule à une température de ISO0 et à une pression de S atmosphères. (1).
- L’appareil Simon, fort simple dans sa construction, présente pour l’industriel une grande économie de temps et de combustible; la manutention en est facile et le produit obtenu estparfaitement homogène et utilisé en totalité.
- L’appareil est un cylindre en cuivre, terminé à ses deux extrémités par deux calottes hémisphériques.
- Il doit pouvoir supporter une pression de 5 atmosphères.
- Sa position est verticale.
- Un entonnoir, situé à la partie supérieure latérale, permet d’introduire la colle dans le cylindre.
- La vapeur devant circuler à travers le mélange, son arrivée se fait par la partie inférieure au moyen d’un robinet.
- Un petit tuyau, adapté à la partie supérieure, permet, lors de l’introduction de la vapeur, de donner issue à l’air contenu dans 1 appareil; ce tuyau est recourbé, longe le cylindre et se termine par un robinet à portée de la main de l’ouvrier.
- Un tuyau de vidange, à robinet, se trouve à la partie inférieure.
- Marche de l’opération :
- 22(1) La 6gure 13, de notre dernier numéro, page 270, est le dessin de cet appareil.
- On commence par introduire de l’eau froide jusqu’au niveau du robinet supérieur.
- On prend alors par le tuyau de vidange la quantité d’eau nécessaire pour faire les mélanges de la colle que l’on verse ensuite par l’entonnoir.
- Le volume qui reste vide dans l’appareil au-dessus du robinet supérieur est destiné à donner place à la vapeur et à l’eau de la vapeur condensée.
- On ouvre la vapeur ainsi que le petit robinet d’échappement.
- Dès que la vapeur, par son arrivée dans le cylindre, en a chassé l’air, cequi s’aperçoit par la sortie de la vapeur par le robinet d'échappe-ment, on ferme ce robinet.
- La cuisson commence.
- De temps en temps on ouvre le robinet d’air, et la vapeur, trouvant subitement une issue, traverse et mélange énergiquement la pâle tout en la cuisant.
- On ouvre, par intervalle, le robinet, situé à peu près au tiers inférieur de l’appareil et l’on voit, par l’écoulement de la colle, si elle est arrivée à l’état de cuisson désiré, ce qui s’obtient en 3 minutes.
- La cuisson terminée, on ferme le robinet de vapeur et on ouvre la vidange., ,
- La pâte, supportant dans l’appareil une forte pression, s’écoule rapidement.
- Un peu avant la fin de l'écoulement, on ferme la vidange, ou ouvre la vapeur pour que, chassée par la pression, toute la pâte se vide bien.
- Lorsque l’appareil est vidé, on ouvre tous es robinets.
- La vapeur entre dans le cylindre, le nettoie, et l’échappement par chaque robinet ôte toute inquiétude d’obstruction.
- On ajoute alors dans la colle les 200 grammes de suif, on peut les mettre dans le mélange de colle avant la cuisson, mais il y aurait perte de temps pour le couper, tandis que la colle se trouvant encore à environ 95% le sui fond rapidement.
- Certains industriels condamnent l'emploi de la colle forte destinée à augmenter la force du parement, de la graisse de bœuf ou de suif employés pour faciliter le glissement et hâter la sécheresse.
- Ils pensent quele léiocomme remplace ava n
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- tageusement la colle forte, et qu’il est inutile d’employer l’un et l’autre simultanément.
- De même, ils proposent la glycérine en remplacement du su
- Le motif qui les pousse à raisonner ainsi est fort juste, et il serait utile que les fabricants le missent en pratique.
- En effet, soit que les tissus soient destinés au blanchiment ou à la teinture, il devient impossible ou très-difficile de les débouillir suffisamment pour en retirer ces corps insolubles.
- Les produits proposés, la glycérine et le léio-comme, ont les mêmes propriétés distinctives que la colle forte et le suif, et ont l’avantage énorme d’être facilement solubles à l’eau.
- On comprend alors que les tissus sont faciles à dégraisser et par suite, subissant moins de traitements toujours énervants, ils sont très peu fatigués ; de là plus de main, plus de soutien dans l’étoffe, et des nuances plus vives et plus fraîches.
- Sur les 70 kil. qui composent la colle de M. Rousseau, on recueille, après la cuisson dans l’appareil, 78 kil., soit 8 kil en moyenne d’excédant, provenant, 4 kil. environ, delà condensation de la vapeur, et le reste de la dissolution de la colle forte et de l’eau contenue dans la'pâte liquide de la farine de seigle.
- Il est essentiel, pour obtenir un bon résultat, que la prise de vapeur soit à peu de distance des générateurs pour avoir le moins de condensation, et par suite moins de déperdition de chaleur dans le vapeur.
- Les membres de la commission ont été frappés de la facilité avec laquelle l’ouvrier manoeuvre cet appareil, de sa propreté et de la rapidité de la cuisson.
- Ces messieurs ont été surtout unanimes à reconnaître que la colle ainsi obtenue était parfaitement cuite et d’une belle limpidité.
- Voici pourquoi la colle cuite dans l’appareil Simon est préférable.
- Si l’on porte à l’ébullition un mélange de fécule et d’eau contenant par exemple 100 d’eau et 1 de fécule, cette dernière se gonfle tellement qu’elle paraît se dissoudre :
- La liqueur chaude est limpide et passe en grande partie à travers un filtre : ce n’est que l’effet d’une extension considérable de la matière.
- Par le refroidissement, les particules désu
- nies se réunissent, et, comme les fabricants l’observent, lorsque leur colle est refroidie depuis quelque temps, elle se contracte, se forme en gelée et abandonne son eau.
