La revue de la teinture et des colorations industrielles
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- LA
- >le Année, N° 1.
- REVUE DE
- ET DES COLOR ATIONS
- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES 10 janvier 1891.
- INTRODUCTION A L’ANNÉE 1891
- Les passions politiques nous ont laissé un peu de répit pendant l’année écoulée, et avec l’apaisement des esprits, s’est produit un retour vers les préoccupations productives.
- Toutefois, les questions sociales, et notamment celle du travail, restent vivantes, et malgré que leurs diverses manifestations aient paru sans portée, elles s’imposent à l’attention des hommes qui ont à préparer l’avenir.
- La manifestation du lor mai n’a pas eu le caractère imposant qu’elle se battait de produire ; le Congrès de Berlin, dû à l’initiative d’un souverain autoritaire — socialiste imprévu — n’a abouti qu’à des vœux platoniques, déjà oubliés ; l’enquête sur les conditions du travail, organisée par notre ministère, est toujours ouverte, n'a rencontré que de l’indifférence chez la plupart des ouvriers eux-mêmes.
- Aucune de ces tentatives n’a trouvé la nouvelle formule sociale, mais elles témoignent toutes de la nécessité de la chercher. Cette année ne verra pas encore la solution du problème, mais il faut tenir celui-ci comme posé, et tous les gens réfléchis doivent y songer pour ne pas laisser aux violents, seuls, le soin de le résoudre.
- Pour nous, l’année 1890 avait aussi un caractère économique qui subsistera pendant quelque temps encore. Tout notre régime douanier est remis en question, et il s’agit de savoir si trente années de libre-échange ont donné à la France la prospérité que les instigateurs de ce régime lui promettaient.
- Nous avons certainement eu de belles périodes, mais à côté, des années d’intenses souffrances ; l’industrie, stimulée par la lutte, a considérablement amélioré ses moyens de production, mais nous n’en avons pas moins vu des nations voisines nous inonder de leurs produits, sans exportation équivalente de notre part.
- Le régime de 1860 a produit assez de bien pour qu’il ne soit pas absolument condamné, et a causé assez de mal pour qu’on sente la nécessité de le réviser profondément.
- Tout en en conservant la principe, il s’agit aujourd’hui de l’appliquer dans des bornes rationnelles, consistant à relever légèrement les droits à l’importation des produits fabriqués, et à dégrever entièrement les matières premières ^industrie.
- C’est la solution qui semble prévaloir actuellement, mais ne s’obtiendra pas sans luttes. La laine, principalement, est encore menacée, quoique l’avis du gouvernement soit favorable à son exemption. Nous voulons croire que nos législateurs ne consentiront pas à jeter le découragement dans l’industrie lainière, qui occupe 200,000 ouvriers, fait annuellement un milliard d’affaires, et est forcément tribune de l’étranger, puisque l’élevage français ne lui fournit pas le quart de sa matière première.
- Les Etats-Unis d’Amérique ont aussi révisé leur régime douanier et sans longues délibérations ; il en est résulté les fr°P fameux bills Mac-Iviuley, qui apportent des perturba-ll°ns profondes dans leurs rapports commerciaux avec TEu-r°Pe> et qui menacent de nous fermer le marché américain.
- Mais cette révolution économique, trop hâtivement deci-ee> est loin d’être accomplie : l’industrie américaine, maigre Ses Progrès rapides, sera longue encore à suffire à la confrmation intérieure, et il n’est pas sans probabilité que
- les Etats-Unis se voient obligés d’adoucir les rigueurs de leur nouveau régime.
- Au point de vue spécial des industries tinctoriales, l’année 1890 a été celle des noirs : ce genre de teinture arrive peu à peu aux procédés simplifiés en usage pour les autres couleurs, depuis l’apparition des matières colorantes dérivées de la houille.
- Les noirs directs sur laine se font, depuis plusieurs années, par les naphtols ; récemment, nous avons vu le noir de naphtylamine s’y adjoindre avec des qualités nouvelles ; les grands teints sont fournis par ceux d’alizarine et par un nouveau similaire, dit : noir-diamant. Le coton se teint par un produit de la classe des azoïques : le noir-diamine, et on peut entrevoir déjà qu’on trouverale dissolvant du noir d’émé-raldine, qui deviendrait une couleur d’application directe.
- Des procédés particuliers de noirs aux bois ont aussi vu le jour, simplifiant plus ou moins heureusement les anciennes méthodes. On a surtout utilisé la propriété de l’acide oxalique de dissoudre les laques noires de campêche, et on a ainsi obtenu des teintures en un seul bain non tourné. C’est le moyen qu’avait appliqué M. Mathieu-Plessy à la fabrication des encres, et qui est aujourd’hui universellement employé.
- Les noirs à l’éméraldine entrent, de leur côté, dans une nouvelle phase ; les procédés à pleins bains perdent leur faveur, et il y a tendance à revenir aux méthodes par développement ultérieur du noir, non plus, il est vrai, par éten-dage, mais par oxydation dans des espaces confinés où agit soit la chaleur, soit la vapeur.
- L’histoire des noirs d’aniline a été particularisée cette année par une recrudescence des procès Grawitz, le pseudoinventeur se hâtant de tendre les derniers fils d’araignée de ses brevets expirants. Nous espérons que bonne justice sera faite de ses prétentions effrontées. -
- Une autre affaire de noir d’aniline est actuellement en instance ; elle est bien légèrement engagée, mais n’a pas les allures vexatoires et englobantes des revendications de Grawitz : nous aurons à en entretenir nos lecteurs.
- Pendant l’année écoulée, il s’est aussi produit plusieurs travaux intéressants sur le blanchiment, et d’utiles communications sur les apprêts ; les mordants de chrome ont été l’objet de quelques études théoriques dont le praticien peut faire son profit.
- Tels sont les faits les plus saillants enregistrés par la Revue de la Teinture pendant sa troisième année ; elle a, d’ailleurs, été le fidèle écho des nouveautés et des faits intéressants de tous ordres qui se sont produits dans nos industries considérées dans leur solidarité avec celles de la filature et du tissage.
- Notre littérature spéciale s’est, en outre, enrichie de plusieurs ouvrages dont aucun n’est sans valeur, et dont la plupart sont des œuvres importantes.
- Nous voyons que l’année 1890 n’aura pas été inutile aux progrès de nos industries ; il est de leur essence même de ne pas rester stationnaires, et nous ne doutons pas que l’année qui commence apporte son contingent à cette série depuis longtemps ininterrompue, de travaux et de découvertes qui ont classé les industries tinctoriales parmi les plus intéressantes et les plus avancées. F. Gouillon.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- TRAITEMENT, TEINTURE
- ET APPRÊT DE VELOURS DE COTON
- Traduction d’un article de l’Os. Woll.undLein.Ind. par l'Industrie textile.
- Le velours de coton, une fois fabriqué, doit subir toute une série d’opérations, particulièrement l’encollage, le dégommage, la teinture et l’apprêt. Nous allons les passer en revue.
- I. — Encollage.
- Les pièces de velours tissées en double ou triple largeur sont d’abord divisées, visitées et envoyées à l’encollage, où les fils, destinés par le coupage à former le poil, sont agglutinés avec le fil de fond au moyen d’une colle épaisse d’amidon déposée à l’envers du tissu.
- La machine employée à cet usage est une encolleuse dont le rouleau supérieur est léger de manière à éviter de faire passer la colle à travers l’étoffe et, par suite, d’encoller la face supérieure, ce qui rendrait le coupage impossible. Une colle peu épaisse et non consistante donnerait sûrement ce résultat, qu’il faut éviter à tout prix : on ne peut songer, en effet, à recommencer l’encollage ou à enlever la colle par un traitement à l’eau. La coupe serait impossible de toute façon. Les pièces sont séchées sur un cylindre contenant de la vapeur de manière à enlever complètement toute trace d’humidité. Un perfectionnement important a consisté à réunir le système sécheur à l’encollage : il y a là économie de main-d’œuvre et on évite aussi les inconvénients que produit un retard apporté au séchage.
- La eolle d’amidon est la meilleure, on peut aussi employer celle de farine pourvu qu'a-près la coupe on l’enlève soigneusement.
- Après le séchage vient le coupage qui se fait au moyen de longs couteaux semblables à ceux qui servent dans le métier mécanique pour velours. Cette opération est décisive pour l’aspect marchand de l’étoffe, car aucun apprêt ni traitement ne le donnera à une pièce mal coupée et il n’y a pas de machine qui puisse faire ce travail comme la main expérimentée d’un habile coupeur.
- II. — Dégommage.
- On se sert, pour cette opération, de grandes citernes cimentées et garnies de râteliers, sur lesquelles les pièces roulées sont déposées par rangées. La colle est décomposée par un séjour de dix à vingt-et-un jours dans ces citernes et se dissout ensuite facilement. Les pièces sont disposées dans les citernes de manière à laisser entre les couches un certain espace, ou y introduit alors de l’eau à 40, 50 degrés; on couvre bien et on abandonne pendant le temps voulu. Dix jours sont un minimum pour cent pièces; mais la tempéra-rature et la qualité de l’eau ont une grande importance. — La méthode de décomposition
- de la colle par le malt est bien meilleure que la précédente. Pour l’employer, on imprègne au foulard les pièces coupées d’une solution de malt germé, puis on les laisse en tas quelques heures.
- Une troisième méthode très ingénieuse, mais d’une pratique peut-être difficile, consiste à humecter les pièces d’eau chaude, à les rouler, puis à les soumettre sous une pression de 1 à 2 atmosphères à l’action de l’acide carbonique et de la vapeur d’eau. Les essais faits en petit ont montré que la transformation de l’amidon en dextrine, puis en glucose, était complète.
- Les pièces traitées par l’un ou l’autre procédé sont passées à une machine à laver, dont le réservoir d’eau est très prolond et divisé ea deux ou trois parties, dans chacune desquelles deux ou trois pièces cousues ensemble sont lavées à plusieurs reprises au moyen d’un trinquet. Au bout d’une heure, on les retire, on les lisse sur planches à lisser; elles sont ensuite passées à l’essoreuse et séchées.
- Jusqu’à ce moment, les fils qui forment les poils ont conservé la torsion de filature; on détruit cette torsion par un brossage latéral et longitudinal qui enlève en même temps les fibres mal retenues au tissu. Pour obtenir une surface bien lisse, il faut griller le tissu, mais un seul brossage et un seul grillage sont insuffisants pour obtenir le résultat, et pour rendre l’action d’une seconde opération plus énergique, on intercale entre elles un débouillissage à l’eau qui enlève les débris du grillage; puis on lave et on sèche.1
- Après le brossage et le grillage qui ont donné au tissu l’aspect demandé, quant à la netteté et à la longueur du poil, vient la teinture, question très importante, car c’est la teinture qui fait vendre le tissu.
- III. — Teinture nu velours de coton
- Cette teinture comprend deux divisions : la teinture en noir et la teinture en couleurs.
- § 1. — Teinture en noir. —- Il est très difficile de teindre sur ve’ours de coton un beau noir bleu. Quoique le campêche et les extraits de campêche soient employés largement avec les mordants de cuivre et de fer et les sels d’alumine, le noir d’alinine leur est de beaucoup supérieur, car il donne un noir plus doux, plus uniforme et moins coûteux, surtout si l’on considère que, dans ce cas, il est inutile de surteindre, tandis que les noirs au bois exigent deux opérations pour arriver à une nuance pleine et nourrie.
- La teinture en noir d’aniline se fait de la manière suivante : après le dernier grillage, les pièces sont roulées et débouillies dans une chaudière avec 1/2 ou 1 pour 100 de solution de soude; elles sont ensuite lavées, essorées et passées au foulard en bain d’aniline à 7 degrés Baumé. Ce bain contient : aniline, 1,000; chlorate de soude, 822 ; sulfate de cuivre, 100. On a trouvé utile d’exprimer légèrement le
- tissu au sortir du bain, par un passage entre des cylindres recouverts de coton.
- On peut aussi passer è l’essoreuse en recueillant le liquide pour le faire servir à nouveau. Les pièces passent ensemble à l’appareil j d’oxydation qui consiste en une chambre chauffée à la vapeur et bien ventilée. Le tissu doit passer sur le moins de rouleaux possible.
- Au sortir de la chambre, il est sec et d’un noir vert; on le laisse dans cet état jusqu’au lendemain, on le passe alors au foulard, d’abord dans une solution froide de soude, puis en solution bouillante de chromate de soude ; on lave, on essore et on sèche soit au cylindre du sécheur, soit à la rame, pour obtenir l’égalité de largeur.
- Le noir au bois présente, après séchage, surtout à l’envers du tissu, une couleur d’un brun noir ; on le noircit artificiellement avec de l’huile de palme ou de l’huile pour rouge turc. Naturellement, ces substances ne sont pas nuisibles au noir d’aniline et peuvent même être avantageuses pour certaines qualités, mais elles ne sont pas absolument né- ; cessaires, car le noir est assez beau et le tissu assez souple pour n’exiger pas ce traitement supplémentaire.
- Les pièces, séchées et vaporisées pour redresser le poil couché par l’essoreuse, sont brossées de nouveau dans le sens du poil (qui dépend du coupage), tondues et passées à la machine à bleuir. La composition bleue est constituée de bleu de Paris et d’huile de lin cuite dissoute dans la benzine, ce qui forme une sorte de peinture. Cette opération est très délicate et exige une grande expérience. La quantité de couleur appliquée, sa consistance, la proportion de bleu par rapport à l’huile ont une importance décisive sur la nuance finale. Plus il y a d’huile, plus il est à craindre que le noir ne tourne au vert, moins il y en a, plus la nuance est rouge. Le même résultat est produit par une trop grande quantité de couleur, qui rend le poil dur, et par une quantité trop faible.
- C’est seulement la pratique qui indique la vraie marche, et il n’y a pas de recette ni de règle | stricte pour ce traitement. Il faut surtout broyer ; très finement la couleur, ce qu’on n’obtient que par trois broyages, un au broyeur à boulets, les deux ^autres au moulin ordinaire à broyer. |
- Le poil du velours est soumis à l’action d’un I rouleau pesant garni de feutre, qui fait péné- I nétrer plus intimement la peinture à l’huile I dans les fibres et donne beaucoup de brillant, fl Les pièces sont conservées pendant huit à I vingt jours dans des chambres chauffées mo- I dérément. On ne les en retire que quand elles 1 sont parfaitement sèches. Elles sont alors lé- I gèrement brossées, tondues et passées dans 1 une machine à apprêter à rouleaux de bois.
- § 2. Teinture en couleur.— Après grillage, I les pièces sont débouillies à la soude, comme i pour le noir, puis on procède à l’opération de | la teinture.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- 1° Blanc, gris clair et foncé.
- La nuance qui passe pour blanc est plutôt jaunâtre. Au sortir du bain de soude, on lave, puis on passe au bain de chlorure de chaux (10 pour 100 du poids du tissu), puis à l’acide, suivi d’un nouveau lavage, de nouveau au chlorure (5 pour 100) acide et lavage. Enfin un léger bain de savon suivi d’un azurage au violet de méthyle ou à l’outremer. Puis on essore et on sèche.
- Pour obtenir le gris clair, le gris en pâte de Th. Bcchmer de Dresde avec acide acétique et alun est à recommander.
- On nuance sur le même bain et on sèche à la rame. On obtient ainsi un nouveau gris pâle, avec de la noix de galle, le sulfate de cuivre en surteignant avec du bleu de méthylène et de l’alun.
- Pour les gris moyens et foncés, on emploie le campêche. On obtient un gris résistant en teignant sur fond de cachou avec de la ben-zoazurine en bain alcalin, puis en passant au sulfate de cuivre.
- (A suivre.)
- NOUVEAUX MORDANTS
- POUR LA TEINTURE
- Depuis quelque temps, on emploie en teinture,comme mordants, les fluorures de chrome, d’antimoine et d’aluminium. On fait usage non des fluorures simples qui attaquent les vases dans lesquels ils sont contenus, mais les fluorures doubles alcalins, ou des combinaisons des fluorures avec les chlorures ou les sulfates alcalins, tels que le sel de Haen, qui est le fluorure d’antimoine sulfate d’ammonium (SbFl3S04) (AzH4)2.
- Ces corps présentent certains avantages sur les rhodanures, les acétates, etc., mais insuffisants en comparaison des désagréments de leur manipulation et de leur prix relativement élevé ; c’est pourquoi leur emploi est assez restreint.
- M. A.-M. Villon propose, dans la Revue de Chimie industrielle, les hydrofluosilicates ou autrement dit les mordants fluatés qui, tout en présentant les avantages des fluorures, ne possèdent pas leurs inconvénients et sont d’un prix bien inférieur aux mordants ordinaires.
- L’acide hydrofluosilicique s’obtient aujourd’hui à bon compte et les hydrofluosilicates métalliques sont tous très solubles. Notre confrère a étud.é les suivants :
- 1° L’hydrofluosilicate d’antimoine remplace avantageusement les fluorures simples ou composés, l’émétique, l’oxalate d’antimoine, le lactate et autres mordants d’antimoine qui sont chers et se dédoublent aisément. On l’obtient en dissolvant l’oxyde d’antimoine dans l’acide hydrofluosilicique ou en attaquant directement le métal à chaud. C’est celui qui
- lui a donné les meilleurs résultats comparativement aux autres mordants d’antimoine pour la fixation des couleurs artificielles pour le coton.
- 2° L’hydrofluosilicate de chrome qui cède facilement son chrome à la laine est d’un bon emploi pour la teinture en couleurs d’ali-zarine.
- M. Villon a essayé lesfluosilicates d’alumine, de fer, d’étain et de nickel, mais ils ne présentent pas d’avantage sur ceux existants.
- Les fluosilicates d’antimoine et de chrome s’emploient comme les mordants ordinaires composés avec ces métaux.
- NOIRS DIRECTS ET GROSSES COULEURS
- sur laine, en bains clairs
- Cetîe méthode consiste à ajouter dans le bain de teinture, un acide (l’acide oxalique) qui dissout la laque formée par le colorant et le mordant, de façon que le bain contenant les éléments complets de la teinture, ne se trouble pas.
- C’est le procédé usité dans la fabrication des encres à écrire, au campêche.
- Voici les formules, données pour 100 kil. de laines ou lainages :
- Nom noir
- Extrait solide de bois de
- campêche 6^ »
- Extrait de bois jaune 0 500
- Tartre 2 »
- Acide oxalique 1 500
- Sulfate de fer h 500
- Sulfate de cuivre k »
- Noir bleu
- Extrait de campêche Ak 500
- Bleu alcalin 3 R .......... 1 250
- Acide oxalique 2 500
- Sulfate de fer h 250
- Sulfate de cuivre 3 500
- Bleu marine
- Extrait de campêche 3k500
- Bleu alcalin B 1 500
- Acide oxalique 2 500
- Sulfate de fer h »
- Sulfate de cuivre 3 500
- Vert foncé
- Extrait de campêche lxfc »
- Extrait de bois jaune » 500
- Vert acide 2 500
- Jaune de naphtol S » 100
- Acide oxalique 2 500
- Sulfate de fer k »
- — de cuivre 3 500
- _, „ Loutre
- Extrait de campêche ......* 4k »
- Orangé II 2 500
- Rouge solide........... » 500
- Acide oxalique.............. 2 500
- Sulfate de fer............. .. k »
- Sulfate de cuivre ......... 3 500
- Bronze foncé
- Extrait de bois de campêche Ak »
- Orangé II................... 1 »
- Jaune de Métanil.............. 2 #
- Vert acide................... » 100
- Acide oxalique.............. 2 500
- Sulfate de fer.............. k »
- Sulfate de cuivre........... 3 500
- Teindre au bouillon en une heure et demie; lever, ajouter dans le bain 5 à 6 kil. d’ammoniaque liquide (pour 100 kil. de laine) ; rentrer la laine en la manœuvrant une demi-heure, et sans maintenir l’ébullition.
- Rincer.
- Ce mode opératoire s’applique aux diverses formules ci-dessus.
- Le point spécial du procédé est donc l’addition de l’acide oxalique, et il peut s’appliquer à la plupart des teintures à mordants, y compris celles à la cochenille, où ce moyen même est employé depuis une quinzaine d’années pour faire des écarlates et des ponceaux du coup : c’est-à-dire en un seul bain.
- IMPERMÉABILISATION
- DES VÊTEMENTS
- Un industriel, M. Hiller, a proposé d’imperméabiliser les capotes de troupe, son procédé cousistant dans l’emploi du mélange suivant, qui suffirait pour rendre imperméables les manteaux de tout un bataillon (600 hommes) ;
- Alun................ 30 kil.
- Acétate de plomb.... 39 —
- Gélatine................ 3 —
- Eau................. 1,000 lit.
- Il ne dit pas, mais cela est évident, qu’il faut mélanger, d’abord, les dissolutions des deux premiers produits, laisser déposer le précipité, et employer le liquide clair, dans lequel on dissout ensuite la gélatine.
- Cette composition, formée d’acétate d’alumine et d’une colle, est usuel, connu, banal même ; mais l’auteur cite en même temps quelques expériences faites sur les vêtements ainsi imperméabilisés, ce qui nous engage à parler de son travail.
- « Il était indispensable, dil-il, de savoir dans quelle limite l’imprégnation rend les étoffes imperméables. Voici quelques résultats : Manteau de troupe exposé à une pluie de deux heures et demie : manteau ordinaire, traversé après- un quart d’heure ; imprégné, non traversé , après une heure. Pantalon de gros drap : ordinaire, traversé après un quart d’heure ; imprégné, non traversé.
- « Bref, une étoffe commune bien préparée résiste au moins à une pluie battante de deux
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- heures et demie. Aussi M. Hiller demande que les vêtements.de troupe soient rendus imperméables, car ils possèdent tous les avantages des vêtements ordinaires par temps sec, et par temps humide ou pluvieux, tout en laissant l’air circuler, ils mettent le soldat à l’abri des refroidissements. »
- Il faudrait, à L’appui de ces bonnes paroles, un procédé d’imperméabilisation plus sûr et plus stable que cet enduit d’acétate d’alumine gélatiné. ........
- PROCÉDÉS DIVERS
- Benzéine
- Ce produit est une nouroB^maTière colorante encore mal définie et ipkp-ésente de grandes analogies d’aspect avec laThodamine.
- La teinture sur laine s’obtient dans un simple bain d’eau, sans mordant ni addition -, cependant une trace d’acide fait disparaître un reflet dichroïque jaune, qui rapprocherait cette couleur des éosines.
- La soie teint sur savon coupé, et le coton avec mordançage en tannin et émétique.
- La Benzéine nous paraît d’un intérêt secondaire, vu ses analogues.
- Indamine
- Encore une couWIW’ei^^^^dans la nombreuse famille des B!eus-N®jg ou Indulines : l’avantage qu’elle offrirait sur ses congénères serait une moins grande sensibilité à l’action des acides dans Je bain de teinture.
- La laine se teint au bouillon avec addition d’acide acétique dans le bain. Le coton est sumaqué et émétiqué.
- II reste encore à voir comment cette couleur se comportera industriellement.
- Azurage des Laines
- Pour 100 kil. de laine dégraissée, blanchie au soufre et lavée.
- Epurer le bain avec 500 gr. à 1 kil. d’oxi-muriate d’étain ; température, 40 degrés environ.
- Ajouter à ce bain :
- Carmin d’indigo............ 100 gr.
- Violet méthyle 2 B......... 60 —
- Y manœuvrer la laine une demi-heure.
- Pour laine filée non dégraissée après filature et non passée au soufroir, ou pour laine en poils désuintée : 100 kil.
- Dégraisser dans un bain contenant par
- 100 litres d’eau :
- Savon...................... 2 kil.
- Ammoniaque liquide......... 1 lit.
- Le dégraissage s’opère à une température de 50 à 60 degrés.
- Sans rincer, porter dans un bain frais de même température, contenant :
- Violet de Paris N (n° 350)., 100 gr.
- Savon..................... 2 kil.
- Essorer et mettre au soufroir.
- La laine doit être encore humide en sortant du soufroir ; on l’expose dans un séchoir ventilé, où elle perd, en séchant, l’acide sulfureux qu’elle avait retenu.
- Charge des soies pour couleurs
- Le produit le plus largement employé aujourd’hui pour la chaige des soies destinée aux couleurs, est un bi-chlorure d’étain, qui a été introduit dans le commerce sous le nom de Pink-salt, (mot composé anglais signifiant : sel d’étain). A Lyon on le désigne aussi mordant X.
- La charge se donne sur soie grège, avant toute opération de décreusage, et une fois fixée, les cuites en savon ne la font pas tomber.
- Le pink-salt est en dissolution marquant 30 à 35 degrés. Les grèges y sont baignées 5 à 6 heures à froid, puis tondues sur le bain, et passées, sans rincer, sur bain froid de carbonate de soude, de 25 degrés, qui fixe l’oxyde d’étain.
- On rince, et on revient sur le bain d’étain, puis sur celui de soude, et l’on recommence celte série de passages, jusqu’à ce qu’on soit arrivé au degré de charge voulu, dont le maximum est environ 75 0/0, et pour y arriver, il faut une trentaine de passages successifs.
- Le premier passage charge à environ 5-7 0/0, les suivants donnent une nouvelle charge progressivement décroissante.
- La soie chargée peut ensuite être décreusée et teinte en couleurs d'aniline ; il n’y a guère que celles-ci qui montent régulièrement sur cette base stannique.
- Rouge -d’Andrinople ' - sur coton filé.
- (Procédé eil usage à Elberfeld.) Débouillage
- Bouillir les cotons pendant deux ou trois heures, sous pression de 2 atm. dans 3 0/0 de soude ; laver et essorer.
- Huilage
- Pour 100 kil. de coton.
- 1er Bain.
- Huile pour rouge turc (à 50 %) 5 kil.
- Ammoniaque................. 1 —
- Eau......................... 80 lit.
- Passer à 3 V c.,.sécher à 56* c.
- 2e Bain.
- Huile tournante................. 12 kil.
- Potasse.......................... 6 —
- Eau............................ 100 lit.
- Passer à 38°, oxyder pendant quatre à six heures, sécher à 56° c.
- 3e Bain.
- Potasse.......................... 3 kil.
- Le reste du 2® bain.
- Eau............................ 100 lit.
- Passer à 31° c., oxyder pendant trois à quatre heures, sécher à 56° c.
- Ensuite tremper dans l’eau pendant deux heures à 31° c., sécher à 56° c.
- Mordançage Pour 100 kil. de fils.
- Donner un fond, à 36° c., avec :
- Tannin..................... 1 kil.
- Puis passer à froid, dans :
- Sulfate d’alumine........ 15 kil.
- Craie.................... 2 kil. 500
- Laisser reposer douze heures dans ce mordant, bien laver, essorer et teindre.
- Teinture
- Pour 100 kil.
- Alizarine à 20 0/0 ......... 12 kil.
- Acide acétique à 12° B.... 2 —
- Eau....................... 1000 lit.
- (En employant l’acide acétique à 7-8° B., que nous avons en France, on en mettrait 3 kil.)
- Lisser à froid pendant un quart d’heure; monter au bouillon en une heure, continuer la teinture au bouillon une demi-heure.
- Avivage
- Aviver avec :
- Soude calcinée (sel de soude). 500 gr.
- Savon .................. 3 kil.
- Sel d’étain.............. 350 —
- Ensuite faire bouillir pendant deux à trois heures à 1 atm. de pression.
- Laver et sécher.
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Teinturier-Dcgraisscur
- En commençant cette nouvelle année, je dois remercier mes lecteurs de l’attention qu’ils me prêtent et qu’ils me témoignent par de nombreuses lettres d’encouragement.
- Voilà trois ans accomplis que je-poursuis dans la Revue de la Teinture celte série de Causeries ; cette année verra la fin du programme suivi et méthodique que je me suis imposé. Lorsqu’il sera rempli, je fourragerai à droite et à gauche dans le champ du teinturier-dégraisseur, sans m’astreindre alors à une méthode et en prenant les faits suivant que le hasard me les présentera.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- Certains confrères se préoccupent de ma personnalité et se demandent quel nom réel cache le pseudonyme de Guédron : je me démasquerai à la fin de mon travail ; mais qu’importe ! c’est l’œuvre qui est soumise au jugement de mes lecteurs, et non l’homme.
- Cette œuvre n’a pas la prétention de dévoiler des mystères, ni d’apprendre aux vieux praticiens les secrets du métier, mais elle a pour but de guider les nouveaux, ou ceux travaillant dans des centres isolés, éloignés d’autres sources d’informations. Il faut bien qu’elle ait quelque utilité, puisque de nombreux lecteurs, amis inconnus, se sont inquiétés de sa continuation, lorsqu’elle a été suspendue dans quelques numéros du journal, pour laisser place à des questions d’un intérêt plus pressant.
- Cela m’encourage à poursuivre ce travail (un peu plus étendu que je ne l’avais supposé en l’abordant}.
- J’en reprends donc la suite, et rappelant que ma dernière Causerie donnait diverses compositions de gommes pour apprêts; j’en suis maintenant au travail proprement dit de cette partie importante de notre métier.
- La description du matériel a été donnée, avec une série de dessins, dans une suite de numéros de la Revue de la Teinture, année 4888.
- Apprêt au Fer
- L’apprêt au fer, ou repassage, prend une grande place dans nos travaux, puisqu’il s’applique à tout vêtement ou article confectionné, et c’est cependant celui qu’on peut le moins décrire.
- Les bons résultats du travail ne dépendent que de l’habileté de l’apprêteuse ; quant à l’opération en elle-même, elle est connue de la moindre ménagère.
- Voici néanmoins quelques préceptes :
- Il faut au moins deux fers par repasseuse : trois valent encore mieux.
- Chacun sait que la valeur du fer s’apprécie en l’approchant près du visage. En lançant de la salive sur la partie frottante du fer, elle doit rouler dessus sans s’y attacher ; si elle reste sur place en bouillonnant, le fer n’est pas assez chaud.
- Avant de servir, le fer est frotté sur un chiffon ; s’il est destiné au repassage de la lingerie ou des soieries, il ne doit pas roussir ce chiffon ; pour les lainages, il doit être plus fortement chauffé, jusqu’au point même où il roussit le linge.
- Repassage du linge.
- Le linge est toujours plus beau étant repassé humide : c’est-à-dire essoré et à moitié séché, et pour que l’humidité soit bien égale dans foute sa masse, on roule le tout en paquet en-veloppé d’une toile, et on le laisse ainsi trois 0u quatre heures avant le repassage.
- Au moment de repasser, on tamponne à
- l’empois les parties qui doivent être empesées ; si toute la pièce doit l’être, on la trempe dans l’encollage d’amidon allongé, comme nous l’avons vu -, on la tord légèrement sur le bain, et on presse le tout dans un linge pour extraire l’empois superflu.
- Il faut baigner les articles pièce par pièce, surtout avec l’amidon cru, afin que l’empois soit bien uniforme.
- On procède alors au repassage, en commençant par les parties qui doivent être le plus soignées, ou le plus empesées. Il est toujours nécessaire d’avoir à sa portée un peu d’empois avec un tampon de mousseline, pour recharger les endroits qui en auraient besoin.
- Pour repasser humide, il faut un fer bien chaud, et le passer rapidement afin que l’empois ne s’v attache pas. Après ce premier passage, le fer étant en partie refroidi et le tissu à moitié sec, on revient sur ces mêmes endroits que l’on peut alors unir et dresser comme on l’entend.
- Le fer à glacer de M. Pauris, dont la surface frottante est cannelée, précédemment décrit (fig. 2A), convient principalement pour le premier temps de ce travail.
- Le linge sec, surtout un peu épais, est arrosé légèrement au goupillon avant le repassage, puis empaqueté quelque temps comme il a été dit ci-dessus.
- On termine par la confection des coques, des bouillons, des tuyaux, à l’aide des fers spéciaux, et c’est en cette dernière opération que se montre le talent et le goût de la repasseuse.
- Pour les tuyaux en bandes suivies, sur jupons, housses de meubles, etc., on fait des machines à tuyauter, simples et peu coûteuses, qui accélèrent considérablement ce travail.
- J’ai parlé, dans la description du matériel, des jannettes, qui sont les accessoires obligés des tables à repaseer pour le façonnage du linge.
- Les gilets de flanelle se repassent comme la lingerie, et sans empois (devant conserver toute leur douceur). Ils sont repassés secs avec léger arrosage -, le repassage humide les rétrécit et les rend moins blancs.
- Les pantalons d’hommes en piqué on en coutil doivent, de préférence, être rendus sans plis ; mais s'il est nécessaire de les livrer pliés et empaquetés, les plis en longueur doivent être à peine pressés sous le fer, et ne les faites jamais sur les côtés des jambes, c’est-à-dire sur les coutures, c’est affreux ; mais en avant et en arrière.
- Les parties arrondies (cols, poignets) doivent prendre cette forme sons le fer, puis être arrêtés provisoirement avec une épingle passée dans les boutonnières s’il y en a. Si vous 1er arrondissez après un repassage à plat, l’intérieur plissera.
- Je ne parle pas, pour le moment, des machines à repasser, des calandres et cylindres ;
- ces appareils (uniquement destinés au linge plat) ne rentrent plus dans l’apprêt au fer.
- Repassage des soieries et des velours
- Les soieries sont gommées, séchées à demi, mises en paquet, ou plutôt roulées en évitant de les tasser en chiffons, puis repassées comme il a été dit pour la lingerie, et avec un fer modérément chaud (comme pour le linge).
- Le fer frotte sur l’envers de l’étoffe, l’endroit étant appliqué contre la table. (Le linge, au contraire, qui a besoin de giaçage, doit être repasse sur l’endroit).
- Lorsque les soieries sont apprêtées au sec (avec cire ou gomme laque), on ne les arrose pas, naturellement, et le fer doit être très peu chaud.
- Pour les velours, quand ils ne peuvent être faits au tapis, puis à la table platineuse, sont tamponnés à la gomme, sur l’envers, puis passés humides sur un fer plat retourné la face en haut sur un porte-fer spécial, ou sur un fer à coques fixé sur son pied.
- C’est, bien entendu, l’envers du velours qu’on passe sur le fer : la vaporisation de la gomme n’en redresse pas moins le duvet.
- Quant aux soieries et pour le façonnage des tuyaux, ruches, coques, bouillonnéset plissés, c est encore affaire de goût et d’adresse, sur laquelle on ne peut rien prescrire.
- Repassage des lainages
- Toutes les confections qui ne sont pas à garnitures, ou elles-mêmes en fils moussus, chenillés, pelucheux, sont passées en pleine gomme, puis tordues dans un lin0e, secouées ensuite et séchées au cerceau.
- Celles qui n’ont que les garnitures en fili pelucheux (et qu’on ne peut découdre) sont tamponnées à la gomme sur les endroits qui ne craignent pas le collage, puis séchées.
- Les divers lainages sont arrosés un peu fortement au goupillon ; on les met en paquet ou en tas, dans un endroit chaud da préférence, et après trois ou quatre heures on les repasse.
- Si l’on est pressé, on peut les arroser au moment même du repassage, et c’est ce que l’on fait souvent ; mais le premier moyen est meilleur et donne moins de travail.
- Les lainages se repassent à l’envers, autant que possible, mais on ne le peut pas toujours, à cause des garnitures.
- Le fer qui doit être très chaud — laisse un glacé terne désagréable : l’aspect caoutchouc; ou bien il produit des traînées de même genre, qu’on nomme limaçonnage ; ces effets se détruisent en donnant un coup de fer sur les parties glacées recouvertes d’un linge humide (la patte-mouillée du tailleur) ; c’est tout simplement un décatissage au fer.
- Il n’est pas avantageux de repasser les lainages humides (sauf l’humidité de l’arrosage), car la laine est très longue à sécher sous la chaleur du fer, et le travail n’avance pas, tout •n dépensant beaucoup de chaleur.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- Je continuerai cet article par le repassage de la draperie, et ainsi par l’emploi des tables à vapeur.
- Dans un travail comme celui du repassage, il est impossible de ne pas dire des choses très connues. Il faut pourtant bien que toutes les parties de mon ouvrage soient traitées, et je sais, d’ailleurs, que ces indications, qui paraissent naïves, ne sont pas inutiles à tout le monde.
- Enfin, je me suis imposé la tâche de faire un traité méthodique et passant par toutes les phases de nos travaux.
- Maurice GUÉDRON
- TARIF GÉNÉRAL DES DOUANES
- Projet du Gouvernement
- —• Suite (1) —•
- (Les deux chiffres indiquent, le premier celui du tarif général, le second celui du tarif minimum).
- Tissus de jute (suite)
- Tissus blanchis, teints ou imprimés.
- (Mêmes droits que pour les tissus écrus, augmentés de 7 fr. 80 par 100 kil., pour le tarif général et de 6 fr. par 100 kil. pour le tarif minimum).
- Tissus mélangés, le jute dominant en poids (Mêmes droits que pour les tissus de jute pur).
- Tissus de coton pur
- Ecrus, présentant en chaîne et en trame, dans un carré de 5 millimètres de côté, ceux pesant : 13 kil. et plus, les 100 mètres carrés, 27 fils et moins, les 100 kil., 80 fr. 60 ; 62 fr.
- 28 à 35 fils, les 100 kil., 104 fr.; 80 fr.
- Pesant 11 kil. inclusivement à 13 kil. exclusivement, 27 fils et moins, les 100 kil., 91 fr.; 70 fr.
- 28 à 35 fr. les 100 kil., 110 fr. 50 ; 85 fr.
- Pesant 9 kil. inclusivement à 11 kil., exclusivement, 27 fils et moins, les 100 kil., 110 fr. 50 ; 85 fr.
- 28 à 35 fils, les 100 kil., 123 fr. 50 ; 95 fr.
- Blanchis (Droit du tissu écru augmenté de 26 0/0 au tarif général et de 20 0/0 au tarif minimum).
- Teints en rouge d’Andrinople (Droit du tissu écru augmenté de 58 fr. par 100 kil. au tarif général et de 45 fr. au tarif minimum).
- Unis, croisés et coutils, imprimés, autrement que sur fond teint en rouge d’Andrinople (par 100 mètres de longueur, la largeur du tissus n’excédant pas 1 mètre) pour les doublures (Droit des tissus écrus selon l’espèce augmentés de 3 fr. 25 par 100 mètres de longueur au tarif général et de 2 fr. 50 au tarif minimum).
- Pour les autres impressions de 1 et 2 couleurs (Droits des tissus écrus selon l’espèce augmentés de 4 fr. 60 par 100 mètres de longueur au tarif général et de 3 fr. 75 au tarif minimum).
- De 3 à 6 couleurs (Droits des tissus écrus selon l’espèce augmentés de 8 fr. 10 par 100
- mètres de longueur au tarif général et de 6 fr. 25 au tarif minimum).
- De 7 couleurs et plus (Droits des tissus écrus selon l’espèce augmentés de 13 fr. par 100 mètres de longueur au tarif général et de 10 fr. au tarif minimum).
- Sur fond teint en rouge d’Andrinople (Droits des tissus écrus selon l’espèce augmentés : 1° de 58 fr. 50 par 100 kil.; 2° de la surtaxe applicable aux autres tissus imprimés au tarif général et augmentés : 1° de 45 fr. par 100 kil.; 2° de la surtaxe applicable aux autres tissus imprimés au tarif minimum).
- Velours à côtes, unis, croisés et moleskines, mesurant en chaîne au centimètre 26 fils ou moins, écrus, les 100 kil., 150 fr. 80 ; 116 fr.
- Teints ou imprimés, les 100 kil., 214 fr. 50; 165 fr.
- Plus de 26 fils et velours lisses dits façons soie, quel que soit le nombre de fils déchaîné écrus, les 100 kil., 234 fr.; 180 fr.
- Teints ou imprimés, les 100 kil., 468 fr.; 360 fr.
- Tissus de toute sorte en coton pur ou mélangé fabriqués en tout ou en partie avec des fils teints, les 100 kil. (Droit des tissus écrus augmenté de 65 0/0 plus le droit afférent à la teinture pour le tarif général et de 50 0/0 pour le tarif minimum).
- (Rentreront dans cette catégorie les tissus contenant des liteaux espacés de moins d’un mètre).
- Tissus de laine.
- Draps casimirs et autres tissus foulés en tissus ras non foulés : étoffes pour ameublement, pesant plus de 400 grammes au mètre carré, les 100 kil., 124 fr,; 100 fr.
- Tissus pour robes, pesant, au mètre carré, 300 gr. au plus, les 100 kil.. 211 fr.; 140 fr.
- Draperies proprement dites, pesant, au mètre carré, de 301 gr. à 400 gr. inclusivement, les 100 kil., 250 fr.; 200 fr.
- De 401 gr. à 550 gr. inclusivement, les 100 kil., 220 fr.; 170 fr.
- De 551 gr, à 700 gr. inclusivement, les 100 kil., 180 fr., 130 fr.
- Plus de 700 gr., les 100 kil., 130 fr.; 100 fr.
- Châles brochés ou façonnés, autres que les cachemires de l’Inde, les 100 kil., 397 fr.; 320 fr.
- Velours pour ameublement, les 100 kil., 300 fr.; 223 fr.
- Couvertures, les 100 kil., 87 fr.; 55 fr.
- Bonneterie, ganterie et mitaine, les 100 kil., 650 fr.; 524 fr.
- Jerseys confectionnés simplement brodés, les 100 kil., 300 fr.; 240 fr.
- Soutachés, les 100 kil., 500 fr.; 400 fr.
- Bonneterie autre en pièces, sans ouvraison y compris ie tissus pour jerseys, les 100 kil.; 150 fr.; 120 fr.
- Bonneterie coupée et non cousue, les 100 kil., 200 fr.; 140 fr.
- Coupée et cousue, les 100 kil., 250 fr.; 200 f.
- Proportionnée ou diminuée, les 100 kil., 300 fr.; 242 fr.
- Châles, fichus ou autres objets analogues, les 100 kil., 400 fr.; 300 fr.
- Passementerie et rubanerie, les 100 kil., 248 fr.; 200 fr.
- Fers ou bonnets rouges, la pièce, 50 et 35 c.;
- Tissus de laine mélangée.
- coton, la laine dominant ; pesant au mètre carré, 200 grammes au plus, les 100 kil., 211 fr.; 150 fr.
- De 201 à 300 gr. inclusivement, les 100 kil 174 fr.; 125 fr.
- De 301 à 400 gr. inclusivement, les 100 kil. 136 fr.; 100 fr.
- De 401 à 550 gr. inclusivement, les 100 kil., 99 fr. 75 fr.
- De 551 à 700 gr. inclusivement, les 100 kil., 74 fr.; 60 fr.
- Plus de 700 gr., les 100 kil., 50 fr.; 45 fr.
- Tissus contenant en chaîne plus de 10 0/0 de fil de soie ou de bourre de soie, la laine dominant en poids, les 100 kil., 297 fr.; 240 f.
- Tissus de soie et de bourre de soie.
- Tissus, foulards, crêpes, tulle, bonneterie, passementerie et dentelles de soie pure, ex.; ex.
- Bonneterie et passementerie de bourre de soie pure, tissus écrus, blanchis, teints ou imprimés, les 100 kil.,248 fr.; 200 fr.
- De bourrette pour ameublement, pesant plus de 250 grammes au mètre carré, les 100 kil. 186 fr.; 150 fr.
- De soie mélangée de bourre de soie (Mêmes droits que pour les tissus de bourre de soie pure).
- De soie ou de bourre de soie mélangée d’autres matières textiles, la soie ou la bourre de soie dominant en poids, les 100 kil., 372 fr.; 300 fr.
- Rubans de soie ou de bourre de soie pure ou mélangée d’autres matières textiles, la soie ou la bourre de soie dominant en poids, velours, les 100 kil., 620 fr.; 500 fr.
- Autres rubans, les 100 kil., 496 fr.; 400 fr.
- Vêtements, pièces de lingerie et autres articles en tissus; confectionnés en tout ou en partie (Droits du tissu le plus fortement imposé, augmentés de 15 pour 100 au tarif général et de 10 pour 100 au tarif minimum).
- Cochenille, les 100 kil Ex. Ex.
- Kermès animal, id Ex. Ex.
- Laque en teinture, id Ex. Ex.
- Indieo, id Ex. Ex.
- Indigo pastel, indigue, inde- j Même régime
- plate et boules de bleu, id. 1 que l’indigo
- Pâte de pastel grossière, id... Ex. Ex.
- Cachou en masse, id Ex. Ex.
- Rocou préparé, id Orseille prép., humide, en Ex. Ex.
- pâte, id Orseille sèche (Gudbéard ou 6 » 5 »
- extr.), les 100 kil 12 » 6 B
- Maurelle, id .. Garancine et autres extraits de Ex. Ex.
- garance, les 100 kil Garancine autres, noirs et vio- Ex. Ex.
- lets, id 20 » 15 »
- Garancines rouges et jaunes, id Teintures dérivées du goudron de houille 30 » 20 »
- Acide picrique, les 100 kil.... 25 » 20 »
- Alizarine artificielle, id Autres matières colorantes Ex. Ex.
- diazoïques à l’état sec, id.. Id. en pâte, renfermant au 65 « 50 »
- moins 50 p. 100 d’eau, id... 32 50 25 »
- Id. autres, à l’état sec, id .... Id. en pâte, renfermant au 130 » O O 9
- moins 50 p. 100 d’eau, id... 65 » 50 »
- (1) Voir la Revue de la
- 179.
- Teinture, 1890, page
- Draps, casimirs et autres tissus foulés, chaîne coton ; tissus ras, non foulés, chaîne
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- ÉPURATION
- DES EAUX INDUSTRIELLES
- par l’emploi
- DU CARBONATE DE BARYTE
- La Société des Ingénieurs cicils a reçu communication, dans sa séance du 3 octobre dernier, d’un substantiel mémoire sur l’épuration des eaux au chemin de fer du Nord, par M. Carcenat, avec collaboration de M. Derennes.
- Le but des auteurs était de décrire les procédés et appareils en service sur le réseau du Nord pour le traitement chimique des eaux destinées aux locomotives ; ce travail est également intéressant pour toute autre industrie faisant usage de générateurs de vapeur, et aussi pour celles qui ont besoin d’épurer l’eau de leurs travaux spéciaux, telles les teintureries et les blanchisseries.
- Les agents d’épuration sont ici la chaux pour les eaux chargées de carbonate de chaux, et la chaux additionnée de soude pour les eaux à la fois carbonatées et séléniteuses.
- Le mémoire décrit le matériel employé pour l’application de ce procédé, les conditions nécessaires du travail, les prix de revient, etc. Il sera inséré in extenso au Bulletin de la Société : nous y renvoyons le lecteur.
- Mais cette communication a donné lieu à une discussion intéressante dans laquelle ont été comparés les divers moyens en usage pour la correction des eaux. Nous signalons particulièrement le procédé à la baryte, déjà ancien, mais qui se présente dans des conditions nouvelles.
- M. Asselin l’a exposé comme suit :
- U y a une vingtaine d’années, dit-il, un des maîtres de la science, Wurtz, a recommandé avec insistance, pour la correction des eaux chargées de sulfate de chaux, l’emploi du carbonate de baryte artificiel, c’est-à-dire du carbonate obtenu par double décomposition, par précipitation chimique.
- Le mode d’emploi de cette substance s’explique très aisément par la différence de solubilité des corps suivants : sulfate de baryte, carbonate de chaux, carbonate de baryte, sulfate de chaux.
- Le point délicat réside dans la mise en jeu de la faible solubilité du carbonate de baryte. U faut rappeler ici qu’il y a deux moyens de favoriser et d’exalter cette dissolution :
- 1° La division chimique du carbonate de baryte ;
- 2° L’agitation du milieu dans lequel doit avoir lieu la réaction.
- Le carbonate de baryte étant dissous, les réactions deviennent très simples et très vraies ; le sulfate de chaux est décomposé, il se forme du sulfate de baryte, corps industriellement insoluble et du carbonate de chaux, corps beaucoup moins soluble que le carbonate de baryte.
- Les équivalents thermiques de ces corps montrent clairement que ces réactions doi-Vent exister, et même se produire avec une grande énergie. Du reste, ce que la théorie Prévoit, l’expérience le réalise et le prouve P&r la méthode des tubes scellés, dite méthode des vases clos.
- Les essais exécutés sur les générateurs, il y a quinze ou vingt ans, ont donné les résultats : les uns excellents, les autres mauvais ou insuffisants. On doit expliquer cette discordance, mais aussi s’empresser de dire qu’elle n’infirme en rien la valeur des assertions de l’auteur.
- Dans plusieurs cas, en effet, on a méconnu les recommandations faites de l’emploi du carbonate de baryte, sous forme de précipité chimique; on s’est contenté d’employer le carbonate de baryte naturel ou withérite ; or, l’état moléculaire de ce corps, même pulvérisé ou moulu, se prête peu à la mise en jeu de la faible solubilité du carbonate de baryte. Telle est la première cause d’insuccès.
- De plus, à l’époque de ces essais, le carbonate de baryte artificiel était à un prix élevé ; car il fallait l’obtenir en partant d’un sel soluble de baryum fabriqué au point de vue exclusif de cette application.
- Cette élévation de prix a naturellement enrayé l’élan déjà mis au service de ces essais.
- Aujourd’hui, les conditions sont changées :
- Les sels de baryte ont acquis récemment un moment de célébrité dû à leur emploi dans l’industrie sucrière. Comme conséquence de ce fait, nous trouvons actuellement dans le commerce, et à de très bas prix, des quantités importantes de carbonate de baryte artificiel.
- Certes, il ne faut pas employer dans les générateurs un carbonate de baryte sous la forme où il se trouve au sortir des sucrate-ries, car il contient des matières organiques;
- « notamment des sels de triméthylamine, qui rendent son emploi peu recommandable ; il faut procéder à une opération fort simple, la calcination, et alors on obtient un produit apte à l’emploi, au prix de 25 fr. les 100 kilos environ. »
- Suivant les provenances, sa teneur varie de 60 à 80 pour cent en carbonate pur.
- Il faut bien reconnaître que c’est là un prix très bas et très avantageux pour l’application dont nous nous occupons.
- Enfin, il est important de faire remarquer que le corps en question est d’une innocuité absolue dans ses relations avec les métaux ; le simple énoncé fait plus haut du corps introduit (le carbonate de baryte) et des corps engendrés (le sulfate de baryte et le carbonate de chaux) est de nature à inspirer toute confiance et toute quiétude aux propriétaires de générateurs à vapeur.
- M. Asselin résume ce qu’il vient de dire en conseillant aux industriels soucieux de leurs intérêts pécuniaires, l’emploi du carbonate de baryte artificiel qui se présente avec les recommandations suivantes : abondance suffisante, bas prix relatif, aucune entrave émanant soit de brevets, soit de spécialités commerciales ; innocuité absolue dans ses relations, et enfin la haute autorité du nom évoqué tout-à-l’heure.
- M. Derennes dit que les renseignements fournis par M. Asselin sur le bas prix actuel du carbonate de baryte précipité, peuvent faire reprendre un procédé ancien d’épuration des eaux, qui est très commode et consiste à sursaturer, par un acide étendu, le carbonate
- de chaux contenu dans les eaux ; on a ainsi une eau acidulée pouvant présenter des inconvénients à cause de l’excès d’acide ; pour les éviter, on la fait passer sur du carbonate de baryte, l’acide est saturé et il se lorme du chlorure de baryum qui réagit sur le sulfate de chaux. On peut mettre, dans l’eau, un excès d’acide chlorhydrique, proportionné à la quantité de sulfate de chaux.
- SUR LES PRINCIPES COLORANTS
- naturels de la Soie jaune
- Extrait d’une note de M. Raphaël Dubois, présentée à l’Académie des Sciences.
- D’après les recherches de Roard et de Mul-der (voir Dictionnaire de Chimie de M.Wurtz, t. Il, p. 1541 ), la coloration de la soie jaune serait due à une matière résinoïne contenant un pigment rouge insoluble dans l’eau, soluble dans l’alcool, l’éther, les huiles fixes et volatiles.
- En réalité, la soie jaune renferme divers principes colorants, dont plusieurs sont cris-tallisables ; nous en avons extrait : 1° un principe colorant jaune d’or, soluble dans les solutions de carbonate de potasse, d'où il est précipité par l’acide acétique en excès, sous forme de paillettes très brillantes ; 2° des cristaux maclés, d’une couleur jaune rouge à la lumière transmise et rouge brun à la lumière réfléchie ; 3° une matière jaune citron, amorphe, qui se dépose, par évaporation à l’air libre, de ses solutions dans l’alcool absolu, sous forme de granulations arrondies ; 4o des cristaux octaédriques jaune citron, ressemblant à ceux du soufre ; 5° un pigment bleu verdâtre foncé très peu abondant et très probablement cristaliisable.
- Le mélange des matières colorantes jaunes 2, 3 et 4, que nous n’avons pu jusqu’à présent isoler les unes des autres à l’état de pureté, en raison de la quantité trop faible de matière sur laquelle nous avons opéré, présente des analogies remarquables avec la carotine végétale :
- Carotine végétale
- Cristaliisable.
- Rouge jaune.
- Se dissout dans l’alcool, l’éther, le chloroforme, la benzine, en donnant une solution jaune Tor.
- Se dissout dans le sulfure de carbone : solution rouge brun.
- Altérable à l’air et à la lumière.
- Spectre continu.
- Se colore en bleu par l’acide sulfurique. La coloration passe au vert et se décolore par addition d’eau distillée.
- mauere colorante ae ta. soie jaune
- Renferme des principes cristallisables.
- Jaune rouge, rouge brun, jaune.
- Sd.
- Id.
- Id.
- Id.
- Id.
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- Il est évident que la soie jaune naturelle doit, au moins en partie, sa coloration à une substance présentant les plus grandes analogies avec la matière colorante récemment extraite du Diaptomus denticornis, par M. Raphaël Blanchard, qui la considère comme une Caroline d'origine animale (voir Mémoires de la Société zoologique de France, t. 111, p. 113; 1890).
- BREVETS RECENTS
- Intéressant les industries tinctoriales
- 206496. — Scott. — Perfectionnements apportés aux papiers de tentures et autres papiers servant à la décoration des appartements.
- 206508. — Winckler. — Nouvelle essoreuse.
- 206556. — Boursier et Boissel. — Perfectionnements dans les procédés et appareils de teinture à sec et d’assouplissage des articles dits Chiffonnages, et des soieries pures et mélangées.
- 206562. — Lardans. — Séchoir à air libre pouvant aussi être employé en étuve.
- 206676. — Coulombe frères, Tantin et Pernelle frères. — Nouveau procédé de teinture en bleu grand teint imitant l’indigo.
- 206578. — Ferriol. — Machine à secouer et à étirer les soies.
- 206701. — Wauquiez-Goethals. — Procédé d’épaillage de la laine, du lin, du chanvre, de la ramie et des plantes textiles en général.
- 206754. — Gourdiat frères. — Nouveau genre de tissus imperméables.
- 206893. — Marley. — Perfectionnements dans les machines ou appareils à enrouler, encartonner ou plier des rubans, passementeries, dentelles et autres objets analogues.
- 206937. — Michel. — Perfectionnements dans les rames fixes ou sans fin.
- 206944. — Silverrerg et Ccjnibert-Dete-ring. — Perfectionnements apportés à des appareils de carbonisation.
- 206965. — Bertrand. — Appareil destiné à la teinture du coton, de la soie, de la laine •ou de toute autre matière textile filée, disposée en bobines à fil croisé faites sur des tubes cylindriques ou coniques, sans joues, de forme analogue à celles faites sur les bobinoirs de préparation de filature de laine ou de coton.
- 206993. — Martinot (Dame). — Perfectionnements dans les chaudières à laver ou lessiveuses.
- 207042. — Les sieurs Gratz. — Procédé perfectionné pour le traitement des tissus.
- Certificats d'addition
- 199254. — Laval. — Brevet du 1er juillet 1889 pour rame fixeuse ou application de la rame dans un bain d’eau bouillante, pour obtenir, fixer et conserver le plus grand élargissement possible du tissu.
- 206205. — David. — Brevet du 7 juin 1890, pour un nouveau procédé d’apprêt des matiè- i
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- res textiles en tout état, par incorporation de matières grasses, résineuses ou autres, insolubles dans l’eau mais dissoutes au préalable dans un liquide volatil quelconque.
- 192612. — Renard. — Brevet du 27 août 1888, pour des moyens et procédés nouveaux permettant d’ornementer les tissus et pour les produits nouveaux qui en sont les résultats.
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- lia condition publique de Paris.
- — La condition des soies et des laines installée dans l’hôtel de la Chambre de commerce, à Paris, a été plusieurs fois menacée de déplacement, mais nous apprenons avec satisfaction que ces projets sont aujourd’hui abandonnés.
- 11 avait été question d’abord, de transférer tous les services de la Chambre à la Bourse du commerce, sans en excepter la condition : une combinaison poussée fort avant était sur le point d’aboutir, et n’a été repoussée qu’à une très faible majorité des membres de la Chambre.
- Celle-ci, alors, avait résolu — et c’était adopté — d’exiler la condition publique dans le haut du quai Jemmapes, à une distance invraisemblable du centre de nos commerces.
- Les négociants en soie ont vivement protesté contre ces difficultés apportées à leurs affaires, et le toile a été si général et si énergique, qu’il a fallu céder et revenir sur la décision prise.
- La Chambre de commerce ayant, parait-il, besoin de plus d’espace, a pris, en fin de compte, le parti d’établir de nouvelles constructions sur la petite cour de son hôtel faisant face à la rue Notre-Dame-des-Victoires, et la condition publique, dont l’aménagement seulement sera remanié, ne sera pas déplacée.
- Voilà donc la question résolue au gré de chacun, et la Chambre de commerce a évité un danger et une faute : le premier, de se fier à une combinaison financière avec l’entreprise ! des services de la Bourse de commerce, qui depuis est tombée dans une situation fort précaire ; la faute, nous l’avons vue : celle dont l’a préservé le commerce des soies.
- — o—
- Tarifs douaniers. — Les couvertures pour chevaux de fabrication anglaise, en tissu de laine et de poils (autres que de chameau et de chèvre) mélangés, le poil dominant en poids, non ourlées, ni bordées, sont taxées à 30 fr. les 100 kil. net (tarif conventionnel), comme autres tissus de poils purs mélangés, le poil dominant.
- (Lettre administrative du 17 décemb. 1890) —o—
- Exposition de Lyon. — Nous avons annoncé la formation d’un comité sous le patronage de l’administration municipale de Lyon, en vue d’organiser dans cette ville, pour le mois de mai 1892, une grande exposition nationale et coloniale. Ce comité s’est mis à l’œuvre et ouvre aujourd’hui ses bureaux aux exposants pour toutes les demandes de renseignements et d’admission.
- Le ministre des colonies a promis d’apporter à l’exposition de Lyon l’appoint de son concours officiel, et tout porte à croire qu’il en sera de même du ministère des travaux publics.
- Les exposants peuvent s’adresser pour tous
- renseignements au siège du comité, 26, rue de la République, à Lyon.
- —O—
- Incendie. — Un incendie dont les causes sont encore inconnues a éclaté à la fabrique Kahn, Lang et C°, aux Grands-Sables, près Epinal, dans un bâtiment servant de magasins pour marchandises fabriquées. Ce bâtiment est complètement détruit ainsi que 500,000 fr. environ de tissus.
- On a pu préserver l’usine, qui occupe plusieurs centaines d'ouvriers.
- —o—
- Incendie soupçonné volontaire.
- — Un autre sinistre s’est produit dans la même ville, mais avec un caractère de gravité morale des plus considérables.
- Les bureaux et magasins de MM. Weill frères, fabricants de tissus, rue de la Gare, à Epinal, ont été détruits par un indendie. Les pertes sont de 490,000 fr. environ. Le comptable et les employés de cette maison accusent leur patron, Guillaume Weill, d’être l’auteur de ce sinistre. Ils déclarent que le 6 courant il a déjà tenté d’allumer un incendie dans les magasins.
- La police a arrêté M. Weill. Confronté avec ses employés, il a nié être coupable. Les employés maintiennent leurs déclarations. A la suite de l’interrogatoire que lui a fait subir le juge d’instruction, Guillaume Weill, malgré ses dénégations, a été écroué à la maison d’arrêt.
- Cette affaire fait grand bruit, comme bien on pense, à Epinal.
- —o—
- Incendie causé par un alamble à
- benzine. — Pendant une distillation de benzine, le feu s’est communiqué à l’appareil et de là à l’atelier, chez un teinturier de Chaumont.
- Le teinturier était assuré, mais la Compagnie d’assurances oppose des arguments tendant à se dégager, et basés sur ce travail de distillation qu’elle conteste faire partie de ceux du teinturier pour lesquels elle avait délivré sa police.
- Ce litige aboutira très probablement à un procès.
- riiambre syndicale des teintu-rlers-dégralsseurs de Paris. — La
- séance du 1er décembre, qui précédait le banquet dont nous avons donné un compte-rendu sommaire, n’a donné lieu qu’à la révision de la liste des adhérents.
- Démissions acceptées : MM. Barbé, Pauris et Drevet.
- Situation a examiner : M. Guirbaldies.
- Le procès-verbal du banquet du 13 décembre est dans le sens de notre compte rendu et se termine par la conclusion suivante :
- « En résumé, très bonne et très joyeuse soirée, ne laissant que d’agréables souvenirs à ceux qui en ont pris leur part, et des regrets aux absents ; très bonne surtout pour la Chambre syndicale, dont les membres peu à peu se connaissent mieux, s’apprécient même et se sentent plus unis ; et c’est cette union qui fera la force de la corporation des teinturiers-dégraisseurs.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes).
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- LA
- 4e Année, N° 2.
- REVUE DE
- ET DES COLORATIONS
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- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES i!i janvier 1891.
- SOMMAIRE
- Chromique. — Fixage des couleurs au moyen des sels de cuivre. —• Traitement, teinture et apprêt des velours de coton (suite). — Bleu grand teint sur coton. — Emploi des chromate« en teinture. — Revue sommaire des brevets d’invention.
- Procédés divers : Azurine brillante ; Jaune-Thiazole ; Rouge de Garance ; Yert-Paon sur coton ; Encollage du coton filé; Fonds Bistre au Manganèse. — Causeries confraternelles sur l’art du .teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Nouveau procédé de préparation du chlore. — Bleu grand teint sur coton imitant l’indigo. — Analyse d’un mélange de soie. — Purification des eaux industrielles, — Brevets récents (catalogue). —• Informations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- Nous parlions des questions sociales dans notre « Introduction de l’année », et nous disions qu’il ne faut pas laisser aux sectaires et aux violents la tâche de les résoudre.
- Un pas dans la voie de cette étude vient d’être fait par la création d’un Conseil supérieur du travail. Nous avions primitivement vu ce projet avec une certaine défiance, connaissant les tendances de nos parlementaires, à tomber dans le communisme lorsqu’ils prétendent faire du socialisme, et à toujours faire supporter aux patrons les frais de leurs conceptions humanitaires.
- Mais la façon dont doit être composé le nouveau Conseil supérieur et les noms mis en avant nous rassurent (voir à nos Informations).
- 11 faut dire, d’ailleurs, que son rôle sera limité ; il serait appelé à donner son avis sur toutes les questions se rattachant au travail, soit sur les projets de loi que le Gouvernement voudrait soumettre aux Chambres, soit sur les décrets qu’il prendrait directement.
- Il n’aura pas à établir un ensemble d’organisation du travail, ni à formuler des questions de doctrine, mais enfin, s’il arrive à résoudre le côté pratique et actuel du louage de la main-d’œuvre — sans espérer le faire au gré de toutes les convoitises — il aura été d’une réelle utilité.
- * *
- Notre régime économique, toutefois, est pour le moment d’un intérêt plus Pressant.
- Sur une interpellation de M. Bour-
- geois, député, le ministre des affaires étrangères, M. Ribot, a fait la déclaration suivante :
- « Le 1er février prochain seront dénoncés les traités portant des tarifs conventionnels et que nous avions conclus avec la Belgique, la Suisse, l’Espagne, la Suède, le Portugal et les Pays-Bas; l’ordre en a été donné à nos agents.
- « Mais il ne s’ensuit pas que la France ne doit pas espérer avoir, dans l’avenir, avec ces six puissances, des relations commerciales conformes à la fois aux intérêts de ces pays et aux nôtres.
- « Quant à l’idée de rompre commercialement avec l'Espagne, la Suisse et la Belgique, le Gouvernement ne s’y arrête pas un seul instant.
- « Non, dit le ministre, la France ne veut pas s’isoler dans le monde et s’entourer de barrières. Elle veut seulement réviser et élever ses tarifs dans la mesure de ce qui est juste et utile à ses intérêts. »
- Le ministre explique ensuite qu’en dehors des six traités désignés plus haut, la France n’a pas intérêt, au contraire, à dénoncer dès maintenant toutes les conventions commerciales signées par nous avec les diverses puissances de l’Ancien et du Nouveau-Monde.
- Ces déclarations, couvertes par un vote presque unanime de confiance, sont un blanc-seing pour le Gouvernement de ressaisir la liberté de nos rapports commerciaux internationaux.
- Il s’agit, maintenant, d’établir des tarifs mutuellement acceptables : ce sera l’œuvre de cette année ; elle est en bonne voie, et nous donnons, à ce propos, à nos Informations, les dernières décisions de la Commission des douanes.
- *
- » *
- Passant du général au spécial, nous avons à donner un coup - d’œil rapide sur la situation de nos principales places à fabrique.
- A Roubaix-Tourcoing, les espérances de reprise sérieuse qu’on formulait au commencement de l’année ne se sont pas encore réalisées. A Fourmies, la situation est moins difficile qu’il y a quinze jours.
- On signale d’Elbeuf que la rigueur de la température a eu une heureuse influence sur la vente des articles de laine chez les détaillants, mais que la fabrique ne s’en ressent pas, ses métiers n’étant pas occupés parles articles d’hiver. Toutefois, il y a un bon courant sur cette place, surtout en cheviot et draps de dames. L’article cardé prend de plus en plus de faveur.
- A Reims, la quinzaine a été peu active pour les tissus. Les affaires ont été calmes, comme toujours à cette époque, pour les cachemires et mérinos. La vente est active en flanelles.
- Malgré l’hiver rigoureux, qui a dû provoquer la vente du molleton, la remise des commissions dans cet article, pour l’hiver prochain, est en retard sur les années précédentes.
- De Lyon, nous recevons ces bonnes nouvelles :
- La situation est très bonne en ce qui concerne spécialement la fabrique des soieries. La saison pour les étoffes se poursuit régulièrement avec des affaires se renouvelant sans cesse.
- En ce qui concerne les cotonnades, les avis de Rouen ne sont pas moins satisfaisants.
- La situation, nous dit-on, est assez bonne pour tous ces genres de la fabrication.
- La rouennerie et les tissus de couleur ont été bien demandés ; mais ce sont surtout les flanelles et le pilou qui sont les plus recherchés et commissionnés à l’avance.
- Les indienneurs ne manquent pas d’occupation, soit pour les marchandises disponibles ou à livrer ; malheureusement, la baisse sur les tissus écrus empêche d’obtenir des prix plus rémunérateurs.
- Enfin, la filature, à Rouen, se montre également satisfaite.
- Mulhouse l’est moins, et malgré l’amélioration des marchés cotonniers, les affaires en tissus, sur cette place, ne sont pas encore ranimées ; la filature aussi est toujours calme.
- * *
- « L’Introduction à l’année 1891 » publiée dans notre précédent numéro, faisait allusion aux- ouvrages publiés'
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- sur nos industries pendant 1890 ; il y a lieu de compléter cette note par une revue desdites publications.
- Nous citerons :
- Chevreul : Contraste simultané des couleurs (réimpression par l’Etat de ce travail magistral). — Depierre : Traité de la teinture et de l’impression par les matières colorantes artificielles. — Tas-sart : les Matières colorantes et l’Industrie de la teinture. — Villon : Traité pratique des matières colorantes dérivées de la bouille (fabrication), etc.; de l’Emploi en teinture des couleurs artificielles (application).
- A cette liste, nous ajouterons, pour le début de cette année, le « Répertoire chromatique ; solution raisonnée et pratique des problèmes les plus usuels dans l’étude et l’emploi des couleurs », par M. Charles Lacouture (1); c’est urte classification des couleurs inspirée des travaux de Chevreul, mais visant à simplifier la méthode et à la rendre d’un usage commercial.
- Tous les efforts dans ce sens ne peuvent qu’être vus avec intérêt. L’ouvrage, d'ailleurs, est bien traité et magnifiquement édité.
- F. GOUILLON.
- P. S. — La commission générale des douanes a repoussé le principe d’un droit sur les soies grèges et sur les cocons.
- La nouvelle aussitôt connue à Lyon, a changé en enthousiasme l’émotion que nous signalons à nos Faits-divers. Le soir même toute la ville a spontanément illuminé, et le public, dans les quartiers soyeux, s’est livré aux démonstrations de la plus expansive satisfaction.
- SUR LE FIXAGE DES COULEURS
- au moyen des sels de cuivre par M. Albert SCHEURER
- M. Albert Scheurer a présenté à la Société industrielle de Mulhouse, un travail concernant l’action du cuivre sur la résistance des couleurs à la lumière.
- L’oxyde de cuivre peut agir : 1° en se combinant avec la matière colorante et les laques de manière à former des combinaisons simples ou multiples, de résistance supérieure; 2* en formant autour de la matière colorante un enduit protecteur, capable de filtrer la lumière en retenant les rayons chimiques.
- L’auteur a préparé les couleurs suivantes :
- Jaune à la graine de Perse fixé à l’alumine,
- (1) Un vol. in-4°, 144 p. de texte et 29 tableaux en chromo. Prix ; 25 fr.
- Alizarine marron fixée au chrome,
- Brun d’anthracène fixé au chrome,
- Bleu d’alizarine réduit fixé au chrome,
- Bleu d’alizarine réduit, fixé au nickel,
- Gris d’alizarine (naphtazarine bislufitée) fixé au chrome,
- Orange solide Poirrïer fixé au chrome, qui ont été imprimées en nuanças moyennes.
- Une première série a été laissée telle quelle; une deuxième a été bouillie 10 minutes avec 24 grammes de C a 50* -}- 5 HsO (Vio mo_ lécule), 10 centigrammes d’ammoniaque et un litre d’eau; une troisième plaquée avec l’eau d’adragante à 30 grammes par litre ; une quatrième avec l’eau d’adragante contenant par litre 20 grammes de sulfate de cuivre et 20 grammes d’ammoniaque. Ces quatre séries ont été exposées comparativement à la lumière pendant le mois d’août 1890. La série IV a absolument résisté, sauf l’orangé solide ; Il passablement-, Iet III ont été décolorées fortement. La protection exercée par l’adragan-te s’est exercée pour III au début, mais à la fin la décoloration était aussi forte que pourl.
- L’auteur tire de ses observations les conclusions suivantes :
- 1° L’action protectrice exercée par le cuivre sur la résistance des couleurs à la lumière est un fait général, qui semble s’étendre, sans exception, à toutes les couleurs ;
- 2* Cette action n’est pas forcément liée à la combinaison que peut former l’oxyde de cuivre avec les matières colorantes ou avec les laques ;
- 3* Le contact intime de ce corps avec le colorant n’est pas nécessaire ;
- k' Il suffit qu’avant d’arriver sur les couleurs la lumière ait été tamisée à travers l’oxyde de cuivre pour se trouver dépouillée d’une partie, ou peut-être, en certains cas, de la totalité de son activité.
- Le travail deM. Albert Scheurer sera inséré in-extenso au Bulletin de la Société industrielle.
- TRAITEMENT, TEINTURE
- ET APPRÊT DE VELOURS DE COTON
- Traduction d’un article de l’O*. Woll.undLein.Ind. par l’Industrie textile.
- — SUITE —
- 2° Rose, rouge, Bordeaux pâle, moyen et foncé.
- Pour les nuances délicates de rose fugitif, on emploie la rhodamine avec alun, sur tissu blanchi. La safranine avec alun, le rose ben-gale et le phloxine avec le borax, donnent aussi de jolis roses. Les roses solides sont obtenus avec le rose solide G. teint en bain de savon au bouillon.
- Pour l’écarlate, on teint au bain de savon avec du Congo F. brillant.
- Le bleu rouge s’obtient avec la fuschine jaunâtre sur pied de tannin et d'émétique. Les brillantines, qui sont des rouges très brillants s’obtiennent au moyen d’écarlates grocéine; ces nuances sont peu solides.
- Le Bordeaux clair est fait sur fond de rouge Congo, benzopurpurine ou rouge de Diamine, surteint après lavage avec de la safranine ou de la fuchsine. Pour les nuances moyennes, le fond est le même, mais on rabat avec du bleu de diamine, de la benzoazurine ou du noir violet. On obtient des Bordeaux moins solides, mais très beaux, avec de la fuchsine jaunâtre unie au brun Bismarck ou à la chrysoïdine sur mordant de tannin et d’émétique. On nuance avec le bleu neutre ou le campêche.
- Le Bordeaux foncé s’obtient sur pied foncé de cachou Laval : on passe en reuge Congo sur bain de savon et de bleu de diamine, et après lavage, on nuance avec la fuchsine. On peut encore donner un pied au campêche avec mordant d’étain ou d’alumine, ou avec cachou et bichromate, cachou de Laval, sumac avec mordant de fer. On lave et on teint avec de la fuchsine, du brun Bismarck, du bleu neutre et du campêche.
- La teinture avec les couleurs monogénétiques est plus onéreuse que la méthode ordinaire, mais on obtient des résultats supérieurs non pas tant sous le rapport de la beauté que sous celui de la résistance au lavage. Certains velours de coton ou peluches employés pour couvrir les meubles et qui ne doivent pas décharger, ne peuvent se teindre qu’avec ces couleurs, ou si l’on veut une nuance bien pénétrée et nourrie, semblable à de la teinture sur laine, il faut donner un pied avec le thio-chromogène, et surteindre en bain de savon et d’huile pour rouge turc avec les couleurs monogénétiques. Il est essentiel de bien laver.
- 3° Chamois orange, brun clair, moyen et foncé.
- Les belles nuances crème se font sur tissu blanchi avec l’orangé Brahma au bain de savon. Les couleurs de benzidine rouge donnent facilement la nuance saumon, et les jaunes de même espèce, la nuance crème. La chrysa-mine R. au bouillon donne aussi de jolis chamois. L’orangé Brahma, l’orangé de toluène, l’orangé de mikado, teints au bouillon en bain alcalin donnent sur tissu blanc un orangé brillant. On lave, on essore, on sèche a la rame.
- Les bruns clairs s’obtiennent par une combinaison convenable de brun et de bleu de benzidine, comme les bruns pour coton avec benzoazurine, au bain de savon sur pied de cachou de Laval, ou sur tissu écru. En surteignant avec du brun Bismarck, de l’aura-mine, du bleu neutre, sur pied de sumac et fer, cachou de Laval, ou campêche, fustet ou brésil avec mordant d’aniline, on a de beaux bruns quoique moins solides. Il faut éviter
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- d’employer le cachou comme pied, car il durcit trop le tissu.
- Les bruns moyen et foncé s’obtiennent de la même façon mais sur pied plus foncé. Plus la nuance est foncée, plus il est nécessaire de surteindre au brun Bismarck, etc. Tous les bruns se sèchent au séchoir.
- 4° Jaunes, olives clair, moyen et foncé.
- L’auramine donne un jaune tendre sur tissu blanchi avec de l’alun. Pour le jaune de la nuance du jaune de chrome, la chrysamine donne de bons résultats avec le phosphate de soude. Après le lavage, on sèche à la rame.
- Les olives de toutes sortes se prêtent avantageusement au sumac et au quercitron avec alumine et fer ; on surteint avec l’auramine, le brun Bismarck, le bleu de méthylène ou le vert. Un pied au noir violet ou au bleu noir de benzidine en bain alcalin bouillant surteint avec l’auramine ou la chrysamine donne aussi de bons olives.
- 5° Vert et vert russe.
- Ces nuances sont produites sur tissu blanchi , mordancées au tannin et émétique au moyen du vert solide ou analogue avec de l’alun. On nuance pour vert jaunâtre avec l’auramine, pour bleuâtre avec le bleu de méthylène. On opère de même pour les verts foncés, mais le pied est fait au sumac et au fer et on ajoute au bain de mordançage du quercitron avec de l’alun.
- 6° Bleus.
- Le bleu clair exige un blanchiment parfait et se teint pour nuances violacées au bleu de méthylène sur bain d’alun : on sèche à la rame. Pour nuance plus foncée, on mordance au tannin et à l’émétique et on teint avec le bleu Victoria bleu et violet de méthylène. Le bleu moyen est très beau sur fond de benzoa-zurine au bain alcalin.
- Le bleu marine se fait sur pied de noir bleu de benzidine ou noir violet, surteint avec bleu ou violet de méthylène ; les nuances déchargent toujours. On peut éviter cet inconvénient en employant du bleu nouveau au lieu de violet ou de campêche, ou mieux eucere en donnant un pied avec les couleurs de benzidine susnommées. On sèche au séchoir.
- 7° Lilas, violet, prune.
- Pour produire des lilas tendres et brillants, il faut employer du violet méthyle très pur comme la marque 250 N de Poirrier et Dalsace. (Société des matières colorantes de Saint-Denis) ,
- Les résultats obtenus sont excellents sur tissus blanchis et préparés avec 5 pour 100 d’huile pour rouge turc et teinte sur bain d’alun ou de savon de résine. Les nuances foncées seules demandent des mordançages au tannin.
- Le violet foncé se fait sur tannin et émétique
- ou tannin et sel d’étain ; on rabat avec du campêche ou de l’écarlate neutre.
- Le cachou de Laval forme un bon pied pour les nuances prune; on teint au mordant de tannin et émétique avec du violet. Un pied au campêche avec sumac et sel d’étain, surteint au violet et au campêche, donne une teinte brillante, mais qui décharge fortement. Les nuances les plus solides se font sur pied au noir violet, surteint avec du violet. Les nuances foncées se sèchent au séchoir, les claires à la rame.
- Toutes les teintures se font au foulard : les opérations de mordançage, teintures, etc., sont suivies d’un lavage et d’un essorage.
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- REVUE SOMMAIRE DES BREVETS D’INVENTION
- Sel du génie antiseptique Par M. Léon Hiernaux.
- Ce nouveau produit est destiné au blanchissage du linge et de toutes autres matières textiles, au dégraissage des laines, au foulage des draps.
- Il se distingue de toute préparation et produit analogues par l’addition du monosulfure de sodium incorporé au composé lixiviel formé de sel de soude, de savon d’huile et de résine silicatée ou non.
- Son emploi supprime la soude caustique, dont les effets sont nuisibles pour les matières auxquelles elle est appliquée.
- Le sel du Génie antiseptique se compose de monosulfure et de carbonate de soude neutre en propositions variables.
- — En Belgique on emploie des lessives de sulfure de sodium dans le blanchiment des toiles (procédé Moërraân Laubuhr); l’effet est moins grippant que celui de la soude caustique et plus actif qu’avec le carbonate. L’usage du sulfure paraît avantageux.
- Mordant pour noirs et autres couleurs solides par MM. Lallemand et Chéneau-Fontenau
- Ce mordant, utilisable pour noirs, bleus et verts, qui résiste à l’action du foulon et à l’action de l’air, pour couleurs fantaisie de toutes
- nuances est formé de :
- Sulfate de fer pur........... 37k200
- Sulfate de cuivre pur........ 27 900
- Suroxalate de potasse........ 31 »
- Lie de vin blancà25°,desséch. 2 » Chlorure de cuivre, desséché. 1 900
- 100 »
- C’est une variante des formules déjà brevetées par M. Chéneau-Fontenau, et indi-
- quées dans la Revue de la Teinture, année 1888, p. 3 et A4.
- Machines à sécher et carboniser la laine avec adjonction d'un élévateur.
- Par MM. Simonis et Chapuis
- La machine se compose d’une caisse rectangulaire en forme de cheminée, dans laquelle sont disposés des tambours, tournant lentement établis sur un arbre avec un corps, un plateau et des ailettes en tissu métallique.
- La caisse a deux ouvertures principales, une pour la charge, la deuxième est à clapet avec contrepoids pour la sortie ; d’autres petites ouvertures sont destinées à l’entrée de l’air chaud et à sa sortie.
- L’élévateur se compose de trois toiles sans fin marchant sur six cylindres et de deux batteurs destinés à nettoyer les toiles et à faire tomber la laine ; une table soutient la toile sans fin.
- Une addition concerne le transport automatique de la matière humide enlevée du léviathan, et le transport dans le refroidisseur, ou partout ailleurs, de Ja matière séchée et carbonisée.
- Ce transport est assuré par des moyens mécaniques, variables selon la disposition des locaux ; il a lieu par des prises d’air faites au ventilateur.
- Tendeur articulé pour teindre la soie en pièces ou découpée.
- Par M. Cléchet - Queter
- Le tendeur est formé de deux pièces en bois en forme de T, assemblées par un axe sur lequel elles peuvent se rapprocher ou s'écarter et s’arrêter à un point voulu, dans le genre de celui que nous avons dessiné dans notre numéro du 25 septembre 1889, p. 164.
- Mais l’appareil est complété et perfectionné par des montants à glissières placés des deux côtés de la cuve à teinture, et qui guident avec régularité le mouvement de lissage dans le bain.
- Cet ensemble constitue un très bon intru-ment.
- Nouveau produit dégraissant appelé Kaoline de la Société « I’Industrie »
- C« produit dégraisseur est un mélange de matières argileuses plastiques formant liants avec des sels de soude, de potasse et autres produits dégraissants, solides, pâteux ou liquides, additionnés ou non de matières agglutinantes.
- Parmi les matières argileuses plastiques, on compte : le kaolin, l’argile, les arkoses, les terres granitiques, les terres à foulon, les silicates naturels d’alumine plus ou moins purs.
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- Sous le nom de produits dégraissants, il faut comprendre les sels de soude, de potasse, les savons ordinaires ou minéraux, ainsi que les alcools, essences et moïkas.
- Après la dissolution dans l’eau des sels de soude ou savons, à la dose de 3 à 20 0/0 du poids total, a lieu le mélange en quantité variable, selon la destination, des matières dites argileuses plastiques : après un sérieux brassage, laisser sécher.
- Teinture en noir d'aniline De M. Recrer
- M. Recker, de Zittau (Allemagne), a imaginé une nouvelle méthode de teinture en noir d’aniline. La fibre à teindre est passée d’abord dans un bain de chlorhydrate d’aniline, ou d’un autre sel d’aniline : on l’y laisse se saturer, puis on la tord, et on la passe très rapidement en bain concentré de bichromate de potasse, puis on oxyde à l'air chaud en A5 secondes. On lave, on passe en bain de savon et on sèche.
- Machine a échardonner les laines Par M. Fulgence Mérelle
- Cette machine procède à l’extraction, par un système particulier d’épaillage mécanique de toutes les graines dures et de 95 0/0 des pailles, chardons et autres impuretés qui peuvent se trouver dans la laine.
- A la suite de ce travail, les mèches de laine sont soumises à l’action de deux rouleaux lisses, réglés à une faible distance, afin de laisser passer celles-ci sans les détériorer, mais de façon à broyer les quelques chardons qui auraient pu échapper à l’épaillage.
- Cette machine est indépendante de la carde et la précède. Sa production est de 7 à 800 kil. de laine lavée par jour. La force motrice que nécessite cette nouvelle machine est insignifiante et l’entretien en est des plus simples.