- La colle employée à cet état est loin d’être bonne, et jusqu’ici pourtant on s’en est contenté.
- Il faut donc changer la fécule en un produit qui puisse se dissoudre facilement dans l’eau.
- Le parement, comme nous l’avons dit plus haut, contient des acides faibles, tels que la colle forte et le sulfate de zinc.
- La fécule se forme alors sous l’inflence de la haute température et en présence de ces acides en un produit soluble à l’eau [la dex-trine.
- Dans la collecuite par la méthode ordinaire, les mêmes acides entrent dans sa composition, mais pour que la combinaison chimique puisse se réaliser il faut une température supérieure à 100°.
- La colle obtenue par le procédé habituel n’est donc pas assez cuite ; refroidie, elle se présente en pâte ferme et opaque, et l’encollage ne se fait qu’imparfaitement.
- De plus on a une perte de 4 à b 0/0 de résidu.
- La colle ne s’applique que sur la surface des fils qui, passant sur des rouleaux de bois et dans les dents du peigne de l’encolleuse, y déposent une grande quantité de parement ; les brosses par leur frottement et leur mouvement de va-et-vient, tout en répartissent la colle sur les fils, en enlèvent encore une plus grande quantité, aussi les organes et le dessous du métier en sont-ils couverts.
- On est obligé, pour faciliter le glissement des fils sur les rouleaux et dans le peigne, de les nettoyer plus souvent qu’avec la colle Simon.
- Autant de malpropreté nuisible à la marche des fils qui s’épluchent légèrement en rencontrant ces aspérités de colle sèche, et autant de perte de temps pour le nettoyage.
- En laissant s’écouler au bout d’un bâton la colle cuite par le procédé ordinaire, elle coule en masse et se casse de suite en laissant passer des grumeaux de fécule incuite.
- Le parement Simon fait en grande quantité, vu la rapidité de la cuisson, reste chaud, et par suite liquide d’une opération à l’autre.
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- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
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- L’écoulement de cette colle donne un filet continu, limpide, élastique et résistant.
- On comprend aisément combien l’encollage doit être supérieur et avantageux, puis-qu’étant liquide il pénètre le fil lui-mème ; s’il laisse par son passage un peu décollé sur les rouleaux et sur les dents du peigne, ce qui est insignifiant, il en est toujours pénétré, et il se trouve infailliblement mieux paré que par l’autre méthode.
- Il ressort de l’examen de la commission qu’il y a un avantage énorme à posséder l’appareil Simon,
- Economie considérable de temps, de combustible et de main-d’œuvre.
- Il serait donc agréable, au point de vue du progrès, de voir les appareils Simon remplacer les anciennes méthodes qui n’offrent qu’un mauvais parement comparé au nouveau ; ils apporteraient aux fabricants de notables économies tout en donnant plus de prix et de valeur à leurs produits, et aussi épargneraient aux ouvriers un travail pénible et quelquefois fort dangereux. (Soc. Industr. d’Amiens.)
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- DESSINS-CACHEMIRE
- Voici des révélations artistiques fort curieuses qui auront un attrait tout particulier pour le beau sexe, et qui seront lues avec intérêt par ceux, — et le nombre en est grand, —qui s’occupent de la fabrication des tissus :
- Qui n’a été frappé d'admiration devant les belles feuilles cordiformes, oblongues et dentés de ce végétal herbacé que l’on distingue sous le nom de bégonia ? Sur la face supérieure de la feuille apparaissent un vert lisse avec bordure ombrée et des lignes finement teintées de nuances indicibles ; sur la face inférieure, un rouge incarnat et de grandes fleurs roses.
- C’est le bégonia de l'Indo-Chine, et nulle parmi les élégantes qui contemplent ce ravissant végétal, ne se doutent de la partqu’apporte à la richesse de leurs vêtements cette plante dérobée aux horticulteurs asiatiques.
- On a entendu dire et l’on répète que les châles les plus estimés proviennent d’une contrée appelée Cachemire ! Cette contrée estàl'extré-mité la plus reculée de l’Inde, au nord des sources de l’ludus, au pied des Himalayas les
- plus avancés, vers le centre de l’Asie. C’est là qu’il faut aller trouver cette population d’ouvriers dont les travaux n’ont été surpassés dans aucune partie du monde. Les artistes cachemiriens franchissent ces hautes montagnes pour demander, sur le versant septentrional, les beaux duvets que possède la chèvre du Thibet.
- Les dessins les plus remarqués, les plus éclatants sur les vrais cachemires sont les pal-mettes et les palmes grandioses. Ces dessins sont-ils le résultat du pur caprice et de la seule imagination? Qu’on se garde de le croire !
- La nature, en Orient, fournit des feuilles à contours admirables. Sur ces belles et larges feuilles, le soleil a dessiné, gravé, colorié des ornements délicats, et les artistes du Cachemire les imitent comme les sculpteurs de la Grèce imitaient les découpures de l’acanthe dans les chapiteaux corinthiens.
- Ces feuilles sont celles du bégonia.
- Aujourd’hui que l’horticulture a tiré de l’Indo-Chine cette superbe plante, on peut, en admirant son feuillage, y reconnaître ce que le génie décorateur des ouvriers cachemi-rieus reproduit de plus pur et de plus gracieux. Et si l’on voyait ces plantes sous l’effet merveilleux de la lumière d'Asie, au point du jour, à l’aurore, à midi, le soir même, on comprendrait le goût exquis des Orientaux dans l’imitation de ces couleurs.
- Lorsque les Français arrivèrent en Egypte à la fin du siècle dernier, ils furent frappés de voir les tissus de Cachemire embellir la parure des Orientaux sous forme de châles, d’écharpes, de turbans, de ceintures, de vestes, de robes, de tuniques. Leurs yeux étaient charmés par l’éclat des couleurs. Ils admiraient ces tissus, propres à tous les climats, qui drapaient à ravir les formes humaines et qui, suivant les convenances et le génie des deux sexes, donnaient à leur parure tant de grâce et de majesté.
- Les châles et les écharpes arrivèrent en France avec les vainqueurs des Pyramides. Ils obtinrent comme par magie le suffrage des femmes. C’est de cette époque que date la mode des châles en France. Ce fut une vraie fureur sous le Consulat et sous l’Empire : nulle femme du monde ne sortait sans porter un cachemire coûtant plusieurs milliers de francs. Cette mode, quoique un peu délaissée aujourd’hui, n’est cependant pas entièrement bannie. Toute personne aisée qui se marie a un cachemire dans son trousseau. Seulement, ce n’est guère souvent un cachemire de l’Inde, c'est le tissu admirablement imité par l'industrie française.
- (Débats.)
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- l
- NOUVELLES
- Jdg
- Enseignement industriel a Rouen. — Par décret en date du 16 décembre 1873, il est institué près l’école préparatoire à l’enseignement supérieur dès sciences et des lettres de Rouen deux chaires d’enseignement supérieur, savoir :
- Une chaire de chimie agricole et industrielle ; et une chaire de mécanique physique et expérimentale.
- M. Girardin, correspondant de l’Institut, ancien doyen de la faculté des sciences de Lille, recteur de l’académie de Clermont, est nommé professeur de la chaire de chimie agri
- cole et industrielle, et école.
- Par le même décret, M. recteur honoraire.
- M. Laurent, docteur
- directeur de ladite
- Girardin est nommé
- ès sciences, ancien
- élève de l’école polytechnique, répétiteur à la même école, est nommé professeur de la chaire de mécanique physique et expérimentale.
- Nous enregistrons ce fait avec un double plaisir, puisqu’il concourt à l’extension de l’enseignement technique dans cette grande cité industrielle, et qu’il met à la tête de cet enseignement, l’auteur d’un des livres les plus connus et les plus estimés dans les industries de la teinture et des tissus.
- 1 h L
- • 9
- Prud’hommes, — Par décret en date du 15 décembre 1873, M. Lapoire (André), fabricant de cotonnades, a été nommé président du conseil de prud’hommes de Roanne, et M. Labouré (Charles), ancien prud’homme patron, a été nommé vice-président du même conseil.
- Cotonnades pour l’exportation.
- t
- P
- chambre de commerce de Rouen, dans sa dernière séance, a nommé une commission composée de MM. Waddington, Lamer, Rondeaux et Petit, afin de rechercher les moyens les plus convenables pour encourager un essai de fabrication d’étoffes de coton teints, tissés à la main, sur des échantillons reçus du Brésil.
- L’article rouenneries, en général, se relève un peu d’une défaveur causée par leur trop grande abondance pendant ces derniers temps, et leur fabrication redevient rémunératrice, surtout pour se qui concerne les imprimés.
- Brevets français. — L’article 24 de la loi du 5 juillet 1844 sur les brevets d’invention, laquelle loi est toujours en vigueur, dispose que : « Après le payement de la deuxième annuité, les descriptions et dessins seront publiés, soit textuellement, soit par extrait. »
- Or, cette disposition a rencontré dans son exécution des lenteurs qui lui laissent acfuel-lement un énorme arriéré à remplir, pour lequel le ministre de l’agriculture et du commerce, vient de prescrire des mesures pressantes ; il y a donc lieu d’espérer que cette utile publication sera rapidement remise au courant.
- A / J 1
- Brevets anglais. — La collection complète des brevets anglais, qui remonte à l’année 1617, se compose de 1,027 volumes, renfermant la description et les dessins de 66,877 brevets. C’est à la fois un répertoire des inventions et des procédés de l’industrie et une source d’informations pour tout ce qui concerne les questions relatives aux brevets.
- A cette note extraite du Moniteur belge, nous ajouterons que la liste des brevets français, quoique ne remontant qu’à 1844, n’est pas moins intéressante, et comprend déjà aujourd’hui près de 100,000 brevets.
- Langage des couleurs. — Nous retrouvons dans les œuvres d’unde nos charmants esprits, Léon Gozlan, cette boutade sur les couleurs, qui donne une juste idée de la verve aimable du regretté romancier :
- « Comme je suis un peu fou, j’ai toujours rapporté, je ne sais pourquoi, à une couleur ou à une nuance les sensations diverses que j’éprouve.
- « Ainsi pour moi, la piété est bleu-tendre, la résignation gris-perle, la joie est vert-pomme, la satiété est café au lait, le plaisir rose velouté; le sommeil est fumée de tabac, la réflexion est orange, la douleur est couleur de suie, l’ennui est chocolat ; la pensée pénible d’avoir un billet à payer, est mine de plomb; l’argent à recevoir est rouge chatoyant ou diablotin.
- « Le jour du terme est couleur de terre de Sienne, — vilaine couleur! —Aller à un premier rendez-vous, couleur thé léger, à un vingtième, thé ch rgé; quant au bonheur..... couleur que je ne connais pas! »
- Et vous, cher lecteur, connaissez-vous cette nuance? Si oui, envoyez-nous en la recette, le Moniteur de la Teinture sera charmé de l’offrir en étrennes à tous nos confrères.