- PROCÉDÉS DIVERS
- Azurine brillante
- La maison Friedr. Bayer et Cie, offre un nouveau colorant qu’elle désigne Azurine brillante 5 G; c’est un bleu direct pour coton, de la famille des benzo-azurines, mais en donnant des bleus francs et vifs à reflet verdâtre que ne possèdent pas ces dernières.
- Il est aussi présenté comme plus résistant à l’action de la lumière, et à celle des acides.
- Comme les benzo-azurines, cette nouvelle couleur se fixe plus solidement par l’action des sels de cuivre, suivant le procédé breveté par MM. F. Bayer et Cie, et ses qua-
- lités peuvent être alors comparées à celles des bleus de cuve.
- La teinture des cotons se fait en une heure
- au bouillon, avec :
- Phosphate de soude......... 5 0/0
- Sulfate de soude........... 5 0/0
- Rincer, et il est avantageux d’ajouter au bain de rinçage une trace d’acide acétique ou sulfurique.
- Les produits alcalins : savon, carbonate de soude, carbonate de potasse, ainsi que le sel marin ne sont pas avantageux pour faire monter l’azurine; il faut donc éviter leur emploi, et lorsqu’on mélange ce bleu aux autres colorants directs, il ne faut pas non plus employer les alcalins comme auxiliaires; en observant cette condition, il s’allie très bien à ces couleurs.
- La fixation au cuivre se fait en traitant les cotons teints en azurine brillante (comme en benzo-azurine) pendant une heure au bouillon, avec :
- Sulfate de cuivre.......... 5 0/0
- Tout autre sel cuivrique peut également être employé.
- Nous donnons ci-dessous deux types de teintures obtenues sur coton par l’azurine brillante 5 G.
- Ce tissu a été teint avec :
- Azurine 5 G................ 3 0/0
- Sulfate de soude............ 10 0/0
- Puis, le même bain, non épuisé, ayant été rechargé avec :
- Matière colorante........ 11/2 0/0
- a servi à la teinture des fils ci-joints :
- Sur laine, on teint a/ec Sulfate de soud/.... Acide sulfuriqiy........
- Le mode opératoire consiste à monter d’abord le bain avec le sulfate de soude et le colorant; de teindre 10 à 15 minutes à 75°, puis d'ajouter l’acide sulfurique ; de rentrer la laine et de continuer la teinture en portant le bain au bouillon.
- Le bleu se développe pendant le deuxième temps de cette opération.
- Le même bain peut servir pour des passes suivantes, en le rechargeant avec moitié des proportions de sulfate de soude et d’acide,
- ou plus simplement avec 1/2 0/0 d’acide acétique.
- Après teinture, le traitement au cuivre est aussi avantageux que pour les. cotons, et se donne par les mêmes moyens.
- Les colorants montant sur bains acides se combinent très bien avec l’azurine 5 G. ; on peut, dans ces conditions, y mélanger pour la teinture des laines, les verts, violets, jaunes, orangés et rouges delà série acide, ou teignant sur acide.
- L’azurine brillante, employée seule, donne sur laine des gros bleus très en usage.
- La soie se teint comme la laine, ou sur bain de savon coupé.
- Dans la teinture des satins-soie, on a obtenu de beaux bleus-marine par le mélange suivant :
- Azurine brillante 5 G........ 2 p.
- Bleu alcalin................. 1 —
- On opère comme pour le coton.
- Le mélange laine-coton se teint également comme les cotons purs.
- Le lin, le chanvre, le jute, la ramie et autres fibres végétales de même genre, se teignent avec 10 0/0 de sulfate de soude.
- Une propriété intéressante de cette matière colorante, est de tirer sur bains à peine alcalins, et même neutres, ce qui en rend l’emploi possible sur tous textiles.
- La « Farbenfabriken » fonde de grandes espérances sur son exploitation. Il est à remarquer que cette importante fabrique, comme la plupart de ses émules, offrent constamment à la consommation de nouvelles couleurs, mais en s’y attachant plus ou moins, suivant les qualités ou l’à-propos de chacun.
- Jaune-Thiazole
- La même maison : Friedr. Bayer et Cie, présente à la consommation ce nouveau colorant, teignant directement le coton, se distinguant des autres jaunes directs pour coton, tirant sur l’orange, par un reflet verdâtre très vif.
- Le Jaune-Thiazole peut se mélanger dans un même bain, avec les autres couleurs de bènzidine, notamment le sulfone-azurine de la même fabrique qui donne des verts-mode.
- Comme tous les azoïques, il peut être remonté, sans mordançage préalable, avec les couleurs d’aniline basiques; c’est particulièrement un bon pied pour produire des verts brillants sous les verts-émeraude et autres à reflets bleus; il n’a pas de rouge dans sa composition chromatique, qui vient rabattre sa complémentaire, le vert ; celui-ci par conséquent ne perd rien de son éclat.
- Le coton se teint au bouillon, en une heure,
- avec :
- Phosphate de soude........ 5 0/0
- Sel marin................. 5 —
- Savon..................... 2 —
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- Le Jaune-Thiazole convient également à la teinture du mélange soie-coton, en bain frémissant (voisin du bouillon), avec les mêmes produits auxiliaires ci-decsus, moins le sel marin.
- Comme jaune verdâtre, il complète la série des azoïques.
- Rouge de garance pour draperie.
- Pour 100 kil. de laine.
- Préparer le bain de mordant avec :
- Alun.................... 10 k. 500
- Tartre.................. 3 k.
- Quand ces sels sont dissous, plonger les étoffes et faire bouillir 1 heure ou 1 h. 1/2. Abattre, éventer et laisser reposer pendant 3 jours sur le mordant.
- Composer le bain de teinture avec 25 kil. de garance en poudre fine et de première qualité, mise dans la quantité d’eau chaude nécessaire. Remuer sans faire bouillir, puis, plonger les pièces mordancées. Manœuvrer pendant 1 heure sans chauffer, puis faire bouillir pendant 10 ou 15 minutes au plus, afin de fixer la nuance.
- Abattre et laver avec soin.
- Vert-Paon sur fils de coton.
- Pour 100 kilogrammes de fil, préparer un bain chaud contenant :
- Tennin...................... 300 gr.
- Entrer, lisser trente minutes, laisser reposer douze heures, lever et tordre. Passer trente minutes en bain d’émétique contenant :
- Emétique.................... 200 gr.
- Lever, tordre et teindre dans un bain con-nant :
- Vert brillant en cristaux .. 150 gr.
- Bleu nouveau................. 50 —
- Entrer à 50 degrés centigrades, monter jusqu’à 100 degrés, lisser jusqu’à l’obtention de la nuance. Lever, rincer, sécher.
- Encollage du coton filé
- M. Giraud indique la composition ci-après applicable à l’encollage des fils de coton de tous numéros, de 1 à 400.
- Pour un litre :
- Colle forte 100 gr.
- Carbonate de soude 15 —
- Alun 3 —
- Blanc de baleine 3 —
- Alun pour avivage 1 —
- L’encollage s’effectue par simple immersion fils en fusées ou sur bobines.
- Co mélange peut également servir pour aPprêts, en l’étendant d’un même volume d’eau.
- Fonds Bistre au Manganèse.
- M. J. Depierre a communiqué à la «Société industrielle de Mulhouse » un nouveau procédé de formation du bistre de manganèse sur tissu.
- 11 consiste à foularder le tissu en chlorure de manganèse bien neutre, à raison de 400 grammes par litre; à sécher au tambour ou à la hot-flue, puis à passer à la température de 35 degrés dans un bain composé de :
- Solution de permanganate de potasse à 100 gr. par lit.... 10 lit.
- Solution de sel de soude Solvay et Cie à 60 gr. par lit.... 10 —
- Ce bistre se ronge bien.
- M. Frey a répété en grand les indications de M. Depierre et lésa pleinement confirmées; il estime ce nouveau procédé recommandable.
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Tcinturier-Dcgraisseur
- La suite de mon travail m’amène au :
- Repassage de la draperie
- La draperie comprend le vêtement d’hommes en général, et les confections pour dames en gros lainages.
- Ces articles sont séchés avant l’apprêt, puis arrosés au goupillon su moment du repassage.
- Ils ne sont pas gommés, mais il est quelquefois avantageux de passer, à l’envers des collets et des revers, un enduit de gélatine (notre gomme n° h), pour rendre à ces parties la fermeté due à la toile que le tailleur y intercale, et qui s’amollit par les nettoyages au savon.
- Les draps nettoyés à sec, ou partiellement détachés, n’en ont pas, naturellement, besoin.
- Pour les paletots, redingotes, robes de chambre et gilets, on commence par faire l’encolure, qui exige beaucoup de soins, puis par les emmanchures pour lesquelles on s’aide d’une janette ; ensuite les manches, et enfin le corps du vêtement.
- Aux pantalons, on fait d’abord la ceinture, le buste, les remplis du bas, puis les jambes; il faut tirer fortement sur celles-ci, pour éviter le raccourcissement.
- Tous ces articles exigent un coup de fer habile; de lui dépend le chic du vêtement, et il faut souvent rétablir les formes faussées par le porter.
- Ainsi les genoux des pantalons, les coudes des manches, sont toujours bombés ; on ne rectifie jamais complètement ces déformations» mais on les atténue, en appliquant sur ces endroits un linge mouillé, et y appliquant fortement un fer bien chaud.
- La vaporisation qu’on produit ainsi resserre
- le drap, et ce moyen est à employer chaque fois qu’on a des poches à effacer.
- Pour en produire, au contraire, comme à la saillie du mollet, on arrose légèrement l’endroit, et on le trravaille au fer en s’efforçant de creuser cette partie; c’est un tour de main plus facile à comprendre qu’à décrire.
- Les encolures et les bustes de pantalons se font en emboîtant ces pièces sur le bout arrondi de la table à repasser. •
- C’est surtout sur la draperie qu’il reste du glaçage et du limaçonnage -, on les fait disparaître par un décatissage au fer et au linge humide, comme il a été dit pour les lainages.
- Emploi des tables à vapeur.
- Le repassage de la draperie, qui est toujours un travail long, fatigant et difficile, a été bien simplifié par l’emploi des tables à vapeur de M. A. Lyon.
- La platineuse (fig. 27 et 28 -, 1888, p. 126) est devenue d’un usage général.
- Elle dégage de la vapeur sur toute sa longueur, mais elle est divisée intérieurement en deux chambres qui permettent d’utiliser la vapeur à la pointe seulement de la table, ou sur son corps principal à l’exclusion du bout, ou sur toute sa surface en même temps.
- Pour les velours, elle est à peu près indispensable ; ces tissus sont posés l’envers contre la table dont la vaporisation relève et égalise le duvet : tout au plus faut-il le lustrer par un léger coup de brosse.
- La draperie s’y apprête parfaitement, et même les pardessus ratinés, molletonnés, montagnac, tous les tissus pelucheux ne peuvent guère s’en passer.
- Sur la draperie rase (comme sur les articles précédents), elle évite l’arrosage et le décatissage, car il ne se produit ni glacé ni limaçonnage.
- Fig, 69. — Emploi de la table-platineuse.
- La pièce est appliquée sur la table, et pendant que la vapeur iraverse l’étoffe, l’ouvrier égalise le poil avec une brosse. Le fer n’est employé que pour presser les plis et les parties doublées qui ont besoin de compression.
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- LA. REVUE DE LA TEINTURE
- Pour ce travail, on se sert de préférence d’une brosse en chiendent à longs brins, dans le genre de celle représentés par la fig. 70.
- Fig. 70. — Bronc à platiner.
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- Depuis l’invention de la platineuse, M. Lyon a fait disposer des tables pleines, chauffées également à la vapeur, et dont la forme a été appropriée aux dos des paletots, redingotes et autres grandes pièces-, c’est celle que nous avons précédemment représentée par la fig. 30 (1888, p. 127).
- Puis, considérant que les encolures et les épaules des paletots et vestons sont les parties les plus difficiles à bien former, M. Lyon a donné à des tables spéciales pour ce travail une extrémité bombée, à peu près comme un battant de cloche, mais sur laquelle ces encolures et épaules s’emboîtent exactement, qnelle que soit, d’ailleurs, la taille des vêtements.
- Là les plis du col, du revers, l’arrondissement du dos, qui sont l’écueil du repassage, prennent immédiatement leur forme et leur tournure.
- La « table à paletots » est en partie pleine, mais elle a des trajets percés pour la vapeur, et correspondant aux parties des vêtements qui ont besoin d’être vaporisées.
- A l’origine de son invention, M. Lyon avait adjoint à sa table-platineuse, dite n° 1, une table n° 2, pour pantalons -, elle était pleine et assez étroite pour être passée dans une jambe de pantalon -, nous en avons donné le dessin, fig. 29 (1888, p. 127).
- Le pantalon se commençait par la ceinture et les fonds sur la pointe vaporisante de la table n° 1, et il s’achevait snr le n# 2, en y enfilant les jambes, et pressant au fer.
- Fig. 71. — Table spéciale à pantalons
- Modifiant cette première disposition, l’auteur a fait construire une autre table spéciale au pantalon, et qui suffit à elle seule pour tout le travail de cette pièce. Elle a la forme du pantalon, y compris celle du fonds et du buste, de sorte que le vêtement emboîté sur cette table s’y trouve déjà comme en forme : la coupe de la table est calculée pour que les différentes tailles puissent s’y appliquer, en entrant plus ou moins avant le pantalon.
- La fig. 71 montre cette disposition.
- Sur cette table, les pantalons sont d’abord engagés, retournés ou à l’envers ; on y presse les ceintures, les remplis, les coutures de côté, après avoir humecté ces parties à l’éponge, ou en s’aidant du linge mouillé -, puis ils sont remis à l’endroit, réenfilés sur la table et terminés sur le plein des jambes.
- Cet appareil abrège évidemment le travail du pantalon, qui est aussi l’un des plus délicats parmi la draperie.
- Les tables à vapeur, en général, conviennent pour le travail, non-seulement des draps, mais de tous lainages confectionnés, y compris les gilets de flanelle.
- Comme complément de ces appareils, M. Lyon a imaginé des extenseurs pour ouvrir et donner les formes aux manches de vêtements et aux jambes de pantalons, et aussi pour les bas et les chaussettes; nous les verrons la prochaine fois.
- Maurice GUÉDRON
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- NOUVEAU PROCÉDÉ
- do préparation du chlore
- MM. de Wilde et A. Reychler font connaître un nouveau procédé de préparation du chlore qui vient d’être breveté dans tous les pays qui fabriquent du chlorure de chaux.
- Ce procédé est basé sur les réactions suivantes :
- Si l’on fond ensemble équivalents égaux de : Sulfate de magnésium hydraté.
- Chlorure de magnésium »
- Chlorure de manganèse » et si ensuite on évapore l’eau de cristallisation, on obtient, en même temps qu’il se dégage de l’acide chlorhydrique, un résidu gris rosé, dur, cassant, très hygroscopique, formé d’un mélange de sulfate de magnésium, de chlorure de manganèse et d’oxychlorure de magnésium, presqu’entièrement privé d’eau.
- Si cette matière est chauffée au rouge sombre au contact de l’air, dans une moufle, elle dégage à la fois de l’acide chlorhydrique et du chlore, et il reste un résidu noir, poreux, consistant formé d’un mélange intime de sulfate de magnésium anhydre el de manganite de magnésium, auquel les auteurs attribuent la formule Mg3 Mn3 O8.
- Si l’on introduit ce mélange dans un tube en porcelaine qu’on chauffe vers 425* (au-dessous du rouge naissant) et qu’on fasse passer un courant de gaz chlorhydrique, on constate un dégagement très régulier de chlore mélangé de vapeur d’eau, et vers la fin de l’opération d’une quantité graduellement croissante d’acide chlorhydrique non utilisé.
- La réaction se ferait d’après l’équation suivante :
- 3 Mg So4 + Mg3 Mn3 O8 + 16 HCI = 3 MgSO4
- + 3 Mg Cl2 -f 3 Mn Cl2 4 8 H20 -j- CI4
- Un quart du chlore contenu dans l’acide chlorhydrique se dégage à l’état de chlore gazeux concentré et les trois quarts restants sont transformés en chlorure de magnésium et chlorure de manganèse anhydres.
- Le tube est ensuite porté à la température du rouge naissant (vers 525°) et on le fait traverser par un courant d’air sec. Un nouveau dégagement de chlore se produit, d’après l’équation suivante :
- 3 MgSO* 4 3 MgCl2 4 3 MnCl2 +08 = 3 MgSO4 4 Mg3 Mn3 O8 4 Cl12.
- Le mélange de sulfate de magnésium et de manganite de magnésium, se trouve reconstitué et peut de nouveau recevoir l’action du gaz chlorhydrique au-dessous du rouge naissant, qu’on fera suivre d’un nouveau traitement à l’air au rouge naissant, et ainsi de suite.
- Il y a donc dans ce procédé une période de chloruration ne donnant qu’une minime quantité de chlore et une période d’oxydation donnant beaucoup de chlore.
- Si lors de la période de chloruration, la température est trop élevée (rouge naissant), on constate aussi le dégagement d’oxygène ; la proportion de ce dernier gaz augmente avec la température.
- L’addition de sulfate de magnésium au mélange a pour but de rendre la matière consistante, non fusible et poreuse. Ce sel paraît en outre faciliter les réactions chimiques par sa présence.
- Les essais de laboratoire ont donné des résultats très nets. Après un grand nombre d’opérations, la matière a conservé toutes ses propriétés actives.
- De plus, l’expérience industrielle a prononcé sur la valeur du procédé, qui a été essayé dans un petit appareil Deacon, installé chez MM. de Naeyer et Cie, les grands fabricants de papier de Wiliebrœck, près d’Anvers. Le chlore obtenu a servi à la fabrication du chlorure de chaux liquide, l’usine n’ayant pas d’installations pour fabriquer le chlorure de chaux solide.
- Cet essai industriel a donné de très bons résultats; MM. Wilde et Reichter sont parvenus à décomposer jusque 76 0/0 de l’acide chlorhydrique, et en moyenne, de 65 à 70 0/0.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- BLEU GRAND TEINT SUR COTON
- IMITANT L’iNDIGO Par MM. Colombe frères, Tàntin et Pernelle frères
- Les auteurs se sont mis à cinq (au moins) pour faire breveter des procédés d’un usage courant en industrie, bien qu’ils affirment que leur « mélange de colorants n’a jamais été employé dans le même but ».
- Le procédé consiste à donner aux cotons un pied de gris de fer et à teindre sur un mélange de violet et de vert.
- Le coton débouilli est mordancé, pour
- 50 kil., avec :
- Eau.............................. 600 lit.
- Extrait de sumac................. 18 kil.
- On manœuvre un quart-d'heure à 50 degrés, on tord légèrement et on passe au pyrolignite de fer à 5° B.
- Après avoir bien développé le gris, on revient au premier bain, renourri avec 9 kil. extrait de sumac, puis au pyrolignite.
- Ensuite, on teint avec :
- Violet (lequel?).......... 550 gr.
- Vert (i).. '.............. 250 —
- On entre à froid, et on élève la température peu à peu de 50 à 70 degrés.
- On lave et on essore.
- Pour teintes moins foncées, on ne fait qu’un seul passage dans les bains pour gris, et on diminue la dose des colorants.
- • Tous les violets et verts peuvent être employés sous quelque dénomination qu’ils se trouvent dans le commerce ».
- Les auteurs se réservent aussi l’emploi pour cette destination des substancea astringentes qui, avecles sels de fer, peuvent donner des gris.
- — Nous ne connaissons, d’abord , aucun violet ni vert tout formés donnant des « grands teints ».
- Les fonds gris de fer sont d’un emploi usuel en teinture : voir « Manuel du Teinturier », de Roret, supplément par Ulrich, 1861 ; et pour application aux anilines, les « Procédés d’application » des établissements Poirrier et Dalsace, 1889, article du bleu de méthylène.
- Les bleus foncés par mélange de violet et de vert sont bien connus des arrangeurs de eouleurs d’aniline, qui font ainsi toute une série de nnances. La Revue de la Teinture a donné des procédés de bleus basés sur ce mélange (1889, p. k et 4.4; 1888, p. 101).
- Peut-on, d’ailleurs, breveter une recette de teinture qui n’a aucun principe nouveau et qui ne réside que dans des compositions de bains, ainsi que chacun en imagine au moment du besoin ?
- ANALYSE
- d'un mélange de soie de mûrier et de soie sauvage
- Les procédés d’analyse d’un mélange de soie
- et d’autres textiles tels que la laine, le coton, le lin, sont connus ; M. J. Persoz est arrivé à doser, dans un mélange de soie du mûrier et de soie sauvage ou tussah, la proportion de l’une et de l’autre. Il a trouvé, en effet, qne la soie sauvage, assez facile à distinguer au microscope de la soie du mûrier, s’en différencie encore par le caractère chimique suivant :
- Elle ne se dissout bien dans le chlorure de zinc bouillant que si le réactif est concentré et marque au moins 60 degrés à l’aréomètre Bau-mé, tondis que la soie du mûrier disparaît rapidement quand ce liquide est étendu à 4 ou 5 degrés Baumé.
- Il en résulte que si l’on veut doser un mélange de deux soies, on n’a qu’à le traiter à l’ébullition, pendant une minute, par le dernier réactif, qui dissoudra la soie du mûrier sans attaquer sensiblement la soie sauvage.
- PURIFICATION DES EAUX
- industrielles
- M. le professeur Zabrowski indique, dans la Revue de chimie industrielle, deux procédés selon lui parfaits pour purifier les eaux:
- 1° Placer dans un filtre-presse à lavage absolu de la baryte hydratée, que l’on obtient à bon compte aujourd’hui pour la sucrerie, et faire passer dans le filtre-presse l’eau à purifier. Elle en sort ne titrant pas 1 ou 2 degrés hydrotimétriques. Toutes les bases, chaux, magnésie,etc., sont précipitées par la baryte; les acides sulfurique, carbonique sont également précipités, de sorte que l’on élimine d’un seul coup les carbonates de chaux et de magnésie et les sulfates de chaux et de magnésie qui sont les principales substances qui sont nuisibles dans les eaux industrielles.
- 2° A la place de la baryte on pourra employer avantageusement l’oxyde de plomb hydraté qui a l’avantage de précipiter les carbonates, les sulfates et les chlorures. Le procédé n’est applicable qu’à la condition d’avoir de l’oxyde de plomb à bas prix. Ayant posé le problème à M. Villon, voici par quel ingénieux procédé il a résolu la fabrication économique de l’oxyde de plomb hydraté.
- Dans une cuve à diaphragme, il place une di ssolution d’azotate de soude, il y met des électrodes en plomb à large surface et y fait passer le courant venant d’une dynamo. Le nitrate ,de soude est décomposé en soude qui se rend dans le compartiment négatif et en acide nitrique qui se porte au pôle positif. Ce dernier attaque le plomb de l’électrode et donne du nitrate de plomb. Après avoir fait passer le courant pendant un certain temps, il fait écouler les liquides des deux compartiments dans une même cuve munie d’un agitateur. La soude précipite l’oxyde de plomb du nitrate et donne du nitrate de soude qui se régénère ainsi indéfiniment. Il filtre pour
- séparer l’oxyde et le liquide est retourné à la cuve.
- L’opération peut être rendue continue.
- Lorsque la baryte ou l’oxyde de plomh sont épuisés sur le filtre-presse, on les remplace par de nouveaux oxydes fraîchement préparés.
- Les gâteaux ayant servi à l’épuration renferment du sulfate de plomb, du chlorure de p lomb, du carbonate de plomb, de la chaux et de la magnésie -, ou si l’on a employé la baryte, du sulfate de baryte, du carbonate de baryte, de la chaux et de la magnésie. On pourrait en régénérer la baryte ou l’oxyde de plomb, mais nous ne croyons pas l’opération économique.
- L’épuration à la baryte est plus parfaite que c elle à l’oxyde de plomb.
- Enfin, M. Villon ajoute que, pour éviter 1’ emploi du filtre-presse,on pourrait se servir dn plombite de soude (dissolution d’oxyde de plomb dans la soude) et laisser déposer le précipité par décantation. Par ce procédé, on obtient des eaux qui ne titrent pas plus de 2° à 3° A®.
- BREVETS RECENTS
- Intéressant les industries tinctoriales
- 207384. — Delay, Ph. Diot et Cie. — Application d’impression, blanc ou couleurs sur ti ssus dont la chaîne et la trame sont multicolores.
- 207403. — Rousseau. — Nouvelle machine à fouler et feutrer les étoffes.
- 207423. — Gessner. — Machines à lainer à cardes.
- 207519. — Garnier. — Pince destinée à tendre régulièrement, sur forme, les bas, les gilets et autres articles de bonneterie.
- 207543. — Bruck. — Nouveau procédé pour obtenir et pour blanchir des fibres végétales.
- 207609. — Graemiger. — Perfectionnement aux machines à teindre, à blanchir ou à traiter de tout autre manière les matières fibreuses, soit brutes, filées, tissées ou se trouvant dans quelque autre état intermédiaire de fabrication.
- Certificats d'addition
- 200132. — Cavailles. — Brevet du 10 août 1889 pour procédé de teinture à l’indigo pour la laine.
- 204961. — Gautier et Pila. — Brevet du 12 avril 1890, pour pulvérisateur-humidificateur.
- 110RMKM BT FAITS DIVERS
- Conseil supérieur «lu travail. —
- D’après les dispositions arrêtées par le ministre, ce Conseil comprendrait :
- 1® 16 ouvreis choisis parmi ceux qui ont acquis une situation notable dans le Conseil des prud’hommes, les Chambres syndicales ou leur profession respective ;
- 2® 16 patrons choisis de la même manière ;
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- 3° 16 personnes compétentes dans les questions se rapportant au travail, dont 6 députés, 3 sénateurs et 7 personnes prises en dehors du Parlement ;
- 4° 7 membres de l’administration choisis parmi les directeurs généraux des ministères spéciaux, ou les chefs des grands services publics intéressés.
- Les trois sénateurs choisis sont : MM. Jules Simon, Challemel-Lacour et Tolain.
- Parmi les députés figurent MM. Mesureur, promoteurs de l’institution, Léon Say, Ricard, Pierre Legrand, Thévenet et le comte de Mun.
- Parmi les publicistes, M. Hector Dépassé.
- Parmi les ouvriers, MM. Delahaye, ancien délégué au Congrès de Berlin -, Ribanier, secrétaire général de la Bourse du Travail ; Finance, etc.
- A l’heure où paraîtra ce numéro, le décret sera rendu.
- —o—
- Travaux de la commission des douanes. — La commission des douanes a voté l’exemption sur les peaux et les laines.
- La commission a voté aussi les droits demandés par la sous-commission sur les laines peignées ou cardées, sur les laines teintes; sur les blousses teintes. Elle exempte les déchets de laines.
- Enfin, la commission a repoussé le droit de 16 fr. 90 sur les cotons ; elle a repoussé aussi les droits de 1 fr. et de 85 cent, sur les lins en tige. Elle a adopté les droits de 10 t. 40 et de 8 fr. sur les lins teillés et coupés ; de 15 fr. 60 et de 12 fr. sur les lins peignés ; de 8 fr. sur les chanvres en fibres ; de 5 et 6 fr. sur le jute brut, et de 6 et 10 fr. 40 sur le jute peigné.
- La sous-commission des produits fabriqués a entendu le rapport de M. Pierre Legrand sur les fils et tissus de lin, jute et chanvre. Le tarif minimum du Gouvernement a été accepté sauf en ce qui concerne les fils polis, ficelles et cordages qui sont relevés à 25 fr., 35 fr., 45 fr. et 50 fr.
- Le tarif des tissus blanchis a été fixé au droit du linge écru, augmenté de 40 0/0 au lieu de 30 0/0.
- Les tissus écrus de 7 et 8 fils ont été taxés : .35, 65, 160 et 200 fr.
- Les tissus blanchis paieront le même droit que les tissus écrus selon la classe, avec augmentation de 40 0/0 également au lieu de 30.
- —o—
- lies projets douaniers et l'agitation à Lyon, St-Etienne, etc. — Une
- grande animation règne dans toute la région à l’approche du vote de la commission des douanes. Les ouvriers de Lyon, Saint-Chamond, Roanne, Avignon, organisent de vastes meetings de protestation contre les droits.
- A Lyon, circule une pétition couverte de plus de cent vingt mille signatures légalisées.
- La Chambre de commerce a voté la protestation suivante :
- « La Chambre de commerce de Lyon, vivement émue des dangers dont les fabriques de soie de Lyon, et les ouvriers, au nombre de 300,000, qui en dépendent, sont menacés par tout droit, si minime qu’il soit, sur les soies étrangères, supplie le Gouvernement d’user de son influence près de la commission des douanes pour faire rejeter les projets destructeurs d'une de nos grandes industries nationales, les plus dignes de sa sollicitude.
- « Elle prie Monsieur le Préfet de vouloir
- bien télégraphier d’urgence le texte de cette protestation à M. le Ministre du commerce. »
- Douanes. — Tissus à reliure. —
- D’apres l’interprétation actuelle du tarif, on traitait comme tissus façonnés les tissus de coton unis pour la reliure, ayant été soumis au gaufrage.
- A la suite d’un nouvel examen de la question, M. le ministre des finances a décidé qu’il n’y aurait plus à tenir compte de la main-d’œuvre du gaufrage pour le classement des tissus de l’espèce. Aux termes de cette décision, les tissus de coton pur teints, gaufrés ou non, pour la reliure, suivront le régime des tissus teints unis. Le régime des tissus teints façonnés ne devrait être appliqué que s’il s’agissait de tissus fabriqués à plus de 5 lames.
- (Lettre administrative du 4 décembre 1890)
- —o—
- Incendie soupçonné volontaire.
- — Sous cette rubrique, nous avons annoncé l’incendie de la fabrique de tissus de MM. Weil frères, à Epinal,en relatant l’accusation portée contre l’un des chefs de la maison, d’être l’auteur volontaire du sinistre.
- Les journaux locaux qui donnaient cette nouvelle, annoncent que l’affaire a pris une nouvelle phase et ont publié l’information suivante :
- « M. Weil, arrêté il y a quelques jours sous l’inculpation d’avoir incendié ses magasins de toiles et ses bureaux, vient d’être remis en liberté. Un des trois accusateurs, employé de sa maison, s’est tué. »
- —o—
- Les teinturiers en plumes. — Cette corporation a formé récemment à Paris un groupe syndical dont nous avons annoncé en temps la création (1889, p. 78). Le syndicat avait une séance le 23 décembre, dans laquelle des travaux courants d’administration ont été accomplis.
- Il a été proposé d’organiser un banquet pour « sceller d’une façon définitive l’entente entre tous les membres du syndicat » ; une commission a été nommée à cet effet.
- Le groupe s’appelle « Syndicat autonome patronal des teinturiers-apprêieurs en couleurs et noirs et blanchisseurs à façon » ; voilà un titre bien long, mais qui ne dit pas encore tout, puisqu’il n’indique pas qu’il se rapporte à la teinture et au blanchiment des plumes de parure.
- Imitation de billets de banque.
- — La Banque de France vient de faire saisir de prétendues imitations de ses billets, dans les circonstances curieuses que voici :
- Lorsque la Banque modifia récemment le type de ses billets, un chimiste de grand mérite, M. Schlumberger proposa un modèle de vignettes inimitable. La Banque refusa ces propositions en déclarant que les billets qu’elle allait émettre ne pouvaient être imités.
- Pourla convaincre de son erreur, M. Schlumberger publia dans le Moniteur industriel des planches coloriées représentant de la façon la pius frappante les billets de cinquante francs.
- Le numéro du Moniteur industriel fut répandu à profusion dans le public. Apprenant la grande publicité donnée à la reproduction en question, l’administration de la Banque dé-
- posa une plainte au parquet, qui a fait saisir les numéros restants du Moniteur industriel et les planches des gravures incriminées.
- M. Schlumberger repousse hautement l’accusation de contrefaçon ; tout se réduit à une démonstration de l’insuffisacne évidente des procédés de fabrication de la Banque. Il dit avoir fait tirer à 30,000 exemplaires ses reproductions de billets.
- Nous avons sous les yeux l’article du Moniteur industriel et les épreuves du fac-similé • celui-ci a bien, en effet, la physionomie du véritable billet, et ses vignettes sont reproduites avec exactitude ; mais là s’arrête l’imitation, et toute confusion est impossible.
- ; Le papier est épais, carteux, sans filigrane sans impression au verso; il n’y a aucune signature, ni numéro d’ordre, et le titre « Banque de France » ne figure nulle part. Le libellé lui-même est fantaisiste : l’indication « cinquante francs » est remplacée par « cinquante liards », et le grand cartouche est occupé par une annonce du Moniteur industriel.
- Donc, pour trouver en cela matière à poursuites, il faut être bien pointilleux ou bien vexé.
- Ce dépit des régents de la Banque devait être d’autant plus grand, que l’auteur expliquait son procédé de reproduction, y compris le moyen de faim le filigrane (moyen qu’il n’avait pas mis en pratique)., Ces procédés ne présentent pas, en effet, de difficultés bien grandes.
- M. Schlumberger s’est spécialisé comme chimiste, dans les travaux relatifs aux papiers et encres de sûreté applicables aux titres fiduciaires. Son travail, qui concluait par ses propositions de modification dans la fabrication des billets de banque, n’est donc qu’une démonstration scientifique, analogue à celles de médecine légale, par exemple, où l’on commence par faire connaître les trucs des criminels, pour indiquer ensuite les moyens de les dévoiler ou de les déjouer.
- Ajoutons que ce travail avait lait l’objet d’une communication à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale.
- Quoi qu’il en soit, la Banque ne peut éviter, après cette révélation, de transformer ses procédés de fabrication. Le plus sage pour elle, serait d’étudier sérieusement ce qu’il y a de bon dans les moyens de M. Schlumberger, et d’en faire son profit.
- a: vi
- Les abonnements renouvelables au commencement de cette année sont en recouvrement. Une quittance sera présentée à MM. nos souscripteurs qui n’ont pas encore soldé l’année courante.
- Nous espérons leur bon accueil.
- MM. les abonnés de l’Etranger sont priés de vouloir bien nous couvrir en une valeur sur Paris.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardenne s).
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- LA
- 4e Année, N° 3.
- COTI
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- REVUE DE
- ET DES COLORATIONS
- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES 40 février 4891.
- SOMMAIRE
- Chronique. — Sur le sulfo-récinates. — Sur les mordants composés — Traitement, teinture et apprêt des velours de coton (suite). — Vaporisage continu — Emploi des chromâtes en teinture.
- Les noirs artificiels dans la teinture des laines. — Matières colorantes nouvelles — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Purification de l'eau par la congélation. — Les couleurs imaginaires. — Informations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- La Chambre des députés a repris la discussion sur le projet de loi concernant le travail des enfants et des femmes, qui lui avait été renvoyé à correction par le Sénat.
- La question qui prêtait le plus aux. controverses était l’interdiction du travail de nuit pour les femmes ; elle a été résolue en votant cette interdiction, et ce résultat a été obtenu par un discours ému et sentimental de M. de Mun, qui a pris pour exemples de son argumentation des abus de veillées se produisant dans des ateliers parisiens de modes et de confections, mais qui n’ont aucun rapport avec le travail manufacturier, où tout est réglé et administré avec méthode, et où le travail de nuit R’est pas un supplément, souvent imprévu, de celui de la journée.
- Les industries de la teinture et même de l’impression sont peu intéressées dans cette question, mais il n’en est pas de même de la filature, qui serait profondément désorganisée si la loi ne laisse une porte ouverte à un règlement d’administration publique qui détermine des exceptions pour les usines A travail continu.
- Plusieurs autres lois d’affaires sont aussi en élaboration. Celle sur le tra-vail des adultes n'aboutira probablement qu’à un régime très voisin du Matu quo. L’enquête ouverte à ce propos n’encourage guère aux innovations.
- Pe projet de loi sur les patentes Pourra aboutir à une meilleure répartition de cet impôt.
- Celui sur les marques de fabrique a plus de garantie dans les résultats d’uae réputation commerciale laborieusement acquise. Et il ne s’agit pas seulement des réputations individuelles, mais encore des renommées conquises par des centres ou des groupes industriels.
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- Quant aux affaires dans nos centres spéciaux :
- La situation générale est toujours calme à Roubaix-Tourcoing.
- La fabrique est actuellement occupée à faire ses livraisons : beaucoup d’ordres en lainages avaient été pris sur les mois de février et mars, et peu ou point sur les mois suivants.
- On constate un léger réveil du côté de l’Angleterre, qui remet quelques ordres. Quant aux autres pays d’exportation, ils ne commissionnent qu’au fur et à mesure de leurs besoins et en quantités peu considérables.
- A Fourmies, les fabricants se plaignent de la cherté des matières non compensée par les prix de vente des produits fabriqués.
- D’un rapport de la chambre de commerce de Reims, sur le deuxième semestre de 1890, il résulte que tous les genres de filature de la région ont souffert pendant cette période. Les fils nouveautés, cependant, ont été assez demandés, surtout pour les échantillonnages, pendant les trois derniers mois.
- En tissus, ce sont aussi les nouveautés pour robes, et en même temps les draperies en laine peignée qui ont donné lieu aux affaires les plus satisfaisantes. Les flanelles unies et fantaisie ont été aussi en bonne situation.
- Toutes les existences en mérinos et cachemire ont été enlevées pour l’Amérique avant l’application du bill Mac-Kinley ; mais depuis, les affaires d’exportation, même pour l’Angleterre, ont été à peu près nulles. Le molleton a souffert de la rude concurrence que lui fait le pilou ; cela est surtout apparent sur les basses qualités.
- Le rapport ajoute :
- L’industrie de la teinture et des apprêts des tissus de laine peignée traverse une phase critique. Celle du blan-
- chissage et des apprêts des tissus de laine cardée s’est vue dans la nécessité de réunir ses membres en syndicat et de relever fortement ses prix.
- Comme conclusion, l’année qui se termine ne donnera pas de résultats bien satisfaisants à l’industrie, à' de rares exceptions près.
- Une correspondance de Calais-Saint-Pierre annonce qu’il y a un peu d’amélioration sur cette place.
- On engage en ce moment la fabrique , dit le même correspondant, à s’occuper des dentelles de coton, et l’on fait observer très judicieusement qu’il y a sur notre place, par rapport à ces articles, un préjugé qu’il est bon de ne pas se laisser se perpétuer. Ce préjugé, c’est qu’on ne peut pas concurrencer Nottingham et fabriquer ici des articles coton à cause des 15 O/O de droits. C’est une erreur, étant donnés, d'une part, les prix au rack payés aux ouvriers à Nottingham, et, d’autre part, ceux du tarif nouveau appliqué sur place.
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- La soierie continue à être en bonne situation à Lyon.
- Pour les mêmes tissus, on mande de Milan qu’il y a un peu de réveil sur l’ensemble des affaires, et que les damas sont recherchés au détriment des unis et des velours.
- A Bâle, la rubannerie, qui est de beaucoup l’industrie la plus importante, est peu florissante sur cette place ; l’uni est complètement délaissé, mais il y a une assez grande activité dans la fabrication des façonnés ; les articles en gaze et en bengaline, ainsi que les écossais, sont également demandés.
- Nous noterons enfin la correspondance suivante de Berlin, se rapportant à la première semaine du mois courant :
- Ces jours derniers, il s’est réalisé des ventes importantes en étoffes fines à manteaux de dames, genre que le pays du Rhin produit, tandis que les dispositions aux achats restent insignifiantes pour les articles de Berlin et pour les étoffes à imperméables.
- Le commerce d’articles de fantaisie de laine et de soie s’est animé davan-
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- tage, mais celui de fichus foulés reste languissant.
- Il y a peu de demandes aussi en articles tricotés.
- Les articles de coton, bien qu’on en ait traité des quantités considérables, ont donné lieu à des différences sur les prix obtenus.
- Le commerce de draps et de cuirs-laine reste calme, sans changements ; néanmoins, en réalisant des ventes, on réussit du moins à obtenir des prix plus en rapport avec les cours de matières brutes.
- * *
- La mode ne manifeste de tendances assez prononcées que pour une teinte dérivée de l’Héliotrope et généralement connue sous le nom d’Amétyste (rappelant la teinte de cette pierre fine) ; on l’a dénommée cette année : Echevin, et c’est ainsi que la carte des nuances pour l’été prochain la désigne.
- Quoi qu'il en soit, il s'agit d’un violet-rouge de ton moyen et rabattu. Il faut s’attendre à le voir beaucoup porté pendant la saison prochaine.
- Pour l’hiver, qui nous tient encore, on avait un rouge-feu, baptisé Tison, suite des teintes Vieux rouge, Chaudron, Eiffel, etc., des années précédentes. Le « Tison » était un préservatif insuffisant contre le froid, et le nom n’a pas suffi à faire la fortune de la teinte.
- Nous attendons avec impatience une température plus clémente. Pendant cette période persistante de grands froids, les énergies et les initiatives individuelles sont engourdies, on ne se livre qu’aux affaires courantes et sans chercher au-delà. Il est grand temps que de plus chauds rayons viennent dégeler nos idées et nous rendre notre activité et notre esprit d’entreprise.
- F. GOUILLON.
- SUR LES SULFO-RICINATES
- On sait que l'huile pour rouge, dérivé sul-foné de l’oléine et surtout de celle de l’huile de ricin, sert, dans la teinture et l’impression du coton en rouge d’alizarine, à aviver les nuances obtenues avec les mordants d’alumine.
- Les nouvelles recherches que M. Scheurer-Kestner vient de faire sur sa composition — jusque-là assez incertaine — lui ont permis de reconnaître que cette huile est formée d’acide sulfoncinoléique, composé stable et régulier à la température ordinaire. Cet acide y est accompagné d’acides polyriciniques dont la condensation va jusqu’à l’acide diricinique. Les poids moléculaires qu’il a trouvés par la
- méthode de M. Raoult indiquent un mélange d’acides mono et di-riciniques.
- Enfin, au point de vue tinctorial, l’auteur a reconnu aussi un fait important à savoir que le composé sulfoné donne les nuances tirant sur le jaune, tandis que les acides gras poly-mérisés donnent la nuance carminée tirant sur le bleu.
- Ce travail a fait l’objet d’une communication à l’Académie des sciences.
- SUR LES MORDANTS COMPOSÉS
- (Extrait d’une communication de M. Prud’homme à la Société industrielle de Mulhouse)
- L’auteur rappelle le fait bien connu que la magnésie empêche la redissolution de l’alumine par la soude caustique et l’application qu’on en a faite pour la fixation du mordant double d’alumine et de magnésie, et la fixation du mordant triple d’alumine, de magnésie et de zinc, réalisée par M. Horace Kœchlin, en préparant le tissu en sel d’alumine et de magnésie et passant ensuite au zincate de soude. Il a trouvé que les sels de nickel et de cobalt empêchent la redissolution de l’alumine même mieux que ceux de magnésie, que l’étain est très bien fixé en préparant le tissu en chlorure stannique et zincîque et passant ensuite en soude caustique. 11 a étudié ensuite la fixation du fer en présence de l’acide phosphoreux, proposée par M. Oscar Scheurer, et a trouvé que les oxydes de l’antimoine et du bismuth, corps appartenant à la même famille, agissent d’une manière analogue. Il attribue la plus-value ainsi obtenue dans les nuances à la formation de mordants composés. Des dégommages usités pour les sels de fer (craie, silicates, phosphates, arséniates, stannates) ont pour effet immédiat de fixer sur le fer, la chaux, la silice, etc., en un mot de former des mordants composés.
- Dans la fixation des sels d’alumine, il y a toujours aussi formation de mordants composés, soit avec la chaux, soit avec le zinc ou d’autres oxydes. En un mot, il n'existe pas de mordant simple. Un mordant double déjà supérieur au mordant simple ne vaut cependant pas un mordant triple ou plus complexe. Aussi la combinaison de l’oxyde de fer et d’oxyde du phosphore, de l’arsenic, de l’antimoine ou du bismuth demande encore, pour former un mordant complet, la chaux ou un autre oxyde analogue.
- Les meilleurs mordants sont les sesquioxydes aluminiques, chromiques et ferriques combinés à un protoxyde. Les sous-sulfates d’alumine et de fer doivent pouvoir être considérés comme des mordants doubles.
- Dans 1 étude des modifications produites par l’adjonction d’un second élément à un mordant quelconque, l’auteur a cherché à établir des relations, en suivant la division des éléments
- en groupes naturels et séries périodiques de Mendéléeff.
- Le mémoire de M. Prud’homme, qui sera publié dans le Bulletin de la Société, donne les résultats de ses observations à ce propos Les indications qui précèdent résument le fond de ce travail.
- TRAITEMENT, TEINTURE
- ET APPRÊT DE VELOURS DE COTON
- Traduction d’un articledel’Oj. Woll.undLeinJnd. par l’Industrie textile.
- — SUITE —
- APPRÊT
- On peut se demander, à propos des velours de coton, quelle est l’opération qui présente, au point de vue marchand, le plus d’importance : de la teinture ou de l’apprêt. Une pièce bien teinte peut devenir invendable si elle est mal apprêtée, et une pièce bien apprêtée ne trouvera pas preneur si elle est mal teinte. La teinture et l’apprêt se complètent l’un l’autre.
- fl Les pièces teintes sont encollées et apprêtées. Le but de l’encollage est d’obtenir un envers uni ; celui de l’apprêt de donner au poil un aspect soyeux, lisse et brillant.
- La teinture a plus ou moins durci les pièces, il faut donc les assouplir. On les fait passer dans une machine qui consiste en deux rouleaux, une brosse et un appareil tondeur. Les pièces passent l’envers au-dessus sur le rouleau distributeur qui y applique une solution d’huile pour rouge turc ou de savon additionné d’un peu d’huile. Après brossage, on sèche. Certaines qualités communes qui seraient trop molles sans un apprêt nourri et souple en même temps et quelques articles très lourds qui doivent plomber dans la main, sont encollées à la colle d’amidon avec huile pour rouge.
- Il faut tenir compte que les opérations subséquentes assouplissent beaucoup le tissu.
- Les pièces n’ont plus alors qu’à subir la dernière opération de l’apprêt qui a pour but de rendre le poil plus brillant, d’un aspect plus agréable à l’œil, ou de donner de la main.
- Il est indispensable que toute poussière ait été enlevée du tissu par un lavage énergique à la teinturerie. On procède alors au cirage. Un moulin à six bras monté sur un axe horizontal et portant chacun un cylindre de blanc de baleine vient en tournant frotter ce blanc de baleine sur le tissu qui passe bien tendu au-dessous. Au sortir de cette machine, le poil doit paraître comme s’il était couvert de givre. Les cylindres de blanc sont fondus dans dans des moules spéciaux et contiennent quelquefois un peu de cire, ce qui est inutile et quelquefois nuisible. Il faut souvent deux pas-i sages et il peut être utile d’employer des
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- moyens de chauffage : le tissu se charge alors plus facilement de blanc.
- Une machine à brosser qui suit la machine précédente a pour mission, au moyen de brosses longitudinales et transversales, de faire pénétrer la matière, Une tondeuse enlève alors les bouts de fil que la brosse a pu faire sortir.
- La face velue du tissu passe alors fortement tendue et avec lenteur sur une surface en acier poli pendant que des cylindres appliqués par des leviers chargés de poids et recouverts de feutte, tournent rapidement et leur donne une sorte de poli. i
- Le brillant obtenu est magnifique ; on passe alors à la machine ; si la machine précédente ne possède pas de système, il n’y a plus qu’à visiter les pièces et à les empaqueter pour la vente.
- Comme dans toute autre manufacture, il se produit des irrégularités dans la fabrica-tiou des velours, mais dans ce cas ces irrégularités se traduisent par une perte. Une pièce de velours est très facilement dépréciée et l’apprêt peut présenter une telle variété de défauts qu’on peut dire qu’on en a jamais fini.
- La teinturerie a aussi sa grosse part de responsabilités, et l’on peut dire aussi que les pièces quelque peu maltraitées en teinture sont perdues par l’apprêt.
- La teinture du velours du coton est auprès de la teinture du ^coton en écheveaux de la musique classique à côté d’une opérette. Elle demande des efforts constants pour trouver des effets nouveaux, qui doivent donner à ce velours, sans la moindre prétention à la solidité, l’aspect du velours de soie. La stagnation des affaires en cet article, dans les dernières années, a empêché les recherches et les nouvelles idées de se produire. Seuls les velours tissus teints ont été plus ou moins demandés et aussi les velours imprimés ou frappés. Le velours tissé en fils teints (seulement en couleur solide, rouge turc ou bleu de cuve) ont souvent un aspect peu flatteur.
- L’impression sur velours se fait avec des couleurs au vernis et surtout à la planche, car la demande n’est pas assez considérable pour permettre l’établissement de machines à imprimer. Le velours frappé se produit avec des rouleaux gravés, soit avec un liquide adhésif Qu’on plaque à l’envers du tissu, soit sans liquide, mais toujours avec des rouleaux chauffés, et une forte pression.
- Une maison de Vienne a essayé un nouveau système qui consiste à appliquer à l’envers des pièces un liquide fortement adhésif, à coller un doublier sur les parties imprimées au rcoyen ne rouit aux chauffés, et, après séchage, & arracher ce doubuer qui enlève en même lfmps le poil de la partie imprimée. Le tissu etait très beau, mais l’exécution est délicate et demande beaucoup de soins. Plus récemment, on a introduit dans le tissage du velours de coton, le système des velours de soie qu’on
- tisse deux pièces unies ensemble par le même fil de poil et qui sont séparées sur le métier à tisser. Gette méthode est très économique, car le tissu est prêt pour la teinture en tombant du métier et il n’exige qu’un.léger brossage et un grillage ; un inconvénient de ce système, c’est que l’apprêt ordinaire ne peut s’employer dans ce cas, car il enlèverait tout le poil qui n’est pas assez fortement retenu, par suite de la résistance insuffisante du fil de trame.
- Aussi longtemps donc que l’acheteur exigera un brillant considérable et un poil couché,,ce genre de fabrication ne se développera pas. On peut espérer cependant rendre le poil brillant par un vernis qui n’exigera pas de polissage. —
- Les essais dans ce sens n’ont pas encore donné de résultat. En pratique, l’enduit huileux pour noir est le seul qui ait pu s’employer aussi pour le nouveau genre de tissu. 11 serait intéressant de faire des essais sur une grande échelle pour produire ce tissu avec des fils glacés (non pas cylindrés), pour le poil. La seule expérience faite par l’auteur n’a pas très bien réussi ; mais le produit avait un bel aspect et aurait eu chance de plaire si le fil de poil n’avait pas été trop tordu : il faut sans doute un fil peu tordu et de très bonne qualité. Le tissage du velours sortirait de la position exceptionnelle que lui vaut la complexité et la difficulté des opérations et on aurait une production plus considérable avec chaîne de fond noire, chaîne de poil de couleur et trame noire ou de couleur.
- La préparation de la chaîne donnerait l’encollage nécessaire et, après tissage, il ne faudrait qu’un nettoyage. Des essais faits judicieusement dans cette voie donneraient sans doute des résultats rémunérateurs. Pour teindre le poil, les couleurs de benzidine sont tout indiquées car elles teignent à fond, laissent le fil souple et doux, de façon qu’à la coupe il ne présente pas de parties blanches. Les velours noirs tissés avec fils noirs seraient bleuis après tissage. Un passage subséquent à la machine à polir serait avantageux, et, à cause de l’huile déposée sur le poil, ne présenterait pas d’inconvénient, pourvu que les rouleaux ne fussent pas trop pesants.
- VAPORISAGE CONTINU
- de 91. Emile WELTER
- Le principe au moyen duquel on obtient un vaporisage continu consiste dans l’emploi de deux chaînes sans fin en bronze, système Ewart, actionnées par des roues dont la tension est réglable par un mouvement de vis. Ces chaînes glissent dans des rails en fonte ; chacun des maillons est muni d’une bielle en bronze dont le tourillon porte le tube creux en laiton chargé de recevoir la marchandise à traiter.
- A l’entrée où le tissu, appelé par deux rou-
- leaux en cuivre chauffés, entre dans l’étuve, se trouvent deux tourniquets ou taquets, qui, en saisissant une première bielle, renversent une première tringle venant s’engager sous le tissu après que celui-ci s'est développé vers le bas en plis fort uniformes et réglables suivant la hauteur du local. Dès que le second pli s’est déroulé, le tourniquet soulève la tige suivante, l’introduit sous le tissu; et ainsi de suite.
- Pendant que les chaînes sans fin continuent lentement leur mouvement en avant, il se : produit a près chaque renversement de bielles un temps d’arrêt du tourniquet et un espace suffisant psur la formation successive et automatique des plis. Ce procédé de mouvement i en avant des liges creuses se répète sans interruption, de sorte que la matière parcourt l’espace entier sous forme de longs plis jusqu’à ce qu’elle sorte pour être déployée mécaniquement.
- Le plafond ou ciel de l’appareil est formé par des plaques à vapeur.
- Dans le bas de l’étuve, dont les parois sont faites en briques et ciment, ou en plaques fonte pour appareils de petites dimensions, il y a un tuyautage en fonte pour la distribution de vapeur et de chaleur.
- En admettant la durée moyenne de vaporisage de trois quarts d’heure, l’appareil produit par journée de dix heures 15,000 mètres en simple passage, 30,000 mètres en double passage, envers contre envers ; il se construit nécessairement de différentes dimensions et pour productions diverses.
- Ce système a sur tous les autres appareils l’avantage de prévenir les gouttes d’eau de condensation, les tringles recevant la marchandise ne sortant pas de l’étuve, et de réduire considérablement la main - d’œuvre, puisqu’un homme suffît dans la plupart des cas pour desservir l’outil.
- L’appareil peut être muni d’ouvertures de sorties et mis en communication avec des ventilateurs et des appareils d’épuisement pour expulser ou extraire les vapeurs humides.
- EMPLOI DES CHROMATES
- EN TEINTURE
- Le Textile colorist a publié l’article suivant sur les chromâtes ; il relaie des faits bien connus. Nous le reproduisons néanmoins, puisque ces mordants sont en ce moment l’objet des préoccupations des théoriciens. C’est un document de plus sur le sujet.
- Les chromâtes de potassium n’avaient, il y a une soixantaine d’années, que des emplois extrêmement restreints : le principal était la préparatiun du chromate de plomb employé en peinture. Mais depuis cette époque, leurs applications se sont-développées d’une manière considérable.
- Il y a deux chromâtes de potasse : le chromate neutre Cr O* K* et le chromate acide ou bichromate Cr O1 K H.
- Le chromate neutre anhydre est en cristaux
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- jaunes ; il est soluble dans l’eau bouillante et est très vénéneux. 11 peut colorer jusqu’à AO,000 fois son poids d’eau. Nous avons vu qu’il se transforme en bichromate par action des acides sulfurique et azotique. Il est employé pour teindre le coton en jaunes et en oranges de chrome par double décomposition au moyen de l’acétate de plomb.
- Le bichromate également anhydre se présente en cristaux rouge-orangé inaltérables à l’air-, il est soluble dans neuf fois son poids d’eau, à la température ordinaire ; il est plus soluble dans l’eau bouillante, il est également très vénéneux et caustique.
- Ses usages, comme nous l’avons dit, sont nombreux. Il est employé comme mordant et comme oxydant; comme mordant, il donne des laques fort utiles avec la plupart des bois de teinture ; comme oxydant, il agit par son acide chromique. Cet acide est trop énergique pour être employé seul, car il altérerait les fibres. Cependant, dans certains cas, comme pour les noirs d’aniline, on le produit directement dans le bain de teinture en décomposant le bichromate par l’acide sulfurique au moment même de l'emploi.
- Sur coton, le bichromate sert à produire en teinture et en impression les jaunes et les oranges de chrome. Il sert comme mordant pour noirs et les gris au campêche, comme oxydant pour les bruns au cachou. La production du noir d’aniline en absorbe une grande quantité. En impression, il sert pour le bleu vapeur ; il est aussi employé comme rongeant pour des enlevages sur bleu de cuve.
- (A suivre).
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- LES NOIRS ARTIFICIELS
- DANS LA TEINTURE DES LAINES Le Noir-Diamant
- Nous avons plusieurs fois parlé de l’évolution qui se produit dans les procédés de teinture en noir ; cette couleur était le dernier refuge des bois de campêche, et peu à peu cette place leur échappe, devant l’invasion des noirs artificiels.
- Dans notre numéro du 10 décembre 1889 (p. 168), nous signalions le « Noir-Diamant » et ses propriétés intéressantes, qui paraissent lui réserver une place importante parmi les substituts des bois noirs.
- C’est ce nouveau colorant qui fait l’objet de la communication qui suit :
- Nous présentons tout d’abord un échantillon de drap teint avec 2 0/0 de Noir-Diamant, sans autre addition de matière colorante :
- NOIR-DIAMANT A 2 0/0
- LÀ REVUE DE LÀ TEINTURE
- Le Noir, comme on le remarque, est à reflet bleu. Pour le porter au noir-noir, il faut ajouter la couleur complémentaire : le jaune ou le vert, qui contient cette complémentaire, unie au bleu que nous avons déjà dans le fond.
- La couleur la plus favorable pour cette destination est le « Vert-Diamant », fabriqué comme le noir susdit, par M. Fr. Bayer et C*. Cependant, ce vert n’étant pas encore livré au commerce lorsque nos échantillons ont été teints, c’est avec la « Chrysamine G » que le noir a été complété dans le second échantillon ci-joint.
- Noir-Diamant a 20 0/0, avec 1/20 p. 100 de Chrysamine G.
- Pour revenir au « Noir-Diamant », nous devons reprendre de plus haut l’histoire des Noirs artificiels destinés à la laine.
- Les Noirs antérieurs.
- Après que l’industrie des matières colorantes artificielles eut ajouté à la palette du teinturier une série de nuances qu’il ne possédait pas jusqu’alors, lui fournissant des teintes bleues, vertes, roses, violettes dont on n’avait aucune idée, tout en lui facilitant considérablement son travail, après qu’elle eut battu en brèche la cochenille et la garance, elle s’est appliquée à entrer en lutte avec d’autres matières colorantes naturelles, celles qui fournissent les Noirs sur laine.
- Pour le coton, le Noir d’aniline a conquis depuis longtemps une place importante, mais les efforts réunis de fabricants de matières colorantes n’avaient pas encore abouti à la préparation d’un Noir pure laine tel qu’il répondît à toutes les exigences du teinturier. Jusqu’à présent, les Noirs artificiels présentaient certains inconvénients ou étaient d’un prix trop élevé pour en permettre l’emploi, enfin ils avaient à la lumière artificielle un reflet rougeâtre ou brun qui leur faisait préférer naturellement le Noir au campêche.
- Nous ne citerons que très sommairement, par ordre chronologique, le « Noir Naphtol » de la Manufacture lyonnaise de matières colorantes (1885) obtenu par la réaction de l’acide amidoazonaphtalinedisulfonique sur un acide naphtoldisulfonique ; le « Noir pour laine d’une maison de Berlin « Actiengesell-schaft fur Anilinfabrication (1886) obtenu par l’action de l’acide amidoazobenzinedisul-
- fonique sur le para-tolyle C naphtylamine ; le « Noir d’alizarine », dioxynaphtoquinone, pré-paré par Roussin en 1861 et mis en commerce par la « Badische Anilin und soda Fabrik » en 1887 ; enfin, le Noir brillant de la même maison, lancé en 1888 et obtenu en faisant agir un acide naphtionique sur de la naphtylamine et diazotant de nouveau le composé ainsi préparé pour le combiner à un acide naphto-sulfonique. De tous ces produits, il n’y a guère que le Noir naphtol et le Noir brillant qui aient acquis une certaine importance pour la teinture en noir.
- Les Noirs pour laine : Noir brillant, Noir naphtol, que nous venons d’énumérer, ont, comme simples colorants azoïqnes privés d’affinité pour les mordants, certains défauts inhérents à leur nature même, et surtout un reflet rouge brun à la lumière artificielle.
- Le « Noir-Jais » lancé en 1889 par la maison « Fr. Bayer et C* *, à Eîberfeld et Fiers (Nord), obtenu par l’action de l’acide aniline-bisulfonique sur de la naphtylamine et en combinant le corps ainsi formé avec un acide naphtosulfonique, dépassait de beaucoup comme beauté les Noirs connus jusqu’alors; mais malheureusement il avait l’inconvénient d’être extrêmement sensible à l’action de certains sels métalliques, en particulier des sels de cuivre, de sorte que le simple contact d’un tube de vapeur ou d’un serpentin en cuivre avec le bain de teinture, suffisait pour rendre ces teintes absolument défectueuses.
- Le Noir-Diamant et le Vert-Diamant.
- Il n’en est plus ainsi avec le Noir-Diamant, livré au commerce depuis peu de temps par la même maison Fr. Bayer et C* ; ce Noir, quoiqu’il soit un dérivé azoïque, possède une affinité très prononcée pour les mordants, affinité qu’il doit sans doute à la présence du groupement hydroxyle et carboxyle en ortho, comme dérivé d’un acide salicyliqué substitué. On l’obtient, en effet, en faisant agir l’acide amidosalicylique sur de la naphtylamine, en diazotant le produit ainsi obtenu et en le co-pulant avec un acide naphtolsulfonique.
- Ce Noir a la propriété, comme nous venons de le dire, d’entrer en combinaison avec les sels métalliques, donnant ainsi de véritables laques caractérisées par leur insolubilité, ou en d’aulrés termes, par leur résistance remarquable à l'action du lavage et du foulon. Les nuances obtenues sur mordants ne se distinguent pas, du reste, par une coloration spéciale ou plus intense, mais surtout par leur solidité plus grande, et ce fait est d’une importance toute particulière pour le teinturier, car il peut, selon les cas, faire précéder la teinture d’un mordançage lorsque la qualité de l’article le permettra ou l’exigera, tandis qu’il teindra de préférence en un seul bain, lorsqu’il s’agira de mousselines de laine, de cachemire, d’étoffes légères, en un mot, qu’il faut traiter avec beaucoup de précaution en
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- limitant autant que possible la durée du traitement pour la teinture.
- Comme le Noir-Diamant fournit des tons d’un violet bleuâtre qui prennent pour les teintes foncées un aspect rougeâtre, il est nécessaire de lui associer une matière colorante qui masque ce reflet ; et le produit qui se prête le mieux pour obten'r cet effet, est le Vert-Diamant de MM. Fr. Bayer et l>. C’est la première matière colorante azoïque verte que l’on connaisse, et par cela même très intéressante aussi au point de vue simplement chimique (1).
- Le Vert-Diamant obtenu comme le Noir-Diamant en partant de l’acide amidosalicyli-que, partage aussi toutes les propriétés tinctoriales de ce dernier et se laisse associer au noir avec (a plus grande facilité.
- En résumé, nous insisterons donc sur l’application de ces matières colorantes qui ont des caractères essentiellement nouveaux, et qui, par ce fait, présentent un intérêt tout particulier pour le teinturier.
- PROCÉDÉS D’APPLICATION Teinture en deux bains.
- Pour la laine. — Si l’on teint avec mordançage préalable au chrome, on peut naturellement ajouter au bain de teinture tous les colorants tirant sur chrome, tels que les bois, les couleurs d’alizarine, etc
- On peut mordancer soit avec :
- Bichromate de potasse...... 3 0/U
- Tartre....................... 2 —
- Acide sulfurique............. 2 —
- Ou avec :
- Bichromate de potasse...... 3 0/0
- Acide oxalique............... 1 —
- Dans les deux cas, par bouillon d’une heure et demie.
- Si l’on remonte avec addition de couleurs d’Alizarine, la première recette est à préférer ; on rince, on entre à 30° à âO® dans le bain de teinture, garni pour les couleurs d’Alizarine de la quantité de matières colorantes selon l’échantillon, et de 1 à 2 0/0 d’acide acétique et montant lentement jusqu’à l’ébullition pendant une heure ; on continue au bouillon pendant trois quarts d’heure et l’on rince.
- Pour obtenir un noir, on emploiera 2 1/2 0/0 de Noir-Diamant, et pour un noir bleuté 1 1/2 0/0 de Vert-Diamant.
- On obtient des teintes plus corsées et d’une résistance plus grande au foulon, ne déteignant pas sur le blanc, en repassant après teinture, sur le bain de chromate ; on arrive
- même résultat en traitant ainsi le Noir teint directement en un bain avec sulfate de soude.
- (1) L’azo-vert mis dans le commerce par la ftiêrne maison est obtenu en partant du vert ma-l&chite ; il ne doit donc pas sa nuance au chro-ftiogèneNN, mais au dérivé du triphénylméthane ''lui entre dans sa molécule.
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- Teinture en un bain.
- La teinture en un bain a lieu tout simplement avec addition de 10 0/0 de sulfate de soude sans acide ; entrer à 60* à 70° c., monter à l’ébullition en un quart d’heure et continuer au bouillon pendant une heure, abattre et rincer.
- Cette méthode oflre l’avantage d’unir bien plus facilement.
- _ On ne parvient pas à épuiser complètement les bains, qui contiennent encore un quart à un cinquième de la matière colorante. 11 faudra donc charger un peu plus le premier bain, et l'on pourra, pour la suite, les conserver et les employer aussi longtemps qu’on voudra, en diminuant aussi la quantité de mordant.
- Cette méthode offre un intérêt tout spécial pour la teinture des étoffes légères.
- On peut enfin teindre aussi en un bain avec :
- Rouille................ 5 0/0
- Matière colorante..... là 2 —
- Mais nous insistons peu sur cette méthode, car elle peut facilement nuire au toucher de la laine.
- Le Noir-Diamant se laisse employer aussi bien sur des barques en bois que dans le cuivre étamé ou le fer. Il est d’une solidité tout-à-fait remarquable aux alcalis, aux acides, au foulon, au soufrage et enfin à l’air et à la lumière.
- Pour la soie. — C'est la méthode en un bain avec sulfate de soude qui convient le mieux ; on obtient ainsi de beaux tons mode très foncés et d’une solidité très grande ; ils présentent par là même beaucoup d’intérêt pour certains articles.
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- MATIÈRES COLORANTES
- NOUVELLES
- Nous ajouterons encore à la série des matières colorantes nouvellement offertes à la consommation :
- 1° Par la Badische Anilin et Soda Fabrik.
- Violet alcalin. Cette couleur est destinée à la laine, et principalement pour remonter les bleus de campêche, qu’elle améliore en même temps au point de vue de la beauté et de la qualité de la teinte.
- Ce violet serait d’une nature nouvelle.
- Jaune pour laine. C’est une couleur qui paraît se classer dans la série des alizarines de la même fabrique, et qui, tout au moins se mélange très bien avec ces dérivés de l’anthra-céine pour former des teintes composées solides.
- Sa propre nuance est celle d'un jaune tirant sur le fauve : teinte assez fort en usage pour les couvertures, les feutres à sellerie ; et même en draperie. Les laines à tapisserie l’utilisent aussi.
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- Les fabricants fondent de grands espoirs sur ce « jaune pour laine ».
- 2* Par la Manufacture Lyonnaise de matières COLORANTES.
- Noir diamine B. O. C’est une modification du produit déjà connu de la maison et désigné sous le même titre, mais avec la marque R O. Ce dernier avait un reflet brun ; le nouveau produit B O, est à reflet bleu.
- Noir-bleu diamine E. Celui-ci est encore plus bleu, et la différence est sensible surtout dans les demi-tons et dans les clairs.
- Tous ces noirs-diamine sont des colorants directs pour coton.
- Nous donnerons les procédés d’application des couleurs citées dans cet article.
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Teinturier-Dégraisseur
- Nous avons maintenant à voir les appareils complémentaires des tables à vapeur de M. A Lyon.
- Tendeurs flexibles à traction variable.
- Les grosses pièces apprêtées sur les tables à vapeur, platineuses ou pleines, avaient toujours des parties laissant à désirer, c’étaient les manches, dans lesquelles on ne pouvait faire entrer la table et qu’on devait faire par l’ancien procédé des janettes.
- M. Lyon eut l’idée d’y introduire une forme à jour, en tringle de cuivre dont les branches à l'une des extrémités s’écartent ou se resserrent à volonté, à l’aide d’une molette à vis réunissant les deux bouts.
- C’est l’appareil qui a été décrit, et qu'un dessin (fig. 30) montre aux mains de l’apprê-teur (1888, p. 127).
- Son emploi consiste à faire chauffer sur la vapeur ou dans l’eau bouillante, un de ces tendeurs -, à l’introduire dans la manche correspondant à ses dimensions; à dévisser la molette pour obtenir la tension voulue, à vaporiser, brosser et laisser refroidir. On desserre alors le tendeur en revissant la molette, et le travail est terminé, laissant une manche de forme irréprochable, et dans laquelle la doublure est exactement appliquée au tissu principal.
- Tout ce travail n’exige qu'une minute, et ces tendeurs se font sur plusieurs dimensions, notamment pour manches d’hommes, pour manches de femmes et pour manches d’enfants.
- Le même outil a été disposé pour pantalons, et peut dès lors se substituer à la table spéciale (fig. 71).
- Les molettes tendeuses existent aux deux extrémités de l’appareil, et ont une course assez étendue, de façon qu’en écartant convenablement en haut et en bas, on peut adapter cet appareil à toutes les tailles.
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- LA. REVUE DE LA TEINTURE
- Fig. 72. — Tendeurs à manches et à pantalons.
- La fig. 72 donne une idée d’un de ces tendeurs à pantalons, et d’un petit tendeur à manches placé en sautoir sur le premier.
- Le travail du pantalon se fait à l’aide de cet ustensile par les moyens analogues à celui des manches. Si l’on dispose d’un seul tendeur, on fait les jambes l’une après l’autre ; si on en possède deux, on les met ensemble en forme.
- Quand les deux jambes ont été tendues, vaporisées et brossées, on les démoule et on termine au fer le buste, la ceinture et les remplis.
- L’apprêt du pantalon devient ainsi très simple, mais les ouvriers sont routiniers; ils opposent de la résistance à l’emploi des moyens nouveaux, et c’est dans les petites maisons, où le patron fait lui-même ce travail, qu’on en retire principalement les bons résultats annoncés.
- Le tendeur à pantalons est tout indiqué pour l’apprêt des caleçons ou pantalons en bonneterie ; il est évident même que les fabricants en tireraient un utile parti, en remplacement des formes en bois usitées.
- Par suite des mêmes considérations, M. Lyon a fait disposer des formes pour bas et chaussettes, faites également avec une tringle métallique contournée suivant la figure de l’objet, mais comme il s’agit de tissus à mailles élastiques, le tendeur n’a pas à s’ouvrir : on l’habille du bas comme on fait sur les formes en bois. Le modèle pour chausettes porte deux picots sur lesquels on accroche le haut de la chaussette afin de maintenir sa tension en longueur.
- Fig. 73. — Tendeurs à bas et à chaussettes.
- La fig. 73 (dont le dessin laisse à désirer), représente à peu près ces tendeurs.
- Des appareils sur le même principe peuvent aussi se faire pour maillots, corsages et tous articles de bonneterie.
- Formes en bois.
- Jusqu’à présent, ces formes se faisaient en bois, — et se font encore ainsi. — Ce sont de simple planches de hêtre, découpées suivant le contour des objets, puis polies au papier de verre.
- Elles ont toujours l’inconvénient d’être
- pleines, et ainsi de ne pas se prêter à la vaporisation des objets, ni à leur dessication rapide.
- Quoi qu’il en soit, lorsque des bas, maillots et autres vêtements tricotés, ont été lavés, azurés s’ils sont blancs, et légèrement gommés, on les engage humides sur la forme appropriée, et on les y laisse sécher : cela constitue leur apprêt.
- Lorsqu’ils sont sortis de la forme, on leur donne un léger coup de fer. Mais le déformage n’est pas toujours facile, car le tissu colle au bois, et il faut souvent froisser la pièce pour arriver à la retirer : ce qui n’a pas lieu avec les tendeurs en tringle métallique.
- liiMii!
- Fig. 74. Fig. 75. Fig. 76.
- Formes en bois.
- La fig. 7k montre une de ces formes à bas (mais le dessinateur a trop prononcé le genou).
- La fig. 76 est une forme à gants; c’est une simple planche plate sur laquelle on a découpé des doigts; le pouce n’existe pas; on le fait avec la pièce mobile, fig. 75, qu’on peut mettre à droite ou à gauche, de sorte que la même forme sert pour les deux mains. On en fait généralement de deux grandeurs : pour hommes et pour dames.
- C’est un outil bien imparfait, et très primitif : il est cependant le plus employé.
- On fait aussi des formes k gants ayant exactement la forme des mains, et se démontant pour les introduire, à la façon des embauchoirs de bottes. Il en faut une pour chaque paire sur deux ou trois tailles, et comme elles coûtent 18 à 20 fr. la paire, cela fait un matériel assez coûteux, et qui encore ne répond pas à tous les besoins.
- Ce qui est trouvé le plus commode pour les gants, est une pince en fer, qu’ôn fait chauffer, et qu’on introduit successivement dans chaque doigt de gant, de façon 5 produire un repassage intérieur.
- Pour le nettoyage des gants, les formes ne sont pas nécessaires.
- Apprêt a la glàçoire
- Le glaçage au galet de verre s’applique aussi aux articles confectionnés; il y produit le travail que donnent le cylindre et la calandre sur les morceaux plats.
- Le dessin et la description de cet appareil ont été donnés, fig. 31 (1888, p. 134).
- J’y avais ajouté quelques indications pour son emploi, qui pourraient suffire, étant donné qu’on en fait usage de moins en moins.
- On l’emploie pour toutes cotonnades devant avoir l’aspect glacé, principalement pour les housses de meubles et pour les soieries sans côtés.
- Les tissus doivent avoir été apprêtés avec un empois ou une gomme contenant de la cire ou de la stéarine, au bien on les frotte à la cire.
- La pièce est engagée sur la planche à rainure, dans laquelle frotte le galet.
- Supposons qu’il s’agisse d’une robe : on passe la planche rainée dans une manche, on fixe les deux extrémités de cette rainure au moyen de broches qui se fichent dans la table.
- On lustre d’abord le haut de la manche en frottant le galet de haut en bas et de bas en haut; puis on fait tourner la manche autour de la rainure, pour présenter une autre partie au lustrage.
- Cette opération se répète sur l’autre manche et sur les autres parties du vêtement ou de l’objet.
- Il faut éviter de passer le galet plus de deux fois sur le même endroit (aller et retour).
- Lorsque l’étoffe est glacée partout, on la repasse au fer, peu chaud, pour l’unir, et même pour faire tomber le glacé qui est souvent trop lustré.
- Le moyen est lent, mais il donne un bon travail, et nous n’en possédons pas d’autre pour les confectionnés avec garnitures qu’il faut lustrer.
- Ceci clôt provisoirement le chapitre des apprêts confectionnés, et nous passons aux « défaits ».
- Apprêt aux tapis
- On fait au tapis, les velours, peluches, toutes les étoffes à reliefs (broderies, grosses soutaches, articles passementés) ; les crochets et tricots en laine moussue; les guipures, dentelles ; tout ce qui ne doit pas être écrasé, ou déformé par tiraillements.
- Dans les maisons qui n’ont pas de cylindre d’apprêt, on y fait, pour ainsi dire tout le travail des morceaux plats.
- Que l’on se serve de tapis volants ou fixes le procédé consiste à épingler tous les objets, par leurs bords, sur le tapis en les tendant le mieux possible et à les laisser sécher ainsi étalés et tendus.
- En général on épingle les articles gommés et humides. Pour les blancs et couleurs clai-
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- res, il est prudent d’interposer un linge blanc entre le tapis et l’étoffe à épingler.
- On commence par attacher tous les coins du morceau, de façon à dessiner d’abord sa forme, et on continue ensuite dans les intervalles. Si l’on faisait d’abord un côté puis un second et ainsi de suite, on déformerait certainement le morceau. Il faut se guider, d’ailleurs, sur le droit fil, c’est-à-dire sur la direction régulière des fils de la chaîne et de la trame.
- Il faut une épingle tous les trois centimètres en moyenne. Plus l’étoffe a de souplesse, plus il faut les rapprocher, et inversement pour celles qui prêtent peu.
- Les velours s’épinglent duvet contre tapis.
- Quand un morceau est épinglé et encore humide, on lui donne un coup de brosse pour l’unir et le lisser.
- Lorsqu’il est sec, on le détache, et on met en presse, s’il s’agit de tissus lisses. Pour les autres, on voit s’il y a quelque chose à retoucher au fer, notamment sur les bords, afin d’effacer la trace des épingles et les bourrelets qui se forment quelquefois à l’entour.
- Les dentelles fines s’attachent en ouvrant toutes les petites boucles qui les terminent et en passant dans chacune une fine épingle; elles sont ainsi très rapprochées. La dentelle est blanchie et sèche ; c'est après épinglage qu’on la tamponne avec un empois bien blanc, ou mieux avec une dissolution de gomme arabique blanche contenant un peu de sucre pour rendre l’apprêt moins sec.
- Le tapis est, en résumé, d’une grande ressource, mais on est obligé d’en limiter l’emploi à cause de la lenteur de son travail.
- Nous verrons par la suite des moyens d’apprêt plus rapides.
- Maurice GUÉDRON
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- PURIFICATION DE L’EAU
- par la congélation
- Lorsque l’eau se congèle, la petite quantité de sels calcaires et magnésiens qu’elle contient est éliminée de la même façon que les sels plus solubles dissous dans l’eau de mer ou de toute autre dissolution saline artificielle.
- La pureté de l’eau ohtenue par la liquéfaction de cette glace paraît être telle, qu’on pourrait l’employer dans beaucoup de cas comme l’eau corrigée.
- Cela résulte d’une très ancienne communication de M. Robinet, à l’Académie des sciences, dans laquelle l’auteur avait indiqué à l’appui ses titrages comparés par le procédé hydrotimétrique, et qui avaient donné les résultats suivants :
- Titres............. eau brute eau de glace
- Lac du Bois de Boulogne .. 30° 08 0* 00
- Canal de l’Ourcq (congéla-
- tion artificielle).... Puits de Paris, (ici.)... Puits de Reims, (id.)..
- Neige, à Paris.........
- Bassins de Chaillot... Ecluse de la Monnaie .
- Bornes-fontaines.......
- Etc., etc.
- .. 29° U 6° 58
- .. 112» 80 15° 61
- .. 77° 08 36° 66
- » 3° 97
- .. 11° 28 1° 12
- 18° 93 1° 17
- .. 26» T> 1° 17
- VARIÉTÉS
- COULEURS IMAGINAIRES
- LES SCNS COLORÉS
- Les yeux sont faits pour distinguer les couleurs, et les oreilles pour percevoir les sons; mais certaines personnes ont changé tout cela, ainsi qu’il résulte des faits ci-dessous :
- Théophile Gautier, décrivant les effets du haschich, a écrit : « Mon ouïe était prodigieusement développée; j’entendais le bruit des couleurs. Des sons verts, rouges, jaunes, bleus, m’arrivaient par ondes parfaitement distinctes... » L’illustre Théo était un grand poète, et ces lignes ont pu paraître à beaucoup un produit de son imagination surexcitée. Il n’en est rien ; le poète avait bien entendu ; les sons verts et bleus ne sont nullement une métaphore ; et la couleur des bruits est un fait physiologiquement vrai.
- An dernier Congrès de médecine mentale, M. de Varigny a communiqué une observation d’audition colorée, et les cas de ce genre ne sont pas très rares dans la science. D’après les auteurs allemands, la proportion des sujets ayant la faculté de colorer les sons serait de 12 pour 100.
- Voici en quoi consiste le phénomène. Pour toute personne possédant l’audition colorée, chaque sensation auditive, bruit, parole, musique, se traduit par une couleur. Ces personnes voient coloré en rouge, en vert, en jaune touit brut, tout son qui vient frapper leur oreille.
- Un bruit quelconque ne détermine qu’une image sombre, grisâtre, mal définie, comme le bruit qui l’a produite. C’est ainsi que le bruit du canon au loin n’éveille guère qu’une sensation lumineuse sans couleur. Mais si le bruit devient plus net, la couleur se précise.
- La parole se traduit par une couleur qui est toujours la même pour chaque personne. D’après le docteur Baratoux, c’est la couleur bleue que l’on trouve le plus souvent, puis le jaune et le rouge; les voix vertes sont rares. La voix des jeunes filles donne l’impression du bleu d’azur ; celle des femmes plus Agées tend au violet ; celle des femmes à voix masculine donne la sensation de l’indigo. La voix de ténor est marron-clair, celle de baryton, bleu foncé, celle de basse parait noire ; la voix de soprano est d’un rouge vif. En général, les voix graves ont une coloration plus • foncée que les voix aigués. Celles-ci tirent
- sur le bleu clair ; les voix moyennes ont une teinte jaune.
- Les instruments de musique provoquent aussi des sensations colorées spéciales. Le son de la trompette est rouge ; celui de la clarinette jaune ; le piano et le violon sont bleus; le violoncelle est violet; la grosse caisse correspond au chocolat. Les notes de la gamme jouées sur un instrument donnent une couleur d’autant plus brillante que la note est plus élevée et d’autant plus sombre qu’elle est plus basse.
- Comment expliquer ces faits? Je vous fais grâce des théories proposées. Ce qui est certain, c’est qu’il existe entre nos différents sens des relations réciproques qui leur permettent de s’influencer les uns les autres. L’audition colorée est évidemment due à une excitabilité sensorielle particulière. Elle n’est pas regardée cependant comme un phénomène morbide. Elle touche toutefois de près aux troubles psychiques.
- Quoi qu’il en soit, on voit que la science justifie jusqu’à un certain point une des prétentions de l’école décadente qui est de nous donner par certaines manières d’associer les mots des impressions de lumière et de couleurs.
- A toutes ces sensations évidemment maladives, je préfère une fantaisie de Léon Gozlan sur le langage des couleurs, et qui répond mieux à nos propres impressions :
- Comme je suis un peu fou, disait l’aimable romancier, j’ai toujours rapporté, je ne sais pourquoi, à une couleur ou à une nuance les sensations diverses que j’éprouve.
- Ainsi pour moi, la piété est bleu tendre, la résignation gris-perle, la joie est vert-pomme, la satiété est café au lait, le plaisir rose velouté ; le sommeil est fumée de tabac, la réflexion est orange, la douleur est couleur de suie, l’ennui est chocolat ; la pensée pénible d’avoir un billet à payer est mine de plomb; l’argent à recevoir est rouge chatoyant ou diablotin.
- Le jour du terme est couleur de terre de Sienne, — vilaine couleur ! — Aller à un premier rendez-vous, couleur thé léger; à un vingtième, thé chargé ; quant au bonheur... couleur que je ne connais pss !
- Comme on le voit, les poètes sont toujours supérieurs aux médecins pour analyser nos sensations.
- Mais il ne faudrait pas des teinturiers trop sensitifs ou trop poètes, car leur échantillonnage aurait trop d’occasions d’être faussé.
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- Chambre syndicale des teinta-rlers-dégralsseurs. —Séance du 5 janvier 1891. — M. Peneau informe par lettre le comité que, ayant cédé son fonds, il ne croit plus pouvoir faire partie de la chambre syndicale, et donne sa démission.
- Le comité, considérant qu’il est notoire que M. Peneau reprendra incessamment un fonds de teinturier, et que, par suite, il est préféra-ble de ne pas priver la chambre syndicale du
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- concours dévoué dé nôtfe collègue, charge le secrétaire de l’informer que sa démission n’a pas été acceptée.
- M. le président communique une lettre de M. Rouchon, adhérent de Bordeaux; après une longue discussion, le comité décide de ne pas s’occuper de l’affaire pour le moment.