- Pour tous les articles non signés •
- P. Blondeau.
- F. GOUILLON, Directeur-Gérant.
- Tous droits réservés.
- Paris. Typ, TurEn et Ad. Juvet, 9, cour des Miracies.
- FIN DU PREMIER VOLUME. — QUATRIÈME SÉRIE
- lit
- I.
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- TABLE DES MATIERES
- PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
- 15e Volume. -
- Accidents de machines............................ 24
- Acides gallique et tannique: ............... 193, 216
- Acétate d’alumine................................. 101
- Adjudications administrative^..................... 229 Alizarine artificielle.... 47, 58, 62, 94, 119, 120, 212, • • • •......................................................................................256, 261 — de garance . pour rouge turc.................................................................79
- Altération des cours d’eau par les résidus de fabrique .......................................... 23
- Altération des charbons exposés, à l’air.____... 167
- Aluminate de soude et son emploi en impression. 185 Analyse des couleurs fixées par teinture 37 — des savons résineux 130 Anilines, Dosage 218 — Impôts 72, 108 — dans les matières alimentaires 93 — propriétés toxiques 268 — . pour impressions .économiques. ....... 79 — . Solidification des teintes 231 — Traité de .fabrication 45
- — sur .coton (Voir aussi .aux noms des couleurs) ! 33, 78, 196, 229 '— sur caoutchouc 206 — sur peaux 86
- — (Couleurs, d.’). voir.. à. .leurs noms.
- Anthracène (Voir aussi : Alizarine)...... 119, 261 Appareils .............................................................. 35, 158 —........................................à cuire les bois de teinture............ 246 —........................................•— les parementset les apprêts. 269, 284 —........................................à concentrer les' extraits.............. 283 —........................................pour la préparation de l’ozone.......... 222
- — divers, Voir : Machines. Apprêt des fils et tissus.. 175, 264 — des tissus en laine peignée. 241,253, 265, 277 — des étoffes tirées à poil 206 — parles cylindres à toile sans fin.... 41, 88
- Apprêteuse combinée, pour dégraisser, teindre, laver et vaporiser les tissus................... 187 Atelier (un) de teinture........................ 144 Azurage des cotons.............................. 139 — dés làines.................................... 175,................................219
- Bains d’huile pour adoucissage des noirsde soie. 100
- Benzine, essai...............................C... 90
- Bibliographie- .tinctoriale.... .......... 45, 56, 238
- Blanchiment accéléré............................ 130
- — deséôtons en écheveaux: : : :... 136 — de là gommé laque............... 70 — des laines. 175,219 — — sans soufrage.................... 157 — de là" soie. ........... 209 — des toiles. 91 — par l’acide hypochloreux............ 82
- — par l’ozone du papier, du fil et du coton...;.................................... 50
- Bleus d’aniline'teints au savon...............* 116
- •— • — sur coton(Voir : Mordants.............. 32
- — de France, sur soie et sur laine....... 116, 181
- — de Prusse................................... 124
- — par le campêche. ....... 124, 148
- — au prussiate de ’ potasse, ou bleus de
- France.......................... 181, 195
- — de cuves, remontés sur laine et sur coton.. 259
- — ’ solide, sur coton, sans indigo............. 189
- — sur toile................................... 162
- — d’indigo (Voir aussi •; Cuves)'. ; ;..... 159, 170
- — dit d’antimoine. ........................... 263
- — Marine sur' soie..................... 259
- — Nicholson, ou alcalin sur laines............... 5
- —• Nicholson, sur cotons....................... 231
- — 'Violet sur laine et coton.................... 15
- •— (gros) sur laine.............................. 38
- — solide d’indigo (Voir aussi : Cuves)........ 49 — . d’Anthracène.......................................................................................... 66 — sur peaux.. . ......................................................... 87 — de nuages................................... 102 — de Lyon, sur soie........................... 115
- Année 1872. Bleus sur soie au cyanure 129
- >— Noir d’aniline..................... 126, 198, 259 — Essai........................................................................................................ 38 Bois, teinture et vernissage.......... 201, 231 —.................................de Brésil........................... 75 —.................................jaune................................................................. 435 —.............de -Santal................ .•......... 76 Brevets d’Invention, catalogue.. 35, 71, 106, 200, 226 237, 250, 274
- — — Compte-rendus ou revue sommaire.. 34, 44, 82, 90, 141, 158
- 174, 206, 264
- — •— Anglais..................... 288
- — — Français.................... 288
- Brocart sur papiers peints.................... 143
- Brou de noix pour teinture ;................. 205
- Brun sur peaux A............................. 88
- Cachemire............................... 216, 287
- Cachou...................................... 194
- Calandres. Voir Cylindres.
- Calandrage. Voir Cylindrage.
- Campêche......................................... 74
- Caoutchouc, teinture........................ 206
- Caroubier sur soie............................. 128
- Carthame........................................ 76
- Catalogue des brevets d’Invention. Voir Brevets.
- Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-
- Chamois et nankin sur coton..................... 31
- Charge des soies (Voir aussi: Noirs)....... 16, 239
- Châssis à compartiments ...................... 55
- Chauffage des bains de teinture et des cylindres
- à apprêter par la vapeur surchauffée...... 152, 164
- Chinage en camaïeu............................. 34
- Chlorometrie..... ......................... 33, 69
- Chloruré stannique, ou oximuriate d’étain..... 199
- Classification des déchets de laine........... 167
- Cochenille (Voir aussi: rouges, ponceau, cramoisi, etc.)................................ 44, 77
- —: ammoniacale......................... 85
- Coloration des tissus par les amidons de couleur. 50
- Commerce des rouges d’Andrinople en Suisse ... 156
- — des soieries................................... 210
- Compte-rendus des brevets. Voir: Brevets. Concurrence allemande........................... 264
- Conseil supérieur du Commerce, de l’Industrie. 144
- Conservatoire des Arts-et-Métiers....... 211, 252, 264
- Contrefaçon allemande............................. 48
- Coton (le) en Amérique............................ 36
- .— teinture. Voir aux noms des nuances.
- Cotonnades pour l’exportation...................... 288
- Couleurs d’aniline. Voir: Anilines, et à leurs
- noms.
- — d’impression économiques.............. 79
- — rose par l’aniline..................... 7
- Cramoisi sur soie.......................... 128
- — — en impressionr.. r.............. 140
- Conservatoire des Arts-et-Métiers de Vienne.... 264
- Cuir (teinture du) Voir Peaux.
- Cuves d’Indigo pour laines et pour toiles.... 3, 13, 49 122, 161, 170
- Curcuma ou terra mérita’. ........................ 145
- Cylindrage et moirage des étoffes.. 102, 113, 174, 279
- Cylindres à moirer, et calandres... 102, 113, 206, 222
- — ou tambours à apprêter....................... 41, 88
- Décreusage et blanchiment de la soieTussah.... 209
- — des déchets de soie..................... 191
- Dégraissage des laines................ 26, 93, 142
- _________' des déchets de coton............... 207
- Désorganisation des fibres végétales sous l’action des alcalis et des oxydants ............... 257
- Dessins-cachemire.............................. 287
- _______ de fabrique en Alsace.................... 72
- Diviseur colorant.............................. 141
- Dorure de la gaze.................. * i... £.... 44
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- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Dosage des couleurs d’aniline...................... 218
- Droits sur l’aniline............................... 108
- — sur les huiles de houille........................... 72
- Eaux calcaires, leur influence dans le dégraissage, et la teinture des laines........................... 25 Echardonnage chimique par les gaz......................................... 91 Ecole de chimie industrielle de Mulhouse.... 228, 245
- — d’Industrie de Rouen............................. 131
- — de tissage — ................ 128
- — des chauffeurs...................................... 57 Effet de la gelée sur une teinture à l'indigo........ 258 Elargisseurs de tissus....... 35,.....................158
- Emploi de l’aluminate de soude pour préserver les doubliers d’impression........................ 185 —...du bi-sulfite de soude comme anti-chlore.. 258 —.........................du caroubier en teinture.............................................. 262
- — de la'glycérine dans les apprêts, la teinture et l'impression...................... 146 —...............................de la purpurine.......................... 197 —....................des résidus de châtaignier............... 261
- — du sulfure de carbone dans le dégraissage des laines .................a............. 142
- — de la vapeur surchauffée dans les industries tinctoriales.................. 152, 164, 249
- Encollage des matières textiles................. 92
- Encre d’imprimerie servant à l’impression des tissus........................:.................. 70
- Enduit imperméable .......................... 208
- — pour toiles cirées.....................•........ 90
- Enlèvement des taches anciennes de peinture. 254, 266
- Enseignement industriel de Rouen. ............ 288
- Ensimage et blanchiment de la laine............ 175
- — soluble ...................................... 34
- Epaillage chimique des tissus.............. 254, 266
- — — des soieries.................... 82
- — — par la vapeur surchauffée.... 17
- Essai de la benzine.............................. 90
- — des indigos par leur poids spécifique....... 8
- Essoreuse pour épaillage chimique......•........ 266
- Etamage des tissus............................. 263
- Etat sphéroïdal dans les générateurs de vapeur.. 71 Explosion de 'chaudière 24 — d’un cylindre........................ 143 Exposition universelle- de Lyon, revue et notes.... 52 65, 80, 107 — — de Vienne, diplômes d’honneur .. 192, 204 — — — industrie cotonnière ... 270 — — — Jury 83 — — — Rapport au Président delà République. 223 — — — récompenses... 96
- 240, 264 — — — tissus.... 235, 247 — — — transports.... 107
- — textile à Saint-Pétersbourg.......... 132
- Extension aux tissus de laine, de la franchise de douane accordée à ceux de coton, en Alsace-Lorraine ....................................... 83
- Extinction des incendies à l’aide de la vapeur .... 208 Extraction de l’anthracène 261 — de la matière colorante de la garance 92 Extraits colorants 158 — de teinture 82 — de campêche et autres 281
- — de santal, calliatour et autres........... 91
- Fabrication des ................................... 174
- — des extraits tinctoriaux.................... 262
- — — de campêche et autrès
- bois tinctoriaux................... 281
- —............................< du prussiate de potasse........................ 45
- Fabrication de la soie aux Etats-Unis.............. 176
- Faillites (les) en 1872 ............................ 23
- Faits relatifs à la couleur de cochenille........... 44
- Falsification de l’albumine........................ 143
- Fer de dialyse ou mordant neutre de fer............. 280
- Fête des teinturiers en soie....................... 227
- Fixation des couleurs d’aniline par le tannate de gélatine.................................... 229
- Formules pour les lois de teinture.............. 37
- Foulage des laines.............................. 26
- France Industrielle.............................. 56
- Franchise de douane accordée aux tissus d’Alsace-Lorraine 155
- Fuschine sur soies............................... 115
- Fustet........................................... 135
- Gants de chevreau, teinture....................... 154
- Garance et extrait (Voir azissi: alizarines).... 61, 73
- 92, 94
- Gaude............................................. 145
- Glycérine, son action dissolvante et son application au travail des laines....................... 142
- — son emploi dans la teinture, l’impression et les apprêts... 146
- Gomme pour apprêts................................ 231
- — laque, blanchiment et emploi................. 70, 97
- Gouache, impression.............................. 53
- Graine de Perse.................................. 136
- Gris clair ..................................... 127
- — perle par les violets d’aniline............... 67
- — devienne.................................... 198
- — et noir grands teints sur coton de fil.... 244
- — sur gants................................ 155
- Gros bleu sur laine.............................. 52
- — vert — ..................................... 52
- Imperméabilisation des textiles................. 267
- Importation des matières premières.............. 178
- Impôt sur les tissus......................... 156, 252
- Impression économique à la gélatine chrômatée.. 197
- — — sur coton pour les anilines 79
- — en réserve........................... 207
- — sur peaux............................ 261
- — sur tissus. Voir aux nuances. — transparentes 92
- — multicolore applicable aux procédés à
- la gouache.......................... 53
- Incendies.................... 132, 204, 208, 228, 276
- Indigo........................................... 98
- — (bleus d’) Voir: bleus et cuves.