- Sur la proposition du secrétaire, et pour se conformer à l’article 32 des statuts, le Comité décide que le bureau de la chambre présentera, dans la prochaine réunion du 2 février, le compte-rendu des travaux de l’année 1890.
- M. le secrétaire présente ensuite le résultat des dépenses du banquet, qui se sont élevées à 676 fr., et le comité décide qu’une somme de 36 fr. sera prélevée sur la caisse pour parfaire ladite dépense.
- Plusieurs membres de province ayant souhaité que le banquet ait lieu le même jour que l’assemblée générale, pour leur éviter un double voyage à quelques jours de distance, la réunion pense que l’on peut satisfaire ce désir et décide que l’assemblée générale de novembre 1891 aura lieu un lundi, ainsi que le banquet.
- Il est ensuite procédé au tirage au sort des commissions arbitrales pour l’année 1891.
- Les membres se trouvent répartis comme il suit :
- l,r trimestre : MM. Vinois, Hallu, Jolly;
- 2* trimestre : MM. Fleury, Babillon, Le-bailly ;
- 3* trimestre : MM. Tupinier, L’Huillier, Orliac ;
- 4* trimestre : MM. Peneau, Mars, Tissier.
- La composition de ces commissions sera portée à la connaissance des pouvoirs publics, ainsi que des vingt juges de paix.
- —o—
- Travaux de la coiumlsgloii des
- douanes. — Pour les teintures et tanninB, la commission a adopté l’exemption pour la garance, le curcuma, le quercitron et les lichens; et les droits de 1 fr. 50 et 1 fr. pour les écorces à tan, le sumac, la noix de galles et autres racines propres à la teinture et au tannage.
- Les gommes ont été exemptées.
- En ce qui concerne les textiles, la commission adopte les droits proposés par le gouvernement et la sous-commission sur les fils en bourre de soie, fils de soie et de bourrette.
- Les droits sur les tissus de soie pure sont fixés à 400 fr. et à 600 fr. aux deux tarifs. Les droits de la sous-commission sur les autres tissus de soie et sur les rubans et velours sont adoptés.
- La commission générale a adopté les droits de 10 et de 15 fr. pour les crins préparés et frisés. Les poils de chèvre mohair sont exceptés et les poils de chèvre cachemire compris dans le régime des laines. Les poils autres sont taxés à 10 et 15 fr. et les poils en bottes à 10 et 15 fr. Les fils de poils « autres » sont taxés à 12 et 15 fr.
- Elle met un droit de 70 fr. et 100 fr. sur les tapis imprimés ou non ; enfin la commission applique le tarif des draps aux feutres de laine pure et mélangée et classe aux droits de 25 et 70 fr. les feutres autres en poils grossiers et ceux mélangés de laine.
- La question de l’admission temporaire a été aussi résolue et ce sont les idées de M. Méline qui ont été adoptées par 15 voix contre 4.
- M. Méline a expliqué que les admissions temporaires concédées à chaque industrie au cours de la présente discussion du tarif des
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- douanes, seraient- soumises -à la sanction du Parlement et qu’à . l’avenir aucune autre admission ne sera concédée par les Chambres. Laisser l’admission temporaire à la disposition du gouvernement,' c’est laisser la porte ouverte à l’arbitraire, tant pour rétablissement que pour la suppression île l’admission temporaire. ....... ,.
- —o—
- lie rapporteur dea aolea. — M. Jon-nart, député, rapporteur de la sous-commission des douanes chargée des soies, est arrivé à Lyon pour faire une enquête sur l’industrie lyonnaise.
- La Chambre de commerce a tenu une séance extraordinaire, à laquelle M. Jonnart a été invité. On lui a exposé les desiderata de la fabrique lyonnaise.
- M. Jonnart a visité quelques magasins de fabricants, la condition publique et la teinturerie Gillet. L’accueil qu’il reçoit de tous est des plus sympathiques.
- Réforme des patentes. — La commission des patentes a décidé d’entendre les commerçants ou industriels qui auraient des observations à lui présenter. Elle a fixé au l*r avril prochain les derniers délais pour faire ces dépositions.
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- Les fraudes en marque commerciale. — On vient de distribuer au Sénat le rapport de M. Dietz-Monnin sur l'enquête administrative autorisée par la haute Assemblée au sujet de la proposition relative aux fraudes à l’aide desquelles on fait passer pour français des produits fabriqués à l’étranger ou en provenant.
- Cinq cent cinquante-trois avis ont été successivement adressés au gouvernement par les corps consultés sur la proposition et sa teneur. Ils émanent de 79 chambres de commerce, 142 tribunaux civils et 22 cours d’appel.
- De l’ensemble de ces avis, ressort cette pensée de principe qu’il est nécessaire d’entraver la fraude. Partout se sont affirmés le sentiment bien naturel et le besoin ressenti a’as-surer la sincérité des indications dont peuvent être revêtus les produits rnis en vente.
- Exposition du travail. — Une 2*
- exposition du travail s’ouvrira en juillet prochain à Paris. Les bureaux seront installés au Palais de l’Industrie -, déjà, du reste, les trois quarts des adhésions nécessaires ont été reçues.
- L’est toujours l’éducation professionnelle qui est visée, mais aux cours et conférences avec application pratique, aux leçons de choses à l’usage des élèves, des apprentis et du public, M. Léon Ducret ajoute, en faveur des ouvriers, des concours qui donneront lieu à une distribution de récompenses (livrets de caisse d’épargne) dont l’ensemble dépassera 20,000 fr. Voilà une idée nouvelle, et on en attend les meilleurs résultats.
- Des attractions nombreuses sont, en outre, à l’étude. On parle d’une histoire des métiers, du mobilier et de la mode -, d’applications nouvelles de l’électricité, etc.; enfin d’un pendant à la fameuse mine de houille de 1885, et ce serait : c Le Creusol au Palais de l’Industrie ! »
- —o—
- Incendie. — Un incendie considérable a éclaté dans les établissements de filature et de tissage de la maison Wallach et C®, de Mulhouse, située chaussée de Dornach. Malgré la promptitude des secours, on n’a pu préserver que le grand bâtiment du milieu.
- Les pertes sont très importantes, environ quatre cents ouvriers se trouvent sans travail par suite de ce sinistre.
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- Les Cours des Arts-et-9fétlers.—
- Le cours de M. de Luynes, au Conservatoire des Arts-et-Métiers, sur la chimie appliquée aux industries tinctoriales, continue d’attirer et d’attacher des auditeurs sérieux et assidus.
- Le professeur a su trouver la note juste, faisant une large part à la pratique industrielle, et laissant une proportion convenable aux considérations théoriques qui établissent les lois scientifiques de ses démonstrations.
- 11 a recours aux expériences, assez pour soutenir l’attention de ses auditeurs, mais en évitant ces excès qui transforment souvent en spectacle des cours scientifiques.
- Malheureusement, ce cours de teinture est forcément trop sommaire, puisque M. de Luynes est obligé de le faire en une seule session, pour s'occuper l’année suivante de verrerie et de céramique. C’est la seule chaire du Conservatoire qui soit ainsi scindée, et nous ne perdons aucune occasion de réclamer contre cette part trop petite faite à la teinture et à l’impression.
- Les leçons de M. de Luynes sout suivies, dans le même amphithéâtre, de celles de M. Marcel Déprez, traitant d’électricité industrielle ; c’est un nouveau cours inauguré cette année, et l’électricité étant à la mode, il y a foule.
- Une partie des auditeurs du cours d’électricité arrivaient à l’avance, afin de s’assurer les meilleures places ; il en résultait à la fin de* leçons de M. de Luynes, un mouvement fort incommode, d’autant plus que les nouveaux arrivants, ne venant pas pour la teinture, se souciaient peu d’y apporter les convenances nécessaires. Pour remédier à cette situation, l’administration a fait consigner la porte de l’amphithéâtre, pendant le dernier quart* d’heure des leçons de M. de Luynes. Cela a été une excellente mesure d’ordre.
- Puisque nous avons parlé du cours d’électricité, nous en dirons, ea passant, notre avis.
- Il est visible que le professeur est d’une grande compétence, mais il n’a pas donné à ses leçons, suivant nous, la tournure qui convient a son auditoire; elles consistent à peu près uniquement en alignements de formules au tableau et en résolutions d équations.
- Nous n’ignorons pas qu’il faut d’abord poser les principes d’une science avant d’en exposer les applications, et nous savons aussi que la physique devient de plus en plus mathématique, mais nous estimons néanmoins que ce cours, très convenable sous cette forme, à l’Ecole de physique et de chimie, où M. Deprez professe aussi, n’est pas à la portée des auditeurs ouvriers, auxquels les chaires du Conservatoire sont consacrées.
- Nous sommes certains, toutefois, que peu à peu le professeur saura l’approprier à ce milieu, nouveau pour lui.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes).
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- LA
- 4e Année, N° 4.
- BEVUE DE
- ET DES COLORATIONS
- SCIENT IA. ET HECOTIUM y
- II
- i*»-'/ Z:
- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES 25 février 1891.
- SOMMAIRE
- Chronique. — Consultation technique sur un brevet pour noir d’aniline. — Blanchiment, charge et teinture des soies tussah. — Emploi des chromâtes en teinture (suite).
- Procédés divers : Violet alcalin ; Jaune pour laine; Noirs-diamine; Apprêt des tissus de coton ; Eau de javelle améliorée. — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Société industrielle de Mulhouse — Application du sulfure de manganèse. — Infoi mations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- Nous déplorions, dans notre précédente Chronique, la persistance de l’hiver : presqu’aussitôt une température printanière a remplacé la neige et les frimas que nous subissions depuis longtemps sans nous y habituer.
- Un salut au printemps sera donc notre première parole aujourd’hui, alors même qu’il risque d’être un peu prématuré. Au moins avons-nous secoué cet engourdissement du corps et de l’esprit qui semblait paralyser notre initiative et nos moyens.
- Cette renaissance à l’activité est actuellement un fait acquis. Elle se manifeste, non pas encore par une recrudescence de la production, mais par les préoccupations, les recherches, les études qui y conduisent. Il nous est facile de le constater, au centre que nous sommes des efforts de chacun.
- Notre correspondance est un bon dynamomètre appliqué à ce point de vue spécial.
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- Ce n’est pas que les affaires soient eneore bien actives, et cependant le dernier Bulletin de quinzaine, à Reims, annonçait une certaine reprise, avec plus de facilité dans les transactions.
- Sur cette place, les nouveautés d’été se terminent, et les commissions pour l’hiver commencent à arriver. Les flagelles ont un bon mouvement avec augmentation de prix sur certains genres, dus à la hausse des teintures et des ap-Prêts dont il était question dans notre précédente Chronique. Les cachemires et mérinos sont sans activité. x Les affaires en fabrique sont calmes a Roubaix-Tourcoing, où l’on ne reçoit
- que quelques suppléments d’articles d’été. On commence en ce moment les classiques en confections de dames pour l’hiver ; les fantaisies ne seront présentées que plus tard.
- La nouveauté a toujours son courant, mais en genre lainages il n’y a que le tissu amazone qui donne un peu.
- L’indécision est le caractère de la situation générale.
- Il y a un peu plus de mouvement à Fourmies, mais plutôt en filés qu’en tissus ; dans ces derniers, la saison paraît devoir se porter sur les amazones, les vigognes, les articles à boutons, à poils, grands carreaux, etc.
- Les affaires en fils et tissus de coton sont, en général, peu actives à Rouen. Les tissus couleurs se vendent assez 1 bien, mais l’indiennerie est fort calme.
- Pour les soieries, la saison finit bien ; les ordres sont morcelés, mais la fabrique trouve dans leur multiplicité une certaine compensation.
- Le tissage mécanique est occupé dans presque tous les genres d’étoffes, notamment dans les tissus légers teints en pièces. Les usines tissant l’armure teinte en flottes sont bien alimentées et reçoivent de nombreux ordres en surah, merveilleux et faille française. Les métiers en grande largeur sont très sollicités pour la mousseline soie.
- Très en faveur, les pongées, à l’exception des tout soie ; les crêpes de Chine en comptes légers, le damas cuit en gros comptes, le batavia chaine grège tramé chappe, la gaze façonnée mais par petites parties, la florentine et la marceline se font régulièrement.
- La silésienne grège et laine, armure satin, pour parapluies, et l’ombrelle façonnée, grège et coton, se font bien moins. L’article pour parapluies le plus en vogue est l’austria chaîne grège, trame coton, armure satin, de 5 à 8 lisses.
- *
- On nous dit que, pour le printemps, les nuances seront douces, en teintes claires (parbleu, il en est toujours ainsi !) avec beaucoup d’étoffes blanches, crème et modes claires.
- Pour le moment, on vante les verts dattier et céladon, les gris et les beiges, le havane, l’amande, le banane
- (sorte de jaune beurre), et dans les teintes plus vives, l’améthyste, le coquelicot, le bleu ara (perruche), le fumée, qui est un brun verdâtre.
- « Les Tissus » nous disent, à propos du nuançage de la draperie nouveauté :
- a Les assortiments seront toujours très variés et les nuances de fond seront nombreuses dans les familles des bleus, des bronzes divers et des gris, depuis les teintes foncées jusqu’aux plus claires. Naturellement, les demi-tons s’y trouveront en grande quantité.
- « Nombreux aussi seront les mélanges faits au peignage ou à la filature avec les plus belles des couleurs, par exemple l’une claire et l’autre foncée de la même famille, ou deux disparates, mais également jolies. Les mélanges de noir et blanc se feront dans tous les tons avec ou sans addition de bleu.
- « Peu de ces mélanges se feront avec plus de deux couleurs ensemble. Rarement aussi, les nuances vives, très éclatantes, y seront jointes. C’est de même en très petit nombre que l’on fera les verts, les olives, les verts bleus, en un mot, on ne devra les aborder qu’avec une grande circonspection et ne les faire qu’après avis des négociants drapiers chargés de l’écoulement des marchandises. »
- * *
- Notre Chronique serait incomplète si nous n’y disions un mot de notre futur régime douanier.
- Actuellement, c’est le Gouvernement qui cherche à modérer les allures trop protectionnistes de la commission des douanes. Les ministres de l’agriculture, du commerce et de l’industrie ont réclamé au sein de la commission contre les majorations apportées par celle-ci au projet du Gouvernement, et qui, disent-ils, pourraient amener le trouble dans nos relations avec des nations voisines, et compromettre notre exportation.
- Ainsi, pour l’Angleterre, a dit M. J. Roche, le Gouvernement a proposé sur les fils de coton des droits notablement supérieurs à ceux qui existent actuellement ; ces droits vont de 10 à 30 0/0. Or, la commission a voté des taxes allant de 30 à 60 0/0. Cette majoration est excessive ; toutes les industries
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- LA. REVUE DE LA TEINTURE
- françaises qui emploient les filés coton en souffriraient De plus, la Suisse et l’Allemagne, nos concurrentes, ont des droits infiniment plus faibles.
- Même observation pour les droits votés sur les dentelles de ^aint-Gall. L’émotion, en Suisse, est considérable et peut évidemment nous paraître disproportionnée avec les intérêts en jeu. Il n’en faut pas moins tenir compte.
- Le ministre du commerce et de l’industrie conclut en demandant à la commission d’examiner à nouveau les majorations qu’elle a votées, majorations qui, à son avis, dépassent le but.
- Une question incidente a été soulevée par M. Bourgeois, à propos des surtaxes d’entrepôt arrêtées par la commission. Il signale surtout la surtaxe sur les laines d’Australie, qui viendrait annuler les résultats de l’exemption de la laine.
- M. J. Roche a répondu qu’en effet la question est très grave et qu’il attend de connaître le rapport et les taxes arrêtées pour se prononcer.
- Nous nous prononcerons, nous, contre tout semblant de duplicité, où l’on donne d’une main pour retirer de l’autre ; il est entendu, en principe, que les laines seront exemptes : aucune manœuvre indirecte ne doit détruire l’effet de cette convention.
- F. GOUILLON.
- consultation technique
- Sur un brevet de MM. ABEL HENRY et Cie
- TEINTURIERS
- A SAVOWli RFS. PRÈS BAR-LE-DUC
- Relative à la teinture du coton
- En NOIR D’ANILINE
- Ce mémoire a été publié à propos d’un procès actuellement pendant, par lequel : MM. Abel Henry et Cie, poursuivent en contrefaçon MM. Marchai Falck et Cie, teinturiers à Troyes.
- Voici d’abord, le
- BREVET ABEL HENRY ET Cie DU 3 SEPTEMBRE 1886
- N°178.327
- Procédé pour teinture en noir fixé, inver-dissable, ne dégorgeant pas sur le blanc
- 1° Débouillir le coton 12 heures en chaudière close à 2° Baumé à la soude. Sécher à fond et lentement à 40° centigrades. Laisser refroidir.
- Premier Mordançage pour traiter 900 Ml. de matière (coton, etc).
- 1er Bain
- 8 kil. Chlorate de potasse.
- 14 — Ammoniaque en poudre.
- 14 — Sulfate de cuivre.
- Dissoudre ces trois matières dans 100 litres d’eau bouillante ; puis, après dissolution, y ajouter 14 kilogr. Nitrate de fer 48° Baumé dans 160 à 200 litres d’eau froide, selon l’intensité que l’on veut obtenir. Laisser ce bain en bac fermé jusqu’au moment de s’en servir.
- 2« Bain
- 24 litres Huile d’aniline.
- 24 — Acide muriatique.
- Remuer et laisser en contact un quart d’heure, puis verser 24 litres d’eau froide, et ajouter à ce mélange 4 kilogr. Acide tartrique dicsous dans 100 à 120 litres d'eau bouillante, selon aussi l’intensité que l’on veut obtenir.
- Les bains n°* 1 et 2 sont tenus séparés jusqu’au moment de s’en servir.
- MODE D’EMPLOI
- Faire préparer, dans une ou plusieurs terrines un premier bain, que les teinturiers appellent généralement « une avance, » composé moitié du bain n° 1 et moitié du bain n° 2. Mélanger et agiter fortement, y plonger de suite une petite quantité de coton filé, par exemple 1 kilogr., fouler suffisamment, tordre quatre ou six fois très fort et secouer deux fois sur un chevillon qui doit être gros et large, ceci dans l’intérêt de la répartition égale du bain sur tout le matteau de coton.
- On remplace ensuite chaque kilogramme de coton sortant par un nouveau kilogramme, mais avant il faut renourrir le premier bain de la terrine avec un demi-litre d’un bain contenant 2/6 de litre du bain n° 1 et 1 /6 de litre du bain n° 2. Cette addition régulière et continue d’un 1/2 litre de bain n’a pour but que I de maintenir constante la quantité prise par la première avance. Chaque fois que l’on remet du bain et du coton, il faut agiter vigoureusement le contenu des terrines.
- Etendre sur les perches d’un séchoir ventilateur à mesure que le coton sort de ces terrines, maintenir à 35» centigrades, pas plus, en évitant l’action de l’air et du soleil. A la sortie du coton du séchoir ventilateur, il faut l’ouvrir et le retourner, et le porter rapidement dans un séchoir obscur chauffé à 30° centigrades maximum ; maintenir la chaleur sans l’augmenter, retourner le coton qu’on peut sortir le lendemain matin, b la condition qu’il soit bien sec.
- Deuxième Mordançage
- Dissoudre dans 1200 à 1400 litres d’eau bouillante 60 kilogr. bichromate de potasse, auxquels on ajoute :
- 12 kilogr. Acide sulfurique, versé progressivement.
- Plonger le coton dans ce bain bouillant, tordre peu fortement, étendre, laisser reposer deux heures à l’ombre en ayant soin de le retourner plusieurs fois.
- Laver très fort et sécher.
- Si l’on veut rendre le coton plus souple pour le travail, on peut, mais c’est facultatif,
- l’adoucir par un bain de 2 kil. 500 d’huile et
- 2 kil. 500 de savon, que l’on mêle ensemble dans 80 litres d’eau bouillante, et l’on a un bain qui suffit pour adoucir 150 kil. de coton pris après lavage, c’est-à-dire avant de les sécher.
- En réiumé, après avoir décrit notre invention, nous revendiquons comme notre propriété entière et exclusive, pendant toute la durée du présent brevet :
- Un procédé de teinture pour produire du noir fixé, inverdissable et ne dégorgeant pas sur le blanc, procédé composé d’un premier et d’un deuxième mordançage.
- Le tout comme il a été expliqué en substance dans la description ci-dessus.
- CERTIFICAT D’ADDITION AD BREVET N° 178.327, DU 3 SEPTEMBRE 1886 (4 janvier 1887)
- Nous avons pris un brevet d’invention pour notre nouveau procédé de teinture en noir, le
- 3 Septembre 1886, et nous avions à cette époque surtout en vue de teindre le coton. La présente demande de certificat d’addition a pour but d’étendre l’emploi de notre procédé à toutes les matières texti'es susceptibles de l’accepter : le lin, le chanvre, la jute, etc.
- Dans notre première disposition, nous avons désigné deux matières dont nous nous servons sous leurs termes techniques, parfaitement connus des teinturiers, hommes du métier dans la circonstance, mais pour plus de précision, nous ajoutons ici les termes chimiques de ces mêmes substances. Ainsi, l'ammoniaque en poudre du commerce est du Chlorhydrate d’ammoniaque et l’huile d’aniline est de l’Aniline.
- De plus, nous avons désigné comme matière colorante l’aniline seule, et pourtant nous pouvons la remplacer dans notre procédé par ses homologues : la toluidine et la xylidine.
- Par suite de ces explications, nous revendiquons par la présente addition, comme notre brevet dj 3 Septembre 1886 :
- L’emploi dans notre procédé breveté pour teindre en noir fixé, inverdissable, ne dégorgeant pas sur le blanc, des homologues de l’aniline, notamment la toluidine et la xylidine comme substitut à l’aniline même, et,déplus, nous servir de notre teinture, non-seulement pour teindre le coton, mais aussi toute autre matière textile susceptible d’accepter cette couleur : le lin, le chanvre, la jute, etc., etc.
- AVIS DE M. PERSOZ
- M. J. Persoz, consulté par MM. Marchai, Falck et Cie, a émis l’avis suivant à propos de l’affaire en instance.
- Le soussigné, Jules Persoz, chimiste, directeur de la Condition des soies et laines de Paris, membre rapporteur du Jury de la Classe 46 (Procédés chimiques de blanchiment, teinture, impression et apprêts), à l’Exposition universelle de 1889, consulté par MM. Marchai, Falck
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- etCie, de Troyes, au sujet de la validité d’un brevet et d’un certificat d’addition pris par MM. Abel Henry et Cie, pour la teinture du coton en noir d’aniline, sous le n° 178.327, aux dates respectives du 3 septembre 1886 et du A janvier 1887, après avoir étudié ces pièces, formule son opinion de la façon exposée ci-après.
- Tout d’abord, le soussigné se permet de faire remarquer qu’il se trouvait au Conservatoire des Arts-et-Métiers, préparateur du cours de chimie appliquée à la teinture et à l’impression, à l’époque où le noir d’aniline a fait son apparition dans l'industrie (1863), et qu’il n’a jamais cessé de suivre attentivement depuis lors cette question intéressante -, qu’en conséquence, il croit pouvoir répondre en parfaite connaissance de cause.
- On peut ranger en deux classes distinctes les différents procédés qui ont servi ou servent encore à la teinture en noir d’aniline, à savoir les procédés par étendage, ceux par teinture en bain plein. Les procédés par étendage, et celui de MM. Abel Henry et Cie rentre dans cette catégorie, ont été le plus anciennement employés ; ils datent de l’époque même de la découverte du noir d’aniline, et ont été indiqués par Lightfoot dans son premier brevet français du 28 janvier 1863.
- .La méthode consistait à opérer, pour la teinture des fils et des tissus, comme pour l’impression, sauf qu’on n’ajoutait pas d’épais-sissant.
- (4 suvre).
- BLANCHIMENT, CHARGE ET TEINTURE
- T~>e la. Soie tussah
- La première condition pour obtenir sur soie tussah une teinture brillante est de la bien purifier avant cette opération. On a donné à ce traitement le nom de décreusage, débouillissage, dégraissage ou dégommage. Le meilleur procédé pour dégommer les tussahs est d’employer un bain bouillant de soude ammoniacale.
- La quantité de soude ammoniacale doit être le vingtième de la soie brute ; on passe ensuite en bain de savon, et la soie perd par cette opération 25 pour 100 de son poids primitif.
- Des essais ont été laits pour recouvrer ce poids perdu, au moyen d’une charge au chlorure d’étain et au sumac ; on a obtenu une surcharge de 28 pour 100, c’est-à-dire de 3 pour 100 supérieure au poids de la soie brute. Malheureusement, la soie perd ainsi une partie de son brillant et de son toucher.
- Voici comme exemple d’application une teinture en bleu marine :
- Avant teinture, on passe deux fois au bain de chlorure d’étain à 30 degrés Baumé, puis on savonne bien ; on passe ensuite dans un
- fort bain de savon auquel on ajoute immédiatement 2 kilogrammes 1/2 d’extrait de sumac pour 5 kilogrammes de tussah ; on entre à 40 degrés; on élève lentement la température à 60 degrés, puis à 100 degrés ; on arrête l’ébullition , on manœuvre encore une demi-heure, et on ajoute la matière colorante avec une très petite quantité d’acide sulfurique ; on teint à l’échantillon, on lave et on avive à l’a-ciJe acétique.
- Lette méthode peut servir pour toutes les nuances autres que les nuances claires ; mais elle n’est pas assez avantageuse, si l’on tient compte du bon marché du tussah et du haut prix de la charge au chlorure d’étain. Elle ne peut être utilisée pour les nuances claires, car l’extrait de sumac donne un fond gris jaunâtre ; il faut donc, dans ce cas, employer le tannin, ce qui augmente encore de beaucoup le prix de la charge.
- Pour teindre les nuances claires non chargées. il faut pour le Crème, le Bleu clair, le Rose, blanchir préalablement la matière. Le tussah après le dégommage sera bien lavé, passé à la turbine et blanchi à l’eau oxygénée -, pour 5 kilogrammes de tussah, on emploie :
- 30 litres d’eau bouillante,
- 10 litres d’eau oxygénée,
- 3/A de litre de silicate de soude.
- On donne quatre tours, on ouvre le bain et on laisse reposer trois heures ; on retire, on élève la température à l’ébullition, on donne un tour et on laisse de nouveau reposer trois heures; on lave à fond, on passe au savon bouillant (2 kil. de savon de Marseille), on donne cinq tours, on passe à l’essoreuse et on avive dans un bain tiède acidulé à l’acide sulfurique -, on turbine de nouveau, on sèche et on étire.
- Pour la nuance Crème, après le blanchiment, on lave, on savonne et on turbine ; la nuance s’obtient au moyen de l’acide picri-que ou de l’Orange (Phosphine) en bain acidulé à l’acide acétique. Le Bleu clair se teint au bain de savon bouillant au moyen du bleu alcalin ; on avive en bain acidulé à l’acide aeétique à la température de 50 degrés. Le Rose se fait au bain de savon à 50 degrés avec la fuchsine-diamant ou l’éosine soluble à l’alcool ; on turbine et on avive à froid à l’acide acétique.
- L’étude spéciale de chaque nuance exigerait de trop longs développements ; voici maintenant le procédé de blanchiment pour les nuances plus foncées. Dans ce cas, afin d’économiser l'eau oxygénée qui coûte cher, on emploie le permanganate de potasse. Après savonnage, la matière bien lavée et turbinée est passée au bain de permanganate-à la température de 30 degrés ; pour 5 kilogrammes de tussah, on emploie 250 grammes de permanganate ; on élève la température à 50 degrés; le tussah prend alors une teinte brun foncé qui disparaît immédiatement dès qu’on
- le passe en eau bouillante additionnée de A à 5 litres d’acide sulfurique. Ainsi blanchi, le tussah a une teinte qui varie du Crème foncé au Chamois, et convient très bien pour les nuances Saumon, Vert clair, Or, etc.
- On teint la nuance Saumon en bain savonneux de dégommage au moyen de l’Orange G additionnée d’un peu de fuschine-diamant ; l’Or s’obtient au moyen de la Citronine O et de l’Orange G; le Vert clair au moyen du Vert malachite et du Jaune de naphtol S. Après teinture, il faudra toujours bien laver et aviver à l’acide acétique (1).
- Rappelons aussi que M. Moyret a indiqué le procédé suivant pour la teinture en noir de la soie de tussah. Débouillir avec une solution faible de soude caustique, mordancer au nitrate basique de fer, passer en soude caustique faible, teindre en bleu avec le prussiate jaune, passer en extrait faible de châtaignier, mordancer au pyrolignite de fer, répéter ces deux derniers bains, aviver à l’huile et à l’acide. Selon les proportions relatives de pyrolignite et de rouille, on obtient des noirs bleus ou rouges.
- EMPLOI DES CHROMATES
- en teinture (Suite)
- Sur laine, c’est l’un des meilleurs mordants dont le teinturier puisse disposer. Le mordançage se fait au bouillon dans un bain contenant 3 p. c. du poids de laine en bichromate et 1 p. c. d’acide sulfurique ; on lave ensuite; la laine est colorée en jaune; un lavage prolongé enlève le bichromate. La lumière, en agissant sur la laine mordancée au chrome, la colore en vert par suite de la réduction du sel en sesquioxyde. Il est nécessaire d’éviter cet effet si l’on veut obtenir une teinture égale. Dans le bain de teinture, il se produit d’abord une décomposition qui fixe l’oxyde de chrome sur la laine, puis il se forme, entre cet oxyde et la matière colorante, une laque qui colore la fibre. Ces laques peuvent d’ailleurs être produites directement par action mutuelle de leurs composants en dehors de la présence de la fibre.
- L’addition d’acide sulfurique en bain de bichromate, une partie pour trois de bichromate, augmente le pouvoir du mordant et donne lieu à des teintures plus nourries. Celle de tartre n’aurait que peu d’effet.
- La quantité de mordant absorbée par la laine varie avec le degré de concentration du bain-, elle est proportionnelle à la durée et à la température du mordançage. Four ce qui regarde le degré de concentration,.la proportion de 3 p. c. ne doit pas être dépassée, sans quoi la teinture est inégale; une quantité de 12 p. c. empêche la teinture, une quantité supérieure en présence de l’acide sulfurique détruit la laine.
- (1) D’après l'Industrie textile.
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- La quantité de bichromate fixé sur la laine avec une solution à 3 p. c. est de 1/2, soit 1 p. c. du poids de la laine; ell est de 1/2, 1/3, 1/4, 1/6 quand on emploie 1, 3, 6. 12 p.c. de bichromate. Elle est de 2/5, 1/3 pour 3 et 6 p. c. avec addition de 1 et 2 p. c. d’acide sulfurique (Kay et Bostow). 11 n’y a donc que le tiers du mordant de fixé, si l’on mordance, comme c’est l’habitude, avec 3 p. c., et la meilleure façon de monter les bains de mordançage serait de n’ajouter au bain précédent, pour nouveau mordançage, que juste la quantité de sel équivalente à celle absorbée par la quantité d’acide sulfurique suffisante pour reconvertir en bichromate le chromate qui s’est formé. On éviterait ainsi de perdre une grande quantité de bichromate, comme cela arrive dans la plupart des ateliers
- Le mordançage au bichromate est employé spécialement pour la teinture de la laine à l’alizarine pour bruns, au campêche pour noirs, quercitron pour jaunes, au bois jaune ei à la gaude pour vieil or, au fustet, à la graine d’Avignon pour brun rouge, au bois rouge, jaune et campêche pour marrons, aux bois rouge, santal et similaires pour bordeaux. N’oublions pas son emploi comme agent de bruniture.
- On a proposé, pour le remplacer, différentes préparations présentant des avantages spéciaux, notamment pour l’obtention de nuances pures à l’alizarine, et qui sont consumées principalement par une dissolution de chromate de sesquioxyde de chrome dans l acide azotique; mais c'est toujours le bichromate qui sert de base à ce mordant.
- Sur soie, le bichromate est employé en deuxième bain pour fixer les marrons chargés et grand teint au cachou et pour les noirs au campêche chromatés.
- En dehors de ses applications à la teinture, il sert pour la fabrication du violet et du vert d’aniline, de l’alizarine artificielle. La gélatine additionnée d'un peu de bichromate etexposée à la lumière devient insoluble, c’est là la base de la photographie au charbon. 11 sert au blanchiment des huiles et comme source d’oxygène.
- Enfin, le bichromate sert à préparer un certain nombre de couleurs employées en impression ou dans la peinture à l’huile, tels sont le jaune, l’orange et le rouge de chrome ou chromate de plomb, le jaune d’outre-mer ou chromate de baryum.
- Le vert Guignot employé en peinture, en impreèsion et pour colorer le verre, se fabrique par décomposition du bichromate au moyen de l’acide borique ; c’est une couleur inaltérable à l’air, qui conserve sa nuance à la lumière artificielle et qui n’offre pas, comme les verts arsénicaux, l’incouvénient d’être vénéneux.
- Depuis quelques années, le bichromate de soude, dont la production et l’emploi étaient peu considérables, a pris une grande impor-
- tance, car il offre l’avantage, ayant un poids moléculaire moindre que le bichromate de potasse de produire le même effet à dose plus faible. En plus, son prix est moins élevé. Il présente l’inconvénient d’être très déliquescent et doit être, par suite, conservé à l’abri du contact de l’air humide. Cette absorption d’humidité ne l’altère, du reste, en aucune façon, el!e en rend seulement la manipulation plus pénible.
- Le maniement des bichromates détermine quelquefois, chez les ouvriers des fabriques, de graves ulcérations des mains, des pieds et des muqueuses nasales, avec éruptions vési-copustuleuses sur les parties exposées au contact de ces produits : ces ulcères se manifestent même dans la gorge. Les bichromates occasionnent parfois des bronchites graves. Les ulcérations des muqueuses nasales vont jusqu’à amener la perforation de la cloison du nez. Ces lésions diverses n’ont pas seulement été remarquées sur les ouvriers, mais encore sur des animaux, chevaux, rats, vivant dans ces fabriques. Il faut les expliquer par le contact des parties blessées avec des eaux chargées de bichromate et couvrant le sol de l’usine.
- Les mêmes ulcérations se retrouvent chez les ouvriers des teinturiers qui manient habituellement les bichromates; mais elles ne présentent pas le même degré de gravité , elles sont relativement fréquentes chez les ouvriers travaillant au cuvelot et à la terrine, pour la teinture en noir d’aniline ou pour les bruns au cachou ; plus rares chez ceux employés à la teinture à la barque ; elles sont souvent accompagnées d’éruptions vésicopus-tuleuses, et de douleurs vives, parfois de lym-phagites ou d’adénites et de coryzas violents. Les mains en sont le siège habituel. Une fois produites, elles ne cessent que par la suspension du travail, sinon elles peuvent arriver à traverser les mains : plusieurs cas de ce genre ont été observés. La prédisposition individuelle joue d’ailleurs un grand rôle dans leur production. Elles cessent à la cessation du travail oü l’on emploie le bichromate, au repos et aux calmants ; mais elles doivent être prises à leurs débuts, car ce sont des ulcères rongeants, qui peuvent amener de véritables infirmités, telles que les ankylosés des articulations des doigts.
- D'autre part, on se servira avec avantage de machines pour les cas de teinture où le maniement du bichromate est sujet à amener des complications morbides, principalement quand on travaille en bichromate à chaud et en présence d’un acide, comme c’est le cas pour la teinture du coton en noir d’aiinine.
- PROCÉDÉS DIVERS
- Violet alcalin
- Le nouveau produit que la « Badische anilin
- and Soda-Fabrik » offre sous le nom de violet alcalin est desiiné à la laine, en combinaison avec le campêche; il permet d’obtenir les bleus foncés que le campêche donne ternes et de mauvais teint, et que les couleurs d’aniline seules, produisent ordinairement trop maigres.
- Voici un exemple de cette combinaison :
- Les proportions pour produire la nuance de cet échantillon sont, pour 100 kil. de laine :
- Extrait de campêche......... lk 500
- Violet alcalin................ 1 »
- Elles peuvent varier en plus ou en moins; on obtient un gros bleu (moins foncé), avec :
- Extrait..................... 1 kil.
- Violet...................... 1 kil.
- Et des teintes plus foncées avec les dosages suivants, par exemple :
- Extrait.. 3 kil. — Violet.. 1*750 Extrait.. 6 kil. — Violet.. 2 500
- Voici le procédé d’application :
- Mordancer deux heures au bouillon avec :
- Bichromate................ 3 kil.
- Tartre.................... 2k500
- Ou, pour remplacer le tartre :
- Acide sulfurique.......... 500 gr.
- Rincer sur mordant, et teindre en bain frais, au bouillon, avec l’un des dosages indiqués d’extrait de campêche et de violet alcalin.
- Les deux colorants sont mis ensemble dans le même bain, et l’on teint sans addition d’acide ni de mordmt quelconque.
- Le violet doit être dissous à l’eau bouillante avant d’êire versé dans le bain de teinture.
- L’intérêt du procédé est que la teinture se fait dans le mélange des deux colorants, au lieu d’avoir à donner un pied au baiD, puis un remontage au violet.
- Jaune pour laine
- Cette couleur nouvellement présentée à la consommation par la même fabrique que la précédente, paraît appelée à jouer un rôle important dans les mélanges avec les couleurs d’alizarine, dont elle semble partager les propriétés, et peut se substituer au bois jaune dans beaucoup de ses applications.
- Sa couleur propre est celle de l’échantillon ci-joint :
- Cet échantillon correspond à la formule :
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- Jaune pour laine (en pâte) 5 0/0
- Sulfate de s^ude......... 10 —
- Acide sulfurique........ 5 —
- Entrer à tiède et porter graduellement au bouillon ; lever et rincer.
- La teinte est un peu plus jaune avec :
- Jaune < n pâte............... 5 0/0
- Alun......................... 6 —
- Acide oxalique............... 3 —
- Elle porte davantage au fauve, avec :
- Même colorant................ 5 0/0
- Bi-chromate.................. 3 —
- Tartre.................... 2,5 0/0
- En conservant les mêmes proportions de bi-cbronute et de tartre, et augmentant la dose de colorant, qui peut être portée au double, on a des tons graduellement plus élevés.
- Pour les mélanges avec les couleurs d’ali-zarine, il faut mordancpr a part, comme il est d’usage avec ces couleurs, à l’aide du chrome, soit les proportions ci-dessous :
- Bi-chromate, 3 0/0 — Tartre, 2.5 0/0
- On mordance une heure et demie à 95 degrés ; on rince et, si on en a le temps, on laisse les laines ou lainages se reposer jusqu’au lendemain.
- On délaie les couleurs dans 25 fois leur poids d’eau, en y ajoutant un demi-litre d’acide acétique par kilo de couleur • on pa.;se au tamis et on ajoute ces colorants au bain, dans lequel on entre à 50-60 degrés pour arriver peu à peu au bouillon, qu’on maintient une heure à une heure et demie, suivant la nuance à produire.
- Voici quelques exemples de ces mélanges, les proportions étant pour 100 kil. de fils ou tissus.
- Fauve
- Jaune pour laine..........
- Brun d’anthracène W.......
- Orange d’alizarine W......
- Marron rouge
- Jaune.....................
- Rrun W ...................
- Orange W .................
- Marron-brun.
- Jaune.....................
- Brun W...................
- Chocolat.
- Jaune.....................
- Céruléine S W (pâte)......
- Brun d’anthracène W......
- Loutre.
- Jaune ....................
- Céruléine SW..............
- Brun W....................
- Bronze.
- Jaune..................
- Bleu d’alizarine S W (pâte).
- Bleu-noir foncé.
- Jaune........................ 5 kil.
- Bleu SW..................... 10 —
- Noir-noir.
- Noir d’alizarine S R W (pâte) 25 kil.
- Jaune pour laine............ 1 —
- (A continuer).
- Toutes ces formules donnent des bons teints, applicables notamment à la draperie et aux tapisseries.
- Noirs-Diamine
- Nous avons annoncé, dans notre précédent i uméro, les nouvelles marques de ces noirs, créées par la « Manufacture lyonnaise de couleurs d’alinine », et dont les reflets sont plus blpus (surtout à la lumière artificielle) que la première marque de la même maison : R O.
- Ce sont :
- Le Noir-diamine B O.
- Le Noir bleu diamine E.
- Tous ces noirs sont destinés au coton et teignent directement en ajoutant au bain :
- Sulfate de soude............ 15 0/0
- Carbonate de soude (crist.) 5 —
- ou, du reste, tout autre produit alcalin.
- Pour toutes ces marquea, et chacune avec leur reflet spécial, on obtient des teintes très voisines du noir, avec :
- Colorant...................... 4 0/0
- Des gris moyens, avec :
- Colorant.................. 10/0
- Des gris demi-clairs, avec :
- Colorant.................... 1/4 0/0
- En combinaison avec les autres couleurs diamine, azoïques, ou de benzidine, on obtient toute une série de nuances, que l’on peut varier à volonté.
- Les fabricants les proposent aussi comme fond pour bleus de cuve ;
- Et pour pièter le noir d'aniline par oxydation, mais en recommandant de préférence, pour cette destination la première marque : R O.
- Les mélange* coton teints sur bains alcalins laissent la laine ou la soie d’un gris très faible, qui peuvent ensuite se teindre sur bain acide.
- Apprêt des t^sus blancs de coton.
- Voici quelques formules données par un journal allemand, et qui, d’ailleurs, rentrent dans le type général :
- (Nous avons donné une série de ces recettes applicables aux blancs et couleurs et avec effets variés suivant destinations, dans nos deux premières années : 1888 et 1889).
- Pour 300 litres d’apprêt, on emploie :
- Fécule................... 15 kil.
- Dextrine................. 12,5 —
- Sulfate de magnésie...... 12,5 —
- Borax.................... 500 gr.
- Soude................... 250 —
- Bleu d’outremer......... 7,5—
- Autre composition plus garnissante :
- Fécule.................. 12,5 kil.
- Dextrine................. 10 —
- Terre de pipe............. 10 —
- Sulfate de megnésie..... 10 —
- Borax................... 1 —
- Soude................... 0,250 gr.
- Glycérine............... 1/2 lit.
- Bleu outremer........... 7 gr. 5
- Autre composition chargée :
- Fécule.................. 15 kil.
- Amidon de froment....... 2,500 —
- Dextrine................ 12,500 —
- Terre de pipe.......... 20 —
- Sulfate de magnésie..... 10 —
- Borax................... 0,500 gr.
- Glycérine............... 1/2 lit.
- Bleu d’outremer........... 7 gr. 5
- Préparation améliorée de l'eau de Javelle
- On recommande l’emploi du bicarbonate de soude en excès de préférence à celui de la soude pour la décomposition de chlorure de chaux, en vue de la préparation en grand de l’eau de javelle.
- 11 se produit un précipité cristallin très fin de carbonate de chaux, dont il est très facile de séparer par décantation la liqueur claire surnageante, tandis qu’avec la soude le mélange forme une espèce d’émulsion se déposant difficilement. En outre, un léger excès de bicarbonate de soude dans le liquide décolorant n’est nullement nuisible.
- Cette eau de javelle blanchit parfaitement et en fort peu de temps toute espèce de tissus de lin et de colon blanC3 ou écrus.
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Teiuturicr-Dégraisseur
- J’ai dit en parlant de l’installation des tapis, que leur usage ne pouvait être entièrement supprimé malgré l’adoption des tambours d’apprêt ; mais en possédant ces dernières machines, on en limite considérablement l’emploi, et on peut se dispenser de l’encombrant tapis tournant. Quelques tapis volants remplissent alors complètement le but, et lorsqu’on ne s’en srit pas, on les remise dans un coin où ils n’embarrassent pas.
- Pour la construction des tapis et pour les épingles à employer, je renvoie à l’article spécial que j'ai publié sur la description du matériel (1888, p. 143 et 149).
- Apprêt aux métiers
- J’ai donné aussi assez de détails sur l’installation des métiers utilisables en chiffonnage, pour que leur manœuvre soit déjà suffisamment comprise (1888, p. 134 et 142).
- 3k 500 1 » » 400
- 2k 500 1 500 3 »
- 5 kil.
- 5 —
- 3 kil.
- 1 k. 500 gr. 3 kil.
- 5 kil.
- 5 —
- 5 —
- 5 kil.
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- LA REVUE DE TA TEINTURE
- Nous avons vu les différents genres de métiers, et notamment les métiers brisés pour apprêts souples, sur lesquels j’ai dit que nous n'aurions pas à revenir.
- Ce sont les métiers à pinces (dits de Saint-Quentin) que nous avons considérés comme les plus satisfaisants, et c'est sur ceux-ci que se rapporte le procédé opératoire qui suit ; il y a peu de modifications à faire, du reste, pour l’adaptation aux autres genres de métiers.
- Voici comment on opère :
- Les jupes de robe s’apprêtent en longueur lorsqu’elles sont décousues et bâties par largeurs, c’est-à-dire les lés les uns au bout des autres ; ou apprêtées en largeur quand la jupe est toute montée, défronc^e à la ceinture et l’ourlet du bas ouvert ; cependant on peut à la rigueur laisser un ourlet ou un faux-ourlet.
- On mouille la jupe; si elle est défaite, les largeurs sont bâties les unes au bout des autres (aujourd’hui que les jupes sont taillées en pointes, ce travail devient bien difficile). On prend la lisière que l’on pique bien à fil droit sur les picots de la partie fixe des bâtis du métier, après, naturellement, que les parties à charnières aient été ouvertes ; puis, avec une brosse, on fait pénétrer l’étoffe sur les picots, et l’on abaisse la partie articulée à charnières qui correspond ; on tourne la poignée de la clé, qui maintient cette machine fermée, et on continue ainsi tout le long de l’étoffe.
- L’opération se termine de même de l’autre côté du métier, parallèle au premier.
- Une amorce ayant été cousue à chaque extrémité, on la prend à son tour dans une pièce mobile qui suit toutes les longueurs. On la fixe où l’on veut l’arrêter, et c’est cette pièce qui s’ouvre aussi et prend l’amorce pour dresser l’étoffe et l'empêcher de décrire une courbe comme cela aurait lieu si elle était tendue dans un seul sens.
- Alors, par le moyen des longues vis des extrémités, on fait écarter les barres du métier bien uniformément jusqu’à ce que les largeurs soient suffisamment tendues. On dresse ensuite en tirant les amorces des deux bouts de la pièce prises dans le petit bâti en travers.
- De cette façon, l’étoffe étant tendue dans tous les sens, il ne reste qu’à la sécher en faisant voyager le réchaud en-dessous, sur sa petite voie ferrée, et en le roulant très lentement.
- L’étoffe sèche est enfin enlevée et pliée, puis mise en presse s’il s’agit de tissus lisses.
- L’apprêt des corsages (et aussi des jupes en lés en biais) est très difficile ; il faut coudre autour et assez solidement des morceaux d’étoffes, de manière à « refaire la pièce », que l’on tend et que l’on sèche de la même manière que les morceaux ayant leurs deux lisières.
- On pourrait faire ces derniers au métier, et les morceaux irréguliers du corsage, au colleur ou au cylindre à feutre, mais l’aspect de l’apprêt n’est pas le même, par ces moyens diffé-
- rents. et il faut employer exclusivement l’un ou l’autre.
- Aussi les métiers sont-ils devenus impossibles pour les robes, qui ne sont plus en lés carrés, mais on s’en sert encore avantageusement pour les grands rideaux, les tapis de table, les dessus de lit, les châles, et toutes pièces carrées (ou rectangulaires). C’est même le meilleur procédé pour leur conserver leur rectitude et pour corriger le rétrécissement.
- Apprêt des petits rideaux
- En raison de ceu avantages, les métiers ont trouvé une nouvelle application dans l’apprêt des rideaux blancs de vitrages; c’est-à-dire des petits rideaux de mousseline et de guipure.
- 11 se fait des petits métiers légers d’une longueur de 3 mètres au plus, sur 80 à 90 centimètres de largeur ; ils se placent sur deux tréteaux et peuvent se transporter à volonté.
- Les rideaux étant enduits d’empois, et encore humides, sont montés sur ces métiers ; ils sont tendus en largeur et en longueur, avec toute l’uniformité que permet ce genre d’appareil : puis le métier portant son rideau est enlevé et porté dans une étuve-séchoir, plus ou moins chaude (préférablement de 60 à 75 degrés).
- On pique ensuite un autre rideau sur un autre métier, qu’on porte à son tour au séchoir.
- Avec quatre seulement de ces métiers, et une étuve bien chauffée, on peut sortir le premier lorsqu’on apporte le quatrième, détacher le rideau sec qu’on remplace par un humide, et continuer ainsi le travail sans interruption.
- Il est bien évident qne l’étuve n’est pas absolument indispensable -, on peut laisser la sèche se faire dans l’atelier même, mais alors elle est beaucoup plus lente, et, à moins d’avoir un grand nombre de métiers, le travail n’est pas continu.
- Ce procédé d’apprêt pour les rideaux de vitrage, donne des résultats parfaits; il n’y a rien de mieux à employer : les broderies ne sont pas écrasées, le point de guipure garde sa rondeur, les rideaux conservent leur forme parfaitement droite et leur rétrécissement est évité.
- Apprêt a la Presse
- Tous les lainages unis et certaines soieries, après avoir été épinglés au tapis, ou apprêtés au métier, doivent encore passer à la presse, afin de donner le brillant que l’étoffe n’a pas acquis par l’emploi de ces deux moyens.
- Les presses de différents systèmes et les cartons ont été décrits au chapitre du matériel (1888, p. 150).
- Voici pour leur emploi :
- Sur une perche ou une cheville, ou encore sur un tréteau, se trouvent les étoffes sortant des tapis ou des métiers et devant être mises en presse.
- Deux personnes sont habituellement employées à mettre en cartons, mais une seule peut suffire, avec plus de peine et de temps, nécessairement.
- On place un carton sur une table qui a à peu près les mesures du carton. (Les dimensions les plus usuelles des cartons sont 85 sur 65 cm.)
- On dispose une largeur d’étoffe pliée en deux dans le sens de la longueur, de façon que les lisières soient l’une sur l’autre ; c’est ce que l’on nomme : dosser un tissu. Ce morceau dossé est posé sur le premier carton, placé lui-même sur la table, comme nous l’avons vu.
- L’un des bouts doit arriver au bord du carton, et on laisse retomber l’autre ; on recouvre alors avec le deuxième carton, on ramène dessus la partie pendante de l'étoffe qu’on recouvre d’un troisième carton, et ainsi de suite jusqu’au bout du coupon.
- L’opération se renouvelle semblable pour tous les autres largeurs ou morceaux qu’on superpose sur les premiers déjà placés sur la table, de façon à établir une pile d’étoffes et de cartons.
- Tout cela va bien quand on a affaire à des rideaux et autres pièces de formes régulières, mais lorsqu’on arrive aux vêtements défaits, aux morceaux de corsage, cela devient plus compliqué.
- Pour ces morceaux, on en accouple deux pareils l’un sur l’autre, et toujours l’endroit en dehors. Dans un corsage, par exemple, il y a nécessairement deux morceaux semblables, excepté le dos, que l’on plie par le milieu, ou que l’on met simple, à volonté. Les lés de jupes en pointe se réunissent facilement deux à deux.
- Pour obtenir une pression régulière, il est essentiel de remplir les côtés vides des cartons avec des feuilles de papier épais, pliées en quatre ou en huit. (Ce papier sert indéfiniment pour toutes les pressées). Quand on a placé les morceaux irréguliers, tels que ceux de corsage, sur le carton, en perdant le moins de place possible, on remplit les vides avec du papier, on recouvre cet assemblage d’une feuille de carton, et on passe ensuite aux autres.
- On encarte toujours dans le sens de la largeur, comme sont les coupons un peu longs et plusieurs fois repliés.
- Afin d'éviter les erreurs, on met en cartons tout le même lot d’étoffes, avant d’en commencer un autre au-dessus ; on encarte une autre partie de couleur différente, et si l’on a peu de variétés de couleurs, on alterne avec des étoffes de natures diverses, comme mérinos, satir.s de Chine, etc. Enfin, on peut marquer les séparations en mettant deux cartons entre chaque partie.
- Une fois toutes les étoffes encartées, on porte la pressée sur le plateau inférieur de la presse, où on l’y place bien carrément. On
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- recouvre la pile avec une planche épaisse qui a au moins les dimensions des cartons. (Ces planches sont faites avec deux ou trois morceaux de madriers assemblés à rainures, avec bouts en chêne). Sur cette planche, on empile deux, quatre et même six plateaux ou carrés en chêne, bien égaux.
- On serre enfin la vis de l’appareil jusqu’à ce que le plateau supérieur vienne appuyer sur toute la pressée, et l’on force le plus possible , sans cependant s’épuiser en efforts, comme on le voit faire souvent.
- Il n’y a pas besoin d’une pression énorme, et un quart de tour de plus qu’on donne à la vis, en s’essoufflant beaucoup, ne change pas grarid’chose.
- Quand on veut un brillant glacé, comme sur les damas de laine ou autres, on fait chauffer des plaques de fonte, que Ton place entre deux feuilles de tôle, parmi les cartons, de distance en distance. (La chaleur à leur donner est à peu près celle du fer à repasser employé pour lingerie sèche). On presse alors aussi fortement que possible.
- Pour toute pressée, une pression de 4 à 5 heures suffit ; davantage ne nuit pas, et généralement on laisse en presse pendant une nuit.
- Le lendemain matin, on dépresse et on décarte, et ce n’est fini que pour les morceaux n’ayant pas dépassé les dimensions du carton, mais ceux qui ont dû se replier entre plusieurs cartons, n’ont pas été pressés sur les plis sortant des cartons.
- 11 faut donc encarter de nouveau ces coupons en dérangeant la place des plis, de façon qu’ils soient cette fois en pleins cartons, et Ton recommence une nouvelle pressée.
- En se servant de la presse hydraulique, le travail est le même, sauf pour le fonctionnement de la presse elle-même ; mais il faut craindre, avec cette machine, de donner quelquefois un brillant glacé et ciré.
- J’ai indiqué au chapitre du matériel, le choix des cartons suivant la nature des étoffes -, une même pressée peut contenir des étoffes en Cartons cylindrés et en mats.
- Si le travail de la presse est long, beaucoup trop long même, il faut reconnaître qu'il donne un très bel apprêt tant à l’œil qu’au toucher, mais aussi très susceptible à l’action de l’eau.
- Maurice GUÉDRON
- SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE
- de Mulhouse
- TRAVAUX DU COMITÉ DE CHIMIE
- Séance du 11 février 1891
- M. Scheurer-Kestner envoie un mémoire sur la constitution de l’huile pour rouge turc. Malgré les nombreux travaux parus sur ce sujet,
- la constitution des huiles pour rouge n’a pas encore été éclaircie d’une manière définitive. C’est pourquoi l’auteur a repris l’examen de cette question, et il communique aujourd’hui la première partie de ses recherches, qu’il se réserve de continuer.
- Par l’action d’une partie d’acide sulfurique sur trois parties d’huile do ricin, à froid, on obtient une huile pour rouge, qui est constituée, pour les deux tiers, d’acide sulforicino-léique hydraté soluble dans l’eau, et pour un tiers d’un acide gras liquide, insoluble dans l’eau , mais soluble dans une dissolution aqueuse du premier. L’acide sulforicinoléique est beaucoup plus soluble qu’on ne le croyait jusqu’à présent ; il n’est nullement attaqué par l’eau froide et ne se décompose que par l’action de l’eau bouillante ou des acides.
- Au point de vue de l’application pratique, M. Scheurer-Kestner a constaté que l’acide sulforicinoléique donne au rose à l’alizarine l’avivage jaunâtre, tandis que l’huile insoluble lui donne l’avivage carminé.
- Le comité demande l’impression au Bulletin de cet intéressant travail.
- M. Schæffer présente de la part de M. Henri Schaeffer, à Lowel, une note sur l’application d’une nouvelle matière colorante brune, Tes-saïenne, qui résulte de l’action de Thydrosul-fite de soude sur la dinitrosorésorcine, et qui se fixe à l’acétate de chrome.
- Ce travail est renvoyé à l’examen de M. Binder.
- M. Hochstetter offre au comité une brochure sur « l’attaque du plomb par l’acide sulfurique et de l’action protectrice de certaines impuretés, telles que le cuivre et l’antimoine *». — Des remerciements sont adressés à l’auteur.
- M. Hochstetter signale le fait important que le plomb parfaitement pur s'attaque très rapidement par l’acide sulfurique à chaud, mais qu il devient tout-à-fait inattaquable quand il contient environ 0,1 à 0,2 0/0 de cuivre.
- MM. Favre et Braun appellent l’attention du comité sur « l’indigo purifié », qui donne d’excellents résultats quand on l’emploie en cuve en mélangé ?vec Tindophénol.
- M. Nœlting présente les. mémoires sur les dérivés du tnphénylméthane, dont il avait donné un résumé à une des séances précédentes. — L° comité en demande l’impression.
- M. Lunge envoie au comité des tirages à part de plusieurs de ses travaux, entr’autres un rapport sur les progrès de la grande industrie chimique pendant Tannée 1890. — Le comité lui en exprime ses remerciements.
- APPLICATION
- DU SULFURE DE MANGANÈSE COMME COULEUR PLASTIQUE (1)
- Par U. Ph. de CLERHOKT
- Je propose d’employer le sulfure de manganèse vert déshydraté comme matière colorante. Ce corps, qu’on obtient si facilement avec les résidus de manganèse, leur donnerait ainsi une valeur que souvent ils n’ont pas.
- Voici les essais que j’ai faits jusqu’à ce jour dans ce sens et qui m’ont donné des résultats favorables.
- Aussitôt que j’ai ru publié avec M. Guiotla note sur le sulfure de manganèse (voir Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, tome LXXX1V, page 653, séance du 2 avril 1877), j’ai cherché à appliquer ce sulfure à la peinture; voulant circonscrire mes efforts, je n’en ai cherché que l’application aux papiers peints.
- Il m’a semblé de prime-abord que son emploi pour les toiles peintes rencontrerait quelques obstacles à cause de la cherté du mordant d’albumine qu’il serait nécessaire d’employer.
- Je relaierai ici les deux séries d’essais qui ont été faits; les premiers se rapportent à la préparation du sulfure et les seconds à son application industrielle.
- 1° Le sulfure de manganèse, qui se produit lorsqu’on verse du sulfure d’ammoniaque dans du chlorure de manganèse, est couleur chair -, à la longue ou à l’ébullition, il passe au vert. Si on filtre ce sulfure vert, qu’on le lave et qu’on le sèche, on obtient une poudre verte des plus instables, s’oxydant à l’air avec la plus grande facilité à la température ordinaire et surtout à 100".
- J’ai donc cherché à le rendre inaltérable et stable ; j’ai atteint ce but en enlevant l’eau d’hydratation au sulfure vert-, à cet effet,je le chauffe dans un courant de gaz hydrogène sulfuré, ou acide carbonique ammoniac, à une température modérée. J’opérais généralement en mettant le sulfure lavé et rapidement comprimé dans un tube de terre cuite chauffé sur une grille à analyse -, au bout de peu de temps, l’opération était achevée ; je laissais refroidir le tube en laissant passer le gaz, et, apres refroidissement, je défournais le sulfure vett qui était devenu stable et inaltérable à l’air. Le sulfure couleur chair donne les mêmes résultats que le sulfure vert ; toutefois il m’a paru préférable, sous le rapport de la qualité du produit, de faire passer, au moyen de l’ébullition, le sulfure du rose au vert avant de calciner.
- C’est en suivant ce procédé que j’ai pu préparer plusieurs kilogrammes de sulfure vert qui ont servi à divers essais. Le gaz dont je faisais usage de préférence et aussi à cause de
- (1) Communiqué à la Société Industrielle de j Mulhouse.
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- son bas prix de revient, était l’acide carbonique.
- Je ne doute pas qu’entre des mains habiles ce procédé ne puisse devenir facilement industriel .
- 2° M. Ivan Zuber, à Rixheim, en Alsace, a bien voulu faire des essais sur papier peint avec le produit que je lui avais adressé. Le vert se pulvérise bien, résiste à la lumière solaire sans s’altérer, et, appliqué sur papier, il donne des nuances couleur feuille morte. M. Zuber a fait préparer plusieurs rouleaux de beau papier peint avec le vert et avec des mélanges de vert et de craie de Meudon.
- Je pense aussi qu’il serait facile de faire usage de ce vert pour la peinture à l’huile ; les quelques essais que j’ai faits moi-même me prouvent que la couleur couvre bien et qu’elle résiste à tous les agents atmosphériques, ainsi qu’à la lumière solaire, sans allé -ration aucune.
- J’ajouterai, en terminant, que j’ai fait les essais décrits dans cette note, au laboratoire de l’Ecole polytechnique, au commencement de 1877, et que j’ai été secondé avec dé vouement, dans tout le cours de ces recherches, par M. Guiot, élève du laboratoire.
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- La commission du travail. — La
- commission de la protection du travail a entendu et approuvé le rapport présenté par son rapporteur, M. Martelin , filateur à Saint-Rambert-en-Bugny (Ain). Les conclusions qu’elle a approuvées sont les suivantes :
- 1° Payement du salaire rendu obligatoire au moins deux fois par mois ; 2° interdiction de payer les salaires en nature ou en bons et jetons ; cette proposition a été adoptée grâce aux efforts de M. Favette, chef du cabinet du ministre du commerce ; 3° fixation au huitième de la partie saisissable comme de la partie cessible du salaire -, h° diminution considérable des frais de saisie-arrêt et des délais de procédure, en substituant la justice de paix au tribunal civil, les greffiers des justices de paix aux huissiers des tribunaux civils, la lettre recommandée a l’exploit d’huissier; 5° vœu énergique en faveur du développement des sociétés coopératives.
- Les séances de la commission ont ensuite été occupées par la question des bureaux de placement.
- Nous signalons aussi, comme se rapportant aux mêmes sujets, que la commission chargée de l’examen des diverses propositions ayant pour objet la protection du travail des ouvriers français contre la concurrence des ouvriers étrangers résidant en France, a repoussé le principe d’une taxe. Elle a décidé qu’il y avait lieu d’imposer aux ouvriers étrangers l’obligation d’une déclaration de séjour et d’un visa en cas de déplacement.
- —o—
- Crève des teinturiers. — Le 13
- courant, M. René Selosse, teinturier-apprê-teur de velours, à Amiens, occupant deux cents ouvriers, avait fait afficher dans ses ateliers
- un avis informant les teinturiers qu’à partir du 16 courant, l’heure ne serait plus payée que 30 centimes au lieu de 32 c. 5. La journée de onze heures de travail, qui était de 3 fr. 55, se trouvait donc abaissée à 3 fr. 30.
- Le lendemain, avant l’entrée dans les ateliers, les teinturiers ontdemandé confirmation de cette réduction. Sur la réponse affirmative qui leur a été faite, ils se sont mis en grève.
- Ils étaient au nombre de soixante-seize.
- Ce différend s’est cependant arrangé; la plus grande partie des grévistes, au nombre de quarante-deux, sontrentrés, si bien qu’avec les nouveaux embauchés tous les baquets des teintures sont au complet.
- Il en résulte que le tarif de 0 fr. 30 l’heure au lieu de 0 fr. 32 1/2 est accepté par la majorité des ouvriers. Les vingt-quatre grévistes qui n’ont pas voulu subir cette réduction ont reçu leur livret.
- Cette grève des teinturiers est ainsi terminée.
- Crèves de tisseurs. — Cent cinquante ouvriers du tissage Lung, deMoussey (Vosges), viennent de se mettre en grève, par suite d’un refus d’augmentation de 50 centimes par cent mètres de tissus. Leur demande était basée sur la mauvaise qualité du coton employé qui ralentit leur travail.
- — Les tisseuses de la filature Manchon, à Rouen, au nombre de cent cinquante environ, se sont mises en grève parce qu’on voulait diminuer les prix de leur travail. Elles ont quitté l’établissement avec calme et ne veulent reprendre le travail qu’avec la promesse que les prix actuels seront maintenus.
- —o—
- lie Protectionnisme à Lyon. —
- L’industrie lyonnaise s'est toujours montrée essentiellement libre-échangiste, m^is là aussi tout le monde n’est pas d’accord.
- Un comité a pris l’initiative d’organiser une réunion pour répondre à la campagne libre-échangiste. La réunion a eu lieu à la Bourse du Travail. Les assistants, très nombreux, appartenaient à toutes les corporations de la soierie.
- Tous les orateurs, sauf un, se sont déclarés partisans des droits protecteurs pour les tissus de soie, c’est-à-dire d’une taxe sur les tissus de soie étrangers importés en France. Ils attribuent au régime libre-échangiste la décadence qui s’est produite à Lyon depuis 1860 dans l’industrie de la soie.
- Quelques jours après, une réunion tumultueuse avait lieu à la Croix-Rousse, où les ouvriers des diverses corporations de la soierie avaient été convoqués par leurs syndicats respectifs pour discuter les tarifs douaniers. Après une contestation assez vive, les protectionnistes ont fini par rester maîtres du bureau.
- Plusieurs orateurs ont pris la parole en sens divers, et comme les protectionnistes étaient les plus nombreux dans la salle ils ont voté de nouveau l’ordre du jour qu’ils avaient déjà adopté à la réunion de la Bourse du travail.
- —o—
- Incendie causé par un alambic à benzine. — Dans notre premier numéro de l’année, nous signalions un incendie survenu pendant une distillation de benzine chez un teinturier-, et nous disions qu’un
- procès avec la Compagnie d’assurances était probable.
- Aujourd’hui, il est certain que le différend sera porté devant les tribunaux, et nous craignons bien que notre confrère succombe, devant un rapport d’expert qui nous a été communiqué et qui conclut que la distillation des benzines n’est pas un travail de teinturier en vue duquel la police d’assurances a été délivrée.
- Désormais, il sera donc nécessaire d’indiquer dans ces contrats faits avec les Compagnies, que la distillation des benzines (quand on la fait) est comprise dans les risques, mais aussi les primes payées par l’assuré seront augmentées.
- Voilà des difficultés que ne soulève pas l’emploi des clarificateurs ou filtres à benzine, et cela ajoute à l’utilité de ces appareils, en dehors des autres considérations que nous avons exposées dans notre numéro du 25 octobre 1890 (p. 147), où nous disions, notamment, qn’il n’est pas indispensable de dégraisser à fond les vieilles benzines.
- Le clar.fîcateur Henri donne un produit très convenable.
- I^es teinturiers en plumes. — Le
- banquet du syndicat de ceite corporation a eu lieu le janvier, chez Marguery; ce dîner tout intime a été très gai et très cordial.
- Peu de jours après, le 28 janvier, le syndicat avait une séance, où il a émis le vœu :
- « ... Que la chambre syndicale des fleurs et plumes veuille bien décider, dans l’intérêt commun des branches qui collaborent à cette importante industrie d’inviter, à l’avenir, les auteurs ou propriétaires des cartes de nuances adoptées ^ar elle chaque saison, à bien vouloir diminuer, aussi sensiblement qu’il est possible, le nombre des écbantiilons-types qu’elles contiennent habituellement et qui tend plutôt à la division des commandes qu’à les renforcer. »
- Sur une motion du président, le syndicat s’est constitué en une commission pour 1h révision des prix de façon insuffisamment rémunérateurs.
- Laquelle commission se divise en quatre sous-commissions, représentant bien les diverses spécialités dans la corporation :
- Sous-commission n° 1. — Couleurs sur autruche : M. Et. Siévenot, president.
- Sous-commission n° 2. — Noirs sur autruche : M. L. Conort, président.
- Sous-commission n° 3. — Blanchiment : M. Alex. Vincent, président.
- Sous-commission n° lx. —Couleurs et noirs en vracs : M. A. Cambier, piésident.
- — o—
- nécrologie. — Nous apprenons la mort de M. Philibert Julien, fondateur de la maison, actuellement : « Les fils de Ph. Julien », à Pantin.
- M. Philibert Julien était l’un des plus importants manufacturiers de cette ville, près de Paris, où il avait établi une teinturerie de soie de coton et de laine filés, depuis quelque temps dirigée par ses fils.
- Ses obsèques ont été célébrées en présence d’une foule considérable.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes )
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- LA
- 4e Année, N° 5.
- REVUE DE
- ET DES COLORATIONS
- SCI E NT IA
- N EGOTIUM
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- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES *• »«* *891.
- SOMMAIRE
- Chronique. — Consultation technique sur un brevet pour noir cl’aniline (suite).. — Des nuançages de la draperie. — Noir Villedieu.
- Procédés divers : Aladin ; Vert laine ; Jaune pour laine; Noir-Naphtol nouveau; Thiocar-min ; Imperméabilisation.
- Chronique industrielle. — L’Industrie de Bo-hain. — Note sur l’hydrotimétrie. — Teinture en chiffonnage. — La journée de travail. — Chambre syndicale de Paris. — Chambre syndicale de Lyon. — Brevets récents (catalogue). — Informations et Faits divers.
- d’Australie et du Cap seront frappées d’une surtaxe de 3,60 par J 00 kil. lorsqu’elles n’arriveront pas directement des pays de production dans les ports français.
- Or, les lois n’ont pas le pouvoir de changer les vieilles coutumes commerciales, et si un fabricant voit une opération avantageuse d’achat de laines à négocier à Londres ou à Anvers, la surtaxe d’entrepôt viendra lui annuler les bénéfices de cette opération.
- Nous espérons encore que l’indus-hie lainière ne sera pas mise en échec Par cette manœuvre de la dernière heure.
- *
- ¥ ¥
- La situation, en ce moment, s’amène dans son ensemble, avec, toujours, quelques exceptions.
- A Roubaix-Tourcoing, c’est encore ue l’indécision.
- Les collections de lainages classiques pour robes sont prêtes à peu près Partout : les fantaisies suivront inces-
- samment.
- L’année passée, on tendait à revenir
- au bouclé. Le genre est tout-à-fait en faveur maintenant : bouclé sur armures peignées, bouclé sur amazones, bouclé sur chevillottes. Il s’adapte, du reste, à merveille aux genres si variés de la fabrication de Roubaix.
- Les articles coton sont toujours d’une bonne vente, et ce qui le prouve, c’est le nombre toujours croissant des métiers à tisser ces articles.
- Actuellement, ce sont les tissus d’hiver qui vont être offerts, et pour ladite saison, les lainages sont toujours plus favorisés.
- Il y a un peu plus d’animation à Fourmies.
- La nouveauté a été bien occupée à Elbeuf pendant le mois de février ; on revient de plus en plus aux genres cardés. Les cheviots et draps de dames ont toujours un bon courant, et les draps militaires et d’administration ont présenté une grande activité.
- Sedan paraît revenir à la vie ; on sait que cette place était fort délaissée ; elle fait en ce moment des efforts heureux pour reprendre une partie de son ancienne importance.
- Le dernier bulletin de Reims est A peu près analogue à celui de la précé-1 dente quinzaine : bonnes affaires sur la laine, calmes pour les tissus; les fils en cardé fins sont les plus demandés ; les flanelles se vendent couramment; les nouveautés, molletons, cachemires et mérinos sont dans ce calme général signalé pour les tissus.
- Le marché des soies est très favorisé à Lyon ; la fabrique a conservé une activité très satisfaisante pour l’époque, et ses besoins alimentent le commerce des soies.
- * *
- En Angleterre, les dispositions générales ne sont pas satisfaisantes.
- On écrit d’Huddersfield, le 7 mars, que les affaires étaient calmes pendant la dernière semaine. On prépare de nouveaux échantillons pour la saison d’été. Les fantaisies en worsteds pour les Etats-Unis continuent à être très bien demandées.
- A Bradford, les affaires avec l’Orient ne sont pas satisfaisantes. Quant aux marchés intérieur et américain, la situation est toujours la même; on
- constaterait plutôt une légère amélioration. A Leeds, les ordres en retour pour le printemps et l’été arrivent en abondance; les tissus les plus demandés sont les worsteds, les tweeds et les serges.
- A Berlin, pendant la précédente quinzaine, le commerce s’animait un peu pour les mauufacturés tout faits et pour les fils.
- Le marché aux étoffes était un peu meilleur pour les étoffes pour dames ; les draps, les cuirs de laine et les marchandises de coton étaient très calmes.
- Les nouvelles d’Italie sont loin d’être satisfaisantes ; la grève qui a éclaté à Schio, chez le grand manufacturier et sénateur G. Rossi, jette la perturbation dans la production lainière.
- Revenant à l’Angleterre pour parler des cotonnades, nous signalons la correspondance suivante de Manchester :
- « On note quelques affaires dans les divers articles pour l’Inde, et quelques ordres pour la Chine. Pour des marchés étrangers de moindre importance, les affaires sont restreintes. Les tissus sont passablement soutenus en valeur, excepté les imprimés dans les basses et moyennes qualités dont les cours sont quelque peu irréguliers. Les filés sont sans changements; la demande pour la consommation dénote une légère amélioration ; toutefois, l’exportation est calme.
- *
- ¥ ¥
- Un genre de fabrication qui a acquis une grande importance dans ces dix dernières années principalement, est celle de la bonneterie.
- Cette industrie, qui intéresse également la laine, le coton et la soie, a vu ses produits se substituer en partie à ceux du tissage. Réduite autrefois aux bas, mitaines, caleçons et bonnets, elle fait aujourd’hui des vêtements entiers, des articles élégants de mode et de fantaisie ; l’un de ses grands succès a été le jersey, qui est maintenant d’un usage universel ; le gilet de chasse est aussi d’une grande consommation ; la draperie elle-même imagine de fouler sur tricotine, afin de produire des draps prêtant en tous sens. Ce sont, d’ailleurs, ces articles qui sont employés
- CHRONIQUE
- Cette quinzaine a été assez vide d’événements, ce qui n’est pas ordinairement un mal, car nous avons à en enregistrer souvent plus de fâcheux que d’agréables, à notre époque de réglementation à outrance et de tutelle administrative.
- La préoccupation du moment est la surtaxe d’entrepôt pour les laines au moyen de laquelle on veut éluder la franchise de cette matière première, admise en principe. La commission des douanes ayant décidé que les laines
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- pour les culottes de cavaliers, militaires ou civiles.
- La bonneterie, jadis tant raillée, est maintenant une industrie élégante, et ses produits figurent avec honneur dans les étalages les plus luxueux. Elle a ses chambres syndicales, son école spéciale, ses journaux et ses traités ex professo ; des ingénieurs de grand mérite s’adonnent exclusivement à ses travaux et à la construction de son matériel.
- Nous signalerons une nouvelle publication qui lui est consacrée « le Moniteur de la Bonneterie et du Tricot » , et nous adressons à notre nouveau confrère nos compliments de bienvenue et nos souhaits de longue vie. Il s’est, du reste, implanté sur un terrain fertile.
- *
- * *
- Une autre industrie toute moderne est celle du teinturier-dégraisseur ; voilà une trentaine d'années qu’elle a commencé son évolution ; c’était alors un bien petit métier, aujourd’hui c’est l’une des professions les plus avancées et les mieux outillées.
- Les travaux que nous publions des chambres syndicales de Paris et de Lyon démontrent les progrès de son organisation, et aussi la nécessité de se grouper solidement pour lutter contre l’empiètement des faux teinturiers.
- A ceux qui teignent, nous signalons la nouvelle forme du Noir-Villedieu, qui simplifiera beaucoup le travail ingrat des laine-coton. Le blanchiment des lainages de M. Lyon vient, de son côté, supprimer tous les ennuis du sou-froir. C’est ainsi que les travaux du chiffonnage se perfectionnant sans cesse, sont arrivés à créer une industrie qui n’aura bientôt plus rien à envier aux fabricants d’articles neufs.
- L’époque actuelle est celle de son travail, et l’ouvrage rentre abondamment en ce moment. Certains ateliers de Paris et des environs, qui sont de véritables usines, donnent le spectacle de la plus fertile activité.
- F. Gouillon.
- CONSULTATION TECHNIQUE
- Sur un brevet de M. ABEL HENRY et Cie
- TEINTURIERS
- A SAVONNIÈRES, PRÈS BAR-LE-DIIC
- Relative à la teinture du coton
- En NOIR D’ANILINE — Suite —
- Ce mémoire a été publié à propos d’un procès actuellement pendant, par lequel : MM. Abel Henry et Cie, poursuivent en contrefaçon MM. Marchai Falck et Cie, teinturiers à Troyes.
- « Le procédé, écrit Théodore Château (Encyclopédie Roret, Couleurs d'aniline, 1868, t. II, p. 109), consiste à imprimer ou à teindre
- le tissu avec un mélange de :
- Chlorate de potasse........... 25 gr.
- Aniline....................... 50
- Acide chlorhydrique........... 50
- Perchlorure de cuivre à 1,44.. 50
- Sel ammoniac.................. 25
- Acide acétique................ 12
- Empois d’amidon............... 1 litre.
- « Ce tissu, imprimé et séché, est exposé à l’air (chambres d’oxydation) deux jours environ. Après ce temps, on lave dans une eau légèrement alcaline, et le noir, qui s’est développé dans la chambre d’oxydation, se trouve fixé. »
- La composition primitive de la couleur ne tarda pas à être modifiée, en ce qu’on remplaça souvent le perchlorure de cuivre par le sulfate de cuivre, et l’acide acétique par l’acide tartrique. En outre, on eut l’idée de compléter l'oxydation de la couleur par un traitement au bichromate de potasse. Il est à propos de citer, à cet égard, quelques passages de l’ouvrage de M. Schutzenberger (Traité des matières colorantes, 1867, t. I, page 511) :
- NOIR D’ANILINE ,
- « La découverte de cette nouvelle couleur a, dès son apparition, vivement fixé l’attentijn des fabricants d’indienne. Elle est due à M. John Lightfoot, d’Accrington. Son procédé fut breveté en France, en janvier 1863, et l’exploitation en fut cédée à la Maison J.-J. Muller j et Cie, de Bâle. Les éléments essentiels de la préparation à imprimer ou à plaquer, pour noir, sont le chlorhydrate d’aniline, le chlorate de potassium, le chlorure ou le sulfate de cuivre, et un acide organique ou mieux du sel ammoniac. La couleur n’exite pas au moment de l’impression, mais elle se développe peu à peu sur le tissu même, dans la chambre d’oxydation, sous la triple influence oxydante du chlorate de potassium, du sel de cuivre et de l’oxygène de l’air. Ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’un seul de ces agents ne suffit pas ; la génération du noir exige leur concours simultané.
- « Pour l’impression, on commence par pré-
- parer de l’empois d’amidon à 120 gr. par litre ; on y dissout à chaud le chlorate de p0. tasse et le sel de cuivre ; puis, après refroi-dissement, on ajoute le chlorhydrate d’aniline et l’acide acétique ou tartrique.
- « Voici quelques recettes pour noir, qui se rapportent au procédé primitif de Lightfoot ;
- I
- Eau........................ 2250 cent. cub.
- Amidon..................... 275 gram.
- Sulfate de cuivre....... 56 —
- Chlorate de potasse..... 56 —
- Cuire pour empois et y dissoudre à chaud.
- « Remuer jusqu’à complet refroidissement puis ajouter :
- Chlorhydrate d’aniline cristallisé 175 gr.
- « Imprimer, sécher à une douce tempéra-ture et exposer pendant 36 à 48 heures dans une chambre humide chauffée à 30° centigr. environ (chambre d’oxydation, ageing room).
- Passer dans un bain de bichromate à 6 °f
- / 0)
- laver à l’eau courante. On peut à la rigueur se passsr du bain de bichromate (1).
- II
- Empois d’amidon........... 1 litre
- Chlorate de potasse....... 25 gram.
- Aniline...................... 50 —
- Acide chlorhydrique....... 50 —
- Bichlorure de cuivre à 1,44
- de densité................ 50 —
- Sel ammoniac................. 25 —
- Acide acétique.............. 12 —
- « Imprimer, sécher, exposer à la chambre d’oxydation pendant deux jours, laver dans une eau légèrement alcaline.
- III
- Eau........................... 6 litres.
- Amidon blanc................. 850 gram.
- Sulfate de cuivre........... 180 —
- Chlorate de potasse....... 180 —
- Chlorhydrate d’aniline ... 450 —
- Cuire à formation d’empois.
- Le procédé Lightfoot, fournissant un noir velouté très riche et très solide, fut mis à l’essai dans la plupart des fabriques d’indienne ; mais on ne taida pas à l’abandonner presque complètement, vu les inconvénients graves qu’oflre son application.
- « La grande quantité de sels de cuivre renfermés dans la couleur acide et oxydante détermine l’attaque des rouleaux. La fibre tex-
- (1) Cette dernière phrase exprimait peut-être une opinion personnelle à l’auteur, M. Schutzenberger. Le fait est que, depuis bien des années, l’emploi dJun bain de bichromate de potasse acidulé et chauffé à 70 degrés ou au-dessus a été universellement recommandé pour Axer le noir d’aniline. Le témoignage le plus probant à cet égard, est le pli cacheté présenté par la maison Frères Kœchlin à la Société industrielle de Mulhouse, le 9 avril 1876, et ouvert dans la séance du 29 novembre 1876; pli cacheté devenu célèbre, en ce qu'il a fait la preuve d’un gros scandale industriel.
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- tile est toujours plus ou moins altérée ou brûlée. Enfin, la préparation ne se conserve pas longtemps ; la réaction génératrice du noir se fait avant l’impression, à la température ordinaire, et il ne peut plus y avoir fixation. 1
- Ainsi, il ressort de ce qui précède, et c’est de l’histoire, que, dès le principe, on employait, pour former le noir d’aniline, du chlorhydrate d’aniline, du chlorate de potasse, un sel de cuivre (chlorure ou sulfate), du sel ammoniac et de l’acide acétique ou tartrique. Après avoir fait sécher à une douce température la fibre imprégnée de la solution contenant ces différents corps, on développait la couleur à l’étuve humide à 30°, et on fixait au bichromate de potasse ; enfin, on rinçait.
- Or, quel est le procédé breveté en 1886, c’est-à-dire 23 ans plus tard, par MM. Abel Henry et Cie ?
- Au premier abord, il semble s’écarter d’une manière notable du précédent ; les titulaires indiquent, en effet, l’emploi de l’ammoniaque en poudre ! La réunion de ces mots sonne mal à l’oreille d’un chimiste et, pour lui, n’aurait aucun sens. MM. Abel Henry et Cie ont jugé nécessaire d’en donner l’explication dans un certificat d’addition. Ils précisent bien, cette fois, qu’il faut entendre par ammoniaque en poudre du commerce du chlorhydrate d’ammoniaque (sel ammoniac).
- Les auteurs emploient donc un mélange de chlorhydrate d’aniline, de chlorate dépotasse, de sulfate de cuivre, de nitrate de fer, de sel ammoniac et d’acide tartrique. Les fils imprégnés de la solution sont séchés à un séchoir ventilateur chauffé à 35° au plus, puis portés dans une étuve chauffée à 30° au maximum et maintenue à cette température ; le noir, une fois développé, est fixé au bichromate de potasse rendu acide, puis lavé. (1)
- En quoi ce procédé diffère-t-il de celui de Lightfoot, tel qu’on le pratiquait, il y a 27 ans ? Serait-ce par l’introduction du nitrate de fer dans les éléments de cette couleur ? Voyons donc si la présence de ce sel offre quelque mérite, quelque nouveauté. Avait-on employé le fer avant MM. Abel Henry et Cie, comme élément du noir d’aniline ?
- Une note d’Emile Kopp, publiée dans le Moniteur scientifique de 1863, p. 530, fait connaître que, pour éviter l’attaque des râcles dans l’impression en noir d’aniline, on peut remplacer le sel de cuivre par du chlorure de fer. Depuis lors, le fer a été utilisé dans nombre de préparations pour cette couleur, notamment dans le procédé breveté par MM. Ja-rosson et Muller Pack (juin 1872).
- Du reste, dans un autre brevet pris en Angleterre, à la date du 12 octobre 1870 (n° 2692J John Lighifoot, après avoir indiqué des mo-
- (1) Les auteurs du brevet donnent au traitement Par le bichromate de potasse le nom de deuxième mordançage. C’est là une expression inexacte qu’il est nécessaire de rectifier.
- difîcations à son procédé primitif de noir, termine ainsi :
- « Pour l’impression ou la teinture, on pourra employer, afin de produire un beau noir, d’autres sels métalliques, sulfures ou oxydes que ceux de cuivre ; on se servira par exemple de sels de fer, de leurs oxydes ou sulfures, ou de sels solubles, d’oxydes ou de sulfures d’uranium, de vanadium , ou encore les métaux mentionnés ci-dessus pourront être employés dans un grand état de division ; mais, dans tous les cas, je préfère me servir d’un sel de cuivre soluble ou insoluble, comme donnant le meilleur noir. »
- D’après cela, la nature du sel de fer, ajouté avec le sel de cuivre au mélange de chlorate de potasse et de sel d’aniline, ne peut donner aucun caractère nouveau au brevet de MM. Abel Henry et Cie.
- Au surplus, dans un mémoire inséré au Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, 1871, p. 285, John Lightfoot rend compte d’une étude qu’il a faite sur l’action des différents métaux dans le développement du noir d’aniline. Sa conclusion est que le développement le plus rapide de la couleur s’obtient par le vanadium, ensuite par le cuivre, puis par l’uranium, enfin par le fer.
- Un autre chimiste, M. Kruis, de Prague, exposait à son tour, peu d’années après (voir Moniteur scientifique, 1874, p. 927) les expériences comparatives qu’il avait faites, au point de vue de la nuance, sur la production du même noir à l’aide de différents sels métalliques, abstraction faite de ceux de vanadium.
- U conclut de ses essais que peu de métaux donnent un noir intense; qu’en dehors du cuivre, il n’y a guère que le fer, le cérium et le manganèse. Le plus beau noir serait fourni par le cérium ; le noir au manganèse égalerait celui au cuivre ; celui au fer lui serait inférieur.
- La question du choix des métaux a donc été étudiée sérieusement en ce qui concerne la rapidité du développement de la couleur et la beauté du noir.
- Gomme emploi des sels de fer, on aurait pu citer également le procédé par étendage deM. Ladureau (1874). Ce chimiste se servait, pour développer le noir d’aniline, du mélange de sels de manganèse et de fer qui résultent de la préparation du chlore. Ce procédé a été répandu dans le Nord et dans l’Est de la France.
- Comme différence avec les procédés primitifs décrits par M. Schutzenberger, il est à remarquer que MM. Abel Henry et Cie ne parlent pas d’étuve humide, mais de séchoir. Tous les praticiens trouveront qu’ils ont tort et qu’une étuve humide est préférable à un séchoir simple. La couleur s’y développe mieux et le fil est moins brûlé.
- On remarquera aussi que, dans leur certificat d’addition, MM. Abel Henry et Cie se réservent de remplacer l’aniline par ses homo-
- logues, la toluidine et la xylidine. C'est encore un emprunt fait à d’autres brevets, entre autres à celui de M. Charles Lauth, du 5 mai 1869 (n° 85,554) et à celui de Lightfoot, de 1870, où l’on rencontre ce passage au début même de la description :
- « Ces perfectionnements consistent dans la production d’une couleur ou teinture noire sur les tissus ou les fils en les imprimant ou les imprégnant d’un sel d’aniline, ou de certains de ses analogues, mélangés avec certains agents oxydants décrits ci-après. »
- Ce remplacement de l’aniline par ses homologues, toluidine, cumidine, xylidine, n’a pas d’intérêt au point de vue industriel, l’expérience ayant établi que les noirs à l’aniline pure étaient plus beaux que tous les autres. Ainsi, la modification n’est pas nouvelle et elle est désavantageuse.
- D’après ce qui précède, le brevet de MM. Abel Henry et Cie contient-il quelque chose de nouveau ?
- Evidemment non, ni comme éléments de la couleur, ni comme traitement.
- Leur noir a-t-il quelque supériorité sur les autres ?
- Nôn plus.
- Il ne décharge pas par le frottement, sans doute, mais celui de Lightfoot, dont il est la copie, pas davantage.
- Celui de Ligbtfoot brûlait la fibre, celui de MM. Abel Henry ét Cie la brûle aussi bien. 11 n’y a donc ni invention ni progrès d’aucune sorte dans le brevet en question, et la conviction du soussigné, qui serait partagée par tous les coloristes du monde, est que ce brevet est aussi nul que possible.
- Si les antériorités indiquées plus haut n’avaient pas été largement suffisantes pour l’établir, on aurait pu citer un certain nombre de noirs par étendage qui annuleraient à leur tour ce brevet ; par exemple : le noir Pin-ckney, breveté le 2 février 1874 (n° 102,050); le noir Blackwood (1874) pour l’obtention duquel on vendait deux solutions séparées, l’une de sel d’aniline, l’autre de chlorate de potasse et de sulfate de nickel, qu’on mélangeait au moment de l’emploi ; le noir Peltzer, du 25 novembre 1879, par les sels de vanadium et d’autres métaux ; le brevet Hust, du 23 septembre 1881.
- Tous ces brevets aussi sont mort-nés ; mais ils suffiraient, on ne saurait trop le répéter^ pour annuler encore celui de MM. Abel Henry et Cie, s’il était nécessaire.
- U a semblé préférable au soussigné, pour faire ressortir cette absence de nouveauté, de remonter aux applications industrielles du premier brevet de Lightfoot de 1863.
- (A suivre.)
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- DES NUANÇAGES de la DRAPERIE
- Les effets nommés twinés sont toujours usités dans un grand nombre d’articles en peigné et en cardé. Avec ce dernier filé notamment on fait une certaine quantité de genres variés qui sont parfaitement accueillis.
- On connaît les articles que nous voulons citer. Ce sont ceux dont la chaîne est claire, la trame foncée. Avec des filés de grosseur moyenne et des croisures d’endroit très serrées (très enlacées) on obtient des effets assez délicats à l’œil. Seulement le caractère de cette composition maintient le nuançage dans une demi-teinte point franche qui n’arrive jamais ni au très clair, ni au très foncé, sans nuire au dessin. D’un autre côté, ces étoffes ne sont point salissantes, elles se conservent bien au porter, soit en pantalon, en veston ou en complet, sans perdre leur cachet primitif; c’est là un avantage que le consommateur apprécie et que tous les tissus n’offrent pas.
- Le plus souvent, la chaîne, sauf les filets, est blanche, en laine pure. Quelquefois en teintes très claires : gris, beige, perle, mastic, ou en bourette de so e blanche pure, ou laine et bourrette. La trame est noire ou de teintes foncées : marron, gris, bleu.
- Dans les rayures les filets sont de demi-teintes, ou aussi de teintes très opposées au fond de la chaîne c’est-à-dire noir, vif, etc. j On met aussi des filets de soie pure ; Des re- | tors noirs laine et grosse soie de nuance vive ; des retors laine de couleurs assorties.
- Les jeux de nuance sont très variés, légers ; quelques combinaisons donnent des effets ombrés.
- Les carreaux sont d’un nuançage plus spécial. La chaîne se compose exclusivement de couleurs claires et la trame de couleurs foncées, à peu près de mêmes tonalités entre elles. Pour obtenir la contre-partie des filets on tisse comme l’ourdissage, mais en mettant du foncé pour clair, soit :
- J chaîne, blanc, trame, noir, chaine, noisette, trame, marron, chaîne, cendré, trame, brun.
- chaîne, beige, trame, bronze, chaîne, plomb clair, trame, ardoise, chaine, gris clair, trame, gris foncé.
- ou tous autres mélanges dans le même esprit.
- L’amalgame de ces couleurs se fait souvent par petits groupes en chaîne et en trame soit 1 et 1, 2 et 1, 2 et 2, 3 et 3, etc., et l’ensemble du carreau atteint deux, trois ou quatre centimètres.
- L’aspect entièrement brut est usité, mais le demi-brut convient beaucoup plus. Par le premier on entend que l’étoffe a reçu un foulage un peu marqué et que les filaments qui ont couvert l’etoffe pendant cette opération sont
- conservés, ce qui lui donne un aspect grossier et voile la croisure. Par le second, au contraire, on veut que l’endroit du tissu se montre à peu près net. Naturellement le tondage est plus ou moins important, selon que le foulage a rendu la surface peu ou beaucoup pelue. Enfin, les divers pressages de l’étoffe humide lui donnent une ténuité convenable, sans lustre, une douceur agréable au toucher, et un cachet très en faveur.
- (Les tissus).
- ♦
- NOIR VILLEDIEU
- Nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs du procédé de noir de M. Villedieu, applicable à toutes étoffes, rapide, économique et bon teint.
- L’auteur a pensé que le meilleur moyen d’en faire profiter l’industrie de la teinture était de lui offrir les produits pour obtenir ce noir.
- Ces préparations seront de plusieurs types suivant le travail envisagé. Quoique pouvant teindre tous les textiles ensemble, il est mieux de faire un produit spécial pour chaque genre de teinture, où il sera toujours mieux approprié.
- Un teinturier en laines, par exemple, se souciera peu que le noir qu’il emploie puisse aussi servir pour le coton, et préférera assurément qu’il ait son maximum d’avantages pour la laine, et réciproquement pour les autres genres de teinture.
- Un noir sera fait aussi pour les étoffes mélangées : ce sera alors le noir universel.
- C'est, d’ailleurs, celui-ci qui va être offert en premier lieu à la consommation, et provisoirement il est fait en vue des travaux du teinturier-dégraisseur.
- Il donne un noir bleuté sur laine, coton, soie, chanvre, jute, paille, etc.
- Il se présente sous deux formes :
- 1° En un seul bain : La teinture s’obtient en une heure, sans bouillon.
- 2° En deux bains : Les deux opérations prennent 10 minutes, sans bouillon, et les bains se conservent. Le prix de revient sera de 25 centimes en moyenne par kil. d’étoffes.
- Cette teinture en deux bains paraît la plus avantageuse, car s’il y a deux opérations, elles se font en un temps très court, et opérant sur bains clairs, les rinçages sont bien moins longs que par la méthode en un seul bain.
- Un avantage à apprécier pour l’une et l’autre, c’est que teignant le fil et le coton en même temps que la laine, on n’aura plus de coutures blanches dans les vêtements reteints.
- L’un de nos plus prochains numéros contiendra une annonce commerciale indiquant le dépositaire et le prix de vente de ce noir.
- PROCÉDÉS DIVERS I
- Aladin-Héliotrope
- Nous parlions dans notre « Chronique » du 10 février dernier d’une teinte Héliotrope qui semblait devoir être adoptée par la mode, mais qui n’était plus la nuance pleine connue jusqu’ici sous ce nom et qui tendait à se confondre avec l’Améthyste.
- Tous les violets rabattus et en demi-tons sont, en effet, très en faveur, mais la nuance la plus demandée actuellement, et qui a conservé ce nom d’Héliotrope est celle de l’échantillon ci-dessus qui est plus rouge que l’Améthyste, et qui se désigne aussi sous le titre de Aladin. Elle se fait considérablement en ce moment, avec des variantes, du reste, comme reflet.
- On peut l’obtenir avec du violet-rouge d’aniline terni par une petite quantité de vert acide, en teignant avec sulfate de soude et aciie sulfurique pour la laine, et de l’alun pour la soie, ou sur savon coupé.
- Elle se fait aussi par l’orseille avec une très petite proportion de carmin d’indigo et de terra.
- Les violets et lilas clairs un peu rabattus sont les nuances du moment, et nous les voyons aussi bien en lainages qu’eu soieries, et aussi sur les cotonnades de mode, même en lingerie unie.
- L’échantillon ci-dessous est un exemple d’impression pour robes d’été, entrant dans cette série :
- if
- C’est une teinte à l’alizarine.
- La plus grande partie des nouveautés pour l’été sont dans ces teintes et dans ces tons.
- Vert sur laine
- 11 s’agit ici de l’emploi du vert azoïque au moyen du bi-chromate.
- Pour 10 kij. de laine :
- Bouillon d’une heure avec :
- Bi chrômale............ 300 gr.
- Acide ôxalique......... 100 —
- Rincer et teindre avec :
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- 37
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- Vert axo..............». 150 gr.
- Acide acétique............ 100 —
- Commencer à tiède et passer peu à peu au bouillon.
- Aviver après teinture par un léger savonnage chaud.
- Jaune pour laine
- En parlant de ce nouveau produit de la « Badische », qui est principalement applicable aux teintes composées, nous avons donné dans notre précédentnuméroquelquesexemples de ces combinaisons, en annonçant une suite ; en voici donc encore quelques-unes :
- Pour 100 kil. de fils ou tissus.
- Capucine.
- Jaune pour laine en pâte.. 5 kil.
- Orange d’alizarine W..... 5 —
- Garance.
- Jaune en pâte............... 5 kil.
- Rouge d’alizarine WB à 20 °/0 10 —
- Ces deux mélanges se teignent avec le mélange suivant :
- Alun......................... 10 kil.
- Tartre........................ 3 —
- Acide oxalique................ 2 —
- Ce mordançage se donne en dehors du bain de teinture, en bouillon d’une heure, avec rin-
- çage.
- Pruneau.
- Jaune en pâte............... 5 kil.
- Brun d’Anthracène W....... 8 —
- Rouge d’alizarine WR...... 8 —
- Noir.
- Jaune en pâte............. 7 kil.
- Bleu d’alizarine SW, en pâte 10 — Brun d’Anthracène W....... 1 —
- Pour ces deux teintes, on mordance en bichromate et tartre, suivant les procédés de notre dernier numéro.
- Tous ces mélanges donnent des bons teints applicables à la draperie.
- Noir Naphtol 6 B.
- La « Manufacture lyonnaise des matières colorantes » offre cette nouvelle marque de Noir-Naphto! qui se distingue des précédentes Par sa nuance bleuâtre très prononcée, ce qui fait qu’à la lumière artificielle, les teintes même très foncées, n’ont pas de reflet brun.
- Les fabricants la donnent comme plus solide encore que ses marques B, 3 B, JS et SV.
- L’application sur laine se fait toujours au bouillon, avec sulfate de soude et acide sulfurique. Une proportion de 5 0/0 donne déjà nn ton bien corsé.
- Thiocarmin R
- C’est un nouveau produit de la même mai-
- son proposé pour remplacer le carmin d’indigo dans les mélanges de colorants acides, pour laine et pour soie.
- Sa couleur propre est un bleu verdâtre lumière.
- Les teintes au Thiocarmin résisteraient au contactée l'ammoniaque, et à l’action de l’acide sulfureux.
- Imperméabilisation des tissus
- Cette formule s’ajoute à celles que nous avons plusieurs fois publiées sur le même sujet, sans y apporter, du reste, des nouveautés bien saillantes.
- Voici le moyen indiqué :
- Faire dissoudre :
- Gélatine (colle de Flandre) 500 gr.
- Savon de suif............. 500 —
- Eau bouillante............ 12 lit.
- La gélatine peut être ramollie à l’avance dans une partie de l’eau (froide).
- Dans la dissolution bouillante, verser peu à peu, la suivante, également chaude.
- Alun ordinaire........... 750 gr.
- Eau bouillante........... 5 lit.
- Faire bouillir le mélange encore 15 minutes, puis laisser refroidir le liquide laiteux qui en résulte, jusqu’à 50° C-
- Y plonger le tissu qu’on laisse bien se pénétrer; l’égoutter et le faire sécher complètement; le laver et le sécher de nouveau.
- Repasser ensuite au fer, ou à la machine à apprêter.
- Il importe que le savon employé soit bien au suif.
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- L’INDUSTRIE DE BOHAIN
- La correspondance suivante, adressée à l’un de nos confrères est exacte en ce qui concerne la fabrique de Bohain, mais où donc l’auteur a-t-il pris qu’il y a une crise lyonnaise ?... Les canuts, comme les métiers mécaniques (surtout ceux-ci) travaillent convenablement à Lyon, et si leur industrie s’étend, elle ne les délaisse pas pour cela. ’
- Voici cette communication :
- Quant à la crise lyonnaise, on pourrait peut-être l’expliquer en partie on voyant ce qui se passe dans l’arrondissement de Saint-Quentin, à Bohain.
- Cette ville, autrefois prospère pour la fabrication des châles français, voyait sa fortune diminuer à mesure que la mode abandonnait cet article. Mais les industriels de Bohain, habitués à la fabrication des tissus les plus difficiles, essayèrent, au moment des grèves lyonnaises de faire des soieries ; ils y parvinrent, aussi bien pour les mélangés de coton que pour les plus riches étoffes.
- Ils surent appliquer à ce travail nouveau toute leur habileté, toute leur intelligence, tous les perfectionnements connus, et atteignirent si bien leur but que des Lyonnais eux-mêmes viennent remettre des ordres à Bohain.
- Aussi les nombreux métiers qui fabriquent dans cette ville les soieries les plus diverses expliquant peut-être le chômage des métiers des canuts qui n’ont voulu rien apprendre de nouveau ni rien changer à leurs anciennes coutumes. Il y a là un déplacement industriel dû à l’habileté des fabricants de nos contrées, et auquel le régime des admissions temporaires ne pourrait apporter aucun remède.
- Ces industriels de Bohain emploient aussi des cotons en grande quantité. Placés au centre de nos grandes filatures du Nord, ils trouvent chez elles une souplesse de fabrication à laquelle la filature étrangère ne pourrait jamais parvenir • ils se procurent pour ainsi dire au jour le jour tous les numéros, toutes les torsions différentes qu’exige leur fabrication si variée et si changeante.
- NOTE SUR L’HYDROTIMÉ TRIE
- Par M. GUICHARD, pharmacien
- Pour l’alimentation des chaudières à vapeur et pour d'autres usages'industriels, les eaux naturelles ont besoin d’être purifiées. Parmi les procédés employés à cet effet, j’ai eu à suivre celui de MM. Gaillet et Huet. Ce procédé consiste à ajouter à l’eau une quantité convenable d'un réactif formé d’une dissolution de carbonate de soude additionnée de chaux. Il se fait du carbonate de chaux qui se précipite et de la soude caustique qui reste en dissolution -, en même temps, le liquide se sature de la chaux en excès. Ce réactif est donc, en somme, une dissolution de soude et de chaux.
- 11 ne reste plus en fin de compte dans l’eau que du sulfate de soude ou du chlorure de sodium. La magnésie s’élimine par le même mécanisme.
- Pour suivre la marche de la purification, on fait l’essai bydrotimétrique de l’eau avantL t mélange de l’eau avec le réactif, et aprèsl -passage dans les filtres ; on fait également celui du réactif lui-même. On doit obtenir pour le réactif, qui au point de vue hydrotimétri-que n’est que de l’eau de chaux, environ 200* et 3° environ pour l'eau purifiée.
- L’essai du réactif m’a amené à constater le fait qui forme l’objet de cette note.
- Si on pratique cet essai ou celui de l’eau de chaux ordinaire, on remarque qu’on nu peut plus obtenir de mousse persistante et que par suite la règle de Boudet n’est plus applicable. A la vérité, avec l’habitude, on arrive à saisir un point où l’aspect de la mousse fait juger
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- que l’opération est terminée, mais c’est une indication un peu vague et incertaine.
- La quantité de chaux contenue dans l’eau de chaux est d’environ 2r, 88 par litre. 11 devrait donc suffire de la diluer au 10» pour avoir une liqueur susceptible d’être titrée. Il n’en est rien. On n’arrive jamais à la mousse persistante.
- Si l’on dilue davantage, on finit par arriver à des liqueurs pouvant être titrées, mais l’opération marche toujours mal, et comme il faut multiplier par un nombre considérable, on arrive à des erreurs telles que les chiffres sont absolument discordants.
- J’ai cherché s’il serait possible d'éviter cet inconvénient. Il est évident que c’est la causticité de la chaux qui trouble la réaction, sans doute parce qu’elle met en liberté de la soude par son action sur le savon et forme du savon calcaire insoluble. D’ailleurs la soude, qui s’oppose à la persistance de la mousse, existe toute formée dans le réactif ci-dessus.
- Il fallait donc faire passer la chaux à l’état de sel. L’addition d’un acide ne m’a pas donné de bons résultats. J’ai pensé alors à ajouter du chlorhydrate d’ammoniaque 11 se fait du chlorure de calcium et de l’ammoniaque est mise en liberté, mais en fait celle-ci ne nuit pas à l’opération. Je prépare le mélange suivant :
- Eau de chaux................... 10co
- Solution de chlorhydrate à 1 C/0 10 .
- Eau.........................*.. 80
- En titrant comme d’habitude, on a obtenu 232°.
- Ayant pensé aussi que l’addition d’un acide faible, par exemple, d’un acide gras, régulariserait la réaction en saturant la soude à mesure de sa formation, j’ai été amené à faire une nouvelle liqueur hydrotioiétrique d’une préparation beaucoup plus commode que la solution de Boudet.
- Si l’on agite de l’acide oléique avec de l’eau, on n’a pas de mousse, mais l’addition d’une très faible quantité de soude fait apparaître la mousse immédiatement. Il n’est pas nécessaire que l’acide oléique soit complètement saturé. 11 ne m’a pas paru qu’il y ait inconvénient à mettre un léger excès de soude.
- 10ce d’acide oléique exigent 1,4 de Na O, HO pour former l’oléate de soude. Or, on constate qu’avec 0,4 ou 4,0 de soude la réaction se fait mal, tandis que, avec 1,2 —1,6 — 2 — 2,6 — 3,2 de soude, la iiqueur fonctionne bien. J’ai adopté la dose de 1,2 qui est très voisine du chiffre théorique, et je prépare une iqueur de la manière suivante :
- Acide oléique du commerce... 300cc
- Soude normale................. 300
- ou 12sr de Na O, HO.
- Alcool à 9o°..................1500
- Mêlez à froid et filtrez. On titre cette lir queur avec la solution habituelle de chlorure de calcium ou de nitrate de baryte, et on ré-
- gularise le titre par l’addition d’eau alcoolisée en quantité convenable.
- TEINTURE EN CHIFFONNAGE
- Les diverses communications qui suivent, se rapportant à cette partie, nous obligent à renvoyer au prochain numéro les Causeries confraternelles sur l’art du Teinturier-Dégraisseur, de M. Maurice Guédron.
- 11 faut que chaque branche de nos spécialités ait sa part et sa place.
- LA JOURNÉE DE TRAVAIL
- M. Ch. Cloutier-Martin, teinturier et membre de la Chambre de commerce de Beaune, a été chargé par cette compagnie de rédiger la réponse sur le questionnaire du travail.
- Beaune n’est pas un centre de teinture ni de fabrication textile ; les conditions de travail dans sa circonscription n’ont donc qu’un intérêt restreint pour nos lecteurs, mais nous ne pouvons résister au désir de reproduire la réponse de M. Cloutier à la question principale de l’enquête : celle qui pose la doctrine sur la question.
- Le rapporteur l’ont résolue, avec une hauteur de vues, et des principes de rigide moralité qui font honneur à notre corporation puisque leur auteur en fait partie.
- Il s’exprime ainsi à propos de la 3e question :
- Demandez-vous que la durée de la journée de travail soit fixée par une loi ?
- Absolument non. Pourquoi cette entrave à la liberté et à la production ? Dans notre milieu, on ne comprend pas qu’une pareille question soit posée. Il faudrait aussi fixer par une loi les besoins et les appétits de chacun. N’est-il pas à craindre qu’une fixation quelconque ne soit une cause de démoralisation, d’appauvrissement, de diminution de production et par suite d’infériorité nationale ? Dans ce cas, fixation correspond plutôt à diminution de durée et alors, je vois comme conséquence le cabaret plein, le trottoir venant pour la femme compléter la journée, le foyer vide et appauvri! De tous les abus, celui du travail est le moins à craindre; le travail moralise, élève, donne la dignité, l’estime de soi-même, le sentiment de la responsabilité et du devoir.
- Tout ce qui peut contribuer à l’entraver, à le diminuer est mauvais, contraire à la dignité humaine ; toute disposition restrictive serait du progrès à rebours.
- Enfin, le travail apprend le chemin de la caisse d’épargne, il ouvre la perspective d’un avenir tranquille et honorable pour soi et les siens. Toute économie, quel que soit le gain, est le résultat d’une privation, et l'habitude du travail modère les goûts, rend moins sensible telle ou telle privation, elle donne le respect de l’argent gagné honnêtement et à grand’ peine, elle a enfin une puissante et heureuse action morale, tandis que tout ce qui peut porter atteinte audéveloppement libre etcom-plet des facultés des travailleurs, ne peut que les énerver, les diminuer, les décourager, les
- déconsidérer à leurs propres yeux et à l’égard de la société.
- Plus loin, M. Cloutier conclut :
- Tout n’est certainement pas pour te mieux. Mais qui donc, depuis trente ans, a le plug, profité de l’évolution économique, si ce n’est le salaire? Est-ce qu’il n’y a pas amélioration constante? Et c’est au moment où la lutte pour la vie devient de plus en plus intense, que l’on chercherait à paralyser l’effort !
- L’auteur de ces lignes a vécu de la vie ouvrière; il la connaît assez pour dire que les ouvriers sérieux et dignes ne demandent pas tant de règlementation qui aboutirait à un nivellement fatal et ravalerait l’homme intelligent et courageux.
- Comment, nous sommes en République, on ne nous parle que de liberté pour conclure contre la liberté, contre le droit à la vie ! Nous pensons que le grand régulateur, c’est la liberté pour tous, l’initiative individuelle, et que toute entrave apportée à la faculté de pouvoir travailler, serait la mesure la plus funeste, tant au point de vue personnel qu’au point de vue national.
- Il semble inutile d’ajouter que ce projet de réponse a été adopté à la Chambre de commerce, et l’impression en a été votée.
- Chambre Syndicale
- DES
- TEINTURIERS - DÉGRAISSEURS
- DE PARIS
- Séance du 2 Février 1891
- Présidence de M. Fleury
- M. Yinois adresse sa démission de président, motivée par la perte douloureuse qu’il vient de faire en la personne de Mme Yinois.
- Le comité exprime sa sympathie à M. Vi-nois, et n’accepte pas sa démission.
- Le but principal de la séance était la lecture du rapport de M. Babillon-Marchal sur les travaux de la Chambre pendant l’année 1890.
- Ce document, comme celui de l’année précédente, reproduit avec clarté et fidélité l’œuvre du syndicat pendant l’année écoulée.
- Nous en extrayons les passages suivants :
- « L’année 1890 n’a pas apporté de modification dans la composition de notre Chambre syndicale ; lors de l’assemblée générale de février, nous étions 4G membres ; aujourd’hui, par suite de 5 démissions et de 4 adhésions nouvelles, notre syndicat en compte 44. Sans exagérer les avantages qui pourraient résulter d’une quantité d’adhérents beaucoup plus considérable, il est permis de souhaiter,dans l’intérêt commun, qu’un plus grand nombre de bonnes volontés viennent se joindre à nous ; et il ne serait peut-être pas inutile de rechercher les moyens d’obtenir ce résultat.
- « Les affaires litigieuses soumises à l'arbitrage de votre comité n’ont pas été nombreuses, et nous savons que certains litiges ont été portés devant des arbitres étrangers à la Chambre syndicale, on pourrait même
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- LÀ revue de la teinture
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- presque ajouter, en certains cas, étrangers à notre industrie...
- « Chacun de nous, quand il se trouve obligé de recourir à la justice, peut fort bien demander le renvoi en expertise devant la commission arbitrale en fonctions, et récuser l’expert choisi par le juge, si cet expert n’avait d’autre titre à ce choix que celui d’être le mari d’une dame tenant un dépôt de teinture.
- < C’est, un droit qui peut être méconnu, mais il est toujours bon de s’en servir...
- « Outre que les affaires ont été renvoyées par un plus grand nombre de tribunaux, on peut encore noter que deux d’entr’elles nous sont venues de province, l’une à l’amiable, l’autre adressée par un tribunal civil, ce qui tendrait à établir l’autorité de votre Chambre syndicale, autorité qu’il est bon de légitimer par le choix des membres du comité, et la confiance qu’ils s’efforceront toujours de mériter.
- « Parmi les propositions dont votre comité s’est occupé, proposition Barbé pour la suppression des serges et du chinage, proposition Vinois pour la réglementation uniforme des appointements des employés, suppression des bureaux de placement, etc , il est utile d’arrêter votre attention sur une résolution prise par votre comité.
- « Considérant les déboires malheureusement fréquents auxquels nous expose l’indélicatesse des gérantes, nous avons pensé qu’une mesure préventive très bonne serait le dépôt d’un cautionnement, ou tout au moins d’une garantie fournie par une personne solvable. Cette idée, votre comité ne pouvait en faire une règle obligatoire ; mais, l’ayant suffisamment étudiée et trouvée efficace pour parer à certains ennuis de gestion, il l’a patronnée et la patronne encore près de vous ; prêchant d’exemple, nous avons tous décidé de ne plus prendre de gérante sans avoir au préalable demandé cette garantie... »
- Le rapporteur propose, comme corollaire de cette mesure, l’établissement d’un office discret de renseignements qui pourrait donner des indications sur les gérantes ayant commis des indélicatesses.
- M. Babillon continue ainsi :
- « Deux propositions plus radicales ont, été étudiées par votre Comité, et par vous-mêmes, et repoussées. L’une tendait à nous séparer de l’Union, à nous donner une existence autonome : son but était, par l’abaissement proposé de la cotisation, d’attirer à «nous un plus grand nombre d’adhérents. L’autre proposition, sans éloigner beaucoup de membres, modifiait le recrutement même de la Chambre syndicale, en n’admettant que les teinturiers reconnus pour faire eux-mêmes leur ouvrage.
- « Ces propositions, qui visaient l’amélioration de notre groupe syndical,jn’étaient peut-être pas venues à leur heure: elles arrivaient trop tôt sans doute, et après avoir été longuement discutées, le statu quo a été maintenu .
- « En dehors des propositions émanant des membres de la Chambre, votre Comité a eu à étudier plusieurs questionnaires transmis
- par divers ministères, et se rapportant à des projets de lois soumis à la discussion des Chambres, notamment le projet concernant la réglementation des heures de travail, et celui visant des modifications à la loi sur les patentes. »
- (La réponse au questionnaire sur la réglementation du travail a été donnée dans la Revue de la Teinture du 10 octobre 1890, p. 139 : c’est la liberté du travail qu’a demandée la Chambre syndicale).
- « La question des patentes a donné lieu à une étude très approfondie de la loi et à un rapport très complet, dans lequel nous avons notamment réclamé deux modifications importantes pour nous. L’une consisterait à n’établir le droit fixe que sur les éléments contenus dans chaque établissement considéré isolément, autrement dit, à ne pas placer dans la même classe que l’usine, munie da son outillage à vapeur, les succursales qui ne sont que de simples dépôts.
- « L’autre modification serait de placer seulement dans la septième classe ces succursales et tou» les magasins analogues, attendu que cette septième classe comprend beaucoup d’industries dont l’importance commerciale est bien plus grande que la plupart de ces magasins...
- « Un seul secours de 15 fr. ayant été prélevé pendant l’année, la caisse de secours possède un fonds de 572 fr.
- « Quant à la caisse spéciale de la Chambre, le fonds disponible, lors de l’assemblée de
- février dernier, était de........ 101 f. 60
- « Il était, au 31 décembre 1890, de............................... 279 10
- « En terminant, Messieurs, permettez-nous de vous rappeler que notre Syndicat a pour objet Yétude et la défense des intérêts économiques, industriels et commerciaux de la corporation. »
- Après avoir invité les membres du Syndicat à donner un concours plus suivi au Comité, le rapporteur conclut :
- « Des réformes utiles sortiraient certainement de ces réunions ; nous atteindrions le but de notre Syndicat, et votre Comité serait fier, en vous exposant à la fin d’année ses travaux, de vous montrer les heureux résultats dus à l’initiative intelligente et la vraie confraternité de notre Chambre syndicale. »
- A la demande du président, le Comité approuve le rapporté l’unanimité.
- Sur l’initiative de M. Fleury, une discussion sur le tarif des douanes proposé pour les couleurs de houille est entamée, et la suite renvoyée à la prochaine séance.
- CHAMBRE SYNDICALE
- des Maîtres Teinturiers-Dégraisseurs de la ville de Lyon.
- Assemblée générale du 24 décembre 1800.
- La séance est ouverte sous la présidence de M. Capillery.
- Etaient présents : MM. Capillery, — Abric, — Patin, — Pierre Durand, — Perrusset, —
- Clair, — Perrin, — Durand-Botton, — Rip-pard, — Nardin, — Seguin, — Bennier, — Blanc, — Girerd, — Maurice, — Berruyer, Seytier, — Guyot.
- Se sont fait excuser : MM. Ville, — Conde-mine.
- M. le Président soumet à l’assemblée la demande d’admission formée par M. Dega-BRIEL.
- Tout en étant accueillie avec la plus vive sympathie par les membres présents, cette demande donne lieu à une très intéressante discussion concernant les capacités exigibles pour l'admission comme membre actif.
- Après avoir entendu les raisons que font valoir plusieurs collègues pour ou contre l’admission du susdit ami comme membre actif, l’assemblée décide par un vote que :
- 1° Pour être MEMBRE ACTIF de la Société II faut, non seulement être à la tète d’un atelier ou magasin de teinturier-dégrais-scur. mais qu’il faut aussi avoir fait PER-SOANELLEMEXT partie du métier de teinturier :
- *2° Tout postulant qui ne pourra justifier de sa profession de teinturier, ne pourra être admis que comme membre honoraire.
- En raison de ce qui précède, M. Degabriel ne peut être admis comme menbre actif, mais il est accepté à l’unanimité comme membre honoraire (applaudissements répétés).
- Sont reçus comme membres actifs les teinturiers suivants :
- MM. Clair, Guyot et Boissonnet.
- Sont ensuite admis comme membres honoraires :
- MM. Théolier d’Avignon et Monin de Dijon.
- M. le Président donne la parole à M. Patin qui remplit, par intérim, les fonctions de Secrétaire pour la lecture du compte-rendu des travaux de la Société pendant les années 1889 et 1890.
- Ce compte-rendu est adopté sans discus-i sion.
- La parole est ensuite donnée à M. Abric, trésorier, pour l’exposé de la situation financière.
- Cette situation démontrant la prospérité croissante de la Société est saluée par de nombreuses acclamations et de vifs éloges sont adressés au titulaire de cette fonction pour le zèle qu’il déploie et le soin avec lequel il surveille les intérêts de la Société.
- Les questions d’ordre étant épuisées, la réunion passe à l’ordre du jour.
- M. le Président fait donner lecture par M. le Secrétaire, des statuts soumis par l’alliance des chambres syndicales de Lyon.
- Après quelques explications qui lui sont fournies sur le but de cette alliance, l’assemblée nomme, pour la représenter aux réunions de l’alliance des Chambres syndicales : MM. Abric, Perrusset et Patin.
- M. le Président annonce que, pour des raisons personnelles, le titulaire actuel du secrétariat ne pouvant continuer ses fonctions, il devra être pourvu à son remplacement dans la nomination du bureau qui va avoir lieu.
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- En outre afin de donner une plus grande extension et une sanction plus officielle â l’emploi du secrétaire, il lui sera, à l'avenir, adjoint le titre et les fonctions de syndic et devra signer toutes les pièces concernant la société du titre de Secrétaire-Syndic.
- M. le Président annonce également que MM. Ville et Condemine faisant part à l’assemblée des causes forcées qui les empêchent de continuer leurs fonctions de membres de la Chambre syndicale, il devra être pourvu à la nomination de deux nouveaux membres.
- L’assemblée passe au vote du bureau et des membres de sa Chambre syndicale pour l’année 1891.
- Sont proclamés à l'unanimité :
- 1° M. Charles Cloutier, teinturier, à Bau-ne, Président d'honneur.
- 2° M. A. Félix Gouillon, Directeur de la « Revue de la Teinture », à Paris, Membre d'honneur, correspondant.
- Sont élus :
- Président, M. Capilt.ery.
- Vice-Président, M. Perrusset, Joseph.
- Secrétaire-Syndic, M. Patin, F.-M.
- Trésorier, M. Abric.
- Secrétaire-Adjoint, M. Durand-Botton.
- Membres, MM. Rippart, père ; Durand, Pierre, Maurice et Berruyer.
- La séance est levée.
- Le Secrétaire-Syndic : PATIN
- BREVETS RECENTS
- Intéressant Scs industries tinctoriales
- 207671. — Thies et Herzig. — Procédé de blanchiment.
- 207711 . — Ducros et Tymeson. — Perfectionnements dans les appareils employés pour la teinture.
- 207752. — Olivier. — Procédé de teinture et d’impression à froid, sur étoffes et pour chapellerie, par affinités chimiques.
- 207840. — D. Gantillon et Gie. — Procédé de traitement des tissus schappe et soie ou autres matières mélangées à la soie dans le but de leur donner l’aspect du crêpe de Chine ou d’obtenir ainsi un produit nouveau pour modes et confections.
- 207956. — Brossette. — Nouveau mode de décoration en couleurs des tissus en général, fils, coton, ramie, soie, etc., et notamment des dentelles, tulles, guipures, mousselines.
- 208179. — Dehaitre. — Système d’essoreuses multiples combinées sur cuve unique.
- 208230. — Dupetit frères et Dehaitre. — Machine à dérompre les velours et autres tissus.
- 208827. — Cabanis. — Appareil dessicateur en terre réfractaire et à courant d’air chaud direct, pour le conditionnement des matières •textiles.
- 208305. — Michelet. — Procédé de traitement des anciennes bâches ou prélarts, permettant de les remettre à neuf.
- 208336. — Charles. — Perfectionnements aux appareils de gaufrage et d’impression.
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- Travail «les enfanfM et des femmes. — Les bureaux du Sénat ont nommé une commission pour l’examen du projet de loi sur le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels. Ont été élus : MM. Welten, Scheu-rer-Kestner, Bernard-Lavergne, Labiche, Ma-ret, Tolain, Demôle, Scrépel. Chovet.
- La majorité des commissaires paraît résolue à maintenir le projet primitivement voté par le Sénat, tout en faisant quelques concessions à la Chambre des députés.
- —o—
- Commission des douanes. — U
- nous paraît utile de rappeler les noms des rapporteurs de la commission de la Chambre des députés, pour les projets douaniers intéressant les teintures et les textiles. ,
- Ce sont MM. :
- Teinture et tannins. Armez.
- Produits chimiques. Prevet.
- Teintures préparées. Prevet.
- Couleurs. Prevet.
- Peaux brutes, laines, crins, poils, plumes. Lavertujon.
- Soies. Jonnart.
- Fils de lin, de chanvre et de ramie; fils de jute, de phormium, d’apaca, etc.; fils polis, ficelles, cordages, efc. Pierre Legrand.
- Fils de coton. Bourgeois (Jura).
- Fils de laine d’alpaga de poils. Bourgeois (Jura).
- Fils de bourre de soie, de bourrette, etc. Balsan.
- Tissus de lin, chanvre, ramie, jute, etc. Pierre Legrand.
- Bonneterie de lin. Balsan.
- Tissus de coton. Balsan.
- Bonneterie de coton. Balsan.
- Tissus de laine, d’alpaga, de poils, de crin. Bourgeois (Jura).
- Bonneterie de laine pure. Balsan.
- Bonneterie de laine mélangée. Balsan.
- Tissus de soie et de bourre de soie. Balsan.
- L’industrie de la teinture aux Indes françaises. — Il existe à Pondichéry quatorze teintureries, toutes appartenant à des Indiens. Cette industrie locale est très ancienne ; mais, depuis 1827, elle s’est sensiblement développée ; elle occupe environ 888 ouvriers et la valeur de leur production moyenne par année peut être estimée à 250,000 roupies (environ 550,000 fr.j.
- Il se teint peu de fils de couleurs différentes, employés, concurremment avec les fils de couleurs d’Europe, à la confection des pagnes du pays. Le travail de ces ateliers consiste principalement à teindre en bleu indigo les toiles des filatures indigènes et les toiles d’Europe dites percales.
- Ces industriels opèrent à façon pour le compte des filateurs et des négociants ; ils n’expédient pas en Europe pour leur compte.
- On exporte de Pondichéry de 5 à 6,000 balles de guinées pour le Sénégal, par an ; de 2 à 300 balles de percales bleues pour Maurice et la Réunion, pour le compte de différents négociants , ces balles comprennent chacune de 150 à 300 pièces de différentes dimensions et poids, dont la valeur varie de 350 à 400 roupies par balle.
- Les frais de teinture sont d’environ 100 fr. par balle de guinées, et de 180 fr. par balle de percale.
- Le matériel nécessaire à chaque teinturier revient à environ 200 fr., et on n’utilise que des couleurs extraites de feuilles de racines, d’écorces et de graines du pays.
- On dit dans le pays que la qualité spéciale de la teinture bleue donnée à Pondichéry aux guinées tient à la propriété des eaux de Made-liarperth pour fixer cette teinture. Aussi, les guinées de l’Inde sont toujours préférées à celles d’Europe pour la couleur.
- C’est aussi à la qualité des eaux de la Bièvre que l’on attribuait autrefois la réputation des écarlates des Gobelins ; mais le même établissement fait encore mieux cette teinte depuis qu’elle se sert d’eau de la Seine. Les rivières bonnes teinturières n’existent plus que dans la crédulité populaire.
- —o—
- Crève «le teinturiers en peaux,
- — Ce ne sont pas absolument les teinturiers qui se sont mis en grève, mais les palisson-neurs, c’est-à-dire les ouvriers qui ouvrent et étirent les peaux à la teinture.
- Voici les faits :
- Cette grève a éclaté dans la mégisserie de M. Chouipe, 15, rue des Cordelières, à Paris. Les ouvriers palissonneurs qui travaillent aux pièces avaient réclamé 3 fr. au lieu de 2 pour la douzaine de pièces, les peaux qu’ils avaient à travailler étant plus grandes que d’ordinaire. Le patron avait refusé ces conditions, mais en proposant à ses ouvriers le travail à l’heure, cé qui fut accepté.
- Grand émoi parmi les palissonneurs des autres établissements, qui déclarèrent s’opposer d’une manière formelle à cet arrangement. Les ouvriers palissonneurs devaient tous travailler aux pièces et non à l’heure.
- Après plusieurs jours de discussions très vives, les ouvriers de la maison Chouipe, sollicités par leurs camarades teinturiers, dont ils arrêtaient le travail, avaient fini par céder et avaient accepté de reprendre le travail aux pièces et aux précédentes conditions, c’est-à-dire au tarif de 2 fr. la douzaine.
- Mais les ouvriers des autres maisons ne l’ont pas encore entendu ainsi, et ils ont obligé ceux de M. Chouipe à continuer la grève.
- Les palissonneurs sont à peu près les seuls ouvriers de mégisserie qui soient payés aux pièces.
- —o—
- Accident «râtelier. — Une apprêteuse chez M. L..., à Paris, s’est fait prendre la main entre le feutre et le cylindre chauffé en pression, d’une machine d’apprêt. Il en est résulté des brûlures profondes avec écrasement qui nécessiteront l’amputation de trois doigts.
- Voilà une femme mutilée et pensionnaire pour longtemps de son patron.
- Cet accident est encore fréquent : les machines bien construites ont un garde-mains qui l’évite, et cet organe est utilisé en même temps comme régulateur de l’application du feutre contre le cylindre, ce qui supprime les frisures et les faux-plis aux étoffes.
- Il y a donc un double avantage à adopter cette disposition, que MM. Pingrié et Ce, notamment, ont récemment adjointe à leur machine.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes)
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- LA
- 4e Année, Pi0 0.
- REVUE DE
- ET DES COLORATIONS
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- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES 25 mars 1891.
- SOMMAIRE
- Chronique. — Consultation technique sur un brevet pour noir cl’aniline (suite). — Toile hydrofère. — Ponceaux sur lainages. — Revue sommaire des brevets d’invention. —• L’épail-lage chimique.
- Procédés divers: Thiocarmin; Matières colorantes nouvelles; Poudre garnissante pour apprêts. — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Les succédanés de la gomme arabique — Brevets récents (catalogue). — Informations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- Le pouvoir législatif est en vacances, et le pays, qui ne vit pas de politique mais d’affaires, n’aura pas à en souffrir.
- Il faut reconnaître, toutefois, que cette législature s’est beaucoup plus occupée d’affaires que de politique proprement dite, et quoique la prospérité d’un pays ne résulte pas de la multiplicité des lois qu’il se donne, nous ne pouvons qu’approuver ces nouvelles tendances de nos mandataires. Tout ce qu’ils font est loin d’être à l’abri des critiques, mais au moins leurs préoccupations du moment sont-elles orientées vers des buts plus utiles que les stériles questions de personnes qui, trop longtemps, étaient le fond de leurs travaux.
- Les Chambres n’ont pas voulu scinder la discussion sur le régime économique et l’ont mise à l’ordre du jour pour leur rentrée, qui est fixée au 21 avril.
- Avant leur séparation, la commission des douanes avait adopté le rapport de M. Balsan sur les soies ouvrées et les tissus de soie, après certaines réserves, toutefois, de M. Fougeirol, qui contestait certains chiffres extraits du rapport de M. Tisserand.
- Il y aura probablement une lutte assez vive à propos des soieries. La fabrique lyonnaise demande le libre-echange pour ces articles, alors que tous les autres producteurs de tissus désirent des droits compensateurs. Mais 'os fabricants lyonnais qui n’ont, en Réalité, ni ateliers ni manufactures, et fput tisser à façon, n’ont ni l’organisa-t]°u ni les aléa des véritables manufacturiers, et faisant travailler même à l’é-tranger, leur apparente magnanimité
- n’a qu’une valeur très relative, et c’est ce que démontre en ce moment M. J. Domergue, par une suite d’articles qu’il publie dans le Moniteur industriel sous ce titre « les Dessous du Libre-Echange lyonnais ».
- Ce travail, très sérieusement documenté, établit qu’à Lyon comme ailleurs le véritable producteur est intéressé au relèvement de notre industrie nationale au moyen d’une protection modérée.
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- Les nouvelles de cette place indiquent du calme et même de la lourdeur dans le commerce des fils, mais en ajoutant que la saison des étoffes s’annonce bien pour l’hiver.
- A Rouen, les cotonnades sont en bonne situation et pour tous les genres de cette place, en général.
- En rouennerie, carreaux et rayures, les fabricants n’ont pas de stock et sont encore pourvus d’ordres pour un certain temps. Les autres genres, comme la flanelle, le pilou et les tissus écrus, sont toujours très recherchés et les tisseurs ont du mal à satisfaire les acheteurs.
- 1 Les indienneurs sont généralement très satisfaits de la vente, les commissions sont nombreuses, et si le beau temps persiste la vente devra se prolonger encore plusieurs semaines.
- La vente des mouchoirs est beaucoup plus calme.
- Les mêmes articles, à Mulhouse, ainsi que la filature, n’ont qu’un courant d’affaires très modéré : on fait des ventes assez bien suivies, mais par petits lots ; aussi les prix, surtout en filature, sont-ils faiblement tenus.
- C’est à peu près la situation de Manchester, dont une récente correspondance nous disait :
- « Quelques ordres modérés en tissus de fantaisie convenables pour l’Inde et la Chine ont été exécutés ; toutefois généralement les offres par quantité sont encore toujours à des limites trop basses. Pour d’autres destinations, la demande se maintient assez bien, quoique les acheteurs résistent fermement contre toute hausse sur les prix.
- *
- La nouvelle saison des lainages n’est pas encore complètement engagée ; ce n’est qu’après les fêtes de Pâques que les voyageurs reprennent leurs tournées et qu’il pourra se produire une reprise sérieuse.
- Il y a peu de changements à signaler dans le ton général des affaires à Roubaix-Tourcoing. Cependant on constate en fabrique que la situation s’améliore.
- Les articles cardés, chaîne coton, tant unis que fantaisies, dont les collections sont sorties depuis peu, semblent appelés à un succès aussi grand que les années précédentes, et quelques séries ont déjà été l’objet de commissions importantes.
- A Fourmies, les transactions en tissus sont toujours très difficiles parce que les prix de vente ne sont pas à la parité de ceux des laines. On reçoit de nombreuses propositions, mais généralement inacceptables.
- D’après des nouvelles de Reims, il s’y ferait beaucoup d’affaires si les vendeurs consentaient à de très légères différences, tant en laines qu’en tissus.
- Cette remarque s’applique notamment aux cachemires et mérinos, et puis le « serge » qui se fait actuellement à Reims et dans la région en assez grande quantité est très demandé, ce qui empêche le stock en mérinos et en cachemires de se reformer.
- En nouveautés, les collections de robes d’hiver commencent à se montrer.
- La filature en peigné comme en cardé est en bonne situation.
- Dans le Midi, la fabrique n’est pas moins bien occupée, malgré la hausse des chiffons de laine, qui a amené celle des effilochés.
- A Vienne (Isère), les ordres arrivent abondants, et les filatures surtout sont surchargées de commandes.
- Les lainages en Angleterre, notamment à Leeds, et à Bradford, ont un mouvement régulier ; toutefois, la suppression du marché américain a des effets très sensibles.
- En Allemagne, toutes les branches des industries textiles sont en souffrance.
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- Les notes grises et rouges pâles dominent dans toutes les nouveautés : des
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- gris de tous genres en clairs et demi-clairs, et comprenant la série si variée des teintes modes, puis les rouges ternes, de tons moyens, à reflets plus ou moins violâtres, et allant jusqu’à la teinte mauve, qui est très demandée en modes de modistes et en fanfreluches de toilette.
- Le noir, lui, n’est pas soumis aux modes : toujours très employé et très travaillé, il donne souvent naissance à des produits ou à des procédés nouveaux qui en simplifient chaque jour la teinture.
- La dernière nouveauté est un noir direct, grand teint et en un seul bain, pour lainages, delà « Badische et Soda-Fabrik ». Ce produit diffère du noir d’a-lizarine de la même maison par la suppression du mordançage séparé, et serait plus économique en donnant autant de solidité.
- Un autre article tout différent, et bien moins travaillé jusqu’à présent, est la toile verte à bâches, qui est cependant d’une énorme consommation. Un perfectionnement réel paraît avoir été apporté à cette fabrication par M. Louis Roche, et nous publions, dans le corps du journal, une note à ce propos.
- F. Gouillon.
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- CONSULTATION TECHNIQUE
- Sur un brevet de MM. ABEL HENRY et Cie
- TEINTURIERS
- A SAYOMXIÈRES, PRÈS RAR-LE-JMJC
- Relative à la teinture du coton
- En NOIR D’A.N1LINE — Suite —
- Ce mémoire a été publié à propos d’un procès actuellement pendant, par lequel : MM. Abel Henry et Cie, poursuivent en contrefaçon MM. Marchai Falck et Cie, teinturiers à IToyes.
- AVIS DE M. PERSOZ (Suite)
- Sans doute, la teinture des fils de coton en noir d’aniline a été chose difficile -, pendant plus de vingt ans on s’est trouvé appelé à choisir entre les noirs par étendage, qui ne déchargent pas par le frottement, mais brûlent la fibre, et les noirs par teinture en bain plein, qui ne brûlent pas la fibre, mais déchargent par le frottement. Ce n’est qu’à la suite de longues recherches qu’on a réussi à corriger les défauts de l’un et de l’autre système ; mais le brevet de MM. Abel Henry et Cie est entièrement étranger à ces perfectionnements.
- On sait que le procédé primitif de Light-foot, qui intéressait beaucoup les imprimeurs, a fait d’abord leur désespoir à cause de ses graves défauts. Non seulement, pendant i’im-
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- pression, les racles d’acier des rouleaux et certains rouleaux eux-mêmes étaient attaqués par des sels de cuivre, mais le tissu était brûlé une fois la couleur développée.
- M. Ch. Lauth vint heureusement, dès 1864, tirer les manufacturiers d’embarras, en leur proposant de remplacer, dans les éléments de la couleur, le sel de cuivre soluble (chlorure ou sulfate) par du sulfure de cuivre précipité. Ce composé ne détériore nullement les racles ni les rouleaux, et, une fois imprimé sur le tissu, s’oxyde peu à peu, de manière à produire pour le développement du noir les mêmes effets que les sels solubles de cuivre, mais sans présenter les inconvénients de ceux-ci quant à l’altération du coton. La fibre en est beaucoup moins fatiguée.
- Ce perfectionnement a donc rendu un immense service à l’industrie, et, bien que les procédés d’impression en noir d’aniline soient beaucoup plus variés qu’aulrefois, celui de M. Lauth continue à être appliqué dans un grand nombre d’établissements.
- Voici une formule ancienne pour l’impression de ce noir, empruntée encore à l’ouvra-
- ge de M. Schutzenberger :
- « D’une part :
- Amidon......................... 500 gr.
- Sulfure de cuivre.............. 150 —
- Eau............................ 250 —
- « Cuire ensemble.
- « D’autre part :
- 1/2 litre gelée d’adragante;
- Amidon grillé.................. 650 gr.
- Eau ........................... 925 —
- Chlorate de potassium.......... 150 —
- Sel ammoniac................... 50 —
- Chlorhydrate d’aniline......... 400 —
- « Cuire ensemble.
- « Mélanger les deux préparations à froid.»
- Pourquoi les teinturiers en fils de coton n’ont-ils pas appliqué cette méthode? Sans doute parce qu’il paraissait invraisemblable que l’on pût imprégner assez uniformément des fils avec une solution tenant un précipité en suspension. MM. Marchai, Falck et Cie, en ont fait l’expérience, et elle leur a réussi. Ils ont même cru pouvoir faire de l’application de cette méthode l’objet d’un brevet.
- Comme le présent travail n'a pour but que la recherche de la vérité, le soussigné croit devoir déclarer qu’à son avis le brevet Marchai, Falck et Cie, est également nul, en considération des antériorités précédentes, notamment du brevet de Lightfoot, du 12 octobre 1870, cité plus haut, où il est spécifié que pour la teinture aussi bien que pour l’impression on peut employer des sulfures métalliques.
- Cependant, le procédé de MM. Marchai, Falck et Cie a, sur celui de MM. Abel Henry et Cie, la supériorité qu’a eue le procédé de M. Charles Lauth sur le brevet primitif de Ligtfoot de 1863.
- MM. Abel Henry et Cie invoqueront peut-être, à défaut de la nouveauté de la méthode, des dosages plus favorables indiqués par eux dans la préparation de la couleur.
- Cette thèse ne saurait être soutenue devant des teinturiers ou des chimistes.
- Au surplus, la Cour de Paris Ire Chambre, s’est prononcée à cet égard par un arrêt rendu le 21 janvier 1860, dans l’affaire Royer et Roux contre Buer, et dont voici deux considérants qui s’appliquent bien dans l’espèce :
- « Considérant qu’on ferait à toute industrie et spécialement à celle de la teinture, une situation trop difficile, si chaque modification dans la marche d’un procédé, et par exemple dans le dosage, la durée, la température, la répétition d’un lavage, pouvait devenir l’objet d’un brevet, et par suite, servir de base à des poursuites en contrefaçon ;
- « Que la constatation même de telles contrefaçons présenterait d’insurmontables difficultés, étant presque impossible de reconnaître sur une matière teinte à quelle succession d’opérations elle a été soumise, quand les matières employées n’ont pas été changées ; »..
- En résumé et comme conclusions, l’opinion du soussigné est la suivante :
- 1° La formule de MM. Abel Henry et Cie est connue depuis vingt-sept ans ;
- 2- Le dosage par eux indiqué n’est pas susceptible d’un droit privatif ;
- 3- La succession des opérations est la même et d’ailleurs ne signifie rien ;
- 4’ Le résultat industriel obtenu n’a aucun caractère de nouveauté ;
- 5- En conséquence, le brevet de ces Messieurs est absolument nul.
- J. PERSOZ
- TOILE HYDROFÈRE
- Ce nom désigne une toile à bâches et à campement pour laquelle M. Louis Roche, fabricant de toiles à Pecquigny (Somme), vient de prendre un brevet.
- Les produits de ce genre les plus répandus, notamment la toile dite Histasape, teints, apprêtés et rendus imperméables par la formation d’un savon de cuivre, additionné de couleur d’aniline, sont loin de répondre aux nécessités de leurs destinations ; les couleurs sont ternes et sans durée-, c’est, en résumé, un plâtrage que la première pluie désagrège, détruisant non-seulement la couleur, mais encore la prétendue imperméabilité qui n’est qu'apparente.
- Dans une des bâches préparées par le procédé de M. Roche, qui nous a été soumise, nous constatons une bonne imperméabilité, et une couleur bien franche et bien unie.
- Pour ce genre d’articles, l’imperméabilité n’est pas et ne doit pas être absolue comme dans une toile caoutchouquée, par exemple;
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- il faut qu’ils restent perméables à l’air. La Toile hydrofère est telle cependant quelle peut supporter l’eau pendant des pluies continues sans être traversée; lorsqu’elle est tendue et humectée, son imperméabilité devient complète : une pluie battante y glisse alors sans tamiser.
- Il y a un progrès important dans la fabrication de cette toile comparée à celle des produits de même genre actuellement en usage.
- L’invention de M. Roche est encore particulièrement intéressante, an point de vue industriel, par la rapidité de ses moyens de fabrication.
- Dans les procédés aux savons de cuivre, il faut deux bains. Outre le travail de ces deux opérations, il en résulte que, par suite de la précipitation qui se produit pendant la deuxième, l’enduit reste superficiel.
- Au contraire, la nouvelle toile Hydrofère se teint, s’apprête et s’imperméabilise instantanément et sans mouillage ; l'imprégnation est complète, et l'enduit pénètre jusqu’au milieu du fil.
- Nous reparlerons de ce procédé de fabrication.
- Pour le moment, il est déjà incontestable que la Toile hydrofère est un produit essentiellement nouveau, et qui se présente avec des avantages évidents sur ceux actuellement en usage pour les mêmes destinations.
- PONCEAUX SUR LAINAGES
- Nous trouvons dans un journal de filature et de tissage les indications suivantes qui sont bonnes lorsqu’il s'agit de la teinture en ponceau par les anilines, mais qui ne sont plus au courant du jour en ce qui concerne les ponceaux à la cochenille.
- En voici les passages utiles :
- Il existe une infinité de procédés pour teindre les lainages en ponceau (1) ; mais nous ne parlerons que de ceux employés le plus fréquemment dans les ateliers de teinture : ce sont les ponceaux d’aniline et les ponceaux à la cochenille.
- Les pièces doivent être bien dégraissées et exemptes de toute tache (2).
- De même que pour les bleus azulines, il est nécessaire ici de faire le bain. Cette opération a pour but de rendre le bain bien homogène et de donner par cela même beaucoup de facilité pour unir l’étoffe.
- La couleur ponceau doit se faire dans des chaudières ou dans des cuves bien propres.
- Le tartre ordinaire ne convient pas pour cette nuance, parce qu’il contient beaucoup d'impuretés et de parties terreuses qui nuisent à la couleur ; c’est pour cela qu’on se sert ordinairement de tartre cristallisé ou crème de tartre.
- (1) Il n’y en a pas tant que cela.
- (2) Comme pour toutes teintures.
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- Pour peu que l’on soit praticien, on obtient facilement la nuance voulue. Cependant il faut opérer vite pour conserver à la nuance toute la fraîcheur qu’elle peut donner. 11 faut donc éviter de replonger les pièces, pour cette raison qu’un trop long séjour dans le bain leur ôte de leur fraîcheur.
- On ne doit jamais retirer des étoffes d’un bain de teiuture immédiatement après une mise de colorant; il faut laisser un espace de trente minutes au moins entre la dernière garniture et l’abatage des pièces. Encore faut-il que la dernière garniture ait été faible. Cette observation s’applique non-seulement aux ponceaux, mais également à toutes les autres nuances (1). Lorsqu’on abat les pièces trop vite, on s’expose à les voir mal unies, c’est-à dire teintes inégalement.
- Au sortir du bain de teinture, la nuance doit être plus jaune et plus fraîche que celle demandée, parce que les étoffes teintes au ponceau virent au rouge et se ternissent légèrement par l’opération du lavage.
- PONCEAU D’ANILINE
- Les ponceaux d’aniline se font du coup, c’est-à-dire dans un seul bain et sans aucune préparation préliminaire.
- Les proportions d’ingrédients peuvent varier suivant le genre des tissus, mais la manière d’opérer est toujours la même.
- Le bain étant fait, comme il a déjà été dit, on remplit convenablement la cuve de la chaudière d’eau froide et on y rentre l’étoffe à teindre. On mordance et on fait manœuvrer l’étoffe vingt à trente minutes sans chauffer. On verse dans le bain le colorant, préalablement dissous dans l’eau bouillante (2).
- Pour éviter toute tache de colorant, il faut filtrer la dissolution de ponceau. Cette dissolution du produit d’aniline dans l’eau bouillante doit se faire loin des pièces à teindre, afin d’éviter que de petites parcelles de colorant volent sur leur surface.
- On fait manœuvrer l’étoffe dix à quinze minutes sans chauffer, après quoi on élève graduellement la température jusqu’au bouillon. On teint à cette température jusqu’à la nuance voulue. On retire l’étoffe du bain et on la lave dans une eau bien claire.
- Voici quelques proportions pour la teinture en ponceau de différents tissus :
- Ponceau ?i° i pour mérinos et cachemires
- Pour 100 kilos de laine,
- Mordants:
- 5 kilos d’acide sulfurique ;
- 10 — de sulfate de soude ;
- 3 kil. 500 de tartre cristallisé.
- Colorants :
- (1) De même que les chaudières propres.
- (2) Cela peut s’appeler : en un seul bain, mais non « du coup », car malgré le bain unique, il y a deux opérations.
- Ponceau R et jaune de naphtol ou orangé A fin. (Quantités variables suivant les nuances.)
- Ponceau n° 2 pour mérinos ou cachemires.
- Pour 100 kilos de laine,
- Mordants :
- 3 kilos d’acide sulfurique,
- 2 — d’oxymuriate d’étain,
- 10 — de sulfate de soude,
- 2 — de tartre cristallisé.
- Colorants :
- Ponceau et jaune de naphtol ou orangé 4 fin.
- Ponceau n° 3 pour draperies.
- Pour 100 kilos de laine,
- Mordants :
- 4 kilos d’acide sulfurique,
- 10 — de sulfate de soude,
- 2 — de tartre cristallisé.
- Les colorants sont les mêmes que pour le ponceau n° 1.
- Ponceau n° 4 pour gaufrés.
- Pour 100 kilos de laine,
- Mordants :
- 2 kilos 500 d’acide sulfurique,
- 10 — » de sulfate de soude,
- 2 — 500 d’oxymuriate d’étain,
- 5 — » de tartre cristallisé.
- Mêmes colorants que pour les ponceaux nos
- 1 et 2.
- Ponceau n° 5 pour gaufrés noir et blanc.
- Voici un procédé qui permet de teindre en nuance ponceau les gaufrés noir et blanc, sans dégrader le noir.
- Pour 100 kilos de laine,
- Mordants :
- 20 kilos de sulfate de soude ou de sulfate de nitrate,
- 3 kilos d’oxymuriate d’étain.
- Mêmes colorants que pour les ponceaux précédents.
- Avivage. — Pour obtenir l’éclat que demande la nuance, les gaufrés noir et ponceau doivent être avivés.
- Cette opération, se fait de la manière suivante : pour ÎÜO kilos de laine, on met dans une chaudière d’étain ou dans une cuve en bois de sapin convenablement remplie d’eau, 3 kilos d’acide sulfurique à 66 degrés Baumé, et on y plonge l’étoffe à aviver. On porte progressivement la température jnsqu’à 80 degrés environ et on l’y fait manœuvrer jusqu’à ce que l’on ait obtenu la fraîcheur voulue. On lave ensuite à grande eau.
- PONCEAUX A LA COCHENILLE
- La préparation des ponceaux à la cochenille est plus compliquée ; elle nécessite deux opérations : le bouillon et le rabat. Le bouillon
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- est un bain de mordançage; le rabat est le bain de teinture proprement dit.
- Les mordants les plus employés pour cette teinture sont : la composition d'étain dissolution et le tartre.
- Nous nous ar. ôtons là, car on voit déjà que l’auteur n’est pas au fait des modifications apportées depuis quinze ans aux ponceaux de cochenille.
- Aujourd’hui, cette teinture se fait du coup, en ajoutant de l’acide oxalique dans le bain de teinture contenant les mordants d’étain.
- Il n’y a plus que les retardataires qui fassent une composition d’étain ; le mélange de sel d’étain et d’oxymuriate la remplace avantageusement.
- L’auteur, du reste, fait mettre du sel ammoniac dans sa composition ; d’autres y introduisaient du sel marin, alors que l’acide chlorhydrique tout formé est bien plus simple et plus sûr.
- Mais, du reste, les compositions d’étain elles-mêmes sont maintenant laissées de côté, comme le sera bientôt la cochenille.
- REVUE SOMMAIRE
- DES BREVETS D’INVENTION
- Machine à teindre en bobines ou en vrac Par M. F. Desürmont
- M. Desürmont emploie la teinture par injection, mais avec pression suffisante, au sein même du liquide tinctorial.
- A cet effet, on dispose un tonneau porté et tenu au-dessus du bain, dans la position verticale, sur un ajutage conique disposé dans le bac de teinture : ce tonneau est percé sur toute la surface de ses douelles de trous de dimension variable (3, 4 ou 10 millimètres), selon la grosseur des fils à teindre. L’ajutage conique creux communique avec le tonneau et avec le refoulement d’une pompe ou avec un injecteur Gifïard.
- La pompe aspire le liquide du bain pour le refouler dans le cône et de là dans le tonneau rempli du textile à teindre. Le tuyau de refoulement, de préférence, doit avoir un embranchement venant déboucher à la partie supérieure du tonneau : un couvercle convenablement disposé permet d’assujettir les fils à teindre et empêche leur ballotage.
- On procède d’abord au mordançage, puis à la teinture : on agite mécaniquement par un moulin de mélange les dissolutions de matière tinctoriale ; quand on les verse, lancer l’eau avec nne pomme d’arrosoir dans un tamis placé en de-sous et sur lequel sont versées les substances à alambiquer, selon le terme adopté.
- L’ÉPAILLAGE CHIMIQUE
- Nous empruntons les indications suivantes à l’excellent ouvrage de M. L. Simon, ingénieur, directeur de l’Ecole de bonneterie de Troyes, sur Le Travail des Laines cardées :
- L’épaillage chimique des laines et des draps
- peut être pratiqué à l’aide de deux procédés distincts :
- 1° Par les acides lorsqu’on traite des laines avant la teinture, ou des draps en blanc; ou bien des laines ou des draps teints par l’indigo, que l’acide ne fait pas virer ,
- 2° Par les chlorures, qui permettent de traiter des laines ou des draps teints en nuances dites petit teint.
- Epaillage des laines par l’acide
- L’acide sulfurique est le plus fréquemment employé.
- Le bain peut marquer depuis 2 jusqu’à 6 degrés au poste-acide Baumé.
- Il est contenu dans des cuves en bois ou dans des cuves en maçonnerie cimentée, garnies ou non avec du plomb.
- Le trempage doit être fait jusqu’à complète imbibition.
- Afin de ne pas détériorer la matière, laine ou blousses (déchets provenant du peignage), il est préférable d’être économe de manipulations.
- On la renferme, en conséquence, dans des sacs en laine ou en crin, puis on la fait tremper longuement (pendant trois ou quatre heures par exemple), après quoi on la retire du bain, on la laisse égoutter, puis on l’essore à fond.
- L’essoreuse employée doit avoir son panier tournant en cuivre rouge, et tout ce qui est fer ou fonte garanti par un doublage en plomb.1
- On procède ensuite au séchage, qui peut être obteu par les procédés ordinaires :
- Sécheries sur tabliers fixes, avec hélice aspirante ;
- Sécheries à tiroirs mobiles, également avec hélice ;
- Sécheries à tabliers mobiles et à soufflerie d’air chaud, ou même sécheries à l’air libre.
- Jusqu’ici, l’épaillage n’est pas encore effectué.
- Il reste à soumettre pendant quelque temps la laine à l’action d’une haute température (80 à 100 degrés).
- Suivant le mode de séchage dont on dispose, il faut donc prendre ses dispositions en vue de ce résultat.
- Les sécheries à tabliers fixes, dont on suspend la marche de l’hélice, permettent d’é-pailler à la plus basse température.
- Celles à tiroirs mobiles, ou à tabliers mobiles, ont besoin d’une plus haute température, l’opération devant s’y faire dans un temps moindre.
- On reconnaît que celle-ci est terminée quand toutes les substances végétales sont noires et friables sous les doigts.
- Il convient alors de faire passer les matières épaillées, encore chaudes, dans une batterie écraseuse, sous l’action de laquelle les substances végétales se désagrègent.
- On s’expose à des mécomptes en négligeant cette opération.
- Il faut ensuite procéder au désacidage.
- S’il s’agit de laines ou de blousses qu’on ne veuille pas fatiguer, on les tasse régulièrement dans des cuves en bois, puis on fait arriver de l’eau qui se déverse sur elle par une pomme d’arrosoir et qui s’écoule par la partie inférieure en entraînant l’acide.
- Cette opération est longue quand on la veut bien complète.
- Sa durée dépend nécessairement de la quantité traitée à la fois.
- La laine est ensuite livrée à la teinture.
- Quand on épaille des déchets, des chiffons ou des laines très chargées de chardons, les bains doivent être au maximum, ainsi que la température.
- L’écrasage et le battage sont de rigueur, ainsi que le désacidage à fond.
- On peut épailler les laines teintes par les chlorures -, mais généralement on préfère les épailler à l’acide, avant teinture.
- La température étant moindre par ce procédé, la laine conserve mieux ses qualités et sa souplesse.
- Epaillage des draps blancs ou bleu indigo
- PAR L’ACIDE SULFURIQUE
- L’épaillage des draps blancs ou bleu indigo se fait eh cours d’apprêts, le drap étant foulé et généralement ayant subi un lainage et un tondage.
- Cet épaillage comporte les mêmes phases que celui de la laine.
- Le trempage s’opère dans une cuve contenant le bain et portant deux cylindres en bois, comme une dégorgeuse.
- L’étoffe est pressurée entre les deux cylindres jusqu’à complète imbibition -, ensuite on procède à l’essorage, puis au séchage au large et à la carbonisation.
- La machine la mieux appropriée pour ce travail fait cheminer l’étoffe verticalement de bas en haut et de haut en bas, sur des rouleaux commandés et renfermés dans un local bien clos et chauffé, divisé en deux compartiments.
- Dans le premier, la température est d’environ 80 degrés • c’est là que s’opère le séchage. Dans le deuxième compartiment, plus court que le premier, la température atteint 100 à 120 degrés ; c’est à ce moment que s’opère la carbonisation.
- L’étoffe, en sortant, laisse apercevoir tous les fragments végétaux complètement noirs et transformés.
- On procède au désacidage par un lavage à l’eau dans une dégorgeuse ordinaire.
- Epaillage des draps teints en petit teint avec
- LES CHLORURES D’ALUMINE, DE MAGNESIE, ETC.
- Le bain est préparé à 6 ou 8 degrés Baumé.
- Le trempage se fait comme pour l’acide, en prenant toutefoisla précaution d’avoir en usage le moins de bain possible, afin de le renouveler souvent; autrement, le bain se neutralise et se coagule.
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- L’essorage peut être pratiqué sans inconvénients à l’aide d’une essoreuse ordinaire.
- Le séchage et la carbonisation peuvent être pratiqués à l’aide d’une machine analogue à celles employées pour l’épaillage à l’acide, sauf toutefois que la température du second compartiment doit atteindre 130 à HO degrés.
- Avec l’un et l’autre procédé, l'étoffe doit séjourner pendant environ trente minutes dans l’appareil, — ce temps étant compté depuis l’entrée de l’étoffe jusqu’à la sortie.
- Le lavage se fait à l’eau pure ou légèrement additionnée d’ammoniaque (3 à h 0/0 du poids de l’étoffe).
- Ce genre d’épaillage est moins énergique que celui opéré à l’acide sulfurique ; il se pratique avant le foulage.
- Certaines fabrications communes épaillent même les draps tels qu’ils sont au sortir du tissage, c’esl-à-dire imprégnés encore des huiles provenant de l’ensimage.
- Les fabrications soignées ne font cette opération qu’après le dégraissage et avant ie foulage.
- L’épaillage est un sérieux progrès, qui a mis en valeur des matières premières délaissées et qui a presque anéanti 1 épincetage.
- Certaines maisons, cependant, se refusent à l’appliquer; celles surtout qui font les articles fins.
- Si l’opération est bien conduite, elle présente peu ou point d’inconvénients.
- Mais il n’en est pas de même si elle laisse à désirer sur quelque point.
- L’épaillage de la laine rend le cardage et la filature plus difficiles, parce qu’il relire une partie de sa souplesse.
- L’épaillage des draps en écrus dégraissés rend le foulage plus laborieux. Le foulage peut même devenir impossible, lorsque l’épaillage a été fait avant le dégraissage.
- Enfin, l’épaillage des draps foulés rend le désacidage difficile, et, s’il n’a pas été opéré avec tous les soins voulus, l’étoffe porte en elle un germe de destruction qui fera son oeuvre sûrement.
- PROCÈDES DIVERS
- Thiocarmin
- Nous donnons ci-dessous un échantillon teint avec le Thiocarmin R, de la « Manufacture lyonnaise », dont nous parlions dans notre Précédent numéro, et qui est applicable à la laine.
- Ce produit est en pâte liquide, d’un bon rendement; l’échantillon ci-dessus est obtenu avec environ 3 0/0 de cette pâte.
- Les teintes plus claires ont un retlet vert à la lumière artificielle.
- La teinture se fait au bouillon avec addition d’acide sulfurique et de sulfate de soude.
- Mais c’est moins pour sa teinte propre que comme proiuit à mélanges, que cette couleur est offerte à la consommation, et il est propose pour remplacer l’indigo avec un rendement plus avantageux et une vivacité de teinte plus grande, surtout à la lumière artificielle.
- La plupart des couleurs teignant sur bains acides peuvent s’y mélanger.
- Nous l’avons essayé avec la complémentaire du bleu : l’orangé. L’adjonction de la couleur complémentaire est le meilleur moyen pour s’assurer que la couleur de fond ne se laisse pas éteindre par le mélange.
- Avec un orangé acide, nous avons obtenu la teinte bronze ci-contre, dans laquelle on voit que le fond bleu s’est bien soutenu.
- La teinte du mélange a du fond et en même temps du tranché.
- La « Manufacture lyonnaise » donne plusieurs exemples des mélanges qu’on peut utiliser avec son Thiocarmin comme base. Elle recommande nécessairement ses produits.
- Ces mélanges sont, pour 100 kilos :
- Bleu cendré
- Thiocarmin R............... 500 gr.
- Azo-orseille I............. 500 —
- Bleu marine
- Thiocarmin................... 5 kil.
- Azo-orseille................. 3 —
- Loutre
- Thiocarmin................... 3 kil.
- Azo-orseille................. 8 —
- Jaune acide C................ 2 —
- Gros bleu
- Thiocarmin................... 6 kil.
- Azo-orseille............. llc500
- Rouge brunâtre
- Thiocarmin................. 200 gr.
- Azo-orseille................. 6 kil.
- Jaune acide................ 200 gr.
- Vert clair
- Thiocarmin................. 250 gr.
- Jaune acide................. 20 —
- Gros vert
- Tniocarmin.................. 5 kil.
- Jaune acide................. 1 —
- Bronze
- Thiocarmin............... lk500
- Azo-orseille................ h kil.
- Jaune acide................. 1 —
- La teinture sur ces mélanges s’opère, comme avec le Thiocarmin seul, au moyen de l’acide sulfurique et du sulfate de soude.
- Ainsi, avec ces trois seuls éléments : Bleu, Rouge et Jaune, on peut obtenir à peu près tous les effets chromatiques : cela est conforme, du reste, à la théorie.
- Le Thiocarmin se ronge par les réducteurs, tels que la poudre de zinc et le sel d’étain.
- Autres Matières colorantes nouvelles Congo orange R
- Cette couleur, fabriquée par la « Actienge-sellschaft », teint directement le coton en -orange vif résistant aux acides. Les meilleures nuances s’obtiennent en ajoutant au bain 10 pour \ 00 de sulfate de soude et 2 pour 100 de savon. On teint au bouillon.
- Sur laine, on emploie 10 pour 100 de sulfate de soude ; la nuance réiiste au foulon.
- 1 Pour les demi-soie, on emploie du phosphate de soude.
- Congo bleu R et B
- Ils teignent le coton comme les matières analogues, et peuvent remplacer l’indigo dans une certaine mesure, car ils donnent des nuances qui résistent à la lumière.
- Jaune pour foulon
- Ce produit, de l’usine Cassella, est proposé pour remplacer le bois jaune, et supporterait l’action du foulon et de la lumière.
- Il peut s’employer avec l’alizarine. La laine se teint seulement additionnée de tartre. Le bain opère plus vite et mieux si l’on ajoute de l’acide. On commence par faire bouillir le drap avec 10 pour 100 d’acide oxalique. La nuance résiste aux acides et au soufre. Pour la soie, on emploie le bain de savon coupé à l’acide acétique.
- Par ses propriétés et son mode d’emploi, nous lui voyons de grandes analogies avec le « Jaune pour laine » décrit dans notre numéro du 25 février dernier, p. 29.
- Les 10 pour 100 d’acide oxalique ci-dessus indiqués sont assurément un dosage bien élevé.
- Bordeaux d'alizarine B et C
- Ces couleurs s’employant pour coton et pour laine sont en pâte, à 20 pour 100 de produit sec.
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- On obtient des nuances brunes en teinture sur coton avec le mordant d’alumine.
- Sur laine, l’alun donne une nuance rouge et les sels de chrome une nuance prune.
- En impression, on obtient sur coton un Bordeaux solide au moyen de l’acétate d’alumine ; les sels de chrome donnent un bleu foncé intense, dont on peut faire varier la nuance au moyen de sels de chaux ou de magnésie.
- Cyanine R
- C’est un bleu vif de la fabrique Friedr. Bayer et Ce.
- En teinture sur coton, on obtient des nuances brunes avec les mordants de chrome et d’alumine.
- La laine se teint en beau bleu sur mordant de chrome. On mordance en 3 p. 100 bichromate de potasse, 1 pour 100 acide oxalique et on teint en ajoutant 1/2 pour 100 d’acide sulfurique. On lave et on avive en savon avec un peu d’ammoniaque.
- En impression sur coton , cette cyanine donne, avec l’acétate d’alumine, un très beau bleu violet ; l’addition de sels de chaux permet de nuancer la couleur jusqu’au rouge. Avec l’acétate de chrome, le bleu est légèrement verdâtre.
- Les teintes seraient solides à la lumière et au foulon.
- La couleur craint le contact des métaux et doit s’employer dans des barques en bois.
- Poudre garnissante pour l’apprêt des tissus de coton
- Pour charger les encollages destinés aux apprêts garnis, on emploie des argiles blanches, notamment le kaolin et surtout le china-clay. Ce dernier produit est un silicate d’alumine qui nous vient d’Angleterre et dont il se consomme d’énormes quantités pour cet emploi.
- Une poudre qui pourrait s’y substituer et qui se recommande principalement par son bas prix, est celle de silex calciné provenant des galets de l’Océan; elle se fabrique en grand pour plusieurs destinations dont la plus importante est la céramique. Elle se vend 4.0 francs la tonne.
- Cette poudre est d’un blanc éclatant, d’une finesse impalpable ; elle est suffisamment plastique, et remplit toutes les conditions nécessaires pour les apprêts garnis.
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- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Teinturier-Dégraisseur
- Apprêt a la brosse
- L’apprêt aux tapis et à la presse forme un ensemble, un procédé spécial ; j’en ai dit les avantages et les inconvénients.
- Les procédés nouveaux, modernes, sont complètement indépendants, et sont basés sur l’emploi du cylindre ou tambour à vapeur, soit qu’on s’en serve pour faire du collage, soit qu’on l’utilise avec le feutre sans fin, qui fait frotter l’étoffe sur le tambour chaud.
- La méthode du collage est la première en date (et je ne reviendrai pas sur son histoire); elle est aujourd’hui la moins employée, mais comme elle n’est pas sans qualités, beaucoup de teinturiers continuent à travailler avec leur colleur, et d’autres, qui ont des maisons importantes, ont cet outil à côté du tambour à mouvement continu.
- On se sert d’une brosse pour coller les étoffes sur le cylindre : d’où le nom « apprêt à la brosse ».
- Cette brosse est en bonne soie de sanglier, assez rude et en général de la forme de la fig. 77 ci-contre :
- Fig. 77 — Crosse à coller
- Toutefois, le genre de brosse n’a rien d’absolu, et j’ai vu faire du très bon collage même avec un chiendent à longs brins.
- Quant au cylindre-colleur, nous l’avons vu précédemment (1888, fig. 36 et 37, p. 158).
- L’opération du collage étant très simple, j’ai donné en même temps la marche à suivre, qui se borne à peu de chose.
- Le collage convient surtout aux étoffes légères : soie, laine ou mélanges ; si l’on ne dispose pas d’autres moyens, on peut aussi y faire ces mêmes étoffes plus fortes, mais les tissus tout-à-fait épais et les popelines ne peuvent s’y apprêter.
- Ce genre d’apprêt offre beaucoup de facilités pour les petits morceaux, qui s’y font rapidement-, les grands demandent déjà un peu peu plus d’attention. Dans tous les cas, il n’y a pas de couture à faire.
- Avec une gomme très légère, on évite le glacé exagéré de l’envers, mais il en reste toujours.
- L’apprêt aux machines à toile sans fin lui est certainement préférable, comme travail à tout faire.
- Apprêt aux machines à mouvement continu
- C’est, pour le moment, le dernier mot des apprêts pour teinturiers-dégraisseurs.
- Le cylindre-colleur, revêtu du feutre sans fin, constitue en principe l’appareil, avec quelques organes accessoires que j’ai indiqués en décrivant les principaux types de ces machines (1888, p. 166 et suiv.).
- Leur fonctionnement ressort aussi de ces
- descriptions , il y a lieu, toutefois, d’y ajouter quelques considérations :
- L’apprêt aux machines se fait suivant deux méthodes : 1° au mouillé, c’est-à-dire que les étoffes gommées sont engagées humides sur la machine, où elles se sèchent en même temps qu’elles se polissent ; 2° au sec, c’est-à-dire les étoffes gommées étant séchées avant de passer à la machine.
- Dans le premier cas, il faut des tambours à gros diamètre, pour que le trajet soit assez long pour sécher l’étoffe dans son parcours. Les machines de M. Dehaitre sont construites d’après ce principe.
- Pour l’apprêt au sec, les cylindres peuvent être bien moins volumineux, et il faut que la machine soit munie d’un vaporisateur servant à amollir la gomme séchée, au moment où l’étoffe s’engage dans l’appareil. — La machine Pingrié et Ce dite « Sans-Rivale » est le meilleur type de ce genre.
- Quant aux avantages respectifs :
- L’apprêt au mouillé est le plus simple : les morceaux sont passés à la gomme, puis aussitôt, sans désemparer, portés à la machine, et c’est fini. Il n’y a pas d’interruption dans le travail et pas besoin d’étendage pour sécher.