- — essai par leur poids spécifique............... 8
- Industrie des tissus à l’Equateur............... 215
- Influence des eaux calcaires dans le dégraissage, le rinçage et la teinture des laines.......... 25
- Introduction à l’année 1873....................... 1
- Jaunes, essai................................... 39
- — Campo-Bello................................. 283
- — clair sur soies......................... 100
- — sur peaux................................ 88
- — ' tendre verdâtre sur laines................. 140
- Jury de l’exposition de Vienne.................... 39
- Kermès, et son usage en teinture................. 77, 86
- Lac-dye, gomme laque, etc.................... 77, 97
- Lainages (les) dans le Nord.................... 204
- Laines, dégraissage............................. 93
- — teinture et impression. Voir aux noms des nuances.
- — ensimage................................... 34, 175
- — épaillage............................ 17, 254, 266
- — blanchiment............•........ 157, 175,219, 221
- — machines. Voir ce mot'.
- La kao ou vert de Chine......................... 169
- Lavage de la laine pour le verre soluble neutre.. 20
- Laveuse double.................................. 141
- Langage des couleurs............................ 288
- Leçons sur les matières colorantes........ 61, 73, 85
- 97, 109, 121, 133, 145, 169, 193, 205
- Lessivage des fils de coton..................... 136
- Lois de la teinture, formules pour............... 37
- Loi relative aux marques de fabrique............ 275
- Machine automatique et à régulateur pour la tension des tissus................................... 35
- — à couper les tissus..................... 158 — à cylindrer, moirer ou calandrer... 102,113
- 206, 222
- p.294 - vue 294/296
-
-
-
- ET DE L’IMPRESSION DES TISSUS
- 295
- Machine à fouler les chapeaux................... 175
- — horizontale à calandrer..........;......... 206
- — à lainei’............................ 206 — à laver et .battre les .écheveaux.... 261
- — à teindre les écheveaux............... 141, 207
- — pour le cousage des pièces.......... 262 — à sécher, applicable à l’apprêt des tulles 158
- — — par la vapeur surchauffée.• 17
- — Voir: appareils, apprêteuses, cylindres, élar-gisseurs, laveuses, matériel, métiers, etc
- Maladies des cuves (Voir aussi: cuves)......... 172
- Mandarine, jaune-orange........................ 78
- Marques de fabrique........................ 249, 275
- Marron sur gants.......... :................... 154
- — sur soies............................. 100
- Matériel des apprêts.................. 254, 265, 277
- Matières astringentes pour noirs............... 169
- Méthode pour constater la présence delà fuchsine dans les matières alimentaires 93
- — pour l'examen chimique des mordants de fer du commerce............................... 117
- Métiers d’apprêt (Voir aussi: Machines)...... 41, 88
- — à dérailler et à sécher..................... 262
- Mode d’emploi d’une gomme pour apprêts.......... 231
- Modifications aux procédés chlorométriques .... 69
- — aux tarifs de douane........................... 177
- Moirage des étoffes................ 102, 113, 174
- Mordant neutre de fer....................... 280
- — remplaçant le tartre dans la teinture des laines................................ 183
- — divers pour la fixation des couleurs d’ani-
- line sur coton............... 33, 78, 112, 196, 229
- Nankin sur coton.... ............................................. 31
- Nitro-muriate d’étain........................................... 128
- Noir d’aniline, teinture sur fils de coton.. 67
- — — — sur coton et laine. 111 — —. — sur-cheveux, plumes, etc—141
- — — et chlorates............................................. 127 — Anglais sur soies................................................................................................... 100 — — chargé.......................................................:.................................................. 100 — sur soies.. ..................................................... 29 !— au pyrolignite eu. un seul bain............................................................................................................................................. 51
- — de Lyon, chargé sursoies........................................ 100
- — sur velours de soie............................................. 08
- — sur gants de peau,.............................................. 154
- •— sur laine et coton........................ « 8
- — — au pyrolignite.............. 51
- — — pour tissus épais........... 32
- — en impression par l’encre grasse........... 70
- — ‘— sur soie, sur fond d’aniline.. 140
- Noir et gris grand teint sur coton et fil....... 244
- Noix de Galles.....................:............. 194
- Nouveau bleu solide d’indigo en . teinture et en impression 49
- Nouveau produit d’aniline........................ 143
- Nouvelles matières colorantes..................... 104
- Nuances de mode sur laine et coton................ 15
- en faveur............................ 168, 174, 198, 240
- d’hiver........................................... 198
- Œufs de Pâques...................................