- Les tissus sujets à rétrécir conservent mieux leur largeur.
- Pour apprêter au sec, il faut une machine moins lourde, et par conséquent plus douce à manier ; il y a moins de dépense de chaleur et l’on peut employer des cylindres à vapeur libre ; cette chaleur sans excès évite le brillant ciré des étoffes, le feutre ne s’encrasse pas et il se produit peu de buée.
- Les cylindres destinés à l’apprêt au sec peuvent aussi apprêter humide, et pour compenser leur insuffisance de diamètre on n’a qu’à y faire passer deux fois les étoffes.
- En conséquence, les maisons à giande production, où il faut un travail suivi, fait au fur et à mesure qu’il se présente, préféreront l’apprêt au mouillé ; celles qui peuvent y consacrer plus de soins, et qui sont économes de vapeur et de force (employant des femmes) apprêteront plutôt au sec.
- C’est en résumé, au point de vue de la qualité du travail, celui pour lequel je me prononce.
- Que l’on apprête au mouillé ou au sec, le procédé est à peu près semblable ; la machine étant mise en mouvement et chauffée, on engage entre le feutre et le cylindre un bout de l’étoffe à apprêter, en tendant en largeur autant que possible -, l’étoffe est alors entraînée par le cylindre tournant, et sort du cylindre quand elle en a fait le tour ; elle retombe ordinairement dans une manette placée en arrière de la machine.
- Pour l’apprêt au sec, il faut lui donner, au moment de sou entrée dans la machine, un jet de vapeur qui amollit la gomme et rend le tissu légèrement moite.
- Comme l’appareil n’exige qu’une vapeur à
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- faible pression, celle-ci est assez humide pour produire l’effet voulu.
- Pour toutes ces machines, il faut éviter d’approcher la main trop près du cylindre, car elle peut se faire saisir par le feutre et produire des accidents graves. Les bons conducteurs y adaptent un garde-mains qui évite ces accidents.
- La pression du feutre doit pouvoir se graduer à volonté.
- On apprête un reps et toute étoffe côtelée, avec une faible pression, en mettant l’endroit du tissu contre le feutre. Au contraire, quand il faut du glaçage comme pour un damas, on donne une forte pression en faisant appliquer l’endroit contre le cyliudre.
- C’est ce dernier qui produit le lustrage ; on n’a donc qu’à régler le travail en conséquence.
- Tous les tissus en général s’accommodent de ce genre d’3pprêt ; en première ligne, les lainages et les soieries purs, puis les mélanges, cotonnades, crêpes, et les tissus à réseaux ne craignant pas l’aplatissement.
- On peut considérer le cylindre à mouvement continu, comme l’outil universel; il dispense de l’emploi de la presse et réduit celui du tapis à quelques cas exceptionnels.
- L’apprêt est plus stable que celui de la presse ; les étoffes sont décaties et ne se tachent plus à la moindre humidité.
- C’est, en résumé, le meilleur instrument pour nos travaux, à condition de disposer de vapeur.
- Gommage
- Les étoffes devant être apprêtées par ces machines, ou par toutes autres, du reste, se gomment soit à plHn bain en les trempant dans l’apprêt (qui doit être alors léger) et les tordant modérément au-dessus de ce bain. Pour éviter de froisser les soies, on enlève l’excès de gomme à l’aide d’une éponge; soit par le procédé à l'éponge on à la brosse, les morceaux étant étalés sur une table, on y applique la gomme avec l’un de ces outils, en donnant nécessairement une couche aussi unie que possible : l’éponge est préférable à la brosse.
- Mais rien ne vaut le foulard dans le genre de celui que j’ai décrit (1888, p. 183) pour la rapidité et la régularité du travail. Il peut se régler et donner des couches plus ou moins épaisses.
- Nous avons à voir maintenant le cylindrage et le moirage.
- Maurice GUEDRON
- LES SUCCÉDANÉS
- DE LA GOMME ARABIQUE
- M. Ch. Berthier, dans le Cosmos en parlant de la cherté des gommes du Sénégal, fait une
- revue des différents produits susceptibles de les remplacer.
- Après avoir parlé des gommes de pays, des amylacés, du léiocomme, de la dextrine et autres matières de même origine, il continue :
- Ce qui précède montre que, en somme, ce serait une utopie que de vouloir trouver un succédané parfait de la gomme arabique, la remplaçant complètement dans toutes ses applications, si nombreuses et si variées qu’elles puissent être. Il faut se résigner à chercher, parmi les substances susceptibles de donner des solutions aqueuses adhésives, quelles sont celles qui, dans telle ou telle application spéciale, jouissent des mêmes propriétés que l’arabine ou, si possible, de propriétés plus conformes encore au but à atteindre.
- Divers chimistes et industriels se sont efforcés de réaliser les meilleures conditions d’emploi de ces substances et sont parvenus à déduire de leurs expériences un certain nombre de recettes plus ou moins pratiques. M. Boa recommande une décoction d’algues : on met macérer pendant une heure, dans 750 gr. d’eau froide, 8 gr. de mousse d’Irlande, puis on chauffe modérément en remuant constamment. Après cinq minutes de cuisson, la colle est terminée. On obtient ainsi environ 560 gr. d’une solution gommante, pouvant remplacer l’arabine de qualité tout-à-fait inférieure. Ce procédé est intéressant à cause de son bas prix de revient, mais il ne donne qu’un produit fort médiocre, d’une force agglutinative très faible et se ramollissant au contact de la moindre humidité.
- On obtient un meilleur résultat avec la colle de châtaignes, qui n’est en somme que de la colle à la farine, la matière amylacée se trouvant dans une grande quantité de végétaux. On s’en sert pour le papier et les travaux de cartonnage : elle colle bien, mais ne vaut pas, comme force adhésive, la solution imaginée par Lehner : il fait fondre, d’une part, à une douce chaleur, 100 parties de colle de doreur (1) dans 200 parties d’eau ; puis il ajoute 2 parties de laque, que l’on a préalablement dissoute dans 10 parties d’alcool. D’autre part, il prépare à chaud une solution de 50 parties de dextrine dans une quantité égale d’eau et il la verse dans la première, en remuant constamment. Après avoir filtré à travers un linge la solution encore liquide, il la met en bouteilles, où elle se prend en refroidissant et se conserve fort bien. Pour l’usage, la quantité nécessaire du mélange est fondue au moment de s’en servir, puis diluée à volonté, selon l'emploi que l’on veut en faire. Si l’on a à coller des papiers minces, on peut avec avantage substituer à la dextrine pure une solution de 2 parties en poids de cette substance dans 5 parties d’eau, 1 partie d’alcool et 1 partie d’acide acétique.
- (1) C’est évidemment l’albumine en poudre que fauteur désigne : « Colle de doreur ».
- M. Schuhmann, attribuant les propriétés hygroscopiques de la colle de dextrine à son contenu en sucre, a imaginé un procédé spécial permettant d’éliminer autant que possible ce dernier corps. On met digérer dans un autoclave, sous une pression de 2 à 3 atmosphères, 100 parties en poids d’amidon avec 500 parties d’eau et une demi-partie d’acide sulfurique ou azotique. On maintient la masse ainsi, jusqu’à ce que, de pâteuse qu’elle était primitivement, elle devienne liquide. Quand elle a acquis la fluidité voulue, on arrête l’opération, puis on neutralise les acides demeurés libres. On soumet ensuite la liqueur à une nouvelle digestion, sous pression de 3 à 5 atmosphères, puis on la porte dans l’appareil Taylor et on la filtre sur du chierbon d’os. Le résidu de ces opérations est évaporé partiellement dans le vide, puis placé dans une chaudière où on le maintient jusqu’à dessiccation parfaite; enfin, après l’avoir refroidi on le casse en petits morceaux que l’on met en bocaux.
- Tout ce que l’on peut reprocher à ce procédé, c’est d’être un peu compliqué et de nécessiter un matériel coûteux, qui élève considérablement le prix de revient du produit obtenu, lequel, par contre, est l’un des meilleurs que l’on puisse se procurer.
- Suivant une voie diamétralement opposée à celle où s’était engagé M. Schuhmann, Kay-ser est parvenu à préparer une excellente solution agglutinative en mettant le sucre à contribution. Il suffit pour cela de faire dissoudre 30 gr. de sucre candi, finement pulvérisé, dans -100 gr. de verre soluble. Cette dissolution, qui se conserve indéfiniment dans des flacons bien bouchés, peut rendre de réels services toutes les fois que l’on a à coller du papier sur du papier, du métal ou du bois.
- Si l’on ajoute à la liste, déjà un peu longue, des matières précédemment énumérées, la gélatine et ses analogues, on aura une idée assez exacte des corps appelés à remplacer la gomme arabique dans un csrtain nombre de ses applications techniques.
- BREVETS RECENTS
- Intéressant les Industries tinctoriales
- 208468. — Coquilliot. — Glaçage américain dit Brillant Sylvain.
- 208506. — Decock. — Perfectionnements apportés à la machine à teindre en écheveaux les matières textiles.
- 208555. — Van Laer. — Nouveau système d’enlevages applicable à l’impression des tissus ou autres substances textiles de nature animale ou végétale.
- 208603. — Kitcheel. — Perfectionnements aux matières servant à obtenir des embosse-ments ou reliefs dans du papier et dans d’autres matières analogues.
- 208679. — Garnier. — Perfectionnements dans la fabrication des toiles cirées pour meubles.
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- 208190. — Maistre et Campagne. — Procédé de recueillement de l'indigo non fixé sur Jes matières textiles, d’utilisation immédiate de cet indigo, de teinture directe et de dégraissage à l’aide d’un produit savonneux.
- 208806. — Belleville. — Système de moire façonnée française, antique ou à réserves, et sa fabrication.
- 208810. — Gilliard, P. Monnet et Cartier. — Appareil mécanique pour l’oxydation du noir Monnet.
- 209139. — Michaud. — Perfectionnements apportés à la fabrication des divers clichés pour les impressions en couleurs.
- 109140. - Alsberge. — Nouvelle méthode de blanchiment des fils de lin, d étoupes, de coton, etc., méthode pouvant s’appliquer aussi au lessivage et à la teinture des fils, etc.
- 208943. — Blancan. — Nouveau genre d’impression et de décoration spéciale des papiers.
- 209007. — Miller. — Perfectionnements dans la méthode et les appareils pour presser et apprêter les tissus textiles.
- 209065. — Carpentier. — Procédé pour la fabrication de papiers peints.
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- Réglementation du travail. — La
- commission du travail, réunie sous la présidence de M. Ricard, s’est occupée de la pétition déposée entre ses mains par la délégation du 1er mai, demandant la fixation et la réglementation du travail des ouvriers adultes. Elle a décidé qu’il y avait lieu, conformément à l’article 68 du règlement de la Chambre, d’adjoindre cette pétition aux autres projets de loi sur la même question dont elle était saisie. Ces projets de loi ont déjà fait, du reste, l’objet d’une étude approfondie et d’une enquête parlementaire qui est sur le point d’être terminée.
- Dqiât des marques de fabrique à (Paris. — Jusqu’à ce jour, le dépôt central des marques de fabrique et de commerce était installé au Conservatoire des Arts-et-Métiers, tandis que celui des brevets en cours d’exploitation était établi au ministère du commerce et de l’industrie.
- Fat un décret en date du 27 février 1891, rendu sur la proposition de M. Jules Roche, le dépôt central des marques de fabrique et de commerce a été ramené au ministère du commerce, bureau de la propriété industrielle, rue de Varenne, 80, à Paris.
- —o—
- Exposition de Toulouse. — Une
- exposition internationale d’électricité, de mécanique, de chimie industrielle et commerciale, d’hygiène et d’alimentation, s’ouvrira le 15 mai prochain à Toulouse pour clôturer le 15 septembre.
- Taux de reprise au conditionnement de» laines. — Le compte-rendu des travaux de la Chambre syndicale de la
- bonneterie, pendant l’année 1890, contient le passage suivant :
- « Nous avons adopté, en contradiction avec la Chambre de commerce de Paris, un travail dont M. Dépassé s’était chargé, au sujet du projet de loi qui demandait la suppression du taux de reprises des laines. Il conclut :
- « 1° Au maintien de la fixation du taux de reprises des laines et au rappel A 15 p. 100 ;
- « 2° A la constatation, même sans y être convié, de la présence de corps étrangers et dans quelles proportions;
- « 3° L’essai du numéro de fil, sans lequel le conditionnement n’est qu’un leurre pour l’acheteur qui n’est pas théoriquement au courant de cette question très complexe.
- « Suivant nos conclusions, le projet de loi a été retiré. »
- lies accidents «l’appareil» à vapeur. — D'après une statistique officielle, l’emploi des appareils à vapeur a occasionné, pendant l’année 1889, en France, 41 accidents qui ont causé la mort de 30 personnes.
- Nous y relevons les suivants qui se rapportent aux industries tinctoriales:
- Blanchisserie à Darnétal. — Une citadelle ou récipient cylindrique vertical est détachée de son fond et lancée à 27 mètres à travers le toit, quelques instants après l’admission de la vapeur. Le récipient était mal construit, le fond plat n’étant pas armé. Des corrosions extérieures avaient aflaibli la cornière qui reliait le fond de la cuve à ses parois.
- Teinturerie à Hem (Nord). — Un récipient cylindrique, en tôle de fer, trois quarts d’heure après l’admission dé la vapeur, projette son couvercle à 29 mètres à travers la toiture. L’accident doit être attribué à l’absence de vingt-et-un boulons ordinaires, vingt-et-un boulons à charnières ayant seuls été mis en place, et à ce que Je couvercle avait été déformé sur son bord en raison de l’emploi, pour faire lejoint d’une tresse de coton ; le pourtour de l’obturateur portant à faux avait été infléchi à la longue et permit aux écrous de glisser comme sur un plan incliné.
- Teinturerie à Reims. — Un récipient en forme de poire en cuivre rouge embouti se rompt en deux parties quelques secondes après l’admission de la vapeur. La cause de l’accident n’a pu être présumée.
- Le rapport indique, sans dire auquel il s’applique, que ces trois accidents ont causé la mort d’une personne. En 1888, on avait constaté, dans les mêmes industries, cinq accidents ayant tué cinq personnes et blessé sept.
- —o—
- lie» cour» de teinture. — M. le secrétaire de la Société Industrielle d’Amiens, en proclamant le palmarès des cours publics institués par cette Société, s’exprime ainsi, à propos de celui de teinture et de chimie tinctoriale :
- « L’industrie de la teinture s’est développée depuis longtemps dans notre ville ; elle est appelée à y être pour de nombreuses années encore une source de travail; aussi.il est étrange que ce cours, conçu dans une pensée essentiellement professionnelle, ne soit pas suivi par des personnes se destinant à cette carrière.
- « Peut-être un effort de stimulation serait-il nécessaire de la part de nos industriels soucieux de l’avenir.
- « Quoi qu’il en soii, l’enseignement donné j
- par M. Bor a été tel que, pour une vingtaine d’auditeurs à chaque leçon, la commission composée de MM. Selosse’, Debionne, Courtin’ Lamy et Quennehen, a cru devoir accorder neuf récompenses. »
- Il est, en effet, remarquable combien les ouvriers teinturiers sont indifférents à la partie théorique de leur profession, où cependant elle joue un si grand rôle.
- Nous avons souvent l’occasion de causer avec eux, et nous les voyons interpréter les faits les plus simplesd’une façon qui témoigne de la plus grande ignorance.
- C’est ainsi qu’un contre-maître qui faisait fixer un mordant de fer par des passages en carbonate de soude, nous disait qu’après chaque bain de rouille, il fallait dégraisser les soies au carbonate.
- D’autres nous révèlent avec mystère des recettes qu’ils ont imaginées, où sont entassés avec un désordre tout empirique, les produits les plus hétérogènes, le plus souvent incompatibles, comme un acide et un alcali, un oxydant et un réducteur dans le même mélange, démontrant enfin une absence complète de notions sur l’action de ces produits.
- Toutes les tentatives flûtes pour encourager les ouvriers à acquérir quelques connaissances théoriques ont toujours échoué. Le cours de Chevreul. que nous avons suivi aux Gobelins, n’avait guère, comme auditeurs, que des amateurs ; celui du Conservatoire des Arls-et-Métiers a très peu d’ouvriers teinturiers ; il suffit d'examiner les mains pour s’en convaincre ; son public spécial comprend des jeunes gens ayant des professions se rapportant plus ou moins à la teinture, mais non, en général, manipulateurs eux-mêmes ; cela suffit pour que ce cours ait une grande utilité, et nous ne voulons pas par cela, en diminuer l’importance.
- L’ouvrier qui possède quelqu’habileté manuelle croit n’avoir plus rien à apprendre; aussi est-il souvent très difficile de lui demander autre chose que son travail de manœuvre ; il se plaint ensuite que son métier ne lui offre pas d’autre débouché.
- Sur les adultes, il sera difficile de modifier ces idées ; mais c’est à la nouvelle génération qu’il faut s’adresser, et à qui il conviendrait de consacrer, non pas des cours facultatifs, mais des écoles, les prenant au sortir de l’école primaire, exigeant de l’assiduité, et ayant un enseignement qui tienne le milieu entre des cours scientifiques trop ardus pour eux, et le travail purement pratique qu’on apprend bien mieux à l’atelier.
- Cela est bien à peu près le programme de l’école d’Amiens, et cependant les vues des organisateurs, conformes à celles que nous venons d’exposer, ne sont qu’à moitié remplies ; c’est alors aux chefs d’industrie à seconder ces entreprises, et à offrir aux jeunes gens des facilités pour suivre cet enseignement dans la ville où il est organisé : quelques heures par semaine prises sur celles du travail pourraient y être consacrées, en prescrivant que tout ouvrier âgé de moins de vingt ans n’aura pas droit à la paie complète tant qu’il n’aura pas obtenu le certificat de capacité de l’école professionnelle.
- Ils rendraient ainsi service à ces ouvriers et à eux-mêmes.
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- 4e Année, N° 7.
- SOMMAIRE
- LA
- REVUE
- DE
- LA
- TEINTURE
- ET DES COLOR ATIONS
- INDUSTRIELLES
- 10 avril 1801
- Q^JiÇjENTIA - ET ' N EGQTJJJ^_+-?
- dames, 7,078,000 fr., soit 1,372,000 fr. de diminution.
- En résumé l’exportation des principaux produits de l’industrie textile a progressé ces deux premiers mois de 1891 d’environ cinq millions.
- Chronique. — Fixation des couleurs par vaporisage. — Les jaunes et verts solides. — Apprêt des lainages. — Revue sommaire des brevets d’invention.
- Procédés divers : Marguerite ; Cuir ; Gris solides coton ; Rouges sur laine ; Gomme pour soies.
- — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Société Industrielle de Mulhouse. — L’Industrie des papiers peints.
- — Informations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- La reprise des affaires se manifeste déjà, et en même temps des grèves ouvrières se déclarent.
- Nous mentionnons pour mémoire celle des teinturiers en peaux, sur laquelle nous donnons quelques détails à nos «Informations ».
- Une autre a éclaté à Sedan, et nous en rapportons aussi l’origine; elle s’est produite au moment où cette place manufacturière semblait reprendre son activité des bonnes époques, ainsi que nous l’annoncions dans notre Chronique du 10 mars.
- « Le Bulletin de l’Union des fileurs des Ardennes et de la Marne » publiait de son côté, une information dans le même esprit, où il disait :
- ce La fabrique de Sedan, si calme depuis plusieurs années, sort de sa torpeur ; il règne une grande confiance dans les résultats qu’elle espère obtenir cette année.
- « Que nous voilà loin de ces esprits chagrins qui nous prédisaient, depuis si longtemps, la disparition à bref délai de l’industrie sedanaise ! La longue crise que vient de traverser la laine cardée a obligé nos fabricants à créer d’autres articles à côté de ceux qui ont luit l’antique réputation de leur cité, et aujourd’hui la mode y aidant, ils vont etre récompensés de leurs efforts. »
- Or, voilà ces efforts qui se butent Maintenant contre une crise ouvrière, Ce qui est loin de favoriser la récompense espérée, et cette grève compro-Met, non seulement le présent, mais encore l’avenir de l’industrie drapière de Sedan et des environs.
- Le 1er mai nous réserve aussi une
- manifestation ouvrière ; elle a un caractère général, et par cela même est moins préjudiciable, pour le moment au moins, que celles qui visent des points particuliers ; celle-là, qui semble devoir se reproduire annuellement, réclame une réforme sociale, à laquelle il paraît impossible d’arriver sans transition, et qui n’aurait même pas d’inconvénient si elle était universellement appliquée.
- Mais c’est cet accord universel qui sera longtemps difficile à obtenir, si même on y parvient.
- Les nouvelles de nos places manufacturières n’offrent pas un grand intérêt; leur situation n’a pas sensiblement varié.
- A Roubaix-Tourcoing, on se plaint de la persistance de la température froide et humide, qui enraye la vente des tissus d’été.
- L’article robe qui semble avoir le plus de succès cette saison, est ce qu’on appelle la côte cheval. Cet article, fabriqué en toutes laizes et en toutes dispositions avait déjà été employé pour confection les années précédentes.
- Fourmies a un peu plus d’animation.
- A Reims, il y a aussi des affaires plus actives tant en fils qu’en tissus.
- Puisque nous avons peu de choses à dire des conditions locales de nos industries, voyons leur situation générale depuis le commencement de l’année, et nous avons comme document, le relevé des douanes pendant les deux premiers mois de 1891.
- Au chapitre des exportations nous constatons une augmentation considérable pour les tissus de laine, 58 millions 445,000 fr. soit 10,246,000 fr. de plus qu’en 1890, pour la lingerie cousue 8,722,000 soit 2,680,800 fr. de plus qu’en 1890.
- Par contre les autres articles ont déchu, notamment : les tissus de soie, 52,309,000 fr., soit 1,579,000 fr. de diminution ; les fils de lin, 1,457,000 fr., soit 148,000 francs de diminution ; les tissus de coton, 13,545,000 francs, soit 582,000 fr. de diminution ; les fils de laine, 4,479,000 fr., soit 1,585,000 fr. de diminution ; les confections de
- La fabrication de la bonneterie continue à être très active, mais les prix sont en général tombés à l’extrême limite du bon marché.
- Comme tendances de la consommation on mande de Nottingham que les cotons écrus et couleurs sont assez demandés ; certains fabricants délaissent le brun clair pour s’attacher au noir et à quelques couleurs brillantes.
- A Chemnitz, on estime aujourd’hui que les nouveaux tarifs des Etats-Unis n’empêcheront pas l’importation de la bonneterie et que les difficultés, qui tout d’abord semblaient résulter de leur application, ont été surmontées.
- La fabrique reçoit déjà des commissions d’Amérique.
- Dans tous les genres, les noirs sont très demandés.
- Cependant en Allemagne même, où pendant des années, l’article jersey a été l’une des branches de l’industrie textile qui travaillaient le plus et donnaient le meilleur résultat comme bénéfice, on sent les signes précurseurs d’une prochaine crise augmentant sans cesse. En Saxe plusieurs fabricants de jerseys ont déjà dû suspendre leurs paiements ; dernièrement elles étaient suivies par des fabriques très importantes, établies à Berlin depuis de longues années, et il paraîtrait qu’on s’attend encore à de nouvelles faillites.
- Comme principales causes de la chute de cette formidable fabrication, on indique le changement de mode en Allemagne et la diminution de l’exportation.
- Un nouvel article de bonneterie est la chemise-jersey pour homme, proposée pour remplacer la chemise de flanelle ; c’est un vêtement demi-collant, et que pour le moment on présente en couleurs unies, faites avec les plus brillants produits d’aniline.
- Il faudra avoir recours à d’autres teintes, car celles-ci s’altèrent sous l’influence de la transpiration, et le public
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- a cette prévention, de ne pas aimer les mettre en contact direct avec le corps.
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- L’impression sur chiffonnage va peut-être reprendre nn peu de vie, grâce aux efforts de plusieurs teinturiers de Paris disposant des plus importantes clientèles ; on sait que MM. Jolly fils, Thuillier et Virard, Hallu aîné ont mis au jour, chacun des types spéciaux d’impressions sur ameublements.
- Mais ils font aussi, (les deux derniers au moins), l’impression des robes, et M. Hallu spécialement adresse en ce moment à ses confrères, un album de dessins pour cette destination. De plus une autre maison de premier ordre, de Paris, vient d’acheter tout un matériel d’impression, dans le but, évidemment, de Futiliser.
- M. Petitdidier, qui a été l’un des précurseurs de cette application, ne restera sans doute pas indifférent à ce mouvement, et il est évident que sous l’impulsion de ces personnalités les plus influentes de la profession, l’impression du chiffonnage pourra renaître de ses cendres.
- Le goût du public est plus suggéra-rable qu’on se le figure ; il ne se prononce pas de lui-même : il faut le guider et le provoquer.
- F. Gouillon.
- sur
- LA FIXATION DES COULEURS
- Sur Tissu , par le Vaporisage
- PAR M. A. Rosenstiehl (Société industrielle de Mulhouse)
- Il n’exisle aucun appareil intermédiaire entre l’étendage chaud et la cuve à vaporiser, pour développer les couleurs sur tissu -, dans le premier, on fait agir l’air et la vapeur d’eau à une température qui ne dépasse guère 50° C; dans la seconde, on expose les tissus à l’action de la vapeur d’eau seule. Il est pourtant des cas où le concours de Tair serait utile pour amener les couleurs à leur maximum d’intensité ; l’emploi de l’air chaud aurait, en outre, l’avantage d'être beaucoup plus économique, car le kilogramme de vapeur entraîne avec lui 630 calories, tandis que le même poids d’air n’en emporte, à la même température, que 25, c’est-à-dire 25 fois moins environ.
- Avant de mettre ces idées en pratique, j’ai déterminé la pression de la vapeur, sa température et la température de sa saturation dan3 les cuves à vaporiser actuellement en usage. J’ai trouvé que la température y est au-dessous de 100°, c’est-à-dire à 98-99° environ, et le thermomètre à boule mouillée s’y é'ève à
- 97-97,5 ; la pression intérieure est nulle ; au contraire, en perçant une ouverture dans le bas de la cuve, l’air y est aspiré, c’est-à-dire que la cuve fonctionne comme une cheminée d'appel. Dans ces conditions, il devient facile d’y introduire de l’air chaud sans emploi d’une machine soufflante. J’ai établi dans le fond de la cuve un serpentin chauffé à la vapeur, disposé de manière à n’écouler au dehors que de l’eau de condensation ; l’air entre par quelques orifices percés dans la paroi de la cuve près du fond; il vient s’échauffer contre le serpentin, qui est capable de porter sa température à 110° C.
- Le tuyau de vapeur qui est établi dans toute cuve à vaporiser et qui est percé de trous, reste à sa place habituelle ; il doit lancer la vapeur à peu près suivant l’axe de la cuve, de manière à produire un appel. On règle la quantité de la vapeur que l’on introduit de telle façon qu’elle ne supprime pas l’entrée de l’air dans la cuve.
- Avec cet appareil, le vaporisage se fait très bien ; les couleurs aux cyanures prennent une intensité plus grande que par la méthode actuelle; quant à la quantité de vapeur consommée, elle est insignifiante, c’est-à-dire qu’au lieu de s’écouler dans la cuve sous la pression de deux atmosphères, ainsi que cela se fait habituellement, elle s’écoule, avec la nouvelle méthode, sous une pression si faible que le manomètre ne l’indique plus -, il y a donc économie notable ; de plus, par la présence de l’air, il devient possible de régler la température dans les cuves sans que l’on ait à craindre des condensations, et par conséquent des cou-| lages.
- En résumé, en exposant les pièces à un courant d’un mélange d’air et de vapeur, on réalise une grande économie et l’on obtient certaines couleurs à un degré d’intensité plus grand qu’avec l’ancienne méthode, sans nuire aux autres couleurs.
- La communication qui précède résulte d’un pli cacheté déposé par Tauteur à la Société industrielle, le 8 octobre 1874.
- Depuis cette date, M. Rosentiehl a vérifié ces observations par une série d’expériences pratiques faites dans le rayon industriel de Mulhouse, notamment chez MM. Thierry, Mieg et C*.
- Nous renvoyons au Bulletin de la Société pour le détail de ces expériences, et nous reproduisons ci-dessous les « Résumés et Conclusions » où l’auteur dit :
- Les études poursuivies depuis la date du ! dépôt du pli cacheté (8 octobre 1874) jusqu’en 1876, ont montré que les dispositions adoptées d’après des idées conçues à priori répondaient à leur but et permettent d’obtenir le fixage des couleurs-vapeur avec une économie de combustible qui varie depuis les deux tiers jusqu’aux quatorze quinzièmes environ, selon que la cuve à vaporiser que l’on avait à transformer travaillait elle-même avec un excès de vapeur. Cependant, si ces études ont eu pour résultat de consacrer les modifications d’ins-
- tallation décrites plus haut, il n’en a pas été de même de l’interprétation des faits. On avait considéré l’introduction d’air comme cause de l’économie. On avait pensé que l’air chaud pouvait, à égale température, remplacer en tout ou en partie la vapeur. Mais il n’en est rien. L’air seul, fût-il chauffé à 115° centigrades, ne fixe aucune couleur, pas même celles à l’albumine.
- Les mélanges d’air et de vapeur ne fixent les couleurs que quand la proportion de vapeur est telle que la température de saturation du mélange est de 91* centigrades. Si elle n’est que de 88° centigrades, la fixation est fort incomplète.
- La présence d’air empêche d’obtenir une température de saturation de 98 à 100°. Mais on obtient aisément 94 à 96°, degré de chaleur suffisant ; par l’emploi de ces mélanges, on obtient simultanément la fixation et l’oxydation de celles des matières colorantes qui ont besoin d’arriver à un degré supérieur d’oxydation pour donner leur meilleur rendement. Ce n’est qu’en employant la vapeur d’eau seule que l’on peut atteindre une température de saturation voisine de 100°, température que l’on ne pourrait dépasser que dans des cuves installées pour travailler sous pression. Mais la température de saturation n’est pas la seule qui intervienne. Si la température de la vapeur n’était que celle de sa saturation, elle serait trop humide. Il faut qu’elle soit au moins de 4° supérieure. Dans mes expériences, l’excès a atteint 6, 8 et même 10* sans inconvénient. Cependant, je cite une expérience où l’excès a atteint sans doute 20® centigrades (il y a incertitude quant à la température de saturation) et dans laquelle les rouges à l’aliza-rine sont tombés au lavage. Les bonnes limites sont, pour le thermomètre à boule mouillée, 91 à 100°, et pour celui à boule sèche, 95 à 106° centigrades.
- Enfin, pour dispenser de manier ces instruments délicats, j’ai recommandé, pour se rendre compte de l’allure d’une cuve à vaporiser, d’y suspendre des morceaux de cretonne mouillée et de cretonne sèche, dont le poids est déterminé avant et après le vaporisage. Il est encore utile d’y joindre un thermomètre à maxima, placé dans la cuve.
- Les variations de poids que ces étoffes subissent par le vaporisage suffisent pour renseigner.
- Il faut que la cretonne sèche augmente par mètre carré et par heure de 5 à 10 gr. Il ne faut pas qu'elle perde de poids.
- La cretonne mouillée doit perdre au moins 50 gr. et au plus 129 gr. Les bonnes conditions sont entre ces limites.
- Cette expérience est assez simple pour qu’elle puisse être exécutée en fabrique, même par des contre-maîtres.
- Enfin, et pour terminer, je dirai que ce travail montre que l’on emploie généralement beaucoup plus de vapeur qu’il n’en faut, et il
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- indique les moyens de la réduire à un minimum sans compromettre la sécurité de la fabrication.
- LES JAUNES ET VERTS SOLIDES
- AUX GOBELINS
- Le nouveau directeur des teintures aux Go-belins, M. Guignet, trouvant insuffisants les procédés séculaires de l’établissement, fait exécuter en ce moment d’intéressants essais sur l’application des couleurs artificielles à la production des grands teints.
- Les couleurs d'alizarine, notamment, sont l’objet d’expérimentations dont les résultats se montrent déjà favorables, mais ont encore besoin de la sanction du temps : non pas des longues années que doivent durer les tapisseries, mais de plusieurs mois pendant lesquels les échantillons teints sont directement exposés à l'air lumineux.
- Une question plus pressante à résoudre est celle du bleu pur ou bleu normal, comprenant les Bleus-de-ciel très employés à la manufacture, et que l’atelier des Gobelins ne peut obtenir qu’avec le carmin d’indigo trop instable ; il n’est encore aucune matière colorante donnant cette couleur solide.
- On tourne la difficulté, pour le moment, en invitant les tapissiers à se servir des bleus au prussiate, qui sont très légèrement violetés, mais dont la faible différence ne détruit pas la fidélité des reproductions.
- Mais ce bleu de carmin était aussi la base des verts clairs, car le jaune employé dans le mélange étant celui de la gaude, un peu orangé, son association avec les bleus cyani-ques, déjà rougeâtres eux-mêmes, donnait des verts rabattus.
- Il fallait donc trouver un jaune verdâtre bon teint qui pût s’allier avec ces bleus de France, et permettant ainsi de supprimer le carmin d’indigo.
- Parmi les jaunes artificiels expérimentés par M. David, préparateur de M. Guignet, le jaune de quinoléine s’est révélé avec des qualités de teinte et de résistance qui remplissent complètement le but.
- Sa nuance verdâtre, dans le genre de celle de l’acide picrique, est restée insensible à une longue exposition à l’air lumineux, en même temps qu’aux émanations d’un laboratoire de chimie, et sur fonds clairs de bleu de France (au prussiate) elle donne des verts frais et brillants, tout autant, pour le moins, que ceux au carmin et à la gaude.
- L'orangé n° 2 (Poirrier) résiste également aux mêmes influences, et paraît devoir être d’un bon emploi. Sa teinte dorée est plus fraîche que celle que l’on produit jusqu’à présent aux Gobelins avec la gaude et la cochenille.
- Enfin les verts de chrome vont être appliqués aux fonds de tapisseries, et l’on sait que
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- pour ces teintes l’expérience de durée n’est plus à faire.
- Comme on le voit, les teintures des Gobelins ne s’immobilisent plus dans les procédés du siècle dernier, et la nouvelle direction sait les faire profiter des progrès immenses qu’a réalisés notre époque.
- APPRÊT DES LAINAGES
- LES TISSUS MOUS
- Parmi les diverses imperfections qui peuvent atteindre les tissus de laine, il n’y en a pas qui puissent affecter plus sérieusement le succès et la réputation d’un fabricant que les tissus mous. VIndustrial Record appelle l’attention sur ce point que la cause de cet inconvénient peut être recherchée dans presque toutes les subdivisions de la fabrique, alors qu’on jette généralement le b'âme sur 1 es moins coupables. Il en résulte non-seulement que l’on accuse quelqu’un à tort, mais encore qu’on n’arrive pas à corriger le défaut aussi vite que si l’on en connaissait l’origine réelle, ce qui permettrait d’appliquer le remède à la vraie place.
- On croit généralement que les tissus deviennent mous dans la salle d’apprêt. Nous voulons montrer que, dans beaucoup de cas, d’autres départements de la fabrique sont responsables du dommage, et que c’est le cas même lorsque le défaut ne devient apparent qu’au milieu du travail de l’apprêtage.
- Tout d’abord, comme nous nous proposons dans cet article de défendre l’apprêt contre toute fausse accusation, nous parlerons des causes de difficulté qui peuvent se produire dans la salle d’apprêt. Donc, pour rendre justice à l’apprêteur, nous devons supposer que les tissus lui arrivent dans une condition parfaite, non-seulement en ce qui concerne leur force à ce moment, mais aussi au point de vue de leur convenance pour recevoir l’apprêt désiré. Il faut bien penser qu’une pièce d’étoffe peut être raisonnablement forte, et cependant ne pas être constituée de façon à rester dans le même état sous le traitement requis pour produire le fini désiré. Ce'a donne alors à l’apprêteur le choix entre deux maux : des tissus mous ou un fini inférieur ; d’une façon comme de l’autre, si l’on ne connaît pas la cause réelle, le résultal atteint, le savoir faire et l’habileté de l’apprêteur.
- Supposons maintenant qu’une pièce arrive du métier dans un état propre en tous points à recevoir l’apprêt indiqué. Dans celte occurence, il n’y a que trois cas où le tissu puisse, par un traitement impropre, devenir mou, et l’accident peut arriver par l’une ou l’autre de ces causes, ou même par plusieurs réunies.
- En premier lieu, cela peut provenir du foulage. On peut faire subir aux étoffes une température trop élevée, qui attaque la vie de la
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- fibre et l'affaiblit, ou les tenir trop sè ches, de sorte qu’elles s’échauffent, ce qui les affaiblit encore dans une certaine mesure. L’une ou l’autre de ces causes tend non-seulement à affaiblir le tissu, maie encore nuit à son apparence générale comme fini et brillant, car la chaleur qui amollit les étoffes nuit nécessairement à leur couleur, et réchauffement donne au tissu une apparence rude et inférieure.
- Un autre cas où les tissus peuvent devenir mous, et d’où provient la majeure partie du trouble quand il est dù au finissage, est celui du passage à la laineuse. Dans ce cas, la faute vient certainement du manque de connaissance ou du manque de soin de la part de l’apprêteur. 11 est impossible de donner une règle pour ce travail, mais l’apprêteur pratique doit savoir déterminer exactement ce qui est nécessaire et ce que peut supporter chaque qualité ou genre d’étoffes. La faute peut provenir d’un trop fort lainage, niais d’ordinaire elle est due au trop de hâte ou au manque de soin. C’est moins parce qu’on emploie des chardons effilés que parce qu'on les emploie trop tôt et qu’on les applique trop fortement. Des chardons qui feraient un bon service vers la fin du travail de la laineuse, quand il y a une nappe épaisse pour protéger les fils, abîmeront l’étoffe si on les emploie trop tôt, agissant directement sur le feutre, l’arrachant hâtivement et détruisant la structure du fil.
- D’un autre côté, des chardons pauvres,usés, qui agiraient suffisamment au début, ne pénétreraient plus dans la nappe quand elle serait devenue épaisse et ne rendraient aucun service, de sorte qu’il faudrait de meilleurs chardons pour avancer le travail. Mais la partie la plus importante du travail consiste à faire le changement judicieusement en temps opportun et à ne pas le précipiter. En procédant lentement, on conserve la force et on améliore le fini du tissu, et le plus grand défaut des apprêteurs d’aujourd’hui est de chercher à faire le travail de deux machines sur une seule. Les apprêteurs dont la réputation pourrait être attaquée pour ce fait doivent insister pour avoir un nombre de machines suffisant pour effectuer un bon travail. Les directeurs qui ont des tissus mous doivent veiller à ce que l’apprêteur soit largement pourvu de machines pour que son travail soit fait avec soin et intelligence.
- Une autre tendance dangereuse à cet égard est de travailler la marchandise trop sèche. Une humidité convenable est nécessaire pour obtenir un fini brillant et vivace, et de plus elle sert de protection pour les poils et pour le fil. Quand l’étoffe devient trop sèche, les chardons commencent à entraîner la nappe et l’on voit des parcelles voltiger dans l’air et autour des machines, et, ce qui est encore plus mauvais, quand le chardon attaque \è fil, il est sûi de couper ou d’arracher les fibres, ce qui affaiblit l’étoffe. La nappe doit toujours être élevée du feutre produit au foulage, et
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- les parties des fibres qui sont incorporées dans le fil doivent y rester, laissant le fi! rond et parfait. Quand l’humidité est convenable,le tirage à poil doit se faire avec très peu d’entraînement et de perte de matière, et le fil doit être protégé de toute atteinte.
- Le troisième cas où les tissus peuvent devenir mous est celui du tondage, alors que l’on tient les lames trop près du tissu ou qu’on ne les dispose pas convenablement pour le travail à effectuer. Quelques étoffes peuvent supporter un tondage trè3 près, ce que l’on ne pourra pas appliquer à d’autres. 11 y a une vieille règle à l’égard du tondage des tissus ras, qu’il faudrait mettre de côté, et qui consiste à donner les derniers coups de lame assez près de l’ctoffe pour que celle-ci les fasse trembler. Mais il y a beaucoup de genres d’étoffes qui ne peuvent supporter cela, et sur les cachemires de fantaisie il vaut mieux faire une taille plus haute, ce que l’on peut effectuer avec succès si les étoffes ont été convenablement traitées à ia laineuse.
- BREVETS RECENTS
- Intéressant les industries tinctoriales
- Appareils povr imprimer et gaufrer les tissus, Par Sir James Farmer.
- Cet appareil est caractérisé par deux châssis disposés dans des g’issières 5 des tiges filetées, réglables à volonté ; un galet anti-friction roulant sur un rail de guidage horizontal et infléchissant par le bas pour remonter selon une courbe. Il possède encore une combinaison de tables glissantes et de rouleaux imprimeurs, marchant à la même vitesse.
- Ces diverses additions et améliorations de i mécanisme servent à actionner le bloc imprimeur ou platine ainsi que les organes encreurs des machines destinées à l’impression et au gaufrage des toiles cirées, tissus et autres matières.
- (Brevet anglais)
- Moyens perfectionnés de tendre et guider les feutres sans fin, employés dans les machines à sécher,
- Par M. E. Partington
- Ces moyens ont pour but de prévenir la tendance qu’ont les feutres sans fin à se mouvoir graduellement dans une direction latérale vers un bout ou l’autre des rouleaux autour desquels ils passent pendant le fonctionnement de la machine, afin de supprimer les rouleaux-guides ajustables et maintenir toujours les feutres sans fin dans une position centrale correcte sur les rouleaux.
- Ce défaut a été corrigé jusqu’à présent sur les machines en montant les axes de rouleaux-guides, dans des portées ajustables, de sorte qu’en faisant mouvoir l’une des dites portées,
- soit en avant, soit en arrière, à la main ou automatiquement, le rouleau peut être ajusté très légèrement de travers, ce qui lui dtnne une tendance à tirer le feutre en arrière dans la position centrale, quand le rouleau demandait à être ajusté carrément de nouveau pour le maintenir central.
- Dans son système le breveté fait faire un ou plusieurs des rouleaux-tendeurs, autour desquels passe le feutre, légèrement renflé, ou en forme de baril au lieu d’étre parfaitement cylindrique, c’est-à-dire tant soit peu plus épais au centre et s’effilant graduellement au courbe vers chaque bout.
- Le rouleau autour duquel passe le feutre est fait en forme de baril, comme il vient d’êtie dit, et le feutre passe partiellement antour du cylindre de séchage (qui l’actionne) à un rouleau-tendeur qui peut être cylindrique, et un autre rouleau, au lieu d’être monté dans les portées ajustables comme d’habitude, est un simple rouleau-porteur monté dans des portées fixes.
- On reconnaîtra que la forme en baril du premier rouleau empêchera non seulement le mouvement latéral du feutre sans fin, mais corrigera également la tendance à goder au milieu qui existe quelquefois dans les feutres.
- Appareil pour dégraisser la laine par le sulfure de carbone,
- Par MM. Singer et Judell
- Dans cet appareil, la laine, placée sur une chaîne sans fin, passe d’abord dans une série de li bacs contenant du sulfure de carbone ; à la sor’ie de chaque bac, elle est pressée dans une paire de rouleaux ; de là elle passe de la même façon dans 5 bacs contenant de l’eau, et enfin dans une série de rouleaux sécheurs chauffés à la vapeur.
- Le sulfure et l’eau s’écoulent automatiquement d’un bac dans l’autre en sens inverse de la laine, du dernier dans le premier. Les poussières et les matières terreuses, qui se détachent dans la laine dans les premiers bacs à sulfure, sont reprises dans le fond des bacs par une chaîne à godets qui les déverse au dehors où on les débarrasse du sulfure qu’elles contiennent.
- Le sulfure de carbone, chargé de graisse, coule directement et d’une façon continue dans l’appareil à distiller. Celui-ci est une caisse en tôle dans laquelle sont disposées en chicane des plaques cannelées inclinées, sur lesquelles coule le sulfure de carbone ; dans le fond des cannelures passe un tuyau chauffé à la vapeur, de sorte que, lorsque la graisse arrive au bas de l’appareil elle est complètement débarrassée de sulfure de carbone ; les vapeurs se rendent dans un réfrigérant ou elles se condensent et le liquide rentre dans le travail.
- L'appareil est complètement clos, fermé par des convercles s’adaptant au moyen de joints hydrauliques. (Brevet anglais). 1
- Blanchiment électrigue De M. Carl Kemmler
- Un chimiste de Vienne, M. Cari Kemmler vient de prendre un brevet pour un système de blanchiment électrique des fibres textiles Son appareil est composé d’une cuve divisée en trois compartiments ; dans celui du milieu, se placent les matières à blanchir qu’un système de vis fait passer alternativement dans les compartiments de droite et de gauche ; la cuve étant remplie d’une solution d’un chlorure alcalin se décompose, d’après ce que dit l’inventeur, en chlore et en alcali qui occuperaient chacun un des compartiments extrêmes de l’appareil ; la matière se trouverait donc ainsi soumise alternativement à l’action du chlore et de l’alcali.
- PROCEDES DIVERS
- Marguerite-Bleu-Violet
- Nous donnons ci-dessus un spécimen du tissu de laine en vogue en ce moment, le « sergé », et d’une teinte que l’on présente comme nou-j velle sous le nom de « Marguerite » ; c’est un violet-bleu un peu rabattu, qui n’aura probablement pas un grand succès, car i! n’est pas très agréable à l’œil. En peinture on l’appelle « Bleu-Perruquier ».
- Le moyen le plus simple pour l’obtenir serait d’employer, pour 100 kil. de matières (laine, soie ou coton émétiqué) :
- Violet acide RR.......... 500 gr.
- Vert sulfo J............. 500 —
- Teinture pour la laine, sur bain acide avec sulfate de soude, sur savon coupé pour la soie et en bain neutre pour le coton.
- Cuir-Maryland
- Voici un mode ou marron clair ordinairement nommé « Cuir », et que la carte de nuances pour l’été prochain désigne « Maryland »: c’est en effet la nuance des tabacs blonds.
- Pour produire cette nuance, on donne un pied de Terra, qu’on brunit à la fin avec une très petite quantité de sulfate de fer , ce qui produit un gris-jaune verdâtre ; on nuance par dessus avec du Marron-Bismark (Vésuvine).
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- Ou Lien, faisant un gris très faible avec du sumac et un mordant de fer, on donne ensuite une bonne teinte de Marron-Vésuvine.
- Ces procédés peuvent s’employer aussi bien sur la laine que sur le coton.
- Si l’on veut une teinte solide sur laine, on emploiera pour 100 kil.:
- Extrait de bois jaune.... 5 kil.
- Cachou....................... 3 —
- Santal...................... 15 —
- Après 1/2 heure de bouillon, et lorsque,
- d’ailleurs, le bain est suffisamment épuisé, on brunit dans le même bain, en y ajoutant, soit :
- Sulfate de cuivre....... 1 kil. 500
- Soit,
- Bi-chromate............. 1 kil.
- On reproche au cachou de durcir la laine, mais la petite quantité employée ici est sans importance, et a l’avantage de donner beaucoup de corps à la teinte.
- Cette teinte peut encore prendre un œil plus frais, en nuançant à la fin, au Marron-Bismark.
- Gris solides d'Aniline sur coton
- On a beaucoup essayé de produire sur coton des teiates grises par développement d’un noir d’aniline incomplet, mais les résultats n’ont jamais été bien favorables, ni certaines principalement.
- Ces gris sont ternes, et n’arrivent pas toujours au reflet qu’on attend; ils sont bleus, verts, violets sans que l’on sache pourquoi. On a avancé que cela tenait à l’irrégularité des anilines, et aux proportions variées de ses homologues dans les huiles du commerce -, cependant nous avons constaté qu’avec la même aniline et le même mode opératoire, on obtenait ces variations de nuances.
- Voici, quoiqu’il en soit, les procédés donnés pour obtenir ces gris : (Pour 100 kil. decoton).
- Gris-bleu
- Bi-chromate.................... 8 kil.
- Acide sulfurique................ 8 —
- Eau........................... 800 lit.
- Donner 3 à 4 tours aux cotons à froid, lever sur bâtons.
- Dans le bain restant de bi-chromate, ajouter
- la dissolution faite avec :
- Aniline (huile)................. h kil.
- Acide chlorhydrique........ 8 —
- Eau .......................... 100 lit.
- Rentrer le coton dans le mélange froid, le laisser deux heures, lever, poser quelques heures hors du bain, puis rincer.
- Aviver par ébulliition ü’une heure, avec :
- Savon.................... 8 kil.
- Huile pour rouge......... 2 —
- Laver et sécher.
- Gris-vert
- Monter le bain avec :
- Æ'
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- ^BIBLIOTHEQUE;
- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- J?/
- Aniline (huile)............. 3 kil.
- Acide chlorhydrique..... 12 —
- Bi-chromate................. 6 —
- Eau...................... 1000 lit.
- Entrer à froid, après quinze à vingt minutes,
- chauffer lentement, pour arriver presque au bouillon (90e), en une demi-heure, et rester ainsi quinze minutes.
- Lever, rinc r et sécher.
- L’avivage au savon n’est pas employé ; il ferait virer au bleu, mais on peut assouplir les cotons par un passage en bain froid, soit de sulforicinate, soitd’huile tournéépar dusavon.
- Mais toujours sans certitude d’obtenir des résultats constants, à moins, peut-être, d’en faire usage journellement.
- 53
- Mélanger les deux dissolutions, et y ajouter : Sucre................ 50 gr.
- Et faire avec le tout, de 3 à 5 litres de gomme suivant la force qu’on veut lui donner. S’applique au toulard ou à l’éponge.
- Nous rappelons que nous avons donné plusieurs compositions de gommes pour soieries et autres tissus dans notre numéro du 25 décembre 1890, (p. 177).
- --——
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Teinturier-Dégraisseur
- Cramoisi sur laine et sur soie
- On obtient un rouge bien vif et bien uni par le moyen suivant :
- Pour 10 kil. de laine, monter le bain avec :
- Acide sulfurique........... 250 gr.
- Sulfate de soude............. 1 kiL
- Garnir avec :
- Fuchsine J.................. 90 gr.
- Rhodamine................... 30 —
- On entre à lié de, on élève peu à peu la température au bouillon, et on termine ainsi jusqu’à nuance.
- Le mélange de ces deux rouges donne une très belle teinte. La proportion de 12 gr. par kil. est une bonne moyenne, variable en plus ou en moins suivant les nécessités.
- On emploie les mêmes colorants pour la soie, en teignant sur bain de savon coapé.
- Rouge sur laine
- En remplaçant les colorants ci-dessus par le Rouge azoïque A (Manufacture lyonnaise) ,on produit une teinte moins brillante, nuis beaucoup plus résistante.
- Le bain qui peut être monté comme ci-dessus, est garni avec :
- Matière colorante........ 300 gr.
- Le mode opératoire est le même : commencer à tiède, et arriver graduellement au bouillon.
- Ce procédé convient spécialement pour la laine
- Gomme d’apprét pour soieries noires
- Faire les deux dissolutions suivantes :
- Gomme adragante............ 50 gr.
- Eau froide................. 1 lit-
- il faut 12 heures au moins pour que l’adra-gante s’amollisse, et forme mucilage.
- D’autre part, faire dissoudre à chaud :
- Cire jaune hachée menu.. 20 gr.
- Blanc de baleine, menu... 10 — Ammoniaque liq®...... 100 —
- J’ai annoncé la dernière fois que nous parlerions aujourd’hui du cylindrage et du moirage-, ce sont des travaux que le teinturier ne fait guère lui-même ; cependant il n’est pas inutile de savoir comment ils se pratiquent, et nos lecteurs de l’étranger, qui n’ont pas tous nos commodités peuvent avoir à l’exécuter eux-mêmes.
- Cylindrage
- Dans la description du matériel (1888, p. 190), j’ai fait la distinction entre le cylindre qui écrase le grain du tissu par simple pression, et la cahndre qui glace à l’aide d’une friction, celle-ci se produisant par la différence de vitesse des rouleaux presseurs.
- Il s’agit, pour le moment, du cylindrage sans friction.
- Cet apprêt convient principalement aux foulards, soies légères, taffetas même un peu forts, satins, cravates, ceintures, rubans, ainsi qu’au linge plat, aux rideaux blancs sans reliefs, aux doublures, aux perses et aux damas de laine et de soie.
- Le cylindrage est aussi un moyen d’assou-plissage pour certaines soies sortant trop carieuses d’un apprêt aux tambours ; elles y gagnent de la souplesse et du brillant.
- Le cylindrage se fait à froid, mais rarement, et il donne alors un apprêt mat et flasque ; mais il s’applique à chaud dans la très grande majorité des cas, et produit alors plus de fermeté et de brillant (qu’il ne faut pas confondre avec du glaçage).
- Les étoffes sont passées entre le rouleau de papier et le canon chauffé, avec une vitesse d’environ 10 à 15 mètres à la minute; ce simple passage constitue l’opération.
- Il faut présenter ces étoffés bien carrément à la machine, en les tendant un peu en largeur ; le mouvement est lent, comme nous l’avons vu, mais continu et régulier, et comme le canon doit être fortement chauffé, il faut éviter les temps d’arrêt, qui pourraient produire des brûlures aux tissus.
- De l’autre côté se trouve un aide qui reçoit la pièce cylindrée, et s’il faut la passer deux
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- fois et si le cylindre a deux rouleaux de papier, l’aide repasse la pièce sous le second; s’il n’a qu’un rouleau on recommence une seconde fois la même opération, en présentant alors le tissu par son autre face.
- (Pendant ces passages, il faut veiller à ne pas se laisser prendre les doigts entre les cylindres, car on a de malheureux exemples de ce genre d’accidents).
- Les soieries sont passées simples, c’est-à-dire non pliées ni superposées, et enduites de gomme encore humide, si leur nature comporte le gommage.
- Le linge est aussi engagé sous les cylindres après avoir été passé dans un bain légèrement amidonné, et étant encore un peu humide; il peut, sans inconvénient, être doublé ou triplé, et c’est ainsi qu’on apprête des pièces beaucoup plus larges que la longueur des cylindres.
- L’humidité nécesssire peut aussi se donner par un arrosage au goupillon, quelques heures avant le cylindrage.
- Si l’on a affaire à des étoffes brodées ou chargées d’autres reliefs, on interpose entre le rouleau de papier et ces étoffes un drap en laine épais, évitant l’écrasement de ces reliefs, mais alors le cylindrage perd beaucoup de son effet, et ce n’est pas le genre d’apprêt qui convient le mieux à ces étoffes : le tapis, le métier et la machine à feutre sans fin doivent lui être préférés.
- Moirage
- Le moirage se fait sur soieries à côtes : taffetas, fayes, gros de Naples, brocards, etc.; sur ces derniers à côtes très saillantes, il est même d’un très bel effet et doit être conseillé autant que possible. En général, toute espèce de rubans, excepté les satins, doivent être moirés.
- Plus la soie est belle, mieux la moire ressort.
- On moire aussi les grosses cotonnades côtelées et les toiles de couleurs, mais nous avons peu à nous occuper de ces articles.
- Le cylindrage, dont il vient d’être question, a couché le grain du tissu dans le même sens, et il en est résulté une surface unie ; mais si au lieu de cylindrer une soierie simple, on a doublé celle-ci en superposant deux morceaux qu’on passe ensemble au cylindre, la pression aplatit les fils de cette étoffe dans des sens opposés, et la lumière irrégulièrement reflétée sur ces surfaces contraires produit l’effet du moirage.
- Ainsi la moire résulte du cylindrage de deux étoffes superposées. Le moiré se produit sur les faces en contact du tissu ; l’extérieur frottant sur les cylindres est cylindré uni. 11 faut donc appliquer l’étoffe endroit sur endroit.
- Les lés sont cousus deux à deux par quelques points, les morceaux irréguliers avec leur
- pendant : les dos de corsages et les ceintures repliés en deux.
- Mais avant tout, les soies ont dû être laissées sur un léger bain d’alun, rincées une fois, séchées, gommées faiblement, et apprêtées au tapis ou à la machine à feutre.
- Les morceaux accouplés comme il a été dit plus haut, sont passés au cylindre, une première fois d’un côté, une deuxième fois de l’autre côté, et une troisième fois en biais.
- La moire doit alors être produite et il ne reste qu’à décoller les morceaux, à les ébar-ber et à les plier.
- Des différentes moires
- En opérant comme il vient d’être dit, on aura produit la moire française, dite encore moire ronde ou moire à colonnes; c’est la plus facile à obtenir, la seule que l’on puisse compter faire à peu près sûrement lorsqu’on n’est pas moireur uniquement occupé à ce genre de travail.
- Si au lieu de doubler les étoffes en les plaçant parallèlement et symétriquement, comme il vient d’être fait, on les applique obliquement l’une sur l’autre (en biais), on obtient généralement la moire a?itique, qui est d’un grand effet sur les belles soieries.
- Etant formée de lignes capricieusement espacées, on peut négliger les coins des morceaux non doublés par suite de leur superposition en biais.
- Malheureusement, la moire antique est capricieuse dans ses résultats; à moins d’une expérience consommée, on n’est pas certain J de l’obtenir, et quelquefois certains morceaux de la même robe ont bien pris ce genre de moirage, tandis que d’autres, traités de même, sont moirés en colonnes.
- Les cylindreurs de profession ont quelques tours de main à l’aide desquels ils arrivent presque à coup sûr aux différents effets de moirage qu’ils doivent exécuter; ainsi pendant que le tissu doublé passe au cylindre, ils le retiennent dans différents endroits, en appuyant dessus une sorte de peigne ou de râteau en bois ou en cuir, qui disposent certaines parties du tissu à des tensions et pressions de sens variables, et qui leur permet, pour ainsi dire, de dessiner le genre de moire qu’ils veulent obtenir.
- Ce travail ne s’exécute assez facilement que sur des coupons un peu larges, c’est pourquoi on remarque que sur des robes faites en moire antique, les petits morceaux sont souvent mal réussis.
- 11 faut répéter ici que, pour la moire à colonnes, il n’est pas utile d’user de ces moyens, et que par le fait seul du passage à la machine de l’étoffe doublée symétriquement, cette moire s’obtient.
- Pour les rubans, dont la largeur ne permet pas ordinairement de distinguer les genres de
- moire, il n’y a aucune précaution à prendre, et on laisse se former telle moire que le hasard détermine.
- Enfin, pour supprimer les incertitudes et les procédés délicats que j’ai indiqués ; pour obtenir un moiré régulier sur tous les morceaux d’un vêtement, il n’y aurait qu’à employer les cylindres à rouleaux gravés dont j’ai parlé dans la première partie de mon travail (année 1888, p. 190).
- C’est encore grâce à ces rouleaux gravés que les apprêteurs de fabriques produisent des rubans et des étoffes moirés des deux côtés, alors que par les moyens que je viens de décrire une face reste lisse.
- Mais avant même l’usage de ces gravures, les fabricants moiraient des deux côtés sur le cylindre à rouleaux lisses. Pour cela, ils plaçaient la pièce à moirer entre deux autres semblables, de façon à ce qu’elle soit triplée pendant son passage au cylindre, et étant au milieu, elle sortait moirée sur les deux faces. On avait pour cet usage des pièces ou rubans sacrifiés, qui servaient de doubliers.
- Ce procédé est encore en usage chez quelques apprêteurs.
- De ce qui précède, il résulte qu’un teinturier, ayant une maison qui en vaut la peine, et n’ayant pas de cylindreurs à sa portée, peut très bien installer chez lui le cylindrage et le moirage, en se limitant pour ce dernier travail à la moire française, mais que, quand il faudra sortir de ce genre, il vaudra mieux envoyer le travail aux spécialistes.
- Maurice GUËDRON
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MULHOUSE
- Travaux du Comité de chimie
- Séance du 11 mars 1891
- Le procès-verbal de la dernière séance est lu et approuvé, après une correction dans la note de M. Hochstetter. Le plomb devient inattaquable par les acides quand il contient de 0.01 à 0.02 pour 100 de cuivre, et non pas 0.1 à 0.2 (1).
- M. Feer présente un mémoire sur la production directe des matières colorantes azoï-ques sur coton, laine et soie, dans lequel il développe le contenu du pli cacheté déposé par lui le 9 mars 1889 sous le n° 575 et ouvert à la séance du 25 février 1891. A l’appui de sa communication, il présente de très beaux échantillons. — Le comité demande l’impression de cet intéressant travail.
- M. Prud’homme envoie une nouvelle note sur les nuances obtenues en employant les
- (1) Voir Reçue de la Teinture du 25 février dernier, p. 31.
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- divers mordants avec les couleurs d'alizarine et montre qu’elles se modifient périodiquement, conformément à la loi de Mendeléeff. Cette note est accompagnée de tableaux d’échantillons. — Le comité en demande l’impression le plus rapidement possible.
- M. Stricker a examiné un kaolin envoyé pour le concours des prix par M. Mann et a trouvé qu’il ne répond pas aux conditions du programme.
- Deux autres kaolins, envoyés pour le concours, sont renvoyés à l’examen de M. Stricker.
- M. Nœlting présente quelques observations sur l’historique de la découverte de l’orange d’alizarine :
- « Dans les tableaux des matières colorantes artificielles parus en 1888, de MM. Schultz et Julius, on indique comme ayant découvert la nitroalizarine MM. Strobel et Caro et on ne cite pas le nom de notre collègue, M. Rosens-tiehl. C’est là, à notre avis, une omission fâcheuse qu’il conviendra de rectifier. »
- (L’auteur fait ici l’historique de la découverte de l’orange d'alizarine et de son étude scientifique).
- M. Binder présente son rapport sur le mémoire de M. Henri Scbæffer sur les applications de l’essaïne. — Le comité demande l’impression du travail de M. Scæffer et du rapport de M. Binder.
- M. Edouard Kœchlin présente une note sur l’application en teinture des nitrosonaphtols sur divers mordants. Sur cobalt, en particulier, on obtient de très beaux grenats, sur fer, des verts. —Le comité demande l’impression de cette note.
- M. Dinder fait remarquer que les fabriques de produits chimiques de Thann et Mulhouse livrent au commerce le nitrosonaphtol sous le nom de vert d’Alsace J. Le vert d’Alsace ordinaire est la dinitrosorésorcine.
- Un mémoire portant la devise « Pavia » et présenté pour concourir au prix n° XX, est renvoyé à l’examen de M. Albert Scheurer.
- M. Galland présente son rapport sur le mémoire * Aurora » décrivant la production de couleurs à l’or métallique sur tissus, et envoyé pour concourir au prix n° LI.
- Bien que ce travail ne réponde pas entièrement aux exigences du programme, le comité estime qu’il présente de l’intérêt, et proposera à la Société industrielle d’accorder à l’auteur une médaille de bronze. — Il demande l’impression du mémoire en question et du rapport de M. Galland.
- L’INDUSTRIE
- DES PAPIERS PEINTS
- L’industrie du papier de tenture se divise en deux branches, dont l’une a prospéré au détriment de l’autre.
- La fabrication à la main (à la planche) ne se soutient que par la perfection de ses produits et le véritable génie créateur de ceux qui la dirigent.
- Quels que soient les droits protecteurs dont se sont entourés certains pays, cette branche de l’industrie est restée la source des belles œuvres décoratives et la directrice du progrès pour sa rivale, la fabrication à la machine (au cylindre).
- En somme, si son chiffre d’affaires diminue malheureusement, son niveau artistique non seulement se maintient, mais encore s’élève.
- La fabrication mécanique est en grande prospérité et perfectionne tous les jours son outillage et ses produits.
- Le nombre des fabricants a diminué, mais la production des maisons qui existe actuel -ment est sensiblement supérieure à celle d’il y a vingt ans.
- La perfection de l’outillage est telle chez certains, et des plus importants, que cette industrie ne craint aucune concurrence et peut supporter le régime libéral du libre-échange.
- Le régime économique inauguré en 1860 a pourtant influé sur notre commerce d’exportation.
- A l’abri de ces traités, édictant des droits d’entrée souvent prohibitifs, certains pays ont monté ou développé un outillage industriel qui leur permet de ne plus demander à la France un approvisionnement aussi important.
- Notre exportation était de 4,685,000 en 1860 ; elle s’est maintenue jusqu’à 5,198,000 en 1865, mais elle n’est plus que de 3,374,000 en 1888.
- Elle se ressent et de ces droits protecteurs et de cette nouvelle concurrence.
- Partout nous sommes en concurrence avec l’Angleterre et l’Allemagne. Les Etats-Unis mêmes commencent à être de rudes adversaires dans l’Amérique du Sud.
- Néanmoins, le chiffre total des exportations de l’Angleterre, par exemple, n'est pas sensiblement supérieur au nôtre : il est de 4,060,450 francs sur une production de 25 millions de francs environ.
- En France, nous exportons 3,374,438 sur une production de 15 millions de francs environ.
- A l’importation, le chiffre diminue notablement.
- De 49,000 en 1860, il s’est élevé à 535,000 en 1865, et a atteint 1,200,000 en 1869 pour redescendre à 900,000 en 1885, et être de 428,909 en 1888.
- Il est très probable que ce chiffre va diminuer encore sensiblement, étant donnés les efforts sérieux faits par nos industriels, qui ont actuellement un outillage de premier ordre.
- Les fabricants de papiers peints ne demandent pas de droits protecteurs sur leurs produits, mais à condition qu’aucun relèvement ne frappe leurs matières premières.
- Dans le cas contraire, ils admettraient le système des drawbacks comme pis-aller.
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- Chambre syndicale des teinturiers -dégraisseurs. — Séance du 2 mars 1891.— M. le président Vinois remercie le comité et toute la chambre des témoignages de sympathie qu’il a reçus dans les circonstances douloureuses qu’il vient de traverser. (Le décès de Mme Vinois.)
- Cette manifestation l’a empêché de maintenir sa démission, mais il espère qu’a la prochaine assemblée générale on lui donnera un successeur.
- Un secours de 20 fr., à verser en deux fois, est accordé à M. Berland, ouvrier teinturier.
- Une même somme a été remise à Mme Blei-bel, veuve de l’imprimeur sur chiffonnage, et que la mort de son mari a laissée sans ressources.
- L’ordre du jour appelle la discussion sur les droits de douanes relatifs aux dérivés de la houille.
- M. Fleury dit que, suivant le désir exprimé à la précédente réunion, il a pris des renseignements au sujet de la pétition demandant la suppression des droits. Les teinturiers en pièces de la Seine n’ont pas signé cette pétition, parce qu’elle ne leur a pas été présentée-, mais les temturiers de Roubaix l’ont signée.
- M. Jolly a pris aussi des renseignements sur l’importance des droits et leurs conséquences.
- Les maisons signalées dans la pétition comme devant souffrir de ces droits sont deux maisons allemandes et une maison anglaise. D’autre part, les chiffres proposés par la commission des douanes sont de 15 fr. et 20 fr. par 100 kilos. Si donc la douane perçoit 20 fr. par 100 kilos, le prix moyen du kilo d’aniline, depuis deux ou trois ans, étant de 2 fr. 60, ce prix monterait à 2 fr. 80 ; ce serait donc une augmentation toute insignifiante.
- Plusieurs membres présentent des observations en divers sens sur ce sujet -, puis M. Fleury insiste pour que le comité maintienne la manière dont il a envisagé la question des traités de commerce, c’est-à-dire dans un sens de libre-échange avec réciprocité.
- M. Mars pense qu’il vaudrait mieux accepter une petite augmentation, même si elle retombait sur l’acheteur, plutôt que de signer une pétition dont le profit serait surtout pour certains étrangers.
- Le comité passe à l’ordre du jour, c’est-à-dire qu’il juge inutile de faire intervenir la chambre dans cette question.
- Sur la demande de M. Bobillon-Marchal, il est parlé de réunir, au profit des membres de la chambre, les renseignements confidentiels sur les gérantes indélicates.
- M. Mars propose d’étendre la chose sur les employés dont on a besoin de connaître la probité absolue ; caissières, comptables, employés comptables, garçons livreurs.
- L’utilité de cette innovation étant reconnue, tous les membres de la chambre sont invités à envoyer au président une courte notice sur les employés dont ils ont eu à se plaindre, au point de vue de l’h morabilité. Ces fiches, indiquant les nom et qualité des employés, l’emploi tenu par eux, l’époque et les conditions de leur indélicatesse, seront classées et conservées par le président, qui n’en communiquera confidentiellement le contenu qu’aux membres de la chambre, de telle sorte qu’au bout d’un certain temps tout membre adhérent, avant de prendre une géran'.e, pourra,
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- en consultant le répertoire, au moins avoir la quasi certitude de ne pas s’exposer à des malversations.
- Le comité décide de convoquer les membres du syndicat, le 6 avril, à l’effet d’entendre une conférence sur un projet d’association contre les accidents de travail, faite par un membre des services de l’Union nationale.
- —o—
- Grève des teinturières en peaux et la teinture de la mégisserie, à Paris. — Nous ne tenons pas à faire l’histoire des diverses évolutions de cette grève, sur lesquelles les journaux quotidiens donnent assez d’indications, mais nous en profitons pour faire connaître l’organisation de la teinture de la mégisserie à Paris, telle qu’elle ressort des polémiques sur cette grève.
- Voici ces faits :
- Deux cent vingt ouvriers et ouvrières, colleurs et teinturiers, appartenant à deux maisons de mégisserie du boulevard Arago et de la rue des Cordelières, se sont mis en grève, entraînant avec eux les repasseuses, lustreu-ses, palissonneuses ; en tout, près de huit cents ouvriers des deux sexes.
- La teinture de la mégisserie comprend les différentes catégories d’ouvriers suivantes, mentionnées suivant l’ordre du travail :
- 1° Les teinturières (des femmes) qui colorent les peaux en noir. Celles qui les teignent en couleurs sont appelées « rosières ».
- La teinture se fait à la brosse, ce qui la distingue de celle de la maroquinerie, qui est faite au baquet et par des hommes.
- 2° Les colleurs, dont l’ouvrage consiste à appliquer deux peaux semblables l’une sur l'autre, puis de les étirer et de les aplanir à l’aide d’un instrument nommé « étire » -, c’est l’équivalent du palissonnage dans la maroquinerie.
- 3° Les metteurs au vent, qui font la même besogne que les colleurs, mais qui, au lieu de travailler sur la peau glacée, comme ces derniers, travaillent sur la peau mégie. Us se servent de 1’ « étire », comme les colleurs, et, comme eux, pressent les peaux, effacent le « grain », etc.
- C’est poussées par les colleurs que les teinturières se sont mises en grève.
- Les colleurs réclament 5 centimes d’augmentation par heure pour tous ceux d’entre eux qui ne gagnent pas actuellement 60 centimes de l’heure.
- De leur côté, les ouvrières teinturières qui gagnent en moyenne 2 fr. 50 ou 3 fr. par jour, demandent qu’on supprime les amendes et qu’il ne leur soit plus tenu compte de la couleur supplémentaire qu’elles sont parfois obligées d’employer.
- Les amendes consistent en une retenne de 25 centimes par peau dont la teinture est défectueuse. (Cette amende n'est que de 10 centimes dans la maison Sanoner.) Quant à ce qui concerne la couleur, voici ce qui se passe actuellement : il est délivré à chaque ouvrier trois litres de couleurs pour dix peaux à teindre ; or, il arrive souvent que cette quantité est insuffisante ; l’ouvrière est alors obligée de fournir, à son compte et à raison de 10 centimes par litre, La couleur supplémentaire.
- Enfin, les teinturières ne veulent p/us faire le travail ordinaire deshommes. Voici ce qu’elles entendent par là :
- Il y a des peaux, appelées bords ou sous-pattes, qui sont trop minces, au dire des patrons, pour être mises au vent. On les confie directement aux ouvrières teinturières, qui les
- Unissent de tous points. Ce travail, très pénible, est peu rémunérateur Elles tiennent à ce que les hommes en restent chargés.
- Telles sont les réclamations des ouvrières teinturières et des metteurs au vent.
- Dans l’exposé de leurs motifs, les ouvriers ajoutent ceci :
- Aujourd’hui, les peaux sont dégrossies et préparées chimiquement, mais de telle façon qu’elles nous demandent un plus grand développement de forces qu’autrefois.
- On fait plus de travail et l’on ne gagne pas davantage.
- Les peaux, quand elles nous arrivent, sont comme roussies, racornies, et d’une dureté incroyable à leur surface.
- Il faut que nous les polissions, les assouplissions et les rendions propres à la consommation.
- Quant aux malfaçons de teinture, ajoutent-ils, il faut tenir compte de la mauvaise qualité des peaux, qui, préparées avec des produits chimiques, font que la couleur ne mord pas, la peau reste bleue, comme nous disons ; les patrons n’en retiennent pas moins l’amende.
- Les patrons répliquent qu’ils ne veulent pas payer tous les metteurs au vent au même tarif ; qu’il y a parmi eux ce qu’ils appellent des demi-ouvriers (manoeuvres), qui n’ont pas légitimement droit au même salaire que les véritables ouvriers.
- A propos de la teinture, il faut, disent-ils, que l’ouvrière passe dessus deux, trois et quatre couches successives et dûment appliquées. A ce compte-là, la teinture noire s’adapte et pénètre.
- Mais quand l’ouvrière n’est pas consciencieuse, elle ne passe qu’une ou deux couches au plus, pour faire plus vite et gagner davantage.
- Dans ce cas, la peau nous paraît aussi noire que si elle avait les quatre couches nécessaires -, il nous est impossible de nous rendre compte de sa défectuosité.
- Ce n’est que quinze jours plus tard, quand seule elle est entre les mains de l’ouvreur, que l’on s’aperçoit qu’elle a été mal préparée. Elle doit, pour être mise en usage, subir une nouvelle préparation dans les mains d’un ouvrier spécial qui nous coûte 7 fr. 50 par peau refaite.
- C’est donc trente sous que nous perdons, sur lesquels nous retenons à l’ouvrier qui a commis cette malfaçon deux sous seulement.
- Si nous n’imposions pas cette amende, toutes nos peaux seraient faites à la hâte et nous coûteraient une malfaçon. Le commerce ne serait plus possible.
- Voilà les arguments des deux parties, que nous reproduisons principalement comme histoire de cette industrie. Quant à l’issue probable de la grève, nous ne hasardons pas une opinion qui pourrait être démentie pendant l’impression de ces notes.
- Ajoutons cependant que si la grève se prolonge, elle sera des plus graves, car toutes les industries qui dépendent des teinturiers, telles que celles des ouvreurs, lustreurs, repasseurs seraient obligées de chômer, soit un personnel de quatre mille ouvriers.
- Deux maisons y sont seulement engagées en ce moment : celle de MM. Senoner frères et celle de M. Jacquelin.
- Grève à Sedan. — Les ouvriers tisseurs syndiqués de Sedan et des environs ayant récemment élaboré da nouveaux tarifs comportant des ameliorations dans le prix de
- main-d’œuvre, qu’ils transmirent à leurs patrons, ceux-ci s’étant réunis formèrent entre eux une chambre syndicale, puis nommèrent une commission chargée de s’aboucher avec les délégués des ouvriers.
- L’entente n’ayant pu se faire, la grève a été déclarée.
- D’autre part, les teinturiers et les industries qui dépendent de la fabrication du drap chôment forcément et leur nombreux personnel a dû être momentanément congédié.
- Prè> de quatre mille ouvriers et ouvrières tant à Sedan qu’aux environs, se trouvent atteints par cette grève.
- Les tisseurs, qui auaient prévenu les manufacturiers qu’ils démonteraient les pièces restées sur métier s’ils n’obtenaient pas satisfaction à bref délai, n’ont pas mis leur projet à exécution. Le calme le plus absolu n’a pas cessé de régner.
- —o—
- La «oie et le tarif douanier. —
- M. Paul Dislère, directeur du commerce, est venu à Lyon pour y étudier sur place la question des mélanges de fils de coton de laine et de shappe dans la contexture des tissus et des étoffes de soie.
- Envoyé spécialement par le ministre du commerce, M. Dislère a visité plusieurs fabricants de soieries, où il s’est rendu un compte exact et minutieux des diverses proportions de ces mélanges.
- Cette visite a eu pour but de préparer les éléments nécessaires à la prochaine discussion au Parlement des intérêts de l’industrie lyonnaise.
- , M. Dislère se rendra prochainement à Lille et à Roubaix étudier la question de s fils de coton retors.
- —o—
- Incendie. — Un incendie qui menaçait de devenir très grave a éclaté dans l’importante filature de M. Boutemy à Lannoy (Nord), mais s’est heureusement circonscrit, grâce surtout au concours des pompes à vapeur de Roubaix et de Tourcoing.
- Les magasins, qui contiennent plus de deux cent mille kilos de fil, ont pu être préservés.
- Les dégâts sont évalués à 60,000 francs, couverts par l’assurance.
- On ignore la cause du sinistre.
- —o—
- Un elieval en détresse. — Les journaux de cette semaine racontaient comme fait curieux que les pompiers avait été requis pour extraire un cheval d’une fosse où il était tombé chez un teinturier de l’avenue de Sé-gur.
- M. Hallu aîné, dont il s’agit, fait exécuter en ce moment des travaux à son générateur de vapeur, et pour cela a fait creuser une tranchée dans sa cour; une passerelle en madriers est établie pour la circulation, et le cheval, dont l’écurie est au fond de la cour, en passant sur ce pont volant, s’est laissé choir dans le trou; or, les pompiers parisiens étant munis d’engins pour tous genres de sauvetage, on a eu recours à eux, d'après l’avis des agents de police.
- L’histoire n’est pas autrement intéressante.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes).
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- LA REVUE DE
- /je Année, N° 8.
- ET DES COLORATIONS
- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES
- 25 avril 1831,
- ammWl
- SOMMAIRE
- Chronique. — Couleurs d’aniline allongées. — Notes sur la construction des séchoirs. — Observations optiques sur la teinte jaune. — Revue sommaire des brevets d’invention.
- Procédés dîners : Noir d’aniline sur laine et sur coton ; Emplois du cachou ; Imperméabilisation. — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Les tissus pour caoutchouc à Roubaix. — Les couleurs d’aniline dans la fabrication du papier. — Informa-
- . tions et Faits divers.
- CHRONIQUE
- La journée de huit heures est fort discutée en ce moment dans les cercles ouvriers ; l’accord est loin de s’établir, et il semble que dans ce milieu même, cette réduction du labeur quotidien perde des partisans; les plus clairvoyants sentent bien qu’elle amènerait forcément une diminution des salaires.
- A Paris, tout au moins, les manifestations le 1er mai manqueront d’unité dans leurs vues, et ne viseront pas uniquement ce point spécial des revendications ouvrières.
- Dans une réunion assez nombreuse, les industriels de Roubaix ont décidé que les ateliers seront ouverts le 1er uiai, afin de laisser travailler les ouvriers qui le voudraient, mais que les absents n’auront pas d’amende ; le lendemain on allumera partout.
- Et ainsi toutes libertés seront sauvegardées , avec celle du travail, nous l'espérons.
- Ne travailler que huit heures par Pur, mais il n’est aucun patron ou bourgeois qui ait une vie si douce, à l’exception cependant des employés de l’Etat, auxquels on demande peu pour pouvoir en appointer un plus grand Nombre, mais cela est loin des condi-hons nécessaires de l’industrie.
- , On dit quelquefois que l’ouvrier ar-rivera à produire autant en un temps plas court parce qu’il aura plus de Coeur à la besogne ; cela ne peut se soutenir lorsque son travail est lié à Jalni des machines, ou bien quand il taut suivre une opération de teinture, Par exemple, qui exige une durée dé-
- larminée.
- En même temps que la production 1
- diminuera, les frais généraux de l’usine se maintiendront au même chiffre, et augmenteront d’autant les produits.
- La journée de huit heures et même de dix, que demandent provisoirement les moins impatients, est donc une impossibilité du moment, et il est évident qu’une entente internationale sur ce point ne peut aboutir.
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- Les affaires ne reprennent pas franchement l’animation que nous croyions leur voir manifester; voilà, toutefois, le beau temps qui se prononce et qui pourra leur donner une meilleure tournure.
- Pendant la précédente quinzaine, elles ont eu à Reims un courant assez calme, avec tendance à l’amélioration pour les tissus. La filature en peigné est moins active que précédemment, celle en cardé est bien alimentée. Les tissus les plus demandés sont encore les sergés, puis les nouveautés fantaisie pour robes ; cet article prend une place importante dans la fabrication rémoise.
- La fabrique à Elbeuf a été très occupée pendant le mois précédent, et la tendance à revenir aux genres cardés s’est accentuée ; la fabrication de la nouveauté a été très active. Il en a été de même pour les cheviots et les draps de dame. Les draps noirs, seuls, ne présentent pas d’amélioration.
- Les affaires restent toujours calmes à Roubaix-Tourcoing. Il s’est effectué quelques achats de stocks, mais il reste encore beaucoup de marchandises à liquider, ce qui entrave la remise des ordres nouveaux. Il est certain qu’on subit l’influence du bill Mac-Kinley qui a réduit les exportations de nos tissus et qu'il est urgent de se créer de nouveaux débouchés pour compenser la perte éprouvée du côté des marchés nord-américains.
- A Lyon, les transactions en soies reprennent leur cours normal. Elles sont encore limitées aux besoins journaliers de la consommation, et cependant, elles atteignent encore un chiffre très satisfaisant. Les commissions pour l’hiver prennent, chaque jour, plus d’importance et on peut considérer un
- bon courant d’affaires comme assuré pour quelque temps.
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- La demande des tissus de coton à Mulhouse ne dénote pas d’amélioration, tant sur les ordres du dehors, que des affaires sur place. La filature est également très calme.
- On mande de Berlin que le mauvais temps qui a régné si longtemps a causé de grands dommages au commerce de détail et, par suite, que les ordres n’arrivent qu’en très petites quantités au commerce de gros. Ce sont les confections et les branches analogues qui sont le plus frappées, et le commerce de lainages et de bonneterie est aussi très calme. Le marché aux soieries se montre presque languissant ; les ventes sont au-dessous de la moyenne de l’année passée.
- On espère, à Yerviers, qu’une amélioration générale ne tardera pas à se produire, quel que soit le cours de la laine qui est très ferme. Le genre Vigogne (laine et coton), est tout-à-fait en faveur ; il a été produit depuis six mois à des prix ridicules, mais ils ont tendance à augmenter. La France a remis plusieurs ordres en écrus en grisaille ; la saison commence ; on croit qu’elle sera fructueuse.
- Il résulte d’une correspondance de Londres, qu’il n’y a a pas de progrès à enregistrer dans les affaires en lainages. Les acheteurs paraissent tout-à-fait indécis, et n’opêrent que sur une petite échelle.
- Les genres président, les serges et les beavers sont les articles sur lesquels la fabrique compte le plus. Ce sera une saison d’unis et de genres peu voyants en rapport avec la mode actuelle qui est aux manteaux longs, et les plus grandes largeurs seront demandées. L’article français dit cachemire de laine sera en faveur pour ceux qui peuvent y mettre le prix. Il n’y a rien à signaler des collections de Roubaix qui n’ont pas encore paru, mais elles sont attendues de jour en jour.
- Ainsi, à l’étranger comme en France, c’est, en général, le calme qui domine.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- La saison a été mauvaise pour les teinturiers- dégraisseurs ; il y a bien eu, comme nous l’avons mentionné, une poussée de travail d’un moment, au commencement de mars, lorsqu’une suite de quelques belles journées, succédant à un long hiver, faisait croire au printemps ; mais la reprise des temps froids l’a arrêtée, et somme toute, cette saison, habituellement si active, a été manquée:
- En ce qui concerne nos moyens de fabrication, nous avons à signaler un nouveau mode de teinture des cotons mis à la disposition des fabricants par la « Manufacture lyonnaise des matières colorantes ».
- D’après cette méthode, on teint en couleurs azoïques (les produits dits : diamine de cette fabrique), on diazote en nitrite de soude le coton teint, et on développe la nuance dans un phénol ou une amide.
- La nuance primitive se trouve ainsi remontée, elle augmente en solidité.
- Les trois opérations se font assez rapidement, et les produits nécessaires se trouvent facilement dans le commerce, chez les auteurs, au besoin.
- C’est une nouvelle méthode de teinture qui doit fixer notre attention, et que nous exposerons en détail.
- F. Gouillon.
- COULEURS D’ANILINE
- ALLONGEES
- ET ALTÉRATION QUI EN RÉSULTE
- Nous signalions, dans notre numéro du 10 décembre 1890 (p. 172), l’habitude prise par les marchands et même les fabricants de couleurs dérivées de la houille, de mélanger à ces couleurs des poudres prétendues inertes, afin d’en augmenter le volume et le poids, et d'en diminuer le prix de vente.
- Nous faisions une distinction entre le revendeur qui fraude ainsi des produits courants à caractères définis, et le fabricant qui « arrange » des couleurs à lui spéciales, et qu’il a, jusqu’à un certain point, le droit de présenter au commerce sous une concentration qui les établit aux prix moyens.
- Cependant, nous faisions des réserves à ce propos.
- Un fait récent vient de nous démontrer un inconvénient imprévu de cette panique.
- Autrefois, on employait le sucre pour ces mélanges -, plus rarement le sulfate de soude et autres sels neutres, qui avaient l’inconvénient de former des efflorescences, c’est-à-dire de « pousser au sel » comme les savons mal fabriqués; aujourd’hui, on se sert presque exclusivement de dextrine.
- Mais la dextrine est loin d’être un corps in-
- différent : elle a une action réductrice très évidente, et étant mélangée à des couleurs obtenues par oxydation, celles-ci perdent tout pouvoir colorant, lorsqu’on teint au bouillon.
- Le fait vient notamment de se produire avec un nouveau gris qui donnait de très bons résultats à l’état pur, et qui, sous la forme commerciale dextrinée, n’avait plus aucun rendement en bains bouillants.
- On voit donc que cette addition de dextrine ne constitue pas une simple atténuation du pouvoir colorant, maisdans certains cas qu’elle détruit la couleur elle-même.
- Pour expliquer une semblable pratique, les fabricants disent qu’une nouvelle matière colorante présentée à la consommation n’a pas de chance d’être accueillie, quel que soit son rendement, si son prix dépasse 15 ou 20 fr. le kilo, et qu’il faut alors l’allonger pour arriver à ces limites.
- Cet argument, basé sur l’expérience commerciale, a bien quelque valeur, mais il est alors regrettable que les consommateurs ne tiennent pas davantage compte du pouvoir colorant des produits qui leur sont offerts, et il nous semble que les fabricants sérieux devraient réagir, par des démonstrationspatentes, contre ces tendances.
- Quant aux revendeurs qui « tripotent » les couleurs usuelles : Violets de Paris, Bleus de méthylène, etc. (et nous en connaissons), ce sont de vulgaires falsificateurs dont on ne saurait trop dévoiler les procédés.
- Il faut bien arriver aux prix demandés, disent-ils-, cela est l’argument des marchands de vin mouilleurs, auxquels les tribunaux imposent des retraites forcées, j Une couleur dextrinée est toujours en poudre très fine ; l’odeur de la dextrine est souvent très perceptible ; il arrive souvent aussi que les couvercles des boîtes en fer blanc sont collés h la boite à ne pouvoir les en séparer : la colle qu’on emploie pour fixer le papier ou le tissu qui les recouvre, a ramolli le mélange ! dextriné qui reste toujours entre le couvercle | et les parties frottantes de la boîte, d’où l’a- I dhérence.
- Humecté entre les doigts, le mélange de I coulèur et de dextrine devient plastique et collant ; on voit de suite qu’il contient un produit mucilagineux.
- La plupart des couleurs dérivées de la houille sont entièrement solubles dans l’alcool, et la dextrine ne l’est pas. En épuisant le mélange par de l’alcool à h0 degrés, on arrive donc facilement à enlever toute la couleur et à recueillir un résidu qui est la dextrine, et qu’on peut reconnaître par ses caractères spéciaux : solubilité à l’eau, formation de colle, réduction de la liqueur de Fehling, déviation de la lumière polarisée, etc.
- Le sulfate de soude se séparerait aussi par le même procédé.
- Cet essai, et même les simples caractères physiques que nous avons énumérés dévoile-
- ront de la dextrine dans la plupart des couleurs du commerce, mais certaines, vendues de secondes mains, en contiennent des proportions considérables.
- L’épreuve du rendement en teinture est encore le meilleur essai ; c’est celui que nous recommandons de préférence.
- Les producteurs de couleurs artificielles ne sont pas très nombreux. Ils pourraient bien s’entendre pour renoncer à ces mélanges, qui facilitent ceux des revendeurs et qui arriveront à discréditer leur industrie. Les fabricants de certaines classes de produits chimiques savent bien se syndiquer quand ils veulent faire de la hausse sui leurs produits !... (Exemple : les fabricants de soude, d’iode, etc.)
- Le jour où les fabricants ne livreront que des couleurs pures, on pourra sans scrupule déférer aux tribunaux les marchands qui en vendront de fraudées.
- Actuellement, toutefois, ceux-ci ne doivent pas se croire à l’abri des poursuites. Nous connaissons un important marché résilié pour cause de dextrine, et pour lequel le vendeur a prudemment consenti à des dommages-intérêts amiables. F. G.
- NOTES
- SUR LA
- CONSTRUCTION DES SÉCHOIRS
- PAR ÉTENDA GE
- Laissant de côté, pour le moment, les séchoirs mécaniques à circulation des produits à sécher, nous nous occuperons des procédés par étendage appliqués aux textiles en fils.
- Construction
- Ce genre de séchoir doit être établi contre d’autres constructions, le plus entouré possible, afin d’éviter les pertes de chaleur par rayonnement. La brique, et surtout la brique creuse, sont les matériaux les moins conducteurs; il est avantageux défaire des murs à doubles parois, de façon qu’une couche d’air relativement isolante existe entre ces parois.
- Ainsi, on construira un mur extérieur de 22 c/m et une paroi intérieure de 11 c/m, séparés par un espace de 10 à 15 c/m (soit la largeur d’une brique : 11 c/m). Ce mode de construction est surtout utile pour les parties exposées à l’air extérieur.
- Le plafond, s’il n’a pas d’autre pièce au-dessus, sera également à double paroi, avec combles au-dessus.
- 11 faut le moins possible d’ôuvertures extérieures : une porte et les fenêtres strictement nécessaires à l’éclairage, et toutes ces baies à doubles fermetures (doubles fenêtres principalement).
- La pièce doit être basse, et, dans tous les cas, les écheveaux suspendus le plus près possible du plafond (la chaleur étant toujours supérieure dans les parties élevées). La facilité
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- du travail impose donc que ces pièces aient une hauteur de 2 m. au plus. Si l’on doit utiliser des locaux plus élevés, il est doublement avantageux, alors, de faire un faux plafond, qui réalisera la double paroi recommandée.
- Le séchoir gagnera à être en deux compartiments (ou davantage) séparés et cloisonnés. Pendant que l’on charge ou décharge l’un de ces compartiments, les autres restent clos et n’ont pas de déperdition de chaleur. Une porte les fera communiquer entr’eux et servira, au besoin à répartir leur température.
- On peut superposer plusieurs séchoirs dans le même bâtiment ; ceci est encore une disposition favorable.
- Si l’on doit chauffer par un système quelconque de calorifère, il faut que, dans un sous-sol ou dans une pièce inférieure, on puisse installer l’appareil de chauffage.
- Quel que soit le mode de chauffage adopté, les vapeurs humides doivent ou s’écouler au dehors ou être enlevées par une cheminée d’aspiration ; ce dernier moyen expose moins aux refroidissements et son tirage est nécessaire quand on n’a pas d’insufflateur.
- Les avis sont partagés en ce qui concerne la place des bouches d’aspiration : soit en haut, soit en bas du séchoir. Dans la partie supérieure, l’air est plus chargé d’humidité, mais il est beaucoup plus chaud; si on l’évacue d’en haut, on enlève plus rapidement cette vaoeur humide, mais aussi on perd beaucoup de chaleur. En bas, c’est l’inverse, mais l’air humide est encore assez lourd pour qu’il s’en rassemble assez, et celui-ci est enlevé avec très peu de perte de chaleur.
- Nous préférons donc ce dernier moyen.
- Une cheminée d’appel sera donc établie sur l’un des côtés du séchoir, et la bouche s’ouvrira au ras du sol ; il a été reconnu avantageux de construire autour de la pièce une conduite (un caniveau) se reliant à la cheminée et ayant des bouches d’aspiralion de 2 mètres en 2 mètres, par exemple. Cette conduite peut être en bois.
- Les mateaux seront embâtonnés sur des perches (en tilleul) de 2 à 3 m., que l’on fait reposer sur des supports en bois espacés en proportion, et dont les extrémités sont engagées dans les murs, à 20 ou 25 c/m du plafond.
- L’etendue du séchoir ne doit pas être trop Étroitement limitée ; il faut qu’on y espace suffisamment les perchées de fils, et qu’on y travaille à l’aise.
- Si l’on doit y sécher J.,000 kilos de fils par jour, en deux sèches, c’est 500 kilos que doivent contenir à la fois les éîendages ; mais pour un travail continu, il faut admettre que l’on ne vide pas entièrement le séchoir pour y apporter une nouvelle mise, et que l’apport de lots successifs peut faire que le local contienne 700 à 800 kilos de fils.
- Dans ces conditions, deux pièces ayant cha-
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- cune une surface de 25 m. sont convenables, et cet espace pourrait être réduit au besoin.
- Chauffage
- Le chauffage par jet de vapeur doit être éliminé tout d’abord : nous avons déjà assez d’humidité à combattre.
- La vapeur surchauffée serait un bon moyen de chauffage, mais nous n’en connaissons pas encore d’application dans le cas actuel, et malgré notre opinion favorable nous n’oserious nous aventurer à en recommander l’innovation.
- Il nous reste la circulation de vapeur en conduites closes, ou le chauffage par calorifère chauffé lui-même, soit à la vapeur, soit directement au charbon.
- Le calorifère exige l’emploi d’un insuflateur (ventilateur) qui a aussi pour avantage de produire un mouvement d’air dans le séchoir, et aussi d’évacuer rapidement les vapeurs humides.
- Avant de parler de ces systèmes, voyons quelle est la quantité de chaleur à développer.
- Il faut d’abord, pour nos travaux, une température au moins de 50 degrés (notamment s’il faut fixer des mordants).
- 100 kilos de fils essorés par torsion retiennent environ 400 kilos d’eau (1). Cette quantité étant à vaporiser en douze heures, donne 33 kilos par heure, en tenant compte :
- 1° De l’évaporation -,
- 2° De la ventilation ;
- 3° De la déperdition de chaleur.
- Les appareils devront donc être appropriés à ce travail à produire.
- Chauffage par tuyaux à ailettes. — Ce moyen est le plus simple et le moins coûteux d’installation; il peut donner une température de 50° (mais au maximum).
- Ces tuyaux reposent sur le sol, un peu surélevés sur quelques briques, et avec une légère inclinaison dans le sens de l’écoulement de l’eau condensée : un courant de vapeur les traverse ; ils se terminent par un tube de petit diamètre à échappement libre, aboutissant au dehors, et rendant de l’eau condensée chaude utilisable pour les bains de teinture.
- Nous supposons la vapeur de chauffage à 4 kilos de pression.
- Il convient d’employer le tuyau à ailettes longues et serrées: diamètre intérieur, 70 millimètres ; diamètre des ailettes, 775 m/m ; espacement des ailettes, 20 m/m.
- Pour produire le travail indiqué, il faut 90 mq de surface de chauffe, représentée par
- (1) L’essoreuse est beaucoup plus avantageuse que la torsion et laisse bien moins d’eau à vaporiser ; il en résulte donc une économie importante dans le séchage.
- On évalue l’humidité restant aux textiles après l’essorage à l’hydro-extracteur à :
- Laine................ 60 0/0 d’eau
- Coton................. 35 —•
- Lin.................. 32 —
- Soie.................. 30 —
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- 22 tuyaux de 2 m. à 32 fr. l’un. Soit : fr. 704 î avec coudes et raccords, fr. 150. Soit : fr. 854.
- Ces 44 m. de tuyaux condenseraient 80 kil. de vapeur (à 4 kil. de pression) par heure (l’air ambiant ayant 50° C), ce qui établit une dépense de 12 kil. de charbon par heure. Admettons 15 kilog. pour parer à tout imprévu.
- La vapeur d’échappement d’une machine pourrait être utilisée à ce chauffage : étant moins chaude, il faudrait nécessairement augmenter la longueur du trajet, c’est-à-dire celle des tuyaux.
- Dans ce procédé de chauffage, l’évacuation des vapeurs humides se fait par le seul effet de la cheminée d’aspiration. N’ayant pas dans ce cas d'impulsion d’air extérieur, il faut ménager à l’étendage quelques ouvertures donnant accès à ctt air.
- Ces prises d’air seront placées à la partie supérieure, et l’air serait, avec avantage, amené par des conduits jusqu’au milieu des étendages, de façon qu’arrivant par la partie la plus chaude de la pièce, il soit appelé par en bas, après avoir traversé les matières à sécher.
- Un petit ventilateur-aspirateur dans la cheminée d’appel serait un utile auxiliaire quoique non indispensable.
- Chauffage par calorifère. — Ces appareils en général sont construits dans le sous-sol du séchoir; il est bien moins avantageux de les placer dans une pièce voisine au même niveau.
- Tous, à peu près, émettent de l’air chauffé q^i est refoulé dans l’étendage par un ventilateur ; l’air humide s’écoule de lui-même par des ouvertures donnant au dehors; la cheminée d’aspiration n’est donc pas utile.
- L’air chaud vient de l’appareil par une conduite maîtresse sur laquelle on branche quelques bouches de dégagement, et dont le nombre est généralement restreint, soit dans chacune de nos pièces de 25 m. q. 3, ou 4 bouches (3 si la pièce est en longueur, et 4 si elle est à peu près carrée).
- « L’aéro condensateur », de M. Fouché, est un appareil de ce genre; il est proposé pour utiliser la vapeur d'échappement des machines .
- Il y a dans ces appaieils utilisation à peu près complète de la chaleur dépensée, à condition d’employer l’eau de condensation qui en conserve beaucoup, car elle en sort presque bouillante.
- Mais pour l’effet que nous avons à produire, il faut une machine assez puissante dont l’installation reviendrait à 2,500 fr. environ.
- La température de 50° dans les séchoirs en fonctionnement serait un maximum.
- « L’aéro-calorifère », de M. L. d’Anthonay, est construit sur un principe analogue. Ce constructeur s’attache moins à l’appareil (qu’il modifie suivant les circonstances) qu’à une canalisation méthodique qu’il établit lui-
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- même et qu’il construit suivant les cas proposés.
- Les mêmes observations que pour la machine Fouché sout applicables ici.
- Cette installation reviendrait à 3,000 fr. au moins.
- « L’aéro-calorifère » admet le chauffage direct au charbon -, cependant, pour ce genré de chauffage, les calorifères Haillot sont de construction plus spécialement appropriée.
- Le calorifère en terre réfractaire n° 3 de ce constructeur serait de dimensions convenables pour le travail envisagé ; sa consommation de 12 kil. à l'heure (admettons 15 kil.) correspond à la dépense des chauffages à vapeur par tuyaux à ailettes ; son prix complet de 1,150 fr. doit être augmenté delà canalisation jusqu’aux bouches de chaleur qu’il faut évaluer à 500 fr.
- Comme le système à ailettes, ce chauffage nécessite une cheminée d’aspiration. On fait passer dans l’intérieur de celle-ci la cheminée du foyer dont la chaleur active le tirage du conduit d’aspiration.
- Conclusion sur le mode de chauffage. — Pour l’emploi direct de la vapeur prise sur le générateur, employer les tuyaux à ailettes.
- Pour l’utilisation de la vapeur d’échappement, l’aéro-condensateur Fouché.
- Pour le chauffage direct au charbon, le calorifère Haillot.
- La construction du séchoir sera subordonnée au mode de chauffage adopté, et d’après les indications de la première partie de ce travail.
- REVUE SOMMAIRE DES BREVETS D’INVENTION
- Perfectionnements apportés aux machines à fouler les tissus,
- Par MM. Leclère, Damuzeaux père et fils
- L’invention a pour but d’éviter les plis formés par le passage du tissu sous les cylindres.
- L’appareil se compose de deux ou plusieurs rouleaux cannelés en cuivre ou autre corps, montés au lieu et place de la planche à lunette dont les fouleuses à cylindres sont généralement munies.
- Ces rouleaux sont montés sur un châssis, celui de devant est sur coussinets glissants, il est fou et peut recevoir un mouvement de va-et-vient : son montage est tel qu’il presse constamment contre les deux rouleaux au moyen de deux ressorts à boudin commandant deux leviers qui appuient sur les coussinets du rouleau fou. Ces ressorts permettent l’écartement proportionné à l’épaisseur de la pièce du tissu.
- Le second rouleau a un de ses tourillons sortant de la fouleuse et il est animé d’un double mouvement simultané de translation de droite à gauche et de gauche à droite que lui donne une noix montée sur le bout du
- tourillon sortant, noix emprisonnée dans deux demi cercles formant excentrique.
- Préparation du coton et de la laine à teindre avant filature,
- Par M. Grawitz.
- Sur un cylindre creux en treillis métallique est enroulée la matière fibreuse, à l’état de nappe ou de ruban, soit que cette matière provienne d’un batteur, d’une carde ou d’une peigneuse. Un treillis concentrique au premier maintient l’ensemble, qui se présente sous la forme d’une grande bobine. Un arbre horizontal, fixé au centre de ladite bobine, sert à imprimer à cette dernière un mouvement de rotation dans une « barque », pour procéder aux diverses opérations de débouillage ou débouillissage, de mordançage, de teinture, de savonnage, etc.
- Les fibres, conservées dans leurs situations relatives, ne s’emmêlent pas et, après séchage, peuvent subir, sans préparation supplémentaire, la succession des opérations ultérieures de la filature.
- PROCÈDES DIVERS
- Noir d’aniline sur laine
- Il s’agit ici du noir d’éméraldine se développant sur la fibre à la façon des noirs solides sur coton.
- Nous l’indiquons à titre de nouveauté scientifique mais sans être autorisé à en faire connaître le procédé.
- On sait que de nombreuses tentatives ont été faites pour produire cette couleur sur laine, et qu’aucune n’a donné de résultats satisfaisants; celle-ci est encore imparfaite, mais parait avoir avancé la question.
- Le noir ne verdit pas sous l’action de l’acide sulfureux et ne change pas par les acides minéraux, ni par l’effet des réactifs ordinaires des teintures; il lui reste cependant le défaut de dégorger par le frottement, et de n’être pas encore un noir absolu.
- L’auteur espère arriver à corriger ces imperfections.
- Noir d’aniline sur coton
- Le procédé employé pour la laine ci-dessus, est aussi applicable au coton, mais en conservant les mêmes défauts, d’où il résulte qu’il n’offre pas d’avanlages appréciables sur les méthodes en usage.
- Toutefois sa faculté de monter sur les deux
- textiles pourrait le rendre avantageux pour les mélanges-, il y a encore pour cela quelques difficultés à surmonter.
- Nous ne montrons ces échantillons que comme information, et non comme démonstration pratique.
- Teintes au Cachou
- Voici quelques applications du cachou en mélange avec d’autres colorants; tous ces dosages pour 50 kil. de coton.
- Marron sur coton.
- Nous donnons d’abord le marron-cachou qui est la teinte de base :
- Teindre au bouillon, une heure, avec :
- Cachou......................... 8 kil.
- Alun......................... 1 —
- Sulfate de cuivre............ 500 gr.
- Lever, laisser en tas une nuit ; fixer le lendemain avec :
- Bi-chromate chaud.............. 1 kil.
- Laver.
- Cette teinte de fond peut ensuite être nuancée avec la fuchsine, les violets de Paris, le vert malachite, et autres couleurs de même classe, ainsi que nous l’avons indiqué dans notre numéro du 10 novembre 1890 (p. 155).
- Moutarde-coton
- Cette nuance, qui est celle de la moutarde de table, est très employée pour la bonneterie de coton ; elle s’obtient avec :
- Cachou...................... 8 kil.
- Extrait de Cuba............... 1 —
- Alun .......................... 2 —
- Sulfate de cuivre.............. 1 —-
- Bouillir une heure et demie, laisser reposer hors du bain jusqu’au lendemain, fixer avec :
- Bi-chromate chaud.............. 2 kil.
- Rincer et nuancer avec :
- Vésuvine jaune (Bismark)... 100 gr.
- Auramine..................... 100 —
- Grenat solide coton.
- Opérer comme ci-dessus avec :
- Cachou......................... 8 kil.
- Extrait de Cuba.............. 500 gr.
- Fixer une heure à froid, dans :
- Bi chromaie.................... 1 kil.
- Alun........................... 3 —
- Rincer et nuancer avec :
- Fuchsine B............... 500 gr.
- Violet de Paris R........ 150 —
- Le nuançage disparaît aux savonnages répétés, mais il reste au tissu un fond solide.
- Loutre solide coton.
- Bouillir comme ci-dessus, avec :
- Cachou........................ 10 kil.
- Extrait de campêche.......... 250 gr.
- Extrait de Cuba............. 250 —
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- Fixer à tiède, dans :
- Bi-chromate.................... 2 kil.
- Sulfate de fer................. 3 —
- Cette nuance est très solide.
- Impression cachou sur coton sans vaporisage.
- Les formules de cachou-vapeur pour impression sont nombreuses et bien connues des indienneurs. Nous voulons indiquer ici un procédé à l’usage des industriels ne disposant pas d’appareils de vaporisage, et imprimant accessoirement, par exemple pour certains
- article de bonneterie.
- La couleur se prépare avec :
- Dissolution de cachou à 12« B. 2 lit.
- Eau de gomme à 50 0/0...... 3 —
- Sel ammoniac............... 200 gr.
- Acétate de chaux : solution à
- 15°.................... A00 —
- Verdet...................... 25 —
- La dissolution de cachou, employée dans cette formule, se fait avec :
- Cachou broyé................ 1 kil.
- Eau bouillante.............. 2 lit.
- Faire dissoudre, ajouter :
- Acide acétique à 7*.......... 250 gr.
- Filtrer, et amener le liquide, à 12° Baumé.
- La couleur préparée comme il est dit plus haut, est imprimée, séchée à l’air, l’aération devant être prolongée plusieurs heures, puis on fixe par un passage en eaux de chaux.
- Imperméabilisation des Tissus procédé Gurnel.
- Ce procédé breveté par MM. Gurnel père et fils et Chapelle, a pour but de rendre imperméables et ininflammables les tissus de tous genres.
- Il réside dans l’application sur les étoffes
- du mélange suivant :
- Eau distillée.................. 100 lit.
- Alun........................... 500 gr.
- Carbonate de soude..............125 —
- Blanc de baleine................ 10 —
- Sulfate de zinc................ 500 —
- Chlorure de zinc............. 75 —
- On dissout, dans une petite quantité d’eau, le carbonate de soude et le sulfate de zinc; d’autre part, on fond à chaud le blanc de baleine avec de l’eau; on mélange ces deux liquides, puis on y ajoute une troisième dissolution faite avec 50 litres d’eau dans laquelle on dissout d’abord l’alun, puis le chlorure de zinc. On complète avec de l’alun les 100 litres de mélange.
- 11 se forme un précipité qu’on laisse déposer ; et on décante le liquide clair qui est la solution imperméabilisante.
- bans ce liquide, on fait tremper les étoffes environ dix heures, puis on sèche et on apprête.
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- Cette formule pourrait être modifiée avec avantage, car aucun de ses constituants ne forme par la dessication un enduit insoluble susceptible de s’opposer à la pénétration de l’eau dans les tissus.
- Le blanc de baleine est en si faible proportion qu’il n’a pas d’effet appréciable.
- Enfin le carbonate de soude n’a d’autre résultat que de précipiter l’alumine de l’alun : la seule base du mélange qui, bien employée, pourrait produire l’imperméabilisation.
- ———
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Teinturicr-Dégraisscur
- Ma dernière Causerie, consacrée au cylin-drageetau moirage, n’a pas épuisé la question, et il me reste à ajouter les indications suivantes :
- Cylindrage et moirage des rubans
- Pendant un certain moment, tous les rubans neufs ou reteinls se livraient moirés : la mode le voulait ainsi. Beaucoup de teinturiers s’étaient alors munis d’un cylindre réduit sur lequel ils pouvaient faire ce travail, et cylin-drer lisses les rubans, cravates ou ceintures de satin. Ces petits articles se font très facilement.
- Cet appareil minuscule, qui peut encore rendre les mêmes services, a, comme les plus grands, son cylindre de papier comprimé, son canon se chauffant au boulon ; une pression variable est obtenue par des vis appuyant sur l’axe du canon, ot qui, reliées par des roues dentées, s’actionnent toutes deux d’une seule main. Le mouvement des cylindres se donne par des manivelles (fig. 78).
- Fig. 78. — Cylindre à rubans.
- Les rouleaux ont 16 ou 30 cm. de longueur utilisable, et dans ces dimensions l’appareil est disposé pour être fixé sur une table solide, ou mieux sur un bâti spécial.
- Il s’en fait aussi de 50 et 60 cm,, qui peuvent servir pour des lés de robes en petites
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- soieries, ayant k8 cm. de largeur, et aussi de plus larges en les classant (et dans ce dernier cas, s’il ne s’agit que de moirer).
- Ce petit cylindre possède, en résumé, les mêmes organes que les grosses machines de prix excessifs ordinairement en usage.
- Il peut moirer, cylindrer uni, et même calandrer avec friction, car les deux rouleaux étant munis chacun de leur manivelle, il est facile de leur donner une vitesse inégale, et de les faire ainsi frotter l’un s ir l'autre.
- Son utilité est encore de permettre au teinturier de cylindrer et moirer lui-même les petits objets qui se présentent si fréquemment dans son travail journalier, et de n’avoir recours au cylindreur que pour les grandes pièces. Cela n’a d’intérêt, à la vérité, que lorsqu’on est éloigné des spécialistes.
- Il reste à présenter une dernière observation à propos des rouleaux en papier.
- Leur souplesse relative, dont on a comparé (à tort) l’action à celle des cartons de presse, les dispose à se gaufrer sous les épaisseurs, telles que remplis, broderies, etc. Pour détruire ces empreintes, il faut humecter le rouleau soit avec une éponge, soit en l’enveloppant d’un linge humide, puis donner quelques tours, le canon faiblement chauffé et à pression douce d’abord, dont on peut ensuite pousser la chaleur et la pression.
- Lorsqu’ils sont salis par la gomme ou par les couleurs des étoffes, on les lave à l’eau de savon légère, et on les sèche et repolit peu à peu, comme il est dit ci-dessus.
- Calandrage
- Le plus ancien procédé de calandrage, encore en usage, est basé sur l’emploi de la mangle (voir 1888, p. 190).
- Ce calandrage à froid s’applique sur tout linge plat et uni, et donne un glaçage qui fait ressortir principalement le damassé des services de table.
- On opère comme suit :
- Après avoir humecté légèrement le linge, on le divise par moitié, et on enroule chaque moitié, le plus exactement possible, autour de deux cylindres en bois de hêtre; on les recouvre avec une toile roulée en plusieurs doubles et cousue.
- On place ces deux rouleaux ainsi garnis sur le plancher horizontal et uni de la mangle. Puis on roule dessus la caisse chargée de pierres ou d’autres poids, de manière qu’elle exerce une forte pression sur chacun d’eux.
- Ensuite on fait aller et venir la caisse au moyen de cordes ou de chaînes de fer attachées aux extrémités opposées, ot qui aboutissent en sens contraire sur la circonférence d’un cylindre qu’on fait mouvoir à l’aide d’engrenages et d’une manivelle.
- Cette friction sous un poids considérable aplatit les fils du linge, qui prend ainsi une surface unie et glacée.
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- Mais cet appareil est généralement remplacé par la calandre à cylindres, qui n’est, nous l’avons dit, que le cylindre à moirer dont les rouleaux sont frottants par suite de leur vitesse différente.
- Le travail consiste â faire passer le linge un peu humide entre les rouleaux de papier et le canon, plus ou moins pressés, suivant la nature du linge. On peut doubler, tripler, quadrupler les épaisseurs et calandrer à froid ou à chaud.
- Peu de teinturiers font le calandrage, et l’appareil, qui est quelquefois monumental, ne se trouve que dans les grandes blanchisseries, et chez les apprêteurs de neuf. On le fait faire ordinairement à façon.
- Toutefois, j’ai donné le dessin d’une petite calandre qui peut trouver sa plane chez les teinturiers, et qui suffit pour le linge courant ; il peut même servir au cylindrage des soierie s (1888, fig, hk, p. 190).
- Je ne m’étends pas davantage sur ce travail, qui sort un peu de nos spécialités.
- Assouplissage et garnissage des soieries
- Les soies apprêtées par l’un quelconque des moyens indiqués restent carteuses et sèches ; de plus, leurs fils qui ont été épanouis par le chevillage avant fabrication, se sont resserrés dans les bains de teinture ou d’apprêt, et laissent aux tissus un aspect creusé ; ils tournent à l’apparence tamis.
- J’ai parlé des métiers brisés (qui assouplissent mais ne garnissent pas); des machines à beetler et à dérompre (un peu trop violentes pour les soies) ; des battoirs employés pour les crêpes de Chine (année 1888, p. H2).
- J’ai signalé aussi que le cylindrage redonnait un peu de souplesse à ces tissus.
- Tous ces moyens, cependant, ne donnent que des demi-résultats, et depuis longtemps on a cherché à remédier aux deux inconvénients signalés.
- Autrefois, M. Robert, qui avait fait breveter un procédé de remise à neuf des soieries, assouplissait et garnissait (c’est-à-dire ouvrait les fils) au moyen de cylindres cannelés entre lesquels l’étoffe passait en travers.
- C’est, en effet, sur les fils de trame principalement qu’il faut agir : le tissu était donc engagé, les lisières parallèles à la longueur des cylindres (contrairement à la disposition habituelle des machines à rouleaux). Ces cylindres étaient libres (au moins un) par un de leurs bouts. La longueur des coupons à y passer était nécessairement limitée ; elle ne pouvait être que double de celle des cylindres ; on les passait d’abord par un bout (du morceau), puis par l’autre ; cette disposition limitait le travail et ne permettait pas d’y faire les pièces; quant aux rubans, en les passant très obliquement, on arrivait encore à L’effet voulu et par un travail continu.
- MM. Boursier et Boissel, dans leur récent brevet pour la teinture à sec et l’assouplis-sage des soies reteintes, ont indiqué une machine à assouplir qui fonctionne par pilonnage de l’étoffe cheminant sur une table ; c’est le principe des machines à beetler employées dans l’industrie des cotonnades. Les échantillons que j’en ai vus sont très satisfaisants.
- Mais un moyen d’assouplissage et de garnissage très pratique parce qu’il n’exige pas une installation coûteuse et encombrante, est le peigne inventé par M. A. Lyon, et qui, exploité par l’inventeur ei- association avec M. Ride], est généralement désigné « Peigne Lyon-Ride) » (fig. 79).
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- Fig. 79. — Peigne garnigseur Lyon-Ridel.
- C’est une poignée en bois portant une rangée serrée d’aiguilles, dont les pointes arrivent au même niveau. Ces aiguilles sont tenues dans une armature en cuivre et peuvent se remplacer.
- L’étoffe est étalée sur une table bien plane, et on y promène de haut en bas le peigne, dont les aiguilles, en grattant sur le tissu, détachent les brins de fils agglomérés, les ouvrent et produisent un résultat à peu près analogue à celui du chevillage des fils.
- Pendant ce grattage, le peigne est tenu à peu près perpendiculaire (d’aplomb) sur l’é-I toffe, quand celle-ci a la trame assez couverte comme dans les taffetas; il faut alors fouiller un peu plus le tissu ; lorsqu’au contraire la trame est superficielle, comme dans les satins, on tient le peigne incliné pour qu’il gratte plus légèrement.
- Ce moyen n’éraille nullement le tissu, comme on pourrait le croire. Il a été appliqué au travail de la pièce : celle-ci passant dans une machine où elle rencontre un rang d’aiguilles , cela a permis ds remettre en teinture des étoffes défraîchies, et aujourd’hui que l’on teint beaucoup de soieries en pièces, il est étonnant que l’emploi de ce procédé ne soit pas plus répandu dans la fabrique.
- Les soies destinées à être assouplies, par un moyen quelconque, ne doivent pas être gommées; on les apprête ensuite à sec, avec de la cire ou de la gomme-laque dissoutes dans la benzine ou l’alcool, soit les compositions que j’ai données sous le n° 9, à l’article « Gomme pour apprêts » (année 1890, p. 178).
- On peut encore assouplir sur soies enduites d’apprêt à la cire, mais guère sur d’autres gommes, pas même sur l’apprêt à la gomme-laque, qui colle trop fortement.
- Quel que soit le moyen employé, l’assou-plissage est le complément nécessaire de
- l’apprêt des belles soieries -, après ce traitement bien fait, elles ont absolument le toucher du neuf, et n’ont pas besoin de moirage pour les rehausser.
- Maurice GUEDRON
- Les TISSUS POUR CAOUTCHOUCS
- A ROUBAIX
- La fabrication des articles pour caoutchoucs, à Roubaix, ne date que de quelques années. Ce sont les Anglais qui, les premiers, ont fabriqué ces sortes d’articles. — Us ne faisaient que des tissus trame laine, chaîne coton, articles qui ont toujours fait leur force, et que Roubaix arrivera néanmoins à supplanter l’un après l’autre, comme il l’a, du reste, fait pour les satins de Chine et autres articles similaires. — Au lieu d’imiter textuellement les articles anglais, les industriels de Roubaix ont travaillé les tissus tout laine que personne ne peut concurrencer. — Le pure laine obtenant un grand succès en Angleterre, nos fabricants se sont mis aux articles pour doublure.
- Comme nous ne sommes pas encore de force à lutter coutre les Anglais, pour les articles doublure laine coton, unis, nous n’avons jusqu’ici fait que de la fantaisie. Tout le monde sait qu’en fantaisie, nous sommes inimitables, et c’est ce qui explique la grande vogue que rencontrent nos produits, partout où on achète le tissu à caoutchouter. En mélangés chaîne coton, nous sommes battus par l’Angleterre, surtout dans les articles qui exigent, pour la chaîne, des filés très fins, filés que les Anglais seuls produisent. Nous n’avons pas encore en France un matériel suffisant pour filer les fins numéros ; c’est pourquoi nous sommes encore obligés de nous les procurer à l’étranger. — 11 est vrai qu’avec leur initiative et leur persévérance, nos industriels ne tarderont pas à faire eux-mêmes ce qu’ils sont obligés aujourd’hui de demander à leurs concurrents. Pour les articles cardés, le monopole appartient encore aux Anglais ; mais de sérieux efforts sont faits sur notre place pour arriver à les supplanter au moins en France.
- Tous les tissus à caoutchouter se tissent sur des métiers ayant 160, 170 et même 180 de large. — En raison même de la largeur des métiers, ce sont des articles que tout le monde ne peut pas faire, et qui doivent laisser, au producteur, un certain bénéfice.
- Les tissus pour caoutchoucs se font tant en uni qu’en fantaisie et en toutes matières, soit seules, soit mélangées.
- Le reproche que l’on fait ordinairement à nos fabricants, c’est d’employer pour ce genre d’articles de trop belles matières, ou de trop renforcer le tissu, ce qui naturellement augmente le prix. Il faut, pour le caoutchouc, des tissus excessivement légers. Il suffit qu’au gommage le caoutchouc liquide ne passe pas-
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- à travers le tissu. Les articles ordinaires, pour caoutchoucs de dames surtout, sont ce qu'on pourrait appeler de la toile d’araiqnée', ils se déchirent très facilement en tombant du métier, étant, donnée leur extrême légèreté. Seulement, une fois que le tissu a subi l’opération du caoutchoutage, c’est tout autre chose. En effet, il y a d’abord plusieurs couches de caoutchouc qui viennent s’appliquer sur ce tissu et le rendent plus solide; ensuite, on applique encore une doublure sur la couche de caoutchouc, et le manteau devient presque inusable.
- Les tissus pour hommes sont beaucoup plus lourds et plus solides. On n'y applique aucune doublure, mais seulement une couche de caoutchouc. A signaler, dans les tissus pour hommes, beaucoup d’articles cardés ; tous nos fabricants de Roubaix, à peu près, ignoraient que l’on caoutchouctât les tissus cardés. Les Anglais ont à peu près le monopole de ces derniers genres ; néanmoins, quelques fabricants de Roubaix qui se sont renseignés échan- ' tillonnent le tissu cardé pour caoutchouc. S’ils n’arrivent pas à supplanter l’Anglais pour le classique, ils comptent le faire pour la fantaisie.
- Dans les collections allemandes, nous avons vu certains Jacquarts très brillants, qui paraissent bon marché tout d’abord ; mais, si on les examine de près, en fabricant, on s’aperçoit que tous ces joïis genres tape-à-l'œil sont composés de très peu de soie et de beaucoup de coton -, ici, nous pourrions faire tout aussi bien que les industriels d’outre-Rhin. Il est cependant un genre dont les Allemands ont le monopole, ce sont les rayures deuils, entièrement en soie (chaîne et trame). Leurs collections sont très bien comprises, et les dispositions très bien combinées.
- Dans les articles doublure fantaisie, nos genres de Roubaix ont beaucoup de succès. De fortes commissions ont aussi été remises en articles pour doublures, unis, genres nouvellement sortis, et qui ont du succès, parce que nous les faisons en nuances inaltérables, ce qui est une condition essentielle pour les tissus caoutchouctés.
- (Bulletin des laines.)
- LES COULEURS D’ANILINE
- et
- LEUR EMPLOI DANS LA FABRICATION DU PAI’IER (Bulletin des Fabricants de papier)
- Les anciens moyens de coloration.
- La fabrication des papiers de couleurs, teints en pâte, formait autrefois une spécialité à laquelle peu de papeteries s’adonnaient, parce que la préparation des divers colorants nécessaires exigeait des manipulations trop minutieuses. Aussi trouvait-on fréquemment dans ces usines, lorsqu’elles étaient bien
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- montées, des cuisines à couleurs qui auraient suffi à beaucoup de teintureries de laine et de soie. C’était surtout la préparation des rouges, des bleus et des orangés qui présentait de nombreuses difficultés quand on voulait obtenir des tons purs, éclatants et toujours identiques.
- Les recettes de coloration étaient par suite tenues, à cette époque, aussi secrètes que le sont aujourd’hui celles de colle. Chacun croyait posséder la meilleure et gardait pour lui, avec anxiété, le résultat de ses expériences. Beaucoup de contre-maîtres, qui avaient eu l’occasion d’être employés dans des usines oh l’on faisait beaucoup de couleurs, s’appliquaient avec ardeur à réunir tous les échantillons de papiers colorés qu’ils pouvaient se procurer, avec ou sans leur composition, et les conservaient, qu’ils les eussent ou non fabriqués eux-mêmes, pour les présenter lorsqu’ils cherchaient à se caser ailleurs.
- Heureusement qu’alors les papiers de couleurs se vendaient encore bien ; car la manière de travailler dans les cuisines à couleurs n’était souvent rien moins qu’économique, et ' l’on y manquait bien des opérations. Combien ! de fabricants se sont trompés dans les prix de revient de leurs papiers de couleurs, parce ! que l’expérience du personnel chargé de la coloration échappait le plus souvent à leur contrôle, et que beaucoup de pilées manquées étaient mises au rebut. On leur donnait aussi des renseignements faux au sujet des quantités de couleurs employées. Je me rappelle ; qu’une fois un très honorable fabricant de j papier me présenta un carnet d’échantillons j contenant des papiers de couleurs très fon- j cées dont les compositions étaient indiquées. \ Le carnet lui avait été donné comme souvenir par son précédent chef de fabrication, lors de son départ, et le généreux donateur avait reçu, en échange, un important cadeau. Le désappointement du possesseur du carnet fut grand lorsque je lui appris que les recettes de coloration des papiers qui avaient, pour la plupart, été fabriques chez lui et livrés à sa clientèle, n'indiquaient en moyenne que la moitié environ des couleurs employées.
- Vers 1850 commença l’emploi, dans la papeterie, des couleurs extraites du goudron de houille, sous le nom général de couleurs d’aniline. Toutefois, leur prix était si élevé que leur emploi demeura très restreint, et ce fut seulement vers 1860 qu’elles s’introduisirent plus généralement dans notre industrie. Bien que les prix fussent alors très élevés encore, comparativement à ceux d’aujourd’hui, on apprit cependant, peu à peu, à apprécier 1 avantage que présentaient la simplicité de leur emploi, la richesse-et la beauté des nuances données par ces matières. C’est ainsi que la sûreté et la facilité avec lesquelles on pouvait arriver au ton exact d’une fabrication précédente gagnèrent aux couleurs d’aniline des partisans de plus en plus nombreux, parce que les couleurs employées jusqu’alors ne possédaient pas cette sûreté.
- On se souvient des décoctions de bois rouge ou jaune et d’Orléans, des bleus précipités, du cyanure de potassium, de la préparation
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- des couleurs orange avec le bichromate de potasse et des solutions de bleu de Paris par l’acide oxalique, ou encore de la préparation, dans l’usine, du rouge de cochenille à l'ammoniaque, etc., etc. Qui ne pourrait raconter les nombreuses contrariétés qu’il éprouvait alors lorsque, par exemple, il fallait fabriquer un bleu exactement conforme à un type donné !
- Emploi des couleurs d'aniline.
- Promptement et sûrement, l’introduction des couleurs d’aniline produisit un grand changement dans la fabrication des papiers de couleurs : beaucoup de fabriques commencèrent à s’en occuper, les prix des papiers de couleurs baissèrent, et aujourd’hui on pourrait conseiller à maintes usines d’en abandonner tout-è-fait la fabrication si elles n’en ont pas un important écoulement. Il faut dire aussi qu’une bonne part d’amour - propre pousse les directeurs à laisser fabriquer de jolis papiers de couleurs.
- Ce furent les teintes ponceau, violet, rouge brique et vert bleuâtre que l’on commença tout d’abord à fabriquer avec les couleurs d’aniline ; plus tard, on obtint un rouge tendre entre le rose et le ponceau (à l’éosine) ; il fit sensation. Puis vinrent les divers bleus, l’écarlate, le brun jaune et un rose vif (à l’é-rylhrosine) ; plus tard encore, les divers jaunes avec des nuances variant des jaunes soufre et d’ocre jusqu’au jaune d’or. On eut aussi le gris, le noir, le brun rouge et l’olive ; enfin, on fit l’importante découverte des succédanés solubles à l’eau du bleu de Paris et du campêche, de sorte que nous avons maintenant un choix complet de toutes les nuances en couleurs d’aniline.
- Les premiers produits obtenus par les fabriques de couleurs d’aniline n’étaient livrés qu’à l’état de solution alcoolique ou acide ; certains d’entr’eux comprenaient, en outre, des substances vénéneuses, par exemple, de l’arsenic.
- On est venu à bout de vaincre ces défectuosités, et maintenant on peut obtenir les couleurs d’aniline de tous genres, solubles dans l’eau et tout-à-fait exemptes de poison (du moins celles qui servent dans les papeteries ; dans les teintureries on préfère encore, par exemple, la fuchsine arsenicale à celle qui ne l’est pas).
- Sous la désignation de couleurs d’aniline, on réunit généralement toutes celles indiquées ci-dessus, bien que, chimiquement, il soit plus correct de ne désigner sous ce nom que le rouge de fuchsine, le violet, le brun et le vert; l’éosine, l’érythrosine, la phloxyne appartiennent à la classe des couleurs de ré-sorcine et le jaune, l’orange, etc., aux couleurs de naphtaline ou azoïques.
- Un grand inconvénient, inhérent à toutes ces couleurs, est qu’elles sont faux teint, c’est-à-dire qu’elles pâlissent plus ou moins vite quand elles sont exposées à la lumière vive du jour. On n’est pas encore arrivé, jusqu’à présent, à les rendre bon teint, bien que
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- telle ou telle de ces couleurs soit offerte sous cette dénomination par quelques fabriques, et que certaines couleurs possèdent une plus grande solidité ou une plus grande résistance à l’action de la lumière que n’en ont certaines autres. Cela tient à la nature même des couleurs de ce genre, et il sera difficile d’éviter complètement cet inconvénient.
- Quoi qu’il en soit, ledit inconvénient est dangereux pour les papiers de couleurs, parce que, la plupart du temps, ils sont destinés à des usages qui, avant tout, exigent de la résistance à l’action de la lumière. Ils servent, par exemple, à faire des affiches, des fleurs artificielles, des couvertures de livres, etc. Ce défaut, quand les couleurs d’aniline ont commencé à pénétrer dans les papeteries, a donné souvent lieu à des différends désagréables entre les fabricants de papier et leurs clients. Je me bornerai à en citer ici un exemple intéressant.
- (A suivre.)
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- Régime économique. — Parmi les rapports déjà déposés au nom de la commission des douanes, et distribués, nous citerons les suivants :
- Rapport général. — M. Méline, rapporteur.
- Annexe au rapport général. Tableau rectificatif de la filature du coton. — M. Méline, rapporteur.
- Laines, crins, poils, plumes, cheveux non ouvrés et poil de Messine. — M. Henri Laver-tujon, rapporteur.
- Ouvrages en caoutchouc, feutres et chapeaux. — M. Henri Boucher, rapporteur.
- Chanvre, jute, phormium tenax, abaca et autres végétaux filamenteux non dénommés, joncs et roseaux bruts, y compris le sparte et les fibres de coco, osier, écorces de tilleul pour cordages, coques de coco et calebasses vides et grains durs à tailler. — M. Fairé, rapporteur.
- Surtaxes d’entrepôt. — M. Félix Faure, rapporteur.
- Filature de lin, de chanvre et de jute. — M. Pierre Legrand, rapporteur.
- Tissage de lin, de chanvre et de jute. — M. Pierre Legrand, rapporteur.
- Soies. — M. Jonnart, rapporteur.
- Produits chimiques. — M. Alfred Letellier, rapporteur.
- Teintures préparées, couleurs et compositions diverses. — M. Prevet, rapporteur.
- Teintures et tannins. — M. Armez, rapporteur.
- Ouvrages en matières diverses. — M. Félix Faure, rapporteur.
- Bonneterie, lin, coton, laine, soie et bourre de soie. — M. Balsan, rapporteur.
- Filature de coton. — M. Pierre Legrand, rapporteur.
- Fils et lissas de soie. — M. Balsan, rapporteur.
- Cuirs et peaux. — M. Philippon, rapporteur. —o—
- Les droits sur les soies. — M. Jonnart, rapporteur de la question des soies à la commission des douanes, a passé à Alais où il a visité plusieurs établissements industriels.
- En partant, il a conseillé aux représentants de la filature et de la sériciculture de se rallier au système des primes qui va être établi par le rapporteur spécial de la commission du budget. C’est, a dit M. Jonnart, la seule planche de salut pour ces industriels, car jamais le Gouvernement ne votera des droits sur les cocons et les grèges.
- Voici en quoi ce système consiste :
- Il serait substitué aux jurys l’établissement des primes suivantes : une prime directe de 25 centimes par kilogramme de cocons frais pour les éducateurs et une prime graduée à la bassine en activité pour les filateurs.
- Les primes â la filature seraient de 100 fr. pour les anciennes bassines, 150 fr. pour les bassines nouveau modèle.
- Une prime annuelle de 200 fr. serait accordée pendant quatre ans aux bassines anciennes qui se transformeraient selon les nouveaux modèles. Cette prime serait ramenée la cinquième année à 150 fr.
- La prime serait payée en totalité ou en partie, selon que les bassines seraient en activité de service pendant toute l’année ou pendant quelques mois seulement.
- —o—
- lia loi du travail en Allemagne.
- — Le Parlement allemand vient de discuter le projet de loi concernant la réglementation de l’industrie.
- Au cours de la discussion de la proposition de la commission, tendant à interdire le travail des enfants au-dessous de treize ans dans les fabriques et à restreindre la durée du travail des enfants âgés de moins de quatorze et seize ans, les socialistes ont proposé d’étendre l’interdiction du travail jusqu’à quatorze ans et la restriction jusqu’à dix-huit.
- La proposition de la commission a été adop -tée sans changement après un long débat.
- Les socialistes ont alors proposé d’ajouter à la loi un paragraphe sur le maximum de la durée de la journée de travail, portant que l’on introduira immédiatement la journée de travail de dix heures, en 1894 la journée de neuf heures, et en 1898 la journée de huit heures. Celle-ci sera immédiatement introduite pour le travail dans les usines et dans les industries qui ne fonctionnent qu’une partie de l’année.
- Cette motion n’a pas été adoptée.
- Grève de Sedan. — La grève des tisseurs à la main de Sedan et des environs n’est pas encore terminée et elle jette une profonde perturbation dans les affaires : plusieurs contrats importants ont été annulés.
- Les ouvriers ont mis à exécution la menace qu’ils avaient faite de démonter les pièces inachevées sur les métiers et les ont rapportées chez les patrons.
- Jurisprudence : dessins de fabrique, effets de tissage. — Nous signalons cette affaire, non à titre de nouvelle (l’arrêt est du 15 décembre dernier), mais comme doctrine juridique sur la propriété des dessins de fabrique, en imitation de genres anciens.
- L’affaire s’est présentée au tribunal de commerce de Roubaix, et voici les faits :
- M. A. Harinkouck exposait au tribunal qu’il a déposé plusieurs échantillons d’un article dit
- Velours de Scutari, qu’il avait créé en s’inspirant de vieux tissus orientaux ; il ajoutait qu’ayant appris que MM. Courouble et Caretle vendaient le même article à un prix inférieur, il les avait assignés à l’effet de les empêcher de fabriquer ces genres et de les condamner à des dommages-intérêts à libeller.
- M. Harinkouck prétendait, en outre, qu’on dénie à tort au tissu déposé le caractère de dessin de fabrique ; qu’en effet cet article est un tissu peluche ayant une physionomie propre. un aspect particulier, et que, suivant la doctrine et la jurisprudence, il y a dessin de fabrique quand il s’agit d’une nouveauté produite par une combinaison nouvelle d’éléments connus, et que ce dessin pent résulter tout entier de l’aspect que présente le tissu.
- Le caractère de nouveauté, disait encore M. Harinkouck, ne peut être détruit que par des antériorités ; or, les antériorités invoquées par MM. Courouble et Carette ont trait au velours et non à la peluche, surtout que le tissu en litige présente l’aspect de satin.
- MM. Courouble et Carette soutenaient, en droit, qu’à défaut de définition légale du dessin de fabrique, il faut considérer comme tel toute conception ou combinaison nouvelle constituant une configuration nouvelle ; que ce caractère ne peut être attribué à l’aspect présenté par un tissu, comme on le prétend, dans l’espèce ; que d’ailleurs l’article incriminé a été créé par des procédés anciens ; que l’addition d’un fil de métal ne constitue pas une création nouvelle, et que l’identité de procédés de fabrication n’entraîne pas la contrefaçon.
- Ils disaient encore, qu’en fait, il ne s’agit pas d’un genre nouveau ; qu’il existe des antériorités ; qu’eux - mêmes fabriquaient, erv 1883, des tissus présentant tous les caractères revendiqués; qu’une autre maison en a aussi produit, et qu’enfin il existe au Musée des arts décoratifs, à Paris, des tissus de Scutari fond velours avec dessins en creux formés par des combinaisons de trame soie ou fil de métal.
- M. Amand Harinkouck a été débouté de sa demande.
- Le Tribunal a estimé que les éléments dont se composent les tissus déposés par le demandeur sont des éléments connus et en usage et que M. A. Harinkouck se base seulement sur un aspect particulier pour établir la nouveauté de ce tissu et en revendiquer la propriété.
- D’autre part, MM. Courouble et Carette n’ont pas copié les dessins déposés. De plus le fond velours ou peluche seul ne constitue pas une nouveauté et l’emploi d’un fil de métal formant dessin est dans le domaine public et se reproduit fréquemment dans les étoffes d’ameublement. D’ailleurs, l’aspect particulier du tissu revendiqué, c’est-à-dire le double effet, velours et satin, n’est pas exclusif aux peluches de M. Harinkouck; il se retrouve dans des étoffes fabriquées à Lyon antérieurement au dépôt qui se trouve ainsi frappé de nullité par des antériorités.
- En conséquence, le Tribunal a déclaré M. Harinkouck mal fondé dans sa demande -, il l’en a débouté ; il a prononcé aussi la nullité des dépôts au secrétariat du Conseil des prud’hommes en ce qui concerne la propriété du genre des articles déposés.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes),
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- Ae Année, N° 9.
- REVUE DE
- ET DES COLOR ATIONS
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- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES 1« mai *89t.
- SOMMAIRE
- Chronique. — Observations optiques sur la teinte jaune. — Production sur coton de noirs, bleus et bruns solides. — Sur les sulfo-ricina-tes. — Le Chino-Clay. — Revue sommaire des brevets d’invention. '
- Procédés divers : Teintes pour dentelles ; Noir-Noir de Naphtol sur laine ; Bleu brillant et Vert-jaune sur laine; Blanchiment des chapeaux de paille. — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Les couleurs d’aniline dans la fabrication du papier (suite). — Emploi de la soie dans la draperie —Les tissus d’ameublemeut à Roubaix. — Informations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- Le 1er mai nous a laissé sous la pénible impression des scènes sanglantes de Fourmies, et quoique les provocations proviennent bien des victimes, il semble qu’avec du tact et quelque courage civil, le sous-préfet et le maire auraient pu les éviter.
- Malgré son droit et même son devoir de résister à l’émeute, un Gouvernement porte longtemps le reproche du sang versé : l’affaire de la rue Trans-nonain a toujours pesé sur celui de Louis-Philippe ; celle de Ricamarie a été reprochée à l’Empire jusqu’à sa chute et même au-delà ; Fourmies sera une tache semblable pour notre régime actuel.
- L’armée ne pouvait moins faire que de se défendre, mais le pouvoir civil aurait pu éviter la collision.
- Les faits sont maintenant accomplis ; nous ne pouvons que les déplorer et blâmer ceux qui les ont provoqués comme ceux qui n’ont pas su les conjurer.
- En dehors de ces événements et de la moins grave échauffourée de Clichy, le 1er mai n’a donné lieu, en France, qu’à des scènes prévues et sans agitation dangereuse.
- La prétention la plus excessive s’est fait jour depuis : c’est celle des manifestants de Roubaix et Tourcoing, qui veulent obliger les patrons à renvoyer de leurs usines les ouvriers qui n’ont pas manifesté : cela, par exemple, est bien la tyrannie du nombre et nous rappelle les enrôlements forcés de la Commune. Le régime que ces sectaires nous promettent serait la pire des oppressions.
- La région du Nord est la plus in-
- fluencée parles excitations du 1er mai.
- Les teintureries Hannart frères, de Wasquehal et Roubaix sont en grève sur une question d’augmentation de salaire.
- Dans les tissages de Lille, Roubaix, Tourcoing, des grèves se sont aussi produites, mais l’exigence exorbitante du renvoi des non-manifestants.
- Des grèves ont lieu aussi dans les industries métallurgistes, sous différents prétextes.
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- Ces agitations ne favorisent pas les affaires, et l’on nous dit de Roubaix-Tourcoing que la situation industrielle et commerciale de ces places ne s’est pas améliorée.
- Elle se ressent toujours du malaise causé en partie par les appréhensions du 1er mai.
- Ainsi, en fabrique, les acheteurs étrangers ont hésité à commissionner dans la crainte que des complications de grève ne viennent entraver ensuite l’exécution des ordres remis.
- A Reims, les affaires sont assez ac- J tives tant en fils qu’en tissus. Les cachemires, mérinos et flanelles donnent 1 lieu à des ordres satisfaisants. Contrairement aux craintes du commencement de l’année, le molleton et le peignoir belles qualités ont été très demandés ; certains producteurs exigent trois à quatre mois pour livrer. Les fabricants de robes sont largement pourvus de commissions.
- Il y a de la reprise à Mulhouse sur les tissus de coton; la filature, dont le travail se borne aux besoins du moment, va profiter de ce mouvement.
- La correspondance de Berlin n’indique pas d’amélioration, sauf pour les articles de blanc et les broderies, et dans les tissus de laine, les cheviots, qui reprennent un peu faveur.
- La première vente publique de draps organisée par les fabricants d’Aix-la-Chapelle, d’Eupen et de Burtschield, a eu lieu le 1er mai et n’a pas donné des résultats encourageants. On avait mis 800 pièces en vente, mais on n’a constaté aucune animation.
- En général, l’industrie textile paraît | perdre du terrain en Allemagne, après ! ’ y avoir été si florissante. •
- Des nouvelles d’Halifax, il résulte que le commerce de fils pour l’intérieur est bon, mais les demandes nouvelles pour l’exportation sont peu importantes. La branche des tissus s’est améliorée. Les fabricants accusent plus de demandes pour les marchés du pays, et en ce qui concerne les affaires avec l’Amérique, les prévisions sont meilleures.
- En cotonnades, les affaires, à Manchester, se restreignent en divers articles convenables pourlTnde, et quelques ordres pour la Chine sont sur le point d’être exécutés. La consommation continue à acheter avec prudence et pour les marchés du continent la demande est très modérée. Les filés sont inactifs.
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- Notre régime économique est maintenant en discussion à la Chambre, qui n’en est encore qu’aux généralités.
- L’étude des points spéciaux est amorcée par le dépôt de quelques rapports des commissions, mais en général ces documents sont d’une sobriété allant jusqu’à la sécheresse.
- Le rapport général de M. Méline, posant la question de doctrine, est plus étendu et plus complet. Ceux de M. Balsan, sur la bonneterie et sur les matières soyeuses, sont également bien étudiés. Mais le rapport de M. Armez, sur les teintures et tannins, se réduit à vingt lignes. Celui de M. Prévet, sur les teintures préparées, couleurs et compositions diverses s’étend assez sur plusieurs de ces compositions diverses, telles que les crayons, par exemple, mais est fort sommaire et insuffisant sur les teintures préparées. La plupart n’offrent pas plus d’intérêt.
- La discussion publique compensera sans doute cette insuffisance.
- F. Gouillon.
- P.-S. — La teinture en chiffonnage a repris une bonne activité : toutes les maisons de Paris sont bien occupées en ce moment.
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- LÀ REVUE DE LÀ TEINTURE
- OBSERVATIONS OPTIQUES
- Sur la teinte jaune
- M. Albert Sclieurer a donné lecture à la Société Industrielle de Mulhouse, d’une étude intitulée : Sur a couleur jaune et la limite de la sensation jaune.
- I. L’examen spectroscopique d’un grand nombre de matières jaunes fixées sur le tissu, qu’elles soient d’origine minérale et organique, permet d’établir que la particularité reconnue au chromate de plomb de réfléchir toute la partie du spectre qui s’étend du rouge au vert est un fait général qui s’étend à tous les jaunes que nous connaissons. L’intensité de ces jaunes est voisine de 750 à 800 pour 1000 de la lumière blanche, comme pour le chromate ce plomb.
- L’aspect dominant des spectres de ces couleurs est rouge et vert. Les différences de nuance qui existent entre deux jaunes résident plus souvent dans les variations d’intensité des différentes plages de leur spectre que dans des variations d’étendue.
- En général tous les jaunes réfléchissent à peu près intégralement le rouge et le rouge orangé incidents, tandis que des variations sensibles se produisent dans l’intensité du vert jaune et du vert.
- IL On sait qu’en mélangeant au moyer. d'un disque rotatif un jaune avec des quantités croissantes de noir or. obtient une gamme de tons qui passe du jaune à l’olive, et que ce changement de nuance n’existe pas pour certaines autres couleurs, le rouge par exemple.
- Le fait est dû à une propriété physiologique de l’œil.
- Lorsqu’on fait tourner rapidement un grand secteur de jaune (chromate de plomb, jaune de Chevreul) sur le fond de noir absolu que donne l’appareil rotatif de M. Rosenstiehl et qu’on diminue petit à petit sa surface jusqu’au point où la sensation nette du jaune fait place à une couleur indécise et blanchâtre, on a atteint la limite au delà de laquelle le jaune passe à l’olive. Ce moment, que saisit facilement un œil tant soit peu exercé à la vision des couleurs, est très fixe pour le même éclairage et constitue la limite de la sensation jaune.
- Sous l’impression d’un bon éclairage à la lumière diffuse l’expérience démontre que cette limite se trouve au moment où le jaune ne réfléchit plus 300/1 0 oo de l’intensité lumineuse incidente.
- Il s’ensuit qu’avec le même éclairage un jaune monochromatique, c’est-à-dire ne réfléchissant que la plage jaune du spectre (50/ioo)> paraîtrait olive, non pas jaune, et prendrait la couleur que donnerait un mélange de 15 parties de jaupe avec 75 parties de noir absolu.
- Donc les couleurs qui excitent la sensation pleine du jaune à la lumière diffuse ne peuvent être que des mélanges de rayons puisés dans
- la partie la plus lumineuse du spectre, et forcément entre le rouge et le vert.
- La sensation jaune dépend d’un facteur beaucoup moins ou nullement sensible pour les autres couleurs et qui est l’intensité. Ce fait établit une analogie entre le jaune et le blanc.
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- PRODUCTION SUR COTON
- de noirs, bleus et bruns Par diazotage et développement de couleurs artificielles.
- La « Manufacture lyonnaise des matières colorantes « vient de faire connaître une méthode de teinture basée sur l’emploi de ses couleurs dites diamine, et qui par transformation chimique sur les fibres, acquièrent de nouvelles propriétés d’intensité et de résistance.
- C’est une nouvelle voie que la teinture cherche à utiliser et déjà nous avons entretenu nos lecteurs des travaux et même des résultats obtenus dans cette direction (1). Les procédés communiqués par la « Manufacture lyonnaise » ne se rapportent pas aux mêmes teintes et simplifient la méthode, tout en la généralisant (quoiqu’ils semblent la particulariser). Ils n’emploient pas, notamment, de glace pour refroidir les bains, ce qui supprime une complication pratique assez sérieuse.
- Enfin ladite maison offre aux teinturiers tous les produits nécessaires à la réalisation de ses i procédés, et évite ainsi l’incertitude de leur identité.
- Voici les procédés qu’elle nous communique :
- Nos produits brevetés : Noir Diamine U O; Noir Diamine B O ; Noir-Bleu Diamine E\ Brun Diamine F; Brun pour coton A Z et Brun pour coton N, possèdent une qualité précieuse : un passage du coton teint avec ces produits dans une solution acidulée de Nitrite de Soude (Diazotage), les transforme de telle façon qu’un nouveau passage dans un bain contenant un Phénol ou une Amine, tels que Naphtol, Résorcine, Phénylènediamine, etc., produit sur la fibre des Couleurs azoï-ques insolubles.
- La formation de ces nouvelles couleurs se manifeste par un changement prononcé et une augmentation sensible de l’intensité des nuances qui, en même temps, deviennent beaucoup plus solides.
- Elles sont en effet solides aux alcalis et aux acides et conservent au coton toute sa souplesse et sa résistance. De plus elles ne tombent pas au lavage et ne déchargent pas au frottement. Ce sont des qualités qui feront souvent préférer cette teinture à celle au noir d’Aniline, au Rleu d'Iudigo et au Brun Cachou.
- Le procédé est extrêmement simple, rapide et bon marché; il peut être appliqué au coton en bourre, en flottes et en pièces.
- Nous allons décrire le procédé pour la teinture du COtOn EN FLOTTES.
- (1) Voir Reçue de la Teinture, 1890, p. 48 et 135; 1889, p. 93 et 115, et 1888, p. 114.
- DESCRIPTION I)U PROCÉDÉ
- Il y a trois manipulations à faire :
- 1. La teinture.
- 2. Le Diazotage.
- 3. Le Développement.
- 1. — LA TEINTURE
- On teint au bouillon pendant une heure avec addition de :
- 5 0/C de Carbonate de Soude,
- 15 0/0 de Sulfate de Soude cristallisé et la quantité nécessaire de colorant qui, suivant la nuance à obtenir, peut varier de 2 à 6 0/0.
- 11 est préférable, surtout en se servant de récipients en enivre, d’employer des eaux calcaires.
- Le b3in de teinture est conservé. Pour chaque opération suivante on ajoute 2/3 des quantités indiquées de Carbonate de Soude et de Sulfate de Soude. On rajoute du colorant à mesure qu’il est épuisé; par exemple, un premier bain garni avec 5 0/0 de colorant, doit être remonté avec h 0/0 pour chaque opération suivante.
- 2. — LE DIAZOTAGE
- Le coton teint est rincé et traité à froid pendant quelques minutes dans un bain acidulé de Nitrite de Soude.
- On garnit ce bain de la façon suivante :
- On prépare dans les récipients en bois
- (A) une solution type de Nitrite de Soude, en dissolvant 10 kilos de Nitrite de Soude dans 50 litres d’eau chaude.
- (B) une solution diluée d’Acide Chlorhydrique 20° Bé.
- Pour 10 kilos de coton à diizoter, on ajoute h la quantité nécessaire d’eau d’abord :
- 1/2 litre de la solution de Nitrite de Soude (A) et ensuite
- 2 litres de la solution d’Acide Chlorhydrique
- (B)
- Le Diazotage doit se faire dans un récipient en bois.
- Pour toute opération suivante il suffît d’ajouter I/o des quantités indiquées des solutions A et B.
- Après avoir manœuvré pendant quelques minutes, on rince à l’eau froide qu’on fait bien d’aciduler légèrement. En se tenant exactement aux proportions indiquées et en tordant avec soin, on peut entièrement supprimer le rinçage.
- Il faut veiller qu’après le diazotage le coton ne sèche pas partiellement, et qu’on passe autant que possible sans, retard dans le bain de développement.
- 3. - LE DÉVELOPPE VIENT
- Suivant la matière colorante employée et le choix du développeur on obtient des nuances différentes.
- On passe le coton à froid dans le bain préparé de la façon indiquée ci-après. Aussitôt que l’intensité de la nuance n’augmente plus,
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- ce qui a lieu au bout de quelques minutes, le développement est terminé.
- Le bain de développement peut servir continuellement, on rajoute au bain le liquide obtenu en tordant.
- Après le développement on n’a plus qu’à tordre ou essorer, et laver.
- Les procédés suivants ont donné jusqu’ici les meilleurs résultats :
- NOIRS
- Comme fond on emploie le
- Noir Diamine R O ou le Noir Diamine B O.
- Comme développeurs on se sert des produits suivants :
- a Phénylènediamine. b Résorcine, ou d’un mélange de Résorcine avec B. Naphtol,
- a Phénylènediamine. Nous livrons ce produit en solution. On en ajoute pour la première opération :
- 2 litres pour 100 litres de bain, plus
- 1 litre par 10 kilos de coton à développer, et pour toute opération suivante sur le même bain seulement :
- 1 litre par 10 kilos de coton à développer.
- b. Résorcine. On mélange
- 1100 Grs de Résorcine avec
- 2400 Grs de Soude caustique 40° R.
- On porte avec de l’eau chaude à 20 iitres et chauffe jusqu’à dissolution complète.
- On emploie celte solution comme celle de Phénylènediamine, c’est-à-dire pour la première opération :
- 2 litres pour 100 litres de bain, plus
- 1 litre par 10 kilos de coton à développer, et pour toute opération suivante seulement :
- 1 litre par 10 kilos de coton à développer.
- On obtient également un très bon résultat en employant un mélange de :
- 1 1/2 litre de solution de Résorcine et
- 1/2 litre de solution de Naphtol par 100 litres d’eau plus
- 3/4 de litre de solution de Résorcice, et
- 1/4 de litre de solution de B Naphtol par 10 kilos de coton à développer.
- BLEUS
- On donne un fond de
- Noir Diamine R O, B O, ou Noir-Bleu Diamine E.
- On développe avec du B Naphtol pour des Bleus très foncés, avec du Naphtylamineéther pour des Bleus plus vifs et moins foncés.
- a. B Naphtol. 1450 Grs sont mélangés avec 1200 Grs Soude Caust. 40° B.
- On porte avec de l’eau chaude à 20 litres et °‘i chauffe jusqu’à dissolution complète.
- Les additions se font ejsactement dans les Thèmes propositions que pour la Phénylèue-diamine et la Résorcine.
- Si le fond est fait avec du Noir Diamine B O
- du Noir-Bleu Diamine E, nous recommandons de savonner à ciiaud après le développement.
- b. Naphtylamineéther. Nous livrons ce produit en pâte. Pour la première partie à développer on en ajoute :
- I kilo (dissous d'avance dans 10 litres d’eau bouillante) pour 100 litres de bain.
- Pour toute opération suivante on ajoute la solution de
- 1/2 kilo de Naphtylamineéther pour 10 kilos de coton à développer.
- Pour bien développer la nuance, il est très recommandable de donner un fort savonnage après le développement.
- BRUNS
- Pour le développement des Brun Diamine V.
- Brun pour coton A Z et N,
- nous recommandons la Chrysoïdme A G comme le meilleur développeur.
- On en ajoute pour la première opération :
- 10 Grs dissous à l’eau chaude, pour 100 litres de bain, plus
- 40 Grs par 10 kilos de coton à développer, et pour toute opération suivante seulement.
- 40 Grs dissous à l’eau ch aude, par 10 kilos de colon à dévek pper.
- Pour que le bain soit constamment neutre on ajoute 50 Grs de craie par 10 kilos de coton.
- II est indispensable de laver ou de savonner soigneusement, si possible à chaud.
- Pour être plus sûr que les Bruns obtenus ne salissent pas le blanc au lavage on rince après le développement et passe à nouveau pendant quelques minutes et à froid dans un bain de diazotage, puis on lave ou savonne; mais les nuances deviennent ainsi plus rougeâtres.
- Les trois marques de Brun peuvent être mélangées entre elles, ce qui permet d’obtenir des Bruns solides de toutes les nuances, du Loutre le plus foncé jesqu’à Marron le plus clair.
- REMONTAGE
- Les teintes ainsi obtenues peuvent être facilement remontées snr bain froid ou tiède avec des Couleurs basiques, telles que : Violet Mélhyl, Vert solide, Safranine, Thioflavine, Indazige, Bleu Méthylène, etc., qui se fixent sur la fibre de telle façon, qu’elles résistent au lavage et au Irottement presque aussi bien que les teintes non remontées
- Nous avons breveté en partie les procédés décrits. Tout consommateur acquiert le droit de s’en servir en employant nos produits.
- (Nous donnerons prochainement des échantillons des teintes naturelles de ces couleurs, comparativement avec leur transformation suivant la méthode ci-dessus.)
- SUR LES SULFO-RICINATES
- (Huiles pour Rouges)
- Nous avons résumé dans nos numéros des 10 et 25 février (p. 1$ et 31), le travail de M. Scheu-
- rer-Ivestner, sur les huiles émulsives pour rouges d’Andrinople.
- Nous nous proposions de compléter ces indications sommaires par la publication même de la communication de l’auteur à l’Académie des sciences, mais nous remplaçons ce document par l‘analyse d’une nouvelle communication faite par M. Scheurer-Kestner, à la « Société Industrielle de Mulhouse » dans sa séance du S avril, et qui a une portée plus pratique.
- M. Scheurer-Kestner a entretenu le comité de chimie de ses recherches sur la composition de l’huile pour rouge et lui indique l’origine de son travail. Au mois de juillet 1889, il a eu l’idée de remplacer, dans le commerce, l’huile pour rouge par l’acide gras de l’huile de ricin, pensant que cet acide gras, employé du reste dans plusieurs fabriques d’impression, pourrait être préparé plus économiquement que celui de l’huile pour rouge. A cet effet il s’est adressé à la Société de la Bougie de l’Etoile, à Saint-Denis. qui se sert, pour la saponification des graisses, de l’emploi de la vapeur d’eau à 15 kilos et sans addition d’aucun alcali, procédé inventé par M. de Milly. Mille kilos de l’huile de ricin furent ainsi saponifiés à Saint-Denis, donnant ainsi l’acide gras et la glycérine séparés. Mais, à mon étonnement, dit-il, l’acide gras n’avait ni les propriétés chimiques ni les propriétés tinctoriales de l’acide de saponification par les alcalis ; la capacité de saturation s’etait abaissée de près de 60 % et les nuances obtenues par impressiavec l’alionzarine (rose) étaient plus bleues que celles obtenues avec l’acide de saponification alcaline.
- C’est celte observation qui a engagé M. Scheurer-Kestner à entreprendre un travail de recherches.
- L’abaissement de la capacilé de saturation était l’indice de la condensation de la molécule.
- C'est pendant le cours de ces recherches qu’a paru le travail publié par M. Juillard l’année dernière, au mois d’août, et dans lequel M. Juillard prouve Ja présence d’acides gras polymérisés dans l’huile pour rouge. M. Scheurer-Kestner se réserva alors le droit de poursuivre ses recherches, tout en rendant hommage au travail de M. Juillard, qui a fait certainement le plus grand pas dans l’étude de l’huile pour rouge.
- M. Scheurer-Kestner rend compte au comité des résultats qu’il a obtenus jusqu’ici et qu’il formule de la manière suivante:
- L’acide normal, de saponification alcaline, du poids moléculaire de 298, donne au rose alizarique un ton moyen.
- Le même acide, sulfoné, donne un ton jaunâtre.
- L’acide polymérisé, du poids moléculaire de 480 (procédéde Milly) étayant, par conséquent, la composition de deux parties d’acide dirici-noléique sur une partie d’acide normal, donne un ton bleuâtre.
- Le même acide, sulfoné, donne un ton plus jaunâtre, mais plus bleu encore que l’acide normal.
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- Ainsi la sulfonation jaunit le ton, tandis que la polymérisation le bleuit.
- L’idéal, pour obtenir un ton jaune extrême, serait remploi de l’acide normal sulfoné, mais l’acide normal se polymérise toujours pendant la sulfonation.
- M. Scheurer-Kestner a obtenu, en chauffant l’acide gras à 150° pendant un certain nombre d’heures, des i cides gras de plus en plus po-lymérhés, et dont les propriétés acides vont en s’affaiblissant Jusqu’à l’acide diricinoléique, ils sont solubles dans l'acide acétique cris-tallisable, mais au dessus de cette condensation, les produits y sont insolubles.
- REVUE SOMMAIRE
- DES BREVETS D’INVENTION
- Etoffe nouvelle appelée « Mérinos Romain » Par M. Emile Delaunoy
- Le grain de cette étoffe est formé par la chaîne, et non par la trame.
- La chaîne se compose de filés de laine fine légèrement retors, pouvant supporter l’action du foulon. Le trame est en laine fine cardée.
- La composition de la chaîne et de la trame du mérinos romain permettant de lui appliquer la grande teinture et le foulage, il en résulte que ce tissu prend une grande force dynamométrique et que le noir est rendu indestructible.
- Lampe à soufrer pour le blanchiment des textiles,
- Par MM. Bronnen et Gamgée.
- Les auteurs présentent comme un perfectionnement sérieux dans le blanchiment des laines l’emploi du sulfure de carbone pour produire l’acide sulfureux. MM. Bronnen et Gamgée ont inventé une lampe alimentée au sulfure de carbone et dont par suite la combustion produit de l’acide sulfureux.
- Nous ne voyons là qu’une complication du procédé par combustion directe du soufre, qu est déjà assez défectueux pour ne pas augmenter ses dangers d’incendie et d’asphyxie, ainsi que son prix de revient. La compensation nous échappe.
- Perfectionnements dans l'apprêtage des étoffes,
- Par M. Charles Sauvage.
- Le nouveau mode d’apprêtage s’applique plus spécialement aux étoffes nouveauté d’El-beuf en laine, laine-coton, laine peignée, cardée, etc. Le nouveau procédé a pour but de supprimer la mise en cartes glacées, cause de fausses teintes à l’endroit des plis : il a pour but encore d’obtenir un apprêt dénommé apprêt fixe spécial, d’une meilleure tenue que celle obtenue par les apprêts ordinaires.
- L’opération d’apprêtage a lieu sur la machine au moyen d’un cylindre en papier comprimé présentant la dureté et le poli de l’ivoire ; ce cylindre est entouré sur la moitié de sa surface par une cuvette en fonte ou en cuivre surchauffée par la vapeur.
- Par son passage sous ce cylindre, l’étoffe acquiert en peu de temps la consistance et la douceur que lui donnerait à peine une mise en carte de 24 heures ; l’étoffe a un brillant uniforme sans pareil et il n’existe pas un seul pli sur toute l’étendue de la pièce.
- Imperméabilisation au moyen de peinture interposée entre deux étoffes,
- Par M. A.-J. Meynard.
- Sur un papier non collé, exempt de bulles, pailles et défauts, est étendue au pinceau une couche très uniforme d’une solution chaude de dextrine ; vingt-quatre heures après, sur cette couche est passée une couche de peinture à l’huile siccative.
- Lorsque la couche de peinture est suffisamment prise, le papier est humecté, enlevé ainsi que la couche de dextrine qui s’enlève sous forme de pellicule. L’étoffe est ensuite appliquée des deux côtés de la couche de peinture au moyen d’un fer chaud.
- Cette décalcomanie est très jolie ; il ne lui manque que d’être pratique, et de donner des produits acceptables. Cela ne mérite pas d’être discuté sérieusement.
- blanchiment électrique,
- Procédé de M. Hermite.
- Le procédé de blanchiment électrique de M. Hermite vient d’être modifié, en ce sens qu’il emploie actuellement comme agent décolorant la carnalite.
- Cette carnalite, que l’on trouve généralement en couche composée de gros blocs, est un chlorure double de magnésium et de potassium ; soumise à l’action du courant électrique, la solution de ce sel se décompose en chlore et en alcali. Elle présenterait, dit-on, une certaine supériorité sur les produits anciennement employés.
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- PROCEDES DIVERS
- TEINTES POUR DENTELLES
- sur coton, lin et ramie.
- Les dentelles se font beaucoup en ce moment en teintes écrues ou crémées, telles que celles indiquées ci-dessous : les fils de coton, lin et ramie destinés à leur fabrication sont donc très demandés dans ces couleurs.
- Celles-ci devant être assez solides pour résister aux savonnages de ces articles de lingerie, nous les avons faites en teintes métalliques, qui ne font que s’aviver sans l’action répétée des alcalis et des hypochlorites.
- Ces principales nuances sont les suivantes : 1° Ecru
- Elle s’obtient directement par un léger dépôt d’oxyde manganique.
- Faire une dissolution de :
- Permanganate de potasse. 100 gr.
- Eau chaude.............. 10 lit.
- Dans un bain froid très large, soit de 100 litres, verser 1 litre de cette dissolution, et y lisser 5 kil. de fils jusqu’à teinte voulue, ce qui demande 30 à 45 minutes.
- Les écheveaux auront été embâtonnés puis imbibés d’eau à l’avance pour qu’ils s’imprègnent uniformément de permanganate. La teinte rouge du liquide gêne un peu l’échantillonnage, mais après un ou deux essais, on juge facilement où il faut s’arrêter.
- Le même bain sert tant qu’il conserve sa teinte rouge, et on le renforce avec la solution de permanganate quand on voit qu’il s’affaiblit.
- 2° Maïs
- Faire un chamois de fer par le procédé habituel, et que, rappelons:
- On prépare un bain de rouille de 3 ou 4 degrés, dans lequel on trempe les fils deux heures à froid ; on les rince et on les passe dans un bain tiède de carbonate de soude monté avec 2 kil. de cristaux pour 100 litres d’eau.
- On tord légèrement et on passe les fils dans une dissolution très faible (1/2 degré) de chlorure de chaux, ou mieux dans de l’eau de Javelle à 1 degré. On rince.
- De cette façon, on aura obtenu un chamois clair, que l’on rend plus foncé, en recommençant les trois opérations : Rouille, Soude et Chlorure.
- Il faut ces deux séries de passages pour la nuance qui nous occupe, car le fond chamois doit être d’un ton proportionnellement plus élevé que la teinte maïs que nous voulons finalement.
- Les fils ainsi teints en jaune orangé sont ensuite nuancés dans une dissolution froide
- de :
- Sulfate de cuivre............. 1 kil.
- Eau froide.................... 50 lit.
- On lisse quelques minutes, en suivant bien le changement d’œil, et lorsqu’on est à la nuance voulue, on rince. Il faut tenir compte que le reflet jaune tombe beaucoup en séchant.
- Le ton aussi aura semblé baisser : cela tient au bleu de l’oxyde cuivrique qui se dépose, et qui azurant le jaune, le transforme en gris
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- moins éclatant ; c’est pourquoi le fond chamois doit être assez fort.
- Le bain de cuivre sert pour plusieurs passes en le renforçant de 50 gr. de sulfate par kil. de fils traités.
- Le chamois de fer peut être aus*i nuancé dans un faible bain de vert acide d’aniline, et donner ainsi cette même teinte maïs, mais ce vert ne résiste pas aux savonnages- il reste toutefois aux tissus le (ond chamois solide.
- On peut aussi nuancer le chamois de fer (sans passer par le cuivre), dans une légère dissolution froide de marron Bismark (vésu-vine) à reflet rouge.
- L’opération est ainsi bien simplifiée, et c’est pour cette teinte qu’il importe le moins que le nuançage disparaisse aux savonnages, car le chamois qui reste en est assez voisin.
- NOIR NOIR DE NAPUTOL
- 3° Gris de lin
- 3° Gris de lin
- Ce gris qui doit avoir un œil bleu assez net, est des plus employés pour les dentelles, mais nous n’avons pu le faire uniquement par les oxydes métalliques.
- Le procédé classique consisterait à donner un mordant de fer et à teindre sur quercitron ou bois jaune, mais aux savonnages, ces teintes s’avivent, et laissent un fond jaune canari qui est d’un mauvais effet pour ces articles, tandis qu’un jaune plus chaud, plus rouge, comme le chamois, est encore accepté lorsqu’il se transforme ainsi après plusieurs blanchissages.
- Nous donnons donc un fond chamois de fer comme il est dit pour le maïs, et toujours plus foncé relativement que la teinte finale.
- Puis les fils sont nuancés avec :
- Induline (Bleu-noir d’aniline). 5 gr. Eau froide...................... 100 lit.
- Le virage se fait assez rapidement (en deux ou trois lisses); on rince aussitôt.
- 4° Gris cendre.
- Donner le fond écru au moyen du permanganate, comme il est dit ci-dessus, mais plus fort que ne doit être relativement la teinte finale, et cela pour les mêmes motifs que ceux exposés à la nuance maïs.
- Finir dans le sulfate de cuivre comme pour ledit maïs, mais en ajoutant dans ce bain un pain de craie (blancdeTroyesou de Meudon), afin de saturer tout acide libre du sulfate.
- 5° Gris-beurre.