- Ordonnance rendue en Angleterre, concernant l’altération des cours d’eau par les résidus de fabrique................................
- .......................................
- Outremer ..... ........................
- Ozone, préparation.....................
- Pailles, teinture.........................
- 5apier-feutre japonais................. larme à l’orseille sur soies........... parage et encollage des matières textiles, "eaux, impression......................
- ...... 23
- ...... 123
- ...... 133
- ...... 222
- ...... 231
- ...... 7
- ...... 128
- 92, 269,284
- — teinture en couleurs d’aniline..
- Pensée sur soies........................... Hanches à imprimer.................
- Physique rouge et violette pour soies.. Ponceau sur soies.....................
- —• sur laine et sur trame-coton
- Pourpre-Libération.................
- 84
- 261
- 86
- 129
- 91
- 128
- 100
- 141
- 179
- 140,
- Pourpre romaine..........-------.........'...... 97
- Préparation de l’alun de chrome................ 201
- — des chlorates pour noir d’aniline 127
- — d’une encre d’imprimerie pouvant servir àl’impression des tissus.... 70
- Prix parla Société industrielle d’Amiens........ 104
- Procédés allemands...., ........................ 12
- —Chlorométriques................................. 33
- — divers, à l’usage des teinturiers-dégraisseurs......................................... 51
- — simple, pour la préparation du cilorure
- *: stannique (oximuriate) dans les ate-liers de teinture.... ;............... 199
- — pour distinguer et séparer la soie, la
- perfectionné pour obtenir de l’anthra-
- Production d’acide hypochloreux, pour blanchiment ........................................... 82
- Produits allemands......... ................ 12
- — chimiques et colorants à l’Exposition de Lyon.......................................... 80
- Propriétés toxiques des couleurs d’aniline..... 268
- — des dessins de fabrique,........... 120
- Prud’hommes........................ 167,264, 276, 288
- Pyrolignite de fer pour impressions sur coton... 242
- Quercitron..................................... 134
- Question.de la garance (Voir aussi : Alizarine et
- Garance.)..................................... 94
- Ratine sur soie.............................. ... . j 128
- Recherches sur la teinture.................... 45, 56
- Récolté dès indigos........................... 240
- Récompenses à l’Exposition d’Économie Domestique......................................... 12
- Récompenses à l’exposition dé Vienne (Voir : Exposition).
- Réunion ......................................... 108
- Révélation des. secrets de fabrique......... 178, 191
- Revue sommaire des brevets d’invention. Voir :
- Brevets.
- Rinçage des laines (Voir aussi : Dégraissage)... 26
- Rocou ......................................... 146
- Rose par l’aniline..... ......................... 7
- Rouge d’Andrinople, commerce..................... 156
- — — par l’alizarine et autres
- • ............, moyens..................... 79, 90
- — de grenadine ..... J........................... 186
- — écarlate sur soie et sur laine par la fuch-— sine 15
- — sur peaux....................................... 87
- — sur gants de chevreau.............;............ 154
- — à l’huile pour marquer le linge................ 245
- — essai....................................... 39, 92
- Rouleau à rondelles pour impressions multicolores .......................................... 55
- Sauge, teinte mode....................... 174
- Saumon sur laine......................... 259
- Savon ammoniacal pour le dégraissage des laines.......................................... 93
- Savon de colophane............................ 211
- — de. panama................................... 92
- — pour fouler et dégraisser le drap............. 83
- — soluble à l’eau de mer........................ 90
- Séchage des tissus et épaillage chimique par la vapeur surchauffée............................. 17, 249
- Séchoir industriel à vapeur surchauffée........ 17, 249
- Séparation industrielle des fibres animales et végétales .......................................... 9,21
- Silicates alcalins pour lavage des laines.......... 20
- Situation générale des industries textiles......... 202
- Soieries (les) en Amérique.................... 132, 176
- — lyonnaises........................................ 263
- Soies, charge (Voir aussi : Noirs).................. 16
- — Tussah, décreusage et blanchiment.............. 209
- — Teinture, voir aux noms des nuances.
- Solidification des couleurs d’aniline.............. 231
- Soufrage des laines........................ 221
- — — par les .......................... 157
- p.295 - vue 295/296
-
-
-
- ) | 1
- )
- S 64
- LE MONITEUR DE LA TEINTURE
- Stannate de soude. ........................... 101
- Sucres colorés................................ 119
- Sulfures organiques, ou nouvelles matières colorantes...;..................................... 232
- Sulfure de carbone pour dégraissage des laines. 142
- Sumac......................................... 194
- Syndicats ouvriers...-----................. 72,168
- Système d’assemblage pour cuves à teinture... 82
- Taches de peinture anciennes, enlèvement...... 245
- Tamisage des couleurs à l’aide de l’essoreuse.... 34
- Tampon à double face, pour impression.......... 54
- Teinture des laines........................... 27 —..............— et des draps en cuve d’indigo 3, 13
- — mélangée par une seule immersion.... 34 — en vert d’aldéhyde, par la fuchsine.... 5
- — en noir d’aniline (Voir aussi : Noir d'aniline) 67,111 — . des peaux en couleurs d’aniline. 86 — en rouge turc. 79, 90 — dégraissive et apprê'tive, 93 — sur laine en vert d’aniline. . . 99 — de la soie en ëcheveaux. . . . 100, 115, 128 — de la fibroïne et sa combinaison avec l'acide sulfurique 129 — par le bois d’acajou 141 - des gants de chevreau 134 —. . et.vernissage des bois 201,231 — au brou de noix . : . 205 — ...du .caoutchouc.. 206
- — diverses, voir aux noms des nuances.