- Cette teinte, rappelant un peu celle qn’on obtient avec le rocou est également usitée dans l’article qui nous occupe, quoiqu’en moindres proportions que les précédentes.
- Pour l’obtenir entièrement métallique, faire un maïs suivant le procédé n° 2.
- Puis lisser dans un bain monté avec :
- Prussiate rouge de potasse.. 500 gr.
- Eau froide................. 50 ht-
- Sous l’action de ce réactif, le cuivre se transforme en sel marron-rouge, qui modifie le chamois de fond en conséquence et non plus en y ajoutant du bleu ; aussi ce fond jaune n’est pas partiellement éteint et il ne iaut pas le donner trop fort.
- sur lame.
- Pour obtenir un véritable noir sur laine au moyen des noirs de naphtol, il faut corriger le reflet bleu de ces colorants par addition de jaunes ou de verts. « The industrial Record » indique la formule suivante :
- Pour 100 kil. de laine.
- Mélanger dans le même bain :
- Noir de Naphtol................. 7 kil.
- Orange........................ 200 gr.
- Vert acide.................... 200 gr.
- Acide sulfurique................ 4 kil.
- Sulfate de soude............... 10 kil.
- Entrer à 50-60 degrés, et porter au bouillon. Le noir obtenu a beaucoup d’uni et de tranché.
- BLEU-BRILLANT
- sur laine
- La même publication donne cette recette et celle qui suit ; elles sont, d’ailleurs, de la pratique courante :
- Pour 100 kil. de laine :
- Bleu de Guernesey............... 1 kil.
- Bleu alcalin B................ 500 gr.
- Sulfate de soude............... 10 kil.
- Cristaux de soude............... 1 k. 500
- Teindre une heure au bouillon, puis développer la couleur dans un bain frais, avec :
- Acide sulfurique................ 6 kil.
- Lever et rincer.
- VERT-JAUNE
- sur lame
- Pour 100 kil.
- Extrait d’indigo (carmin)... 3 kil.
- Jaune de Naphtol........... 450 gr.
- Sulfate de soude............ 10 kil.
- Acide sulfurique............. 4 kil.
- Entrer à 50 60 degrés, et finir au bouillon.
- Ce vert ainsi composé, dit l’auteur, a tellement de brillant et de tranché, qu’il semble fait avec une couleur unique.
- BLANCHIMENT DES CHAPEAUX DE PAILLE
- Les chapeaux donnés à reblanchir sont mis dans de l’eau bouillante où on les laisse six à huit heures; ensuite on les brosse au savon noir, on les rince, et on les porte au soufroir.
- Pour l’apprêt, on les enduit d’une très légère dissolution de gomme arabique, et on repasse au fer sur des formes en bois.
- Lorsque les pailles doivent conserver une teinte écrue, on remplace le soufrage par un bain d’acide oxalique à 125 gr. pour 5 litres d’eau, où on les laisse une heure, puis on rince et on apprête.
- ——•
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l'art du Teiuturicr-Dégraisscur
- Cette Causerie clôt le chapitre des Apprêts, dont je donne plus loin le résumé :
- Tamponnage
- Les lainages et soieries noires qui, une fois apprêtés, sont ternes et comme poudreux, devront être tamponnés à l’huile. Mais il faut éviter ce moyen le plus possible, car ces étoffes prennent ensuite avec une grande facilité la poussière, qui s’y colle.
- Si l’on doit imprimer aux couleurs métalliques, il faut bien se garder de tamponner (avant l’impression au moins), car les poudres bronzées s’appliqueraient sur le fond non imprimé.
- Pour tamponner, on prend une huile fine, telle que d’olives ou d’amandes, et à l’aide d’un tampon de mousseline très peu imbibé, on tapotte le tissu sur toute son étendue, en ayant soin de ne le graisser que très superficiellement.
- Le moiré peut être tamponné.
- Conclusion sur les Apprêts
- Les objets confectionnés se font au fer, aux tables à vapeur, à la glaçoire, à l’aide des formes en bois ou métalliques.
- Les défaits, aux métiers ou aux tapis suivis delà presse, au colleur, aux machines à feutre sans fin.
- La lingerie plate peut avantageusement utiliser les machines à repasser. Les rideaux de vitrage se font bien à l’aide des petits métiers volants.
- Les soieries se cylindrent et se moirent aux cylindres à rouleaux de papier. Il est avantageux aussi de les assouplir au peigne garnis-seur.
- Le tapis convient pour les étoffes à broderies, à grains ; pour les velours, etc. 11 n’est pas avantageux pour les petits morceaux, dont l’épinglage devient très long.
- On peut aussi apprêter le velours par collage. Pour cela, on coud une bordure de mousseline autour dt-s morceaux, et c’est cette bordure que l’on colle sur le cylindre. Le velours y étant appliqué l’envers humecté à l’éponge, la chaleur du cylindre remplit le but de platinage et relève le poil.
- Pour les velours simplement nettoyés, on fait cette humectation avec de la bière, qui sert de gomme. On emploie de la bière double (celle qu’on débite en bocks) et on la mélange d’un égal volume d’eau. Les velours re-
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- IA REVUE DE LA TEINTURE
- teints doivent être un peu plus fortement gommés : employer nos gommes n°* 7 et 8 allongées d’autant d’eau.
- Les velours apprêtés au tapis sont ensuite platinés.
- Le colleur est utile pour les soies légères, surtout en carreaux et rayures, qui ainsi ne se déforment pas, et le gommage un peu fort de ce genre d’appiêt donne de la main à ces tissus.
- Les satins aussi s’y font mieux qu’au feutre : lorsqu’ils sont collés, on y donne un bon coup de brosse, on les assouplit ensuite au peigne garnisseur, et on les tamponne si le brillant laisse à désirer.
- On fait également bien à la brosse les tout-laine et les mélanges légers, comme l’orléans.
- Aux tambours à feutre sans fin, on fait généralement tous lainages et soieries et même les cotonnades, notamment les mérinos, vigogne, serges, drap de dame, grain de poudre, reps, damas, mélanges un peu plus forts, taffetas, fayes, les doublures et même les popelines.
- Ces dernières cependant se rétrécissent moins sur les métiers, mais on possède rarement cet outil. A défaut, on emploie le tapis en tendant fortement et séchant brusquement par une forte chaleur.
- Les châles s’apprêtent au tapis ou au feutre sans fin ; les franges sont ensuite peignées avec un peigne en cuivre (nickelé ou non), qu’on peut remplacer, du reste, par un démêloir à cheveux.
- Quand l’apprêt est tout-à-fait terminé, les morceaux sont ébarbés et pliés.
- 11 ne reste plus qu’à livrer le travail et à recueillir les compliments du client.
- Voici terminé ce qui concerne les gros vêtements et les étoffes, c’est-à-dire la partie la plus importante de nos travaux ; il nous reste à voir les petits objets : gants, chapeaux, plumes, etc., et des procédés spéciaux pour quelques articles qui, bien que rentrant dans les principes généraux, donnent lieu à quelques tours de main particuliers qu’il est bon d’exposer.
- TRAVAIL DES PETITS OBJETS et procédés spéciaux
- NETTOYAGE ET TEINTURE DES GANTS
- Les gants de chevreau ou d’agneau glacés et les genres Suède et Turin supportent très mal l’eau, et il faut éviter d’en faire usage dans leur travail : ce n’est guère qu’en noir qu’on les reteint, et précisément nous disposons d’une teinture noire sans eau.
- Nettoyage
- La marque est faite à l’encre dans l’intérieur du gant : évfter de la faire trop apparente.
- Gants glacés et Suède. — Préparer dans
- des petites terrines deux bains de benzoline rectifiée ; y passer les gants et les frotter à la main sur chacun de ces bains, en commençant par les blancs, puis par les couleurs claires et terminant par les foncées. Les blancs sont rincés dans un troisième bain de benzoline.
- Les gants sont ensuite fortement pressés ou légèrement tordus à la main, puis on les essuie avec un linge sec sans peluches, et on les redresse en les étirant et en les ouvrant à l’aide des baguettes ou pinces à gants.
- On les met ensuite sécher soit à l’air, soit à l’étuve.
- Je parlerai du glaçage au chapitre : Teinture.
- Chamois et daim. — Les gants en peau chamoisée, tels que les gants militaires blancs, chamois naturel ou amadou, sont lavés, comme du linge, au savon tiède, puis rincés sur une eau.
- Lorsqu’il est encore humide, le gant paraît gris et rétréci; ces effets disparaissent, en partie, en séchant ; il y a même des taches noirâtres dues au frottement des armes, que le savon n’a pas entièrement effacées, mais qui ne sont plus visibles après la sèche.
- Toutefois le blanc ne sera pas assez beau, et les couleurs se seront un peu démontées.
- On les rétablit au moyen de magnésie anglaise pour les blancs, d’ocre jaune pour les chamois naturels, et de terre de Sienne pour les amadou.
- Ces poudres sont délayées : une forte pincée pour chaque paire de gants, dans un bol d'eau, et on y passe les gants comme pour les azurer -, la poudre s’y dépose et y forme une légère couche de couleur appropriée.
- Il est bon que ces peaux ne soient pas rin- 1 cées à fond sur savon : restant un peu gras de savon, la poudre y colle mieux.
- Quand ils sont secs, on les secoue pour faire tomber la poudre non fixée, on les étire et on les ouvre.
- Tous objets en peaux chamoisées sont traités par des moyens analogues.
- Pour ouvrir et lisser les doigts de gants, je rappelle qu’on se sert avantageusement d’un doigtier en fer, s’ouvrant comme les fers à friser; on l’introduit chaud dans l’intérieur des doigt*, et on lisse la peau par-dessus, avec une flanelle.
- Dans ma prochaine Causerie, je traiterai de la teinture des gants.
- Maurice GUÉDRON
- LES COULEURS D’ANILINE
- et
- LEUR EMPLOI DANS LA FABRICATION DU PAPIER (Bulletin des Fabricants de papier)
- La loterie d’Elat, en Saxe, se servait autrefois , pour distinguer plus facilement les
- billets des diverses classes de tirage, ail nombre de cinq, de ciuq couleurs vives dif, férentes. Le fournisseur du papier commanda une quantité, assez importante, de ces papiers de couleurs, en fournissant à l’usine des types de nuances auxquels la papeterie se conforma exactement, mais en employant des couleurs d'aniline.
- Or, l’habitude était alors, comme probablement encore aujourd’hui, que les vendeurs en gros et en détail chargés de l’écoulement des billets, et dépositaires d’un grand nombre de ceux-ci, les missent aux fenêtres de leurs maisons pour engager le public à en acheter. Malheureusement, les billets ainsi exposés, bien que d’une jolie couleur à l’origine. blanchirent promptement parce qu’ils étaient, du matin au soir, exposés à l’éclat du jour; résultat : une grande quantité de toutes les nuances possibles.
- On comprend que toutes ces fausses teintes faisaient craindre et soupçonner des falsifications : il en résulta un procès au fabricant de papier qui, heureusement, parvint à éviter les gros dommages et intérêts qu’on lui réclamait, grâce à ce que la solidité des couleurs et leur résistance à l’action de la lumière n’avait pas été particulièrement stipulée sur la commande qui lui avait été remise.
- Pour ce motif, on voit encore maintenant employer, de préférence, pour teindre des papiers destinés à certains usages, des couleurs telles que le jaune, le gris, le chamois,, le noir et, de temps en temps, le bleu, préparés au moyen de précipités métalliques et résistant à la lumière, tandis que le bleu de I Prusse est de plus en plus supplanté parle bleu de Paris artificiel, et l’outremer, par les belles couleurs bleues d’aniline, spécialement pour teinter les papiers blancs.
- D’ailleurs, l’emploi des couleurs provenant de précipités métalliques finit par devenir très coûteux maintenant que les prix des coleurs d’aniline ont baissé d’une façon fabuleuse. On emploierait beaucoup plus de couleurs d’aniline si l’on apportait plus de soin à la coloration elle-même et au fixage des couleurs sur les fibres du papier. L’opinion, généralement répandue, qne tout agent fixateur ou mordant est inutile pour teindre le papier en pâte avec les couleurs d’aniline est tout-à-fait erronée, au moins en ce que, sans mordant, il faut employer une quantité de couleurs incomparablement plus grandes et qu’on ne peut compter obtenir sûrement une nuance donnée.
- Ceux qui ont eu l’occasion de faire beaucoup de papiers de couleurs savent bien, aussi, que les diverses pâtes employées dans la fabrication du papier prennent très différemment les couleurs d'aniline qui s'infiltrent dans les fibres et les colorent d’une manière plus ou moins intense, selon leur nature.
- Quand on se sert des autres couleurs, par exemple, des précipités métalliques qui forment des couleurs ayant du corps, des couleurs volumineuses pour ainsi dire, qui se déposent entre les fibres, les tons sont beaucoup plus ternes ; mais il y a moins à se
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- préoccuper des variations de nuances. Ces couleurs volumineuses sont : les jaunes faits avec le bichromate de potasse et l’acétate de plomb, les bleus faits avec le cyanure de potassium et le sulfate de fer, le chamois produit par le sulfate de fer, la chaux et la soude.
- Le coton se teint avec les couleurs d’aniline, autrement que le chanvre ou le lin, et ceux-ci, à leur tour, autrement que les fibres de bois ou de paille. On sait que la fibre du bois, c’est à-dire la pâte au sulfite ou à la soude se colore très facilement et avec intensité ; aussi emploie-t-on aujourd’hui beaucoup de ces pâtes dans la fabrication du papier, ce qui n’a fait que faciliter la préparation des papiers de couleurs. Le bois mécanique, par contre, se colore beaucoup plus difficilement, du moins lorsqu’il provient de bois de conifères très résineux ; il est rebelle aux couleurs d’aniline. Cela provient de ce que, dans la pâte de bois mécanique, la fibre n’est pas dégagée, mais reste encore enveloppée de matières incrustantes telles que les résines et les mucilages végétaux. Aussi prend-elle mal le rouge de fuchsine et encore moins certains bleus d’aniline. Par contre, elle se montre plus apte à recevoir le vio et, le vert, l’orange et même le jaune , on peut, lorsque les papiers sont colorés assez fortement au bleu d’aniline et contiennent du bois mécanique, apprécier assez exactement la proportion plus ou moins grande de ce dernier. Cet inconvénient est toutefois facile à éviter, comme nous le montrerons plus loin ; sur la pâte de paille jaune, c’est-à-dire non blanche, la couleur d’aniline agit sur la fibre imparfaitement isolée comme sur celle du bois mécanique, à l’intérieur seulement.
- Un autre défaut, inhérent aux couleurs d’aniline, est leur grande sensibilité à l’action de nombreux produits chimiques ; ce qui a fait, au début, que les couleurs d’aniline ne trouvaient dans les papeteries qu'un emploi assez restreint, parce qu’on se sert, dans la fabrication, de grandes quantités de ces produits chimiques qui modifient ou même décolorent complètement les teintes à l’aniline. Ces produits sont les acides, les alcalis et surtout le chlorure de chaux. Aussi faut-il éviter de mettre les couleurs d’aniline en contact direct avec ces corps. Cette précaution, du reste, est également nécessaire avec toutes les autres couleurs employées jusqu’à présent. C’est ainsi, par exemple, que l’outremer est détruit par un excès, même minime, d’alun ou de sulfate d’alumine ; l’orange au bichromate de potasse et. à la chaux em-%pèche la précipitation de la colle par le sulfate d’alumine. Le jaune de chrome se change en orangé terne par la réaction alcaline de la P*te à papier; le jaune de chrome vire aussi à l’orangé lorsque la pâte s’échauffe dans la Pile ou reste trop longtemps à une température élevée. Or, comme il fallait prendre des Précautions pour éviter ces changements ou destructions de teintes, on peut bien faire de thème pour employer les couleurs d’aniline. Il va sans dire qu’avant tout on ne colore pas !es pâtes à papier qui, par suite d’un traite-msnt mal compris, contiennent des acides
- libres, du chlore ou des alcalis, et quant à ce qui concerne la fugacité des colorations en présence de la lumière, on peut employer des moyennes pour la diminuer.
- Procédés d1 application
- Si l’on veut se servir des couleurs d’aniline, il ne faut en aucun cas le faire sans que la pâte à papier qu’on veut colorer, de quelque matière qu’elle se compose, soit complètement battue et collée dans la pile. On ajoute alors la quantité voulue de couleur bien dissoute. La dissolution des diverses couleurs d’aniline exige un traitement différent pour chacune d’elles. Pour la fuchsine, le violet et le bleu, on doit prendre beaucoup d’eau bouillante ; la proportion qui convient le mieux est celle de 100 grammes de couleur pour 20 litres d’eau. Le vert est d’abord détrempé dans l’eau froide, puis on ajoute peu à peu de l’eau chaude (mais qui ne doit pas être bouillante), dans la même proportion que nous avons indiquée ci-dessus. L’ésosine, l’érythrosine, l’orangé, etc., ont aussi, pour se dissoudre, besoin d’eau bouillante, mais en quantité moindre; 10 litres seulement pour 100 grammes de couleur. Il en est de même des autres couleurs que nous avons citées. Tandis que pour le vert on doit conseiller l’acidulation de la couleur dissoute, au moyen d’un peu d’acide acétique, il est préférable pour les autres couleurs d’ajouter quelques gouttes d’acide chlorhydrique dilué dans l’eau.
- Les couleurs ne doivent être versées dans la pile qu’à l’état de solution filtrée ; les sacs de feutre ou de flanelle doivent être rejetés parce que beaucoup de couleur y reste fixée. Un morceau de toile métallique, n« 95 à 100, est préférable pour cet usage. Dès que la couleur a été ajoutée à la pâte dans la pile et s’y est uniformément répartie, on y ajoute une petite quantité d’acétate d’alumine. C’est le meilleur fixateur. Ce produit se trouve dans le commerce, et 15 grammes d’acétate d’alumine suffisent pour ICO grammes de couleur d’aniline. Si l’on ne peut se procurer l’acétate d'alumine tout préparé, on en fait facilement de la manière suivante : on fait bouillir parties égales d’hydrate d’alumine et d’acide acétique ordinaire avec une quantité double d’eau, tout en agitant constamment, jusqu’à ce que le tout prenne la consistance d’une gelée : au bout de quelques jours, le produit est devenu tout-à-fait solide.
- Comme nous l’avons déjà indiqué, les fibres du bois, celles du bois au bisulfite, par exemple, se colorent facilement avec les couleurs d’aniline, cependant la coloration paraît être influencée par la longueur et la grosseur des fibres de bois : elle devient nuageuse et inégale. Cet inconvénient se produit aussi dans d’autres papiers qui sont faits avec beaucoup de chiffons de toile. Pour l’éviter, on ajoute plus de kaolin qu’à l’ordinaire, ce qui, d’ailleurs, oblige à employer aussi plus de couleur. Cependant, tous les papiers colorés à l’aniline sont beaucoup plus beaux et plus réguliers de nuance.
- (A suivre.)
- EMPLOI DE LA SOIE
- DANS LA DRAPERIE NOUVEAUTE
- Le journal Les Tissus donne les conseils suivants à propos de la soie employée dans les tissus nouveauté pour vêtements d’hommes :
- « On fait de nombreuses étoffes, tout laine, façonnée par les nuances ou les retors variés. Toutefois, la soie sera encore utilisée considérablement, car elle reste le textile le plus régulier, le plus admirable.
- « Dans les genres pour jaquette complet, pantalon d’apprêt rasé, on utilisera la soie fine, tordue avec laine, en petite et en grande quantité, c’est-à-dire en filets légers ou couvrant tout le fond de l’étoffe.
- « Depuis le titre de 200,000 mètres au kilogramme jusqu’au plus gros, la soie sera employée seule ou retordue avec des fils d’autres matières, dans tous les tissus genres rasés et même aussi dans quelques genres d’apprêt brut.
- « Malgré le prix de ce textile, il faut l’aborder avec la résolution de ne point lésiner et en étudier l’application pour paraître le semer à profusion, même quand on en met peu dans l’étoffe; cela n’a point toujours lieu, car quelquefois encore nous voyons des fonds de tissu sur lesquels la soie très fine jette çà et là quelques pointillés timides sans cachet et sans prix. Si or. est limité dans la quantité, i1 vaut mieux la grouper en filets qui sont naturellement plus nourris, plus riches.
- « Le mohair passera comme complément dans quelques dessins peu nombreux peignés en noir bleu bronze et tissus pour complet, ceux-ci, d’apprêt brut, de préférence.
- LES TISSUS D’AMEUBLEMENT
- DE ROUBAIX
- Les tissus d’ameublement forment actuellement l’une des branches les plus importantes de la fabrication de Roubaix, et c’est surtout dans ces genres que l’imagination des fabricants et des dessinateurs a pu se donner libre carrière, pour produire les coloris les plus vifs, et les dessins le plus variés. Il faut distinguer ici trois genres bien distincts : les genres bas prix, les genres moyens et les genres chers.
- 1° Les articles à bon marché se composent surtout de genres tissés teints, en jute, lin, chanvre, depuis 1 franc jusque 3 francs le mètre. Malgré la concurrence effrénée des fabricants saxons, ces articles se vendent toujours bien. Roubaix a même gagné du terrain dans ces dernières années.
- 2° Les genres moyens se composent d’articles tissé teint, dans lesquels la fabrication roubaisienne n’est pas sérieusement concurrencée, et. d’articles teinture. L’article tissé
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- teint trouve un large débouché dans l’exportation et surtout en Angleterre. Pour les genres teinture, tels que satins, damas, reps, la lutte avec les produits similaires allemands, sur les marchés étrangers, est plus difficile.
- Mais, où Raubaix reprend toute sa supériorité, c^st dans la haute nouveauté, où il se produit des articles depuis 10 francs le mètre. Ces genres s’adressent à l’exportation. Ils sont faits en toutes matières, coton, laine, jute, soie, fils métalliqnes. A remarquer, dans les tissus d’ameublement pour l’exportation vers le Sud-Amérique et principalement la République Argentine, des étoffes en 60 centimètres de large valant de 80 à 120 francs le mètre, selon qu’ils sont faits en schapp ou en organsin.
- Ces genres étaient une spécialité de la fabrication lyonnaise, et, de l’aveu même des fabricants de Lyon, les articles de Roubaix, quoique meilleur marché, sont aussi bien faits que les leurs. Les dessins ont jusqu’à 1 m. 50 cm. de hauteur, leur fabrication est donc très compliquée et nécessite des ouvriers de premier ordre.
- En ce qui concerne les velours et peluches petite largeur, les articles de Roubaix sont moins demandés, l’acheteur préfère les genres de Chemnitz et d’Elberfeld, d’un prix moins élevé.
- A Roubaix, on continue à fabriquer ces genres à la main, et le tisserand à la main ne peut tisser qu’une seule pièce d’un coup. En Allemagne, au contraire, pour les velours et les peluches petite largeur, on emploie le métier mécanique, et l’ouvrier peut faire quatre pièces à la fois, ce qui abaisse considérablement le prix de revient, et est cause de la supériorité de la fabrication allemande.
- Mais du jour où Roubaix fera tisser ces genres comme ses concurrents d’outre-Pihin, il arrivera à les concurrencer, sinon à les surpasser, comme il a surpassé l’Angleterre, pour les velours, coton bas prix.
- {Journal de Roubaix.)
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- L’exposition Française de Moscou. — Depuis le 1er mai le drapeau français flotte dans Moscou, abritant sous ses trois couleurs une Exposition nationale installée dans un palais de la couronne de Russie. 2000 industriels français des plus importants auront répondu à l’appel fait au nom de l’intérêt commercial et industriel, au nom du patriotisme, et recevront, dans la capitale des czars, la franche et cordiale hospitalité d’un peuple ami.
- Cette amitié ne demande qu’à étendre nos rapports commerciaux, et pour ce qui concerne seulement les tissus, les chiffres suivants nous donnent une idée de la place que nous pourrions prendre en Russie :
- Sur les 54 millions de tissus et de confections que la Russie fait venir de l’étranger, la France se contente de lui envoyer pour 200.000 fr. de tissus de soie, et pour la même somme de tissus de laine. Y a-t-il donc quelque autre
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- fabrique du monde qui puisse rivaliser avec la fabrique lyonnaise ? Et serait-il si difficile à nos manufactures d’Elbeuf, de Sedan et de Reims de fournir à la Russie une plus grande quantité d’étoffes ?
- —o—
- Matières colorante* employées en confiserie. — Les fabricants de bon-bonnerie réclament une tolérance à leur profit à propos des matières colorantes artificielles dont l’usage est interdit pour les comestibles ; ils ont obtenu cette satisfaction, à Paris et dans le ressort de la préfecture de police.
- Une récente ordonnance de police leur concède ce qui suit :
- A titre exceptionnel, il est permis d’employer pour la coloration des bonbons, des pastillages, des sucreries, des glaces, des pâtes de fruit et de certaines liqueurs qui ne sont pas naturellement colorées, telles que la menthe verte, les couleurs ci-après, dérivées des goudrons de houille, en raison de leur emploi restreint et de la très minime quantité de substances colorantes que ces produits renferment :
- Couleurs roses :
- Eosine (tetrabromo-fluorescéine).
- Erythrosine (dérivés méthyiés et élhylés de l’éosine).
- Rose Bengale, ploxime (dérivés iodés et bromés de la fluorescéine chlorée).
- 5 Rouges de Bordeaux, ponceau (résultant de l’action des dérivés sulfo-conjugués du naph-tol sur les diazoxylènes).
- Fuchsine acide (sans arsenic et préparée par le procédé Croupier).
- Couleurs jaunes :
- Jaune acide (dérivés sulfo-conjugués du naphtol).
- Couleurs lieues :
- Bleu de Lyon, bleu lumière, bleu Croupier, etc. (dérivés de la rosaniline triphénylée ou de la diphénylamine).
- Couleurs vertes :
- Mélange de bleu et de jaune ci-dessus :
- Vert malachite (éther chlorhydrique du té-traméthyldiamidothripénylcarbinol).
- Couleur violette :
- Violet de Paris ou de méthylanilide.
- Chambre Syndicale des teinturiers en plumes ; relèvement des prix tie façon. — Nous avons indiqué dans notre numéro du 25 février (p. 32), la tentative faite par ce syndicat pour améliorer les tarifs de son industrie.
- La commission nommée à cet effet, a rendu compte de ses efforts et les présidents de chaque sous-commission ont dû conclure à l’impossibilité de relever ces prix.
- L’un d’eux a résumé comme suit la situation qu’il fallait accepter ou subir pour le moment :
- « Après les exposés et les observations de chacun de nous, nous avons reconnu d’un commun accord que le moment n’était guère opportun pour élever nos prix de façonnage, nous remettant à des temps meilleurs, c’est-à-dire lorsque notre industrie refleurira, espérant qu’à ce moment, nous pourrons arriver graduellement à notre but, avec l’assentiment de nos clients, qui comprendront tous les sacrifices que nous avons faits pendent les mor-
- tes-saisons qui, malheureusement, tendent à être de plus en plus longues.
- « Il ne faudrait pourtant pas, par notre bonne entente, que nous forgions des armes pour défendre nos intérêts et que ces mêmes armes se retournent contre nous ; et pourtant en voulant brusquer nos aspirations, nous n’arriverions qu’à faire un déplacement d’une partie de notre clientèle, qui ne profiterait sûrement qu’à ceux de nos collègues qui ont cru ne pas devoir adhérer à notre Syndicat et qui, ne se trouvant engagés aucunement vis-à-vis de nous, pourraient facilement nous combattre par une agglomération de travail qui leur permettrait non seulement de maintenir les prix existants, mais à l’occasion de les baisser.
- « Nous avons donc résolu, nous rapportant simplement à notre bonne foi, de maintenir les prix actuels pour chacun de nos clients, et que si, pour une raison quelconque, l’un d’eux venait à nous quitter, de ne rien changer au tarif que lui faisait son précédent façonnier • par ce fait, nous pourrons entrer dans une nouvelle phase de concurrence, qui n’atteindra en rien nos intérêts, qui sera tout à l’avantage de notre industrie et au profit des fabricants, chacun de nous cherchant à se surpasser pour conserver et, à l’occasion, augmenter sa clientèle. »
- —o—
- Rupture des contrats d’ouvrage en Allemagne. — Le Reichstag allemand a voté le 13 avril l’arti :1e 125 du projet de loi sur la rupture des contrats d’ouvrage.
- Cet article frappe l’ouvrier qui a rompu son contrat d’uue peine pécuniaire calculée d après le taux de son salaire. Non seulement il perd son salaire, mais sans qu’il soit besoin pour le patron de prouver un dommage subi, l’ouvrier sera tenu de lui payer le montant de ce salaire pour chaque jour de retard dans l’accomplissement des obligations découlant du contrat d’ouvrage.
- Le Reichstag y a ajouté en dernière heure un amendement destiné encore a renforcer l’autorité patronale. Tout donneur d’ouvrage qui aura pris a son service un ouvrier en rupture de contrat sera tenu vis-à-vis de l’ancien patron de celui-ci à payer les dommages-intérêts dus pour la rupture du contrat.
- —o—
- Vol de tissus par un ouvrier. — Un
- employé de la maison X... fabricant à Lyon, remarqua chez deux détaillants, des foulards que sa maison fabriquait pour l’exportation, et dont elle n’avait fourni aucun analogue au commerce français ; il était donc évident que ceux-ci provenaient de détournements.
- Les marchands qui avaient acheté ces foulards de bonne foi indiquèrent leur vendeur, ce qui permit de constater que les soustractions avaient été commises chez M. Y... ap-prêteur, par un de ses ouvriers, qui avoua que depuis quelque temps, il prenait un ou deux foulards sur les pièces qu'il avait à travailler ; il aurait ainsi soustrait environ deux cents foulards depuis cinq ou six mois que ce manège durait.
- Le tribunal l’a condamné à six mois d’emprisonnement.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes).
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- LA
- 4e Année, N° 10.
- REVUE DE
- ET DES COLOR ATIONS
- IENTIA
- ECOTI
- tua t-ii isann
- LA TEINTURE
- INDUSTRIELLES ™ *«
- SOMMAIRE
- Chronique. — Sur la théorie des phénomèmes de teinture. — Divers systèmes de procédés de teinture. — Contribution à l’étude de la théorie du blanchiment. — Machine apprêteuse. — Revue sommaire des brevets d’invention. Tissus hygiéniques.
- Procédés divers : Noir d’alizarine ; Teintes pour draperies ; Couleurs d’alizarine sur laine ; Gris-bleu laine-coton ; Sur la teinture du cachemire.
- — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Un nouveau bain de teir.ture. — Procédé de purification du sulfure de carbone. — Hrevets récents (catalogue).
- — Infoi mations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- La discussion sur le régime économique nous réserve des imprévus : les libre-échangistes n’abandonnent pas la lutte et découvrent peu à peu leurs batteries.
- Une surprise de ce genre a été la déclaration du Gouvernement, que le tarif minimum ne l’engageait que moralement, et ne diminuait pas son droit constitutionnel de conclure des traités aux conditions qu’il jugerait opportunes.
- M. de Freycinet, président du conseil, s’est nettement expliqué en ces termes :
- « Non, le Gouvernement n’abandonnera pas ses prérogatives. Il appliquera la loi dans son esprit quand elle aura été votée ; il considérera le tarif minimum comme une base d’indication pour négocier. Mais, quand il y aura lieu, il ne se croira pas lié par ce tarif et descendra au-dessous, si l’intérêt national lui semble le commander. »
- Mais alors, qu’est-ce que nous discutons tant depuis de longs mois ? Si les décisions du Parlement n’ont que la valeur de vœux, ce n’était pas la peine qu’elles nous passionnent autant, et du moment que les deux tarifs ne sont pas des limites immuables, tout revient en l’état primitif.
- La Chambre a accepté, de fait, cette situation, par un vote qui repoussait le ! renvoi à la commission du texte ainsi interprété.
- Les débats sur cette question perdent | donc maintenant beaucoup de leur in- j
- térêt. 1
- Pendant que l’on discute pour la forme les conditions de vie de l’industrie, voyons ce que fait la nôtre :
- Il n’y a pas d’amélioration à Roubaix-Tourcoing, et les autres places à lainages étant mieux favorisées, il faut attribuer cette situation, d’abord aux agitations ouvrières et à l’incertitude qu’il en résulte pour la production, et puis à la suppression partielle du marché américain : Roubaix étant, avant le tarif-bill, l’un des plus importants fournisseurs des Etats-Unis.
- Cette place vient d’être attristée par l’incendie de la teinturerie Dubus, Coget et C% qui, toutefois, n’a causé que des dégâts matériels.
- Fourmies, bien entendu, n’est pas mieux, partagé, et la situation est d’autant plus mauvaise que les fabricants, à cause de la grève, ne pouvant s’engager à dates fixes, ont dû refuser le peu de commissions offertes.
- Reims continue à être en bonne situation; les fabricants de nouveautés sont largement pourvus de commissions ; plusieurs aujourd’hui ne s’engagent plus à livrer avant septembre. Les affaires sont plus calmes en cachemires et mérinos ; le sergé est toujours bien demandé. Les flanelles se vendent bien.
- 11 y a aussi une bonne activité à El-beuf ; en nouveauté, la reprise des genres cardés a occupé pleinement les teintures, les filatures et les tissages. Les draps de couleur et d’administration ont continué leur marche régulière. Les draps noirs sont restés sans changement ; les façonnés noirs, les cheviots et les draps de dames ont été l’objet d’une bonne demande.
- La grève de Sedan est maintenant terminée. Les patrons ont dû accepter à peu près les conditions des ouvriers ; la nouvelle tarification adoptée ne concerne, du reste, que le tissage à la main.
- C’est le calme qui domine à Rouen, et une correspondance de cette place nous dit :
- En rouennerie et tissus de couleur, les ordres qui restent encore à exécuter permettent d’attendre une reprise des affaires, sans que l’on soit obligé de mettre en magasin. Si le beau temps
- persiste, la vente de l’indienne qui avait un peu fléchi dans ces dernières semaines, devra certainement reprendre non-seulement pour la robe, mais aussi pour le meuble. L’article mouchoir est toujours délaissé, bien qu’il se traite encore quelques petites affaires de détail.
- * *
- Les couleurs dominantes sont encore les bleus assez pleins, variés de nuances, et les violets demi-tons tels que lilas, améthyste, héliotrope'pâle, et parmi les teintes de fantaisie, celles dites gris-tortue, giroflée, dhalias, etc.
- L’entrée de l’été nous apporte toujours d’élégantes nouveautés en impressions sur mousseline de laine ; le genre que l’on voit le plus est à bouquets détachés, mais se touchant presque (ce qui le distingue du Pompadour), et en assez grands sujets couvrant peu les fonds ; ces fonds, nécessairement clairs, sont blancs, vert, céladon, beige, maïs, crème, orchidées, rouge-œillet et gris.
- On voit aussi de belles soieries semées de grandes fleurs ton sur ton, des rayures fines et multicolores, puis de larges rayures faites de grands carreaux avec petites rayures en travers.
- En draperie nouveauté, pour la saison prochaine, les tissus de nuance unie sont toujours en grand nombre ; le noir, le bleu domineront et quelquefois un bronze foncé. Ils se feront partie avec des fils teints avant la filature, partie avec des fils écrus, la teinture ayant seulement lieu après tissage. Ce dernier mode est souvent utilisé, car il offre de nombreux avantages ; c'est au fabricant d’agir selon ses moyens ou ses préférences.
- D’après une correspondance d’Allemagne, les couleurs préférées de la mode, dans ce pays, sont le gris-bleu, le bleu acier, le rouge brun, le vieux rouge, le bleu sombre, le lapis-lazuli et le bleu hirondelle.
- Et en étoffes pour dames, les mélanges de noir et de blanc semblent redevenir de plus en plus en faveur, entre autres dispositions, celles qui ont pour base les croisures multiples et les brochés. Les dernières nouveautés sont des chinés à côtes fines de nuances tirant sur le gris ou le brun, ou des hi-malaya à bandes fines.
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- LA. REVUE DE LA. TEINTURE
- Rien n’est plus international maintenant que la mode ; son mot d’ordre a bientôt passé les frontières, plus vite même que la composition d’une méli-nite, et nous avons dans nos souvenirs d’école un proverbe latin qui signifie : v Ce que l’on dit de l’un peut s’appliquer à tous ! »
- F. Gouillon.
- SUR LA THÉORIE
- DES
- PHÉNOMÈNES DE TEINTURE
- Par M. Léon Vignon
- Dans plusieurs communications (Comptes-rendus, 10 février, 28 avril 1890, 3 et 6 mars 1891), j’ai présenté des expériences dontje demande à synthétiser les résultats. Ils peuvent, en eff:t, apporter quelques éclaircissements à la théorie des phénomènes de teinture.
- 1 ° J'ai m >ntré, par la méthode thermo-chimique, que les fibres te>tiles animales, se teignant facilement, possèdent les fonctions basiques ou acides, tandis que les fibre* végétales, ayant peu d’apti u de pour la teinture, manifestent des fonctions chimiques très faibles, et notamment pas de fonctions basiques.
- 2° Le coton soumis à l'action de l’ammoniaque, fixe de l’azote, acquiert des fonctions basiques et devient apte à absorber en bain acide des matières colorantes acides.
- 3° L’acide stannique fixe les matières colorantes basiques, telles que la safranine, tandis que l’acide métastannique, qui n’est autre chose que de l’acide stannique polvmé-risé, ayant subi une grande atténuation dans ses fonctions acides, n’exerce aucun pouvoir absorbant sur la safranine.
- On sait, d’autre p?rt, que tous les mordants employés dans la teinture du coton, acide stannique, oxydes métalliques, etc., sont capables de donner des sels.
- Mais ces faits sont relatifs aux substances absorbantes textiles, oxydes métalliques, mordants; voyons les indications qui se dégagent de la constitution chimique des corps absorbés, c’est-à-dire des matières colorantes.
- On trouve que toutes les matières colorantes solubles, artificielles ou naturelles, renferment ou bien un groupe O H salifiable, ou des groupes basiques AzR^, ou des radicaux acides AzO-2. On ne connaît aucune matière colorante, constituée seulement par un carbure ou ne possédant d’autres fonctions chimiques que les fonctions d’alcool, d’acétone, oa d’aldéhyde.
- Il n’existe, en somme, aucune matière colorante proprement dite qui ne possède des fonctions basiques ou acides, ou les deux fonctions réunies.
- La conséquence de ces faits, c’est que tous
- les phénomènes de teinture, obtenus avec les matières colorantes solubles, qu’ils se manifestent avec les textiles ou avec les oxydes métalliques, nécessitent deux conditions essentielles :
- 1° La présence de fonctions acides ou basiques dan* les absorbants ;
- 2° La présence de ces mêmes fonctions dans les matières colorantes.
- La seu'e exception qui existe à cette règle est celle d^s matières colorantes téirazuïques, à la vérité basiques ou acides, mais que le coton absorbe sans mordant, dans un bain alcalin.
- Si on laisse provisoirement de côté ce cas. qui nécessiterait une étude spéciale, on est en droit de dire que les phénomènes de teinture obtenus avec les matières colorantes solubles sont d’ordre purement chimique, et que les règles de l’action chimique suffisent à les expliquer.
- (Acaiémie des sciences.)
- DIVERS SYSTÈMES
- DE PROCÉDÉS DE TEINTURE
- Après une longue expérience dans la pratique de l’art de la teinture, après avoir visité avec un intérêt tout spécial les ateliers dans lesquels il s’exécute avec plus de perfection selon l’état actuel des connaissances chimiques en général, dans les villes manufacturières les plus célèbres de France, d’Angleterre, de l'Inde, de l’Allemagne, de la Suisse, de l'Italie, en m°ditant d’ailleurs tous les ouvrages dans lesquels on a traité de cet art, et dont le nombre dépasse une centaine, j’ai pu réunir assez de faits et d’observations pour y reconnaître divers systèmes, et partout chacun pense être dans la meilleure voie.
- Les manufacturiers allemands attribuent, à juste raison, une grande influence des apprêts sur la qualité et l’éclat des teintures. Quoique la comparaison ne soit pas très rigoureuse, ils disent qu’on ne peut bâtir solidement que sur de bons fondements.
- Les schetteys indiens partagent cette opinion et aucune de leurs teintures ne se fait sans apprêts préalables, presque toujours plus longs et aussi dispendieux que la teinture proprement dite, les articles pour confectionner les tapis de Patna, les châles de Cachemire restent plusieurs semaines dans les apprêts préalables à la teinture ; bien plus, les cotons filés pour les tissus de Madras, les mousselines pour les turbans, les toiles pour les chites, palampours, toiles peintes, pagnes, etc., sont deux à trois mois dans les mains des appré-teurs, et la grande fixité des couleurs indiennes est bien due à ces apprêts autant qu’à la nature et aux propriétés des substances colorantes qu’ils emploient.
- Les teintures sur soie cependant ne reçoi-
- vent pas de si long9 apprêts que celles sur coton et lin ; mais en général les travaux pour le dégommage, la cuite, le soufrage, le blanc le décruage sont plus longs que ceux de la teinture même.
- Les systèmes des ouvriers suisses, ai'glaig piémontais, génois, florentins, vénitiens varient comme ceux des lyonnais, rouennais parisiens, etc.; les compositions des mordants surtout varient dans presque chaque ville et chaque atelier ; les proporiions relatives des ag-nts chimiques introduits dans une même composition sont aussi très-variables. Voyez par exemple, les formules connées par divers auteurs pour la composition de la couleur écarlate : toutes différent. Douze peuvent être indiquées : 1° Piischo, 2° Poerner, 3° Guilich k° Hœlushoff, 5° Berthollet. 6° Trornsdruff 7° Dingler, 8° Kernan, 9° H-*rmstaedt, 10°Kur-rer, 11° Baucroft, 12° Vitalis Hoœassel, Vin-card, Chevreul, etc.
- Il y a autant de procédés pour faire le noir qu’il y a d’auteurs qui ont écrit sur ce sujet. Dans le système allemand ancien, tous les coloristes emploient beaucoup de variétés en drogues pour une même composition ; on la rend ainsi plus savante, plus mystérieuse, plus difficile sinon meilleure ; c’est une manie de quelques contre-maîtres. Suivent, dans ces compositions empiriques, l’introduction d’un nouvel agent chimique n’est vraiment utile, efficace, qu’en ce que ce sel détruit, neu'ra’ise un autre sel, ou un acide, un alcali qui étaient nuisibles, et dès lors la suppression de tous deux produit encore le même résultat. Ou ne peut assez blâmer ce charlatanisme de quelques coloristes ; leur système ne peut produire de progrès réel, puisqu’il tend à compliquer inutilement des composés déjà bien assez difficiles.
- Combien de praticiens ne veulent pas sortir de leurs habitudes, de leurs systèmes, de leurs routines même devant les faits les mieux accomplis, mais qui sont hors de leurs principes et de leurs vues.
- Dans la teinture des laines en toison, il est d’usage de donner la bruniture en dernier ; pour la teinture du coton en couleurs de première qualité, on donne en premier le mordant qui doit déterminer cette bruniture.
- Dans beaucoup de petites opérations de détail, on préfère aussi donner cette bruniture en dernier, parce qu’elle facilite beaucoup à l’échantillonnage et cache souvent les défauts d’une teinture. Mais en opérant ainsi, en général, la couleur n’est pas aussi bien fixée, elle ne fait, à bien dire, qu’une sorte de remontage ; elle a aussi l’inconvénient de décomposer en pure perte une partie du bain, de le détourner, et alors la couleur est salie, ternie, poudreuse, souvent à cause seulement de cette décomposition partielle du bain, de cette laque formée trop tôt et qui, ainsi, ne peut adhérer, se combiner réellement à l’étoffe.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- Ce système, tout vicieux qu’il soit, est ce- ! pendant suivi généralement à Elbœuf, Lou- ! viers, Sedan, Amiens, etc.
- On peut mieux faire ; mais l’opération de teinture et surtout l’écbantillonnagesont alors beaucoup plus difficiles ; mais la couleur est plus belle, plus fixe et on y emploie bien moins de substances colorantes, et en général l’opération est p us piompte, plus directe, plus simple, plus économique.
- Pour cela, il faut d’abord l’application des substances colorantes soit à tiède ou même au bouillon, sur un faible ou demi-mordant ou même sans aucun mordant et de compléter ou fournir le mordant, tt surtout la biuniture dans le bain de teinture même, il convient bien ni eux : 1° de mordaneer pleinement en alumine et fer ; de dégorger convenablement par un léger bain de sumac, ou de gaude, ou de garance mull, etc., selon les nuances et teintes, et puis alors, 3° de finir par un bain colorant pur et assez fort sans y ajouter aucune bruniture, puisque le mordant doit la fournir seule.
- Le système de coloration au moyen des substances animales et végétales est aussi le plus anciennement et le plus généralement pratiqué ; cependant il est possible d’obtenir toutes les couleurs au moyen des substances colorantes minérales. Ce système d’opérations est encore nouveau et ne comprend qu’un très petit nombre de couleurs, savoir : le bleu toute nuance au cyanure de fer, le rouille et nankin par le peroxyde de fer, le jaune par le chromate de plomb, le rouge pourpre par le chromate de mercure, le vert clair par l’arse-niate de cuivre et l’oxyde de chrome, le gris par le sulfure de mercure et quelques bruni- j tures au moyen des sels de manganèse et de divers sulfures.
- Mais dans cette voie, on peut trouver beaucoup d’autres composés minéraux très richement colorés et qui peuvent s’appliquer comme teinture. Ca nouveau système n’exclut pas cependant absolument l’usage et la participation de substances végétales -, de même que l’ancien système exigeait l’introduction des composés métalliques comme mordants ou altérants, de même le nouveau système utilise quelques substances astringentes et colorantes, mais la couleur principale est bien fournie par le minéral, ou enfin par une combinaison binaire dans laquelle il joue le principale rôle. Des dégradations progressives amènent a des produits dans lesquels : 1° la substance colorante minérale domine ; 2° la substance colorante est à la fois et en égale prupurtion, minérale, végétale m minérale et animale; 3° très rarement végétale ou animait san> substances minérales; 4° enfin la couleur vegetale uu auima'e prédominé, mais est toujours p us ou moins soutenue par un composé minéral, base, mordant ou bruniture qui, en définitive, e&t toujours i’agtnt essentiel par sa fixité.
- On a esquissé ici ces divers systèmes. Selon les progrès de la chimie, on peut rai&onnaDle-ment prévoir que la teinture au moyen des substances colorantes minérales prendra bientôt de grands développements à cause de sa simplicité et de sa fixité lorsquVl e est bien dirigée (1).
- CONTRIBUTION
- à l’étude de la théorie du blanchiment à l’air
- Par MM. A. et P. Buisine
- Beaucoup de produits organiques naturels sont, à l’état brut, plus ou moins colorés ; telles sont, par exemple, les fibres textiles, les maîtres grasses, etc.
- Les matières colorantes n’existent souvent dans ces produits qu'à l’état de traces ; on n’a pas pu jusqu’à présent les isoler à l’état de pureté et leur composition n’est pas connue ; on sait cependant que généralement elles sont assez fugaces et facilement détruites par une simple exposition à l’air et à la lumi ère. On profite de cette propriété pour décolorer certains produits organiques : le lin, la cire, etc.
- Nous avons eu l’occasion d’étudier le blanchiment à l’air de la cire des abeilles et nous avons observé certains faits qui pourront contribuer à l’établissement de la théorie du phénomène ; c’est pourquoi nous croyons devoir les signaler.
- La cire des abeilles est décolorée comme on blanchissait autrefois les toiles sur le pre ; on la coule en copeaux et ceux-ci sont exposés à l’air, sur des claies, à la campagne, et autant que possible au soleil.
- Pour que la décoloration se fasse rapidement, il faut à la fois l’action de l’air et de la lumière ; c’est sous l’influence directe des rayons du soleil que le blanchiment se fait le mieux. L’opération nécessite, en tout cas, la lumière. Si, en effet, on place de la cire jaune en copeaux dans un flacon tenu à l’obscurité, dans lequel circule de l’air, la cire ne se décolore pas. Il en est de même si l’on remplace l’air par un courant d’oxygène pur; même après plusieurs mois, on n’observe aucun changement dans la teinte du produit. Mais, si l’on fait intervenir la lumière et principalement les rayons directs du soleil, le blanchiment se fait très rapidement, surtout dans l’oxygène.
- Dans le blanchiment des toiles sur le pré, on attribue généralement le principal rôle a l’ozone ; on admet qu’il est l’agent actif du blanchiment et que, sous son influence, les m itières colorantes subissent une combustion totale, tandis que le produit qu’elles souillent,
- (1) Nous retrouvons ces notes dans nos documents (relativement récents); elles sont évidemment intèi'essantesà reproduire, mais leur origine et le nom de leur auteur n'ont pas été conservés, nous regrettons de ne pouvoir ainsi les citer. - F. G.
- toujours beaucoup plus stable, reste intact dans ces conditions. Nous avons voulu vérifier le fait sur la cire.
- Pour cela, nous avons fait passer un courant d’oxygène fortement ozoné, tel qu’on l’obtient par l’appareil à effluves de M. Berthelet, dans un flacon tubulé, contenant de la cire jaune coulée en copeaux, avec toutes les précautions nécessaires pour éviter la décomposition de l’ozone avant son arrivée sur la cire. Dans l’obscurité, il n’y a pas destruction de la matière colorante, même après un contact prolongé de la cire avec l’oxygène ozoné ; mais, si l’on vient à meure le flacon au soleil, la réaction est très rapide et le blanchiment est obtenu en quelques heures.
- Ce n’est donc pas, comme on l’admettait jusqu’à présent, simplement l’ozone qui effectue la combustion de la matière colorante ; de même que l’oxygène pur ou l’oxygène de l’air, il ne devient actif, c’est-à-dire apte à produire cette combustion, qu’en présence des rayons solaires.
- Pour que la décoloration se fasse rapidement, il faut à la fois l’oxygène de i’air et le soleil ; mais l’air n’est p is absolument nécessaire : le phénomène peut s’accomplir sans qu’il intervienne.
- Bien exposé à l’action des rayons solaires, la cire, en effet, se décolore, beaucoup plus lentement, il est vrai, dans le vide et aussi dans l’acide carbonique et l'azote.
- Si l’on détermine comparativement la composition d’une cire brute et celle de la même cire blanchie a l’air et à la lumière, on constate, outre la disparition des matières colorantes, certaines modifications dans la composition du produit. Les madères colorantes ne sont donc pas seules attaquées et détruites. Dans la cire blanche, les acides libres n’augmentent que très peu ; mais une forte proportion des acides non saturés de la série oleique et des hydrocarbures non saturés que renferme la cire brute disparaît.
- 11 en résulte que, dans le blanchiment à l’air, outre la matière colorante qui subit une combustion totale, les principes non saturés de la cire, les acides de la série oléique et les hydrocarbures fixent de l’oxygène pour donner des composés saturés, ils donnent naissance à de l’ozone, lequel agit alors sous l’influence des rayons solaires sur les matières colorantes et les brûle.
- (.Aeadémü des Sciences.)
- MACHINE-APPRETE USE
- De M. Charpentier
- Cette machine a pour but de faire des apprêts supérieurs sur toutes espèces de tissus (en pièces et en morceaux si ci visés qu’ils soient), à l’usage des teinturiers-dégraisseurs et apprêteurs de neuf et de vieux.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- Elle a de particulier qu’elle marche à double toile sans fin ; les toiles sont retenues de chaque côté par des cordes en caoutchouc etî tricot retenues elles-mêmes par des galets couchés sur les bouts de chaque cylindre, une petite gorge d’un demi-centimètre de profondeur suffit pour loger la moitié de la corde.
- Les cylindres sont au nombre de quatre ; le premier en avant de la machine est le préparateur ; il a un triple emploi. Couvert (d’une couverture qui s’enlève à volonté), il sert à retenir l’étoffe qui doit s’engager dans les cylindres sécheurs et presseurs ; au-dessus est un rouleau mobile garni de feutre, qui s’abaisse à volonté pour produire la tension sur le cylindre préparateur ; ce cylindre est retenu à volonté par une vis sur l’un des coussinets. Garni, il sert à apprêter les velours de soie, les dentelles, enfin tout ce qu’il faut épingler. Nu, il sert à coller les tissus légers et principalement la soie, pour la tendre, l’élargir et la sécher à demi avant son entrée dans les toiles des cylindres sécheurs et éviter, par ce moyen, la colle qui se produit à l’envers des soies fortes quand elles sèchent complètement sur le cylindre colleur.
- Le second cylindre, plus élevé sur la machine est un peu en arrière du cylindre préparateur, est un vaporisateur circulaire et continu ; il a l’aspect, étant couvert de ces feutres, d’un cylindre ordinaire, excepté qu’il a d’un côté ou des deux bouts un renflement de 0 m. 04 servant de réceptacle de condensation -, ce cylindre est à gorge dans toute sa longueur formant gouttière ; c'est par les petits trous du fond des gorges que sort la vapeur, tandis que l’eau condensée coule dans les ou la partie renflée du ou des deux bouts du cylindre vaporisateur. Dans les bouts formant réservoir est un clapet à ressort qui s’ouvre quand il est en bas et se ferme de lui-même aussitôt, évitant ainsi la perte de la vapeur tout en purgeant le vaporisateur à chaque rotation.
- Les deux toiles conductrices et presseuses l’enveloppent aux trois quarts et s’humectent en même temps que l’étoffe pressée dedans ; puis ces toiles, toujours en double, passent sur un gros cylindre (le troisième), chauffé comme les précédents à la vapeur, et finalement sur le dernier cylindre plus petit (le quatrième) chauffé par la vapeur perdue du gros cylindre.
- Un système de double robinet permet de passer la vapeur de l’un dans l’autre cylindre de toute la machine, soit à gauche, soit à droite, de sorte que toute 1 a vaptiur est employée et permet de chauffer plus oi moins fort chaque cylindre, suivant le besoin du travail.
- En avant de la machine, sous le cylindre préparateur, est une boîte à coulisse roulant sur galets pour placer l’étoffe avant fappiêt ; en arrière est une autre boîte pour recevoir
- les étoffes apprêtées ; deux brosses sont au-dessus de cette dernière pour détacher les étoffes apprêtées des toiles et ployeur pour les coupes ou pièces.
- Ce ployeur est actionné par la toile supérieure qui entraîne le rouleau supérieur et grossi pour l’usage ;deux autres rouleaux dirigent la pièce dans la balançoire.
- Le mouvement est donné par une pédale qui conduit une vis sans fin donnant le mouvement à la roue du gros cylindre.
- Pour le service des cylindres et des toiles, il y a 14 rouleaux de différentes grosseurs garnis de feutre et k crochets tendeurs.
- TISSUS HYGIÉNIQUES
- Béraudine
- Le rapport à la commission des douanes, sur la bonneterie, présenté par M. Baisant, dit en terminant :
- « Enfin, nous devons mentionner ici l’addi-
- Le rapport à la commission des douanes, sur la bonneterie, présenté par M. Baisant, dit en terminant :
- « Enfin, nous devons mentionner ici l’addi-
- tion de la béraudine, matière extraite de la tourbe, et dont la Chambre syndicale de Paris signale l’emploi probable, en quantité notable, dans la bonneterie. »
- Ce textile étant encore peu connu, nous en montrons un spécimen : la trame de l’échantillon ci-dessus est en Béraudine pure et en couleur naturelle.
- Il est fabriqué avec une tourbe ayant conservé son organisation ligneuse, et se présente sous forme de ouate en fibres courtes, servant à confectionner des fils et tissus auxquels les auteurs de cette application attribuent — avec apparence de raison — des propriétés hygiéniques et antiseptiques. La matière, tout au moins, est imputrescible.
- La Béraudine se mélange aussi à la laine {à la carde), pour obtenir des fils assez fins destinés à la confection de tissus relativement légers. Elle est encore plus employée en articles tricotés.
- Flanelle végétale
- D’un usage déjà plus ancien, la Flanelle végétale et les fils qui la constituent, sont employés aussi pour vêtements hygiéniques.
- Leur matière première est la feuille (aiguilles) du pin sylvestre-, les textiles en conservent l’odeur et sont réputés jouir des propriétés sanitaires que l’on trouve aux émanations des forêts de pins.
- Les. aiguilles du pin fournissent une fibre douce et soyeuse avec laquelle on peut fabriquer des fils et des tissus très fins.
- Nous donnons un échantillon, en couleur naturelle, de l’étoffe la plus employée, mais il s’en fait aussi en tissu ras rappelant le cachemire de Reims, et aussi en article de bonneterie d’une assez grande finesse.
- Un journal allemand disait récemment, à propos de ce textile :
- « La flanelle végétale est une matière textile beaucoup manufacturée en Allemagne. La fibre est filée, tricotée et tissée en vêtements de dessous et en étoffes de diverses sortes, dont les vertus médicinales ne sont plus à vanter.
- « Il y a deux établissements près de Bres-lau, dans lesquelles les feuilles de pin sont converties en laine et en flanelle.
- « Dans les hôpitaux, les casernes, les prisons de Vienne et de Breslau, les couvertures faites de ces matières sont exclusivement employées, à titre hygiénique.
- « Cette matière est aussi employée pour bourrer et comme laine à matelas.
- c Quand il est filé et tissé, le fil ressemble à celui de chanvre et l’on en fait des jaquettes, des spencers, des caleçons, des bas, des flanelles pour chemises d’homme, des couvertures, des tricots, etc.
- « Ils conservent au corps une chaleur agréable, et sont tiès solides.
- « Les ateliers sont éclairés avec du g<z fait des rebuts de ces manufactures. »
- Les produits du pin sylvestre sont aussi articles de commerce français, et notre échantillon provient d’une maison de Paris qui en fait sa spécialité.
- REVUE SOMMAIRE
- DES BREVETS D’INVENTION
- Teinture de la soie dans les bassines de filature,
- Par MM. Larocher et Fils.
- L’eau du moulinage est un bain de teinture; en se dévidant, le cocon fournit un fil coloré.
- — A l’Exposition de 1867 (ce n'est pas hier), M. Sisteron avait exposé des soies teintes par ce moyen ; plus tard il a dû modifier son procédé, et faire passer le brin de &oie, en sortant des bassines, dans des godets contenant les liquides tinctoriaux.
- 11 na se bornait pas, du reste, à teindre pendant le moulinage, il blanchissait, dégommait, hui'ait la soie.
- Tout cela n’a jamais valu le travail du teinturier, et il a été abandonné.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- PROCÈDES DIVERS
- Nom d’Alizarine WR
- Nous annoncions dans noire Chronique du 25 mars que la « Badische Anilm ei Soda Fabrik » venait de produire un Noir d’Ahza-rine différent de sa marque primitive SW, par sa faculté de teindre en un seul bain, c'est-à-dire sans mordançage séparé.
- Ce produit est maintenant offert au commerce sous la marque WR ; il est en pâte.
- Voici le procédé d’application, pour 20 kil. de laine ou lainages :
- Noir WR en pâ'e........... 3 à A kil.
- Délayer dans 50 ou 60 titres d’eau ; ajouter l’eau nécessaire pour former le bain, et en passant au tamis.
- Traiter les textiles une heure au bouillon dans cette simple dissolution de couleur, puis ajouter au bain :
- Alun............................ 2 kil.
- Sulfate de cuivre............. 200 gr.
- Acide oxalique................ 100 —
- Et continuer la teinture au bouillon, une heure et demie à deux heures.
- Si l’on veut ensuite donner un «Mil bleu au noir obtenu, on ajoute au mè ne bain, à la fin, quand la teinte est tout-à-l'ait montée :
- Ammoniaque liquide 1/2 lit.
- Ce noir est grand teint, comme le SW, qui
- $e teint en deux opérations.
- Violet pour Draperie
- Pour 100 kil de drap, ou de fils de laine
- destinés à la nouveauté.
- Bouillon d’une heure avec :
- Bi-chrômate . 5 kil.
- Laver et teindre sur le bain :
- Extrait de campêche 2 kil.
- — de bois jaune , 1 —
- Alizarine à 20 0/0 3 —
- Les proportions des colorants varient sui-
- vant la nuance désirée.
- On peut brunir en ajoutant à la fin, une
- Poignée de couperose.
- Bronze pour draperie
- Pour 100 kil. :
- Mordancer une heure au bouillon, avec :
- Bi-chrômate. 6 kil.
- Opérer comme ci-dessus, et composer le
- tain de teinture avec :
- Extrait de campêche 6 kil.
- — de bois jaune 8 —
- Alizarine à 20 0/0 1 —
- Cette formule ne varie de la précédente que P°ur les dosages. Le mélange de Campêche,
- Cuba et Alizarine se prête à bien d’autres combinaisons, et peut fournir la plupart des teintes foncées usitées en draperie, puisque l’on a les trois éléments colorants : bleu, jaune et rouge.
- Rouge d’Alizarine pour draperie.
- A ce propos, il n’est pas sans intérêt d’indiquer le mode de teinture par l'alizarine, qui a remplacé tn grande partie les rouges de garance.
- Pour 100 kil. de drap ou de laine :
- Mordançage avec :
- Tartre...........................5 kil.
- Alun........................... 20 —
- Acide sulfurique................ 5 —
- Entrer à 60°, puis porter à l’ébullition-, mùntenir le bouillon deux heures, laisser refroidir et traîner sur le mordant douze à vi -'gt-qnatre heures, et teindre avec :
- Alizarine à 20 0/0 .......... 12 kil.
- Sumac......................... 12 —
- Son de froment................ 20 —
- Craie........................ 5 —
- Entrer à 50 degrés, porter au bouillon, et continuer ainsi la teinture jusqu’à nuance voulue, l'operation exigeant ordinairement deux a trois heures.
- Lever et rincer.
- Couleurs d’Alizarine sur laine.
- Voici, d’ailleurs, le procédé général d’application des couleurs dites d’alizarine ; nous l'avons déjà indiqué avec plus de détails, (1) mais il n’est pas inutile de le résumer ici.
- Les couleurs dont on peut faire usage sont le rouge, le bleu, le violet, l’orange, le vert, le brun, le noir, et comme jaune la gallo-fla-vine. La plupart de ces produits sont sous différentes marques, correspondant à des reflets divers.
- Ils s'appliquent seuls ou mélangés entre eux, suivant le procédé ci-dessous pour 100 kil. lainages l
- Mordançage de deux heures, au bouillon, avec :
- Eau ........................ 3000 lit.
- Tartre...................... 2 kil. 500
- Bi-chrômate................. 3 —
- Lever, laisser douze fleure» (une nuit), en la» • laver et teindre avec :
- Matière colorante en pâte... 1 à 20 k.
- La couleur se délaie à l’avance dans 30 fois son poids d’eau, à laquelle on ajoute 1 0/0 d’acide acétique.
- On teint en deux heures au petit bouillon.
- Puis on rince sur deux eaux au moins, la première contenant un peu d’ammoniaque.
- m Voir Reçue de la Teufiture, 1888, p. 154, 155 et 163; 1889, p. 18; 1890, p. 58 et 109.
- Ces teintes foulent parfaitement et sont solides à l’air lumineux.
- On peut les nuancer aux bois, avec bruni-ture au fer, au carmin d’indigo, aux couleurs d’aniline usuelles, etc., mais après foulage.
- Gris-Bleu sur laine-coton.
- Mordant pour 100 kil. :
- Alun................... .... 8 kil.
- Bi-chrômate.................. 2 —
- Baigner à froid trois ou quatre heures, puis porter quinze à vingt minutes au bouillon.
- Teindre avec :
- Extrait de campêche........ 1 kil.
- luduline (Bleu-Noir)........ 100 gr.
- Entrer à tiède, et arriver très lentement au bouillon qu’on ne maintient que dix minutes.
- Travail sur le Trinquet des cachemires d'Ecosse.
- Un tour de main, indiqué par M. de Tilly, a pour but d’empêcher les lisières de rouler, pendant la teinture, sans qu’il soit nécessaire de les coudre l’une après l’autre.
- Iî consiste à renverser le mouvement du tourniquet faisant tourner la piece dans le bain, après l'avoir fait passer dans un sens déterminé ; cette inversion de mouvement doit être renouvelée plusieurs fois.
- Le premier déplacement donné à I2 pièce fait éprouver aux lisières dont le tissu diffère de celui du corps, un mouvement qui tendrait à les faire rouler sur elles-mêmes ; le second déplacement leur fait éprouver une contorsion précisément égale, mais en sens contraire à la première, d’où redressement.
- —- ——-,—
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art (Lu Teinturicr-Dcgraisscur
- Noir sur gants
- J’ai dit qu’il fallait éviter le plus possible l’emploi de l’eau pour les gants glacés.
- Nous pouvons obtenir une teinte convenable au moyen d’un liquide dit « Noir pour gants » qui est une dissolution de noir d’aniline dans l’huile d’aniline; cette couleur est assez épaisse pour ne pas traverser la peau, si on l’applique en couche légère , elle ne nécessite pas le nettoyage préalable aes gants, et tout au plus suffit-il de laver à la benzine le cordon blanc du poignet. Cette partie blanche peut être réservée, car on ne teint pas en bain, et l’on peut ne passer la couleur qu’aux endroits qu’on veut mettre en noir. Enfin, la peau ne se rnc-cornit pa3, et l’emploi des formes n’est pas ainsi nécessaire.
- Pour appliquer ce noir, on en verse une petite quantité dans une soucoupe ou autre vase, et au moyen d’une petite brosse à dents
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- souple, ou simplement d’un chiffon de flanelle, on applique une couche fort légère de ce noir sur le gant, qui se trouve ainsi teint en un noir solide, sur lequel l’eau n’a pas d’action.
- 11 suffît ensuite de le faire sécher, mais il faut que cette sèche soit bien complète et achevée même au soleil ou à l’étuve, car tant que la peau garde des traces d’aniline non volatilisée, elle jaunit tous les papiers sur lesquels on la dépose : cela n’a pas d’autre importance, mais il vaut mieux l’éviter chez le client.
- Les gants de Suède pourraient aussi se teindre par le même moyen, mais la couleur traverse la peau ^ il en est de même des chamois et daim.
- Les chaînettes en soie que certains gants ont sur le dos de la main ne prennent pas cette couleur : quand elles sont épaisses et larges, il faut y passer après coup, à l’aide d’un pinceau, du bleu d’aniline dissous dans de l’alcool, mais cela n’est utile que pour les grosses barrettes, que l’on fait peu en ce moment.
- Un litre de ce noir peut faire deux cents paires de gants, lorsqu’on en teint un certain nombre à la fois.
- Lorsqu’ils sont secs, les gants sont, ouverts à la baguette et peuvent être livrés ainsi.
- Glaçage des gants
- Cependant, après la teinture, les gants sont ordinairement glacés, surtout lorsqu’ils ont été fortement lavés en benzine, et que la peau a été ainsi desséchée des corps gras que le travail de la mégisserie y introduit pour la « nourrir », suivant le terme usité.
- Teints avec le « Noir pour gants », les chevreaux et peaux fines n’en ont pas besoin, mais le glaçage est utile sur les peaux communes ; il est nécessaire après toute teinture où l’on s’est servi d’eau.
- On emploie pour cela un liquide crémeux composé avec :
- Savon blanc............... 25 gr.
- Eau chaude................. 1 verre
- Huile d’olives............ 50 gr.
- L’huile est délayée dans la dissolution de savon, de façon à former une crème grasse épaisse.
- Le savon peut être remplacé par du jaune d’œuf : on prend deux jaunes, on y mélange peu à peu l’huile, puis l’eau (froide, alors), et l’on obtient alors une crème huileuse qui doit être bœn liée.
- On trempe un petit tampon de mousseline dans l’un de ces glaçages, et on en dépose une couche modérée sur le gant, qu’on fait enfin sécher.
- Noir aux bois sur gants
- Il faut ici faire usage de formes en bois, et comme elles sont rarement de la mesure des gants, on les garnit de façon à combler les
- vides, et à ce que la peau soit suffisamment tendue.
- Les gants ont dû être lavés à la benzine.
- On les enduit au pinceau d’une dissolution épaisse (pour qu’elle ne traverse pas), faite
- avec :
- Extrait de campêche........ 50 gr.
- Extrait de bois jaune...... 10 gr.
- Eau.......................... 1 litre
- On laisse sécher à fond, puis encore avec le pinceau on y passe une dissolution de :
- Chromate jaune de potasse 30 gr.
- Eau froide................. 1 litre
- Après sèche, on glace à l’huile tournée, comme il a été dit ci-dessus.
- Le chromate jaune peut être remplacé par du pyrolignite de fer, à 3 ou A degrés, mais ce produit laisse une odeur tenace et peu agréable.
- Cette teinture se faisant au pinceau, on peut réserver les bordures et liserés blancs.
- Couleurs sur gants
- Les couleurs réussissent généralement mal sur les gants ; voici cependant quelques recettes :
- Marron. — Les gants étant sur forme, on y applique à la brosse ou à l’éponge :
- Tannin....................... 10 gr.
- Eau........................... 1 litre
- Puis après sèche :
- Marron Bismarck............... 5 gr.
- Gélatine blanche.............. 5 gr.
- Eau tiède..................... 1 litre
- Si l’on veut foncer, y passer une autre dissolution tiède faite avec 1 à 3 gr. par litre de Violet de Paris.
- Rouge peau de chien. — Donner comme ci-dessus une couche au tannin et colorer avec :
- Marron Bismarck............ A gr.
- Fuchsine................... A gr.
- Gélatine................... 5 —
- Eau tiède.................. 1 litre
- Pensée. — Passer au tannin, sécher, et teindre au Violet de Paris.
- Teintes bois et modes. — Gn voit suffisamment la marche du procédé pour les autres couleurs d’aniline. Les oranges qu’on ternit avec un peu de violet donnent des teintes bois assez usitées en ganterie.
- Je ne parle pas des gris-perle ou autres teintes claires-, il est évident que sur des gants reteints, on ne cherchera pas à obtenir ces nuances délicates.
- Bleus. — Les bleus d’aniline montent mal sur peaux -, il faut employer pour les gants les bleus au prussiate.
- Les gants étant sur formes, les mouiller avec de l’eau à l’aide de la brosse, puis y passer d’abord une dissolution de :.
- Pyrolignite de fer............. 50 gr.
- Eau.............................. 1 fît.
- Ensuite avec :
- Prussiate jaune................. 10 gr.
- Alun............................ 15 —
- Eau.............................. 1 lit.
- Rincer à la brosse, puis sans sécher renforcer le bleu trop faible par une nouvelle application de pyrolignite, suivie de prussiate et de rinçage, et par une troisième si la nuance demandée l’exige.
- On sèche sur pyrolignite, mais seulement sur le dernier prussiate.
- Après l’application de chaque couche, il faut toujours sécher, sauf l’exception du prussiate et l’on termine toutes ces teintes par un glaçage à l’huile tournée.
- Pour préserver l’intérieur du gant de l’introduction accidentelle de liquides colorés, on roule dans l’intérieur un papier carteux, dépassant le poignet, et maintenu soit p?r la forme, soit par sa propre pression, en le collant comme un rouleau, pour entrer à frottement dans le gant boutonné.
- Les liquides appliqués sur les gants ne doivent jamais être plus chauds que 35 degrés, sous peine de cuire la peau.
- Malgré toutes ces précautions, je ne promets pas des résultats merveilleux pour les couleuis.
- Teinture des chamois et daim
- Ces peaux se teignent comme une étoffe, en pleins bains, sans faire usage de formes.
- Employer les procédés pour soies, mais sans chauffer au-delà de 35 degrés.
- Les officiers font quelquefois teindre leurs gants blancs d’ordonnance en teinte amadou de manœuvres.
- Après lavage au savon, on fait cette nuance à l’orseille et carmin d’indigo avec un peu de terra; ou bien au marron-Bismarck bruni ensuite au violet de Paris (le mélange dans le même bain ne marche pas).
- Après la sèche, on les étire, et on ouvre les doigts à la pince chaude, si on possède cet utile instrument.
- PLUMES DE PARURE
- BLANCHISSAGE ET TEINTURE
- Les plumes dont nous avons à nons occuper sont celles d’autruche et de vautour, c’esl-à-dire la plume tendre -, il y a bien la plume dure : canard, oie, cygne, etc., mais cela ne se teint qu’en neuf, et ne revient jamais chez le teinturier-dégraisseur.
- Blanchissage et Blanchiment
- Le Blanchissage est un simple nettoyage avant la teinture; le Blanchiment est une décoloration des plumes grises pour la vente en blanc, ou même des noires pour les teindre en couleurs claires.
- Ce dernier travail est pour le plumassierde profession : celui qui prépare la plume brute;
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- cependant il n’est pas inutile de l’exposer en peu de mots-, il est intéressant d'abord, et puis il arrive à nos confrères habitant des ports, que les marins leur donnent à travailler des plumes qu’ils rapportent de leurs voyages.
- Le premier travail sur les plumes brutes est le :
- Lavage. — Les plumes, qui sont toujours plus ou moins souillées de terre, de crottes, de matières grasses et autres saletés, sont mises à tremper dans une eau de savon tiède et de carbonate pour ramollir ces saletés.
- L’eau de trempage ne doit jamais être trop chaude, ce qui nuirait plus tard à l’épanouissement du duvet, ou empêcherait la plume de « revenir, » suivant le terme du métier.
- Après douze heures de trempage, on donne un autre savon assez concentré ; on frotte les plumes sur un fouioir, et sans crainte d’agir vigoureusement.
- Si l’on opère sur de grandes quantités, on fait le travail à la laveuse.
- On peut encore les brosser au chiendent, mais quand la saleté est suffisamment ramollie, afin de ne pas arracher le duvet en même temps qu’elle.
- Un bon rinçage termine ces lavages.
- Passage à l'acide. — Lorsque les plumes ont été savonnées et rincées, et si elles sont blanches de leur nature, on les met en teinture, ou bien on les laisse provisoirement dans cet état, si elles sont destinées au blanchiment.
- Dans ce cas, avant de les essorer et de les sécher, on les passe à l’acide, qui détruit la teinte jaune produite par F b «in .-«'câlin et qui dispose la plume à mieux revenir.
- Le bain acide se fait avec :
- Acide oxalique........... 50 gr.
- Eau chaude............... 5 lit.
- On ÿ entre la plume 10 à 15 minutes, à la température d’environ 60 degrés.
- Ce bain donne de la fermeté au duvet; si «n le veut, au contraire, très souple et doux, on diminue beaucoup la dose d’acide, soit jusqu’à 1 gramme par litre de bain.
- Passage à l'amidon. — Après l’acidulage, les plumes communes sont rincées, essorées, et séchées.
- L’autriche et le beau vautour doivent encore être passés à l’amidon (non cuit).
- On délaie de l’amidon dans de l’eau froide uc peu acidulée; par exemple :
- Amidon de riz.............. 100 gr.
- Acide oxalique.............. 5 —
- Eau froide.................. 5 lit.
- Les plumes y sont passées, en les ouvrant ut les remuant pour que l’eau d’amidon pénètre bien le duvet ; puis on les essore et on lus sèche en les tapotant avec des baguettes plates pour faire sortir l’amidon.
- L’amidon tient ainsi écartés les duvets, et leur permet de s’ouvrir et de s’étaler ; cette opération est très importante pour l’autruche;
- il donne à toutes les plumes un certain moelleux et plus de blancheur.
- Cependant, pour le vautour, dont le duvet est très fin et peu fourni, on emploie très peu d’amidon (5 à 10 gr. par litre), et pour toutes plumes, on règle, du reste, cette proportion suivant qu’elles sont plus ou moins épaisses, et ont, par conséquent, plus ou moins de difficulté à revenir.
- Et au prochain numéro, c'est moi qui reviendrai sur cette question,
- Maurice GUÉDRON
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- Un NOUVEAU BOIS de TEINTURE
- C’est un végétal originaire de l’Inde qu’on nomme Minghite et dont la tige, broyée et traitée avec 6 fois la quantité d’alcool, avec addition de 10 0/0 d’acide chlorhydrique à 20° B., donne une matière colorant.3 rouge. L’extrait obtenu est alors concentré, lavé, filtré et séché à ba^ température.
- D après A. Feer (Buil. Soc. L d. Mulh.), on obtient de cette manière une poudre jaune insoluble dans l’eau, mais se dissolvant dans les agents organiques et alcalins, donnant dans ceux-ci une couleur violette, dans ceux-là une couleur brune.
- L’extrait a une odeur de garance et se volatilise à haute température en aiguilles jaunâtres. La matière colorante ne se trouve pas extraite par l’alcool seul.
- 1U0 gr.de li tige pulvérisée donnent 7,5 gr. de matière colorante sèche.
- Pour la teinture, on dissout le colorant dans l’alcool que l’on porte ensuite dans le bain ; il fournit des nuances rouges avec l’alumine, vioiettes avec le fer, roses bleues avec le chrome.
- Les teintes que l’on obtient avec le bois de teinture ressemblent à celles fournies par l’ali-zarine, tandis que celles obtenues de l’extrait sont plus jaunes et beaucoup moins solides au savon.
- 0,75 gr. d’extrait de « Minghite » correspondent, au point de vue du rendement, à 1 gr. d’Alizarine 20 0/0.
- Il ne pourra être employé pratiquement, toutefois, que si l’on arrive à supprimer l’emploi de l'alcool.
- PROCÉDÉ DE PURIFICATION
- DU SULFURE DE CARBONE
- SANS DISTILLATION
- Par M. A. CHE A EVIER
- Le su.fure de carbone peut être facilement purifié et débarrassé de l’odeur infecte qu’il possède presque toujours, même quand on a
- affaire à un sulfure de carbone pur du commerce, à l’aide du procédé suivant :
- On ajoute au sulfure à purifier un léger excès de brome, de manière qu’il garde une teinte rouge persistante (0CC5 de brome par litre suffisent, et au-delà, dans la plupart des ca«). On laisse en contact trois à quatre heures, ou plus si c’est possible. On enlève alors le brome par une des méthodes suivantes :
- 1# Par la soude caustique. — En agitant quelques instants le sulfure de carbone bromé avec un léger excès de lessive des savonniers, il se trouve entièrement débarrassé de brome. On décante la lessive alcaline et on lave, au besoin, une ou deux fois à l’au distillée.
- 2° Par le cuivre métallique. — On met en contact le sulfure de carbone bromé avec du cuivre en tournure ou en limaille. Au bout d’une heure ou deux, le sulfure de carbone est entièrement décoloré; on n’a plus qu’à le décanter ou le filtrer sur papier.
- Si, après ces opérations, le sulfure restait trouble, parce qu’il aurait entraîné de l’eau, il suffit de le mettre en contact avec un peu de chlorure de calcium sec et de filtrer.
- On obtient ainsi, sans distillation, un sulfure de carbone parfaitement limpide et incolore, d’une odeuragréable rappelant le chloroforme, exempt de résidu à l’évaporation, ce qui facilite l’usîge de ce précieux dLsolvant. De plus, le sulfure de carbone ainsi purifié dissout le brome sans modifier son état chimique.
- Cela permettra, dans beaucoup oe cas, de remplacer l’eau bromée par la solution sulfo-carbonique de brome, qui est très stable et n’émet presque aucune vapeur.
- Enfin, une autre application se rencontre plus spécialement dans la mesure de l’absorption du brome par les corps gras en solution sulfo-carbonique. On pourra éviter, dans cette opération, les corrections ennuyeuses et peu exactes que nécessitent les sulfures de carbone purifiés autrement, parce qu’ils absorbent tous plus ou moins de brome.
- (Bul. Soc. de Bord.)
- BREVETS RECENTS
- Intéressant les industries tinctoriales
- 209236. — George. — Nouveau procédé de dégraissage et de lavage des laines et autres matières analogues.
- 209302. — Mac Nicol et Bernheimer. — Perfectionnements aux machines à imprimer les tissus.
- 209329. — Waguenaire. — Ourdissoir imprimeur.
- 209392. — Rotten. — Précédé de teinture à la cuve pour matières textiles de toute espèce.
- 209394. — C. Delescluse et Cie. — Apprêt et charge des textiles végétaux par les hypoa-luminates alcalins.
- 209399. — Sàlzmann. — Perfectionnements dans la fabrication du fil de coton teint. 209452. — Bourré frères. — Nouvelle ap-
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- plication de la teinture sur les tulles et dentelles mécaniques.
- 209537. — Davoust. — Fabrication de feutres vernis.
- 209647. — Roche. — Toile imperméable pour bâches.
- Certificats d'addition.
- 197932. — Robin. — Brevet du 2 mai 4889 : appareil pour la teinture en pièce des velours, peluches et autres tissus.
- 207840. — D. Gantillon et Cie. — Brevet du 25 août 1890, pour un procédé de traitement des tissus de schappe et soie ou autres matières mélangées à la soie, dans le but de leur donner l'aspect du crêpe de Chine et d’obtenir ainsi un produit nouveau pour modes et confections.
- 207956. — Erossette. — Brevet du 30 août 1890, pour un nouveau mode de décoration en couleurs des tissus en général, fils, coton, ramie, soie, etc., et notamment des dentelles, tulles, guipures, mousselines.
- 199160. — Brun. — Brevet du 22 juin 1889, pour la peinture ou application des poudres bronzes sur velours toute nuance pouvant servir pour modes, ameublements et costumes.
- IXFOR,BATIONS ET FAITS DIVERS
- CHAMBRE SYNDICALE
- DES
- TEINTURIER S-DÉ GRAISSEURS
- Extrait du procès-verbal de la séance du 6 avril 1891.
- La Chambre entend une conférence d’un membre des «ervices de i’Unjon nationale sur les accidents de travail. Il s’agit d’une entreprise d’assurances que veut créer l’Union.
- Il est ensuite donné communication de la correspondance, qui contient notamment :
- Une lettre de M. Gillet, meunier belge, relative aux bois de teinture de la République argentine.
- Le ministre du commerce adresse, pour la remplir, une fiche explicative sur la Chambre syndicale de la Teinturerie et du Nettoyage, afin de la faire figurer dans Y Annuaire des Syndicats.
- M. Fleury attire l’attention du Comité sur la loi de décembre 1890, relative aux conventions entre patrons et ouvriers, au point de vue du congé notamment, et de la possibilité de congédier ou de partir le jour même ; cette nouvelle loi retire toute valeur aux réglements que chaque industriel pouvait établir pour son personnel. L’ouvrier a maintenant droit à un délai-congé, et à une indemnité basée sur ses états de service dans la maison.
- M. Vinois apprend que les Conseils de prud’hommes n’ont pas encore été édifiés sur l’interprétation à donner à cette loi ; mais il croit bien, qu’en effet, elle détruit tout règlement particu ier.
- Divers membres disent que le délai-congé ne se cumule pas avec l’indemnité, que l’ouvrier a droit à l’un ou à l’autre seulement.
- M. Fleury pense que l’entente est plus facile qu’on ne croît avec les ouvriers, dont
- au fond les intérêts tiennent de près à ceux du patron ; au lieu, dans bien des questions concernant les rapports entre ouvriers et patrons, de se tourner le dos, ou de rester indifférents, il vaudrait peut-être mieux aller au-devant des difficultés, et chercher à s’entendre, et il propose de nommer une Commission qui s’entendrait avec une délégation de la Chambre syndicale ouvrière pour déterminer les usages de la corporation en présence de la nouvelle loi.
- M. Mars estime, au contraire, qu’il y aurait inconvénient à proposer à la Chambre syndicale ouvrière de discuter celte question ; on donnerait ainsi à une loi une importance qu’elle n'a pas, et l’cn fournirait un prétexte a chicanes aux malintentionnés.
- M. Babillon propose, afin d’être mieux fixé sur la portée de la loi, de nommer une Commission qui l’étudierait, se renseignerait notamment près du député qui en a été le rapporteur à moins que M. Fleury ne voulût bien lui même s’en occuper seul, pendant que M. Vinois, au Conseil des prud’hommes, se renseignerait de son côté.
- Cette dernière proposition est adoptée.
- Application «lu tarif douanier aux Etats-Unis. — Le directeur des douanes de Boston a, par fausse interprétation exigé les droits sur des pelleteries qui dans l’état où elles étaient (arrachées et non travaillées), devaient être exemptes, le syndicat des coupeurs de poils à Paris, a décidé de se faire représenter à New-York par un avocat qui défende ses intérêts.
- Une somme de 3.DUO fr. a été votée par ledit syndicat, pour supporter les frais qui en résultent; cette dépense supportée au prorata du nombre des machines que chacun de ses membres emploie.
- —o—
- La responsabilité des accidents du travail. — La commission de la règlementation du travail vient de terminer l’élaboration du projet de loi sur la responsabilité des accidents dont les ouvriers sont victimes.
- Elle a décidé qu’il y avait lieu d’instituer l’assurance obligatoire pour les patrons, comme le Ministre du Commerce l’a d’ailleurs proposé par son projet de loi.
- Cette assurance sera organisée par la contribution mutuelle des patrons. Mais, au lieu d’établir la mutualité pour toute la France, comme le propose le projet du ministre, la Commission établit la mutualité par circonscription, le département par exemple pourrait être choisi comme type de circonscription.
- La contribution mutuelle sera établie d’après un coefficient variant suivant les risques des diverses industries. Elle sera perçue, comme en matière de contributions directes et concentrée à la caisse des accidents sous le contrôle de l’Etat.
- Toutefois, la commission a admis qu’il y aurait lieu d’autoriser les patrons à se faire leurs propres assureurs, toutes les fois qu’ils fourniraient des garanties suffisantes au’un règlement d’administration publique déterminera.
- Ces patrons pourront, dans ce cas, s’adresser à des Sociétés d’assurances ou a tels établissements ou institutions qu'ils jugeront convenables.
- La Commission a admis qu’en cas de faute lourde de l’ouvrier victime d’un accident cau-
- sé par cette faute, la responsabilité du patron sera atténuée ou même mise hors cause.
- —o—
- Envol d’eoliantlllong de tlasug. _
- L’Exposition parmanente des colonies vient de recevoir une très intéressante collection d’échantillons des marchandises que le commerce étranger livre actuellement aux populations de notre colonie de Mayotte. Cet envoi est accompagné de renseignements très circonstanciés sur l’origine des produits et l’importance de la commission, leur prix de revient et leur prix de vente dans le pays, etc.
- Parmi les marchandises dont la consommation est signalée comme importante, se trouvent un assez grand nombre de tissus pour lesquels l’industrie française serait certainement à même de soutenir la concurrence étrangère.
- Ce sont les articles- ci-après : percale, indienne de couleur, cretonne croisée, toile chiffon, toile pour moustiquaire, toile croisée blanche, foulard imitation, satinette rosée et croisée jaune, mouchoirs de couleur (bleu et rouge), tricot blanc et jaune, bonnets rouges chemises arabes, fil blanc et bleu, pantoufles’, tapis de table, etc.
- Ces divers tissus sont exposés au palais de l’Industrie où les commerçants et industriels peuvent les examiner. Le conservateur de l’Exposition permanente des colonies fournira aux intéressés tous les renseignements dont ils pourront avoir besoin.
- Mais il faut ajouter que le débouché offert n’est pas bien considérable :
- Mayotte, l'île la plus rapprochée de Madagascar, dont elle est distante de deux cent cinquante kilomètres environ, a une surface de trente-quatre mille hectares, dont dix mille de vallées cultivables; sa population est de-dix mille habitants, dont deux cents blancs. La France en a pris possession le 13 juin 1843, à la suite d’un traité signé entre le capitaine d’infanterie de marine Passot et le j prince Adrian Souli, qui nou s l’a cédée moyennant une pension annuelle de 5,000 francs et une certaine quantité de rhum.
- —o—
- Incendie. — Le 24 courant, à quatre heures du matin, un violent incendie dont la cause est inconnue, a détruit plusieurs parties de l’établissement de teintures et apprêts-Dubus, Coget et Cie, rue Pellart, à Roubaix.
- Tout danger a été écarté après deux heures de travail.
- Les dégâts, évalués à 170,000 francs, sont couverts par plusieurs assurances.
- Ce sinistre entraîne le chômage forcé, pendant une quinzaine de jours, d’environ 500 ouvriers.
- —o—
- Teinture et proverbe. — Un bohème en dêche ayant tait reteindre son paletot Tunique, râpé, frappé et crasseux se plaignait que le loutre éiait terne et inégal.
- Que voulez-vous, répond la teinturier, vous connaissez le proverbe : Qui trop encrasse, mal est teint !....
- Le paletot lui-même en a pâli, et est tombé au Bismarck Pain-d’Epice.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes),
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- LA
- 4e Année, N0 44.
- SC IE NT IA
- N EGOTIUM
- REVUE DE
- ET DES COLORATIONS
- LA T
- INDUSTRIELLES
- vwliothèque
- /+.
- TURE
- 40 juin 1894.
- SOMMAIRE
- Chronique. — Nouvelle théorie de la teinture. — Procédé de teinture et impression en Noir d’aniline. — Mystification. — Revue sommaire des Brevets d’invention.
- Procédés divers : Bruns et bleus diazotés sur fils; Brun-diamine; Résinate de fer. — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dégraisseur.
- Chronique industrielle. — Les couleurs d’aniline dans la fabrication du papier (suite). — Brevets récents (catalogue). — Informations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- Un premier résultat est obtenu sur le nouveau régime des textiles discuté à la Chambre.
- La laine brute et autres poils employés dans la confection des tissus ont été exemptés de droits.
- Tous les amendements déposés ont été repoussés ou retirés, et conformément aux indications de la commission, la Chambre a fixé les droits d’entrée de la façon suivante :
- Laines en masse (par 1(30 kilos) : exemptes ; en masse, teintes : 32 fr. 50 au tarif général, 25 fr. au tarif minimum ; peignées ou cardées : 32 fr. 50 et 25 fr.; peignées ou cardées teintes : 35 fr. et 27 fr. 50 ; déchets : exempts ; crins bruts, exempts ; préparés ou frisés : 15 fr. et 10 fr.; poils bruts et poils peignés ou cardés de chèvre mohair : exempts; autres poils : 15 fr. et 10 fr.
- Ces deux derniers chiffres sont aussi ceux qu’on fixe pour les crins en bottes. Les plumes brutes ou apprêtées pour parure et pour écrire sont exemptes. En revanche, on frappe de 30 fr. et 25 fr. par 100 kilos les plumes à lit, duvet et autres, qui sont des articles de commerce et non des matières premières à transformer.
- Tout n’est pas dit, cependant, à propos des laines : le Sénat doit encore intervenir, et la surtaxe d’entrepôt reste Menaçante.
- A l’heure où nous écrivons, le sort des soies est fort discuté, mais non résolu.
- * *
- Nous trouvons dans le commerce des textiles des quatre premiers mois de
- l’année, un développement considérable de l’importation des matières premières, sans une exportation équivalente ; il faut donc admettre que l’industrie des tissus s’approvisionne pour une production qu’elle espère importante.
- La fabrique, à Reims, éprouve cependant du ralentissement.
- La filature en cardé reste en bonne situation ; celle des peignés est plus calme, ainsi que la fabrication des cachemires et flanelles, mais la nouveauté est approvisionnée d’ordres pour toute la saison.
- Il vient d’être inauguré à Reims des ventes publiques de laines indigènes. Le 30 mai a eu lieu la première vente au milieu d’un grand concours d’acheteurs. Les enchères ont été animées. On a vendu 120,000 kil. et retiré 20,000 kil. de lavé. Les prix pratiqués donnent un revient d’environ 4,80.
- Des résultats aussi satisfaisants assurent l’existence de ce marché, qui est maintenant fondé.
- La fabrication en étoffes drapées est en bonne position, à Elbeuf et à Lou-viers. Les filatures ont beaucoup de besogne et les tissages vont suivre. Il y a une réelle amélioration dans presque tous les genres.
- A Roubaix-Tourcoing, le calme domine toujours. Le mauvais temps a enrayé la vente des tissus de printemps. Dans quelques semaines commencera la grande vente des tissus envers fourrure ainsi que des satins de Chine. Les ordres d’exportation s’enlèvent difficilement.
- A Fournies, les affaires sont fort limitées à cause des prix offerts, non en rapport avec ceux de la laine.
- Le marché soyeux s’est un peu réveillé à Lyon ; il y a eu, dit une correspondance de cette ville, « plus de tentatives d’affaires », mais cela concerne les moulinés, car les tissus sont toujours restés en assez bonne situation.
- *
- * *
- Les affaires en tissus continuent à être très restreintes à Mulhouse ; il y a eu un peu de reprise sur les fils, mais elle ne s’est pas soutenue.
- A Manchester, quelques ordres en tissus convenables pour l’Inde ont été
- exécutés. La demande pour la consommation et les petits marchés étrangers va plutôt en diminuant.
- Les affaires sont généralement calmes. Les meilleurs tissus imprimés sont soutenus en valeur et la plupart des fabricants sont bien engagés. Les qualités communes sont négligées.
- Les fabricants, comme les filateurs, se plaignent, à Bradfort, de la situation des affaires, au point de vue des résultats. Le commerce du pays a cependant pris une grande quantité de serges, de cachemires et de doublures. Les affaires de draperies avec l’Amérique tendent à s’améliorer.
- En Allemagne, une crise intense sévit sur l’industrie textile. Les maisons de commerce de Crefeld, d’Eupen, d’El-berfeld, de Gummorsbeich et de Bar-men vont réduire la production des étoffes de laine et de coton. La situation commerciale de ces villes devient chaque iour plus critique.
- Suivant le rapport pour 1890 de la chambre de commerce de Francfort, les espérances conçues de voir l’industrie textile prospérer, comme elle l’avait fait en 1889, ne se sont pas réalisées. Il y avait eu, il y a deux ans, un développement trop rapide de la production dans l’Allemagne entière, et la réaction n’a pas tardé à se faire sentir.
- Le rapport ajoute que les étoffes de soie ont été assez demandées, mais que les quantités vendues ont baissé parce que la mode actuelle diminue le métrage des confections. Les rubans et articles de mode n’ont eu qu’une vente pénible, sauf les peluches, qui ont été assez recherchées. Les tulles et dentelles n’ont été animés qu’au commencement de l’année. Les étoffes pour robes ne se sont placées facilement que dans les qualités bon marché; et enfin, les tissus pour hommes suivent la mauvaise situation de la confection allemande, dont l’exportation diminue.
- *
- * •
- La Chambre syndicale des teinturiers de Paris a examiné dans ses deux dernières séances si la loi de 1890, relative aux rapports entre patrons et ouvriers, laissait subsister les conventions particulières par suite desquelles les uus ou
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- les autres pouvaient rompre le jour même leur contrat de louage.
- La Chambre syndicale n’a pu se prononcer, et a pensé qu’il convenait d’attendre qu’une jurisprudence s’établisse sur ce point spécial.
- Le cas vient précisément d’être jugé, à la requête d’un fabricant et teinturier de Roubaix, M. Wibaux-Florin.
- Un règlement affiché dans ses ateliers porie notamment que « tout ouvrier pourra quitter la maison sans observer aucun délai de prévenance, et que le patron se réserve le même droit. »
- Or, un ouvrier congédié s’appuyant sur la loi de 1890, déclara illégal le règlement, et réclama une indemnité pour son renvoi. Le conseil des prud’hommes fit droit à cette demande, mais M. Wi-baux ayant appelé de sa décision, le tribunal de Lille a décidé qu’il était licite pour le patron et ses ouvriers de convenir entre eux qu’ils pourraient se quitter réciproquement sans observer de délai de prévenance, et que rien dans la loi ne permettait de considérer comme contraire aux principes de la matière une convention de ce genre librement consentie.
- Nous donnerons dans notre prochain numéro un exposé plus complet des faits; pour le moment, nous enregis* trons cet arrêt comme premier document sur l’interprétation à donner à l’article douteux de la nouvelle loi du travail.
- Il nous reste peu de place pour annoncer que la carte des nuances du Syndicat des modes pour l’hiver prochain est parue ; aussi nous ne l’analyserons pas cette fois ; disons seulement que les teintes vertes sont celles qui prédominent, et qui dès maintenant se feront le plus ; les beiges, qui sont, à la vérité, de toutes les saisons, arriveront en second rang ; nous en reparlerons, du reste.
- Et enfin, un écho du Salon du Palais de l’Industrie : le teinturier artiste, M. Henry Coëylas, notre confrère, peintre de talent, a exposé un tableau très remarqué : « Les Trieuses » ; ce sont les femmes occupées à trier les chiffons et débris de toute nature, destinés à la fabrication du carton ; c’est, en un mot, un intérieur d’atelier, peint avec la vérité que sait donner M. Coëylas à ce genre pictural, dans lequel il s’est spécialisé. ,
- Notre gravure-prime ce A l’Atelier » est la reproduction d’une de ses oeuvres; l’année dernière, le même artiste .avait envoyé au Salon « Un Atelier de maroquinerie » qui fut primé, et que nous
- avons apprécié dans notre Chronique du 25 mai (p. 62).
- « Les Trieuses » continuent cette série , et sont traitées avec la même science du dessin et de la couleur, et le même tal ent de composition.
- F. GrOUILLON.
- NOUVELLE
- THÉORIE DE LA TEINTURE
- de M. le Dr Otto M. Witt
- Par M. Bonna (.Moniteur Industriel)
- On classe actuellement les matières colorantes en matières colorantes adjectives, c’est-à-dire celles qui demandent l’emploi d’un mordant, et matières colorantes subs-tantives, pour lesquelles ce n’est pas le cas : cette distinction n’a, dans le fond, que peu de valeur, car la nécessité du mordant provient bien plus de la nature de la fibre à teindre que de la matière colorante à employer.
- Dans sa forme la plus simple, la marche de la teinture substantive consiste en ceci : la solution aqueuse de la matière colorante, le bain de teinture abandonne la matière colorante, en tout ou en partie, à la fibre qui y est plongée. Quels sont les motifs de ce fait ? De quelle nature est le produit résultant, la fibre teinte? Ce sont les questions que l’on se pose, sans que jusqu’ici aucune explication ne paraisse bien plausible, les uns plaidant pour la théorie mécanique, le? autres pour la théorie chimique de la teinture.
- Pour les partisans de la théorie mécanique de la teinture, les molécules de la matière colorante abandonnent peu à peu le bain de teintur» pour s’intercaler entre les molécules de la fibre, sans toutefois former avec elle une combinaison. Quelles sont les forces qui pousseraient ainsi les molécules de la matière colorante? Il serait difficile de trouver un fait analogue dans d’autres domaines de la nature. Mais le plus grave reproche à faire à cette théorie mécanique, c’est que non pas toutes, mais seulement certaines matières colorantes ont cette propriété de teindre substantivement, et que même celles-ci se comportent différemment vis-à-vis de fibres différentes.
- La théorie chimique de la teinture tient mieux compte des faits; elle admet que la teinture substantive repose toujours sur l’action des forces chimiques, que la matière colorante quitte le bain de teinture pour fo rmer avec la fibre une combinaison chimique. C’est vrai, en effet, dans quelques cas spéciaux, mais ces cas ne sont qu’une infime minorité vis-à-vis de tous ceux qui ne peuvent s’expliquer ainsi.
- Rappelons, en premier lieu, la loi des proportions multiples, et voyons s’il existe quelque rapport moléculaire .entre la quantité des fibres et la quantité de matières colorantes qu’elles absorbent. Les recherçhes de Knecht
- ont montré que ce rapport existe parfois. Mais c’est précisément dans ces cas que l’on doit repousser l’idée d’une combinaison chimique entre fibre et matière colorante, comme par exemple dans la teinture de la laine par les composés de la classe des phénols nitrés Dans la plupart des cas, il n’y a aucun rapport moléculaire entre la fibre et la matière colorante fixée. Cela est bien expliqué jusqu’à un certain point par l’ingénieuse hypothèse de Knecht, que beaucoup de teintures substan-tives de la laine ne seraient, dans le fond qu’adjectives, et que l’acide lanuginique, qui se forme par la cuisson de la laine dans l’eau servirait de mordant. Sans vouloir m’élever contre cette hypothèse, cela n’expliquerait rien pour la soie et le coton qui sont absolument inattaquables par l’eau bouillante.
- Un des reproches les plus importants à faire à la théorie chimique se trouve dans la manière dont se comportent beaucoup de fibres teintes. Prenons, par exemple, de la soie teinte avec de la fuchsine. On peut la traiter avec une solution de savon assez concentrée sans qn’elle perde beaucoup de sa nuance. Nous pourrions penser que la combinaison de la fibre et de la fuschine est assez stable, et cependant il nous suffit de plonger cette même soie dans l’alcool absolu, pour qu’elle abandonne complètement sa matière colorante. Nous savons bien qu’il n’existe pas entre la fuchsine et l’alcool d’affinité chimique. Nous ne pouvons admettre non plus que la combinaison formée a été détruite par une action inconnue de l’alcool ; car il nous suffit d’ajouter de l’eau à l’alcool pour voir la fuchsine tirer de nouveau sur la soie. Ce n’est que le degré de concentration de l’alcool qui détermine si la fuchsine reste dans la solution ou sur la soie.
- Le même fait se produit avec de l’eau seulement si, au lieu de fuchsine, nous prenons une matière colorante qui ne tire pas à fond, une partie de la matière colorante va sur la fibre, une autre reste dans le bain. Si nous retirons la fibre teinte, nous en teindrons d’autres et encore d’autres, sans cependant arriver à enlever au bain toute la matière colorante. La théorie chimique considère la fibre comme une sorte d’agent de précipitation de la matière colorante. Gomment donc un grand excès de cet agent de précipitation ne peut il précipiter tome la matière colorante? Car on ne peut parler ici de précipitation incomplète ; ce qu’en chimie nous appelons ainsi provient de la solubilité du précipité, et, dans ce cas, la fibre teinte est absolument insoluble.
- Toutes ces observations ont amené l’auteur à chercher une troisième explication pour tous les faits de la teinture : il est arrivé à considérer tous ces faits comme des phénomènes de dissolution.
- On admet généralement qu’une solution est un fait qui se passe entre un corps solide et un liquide. Il faut étendre cette définition et
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- admettre qu’un corps solide (matière colorante) peut être dissous par un autre corps solide (la fibre), et ce n’est pas un non-sens : les principes colorants des pierres précieuses, des verres colorés, sont bien dissous dans la masse de ceux-ci. Que ces solutions fussent autrefois en fusion, cela ne change rien à l’affaire. Les colorations des fibres sont aussi dues à un phénomène de dissolution. Seulement, cette dissolution s’est faite autrement que par fusion : c’est là la seule différence. Or, c’est précisément ce qui nous empêche de la considérer comme telle. Et nous allons montrer toute l’analogie qu’a la teinture avec un phénomène de dissolution.
- Et d’abord remarquons que cette théorie n’est point la théorie mécanique de la teinture. Toute solution est un fait chimique, qu’on peut considérer comme une combinaison moléculaire à proportions indéterminées, en opposition aux combinaisons chimiques qui suivent la loi des proportions multiples. Dans ce cas particulier, il est indifférent que l’on envisage une solution comme une substance spéciale, ou comme un mélange de plusieurs combinaisons entre le solvant et le corps dissous, en proportions moléculaires continuellement variables, pourvu qu’il soit bien admis qu'une solution est un fait chimique. Mais montrons bien en quoi la théorie mécanique est fort loin de cette nouvelle théorie ; nous venons de montrer que la théorie mécanique est impuissante à expliquer la cause de la teinture, c’est-à-dire que l’on ne connaît pas la force qui rend possible la teinture. Mais de plus, si l’on admet que la fibre est la juxtaposition mécanique des molécules de la matière colorante et de celles de la fibre, on ne peut trouver la raison pour laquelle la fibre montre la couleur qu’a la matière colorante en solution, et non celle qu’elle possède à l’état solide : ainsi les teintures de fuchsine devraient être non rouges, mais vertes à reflets métalliques -, la plupart des couleurs d’aniline bleues ne sont pas bleues à l’état solide, mais rouge cuivré métallique. Et cela est vrai, car voyons plutôt de telles juxtapositions : un bleu de cuve en est un exemple, et une fois foncé, il a l’apparence cuivrée de l'indigo solide. Une laque colorée à la fuchsine ou au violet de méthyle, est rouge ou violette tant qu’elle est en solution, et si le solvant est une fois évaporé, la matière colorante, insoluble dans la résine, s’y trouve en juxtaposition moléculaire et reprend la couleur et l’éclat métallique qu’elle a à l’état solide. La rhodamine, dans une solution de laque, donne lieu à la fluorescence bien connue, et celle-ci subsiste tant que la laque est en solution dans l’alcool ; dès que l’alcool est évaporé, la fluorescence disparaît. Si la rhodamine es*, aussi fluorescente sur la soie, c’est qu’elle n’y est pas mélangée méca-niquement, mais qu’elle y est dissoute. Remarquons enfin que la théorie mécanique ne Peut expliquer pourquoi toutes les matières
- colorantes ne tiient pas sur toutes les fibres, tandis qu’il suffit d’y voir ce fait : que toutes les substances sont diversement solubles dans des solvants divers.
- {A suivre)
- PROCÉDÉ PERFECTIONNÉ
- de teinture et impression EN NOIR D’ANILINE
- Par MM. Thies et Cleff
- Les auteurs ont apporté aux moyens de production du Noir d’aniline sur fibres, une modification qui semble sans importance, mais qui, d’après eux, améliorerait considérablement les résultats.
- Par la méthode qu’ils ont fait breveter, on obtiendrait un noir dans un état chimique nouveau, qui serait inverdissable sans chrô-matage, et qui n’affaiblirait pas les fibres, quoiqu’il soit produit par oxydation en éten-dage.
- MM. Thies et Cleff posent comme principe, que seuls les procédés par oxydation à l’air donnent des noirs indégorgeables, ce qui est, d’ailleurs, a peu près établi, mais ces procédés affaiblissent les fibres, non seulement par le fait de l’oxydation, mais aussi par l’action de l’acide mis en liberté, au sein des fils, et en présence d’une température élevée.
- L’acide du sel d’aniline qui serait le moins défavorable à ce dernier point de vue, serait l’acide fluorhydrique, mais employé seul, il développe très mal le noir. Dans le procédé actuel cet acide est substitué partiellement à ceux ordinairement en usage, de façon que ces derniers soient encore là pour favoriser la production du noir, et que 1 excès nécessaire d’acide soit fourni par un produit ne possédant pas leurs inconvénients, et permettant même de limiter cet excès.
- L’acide fluorhydrique, disent les auteurs, est de nature indécomposable , et doué de la plus grande chaleur de neutralisation ; en se dégageant et se volatilisant, il absorbe beaucoup, ce qui pare à l’énergie Cîoissante de la chaleur d’oxydation pendant le développement -, il agit, enfin, comme acide faible et partiellement volatil.
- Comme exemple d’application au coton et à la soie, ils indiquent le procédé suivant :
- Faire la dissolution :
- Carbonate de cuivre............. 2 gr.
- — d’ammoniaque .... 4 —
- Acide chlorhydrique à 30 0/0. 25 —
- Ajouter le mélange :
- Acide fluorhydrique à 60 0/0.. 55 —
- Eau........................... 200 —
- Puis :
- Aniline huileuse ..............140 —
- Et, enfin :
- Chlorate de soude.............. 60 —
- ce produit dissous dans une quantité d’eau suffisante pour obtenir du tout le volume de un litre.
- Les textiles sont convenablement imprégnés de ce mélange ; ils sont oxydés par étendage, puit lavés.
- Le noir ainsi obtenu serait inverdissable, indégorgeable, et n’affaiblirait pas la fibre.
- MM. Thies et Cleff attribuent la verdissabilité à la production de chlore libre pendant la formation du noir : action qui n’a pas lieu dans leur procédé. On peut, cependant, leur objecter que les formules de noir ne contenant aucun élément producteur de chlore donnent aussi des noirs verdissables ; il y a donc dans cette fâcheuse propriété, une autre raison que l’action du chlore ; cela n’importe pas, d’ailleurs, si leur procédé évite cet inconvénient.
- Ne chicanons pas non plus sur leur première dissolution des carbonates cuivrique et ammonique, que l'on obtiendrait plus simplement par l’emploi direct des chlorures de mêmes bases.
- Le procédé sus-indiqué serait applicable au coton et à la soie (cette dernière conservant son brillant et sa souplesse), mais pour la laine il faudrait agir autrement (?...)
- Pour l’impression, on opère suivant le même principe : en se servant des formules usuelles, et remplaçant partiellement leurs acides par de l’acide fluorhydrique.
- Le noir ainsi obtenu, disent encore les auteurs, a des réactions physiques et chimiques essentiellement distinctes : vu par transparence, il est brunâtre, et au jour direct (par réflexion), noir foncé ; il n’est pas basique comme les noirs habituels, aussi se combine-t-il mieux avec les couleurs d’aniline, lorsqu’on veut le nuancer à l’aide de ces produits.
- Ce serait donc, comme nous disait si souvent Grawitz, en parlant de son métal-anil qu’il a répudié depuis : « un être chimique nouveau » ; mais voilà bien des choses dans une simple modification de formule. Nous n’y contredisons pas, du reste, nous défiant des conclusions a priori ; nous estimons seulement que ces résultats auraient besoin de confirmation F. G.
- MYSTIFICATION
- Nous avons inséré, dans notre précédent numéro, un échantillon de flanelle dite végétale, et provenant, avons-nous dit, du commerce parisien.
- Or, ce tissu, prétendu en filaments de pin sylvestre, est simplement en laine ordinaire, teinte en nuance appropriée, et enduite, pour l’odeur, d’huile de pin.
- Il y a deux maisons à Paris, faisant principalement cet article ; elles l’annoncent à grand fracas, elles publient des attestations médicales sur ses propriétés ; elles ont des succursales en province,des médailles aux expositions,etc.; on pouvait donc croire à la véracité de leurs annonces, mais chez l’une et chez l’autre, c’est la même supercherie : leurs fils «et tissus et
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- leurs articles confectionnés sont en laine pure, ou en chaîne coton.
- Nous nous en sommes assuré depuis par essai chimique et par l’examen microscopique.
- II paraît certain, toutefois, que la fabrication des textiles en pin sylvestre existe en Allemagne, et nous pensons avoir bientôt en mains le produit authentique.
- Nous avons aussi présenté un échantillon de Béraudine ,* celui ci est bien réellement en fibres de tourbe (la trame), mais la teinte n’est pas entièrement naturelle, comme le fabricant nous l’annonçait; elle est remontée par un marron d’aniline.
- Ce dernier fait, d’ailleurs, est sans importance.
- Mais la flanelle végétale est une mystification un peu trop audacieuse.
- F. G.
- REVUE SOMMAIRE
- DES BREVETS D’INVENTION
- Appareil pour laver ou dessuinter la laine, etc.,
- Par MM. John, Isaac et Joseph Smith frères.
- Les inventeurs emploient un premier récipient d’une forme quelconque dans lequel est introduit un faux fond perforé et reposant sur le rebord supérieur du récipient.
- Un second récipient avec un pont à son extrémité de sortie permet d'établir un courant continu du liquide employé, à la surface duquel la fibre flottante est entraînée.
- Ces deux récipients sont combinés avec des cylindres rotatifs, des rouleaux presseurs, un tablier sans fin et autres accessoires nécessaires pour faire passer le liquide d un récipient dans l’autre.
- Les deux appareils distribuent le liquide d’une manière différente-, le premier récipient laisse passer et tomber en pluie le liquide sur la fibre flottante placée en dessous du faux fond; le second donne un courant continu.
- Transformation des matières colorantes dites
- « Bleus nouveaux », en nouveaux colorants,
- Par MM. Friedr. Bayer et Cie.’
- Le traitement à faire subir à ces matières colorantes consiste à les diluer en présence des amines secondaires de la série grasse, pour leur donner un nouveau degré d’oxydation.
- On les traite généralement par une solution alcoolique ou par l’ammoniaque, soit simultanément ou successivement, afin de leur communiquer plus de solidité et de lésistance.
- Méthode et appareil pour fixer les draps dits <k Italiens » et autres similaires,
- Par MM. Kirk et Lee.
- Les’draps, teints et pressés sont enroulés
- sur un cylindre perforé, placé lui même dans un autre cylindre ou chambre à double enveloppe.
- On injecte de la vapeur dans l’enveloppe extérieure, et de l’air ou de l’eau dans le cylindre intérieur. La vapeur aurait pour fonction d’entretenir une température élevée dans le récipient extérieur, de façon à ce que l’air, l’eau ou la vapeur de la capacité intérieure soient portés à une pression très haute, en traversant le drap qu’il s’agit d’apprêter.
- — On peut obtenir un résultat équivalent par une vaporisation un peu soutenue au début, il y a condensation, mais en continuant l’aciion, la vapeur passe presque sèche (si tant est que cette vapeur sèche, ou l’air chaud, sont réellement favorables).
- Système de blanchissage instantané,
- Par M Cartenet.
- L’auteur emploie un composé d’amidon, de bleu de Troyes ou d'Espagne, de bleu d’outremer et de gomme; il délaie le tout dans de la lessive de soude largement étendue d’eau ordinaire.
- Sans recourir à la blanchisseuse ou au teinturier, on pourra rendre propre à la minute un linge défraîchi, rien qu’en passant une petite brosse, trempée dans la composition, sur les parties du linge à blanchir.
- — C’est, en un mot, une peinture à la détrempe, et avec du blanc de Meudon, bon tout au plus à faire des plafonds; cela devra produire un bien beau linge!
- Tissu dit « Cheviotte Jersey »
- Par M. A. Lambert Cudey.
- Ceci est une addition à un brevet principal qui faisait connaître l’application au jersey uni d’une préparation analogue à celle que subit le drap. Cette application est faite après tissage et consiste dans le foulonnage, le tirage à poil ou tout autre procédé équivalent de désagrégation.
- Ce traitement donne comme résultat un tissu à deux faces sensiblement pareilles, ne laissant presque pas distinguer l’endroit de l’envers, et dont la résistance est développée.
- Afin de compléter et de donner au tissu « Cheviolte Jersey » l’illusion du drap, dit l’inventeur, il suffit de le tisser avec du fil de torsion dite inverse. Le métier circulaire tournant à droite, ce fil à torsion inverse contrarie la torsion du tissu; en définitive, peu de maille et beaucoup de bridet.
- Produit dénommé « Corione », applicable au dégraissage des laines et tissus de toute nature, au lessivage de tous genres de tissus,
- Par M. Azémar.
- Ce produit qui peut servir à un grand nom-
- bre d’usages, d’après le titre du brevet, se recommanderait aussi par la simplicité et la facilité de sa composition, qui est la suivante:
- 40 p. 100 de carbonate de soude à 90-62° • 2 de sel ûn marin ou d’urine hu-
- maine ;
- 9 d’eau suinteuse, dans laquelle il
- a été dissous 2 kg. 500 de savon ;
- 49 d’eau suinteuse provenant des
- trempages des peaux de mouton en suint.
- — C’est bien de la complication pour faire un bain savonneux de carbonate de soude.
- On a le choix entre du sel et de l’urine (qui se ressemblent en effet). Nous préférerions le sel fin, mais avec un peu de poivre.
- PROCÈDES DIVERS
- Bruns et Bleus diamïne
- diazotés et développés
- Nous avons exposé dans notre n° du 10 mai (p. 66), la nouvelle méthode indiquée par la « Manufacture lyonnaise » de matières colorantes pour transformer les teintes de ses couleurs dites : Diaroine, en vue de lenr donner plus d’intensité et de solicité.
- Nous donnons ci-dessous une première partie des échantillons que nous avons annoncés, avec indication sommaire des procédés suivis-, le détail de ces opérations a été indiqué avec tous les développements nécessaires dans le n° du 10 mai, auquel nos lecteurs voudront bien se reporter.
- ire en
- Brun-diamine V, à 3 0/0.
- (Voir plus loin le mode d’emploi de ce nouveau colorant).
- Bruns
- ire comme ci-dessus t/tie).
- la
- Tein même Diazotage.
- Développement à la Chrysoïdine A G.
- Noir-bleu-diamine E, à 4
- Teinture en
- Bleus
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- Teinture comme ci-dessus (même partie).
- Diazotage.
- Développement en Naphtylamine-Ether.
- Ces échantillons, avant et après développement, permettront de faire des essais comparatifs sur les nuances et sur la solidité des teintes ainsi transformées.
- Notre prochain numéro présentera des échantillons de Noir-diamine R O, et Noir-diamine B O, également en teintes naturelles, et après diazotage et développement.
- Brun-Diamine V
- La « Manufacture lyonnaise » vient de joindre à sa série de couleurs diamine, le Brun-Diamine V, qui, comme les autres produits de cette série, est un colorant direct pour coton, et comme eux, jouit d’une bonne solidité au lavage, à l’air lumineux, aux acides, et nécessairement aux alcalis, puisqu’il monte sur bain alcalin.
- Il donne un brun-prune foncé bien tranché, et dans les tons demi-clairs, des nuances se classant dans les corinthes et aubergines. (Voir l’échantillon ci-dessus).
- Se nuançant avec les autres couleurs de sa série, il peut être avantageusement utilisé comme fond et en mélanges pour nuances foncées, en remplacement du cachou ; le procédé de teinture est alors bien simplifié, et les fibres conservent mieux leur douceur.
- Teinture du coton, du lin, de la ramie, etc.
- Les fibres végétales se teignent au bouillon sur bain alcalin ou neutre ; on peut ajouter au bain pour 100 kil. de matières éteindre :
- Cristaux de soude........... 5 kil.
- Sulfate — .................. 15 —
- Notre échantillon est à 3 0/0 de colorant ; avec 4 0/0 on arrive au Prune ; le bain ne s’épuise pas entièrement, quoique la couleur se tire assez bien.
- Elle commence par donner un rouge vineux, et monte successivement au Corinthe et au Prune (Paliacat).
- Nous avons vu plus haut que cette teinte se diazote et se complète suivant le nouveau procédé qne nous avons exposé.
- Elle peut aussi servir de fonds pour nuan-Çage aux couleurs basiques d’aniline.
- Teinture de la laine
- Cette teinture se fait au bouillon , avec addition au bain de 10 0/0 de sulfate de soude.
- La teinte résisterait au foulon.
- Teinture de la soie
- La soie se teint avec addition de 5 à 10 0/0 fie sel marin, à 50-60 degrés.
- On obtient de jolies teintes Corinthe.
- Tissus soie-coton
- C’est surtout pour ces mélanges que ce genre de couleurs est unie, les deux textiles se teignant ensemble et sans mordant ; toutefois le coton se couvre plus que la soie.
- Ajouter au bain :
- Phosphate de soude....... 5 0/0
- Savon..................... 2 0/0
- Les eaux de cuites et de décreusage peuvent se substituer a^ec avantage au savon.
- Le Brun-Diamine produit sur ces mélanges un brun corsé. Le Bleu-Diamine le nuance en un Prune très nourri.
- Teintes composées à base de Brun-Diamine V.
- Ces combinaisons sont nombreuses ; nous ne pouvons qu’en donner quelques exemples :
- Mode verdâtre
- Brun-Diamine V............ 1 0/0
- Thioflavine S............. 2 —
- Bronze
- Doubler les quantités ci-dessus.
- Grenat corsé
- Brun Diamine V............. 1 0/0
- Rouge solide Diamine F.... 3 —
- Brun foncé
- Brun-Diamine V............. 2 0/0
- Brun pour coton N.......... 3 —
- Bistre
- Brun-Diamine V......... 2, 0/0
- Noir-Diamine RO............ 2 —
- Etc., etc.
- Pour tous ces mélanges, on teint comme il est dit plus haut pour le Brun seul.
- Verts sur Soie
- Les verts s’annoncent comme devant être très portés principalement en articles de soie.
- On possède une grande variété de verts artificiels tout formés et qui répondront à la plupart des besoins ; il suffira le plus souvent de les nuancer avec un jaune.
- Voici cependant quelques formules de verts pour mélanges, applicables aux soieries :
- Vert-Cigale
- Pour un bain de 100 litres d’eau :
- Savon coupé (de dégommage) 10 litr.
- Bleu-Victoria 5 B............. 60 gr.
- Jaune-Naphtol S............... 30 —
- Acide acétique............... 250 —
- Teindre à 50-60 degrés, jusqu’à nuance.
- Les verts dits : Inséparable, Pivert, Sarcelle, Versicolore, se font sur le même bain, mais en
- poussant davantage le ton. Nous les avons cités en commençant par les moins foncés. Le Cigale est le plus clair.
- Vert-Longchamps Egalement pour 100 litres de bain :
- Bleu-Lumière................. 60 gr.
- Tartrazine................... 40 —
- Acide acétique.............. 250 —
- Les verts Epsom et Capillaire sont les mêmes teintes, plus hautes de tons.
- Cette gamme est à reflets plus jaunes que la précédente partant du Cigale.
- Vert pour soie-coton
- Mordancer au tannin et à l’émétique, puis
- teindre sur le bain :
- Eau....................... 100 lit.
- Phosphate de soude........ 100 gr.
- Borax....................... 100 —
- Bleu de méthylène......... 40 —
- Jaune de naphtol............. 20 —
- Ce vert est sous prédominence marquée de jaune ou de Lieu ; pour obtenir l’un de ces reflets, modifier en conséquence la proportion des colorants.
- Résinate de fer
- pour enduits divers, et pour fabrication d'un cirage neutre.
- L’auteur, M. F. Bense, recommande pour la fabrication d’un cirage sans acide, un résinate de fer, qui aurait la propriété de bien couvrir le cuir, et de lui donner un beau noir.
- Ce résinate s’obtient en dissolvant à l’ébullition :
- Colophane................. 2 kil. 500
- Cristaux de soude........ 1 —
- Eau....................... 10 litres.
- et mélangeant cette dissolution avec la suivante :
- Sulfate de fer........... 2 kil.
- Eau...................... 5 litres.
- Les deux dissolutions étant mélangées un peu chaudes, il se produit un magma savonneux qu’on enlève du liquide après refroidissement, et qui constitue le résinate de fer.
- Ce savon résino-métallique peut trouver des applications dans la fabrication des bâches et des prélarts.
- Quant au cirage, on le prépare en faisant la dissolution :
- Caséine (fromageblanc, frais) 1,600 g.
- Cristaux de soude................. 600 g.
- Eau................................. 5 lit.
- Faire fondre à chaud, ajouter :
- Noir animal................ 14.500 gr.
- Glucose..................... 7.500 gr.
- Huile d’olives.............. 1.250 gr.
- Résinate de fer............... 500 gr.
- 11 est à remarquer que le tant précieux ré-I sinate est en bien faible proportion dans cette j formule.
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
- CAUSERIES CONFRATERNELLES
- Sur l’art du Teinturier-Dégraisseur
- PLUMES DE PARURE
- (Suite)
- Nous nous occupons toujours de la plume brute pour le cas où son travail nous tomberait par hasard et il nous sera utile de le connaître quand nous arriverons à la plume re-teinte.
- Blanchiment. — Les plumes qui doivent être blanchies n’ont pas eu besoin de passer à l’acide et à l’amidon ; il suffit qu’elles aient été parfaitement lavées à l’eau et au savon.
- On blanchit non-seulement les plumes grisâtres, mais les gris foncés et noirs de vautour-, c’est plus qu’un blanchiment, c’est une décoloration.
- On blanchit à froid, dans des petits bacs en bois : le local doit être aussi frais que possible.
- On emploie l’eau oxygénée pure (à 10 ou 12 volumes d’oxygène) additionnée d’une trace d’ammo:,iaque, soit 5 à 10 gouttes par litre de bain.
- Les plumes y sont baignées sans les tasser, et on les laisse ainsi 6 à 10 heures, en les retournant ou déplaçant de temps en temps.
- Elles deviennent, dans ce bain, d’un blanc un peu jaunâtre, auquel on peut se tenir pour certaines teintes. Mais pour les bleus clairs et pour rester en blanc, il faudra compléter ce blanchiment.
- Après rinçage on les passe à l’amidon, comme il a été dit précédemment, puis elles sont séchées en évitant la chaleur, et enfin bross ées pour faire tomber l’amidon.
- Alors les plumes sont plongées dans de la benzine et séchées à l’air ; la benzine, en s’évaporant, active le blanchiment et donne aux plumes l’aspect soyeux blanc que l’on connaît.
- C’est ainsi que^les plumes noires de peu de valeur ont été transformées et qu’elles sont employées aujourd’hui aux mêmes usages que les blanches naturelles.
- Plumes à reteindre
- Les plumes à reteindre ne sont reçues que pour noirs, ou pour couleurs ne nécessitant pas de dégradage.
- Il est à remarquer que le duvet se démonte assez facilement, mais que les côtes conservent les teintes acquises et résistent aux agents de dégradage ; on a même- utilisé cette propriété pour produire des effets assez originaux, où les côtes et le duvet sont de teintes différentes.
- Les plumes à reteindre seront tout simplement lavées dans un bain tiède et léger de carbonate de soude et de savon, et bien rincées.
- Il est bon ensuite de les passer à l’acide oxalique suivant le procédé que j’ai indiqué
- pour la plume brute, mais ayant à passer par des bains de teinture, le plus souvent acides, cela n’est pas toujours nécessaire.
- Teinture des plumes
- Les plumes neuves brutes lavées, ou lavées et décolorées, et les plumes à reteindre lavées comme il vient d’être dit, se teignent par les mêmes moyens, et nos procédés s’appliquent indistinctement aux unes ou aux autres.
- Pour la teinture des plumes, on se sert de petites bassines allongées ayant 60 à 80 c[m de longueur sur 20 à 30 c/m de largeur et autant de profondeur ; elles sont à volonté à feu nu ou à double fond de vapeur.
- Leur forme permet d’y entrer de longues plumes ; tout en employant un bain assez court, et afin de limiter la consommation des couleurs, car les bains doivent toujours être très chargés en matière colorante.
- Noir au campêche
- Les plumes lavées et dégraissées sont trempées pendant une nuit dans un bain de rouille monté avec :
- Rouille pour soies à A5°... 2 litres
- Eau...................... 6 —
- Ce bain doit être à 14 degrés du pèse-sels.
- En sortant du rouille, on rince sur deux eaux, puis sur une troisième dans laquelle on ajoute un verre d’ammoniaque par seau d’eau ; enfin, sur deux ou trois autres eaux.
- Cet ensemble de rinçages doit être très soigné.
- Puis on teint avec :
- Extrait de campêche... 300 gram.
- Extrait de bois jaune... 50 — Eau.................... 10 litres
- On entre à tiède, et on pousse assez vite au bouillon ; le noir monte rapidement ; on continue néanmoins le bouillon une bonne demi-heure.
- Après teinture, on lave les plumes et on les savonne jusqu’à ce qu’elles ne dégorgent plus, et on rince sur savon en eau chaude.
- Enfin, pour fixer le noir, on passe les plumes deux ou trois minutes dans un bain chaud
- monté avec ;
- Bi -chromate............... 60 gr.
- Eau........................ 10 litr.
- Puis, rinçage définitif.
- Passage en amidon.
- Malgré sa complication apparente, cette teinture se fait encore assez facilement, et donne un beau noir.
- Noir aux anilines
- Ce noir est plus incertain : les teinturiers habitués à en faire usage en obtiennent de bons résultats, mais il faut de l’habitude, et juger à la façon dont la teinte monte, des proportions de couleurs à employer, car toutes les plumes ne se comportent pas identiquement dans un même bain de teinture.
- Voici le procédé, avec des proportions
- moyennes :
- Vert acide B................ 20 gr.
- Orange R.................... 10 —
- Acide sulfurique............ 20 —
- Eau......................... 10 litr.
- Teindre au bouillon : on doit arriver dans ce bain à une couleur bronze foncé ; on la vire au noir dans un second bain monté avec :
- Fuchsine acide B............... 5 gr.
- Acide sulfurique.............. 20 —
- Eau........................... 10 litr.
- Ce bain se donne à tiède, il doit terminer le noir.
- On rince, et on passe à l’amidon.
- Ce procédé est plus rapide que celui au campêche, mais plus coûteux, à cause de la concentration des bains, et enfin, je ne le donne pas comme très sûr, pour qui n’en a pas une certaine expérience.
- C’est le premier bain qui doit donner presque toute la teinte : la fuchsine n’est qu’un nuançage.
- Plumes en couleurs
- On teint aux couleurs d’aniline, sur bains acides et au bouillon.
- En général, la plume se teint comme la laine et au moyen des mêmes colorants d’aniline, parmi lesquels il faut cependant préférer les couleurs acides. J’ai dit plus haut que les bains de teinture doivent être concentrés.
- Pour couleurs foncées, on a encore recours à l’orseille, au carmin d’indigo, au terra, avec avivage aux anilines.
- En voici des exemples, applicables en général aux autres grosses couleurs, pour lesquelles il n’y a qu’à modifier la proportion des colorants.
- Gros bleus. — On prépare un bain acidulé au sel d’oseille (5 grammes par litre) de préférence à l’acide sulfurique. On porte ce bain à l’ébullition, et on y entre la plume.
- On y verse d’abord du carmin d’indigo, puis successivement un mélange de carmin et de bleu acide. Pour brunir, on ajoute de l’orseille, mais en très petite quantité, car son effet est très sensible ; toutefois, l’orseille tire lentement et il faut lui laisser le temps d’agir -, il ne faudrait donc pas en forcer la quantité parce que son reflet ne se montre pas assez vite.
- Si l’on a trop mis d’orseille, il faut donner un second bain bouillant avec un peu de carmin d’indigo et de bleu acide.
- La belle autruche blanche se teint très bien par ce moyen, mais l’autruche un peu usée et surtout la grise, bronzent par l’emploi du bleu acide ; il faut alors remplacer celui-ci par du violet de Paris très bleu et forcer plutôt sur le carmin et l’orseille.
- Certaines plumes d’un même lot sont plus rougeâtres ou plus verdâtres que les autres ;
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- LA REVUE DE LA TEINTURE
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- il est donc bon de sécher le lot et de tirer les plumes par ordre de nuances, pour traiter chaque espèce séparément, faisant bouillir plus longtemps dans le bain primitif les plus dures, ou pas assez rougeâtres, et donnant au contraire un bain bouillant de carmin d’indigo à celles qui le sont trop.
- Prune — On teint la plume dans un bain acidulé à l’acide sulfurique, avec de l’orseille, du carmin d’indigo et du campêche et un peu de bleu acide, de façon à avoir un grenat très foncé presque noir.
- On rince alors la plume, et on la violette dans un bain chaud de carbonate de scude (10 grammes par litre, à 50 60 degrés). Pendant cette opération, l’orseille passe du rouge au violet, le campêche tire au noir, et le carmin d’indigo disparaît en partie.
- Ce virage, toutefois, est délicat et ne réussit bien qu'entre des mains habiles.
- Si l’on ne cherche pas une teinte très corsée, il vaut mieux employer le Prune d’aniline, ou couleur directe, qu’on emploie avec l’acide acétique et qu’on brunit avec du bleu-noir (induline) ; on la porte au bleu ou au rouge, soit avec le bleu acide, soit av'c l’éosine.
- Grenat. — S’obtient avec orseille seule montée à l’acide sulfurique.
- Caroubier. — Tous ces gros rouges se font avec pied d’orseille et nuançage en fuchsine.
- Marrons. — Employer l’orseille, le carmin d’indigo et le terra, sur bain acidulé.
- Gris divers. — Mêmes éléments en variant les proportions relatives, et diminuant les doses.
- Anilines. — Je reviens pour mémoire sur l’emploi des anilines, qui offrent les plus grandes ressources pour ce genre de teinture, et avec lesquelles on peut faire à peu près toutes les nuances.
- Finissage
- Le dernier travail des belles plumes est toujours le passage en amidon (ainsi que je l’ai décrit), soit pour les plumes teintes, soit pour celles qui restent en blanc : cela constitue l’apprêt spécial de ces articles.
- Ce procédé, toutefois, ne serait pas pratique pour les petites plumes en vrac : celles-ci sont mises dans une bassine que l’on chauffe modérément et elles y sont vigoureusement retournées (comme une salade) avec des baguettes en bois.
- Les plumassiers ont même pour cela un outil spécial ; c’est un cylindre ovale en cuivre, avec couvercle bombé et percé de trous (pour faciliter la dessiccation) ; il est chauffé par un double fond de vapeur ; l’intérieur est traversé par un arbre muni d’ailettes et recevant son mouvement du dehors ; il produit 1 a-gitation des plumes qui épanouit plus ou moins le duvet, pendant que la chaleur le sèche.
- Frisage
- Les plumes sont enfin frisées, soit à la façon
- des coiffeurs, à l’aide d’un fer à friser chaud, soit en frottant contre chaque barbe l’arête d’un couteau en os, que l’on appuie sur la partie interne (de dessous) de la côte, le dessus étant retenu par le pouce de la main qui tient le couteau.
- Mais avant, il faut diminuer l’épaisseur de la grosse côte (la lance), qui, dans l’intérieur de la plume neuve, fait une saillie disgracieuse et gênante. Pour cela, avec un couteau plat et flexible, on fait tomber cette partie saillante, qui est facile à trancher.
- C’est ensuite que l’on frise.
- Et tout le travail de la plume se trouve ainsi terminé.
- Maurice GUËDRON
- CHRONIQUE INDUSTRIELLE
- LES COULEURS D’ANILINE
- DANS LA FABRICATION DU PAPIER
- (Suite (1)
- Si l’on veut colorer à l’aniline des papiers contenant beaucoup de pâte mécanique, sans avoir à craindre que la présence de ce bois devienne trop apparente, comme nous l’avons expliqué plus haut, il faut d’abord que la quantité de bois mécanique nécessaire soit soumise, pendant un temps assez court, à l’action des meuletons. Pour cela, on y ajoute une certaine quantité d’acétate d’alumine, puis on soumet le mélange pendant quelque temps au broyage sous les meuletons. C’est le meilleur moyen de rendre la pâte susceptible de prendre les rouges et les bleus d’aniline. On accroît la résistance à la lumière des couleurs d’aniline et des pâtes à papier teintes avec elles, tout en obtenant des tons très beaux et très vifs, en produisant des combinaisons des couleurs d’aniline avec les couleurs volumineuses, que nous avons mentionnées plus haut. On peut employer les premières à rendre les secondes plus brillantes et plus vives. Par exemple, les pâtes colorées au bleu de Prusse acquièrent les nuances les plus belles et les plus éclatantes à l’adjonction du bleu d’aniline. On se sert spécialement pour cet usage du bleu désigné sous le nom de Rleu de Paris artificiel.
- De même les noirs à l’extrait de campêche, au sulfate de 1er et au bichromate de potasse deviennent plus vifs et plus intenses, quand on y ajoute une couleur d’aniline connue sous le nom d’extrait de campêche artificiel. On obtient un vert superbe et vraiment éblouissant, en colorant d’abord la pâle du papier au jaune de chrome, puis en y ajoutant du vert d’aniline (vert méthyl, vert malachite, vert Victoria). Il existe encore d’autres combinaisons qui, entr’aùtres, donnent aussi les nuances olive, gris tourterelle, rouge brun,etc. On obtient anssi un beau bleu en mêlant du
- (1) Voir numéros du 25 avril et 10 mai, p. 63 et 70.
- vert et du violet d’aniline, ainsi qu’un superbe rouge, voisin de l’écarlate, avec la fuchsine diamant et l’éosine jaunâtre.
- Pour colorer plus facilement et proprement d ans la pile, on évite l’emploi des récipients en bois et l’on emploie de préférence des vases en terre ou en verre, bien que leur fragilité oblige à plus d’attention. Pour conserver les solutions de couleurs et dont il reste une certaine quantité, on les met dans des ballons en verre bien bouchés et contenus dans des paniers. Dans des vases ouverts, la solution se concentre par l’évaporation, ce qui occasionne des erreurs quand on a de nouveau l’occasion d’employer la couleur.
- En ce qui concerne le travail sur machine de la pâte à papier colorée, nous n’avons à donner ici que quelques conseils pratiques. Plus on prend la pâte fraîchement colorée, plus la nuance du papier parait vive. Il convient donc de n’avoir jamais dans les cuviers une grande réserve de pâte de couleur, mais de colorer les pilées au fur et à mesure et de les vider à temps pour que la machine ait de quoi travailler pendant une couple d’heures. On fait branler la table un peu fort pour que la pâte se répartisse bien également sur la toile, ce qui aide à régulariser la teinte. Les aspirateurs doivent bien travailler afin que les presses n’aient pas à agir trop énergiquement, les feutres absorbant dans ce cas un excès de couleur qu’ils perdent ensuite en donnant à la teinte du papier un aspect nuageux. Les feutres de presses ne doivent pas être trop usés parce que les tissus sans poils marquent facilement sur certaines couleurs, par exemple le rouge brique et le bleu.
- BREVETS RECENTS
- Intéressant les industries tinctoriales
- Alexander Smith and sons Carpet Company. _ 209763, 25 novembre 1890. — Machine servant à laver, nettoyer ou décruer les fils filés ainsi que d’autres matières.
- Skene et Devallée. — 209796, 29 novembre 1890. — Perfectionnements aux machines à laver les textiles en général et particulièrement la laine.
- Bertrand. — 209936, 6 décembre 1890. — Machine à teindre en écheveaux le coton, la laine et autres textiles filés ou peignés, les écheveaux ne recevant aucun mouvement:
- Pick. — 209965, 3 décembre 1890. — Procédé et appareil pour blanchir, teindre, imprégner, etc., des fils de tous genres en bobines.
- Gillet (les sieurs). — 210103, 9 décembre 1890. — Chromos ou nouveau genre de teinture sur tissus de toute nature.
- Wilson (les sieurs). — 210116,10 décembre 1890. — Méthode ou procédé, et appareil pour le blanchiment, la teinturô ou autre traitement des matières fibreuses.
- D. Gantillon et Cie. — 210129, 10 décem-
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- bre 1890. — Machine à apprêter simultanément à la règle et en mandarine les tissus de soie pure ou mélangés de laine ou de coton, j et principalement l’article satin,
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- Arnott, Olivier et Seagrave. — 210216, 15 décembre 1890. — Procédé pour le lavage et le nettoyage des laines et autres matières fibreuses contenant des substances grasses.
- Binder et Jalla. — 210227, 15 décembre 1890. — Genre de tissu bouclé à rayures avec des effets de couleurs produits par impression ou par teinture avant tissage.
- Voland frères. — 210233, 17 septembre 1890. — Obtention de moire sans traçage pour toutes étoffes à grain.
- Lerocher et fils. — 210235, 18 décembre 1890. — Teinture de la soie dans les bassines de filature.
- Lowe. — 210246, 16 décembre 1890. — Procédé de traitement des fibres en cellulose telles que le coton.
- Kirk et Lee. — 210335, 19 décembre 1890.
- — Méthode et appareil pour finir les dits italiens et autres similaires.
- Van Cauwelaert. — 210440, 27 décembre 1890. — Système de décoration dit : Tissus-manie.
- Lefebvre-Gariel père et fils, et Jacqueau .
- — 210523, 30 décembre 1890. — Application du procédé d’imperméabilisation par le caoutchoutage et principalement au feutre à semelles.
- Certificats d'addition.
- Richard-Lagerie. — 204155, 1er décembre 1890. — Brevet du 7 mars 1890., pour une nouvelle application permettant de teindre ensemble les matières animales et végétales et d’y développer de nouvelles nuances.
- Société dite : la Teinturerie Stéphanoise.
- — 194033, 17 décembre 1890. — Brevet du 6 novembre 1888, pour une machine à teindre les tissus en utilisant le matériel actuellement en usage dans cette industrie.
- Maistre et Campagne. — 208790, j7 décembre 1890. — Brevet du 11 octobre 1890, pour recueillement de l’indigo non fixé sur les mattères textiles, d’utilisation immédiate de cet indigo, de teinture directe et de dégraissage à l’aide d’un produit savonneux spécial.
- INFORMATIONS ET FAITS DIVERS
- Chambre syndicale de la teinture et du nettoyage. — Extrait du procès-verbal de la séance du U mai 1891. — Communication d’une circulaire du Syndicat général, invitant la Chambre à mettre à l’ordre du jour de ses travaux l’étude des questions relatives aux contrats du travail, aux institutions de prévoyance et d’as urances.
- Lettre de M. Rouchon, membre adhérent, de Bordeaux, se rapportant à l’idée de réunir des renseignements confidentiels, sous la garde discrète du président, sur les gérantes et comptables de la teinture.
- M. Rouchon propose d’établir une série de phrases conventionnelles pour échanger entre patrons des renseignements sur les ouvriers et employés, sans risquer ni indiscrétions, ni ennuis résultant de la divulgation du renseignement donné.
- Le Comité prend note de cette communication pour en faire profit le jour où viendrait à être discuté le projet d’un répertoire de renseignements.
- LA REVUE DE LA TEINTURE
- De plu9, il fait remarquer que, jusqu’à présent, le Comité a eu en vue de réunir des renseignements seulement sur la probité, l’honnêteté des employés ou gérantes, et que, bien entendu, ces renseignements ne seraient donnés que de vive voix.
- M. Fleury, ainsi que cela loi avait été demandé à la dernière séance, s’est procuré la loi de décembre 1890, relaiive aux conven tions entre patrons et ouvriers. Cette loi n’est pas très explicite, et paraît avoir visé surtout les agents des Compagnies de chemins de fer.
- Notre collègue pense qu’il faut attendre l'interprétation qui en sera faîte par les tribunaux, aussi bien que la nouvelle rédaction qui pourrait sortir de l’étude actuellement suivie par la commission supérieure du travail.
- Un secours éventuel de 30 fr. est voté en faveur d’un ouvrier, M. Eugène Sueur, et qui lui sera remis s’il n’est pas établi que son ancien patron l’aide de son côté, comme on croit le savoir.
- —o—
- Chambre syndicale des maîtres telnturlers-dégralsseurs de Lyon.
- — Le Syndicat lyonnais célébrera son banquet annuel, le 14 juin courant, au restaurant du Château-Rouge, quai des Etroits.
- Le banquet de l’an passé, dont nous avons rendu compte, a été des mieux réussis, et nous ne doutons pas que celui-ci rencontre le même succès.
- La Chambre syndicale de Lyon est toujours très vivante : elle compte 26 membres actifs, exclusivement recrutés parmi les teinturiers lyonnais, et 60 membres honoraires, la plupart teinturiers en d’autres villes.
- Elle offre un exemple de groupement corporatif des teinturiers-dégraisseurs, qui pourrait être imité dans plusieurs autres grands centres.
- Ses frais d’administration sont peu élevés, ainsi, par conséquent, que les cotisations de ses adhérents.
- Cette année, elle a résolu à l’amiable, avec les délégués ouvriers, la question du travail, et elle a encore affirmé sa résolution de ne pas laisser empiéter sur elle les professions voisines.
- Elle compte néanmoins de nombreuses sympathies parmi les membres de ces autres professions, qu’elle admet comme honoraires.
- Les adhésions pour le banquet sont reçues chez MM. Patin, Grande-Rue de la Guillo-tière, 12, et Abric, place Saint-Jean, 6.
- Grawitz à Laval. — Un procès en contrefaçon des noirs d’aniline, et sur le modèle connu, était intenté par Grawiiz contre MM. Lecomte et Duchemin, de Laval : les défendeurs demandaient qu’une expertise soit ordonnée ; M° Pouillet, avocat de Grawiiz, s’y opposait, préférant considérer comme bonnes celles qui, jusqu’à présent, ont toujours été en sa faveur.
- En première instance et sans juger au fond, le tribunal de Laval a donné gain de cause â MM. Lecomte et Duchemin, en ordonnant l’expertise qu’ils demandaient. Appel de ce jugement a été interjeté par Grawitz devant la Cour d’Angers ; et toujours sans engager le fonds, M* Pouillet a déclaré que son client repoussait l’expertise parce qu’elle éternisait les procès, et qu’elle l’obligeait à consigner les frais qu’elle comporte. A cela, M« Allard, avocat des défendeurs,répliqua qu’il était disposé à faire les avances de ces frais ; cette offre fut acceptée par Me Pouillet, et à condition que
- les experts déposeraient leur rapport dans un délai maximum de six mois.
- Devant cet accord, la Cour d’Angers n’a du que juger conforme, et a confirmé l’arrêt du tribunal de Laval, à ces dites conditions que les défendeurs consigneraient les frais de l’expertise, et que celle-ci serait terminée dans six mois au plus tard
- Ainsi, chacun garde encore ses positions mais nous voyons avec plaisir que ce sont plutôt les conclusions de MM. Lecomte et Duchemin qui ont été adoptées par les deux juridictions.
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- L’Industrie des Impressions sur étoffes aux Etats-Unis. — Les nouvelles du Massachusetts et de Rhode-Island en ce qui concerne la situation de l'industrie des impressions sur étoffes, sont désolantes. D’après « Bradstreets », les prix obtenus actuellement sont presque les plus bas qu’on ait jamais vus. 11 y a trois ans déjà que les stocks s’accumulent d’une façon continue, s’élevant de 32,000, à ce moment de l’année 1888, à pièces 568,000 à ce jour.
- Les choses, toutefois, n’en sont pas encore au triste point où elles étaient en 1884 1886 époque où les prix descendirent au-dessous de 1 1/2 penny la yard, et où les stocks montèrent jusqu’au chiffre effrayant de 1,414,000 pièces.
- Depuis la récente baisse, le prix le plus infime qui ait été coté, pour un tissu de 64 sur 64. par exemple, est de 1 1/2 penny la yard. Malgré des conditions aussi décourageantes, les fabricants n’ont pas cessé d’atteindre leur production courante, laquelle représente une moyenne hebdomadaire d’environ 200,000 pièces, pour toutes les maisons réunies.
- Le projet présenté à la Législature d’Etat du Massachusetts, en vue de réduire, de 60 à 56, les heures de travail pour la semaine entière, a été vigoureusement repoussé par les manufacturiers, qui ne sont pas du tout disposés à voir cette mesure soumise à un seul Etat isolément.
- Ils désirent que la loi, si elle subit une modification dans ee sens, vise sans exception tous les Etats où la fabrication des étoffes du coton est exploitée.
- Nécrologie. — On annonce la mort, à New-York, de M. Edgard Holliday, membre de l'importante maison Reed Holliday and Sons, fabricants de couleurs d’aniline, à Hud-dersfield.
- M. Holliday avait créé cette industrie en Amérique, et avec cette particularité qu’il devait fabriquer toute la série des produits dérivant du goudron de houille pour arriver aux bases colorables, alors qu’en Europe la fabrication des bases constituait une industrie différente de celle de leur transformation en couleurs. »
- L’Exposition universelle de 1867 avait une fort belle collection de ces produits à tous leurs états, de la fabrique Holliday, et il nous en est échu quelques reliefs que nous possédons encore.
- La maison d’Uddersfield est toujours l’une des plus importantes d’Europe.
- Le Gérant : F. Gouillon. Tous droits réservés
- Imprimerie C. COLIN, à Charleville (Ardennes).
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- LA REVUE DE
- LA TEINTURE
- SOMMAIRE
- Chronique. — Nouvelle théorie de la teinture (suite). — Blanchiment parles sulfures. — Cylindre d’apprêt.
- Procédés divers : Noirs-diamine cliazotés ; Noir d’Anthracite ; Bronze sur laine ; Teinture des vareuees d’officiers. — Causeries confraternelles sur l’art du teinturier-dé-graisseur.
- Chronique industrielle. — Société Industrielle de Mulhouse. — La fabrication et le commerce des châles. — Brevets récents (catalogue). — Informations et Faits divers.
- CHRONIQUE
- Lorsque notre précédent numéro est paru, le régime des soies que nous annoncions être en discussion, venait d’être résolu à la Chambre, et était déjà connu des intéressés.
- Nous devons cependant, pour mémoire, enregistrer ces décisions, la Revue de la Teinture étant un recueil documentaire sur lequel on doit retrouver plus tard la trace des principaux faits intéressant l’histoire de nos industries.
- Dans la séance du 9 courant, l’exemption de tous droits a été votée à mains levées pour les cocons frais et les cocons secs, puis, au scrutin, par 396 voix contre 116 sur les soies grèges étrangères.
- On a mis ensuite, sans débats, un droit de 300 fr. par 100 kilos sur les soies ouvrées ou moulinées. On a exempté les bourres de soie en masse, et on a taxé à 10 fr. par 100 kilos les bourres de soie peignée.
- Les éducateurs de vers à soie auront une petite compensation avec les primes à la sériciculture indigène.
- La suite des discussions douanières n’a intéressé jusqu’à présent que les produits alimentaires.
- * *
- Le temps se remet enfin au beau, et l’on nous dit de Roubaix-Tourcoing que cela va favoriser l’écoulement du stock de toute nature qu’il y a sur place. Toutefois, la fabrique ne semble pas encore avoir reçu de demandes importantes. On compte sur une reprise qui devient bien nécessaire.
- A Fourmies, les commissions pour l’hiver s’exécutent et commencent à se livrer. Quelques affaires ont été proposées pour la saison d’été, mais l’accord est difficile par la disproportion qui existe entre les prix que l’on voudrait payer et ceux de la matière première.
- Le bulletin commercial de mai publié par la Chambre de commerce d’Elbeuf, mentionne que la fabrication a été en pleine activité pendant le mois. Les teintures, les filatures et les tissages ont été grandement occupés. Ce résultat est dû à la consommation plus grande du cardé dans la nouveauté. Les draps de couleurs et d’administration, les che-viots et les draps de dames ont gardé les excellentes positions des mois précédents. Les draps noirs seuls, tout en maintenant leur chiffre, n’ont pas présenté d’augmentation. Il s’est traité en exportation, comme les années précédentes, quelques affaires en nouveauté, principalement pour le Brésil.
- L’irrégularité de la saison a nui beaucoup aussi à la vente des cotonnades à Rouen ; la persistance du froid a surtout été défavorable à l’indienne, et : pour les articles du printemps, c’est une saison à peu près manquée. On commence à échantillonner pour l’hiver.
- Les affaires sont toujours languissantes à Mulhouse, tant en fils qu’en tissus.
- A Lyon, le marché soyeux a conservé son caractère d’incertitude ; cependant le vote de la Chambre, qu’on prévoit bien ne pas être modifié au Sénat, a décidé quelques transactions à terme. La fabrique, qui n’a pas cessé d’avoir un petit courant satisfaisant, consomme plus qu’elle n’achète, et cela ne peut préparer qu’une reprise sérieuse.
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- Les nouveautés si jolies, si fines de coloris et de tissus, sont bien faites, du reste, pour faire apprécier toutes les créations nouvelles. Il se fait en petite faille les plus délicates nuances fleuries de minuscules bouquets de tleurs mélangées qui sont tout-à-fait de saison. Nous avons vu un bleu marine semé de fleurettes nouées par trois. Cette nouveauté va fournir des soies légères peu coûteuses et de vente facile ; il y en a . ainsi dans toutes les teintes.
- Pour robes de ville habillées, il y a aussi des taffetas glacés, des bengalines d’un très bel effet dans les tons gris cendré, mauve rosé, Üphélie et toutes les teintes douces et variées des anémones ; il y a un choix considérable de jolis tissus et de teintes délicates.
- D’après la carte des nuances pour la saison d’hiver prochaine, les verts deviendraient surtout en faveur, et comme toujours les teintes opposées, les complémentaires ou à peu près viendraient offrir un contraste harmonieux; ce sont les orangés qui remplissent ce rôle dans ladite collection. Les nuances sans caractères tranchés, ne visant pas à l’éclat, le fond des toilettes modestes, sont représentées parle genre beige.
- Les teintes de cette carte ne sont pas déterminées arbitrairement ; les auteurs placés à la tête de maisons de commerce de premier ordre, interrogent les tendances de la mode, voient dans quels sens la consommation se prononce, et ne font qu enregistrer les résultats de cette enquête.
- 11 arrive que les mêmes nuances se reproduisent plusieurs fois : cela tient à ce que le public leur maintient sa faveur, et ainsi qu’elles restent de mode.
- Telle est l’autorité de cette carte, qu’il s’en expédie chaque saison plus de six mille rien qu’à l’Etranger.
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- La carte débute toujours par une gamme de six tons d’une même nuance ; c’est la teinte principale de la saison. Cette fois, ce sont des verts dénommés : Cigale, Inséparable, Pivert, Sarcelle, Emeraude, Yersicolore ; ce sont des verts nets, sans prédominence de jaune.
- Des verts plus jaunes sont désignés : Longchamps, Epsom, Capillaire. 11 n’y a pas de verts-bleus. Les bleus eux-mêmes ne sont pas nombreux : le Vieux-bleu et sa dégradation Mésange reparaissent ; le Czar est un bleu franc, on pourrait même dire : Bleu de France.
- Les orangés sont : Paradis, Pomme d’or, Thermidor ; plus rouges : Mage, Crevette, Aspic. 11 n’y a que des jaunes très pâles, comme : Paille, Maïs, et des déblanchis : Ivoire et Crème.
- Les gris et modes, gravitant autour du type beige, sont les : Beige, Castor;
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- et plus jaunes ; Blondiiie, Furet, Vieil or, Dahomey, la gamme se complétant par les marrons : Tabac, Mordoré, Loutre.
- Les gris : Argent, Nickel, Platine sont encore debout, mais avec les nouveaux : Chamois et Malgache intermédiaires à ces gris métalliques et aux beiges.
- 11 nous reste encore des précédentes saisons les violets clairs : Mauve, Perse, et comme héliotropes rabattus : Alizier et Véronique.
- Enfin, les rouges et les roses sont à peu près ceux de la précédente (ou actuelle) saison.
- Les noms, quoique bien imaginés, ne sont pas, à la vérité, fort en usage ; le commerce désigne plutôt les nuances par leurs numéros. Si l’on veut du velours , un ruban et une plume pour une même coiffure, en nuance Néron (sorte de grenat), on demandera aux trois fournisseurs le n° 1243, et sans se concerter chacun livrera la même teinte.
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- Il vient de se fonder à Saint-Etienne une « Chambre syndicale des maîtres teinturiers », qui a son siège rue Faure-Belon, 4. Nous lui adressons nos sincères compliments de bienvenue, car nous voyons avec intérêt ces groupements dans nos professions.
- Signalons aux teinturiers en chiffonnage qu’une décision du ministre de la guerre prescrit aux officiers d’infanterie de changer la teinte de leur vareuse de petite tenue : il la faut maintenant en bleu plus foncé.
- En comptant les actifs et les territoriaux, c’est près de quinze mille vêtements à reteindre : voilà une mine à travailler, et dans les villes de garnison il sera facile de s’entendre avec les maîtres tailleurs de régiment.
- Le teinturier militaire (et toujours civil) deviendra une nouvelle spécialité.
- F. Gouillon.
- NOUVELLE
- THÉORIE DE LA TEINTURE
- de M. le Dr Otto M. Witt
- Par M. Bonna [Moniteur Industriel)
- (Suite.)
- « Qu’on ne pense pas, dit l’auteur, qne je considère des matières colorantes qui ne teignent pas directement certaines fibres comme insolubles dans ces fibres. Je crois, au contraire, que toutes les matières colorantes sont solubles dans les éléments constituants de
- teutes les fibres textiles. C’est même une base nécessaire à ma théorie, que toutes les matières colorantes solubles dans l’eau (je ne parle pas pour le moment de celles qui y sont insolubles) sont solubles aussi dans la fibroïne, la kéraline et la cellulose, éléments des trois fibres principales : la soie, la laine, le coton. Si une matière colorante y était complètement insoluble, il suffirait de laver la fibre, après l’avoir trempée dans la solution, pour l’avoir intacte comme auparavant, ainsi que cela arrive avec de la laine de verre. Or, cela n’arrive pas. Il faut, en tous cas, des lavages répétés pour enlever à la fibre la matière colorante dissoute.
- « Ma théorie n’est pas basée sur la solubilité ou l’insolubilité des matières colorantes dans les fibres textiles, mais sur la différence de solubilité des diverses matières colorantes dans les fibres d’une part, d’autre part dans l’eau Partant de là, je dirai que les matières colorantes substantives pour une fibre sont celles qui sont plus solubles dans la substance de cette fibre que dans l’eau, qui, par suite, sont tirées par cette fibre hors du bain de teinture.
- « En effet, les divers faits de la teinture peuvent se comparer à l’agitation de solutions aqueuses de telle ou telle substance evec de l'éther ou un solvant insoluble dans l’eau.
- « Si l'on agite une solution aqueuse de résorcine avec de l’éther, l’éther n’est pas dissous -, il est réduit en une foule de petits globules. Mais comme la résorcine est beaucoup plus soluble dans l’éther que dans l’eau, elle se transporte de celle-ci dans celui-là; il ne reste plus de résorcine dans l’eau.
- « La même chose se passe si nous introduisons de la soie dans une solution de fuchsine. La division complète est obtenue déjà par la forme de la fibre ; en outre, la substance en est colloïdale etosmotique, c’est-à-dire qu’elle permet au liquide de circuler dans ses espaces intermoléculaires. Aussi la fuchsine est-elle attirée par la fibroïne, qui la dissout bien, hors de l’eau, dans laquelle elle est moins soluble. Mais si nous ajoutons un réactif qui augmente la solubilité de la fuchsine dans l’eau, par exemple de l’alcool, nous atteindrons un point où la solubilité de la matière colorante dans le bain dépasserasa solubilité dans la fibroïne. La fuchsine alors ne sera plus absorbée par la soie, mais au contraire la fuchsine dissoute par la fibre abandonnera celle-ci pour revenir dans le bain.
- a Nous obtenons le même effet si nous diminuons, par un traitement préliminaire de la soie, la solubilité des matières colorantes dans celle-ci. C’est ce qu’on obtient en passant la soie dans du tannin : dans ce cas, nous avons combiné la soie à un corps capable de précipiter la fuchsine par affinité chimique, et cependant la soie tannée ne se teint presque pas en bain de fuchsine, car la puissance de
- dissolution de la matière colorante est presque complètement anéantie. »
- Si l’on admet cette nouvelle théorie de la teinture, on comprend aussitôt le but et la nécessité de toutes les pratiques ou tours de main employés dans la teinture : l’agitation des fibres dans le bain (correspondant à l’agitation avec i’éther), la nécessité d’un certain rapport entre la quantité de la fibre et celle du bain de teinture, etc.
- Si l’on agite une solution aqueuse de résorcine avec du benzol, la résorcine reste dans l’eau et ne passe pas dans le benzol. Ce n’est pas que la résorcine soit insoluble dans le benzol, mais c’est qu’elle y est moins soluble que dans l’eau — c’est l’analogue de ce qui se passe quand on trempe du coton dans une solution de fuchsine. De même qu'il y a très peu de résorcine qui passe dans le benzol, il n’y a que peu de fuchsine qui se fixe sur le coton.
- Comment expliquerons-nous que certains bains de matières colorantes ne puissent pas être épuisés ? N’est-ce pas une analogie avec l’agitation de la solution de résorcine?
- St nous ajoutons une solution aqueuse de résorcine avec de l’alcool amylique, celui-ci s’empare d’une partie de la résorcine, mais la réaction s’arrête longtemps avant que toute la résorcine ait passé dans l’alcool amylique. Si nous décantons la couche supérieure et que nous ajoutions de nouveau l’alcool amylique, la résorcine se partagera de nouveau entre les deux solvants, et on pourra répéter cela mainte fois sans réussir à enlever toute la résorcine à l’eau. La raison en est que l’eau et l’alcool amylique ont à peu près le même pouvoir dissolvant pour la résorcine et l’on atteint promptement le point où il y a autant de molécules de résorcine qui quittent l’eau pour passer dans l’alcool, qu’il y en a qui quittent l’alcool pour passer dans l'eau. Nous admettons que c’est le point final de la réaction, parce que rien ne nous montre qu’elle continue. L’analogie de ce’lait est frappante avec celui de teinture dans laquelle on ne peut jamais épuiser le bain.
- (4 suivre.)
- BLANCHIMENT DES FILS, TOILES ET LAINES
- PAR LES SULFURES ALCALINS
- Il y a fort longtemps déjà, nous avions signalé un procédé de blanchiment alors nouveau, basé sur l’emploi des polysulfures comme agents détergents et même décolorants.
- Ce procédé avait été indiqué par M. Moer-mann-Laubuhr, de Gand ; nous n’y avions accordé qu’un médiocre intérêt, et nous le croyions abandonné, lorsque récemment un blanchisseur de Belgique nous exposant sa méthode en vue d’en corriger un défaut, nous donnait l’emploi des polysulfures comme d’une
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- pratique usuelle, et sans lui attacher le caractère d’une particularité.
- Nous en conclûmes donc que cette méthode s’était implantée dans le voisinage de son auteur, qui l’avait fait breveter en Belgique, son pays.
- Et s’il en est ainsi, c’est qu’elle possède des avantiges pratiques, et il peut être alors intéressant de la faire connaître là où elle n’a pas pénétré.
- Signalons d’abord qu’elle n’est plus réservée par des brevets.
- L’auteur destinait son procédé au décreu-sage et au blanchiment à froid et à chaud des matières végétales et animales, mais ne l’avait appliqué en réalité qu’aux toiles et fils de lin et de chanvre.
- Marche du procédé
- Il est basé sur l’emploi d’un polysulfure alcalin : de préférence celui de sodium, comme étant le moins coûteux. On le prépare comme il sera dit plus loin.
- Les fibres textiles brutes, filées ou tissées sont d’abord imbibées plusieurs heures à chaud ou à froid dans un polysulfure plus ou moins dilué, ensuite rincées • après quoi on les met dans une dissolution acide, qui achève instantanément la décomposition du polysulfure et de l’hyposulfure, et dégage du soufre à l’état naissant et aussi de l’acide sulfureux.
- La réaction a lieu très bien et rapidement à froid, mais mieux encore à chaud, et sans action nuisible pour les fibres.
- Il se produit toujours un peu d’acide sulfhy-drique, mais son odeur empestante disparaît après qu’on a passé le fil dans le bain de rinçage ammoniacal.
- Ceci est le sommaire de la méthode ; voici maintenant l’ordre des opérations qu’il convient de suivre :
- 1° Immerger le fil ou la filasse pendant quatre à six heures et même une nuit, dans un bain de polysulfure de sodium à 6 degrés Baumé ; l’immersion doit être bien complète, et favorisée par le déplacement des fils.
- Il se produit déjà un dépôt de soufre qui commence l’action désincrustante.
- 2° Retirer les matières de ce premier bain, au-dessus duquel on les laisse d’abord égoutter un peu.
- Le bain sulfureux doit être conservé et simplement renforcé à chaque nouvelle passe.
- Après ce premier bain, on passe les textiles dans le second, qui est de l’eau pure, pour les y rincer, et bien débarrasser les filaments de l’excédent de polysulfure non adhérent et superflu.
- 3° De là on porte les fils ou tissus dans le bain acide, qui est formé d’acide sulfurique ou chlorhydrique, l’un ou l’autre à un quart de
- L’effet est immédiat, cependant il convient de prolcngeri’immersion une couple d’heures, et pendant ce temps faire barbotter le mieux possible les fils dans le bain acide, afin que tout le sulfure soit entièrement décomposé ; sinon il deviendrait plus tard colorant.
- 4° Cela fait, on passe le fil dans un quatrième brin pour le rincer et enlever toute trace du soufre précipité ; il est convenable de mettre également dans ce bain un peu d’acide sulfurique on chlorhydrique à 1/4 de degré afin d’achever la décomposition du sulfure qui pourrait rester, et pour détruire le peu d’hydrogène sulfuré qui s’est formé, ajouter également dans ce bain de rinçage, un peu de sel ammoniac.
- Le sel ammoniac dissout également les sels minéraux colorants qui parfois colorent accidentellement le fil, et provenant des acides et sels impurs du commerce.
- 5° Laisser égoutter et rincer à l’eau pure.
- 6» Bain d’hypochlorite décolorant composé d’eau et de chlorure de chaux à 1 degré 1/2 ou 2 degrés Baumé. Au bout de trois ou quatre heures, on aura un fil déjà très blanc et beau.
- S’il ne l’est pas suffisamment, il faut le remettre après égouttage dans le bain n° 4, qui décomposerait du chlorure de soufre qui a pu se former dans le bain d’hypochlorite, et autres sels colorants sur lesquels le chlore n’a [ pas d’action.
- Si cela ne suffit pas encore, rincer dans de l’eau pure et donner un nouveau chlorage.
- Tel est l’ensemble de ce procédé, mais par la suite, l’auteur a remarqué qu’il présentait une difficulté : celle de pouvoir rincer assez exactement pour qu’il ne reste aucune trace de soufre dans le fil au moment du chlorage, ce qui donne lieu alors à une production de chlorure de soufre.
- Pour y obvier, il a conseillé de déterger d’abord les fils par les sulfures, comme il a été dit, puis après le bain acide (n° 3), de faire bouillir les fils dans une légère dissolution de soude caustique; il se forme un nouveau sulfure soluble, très faible et dilué,qu’un simple rinçage enlève complètement.
- Il résulte de ce mode opératoire ainsi modifié, que pour obtenir un fil blanchi à fond, disait M. Moermann-Laubuhr, un « blanc de neige », au lieu d’être dans l’obligation de donner quatre lessives et quatre chlorages, en tout huit opérations, suivies d’un nombre égal de rinçages, il suffit de :
- 1° Passer au sulfure,
- 2° Passer à l’acide,
- 3° Rincer,
- 4° Bouillir en faible lessive,
- 5° Rincer,
- 6° Ghlorer,
- 7° Rincer.
- Soit sept opérations au lieu de seize.
- Pour blanchir les toiles, on fait les cuves rondes et larges : un peu plus profondes que la largeur des toiles ; on attache celles-ci par cercles concentriques distants, sur un appareil semblable à celui dont on se sert pour teindre en cuves d’indigo.
- Il paraît inutile de dire que la toile doit rester plus longtemps dans les bains que les fils, attendu que les fibres de la toile sont plus serrées et par suite moins perméables que celles de la filasse libre ou des fils.
- Pour le blanchiment des laines, il faut deux bains alternatifs, soit le premier de polysulfure et d’acide, suivi après rinçage d’un bain de bisulfite alcalin décomposé à son tour par un bain d’acide sulfurique faible à 1/4 de degré, puis un dernier rinçage.
- (.4 continuer.)
- CYLINDRE D’APPRÊT
- De M. A. Hutteau
- Parmi les cylindres à feutre sans fin, à l’usage des Teinturiers-dégraisseurs, et dont M. Gué-dron a fait une étude comparative, en traitant de l’installation des ateliers (1), il convient de ranger le modèle très simple et très pratique de M. Hutteau, constructeur d’appareils pour teinturiers, à Orléans.
- Cette machine, représentée par la fig. ci-jointe et établie sans inutilités coûteuses, contient néanmoins tous les organes nécessaires à sa destination.
- Le principal est le cylindre proprement dit, ou tambour ; il est en cuivre rouge poli, élamé ou non, au gré des acheteurs, avec fonds en fonte douce faisant joints métalliques; il est timbré à deux kilos, ce qui permet de travailler hardiment à 3 atmosphères.
- Six rouleaux en laiton assurent la marche du feutre, et des vis de tension à manettes-volants en règlent la pression.
- Le bâti en bois, solide sans lourdeur, réalise une petite économie de construction, mais il porte des coussinets en bronze, ce qui est l’important au