- Teinturiers en soie............................. 120 Tension des tissus. ..............................35 Tissus et teinture à l’Exposition de Lyon . . , . 52, 65
- — — de Vienne. 235, 247
- Titrage des soies.......................... 167,216
- Traitement de la laine et des mélanges. . . . 175, 207
- — des lessives épuisées................. 82,91,158
- RÉCAPITULATION DES ÉCHANTILLONS INSÉRÉS DANS LE VOLUME
- Papier-feutre japonais............................ 7
- Bleu-Violet d’aniline sur laine et coton......... 15
- Chamois sur coton..... .... .................... 31
- Impression multicolore à là 'gouache,.......... 54
- Gris-perle piaf les violets d’aniline.......... 67
- Mandarine soie.................................. 78:
- Bleu de nuages, teinte mode.........;........... 102
- Vert-horizon ................................. 115
- Bleu foncé par le bleu-noir.................... 127'
- Gris’clair — .................... 127
- Bleu de campêche sur laine, de Verviers......... 151 " —.............................................—............................................— 2e procédé. 151 _...............................................-..............................................— 3«..........................................—.......................................... 151 ................................................................................................— recette Hollandaise.. 151
- Bleu de cuve foncé sur toile................... 162
- — moyen — ....................................... 163
- clair — ........................................ 163
- GRAVURES INTERCALÉES- DANS’ LE TEXTE
- Fig.-1. — Appareil à sécher par la vapeur sur-.............chauffée... ................... 18
- Fig.. 2 — Elévation latérale du même appareil... 19
- Fig.. 3 — Métier -d’apprêt, à toile sans fin pour chiffonnage................................... 43
- Fig. 4 — Tampon à double face................... 54
- Fig. 5 — Rouleau à rondelles pour impressions multicolores................................... 54
- Fig. 6 —Auge à- .compartiments pour -même usage......................................... 55
- Fig.- 7 — Machine d’apprêt à feutre sans fin.... 89
- Traité des dérivés de la houille, applicables à la production des matières colorantes. •....... 45, 56
- Traité pratique de blanchiment, de Teinture et d’impression il................................. 56
- Traité de trava des laines peignées, de l’alpaga, du poil, de chèvre, du cachemire, etc.......... 238
- Traités de commerce avec l’Angleterre et la Belgique....................................... . . 190
- Usages déloyaux de quelques maisons anglaises. 272
- ... — .. — allemandes 12,48
- Utilisation des chiffons de. soie................ 92
- Valeur comparée de l’alizarine artificielle et de la garance.(Voir aussi : Alizarine)...............256
- Vapeur surchauffée, son emploi dans le séchage FE des tissus et l’epaillage chimique... 17, 249
- — pour le chauffage des bains de teinture et des cylindres d’apprêt........................... 152, 164
- Vernis limpide et flexible pour les apprêts....... 175
- Verre soluble pour le lavage des laines........... 20
- Vert (gros)- sur laine............................ 52
- — • d’aldéhyde par la -fuchsine.................... 5
- — sur peaux....................................... 87
- — • d’aniline, teinture sur laine................. 99
- — — sur bois et paille....-............ 231
- — sur soie.; ....... ....................... 100
- — horizon.................................. 114
- — lumière sur soie........................... 116
- — cuvé-sur laine .......................... 140
- — de Chine................................... 169
- — de Paris, préparation...................... 217
- — essai...... 40
- Violet d’aniljne sur soies .................... 116
- —. sur peaux............................... ' 87
- — sur soies................................. 129
- — essai...................................... 40
- Sauge,-teinte mode.......................... 174
- Rouge de-grenadine sur coton................... 186
- Gris-de Vienne, teinte mode................... 198
- Pourpre-libération- — .................... 199
- Foulard en Tussah .......................... 210
- Fil teint par les nouvelles matières colorantes, dites Sulfx^res organiques, fixé en bi-chrômate. 234
- Même teinture virée au carbonate de soude....... 234 Coton teint par les mêmes moyens................ 234
- Fil teint en gris par les mêmes matières provenant-d’une autre base......................... 234
- Fil teint-en marron dans la même couleur que le précédent..................................... 235
- Bleu-marine sur soie....... .... ...... ...... 259
- Saumon sur laine............................... 259
- Jaune ........................................ 283
- Fig. 8 — Machine à cylindrer et moirer....... 198
- Fig. 9 — Cylindre à moirer par gaufrage...... 114
- Fig. 10 — Apprêteuse combinée pour dégraisser, teindre, layer, sécher et vaporiser.. 187
- Fig. 11—Machine à cylindrer................. 223
- Fig. 12 — Chaudière à cuire les bois de teinture. 246
- Fig. 13 — Appareil à cuire les parements et les apprêts...................................... 270
- Fig. 14 — Evaporateur a air libre pour la concentration des extraits de bois............... 282
- Fig. 15 — Appareil à évaporer dans le vide... 283
- TABLE PAR ORDRE DE CHAPITRES
- Se reporter aux Sommaires de chaque livraison, figurant aux pages 3, 13, 25, 37, 49, 61, 73, 85, 97 109,121, 133, 145, 157, 169, 181, 193, 205, 217, 229, 241, 253, 265 et 277 du volume.
- Paris. — Imp. Turfln et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles, près la place du Caire.
- p.296 - vue 296/296
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